(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Pottecher, Maurice (1867-1960)

[Bibliographie]

Rimes perdues, poésies, sous le pseudonyme de Claude Alitte (1890). — La Peine de l’Esprit, drame philosophique (1891). — Le Chemin du Mensonge, légendes, nouvelles et contes (1896, réédité 1898). — Le Diable marchand de goutte, pièce en trois actes (1895). — Morteville, drame en trois actes (1896). — Le Sotrè de Noël, farce rustique en trois actes, en collaboration avec Richard Auvray (1897). — Liberté, drame en trois parties. — Le Lundi de la Pentecôte, comédie en un acte (1898). — Chacun cherche son trésor, comédie en trois actes, en vers et en prose, musique de Lucien Michelot (1899). — Le Théâtre du Peuple, renaissance et destinée du théâtre populaire (1899). — L’Exil d’Aristide, conte (1899). — Le Chemin du repos, poèmes (1890-1900) [1900].

OPINIONS.

Émile Faguet

C’est un poème encore, quoique écrit presque entièrement en prose, que la Peine de l’esprit, par M. Maurice Pottecher. La Peine de l’esprit, c’est notre histoire à tous, l’histoire de l’homme entre les séductions de l’idéal et les attractions de la réalité. Franz est un idéaliste qui devient sorcier, par exaltation d’idéalisme ; car l’idéalisme affolé mène à tout. Franz, donc, est un sorcier qui évoque l’âme des roses et va se promener avec elle dans les azurs, à travers les sphères. Ce sont beaux voyages. Mais aussi Franz est un homme qui… qui n’aime pas Lydia, la petite tzigane, fi donc ! un idéaliste ! mais qui n’éprouve pas trop d’ennui à être aimé d’elle. Et voilà l’homme. Un être qui patauge entre Anthousia, âme des roses, et Lydia, bohémienne devenue cocotte. Voilà l’homme ! Mon Dieu, c’est cela, à peu près.

Cette conception, assez nettement suivie, donne matière à des contrastes entre l’idéal et la réalité qui soutiennent l’intérêt. Le livre, court du reste, est amusant. Vous entendez bien que la partie la mieux venue, c’est la partie réaliste. Naturellement. L’Enfer du Dante sera toujours plus intéressant que le Paradis. La raison en est qu’il est plus accessible. Facilis descensus Averni. L’Enfer de M. Pottecher, c’est notre monde à nous. C’est un enfer burlesque. M. Pottecher le croque assez joliment. La scène de Franz, le sorcier, devant le tribunal correctionnel, le réquisitoire du procureur, le résumé et l’interrogatoire du président sont tout à fait réussis. Au fond, M. Pottecher est un réaliste comique, qui, enivré de Faust, a voulu faire un poème divino-burlesque. La partie burlesque est la meilleure, parce que nous sommes très enclins à rêver l’idéal et très impuissants, d’ordinaire, à le réaliser. Tout compte fait, M. Pottecher a du talent. C’est l’essentiel.

[La Revue bleue (5 décembre ).]

Henry Gauthier-Villars

La Peine de l’esprit raconte le tourment d’un Faust contemporain, et c’est un bonheur que le mal du Rêve soit incurable.

M. Maurice Pottecher est un poète philosophe ; son drame philosophique plaira aux penseurs, car il fait penser, ce qui n’est jamais vulgaire. — Et n’y a-t-il pas là un vaillant effort ?

[Revue de la littérature moderne (15 janvier ).]

Alfred Mortier

Dans tels poèmes, dans certains de ses contes, j’ai trouvé un artiste magnifiant ses pensées dans la forme large et belle d’un symbole en intime communion avec la nature profondément sentie et non à l’aide des artificiels joyaux dont parent l’idée tant de modernes poètes.

[Portraits du prochain siècle ().]

Henri Barbusse

À Bussang, au pied des montagnes des Vosges, à mi-côte d’une hauteur verte magnifiquement encadrée d’un décor d’éléments, s’ouvre simple et grandiose, avec des airs d’horizon, la scène du Théâtre du Peuple. Le fondateur de ce théâtre, qui s’est réservé la difficile tâche de le fournir de pièces et de jouer celles-ci avec des amis, est M. Maurice Pottecher. M. Pottecher est un jeune écrivain qui s’était fait connaître naguère par des œuvres délicates et charmantes. Depuis, la tendresse de cette âme de poète s’est élargie en un sentiment de sympathie et de sollicitude sociale. Il a pensé qu’il serait bon d’attirer vers des spectacles simples, sains, moralisateurs, la foule des travailleurs des champs, des paysans, des pauvres, qui n’ont trop souvent rien de beau à se mettre sous les yeux. Il y a déjà quatre ans, si je ne me trompe, que cette entreprise désintéressée a commencé. Déjà ont été représentées sur la montagne de Bussang des œuvres telles que le Diable marchand de goutte et Morteville, la première dirigée contre les méfaits de l’alcoolisme, la seconde montrant les excès de la civilisation aux prises avec les défauts de la barbarie.

Cette année, l’auditoire de plus de trois mille personnes a applaudi un drame : Liberté, drame social se personnifiant dans un drame intime. La scène se passe au moment de la Révolution, dans un village. On y apprend à la fois la nouvelle des grands événements qui agitent Paris, et celle de l’invasion étrangère. C’est alors que se déchaîne l’antagonisme entre un vieux paysan, Jacques Souhait, routinier, fortement imbu des préjugés, et son fils François, joyeux du souffle printanier des idées nouvelles. Un meurtre commis par ce dernier, pour la bonne cause, aggrave la situation, qui se résout au mieux dans la patriotique exaltation d’un appel de tous aux armes, pour la France en danger.

Le genre comique n’a pas été négligé à Bussang : un acte amusant, le Lundi de la Pentecôte, a mis en joie les spectateurs avec les aventures de divers personnages auxquels la dive bouteille a fait oublier une vieille amitié ; tout finit bien d’ailleurs : réconciliation et mariage remettent les choses en état et rectifient à jamais le fâcheux zigzag que l’ivrognerie a fait faire à l’amitié de ces braves gens.

La théorie dramatique de M. Pottecher consiste à prendre une idée générale et à la symboliser, ainsi que son contraire, dans des personnages qui naturellement se choquent et de la conduite desquels on peut voir sortir les conséquences bonnes ou mauvaises des idées représentées. Ces idées sont choisies parmi les plus simples, les plus générales et surtout les plus à la portée du peuple. La foule assiste, pour ainsi dire, au grand spectacle de la bataille de ses instincts bons et mauvais. Elle est le principal, le seul acteur de « son » théâtre.

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