Quitard
Dictionnaire des Proverbes ; Étude sur les Proverbes, historique, littéraire et morale.
I
Quitard s’appelle lui-même bravement « un parémiographe ». C’est, nous dit-il, d’après l’étymologie grecque, un auteur qui écrit sur les proverbes. C’est donc une science, cela ! Ne souriez pas. Quoi d’étonnant ? Dans un temps où la division du travail, qui pulvérise tout, hommes et choses, et en raffine encore la poussière, multiplie le nombre des spécialités en tout genre la parémiographie, puisqu’il faut l’appeler par son nom… comme la peste, — mais ce n’est pas la peste, — est une spécialité philologique, taillée dans un pan de la philologie générale comme une province dans un empire, et qui suffit à l’ambition d’un honnête savant. Cet honnête savant, c’est aujourd’hui Quitard, qui est spirituel aussi et même aimable dans son livre, — ce naïf et vieux sujet des proverbes le lui permettant.
Quitard sera certainement — car ses travaux ne sont pas épuisés par les deux publications qu’il nous donne — l’honneur et l’agrément de cette science, coiffée de grec, qui est, après tout, moins abstraite et moins aride que celle-là dont elle est un démembrement. La philologie s’occupe des signes et de l’anatomie du langage. Ce n’est pas de la littérature, mais de la matière à littérature. Tout au plus est-ce la connaissance, dans sa trame et dans ses mille fils, de l’étoffe dans laquelle la littérature doit un jour dessiner et broder ses chefs-d’œuvre… Mais la parémiographie (quel mot !), ce n’est plus une science de mots, mais d’idées ! Ce sont des idées générales qui furent déposées, on ne sait quand, — c’est la question ! peut-être au temps des neiges d’antan, — dans les langues quelconques, par les premiers gens d’esprit qui les parlèrent ; des idées qui adhèrent encore à ces langues, malgré les coups de hache et les coups de lime du Temps.
Oui ! voilà les proverbes ! Les pauvres chers vieux proverbes ! Des idées générales, parfois primitives, — dans tous les cas toujours anciennes, — des jugements, des sentences, des vérités, soit absolues, soit relatives, rapidement poinçonnées, — le diable sait par qui ! — en quelques mots simples et précis, et laissées dans le torrent des langues qui ont coulé et écumé par-dessus et qui les ont entraînées, mais pas de manière cependant à ce qu’on ne trouve pas, dans le lit de ces langues accrues ou taries, de ces vieilles médailles intellectuelles.
Tous les peuples et toutes les littératures en ont, de ces médailles fortement frappées, qui représentent soit leur originalité particulière de peuple et de littérature, soit, plus souvent, une chose beaucoup plus belle : l’unité de l’esprit humain. Seulement tout peuple et toute littérature pourrait en avoir davantage. Il ne s’agit que de les chercher. C’est à cette recherche rare et passionnée que s’est dévoué cet excellent parémiographe Quitard, qu’on ne veut plus quitter quand on le tient.
Quitard est un antiquaire à sa façon, — un antiquaire non plastique, mais verbal, — qui fait des fouilles, non dans la vile argile, mais dans l’histoire et la langue, — et encore non dans l’histoire écrite, mais dans l’histoire orale, dans la tradition par toute voie, — pour nous déterrer ces apophtegmes, ces aphorismes, ces axiomes de morale universelle qui valent mieux, à coup sûr, que des médailles de bronze, des vases étrusques, des torses de Vénus cassés ; car la plastique ne vient qu’après l’histoire, si vous voulez bien le permettre, et la forme n’emporte le fond que pour… Brid’oison !
