Avant-propos
D’aucuns, à l’heure actuelle, peuvent contester l’utilité pratique du dernier échelon
menant au doctorat, en signaler l’artificiel, et comment il se réduit souvent à un simple
problème de typographie courante : d’un nombre minimum de pages manuscrites une
somme maxima de feuillets imprimés. Même à ce point de simplification, il nous paraît
garder cette indéniable utilité de donner à son auteur une occasion publique de manifester
sa gratitude à l’égard de tous ceux qui lui furent bienveillants, efficaces et doux, de
lui permettre un partiel acquittement de la dette accumulée, — et, ayant reçu pendant
vingt années, de rendre à son tour.
Nous adressons donc, à tous nos maîtres de la Marine et de la Faculté, ce premier
remercîment : de nous avoir ouvert la voie intellectuelle la plus féconde et la plus
vraie, cet Art Médical dont le champ s’élargit tous les jours.
M. le Professeur Morache, par l’allure hautement et largement philosophique de ses leçons
magistrales — pleines d’Idées, non de formules — reste
en particulier notre initiateur immédiat. Pour la bienveillante sympathie de son accueil
et le patronage de ce premier travail, nous ne saurions trop l’assurer de notre
respectueuse et très profonde gratitude.
Pour en être moins proches, les conseils très bienveillants de M. le Dr Maurice de Fleury, trait d’union vivant — et combien spirituel — entre le monde
des artistes et celui des savants, ne nous furent pas moins efficaces.
Et efficaces aussi, les recours innombrables à la Chronique médicale, la
curieuse revue en laquelle M. le Dr Cabanès — qui nous fut d’ailleurs
personnellement favorable — répand des trésors d’érudition.
Érudition encore, et combien sympathique et lucide, avons-nous trouvé près du Dr Louis Laurent, médecin de la marine, qui s’intéressa, comme siennes, à
nos propres recherches ; autorité du maître, enfin, de la psychologie clinique actuelle,
près de M. le professeur Pierre Janet dont nous étions depuis longtemps l’admirateur
respectueux.
Ils sont nos maîtres, aussi, ces précieux artistes qui, nous permettant une communion
directe avec leurs personnes, nous furent hospitaliers et bons : M. Huysmans, en son
apaisante retraite de jadis, à Ligugé, M. Rémy de Gourmont, en son ermitage parisien,
M. Saint-Pol-Roux dont la demeure bretonne nous fut si accueillante, ont été trop
bienveillants pour ne pas leur en affirmer une fois encore notre profonde
reconnaissance.
Enfin, nos amis très proches : Émile Mignard, Pierre Richard, Georges Varenne, André
Demelle et Louis Lossouarn, qui furent, en ce travail, nos dévoués auxiliaires, ont droit
à un très affectueux merci.
Le projet primitif de cette étude était double : Il comportait, d’abord, un essai de
critique médico-littéraire, spécialité nouvelle dont M. le Dr de
Fleury est, à l’heure actuelle, le protagoniste averti1. Nous voulions, adepte de sa technique, tenter l’analyse des
tableaux de pathologie mentale relevés — innombrables — dans notre actuelle littérature,
mettre en relief la valeur des névroses considérées comme matériaux artistiques2, esquisser, en un mot, une brève Esthétique des
Idées-malades.
Puis remontant de l’œuvre à l’ouvrier, nous nous proposions, en une seconde partie, de
détailler les différents modes d’observation technique par lesquels un littérateur
soucieux du vrai et désireux de science scrupuleuse, pouvait en acquérir les exactes
notions.
Nous n’avons, de ce plan total et complexe, retenu, pour thèse inaugurale, que cette
seconde partie, comme plus susceptible, par sa documentation restreinte, et ses limites
arrêtées de cadrer avec les formules universitaires courantes, sans préjudice, d’ailleurs,
de l’étude primitive que nous espérons sous peu rétablir en son intégralité.
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