Barthe, [N.] de l’Académie de Marseille, sa patrie, né en 173…
Il ne faut pas juger à la rigueur ses Poésies fugitives. Avec de la sévérité, on trouveroit qu’elles manquent quelque-fois de cette douceur, de ce naturel, de cet agrément qui doivent être le vrai caractere de ces sortes de productions ; mais elles offrent des traits d’esprit, un langage assez correct, & c’en est assez pour mériter de l’indulgence.
Le Théatre comique paroissoit plus fait pour procurer des succès à M. Barthe. L’Amatenr annonça en lui le germe des talens. Les fausses Infidélités donnoient les plus grandes espérances ; on y trouve de la gaieté, de l’esprit dans les détails, de la facilité dans le dialogue, quelques scènes d’un bon comique de situation.
D’après cela, les connoisseurs se flattoient de voir bientôt sortir du tombeau la Comédie d’intrigue, & peut-être à sa suite celle de caractere, qui est la véritable. Mais la Mere jalouse & l’Homme personnel ont un peu déconcerté les Faiseurs d’horoscope : bien loin de développer le génie de l’Auteur, ces deux Pieces en ont été l’écueil, & donnent lieu de douter si de nouvelles tentatives pourront être plus heureuses. Il faut cependant espérer que M. Barthe, plus éclairé dans la suite par la critique de ses amis, qu’ébloui par les éloges des Auteurs du Mercure, s’attachera davantage à l’étude des bons modeles. Il se procurera par-là des suffrages qui ne nuiront pas à sa gloire ni à celle de ses Panégyristes. Trop de facilité à départir des louanges excessives aux Ouvrages médiocres, ne peuvent tourner qu’à la propagation du mauvais goût, au blâme des Journalistes, & au ridicule des Auteurs trop indiscrétement loués.