RECHERCHES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE
ET ' - '
L'IDIOTIE
PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL
RECHERCHES
CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTéRIE
ET
L'IDIOTIE
COMPTE RENDU DU SERVICE DES ÉPILEPTIQUES
ET DES ENFANTS IDIOTS ET ARRIÉRÉS DE BICÊTRE
PENDANT L'ANNÉE 1880.
PAR
BOURNEVILLE
MÉDECIN DE D[CÉTHE
ET
H. D'OLIER
INTERNE DE SERVICE
PARIS
AUX BUREAUX DU
PROGRÈS MÉDICAL
6, rue des Écoles, G.
A. DELAHAYE & E. LECROSNIER
ÉDITEURS
Place de l'École de Médecine
1881
PREMIÈRE PARTIE
Historique; Statistique.
Le service des épileptiques adultes et des enfants idiots,
épileptiques et hystériques de Bicêtre.
I.
Le 8 octobre 1879, nous revenions, en qualité de chef
de service dans la 3e section de la division des aliénés de
Bicêtre, où nous avions débuté comme étudiant en mé-
decine au mois de janvier 1860. 'A cette époque, cette
section, consacrée aux épileptiques et aux enfants
idiots était dirigée, avec le plus grand dévouement, par
notre vénéré maître, M. Dnr.asrAUVE. Il s'intéressait
surtout, avec un zèle que ne fatiguait ni ne découra-
geait l'indifférence et qui est pis la mauvaise volonté de
l'Administration, des enfants idiots et épileptiques. Une
étude attentive du service l'avait amené à réclamer des
améliorations nombreuses et indispensables. Et il en
avait formulé le programme complet dans un mémoire
communiqué en 1857 à l'Académie de médeoine et publié
seulement en 1859. Les passages suivants montreront à
la fois sur quels principes ce remarquable travail s'ap-
puyait et quelle était la situation du service en 1859 (1).
« Asservie au commun préjugé, écrivait.M. Delasiauve,
l'Administration n'a point cessé de poursuivre, dans l'en-
(1) Delasiauve. - Des principes qui doivent présider à l'éduca-
lion des idiots.
BOURN. I.
VI HISTORIQUE.
seigncment de l'idiot, l'idéal de l'éducation ordinaire, c'est-
à-dire le perfectionnement de l'intellect par la lecture, l'é-
criture, le calcul, le dessin, etc. Sans dédaigner positive-
ment les autres éléments d'action, elle ne leur assigne
qu'une place accessoire et croit avoir amplement satisfait
à ses obligations en créant une école et en abandonnant à
l'instituteur, avec une classe passablement spacieuse, un
assez vaste matériel.....
« Un seul maître ne saurait suffire à un grand nombre
d'élèves, l'action préceptorale devant être immédiate, sou-
tenue, et en quelque sorte individualisée. Un emplacement
étendu, des locaux séparés et pourvus d'appareils diver-
sifiés, seraient, en outre, nécessaires pour favoriser la for-
mation de groupes en rapport avec l'extrême variété des
aptitudes et des exercices.
« Bicêtre n'offre ni l'un ni l'autre de ces avantages. Le
professeur, pour un chiffre moyen de 110 enfants, dont 85
au moins modifiables à différents degrés, n'a d'autres
auxiliaires qu'un certain nombre de moniteurs, choisis
parmi les malades, péniblement façonnés à leur rôle et
disparaissant souvent à l'heure où leur concours fructi-
fierait. Impossible d'ailleurs, dans une enceinte unique,
d'organiser les divisions cpnvenables et de les soumettre à
un fonctionnement profitable et régulier. L'incorrigibilité
de la plupart des idiots y mettrait obstacle, sans compter
même l'antagonisme des occupations. Force est, en effet,
d'éloigner de la classe tous ceux susceptibles d'y porter le
désordre par leur turbulence ou leurs cris.
« Beaucoup d'idiots demeurent ainsi livrés à l'abandon,
vaguant dans les cours ou encombrant les salles au préju-
dice de la salubrité générale. L'enseignement lui-même
n'est guère efficace que pour une moitié des individus,
pour les épileptiques plus ou moins lucides, quelques su-
jets arriérés ou demi-imbéciles.
« La plupart des exercices ne sont ni accessibles à la
masse, comme par exemple, la menuiserie et la cordonne-
rie, dont les moindres opérations supposent autant de ju-
gement que d'instinct mécanique, ou demeurent, de fait,
interdits aux faibles sous l'empire de cette prédilection na-
turelle pour les forts qu'engendre toute organisation vi-
cieuse. On néglige notamment les ressources qu'offriraient
à un apprentissage sérieux les occupations agricoles si,
ayant à remplir'une tâche d'exploitation, les préposés aux
brigades champêtres ne laissaient oisifs ou n'écartaient des
travaux les enfants inhabiles. Même remarque pour l'es-
crime, la danse, le gymnase.
STATISTIQUE. VII
« Les données exposées déjà, en ce qui concerne la
dimension, la répartition et l'aménagement des localités,
ainsi que le personnel éducateur et la considération des
aptitudes pouvant suffisamment éclairer les applications
particulières, nous nous bornerons, sans subir un ordre
méthodique, à fournir un spécimen des principaux exer-
cices nécessaires au perfectionnement des idiots.
« C'est d'abord la toilette. Parmi les sujets les plus dé-
gradés, il n'en est guère qui, stylés avec persévérance, ne
parviennent à satisfaire aux exigences élémentaires, à se
vêtir, à se laver le visage, les mains et les pieds, se peigner
les cheveux, se nettoyer les dents, les ongles, ajuster leur
costume, chemise, bas, jarretières, pantalon, gilet, veste,
cravate, robe, corset, souliers, etc. ; les nouer, boutonner,
brosser ou cirer. Ces mille et un soins devraient former la
matière d'une instruction coordonnée et suivie, dans la-
quelle on aurait pour moniteurs les plus avancés, pour
auxiliaires les serviteurs des salles.
« Même attention, même discipline pour la satisfaction
des besoins naturels. On apprendrait aux enfants à manger
seuls, avec lenteur et décence. On s'efforcerait de leur com-
muniquer des habitudes de propreté en les initiant aux
petites précautions qui la constituent, notamment en accom-
pagnant aux cabinets d'aisances ceux non encore désha-
bitués des souillures.
« Il serait utile, enfin, de solliciter d'eux une participa-
tion quelconque à certaines fonctions domestiques, de leur
apprendre, par exemple, à balayer les chambres, à frotter
les parquets, à.disposer les lits, à sécher ou plier le linge,
à porter des fardeaux, à ranger les ustensiles, à dresser ou
desservir les tables, à ouvrir ou fermer les portes et les
croisées.
Après avoir mis en relief les avantages d'une sem-
blable thérapeutique, M. Delasiauve ajoute que « ce serait
une excellente préparation pour des études d'un autre
ordre, au premier rang desquelles se placent les moyens
gymnastiques. » .
« Les plus simples, dit-il, doivent être ici préférés.
M. Séguin, en esprit juste, a bien compris cette vérité. Il y
aurait abus et inefficacité à se servir des appareils compli-
qués des gymnases pour des idiots, incapables de tours de
force réalisés par les enfants ordinaires, et chez lesquels
il s'agit seulement, dans un but d'hygiène, de rapprocher,
VIII HISTORIQUE.
suivant le degré accessible, le jeu des fonctions du niveau
commun. Sans sortir des exercices d'adoption vulgaire, et
pour ne citer que les nombreuses poses auxquelles il est
possible de plier le corps et les membres, la marche, la
course, le saut, les évolutions avec ou sans balancier, la
montée et la descente des escaliers, échelles ou escarpe-
ments, le soulèvement des poids, la danse, l'escrime, les
tirs au fusil et à l'arc, la balançoire, les barres, le ballon,
le tonneau, le palet, la toupie, les boules, les quilles, les
osselets, combien de ressources immédiates à l'instructeur
pour agir sur la constitution, régulariser les aptitudes,
amender les infirmités et les tendances vicieuses, procurer
l'animation, stimuler la volonté, remédier au défaut d'agi-
lité et de grâce, en un mot pour récréer chez des êtres à
l'état de mutilation ou d'ébauche, une sorte d'existence
matérielle et morale ! L'essentiel est d'en faire une applica-
tion méthodique et de ne pas se décourager d'une fructifi-
cation tardive...
« Disons-le, d'ailleurs, rien de spéculatif dans nos vues.
Elles ont les données même des faits pour base et plusieurs
essais entrepris par nous sur une échelle très restreinte
sont venus les confirmer. Pour qu'on n'en pût sérieuse-
ment contester les résultats, nous nous sommes adressé au
caput mortuum; les idiots délaissés comme impropres à
toute culture ont été nos sujets d'élection, et, malgré l'irré-
gularité des applications; leur durée quotidienne limitée,
enfin l'ensemble des efforts, circonscrit jusqu'à présent à
un court espace de quatre mois, les changements obtenus
ont pu nous convaincre que des soins méthodiquement
poursuivis ne demeureraient pas sans utilité. »
Puis, M. Delasiauve rapporte avec détails plusieurs
exemples d'idiots abandonnés chez lesquels, en appli-
quant les principes qu'il a développés, il a obtenu de
remarquables résultats. Nous ne pouvons insister plus
longuement et nous terminerons par une dernière cita-
tion : « au lieu, dit-il, de s'appliquer à former indivi-
duellement chez les embarrassants des aptitudes collec-
tives, on les abandonne deux, puis quatre, puis tous à
une inertie déplorable. »
Bien que tenue ainsi et sur tous les points au courant
de la situation, et alors que, à l'étranger, mettant à pro-
fit les essais tentés à l'hospice des Incurables et à Bicêtre,
STATISTIQUE. IX
on s'occupait activement du traitement médical et péda-
gogique des idiots, l'Administration de ^Assistance pu-
blique refusa tout concours à un homme qui n'avait
d'autre but que d'être utile à de malheureux enfants et.
d'organiser une institution honorable pour notre pays.
Depuis 1860 jusqu'à nos jours, plusieurs directeurs ont
été placés à la tête de l'Assistance publique : aucun d'eux
n'a songé à réaliser les réformes nécessaires. MM. A. Voi-
sin (août 1865 mars 1867) et J. Falret (1867 sep-
tembre 1879), chargés successivement du service n'ont
pas été plus heureux que M. Delasiauve.
IL
Les emprunts faits au mémoire de M. Delasiauve
nous ont donné une idée de ce qu'était, en 1858 et 1860,
la situation du service des épileptiques et des enfants
idiots. Nous devons indiquer maintenant les premières
tentatives faites pour l'améliorer, et dans ce but, nous
allons reproduire, malgré leur longueur et quelques ré-
pétitions, les passages de nos Rapports au Conseil géné-
ral de la Seine en 1878, 1879, 1880.
« L'école et le réfectoire des enfants (3e section de la
division des aliénés) de Bicêtre, écrivions-nous le 16 février
1878, leurs lavabos sont placés au rez-de-chaussée, à côté
des bains qui, dans cette section, sont relativement conve-
nables (1). Les dortoirs des enfants qui vont à l'école sont
propres, mais insuffisants, et, lors de la visite de votre Com-
mission, il y avait une vingtaine de lits supplémentaires.
Mais les dortoirs qui servent à la fois pour l'infirmerie et
pour les dégradés sont dans une situation indescriptible.
« Une réforme radicale est d'une extrême urgence : c'est
par là qu'il faudrait commencer. Votre Commission pense
qu'il conviendrait d'édifier une section pour les enfants sur
le terrain libre, contigu aux gymnases couvert et à plein
(1) Nous venions d'indiquer le mauvais état et l'insufiisance des
bains de la 1" et de la 2* section.
X HISTORIQUE.
champ. L'espace est tel qu'il sorait possible d'y mettre des
dortoirs, des réfectoires, des salles de réunion et une école
pour 200 enfants. La nouvelle construction donnerait,
d'une part, sur le gymnase découvert qui est très vaste ;
d'autre part, elle dominerait la vallée de la Bièvre et lais-
serait voir toute la rive gauche de Paris.
« Grâce à cette réforme, les salles occupées actuellement
par les enfants dans la section commune deviendraient
vacantes, et, tout en augmentant, s'il en est besoin, les lits
d'adultes, on parviendrait à avoir une section qui serait
assurément loin d'être parfaite, mais serait en somme,
dans des conditions satisfaisantes. On profiterait de ces
changements pour supprimer le dortoir situé sous les
combles et pour pourvoir le service de cellules qui
manquent complètement et sont instamment réclamées
depuis longtemps par M. J. Falret. Si ces propositions, que
l'humanité réclame, étaient acceptées, il y aurait lieu de
voir s'il ne conviendrait pas de confier la section des
adultes et celle des enfants à deux médecins. - La même
remarque s'applique à la Salpêtrière.
« 60 enfants seulement- sur 130 - fréquentent l'école.
La proportion devrait être beaucoup plus considérable si
le personnel était plus nombreux. Voici la composition de
celui-ci :
STATISTIQUE. XI
ployés, etc. ; - à Fauclusc, pour GO enfants, un personnel
de 20 employés, etc. (1). Notre colonie est très favorisée,
par comparaison avec les écoles de Bicêtre et de la Salpê-
trière ; son personnel est fixé en précision d'un nombre
double d'enfants : bien utilisé, bien appliqué à leur service,
il doit nous assurer de sérieux résultats.
« Il est à regretter que le personnel de nos deux autres
écoles soit aussi insuffisant, A l'étranger, on n'hésite pas à
pourvoir les Asiles consacrés aux idiots de tout le person-
nel nécessaire; c'est, en particulier, ce que nous avons pu
vérifier par nous-même, dans les visites que nous avons
faites à deux Asiles anglais : Earlswood et Clapton. Nous
ne dirons rien du premier, entretenu luxueusement par des
souscriptions, mais nous allons donner quelques rensei-
gnements sur le second, fondé par une taxe générale et dans
lequel l'entretien des enfants est à la charge de la paroisse
à laquelle ils appartiennent.
« 260 enfants sur 340 (filles et garçons) fréquentent la
classe ou les ateliers. Le personnel se compose de 50 per-
sonnes dont 45 femmes. Le médecin en chef a 10.000 fr. ; il
est logé. L'institutrice ou mieux la surintendante de l'école a
2,000 fr. (logée, chauffée, nourrie, etc.) ; 2 institutrices
ont chacune 875 fr. Il y a, en outre, une élève institutrice et
4 infirmières occupées sans cesse à la classe; enfin 3 chefs
d'ateliers (cordonnerie, menuiserie, couture). Les infir-
mières ont, à l'entrée, 375 fr. par an : elles arrivent à 625 fr.
par augmentation annuelle de 25 fr. Le traitement des trois
infirmières en chef s'élève progressivement de 625 à 875 fr.
Les infirmières qui aident à l'école ont 50 francs de plus
que les autres; au bout de dix ans, elles ont 725 fr. En
plus de leur traitement, les infirmières reçoivent une gra-
tification de 50 fr. par an.
« Ce rapide aperçu montre la différence qui existe entre
nos écoles d'idiots de Bicêtre et de la Salpêtrière et celle
de Clapton. C'est en France, pourtant, qu'a été sérieuse-
ment installé, pour la première fois, l'enseignement des
idiots. C'est l'enseignement de Bicêtre et de la Salpêtrière
qui a été imité en Angleterre ? et largement perfectionné.
(1) En voici l'énumération : 1 instituteur en chef; 1 instituteur
adjoint (emploi vacant) ; - 1 interne en médecine ; - 1 professeur de
chant; - 1 professeur de gymnastique ; 1 chef de culture; 1 sous-
' surveillant ; - 1 sous-surveillante ; - 1 sous-surveillant des ateliers
(emploi vacant) : -- 1 concierge; - 1 charretier laboureur; - 6 infir-
miers ; - 4 serviteurs dont 2 sont attachés à l'école comme garçons
de classe.
XII HISTORIQUE'
Aujourd'hui, nous devons faire des emprunts à nos voi-
sins (1). n
Le Conseil général invita l'Administration à prendre
en sérieuse considération les améliorations et les créa-
tions que nous venons d'énumérer, et, sur notre proposi-
tion, il vota une subvention de 2000 fr. pour Bicêtre, et
de 2000 fr. pour la Salpêtrière, afin d'améliorer la situa-
tion du personnel attaché aux enfants idiots et épilep-
tiques et d'augmenter ce personnel.
Le 26 novembre de la même année (1878), comme
rien n'avait été encore fait, nous sommes revenu sur
cette question dans les termes suivants :
« La classe et le dortoir des enfants qui vont à l'école sont
en assez bon état. quoique beaucoup trop petits pour le nom-
bre des enfants qui y sont accumulés en violation de toutes
les règles de l'hygiène. Mais, ainsi que nous l'avons déjà
dit dans notre Rapport sur le Budget des aliénés pour 1878
(p. 26), l'infirmerie et le dortoir des enfants les plus dégradés
sont dans une situation absolument indescriptible. Eh
bien, nous avons vu cette année, une partie de cette soc-
tion qui, en raison de sa position écartée, nous avait échappé
l'an dernier et qui exige impérieusement que nous agis-
sions sans retard : c'est une salle de refuge, servant, pen-
dant le jour, aux enfants idiots gâteux et, de plus, de par-
loir pour les familles des enfants les jours de visite(jeudi
et dimanche). C'est dans ce local qui mesure 6 m., 60 de
longueur, 5 m., 50 de largeur et 3 mètres de hauteur,
soit 109 m. c., et qui est situé sur un ancien puits aban-
donné dont l'orifice est couvert d'un plancher que se
réunissent chaque jour cinquante enfants, et c'est là que
les parents de tous les enfants viennent les voir ! Tous les
membres de votre 3e Commission, présents à la visite, ont
été péniblement impressionnés à l'exposé de ces faits et à
la vue de cette localité et nous ont chargé de vous signa-
ler énergiquement une situation aussi barbare.
« Voilà pour les enfants. Ce n'est pas tout. Leurs salles,
l'école, sont comprises, ce qui est mauvais, dans le même bâ-
timent que les dortoirs, l'infirmerie, le chauffoir des adultes.
Ceux-ci, d'ailleurs, ne sont pas mieux partagés, et l'un de
leurs dortoirs devrait être supprimé. Ajoutons enfin que,
(1) Rapport sur le budget des asiles d'aliénés pour 1878, p.26-28,
STATISTIQUE. XIII
malgré l'entassement des malades épileptiques, il en est un
certain nombre qui sont disséminés dans les deux autres
sections (1).
« Pour remédier à un état de choses aussi affligeant, votre
Commission pense, comme l'an dernier, qu'il faudrait édi-
fier une section pour les enfants, sur le terrain libre, con-
tigu aux gymnases couvert et à plein champ. L'espace est
tel qu'il serait possible d'y mettre des dortoirs, des réfec-
toires, des salles de réunion et une école pour 200 enfants.
La nouvelle construction donnerait d'une part, sur le
gymnase découvert qui est très vaste ; d'autre part, elle
dominerait la vallée de la Bièvre et laisserait voir toute la
rive gauche de Paris.
ce Grâce à cette réforme, les salles occupées actuellement
par les enfants, dans la section commune, deviendraient
vacantes, et on arriverait à ce résultat avantageux que,
tout en diminuant le nombre des lits dans les dortoirs
actuels des adultes, il y en aurait assez avec les nouvelles
salles pour recevoir les 81 épileptiques qui se trouvent dans
la 1 rq et dans la 2e section, lesquelles auraient des lits ren-
dus à l'usage des aliénés (2). »
On voit par ces citations que l'urgence de transfor-
mations radicales dans ce service avait été reconnue par
le Conseil général, et que l'Administration de l'Assistance
publique avait été invitée à en tenir un compte sérieux.
La troisième section de la division des aliénés com-
prend : 1° les épileptiques et les hystéro-épileptiques
adultes; 2° les enfants épileptiques ou hystériques,
et les enfants idiots, imbéciles ou arriérés.
Quand nous avons pris possession du service, les épi-
leptiques adultes étaient au nombre de 143, et les enfants
de toute catégorie au nombre de 125, soit en totalité
268 malades.
(1) Il y a 44 épileptiques dans la première section et 37 dans la
deuxième.
(2) Rapport sur le budget des asiles d'aliénés pour 1879, p. 31-32.
XIV HISTORIQUE.
III.
La section se compose : 1° d'un bâtiment principal
dont la construction est ancienne ; 2° d'un bâtiment
perpendiculaire au précédent, de construction relative-
ment récente; 3° d'un pavillon n'ayant qu'un rez-de-
chaussée, isolé des précédents à l'usage de réfectoire
pour les adultes. '
Le bâtiment principal, pavillon de la Forge
qui faisait partie autrefois de la prison de Bicêtre, com-
prend une partie centrale et un pavillon à chaque extré-
mité. Voici la distribution des salles :
STATISTIQUE. XV
XVI HISTORIQUE.
timents de la deuxième section se trouvent : a) le petit
pavillon dont nous avons parlé plus haut (p. xn) qui
recouvre un ancien puits ; - b) un long hangar, clos
complètement avec des chassis et dont la première par-
tie sert batelier de menuiserie et l'autre de parloir
pour les familles des enfants (1) et désigné sous le nom
de petit parloir (2).
Au mois d'octobre 1879, les 125 enfants étaient ainsi
répartis : 50 fréquentaient l'Ecole ; - 47 allaient plus
ou moins au petit parloir selon les conditions climatéri-
ques ; 28 restaient toujours à l'infirmerie.
Ecole. Nous avons déjà donné des indications sur
sa mauvaise disposition, l'insuffisance du personnel en-
seignant (voy. p. x) et du matériel. Les réformes ra-
dicales, nécessaires sous tous les rapports, n'étant pas
pour le moment réalisables, nous nous sommes borné
à augmenter les éléments d'instruction : cartes en relief
de la France, cartes du département de la Seine,deParis,
du canton de Villejuif, etc ? figures géométriques, etc.
L'incapacité et surtout la mauvaise volonté de l'institu-
teur qui s'est refusé à se servir de ces moyens d'ins-
truction, comme il avait toujours refusé de faire usage
du compendium métrique, nous ont conduit à tempo-
riser et à concentrer nos efforts sur les enfants délaissés,
c'est-à-dire sur la majorité (3).
(1) Ce parloir a été installé à la suite des réclamations du Conseil
général relatives à la situation déploiable du réduit affecté autrefois à
l'usage de parloir (Voy, p. xn).
(2) Par opposition au grand parloir où viennent les parents des
épileptiques adultes et des aliénés de la 1" et de la 21 section : ce
parloir n'est autre que l'Ecole des enfants. Il s'ensuit que le jeudi et
le dimanche, les enfants sont éloignés de l'école toute la journée et
qu'on est obligé de les parquer au gymnase. C'est là encore une
nouvelle preuve que l'organisation du service est déplorable.
(3) On ne saurait croire combien est grand le désordre qui existe
dans cette partie du service : il n'y a pas de local pour séparer des au-
tres les enfants en accès et leur permettre de se reposer ; les enfants
trop turbulents sont mis à la porte par l'instituteur et abandonnés
sans surveillance; ceux qui vont aux cabinets, rentrent ou vagabon-
STATISTIQUE. xvrr
Enfants délaissés. Nous les avons trouvés au nom-
bre de 75. A notre arrivée, 47 allaient au petit parloir.
Mais, ce chiffre est très variable, souvent il en reste à
l'infirmerie une proportion considérable, surtout dans
la mauvaise saison. Qu'en fait-on là ? Ils sont confiés à
deux infirmiers ( ? ) qui les gardent, les nettoient plus ou
moins, les empêchent de se battre... et c'est tout. La vie
commune avec ces malheureux est si pénible que les
infirmiers changent encore plus fréquemment que ceux
de l'Ecole. Et l'Administration, pour les 15 francs qu'elle
donne mensuellement à ces hommes, n'en trouverait
certes pas s'il n'y avait les pourboires que s'imposent les
familles. Ces enfants, qui couchent dans ce qu'on
appelle l'infirmerie, descendent au petit parloir le
matin à 8 heures, remontent à l'infirmerie qui sert de
réfectoire, à 10 heures; en redescendent à 11 heures 1/2,
puis retournent à 3 heures pour dîner et sont couchés
à 6 heures (1).
L'autre portion de ces 75 délaissés, comprenant les
paralytiques et les idiots qui ne marchent pas (2), ne
quittent pour ainsi dire jamais l'infirmerie. En été,
quelquefois, mais bien rarement, en raison de l'insuffi-
sance du personnel, on les descend et on les porte dans
la cour du petit parloir (autrefois appelée cour des gâ-
teux).
Les enfants qui composent ces deux catégories sont à
dent et se livrent, tout à leur aise à l'onanisme; ceux qui exigent un
peu trop de patience sont relégués dans un coin de l'école et on les
déclare inéducables. Les tables de l'école sont des tables de réfec-
toire, avec des bancs mobiles, sans dossier, l'instituteur vient à
9 heures, s'en va à 11, revient aune heure, et quitte définitivement
à 3 heures du soir. En dehors de ces heures, les enfants sont confiés à
des gardiens sans instruction, changeant plusieurs fois par année. Le
jeudi et le dimanche, il n'y a pas d'école; les enfants restent la jour-
née au gymnase, dans un désoeuvrement complet.
(1) Lorsque le temps le permet, on redescend encore une fois les
enfants les plus valides après le diner.
(2) Quelques-uns d'entre eux se traînent par la salle, la plupart
sont attachés sur une chaise percée, sans fond, revêtue d'une alèze
qui laisse écouler les matières sur le carreau.
BOURN. 11.
XVIII HISTORIQUE.
peu près tous gâteux. Leur réunion dans une même
salle, qui leur sert à la fois de dortoir et de réfectoire, et
qui, en outre, reçoit les enfants déboute classe, atteints
de maladies aiguës, de maladies contagieuses (rougeole,
croup, teignes, ophthalmies), font de ce local un foyer
d'infection dont l'aspect et l'odeur révoltent tous ceux
qui ont le courage de le visiter. « Chez nous, à Londres,
nous disait un jour M. le professeur West, on ne tolè-
rerait pas 24 heures un état de choses aussi révoltant. »
Ce n'est pas tout. Les cabinets d'aisance, à la turque,
sont dépourvus d'eau ; il n'y a pas de lavabos ; le pla-
fond est formé de poutres et solives apparentes dont les
intervalles servent de 'r éceptables à toutes sortes de
miasmes ; les murs sont tachés ; le sol de la salle est
pavé, humide par suite des lavages que l'on opère
tous les jours. Et, comme ces lavages sont impar-
faits, faute d'eau, il reste une couche gluante et infecte.
Le séjour permanent de 25 à 30 enfants gâteux et d'en-
fants ayant des affections graves rendent l'aération et la
ventilation difficiles en hiver, ce qui accroît encore l'hor-
reur de la situation.
Notre intention, dès le début, était d'essayer, dans la
mesure de nos forces, d'y porter remède. La tâche était
difficile et assurément nous n'aurions pas été plus heu-
reux que notre maître M. Delasiauve, que nos prédé-
cesseurs MM. A. Voisin et J. Falret, si nous n'avions
été assuré d'avoir l'appui du Conseil général et du Con-
seil municipal que nous avions éclairés.
Quelques jours après notre prise de possession du
service, nous avons demandé à l'Administration de rem-
placer l'un des deux infirmiers chargés de la garde des
enfants dégradés, par deux infirmières, choisies par-
mi les élèves les plus instruites de l'Ecole des infir-
mières de Bicêtre. Nous éprouvâmes une résistance sin-
gulière : on ne concevait pas au Chef-lieu qu'on pût
avoir une semblable idée. Nous insistâmes : on nous
prévint alors que l'infirmier serait remplacé par deux
STATISTIQUE. XIX
infirmières qui devraient avoir au moins une quarantaine
d'années. La concession qu'on nous faisait était insuf-
fisante. Nous voulions un personnel instruit, jeune, et
partant malléable, dont nous pourrions faire l'instruc-
tion et qui deviendrait capable de rendre pendant long-
temps des services à l'Administration. Après de nou-
veaux pourparlers, nous obtînmes gain de cause et l'Ad-
ministration consentit à mettre à notre disposition
Mesdemoiselles Agnus, filles du surveillant de la section.
Elles entrèrent en fonctions le 11 novembre 1879.
Il fallait faire leur instruction ; leur indiquer par le
menu les procédés d'enseignement à mettre à contri-
bution. Dans ce but, nous mîmes entre leurs mains le
livre si remarquable de Seguin, Traitement moral,
hygiène et éducation des idiots, etc., le Manuel de
Delon sur les Exercices et travaux pour les enfants,
selon la méthode de Pestallozzi et de Froebel ; une boîte
pour leçons de choses; des tableaux représentant des
animaux, des métiers, etc... Plus tard, nous fîmes fabri-
quer à Bicêtre des boites à compartiments renfermant
des fruits, des graines, des légumes, etc., etc. Avec le
modeste crédit voté par le Conseil général, on acheta des
bouliers, des cartons-alphabets, ayant des lettres aussi
grosses que possible, un cadran horaire, des jouets
divers (tonneau, quilles, ballons, billes, toupies, ra-
quettes, etc.).
Exercices de gymnastique. - On sait combien la
main des idiots est inerte, maladroite ; combien leurs
mouvements sont défectueux. Il était donc indispensa-
ble de songer à l'enseignement de la gymnastique.
Mais, à quel système recourir ? Les exercices du grand
gymnase de la section dépassaient les aptitudes de cette
classe d'enfants. Précisément, à cette époque, nous
fîmes la connaissance de M. Pichery, inventeur du sys-
tème connu sous le nom de gymnastique de l'oppo-
sant et qui désirait son introduction dans les écoles mu-
nicipales.
XX HISTORIQUE.
