(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 290-291
/ 2642
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 290-291

Sirmond, [Jacques] Jésuite, Confesseur de Louis XIII, né à Riom en Auvergne, en 1559, mort à Paris, âgé de 93 ans, est peut-être celui de tous ses Confreres qui a rendu les plus grands services à l'Histoire de l'Eglise, par les profonds Ouvrages dont il l'a enrichie. Débrouiller la Chronologie, faire revivre plusieurs Auteurs ignorés, commenter des Ouvrages obscurs, les rendre intelligibles, faire naître, pour ainsi dire, l'ordre & la lumiere du sein du chaos ; voilà l'idée qu'on doit se former des travaux de cet Ecrivain, plein, d'ailleurs, d'exactitude & de pureté dans le style. L'homme de Lettres se fait sentir dans presque tous ses Ouvrages ; qualité rare & propre à venger l'Erudition, du décri où l'ont jetée plusieurs Savans, dont le mérite ne consistoit qu'à savoir, & plusieurs Beaux-Esprits, dont le défaut ordinaire est de savoir trop peu.

Le P. Sirmond eut deux neveux, Antoine Sirmond, de la même Société, connu par un Ouvrage, intitulé Défense de la Vertu, dans lequel il ose avancer, qu'il ne nous est pas tant recommandé d'aimer Dieu, que de ne pas le haïr, assertion révoltante, & condamnée par les Jésuites même, qui désavouerent l'Ouvrage & punirent l'Auteur. M. Nicole n'a pas laissé de leur en faire un crime dans ses Wendroch sur la dixieme Lettre Provinciale. Une pareille injustice ne contribue pas peu à faire connoître les écarts dans lesquels l'esprit de parti est capable de précipiter. Cet exemple n'est pas unique dans les querelles théologiques, & encore moins dans celles de nos Philosophes & de nos Littérateurs.

Son autre neveu, Jean Sirmond, frere d'Antoine, cultiva les Lettres & la Poésie, sans qu'on s'en ressouvienne aujourd'hui. Ses Ouvrages, très-médiocres en eux-mêmes, croupissent dans un oubli total. Il fut de l'Académie Françoise, & mourut en 1749.