(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521
/ 1798
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

Vulson, [Marc de la Colombiere] né à Grenoble, mort dans un âge avancé, en 1658 ; Auteur inconnu à presque tous nos Lexicographes, & qui ne méritoit nullement cet oubli pour les services qu'il a rendus à notre Histoire. Nous n'avons rien de plus détaillé, ni de plus instructif sur ce qui concerne la Chevalerie, que les recherches qui composent son Théatre d'honneur, en deux volumes in-folio. L'Auteur y expose tout ce qui a rapport aux anciens exercices si chers autrefois à la Nation, comme les joûtes, les combats, les triomphes, les tournois, les carrousels, les courses de bague ; il y parle aussi des cartels, des duels, des dégradations des noblesse, de chevalerie, & de mille autres objets aussi curieux qu'intéressans. Cet Ouvrage est d'ailleurs écrit avec méthode, noblesse, simplicité, autant qu'on pouvoit le faire dans son temps. Ceux qui voudroient n'en prendre qu'une légere idée, peuvent consulter le Conservateur, où l'on en a inséré quelques chapitres qui ne sont pas ce qu'il y a de moins précieux dans cette Collection.

Nous connoissons encore de Vulson un autre Ouvrage à peu près dans le même genre, intitulé, de l'Office des Rois d'Armes, des Hérauts & des Poursuivans, de leurs antiquités & priviléges, des cérémonies où ils sont employés par les Princes, &c. i vol. in-folio. Aujourd'hui toutes ces matieres ont été présentées d'une maniere plus précise & plus agréable ; mais on ne doit pas être ingrat pour cela à l'égard des Ecrivains laborieux & attentifs, qui nous ont conservé les traces de ces connoissances dont nous serions privés sans eux.

Le même Auteur avoit commencé une Géographie Histori-Politique de l'Allemagne, dont il parle dans son livre de l'Office des Rois d'Armes ; & l'on doit peu regretter qu'il ne l'ait point achevée, depuis que M. l'Abbé Courtalon, Précepteur des Pages de Madame, a publié un Atlas élémentaire de cet Empire, où l'on voit sur des Cartes & des Tableaux sa description géographique, & l'état actuel de sa constitution politique. Comme cet Ouvrage, qui suppose autant de connoissances que d'application, peut être infiniment utile à la jeune Noblesse & à tous les Militaires curieux d'avoir une juste idée du Corps Germanique, nous saisissons cette occasion de le faire connoître ; & nous ne pouvons mieux y réussir, qu'en rapportant la Lettre d'un Ambassadeur de l'Empire d'Allemagne, adressée à l'Auteur même qui lui en avoit envoyé un exemplaire. « Je suis très-sensible, Monsieur, à l'attention obligeante que vous avez bien voulu me marquer en m'envoyant votre Ouvrage. Je ne dois pas vous laisser ignorer la satisfaction qu'il m'a donnée. Le plan en est neuf, & l'exécution y répond parfaitement. Vous rendez par cet Atlas un service essentiel à tous ceux qui désireront avoir une idée juste de la constitution de l'Allemagne, & les notions élémentaires que vous en donnez faciliteront les moyens d'en faire une étude suivie, en remontant aux sources où vous avez puisé. Les difficultés sans nombre que vous devez avoir rencontrées dans votre marche, & que vous avez heureusement surmontées, ajoutent un nouveau degré au mérite d'avoir rassemblé, presque sous un seul point de vue, tout ce que l'Histoire, la Politique & la Géographie présentoient d'intéressant & d'essentiel à la connoissance exacte de ce vaste Corps. Je ne doute pas, Monsieur, que cet Ouvrage n'obtienne l'approbation de tous les Connoisseurs : il servira de guide, dans un labyrinthe jusqu'ici impénétrable aux Etrangers. La multiplicité des Loix, leurs Commentateurs, souvent divisés d'opinions & d'intérêts, des prétentions opposées, multiplient à l'infini les difficultés dans l'étude du Droit public & de la constitution de cette partie de l'Europe : dans votre Ouvrage, tout rentre à sa place ; l'ordre qui en facilite les recherches, soulage la mémoire en fixant des époques, & prévient le dégoût presque inséparable de ces sortes d'études. La réunion de tous ces avantages doit rendre votre travail précieux à tous les Amateurs, & particuliérement aux Instituteurs de la Noblesse, destinée aux emplois politiques & militaires.

« C'est avec un vrai plaisir, Monsieur, que je donne ce témoignage de votre Ouvrage, très-flatté d'avoir cette occasion de rendre justice à vos talens, & de vous marquer le parfait & sincere dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être, &c. »

Outre ce suffrage si flatteur de la part d'un homme en place, & sur-tout d'un Etranger qui s'exprime si bien dans notre Langue, M. l'Abbé Courtalon a réuni les éloges des plus célebres Géographes Allemands, de M. Büscing, entre autres, qui a consigné dans ses Ecrits Polémiques, publiés à Berlin, l'estime particuliere qu'il fait de son Atlas : il le regarde comme le meilleur Ouvrage de Géographie & d'Histoire Politique qui ait paru en France sur l'Allemagne. Ces suffrages sont d'autant plus glorieux pour M. l'Abbé Courtalon, qu'il ne les a point sollicités. Nous pouvons assurer, d'après la connoissance que nous avons de son caractere, que son travail n'a eu d'autre but que l'utilité publique. Un Auteur qui ne cherche que le bien, quand il croit l'avoir trouvé, s'inquiete peu de la gloire ; ce qui ne dispense aucun de ses Lecteurs de lui rendre la justice qu'il mérite.