(1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193
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(1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent.
De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain

Dans l’ordre naturel des idées, ce chapitre ainsi que le précédent devraient se trouver après celui où je me propose de développer la théorie de la parole ; mais il faut que j’intervertisse cet ordre naturel des idées, pour me soumettre à un plan non moins impérieux, qui consiste à mettre de suite tout ce qui peut amener à comprendre le caractère de l’âge actuel. Ce n’est donc point par inadvertance que je dirai l’histoire de la parole avant de dire ce qu’elle est et comment elle existe : seulement je suis obligé d’en prévenir.

I

Il fut un temps, ainsi que nous le verrons tout à l’heure, où la parole n’était pas seulement le signe de l’idée, mais était, en quelque sorte, l’idée elle-même. Il était tout simple alors que la parole traditionnelle eût la puissance qui lui a été attribuée, et régnât toute seule. C’était plus que la voix des siècles, puisque c’était la voix de Dieu même. Voilà pourquoi la première loi de Lycurgue fut une défense d’écrire les lois. On fixe assez généralement l’ère des lois écrites, chez les Grecs, à Zaleucus, postérieur, comme on sait, de plusieurs siècles à Minos. La musique, dans ce premier âge, fut une doctrine tout entière ; c’était l’ensemble même des lois sociales. Ajouter une corde à la lyre devait être un événement considérable. Et Porphyre remarque très bien que tant que les hommes furent heureux ils n’eurent pas de lois écrites. Au reste, cette défense d’écrire les lois se trouve trop souvent consignée dans les monuments de l’antiquité pour ne pas lui supposer une raison. Les envahissements de la parole écrite étaient sans doute trop évidents et trop rapides, et l’on voulait en retarder l’effet, parce que les institutions étaient fondées dans un esprit de fixité. On avait peut-être aussi déjà des exemples antérieurs du danger qui résulte de la confusion du langage. Mais la pente est irrésistible. Il n’y a pas très longtemps que l’Europe a secoué le joug de la langue latine, par laquelle les rédacteurs des lois et les dépositaires de la science mettaient une barrière entre eux et les peuples, ce qui était toujours une manière de remplacer la parole traditionnelle.

Remarquons, en passant, que les castes sont conservatrices des traditions. De là résulte la nécessité des castes, ou d’institutions analogues, dans les temps où les hommes sont gouvernés par des traditions. De là résulte, par conséquent, l’inutilité des castes, ou d’institutions analogues, dans les temps nouveaux. Tout se tient dans le système social, tout marche en même temps : gardons-nous donc, je ne saurais assez le répéter, gardons-nous de porter un jugement quelconque sur une législation ancienne ou moderne, ayant d’avoir examiné l’ensemble de cette législation.

II

Cependant, comme il est facile de le sentir, la parole traditionnelle ne s’est pas retirée des institutions sociales au moment même où la langue écrite a paru, car toutes les révolutions sont successives et graduelles. Ainsi la parole écrite n’a servi longtemps qu’à constater les résultats ou les conséquences de la parole traditionnelle. Alors il lui restait une sorte d’influence analogue, et comme un souvenir de ce qu’elle fut avant de s’être à demi matérialisée par l’écriture. Ce qu’il y avait d’immédiat dans cette première transmission contribuait à lui conserver quelque chose de son énergie primitive. De plus, les deux paroles ont longtemps régné en concurrence l’une avec l’autre. Il a passé alors pour constant, et il a été constant en effet, que la loi écrite, ou n’était que la loi traditionnelle constatée, ou n’était qu’une explication, un commentaire de cette loi. Dans les deux cas, la parole traditionnelle subsistait comme lumière pour éclairer continuellement la parole écrite et en vérifier le sens. Alors, car, comme nous l’avons dit, tout marche en même temps, alors on a connu deux sortes de langage ; la poésie, qui fut à l’origine l’expression de la parole traditionnelle ; la prose, qui fut seulement l’expression de la parole écrite. C’est, encore à présent, à cette origine des choses qu’il faudrait remonter pour fixer les limites de la poésie et de la prose ; on a beau lutter contre la tyrannie des lois primitives, il faut toujours en venir à les étudier pour bien connaître ce qui est réellement. La poésie, abandonnée de la musique, s’est graduellement retirée ; elle a été remplacée par la versification. Mais je vois, et il deviendra bientôt évident pour tous, que la poésie cherche un asile dans la prose ; et plus la langue écrite prendra de l’ascendant, plus la poésie cherchera les moyens de s’acclimater dans la prose ; car enfin il faut que cette noble exilée rentre un jour dans son héritage.

