1861
résumé de mes observations : Au milieu de la nuit, s’il s’est couché tard, vers dix ou onze heures, s’il s’est mis au lit de bonne heure, Olivran, qui ne dort jamais couché sur le dos, prend cette position ; en même temps, il étend ses membres, et tous ses muscles entrent en contraction ; viennent ensuite quelques mouvements convulsifs des bras ou de tout le corps, puis des commandements de marine articulés d’une voix forte. Lorsqu’il a eu dans la journée une contrariété ou une discussion, il la raconte, menace son adversaire, et lui adresse même quelquefois de vigoureux coups de poings qui heureusement frappent dans le vide ; nouveaux frémissements ou mouvements convulsifs de tout le corps. Les yeux toujours fermés, il élève les bras en portant le corps en avant pour se mettre sur son séant (plusieurs fois j’ai recouvert une main seulement avec le drap, et je l’ai toujours vu dégager lentement celle-ci avant de commencer son mouvement d’élévation) ; alors seulement il ouvre largement les yeux, et, cessant de parler, se livre le plus souvent avec le bras à des mouvements désordonnés exécutés avec une rapidité surprenante ; il m'a semblé qu’il croyait s’élever au moyen d’une corde. A ces mouvements, qui durent de une à deux minutes, succèdent quelquefois une position qui se prolonge un peu plus longtemps, et qui m'a paru être celle d’un marin cherchant à prendre la hauteur du soleil ; enfin il se prépare à sortir les jambes du lit pour commencer les scènes dont j’ai parlé au commencement de cette observation ; mais il suffit que l’on applique, sans le moindre effort, la main ou seulement un doigt sur la poitrine, ses épaules ou son visage, pour le voir aussitôt, sans s’éveiller, retomber en arrière comme une masse inerte. C’est le moment le plus commode pour l’examiner avec soin, car il est dans l’état suivant : insensibilité complète, contraction générale et violente de tous les membres, les membres inférieurs sont allongés, les supérieurs étendus sur les côtés de la poitrine, l’avant-bras et la main en pronation légèrement écartés, le pouce éloigné des autres doigts ; la mâchoire inférieure est fortement
encore le même bruit cle pas. Malgré la résolution que j’avais prise de ne plus faire attention à ce qui se passerait autour de moi, je me remis toutefois sur mon séant et écoutai en retenant ma respiration. Non-seulement je me convaincs que véritablement on marche dans le salon, mais j’entends un meuble 3’ouvrir.
« Bien sûr, cetteseconde fois,quejenemesuispointtrompé; que le bruit que j’ai entendu, et bien entendu, n’est point une illusion, et qu’il ne peut être produit par un être vivant, je me lève aussi doucement que possible, prends mon pistolet et une lumière, et me dirige, sur la pointe des pieds, vers le salon. Arrivé à la porte, toujours ouverte, mon regard plonge aussitôt dans toute l’étendne de cette pièce, où je ne vois âme qui vive. Mais mes yeux s’étant involontairement portés sur la susdite commode, je suis saisi et reste stupéfait envoyant un des tiroirs ouvert !
« Plus de doute, quelqu’un est caché ; mais où ? je ne puis me le figurer; car, la première fois, comme on le sait, j’avais exploré tous les coins et recoins du salon, et je n'avais découvert aucune cachette. Ne voulant pas faire en vain une nouvelle perquisition, je sifflai mon chien, sûr qu’il dépisterait à l’instant celui qui était invisible pour moi.
Mais au lieu de s’élancer avec son impétuosité ordinaire, quand je l’eus excité, mon chien fit entendre un sinistre grognement et alla se blottir sous ma couverture en tremblant de tous ses membres !
« Messieurs, dit alors le général à ceux qui l’écoutaient, non-seulement avec un vif intérêt, mais encore avec une certaine anxiété ; messieurs, j’eus peur, je l’avoue ; et mon courage m’ayant complètement abandonné, j’éveillai aussitôt mon vieux soldat et retournai chez mon intendant que je trouvai en prières. »
Pour ceux qui croient fermement à l’apparition des Esprits, ce fait ne paraîtra point extraordinaire ; mais je voudrais au moins qu’ils m’expliquassent comment un revenant peut se faire entendre. C’est ce phénomène, inexplicable pour moi,
Considéré au point de vue de la philosophie, l’éther est une substance excessivement déliée, parfaitement distincte de la matière proprement dite. Cette substance peut être regardée comme une émanation essentielle de la Divinité. C’est le principe subtil, le lien naturel qui met Dieu en rapport avec son œuvre. C’est I’ame du monde.
Je me résume. Nos divergences portaient principalement sur deux points fondamentaux. L’unité de substance que nous proclamons tous deux, c’est pour vous l’éther condensé, pour moi, c’est la matière inerte. L’unité de force pour vous c’est le mouvement ; pour moi c’est l’action de l’éther. Ces divergences sont importantes sans doute, mais moins prononcées qu’il le semble si je dois en croire cette phrase que vous adressez à notre honorable maître, le baron du Potet, pages 539 et 540 ; la voici : « Moi, j’émets l’opinion, consciencieusement mûrie, que la nature ne met en jeu qu’un fluide unique dont les différents états de mouvement produisent tous les effets dont nous recherchons la cause. » Après cet aveu, ainsi formidé, je dois espérer que les autres dissidences s’effaceront.
Laissant là ces dissidences, j’applaudis vivement à la pensée qui vous a dirigé dans votre Essai, celle d’éclairer des lumières de l’expérience et de la raison une science qui, par l’étrangeté apparente de ses phénomènes adéjà égaré de belles intelligences dans le merveilleux, dans la mysticité, et qui tendrait à nous ramener aux plus dangereuses superstitions. Votre pensée est aussi la mienne, et si j’ambitionne une chose, c’est celle de pouvoir compter, ne fût-ce que comme le plus modeste, parmi ceux qui auront contribué à asseoir les fondements de cette admirable science.
Novembre 1860.
L. d’Arbaud.
faire une sorte de code et de doctrine ; sachant combien il nous est difficile de discerner la lucidité de l’hallucination et l’apparition dé ce même état. Est-ce à dire, maintenant, que je blâme ceux qui cherchent à fixer ce que je crois m-fixable ? Certès, non, les alchimistes ont longtemps cru trouver le grand arcane de la transmutation, et leurs travaux nous ont enrichi de précieuses combinaisons chimiques. De mêmé lés Spirltualistes en expérimentant obtiennent quelques phénomènes transcendants isolés, sans reproduction certaine où générttllsable, mais ils raniment la foi à ce monde surnaturel êt à ces sublimes idées que le courant vertigineux de la vie pratique fai» si bien oublier 1 D* Charpignon.
fil J
CHRONIQUE
■Lb JBif MagKétiqtte va bientôt s’assembler. Il examinera lès titreé deS Magnétistes à la Médaille d'encouragement et tiè récompense ; il est donc nécessaire que ceux qui croient avoir quelques droits à cette distinction envoient leur demande motivée au président, M. lé baron du Potet, pour qu’il ld soumette à MM. les Membres du Jury.
On sàlt que la distribution des médailles a lieu le jour anniversaire de la naissance de Mesmer, le 23 mai.
Baron db POTET, propriétaire-gérant.
planètes dominantes à l’heure de la nativité des personnes ; autres par l’Art de divination, inspection de main, et autrement, s’avancent vouloir predire les bonnes et mauvaises fortunes des hommes, aussi les saisons du temps à venir ; voire par autres inventions superstitieuses et damnables, s’efforcent de vouloir troubler l’air, ensorceler, et charmer les personnes, les occuper de vilaines amours, et les rendre comme devotes ; et autres enseignent par Art diabolique de recouvrer les choses perdues, montrer les personnes absentes, les uns par miroir, les autres par eaux, par fiolles de voir dire quelques paroles à l’oreille ; faire parler le Diable sous la forme d’un Roy, aussi enchanter les personnes par filets, éguilles, éguillettes, drapeaux ; faire diverses illusions par fascinations des yeux, s’aidant semblablement de cartes et autres choses, inventions illicites et diaboliques, en s’attribuant divers noms selon les especes et sortes de leurs malefices et enchantemens, qui se délaissent ici à reciter pour la detestation de si méchants et malheureux actes et impostures, à quoi ils parviennent pour s’estre dévoué du tout au Diable, en renonçant à Jesos-Christ, notre Sauveur et Rédempteur : et de plus non contens de se perdre eux-mesmes si misérablement, attirent encore les autres aux mesmes erreurs et impietez, sous couleur de dire que ce sont choses naturelles et Art Mathématique, selon les influences des Planètes, et Astres célestes dominant sur les personnes, voire osent affirmer que ce sont opérations divines et saintes, pour y mêler quelque Eau-bénite, ou de Fonts de Baptême, inserans, pour mieux abuser en leur billet, charme, le nom sacré de Dieu ou des Saints, prenant aussi certaines paroles de KÉcriture Sainte, en apposant divers caractères inconnus, voire l’effigie de la sainte Croix, pour avec cela curer les playes, guérir les fièvres, faire comme ils disent, Cures supernaturelles miraculeuses, tant sur les hommes que sur les bestes, de quoy toutefois la fin (■n est toujours pernicieuse et infausto, comme 1 expérience l'a demonstré et demonstre journellement : par toutes les-
Dieu, leurs prochains, les admonestai», et commandant aussi d’avoir en horreur, et detestation tels meschans pes-chez condamnez en premier de Dieu, et après des hommes, procédant seulement, comme dit est, de l’invention du Diable, ennemy commun du genre humain ; à quelque couleur que ce soit de Devination, Magie, Mathématique, Astrologie, Prognostication, Physionomie, Negromantie, Chiromantie, on autres titres tant spéciaux que puissent être : procédant ceci en grande partie de la suite et effet de tant d’heresies, et fausse doctrine, et d’apostasies pullulantes par tout. Ad-vertissant partant que chacun aye à s’en garder. Voire interdisant de hanter avec semblables personnes, autrement que ceux de la Justice, tant Ecclesiastique que Seculiere, feront leur devoir, d’enquester et procéder respectivement contre tous ceux qui useront, pratiqueront ou consentiront il tels malefices pour les punir en Cour spirituelle selon les Canons, et Bulles Apostoliques, et en Cour seculiere par les Loix Civiles et Ordonnances : Commandant parlant lesdits Evesques à leurs Officiaux et promoteurs, d’en faire tous les devoirs à eux possibles. Ce que nous douions ils feront : si aussi entendre aux peuples que nous avons commandé à tous nos Consaulx, Officiers, et Justiciers, et ceux de nos Vassaux de faire semblables informations, et chastoy exemplaire selon les Loix divines et humaines, et neantmoins voulons bien préadvertir tous, que comme une partie d’innocens est ne sçavoir les pechez, tant est fragile la nature humaine, que nostre intention est que quand lesdits Pasteurs et Prédicateurs exhorteront le peuple d’eux de garder de semblables crimes detestables, il ne sera besoin spécifier aucun d'iceux par quelque démonstration ou explication par où le peuple pourrait apprendre comme ces impostures se font, ou mettre les Auditeurs en quelque curiosité de le vouloir sçavoir; mais dire en termes généraux, que toutes ces choses et spécialement les plus fréquentes, sont actes diaboliques, damnez et reprouvez de Dieu, inventions des Esprits-malins pour perdre et damner perpétuellement les personnes : Vous dé-
de leur maladie, voulaient immédiatement se soumettre au traitement magnétique, ils obtiendraient autant de soulagement, ils guériraient aussi vite, et le pauvre somnambule n’aurait point eu à souffrir des influences maladives de ses consultants, il aurait eu une fatigue de moins.
Je magnétisai donc ce monsieur pendant un mois, et, au bout de ce temps, il fut complètement guéri. Je continuai néanmoins quelque temps encore de le magnétiser, mais dans le but seulement d’assurer la guérison. Depuis, les digestions se font bien, le sommeil est calme, la tête libre et les membres bien dispos.
PARAPLÉGIE.
M. B., âgé de vingt ans, était paralysé des parties inférieures du corps. 11 avait consulté les médecins les plus célèbres ; tous les traitements suivis l'avaient été sans succès. Son père l'amena chez moi, me priant de lui donnermessoins,m assurant, s’ils avaient un heureux résultat, de la reconnaissance d’une famille entière. Je ne le magnétisai qu’une /ois /vivement impressionné delà pénible situation de ce jeune homme Je puisai dans mon émotion une énergie magnétique que je n’ai point toujours, mais que je retrouve parfois. Je tins mes mains sur sa tête pendant plusieurs minutes; je fis des passes à grands courants sur tous les membres. Le rectum et la vessie étant paralysés aussi, je fis des insufflations chaudes sur l'abdomen. Ces insufflations furent si pénétrantes, si vivement senties, que le jeune patient me dit : « Mais tout le monde ne pourrait sans doute communiquer une aussi vive chaleur? » La magnétisation terminée, il put retourner chez lui n pied, appuyé seulement sur mon bras, ce bras qui venait do lui rendre l’espoir des joies de la vie. Le mouvement était impri mé, et cela suffît, car, depuis, le mieux a progressé journellement; aujourd’hui il marche sans avoir recours à aucun soutien; tous ses organes fonctionnent bien, et chaque fois que je le vois, il ne cesse de me témoigner les sentiments de la plus vive reconnaissance.
MALADIES AIGUËS. — FIÈVRE SCARLATINE.
J'avais été plusieurs fois invité par un ami à aller passer un ou deux jours dans son château; mes occupations m'avaient, jusqu'à ces derniers temps, empêché de profiter de cette bienveillanteetcordiale invitation. Mais un jour, fatigué, et sentantqu’un peu d’air frais, loin de l'atmosphère enfumée de Londres, pourrait retremper mes forces, je partis. J’arrivai au château de S. presque à l’heure du dîner. Selon la coutume anglaise, la clame de mon ami allait s’habiller. Je m’aperçus qu’elle montait les escaliers avec assez de difficulté, et à dîner je pus voir à sa pâleur qu’elle était réellement souffrante. Elle ne put même rester longtemps à table, et fut obligée de se retirer dans sa chambre. Dès qu’elle fut au lit nous montâmes, et j’examinai son état. Ses mains étaient brûlantes, la gorge était très-douloureuse, et l’on y sentait comme des grosseurs, des gonflements ; la tête et les reins étaient très-souffrants; elle avait une forte fièvre. Je magnétisai avec ardeur, et ne cessai que lorsque je me sentis accablé. Je ne pus prendre aucun repos, tant l’état de la malade m’inspirait d’inquiétude; ma nuit se passa en préoccupations et en prières. Le lendemain, la maladie s’était déclarée. Je retrouvai la malade dans un état plus pénible encore ; la langue était chargée, la gorge ulcérée et très-gonflée, et il y avait un commencement d’éruption cutanée : j’avais affaire à une fièvre scarlatine. Je me remis donc à l’œuvre, et je magnétisai la gorge, car il y avait étouffement et la déglutition était presque impossible. Des frictions sur tout le cou, sur l’estomac; des passes soutenues et à grands courants furent tour à tour employées ; et, comme le recommande avec raison M. le baron Du Potet, « avec douceur, aucune force dans les bras, » mais une volonté de fer. Pendant le jour, tout le corps se couvrit de taches rouges, mais vers le soir la fièvre perdit de son intensité. Le soir, nouvelle magnétisation. Le lendemain, je recommençai de nouveau avec une ardeur plus grande encore sans doute, car, à la deuxième magnétisation,
je ne sais quelle confiance enthousiaste s’empara de moi, une sorte d’intuition m’assurait que cette magnétisation avait été décisive, et je suis porté à croire que la malade ressentit cette singulière impression. Cependant l’éruption continuait, mais la gorge était moins enflammée; la fièvre elle-même disparut dans la soirée, et la malade ne fut point fatiguée d’une conversation longtemps prolongée. Le quatrième jour, la fièvre ne reparut pas et l’éruption commença à disparaître. Le cinquième, cette disparition s’effectuait plus rapidement, la peau reprenait sa souplesse, et il y avait un peu de moiteur; la nuit fut bonne. Le sixième jour, la malade était en pleine convalescence. Mes soins ayant cessé d’être indispensables et rappelé à Londres par ceux que je devais à d'autres malades, je partis : le mari devait magnétiser sa femme suivant des indications que je lui donnai. Dès le huitième jour, je recevais le bulletin suivant : « Plus d’éruption, plus de maux de gorge, l’appétit revient. J’étais parti bien épuisé, mais le cœur radieux; au lieu du repos que j’allais chercher cependant, j’avais rencontré l’occasion d’une nouvelle et plus grande dépense de vitalité; mais j’avais fait du bien ; le bien et la douce satisfaction qu’il laisse après lui ne sont-ils pas en même temps le véritable aliment de l’âme et l’élément où elle puise une nouvelle énergie! J’ai d’ailleurs trouvé dans cette excellente famille les sentiments de la plus vive reconnaissance pour mes efforts et pour la merveilleuse science à laquelle j’ai consacré ma vie.
HÉMIPLÉGIE.
Sur les instances d’une dame amie, qui dans le temps avait été guérie par le magnétisme, je me rendis, le mardi 2 du mois courant, à H. Hall, auprès de sa belle-sœur, âgée de soixante-quinze ans, pour essayer d’améliorer par le magnétisme le triste état dans lequel cette personne était tombée depuis cinq semaines : elle était paralysée du côté gauche; le bras et la jambe étaient enflés, et, suivant le sentiment de la malade, lourds comme du plomb. Je fis d’abord des
passes sur le cerveau, siège du mal, et. puis y imposai les mains; au bout de peu d’instants, la malade nie dit : « 1 feel il does me good. » C’était un encouragement, et je continuai par des passes et des frictions sur l’épaule, le bras et la jambe pendant trois quarts d’heure. Le soir il y eut une nouvelle magnétisation, et, comme il n’y avait encore aucun symptôme bien apparent d’amélioration, on me demanda mon opinion. Que pouvais-je dire?— Attendons, fut ma réponse. Le lendemain, je magnétisai à deux reprises,une heure chaque fois, en présence du docteur de la famille, le docteur était incrédule cela va sans dire, et d’un grand nombre d’autres personnes. Je n’obtins pas cette fois encore de résultats plus apparents; mais ils ne devaient pas tarder à se montrer. Elle passa une bonne nuit, reposa très-bien, et c’était la première fois depuis le début de la maladie. Le vendredi matin, les chairs avaient repris une couleur plus naturelle ; le soir, la malade put remuer la jambe; le samedi, le pied était bien moins enflé, et elle pouvait en remuer légèrement les doigts; le soir, les mouvements étaient et plus faciles et plus amples. Il est à remarquer que dans ce traitement le mieux ne s’est jamais manifesté qu’après les magnétisations. Des résultats si heureux et si rapides montrent clairement l’influence salutaire, vivifiante du magnétisme; et, sans être taxé d’enthousiaste, je pus alors faire concevoir les espérances les plus favorables. Ayant d’autres malades qui réclamaient aussi mes soins, je laissai des instructions à une personne intelligente pour continuer ce traitement qui était en si bonne voie. Je vous tiendrai au courant du résultat, qui ne me paraît pas devoir être douteux.
Je suis, avec un profond respect, monsieur le baron, etc.
Adolphe Didier.
POLÉMIQUE
QUELQUES MOTS A M. CLEVER DE MALDIGNY.
Nous nous permettrons tout d’abord de formuler ici notre opinion à propos de la médecine allopathique et homœopathi-que. Nous dirons simplement que dans tout système il y a du bon et du mauvais. Nous avons appliqué ces deux méthodes comme médecin amateur, et nous donnons la préférence à la dernière, cela pour plusieurs motifs. D’abord, elle est plus commode à pratiquer, plus économique, et, en troisième lieu, si elle ne produit pas toujours des résultats positifs, elle peut ne pas faire du mal. On ne pourrait, hélas 1 en dire autant de la méthode allopathique.
Aux docteurs qui nient les effets de la médication infinité- • simale, nous poserons ce dilemme : Laissez-vous inoculer une goutte de virus rabique, ou provenant d’une pustule maligne , de la morve , du farcin , etc. Faites-vous mordre par une vipère noire du Brésil, par un cobra de l’Inde, par un céraste, et calculez ensuite quelle est la dose de venin qui a été introduite dans votre organisme, eu égard à la masse du sang. Vous arriverez à des cent millièmes'de dynamisations.
Un axiome vulgaire dit : Ce n’est pas ce qu’on mange qui nourrit, mais seulement ce qu’on digère. Nous modifierons ainsi ce précepte : Ce n’est pas ce qu’on prend, dans le plus grand nombre de cas, qui agit sur nos organes , mais bien ce qui pénètre réellement dans le torrent de la circulation. Or, les vaisseaux capillaires sont d’uneténuité extrême... A bon entendeur demi-mot. Nous en resterons là pour cette question.
En attendant que nous puissions examiner en détail la question du Spiritualisme et celle du Rationalisme, nous demanderons la permission d’adresser quelques observations à M. Clever de Maldigny, à propos de sa doctrine.
*
Dans un article précédent, nous avons formulé cet axiome : I! ne suffit pas d’observer les faits, il faut les étudier sous leur véritable jour.
L’honorable et savant docteur de Versailles s’est-il conformé rigoureusement à ce précepte? A-t-il réellement étudié les faits sous leur véritable jour? Telle est la question que nous allons essayer d’approfondir :
Si l’on en juge par ses écrits, M. Clever de Maldigny n’observe les phénomènes magnétiques qu’à travers un prisme... celui du mysticisme, du surnaturel, du merveilleux. Cet auteur considère comme des faits appartenant au Spiritualisme, comme des manifestations psychiques, des phénomènes purement physiologiques.
Nous citerons comme exemple, à l’appui de cette assertion, les détails rapportés par M. Clever de Maldigny au sujet de la demoiselle Pauline Thib..., jeune fille affectée d’une catalepsie naturelle.
Nous allons reproduire le récit de M. Clever de Maldigny, en l’accompagnant de nos observations quand il y aura lieu.
Comme nous nous adressons spécialement à des magné-tistes, nous nous contenterons, pour éviter les longueurs, d’indiquer la nature réelle des phénomènes observés, le lecteur voudra bien suppléer par son intelligence à notre laconisme.
M. Clever de Maldigny s’exprime ainsi (1) à propos de la jeune fille dont il s’agit; nous copions textuellement :
« Ce fut à ce degré de la médication que lady AV... eut l’obligeance de m’admettre auprès de ;a protégée. Nous la trouvâmes assise dans un fauteuil. Elle s’v tenait tout d’une pièce: le visage vermeil et rebondi, les yeux grandement ouverts et fixes, la pupille dilatée, la bouche avec une contracture des lèvres serrées comme par une coulisse ; les membres dans la stabilité de la statuaire. »
Ce sont bien là, sauf quelques petites modifications, les
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caractères qui distinguent la catalepsie, que cet état se produise naturellement 011 qu’ilsoit provoqué d’une manière artificielle. Or, chacun sait que la catalepsie est une. phase du somnambulisme. Donc, la jeune personne en question se trouvait dans un état que l’on peut regarder comme une crise magnétique. Ce qui le prouve irréfragablement, c’est la dilatation de la pupille et l'isolement, deux phénomènes qui caractérisent le somnambulisme.
« Sans faire usage de la voix, dis-je à lady AV..., je vais entrer en conversation avec votre malade.
« Je m’assis devant elle, sans la toucher, et je lui demandai mentalement de me parler. Bientôt je sentis qu’elle résistait à mon désir.
« — Pauline me comprend très-bien, ajoutai-je aux personnes présentes, mais elle a de l’opiniâtreté; je serais obligé d’engager une lutte, ce qui deviendrait peut-être imprudent. Toutefois, comme il me faut aussi prouver de l’énergie, nous allons convenir de gestes au moyen desquels ma muette antagoniste vous déclarera si mon intuition me sert fidèlement, ou si je suis dans l’erreur. D’intention, j’ai prié Pauline d’articuler quelques mots. Sa réponse mentale fut : « Je ne veux pas. » Eh bien ! dans cette alternative, si ma perception magnétique m’a traduit la vérité, Pauline lèvera la main droite ; si mon sens intime, au contraire, est en défaut, elle abaissera la main gauche; enfin, si la simple affirmation ou négation ne peut répondre qu’imparfaitement sur l’objet à décider, Pauline se croisera les mains sur la poitrine. Aussitôt, à la surprise de l’assistance, la cataleptique leva la main droite. »
M. Clever de Alaldigny attribue les faits qui précèdent au spiritualisme, il les regarde comme étant le résultat d’une opération psychique. Tandis que, d'après nous, ce sont là, tout bonnement, des faits physiques, des phénomènes magnétiques : La mise en rapport a distance et la transmission de pensée, deux phénomènes essentiellement matériels, comme nous le démontrerons plus loin.
M. Clever de Maldigny (ait jouer un rôle important, dans tout ceci, à la perception magnétique; nous pensons que ce praticien exagère un peu la portée réelle de son sens intime, et que l'inspection des traits du visage et de l’ensemble de la personne, lui est d’un grand secours pour asseoir sa conviction. Nous tromperons-nous? Monsieur Clever de Maldi-gny voudra bien nous le dire.
Ceci posé, nous continuons notre analyse.
(1 — Je m’arrête, dis-je it milady, nous n’avons pas le calme indispensable. Votre constitution, (Fune grande richesse de vivacité, rayonne trop abondamment sur ces préliminaires. Si vous le permettez, une autre fois, hors de votre influence immédiate, je recommencerai mon essai. »
Nous passerons sous silence ce qui a trait à la médication et nous ne reproduirons que ce qui nous parait réellement important.
« Le 10 mai, Pauline est agitée, ses nuits ont été mauvaises. Je l’endors immédiatement. Ses yeux se convulsent, mais je ne retrouve plus sa lucidité.
— Vous ne voyez donc pas? Elle baisse la main gauche.
— Pouvez-vous me dire à quoi cela tient? Même mouvement négatif.
— Quelqu’un autre que moi vous a-t-il magnétisée?
Elle lève la main droite.
_Est-ce milady? Répétition du mouvement affirmatif.
— En avez-vous éprouvé du bien ?
Elle rebaisse la main gauche.
—Cest depuis la magnétisation de milady, me dit M"” Th..., que ma fille est agitée. »
Est-il besoin de recourir à une théorie spiritualiste pour avoir l’explication de ces faits ? Les passages que nous avons soulignés avec intention, vont nous servir à démontrer que cela est entièrement inutile.
En effet, l'influence exercée par lady W... sur la somnambule, a suffi pour oblitérer les facultés mentales du sujet, pour paralyser le jeu du cerveau, pour annihiler la lucidité.
Ce fait a une portée immense a nos yeux, il renverse d'un seul coup loute la doctrine spiritualisle.
Cherchons quelle est la nature de l’influence exercée? Est-elle psychique ou matérielle? Nous n’hésitons pas à répondre dans le sens de cette dernière question. Elle est matérielle. Ce qui démontre l’exactitude de cette assertion, c’est que l’influence exercée dans un cas semblable existe d’une manière permanente, et cela à l’insu et en dépit de la volonté de la personne qui a réagi sur le sujet. Tous les praticiens savent qu’il suffit de se mettre en rapport une seule fois avec un somnambule, de le magnétiser pendant quelques instants, pour que ce rapport persiste indéfiniment. Cela parce que le magnétiseur laisse dans l’organisme du sujet une portion de sa propre substance, une certaine dose de fluide... Si l’influence exercée était simplement psychique, elle n’aurait qu’une durée temporaire subordonnée à l’action de la volonté... Donc, cette influence est matérielle, physique en un mot, comme l'action qu’exerce l’aimant sur un barreau d’acier.
La transmission de pensée est également un fait matériel, un phénomène physique. Elle est basée sur ce principe : Que deux cordes montées au même diapason vibrent à l'unisson. Nous partageons l’opinion de M. Warlomont à ce sujet, et nous avons comme lui la conviction intime que les idées revêtent une forme plastique. Nous reviendrons sur cette question un autre jour et nous citerons une foule de faits à l’appui de cette opinion.
Pour prouver que l’influence excercée sur un somnambule est toute matérielle, nous soumettrons l’expérience suivante à l’appréciation de M. Clever de Maldigny.
Un chapeau étant saturé de fluide par nous et posé à notre insu, sur la tête d’un somnambule, nous défions M. Clever de Maldigny de se mettre en rapport mentalement avec ledit somnambule et d’obtenir aucun phénomène de transmission de pensée. Cette expérience nous paraît décisive.
Elle s’accorde d’ailleurs parfaitement avec les faits rappor-
tés pat- M. ('.lever de Maldigny lui-même. On va pouvoir en juger.
c Le 12 mai j'endors Pauline. Elle me ditqu’elle n’est pas délivrée entièrement du trouble de la magnétisation de inilady. La lucidité n’est pas revenue. » Cet aveu était fait le 12 mai et l’influence exercée par lady "W... avait eu lieu le 5 mai, c’est-à-dire huit jours auparavant. Ce fait n'a pas besoin de commentaire, il prouve surabondamment en notre faveur.
Poursuivons notre analyse :
« Je magnétise pendant dix minutes la malade, à grands courants, et peu d’instants après, je la réveille. Sur mon invitation, elle écrit une bonne lettre à sa protectrice.
« Ensuite, pour preuve irrécusable et bien ostensible de la réalité de mon action mentale sur l’esprit de sa fille, j’emmène hors de la présence de celle-ci M“e Thib..., à qui j’offre de m’indiquer, soit par signe, soit par écrit, soit mentalement,.., mais tout bas, ce qu’il lui plaira que j’ordonne à notre malade, me faisant fort d’être obéi sur-le-champ, sans retourner près d’elle ni proférer une seule parole.
« Ma proposition acceptée et d’après convention arrêtée mystérieusement ainsi que je viens de le raconter voici ce qui se passa. » Nous engageons le lecteur à lire attentivement l’exposé qui va suivre, d’autant plus attentivement que M. Maldigny semble attacher un grand prix à son expérience :
« Je me cachai sans bruit derrière un paravent, dans un coin obscur. » — A cet aveu, on prendrait M. Clever de Maldigny pour un novice, pour un profane, on supposerait qu’il ignore que l’obscurité n’existe point pour les somnambules, que ceux-ci perçoivent les sons les plus faibles, que, d’un autre côté, ils sont en rapport constant avec les personnes qui ont réagi sur eux.
Mais, nous objectera sans aucun doute M. Clever de Maldigny : Pauline ne dormait pas dans ce moment, elle était parfaitement éveillée. Nous répondrons à cela : Eh quoi ! vous aviez la prétention de vous mettre en rapport mentalement
avec la jeune fille et cela pendant qu'elle était dans son état normal. C’est-à-dire sans qu’elle fût en crise et sans faire
intervenir le magnétisme !.....
« Pauline Thib... fermaspontanémenl les i/eu® et se leva du fauteuil oit nous l’avions laissée assise : puis, le sourire sur les lèvres, la jeune fille, d’une démarche aisée et légère, bien que les paupières fussent closes hermétiquement, se détourna de quelques obstacles qu'elle n’eut pas l'air de regarder, s'avança jusqu’à l’endroit de ma cachette, et m’v tendit gracieusement la main. C'était la fidèle exécution du programme, la pauvre femme, pétrifiée de surprise, paraissait en proie à d’étranges sentiments. »
A ces détails, M. de Maldigny ajoute avec une sorte d’é-tonnement que, • malgré ces phénomènes, la catalepsie persiste et le sujet, dès qu’on l’abandonne à lui-même, demeure dans une immobilité d’automate. »
Certes, nous aussi nous sommes étonné, mais notre étonnement part d’un autre motif.
Eh quoi! monsieur Clever de Maldigny, vous nevousêtespas aperçu qu’au moment où la jeune malade fermait spontanément les yeux, comme vous le dites vous-même, ei.le tom-hait en crise , magnétisée à distance par l’effort que vous aviez fait pour lui intimer votre ordre, pour lui transmettre votre volonté. Ce que vous regardez comme un fait extraordinaire, merveilleux ! n’est qu’un simple phénomène magnétique : un effet de la transmission de pensée et rien de plus. C’est cette méconnaissance des phénomènes magnétiques que nous avons remarquée chez vous qui nous a fait dire au commencement, que vous n’observiez ces phénomènes qu’à travers un prisme, celui de l’idée spiritualiste. Cette circonstance fait que vous ne pouvez les étudier sous leur véritable jour.
La question du rapport mental et de la transmission de pensée étant à peu près vidée, nous aborderons un autre ordre de phénomènes.
11 est difficilede toucher auxphénoménisationsspirites,sans
s'exposer à froisser les susceptibilités des partisans de cette doctrine. Telle n’est pas notre intention cependant, vis-à-vis de M. de Maldigny surtout. Bien que nous ne connaissions cet auteur que par ses écrits, il nous paraît un savant trop consciencieux malgré ses erreurs, et trop estimable pour que nous voulions courir un semblable risque.
Cette réserve faite, nous examinerons quelques-uns des points principaux de la profession de foi (te M. Clever de Maldigny. Celui-ci s’exprime en ces termes :
« Que pensez-vous, cher confrère, de ce spécimen de phénoménisations ? Votre estime pour moi vous les certifie exemptes de toute sotte plaisanterie.
« Eh bien ! la parole d’un homme qui n’a point fait divorce avec le bon sens, la longue carrière honorable d’un praticien difficile sur la valeur des preuves qu'il examine. » (Nous soulignons ce passage avec intention , afin de montrer que les difficultés que l’esprit soulève dépendent absolument du point de vue où l’on se place, qu’en laissant de côté l’explication que le magnétisme eût pu lui donner, et prenant pour point de départ de son examen la théorie spiritualiste, M. Clever de Maldigny a dénaturé la portée des faits.) « L’entière assurance enfin du libre penseur incapable de forfaire à la droiture philosophique, » (Ici nous nous empressons de rendre justice au docteur de Versailles , et nous le prions de vouloir bien agréer l’expression de nos vives sympathies,) « vous présente ces incroyabilités comme légitimes et acquises. » ( Ah ! le prisme ! le prisme ! ) « J’ai besoin de ma ferme résolution , vous en conviendrez, pour oser devenir leur éditeur en face de l’anathème des académies. M. Figuier et la foule de ses partisans vont bellement me décerner une candidature à l’ascétisme de Charenton. » (Nous 11e partageons pas cette opinion, mais nous pensons que loin de faire progresser le mesmérisme, la doctrine de M. Clever de Maldigny ne peut que lui nuire et en retarder l’avénement.) « Que voulez-vous, je ne m’en émeus pas plus que du bruit d’un écho dans le vague. Je suis certain de ce
que j'avance. » M. (’.lever de Maldigny a souligné doublement ce passage... Il sait bien cependant que nul n’est infaillible, pas mémo Sa Sainteté le pape, et que l’esprit humain est naturellement sujet ù errer. Nous citerons comme preuve à l’appui de ce précepte: les appréciations fausses de M. Maldigny, que nous avons signalées jusqu’à présent au sujet de l’intuition, du rapport mental, de la transmission dépensée, etc.
Le savant docteur de Versailles et une foule de praticiens considèrent la volonté comme un agent magnétique, c’est là une hypothèse purement gratuite. Ces magnétistes prennent l'effet pour la cause. L’acte de la volonté n’est pour rien en tant qu’agent immédiat dans la production des phénomènes magnétiques ; ce qui prouve d’une manière évidente la vérité de cette assertion, c’est que nous avons à plusieurs reprises provoqué le somnambulisme en dormant ; voici dans quelles circonstances: nous nous bornerons à signaler un seul fait de ce genre, le premier que nous avons été à môme d’observer.
Nous étions plongé dans le sommeil depuis déjà longtemps, nous étions sous le poids de ce qu’on nomme le cauchemar, nous rêvions que notre petite fille était tombée dans l’eau et qu’on nous empêchait d’aller à son secours. L’impression pénible que nous éprouvions dans ce moment nous réveilla. Nous fûmes alors frappé par les gémissements plaintifs qu’articulait la compagne naturelle de nos nuits, par certains sons gutturaux qui nous étaient familiers. Nous adressâmes la parole à celle qui partageait notre couche, elle ne répondit pas; nous la pinçâmes fortement, elle ne bougea pas , elle était inerte, elle était en proie à une crise de catalepsie. Nous fîmes cesser cette crise sans réveiller la patiente. Alors une idée subite traversa notre cerveau. Qui sait si nous n’avons pas produit le même résultat sur Catherine , qui n'est séparée de nous que par une cloison? Nous passâmes dans la chambre de la bonne et nous la trouvâmes plongée dans l’état somnambulique. — Dégagez-moi, monsieur, dit-elle
(le son propre mouvement, j’étouffe. -le soutire horriblement de l’estomac. Nous nous empressâmes d'acquiescer à sa demande, puis nous la fîmes causer: nous la questionnâmes sur ce qui s’était passé chez elle, ensuite nous mîmes fin à la crise sans réveiller la jeune fille, et nous nous retirâmes. Le lendemain, aucun des deux sujets n'avait conscience de ce qui s’était passé pendant la nuit. Comme nous l’avons dit, ce fait s’est reproduit à différentes reprise. Que peuvent objecter à cela les volontistes ? Rien.
Nous dirons à ces derniers , soyez conséquents avec vous-mômes, et puisque vous prétendez que la volonté est le principal agent magnétique, abstenez-vous de recourir aux moyens d’action que nous employons, nous autres fluidistes. Essayez de faire cesser une attaque d’épilepsie naturelle, d’hystérie, de chorée, la catalepsie, la léthargie, le noctambulisme, par le seul effort de votre volonté, c’est-à-dire sans faire usage des procédés magnétiques, tels que les passes, les percussions, les frictions, les massages, les insufflations, etc. «
Tâchez d’arrêter une crise nerveuse , de détruire la paralysie des bras ou des jambes, de dégager un sujet, tout cela mentalement. Vous ne le pourrez pas; vous parviendrez, il est vrai, à réveiller imparfaitement un somnambule, car vous absorbez le fluide à votre insu, vous faites la contraction inverse sans vous en douter ; mais vous ne le dégagerez jamais d’une manière complète. Si vous agissez ainsi pendant quelque temps sur le même individu , vous détruirez sa santé, vous le tuerez petit à petit.
Nous ne saurions donc trop répéter ce que nous avons dit dans un autre endroit : Méfiez-vous des magnétiseurs inexpérimentés, de ceux qui ne procèdent pas méthodiquement, car le magnétisme est une puissance terrible !
Nous croyons devoir reproduire ici les préceptes que nous avons formulés antérieurement. Ces préceptes forment la base de notre système.
1» L’acte de la volonté n’est pour rien en tant qu'agent immédiat dans la production du somnambulisme.
2° Le sommeil magnétique est un phénomène matériel ; ce phénomène résulte uniquement de la contraction des principaux centres nerveux : le diaphragme et les muscles de la face et du cou.
3° La contraction directe, ou externe, émet le fluide ; la contraction inverse, ou interne, le soutire.
/i° Toute contention d’esprit entraîne nécessairement la contraction des centres nerveux, cela à l’insu du magnétiseur.
b° Les bras et les doigts sont les conducteurs naturels du fluide, ceci en vertu de la propriété que possèdent les pointes.
6° Tout homme dans son état normal peut produire l’effet magnétique.
7° Les tempéraments qui se prêtent le mieux à ce genre d’expériences sont ceux dits nerveux ou nervo - lymphatiques.
8° L'état physique de i’opérateur influe sur la nature du fluide sécrété.
Comme on le voit, ces divers principes sont en opposition directe avec la doctrine spiritualiste.
Nous ne suivrons pas le docteur de Versailles dans le dédale de ses réflexions philosophiques, de ses spéculations hermétiques, non plus que dans ses essais cabalistiques. Nous nous bornerons à analyser les données fondamentales de la doctrine de M. Clever de Maldigny et à examiner quelques-unes des phénoménisutions signalées par cet auteur.
M. Clever de Maldigny partage l’opinion de M. de Mir-ville, à propos de la prétendue existence des Esprits; il prétend que l’espace est peuplé d’êtres invisibles, qui « en certaines circonstances et toutes choses, prédisposantes d’ailleurs, peuvent se corporifier d’une sorte d’apparence précaire, en attrayant des molécules d’une condensation appropriée au sein d’un milieu convenable. Dans ce cas, en dehors de la génération, nous serait-il possible, dans des occasions spécialement actives, de contribuer à des matériaux d’adoption ar-
tilicielle, ou les personnalités occultes peuvent puiser par leur propre mode vital et se rendre ainsi passagèrement visibles ? (1) Est-il ou non dans la puissance de la nature de prêter à ces secrètes existences les molécules nécessaires à des cor-poréités factices qui leur permettent l’apparition momentanée de formes plus ou moins complètes? »
Ce qui, en d'autres tenues, peut se traduire ainsi : L’homme est il capable, par les efforts de sa volonté, il'évo-quer les prétendus Esprits, de faire que des personnalités occultes, des êtres invisibles acquièrent momentanément des formes apparentes? L’homme peut-il, en un mot, par son seul arbitre, créer et anéantir à sa guise des êtres surnaturels, actifs, pensants, agissants?...
Il suflit.de poser cette question pour en faire ressortir tout le côté étrange, excessif. Et cependant ce sont des idées qui ont leurs adeptes! Ne motivent-elles pas suffisamment cette boutade d’Alphonse Karr : Que de tous les sens attribués it l’homme, le plus rare est assurément le sens commun...
Toutefois, soyons moins absolu et examinons la doctrine du spiritisme au point de vue de la logique. Nous admettrons pour un instant que, doués de la puissance divine les adeptes de cette doctrine puissent créer des personnalités occultes par l’effort de leur volonté, par la force de leurs incantations. Ces personnalités occultes, ces êtres surnaturels prendront nécessairement une forme quelconque; ils posséderont par conséquent des organes plus ou moins délicats, plus ou moins subtils ; ils auront un corps plus ou moins diaphane, plus ou moins dense; ils existeront, en un mot.
(1) Nous ferons observeràM. Clever de Maldigny, qu’il n'y arien d'invisible dans la nature. Toul est visible relativement parlant. Dieu lui-mème est visible en quelque sorte pour toutes ses créatures, puisque le fluide n’est qu’une émanation directe de sa propre substance. L’éther où on est non-seulement visible pour les sensitifs et les somnambules, mais encore pour tous les êtres non atteints de cécité. Il suffit de faire la contraction magnétique dans l'obscurité, de tousser, d'éternuer de se frotter un peu les paupières pour apercevoir une lueur phosphorescente qui n'est autre chose qu’une manifestation naturelle du fluide.
Ceci posé, nous prions les adeptes du spiritisme de vouloir bien nous dire ce que deviennent les parties constitutives des Esprits, les divers organes qui les composent lorsqu’on met lin à l'évocation, lorsque Yapparition cesse. Ces corporéités fantastiques s'évanouissent-elles comme les images fantasmagoriques, pour se reconstituer ensuite de nouveau au gré des évocateurs?
S’il en est ainsi, le Tout-Puissant n’est qu’un pygmée à cùté des spirites : Dieu crée des êtres, et ces êtres existent jusqu’à ce que les parties qui les composent se désorganisent; lorsque ces êtres sont anéantis, ils ne se reconstituent plus.
Rationaliste dans toute l’acception du mot, nous sommes loin de nous piquer d’ascétisme; nous pensons néanmoins que la doctrine du spiritisme est opposée à tous les dogmes, qu’elle est anti-religieuse, qu’elle constitue un véritable sacrilège à l’endroit de la Divinité. Au point de vue du bon sens, de la raison pure, elle ne nous parait point soutenable.
Encore quelques mots. Le docteur de Versailles rapporte le fait suivant à l’appui de sa doctrine :
« L’été dernier, le prince Dimitri S. me disait : Je viens de recevoir de Saint-Pétersbourg une singulière nouvelle. Un de mes amis m’écrit que ces jours passés sa femme, vers trois heures du matin, se réveilla soudainement et m’aperçut dans sa chambre à coucher. D’abord j’examinai plusieurs objets posés sur une table, puis, me plaçant au piano, je parus jouer différents airs, bien quelle ne les entendit pas. Alors mon ami se réveilla de même, et sans un geste quelconque ni le moindre mot de ¡¡a femme, il s’écria : « Voyez-vous Dimitri « là-bas au piano. »
« La lettre décrit ensuite mon costume, dans lequel se remarque une chose qui, vous allez en convenir, est très-frappante, et qui les étonna presque autant que ma présence nocturne. C’est un grand vêtement rouge qui m’enveloppait comme une espèce de robe.
« Or, cette description se rapporte exactement à celle d’un accoutrement de nuit qu'ils ne connaissaient pas, et dont en
cet instant j'étais revêtu, plongé dans une vague somnolence, avant-coureur du sommeil. »
Un individu non initié aux phénomènes qui constituent le mesmérisme, regarderait ce fait comme le résultat d’une double hallucination. Un spiritualiste le considérerait comme une véritable apparition. Quant à nous, nous ne voyons là-dedans rien d’extraordinaire, rien de surnaturel, mais simplement un phénomène magnétique que nous avons été à même d’observer plusieurs fois directement. Nous allons donner l’explication de ce phénomène qui paraît surprenant à M. Clever de Maldigny, uniquement parce qu’il l’examine, comme toujours, à l’aide du prisme qui couvre ses yeux.
Analysons les laits.
Le prince Dimitri s’est-il transporté corporellement àSaint-Pétersbourg? Assurément non ! Son Esprit a-t-il fait le voyage seul ? Nous voulons bien admettre cette hypothèse pour un moment... mais pour ce qui est de la fameuse robe de chambre, du grand vêtement rouge, celui-ci n’était pas de la partie positivement, Y Ame voyageuse ne pouvait en être parée, puisque ce vêtement n’a pas cessé un seul instant d’envelopper le corps dudit prince.
Ce n’est donc pas Y individualité occulte du prince Dimitri qui s’est déplacée, mais bien l’Esprit dé la femme de son ami qui s’est transporté à Paris, si toutefois nous pouvons nous exprimer ainsi. En termes plus concis, nous dirons : La jeune femme qui est ici en scène s’était entretenue du prince Dimitri avec son mari, peut-être, le soir même qui a précédé la manifestation du phénomène, ou bien quelques jours auparavant. Préoccupée de ce sujet, elle a fait un rêve, elle a eu, en quelque sorte, une crise de noctambulisme; car il existe une grande analogie entre le rêve naturel et le somnambulisme, comme nous le démontrerons un autre jour (1). Dans l’état où elle était, la jeune femme s’est mise en
¡1) Nous signalons pour le moment le fait rapporté dans le numéro !)* de ce journal, p. 53, lequel fait a trait à la fille du garde forestier de madame la baronne de Rothschild.
rapport par la pensée avec le prince Dimitri ; il s’est produit chez elle le phénomène que nous appelons la vue magnétique, à distance, phénomène que la plupart des praticiens désignent sous le nom de lucidité ou clairvoyance. L’état de surexcitation oit se trouvait la jeune femme a réagi sur le cerveau, sur l’esprit de son mari; il y a eu entre eux transmission de pensée. S'éveillant alors sous l’action de cette idée, ils ont cru apercevoir réellement le prince Dimitri, ceci en vertu du phénomène physiologique qu’on définit par ces mots : la persistance des images sur la rétine. Voilà tout le mystère dévoilé et le phénomène expliqué au point de vue du rationalisme et de la science.
Si cette explication ne satisfait pas suffisamment M. Cle-ver de Maldigny, nous pourrons lui fournir encore une preuve irréfutable à l’appui de ses données; cette preuve la voici :
Nous possédons la faculté de provoquer tels ou tels rêves chez les personnes de notre entourage ; nous reproduisons, en un mot, à notre gré, des scènes semblables à celle qui fait l’objet de cette étude.
Pour terminer cette réfutation déjà beaucoup trop longue, nous opposerons le fait suivant aux phénoménisations (M. Clever de Maldigny a créé là un mot des plus heureux, pour désigner les manifestations qui constituent le spiritisme), nous opposerons le fait suivant aux phénoménisations signalées par 41. Clever de Maldigny. 11 s’agit ici d’un fait qui a trait au spiritisme : d’une double apparition.
L’automne dernier, plusieurs personnes se trouvaient un soir réunies chez nous, entre autres deux jeunes femmes douées d’un tempérament très-impressionnable. Parhii les sujets qui servaient de texte à la conversation, le magnétisme fut un des plus goûtés. Ces deux dames avaient un ardent désir d’assister à quelques expériences de ce genre; mais elles redoutaient de se soumettre à nos procédés. Nous leur laissâmes entendre que nous pourrions réagir sur elles sans leur consentement, et relu à distance. Cet aveu parut les impressionner vivement. Comme nous étions alors privé
de somnambule, il 11e nous fut pas possible de les satisfaire. La conversation continua sur divers sujets, et ensuite chacun regagna son domicile. Les deux daines en question habitaient aux deux extrémités opposées de la ville. Elles étaient couchées depuis une heure environ lorsque, sous l’effet d’une sensation intime, elles se réveillèrent en sursaut. Elles nous aperçurent dans leur chambre. Elles eurent peur. Elles s’empressèrent d’allumer une bougie. Elles nous virent alors plus distinctement. Elles nous adressèrent la parole. Elles nous supplièrent de nous retirer, de ne pas abuser de notre puissance sur elles, voyant notre persistance à rester. Elles appelèrent «lu secours. Elles réveillèrent leur mari qui reposait dans un appartement voisin. Alors seulement notre personnalité disparut. Nous nous retirâmes furtivement. —C’est comme cela que vous agissez, nous dirent les maris le lendemain; il faut avouer que vous en faites de bellesI Ces messieurs nous racontèrent alors ce qui avait eu lieu pendant la nuit, et ils ne paraissaient pas trop rassurés au sujet de notre visite nocturne. Quant aux dames, nous n’avons jamais pu les persuader qu’elles avaient été le jouet d’une hallucination; elles ont la ferme conviction que nous nous sommes introduit clandestinement dans leur chambre pour abuser de notre influence sur elles, pour leur jouer un vilain tour. Elles nous gardent encore rancune de cette mauvaise action et nous redoutent plus que le diable en personne. Ces deux apparitions ont eu lieu simultanément à la même heure, à la même minute. Nous étions dans ce moment-là occupé à nous promener sur le boulevard, et, il faut l’avouer, nous songions précisément à l'impression que nous avions produite sur les deux dames en question ; nous nous consultions pour savoir si nous devions ou non réagir un jour sur elles, à leur insu, pour leur prouver la puissance du magnétisme. Quant à ce qui est de pénétrer clandestinement dans leur domicile, cette idée est par trop incompatible avec les mœurs d’un galant homme pour qu’elle nous lut jamais venue à l’esprit.
Maintenant, si nous nous plaçons au point de vue du spiritualisme, nous devons nécessairement tirer cette double conséquence.
— Ou bien Y esprit de l’homme, l'âme, humaine, possède !" don Yubi/uité ?
— Ou bien l’homme est doué de plusieurs âmes ?
Notre personnalité s’est reproduite au même moment dans deux endroits différents.
Nous espérons que M. Clever de Maldigny voudra bien venir à notre aide pour éclairer cette question qui est par trop au-dessus de notre intelligence, nous l’avouons humblement.
Quoique M. Clever de Maldigny ait publié la note suivante
notre adresse sans doute, dans le numéro du ‘25 janvier:
« On m’a prévenu du projet d’un des collaborateurs du Journal du Magnétisme de combattre mes appréciations sur le spiritualisme lorsque j’aurai fini de les déduire. Assurément, dès que je les publie, qui que ce soit a le droit de les discuter. C’est le droit précieux, c’est le droit d'égalité vraie, c’est le droit souverain, puisqu’il sanctifie la lumière de l’examen sérieux et l’individualité de la conscience. Mais en vertu de cela, je ne suis engagé nullement au rôle de contro-versiste. Homme d’utilité pratique, autant j’honore tous les nobles élans dévoués, autant je reste froid aux prétendues infaillibilités qui se couronnent pompeusement du titre : La Science. Longtemps, bien longtemps je leur ai consacré l’enthousiasme qui m’animait; aujourd’hui je sais l’amertume de leurs désillusions, etc...; » malgré cette note, disons-nous, nous nous plaisons à croire qu’il voudra bien revenir sur sa détermination et qu’il se fera un devoir, dans l’intérêt de la science et de la vérité, dont il est un des plus ardents champions, de réfuter nos arguments et d’enlever le bandeau qui couvre nos yeux, s’il est vrai que c’est n,ous qui avons mal observé. Cette note est empreinte d’un scepticisme systématique qui sied mal ce nous semble à un partisan sincère de la vérité.
Maintenant, abstraction laite de toute dissidence d'opinions, nous estimons le courage de M. Clever de Maldigny et son caractère; nous le prions de vouloir bien agréer l'expression sincère des sympathies les plus vives de son tout dévoué confrère, L. d’Arbaud.
Cahors, le avril 1861.
LA VIE ET LA MORT. - LA VEILLE ET LE SOMMEIL.
Le sommeil est une mort incomplète ; la mort est un sommeil parfait.
La nature nous soumet au sommeil pour nous habituer à l’idée de la mort, et nous avertit par les rêves de la persistance d’une autre vie.
La lumière astrale dans laquelle nous plonge le sommeil est comme un océan où flottent d’innombrables images, débris des existences naufragées, mirages et reflets de celles qui passent, pressentiments de celles qui vont naître.
Notre disposition nerveuse attire à nous celles de ces images qui correspondent à notre agitation, à notre fatigue spéciale, comme un aimant promené parmi des détritus métalliques attirerait et choisirait surtout la limaille de fer.
Les songes nous révèlent la maladie ou la santé, le calme ou l’agitation de notre médiateur plastique, et, par conséquent aussi, de notre appareil nerveux.
Ils formulent nos pressentiments par l’analogie de nos images.
Car toutes les idées ont un double signe pour nous, relatif à notre double vie.
Il existe une langue du sommeil dont il est impossible dans l'état de veille de comprendre et même de rassembler les mots.
La langue du sommeil est celle de la nature, hiéroglyphique dans ses caractères, et seulement rhythmée dansses sons.
Le sommeil peut être vertigineux ou lucide.
La folie est un état permanent de somnambulisme vertigineux.
Une commotion violente peut éveiller les fous aussi bien qu’elle peut les tuer.
Les hallucinations, lorsqu’elles entraînent l’adhésion de l’intelligence, sont des accès passagers de folie.
Toute làtigue de l'esprit provoque le sommeil; mais si la fatigue est accompagnée d’irritation nerveuse, le sommeil peut être incomplet et prendre les caractères du somnambulisme.
On s’endort parfois sans s’en apercevoir au milieu de la \ie réelle, et alors, au lieu de penser, on rêve.
Pourquoi avons-nous des réminiscences de choses qui ne nous sont jamais arrivées?
C’est que nous les avons rêvées tout éveillés.
Ce phénomène du sommeil involontaire et non senti, traversant tout à coup la vie réelle, se produit fréquemment chez tous ceux qui surexcitent leur organisme nerveux par des excès, soit de travail, soit de veilles, soit de boisson, soit d’un éréthisme quelconque.
Les monomanes dorment lorsqu’ils se livrent à des actes déraisonnables, et n’ont plus conscience de rien au réveil.
Lorsque Papavoine fut arrêté par les gendarmes, il leur dit tranquillement ces paroles remarquables :
— Vous prenez Vautre pour moi.
C’était encore le somnambule qui parlait.
Edgar Poë, ce malheureux homme de génie qui s’enivrait, a décrit d’une manière terrible le somnambulisme- du mono-mane. Tantôt c’est un assassin qui entend et qui croit que tout le monde entend à travers les dalles du tombeau battre le cœur de sa victime; tantôt c’est un empoisonneur qui, à force de se dire : Je suis en sûreté, pourvu que je n’aille pas me dénoncer moi-même, finit par rêver tout haut qu’il se dénonce, et se dénonce en effet. Edgar Poë lui-mème n’a inventé ni les personnages, ni les faits de ses étranges nouvelles; il les a rêvés tout éveillé, et c’est pour cela qu’il leur donne si bien les couleurs d’une épouvantable réalité.
Le docteur Brière de Boismont, dans son remarquable ouvrage sur les Hallucinations, raconte l’histoire d’un Anglais, très-raisonnable d’ailleurs, qui croyait avoir rencontré un homme aveclequel il avait l'ait connaissance, qui l’avait mené déjeuner à sa taverne ; puis, l’ayant invité à visiter avec lui l’église de Saint-Paul, avait tenté de le précipiter du haut de la tour où ils élaient montés ensemble.
Depuis ce moment l’Anglais était obsédé par cet inconnu, que lui seul pouvait voir, et qu’il rencontrait toujours lorsqu’il était seul et qu’il venait de bien dîner.
Les abîmes attirent; l’ivresse appelle l’ivresse; la folie a d invincibles attraits pour la folie. Lorsqu’un homme suc-
combe au sommeil, il a en horreur tout ce qui pourrait 1 éveiller. 11 en est de même des hallucinés, des somnambules statiques, des maniaques, des épileptiques et de tous ceux qui s’abandonnent au délire d’une passion. Ils ont entendu la musique fatale, ils sont entrés dans la danse macabre, et ils se sentent entraînés dans le tourbillon du vertige. Vous leur parlez, ils ne vous entendent plus ; vous les avertissez, ils ne vous comprennent plus; mais votre voix les importune; ils ont sommeil du sommeil de la mort.
La mort est un courant qui entraîne, un gouffre qui absorbe, mais du fond duquel le moindre mouvement peut vous faire remonter, La force de répulsion étant égale à celle de l’attraction, souvent au moment d’expirer, 011 se rattache violemment ît la vie ; souvent aussi par la même loi d équilibre, on passe du sommeil à la mort, par complaisance pour le sommeil. .
Une nacelle se balance près des rives du lac. L enfant y entre, l’eau brillante de mille reflets danse autour de lui et l’appelle, la chaîne qui retient le bateau se tend et semble vouloir se rompre; un oiseau merveilleux s élance alors du rivage et plane en chantant sur les Ilots joyeux ; l’enfant veut le suivre, il porte la main à la chaîne, il détache 1 anneau.
L’antiquité avait deviné le mystère de la mort attrayante et l'avait représenté dans la fable d'Hylas. Fatigué d une longue navigation, Hylas est arrivé dans une île fleurie, il s’approche d’une fontaine pour y puiser de l’éau, un mirage gracieux lui sourit; il voit une nymphe lui tendre les bras, les siens s'énervent et ne peuvent retirer la cruche appesantie ; la fraîcheur de la source l’endort, les parfums du rivage l’enivrent ; le voilit penché sur l’eau comme un narcisse dont un enfant en se jouant a blessé la tige; la cruche pleine retombe au fond et Hylas la suit, il meurt en rêvant a des nymphes qui le caressent, et n’entend plus la voix d Hercule qui le rappelle aux travaux delà vie, et qui parcourt tous les rivages en criant mille fois : Hylas ! Hylas !
Une autre fable, non moins touchante, qui sort des ombres de l’initiation orphique, est celle d’Eurydice rappelée il la vie par les miracles de l’harmonie et de l’amour. Eurydice, cette sensitive brisée le jour de son mariage, et qui s est réfugiée dans la tombe toute frémissante de pudeur ! Bientôt elle entend la lyre d’Orphée, et lentement elle remonte vers la lumière; les terribles divinités de l’Erèbe n’osent lui^fermer le passage. Elle suit le poëte, ou plutôt la poésie qn elle
adore..... Mais malheur à l'amant s’il change le courant
magnétique, et s’il poursuit à son tour, d’un seul regard, celie qu’il doit seulement attirer! L’amour sacré, 1 amour virginal, l’amour plus fort que le tombeau ne cherche que le dévouement et fuit éperdu devant l’égoïsme du désir. Orphée le sait, mais un instant il l’oublie. Eurydice, dans ses blanches parures de fiancée, est couchée sur le lit nuptial; lui, sous ses vêtements de grand hiérophante, il est debout, la lyre à la main, la tète couronnée du laurier sacré, les yeux tournés vers l’Orient et il chante. 11 chante les flèches lumineuses de l’amour traversant les ombres de l’ancien chaos, les flots de la douce clarté coulant de la mamelle noire de la mère des dieux, à laquelle se suspendent les deux enfants, liros et Auteros. Adonis revenant à la vie pour écouter les plaintes do Vénus et se ranimant comme une fleur sous la rosée brillante de ses larmes 1 Castor et Pollux, que la mort n’a pu désunir et qui s’aiment tour à tour dans les enfers et
sur la terre.....Puis il appelle doucement Eurydice, sa chère
Eurydice, son Eurydice tant aimée :
Ali! miseram Eurydicem anima fugienl« vocabat,
Kurydiccm iota referebant fUiminc ipsæ.
Pendant qu’il chante, cette pâle statue que la mort a faite, se colore des premières nuances de la vie, ses lèvres blanches commencent rougir comme l’aube du matin.... Orphée la voit, il tremble, il balbutie, l’hymne va expirer sur sa bouche, mais elle pâlit de nouveau; alors le grand hiérophante tire de sa lyre des chants déchirants et sublimes, il ne regarde plus que le ciel; il pleure, il prie, et Eurydice ouvre les yeux.... Malheureux! ne la regarde pas, chante encore, n’effarouche pas le papillon de Psyché, qui veut se fixer sur cette fleur!... Mais l’insensé a vu le regard de lares-suscitée, le grand hiérophante cède h l'ivresse de l’amnnt, sa lyre tombe de ses mains, il regarde Eurydice, il s’élance vers elle.... 11 la presse dans ses bras et il la trouve encore glacée, ses yeux se sont refermés, ses lèvres sont plus pâles et plus froides que jamais, la sensitive a tressailli, et le lieu délicat de l’âme s’est rompu de nouveau et pour toujours.... Eurydice est morte et les hymnes d'Orphée ne la rappelleront plus à la vie.
Dans notre Dogme el Rituel île la haute, Magie, nous avons osé dire (pie la résurrection des morts n’est pas un phénomène impossible dans l’ordre même de la nature, et eu cela nous n’avons nié, ni contredit en aucune manière la loi fatale
de la mort. Une mort qui peut cesser n’est qu’une léthargie et un sommeil, mais c’est par la léthargie et le sommeil que la mort commence toujours. L’état de quiétude profonde qui succède alors aux agitations de la vie emporte l’âme détendue et endormie, on ne peut la faire revenir, la forcer à plonger de nouveau qu’en excitant violemment toutes ses affections et tous ses désirs. Quand Jésus, le Sauveur du monde, était sur la terre, la terre était plus belle et plus désirable que le ciel, et cependant il a fallu à Jésus un cri et une secousse pour réveiller la fille de Jaïre, c’est à force de frémissement et de larmes qu’il a rappelé du tombeau son ami Lazare, tant il est difficile d'interrompre une âme fatiguée qui dort de son premier sommeil !
Toutefois le visage de la mort n’a pas la même sérénité pour toutes les âmes qui le contemplent, lorsqu’on a manqué le but de sa vie, lorsqu’on emporte avec soi des convoitises effrénées ou des haines inassouvies, l’éternité apparaît à l’âme ignorante ou coupable avec de si formidables proportions de douleurs qu’elle tente quelquefois de se rejeter dans la vie mortelle. Combien d’âmes agitées ainsi par le cauchemar de l’enfer se sont réfugiées dans leurs corps glacés et couverts déjàdu marbre de la tombe ! On a retrouvé des squelettes retournés, convulsés, tordus, et l’on a dit : Voici des hommes qui ont été enterrés vivants. On se trompait souvent, et ce pouvait être toujours des épaves de la mort, des ressus-cités de la sépulture qui, pour s’abandonner tout à fait aux angoisses du seuil de l’éternité, s’y étaient repris à deux fois.
Un magnétiste célèbre, M. le baron Du Potet, enseigne dans son livre secret sur la Magie, qu’on peut tuer par le magnétisme comme par l’électricité. Cette révélation n’a rien d’étrange pour qui connaît bien les analogies de la nature, Il est certain qu’en dilatant outre mesure ou en coagulant tout à coup le médiateur plastique d’un sujet, on peut détacher son âme de son corps. Il suffit quelquefois d’exciter chez une personne une violente colère ou une trop grande frayeur pour tuer subitement cette personne. (Extrait de La Clef des grands mystères, par Eliphas Lévy. Vol. in-8°,chez Germer-Baillière.)
Baron Du POTET, propriétairc-géranl.
ANTIQUITÉ ÉGYPTIENNE.
Les savants qui se sont occupés de la mystérieuse Égypte ont cru deviner la science profonde de ses mages; et dans l’explication qu'ils ont donnée des hiéroglyphes qu'on trouve sur ses monuments, ils ont pensé en avoir saisi le vrai sens ; mais le sens mystique leur a échappé, le sens vulgaire seul a été livré à leur interprétation. Ainsi, dans cette image toute une révélation existe touchant le magnétisme et le spiritualisme : C'est une évocation véritable, un prêtre qui fait parler un mort, me scène magnétique et magique. Tous les monuments de l'antique Égypte attestent le savoir des prêtres de ces temps reculés; sans doute ils ne possédaient point toute la science actuelle des Écoles, mais ils en avaient d’autres plus profondes que nos savants sont loin de soupçonner encore. 11 semble qu’une loi fatale pèse sur l’humanité, que la lumière de l'intelligence ne puisse constamment briller
dans le même lieu : l'homme acquiert des connaissances n ou
velles, tandis que les anciennes tombent dans l'oubli pour revenir en d’autres temps. J’en aperçois une cause dans la faible raison humaine, qui se trouble quand la grandeur des découvertes la place en présence del’énigmeredoutable de l’existence de l’humanité et de Dieu. L’honune n’est point fait pour aborder le domaine moral et pénétrer dans la région des causes; lorsqu'il y parvient à force de génie, il recule épouvanté, cache ses découvertes, parce qu’il s’aperçoit qu’elles troubleraient le monde et qu'au lieu d’être un bienfait elles seraient une cause de perturbation générale. Les prêtres anciens étaient donc des Sages près desquels nos savants actuels ne seraient que des enfants; les anciens avaient saisi le feu sacré, le feu de Prométhée, et nos modernes s’étonnent seulement de posséder le feu vulgaire.Tout les convie cependant à s’emparer du magnétisme, ce premier anneau de la chaîne mystérieuse qui n’emprunte déjà presque plus rien à la matière et qui fait comprendre que des lois supérieures régissent des mondes qui nous sont inconnus.
Dans cette esquisse, nous donnons seulement une indication, ne voulant point, ou n’osant pas avancer dans ce qui nous paraît pourtant si vrai mais trop haut placé au-dessus de la raison. Nous aurons d’ailleurs un motif pour revenir sur ce sujet, mais puissions-nous inciter les grands Esprits à l’aborder résolûmentet ne serait-çe quepour quelques-uns, donner le fruit de leurs découvertes : Le magnétisme est connu généralement ; déjà un grand pas est fait; mais cette découverte appelle ses sœurs, et les magnétistes s’arrêtent en chemin faute de guide assuré. Nous ne solliciterons point, pour cet objet, nos prêtres actuels : notre science les jette dans l’épouvaute, et leur méconnaissance de l’antiquité a rendu inefficaces leurs signes sacrés. Nous n'en voulons pas dire davantage. Baron du Potet.
CLINIQUE.
SQU1RRE DU PYf.ORE.
Madame H. L..., âgée de trente ans, d’un tempérament sanguin nerveux, jouissait d’une assez bonne santé depuis fort longtemps, malgré de violents chagrins que vinrent accroître de nouveaux malheurs.
Cette dame, vers la fin de février 1859, commença à ressentir les effets de trop grands efforts pour surmonter le mal rnoral que causent toujours des maux trop réels. Voici les symptômes qui se présentaient à cette époque : manque d’appétit, anxiétés dans les régions gastriques et dans leshypo-condres, palpitations de cœur, constipation permanente.
