(1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324
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(1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Chapitre XII.

Des livres de jurisprudence

§. I.

Droit Canonique.

UN homme qui voudroit rassembler tous les volumes qui traitent du Droit Canonique, formeroit une bibliothèque immense. Mais comme les lecteurs qu’on a en vue, n’ont besoin que de quelques bons livres sur chaque matiere, nous nous contenterons de leur indiquer les suivans.

Institution au Droit Ecclésiastique, par l’Abbé Fleuri, deux vol. in-12. : ouvrage bien fait, d’un écrivain justement célébre.

Les Loix Ecclésiastiques de France dans leur ordre naturel, & une analyse des livres de droit canonique, conferés avec les usages de l’Eglise Gallicane, in-fol. 1756. par M. d’Hericourt. Cette édition de cet excellent livre est corrigée suivant les dernieres ordonnances. En général pour tous les livres de droit civil & canonique, il faut donner la préférence aux éditions récentes, parce que les anciennes, quoique mieux exécutées, manquent de bien de choses qu’on a ajouté aux nouvelles. Tous les écrits de M. d’Héricourt ont eu beaucoup de succès. On trouvera beaucoup de choses relatives au droit canonique dans ses Œuvres posthumes, imprimées en 1759. en quatre vol. in-4°.

Dictionnaire de droit canonique, par M. Durand de Maillane, deux vol. in-4°. 1762., réimprimé en 1770. en quatre vol. in-4°. Collection savante, qui suffit seule pour se mettre au fait de tout ce qui concerne les matieres canoniques & bénéficiales.

Institutes de droit canonique de Lancelot, traduits en françois, par l’auteur du Dictionnaire précédent, en dix vol. in-12. 1770., avec des notes. Cet important ouvrage est précédé d’une histoire du droit canonique fort savante. Il suffit seul pour la connoissance de la Jurif prudence canonique.

Si les livres précédens ne suffisoient pas, on pourroit se procurer tous les traités que le savant Gibert a donné sur les matieres bénéficiales. On en trouve la liste & le jugement qu’on en a porté dans le Nouveau Dictionnaire historique.

§. II.

Droit civil.

JE suivrai dans cet article la méthode que je me suis prescrite dans plusieurs autres. Je ne parlerai que des livres qui peuvent être l’objet de la curiosité d’une personne qui ne s’est pas spécialement consacrée à la Jurisprudence. Les ouvrages suivans peuvent lui suffire.

Dictionnaire de Droit & de Pratique, par Ferrieres, deux vol. in-4°. Ce livre, souvent réimprimé, contient l’explication des termes de droit, d’ordonnances, de coutume & de pratique, avec des éclaircissemens sur les affaires qui peuvent survenir. Il est estimé.

Les Loix Civiles dans leur ordre naturel, par Domat, in-fol. 1756. Cette nouvelle édition est augmentée d’un écrit sur le droit public, par M. d’Hericourt, & des notes de M. M. de Bouchevert, Berroyer & Chevalier. Le livre est excellent & les additions sont dignes du livre.

Institution au Droit françois, par M. Argou, deux vol. in-12. : livre élémentaire qui peut servir d’introduction à la lecture des ouvrages plus volumineux que nous avons sur cette matiere.

On fera bien d’orner sa Bibliothèque de l’Histoire de la Jurisprudence Romaine, par Mr. Terrasson, in-fol. 1750. Cette Jurisprudence a été le fondement de la nôtre. Il faut avoir encore les Institutes de Justinien, traduits par Ferrieres, en sept vol. in-12. avec des observations sur l’intelligence du texte. Nous avons aussi ces Institutes conférés avec le Droit françois, par Boutaric, in-4°.

Un Dictionnaire des Arrêts seroit bien nécessaire. Il y a mille occasions où l’on a besoin de le consulter. On en a donné un en six vol. in-fol. Il seroit à souhaiter qu’on en publiât un abrégé plus commode & plus portatif.

Il n’est pas pardonnable d’ignorer ce qu’a fait dans ce siécle pour la réformation de la justice l’immortel Fréderic : le Code qui porte son nom ;, est un livre à lire & à méditer. C’est un corps de droit fondé sur la raison & sur les constitutions des Etats du Roi de Prusse pour lequel il a été fait. Ce Prince a disposé le droit romain dans un ordre naturel, a retranché les loix étrangeres, & a établi pour ses Sujets un droit certain & universel. Plût à Dieu qu’un si bel exemple fût imité dans le reste de l’Europe, & qu’en désarmant la chicane par des bonnes loix, on assurât le bonheur & les possessions de tous les citoyens.