Ce système, qui n'exige que des échelles en corde et
des tubes à ressort, et permet de mettre en jeu successi-
vement et sans danger tous les muscles du corps, nous
parut devoir être accepté, sinon définitivement, au
moins à titre d'essai. Nous pensions y trouver le moyen
d'exercer la main des idiots, de corriger leurs mouve-
ments désordonnés, de développer et régulariser le sens
du toucher.
Les appareils en question furent installés dans l'ancien
petit parloir, situé au-dessus du puits, dont le plancherfut
recouvert d'un large paillasson. M. Pichery se mit gé-
néreusement à notre disposition, fit l'instruction de Mes-
demoiselles Agnus qui, aussitôt, donnèrent des leçons
aux enfants divisés en séries. Elles commencèrent par
sept enfants et, à la fin de 1880, 35 sur 66 avaient
profité, dans des proportions variables, de cet enseigne-
ment (1).
Réfectoire Nous avons dit précédemment que les
enfants dégradés remontaient à l'infirmerie pour déjeu-
ner, puis redescendaient au petit parloir jusqu'à l'heure
du dîner (3 h.), en descendaient de nouveau sauf les plus
inertes, jusqu'à la nuit et nous avons signalé les incon-
vénients d'une pratique aussi regrettable. Au mois de
novembre 1879, M. le directeur de Bicêtre mit à notre
disposition un réfectoire à l'usage des infirmiers, qui,
depuis quelque temps, était inoccupé. Bien que distant
d'environ 200 mètres du petit parloir, nous l'avons ac-
cepté avec empressement. De cette façon, l'infirmerie
était assainie et les enfants en traitement étaient astreints
à des exercices de marche pour aller prendre leurs repas.
Là, ont commencé de nouveaux.exercices. Lesenfants
ont été divisés par catégories, et on s'est mis à leur
(1) Dans le courant de l'année, après avoir fait constater par M. Ch.
(ncntin et par M. Vcntujol, directeur de Bicêtre, les résultats acquis,
nous avons obtenu que M. Pichery reçût le paiement des appareils
qu'il nous avait d'abord prêtés.
STATISTIQUE. XXI
montrer à se servir de la cuiller, de la fourchette, du
couteau, en un mot on a essayé de leur apprendre à
manger proprement. A partir du jour de l'installation
jusqu'à la fin de 1880, ce genre d'éducation a été fait
avec la plus grande régularité, et, de ce côté encore, nous
avons pu enregistrer de véritables succès (18 enfants
ont appris à se servir de la cuiller et de la fourchette, et
22 de la cuiller.)
Traitement du gâtisme. - A notre demande et sur
les indications fournies par nous, l'Administration de
l'Assistance publique a fait étudier par M. Gallois, archi-
tecte de Bicêtre, et soumis au Conseil municipal un pro-
jet relatif à l'installation des appareils nécessaires pour
le traitement du gâtisme. Ce projet, sur lequel le Con-
seil a émis un avis favorable dans sa séance du 18 mai
1880 (1), avait pour but d'installer dans une partie inoc-
cupée des ateliers de menuiserie contigus au nouveau
petit parloir, un système d'appareils d'aisances con-
sistant en un siège en bois, à dessus mobile et percé de
sept trous ou lunettes. Sous ce siège, une auge en ciment,
à double pente, amène les matières et les liquides en un
point central, muni d'une soupape qu'on ouvre et ferme
à volonté extérieurement, à l'aide d'un levier. Comme
une abondante provision d'eau est indispensable, une
conduite d'eau dessert cette auge qui peut être remplie
et lavée chaque fois qu'il le faut. Les matières et les li-
quides sont amenés dans une fosse fixe, établie au-des-
sous du siège. Le trop plein des liquides est dirigé de
cette fosse à l'égout, au moyen d'un tuyau Doulton, ce
qui dispense de recourir aux allèges, qui sont coûteuses
et offrent de graves inconvénients sous le rapport de la
salubrité.
Une baignoire, un bain de siège, et trois bidets, ali-
(1) Bourneville. - Rapports sur des travaux de construction et
de grosses réparations dans divers établissements de l'Assistance
publique.
XXII HISTORIQUE.
mentes d'eau froide et d'eau chaude à volonté, sont dis-
posés à côté des sièges. Enfin, un lavabo comprenant
sept cuvettes à bascule se déversant dans un réservoir
en zinc, complète ce système. Tous ces appareils sont
rattachés à l'égout par un tuyau Doulton. Le sol a été
fait en ciment. Enfin, on a disposé une armoire, claire-
voie, pour l'étendage des serviettes et pourvue de tiroirs
destinés à recevoir les brosses et les peignes (1).
Les travaux commencés le 26 mai ont été entièrement
terminés le 10 août, grâce à l'activité déployée par
M. Gallois et son aide, M. Bussy, inspecteur du service
d'architecture à Bicêtre, et ce service a fonctionné sans
discontinuer depuis le 12 août.
Voici comment on procède : quatre fois par jour, les
enfants gâteux sont mis par séries de sept sur les sièges
d'aisances, puis lavés, soit avec les bidets, soit avec
le bain de siège ou la baignoire s'ils se sont trop souillés.
Ainsi, d'une part, les enfants sont habitués à se tenir
propres, ce qui diminue les frais de blanchissage et rend
les soins à donner à ces malheureux moins répugnants,
et, d'autre part, on leur apprend à se laver la figure et
les mains, à se peigner, se brosser, cirer leurs souliers,
etc.. Il va de soi que nous avons voulu que chaque en-
fant eut sa serviette. Du jour de l'ouverture de ce service
au 31 décembre, 16 enfants gâteux ont été rendus
propres (2).
Photographies, moulages. - A la fin de 1879, nous
avons demandé au Conseil municipal un crédit pour le
Musée de la Salpêtrièro et de Bicêtre, estimant qu'il
était préférable de réunir toutes les pièces relatives aux
maladies des vieillards et aux maladies chroniques du
système nerveux dans un Musée unique à la Salpêtrière,
plus à proximité des médecins et des étudiants. Les ins-
(1) La dépense a été de 9,696 francs.
(2) De plus, nous tenons à ce que l'on apprenne aux enfants à net-
toyer les robinets, à cirer les sièges d'aisance, à balayer, etc.}
STATISTIQUE. XXIII
tallations que nous avions obtenues antérieurement, soit
du Conseil municipal, soit de l'Assistance publique (1),
nous semblaient rendre possible l'exécution par une seule
personne do tous les moulages et de toutes les photogra-
phies (2) intéressantes que peuvent réclamer les méde-
cins des deux grands hospices de vieillards et d'aliénés.
Il va de soi, aussi, que le crédit n'étant pas partagé,
l'artiste chargé do ces travaux est mieux rémunéré.
En ce qui concerne le service des épileptiques et des
enfants, nous désirions deux choses : 1° avoir la photo-
graphie de tous les enfants idiots présents, de tous. les
malades entrants, adultes et enfants; 2" le moulage des
cas intéressants, ou de quelques malformations. Nous
voulions, en un mot, faire d'une façon régulière, métho-
dique, ce que nous n'avons pu faire qu'incomplètement
depuis 12 ans, malgré tous nos efforts.
Le but que nous poursuivons en faisant photographier
les idiots et les imbéciles, à leur arrivée dans le service,
et en reprenant chaque année leur photographie, o'est
de mettre en relief, et d'une manière indiscutable, les
progrès réalisés par le traitement, par l'éducation. Nous
avons fait faire, à la Salpêtrière, par M. Loreau, en 1880,
la photographie de 5 adultes et de 90 enfants, L'an
prochain, nous espérons pouvoir donner quelques ren-
seignements sur cette application de la photographie à la
pathologie du système nerveux. '
A côté de ces améliorations d'ordre capital, nous avons
été assez houreux pour en faire réaliser d'autres d'un
ordre secondaire. Nous allons les indiquer sommaire-
ment pour chacune des catégories de malades,
(1) Installation du Musée et du laboratoire de photographie.
2) Avec le concours do notre ami, M. Regnard, il nous a été pos-
sible de publier trois volumes de l'Iconographie photographique de
la Salpêtrière, contenant 120 photographies et d'avoir la photographie
d'un grand nombre de malades. Il y a de cela déjà trois ou quatre
ans ; si l'on photographiait actuellement certaines de ces malades,
on mettrait en évidenco les modifications que l'épilepsie, par exemple.
a pu déterminer chez elles durant ce laps de temps.
XXIT HISTORIQUE.
A. Epileptiques (adultes). Augmentation de la quan-
tité de vin accordée aux malades et portée de 14 à 20
centilitres pour les adultes, de 8 à 14 centilitres pour les
enfants (1).
Les épileptiques, déments, paralytiques ou gâteux, sé-
journent ou à l'infirmerie (2) ou dans le chauffoir (voir
page xiv). Nous avons organisé, pour ces malades, quel-
ques promenades, soit dans le marais (vaste jardin ma-
raicher dépendant de l'hospice), soit dans les cours de la
maison. Ces promenades, excellentes à tous égards,
devraient avoir lieu chaque fois que le temps le permet.
Jusqu'alors, il n'était accordé de permissions de sortie
avec découcher qu'aux épileptiques simples, réputés
non aliénés, nous avons obtenu que la même faveur fut
accordée aux épileptiques aliénés.
Les épileptiques adultes ont reçu 2767 visites ; les
enfants 3186 et souvent les uns et les autres ont été
visités à la fois par plusieurs personnes, de telle sorte
que le nombre des visiteurs, en 1880, a été de 8141.
540 épileptiques adultes et enfants aliénés et 440 épi-
leptiques adultes et enfants, réputés non aliénés, sont
sortis en permission tantôt d'un jour (de 7 heures à
9 heures du soir), tantôt de deux jours.
Les idiots et imbéciles qui, en raison de leur âge
(18 ans), passent de la section des enfants (1) dans la
première ou la deuxième section des aliénés, n'avaient
plus droit de sortir au dehors, avec leurs parents. De là
des plaintes. Nous avons fait connaître cette situation
(1) Cette mesure a été prise conformément à un voeu du Conseil géné-
ral (Bourneville, Rapport sur le service des aliénés, 2 déc. 1879,
p. 51) et au vote du Conseil municipal (Bourneville, Rapp. sur le
budget de l'Assistance publique, pour 1880; déc. 1879, p. 21).
(2) Non seulement ils y couchent, mais encore ils y mangent, ce
qui est absolument déplorable sous le rapport de l'hygiène et très pré-
judiciable aux malades atteints d'affections aiguës. Pas plus que pour
les enfants, il n'y a de chambre d'isolement pour les maladies conta-
gieuses, ni de cellules pour les agités.
(3) En vertu des règlements administratifs, les idiots et imbéciles du
service, qui ont atteint l'âge de 18 ans, doivent passer dans les sections
des aliénés. On s'est basé, administrativement, sur l'âge et non sur la
STATISTIQUE. XXV
désavantageuse et non motivée à M. le Directeur de
l'Assistance publique qui a donné des ordres afin que
cette catégorie de malades conservât son droit de sortie.
A la suite d'un échange de lettres avec M. le Direc-
teur de l'Assistance publique et la Préfecture de police,
nous sommes arrivé (22 octobre 1880) à être autorisé
à accorder aux malades des congés d'une ou deux se-
maines, qui ont l'avantage de nous fournir un élément
sérieux d'appréciation, au point de vue de la guérison ou
de l'amélioration des malades et qui, pour quelques en-
fants, nous procurent un moyen d'action très-puissant.
Les visites reçues par les malades, qui communi-
quent en toute liberté avec leurs parents, les sorties ou
permissions, les congés temporaires, les promenades
quc;nous avons instituées ou multipliées, tendent toutes
au même but : améliorer la situation du malade, lui
accorder toute la somme de liberté compatible avec son
état mental et la sécurité publique ; rapprocher le plus
possible l'asile d'aliénés de l'hôpital. Ajoutons, enfin,
que ces communications des malades avec l'extérieur,
rendues de plus en plus fréquentes, sont une garantie
sérieuse au point de vue de la liberté individuelle et
qu'elles démontrent à tout homme sensé, d'une manière
éclatante, la sottise des gens qui qualifient les asiles
d'aliénés de la Seine de bastilles modernes. Les faits
que nous venons de citer mettent hors de doute la mau-
vaise foi des uns et l'ignorance des autres.
B. Enfants épileptiques, hystéro-épileptiques,
arriérés et idiots non gâteux. - Les lavabos, obtenus
avec tant de peine par M. Delasiauve (1864), composés
de deux auges en zinc disposées le long des murs de la
condition physiologique des malades; en effet, il est des malades
qui, à 18 ans, où même davantage ont encore l'aspect d'enfants. C'est
à cause de cela, et par une omission tacite de l'Administration, que
quelques-uns restent dans notre service. Quant à ceux qui, à 18 ans,
ont la taille et le développement génital correspondants, il est à
regretter qu'on ne s'en occupe plus.
XXVI HISTORIQUE.
petite salle voûtée du rez-de-chaussée, avec deux tuyaux
munis de robinets fournissant un misérable jet, étaient
très malpropre ; nous avons réclamé leur remplacement
par des lavabos un peu plus modernes, et, en attendant,
nous avons fait procéder à un nettoyage sérieux. Les
graves inconvénients de ce lavage dans une eau com-
mime étaient encore aggravés par la façon dont se faisait
l'essuyage : tous les enfants s'essuyaient dans la même
alèze ! Et comme beaucoup d'entre eux ont dos mala-
dies des yeux, il arrivait très souvent qu'elles se propa-
geaient à un nombre considérable d'enfants. Dès la fin
d'octobre, nous faisions donner une compresse à chaque
enfant et nous demandions des serviettes (1).
Promenades, distractions. -Nous avons rendu plus
fréquentes les promenades des enfants au dehors. Ilyen a
eu 15 aux environs de l'hospice, et, de plus, nous les avons
envoyés au Jardin des plantes, au Jardin d'acclima-
tation, au Bois de Boulogne, à Robinson, à la fête de
la place du Trône, et 26 sont allés au concours de gym-
nastique de Courbevoie (25 juillet), où ils ont obtenu
deux médailles, l'une en vermeil, l'autre en argent.
Il y a eu, dans l'année, un certain nombre d'exercices
de lanterne magique faits par M. Agnus (2).
C. Idiots qui ne peuvent marcher et restent'cons-
tamment à l'infirmerie. Un certain nombre de ces
enfants ont été exercés à la marche : tantôt avec le con-
cours du personnel du service, tantôt avec celui des en-
fants les plus raisonnables de l'école; pour d'autres,
capables de se tenir sur leurs jambes, nous avons eu
recours au charriot. Enfin, dans le but d'apprendre aux
plus infirmes à se tenir debout, nous avons fait établir
deux barres parrallèles maintenues par des supports
verticaux percés de trous qui permettent d'élever ou
(1) Elles ont été fournies en 1880.
(2) On a acheté 22 nouveaux tableaux pour la Lanterne magique.
STATISTIQUE. XXVII
d'abaisser les barres, et par des traverses également
percées de trous, qui consolident l'appareil et donnent
le moyen d'écarter ou de rapprocher les barres paral-
lèles.
Améliorations diverses. a) Nous avons introduit
les manchons, afin de réduire le plus possible l'emploi
de la camisole (1).
b) Tous les malades admis depuis un an ont été ? 'euac-
cinés (2) ; ils étaient au nombre de 81 (21 adultes et 60
enfants).
c) Quelques travaux ont été faits pour remédier à la
malpropreté du service : l'Administration a fait procéder
à la réfection des peintures du bureau du surveillant, de
la bibliothèque des malades, du dortoir des veilleurs,
de la 4e salle des épileptiques adultes valides, des deux
dortoirs des enfants valides. Enfin, tous les lits de ces
mêmes salles ont été repeints.
D. Médecin dentiste.-Tous les médecins saventdans
quel triste état est la bouche des enfants idiots, en même
temps si souvent scrofuleux. Nous avons signalé à
M. Michel Moring l'utilité d'un médecin dentiste qui
pourrait être à la fois chargé du service des enfants de
Bicêtre et de la Salpêtrière. Nous devons dire qu'il s'est
empressé de nous donner satisfaction et c'est avec plai-
sir que nous l'avons vu charger de ce service un de nos
amis, M. le docteur Cruet, ancien interne des hôpitaux
de Paris (mars 1880). La visite a lieu deux fois par mois;
les soins donnés avec régularité;ont produit les meilleurs
effets.
Personnel servant; petite école. -- Nous avons vu
(1) C'est tout à fait exceptionnellement que nous avons recours à ce
moyen; cependant, nous sommes obligé de nous en servir, dans cer-
tains cas, car la section ne possède pas une seule cellule d'isole-
ment,
(2) En 1878, à la suite de l'apparition de quelques cas de variole à
Bicêtre, il avait été procédé à la revaccination de tous les aliénés.
XXVIII HISTORIQUE.
que le Conseil général vote chaque année un crédit de
4,000 fr., dont une partie est destinée à encourager le
personnel du service des épileptiques et des enfants.
Malgré ces gratifications, les infirmiers ont souvent
changé : le chiffre régulier des infirmiers de 1" et de 2°
classes est de 22 ; eh bien ! il y a eu 26 mutations (1). Le
personnel des infirmières n'a pas changé. Dans des ser-
vices comme celui des aliénés, et plus encore peut-être
des épileptiques et des enfants, il est nécessaire de con-
server les mêmes agents, de les augmenter sur place,
au moins jusqu'au grade de sous-surveillant, au lieu de
les faire passer dans d'autres services chaque fois qu'on
leur donne une minime augmentation (2). Car, si l'on
veut éviter les querelles, les rixes, les violences de
toute nature qui se produisent dans ces services, il faut
que le personnel servant soit bien au courant du carac-
tère, des habitudes des malades ; connaisse les points
abordables, en profite pour arrêter le désordre dès le
début. Pour les enfants, ce maintien du même person-
nel est encore plus nécessaire ; il faut que l'infirmier
connaisse leurs défauts, leurs vices, afin de se rendre
compte du genre de surveillance qu'il doit exercer.
En ce qui concerne le petit parloir - ou mieux la pe-
tite école, - nous avons dit qu'elle avait été confiée à
Mlles Blanche et Joséphine Agnus et à un infirmier, ou
plutôt un gardien. Elles sont entrées à 20 fr. par mois.
Le dévouement dont elles n'ont pas cessé un instant de
faire preuve envers les enfants idiots gâteux ; les résul-
tats très remarquables qui ont été enregistrés et que
nous ferons connaitre dans le Compte rendu de l'an-
née 1881, nous faisaient un devoir d'améliorer leur
situation. Mlle B. Agnus d'abord (juillet 1880), puis
(1) Parmi les mutations, signalons : 3 pour ivresse, 1 pour pa-
resse, 1 pour brutalité, etc.
(2) C'est en vertu de cette réglementation bureaucratique, qui ne
tient aucun compte des faits, que l'Administration nous a enlevé le
meilleur infirmier que nous avions et qui était à l'infirmerie des
adultes.
STATISTIQUE. XXIX
Mlle J. Agnus (27 octobre 1880), ont été nommées infir-
mières de 1re classe (27 fr. 50). Nous avons le regret
de dire que nous n'avons obtenu ces promotions qu'avec
peine, le cadre administratif ne comportant pas ces
promotions sur place.
Nous désirions assurer à nos zélées collaboratrices un
nouvel avancement pour 1881 ; nous pressentîmes l'Ad-
ministration à ce sujet, et, comme on faisait toujours
valoir la nécessité de se conformer au cadre, et qu'on ne
s'engageait à rien, nous avons porté la question devant
le Conseil municipal et nous en avons obtenu le vote d'un
crédit nécessaire pour nommer l'une d'elles sous-surveil-
lante, l'autre suppléante et pour la création d'une place
d'infirmière.
Service balnéo-hydrothérapique. lia été construit,
en 1873, dans l'angle formé par le bâtiment principal du
service et le bâtiment de l'Ecole. C'est une construction
très simple, à rez-de-chaussée seulement , éclairée sur
deux côtés et par le toit. Elle contient huit baignoires
émaillées (6 grandes et 2 petites); un bain de siège et
deux appareils, l'un pour douche en pluie, et l'autre
pour douche en jet. Ces appareils sont fort mal dispo-
sée; en effet, le doucheur n'est maître que de la douche
en jet, un peu trop rapprochée de la douche en pluie;
celle-ci est commandée par un arrêt qui est placé devant
le malade, très loin du doucheur, ce qui exige une
deuxième personne pour l'administration des douches.
La faute qui a été commise, ici, démontre une fois de
plus la nécessité pour l'Administration de consulter les
médecins et d'inviter ses ingénieurs à s'enquérir des
progrès réalisés dans chacune des branches de leur ser-
vice (1).
Le couvercle de cuivre qui servait à maintenir les
malades agités dans les baignoires a été remplacé par
(1) Notons l'absence de bains de pieds qui se donnent plus ou
moins dans des seaux.
XXX 1 HISTORIQUE.
une toile qui, tout en s'opposant aussi bien à la sortie
du malade, a un aspect moins barbare.
Nous avons reçu deux appareils spéciaux, destinés à
maintenir convenablement les tout jeunes enfants dans
leurs baignoires et à empêcher qu'ils ne glissent au fond
de la baignoire (1).
Malgré l'insuffisance des baignoires, nous avons fait
augmenter, dans la mesure du possible, le nombre des
bains donnés chaque jour ; et, à partir de mars, nous
avons mis très largement à contribution le service
hydrothérapique. On peut en juger par le tableau sui-
vant (2) :
STATISTIQUE. XXXI
changements qui sont survenus, avec leurs causes, jus-
qu'à la fin de l'année.
5S\II HISTORIQUE.
Transferts. - Le 13 octobre, 16 enfants, désignés par
mon prédécesseur M. J. Falret, ont été transférés à
l'asile de Pont-1'Abbé (Manche), par suite de l'encom-
brement qui existait dans le service.
EntTr3es. - Elles comprennent : 20 enfants et 3 adultes.
Ces derniers sont tous épileptiques. Quant aux enfants,
ils se répartissent ainsi : 2 épileptiques; 7 épileptiques
et idiots ; 11 idiots.
1880,
Le 1er janvier, on comptait dans la section 144 adultes
et 118 enfants. Le tableau ci-dessous résume le mou-
vements de la population en 1880.
STATISTIQUE.
XXXIII
Sorties. - a) Adultes : 12, dont trois passés dans
les divisions des vieillards ; 1 transféré (Auge.); 8 sortis
librement.
b) Enfants. 21 : 4 transférés ; 1 envoyé aux enfants
assistés ; 2 devenus adultes et passés dans les services
d'aliénés; 14 rendus aux parents.
M
w
n
0
p
5
c
h7
STATISTIQUE. XXXV
Relevons brièvement quelques-unes des indications
fournies par ces deux derniers tableaux. C'est, en premier
lieu, la guérison de deux enfants atteints de manie, ce
qui montre que la folie proprement dite, dans sa forme
la plus accusée, n'épargne* pas l'enfance (1).
En second lieu, on voit que nous avons renvoyé un
certain nombre de malades qui n'avaient plus d'accès
d'épilepsie depuis un temps plus ou moins long. On ne
peut s'appuyer, pour ces sorties, sur une durée précise ;
on est obligé de tenir compte de diverses conditions :
l'âge du malade, son aptitude au travail, l'état de ses
facultés intellectuelles, la situation de famille, etc.
A partir du jour où les congés'ont été autorisés, au
lieu de signer le certificat de sortie, nous accordions au
malade un congé de convalescence, à l'expiration du-
quel l'exeat était donné s'il n'y avait pas eu d'accidents.
Dans le cas contraire, le malade était réintégré dans
le service, sans être astreint à aucune des démarches
exigées d'habitude.
f
Décès. - 17 enfants : 12 adultes. Le tableau suivant
fournit les principales indications.
(1) Ce sujet a été l'objet d'une thèse intéressante de la part de
M. le D' Le Paulmier, élève de M. Delasiauve.
XXXVI HISTORIQUE.
XXXVIII HISTORIQUE. - STATISTIQUE.
Le 31 décembre 1880, il restait dans le service 278 ma-.
lades ainsi répartis : ' '
72 épileptiques- adultes aliénés.
80 épileptiques non aliénés. 1
57 épileptiques enfants aliénées.
24 épileptiques non aliénés.
45 idiots épileptiques aliénés.
La seconde partie de ce compte rendu devait être beau-
coup plus complète et contenir l'observation de tous les
enfants qui ont succombé depuis notre arrivée jusqu'au
31 décembre 1880. Cette tâche n'a pu être accomplie.
Nous comptions sur l'active collaboration de notre'interne
de l'année, devenu notre ami, H. d'Olier. La mort nous
l'a enlevé le 20 février. Afin de rendre un dernier hom-
mage à la mémoire de notre infortuné ami, nous avons
cru utile néanmoins de rassembler et de compléter les
publications déjà faites.
DEUXIÈME PARTIE
Clinique.
I.
Note sur la maladie bleue. Température centrale (1) :
Par BonRfiVILLfi et d'OLIER.
Les exemples de malformation du coeur sont assez com-
muns et nous n'aurions pas publié le nôtre, s'il ne nous
fournissait l'occasion d'appeler l'attention sur un phénomène
clinique encore peu connu : la marche de la température
dans la maladie bleue.
Observation I. -- Anomalies du coruci : persistance du.
trou de Botal; communication intt')'1;enh'iculaire et ou-
ce1'fw'e de l'aorte dans les deux ventricules; rétrécis-
sement considérable de l'infundibulum pulmonaire du
ventricule droit.
l3ouu.... Georges, 4 ans, est entré, le 26 juin 1879, à Bi-
f;ctrc (service de M. Boun : OEYILLE).
Antécédents héréditaires. - Nuls du côté du père qui
ne présente ni alcoolisme, ni diathèses, ni névropathies.
Du côté de la mère, aucun antécédent névropathique direct;
elle aurait eu à plusieurs reprises des émotions vives pen-
sa grossesse et serait accouchée 3 semaines avant
terme. Un frère de 2 ans. intelligent, qui a marché à
11 mois et une soeur de 4 mois, bien portante.
Suivantsa mère, 13... ne présentait pas de cyanose au mo-.
ment de sa naissance ( ? ). - A 4 mois, il eut des convul-
sions tous les jours, pendant une huitaine de jours; elles
étaient surtout marquées du côté droit. - Puis, il y eut un
arrêt de 15 jours, et les convulsions reprirent ensuite à des
intervalles variables. La Ire dent a percé à 8 mois. - C'est
seulement à 2 ans que.B... a comencé à marcher seul.
Quant à la parole, il ne pouvait alors que prononcer la
(t) Cette note a été communiquée à la Société anatomique en 1880
et publiée dans le Progrès médical (1880, n, 9, p. 163.)
BOURN. 1
'2 MALADIE BLEUE.
syllabe « mam mam mam » qu'il répétait indéfiniment. Il;
n'a jamais su manger seul.
C'est seulement depuis l'âge de 18 mois que l'on a remar-
qué que l'enfant devenait bleu, comme il l'est aujourd'hui
au moment des accès; plus tard, la cyanose persista dans
les intervalles. Les accès étaient quelquefois si fréquents
qu'on en a compté jusqu'à 20 dans les 24 heures. Les plus
longues intermittences étaient de trois semaines. On n'a pas
remarqué d'étourdissements.
Cet enfant présentait, dès son entrée, une cyanose très-
prononcée des lèvres et de la face qui est pâle. Cette cya-
nose est plus marquée à certains moments et revient en
quelque sorte par accès. La langue est presque noire. Les
pieds et les mains sont violacés.
B... est très maigre; ses membres sont longs et grêles ;
les côtes sont saillantes, principalement les 3 ? 4e et 5e, au
niveau de leur attache sternale. Les testicules sont descen-
dus : la verge présente une malformation du prépuce qui
manque dans sa moitié inférieure, tandis qu'il est anorma-
lement développé dans sa moitié supérieure qui forme une
sorte de tablier. - Pas d'onanisme.
Ce malade ne parle pas, ne recconnaît pas ses parents et
ne manifeste de plaisir qu'à la vue des aliments ; il com-
mence seulement à saisir avec la main ce qu'on lui pré-
sente. Il est gâteux.
7 octobre. - L'enfant se tient difficilement sur les jam-
bes ; il est très oppressé dès qu'il fait quelques pas. L'aus-
cultation du coeur dénote un bruit de souffle rude au
premier temps et à la base. Il n'y a pas de frémissement.
C'est à peine si l'on voit battre la pointe du coeur. Pouls-
veineux bien marqué, à 140. Sommeil agité. L'enfant se
réveille quelquefois en criant. Traitement anti-scrofuleux;
exercer l'enfant à marcher.
. 22 novembre. - L'enfant est faible et très amaigri. Ce-
pendant il marche si on le tient par la main. Les extrémités
sont toujours cyanosées. Il tousse un peu. T. R. 37°,6.
30 déc. - B.... qui avait repris notablement, a beaucoup
maigri à cause des froids qui l'ont confiné à l'infirmerie, et
il s'est affaibli au point qu'on est obligé de le laisser couché
et de suspendre les exercices. T. R..37",4.
1880. 3 janvier. L'amaigrissement se prononce de plus
en plus. Les oreilles, les lèvres, la langue, les mains et les-
pieds sont fortement cyanosés. Il y a un érythème très pro-
noncé des bourses, des fesses, et des ulcérations au niveau
du sacrum et des trochanters. Les jambes ont une tendance'
TEMPÉRATURE CENTRALE. 3
à se placer dans la flexion ; l'enfant les remue d'ailleurs
aussi bien l'une que l'autre.
A l'auscultation, on trouve quelques râles fins en avant
au sommet droit : sous la clavicule gauche, le souffle car-
diaque couvre le bruit respiratoire; pas d'impulsion cardia-
que exagérée. En arrière, quelques râles sous-crépitants. Il
n'y a nulle part de matité. Toux grasse. - L'enfant mange
un peu, même de la viande; il ne vomit pas; garde-robes
normales. P. petit, régulier à 180; T. R. 38°,6. -Soir :
T. R. 38°,2.
4 janvier. - T. R. 38o,2. - Soir : T. R. 38°,8.
