MERVILLE, [Michel Guyot de] né à Versailles en 1696, mort dans le pays de Gex en 1756.
Plusieurs de ses Comédies ont été jouées avec succès. Celle qu’on a le plus accueillie au Théatre François, est le Consentement forcé, Piece qu’on voit reparoître souvent & avec plaisir. M. Merville a, en général, le talent de bien imaginer une intrigue, & de la conduire avec dextérité. Ses caracteres sont assez bien soutenus ; mais sa versification, pour être trop facile, est presque toujours foible, sans couleur, & négligée.
Il a aussi travaillé, pendant quelque temps, à un Journal, sous le titre d’Histoire littéraire, dont il reste cinq ou six volumes. Ce Journal eut peu de succès, peut-être parce qu’il avoit le mérite rare de l’impartialité. M. de Voltaire sur-tout n’y étoit pas ménagé ; c’en fut assez pour le rendre ennemi irréconciliable de l’Auteur. Celui-ci voulut l’adoucir, & fit quelques Vers à sa gloire ; mais ce fut inutilement. Je n’attaque personne, lui répondit avec gravité le Héros poétique, mais je suis impitoyable pour ceux qui m’attaquent. Nous pourrions demander▶ ici, où est la liberté qui doit régner dans la République des Lettres ? Que deviendra la douce Tolérance ? & où trouver cette supériorité philosophique qui éleve au dessus de tout ? On auroit pu ◀demander encore au Poëte inexorable, où sont la justice, la droiture, la sincérité ? Crébillon, Maupertuis, Montesquieu, M. de Pompignan, M. de Buffon, M. Helvetius lui-même, ont-ils jamais attaqué l’Auteur de la Henriade ? Peut-être a-t-il regardé leurs talens comme une insulte faite aux siens : en ce cas, il a eu raison.