M. Henri de L’Épinois
Le Gouvernement des Papes.
I
C’est au lendemain du jour où Victor Hugo, cette grande bouche ouverte à toutes les oreilles du xixe siècle, qui l’écoutait avec tremblement, venait de nous vomir son Pape contre le Pape, qu’il eût été bon de parler de ce Gouvernement des Papes. C’est en regard du Pape idéal, mendiant, vagabond et besacier, qu’il convenait de montrer les Papes réels… Quand cette histoire de M. de L’Épinois parut, il y a quelques années, peu de critiques s’en occupèrent, et peut-être parce qu’elle répondait trop bien aux malheureuses idées contemporaines !… La haine et la peur ont leur silence, et l’ignorance met le sien par-dessus. Épaisseurs difficiles à percer ! Cela suffisait pour expliquer qu’on eût planté là un livre savant, écrit avec une virilité calme, par un esprit très respectueux des choses de l’Église parce qu’il y avait touché. Ce livre, qui attendait▶ et qui pouvait ◀attendre, parce qu’il avait la vie dure de la vérité, trouva ce jour-là son moment, qu’il ne cherchait pas. Il le trouva dans cette circonstance qu’il était piquant autant qu’il était utile d’opposer à l’éructation gongorienne de Victor Hugo, ce Pousse-vent énorme, quelque chose de résistant, de substantiel et de plein, qui dégonflât avec l’infatigable piqûre d’épingle des faits, de creuses et d’hyperboliques déclamations.
Et voilà la bonne fortune du livre de M. Henri de L’Épinois ! Sous ce titre : Le Gouvernement des Papes, l’auteur cache, ou plutôt il ne cache pas, qu’il est l’historien de la puissance temporelle de la Papauté, puisque le gouvernement des Papes a, de toute éternité, été double, et qu’il s’entend aussi bien des corps que des âmes, — les âmes sans corps n’existant point, du moins ici-bas. C’est, en effet, une des erreurs les plus profondes du spiritualisme humain, que de croire à la puissance spirituelle réduite à sa seule force isolée ; c’est la plus vaine des abstractions que de la cantonner dans la sphère mystérieuse de la conscience sans qu’elle passe à l’instant même au dehors, dans la sphère visible et les faits apparents. Erreur commode, comme tant d’erreurs ! Si c’était là une chose possible, le tour qu’on voudrait faire serait fait. On exilerait et on tiendrait au piquet la Papauté dans son domaine spirituel, qui n’importe guères aux matérialistes de ce monde, et on mettrait la main sur ce qui importe, sur ce domaine matériel sans lequel on espère bien que la Papauté ne pourrait subsister deux jours. Telle est l’idée des haïsseurs de l’Église, qui fut souvent réalisée dans l’Histoire et qui peut l’être encore par des politiques ennemies et victorieuses de l’Église, — mais de l’Église jamais vaincue ! — et telle l’idée de Victor Hugo, quand il a fait, dans son poème du Pape, son tintamarre de mots et de faux hoquets contre la Papauté, et qu’il y pleure sur elle et sur l’humanité avec la sensibilité d’un crocodile… Or, c’est cette idée-là dont M. de L’Épinois fait implicitement l’histoire. C’est cette idée, qui, en définitive, pour tous ceux qui pensent et qui savent conclure, est battue en brèche et mise en ruines ici, et cela sans presque y toucher. Car l’auteur du Gouvernement des Papes ne discute pas une minute ; il se contente de raconter.