Après avoir maigri en quelque sorte à vue d’œil, cette personne éprouvait des douleurs aiguës et violentes quand elle se couchait sur le dos ou sur le côté gauche. Malgré cet état de souffrances, elle continua à se livrer à ses occupations habituelles jusque vers le mois de décembre 1859. Elle prenait comme remède sûr, une fois par semaine, la médecine Le Roy, sans oublier le vomitif.
La malade croyait que, grâce à cette médication, elle guérirait en peu de jours; sans ce secours, à son avis, elle eût été perdue. Malheureusement la panacée ne produisit que de tristes résultats : amaigrissement extrême, appauvrissement dans les organes de la déglutition, embarras gastrique, après absorption de quelques aliments, compliqué de douleurs dans l’hypocondre gauche et de palpitations de cœur.
Lorsque cette'personne me fut présentée, sa maigreur était extrême, ses yeux brillants, et parfois humides; le visage n’était point grippé, comme il l'est d’ordinaire à la suite de maladies d’abdomen, ni vultueux, comme il se présente après des lésions du cœur.
Le pouls était filiforme, mais rapide et sec, l’épigastre tendu, et vers la partie inférieure droite 011 sentait une petite
tumeur oblongue qui s'étendait depuis les cartilages des côtes sternales jusqu’au voisinage de l’ombilic. L’hypocondre gauche était moins sensible à la pression que la tumeur elle-même ; la constipation régnait toujours et provoquait des urines claires et abondantes.
Depuis environ un mois la malade éprouvait un sentiment de froid continuel et une douleur vive sous l'omoplate droite.
Deux médecins consultés en cette grave circonstance crurent reconnaître un squirre du pylore, et un commencement de lésion au cœur, sans prétendre expliquer, par ce diagnostic, les phénomènes qui se manifestaient dans l’hypocondre gauche, qu’ils crurent être sympathiques et nerveux.
Voici, en peu de mots, le traitement que nous avons employé et ses résultats :
Après une magnétisation générale et énergiquement faite pendant une demi-heure, un affaissement complet se manifesta chez la malade; les douleurs étaient moins aiguës, mais s’étendaient sur tout le corps. Après une heure de repos, nous recommençâmes à magnétiser les parties affectées, l’épigastre, le côté gauche du dos. Les douleurs reparurent plus vives un moment, mais finirent par disparaître sous l’action énergique de nos manipulations magnétiques; un sommeil calme et profond suivit cette deuxième opération.
Le lendemain, grand fut notre étonnement, quand au bout d'une demi-heure de magnétisation, nous nous trouvâmes en présence d’une somnambule. Le sommeil était complet, la malade répondait à nos questions et nous indiquait l’état interne des organes affectés et le traitement à suivre.
Selon elle, les veines étaient en quelque sorte resserrées, le sang appauvri ne circulait plus librement, les nerfs étaient sans force, et des matières étrangères semblaient remplacer le liquide précieux ; il y avait enfin atrophie dans le système sanguin et le système nerveux conséquemment.
La malade s’ordonna un purgatif, huile de ricin, de la tisane de lichen, et tous les jours une magnétisation générale d’une demi-heure. Elle assurait qu’au bout de quelque
temps, sans préciser l’époque, elle serait complètement rétablie.
Nous suivîmes ponctuellement ses ordonnances fort simples et surtout fort inoffensives; nous continuâmes nos magnétisations , et les résultats obtenus furent parfaitement conformes à ceux que la malade avait prédits.
A mesure que nous opérions, les symptômes disparaissaient : l’appétit se manifestait violemment, les douleurs cessaient, les fonctions se régularisaient, le visage reprenait son aspect ordinaire, les yeux étaient moins brillants, moins humides, la gaieté remplaçait une tristesse habituelle, les forces revenaient, et avec elles enfin la santé la plus parfaite succédait à un état d’affaiblissement moral et physique des plus complets.
Le traitement a duré quatre mois, et la personne guérie par ce simple mais puissant moyen que nous indique la nature, et que la science officielle finira par admettre, nous en sommes sûr aujourd’hui; cette personne, disons-nous, bénit aujourd’hui le magnétisme auquel elle doit, non-seulement un état de santé florissant, mais peut-être la vie.
Magnétisez donc, apôtres de Mesmer, magnétisez et guérissez; bravez les dégoûts, les obstacles, le ridicule, et avant peu vous aurez donné au monde une croyancft nouvelle et puissante ; vous lui aurez fait accepter le plus précieux des trésors, le moyen infaillible de soulager, de guérir les infirmités physiques et morales qui ravagent si cruellement l'humanité. Bernard.
CORRESPONDANCE.
A MONSIEUR LE BARON PU FOTETi
Mon cher maître,
Mille remercîments pour le bienveillant accueil que vous faites au récit de mes cures magnétiques. Je ne sais comment
vous témoigner m;i reconnaissance. car sans voire estimable journal, mes efforts tomberaient en oubli.
L’indifférence est grande en ce pays, et j’ai bien du mal à y établir le magnétisme sérieux. Les faiseurs d’expériences, ceux qui veulent faire preuve et parade de puissance magnétique y sont bien plus suivis. Le magnétisme ne gagne guère à leurs exhibitions, et pour moi, je préfère rencontrer sous mes pas un incrédule, mais homme sérieux. Oh ! si le magnétisme était pratiqué selon vos principes, bien des préjugés disparaîtraient, et le magnétisme humanitaire s’établirait partout comme un agent essentiellement thérapeutique.
Depuis ma dernière lettre, je suis retourné deux fois à M.Hall (1). La première fois, après une absence de douze jours, je ne vis aucun changement chez ma malade. M’étant remis à l’œuvre, on put observer au bout de peu de temps une grande amélioration dans la santé générale ; le mouvement volontaire du pied fitdes progrès rapides. Un jour, pendant la magnétisation, les doigts remuèrent: Cela fit pleurer et rire de bonheur la malade. Trois jours après, comme je revenais de faire une promenade dans le parc, elle m’appela, et toute rayonnante de joie, elle me dit : « Voyez, monsieur Didier, voyez comme mes doigts remuent. » A dater de cette époque. Use déclara une amélioration lente, mais bien marquée : les doigts, le poignet, les bras, recouvrèrent peu à peu le mouvement volontaire. La malade était au comble de ses vœux, car elle me disait sans cesse auparavant : « Si je pouvais seulement faire mouvoir cette vilaine main, » et pour m’imiter, elle ajoutait : « Je veux..., je veux. »
Ces progrès nous donnent beaucoup d’espérance.
Je reçois aujourd’hui de son état des nouvelles des plu3 satisfaisantes ; je ne tarderai pas à retourner près de cette malade, car je veux qu’elle marche.
J’ai en ce moment un cas des plus graves, et si je suis aussi heureux, je ne manquerai pas de vous tenir au courant.
(J) Voir le n® 103, p,229.
Le docteur Ashburner dit que je dois apporter la santé partout où je porte mes pas ; il ajoute que tous les médiums guérisseurs doivent m'accompagner. Il n’est pas besoin de dire maintenant que le docteur est spiritualiste ; mais voici sans doute ce qui lui a inspiré des idées aussi avantageuses à mon égard.
Sachant qu’il était malade, je me décidai un jour à l'aller voir. Mal m’en prit, car je ne fus pas admis près de lui; sa femme me dit que l’ordre des médecins était formel qu’ils avaient défendu de laisser pénétrer personne près de lui. Je me retirai très-désappointé. Le docteur, à partir de ce jour, alla de mieux en mieux, et il veut absolument m’attribuer tout le mérite de sa guérison. De là les choses flatteuses que j'ai rapportées et qui sont comme l’explication de sou opinion.
PALPITATIONS DE CŒUR, DYSPEPSIE, DOULEURS IIÉPATHIQUES.
Madame W. H. de E. Rectory vint à Londres pour se soumettre à mon traitement. Elle avait des palpitations de cœur, de la dyspepsie, des douleurs dans la région du foie et une débilité générale. Cinq magnétisations ont suffi pour opérer une guérison radicale. J’ai reçu, il y a quelques jours, une lettre dans laquelle celte dame me dit : « Je n’ai eu aucun retour de ma maladie; vous m’avez complètement guérie. »
INFLUENZA.
Le mari de cette dame me pria de le magnétiser pour une influenza, c’est-à-dire pour un rhume de poitrine et de cerveau. Une seule séance le débarrassa de son mal. Émerveillé de cette puissance, il en est devenu un fervent adepte, et dès que quelqu’un souffre chez lui, aussitôt il magnétise.
MAL DE TÊTE.
Madame T... me demanda si je ne pourrais point faire quelque chose pour un mal de tête qui la tracassait et qui, dans le moment où elle me parlait, l’empêchait pai
sa violence d’ouvrir les yeux. Après un quart d’heure de magnétisation, elle se sentit mieux. Deux heures après, tout sentiment de souffrance avait disparu.
Recevez, monsieur le baron, etc.
Adolphe Didier.
Mtaux, le 6 mai 1861.
Monsieur le baron,
Il me semble utile, dans l’intérêt de la vérité magnétique, de vous faire connaître les différentes cures que j’ai obtenues. Depuis cinq ans que je m’occupe de magnétisme pratique, j’ai pu reconnaître l’efficacité du magnétisme et sa supériorité sur la médecine, puisque j’ai guéri des malades que les médecins avaient abandonnés.
AFFECTION GRAVE DE LUTÉRUS.
Ce fut sur ma malheureuse épouse que je fis le premier essai de mes forces. Malgré les divers traitements qu’elle avait subis depuis quinze ans, ses souffrances n’avaient pas un seul instant diminué. L’affection de l’utérus pour laquelle elle était traitée, loin de ralentir sa marche, avait pris de jour en jour des proportions alarmantes: sur les derniers temps, ma femme était obligée de garder constamment le lit. C'est à cette époque, en 1856, que les médecins ayant reconnu leur impuissance, une inspiration, dont je rends grâce à Dieu, me porta à m’éclairer sur la science du magnétisme. Ce que j’en pus saisir à la hâte, je le mis immédiatement en pratique, et bien que l’état de ma femme me parût, ainsi qu’aux médecins, désespéré, je ne laissai pas d’avoir une certaine confiance dans ce divin rayon de puissance bienfaisante que Dieu a déposé en nous. Dès les quelques premières magnétisations, la fièvre continuelle qui minait ma femme depuis longues années disparut, ce fut pour moi un encouragement à persévérer.
Dieu soit loué! j’ai vu ma patience et mes efforts cou-
ronnés du succès le plus complet. L’amélioration et la guérison furent lentes, il est vrai; mais tant que dura le traitement, chaque jour vint entretenir mon espoir et rassurer l'affection inquiète de nos enfants. Au bout d’environ un an, à notre satisfaction et au grand étonnement des personnes qui la connaissaient, ma femme fut entièrement rétablie, et depuis lors la maladie n’a plus reparu.
PERTES SÉMINALES INVOLONTAIRES, FAIBLESSE GÉNÉRALE.
Le fils de M. Ch..., âgé de 2t ans, avait depuis cinq ans des pertes séminales continuelles qui l’avaient mis dans un état de faiblesse extrême. Ses parents avaient épuisé sans succès toutes les ressources de la science médicale, et il y a environ douze mois qu’ils vinrent me prier de vouloir bien lui donner mes soins. Je commençai le traitement et y mis, pendant les sept à huit mois qu’il dura, tout le zèle dont j’étais capable.
J’eus, dès les premiers mois, surtout à soufTrir de ma magnétisation : durant trois quarts d’heure que duraient mes séances, je ne cessai pas de ressentir des coliques insupportables. Enfin j’obtins une guérison radicale, et ce jeune homme jouit aujourd’hui d’une excellente santé.
Plusieurs autres personnes que j’ai magnétisées ont été sensiblement soulagées.
HÉMIPLÉGIE.
Enfin, il y adeux mois et demi que je magnétise M, Pel..., paralysé de toute la partie gauche depuis cinq mois. Ce malade avait vu aussi des médecins pendant quelque temps, mais il n’en avait obtenu aucun soulagement.
Vous avez vu vous-même, monsieur le baron, combien sa situation était fâcheuse; mais aujourd’hui, malgré sessoixante ans d’âge et le temps qui est loin d’être favorable, il y a déjà cependant une amélioration notable : le pouls est bon, la marche est moins pénible, il remue très-bien les doigts de la main
gauche et ¡1 porte facilement cette main elle-même à la tête. J’augure donc qu'il est en bonne voie de guérison.
Tels sont, monsieur le baron , les avantages que j’ai recueillis de la pratique du magnétisme. Puissent-ils exciter quelques personnes à suivre mon exemple, et je leur assure en retour de bien légères peines les plus douces satisfactions.
Recevez, monsieur le baron, toute ma gratitude et mes re-mercîments pour m’avoir initié tant par vos excellents ouvrages que par vos salutaires conseils à cette science sublime.
Ricard.
polémique.
A MONSIEUR LE BARON DU POTET.
Je viens de lire la réfutation que vous m’aviez annoncée.
Mu par une fibre qui me semble trop prompte, mon aris-tarque, dans son ardeur à plaisir, bataille contre des moulins à vent; par le prisme (je renvoie à l’auteur ce mot qu’il m’adresse) de la bonne foi de sa préoccupation, il implique trop généreusement à ma comptabilité ce qui n’incombe qu'aux théories de mon guerroyeur.
Je pourrais garder le silence, ainsi que je le désirais et que je l’avais dit.
Cependant, à cause des généralités au sujet desquelles, en dernier ressort, il nous faut tous décidément bien nous entendre et nous comprendre, car elles ne nous séparent guère qu’en apparence, je répondrai le plus tôt possible, explicitement et très-facilement, je le crois, à la critique de M. d’Arbaud, magnétiste instruit et dans la plantureuse verdeur de l’âge, mais sous le charme aussi d’un seul des aspects de la vérité qu’il présume posséder.
Dr Clever de Maldigny.
NOUVELLES ET FAITS DIVERS.
Nous trouvons dans le journal le Temps du là mai, sous le titre de Quinzaine judiciaire avec la signature À. Andoy :
■ Nous tenons toutefois à noter un arrêt rendu le 9 avril par la Cour de Colmar en matière de magnétisme et de somnambulisme. Cet arrêt a confirmé un jugement du Tribunal correctionnel de Mulhouse renfermant le remarquable considérant que voici :
« Attendu que l’emploi du somnambulisme magnétique « comme moyen de découvrir les maladies et d’appliquer les « remèdes, n’est point à considérer en lui-même comme un « élément du délitd’escroquerie; qu’en effetl’inanité desplié-> nomènes de cette sorte comme auxiliaire de l’art de guérir « est loin d’être scientifiquement démontrée. »
« Ainsi la justice le déclare : il peut y avoir dans le magnétisme et dans quelques-uns de ses plus étonnants phénomènes, quelque chose de réel et de sérieux. La science sincère le reconnaît aussi. Mais où s'arrête le vrai, où commence le faux? Voilà ce que ne peuvent dire encore ni la justice ni la science. Prenons acte de ce qu’elles déclarent aujourd’hui, et en ceci comme en tout, ne doutons pas du progrès. »
Jusqu’à ce jour, le magnétisme n'avait été l’enfant gâté ni de la presse quotidienne ni de la magistrature, c’est donc avec une double satisfaction que nous avons enregistré les lignes ci-dessus qui témoignent d’un revirement favorable. Trop souvent sollicitée de sanctionner par les pénalités dont elle dispose, l’aveuglement volontaire et intéressé du corps médical, la magistrature a senti le besoin, pour le soulagement de sa concience, de s’éclairer sur la justice de poursuites si ardentes et si persévérantes, le résultat de scs investigations
a été tel qu’il devait être, le considérant cité plus haut en est la preuve. Que vont faire les médecins?
Quant au journal le Temps, nous sommes heureux du langage bienveillant qu’il a cru devoir prendre ; nous n’attendions pas moins de l’esprit d’indépendance et d’impartialité de cette feuille qui a su conquérir en peu de temps, une large place dans la faveur publique.
Nous n’avons point autant à nous féliciter, il s’en faut, du Journal des Débats; mais nous reviendrons un jour sur le long travail que M. Bersot, l’un de ses rédacteurs, a consacré aux ouvrages de MM. Maury, de l’institut, et Figuier.
EXEMPLE DE COMMUNICATION DES MALADIES.
M. Empis, membre de l’institut, est assez gravement malade depuis quelques jours, et la façon dont il a été atteint par la maladie est assez curieuse pour être rapportée. Le Courrier du Havre raconte que samedi dernier il alla faire visite à son ami M. Lebrun, également membre de l’Académie française et alité par le fait d’une paralysie. Là, près du lit de son ami, M. Empis fut frappé du même mal, et pendant plusieurs jours son état a inspiré de vives inquiétudes.
(Extrait de l’Union du 20 avril.)
Cette communication s’explique parfaitement. Il y a longtemps que les magnétistes la connaissent et l’ont subie; mais ils savent aussi s’en débarrasser promptement par une magnétisation pratiquée sur eux-mêmes. Dans l’ouvrage que je mets sous presse, je traiterai de cette question que j’ai étudiée d’une manière spéciale.
Baron du Potet.
VARIÉTÉS.
Varsovie, le 20 avril 1861.
UN REVENANT EN CHAIR ET EN OS.
J’ai promis dans mon dernier article sur l’apparition d’un revenant, de citer un autre fait du même genre, dans le cas où ce fait me serait confirmé par des personnes dignes do foi. Comme je viens d’en avoir un témoignage irrécusable, je ne puis, malgré toute mon incrédulité, le laisser passer sous silence; car je tiens à prouver aux partisans du spiritisme que si je crois devoir les combattre quand l’occasion s’en présente; que si je repousse leur doctrine de toutes mes forces, je n’en suis pas moins prêt à les seconder dans leurs recherches, et à faire même amende honorable dès qu’ils seront parvenus à nous faire entrer en communication avec le monde occulte (1). S’ils y parviennent un jour, chose dont je doute fort, l'humanité tout entière sera régénérée; car l’hypothèse d'une autre vie, se changeant tout à coup alors en réalité, l’homme retrouvera incontinent toute la pureté de son essence primitive et remplira dignement la mission que le ciel lui a confiée sur la terre.
Puissent les spiritistes changer ainsi la face du monde pour le bonheur de l’homme !
En attendant cette grande, cette sublime rénovation du genre humain, recherchons soigneusement ce qu’il peut y avoir de vrai dans le spiritisme; et, malgré toute la répugnance qu’éprouvent et que doivent éprouver les esprits sérieux à admettre des faits qui viennent, surtout aujourd’hui, boule-
(1) Je voudrais croire, mais non croire aveuglément, bien entendu. Qu’on me prouve donc par a -J- 6 pour ainsi dire qu'il y a des Esprits d’abord, et qu'en suite ils peuvent nous apparaître, je me rends aussitôt et deviens un des plus fervents apôtres du spiritisme. Jusque-là je rejetterai toujours ce que mon esprit ou plutôt ma raison ne peut admettre.
verser toutes les idées, ne nous hâtons pas de trancher cette question épineuse, et attendons que la lumière se fasse, si jamais elle se fait.
A ce propos, et avant de raconter mon histoire, qui, selon moi, frise passablement.le conte, n'en déplaise aux croyants et aux personnes, assez graves du reste, qui me l'ont attestée, je prendrai la liberté de relever, au sujet de M. Home, l’assertion d’une de nos célébrités magnétiques.
D’après cette assertion donc, M. Home ne serait qu’un puissant magnétiseur qui, dans ses séances, fascinerait tous les assistants au point de leur faire voir et même sentir des choses qui n’existent point en réalité. Que M. Home ait un tel pouvoir; qu’il l’exerce sur quelques individus d’une grande impressionnabilité et déjà dominés d’avance par l’idée qu’ils vont être témoins de choses surnaturelles, j’y consens, à la rigueur; mais que la fascination s’étende sur tous les spectateurs en général, c’est, à mon sens, physiologiquement impossible. Donc, toujours d’après moi, il faut chercher une autre explication aux phénomènes que produit ledit M. Home, s’il les produit véritablement, ainsi que l’affirment tant de personnes.
Cela dit comme par parenthèse, je reviens à mon sujet, que je n’aborde toutefois qu'en tremblant, non de peur, car jamais un revenant ne m’effraiera; mais bien de crainte qu’on ne se trompe sur le fond de ma pensée, malgré ma profession de foi, qui pourtant est bien sincère.
Quoi qu’il en soit, puisque je me suis tellement avancé en promettant le récit d’un fait non-seulement extraordinaire, mais même incroyable, je vais tenir ma promesse.
Qu’on veuille donc bien m’écouter un instant.
Une grande dame voyageait dans son propre équipage avec trois domestiques. A l’entrée d’une bourgade sa voiture se casse, et elle est obligée d'en descendre. Pendant qu'un de ses gens était allé chercher un charron, un individu fort bien mis se présente à elle, et, lui montrant un vieux château qui n’était qu'à une centaine de pas de là, l’invite à s’y rendre
en attendant que sa voiture soit réparée. «Je vous rejoindrai bientôt, ajouta-t-il; dites seulement que vous venez delà part du maître. » La voyageuse voyant qu’elle avait affaire à un personnage distingué, accepte son offre obligeante et se dirige vers le château.
L’intendant du manoir la reçoit très-poliment; mais lorsqu’il apprend de quelle part elle se présente, il fronce le sourcil, change de ton et ne veut pas l’héberger. Blessée de ce manque d’égards pour sa personne, cette dame, avec beaucoup de douceur cependant, menace cet homme de porter bientôt plainte contre lui. « A qui vous plaindrez-vous donc, madame? lui dit-il. — Mais à votre maître. — A mon maître? La chose serait un peu difficile pour le moment, car le comte N. est en Norvège. »
La pauvre dame, se croyant mystifiée, allait s’en retourner pour chercher un abri dans le village, lorsque l’intendant se ravisa et lui offrit en son propre nom l’hospitalité , qu’elle n’accepta toutefois qu’avec peine, quoiqu’on lui eût déjà fait savoir que sa voiture ne serait prête que le lendemain.
Devant donc passer la nuit au château et ne voyant pas paraître le soi-disant seigneur du lieu, chose qui l’intriguait beaucoup, elle recommande à ses gens, installés dans une pièce attenante à celle qu’elle occupait, d’être sur le qui-vive.
Cependant on lui sert une collation ; et pendant qu’elle mangeait, une porte dérobée s’ouvre, et elle voit entrer celui qui l'avait accostée sur la route en lui offrant un asile dans son château.
Il est bon de remarquer ici que cette dame, malgré sa grande naissance et son état opulent, se livre ardemment à l’étude de la philosophie, et qu’elle est ce qu’on appelle dans le monde un esprit fort.
« Soyez la bienvenue chez moi, madame, lui dit son aimable mais assez étrange hôte; je m'estime heureux dem’être trouvé sur votre passage, et encore plus de pouvoir vous être utile et agréable en quelque chose. »
Elle allait le remercier de son obligeance et lui dire un mot de la réception qu’on lui avait faite, lorsque l’intendant parait.
Celui-ci, sans faire la moindre attention au maître du château, et sans avoir même l’air de l’apercevoir, prend les ordres de la dame et se retire.
Une pareille manière d’agir de la part d’un subalterne vis-à-vis de son maître surprend étrangement notre voyageuse, et elle ne peut s’empêcher d’en manifester son étonnement.
« N’en soyez pas surprise, madame, lui dit son interlocuteur : cet homme ne m’a point vu.
— Comment, il ne vous a point vu ! mais c’est impossible.
— La chose est très-possible, vu que je ne me laisse voir qu’à vous seule à qui je vais confier à l’instant un grand secret.
« Sachez donc, madame, que je suis mort depuis trois ans, et qu’un insigne faussaire s'est emparé de mon domaine au détriment de mon fils unique, qui a émigré en Amérique et qui se trouve maintenant à Philadelphie. Veuillez, de grâce, madame, prévenir l’autorité et faire rentrer mon fils dans ses biens. » A ces mots, le mort-vivant se lève, fait un salut des plus gracieux, se dirige vers la porte secrète, l’ouvre et disparaît.
Un instant stupéfaite, abasourdie, Mme N. (1) revient bientôt à elle, réfléchit sur ce qui vient de se passer, et est bientôt convaincue qu’elle a élé en butte à une nouvelle mystification.
Cependant, le lendemain , après avoir passé la nuit fort tranquillement, elle se remet en route, continue son voyage et arrive chez elle ayant presque oublié cette aventure,
(!) Il est à regretter que cette personne ne veuille point que son nom paraisse ici. Cependant, quoiqu'elle craigne aujourd'hui d ètre la risée du monde, elle se propose de publier ce fait étrange dans ses Mémoires, qui ne tarderont pas à voir le jour.
qu'elle n’avait regardée, du reste, que comme une pure plaisanterie, et encore de fort mauvais goût.
Comment, me dira-t-on sans nul doute, avez-vous pu prendre sur vous de livrer une pareille chose à la publicité? Votre précédent article avait au moins une certaine odeur d’outre-tombe capable d’impressionner tant soitpeu les plus récalcitrants ; mais quant au fait que vous nous racontez ici, permettez-nous de vous dire qu’il ne répond nullement à ce qu’on avait le droit d’en attendre ; qu’en un mot, il est sans le moindre intérêt, et que nous ne comprenons point que votre plume se soit si complaisamment prêtée à le décrire.
Certes, si les choses en étaient restées là , j’aurais été le premier à en rire, et je me serais par conséquent bien gardé d’en parler. Ne sait-on pas suffisamment d’ailleurs que je suis antispiritiste, et que je rejette tous les faits de ce genre, même ceux qui semblent le plus avérés ? Mais patience, chers lecteurs, veuillez lire la fin de cette histoire, que, du reste, je vous raconte, comme vous le voyez, le plus simplement du monde.
Quelques mois s’étaient déjà écoulés sans la moindre nouvelle apparition, lorsque l’héroïne dé cette étrange et mystérieuse aventure revoit, mais en songe, le même personnage, qu’elle avait complètement oublié, l’ayant regardé la première fois comme un mystificateur. «Madame, lui dit-il, je viéns encore vous prier, vous supplier d'écrire à mon fils en l’invitant, mais de votre propre part, à revenir au plus tôt pour revendiquer ses droits et rentrer en possession de notre château. Si je n’apparais pas à mon fils , c’est qu’il se troublerait trop à ma vue ; et si enfin je vou9 ai choisie, vous, madame, c’est que vous pouvez m’envisager sans effroi, et qu’en outre nous sommes parents par alliance.»
Frappée de cette vision et surtout des derniers mots qu’elle vient d’entendre, la dame se réveille à l’instant.
Cependant, malgré l’espèce d’obsession sous laquelle elle reste assez longtemps, elle ne peut croire qu’un mort lui ait
véritablement apparu, et ne regarde cette vision que comme un simple rêve. D’ailleurs, elle sait fort bien qu’il n’existe pas le moindre degré de parenté entre sa famille et celle du défunt.
N'attachant donc aucune importance à la chose, elle en riait un jour devant quelques personnes de sa connaissance auxquelles elle racontait sa première aventure et son rêve.
Une de ces personnes, fortement impressionnée par ce qu’elle vient d’entendre , et d’autant plus impressionnée, qu’elle admet l’apparition des Esprits, ne dit cependant rien et se promet de faire les recherches les plus minutieuses pour savoir s'il n’y avait pa3 en effet quelque degré de parenté entre son amie et le mort.
A quelques jours de là, cette personne revient munie de la copie d’un acte notarié, qui constate la parenté d'une manière formelle.
11 n’y a donc plus à douter au moins quant à cette révélation d’outre-tombe, et l’on se décide enfin à écrire au fils du défunt.
Simple historien dans cette étrange affaire, que je me garderai bien de commenter, je me bornerai à dire, seulement pour faire acte de condescendance en faveur des spiritistes, qu’au moment où j’écris ces lignes un procès est entamé entre deux hommes qui se disent être l’un et l’autre la même personne, et chacun d’eux le propriétaire dudit château. Charles Péreïra.
SOMNAMBULISME NATUREL
Un cas curieux de somnambulisme est signalé ainsi par un de ses abonnés d’Ahaxe, au Mémorial des Pyrénées. Dans la nuit du 17 au 18, deux individus étrangers à la commune, l’un charbonnier, l’autre laboureur, étaient couchés
clans l'auberge Laco. Vers une heure du matin, le charbonnier se lève en sursaut, en criant : Au voleur! bouleverse les meubles avec un tapage effrayant, casse cinq ou six vitres et finalement saute par la fenêtre d’une hauteur considérable. Cependant les habitants de la maison et du voisinage avaient pris l'alarme en entendant ce bruit ; 011 se hâte de descendre dans la cour, croyant relever un cadavre. On ne retrouva que les traces de la chute, mais le somnambule avait disparu. Ce ne fut qu’au bout d’une heure et demie qu’on le vit revenir sain et sauf, dans le simple appareil, mais trempé jusqu’aux os, bien que le temps fût beau, ce qui fit présumer qu’en fuyant les voleurs imaginaires, il avait dû traverser le ruisseau, au grand risque de s'y noyer. Car, pour lui, il ne se souvenait absolument de rien, comme cela arrive, du reste, d’ordinaire dans les cas de somnambulisme.
Notre homme fut mis au lit et saigné bientôt après par un homme de l’art appelé pour lui donner des soins. On lui fait encore garder le lit pour compléter sa guérison.
(Extrait de Y Union du 27 avril 1861.)
BIBLIOGRAPHIE.
La Vérité aux médecins et aux gens du monde, sur le diagnostic et la thérapeutique des maladies, éclairés par le somnambulisme naturel lucide, par le docteur Comet, chevalier de la Légion d’honneur, ancien professeur d’anatomie physiologique, etc., vol. in-8, se trouve chez Henri Pion, libraire-éditeur, rue Garancière, 8. 1861.
La position scientifique de l’auteur est une recommandation assez puissante en faveur de cet ouvrage, dont nous donnerons sous peu une analyse.
FÊTE ANNIVERSAIRE
DE LA NAISSANCE DE MESMER
(1 a?" anniversaire).
Banquet du Jury magnétique et de la Société de Magnétisme
de Paris, sous la présidence de MM. le baron du Potet,
D'marquis du Planty et Dr E.-V. Léger.
L’espace nous manque pour rendre compte de la fête du 23 mai ; nous en donnerons les détails dans le prochain numéro. Nous pouvons dire seulement aujourd’hui que cette fête a été remarquable entre toutes. Comme il y a beaucoup de matériaux à publier, nous donnons à nos lecteurs le toste qui a été porté par M. le docteur Clever de Maldigny, et une chanson que l’abondance des discours et des tostes ne lui a pas permis de chanter.
Voici le discours de M. Clever de Maldigny :
Je porte un toste à la cordialité de tous les magnétistes, au but universalisé de leurs investigations, à la synthèse la plus satisfaisante enfin que l’on puisse obtenir des études magnétiques.
Ces études pleinement conçues et bien affiliées dans leur alliance générale, il deviendrait bientôt inutile de les spécialiser par la distinction de leurs phénomènes, qui, chez trop d’adeptes exclusifs, n’aboutit qu’à rompre la confraternité des voies réalisatrices. Déchéance fort regrettable et très-irrationnelle, il faut en convenir, puisque l’on ne saurait admettre de lacunes dans l’ordre admirablement unitaire de la création.
La source de ces études comprend, enlace tout l’invisible océan de merveilles incalculables, et ce n’est que par nos générations progressives qu'elle manifeste l’incroyabilité de ses richesses. Au lieu de nous diviser et, malheureusement même, de nous combattre, aidons-nous, relions-nous, éclai-
rons-nous mutuellement, et serrons nos rangs; ainsi l’œuvre collective parviendra de tête et de cœur où vont toutes nos convictions et nos espérances.
Je suis spiritualiste : pourtant, — ai-je besoin d'en recommencer l’aveu ? — dans ma persuatiou basée sur l’analyse, le spiritualisme ressortit au magnétisme, de môme que, pour l’initiation et pour les principes du langage de l’antiquité, le magnétisme, à quelque bas échelon que le diminuent tant de praticiens actuels, n’en appartient pas moins à la substance du spiritualisme. A pareil jour, à pareille fête, en 1858, sous les yeux du même président, j’ai retracé l’exposé de ce système de la science des temps antiques.
Maintenant les preuves ostensibles de ces forces agissantes, intelligentes et formelles des milieux éthéréeus se retrouvent en telle abondance ; les récits sur l’indubitabilité de leurs phé-noménisations prennent un dévolu si constant; les observateurs rigoureux et non susceptibles d’être abusés, déclarent si fermement l’existence des actes réels de cette physiologie transcendante ; leur constatation se propage si bien vérifiée, que, sous délai très-bref, le rationalisme ne s’appellera plus rationalisme, s’il s’obstine davantage à forfaireà la notoriété.
Dans le journal que publie notre président, j’osai solliciter le syncrétisme parmi les disciples de la grande physiologie nouvelle. Syncrétisme signifie conciliation, accord : ç’estla loi de l’unité par la diversité, c’est la convergence des éléments vers le faite monumental. Se refuser à cette règle, «’est briser l’ordonnancement, l’ensemble, ou le bien, pour y substituer la partialité, l’égoïsme, ou la détérioration. Nul d’entre nous ne voudrait semblable chose : Accordons-nous donc 1
Restons de notre siècle d’abord : les temps ne doivent rétrocéder. Toutefois ne négligeons la lecture des anciens. Us apercevaient des hauteurs trop ignorées de nous; ils s’étaient acquis des certitudes qui nous paraissent des fables ; ils possédaient une énergie, une fertilisation, une spontanéité de puissance, que nous ne connaissons guère.
Un livre existe dont Voltaire disait : « Que de choses
élonnnnleset propres à soumettre l’esprit humain !... Toutes ces grandes et vives images éblouissent l'imagination subjuguée.» Ce livre, édité sous le nom d’Hcrmèset quelque incertaine que se présente d’ailleurs son origine, offre le dévoilement des mystères et des institutions des différents âges de notre monde. Les corps constitués des sciences modernes dédaignent son v sublime galimatias. » Par bonheur, vous savez à quoi vous en tenir sur l’irréprochabilité des lumières officielles, qui, —c’est line infirmité d’ici-bas,— ne veulent en aucun temps concéder, nulle part, une autre séve que la leur.
Permettez sur ce point, — pour notre gouverne à tous, car nous y puiserons la nécessité de la circonspection et surtout de la tolérance les uns à l’égard des autres ; — permettez que je vous remette en mémoire un simple souvenir philosophique.
Vers le milieu du xvi* siècle, une de ces robustes intelligences qui surgissent parfois des plus dures détresses de l’adversité, Ramus, — descendant d'une noble famille que la ruine et la misère avaient réduite à l’état de bûcheron ; — Ramus, maître ès arts et, par le droit de son diplôme, ayant le privilège d’enseigner publiquement, osa franchir les serres de la scolastique et blâmer son fondateur, qu’il tançait avec une liberté peu commune alors : Quœcumque ab Aristotele dicta esse, commentitia esse ; tout ce qu’a dit Aristote est faux. •
L’Université, fidèle aux traditions péremptoires des soutiens ordinaires de la bonne cause, étreignit avec colère sa toge et son bonnet, et, dans an savant paroxysme, jura de convertir exemplairement le criminel. 11 s'agissait tout au plus de l’espoir d'une condamnation aux galères. Vous le voyez, la démonstration et la douceur sont, à toutes les époques, le baume souverain de la souffrance et des blessures de l’entendement des mortels !
Voilà donc l’Université, sous le rectorat de Pierre Galland, en quête d’un arrêt pour la suppression des ouvrages de
Ramus, et pour le châtiment personnel de cet « ennemi de la religion et du repos public, » qui vient > corrompre » la morale « en semant parmi la jeunesse un dangereux amour des nouveautés. 11 semblait qu’on ne pût attaquer Aristote ou ses interprètes sans énerver les arts et la théologie : résister à l’autorité d’Aristote, c’était méconnaître la voix de la nature, de la vérité, de Dieu même (1). »
L’affaire fut instruite, et le délinquant, non pas mis aux galères, mais interdit, comme téméraire, arrogant, impudent. On supprima ses œuvres. Il fut bafoué de la cour et de la ville. On l’accabla d'outrages sur des théâtres. L’infortuné Ramus dut dévorer en silence les injures et les triomphes de ses adversaires, en attendant la justice de l’avenir.
L’histoire de cette misérable comédie ne continue-t-elle pas sans cesse les rôles de ses personnages?
Oh ! les magnétistes, plus que les autres gens d’étude, ont le devoir de se préserver de cette contagion ignominieuse.
Quelque hardie ou choquante que nous apparaisse de prime abord une idée novatrice, tâchons de l’examiner avec calme et d’en mûrir la réflexion. N'oublions jamais, se fussent-ils mépris, ce que nous devons à l’honorabilité de tous, et notamment à celle de nos collègues.
A mesure que l’on étudie en approfondissant, on devient plus humble: ce travail nous entraîne si loin des derniers échecs de nos démêlés d’école, qu’il ne demeure plus de soif à l’esprit que pour l'admiration du chef-d’œuvre et pour le religieux respect de son Suprême Ordonnateur.
N’importe l’objet que nous scrutions, il est quelque chose au-dessus, au-dessous, à ses côtés. Nous ne trouvons pas la moindre brèche, pas la plus mince fissure pour pénétrer dans un intervalle de l’édifice, Toujours le cercle est là, toujours entier : animant, communiant les points et les lignes, les profondeurs et les sommets, dans l’harmonie perpétuelle. Retenons ce divin avertissement.
,1) Dictionnaire des sciences philosophiques, tnme V, Paris,, 18SI.
Quelles que soient nos méthodes et nos directions, rappelons-nous que nous agissons duns et par un des sentiers du Tout.
N’excluons, de parti pris, aucune théorie, ne soyons non plus esclaves d’aucunes : c’est le moyen de ne pas nous entraver.
Pour sortir des vaines formules de la phraséologie, appliquons-nous à la philosophie des faits. Ils sont tous précieux.
. Jusqu’à présent, pour nous, la raison pure ne résume que le vague d’un mot : la raison expérimentale est le flambeau d’une preuve positive.
Que chacun donc, selon ses prédilections et ses aptitudes, fasse le plus de bien possible, et le relie, ne serait-ce que par la pensée, au plan providentiel du Créateur, qui ne laisse rien en dehors de son infinie immensité.
Quant aux diatribes de nos contempteurs* ne nous en occupons plus. Le moissonneur s’arrête-t-il aux eriailleries de la cigale î Poursuivons, forts d’une conscience tranquillè et sévère, les tentativès heureuses dé nos soins dévoués.
Cependant les serviteurs de l’étude ne ressemblent aux marchands d’orviétan ; le brnit et la grosse caisse, les prétentions et l’emphase ne marchent de pair avec la résignation longanime et la prudente retenue qu'exigent hob recherches pénibles.
Évitons les utopies; supportons, sans lu morigéner, la lenteur naturelle des réformes scientifiques. A quel titre nous révolterions-nous contre les attermoiements du progrès ? Savoir, c’est connaître entièrement, parfaitement, sans incertitude, sans ombre et sans ambages. En sommes-nous là ?
Navigateurs sur des mers plus populeuses, plus imprévues que nous ne le supposions, classons nos équipages pour les explorations de la route et, voguant de conserve dans des amitiés durables, cinglons de la proue et de la poupe vers les rives à conquérir. Par des relations fécondes, variées et sincèrement fraternelles, soyons une franc-maçonnerie utilitaire, sans ostentation, sans mise en scène, mais serviable et pra-
tique, syndicat d'un vaste réseau de faits et d’appréciations libérales.
M’ambitionnons le règne des conciles ni des académies, pauvres infaillibilités bien fragiles ! Mais, dans un concours de bienveillance et d’échange mutuels, amassons, divulguons modestement le vrai.
Si vous n’avez pas le retentissement d’une chaire, c’est que l’heure n’en est pas sonnée ; préparez, achevez cette heure, et, jusqu'à ce qu’elle arrive, acquérez, au sein de vos parents et de vos amis, l’irréfragabilité du service rendu.
Vos sociétés sont autorisées : n’est-ce pas déjà de l'acheminement ? N’est-ce pas le début d’un bill de confiance ? L’État donnerait-il sciemment la main à des cénacles de déception ? Par la continuité soutenue et par l’examen éclairé de vos résultats, par la haute convenance de vos organes publics, attrayez, méritez plus de sympathies encore.
Gestatives nébuleuses, pleines d’ardenr pour la vie que vous sentez en vos efforts, vous réclamez l’éclat du soleil. Eh bien ! persévérez en dévouement.
Quelque jour, soyez-en certains, le fruit de vos travaux aura sa place au concert des notions universelles; car la vérité ne meurt pas.
Que celte assurance nous suffise et nous réussigse. Travaillons sans impatience et sans excès dé zèle, prihèipàle-ment à l’endroit[de nos idées personnelles, ces chaînés revêches de nos vieilles habitudes, soit d’éducation, soit d’instruction, si réfractaires à des sentiers neufs. Sur cet article, ne nous montrons « trop apôtres, » ainsi que le reprochait saint Paul à l’apostolat judaïsant. Loin de nous aigrir à l’étroitesse des sectes, harmonions-nous à tout ce qui reconstitue le type anthropologique, c’est-à-dire, suivant l’éloquente expression de l’hellénisme, l’être qui parvient à réaliser ce qu'il sait vouloir (A vBpûzot,— dérivé de ¿■m 9ci>i TpwTrsiv, changer, métamorphoser courageusement en haut,—celui qui, par sou énergie, a la virtualité de modi-
lier ses destins) (1). Point d'isolement, point d'hostiles dispositions entre nous : ces travers n’entretiennent que l’ignorance et conséquemment le mal.
Plus l'homme s'élève et s'amende,
Plus il complète son esprit :
Partout la natnre est si grande.
Et l’homme encore est si petit.
Je renouvelle mon toste à tous les dignes magnétistes sans distinction, à tous les honnêtes ouvriers de l'affranchissement de l’humanité : Bonne chance, bon courage et bonne issue à tous leurs bons vouloirs !
Dr Clever de Maldigny.
Air : T’en souviens-tu.
J'ai soixante ansl... c'est l'heure d'ètre sage :
A tant d'orgueil que l'homme soit enclin,
Sur ce bas monde où nous avons passage Notre journée alors louche au déclin.
Mais l'horizon que le couchant décore Aux longs replis de limbes éclatants.
Se voile en paix, plein de richesse encore :
Ainsi le cœur transmigre à soixante ans.
J'ai soixante ansl... adieu les amoureuses,
Rêve et succès du bel âge étourdi :
Mais, en retour de leurs lices heureuses. . .
Dans sa raison mon esprit a grandi.
La douce erreur de l'aimable jeunesse N’éveille en moi nuls propos irritants :
Pour pardonner j’use du droit d'aînesse,
Et tout me plaît, malgré mes soixante ans.
{i) L'étymologie latine, moins expressive que l'étymologie grecque, brille aussi, malgré cela, d’une belle signification : Uumo, — de humus, terre, meuble (*), terre fertile, terre végétale (dérivé de yy*, jerépauds), - l'ètre terrestre dont l'influence a la faculté de se répandre et de fertiliser. Quelle.révélation delà philosophie du magnétisme!
l*j Pm opposition » Irrrt. lerrf broyablt, lorrain fri me.
J'ai soixante ans; gardez-vous de m'en plaindre,
Ces compagnons ne m’embarrassent pas :
Devant le but que beaucoup semblent craindre Je ne voudrais reculer d’un seul pas.
Aux univers, tout se meut, se dépouille,
Pour mieux renaître à de meilleurs instants :
(lue de chagrins tombés de la quenouille,
Quand de nos jours on compte soixante ans.
J’ai soixante ans; l'abri d’un tel ombrage
Prête à l’étude un patient loisir : .
Soins et soucis ne troublent de l’orage
La vérité que je cherche à saisir.
Quand ma pensée, au silence affermie,
Sait entrevoir les destins que j’attends,
Ma main gaiement presse une main amie -On aime mieux, quand on a soixante ans.
J'ai soixante ans... Eh ! qu’importe le nombre 1 La vie, immense en son orbe infini,
Laisse aux humains dater des siècles d'ombre,
Sans que jamais son sceptre en soit terni.
Au grand banquet où siège notre race Rien ne se perd, les mondes ni le temps;
L'éternité, de son seuil, nous embrasse :
A son parcours, qu'est-ce que soixante ans !
Dr Clever de Maldignt.
Nous nous empressous de publier la liste des personnes auxquelles le Jury magnétique a décerné, soit des médailles, soit des mentions :
Médaille d'argent : M. E.-V. Léger, docteur-médecin, président de la Sociéjé de Magnétisme de Paris.
Médaille de bronze: MM. J. Rossi, de Sinyrne; Adolphe Didier, de Londres; Joseph Terzaghi, docteur-médecin, à Milan, ancien rédacteur en chef du journal la Chronique Magnétique ; Henri André, médecin, à Nice; Vermeil, officier supérieur en retraite, vice-président de la Société de Magnétisme de Paris; Dureaü, secrétaire-rédacteur du journal F Union Magnétique et
membre delà Société de Magnétisme de Paris ; Caneue, membre de la Société de Magnétisme de Paris ; Perreau, ancien officier de marine, à Saumur; Comet, docteur-médecin, chevalier de la Légion d’honneur, ancien professeur d’anatomie physiologique, etc., etc. ; Gatinet, membre de la Société de Magnétisme de Paris.
Mention honorable : MM. Lambert, Pestel, Claude Gérard, Monnier, membres de la Société de Magnétisme de Paris.
ERRATUM.
Principales fautes àeorriger dans les deux derniers numéros dn journal :
N°104, page 205, ligne 10, au lieu de: qu'ils adressent, lisez : qu’il adresse.
Nous sommes obligés de rétablir ce verbe au singulier parce que, sans cette rectification, la phrase suivante n’offre qu’un non-sens.
N° 104, page 209, ligne 10, au lieu de: vous le stigmatisez lisez : vous les stigmatisez.
N* 105, page 234, ligne, au lieu de : Nous tromperons-nous ? lisez : Nous tromperions-nous ?
N‘ 105, page 242, ligne 4,de la note, au lieu de : L'éther »ù on est, lisez : L’éther où od est.
BafOn I)c POTET, propriétaire-gérant.
COMPTE RENDU DE LA FÊTE
DE LA NAISSANCE
(1*7® anniversaire).
Sii'le el fat.
Les magnélistes étaient nombreux cette année, et comme s'ils avaient voulu rendre plus éclatant le progrès qui s'est fait, ils avaient joint à leurs discours les fanfares de la musique militaire et choisi pour lieu de réunion un endroit élevé, Ménilmontant. Singulière coïncidence ! il y a vingt-cinq siècles les Druides s’assemblaient au même lieu pour conférer sur la religion, la politique, peut-être aussi pour accomplir quelque sacrifice humain ; il n’y a donc rien de commun entre eux et nous que la connaissance qu’ils avaient de l’occulte puissance magnétique, de l’importance qu’ils y attachaient et de celle que nous y entrevoyons.
Donc le 23 mai, les magnétistes dominaient l’institut et l’Académie de médecine-, ils avaient à leurs pieds toutes les grandeurs de la terre. Pour un instant, parmi eux toute préoccupation des affaires humaines avait cessé d’agiter leur esprit... Ils buvaient au triomphe de la Vérité, faisaient des vœux pour qu'elle apparût enfin telle qu’elle esl à tous ceux qui gouvernent les hommes ou qui ont mission de leur faire du bien I Celle harmonie de sentiments était remplie do charme ; elle prouvait les nobles passions et la philanthropie élevée qui animent ceux qui sont parvenus à la connaissance de principes moraux incontestables.
Le magnétisme a la propriété de guérir, on le sait, et il suffit pour s’en convaincre, d’en essayer l’emploi sur quelques malades ; mais voici le miracle : la nature opérant et le bien se réalisant, le magnétiste se passionne et s’attache à son œuvre. Il était auparavant méchant, corrompu peut-être •
Tobb XX. — N° 107. —2' Sékif, — 10 Juin 1801.
il avait un penchant marqué à la dégradation ; mais par la connaissance qu’il a acquise du bien qu’il pouvait faire par ses propres forces, le voilà devenu compatissant aux souffrances d’autrui, dévoué même parfois jusqu’au sacrifice : le magnétisme lui a apparu comme un principe religieux propre à produire la fraternité universelle ! il ne discutera plus que sur ses vues particulières touchant le régime de la puissance magnétique; il s’égarera sans doute, car il voudra entrer de plein saut dans le domaine de la science, parce qu’il aura opéré tout à coup des œuvres supérieures à celles des médecins et des savants ; mais, disons-le tout de suite, ce n’est pas la science du magnétiste qui guérit ou qui soulage. Ce que la nature demande, c’est la force que l'on peut extraire des organes, c’est ce rayon humain qui ranime la chair et féconde co qu’il pénètre : cependant la science se fait en magnétisme, on a déjà posé quelques jalons, publié de brillants aperçus.
Ce banquet était composé de toutes nuances. On y voyait des spiritualistes purs, des magnétistes rationalistes, des médecins en assez grand nombre, homœopathes et allo-pathes, tous unis par la certitude de la réalité du magnétisme et de ses nombreux phénomènes, mais divisés peut-être sur la doctrine. Nul n’affectait le savoir à notre banquet qui réunissait les professions les plus diverses : on y voyait des tailleurs, des serruriers, des menuisiers, des mécaniciens, que dis-je ? des cordonniers, des épiciers même et vingt autres professions que la geut civilisée classe au second rang; l'aristocratie pourtant y avait quelques représentants, mais il régnait parmi nous la plus parfaite égalité, un entrain, une joyeuseté du meilleur aloi. Tous glosaient sur l’incrédulité des savants louchant le magnétisme, sur l'avortement de l’hypnotisme pratiqué par l’illustre Velpeau et ses honorables amis. C’était merveille de voir une assemblée aussi nombreuse de gens de rien possédant une science, un art méconnu, repoussé par les académies et les médecins. Quelle science plus essentielle, quel art plus utile cependant que la science et l’art qui ont pour but la conservation de ce bien si précieux, la santé ; et
quel luxe de persévérance faudra-t-il déployer pour arriver à faire, marquant ainsi le front des savants de cette époque d'un stigmate ineffaçable, reconnaître la vérité magnétique. Les charlatans, les jongleurs auront la palme sur les illustres savants lorsque le jour de la justice sera venu, et ce jour est assuré car si les Facultés donnent à quelques-uns des diplômes (un parchemin), plus généreuse, la nature donne à tous la faculté de guérir.
M. le baron du Potet d’abord, puis M. le marquis du Plantv, comme Présidents honoraires, ont ouvert la série des tostes. Nous regrettons de ne pouvoir donner à nos lecteurs, la chaleureuse improvisation de M. du Planty, elle n’a point été recueillie. Nous avons à peine besoin d’ajouter que tous ceux qui ont pris la parole ont été vivement applaudis.
Voici le discours de M. du Potet :
-o" Très-honorés Collègues,
L’époque où nous vivons a cela de remarquable, que le» hommes d’intelligence cherchent avec ardeur la vérité, la vraie justice et la vraie liberté : philosophie, médécine, morale, tout est examiné, discuté, pôsé de manière à en rejeter les scories, et à n’y laisser subsister que ce qui est incontestablement vrai et peut par cela seul devenir universel.
Nous avons aussi notre mission : nous répandons un principe nouveau, nous dévoilons une force mystérieuse; et sans trop comprendre le but final de ce que nous enseignons, il est certain, pour qui sait examiner, que notre science aura une influence capitale sur les destinées futures de l’humanité.
Oui, sachez-le, chers Collègues, nous aurons notre jour de triomphe et notre labeur sera récompensé.
Quoique dédaignés et aujourd’hui sans nom, nous portons les éléments de la lumière, celle-là môme que cherchent le3 hommes avancés; car ils voient l’affaiblissement de toutes les croyances, la décadence des religions, l’abaissement de l’ordre
moral, l’inanité de la médecine. Ils voient bien que tous le» arts, que les sciences physiques ont progressé, que tout s embellit ou fructifie par la main de l'homme ; mais ils voient aussi que l'aliment essentiel, celui de l’âme, manquera bientôt; que sanslui, l'humanité ne voyant plus de but à la vie deviendra forcément méchante et corrompue, obéissant avec fureur aux plus basses passions sans souci du lendemain, recherchant avec frénésie la richesse pour s’enivrer de ce qui corrompt et tue. Ils voient cela, et, s’inquiétant à bon droit d’une situation qui menace la civilisation et fait craindre le retour de la bai-barie, ils y cherchent un remède.
Mais voilà ce magnétisme, cette force nouvelle, ce principe vivifiant qui se montre à l'horizon, il apporte ce qui nous manquait, ce que les savants cherchent, ce qui relie 1 homme à son Créateur, ce qui inspire le dévouement et imprime une vertu à la prière! Le magnétisme nous révèle une loi supérieure à celles qui régissent la matière et qui doit être le point de départ des plus grandes découvertes; elle devra donner à toutes les sciences un lustre tout nouveau et rétablir 1 équilibre rompu.
Chers Collègues, vous m’avez vu dans ces solennités souvent animé par la passion, frappant sur nos adversaires en attaquant leur mauvaise foi, leurs préjugés et leurs erreurs. Ce temps est passé, il ne doit plus revenir; non que la foi et la chaleur me manquent, mais parce que je ne saurais frapper des ennemis vaincus. Nos antagonistes ne cessent pas cependant d’outrager la vérité; mais le magnétisme triomphe de toutes les clameurs: partout on sait qu’il existe, partout on 'sait qu’il fait le bien. Des intérêts individuels eirpêchent seuls son admission aujourd'hui dans le monde des savants.
Le magnétisme a des vertus contestables encore; ce qu’il détermine parfois est si extraordinaire que la raison s'en effraye ou se trouble : les lois physiques semblent ne plus exister et il nous jette dans le merveilleux. Nos ennemis profitent encore de la venue de ces phénomènes, pensant que les investigateurs s’arrêteront là où le jugement des savants a
fait défaut; mais ils se trompent et trompent le public : les vérités peuvent bien être contrariées dans leurs progrès, mais à Dieu seul appartient d’en arrêter la marche.
Soyons donc joyeux de nos conquêtes, reconnaissants envers Mesmer et pleins d’espoir en ce que l’avenir nous réserve. Marchons en avant, comme si rien n'était fait encore, notre marche est assurée et le bien peut résulter de chacun de nos pas. Quelles que soient les nouvelles entraves apportées par le corps médical, et son appel aux tribunaux comme si le bien partait d’une source criminelle et qu’il dût être puni, la Justice s’éclaire, elle devine les sentiments qui nous animent comme elle aperçoit le but ie nos adversaires; d’ailleurs les persécutions honorent et grandissent autant qu’elles avilissent ceux qui par intérêt repoussent la vérité.
Notre petite armée a perdu quelques-uns de ses soldat«, nous devons regretter ces pertes et conserver le souvenir de ces hommes de bien ; nos moyens d’action ont ôté rétrécis par le pouvoir, mais qu’importe? Les vides faits par la mort ont été bientôt comblés; et, à défaut de tribune, la propagande d’homme à homme ou par les livres s’est faite sur une si vaste échelle que nous n’avons pas le droit de nous alarmer.
Ah! si je devais être seul à parler, j’envisagerais sous toutes ses faces la grande cause que nous défendons; je m’inspirerais des œuvres de tous et je chercherais dans un langage élevé, à dire ce qu’il y a de grand et de sublime dans ce que le magnétisme révèle et réalise ! Mais, laissaut la parole à mes Collègues, je dois borner mon rôle à présider cette fête, et à vous redire. Votre union fait votre force; vous portez en vous l'idée, vous produisez le fait qui doit modifier profondément tout système et toute doctrine enseignée ou soutenue par les écoles : Il est nécessaire que je vous le répète ici, pour que vous appréciiez la grandeur de votre mission, car il faut méditer beaucoup pour reconnaître d’a- ' vance les changements où les évolutions de la science et de l’humanité.
Mais, cessant de nous occtiper-d’un aussi vaste sujet, arrô-
tons-nous on terminant sur les œuvres vulgaires, sur ce qui se fait chaque jour et que l’on croit simple et naturel, parce que cela parait facile. Ces œuvres communes toutes petites qu’elles paraissent, étonnent et confondent la raison des savants, car elles indiquent la loi de la conservation des êtres et montrent les moyens que la nature emploie pour rétablir la santé et prolonger la vie. La science se croyait au sommet et nous montrons à ces savants éminents que des hommes placés bien au-dessous d’eux peuvent, sans user des ressources de leurs inventions et de leurs arts, et par des routes bien différentes, arriver à des résultats bien supérieurs sans autre instrument que la volonté et Gette puissance qui est en nous, que la volonté trouve dans nos organes : elle est bienfaisante ou nuisible, il est vrai, mais Dieu a fait ainsi les choses.
Chers Collègues, en nous montrantsensiblesetbienfaisants, le pouvoir que nous exerçons ne sera jamais nuisible ; mais si, quittant la route tracée par nos maîtres, nous voulons sonder les mystères de la nature, songeons à la faiblesse de l’entendement humain : Le magnétisme n’est ni de la chimie, ni de l’allopathie, ni del’homœopathie; il est différent de tout cela, sa source est plus parfaite et plus pure. 11 emprunte ses vertusaux forces quiconstituentlavie, voilà pourquoi iléchappe parcela même à nos sens. Ah ! quel magnifique tableau il nous serait donné de voir, si tout à coup nous percevions les agents réels mais cachés qui font mouvoir tout ce que la nature nous montre par des formes saisissables. Attendons du temps, les découvertes que le magnétisme promet. Servons-nous de cet agent pour guérir les malades que la science abandonne, et soulager au moins ceux que la nature ne saurait guérir : le bien que l’on fait descend du ciel et trácele sillon quel’on doit suivre un jour. A ce point de vue notre rôle estencore magnifique. Soyonstolérantsenvers tous les hommes tout en plaignant leurs erreurs; formons des vœux pour que le flambeau que nous portons éclaire leur jugement et les rappelle à nous, afin que la Vérité soit bientôt connue universellement et réalise ses bienfaits sur tous.
.Mais parfois nia pensée s’eflraye, non que je craigne de voir renaître les obstacles vaincus ; mais je me demande si les vertus que semble exiger la pratique magnétique pourront se rencontrer chez assez d’êtres humains pour détruire l'abus «les remèdes matériels, pour rappeler les hommes aux principes sans lesquels le magnétisme ne peut produire de divins fruits. Vivons avec cet espoir et portons un toste à la mémoire du génie bienfaisant qui nous révéla le magnétisme.
A MESMER!!!
ÉTAT MORAI. DF. I.A SOCIÉTÉ l)E MAGNÉTISME DE PARIS.
Messieurs,
\ssez d’orateurs, sans moi, trouveront à glorifier le magnétisme ; mais il est un sujet qui m’incombe comme un devoir : c’est l’exposition de l’état moral de la Société qui m’a fait l’honneur de me nommer l'un de ses présidents.
Il y a deux ans, Paris comptait quatre Sociétés de magnétisme; l’an passé, ces quatre Sociétés, réunies pour la première fois dans le même banquet, projetaient leur fusion ; cette année, 23 mars 1861, cette fusion est un fait accompli. Les Sociétés de magnétisme, philanthropico-magnéti-que, de mesmérisme et le jury-magnétique d’encouragement et de récompense, ne font plus aujourd’hui qu’une seule Société sous le nom de : Société de magnétisme de Paris.
Par cette fusion, Messieurs, l’intervalle qui nous séparait de Mesmer est comblé, nous faisons suite directe à la Société de l’Harmonie qu’il avait fondée ; les anneaux de la chaîne brisée sont renoués; le passé et le présent ne forment plus qu’un tout solidaire... Régénérés ainsi dans cette bienheureuse sympathie qui fut le premier nom de notre science, nous sommes forts et nous préludons au triomphe de Mesmer, car c'est la force ries disciples qui prépare l'auréole des maîtres !
On avait pensé longtemps que des Sociétés émules devaient faire progresser le magnétisme ; le résultat ne répondit pas à l’attente. Bâtons séparés, 011 nous brisa ?... mais réunis, mais associés, mais liés en un seul faisceau comme aujourd’hui, si nous n’avons pas encore la force pour attaquer, nous avons la force pour résister; si nous n'avons pas encore assez, fait pour qu’on nous craigne, nous avons du moins assez gagné pour qu’on nous respecte !
Le difficile était d’abord de nous organiser : nous avons réussi avec assez de bonheur pour qu’aujourd’hui, aucune, personnalité, ce mal rongeur des unions, ne puisse nous asservir au dedans ou nous nuire au dehors; l'habitude de l’ordre s’est intronisée parmi nous, et son premier fruit a été de bannir l’acrimonie de nos discussions. Si le calme de la parole est l’apanage du philosophe, nous avons compris qu’il devait être aussi celui du magnétiseur. La parole a son magnétisme, c’est un fer ardent quand la passion là projette, «S’est un baume quand elle coule de lèvres bienveillantes.
Dans nos travaux, nous nous sommes surtout attachés à développer parmi nous l’esprit d’observation ; aux communications verbales, notes volantes, qui n’avaient que l’attention du moment, nous avons substitué les communications écrites, certifiées et authentiques.
Savez-vous le fait étrange qui s’est produit? c'est que la plus g'rande partie de ces observations authentiques nous sont venues du côté de la Société qui semblait le moins apte à nous les fournir,—du côté des simples ouvriers!... L’admirable peuple que ce peuple de France, Messieurs! il possède tous les génies! Quand il ne les trouve pas dans sa tête, il les puise dans son cœur.
Évoquerai-je, pour prouver cette assertion, les fastes héroïques de notre histoire? Montrerai-je l’armée, sortant du peuple, généraux en tète, à l’appel de la patrie en danger, et du même élan, faisant reculer nos ennemis et nos frontières ?
Vous rappellerai-je le dernier passage des Alpes; deux
cent mille Français volant au secours d’une nation amie, et, dans l’espace de deux mois, nous rapportant une épopée de gloire et de bénédiction?
Pas n'est besoin de nous élever si haut. Qu’un cri de dou-leut 1 nippe les airs... tout \ coup la ruche ouvrière bourdonne, s agite, s élance au dehors... et, dans quelques minutes , vous avez sous les yeux mille poitrines palpitantes, mille bras dévoués!...
Notre Société fait appel à l’esprit d’observation; c’est la classe ouvrière qui nous répond la première... Honneur à nos ouvriers, Messieurs! ils nous ont prouvé qu’on suffit à tout par la bonne volonté et le dévouement à ses semblables.
Et cependant cet esprit d’observation qui nous a donné d’aussi beaux résultats, c’est lui qui nous a valu le plus de reproches.
« Quoi ! nous a-t-on dit, vous laissez le magnétisme ramper terre à terre, quand les magnifiques domaines du spiritualisme s’ouvrent devant vous ! Quoi ! vous vous en tenez aux misères d’une pathologie et d’une physiologie matérialistes, quand les miracles éclatent de toutes parts, quand un monde nouveau se révèle à notre intelligence !... a
Nous avons répondu : « Si les coups mystérieux, les voij aériennes, les communications médianimiques et toutes ce» phénoménalités surnaturelles peuvent offrir des attraits* l’étude des misères humaines et leur soulagement n’en offrent pas moins; qu’il nous paraissait d’ailleurs prudent de nous assurer la conquête du monde tangible avant de convoiter celle du monde des esprits.
« Sans doute ce monde nouveau offrait de bien attrayante? merveilles; mais une société mal assurée encore sur ses assises pouvait-elle se précipiter dans un courant à peine découvert sans risquer de lâcher la proie en courant après l’ombre?
« Si nous n’avions eu à sauvegarder que des intérêts particuliers, nous aurions peut-être lâché la bride aux instincts du merveilleux; mais, comme chef de société, nous avions
une reponsabilité morale qui nous forçait à la réserve et mm» condamnait à l’attente. »
Eh bien! c’est précisément cette prudente attention qui nous a valu d’être accusés de matérialisme, dette accusation nous a été jetée tant de fois comme une espèce de gant à relever, que je profiterai de cette fête pour le faire : 011 n’a pas toujours une occasion où le respect de soi-même, dans une repartie, vous commande le respect des autres.
Eh bien, oui nous sommes matérialistes ! oui, nous cultivons le terre-à-terre du bien voir, du bien toucher, du bien entendre.
Oui, nous regardons comme non avenu au point de vue scientifique, tout ce qui dépasse la constatation physique.
Oui, nous sommes matérialistes et nous resterons tels, parce que nous voulons faire pénétrer le magnétisme dans les cadres officiels par le nombre et la brutalité des faits.
Il faut bien nous l’avouer, si le magnétisme n’a pas atteint encore la hauteur qui lui est réservée, c’est moins la faute des savants que celle des magnétiseurs.
Les magnétiseurs n’ont pas su rester assez matérialistes ; en parlant des phénomènes merveilleux, qu’ils auraient dû réserver pour leur for intérieur, ils se sont fait passer pour des extravagants et des illuminés... Nous oublions trop souvent que le vrai n’est pas toujours vraisemblable.
Est-il donc si facile, après tout, de suivre ce terre-à-terre de l’observation pure qu’on nous reproche tant?
Que tout magnétiseur sonde sa conscience, et qu’il cherche combien de fois il s'est pris à douter de lui-même et des autres, même en produisant des merveilles...
Si je n’étais pour ma part resté praticien , j’aurais déjà cent fois brûlé ce que j'avais adoré; cent fois déjà j’aurais renié le magnétisme au nom de l’imagination... Heureusement que j’ai magnétisé sans cesse, et que je magnétise toujours... Je reste mesmérien et fluidiste dans toute l’acception du terme posé par notre maître.
Et maintenant, Messieurs, parlant ¡1 1111 autre point de
vue, est-ce à dire que je rejette tout ce qui touche au domaine transcendant? Est-ce à dire que la Société de magnétisme de Paris, repousse ce qui est accepté comme avéré par tant d’hommes que nous vénérons, et dont la plupart sont nos maîtres ?
Non, Messieurs, mais qu’on ne l’oublie pas, il y a deux hommes en nous; d’abord des chefs de société, qui ne doivent croire qu’avec poids et mesure; des fonctionnaires qui ont charge d’àuies, et dont l’erreur peut entraîner celle de tous ceux dont ils dirigeront les travaux.
Eh bien , aujourd’hui que le grand bruit est apaisé, et que le monde magnétique un instant menacé de révolution , est rentré dans le calme , n’avons-nous pas à nous applaudir de notre réserve ? Si nous nous fussions laissé entraîner par le premier mouvement, n’aurions-nous pas bien des imprudences à regretter? Nous avons donc bien fait comme sociétaires de résister à l’entraînement. Mais interrogez-nous maintenant comme particuliers; comme hommes libres de penser et de croire à notre guise, sans que les croyances de personne en puissent être influencées !
Nous vous répondrons tous :
«Non, nous ne sommes point matérialistes! car nous aspirons avec vous et autant que vous à de meilleures destinées.
« Non, nous ne sommes pas matérialistes, car nous ne saurions nous associer à la folie de ceux qui limitent le monde à la portée de leurs sens, myopes obstiné qui répudient les horizons que leurs yeux sont incapables d'apercevoir.
« Non, nous ne sommes pas matérialistes! car nous sentons que la pensée de l’homme n’a rien de la terre, et nous répugnons à l’idée que la mort puisse l’atteindre.