5 janvier. L'enfant décline de plus en plus. La peau
est légèrement chaude à la main. Les mains et les pieds sont
violacés sans être froids. Les lèvres et la face sont égale-
ment cyanosées. La respiration est très gênée. P. très petit,
à 128 ; T. R. 3G°,2. Soir : 3G°,8.
6 janvier. regard éteint; nystagmus à grandes oscilla-
tions. T. R. 3G°,4. Pas de convulsions, ni de contractures,
ni de paralysie. - Mort à midi.
Autopsie 40 heures après la mort. Cadavre extrême-
ment maigre. Ventre en bateau, nulle trace de rigidité ca-
davérique.
Cerveau. Poids 1030 L'artère communicante anté-
rieure est double. Les autres artères de la base sont normales
ainsi que le chiasma, les pédoncules, etc. L'hémisphère
droit pèse 40 gr. de plus que le gauche. (Les 2 hémisphères
étaient le siège de nombreuses altérations qui seront l'objet
d'une communication ultérieure.)
Intestin grêle normal. L'appendice ccecal est un peu plus
long que normalement (8 cent. 12). - La rate présente
plusieurs incisures ; poids, 42 gr. - Estomac, rien de par-
ticulier. Le foie présente à la face inférieure du loba droit,
près du bord postérieur, une scissure anormale limitant une
partie saillante. Il est très congestionné, la vésicule ne con-
tient pas de calculs. Poids, 460 gr. La veine porte est
très volumineuse.
Le thymus et le corps thy¡'o1'de ont leur volume normal.
Les reins se décortiquent facilement. Ils offrent à leur sur-
face plusieurs petites tumeurs d'un blanc jaunâtre présen-
tant à la coupe une forme conique. Poids, 50 gr.
Les poumons présentent tous deux, à la partie posté-
rieure du lobe inférieur, un foyer d'hépatisalion rouge assez
étendu.
Le péricarde ne contient pas de liquide. -- Le coeur est
il MALADIE BLEUE.
violacé. L'oreillette droite, très distendue, paraît ainsi que
le ventricule correspondant, beaucoup plus volumineuse
que les parties similaires gauches. L'oreillette droite étant
incisée parallèlement au sillon auriculo-ventriculaire, on
Xifl. f. - V. tr valvicie - V. dr. ventricule droit. .1. p p artère
pulmonuire. - B. 0)'illce itl/ëJ'ÙJUi'de ? t;fn(<iht<;muhi ! 0t)f<;) ? - 'f. trou
e Botal. - 0. der. oreillette droifc. - A. o. n''<o ? n«rft;.
TEMPÉRATURE CENTRALE.
constate sur la cloison inter-auriculaire, vers la partie an-
térieure de la fosse ovale, un orifice qui n'est autre que le
trou de Botal. Cet orifice peutadmettre une sonde de femme.
Sa direction est oblique, de droite à gauche et d'arrière en
avant, de manière que la lèvre postérieure de l'orifice
I)roéiiiiiie dans l'oreillette gauche et l'antérieure dans
l'oreillette droite
L'ouverture du ventricule droit y montre l'absence de
l'infundibulum de l'artère pulmonaire. Les parois de ce
ventricule sont épaisses de 10 à 12 millimètres vers la partie
moyenne, tandis que dans le ventricule gauche les parois,
Fig. c. - A. P artère pulnaonaire. - Br. g. la branche gauche . P. 9'. pa-
rois du ventricule droit incisées et écartées pour montrer le mode d'oblitération
de l'infundibulum.
6 MALADIE BLEUE.
mesurées au même niveau, n'ont guère plus de 5 à 6 milli-
mètres d'épaisseur (1).
Le septum cardiaque est incomplet IFig. 1). Vers la base
des ventricules, il présente une légère échancrure arrondie
et lisse au niveau de laquelle les deux cavités ventriculaires
communiquent. L'aorte, légèrement dilatée à son origine,
prend naissance directement au-dessus de l'espèce d'éperon
ainsi formé par la cloison, de sorte qu'elle s'ouvre à la fois
dans les deux ventricules. La circonférence de son orifice
est de 44 millimètres. Les valvules sigmoïdes aortiques pré-
sentent leur forme et leur nombre normaux et sont épaissies
au niveau de leur bord libre. Des altérations analogues,
mais encore plus marquées, existent sur le bord libre et la
face supérieure des trois valves de la tricuspide.
L'arfère pulmonaire est notablement rétrécie ainsi que
son orifice, qui présente seulement 35 millimètres de cir-
conférence, et est pourvu de 3 valvules sigmoïdes. Sur la
face inférieure de la valvule sigmoïde droite, s'insère un pe-
tit pilier charnu qui va se rattacher à la paroi ventricu-
laire (Fig. 2). Si on fend la paroi du ventricule droit en
suivant la direction du tronc artériel, on voit que celui-ci'
aboutit à un véritable cul-de-sac, en forme d'entonnoir, ne
communiquant avec la cavité vcntriculaire que par 3 ou 4
orifices étroits, situés entre les colonnes charnues de la pa-
roi antérieure. Ajoutons qu'à un centimètre environ au-
dessus de son orifice, l'artère pulmonaire se partage en
3 branches, deux à gauche et une à droite; cette dernière
passe au devant de la crcsse aortique.
Sur le bord droit du tronc pulmonaire, au niveau de sa
bifurcation ,se détache un petit cordon arrondi qui va s'amin-
cissant de plus en plus et représente vraisemblablement le
canal artériel, bien que sa dissection n'ai pu être pour-
suivie jusqu'à l'aorte. Au niveau de son insertion sur l'ar-
tère pulmonaire, on trouve dans la cavité du vaisseau un
orifice très petit qui peut encore admettre la pointe d'une
épingle, dans une étendue de 3 à 4 millimètres.
Dans le ventricule gauche, la valvule mitrale présente
sa disposition normale, mais ses bords et sa face supérieure
(1) D'après Rilliet et Darthez {Maladies des enfants, 1861, I, p. 56)
la mesure des parois ventriculaires, chez les enfants de 4 ans, don-
nerait comme moyenne pour l'épaisseur maximum : Ventricule droit
2 millimètres; ventricule gauche 7-9 millimètres. - Chez l'adnlte, la
moyenne de l'épaisseur de la paroi ventriculaire, mesurée près de la
base, serait 6 millimètres. (Dubrueil. Anomalies artérielles, p. 23.)
TEMPÉRATURE CENTRALE. à
sont épaissis et comme bourgeonnants par places. La cir-
conférence de l'orifice mitral est de 54 mill. Celle de l'ori-
fice auriculo-ventriculaire droit de 57 mill. (1). On aperçoit
facilement, en relevant la valve droite de la mitrale,
l'échancrure du septum qui fait communiquer les deux
ventricules. '
La crosse de l'aorte donne directement naissance, par
sa convexité, aux deux carotides primitives et aux deux
sous-clavières. Il n'y a pas de tronc brachio-céphalique.
Réflexions. Cette observation nous a paru intéres-
sante à divers titres. Les anomalies cardiaques que nous
avons décrites constituent tout d'abord un fait extrêmement
rare. Nous n'avons trouvé dans les auteurs qu'une ving-
taine de faits se rapprochant du nôtre, et encore n'est-ce
pas sans do sensibles différences, car on sait quelle infi-
nie variété présentent les malformations du coeur et des
gros vaisseaux de la base.
La disposition de l'aorte prenant naissance dans les deux
ventricules par suite d'un arrêt de développement de la
cloison, n'est pas un fait rare, et on le trouve relaté dans
un assez grand nombre de cas de cyanose. La persistance
du trou de Botal, normal ou rétréci, est peut-être encore
plus commune : la sténose de l'artère pulmonaire est plus
rare et cette anomalie coïncide presque toujours avec la
persistance du canal artériel. Enfin, c'est seulement dans
trois ou quatre cas qu'on a observé le rétrécissement de
l'orifice ventriculaire de l'infundibulum pulmonaire, dis-
position dans laquelle le cloisonnement du ventricule droit
constitue une cavité nouvelle, une sorte de ventricule sur-
numéraire (2).
Le mode d'oblitération de l'infundibulum pulmonaire
tel que nous l'avons décrit dans l'observation précédente,
nous paraît être un cas unique. Nous réunissons ici, comme
point de comparaison, les divers cas analogues que nous
avons trouvés dans les auteurs.
(1) Les chiffres donnés par lxilliet et 13artliez (loc. cit.) pour ces
orifices sont : Orifice auriculo-vent. droit 7 cent.
Orifice auriculo-vent, gauche.... G
Orifice aortique si
Orifice pulmonaire 4 ,1.7
(2) Cruveilhier. Anal, pat., II, 498. .
8 MALADIE BLEUE.
Comme le fait remarquer Cruveilhier (1) « le rétrécis- :
sement de l'orifice ventriculo-pulmonaire peut avoir lieu
dans divers points : 1° à l'origine même de l'artère pulmo-
naire ; 2° à la base de l'infundibulum ; 3° dans toute la
longueur de l'infundibulum ; 4° l'oblitération peut être
complète. »
Ajoutons que. dans une observation, l'artère pulmonaire
a été trouvée normale (2), et dans une autre, dilatée (3).
Nous énumérerons d'après cette division les diverses ob-
servations que nous allons citer, ne nous occupant natu-
rellement ici, que des cas où une de ces altérations de
l'orifice pulmonaire coïncide avec les autres anomalies re-
latées dans notre observation.
I. - Rétrécissements de l'artère pulmonaire
ou de son orifice.
Olis. 11 Cas cie Holst (de Christiania) (4). Aorte et artère
pulmonaire retrécies et naissant du ventricule droit ; com-
munication des deux ventricuies et des deux oreillettes.
Cas. III. Cas de Stenson (5). Rétrécissement de l'artère
pulmonaire avec, absence du canal artériel. Perforation
de la cloison interventriculaire et aorte naissant des deux
ventricules.
OBs. IV. Cas de Cailliot (G). Artère pulmonaire très ré-
trécie. - Aorte provenant des deux ventricules et présen-
tant une inversion des branches de la crosse. Oreillette
droite très développée, ventricule droit volumineux.
OBS. V. Cas d'Obet (7). Artère pulmonaire rétrécie. Canal
artériel offrant encore une petite ouverture. Aorte d'un
diamètre considérable provenant des deux ventricules et
offrant une transposition des branches de la crosse. La cloi-
son est perforée à sa partie supérieure. L'oreillette droite
est très développée ; la gauche très rétrécie.
(1) Cruveühier, loc. cit.
(2) Obs. de Sandifort. (Franck. - Pat. int., IV, 403).
(3) Obs. de Cooper, ibid.
(i) Comp. de Médecine, II, 600.
(5) Franck. Pathologie interne, IV, 403.
(ci Franck. - Pathologie interne, p. 401. ! 7) Franck. Pathologie interne, p. 404.
MALADIE BLEUE. 9
Cas. VI. (Hogdson) (1). Rétrécissement de l'artère pul-
monaire qui ne présente que deux valvules. Cloison inter-
ventriculaire perforée à sa base ; l'aorte très développée
naît des deux ventricules. Oreillette droite volumineuse,
la gauche rétrécie.
Ons. VII. (Cooper) (2,. Rétrécissement de l'artère pulmo-
naire avec oblitération du canal artériel. Perforation de la
cloison interventriculaire et aorte naissant des deux ven-
tricules.
Cas. VIII. (Haase) (3). Artère pulmonaire très rétrécie,
valvules adhérentes, trou de Botal largement ouvert ; aorte
naissant des deux ventricules, mais plutôt du droit.
Wus. IX (Farre) (4). Artère pulmonaire rétrécie, aorte
volumineuse naissant des deux ventricules. Ventricules très
développés surtout le droit.
Oiis. X. (Sandifort) (5). Orifice de l'artère pulmonaire ne
laissant passer qu'un stylet très fin et muni seulement de
deux valvules très petites, presque adhérentes entre elles.
L'artère pulmonaire est rétrécie jusqu'à la bifurcation.
Communication des deux oreillettes par un orifice admet-
tant un fort stylet; à la partie supérieure de la cloison
intervenlriculaire, échancrure capable de laisser pénétrer
le bout du doigt. Aorte située comme à cheval sur cette
échancrure. Ventricule droit plus épais que le gauche.
Oiss. XI. (Cailliot) (6). Enfant de 11 ans, rétrécissement
de l'artère pulmonaire et de son orifice qui ne présente
que deux valvules. Canal artériel oblitéré. Persistance du
trou do Botal (9 mm. de diam.), ouverture de la cloison
interventriculaire pouvant admettre le doigt, faisant com-
muniquer le ventricule droit avec le gauche et avec l'ori-
gine de l'aorte.
Oms. XII. (Cailliot) (7). Enfant de 3 ans. Rétrécissement
de l'orifice pulmonaire qui ne pouvait admettre qu'un sty-
(1) Franck. - Pathologie intel'11e, p. 404.
(2; Franck. Pathologie interne, p. 405.
(3) Franck, - Pathologie inlerne, p. 405.
(4) Franck. Pa<o ! og ! e interne, IV, 405.
(5) Cruveilhicr. - Anatomie pathologique ? 496.
(6) Bouillaud. - Maladies du coeu ? I. p. 676.
(7) Iiouillaud. maladies du coeu¡', p. 677.
10 MALADIE BLEUE.
let. Canal artériel oblitéré. Trou de Botal admettant une
sonde de femme; à la base de la cloison interventriculaire,
large ouverture faisant communiquer les deux ventricules
entre eux et avec l'aorte. Dilatation considérable de l'oreil-
lette droite. Ventricule droit hypertrophié.
IL-Rétrécissements de l'orifice ventriculo-pulmonaire
à la base de l'infundibulum.
Ons. XIII. (Lawrence) (1). Artère pulmonaire normale
naissant d'une espèce de troisième cavité. Aorte prove-
nant des deux ventricules.
Ocs. XIV. (Cruveilhier) (2). La base de l'infundibulum,
à 13 millimètres de l'origine de l'artère pulmonaire, pré-
sentait un pertuis capable de laisser passer seulement une
plume de corbeau. Entre ce pertuis et l'orifice de l'artère
pulmonaire, l'infundibulum constituait une sorte de pe-
tite poche ou de ventricule surnuméraire, de 2 cc ntimè-
tres de diamètre^ L'artère pulmonaire, ne présentant que
deux valvules, était d'ailleurs saine. Pas de canal artériel.
Cas. XV. (Rey) (3). Fille de 9 ans. L'artère pulmonaire,
née du ventricule droit, est très déviée à gauche et pres-
que complètement oblitérée au niveau de son embouchure
avec le ventricule. Les valvules sigmoïdes qui sont placées
au-dessus de ce rétrécissement sont tassées les unes sur
les autres. Pas de canal artériel ni de persistance du trou
de Botal. La cloison interventriculaire présente, à sa partie
supérieure, une ouverture ovalaire admettant l'extrémité
du doigt annulaire et faisant communiquer les deux ven-
tricules.
L'aorte naît de la région antéro-supérieurc du ventricule
droit. Le tronc brachio-céphalique est placé à ,gauche.-
Le ventricule droit présente des parois hypertrophiées me-
surant à la base 9 mill. d'épaisseur.
III. Rétrécissements de l'orifice oenlriculo-pulmonairc
occupant toute l'étendue de l'infundibulum.
Oas. XVI. (Ribes) (4). Enfantde G ans. Le ventricule droit,
(1) Franck. - Pathologie interne, IV. p 405.
(2) Cruveilhier. Analomie pathologique, I. 4115.
(3) Dubrueil. - Anomalies artérielles, 1817, p. 22.
(4) Houel. Catalogue des pièces du musée Dupuylren. Tome IV,
p. 14.
MALADIE BLEUE. 11
hypertrophié et plus volumineux que le gauche, est subdivisé
en 2 moitiés par une cloison formée par un double pilier de la
valvule tricuspide.En avant età gauche, ce ventricule donne
naissanceà l'aorte;-à à 2 cent. de l'originede l'aorte, existe une
petite ouverture de 0,005 mill.de diam.qui conduit. après un
trajet d'environ 3 centim. dans l'artère pulmonaire. Celle-ci,
quatre fois plus volumineuse que le conduit qui lui donne
naissance, est garnieà son origine de deux valvules sigmoïdes.
Entre l'origine de l'artère pulmonaire et de l'aorte,onteouve
une ouverture d'un cent. et demi de diamètre faisant com-
muniquer les deux ventricules.-Le trou de Botalnon obli-
téré représente une fente de 0,01 cent.de longueur. - Oreil-
lette droite très dilatée. - Ventricule gauche petit.
Orls. XVII. (Palois) (1). Enfant de ans.
Artère pulmonaire beaucoup plus petite qu'à l'état normal.
A la base du ventricule droit, large ouverture duc à une échan-
crure du septum faisant communiquer les deux ventricules et
conduisant dans l'aorte qui est volumineuse à son origine. Un
peu au-dessus et àgauche;seconde ouverture beaucoup plus
petite, à lèvres calleuses, conduisant dans l'artère pulmo-
naire qui présente seulement deux valvules.
Valvule tricuspideépaissie et comme calleuse au bord libre.
Communication des deux oreillettes en plusieurs points de la
fosse ovale. - Oreillette droite très distendue, oreillette
gauche petite.
IV. Oblitération complète de l'orifice rezlriculo-
pulmonaire.
Oss. XVIII. (Lediberder) (2).Coeur carré sans hypertrophie
des parois.-Cloison interventriculaire terminée en hautpar
un bord concave.de sorte qu'à la partie supérieure les deux
ventricules ne forment qu'une seule cavité du miiieu de la-
quelle s'élève l'aorte garnie de ses valvules et plus volumi-
neuse qu'à l'état normal. En avant, l'artère pulmonaire pré-
sente un calibre moitié moindre que celui de l'aorte. Elle se
termine, du côté du ventricule droit,par un cul-de-sac qui in-
tercepte toute communication avec la cavité de ce ventricule.
L'artère pulmonaire communique avec l'aorte par un
orifice qui remplace le canal artériel.
(1) Bouillaud. .Mal. du coeur, Tom. II, p. 672.
(2) Cruveilhier. - Anal, path., Tom. II, p. 496.
12 2 MALADIE BLEUE.
Les observations XIII, XIV. XV,X ? et XVII sont, comme
on le voit, celles qui se rapprochent le plus de la nôtre au
point de vue de la disposition de l'orifice ventriculo-pulmo-
naire. Nous ne reviendrons pas sur les autres lésions que nous
avons décrites. Ajoutons, cependant, que notre cas confirme
l'opinion de Cruveilhier, d'après lequel la communication
interventriculaire et le rétrécissement de l'orifice pulmonaire
seraient les deux anomalies coïncidant le plus fréquem-
ment (1).
Il semble bien y avoir un rapport de cause à effet dans la
disposition respective de ces orifices car, ainsi que l'a dit
Dubrueil (2), « une anomalie, une déviation en entraîne une
» autre et nous retrouvons une sorte de nécessité de rapport
» harmonique là où tout, au premier aspect, parait confusion
» et désordre. »
Températui e.-Nousprésenterons,à propos de la sympto-
matologie, quelques observations relatives à la marche de la
température chez les cyanotiques.On sait qu'on netrouve sur
ce point, dans les auteurs, que des indications vagues et
très incomplètes,
Cailliot, le premier(1807),nota la diminution de la chaleur
vitale et la sensibilité au froid comme des symptômes fré-
luents de la cyanose.Plustard,Gintrac et Laënnec confirmè-
rent cette opinion. Louis dit n'avoir observé le refroidisse-
ment que quatre fois sur sept, et encore n'aurait-il eu lieu que
pendant les accès de suffocation (3). A cette époque (1837) où
l'on considérait encore le poumon comme le foyer de la cha-
leur animale, il l'attribua ainsi que les auteurs du Compen-
dium à la gêne apportée aux fonctions pulmonaires par le
ralentissement de la circulation.
Ilolst aurait vu le côté gauche se refroidir d'une manière
plus sensible que le côté droit et les pulsations des artères
du bras gauche disparaître jusqu'au coude (4). Franck men-
tionne (5) « un sentiment continuel de froid appréciable au
toucher ».
(1) Cruveilhier, loc. cil.
(2) Anomalies artérielles, p. 3G.
(3) Comp. de Méd., II, 603.
(4) 7d.,II,60t. î.
(5) Path., int., 18,57, IV, p. 402.
TEMPERATURE CENTRALE. 13
D'après M. Bouchut (1), la température serait abaissée à
33 et 35° centigrades. CependantH. Gintrac (2)cite. d'après les
expériences de rarre,des températures de 36°,5 dans la paume
de la main et de 38° sous la langue, sans qu'il soit fait men-'
tion de maladie intercurrente. Il semble donc qu'il y ait
lassez grandes variations mai-
viduelles. Nous allons néan-
moins présenter le résumé de
quatre observations dans les-
quelles la marche de la tempé-
rature a offert quelques parti-
cularités intéressantes.
Observation XIX. (Bourne-
ville.) Treff., Marie, présente
dès le lendemain de sa naissance
une cyanose des pieds et des
mains presque continuelle, mais
plus marquée à certains mo-
ments où les lèvres, le pourtour
des narines deviennent viola-
cés. Les bruits du coeur sont à
peine perceptibles et on ne cons-
tate pas de souffle. Le 25 avril
(un mois après la naissance), la
faceprésente une cyanose persis-
tante : les mains et les pieds
sont bleuâtres. Le 27, la langue
est également cyanosée. Pouls
petit, difficile à compter. On ne
perçoit toujours aucun bruit
anormal au coeur. Le lende-
main, les pieds sont presque
noirs et froids ainsi que les
mains. Erythème à la face interne des cuisses, grand amai-
grissement. Pouls radial presque imperceptible. La respi-
ration très irrégulière présente, par moments, le type dit de
Cheyne Stokes. Plusieurs accès de cyanose se produisent
encore dans la journée. Mort le soir. L'autopsie montra une
persistance du trou de Botal et du canal artériel. -
(1) Mal. des nouueau-nés, p. 403.
() Diction, de mécl. et de chir. ])1'[11. Tom. X, p. 626...
Fig 3.
14 MALADIE BLEUE.
Les températures rectales prises le jour de la mort ont été :
le matin 32-, 4 ; le soir 31°.
Observation XX. (Bourneville.) X... nouveau-né (fille),
cyanose très marquée dès le lendemain de la naissance.
Mort dans la journée. (L'autopsie n'a pas été faite.) T. R.
32°,5. - Soir : T. R. 27°, 9 (la température de la salle étant
` ? 5° , 5' . i
3,0;.
Observation XXI. (Bourneville.) Lecap..., enfant du sexe*
masculin né à six mois et demi le 12 mai 1871. Poids :
1400 grammes. Début des accès de cyanose le lendemain
de la naissance. - Le 16 mai, le pouls est à 92, régulier et
sans intermittences. Les accès de -cyanose bien que plus
courts sont de plus en plus fréquents. Mort à 1 heure de
l'après-midi. - L'autopsie montre une persistance du trou
de Botal.Pas de persistance du canal artériel. La marche de
la température est indiquée par le tableau suivant (Fig. 3).
Cas. XXII. (Bourneville). Vach... Mathilde, née le 7 mai
1871. Cyanose des mains très marquée au niveau des ongles
dès le jour de la naissance. Les jours suivants, plusieurs
crises de cyanose durant lesquelles la peau des narines et
des lèvres devient bleuâtre. Le 11, cyanose persistante des
mains et des pieds. Le pouls très petit est impossible à comp-
ter à la radiale; au coeur, 132. On ne constate ni frémisse-
ment cataire ni souffle.
12 mai. Le pouls radial devient perceptible, 120. Pas de-
nouvel accès depuis hier soir. Les mains ne sont plus cya-
nosées. L'enfant tette beaucoup mieux que les premiers
jours.
13 mai. Pas de nouveaux accès. Très légère cyanose des
extrémités.
14 mai. Les mains présentent, à certains moments, une
teinte légèrement bleuâtre.
15 mai. Etat excellent. L'enfant tette très hien.
16 mai. On n'observe plus qu'une légère teinte cyanique
des mains quand elles restent exposées à l'air. (Fig. 4.)
19 mai et jours suivants. Tous les accidents ont disparu.
La température est devenue normale. On ne voit plus nulle
part aucune trace de cyanose. L'enfant tette hien, et tout
fait présumer qu'il n'existe plus de communications vascu-
laires anormales.
Ces diverses observations, ainsi que l'observation I, con-
firment, comme on le voit, la règle généralement admise
de l'abaissement de température dans la cyanose.
TEMPÉRATURE CENTRALE. 15
Mais il ressort en outre de ces observations, que la mar-
che de la température indique, jusqu'à un certain point,
celle des lésions cardiaques. C'est ainsi que dans les quatre
cas qui se sont terminés par la mort du sujet (obs. I, XIX,
XX, XXI), la température s'est progressivement abaissée
jusqu'à la mort. L'élévation thermique finale de l'obs. I ne
constitue qu'une exception apparente, car elle est due vrai-
semblablement aux lésions considérables de l'encéphale,
qu'aucun autre symptôme n'avait révélées pendant la vie.
Les observations XIX, XX, et XXI offrent des températures
ultimes inférieures, dans la première de 7°, dans la se-
conde de 10°, et dans la troisième de 8", à la température
normale.
L'observation malheureusement unique de terminaison
heureuse que nous avons rapportée plus haut (Obs. XXII)
paraît, d'autre part, nous autoriser à penser que : dans les
cas où les anomalies cardiaques produisant la cyanose,
marchent vers la guérison, la courbe thermique.corres-
pondante, éprouve peu à peu une sorte de redressement,
jusqu'à ce que la température devienne enfin tout fait t
normale. Ce n'est là, d'ailleurs, qu'une hypothèse dont la
discussion doit attendre de nouvelles observations (1).
(1) Nous avons recueilli ces observations à la Pitié, en 1871, dans le
service de 111, \Iolland. Quelques autres sont restées entre les mains
de notre maître et malheureusement nous n'avons pu nous les procu-
rer. (B.)
Fig. 4.
~ JI.
Note sur un cas de crétinisme avec myxoedème
(Cachexie pachydermique);
Par Bourneville et d'OLiER.
Les récentes publications de M. I-Iadden et ha M. Ballet
qui viennent de mettre à l'ordre du jour l'étude de la
cachexie pachydermique ou myxerdème, nous enga-
gent à présenter, dès maintenant, l'observation suivante
que nous détachons d'une note en préparation relative il
trois cas de crétinisme.
roi- Cette observation parait apporter dans la discussion
quelques faits nouveaux : le sujet est beaucoup plus jeune
que ceux des observations rapportées jusqu'ici ; l'état de
sa peau diffère un peu des descriptions qui ont été faites.
Enfin, le myxoedème ne se présente pas ici comme une
maladie autonome se développant et évoluant avec un
cortège symptomatique spécial chez un individu jusque-
là bien portant; il apparaît comme complication d'un état
préexistant : le crétinisme ; il semble en quelque sorte
remplacer le goitre absent. Ajoutons que le sujet appar-
tient au sexe masculin ce qui constitue encore une excep-
tion à la règle générale.
Les troubles de calorification, l'état des membres, de
la face, de l'intelligence, de la parole se rapportent d'ail-
leurs assez exactement aux descriptions précitées.
Deux autres crétineux de 20 et 21 ans qui se trouvent
actuellement à Bicêtre présentent, quoique à un degré
beaucoup moindre, un état analogue de certaines régions
CACHEXIE PACHYDERMIQUE. 17
de la peau et en particulier des paupières. Nous aurons
bientôt l'occasion de revenir sur ces observations.
Oss. I. - Idiotie et crétinisme.- Arrêt de développe-
ment. - Etat oedémateux et rénitent de la peau (ca-
chexie pachydermique) avec tumeurs myxomateuses
disséminées.
Thén..., Eugène, 19 ans, placé à plusieurs reprises par sa
mère à l'infirmerie des idiots de Bicêtre, est entré en
dernier lieu dans notre service le 16 juin 1879.
Cet enfant, difforme et très mal développé, présente en-
core, malgré son âge, l'habitude extérieure d'un enfant de
deux ans.
Sa taille n'est que de 90 centimètres ; son poids n'atteint
pas 20 kilog. L'histoire de cc malade peut être résumée de
la manière suivante.
Antécédents. On ne trouve dans les ascendants aucune
trace de névropathies ; pas d'aliénés, d'épileptiques, d'idiots,
de suicides, etc. Le père et le grand-père paternel seuls sont
morts d'apoplexie.
Pas de consanguinité; le père est né à Paris : la mère est
de Courancelle (Meuse). Elle ne porte aucune trace de goitre
et il ne paraît pas que le goitre ni le crétinisme soient endé ?
miques dans le pays. Un frère du malade est mort à l'âge
de 15 mois en nourrice, mais sans avoir eu de convulsions ;
une soeur, actuellement âgée de 18 ans, est bien développée,
intelligente et ne présente aucun accident nerveux.
Notre malade est né à terme. La mère n'indique pas
qu'aucun accident lui soit arrivé pendant sa grossesse : elle
était seulement triste parce qu'elle n'était pas encore mariée
à cette époque ; il n'y aurait jamais eu de scènes violentes
et elle n'aurait pas vu de crétins pendant qu'elle était en-
ceinte.
