(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

Parodi, D.-Alexandre (1842-1902)

[Bibliographie]

Passions et idées, poésies (1865). — Nouvelles Messéniennes, chants patriotiques (1867). — Ulm le Parricide, drame en cinq actes et en vers (1870). — Rome vaincue, tragédie en cinq actes et en vers (1873). — Séphora, poème biblique en deux actes (1877). — Le Triomphe de la paix, ode symphonique (1878). — Cris de la chair et de l’âme, poésies (1883). — La Jeunesse de François Ier , drame en cinq actes et en vers (1884). — L’Inflexible, drame en cinq actes, en prose (1884). — Le Théâtre en France : la tragédie, la comédie, le drame, les lacunes (1885). — La Reine Juana (1893).

OPINIONS.

Francisque Sarcey

Il y a beaucoup de talent, mais beaucoup de talent dans cette œuvre nouvelle (Ulm le Parricide) d’un jeune homme inconnu.

[Le Temps ().]

Francisque Sarcey

Il est vraiment beau, très beau le quatrième acte d’Ulm le Parricide. Voulez-vous que je vous en parle, bien que vous ne deviez probablement jamais le voir. Ulm a tué, au troisième acte, son père, le roi du Scandinave, dont il était héritier ; il y avait chez lui une effroyable ambition de régner ; est-ce ambition qu’il faut lire ? Non, le terme est trop noble pour cette nature farouche, entière, emportée par l’instinct sauvage de la brute. C’est un besoin, c’est une envie ; le voilà maître du trône et au comble de ses vœux, et alors il se passe dans son être quelque chose d’extraordinaire. Vous rappelez-vous le Caïn de Victor Hugo dans la Légende des siècles ? Caïn, après avoir assassiné son père, est tourmenté de remords ; mais le remords est pour cet homme primitif et barbare fort différent de ce qu’il est pour nous. Ce n’est pas un sentiment : c’est un poids réel, une douleur causée par un je ne sais quoi de caché, d’invisible, mais que l’on doit pouvoir arracher de la plaie comme un trait de la blessure… Aussi le remords pour Caïn prend-il la forme d’un œil qui brille au fond des cieux, et qui demeure fixé sur le meurtrier. Caïn voit toujours cet œil qui le regarde ; il pousse des cris de colère et ses fils étendent des toiles entre sa tête et le ciel ; puis ils bâtissent des tours dont ils épaississent les murs ; puis ils construisent un caveau d’airain.

Et le soir ils lançaient des flèches aux étoiles.

Quel vers ! Superbe, étincelant, plein de sens et d’une poésie merveilleuse d’expression ! Et à chaque fois qu’ils ont cru ainsi intercepter à leur père la vue de cet œil vengeur, Caïn leur répond d’une voie sombre : l’œil est toujours là !

Eh bien ! cette hardiesse à rejeter un sentiment intime, un chagrin de l’âme, un remords de la conscience, M. Parodi l’a porté à la scène. Ulm non plus que Caïn ne comprend rien au tourment dont il souffre. Pour lui, c’est un ulcère, c’est une blessure qui saigne et qui l’irrite. M. Parodi est Italien de naissance et je ne sais s’il est venu en France de très bonne heure. Il est donc assez naturel qu’il ne manie pas notre hexamètre avec aisance. Il y a, en effet, bien souvent dans son style quelque chose de pénible et de martelé. Mais que de fois aussi le vers jaillit plein, sonore, tout d’une venue, éclatant de franchise et de verve.

[Le Temps (19 février ).]

Philippe Gille

L’auteur de Rome vaincue , M. Alexandre Parodi, a publié une œuvre dramatique en deux parties, intitulée : Séphora. C’est un poème biblique qui a pour personnages : Adam, Gad, Tubal, etc. et Caïn lui-même. L’action est intéressante malgré la sévérité du sujet, et M. Parodi a écrit de sa meilleure plume de beaux vers dont je ne puis donner autant d’extraits que je voudrais… Adam se met à la recherche de Caïn, et c’est là qu’est l’intérêt dramatique du beau poème de M. Parodi. Il ne faut pas chercher à comparer cette œuvre dramatique au beau poème de Victor Hugo sur le même sujet ; le maître est le maître ; mais un sentiment vrai appartient à tous, et cette pensée du pardon pour Caïn est aussi personnelle à M. Parodi qu’à l’auteur des Contemplations .

[La Bataille littéraire ().]

Jacques du Tillet

Le drame de M. Parodi est pavé de bonnes intentions. Le sujet est d’une grandeur singulière, et d’avoir osé s’y attaquer seulement n’est pas d’un esprit médiocre. Il faut une réelle puissance aujourd’hui et une admirable conscience artistique pour tenter un drame qui n’a rien de commun avec les drames à la mode, qui n’est ni « populaire » ni « sentimental », et dont l’intérêt a pour mobiles les sentiments les plus nobles et les plus élevés. Malheureusement, si les aspirations de M. Parodi sont respectables et admirables, son « exécution » est bien insuffisante ; et s’il possède incontestablement le don dramatique, il en usa parfois avec une maladresse déconcertante… Il me faut parler de ce qu’il y a de plus fâcheux dans la Reine Juana : du style. Il est déplorable, il faut bien l’avouer.’

[La Revue bleue (13 mai ).]