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166. (1897) Archives de neurologie [2ème série, tome 03, n° 13-18] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

Un jour, interpellé au passage par l'une -des ouvrières, il rougit et trembla si violemment qu'il fut obligé de se cram- ponner pour ne pas tomber et à la suite de cet incident, honteux et désespéré, il s'empressa de quitter le pays. […] L'âme religieuse sent parfois abonder en elle des mouvements merveilleux, des dilections, des béatitudes infinies qui sont comme une vie nouvelle. » « Jusqu'ici les limites du mysticisme, dit orthodoxe, n'ont pas été dépassées; mais l'extatique ne tarde pas à les franchir et à entrer en possession de ce bienheureux état dont parle le philosophe inconnu dans son Nouvel Homme, où tout n'est que dilection, multiplication de la vie, ouverture des sens, résurrection d'un homme merveilleux, tout-puissant, maitre de l'Univers et des essences éternelles ; il est roi ; il est Dieu 1. » Carré de Montgeron, cité plus haut à propos du langage automatique des théomanes protestants, dit que « les pro- phètes ne pouvaient pas toujours exprimer ce qu'ils éprou- vaient pendant l'imprégnation divine » ; leur âme tombait alors dans une sorte d'extase qu'il appelle l'état de mort. […] Cette femme était déjà une affai- blie intellectuelle ; mais depuis le début de la chorée jusqu'à la mort, qui survint neuf ans après, consécutivement à une gangrène du poumon, l'affaiblissement intellectuel alla en progressant et finalement la malade tomba dans une démence presque com- plète. […] Et puis par la présence en ce même lieu des tranquilles, des épileptiques, des dangereux à impulsions subites, des mélancoliques à idées de suicide, des semi-agités, des gâteux encore assez solides sur leurs jambes pour s'y rendre, il n'est pas une seule de ces réunions qui ne soit trou- blée, et il suffit d'y avoir assisté une fois pour être fixé sur leurs inconvénients : c'est un épileptique qui tombe en pous- sant un cri affreux que répètent effrayées toutes les femmes présentes; c'est un impulsif, jusqu'alors paisible, qui, saisi tout d'un coup du besoin d'étrangler sa dame, essaie de la prendre par la gorge, d'où nouveaux cris de terreur des assis- tants ; c'est un semi-agité qui, à l'improviste, devient furieux, et cherche à tout casser autour de lui, semant le désordre et l'effroi dans le parloir; c'est un persécuté à qui ne plaît pas la tète d'un visiteur qu'il prend pour un de ses persécuteurs et qu'il veut absolument gifler; c'est un érotique qui embrasse toutes les demoiselles, et qu'on est obligé d'expulser parce qu'il n'est pas du tout convenable; enfin, donnant la note gaie et parfumée, c'est un gâteux qui se soulage bruyamment, et met en fuite tous ses voisins. […] Si on avait proposé une telle liberté à nos vieux maîtres, ils seraient sûrement tombés fou- DES VISITES DES FAMILLES 91 droyés d'indignation; l'ordre était formel, les concierges ne laissaient rien entrer, le panier était rigoureusement interdit; le tabac était toléré par faveur exceptionnelle et en quantité déterminée.

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