Raconter purement et simplement. M. Henri de L’Épinois n’est qu’un historien, mais solide, et qui n’a de souci que de la solidité de l’Histoire. Il n’a point, comme beaucoup d’autres, le talent sonore, éclatant, passionné. C’est un ferme esprit, qui se contente d’être sensé et qui laisse aux autres le tapage, cet agent provocateur de la gloire. M. de L’Épinois est sorti de l’École des Chartes, cet état-major d’historiens qui ne fait pas plus de grands généraux en histoire que l’École d’État-major ne fait de grands généraux sur le champ de bataille, mais qui, toutes deux, font de bons officiers. À coup sûr, un grand historien peut sortir de l’École des Chartes comme de partout, mais pas plus que de partout, et si M. de L’Épinois n’est pas cet historien-là, il est au moins un homme qui entend profondément et consciencieusement l’Histoire, quand il ne la domine pas. Indépendamment du talent, et il en a un dont j’estime la mâle simplicité, son histoire du Gouvernement des Papes — dédiée au célèbre Père Theiner — a cet avantage relatif d’être écrite par un homme qui ne porte pas la robe du Père Theiner, et, pour les basses suspicions d’un temps comme le nôtre, qui soupçonne tout et qui ne croit à rien, c’est comme une garantie d’impartialité. Un historien plus considérable que M. de L’Épinois, Rohrbacher, a fait, dans ce temps, une monumentale histoire de l’Église, en beaucoup de points admirable et de la plus profonde orthodoxie ; — mais Rohrbacher était un prêtre, et il n’est guères lu que des prêtres comme lui et de quelques esprits qui ont la foi des prêtres. L’action du talent du prêtre, si grande encore du temps de Lamennais, est maintenant cruellement limitée. Son talent ne sert plus qu’à édifier ceux qui ont sa foi, mais si la Grâce surnaturelle ne s’en mêle pas, il ne change ou ne modifie ni les convictions opposées à la sienne, ni les scepticismes, ni les incrédulités. On est toujours tenté de jeter à la face du prêtre qu’il fait son métier, quand il fait sa fonction, — sa fonction auguste ! On a toujours l’air de lui dire : « Tu prêches pour ton saint et pour l’autel dont tu vis ; laisse-nous tranquille ! » C’est pour cela qu’un laïque qui choisit l’histoire de l’Église pour l’écrire a, de cela seul qu’il est laïque, une supériorité d’enseignement sur le prêtre, et c’est pour cela aussi que toute Critique qui honore l’Église doit mettre en lumière l’enseignement de cet homme-là.
II
Eh bien, c’est ce que je veux faire aujourd’hui. Dans ce livre de M. de L’Épinois, nous n’avons point affaire, il est vrai, à un historien complet de l’Église, qui ait retracé, comme Rohrbacher, en de vastes proportions, le tableau synthétique de l’Église catholique dans son dogme, ses doctrines, ses mœurs et les majestueuses personnalités de ses pontifes, de ses grands hommes et de ses Saints. M. de L’Épinois aurait pu se permettre cette immense peinture et ne pas changer une seule syllabe à son titre ; car le gouvernement des Papes et le gouvernement de l’Église intégrale, c’est tout un. Qui dit Gouvernement des Papes, dit l’action de saisir et de diriger les hommes par tous les côtés où ils peuvent être saisis et dirigés. Mais il faut bien entendre ici que dans ce seul volume d’histoire, où les faits sont ramassés, concentrés et étreints pour en faire mieux sortir la moelle, il ne s’agit que de l’histoire politique de la Papauté. Résumé d’une puissante plénitude, ce n’est là, après tout, qu’un morceau d’histoire… L’auteur a coupé dans l’histoire universelle de l’Église l’histoire de son gouvernement temporel, et il nous l’a montré depuis son origine et ses premières luttes jusqu’aux dernières, — depuis Constantin, et même avant, jusqu’à Napoléon, et même après, — et il a éclairé ce fort résumé d’une si pénétrante et pourtant si sobre lumière, qu’aucun éblouissement n’est possible et qu’il reste évident, pour qui lit attentivement cette histoire, que le gouvernement temporel de la Papauté, de tous les gouvernements déchirés par les hommes certainement le plus déchiré, est aussi essentiel au Christianisme, aussi constitutif de sa nature que son gouvernement spirituel, et qu’il y a entre eux une nécessité d’existence, une consubstantialité qui fait leur identité même, et contre laquelle rien ne pourrait prévaloir d’une manière absolue sans entraîner la mort de tous les deux !
