Paris, le 15 janvier 1887.
Alors que le Pleurant hurlait dans les chemins
A cause du voyage entrepris sur les fleuves
Par l’héroïque enfant nourri du lait des Veuves,
J’ai des temples sans murs subi les examens.
Du vent dans les cheveux et du sang dans les mains,
Fauve, préhistorique, et les prunelles neuves,
J’ai vu les espoirs verts et les rouges épreuves,
Et combien les hiers ont soif des lendemains.
Sous le radeau premier des naissantes mémoires
Le grand lac commençait à dérouler ses moires
Pour l’homme, brute aux bras trop longs, au nez trop court ;
Et dans l’annonce obscure, en tintements agiles,
Tout ce qui rôde, et vole, et nage, et rampe, et court,
Entendait bégayer les futurs Evangiles.
Jean Richepinbn
Vénus ouvre les bras à son cher chevalier ;
Mais, sachant de l’amour l’amertume profonde,
L’enfant blond ne veut plus aimer la femme blonde,
Et déjà les doux liens paraissent se délier.
« Tes bras blancs, qui jadis m’étaient un frais collier,
Ote-les, dit l’enfant. Je veux courir le monde,
Y chercher pour mon cœur un cœur qui me réponde,
Je ne veux plus devant ta beauté m’humilier. »
Vénus a bien compris : elle a baissé la tête ;
Aux douleurs des adieux, pensive, elle s’apprête :
Une dernière fois elle lève les yeux.
Puis humble, n’osant plus parler, elle attend l’heure
Où le héros charmant va fuir, silencieux,
Et dans ses longs cheveux répandus elle pleure.
Amédée Pigeonbo
Elsa, la chevelure défaite et flottante.
En longue robe droite, tombant, sans un pli,
Sephore vers la berge plate, dans l’attente
Fatale du départ, — et Lohengrin, pâli,
Le regard s’abîmant dans les moires du fleuve,
Où le flot nouveau-né chasse le flot ancien,
A l’heure de laisser l’Épouse, vierge et veuve,
Se lamente au passé qui devait être sien !
Tandis que son cœur bat d’une douleur insigne,
Sous l’armure éclatante, d’argent fabuleux,
Voici que doucement s’est éloigné le Cygne
Dont la candeur semait des lys sur les flots bleu
Et la nacelle, au loin de la foule éperdue,
S’engloutit, bientôt, comme une neige fondue.
Jean Ajalbertbp
« Viens, Nuit d’amour, ô Nuit, Nuit rédemptrice, ô Mort,
Viens nous emporter loin des humaines tempêtes !
Oh ! mourir ainsi, mourir — devançons le sort —
En sentant l’Infini bourdonner dans nos têtes !…
Avoir le ciel entier pour soi ; n’être plus qu’un
Et deux pourtant ; fondre mon être dans ton être ;
Devenir azur, nuage, étoile, parfum,
Loin des hommes, loin des demain, loin des peut-être !… »
Et la Nuit les serrait dans ses flots harmoniques ;
Les sources chantaient sous des dômes d’arbres verts
Mystérieusement ; d’idéales musiques
Leur inondaient le cœur, tombant des deux ouverts …
Et les Amants disaient ; « Que résonnent tes glas,
Nuit rédemptrice, ô Mort !… » Mais la Mort ne vint pas.
Gabriel Moureybq
Les fluides enfants du fleuve qui ruisselle,
Chairs à peine, déjà femmes, ondes encor,
Wellgunde avec Woglinde et Flosshilde, vers l’Or
Lèvent leurs yeux d’eau verte où le rire étincelle.
Tout le futur du mal gît dans l’Or. Il recèle
(Noire gestation du flamboyant trésor)
Les désastres, les deuils, puis, quand s’est tû le Cor,
L’extinction des Dieux en l’ombre universelle.