L'enfant était très-gros au moment de sa naissance. Il fut
confié jusqu'à un an à une nourrice de Rambouillet, qui
l'éleva dans des conditions hygiéniques déplorables (loge-
ment humide, etc.), et la mère soupçonne qu'il aurait eu
quelques convulsions. - Quoiqu'il en soit, elle le reprit chez
elle et, vers 15 mois, il commença à marcher ; il ressemblait
alors à tous les enfants de son il était affectueux, don-
nait quelques signes d'intelligence et prononçait un petit
nombre de mots. C'est à cette époque qu'il aurait fait une
chute dans un escalier et depuis lors, au dire de la mère,
il aurait complètement changé. Deux ans après cet acci-
BOURN. 2
18 IDIOTIE.
dent, il pouvait encore marcher convenablement et accom
pagnait sa mère dehors; aucune nouvelle attaque de con-
vulsions n'était survenue; néanmoins la parole n'avait fait
aucun progrès. C'est dans ces conditions que l'enfant lut
amené pour la première fois à Bicêtre où il fit un séjour d'un
mois (juillet-août 1865). La mère ne voulut pas le laisser da-
vantage, parce que, dit-elle, il s'ennuyait et que d'ailleurs,
il était devenu gâteux depuis son entrée. Il marchait aussi
moins bien, mais était toujours très affectueux. - La den-
tition se fit lentement. Elle n'était pas complète à 7 ans. En
1871, sa soeur lui fit par imprudence de fortes brûlures à la
figure et aux mains. Il fut alors ramené à Bicêtre, d'où il
ne sortit qu'en octobre 1878 poury rentrer l'année suivante,
comme il a été dit plus haut.
Cet enfant, qui estnéà Neuilly-sur-Seinè, n'a jamais quitté
Paris depuis qu'il est revenu de nourrice. Cette dernière n'é-
tait pas atteinte de goitre.
Etat actuel (1880). L'enfant reste pendant tout le jour
assis devant une table dans un état d'inertie et d'obtusion
intellectuelle complètes. Sa position habituelle à l'extrémité
de la table qu'il a l'air de présider, son regard indifférent
et son extrême apathie lui ont fait donner par les employés
et les malades le sobriquet de Pacha, sous lequel il est connu
dans la maison.
La tôle est volumineuse et irrégulière et sa forme rappelle
grossièrement celle d'un pain de sucre. L'occipital forme en
arrière une saillie notable du côté gauche ; en avant, on note
au contraire un développement plus considérable de la bosse
frontale droite. Vu d'en haut, le crâne présente ainsi une pla-
1 ! iocéphalie assez marquée. La partie postérieure du crâne est
très développée. Les sutures fronto-pariétales sont saillantes
et les dépressions sus-sourcilières très prononcées. Le cuir
chevelu est atteint d'une calvitie presque complète et pré-
sente sur toute son étendue une desquamation analogue à
celle du pityriasis capitis. Les cheveux sont courts, volu-
mineux, secs, presque noirs ; ce sont des cheveux d'adulte
et leur rareté contraste tristement avec la physionomie en-
fantine du malade.
Le visage est hideux; le front et la racine du nez sont
couverts de rides,les sillons naso-labiaux sont très accusés,
le nez est camard, très déprimé à sa racine comme chez la
plupart des petits enfants; sur toute l'étendue de la face, la
peau est mate, d'une couleur blanc jaunâtre et bouffie ; cette
bouffissure, surtout marquée au niveau des joues qui sont
pendantes, des lèvres et des paupières, contribue à accuser
es rides et donne à la physionomie un air vieillot, contras-
,'CACHEXIE PACHYDERMIQUE. 19
tant encore avec l'apparence fine et cireuse de la peau qu i
est absolument glabre ; les sourcils sont à peine marqués
et les cils rares ; les yeux restent constamment à demi-fer-
més et les paupières sont collées chaque matin par suite
d'une blépharite ciliaire double. - Ajoutons, pour termi-
ner ce portrait, qu'il existe sous le menton une vaste cica-
trice de brûlure s'étendant d'une oreille à l'autre, à la ma-
nière d'une jugulaire; la surface de cette cicatrice qui
présente une couleur violacée, est parsemée de brides dont
quelques-unes, insérées au niveau du pli mento-labial, pro-
duisent le renversement de la lèvre inférieure, l'écoulement
presque continuel de la salive et achèvent ainsi de donner
à la physionomie l'air bestial qui la caractérise. L'enfant
peut néanmoins fermer la bouche quand il le veut, mais un
effort paraît nécessaire pour cela et il ne ne le fait guère
qu'au moment de la déglutition. Pendant la mastication, la
lèvre inférieure reste pendante et laisse s'écouler au dehors
une partie de la salive et des aliments. Les dents sont pour
la plupart cariées et usées jusqu'au niveau des gencives; en
haut, les deux incisives médianes de lait persistent en avant
des dents définitives correspondantes. Il ne paraît pas exis-
ter d'asymétrie de la voûte palatine ni de malformation du
voile du palais. Les oreilles sont régulièrement ourlées, sy-
métriques et offrent un lobule bien développé; elles s'é-
cartent fortement de la tête en arrière.
La bouffissure de la face mentionnée ci-dessus ne parait
pas avoir existé toujours au même degré; il semble y avoir
eu un temps, d'après les renseignements fournis par la
mère, où la physionomie de l'enfant reflétait assez exacte-
ment ses sentiments : aujourd'hui, la face bouffie paraît
avoir perdu beaucoup de samobilité et les rares phrases qui
sont comprises n'excitent aucun jeu de physionomie; la joie
s'exprime par un sourire grossier et disgracieux. La dou-
leur et souvent une légère contrariété suffisent à provoquer
des larmes et des cris. La parole estréduiteà quelques mo-
nosyllabes : ajour pour bonjour, teau pour gâteau, ci pour
merci, et quelques autres. La voix est enrouée, nasillarde.
la prononciation confuse et ce n'est ordinairement qu'en
pressant l'enfant de questions ou en lui présentant le bonbon
attendu qu'on obtient une réponse lente à venir et comme
traînée.
L'habitus général du tronc et des membres est assez remar-
quable.0utre le défaut de taille déjà signalé, on remarque une
extrême brièveté du cou qui est en môme temps très élargi.
mais ne porte aucune trace de tumeur thyroïdienne. On sent
distinctement le larynx sur la ligne médiane, en plaçant la
20 IDIOTIE.
tête dans l'extension et en déprimant fortement les tégu-
ments, notablement épaissis il ce niveau. Tout au plus peut-
on sentir, sur le côté droit du cartilage thyroïde, quelques
nodules roulant sous le doigt et 'appartenant peut-être au
corps thyroïde.
La tête est légèrement fléchie sur le thorax. Sur toute
l'étendue du tronc, la peau est fine, d'un blanc mat, assez ré-
sistante sous le doigt, comme infiltrée et parait recouvrir
une épaisse couche de tissu cellulaire lâche ; au-devant du
thorax, elle est sillonnée de petites veines et de nombreux
capillaires. Ainsi que le faisait récemment remarquer
M. Iladdon, la transpiration est insensible et l'excrétion de
la matière sébacée paraît complètement suspendue.
Au niveau des régions sus-claviculaires. au-dessous des
aisselles et en divers points du thorax, on la trouve soulevée
par des tumeurs molles, tremhlotantes,d'apparence myxoe-
démateusc. Ailleurs, elle est tendue, résistante sous le doigt
et comme bouffie do graisse. On ne constate pas à la main
d'abaissement notable de la température. Le thermomètre
appliqué sur le devant de la poitrine, puis sur une des tu-
meurs cervicales a marqué successivement 35°, 6 et 36°, 2,
la température extérieure étant de 25°.
La température rectale, prise matin et soir pendant 8 jours
consécutifs, est restée invariablement à 37°, 2 le soir. Il pa-
raît donc exister un léger abaissement de la température cen
traie. Le ventre est volumineux.
Les membres sont gros, courts, empâtés, et la peau y pré-
sente les mêmes caractères que sur le tronc; toutefois, on y
observe un abaissement de température, sensible même
à la main; le thermomètre appliqué sur la face externe des
bras marque à droite 33°,8. à gauche 34°,1.
La main droite est déformée par une brûlure dont la ci-
catrice a produit la rétraction des trois derniers doigts.
La préhension est possible avec le pouce et l'index dont
le malade se sert encore assez adroitement pour saisir les
pièces de monnaie ou les bonbons qu'on lui présente. Sur
le dps de cette main, la peau, comme oedémateuse, forme une
pelote épaisse, mais ce gonflement résiste sous le doigt et
ne disparaît pas par la pression. La main gauche offre un
état analogue, bien qu'à un degré moins marqué.
Aux membres inférieurs, la bouffissure est surtout pro-
noncée aux jambes et aux pieds dont la peau est plus ou
moins cyanosée. Les deux membres sont de longueur égale.
La voûte plantaire est à peine marquée ; la marche est dif-
ficile, lourde, mais cependant possible lorsque l'enfant est
tenu parla main.
CACHEXIE PACHYDERMIQUE. 21
Il est intéressant de remarquer ici qu'il a fait à cet égard
de réels progrès depuis le mois d'octobre : tandis qu'il avait
alors beaucoup de peine à exécuter quelques pas, que. pour
cela, il restait confiné au lit une grande partie de la jour-
née, il parvient aujourd'hui, après avoir été exercé pendant
huit mois, à faire chaque jour le tour de la salle, à marcher
presque sans aide. Il peut également se ;tenir debout du-
rant un temps assez long en s'appuyant aux barreaux d'une
chaise ou d'un lit.
Les organes génitaux ne présentent pas de vice de con-
formation, mais un arrêt de développement complet ; la
peau y est épaisse et oedémateuse, comme dans les autres
régions ; les deux testicules sont dans les bourses et ont à
peine le volume d'une noisette. - Pas d'onanisme.
L'urine examinée à plusieurs reprises et avec soin par
M. Barré, interne en pharmacie du service, est claire, citrine
et ne contient ni albumine ni glycose. L'enfant est
grand gâteux et la difficulté où l'on se trouve de recueillir
isolément la quantité d'urine rendue dans les vingt-quatre
heures, n'a pas permis de doser l'urée éliminée de ce côté.
Sur le tronc et les membres, la peau est absolument gla-
bre, même aux aisselles et au pubis, bien que le malade soit
entré dans sa vingtième année. D'après les renseignements
recueillis dans le service, elle était l'année dernière le siège
d'une desquamation continuelle, analogue à celle qui per-
siste encore sur le cuir chevelu : cette desquamation, sur-
tout marquée aux membres, au tronc et à la face était
furfuracée. Elle a disparu sous l'influence de soins hygie-
niques mieux entendus et des bains salés, administrés deux
fois par semaine depuis octobre 1879.
La sensibilité générale est conservée et paraît un peu
émoussée; le chatouillement n'est généralement pas perçu.
La sensibilité aufroid est très marquée. Quantaux sensibi-
lités spéciales, la vue et l'ouïe paraissent égales ciels deux
côtés. Le goût semble intact : Thén... ne mange pas d'or-
dures et écarte les saletés qu'il rencontre dans son assiette.
Il mangc sa soupe seul, avec une cuiller qu'il tient de la
main gauche et les autres aliments avec ses doigts. Il boit
également seul en tenant le gobelet avec ses deux mains.
Rien de particulier à signaler du côté de l'appareil .11
gestif. Il n'existe ni vomissements après les repas, ni consti-
pation exagérée. Une chute du rectum, qui s'est produite il y
a quelques mois, a pu être réduite et maintenue par des cau-
térisations appropriées.
Nous avons déjà indiqué, chemin faisant, l'état de l'in-
telligence ; notons encore que Th .. reconnaît sa mère, sa
, '"2t -) CACHEXIE PACHYDERMIQUE.
soeur et les diverses personnes du service; parfois sa phy-
sionomie semble s'éveiller un moment à la vue de la nour-
riture ou des bonbons. Une poupée qu'il a eue pendant
quelques semaines paraissait lui procurer quelque plaisir.
Le sommeil est tranquille ; l'après-midi tout entière se
passe dans un état de demi-somnolence et d'immobilité. Ja-
mais depuis qu'il est à Bicêtre. cet enfant n'a présenté de
phénomènes d'excitation ni d'accès convulsifs.
Si l'on veut rapprocher notre observation de la des-
cription tracée par M. Hadden (no' 30, 31 du Progrès) et
du cas de M. Charcot, rapporté par M. Ballet (n° 30), on
verra de suite qu'il s'agit, chez Thén..., de la même
maladie. L'ensemble des symptômes notés du côté de la
peau, aujourd'hui moins marqués qu'il y a dix mois,
grâce à un traitement tonique et à une meilleure hygiène,
ne nous paraît laisser aucun doute à cet égard.
L'aspect de notre malade, qui ressemble à un crétin,
avait frappé M. W. Gull qui a décrit cette affection sous
le nom d'oedème crétinoïde. Parmi les autres symptô-
mes, nous relèverons simplement l'état de la tempéra-
ture qui est abaissée au-dessous du chiffre normal.
Jusqu'ici, nous ne connaissons que 17 cas de cachexie
pachydermique : 5 de M. W. Gull, 5 de M. Ord, 4 de
M. Charcot, 1 de MM. Charcot et Thaon, 1 de M. W.
Hammond, etle nôtre. Tous, sauf deux, ont été observés
chez des femmes (1). (Extrait du Progrès médical, 1880,
n° 36, p. 728.)
(1) Pour compléter l'historique, nous citerons; Thaon. De la ca-
chexie paclyclerni2ce [Revue mensuelle de mèd. et de chirurgie,
10 août 1880). W. Hammond. - On myxoedema, wilh spécial réfé-
rence to its cérébral and nervous symploms. (St-Louis Clin. Re-
cord, n" 4, 1880). Ireland. - On Idiocy.
III.
Un idiot jeûneur ; par BOURNEVILLE.
L'abstinence, plus ou moins prolongée, s'observe dans
des conditions bien diverses et sous l'influence de causes
très variées. Les mystiques en ont offert des exemples
nombreux, sinon toujours très authentiques ; nous cite-
rons, parmi les orthodoxes, François Barberon, plus
connu sous le nom de St. François d'Assises; -parmi
les jansénites, François de Pâris ou le diacre Pâris.
Les hystériques, saintes ou profanes, peuvent rester
un temps assez long sans manger; parfois, à la maladie
s'ajoute la supercherie; à ce groupe, appartiennent Louise
Lateau, la stigmatisée belge, Sarah Jacob, la jeûneuse
du pays de Galles, etc.
Les aliénés, atteints de stupidité ou de mélancolie
avec stupeur, refusent de manger et, durant des se-
maines, des mois, la vie n'est maintenue que par une
alimentation artificielle très souvent insuffisante.
. Le Dr Tanner, dont tout le monde s'occupe aujour-
d'hui, a inventé une nouvelle variété, qui probablement
n'est pas appelée à embrasser de nombreux cas : c'est ce
qu'on pourrait appeler l'abstinence expérimentale. Il
y a enfin l'abstinence forcée des naufragés, des per-
sonnes emprisonnées par des éboulements, etc.
Le fait que nous allons rapporter n'appartient à aucune
des catégories qui précèdent et, s'il n'est pas unique en
son genre, nous sommes porté à croire que les exemples
analogues sont très rares.
24 IDIOTIE ET ÉPILEPSIE.
Observation. Père alcoolique ? Frayeur au 5e mois
de la grossesse. Dents à la naissance. Convulsions
fréquentes à partir du 2e jour. Hernie. - Epilepsie.
Scrofule. - Troubles de la digestion pendant les
18 premiers mois. - Accès de jeûne variant de 3 à 28
jours : Szz2tûnzes; - Abaissement de la tempéra-
ture, etc. -Etat du malade en janvier 1880 et a la fin
d'août. Amélioration considérable sous l'influence
du traitement. - Disparition des accès de jeûne et
des accès d'épilepsie.
Duf... Arthur, est entré à Bicêtre le 4 septembre 1876. Il
est âgé actuellement de 12 ans.
Renseignements fournis par sa mère (2 avril 1880). --
Père, enfant naturel, 55 ans, peintre en voitures ; il est fort,
très grand, hien portant ; il a eu, étant soldat, des fièvres
intermittentes ; excès de boisson mensuels ; pas d'accidents
nerveux.
Mère, 45 ans, frangeusc, assez intelligente, est sujette à
des céphalalgies et à des éruptions eczémateuses. Elle est
nerveuse, mais n'a pas eu d'attaques de nerfs. [Père et
mère morts du choléra en 1849. - Soeur morte à G ans, elle
avait des accès d'épilepsie. Neveu sourd-muet, intelli-
gent.] Il va de soi qu'on ne heutinvoduer la consanguinité, le
père étant enfant trouvé de Paris et la mère étant née à
Metz.
6 enfants et une fausse couche à 4 mois : 1° Enfant mort-
né à 8 mois, après une chute ; 2° fille, 23 ans, intelligente
(Elle a eu 3 enfants, l'un, mort à 5 mois, ne semblait pas
intelligent; un autre a succombé à des convulsions, il
avait 15 jours : le dernier est intelligent); - 3° garçon mort
de diarrhée à 2 mois et demi : - 4° fille, 19 ans, bien por-
tante ; elle a eu des convulsions à l'époque de la denti-
tion ; 5° garçon, 17 ans, bien portant ;- 6° notre ma-
lade ; 7" garçon mort-né, à 8 mois.
Pendant qu'elle était enceinte de notre malade, sa mère
a eu, au 5" mois, une frayeur assez vive, étant dans la rue :
elle s'est sauvée, ne savait plus ce qu'elle faisait ; elle a eu
un étourdissement, une faiblesse, et on a dû la coucher.
Pendant quelques jours, elle était comme anéantie. - L'ac-
couchement a eu lieu à terme; il a été naturel.
A la naissance, D... était très petit : il avait une des inci-
sives inférieures (1); une autre a percé 16 jours plus tard.
(1) Un voit que, contrairement a un préjuge très répandu, u n a a
pas que les hommes de génie qui aient des dents à la naissance.
accès d'abstinence. ` 25
Dès le second jour, il a eu des convulsions qui ont duré
une heure et demie; pendant deux mois, les convulsions
ont continué tous les jours, ensuite elles se sont éloignées.
Vers le 8e jour, on a constaté une hernie dans l'aine gauche
et on l'a attribuée aux convulsions. A partir de 10 ou
il mois, jusqu'à 2 ans, D... n'a plus eu de convulsions. -
A 5 mois, fluxion de poitrine.
D... était élevé au sein par sa mère ; chaque fois qu'il
tétait, il vomissait, et il en a été ainsi jusqu'à 18 mois ; aussi
était-il très maigre. Puis, les vomissements sont devenus
plus rares. Il a été sevré à 22 mois.
La dentition a commencé, ou mieux a continué, à 6 mois ;
elle s'est faite régulièrement. (Les 2 premières dents sont
tombées à 6 ans).
A 2 ans, les convulsions ont reparu sous forme d'accès ;
il en avait quelquefois 3 ou 4 en 24 heures ; d'autres fois,
il y avait un répit de quelques semaines. A 6 ans, il a eu
une fièvre typhoïde à la suite de laquelle il est resté six
mois sans avoir d'accès. Durant la convalescence, il est
survenu une éruption d'impétigo sur tout le corps, la-
quelle a persisté 5 mois. Est-ce à cette dermatose ou à la
fièvre typhoïde qu'il faut attribuer la suspension des crises ? ' ?
D... était âgé d'un peu plus de 2 ans quand il a eu son
premier accès de jeûne : il est resté trois semaines sans
manger ; il ne prenait absolument que de l'eau ; tous les
moyens employés pour lui faire prendre des aliments
furent inutiles ; sa mère parvint toutefois à lui faire avaler
du bouillon de poulet sans sel : il le buvait, croyant que
c'était de l'eau.
Le second jeûne s'est produit à 7 ans. De 7 ans à 8 ans et
demi, il en aurait eu 4 ou 5 autres, se montrant préférable-
ment après des accès d'épilepsie qui étaient, d'ailleurs,
rares. Le plus long jeûne a duré vingt-huit jours. Durant
ce temps, il n'a pris que de l'eau et du bouillon de poulet,
sans sel, et n'aurait pas eu une seule garde-robe. Les urines
étaient très peu abondantes. Il n'y avait jamais de vomis-
sements. Les autres jeûnes ont varié entre 10 et 18 jours.
Dans tous ses jeûnes, il restait couché, ne paraissant avoir
ni fièvre, ni douleur. Dès que le jeûne était fini, il man-
geait de tout, hormis des mets sucrés ; on avait de la peine
à le rassasier; ses urines, étaient comme du plâtre ; les garde-
robes reparaissaient. Elles étaient, comme toujours, invo-
lontaires. Il n'avait pas d'incontinence nocturne des urines.
Il a eu la rougeole à 3 ans ; de l'impétigo du cuir che-
velu et de fréquentes ophthalmies. Ni vers, ni ona-
nisme.
zig IDIOTIE ET épilepsie.
D... est affectueux ; quand ses parents viennent le voir
avec des amis, il les embrasse d'abord ; dans le service, il
témoigne de l'affection à tous ceux qui s'occupent de lui.
Il n'est pas gourmand ; parfois, il refusait de boire du vin
rouge, puis, si on l'avait laissé libre, il en aurait bu plus
que de raison. Il aimait beaucoup à barbotter dans l'eau.
Il avait quelques petites manies : ainsi, il n'aimait pas en-
tendre le bruit des aliments qui bouillaient ; il soulevait le
couvercle et mettait de l'eau dans le vase. Il était inca-
pable de s'habiller.
1879. 13 octobre. - Au dire de M. Agnus, surveillant
du service, D... aurait eu de temps en temps des jeûnes qui
duraient une huitaine de jours. Le dernier a eu lieu il y
a trois semaines. On a remarqué que, quand ils étaient rap-
prochés, ils étaient plus courts.
14 octobre. - Hier soir, sans cause connue, D... refusé
de manger. (D'habitude, il mange beaucoup, surtout de la
viande.) Ce niatin, il n'a pas voulu se lever. Aux ques-
tion qu'on lui adresse, il répond par signes. Il a eu une
selle hier et une ce matin. Il ne boit que de l'eau. P. 80-
84 ; T. R. 36°,4. - Soir : T. R. 37°,2.
15 octobre. Nous essayons de lui faire prendre du lait,
il trempe le doigt dans le vase, le porte à sa bouche et re-
pousse le verrc avec une expression de dégoût. Caresses,
promesses ou menaces, ne peuvent vaincre sa résistance.
La langue est légèrement chargée ; on lui donne de
l'eau : il la regarde, prend le verre avec ses deux mains,
boit avec avidité : quand il a vidé le verre, sa physionomie
exprime la satisfaction. Pas de vomissements ni de selles.
L'examen des divers organes ne dénote rien d'anormal.
P. 80-84 ; T. R. 3G°,8. - Soir : T. R. 31n,4.
16 octobre. -Hier soir, D. a demandé de la viande, qu'il
a mangé avec une certaine voracité. Il est gai ; le som-
meil parait régulier. T. R. 37°. 6. -Soir : T.R.37°,6.
17 octobre. - T. R. 38°,4.
24 octobre. - Depuis le 16, D... avait mangé comme
d'ordinaire. Hier, à midi, il a refusé démanger : le soir, on
a pu lui faire avaler un peu de soupe. Il ne veut parler que
par signes. Physionomie triste; coloration violacée du nez ;
il se ratatine dans son lit ; les mains sont croisées en avant
du cou. T. R ? 3G°,G. - Soir : T. R. 37°,2.
25 octobre. - Refus absolu de manger. Il pesait20kilog.,
le 13 octobre : il ne pèse plus que 19 kilog. 2. - T. R. 3duo,6.
- Soir : T. R. 36°, 8.
accès d'abstinence. 27
26 octobre. -Même état. T. R. 36°,8. Soir : T.R. 37°.
Le jeûne a cessé aujourd'hui.
27 octobre. T. R. 37°,2. D... continue à manger.
28 octobre. Matin et soir : T. R. 38°.
29 octobre. T. R. 37°.6. Soir : T. I ? 38°.
30 octobre. T. R. 37°;2. -Soir : T.R. 38°.
Du 1 ? au 5 novembre, nouveau jeûne, offrant les mêmes
caractères. Nous avons essayé de faire boire à l'enfant du
vin blanc mélangé à l'eau : ce n'est que le dernier jour que
nous avons réussi. - D... a eu 3 accès d'épilepsie le 2 oc-
tobre et n'en a pas eu dans le reste du mois.
1880. Etat du malade. La tête est assez régulière-
ment conformée ; la bosse occipitale un peu saillante ; le
front, assez haut et bombé, est déprimé sur les côtés ; les
arcades surcilières sont assez saillantes. Le nez est petit,
régulier ; - les oreilles et les yeux ont une conformation
normale. Conjonctivite et blépharite ciliaire. La bouche est
assez large ; les lèvres ont une épaisseur moyenne. Les ar-
cades dentaires sont irrégulières en ce sens que les inci-
sives médianes sont implantées obliquement. - La voûte
palatine paraît symétrique; elle est profonde légèrement
ogivale.
Le tronc et les membres sont bien conformés. - Le
testicule droit n'est pas descendu. - Les cheveux châtains
sont assez abondants. - Les cils sont longs et blonds. -
Quelques glandes au cou ; pas d'éruption cutanée.
Il se sert d'une cuiller et ne sait pas manier la fourchette
et le couteau. Il ne veut pas boire de vin. - Il est gâteux,
malpropre, incapable de se laver les mains et le visage.
- D'ordinaire, il reste dans un coin, inerte, les mains
entrecroisées sur le cou. - La parole est à peu près nulle ;
D... ne prononce que quelques monosyllabes.
26 janvier. - L'enfant est envoyé à la petite gymnas-
tique que nous avons fait installer par M. Pichery.
Février-Mars. - D... est plus gai, plus actif. Il a perdu
son ancienne habitude de placer ses mains sur son cou. Il
est très obéissant, mais très curieux et se dérange souvent
dès qu'il entend du bruit au dehors. Il excite les autres en-
fants à travailler à la gymnastique et essaie de répéter les
commandements : en avant, en arrière, en position, etc.
Avril. D... ne gâte plus. Il répète les lettres de l'al-
phabet, trace des bâtons sur l'ardoise. Parfois, petits accès
de colère, quand ses camarades le taquinent; il n'est ni mé-
chant, ni grossier. Il boit maintenant du vin ; il a l'amour
de la propriété, ne veut se servir que de son gobelet et de la
28 IDIOTIE ET épilepsie.
balançoire qu'il a distinguée. Il prend du lait et des ali-
ments qu'il refusait autrefois.
Du 13 au 20 nai. - Broncho-pzetcnonie.
31 juillet. Impétigo développé autour d'une plaie de
la tempe droite.
Août. Il commence à se servir de la fourchette; au ré-
fectoire, il met la bavette aux autres enfants. - La parole
s'est améliorée; il dit : lerci pour merci ; - taté, pour café;
ola, pour chocolat ; - afitures, pour confitures ; - papa,
maman, pain, vin, bonjour, etc. Par signes, il sait expli-
quer beaucoup de choses. Voyant qu'il allait mieux et
qu'il était propre, ses parents le font sortir ; rentré, il essaie
de raconter ce qu'il a vu. Il y a un véritable réveil chez cet
enfant. - Il pesait 20 kilog. le 13 octobre; le 21 août, il
avait atteint le poids de 25 kilogr. 200. Sa taille, qui était
de 1m12, est maintenant de lmlG.
Il avait eu 118 accès d'épilepsie en 1877, et 76 en 1878;
il n'y en a eu que 34 en 1879, et à partir du jour où il a été
soumis au traitement (1), il n'en a plus eu, c'est-à-dire de-
puis dix mois.
Cet enfant s'est considérablement amélioré sous l'in-
fluence du traitement que nous avons institué. Il fait, à
la gymnastique Pichery, les exercices suivants : marche
en avant et en arrière, une échelle de corde tenue de
chaque main; extension du corps en avant et en arrière,
flexion du côté droit ou du côté gauche ; ascension
à l'échelle; - balançoire, etc. Les mouvements des
mains se sont régularisés ; la préhension s'effectue bien;
les membres sont devenus plus souples. Étant monté aux
échelles, les pieds dégagés, il se laisse tomber au signal.
Placé sur le vase à des heures régulières, 4 fois par
jour, il est devenu propre et on a pu remplacer la robe
de gâteux par un pantalon, ce qui l'a rendu très heureux.
Il sait se servir assez convenablement d'une cuiller et
d'une fourchette et il mange assez proprement.
Les points sur lesquels on a insisté sont les suivants :
assouplir les mouvements, exercer les mains, traiter le
gâtisme. De plus, on a cherché à perfectionner la pa-
(1) Il de plus, un traitement antiscrofuleux : huile de foie de mo-
rue, sirop d'iodure de fer et deux bains salés par semaine.
accès d'abstinence. 29
role, en lui faisant prononcer les lettres de l'alphabet,
dcs monosyllabes, puis des mots un peu plus compliqués.
Peu à peu, il a fait des progrès et cherche à expliquer ce
qu'il a vu dans des promenades qu'on lui a fait faire.
Notons que, grâce aux soins dont il est l'objet, les
accès d'épilepsie et les jeûnes ont disparu : il n'en a
pas eu un seul depuis dix mois.
Nous avons tenu à donner les détails qui précèdent
parce qu'ils démontrent d'une manière évidente l'effica-
cité d'un traitement méthodique de l'idiotie. Revenons
maintenant au jeûne.
Dès les premiers mois de la vie, cet enfant a présenté
des troubles de la digestion, consistant surtout en des
vomissements quotidiens. Le premier jeûne a eu lieu
vers 2 ans et demi, et, à partir de ce jour, D... en a eu
un certain nombre d'autres, qui ont varié de 3 à 28 jours.
Nous n'avons observé personnellement que des jeûnes
très courts et nous n'avons pu relever que quelques par-
ticularités, entre autres l'abaissement de la tempéra-
ture. L'examen des urines, le dosage de l'urée étaient
impossibles.
