Tacite (2e partie)
« C’est la première fois que Rome se déplace ainsi, dit Tacite : car, depuis le divin Auguste, le peuple romain avait combattu au loin pour l’ambition ou la gloire d’un seul homme ; sous Tibère et sous Caligula, on n’avait eu à gémir que des calamités de la paix ; la révolte de Scribonianus contre Claude avait été découverte et étouffée au même instant ; c’étaient des murmures et des paroles qui avaient expulsé Néron, plutôt que les armes. Aujourd’hui des légions et des flottes, et, ce qu’on avait vu plus rarement encore, les prétoriens et les soldats, gardiens de la ville, marchaient au combat. »
« La marche d’Othon, dit Tacite, n’était ni ralentie ni amollie par le luxe ; mais Othon, revêtu d’une cuirasse de fer, à pied, marchant devant les aigles, souillé de poussière, les cheveux en désordre, contrastait par son apparence avec son ancienne réputation de mollesse. « Cécina, de son côté, comme s’il avait laissé sur l’autre revers des Alpes la licence et la férocité de son caractère, s’avançait en Italie avec une armée irréprochable dans sa discipline. Les colonies et les municipalités romaines qu’il traversait en entrant en Italie lui reprochaient seulement son orgueil. Vêtu, en effet, d’une saie gauloise de diverses couleurs et de braies, vêtement étranger, il osait donner audience ainsi à des citoyens en toges. « On ne pouvait tolérer non plus que sa femme Salonina, quoique innocemment, le suivît montée sur un cheval magnifique, enharnaché de pourpre. Telle est la nature humaine, que l’on considère d’un regard malveillant la récente fortune d’autrui. On n’exige de personne autant de modestie que de ceux qui étaient naguère nos égaux. Cependant Valens fait sa jonction avec Cécina. »
« Exposer à la mort tant de courage et tant de fidélité, dit-il à ses troupes qui lui demandent encore le combat, est un sacrifice bien au-dessus du prix de ma propre vie. Plus vous me montrez de chances de succès, s’il me convenait de vivre, plus beau et plus méritoire, à moi, me sera-t-il de mourir ! « Nous nous sommes souvent éprouvés, la fortune et moi. Ne comptez pas le temps que j’aurais à régner : il est d’autant plus difficile de jouir avec modération de la puissance souveraine, que cette puissance doit avoir moins de durée pour nous. « La guerre civile n’est venue que de Vitellius, et, si nous avons combattu par les armes pour l’empire, le crime en est à lui seul. C’est à moi du moins qu’on devra ce bienfait, de n’avoir combattu qu’une fois : c’est par là que la postérité estimera Othon. « Que Vitellius retrouve à Rome son frère, son épouse, ses enfants : quant à moi, je n’ai besoin ni d’être consolé, ni d’être vengé. D’autres auront possédé l’empire plus longtemps, aucun ne l’aura résigné avec plus de stoïcisme. « Est-ce que je souffrirai que, pour ma cause, tant de belle jeunesse romaine, tant de braves armées, égorgées de nouveau les unes par les autres, soient enlevées à la république ? Que votre affection me suive au tombeau, comme si vous aviez en effet combattu et péri pour moi ; mais survivez-moi, et ne retardons pas plus longtemps, moi, votre salut, vous, mon sacrifice. « Parler plus longuement à nos derniers moments serait un signe de lâcheté. La meilleure preuve que je puisse vous donner de la liberté réfléchie de ma résolution, c’est que je ne me plains de personne ; car maudire les Dieux ou accuser les hommes, c’est le signe d’un homme qui répugne à mourir et qui voudrait vivre encore. »Quelle grandeur de civisme, même dans ses vices, étale ce peuple romain ! Othon était un criminel, mais il était Romain ; il parle comme Socrate, il meurt comme un martyr.