Mais, près de l’Or ouvrant son radieux halo,
Wellgunde rit, Woglinde fuit, Flosshilde chante,
Innocence mêlée à la candeur de l’eau,
Et tout l’obscur destin — l’âme au gouffre penchante
Les héros morts, les deux déchus, la fin, la nuit —
Pour les folles enfants est un jouet qui luit !
Catulle Mendèsbr
Mozart est un ruisseau, dont la limpidité
Court par les prés ; l’oiseau dans son cristal s’abreuve.
Beethoven est un large et tumultueux fleuve,
Qui traverse à grand bruit plaine, forêt, cité.
Richard Wagner ; c’est toi, Mer ! Ô gouffre agité,
Nul ne peut t’approcher, que son cœur ne s’émeuve.
Mais, qu’on se livre à toi, qu’on accepte l’épreuve,
Quel rêve s’accomplit ! Partout l’immensité,
L’infini. — Délivrance, extase. — Sur ces lames,
Ô vaillants, lancez-vous ! Jetez-vous dans ces drames,
Artistes et songeurs ! Soyez peu soucieux
Si le vent tourbillonne en hurlant dans les voiles :
L’abîme est sous vos pieds ; mais, en levant les yeux,
Vous verrez tout le grand firmament — plein d’étoiles.
Gramontbs
Clamant victoire en la liesse de l’été
Le héros puéril fier de son jeune glaive
Foule dans les gazons le dragon mort et lève
Vers les arbres amis son bras ensanglanté.
Et voici qu’il comprend le grand appel jeté
Par les oiseaux dans les halliers ivres de sève ;
Leurs chants rhythment pour lui des paroles de rêve,
Une voix d’avenir surgit dans la clarté.
La mauvaise rumeur des prochaines années
Passe dans les frissons heureux de la forêt,
Dans chaque bruit résonne un bruit de destinées
Et, là-bas, le jardin des baisers apparaît. Et le héros, vaincu par le futur, se
livre
A l’ineffable mal d’être grand et de vivre.
Ephraïm Mikhaëlbt
Hoil, siegandos Lieht !
Siegfried, astre évadé des ombres transitoires,
Soleil épanoui dans l’azur de la mort,
Avec toi, la splendeur humaine de l’effort
S’abîmait dans le deuil ces suprêmes victoires.
Mais, tels que le granit usé des promontoires
Que l’assaut de la mer tempétueuse mord,
Les dieux irradiés par les neiges du Nord
Attendaient lâchement les jours expiatoires.
Le Héros, sur les fleurs sanglantes du bûcher,
Semblait surgir des couchants mornes et marcher
Dans l’auréole d’or ces flammes triomphales,
Tandis qu’en un torrent d’or fluide et de bruit,
Flagellé par le vol sinistre des rafales,
Le Palais merveilleux s’écroulait dans la nuit.
Pierre Quillardbu
Ci gît qui pénétra le mystère des causes.
Ci gît qui vit le fond de la réalité.
Dans son cœur, il sentit gémir l’humanité,
Traînant ses lourds espoirs en ses métempsychoses
Les pensers de la joie et les secrets moroses,
Il les connut, sondant le héros indompté
Et la femme, puissante en sa fragilité,
Et l’immémoriale antiquité des choses.
Il entendit l’oiseau qui chante dans les bois.
Près du la source obscure où le cerf aux abois
Vient boire, en maudissant l’humaine félonie.
Et si son nom rayonne, à jamais triomphant,
C’est qu’il comprit la loi de vivante harmonie :
« Sois fier comme un héros et pur comme un enfant. »
Fourcaudbv
La Walküre ne sera peut-être pas représentée cette année à Bruxelles, et c’est une histoire qui vaut d’être expliquée.
L’année dernière, lorsque les directeurs de la Monnaie résolurent de monter la pièce,
le détenteur du droit exclusif de représentation hors l’Allemagne de la Tétralogie
était, aux termes d’un traité signé avec Wagner, M. Angelo Neumann ; c’est donc à M.