III

Nous commençons une nouvelle ère, celle des lois écrites sans l’intervention de la parole traditionnelle pour en expliquer le sens. C’est la lettre qui remplace l’esprit. Ceci est un fait que je raconte, ce n’est point un blâme ni un regret que j’exprime. Je sais tout ce qu’il y a d’inévitable dans la succession des idées, et, j’oserais le dire, tout ce qu’il y a de fatal dans les progrès de l’esprit humain. D’ailleurs, il va être démontré qu’une autre force morale commence à succéder à celle qui vient de se briser, une force morale modifiante et extensible. Mais il faut que l’attention reste encore un peu fixée sur le fait actuel, sur le présent.

La parole écrite a été une première matérialisation de la pensée, car l’écriture hiéroglyphique avait laissé à la pensée humaine toute son énergie primitive et toute son élasticité, si l’on peut parler ainsi ; mais l’imprimerie a achevé la matérialisation. Je crois donc que l’on s’est beaucoup trompé lorsque l’on a raisonné sur l’influence de l’imprimerie. On croit, en général, que cette influence a été plus grande, qu’elle ne l’a été en effet ; ou peut-être a-t-elle été seulement différente. Je ne sais pas jusqu’à quel point elle a accéléré le mouvement des esprits ; mais si elle l’a accéléré, ce n’est que par une sorte de puissance compressive. La pensée a voulu réagir contre de nouvelles entraves qui lui étaient imposées. Je contesterais même à l’imprimerie la prérogative d’art conservateur, qui lui est cependant si unanimement attribuée. Les livres tuent les livres bien plus sûrement que les incendies des bibliothèques. Les lettres sont devenues une profession, et la pensée un commerce. Nous avons vu, de nos jours, ce que l’on peut faire avec et contre l’imprimerie, lorsqu’un ministre de la police étend un œil inquisiteur sur toute la scène où s’exerce le mouvement des idées, et peut mettre la pensée en état de blocus continental.

IV

Dans le temps où la parole traditionnelle conservait tout son empire, il fallait veiller à ce qu’elle ne fût pas altérée : alors on évitait de la livrer aux profanes ; alors elle était exclusivement réservée à ceux qui avaient autorité sur les peuples. Telle est l’origine des doctrines secrètes et des langues sacrées. Plus tard il y eut des institutions fondées pour remédier aux inconvénients de la trop grande expansion des idées. Tout livre, dans cette période des sociétés humaines, était soumis aux maîtres de la science, pour être approuvé ou rejeté par eux. En Égypte, par exemple, le livre approuvé ne paraissait que revêtu du nom d’Hermès ; et le livre rejeté était voué au néant. Lorsque, plus tard encore, la parole écrite a admis les explications de la parole traditionnelle, il a fallu maintenir la magistrature de la pensée avec des modifications nécessitées par le nouvel ordre de choses. On a reconnu des livres canoniques et des livres apocryphes. Enfin, dans ces derniers temps, nous avions la censure discrétionnaire : sans doute on avait cru avoir trouvé un remède à ce qu’on croyait un mal, et qui était la force même des choses. Dans quelques états de l’Europe cette censure discrétionnaire était confiée au pouvoir ecclésiastique ; dans d’autres, elle était confiée au pouvoir civil. Une telle législation ne pouvait être qu’incomplète et insuffisante, parce qu’elle tenait à un état transitoire ; parce que, depuis longtemps, l’unité manque aux directions de la société ; parce que enfin aucun des pouvoirs ne possédait en entier le dépôt des traditions sociales.

La magistrature de la pensée, toujours modifiée selon les temps et les lieux, a pu, sans doute être quelquefois une arme dangereuse entre les mains de ceux qui furent chargés de l’exercer parmi les peuples. Mais quelles sont les institutions dont on n’abuse pas ? Pourquoi la liberté n’appartiendrait-elle pas aux gouvernements comme aux nations, et aux princes comme aux sujets ? Et alors, pourquoi s’étonner que les gouvernements et les princes fassent de temps en temps un mauvais emploi de leur liberté, quand ce ne serait que pour la constater ? Il faut faire attention que les placer dans les voies de la nécessité, c’est y placer la société tout entière, prétention en même temps absurde et immorale. Au reste, on est trop disposé, dans ce siècle, à se tromper sur l’essence de la magistrature de la pensée, comme sur beaucoup d’autres choses ; car l’absence et le discrédit des traditions sont, en ce moment, la cause d’un grand nombre de faux jugements. Nous sommes sous la dictature des circonstances, et dans l’interrègne des doctrines. Ainsi donc je crois que les différentes magistratures de la pensée n’ont pas été établies seulement pour la conservation des mœurs ; car, s’il ne se fût agi que des mœurs, on n’aurait eu besoin que de lois répressives et pénales, et non point de lois somptuaires ou préventives. Leur utilité doit être beaucoup plus étendue, et ce n’est pas sous le rapport des mœurs que l’expansion des idées et la diffusion des lumières ont des inconvénients. Ce qu’il y a de pernicieux pour la société, dans tous les temps, c’est le demi-savoir ou l’apparence du savoir. La vérité est sans danger, mais la manière d’interpréter la vérité peut en avoir beaucoup. Les législateurs anciens étaient dirigés par de bien plus hautes raisons que celle qu’on leur suppose si gratuitement d’avoir voulu entretenir l’ignorance des peuples ; et, une fois pour toutes, ne devrait-on pas s’entendre sur la vraie et juste acception de ce terrible mot d’ignorance ? Il n’y a pas de l’ignorance à n’employer, à un âge de l’esprit humain, ou dans une sphère d’idées, que les directions applicables à cet âge, ou en harmonie avec cet ordre de choses. Les Chaldéens ne purent se servir des lunettes de Galilée pour observer les astres ; et les premiers navigateurs eurent, au défaut de la boussole, un astrolabe plus ou moins parfait. Ce que nous gagnons d’un côté, nous le perdons de l’autre. Nous avons, il est vrai, découvert un monde nouveau ; mais nous avons cessé de connaître l’intérieur de l’Afrique.