« Il employait, pour les résoudre à vivre, l’autorité sur les jeunes gens, les supplications avec les vieillards ; serein de visage, intrépide d’accent, se refusant les larmes intempestives. « Il faisait fournir des barques et des canots à ceux qui voulaient fuir ; il anéantissait les lettres et les notes qui auraient pu servir de témoignage du zèle qu’on avait montré pour lui, des injures qu’on avait proférées contre Vitellius ; il distribuait des gratifications avec mesure, et nullement comme un homme qui n’a rien à ménager après lui ; ensuite il s’appliqua à consoler le fils de son frère, Salvius Coccéianus, enfant en bas âge, qui tremblait et qui pleurait, louant sa tendresse, gourmandant son effroi, l’assurant que le vainqueur ne serait pas assez barbare pour refuser la grâce de ce neveu, à lui, qui avait conservé à Rome toute la famille de Vitellius, et qui allait, par la promptitude de sa propre mort, mériter la clémence de ce rival : car ce n’était point, ajoutait-il, dans une extrémité désespérée, mais à la tête d’une armée demandant à combattre, qu’il épargnait volontairement à la république une calamité nouvelle ; qu’il avait assez de renommée pour lui-même, assez d’illustration pour ses descendants ; que le premier, après les Jules, les Claude, les Servius, il avait porté l’empire dans une nouvelle famille ; que son neveu devait donc accepter la vie avec une noble assurance, sans oublier jamais qu’Othon fut son oncle, et cependant sans trop s’en souvenir. »
« Après ces soins donnés aux autres, il prit quelques moments de repos. « Déjà son esprit ne s’occupait plus que des suprêmes pensées, quand un tumulte soudain vint lui rappeler la consternation et l’anarchie des soldats ; ils menaçaient de mort ceux qui voulaient partir. « Othon, après avoir sévèrement gourmandé et réprimé les séditieux, revint recevoir les adieux de ses amis et s’assurer qu’ils pussent se retirer avec sécurité. À la chute du jour, il but de l’eau glacée pour apaiser sa soif ; ensuite il se fit apporter deux glaives, et, après les avoir examinés tous les deux, il en plaça un sous sa tête. Après s’être assuré du départ de ses amis, il passa une nuit tranquille, et l’on dit même sans insomnie... « À la première heure du jour, il se laissa tomber sur le glaive. Aux gémissements du mourant, ses esclaves, ses affranchis et Plotius, préfet du prétoire, entrèrent : il était mort d’un seul coup. »
« On hâta ses funérailles ; il l’avait recommandé avec instance, de peur que sa tête coupée ne devînt le jouet des vainqueurs. « Les cohortes prétoriennes portèrent son corps avec des éloges et des larmes, baisant à l’envi sa blessure et ses mains. Quelques-uns des soldats se tuèrent sur son bûcher ; ce ne fut ni par crainte, ni par remords, mais par une certaine émulation d’honneur et d’attachement à leur empereur. « Ce genre de mort fut imité ensuite par d’autres soldats de ses troupes à Bédriac, à Plaisance, et dans d’autres camps. « On lui éleva un tombeau modeste, pour qu’il fût durable. »Quelle vertu, non, jamais assez contemplée par l’histoire !
« Cependant, dit Tacite, il tressaillait au nom de Vespasien, qui était déjà dans les vagues rumeurs du peuple. Rassuré un moment sur les dispositions de ce général, ajoute Tacite, Vitellius et son armée, se croyant sans compétiteur, se vautraient à Rome dans tous les excès de cruauté, de pillage et de débauche dont ils avaient rapporté l’habitude de leur long séjour chez les barbares. »
« Quel jour, se disait-il, que celui où il livrerait au hasard le fruit de ses combats, ses soixante-deux ans, et deux fils encore si jeunes ! « Il y a un repentir et un retour aux pensées qui ne sortent pas de la sphère de la vie privée, et on peut y livrer impunément plus ou moins de soi-même à la fortune ; mais pour ceux qui tendent à l’empire, il n’y a point de milieu entre le faîte et l’abîme ! »
« Je me place, dans ma pensée, au-dessus de Vitellius, dit Mucien à son collègue, mais je te place au-dessus de moi. « Il serait peu sensé, à moi, de ne pas céder l’empire à celui dont j’adopterais le fils pour successeur (Titus), si je régnais moi-même ; d’ailleurs notre sécurité même te commande d’accepter. Notre vie, en effet, court maintenant moins de risque dans la guerre ouverte que dans la paix, car ceux qui délibèrent sur la rébellion sont déjà rebelles ! »Vespasien, encore indécis, est proclamé malgré lui par les légions de Judée, de Syrie, d’Égypte ; celles des bords de l’Adriatique, de l’Espagne, de la basse Italie suivent successivement l’exemple des légions d’Orient. Vitellius n’était pas encore à Rome, que déjà l’empire lui échappait de tous côtés.