Angelo Neumann que durent s’adresser, pour obtenir l’autorisation légale, les directeurs
de la Monnaie ; un contrat fut signé par lequel M. Neumann cédait son droit moyennant une
certaine indemnité ; MM. Dupont et Lapissida purent annoncer officiellement qu’ils
joueraient la Walküre.
Pendant ce temps un procès était engagé entre M. Neumann et les héritiers de Wagner :
ceux-ci, se fondant sur ce que M. Neumann n’exécutait pas les clauses
de son traité, en demandaient la résiliation. Au courant de décembre dernier, un arrêt
de la cour de Leipzig donna gain de cause à la famille Wagner.
Le contrat que MM. Dupont et Lapissida avaient signé avec lui devenait inutile : les
directeurs de la Monnaie se fussent pourtant résignés à cette perte d’argent et eussent
enfin joué le drame attendu ; mais il leur fallait maintenant l’autorisation des
héritiers de Wagner.
Ici les faits deviennent plus difficiles à raconter. Il paraîtrait qu’avant l’issue du
procès Neumann, M. Lamoureux aurait signé un traité avec la famille Wagner qui lui
accordait le droit de représenter la Walküre au cas où elle gagnerait
son procès. Il paraîtrait d’un autre côté que, tout récemment, la famille Wagner aurait
déclaré aux directeurs de la Monnaie qu’elle n’autoriserait la représentation des
différents drames de la Tétralogie que dans leur succession régulière : il faudrait
avoir joué le Rheingold pour monter la Walkure.
MM. Dupont et Lapissida tentent les dernières démarches pour obtenir une autorisation
qu’ils se sont crue acquise d’autre part et qui leur sera peut-être refusée.
S’ils échouent, serons-nous donc privés de la Walkure en français ?
Non, sans doute, car M. Lamoureux sera évidemment plus heureux.
Imposer la succession régulière des quatre drames de la Tétralogie est une noble pensée
digne de l’esprit de Wagner ; est-il possible cependant de s’y tenir longtemps ? Si le
directeur des Nouveaux-Concerts se décidait à monter la Walkure, un
compromis serait probablement accepté, — dans l’intérêt de la cause ; et on trouverait à
cela au moins cet avantage, que la primeur de la Valkyrie aurait été
pour l’Eden-Théâtre.
Certes, nous devons l’espérer, n’étant plus empêché par aucun obstacle étranger, M.
Lamoureux comprendra que ce n’est pas avec Lohengrin que peut être
livrée la vraie bataille Wagnérienne. La décision de la cour de Leipzig n’ayant été
rendue qu’au mois de décembre, M. Lamoureux n’aurait naturellement pas eu le temps de
préparer en quatre mois, bien que l’ouvrage n’ait pas de chœurs, la représentation de
la Walkure pour sa saison théâtrale de 1387 ; mais, si les
directeurs de la Monnaie n’obtiennent pas l’autorisation demandée, il y a tout lieu de
croire, à moins d’un premier échec, que l’éminent chef d’orchestre ne s’en tiendra pas à
Lohengrin
101.
On reproche assez communément aux wagnériens de négliger les auteurs français et de se
désintéresser de toute musique qui ne vient pas d’outre-Rhin. Dieu merci, ce reproche
est immérité d’ordinaire. Tout au plus s’appliquerait-il à quelques fous que leur
ignorance de la question doit rendre à peu près excusables. A bien regarder les choses,
les esprits de bonne foi reconnaîtront vite que plusieurs de nos compositeurs
« arrivés » ont été vaillamment soutenus, jusqu’au succès décisif, par l’unanimité des
wagnériens, avec lesquels ils ne se défendaient point — alors — de marcher et de faire
campagne. Aujourd’hui, pour ne parler que des musiciens à qui les préventions du public
et des coalitions inavouables interdisent l’accès des scènes parisiennes, de quel côté
s’il vous plaît, se trouvent leurs dévoués partisans, leurs zélés défenseurs, si le mot
n’est pas trop ambitieux ? Sont-ce les wagnériens qui, par leur conduite scandaleuse,
ont fait tomber l’exquise Namouna d’Edouard Lalo, ou bien sont-ce MM.
