(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 126-127
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 126-127

LENFANT, [Jacques] Ministre Protestant, né dans la Beauce, en 1661, mort en 1728.

De tous les Ministres Protestans, de l’autre Siecle, qui ont écrit chez l’Etranger, il est celui dont le style est le plus pur & le plus modéré. La plupart des Ouvrages de ses Confreres, sont des déclamations pleines d’emportemens & de mensonges ; le langage en est aussi dégoûtant, par sa barbarie, que le fond des sentimens en est révoltant. Pour lui, sans renoncer à ses préjugés [comme il le paroît par son Histoire de la Papesse Jeanne, qui ne peut être que le fruit d’un esprit excessivement crédule, ou d’une imagination trop facile à se remplir de tout ce qui favorise les rêveries d’une Secte], il a su répandre, dans d’autres Ouvrages historiques, du discernement, de l’ordre, de la netteté, de l’élégance, & de l’instruction. Tel est le caractere de ses Histoires des Conciles de Constance, de Pise, de Bâle, qui, à proprement parler, ne sont qu’une continuation du même sujet. L’extinction du grand Schisme d’Occident, y est très-bien développée, à l’esprit de parti près, qui égare quelquefois l’Auteur. Ces Histoires sont écrites d’ailleurs d’un style, tantôt simple & tantôt noble, tantôt grave & tantôt rapide, selon la différence des objets qui se présentent.

M. l’Abbé Pluquet & M. Alletz ont profité des Ouvrages de M. Lenfant, l’un dans le Dictionnaire des Hérésies, l’autre dans celui des Conciles. Il seroit à souhaiter qu’ils eussent toujours puisé dans d’aussi bonnes sources, quant à la diction. Le Dictionnaire de M. Alletz, principalement, offre une bigarrure de style qui déplaît, par la différence qui se trouve entre un article & un autre article, soit pour le ton, soit pour l’expression. Ce défaut considérable est assez ordinaire aux Compilations, où les Auteurs ne font que copier, sans se donner la peine, & sans avoir le talent de refondre & de colorier les lambeaux qu’ils tirent de différens Ecrivains.