« Les avis courageux, dit Tacite, n’avaient point d’accès dans son oreille ; son esprit s’écroulait sous les soucis et les angoisses. Il craignait qu’une lutte plus obstinée ne rendît le vainqueur plus inexorable. Il avait une mère affaissée par les années, qui toutefois, par une mort opportune, échappa, peu de jours avant, au spectacle de la catastrophe de sa maison, n’ayant gagné elle-même à la souveraineté de son fils que des chagrins et une estime générale. »
« Le 15 des calendes de janvier, à la nouvelle de la défection des légions et des cohortes à Narni, Vitellius sort de son palais, vêtu de deuil et entouré de sa famille éplorée ; on portait près de lui, dans une petite litière, son fils en bas âge comme dans une pompe funèbre. Les paroles du peuple, à l’aspect de ce cortège, étaient décourageantes et intempestives ; les soldats restaient dans un silence menaçant. « Nul cependant n’était assez insensible aux vicissitudes des choses humaines pour ne pas s’émouvoir à ce spectacle. Le souverain des Romains, si peu de temps auparavant, le maître de l’univers, abandonnant le siège de sa puissance, sortait de l’empire, à travers son peuple, au milieu de sa capitale. « Jamais on n’avait rien contemplé, jamais rien entendu de comparable. « Une conjuration soudaine avait assailli le dictateur Jules César ; des embûches cachées avaient fait trébucher Caligula ; les ténèbres de la nuit et une maison de campagne obscure avaient abrité la fuite de Néron ; Pison et Galba étaient tombés comme sur un champ de bataille ; Vitellius, au contraire dans une assemblée publique, au milieu de ses propres soldats, en présence même des femmes, parla en termes brefs et convenables à la tristesse présente de sa situation. »
« Il dit qu’il se retirait par sollicitude pour la paix publique et pour le salut de l’État. Il demanda qu’on lui conservât un souvenir, qu’on prît en pitié son père, sa femme et l’âge innocent de ses enfants. Puis, élevant son fils dans ses bras tendus vers la foule, et le recommandant tantôt à chacun en particulier, tantôt à tous, et interrompu par ses propres sanglots, il détache son épée de sa ceinture et la remet au consul présent, Cécilius Simplex, en témoignage du droit de vie et de mort qu’il abdiquait sur les citoyens. « Le consul ayant refusé de la recevoir, et les spectateurs l’engageant à la déposer, avec les marques du pouvoir impérial, dans le temple de la Concorde, il se dirigea vers la maison de son frère. Mais une clameur plus obstinée s’oppose à ce qu’il aille demander asile à des pénates privés, et le rappelle forcément au palais. Tout autre chemin lui étant fermé, et n’ayant d’ouvert devant lui que la voie Sacrée, qui y mène, il rentre dans son palais. »
« Et quelle cause nous armait ? s’écrie l’historien, quelle était la compensation d’une si grande ruine ? « Était-ce pour la patrie que nous combattions ? Le vieux roi de Rome, Tarquin, avait consacré ce temple pour obtenir la protection des Dieux dans la guerre contre les Sabins ; il en avait jeté les fondements, plutôt dans la vue de notre future grandeur, que dans les proportions encore si modiques du peuple romain ; ensuite Servius Tullius, avec le concours de nos alliés, et Tarquin le Superbe, avec les dépouilles de Suessa, avaient construit ses murailles ; mais la gloire d’élever ce chef-d’œuvre était réservée à la liberté. »
« Le peuple, dit-il, assistait en spectateur aux coups des combattants, et, comme dans les jeux du cirque, il les animait tour à tour de ses acclamations et de ses battements de mains. « Si un des deux partis venait à plier, si les vaincus se cachaient dans les boutiques, ou se glissaient dans quelques maisons, la populace s’ameutait pour qu’on les jetât dehors et qu’on les égorgeât, afin de s’emparer de leurs dépouilles ; car, tandis que le soldat s’acharnait à tuer, le bas peuple s’acharnait au pillage. »
« Horrible et difforme était l’aspect de la ville : ici des meurtres et des blessures ; là des tavernes et des bains ; ici des ruisseaux de sang et des monceaux de cadavres ; là des courtisanes et des hommes prostitués comme elles ; tout ce qu’il y a de débauches dans la riche oisiveté de la paix, tout ce qu’il y a de forfaits dans la plus implacable victoire ; en sorte que vous eussiez cru voir la même ville se déchirer et se débaucher à la fois. »
« Déjà, dans deux circonstances, sous Sylla et sous Cinna, des armées s’étaient combattues dans les murs de Rome ; il n’y avait pas eu alors moins d’acharnement, mais il y avait cette fois une plus inhumaine insouciance, tellement que les plaisirs mêmes n’y furent pas interrompus un seul instant. C’était comme un surcroît de volupté ajouté à des fêtes publiques : on exultait, on se délectait. Indifférents à la victoire ou à la défaite des partis, on semblait se réjouir des malheurs publics. « Rome forcée, Vitellius, s’échappant par les derrières du palais, se fait transporter en litière au mont Aventin, à la maison de sa femme, et on le dépose dans une chambre retirée de la maison. »