Kerst et Besson qui viennent applaudir le dimanche, aux concerts de M. Lamoureux, la Rhapsodie norvégienne et l’ouverture du Roi d’Ys ? Non, les véritables fervents de Wagner sont encore les meilleurs
champions de la cause artistique française. Eh ! sans doute, il a pu arriver, sous le
coup d’enthousiasmes largement justifiés d’ailleurs, que les splendeurs de la Tétralogie, les fièvres de Tristan, les sérénités de
Parsifal, leur fissent momentanément oublier des œuvres
intéressantes, nées plus près d’eux, trop près même ! Mais jamais, en aucun cas, ils
n’ont blasphémé nos vraies gloires, et leur patriotisme se révolte lorsqu’ils voient des
ouvrages inférieurs, médiocres, détestables, sots poèmes et ignobles musiques, donnés en
tous pays comme des productions très excellentes de notre art national.
Il s’agit, présentement, non de réparer une longue injustice — car depuis beaucoup
d’années, l’opinion des connaisseurs est faite sur ce point — mais d’accélérer une
heureuse réaction, en ce qui concerne l’œuvre d’un grand musicien moderne, d’un maître,
César Franck. Il n’est pas d’homme qui fasse plus d’honneur à l’art français. M. César
Franck je le sais, est originaire de Belgique ; mais c’est pour nous qu’il a écrit,
c’est en France qu’il a vécu et travaillé, et, ce libre choix, il a tenu à l’affirmer
aux heures les plus douloureuses de l’An terrible. C’est de 1870 que date sa
naturalisation … Dédions l’anecdote à qui de droit.
Un concert doit avoir lieu d’ici peu de jours, un « concert Franck », où des œuvres
seront exécutées, qui comptent parmi les plus hautes de ce temps. Il ne m’appartient pas
ce copier un programme à cette place, mais d’appeler l’attention des lecteurs de la
Revue sur cette solennité artistique, afin que toute personne qui sera à même de le
faire aille porter au maître le tribut de ses applaudissements.
L’espace m’est trop limité pour que je puisse tenter une analyse sommaire des
compositions de M. César Franck. Qu’il me suffise d’en indiquer le caractère général,
et, presque au hasard, de citer quatre ou cinq titres.
M. Franck est à coup sûr un passionné de Wagner, mais il l’honore comme il convient, en
ne l’imitant pas. A ce point de vue il donna aux jeunes musiciens un grand exemple de
personnalité. Ce que nous devons surtout nous assimiler dans le théâtre de Wagner, c’est
la rigoureuse logique de ce créateur puissant, son instinct de la scène, sa large et
humaine méthode dramatique. Wagner a substitué le drame musical à l’opéra ; nous devons
considérer sa théorie comme démontrée, ses conquêtes comme définitives ; ne nous
épuisons pas à des œuvres bâtardes, confuses, où l’ancien esprit s’accommode tant bien
que mal aux formules nouvelles. Mats il serait dangereux de copier les styles
particuliers de Wagner, de lui emprunter des recettes musicales, et tout au moins
superflu de lui prendre ses sujets, comme si l’Allemagne était seule à avoir des épopées
et des légendes. Nos jeunes compositeurs, encore qu’ils s’en défendent comme de beaux
diables, ont pris à Berlioz un constant amour des effets pittoresques ; ils eu mettent à
tout propos dans leur musique, là même où le glorieux auteur de la Damnation dì Faust se serait gardé d’en introduire. Ils ont reçu de Wagner le goût du leitmotiv — et la manière de le traiter…
Souhaitons qu’ils n’oublient point de marquer leur individualité spéciale, d’avoir, bien
à eux, leur façon de sentir et leur façon d’exprimer.