Quelle est la cause de ces singuliers jeûnes ? Nous
l'ignorons; mais, ce qu'il y a de certain, c'est que l'en-
fant n'offrait aucune maladie organique qui pût les
expliquer. et, en raison de l'idiotie, il est impossible
d'invoquer l'influence d'idées mystiques ou d'idées mé-
lancoliques (1). (Extrait du Progrès médical, 1880,
n° 3fi, p. 708.)
(1) Siméon de Provenchères, médecin du Roy, a publié à Sens, en
mi6, un petit volume écrit dans un style très-confus, intitulé : Histoire
de l'inappétence d'un enfant de Vaupro fonde près Sens, de son
désistement de boire et de manger quatre ans unze mois, et de sa
mort. Il croit à l'authenticité du cas ! Il s'agissait d'un enfant intelli-
gent et non d'un idiot.
IV. -
Note sur un cas d'hystéro-épilepsie;
Par BOURNEVILLE et d'OLIER.
Ayant eu l'occasion d'observer, cette année, à Bicêtre,
dans le service des épileptiques, un certain nombre de
malades, enfants et adultes, présentant des attaques
d'hystérie nettement caractérisée, nous avons le dessein
d'utiliser prochainement ces nouvelles observations dans
une étude d'ensemble sur l'hystérie chez l'homme.
On sait que l'existence de l'hystérie chez le sexe mas-
culin a été longtemps mise en doute; l'utérus étant
encore considéré au commencement de ce siècle comme
le point de départ incontestable des convulsions hysté-
riques, l'homme devait nécessairement en rester in-
demne. Landouzy fut un des derniers représentants de
cette théorie, qui, déjà sérieusement combattue par Bri-
quet, a été définitivement renversée par la série considé-
rabledes observations publiées, autant que par la doctrine
médicale contemporaine, qui ne permet plus de rapporter
les phénomènes encore sine maleria des névroses à
d'autres organes que ceux de l'appareil encéphalo-rachi-
dien.
Quoiqu'il en soit, s'il n'y a plus guère aujourd'hui qu'à
réunir les nombreux documents épars dans les recueils
pour constituer l'histoire de l'hystérie chez l'homme, il
faut bien dire aussi que la plupart des descriptions don-
nées par les auteurs sont très incomplètes, et l'on conçoit
facilement qu'elles aient paru jusqu'ici insuffisantes pour
HTSTRO-IsPILI : PSIl;. 31
assimiler absolument l'hystérie de l'homme à celle de la
femme. - Ainsi que nous le montrerons, il n'en est pas
de même pour nos malades, chez lesquels on peut suivre,
période par période, l'évolution des grandes attaques,
depuis longtemps décrites à la Salpêtrière, chez lesquels
aussi on retrouve les troubles de la sensibilité avec leurs
modifications par les agents esthésiogènes, etc. Il n'est
pas jusqu'à l'hyperesthésie ovarienne qui n'ait son ana-
logue au point de vue anatomique dans une hyperesthé-
sie testiculaire et au point de vue topographique dans
une zone hystérogène iliaque, dont la compression a
plus d'une fois suffi pour arrêter des attaques. On sait
que la compression du testicule a été aussi quelquefois
essayée avec succès. Au total, l'hystérie, sauf peut-être
pour les troubles particuliers de la sensibilité morale,
plus spéciaux à la femme, est la même dans les deux
sexes.
L'observation suivante, détachée de notre travail,
montre nettement l'identité des attaques et des troubles
de la sensibilité.
Observation. Antécédents névropathiques du côté du
père.-Scrofule;. séjour àBercJz et à la Roclze-Guyon.-
Frayeurs suivies de crises convulsives. - Entrée à Bi-
cêtre (Novembre 18 ï 9) .-Iézzianestlzésie droite portant
sur la sensibilité générale et spéciale : dyschromatopsie.
Zones hystérogènes multiples. - Description générale
des attaques : Prodromes et aura; Convulsions présen7
tant les trois périodes : épileptoïde, clonique et déli-
rante de l'hystéro-épilepsie; attaques spontanées et
provoquées : arrêt possible des attaques par la conzpres-
sion des zones hystérogènes. Absence d'élévation de la
température et intégrité de l'intelligence. Coïncidence
d'accès épileptiques ? Transfert de 1'liéîiiinestliésie
par les bracelets métalliques et les aizna7zts.- Influence
de la maladie sur le développement. - Guérison par
l'hydrothérapie.
Lam., Alfred, âgé de 13 ans, est entré à la section
des enfants épileptiques de Bicétre (service de M. Bour-
NVILLl;) le 26 novembre 1879, pour des « accès d'épilepsie»
32 IIYSTÉRO-ÉPIL.EPSIE.
Antécédents. (Renseignements fournis par le père et la
mère. Décembre 1879.)
Père, 46 ans, musicien ambulant ; devenu aveugle à l'âge
de 8 ans à la suite d'une ophthalmie purulente; est entré aux
Quinze-Vingts en 1874. Pas d'excès de boisson ni de maladies
de peau ; blennorrhagie à 18 ans. Il a été admis à Bicêtre
comme aveugle en 1854 et en est sorti parce qu'il s'ennuyait
beaucoup. - Très nerveux, violent et méchant. (Chez lui,
on l'appelait « mitaine » par abréviation de croduemitaine,
et ses enfants en avaient peur). Pas d'attaques de nerfs
ni de migraines, mais douleurs de têtes fréquentes. Il
aurait eu une fièvre typhoïde, un érysipèle et la teigne ;
intelligence moyenne. [Père mort d'une hernie étranglée;
pas d'excès. - Mère morte d'une attaque d'apoplexie en
7 ou 8 heures. Pas de frères.-Trois soeurs dont une morte
de péritonite puerpérale; une autre (Lam. Eugénie) est
morte iL la Salpêtrière en 1879 (1); la troisième est presque
aveugle par suite d'ophthalmics ; elle n'a pas d'attaques de
nerfs, mais elle est violente. Un oncle (Guillaume Lam.) est
depuis son enfance à l'asile de Dijon : il n'a jamais su se
guider seul. Pas d'autres épileptiques, ni de difformes,
ni de suicides dans la famille.)
Mère, 43 ans, fait des ménages depuis qu'elle n'a plus
son mari à conduire : peu intelligente ; il faut la guider
comme un enfant; n'a pu rien apprendre l'école. C'est son
mari qui lui a appris à lire à peu près en lui faisant épeler les
enseignes. Quand il l'a connue, un maçon avait déjà abusé
d'elle et lui avait « donné la maladie. » ( ? ) Elle avait des bou-
tons aux parties génitales et des pertes blanches, mais lui
serait toujours resté indemne ; elle aurait eu quelques
douleurs névralgiques dans les mâchoires, mais pas de
maladies de peau, d'adénites inguinales, de plaques mu-
queuses ni d'alopécie; mariée à 18 ans. [Père devenu
aveugle à 61 ans par suite d'ophthalmie purulente ;
sobre et doux, on l'appelait « le mouton»; il habite les
Quinze-Vingts]. Pas d'aliénés ni de difformes de ce côté.
Onze enfants : 1 Garçon, 23 ans, marié, intelligent, n'a
(1) Cette fille serait devenue épileptique à la suile d'une émotion
vive dans les circonstances suivantes : vers l'âge de 16 ans, comme
elle s'était un jour avisée de voler un sou à sa maîtresse, le fils de
celle-ci tenta d'abuser d'elle, la menaçant de la dénoncer si elle refu-
sait de céder à ses désirs. Rentrée chez elle, le soir, elle était très
préoccupée de cet incident, lorsqu'une voisine entra tout à coup dans
la chambre ; elle crut que c'était sa maîtresse et fut prise d'une vio-
lente frayeur ; néanmoins, elle n'eut pas encore d'accès ce jour-là ;
mais 15 jours après, en se levant, elle eut un vertige.
CHEZ UN JEUNE GARÇON. 3
jamais eu de convulsions; 2° Garçon, 17 ans, intelli-
gent ; pas de convulsions. Coxalgie double à la suite d'une
chute. - 3° Garçon, 15 ans, fièvre typhoïde à 3 ans, à la
suite de laquelle il aurait gardé un strabisme, opéré avec
succès par M. Fieuzal. Néanmoins, on n'a jamais pu rien
faire de cet enfant qui a été mis dans 18 apprentissages ;
son esprit était porté au mal : kleptomanie, violences, rixes
avec ses camarades. On l'a envoyé pendant 3 mois en
correction aux Douaires, près de Gaillon, et il s'y est beau-
coup amélioré : aujourd'hui, il travaille dans une impri-
merie où l'on est content de lui; 4° Notre malade.
5° et Go. Filles jumelles, toutes deux atteintes à 2 ans
d'une méningite à laquelle l'une a succombé; l'autre, qui a
aujourd'hui 5 ans est intelligente, mais s'est développée
lentement. Tous les autres enfants (filles), sont morts au-
dessous de deux ans et n'auraient pas eu de convulsions.
Notre malade. Grossesse bonne, accouchement facile à
terme; élevé au sein par sa mère jusqu'à 2 ans ; a marché
à 19 mois et parlé d'assez bonne heure; a été propre à
2 ans, mais jusqu'à 10 il a eu fréquemment de l'inconti-
nence nocturne d'urine. Impétigo du cuir chevelu ; adéni-
tes sous-maxillaires et cervicales abcédées pour lesquelles
il a fait un séjour de 15 mois à Berck. Notons en passant
qu'il eut plusieurs fois, cette époque, de grandes frayeurs la
nuit : Les religieuses de l'établissement pour empêcher
les enfants de bavarder dans les dortoirs y faisaient quel-
quefois passer un homme affublé d'un drap blanc, simu-
lant un fantôme. Ce renseignement fourni par l'enfant
explique, comme nous le verrons plus tard, diverses paro-
les qu'il prononce pendant la phase de délire, à la fin de[ses
attaques. Ophthalmies chroniques : il aurait été aveugle pen-
dant 8 mois; pas d'otites. Eczéma aux jambes depuis un an.
Rougeole à 4 ans, mais pas d'autres fièvres éruptives ; pas
de convulsions.
Cet enfant a toujours été très peureux; il fallait toujours
qu'on l'éclairât pour le faire coucher dans un cabinet contigu
au logement de ses parents ; il rêvait fréquemment, parlait
tout haut de ses camarades, de son patron (il est apprenti
cartonnier), etc. Depuis environ 2 ans, il se plaignait de
temps en temps de douleurs dans le côté gauche du ventre :
en même temps, il devenait pâle; toutefois, il n'avait ni
vertiges, ni pertes de connaissance. - Il a été envoyé de
Sainte-Eugénie à la Roche-Guyon pour le traitement de
son eczéma des jambes : c'est de là qu'il écrivit pour la
première fois à sa mère qu'il avait des crises nerveuses.
Pendant les mois de novembre et décembre 1879, il a eu
BOURN. S
34 HTSTRO-PILPPSIl's.
quotidiennement 3 attaques survenant ordinairement de
11 heures à 5 heures. Le passage à la préfecture a été très-
pénible : l'enfant à eu grand'peur, ne comprenant pas
pourquoi on le mettait en prison ; c'est là qu'il aurait eu
sa plus longue crise : deux heures. Au dire du garçon qui
l'a vu à ce moment, il ne prévient pas. se débat beaucoup
mais sans se blesser, et semble avoir des visions; il parle de
choses et d'autres notamment d'une religieuse qu'il n'aime
pas, parce qu'elle veut le mettre à la couche (punition qui
consiste à laisser l'enfant 8 jours au lit). Les crises se
terminent généralement par des pleurs. Pas de folie ; les
nuits sont calmes ; l'intelligence ne paraît pas s'être modifiée.
Pas de kleptomanie. Sentiments affectueux assez déve-
loppés.
Examen physique (11 février). Tête régulière, sans pré-
dominance des parties postérieures ; front assez haut et
large; oreilles bien conformées et symétriques. Rien de par-
ticulier du côté de la voûte palatine ni des arcades den-
taires.. Il n'existe pas d'asymétrie faciale appréciable. Lèvres
un peu volumineuses, surtout la supérieure qui est légè-
rement proéminente. Physionomie exprimant la douceur,
le contraire en quelque sorte du facies des épileptiques. '
Rien de spécial à noter du côté des appareils digestif,
respiratoire, circulatoire et génito-urinaire. Tous les orga-
nes paraissent normaux et les diverses fonctions s'accom-
plissent régulièrement.
Sensibilité. L'état actuel de la sensibilité s'est modifié à
plusieurs reprises sous l'influence des attaques et des divers
agents thérapeutiques employés.
A l'époque de la première exploration (27 janvier), on
observa une hémianesthésie droite. Le surlendemain 29,
après de nombreuses attaques, on constata que la fosse
iliaque gauche présentait une sensibilité particulière à la
pression, en même temps qu'il existait une hémianalgésio
gauche complète, avec des plaques d'anesthésie disséminées
du même côté. Ainsi, l'hémianesthésie s'était déplacée. A
cette époque, la perception des couleurs était à peu près
normale.
11 février. A un nouvel examen, on constate une
hémianesthésie droite : insensibilité au pincement, au cha-
touillement et au froid. Lorsqu'on explore la sensibilité
avec une épingle sur l'abdomen, on voit que l'anesthésie
dépasse un peu la ligne médiane du côté gauche en avant;
en arrière, elle y reste exactement limitée. On constate, en
outre, des zones d'hyperesthésie dans les points suivants :
ZONES HYSTÉ11OGi ? NES. 35
1° au niveau de la 5e apophyse épineuse dorsale; la douleur
à la pression est surtout marquée dans la gouttière verté-
brale à gauche de l'apophyse plutôt que sur l'os même ;
2° au niveau des 3e et 4° apophyses épineuses lombaires ; la
douleur est là encore plus marquée dans la gouttière du
côté gauche ; 3° dans la fosse iliaque gauche vers le milieu
d'une ligne qui joindrait l'ombilic au milieu de l'arcade
crurale.
Du côté des organes des sens, on observe que l'ouïe est
conservée des deux côtés, mais notablement diminuée à
droite ; la vue est également modifiée à droite où il existé
de la dyschromatopsie pour certaines couleurs ; ainsi pour
le vert qui est vu noir et pour le rose clair que le malade
prend pour du violet foncé. Les autres couleurs sont
perçues normalement. La conjonctive droite est sensible.
Le goût est aboli du côté droit; l'anesthésie porte sur la
moitié droite de la langue et de la muqueuse buccale.
L'odorat est également aboli à droite.
21 février. On découvre une nouvelle zone d'hyper-
esthésie située sur le crâne au niveau du bregma ; la
moindre pression et même le simple frôlement des cheveux,
à ce niveau, détermine les phénomènes de l'aura, puis une
attaque présentant tous les caractères de l'attaque spon-
tanée telle qu'elle sera décrite ci-dessous. Nous avons pu
ainsi en produire à plusieurs reprises et les arrêter à vo-
lonté en exerçant avec le doigt une forte compression sur
la zone hystérogène (clou hystérique).
Cet état do la sensibilité persista sans se modifier nota-
blement jusqu'au mois d'août. Les derniers renseignements
recueillis en juin sont les suivants : persistance de l'hémia-
nesthésie droite comprenant les muqueuses ; rien de nou-
veau du côté des organes des sens. ,
Zones hystérogènes.-Zones iliaques de la grandeur d'une
pièce de 5 fr. ; l'enfant dit que la pression en ces points lui
produit une sensation d'oppression etde constriction au cou;
la zone du flanc gauche (côté sensible) présente la dimen-
sion d'une pièce de 5 francs et est insensible ; au contraire,
la zone du flanc droit, de la largeur d'une pièce de 50 cen-
times, est sensible; la rachialgie persiste au niveau des
4e et 5'dorsales; mais son point maximum, qui était dans la
gouttière vertébrale gauche, est passé à droite de sorte qu'en
ce point et d'ailleurs dans presque toute la hauteur de la
colonne vertébrale l'hémianesthésie droite n'arrive plus tout
à fait jusqu'à la ligne médiane. Enfin, on constate deuxnou-
velles zones d'environ un centimètre de diamètre et placées
36 HYSTÉRO-ÉPILEPSIE. ,
symétriquement de chaque côté, dans le troisième espace in-
tercostal, au niveau d'une ligne verticale passant par le ma-
melon. Celle du côté droit (côté de l'hémianesthésie) est
insensible ; au niveau des autres, la peau a conservé sa sensi-
bilité. La pression sur un de ces points détermine une
douleur lancinante, s'irradiant transversalement vers le
point symétrique.
Nous reviendrons plus loin sur l'état de la sensibilité en
rendant compte des expériences que nous avons faites sur
ce malade avec divers agents esthésiogènes, bracelets métal-
liques, aimants, hydrothérapie, etc.
Nous trouvons dans les antécédents personnels de ce
jeune garçon une série de conditions analogues à celles
qu'on observe chez les jeunes filles devenues hysté-
riques : impressionnabilité très vive, troubles du som-
meil (1), etc. La douceur de sa physionomie forme un
contraste frappant avec la dureté d'expression de la plu-
part des épileptiques.
Avant de poursuivre l'exposé de l'observation, nous
devons signaler à l'attention du lecteur les symptômes
permanents de l'hystérie, à savoir : l'hénia2est)tésie,
intéressant à la fois la sensibilité générale et la sensibilité
spéciale; - les points ou zones hystél'ogènes, se pré-
sentant absolument avec les caractères que l'on ren-
contre chez les femmes hystériques (2).
Nous venons d'indiquer l'analogie qui existe entre
les symptômes permanents présentés par notre jeune
garçon et ceux que l'on rencontre chez les femmes hys-
tériques. Comme on va le voir, par la description des
attaques, l'analogie ne se borne pas à ces symptômes.
Description des attaques. - Nous avons pu observer
(1) Les troubles dn sommeil chez les hystériques ont etc décrits
minutieusement dans l'Iconographie photographique de la Salpê-
triére, t. III.
(2) M. Charcot a parlé maintes fois dans ses leçons des zones hys-
térôgènes. L'un de nous, utilisant l'enseignement de M. Charcot et y
ajoutant un certain nombre de faits nouveaux, a publié une sorte de
monographie sur ce sujet. (Iconogr. pkot. de la Salpêtrière, t. III,
p. 36-88 ; nov. 1879 - avril 1880).
DESCRIPTION DES ATTAQUES. 37
nous-mêmes un assez grand nombre d'attaques spontanées,
et quelques attaques provoquées, une note plus ou moins
complète a été, chaque fois, ajoutée à l'observation. Il
serait évidemment fastidieux de relater à la suite les unes
des autres les descriptions d'attaques qui, toutes, peuvent
être rapportées pour la marche, à un type invariable, et ne
diffèrent les unes des autres que par l'absence ou la pré-
sence de phénomènes d'importance secondaire et par la
durée des diverses périodes, parfois très fugaces et
presque insaisissables. Il nous a donc paru préférable,
pour fixer les idées et éviter les redites, de présenter d'a-
bord en un tableau général , sorte de synthèse de toutes les
descriptions partielles, la description de ce que pourrait être
une attaque complète. Nous pourrons ensuite rétablir
l'ordre naturel des faits en donnant la relation de quelques
attaques spontanées ou provoquées.
Prodromes et titra.- Les prodromes sont exceptionnels
et l'enfant ne peut jamais dire plusieurs heures d'avance
s'il va avoir une attaque, mais il lui est arrivé plusieurs
fois d'être obsédé de cauchemars pendant la nuit et d'être
réveillé à cinq heures du matin par une attaque.- Le plus
souvent, il est prévenu quelques secondes à l'avance par
une aura qui consiste en une douleur assez violente, sié-
geant vers la tempe droite et s'accompagnant de sifflements
dans les oreilles, surtout à droite; dans les premiers mois
desa maladie, l'enfant n'accusait pas d'autres phénomènes
prémonitoires : ni troubles de la vue, ni laryngisme, ni con-
striction épigastriquo; c'est en janvier qu'il a mentionné
pour la première fois la sensation d'une boule qui, se for-
mant derrière le rebord des fausses côtes gauches, remonte
jusqu'à la hauteur de la fourchette sternale où elle cause
une grande oppression; en même temps, la vue se brouille
et voit comme des flammes rouges, surtout de l'oeil
gauche; de plus, il éprouverait une sensation de brûlure
au niveau de la zone bregmatique. A ce moment, ses
oreilles sifflent, les idées se troublent, il ne voit plus, et,
s'il est debout, il tombe tantôt en avant, tantôt en arrière;
il ne s'estjamais blessé dans ses chutes; enfin, pendant la
durée très courte de l'aura, il ne peut parler et n'a jamais
le temps de prévenir.
Attaque. - 1° Elle débute invariablement par un état de
rigidité générale, par du trismus et par de petits mouve-
ments convulsifs limités à la face; les paupières clignent
rapidement et il existe du nystagmus ; dans d'autres cas, la
38 HYSTÉRO-ÉPILEPSIE.
face se dévie à droite et les yeux se trouvent dès le début
convulsés en haut du même côté ; quelquefois les pupilles
sont un peu dilatées.
Quelques instants plus tard, la rigidité augmente, la tête
se porte dans l'extension, les membres inférieurs sont éten-
dus et rigides, les membres supérieurs, en extension et
pronation forcées, se rapprochent de la ligne médiane. Les
mains déjà fermées, les pouces en dedans durant la phase
précédente sont violemment contractées.
Bientôt les mouvements des paupières augmentent d'éten-
due, la face devient grimaçante, les commissures labiales
sont à plusieurs reprises violemment attirées en arrière,
puis les convulsions se propagent aux membres où elles
sont ordinairement constituées par quelques petites se-
cousses tétaniformes d'un côté. Dès cette période de rigi-
dité, nous avons quelquefois vu le malade présenter un
opisthotonos assez marqué pour qu'on pût facilement passer
la main entre la colonne lombaire et le plan du lit. Cette
première période ne s'accompagne pas d'écume ni dc stertor.
La durée totale est d'une minute environ, puis elle est
suivie d'un repos très court pendant lequel la rigidité per-
siste à un degré suffisant pour qu'on ne puisse que diffici-
lement relever les bras qui restent appliqués le long du
corps. (Période épileptoïde) .
2° P. clonique (clownisme). Ensuite les grands mou-
vements commencent : ce sont d'abord des mouve-
ments de moulinet exécutés par les bras à plusieurs re-
prises : les poings, brusquement portés au-dessus de la tête,
vont frapper l'oreiller puis sont reportés le long du corps.
D'autres fois, le malade exécute rapidement une série de
mouvements d'extension et de flexion du tronc et des
jambes ; le tronc et la tête se redressent et s'inclinent en
avant ; simultanément, les membres inférieurs sont flé-
chis et les genoux ramenés sous le menton ; puis la tête,
violemment rejetée en arrière, va s'enfoncer dans l'oreiller
en même temps que les membres inférieurs s'étendent et
que les pieds vont frapper l'autre extrémité du lit secoué
par cette agitation désordonnée. C'est à ce moment que l'on
observe dans toutes les attaques un certain nombre d'arcs
de cercle plus ou moins complets. La tête et les pieds repo-
sant sur le lit, le corps se soulève en arc à une hauteur
variable que nous avons une fois trouvée supérieure
à 0.40 cent. (1). Quelquefois, il arrive que le malade ne garde
(1) La taille de l'enfant n'étant que de ]°27, cette hauteur est pro-
portionnellement considérable.
DESCRIPTION DES ATTAQUES. 39
pas l'équilibre dans cette situation et tombe de côté sur le
lit, mais sa position en arc n'en persiste pas moins ; elle
peut durer jusqu'à 10 ou 15 secondes et se reproduire plu-
sieurs fois avec des intervalles de grands mouvements.
3° P. de délire. Enfin, le malade retombe définitivement
sur le lit ; la rigidité a diminué mais existe encore aux
membres supérieurs. Tout à coup, L... pousse des cris vio-
lents : CI non, non ! ....» en môme temps que sa physionomie
exprime tour à tour la douleur, la joie ou la terreur; les
globes oculaires roulent dans les orbites, les lèvres sont
agitées d'une sorte de frémissement, la respiration est fré-
quente et bruyante ; l'enfant gémit, pousse des cris de rage,
se redresse, frappe le lit, puis retombe.-Dans une autre at-
taque, il s'écrie : « Maman, je veux me tuer, » puis il cherche
à se mordre, et un instant après : « Je le vois ! je le vois ! »
et il fait le geste du doigt. Ailleurs, gémissement sourd et
mâchonnement continuel entrecoupés de grands cris d'ef-
froi. Une autre fois, il parle de son frère « qui veut le tuer
avec une chaise » , ensuite d'une religieuse qui a un grand
voile blanc jeté sur la tête et veut lui faire peur (souvenir du
fait de Berck). Pas de visions d'animaux. A cette période,
l'enfant parait comprendre ce qu'on lui dit, mais il ne peut
répondre ; à la fin, toute rigidité a disparu, la face est vul-
tueuse.
Terminaison. Lorsqu'il s'agit de la del'l11ère attaque d'une
série, le délire est suivi de quelques instants de calme, puis
le malade ouvre les yeux, demande à boire et se plaint de
mal de tête. La résolution musculaire est complète ; il peut
avalor quelques gorgées d'eau et comprend ce qu'on lui
dit. Les pupilles sont légèrement dilatées. - T. R. 37°,2.
Généralement, après ce premier réveil, le malade s'endort
d'un sommeil très calme pendant environ un quart d'heure.
Il se lève ensuite et peut aussitôt marcher sans ressentir
autre chose que de la fatigue et quelquefois des sifflements
dans les oreilles. Reprise deux ou trois heures après l'atta-
que, la température ne dépasse pas 37°,5. Lorsqu'il est
tout à fait revenu à lui, l'enfant se souvient nettement de
ses rêves et les raconte.
Tel est le tableau général des attaques présentées par
notre malade. Il n'est pas besoin d'insister pour faire recon-
naître dans les trois périodes que nous venons de décrire,
les trois périodes épileptoide, clonique et délirante de la
grande attaque hystérique chez la femme (1). Il nous faut
(1) Consulter sur ce point les leçons de M. Charcot, (t. i, 4° édition).
40 III'STl'sIio-I : PILEPSII· : .
maintenant montrer en quoi les diverses attaques observées
se rapprochent ou diffèrent de la description précédente.
A. Attaques spontanées.-26 janvier. Série d'attaques se
succédant à environ une demi-minute d'intervalle : 1° Elles
débutent par des convulsions de la face qui s'étendent bien-
tôt au corps entier. Les bras sont ramenés près du tronc, les
avant-bras fléchis, et sont presque aussitôt portés au-dessus
de la tête pour exécuter un mouvement do moulinet. 2° Ce
mouvement précède immédiatement la position en arc de
cercle. Dans certaines attaques, le tronc est fléchi latérale-
ment.La compression successive des deux testicules, essayée
à plusieurs reprises, n'a pas eu d'action immédiate sur les
attaques ; néanmoins, elles ont cessé quelques instants
après. Les yeux n'ont présenté aucune direction fixe ; la
durée totale de la série a été de 35 minutes. 3° Pas de délire.
27 janv. Début des attaques à une heure de l'après-midi.
1 le période. Chute, puis rigidité générale, surtout mar-
quée aux membres supérieurs ; nystagmus et clignement
des paupières; pupilles un peu dilatées ; pouls fréquent et
dur. C'est ainsi qu'a débuté la première attaque de la série
et le même état se représente dans les intervalles des atta-
ques ; l'enfant paraît alors comprendre ce qu'on lui dit,
mais il ne répond pas. Au moment où une nouvelle attaque
commence, on voit les mouvements des globes oculaires et
des paupières devenir plus étendus et plus rapides ; si on
veut écarter les paupières, on éprouve une assez grande
résistance de la part de l'orbiculaire. Quelques instants
après, le corps tout entier est en état de rigidité complète;
les membres supérieurs sont allongés en extension et pro-
nation lorcée, les mains fermées, pouces en dedans. Cet
état de tétanisme généralisé dure environ une minute.
2e période. (Clownisme). Après un moment de calme
très court, commence une période de grands mouvements
pendant laquelle l'enfant agite ses membres d'une manière
désordonnée et fait des bonds sur son lit; la langue pend
au dehors de la bouche, mais elle n'est pas mordue.
3e période (Délire). Après ces contorsions, l'enfant exé-
cute une série de grimaces exprimant la joie ou la terreur.
Bientôt, commence une nouvelle attaque : de nouveau,
et l'Iconographie photographique de la Salpêtrière, t. i, n et tn
(1876-1879); Richer, thèse inaugurale, 1879. '
DESCRIPTION DES ATTAQUES. 41 l
les yeux sont agités, les lèvres et les ailes du nez animés de
mouvements continuels; enfin les mâchoires sont serrées
au point qu'il est impossible d'ouvrir la bouche. Ainsi nous
sommes ramenés à la première période (rigidité, cligne-
ments des paupières, etc.), et une nouvelle période clo-
nique ne tarde pas à se produire.
L'intervalle entre chaque attaque est ordinairement de
3 à 4 minutes. Cette série s'est terminée de la manière
suivante : à la fin de la dernière attaque, l'enfant a ouvert
les yeux, s'est plaint du mal de tête et a pu boire un peu
d'eau qu'on lui offrait. Toute rigidité avait alors disparu,
mais le pouls restait encore fréquent et dur. Pupilles un
peu dilatées. T. R. à ce moment 37°. ? . Après un quart
d'heure de sommeil calme, il s'est éveillé définitivement t
et s'est levé ne se plaignant plus que de quelques siffle-
ments d'oreilles.,Soir : T. R. 37°,2.
29 janvier. Attaques au moment de la visite. Rigidité
générale. Membres inférieurs et supérieurs dans l'extension
et un peu dans l'abduction. La tête dans l'extension forcée.