« Non, nous ne sommes pas matérialistes, car le somnambulisme nous défend de l’être. Ce nouvel état intellectuel de l’homme n'est pour nous que le prélude d'une merveilleuse série. Ce n’est pas quand les obstacles matériels, et les es-
paces, ne sont plus rien devant les virtualités de sa clairvoyance, que nous voudrions limiter les facultés de l’homme nouveau; non! S'il a déjà grandi notre sphère, rien ne l’empêche de la grandir encore et d’atteindre à des sphères supérieures, fermées aujourd’hui, mais capables de s’ouvrir un jour resplendissantes et profondes comme l’infini ! »
Vous le voyez, Messieurs, nous nous entendons plus qu'on ne pense-, si d’un cflté nous tenons ferme au matérialisme de l’observation pure pour les besoins de nos études, d’un autre côté, pour le besoin que chaque homme apporte en naissant de découvrir et d’espérer sans cesse, nous applaudissons à toutes les tentatives, à toutes les audaces!
Si dans notre Société nous délimitons froidement nos travaux au domaine physique, en dehors de la Société chacun de nous donne ses sympathies et sa main à ceux qui sont assez osés pour vouloir explorer les mondes de l’inconnu.
Et maintenant, Messieurs, un souhait pour finir.
L’union des Sociétés est consommée; nous progressons , mais que l'esprit de paix nous assiste !
Sans la paix, point de cultures, point de moissons. Sans la paix, nos travaux seraient stériles ! L’esprit d’union nous a rendus forts; c’est l’esprit de paix qui nous rendra prospères, et si nous rêvons la conquête d’une place dans les sciences officielles, c’est par le chemin de la paix que nous l’obtiendrons.
La conquête du monde païen par le christianisme est, sans nul doute, la plus merveilleuse de celles qui se seront accomplies dans l’histoire ; et cependant douze ignorants suffirent à ce grand œuvre.
Par quelle magie?
Le maître leur avait dit :
a Ailes ! et que la paix soit avec vous / »
L’idée mesinérienne n’a pas un monde à conquérir ; mais pour réaliser ses ambitions, toutes modestes qu’elles soient, il lui faut l'union et la paix...
« Allons donc, disciples de Mesmer! la carrière vous est ouverte ; nous sommes unis; mais pour atteindre le but
« Que la paix soit avec nous!
D'E. V. Léükr, Président fie la Société.
À LA PROSPÉRITÉ DE LA SOCIÉTÉ DE MAGNÉTISME DE PARIS.
Chers Collègues,
L’union étroite et indissoluble des deux Sociétés magnétiques, représentées aujourd’hui parla Société de magnétisme de Paris, est un gage assuré de l’avenir du magnétisme.
Rendons grâce à la généreuse initiative du Dr Léger, le principal moteur de cette fusion. Espérons que sous son intelligente et active direction, notre Société accomplira dignement la mission qu’elle est appelée à remplir, celle de répandre dans le monde les principes de l’immortel Mesmer, et de concourir ainsi au bonheur de l’humanité.
Lorsqu'on voit l’ardeur que montrent pour l’étude la plupart de nos membres, et le zèle qu’ils mettent à propager le magnétisme, par les cures nombreuses qu’ils font tous les jours, 011 doit être fier d’appartenir à la Société de Magnétisme, à laquelle on peut appliquer ce que disait un jour au sein de la Société du Mesmérisme un de nos éloquents collègues, ancien député, M. Salvat, que l’impitoyable mort a ravi trop tôt à nos sympathies : « Il viendra un temps où, lorsqu’on voudra étudier sérieusement le magnétisme, on tiendra à grand honneur de faire partie de notre Société. »
D'ailleurs, chers Collègues, la pensée de Salvat n’était pas sans fondement, car une Société magnétique dont le principal mobile est l’humanité, ne peut que faire de nombreux prosélytes, surtout lorsque cette Société compte à sa tête le haron du Potet et les docteurs du Planty et Léger.
Chers Collègues,
.Nous ne devons pas être ingrats. 11 n’est personne parmi nous qui ne connaisse les services importants qui ont été rendus, depuis vingt ans, à la cause du magnétisme par les deux studieuses Sociétés, dont la nôtre est issue. Ces deux Sociétés ont posé chacune leur pierre à l’édifice que notre Société est appelée à consolider; ainsi, tout en buvant: A la prospérité de la Société de magnétisme de Paris, n'oublions pas de boire : A la mémoire des Sociétés Philanthropico-magnétique et du Mesmérisme.
D' Louyet,
l'un des Vice-Présidents de la Société.
Mesdames et Messieurs,
Chers Collègues,
Je propose un toste à l’idée Mesmérienne, à la mémoire de Mesmer et de ses continuateurs éminents que le plus grand nombre d'entre nous ne connaissent que par la tradition et par les ouvrages où ils ont consigné le fruit de leurs études, de leurs observations et du développement qu'ils ont, par suite, apporté à cette science dont Mesmer avait jeté les premières semences et dont ils ont creusé plus profondément le sillon tracé par le maître.
J’ai nommé entre tous et au-dessus de tous Puységur et Deleuze ; Puységur dont je n’ai pas ici à raconter l’histoire, mais dont le docteur Foissac a résumé la biographie en disant que rien ne peut faire oublier l'exactitude des faits rapportés par lui, la vérité des observations, la bonté des préceptes, le courage avec lequel il brava le ridicule (cette arme perfide qui tue souvent et blesse toujours), et par-dessus tout sa bienveillance et sa charité sans bornes pour les malades abandonnés. Tous ceux qui ont eu l’honneur de le connaître savent que l’amour du bien était sa religion et qu’il suivit jusqu’à son dernier jour la voie que la Providence lui avait tracée.
Issu d’une illustre famille, arrière-petit-fils de Jacques Chastenet né vers l’an 1600, qui servit la France pendant quarante-un ans, assista à trente combats et à cent vingt sièges; petit-fils de Jacques-François de Chastenet, qui, après avoir rempli des missions diplomatiques sous Louis XIV, devint maréchal de France; fds de Jacques-François-Maxime de Chastenet qui, après s’être distingué dans les guerres du règne de Louis XV, fut fait lieutenant général, M. le marquis de Puységur, placé par sa naissance et par son mérite personnel sur le chemin des honneurs et de la fortune, aurait pu parvenir aux premières dignités; mais il sacrifia tout au bonheur plus paisible et plus vrai de soulager, de secourir et d’éclairer ses semblables. Aussi, quand en 1825, à l’âge de près de soixante-quinze ans, il approcha du terme de sa carrière, comme il avait exprimé le désir d’être emmené à Bu-zancy et qu’il était trop faible pour supporter les fatigues d’un voyage en voiture, M"' de Puységur ayant fait demander quelques hommes de bonne volonté pour le transporter, tout le village, hommes et femmes, vinrent le chercher, chacun se disputant l’honneur de rendre ce dernier service à celui qui avait été si longtemps l’appui, le bienfaiteur, le père de tous les malheureux.
Une telle fin, Messieurs, est le plus bel éloge de cet homme qui, plus heureux que beaucoup d’autres, ayant toujours semé le bien autour de lui, n’eut pas à ne récolter que l'ingratitude.
Et Deleuze, cette figure vénérable, cette personnification du savoir modeste, cet observateur profond, des livres de qui 011 ne saurait trop ni même assez recommander la lecture, cet homme dont les lumières et les vertus privées exerçaient sur ceux qui le connurent un ascendant tel, que dans lès discussions de l’Académie royale de médecine sur le magnétisme animal, on ne prononça jamais son nom sans l'accompagner des qualifications les plus honorables! Ses rares qualités, dit encore le docteur toissac, son commerce bienveillant et instructif, lui acquirent de nombreux amis parmi les savants les
plus célèbres, tels que Levaillant, ce naturaliste distingué, Cuvier, ce génie presque universel, De Uumboldt, une des gloires de la Prusse enlevé depuis peu aux . ciences, et bien d’autres encore, et l’opinion unanime de ses contemporains lui fait partager avec M. de Puységur l'honneur d’avoir conservé, défendu et propagé l’une des plus belles découvertes des temps modernes.
Quels modèles, Messieurs, que ces deux hommes dont, sans celui dont nous félons aujourd’hui l’anniversaire, nous aurions ignoré peut-êlre même jusqu’au nom! quelle brillante triade composent ces trois noms : Mesmer, Puységur et Deleuze !
Qu’il me soit permis d’associer dans le même toste l’apôtre infatigable qui relie à la génération actuelle ces illustres morts dont je viens d’esquisser l’éloge, celui dont la vie toute entière a été une lutte incessante, celui qui a toujours porté, haut et ferme le drapeau de Mesmer, le plus ardent continuateur de son œuvre, celui enfin dont tout magnéliste honnête, à quelque école qu’il appartienne, doit regarder comme un blasphème d’insulter ou même de ne pas honorer la personne et le nom, notre vénérable président, notre maître à tous en magnétisme, M. le baron Du Potet !
Bauche, Secrétaire de la Société.
OBSCURANTISME ET ^ESPRIT DE MESMER,
OU LE MAGNÉTISME PU PROGRÈS.
Air (le la Codaqui, ou : Bonjour, mon ami Vinctnt. Nous, pasteurs du genre humain.
Soutiens de l'absolutisme,
Défenseurs du droit divin,
Patrons de l'obscurantisme,
Adjurons le démon Mesmer De rentrer bien vite au fond de l’enfer :
Attendu que son magnétisme Ne nous laisse plus ni paix ni répit.
Maudit Mesmer! Mesmer mauditI Débarrasse-nous de ton noir esprit!
Ce démon fallacieux Porte écrits sur sa bannière Les trois mots séditieux :
« Amour! Liberté I Lumière I »
Car Mesmer se dit le Progrès,
Et son magnétisme est lit tout exprès Pour briser la sainte barrière Qui fait notre force et notre profit.
Maudit Mesmer l Mesmer maudit l C'est un méchant tour de ton noir esprit !
Or, ce Mesmer abhorré Depuis longtemps nous agace;
Quand on l’a bien enterré,
Il revient avec audace.
Et déjà, vers quatre-vingt-neuf.
C’est lui qui couva certain petit œuf Renfermant certain coq vivace Dont le cri perçant partout retentit.
Maudit Mesmer I Mesmer maudit t C'est un méchant tour de ton noir esprit !
Au chant du coq endiablé
Nos troupeaux prennent la mouche :
Tel, qu’on croyait accablé,
Se relève ardent, farouche !
C’est ainsi que, naguère encor,
Le plus doux de tous, notre cher trésor,
A chassé soudain de leur couche Nos meilleurs bergers, qui n’ont plus de litt...
Maudit Mesmer ! Mesmer maudit!
C’est encore un tour de ton noir esprit!
Italiens et Hongrois Se sont fourré dans la tète,
Qu'en usant de certains droit.«
Ils ont la jambe mieux faite.
Nous comptions que Garibaldi Viendrait tout gâter, comme un étourdi;
Mais hélas! le forban s'arrête;
Il a vu l’ccueil... Oh ! l’affreux bandit!
Maudit Mesmer! Mesmer maudit!
C’est encore un tour de ton noir esprit i
Kl vous, ténébreux docteurs De l'infernale science,
Magnétistes imposteurs Kl spirites en démence :
Non contents de saper la foi,
Vous répudiez Satan, votre roi!...
Mais Satan fait notre puissance,
Kt voilà pourquoi vous l'avez prosciit.
Maudit Mesmer ! Mesmer maudit !
C'est encore un tour de ton noir esprit !
Quoi ! vous supprimez l'enfer?
C’est un schisme abominable!
Que deviendra Lucifer,
Si vous l'envoyez au diable?
Son pouvoir est essentiel :
La peur de l’enfer mène droit au ciel.
Si l'enfer devient une fable,
Grand Dieu ! c’en est fait de notre crédit ' Maudit Mesmer! Mesmer maudit!
C'est encore un tour de ton noir esprit !
Vos fluides subversifs Nous font couvrir d'invectives,
A propos de quelques juifs,
Et surtout de quelques juives;
A propos de petits garçons,
A qui l'on donnait de simples leçons.'...
Par malheur, nos voix sont captives Et nos avocats mis à l'interdit!
Maudit Mesmer! Mesmer mauditl C'est encore un tour de ton noir esprit !
Vous nous faites, chaque jour,
Avaler bien des couleuvres !
Mais bientôt, à votre tour,
Vous passerez par nos œuvres.
Nos milices, partout rusant,
Pullulant sans cesse et toujours creusant, Sous vos pieds, malgré vos manœuvres, Vont miner le sol, petit à petit.
Maudit Mesmer ! Mesmer maudit !
Nous viendrons à bout de ton noir esprit l
"Oui, sur vous, ô mécréants, l’Iane la sainte vengeance :
Les abîmes sont béants :
Et voici votre sentence :
Dés que Home aura triomphé,
Nous rétablirons les auto-da-fé,
Pour brûler toute votre engeance,
Depuis le plus grand jusqu'au plus petit.
Maudit Mesmer ! Mesmer maudit !
Ainsi finira ton mauvais esprit !
Baisait.
UN TOSTE AUX MALADES.
Air : Vaudeville de l'écu de six francs.
C'est un usage inexplicable,
Mais pratiqué dans tous les temps,
Que celui des tostes à table lin l’honneur des gens biens portants. Cette coutume obligatoire Est peu logique en vérité,
Je propose une autre santé :
C'est aux malades qu’il faut boire !
En vain de l’agent magnétique Le flot monte dans la citó,
Hélas ! le corps académique S'obstine à l'incrédulité.
Entre nous, je commence à croire Que ceux qui nous traitent de fous Sont bien plus malades que nous :
C’est à leur santé qu'il faut boire.
Boirai-je à vous, mes chers apôtres,
Qui, de Mesmer dignes soutiens,
Vous entr'aidez les uns les autres 1 Mon verre est prêt, mais je m’abstiens. Aux impuissants dont l’écritoire Ne sait distiller que le fiel Je porte un toste solennel,
(’.’est aux malades qu'il faut boire.
Ceux que je vois d'un cœur sincère Applaudir de près ou de loin, Sourire aux succè« d’un confrère De mon tonst ils n'ont pas besoin ;
A ceux qu’offusque toute gloire,
A qui bonheur d'autrui fait mal,
Mon toste le plus cordial !
C’est aux malades qu'il faut boire.
Tous les faisceaux du magnétisme .N’en feront plus qu’un désormais; Fins de discorde, plus de schisme ! Car la fusion, c’est la paix.
Et s'il est des gens d'humeur noire A qui ce grand événement Cause du désappointement...
C’est à leur santé qu’il faut hoir«.
Je bois aux décrocheurs d'étoile» Cherchant le miracle en tout lien,
Et prompts à déeiiirer les voiles Epaissis par la main de Dieu !
A ceux dont la table, ou l'armoire, Cache un diable, un esprit frappeur. Je porte un toste de tout cœur :
C'est aux malades qu'il faut boire.
On me dit qu'il existe en France Un groupe d’hommes insensés, Apôtres de l’intolérance,
Zclés prôneurs des temps passés; Secte attardée à qui l'histoire Depuis cent ans n'a rien appris ; Mon toasl à tous ces vieux débris l C’esl aux malades qu'il faut boire.
Je veux, Adèle à mon système,
Pour que ce jour soit mieux fêté, Proposer un toste suprême
Aux docteurs de la Faculté.....
Que dis-je? ô projet dérisoire l Boire aux docteurs? et non, ma foi ! Ce serait plutôt, croyez-moi,
A leurs malades qu'il faut boire.
Mon refrain n'est qu'un paradoxe,
Une boutade, 011 le sait bien ;
Soyons un peu plus orthodoxe Dans 1111 banquet mesmcrien ;
Laissons le cœur et la mémoire Nous dir!Ar un teste plus doux :
Mes clic:., convives, c’est à vous,
C’est aux absents que je veux Luire !
Jri.es Lovt.
La remarquable inspiration spiritnaliste qui va suivre devait être lue au banquet ; mais cela 11e fut pas possible non plus que pour la chanson que nous avons déjà donnée de M. Clever de Maldigny.
SPIRITUALISME STANCES ENVOYÉES POUR LE BANQUET DU 23 MAI.
I
Mon âme se fond en prière Et voudrait s'élancer aux cieux.
Dont elle entrevoit la lumière Par quelques rayons précieux.
Elle voudrait percer la nue,
Poursuivant la belle avenue Qui des voyants est le chemin,
Et de sainte extase ravie,
Comprendre l'éternelle vie Qui n'a plus hier, ni demain !
II
Enfant, déjà triste et songeuse,
Mes pensers s'envolaient ailleurs,
Courant, avide voyageuse,
J'aspirais aux mondes meilleurs.
Et vers ce céleste royaume Où le désespoir trouve un baume,
J'envoyais mes yeux et mon cœur.
J'écoutais l'insecte dans l’herbe,
Puis l’aigle dans son voT superbe ;
Tout chantait Dieu dans un seul chœur
III
J'enviais le parfum des rose* S’exhalant jusqu’au firmament,
Car les mystérieuses choses M'attiraient ainsi que l'aimant.
Puis je contemplais les étoiles,
Alors, que soulevant leurs voiles Brodant le manteau de la nuit,
Par leurs diamants fascinée.
Je lisais une destinée,
Mais, sur terre, tout bonheur fuit '
IV
Souvent je me sentais des aile« ; C’étaient les ailes de la foi,
Allant aux plaines immortelles Où s'inscrit l'immuable loi!
Je ne vivais que dans les rêves Où le sable mouvant des grèves Roule des flots d’or au soleil :
Volant plus haut que les nuage.«, J’étais au-dessus des orages, Oubliant l’instant du réveil !
V
L’âme transportée et sensible, Pressentant le divin séjour,
A la coupe de l’impossible J'allais m'abreuver chaque jour. Combien j’aimais les bonnes fées, Avec leurs robes étoffées, Descendant d’un somptueux char, Les péris, les sylphes, les anges, l'.t leurs lumineuses phalanges Exhalant l’encens et le nard.
VI
Recherchant la science ardue, Oubliant climat et saison,
Souvent, haletante, éperdue,
Je sentais faiblir ma raison ; Aussitôt If sacré symbole Du Christ mourant qui nous console
Revenait en mon souvenir,
Alors je sentais en mon Ame Briller une céleste flamme Se projetant sur l’avenir.
VII
Ravie aux visions sublimes Qui m’inonderaient de leur feu,
Que je voudrais gravir les cimes Qui me dérobent le ciel bleu !
Ames pures et diaphanes
Qui vous voilez pour les profanes,
Vous viendriez à mon appel,
Et vous guideriez dans l'espace Mon vol qui suivrait votre trace Jusqu'au monde spirituel.
VIII
Combien est à plaindre l’athée,
Qui flotte dans un doute amer ;
Sa vie inquiète, agitée,
Change d'aspect comme la mer!
De son orgueil il est victime,
Il roule d'abime en abîme,
Buvant au calice de fiel.
En proie à l'horrible souffrance.
En vain il attend l'espérance :
Son rameau ne fleurit qu'au ciel !
IX
Planant sur les deux hémisphères,
Où vos enfants souffrent, hélas i Dieu puissant, du haut de vos sphères. Jetez un regard ici-bas! ,
Nos âges pèsent, dans l’espace,
Moins que le nuage qui passe,
A votre immense sablier !
Que les anges et les génies,
Dans leurs sonores harmonies,
Nous enseignent à vous prier.
X
Comme au temps de l'ùre première,
Où Moïse reçut la loi.
Qu’ils nous inondent de lumière.
Et viennent grandir notre toi !
Immortelles et chères âmes.
Déployez vos rayons de flammes ;
Intelligents et purs esprits,
Venez des voûtes éternelles,
Nous effleurer avec vos ailes ;
Paraissez à nos yeux épris !
XI
Arrêtez un peu votre course Au sein des mondes éthércs,
Faites-nous remonter la source Où boivent les cœurs épures.
Enivrez-nous de vos cantiques Chantés sur vos harpes mystiques,
Et daignez, nous donnant la main,
Mêlant aux nôtres vos louanges,
Des élus, des saints et des anges,
Nous montrer le brillant chemin.
XII
Au nom du Dieu puissant qui régne sur les mondes,
Quittez quelques instants votre empire éternel ;
Esprits des cieux, des airs, dés forêts et des ondes,
Venez à notre appel !
Ames qui nous aimiez, que nous pleurons encore,
Qui plamz dans l'espace et volez près de nous,
Humbles, quand nous prions le Seigneur qu’on adore,
Ah 1 priez avec nous !
Mme JOBET DE I.ICNY.
A la fin du banquet, AI. le baron du Potet fit connaître les noms des personnes à qui le Jury magnétique avait cru devoir accorder des médailles et des mentions. Les choix du Jury furent sympathiquement accueillis par l’assemblée. On a regretté sans doute en lisant la liste que nous avons donnée dans notre dernier numéro que certains noms connus eussent été omis. Cette lacune fut signalée par M. du Potet, et on peut espérer que l’aimée prochaine, des magnétistes, tels que le Dr Rocssinger, de Genève, le Dr Gérard, de Reims, etc., etc..., feront partie de cette nombreuse phalange que la sollicitude et la vigilance du Jury a distinguée.
POLÉMIQUE.
M ¡mi fcxl al toux
LE I)' CHARPIGNON AU I)' CLEVER DE MALDIGNY (1).
Nous avons longtemps déserté, cher Confrère, sur le spiritualisme. En désaccord avec vous sur l’exclusivisme et. l’exagération de vos doctrines, j’avouais que mes répugnances céderaient facilement devant un fait de manifestation matérielle de la puissance des Esprits, aussi vous êtes-vous empressé de me fournir l'occasion d’assister à une de ces expériences où les objets matériels sont déplacés par des forces que les cercles spiritnalistes appellent des Esprits. M. Pié-rarjt, le rédacteur de la Revue spirilualiste, m’a invité à venir voir expérimenter M. Squire, le inédiuin américain, qui, après M. Home, a quitté l’Amérique pour montrer à Paris ces merveilleuses manifestations si fréquentes dans leur pays et si rares chez nous. J’ai vu ce jeune homme, j'ai examiné la table massive, difficile à remuer à cause de son poids de trente-cinq kilogrammes; j’ai entendu la description du phénomène qui devait se produire, et j’étais dans l’attente, heureux de voir enfin réalisées les assertions relatives à l’enlèvement et au transport de la matière par ces Esprits auxquels je crois de toute mon âme, mais que je crois, aussi, bien loin de nos atteintes dans di s légions supérieures ; ne pouvant admettre que Dieu permette un commerce semblable que chacun serai L libre de faire servir à des amusements plus ou moins ridicules. La réunion était assez nombreuse ot composée en grande partie d’adeptes fervents et favorisés des manifestations les plus probantes, à en juger par les récits que j'entendis. Ainsi pour les uns, c’était un morceau de musique arrivé tout récemment de Constantinople où les Esprits l’avaient dicté à un médium tout à fait ignorant en fait de musique, or ce morceau était délicieux ; pour d’autres, c’était un feuillet qui déchiré d’un carnet el jeté sous la table, se trouva écrit par la leuime d’un assistant, laquelle était morte depuis peu et disait à son époux ces quatre mots :
(I) Voir une première lettre du docteur Charpignon, n° 103, pa^es 191 et suivantes, et la réponse de M. Clever de Maldijay, 11° 104, pages Î03 et suivantes.
Ami, prie pour ***> or c’étail r6cri,ul'e cl le W1? d.e '* dé‘ l'unte, car elle disait ordinairement à son mari : Ami, et non mon ami. C’était encore tout un cahier écrit de la main des Esprits et tombé au milieu des assistants. Cher Confrère, je vous l’avoue, j’étais confondu de la bonhomie avec laquelle ces choses se disaient et étaient acceptées. Etes-vous donc de ces spiritualités de si facile composition? Pensez-vous comme ceux que j’entendais affirmer que les somnambules doivent leur lucidité aux inspirations des Esprits, On soutenait que le somnambule étant un individu qui ignorait par lui-même telles et telles choses et qui les connaissait dans son état extatique ne pouvait devoir cette illumination qu à d'autres intelligences intervenant à ce dessein. Ah! cher Confrère, il avait fallu bien des années pour que les travaux de magnétistes laborieux, érudits, expérimentateurs, parvinssent à ruiner la formidable objection de 1 intervention des démons dans les phénomènes du magnétisme, et voilà que dans le camp même du magnétisme des hommes fanatiques viennent ressusciter cette chimérique intervention d’un Esprit dans le somnambulisme ! Mais faut-il donc recommencer le débat scientifique qui prouve le naturel et la spontanéité de ces facultés chez l'homme? Faut-il reconquérir avec vous autres, le naturalisme du somnambulisme naturel que des théologiens, après des mystiques du philosophisme païen, croient l’efi'et d’une obsession démoniaque, tout comme le somnambulisme artificiel? En vérité, c’est a se décourager en voyant tant de peines perdues !
,le me console de ces écarts des spiritualités, en voyant le progrès plus lent, mais plus réel, des phénomènes renfermés dans le magnétisme parmi les hautes régions de la science. Oui, la science absorbera le magnétisme, elle changera peut-être son nom et les théories que nous avons faites, mais enfin le principe et les faits prendront place dans la science de l’homme. Certes, ce ne sera pas par des théories et des faits de la nature de ceux dont je viens de parler que ce progrès s’accomplira. Vous voulez des Esprits partout et vous êtes en désaccord dans le cénacle sur ces Esprits ! Ainsi, M. Cahagnet reçoit les dictées de Swedenborg; mais j entendais des spiritualistes affirmer que ce n’était pas Swedenborg qui venait, mais bien quelque Esprit trompeur ! Qui a raison? Ce n’est pas la peine de rompre si nettement avec le Christianisme pour mettre à sa place les mêmes catégories d'Esprits. des bons et des méchants, des rusés et des instruits
et tous étant à roder autour de nous ! ! Mais tout cela est dit par le christianisme; seulement, plus logique et plus protecteur que la secte moderne, il défend de s'aventurer à chercher des communications si dangereuses, puisqu'il est si facile au mauvais Esprit de prendre la place d’un bon que vous appelez.
Ces pensées surgissaient donc en moi, quant M. Squire prit place au milieu du cercle; lié par les jambes et le milieu du corps à la chaise sur laquelle il était assis, il n’avait qu’une main libre de laquelle il pouvait prendre le bord de la table placée devant lui, son autre main était tenue par une des personnes présentes. Derrière lui était un divan recouvert d’un matelas, et la table devait passer par-dessus M. Squire et tomber renversée sur le matelas. C’était assurément chose impraticable pour le plus robuste athlète que d’enlever à bras tendu cette lourde table et de la faire tourner par-dessus sa tête, je constate cette impossibilité de bien bon cœur. On ferme hermétiquement les rideaux épais des fenêtres, on clôt les moindres fentes qui pourraient laisser passer un rayon de lumière, puis les lampes sont enlevées. Une obscurité profonde existe, la table s’agite sur le parquet, on l’entend tomber sur le matelas, et la lumière revient. M. Squire est toujours comme il était, la table est renversée derrière lui. On est étonné, mais on cherche en soi-même comment la chose s’est faite. Je l’ignore assurément, mais ce que je vous affirme c’e3t que la table a pesé de tout son poids sur M. Squire et sur la chaise qui le supportait. Cela suffit pour me prouver qu’aucune force n’a soulevé le poids en dehors de l’opérateur. Une seconde expérience a lieu. M. Squire est debout vis-à-vis delà table, il aies poignets liés par un foulard, il place quelqu’un de bonne volonté à côté de lui qui prend comme lui la table entre les doigts libres des deux mains, puis il doit enlever cette table et la poser renversée sur leurs têles. C’est encore chose impossible aux mains les plus vigoureuses. La nuit se fait, et en quelques secondes, quand les lampes reviennent on voit la table sur la tête de ces messieurs, les pieds vers le plafond.
La nuit! Les ténèbres pour des Esprits! Ah! s’il y en a dans cette expérience, 011 peut bien dire que ce sont des Esprits de ténèbres! Des Esprits ! mais ils ne peuvent que ces deux tours de table! Ils sont d’ordre inférieur ! Ils veulent convaincre des hommes de leur existence, et ils lui bouchent les yeux ! Vraiment ils sont petits d’intelligence s’ils croient
que l'homme va leur donner sa foi en abdiquant un sens sur lequel il a le droit de compter pour prendre connaissance des choses. Enlever la vue ! mais on n’a pas assez parfois de tous ses sens. Je sais bien ce que vous allez me dire : Expliquez alors le fait, si vous niez l'intervention surhumaine, ('.’est pat-voie de raisonnement que vous voulez capler la conviction, puisque vous enlevez le vrai moyen d'observer, c est-à-dire la vue; or, puisque vous agissez ainsi, j’ai le droit de supposer tout, excepté l’intervention d’Esprits.
Rappelez-vous, ('.lier Confrère, le bruit que fit, il y a quelques aimés, un autre Américain. Il domptait en une séance les chevaux jusqu’alors indomptés; seulement il restait seul avec l’animal, et quand on rentrait, le cheval fougueux était devenu doux et docile. Mille explications circulèrent, le magnétisme eut beaucoup de partisans dans cette affaire. L’Américain après une souscription magnifique révèle son secret... C’étaient des courroies.
Quoi qu’il en soit, je liens à ne pas conclure d’un fait particulier pour la question en général ; je constate que les expériences de M. Squirene satisfont pas, et ne portent pas la conviction relativement à l’intervention d’êtres surhumains pour agir sur les objets matériels, mais je ne nie pas que la chose ne soit jamais arrivée et n’arrive jamais ; j’attendrai une autre occasion d’examiner cet intérressant phénomène. Attendrai-je longtemps? Je le crains.
Agréez, Cher conItère, etc. Docteur Charpignon.
Orléans, 4 juin 180!. ___
ERRATUM.
Fautes dues l’impression précipitée de notre dernier numéro , dans le discours du docteur Clever de Maldigny:
Page 275, ligne 25, au lieu du mot : échecs, lisez : échos.
Page 270, ligne 0e, après ces mots : la raison pure, ajoutez : à moins de la concevoir comme un des attributs de l'Absolu, etc.
Même page ligne 20*, an lieu de : ne ressemblent aux marchands d'orviétan (t), lisez : sont des hommes (¡raves, etc.
Page 277, ligne 1", après ces mots : serviable et pratique, supprimez la virgule.
Même page, ligne 21e, au lieu de : aura sa place, lisez : marquera sa place, etc.
( I ) Ces paroles existaient de premier jet, mais elles n'ont pas été prononcée«, et lorsque l'auteur, après le banquet, nous remit son manuscrit, elles étaient remplacées par celles que nous reproduisons.
' Baron De POTET, propriétaire-gérant.
CORRESPONDANCE.
A Monsieur le baron ilu Potet, propriétaire et directeur du Journal du Magnétisme.
Toulon, 4 juin 1861.
Monsieur le baron,
Je ne pense pas qu’il existe un seul lecteur de votre journal qui hésite le moins du monde à le classer parmi les œuvres les plus sincèrement sérieuses de notre époque.
Que l’on admette toutes les données de la science magnétique, ou bien qu’on en soit encore à ces doutes honorables, qui précèdent toujours, chez l’homme intelligent et de bonne foi, le moment où il va se rendre à de rigoureuses démonstrations,]! est impossible de nepas tenir grand compte des efforts que fait l’homme convaincu pour vulgariser ses convictions, et pour faire passer dans le domaine de la science, des idées nouvelles dont l’application doit être un bien pour l’humanité.
A l’un ou l’autre de ces titres, je lis avec le plus grand intérêt le journal quevousavez fondé, m’associant de tout cœur, sinon encore de cette foi qui soulève les montagnes, à tous vos efforts si intelligents et si dévoués.
Et c’est précisément parce que je tiens au succès de votre œuvre, que j’ai vu avec regret dans votre dernier numéro (1), le dessin qui, sous la rubrique antiquité égyptienne, représente une évocation.
Un livre de science doit être exact dans toutes ses parties, parce que, dévoué à la vérité, il ne la peut altérer en rien, sans compromettre la valeur de tout le reste. D'ordinaire, le lecteur se livre pieds et poings liés à celui qui le veut instruire. Mais, à la moindre erreur positive, il reprend son libre arbitre, et sa confiance déçue le rend moins accessible à un enseignement, dont il apprend à douter.
Le dessinateur du journal a, selon moi, rendu inexacte-
(1) Le numéro 106.
Tome XX. — Nu IOS. —2' Séhik — 23 Juin 1801.
ment votre pensée : ou bien, modifiant un tracé antique au goût de nos idées modernes, il a habi 116 le prêtre égyptien d’une longue (unique et d'une sorte de pallium, que ne connurent jamais à coup sûr les prêtres de Tlièbes ou de Memphis. Le spécimen de ce dernier vêtement, si peu approprié au climat de l’Egypte, n’a été pris ni dans le grand ouvrage de l’Expédition, ni dans les deux Champollion, ni dans Henri, ni dans Winkolson.
C’est là une suite de cette fantaisie artistique, s’obstinant à habiller Jésus-Christ du costume des philosophes grecs, que certes il n’a jamais porté. Son vêtement comme celui des apôtres, était la tunique serrée aux reins, comme la portent encore les habitants de Nazareth, où un longchamps annuel ne vient pas, que je sach'3, imposer beaucoup plus de modes nouvelles, que n’en a subi le costume des Arabes du désert, vêtus aujourd’hui comme l’étaient autrefois Abraham et Jacob.
L’artiste a craint peut-être que le costume toujours symbolique du prêtre égyptien ne parût étrange à vos lecteurs : Il s’est mépris à cet égard ; et le goût moderne de la couleur locale a maintenant des exigences auxquelles tous doivent obéir.
Si vous ouvrez l’Unwers pittoresque, volume de l’Egypte ancienne (1), vous trouverez un dessin qui, certes, justifie mille fois mieux que celui de votre artiste, la légende de l’invocation magnétique. La pose du prêtre, l'imposition des mains, le costume officiel et exact dont il est revêtu, tout indique là une œuvre psychique, et nullement la préparation matérielle de la momie.
line dernière circonstance me semble indiquer que l’artiste a modernisé son dessin. Ses figures, vues de profil, offrent les yeux comme ils doivent paraître, tandis que, traditionnellement, l’artiste égyptien plaçait toujours l’œil vu de face, même dans les figures en profil.
(l)Planche69.
'foutes ces erreurs seraient sans conséquence ailleurs que dans un livre de science, où tout doit être de la plus complète exactitude.
Nul mieux que vous, monsieur, ne peut comprendre cela. Le rude et méritant apostolat que vous vous êtes imposé, les elforts incessants que vous mettez au service d’une science nouvelle, on peut-être simplement renouvelée, tout donne une valeur réelle à ce qui émane de vous, et chacun doit tenir au succès de votre œuvre.
C’est parce que j’y tiens, que j’ai écrit ces quelques lignes d’une cordiale et alfeclueuse sympathie.
J’ai l’honneur d’être avec la plus haute considération, Monsieur le baron,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur, Noël de Fombeude.
Ces communications ne sauraient que m’être agréables. Toutes recherches touchant la vérité ont leur utilité.
La figure que nous avons donnée au numéro 106 du journal et qui fait l’objet de la critique que l’on vient de lire, représente un homme couché sur un lit, et une femme ou un jeune homme debout.
Ce groupe se rencontre fréquemment, et presque dans la même disposition, sur plusieurs monuments égyptiens; mais il représente quelquefois une momie et l’homme qui travaille à la préparer, ainsi que le fait observer notre j udicieux critique.
Ici, au contraire, d’après les descriptions que nous en donnent les antiquaires les plus instruits, la figure couchée a le visage découvert et animé. C’est une personne vivante; elle a les pieds séparés. La femme ou le jeune homme qui esta côté et debout, a les bras étendus et paraît implorer du secours pour le mourant, en s’adressant à un astre, qu’on aperçoit dans un des angles de la composition, et qui est vraisemblablement le soleil, ou peut-être la lune, c’est-à-dire Osiris
ou Isis. On en distingue sans peine la forme, ainsi que celle de la ligure qui se tient debout, et qui est tracée sur un vase étrusque de terre, dont il est fait mention au tome 1, page 9> et suivantes, et gravé sur la planche XXXII d’un ouvrage intitulé : Recueil if Antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises, par Al. le comte de Caylus. 7 vol. in-û°, Paris, 1752, et années suivantes. Desaint et Saillant, éditeurs.
Ce serait donc, pour être absolument dans le vrai, sous le titre : Antiquité Étrusque que la gravure aurait du paraître.
La figure de Y Univers pittoresque à laquelle notre critique fait allusion a quelque analogie avec la suivante, qui était déjà gravée lorsque nous avons reçu sa lettre, et comme elle est plus complète nous la donnons de préférence. La voici :
Ce monument est décrit dans Y Histoire du Ciel, par Pluche, 2 vol. in-12, Paris, 1742. On l’appelle Mensa Isiacu, Table ou Tableau il'Isis. Ce tableau se trouve tracé deux fois avec
TABLE D’ISIS.
peu de différence à la planche XI du tome I, page 88. On y voit Horus, fils d'Isis, couché sur un lit de repos, dont les pieds et la tête ou le chevet offrent la figure d’un lion. Sous le lit on voit quatre cnnopes rangés l'un après l’autre. I.e premier est le signe de la Vierge, le deuxième est terminé par la tête de la canicule, le troisième par une tête d’épervier, le quatrième canope est terminé en tête d’oiseau, et enfin dans l’un des coins du tableau on aperçoit une grande figure d’A-nubis. Ce tableau dans lequel on a vu un emblème de la résurrection de la nature entière, offre aussi en quelque sorte une scène de magnétisme, auprès d’un malade, auquel on annonce et les crises qu’il a à craindre et les espérances sur lesquelles il peut fonder le rétablissement de sa santé.
Baron du Potet.
PROGRÈS DU MAGNÉTISME.
Nous enregistrons avec satisfaction les travaux qui se font loin de nous. Cette propagande active et persévérante doit produire un grand bien et développer une sorte de fraternité universelle, et nous verrons sans doute plus tard notre 23 mai fêté et consacré en cent lieux différents: Rio-Janeiro vient d’avoir son banquet, mais les détails nous manquent. Voici celui de Smyrne.
BANQUET MESMÉRIEN A SMYRNE.
Monsieur le baron,
Je me sens on ne peut plus heureux aujourd’hui de vous annoncer que les principaux partisans du magnétisme dans ce pays ont bien voulu, îi ma demande, célébrer, le 23 mai de cette année, la fèteanniversairede la naissance de Mesmer.
L’institution d’une pareille fêteej) Orient, nous promet, à nous tous, des résultats très-satisfaisants pour l’avenir du magnétisme dans ces contrées ; car un banquet donné en l’honneur de notre illustre maître, lie encore plus fraternel-
lement tous ceux qui désirent le triomphe de la vérité contre l’erreur et contre la mauvaise foi des incrédules.
Le jour de la célébration de cette fête sera pour nous tous à jamais mémorable, car il nous a inspiré même le désir de former une Société de magnétisme qui s’occupera exclusivement, par l’étude et par des expériences, à répandre cette science en Orient. Je ne manquerai pas, monsieur le baron, de vous entretenir plus tard de cette Société.
Il serait maintenant superflu de vous désigner par leurs noms toutes les personnes qui ont désiré prendre part à cette fête, je vous dirai seulement qu’il y avait parmi les convives des Français, des Italiens, des Grecs, des Allemands, des Hongrois et des Arméniens; ce qui prouve mathématiquement que le magnétisme est une vérité divine et non une erreur, car il est adopté, lorsqu’il est bien compris, par toutes les nations du monde, sans contestation aucune.
Permettez-moi seulement, monsieur le baron, de vous nommer M. le docteur A. Cricca, connu déjà de la Société de mesmérisme de Paris. M. A. Cricca fut un des convives les plus actifs de notre banquet. Il n’a pas manqué de porter, pendant tout le temps de la fête, la médaille d'encouragement qui lui fut accordée par le Jury magnétique, et les quelques paroles qu’il a prononcées en l’honneur de Mesmer et en faveur du magnétisme, furent vivement applaudies. Le nom de l’illustre propagateur de celte belle science était dans toutes les bouches, et chacun se faisait un devoir d’improviser quelques paroles de circonstance. Un sonnet, composé au moment même et déclamé en langue italienne, fit l’admiration de tous les convives, et l’auteur fut prié unanimement de le déclamer une seconde fois.
Monsieur le baron, je vous recommande tous les convives de notre banquet rnesmérien. Us ont fait voir, ce jour, que leur croyance au magnétisme n’est point l’effet d’un caprice momentané, mais bien une certitude ; certitude si bien enracinée dans leur cœur, que nulle dissertation contre cette science, fût-elle même approuvée par toutes les Académies
infaillibles du monde, ne sera jamais capable d’ébranler leur loi.
Plusieurs d'entre eux môme n’ont pas eu jusqu’il présent le bonheur d’assister à des séances comme celles qui se donnent journellement dans les capitales de l’Europe, où on peut trouver si facilement des sujets qui se prêtent avec complaisance à toutes les expériences. Le peu qu’ils ont vu, et cela en assistant à mes séances, a suffi à les rendre plus adeptes que jamais d’une science aussi merveilleuse et aussi étonnante. Croire aux phénomènes les plus sublimes et les plus transcendants du magnétisme, sans avoir pu les constater par soi-même, c’est à mon sens faire preuve d’une grande justesse de raisonnement, c’est avoir le sentiment inné d’une vérité contestée encore par tant de savants européens, qui ont tous les moyens possibles pour sacrifier un peu leurs intérêts et beaucoup leur présomption pour reconnaître ce que. nous reconnaissons, nous, qui n’avons pas la prétention d'être des savants...
Voici, monsieur le baron, le petit discours que j’ai eu l’honneur de prononcer devant tous les convives, qui ont bien voulu, ce jour même, m’honorer du titre de Président.
Messieurs,
Je vous remercie du fond de mon cœur de votre empressement à venir assister ;t ce banquet scientifique. Vous sentez aussi bien que moi. Messieurs, combien nous devons être tiers aujourd’hui d’avoir, vu le peu de temps que nous nous occupons tous de magnétisme en ce pays, pu y instituer cette fête ;ï la mémoire du savant illustre qui introduisit dans les sciences une des plus sublimes et des plus profondes révolutions. Nous faisons voir ainsi à l’Europe, qu’ici, au fond de l’Orient, dans un pays jadis célèbre, il existe encore des personnes qui comprennent, non-seulement toute l'utilité du magnétisme, mais qui sentent dans leur l'or intérieur que les temps sont venus où l'humanité doit être réintégrée parle progrès de toutes les sciences à la fois.
Mesmer, Messieurs, eut seul la glaire de répandre h; magnétisme en Europe, dette science connue déjà tfes anciens, fut emportée par le souflle de la fatalité et disparut comme presque toutes les œuvres de l’antiquité, de la surface de la terre. Toutes ces grandes catastrophes qui ont sévi sur l’ancien monde et qui l’ont décimé, plongèrent l’humanité, pendant des siècles, dans une ignorance complète des plus simples lois de la nature. Le moyen âge, plongé lui-même dans le fanatisme et la superstition, se leva comme un monstre épouvantable et plana au-dessus de l’Europe entière, en vomissant toutes les flammes de ses bûchers. Ce fut alors une agonie suprême, une lutte acharnée du fanatisme contre la raison; la vertu et le génie avaient disparu de la terre, et il n’y restait plus que des bourreaux ivres de sang, étouffant dans les flammes et dans la torture tout germe de génie.
Le xviii0 siècle osa déchirer d’une main ferme le voile qui couvrait, depuis huit cents ans peut-être, la tête de Minerve. La philosophie et les sciences, méconnues et méprisées, reparurent sur la terre. Ce fut alors que Mesmer reçut du ciel la mission de répandre le magnétisme, et cette science en pénétrant encore dans le monde, apporta avec elle les germes des nouvelles destinées de l’humanité.
Messieurs, que nous importent à nous aujourd’hui le sarcasme et le mépris de la science officielle ; le magnétisme cesse-t-il pour cela d’être une grande vérité? N’a-t-il pas captivé dans tous les temps l’attention d’un très-grand nombre d’hommes célèbres dans les sciences et la philosophie? De profonds penseurs n’ont-ils pas vu dans cette force immense qui embrasse l’univers le lien éternel du Créateur et de la créature? Ne sommes-nous pas tous comme entrelacés dans ce réseau divin et portés par une attraction indicible vers le suprême bonheur; ne gravitons-nous pas malgré nous vers Dieu, ce centre d’amour, centre commun pour toutes les créatures des mondes, source inépuisable d’ineffables délices?...
Unissons donc aujourd’hui nos vœux avec ceux de tous les
inagnétistes, du monde, remercions la Providence de nous avoir donné assez de jugement pour comprendre une de ses plus sublimes vérités; entrons, nous aussi, dans cette chaîne immense formée par tant de milliers de inagnétistes, et portons pour la première fois, dans ce pays classique, un toast à la mémoire vénérée de notre maître à nous tous, — à Mesmer !
E. M. Rossi.
Smyrne, ce 3 juin 18«).
Nota. — M. E. M. Rossi est le magnétiste à qui le Jury a décerné une médaille. Dans la liste que nous avons donnée on a par erreur changé ses initiales.
POLÉMIQUE.
AU DOCTEUR CHARPIGNON (1).
Je me souviens que, dans l’hiver de 1854, malgré ma répugnance extrême à recevoir des étrangers à l’intimité de nos expériences familières, il me fut impossible de ne pas accorder aux pressantes sollicitations du commandantÉinile Saucerotle mon consentement ii l’admission d’un certain personnage, haut placé, m’avait-on dit, dans la diplomatie. 11 se présente donc chez moi, l’un de ces soirs, en société de sa femme et de sa fille : moi, j’accueille de mon mieux ces hôtes inconnus, que m’amenait Saucerotle. Devant eux, nous nous mettons à l’œuvre, et les phénomènes se produisent admirablement.
; I ) Vuir, pour les lettres précédentes, le n° 83, p. 339etsuiv,; le n"86, p. 371 et suiv.; le n° 88, p. 121 et suiv.; le n° 91, p. üOO et suiv.; le il“ 93, p. Ü07 et suiv. ; le n° 98, p. 31 et suiv. ; le n° 99, p. ü7 et suiv. ; le il» 100, p. 8ü et suiv. ; le n" 101, p. 203 et suiv. ; et pour les lettres du docteur Charpignun, le n» 93, p. îîtil et suiv. ; le ii° 103, p. 191 et suiv le n" 107 page 30;> et suiv.
Les évolutions mobilières, très-vives, très-variées cl, par foin, sans nul contact de notre part, émerveillent l'avidité curieuse autant qu’ébaliie des nouveaux spectateurs. Des conversations médianimiques, d’une rapidité prestigieuse, les étonnent par l’inattendu, l’intelligence et l’à-propos des communications occultes, non moins que par la diversité des sujets. Après une assez longue séance, durant laquelle différents meubles avaient fait entendre, à la volonté de chacun , plusieurs sortes de bruits, très-nets, très-sonores, très-distinctement appropriés à l’objet de la demande ( bruits de scies, bruits de marteaux, bruits d’instruments de forage, bruits de inarches militaires sur des rythmes indiqués instantanément, bruits d’échos lointains ou rapprochés, sur des airs connus ou d’improvisation fantaisiste, etc. ) , la soirée se termine par un retentissement successif do chocs précipités et de modes joyeux, sur des endroits fortuits de toute l’en ceinte des parois du salon. Mon appartement était au premier étage d’une maison alors isolée, à l’angle de la rue Cas-tellane et de la rue de l’Arcade. Cette circonstance, très-bien remarquée des visiteurs , augmentait visiblement leur stupéfaction. Au moment de prendre congé, le personnage me dit tout à coup, d’un ton solennel: « Monsieur, vos murailles sont peut-être creuses ! » Je me contentai de regarder l’interlocuteur. U ne répliqua pas et se retira.
Voilà, docteur Charpignon, ce que me rappelle votre malheureuse interprétation du fait que vous calomniez... par mégarde, j’aime à me le persuader; autrement je dédaignerais d’y répondre.
A voire prière, je vous ai facilité l’accès des expérimentations d'honnôtes gens , et non des exploits d'un collège de tire-laines. Vous l'oubliez trop !!! C’est pourquoi j’en exprime publiquement mes excuses aux personnes qu'une pareille inadvertance ne saurait effleurer.
Vous, l’auteur de ces lignes :
« L'Académie de Médecine et celle des Sciences n’ont pas hésité à nier la possibilité même dks faits et par conséquent
i'i refuser une coopération sincère et laborieuse à l’étude du magnétisme.
« Les convictions doivent procéder individuellement pour envahir les puissances d’où émanent les sanctions, (’/est un malheur, parce que ce mode d’action progressive, entraîne avec lui des hésitations, des luttes et des désordres.
« Les hautes intelligences doivent s’emparer du faitile rayon que les penseurs ont fait jaillir, pour coordonner les phénomènes et découvrir quelque grande loi qui rende enfin plus stables ces oscillations qui existent dans le magnétisme pratique, oscillations désespérantes qui n'ont pu encore être fixées.
« L’humanité doit atteindre un but, et l’homme, sans avoir toujours conscience de la part qu’il apporte à la marche ascensionnelle, est contraint de travailler au grand œuvre.
« Faudrait-il se décourager à la vue des amertumes qui ont accompagné la vie de tous les novateurs? Faudrait-il, parce que Mesmer et tous ceux qui ont défendu et fait connaître la science du magnétisme, ont été traités de visionnaires et de fourbes, faudrait-il renfermer en soi ce que l’on sait être vrai et utile ?
« Combien donc sont coupables ceux qui, par intérêt, par ignorance ou par de ridicules préventions, viennent entraver la inarche, de cette science nouvelle.
« Le scepticisme aura satisfaction, car il pourra presque loucher ces mystères du spiritualisme qui heurtaientsa raison.
« A cette SOLIDARITÉ DE TOUS LES ÊTRES DE LA NATURE COm-mence leur influence réciproque ; et cette influence, soumise a des lois tout électriques, constitue ce que nous appelons le magnétisme, dénomination créée par les savants du moyen âge.» (Physiologie, Médecine et Métaphysique du Magnétisme.)
Vous, l’auteur de ces passages remarquables, deviez-vous en perdre la méditation au point de commettre l’odieuse injure écrite avec tant de légèreté dans le précédent numéro de ce journal?
An lieu de jeter au vent cette pensée inconsidérée, si vous
me l'eussiez dite toute confidentielle, je l'eusse repoussée con lidentiellcment ; niais la publicité de l'imputation exige maintenant la publicité des moindres détails ; puisque , par votre imprudence, la cause des accusés relève do l’opinion de nos lecteurs.
C’est pour les édifier que je complète ici l’historique de votre démarche.
Le matin du 20 mai, j’eus de vous cette lettre :
« Orléans, le 28 mai.
c Très-cher Confrère,
« Je reçois de M. Piérart une invitation pour être chez lui demain mercredi dans la soirée. J’espère vous y rencontrer. Mais ne pourriez-vou9 pas être assez aimable pour faire en sorte de nous voir auparavant et plus longtemps. Je partirai d'Orléans à deux heures : je serai à Paris k cinq heures, en gare. Trouvez-vous-y, si ce n’est pas trop loin pour vous, ou bien soyez, àcinq heures et demie, en faction à la porte d’entrée du Palais-Royal, sur la place : nous dînerions ensemble. (Ou mieux encore, soyez îi lHôtel d’Orléans, nie d’Orléans-Saint-Honoré, où j’irai tout de suite retenir une chambre pour la nuit.)
« Je repartirai le lendemain dans la matinée, tant je suis lié par les exigences de la clientèle.
« Tout à vous,
« Charpignon. »
Je ne pouvais quitter Versailles : je souffrais d'une forte atteinte de grippe, dont la fièvre me tint alité pendant plusieurs jours. Sans désemparer, j’en informai M. Piérart pour qu’il vous témoignât mes regrets.
Bientôt j’appris la perplexité de vos impressions à ces exercices, où vous vous rencontriez avec le docteur Gatti, Directeur de l’institut Homœopathique de Gènes.
Voici sa lettre :
Paris, li! S juin 1861.
« Mon cher Confrère,
« Depuis un mois il peu près que je suis à Paris, j’aurais
désire vous voir assister aux expériences spiritualités de MM. Piérart et Squire. — Aujourd’hui, il faut que je parte, malgré moi, pour rentrer en Italie. Je dis malgré moi, car j'étais bien heureux ici, me trouvant logé chez un de nies chersamis, M. Piérart, où je suivais les séances spiritualistes : j’ai constaté des faits si surprenants, que , pour la vie, cette science divine sera mon guide et ma religion (1). J’ai assisté à trois séances dans lesquelles M. Squire, lié par les jambes et le tronc à une chaise, et donnant sa main droite à moi, il a réussi, en touchant par le bout des doigts de sa main gauche, à soulever une table de quatre-vingts livres, laquelle, en passant par dessus la tète du médium, est allée se jeter derrière lui. —Est-il possible d’expliquer ce fait autrement que par l’intervention d’une force occulte et intelligente en de-•hors de lui ?
« Dans la dernière séance, j’eus l’honneur de connaître un des plus distingués médecins-magnétistes de France,
M. le docteur Charpignon. Il était si surpris des expérien- > ces de M. Squire, qu’il en était tout ému. A la fin, il se battait le front, en s’écriant: « Mon Dieu! comment, comment expliquer ça! »
« Ma nièce et plusieurs messieurs présents vous l’attesteraient comme moi.
« Je compte revenir prochainement en France. En attendant je vais en Italie avec l’espoir d’y former une Société spiritualiste, pour travailler à la propagande de cette grande vérité.
« Agréez mes salutions sincères.
« Tout à vous,
« Docteur Pierre Gatti. »
( I ) Jo laisse à l'ccrivain italien son exaltation nationale. Il n'est pas nécessaire de dire que >.* religion absolue, pure, inaltérable, est à DiEUSEm., soi.i Dko! C'est là que se résument définitivement toutes les communions particulières. IV C. de M.
Quatre jours après, j’avais fie vous cotte autre missive :
« Orléans, le 11 juin.
« Mon cher Confrère.
« M. Piérart m'a fait lire la lettre par laquelle vous expliquiez votre absence à la réunion où j'eusse désiré vous rencontrer. Que vous eu dirai-je ici? J’ai été plus affligé que satisfait... 11 y a dans tout ce que j’ai entendu et vu d’énormes erreurs, des interprétations fausses, et des expériences par trop suspectes. Comment, plus de facultés somnambuli-ques naturelles et spontanées? Admettre l’intervention d'êtres surhumains dans des expériences qui ont lieu dans les ténèbres? Vous direz qu'il est impossible de soulever cette table avec les mains, donc... — Oui ! avec les mains! Mais ai-je vu si on ne se sert pas d'autres moyens? leviers particuliers, électro-aimant?... Je vous affirme que j'ai entendu le gémissement d’un effort, et le craquement de la chaise supportant un poids considérable. Non ! cette expérience ne satisfait pas, elle dispose au doute. 11 n’y a pas là l'émotion, le recueillement qui s’emparent involontairement de celui qui est l’intermédiaire des Esprits. Cher Confrère, prenez garde, réfléchissez, ne vous donnez pas aussi franchement, aussi religieusement. Vous êtes convaincu : On ne, l’est pas.
« Comme cette expérience a du retentissement dans nos journaux, et que vos lettres en ont parlé, j’ai écrit à M. du Potet les impressions que je viens de vous communiquer. Puissent-elles provoquer des faits vérifiables en pleine lumière.
« Tout à vous,
« Charpignon. »
Au bout de vingt-quatre heures ensuite, je lus votre article au bureau du Journal du Magnétisme-
En résumé, sans nous préoccuper des idées personnelles ni du cliquetis plus ou moins déclamatoire, quel était le but de la réunion? L'enlèvement d’un meuble du poids de 35 kilogrammes, par une force... inapparente à »os investi
(jatiom ordinaires, et cette force... montrant île l’intelligence, puisque son opération accomplit un acte déterminé d'avance.
L'enlèvement s’est-il produit? — Oui.
La première partie rie la question est jugée.
— La puissance motrice est-elle provenue de la source annoncée, on ne dériverait-elle que d’un artifice? En plus vulgaire analyse, M. Squire est-il, ou non, un faussaire? Ses hôtes et ses amis, depuis plus de huit mois, sont-ils ses dupes ou ses complices ?
Voyons !
Si, ramassant « le,s leviers et l’électro-aimant » que vous trouvez supposables, je les rapproche de ces paroles : «Vous ôtes convaincu : 0\ ne l’est pas, » il résulterait, — n’est-il pas loisible de l’admettre? — que vous n’hésiteriez guère à vous ranger de la plus mauvaise opinion. En effet, sans le secours de votre dernière lettre, je n’eusse pas trop compris l’ambiguïté de ces phrases : « On est étonné, mais on cherche en soi-môme comment la chose s’est faite. Je f ignore assurément, mais ce que j'affirme, c’est que la table a pesé de tout son poids sur M. Squire et sur la chaise qui le supportait. Cela suffit pour me prouver qu'aucune force n’a soulevé le poids, en dehors de l’opérateur. ’>
A présent que vous m’avez indiqué vos instruments soupçonnés, la lueur perce d'outre en outre le nuage.
Examinons donc.
— Sur quoi basez-vous 1’affirmation que la table a pesé de tout son poids sur M. Squire?
— « J’ai entendu le gémissement de la chaise, supportant un poids considérable. »
— Ce bruit spécial de choc interstitiel ce craquement a dû projeter une crépitation très-sensible; puisque, de sa résonnance, vous concluez que le meuble soutenait des efforts agissant sur une masse très-pesante. Comment n’avez-vous pas communiqué tout de suite cette remarque aux assistants? Ils ont probablement perçu le môme bruit et, je le présume, quelqu’un vous eût instruit de la fréquence de cc phénomène
en ce genre d'expériences. Pour mon compte, ailleurs ou chez moi, je l’ai souvent entendu. Votre livre aussi, sons la rubrique Écho de l’Orient (Smyrne, 9 mars lS/iO), dit à l’occasion de deux jeunes fdles de dix-huit à vingt ans :
« Placées en même temps autour d’une table recouverte d’une toile cirée, on entend immédiatement celle-là éprouver des craquements successifs qu’on pourrait comparer à un mouvement de dislocation, etc. »
Vous le voyez, 011 vous taxerait à bon droit d’affirmer une accusation outrageante, sur une manière d’interpréter très-suspecte à son tour. Cependant je ne veux rien préjuger ici : j’appelle sur ce point, au contraire, l’examen le plus scrupuleux dans les épreuves futures tout en déclarant à M. Squire ma parfaite confiance en sa probité d’expérimentateur (1).
Vous qui reprochez aux médecins négateurs du magnétisme « l’entêtempnt et la mauvaise humeur, » qu’auriez-vous à leur répondre désormais, si, pour des expérimentations faites chez vous, sur un de vos amis, très-justement estimé de tous, ils opposaient la misérable fin de non-recevoir que vous n’avez pas craint de signer de votre nom ?
Certainement, il est fâcheux que les expériences de M. Squire s’exécutent dans l’obscurité; mais les journaux en ont prévenu depuis longtemps; vous connaissiez ce programme, vous l’acceptiez, vous recherchiez même l’instant et le lieu de son incroyable réalisation avec l’empressement d’une impatiente ardeur. Si, séance tenante, des motifs de doute vous sont survenus, il fallait avoir le courage de les articuler sur-le-champ, n’eût-ce été que pour désabuser « la bonhomie et la facile composition » de ces pau-
(1) Notre honorable collègue, le docteur I.écer, Président de la Société de magnétisme de Paris, et d'autres membres de cette association, sont allés vérifier ces locomotions phénoménales. Il serait à souhaiter que M. Piérart invitât de rechcf ces juges compétents, afin que, dans le contrôle exclusif du fait de la têijilime mensambulanee, à part toute appréciation de doctrine respective, ils voulussent bien publier authcnlique-mcntleurs témoignages. L'importance de cette vérité, n'en vaut-elle pas la peine?
vres bonnes gens qui ne lisent pas votre éloquence après coup. Du moins mon personnage ne m’a pas envoyé dire : « Monsieur, vos murailles sont peut-être creuses ! »
Des enlèvements tabulaires, de cette façon dite occulte, je vous l’ai répété déjà, se sont effectués en plein jour, chez M. d’Ourches, sous les regards de nombreux témoins.
La résistance la plus contentieuse doit-elle jamais sortir impunément des bornes de l’honorabilité confraternelle? En les foulant aux pieds, vous me contraignez au pénible office de vous imposer le respect de la réputation d’hommes sincères, si vous voulez que, dans une occurrence analogue, ils aient le devoir de faire honorer votre intégrité.
Je crois aux coopérations de ces forces diverses (non communément visibles) que nous appelons Esprits, parce que, dans quantité de faits incontestables, je ne découvre, jusqu’alors, de solution plus naturelle, plus loÿque, plus entière, plus probante et, par conséquent, plus rationnelle. Pourtant je suis bien loin d’avancer que l’on ne saurait parvenir à différemment élucider les prouesses extraordinaires de la table du jeune Américain. Je ne crois pas que deux et deux font quatre : j’en suis certain. Tandis qu'ici je cherche, j’é-tudie! N’ai-je point dit à satiété : « Nous ne savons pas!» Que l’on ne m’impute donc ni fanatisme, ni prisme, ni théorie assujettie d’avance. Fils et vieux praticien de l’école négatrice, ne me suis-je pas converti successivement au magnétisme, à l’homœopathie, au spiritualisme? Une quatrième conversion ne me coûterait pas davantage, pourvu que la démonstration irréfutable me convertit. Je n’ai pas encore trouvé mieux que ma croyance présente : voilà tout.
Je suis certain de l’existence du fluide puissantiel!!! Mais, absolument parlant, qu’est-ce que le fluide??? Les inagné-tistes qui se payent d’une simple dénomination, pensent posséder la science de la spécifité de l’agent, parce qu’ils ont une expression qui leur sert de monnaie courante. Soit ! Qu'ils s’arrêtent là, s’ils sont satisfaits. Toutefois, sont-ils fondamentalement en mesure de se moquer des pionniers
que... quelque chose, pousse en avant, et qui, par contre, arrivent à des réalisations méconnues de la pratique commune? Par le train de vapeur qui nous emporte, ne sommes-nous pas tous des enfants perdus... à la découverte ?
Docteur Charpignon, revenez à la tolérance, à la patience de l’homme plus imbu de son actuelle infimité que de l’excès de sa propre estime. Vos intentions sont excellentes (et je vous en remercie, en passant, des conseils que me donnai1 votre lettre privée ) ; mais, — pardonnez à ma vieille franchise! — pour quelques mouches qui vous importunent vous lancez de terribles pavés à la face de vos confrères.
Quant à vos hélas! sur les Esprits des ténèbres, je vous rappellerai que, même au point de vue de l’orthodoxie catholique, vous n’avez pas, en notre las monde, aies mépriser.
L'Écriture enseigne que sur les bords du torrent de Jab-bok, Jacob eut à lotter avec un de ces Esprits, et, bien que blessé dans la lutte, Israël le pria de le bénir, puis il consa ■ cra le lieu.
Je n'ai voulu, je ne veux être d’aucune Société —magnétique, spiritualiste, spirite, —je n’en ai pas le loisir et je tiens à me mouvoir à l’étude avec indépendance. Néanmoins, dans le grand déblai de notre époque, elles sont utiles chacunes. Qu’elles vivent en bon accord entre elles et que, par un travail sérieux, elles procèdent au rapprochement des hommes, à l’extinction des haines. Ce n’est point en couvrant de boue ou de sarcasmes les défricheurs de la vérité, que l'on réussit plus vite à l’établir ostensiblement. En vous « battant le front, » vous n’avez extrait de votre tête Y Eurêka du problème. Vous avez beau, — miel et caresses pour les vagues routines de vos barrières, vinaigre et contemption pour le positif qui les renverse! — vous délecter du vide des mots et planter votre pieu prohibitif sur ce que « Dieu » peut ou ne peut « permettre, » tous les labeurs sont libres, en ne nuisant à personne, d’ériger leurs convictions suivant leur méthode préférée.
\,1 leni|« marche... laissons le faire!
Réfléchissez •' vos propres « écarts » et, du votre côté, vous vous délivrerez do voire part « d’exclusivisme et d’exagération. »
Je n’ai jamais nié le naturalisme des merveilles magnétiques et somnainbuliques, les comprît-on même par les Esprits! Les agents de la nature sont dans la nature, donc ils sont naturels.
Je maintiens la loyale réalité des phénomènes que vous dénigrez.
En répondant il M. d’Arbaud, je reviendrai, j’insisterai sur la netteté désirable de nos formules générales.
20 juin 1SGI.
Dr Clever de Maldigny.
.Note. Celte discussion sur des faits qui sortent de notre cadre serait mieux sans doute dans un des deux journaux de spiritualisme qui existent îi Paris; mais nous avons considéré la valeur des deux hommes qui soutenaient un même fait, sans pouvoir se convaincre mutuellement de sa valeur. Cette discussion offrait quoique intérêt, mais de la nous voyons avec plaisir qu'elle se termine ici, car le champ lutte étaitnial placé.
Baron du Potet.
JURY MAGNÉTIQUE.
Lors de la publication des noms des personnes qui avaient mérité des faveurs du Jury, nous n’avons pas mentionné le nom d'un inagnétiste, M. Bernard, qui avait accueilli sur le vu de pièces qui étaient en ma possession, et qui témoignent de la vive reconnaissance de malades guéris par ses soins et son zèle. M. Bernard était d’ailleurs connu des lecteurs de notre journal ; ils se rappelleront les articles publiés en faveur du magnétisme Nous réparons aujourd’hui cette omission, et nous sommes persuadé que M. Bernard voudra bien croire qu’il n’y a rien de notre faute.
Baron du Potet.
NOUVELLES ET FAITS DIVERS.
LE MAGNÉTISME AU XVI* SIÈCLE.
Un des laits les plus frappants en ce genre s’est passé en Lorraine, en présence de Remi, qui le raconte dans sa Dœ-monolatreia. Une femme, nommée Biaise de Valfracuria, demeurait en 1589 dans la même maison que son gendre, nommé Renier, qui était tailleur. Claude Gérard avait donné à celui-ci du drap pour lui en faire un pantalon, et malgré toutes les instances il ne pouvait l’obtenir de Renier. Un jour qu’il était allé chez lui pour le lui demander de nouveau, ayant trouvé Biaise assise seule au foyer, il lui exposa avec emportement l’objet de sa visite. Biaise se trouva très-blessée; mais, cachant son dépit, elle invita Gérard à s’asseoir avec elle au foyer et à manger des pommes qu’elle faisait cuire. Gérard se laisse persuader et prend une pomme-, celle-ci s’attache à sa main, et, comme elle était brûlante, il cherche de l’autre maip à s’en débarrasser. Mais à peine a-t-il approché cette main de l’autre que toutes les deux se collent ensemble, comme si elles n’en formaient qu’une. La pomme le brûle tellement qu’il est sur le point de s’évanouir de douleur. Il crie, il court chez lui, pi ie les passants de venir à son aide. Les voisins arrivent, conseillent, ordonnent tout ce qui leur vient à l’esprit, s’efforcent de séparer les deux mains, mais sans pouvoir y réussir. L’un est d’avis qu’il faut le reconduire à l’endroit même où le malheur lui est arrivé. Biaise se moque de lui en le voyant venir, comme s’il ne s’agissait que d’une farce ; puis elle lui frotte le bras de haut en bas jusqu’à ce que la pomme tombe d’elle-même, et que les mains reprennent leur premier état. Cette femme Connaissait parfaitement, on le voit, la manipulation magnétique qui pouvait soulager Gérard. (Extrait de la Mystique de Guerres, traduite par M. Charles Sainte-Foi, tome 111, page 195).
ESCROQUERIE.
La dame B..., jeune femme demeurant à Clicliy, avait été récemment victime d’un vol. Ayant peu de confiance, dit le Droit, en l’habileté de la police, elle suivit le conseil qu’on lui donna d’avoir recours aune somnambule. Celle qu’on lui désigna était une femme d’un certain âge, très-pauvre, mais jouissant, affirmait-on, d’une lucidité des plus rares. La dame B... la fit demander, et elle ne tarda pas à se présenter.