Profondément personnel dans son style est César Franck. Ses inspirations lui
appartiennent : sa mélodie, toujours abondante, expressive, originale, atteint souvent à
une ampleur . Il a poussé à leurs extrêmes limites la science du
développement, l’art d’exposer un motif, de le présenter sous des aspects nouveaux, et,
usant de toutes les ressources polyphoniques, de le combiner à l’infini, soit avec ses
propres imitations, soit avec des thèmes différents. Croyez-vous que la clarté s’en
trouvera amoindrie ? Nullement ; et, du reste, l’auteur sait varier ses formes, choisira
chaque moment celle qui convient le mieux. Ouvrez l’admirable partition des béatitudes, et voyez quelle délicieuse simplicité, quelle douceur angélique dans
le chœur célèbre : De l’enfant la sainte innocence… Qui n’a été frappé
des alternances voulues dans le style harmonique et mélodique de Rebecca ? Quelle grâce dans Ruth ! Quelle richesse et quelle
animation dans le Chasseur maudit !
M. César Franck a un opéra en portefeuille, Hulda ;
par malheur, je n’en connais que des fragments, d’ailleurs superbes, trop courts pour
permettre d’établir une opinion raisonnée, assez longs pour qu’on puisse placer cet
ouvrage, sans crainte de se tromper, fort au-dessus de presque tous ceux qui se jouent
quotidiennement à Paris. Il m’est plus facile de remercier le maître d’avoir recréé en
France la musique de chambre, en des œuvres d’une grande hauteur et d’une souveraine
beauté, entre autres, le fameux quintette dont la renommée est déjà
européenne, et une merveilleuse sonate, très récemment terminée. M.
Franck excelle à développer de larges pensées musicales — qui sont parfois de vraies
pensées philosophiques et de sublimes élans religieux — dans ces dialogues d’un petit
nombre d’instruments, qui peuvent ainsi traduire, avec la plénitude de leurs ressources
individuelles, tout ce qui s’y trouve de poésie intime. Le musicien est libre alors,
débarrassé des contingences scéniques, préoccupé seulement de rendre ce qu’il pense, ce
qu’il éprouve, et ce qu’il rêve.
J’aurais voulu m’arrêter sur les élèves de M. Franck, dont plusieurs sont déjà très
connus, et qui mettent savamment à profit ses enseignements et ses conseils, mais
peut-être, dans quelque temps d’ici, pourrai-je revenir sur ce sujet et parler à loisir
de leur vaillante phalange. Aujourd’hui, ils seront les premiers à désirer s’effacer
devant l’illustre compositeur qui est pour eux, tout à la fois, le plus vénéré des
maîtres et le meilleur des amis.
Alfred Ernst
5 décembre. Concert Lamoureux : Ouv. de Tannhaeuser ; chevauchée
15 : Prél. de Parsifal
22 Conservatoire (dir. Garcin) : Marche et choeur de Lohengrin.
— Concert Lamoureux : Marche fun. de Goetterdaemmerung ; prél. de Parsifal ; fragm. Des Maîtres Chanteurs
29 Conservatoire : même concert
Concert Lamoureux : ouv. Du Vaisseau Fantôme ; marche fun. De
Goetterdaemmerung : fragm. Des maîtres.
Wolfgang Golther : Lohengrin et les coutumes du Moyen Age.