Paupières closes ; si on les écarte, on voit les globes ocu-
laires dirigés en haut et un peu à droite. A un moment
donné, la rigidité augmente, la face se porte vers la droite,
les lèvres sont comme pincées, les mâchoires plus serrées,
les bras, tout en restant dans l'extension, se rapprochent de
l'axe du corps, les mains continuent à rester fermées, les
pouces en dedans. Au bout de quelques secondes sur-
viennent des grimaces de la face, des mouvements rapides
des paupières, puis quelques petites secousses dans les
membres. Il n'y a pas d'écume ni de stertor.
Ainsi se trouve constituée la période épileptoïde, qui est
suivie d'un repos très court.
2° Période clonique, caractérisée par de grands mou-
vements dans lesquels le malade bat le lit : mouvements
violents et rapides de flexion et d'extension du tronc et des
membres inférieurs. Repos. La figure de l'enfant devient
souriante. '
- Dans une autre attaque avec période épileptoide éga-
lement suivie d'une période clonique à grands mouvements,
l'enfant exécute une série d'arcs de cercle dans lesquels
le tronc est soulevé directement en avant à une hauteur
d'au moins 0,40 cent. au-dessus du plan du lit et reste
quelques secondes dans cette position.
- Dans d'autres attaques, la période de délire est très net-
42 2 HI STÉRO-IsPILEPSIP.
ment indiquée : la physionomie exprime la douleur ; cris
de rage, d'effroi; mâchonnement; respiration accélérée.
Attitudes passionnelles variées : gestes, hallucinations,
interpellations et paroles entrecoupées.
Ces quelques citations, tirées textuellement des notes re-
recueillies au moment même des attaques, suffiraient à en
montrer le caractère ; toutefois nous rapporterons encore,
pour compléter cette description, la relation de deux
attaques provoquées.
21 février. Une attaque est déterminée involontairement
en portant la main sur la tête de l'enfant pour explorer la
zone d'hyperesthésie située au niveau du bregma ; à peine
les doigts ont-ils frôlé les cheveux en ce point, qu'un état
de rigidité générale se produit instantanément. La chute
est prévenue et l'enfant porté sur un lit. On observe alors
des battements des paupières et un état singulier de la lan-
gue qui exécute une série de mouvements de va-et-vient
d'avant en arrière et finit par se contracturcr dans la ré-
traction, la pointe touchant le palais et dirigée en arrière.
Quelques mouvements cloniques et des arcs de cercle se
montrent ensuite, puis le calme reparaît et tout se borne
à une seule attaque. Il n'y a pas eu de période de délire.
Une autre attaque produite dans les mômes conditions
a pu être arrêtée par la compression énergique de la zone
bregmatique (clou hystérique).
Après ses attaques, lorsque l'enfant est revenu à lui, il
rend parfaitement compte de ce qu'il a ressenti au moment
où la zone hystérogène a été excitée; il décrit alors les irra-
diations douloureuses, la sensation de boule et les autres
phénomènes prodromiques sur lesquels nous avons insisté
dans notre description générale.
Comme on le voit, les attaques provoquées ne diffèrent en
rien d'essentiel des attaques spontanées.
Il nous reste à parler de la marche qu'ont suivie ces
attaques et de 1'-épilepsie dont le malade était, croyait-on,
atteint concurremment (1). La durée des séries est très va-
riable et oscille entre une demi-heure et trois heures selon
(1) 011 sail, en effet, que chez un certain nombre de sujets, les deux
affections marchent pour ainsi dire de pair, les crises caractéristi-
ques de chacune d'elles se produisant alors isolément. Nous nous
proposons d'attirer prochainement l'attention sur ce point particu-
lier en ce qui concerne l'homme. Cette coïncidence a déjà été si-
MARCHE DES ATTAQUES. 43
le nombre des attaques qui peut aller jusqu'à 20 et plus.
Elles ont été surtout fréquentes dans les mois de janvier et
de février ; à cette époque, l'enfant ne passait guère deux
ou trois jours sans attaque. Peu à peu, elles ont diminué
de fréquence, vraisemblablement sous l'influence des di-
vers moyens thérapeutiques employés contre l'hémianes-
thésie. Depuis que celle-ci a disparu définitivement (2 sep-
tembre) aucune attaque ne s'est produite.
Quant aux attaques, voici la marche qu'elles auraient
suivie depuis l'entrée à Bicêtre, d'après le contrôle journa-
lier exercé par les infirmiers de service selon la coutume
de l'établissement : 4g|}
44 HYSTÉRO-ÉPILE1'SIE : lfi : TALLOSCOPIE.
prises le nitrite d'amyle pour faire cesser les attaques et ce
moyen a quelquefois réussi. C'est seulement au mois de
juin qu'a été commencé l'usage des agents esthésiogènes.
10 juin. Hémianesthésie droite. On applique à 10 heures
du matin un bracelet formé de plaques de cuivre sur la
jambe droite au niveau du mollet et un second bracelet
formé de plaques de zinc sur l'avant-bras droit. Au bout
d'un quart d'heure d'application, la sensibilité revient dans
toute l'étendue du côté droit mais inégalement ; elle est
très marquée au-dessous et autour des plaques métalliques;
au pied, au tronc et à la tête les piqûres sont nettement
senties mais à un degré moindre. La sensibilité au froid
est très marquée dans tout ce côté. Du côté gauche, la
sensibilité persiste bien qu'un peu diminuée; les réflexes
produits par le chatouillement de la plante du pied sont
aussi beaucoup moins intenses qu'à droite; en somme, le
transfert est resté incomplet. Les bracelets métalliques ayant
été enlevés après ces constatations (10 h. 15), on note à
10 h. 22 que la sensibilité est retournée à son état primitif ;
le côté droit est de nouveau absolument insensible, même
à une transfixion de la peau au niveau de la cuisse. A
10 h. 37, c'est-à-dire un quart d'heure après, aucun phéno-
mène nouveau n'est survenu; la sensibilité reste intacte à
gauche, abolie à droite. Les zones hystérogèncs n'ont paru
subir aucune modification pendant l'expérience. Aucune
oscillation ne s'est produite dans le transfert.- Cette expé-
rience a été répétée mais l'hémianesthésie est encore re-
venue droite dès qu'on a retiré les plaques zinc ou cuivre.
12 juin. Hémianesthésie droite complète. Les pôles d'un
aimant en fer à cheval de grande dimension sont appliqués
sur la partie externe de la cuisse droite à 10 h. 13 du ma-
tin ; à 10 h. 18, les piqûres d'épingle commencent à être
perçues aux environs de l'aimant tandis que la sensibilité
devient obtuse du côté gauche; à 10 h. 30, le transfert est
produit : hémianesthésie gauche complète. La transfixion
de la peau par une épingle, pratiquée en plusieurs points,
ne détermine non seulement aucune douleur mais même
aucune sensation, les yeux du malade étant tenus fermés.
A la langue, la sensibilité à également passé de gauche à
droite. Mêmes remarques pour la sensibilité à la tempéra-
ture. L'aimant étant alors retiré (10 h. 32), on constate dès
10 h. 35 que la sensibilité commence à devenir obtuse du
côté droit : quelques minutes plus tard l'hémianesthésie
est revenue et l'enfant se plaint des piqûres qu'on lui a
HYPNOTISME.
45
faites à la cuisse gauche pendant qu'elle était insensible.
Les troubles dans la vision des couleurs n'ont pas été re-
cherchés parce qu'il n'existait pas de dyschromatopsie bien
nette avant l'expérience.
Diverses tentatives ont été faites pour produire le som-
meil hypnotique par la fixation du regard : mais malgré
une grande persistance dans la durée des expériences
toutes sont restées infructueuses.
De nouvelles applications d'aimants ayant été faites sans
amener de modification durable dans l'état de la sensibilité,
l'enfant fut envoyé tous les matins à la douche à partir du
1 cr août; c'est vraisemblablement à l'influence de l'hydro-
thérapie qu'il faut attribuer la disparition définitive de
l'hémianesthésie qui fut constatée le 2 septembre. Ainsi
qu'on peut le voir dans le tableau que nous avons rapporté
plus haut, il n'y a pas eu trace d'attaque depuis le début de
ce traitement. Toutes les zones hystérogènes ont disparu et
on peut maintenant comprimer de toute sa force la zone
bregmatique sans déterminer aucune sensation anormale.
Les couleurs sont exactement perçues des deux côtés. -
L'enfant n'ayant eu aucune attaque en août, septembre,
ni octobre, quitte Bicêtre le .20 de ce mois en état de par-
faite santé. Pendant son séjour (Nov. 1879 à Oct. 1880) il a
grandi de 0,03 cent. (lm27-lm30) et son poids a augmenté de
300 gr. D'après les tables de Quetelet (Anthropométrie,
p. 177 et 418), l'accroissement de taille physiologique à cet
âge serait d'environ 46 millimètres et l'accroissement de
poids de 4 kilog. par an. (Ann. d'hygiène publique. Paris,
1833 ; tome X, p. 1;); ia maladie paraît donc avoir exercé
une influence assez fâcheuse sur la nutrition générale et le
développement.
Telle est la série des phénomènes cliniques observés
chez cet enfant. On voit que ses attaques, exactement
analysées, reproduisent tout à fait les diverses périodes
de l'attaque hystérique connue. Chez lui comme chez la
femme, l'attaque peut revêtir des modalités diverses :
tantôt complète, c'est-à-dire constituée par les trois pé-
riodes également accentuées ; tantôt réduite aux deux
premières ou même à la seule période épileptoïde main-
tcs fois enregistrée pour un accès d'épilepsie ordinaire.
Il est vraisemblable que certains malades doivent aussi
46 HYSTÉRO-ÉPILEPSIE : GUÉRISON.
présenter isolément des phases de délire plus ou moins
prolongées, ainsi que cela a été observé chez la
femme (1).
Comme on l'a vu également, les troubles de la sensi-
bilité générale et spéciale avec leurs modifications par
les agents esthésiogènes se retrouvent chez notre ma-
lade ; son hémianesthésie a disparu peu à peu et il a
recouvré complètement la sensibilité sous l'influence de
l'hydrothérapie. Nous ne croyons pas devoir nous arrê-
ter à l'objection de simulation tant de fois faite à l'anes-
thésie des hystériques. Comme M. Charcot l'a souvent
répété, lorsqu'on voit des malades subir la transfixion de
la peau sans qu'aucune modification appréciable se pro-
duise dans leur physionomie, et cela, bien que l'on
répète l'expérience à de nombreuses reprises, pendant
des mois entiers et en prenant les précautions les plus
minutieuses, il doit être permis de croire tout naïvement
à la réalité de l'anesthésie. Au reste, notre malade n'avait
jamais vu d'hystériques en attaque et n'avait aucun ca-
marade atteint de cette maladie, ce qui doit faire écarter
toute idée d'imitation.
De même que chez les femmes hystériques, nous avons
constaté dans ce cas la présence de zones hystérogènes
se comportant de la même façon. La plus active siégeait
un peu en avant du bregma {clou hystérique). Unepres-
sion légère provoquait une attaque que l'on arrêtait,
comme chez la femme, par une pression plus énergique.
- La compression des testicules a été de nul effet : -
celle des autres zones déterminait seulement quelques-
uns des phénomènes de l'aura.
Le sommeil hypnotique qui n'a pu être provoqué ne
constitue pas davantage une objection à l'identité de la
maladie dans les deux sexes, car on sait qu'il est un cer-
tain nombre de femmes hystériques chez lesquelles on
ne peut le produire.
(1) Voir Iconographie phot. de la Salpêtrière, t. I et II.
H7STÉRO-ÉPILEPSI1 : DANS LES DEUX SEXES. 47
Nous nous croyons donc autorisés à conclure que les
manifestations de l'hystérie sont identiques dans les
deux sexes. Tout au plus y aurait-il lieu, comme nous
le disions au début de cette note, de faire une légère res-
triction pour les troubles de la sensibilité morale qui em-
pruntent sans doute un caractère distinctif à la constitu-
tion particulière de la femme. (Extrait du Progrès rvécli-
cal, 1880, no" 47 et 48, p. 951 et 966).
V.
Recherches sur l'action physiologique et thérapeutique
du bromure d'Éthyle dans l'épilepsie ;
Par BOURNEVILLE et d'OnER.
Le bromure d'éthyle (CîH3Br) a été successivement
expérimenté comme anesthésique général par Nunne-
ley (1865), Turnbull (de Philadelphie) (1877), et Lewis
(1880). Récemment encore, M. le Dr Terrillon s'efforçait
de le faire entrer dans la pratique chirurgicale comme
exempt de la plupart des dangers inhérents au chloro-
forme ; selon lui, le bromure d'éthyle n'exposerait pas à
la syncope, n'entraînerait pas les vomissements si fré-
quents pendant ou après la chloroformisation; enfin, le
malade reviendrait rapidement à lui après l'anesthésie.
L'histoire du bromure d'éthyle et de son emploi comme
anesthésique a occupé assez longuement la presse médi-
cale, dans ces derniers temps, pour que nous ne croyions
pas devoir revenir sur les propriétés physiques et chi-
miques de ce médicament. Nous dirons seulement à ce
sujet, pour mettre en garde contre une cause d'erreur
fréquente, que le bromure d'éthyle du commerce est fré-
quemment impur et mélangé de dérivés bromes du bro-
mure d'éthyle donnant au mélange une odeur désagréa-
ble. C'est ce liquide qui est généralement usité pour
l'anesthésie locale, mais, lorsqu'on veut l'employer en
inhalations, les malades ne tardent pas à être pris de
toux, d'éternuement et de larmoiement qui obligent à
suspendre l'opération. Nous renvoyons d'ailleurs pour
tous les détails historiques et chimiques relatifs au bro-
TRAITEMENT DES CUISES ) : ONVULSIVES. 49
mure d'éthyle aux bulletins du Progrès médical du 19
juin (1) et du 28 août 1880 (2).
Il y a déjà plusieurs années que le chloroforme, le
nitrite d'amie (3), l'ester (4), les valéi'ates d'amyle
et d'éthyle sont employés pour combattre les accidents
convulsifs de l'hystérie et de l'épilepsie; malheureuse-
ment, si, grâce à ces médicaments, on parvient le plus
souvent à faire cesser ou avorter les attaques et quel-
quefois à enrayer des états de mal, les accès convulsifs
n'en sont pour cela ni plus ni moins fréquents, et la mar-
che de la maladie n'est que bien rarement modifiée.
Pensant que le nouvel agent anesthésique donnerait
peut-être de meilleurs résultats, nous avons entrepris, à
Bicêtre, durant une période de deux mois, une série
d'expériences sur des épileptiques et des hystériques
mâles. Dix épileptiques, dont cinq enfants et cinq adul-
tes, ont été soumis à des inhalations quotidiennes de
bromure d'éthyle ; chez, huit autres sujets, le médica-
ment a été administré à plusieurs reprises au moment
même d'attaques d'hystérie ou d'accès d'épilepsie. Ainsi
ont été réalisées environ cinq cents expériences dont
nous avons présenté à la Société de biologie les résul-
tats principaux (P''o. 2écl.; 7 août 1880). Les modifi-
cations des diverses fonctions physiologiques, respira-
tion, circulation, température, sécrétions ; enfin, les
accidents qui ont pu survenir ont été soigneusement no-
tés. Quant au mode d'administration, le médicament a
toujours été donné en inhalations au moyen d'une com-
presse, le malade étant dans le décubitus dorsal comme
pour l'anesthésie chirurgicale. Les doses n'ont guère
dépassé 10 ou 15 grammes versés sur la compresse, en
plusieurs fois.
(1) Ch. Voté. - L'anesthésie par le bromure d'éthyle.
(21 Yvon. - Le Bromure d'éthyle.
(3) Bourneville. - Rec. clin, et Hier, sur l'épilepsie et l'hysté-
rie. 1876.
('1) Bourneville et Hcgnard. Iconographie phot. de la Sallo-
Toiii. I, p. 154, t. II et III, passim.
BOURN. 4
50 BROMURE D'ÉTHYLE.
Nous établirons dans cet exposé la division suivante :
1° propriétés physiologiques du bromure d'éthyle ;
2° action sur les attaques d'hystérie ; 3° action sur les
accès d'épilepsie ; 4° action sur l'épilepsie.
I. Propriétés physiologiques. - L'action physiolo-
gique du bromure d'éthyle a été étudiée complètement
chez les animaux et ensuite chez l'homme par M. Terril-
Ion (Bull. gon.. thérap., avril et mai 1880) et, sauf pour
quelques points que nous allons indiquer, nos recher-
ches n'ont fait que confirmer les résultats précédemment
acquis. D'après M. Terrillon, dans l'anesthésie, par le
bromure d'éthyle, les pupilles seraient d'abord dilatées
sans aucune tendance au resserrement ; l'agent anes-
thésique ne provoquerait pas de toux ; il existerait une
période de convulsions toniques ; enfin, la résolution
musculaire surviendrait toujours au bout de quelques
minutes.
Ces divers phénomènes ne se sont pas toujours pro-
duits dans nos expériences. Les pupilles, quelquefois
fortement dilatées au début de l'inhalation, ont été, dans
d'autres cas, rétrécies; d'autres fois, une observation at-
tentive nous a fait assister à des états alternatifs de con-
traction et de resserrement de l'iris soumis ainsi à une
série d'oscillations de près d'un mill. ; il ne paraît donc
y avoir à cet égard rien de constant. - La toux s'est
montrée fréquemment, surtout chez les adultes, et môme
chez l'un d'eux elle ne se produisait pas à chaque inhala-
tion. Nous n'avons pas observé de phase de convulsions
toniques, à moins qu'onne désigne sous ce nom un certain
état de raideur des membres qui, dès le début des expé-
riences, offraient, en effet, une certaine résistance aux
mouvements communiqués ; mais cette raideur persis-
tait, le plus souvent, jusqu'au réveil, et ce n'est que très
exceptionnellement,même après des inhalations de 10 mi-
nutes et plus, que nos malades ont présenté une résolu-
tion musculaire complète. Ajoutons enfin que l'anesthé-
sie cutanée a été inconstante et fréquemment incomplète.
ACTION PHYSIOLOGIQUE. 51
Bien que les sujets de nos expériences fussent épilepti-
ques ou hystériques, et par conséquent dans des condi-
tions un peu différentes de ceux de M. Terrillon, nous
pensons qu'il doit être tenu compte de ces divergences.
La première observation de M. Terrillon concerne d'ail-
leurs également une hystérique.
Voici quelques autres modifications observées dans
l'état général et les différents appareils.
A. -Sur un total de plus de vingt séries
de températures, il a été observé, pendant l'inhalation, tan-
tôt une élévation (3 fois), tantôt un abaissement (3 fois)
de quelques dixièmes; mais ces variations n'ont jamais
dépassé un demi-degré. Immédiatement après, la tem-
pérature revenait au degré primitif et souvent elle n'a
pas varié pendant toute l'expérience. Au total, on doit
donc admettre que le bromure d'éthyle n'exerce pas d'in-
fluence notable sur la température.
B. Appareil circulatoire.-Rien de spécial n'a été
noté du côté du coeur. Le pouls chez tous les sujets et à
toutes les expériences, presque sans exception, a présenté
pendant l'inhalation une légère exacerbation : 5 fois
seulement, on a observé un ralentissement ne faisant
pas d'ailleurs une différence de dix pulsations. Quant
aux qualités du pouls, elles n'ont pas varié sensible-
ment ; il n'a été noté ni petitesse, ni irrégularité, ni in-
termittences. Une forte congestion de la face se produit
généralement au bout de 2 ou 3 minutes. La respira-
tion a presque toujours été, comme le pouls, un peu
accélérée à la même période ; jamais elle ne s'est trouvée
gênée notablement par des mucosités s'accumulant dans
le pharynx, comme cela a été plusieurs fois signalé.
C. Système nerveux .-Perte de connaissance au bout
de 1 à 3 minutes ; anesthésie au bout de 3 à 5 minutes,
s'accentuant à mesure que l'inhalation se prolonge,
mais devenant rarement absolue, -et, en tout cas, ne
52 BROMURE D'ÉTHYLE.
s'accompagnant presque jamais de résolution muscu-
laire complète.
D. Sécrétons.Larmoiement assez abondant chez la
plupart des malades. L'urine, dont la quantité n'a pas
paru varier 11'a jamais contenu ni sucre ni albumine.
Rien n'a été noté du côté de la sueur.
E. Etat général. Poids ? L'appétit s'est toujours con-
servé excellent et la nutrition générale parait n'avoir
aucunement souffert du traitement (une inhalation de 5
à 10 ou 15 minutes tous les matins pendant deux mois).
Au bout de ce temps, les 5 enfants en expérience qui
étaient gés dc 12 tt 1 ans, ont présenté une augmentation
de poids de 1 à 9 kil. Si, d'après Quételet(l), on admet
pour cet âge une augmentation de poids physiologique
d'environ 400 gr. par mois, on voit qu'il n'y a réellement
eu aucune entrave apportée au développement.
Signalons, en terminant ces considérations physiolo-
giques, le seul accident que nous ayons observé pendant
le cours de nos expériences. Sur les 10 malades en traite-
ment,2 ont présentédansles 1 derniers jours de la rigidité
des membres accompagnée de tremblement.A peine l'in-
halation était-elle commencée, qu'on voyait les membres
supérieurs d'abord, puis les membres inférieurs s'étendre,
se raidir et finalement être agités de tremblement ; ce
dernier était surtout marqué aux membres supérieurs et
atteignait également les deux côtés. A partir du jour où
il s'est présenté pour la première fois, ce phénomène s'est
invariablement reproduit chez les deux malades dans
toutes les expériences.
II. Action sur les attaques d'hijstérie. Le bromure
d'éthyle, administré à plusieurs reprises à 5 hystériques
mâles de Bicêtre et à des hystériques de la Salpêtrière, a
presque constamment amené la cessation des phénomè-
nes convulsifs et plusieurs fois, chez deux malades, le
(1) Sappey. - Anal. descriptive, t. I, p. 3'2.
ACTION SUR L'HYSTÉRIE ET L'ÉPILEPSIE. 53
passage rapide du clownisme au délire. Nous avons ob-
servé plusieurs fois ce fait à Bicêtre, chez des sujets en
proie à une série d'attaques hystériques (vagues abdo-
minales, strangulation, convulsions toniques et cloni-
ques, arcs de cercle, etc.); à peine la compresse était-elle
depuis quelques secondes sur la bouche du malade, alors
vigoureusement maintenu par des aides, qu'on voyait
survenir la résolution et bientôt la période du délire ; il
y avait eu,en définitive, avortement des phases convulsi-
ves. Tantôt alors la crise se terminait sans autre inci-
dent ; tantôt au contraire, après un répit de quelques
minutes, une nouvelle attaque se produisait avec phase
épileptoïde, grandes convulsions, etc., qui était enrayée,
de nouveau et qui, si elle était la dernière, se terminait gé-
néralement par des pleurs et des sanglots, plus rarement
par un rire inextinguible accompagnant le délire. Dix
minutes ou un quart d'heure après, le malade complè-
tement revenu à lui était capable de marcher seul.
III. Action sur les accès d'épilepsie. - L'adminis-
tration du bromure d'éthyle au moment même des accès,
n'a pu être essayée que sur un nombre de malades très
restreint, et les résultats obtenus ont été extrêmement
différents. L'inhalation commencée dès la période toni-
que a, dans trois cas, produit en quelques secondes la
résolution musculaire; dans d'autres cas, la durée et l'in-
tensité des convulsions ont paru diminuer; quelquefois
enfin, la médication n'a produit aucun effet appréciable :
à cette catégorie appartiennent, par exemple, les cas où
des malades en traitement ont été pris d'un accès d'épi-
lepsie au cours même de leur inhalation quotidienne; il
nous est arrivé plusieurs fois dans ces circonstances de
forcer la dose de bromure ; l'accès poursuivait sans la
moindre modification sa marche ordinaire.
IV. Action sur Sur 10 épileptiques,
dont 5 adultes et enfants, soumis pendant deux mois
(juin et juillet 1880) à une inhalation quotidienne pous-
54 BROMURE D'ÉTHYLE.
sée jusqu'à l'anesthésie et, dans plusieurs cas, prolongée-
jusqu'à 20 minutes, 5 ont présenté en juin une diminué-
tipn considérable du nombre des accès (4 à 41 accès de-
moins qu'en mai). Cette différence s'est encore accentuée
en juillet (12 à 11 accès de moins qu'en juin). Les com-
paraisons avec l'année précédente donnent des résultats
un peu moins favorables : ainsi, en juin 1880, 7 malades
sur 10 ont eu de 2 à 59 accès déplus qu'en juin 1879; 3
seulement de 21 à 39 accès en moins. Pour juillet 1880,
la proportion se trouve renversée ; 7 malades sur 10 ont
eu de 11 à 55 accès de moins qu'en juillet 79; les 3 au-
tres de 1 à 34 accès en plus. Malgré ces contradictions, il
ressort évidemment de ce chiffre que le bromure d'éthyle
exerce une action certaine sur la marche de l'épilepsie.
Nous devons en terminant cette note indiquer ce qu'il
est advenu des malades qui ont suivi ce traitement.
Quatre d'entr'eux, dont 3 enfants, sont morts en état
de mal épileptique, 2 en juillet (1), le 3° en août, le 4e en
septembre. Une autre, idiot épileptique, a été atteint en
juillet, dans le cours même du traitement, d'un affaiblis-
sement des membres inférieurs, en même temps, il y
avait de la lièvre, de l'inappétence, et, quelques jours plus
tard, on constatait une paraplégie complète. Aucune con-
vulsion n'a été notée; la paraplégie a diminué peu à peu,.
par l'exercice, et, actuellement (mars 1881), l'enfant se-
tient sur les jambes et marche, soutenu par les mains.
Son état général est d'ailleurs excellent ; il n'existe au-
cune déformation ni changement de volume des mem-
bres, qui sont très volumineux. Est-ce au bromure d'é-
thyle qu'il faut rapporter ces accidents en d'autres ter-
mes, s'agit-il là d'une paraplégie toxique ? Nous l'igno-
rons. Quoiqu'il en soit, nous devions mentionner cette
affection intercurrente. Quant aux cinq autres malades,
ils n'ont rien présenté de particulier.
(1) Voir l'observation de l'un d'eux à la page G ?
CONCLUSIONS. 55
En résumé, nous croyons pouvoir tirer de l'ensemble
de ces recherches les conclusions suivantes :
1° La dilatation pupillaire,au début des inhalations de
bromure d'éthyle, n'a rien de constant;
2° La résolution musculaire complète est exceptionnelle;
3° L'anesthésie se produit à des degrés très variables
suivant les sujets;
4° La température, les sécrétions, l'état général ne pa-
raissent subir aucune modification ;
5° Le pouls et la respiration sont légèrement accélé-
rés ;
6° Il peut se produire un tremblement plus ou moins
marqué des membres pendant l'inhalation, mais ne per-
sistant pas en dehors d'elle ;
7° Les attaques hystériques sont en général facilement
arrêtées avec le bromure d'éthyle ;
8° Les accès d'épilepsie peuvent quelquefois être en-
rayés en donnant le médicament dès la période tonique ;
le plus souvent l'inhalation reste sans effet ;
9° Dans l'épilepsie, l'emploi régulier du bromure
d'éthyle, administré en inhalations quotidiennes pendant
une période d'un à deux mois, diminue très notablement
la fréquence des accès.
VI.
Epilepsie, délire, idées de suicide; mort par érysipèle de
la face. Inégalité des hémisphères ; anomalies des cir-
convolutions ; par H. <]'0nnt ! , interne des hôpitaux.
Fontai..., César-Alexandre, 41 ans, est entré le 23 août
1875. W-31c : tre. division des épileptiques simples (service
de M. Bourneville).
Antécédents. Ce malade est né dans le Pas-de-Calais.
Il a fait en Afrique un congé de deux ans, pendant lequel
il aurait passé 1 mois à l'hôpital pour la dysenterie et les
fièvres. Il avoue lui-même qu'il était, à cette époque, grand
buveur d'absinthe. .
Pendant son enfance, il aurait eu de l'impétigo du cuir
chevelu jusqu'à 11 ans. Variole bénigne à 16 ans. Le père
a toujours été bien portant; la mère est morte à 72 ans,
paralysée, mais sans avoir jamais présenté auparavant de
troubles Le malade avait un frère et cinq soeurs,
dont deux sont mortes de la poitrine.
Les premiers accès épileptiques se seraient montrés vers
26 ans (18G0), à la suite de nombreux excès génitaux. Le
premier accès serait survenu, .sans aucun phénomène pré-
curseur, alors que le malade était à son travail. Il existait
déjà à cette époque un certain défaut d'équilibre dans
l'état mental; Fontai... dit lui-même «qu'il n'avait alors
aucune confiance en lui, qu'il se voyait abandonné par sn
famille, qu'il était désespéré. »
Au'début, les accès étaient faibles et assez fréquents;
peu à peu, ils s'espacèrent et devinrent plus violents. Au
moment de l'arrivée il Bicêtre (I : ans après le début), les
accès se renouvellent en moyenne 7 ou 8 fois par jour : le
malade tombe ordinairement sur la face; il est agité de
convulsions qui atteignent tous les membres, écume beau-
coup, se mord la langue et, souvent, urine sous lui ; puis,
la respiration devient fréquente et stertorcusc et l'accès
épilepsie; délire. 57
se termine au bout de 5 à 10 minutes, sans laisser aucun
souvenir.
L'état mental s'est profondément modifié depuis 15 ans.
