Histoire de la Révolution
Hippolyte Castille. Histoire de soixante ans : la Révolution.
I
Hippolyte Castille, qui avait débuté dans les lettres par l’imagination et par la fantaisie, a passé depuis longtemps à la littérature politique avec armes et bagages, et pour preuve de son changement de côté, il nous donne le premier volume de son Histoire de la Révolution 23. Il nous le devait et il se le devait à lui-même. L’Histoire de la Révolution est la narration ou l’amplification obligée de tous les rhétoriciens de politique qui aspirent à devenir▶ plus tard des hommes de gouvernement. Castille, qui a du talent, et que les lauriers de Thiers, Lamartine et Louis Blanc empêchaient de dormir, ne s’est pas contenté d’imiter ces historiens célèbres par le choix d’un sujet dont le public du xixe siècle ne se blasera pas d’ici longtemps, mais il a voulu concentrer d’un seul coup leurs trois œuvres historiques dans la sienne. C’était ambitieux et hardi. À ses yeux, qui ne manquent pas de superbe, les histoires de Thiers, Lamartine et Louis Blanc ne sont que des histoires partielles de la Révolution, et par conséquent, malgré le plus ou moins de talent dont elles brillent, des relations incohérentes, titubantes et contradictoires.
Pour lui, l’histoire de la Révolution ne contient pas que l’histoire de la Révolution proprement dite, elle contient encore celle de tous les gouvernements qui l’ont suivie : le Directoire, le Consulat, l’Empire, la Restauration, le Gouvernement de Juillet, la République de 1848, et l’Empire encore, et elle doit s’écrire d’une volée ! L’histoire de la Révolution n’a pas moins de soixante années, — soixante années qu’Hippolyte Castille, qui comprend un peu l’unité historique comme la Convention comprenait l’unité politique, prétend faire tenir, bon gré, mal gré, dans dix volumes, — ni plus ni moins, — par la seule force du poignet.
Certes ! nous ne contestons pas son poignet au nouvel historien, mais nous ne croyons pas qu’il parvienne à exécuter le tour de force qu’il se propose, et le volume que nous avons sous les yeux le prouve suffisamment, du reste. Ce volume de près de cinq cents pages ne comprend guères que quatre années (de 1789 à 1792), et encore s’arrête-t-il au mois de juin. Si ceux qui vont le suivre ne contiennent pas plus de matière historique, — et pourquoi en contiendraient-ils davantage ? — il est bien évident que l’auteur de la Révolution n’emménagera jamais dans les limites qu’il s’est tracées l’immense récit et l’immense détail de ces soixante années, dont les jours, par la plénitude des événements, semblent avoir plus de vingt-quatre heures.
Ce volume-ci a beau brusquer les faits pour les faire aller plus vite ; il a beau les pousser, les presser et les entasser ; ou ils résistent par leur masse même à cette rapidité que l’auteur est tenu de leur imprimer, s’il veut remplir les conditions de son programme ; ou ils ne résistent pas, et alors ils passent trop vite sous les yeux pour former cette chose de discernement et de renseignement qu’on appelle une histoire. Montesquieu disait, je le sais bien : « Qui voit tout peut tout abréger. »
Mais Montesquieu considérait l’histoire, il ne l’écrivait pas. Ce n’est donc pas le mot de Montesquieu qui a trompé Castille ; ce n’est pas la perspective que ce mot entrouvre qui a faussé le coup d’œil de l’historien quand il s’est agi des proportions de son ouvrage.
Le mal vient de plus loin ; il tient à quelque chose de plus profond qu’un manque de justesse et d’architecture : il tient à la conception historique de Castille, aux racines mêmes de l’homme et du livre, et c’est ce qu’il nous faut d’abord signaler.
