Livre troisième.
Fable I.
V. 4. Les derniers venus, etc., n’y ont presque rien trouvé.
V. 16. Et que rien ne doit fuir, etc. Locution empruntée de la langue latine.
V. 22. La guerre a ses douceurs, l’hymen a ses alarmes.
Vers charmant.
V. 23……….. où buter. Ce mot de buter est sec et peu agréable à l’oreille.
V. 74….. Car, quand il va voir Jeanne. La Fontaine, après nous avoir parlé de quolibets coup sur coup renvoyés, pouvait nous faire grâce de celui-là.
V. 81. Quant à vous, suivez Mars, etc. Ce n’est point La Fontaine qui parle à son lecteur, c’est Malherbe qui continue et qui s’adresse à Racan. Celui-ci ne prit ni femme, ni abbaye, ni emploi ; il se livra, à son talent pour la poésie, qui lui fit une grande réputation.
Fable II.
La Fontaine a pris ici le ton le plus simple, et ne paraît pas chercher le moindre embellissement. Il a craint sans doute qu’on ne le soupçonnât d’avoir voulu lutter contre Horace, qui, dans une de ses Épîtres, a mis en vers cet Apologue d’une manière beaucoup plus piquante et plus agréable.
V. 7. Chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme,Sans rien faire…
Voilà un trait de satyre qui porte sur le fond de nos mœurs, mais d’une manière bien adoucie. C’est le ton et la coutume de La Fontaine de placer la morale dans le tissu de la narration, par l’art dont il fait son récit.
V. 25….. Et la chose est égale. Pas si égale. Mais La Fontaine n’y regarde pas de si près. On verra ailleurs qu’il ne traite pas aussi bien l’autorité royale, et que même il se permet un trait de satyre qui passe le but.
Fable III.
V. 5. Hoqueton. Ce mot se dit et d’une sorte de casaque que portent les archers, et des archers qui la portent.
V. 10. C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.
Comme ce vers peint merveilleusement les fripons et les attentions superflues qu’ils prennent pour le succès de leurs fourberies ; attentions qui bien souvent les font échouer !
V. 16…. Comme aussi sa musette. Ce dernier hémistiche est d’une grâce charmante. Ce qu’il y a de hardi dans l’expression, d’une musette qui dort, devient simple et naturel, préparé par le sommeil du berger et du chien.
V. 22. Mais cela gâta son affaire.
C’est ce qui arrive. On reconnaît l’imposteur à la caricature : les fripons déliés l’évitent soigneusement : et voilà ce qui rend le monde si dangereux et si difficile à connaître.
V. 32. Quiconque est loup, etc…. Il fallait finir la fable au vers précédent, toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre. La Fontaine alors avait l’air de vouloir décourager les fripons, ce qui était travailler pour les honnêtes gens.
Fable IV.
V. 14. Or c’était un soliveau… Il faut convenir que la conduite de Jupiter, dans cet Apologue, n’est point du tout raisonnable. Il est très-simple de désirer un autre roi qu’un soliveau, et très-naturel que les grenouilles ne veuillent pas d’une grue qui les croque.
Fable V.
V. 22. Et vous lui fait un beau sermon.
La Fontaine se plaît toujours à développer le caractère du renard, et il le fait sans cesse d’une manière gaie et comique. Les autres fabulistes sont secs auprès de lui.
Fable VI.
V. 5. Fourbe, moins commun que fourberie.
V. 8. Possible, guères.. Mot que Vaugelas, Ménage et Thomas Corneille ont condamné. L’usage a, depuis La Fontaine, confirmé leur arrêt.
V. 19. Gésine… Mot vieilli, qui ne s’emploie guère que dans les tribunaux.
V. 25. Obligez-moi de n’en rien dire.
C’est la première précaution du fourbe. La Fontaine ne manque pas ces nuances, qui marquent les caractères et les passions.
V. 29. Sottes de ne pas voir, etc… La Fontaine a bien fait de prévenir ses lecteurs sur cette invraisemblance avant qu’ils s’en apperçussent eux-mêmes. Mais elle n’en est pas moins une tache dans cette fable. Il n’est pas naturel que la faim ne force pas tous ces animaux à sortir.
Fable VII.
V. 1…. Où toujours il revient. Où, pour auquel. Selon d’Olivet, auquel ne peut se supporter en vers : où pour auquel ne peut se dire. Voilà les poètes bien embarrassés. Racine n’a point reconnu cette règle de d’Olivet.
Fable VIII.
Cette goutte que l’auteur personnifie pour la mettre en scène avec l’araignée, est une idée assez bizarre et peu digne de La Fontaine.
V. 11…. Aragne, vieux mot conservé pour le besoin de la rime ou du vers.
Fable IX.
V. 16…. Vous êtes une ingrate. Mot qui exprime à merveille un des grands caractères de l’ingratitude, qui compte pour un bienfait le mal qu’elle ne fait pas.
Fable X.
V. 1. On exposait en peinture. Une femme d’esprit, lasse de voir dans nos livres des peintures satyriques de son sexe, appliqua aux hommes qui font les livres, la remarque du lion de cette fable. Elle avait raison ; mais les femmes ont mieux fait depuis : c’est de prendre leur revanche, de faire des livres, et de peindre les hommes à leur tour.
Fable XI.
V. 1…. Gascon, d’autres disent Normand. Cette incertitude, ce doute où La Fontaine s’enveloppe avec l’apparence naïve de la bonne foi historique, est bien plaisante et d’un goût exquis.
On a critiqué, et bons pour des goujats, et l’on a eu raison ; les goujats n’ont que faire là.
Fable XII.
V. 8. Tantôt on les eût vus côte à côte nager.
Ce vers et les deux suivans sont d’une vérité pittoresque qui met la chose sous les yeux.
Fable XIII.
V. 13…. Louvats. Mot de style burlesque, qui s’emploie, comme on le sait, pour louveteau.
V. 27. J’en conviens ; mais de quoi sert-elle,Avec des ennemis sans foi ?
La Fontaine se met ici à côté d’une grande question, savoir jusqu’à quel point la morale peut s’associer avec la politique.
Fable XIV.
V. 2. Prouesse, action de preux, vieux adjectif qui signifie, en style marotique, brave, vaillant.
Fable XV.
V. 8. Depuis le temps de Thrace, etc., n’est pas une tournure bien poétique ni bien française : cependant elle ne déplaît pas, parce qu’elle évite cette phrase : depuis le temps où nous étions ensemble dans la Thrace.
Fable XVI.
V. 25….. Assez hors de saison. C’est mon avis, et je ne conçois pas pourquoi La Fontaine s’est donné la peine de rimer cette historiette assez médiocre.
Fable XVII.
V. 19. Ce que je vous dis-là, on le dit à bien d’autres :
La Fontaine, avec sa délicatesse ordinaire, indique les traitans d’alors, tourne court bien vite, comme s’il se tirait d’un mauvais pas.
Fable XVIII.
Cette fable est charmante d’un bout à l’autre pour le naturel, la gaîté, surtout pour la vérité des tableaux.