Lorsqu’on lui eut exposé ce qu’on réclamait de son savoir-faire : — Rien n’est plus simple, dit-elle ; je vais vous indiquer où sont les objets volés et vous faire connaître le voleur. Pour cela une seule chose suffit : il est nécessaire que je revête des vêtements que vous avez portés ; mais il me faut la toilette complète.
Désireuse d’atteindre son but, la dame B... s’empressa de remettre à la somnambule des vêtements élégants et confortables, et celle-ci passa dans une autre pièce pour y opérer sa transformation. Après avoir longtemps attendu son retour, la dame B... alla voir ce qu’elle faisait.
Les haillons de la pythonisse se trouvaient épars sur le parquet ; mais cette femme qui avait, sans doute, d’un coup d’œil examiné les localités, s’était éclipsée par une porte donnant sur un escalier de service, et, comme elle logeait en garni,„il lui était facile de se dérober aux recherches.
Ce tour d’escamotage a guéri la dame B... de sa croyance au somnambulisme, et elle a fait sa déclaration au commissaire de police. (Siècle du 2 juin 1861.)
Observation. On ne peut conclure de ce fait d’escroquerie contre la réalité du sommeil somnambulique et lucide. Nous nous élevons souvent contre le charlatanisme, parce qu’il ternit la Vérité; mais que dire de la sottise humaine et de l’ignorance publique qui 11e sait reconnaître à la première vue l'étain de l’argent et l’or du cuivre. Nous nous trom-
pons cependant, et l’on ne doit point se méprendre sur celte figure; c’est de la vraie science dont nous voulons parler, de celle que les savants et les médecins ont abandonnée et ont laissé souiller ;iu lieu d’être les premiers à éclairer le public, et à lui apprendre à distinguer l’erreur de la vérité ! Mais le magnétisme se répand, le somnambulisme s’épure, et bientôt sans doute on en réglera el contrôlera l’exercice.
Baron l)u Potet.
BIBLIOGRAPHIE.
Dogme et rituel de la liante magie, par Lliphas Léyi, auteur du Y Histoire de la magie et île la ciel des Grands-Myslères. 2 vol in-8, deuxii*mc édition. Chez Germor-Bai'lii'ii*, libraire Mitnir, rue de l’École-de-Médecine, 17.
Cette seconde édition vient de paraître et l’on y remarque de notables additions : d’abord un discours préliminaire de l’auteur sur les tendances religieuses, philosophiques et morales de ses ouvrages sur la magie; puis une introduction au rituel, et un supplément qui se compose du Nuctéméron d’AppoloniusdeThyane du Nuctéméron suivant les Hébreux ; de la magie des campagnes et de la sorcellerie des bergers et réponses à quelques questions et il quelques critiques. Nous donnons à nos lecteurs un extrait du chapitre intitulé :
DE LA MAGIE DES CAMPAGNES ET DE LA SORCELLERIE DES BERGERS
«Dans lasolitude, au milieu du travail de la végétation, les forces instinctives et magnétiques de l'homme augmentent et s’exaltent; les fortes exhalaisons delà séve, l’odeur desfoins, les arômes de certaines fleurs, remplissent l’air d’ivresseetde
vertiges; alors les personnes impressionnables tombent facilement dans une sorte d'extase qui les fait rêver tout éveillées. C’est alors qu’apparaissent les lavandières nocturnes, les loups-garous, les lutins ] ui démontent les cavaliers et grimpent sur les chevaux en les fouettant de leur longue queue. Ces visions d’hommes éveillés sont réelles et terribles, et il ne faut pas rire de nos vieux paysans bretons lorsqu’ilsracontentce qu’ils ont vu.
« Ces ivresses passagères, lorsqu'elles se multiplient et se prolongent, communiquent à l’appareil nerveux, une impres-sionnabilitéetune sensibilité particulières; on devient somnambule éveillé, les sens acquièrent une finesse de tact parfois merveilleuse et même incroyable ; on entendà de prodigieuses distances des bruitsrévélateurs, on voit la pensée des hommes sur leur visage, on est frappé soudainement du pressentiment des malheurs qui les menacent.
« Les enfants nerveux, les idiots, les vieilles femmes et généralement tous les célibataires instinctifs ou forcés sont les sujets les plus propres à ce genre de magnétisme; ainsi se produisent et se compliquent ces phénomènes maladifs qu’on regarde comme les mystères de la puissance des médiums. Autour de ces aimants déréglés, des tourbillons magnétiques se forment et souvent des prodiges s’opèrent, prodiges analogues à ceux de l’électricité, attraction et répulsion des objets inertes, courants atmosphériques, influences sympathiques et anthipathiques très-prononcées. L’aimant humain agit à de grandes distances et à travers tous les corps à l’exception du charbon de bois qui absorbe et neutralise la lumière astrale terrestre dans toutes ses transformations.
«Si à ces accidents naturels se joint une volonté perverse, le malade peut devenir très-dangereux pour des voisins, surtout si son organisme a des propriétés exclusivement absorbantes. Ainsi s’expliquent les envoûtements et les sorts, ainsi devient admissible et soumise au diagnostic médical cette affection étrange que les Romains nommaient le mauvais œil et qui est encore redouté à Naples sous le nom de jcltatura.
«Dansnotre Clef des grands Mystères nous avons dit pourquoi les bergers sont plus sujets que d’autres à des dérèglements magnétiques; conducteurs de troupeaux qu’ils aimantent de leur volonté bonne ou mauvaise , ils subissent l’influence des âmes animales réunies sous leur direction et qui deviennent comme des appendices de la leur; leurs infirmités morales produisent chez leurs moutons des maladies physiqueset ilssubissent en retour la réaction des pétulances de leur boucs et des caprices de leur chèvres; si le berger est d’une nature absorbante, le troupeau devient absorbant et attire parfois fatalement à lui toute la vigueur et la santé d’un troupeau voisin. C’est ainsi que la mortalité se met dans les étables sans qu’on puisse savoir pourquoi et que toutes les précautions et tous les remèdes n’y font rien.
« Cette maladie contagieuse des troupeaux est déterminée par l’inimitié d’un berger rival qui est venu furtivement la nuit enterrer un pacte sous l’étable. Ceci va faire sourire les incrédules, mais il ne s’agit plus maintenant de crédulité. Ce que la superstition croyait aveuglément autrefois, la science maintenant le constate et l’explique.
n Or, il est certain et démontré par de nombreuses expériences :
« 1* Que l’influence magnétique de l'homme dirigée par sa volonté, s’attache à des objets quelconques choisis et influencés par cette volonté.
« 2° Que le magnétisme humain agit à distance et se centralise avec force sur les objets magnétisés.
« 3° Que la volonté du magnétiseur acquiert d’autant plus de force qu’il a plus multiplié les actes expressifs de cette volonté.
« 4° Que si les actes sont de nature à impressionner vivement l’imagination, si pour les accomplir il a fallu surmonter de grands obstacles extérieurs et vaincre de grandes résistances intérieures, la volonté devient fixe, acharnée et invincible comme celle des fous.
« .V Que les hommes seuls à cause de leur libre arbitre
peuvent résister à ia volonté humaine, niais les animaux n’y résistent pas longtemps.
-i Voyons maintenant comment les sorciers des campagnes composent leurs maléfices, véritables pactes avec l’esprit de perversité qui servent de consécration fatale à leur volonté mauvaise.
« Ils forment un composé de substances qu’on ne peut se procurer sans crime et allier sans sacrilège, ils prononcent sur ces horribles mélanges arrosés parfois de leur propre sang des formules d’exécration, et ils enfouissent dans le champ de leur ennemi ou sous le seuil de la porte de son étable, ces signes d’une haine infernale irrévocablement magnétisés.
« L’effet en est infaillible; à partir de ce moment le troupeau commence à dépérir et toute l’étable sera bientôt dépeuplée, à moins que le maître du troupeau n’oppose une résistance énergique et victorieuse au magnétisme de l’ennemi.
« Cette résistance est facile lorsqu’on la fait par cercles et courants, c’est-à-dire par association de volonté et d’efforts. La contagion n’atteint guère les cultivateurs qui se font aimer de leurs voisins. Leurs biens alors sont protégés par l’intérêt de tous et les bonnes volontés associées triomphent bientôt d’une malveillance isolée.
« Lorsque le maléfice est ainsi repoussé, il se tourne contre son auteur, le magnétiseur malveillant souffre des tourments intolérables, qui le forcent bientôt à détruire son mauvais ouvrage, et à venir lui-même déterrer son pacte.
« Au moyen âge on avait recours aussi à des conjurations et à des prières, on faisait bénir les étables et les animaux, on faisait dire des messes afin de repousser par l’association des volontés chrétiennes dans la foi et dans la prière, l’impiété de l’envoûteur.
« On aérait les étables, on y pratiquait des fumigations et l’on mêlait aux aliments des bestiaux du sel magnétisé par des exorcismes spéciaux. «
Suivent les divers exorcismes pour chaque jour tic la sc maine................
• La prière faite en commun el suivant la foi la plus ardente du plus grand nombre, constitue véritablement un courant magnétique, et ce que nous entendons par le magnétisme exercé en cercles.
u Les maléfices ne sont redoutables que pour les individus isolés; il importe donc aux gens de la campagne, surtout, de vivre en famille, d’avoir la paix dans leur ménage, et de se faire de nombreux amis.
« Il faut aussi pour la santé des troupeaux, bien aérer et bien exposer les étables, en bien battre le sol qu’on pourrait couvrir d’une sorte de macadam en charbon de bois, purifier les eaux nialsaiues avec un filtre de charbon, donner aux bestiaux non plus du sel exorcisé, mais magnétisé suivant les intentions du maître, éviter autant qu’on le peut, le voisinage de troupeaux appartenant à un ennemi où à un rival, frotter les brebis malades avec un mélange de charbon de bois pulvérisé et de soufre, puis renouveler souvent leur litière et leur donner de bounes herbes.
« Il faut aussi éviter avec soin la compagnie ,!es personnes atteintes de maladies noires ou chroniques, ne jamais s’adresser aux devins de village et aux envoûteurs, car en cousul-rant ces sortes de personnes, 011 se met eu quelque façon sous leur puissance, enfin, il faut avoir confiance en Dieu seul, et laisser opérer la nature.
« Les prêtres passent souvent pour des sorciers dans les campagnes, et on les croit assez généralement capables d’exercer une influence mauvaise, ce qui est vrai malheureu-ement pour les mauvais prêtres; mais le bon prêtre, loin de porter malheur à personne, est la bénédiction des familles et des contrées.
u 11 existe aussi des Tous dangereux qui croient à l’influence de l’esprit de ténèbres, et qui ne craignent pas de l’évoquer pour en faire le serviteur de leurs mauvais désirs; il faut appliquer à ceux là ce que que nous avons dit des évocations diaboliques, et se bien garder surtout de les croire et de les imiter.
« Pour commander aux forces élémentaires, il faut une grande moralité et une grande justice. L’homme qui fait un digne usage de son intelligence et c'e sa liberté, est véritablement le roi de la nature, mais les êtres à figure humaine qui se laissent dominer par les instincts de la brute ne sont pas même dignes de commander aux animaux. Les Pères du désert étaient servis par les lions et par les ours.
« Daniel dans la fosse aux lions ne fut touché par aucun de ces animaux affamés, et en effet, disent les maîtres dans le grand art de la cabale, les bêtes féroces respectent naturellement les hommes, et ne se jettent sur eux que lorsqu’ils les prennent pour d’autres animaux hostiles ou inférieurs à eux. Les animaux, en effet, communiquent par leur âme physique avec la lumière astrale universelle, et sont doués d’une intuition particulière pour voir le médiateur plastique des hommes sous la forme que lui a donnée l’exercice habituel du libre arbitre.
« Le véritable juste leur apparaît seul, dans la splendeur de la forme humaine, et ils sont forcés d’obéir à son regard et à sa voix, les autres les attirent comme une proie, ouïes épouvantent et les irritent comme un danger. C’est pour cela que, suivant le prophète Isaïe, quand la justice régnera sur la terre, et quand les hommes élèveront leur famille dans la véritable innocence, un petit enfant conduira les tigres et les lions et se jouera impunément au milieu d’eux.
« La prospérité et la joie doivent être l’apanage des justes ; pour eux le malheur même se change en bénédiction, et la douleur qui les éprouve est comme l’aiguillon du divin pasteur qui les force à marcher toujours et à progresser dans les voies de la perfection. Le soleil les salue le matin, et la lune
leur sourit le soir. Pour eux, le sommeil est sans angoisses les rêves sans épouvante, leur présence bénit la terre et porte bonheur aux vivants. Heureux qui leur ressemble ! heureux qui les prend pour ami !
« Le mal physique est souvent une conséquence du mal moral, le désordre suit nécessairement la déraison. Or, la déraison en actions, c'est l’injustice. La vie laborieuse des habitants de la campagne les rend trop souvent durs et cupides. De là, une foule d’erreurs de jugement, et par suite un dérèglement d’actions qui force la nature à protester et à réagir. C’est là le secret de ces mauvaises destinées qui semblent parfois s'attacher à une famille ou à une maison. Les anciens disaient alors : Il faut apaiser les dieux offensés, et nous disons encore : le bien mal acquis ne profite pas, il faut res tituer, il faut réparer le mal commis, il faut satifaire à la justice, ou la justice se vengera d’une manière fatale.
« Une puissance invincible si nous le voulons, nous a été donnée pour vaincre la fatalité, c’est notre liberté morale. A l’aide de cette puissance, nous pouvons corriger le destin et refaire l’avenir. C’est pourquoi la. religion ne veut pas que nous consultions les devins pour savoir ce qui nous arrivera ; elle veut seulement que nous apprenions de nos pasteurs ce que nous devons faire. Que nous importent les obstacles? Un brave ne doit pas compter les ennemis avant la bataille. Prévoir le mal, c’est le rendre en quelque sorte nécessaire. Il nous arrivera le résultat que nous aurons voulu : Voilà la prophétie universelle.
« Observer la nature, en suivre les lois dansnotre travail, obéir en toute chose à la raison, sacrifier s’il le faut, son propre intérêt à la justice. Voilà la vraie magie qui porte bonheur et ceux qui agissent ainsi, ne craignent ni la malice des envoûteurs, ni la sorcellerie des bergers. »
Baron Dr POTET, propriétaire-g/irant.
CAUSERIES MAGNÉTIQUES.
PROCÉDÉ MÉDICAL INFAILLIBLE POUR JETER UN HOMME PAR TERRE.
On prend un homme, le premier venu; par exemple, un homme qui a beaucoup travaillé, dont la tète est échauffée et a besoin de repos; on appelle cinq ou six Esculapes habiles parmi les plus habiles, et le tour commence. On pratique sur le patient, naturellement congestionné, une saignée, deux saignées, une troisième saignée, une quatrième saignée, une cinquième, et enfin une sixième saignée, et lorsque le sang n’est plus que séreux, on plonge l’homme dans un bain, et le tour est fait. Mais la galerie ne rit plus, elle est en pleurs. Le procédé n’est pas nouveau et son effet est trop certain. 11 n’y a que la science pour faire de ces coups : les charlatans s’y prendraient autrement.
Supposons, pour un instant, qu’en pareille circonstance uu magnétiseur, le premier venu, eût été appelé. Quelques magnétisations auraient produit infailliblement le dégagement du cerveau, l’homme se serait remis sur pied et se serait trouvé plus fort qu’avant son indisposition. Mais nous ne sommes point encore arrivés à des procédés si simples. Empereurs, rois, ministres, il faut que tous y passent avant que la vérité se fasse jour dans la science.
La science exacte a laissé le vieux roi de Prusse dans un état 'de sénilité du cerveau pendant plusieurs années sans y apporter le moindre remède.-
Notre Saint-Père le pape a les jambes enflées ; il est malade et son état empirera sans que la médecine encore arrête les progrès de ce mal.
La jeune impératrice d’Autriche voyage avec ses médecins et ses douleurs. Son état de maladie durera, comme 011 dit vulgairement, tant qu’il plaira à Dieu.
Le sultan vient de mourir 5 il 11’avait qu’un affaiblissement
Tomb XX. — N" 108. — 2' Sium - 10 Juillet! 861.
(les l'orces, mais en revanche une grande peur des médecins, peut-être n’avait-il pas (oi t. Ceux-ci avaient alïirmé que la mort était encore éloignée, mais il est mort de suite.
Nous n'en finirions pas si nous \oulions parler des cas où l’inanité de la médecine, son impuissance se révèle et se montre dans toute sa nudité. Elle devrait regarder comme un bienfait la lumière qui lui arrive par la découverte du magnétisme humain. Sa joie devrait éclater en reconnaissant que cet agent a des vertus supérieures à celles des remèdes matériels, qu’il peut donner des forces à qui n’en possède point assez et venir ainsi au secours de la nature qui veut conserver, mais qui manque de puissance. Tous nos appels sont demeurés sans résultat; la sottise humaine est aussi grande que l’orgueil des savants, et la vérité ne trouve de refuge que là où l’opposition de la science ne trouve point d’échos. Plaintes, gémissements, rien n’agit sur le cœur de nos Esculapes; ils ne sont sensibles que lorsque quelques magnétistes leur ravissent un peu de l'or du riche. Nos princes de la science sont satisfaits de cette situation. On ne leur demande pas de changer de système, de chercher des principes plus féconds ; 011 se laisse saigner, brûler, on prend des poisons sans s’inquiéter le moins du monde si ces pratiques 11e doivent pas tarir les sources de la vie ; puis on languit ou 011 meurt sans que les survivants gardent le souvenir des scènes douloureuses qui se sont passées sous leurs yeux. Il semble qu’un vertige général a frappé les sens et que ce qu’il y a de plus cher au monde, la vie et la santé, ne soient considérées qu’avec indifférence.
Vous qui dormez tout éveillé, réveillez-vous. Venez à notre aide pour forcer les disciples de cet art menteur à s’emparer du magnétisme. Que les mères éplorées leur redemandent un fils, un époux, car on est en droit d’accuser le médecin quand les moyens sauveurs n’ont point été employés.
Que chacun fasse sa science, que chacun apprenne à se guérir. Par le magnétisme la nature révèle des secrets supérieurs aux connaissances que l’école enseigne. Que chacun,
.m lieu do prendre dos croyances (mites l'ail «s el |iii n'uni pour hase quede vaines opinions, se rende témoin des phénomènes qui servirent de hase aux doctrines anciennes, mai-qu'on dénatura pour qu’ils servissent à des intérêts particuliers.
Mais nos ellbrts seront vains dans ce temps enfiévré : la routine l’emportera sur tout ce qui pourrait accomplir un progrès véritable. Le magnétisme est connu ; il n’y a pas un médecin qui ne sache parfaitement à quoi s’en tenir sur sa valeur; ils mentent au public quand ils le nient, mais ensemble ils avouent et son existence el ses bienfaits.
Ne vous découragez pas, magnétistes, à force de persévérance, vous arriverez au public. Votre voix finira par trouver de l'écho et vous ferez cesser cette fatalité qui pèse sur les destinées humaines, comme si la nature avait voulu diminuer la force et le nombre des humains en se servant de la fausse science pour arriver à ses fins.
Ma plainte excitera le rire de tous nos Flourens et des lauréats d’Académie. Les chaires de médecine, d’où devraient sortir constamment L’enseignement judicieux de tous les faits propres à éclairer la jeunesse des Écoles, ne feront entendre ([ne ces redites du passé propres à retarder l’admission des principes nouveaux que le magnétisme révèle. La jeunesse des Écoles s’en ira dans les villes, répandre la parole de scs maîtres, et le monde, ainsi trompé, se dira ce qu’il s’est dit cent fois : « Si le magnétisme existait la science l’aurait accepté, les médecins s'en serviraient ; ils ont tout intérêt à guérir, ils sont honnêtes et dévoués; il n'y a donc rien de réel dans les faits qui se publient touchant le magnétisme: ceux qui le pratiquent sont des charlatans ou des imposteurs, et nous n’avons point à nous préoccuper de ce qui relève des tribunaux. » Ah ! ce qui prouve l’existence de l’âme humaine, la réalité des lois morales, c’est ce besoin impérieux, cette force qui pousse certains hommes à combattre ce qui est faux et mensonger, lorsque l'humanité doit profiter des résultats de la lutte ; c’est ce sacrifice volontaire que font de leur tran-
quillité certains hommes afin d’éclairer la société et faire triompher la vérité, lorsque surtout il n’y a que justice tardive pour leurs généreux efforts. Aussi bien je reviendrai sur ce chapitre, j’ai besoin de laisser calmer mon indignation et, pour un instant, de détourner la vue des boutiques scientifiques où se débitent tous ces fruits empoisonnés que le vulgaire achète à prix d’or,
Baron Du Potet.
ÉTUDE.
Paris, te 3 juillet 1801.
Monsieur et très-honoré maître,
Avant de vous adresser la relation intéressante du traitement magnétique de M““ L*** du P***, il est bon que je termine la communication des articles que je vous avais promis dès l’année dernière, et que mes nombreuses occupations m’ont seules empêché de vous envoyer plus tôt.
Aussitôt que le Guide médical des familles, qui absorbe une partie de mon temps, sera imprimé, je vous en adresserai un exemplaire et alors, étant moins surchargé de travail, je serai plus exact dans mes communications.
Veuillez me permettre de profiter de cette nouvelle occasion pour vous renouveler toutes mes sympathies, et daignez agréer la nouvelle assurance de ma considération distinguée.
1)' H. André.
DE l’usage DES BAINS DE MER DANS I.ES AFFECTIONS NERVEUSES.
Il fut un temps oit les bains de mer furent préconisés par tous les médecins ; puis, peu à peu on cessa de les regarder
comme possédant réellement les qualités médicatrices qu’on leur avait attribuées, et beaucoup s’efforcèrent même de les faire tomber dans une injuste proscription; et cela par boutade, par système, sans aucune raison valable.
Si ceux qui sc sont efforcés de proscrire ce moyen curatif si puissant s’étaient donné la peine d’examiner plus attentivement les effets des bains de mer, ils n’eussent pas agi ainsi, bien certainement ; mais aucun médecin, môme en reconnaissant leur efficacité, n’a cherché à sonder quelles étaient les propriétés des bains de mer et à quoi étaient dues ces propriétés.
Le docteur Pollet, médecin à Nice, dans une petite brochure publiée en 1858 (1), a cherché à démontrer toute l’efficacité des bains de mer ; et, sans en faire un moyen curatif universel, il considère « comme d’une très-grande utilité « pour tout le monde en général et en particulier pour les h villes qui peuvent aspirer à avoir des établissements de h bains de mer, que la science précisât dans quels cas ces « bains sont profitables, dans quels cas ils sont indifférents « ou même nuisibles. »
Ce serait là un travail qui mériterait certes l’attention des savants et de MM. les académiciens. Quanta moi, je n’entreprendrai pas cette tâche et je me contenterai de dire que la propriété curative des bains de mer est due à ce qu'ils agissent magnétiquement sur les malades.
Pour ceux qui s’obstinent à nier le magnétisme universel, c’est-à-dire l’agent vital de l’univers, ils riront de la proposition que j’avance, ils la classeront au nombre des hypothèses absurdes, me traiteront d’empirique ou peut-être de fou. Mais que m’importe à moi l’opinion plus ou moins flatteuse de ceux qui sc disent des savants et qui ne connaissent pas même les lois les plus simples de la physiologie naturelle ? Je suis plus savant qu’eux sous ce rapport, moi, car c’est le but constant de mes études, et rien ne me coûte pour cher-
(I) L’Été ci Nice, etc., 2' édition, par J. N, Pollet, Dr en médecine de la Faculté de Paris,
cher à ravir à la nature quelque* uih des innombrables secrets qu'elle renferme dans son sein el qui peuvent être utiles à l'humanité. C’est en étudiant ces lois que j’ai découvert mon appareil anticonvulsif; et, certes, les témoignages Hat -leurs que je reçois chaque jour sur ses propriétés bienfaisantes sont bien de poids à me dédommager moralement de mes pénibles travaux.
Oui, la mer, qui occupe les deux tiers du globe terrestre, est un des éléments les plus magnétiques, c’est-à-dire qu’elle absorbe une grande quantité de fluide universel pour lequel elle a beaucoup d’affinité. Et c’est peut-être pour cette raison qu’on trouve dans son sein, ou à l'embouchure de certaines rivières qui se jettent dans ce gouffre immense, le plus d’animaux doués de cette force, à un tel degré, qu’ils peuvent causer la mort avec une rapidité presque égale à celle de la foudre.
Oui, l’eau de mer, agissant magnétiquement sur les malades, opère dans le sens de, la nature en développant des crises salutaires et en renforçant la libre musculaire par une propriété éminemment tonique. Et voilà pourquoi les bains «le mer sont si salutaires dans les aflections nerveuses en général, parce qu'ils régularisent aussi les aberrations du principe nerveux, et cela au point que, pour les névroses les mieux caractérisées, d’éminents praticiens les ont recommandés.
M. le professeur Trousseau dit, dans son Traité île thérapeutique.: « 11 est d’expérience que l’excitation fébrile est en « quelque sorte incompatible avec les spasmes; aussi ne u devons-nous pas être étonnés que les bains de mer soient un « des meilleurs moyens à apporter aux affections nerveuses ou « spasmodiques. Les faits démontrent, en tout point, que les « personnes nerveuses se trouvent bien de cette médication. »
Cullen et le docteur Bucham recommandent les bains de mer contre l’épilepsie; AVliytt contre l’hypocondrie; llussel pour la danse de Saint-Gui; Dupuylien pour la chorée; etc., etc.
Je suis loin , moi-mème, de vouloir représenter les bains de mer comme un remède universel, une panacée, mais je crois cependant que s’ils ont été contre-indiqués souvent, c’est parce qu’on n’a pas assez étudié la manière d’en faire usage [dans tel ou tel cas de maladie, et que la plupart des médecjns, au lieu de chercher à obtenir des crises (1) pour la guérison de leurs malades, ainsi que le font les homœopathes cl les magnétiseurs, s’efforcent au contraire de les empêcher par tous les moyens possibles parce qu’ils ne connaissent pas et n’ont pas étudié les moyens de les diriger. Ce n’est donc pas les bains de mer qu’il faut accuser d’être contraires a telle ou telle affection, mais bien lo mode d’emploi de ces bains que la science n’a pas cherché à déterminer d’une manière positive.
Tous ceux qui connaissent le magnétisme, ou qui ont lu des ouvrages sérieux sur cette matière, savent parfaitement qu’il agit dans le sens de la nature, c’est-à-dire en développant des crises ou réactions, et que cependant ce mode de traitement, dirigé par un praticien habile, n’a jamais fait de mal à personne, mais au contraire qu’il'n’a fait que du bien, puisque la plupart du temps la où toutes les médecines possibles et imaginables n’avaient pas même pu soulager, il a guéri d’une manière radicale. Or, les bains de mer agissent en ce sens, sinon avec une eflicacité aussi grande, car le principe vital de la mer, malgré sa grande analogie avec celui de
1 homme, n’est pas d’une identité et d’une puissance d’action aussi parfaites, du moins avec une propriété médicale bien puissante aussi. C’est donc aux savants à déterminer enfin le mode d’emploi de ces bains.
Quelques magnétiseurs et observateurs profonds ont constaté le fait de somnambules ou de personnes très-impres-
(I) Aucune maladie ne peut être guérie sans crise, c’était aussi l’avis du pure de la médecine. Mais ces crises ou réactions peuvent avoir lim d’une manière évidente ou insensible tant pour le malade que pour le médecin. Seulement, chaque fois qu'il y a guérison c'est qu'une crise ou réaction a eu lieu.
sionnables qui se sont endormies en prenant un bain de mer ou simplement en touchant cette eau ; on en trouve des exemples dans la lettre d’un médecin étranger h M. Deleuze (I). Mais ils sont passés à côté d’une vérité et d’une révélation immenses sans y faire attention.
Pour moi, la première fois que cc phénomène se produisit en ma présence, il y a de cela quatre ans, j’en fus tellement frappé, que je n’eus pas un instant de repos avant d’en avoir obtenu l’explication et j’avoue, que je ne fus pas peu surpris de reconnaître que l’eau de mer était douée d’une grande propriété magnétique. J’en cherchai la cause clans les grandes lois de la nature et je la trouvai simple et facile à comprendre. Dans un prochain article intitulé : Pourquoi Veau de mer est doute de propriétés magnétiques, je tacherai de résoudre le problème, car dans celui-ci je dois me borner à constater le phénomène sans chercher à l’expliquer.
Un fait qui vient encore se joindre à l’appui de ma manière de voir et de ma conviction intime sur les propriétés de l’eau de mer, et qui est dû à l’observation d’un savant docteur, qui ne s’en est pas expliqué la raison, est celui-ci :
« Parmi les effets des bains de mer que l'on observe le « plus communément, dit dans son Traité de matière médi-« cale M. Trousseau, que j’ai déjà cité, il en est un qui a « une grande importance : nous voulons parler de l'égale « répartition de la chaleur animale. Les pieds, les mains, « presque toujours glacés chez les gens nerveux, reprennent « promptement une température normale; et la peau du « corps, très-sensible au froid, perd promptement cette sus-« ceptibilité. Ce résultat serait de peu d’importance s’il ne « tenait à un autre qui est autrement capital. Un même « temps que l’on cesse d’être sensible à l’action du froid, les d viscères cessent eux-mêmes de soulirir sympathiquement de « cette sensation de refroidissement, sans doute parce que « la peau a pris une aptitude réactionnelle plus énergique.
(I) Dclc-uze, Instruction pratique sur le maijnctisme, nouvelle édition, I s:i3, chez. (1. liaillicrc, 17, rue le riv;ulc de Slodfcine, l'aiis.
n 11 en résulte que dos personnes qui naguère s’enrhumaient « ( ès qu’elles sentaient un peu de froid, ot qui éprouvaient « de la diarrhée et dos accidents divers, peuvent aujourd’hui « braver impunément les rigueurs d’une mauvaise saison.
« (.’est d’après cette observation que nous sommes dans « l'usage d’envoyer aux bains de mer les personnes que le « froid impressionne vivement et qui, chaque hiver, éprou-« vent, soit du côté respiratoire, -soit du côté des viscères « gastriques, des accidents souvent renouvelés. »
Or les personnes soumises à la magnétisation éprouvent exactement les mêmes effets. Mais hélas ! que de savants ont fait, font et feront comme M. Trousseau (1) et passeront à côté d’une vérité mère sans l’apercevoir? Quelquefois, comme lui, ils constateront des effets et n’en chercheront pas les causes; comme si un effet pouvait se produire sans cause? Quant au magnétisme humain ils ne se contentent pas seulement de nier la cause, mais ils rejettent les elfets comme illusoires.
Je ne citerai pas les maladies contre lesquelles les » ffets magnétiques des bains de mer sont de puissants moyens curatifs, renvoyant pour ces données aux ouvrages spéciaux. Je dirai seulement que le mode le plus salutaire de prendre les bains de mer est de n'y rester que fort peu de temps : deux, trois, quatre minutes au plus les premiers jours, et en-
(t) L’observation de M. Trousseau est d'un bon observateur et je ne lui tais pas un crime de n'avoir pas recherché la cause îles effets qu’il a observes attentivement. Les faits parlent toujours plus haut que la théorie, mais l'un et l'autre vont bien ensemble et, selon moi, ne devraient passe sépaior; car si l'on s'attache seulement aux effets sans jamais remonter aux causes, les sciences resteront stationnaires. 1! est vrai que les effets se mollirent ordinairement de prime-abord, et le plus souvent par un pur hasard, mais alors si on ne cherche pas la cause de ces effets, que saura-t-on, puisqu'on no pourra jamais les expliquer autrement que par des hypothèses? J'ai pour principe l'étude simultanée des effets et des causes ; je ne suis pas infaillible, tant s’en faut, mais quand chacun apporte une pierre à l'édifice, le monument s'élève et projette scs rayons lumineux sur les généra lions. C'est du reste par la recherche des causes qu'on peut s’élever aux considérations de l'ensemble.
suite augmenter peu à peu leur durée jusqu’à vingt-cinq minutes, mais jamais au delà. On ne devra pas non plus se contenter de prendre quelques bains seulement, car alors ils feraient plus de mal que de bien : mais on devra en prendre de trentek quarante. Les malades, du reste, devront toujours prendre conseil do leur médecin, soit pour le mode d’emploi qu’il jugera convenable, soit pour l’époque la plus salutaire suivant les climats. Pins tard, lorsque la science aura voulu se donner la peine d'indiquer la manière la plus efficace de faire usage de ces bains, dans tel ou tel cas donné de maladie, alors chacun pourra avoir des données certaines. Pour moi, je connais fort bien le mode d’emploi du magnétisme humain, pour telle ou telle maladie; mais ici, comme l’eau de mer agit toujours d’une manière égale et constante et que scs propriétés ne sont pas soumises à l’empire de la volonté de l’homme, ce sont les malades et surtout leurs médecins qui doivent diriger le traitement.
Le magnétisme humain peut, par la volonté du magnétiseur et des procédés qu’il emploie être sédatif, révulsif, dégageant, excitant, tonique, calmant, fondant, dérivatif, stupéfiant; en un mot il peut revêtir toutes les formes suivant les besoins des malades. Eh bien, l’eau de mer est tout cela à la fois; il ne reste plus qu’à connaître exactement quel est le mode d’emploi qui convient pour qu’elle soit sédative, révulsive, dégageante, excitante, tonique, calmante, fondante, derivative, etc.; et cela ne peut être que l’œuvre du temps et de la bonne volonté des médecins à suivre la voie la plus droite pour découvrir les moyens curatifs les plus salutaires aux infirmités humaines.
Si je n’avais à combattre pour l’intronisation solennelle d’une plus grande vérité encore : le magnétisme humain, divine et immortelle faculté que l’homme a reçue de son créateur; je combattrais pour cette dernière et, lorsqu’elle serait inculquée dans l'esprit du peuple, alors il aurait )à un médecin d'un nouveau genre qui resterait impassible aux poursuites et aux sarcasmes de n:u\ qui s’opposent au progrès et
qui so ri rail ¡le leurs ellorts eonst'uils pour éioiill'ei Iti vérité i'l ramener la société en arrière.
I lui, quelle que soit sa forme, la vérité est éternelle cornine Dieu ile qui elle émane, et malgré les elforts incessants de ses ennemis elle marchera le front haut à travers les générations naissantes et renversera ]>eu à peu les barrières qu’on lui oppose constamment.
Que les malades qui ne peuvent aller aux bain* de mer ,e consolent; ils oui à leur servicele magnétisme humain toujours prêt, toujours salutaire et plus puissant encore. Que ceux qui prennent des bains de mer y associent le magnétisme humain et ils verront leurs maux promptement disparaître.
S’il y a des hommes qui consacrent tous leurs instants au triomphe des vérités mères, il y en a aussi qui consacrent tous les leurs à les étouffer. Les premiers seront immortalisés et bénis un jour; les seconds.........
Que les ténèbres leurs soient légères.
D. H. André,
Médecin homtcopailie, magnctistc et électricien, Membre lo plusieurs Académies cl sociétés savantes.
itiOUVELLES ET FAITS DIVERS.
FAIT DE SECONDE VUE.
Nous prenons dans la Mystique, précédemment citée, un fait de secoinle vue, raconté parM. Charles Sainte-Foi. 11 y a cela d’intéressant que le fait fut connu longtemps à l’avance et de plusieurs personnes : il a donc tous les caractères de l’authenticité.
c Qu’il me soit permis, dit M. Sainte-Foi, de rapporter ici un fait de seconde vue que nous avons connu avant son ac-
complissement, et qui a par conséquent pour nous tous les caractères d’un fait incontestable. Presque toutes les personnes, d’ailleurs, qu’il concernait sont encore vivantes. Je me trouvais dans l’automne de 1839 en Pologne, dans le duché de Posen, au château deR., chez madame la comtesse M., une des femmes les plus remarquables du pays sous tous les rapports et dont la mort a été sentie comme un malheur public. Elle avait confié ses trois filles aux soins d’une gouvernante écossaise, miss II., qui passait pour avoir le don de seconde vue et qui paraissait, il faut en convenir, très-peu flattée de la faculté qu’on lui attribuait. L’anné précédente, le comte \V., père de la comtesse M., avait épousé la princesse S. Pendant la cérémonie du mariage, qui se faisait à la chapelle du château, la jeune comtesse M., nièce du fiancé, fut prise d'un accès de sensibilité qui la força de sortir avec sa mère et miss R., sa gouvernante. Celle-ci, la voyant pleurer, dit à sa mère : « Pauvre Marie! elle n’a qu’à pleurer; car avant un an son oncle sera veuf; avant deux ans il épousera la princesse T., sa belle-sœur, et Marie épousera elle-même le prince S., père de celle-ci. > La mère et la fille n’attachèrent, comme on le pense bien, aucune importance à cette prophétie; et lorsqu’elles me la racontèrent, huit mois après environ, elles ne faisaient encore qu'en rire; car rien jusque-là n’avait fait pressentir encore qu’elle dût être accomplie. Cependant, vers la fin de mon séjour au château de R., une lettre annonça que la comtesse AV. venait de mettre au monde un fils; et deux jours plus tard une seconde lettre annonçait que sa santé donnait de graves inquiétudes. Pour la première fois, nous commençâmes tous à envisager d'une manière sérieuse la prophétie de miss R. La comtesse M. partit pour aller donner ses soins à sa belle-sœur, et je repartis moi-même pour Paris, après l’avoir priée de me donner des nouvelles de sa sœur. Quelques jours après mon arrivée à Paris, je reçus une lettre qui m’apprenait sa mort. La comtesse M. vint avec sa famille passer l’hiver de 18/iü à Paris. Il y avait à peu près deux mois qu’elle y était lorsque son
frère arriva, avec l'intention d’aller à Home demander les dispenses nécessaires pour épouser sa belle-sœur. Le mariage se Ht au bout de l’année, et trois ans plus tard environ la jeune comtesse Marie épousait le prince S. ; de sorte que la vision de miss 11. était accomplie jusqu’au bout. Je demandai souvent à miss 11. de quelle manière, par quel procédé elle avait ces sortes de visions ou de pressentiments. Elle me répondit toujours quelle ne pouvait l’expliquer; qu’elle se sentait saisie par une image ou par un sentiment dont elle ne pouvait se rendre compte, et qui la forçait à parler. Au reste, elle ne paraissait attacher aucune importance à ce don : bien loin de là, elle le regardait comme quelque chose de très-pénible et de très-gênant, dont elle aurait bien voulu être délivrée. 11 était, disait-elle, héréditaire dans sa famille; et elle avait déjà été bien des fois avertie de cette manière des événements qui devaient arriver plus tard. »
Nous lisons dans XIndépendant de Douai :
« 11 subsiste encore dans l’esprit des habitants de certains villages des croyances tellement absurdes, que l’on ajoute difficilement foi aux récits des faits engendrés par la crédulité la plus folle et la plus exagérée. Voici pourtant un de ces faits qui revêt un caractère d’irréfutable authenticité, et que nous aurions voulu pouvoir nier, afin d’épargner le ridicule à des populations qui nous entourent.
« Le mercredi 19 de ce mois, la foudre tombe sur une maison d’Aubigny-au-Bac, occupée par les époux Messager, journaliers. Le fluide pénètre par la cheminée et traverse une chambre dans laquelle se trouvaient cinq ou six personnes ; une seule de ces personnes, la petite fille Messager, âgée de huit ans , en est atteinte ; mais, fort heureusement, elle en est quitte pour quelques brûlures aux jambes et au ventre.
« (’.’est ici que commence la comédie. C’est une croyance dans le pays qu’il y a miracle lorsqu’une personne est tou-
cliéc pai' la l’oinli*“, sans c|in' l;i mon ni résulte. cl que la personne ainsi préservée a le don de guérir, par un simple .attouchement, toutes espèces de maladies ou d'infirmités. Or, la nouvelle du miracle se répandit bien vite dans les villages environnants. L’ell'et quelle produisit ne saurait se dépeindre, et ce que nous allons raconter en donnera une faible idée.
« Cle furent, dans toute la gent valétudinaire et infirme , des transports de joie et des ravissements indicibles. Aussitôt boiteux, bossus, fiévreux, aveugles, vieillards, enl'anis chétifs, poitrinaires, etc., etc., se mettent en marche vers le lieu où le prodige s’est accompli : Féchain, Fressain, Sauchv Bugnicourt, Brunemont, etc., fournissent île longues files de pèlerins. Le premier de ces villages en a débarqué dans une seule journée trois voitures pleines.
« Jusqu’à cette heure, plus de six cents personnes ont été touchées par la petite fille Messager dont les parents, eux, se chargent de toucher les gros sous que laissent les pauvres diables de visiteurs, comme témoignage de leur reconnaissance. Il paraît queM. le curé, en pasteur sage et intelligent, a voulu s’immicer dans cette affaire et arrêter le scandale qu’elle produit parmi les habitants qui ont du bon sens ; Messager, non moins intelligent, et qui ne lâcherait pas volontiers cette occasion d'exploiter la bêtise des paysans, a menacé de mettre M. le curé à la porte, s’il se présentait pour nuire à la liberté du commerce.
« La petite fille a reçu ses instructions : ses simagrées, en face de ses niais visiteurs, consistent à faire de la main droite une croix sur les parties dont on sollicite la guérison. Le bossu présente sa bosse, le sourd tend l’oreille, etc.
« Chaque visiteur doit emporter, comme relique, un morceau de linge, dont 011 respecte religieusement la saleté, qui a servi à panser les plaies de la petite fille.
«Dans tous ces esprits bornés, la puissance miraculeuse de l’enlant doit durer quarante jours. »
Réflexions. — Il est convenu que tout ce que nous ne con-
naissons pas est nécessairement absurde cl n'existe point. Les savants de liante école sont loin de s’imaginer ([u’il y a des forces mystérieuses |ue nos instruments de physique, ne dévoilent point et que le toucher, par exemple, peut communiquer, par infusion, des propriétés dont l’essence elle point de départ est dans celui qui touche. Mais le siècle n’est point ;ï ces observations; peut-être l’analyse que nous allons donner des travaux de M. Reichenbach y appellera-t-il les esprits. Se moquer n’est pas expliquer; et il viendra un temps où on reconnaîtra que le monde est gouverné par les infmiments petits, par des agents qui échappent à nos sens, et qui devaient justement posséder cette nature pour remplir leur office.
On trouve extraordinaire que la jeune fille dont nous venons de parler rainasse les quelques sous qui lui sontjetés.—On ne songe nullement que tous les jours des consultations inutiles de médecins, sont payées chèrement; que c’est une habitude qui ne donne lieu à aucune plainte, qu'on ne va point pour ce sujet trouver le commissaire de police ou le procureur impérial.
Baron nu Potet.
I1VDR0PI1011IE.
Un jeune homme de 28 ans, M. B..., rapporte le docteur Fondretov, demeurant chez ses parents, dans la commune de Digex (Yonne), élevait un jeune chien de chasse. Cet animal fit ses dents et parut beaucoup souffrir. Touché de ses gémissements, son maître voulut lui ouvrir la gueule, afin d’examiner la mâchoire. Le. chien se débattit un peu, et Al. B... se sentit piqué d’un coup de dent au pouce de la main droite. La blessure, très-légère, ne donna que peu de sang. Le jeune homme y appliqua une bandelette de linge et n’y pensa plus. Le chien disparut; on trouva sa chaîne brisée. Pensant qu’il lui avait été dérobé, M. B... fit des recherches; mais elles
demeurèrent .“ans résultat, et l’on n’entendit plus parler de l'animal.
Tout était oublié, le chien et la morsure, lorsque, le cinquantième jour après l’événement, jouant une partie de cartes avec plusieurs amis, M. 15... sentit une vive douleur dans le pouce qui avait été mordu. Pendant deux jours, celte douleur augmenta en intensité et en durée, car elle se faisait sentir par accès.
Le troisième jour se manifestèrent les symptômes de l’hy— drophobie. M. B., qui avait une profonde instruction, comprit sa situation et envoya chercher !e docteur Fondretoy. Celui-ci examina le malade. La douleur s’irradiait jusqu’au cou en remontant le long des bras. Quoique le regard de M. B. fût égaré, il avait conservé toute son intelligence. La couleur de sa peau était plombée.
De temps à autre il éprouvait des accès de suffocation. Les battements du cœur étaient très-irréguliers. La plus grande souffrance du malade consistait dans l’impossibilité de satisfaire sa soif ardente. Malgré les plus puissants efforts de volonté, il ne pouvait approcher de ses lèvres ni eau, ni vin, ni aucune espèce de liquide.
Il ne souffrait cependant que de la gorge. Le médecin ayant voulu se servir d’une cuiller d’argent pour abaisser la langue afin d'examiner le phauynx, le malade sc renversa brusquement en arrière et eut une violente attaque de nerfs.
L’accès passé, M. B. déclara qu’il ouvrirait bien la bouche sans qu’il fût besoin d’employer une cuiller. En effet, il l'ouvrit de telle sorte qu’on distinguait parfaitement toutes les parties internes. Le pharynx était d’un rouge violacé et parsemé d’ulcérations. Le lendemain, le délire.survint, et M. B... expira au milieu de convulsions horribles.
Cette triste maladie, d’après les appréciations du docteur Fondretoy, offrit une chose fort remarquable. Dans l’intervalle des deux visites du médecin, les symptômes de l’hydro-phobic disparurent complètement. M. II... put aller se bai-
gner dans une mare pleine d’eau, avala une bonne quantité de cette eau, rentra chez ses parents, mangea, but du vin, consola tout le monde et fut. rempli de l’espérance d’échapper au mal. Ce ne fut qu’une lueur. Bientôt la mélancolie reprit le dessus; il fit ses adieux à ses frères, leur remit plusieurs legs et ne tarda pas à entrer dans un état de fureur qui ne finit qu’avec sa vie.
Nota. Celait un cas exceptionnel pour essayer la puissance du magnétisme. J'ai bien souvent cherché une occasion semblable et ne l’ai point rencontrée. Ici la maladie offrait des intermittences favorables qui rendaient facile l'application du magnétisme. Nous avons appelé sur ce sujet rullcntiiui des médecins; mais notre voix n'a point été entendue et l'impuissance delà médecine savante continue ù se montrer.
Baron du Potet.
BIBLIOGRAPHIE.
Ta vérité aux Médecins et aux Gens nu Monde sur le Diagnostic et la Thérapeutique des Maladies, éclairés par le Somnambulisme naturel, lucide, etc.... du Magnétisme et de ses effets, etc...., par le Dr Cornet.
Ce volume a paru par livraisons, et il y a déjà quelque temps que la publication en est terminée. Nous en avons promis une analyse à nos lecteurs, nous tenons aujourd’hui notre promesse.
M. Cornet, l’auteur du livre, a eu ses erreurs de jeunesse
— trop de vieux, pour l’honneur de leur judiciaire, restent encore jeunes : «Jusqu’en 18.38, dit-il, je n’avais pu, comme le plus grand nombre de mes confrères, ajouter la moindre créance à l’existence de la clairvoyance dans l’état dit de somnambulisme lucide. Je riais et me moquais comme eux de la crédulité des adeptes. » 11 en dit courageusement la raison, « il n’avait qu’une connaissance insuffisante des faits sur lesquels
on appuiyait la réalité il«' l’él I lucide. Ipréjugés qui |>«'•— s(‘::l sur le magnétisme ne -auriil avoir 1111 ¡mire loiidoinoiii. (1 ■iiibion parmi scs adversaires (¡ni n'ont puisé ce (|ii'i!s sn-vonl de colt- science que dans la prati(|ue ou bagage scieuli-liijuc de quelque él urdi, combien de mauvais plaisants qui. pour .avoir louché quelque irailé de magnétisme. pensen! s'en èlre inoculé la connaissance! i.a Vérité demande plus de sérieux et plus de peine.
M. (.'.omet, on l'a vu, ne redoute aucun aveu et il a le courage «le ses opinions, choses tares et précieuses à cette époque de vanités outrées et d’affaissement descceurs; la vérité devait tôt ou tard l'éclairer: c’est ce qui est arrivé. Elle vint un jour s'asseoir il son loyer, et s’il a puisé dans sa possession de bien consolantes pensées, une philosophie remplie de douces espérances, elle fut alors pour lui presque un châtiment.
11 avait douté de la réalité du somnambulisme lucide, de la bonne foi des personnes qui présentaient cet état, le doute n’allait, plus être possible, sa femme allait lui en présenlerles plus étonnants phénomènes. Mais de quelles inquiétudes, de quelles mortelles angoisses son cœur ne devait-il pas èlre assailli! Un le comprendra quand on saura que madame ('.omet ne devint somnambule (pie par l'effet d’une maladie des plus graves et de violentes souffrances.
Il avait ri du magnétisme et des magnétiseurs, et il allait se trouver désarmé contre le mal dans un moment suprême ! Ses confrères aux grandes lumières desquels il dut plusieurs fois avoir recours le laissèrent toujours dans une perplexité plus grande, l.e magnétisme eût détourné, annihilé peut-être, mais à coup sûr modéré l’affreuse maladie qui devait altérer si profondément la santé de madame Cornet, — le chauvinisme médical ne devait, malgré les nombreux essais de remèdes, laisser d’autres moyens contre l'envahissement elle développement de la maladie que la saignée et Yopium! .Via-dame Cornet eut à subir plus de cent saignées, et la dose énorme, mais à laquelle on n’arriva que graduellement, de I mis gros viugl-quatre grains il'opium, qui, seul a défaut du magnétisme avait le privilège de calmer les crises nerveuses
de lu ma!:i!e. Un jour cependant il y eut, de sa part, comme uni' demi-révélation du bien qu'elle eût pu espérer de l'ai lion magnétique: mais personne ne la comprit ou ne voulu! la Comprendre, et M. Cornet 11’étail point encore suffisamment initié. Voici ii quel propos : Nous exposerons en même temps la conduite des médecins qui, sur la demande de M. Cornet, lurent délégués par l’Académie auprès de lui ; on remarquera d’ailleurs, que le choix en avait été fait pour des magnétis urs et des somnambules.
Enthousiasmé des faits dont sa femme le rendait témoin, pénétré de leur importance et oublieux des nombreux échecs des magnétiseurs, des humiliations qu’ils avaient eu à subir de la part des corps savants, se trouvant, il est vrai, dans des conditions en apparence plus favorables, M. Cornet entreprit pour son propre compte cette voie douloureuse; il voulut faire partager à ses confrères ses nouvelles convictions.
Il adressa donc un Mémoire à l’Académie, et il le terminait en demandant la nomination d’une commission d’examen. 11 était encore à cette époque question du prix, j’allais dire de la plaisanterie Burdin, et bien que le Mémoire fit mention expresse que M. Cornet entendait ne point être considéré comme candidat, qu’il était mu seulement par 1 intérêt de la science et de l’humanité, ses confrères ne laissèrent pas néanmoins de penser et sans doute de dire tout le contraire. Touchante confraternité !
Le Mémoire était intéressant, et les faits-qu’il annonçait méritaient bien de fixer l’attention de l’Académie. Du reste il n’éiait pas question de magnétisme et c’était un confrère qui parlait. 11 faut croire que V Académie dut songer à choisir parmi ses membres les plus aptes a bien juger, a bien observer, et aussi les plus pleins de savoir-vivre, les plus convenables dans les rapports sociaux. Quoi tpi il en soit, la Commission déléguée lut justement celle, nous l’avons dit plu s haut, qui était d’siinéeà des magnétiseurs, celle dite du prix ou de la plaismicrie Burdin. comme on voudra, c est tout
un. Sur sept membres dont elle se composai!, tuois scule-mciU se cnirent assez obligés par 1rs convenmccs ]>o>ir sc rendre chez \1. le I)1 Comct. Ils devaient arriver à /im/î heures, c était convenu, le besoin de faire connaissance avec madame Cornet, et de diminuer ainsi l'émotion naturelle que la visite de personnes étrangères produit sur des malades, sur une femme surtout, leur en faisait un impérieux devoir.... Ils n’arrivèrent qu’à huit heures et demie, sciemment trop tard : la crise avait commencé comme madame Cornet l’avait annoncé la veille, mais leur présence en redoubla l’intensité; l’étal affligeant de madame Cornet exigeait du silence, ils l'eussent réclamé pour leurs malades, — ils se mirent à causer... de science, sans doute? il serait trop naïf de le croire, iis tinrent des propos qui n'étaient ni convenables ni convenants, il y eut même des éclats de voix, dit M. Cornet, au point qu’il fut obligé de faire quelques observations à l'un d’entre eux. La lucidité de. madame Cornet n’y résista point, et les expériences que l’on put tenter ne réussirent qu’en partie ou pas du tout.
11 fut convenu que ces Messieurs reviendraient le lendemain et de meilleure heure, — ils furent exacts, comme la veille, à se rendre... trop tard. Ils furent ainsi les témoins, et peut-être la cause, dit encore M. Cornet, de la plus horrible scène qui se puisse imaginer. Vous dites peut-être, M. Cornet? Pourquoi atténuer ainsi la vérité, alors que le magnétisme démontre combien peut devenir pernicieuse en certains cas la disposition d’esprit des personnes qui sont admises auprès d’une somnambule; alors que jamais une crise semblable ne s’était présentée ni ne se représenta depuis durant (ont le cours de la maladie! Madame Cornet fut prise, durant vingt-cin i minutes, d'affreus-s convulsions, qui furent suivies d'un grand affaissement ; puis des convulsions du globe de l’œil succédèrent avec une \ iolence telle, que plusieurs des médecins ne purent cacher l’impression pénible qu’ils ressentaient d assister, sans pouvoir y remédier, à des désordres si douloureux. Dans ce moment d'affliction, que le lecteur remar-
que bien ceci, un des médecins qui entouraient la malade lui prit la main, aussitôt madame Cornet, malgré l’état spasmo-dique auquel elle était en proie, et malgré l’impossibilité physique bien constatée de voir, serra affectueusement la main du médecin et dit : «... Oli ! il pat bon, lui... — Qui donc? — C’est M. Cruveilhior. » Ali! M. Cruvcilliier, si vous aviez connu le magnétisme, si vous aviez su le bien que vous pouviez faire en rendant votre influence plus durable, en soustrayant la malade à l’influence d’une réunion si malfaisante pour elle! Quel changement subit vous eussiez pu produire dans ce navrant tableau ! C’est à vous, à cette rapide et affectueuse pression de main (pie la malade a dû un peu plus de force, un peu plus de calme, qui, bien qu’inapperçu, n’en a pas clé moins réel. Vous étiez le maître de la maladie, des souffrances; cela est si vrai, qu’à votre voix la malade faisait, malgré son état, de vains efforts pour satisfaire vos désirs. Vous ne comprîtes pas..., ignorance ou mauvaise volonté, vous avez été un jour au moins infidèle à votre mandat !
Mais que dire des confrères qui, sans pitié pour la souffrante, songeaient encore à donner suite à leur curiosité, de confrères dont le départ fut aussi peu convenable que l’avait été l’entrée, la tenue et les entretiens? M. Cornet était jeune alors, ardent certainement; il était chez lui et on lui donnait tout droit... Il resta impassible. Qu’est-ce qui lui inspira cette patience ou cette pitié? Cc ne fut pas seulement un sentiment de profond dédain pour des esprits légers ni la puissance que donne sur soi la possession de la vérité; mais l’état de sa femme réclamait impérieusement tous ses soins, toute son attention et le plus grand calme. Que dire enfin d’une Société, d’une Faculté qui n’a point un blâme sévère ni léger pour les impardonnables oublis de scs délégués!... Et maintenant que les magnélistes aillent donc s'égarer à l’Académie.
Celte partie de l’ouvrage où l’auteur rend compte des faits qui précè !•:'!;! éveille b- ph.sgrand ¡¡itérét. On pourrait reprocher à M. Cornet de lie présenter rien de bien nouveau si la
dédicace ne nous en donnait la raison. Ce n’est point aux magnétises, mais bien aux médecins el aux gens du inonde qu’il le dédie; par là son livre prend l'apparence d'une piquante épigramme à l’adresse des ces Messieurs, car les matériaux qui composent le livre, tels que les lettres du I)r Frappart, relatives à madame Cornet, un extrait du remarquable ouvrage de Pétetin, un extrait du rapport du D'Husson, la relation du traitement de mademoiselle Husson, et enfin une analyse du Manuel de Deleuze, tous ces matériaux sont déjà anciens, et il peut sembler étonnant que les médecins surtout connaissent peu ou point ce qui intéresse leur profession, — mais ils ont tant d’autres affaires et si peu de loisirs pour l’étude !
Il y a cependant du nouveau dans le volume, et cette partie mérite de fixer l’attention des magnétistes, c’est d’abord une étude sur la catalepsie envisagée d’une façon neuve sinon plus juste, et l’historique des faits de clairvoyance, d'intuition et d’extase de madame Cornet. 11 était dilïicile à un incrédule de la veille de se défendre de l’enthousiasme qui a saisi M. Cornet, en présence des facultés merveilleuses de sa femme. Cet exemple, et quelques autres, sans doute, qu’il a eus sous les yeux, ont porté M. Cornet à se prononcer en faveur du somnambulisme naturel contre le somnambulisme magnétique, et à réclamer pour le premier une sorte d’infaillibilité qui n’est pas, 011 le sait, la vertu du second. M. Cornet ne lient pas assez de compte, je pense, des rêveries de tous les extatiques religieux, et quant à la connaissance des maladies et de leur traitement, nous venons de voir par l’exemple de madame Cornet elle-même, combien un somnambule était impressionnable : on 11e saurait supposer dès lors que les diverses impressions dont il lui est si souvent impossible de se défendre, même avec un magnétiseur, 11’apporlent aucun nuage, aucun trouble, aucune erreur dans ses consultations. Cependant les observations dont l’auteur accompagne son affirmation méritent d’être méditées, elles peuvent mettre sur la voie de quelque progrès pour la direction du somnambulisme.
I>'- relie Infaillibilité supposée clos somnambules à leur re-ruiinailrt* des facultés surnaturelles il u’y avait qu'un bien petit pas, .M. ('.omet n’a pas eu de peine à le franchir. Surnaturelles, ce mot a dû coûter aux habitudes scientifiques de l’auteur, car ce n’est pas l’enthousiasme seul qui le lui inspire. Surnaturel, providence, hasard, nature, etc..., sont autant de mots que le sentiment semble créer pour effaroucher la science et la raison, mais elle se joue de ces obstacles et le succès de ses audaces passées permet les plus brillantes espérances pour l’avenir. Sa loi esl d’envahir sans relâche et de s’approprier les domaines que le sentiment découvre et dont il envoie le reflet à l’imagination; le surnaturel de la veille devient ainsi la science du lendemain : c’est ainsi que les philosophes hermétiques, ceux du moyen âge, les alchimistes, l’ont toujours compris. Ces derniers avaient différentes manières de représenter cette idée par des emblèmes saisissants. En voici un entre autres, où l’on voit un aigle aux ailes déployées, un dragon volant que l’on pourrait prendre dans sa partie supérieure comme une image de l’aigle, el un lion. Le dragon mord une des ailes de l’aigle, et le lion appuie ses griffes sur le dragon : le sentiment et l’imagination entraînent la raison partout où la puissance de leurs ailes les emporte; ils nu sauraient se débarrasser de son étreinte.
Mais je m’arrête, le journal devant donner d’ailleurs la lettre que le doyen des médecins français a écrite à M. le l)1 (’.omet, et dans laquelle il combat d’une façon remarquable l’opinion de ce dernier.
Pour nous, c’est bien plutôt une analyse qu’une critique que nous avons voulu présenter; c’est uu si grand soulagement d’esprit pour les magnétistes quand un représentant de la science officielle prend la parole eu faveur de la vérité qu’ils aiment, que nous ne voudrions eu rien diminuer la sympathie avec laquelle on doit accueillir leurs concours. On lira M. Cornet certainement avec intérêt et avec fruit, on y retrouvera les qualités qui distinguent cet écrivain; il est nié-
thodique, clair, facile, incisif, et bien qu'il ait attendu, «lit-il, la maturité de l'âge pour livrer au public le fruit de ses observations, il n’a rien perdu de la chaleur juvénile que communique la vérité. Nous espérons bien que M. Comet ne s’en tiendra pas là. E. A. M. Paris.
Voici la lettre dont nous avons parlé plus haut :
VU DOCTEUR COMET.
Mon cher Confrère,
J'ai lu les livraisons publiées de votre ouvrage sur le somnambulisme avec empressement et sans relâche ; mais je ne saurais dire à quelle cause d’entraînement j’ai plutôt obéi, ou des faits qu’a offerts à l’observation votre chère épouse, ou de la remarquable précision avec laquelle vous les avez exposés. Votre livre a une grande portée, et, bien que vous eussiez pu vous dispenser d’un assez grand nombre de détails, on ne peut cependant vous faire le reproche d'avoir été trop prolixe, car vous aviez promis et juré de tout dire. Les conclusions que vous avez tirées des opinions de MM. Fra-part, Husson, Jules Cloquet, etc., vous ont servi à établir que ce n’est pas par des dénégations de ce qui est acquis que l’on doit procéder en matière de science. Vos citations sont heureuses, et ajoutent, en dissipant les doutes, au prix de votre travail, qui n’en contient pas moins cependant des erreurs, comme je ne tarderai pas à le prouver.
Mais, d’abord, j’ai à vous dire que je ne suis pas tout à fait étranger à votre sujet, car j'ai connu une femme, celle d’un de nos confrères, qui a présenté dans le somnambulisme concomitantavecunemaladieintcrcurrente.enunmoinsgrand nombre, il est vrai, des phénomènes semblables à ceux que vous avez observés chez madame Cornet. Elle savait et disait de quoi l'on s’entretenait à l’instant dans une autre maison; elle nommait les personnes qui étaient entrées à son insu dans un appartement voisin de sa chambre, rendait mol à mot compte, si l’on insistait pour le savoir, de ce que les
personnes se disaient ; elle lisait l’heure précise que marquait le cadran d'une horloge publique éloignée; elle savait au juste ce que contenait en monnaie la bourse d’une personne présente, mais ne se mêlait jamais de son traitement. Après sa guérison, cette femme ne conserva pas plus de souvenir de ce qui s’était passé de si merveilleux on elle pendant lo cours do sa maladie, qu’elle n’en avait eu dans les intervalles qui suivaient son état de somnambulisme. .On n’osait même pas lui en parler, car elle en témoignait une sorte de honte. Tout ce que j’en ai appris est venu des communications que me faisait son mari, qui se nommait Prévost, chirurgien major à l’armée d’Espagne, où j’étais alors, en 1823, chirurgien en chef.
Maintenant, j’ai à faire quelques observations qui vont peut-être me mettre, sans espoir de retour, en désaccord avec vous sur l’essence même du somnambulisme. Je cite votre propre texte que je combats, page 8h et suivantes, où vous dites : que la science ne pourra jamais démontrer, telle est votre croyance, que les faits dont vous exposez la succession sont le produit des fonctions du système nerveux. Vous oubliez donc que votre somnambule a un cerveau, siège de la pensée qu’elle exprime et qui ne naît pas ailleurs? Vous substituez aux fonctions physiologiques cérébrales de prétendues facultés surnaturelles qui n’existent pas. Lo mot surnaturel signifie nécessairement hors nature, et vous mettez hors nature des êtres qui ne vivent que parce qu’ils sont soumis aux lois naturelles. Le mot intuition employé dans le même sens, c’est-à-dire sans base organique, n’est pas plus acceptable. Vous pensez que la'clairvoyance en ce qui touche les choses naturelles qu’elle a pour but, devient une existence à part qui serait alors sans objet ; que la pénétration dans l’avenir, dont vous avez donné de si fréquents exemples, est inspirée d’en haut à vos somnambules, sans le secours d’agents matériels, et ce sont ces agents qui perçoivent la pénétration !
Le transport de l'intelligence qui fait entendre, voir, juger au travers des murailles, et quelquefois à une grande dis-
lance, n’est—iI pas dans ta dépendance des liineiinns cérébrales, n’est-il pas un acte do la \ie, n'appartient il pas a l’essence delà pensée, synonyme du raisonnement ’ lout ce qu’on peut dire de l’ensemble de ces corrélations, c’est que les facultés intellectuelles dépassent en puissance dans le somnambulisme lucide, comme vous l’appelez, celles dont l'exercice a lieu dans les circonstances ordinaires. Le centre cérébral dans son intégrité conserve la somme d’énergie qui lui est propre, et puisqu’un renversement des sensations quelles qu’elles soient, tel qu’il faut l’admettre, suspend momentanément les influences nerveuses extérieures, l’organe se replie en quelque sorte sur lui-même et se crée des fonctions nouvelles qu’il ne doit pas conserver.
Veut-on une qualification qui distingue cette puissance supérieure chez les somnambules? 11 me semble qu’on peut la trouver dans l'expression d’aptitudes cérébrales Intentes qu’on lui appliquerait : laisant ainsi l’esprit d observation dans (les indices qui annonceraient que ces aptitudes existent et sont sur le point de manifester leurs effets. On parviendrait de cette manière non-seulement à expliquer les révélations des somnambules, mais encore à distinguer d’autres phénomènes nocturnes se rattachant au somnambulisme lucide chez des individus qui n’y ont qu’une faible tendance innée et n’en répètent les actes que rarement : telle serait l’histoire des somnambules ordinaires. Ces somnambules ne mettent en jeu des fonctions de la vie de relation que les mouvements volontaires et le discernement le plus judicieux. Le renversement des fonctions que j’ai cherché à prouver dans le somnambulisme lucide au moment des révélations secrètes et pendant toute leur durée ou leurs répétitions, n’existe pas chez les somnambules ordinaires ; telle est la différence à établir entre eux et les somnambules lucides ; mais il y a dans Iüs deux états continuité de l'action matérielle du cerveau, et au réveil s’opère le retour des fonctions à l'ordre naturel. Quel rôle ferait-on jouer aux facultés surnaturelles ou intuitives, si 011 raisonne d’après celle idée, dans le somnambu-
lismu qui n'est point appelé Im iile, quoiqu’il soit aussi clairvoyant que l’autre? On 11e doit pas supposer qu’il s’agisse d’un plus 011 d’un moins, car un principe, même faux, est absolu. J’ajouterai que les fonctions de la vie de relation nu sont même pas les seules qui dépendent de l’action cérébrale; on est forcé encore d’y comprendre celles de la vie intérieure ou organique, quoique l’inlluence du cerveau paraisse secondaire , comparée à celle de l’organe rachidien.
Les penchants moraux, les passions physiques, toute la série des fonctions de la vie de relation, normales ou dépravées, considérées dans l’état ordinaire, s’expliquent d’une manière plus satisfaisante et pins vraie par les aptitudes cérébrales que par toute autre doctrine. Mais je me trouve conduit à rendre l’homme libre de toutes les entraves dont on a toujours embarrassé le triomphe de sa nature même. Prenez-le en telle situation que vous voudrez, pourvu qu’il soit dans un état sain, n’est-il pas en contact avec l’univers, tant sont grandes et puissantes les influences auxquelles il est soumis? Rien ne s’oppose, puisqu’il est par ces influences hors des conditions qui le retiennent à la terre, à ce qu’on rende compte des phénomènes ou des effets qui se passent intérieurement en lui, ou qui se produisent extérieurement dans sa vie de relation autrement que par l’action cérébrale. L’électricité locale, par exemple, c’est-à-dire celle de l’atmosphère avec laquelle il est en rapport, et celle qui s’échappe incessamment de 1’organisation humaine, ou tout autre fluide inconnu, se mêleraient par connexité d’expansions avec les diffusions électriques ou autres qui parcourent l’espace, de sorte que la pensée, les appréhensions ou les désirs auraient un véhicule pour établir une communication entre des individus séparés par une grande distance. On se perd dans ces conjectures ; mais voici un fait que m’a raconté un médecin de mes amis qui leur donne de la vraisemblance : il s’agit de deux frères dont l’un avait dû se rendre à Paris et l’autre était resté à leur demeure habituelle. Dans une visite que le vo\ageur rendit au médecin d ml je liens ce récit, il lui dit
assez brusquement : Mon frère est morl à telle heure, etc., j'en ai la certitude d’après un bouleversement subit que j’ai ressenti en inoi à ce moment. En effet, l'événement prédit si positivement fut vérifié et avait été accompagné de tous les détails qu’en avait donnés la prédiction. On sait encore quel empire exercent sur nous les pressentiments. Nous sommes entourés de mystères qui se rattachent il notre existence par des perceptions naturelles. Les pressentiments appartiennent au domaine de la philosophie moderne ; ils méritent de sérieuses réflexions et une étude de découvertes trop négligées des puissances insaississables dont la matière terrestre révèle l’existence.