II
Tout livre a sa philosophie, qu’il la taise ou la parle, la voile ou la montre, comme tout homme a sa métaphysique, même ceux qui méprisent le plus la métaphysique et qui croient le moins en avoir. Eh bien, la philosophie d’Hippolyte Castille n’est pas très compliquée : c’est tout uniment le fatalisme révolutionnaire ! Quoiqu’il se garde bien de nous en faire la théorie, sa philosophie fataliste et révolutionnaire saute aux yeux dès les premières pages, et elle y est élevée à une puissance telle qu’elle ne discute plus, qu’elle ne déclame plus, mais que, sûre d’elle-même, elle est profondément indifférente à tout ce qui n’est pas la Révolution et son résultat. Hors ce résultat, qui est la destruction, n’importe par quelles voies, du monde ancien et de ses hiérarchies, et l’érection, n’importe par quelles voies, du monde nouveau appuyé sur l’égalité politique, rien pour l’auteur de cette histoire ne vaut la peine d’être aperçu ou même regardé.
Ni Ferrari, l’auteur des Révolutions d’Italie, un fataliste assez carré pourtant, mais qui a le luxe de son fatalisme, ni personne, n’approchent de la simplicité de fatalisme de Castille, qui ne croit à rien qu’à ceci peut-être, qui, du reste, est une assez jolie fatuité : de toute éternité l’univers fut créé en vue de la Révolution française et de son intégral accomplissement. Or, si c’est là, sans aucune exagération, sa seule philosophie, si son histoire tout entière est contenue dans de telles prémisses, il est facile d’en conclure cette terrible abréviation des soixante années qui valent peut-être deux siècles ordinaires, tant elles ont influé sur le cours des choses et du monde ! Et l’on ne doit plus s’étonner que les détails de ces soixante années prodigieuses, l’auteur des Soixante ans croie — comme cet enfant qui s’imaginait faire tenir l’océan dans une coquille d’huître — les mettre dans le creux de sa main, en en oubliant la moitié !
Et, en effet, si le résultat est tout, et qu’il soit obtenu, qu’importe le reste ! Qu’importe même l’exactitude ? Qu’importe tout, excepté le résultat ? L’écrivain peut écrire l’histoire qui y mène comme une mécanique l’écrirait. Il peut aller vite, pour peu qu’il arrive… Comment ! dix volumes ! Il est bien bon de nous promettre dix volumes. Il pourrait n’en donner que cinq. Il arriverait plus vite. Il s’arrêterait moins. Pourquoi s’arrêterait-il ? Il n’a pas comme nous, les Jocrisses de providence et de liberté, à démêler l’écheveau toujours si embrouillé du motif humain et de la circonstance. Il n’a point à peser les consciences, ces atomes ! ni à faire flamber au-dessus du drame de l’histoire cette grande illusion de moralité dont il ne sourit même pas, car les mécaniques ne sourient pas, et il est une mécanique historique. Grue ou cabestan, ou de quelque nom qu’il vous plaise de le nommer, Hippolyte Castille a été construit pour nous transporter à travers soixante ans d’histoire, non comme des voyageurs avec lesquels on discute et on peut s’entendre, mais comme des ballots, ficelés et paquetés, avec lesquels il n’y a pas de discussion. Tant pis pour nous si le milieu à travers lequel l’historien nous lance nous ne l’avons pas plus vu que si nous avions été… de vrais ballots !
III
Tel est le fatalisme d’Hippolyte Castille. C’est de ce fatalisme effronté, mais naïf, qui est toute sa philosophie, que sortent tous les défauts de son histoire, et il n’y en a pas qu’un : ils sont nombreux. Le sans souci du détail, si on écrit une chronique dans laquelle il faudrait le culte du détail, et l’insouciance de tout ce qui n’est pas le gros fait accompli, insolent et heureux, si on écrit une histoire, ne sont ni le génie curieux de la chronique, ni le génie moral, sévère et mélancolique, de l’histoire.
