(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 257
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 257

MASCARRON, [Jules] Evêque de Tulles, puis d’Agen, né à Marseille en 1634, mort à Agen en 1703.

Ses Sermons & ses Oraisons funebres eurent de la réputation dans un temps où il avoit pour rivaux Bossuet & Fléchier. L’impression de ses Ouvrages fut un écueil pour sa gloire ; aussi faut-il convenir qu’il dut en partie ses grands succès à un débit séduisant : ressource très-capable de faire disparoître bien des défauts dans l’Orateur. Avec le nerf de Bossuet, il n’en a ni l’élévation, ni la chaleur. Avec un style assez pur, il n’a ni l’élégance, ni la politesse de Fléchier. Qu’on se garde cependant de confondre Mascarron avec les Orateurs médiocres. En lisant attentivement ses Sermons, on y trouve une supériorité très-décidée sur le plus grand nombre de nos Prédicateurs modernes, qui ne l’estiment peut-être pas & seroient certainement heureux de lui ressembler. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que Mascarron a été le précurseur de Bossuet ; il fut dans la Chaire ce que Rotrou fut au Théâtre ; il annonça le Démosthene des François, comme Rotrou leur Sophocle. Parmi les choses senties avec esprit & exprimées avec élégance, qu’on rencontre dans son Oraison funebre Henriette d’Angleterre, on peut citer ce morceau, où, parlant des Princes, il dit : « Qu’ils s’imaginent avoir un ascendant de raison, comme de puissance ; qu’ils mettent leurs opinions au même rang que leurs personnes, & qu’ils sont bien aises, quand on a l’honneur de disputer avec eux, qu’on se souvienne qu’ils commandent à des Légions ».