Lorsque Pythagore avait deux doctrines, ce n’était point qu’il voulût en celer une, mais il voulait y amener graduellement ses disciples ; ou plutôt il avait appris, dans les initiations, que nul n’est propre à recevoir la vérité, si elle n’est pas déjà en lui. Le système de Platon a prévalu dans le monde, et il devait y prévaloir ; mais soyons persuadés que, sans le petit nombre de pythagoriciens qui sont restés fidèles à la doctrine des épreuves et des ménagements ; qui savent que le pain des forts ne peut pas être distribué à tous ; que tous ne peuvent pas être nourris de la moelle du lion ; que le lait doit être donné à l’enfant jusqu’à ce qu’il puisse manger les fruits de la terre ou la chair des animaux ; soyons persuadés, dis-je, que sans le petit nombre de pythagoriciens fidèles, les vérités seraient encore plus-gaspillées qu’elles ne le sont, et déshonorées par plus de discussions intempestives : heureusement il en est resté en réserve.

Au reste, la liberté de penser a été réclamée souvent par les peuples : c’est le désir de l’obtenir qui donna une si triste énergie à la révolution d’Angleterre. Toutes les fois qu’on a réclamé la liberté de penser, on ne demandait en effet que la liberté d’agir en vertu de sa pensée. Maintenant il ne s’agit plus que de la liberté d’écrire et de publier ses pensées. N’oublions pas cependant : comme du temps de Bossuet la lice fut ouverte à toutes les opinions au sujet des points contestés. N’oublions pas non plus que les publicistes et les jurisconsultes en France, et hors de France, discutaient fort librement les droits de Louis XIV au trône d’Espagne. On se souvient de l’avis de Fénelon. Je ne rappelle ce temps de notre histoire que pour avoir occasion de faire remarquer que nous étions loin d’être placés sous un gouvernement despotique, à l’époque même où ce gouvernement fut le plus absolu. Les gouvernements en effet étaient moins ombrageux, parce que les peuples n’avaient pas encore contracté la funeste habitude de discuter les bases mêmes de la société. Les publicistes pouvaient, sans inconvénient, contester au roi de France ses titres à la couronne d’Espagne, parce que personne ne s’avisait de douter de ses droits au trône de France. D’ailleurs, si nous savons à présent toutes les répugnances de Louis XIV pour accepter cet héritage, on l’ignorait dans le temps. Ainsi deux choses ont été prouvées à la fois, la liberté de la discussion et le désintéressement personnel du roi dans cette affaire où l’on est si porté à accuser son ambition.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui que le règne de la lettre commence, comme nous l’avons déjà dit, il faut que l’opinion prenne un ascendant tel que ce soit elle qui dirige tout dans la société ; car la lettre, de sa nature, étant imployable, elle se briserait continuellement par l’effet même de l’expansion des idées. Les hommes ont beau n’être pas disposés toujours à toute justice, il se forme une conscience générale, une morale publique, qui ont besoin d’être consultées à chaque instant, et dont les arrêts sont sûrs ; à peu près comme dans un parterre composé d’hommes plus ou moins éclairés, il s’établit des jugements et même des impressions qui, en définitive, méritent toute notre estime et toute notre confiance. Dès lors la liberté de la presse devient un des éléments nécessaires des gouvernements représentatifs, qui eux-mêmes sont un résultat forcé d’un tel ordre de choses, ainsi que la coopération des jurés dans les procès criminels ; car, encore une fois, tout se tient et tout marche en même temps. La liberté de la presse est, dans nos institutions nouvelles, ce que, dans les machines à vapeur, sont les soupapes de sûreté pour remédier à l’excès de la force d’expansion de la vapeur. Je demande pardon d’employer une telle comparaison, mais j’espère qu’on voudra bien la tolérer en faveur de son extrême justesse. Ainsi j’admets la liberté de la presse comme un moyen d’obvier aux nombreux inconvénients qui doivent résulter de l’établissement du nouvel ordre de choses dans lequel nous entrons.