En 1875, le malade présente fréquemment, dans l'intervalle
des accès, une agitation extrême, avec un délire caractérisé
par des idées politiques en faveur de la République ; il
veut que tout le monde soit heureux. De plus, il manifeste
des impulsions violentes et est en état de nuire aux per-
sonnes qui l'entourent. C'est ainsi que, le 31 septembre
1876, dans une période d'exaltation extrême, le malade se
lève furieux de son lit et se précipite sur le veilleur pour
l'étrangler. Cette agitation, accompagnée du délire habi-
tuel, persiste pendant trois jours pleins. Quand les accès
étaient séparés par un intervalle suffisant, le calme reve-
nait et le malade pouvait encore s'occuper ; il allait à la
Bibliothèque. Cependant dans le courant de 1877, la pré-
dominance du délire devint telle qu'on dut le faire passer
à la section des épileptiques aliénés.
C'est seulement en 1879 que se manifestèrent les idées
de suicide. Plusieurs fois, on l'a surpris se frappant la tête
le long des murs. En février 1880, ces tentatives devien-
nent si fréquentes qu'on est obligé de laisser le malade
constamment camisolé. Son délire est raisonné : il raconte
avec un air de profonde résignation que tout ce qu'il fait
lui est commandé par des voix, celle de Dieu notamment,
qui lui ordonnent de temps en temps à travers la muraille
de se donner la mort pour le bien de ses semblables. Dès
qu'il entend la voix, il tâche de se jeter hors du lit, de se
frapper, etc.
Avant d'en arrivera l'idée du suicide, le malade a pré-
senté à plusieurs reprises une sorte d'exaltation mystique.
C'est ainsi que, pendant l'été de 1879, il se mettait très
souvent à genoux clans la cour, un bandeau sur les yeux,
la face tournée vers le soleil, et restait parfois plusieurs
heurs dans cette position. D'autres fois, il restait agenouillé
devant les grilles, les bras étendus, marmottant des prières
et demandant des prêtres. Le lendemain, il trouvait qu'il
n'y en avait pas assez et demandait qu'on les coupât en
deux pour en doubler le nombre.
L'examen physique, au commencement de 1880, donnait
les renseignements suivants :
Tête irrégulière et face asymétrique; l'os malaire gauche
paraîtétresur un plan postérieur au droit. Le nez est comme
écrasé et un peu déjeté à droite, arcades sourcilières à peine
marquées.
Oreilles régulières, mais un peu asymétriques; l'ourlet
58 épilepsie; démence.
descend beaucoup moins bas à gauche qu'à droite. Le lo-
Mule est adhérent jusqu'à son extrémité, des deux côtés.
Lèvres volumineuses; la supérieure très épaisse paraît t
avoir été coupée à plusieures reprises., soit dans les chutes,
soit par dos morsures et présente des plis de cicatrices de
la muqueuse formant comme une série d'étages.
La voûte palatine, le voile du palais, les arcades dentaires
ne paraissent pas présenter d'asymétrie.
La physionomie présente une expression bestiale et an-
nonce un abêtissement profond. Les yeux sont petits,
presque constamment fermés ; le cuir chevelu et surtout le
front sont couturés de nombreuses cicatrices qui rendent
le visage hideux.
Les autres parties du corps, les membres, les organes
génitaux, ne présentent rien de particulier à noter. La
sensibilité générale et spéciale parait normale.
28 mars. Début d'un érysipèle de la face. Le pavillon de
l'oreille gauche est rouge et chaud ainsi que la joue cor-
respondante. Le malade ne peut ouvrir les yeux à cause
d'un oedème considérable des paupières de chaque côté,
T. R. 40°. - Soir : 37°,6. Trait. : Eau de Seddlitz. Compres-
ses d'eau de sureau.
29 mars. L'érysipèle a gagné le front et une partie du
cuir chevelu. T. R. 38 ,6. - Soir : T. R. 37°.
30 mars. La face est envahie complètement et présente
un gonflement énorme. Les paupières supérieures, tres
oedématiées, présentent des eschares superficielles, larges-
comme des pièces d'un franc. Du côté du cuir chevelu, la
rougeur ne paraît pas dépasser la région temporale. Il y a,
en plusieurs points, de petits abcès sous-cutanés qui exis-
taient avant l'apparition de l'érysipèle, et dont le plus vo-
lumineux, situé au niveau du sinciput s'est ouvert à l'exté-
rieur depuis 3 jours. T. R. 39°,4. - Soir : T. R. 39°.
31 mars. Même état. Il est impossible de tirer une ré-
ponse du malade qui marmotte continuellement des mots
incompréhensibles. T. R. 39°. - Soir : T. R. 39°,6.
le, avril. Mort à 6 heures du matin. T. R. une heure avant
la mort 39°,8.
Autopsie. - Cuir chevelu épais d'un centimètre et très
adhérent au crâne. Vaste décollement dans la région occi-
pitale, au niveau de l'abcès dont il a été parlé plus haut.
Le crâne n'a pas une épaisseur exagérée, mais présente
une asymétrie remarquable dont on se rend surtout compte
en examinant la face interne. La crête frontale et la protu-
bérance occipitale interne sont, en effet, notablement re-
ASYMÉTRIE DU CRANE ET DU CERVEAU. 59
portées vers la gauche, ainsi que la gouttière sagittale et la
suture interpariétale.
La demi-circonférence de la base du crâne, mesurée de
la suture sagittale à la protubérance occipitale externe, est,
droite de 285 mill. et à gauche seulement de 235. Diffé-
rence 5 centimètres. Enfin, lorsque tendant un fil de la
crête frontale à la protubérance occipitale interne, on me-
sure la distance qui sépare le milieu de ce fil des parois la-
térales du crâne, on trouve à droite 80 mill.; à gauche
57 mill. Différence : 23 mill. Les os du crâne sont soudés
sur plusieurs points des sutures pariéto-occipitales.
Dure-mère très épaissie, très adhérente sur les bords de
la scissure interhémisphérique, principalement en haut et
en arrière; ailleurs, on ne constate pas d'adhérence. Au
niveau des fosses sphénoïdales, elle présente un piqueté
rouge qui résiste au lavage et au grattage.
Les deux hémisphères cérébraux offrent une conges-
tion considérable à la base, surtout à gauche. Sur la partie
la plus élevée de la convexité, l'arachnoïde et la pie-mère
sont très épaissies et ont une teinte blanchâtre opales-
cente.
Artères de la base. Les vertébrales présententune grande
différence de volume, tandis que la gauche a une largeur
de 4 millimètres, la droite n'a que mill. 1/2. La cérébel-
leuse inférieure gauche est également plus volumineuse
que la droite, qui est filiforme.
Au niveau de l'hexagone, la communicante postérieure
gauche est beaucoup plus petite que la droite. Les deux céré-
brales antérieures sontlargement anastomosées par lacom-
municante antérieure. Enfin, les vertébrales, le tronc basi-
laire, les carotides sont parsemées de nombreuses plaques
d'athérome. Rien de particulier dans les tissus. Le poids
total de l'encéphale est de 1,480 gr. et se décompose ainsi :
Cerveau, 1,280 gr. (Hémisph. g. 560 gr., hémisph. droit
720 gr. Différence : 160 gr.)
Cervelet et isthme : 200 gr. (lobes cérébelleux droit et
gauche chacun, 85 gr. Bulbe et protubérance, 30.)
L'inégalité de volume des hémisphères cérébraux est très
apparente à la vue. Du côté gauche, la scissure de Sylvius
paraît se prolonger en arrière plus loin que sur l'hémis-
phère droit. On remarque, sur les deux hémisphères, que
le sillon de Rolando est très reporté en arrière, d'où il ré-
sulte que les circonvolutions frontales présentent une lon-
gueur notablement plus considérable qu'à l'habitude. On
60 ASYMÉTRIE DU CERVEAU.
trouve, en mesurant la distance qui sépare l'extrémité supé-
rieure du sillon de Rolando de la pointe du côté frontal de l'hé-
misphère droit 18cent., surl'hémisphère gauche 19 cent. 15,
alors que, sur la plupart des cerveaux, cette distance est en
moyenne 15 a 16 cent. D'autre part, on trouve, en mesurant
de l'extrémité supérieure du sillon de Rolando à la pointe
du côté occipital : adroite, 13 cent.; à gauche 8,5. Remar-
quons en passant que c'est l'hémisphère gauche, le plus
petit, qui présente le plus grand développement du lobe
frontal.
Outre cette première anomalie, le dédoublement normal
de la deuxième circonvolution frontale se trouve ici telle-
ment accentué, qu'on pourrait croire, au premier abord,
qu'il existe quatre circonvolutions frontales parallèles. Mais
on sait que la présence d'une frontale parallèle supplémen-
taire n'est admise par les auteurs qu'autant qu'il existe 4
points d'attache sur la frontale ascendante : or, il n'en existe
ici que trois.
Les longueurs des trois frontales de chaque côté, mesu-
rées d'une extrémité à l'autre sans tenir comptedes plis in-
termédiaires, sont les suivantes :
Côté droit : FI = 15 cent.; Il ! = l l, : i; F3 = 6,5.
Côté gauche : FI = 16,5; F2 == 11,5; I'3 : - 7,5.
Comme on le voit, chacune de ces circonvolutions at-
teint son plus grand développement sur le plus petit hé-
misphère.
Les circonvolutions occipitales et sphénoïdales ne pré-
sentent pas d'anomalies, mais on remarque, vers la face
inféro-interne du lobe sphénoïdal gaucho, que la pic-mère
est adhérente à la substance cérébrale sur une étendue de
4 ou 5 centimètres carrés.
Si l'on tient compte du piqueté de la dure-mère au même
niveau et de la congestion veineuse générale de la base de
l'encéphale, on voit qu'il y a là des lésions de méningite
récente, vraisemblablement suffisantes pour expliquer la
mort.
Réflexions. Nous n'insisterons pas sur les anomalies
des circonvolutions qui viennent d'être signalées. On
nous permettra seulement de remarquer combien est ar-
bitraire la manière de compter les circonvolutions fron-
tales, que nous avons mentionnées plus haut. Il paraît au
moins exagéré de persister à considérer comme une même
circonvolution, deux plis cérébraux parallèles, égaux en
LÉSIONS DE LA DÉMENCE. 61
volume, égaux aussi aux circonvolutions voisines et séparés
par un sillon aussi profond que les autressillons parallèles.
Les quatre circonvolutions frontales des cerveaux de cri-
minels, mentionnés par Benediclct et par M. Hanot, présen-
taient-elles quatre attaches à la frontale ascendante ? Ce
[joint n'est pas indiqué dans le compte rendu des communi-
cations et ne parait pas davantage confirmé par les figures
de l'atlas de Benedickt.
L'observation précédente est encore intéressante par
l'absence complète des lésions de méningite et de périen-
céphalito chroniques, qu'on aurait pu s'attendre à rencon-
trer la convexité des lobes frontaux. Ce résultat négatif
parait être en corrélation avec l'état symptomatique, dont
le phénomène principal était le délire. Sans doute, l'intelli-
gence avait progressivement baissé depuis une dizaine
d'années, mais le malade est resté capable, jusqu'aux der-
niers jours, de répondre aux questions qu'on lui adressait,
et même de raconter ses sensations. La démence, si elle a
existé, a donc été peu marquée. Toutefois, ce fait est plutôt
l'exception, et on observe inversement chez certains épilep-
tiques des états prolongés de démence et, quelquefois, une
déchéance intellectuelle rapide, se traduisant à l'autopsie
par des lésions de méningo-encéphalite plus ou moins
avancées. Enfin, un certain nombre d'observations parais-
sent prouver que, chez des épileptiques manifestement dé-
ments, on peut ne rencontrer à l'autopsie aucune lésion
corticale (Bourneville). Nous aurons, d'ailleurs, bientôt l'oc-
casion de revenir sur ces lésions corticales et méningées
qu'on observe chez les épileptiques, et qui paraissent se
rapprocher singulièrement de celles de la paralysie géné-
rale. En d'autres termes, suivant M. Bourneville, la démence
épileptique se traduit anatomiquement par des résultats
négatifs, dans certains cas, et, dans d'autres, par des lé-
sions offrant les plus grandes analogies avec celles de la
paralysie générale, bien que, clinidtr,entel2f, il n'y ait pas
eu de différences, jusqu'ici, appréciables.
VII.
Atrophie partielle de l'hémisphère cérébral gauche.
Hémiplégie droite. - Idiotie, épilepsie jacksonienne à
forme hémiplégique.- Mort en état de mal; par II. d'OLIER,
interne des hôpitaux.
Pass... Charles a été amené à l'Infirmerie des idiots de
Bicêtre. en 1871 (Service de M. BOURNEVILLE, alors dirigé
par M. Falret).
Antécédents. Le père et la mère, tous deux bien portants,
n'ont jamais présenté aucun accident nerveux ni fait
d'excès de boisson.-Pas de consanguinité. Une cousine de
l'enfant, du côté du père, est morte épileptique. Interrogée
sur la marche de sa grossesse, la mère raconte qu'elle n'a
subi à cette époque aucun traumatisme et qu'il ne lui est
arrivé aucun accident, sauf une frayeur qu'elle eut au
sixième mois parce que le feu avait failli prendre chez elle ;
elle n'y a d'ailleurs attaché d'importance qu'après la nais-
sance de l'enfant, en recherchant les causes de sa maladie.
L'accouchement a eu lieu à terme et sans difficulté ;
l'enfant paraissait fort, mais on aurait remarqué dès le
moment même de la naissance que le bras droit était cya-
nosé. Dix mois plus tard, l'enfant aurait présenté ses pre-
mières attaques do convulsions, elles auraient été très lé-
gères ; cependant, on aurait observé bientôt que l'enfant re-
muait moins bien le bras droit que le gauche. Une se-
conde attaque survint quatre mois plus tard.
A 2 ans, l'enfant marchait seul en traînant la jambe
droite. Il prononçait quelques mots « papa, maman, pro-
mener », il comptait jusqu'à 20. Il est toujours resté
gâteux; cependant on assure qu'il demandait quelquefois
le vase. C'est à cette époque qu'auraient débuté les vertiges
qui augmentèrent rapidement de fréquence. A 4 ans, ils
étaient très intenses : ils se produisaient tout à coup, sans
aucun signe précurseur, et duraient plusieurs secondes.
IDIOTIE ET épilepsie partielle. 63
D'autres fois, l'enfant présentait des accidents nerveux
singuliers : la physionomie s'altérait, il poussait des cris,
trépignait et brisait tout ce qu'il avait sous la main. Cet
état se prolongea une fois pendant une nuit entière. Le
caractère de l'enfant était d'ailleurs devenu de plus en
plus irascible et méchant ; il criait presque continuellement.
Les accès épileptiques., nettement caractérisés, auraient
débuté quelque temps après son arrivée à Bicêtre où il fut
placé l'âge de 6 ans.
Depuis cette époque, l'intelligence a baissé de plus en
plus, le peu qu'il savait a disparu. Au mois de mai 1880,
l'état de l'enfant était le suivant.
Etat mental. L'intelligence est presque nulle, P... ne re-
connaît ni son père, ni sa mère ; aucune parole. Il fre-
donne de temps en temps. Fréquemment, il a des accès
de colère, avec cris violents.
Etat des sens. Rien de particulier. Pas de strabisme.
Etat des membres. Hémiplégie droite incomplète ;
l'enfant ne peut marcher que soutenu et traîne la jambe.
Pied bot varus équin à droite.
Le malade reste habituellement assis dans un fauteuil
où il exécute quelquefois une sorte de balancement rhy-
thmique. Le bras droit est ordinairement collé au tronc,
l'avant-bras demi-fléchi, la main pendante à angle droit.
Poignet flasque ainsi que les doigts. L'épaule présente une
raideur qu'on a peine à vaincre lorsqu'on veut écarter le
bras. La jambe droite est étendue sans rigidité et cyanosée
dans sa partie inférieure.
Les membres du côté gauche sont un peu plus volumi-
neux et plus longs (d'un centimètre environ) que ceux du
côté paralysé.
Appareil digestif. L'appétit est bon. Pas de bave, de
vomissements, ni de salacité. Le malade est grand gâteux.
Les accès épileptiqnes reviennent deux et trois fois par
jour. Leur chiffre mensuel a oscillé depuis le commence-
ment de l'année entre 85 (mars) et 99 (janvier). Ces accès
généralement très courts et diurnes sont caractérisés par
des convulsions survenant sans cri initial et exclusive-
ment limités au côté paralysé (côté droit). Dans la plupart
des accès, les convulsions, qui débutent toujours par le
membre supérieur, s'étendent au membre inférieur; mais
il est rare d'observer une série d'accès sans en voir plu-
sieurs où les mouvements convulsifs restent limités au bras
seul. Durant l'accès, les paupières à demi fermées sont
64 état de NI;11. épileptique.
animées d'un mouvement de clignement rapide et peu
étendu. Ce mouvement ne parait pas prédominer spéciale-
ment d'un côté.
En même temps que les convulsions d'abord toniques, puis
cloniques, se produisent, on observe du côté gauche, prin-
cipalement dans le membre supérieur, des secousses plus
ou moins violentes et espacées de plusieurs secondes. Les
secousses paraissent avoir été absolument distinguées des
secousses du début de la phase clonique de l'épilepsie :
outre que le membre où elles se produisent n'a présenté
aucune raideur, elles sont faibles, peu étendues, séparées
par des intervalles de plusieurs secondes et ne sont pas
suivies de convulsions cloniques proprement dites. Nous
n'avons pu savoir si Pass.... avait présenté de ces se-
cousses en dehors des accès, mais il existe dans le même
service un certain nombre de malades qui sont dans ce
dernier cas. Nous ne faisons que signaler en passant ce
point sur lequel M. Bourneville a maintes fois appelé l'at-
tention dans ces dernières années et qui fera prochaine-
ment l'ohjet d'une étude spéciale.
Pendant toute la durée du mois de juin, Pass... fut sou-
mis à des inhalations quotidiennes de bromure d'éthyle
poussées jusqu'à l'anesthésie dans le but de modifier la
marche des accès épileptiques. Cette médication parut
avoir sur lui une influence marquée : il y eut en juin : 6 accès de moins que dans le mois précédent, et 3;) de
moins que dans le mois de juin 1879. Plusieurs fois des
accès d'épilepsie, survenus au moment des visites, avortèrent
grâce à l'emploi immédiat du bromure (l'dthule; d'autres
fois aussi, l'enfant fut pris d'accès dans le cours même
d'une inhalation, mais presque toujours ces accès restèrent
limités à la période tonique.
Il y avait, en somme, une amélioration notable de l'état
général, lorsque l'entant fut pris, le 5 juillet au soir, d'une
série d'accès de plus en plus rapprochés. Le G au matin, les
accès continuaient, les convulsions tétaniformes et clonillues
étant tcujours limitées au côté droit. On observait fréquem-
ment dans le membre supérieur gaucho des secousses du-
rant lesquelles l'enfant soulevait brusquement la main en
écartant les doigts. P. 1 ? G; T. li. 39°,4. Les yeux étaient
ternes, les dents fuligineuses, le faciès décomposé : la mort
paraissait imminente. Des applications de sinapismes aux
cuisses et de ventouses sèches sur la poitrine parurent faire
sortir un instant le malade de sa torpeur.
Dans le courant de la journée un seul accès se produisit
avec convulsions du côté droit ; il gauche, les secousses,
ASYMÉTRIE DU CRANE ET DU CERVEAU. 65
assez faibles, étaient devenues presque continuelles. A mi-
nuit, la température atteignit 39°,8. L'enfant succomba dans
la nuit. Température immédiatement après la mort : 41°,9.
Autopsie. - Crâne épais. La base du crâne est fortement
asymétrique ; tous ses étages sont manifestement plus
larges du côté droit. Au niveau de l'étage supérieur, la
saillie de la voûte orbitaire est plus marquée à gauche. Au
niveau de l'étage moyen, on trouve du côté gauche une
saillie osseuse de la grosseur d'une noisette et dépendant
de la face interne de l'écaille du temporal. Les fosses céré-
belleuses paraissent de dimensions égales. Pas de rétrécis-
sement notable du trou occipital. La moitié droite de la
voûte crânienne est beaucoup plus développée que la gauche
et la suture sagittale ne se trouve plus sur la ligne médiane.
Cerveau. Poids total : 650 gr. (Hémisphère droit, 415 gr.
Hémisphère gauche, 235 gr.) Ce dernier hémisphère est
heaucoup plus petit que l'autre. Il présente une longueur
de 13 centimètres, tandis qu'on trouve, pour le droit,
16 cent. 5.
Sur la face inférieure de l'encéphale, la pie-mère est injec-
tée. On observe également des plaques ecchymotiques sur
la face convexe des lobes frontaux, sur les lobes occipitaux
et sur le bord postérieur du cervelet.
Le lobe frontal gauche est situé en arrière de son congé-
nère d'environ un demi-centimètre, mais c'est surtout en
arrière que la différence de longueur devient évidente.
La décortication des hémisphères est très difficile ; on
doit même y renoncer, car on arrache en même temps
l'écorce grise sous-jacente. Sur l'hémisphère gauche, les
circonvolutions frontales sont moins longues qu'à droite et
offrent des inflexions et des plis de passage assez irré-
guliers. La deuxième circonvolution est très large et
présente en partie, vers son extrémité antérieure,son dédou-
blement habituel. La troisième circonvolution offre une
disposition anormale : elle est très raccourcie et son cap se
trouve confondu avec le pied de la frontale ascendante qui
est elle-même assez volumineuse, mais parait parfaitement
saine.Le groupe des circonvolutions frontales, ainsi consti-
tué, persiste seul sur la face convexe de cet hémisphère. Le
sillon de Rolando ne présente ainsi qu'un seul bord,l'anté-
rieur; en arrière, l'arachnoïde et la pie-mère se portent sur
toute l'étendue du lobe sphéno-occipital à la manière d'un
voile rosé, épais d'un peu plus d'un millimètre et paraît sil-
lonné de vaisseaux nombreux. Sur les. confins des lobes
occipital et sphénoidal, il existe un bourrelet volumineux
BOURN. 5
66 ASYMÉTRIE DU CRANE ET DU CERVEAU.
formé par les circonvolutions déformées et ratatinées des
bords de l'hémisphère. (Voir 2 aquarelles dans l'album de
la Soc. anat.) L'espace à peu près triangulaire limité par
ce bourrelet est comblé par l'espèce de vélum formé par les
méninges. Après l'ouverture du crâne et l'incision deladure-
mère, les membranes soulevées par le liquide céphalo-
rachidien simulaient un kyste. Elles constituent en réalité
une vaste poche qui communique largement avec la moitié
postérieure du ventricule latéral. L'épendyme parait être à ce
niveau directement adossé à la pie-mère et la substance cé-
rébrale a complètement disparu. Le doigt, introduit dans
le ventricule, soulève le sac membraneux qui en forme la
paroi externe.
Sur la face interne de cet hémisphère et sur l'hémisphère
droit, les circonvolutions paraissent normales. Le volume
des noyaux gris paraît un peu diminué du côté, gauche.
Cervelet. Pas d'atrophie ni d'induration. Les hémisphères
cérébelleux pèsent chacun 40 gr.-Isthme. La protubérance
et le bulbe sont symétriques. Pas d'atrophie des nerfs.
La moelle n'a pas été examinée.
Les poumons présentent une congestion intense et
même un certain degré de splénisation de leur lobe in-
férieur. Rate, 140 gr., volumineuse. - Foie, 850 gr.
sans congestion ni ecchymoses. - Reins, chacun 100 gr.
Le coeur ne présente rien de particulier.
RÉFLEXIONS.I. Cette observation nous a paru offrir quel-
que intérêt, surtout au point de vue de la forme qu'ont
affectée les symptômes de l'épilepsie considérés dans leurs
rapports avec la lésion. On admet généralement que, dans
les cas d'épilepsie partielle où il existe des lésions des centres
moteurs, les phénomènes convulsifs débutent par les
groupes musculaires correspondant à ces centres. (Grasset.)
Dans le cas actuel où la perte de substance intéressait toute
la région cérébrale, située en arrière du sillon de Rolando,
les convulsions débutaient par le membre supérieur auquel
elles restaient le plus souvent limitées. Or, le centre des
mouvements de ce membre ne paraissait point lésé. Enfin,
on a noté des mouvements du membre inférieur et des pau-
pières alors que toute trace de substance cérébrale avait
disparu au niveau des centres correspondants. L'intégrité
du lobe paracentral pourrait expliquer, cependant, deux des
phénomènes en question.
ASYMÉTRIE DU CRANE ET DU CERVEAU. 67
II. Au point de vue anatomique, l'observation précédente
n'apporte rien de nouveau à l'histoire de l'atrophie céré-
brale et se range à la suite des sept faits analogues rappor-
tés par M..Cotard sous le titre « Atrophie avec disparition
complète de la substance nerveuse. » La lésion remonte
selon toute probabilité à la vie intra-utérine. Quant à son
origine, elle ne paraît pas, d'après les renseignements
fournis par la mère, pouvoir être rapportée à une encépha-
lite traumatique; on se trouve donc ramené aux hypothèses
d'une hémorrhagie méningée ou d'une stéatose cérébrale
(Parrot), due elle-même à une cause actuellement impos-
sible à déterminer.
IV. Notons l'arrêt de développement des os du crâne à
gauche et des circonvolutions de l'hémisphère cérébral cor'
respondant, se traduisant par une différence de longueur
et de poids.
V. Ainsi que l'a fait remarquer M. Bourneville, l'épilep-
sie hémiplégique peut donner lieu , dans les premiers
temps, à un état de mal qui ne diffère pas notablement de
l'état de mal qui complique l'épilepsie vulgaire. Rappelons
aussi, avec notre maître, que les malades qui appartien-
nent à cette catégorie, ont une période difficile à passer,
dans laquelle les accès sont fréquents et que, à mesure
qu'ils avancent en âge, les accès s'éloignent de plus en
plus et finissent par disparaître (1), de telle sorte que les
malades quittent leur section pour passer dans les divi-
sions de l'hospice, en raison de leur infirmité.
(1) Bourneville. - Icollog1'. photogr. de la Salpêtrière. t. II, p.
i-90; Société anatomique, juillet 1876; Gaz. méd., 1876;
p. 595 et 610; Progrès médical, 1879, p. M9,et6.
68 ASYMÉTRIE DU CRANE ET DU CERVEAU.
VI. Les accès, chez ce malade, ont eu la marche sui-
vante :
VIII.
Idiotie. - Gâtisme. - Eruptions bulleuses sur les mem-
bres inférieurs. - Érysipèle. - Bronchopneumonie.
Mort. - Autopsie : Lésions pulmonaires et cérébrales;
- Pachyméningite généralisée; dispositions spéciales
de la néo-membrane; par II. D'OLIER, interne des hôpitaux.
Nér... Félix, âgé de 14 ans, est entré le 30 mai 1879, à Bi-
cêtre, à l'infirmerie des épileptiques (service de M. BOURNE-
VILLE).
Nous ne possédons aucun renseignement sur les antécé-
dents de cet enfant; nous savons seulement qu'il n'aurait
jamais été paralysé. Il a toujours été grand gâteux. Il
restait toujours confiné à l'infirmerie, à cause d'une fai-
blesse très grande, qui lui permettait à peine de mar-
cher, de son état de gâtisme et surtout parce qu'il portait
aux membres inférieurs des phlyctènes et des ulcérations
incessantes. Nous devons insister sur ces lésions qui nous
ont paru avoir un caractère assez spécial. Les membres in-
férieurs présentaient constamment un état de cyanose, et
les téguments en étaient d'un bleu violacé ; de plus, la tem-
pérature y était abaissée d'une manière évidente à la main.
Cet état s'accentuait de plus en plus au-dessous du genou,
et les pieds, outre leur coloration foncée, présentaient un
état oedémateux très net. C'est sur cette altération préa-
lable des téguments que venait se greffer, en quelque sorte,
la seconde lésion consistant en bulles plus ou moins volu-
mineuses, et atteignant, en général, le volume d'une grosse
noisette ou d'une noix. Leur production était très rapide :
là où il n'existait la veille qu'une tache violacée de la peau,
on constatait, le lendemain, la présence d'une grosse bulle
remplie d'un liquide roussatrc ; deux ou trois jours plus tard,
l'épiderme soulevé se rompait en laissant à nu le derme
macéré, ramolli, d'un brun noirâtre; au milieu de la tache
existait presque toujours une petite escharre, très superfi-
70 IDIOTIE. TROUBLES TROPHIQUES.
cielle, puisque la cicatrice consécutive était à peine dépri-
mée, mais s'éliminant avec une extrême lenteur. La cica-
trisation demandait trois à cinq semaines et il ne se pro-
duisait jamais de croûtes à la surface de la plaie. Si nous
insistons ainsi sur les lésions des membres inférieurs,
c'est que, peut-être, il y aurait lieu de les relier aux lésions
méningées révêlées par l'autopsie, au même titre que les
escharres fessière et sacrée, dont le processus anatomique
paraît être identique, sont'ni1àpportées aux lésions céré-
brales et médullaires. Divers traitements, entre autres
les douches locales, furent successivement employés pour
modifier la nutrition désastreuse : 'de.s-membréS)inJél"ieurs,
mais sans résultat. ' z
Quoi qu'il en soit, l'enfant resta 'pendant l'année entière
dans le même état, mangeant avec appétit, 'mais gardant
le lit. Intelligence très affaiblie ; idiotie incomplète; la pa-
role, quoique rare, existait cependant; on pouvait, lorsque
l'enfant était bien disposé, lui faire, prononcer quelques
phrases. .
Le 20 novembre, on vit apparaître autour d'une bulle
volumineuse siégeant au bord interne de la plante du pied
droit, une rougeur diffuse, qui, dès le lendemain, s'était
étendue à toute la jambe. De plus, la jambe gauche était
également prise, et toutes deux présentaient un gonflement
avec rougeur vive de la peau, limité par un bourrelet
nettement accentué à la partie supérieure ; il existait un
erysipèle symétrique, et, d'ailleurs, le thermomètre accusait t
40" dans le rectum. Les deux jambes furent couvertes de
collodion, et, fait intéressant à noter, la température tomba
dès le lendemain à 38°. L'érysipèle fut ainsi arrêté dans sa
marche, mais l'enfant s'affaiblit rapidement, et bien qu'on
ne constatât aucune lésion importante dans les divers appa-
reils (seulement quelques râles aux bases), l'enfant tomba
dès le 26 novembre dans un état sub-comateux dont il ne
sortit plus ; les yeux étaient ternes, fixes, la peau sans élas-
ticité, comme figée sur les parties sous-jacentes. -Mort le
28 novembre.