Certes ! je me garderai bien de manquer à ces publications, d’un intérêt si vif et d’une érudition si piquante. Quitard a fait mon bonheur avec ses proverbes, et il ferait aussi celui de bien plus gros bonnets que moi. Il charmerait Rabelais, — il charmerait Shakespeare, Walter Scott, Richardson, Cervantes, La Fontaine, qui ne reviendront pas (malheureusement) pour lire ses livres, mais qui les liraient en se pourléchant, s’ils étaient revenus. Ces grands esprits aimaient les proverbes. Ils en ramassaient beaucoup, quand ils vivaient, pour en orner leurs plus belles œuvres. Ils en fourraient partout… comme les femmes des épingles. N’étaient-ce pas des esprits comme eux qui les avaient faits, dans un temps où l’imprimerie ne sauvait pas le nom de ceux qui pensaient, en écrivant ou sans écrire ? — et cela leur était une sympathie de plus. En ces proverbes, naïfs ou sublimes, brillants ou profonds, moqueurs ou tendres, ils reconnaissaient une pensée, parente de la leur mais moins heureuse, car elle était entrée sans signature dans la mémoire des hommes, et en y restant elle n’y laissait aucun nom !
Eh bien, ce sont ces inconnus, chers à tous les poètes et à tous les généreux, que Quitard ne ressuscite pas, mais qu’il range à nos yeux dans leur mérite anonyme, puisqu’il y a rangé leurs œuvres ! si l’on peut dire œuvres de ces traits marqués en quelques mots, et par cela même plus durables, d’autant plus fixes dans le souvenir qu’ils sont plus brefs, comme ces insectes lumineux qui restent mieux immobiles sur leurs courtes ailes. Tout n’est pas anonyme pourtant en ces proverbes. Il y a parfois de grands noms qui se dressent tout à coup du pied d’une maxime, comme, par exemple, Salomon dans l’Ecclésiaste, et Pythagore dans les Vers dorés. Mais la plupart de ces proverbes n’ont pas d’auteurs et font rêver à ceux-là qui les inventèrent. Voix incorporelles d’esprits disparus, chose touchante, que pour insulter à des originalités défuntes, on a l’impertinence d’appeler « la sagesse des nations »
!… Qui pourrait réclamer ?…
II
En effet, les nations ont-elles une sagesse ? C’est tout le monde qui fait courir ce bruit-là, et Quitard, qui n’est pas un humanitaire, quoiqu’il ait fait ses humanités, paraît y croire pourtant, et cela me trouble. Du haut de sa parémiographie, — et c’est très haut pour moi, — il prononce ce mot de « sagesse des nations »
, qu’il applique, avec toutes ses conséquences, à ses proverbes. Il ne met point en suspicion cette soi-disant sagesse, spontanée ou réfléchie, des peuples, sous la dictée de qui auraient écrit, humbles secrétaires, des inspirés comme Salomon ou des philosophes comme Pythagore. Mais, qu’il me permette de le lui dire ! pour moi, franchement, je n’y crois pas.
Je ne crois pas aux sagesses collectives travaillant, sans être des abeilles, à ces proverbes, alvéoles d’or où le génie a mis son miel, — le génie et non pas les masses ! Je n’y crois à aucune époque de l’histoire, mais je n’y crois pas surtout à l’origine des sociétés, au premier moment perceptiblement historique. La sagesse des nations ! c’est là un nom usurpé en tout temps, si ce n’est pas une ironie, mais ce l’est particulièrement quand les nations sont dans l’enfance, dans cet âge où pour l’homme lui-même, et le plus exceptionnel des hommes, hormis le petit Joas d’Athalie, la sagesse n’existe pas.
À l’origine des sociétés tout commence par des despotes, dans la pensée et dans le langage comme dans le reste des choses humaines.
Les proverbes, les sentences, toutes ces généralisations des esprits qui surent observer et réfléchir les premiers, sont du despotisme d’esprits supérieurs, s’imposant à l’esprit faible et bas des multitudes… C’est de la sagesse toute faite, non par les nations, mais pour elles. Voilà plutôt ce que je crois ! J’en suis fâché, car je voudrais véritablement faire bon ménage avec Quitard, le parémiographe, mais il m’est impossible d’accepter la grande source vague d’où il dit que viennent les proverbes qu’il a recueillis. Pour moi, ils sont les produits les plus authentiques et quelquefois les plus éclatants de l’originalité et de la supériorité humaines, — qu’elles aient gardé leurs noms propres ou les aient perdus dans les hasards bêtes de la gloire. L’esprit de tout le monde — si respecté par tout ce qui n’est personne ! — n’est jamais que l’esprit de quelques-uns que tout le monde, un jour, enfin, a ramassé !
