DAQUIN de Chateau-Lyon , Docteur en Médecine, fils du célebre Organiste, né à Paris en 17..
Auteur▶ de plusieurs petites Brochures, pleines d’hérésies, en matiere de
goût & de jugement. Il s’y tue à louer M. de Fontenelle, qui ne dut pas être fort sensible à la tournure
& au style de ses éloges. Les Lettres du Chevalier
d’H*** y sont trouvées admirables. Qu’on juge, après cela, du
cas qu’on doit faire d’une Epître sur la corruption du
goût, composée par ce même ◀Auteur▶. Son style est si plat, si
niais, si dégoûtant, qu’il n’est comparable qu’à celui de Jeannot dans
la Piece intitulée les Battus payent l’amende. On
diroit qu’il a fait son cours de Rhétorique sous les Charniers. Voici
une de ses anecdotes sur M. de Fontenelle ; elle
donnera une idée de sa maniere de narrer. « Un Etranger entrant
dans Paris, demande à la Barriere la demeure de M.
de Fontenelle. Curieux au dernier point de voir cet homme illustre, les
Commis, fort embarrassés, & ne pouvant résoudre la difficulté, lui disent nettement qu’ils n’en savent rien. Comment, reprit avec
colere l’Etranger, vous n’en savez rien ! Vous voulez donc vous
moquer de moi ! Non, Monsieur, disent humblement les Commis.
Ah ! c’est affreux, s’écrie-t-il plus en colere que jamais, il ne sera pas dit que vous me
célerez plus long-temps la demeure de ce grand homme. Déja il s’apprêtoit à battre ces pauvres gens, il ne se pouvoit plus retenir ; on vient au
secours, & l’affaire n’alla pas plus loin.
L’Etranger furieux continue son chemin, en ne cessant de
répéter : Quoi donc, aux Barrieres ne pas savoir
la demeure de M. de Fontenelle ! Quelle ignorance !
C’est un homme connu par-tout l’Univers. »
M. Daquin a fait aussi des Contes en Vers, qu’il a publiés sous le nom d’un Petit Cousin de Rabelais. Nous ignorons s’il est vraiment un des parens de cet ◀Auteur ingénieux & ordurier ; mais nous pouvons assurer qu’il n’a rien de commun avec lui que la licence scandaleuse de ses Vers, plus pitoyables encore que sa Prose ; ce qui a fait dire à bien des gens, qu’il eût mieux valu, pour sa gloire, qu’il se fût uniquement attaché à la Médecine, où il auroit pu cacher plus facilement ses fautes. Nous ajouterons, encore que cette gloire exigeoit qu’il se garantît de la démangeaison de faire des Epigrammes. En voici une, de plusieurs qu’il a composées contre nous & débitées dans les Sociétés. Nous la citons précisément, parce que c’est la moins mauvaise de toutes.
L’autre jour chez Pigal, en contemplant Voltaire,Je disois : Qu’a donc mis ce fameux StatuaireSous les pieds du fils d’Apollon ?Et pourquoi lui fait-il écraser du talonMasque hideux, dont la bouche effroyableSemble ouverte pour aboyer ?Est-ce l’Envie ? est-ce le Diable ?Alors quelqu’un cria dans l’attelier :Oh ! ce n’est rien, c’est l’Abbé Sabatier.
Que peut-on répondre à cela ? Sinon d’exhorter M. Daquin à tâcher de les faire meilleures, afin de trouver des Auditeurs sensés qui s’en amusent, & de piquer davantage ceux qui en sont l’objet.