« Il espérait, en restant caché le reste du jour dans cette retraite, pouvoir se réfugier la nuit à Terracine, auprès des cohortes et de son frère. Mais bientôt, par cette mobilité de résolution, effet de la peur, qui fait que, parmi les choses qu’on redoute, celles qu’on a sous les yeux paraissent toujours plus redoutables, il revient furtivement dans son palais, qu’il trouve vide et désert, car tous ses serviteurs étaient dispersés ou s’évadaient pour éviter sa rencontre. « La solitude et le silence du lieu le glacent d’effroi ; il entrouvre des portes, il recule épouvanté du vide des appartements ; fatigué d’errer misérablement ainsi, le tribun militaire, Julius Placidus, le traîne hors du sale réduit où il est découvert, ses deux mains liées derrière le dos, ses habits déchirés : spectacle ignoble ! « On le pousse hors du palais. Beaucoup l’insultaient, aucun ne versait une larme sur son sort : l’ignominie du dénoûment avait détruit toute compassion dans la foule. Un soldat germain, s’élançant vers lui, l’atteignit d’un coup de son épée, soit par colère, soit plutôt pour le dérober à tant de dérisions et d’outrages, soit en cherchant à frapper le tribun ; l’arme trancha l’oreille du tribun, et le soldat fut à l’instant massacré. »
« Vitellius, forcé de relever la tête, par la pointe des épées qu’on lui plaçait sous le menton, était contraint, tantôt de présenter son visage aux insultes, tantôt de regarder ses propres statues s’écroulant sous ses yeux, tantôt la tribune aux harangues et la place où l’on avait tué Galba. « Après cela, on le poussa vers les gémonies, où l’on avait exposé récemment le cadavre de Julius Sabinus. On n’entendit de lui qu’un seul mot, qui attestait encore un reste de fierté dans son âme, lorsqu’aux insultes du tribun militaire il répondit : — Et cependant j’ai été ton empereur ! — Il tombe enfin percé de coups, et la populace l’outrage après sa mort avec la même lâcheté qu’elle l’avait adoré vivant. « Vitellius mort, la guerre avait plutôt cessé que la paix n’avait commencé dans Rome. »
« Ensuite, dit Tacite, on pensa aux Dieux ; on voulut bien convenir de réédifier le Capitole. »
« Helvidius Priscus était né à Terracine. « Jeune, il avait appliqué son esprit supérieur aux plus hautes études, non, comme le plus grand nombre, pour parer une molle oisiveté d’une réputation éclatante, mais pour se dévouer à la république avec une âme affermie contre toutes les vicissitudes du sort. « Il avait choisi pour maîtres de philosophie ces sages qui estiment que le seul bien est l’honnête, le seul mal le vice, et qui ne comptent la noblesse, la puissance, et tout ce qui est en dehors de l’âme, ni parmi les vrais biens, ni parmi les vrais maux. « Choisi pour gendre par Thraséa, de toutes les vertus de son beau-père, il n’en rechercha aucune autant que l’amour de la liberté. « Citoyen, sénateur, époux, gendre, ami, il était égal à tous les devoirs de la vie, dédaigneux des richesses, passionné pour la justice, inaccessible à la crainte. « Quelques-uns lui reprochaient d’être trop avide de gloire, dernière faiblesse, en effet, dont les plus sages se dépouillent après toutes les autres. « Exilé avec son beau-père, il était rentré à Rome sous Galba, pour y défendre Thraséa. « La délibération du sénat sur le parti à prendre après la mort de Vitellius le rappelle à la tribune. Il voulait qu’au lieu de tirer au sort les députés qu’on enverrait à Vespasien pour lui décerner l’empire, on lui envoyât des députés choisis au mérite et aux opinions, parmi les hommes les plus vertueux du sénat, afin, disait-il, que ce choix indiquât à ce prince ceux qu’il devait estimer, ceux qu’il devait éloigner, car, ajoutait-il, il n’y a pas de meilleurs instruments d’un bon gouvernement que des hommes de bien. »
« Le jour, dit-il, où Domitien entra au sénat, il parla en peu de mots de l’absence de son père et de son frère, et de sa propre jeunesse. « Son extérieur était gracieux, et la rougeur de son visage semblait un symptôme de timidité modeste. »
