2. Sabbathier, [François] de l'Académie Etrusque de Cortonne, Professeur au Collége de Châlons-sur-Marne, & Secrétaire perpétuel de l'Académie de cette derniere ville, né à Condom en 17..
Erudit & laborieux Ecrivain, qui n'a pas été effrayé de l'idée d'une immense Compilation, qu'il continue avec persévérance. Cet Ouvrage, dont vingt-quatre volumes ont déjà paru, a pour-titre, Dictionnaire pour l'intelligence des Auteurs classiques, & ne mérite pas, à beaucoup près, les éloges que nous lui avions trop légérement départis dans les précédentes éditions des Trois Siecles. Nous n'en connoissions alors que quelques articles. Une lecture plus réfléchie nous a mis depuis à portée de juger que l'Auteur n'a presque jamais puisé dans les sources, & qu'il ne les cite que parce qu'elles se trouvent citées dans les Ouvrages qu'il copie servilement. S'il lui arrive quelquefois d'ajouter quelque chose aux Auteurs qu'il met à contribution, ce sont ordinairement des erreurs ou des absurdités qui décelent à la fois l'ignorance, la platitude, & un défaut de jugement. C'est ce que nous aurons occasion de prouver dans nos Siecles Païens, qui paroîtront avant la fin de cette année. En attendant, nous nous faisons un devoir de rectifier ici le jugement que nous avions d'abord porté de cette énorme Compilation, & qui n'est pas encore près de sa fin. Si l'Auteur nous accusoit de contradiction, nous pourrions lui répondre que se corriger n'est pas se contredire, & que dans le temps même que nous ne connoissions qu'imparfaitement son Ouvrage, nous lui avions reproché le défaut de précision, de correction, d'égalité dans le style, de sévérité dans le choix des Auteurs qu'il cite, ainsi que dans celui des morceaux de leurs écrits qu'il copie. Nous lui avions aussi fait observer que sa Compilation étoit trop indigeste & trop volumineuse.
On pourroit lui donner encore un autre conseil, aussi bien qu'à M. Sabatier de Cavaillon, celui de ne pas désavouer des Ouvrages qui ne leur sont point attribués. C'est cependant ce qu'ils ont fait, d'une maniere offensante pour l'Auteur, à l'égard d'un de nos Ouvrages intitulé Tableau philosophique de l'Esprit de M. de Voltaire. Il est sans doute dans la regle que la foiblesse & la timidité ne jouissent point, aux yeux du Public, de la gloire d'un Ecrit qui ne peut être que l'effet du zele & du courage ; mais cette timidité va jusqu'à la crainte servile, quand elle s'empresse avec affectation de désavouer ce que tout honnête Littérateur voudroit avoir fait pour l'honneur des Lettres, les intérêts de la justice & de la vérité.