Allainval,[Léonor-Jean-Christine Soulas d’] Abbé, né à Chartres, mort à Paris en 1753.
Il a travaillé pour le Théatre François & pour le Théatre Italien, avec des succès médiocres qui auroient pu devenir plus heureux, si sa mauvaise fortune lui eût permis de cultiver ses talens & de travailler plus soigneusement ses Ouvrages. Il y a d’excellentes choses dans sa Comédie▶ intitulée l’Embarras des Richesses. Si ce qu’on a publié de lui est vrai, il n’a pas dû en prendre l’idée d’après sa propre expérience : on dit qu’il étoit si bizarre ou si indigent, qu’il n’avoit, pour ainsi dire, aucune demeure fixe. Il couchoit tantôt à la belle étoile, tantôt dans les chaises à porteur qui sont au coin des rues ; genre de vie nullement propre à favoriser les dons du génie. Les anciens Poëtes se vantoient d’avoir dormi sur l’Hélicon ; ils avoient apparemment la faculté de choisir leurs jours. Ces sortes de veilles ne sauroient en effet être agréables, que quand elles sont le fruit du caprice, & non celui de la nécessité.
On a remis au Théatre François en 1770, une ◀Comédie▶ du même Auteur, intitulée l’Ecole des Bourgeois, qu’on voit reparoître de temps en temps, avec d’autant plus de plaisir, qu’elle est pleine de ce bon comique qui caractérise Moliere. La ◀Comédie des Mœurs du temps de M. Saurin, est plus qu’une imitation de cette Piece.