« Un misérable, nommé Régulus, frère de Messala, a brigué sous Néron le rôle de délateur ; il a perdu, par ses délations, d’illustres familles, il s’est engraissé de leurs dépouilles. « Messala, innocent des crimes de son frère, implore pour le coupable la générosité du sénat. « Montanus, orateur foudroyant, s’indigne et se lève. Il reproche à Régulus d’avoir donné, après le meurtre de Galba, de l’argent à l’assassin du vertueux Pison, et d’avoir demandé la tête coupée de Pison pour la déchirer de ses morsures. « À cela du moins, lui dit Montanus avec ironie, tu ne fus point contraint par Néron ; ce n’étaient ni tes dignités ni ta vie que tu rachetais par ces férocités gratuites. « On peut tolérer, en les méprisant, les excuses de ceux qui aiment mieux perdre les autres que de s’exposer eux-mêmes ; mais toi, l’exil de ton père, le partage de ses biens entre ses créanciers, ta jeunesse, encore inhabile aux fonctions publiques, assuraient ta sécurité. Néron, mort, n’avait rien à exiger de toi ; tu n’avais, toi-même, rien à craindre de lui. « Ce fut la débauche du sang et l’appétit des dépouilles qui poussèrent ton génie, ignoré et inexpérimenté encore des justifications que tu cherches aujourd’hui, à t’assouvir de ce carnage illustre. « Dans ces funérailles de la république, après avoir arraché les dépouilles consulaires, gratifié de sept millions de sesterces, resplendissant des insignes du sacerdoce, tu précipitais dans une même ruine des enfants innocents, des vieillards illustres, des femmes vénérées ; tu gourmandais la modération de Néron, parce qu’il se fatiguait, lui et ses délateurs, à poursuivre ses victimes de famille en famille, tandis qu’il pouvait, selon toi, anéantir d’un seul mot le sénat tout entier. « Conservez précieusement, sénateurs, conservez un homme de conseil si expéditif, afin que chaque génération se forme à de tels exemples, et que, comme nos vieillards imitent Crispus, nos jeunes gens apprennent à imiter Régulus. Le crime trouve des imitateurs, même quand il succombe ; que sera-ce s’il est absous et florissant ? « Et cet homme que nous n’osons pas poursuivre parce qu’il a été seulement questeur, voyons-le un jour préteur et consul ! « Pensez-vous donc que Néron ait été le dernier des tyrans ? « Ils avaient cru ainsi, ceux qui survécurent à Tibère, à Caligula, et cependant il s’en est élevé un plus invraisemblable et plus atroce. « Nous ne craignons pas Vespasien ; son âge, son caractère modéré, nous rassurent : mais les exemples durent plus longtemps que les caractères. « Nous nous endormons, sénateurs, et déjà nous ne sommes plus ce sénat qui, après le supplice de Néron, poursuivait énergiquement, d’après les traditions de nos pères, les délateurs et les instruments de la tyrannie. Souvenez-vous qu’après la chute d’un méchant prince, le jour le plus heureux, c’est le premier. »
« Nous sortons, lui dit-il, Helvidius, et nous t’abandonnons ton sénat, à toi. Règnes-y, puisque tu oses y régner en présence de César ! »
« Les deux complices, dit Tacite, également frappés, supportaient les opprobres avec une physionomie différente : Marcellus, la menace dans les yeux ; Crispus, un faux sourire sur les lèvres. « Bientôt ils furent ramenés par leurs partisans. La lutte s’engagea entre les deux partis : d’un côté les hommes de bien, plus nombreux ; de l’autre les méchants, plus agressifs, quoique en petit nombre. Ils éclatèrent en invectives acharnées les uns contre les autres ; ce jour entier fut consumé en harangues et en discorde. »
« Les portes du temple s’ouvrirent d’elles-mêmes, raconte Tacite, et on entendit une voix, plus forte que toute voix humaine, dire : Les Dieux s’en vont. »
« Néron évitait depuis quelque temps, dit Tacite, de se trouver seul avec elle. Quand elle parlait de s’éloigner pour aller se retirer dans ses jardins de Tusculum ou dans ses champs d’Antium, il l’encourageait à chercher ces loisirs. « À la fin, quelque éloignée qu’elle fût, harassé de son image, il résolut de s’en affranchir par le meurtre, indécis seulement sur le moyen : le fer, le poison ou quelque autre mort. « Il inclina d’abord vers le poison ; mais, si on le donnait à la table de l’empereur, on ne pouvait éviter de réveiller le souvenir du genre de mort de Britannicus, et il paraissait difficile de corrompre les esclaves d’une femme à qui l’habitude de commettre le crime avait appris à se préserver de telles embûches. D’ailleurs elle-même, par l’usage du contrepoison, avait prémuni sa vie contre ce genre de mort. Quant au meurtre et au glaive, comment cacher la main, ou comment trouver un exécuteur assez dévoué pour ne pas faillir à l’ordre d’accomplir un forfait si éclatant ? « L’affranchi Anicétus offrit son ingénieux ministère ; commandant de la flotte de Misène, précepteur de Néron enfant, il était odieux à Agrippine, et animé contre elle de la haine qu’elle lui portait. « Il proposa donc à Néron de construire un navire dont une partie, s’entrouvrant tout à coup en pleine mer, engloutirait Agrippine sans soupçon de piège. Rien de si hasardeux que la mer, et, si Agrippine avait disparu dans un naufrage, qui serait jamais assez injuste pour imputer à un crime l’œuvre accomplie par les vents ou les flots ? L’empereur consacrerait à sa mère, après sa mort un temple, des autels, et toutes les autres ostentations de la piété d’un fils. « L’invention plut ; elle était même servie par l’époque de l’année. Néron célébrait alors à Baïes les fêtes des vingt jours. »
