MAYNARD, [François] de l’Académie Françoise, né à Toulouse en 1582, mort en 1646 ; ami de Regnier & de Desportes, & l’Eleve de Malherbe.
Tout son talent poétique consiste à avoir su versifier avec beaucoup de netteté, de précision, & d’élégance. Ses Vers ne sont point surchargés de ces mots inutiles, de ces épithetes oiseuses, tristes enfans de la stérilité, nés pour être les esclaves de la mesure & de la rime ; mais ils sont froids & monotones, quoique plus remplis de pensées que ceux de ses prédécesseurs & de ses contemporains.
Maynard excelloit dans l’Epigramme, & s’étoit donné la peine de former un sistême particulier sur cette sorte de Production. Il vouloit que dans celle de dix Vers, on marquât un repos après le quatrieme & le septieme, & que dans celle de six Vers, on en marquât un autre au milieu, minuties très-indifférentes, & dont on se passe très-bien. Une autre observation qui fait plus d’honneur à son goût, & qui est devenue une regle de l’Art, est celle qui exige qu’au milieu de chaque Stance il y ait un repos, afin que ceux qui la récitent n’en coupent pas le sens en reprenant haleine. Il voulut encore innover dans le Sonnet, en composant les deux quatrains sur des rimes différentes. Son exemple n’a pas été suivi, parce qu’on s’en tient toujours aux choses consacrées, & que ce n’est pas la peine d’adopter de nouvelles regles, quand elles ne procurent pas un nouvel agrément.
On a lieu d’être étonné que Maynard, étant, sans contredit, un des meilleurs Poëtes de son temps, n’ait eu aucune part aux bienfaits du Cardinal de Richelieu. Il lui adressa un jour ces beaux Vers que nous allons copier, pour le plaisir de ceux qui ne les connoissent pas, & même pour celui de ceux qui les connoissent.
La réponse du Cardinal fut un Rien prononcé très-brusquement. Maynard s’en vengea par plusieurs Epigrammes & plusieurs Sonnets, où ce Ministre est attaqué d’une maniere aussi offensante qu’ingénieuse. La philosophie de ce Poëte triompha de son ressentiment. Il se retira chez lui, dégoûté de la Cour & de son Siecle, & consacra ses sentimens dans ces Vers, qu’il plaça sur la porte de son Cabinet d’Etude.
Las d’espérer & de me plaindreDes Muses, des Grands, & du Sort,C’est ici que j’attends la mort,Sans la désirer ni la craindre.