Je sais bien que Quitard a, pour couvrir et protéger son opinion sur l’origine des proverbes, celle d’un homme dont l’esprit serait un charme encore quand il ne serait plus une puissance. Rivarol, qui avait eu un prix à l’Académie de Berlin sur une question de langue française, n’en était pas moins compétent en matière de langage et a pu n’être pas compromis par son prix. Or, Rivarol a dit, avec plus de hardiesse que Quitard qui le cite : « Les proverbes sont les fruits de l’expérience des peuples et comme le bon sens de tous les siècles réduit en formules. »
Cela est incroyable, mais malheureusement textuel.
Cette phrase d’apothicaire, avec sa formule, est bien réellement de l’élégant et de l’étincelant Rivarol. Que ceux qui l’aiment se le disent ! Seulement, si cet esprit, qu’on aime toujours trop, avait laissé beaucoup de mots pareils dans l’histoire, Quitard ne le citerait pas, car ce ne serait plus Rivarol. Ce ne serait plus qu’un écrivain modeste et domestique, portant, comme Flipotte derrière madame Pernelle, son petit falot à la suite du président de Montesquieu, lequel disait, lui, que tout le monde avait plus d’esprit que Voltaire, probablement parce que Voltaire en avait un peu plus que le président de Montesquieu. Il ne serait plus enfin cet aristocrate en toutes choses, qui voulait être comte, malgré sa naissance, dans un temps où un tel titre n’allait bientôt plus rapporter que les privilèges de la prison et de l’échafaud, et on serait terriblement en droit d’accuser de pitoyable inconséquence l’homme qui, croyant au bon sens des siècles, accorda si peu au bon sens du sien.
Heureusement pour Rivarol, le mot que cite Quitard ne prouve qu’une chose, assez triste du reste : c’est que le talent le plus héroïquement et le plus fièrement spirituel put se laisser enfiler par une idée vulgaire, comme un grand homme par un goujat ; mais il ne détruit nullement cette certitude : que ce qu’on appelle le bon sens des peuples et des siècles, c’est l’intelligence des grands hommes — ignorés ou connus — qui ont fait tradition et rencontré leur écho. Qui sait si la plupart des pensées les plus individuelles de Rivarol lui-même ne passeront pas un jour dans la langue française et ne feront pas corps avec elle, comme des inscriptions sur le marbre où elles sont gravées, — et si, comme tant de mots dont le génie qui les a prononcés a été exproprié, pour cause d’utilité publique, avant le Code Napoléon, elles ne seront pas recueillies par quelque Quitard de 1990 ?
III
Et cette objection que je commence par faire à Quitard, je ne la lui ferais pas si je l’estimais moins, si je n’éprouvais pas une sérieuse considération et une grande estime pour un homme qui, tout philologue qu’il puisse être, ne s’est pas laissé dévorer par le travail rongeur des mots, et a bien moins songé — tout en chassant aux proverbes et aux locutions proverbiales à travers les langues et les littératures — à nous donner des curiosités de formes littéraires qu’à construire une histoire de mœurs par l’expression, chose délicate et difficile ! S’il n’avait fait simplement qu’un dictionnaire, j’aurais pesé son Dictionnaire ; j’aurais dit : Il jauge tant de mots. Il y a de l’effort, de la recherche courageuse et persistante, de la patience, du dévouement, des vertus ; car on fait un dictionnaire bien plus avec des qualités morales qu’avec des qualités intellectuelles, — et c’est pourquoi il y en a si peu de bons.