« Il y attire sa mère, disant avec affectation qu’il fallait savoir supporter les mécontentements des auteurs de ses jours, et étouffer les griefs, afin d’ébruiter ainsi l’idée d’une réconciliation, et qu’Agrippine y crût avec cette crédulité facile aux choses qui les flatte, disposition naturelle aux femmes. « Néron s’avance jusque sur la grève, à la rencontre de sa mère qui venait d’Antium, la prend par la main, la serre dans ses bras, et la conduit à Baules ; c’est le nom de la maison de délices qui s’élève entre le promontoire de Misène et le golfe de Baïes, formé par une inflexion de la mer. « Le navire destiné à Agrippine, plus somptueusement décoré que tous les autres, se faisait remarquer au milieu de la flotte, comme si Néron avait voulu préparer cet honneur de plus à sa mère ; car elle avait l’habitude de se promener en trirème et de se servir, pour ses navigations, des rameurs de la flotte. « En ce moment, on l’avait invitée à un long festin afin que la nuit ajoutât encore son ombre au secret du crime. »
« On croit généralement qu’il y avait eu un révélateur, ou qu’Agrippine, avertie du péril, mais hésitant à y croire, s’était rendue à Baïes en litière. Mais là, les tendres caresses de son fils, qui l’avait reçue avec tant d’empressement et qui l’avait fait asseoir au-dessus de lui-même dans la salle du festin, avaient dissipé de son cœur toute inquiétude : car, par d’intarissables discours, tantôt empreints d’une familiarité puérile, tantôt mêlés de ces retours de gravité qui semblent associer les choses sérieuses aux badinages, Néron prolongea le festin. « À son départ, il la reconduisit jusqu’au rivage, couvrant des plus tendres baisers les yeux et le sein d’Agrippine, soit pour achever la dissimulation, soit que le dernier aspect de sa mère, qui allait périr, attendrît son âme toute féroce qu’elle était. « Les Dieux, comme pour mieux illuminer et convaincre le forfait, lui prêtèrent une nuit resplendissante d’étoiles, et assoupie par le calme complet de la mer. »
« Le navire, sur lequel Agrippine n’avait auprès d’elle que deux personnes de sa familiarité, n’était pas encore bien éloigné de la rive : l’une des deux, Crépérius Gallus, se tenait debout à côté du gouvernail ; l’autre, Acéronia, accoudée sur les pieds du lit de repos de sa maîtresse, à demi couchée, l’entretenait avec congratulation du retour de son fils et de sa tendresse qu’elle lui rendait tout entière, lorsqu’à un signal donné, le plafond de la chambre s’écroula tout à coup sous le poids du plomb dont il était alourdi. « Crépérius, étouffé, expira sur l’heure ; Agrippine et Acéronia survécurent, protégées par les colonnes du lit, assez solides pour porter le poids de l’écroulement. « Le navire néanmoins ne s’abîmait pas encore, au milieu du trouble de ceux qui le montaient, et parce que le plus grand nombre d’entre eux, ignorant le crime, s’efforçaient de l’empêcher de sombrer. « On ordonna alors aux rameurs de se porter tous du même côté pour le faire submerger sous leur poids ; mais ils ne se prêtèrent pas tous assez promptement à cet ordre soudain, et une partie d’entre eux, faisant contrepoids, ralentit l’inclinaison et la submersion du navire. « Cependant Acéronia, assez mal inspirée pour crier qu’elle est Agrippine et qu’on sauve la mère de l’empereur, est écrasée à coups de crocs et de fers de rames et de tous les agrès qui tombent sous la main des meurtriers. Agrippine, muette, et par ce silence même méconnue, ne reçoit qu’une blessure à l’épaule, et, nageant vers la côte au-devant de petites barques qui la recueillirent, est conduite dans le lac Lucrin, d’où elle se fait reporter à sa maison de campagne. »
« Là, repassant dans son esprit les lettres astucieuses qui l’ont attirée, les honneurs que lui a prodigués l’empereur, la proximité du rivage, la submersion sans cause du navire, qui n’a été ni incliné par aucun vent, ni jeté sur aucun écueil, mais qui s’est écroulé par le pont comme par une machination préparée à terre ; remarquant de plus le meurtre d’Acéronia et s’apercevant de sa propre blessure, elle conclut que le seul moyen pour elle d’échapper à l’embûche est de paraître ne l’avoir pas soupçonnée. « Elle envoie son affranchi Agérinus annoncer à son fils que, par la protection des Dieux et par l’heureuse fortune de l’empereur, elle vient d’échapper à un grave accident, et le conjurer en même temps, malgré l’émotion que va lui causer le péril de sa mère, de vouloir bien différer sa visite, ayant elle-même, pour le moment, besoin d’un repos absolu. Puis, avec une sécurité affectée, elle applique un appareil sur sa blessure et des fomentations sur son corps. « Elle ordonne de chercher le testament d’Acéronia et de faire l’inventaire de ses biens, cela seulement sans dissimulation. »
