(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 138-139
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 138-139

Amelot de la Houssaye, [Abraham-Nicolas] né à Orléans en 1634, mort à Paris en 1706.

La politique fut sa manie dominante ; c’est pourquoi tout ce qu’il a composé se ressent du penchant naturel de son esprit. Sa traduction de l’Homme de Cour de Balthasar Gratian, & celle du Prince de Machiavel, avec ses Commentaires, prouvent qu’il avoit au moins quelque talent pour cette partie. Il auroit dû cependant mieux choisir ses Auteurs. Machiavel surtout enseignant une politique destructive de toute espece de bonne foi, méritoit plutôt d’être réfuté que traduit. La morale des Princes, comme celle des Particuliers, ne sauroit être vraiment respectable & solidement utile, qu’autant qu’elle est fondée sur l’équité.

Sa Traduction de l’Histoire du Concile de Trente de Fra-Paolo, a été éclipsée par celle du P. Courrayer, beaucoup plus fidelle, & écrite d’ailleurs d’un style plus doux & plus correct. Son Histoire de Venise est très-propre à faire connoître le Gouvernement de cette République ; mais ses Mémoires par ordre alphabétique sont remplis d’une quantité d’anecdotes, dont la plupart sont fausses, & les autres si communes, que ce n’étoit pas la peine d’en faire un Livre particulier. Ce qu’il dit néanmoins sur la révolte des Gantois, & sur différens traits de l’Histoire de Bourgogne, est assez bien développé. Il ne faut pas oublier que plusieurs Auteurs ont puisé dans cet Ouvrage bien des petits faits qu’ils nous ont donnés ensuite, d’un air avantageux, comme des découvertes.