(1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Sotties. » p. 38
/ 1798
(1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Sotties. » p. 38

Sotties.

Les sotties étaient des espèces de farces, caractérisées par une satire effrénée et souvent même personnelle. Il ne nous en est parvenu qu’un très petit nombre. Celle qui fut jouée aux Halles, le mardi-gras de 1511, était un tissu de traits amers et piquants contre le pape Jules II.

Je hasarderai une conjecture sur l’étymologie du mot de sottie. Les poètes de ce temps cachaient le plus souvent leur véritable nom, ou ne l’indiquaient que dans quelque endroit de leurs ouvrages, par des espèces d’acrostiches ; c’est-à-dire, par les lettres initiales d’un certain nombre de vers, lesquelles répondaient à celles dont était formé leur nom, ou un autre que souvent ils adoptaient et qui pouvait les faire connaître.

Jehan Bouchet s’annonçait sous celui du Traverseur des voies périlleuses ; François Habert, sous celui du Banni de Liesse, etc. Pierre Gringore se déguisait sous le titre de Mère sotte. La satire caractérisait particulièrement les ouvrages de ce dernier ; on peut en avoir la preuve dans ses Fantaisies et ses Menus propos. Il est donc probable que, d’après le nom que cet auteur avait adopté, on a appliqué la dénomination de sottie aux pièces de théâtre que le ton satirique distinguait des autres, comme on appelle, dans la conversation ordinaire, des pasquinades les plaisanteries épigrammatiques et mordantes, semblables à celles qu’on affiche à Rome sur la statue de Pasquin.