« Cependant, à Néron, qui attendait avec anxiété les messagers chargés de lui annoncer l’exécution de la trame, on apprend qu’Agrippine, atteinte seulement d’une légère blessure, est sauvée, mais avec assez d’indices sinistres pour qu’elle ne pût douter de l’intention et de l’auteur du complot. « À cette nouvelle, anéanti par la peur, il croit déjà la voir accourir prompte à la vengeance, soit en armant ses esclaves, soit en enflammant l’indignation de l’armée, soit en étalant devant le sénat et le peuple son naufrage, sa blessure, ses amis immolés. Quel refuge lui reste-t-il contre elle dans cette extrémité, à moins que Burrhus et Sénèque n’avisent et ne lui prêtent le concours de leur expérience ? » Remarquez qu’à côté de tous les tyrans il y a un sophiste. Combien y en a-t-il à côté du tyran des tyrans, la multitude ! Lisez la terreur : elle dure dix-neuf mois. « Sénèque et Burrhus avaient été mandés par Néron à la première nouvelle, instruits ou non avant, on l’ignore (quel mot sinistre !). Les deux sophistes restèrent longtemps muets tous les deux, soit de peur de déconseiller vainement une chose résolue, soit qu’ils fussent convaincus que les choses en étaient descendues à cette extrémité que, si Agrippine n’était pas prévenue dans sa vengeance, il ne restait à Néron qu’à périr. »
« Enfin Sénèque, toujours plus soudain dans ses avis, regarde Burrhus et lui demande si l’on peut commander le meurtre aux soldats. « Burrhus lui répond que les prétoriens sont trop attachés à toute la famille des Césars, et surtout à la mémoire de Germanicus, pour oser se porter à aucun attentat contre sa fille ; que c’était à Anicétus d’accomplir ce qu’il avait promis. « Celui-ci, sans hésitation et sans délai, assume et réclame la responsabilité du crime. À ces paroles, Néron s’écrie que de ce jour seulement on lui donne véritablement l’empire, et qu’il doit ce présent à un affranchi ! Qu’Anicétus aille donc, qu’il se hâte, et qu’il conduise avec lui les plus résolus à accomplir ses ordres ! « Anicétus, informé, en sortant, de l’arrivée d’Agérinus envoyé par Agrippine au palais, conçoit à l’instant le plan d’un nouveau drame. « Pendant qu’Agérinus s’acquitte du message dont Agrippine l’a chargé, Anicétus fait glisser un glaive à ses pieds, puis, comme s’il l’eût surpris sur le fait d’un assassinat, il ordonne qu’on le charge de chaînes, afin de pouvoir répandre qu’Agrippine avait tramé le meurtre de l’empereur, et que, de honte de voir son crime découvert, elle s’est elle-même donné la mort. »
« Cependant, au bruit du péril auquel venait d’échapper Agrippine, comme si son naufrage n’eût été qu’un hasard, chacun était accouru vers le rivage. Les uns gravissaient le sommet des môles, les autres s’élançaient dans des esquifs, ceux-là s’avançaient dans la mer aussi loin que la hauteur des vagues le permettait, ceux-ci étendaient leurs mains comme pour recueillir les naufragés ; tout le rivage retentissait de lamentations, de vœux adressés au ciel, des clameurs de ceux qui demandaient diverses choses et des réponses à ceux qui répondaient confusément à ces cris. « Une multitude immense était accourue avec des lumières, et, quand on sut qu’Agrippine était sauvée, cette foule s’agitait et se groupait pour se féliciter mutuellement, quand l’aspect d’une troupe d’hommes armés, marchant dans une attitude menaçante, la dispersa de tous côtés. »
« Anicétus, ayant investi la maison de campagne de sentinelles, et brisé la porte, arrête tous les esclaves qui s’offrent à lui jusqu’à ce qu’il touche à la chambre à coucher d’Agrippine. « Un petit nombre de serviteurs étaient restés aux abords de l’appartement ; tous les autres s’étaient dispersés sous la terreur des soldats qui forçaient les portes. « Une faible lampe et une seule esclave veillaient dans sa chambre. »
« Agrippine s’alarmait de plus en plus de ce que personne, pas même son messager Agérinus, ne venait de la part de son fils. L’aspect tout à coup change autour d’elle ; sa solitude, troublée par des tumultes soudains, semblait lui annoncer les derniers malheurs ; enfin, sa dernière esclave s’enfuyant : — Et toi aussi, tu m’abandonnes ? lui dit-elle. En disant ces mots, elle aperçoit Anicétus, suivi du commandant de trirème Herculéius et du centurion de marine Oloaritus. — Si tu viens pour me voir, lui dit-elle, retourne et dis à mon fils que je suis rétablie ; si c’est pour accomplir un forfait.… Mais non ! jamais je ne le croirai de mon fils ; non, il n’a pas commandé le parricide ! »
« Les exécuteurs entourent son lit ; le commandant de la trirème la frappe le premier à la tête d’un coup de massue. Le centurion, tirant son épée pour l’achever, elle découvre elle-même ses flancs, et, les présentant au glaive : Frappe au ventre, crie-t-elle au meurtrier, et, percée de nombreuses blessures, elle expire. »