L’auteur montre que Richard Wagner avait une connaissance profonde et détaillée du
moyen âge ; il ne fait pas étalage de son érudition dans Lohengrin,
mais chaque détail est exact, et en beaucoup d’endroits une parole qui paraît sans
importance au vulgaire, est pleine d’intérêt pour le savant. — En un seul point Wagner
ne s’est point conformé à l’exactitude historique, — c’est en faisant célébrer le
mariage de Lohengrin et d’Elsa à l’église ; l’action de Lohengrin se
passe au commencement du dixième siècle, or ce n’est guère que vers les onzième et
douzième siècles que l’église parvint à imposer le mariage religieux, et dans les
descriptions de mariages avant cette époque il n’est jamais question de cérémonies
religieuses. Mais Wagner voulait faire ressortir le caractère chrétien de son œuvre et
de son héros, pour l’opposer au paganisme agonisant personnifié dans Ortrud.
2° J. van Santen Kolff : Considérations historiques et esthétiques
sur le motif de Réminiscence (Suite).
3° Alfred Lill von Lilienbach : La réforme de l’hygiène. L’auteur
constate que l’humanité est en pleine décadence ; il attribue ce fait à notre façon de
vivre, et il réclame une réforme de l’hygiène. La vaccination est, à
ce qu’il nous dit, la cause de la plupart de nos maux ; les savants
qui croient à la propagation des maladies infectieuses par ces bacilles sont des niais
que les essais infructueux ce M. Pasteur devraient avoir déjà convertis ; la science
de l’hygiène dédaigne les expériences faites sur des animaux vivants.
4° Communications officielles ; projet de nouveaux Statuts pour l’Association
Wagnérienne Universelle, etc.
1° José de Lêtamendi : La musique de l’avenir et l’avenir de ma
patrie. (Traduction de l’article qui a paru en espagnol dans les Bayreuther
Festblaetter.)
L’auteur montre combien il est puéril de ne vouloir voir en Wagner qu’un musicien ; il
le compare à Luther. Ce qu’il admire surtout en lui, c’est la synthèse des arts qu’il
a effectuée dans son drame, et l’influence moralisatrice qu’il attribuait au théâtre,
en opposition à ceux qui prêchent l’art pour l’art. On peut considérer l’art wagnérien
comme une mesure de la culture d’un peuple. — L’Espagne a un grand avenir : une
situation politique malheureuse t’écrase ; mais l’art et les sciences se relèvent ; un
sérieux mouvement d’enthousiasme pour l’art de Wagner s’est manifesté ; l’auteur voit
dans ce mouvement un signe de vitalité et une raison d’espérer.
2° Constantin Frantz : Les Monuments nationaux en Allemagne.
3° Hans von Wolzogen : L’allemand des journaux.
4° Bibliographie.
5° H. de W. : Ferran et Pasteur.
Violente attaque contre M. Pasteur, et contre la science eu général.
6° Frédéric le Grand et la musique.
7° Communications officielles ; rapport sur l’Assemblée générale de
l’Association Wagnérienne à Bayreuth, bilan.
1° Hans von Wolzogen : L’allemand des journaux.
2° Hans Herrig : Théâtre de luxe et drame populaire (Suite).
3° Constantin Frantz : Les Monuments nationaux en Allemagne,
4° Heinrich Porges : Les répétitions du Ring en 1876 : Siegfried, Ier acte,
scènes 2 et 3.
Il est regrettable que la publication de ces intéressantes notes traîne tellement en
longueur. Ce travail dans lequel sont consignées toutes les indications données par le
maître durant les répétitions de Bayreuth, sera le bréviaire obligé de tout chef
d’orchestre chargé de diriger le Ring. La publication en a commencé
en 1878 ; tous les deux ans on en donne quelques pages.
5° Le nouveau patronat.
6° Bibliographie.
1°
Hans von Wolzogen : L’allemand des journaux.
2°
Constantin Frantz : Les Monuments nationaux en Allemagne.
3° Bibliographie, etc.
1°
Richard Wagner : Weber.
Citation des principaux passages de Wagner sur Weber, à l’occasion du centenaire de
celui-ci.
2°
Hans von Wolzogen ; L’allemand des journaux.
3°
Constantin Frantz: Les monuments nationaux en Allemagne.
