MARGON, [Guillaume Plantavit de la Pause de] Abbé, né dans le Diocese de Beziers, mort en 1760.
Cet Auteur a fait, pendant quelque temps, beaucoup de bruit dans une certaine portion du Monde littéraire, par des Critiques, des Satires, & des Libelles, dont l’extrême malignité ne pouvoit flatter que des caracteres conformes au sien. Peu d’hommes ont été plus atrabilaires ; peu d’hommes ont donné plus d’effor à ce genre d’humeur, toujours atroce. Son esprit empoisonnoit les actions les plus vertueuses ; & il ne craignit jamais de faire part au Public de la perversité de ses idées.
Le Gouvernement se crut obligé d’éloigner de la Capitale un Sujet aussi turbulent. L’Abbé Margon fut exilé aux Isles de Lereins, d’où on le transféra au Château d’If. Il se retira ensuite dans une Communauté Religieuse, ce qui étoit une des conditions de sa liberté.
On a de lui une Histoire du Duc de Villars, les Mémoires de Berwick, ceux de Tourville, les Lettres de Filiz-Moris, Ouvrages écrits avec une vivacité plus importune qu’agréable, à cause du fiel & de la malice qu’il y distille, sans aucun égard. Le talent d’écrire, il faut en convenir, quand il est assujetti à une ame perverse, est un funeste présent de la Nature, & pour l’individu qui le possede, & pour la Société qu’il corrompt.