(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 119
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 119

Adam,[Maître] surnommé Billaut, Menuisier de Nevers, mort en 1662.

Une verve singuliere, un génie pour les vers qu’il ne tenoit que de la nature, beaucoup de facilité à bien rendre ce qu’il sentoit, quoiqu’il fût sans Lettres, le firent regarder, dans son temps, comme une espece de phénomene poétique. Tous les Rimeurs composerent des vers à sa louange. Le Duc de Saint-Agnan lui adressa ceux-ci :

Ornement du siecle où nous sommes,
Vous n’aurez rien de moi, sinon
Que pour les Vers & pour le nom
Vous êtes le premier des hommes.

La Chanson de Maître-Adam, qui commence ainsi, Aussi-tôt que la lumiere vient redorer nos côteaux, suffiroit seule pour justifier cet enthousiasme. Il est Auteur, outre cela, de plusieurs autres Pieces marquées au coin du même génie.

Anacréon jouit de l’immortalité pour quelques couplets qui sont parvenus jusqu’à nous : par respect pour le préjugé, nous ne comparons pas Maître Adam à Anacréon ; nous nous contentons d’observer que le hasard influe beaucoup sur les réputations. Nous ignorons fort souvent le nom de tel de nos Poëtes, dont les chansons, que nous savons par cœur, valent autant, & peut-être mieux que celles du Poëte Grec.