Boindin, [Nicolas] de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Paris en 1676, mort dans la même ville en 1751.
A la tête de ses Œuvres, qui n’ont paru qu’après sa mort, est un Mémoire sur sa vie & ses Ouvrages, composé par lui-même, où il ne s’épargne pas les louanges ; ce qui suffiroit pour dispenser le Public de lui en accorder. L’Editeur auroit au moins dû supprimer cette égologie ; il n’est pas permis de parler de soi-même avec autant de complaisance. Il y a bien plus d’adresse à suivre la méthode de certains Auteurs▶, dont la modestie sait se mettre à l’aise, en se fêtoyant eux-mêmes sous un nom emprunté ; ils ne courent alors de risque que quand le Panégyriste est découvert ; ce qui, à la vérité, ne tarde pas. On peut employer encore un autre moyen : il est certaines Sociétés dévouées à des hommages mutuels, où l’encensoir passe de main en main : il est aisé de s’y faire agréger, afin d’obtenir de ses confreres une ample dose d’encens, en revanche de celle qu’on leur a distribuée.
Boindin étoit Philosophe. C’est un malheur pour lui de n’avoir pas existé de nos jours : son orgueil cesseroit d’être ridicule, s’il étoit érigé, comme à present, en esprit de Corps. Nous doutons cependant qu’on l’eût admis dans la classe philosophique, s’il eût publié de son vivant le Mémoire qu’il a composé pour la justification de J. B. Rousseau, qui n’a jamais été aimé des dispensateurs de la gloire.
On a encore de Boindin quatre Comédies, parmi lesquelles le Bal d’Auteuil & le Port de Mer eurent quelques succès. Le sujet de la premiere, qu’on joue de temps en temps, est riant, & l’intrigue en est assez piquante.
Ses autres Ouvrages, qui consistent dans des Dissertations, ne le distinguent pas des ◀Auteurs médiocres. Il est cependant un des quatre Génies privilégiés du siecle de Louis XIV, qui, selon M. Diderot, auroient été seuls capables de fournir quelques articles à l’Encyclopédie. Credite Pisones.