Je sais bien que l’auteur du Gouvernement des Papes ne l’a pas vu aussi clairement que moi. Il a bien
dit, au commencement de son volume : « qu’on avait fait remonter l’histoire de la souveraineté des Papes au seuil même du Cénacle »
, mais il trouve cela vague et il ne date leur pouvoir temporel que de Pépin, quoiqu’il cite plus loin une loi de Valentinien Ier qui lui paraît le premier fondement de l’indépendance et du pouvoir temporel du Saint-Siège. Or, selon moi, ce pouvoir remonte beaucoup plus haut, et, pour parler plus exactement, il ne se date d’aucune loi, mais il vient de la nature de la chose qu’on appelle le Christianisme. L’Église, fondée par la parole de Jésus-Christ et par les Apôtres, dès les premiers pas faits sur la terre y mettait la main en même temps que le pied, et voici comment elle y mettait la main : elle la tendait et l’aumône y tombait. Elle n’avait pas même besoin de la tendre pour qu’elle y tombât, spontanément offerte qu’elle était, cette aumône, par la foi et l’enthousiasme fraternel des premiers Chrétiens ! Selon moi, donc, le premier don fait aux Apôtres et à leurs successeurs, fut le grain de sénevé du pouvoir temporel des Papes… et il faut aller jusque-là pour le retrouver. Le temps, qui s’ajoute à la nature des choses et qui la développe, la logique invincible des événements, firent grandir et multiplier ce grain de sénevé. Loi absolue et irrésistible ! Si aujourd’hui, par impossible, les atroces Tartuffes qui veulent la mort du Christianisme par l’appauvrissement de la Papauté, et les imbéciles, plus nombreux encore, qui croient que pour
la gloire et le renouvellement de la Papauté, avilie, selon eux, dans le pouvoir et les richesses, il faudrait la jeter vivante à la voirie des grands chemins et qu’elle allât tendre sa tiare à l’aumône comme Bélisaire y tendait son casque, avaient une vue juste de la réalité, le sou que la Chrétienté y ferait pleuvoir de toutes parts serait l’atome constitutif d’un pouvoir temporel nouveau, qui — le monde étant différent de ce qu’il était il y a dix-huit siècles — ne se développerait pas comme la première fois, mais trouverait une autre forme de développement. Recommencement inévitable ! Ce gouvernement temporel, qu’on rêve de supprimer, se reformerait comme à l’origine de la société chrétienne, tant il est nécessaire à cette société pour qu’elle soit, et tant, sans ce pouvoir temporel, il est impossible à la raison même de concevoir cette société !
Voilà l’affirmation que, pour mon compte, je ne crains point de formuler, et que l’auteur du Gouvernement des Papes, lui, n’a point osée. Il écrit cependant quelque part, en commençant son histoire : « Il n’est pas sans intérêt de montrer comment les circonstances, en manifestant PEUT-ÊTRE un dessein providentiel, ont dégagé dans l’histoire cette souveraineté naissante… »
Mais il oublie que la question est plus profonde que cela, et cette parole : Le dessein peut-être providentiel, est une de ces faiblesses qui prouve que chez M. de L’Épinois le penseur catholique
est inférieur à l’érudit. Hors ces deux taches au front de son volume et qu’on voudrait y essuyer (la seconde surtout), il n’y a qu’à louer pour ce qui suit. Les faits et les raisons y brillent, comme des fers de lance, à l’usage de ceux qui cherchent des armes pour défendre le gouvernement temporel de la Papauté, qui, tel qu’il fut, et sous les coups qu’on lui porta et qui l’auraient rendu furieux et terrible s’il n’avait été qu’un gouvernement comme un autre, fut imperturbablement le plus juste et le plus serein des gouvernements que l’on ait vus parmi les hommes !
