6. Brun, [Denis le] Secrétaire des Commandemens du Prince de Conty, de l’Académie de la Rochelle, frere du précédent, né à Paris en 17..
Il a beaucoup plus de mérite que son frere. On trouve dans ses Odes, de la force, de l’enthousiasme, & de la poésie. Il ne faut donc pas juger de ce Poëte par les* Satires que M. de Voltaire a substituées aux éloges qu’il lui avoit d’abord accordés. Ce Dispensateur des réputations ne l’a maltraité peut-être si fort, que parce que M. le Brun est l’ami de M. Clément, Censeur de M. de Saint-Lambert, adorateur de M. de Voltaire ; car tout a sa généalogie dans le Cercle philosophique, & le péché originel y a lieu par excellence. Il ne faut pas non plus le juger d’après les louanges un peu outrées de M. Clément, qui a trop fait sentir qu’il étoit son ami : il est cependant vrai que les morceaux qu’il cite de M. le Brun, dans sa Critique des Géorgiques de M. l’Abbé Delille, sont réellement beaux▶, quoi qu’en ait dit un Journaliste célebre, mais pas toujours préférables à ceux de l’Auteur critiqué.
Au reste, M. de Voltaire auroit dû savoir plus de gré à M. le Brun ; il lui a adressé une ◀belle▶ Ode, & lui a procuré la gloire d’une ◀belle action, en l’engageant à prendre soin de la niece du grand Corneille. M. le Brun n’a suivi en cela que les mouvemens d’une ame honnête ; il ne prévoyoit pas les Commentaires.
Il y a encore un autre Auteur de ce nom, à qui le Public doit, sinon la plus fidele, du moins la plus élégante Traduction qui ait paru jusqu’à présent dans notre Langue, de l’Iliade d’Homere & de la Jérusalem délivrée du Tasse.