(1767) Salon de 1767 « Peintures — Drouais, Roslin, Valade, etc »
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(1767) Salon de 1767 « Peintures — Drouais, Roslin, Valade, etc »

Drouais, Roslin, Valade, etc

Portraits, études, tableaux. Entre tous ces portraits aucun qui arrête, un seul excepté, qui est de Roslin et que je viens d’attribuer à Perronneau, c’est celui de cette femme dont j’ai dit que la gorge était si vraie qu’on ne la croirait pas peinte, c’est à inviter la main comme la chair ; la tête est moins bien, quoique gracieuse et fesant bien la ronde bosse ; les yeux étincelent d’un feu humide ; et puis une multitude de passages fins et bien entendus, un beau faire, une touche amoureuse.

Celui de Madame De Marigny est assez bien entendu pour l’effet d’une couleur agréable, mais la touche en est molle, il y a de l’incertitude de dessin, la robe est bien faite ; la tête est tourmentée ; la figure s’affaisse, s’en va, ne se soutient pas, elle a l’air mannequiné ; les bras sont livides et les mains sans formes, la gorge plate et grisâtre ; et puis sur le visage un ennui, une maussaderie, un air maladif qui nous affligent.

Les études de ces artistes montrent combien ils ont encore besoin d’en faire.

Entre les tableaux, on ne voit que l’ allégorie en l’honneur du maréchal De Belle-Isle . C’est Minerve, c’est une victoire qui soutiennent le portrait du héros ; c’est une Renommée joufflue qui trompette ses vertus. Et toujours Mars, Vénus, Minerve, Jupiter, Hébé, Junon ; sans les dieux du paganisme, ces gens-là ne sauraient que faire. Je voudrais bien leur ôter ce maudit catéchisme payen.

Cette allégorie de Valade choque les yeux par le discordant ; elle est pesamment faite, sans aucune intelligence de lumières et d’effet ; figures détestables de couleur et de dessin ; nuage dense à couper à la scie ; femmes longues, maigres et raides ; grands manequins en petit ; énorme Minerve, bien corpulée, bien lourde. Et puis il faut voir les draperies, l’agencement de tout ce fatras ; les accessoires même ne sont pas faits.