III
Mais il n’était pas comme un autre. Il n’était pas le résultat de ces accidents historiques toujours obscurs pour l’historien, et que trop souvent il explique comme le grand Frédéric expliquait ses accidents de bataille… par Sa Majesté le Hasard. Il y avait une cause plus précise, plus clairement manifestée, plus visiblement providentielle, et nous ne disons pas peut-être !… Elle tenait à l’établissement surnaturel du Christianisme dans le monde. Le Christianisme avait cette origine céleste, et il rappela toujours, il
invoqua toujours infatigablement cette origine. Né de l’aumône ramassée dans le sang des martyrs, — car les premiers Fidèles, au temps des persécutions et jusque dans les catacombes, portaient leurs offrandes aux évêques et aux prêtres, « et, outre les objets mobiliers, — dit M. de L’Épinois, — ils donnaient des biens territoriaux dont les revenus servaient à l’entretien des clercs »
, — ce gouvernement temporel ne cessa jamais de représenter la justice, la miséricorde et l’action morale sur la terre. Après l’avoir opposée, cette action morale inconnue avant lui dans l’histoire, aux Païens, ses persécuteurs, il l’opposa aux Barbares, puis à la Féodalité, puis, plus tard encore, à l’ambition des États modernes. Et qu’on ne l’oublie pas ! — et le livre de M. de L’Épinois ne permettrait pas, d’ailleurs, de l’oublier, — c’était principalement cette action morale intervenant dans les choses humaines au nom de Dieu, que la Papauté défendait en défendant son gouvernement temporel, comme c’était encore son action morale qu’elle sauvegardait dans son gouvernement spirituel, quand, à force de décrets, de bulles et de conciles, elle sauvegardait la pureté et l’intégrité de la Foi.
Rien de plus frappant et qu’on puisse moins contester que cette action morale du gouvernement, même temporel, de la Papauté, dont M. de L’Épinois nous a tracé l’histoire. Il démontre, par le récit des faits, l’impossibilité qu’il y avait, les circonstances historiques d’alors étant données, à ce que l’Église ne se constituât pas politiquement un jour, et n’accouchât pas de ce gouvernement temporel qu’elle portait au fond de ses entrailles comme le frère jumeau de son gouvernement spirituel. Il fait voir les progrès successifs de cette Constitution, nécessaires comme la croissance l’est à la vie de l’enfant. À partir de la conversion de Constantin, la plus grande liberté donnée aux Chrétiens favorisa les donations qu’ils faisaient au clergé. Les donations de biens-fonds, entre autres, furent fréquentes, et déjà l’affreux cri moderne, poussé une fois de plus par Victor Hugo, contre les richesses de l’Église et son gouvernement temporel, fut poussé par Ammien Marcellin, le Victor Hugo de ce temps, comme Victor Hugo n’est que l’Ammien Marcellin du nôtre.
Mais le cri n’y fit rien. Le Christianisme avait pris le monde par la tête et par le cœur ! Aux immunités personnelles et réelles, à l’exemption de la juridiction ordinaire, qui accordait aux clercs de ne pouvoir être traduits devant les tribunaux séculiers et de faire juger leurs causes, en matière même temporelle, par les tribunaux ecclésiastiques, s’ajouta l’arbitrage des évêques, qui prit le caractère d’une véritable juridiction et qui fit que les tribunaux séculiers purent dès lors être récusés par ceux qui désiraient soumettre les procès civils aux tribunaux ecclésiastiques. Outre l’exercice de ce pouvoir judiciaire qui mène à tous
les autres pouvoirs, les évêques prirent une part élevée à l’administration, et le chef respecté de l’Église, dit Mignet, cité par M. de L’Épinois, fut le chef accepté du peuple. « Qu’on ne s’y méprenne pas ! — dit à son tour M. de L’Épinois, — aucun dessein préconçu n’amena cette puissance du clergé. Elle venait parce qu’ailleurs tout s’en allait. Elle s’établissait parce que tout tombait… Les évêques, hommes d’avenir dans un présent qui périssait, acceptèrent la charge des corps comme des âmes… »
L’axe du monde était changé. Tout ce qui suivit ne fut que le développement de ce merveilleux phénomène du gouvernement temporel de la Papauté. Et c’est ce développement grandiose et multiface qu’il faut étudier, dans cette histoire du Gouvernement des Papes, pour être convaincu de sa magnifique légitimité !
