MASCARRON, [Jules] Evêque de Tulles, puis d’Agen, né à Marseille en 1634, mort à Agen en 1703.
Ses Sermons & ses Oraisons funebres eurent de la réputation dans un
temps où il avoit pour rivaux Bossuet & Fléchier. L’impression de ses Ouvrages fut un écueil
pour sa gloire ; aussi faut-il convenir qu’il dut en partie ses
grands succès à un débit séduisant : ressource très-capable de
faire disparoître bien des défauts dans l’Orateur. Avec le nerf de Bossuet, il n’en a ni l’élévation, ni la chaleur. Avec
un style assez pur, il n’a ni l’élégance, ni la politesse de Fléchier. Qu’on se garde cependant de confondre Mascarron avec les Orateurs médiocres. En lisant
attentivement ses Sermons, on y trouve une supériorité très-décidée sur
le plus grand nombre de nos Prédicateurs modernes, qui ne l’estiment
peut-être pas & seroient
certainement
heureux de lui ressembler. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que Mascarron a été le précurseur de Bossuet ; il fut dans la Chaire ce que Rotrou fut au Théâtre ; il annonça le Démosthene des François, comme Rotrou leur
Sophocle. Parmi les choses senties avec esprit
& exprimées avec élégance, qu’on rencontre dans son Oraison funebre Henriette d’Angleterre, on peut citer ce
morceau, où, parlant des Princes, il dit : « Qu’ils
s’imaginent avoir un ascendant de raison, comme de puissance ;
qu’ils mettent leurs opinions au même rang que leurs personnes,
& qu’ils sont bien aises, quand on a l’honneur de disputer avec
eux, qu’on se souvienne qu’ils commandent à des
Légions »
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