« Ces circonstances sont avérées. Que Néron ensuite ait contemplé sa mère morte, et qu’il ait loué les formes de son corps, il y en a qui l’affirment, il y en a qui le nient. « Agrippine fut brûlée la même nuit sur un lit de festin, sans autre apprêt que pour les plus vulgaires funérailles, et, pendant toute la durée du règne de Néron, on n’éleva pas le moindre monticule de terre, et on n’entoura pas même d’un mur le lieu où les cendres de sa mère étaient répandues. » « Depuis, par la piété de ses serviteurs, ce lieu fut recouvert d’un petit tombeau, au bord du chemin qui mène à Misène, non loin de cette maison de campagne du dictateur César, qui voit d’en haut les golfes à ses pieds. »
« Un affranchi d’Agrippine, Mnester, se perça de son épée sur son bûcher allumé : on ne sait pas si ce fut par tendresse pour elle ou par terreur d’une funeste fin. « Agrippine avait, longtemps avant l’événement, prévu et méprisé son genre de mort, car, ayant interrogé les devins de Chaldée sur son fils Néron, alors enfant, les Chaldéens lui avaient répondu qu’il pourrait régner, mais qu’il tuerait sa mère : — Soit, dit-elle, qu’il me tue, pourvu qu’il règne ! »
« Mais, à peine le crime était-il accompli, que Néron en comprit la grandeur. « Tout le reste de la nuit, tantôt plongé dans le silence, tantôt se levant en sursaut d’effroi, et sentant défaillir sa raison, il tremblait de voir reparaître la lumière comme devant éclairer son supplice. « Les centurions et les tribuns militaires, à l’instigation de Burrhus, furent les premiers qui relevèrent ses esprits par leurs adulations, le prenant par la main et le félicitant d’avoir échappé à un péril si éminent et prévenu le crime de sa mère. Ensuite ses courtisans coururent aux temples, et, l’exemple une fois donné, les villes voisines de la Campanie attestèrent à l’envi leur joie par des adresses à l’empereur, et par des victimes immolées en actions de grâces aux Dieux. « Quant à lui, par une dissimulation contraire, triste et comme affligé de son propre salut, il affectait de verser des larmes sur la mort de sa mère ; mais, comme la physionomie des lieux ne change pas à volonté comme la physionomie des hommes, que l’aspect pénible de cette mer et de ce rivage importunait ses regards, et qu’on entendait de plus, disait-on, sous les collines de Baïes le son d’une trompette et des gémissements de deuil autour du tombeau de sa mère, il se réfugia à Naples, et il adressa de là des lettres au sénat. »
« Ces lettres disaient qu’Agérinus, affranchi et confident intime d’Agrippine, avait été surpris le fer à la main pour l’assassiner ; qu’Agrippine s’était fait justice à elle-même en se punissant de la même mort qu’elle avait tramée contre lui. Il ajoutait, à cette accusation, des crimes rappelés depuis contre sa mémoire : qu’elle avait brigué l’association à l’empire, qu’elle aspirait à faire prêter le serment des prétoriens à une femme, et de faire subir au sénat et au peuple romain cette humiliation ; que, déçue dans ses complots, aigrie contre le sénat, l’armée, le peuple, elle avait dissuadé son fils de faire les gratifications et les largesses publiques, et ourdi des trames pour perdre les Romains les plus illustres. « Combien n’avait-il pas fallu d’efforts à son fils pour l’empêcher de pénétrer dans le conseil, et de venir répondre elle-même aux ambassadeurs des nations étrangères. « Sa mort a été une providence du peuple romain, ajoutait Néron, car il l’attribuait toujours à un naufrage. Mais que ce naufrage eût été fortuit, quel homme eût été assez crédule pour le croire ? Ou qu’à peine échappée à un tel naufrage, une femme eût envoyé un seul affranchi, avec un seul glaive à la main, pour combattre les armées et les flottes du maître du monde ? « Aussi l’opinion publique cherchait-elle le coupable, non pas tout déjà dans Néron, dont l’atrocité surpassait d’avance toute indignation et toute plainte, mais dans Sénèque, rédacteur d’un message qui n’était que l’aveu d’un tel forfait. « Cependant, par une monstrueuse émulation des sénateurs, on vota des prières publiques dans tous les sanctuaires, des jeux annuels, des fêtes à Minerve, en commémoration du jour où le prétendu complot d’Agrippine avait été prévenu, et le jour de la naissance d’Agrippine fut mis au nombre des jours néfastes. »
« Pætus Thraséa, qui avait l’habitude de flétrir les bassesses ordinaires de son silence, ou de les laisser passer avec un bref et dédaigneux consentement, sortit alors du sénat, se vouant ainsi lui-même au dernier péril, sans donner aux autres le courage de la liberté. »…
Ventrem feri !Frappe au ventre ; ce ventre criminel est justement puni, puisqu’il a enfanté Néron !
« Je ne règne que d’aujourd’hui, et c’est à Anicétus que je dois l’empire. »