(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

Fontainas, André (1865-1948)

[Bibliographie]

Le Sang des fleurs (1889). — Les Vergers illusoires (1892). — Nuits d’Épiphanie (1894). — Les Estuaires d’ombre (1896). — Crépuscules (1897). — L’Ornement de la solitude, roman (1899). — Le Jardin des îles claires (1901).

OPINIONS.

Lucien Muhlfeld

M. André Fontainas dessine des vergers illusoires, vignes folles et sages espaliers. Les vers réguliers de M. Fontainas sont malaisés, ses pièces fibres sont plus souples, mais la peine des premières me rend suspecte la nécessité rythmique des autres. Tout de même, M. Fontainas n’est pas négligeable. Nourri d’Henri de Régnier, s’il n’en connaît pas tous les détours, toutes les séductions, il vaut encore par une spontanéité d’images élégantes, pures et bien ajustées.

[Revue blanche (novembre ).]

Henri de Régnier

On imagine volontiers son profil bossué au bronze de quelque médaille du temps des Flandres bourguignonnes, et, au revers, pour allégoriser d’emblèmes décoratifs le poète du Sang des fleurs et des Vergers illusoires, on figurerait, dans une guirlande en entrelacs, un miroir, une épée et une grappe, car ses vers, à des vigueurs héroïques, allient des nuances opalines d’eaux calmes et mêlent les saveurs telluriques d’un noble cru.

[Portraits du prochain siècle ().]

Émile Besnus

Dans les dix sonnets qui sont ces Estuaires d’ombre, M. Fontainas désavouerait-il avoir tenté l’ésotérique et précieuse concision mallarméenne ? Il l’a tentée — ou elle l’a tenté. Il l’a voulue, ou il en a subi l’influence ; dans l’un ou l’autre cas, ce n’est point d’un esprit qui se contente d’un but médiocre et de réalisations communes.

[L’Idée libre ().]

Charles Guérin

Ample, sonore, éclatant, mystérieux.

En M. Fontainas j’aime le prestigieux technicien, le poète visionnaire, et un autre qui serait mélancolique un peu comme le cor dont les dernières notes s’étouffent.

Lisez dans Crépuscules le long poème intitulé : L’Eau du fleuve, arrêtez-vous plus particulièrement à la pièce qui commence ainsi :

La lune illumine la nuit du fleuve

et vous connaîtrez l’ampleur de vision de M. Fontainas en même temps que sa virtuosité de parfait ouvrier ès rythmes.

[L’Ermitage (juin ).]

Remy de Gourmont

Tandis que, dans les Estuaires d’ombre, M. Fontainas avait subi, trop exactement, l’empreinte de M. Mallarmé, dans l’Eau du fleuve, il se rend personnel le mode prosodique qui s’est imposé à lui. Il donne alors au vers libre l’allure qu’il avait donnée à l’alexandrin ; il le fait lent, calme, un peu solennel, sérieux, un peu sévère :

Midi s’apaise et les vagues s’allongent.
Ô rêves reposée de langueur et de charme,
Ô calmes songes !
Sur la mousse, à l’ombre d’aulnes et d’ormes,
Les pécheurs paisibles dorment,
Tandis qu’en l’eau presque mourante un long fil plonge.
Nul frisson ne court plus aux feuillages,
Le soleil ne jette aucun rayon,
Tout est calme…

Et c’est bien, dite avec grâce par lui-même, l’impression finale que donne la poésie de M. Fontainas : l’eau calme, grave et tiède d’une anse où, parmi les roseaux, les nénuphars et les joncs, le fleuve, dans la sérénité du soir, se repose et s’endort.

[Le Livre des masques ().]

A. Van Bever

Outre de nombreuses études qui le désignèrent comme l’historien des tendances nouvelles, apportant à l’art une compréhension très complète de la Beauté (lire ses travaux sur quelques maîtres contemporains, tels Rodin, Monet, etc.), on lui doit une œuvre personnelle offrant dans le domaine du rythme et de la fiction une surprenante originalité. Pour avoir suivi (après la publication de son premier recueil : Le Sang des fleurs, 1889) les subtils contours de Mallarmé, ce poète, dont nous retiendrons les consolants mirages, n’en a pas moins su transformer sa manière au point de rendre personnel, selon M. Remy de Gourmont, « le mode prosodique qui s’est imposé à lui. Il donne alors au vers fibre l’allure qu’il avait donnée à l’alexandrin, il le fait lent, calme, un peu solennel, sérieux, un peu sévère »

[Poètes d’aujourd’hui (1900).