Hugues, Clovis (1851-1907)
[Bibliographie]
La Femme dans son état le plus intéressant (Marseille, 1870). — La Petite Muse (1874). — Les Intransigeants (1875). — Poèmes de prison (1875). — Les Soirs de bataille (1882). — Les Jours de combat (1883). — Les Évocations (1885). — Madame Phaéton (1888). — Le Sommeil de Danton, drame en cinq actes et en vers (1888). — Monsieur le Gendarme (1891). — Le Bandit (1892). — Le Mauvais Larron (1895). — La Chanson de Jehanne d’Arc (1899).
OPINIONS.
A. R
Les trois principales œuvres poétiques de M. Clovis Hugues sont : Les Soirs de bataille (1882), les Jours de combat (1883), les Évocations (1885). Partout le souffle est vibrant, la langue sonore, le rythme mouvementé et varié. En dehors des actualités sociales, les sujets qu’il préfère par contraste sont les plus doux : l’amour de la femme, la tendresse pour les enfants, et aussi la passion de la nature méridionale ensoleillée sous l’azur.
Émile Faguet
Disons simplement que pour ce genre de drame, Le Sommeil de Danton, il y a un cadre tout fait, dans lequel ils entrent tous, et qu’on ne peut guère modifier que dans des détails très secondaires. M. Hugues l’a compris et l’a pris ainsi tout bonnement, sans se marteler la cervelle ; et il n’a pas eu tort. Il a voulu seulement sur ce fond constant, éternel, et qui pourra servir bien souvent encore, tracer quelques caractères intéressants et jeter quelques beaux discours d’une brillante facture et d’une langue riche… Je serais donc content des « beaux discours », n’était qu’il y en a de trop et qu’ils sont trop longs. M. Hugues est un exubérant. Il ne brille point par la concision. Il devrait relire Saint-Just pour se corriger… C’est donc un drame oratoire que nous avons eu. Je ne fais nul fi du drame oratoire. Je sais bien que Corneille… parfaitement. Mais les temps ont marché. Les goûts ont bien changé quelque peu. Il est bien probable que si Corneille revenait au monde, il aurait le même génie, et que, tout de même, il ferait ses drames autrement.
Philippe Gille
Le vers de M. Clovis Hugues est bien frappé, vigoureux, facile, richement rimé ; la pensée qui l’anime est généralement élevée, et nul n’a plus de grâce quand il s’agit de peindre le charme de la nature. Aussi n’est-ce point à la forme qu’il faut s’en prendre, mais parfois au fond même de l’idée. Malheureusement pour le poète, il ne peut pas, comme maître Jacques, retirer complètement son habit d’homme politique et devenir à son gré un autre personnage. Le type du poète-tribun, c’est Victor Hugo, et quoi qu’on fasse pour ne point lui ressembler, il est bien difficile de ne pas marcher parfois dans l’empreinte de ses pas, puisqu’on suit le même chemin. Ce qu’il faut souhaiter à M. Clovis Hugues, c’est justement de quitter le point de vue où s’est mis l’auteur des Châtiments et de l’Année terrible , pour que son originalité (il en a une) puisse se dégager complètement.
Jean des Figues
Quelle voix ! claironnante, perçante, aiguë, vrillante, elle est marseillaise superlativement ! Elle charrie l’odeur de goudron, de saumure et d’orange du Vieux-Port… C’est la bonne voix qui dit la bonne chanson. Elle a défendu âprement et avec des rires la cause du petit et du faible ; elle a prononcé les paroles d’espoir et de consolation ; elle s’est attendrie au souvenir du village natal dont elle a retrouvé, tant de fois la parole familière et sonore ; elle s’est élevée jusqu’à l’ode et à la tragédie ; et lyrique, et magnifique, et bien française, elle vient de chanter l’épopée héroïque de notre Jeanne d’Arc…