Scarron, [Paul] né à Paris en 1610, & non en 1598 ou 1601, comme plusieurs Auteurs l'ont avancé, mort en 1660.
Il a eu beaucoup de succès dans un genre qui n'en méritoit aucun : ce n'est pas la peine d'être supérieur dans des bizarreries que le bon goût proscrit. Malgré cela, son Virgile travesti trouve encore des Lecteurs dans ceux qui, pour se distraire, veulent bien en lire cinquante Vers de suite ; car il n'est pas possible d'aller au delà. Une Poésie qui ne vit que de mots bas, d'expressions triviales, de pensées grotesques, de peintures puériles, n'est pas propre à amuser long-temps. Ce Burlesque étoit la manie dominante avant que Boileau eût éclairé les Esprits & réformé le Goût. Il n'eut besoin que d'élever la voix & de faire entendre la raison, pour enlever aux Dulot, aux d'Assoucy, &c. leurs sots Admirateurs ; Scarron même eût été compris dans la proscription, sans les pensées naïves, les expressions ingénieuses & la gaieté qui échappent par intervalles à sa Muse bouffonne. Le Roman comique est le seul de ses Ouvrages qui soit d'une plaisanterie agréable & continue ; les caracteres en sont originaux, les détails facétieux, la narration piquante ; il est écrit aussi purement que les Provinciales, & n'a pas peu contribué, comme elles, à la perfection de notre Langue. Ceux qui se plaindroient qu'on ait prodigué tant d'esprit & d'imagination sur un sujet aussi mince que la Vie des Comédiens, ne savent peut-être pas que l'arme du ridicule étoit déjà nécessaire du temps de Scarron, pour corriger l'extravagance & abattre l'orgueil de ces Messieurs.