Mais Quitard n’est pas du tout un Job de dictionnaire, pauvre de tout excepté de mots et de patience philologique. J’ai dit qu’il avait de l’esprit : il a aussi une bonne humeur que n’ont pas les Job de l’érudition sans idées. Il a la bonne humeur d’un esprit qui se porte bien, lorsque les Job se portent mal. Quitard n’est pas uniquement le chroniqueur et l’antiquaire de la Lettre des proverbes ; il en est de plus le grammairien, le rhéteur (mais dans le bon sens) et le philosophe. Son Dictionnaire 18 était précédé, en 1842, d’une préface dans laquelle on voyait très bien qu’il sentait l’importance de la science à laquelle il s’était dévoué, mais son Étude sur les proverbes, historique, littéraire et morale 19, prouve beaucoup mieux qu’il sait penser sur ce qu’il aime et ajouter à ses recherches des manières de voir toujours sensées et souvent fines… Or, c’est précisément pour cela, c’est à cause de ses perspicaces facultés historiques, qui dominent les autres chez Quitard, que je m’étonne de rencontrer dans son livre une opinion sur l’origine des proverbes plus générale qu’examinée, et plus badaude que vraiment digne de la sagacité d’un historien.
Du reste, malgré la justesse de la vue première : — faire une histoire des proverbes qui fût l’histoire des mœurs perdue par de l’expression retrouvée, — et malgré des travaux pleins d’intérêt, mais qui ne sont, après tout, que des préliminaires, cette histoire qui l’a tenté Quitard ne l’a pas faite néanmoins avec son Dictionnaire et son Étude. C’était trop peu. Il aurait fallu davantage. Il a eu l’idée d’une telle histoire et il l’a dégrossie, mais il ne l’a pas chassée, toute vibrante, du bloc de travaux où elle sommeillait renfermée, et d’où une main plus violente, sinon plus vigoureuse que la sienne, ne la tirera qu’à force d’obstination et d’effort hardi. C’est que l’effort acharné et la hardiesse ne sont peut-être pas dans la nature de Quitard, esprit avisé, curieux, ingénieux, mais placide, et qui ne nous a donné depuis son Dictionnaire que le volume de cette Étude.
Balzac dit quelque part — et je le croirais — que rêver un livre projeté est bien plus agréable que de l’écrire, et il ajoute que c’est là « fumer une cigarette enchantée »
. Quitard, qui a fumé la sienne vingt ans, — et la même cigarette ! — ne nous donne pas l’idée d’un tempérament bien dévorant, bien absorbant et bien ardent. Ce n’est pas là un vampire, même de cigarettes enchantées, — ce qui doit être pourtant diablement bon et excuserait le vampire. Non ! il me fait l’effet plutôt d’un homme posé et reposé dans une érudition tranquille comme un chanoine dans sa stalle à vêpres ; d’un de ces calmes amoureux, à trois mentons, qui aime sa parémiographie sans que la tête lui tourne et qui la cultive à ses heures ; enfin d’un de ces esprits savants jusques aux dents, et ronds de la graisse des vieux livres, lesquels, quand ils trottent, trottent menu !
Je ne connais pas Quitard, mais son livre me donne, intellectuellement du moins, sa silhouette. Déjà dans la préface de son Dictionnaire il nous avait dit — et c’était à nous faire venir l’eau à la bouche, à la bouche trompée, — « qu’il avait d’abord conçu son Dictionnaire de manière à suivre la langue proverbiale des troubadours jusqu’à nos jours et à former trois gros volumes in-8o »
, mais que prudemment il l’a diminué de deux volumes « parce qu’il aurait été trop difficile de rencontrer un éditeur »
, et c’est devant cette fuite d’éditeur que son épicurisme de savant s’est déconcerté et qu’il a sacrifié deux chers volumes à cette panique. Ceci n’est évidemment pas d’un lion, mais voici bien d’une autre bête ! La peur du mauvais goût n’effarouche-t-elle pas Quitard, cette timide nature de biche académique ?… Et cette seconde peur n’énerve-t-elle et n’infirme-t-elle pas ses travaux dans leur substance même ?… « Mon intention, — dit-il, — non plus que celle d’Érasme, n’a pas été de n’admettre que des proverbes d’un tour piquant… Mais pourtant je n’ai point cherché à grossir mon recueil de ces locations traînées dans les ruisseaux des halles, de mots disgracieux et de dictons qui se trouvent souvent dans la bouche des gens mal élevés. J’ai laissé dans son bourbier natal cette phraséologie de la canaille. »
Agréable aristocratie ! Je doute seulement qu’elle convienne à un chercheur comme lui, qui n’a mission que de prendre à larges et pleines mains tout ce qu’il rencontre, dans un but de renseignement et de connaissances, et non pas mission de choisir et de rejeter, au nom d’un goût qui n’a que faire ici.