4° H. M. Schuster : Weber (conférence faite à
Vienne.)
5° Communications officielles.
H. S. C.
Le petit calendrier de Bayreuth pour 1887 (3e
année), édité par l’Association Wagnérienne Universelle sous la direction du comte F.
Sporck et d’O. Merz, à Munich (un volume de poche, à 2 francs).
Préface ;
Souvenir à Louis II et à Liszt (H. Porges) ;
Le centenaire de Gluck (W. Langhans) ; calendrier ; dates de la vie du maître ; le ciel
germanique (W. G.) ;
Le caractère national et le caractère international dans Wagner (L. Schemann) ;
L’idylle de Bayreuth (H. de Wolzogen) ;
Les fêtes de Bayreuth en 1886 (H. de W.) ;
Les Bourses (L. Sch.) ; l’Association Wagnérienne Universelle : nouveaux statuts ;
direction ; listes ; divers ; formulaires ;
Bibliographie ; représentations wagnériennes en 1884 et en 1885
En outre, trois portraits : Wagner (d’après le buste de Schaper), Louis II et
Liszt.
M. R. de Egusquiza achève un buste de Richard Wagner de grandeur
naturelle, qu’il compte faire reproduire, en plâtre, ainsi qu’une réduction à environ la
moitié. Ces bustes seront mis en vente dans un mois au bureau de la Revue.
On nous promet également la reproduction photographique des lithographies
wagnériennes de M. Fantin-Latour en un album de 10 planches, à 50 francs
ensemble, et 6 francs chaque pièce séparée.
En commençant la seconde série annuelle de la Revue Wagnérienne, nous avons,
il y a un an, exposé à nos lecteurs le plan de la campagne que nous voulions
entreprendre. Ce plan, nous croyons l’avoir suivi. Initié déjà aux grandes conceptions
de Richard Wagner, le public a pu pénétrer dans le détail de certaines œuvres et de
certaines théories ; les questions historiques nous ont aussi préoccupés, et nous avons
fait au « document » la part la plus large possible.
Aujourd’hui que les nombreux et précieux ouvrages consacrés à l’œuvre
Wagnérienne se sont de plus en plus répandus et nous ont si puissamment aidés dans noire
tâche de propagande, nous pouvons continuer notre campagne dans un sens nouveau.
La cause Wagnérienne triomphe en France comme partout : ce qui eût été
imprudent au moment de la lutte devient nécessaire au moment de la victoire ; il importe
aujourd’hui qu’une Revue « Wagnérienne » entre directement dans l’actualité de chaque
jour pour y prendre la ferme attitude qui convient à son titre.
La Revue Wagnérienne, partant des principes que nous estimons ceux du
véritable wagnérisme, jugera, avec l’entière, l’absolue indépendance qu’exige sa
situation spéciale et qui est incompatible avec les conditions d’existence de la
plupart des autres publications, les faits wagnériens qui s’annoncent pour Issy. Que
ce soit, en Allemagne, l’entreprise de M. Angelo Neumann, ou à
Paris, celle de M. Lamoureux, ou, à Bruxelles, celle des administrateurs de la
Monnaie, nous nous inspirerons pour les juger d’un wagnérisme sans compromis.
Nous donnerons aussi une place importante au mouvement artistique
contemporain, aux efforts des jeunes artistes qui cherchent leur formule dans la voie
ouverte par le Maître. Nous avons obtenu pour cette étude difficile et si intéressante
la collaboration régulière de M. Alfred Ernst.
Ainsi, sans interrompre aucunement nos travaux théoriques et historiques, nous
promettons à nos lecteurs une critique assidue et hautement impartiale des grands faits
Wagnériens imminents, en même temps que des manifestations artistiques qui directement
ou indirectement relèvent de la rénovation Wagnérienne.
La Direction.
Le directeur gérant : Edouard Dujardin
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