Sans doute un homme est ce qu’il est, et la critique, qui examine l’Histoire des soixante ans d’un point de vue exclusivement littéraire, n’a pas la prétention de carrer la tête de Castille et de la lui faire autre qu’il ne l’a, mais, fataliste, — par parti pris ou par cette adhésion de l’esprit à laquelle Malebranche, ce pauvre diable de génie qui faisait là une pauvre diablesse de définition, reconnaissait la vérité et aurait pu tout aussi bien reconnaître l’erreur, — mais, fataliste, puisqu’il l’est, pourquoi Hippolyte Castille n’a-t-il pas le style de sa pensée ? Pourquoi n’a-t-il pas, en fait, comme écrivain, l’esthétique de sa philosophie ?
C’est bien quelque chose que de n’avoir pas écrit, même par distraction, une seule fois le nom de Dieu dans un volume de cinq cents pages où il s’agit d’un des plus grands événements qui se soient passés sur la terre, et d’avoir substitué à ce nom de Dieu, qui éclaire et apaise l’histoire, les mots de vent, de souffle, de trombe et de nécessité ! Mais enfin ce n’est pas tout que cette rose des vents et cet intitulé de baromètre ! Castille, il faut bien le dire, n’a pas cette bouche de pierre dont parle Diderot, et qu’il exigeait de ceux qui croient au Destin. Son style manque de la rigueur incisive et glacée qui serait de conséquence ici, et de conséquence obligée pour un homme, comme il l’est, friand d’unité. On y rencontre, dans ce style qui devrait être inexorable, beaucoup de taches d’humanité. Je sais bien que ces taches d’humanité sont encore des taches de rhétorique. Je sais bien que, quand il m’arrive de trouver en ce volume, qui n’a pas le temps de regarder dans le cœur des hommes, des hélas ! inspirés par les horreurs, les infamies et les bassesses de cette révolution qui devait être de toute éternité, ce sont des hélas ! oratoires qui ne sortent pas de la poitrine, mais de la plume de l’historien, comme la goutte d’eau de savon sort du fuseau, sous le souffle de l’enfant, pour être une bulle qui s’en va crever tout à l’heure. Mais enfin ce n’est pas là de la rhétorique fataliste. C’est de la cacophonie philosophique et littéraire, et ce sont des fautes que, pour l’honneur de son livre, Castille est tenu de faire disparaître dans une nouvelle édition.
Malheureusement, j’ai bien peur qu’elles n’y restent, ou plutôt je n’en ai pas peur : elles y resteront ! Ces oublis de son unité, ces inconséquences de langage avec le fond de sa pensée et de sa philosophie, sont les protestations du tempérament, toujours plus fort que les partis pris ou que les partis qui vous prennent. De tempérament, et je n’entends pas uniquement le tempérament physiologique, mais le tempérament moral, de tempérament l’auteur des Soixante ans est un écrivain d’imagination, qui est peut-être entré dans l’histoire encore plus pour faire des tableaux que pour faire de la politique ; car l’histoire a cela de bon qu’elle fournit l’occasion de peindre quand on ne sait pas inventer. Eh bien, en sa qualité d’écrivain d’imagination, Hippolyte Castille adore la force et voudrait bien en avoir ! Il fait donc ce qu’il peut pour cela, et quelquefois il en attrape. Ce n’est pas tout à fait l’amour de la force qui le fait révolutionnaire, c’est même un amour de la faiblesse, puisque c’est l’amour de l’égalité ; mais c’est l’amour de la force qui le range toujours, ce révolutionnaire absolu, mais non pas farouche, du côté où il y a une puissance bien démontrée telle, qu’on l’appelle Convention, Montagne, Commune, Proconsulat, Dictature, Empire ! C’est comme dans la chanson du Méchant, de Gresset :
… Le style n’y fait rien ;Pourvu qu’il soit méchant, il sera toujours bien !