Je ne veux pas, mon cher Confrère, vous laisser ignorer un résultat des expériences que M. Frapart a faites au Val-de-Grâce, où M. Broussais et moi avons été témoins des cflets produits par le magnétisme sur un de nos malades. En sortant du lieu où s’était tenue la séance, M. Broussais me dit : « 11 y a sur cela beaucoup d’incrédules ; mais quand on est n témoin de faits pareils à ceux que nous venons de voir, il « faut bien se rendre à l’évidence. »
Je suis entièrement de votre avis quant à la catalepsie, que vous déclarez n’être point une maladie, mais seulement la suspension de l’influence nerveuse. Cette suspension consiste uniquement dans l’absence de l’action cérébrale.
Voilàtout ce que j’ai à vous dire concernantvos savanteset belles recherches sur un sujet qui attend de nouvelles lumières des travaux auxquels vous vous livrez avec tant d’ardeur.
Recevez, mon cher Confrère, l’assurance de mon sincère attachement. Gama.
Baron Du POTET, propriétaire-gérant.
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CAUSERIE MAGNÉTIQUE
Le savant affirme «»¡j, ç’csl
trb-bicn; mais il nie absdU|M^/Miis-\ letice de ce ne sait |îaï*r-l«*-«r-conduiic mériie !e blâme.
,ae être liumain un peu avancé en âge a ses observa-culières, ses découvertes et ses secrets : il en est ¿voile, il en est qu’il garde pour lui seul. La science a / te en faisceaux les grosses choses, ce qu’il y a de Uni* -‘e’ ce îu' toml)C sous ics sens du premier venu; 'j"s a 1 a tenu aucun compte de ce qui ne peut ni se peser, '•er, ni enfin de ce que les yeux n’aperçoivent point. . * électricité, la vapeur, tout ce qui éclate, tout ce '■ et éblouit. Tout son bagage est là. La médecine
- «e connaît rien autre chose, si ce n’est aujourd’hui nmœopathie qui est venue ouvrir un vaste champ d’observons nouvelles; encore est-il vrai que les grands savants ne (lient pointentendreparler decettedécouverte. N’allez donc int au tribunal de ces sages vous vanter de posséder un Bnt, une force quin’apointles qualités de celles que la maté-lité a rendues saisissables dès les premiers temps. Jusqu’ici } ne mettons point en doute la bonne foi de nos perçages ; mais quelques-uns pourraient croire que les sa-‘s de notre temps ont un double visage, qu’ils n’acceptent e ce qui ne peut les troubler dans leur repos et non ce qui bande un grand travail d’esprit. Il semblerait que Tartufe ;st réfugié dans nos Académies et que l’hypocrisie des savants pour n’être pas celle religieuse est pourtant son équivalente. Aucun d’enx n’ignore l’existence du magnétisme: quelques-uns circonscrivent l’action de cet agent; d’autres ne mettent point de bornes à son empire. Pourquoi donc n’avouent-ils point l’existence positive de cette force mystérieuse et se plaisent-ils au contraire à lui fermer leur porte comme on le ferait à un dangereux ennemi? Ils ont pour cela deux raisons : la première, nous l’avons dit tout à l’heure, il faudrait des études laborieuses et mettre de côté ce que l'on Towo XX. - N°HO. -2- Sêiuiî ... Jni.ui 1801
sait ; la seconde raison, c’est que le magnétisme démolit bel et bien les édifices scientifiques et médicaux : l’aveu en a été fait par un membre de l’Académie en pleine assemblée. Nous n’aurions rien à dire si l’humanité ne devait point souffrir de ce déni de justice, quoiqu’il blesse la dignité de l'homme et surtout ilu savant; mais en jugeant ses conséquences au point de vue médical, nous pouvons dire que cette conduite est infâme, qu’il n’appartient point au médecin de sceller les choses utiles, de taire dans sa pratique les moyens qui pourraient sauver les malades ni de laisser périr qui pourrait C-.tve guéri ou du moins soulagé, parla seule raison qu’il faudrait changer quelque chose aux principes établis. Forcé de mentir à chaque instant, carilssontsouventconsultéssurlemérite ou . existence du magnétisme, ils disent à l’un, s'il est demi-croyant : —Cet agent vous ferait beaucoup de mal, vous attaquerait les nerfs; à la mère désolée delamaladie de son enfant:—Vousvoulez donc le faire mourir plus vite, etc.?... Avec les personnes qui ne croient point au magnétisme, ils tranchent dans le vif, ils nient positivement le magnétisme. — Croyez-vous donc que si le magnétisme existait, nous ne l’emploierions point? nous avons mille fois sommé les magnétistes de nous montrer des faits et nous n’avons vu que des charlatans, des fous ou des enthousiastes, sans qu’aucun d’eux ait pu devant nous déterminer ou produire un seul phénomène; nous-rnême avons essayé et renouvelé nos tentatives et nous n’avons rien vu. Tout ce qu’on raconte est mensonger et il est du devoir de la médecine de purger la science de toutes ces erreurs d’esprits malades..... Tel est leur langage. Un de ces princes de la
science répondait à un homme considérable qui lui affirmait les faits du magnétisme : — Je le crois parce que vous me le dites, mais je le verrais que je ne le croirais pas.
— Ici l’hypocrisie est patente, et nos Esculapes ont accompli un grand progrès dans ce genre. Les médecins d il y a trente ans avaient un peu plus de bonne foi et de vertu: les Husson, les Fouquier, les Marjolin, les Marc, les Bour-dois, les Btoussais, et vingt autres des célébrités d’alors
conseillaient lu magnétisme iluiu certaines maladies; ils le faisaient sans doute avec discrétion, mais sans croire se compromettre ni compromettre, la science. Jusqu’à Récamier qui avouait sa croyance au magnétisme, mais qui disait tout liant : Je ne le conseille point, parce qu’il est contraire à la religion. Singulier argument dont se servent encore quelques prêtres aujourd’hui, qui ne mérite point de réfutation tant il est absurde. Maintenant tous se sont donné le mot, tous s’égalent en déni de justice : ce serait à désespérer de quelque cause que ce fût si la vérité n’était pas immorlelle. Le dégoût saisit, la colère s’empare de vous en voyant des choses si méprisables. Vous êtes tenté de jeter le manche après la cognée et de vous écrier : l’homme est bien misérable, il est la propre cause de ses malheurs et ne mérite pas qu’on recueille son cri de douleur; l’intérêt seul conduit ses pas, la vérité n’est bonne pour lui que si elle peut lui rapporter un tribut, devenir une chose d’industrie.
Maisje n’en ai pas fini avec nos sommités; jedoispoursuivr mon apostolat et dénoncer sans pitié tout ce qui fait obstacl au triomphe de la sublime découverte de Mesmer.
Baron du Potet.
CORRESPONDANCES.
CLINIQUE.
CONSTIPATION HABITUELLE, VOMISSEMENTS FRÉQUENTS, TOUX CHRONIQUE.
Monsieur le Baron,
J’ai déjà eu l’occasion de vous dire que je m’occupais de magnétisme, et que je l’employais quand l’occasion se présentait à la cure des maladies. Bien que mes soins n'aient jamais été réclamés que par des incurables, par ceux que la
médecine officielle n’a pu guérir, j’ai toujours eu jusqu'à présent la satisfaction de voir mes efforts couronnés de succès.
Le fait dont j’ai à vous entretenir offre cela de particulier (pie, sauf le souille chaud, que j’ai cru devoir employer pendant un certain temps, il n’y a pas eu de magnétisation directe. L’eau magnétisée et aussi la patience et la persistance de la malade ont suffi pour faire disparaître une maladie ancienne déjà et fort opiniâtre. Je ne suis point autorisé à laisser publier le nom de la malade qui occupe dans la société une position fort élevée, et je le regrette. On doit cependant reconnaître qu’aujourd’hui la publication du nom des malades n’a plus l’importance qu’elle avait autrefois : depuis plus de soixante ans qu’il existe, le magnétisme a produit assez de guérisons, suffisamment constatées, de toute sortes de maladies, pour qu’il ne soit plus aussi indispensable maintenant d’apporter dans les relations de traitement la môme rigueur qu’autrefois. Mais ce qui est plus utile, à mon avis, que la publication} des noms, et je le signale aux personnes qui vous adressent des faits de clinique, c’est de détailler le mode opératoire qu’ils ont employé pour mener le traitement à Jjonne fin(l). Ainsi, par exemple, on dira que l’on a donné à un malade un verre, une bouteille d’eau magnétisée; mais on n’ajoute dit pas comment cette eau a été magnétisée. Est-ce en dirigeant les doigts en pointe vers le goulot de la bouteille ; en tenant une baguette de fer poli plongée dans l’eau; en plongeant dans l’eau un tube de verre dans lequel 011 soufllerait.de manière a opérer le mélange intime
(1) Il est tout aussi utile d'indiquer les effets immédiats ou éloignés des diverses magnétisations, les phases successives de la maladie, les crises profondes, presque imperceptibles quelquefois, que la nature produit sous l’influence du magnétisme. Il y aurait encore bien d’auîrcs lacunes à signaler dans nombre des relations qu'on nous adresse; leurs auteurs ne se rappellent point assez qu'ils doivent éclairer le publie sur la maladie et les causes, sur le malade, son tempéramment et son caractère, autant qu’ils ont demandé à l’être eux-mêmes. Les observations publiées dans ces conditions acquerraient une incontestable valeur.
(Noie de la rédaction.)
(lu souille tlu magnétiseur avec le liquide; ou bien enfin en tenant simplement dans ses mains, ainsi que je l’ai vu pratiquer à Vienne, par un fameux magnétiseur, le Dr Sclioder, une bouteille d’eau de deux litres, l’espace de deux à trois minutes? En dehors de l’intention, ces divers moyens doivent produire différents effets, et h des degrés variables suivant le temps que l’on consacre à la magnétisation, et la quantité d’eau sur laquelle on opère.
Pour moi, si j’ai à ranimer la faiblesse des intestins, du bas-ventre, et pour les indispositions bémorroïdales une baguette de fer plongée dans l’eau durant cinq minutes, pour une bouteille de moins d’un litre, me sert à transporter le fluide qui s’échappe des doigts, dans toutes les parties du liquide. Si j’ai à dissoudre, ramollir ou à provoquer des évacuations, j’emploie le souffle chaud que je fais pénétrer dans l’eau au moyen d’un tube de verre comme je l’ai dit. Fais-je bien? je ne sais. Quand 011 écrit à votre journal, ce n’est pas pour vous, monsieur le baron, qui n’avez rien à apprendre de vos abonnés, mais sans doute pour ceux qui, comme moi, n’ayant pas eu le bonheur de suivre vos enseignements oraux, ont besoin de l’expérieuce des autres pour diriger leurs premiers pas. C’est donc à la condition qu’aucun détail ne soit négligéque les relations que l’on vous adresse pourront Ctre profitables à tout le monde.
Je reviens à mon trailement. Madame la comtesse *** est une personneâgéede plus dc70ans. Elle n’a qu’unemédiocre confiance dans le magnétisme; mais comme il ne lui reste plus guère rien à espérer de tout autre moyen, elle s’abandonne à mes soins. Son état pathologique peut se résumer dans ces trois symptômes généraux : Constipation habituelle depuis trente ans; vomissements fréquents des matières alimentaires depuis à peu près la môme époque; toux opiniâtre survenue depùis deux ans. On va voir la supériorité de la médecine magnétique sur la médecine officielle. Cependant les médecins n’eurent jamais plus patiente malade si j’en dois juger par la patience et la persévérance dont ejle a fait preuve
avec moi; sa position sociale la recommandait d’ailleurs à toute leur attention, et c'était un puissant stimulant pour leur intelligence. Puisque tous ont échoué où le magnétisme a obtenu un succès éclatant, il est tout naturel de conclure que la médecine est une bien grande pauvreté à côté des énergies occultes de l’action magnétique.
La constipation disparut dès le troisième jour du traitement. L’eau magnétisée (1) seule prise en boisson produisit ce remarquable effet, et la continuité de son usage, tout en régularisant les fonctions digestives, amena peu à peu la disparition des vomissements.
Quant à la toux, après deux mois d’insufflations chaudes sur le cou, pratiquées une fois chaque soir (je faisais environ une trentaine d’insufflations), et l’usage constant d’eau magnétisée en boisson, il y eut une amélioration telle qu’un mois après la toux cessait complètement.
Je n’ajouterai rien à ce que j’ai dit de la simplicité des moyens et de la rapidité de cette guérison, comparée aux nombreuses et vaines tentatives de la médecine. Je laisse au lecteur le soin facile de tirer de ce fait toutes les conclusions qui en ressortent à l’avantage du magnétisme.
Agréez, monsieur le baron, l’assurance de mon profond respect et de toute ma gratitude pour les inappréciables enseignements que j’ai puisés dans vos ouvrages.
Ad. Thêop. Bkrlter.
Szered (Hongrie), 14 juillet 1861.
¡I) L'eau était magnétisée,ainsi queje l'ai dit, au moyen d'un tube de verre qui servait à transmettre mon souffle dans toute la masse du liquide: Cette opération durait cinq minutes. Dans le cas ci-dessus, cette pratique m'a semblé avoir plus d'eflicacité. La malade ne trouvait à l'eau aucune outre modification, si ce n'est qu’elle lui semblait plus douce et d'une tonsistance légèrement sirupeuse.
A. Th. Beriier.
POLÉMIQUE.
9 juillet ISGt.
A M. le baron du Potet, propriétaire et rédacteur du Journal du Magnétisme.
Monsieur le Baron,
Voici ce que les abonnés de la Revue des Deux-Mondes lisaient dans l’avant-dernier numéro de ce recueil,page 95(3:
« Dans le magnétisme, nul doute qu’il n’y ait un fonds de « vérité : mais les jeunes femmes hystériques d’un côté, les « charlatans escrocs de l’autre, mettent en circulation tant « de prodiges de mauvais aloi, que, de ces montagnes de « fraudes, je n'ai jamais voulu m’amuser à extraire quelques « parcelles de vérité. »
Tel est le langage, que, sans nul correctif de sa part, M. E. D. Forgucs prête au professeur de médecine, l’un des personnages de son drame d'Elsie Venner, épisode de la vie américaine.
Si le professeur américain se bornait, à l’exemple de tant de ses collègues de ce côté de l’Atlantique, à nier le magnétisme, nous laisserions cette dénégation de plus tomber dans l’abîme sans fond, où elle rejoindrait toutes ces autres dénégations, que soulevèrent, en leur temps, Galilée, Christophe Colomb, Salomon de Caus, Papin, Mesmer et tant d’autres génies innovateurs, hardis pionniers de l’idée, qui, tous, devancèrent leur siècle, et payèrent à leur gloire personnelle l’inévitable tribut de souffrances et de tribulations.
Mais, reconnaître qu’il y a un fonds de vérité dans le magnétisme , et refuser d’en extraire quelques parcelles de vérité, c’est donner une assez faible idée de ¡¡’intelligence du personnage, à qui M. E. D. Forgues prête un tel langage.
L’abbé de Lamennais s'est fait grand avec l'idée de son premier livre de l’Indifférence en matière de religion, si grand
même qu’il ne lui a pas 616 donné de déclioir, après ses Paroles d'un Croyant et son Livre du peuple, vôritable hallucination d’un génie fourvoyé, aux prises avec cette terrible maladie, qui conduisit Coriolan chez les Volsques, avec ce triste mal, que l’on nomme tout simplement la colère.
Lamennais a d6montré que l’indifférence tue, et il a écrit cette phrase, aussi désolante qu’elle est vraie : Notre société n’est plus qu’un doute immense.
Cette indifférence qui tue, ilia faut combattre, cc doute qui flétrit toutes choses, il le faut attaquer sans nul ménagement et par tous les moyens que l’intelligence place aux mains des croyants, de ceux dont on ne peut pas dire, selon l’énergique expression de Juvénal :
....Lœvà in parte mamillæ Nil salit Arcadico juveni.
Le langage prêté par M. E. D. Forgues à son docteur américain reflète ce travers, que l’on ne saurait trop réprouver :
— Le magnétisme est vrai ; il est une chose sérieuse, mais comme on a abusé du magnétisme, nous ne voulons pas en étudier à fond toute la vérité.
De là, cette indifférence qui prolonge indéfiniment la nuit de l’ignorance, et qui, lorsque les maîtres se taisent, rend le silence des disciples à peu près obligatoire.
Fontenelle, un type d’égoïsme, a bien pu dire qu’il aurait le courage de garder sa main pleine de vérités, sans jamais l’ouvrir; mais Fontenelle tenait à ces deux choses: à venir vieux et à vivre tranquille. A ce métier, on devient centenaire, on évite des ennuis, on est même homme d’esprit par ses livres; mais n’a-t-on point quelque regret de n’avoir pas été utile à ses semblables, en tenant la main aussi serrée?
Un homme réellement sérieux, et qui a le moindre souci de sa dignité, comme la moindre foi en sa raison, ne peut, selon nous, rester indifférent aux vérités qui le touchent de près, à celles qui le peuvent soulager dans ses souffrances ou simplement venir en aide à ses aspirations vers le bien.
Quand deux vo>? se présentent pour arriver au même
point, l'une que l’on sait difficile, non sans danger, et l’autre que des hommes graves et sérieux signalent comme plus facile et plus sûre, quel est le voyageur intelligent qui refusera d’essayer la seconde, uniquement par une sorte de fétichisme pour la première?
Est-il d’un homme sage de dire alors en un quiétisme stupide : que m’importe!... Mais il vous importe beaucoup, quand vous reconnaissez du vrai dans le magnétisme, de rechercher de toutes les forces de votre esprit, de toute l’ardeur de vos convictions où finit le vrai, où commence le faux.
Cette limite ne peut rester incertaine, et vous ne la pouvez fixer qu’à l’aide d’un examen consciencieux. La raison a été donnée à l’homme pour qu’il dépassât plus ou moins l’instinct de la brute, et vous refusez d’en faire usage, ne voulant pas vous amuser à extraire quelques parcelles de vérité de ces montagnes de fraude !
Le pauvre nègre qui recherche les diamants dans les terres délayées des Minas-Géraës, celui-là est plus sage que vous. Le fruit de son labeur va parer le front des reines : les parcelles d’or des lavages australiens ont civilisé d’immenses déserts. Est-ce donc que les placers de l’esprit sont moins riches que ceux de San-Francisco, et les trésors de l’étude moins féconds que le Cascalhâo du Brésil ?
On demandait à Newton comment il avait réalisé ses Immenses découvertes. En y pensant toujours, répondait le sublime génie, qui, sachant que nulle vérité n’est à dédaigner, en a découvert de si importantes sous la montagne d erreurs, formée de l’ignorance de tant de siècles.
Le doute est en soi une bonne chose : Oui bien, le doute méthodique de Descartes, qui d’abord nie tout, pour arriver ensuite, de déduction en déduction, à démontrer tout ce qui est susceptible de démonstration; mais non pas ce doute de l’indifférence et d’un stupide dédain, qui ressemble à cette demi-léthargie oit l’ours lèche ses pattes pendant toute une saison, pour reparaître ensuite, exténué de maigreur, aux chauds rayons du soleil de mai.
En certaines matières, beaucoup de gens tiennent à tort leur esprit cacheté, comme Pompée avait fait cacheter à l’orilice du fourreau les épées de ses soldats, pour les empêcher de se livrer au pillage, pendant les marches do l'anuée. L’esprit peut avoir ses travers, mais le pire de tous, c'est de ne s’en point servir, et de rester indifférent, en présence des choses qui importent le plus à l’humanité.
J’ai l’hcnncur d’être avec la plus haute considération, Monsieur le Baron,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Noël de I'ombeude.
NOUVELLES ET FAITS DIVERS.
Varsovie, le 17 juillet 1801.
UN MÉDECIN SOMNAMBULE.
Si, chaque jour, nous voyons des somnambules médecins, c’est-à-dire des personnes plongées dans le sommeil magnétique, et douées alors de cette clairvoyance qui leur permet de découvrir les maladies les plus cachées, de les décrire parfaitement, de les traiter et de les guérir assez souvent même, nous n’avons pas vu jusqu’à présent, que je sache, un médecin somnambule; surtout un médecin qui, dans cet état, marchant à pieds joints sur les enseignements de l’école, fait des prescriptions qu’il doit désavouer à son réveil, par cela seul qu’elles sont en désaccord avec les préceptes de l’art, et qui cependant n’en sont peut-être que plus rationnelles.
Un fait de ce genre, qui s’est passé à Saint-Pétersbourg, et qui m’a été communiqué par le comte Roniker (i), ne manquera pas d’intéresser non-seulement les magnétiseurs,
(1) Je l’ai déjà nommé dans un (le mes articles.
mais mémo les médecins qui reconnaissent île bonne foi que leur diagnostic leur fait souvent défaut, et qu’ils faillissent par conséquent alors dans leurs ordonnances, qui pourraient être facilement rectifiées par un bon somnambule, ou encore mieux peut-être par eux-mêmes, si, dans les cas difficiles, ils consentaient à se faire soinnambuliser.
Pour encourager donc ceux de ces derniers qui voudraient en faire l’essai, c’est-à-dire qui ne croiraient pas inutile de contrôler dans le sommeil ce qu’ils auraient prescrit avec quelque hésitation étant éveillés, je vais relater le plus succinctement possible le fait, aussi rare que curieux, que je tiens dudit comte Roniker.
(le magnétiseur ayant été appelé à Saint-Pétersbourg pour donner ses soins à une dame que la médecine avait presque abandonnée, consentit à entreprendre le traitement, mais à la condition que le médecin de sa cliente serait présent à chaque séance. Celui-ci n’ayant aucune foi dans le magnétisme, s’y refusa d’abord; mais on insista, et force lui fut de se soumettre.
Une quantité de personnes, parmi lesquelles se trouvaient plusieurs malades, curieuses d’assister à une séance de magnétisme, encombraient le salon où se tenait la patiente et où le comte Roniker allait opérer pour la première fois.
Craignant que son action ne fût neutralisée par cette affluence de monde, ou plutôt qu’un des assistants n’absorbât son fluide, le magnétiseur se plaça le plus à l’écart possible avec la malade, auprès de laquelle le médecin seul vint s’asseoir.
Le comte, doué d’une grande force magnétique et n’agissant presque jamais en vain, est assez étonné, après un bon quart d'heure de magnétisation, de ne produire aucun effet sensible; il se retourne, et voit celui qui l’assistait plongé dans un profond sommeil.
Quoique ce cas ne soit pas rare, qu’il se présente même assez fréquemment', chacun crut que le dormeur jouait la cpmédie, et un rire fou s’empara de toute l’assemblée.
Mais celui qui, seul, savait quoi s’ea tenir à cet égard, demanda le silence et examina le magnétisé. 11 ne tarda pas à reconnaître, après l’avoir questionné à voix basse, la manifestation d’un phénomène beaucoup plus rare en pareille circonstance que le simple coma magnétique, et annonça à l’assemblée non-seulement le somnambulisme, mais la clairvoyance.
On fut bientôt convaincu, au reste, de la réalité de la chose, lorsqu’on entendit le colloque suivant, qui 11c pouvait plus laisser le moindre doute dans l’esprit des spectateurs.
Puisque vous vous trouvez bien, et que même, d’après ce que vous vepez de me dire, vous vous sentez comme régénéré, voulez-vous que je vous laisse dormir encore longtemps?
— Je suis on ne peut mieux, il est vrai; mais je vous prie de me réveiller.
— Vous ne le pouvez donc pas de vous-même?
— Non : je fais tous mes efforts pour cela, et jq ne puis y parvenir.
—Eh bien, puisque vous désirez que je vous réveille, je vais le faire à l’instant; mais ne voudriez-vous pas auparavant répondre à quelques questions que je crois devoir vous poser?
Tout en parlant ainsi, le magnétiseur agissait par la pensée pour rendre le sommeil plus profond et la clairvoyance plus complète.
— Volontiers.
— Croyez-vous maintenant au pouvoir du magnétisme?
— Comment pourrais-je ne pas y croire dans l’état où je suis?
— Voudriez-vous bien maintenant vous occuper un peu de notre malade?
Point de réponse.
Le magnétiseur insiste impérieusement. Maîtrisé par une force à laquelle il est bien difficile de résister, le médecin somnambule avoue qu’il s’était trompé quant à la nature du mal qu’il avait voulu combattre en traitant cette dame, et qu’il le regrette sincèrement; mais que si l’on veut suivre
sa nouvelle prescription, il promet une guérison prompte et radicale (1).
On accepte, bien entendu, et en quelques instants l’ordonnance est écrite.
Émerveillés de ce qu’ils voient pour la première fois, les spectateurs crient au miracle; et ceux d’entre eux qui étaient affectés de différentes maladies, s’empressent de venir consulter le nouveau dieu d’Épidaure.
Dès que chacun est muni d’une recette, on réveille le somnambule, et le dieu redevient homme.
Une scène assez curieuse se passe alors : celui qui avait donné les ordonnances ne veut pour rien au monde les reconnaître pour siennes. C'est bien mon écriture, dit-il ; mais on a dû abuser de l’état dans lequel on m’avait plongé; on m’a contraint ; on m’a privé de mon libre arbitre, car jamais je n’aurais fait de semblables prescriptions! On eut beau lui assurer qu’aucune violence n’avait été exercée à son égard, il n’en resta pas moins convaincu qu’il avait été dominé par une influence étrangère, et ne voulut en aucune manière assumer la responsabilité de scs ordonnances.
Je regrette fort de n’avoir pas été témoin oculaire d’un fait aussi intéressant, et de ne connaître par conséquent ni le dosage, ni la combinaison des médicaments prescrits, ni enfin, ce qui est encore plus à regretter, le résultat desdites prescriptions. Mais tout en reconnaissant qu’un somnambule ordinaire peut facilement se fourvoyer en pareille circonstance, je crois qu’il ne doit pas en être ainsi d’un médecin dont l’instinct médical doit se développer alors en raison du degré de clairvoyance auquel il sera parvenu. Et si celui dont je parle en ce moment s’est récusé lui-même, une fois rentré dans son état normal, c’est que mallieureusementil n'a pas eu le courage, dans l’intérêt de son art, de se mettre
(1 ) On ne doit point être surpris de cet aveu ; car si tout médecin consciencieux, bien éveillé, ne craint pas d'avouer qu'il se trompe souvent dans son diagnostic, à plus forte raison l’avouera-t-il dans l'état de somnambulisme.
pour lin moment au-dessus des enseignements de l'école.
Un fait de ce genre ne se renouvellera probablement pas de sitôt ; mais si quelques médecins voulaient se laisser somnam-buliser, qui sait si ceux qui deviendraient clairvoyants ne rendraient pas d’importants services à la médecine en général, mais surtout à la thérapie, dont les progrès, quoique incontestables, laissent tant encore à désirer?
Médecins de bonne foi et amants de votre art, lorsqu’un cas difficile viendra se présenter à vous, essayez ce qu'on vous propose ici, en demandant à la nature qu'elle vienne vous éclairer par un de ses plus merveilleux phénomènes; car si vous Êtes francs et sincères, vous ne craindrez point de reconnaître que souvent vous dormez en veillant, tandis que vous pourriez quelquefois veiller en dormant.
Ch. Pékeyba.
—Le gros lion du Bengale de la ménagerie de Scliœnbrunn est mort dans la nuit de dimanche à lundi. Le Journal de Francfort donne sur ses derniers moments de curieux détails. Le roi des animaux s’était, dit-il, énergiquement refusé à toute espèce de traitement médical ctla ruse même n’avait pu prévaloir contre ses répugnances. On avait imaginé de s’y prendre avec lui comme avec les enfants, pour lesquels on déguise le goût amer des pilules sous celui du sucre ou des confitures, et on lui avait servi un jeune chien farci de médicaments. Mais, pour la première fois de sa vie, le lion eut quelques scrupules, et il se mit à jouer avec le caniche au lieu de ledé-vorer. Celui-ci, auquel l’elTet des pilules, non moins que la conscience d'un voisinage peu rassurant, faisait faire des grimaces très-significatives, en fut quitte pour la peur; il guérit... et le lion mourut.
Réflexions.—Les bûtes ont souvent plus d’esprit que les gens. Ce que le lion demandait, c’était non des pilules, mais la liberté ; ce roi des animaux savait sans doute l’histoire de cet orang-outang traité médicalement dans notre Jardin des
Plantes. Il savait qu’on tlui avait fait une saignée et appliqué tics sangsues... et le succèsde ce traitement officiel : l'homme des bois après quelques grimaces, bien justifiées cette fois, n’avait pas tardé à succomber. Pour conserver la mémoire d’un si beau succès, on a empaillé l’animal : ce n’est qu’ainsi qu’il jouit de l’immortalité. Bientôton ne trouvera plus, môme parmi les bôtes, des êtres qui consentent à avaler les pilules de nos allopathes, tant leur parfum nauséabond affecte leur flair.
RECHERCHES
SUR
UN NOUVEL AGENT IMPONDÉRABLE.
l’OD.
Une de nos plus savantes Revues, la Revue Germanique, qui s'est donné la mission de vulgariser en France, ou ils sont trop peu connus, les résultats des profondes et patientes investigations philosophiques, historiques et scientifiques de la savante Allemagne, vient de faire paraître, dans ses numéros du 31 mai et du 15 juin, une Étude qui n’est point encore terminée, sur le nouvel impondérable découvert par M. Reichenbach. Pénétré de l’importance de cette nouvelle découverte, le Journal du Magnétisme avait, à deux reprises, annoncé qu’il en donnerait une exposition plus complète que cela n’avait été fait jusqu’à ce jour (1) ; des
( I) Voir page i 1 et suivantes, tome courant ; page 649 etsuiv.,tomexix; pages 130, 256, 536 et suiv.,tomc xvm. On trouvera, en outre, dans la collection du Journal divers articles sur le même sujet, que l'on consultera avec fruit et qui compléteront par leur ensemble l'analyse que nous allons présenter. Voir, tome xix, page 257 et suivantes : tome xvn, page 623 et suiv.;tome xvi, page 368 etsuiv.; tome xv,page291,322ctsuiv., tome xi, page 270 et suiv. ; tome x, page 638 et suivantes.
fragments môme avaient été publiés ; mais, malgré tous les regrets, et pour tics raisons inutiles à donner, il n’a pas été possible de leur donner une suite.
Grâce à M. Arnold Boscowitz, l’auteur de l’étude mentionnée, nous pourrons aujourd’hui satisfaire pleinement la curiosité des lecteurs du Journal. M. Boscowitz s’était déjà fait connaître dans la môme Revue par une autre élude sur Y Ame des plantes, pleine de poésie, de sentiment et des plus délicates observations. Sa nature éminemment sensitive semble s’ôtre complu à creuser, pour la rendre vraisemblable, cette hypothèse que les anciens avaient généralement admise, mais qui, de nos jours, n'avait trouvé de refuge que dans le génie rêveur de la poétique Allemagne : ce peut être une illusion que cette animation de la nature; mais cette illusion, toute magnétique , est pleine de charmes et bien des âmes endolories par les luttes, les amers désenchantements, les angoisses de la vie, y ont trouvé l’apaisement du cœur et la sérénité de leurs derniers jours.
La découverte de M. Reichenbach devait sourire à la nature aussi heureusement douée de M. Boscowitz, et l’on devine aisément à l’exposition qu'il en fait, qu’il est non un froid narrateur d’impressions étrangères, mais un sensitif qui traduit ce qu’il a vu et senti. C’est donc une étude précieuse, doublement précieuse, car M. Boscowitz n’est point un sensitif ordinaire; il est savant, il a beaucoup voyagé, beaucoup vu et vu avec fruit ; la vérité qu’il défend y devait trouver son profit.
Le résumé auquel nous devons nous borner, à cause de l’exiguïté du format du Jtp-nal, que nous avons eu bien des fois l’occasion de regretter, sera nécessairement pâle, décoloré, dénué de l’intérêt que l’écrivain, joignant ainsi l’attrait de la forme à celui du fonds, a su répandre dans son travail ; mais il sera très-complet, c’est le seul mérite que nous ayons recherché.
M- Reichenbach avait déjà conquis un rang distingué dans la science par ses découvertes en chimie, lorsqu’il publia le résultat de ses recherches sur l’od. Aussi, y a-t-il
lien d’être moins étonné de l’accucil enthousiaste que deux des plus illustres savants de l’Europe, Liebig et Berzelius, firent ii cette publication, que de la légèreté ou de l’in-dilTérencc des savants français.
M. Boscowitz sera-t-il plus heureux que son savant initiateur? Nos académiciens sont gens si rétifs au progrès que l’on pourrait douter ; ils aiment si peu les révolutionnaires en sciences ou ailleurs que l’on devrait désespérer, si la vérité n’avait son irrésistible puissance. — Mais, messieurs de l’A-cadémie, puisque les révolutionnaires vous font tant de peur, pourquoi n’employez-vous pas un moyen bien simple de les faire disparaître à tout jamais? Pourquoi ne vous mettez-vous point en possession de l’absolu?... Vous ne savez ou ne le pouvez! Eli bien, alors, rien n’arrêtera le souffle inspirateur de Dieu, et sans cesse ni relâche vous aurez des lutteurs, des chercheurs heureux, qui viendront ébranler les colonnes de vos temples.
Le genre de recherches, et c'est digne de remarque, qui avait conduit Mesmer à sa magnifique découverte, mit Rei-chenbach sur la trace de l’od.
On avait reconnu, bien avant Mesmer, l’influence de l’aimant sur certaines organisations. Il était démontré, que cette action produisait des effets divers et d’une intensité qui variait selon la puissance de l’aimant et le degré d’impression-nabilité des individus, depuis uné légère sensation de froid ou de chaud, de fourmillement, de bien-être ou de malaise, jusqu’aux crampes les plus violentes, jusqu’à la catalepsie; que, l'aimant étant recouvert de son armure, les effets cessaient pour apparaître de nouveau, si l’on désarmait l'aimant ; enfin, qu’un aimant d’une puissance beaucoup plus faible calmait les effets produits par un aimant plus fort. Ces observations ayant fixé l’attention de M. Reichenbacb, il s’aperçut bientôt que cette action s’exerçait aussi bien sur des personnes en santé, fortes, robustes, que sur les somnambules , les cataleptiques, les hystériques, ou d’autres genres d’affections : des expérience faites, on peut même
conclure que le nombre des personnes qui possèdent la facultó naturelle ou accidentelle d’être ainsi impressionnées, mais «à des degrés divers, égale celui des personnes qui ne le sont point. Ces personnes, consultées, déclareront que leur sommeil est constamment agité ; que les parfums les incommodent; qu’elles sont mal à l'aise dans des appartements étroits ou dans les grandes réunions; qu'elles préfèrent la couleurbleue à toute autre; qu’elles ont la jaune en aversion; que la lumière de la lune pénétrant dans leur chambre trouble leur sommeil ; enfin, pour dernier caractère, ces personnes sont toujours légèrement vêtues, même en hiver.
Bien que laconnexité de tous ces caractères soit telle que la présence de l’un doive faire conclure à l'existence de tous les autres, nous nous sommes un peu appesanti sur leur exposition, vu leur importance, car leur réunion constitue ce que M. Keichenbach appelle un sensitif.
Que cet être pose légèrement ses deux mains sur un mur, au bout de quelques instants il résultera pour lui de ce contact une sensation de froid à sa main gauche et de chaleur à la main droite. Si, lui faisant ouvrir la main gauche, vous présentez l’extrémité des doigts de votre main droite et les promenez lentement et à quelque distance de la racine de la main ouverte jusqu’au bout des doigts, il ressentira comme un souffle frais, léger, agréable, pénétrant, et à un degré plus faible encore, comme quelque chose qui se meut dans sa main, suivant la direction que vous imprimez à vos doigts. Vous aurez par là une preuve expérimentale de plus de l’existence de cette faculté singulière qui vous mettra à même, par l’intermédiaire de l’être ainsi doué, de constater la présence, dans les corps de la nature, d’une substance dont l’importance est à peine soupçonnée des savants et de la part de ceux qu’elle intéresse plus directement, je veux parler des magnétistes.
Passons à l’expérimentation.
Une barre d’acier aimantée, suspendue horizontalement, dirige toujours, on le sait, l’une de ses extrémités vers le
Nord : la force qui sollicite ainsi l'aimant, le rappelle, s’il est dérangé, ou le maintient ; c'est le magnétisme. Dans cette position, si un sensitif approche sa main gauche du pôle nord ou négatif de l’aimant, il sentira le souille frais dont nous avons parlé plus haut. Au pôle sud, il percevra un souffle tiède, désagréable. Ce même pôle, plongé dans un verre d’eau à boire, communique à l’eau, pour le sensitif, un goût tiède, désagréable, nauséabond ; le pôle opposé se comporte de môme, mais en sens contraire, et à la fraîcheur s’ajoute une saveur légèrement acidulée : Cependant, dans aucun cas, l'analyse chimique la plus minutieuse ne pourrait découvrir la plus légère modification.
Cette substance qui se dégage des deux extrémités de l’aimant, inappréciable pour tout autre que le sensitif, est-elle une propriété du magnétisme, des corps aimantés? — Si cela était, on ne pourrait la constater ailleurs, tandis que nous allons la retrouver tout d’abord dans le cristal.
Que l’on place sur une table ou sur une cheminée un cristal de roche, de façon qu’il dépasse légèrement l’objet sur lequel il sera posé, la main gauche du sensitif éprouvera des sensations distinctes et différentes, selon l’extrémité qu’il touchera. A quelque distance du sommet, il retrouvera le souffle frais; à la base, le souffle chaud, et sous l’action prolongée de ce souffle, il surviendra du malaise. Les extrémités du cristal étant plongées dans un verre d'eau à boire, cette eau déterminera les mêmes effets que nous avons vus produits par l'aimant : goût tiède, nauséabond, si c'est la base qui a été plongée; saveur fraîche, acidulée, si c’est le sommet. Il n'est même pas nécessaire, pour que ces effets aient heu, qu’il y ait eu immersion des extrémités, il suffit que l'eau soit exposée à l’action du souffle qui, pour le sensitif, émane du cristal ; car les sensitifs délicats en perçoivent la sensation à plusieurs mètres de distance.
La répétition constante des effets opposés de fraîcheur et de chaleur fait supposer déjà que la substance qui se dégage ainsi des corps est douée de polarité.
Mais n’y a-t-il que le sens du tact qui puisse être affecté? En se rappelant que certaines personnes distinguent lesobjets dans l’obscurité, par induction, on pouvait soupçonner le contraire. L’expérience est venue confirmer l’induction.
L’obscurité absolue étant produite dans l’appartement, au bout d’un temps plus ou moins long le sensitif distinguera le cristal et le verra imprégné d’une matière lumineuse. An sommet, il apercevra une flamme bleue, lumineuse, scintillante, transparente, enveloppée dans un nuage phosphorescent et terminée par une flamme légère et diaphane; à la base, même phénomène lumineux, seulement la flamme qui s’en échappe est plus brillante, mais moins longue et rouge. La main gauche dirigée vers ces flammes reçoit une impression de fraîcheur de la flamme bleue; de chaleur de la flammé rouge.
La netteté de ces sensations et de ces visions dépend évidemment du degré de sensitivité. A un degré inférieur, ces flammes ne sont aperçues que comme une vapeur lumineuse d’une teinte indécise. Néanmoins la vision sera d’autant plus Claire, eu égard au degré de sensitivité, que l’obscurité de l’appartement sera plus complète. Pour faire la part des impatients, il est bon qu’ils soient avertis qtre, si, d’un lieu très-éclairé, le sensitif passe dans la chambre rendue obscure, l’àction exercée par la lumière sur la rétine étant très-lente à se dissiper, plusieurs heures peuvent être nécessaires pour que les flammes puissent être vues.
De l’expérience précédente et de l’épreuve faite sur le mur, on peut conclure que le souffle accusé par le sensitif n’est point du magnétisme : il n’exerce, d’ailleurs, aucune action sur l’aiguille aimantée. Ce n’est pas de l’électricité, car l’é-lectroscope le plus délicat n’en accuse pas la présence; puis, l’électricité ne se dégage pas sans excitant, tandis que la substance en question peut constamment être vue ou perçue. Ce souffle n’appartient pas non plus au principe calorique : le thermomètre ne subit à son voisinage aucune variation ; de plus, toutes les organisations sont sensibles h la chaleur,
toutes cependant ne le sont pas îi ce souille. Doit-on y voir de simples effets de la lumière ordinaire? Pas davantage. La lumière ne saurait être perçue par le sens du tact. C’est donc une substance nouvelle, mais qui se rapproche de la chaleur, de la lumière, de l’électricité, du magnétisme : c’est I’od.
Reprenons l’exposition des phénomènes lumineux :
Les phénomènes lumineux que nous venons de constater dans le cristal prendront un éclat remarquable si l’on se sert d’un puissant aimant en forme de fer à cheval. Les flammes bleue et rouge s’élèveront avec une certaine énergie en droite ligne vers le plafond, bien qu’elles soient constamment agitées, qu’elles s’allongent, se raccourcissent. Elles forment chacune comme une colonne très-mobile, parsemée d’étincelles brillantes, enveloppée d’une sorte de nuage. Cependant, on n’aperçoit pas, et c’est à remarquer, qu’elles soient attirées l’une vers l’autre; elles ne se mélangent pas non plus, et elles ne s’inclinent que lorsque le sensitif porteur de l’aiinantse met en mouvement; elles prennent alors une direction opposée. Tout autour de l’aimant, leur intensité rend visibles les objets éloignés de un à deux mètres. Le fer aimanté lui-même est imprégné de cette lumière, et pour le sensitif il devient translucide. Que l’on place un objet dans la flamme odique, elle l'entoure, l’enveloppe, puis continue à s’élever; enfin elle le pénètre à, la longue et le rend brillant. Un objet placé à côté de l’une de ces flammes projette de l’ombre.
Avec un électro-aimant on augmente ou l’on diminue l’intensité de la lumière, selon le nombre et la puissance des électro-aimants. Mais lorsqu’elle acquiert une grande énergie, si l’air est tranquille, on voit, dans un ordre toujours constant, briller, à chaque pôle, sans qu’ils perdent pour cela la teiute qui leur est propre, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. On parvient même à isoler quelques-unes de ces couleurs au moyen d’une plaque horizontalement superposée sur l’un des pôles, et dont les quatre coins sont dirigés vers les quatre points cardinaux : on a alors un faisceau de lumière, rouge
au sud, bleue au nord, jaune à l’ouest, blanchâtre à l’est.
Un disque en fer fixé sur le barreau aimanté donnera l’image exacte d’un arc-en-ciel avec sa forme circulaire. 11 est difficile de donner l’idée de l’intérêt qu’offrent ces expériences, autant par leur nouveauté, que par la variété et la mobilité des phénomènes.
Jusqu’ici nous avons constaté deux sources d'orf: l’aimant et le cristal. L’od qui se dégage d’un cristal de même poids que le barreau aimanté est d’une puissance supérieure : sa fraîcheur est plus pénétrante, sa chaleur plus prononcée, sa lumière plus vive : L’od n’est donc pas du magnétisme.
L’électricité produit aussi de l’od en abondance.
Le sensitif qui reçoit une décharge électrique insiste surtout sur la présence d’un souille froid ou chaud, il en ressent l'impression même après la secousse électrique. Dans certaius cas où la sensitivité devient dominante, le sujet peut même n’être accessible qu’aux influences de l’od. M. Boscovvitz a vu dans les régions de la Vera-Cruz les gens du pays employer la torpille dans le traitement des fièvres nerveuses. Or, ce contact ne fait éprouver aux fiévreux aucune commotion, aucun engourdissement; il en éprouve, au contraire, un soulagement instantané et durable, à la suite d’impressions vaguement définies de froid et de chaud, de fourmillement.
Alexandre de Humboldt avait observé aussi que les femmes très-nerveuses pouvaient toucher impunément le plus redoutable des poissons électriques, le gymnote.
D’un autre côté, si un corps bien isolé et chargé d’électricité résineuse est placé à gauche du sensitif, celui-ci ressent bientôt le souille odique froid; avec un corps chargé d’électricité vitreuse, également placé à gauche, il ressentira le souffle chaud.
Dans l’obscurité, toutes les parties d’une machine électrique sont brillantes. Si l’on bat l’électrophore avec une queue de renard, celle-ci s’imprégne de la lumière odique rouge et le gâteau résineux de l'instrument produit de belles flammes bleues et ronges. Un homme électrisé placé sur l’isoloir est
vu entouré d’une atmosphère lumineuse : de grandes flammes bleues et rouges s’échappent de ses pieds et de ses mains.
En variant ces expériences, en les multipliant, on s’assurera de plus en plus que l’électricité est une source d’od et que la différence de leurs effets ne permet point de confondre ces substances l’une avec l’autre.
Que les deux extrémités d’un (il métallique par exemple soient conduites hors de l’appartement obscur et mis en relation avec les pôles d'un appareil voltryïque, le sensitif verra des lueurs blanches éclatantes se mouvoir en spirales autour du fil, comme une multitude de vers qui ramperaient tout autour du circuit d’un pôle ii l’autre.
La chaleur et la lumière sont encore des sources abondantes d’od.
Une baguette ou un fil de cuivre plongés dans un brasier ou exposés à la lumière par l’une de leurs extrémités,l’autre restant dans l’obscurité, le sensitif ressentira, à l’approche de cette dernière, de la fraîcheur et verra une flamme bleue.
Toutes les transformations de la matière, l’acte de la fermentation , le mouvement des affinités élémentaires sont autant de sources d’od.
Les décompositions organiques nous présentent les émanations odiques sous les formes les plus variées et les plus saisissantes, dans les cimetières surtout au-dessus des tombes les plus récentes (1). Les émanations ayant également lieu de
(1 ) Nous rapporterons ici un fait qui avivement impressionné les esprits à l'époque ou il se produisit, et dont la tradition est, nous dit on, restée vivante dans une partie de l'Alsace. PfefTcl, l'aimable et cxccllcntconteur, habitait près de Colmar une maison entourée d'un grand jardin. Devenu aveugle, le poète avait constamment auprès de lui un jeune théologien qui écrivait sous sa dictée et qui l'accompagnait dans toutes ses promenades. Lorsque le soir ils se promenaient ensemble dans le jardin, et que, sans y prendre garde, ils entraient dans une des allées, le jeune homme s’arrêtait soudain à l'entrée et refusait obstinément de traverser l'allée tout entière. Il déclarait, avec tous les signes de la frayeur, qu'il y voyait la forme lumineuse d'une femme démesurément grande qui s'agitait dans l'air, et qui tantôt se raccourcissait, tantôt s'allongeait outre mesure.
toutes les parties du corps, elles conservent naturellement la forme humaine, mais leur mobilité, leur variété rend ce spectacle extrêmement émouvant : c’est une vraie danse des morts qui ne cesse que lorsque la décomposition des corps est terminée.
11 devient facile d'après cela d’expliquer les effets, effets bien constatés, indéniables, du baquet de Mesmer. Mélange confus de toutes sortes de substances organiques et inorganiques réagissant les unes sur les autres, il devait être un immense foyer non d’électricité ou de galvanisme, mais de substance odique : la découverte de M. Reichenbach prouve que le ridicule que les savants ont déversé sur le baquet n’est point à la hauteur de la légèreté et de la déraison dont ils ont fait preuve.
On peut du reste remplacer le baquet par l’appareil vol-taïque. Cette modification a pour elle l’avantage de se trouver plus en rapport avec les connaissances scientifiques.
Ainsi que le chimisme, le son produit de l’od. L’archet promené sur les cordes d’un violon provoque des vibrations et ces vibrations une vapeur diaphane et lumineuse. Une cloche que l’on fait résonner est bientôt entourée et pénétrée d’une flamme brillante; elle devient translucide.
C'est en fain que l’feffcl exhortait son ami à s'approcher du fantôme que seul il percevait, cl qui restait invisible pour tous ceux qui accouraient.
Lorsque Pfeffel ou quelque autre personne s'approchait de l'endroit où était le spectre, le jeune homme voyait celui-ci s'agiter violemment; puis, quand on se plaçait dans l'espace même qu’il occupait, envelopper entièrement de sa substance lumineuse celui qui s’y trouvait, l’feflel, qui connaissait la nature or linairemcnt calme et nullement fantasque de son jeune ami, avait une entière confiance dans la sincérité do scs déclarations. Il cherchait en vain les causes de ces étranges phénomènes, lorsque l’idée lui vint de faire entreprendre des fouilles à l'endroit même ou le jeune homme avait ses visions. On y trouva le corps d'une femme que l’on y avait déposé bien longtemps avant que Pfeffel habitât cette propriété, circonstance que lui cl tous ceux qui l’entouraient avaient complètement ignorée. Arn. Boscowitz.
fRevue Germanique, page 278, livr. 31 mai).
Le choc fait jaillir la lumière odique ; la pression la dégage plus doucement. D’un rouleau de fil d’archal en partie dévidé et pressé avec force dans la main, il s’échappe par l’extrémité du fil une flamme odique d’une grandeur et d’un éclat extraordinaires. Un aimant pressé par le milieu donne à ses deux extrémités une flamme considérable.
Ces expériences rappellent celles de M. Dubois-Reymond, par lesquelles il démontrait que de légers courants électriques accompagnaient la compression musculaire et la vibration nerveuse qui en dépend. Il n’est cependant pas possible de confondre cette fois encore l’od avec ces courants électriques, ni même de pouvoir supposer que l’od soit produit par eux, car les courants sont tellement faibles que les électros-copes ordinaires sont insuffisants pour les constater et qu’il a fallu pour cela des appareils spéciaux; tandis que les effets
odiquesdécèlent unepuissance incomparablement plus grande-
Il est plus raisonnable, au contraire, d’admettre que, un impondérable ne se manifestant jamais avec quelque énergie sans réveiller à sa suite l’activité de quelque autre impondéré, il est plus raisonnable, dis-je, d’admettre dans ce cas que l’o'lest devenu à son tour cause d’un dégagement d’électricité.
Le frottement des corps est une source d’od. De l’eau agitée dans un vase brille pour le sensitif d’une lueur blanche, et s’il en boit, il la trouve tiède, nauséabonde, semblable à celle dans laquelle on aurait fait tremper le pôle sud d’un aimant. Versée dans un tube de verre incliné, l’eau apparaît enveloppée d’un nuage lumineux tout le temps qu’elle coule.
Les eaux courantes, les eaux de source doivent, puisqu'il en est ainsi, dégager en grande abondance la substance odique. C’est ce que reconnaissent les sensitifs : les sourciers n’étaient autre chose que des sensitifs.
Les sources d’od connues déjà sont nombreuses; néanmoins elles ne se bornent pas là. L’od est une substance universelle; on la retrouve partout. Les corps amorphes, toutes les substances solides, liquides ou gazêiformes. la détiennent en plus ou moins grande quantité; seulement la lueur odique est tou-
jours rouge dans toile substance, bleue clans telle autre. En prenant pour point de départ l’intensité des impressions qu’il perçoit, la vivacité des lueurs produites par les substances, et les divisant en positives et négatives, le sensitif établiraune série qui, chose curieuse, ser.i la môme que la série électro-chimique obtenue au moyen du courant vol laïque : sous cette impulsion, on le sait, certaines substances se déposent sur la lame de zinc, ce sont celles que l’on est convenu de considérer comme possédant l’électricité négative; les autres, appelées positives, sont entraînées vers le pôle négatif de l’appareil, sur la lame de cuivre.
Mais ce n’est pas seulement par l’intensité des phénomènes que le sensitif distingue les substances. L’od de chaque corps a une action qui se diversifie au point que ni sa chaleur ni sa fraîcheur ne sont les mêmes pour tous. Le souffle de l’or perçu par la main gauche du sensitif semble plus chaud que celui du cuivre; mais celui de ce dernier agit plus profondément, il produit des picotements fort désagréables et la présence de grandes masses de cuivre occasionne aux sensitifs des crampes dans les régions de l’estomac. L’oxvgène possède une émanation bien plus froide que celle du soufre, mais elle pénètre moins profondément.
Du reste, toutes ces émanations peuvent être perçues à de grandes distances (1). Cette possibilité donne l’explication de la baguette divinatoire. Ce n’est point que la baguette soit
(1) On trouve presque toujours dans les régions métallifères de l’Europe quelque mineur connu et recherché, dans les mines, à i-ause du don singulier qu'il possède de reconnaître les filons quise trouvent sous scs pieds-Nulle part cependant nous n’avons recueilli à cet égard des faits plus décisifs que ceux que nous trouvons consignés dans les Mémoires de Henri Zscliokke.
Cet écrivain, grand par son savoir, grand par son dévouement aux idées libérales, grand surtout par la pureté de sa vie privée, avait noblement servi la Suisse, sa patrie adoptive, à l'époque des luttes politiques qui partout avaient surgi à la suite de la Révolution française. Lorsque le calme eut succédé à la tempête, Zschokke, avec cette ardeur désintéressée qui est l'apanage des âmes éle»ées, appela l'attention de ses concitoyens sur
ur instrument indispensable pour la découverte des sources 'es trésors; mais c’était une sorte de mise en scène que .(lies rbabdomants croyaient utile et sur laquelle cer-croyaient même devoir renchérir. Témoin un vieillard .a; M. Boscowitz a connu en Espagne etqui, avant de se mettre à la recherche de trésors, jeûnait et priait durant toute unejournée, invoquait tous les saints du paradis en prenant la baguette et n’opérait que la nuit.
E. A. M. Paris.
[La suite prochainement.)
les ressources naturelles de la patrie, el se mil à parcourir les montagnes de la Suisse à la recherche de houille, de sel et de métaux. Ce fui pendant ces utiles recherches que le célèbre géologue Ebert le mit en rapport avec une personne qui, d sait-on, découvrait les filons souterrains par l’action d'un agent mystérieux, lequel se dégageait des minéraux agglomérés dans le sein de la terre, et montait à la surface.
« C'était, ditZschokke, une jeune fille d'une vingtaine d'années, grande, robuste et en parfaite santé Elle m'accompagnait quelquefois dans les excursions scientifiques que je faisais à celle époque dans les montagnes dont je connaissais fort bien la structure géologique, les sources d'eau souterraines et le gisement des minéraux, choses qu’ignorait absolument Catherine Deuller, ma compagne de voyage. Eh bien, jamais sa faculté merveilleuse ne lui a fait défaut, malgré les expériences nombreuses auxquelles je la soumettais, et qu'elle faisait toujours sans baguette divinatoire. Des essais sans cesse réitérés, des observations faites avec loule l’exactitude possible afin d'éviter des erreurs, finirent par vaincre mon incrédulité, el par me laisser entrevoir une force nouvelle de la nature comme a travers un voile mystérieux. I.a jeune fille ne pouvait me définir d'une manière précise les impressions qu'elle recevait des différentes substances. Lorsqu’elle se trouvait au-dessus d’une mine de fer, elle éprouvait des sensations mixtes, mais surtout une impression de grand froid à la langue; à l’approche de terrains contenant du sel, il se produisait dans ses bras une transpiration abondante ; le voisinage de grandes couches de charbon de terre et de soufre s’annonçait par une étrange sensation de chaleur dans l’intérieur du corps, et la présence du cuivre lui était révélée par un picotement particulier sur la langue. »
Zschokke écrivait ces lignes en 1812, bien longtemps avant que M. Reichenbacb eût entrepris ses recherches sur l’od.
Arnold Boscowitz.
(Revue Germanique, page 287, livr. du 31 mai.)
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Notre collègue et collaborateur, M. Henry Anilr cin, vient de terminer un ouvrage île médecine d 1 destiné aux familles, sous ce titre: Le Guide, médt j. Familles. 1
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Prix, par souscription, 6 fr. au lieu de 9 fr. Les avis de r souscriptions sont reçus au bureau du Journal.
Le montant de la souscription ne sera réclamé qu’à la réception de l’ouvrage.
Baron Du POTET, propriétaire-gérant.
CAUSERIE MAGNÉTIQUE.
Dans ma dernière causerie, j’ai plutôt parlé des médecins que des savants proprement dits. J’ai montré ces devins et ces augures, — car la médecine ne consiste qu’à étudier les symptômes des maladies, à deviner et à augurer : jamais on ne fera de la médecine une science exacte, car la nature s’y oppose;—je les ai montrés ce qu’ils sont, et nous allons voir leurs compères les savants tout aussi injustes envers nous et mentant à la vérité comme les médecins. Il y a trente aus, après Jussieu, Deleuze, homme éminemment instruit, écrivait ses observations sur le magnétisme;,le célébré Ampère avouait sa croyance et admettait l’existence de cet agent singulier de tant de phénomènes; Laplace critiquait la conduite de ses collègues touchant leur incrédulité ; Cuvier lui-même se gardait bien de rejeter la découverte nouvelle et prémunissait ses contemporains contre un jugement précipité. Nous pourrions citer bien d’autres noms et montrer la disposition d’esprit du monde savant précédant l’époque actuelle ; mais, comme dans la romance, il paraît qu’un vent venu de la montagne a rendu fous nos lettrés. Que trouve-t-on aujourd'hui parmi tant de gens illustres et parfaitement décorés? On trouve de la science sans doute, mais pas une idée d’avenir, pas un trait de génie, rien de transcendant et qui marque son temps. On trouve bien parmi eux un homme comme M. Maury, de l'institut, qui ressasse les faits occultes que l’histoire nous a conservés sans les expliquer. Dans son livre, M. Maury croit expliquer ce qu il n’a pas compris ; et l’Académie est satisfaite de ce traducteur de ses pensées ! Ceci encore cache un vide que l’on ne veut pas combler : on n’ignore point dans ce sanctuaire le caractère véritable des phénomènes magnétiques et leur portée. Vingt académiciens au moins ont vu des faits dont quelques-uns étaient transcendants et sortaient de l’ordre physique, ils n’ont pas pu les nier : chacun de ces hommes distingués a ou a eu des rapports avec des personnages de la société qui avaient pratiqué le magnétisme, et par conséquent la certitude Tome XX. —N° 111. —2e Sérib. —(0 août. 1861.
est acquise généralement clans le monde officiel, de 1 étendue du pouvoir que l'homme peut exercer par le moyen du levier invisible que Dieu a placé en lui; mais tout ce qu on écrit contre le magnétisme est accueilli dans ce lieu plutôt que rejeté. Là les gens qui croient glorifieraient l'incrédulité s ils l’osaient, et les Mabrus auraient des couronnes. Pour Être différents des médecins, nos académiciens n'en valent pas mieux; la vérité n’est qu'une chose secondaire ou inopportune. On comblera d’honneurs et de fortune l'homme qui découvrira un astre douteux et dont la réalité positive n'exercerait aucune influence sur les destinées humaines. On encourageia les hommes d’industrie, et ceci est très-utile, mais n'a qu’une valeur relative : ce n'est point avec un tel bagage qu'un corps se rend illustre. Les destinées humaines ne peuvent être abandonnées aux hommes qui n’ont point d'idée morale, et qui ne comprennent rien aux mobiles secrets qui conduisent les hommes vers leurs fins dernières. On laisse démolir pièce à pièce l’édifice religieux où s’abritaient nos pères, sans chercher s’il ne serait point possible de faire mieux qu'eux en édifiant sur des bases nouvelles, le temple dont le magnétisme révèle le plan aux initiés intelligents. On ne recherche point si le vide qui se fait ne finira point par être dangereux, et si la société pourra vivre sans croire à l'existence de 1 âme, à1 immoi-talité de l'agent qui meut nos organes. On se soucie bien de toutes ces choses, elles sont peu importantes aux yeux de nos savants. Ils sont si riches déjà en connaissances, qu'une vérité qu’on leur apporte est comme un écu qu'on donne à un millionnaire : — il ne le regarde pas. Leur orgueil les empêche de voir que leur grande physique n'est qu’une physique amusante; leur chimie un jeu d’enfant; les calculs qu’ils font sur les mondes, quelque groupés qu'ils soient, ne sont qu’un rêve de leur esprit. Ignorant l’essence même des agents découverts, ils croient cependant les connaître, parce qu’ils en ont saisi quelque propriété. Mais le plus étonnant pour la raison commune, c’esteette méconnaissance de soi-même, etdes rouages secrets qui font mouvoir la machine humaine; cette mécon-
naissance de la vie, de la mort, ces deux évolutions capitales.
Mais nous nous arrêtons ici; ce chapitre serait trop long, il y aurait trop de choses à dire. Le magnétisme peut faire cesser cette pauvreté, lui seul est tout un monde : philosophie, médecine ne peuvent produire rien de durable sans lui, et les sciences exactes, au moyen de ce complément, recevront une impulsion qui, changeant les données générales des sciences, pourra donner l’humanité les réalités que le génie humain a cherchées jusqu’à présent sans les trouver. Mais persister dans cette demande serait absurde, rien ne se fera de ce côté. Demander l’admission du magnétisme aux savants, c’est demander à l’épicier de vous faire du drap, et au drapier de ferrer votre cheval, au pharmacien de vous faire des chaussures; —ils vous répondront tousquecen’estpas leuralfaire.et qu’ils > n’entendent rien à ce que vous leur demandez. Chaque savant a ses idées favorites, ce qui va à son propre génie; ne lui demandez rien autre chose. Mais l’opinion publique attribue aux savants tous les genres de mérite, et le gouvernement même lesconsulte et prend leuravis sur des chosesdont ils n’ont point la moindre connaissance, et leur jugement fait loi jusqu’à ce que le public ait cassé leur arrêt. Il y a donc ici quelques mesures à prendre; car voyez, le magnétisme a été retardé dans son progrès par la marche suivie. Si, au lieu de prendre des académiciens pour juges, on eût nommé des gens désintéressés dans la question, des hommes de bon sens qui n’eussent point eu de parti pris, les effets eussent été constatés, car ils auraient apporté dans cet examen toute l’attention possible.
Les savants, au contraire, quand ils étaient conviés, arrivaient en sautillant, et d’un air tout à fait jovial, ils fredonnaient une chansonnette ou disaient un bon mot; ils faisaient bien mieux, ma foi, ils tournaient le dos pour mieux voir, et s’en allaient ensuite raconter à leurs confrères les drôles de choses qu’ils avaient »«es.
Qu’on ne croie pas que nous exagérions en rien ; les choses se sont ainsi passées et les hommages que le magnétisme a reçus, lui sont venus de gens qui s’étaient donné la peine de
bien voir et d’expérimenter. I/1 magnétisme n’a pris sa volée qu'en se produisant en dehors des corps académiques, en public. Les démonstrateurs n’étaient pas tous très-habiles sans doute ; mais les faits avaient leur valeur, les guérisons leur prix, et la puissance se dévoilait parfois d’une manière si étrange, que les assistants étaient saisis d’effroi. Mais, nous l’avons dit, il faut aux savants le feu matériel, le feu de Prométhée ne leur va point aussi bien, leurs mains sont trop débiles pour qu'il puisse en jaillir.
Baron du Potet.
RECHERCHES SUR LE MAGNÉTISME.
On lira avec intérêt l’article ci-après, dû à la plume d’un de nos nouveaux collaborateurs, ami dévoué du magnétisme. L’antiquité a connu le magnétisme, l’Égypte surtout en offre de nombreuses traces jusque sur ses monuments les plus anciens. Cette publication nous promet d’autres documents. Ils doivent paraître par livraisons de 25 pages, et la publication doit s’eu faire près des lieux où le magnétisme eut ses temples et ses autels. Nous tiendrons nos lecteurs au courant de ces heureuses recherches.
I
LE MAGNÉTISME DANS I.’ANTIQUITÉ.
L’archéologie nous enseigne que l’Orient a toujours été le véritable berceau de la magie, la patrie des sciences occultes ! Dans toutes les villes de l’Asie on trouve aujourd’hui des restes de cette science, conservés parmi le peuple (1).
(1) Dans les classes civilisées ces croyances sont à peu près considérées comme des superstitions, faute d'éclaircissements scientifiques.
Les Turcs surtout, et parmi eux les (hakedjis) (2),
les derviclies-magicicns et les (fahljis) (3), qui sont
de véritables médiums (lu che'itan ou Satan, possèdent des secrets qu'ils ne divulguent point, ne se doutant pas sans doute que toute leur science terrible et mystérieuse est parfaitement bien connue en Europe, sous le nom d'électricité vitale et de spiritualisme. — En effet, au fond de toutes les super-titions, il y a toujours quelques vérités cachées ; l’essentiel c’est de les découvrir et d’en chercher la véritable source scientifique et historique à la fois. Les rejeter toutes comme absurdes, ce serait tomber réellement soi-même dans l’absurde, vu qu’aujourd’hui des hommes éminents en Europe s’occupant de magnétisme animal et de sciences occultes, pénètrent bien des mystères, et voient dans ce monde un autre monde invisible et mystérieux...
Depuis quand, et comment ce monde occulte s’est-il révélé à l’homme? Depuis que l’homme a cherché à reconnaître la cause cachée de plusieurs phénomènes de la nature, car elle a dans tous les siècles excité la curiosité humaine par ses merveilles, ce qui prouve catégoriquement que toutes les sciences connues aujourd’hui ont toujours été du domaine des connaissances de l’homme, surtout le magnétisme animal, véritable cause de tous les miracles de l’antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours. Ce n’est donc point Mesmer qui a connu le premier le magnétisme, ce principe de la vie. Dès le commencement de la création, l’antiquité s’en est servie, et Mesmer eut la gloire de le répandre en Europe. L’antiquité, dis-je, possédait à fond cette science. Qui sait ce que les prêtres ou hiérophantes d’alors faisaient dans les temples, loin des yeux du vulgaire? ne croit-on pas aujourd’hui, et ne paraît-il pas positif que la magie était le premier mystère révélé aux initiés.
Prouver ainsi que le mesmérisme existait dès les siècles fabuleux, c’est avoir besoin de beaucoup de citations et de
(2-3) Ces mois ci» turc signifient devins, magiciens, etc.
notes puisées dans les auteurs anciens; je n’aurai pas malheureusement de pareils témoignages, vu que l’antiquité elle-même est pour nous un mystère, je tâcherai seulement ( pour confirmer ce que j’avance ici) de montrer dans les arides ci-après et dans les livraisons suivantes des restes palpables, mais dégénérés, des sciences occultes. Ils sont palpables parce qu’ils sont encore vivants, et se pratiquent ournellement dans nos contrées et devant nos yeux. Par conséquent, quelques numéros de nos livraisons étant exclusivement consacrés à la recherche historique de l’archéologie du magnétisme, sont particulièrement dédiés aux inagnétistes de l’Europe.
II
LE NAZAR.
