Miłosz, Oskar Wladisław de Lubicz (1877-1939)
[Bibliographie]
Le Poème des Décadences (1899).
OPINIONS.
Paul Fort
Il y a là des tons de luxure à la Swinburne, d’étranges et mystérieuses mélancolies à la Edgar Poe, du Verlaine, du Régnier peut-être ; mais c’est surtout du M. O.-W. Milosz… Le titre de son poème ne m’a guère plu ; ses poèmes m’ont enchanté.
Louis Payen
M. O.-W. Milosz est un nouveau venu parmi les jeunes poètes ; son volume est tout à fait remarquable. Avec un art très sûr, il manie le vers régulier comme le vers libre. Son verbe est sonore, précis, harmonieux, ses images rares et justes. Sa mélancolie hautaine et fière se teinte parfois d’ironie et de colères contenues. Il nous dit les tristesses d’amour avec un sourire infléchi d’amertume, les beautés et les hontes des décadences, en spectateur impassible.
Je voudrais lui laisser la parole le plus longtemps possible, c’est d’ailleurs le meilleur moyen de le faire apprécier de mes lecteurs. Voici de beaux vers :
Jette cet or de deuil où tes lèvres touchèrent,dans le miroir du sang, le reflet de leur fleurmélodieuse et douce à blesser !La vie d’un sage ne vaut pas, ma Salomé,ta danse d’Orient sauvage comme la chair,et ta bouche couleur de meurtre, et tes seins couleur de désert.…………………………………………………………………
Et nous qui connaissons la certitude unique,Salomé, des instincts, nous te donnons nos cœursaux battements plus forts que, les soirs de panique,l’appel désespéré des airains de douleur,et nous voulons qu’au vent soulevé par ta robe,et par ta chevelure éclaboussée de fleursse déchire enfin la fuméede l’Idéal et des Labeurs.
Ô Salomé de nos hontes, Salomé !
Voilà des vers que je suis heureux de louer. M. Milosz prend avec eux bonne place parmi les poètes dont nous attendons beaucoup pour l’avenir.