Castille a les opinions politiques de son genre d’imagination, et cette imagination, sauf erreur, doit être du midi, du pays où l’on aime le rouge et les combats de taureau. Il a la phrase sanguine, colorée, exubérante, nullement lapidaire, comme le voudrait Diderot. C’est un peintre tapageur de coloris, plus qu’original, profond, nuancé et fondu, comme doit l’être un grand peintre, mais c’est un peintre, comme le prouvent certaines fresques de son livre, un peu galopées sur le mur, mais vivantes, et par exemple ce fameux repas des gardes du corps que je voudrais tout entier citer :
« Le roi prêta sa magnifique salle du théâtre. On savait qu’elle n’avait pas été ouverte depuis la réception de Joseph II. Les splendeurs de cette salle étincelante, que la musique du roi remplissait d’harmonie, exaltèrent l’imagination des jeunes militaires, déjà disposés à l’enthousiasme. La présence des femmes de la cour qui, du haut des loges, assistaient au banquet, la fumée des vins, les lumières, les glaces, le spectacle que les convives s’offraient à eux-mêmes, les périls de la monarchie, l’attente de l’imprévu, tout se réunissait pour égarer la raison. Dans les temps de trouble, les cœurs s’émeuvent au moindre choc. On but à la santé du roi, à celle de la reine et de son fils, point à la nation. Des soldats du régiment de Flandre et de divers corps avaient été admis à ce spectacle, afin qu’ils pussent en porter à leurs camarades le récit et les impressions. Dans le feu de l’enthousiasme, les convives avaient tiré l’épée. Ils buvaient, le glaive en main, et l’éclat sinistre du fer se mêlait à celui des cristaux.
« Au plus fort du désordre, le roi parut en riant chasseur. La reine, légère, belle, imposante comme une divinité mythologique, le suit, tenant son fils par la main. On se lève. Un grand cri royaliste, auquel la personne de cette reine, si belle encore, mêlait peut-être de l’amour, tonne et vibre. Marie-Antoinette saisit son fils dans ses bras, fait le tour des tables, le montre à ses jeunes officiers qu’elle enivre, qu’elle frappe d’un vertige chevaleresque. Elle s’éloigne ensuite, et comme elle va disparaître, l’orchestre joue l’air fameux : Ô Richard, ô mon roi, l’univers t’abandonne ! Les larmes coulent. Comme les paladins du poème de l’Arioste, toute cette assemblée ◀devient▶ folle. On passe de la tendresse aux sentiments belliqueux. La Marche des Hulans résonne sous les voûtes de ce palais d’un roi de France ! On arrache la cocarde nationale, on la jette par terre, on l’insulte du pied. La cocarde blanche de l’ancien régime et la noire cocarde autrichienne reparaissent. La charge sonne, on crie, on court au hasard. Qu’y a-t-il ? Où est l’ennemi ?… Gagnant de salle en salle, de galerie en galerie, cette émotion étrange déborde, arrive aux postes extérieurs et se répand bientôt comme une alarme sur la ville entière. »
Certainement, voilà qui est enlevé, d’un très beau mouvement, très gradué, très puissant, qui vous saisit et vous fait merveilleusement comprendre l’ivresse de ce dernier banquet, la veille du martyre — Ôtez le riant chasseur, qui est trop riant et rappelle trop Capefigue, et la divinité mythologique, qui rappelle trop les dessus-de-porte d’Arsène Houssaye, et vous avez une vraie page d’une sensibilité contagieuse. Évidemment, l’homme qui se sert de cette plume-là et sait partager, en la racontant, l’impatience de sang et de fierté des hommes qui furent les ennemis de sa cause, est fait pour autre chose que pour être un fataliste historique et rester l’écrivain qui, par amour du style, ne trouve rien de mieux que de mettre le mot « trombe » à la place du mot Dieu !