Dans l’Asie Mineure, les Turcs, ainsi que les autres peuples, croient (sans aucun examen pourtant) au mauvais œil, c’est ce qu’ils appellent simplement (nazar), mot arabe qui signifie voir. Cette croyance populaire n’a point été rejetée comme absurde par plusieurs savants de l’Europe, qui l’ont traitée scientifiquement; et il est certain que cette tradition, ainsi que toutes celles dont l'action est de nuire aux hommes, aux animaux par des opérations magiques, s’est répandue dans toutes les classes de la société.
Le nazar des Turcs n’est pas seulement un simple effet des yeux, la passion, la jalousie, l’envie, l’amour même peuvent exciter momentanément le regard et produire par là des effets très-nuisibles. Ainsi, d’après eux, il serait très-dangereux pour une jeune fille de lui dire en la regardant avec passion : « Comme elle est belle, quelle ravissante créature (1) ! » Le nazar n’affecte pas seulement les choses animées, mais il peut avoir aussi une influence funeste, causée par l’envie, pour les objets inanimés, tels que maisons nouvellement construites, habits neufs, etc.
(1) Ils adoptent en cela la volonté, ce qui parait juste.
Clic/, les Orientaux, il y a encore une autre croyance générale, croyance qui ne peut être rejetée comme absurde, surtout par les personnes qui s’occupent sérieusement de magnétisme. On croit communément que ce sont seulement les yeux bleusou verdâtres qui concentrent une puissance fascinatrice et attractive (1). Une telle conjecture ne doit pas être considérée comme incertaine ; au contraire, il faut l’examiner, et en chercher la cause et la source.
La physique nous apprend que parmi les sept couleurs primitives, le violet, le vert ou le bleu condensé sur des miroirs concaves et centralisé sur une aiguille de fer, peut donner à cette aiguille une quantité très-forte d’électricité en l’aimantant.
J’ai lu quelque part que le fluide magnétique vu par des somnambules lucides paraît bleuâtre. L’eau, d’après Reichen-bach, imprégnée de fluide positif, prend aussi cette couleur, etc. (2).
Tout cela nous fait voir que les autres couleurs ne possèdent point la vertu d’accumuler ainsi le fluide électrique. Donc, les yeux bleus peuvent, d’après la solution scientifique et la tradition populaire, posséder beaucoup plus la force occulte du fluide magnétique qui, à la volonté de l’homme, peut amener un trouble dans l’économie animale (3).
(1) Les Vêdas de l’antique Hindouslani et les célèbres Sagas chantés par les Scaldes du Septentrion peignent leurs héroïnes avec des yeux bleus. La Vénus Aphrodite d’Homère a les yeux bleus.
(2) Je ferai remarquer ici que parmi les sept couleurs primitives, ce sont le bleu, le vert et le violet qui dominent dans la nature : l’immense atmosphère magnétique qui nous entoure n’a qu'une douce couleur bleu azur; toutes les eaux qui couvrent la terre ne sont que bleues-verdAlres ; les plantes sont presque toutes vertes. Cette question est exclusivement scientifique, et je crois qu'on parviendra un jour à prouver plus profondément ce que j’avance, surtout par des expériences concernant les diverses couleurs et le magnétisme, de manière que cela puisse s'ajouter à cette science, sous le nom de chromalomagnélisme.
(3) A propos du nazar et des yeux bleus je citerai un fait étrange :
Il existe, à Smyrne, un horloger qui autrefois, il y a de cela vingt ans, travaillait dans l’atelier de ses mattres, à Constantinople. Cet horloger ra-
*
La tradition populaire du nazar est basée sur les accidents qui arrivent chaque jour depuis tant de siècles. Moïse de Kho-rène, l’historien de ma nation, dit que Ven ante, roi d’Arménie (S5 ans après J. C.), avait fes yeux si pleins de feu, que chaque matin ses pages avaient l'habitude d’exposer des morceaux de roches devant ses yeux, et ces roches se brisaient en mille morceaux. Moïse de Khorène cite ce fait et ne l’affirme point, quoique cependant il ajoute que tout cc qu’on raconte de ce monarque ne peut être qu’une exagération de la véritable puissance fascinatrice de son regard.
Nous pouvons conclure enfin que la tradition du mauvais œil est non-seulement aussi vieille que le monde, mais qu’elle prend peut-être son origine en Orient.
III
LES PROPHYLACTIQUES CONTRE LE NAZAR.
Les Lévantins, pour se préserver du nazar, possèdent pour cela des secrets bien étranges.
Le prophylactique principal et généralement adopté, c’est le jiai (nazar-boundjek). Ce mol composé signifie
en langue turque vulgaire jais du nazar. 11 y a plusieurs sortes de nazar-boundjek : ils sont tous en émail bleu, ayant différentes formes. On les fabrique à Jérusalem pour les vendre aux pèlerins.
Le nazar-boundjek par excellence a la forme cf une main.
conte et affirme qu’on apportait, souvent dans l’atelier les lunettes d’un homme âgé de 55 ans, pour les faire polir, parce que les verres de ces lunettes présentaient vers le centre, sur la surface intérieure, une tache, sans transparence aucune, formant un cercle aussi grand que l’iris, et celle tache provenait de la force occulte des yeux de cet homme... L’horloger assure les avoir polis lui-même plusieurs fois. Les yeux de cet homme, dit-il, étaient d'une couleur verl-bleu-violette et farouches à \oir. Ne peut-on pas conjecturer que peut-être ces verres contenaient, quelque mélange métallique qui, recevant le fluide provenant des yeux «le cet homme, se décomposait et formait au centre celle tache ou plutôt ce cercle dont nous avons parlé plus haut.
Les Orientaux en portent dans leurs habits, comme préservatif efficace contre le mauvais œil. Je demande maintenant pourquoi ce brimborion a-t-il la forme d’une main?... Ne serait-ce point que, dès les temps les plus reculés, la force mystérieuse de cette partie du corps était connue (1) et que cela ne peut être que le symbole de la passe magnétique ? Les Lévantins se servent de leur main lorsqu’il s’agit de se préserver momentanément du nazar ; ils l’ouvrent et la montrent tout ouverte et brusquement à l'individu qui, par ses paroles ou par ses actions, peut être cause des conséquences fâcheuses du nazar. Cette manière-ci est, à ce qu’on voit, le nazar-boundjek naturel. Il paraît que l’homme a toujours été inspiré à lancer, pour se préserver des maléfices, les rayons fluidiques de sa main, de sorte que la passe magnétique et son symbole en émail bleu se perdent dans la nuit des temps (1).
Outre le nazar-boundjek spécial, il y a plusieurs autres prophylactiques, comme par exemple tout autre jais ou colifichet ayant la couleur bleue, tel qu’une bague portant une tjjj (pélouza), turquoise bleue, une espèce de ver-luisant couleur verte (2) et beaucoup d’autres encore, que nous dirons plus tard.
Les Lévantins, et c’est ce qu’il y a de plus curieux, attribuent une force occulte et très-grande à tout prophylactique ayant la couleur bleue, et c’est à cause de cela que le nazar-boundjek n’est fait qu’en couleur bleue, et la préférence qu’ils ont pour la pélouza et le ver-luisant n’est que pour leur couleur bleue ou verte. Il y en a même parmi eux qui préfèrent pour leurs habits la couleur bleue. Cette croyance doit avoir quelque fondement, car pourquoi oppose-t-on les choses bleues contre le fluide émanant des ¡jeux bleus ? Cela ne peut être chimérique, et nous tâcherons d’en donner une explication
(1) Noire dernier article le prouvera d'une manière plus spécule.
(2) Ces vers luisants sont incrustés par les Orientaux entièrement dans l’or et pendus sur la této des nouveau-nés. Cet usage s'estîconservé beaucoup plus chez les Turcs.
satisfaisante. Je crois que cette apposition du bleu magnétique contre le bleu magnétique produit le môme phénomène qui constitue les pôles positifs ou les pôles négatifs de deux aimants, qui, en se touchant, ne peuvent avoir aucune influence l’un sur l’autre, de sorte que c’est le même fluide bleu magnétique qui fait mal et qui guérit, et c’est le cas de dire ici : « Siinilia similibus curantur (1). »
Outre la couleur bleue, les Turcs ont d’autres prophylactiques, tels que les aulx (2), la plante rue ou péganon (qui est particulièrement usitée par les Juifs), sept grains de (karadja-otou), espèce de sésame noir sans huile. La religion y est presque toujours mêlée, et plusieurs dans nos contrées portent des colliers avec des JjLo» (liama'ils) remplies de ¿-s-J (noaskas), etc. (3).
(1) Comme nous venons de le dire, en Orient, la force qui fascine et les prophylactiques qui guérissent sont attribués à la couleur bleue : pareillement aussi les magnétiseurs européens causent des accidents ou guérissent leurs malades par le même fluide. Dans le Levant, outre le nazar-boundjek-main, il y a aussi le nazar-boundjek-œil : c'est une pièce d’émail bleu, ronde et plate, ayant au milieu un iris représentant tout entier un œil bleu ; ci aussi nous voyons que les Orientaux opposent l’œil bleu contre l’œil bleu. Voilà encore un reflet du principe d’Hahnemanu, en Orient!... des restes bomœopathiques dans le peuple du Levant!... Nous ne pouvons attribuer qu’à la nature la révélation de ces lois curieuses aux anciens comme aux modernes.
(2) Les Égyptiens adoraient l’oignon à cause de l’influence que la lune exerce, d'après eux, sur lui. Cette influence, si elle existe, doit être toute magnétique.
(3) Les liamaïls sont des enveloppes de drap ou de peau remplies avec des nouskas, qui sont des pierres prophylactiques contre les accidents fâcheux. La forme originale du hamatl est toujours un triangle plat ; celle forme indique un reste de la conception trinitaire de l’Orient pénétré dans le pur déisme des Turcs. Les Turcs ont aussi ce provcrbcjiSJ^-jt çjH' (hak eulchdé der) : La justice (dieu) est en trois. Étymologiquement parlant, le mol liamaïl se rapporte au mot Çifuij (hemay) des Arméniens, fwytfo des Grecs, amulette des Français, etc., qui ont tous la même signification h peu près. Ces sortes de liamaïls sont faits pur les Turcs lettrés, et les nouskas sont écrits selon la nature de la souffrance de l'individu qui les portera. Beaucoup de Turcs portent toujours les hamaïls, surtout quand ils sont sujets à des crises nerveuses, qu’ils atlribueut au dgin ou génie.
Ces hnmaïls vides sonl aussi usités pour préserver les animaux gras et bien portants de l’influence du nazar; mais il y a particulièrement pour les animaux des prophylactiques très-curieux, comme par exemple récaille entière (lès tortues, un soulier usé. En Orient, presque toujours les chameaux portent, en guise de collier, ces souliers et ces écailles de tortues, et les édifices nouvellement construits portent ces mêmes objets sur le haut des portes cochères. Avec de pareils ornements ridicules, disent-ils, le regard des passants ne s’attache point avec convoitise à la beauté de l’édifice même qui les porte. Je crois cependant que la véritable origine de ce préjugé populaire est perdue.
A part ces prophylactiques durables, les Turcs ont aussi des prophylactiques momentanés, c’est-à-dire des pratiques pour se préserver à l’instant même de la menace du nazar. Ainsi, dans le Levant, quand quelqu’un se trouve en compagnie d’hommes inconnus ou entre ses ennemis, pour se préserver du nazar qui peut être occasionné par la jalousie ou par la haine, il n’a qu’à ouvrir la main et jeter une passe funeste à son agresseur ou à son ennemi, comme nous l’avons dit plus haut. Et, au contraire, quand les Turcs se trouvent entre amis ou en famille, et qu’on vient de louer la capacité ou le génie de quelqu’un qui s’y trouve présent, d’abord, pour que dans ce moment-là le nazar n’ait aucun effet sur la personne louée, on fait semblant de cracher sur elle, et puis on commence les louanges, étant persuadé qu’un individu loué avec ardeur est prédisposé au nazar. De même, quand quelqu’un veut parler de ses propres qualités avec prétention, il ne commence ses louanges personnelles qu’après avoir craché sur le collet de ses vêtements, comme pour se préserver du nazar ; car les Turcs craignent le nazar outre mesure, même lorsqu’ils se louent eux-mêmes (1).
(1) L’action de cracher comme préservatif esl fort eu usage chez les Turcs quand ils urinent la nuit auprès des fontaines : c’est pour se préser-ver de l’esprit frappeur, disent-ils. Les Orientaux vénèrent les fontaines, les animaux ; ce sont lh des restes du fétichisme.
Je ferai remarquer une autre chose ici. Ne voit-on pas que la salive employée de nos jours comme substance préserva-tive ou curative date de temps immémorial; Jésus lui-même ne guérissait-il pas quelquefois avec sa propre salive?...
Enfin, toutes ces manières d’agir, quoique dégénérées aujourd’hui, font voir qu’elles sont d’une origine très-ancienne... Qui les a enseignées?... dans quel siècle prirent-elles naissance ?... personne ne peut le dire...
IV
l’okoudmak ! !
Maintenant, nous sommes au point le plus frappant de nos assertions ; nous allons démontrer que l’acte de magnétisation même n’est point tout à fait inconnu dans nos contrées. En effet, les magnétistes d’Europe seront bien étonnés d’apprendre que les Orientaux magnétisent presque de la même manière qu’eux! En Orient, si quelqu’un tombe malade du nazar (ou de quelque autre maladie), les gens du peuple, turcs ou chrétiens, recourent à la magnétisation, appelée généralement (okoudmak), qui veut dire faire lire. Les Arméniens l’appellent ujqoiiUrL (aghotèle), c’est-à-dire prier (1). Voici, en peu de mots, leur manière d’agir : On place le souffrant sur un siège, assis ou presque couché; ensuite le magnétiseur s’assied auprès de lui ou vis-à-vis, puis il commence à marmotter tout bas des prières particulières. Le patient, pendant tout le temps que le magnétiseur continue de prier, doit rester tranquille et silencieux, car le moindre bruit ferait rompre le charme.
(1) Ces noms, vulgairement employés, démontrent que le magnétisme était en Asie, eomme il l'est encore, mélé à la religion,car on lit des prières particulières quand on magnétise. Nous pouvons conclure de là que celte science était le grand mystère des prèlres de l’antiquité. Le signe sacré Abéaston le démontre clairement. M. le baron du Potet, dans son Journal du MagnitUmt, a donné une explication satisfaisante de ce signe sacré et mystérieux.
Puis le magnétiseur dirige sa main ou plutôt scs deux mains ouvertes vers le souffrant, le touche en commençant à la tête ou aux épaules, puis il les descend, en frottant légèrement tout le corps jusqu’aux pieds.
Ce sont là de véritables passes; mais le peuple n’en connaît pas toute la valeur scientifique.
S’il y aune douleur locale, les mains du magnétiseur s’y arrêtent un peu plus. Mais, en général, la magnétisation est continuée ainsi pendant un quart d’heure, et, selon la maladie, on la répète trois ou sept jours successivement.
En Orient, les hommes ainsi que les femmes exercent également le magnétisme, mais les femmes et surtout les vieilles sont préférées.
Parmi les chrétiennes âgées, celles qui ont visité les Lieux-Saints et touché avec leurs mains le tombeau du Christ sont considérées comme celles dont les procédés magnétiques sont plus efficaces. L’okoudmak est pour elles une profession, qu’elles conservent dans leurs familles seulement (1).
Les passes se font de différentes manières. Magnétiser avec les mains vides, c’est la manière ordinaire ; mais si le cas est grave, on tient alors dans la main différentes choses, comme quelques grains d’orge, du sel, une épingle, etc. (2). Les Lé-vantins magnétisent souvent avec un couteau, et une fois l’opération terminée, ils mettent le couteau, la lame en bas, dans un lieu secret (ou derrière le battant d’une porte) pour un quart d’heure. Cette manière d’agir contient en soi peut-être une vérité : c’est pour que le fluide magnétique accumulé dans le couteau par la magnétisation s’écoule par la lame. On voit là, chez les Orientaux, une notion, non-seulement de magnétisme animal, mais encore de magnétisme minéral.
(I) Co qui prouve encore que le magnétisme était anciennement connu du clergé seulement. Les profanes ne connaissaient point ce mystère.
(-2) Les chrétiens ont aussi l'habiiude de faire leurs passes en tenan des chapelets apportés de Jérusalem et bénis sur le tombeau du Christ.
Souvent les magnétiseurs, pendant l'opération, commencent à Miller, à avoir des nausées-, et si cela continue d’une manière assez forte, ils finissent par vomir : ceci fait voir que l’okoudmak devient quelquefois la cause d’irritations intérieures, soit de l’estomac, soit de toute autre partie du corps, irritations ressenties par les magnétiseurs mêmes.
On trouve partout dans la Turquie des gens persuadés fermement avoir été guéris par l’okoudmak.
En un mot, tous les procédés magiques, les enchantements et autres qui s’opèrent journellement dans nos contrées ne peuvent être expliqués que par cette belle science appelée magnétisme animal (1), science qui, s’étant transmise à nous d’âge en âge, contient en elle bien des mystères encore qui seront, je n’en doute point, reconnus et approfondis par tous les savants du monde qui ont pris à tâche, par amour de la vérité, de poser cette science sur des fondements inébranlables.
C. Constant.
Smyrue, 5 juin 180t. (1" livraison.)
(I) Les rapports entre la science magnétique d’Europe et les conceptions magiques de l’Orient, sont exposés aussi, en abrégé, dans le Memé-rlsme, 15' livraison de la Bibliothèque populaire, publié en arménien par C. Conslanl.
RECHERCHES
SLR
UN NOUVEL AGENT IMPONDÉRABLE.
L’OD1.
Nous avons vu se développer, dans la nature inorganique, des phénomènes bien étranges, auxquels la science ne nous avait point préparés. Malgré leur étrangeté, ils ne sont pas
(1) Voir le numéro 110, page 379 et suivantes.
comparables à ceux qui vont s'offrir à nous clans la nature animée.
Bien des motifs connus déjà autoriseraient à penser que l’homme est une source riche et permanente de substance odique, si nous n’avions une raison supérieure de le croire. Son organisme n'est-il pas le seul appareil assez sensible qui nous ait révélé l’existence et l’action de l’od? Il doit donc en être pénétré de toutes parts, et le sensitif doit pouvoir l’y découvrir.
En effet, dans la chambre obscure, et longtemps avant qu’il ait vu la lumière polaire se dégager du cristal ou de l’aimant, un premier phénomène vient attirer l’attention du sensitif, exciter son étonnement. A l’endroit où vous vous trouvez, il voit tout d’abord un nuage transparent et phosphorescent; peu à peu, il parvient à distinguer une forme humaine dans l’intérieur de ce voile lumineux qui vous enveloppe, et à mesure que sa pupille se dilate, les contours de votre corps s’accusent avec plus de netteté, tout en conservant des proportions outrées, dues à l’abondance des émanations lumineuses qui s’en échappent constamment.
C’est avec saisissement que les sensitifs voient pour la première fois ces flammes odiques, blanches et mobiles, sillonnées de fréquentes et subites lueurs, s’élever au-dessus d’une sorte de fantôme blanc, difforme, monstrueux, et prendre ainsi l’apparence d’un spectre gigantesque.
Son étonnement augmente, s’il dirige ses regards sur lui-même : il se voit tout imprégné d’une matière lumineuse, qui lui rend son corps visible, même à travers les vêtements, et le lui montre possédant cette translucidité que présente une main qui serait placée entre nos yeux et la flamme d’une bougie.
Toute émotion calmée, et analysant successivement les phénomènes qui se présentent, le sensitif voit certains endroits briller d’un éclat plus vif. Des feux, ou plutôt des flammes, s’échappent avec une sorte de véhémence de l’extrémité de tous les doigts. Avec ces différences d’éclat et de
vivacité dans le mouvement de la lumière, il observe des nuances de couleur, qui varient selon les différentes parties du corps : la lumière de la main droite, ainsi que les flammes qui se dégagent du bout des doigts, sont bleues; celles de la main gauche, d’un rouge éclatant. Tout le côté droit du corps, depuis la tète jusqu’aux pieds, reluit de la lumiôro odique bleue; tout le côté opposé, de la lumière rouge.
L’opposition des lumières reparaît ici, et avec elle la différence des impressions : chacune des lumières produit, sur la main sensitive, les mômes sensations, un peu plus prononcées peut-être, que celles que nous leur avons vu produire avec le cristal et l’aimant.
L’Od, qui se dégage des autres êtres animés, se manifeste à peu près de môme.
Si des plantes ont été introduites dans la chambre obscure, elles apparaissent au sensitif enveloppées d’un nuage vaporeux et brillant, dont la clarté est, sinon plus vive, du moins plus étendue que la lumière du cristal. Il remarque encore des différences de nuances et d’éclat, selon les parties du corps qui dégagent de l’od. En général, les branches, l’ê* corce, la face inférieure des feuilles, ainsi que les fleurs, dégagent une lumière bleuâtre, tandis que la substance odique est rouge dans les autres parties du végétal (1). Aux
(1) Endlicber, le célèbre botaniste auquel l'anatomie végétale est redevable de nombreuses et Importantes découvertes, avait accueilli avec une certaine défiance la communication qui lnl avait été faite de l’existence du l’od dans le règne végétal, dans celte région do la nature qu'il avait si souvent explorée, qu'il connaissait si bien, et où, cependant, il n’avait point rencontré l’od. Néanmoins, quelques indices ayant révélé que l’illu'trc botaniste était sensitif, M. Reichenbach parvint aie retenir, malgré sa nature active et remuante, plusieurs heures dans la chambre obscure où se trouvaient réunies diverses espèces de plantes. Tout il coup Endlicher s’écrie qu’il voit les végétaux comme ¡\ travers un voile phosphorescent; pnis, ù mesure qu’il prolonge son séjour dans la chambre obscure, ildiscerne les tiges, les brandies cl les feuilles. Son étonnement augmente lorsqu’il reconnaît que les différentes parties de la plante sont d’un éclat différent; lorsque, surtout, il voit que toutes les fleurs sont entourées d’une auréole lumineuse plus diaphane et Infiniment plus brillante que celle qui enveloppe le reslo
différences de couleur, correspondent toujours des impressions de froid ou de chaud.
Notre examen so portant sur d’autres corps organisés, sur un œuf récemment fécondé, par exemple ; il est vu entouré d’abord, puis imprégné d’une vive lumière odique, qui lo rend transparent. Le regard pouvant ainsi plonger dans l’intérieur de l’œuf, la matière albumineuse paraît enveloppée d’une lueur très-faible, et le jaune de l’œuf reluit d’un éclat plus vif; mais l’embryon est infiniment plus lumineux que tout le reste.
L’od se manifeste donc dès le début de la vie, et avec des phénomènes de polarité qui deviendront plus compliqués à mesure que le germe se développera, et tels à peu près que nous les avons vus dans l’homme et dans la plante.
Dans les animaux, en effet, la lumière odique n’est point égale sur toute la surface du corps, et, comme l’homme, ils ont le côté gauche imprégné de lumière rouge, le côté droit de lumière bleue. La teinte et la vivacité de la lumière odique* que nous avons vue varier selon les organes, varie, en outre, à l’infini, dans les individus du môme genre et dans les différentes familles animales.
Quel curieux spectacle une ménagerie doit présenter à un sensitif, par une nuit bien obscure. Une atmosphère ignée enveloppe le corps du lion. Des feux se dégagent de ses organes, de ses membres et de sa gueule; chacun de ses pas fait surgir une traînée de lumière, et sa crinière en est ruis-
de la planto. Il en distingue la couleur, il reconnaît l'espèce à laquelle appartient le végétal, et s’écrie : « C’est une fleur bleue ; c’est une gloxine ! a
Le professeur Fenzl, qui occupe aujourd’hui cette même chaire de botanique illustrée naguère par Endlicher, peut témoigner de l’exactitude du fait que nous rapportons, puisqu’il était également présent à l’expérience. A partir do ce jour, Endlicher resta convaincu non-seulement de l’existence de i'od qu’il venait de voir de ses propres yeux, mais aussi de l’influence que cet agent exerce sur l’existence des végétaux, opinion que semble avoir partagée Unger, dont le nom est bien digne d'être cité à côté de celui d’End-licbpr,
A. Boscowitz.
Revue Germanique, page 568, livr. du 15 juin 1801.
selante. Dans l’éléphant, l’od, la vivacité de son éclat du moins, semble s’être réfugiée dans la trompe. Des yeux du sanglier, jaillissent de brillantes étincelles. Le crocodille est vraiment horrible ; la lumière odique, qui n’apparaît que faiblement dans tout le corps, semble se porter toute â la tête, pour en faire ressortir la repoussante horreur.
Ces phénomènes lumineux ne se présentent avec intensité que dans les mâles; les femelles sont difficilement vues dans l’obscurité, si ce n’est à l’époque du rut, où les phénomènes odiques deviennent extraordinaires.
Mais si l’on irrite les animaux, la lumière odique s’échappe avec impétuosité de leur corps, et de leurs yeux en jets resplendissants ou en étincelles brillantes. Elle donne à l’homme en colère un aspect des plus repoussants, et c’est en toute vérité que Schiller a pu dire que « de toutes les choses la plus horrible, c’est l’homme dans sa colère. » De cette dernière observation, on doit conclure que les manifestations de la lumière odique varient aussi selon le naturel plus ou moins sauvage et indomptable des animaux.
Certes tous ces faits provoquent bien des réflexions et de toute nature; mais il en est un, dont il n’a point encore été question, extrêmement curieux et bien capable de porter le trouble chez le sensitif qui en est témoin. Si vous vous promenez dans la chambre obscure en longeant la paroi du mur, le sensitif y voit apparaître une ombre qui répète vos mouvements: c’est l'ombre de votre corps. Si votre côté droit est tourné vers le mur, votre corps s’y reflète en noir; si c’est votre côté gauche, la sombre image se transforme aussitôt en une forme blanche et brillante.
Ces fantômes tantôt noirs, tantôt lumineux n’expliquent-ils pas la croyance au bon et au mauvais ange ? Ne rappellent-ils pas les apparitions d’esprits ou de spectres, qui viennent tout à coup sans cause appréciable agir sur les âmes humaines? Ces effets n’expliquent-ils pas les perturbations morales profondes qui viennent surprendre la raison del’homme, la font chanceler parfois en lui imprimant une direction irré-
vocablement heureuse ou fatale ? Qu’on se ligure un sensitif voyageant clans h campagne par une nuit obscure : des phénomènes divers et multipliés s’imposeront à son intention, domineront bientôt toutes ses pensées. L’od qui s'échappe de tous les corps de la nature lui apparaît partout; là ce sont de simples lueurs ; ici une flamme; plus loin ce sont des vapeurs lumineuses d’un aspect informe, bizarre même. U11 voyageur isolé lui apparaît comme un spectre blanc et gigantesque; près d’un cimetière, il voit des fantômes s’agiter sur les tombes et, s’il approche d’un mur, un spectre noir se dresse devant scs yeux ! Étonné et cherchant la cause de cette apparition subite, il se retourne..., ce fantôme disparaît et fait place à une ombre blanche ! Quel que soit le courage dont il est doué il ne saurait se défendre d’impressions tumultueuses et en harmonie avec l’aspect des formes qui se sont offertes à ses regards. Ces impressions peuvent être vives et profondes au point de produire des troubles durables ou des déterminations définitives pour sa conduite future, déterminations d’autant plus redoutables que l’impuissance de sa raison ou de son savoir en présence de tels phénomènes, légitimera à ses yeux sa croyance à une intervention surnaturelle vers laquelle il fera remonter le mérite ou l’immoralité de ses actes. Rien ne saurait désormais ramener ou guérir ces personnes que la connaissance de la véritable cause de ces étranges phénomènes, la connaissance de l’od et de ses manifestations.
Nous avons retrouvé l’od dans tous les corps de la nature, animés ou inorganiques. Notre planète dontils ne sontqu’une parcelle, ne serait-elle pas elle-même une source inépuisable, tin grand centre cosmique d’où l’od se dégage pour rayonner dans l’espace infini ?
Deux faits autorisent cette croyance :
11 est admis que la terre renferme dans son sein un feu ardent, des matières en combustion, des gaz ignés; l’activité des forces chimiques doit y être continuelle et immense : Or la chaleur et le chimisme sont des sources d’od.
De plus, notre globe pouvant être considéré comme un énorme aimant, et l’aimant étant une source d’od, il doit y avoir aux deux pôles magnétiques de la terre une accumula tion énorme de substance odique. L’expérience suivante vient corroborer cette hypothèse: Que l’on prenne un globe, les phénomènes seront d’autant plus brillants que la sphère sera plus grande, traversé intérieurement par une barre de fer qu’envelopperont les spirales d’un fil métallique dont les deux extrémités passent au dehors par des orifices ménagés dans ce but, afin de pouvoir être mises en communication avec les pôles d’une puissante batterie galvanique. Dès que la relation sera établie, ou verra apparaître sur toute la surface du globe, à travers une vapeur diaphane qui forme comme une espèce d’auréole, des lueurs aux teintes irisées et harmonieuses. A la partie supérieure du globe, là où se trouve le pôle nord de l’aimant, brille une lueur bleue; au pôle opposé, un cercle d’un rouge éclatant. La zone équatoriale se divise en deux moitiés dont l’une est jaune, l’autre blanche ; entre ces deux couleurs brillent des tons mixtes, des nuances d’une variété rendue plus considérable par les ondulations et les mouvements divers de ces lumières. Mais ce qu’il y a de plus remarquable et ce qui doit fixer particulièrement notre attention en ce moment, c’est ce qui se passe aux deux pôles du globe : Au pôle nord apparaît une grande flamme bleue qui se déploie en forme de parasol, traverse l’auréole lumineuse et ruisselleen ondoyant de toutes parts autour du globe dans la direction de l’équateur; au pôle sud, la flamme rouge fait de même, elle embrasse l’hémisphère austral de ses rayons éclatants. Les deux flammes en se dirigeant vers l’équateur s'effilent, se divisent en une infmitéde rayons lumineux d’une mobilité, d’une agitation, d’une variabilité incessantes et finissent par se transformer en une sorte de fumée avant de l’avoir atteint.
On a sans doute remarqué les rapports si frappants de ces phénomènes avec les aurores australes et boréales, rapports tels que l’on peut penser que ces météores sont des phéno-
mènes odiques devenus visibles pour tous, à cause de l’immense accumulation de substance. Aucune des explications d’ailleurs hasardées,—soit par Halley et Humboldt, (|ui considèrent ces météores comme produits par des tourbillons ou des orages magnétiques : il demeure inexpliqué dans cette hypothèse pourquoi le magnétisme invisible jusque-là et que l’on ne connaît en somme que par son action sur le fer, le nickel, le cobalt, devient dans ce seul cas une substance extrêmement lumineuse; —soit par Biot, Humphry Davy qui repoussent le magnétisme et les attribuent à l’électricité : bien que les expériences de Becquerel sur l’électricité produite dans le vide ne permettent point d’expliquer comment ces météores peuvent atteindre parfois des hauteurs élevées, malgré la raréfaction de l'air; bien que, e» outre, l’électricité atmosphérique ne produise jamais cette variété de couleurs que l’on observe en eux ; — aucune de ces explications, disons-nous, ne semble rendre raison de ces brillants phénomènes aussi complètement que l’hypothèse ci-dessus.
La sphère qui a servi à M. Boscowitz pour cette expérience n’est autre que la ter relie, l’instrument dont Barlow, le célèbre physicien anglais se servait pour étudier les phénomènes du magnétisme terrestre.
11 ne nous reste plus maintenant qu’à porter notre examen vers les corps célestes. Nous avons vu que si l’on fait aboutir dans une chambre bien obscure un fil métallique dont une extrémité reste exposée à la lumière solaire, le seusitix aperçoit une flamme bleue particulière qui cesse de briller dès que l’extrémité du fil exposée est ramenée dans l’obscurité, pour faire place à la lueur odique naturelle au métal. Comme il n’est pas possible d’attribuer ce développement d’od à la chaleur, la flamme apparaissant aussitôt que l’extrémité du (il est exposée aux rayons solaires et le calorique ne se propageant pas avec cette rapidité, on peut dire que c’est do l’od solaire. On achève de s’en convaincre en exposant pendant quelques secondes un verre d’eau à l’action directe des rayons du solel, et donnant celte eau à goûter à
un sensitif, il la trouve fraîche, agréable, acidulée comme celle qui a été exposée au souille du pôle nord d’un aimant : l’eau s’est imprégnée de l’od qui arrive sur terre en même temps que la lumière solaire.
Mais l’od solaire est de différente nature, selon l’intensité du rayon lumineux, selon la couleur, si l'on veut, des sept rayons homogènes dont la réunion constitue la lumière blanche du soleil.
On sait qu’au moyen d’un prisme sur lequel vient tomber obliquement un faisceau de lumière solaire, on peut décomposer le faisceau lumineux et produire sur un carton ou sur un mur une image oblongue du soleil, colorée des belles nuances de l’arc-en-ciel. Le sensitif prenant dans sa main gauche une baguette de verre (il vaut mieux se servir de cette baguette que de l’extrémité des doigts, parce que le verre, mauvais conducteur de la chaleur, démontre que le principe calorique n’entre pour rien dans le phénomène), et la plongeant successivement dans chacune des couleurs du spectre, éprouve de la fraîcheur quand la baguette est dans le rayon violet et dans le bleu; et dans le rayon rouge ou mieux dans le jaune, il sent une chaleur engourdissante, désagréable.
De là nous devons conclure qu’avec sa lumière, le soleil nous envoie de l’od qui, malgré son influence sur la vie organique et cosmique de la terre, était resté inaperçu jusqu’à ces derniers temps.
Les mêmes expériences répétées sur la lumière de la lune donnent des résultats opposés, c’est-à-dire que la lumière du fil métallique exposé aux rayons lunaires est rouge ; que l’eau qui reste exposée à leur action acquiert une saveur tiède, nauséabonde. On connaît l’influence attribuée, non sans raison, à la lune; on sait que des êtres attirés par une puissance irrésistible, quittent leur lit sans néanmoins se réveiller, et vont s’exposer à l’action de la lumière de cet astre; que d’autres redoutent cette influence, à cause des sensations désagréables de frissons, de malaise, de picotements qu’ils en reçoivent quand ils s’exposent à ses rayons : on observe par-
ticulièrement ce fait, dit M. Boscowitz, dans les contrées équatoriales. Toutes ces personnes sont des sensitifs, et les effets qu’elles ressentent étant de môme nature que ceux obtenus par le cristal et l’aimant, il s’ensuit que la lune est aussi un foyer d’od.
On doit donc dès lors être assez porté à admettre qu’il en est de même des planètes et des autres étoiles.
Le sensitif, dans une nuit sans lune, mais bien étoilée, cherchant à reconnaître les effets odiques des astres, reconnaît que de certaines régions du ciel émanent des rayons froids et pénétrants, et de certaines autres, un souille tiède : la fraîcheur descend de la constellation de la Petite-Ourse, de l’étoile polaire surtout, du groupe des Pléiades et de la voie lactée; le souille tiède de Mars, Vénus, Jupiter, Saturne,
Une autre expérience confirme ces résultats. Si on laisse pénétrer dans un appartement un faisceau de lumière de Vénus ou de Jupiter, et que dans ces rayons lumineux on introduise un fil d’acier dont l’autre extrémité aboutira à la chambre obscure où se trouve le sensitif, ce dernier voit une flamme rouge, et cette flamme donne la sensation tiède. Le faisceau de Sirius, au contraire, examiné dans les mêmes conditions, produit une flamme bleue, laquelle occasionne de la fraîcheur à la main sensitive : d’où cette conclusion que les planètes sont les seuls corps célestes d'où part le souille tiède. C’est pourquoi dans les nuits étoilées la sensation de fraîcheur est dominante.
L’influence physiologique profonde de l’od sidéral sur le sensitif est donc certaine ; et si les sensitifs sont en si grand nombre qu’ils comptent pour moitié dans l'humanité, cette conséquence que les astres ont quelque action sur la marche des événements de ce monde pourra-t-elle paraître désormais exagérée? cette croyance, jadis universelle, et qui avait donné naissanceàl’astrologie,peut-on dire qu’ellefûtsans fondement?
Par rapport à l’od cosmique, de nombreuses observations, ajoute M. Boscowitz, faites en différents pays, à l’aide de nombreux sensitifs. l’ont convaincu que les impressions odi-
([ues sont très-distinctement différentes pour le sensitif, selon le côté de l’horizon qu’il regarde.
Pour s’en assurer, on n’a qu’à se transporter quelques heures après le coucher du soleil sur un lieu élevé. Le sensitif se tournant lentement vers les quatre points cardinaux désignera toujours comme donnant la plus grande fraîcheur un pointderiiorizon.etle point opposé comme donnant le souille tiède. Les indications de la boussole viendront concorder avec les impressions du sensitif, impressions qui sont dues d’une part à l|od terrestre qui vient des pôles à l’équateur, d’autre part à l’od sidéral qui vient en abondance de la Petite-Ourse qui est dans la direction du pôle boréal (1).
(I) Après avoir fait meulion du don que possédait Catherine Beutler, cétle jeune fille dont nous avons parlé et qui découvrait des minéraux agglomérés dans les entrailles de la terre, Zschokke continue ainsi : « Par une nuit obscure el brumeuse, nous fumes accueillis dans le presbytère du village de Birminsdorf, en Argovie. L’idée me vint de niellre à l’épreuve une faculté bien singulière que possédait, disait-on, ma compagne de voyage. Nous ne connaissions ni l’un ni laulre la contrée où nous nous trouvions. Cependant je lui bandai les yeux, el la prenant par la main, je la conduisis dehors. Après l’avoir fait marcher dans toutes les directions, afin de la désorienter complètement, je lui dis de m’indiquer la région du ciel où se trouvait l’étoile polaire. Or, la nuit n'élant pas étoilée, je ne pouvais savoir moi-même qu’au moyen d'une bou.-sole la place que l’astre devait occuper dans le ciel. I.e bras étendu, les doigls écartés, la jeune tille cherche dans l’espace pendant quelques instants; puis elle indique de la main, non-seulement la région, mais encore la place même ou l’astre se trouvait. Elle a souvent répété cette expérience chez moi dans la ville d’Aarau, en présence de plusieurs savants, et toujours avec le même succès. Je ne saurais rapporter toutes les expériences auxquelles donna lieu la faculté merveilleuse de cette jeune fille, et si j’ai mentionné celle qui précède, c’est uniquement dans le but de faire comprendre comment je suis arrivé à me former de Dieu et de la nature une idée qui n’est pas précisément celle que professent tous les hommes. »
Grâce aux recherches de M. Reichenbach, nous connaissons aujourd’hui la cause des faits extraordinaires qui avaient tant impressionné Zschukke, et nous pensons avec celui-ci que l’étude de ces phénomènes, en laissant pénétrer nos regards plus avant dans la nature, ne peut qu’élever et rendre meilleurs les esprits qui voudront s’y livrer.
Revue Germanique, page 38t. livr. du 15 juin 18üt. A. Boscowitz.
Nous attendrons que l’auteur ait terminé son Étude pour joindre à ce travail quelques observations que nous suggèrent les curieux et remarquables phénomènes dont 011 vient de lire la description.
E. A. M. Paris.
(/.a suite prochainement.)
NOUVELLES ET FAITS DIVERS.
SOMNAMBULISME MATURE!..
Hier matin, entre cinq et six heures, une foule assez considérable, en partie composée d’ouvriers se rendant à leurs travaux, stationnait au milieu de la rue Payenne (quartier du Marais), et contemplait, muette de frayeur, un spectacle des plus émouvants. Une jeune fille, âgée d’environ dix-huit ans, se promenait en chemise sur le sommet du toit d’une maison qu’elle parcourait lentement et à pas comptés, les bras croisés sur la poitrine et la tête baissée comme une personne livrée à des méditations profondes. 11 était facile de reconnaître qu’elle était en état de somnambulisme. Bientôt 011 a vu apparaître derrière elle un homme que l’on a dit être son père, et qui s’est mis à la suivre pas à pas dans son excursion aérienne, en prenant touies les précautions possibles pour ne pas la réveiller avant de parvenir à s’emparer d’elle. Les spectateurs de cette scène effrayante en suivaient toutes, les péripéties avec une angoisse qui u’a cessé que lorsque la jeune personne, regagnant la fenêtre par laquelle elle était sortie, est rentrée dans la maison.
SPIRITUALISME.
Nous n’avions pas le dessein de nous occuper de spiritualisme, mais un de nos abonnés, M. Bauche, nous ayant fait
parvenir un Mémoire dont lu contenu mérite considération, nous avons cru que la publication pouvait en être utile.
On a réussi, est-il dit dans cc Mémoire, à reproduire, en présence de plusieurs personnes, et sans l’intervention des Esprits, les mêmes faits que M. Squire produit, dit-on, avec leur aide, mais dans l’obscurité. Le succès de ces expériences fait désirer plus vivement que jamais que les Esprits modifient la condition de leurs manifestations.
Nous commencerons dans notre prochain numéro la publication de la réponse de M. ('.lever de Maldigny ;\ M. d’Arbaud.
BIBLIOGRAPHIE.
MANUEL d’ÉLECTROTHÉRAPIE. — EXPOSÉ PRATIQUE ET CRITIQUE DES APPLICATIONS ÉLECTRIQUES ET CHIRURGICALES, PAR LE Dr A. TRIPIER.
Nous ne nous occuperons de cet ouvrage que pour signaler le retour de quelques médecins distingués vers des idées plus saines et plus élevées que celles qui, déjà depuis longtemps, ont prédominé dans la science.
Nous avons trouvé dans la préface du Dr Tripier, sur laquelle nous reviendrons tout à l’heure, et dans l’introduction des Hallucinations, ouvrage du Dr Brierre de Boismont, exprimées dans un style charmant, les pensées sur lesquelles, à plusieurs reprises, M. le baron du Potet a insisté dans ses Causeries, et l’on nous pardonnera, si nous ne résistons pas au plaisir de citer quelque phrase de la préface de M. de Boismont : «Le fait visible, dit-il, voilà le Dieu nouveau devant lequel s’incline notre siècle. Tout ce qui ne tombe pas sous les sens, doit être rejeté. Naguère, dans une discussion
académique, on niait la force vitale, parce qu’on ne la voit pas, quoique l’on sente à chaque instant ses battements. Il est beau, sans doute, d’avoir fabriqué quelques-uns des produits de l’organisme; les eût-on fabriqué tous, il n’est aucunement prouvé que l’homme en fût le résultat synthétique. C’est que, pour que l’homme existe, il faut autre chose que ces composés chimiques, et jusqu’alors nulle cornue n’a encore distillé les produits psychologiques. Le monde invisible, tel est donc l’autre ordre de faits, celui qui est plus particulièrement du ressort de notre livre. Les puissants, pour qui les hommes sont des machines et les événements des parties d’échecs, les savants qui ne voient rien au delà de la découverte d’une planète ou d’une loi physiologique, les heureux qui ne connaissent que les joies de la terre, peuvent reléguer le monde invisible dans le pays des chimères; il y aura toujours des milliers de rêveurs qui détourneront les yeux des tristes réalités de la vie, pour les reporter vers ce royaume enchanté; des poëtes qui, sans souci des biens matériels, chanteront les harmonies et les mystères de la nature ; des malheureux qui verront la fin de leurs maux dans un monde meilleur; des âmes religieuses qui soupireront après le jour de la délivrance ; des cœurs tendres et dévoués qui aspireront au moment de se réunir à ceux qu’ils auront perdu : là est une des origines du merveilleux, celui de l’espérance et de la consolation. Mais, ;ï côté de ce merveilleux, il en existe un autre, celui des espoirs insensés, de la satisfaction des désirs sans lutte, d’un idéal instantané, magique, substitué à des ennuis immenses, à des déceptions continuelles, et surtout à un labeur incessant. »
11 y a loin de ces nobles paroles, à l’étroitesse de vues de ces médecins matérialistes qui nient l’existence dans l’homme d’un principe immatériel, parce qu’ils ne le rencontrent pas sous leur scalpel, qui nient la force vitale, parce qu’ils ne peuvent l'isoler dans leurs dissections, et qui n ont foi qu’en la vertu des remèdes qu’ils administrent avec une confiance que leur contentement d’eux-mêmes seul égale.
M. le D' Tripier est un vrai médecin; il pense, comme nous, que la vie domine tousles phénomènes physiologiques; il pose en principe qu'il faut tenir grand compte des « réactions propres à la matière vivante. «Les origines de la force qui préside au développement cellulaire, dit-il, sont complètement inconnues. On pense généralement qu’elles le seront toujours, et la matière ne saurait être formée par les procédés de synthèse dont nous disposons. S'il en est ainsi, et tout jusqu’ici porte à l’admettre, on 11e peut espérer modifier directement les phénomènes du développement. »
Ces protestations, ces heureuses tendances méritaient d’être recueillies, et c’est avec la plus vive satisfaction que le Journal du Magnétisme les enregistre; elles sont un heureux symptôme pour l’avenir.
AVIS.
Les médailles que le Jury magnétique a décernées cette année, sont déposées au bureau du Journal du Magnétisme. Nous invitons en conséquence les personnes à qui le Jury magnétique les a décernées, de vouloir bien les l'aire retirer.
Baron Di POTET, propriétaire-gérant.
POLÉMIQUE.
M. d’Arbaud est dans l’impatience de la réponse qu'il attend : la voici. Mais les intérêts du journal nous obligent à la fragmenter en plusieurs livraisons, à cause de la longueur des notes.
RÉPONSE AUX QUELQUES OBJECTIONS DE M. D’ABBAUD (1).
Versailles, l"août 1861 (2).
M. d’Arbaud définit uue science exacte :
« Uiie série de faits matériels, de phénomènes physiques, qui ont pour bas« un principe naturel, vrai, positif, évident, incontestable, exact, en un mot. • (Journal du Magné-lime, n» 8!, 25 mal 1804-1
Une série de faits et le principe naturel qui sert de base
* ces faits ne constituent pas une science. Tous les faits naturels ont pour base un principe naturel, et leur série, si nombreuse qu’elle soit, ne présente que de l’empirisme.
La science exige autre chose.
Elle est la synthèse qui, classant les lois particulières et leurs phénomènes, les assujettit et les relie à la loi générale où s'éclairent Texplication et la confirmation de toutes les vérirtt.
« L’expérience ne comprend que les lois et les fait» que nous connaissons, et rien ne nous empêche d’en supposer d’autres que nous ne connaissons pas.
As. FamciL, membre de tIniUtuI,
Un magnétiste que je n'ai pas l’honneur de connaître, —* que je tiens, malgré cette remarque, pour un expérimentateur habile, d’après les faits que j’ai lus de lui, — M. d’Arbaud, l’un des collaborateurs du journal deM. du Potet, me prend à partie et, — comme « champion de la vérité, » vera
(I) Voir len° 105, page23) et suivantes.
¡2) Voir les Lettres au Dr Charpignon, n*‘ 85, page 339 et suivantes; 86, p. 371 etsoiv.; 88, p.421 etsuiv.; 91', p. 500 et suiv.; 93, p. 567 et suiv.; 98, p. 31 et suiv. ; 99, p. 57 et suiv.; 100, p. 85 et suiv. ; et les Errata, n" 87, p. 420; 89, p. 475 ; 96, p. 661; 100, p. 111; 106, p. 280.
Voir en outre, dans la collection du Journal, les Lettres à M. le baron du Potet, sous le titre : Confession d'ün spiritualiste, tome XVll, n" 12; p. 311 et suit.; 13, p. 337 et suiv.; 14, p. 365 etsuiv.; 15, p. 393 et suiv.
Voir encore les Discours aux banquets du 23 mai 1858. tome XVll, n° 35,p.281 etsuiv. ; et du 23 mai 1861, n° 106, p.272 et suiv.
Tome XX — N» 119. — 2* Série. — 25 août. 1861.
laquelle je lui setnblerais hors du droit chemin,—je suis mis en demeure d’avoir a rendre compte, non précisément de ce que j’ai dit, ou du moins voulu dire, mais de ce que lui, M. d’Arbaud, interprète dans ma correspondance avec le docteur Charpignon.
Mon antagoniste sait allier la courtoisie et la bienveillance à ce que lui commande le rigorisme de ses arrêts : les forts sont généreux ! Cependant cette délicatesse ne dissimule en rien l’énormité qu’il croit avoir à réprouver.
Si ma personne seule était en cause, je me fusse borné sans doute à prier mon honorable critique de revoir les esquisses d’études que, depuis 1855, j’ai publiées dans ce recueil : là tout entière est ma réponse. Je vais me trouver obligé d’y recourir ou d’y renvoyer trop souvent peut-être ; 011 me le pardonnera : mon rôle devient celui d’un prévenu. Je dois démontrer la méprise qui m’attaque, et, dans ces contestes qui nous placent trop à l’opposite les uns des autres, essayer de faire saisir le pourquoi de nos mésentendus. Je tâcherai du reste, que cette notice présente une ébauche de résumé, non de mon système, —j’ai déjà déclaré qu ü ne ni appartient pas! — mais de celui qui résulte des doctrines de la philosophie ancienne et du magnétisme d’aujourd’hui.
J’ai promis de répondre explicitement. Pour l’exécution fidèle de ma promesse, il me faut réviser, telles qu’elles se succèdent, chacune des propositions de l’article préventif.
Abordons-les. Trois alinéas de l’exorde ne sont qu’un accessoire à la teneur du débat, je pourrais les passer sous silence : pourtant ils provoquent deux observations.
1° Comme médecin amateur, écrit M. d’Arbaud, nous avons appliqué ces deux méthodes, etc.
Ce laisser-aller si cavalier impressionne fâcheusement. La qualification d'amateur est-elle donc si légère à la responsabilité médicale? Un grave principe d’ordre public prescrit en toute raison, — dans l’intérêt moral de la vie et de la situation des malades, et non, quoi que l’on en dise, à titre de monopole de profession, — que la nécessité des garanties
d'études légalement justifiées ne soit jamais omise. Ne vous fourvoyez donc pas au fruit défendu, mon cher Monsieur: la loi vous livre un beau dédommagement dans les richesses puissantes du magnétisme. Pourquoi les sacrifier à des empiétements périlleux? On ne s'exténuerait point à tant de peines et de fatigues pendant une longue carrière de travail et d’expérience ardue, s’il suffisait d’un amateur pour remplir convenablement les fonctions du médecin. Vous retrancherez-vous sous le palladium de la lucidité du somnambulisme? Hélas! au point où nous sommes encore, de combien de dangers et d'écarts malheureux elle fourmille journellement, même entre les mains des maîtres ! Je ne veux insister ni m’étendre davantage, et l’on ne descendra pas cette réflexion, je l’espère, de la hauteur où je la renferme exclusivement.
2° M. d’Arbaud dirige contre les docteurs qui nient les effets de la médication infinitésimale, cette apostrophe qu’il suppose accablante. « Laissez-vous inoculer une goutte du virus rabique, ou provenant d’une pustule maligne, de la morve, du farcin, etc. Faites-vous mordre par une vipère noire du Brésil, par un cobra de l’Inde, par un céraste, et calculez ensuite quelle est la dose de venin introduite dans votre organisme, eu égard à la masse du sang. Vous arriverez à des cent millièmes de dynamisations. »
Ici le défenseur officieux de l’arcane infinitésime se ferait promptement rétorquer. Les dénégateurs (et l’on sait que je ne suis pas du nombre) lui risposteraient : Vos exemples tombent à côté de la question. Une goutte de virus ou de venin n’est pas une chose hypothétique; c’est bel et bonnement un liquible sensible et visible pour tous, et ses ravages, une fois qu’il se meut à la crasse de nos humeurs, n’ont aucune ressemblance avec la prétendue efficacité du nihilisme ho-mœopatbique.
Le plaidoyer eut frappé juste, par cette comparaison : le miasme des endémies et des épidémies, cet être que nul ne voit et 11e perçoit dans nos conditions communes, cet agent
subtil, impalpable, introuvable, indéterminable, qui déroute les perquisitions de tous vos eudiomètres, vous en acceptez néanmoins l’action délétère!
Nous voici devant la prévention.
Ma première faute, ce serait, dans la relation de l’état cataleptique de Pauline Tliib..., « d’attribuer au spiritualisme, au résultat d’une opération psychique, des phénomènes magnétiques : La mise en rapport a distance et la transmission de pensée, deux phénomènes essentiellement matériels.
u Ce qui démontre l’exactitude de cette assertion, affirme plus loin M. d’Arbaud, c'est que l’influence exercée dans un cas semblable existe d’une manière permanente, etc. Si l’influence exercée était simplement psychique, elle n’aurait qu'une durée temporaire, subordonnée à l’action de la volonté..... Donc, cette influence est matérielle, physique en
un mot, comme l’action qu’exerce l’aimant sur . un barreau d’acier.
« La transmission de pensée est également un fait matériel, un phénomène physique. Elle est basée sur ce principe : que deux cordes montées au même diapason vibrent à F unisson. Nous partageons l’opinion de M. \Varlomont à ce sujet, et npus avons comme lui la conviction que les idées revêtent uneioinje plastique. »
Tel est le thème réfutateur.
L’analyse et la. logique, désobstruées des vues et desiac-.«^ptions personnelles, y constatent plus d’arbitraire que de démonstration exacte.
Cet entretien réussirait-il à le prouver? Essayons-en la tentative.
Ici nous dissertons entre magnétistes, ces arrières petits-neveux des antiques initiateurs, qui, d’une hardiesse inouïe du vulgaire, et par de sublimes découvertes incroyables de nos jours, poursuivirent l'énigme des péripéties de la manifestation des êtres et des choses, ot ne doutèrent p;is d’avoir obtenu du spectacle intime de la nature le secret du dévoilement de ses origines et de ses fins. Les doctrines convention-
nelles des diverses classes de la société moderne (que l’auto-cratisme d’Hermès eût appelées profanes, et que nous n'avons pas à juger pour l’instant), doivent momentanément disparaître de la table rase de notre examen.
Il me fallait tout de suite arborer cet avertissement au fronton de notre conférence, parce que les fils légitimes ne reniant pas leurs pères, je me fraie ainsi l’espoir de mieux assouplir la déduction des intelligences libres et méditatives.
Ensuite, faisant pour chaque époque la part des temps à travers les fluctuations dialectiques, je dois de même, au moyen de ce critérium et jusqu’aux errements actuels de notre langage, inviter les hommes réfléchis à vouloir ibien suivre logiquement le cours des notions qui nous occupent.
L’avis est essentiel, car la confusion de nos théories, par leur équivoque d’expressions, oppose un des principaux obstacles à la préparation d’un sage consentement entre nous.
Cette façon de procéder n’entre pas dans l’usuel de tous : en paraîtra-t-elle plus défectueuse pour cela? Chacun, autant qu’il le peut, perfectionne ses instruments d’investigation et dé conviction : la méthode que j’indique, complémentaire et confirmative de celle de nos expériences, ne saurait déplaire au rationalisme, attendu qu’elle se fonde sur la raison ; et c’est ¡parce que je suis rationaliste, que mon spiritualisme expérimental me satisfait, jusqu’à preuve d’erreur.
Établissons donc d’abord le lexique rigoureux des ternies de nos explications.
Quelles sont, sur ce terrain, les plus fréquentes pierres d’achoppement ? Par ordre, d’alphabet, ce sont les mots : Ame, Esprit, Fluide, Matière, Pensée, Physique, Psychique, Volonté. Si j’en oublie, nous les trouverons.
A tout seigneur tout honneur ! Les anciens ayant, précédé nos contemporains, nous avons l’obligation de céder le pas à ceux-là, d’autant plus qu’ils ont formé scientifiquement le glossaire que l'on continue d’employer... à la guise de bien des fantaisies, sans trop se soucier de sa propre ■valeur?ce
qui, chez le magnétiste, entraîne à plus d’un inconvénient.
Que signifiaient, pour l’antiquité savante, ces mots, traducteurs de ses données positives, et qui se heurtent sans cesse, depuis des siècles aux chocs de tant de débats, sous un sens si peu conforme? Nous l'avons abondamment remémoré dans le Journal du magnétisme.
Reprenons succinctement cette besogne et, dans un tableau synoptique plus commode au lecteur, plaçons en regard des précises déterminations primitives, la différence et les déviations introduites par l'usage variable des temps.
CHEZ LA PHILOSOPHIE DE L’aNTIQUK INITIATION.
(Philosophie unifiée et continuée à celle que démontrent et perpétuent les fails de la lucidité fiomnambulique de notre époque.)
« L ame, anima (5«>ios, vent; fuxri, souille), est de l'air; l'air esl à lu lois le principe dis corps et le plus subtil d'entre eux. »
ANAXIMhNB (1).
Ce fut l’Égyptc, instruite par l’Asie, qui propagea cet enseignement.
« Le très subtil de la matière esl l’air; le très-subtil de l’air est l'âme. » Hurmf.s.
« L'àme est députée et non contenue (2) au corps: elle est pourvue de tout ce dont elle a besoin; elle est au milieu de loulet les parlies. » De Fois dk Casdai.le.
« L'àme dépend de l’àme du monde.
« Les àmes ont communication entre elles : celles des dieux ( les âmes délivrées du
CHEZ LES MODERNES.
L'ahf., pour les philosophes spiri-tualistes, esl l'entité simple, immatériel le, inconnue , qui seul, qui pense et qui veut dans notre organisme humain : C’est elle qui constitue le moi; r.'est en ellequ'existe la conscience.
« L'àme est simple, diles- vous, ô savants ihéologues?
(1 ) Voir, pour plus de développement, les n0112,13,liet 15 du Journal du Magnétisme, année 1857.
(5, Selon Zoroastre, le fermier (la suhstnnco de l'àme) s'échappe de tous les points du corps et rayonne dans l'espace. Un phvsinen allemand. M de Reichenbach, nomme ce rayonnement l'On.
corps (3) ), communiquent avec les âmes des hommes.
« Uicn n’est plus soudain que l'incorporel; rien n'est plus puissant.
« Sache-le bien, en ce qui te constitue loi-même : commande à ton âme d'aller à tel endroit, elle y sera plus vite que tu ne l’auras commandé. » Hermès (î).
« Qui vous l’a démontre ?... Quelle opinion vous fait plutôt pencher pour cette idée que pour l’idée contraire? » J. P. Chevalier. (L'üme au point de
(3) « Les immortels sont des divinités, mais les divinités ne sont pas Dieu.
« Dieu seul est Dieu. » Hermès.
(4) a L'àme est un esprit subtil répandu dans tout le corps. » Hippo-cratf.
« L'àme est une essence qui se meut. » Platon.
u L'âme est une forme substantielle. » Aristote.
« La corporalité de l'àme éclate de l’Evangile.
« Nous définissons l'âme comme n’étant qu’wne effigie corporelle. » Tertullien.
L’âme est le sou/le de la vie, elle n'est incorporelle que par comparaison avec le corps mortel; elle conserve la figure de l’homme, afin qu'on la reconnaisse. » Saint Irénée.
« L’âme des hommes est composée de plusieurs parties. » Catien.
« Il n'est rien de créé qui ne soit corporel (c’est-à-dire qui soit sans forme substantielle), ni dans le ciel, ni sur la terre; ni parmi les choses visibles, ni parmi les invisibles : tout est formé d'éléments; et les âmes, soit qu'elles habitent un corps, soit qu’elles en sortent, ont toujours une substance corporelle. » Saint Hilaire.
« L’âme est une matière subtile, un air extrêmement léger. » Oricêne
Saint Justin, saint Clément d'Alexandrie, Lactance, Arnobe, saint Grégoire de Nazianze, saint Grégoire de Nysse, Tatien, saint Ambroise, Jeau de Thessalonique, saint Athanase, saint Basile et saint Méthode pensent de même. Alors on entendait la spiritualité tout autrement qu’à présent. Ils ne pouvaient concevoir l’âme, sans concevoir « une substance, un mouvement, une diffusion. •
Ces doctrines se sont perpétuées dans l’Eglisc grecque jusque dans ces derniers siècles; quant aux Romains, ils abandonnèrent cette idée vers le temps de saint Augustin. » J. P. Cbevalier. (l.'âme, au point de vue de la science et de la raison.)
D’après Spinosa :
L’âme est un mode de la substance infinie.
L'àme est identiquement conforme au corps.
Ainsi conçue, l'âme humaine serait lino vue de la science ri forme personnelle aérienne; une individua- de la raison.)
Le corps humain n'est que l'objet de l'âme humaine ; l’âme humaine n'est que l'idée du corps humain.
L'âme humaine et le corps humain ne sont qu'un seul être sous deux aspects.
«Toutes choses, bien qu’à des degrés divers, sont animées: omnia, guamvis diversis gradibus, animata lamensunt. » Spinosa. (El/iica.)
« La forme du corps est due à celle de l’àme. • Swedenborg.
Nos professeurs et propagateurs de la philosophie classique ne veulent souscrire à l’étendue de l'âme, non plus qu'à son organisme : « Il est psychologiquement démontré, disent-ils, que ni le désir, ni la sensation, ni l’initiative du mouvement ne peuvent appartenir au sujet divisible. » ( Dictionnaire des sciences philosophiques.)
Mais qui vous dit qu’il soit divisible ?
On sait au contraire, par le magnétisme, que la mutilation du corps matériel n'affecte pas l'intégrité de l'homme fluidique, l'homme essentiel (voirie n° 93, 2* série, du Journal du Magnétisme, page 576). Nous conservons toujours ainsi notre propre individualité (l'être indivis), non« moi, notre lout personnel.
Avant Dcscartes, nous apprennent ces philosophes, « on ne s’arrêtait pas à penser ce que c’élail que l'âme, ou bien on s’imaginait qu’elle était quelque chose «f!extrêmement subtil, comme un vent, une flamme, un air très-délié. C’est encore ainsi qu’en juge vaguement le commun des intelligences.»
Comment Descartes nous a-t-il donc fait connaître l'âme?
« Je suis, j'existe, cela est certain ; mais combien de temps? Autant de temps que je pense... Je suis une chose vraie et vraiment existante; mais quelle Chose? Je l'ai dit, une chose qui pense. » (Médit., Il, 4-7.)
Le magnétiste ne va-t-il pas plus loin et n'enseigne-t-il pas davantage?
Ses œuvres prouvent que le sujet qui pei**c est un être fluidéide. Elles prouvent en outre que, par une émission fluidique, il vous ingère des pensées et des qualités que vous n’aviez auparavant. Soutiendrez-vous après cela que le magnétiste « en juge vaguement »à l’instar du «commun des intelligences ? »
« L’âme, disait Plotin, est meunité-pluralilé.... Cette pluralité résulte de ce que l'essence de l'àme contient plusieurs puissances. » (Sixième Ennèade, livre II’).
«L'âme humaine est en petit ce que le monde est en grand. » Priscus.
« Il est dans l'âme quelque chose de meilleur. » Le P. Thomassin.
« L’àme est déjà un nuage. » Mlle df. Guldekstebbé:.
lité complctc, un entier organisme fluidéi-(le ; ce que les anciens appelaient le microcosme; en diffusion et conséqucmmcnt en rapports continuels d’cxisicnce, dans sa péri-sphère avec I’dnitk fixioiuoe astbale, ou le macrocosme, la sphère céleste, dite l'âme planétaire, où s’épandent toutes les âmes, en communiquant entre elles, selon leurs communions de sympathies.
Le macrocosme de noire planète serait pour nous, suivant le langage de l'antiquité : L’Ancien des anciens, » senior, le Seigneur ; « ldi, les dieux. # Moïse.
(La suite au prochain numéro.)
Dr Clever de Maldisnt.
Pour Thalès non plus, l’âme n’était pas tin principe (tyxii); mais un élément (elementum, — quasi alimentum, une espèce de première alimentation; oto.X£îov, une suite naturelle). C'était l'élément humide, «à son plus haut degré de dilatation, c’est le feu; à son plus haut degré de condensation, la terre; l’air tient le milieu entre ces deux extrêmes. »
« Goudin nous apprend que dans un concile, à Vienne en Dauphiné, le 3 avril 1312, sous Clément V, l’autorité de l’Eglise ordonna de croire que l’âme n’est que la forme substantielle du corps. Il déclare hérétiques ceux qui n’admettraient point la matérialité de l’âme. »
Raoul Fomier, professeur en droit, enseigne positivement la même chose dans ses discours académiques sur l’origine de l'âme, imprimés à Paris en 1619, avec une approbation et des éloges de plusieurs docteurs en théologie.
« Saint Augustin raisonne singulièrement, lorsqu’il avance que l’âme habite dans le sang. On lui en demande la raison; il répond qu’elle ne peut vivre dans le sec. Pourquoi ? Parce que c'est un esprit. On est sûr d’exceller partout avec une semblable dialectique. » J. S. Queshé. (Lettres sur le Psychisme, Sédition, Paris, 1818.)
SIMPLES OBSERVATIONS A M. JOBARD.
■ La philosophie de l’avenir sera la physiologie perfectionnée. • Balzac.
Le magnétisme opérera une révolution dans le monde de la philosophie et de la science, parce que la vérité est une et qu'elle se fera jour en dépit de ses ennemis
Du choc de deux électricités contraires jaillit la lumière éléctrique. De même aussi du choc de deux opinions contraires jaillit quelquefois la lumière scientifique.
Monsieur et très-honoré confrère,
On peut dire de vous que vous êtes l’homme du progrès dont l’orgueil et le sot amour-propre ne sont pas les guides ténébreux. J’aime, je vénère, les hommes tels que vous qui ne craignent pas de désavouer demain ce qu’ils avançaient hier, parce que toutes les sciences sont mobiles et que nous ne savons pas. J’aime ceux qui, en outre, marchent en avant sans s’inquiéter du qu’en-dira-t-on.
Hélas ! oui, nous ne savons pas : mais cette phrase peut-elle être prise dans son acception intime ? Je ne le pense pas, et le Christ a dit : C’est la lettre qui tue et l’esprit qui vivifie ; (le mot « esprit » pris ici sans métaphore). — Je ne sais si je me serais gardé de cette lettre en lisant l’intéressant rapport que vous avez adressé à notre Société ? Mais n’importe, vous voudrez bien m’en avertir, daas le cas où il en aurait été ainsi.
Or, lorsqu’un homme tel que vous, dont les opinions font poids dans la balance scientifique, avance une proposition, quelque hazardéc que l’opinion qu’elle comporte puisse paraître au premier abord, il est à présumer qu’elle sera prise en considération, sinon par tous, — ce serait vouloir l’impossible, — du moins par beaucoup.
La raison (ratio, faculté de connaître) est un mot d’une
élasticité par trop grande et que notre pauvre langue met à toute les sauces. Aussi l’esprit de Clovis, avec lequel vous avez eu un entretien, avait-il raison de vous dire « nous venons déranger les idées de bien des gens qui se complaisent dans ce qu’ils appellent la raison ! La raison! ! !... Mais raisonnez, mes ainis, et rejetez impitoyablement tout ce qui ne peut être admis par la raison ! »
En effet, cher confrère, ouvrez un dictionnaire de l’Académie, et vous verrez à combien d’expressions différentes ce mot est employé. De là, plusieurs raisons : l’une qui est la résultante des opinions régnantes ne prétend à rien moins qu'à l’infaillibilité; c’est celle du loup et de l’agneau, la raison du plus fort, le despotisme conventionnel, en un mot, que reçoit et partage le vulgaire. Les autres (les raisons dissidentes), individuelles ou collectives, marchent plus ou moins en désaccord avec la première, parce qu’elles sont pénétrées et convaincues de la légitimité de certaines notions, bien que la multitude refuse de les admettre. La première de ces raisons n’est que le sceau d’un moment, l’optique d’un siècle ; les autres, par le fait de la dissidence, cherchent à se rapprocher de la raison forte, de la raison progressive, de la raison de la raison enfin, qui est mère de nos découvertes et de notre bien-être, tandis que la routine ombreuse n’est que la marâtre des efforts que l’humanité fait pour marcher en avant. Mais à côté de ces raisons individuelles ou collectives doit marcher de pair la logique art de raisonner.)
