Machy
Le péristyle du Louvre, et la démolition de l’hôtel de Rouillé . tableau de 4 pieds de large, sur 2 pieds 9 pouces de haut.
Le péristile est à droite ; c’est sur cette partie que tombe la forte lumière qui vient de quelque point pris à gauche ; dans l’intérieur du tableau on ne voit que la colonnade. Des ruines en arcades, placées sur le devant et occupant tout l’espace de la gauche à droite, dérobent le massif lourd et sans goût sur lequel elle est élevée ; il y a de l’esprit à cela.
La façade de ces arcades et toute la partie antérieure sont dans la demi-teinte ; on a fait d’une pierre deux coups : on s’est ménagé des effets de lumières par le dessous des arcades, et l’on a masqué l’unique défaut d’un des plus beaux morceaux d’architecture qu’il y ait au monde.
Ce tableau n’est pas sans mérite. Cet assemblage d’architecture et de ruines produit de l’intérêt. Le devant est bien composé ; ce pan de mur qu’on voit au coin gauche fait un bon effet. La figure brisée avec l’ornement est d’excellent goût ; ces eaux ramassées sur le devant ont de la transparence ; mais le tout est gris ; mais il est sec, mais il est dur, mais la lumière forte est trop égale, mais son effet blesse les yeux, mais les figures sont mal dessinées ; mais ce tableau, mis malignement à côté de la galerie antique de Robert, fait sentir l’énorme différence d’une bonne chose et d’une excellente.
C’est notre ami Chardin qui institue ces parallèles-là aux dépens de qui il appartiendra, peu lui importe, pourvu que l’œil du public s’exerce et que le mérite soit apprécié. Grand merci, Monsieur Chardin, sans vous, j’aurais peut-être admiré la colonnade de Machy, et sans le voisinage de la galerie de Robert. C’est un lambeau de Virgile mis à côté d’un lambeau de Lucain. le vestibule nouveau du palais-royal. La démolition de l’ancien. le portail de st Eustache, et une partie de la nouvelle halle ; à gouache. l’intérieur de la nouvelle église de la Magdeleine de la Ville-L’évêque . du même.
Le premier morceau était faible de couleur, ces autres-ci sont encore pis. le vestibule nouveau du palais-royal et la démolition de l’ancien sont très-fades. la Magdeleine , belle perspective, lumière bien dégradée, grande précision.
En général les morceaux de Machy sont gris ou d’un jaune de paille ; ce sont des ruines toutes neuves. à parler rigoureusement, il ne peint pas, c’est une estampe qu’il enlumine précieusement, avec un goût et une propreté exquise, aussi ses tableaux ont-ils toujours un œil dur et sec. Pour la perspective, il en est rigoureux observateur, les objets font bien l’effet qu’on en doit attendre. Je ne crois pas qu’il ait été bien content des ouvrages de Robert, cet homme est venu d’Italie pour dépouiller Machy de tous ses lauriers.
Les ouvrages de Robert affligeront Machy sans le corriger. Il ne changera pas son faire.
Son dessin de l’intérieur de la Magdeleine est très-bien éclairé ; c’est l’effet d’une lumière douce, rare, vague et blanchâtre, comme on la remarque aux édifices nouvellement bâtis, lorsqu’elle traverse des verres laiteux, ou qu’elle a été réfléchie par des murailles neuves. Il y a aussi la vapeur, mais la vapeur claire des lieux frais, renfermés et blancs.