IV
Oui ! ce fataliste a du sang dans les veines. Malgré l’air utilitaire, le ton d’oracle, la suppression de toute déclamation, non par goût ni par sobriété d’esprit (Castille n’est pas sobre), mais parce qu’on paraît plus fort quand on ne déclame pas, enfin, malgré les œillères de la préoccupation qui ne veut voir jamais que le résultat obtenu par la Révolution, — comme si c’était possible, cela ! comme si l’enfant de Salomon se partageait ! — l’auteur des Soixante ans est un homme que la politique et le fait et le fatum n’ont pas desséché, et s’il faut bien le reconnaître pour un matérialiste en histoire, il faut du moins convenir que c’est un matérialiste dont le sang est chaud et bat parfois pour la justice. Lui qui ne devrait avoir de palpitations pour personne, et qui aime tant à écouter un peu enfantinement dans sa poitrine toutes celles que lui cause Mirabeau, en a une très noble pour Bouillé et presque une pour Marie-Antoinette.
Du moins, quand les historiens de son parti croient faire du patriotisme en insultant Marie-Antoinette dans leurs histoires, Castille la justifie d’être Autrichienne et dit bravement : Que vouliez-vous qu’elle fût, puisqu’elle l’était ? On ne tue pas sa race pour entrer dans une autre.
La reine fut, en effet, ce qu’elle dut être, Autrichienne et Française à la fois, ce qui, sans les passions du temps, aurait fait la force de son double pays et de sa double maison. Dans le récit de son histoire, lorsque Castille arrive au 19 octobre, il appelle très nettement les hommes qui insultèrent la reine « quelques scélérats »
, et quoiqu’il les sépare, selon nous, un peu trop de la foule, toujours par amour de la force (c’était la foule qui était la force alors), il ne biaise pas sur le sentiment qu’ils lui inspirent. Il ne fait point sur eux d’affreuses poésies ; il n’est pas un béat de régénération par la pique et par la guillotine ; il n’est pas de ces niais immenses ; il a le pessimisme du mépris, qu’apprend si vite l’histoire. Il dit : « Il n’y a de grand que la Révolution, les hommes sont toujours odieux, misérables et atroces »
, et en cela il raisonne mal, car ce n’est pas avec des choses odieuses, misérables ou atroces, qu’on arrive à de la grandeur.
Tamerlan, qui faisait des pyramides avec des têtes coupées, arrivait, avec d’horribles objets matériels, à une grande hauteur matérielle. Mais qui jamais a appelé cela de la grandeur ? Il raisonne donc faux, l’auteur des Soixante ans, mais il sent juste. Il a des sensations qui valent mieux que ses idées, et l’on se trouve, comme il se trouve lui-même, toujours du côté de ses instincts contre ses raisonnements. En cela il ressemble à beaucoup de révolutionnaires, qui pourraient lui servir tout naturellement de miroir quand il les rencontrera dans son histoire, mais il retournera le miroir. Nature artiste, qui s’invente politique et croit l’être, et, pour ne pas manquer son coup, donne du plus haut qu’il peut à toutes les choses l’absolution du résultat. Cela n’est pas bien nouveau, un tel chef-d’œuvre !
Nous aurions mieux aimé, pour notre compte, ceux que Castille aurait pu nous donner en restant dans la littérature non politique et dans le domaine de l’imagination avouée. Il ne l’a pas voulu. Il s’est préféré autrement. Il s’est cru brouillé avec la fantaisie, parce qu’il épousait un vieux système. Il s’est fait historien de la Révolution française pour ◀devenir homme d’État, et peut-être restera-t-il écrivain. Il a dit à son sang qui ne se taira pas, de se taire. Il a essayé de mettre son cœur dans sa tête, — au physique comme au moral un diable de mouvement peu aisé. Le sang a résisté et le cœur n’obéira pas. Le sang et le cœur, voilà la vraie valeur d’Hippolyte Castille, qui se badigeonne en fer dans son histoire, quoiqu’il ne soit pas un roseau. Allez ! il n’est pas si Machiavel qu’il est grimé, cet insensible :
L’insensible Hippolyte est-il connu de toi ?Crois-tu qu’il puisse aimer ? — Madame, je le crois.
Eh bien, je suis de l’avis de la suivante d’Aricie, et moi aussi, ma parole d’honneur, je le crois ! Il peut aimer. Ce qui ne veut pas dire qu’il soit un philanthrope. Il a bien trop d’esprit pour cela.