Dans votre lettre vous avez raisonné individuellement sans faire usage de la logique. Nos prétendus savants, eux, mettent ordinairement à la porte ces deux conseillères de notre entendement, c’est pourquoi ils emploient habituellement la raison du loup envers l’agneau. Ni vous ni moi n’avons l’intention d’un acte aussi tyrannique et, si l’une de ces conseil lères a fait défaut, c’est par accident et non volontairement. Logiquons donc maintenant, puisque vous avez raisonné (passez-moi le mol : on en crée tous les jours, je puis bien en faire autant, sans passer à vos yeux pour un hérétique).
De môme que du choc de deux électricités contraires jaillit la lumière électrique, de même aussi du choc de deux opinions jaillit quelquefois la lumière scientifique.
Je ne vous suivrai pas dans tout ce que vous avez rapporté d’intéressant sur les phénomènes spirites ou pneumatiques dont vous avez été le témoin oculaire ; jen’en ai pasle temps et, de plus, je ne parle jamais que de ce que je crois connaître et de ce que j’ai préalablement étudié; m’efforçant, en cela, d’imiter, autant que possible, un maître dans l’art de bien dire, Cicéron, qui voulait qu’on sût à fond toutes choses et surtout la matière sur laquelle doit rouler un discours.
Longtemps vous aviez partagé l’opinion que les symptômes des maladies n’étaient pas contagieux pour le magnétiseur, pendant l’acte de la magnétisation, et que l’auto-démagnéti-sation, après l’opération, était par conséquent superflue. Une foule de faits prouvaient le contraire. 11 y a un an environ, une polémique vive, entre moi et M. Lafontaine, vint remettre cette question à l’ordre du jour et le hazard, — ce mot vide de sens, employé dans notre langue, et inventé probablement par les matérialistes qui pensent que le néant engendre quelque chose, — le hazard, dis-je, a voulu que vous soyez convaincu par les faits, en éprouvant vous-même cette inoculation. A partir de ce jour vous vous êtes rangé dans ma manière de voir, et j’ose espérer que vous n’avez pas quitté le flambeau de la vérité acquise pour celui de l’erreur raisonnée à la manière du loup, ou, si vous préférez, à la manière de quelques savants, mais non démontrée logiquement; à moins, toutefois, que vous n’ayez oublié.
Oublié.....
Ah I tenez, cher confrère, il y a une chose plus terrible encore que la raison de la raison et la logique, mises à la porte volontairement ou involontairement: c’est 1’oubli; l’oubli qui fait que nous ne savons pas et que nous avons besoin
d’apprendre sans cesse..... La preuve, c’est qu’au sein de
notre Société, la question du fluide est remise sur le lapis, nou-seulement dans le but d’étudier sa nature et sa prove-
nance, — ce qui serait un travail fort utile, — niais dans celui de savoir s’il existe ou non un fluide impondérable, adhérent au corps humain, et de l’action duquel découlent les phénomènes magnétiques. Vous le voyez, il n’y a pas encore un siècle que Mesmer est venu rappeler au monde l’existence de cette force et on l’a déjà oublié ; bien mieux, on ne se rappelle plus des faits modernes et journaliers tendant à prouver son existence réelle.
Croyez-vous que celui qui,a dit qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil avait un peu raison ? Moi je crois que c’était un profond penseur, et, qu’en effet, jusqu’à présent, nous n’avons fait que suivre d’un bout à l’autre le fil d’Ariane pour recommencer le même chemin, parce que nous avons oublié ce que le parcours de cette route nous avait appris. Heureusement que l’imprimerie nous préservera peut-être de pareils méfaits pour l’avenir; et je ne m’étonne nullement que son auteur ait été regardé comme possédé, du diable, anathémathisé et brûlé par les partisans do l’obscurantisme du vulgaire, qui voulaient bien connaître par traditidn, eux, mais qui ne voulaient pas que les autres connussent.
Un des plus grands sacrilèges, selon moi, qui puisse se commettre dans les révolutions, c’est celui de la destruction des livres, et, si je ne croyais au libre arbitre de l’homme, je dirais qu’il est poussé à de pareils actes par les esprits inférieurs, esprits qui, de tout temps, auraient été les guides des humanimaux de tous les siècles.
Mais abordons le sujet principal qui me procure l’avantage de vous écrire aujourd’hui pour la première fois, et d’entrer en relation un peu plus directe avec un savant dont les lumières et le bon vouloir ne reculent devant aucune question scientifique, mais qui cherche à les embrasser toutes.
Vous voilà donc spiritiste ou pneumatiste, et spiritiste ou pneumatiste convaincu, puisque vous voudriez voir vos collègues de la société de magnétisme de Paris partager vos nouvelles convictions* et que vous les accusez d’être attardés dans ce vestibule de la science, les engageant à passer au
salon pour arriver au sanctuaire ? Donc, vous, d’un bond, vous êtes passé du vestibule au sanctuaire ? Et cela ne m’étonne pas d’un homme doué de votre énergie et surtout de cet amour de la vérité dont vous avez donné tant de preuves.
Quant à moi qui, comme vous, suis animé du feu sacré de la vérité, je ne nie rien, j’étudie toujours. Mais je n’ai pas encore franchi l’espace qui me sépare du sanctuaire; le franchirai-je jamais? Je ne sais. Pour l’instant je suis rationaliste et de plus spiritualiste, ce qui ne veut pas dire spiritistc ou pneumatiste, mais bien homme de bon vouloir, ayant peut-être déjà mis un pied au salon, demi-sanctuaire où l’esprit systématique et rétif ne règne point.
Comme spiritualiste, mais non comme spiritiste, j’ai relu bien souvent cette question posée par le docteur Péreyra, de Varsovie : « Les esprits, dans certains cas, peuvent-ils
VÉRITABLEMENT NOUS APPARAÎTRE, OU, AU MOINS, ENTRER EN COMMUNICATION AVEC NOUS ?
La première partie de cette question n’a pu être résolue par moi : il faut des faits, je n’en ai pas. La seconde ne laisse aucun doute dans mon intelligence et je conclus, parce que j’ai des faits : que les Esprits, dans certains cas, peuvent entrer en communication avec notre esprit, soit par le moyen du somnambulisme, soit par celui de la médianimité, qui n’est autre qu’un degré plus ou moins appréciable de Yextase naturelle, phénomène physiologique transcendant,non encore étudié, mais qui tient aux mêmes causes que le somnambulisme naturel et le somnambulisme artificiel, c’est-à-dire qu’il peut ge développer par une cause physique non étudiée ou par une cause physique acquise. Le développement de cette proposition m’entraînerait trop loin, je le passe sous silence jusqu’à nouvel ordre.
D'abord qu’est-ce qu’un Esprit ? Ce ne peut être que le moi, que cet être intérieur qu’on a trop longtemps confondu avec Y âme (anima, la vie) et que saint Taul le premier a parfaitement individualisé quand il a dit : c Que votre corps.
votre dine et votre esprit soient saints, etc. (1). » Or cet esprit, ce moi, dégagé, par la mort du corps, de ses liens matériels, conserve bien évidemment son individualité et son immortalité, et il ne répugne pas à la raison, pas môme à la logique, d’admettre qu’il puisse communiquer et être vu, dans certains cas, avec ou par un de ses frères encore incarné. Mais soyez persuadé que l’esprit ne communique qu’avec l’esprit et ne peut être vu que par lui. Le milieu dans lequel se trouvent les somnambules, les médiums et même les sensitifs, peut permettre à un phénomène de ce genre d’avoir lieu quelquefois, mais non à volonté,—je le crois du moins,— car dans ce milieu les liens matériels qui enlacent notre propre esprit sont assez relâchés pour qu’il puisse jouir en partie de son libre arbitre et faire usage de ses facultés propres de spiritualité, faculté qu’il nous transmet alors par l’organe des sens dont il ne peut se passer pour cofbmuniquer avec le monde matériel.
Je crois à la trinité humaine, c’est-à-dire au corps, à Y âme (la vie), à Y esprit ou moi spirituel et immortel.
Je crois que dans certains milieux ce moi peut être suffisamment affranchi de ses liens matériels, pour pouvoir communiquer, dans certains cas, avec ses frères désincarnés par suite de ce que nous appelons la mort de la matière ou, en d’autres termes, le repos apparent de cette matière, qui sert alors à d’autres combinaisons.
Je crois encore que ce moi est immuable, c’est-à-dire incorruptible et imperfectible, parce que ma raison et ma logique ne me permettent pas de supposer que la justice distributive de Dieu ait inégalement doué les hommes sous le rapport animique (ou du moi spirituel).
Je crois aux médiums comme aux somnambules ; ce sont des êtres placés dans un certain milieu qui permet à leur moi de faire usage d’une partie de ses sublimes facultés et même de communiquer avec, et par conséquent de voir, quelquefois, un ou plusieurs moi désincarnés.
1 ) Snint Paul. 1" epitre aux The.ssalonicims, cliap. V, vers. 23.
Je ne crois pas à la réincarnation, parce que je n’en vois l'utilité, si ma manière de voir, relativement à l’impcrfecti-bilité du moi, est raisonnable et logique.
Toutes les phénoménalités d’écritures directes des Esprits, d’enlèvements et transports d’objets matériels, de musique et de dessins spiritistes, etc., n’ont pas été vues par moi, je ne les nie pas; je ne crois pas encore par la raison que je n’en comprends pas l’utilité.
Je crois donc à l’existence du fluide magnétique et du moi spirituel. Vous, Cher collègue, depuis votre conversion à la pneumatologie, vou3 ne croyez probablement plus au fluide magnétique, et vous attribuez tout aux Esprits? S’il en est ainsi, il me deviendrait inutile de vous démontrer que l’une et l’autre de ces deux puissances sont parfaitement distinctes : que la première est cause de phénomènes attribués à la seconde et que, les Êsprits produisissent-ils dès phénomènes matériels, à eux seuls, ils ne peuvent se servir d’une autre force que de celle dont nous invoquons l’existence, parce que c’fest une modification de la force universelle primitivement créée par Dieu : le fiat lux, et qne Dieu lui-même, depuis que le monde est monde, ne peut se servir d’un autre agent pour régir l’univers que de celui créé à cet effet, et qui le met en rapport constant avec l’ensemble, ce qui fait que l’on dit : Dieu est partout.
Si vous admettez que Dieu puisse faire qu’un bâton n’ait pas deux bouts, vous admettez également le bouleversement de tout ce qni existe, et alors, en effet, la fin du monde avance tous les jours... de vingt-quatre heures et nous touchons au terme fatal.
Je ne veux pas chercher à vous enlever vos croyances au spiritisme ou pneumatisme, j’y touche déjà de trop près; je veux seulement essayer de les modifier sur un point trop important, relativement' à la science mesmérienne et que, par conséquent, je ne puis passer sous silence au point de vue de la logique.
Vous dites :
« C'est un Esprit qui parle par la bouclie du somnambule, comme « par le pied de la table ou le crayon du médium. La preuve, c'est « qu'ils ne se rappellent tous de rien quand l'Esprit s'est retiré. »
Vous admettez donc implicitement la possession momentanée du corps du somnambule (je laisse les médiums et les croyants de côté) par un Esprit étranger? Du moment que vous l’admettez pour un Esprit, il ne vous est pas plus difficile de l’admettre pour deux, quatre, dix, etc.; il ne vous est pas plus difficile encore d’admettre que cette possession puisse être plus ou moins durable? Dès lors les phénomènes présentés par les Ursulines de Loudun, et affirmés par des prêtres fanatiques et des médecins ignares de ce temps, qui les regardaient comme le résultat d’une possession démoniaque ou spirite inférieure, ne doivent plus vous étonner et vous les admettez en principe? Les hommes éclairés qui, depuis, ont étudié physiologiquement cette question dé la possession des Ursulines, et qui ont reconnu que ces phénomènes étaient le résultat d’une affection nerveuse due probablement à l’hystérie, à la catalepsie ou autres maladies du système nerveux dont le magnétisme a rendu raison, et une raison logique, sans bandeau ; ces hommes qui ont justement jeté le blâme sur le fanatisme des prêtres et l’ignorance des médecins de cette époque sont, pour vous, les aveugles, tandis que les autres étaient les voyants?
Si vous n'admettez la possession du corps du somnambule que par un seul Esprit étranger, je vous demanderai, en ce cas, où est allé celui du sujet, et pourquoi son moi incarné, en tout semblable à son confrère non incarné, ne ferait pas lui-même usage de ses propres facultés, ne se servirait pas lui-même des organes matériels auxquels il est lié, pour nous transmettre ses idées et le résultat de ce qu’il voit ou de ce qu’il peut embrasser, en réponse à nos questions? On Wen le mai incarné se retire de son corps, pour laisser faire ses propres fonctions à un autre, qui prend sa place et parle par la bouche de ce corps, pendant que son premier locataire se promène; ou bien, si ce premier locataire ne s'est pas retiré,
niais qu’il ait seulement consenti à se réduire il néant, tout en restant dans son propre moule, il y a donc deux Esprits dans ce corps? Et du moment qu’il y en a deux, il peut y en avoir dix; ce qui expliquerait spiritement les convulsions accidentelles des somnambules, en ce que, tous ces Esprits voulant primer les uns sur les autres, une dispute s’élèverait entre eux et causerait ce désordre que nous, iluidistes, nous attribuons à la désharmonie du fluide magnétique, nerveux, vital, comme vous voudrez. Il n’y aurait dans ce phénomène rien d’anti-spirite, puisqu’il est admis qu’il y a des Esprits bons, mauvais, orgueilleux, etc.
Si, dans le milieu somnambulique ou médianimique, vous admettez la possession du corps du somnambule ou du médium par un Esprit étranger, je ne vois pas pourquoi vous ne l’admettriez pas dans l’état ordinaire? Et, si vous l’admettez en principe, — car il n’y a pas de raison pour que vous la récusiez, — ma raison, à moi, ne se refuserait pas, physio-logico-spiritement, à attribuer le changement d’humeur d’une personne à la possession simultanée de son corps par des Esprits d’humeur différente.
Il n’y a pas que le milieu somnambulique ou médianimique qui permet aux Esprits la possession du corps, et j’appelle votre attention notamment sur ce passage de l’Évangile, où il est parlé d’un homme possédé par un Esprit qui s’appelle Légion (1).
D’après ce passage, mon cher collègue, vous voyez qu’il n’y a pas que les somnambules ou les médiums qui puissent être possédés par un ou des Esprits plus ou moins parfaits, et que cette possession ne se borne pas toujours au recèlement d’un seul de ces êtres pneumatiques, puisqu’un même individu peut être possédé par environ deux mille à la fois.
Si tout à l’heure j’ai taché d’expliquer physiologico-spirite-ment le changement d’humeur qui survient de temps à autres en une personne, vous trouverez facilement l’explication des violentes convulsions du possédé dont parle saint Marc, tou-
(J) Sailli Marc, chap. V, vers. 1,2 3,4. 5, 6,7, S, 9. 10,11,12,13. .
jours d’après cette physiologie nouvelle, car vous avouerez avec moi que ces deux mille Esprits inférieurs devaient faire un drôle de remue-ménage dans le corps de ce pauvre homme, les Esprits inférieurs étant doués de toutes les mauvaises passions humaines.
Je ne désespère pas, si vous admettez ce fait comme probable, malgré les paroles même du Christ qui, je le répète, a dit : La lettre tue cl l’esprit vivifie, je ne désespère pas, dis-je, de vous voir bientôt, d’après ce principe, vous ranger du côté des bourreaux de ce pauvre Galilée, qui a prétendu que c’était la terre qui tournait autour du soleil, au lieu que celui-ci a été de tout temps, d’après les Écritures sacrées, et sera de tout temps, notre très-humble serviteur.
Au moment où je vous écris, le vent souffle et gronde violemment au dehors ; ne pourrait-on pas admettre, à la rigueur, que ce phénomène est dû à une charge de cavalerie pneumatique? Car puisque les Esprits ont nos défauts et nos qualités,, ils doivent aussi se faire la guerre.
Ne craignez-vous pas, cher Confrère, que les écailles qui sont tombées de vos yeux n’aient été remplacées par d’autres plus épaisses? Vous ne le pensez pas, du moins, puisque vous dites, à l’appui de votre conviction nouvelle :
« Et la preuve que c'est un Esprit qui parle par la bouche du soinnam-« tuile, comme par le pied de la table et le crayon du médium : c'eti « qu'ils ne se rappellent tous de rien quand iEsprit s'est retiré. »
Mais sans doute que c’est un Esprit qui parle par la bouche du somnambule, c’est son moi, son Esprit à lui, et rien d’autre ; car si vous admettez ceux qui ne sont plus incarnés, vous ne pouvez nier celui qui est nous, ou alors vous niez Vâme (puisque cette expression est employée pour signifier Esprit).
Si vous n’aviez pas ajouté le mot : retiré, qui peut encore donner lieu à controverse, mais que, je suppose, vous avez employé comme verbe pronominal, c’est-à-dire dans le sens de s’en aller, s’éloigner, j’aurais trouvé peu de prise à controverse!' votre opinion. Cette supposition n’est pas ha-
sardée et vous avez bien évidemment pris ce mot dans le sens que lui attribue sa qualité de verbe pronominal.
Dans ce cas, comment vous expliquerez-vous qu’un simple commandement du magnétiseur puisse faire souvenir le somnambule de tout ce qu’il a vu faire pendant son sommeil ? D’après votre théorie, il faut nécessairement que Y Esprit étranger, qui parlait et voyait par les organes matériels du somnambule, reste dans ces organes jusqu’à vitam æternam, puisque ce somnambule se rappellera de ce qu’il a dit et vu, aussi longtemps que la mémoire de l’homme peut conserver un souvenir?
Ainsi, moi, magnétiseur, j'ordonne au somnambule que j’ai endormi de se souvenir; je le réveille ; cinq ou dix minutes se passent sans qu’il parle de rien ; j’applique alors ma main ou l’extrémité de mon pouce à la racine de son nez, et voilà qtt’il se souvient de tout ce qn’il a vu. Or je puis répéter cette expérience autant de fois que je le voudrai, et je ne tarderai pas à avoir fixé dans son corps deux mille Esprits au lieu d’un. 11 ne résultera pourtant de ce phénomène, souvent répété, que la diminution de la lucidité du sujet, parce qu’il doit toujours tout ignorer, avant comme après son sommeil. Les magnétistes expérimentés savent à quoi attribuer cet accident.
Sachez ceci :
Chaque fois que vous pourrez mettre le somnambule en relation directe avec une des parties de l’ensemble que vous désirez examiner, par l’intermédiaire de son esprit à lui, vous serez sûr du résultat, car il a la faculté de vision rétrospective, présente et à vefiir, et pour lui, pourtant, tout est présent, le passé et l’avenir n’existent point pour sa voyance, et, s’il nous les traduit ainsi, c’est parce qu’il est obligé de condescendre à la partie de notre entendement matériel.
Si ma volonté, ou même mon simple désir suffisent pour fixer à jamais, un ou des Esprits, dans le corps du somnambule, je ne vois pas pourquoi je ne les fixerais pas de même dans une table ou un crayon ?
Si vous aviez dit : l’esprit du somnambule peut, quelquefois, être en communication avec un esprit désincarné qui vient près de lui, cl qui peut causer avec ce moi incarné, et par conséquent se faire voir ; oli! dès lors, mon cher confrère, nous aurions été complètement d’accord.
Je vous dirai encore seulemcut. ceci : les manifestations spirites, en tant que manifestations concluantes, ne peuvent acquérir une valeur réelle à mes yeux que du jour où elles se passeront constamment de l’intermédiaire des mains, de celui des tables, des crayons, des chapeaux, etc.
Jusque-là permettez-moi de croire aux médiums comme à des extatiques naturels dont l’esprit est plus ou moins doué des facultés reconnues aux somnambules, et d’attribuer au fluide magnétique l’état qui peut nous présenter ces phénomènes, soit que ce fluide provienne d’un tiers, soit qu’il se modifie lui-même dans l’organisme par une auto-magnétisation quelconque ou une cause encore non étudiée suffisamment, comme chez les somnambules naturels qui, pendant les accès de leur maladie, font des choses souvent aussi extraordinaires et plus extraordinaires quelquefois que les somnambules artificiels, et qui, probablement, ne sont pas affligés dans cet état d’une surincarnation spirite.
N’allez pas me croire l’ennemi du'spiritisme ou pneuma-tisme, parce que j’ai l’air de le critiquer. En l’examinant logiquement et en réfutant une erreur précipitée, je prouve que je suis l’ami du vrai.
Maintenant, à vous dire vrai, je ne suis pas spirite, dans l’acception pure du mot, parce que, au point de vue thérapeutique du magnétisme, cette science n’a rien à faire ; et, quand nous guérissons, soit par des passes, soit par un simple acte de notre volonté, soit par la prière, c’est que l’un et l’autre de ces moyens mettent en jeu le fluide magnétique qui rayonne alors de loin comme de près, jusque sur le malade, qu’il sature et qu’il guérit. Car, de même que l’électricité parcourt l’espace, par le moyen du véhicule des fils (1), de
(1) Les (ils électriques ne sont pas indispensables à la transmission de
même aussi le fluide magnétique humain parcourt l'espace, par le moyen du véhicule de la pensée, qui établit des courants magnétiques ou fils fluidiques du magnétiseur au magnétisé.
J’adhère complètement aux deux dernières phrases de votre lettre, où vous dites aux membres de la Société de magnétisme de Paris :
* Venez en aide à la révélation qui se prépare, ou, du moins, ne lui » soyez pas un obstacle. —Si votre abstention est une faute, votre oppo-
• sition serait un crime. »
Oui, les magnétistes doivent aider tout ce qui paraît offrir une chance de vérité, tant petite qu’elle soit; mais si leurs occupations spéciales relatives à un objet qui n’est pas encore assez bien assis, les empêchent avec raison d’aider pour le moment à cette révélation qui se prépare, je suis d’avis qu’ils ne doivent mettre obstacle à rien et accueillir le pour et le contre, sinon dans l’intérêt spécial de la thérapeutique magnétique, du moins dans l’intérêt de la philosophie et des sciences, mais logiquement et sans précipitation.
Bien à vous cordialement,
D.-H. André,
Médecin homœopathe, magnétiste et électricien.
CHRONIQUE.
SPIRITUALISME.
Nous donnons communication à nos lecteurs du Mémoire que nous avons annoncé. A notre avis la vérité a tout à gagner à ce que les faits qu’il annonce soient éclaircis, non pas que nous formulions un doute, mais il est bon d’arriver â une conclusion qui soit acceptée de tous ; ce qui ne tardera pas
l’électricité d'nne ville à l’autre. M. Jules Recv, je crois, demande h prouver ce fait par son système de communication morale universelle. Nous verrons.
d’avoir lieu, carie pour et le contre vont être défendus avec une égale ardeur et nous pouvons dire que les incidents de la lutte seront curieux autant qu’intéressants.
Soyons donc attentifs et ne portons pas un jugement précipité.
Baron du Potet.
Voici le Mémoire :
Monsieur le Baron,
Pendant plusieurs mois, vous avez donné une large hospitalité dans votre journal aux idées d’un des plus savants adeptes de l’école spirite, idées combattues par un non moins vigoureux logicien qui. jusqu’à plus ample informé, croit devoir rapporter tous les phénomènes les plus transcendants du magnétisme à une action ou des causes purement. physiques.
Me mettant entre les deux champions, je viens, à mon tour, vous demander un tout petit coin pour mes observations personnelles sur une question palpitante d’intérêt et d’actualité.
Parmi les faits présentés dans ces derniers temps comme témoignage matériel d’une force surnaturelle ou extra-naturelle, toute la presse a parlé de l’évolution d’une table ovale pesant en réalité trente-deux kilogrammes, laquelle est placée à distance de la longueur du bras et de la main gauche, moins celle des doigts, devant un jeune médium américain, lié par les jambes et le milieu du corps à la chaise sur laquelle il est assis, tandis qu’un des assistants lui tient l’autre bras.
Au bout d’une ou deux minutes (souvent, m’a-t-on dit, après quelques secondes seulement), pendant lesquelles l’obscurité est complètement faite, la table qui était sur ses pieds à la distance que j’ai indiquée, se trouve transportée et renversée sur un lit auquel est adossée la chaise sur laquelle le médium est assis.
Voilà, dans toute sa simplicité, la narration du fait qui est accompli en présence de témoins à qui il n'est pas permis.
sous peine d’insuccès, de le voir s'accomplir. Les croyants, et je respecte sincèrement leur croyance, les croyants, dis-je, plus enthousiastes que ceux à qui la foi n’est pas encore venue, racontent le phénomène d’une façon un peu plus énergique et disent : le médium ayant la main droite tenue, et attachée, et demeurant parfaitement immobile, lance de la main gauche et dT un bond la table par dessus sa tête.
Ils disent ainsi parce qu’ils le croient en toute conscience, et puis aussi parce qu’il se peut que les choses se passent réellement de la sorte, et que pour eux il est impossible qu’elles se passent autrement.
Quoi qu’il en soit, on peut dire : Voilà le tour de force qui se fait, qu’on voitquand il est fait, mais qu’il est défendu deivoir faire. Les mots tour de force peuvent être pris ici comme chacun l’entendra; je les crois plus vrais et surtout plus polis que les mots tour d'adresse, qui impliqueraient une fraude que je ne veux pas soupçonner.
Certes, quand 011 lit l’exposé du fait en question dans un journal, ou qu'on l’entend raconter par des personnes qui ont assisté aux expériences et qui expliquent la position du médium et l’évolution de la table, on se dit tout d’abord : il n’y a pas de force humaine capable, dans de telles conditions, d’exécuter un semblable déplacement : il y a là une ficelle (terme vulgaire dont le sens est aisé à saisir), ou l’intervention d’êtres supérieurs se communiquant au médium ou plutôt lui communiquant, par un privilège tout spécial, une vigueur surhumaine, ou bien encore l’action d’une force inconnue, occulte et intelligente.
Chacun juge suivant ses appréciations personnelles ou en raison d’idées préconçues. Les premiers sout les négateurs plus ou moins absolus; les seconds sont les croyants; les derniers forment la classe de ceux qui n'osent nier ni avouer une croyance qui n’est pas encore acquise, mais qui est déjà quelque peu à l’état d’embryon. Ils se payent de mots qui ne les compromettent guères, ils sont expectants; c’est d’une sage prudence.
Après ces trois opinions, il peut en surgir une quatrième, celle d’hommes qui se demandent et cherchent s’il n’y aurait pas autre chose qu’une ficelle, que l’intervention d’Esprits se mettant obligeamment à la disposition d’un simple mortel, ou que ce X qu’on a appelé force occulte et intelligente.
J’écarte tout de suite la première opinion, parce qu'elle est injurieuse, et examinant la troisième, qui a plus de parenté avec la seconde, je dis : 11 y a là une force, certainement ; une force occulte, oui, puisqu’on n’y voit goutte faute d’avoir le libre usage des organes que Dieu a donnés à l’homme pour voir; une force intelligente, peut-être, mais adroite assurément, car il s’agit d’opérer sans se casser la tête et sans endommunger celles de ses voisins; or, ce sont des malheurs que l’on n’a pas encore eu à déplorer jusqu’à présent
Je reviens à la quatrième opinion émise par un homme qui a,coopéré aux expériences de M. Squire et qui, sommé pour ainsi dire de se prononcer séance tenante, s’esibdrné à s’avouer ému, surpris, mais non fixé sur les causes ou les moyens; je veux parler du docteur E. Léger.
Obligeamment invité, ainsi que plusieurs de nos collègues, à assister avec lui chez M. Piérart aux expériences de M. Squire, j’ai pu constater que les faits dont il a été publié de nombreuses relations, se passaient exactement comme ils étaient énoncés. Mais outre que cela ne m’a nullement amené à croire à l’existence des Esprits, ni par conséquent à leur intervention dans les expériences, mon doute à r cet:égard s’est considérablement renforcé depuis que j'ai vu,
■de mes propres yeux vu, ce qui s’appelle vu, et suivi dans toutes ses phases l’évolution de. la table mime dont se sert M. Squire, opérée sans trop de difficulté dans des conditions identiques et dans le même espace de temps par le docteur Léger, qui est beaucoup plus habitué à manier le scalpel et le bistouri qu’un fardeau de soixante-quatre livres.
Son procédé consiste en cinq opérations successives, ou 6e décompose en cinq temps.
Premier temps : abaissement du boni de la table sur les genoux par la pression des doigts de la main gauche sur les bords de ladite table.
Deuxième temps : le bord de la table posant sur les genoux, le bras qui est libre s’allonge sur le bord opposé de la table penchée et la dresse contre la poitrine.
Troisième temps : de transversalement dressée que la table se trouve, il la redresse perpendiculairement, en aidant sa main d'un mouvement de va et vient opéré par les genoux.
Quatrième temps : abaissement de l’épaule pour que le point d’appui soit le plus près possible de la puissance.
Cinquième temps : mouvement de bascule pour faire retomber la table derrière la lète sur le lit disposé pour la recevoir.
Et le tour est fait!
Voilà du moins, comment il est fait par le docteur Léger.
Je ne veux pas dire que M. Squire le fasse absolument et sciemment de la même manière. Ce serait l’accuser de jonglerie, de fraude même à l'égard de gens qui le croient sincèrement doué de facultés médianiiuiques. Loin de moi la pensée de lui jeter à la face une injure semblable; mais enfin, ce qui semblait matériellement et physiquement impossible 11’est rien moins qu’impossible, puisque après un examen suivi de quelques essais, on a pu opérer, en s’y prenant convenablement, une évolution qui, disait-on, ne pouvait être faite par les moyens purement matériels; on mettait les hommes d'une vigueur physique incontestablement supérieure à celle de M. Squire, au défi de lançer d’un bond au -dessus de leur tête une table d’un poids semblable, en se mettant dans les mêmes conditions que lui-même.
Eh bien, la chose a été faite dans ces mêmes conditions. Est- ce par les mêmes moyens? c’est ce qu’on ne peut affirmer, puisque M. Squire n’opère que dans l’obscurité, et que M. le docteur Léger, qui opère en pleine lumière, n’a pas plus de difficulté, bien entendu, à opérer dans les ténèbres. La
différence, dans ce dernier cas, est à son avantage, car ello sauve les apparences, puisque s’il fait quelques efforts, quelques contractions musculaires, personne ne les voit.
Comme je professe pour les croyances que je ne partage pas un respect que j’aime à rencontrer pour les miennes, je fais à M. Piérart et à ses co-religionnaires en spiritualisme l'aveu sincère que je les crois convaincus de la coopération îles Esprits dans les faits d’évolution en question :je veux croire aussi M. Squire très-innocent de toute supercherie; je n’ai eu l’honneur de le voir qu’une seule fois, et sa personne m’a été sympathique ; son visage a un cachet de distinction et d'honnêteté qui plaisent d’abord et excluent tout soupçon. Personne n’est, dit-il, plus étonné que lui-même des phénomènes qui se produisent par son intermédiaire; il sent qu’il se passe en lui quelque chose d’anormal, il est prodigieusement agité, tout son être devient dans un état dont il ne peut rendre compte ni à lui-même ni à personne. Il ne dit pas que ce sont des Esprits qui se communiquent à lui; il ne sait qu’une chose c’est qu’il fait, et ne peut faire que dans l’obscurité seulement ce que ses forces seules ne lui permettraient pas de faire.
N’y aurait-il pas, dans ce cas, une certaine analogie avec les phénomènes que présente l’état magnétique dans quel-ques-unes de ses phases? Le médium ne serait-il pas dans un état imparfait de somnambulisme éveillé, s’il est permis d’accoupler ces deux mots qui semblent s’exclure, et ne trouverait-il pas ainsi sans en avoir conscience, un emploi intelligent de la force musculaire considérablement accrue, comme le somnambule dont les facultés morales et même physiques sont souvent prodigieusement développées et qui fait et dit, sous l’iniluence de cette mystérieuse modification de tout son être, ce que dans son état normal il serait incapable de faire et de dire?
Le magnétisme animal pur et simple produit l’accélération du pouls chez ceux qui sont sensibles à son action. Or, il a été constaté que le pouls de M. Squire donnait cent-vingt puisa-
tions après l’expérience. La même modification ou à peu près, cent pulsations je crois, a été, il est vrai, constatée par le docteur Louyet, chez M. le docteur Léger et chez une autre personne qui a opéré le même soir, comme je l’ai indiqué tout à l’heure. Or, le magnétisme ne jouait là aucun rôle, ni les Esprits non plus, et l'accélération du pouls était le résultat naturel des efforts de l’opérateur. J'admets volontiers une cause différente par respect pour les personnes dont je ne partage pas les croyances, et je l’admets encore une fois en ce qui concerne M. Squire, parce que je persiste à repousser le soupçon de jonglerie comme uue mauvaise pensée.
Je crois donc m’éloigner également des opinions extrêmes en établissant l’idée d’analogie que j’ai exposée. Si cette idée ne parait pas rationnelle à me3 adversaires, je serais heureux qu’ils puissent me prouver d’une manière irrécusable que l'évolution de latabledeM. Squire, qui est facile à opère* par des moyens très-simples, est cependant faite par lui, grâce à l’intervention d’êtres surhumains ou par des moyens extra-naturels.
Jusque-là je conserverai mon doute, j’allais dire mon incrédulité à ce genre de manifestations, puisqu’elles ne sont pas de nature à me former un commencement de foi. Je ne nie pas, mais je ne crois point.
Quand à la seconde expérience, quoique je l'ai vu faire, je n'en parlerai pas aujourd’hui parce qu’il y avait divergence entre les assistants sur les conditions particulières dans lesquelles le médium et son aide doivent être placés.
Agréez, monsieur le Baron, l’assurance de ma considération la plus distinguée.
A. Bauche.
30 juillet 1861.
Baron Dr POTET. propriétaire-gérant.
CAUSERIE MAGNÉTIQUE.
Il fut un temps où des hommes traçaient pour les nations une règle de conduite morale, une croyance religieuse, et en -fin établissaient une espèce de code que le commun des mortels était obligé de suivre. Malheur aux imprudents qui s’en écartaient par la parole où les écrits, et dont la libre pensée voulait porter son investigation sur les choses enseignées et les soumettre à l’examen ! Il a fallu, pour arriver à la liberté dont nous jouissons, briser bien des entraves, répandre beaucoup de sang. Cependant la science s’est établie ; où était l’ombre, la lumière se fait; mais nous ne faisons que de commencer à vivre, et toutes les entraves du passé ne sont point détruites. Nous luttons, comme nos pères, contre le despotisme d’autres hommes qui ont aussi leur code et qui refusent les innovations et repoussent les vérités acquises. Abrités par les lois, il est difficile de les forcer, car les gouvernements les protégent. Citons un exemple, prenons la médecine : elle forme un corps dans l’État ; elle a son enseignement; elle forme des disciples, et nul n’a le droit, sans suivre ses sentiers, de faire mieux et plus qu’elle.
Quelle que soit l’importance des vérités nouvellement découvertes, l’usage commande de les soumettre à la sanction des hommes de la tribu des savants. Leur sort dépend un peu moins, il est vrai, de ce tribunal qu’il n’en dépendait autrefois; on a recoursaujourd’huiàl’opinion publique, cet autre tribunal qui casse souvent les arrêts du premier et exerce une justice souveraine : c’est par ses arrêts que les codes se modifient sans cesse, que les systèmes sont adoptés ou rejetés ; la bonne fortune ou le hasard placent ou déplacent les erreurs ou les vérités, et le monde est ainsi ballotté sans règle absolue, marchant au jour le jour mais plus vite qu’autrefois. La passion cependant a moins de prise, l’examen est plus général.
Mais voilà un préambule qui menace d’absorber les pages du journal, et il semble que je n’ai rien à dire tout en parlant beaucoup. Le fond de ma pensée est pourtant ceci ; c’est que dans les sciences tout est conjecture, comme dans l'opinion Tome XX — N° 113. — 2' Série. — 10 septembre 1861.
des masses, et que, surtout, l’art de guérir les maladies des hommes est ce qu’il y a de plus incertain : on a fait cette remarque, que plus un médecin est érudit et savant et plus il tue de malades; on a découvert que l’efficacité de certains médicaments ne durait qu’un temps seulement, car on en niait bientôt les vertus très-vantées. Il semble donc que plus la médecine fait d’efforts pour avancer vers le progrès, plus elle devient inhabile et rétrograde ; et l’on peut dès lors se demander silaProvidence veille ausalutdeshumainsetsi les F acuités de médecine sont utiles. On voit d’abord que les médecins ont fait de grandes découvertes dans la connaissance de l’homme physique : si tous les ressorts de la machine humaine ne leur sont point connus, ce qu’ils en savent est déjà magnifique ; mais ce qu’il leur reste à découvrir ne peut se nombrer, tant le champ est vaste encore et d’une étude difficile. Qu’est-ce que la maladie? qu’est-ce que la santé? Nul ne le sait encore, car tout est variable en nou3 d’une seconde à l’autre, sans que nous puissions comprendre ce phénomène singulier qui semble dépendre d’un hôte interne que nul n’a jamais révélé : les médecins connaissent la coquille, ce qui la construit leur est inconnu.
Le magnétisme, nous l’avons dit cent fois, donne le moyen de pénétrer jusqu’au ressort secret, au centre de l’édifice, et de surprendre la nature en travail dans son laboratoire. Mais aucun des hommes capables de bien observer ne veut suivre nos indications, car bien observer est chose difficile, qui demande des hommes spéciaux ayant plus quede l’intelligence en partage, ayant le génie même de l’observation. Les magnétistes jusqu’à présent ont fait ce qu’ils ont pu ; la science magnétique leur doit un progrès véritable et un tribut mérité pour avoir construit l’édifice qui nous abrite. Qu'ils ne me sachent pas mauvais gré de ce que j’ai dit plus haut, je ne veux diminuer en rien la somme de bien qu’ils ont fait.
Il est des hommes dont je déteste la conduite et l’opiniâtreté; mais ces hommes eussent donné un corps à la vérité, et l’opinion se serait avec eux prononcée.
Longtemps comme des parias on nous a tenus à l’écart, nous regardant comme des imposteurs ou des fourbes; et jamais cependant vérité plus grande ne fut apportée au monde par des gens plus humbles. Et qu’on ne vienne point nous reprocher de n’avoir pas fait des efforts en rapport avec nos moyens ; car plusieurs d’entre nous ont dépassé en vertu beaucoup d’apôtres, et leurs œuvres, quoique oubliées, attestaient l’amour le plus grand de la vérité. Mais admirons les hommes de notre temps! Ils ont un médecin qui les empoisonne, ils se conforment à ses arrêts; les savants ont une science incomplète et ils ne veulent à aucun prix des nouvelles lumières que projette le magnétisme ; des croyances religieuses sans aucune base solide sont acceptées par eux et régissent la morale, sans que, dans leur insouciance, ils daignent porter un regard assuré sur les phénomènes étranges et d’une importance extrême qui servent de base au magnétisme. Leur philosophie est éclectique, sceptique, et l’éclectisme et le scepticisme prouvent que la vérité a échappé aux chercheurs : on pourrait dire que les nations parcourant les âges, naviguent sans boussole, au hasard, ayant pour chefs des guides parfaitement ignorants des destinées humaines.
Diogène cherchait un homme et ne le trouvait point,_
le magnétisme cherche un génie inspiré de Dieu pour ouvrir une carrière immense aux destinées de l’humanité, capable lorsque tout croule de constituer un monde nouveau. L’homme inspiré viendra-t-il? Je n’en sais rien; mais ce que je puis dire, c’est que j’éprouve une profonde pitié pour les savants et les philosophes de mon temps; que j’ai horreur des doctrines médicales enseignées par nos Facultés, parce qu’elles font plus de mal aux hommes qu’elles ne leur font de bien; ce que je puis affirmer encore, c’est que ce qui anime l’être humain a une source divine bien distincte de la matière. Je sais que je ne sais rien, dit l’homme le plus avancé dans les sciences, et beaucoup pensent de même.
L aveuglement général est tel que, si vous offrez au monde penseur le moyen de savoir quelque chose, il vous fermera
la porte au nez. Ce serait à devenir fou d’impatience 3i l’on ignorait que, pendant un temps encore, il doit en être ainsi et qu’il n’appartient point au novateur de se placer au-ilessus des décrets de la Providence, ni de faire cesser, avant l'heure, le désordre que Dieu a permis pour des fins inconnues. Les épidémies reviendront bientôt, le choléra ou la peste, les contagions morales aussi, plus dangereuses peut-être, et les savants, si habiles à calculer le retour des éclipses, ne nous diront rien 1 Mais je vois que je vais passer pour un révolutionnaire, un socialiste. Hélas! pardonnez-moi, messieurs, je ne suis pas même un âne savant, car j'ai oublié de saluer l’illustre compagnie. J’en demande pardon aux Flourens, fussent-ils cinq cents, aux Velpeau, qui ont, comme on sait, approfondi l’hypnotisme, mais je leur promets de ne point prendre de numéro dans ce bureau d’omnibus où s’inscrivent ceux qui veulent voyager en compagnie d’hommes aussi bien disposés pour la vérité, — je craindrais que le cocher, au lieu de m’emmener aux Champs-Élysées pour y jouir de l’immortalité promise par la pancarte académique, ne me conduisît à la barrière des Bons-Bomines.
Baron du Potet.
POLÉMIQUE.
RÉPONSE AUX QUELQUES OBJECTIONS DE M. d’àRBAUD.
✓
SCIIB (1.)
CHEZ LA PHILOSOPHIE DE L’ANTIQUE INITIATION,
(Philosophie unifiée et continuée à celle que démontrent et perpétuent les faits do la lucidité somnambulique et des phénomènes magnétiques de notre époque.)
L’esprit, animus,spirilus,mtnt (uim, force). O» le considère ;
CHEZ LES MODERNES.
L’Esprit, absolument, c’est Dieu :
(I) Voir le n° 112 de la 8' série du Journal du Magnélime.
1“ L’Esprit Absolu, Dieu, Dcus (ieùs, Eol. pour zeùj, — de zv.u, vivre, — Le Vivant;
— tísi;,—-de O-it/izi je contemple,—Celui que i.’om ne peut que contempler) : Principe Un de la vie universelle ; Essence et Force Active Infinie, Toute Parfaite, Éternelle.
Son seul accès possible aux plus hautes portées de l'extase, est l’incomparable splendeur d'une indicible lumière.
« Dieu ne serait pas, s'il n’était pas visible.
« Tout est visible, tout est invisible.
« Cette Lumière, me dit l’Esprit, c’est Moi, ton Dieu, l'Essence de la pensée : J’existe avant la nature humide. » Hermès.
« La lumière est la première manifestation de l'Essence Divine. » De Foix df. Candalle.
« La lumière pénètre et circule partout. L'Esprit est de l'Essence même de Dieu. Or, si cette essence est telle, ou quelle elle est, Dieu seul le sait. » Hermès.
2° Les Esprits : forces causales secondaires, innombrables, toutes immortcllcment et manifestement contenues au sein de l'Esprit infini; principiations tluidéides, génératrices du peuplement des mondes; prolo-semen vivant de tous les types terrestres, depuis les plus élémentaires (1) jusqu'aux individualités (2) les plus élevées ; personnalités naturelles, perfectibles, persistant et transmigrant au delà de leur existence plastique sur la planète, en se reliant indéfiniment par le domaine céleste (l'océan de la ténuité fluidique), à toutes leurs analogies, à tous leurs similaires dans la nature,
l’Elrc suprême, in-viaib'e ; éternelle et souveraine intelligence.
L’Esprit, individuellement, est le synonyme de l'àme. C'est le principe actif de l’intelligence de l’homme.
« L’esprit est l’unité intelligente... Une substance simple, ayant conscience d’clle-ménie. » Ch. de Hémusât, membre de l’institut.
(1) o II n’est rien de mort dans le monde. Hermès.
« Les Éléments ont vie... » De Foix oe Candalle.
Voir les uos 12, 13, 14 et 15 du Journal du Magélisme, année 1857,
(2) Comment admettre que nous soyons nous-mêmes des forces individuelles, si nous refusons les individualités de forces analogues dans les régions trans-terranéennes ?
selon l'échelle de vie de l’espèce, et par l’essor d’une loi providentielle.
A ce degré, la principiation est plus ellic-réenne (Éther, — dérivé dVffc je brûle, j’en-flamme).
n A l’instant tout me fut découvert... Toutes choses étaient devenues une lumière heureuse et douce : en la voyant, je ne pouvais me défendre de l’aimer.
« L’Essence de l'esprit n’est pas coupcc à même l'essentialité de Dieu, mais elle s’en développe pour ainsi dire comme la lumière du soleil. Cet esprit dans les hommes est dieu. C’est pourquoi plusieurs d'entre eux sont dieux ; c’est pourquoi leur humanité confine à la divinité. » Hermès.
« L’esprit pur est lumière. »
« Le corps de l’esprit lient d'air et de feu. » De Foix de Candalle.
a Le feu, plus subtil que l'air, le plus incorporel, le plus fluide des éléments : voilà le principe. D est à la fois l’invariable fond de l’existence, et la source intarissable de la vie. Une étincelle de ce feu universel et divin : voilà l'àme (1) de l’homme. » Héraclitb.
« Les choses incorporelles sont mues par l’esprit. » Hermès.
Le Fluide(2), /luidut (de /luere, couler), est la substance des êtres et des choses dans ces états d’expansibilité, dont les molécules se meuvent alors sans nulle résistance que celle de leur impondérabilité proportionnelle.
D’après les définitions précédentes, l’on peut juger des dimensions et de l'implication de la force du fluide. D est tout bonnement le véhi—
Le Fluide, pour les magnétistes qui l'admettent, est un agent subtil ctlumi-nescible, qu'ils ignorent en sa nature. C’est un protée mystérieux qui transmue
(1) Le mot âme est pris ici dans son acception de quintessence, l'es prit. Cette synonymie des deux termes a généralement presque tou jours eu cours.
(2) 11 n’est question que du fluide magnétique.
cule du magistère immense de noire univers.
Nous respirons tous au réservoir aûriforme, cl, sur les ailes de nos sympathies et de nos aptitudes, nous y vivons avec les dynanismes indéfinis de la composition et des relations de la planète.
« C'est le bassin divin.
« Des choses qui sont au monde, nulle ne se perd.
« Le monde est le second dieu. » IIeumès.
a Du subtil au fixe, du fiuiile à l'agrégat, du ciel à la terre enfin, et réciproquement : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ; ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose. » Hermès.
« Le ciel est le tout : il est le lieu qui n'exclut rien, car il est l'univers. » Plotin. (Deuxième Ennéade, livre n.)
« Tout est en écoulement continuel. »
Platon.
« Un fluide diffère d’un solide, en ce qu'il n’a aucune partie assez grosse pour que nous puissions la saisir et la toucher de différents côtés à la fois. » Buffon.
L'universalité collective inénarrable des constituants du fluide est donc positivement l’existence de toutes les substances, dans un état puissantiel supérieur de pénétration. C'est, suivant les anciens, la vie universelle spiritualisée, ou le monde spirituel, qui partout enveloppe, communie, pénètre, mouvementé et modifie celui dont nous allons parler.
Disons auparavant que, dans le magnétisme vulgaire, le mot fluide semble devoir mieux s'appliquer à l'effluve le plus grossier de la plasticité de l'organisme, et que l'antiquité nommait esprit inférieur, ou simplement esprit vilal, intermédiaire entre lame et le corps.
scs vertus au grc de l'opérateur.
PourChardel, cependant, « le fluide est un mixte »
« Dans les fluides, le mouvement lient la matière en dissolution.
« Le premier composé que la lumière forme en s'unissant à la matière est connu sous le nom de fluide élcclro - magnèti -que. s Cet observateur considère le fluide magnétique comme la plus haute modification, le dépouillement le plus dé-matérjalisé des éla-borations de la vie humaine.
Cette vie, pour ce même auteur, est « un fluide humani-fié. » Par contre, il nomme le fluide magnétique, « la vie spiritualisée ; elle résulte de l'action de l’âme sur le fluide nerveux.
« En sa séparation de la matière, celte modification reprend la qualité lu-
Dans l’homme, on lui donnait le sang pour siège principal. Chez Arislote cl les scolasti— ques, c’est lame vegetative et nutritive (tì OfliTTrmiv) que l’on distinguait de l ame sensitive (rbuliOnnxiv). « Celle opinion sc fonde sur un passage allégorique du Zohar, où l’on ilil que chaque nuit, pendant noire sommeil, noire àme monte au ciel pour y rendre compte de sa journée, et qu’à ce moment le corps n'est plus animé que par un souffle de vie placé dans le cœur. » Ad. Fiiasck. (La Kabbale, ou La Philosophie religieuse chez les Hébreux.)
mineuse,a et « s'étant assimilée à l’action de l’âme, elle obéit nécessairement aux mouvements de la volonté. »
Notre grand Arago prouvait de même que le fluide électrique recèle de la matière en volatilisation. Les aérolithes en sont la conséquence.
« Chaque corps a ses fluides particuliers; ces fluides tendant toujours par leur légéreté à être entraînés dans l’espace, et se renouvelant d'ailleurs sans cesse par l'élaboration continuelle des globes, et de toutes leurs productions animales et végétales, il doit nécessairement sc composer de tous ces fluides, un fluide universel qui, lui-méme, doit aussi être rectifié jusqu'à ce qu’il arrive à son dernier degré de perfection, c'cst-à-dirc qu’il devienne
éthéré.....Ce fluide
par excellence, ce
La Matière, materia (de mater, nourrice), moles, masse énorme (de /win, meule), est l'clat de condensation ou de massivité de la substance; ctat qui nous la rend ainsi vulgairement visible et tangible. C'est la situation d'évidence d’accumulation sous un volume restreint, le corps (corpus— secum rupturus,— bloc de durée précaire) ; la captivité de la force, 011 le monde inférieur.
C'est la manifestation la plus épaisse de l’ensemble et dos individualités des modes spécifiques de la vie de notre planète : « le monde ténébreux » (tenebra, les ténèbres,— de!cn«re, tenir, — la déclinaison du principe essentiel),
lluidc céleste, étliéré, divin ( qui forme l'âme de la nature), n’est autre chose que le fluide magnétique. » A.-L.-J. D“" (Discours sur les principctgénérauxdc l:t théorie végétative cl spirituelle de la nature, 2e édition, Paris, 1822).
Pour le docteur Philips, ce fluide est
l'ÉLECTRICITÉ. C’cSt
l’agent vecteur des influences que les êtres exercent, à distance, les uns par les autres. (Électrodynamisme vital, ou les relations physiologiques de l'Espril et de la Matière, etc,, Paris, 1855).
La Matière est tout ce qui produit ou peut produire sensation sur nos organes.
« Les physiciens avaient d’abord déclaré qu'il existait quatre éléments : le feu, l'air, la terre et l'eau ; on supposait qu'ils entraient en diverses proportions dans la formation de
où sa force est en possession, en retenue, et n'a plus son libre épanouissement; où la lumière enfin n’est plus que latente. C'est là cc que l'al-lcgorie de l’Écriture appelle Satan (leSamaèl de la cabale), l'ange de la mort, le mauvais désir, le serpent séducteur. C'est l'état de concentration extrême cl d'appétit égoïste.
« Les kabbalistes reconnaissent deux cléments très-distincts : l'un intérieur, incorruptible; c’est l’esprit, la vie ou la forme : l’autre purement extérieur et matériel dont on a fait le symbole de la déchéance, de la malédiction et de la mort... De cette manière, leur démono-logie serait un complément nécessaire de leur métaphysique et nous expliquerait parfaitement les noms sous lesquels on désigne les mondes inférieurs. »Ad. Franck. (La Kabbale, etc.)
« La dernière puissance de l’Ame universelle a la terre pour siège, et se répand de là dans l’univers. » Plotin.
a Bientôt les ténèbres descendirent : en eux se trouvait quelque chose d'odieux et de terrible; leur figure n’avait rien que de tortueux. Il me semblait voir ces ténèbres changées en je ne sais quelle nature humide, agitée plus qu'il n’est possible de le dire; elle jetait comme une fumée ardente, et poussait un cri douloureux et plaintif, inexprimable (1). » Hermès.
tous les corps, et l’on désignait, sous le nom de matière, la substance saisissablc qui les composait. Cette matière, à proprement parler, était la pâte à laquelle la matière donnait toutes les formes. On lui reconnut cinq propriétés essentielles : l'étendue, la divisibilité, l’impénétrabilité, la pesanteur et l’inertie. De nouvelles recherches agrandirent bientôt le cercle des idées, et depuis la découverte de l’attraction, la décomposition de l’eau, les expériences sur la lumière et les fluides impondérables, on est convenu d'appeler corps matériel tout ce qui ma-
(I) Afin de bien saisir la corrélation de ces trois états de la substanoe, l'esprit, l’dme et la matière, et leur agencement réciproque aux condi -lions de la cosmogonie des anciens, on peul lire avec intérêt les fragments qui suivent :
a Pour posséder la science de l’unité sainte, il faut regarder la flamme qui s’élève d'un brasier ou d’une lampe allumée : on y voit d'abord deux lumières, l’une éclatante de blancheur; l’autre noire ou bleue; la lumière blanche est au-dessus et semble être le siège de la première ; elles sont cependant si étroitement unies l’une à l’autre, qu’elles no forment qu’une seule flamme. Mais le siège formé par la lumière bleue ou noire s’attache à son tour à la matière enflammée qui est encore au-dessous d’elle. Il faut savoir que la lumière blanche ne change pas; elle conserve toujours la
« La matière restreint en l'homme la puis- nifcsle sa présence sance divine. » De Fou de Cahdalle. par une action quel-
couleur qui lui est propre; mais on distingue plusieurs nuances dans celle qui est au-dessous : relie dernière prend en outre des directions opposées, elle s’atlache en haut h la lumière blanche, et en bas il la raalière enflammée; mais celte matière est sans cesse absorbée dans son sein, et elle-même remonte constamment vers la lumière supérieure. C’est ainsi que tout rentre dans l'unité. » (Zohar, 1" part., folio 51, recto.)
* Cependant il sortait des ténèbres une autre voix inarticulée, elle paraissait être la voix delà lumière. Ce verbe saint était porté sur la substance humide, d’où s’échappait alors un feu pur, qui montait léger, subtil et vif. L’air, à cause de sa légèreté, suivait l’esprit qui, de la terre et de l’eau, s’élevait jusqu’au feu, si bien qu’il s’y tenait comme en suspension.» Hermès.
C’est là toujours, avec l'imago de ses conditions inhérentes, la formule de la grande chaîne du dynanisme infini, ce que le génie d’Homère appelait la Chaine d'Or (la chaîne essentielle à connaître). C’est le religieux ternaire queles initiés lisaient et pratiquaient sans incroyance et sans hésitation:
toium
PER ME .
Tel est au coup d’œil des hauts voyants comme à celui de la synthèse solidaire, la perpétuité de la vie universelle; tel est le mouvement général et personnel des activités de chaque planète, et de ces planètes entre elles, et des systèmes planétaires entre eux, à travers la cosmogonie et sous l’impulsion de ses destinées, dans les voies de la Providence.
o Tout est matière et tout est esprit (*). » Hermès.
L’élite de nos sciences modernes el de nos lucidilit actuelles confirme ces considérations.
« Les mondes se forment el se décomposent alternativement. » Macmh-tosh (1841).
« En ce qui louche leurs éléments organiques, les plantes, les animaux dérivent de l’air, ne sont que de l’air condensé.
« Les plantes et les animaux viennent de l'air et y retournent ; ce sont de véritables dépendances de l’atmosphère.
« Ainsi se forme ce cercle mystérieux de la vie organique il la surface du globe.
« L’atmosphère nous apparaît comme renfermant les matières première« de toute l'organisation.
(•) Voir le n* 93, 2* drie du Joumut du. MagnHitmt, p. 580.
La matière esl communément réputée inerte, conque. Cette vaste ù cause de l'absence apparente «lu mouvement définition 11 exclut
« L’atmosphère constitue donc le chaînon mystérieux, etc. » Dumas, membre de l’institut, professeur de la faculté do Médecine, etc. (Extrait d'une leçon en Î8H).
« Avec la connaissance de la loi de la vie, tout s’explique.
« Elle esl une, simple et universelle dans le corps de l’ensemble et dans les moindres circonstances de l’application.
« L’atmosphère de la planète esl peuplée de mondicutes Huidiques Lomi-niculaires en nombre infini de milliards.
« La forme fluidique des mondes spirituels et célestes, celle de leurs productions, de leurs habitants et de leurs produits sont les mêmes que dans les mondes matériels, dans les mondes compactes eux-mêmes. Les corps de nos mondes, globes el mobiliers, y sont reproduits ainsi que les âmes. Nous pouvons donc considérer ces mondes comme formés des trois natures principales représentées par trois degrés principaux dans les fluides qui les constituent : le plus grossier de leurs fluides y figurant la nature matérielle, et le superfin, les supérieures ; mais avec des raffinements en beautés, en propriétés magiques, etc.
« S’il considère les mondes du grand omnivers, l’homme se voit humble et infiniment petit dans ces mondes. 11 apprend ainsi à connaître la loi de Dieu el de la vie.
« Le corps fluidique esl un instrument réel, fluidique-lumineux, par lequel l’àme vit el se meut sur tous les points, grâce aux agents de sa volonté. II s’extrait de la matière el accompagne l'àme humaine à sa sortie du corps, lors de la transformation de l’homme. » Louis Michel, de Figa-nières, Var. ( Vie Universelle, Paris, 1859 (‘).
Les magnétistes instruits ne doutent pas de la possibilité réelle d’apercevoir le départ de l’àme au moment de la mort du corps. Le travail de cette séparation fut étudié par le somnambulisme lucide et, l’année dernière encore, avant la perte d’un de mes amis, une jeune somnambule avait prédit -l'événement, parce qu’elle avail jugé celte issue inévitable au point où se trouvait déjà le progrès de la séparation. J’ai cité (n° 233 du Journal du Magnétisme, 1836) les faits intéressants publiés par Chardcl sur la manière donl l’àme so détacho des plexus et du cerveau, pour s’échapper ensuite sous une enveloppe lumineuse. Je n’y reviendrai pas. Mais jo veux rapporter ces autres passages du même auteur :
« Dans l’état lucide un somnambule craint ordinairement la mort ; mais, dans l’état extatique, loin de la craindre, il semble la désirer, et vous parle de son corps comme d’un objet étranger qu’il voit hors de lui.
(*) L’aateur de ce lirro ot d’un tut», U CU lie la vie, deui ouvrigu* Ucs-reoHrqu»blei •il an »impie paysan eitaliqae.
au sein des propriétés qui nous la constituent, rien, car elle cm-Lcs fails constatent qu'elle résiste aux impul- brasse tout cc que sions en proportion (le la masse. l'intelligence peut
« l.es Anies sont immortelles, mais le principe de l’activité île leur vie se consomme et se renouvelle sans cesse. Il en est à peu près de même du mouvement des planètes.
« Je ferai d'ailleurs observer que dans toutes les apparitions, les esprits se mollirent avec des yeux comme nous.
« Mon père possédait en Bretagne la ci-devant abbaye de Lentenac ; une petite ferme en dépendait : elle était exploitée par un ancien militaire nommé Jean Samson ; il mourut et, quelques jours après, il apparut à un cultivateur qui, de grand matin, entrait à la ferme. — Parlez-lui, dit la veuve. — Je n’ose, répondit cclui-ci ; j’ai trop peur. Il porte encore la veste que vous m’avez donnée et dont moi-mémo je suis vêtu (').
« Pendant les troubles de la Bretagne, il mourut au village de la Garenne, près la Chèse, un tisserand nommé Jean Goujon. Il était veuf, sans enfant, et laissait sa chaumière déserle et abandonnée. C’était au temps de la moisson. Une fille de dix-neuf ans, revenant des champs, allait rentrer dans la ferme voisine, quand elle recula en jetant des cris ; parco qu’elle voyait, disait-elle, Jean Goujon qui la regardait, couché en travers du seuil de la porte. 11 demanda qu’on dit des messes à son intention, en indignant, pour cet usage, de l'argent qu'il avait caché au coin de sa cheminée, derrière une pierre qui se détachait du mur. L’urgent fut trouvé et les messes dites. »
« Un de mes amis, âgé de plus do soixante ans, que la philosophie de Dupuis (auteur do l'Origine des cultes) disposait peu à la crédulité, était tourmenté depuis longtemps par un bruit étrange, dès qu’en se mettant au lit il avait soufflé sa bougie. Alors il se relevait, appelait ses domestiques, cherchait partout et ne trouvait rien. Une nuit, à cc tapage se joignit la sensation qu’on attirait sa couverture ; il se leva brusquement sur son séant et se trouva tout-à-coup en face d’un inconnu, drapé à la romaine, dont le regard sévère s'attachait sur lui. La figure de cet homme s’éclairait d’une lumière particulière assezsemhlable à celle qui eût filtré au travers del’albàtre.
« Mon ami voulut crier et s’élancer hors de son lit; mais sa langue, ni scs membres n’obéirent à sa volonté. Il demeura muet et immobile, et eut tout le temps de s'assurer de son impuissance car l’apparition silencieuse qui le fascinait dura plus d’une demi-heure ; enfin elle disparut. Aussitôt le mouvement lui revint; il appela, saula horsdulit, dût partout, dans son appartement, des recherches aussi minutieuses qu’inutiles.
« Le lendemain mon ami était dans le plus grand émoi ; celte vision le
(') \euve avait donné la vcslo de »on mari au garçon laboureur, auquel le défunt ap-paraUiaii,
saisir. Mois, par la mcmc raison, clic ne spccific rien non plus, et peut tromper, en ce qu’elle semble s'attacher en particulier à quelque chose , quoiqu'elle n'olïre en réalité qu'une locution vide de sens.
« Jercndraiaumot matière sa première acception, en l’employant seulement pour désigner dan3 les corps la substance saisissable. Cette dé-
bouleversait; il en racontait tous les détails comme quelqu'un qui les avait soigneusement observés.
o Les lois de la nalure ne sont pas assez connues pour qu’on puisse encore en bien déterminer les limites, et les apparitions ne les excèdent pas..; Le corps n’estqu’un instrument dont la vie nous prête l’usage... Il n’est donc pas étonnant que les esprits puissent arrêter nos mouvements, de même qu’un magnéliseur peut quelquefois arrêler ceux d’un somnambule lucide.
« Entre les deux mondes les communications sont incessantes et si naturelles qu’elles se confondent avec la sensation de la vie, et restent inaperçues.
« Les savants ne s'occupent, en physique, que des mouvements communiqués; c’est ainsi qu’ils nomment les impulsions que les corps reçoivent j ils en calculent les effets sans en connaître la cause, qu’ils ont renoncé à chercher, parce qu’elle est insaisissable : cette cause, désignée sous le nom de mouvements premiers, n’est rien autre que la subitance lumineuse. »
C. CnARDKL,
Conseiller à la Cour de Cassation, ancien Député de la Seine.
Essai de ptychologie physiologique Paris, 1841.
Il y a bien peu de philosophie dans l’opinion de ceux qui refusent l’existence à tout ce qui n’est pas matière. »
Laromiguièrb. {Leçons de philosophie.)
« Le monde est une sphère, c'est-à-dire une tête. • Hermès. El la tête unifie et contient toutes les forces de l'individu.
finition fort simple aura l'avantage d'avoir une signification, cl d'établir une classification réelle et conforme aux idées les plus vulgaires. » Chahdel. (Phsycolo-gie physiologique.)
Jadis, quand le hiérophante avait instruit le néophyte, il lui disait:
. Promettez-nous de ne jamais divulguer les mystères... I.e temps viendra, mon fils, où le flambeau de la vérité éclairera les peuples de la terre ; mais, comme c’est par des moyens imperceptibles que le mensonge a triomphé, c’est par les mêmes moyens que la vérité doit reprendre son empire. » Guillemain de Saint-Victob. (Histoire Critique des Mystères de l'Antiquité, Paris, 1799.)
Le magnéliste dit aujourd’hui :
Les temps sont venus de propager partout avec simplicité les notions de la marche simple de la nature (*)
11 importe de démontrer que tous ses phénomènes sont naturels ; qu’ils ne doivent inspirer ni crainte ni superstition ; que la vie est éternelle et que ses modes seuls de manifestation changent à travers nos phases de cosmogonie ; que la mort n’est qu’une transformation, et que nous portons toujours en nous le principe qui relie tOHtes choses ; que le mal tend à soumettre son fauteur aux forces nées du mal, et que plus, au contraire, nous répandons le bien, plu3 noire bas monde s’affranchit do ses pénibles épreuves.
(La suite au prochain numéro.) D' Cleter db Maldigny.
(•j N» pa>confondre Li Nuuu avec I. C«tinon: .Dieu, li Bien, n't crié que le bien.. Hbhhü. (Voir le Journal ,1a Mugailimi, n" 98. 2« série, p. 38, el le n» 100, p, 111 et 112.
Erratum. — Quelques fautes que l'on rencontre dans le fragment de la réponse à M. d'Arbaud, n» 112, doivent être rectifiées ainsi qu’il
suit; , ,. ..
Page 42), ligne Cl, au lieu de : Réponse aux quelques objections; lisez : Réponse aux quelques mots.
Page 421, ligne 37, au lieu de : Confession d'un spiritualiste; lisez : Confession spiritualiste.
Page 425, ligne 30, au lieu de : Liquible; lisez : Liquide.
Page 423, ligne 51, au lieu de : Qu'il se meut d la crasse de nos humeurs-, lisez : Qu'il se meut à la crdse de nos humeurs.
Page 424, ligne 2, au lieu île : F.ndiomètres; lisez : Eudiomètres.
Page 420, ligne 30, après les mots : De la lucidité somnambutique; ajoutez : Et des phénomènes magnétiques.
ÉTUDES.
DU SOMNAMBULISME MAGNÉTIQUE.
SA VALEUR EN MÉDECINE. — SA DIRECTION.
* Plongé dans un sommeil factice, l'homme voii à travers des corps opaques à de certaines distances ; il indique des remèdes propres à soulager et mime il guérir les maladies du corps: il parait savoir des choses qu’il ne savait pas et qu’il oublie à l'instant du réveil (1). Iacoiidaike. «
« Interrogé de vive voix ou mentalement sur sa maladie ou sur celte d'une personne absente ou avec laquelle il est en rapport et qui lui est absolument inconnu, le somnambule, notoirement Ignorant la plupart du temps, se trouve à l'instant doué d’une science bien supétieure k celle des médecins : il donne des descriptions anatomiques d'une par* faite exactitude; il indique la cause, le siège, la nature des maladies internes du corps humain, les plus difficiles fe connaître et b caractériser; il eu détaille les progrès, les variations et les complications, le tout dans les termes propres (2); souvent il en prédit la durée précise, el en prescrit les remèdes lesplus simples et les plus efficaces. »
(Extrait d’une lettre de l’évéque de Lauxane et de Genève à la Sacrée Pénltcncerle.)
Je ne veux pas me faire ici le défenseur exclusif du somnambulisme magnétique, j'ai mes motifs personnels il cet égard ; mais j’ai une mission à accomplir, ma vie durant, et que je me suis imposée depuis longtemps : celle de défendre le drapeau de la vérité, n’importe sa couleur, n’importe sa forme, n’importe le lieu où il déploie ses ailes brillantes ; et de combattre celui de l’erreur, n’importe aussi sa couleur, n’importe aussi sa forme, n’importe aussi le lieu où il déploie ses plis sombres qui interceptent la lumière.
(1) L’oubli, à l’instanl du réveil, n’est pas un phénomène constant chez tous les sujets. 11 y a des somnambules, c’est l'exception, qui se rappellent de loul au réveil.