Il est à remarquer néanmoins que l’institution du jury a besoin d’être considérablement modifiée pour être en harmonie avec l’ensemble de notre système social. Le jury tel qu’il est, sans parler même de sa composition arbitraire, n’a pas assez de latitude morale ; il est trop circonscrit dans les limites du fait matériel, et trop astreint, par conséquent, à l’imployable rigidité de la lettre. La nécessité d’admettre, tôt ou tard, la coopération du jury dans les jugements sur les délits de la presse amènera nécessairement aussi les modifications dont je parle ; car, dans ces sortes de délits, il est évident qu’on ne pourra renfermer la conscience d’un jury dans les limites du fait.

Ce que nous avons dit sur la nécessité de donner une part si considérable à l’opinion n’est une chose nouvelle qu’en considération de l’étendue de cette part. Toujours l’opinion a fini par gouverner ; mais autrefois elle avait une puissance lente et séculaire, à présent elle est rapide et presque instantanée : elle se forme quelquefois comme un orage ; et le pilote qui conduit le navire a souvent à peine le temps d’observer à l’horizon le point noir qui doit enfanter la tempête.

Nous ne pouvons assez le remarquer, le symptôme effrayant des temps où nous vivons c’est l’activité dévorante des esprits qui est hors de proportion avec la mesure du temps. Le temps est toujours sur le point de nous manquer.

L’opinion est donc devenue cette force morale modifiante et extensible dont nous parlions tout à l’heure, et qui est destinée à remplacer la parole traditionnelle. Autrefois il suffisait de gouverner avec l’opinion ; à présent il faut gouverner par elle, sous peine de la laisser gouverner elle-même, ce qui constituerait une vraie anarchie.

Ainsi donc il s’agit de bien connaître l’opinion ; il faut savoir la diriger, et même lui résister lorsqu’elle s’égare. Avouons-le, c’est une tâche d’autant plus difficile que le problème devient, de jour en jour, plus compliqué. L’opinion peut aussi avoir, que l’on me permette de le dire, des directions contradictoires.

Il faut prendre l’opinion dans une région élevée, et seulement pour les choses générales ; car si l’on descend terre à terre, ou que l’on veuille la consulter dans chaque cas particulier et interroger toutes les sortes d’instincts de la multitude, on risque de faire de grandes fautes. Par exemple, les jurés doivent, après avoir écouté avec calme leur conscience, rester impassibles à tous les bruits des villes ; car c’est le cri de l’opinion publique qui obligea une cour souveraine à condamner les Calas.

Sans doute l’opinion existe, mais il faut la connaître et la dégager de ce qui peut lui être étranger. Ceux qui s’établissent d’eux-mêmes les organes de l’opinion doivent se borner à éclairer les gouvernements par leurs écrits ; sitôt qu’ils ont la prétention de vouloir les diriger et en appeler à l’opinion, ils deviennent factieux,

En un mot, il faut que l’opinion délègue ses organes, soit dans le corps représentatif, soit dans les jurys, et qu’ensuite elle s’en rapporte à eux, sauf à leur retirer son mandat dans le temps, et avec les formes consacrées. Lorsque l’opinion s’est égarée dans une fausse route il faut l’éclairer ; mais si vous avez fléchi devant cette erreur passagère, comment réparerez-vous le mal que vous aurez fait ? L’opinion elle-même portera contre vous une accusation terrible.

Les gouvernements se sont toujours appuyés sur les traditions ; mais les peuples refusent de se soumettre désormais à l’autorité des traditions : tous les termes du problème sont donc changés. Ce n’est pas d’aujourd’hui, au reste, que la diffusion des lumières parmi toutes les classes de la société effraie les timides. Dès 1763, dans un réquisitoire qui avait pour objet d’engager le parlement de Bretagne à demander au roi une réforme de l’éducation nationale, M. de La Chalotais, procureur-général, après avoir déploré qu’il y eût un si grand nombre de collèges s’exprimait ainsi : « Les frères de la doctrine chrétienne, qu’on appelle ignorantins, sont venus pour achever de tout perdre. » Je ne cite ceci que parce que ce n’est pas un fait isolé.

Jusqu’à présent je n’ai été qu’observateur ou historien ; maintenant je vais entrer dans des considérations générales. Ma doctrine résultera de tous les enseignements de l’antiquité sacrée et profane, et nous tâcherons d’en déduire les conséquences rigoureuses qui peuvent recevoir leur application dans les circonstances actuelles.