Donnay, Maurice (1859-1945)
[Bibliographie]
Eux ! (1891). — Savoir attendre▶ (1891). — Ailleurs (1892). — Lysistrata, 4 actes en prose, prologue en vers (1893). — Éducation de prince (1894). — Folle entreprise, un acte (1894). — Phryné (1894). — Chères Madames (1895). — Amants, 5 actes (1896). — La Douloureuse, 4 actes (1897). — L’Affranchie, 3 actes (1898). — La Clairière, avec L. Descaves (1900).
OPINIONS.
Jules Lemaître
Vous trouverez dans la « revue symbolique de M. Maurice Donnay, Ailleurs ! la traduction plastique de quelques-unes des idées les plus chères à MM. Lavisse et de Vogüé, ces deux guides autorisés de la jeunesse contemporaine. Car, pour plaire au premier, les vieux adolescents pessimistes et symbolistes y sont traités avec un généreux mépris, et, pour plaire au second, un vague esprit évangélique y circule, un Christ ami du monde moderne y apparaît, et l’aube des temps nouveaux y est saluée.
Henry Bauër
M. Donnay est l’auteur de deux jolies piécettes : Phryné et Ailleurs, représentées sur le théâtricule d’Ombres-Parisiennes du Chat-Noir. La dernière, surtout nous charma par une exquise, fantaisie, par l’esprit le plus vif et le plus délicat, par une aimable grâce de poésie, par la finesse de la plaisanterie et la générosité de la pensée. Ce début de l’auteur sur une grande scène parisienne était donc ◀attendu avec curiosité, et nos meilleurs souhaits l’y accompagnaient. Il a fallu en rabattre, et l’événement nous a déçu, non pas que M. Donnay ait subitement aboli toute sa verve, la vivacité et l’ingéniosité de son esprit, mais le sujet de Lysistrata ne prêtait point aux grâces de la poésie, ni ne permettait les sentiers pittoresques de la fantaisie.
Pierre Veber
La Lysistrata de M. Donnay produit l’impression d’une revue manquée. Et ces insipides mots drôles, si laborieux.
Beaucoup de jolies filles ; mais je pense que la pièce de M. Donnay gagnerait en intérêt si les spectateurs étaient admis (prix à débattre, nécessairement) à jouer un rôle actif. Je ne déplore pas que Lysistrata soit trop obscène ; je regrette qu’elle ne le soit pas assez. On pourrait supprimer les barcarolles, les petits morceaux de versification personnelle que M. Donnay a jugé bon d’introduire çà et là, les puériles discussions du banquet, la danse serpentine, ne laisser subsister que la partie saine et virile de l’œuvre. Pas de mots, des actes.
Henry Bauër
De ces jolies et parfois exquises variations, dans Amants, il demeure une impression de déconvenue, de regret. Vous est-il arrivé de vous asseoir à une table délicatement servie, où les mets rares et excitants, les gibiers, les truffes, les sauces veloutées et légères s’arrosent des grands crus de Bourgogne, de Champagne et du Rhin !
Le palais en savoure la joie, l’estomac en accueille sans peine le ragoût et les parfums. Ah ! la chère exquise ! la fête de gourmandise ! Et le lendemain, votre bouche est amère, votre estomac brûlant, et vous sentez tout le prix de l’eau fraîche, des légumes au naturel, de l’odeur des fleurs des champs et de la simplicité !
Horace Valbel
Phryné, de Maurice Donnay, qui se révéla maître fantaisiste, d’une impeccabilité absolue, poète charmant, ironiste précieux, que Porel arracha au Chat-Noir à prix d’or et dont il fit, à l’Éden, représenter Lysistrata. Toutefois Donnay fit encore, pour le Chat-Noir, Ailleurs, cette revue si curieusement cruelle, d’un symbolisme ardent, qui, avec les merveilleux décors d’Henri Rivière, fut un véritable régal pour les délicats.
Adolphe Brisson
Les vers de M. Donnay ne sont pas la moindre partie de son œuvre. J’ai pu me convaincre qu’ils plaisaient aux femmes. Ils ont de quoi les séduire, car ils sont pleins d’elles. Ils sont tous ensemble gais ou tendres ; et ce mélange de sensualité et de raillerie légère est on ne peut plus voluptueux. Il les disait d’ailleurs fort bien, d’une voix pénétrante, alanguie, et dont la monotonie savante excitait, comme une lente caresse, les nerfs de ses auditrices.