Hic non est locus.
Et pourquoi, puisque Quitard écrit un Dictionnaire ou rêve une Histoire des Proverbes, se priverait-il des plus énergiques, des plus pittoresques, des plus populaires, sous prétexte qu’ils sont grossiers, comme si, la grossièreté étant parfois dans l’esprit humain, elle ne devait pas avoir son expression dans le langage ? Et ce n’est pas tout. Puisque non seulement il s’occupe et se préoccupe de proverbes, mais de locutions proverbiales, pourquoi affiche-t-il un si vertueux mépris pour l’argot cette langue populaire, sinistre et masquée, aux effroyables beautés, mais aux beautés réelles, qui a déjà versé dans la langue du xixe siècle, sous la plume de quelques maîtres, des mots que le génie purifiera et qui y resteront comme des forces de plus ? Et pourquoi n’a-t-il pas fait, philologue qui veut toucher aux mœurs par la philologie, l’histoire de ces mots redoutables, Tarquins futurs d’une Académie qui n’est pas Lucrèce, et qui, pour cette raison, ne doit pas mourir… de ce que vous savez ?
IV
Tels sont les reproches que j’ose faire à Quitard, du fond de mon indignité philologique. Ainsi qu’on le voit, ces reproches s’adressent bien plus à une manière de sentir qui nuit à la conception première de son travail qu’à sa science de parémiographe. En lisant son Étude historique, littéraire et morale, sur les proverbes, qui est un véritable traité ex professo sur la matière, et cet amusant Dictionnaire, que le duc de Richelieu n’aurait pas fait lire à son fils comme celui de l’Académie quand il le mettait en pénitence, on regrette vivement que le tempérament — sinon les connaissances — ait manqué.
Les connaissances, les notions, les rapprochements, un millier de faits et d’origines, les anecdotes, voilà les mérites excellents des deux publications de Quitard ; mais tout cela est, dans son Dictionnaire, de l’encyclopédie incomplète, — ce qui est une contradiction dans les termes, — et, dans son Étude, de la monographie, et rien de plus. Or, c’est une Histoire des proverbes et des locutions proverbiales, et une histoire écrite avec méthode, qu’il avait rêvée ; c’est cette longue cigarette, plus longue que la pipe de tous les Turcs, qu’il a fumée pendant vingt ans.
La Critique pose donc ici un desideratum, qui est une vraie condamnation. Cette Histoire des Proverbes est encore à faire par Quitard… ou par un autre. Mais Quitard la fera-t-il ?… Ce serait là un livre délicieux, à nous défrayer tous, nous qui aimons la langue et les vieilles coutumes du passé, si parfumées de naïveté, si enfumées de bonhomie. Ce serait un livre dans lequel il y aurait autant pour la poésie que pour l’histoire.
Si, comme je le crois, l’histoire des patois, ces langues roulantes qui ont précédé les langues assises et sont à ces dernières ce que sont les tentes et les quatre piquets des premiers âges aux palais des civilisations, si l’histoire des patois est un magnifique sujet à traiter en philologie, il en est un plus beau encore, c’est l’histoire des proverbes, car les patois ont été créés plus particulièrement par les besoins généraux des hommes, et les proverbes par l’intelligence individuelle de l’humanité !