Préface des « Travailleurs de la mer » (1866)
La religion, la société, la nature ; telles sont les trois luttes de l’homme. Ces trois
luttes sont en même temps ses trois besoins ; il faut qu’il croie, de là le temple ; il
faut qu’il crée, de là la cité ; il faut qu’il vive, de là la charrue et le navire. Mais
ces trois solutions contiennent trois guerres. La mystérieuse difficulté de la vie sort
de toutes les trois. L’homme a affaire à l’obstacle sous la forme superstition, sous la
forme préjugé, et sous la forme élément. Un triple anankè pèse sur nous, l’anankè des
dogmes, l’anankè des lois, l’anankè des choses. Dans Notre-Dame de
Paris, l’auteur a dénoncé le premier ; dans les Misérables, il
a signalé le second ; dans ce livre, il indique le troisième.
À ces trois fatalités qui enveloppent l’homme se mêle la fatalité intérieure, l’anankè
suprême, le cœur humain.
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