IV
Je n’ai point à entrer dans le détail immense des faits à travers lesquels cette légitimité sublime a agi pendant tant de siècles sans jamais forfaire à elle-même, ni quand, pour défendre les corps aussi bien que les âmes, elle s’appuya, un jour, du temps de Léon, sur Charlemagne ; un autre jour, du temps de Grégoire VII, sur la grande Mathilde ; sur Othon, au temps des effroyables anarchies romaines ; et, plus tard, sur elle-même. Car, puissance temporelle, elle s’arma enfin, comme toutes les puissances temporelles, et combattit ses ennemis jusque par ses cardinaux, qui furent souvent d’admirables hommes de guerre. Je n’ai point à raconter ici les résistances héroïques, au point de vue divin tout autant qu’au point de vue humain, de la Papauté contre des hommes de l’acharnement des Frédéric II, des Philippe le Bel, des Henri VII et des Louis de Bavière, des Visconti, des antipapes, ni à dérouler les résultats de ces luttes glorieuses de la Papauté, qui profitèrent même à la liberté de l’Italie que la Papauté s’efforça toujours d’affranchir du joug étranger et des interventions impériales, et qui créa contre elles ce gouvernement des municipalités italiennes, sorti si généreusement du sien ! Je n’avais, moi, à propos du livre de M. de L’Épinois sur le gouvernement temporel de la Papauté, qu’à rappeler à ceux qui l’incitent perfidement à renier son passé et son origine en donnant d’une seule fois sa démission de toutes ses couronnes, le principe de son existence historique, et, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, la grandeur morale — quand elle fut la plus politique — de son action. Mais ce que j’ai été bien obligé d’omettre en ce chapitre, l’auteur du Gouvernement des Papes avait pour devoir de le raconter, et il l’a raconté avec cette droiture d’esprit dans la clarté sobre qui est la marque distinctive de son esprit et de son histoire.
Honorable et rare caractère, du reste, et qui suffit à un esprit courageux, indifférent au succès, et qui ne l’a visé ni par le fond de son livre, impopulaire à cette heure, ni par sa forme rassise, qu’il n’affecte pas, mais que naturellement il possède. Double raison, du reste, pour que ce livre n’ait pas mordu sur la pensée contemporaine, à qui il faut impérieusement des livres retentissants et gesticulateurs. L’auteur du Gouvernement des Papes a pris pour épigraphe cette forte parole :
Res, non verba !
et il n’a pas menti à sa devise ; c’est surtout des choses qu’il s’occupe. Il a résisté à la tentation universelle de peindre tout à propos de tout, qui envahit la plus grande partie des esprits d’une pauvre époque ayant moins de raison que d’yeux… Ce n’est point un peintre d’histoire ; c’est l’homme d’affaires de l’Histoire. Il n’est pas, dans l’Histoire, la vie dramatique ; il y est l’information. Il ne peint que par leurs actions seules les hommes, qu’un esprit moins grave et moins sévère peindrait avec plus de couleur et plus de véhémence de pinceau… Avec des qualités si robustement tranquilles et si peu en rapport avec les exigences de nos sociétés frivoles et tapageuses, on reste un lion dans le désert, — et, vous le voyez ! il a fallu l’accident d’un des derniers poèmes de Hugo, pour que j’allasse
chercher dans son désert cet érudit musclé, qui est venu lui montrer, à lui, le grand verbeux, comment on brasse l’Histoire quand on se soucie peu de faire mousser la Renommée, cette vile écume ! M. Henri de L’Épinois est, certes ! bien capable d’apprendre l’histoire du Gouvernement des Papes à tout le monde, — et probablement il ne l’apprendra à personne. On est, sur les choses de l’Église, ignorant, et on veut rester ignorant. On se conglutine dans son ignorance comme les crétins dans leur fumier… Mais c’est égal ! la réplique est faite maintement à la déclamation, et la réalité a appliqué le plus froid soufflet aux chimères.