Autopsie, 40 heures après la mort. Les poumons pré-
sentent dans leurs lobes inférieurs quelques foyers de bron-
cho-pneumonie. Les autres viscères thoraco-abdominaux
sont sains : coeur, 140 gr. ; foie, 340 gr ? reins, chacun
80 gr. ; raie, 90 gr.
Crâne mince, sans adhérence exagérée avec les mé-
ninges, du moins au niveau de la voûte. Méninges : un flot
de liquide céphalo-rachidien s'échappe au moment où l'on
pachyméningite généralisée. 71 1
incise la dure-mère, dont la face interne présente des lésions
très importantes ; on la détache facilement du cerveau pour
la rabattre sur les parties latérales du crâne. Dans toute
l'étendue correspondant à l'hémisphère cérébral gauche,
elle est fortement épaissie, et doublée à sa face interne d'une
néo-membrane épaissie de 5 ou 6 millimètres au point maxi-
mum, c'est-à-dire vers le sommet de la voûte. Cette néo-
membrane, très adhérente, mais pouvant cependant être
décollée, est d'apparence gélatiniforme et tremblotante dans
ses parties les plus épaisses ; elle est limitée en dedans par
une mince membrane, lisse et transparente, qu'on prendrait
volontiers pour le feuillet pariétal de l'arachnoïde, si son
existence distincte n'était rejetée par les atanomistes ; on dis-
tingue sans peine à l'oeil nu, dans l'épaisseur de la néopla-
sie, une quantité considérable de capillaires dont quelques-
uns ont un diamètre de plus d'un demi-millimètre. Sur une
coupe de la néo-membrane, pratiquée au point le plus épais,
on s'assure facilement qu'elle est constituée par une série de
feuillets stratifiés, dont quatre au moins sont très apparents
et dans l'intervalle desquels existent des cavités irrégu-
lières remplies de sérosité citrine. Nous reviendrons tout
à l'heure sur ce point. Vers la base de l'hémisphère, on ne
constate sur la dure-mère qu'un feuillet de nouvelle forma-
tion, très mince ; il en est de même sur la face interne de la
fausse membrane cérébrale, qui présente néanmoins, après
qu'on a enlevé le produit pathologique, une injection très
vive ; cette injection augmente à mesure qu'on se porte en
arrière, et la congestion est intense dans tout le cul-de-sac
dure-mérien qui reçoit la pointe du lobe occipital. Dans
toute l'étendue de l'hémisphère droit, la dure-mère est
doublée d'une néo-membrane vasculaire, extrêmement
mince, qu'on enlève facilement par lambeaux.
Le cerveau, recouvert de l'arachnoïde et de la pie-mère
qu'on n'en peut détacher en aucun point, est fortement con-
gestionné dans toute l'étendue et surtout dans la partie
postérieure de l'hémisphère gauche, qui est couverte d'ar-
borisations vasculaires ; les veines sont gorgées de sang.
Dans leur partie antérieure, les deux hémisphères présentent
des lésions de méningite ancienne (opacité, épaississement
considérable de la pie-mère), qui prédominent surtout à
droite, c'est-à-dire du côté où la pachy-méningite est le
moins avancée. Il existe au niveau des divers sillons du
lobe frontal, du sillon de Rolando et sur le bord supérieur
de l'hémisphère, des traînées punctiformes d'un dépôt jau-
nâtre, opaque, situé sous l'arachnoïde ; ces petites plaques
minces, dont quelques-unes atteignent la dimension d'une
72 1',\CH"Drtxli\C : TE riÍ,;\,¡ ? i'.ALrSÍm.
lentille, paraissent situées de préférence sur le trajet des
vaisseaux.
Les masses centrales sont saines dans les deux hémis-
phères, et diverses coupes pratiquées sur chacun d'eux ne
révèlent aucune altération macroscopique de la substance
blanche.
PACHYMÉNINGITE GÉNÉRALISÉE. 73
Aussi croit-il que, dans les idioties, il convient de distinguer
une forme spéciale, ayant pour origine cette lésion des
méninges.
III. Les troubles trophiques consignés dans cette obser-
vation, et sur lesquels notre maître avait appelé maintes
fois notre attention, aideront peut : être un jour à poser le
diagnostic et à tracer une description précise de cette forme
de l'idiotie.
TRAVAUX PUBLIÉS EN 1880.
Mémoires
Bourneville. Contribution à l'étude de l'idiotie (Archives de
neurologie, t. I, p. 69.)
BOURNEVILLE et II. D'OLIER. - De la démence épileptique (Ibid.,
p. 213.) .
BOURNEVILLE et BRISSAUD. - Contribution à l'étude de l'idiotie
(Ibid., p. 391.)
D'OLIER (I-I.). - De la coexistence de l'hystérie et de l'épilepsie,
avec manifestations distinctes des deux névroses, considérée dans
les deux sexes et en particulier chez l'homme. Mém. qui a obtenu
le prix Esquirol. (Annales médico-psychol., sept. 1881 et bureaux
du Progrès médical).
Thèses
LEROY (A.). - De l'état de mal épileptique. In-8" de 92 pages.
SADRAIN (G.). - Étude sur le traitement des attaques d'hystérie
et des accès d'épilepsie. In-8" de 56 pages.
Séglas (J.).-De l'influence des maladies intercurrentes sur
la marche de l'épilepsie. In-8' de 56 pages.
Ces trois thèses ont été faites surtout à l'aide des observations re-
cueillies par M. Bourneville, soit dans son service de Bicétre, soit
dans le service de M. Charcot à la Salpêtrière.
TABLE DES MATIERES
PREMIERE PARTIE
PUBLICATIONS DU MÊME AUTEUR
BOURNEVILLE. Études cliniques et thermométriques sur les mala-
dies du système nerveux. Premier fascicule : Hémorrhagie et ramollis-
sement du cerveau. Paris, 1872. In-8 de 1G8 pages avec 22 fig : 3 fr. sou
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puerpérale; épilepsie et hystérie. Paris, 1873. In-8 de 160 pages, avec
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BOURNEVILLE. Le choléra à l'hôpital Cochin (Étude clinique). Paris,
1865. ln-8 de 48 pages, 1 fr. Pour nos abonnés 70 cent.
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idiots, suivi d'une étude sur la médecine légale des aliénés. Paris, 1863.
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BOURNEVILLE et REGNARD. Iconographie photographique de la
Salpêtrière. Cet ouvrage parait par livraisons de 8 à 16 pages de texte
et 4 photo-lithographies. Douze livraisons forment un volume. Les deux
premiers volumes sont en vente. '
Les neuf premières livraisons de la 3* année sont parues : 1" livraison : -
Nouvelle observation d'hystéro-épilepsie. 2e et 3e livraisons : Variété
des attaques hystériques. - 4. livroilon : Des régions hystérogènes.
- 5- et 61 livraisons : Du Sommeil des hystériques; - Somnambu-
lisme, etc.
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Pour nos abonnés. Prix de la livr. 2 fr. -. Prix du volume 20 fr.
- Nous avons fait relier quelques exemplaires dont le texte et les planches
sont montés sur onglets ; demi-reliure, tranche rouge, non rognés.
Prix de la reliure ............. , ....... 5 fr.
BOURNEVILLE et TEINTURIER. G. V. Townley' ou du diagnostic de
la folie au point de vue légal. Paris, 1865. In-8 de 16 pages. oc ir. 50.
- Pour nos abonnés , 35 cent.
BOYER (H. CI. de). De la thermométrie céphalique. Brochure in-8- de
28 pages. Prix, 60 cent. - Pour nos abonnés 40 cent.
BOYER (H. Ci. de). Études topographiques sur les lésions corticales
des hémisphères cérébraux. Volume in-8 de 290 pages, avec 104 figures
intercalées dans le texte et une planche. Paris, 1879. - Prix : 6 fr. -
Pour nos abonnés 4 fr.
BRISSAUD (E.). Faits pour servir à l'histoire des dégénérations se-
condaires dans le pédoncule cérébral. Brochure iu-8 de 20 pages
avec 8 ligures. - Prix : 75 cent. Pour nos abonnés 50 cent.
BRISSAUD (E.). Recherches anatamo-pathologicues et physiologi-
ques sur la contracture permanente des hémiplégiques. Un vol.
in-8 de 210 pages avec 42 figures dans le texte. Prix 5 fr. - Pour
nos abonnés 4 fr.
BRISSAUD. Voir CHARCOT et Fournier.
BRISSAUD (E.) et MONOD (E.) Contribution à l'étude des tumeurs
congénitales de la région sacro-coccygienne. 1877, in-8 de 16 pages.
- Prix : 50 cent. - Pour nos abonnés. 35 cent.
BROD1E (B). Leçons sur les affections nerveuses locales, traduites de l'anglais
par le D' Douglas-Aigre ; un volume in-8 ' : Prix, 1 fr. 50 ; pour nos abon-
nés ............................... 1 fr.
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Recherches cliniques et expérimentales, Gr. in-8 de 112 pages, avec de
nombreux tableaux. 10 figures intercalées dans le texte, 36 planches noires
et une planche en chromo-lithographie. - Prix : 10 fr. - Pour, nos abon-
nés... ' « 6 fr.
BUDIN (P Recherches sur l'Hymen et sur l'orifice vaginal. Volume
in-8 de40 pages avec 24 figures. Prix : 1 fr. 50.- Pour nos abonnés. 1 fr
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.j le progrès médical, 6, RUE des écoles.
CHARCOT (J.-M.). Leçons sur les maladies du système nerveux, faites
h la Salpêtrière, recueillies et publiées par BOURNEVILLE. Tome I : Troubles
trophiques; - Paralysie agitante; - Sclérose en plaques ; - Hystéro-épi-
lepsie. Paris, 1880. 4* édition. In-8 de 428 pages avec 25 figures et 10
planches en chromo-lithographie, 13 fr. - Pour nos abonnés... 10 fr.
CHARCOT (J.-M.). Leçons sur les maladies du système nerveux, faites
a la Salpêtrière, recueillies et publiées par BOURNEVILLE. Tome II : Des
anomalies de l'ataxie locomotrice - De la compression lente de la moelle
épinière (mal de Pott, cancer vertébral, etc.); -Des amyotrophies (paraly-
sie infantile, paralysie spinale de l'adulte, atrophie musculaire protopa-
thique, sclérose des cordons latéraux, etc.) ; - Tabès dorsal spasmodique;
- Hémichorée post-hémiplégique; Paraplégies urinaires; - Vertige de
Ménière ; Epilepsie partielle d'origine syphilitique;-Athétose;-Appen-
dice, etc. Paris, 1880. 3' édit.Vol. in-8° de 496 pages avec 33 figures dans
le texte et 10 planches en chromo-litographie. Prix : 14 fr, - Pour nos
abonnés 10 fr.
CHARCOT (J.-M.). Leçons sur les localisations dans les maladies de
la moelle épinière, recueillies et publiées par E. Brissaud. In-8 de
260 pages avec 45 figures dans le texte. - Prix : 6 fr. - Pour nos abon-
nées 4 fr.
CHARCOT (J.-M.). Leçons sur les localisations dans les maladies du
cerveau et de la moelle épinière, recueillies et publiées par BOURNB-
ville et E. BRISSAUD. ln-8 de G28 pages avec 87 figures dans le texte.
Prix : il f fr. - Pour nos abonnés 8 fr.
CHARCOT (J.-M.). Leçons sur les maladies du foie, des voies biliaires
et des reins, faites à la Faculté de médecine de Paris, recueillies et pu-
bliées par BOURNEVILLE et SEMESTRE. Un volume in-8 de 400 pages, orné
de figures et de 7 planches chromo-lithographiques.- Prix : 10 fr. Pour
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les maladies chroniques. Un fort volume in-8 de 310 pages avec figures
dans le texte et 3 planches en chromo-lithographie. - Prix cartonné il l'an-
glaise : 8 fr. - Four nos abonnés 7 fr.
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des préparations arsenicales. Paris, 1864. In-8. 0 fr. 50 cent. - Pour
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CHARCOT (J.-M.) et BOUCHARD (On.). Sur les variations de la tempé-
rature centrale qui s'observent dans certaines affections convul-
sives et sur la distinction qui doit être établie à ce point de vue
entre les convulsions toniques et les convulsions cloniques. Bro-
chure in-8. - Prix : GO cent. - Pour nos abonnés 40 cent.
CHARCOT (J.-M.) et GOMBAULT. Note sur un cas de lésions dissémi-
nées des centres nerveux observées chez une femme syphilitique.
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CHARPENTIER. (Voir La : vnoLr.)
CHOUPPE (H.). Recherches thérapeutiques et physiologiques sur
l'ipéca. Paris, 1873. In-8 de 40 pages, 1 fr. Pour nos abonnés, 70 cent.
CORNILLON (J,). Action physiologique des alcalins dans la glyco-
surie. - Prix : 60 cent. - Pour nos abonnés 40 cent.
CORNILLON (J ). De la contracture uréthrale dans les rétrécissements
périnéens. In-8 de 60 pages. 1 fr. 50.- Pour nos abonnés.... 1 fr.
CORNILLON (J.). La folie des grandeurs. In-8 de 60 pages. 2 fr. 50.
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Paris, 1878.- Prix : 1 fr. 50,-Pour nos abonnés 1 fr.
LE PROGRÈS MÉDICAL, 6, RUE DES ÉCOLES. 5
CUFFER. Des causes qui peuvent modifier les bruits de souffle in-
tra et extra-cardiaques, et en particulier de leurs modifications
sous l'influence des changements de la position des malades. Va-
leur séméiologiqce de ces modifications. - Prix : 1 fr. 50. - Pour nos
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miplégie saturnine et l'hémianesthésie d'origine alcoolique. Une
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s'y rattache, dans ses rapports avec l'Assistance publique. Paris, 1877,
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DELASIAUVE. Du double caractère des phénomènes psychiques.
Prix : 50 cent. - Pour nos abonnés ............ 35 cent.
DELASIAUVE. Classification des maladies mentales ayant pour double
base la psychologie et la clinique. Paris, 1877. In-8 de 24 pages. -
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de vue médico psychologique, hygiénique, thérapeutique et légal, toutes
les questions relatives à la folie, aux névroses convulsives et aux défec-
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étudiants en médecine, des jurisconsultes, des administrateurs et des
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pathologiques des tumeurs urineuses et des abcès urineux. In-8
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plèvre, aux poumons et aux ganglions lymphatiques, sans leucémie. Pleuré-
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taux de Saint-Louis et Saint-Antoine, recueillies et publiées par Duret et
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DUPLAY (S.) Conférences de cliniques chirurgicales, faites a l'hôpital
Saint-Louis, recueillis et publiées par E. Golay et Cottin.In-8 de
150 pages, Prix : 3 fr. - Pour nos abonnés 1 fr.
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hernies. In-8 de 16 pages, 50 cent. - Pour nos abonnés... 35 cent.
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vol. in-8 de 280 pages. Prix : 5 fr. Pour nos abonnés 4 fr.
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. cérébraux. Un volume in-8° de 330 pages, orné de 18 planches doubles en
chromo-lithographie et lithographie, et de 39 figures sur bois intercalées
dans le texte. Paris, 1878. Prix : 15 fr. - Pour nos abonnés. 10 fr.
DURET (11.). Étude générale de la localisation dans les centres ner-
veux, suivie d'une Etude critique sur les recherches de physiologie
des localisations en Allemagne. Vol. in-8° de 236 pages. Prix : 3 fr.
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meur blanche. Brochure iu-8 avec deux planches. Prix : 1 fr.; pour nos
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DURET (H.). Voir DUPLAY. FEnItiEn.
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qu'il convient d'attribuer au rhumatisme articulaire aigu ou fièvre
. arthritique. Brochure in-8 de 2U pages. 0 fr. 75.-Pour nos aborné. 50 c.
FÉRÉ. (Ch.). Etude expérimentale et clinique sur quelques fractu-
res du bassin, Brochure in-8 de 36 pages. - Prix : 1 fr. 25 Pour
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du femur. Brochure in-8° de 8 pages avec 2 figures.- Prix : 30 cent. -
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FÉRÉ. (Ch.). Note pour servir à l'histoire des luxations et des frac-
tures du sternum. Brochure in-8. de 16 pages. - Prix : 0 fr. 60. -
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FERRIER. Recherches expérimentales sur la physiologie et la patho-
logie cérébrales. Traduction avec l'autorisation de l'auteur, par H.
DUHET. In-8 de 74 p. avec 11 fig. dans le texte, 2 fr. - Pour nos
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que. Leçons recueillies par E. Brissaud. Paris, 1878. In-8 de 24 pages. z
Prix : i fr. - Pour nos abonnés ............... 65 cent.
GIRALDÈS (J.-A.) Recherches sur les kystes muqueux du sinus maxil-
laire. Prix : 1 fr. 50. - Pour nos abonnés 1 fr.
GIRALD);S(d.-A.) Etudes anatomiques ou recherches sur l'organisation
de l'oeil considéré chez l'homme et chez quelques animaux. Paris,
1866. In-4 de 83 pages avec 7 planches. Prix : 3 fr. 50. - Pour nos
abonnés .......................... 2 fr. 50
GIRALDÈS (J.-A.) Des luxations de la mâchoire. In-4 de 50 pages avec 2
planches. - Prix : 2 fr. - Pour nos abonnés 1 fr, 35
GIRALDÈS (J.-A.) De l'anatomie appliquée aux beaux-arts. Cours pro-
fessé a l'Athénée des Beaux-Arts. Compte rendu par Mlle Lina Jaunez.
Paris 1856. In-8 de 8 pages. - Prix : ............ 50 cent.
GIRALDÈS (J.-À.) Plan général d'un cours d'anatomie appliqué aux
beaux-arts. Parts 1857. In-8 de 8 pages. - Prix : ....... 50 cent-
GIRALDÈS (J.-A.) Recherches anatomiques sur le corps innominé.
. Paris 1861. In-8 de 12 pages avec 5 planches. Prix : 1 fr. 50. Pour nos
abonnés 1 fr.
GIRALDÈS (J.-A.) De la fève de Calabar. Note présentée au Congrès mé-
dico-chirurgical de France tenu Rouen le 30 septembre 1863. Paris 1864,
in-8 de 8 pages avec figures. - Prix : ............ 50 cent.
GIRALDÈS (J.-A.) Note sur les tumeurs dermoldes du crâne, Paris
1866. In-8 de 7 pages. Prix 40 cent.
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31RALDÊS(J.-A.) Sur un point du traitement de la périostite phleg-
moneuse diffuse. Paris,.1874. In-8 de 12 pages. Prix 50 cent.
GOLAY E ) Des abcès douloureux des os. Un volume in-8 de 162 pages.
- Paris, 1879. - Prix : 3 fr. 50. Pour nos abonnés ....... 2 fr. 50
GOMBAULT. Etude sur la sclérose latérale amyotrophique. Prix : 2 fr.
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dant l'année 1876. Brochure de 24 pages. - Prix : 0 fr, 75. - Pour nos
abonnés 50 cent.
HADDEN. Du myxoedème. Une petite plaquette in-8 de 16 pages. -
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de la fièvre typhoïde, recueillies par Boudet de Paris. In-8 de 88 pages
avec 5 figures.- Prix : 2 fr. 50. - Pour les abonnés 1 Ir. 70
HERAUD. (A.). Etude diagnostique sur deux cas de syphilome buc-
co-lingual. Uu vol. in-8 de 34 pages, 1 fr. 50. Pour nos abonnés.. 1 fr.
JOSIAS (A.). De la fièvre typhoïde chez les personnes âgées.Vo ? in-8°de
65 pages, avec trois courbes de température. Prix : 2 fr, - Pour nos
abonnés 1 fr. 35
KELSCH (A .). Les affections du foie en Algérie et les Variations de
l'urée. Brochure in-8' de 32 pages.- Prix : 1 fr.-l'our nos abonnés 75 c.
KELSCH (A.) Note pour servir à l'histoire de l'endocardite ulcé-
reuse. In-8 - Prix : 0 fr. 50. Pour nos abonnés 35 cent.
LANDOLT (F,.). Leçons sur le diagnostic des maladies des yeux, fai-
tes à l'École pratique de la Faculté de médecine de Paris pendant le
semestre d'été de J875, recueillies par CHARrENTIER. Paris 1877. In-8 de
204 pages. - Prix : 6 fr. -Pour nos abonnés 4 fr.
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de la tête par excitation ou paralysie des 6' et 11» paires, leur va-
leur en séméiotique encéphalique, leur importance au point de vue
anatomique et physiologique, à propos d'une observation d'épilep-
sie hémiplégique débutant par les yeux et la tête (Déviation et rota-
tion conjuguées convulsives). Un volume in-8' avec une planche.- Prix :
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LANDOUZY (L.). Trois observations de rage humaine; réflexions. In-8
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LAVERAN (A.). Un cas de myélite aiguë. 1876. In-8 de 13 p.. 30 cen.
LAYERAN (A). Tuberculose aiguë des synoviales 50 cent.
LELOIR. (H.). Contribution à l'étude du rhumatisme blennorrhagi-
que. Brochure grand in-8 de 24 pages. - Prix : 0 fr. 75. Pour nos
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LEROY (A.). De l'état de mal épileptique. Un volume in-8 de 92 pages.
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LIOUVILLE (H.). Contribution à l'étude de la paralysie générale pro-
gressive des aliénés. In-8, 50 cent. - Pour nos abonnés.... 35 cent.
LIOUVILLE (H.). Nouveaux exemples de lésions tuberculeuses dans
la moelle épinière. ln-8, 50 cent. - Pour nos abonnés.... 35 cent.
LIOUVILLE et DEBOVE. Note sur un cas de mutisme hystérique,
suivi de guérison. Paris 1876. In-8 30 cent.
LONGUET (F.-E.-M.). De l'influence des maladies du foie sur la
marche des traumatismes. In-8 de 124 pages, 4 fr. Pour nos
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te chez le même aliéné. In-8 de 20 pages. 0. 75. - Pour nos abon-
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du coeur. In-8, 1 fr. 25. - Pour nos abonnés 85 cent.
MARCANO (G.). De l'étranglement herniaire par les anneaux de l'épi-
ploon. Paris, 1872. In-8 de 8 pages.- Prix 30 cent.
MARCANO (G.). Dé la psoïte traumatique, in-8 de 160 pages.- Prix : 3 fr
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MARCANO (G.). Notes pour servir à l'histoire des kystes de la rate.
Prix : 60 cent. - Pour nos abonnés 40 cent.
MARSAT (A.). Dés usages thérapeutiques du nitrite d'amyle. In-8
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tiques en Allemagne. Paris, 1877, in-8 de 20 pages. - Prix : 1 fr. -
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pan. ln-8 de 169 pages avec 16 figures intercalées dans le texte. -
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MIOT (C.) De la Ténotomie du muscle tenseur du tympan. Volume
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externe. Un volume de 168 pages, avec un tableau. Prix : 3 fr.50.- Pour
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MONOD. (Voir Brissaud.)
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cueillies par Bonnefoy. In-8 de 16 pages avec figures, 60 c. Pour nos.
abonnés 40 cent.
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cliniques dermatologiques de M. le professeur Hardy, à l'hôpital Saint-
Louis. Paris, 1877, in-8 de 40 pages. - Prix : 1 fr. Pour nos abon-
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OULMONT (P.) Etude clinique sur l'athétose. Paris, 1878, in-8 de 116
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PARROT. Clinique des maladies de l'enfance. Leçon inaugurale. Bro-
chure de 20 pages. - Prix 0 fr. 75. - Pour nos abonnés... 50 cent. *
PARROT. Cours d'histoire de la médecine. Leçon d'ouverture du 2t
novembre 1876. Paris, 1877, in-8 de 20 pages. Prix : 60 c. - Pour nos
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PASTURAUD (D.) Etude sur les cals douloureux. In-8 de 64 pages. 2 fr.
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phre et de ses usages thérapeutiques. In-8 de 48 pages, 1 fr. 50. - Ponr
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,PELTIER (G.) De la triméthylamine et de son usage dans le traite-
ment du rhumatisme articulaire aigu. In-8 compacte de 34 pages,
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'PELTIER (G.). Etude sur la cécité congénitale. Paris, 1869. In-8 de 36.
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PELTIER (G.). L'Ambulance n° 5. Paris, 1871. In-8 de 110 pages. 1 fr.
PHILBERT. (E,). De la cure de l'obésité aux eaux de Brives-les-Bains
(Savoie). Brochure in-8 de 16 pages. - Prix : 0 fr. 60 - Pour nos abon-
nés 40 cent.
POINSOT (G.). Contribution à l'histoire clinique des tumeurs du
testicule. Brochure in-8 de 28 pages. Prix : 1 fr. - Pour nos abon-
nés 70 cent.
- QUESTIONNAIRE pour le 1" examen de doctorat. Recueil de. séries d'exa-
mens subis récemment (en 1876) à la Faculté de médecine de Paris, indi-
quant : 1° La composition du jury pour chaque série; 2° La préparation
anatomique de chaque candidat ; 3° Les questions orales auxquelles le
candidat a dû répondre ensuite ; 4° Enfin le résultat de l'examen dans
chaque série ; suivi de questions sur les accouchements, recueillies au cin-
quième examen de doctorat et aux examens de sage-femme. Paris, 1876.
ln-16 de 91 pages. - Prix : 1 fr. - Pour nos abonnés 70 cent.
RANVIER (L.) Leçons d'anatomie générale sur le système musculaire
recueillies par J. RENAUT. Un fort vol. orné de 99 fig. intercalées dans
le texte. - Prix : 12 fr. - Pour nos abonnés ........... 8 fr.
RANVIER (L.). Leçon d'ouverture du cours d'anatomie générale au
Collège de France. Paris, 1876. In-8 de 16 pages. Prix : 0 fr. 60,
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RAY111OND(c : ). Etude anatomique, physiologique et clinique sur l'hé-
michorée ,l'hèmianesthésie et les tremblements symptomatiques.
In-8 de 140 pages avec figures dans le texte et 3 planches. 3 fr. 50 -
Pour nos abonnés. 2 fr. 50.
RAYMOND. De la puerpéralité. Volume in-8* de 258 pages. Paris, 1880.
- Prix : 5 fr. -Pour nos abonnés 4 fr.
RECLUS (P.). De l'épithélioma térébrant du maxillaire supérieur.
Paris, 1876. In-8 de 4 pages. - Prix 20 cent.
RECLUS (P.). Des hyperostoses consécutives aux ulcères rebelles de
la jambe. Brochure in-8 de 24 pages. - Prix : 0 fr. 75. - Pour nos
abonnés 50 cent.
RECLUS. (P.) Des mesures propres à ménager le sang pendant les
opérations chirurgicales. Un vol in-8 de 144 pages. Prix : 3 fr. 50.
Pour nos abonnés 2 fr. 50
RECLUS (P.). Des ophthalmies sympathiques. Un fort volume in-8 de
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RECLUS (P.). Du tubercule du testicule et de l'orchite tuberculeuse.
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nos abonnés 4 fr.
RECLUS (P.). La fontaine d'Ahusquy, brochure in-8 de 30 pages. Prix :
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REGNARD (P.). Recherches expérimentales sur les variations patho-
logiques des combustions respiratoires. Un fort volume in-8 de 394
pages, enrichi de 100 gravures dans le texte. Paris, 1879, Prix : 10
fr. - Pour nos abonnés..7 fr.
REGNARD. Voir BOURNEVILLE. ,
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RENAUT (J.). Note sur la structure des glandes Il mucus du duo-
dénum (glandes de Brunner). Brochure in-8 de 8 pages.- Prix 40 c.
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R1BE1110NT (A.). Recherches sur l'insufflation des nouveau-nés et
description d'un nouveau tube laryngien Un volume in-8 de 40 pa-
ges et 8 planches. - Paris, 1878. Prix : 3 fr. 50. - Pour nos abon-
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toxication saturnine lente. Paris, 1872. In-12 de 15 pagés. -
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les causes et le mécanisme de la circulation du foie. Un volume
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l'épilepsie. Un vol. in-8° de 60 pages. Paris, 1881.- Prix : 2 fr.- Pour
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SECOND. (P.). Note sur une observation de kyste hydatique développé
dans l'épaisseur du muscle grand pectoral. Brochure de 8 pages. -
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chements sanguins du genou par entorse. Volume in-8 de 85 pages.
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les observations faites au lit du malade. Paris, 1878. - Prix. 60 cent.
SEVESTRE. Voir Charcot.
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des enfants ; un beau volume in-8° de 340 pages; prix : 8 fr.; pour nos
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aigus de l'adolescence. Un vol. in-8 de 44 pages. Prix : 1 fr. 50. -
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nes du coeur avec ou sans lésions correspondante des parois.
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TROISIER. (E.). Note sur un cas d'encéphalopathie syphilitique pré-
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TURNER. (E.). Histoire de la circulation du sang par Flourens. -
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par M. Chérean le 15 juillet 1879. Brochure in-8 de 16 pages. - Prix :
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VIDAL. Du pityriasis, leçon recueillie et rédigée par de BEURhinNN. in-8
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VILL. : RD (F.). De l'aphasie ou perte de la parole et de la locali-
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F. V ! ))ard. Un volume in-8 de 128 pages. Paris, 1870. Prix : 2 fr.- Pour
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Tome III (1875), vol. in 4 de 800 pages avec 50 figures prix : 16 fr.
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