(2)11 est excessivement rare qu’un somnambule, tout lucide qu’il soit, emploie les termes scientifiques dont les anatomistes, les physiologistes et les médecins se servent habituellement.
Un passage de la thèse soutenue par M. B..., en présence de la Société de magnétisme de Paris, pour l’obtention du grade de titulaire, thèse ayant pour titre : De la volonté et de la confiance en soi, va me servir de point de départ pour atteindre le but que je me propose. Je ne puis passer sous silence les opinions erronées qu’on peut se faire d’un objet se rattachant à la science, quel qu’il soit ; et, toutes les fois que la publication d’une opinion contraire à la logique ou des appréciations qui ne me paraîtront pas être mûrement étudiées, ou du moins qui ne seront pas suffisamment concluantes, me passeront sous les yeux, je me ferai un devoir de les combattre, d’après mon point de vue personnel, dans l’intérêt de la vérité et des études scientifiques auxquelles doivent viser les magnétistes.
Depuis Puységur, qui a ressuscité le somnambulisme comme Mesmer avait ressuscité le magnétisme, les faits se rattachant à ce phénomène, produit par l’agent magnétique, ont-ils été bien étudiés ?
Non. Depuis Puységur jusqu’à nos jours, le somnambulisme magnétique a été fort mal étudié ; et aujourd’hui, peut-être, plus mal que jamais, à cause de la déconsidération dont non-seulement les ennemis du magnétisme ont cherché à l’entourer, mais encore que beaucoup de magnétistes se sont efforcés et s’efforcent encore tous les jours à entretenir, parce qu’ils ont éprouvé des échecs, presque toujours dus à leur faute.
Dans le sein même de la Société de magnétisme de Paris,
— Société progressiste pourtant, et dont je m’honore d’être membre, — un certain esprit,je ne dirai pas malveillant, mais rétif, empêche, jusqu’à un certain point, l’étude approfondie d’un des phénomènes les plus merveilleux de la science magnétique ; phénomène qui peut seul nous conduire à l’établissement d’une théorie rationnelle sur le principe vital que nous nous glorifions, avec juste raison, d’émettre par un acte de notre volonté. Les somnambules, pour nous, sont les ma-gnétomètm de l’agent que nous invoquons à l’appui des ef-
fets que nous produisons, absolument comme les électrome-tres ou les galvanomètres servent à constater la force que les physiciens invoquent à l’appui des effets qu’ils produisent par l’électricité ou l’électro-magnétisme. De nos jours, peu de faits de somnambulisme sont accueillis sans un certain esprits de critique, de doute même, et c’est à cet esprit que nos journaux de magnétisme doivent d’être si pauvres en relations e phénomènes de ce genre.
Je n’hésite pas à dire que cet état de choses est fâcheux pour l’avancement de la science ; et si, parce qu’on a éprouvé des échecs presque toujours dus à sa propre faute, on doit s arrêter en chemin, sans chercher à renverser les obstacles que l’on rencontre sur sa route pour marcher en avant, où arrivera-t-on ?...
Que les magnétistes comptent les cas où ils ont échoué dans la simple pratique du magnétisme, — échoué je dirai, presque toujours par leur faute, à moins qu’ils n eussent affaire à un vice organique incurable, — et ils verront dès lors que, si pour ces échecs, — échecs qui parfois feraient douter du magnétisme, si l’on n’avait des preuves antérieures de sa puissance et de ses bienfaits, — ils avaient renoncé à pratiquer activement cet art puissant de guérir, ils n’auraient pas été plus raisonnables que ceux qui, en ayant les moyens, n’étudient pas profondément le somnambulisme, parce qu’il est passé de mode que les somnambules se trompent.
Oui, sans doute, malheureusement, les somnambules se trompent souvent. Mais à quoi cela tient-il ? Cela tient à ce que, — si dans tous les cas ils ne sont plus, comme dans les temps anciens, assis dans des sanctuaires sur un trépied d’or, pour y recevoir les hommages des souverains de la terre, — toutefois ils ne sont pas, dans les temps modernes, entourés d’assez de soin ; à ce que, le plus ordinairement, s’ils ne voient pas, c’est la faute du magnétiseur et encore plus du consultant ; enfin à ce que, en général, ils sont mal dirigés.....
Je ne parle pas ici des endormeurs, de ceux, comme le dit
spirituellement le docteur Léger, qui font boutique et qui n’ont d’autre dieu, en fait de science et de vérité, que le dieu du xix'siècle : l’or;... ceux-là sont marqués au front du signe de l’incapacité et du mauvais vouloir. Mais je parle des magnétiseurs sérieux, de ceux, en un mot, qui n’ont pas d’autre raison valable à opposer à l'étude approfondie de cet état extraordinaire et des moyens d’empècher que les erreurs
aient lieu, que ces erreurs mêmes.....— Pauvre argument
qu’ils invoquent pour s’éviter la peine d’augmenter le nombre des sciences utiles à l’humanité, comme si nous ne devions pas tous payer généreusement notre tributàla grande famille.
Croit-on se montrer « esprit fort » parce qu’on répète avec d’autres que les somnambules se trompent ? Les détracteurs du magnétisme n’agissent pas autrement et ne font, le plus souvent, que répéter ce qu’ils ont entendu dire de cette science ; ou, ayant expérimenté dans de mauvaises conditions, et n’ayant pas réussi, ils lui jettent la pierre à leur tour, se croyant ainsi des « esprits supérieurs » parce qu’ils nient ce qu’ils appellent le surnaturel, tandis qu’en réalité ils ne sont que des « esprits bornés, » auxquels on pourra un jour jeter à la face ces paroles : « Toi qui as passé ta vie a me nier, to as menti ! 1 ! n
C’est facile et ce n’est pas fatiguant de nier, il n’y a pas besoin de beaucoup de logique, il n’y a qu’à dire : « Ce n’est pas. »
Il n’y a point « d’esprits forts; » ce sont les faibles qui se donnent pour tels, — car nous ne savons pas et nous avons besoin d’étudier sans cesse.
Si, un instant, nous avons cru tenir le fil d’Ariane et être arrivés au bout, c’est que nous l’avons rompu, parce que nous étions fatigués, découragés, et que nous avons voulu abréger le chemin; mais nous n’avons parcouru qu'un quart de cette route où le fil nous servait de conducteur, et il nous reste encore les trois quarts du chemin à faire. Rattachons donc ce fil que nous avons rompu trop tôt, marchons en avant, puisque le temps marche, et si nous ne pouvons arri-
ver au bout, — la route est longue et pénible, — du moins nous rencontrerons à chaque pas de nouvelles merveilles et de nouvelles données que nous pourrons léguer à la postérité naissante qui, elle, n’aura plus dès lors qu’à reprendre le (il où nous l’aurons laissé.
Mais je reviens à la partie de la thèse de M. B.,... qui a servi de but à cet opuscule; thèse développée avec un talent et je dirai même une logique que je me plais à lui reconnaître jusqu’au moment où, quittant le magnétisme médical, il aborde le somnambulisme médical.
Si M. B.... avait présenté le somnambulisme sous un tout autre point de vue que celui de son application à la médecine, je ne me serais pas donné la peine d’examiner la valeur de son opinion à cet égard, et, si la fantaisie m’avait pris d’aborder un instant le sujet que je traite aujourd’hui, j’aurais recouru, dès lors, à d’autres motifs. Je ne défendrai jamais le magnétisme et le somnambulisme, toutes les fois qu’ils s’écarteront de leur mission spéciale : la médecine. Pourtant je ne proscris pas les expériences tant magnétiques que som-nambuliques, mais je les veux scientifiques, c’est-à-dire que je désire que la manifestation des faits puisse servir aux données physiologiques et psychologiques, et sous ce rapport, elles ont encore leur utilité au point de vue de ces parties de la science encore incomplètes. Seulement, dans ce cas, il faut que ces expériences soient faites dans un but d’étude et non d’amusement personnel, et surtout de distraction pour les autres et qu’elles ne soient pas lucratives.
Ce sont les enclormeurs qui ont jeté la déconsidération sur le somnambulisme et, par un choc en retour, sur le magnétisme. Les magnétistes inexpérimentés, les rêveurs et les charlatans du magnétisme ont fait plus de mal à notre cause que toutes les académies réunies. Aussi n’est-ce que par des travaux transcendants, par l’étude approfondie du magnétisme et du somnambulisme, que les magnétiseurs honnêtes, qui veulent faire le bien et chercher le vrai, ruineront facilement les fausses doctrines et surtout les opinions malveil-
lantes de nos ennemis qui, eux, sont enchantés d’asseoir leur dire sur les faits menteurs des charlatans, qu’ils se gardent bien de poursuivre, parce qu’ils leurs servent de témoignage.
Or, est-ce en répétant ce qui a déjà été trop souvent répété, ou en appuyant ces répétitions de faits non concluants, qu’on arrivera à faire prévaloir le vrai sur le faux ? qu’on arrivera enfin à assigner au magnétisme et aux phénomènes qui s’y rattachent le rang qu’il doivent occuper tôt ou tard dans les sciences et dans le monde?... Oh ! non 1 mille fois non!... et mieux vaut se taire que d’avancer ce dont on n’est pas matériellement sûr, pour certaines choses du moins, car il n’est pas défendu de faire des théories par induction lorsque cette induction est susceptible de devenir, par ses données, une vérité quelconque.
Voyons pourtant comment opèrent beaucoup de personnes
et des magnétistes même : M. B.....me fournit un exemple
dans le passage de sa thèse que le « hasard, » puisqu’il faut l’appeler par son nom, en dépit de toute raison, a voulu faire tomber sous mes yeux en place de tout autre. Mais qu’il n’aille pas croire que je l’attaque, que je veux engager une polémique;... jamais une pareille pensée ne m’est venue à l’esprit. Je n’ai d’autre but que d’étudier, et en étudiant, de faire remarquer à mon honorable confrère que les faits qu’il cite à l’appui de sa manière de voir ne sont pas concluants. Mon intention, en cela, est d’aider à l’étude, tant du magnétisme que du somnambulisme, ceux qui ne sont pas assez sûrs d’eux-mêmes, ceux enfin qui n’ont pas assez vu et pas assez étudié.
Voyons ce que dit M. B...., ainsi que d'autres auraient pu le dire : — v Quant au somnambulisme, dit-il, le magné-« tiseur doit bien se garder d’avoir une confiance aveugle « dans les prescriptions des sujets mis dans cet état magné-« tique, car il faut bien peu do chose pour détruire la lu-« cidité : une petite contrariété, un changement dans la santé « du sujet, l’antipathie de celui-ci pour le consultant, efc. ;...
— Très-bien, il n’est pas possible de tracer un tableau plus
juste des causes qui peuvent détruire la lucidité, — en y comprenant bien entendu Yet cœtera. Mais n’en est-il pas de même pour le magnétiseur, relativement aux qualités de l’agent dont il dispose, s’il se trouve lui-même dans de semblables conditions vis-à-vis d’un malade '! Je le demande à tout praticien expérimenté et pas un ne pourra prouver le contraire.
Poursuivons :
— «.....Et puis, continue M. B...., ne voit-on pas, dans
« la même séance, des sujets rencontrer juste sur une chose « et divaguer sur une autre ? Tout cela n’est pas fait pour « inspirer une confiance absolue dans le somnambulisme. »
— Eh! sans doute que tout cela n’est pas fait pour inspirer une « confiance absolue (1) » dans le somnambulisme; mais aussi pourquoi demandez-vous deux choses dans la même séance au lieu de vous borner à l’examen d’une seule. Vous imitez en cela les « boutiquiers » qui, pour consulter plus de monde, endorment leurs somnambules à onze heures du matin pour ne les réveiller qu’à cinq heures du soir.
Il n’y aurait pas de raison non plus pour que les magnétiseurs, afin de magnétiser plus de inonde, ne magnétisassent aussi deux malades dans la même séance, un de la main droite, l’autre de la main gauche; et je voudrais savoir dès lors quel bien pourraient en retirer ces malades. Ce mode de procéder serait aussi logique et peut-être plus logique que celui qui consiste à demander deux ckoses à un somnambule dans la même séance.
Autre exemple relatif au somnambulisme : ayez un appareil de photographie tout prêt à fonctionner; placez devant cet appareil une personne quelle qu’elle soit; quelques secondes après dites à une autre de se mettre à la place de la première, et, encore quelques secondes après, enlevez votre plaque chimique et vous me direz ce que vous avez obtenu.
(1) l.es expressions « confiance aveugle, confiance absolue, » dont
se sert ici M. B.....sont vides de sens, en ce qu’il n’y a rien d’absolu dans
les sciences non mathématiques et encore.....
Il en sera de même en somnambulisme, dans la généralité des cas, toutes les fois que, dans une même séance, vous voudrez faire deux choses au lieu d’une seule.
Le somnambule et l’appareil photographique, tons deux destinés à servir à l’appréciation de combinaisons lumineuses ou fluidiques, ne transmettront rien de bon si l’on ne sait s’en servir.
Et la preuve :
— « Voici un exemple à l’appui de ce que je viens de « dire, poursuit M. B...;— c’est le beau côté de la médaille.
«— Ma mère, après vingt-cinq années de traitement, ne put a parvenir à boire de l’eau, à peine rougie, sans éprouver une « chaleur brûlante à l'estomac, ni manger de la viande, et « prendre même une cuillerée de bouillon gras, sans avoir le « corps dérangé, au point qu’elle était obligée de demeurer « alitée pendant un temps très-long. La plupart des méde-« cins qui l'ont vue l’ont traitée pour une gastrite.
« Je la mis en rapport avec un somnambule que j’avais, il « y a deux ans; il reconnut les souflrances de ma mère et lui « dit, comme les médecins, qu’il ne la guérirait pas radicale-« ment, mais qu’il pouvait lui faire boire du vin et manger « delà viande sans qu’elle souffrît. C’est en effet ce qui eut « lieu, à la suite d’un traitement de deux mois.»
— Que demande donc de plus M. B...? Ce qu’a annoncé le , somnambule ne s’est-il pas réalisé de point en point? Sa
mère n’a-t-elle pas éprouvé, en deux mois, une amélioration telle, qu’aucun médecin, depuis vingt-cinq ans, n’avait pu lui en procurer une semblable? Le somnambule avait-il promis la guérison? Non : et tout ce qu’il avait annoncé est arrivé. — C'est là un de ces faits de prévision remarquable auxquels le docteur Léger à fait appel il y a quelque temps; et, tous les somnambules ne sont pas doués de ce don, car beaucoup voient l'état présent d’un malade, indiquent le remède propre à le soulager ou à le guérir, mais ne pronostiquent rien pour l’avenir.
Le fait rapporté par M. B... est concluant en faveur du
somnambulisme, mais ce merveilleux résultat ne satisfait pas notre confrère, il veut plus, et il continue ainsi :
— « Mais voici le revers de la médaille : la dernière fois « que mon sujet fut en rapport avec ma mère, je le priai de «la quitter pour voir ce qui faisait souffrir mon père, malade en ce moment. 11 nous dit que mon père avait une « douleur au bras, laquelle était la suite d’une saignée mal « faite. Or, la douleur que mon père ressentait était le ré-« sultat d’un mouvement anormal qu’il fit en coupant du «bois, et, quant à la saignée, il n’avait jamais été saigné au «bras endolori, mais à l’autre. L’erreur était manifeste, et « me lit comprendre qu’il ne fallait pas se livrer au somnam-« bulisme avec trop de confiance, à moins de faire vérifier le «diagnostic par un médecin, el d’essayer ensuite le traite-« ment somnambulique, si les moyens conseillés pouvaient « être employés avec sécurité.
— L’ « erreur manifeste, n invoquée par notre confrère, de qui provenait-elle si ce n’est de lui, qui avait voulu faire deux choses dans la même séance, au lieu de n’en iaire qu’une, et qui dès lors, au lieu de jeter la faute au somnambule, aurait dû s’écrier : Mea culpa? — Mais, même dans ce cas, l’erreur est-elle bien aussi manifeste queM, B... semble l’entrevoir? Je ne le pense pas. En effet, le malade a une douleur au bras, et le somnambule accuse une douleur au bras : pour cela il n’y a pas besoin de voir, il n’y a besoin que de sentir. (Le somnambule était sans doute sensitif.) Jusque-là donc le somnambule avait bien dit. Mais maintenant il faut voir, il faut assigner une cause à cette douleur, et ce n’est que le phénomène de la vue rétrospective qui peut rendre compte de ces circonstances. Or, au moment où commence le travail de la vision, une image se dessine dans le cerveau du somnambule, et, celte fois, c’en est une nouvelle qui vient s’ajouter à celle qui s’est déjà formée lors de la première consultation, absolument de la même manière, comme je l’ai expliqué plus haut à l’égard do la plaque chimique de l’appareil photographique devant laquelle deux
personnes passent successivement. Alors qu’arrive-t-il? C’est que ces deux images sont tellement confondues ensemble qu’il faut au photographe, comme au somnambule, des efforts d'investigation inouïs pour arriver à démêler ce galimatias. Eu un mot, tout est confus, la plaque ne présente plus rien de vrai; le somnambule, lui, ne voit plus que de fausses images, et encore : il y a tant de couleurs, tant de nuances, que, sa vue ne serait-elle pas en partie détruite, ce ne serait plus sa clairvoyance qui pourrait démêler la dernière empreinte de la première, et qu’il procède alors par induction. C’est ce qui est arrivé dans le dernier fait rapporté par M. B... à l’appui de sa manière de voir, relativement au somnambulisme. Son sujet avait senti le mal, mais comme il ne voyait plus ou qu’il ne pouvait plus voir, et qu’on aura probablement exigé de lui d’assigner une cause à cette douleur, il a répondu par induction qu’elle était due à une saignée mal faite.
Eh bienl j’ai la conviction intime que si M. B... en avait agi à l’égard de son père comme à l’égard de sa mère, c’est-à-dire s’il n’avait pas imité les endormeurs et qu’il eût fait examiner son père pendant une séance, à ce destinée, il eût obtenu une bonne réponse de son somnambule, qu’il n’accuserait pas à tort de s’être trompé.
Sur cent somnambules ainsi dirigés, quatre-vingt-dix-neuf se tromperont encore bien plus grossièrement et ne tarderont pas à perdre leur lucidité.
On accuse trop souvent les instruments dont on se sert d’être imparfaits, tandis que c’est nous qui ne savons pas nous en servir.
Le savant docteur Koreff, dont personne n’oserait nier le savoir, la bonne foi et la prudence, disait en parlant des somnambules : « Que même dans les cas extraordinaires, malgré les erreurs auxquelles ils sont quelquefois sujets, ils étaient cent rois moins aptes à se tromper que les médecins, même les plus expérimentés. »
Et le docte Teste a été plus loin, lui : il voulait suppri-
mer les médecins et l’étude de la médecine, et ne s'en rapporter qu’aux somnambules pour le diagnostic el la thérapeutique des maladies. La seule chose qu’il admettait, c'était l’utilité des chirurgiens, et, par conséquent, les études approfondies qui se rattachent à cet art.
Entre ces deux opinions, dont l’une est basée sur l’expérience et la prudence, et dont l’autre est fondée sur l’enthousiasme dont il est souvent diflicile de s’affranchir en présence des merveilleuses facultés des somnambules lucides, l'homme sage n’hésitera pas un instant, et la manière de voir du docteur Koreff sera généralement admise par ceux qui ont beaucoup vu et beaucoup étudié les facultés somnambuliques.
Si l’utilité des facultés somnambuliques, appliquées à la médecine, n’est point douteuse, l’utilité des études médicales et, par contre, celle des médecins n’est pas plus douteuse, car eux, plus que tout autre, par les connaissances qu’ils ont péniblement acquises, peuvent se servir avantageusement des facultés des somnambules comme d’un aide puissant et d’un guide presque toujours sûr quand ces facultés sont bien dirigées.
J’aurais pu entrer dans de plus grands développements; j’y reviendrai un jour. Pour aujourd’hui, je n’ai voulu constater que l’injustice dans laquelle on tombe trop souvent à l’égard des somnambules; injustice souvent involontaire, je le sais, mais qui a presque toujours son point de départ dans un manque d’appréciation des circonstances qui accompagnent les faits, et parce que «Nous ne savons pas et que nous avons besoin d'étudier toujours. »
Bientôt je reprendrai mon travail et j’indiquerai alors le mode le plus convenable pour la direction de cet état magnétique.
D. H. André,
Médecin homœop ithe, magnétiste et électricien, membre de plusieurs académies et sociétés savantes.
Paris, 1" août 1861.
Erratum. — D.ms l’article de M. H. André : Simples observations à M. Jobard, n" 112, 25 août 18lU.
Page 435, ligne 15, au lieu de : Faculté; lisez : Facultés.
Page 43(i, ligne 1, au lieu do : Je n’en vois l'utilité; lisez : Je n'en vois pas l’utilité.
Page 436, ligne 15, au lieu de: De phénomènes; lisez: Des phénomènes.
Page 437, ligne 6, au lieu de : Croyants; lisez : Crayons.
Page 440, ligne 5, au lieu de : Ce qu'il a vu faire; lisez : Ce qu’il a vu, fait et dit.
Page 440, ligne 32, au lieu de : Partie; lisez : Portée.
NOUVELLES ET FAITS DIVERS.
MÉDECINE EXACTE.
Or écomei, petits et grands,
Le récit d'un événement
On nous écrit de Constantinople, 14 août 1861 :
: Dernièrement, après la mort d’Abd-ul-Medjid, on a beaucoup parlé ici, surtout dans les hautes régions, d’un certificat ou déclaration, officiellement envoyé à la Sublime-Porte quatre jours avant la mort du sultan, dans lequel le médecin traitant assurait que son auguste malade n’avait aucune maladie organique, que l'état de l’auguste malade n’inspirait aucune inquiétude, et qu’on devait s’attendre à une prochaine et complète guérison.
« La veille de la mort, d’autres médecins appelés en consultation ont constaté une ancienne maladie puriforme des poumons, qui a emporté le malade.
. « Il paraît donc avéré qu’il n’était pas atteint de la fièvre d’accès dont on avait tant fait de bruit dans les journaux, et contre laquelle on a, pendant une année et demie, administré largement le sulfate de quinine. «
La même incertitude, les mêmes bévues peuvent se constater chaque jour et à toute heure. Les consultations ne sont
qu’un leurre, une plperie qui 11e sert de rien au malade; — les médecins le savent bien. Et ce sont les mômes hommes qui repoussent avec insolence et mépris la vérité magnétique qui guérit et console.' Si la gent humaine n’était point aussi sotte quand il s’agit de sa santé, elle se demanderait quel est, dans les deux systèmes opposés, l’homœopalhie et l’allopathie, celui des deux qui est le plus déraisonnable, et s’ils ne le sont tous deux ; si enfin il y a une science médicale. Mais la réflexion n’est point venue chez ceux qui subissent l’application de faux systèmes, l’examen se fera dans son temps si les médecins s’opiniâtrent à marcher dans les mêmes sentiers, et alors il ne faudra qu’un homme de cœur pour jeter àb as leur édifice.
Baron du Potet.
HALLUCINATION.
Le sieur Jean-Baptiste Morin, âgé de quarante-six ans, était employé en qualité d’infirmier dans une maison de santé spécialement consacrée aux maladies mentale. S’apercevant que les excentricités auxquelles se livraient les infortunés qu’il avait continuellement sous les yeux influaient sur son cerveau de telle façon que ses idées pouvaient se déranger, il s’enfuit la nuit de l’établissement.
Arrêté comme vagabond, il fut provisoirement déposé dans la prison des Madelonnettes.
Cet bomme paraissait avoir recouvré le calme, et on s’élait un peu relâché de la surveillance exercée sur lui. Ce matin, 011 l’a trouvé pendu, à l’aide de ses bretelles, à l’un des barreaux de l’imposte. 11 était mort.
Baron Du POTET, propriétaire-gérant.
PROGRÈS DU MAGNÉTISME.
LE MAGNÉTISME AU CONGRÈS DE BORDEAUX.
Bordeaux, 25 septembre 1861.
Mon cher Maître,
Au commencement du mois de septembre, j’ai reçu communication du programme de la vingt-neuvième session du Conseil scientifique de France, qui devait ouvrir le 16 à Bordeaux.
Une toute petite question de physiologie humaine s’était glissée ou avait été glissée (par un docteur intelligent) dans le programme spécial à l’histoire naturelle, à la suite de la zoologie :
32e Question. — « Du Somnambulisme: Fixer la limite où s arrêtent les faits acquis à la science, et exposer le programme d’une série d’expériences pour approfondir son étude. »
C’était la question du magnétisme posée devant la science. J ai cru devoir relever le gant, et je me suis décidé à ce voyage de trois cents lieues; non pas dans l’espoir d’un triomphe pour la cause que je soutiens comme soldat dans les rangs dont vous tenez le drapeau, mais parce que le vrai courage consiste à savoir s’exposer, lorsqu’il le faut, à une défaite presque assurée.
Mais avant d’arriver sur le terrain de la lutte, que de tribulations, que d’obstacles!
D’abord, renvoi de la question de la section des sciences naturelles à la section des sciences médicales. —Puis, par une coterie, sans délibération, même du bureau, renvoi sub-reptice de la 32' Question à la section chargée de l’étude des bêtes. C’était adroit, car le programme de l’histoire naturelle était alors fixé, très-plein, et le magnétisme mis à la suite aurait été discuté... une autre fois. Maintien de la ques-Tobe XX -N° 114. — 2* Série. -2!i septembre (86).
tion it la section de médecine, sur mes réclamations très-calmes, mais énergiques.
Nouvelle manœuvre. On veut faire décider que les docteurs auront seuls le droit de parler dans la section médicale. Nombreux discours à ce sujet, de nombreux docteurs commentant, à qui mieux mieux, cet adage qui, pour n’être pas d'Hippocrate, n’en est pas moins adopté comme aphorisme par la docte Faculté :
Nul n’aura de l'esprit, hors nous et nos amis.
Le règlement était formel, et la proposition présentée dans une séance peu nombreuse, et composée en grande majorité de la coterie qui voulait écarter l’ennemi,—je veux dire le magnétisme, — la proposition n’en eût pas moins été adoptée sans la fermeté du président, homme énergique et loyal, le D' Guépin, de Nantes, dont l’impartialité ne s’est pas un instant démentie. Il a, malgré une tempête, refusé de mettre aux voix la proposition comme contraire au règlement du congrès.
Le temps se passait; on introduisait au programme des questions auxquelles on donnait la priorité, sous prétexte que les docteurs qui les présentaient étaient pressés de repartir, et la ci-devant 32' Question d’histoire naturelle reculait d’autant ; enfin l’influence du président et d’un autre membre du bureau, qui n’aime pas à se mettre en avant, mais qui eût au besoin donné comme corps de réserve, triomphèrent de toutes ces manœuvres, et la question fut mise à l’ordre du jour du mardi 2h, avant-dernière séance de la section.
Résigné d’avance à la défaite, je n’avais pas peur de mes ennemis; mais vous le dirai-je, cher maître, j’avaisgrand’-peur de mes alliés.
J’en avais rencontré deux, venus, eux aussi, pour combattre en faveur du magnétisme, pleins de chaleur et d’enthousiasme... et c’est pour cela que je les redoutais. L’un deux surtout qui avait un manuscrit volumineux, où il avait
accumulé tout ce qu’il y a de plus merveilleux dans le magnétisme, et dans le spiritisme le plus exalté.
J'avais aussi un manuscrit volumineux, où j'avais employé toutes sortes de précautions oratoires, pour insinuer tout doucettement un tout petit, tout petit bout de magnétisme ; mais la lecture du mémoire eût bien tenu trois quarts d’heure, et l’assemblée qui avait déjà protesté contre des lectures de trente à quarante minutes — qui ne lui convenaient pas, ne l'eût pas tolérée.
Bien que ne sachant pas faire un discours suivi, et tremblant à l’idée de parler en public, au point que j’ai été obligé de m’asseoir pour pouvoir continuer après la première phrase, je me suis décidé à improviser, n’importe quoi d’un quart d’heure, quitte à tourner court aux premiers symptômes, non pas d’irritation, mais d’inattention.
Ce que je leur ai dit, je n’en sais rien, rien du tout. J’étais tout aux physionomies de l’auditoire, je voyais que ma modération, quand ils s’attendaient à de l’enthousiasme, captivait leur attention, et même leur intérêt; j’allais donc toujours mon petit bonhomme de chemin, ne disant pas grand’-chose probablement en beaucoup de paroles, sans grand ordre, mais assez sûr de moi pour ne pas m’égarer hors de la partie scientifique du sujet, lorsque mon allié secret du Bureau m’avertit qu'il y avait plus d’une heure que je parlais.
Je ne suis pas bien certain que je fusse entré encore au cœur de la question ; mais je me hâtai de coudre à ce discours la première péroraison qui me tomba sous la langue.
Les manœuvres de la coterie adverse n’étaient pas à bout.
— Proposition d’ajourner la discussion après d’autres communications. — Ajourner, c’était supprimer la discussion, enterrer, réenterrer cet affreux magnétisme, brucolaque, ré-divive, qu'on enterre toujours, et qui prétend toujours vivre.
La chose avorta, et l’on me demanda des conclusions formelles. Vous me connaissez assez pour croire que si ma pa-
role avait été insinuante et modérée, rnes conclusions prises avec réflexion le furent bien plus encore !
Discussion. — Un adversaire très-modéré, dans la forme, prétend que tout ça c’est de l’hystérie. — Bon.
Un allié demande la parole — pas celui au manuscrit, — l’autre. Il parle et soulève une tempête. On se lève; j’ai cru un instant que le magnétisme allait être battu très-matériellement en la personne de mon allié. J’en aurais été désolé, surtout pour le magnétisme. Plusieurs membres déclarent qu’il sortent en protestant. Le président se couvre. Le tumulte peu après apaisé, un membre demande la parole. C’était un docteur, professeur de physiologie, s’il vous plaît. Il déclare, avec force compliments pour moi, qu’il appuie de toute sa vigueur, et àu nom de la probité scientifique, les conclusions si modérées de l’orateur.
Le charme était rompu. Un docteur, deux docteurs, trois docteurs, et puis d’autres docteurs encore, parlent à la file, pour citer des observations personnelles, qui d’action magnétique bien constatée, qui de lucidité. Un, enfin, déclare qu’incrédule, hostile au magnétisme, il a jeté le défi à un magnétiseur peu expert, et qu’il a été vaincu, dompté, endormi, mal réveillé et malade.
Plus un mot contre mes conclusions qui ont été mises aux voix et adoptées à une très-grande majorité, savoir :
Que les faits du somnambulisme artificiel doivent être
ÉTUDIÉS.
C’est bien peu de chose, n'est-ce pas, comme je vous le disais. Eh bien ! ce peu est immense.
D’abord c’est, dans le congrès scientifique de France, la section des sciences médicales qui déclare juste le contraire de ce qu’a décidé l’Académie de médecine :
Au panier, dit l’Académie. Étudions, dit le congrès. C’est déjàgrave-,mais il y a plus. Demander qu’on étudie les faits du somnambulisme artificiel, c’est reconnaître déjà la production artificielle du somnambulisme; c’est, sans se prononcer sur sa nature, reconnaître l’action magnétique, si longtemps déniée.
.Ic ne pense pas que le Congrès émette le vœu d’étudier l’histoire ou la géographie d’un pays à l’existence duquel il ne croirait pas. — Le vote de la section médicale contient implicitement l’affirmation de la production artificielle du somnambulisme.
J’aurais bien encore à vous narrer une observation qui ne serait pas sans intérêt, la magnétisation d’un interne du grand hôpital de Bordeaux, en présence de son chef de service et d’un tas de carabins de l’établissement de cujus; la discussion qui en est résultée avec un incrédule (docteur), à la suite de l’observation ; mais cela rentrerait dans un ordre trop connu de vous et de vos abonnés ; et d’ailleurs, il faut que je fasse mes malles. La saison presse, et j’ai encore pas mal de centaines de kilomètres à faire avant de rentrer chez moi par le chemin des écoliers.
Agréez l’assurance de la sympathique considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être,
Cher Maître,
Votre très-obéissant serviteur,
A. Petit d’Ormoy.
POLÉMIQUE.
RÉPONSE AUX QUELQUES OBJECTIONS DE M. d’aRBAUD.
SUITE (1.)
CHEZ LA PHILOSOPHIE DE L ANTIQUE INITIATION,
(Philosophie unifiée et continuée à celle que démontrent et perpétuent les faitî de la lucidité somnambulique et des phénomènes magnétiques de notre époque.)
L» Pensée, pensala (de pmsarc, peser, apprécier); cogitalio (tecum agitalio, mouvement intérieur) ; «Mu, — conception intellectuelle,
— (de voiiv, porter, agiter dans son intellect),
CHEZ LES MO-DERNES.
La Punsbe, selon Laromiguiére, est « l'ensemble de nos facultés sensibles, in.
(I) Voir le n" 112 de la %' série du Journal au ¡uagneiwne.
esl l'opération par laquelle noire esprit (1), au fond de son entendement (2), a la faculté de déterminer (3), ou de recevoir (■{) cl de reconnaître (5), d'abstraire, de combiner cl de juger, el même de pouvoir secrètement communiquer (6) au sensitivisme (7) d’une intuition
tcllecluclles cl morales: » c'est l'cxcr-cicc de nos sentiments, de notre intelligence et de la raison.
(I) L'Être interne.
(î) L’appareil des fondions cérébrales, appareil existant dans l’être fluidique, aussi bien que dans l’exemplaire plastique de notre individualisme, en vertu de cet axiome du pantacle hermétique : « Quoi superlus sicut qitod inferius, le dessus ressemble au dessous; quod inferius sicut superius, l’édition inférieure n'est que la reproduction de sa princi-piante. Et cela dans tout! Ne le perdons jamais de la mémoire. C'est par allusion à ces trois modes intégrants des univers (l’esprit, l’dmc cl le corps) que la tiare (*) des papes se compose de trois couronnes.
(3) C’est la pensée active, où l’être opère lui-même.
(4) C’est la pensée passive, ou par inspiration.
(5) C’est l’intelligence (inlùs legenlia, lecture intérieure).
Dans un mémoire envoyé récemment à l’institut, en réfutation d’un livre de M. Flourens (De la Pie et de tIntelligence), M. Henry Cros fait dériver l’élymologie du nom de cette dernière faculté, des mots inter eligere, choisir, juger. Cependant, pour ces opérations de la pensée, il existe des expressions précises. Nous avons ces quatre termes appropriés et d’une gradation successive : putare, — dégager, émonder, — établir avec choix les bises d’un avis ; arbitrare, — ar pour ad, bitare, se diriger vers, — croire, après observation; opinare, —opi pour ope (**), gnarum cingere, se décider savamment par la force de la raison, — opiner ; judicare,— secundim jus dicere, prononcer selon le droit,
— juger. Mais avant de procéder à ces résultats, il faut d’abord recueillir (intùs legere) les fadeurs du jugement.
¡6) La pensée est un mouvement : tout mouvement produit un choc, une impression, une modalité susceptible de se propager selon sa puissance d’impulsion et le degré de résistance des milieux ambiants. Or, l’être essentiel (l'Espril), subslance éthérée, se déverse incessamment au sein de l’élber, ceutre cosmique de toutes les individualités des fluides élhéréens. Là, dans des expansions accoutumées, est-il inadmissible que cet être spirituel puisse atteiudre et correspondre aux sympathies de même nature avec lesquelles il partage une certaine communauté d’existence?
(7) Je souligne ce mol pour lui conférer la qualification d’byperesthésie
CJ Ttàp& (Tpt% plct, ln triade universelle d'écoulements co'roogoniqnes), U litre étiil f bel les Perles, les Arméniens, etc., I* roiffure ijmliolique de* prince» el des secrifi-ealeur».
(“) Sous-enlendn : ralimis.
étrangère, et de parvenir, en quelques circonstances (t), jusqu’à rendre visibles au regard de certaines personnes, les images (2) de sujets
I.eibnitz définissait la pensée : « la perception simple , jointe à la con science du moi, ou à la réflexion dont les animaux sont privés. » — On sait pertinemment , désormais, que. les animaux ne sont pas dépourvus de cette faculté; mais qu’elle
(haute sensibilité) ; qu’elle soit idiosyncrasique (particulière à l’individu), qu’elle provienne d’une préparation ad hoc ; qu’elle résulte de l’influence d’une habituelle réciprocité d'action intime (comme dans la fréquence d’instantanéisrae de pensée identique entre deux personnes qui vivent incessamment ensemble, principalement chez les femmes, et surtout quand il s’y joiut des liens d'étroite parenté : la mère et la fille, par exemple).
(1) Outre l’empire dos dispositions relatives, la contention, l’exaltation de l’esprit, le recueillement, les profondes affections morales ou religieuses, l’immobilité, la passivité, la débilité du corps, etc., favorisent physiologiquement l’effet de ces phénomènes. C’est pour cela que l’ingestion des narcotiques les provoque avec facilité.
(2) ecîoî, forme, figure, apparence; llu, forme, idée .-mot créé par Platon pour indiquer ce qu’il distinguait formellement en ses perceptions contemplatives. Dans l’univers il n’est pas la moindre mouvementation qui n’ait sa photographie électrique, son effigie fluidique. Tout b’y transmet intellectuellement par la figuration, le portrait des choses elles-mêmes. Les lucides vous disent qu’ils voient des tableaux. On comprend de la sorte comment la signification réelle (c’est-à-dire par la représentation de la chose) de la parole, quel qu’en soit d’ailleurs l’idiôme, peut arriver à l’intelligence d’auditeurs spécialement préparés, malgré les différences phoniques du langage ; puisque la pensée seule se peint par la propre image de son objet. Ainsi, je le suppose, vous désignez un fruit, et ce fruit, n’importe le mot de linguistique, se dessine à la trame secrète de l'entendement. Tel est le mécanisme naturel qui, sous l’impulsion de l’enthousiasme et de la ferveur, par la propitiation des temps et des événements, contribuait aux prodiges de la prédication des apôtres chez les nations diverses. — Il n’est guère de simples magnétiseurs même, qui n’aient produit ce genre de miracle.
foncièrement vrais ou seulement fantaisistes (2).
s'exerce chez eux dans des limites beaucoup plus restreintes que les nôtres (1).
(1) On lit dans le Siècle du 21 septembre 1861 :
« Le sieur François l>.....cultivateur à Auvers, près Pontoise, possède
une petite chienne à laquelle il lient beaucoup à cause de son intelligence, et principalement en raison de la vigilance parfaite que, toute petite qu'elle est, elle exerce autour de l'habitation.
Il y a peu de temps, celte chienne mit bas deux petits; et le sieur P...., ordonna au plus jeune de ses fils de profiler d’un instant où la chienne avait quitté sa niche, pour s'emparer des deux petits chiens et aller les jeter dans l’Oise.
« Le jenne homme les emportait dans le pan de sa blouse, lorsqu aux premiers gémissements qu’ils firemt entendre, la mère accourut et suivit d'un œil inquiet les pas du ravisseur; et, voyant qu'il se dirigeait vers la rivière, elle fit un détour, gagna les devants, puis se mit en observation en se blottissant dans les herbes. Arrivé au bord de l'Oise, le jeune hommo lança à tour de bras les deux petits chiens dans la rivière, et s’en retourna tout droit chez lui.
« Mais à son arrivée, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit la chienne dans sa niche allaitant ses deux petits, et témoignant, par ses regards caressants et ses mouvements de queue, de la joie qu'elle avait de leur avoir sauvé la vie! Touché d’un pareil trait, François P... ne songea plus à séparer la mère de sa progéniture. •
(2) Sur les côtés, en haut, et l’une au-dessus de l’autre, se trouvent à l’encéphale humain deux facultés, dont, différenliellement chez les individus, la puissante fonction ou le manque d’exercice joue un grand rôle ici.
La première, dite la Mbrveillosité (l’élévation vers le sublime et ses régions transcendantes), nous met plus promptement, par sa vigueur de proéminence, en communication avec les preuves vivantes et manifestes des vérités que nient, on le conçoit, ceux chez qui fait défaut la séve incitante de ce moyen précieux. Toutes les grandes voyances la présentent dans une énergie prononcée, par rapport au reste de leur origine encéphalique.
La seconde, placée au-dessous, est celle de L’Imagination (l’instrument de modification, de perfectionnement ; la fée des inventions, le sentiment du beau, la poésie). Les folies de son caprice, les erreurs de sa rêverie, les combinaisons de sa science, tous les trésors utiles ou futiles de son inépuisable fécondité projettent leurs électrotypies au « bassin » merveilleux
« Les choses incorporelles sont connues par l’esprit.
« Le subtil de l'àmc est l'esprit de la pensée, et l’esprit de la pensée a puissance divine.
« Dans le corps terrestre la pensée se revêt d’une enveloppe fluidique de ce corps.
« La pensée est d'essence divine, c’est pour-qHoi, chez les hommes, elle devient un dieu.
« La pensée et la vie accompagnent partout l'expansion de l'âme.
« La pensée, effluve divin, si l'on sait l’affranchir de passions contentieuses, domine
Cesdéfinitions ou toote autre, écloses de la philosophie de notre époque, ne nous seraient pas d’un grand secours sur le terrain analytique du magnétisme.
« Vous qai lisez et qui pensez, concluez. Les Grecs avaient inventé la
des fluides, source aromale, où s’abreuvent et qu’alimentent naturellement les sérieuses pensées et les extravagances des individualités de bien des générations. Jugez tout ce que l’on peut récolter à ce rendez-vous de tant de disparates !
Et puis, immédiatement au pied des deux facultés précédentes, viennent deux activités inférieures, malheureusement très-coutumièrei d’excès et d’irrésistible surexcitation par le train de nos mœurs : L’acqdisivitB (l’intérêt, le besoin de posséder, l’accaparement), et L* Secbütivitê (la tendance à cacher ses impressions, la ruse). Mettez en ligne de compte les appels instinctifs et les résultats inconscients ou conscients de ces causes désharmoniques, et sans parler des autres éventualités de troubles, vous aurez la raison de tant de fausse monnaie dans les données expérimentales du somnambulisme et du spiritualisme.
Dans le but de parer, autant que possible, aux dangers de ces écueils, (’Antiquité ne voulait confier le ministère de telles études qu’à des hommes éprouvés et choisis, et devant se consacrer à l’austérité du sacerdoce.
Tous les savants, pourrait-on m’objecter, n’admettent pas la phrénologie comme on la professe jusqu’à présent. C’est vrai. Mais ils conviennent de son.axiome fondamental : point d'organe sans fonction, ce qui revient toujours à reconnaître une tendance de synergies fonctionnelles en analogie avec les conformations cérébrales.
o On ne saurait nier que les différentes opérations intellectuelles, et les divers sentiments moraux, ne réclament plus spécialement le concours de certaines parties respectives de l’encéphale. Cela ressort avec évidence d'un grand nombre d’observations... La phrénologie mise hors de cause.il reste encore cc fait attesté par bien des autopsies : c’est que la perte de la mémoire de certains ordres d’objets ou de mots, l’affaiblissement du jugement, do la faculté d’abstraction, correspondent aux altérations de certaines parties ou à des arrêts de développement de l'encéphale. Le fait est ma-
tontes les choses naturelles. Rien alors n'y résiste à son pouvoir.
« L'âme et la vie sont intégrantes de la pensée.
« La pensée, bien conduite, est capable de parvenir à la vérité.
« Comme l’àme du monde est une, l’esprit de la parole (la pensée) est un; qu’elle s'énonce en langue égyptienne, persane ou grecque.
« La parole en est Vimage, le corps naît de l'idée, et l'idée de l'esprit.
faculté psythé pour les sensations, cl la faculté nous pour les pensées. Nous ignorons malheureusement ce que c’est que ces deux facultés : nous les avons ; mais leur origine ne nous est pas plus connue qu’à l'hultre,
nifeste chez les idiots. La formation d’une tumeur intra-crànienne peut frapper d’impuissance la mémoire ou l’aptitude à parler, à juger, à enchaîner les idées (*). Chaque opération de l'intelligence exige sans doute le concours de diverses facultés, mais il y a en elle un principe qui répond à un organe spécial. » L.-F.-Alfred Maury, membre de l'institut, (le lommeil et les rêves ; Éludes pshychologiqves sur ses phénomènes et les divers états qui s'y rattachent, Paris, 1861.)
On l'a dit avec raison : l’encéphale esl un clavier. Eh bien ! quand les notes manquent ou sont discordantes, qu’en pouvez-vous tirer ?
Vous donc qui vous réunissez au hasard pour vous livrer aux forces de l’agent magique, osez vous prévaloir de la suprématie el de l’impeccabilité de vos prophètes ; osez, dans une secle ou dans une autre, vous proclamer les fondateurs de l’éternelle vérité. Ce n’est pas en l'Esprit de notre monde qu’elle réside : ce dieu n'est qu’un dieu très-infime, el c’esl bien au delà qu'il faut tendre et chercher. Mais qui de nous peut se flatter d’y parvenir? Étudions : trop heureux si, par la constance et le dévouement de nos efforts, nous préparons à la grande physiologie future une étamine moins laborieuse !
Voici l’extrait d'un article curieux de l’American Phrenological Journal, au sujet de l'action volitive de la pensée ; article cité par le docteur Philips, qui le garantit a d’une source digne à elle seule d’exciter un vif intérêt : »
« Mon but principal est de faire connaître les doctrines et faits remarquables d’un prêlre hindou du nom de Lehanteka, actuellement en Californie. Je tiens ces renseignements d'un ami à qui ils ont été récemment communiqués par une lettre de M. le docteur A. P. Pope...
a D'après Lelianteka, la vie perceptive et dynamique de l’homme se décompose en trois sphères concentriques. La première est constituée
(*) • Voyez i.olamincul les ob.erïalions rapportées par M. Godard « l'Académie des Sciences, Compte rendu do la séance du 22 juin 1840 •.
« Des choses intelligibles chacune est essence, et leur essence est leur identité.
a Aucune distance ne sépare les intelligibles. » Hermès.
« C’est par la pensée que l’homme s'élève au rang de membre de la Cité de Dieu.
« Il n’est point de vide dans les perfections ou les formes du monde moral, pas plus que dans celles du monde physique. » Leibnitz.
« La pensée meut la matière. »
Marquis de Pdysêcür.
« La pensée, qui est inséparable de la volonté, et qui trop souvent la dirige, est évidem-
à l’ortie de mer, au polype, aux vermisseaux et aux plantes. » Voltaire.
Heureusement, Puységur sut nous prouver que l’acte interne de la pensée exhale des effluves extérieurs, et qu'elle peut, par ce rayonnement, opérer en dehors de nous.
par l’appareil moteur et sensitif au moyen duquel l’àme agit sur les objets extérieurs et en reçoit à son tôur l'influence, à l’aide du contact immédiat. La seconde consiste dans un ensemble d’organes et d'agents physiques ayant puissance de se porter en dehors du corps proprement dit, et par l’entremise desquels l'àme peut agir et percevoir à distance. La troisième est un medium supra-sensuel ou d’essence animique, par l’intervention duquel on peut percevoir ce qui se passe au loin et exercer une influence active sur le monde extérieur, et cela sans l’emploi d'aucune agence physique (I). Telle est la sphère céleste de l'âme, et le plein exercice de ses attributions qui réalise la «sagesse magique» ou «céleste. » « Pour démontrer les fonctions et les propriétés attachées à la troisième sphère, il invita ses auditeurs à passer dans une pièce à côté, et à faire ensuite acte de volition sur une pièce de monnaie ou sur tout autre objet à leur choix, promettant de leur désigner ensuite l’objet sur lequel leur pensée se serait ainsi reposée. S’étant donc retirés, ils concentrèrent leur attention sur une pièce de monnaie qui fut jetée ensuite dans un sac, parmi une vingtaine d’autres semblables, et le tout fut remis au prêtre : il signala sans hésiter la pièce qui avait été choisie. L'expérience ayant été répétée à plusieurs reprises, et toujours avec le même résultat, quelqu’un s’avisa de proposer à la réunion de s'abstenir d’aucun choix entre les différentes pièces, et de les rendre toutes au prêtre telles quelles, pour voir ce qui en résulterait, et c’est ce qui eut lieu. Après un examen minutieux de toutes les pièces, Lchanteka déclara qu’on n'avait porté l’attention sur aucune en particulier. C'est alors qu’il procéda à l'examen de l’esprit de ses élèves, et il indiqua exactement celui d'entre eux d'où était partie la proposition de varier ainsi l’expérience.
O Vulgairement apprèeiablet D. C. de M.
ment le produit de nos sensations intérieures et extérieures,... La sympathie, l'antipathie et le produit enfin de toutes nos passions, la mettent en action. » J.-L.-J.-D. (Discours sur les principes généraux de la théorie végétative cl spirituelle de la nature.)
Mais il ne suffit pas de définir la penscc et de mettre en relief la physiologie de sou façonnement: les loi« de l'Éthiquc (la Morale), vont plus loin ; elles en démontrent l'importante conséquence, et cette démonstration parait
o Que sont les opérations de l'âme, sinon des mouvements? » Bonnet. (Psychologie.)
« Admettons donc que la pensée est le résultat des combinaisons infinies et plus promptes que l’électricité des flui-
« A cette théorie des trois sphères de la nature humaine, il associe une théorie de la santé, de la maladie et de la guérison. En voici la substance : la santé est le résultat d’une circulation bien équilibrée du fluide nerveux à travers tout le corps. La maladie se produit quand une portion de ce fluide s’est séparée de l’organisme nerveux, reste privée de direction, et se crée une circulation propre et isolée. Une fois dans 1’« étal céleste, » si l’on examine le corps d’un homme malade, on aperçoit ce fluide errant sous forme d’un léger brouillard tournoyant sur lui-même ou se portant avec rapidité sur les divers points du système
où sa présence est accusée par des souffrances de différente nature.....
« Par une autre déduction de ces principes, Lchanteka enseigne que les sens de ceux qui nous entourent peuvent être illusionnés par un simple acte de la volontéj et, ajoutant le fait à la théorie, il fit apparaître une troupe d'oiseaux que l’on vit voltiger dans toute la salle, et dont le chant fui entendu.
• Cette dernière expérience, remarque le rédacteur, nous offre un exemple transcendant du pouvoir au moyen duquel les Électro-Psycho-logistes de notre pays, comme on les désigne, rcussisent à produire des illusions (‘) sur des sujets susceptibles. »
C’est dans cet exquis sensitivisme, — nommé par les aliénistes hallucination ; par les magnétistes, état de charme ou de suggestion ; par le mysticisme, état angélisé; — que les Indiens (*‘) connurent immé-
(*) Jeoxd'images fantaituUty mais d’une relativité afeeu.*. C’est ce qae nous voyons tous les jour» dans les données de la vie pratique. Un caricaturiste imagine un dessin burlesque. Ce dessin passe sous nos jeux, nous considérons alors bien ivéellemirt Cexistenee de ton Image, bien qu’elle ne soit qu’une œuvre de pure invention. Il en est de mémo des forma électro-t/piques produites par l’acte de la pensée, qui peut aussi tirer des ton* du fluide électro-phonique. Loou Micuil, dans la CUde ta tie, pwle de ce fluide. Si les organes de phonation vivent dans les régions fluidiques, le fluide phoniquo n’a rien d’in-admisaible.
("•) 11» ont lea courbe* supérieures de l’encéphale très-développées.
sanctionnée lous les jours par les faits du magnétisme.
Nous portons dans la pensée l'arbre du bien et du mal, la source de la vie et de la mort. C'est encore un enseignement de la philosophie hermétique.
« L'acte créateur de la pensée étant une vraie génération, les formes créées par la pensée sont de véritables êtres.
« Dieu créa tout par sa seule pensée.
« Son essence est d’enfanter, de créer toute chose.
des les plus ténus, dans un corps vivant cl organisé. » J.-S. Qceskè. (Lettres lur le Psychisme.)
a Les idées ainsi revêtues d'une substance, agissent physiquement sur les êtres vivants par l’intermédiaire du principe vital. Elles agis-
diatement, en 181b, les événements de la bataille de Waterloo. (Voir le Journal du Magnétisme, tome XV, page 191, année 1836.)
Cette puissance de faculté doit, chez les mesmériens, octroyer créance à l'activité prodigieuse des perceptions d'Apollonius de Thiane.
J’en transmets, sans l’abréger, un des plus fameux récits historiques, parce que ses détails dramatisent parfaitement cette incroyabilité de la tradition :
« Les dieux enlevaient alors le gouvernement de l’empire et la domination du monde à Domitien, quand sa mort arriva de la sorle. 11 avait fait périr le consul Clément, auquel il avait promis sa sœur en mariage, et publiquement il avait dit qu’il l’enverrait elle-même, avant quatre jours, tenir compagnie à son fiancé. Sur ces entrefaites, un affranchi, du nom de Stéphane (Ètienne), ancien esclave de ce consul, et qu’il regrettait beaucoup, se dévoua pour délivrer le peuple romain.
« S’étant muni d’un poignard qu’il avait caché dans sa marche gauche, après s'ètre enveloppé cette main, de linges et de bandages, comme s’il l’eût eu démise ou brisée, il se présente ainsi devant l’empereur qui venait de donner audience et de juger plusieurs causes.
— c Sire, il est urgent que je vous confie d'étranges et grandes révélations : pour leur importance, je sollicite qu’il vous plaise de m’entendre à part.
« La curiosité de l’empereur éveillée par cc préambule, Stéphane eut ordre de suivre le souverain dans une galerie. Là, le solliciteur dit à son maître :
— « Sire, votre implacable ennemi, le consul Clément, n’a point péri comme vous le pensiez. Il est plein d’existence, et je sais qu'il se prépare à fondre sur vous.
« Aussitôt il tire son poignard, et porte un coup terrible.
« Cependant le fer, n’ayant frappé que la cuisse de la victime, n’avait
« Il ne saurait être qu’à la condition de toujours créer, dans le ciel, sur la terre, dans l’air, dans l'ablme, dans le tout du monde, dans le tout du tout.
o Rien n’est privé de cette essence; elle renferme la force même qui retient, à laquelle rien ne manque, infinie, et le plus complet des moteurs.
sent plus 011 moins suivant l'énergie de la volonté qui les envoie, et leur action peut être arrêtée par la résistance de celui qui la reçoit. » Van IIflmont.
fait qu'une grave blessure. Domitien, fort et robuste, à peine âgé de quarante cinq ans, n'avait pas bronché sous le coup. Saisissant le meurtrier au collet, il le renverse à ses pieds et s'efforce de lui crever les yeux, en lui meurtrissant le visage avec une coupe d’or, qu’il avait prise pour sacrifier à Minerve, espérant l’appeler à son secours. Mais des conjurés se tenaient en embuscade. Au bruit de la lutte, ils entrent et dépêchent le tyran, à demi mort déjà.
« Tandis que cela se passait à Rome, Apollonius, bien qu'occupé d'une dissertation qu'il adressait à ses disciples réunis dans un jardin d’Éphèse, avait vu clairement cet attentat, comme s’il en eût été témoin oculaire, dans le palais même de l'empereur.
Le philosophe, arrêtant soudain sa promenade le long des bosquets du Xiste, interrompt son discours, et tressaille d'émotion et d'effroi. De sa poitrine s’échappent, dans un grand cri, des paroles brèves, confuses, entrecoupéès, et qu'il ne pouvait retenir ; semblable à quelqu'un surpris à l’improviste, et qui frémit à l’aspect d’un spectacle aussi terrifiant que hors d’attente. Enfin, ne sachant plus que dire et fnant vers la terre ses regards effarés, il se tait subitement. Puis, s'éloignant de l'endroit où son attitude s’était clouée interdite, il fait trois ou quatre pas, et se met à crier d'une voix effrayée et retentissante : « Courage I courage ! « frappe le tyran l frappe! et garde toi bien qu'il en revienne ! * Il paraissait assister à cette scène, et pousser résolument le dagueur à perpétrer son action.
«Les Éphésiens, assemblés en grand nombre autour de lui, ne savaient que conjecturer. Mais Apollonius, ayant recouvré le calme et mesuré la conséquence d'une pareille nouvelle : Ayez bon espoir ! repi it-il; aujourd’hui, que dis-je, à l'instant même le tyran vient d'être puni de ses crimes. Que Minerve me soit en aide ! Je le vois roide mort, étendu sur le carreau. Ce châtiment s’exécutait pendant la profonde émotion où vous m'avez vu. Les Éphésiens le croyaient en délire, malgré leur désir extrême que sa prophétie fût vraie. Ils craignaient de s'exposer au péril d’ouïr de tels propos. — t Je comprends votre défiance, conti-nua-t-il. Vous ne pouvez croire à ce qui, même à Rome, est encore le secret de peu de personnes. Mais voici que la multitude l'apprend. On
n En Dieu seul sc trouve le hien. Tonies les autres choses sont en toutes choses, dans les grandes, dans les petites, dans les choses réunies, et dans l'animal lui-même, le plus puissant, le plus grand de tous (l’ensemble de la nature). Car les passions mêmes existent au sein des choses engendrées, la génération elle-même possédant la nature de sa passion, o
Hermès.
accourt de toutes parts, on saute de joie, on danse au milieu de l'allégresse générale, tout le peuple est en fête. Des courriers ne tarderont guère h vous apporter la confirmation de mes paroles. Attendez, et vous rendrez grâce aux dieux, vous leur offrirez des sacrifices; car voilà que l’on prie, et qu’on les remercie de la délivrance que je vous annonce. » Piiilostiute (’). (De la vie d'Apollonius de Thiane, liv. vin, chap. 10.)
L'événement était, de point en point, conforme à la prédiction.
Comment Apollonius, avec une belle organisation, avait-il acquis celte supériorité perceptive? Par une longue concentration d'étude, précédée de cinq années de silence ausolu. Nos adeptes se forment-ils ainsi?
« Sache, me dit Pimandre, que ce qui, dans toi, voit les images et perçoit les sons, ce qui pense est une lumière. Elle est de l'essence du dieu, donc elles ne peuvent être séparées, et leur union fait la vie. Considère lajumiôre... et connais-la.
« Je vis en moi la lumière en puissances innombrables. J'y vis un monde infini. » (Le Pimandre.)
En eiïet, l’âme planétaire, immense photographie universelle, à la trame de laquelle sepand l'essence de notre être, et qui nous pénètre, nous mouvementé incessamment, étant le centre de vie, où s’impriment en traits lumineux tous les actes de notre monde, on conçoit que l’habitude et l’énergie de la contemplation parviennent à s’y créer une certaine faculté d’optique.
Une pierre lancée avec violence dans l’eau, n'ébranle-t-elle pas fortement le liquide? Eh bien! la méditation qui vit dans et par le ciel, plus que sur la terre, perçoit aussi plus facilement les influences des milieux éthéréens.
La pensée, pensa/a (mot à mot, la pesée), n'est qu'une impression fluidique, au sein de notre intelligence.
(*) Natif de Lemnos, d'autres disent d'Athènes. Ils profeasait la rhétorique k Rome, au m* siècle de l’èrc chrétienne.
Toute mauvaise pensée est donc un mauvais être que l’on jette au vent, et toute mauvaise chose engendre une autre chose mauvaise. Ainsi des paroles, ainsi des actions.
De là cette maxime des anciens : bien penser, bien dire et bien agir, c’est bien vivre... et, consequemment, bien donner la vie! Qui sait vivre de la sorte reste calme.
€ L'affliction est, en ciïet, une partie du mal. » Hebmès.
Physique, finxif (de fini, produire, engendrer, donner naissance), adjectif qui désigne la qualification naturelle des propriétés des corps.
La science de ces propriétés les embrassait dans toute la nature et s'étendait à toutes leurs applications : elle signifiait la science et l'art de la médecine.
Ce n'était là, toutefois, que la portion profane de ses connaissances. Dans le silence des temples, 011 pénétrait plus profondément la trame de nos mystères. Ces éludes alors s’appelaient divines. Elles ne sortirent de l'apanage du sacerdoce que par les épreuves des initiés, pour se répandre à la philosophie naturelle (punoV/ia) de la Grèce.
Lorsque, parmi ses écrits, Aristotc, ou son successeur immédiat, Théophraste voulut montrer le rang que devaient tenir ses traités les plus élevés, il les intitula de cette inscription : « Tà /uri ri jjûjcxk, ce qu'il faut lire après les livres de physique, u Ce titre devint par la suite le substantif : métaphysique, et servit d’étiquette à toutes sortes de vaines et creuses disputes qui nous égarent encore de nos jours.
Il n’en fut point ainsi pourtant de tous les philosophes : Bacon, entre autres, appliquait le mot métaphysique à celte partie de la physique où l’on étudie les propriétés essentielles des corps et les causes finales des phénomènes
Physique : même signification que celle de l'étymologie ci-contre; sauf que nos physiciens en circonscrivent plus spécialemcul les considérations à l’examen des qualités et des effets des choses réputées inertes.
Quant à la haute partie de la physique ancienne, dite métaphysique , aujourd’hui presque toujours mêlée à la psychologie, ce n’est plus, en général, qu’un philosophémc, une manière de discourir... en philosophie !
« La métaphysique est incontestablement l'art de se tromper soi-même ou de tromper les autres. » J.-P. Che-
de la nature (De augmenlis el dignitalc scien-tiartim, lib. m, c. ■{). i
En cITct, tous les phénomènes de la nature, ; des plus crémcnliliels aux plus déliés,sont phy- , tiques, puisque ce mot est synonyme de natu-rels. Ce qui n’empéclie pas l’existence du monde métaphysique (c’est-à-dire de conditions naturelles, non vulgairement accessibles); car partout, d'après l'expérience, la vie universelle fonctionne selon les milieux qu'elle habite.
Tous les êtres, si subtil que l’on observe ou que l’on imagine l'aspect de leurs vivantes phé-noménalités, sont formés d'une substance véritable ; attendu que, sans la réalité substantielle de l'essence d’une cause, il lui serait impossible de produire des résultats réels.
a Toutes choses sont faites de celles qui sont, et non de ce qui n'est pas. Rif.n ne saurait engendrer qcelque cdose. Au contraire, les choses qui sont, n’ont aücdh moyen de se plcs
ÊTRE.
« Comment, en Dieu, l'essence de la vie, pourrait-il être des morts?
« La dissolution n’est pas la mort, mais la séparation des parties qui forment un mélange. » Hermès.
a La suite tient de la condition de son commencement, et ce sont là ses plus grandes vertus. » De Foix de Cahdalle.
Nous procédons du monde métaphysique (physique supérieur), et c'est par lui que nous pouvons le mieux nous régénérer. Le magnétisme le prouve incessamment.
« L'Esprit pénètre l’àme de bien, comme un habile médecin infuse la santé dans le corps. » Hermès.
De même le monde métaphysique dont la vie succède à celle de notre monde corporel, y conserve des affinités conformes à ses sympathies survivantes, et nous procure ainsi l’expli-
v a lier, L’Ame au point de tiue de la science el de la raison.)
a La métaphysique, source ténébreuse et tristement féconde do disputes frivoles, interminables....
« On peut transporter la physique dans la métaphysique , sans vouloir porter atteinte à rien de ce qui est respecté et vraiment respectable; sans ébranler aucune espérance, ni attaquer aucune de ces opinions consolantes qui servent de supplément au fragile bonheur de la vie. » Maire de Bi-ran. (Décomposition de la pensée. Influence de l'habitude sur la faculté de penser.)
cation franche et rationnelle des phénomènes qu’il y manifeste. Tout se touche, se continue et procède sans lacunes dans l’ordre imperturbable de l'immensité.
Psychique, ÿuxxi« (de ÿûxiv, souffler; fr/.*, papillon, emblcme de l'âme chez les anciens), adjectif qualificatif de la substance en scs variétés fluidéides; soit qu'elle émane de la surface générale des mondes, ou de celle des êtres en particulier; soit que l’on n'en comprenne que le souffle de la respiration, ou bien les émissions volontaires des œuvres du magnétisme. Voilà, dans son étymologie entière, la signification de ce mot le plus largement défini. Mais une aussi vague acception ne serait qu’une redondance de la définition du fluide. C’est pourquoi l’usage de l'épithète psychique se restreint-il à la désignation spéciale des exhalations animiques du siège de la pensée, l’entendement.
Ce sont des savanes fécondes où chaque défricheur expert ensemence et récolte selon ses aptitudes, ses goûts et ses mœurs.
a Le moyen ou véhicule de cette influence est un esprit éthéré, pur, vital, magnale magnum, qui pénètre tous les corps et agite la masse des humeurs. Il est le modérateur du monde, parce qu’il établit une correspondance entre toutes ses parties et toutes les forces dont elles sont douées....
« L âme est douée d’une force plastique qui, lorsqu’elle a produit (au dehors) une substance, lui imprime une force et peut l’envoyer au loin et la diriger par la volonté. »
Van Helmont.
« Le principe du mouvement doit être regardé comme l'agent immédiat.... Dirigé par des lois immuables, maîtrisé quelquefois par des causes étrangères, il tend toujours à suivre
Psïchiqdf: adjectivement, ce qui se rapporte à l’âme, ce qui dérive d’elle, ce qui constitue son ressort.
En magnétisme, si nous n'avons de notions sur la substance et la constitution de l'âme, quelle idée pouvons-nous rationnellement avoir de ses relatifs et de ses dérivés?
L'expression psychique alors n’est plus qu’nn terme sans valeur, un de ces mots nommés par Hermès : « appellations qui troublent, » vrais tremplins du discours, pour sauter d'un inconnu vers un autre inconnu. C’est pourquoi M. d’Arbaud, niant a l'opération psychique » sur l'état de la jeune fille en catalepsie, aurait dû définir contradictoirement cc qu’il en-
I impression primitive et générale qui lui a été donnée, mais il csl souvent détourné, attiré, repoussé pur les corps soumis à son action.... Mobile par essence, il se fixe en devenant partie d'eux-mêmes; mais dégagé ensuite, il reprend sa première nature pour aller se fixer en d’autres corps. C’est ainsi que les êtres mus par cc principe le donnent cl le reprennent continuellement; principe de mouvement clans la nature entière. » De Jussir.u. (Rapport au Roi.)
« Un genre d’émanation moins matérielle encore et plus intéressante, et qui se manifeste moins dans l'ordre physique que dans l'ordre moral, c’est l’émanation de l'intelligence.
« On l’a toujours reconnue et appréciée ; elle se développe plus chez un homme que chez un autre. » A. Skider. (Les Émanations, Recherches sur l'origine et la formation forcée et perpétuelle des mondes.)
« Tous les phénomènes qui se présentent sous l'influence du magnétisme, qu'ils soient de l'ordre physique ou de l'ordre psychologique ; qu'ils soient produits sur la matière ou sur la partie immatérielle, l'abs, tous ont une seufe et unique cause toute physique, le fluide vital, qui a pour principe le fluide universel. » Cu. Lafohtaine. (L'art de Magnétiser.)
(La suite au vrochain numéro.)
tend par l'acte et l'agent du psychisme.
«Je passe au plus intéressant, au plus délié, au plus ténu, au plus subtil, au plus incomparable de tous, puisqu'il est le principe do la vie dans les êtres vivants, objet de mes recherches. Ce fluide que j'appelle psychique, parce qu’il ren-fermeridéedel'âme, est répandu comme les autres dans tout l'univers. C'est lui qui anime les molécules organiques, et les met en mouvement. » J.-S. Quebré. (Lettres sur le Psychisme, page 35.)
Dr Clever de Maldigny.
ERRATUM ESSENTIEL:
Page 434, ligne 29 ; au lieu de ces étais d'expansibililé, lisez : tes états, etc.
Page 4ü8, ligne 9 de la deuxième colonne, au lieu de : la matière; lisez : ta nature.
Page 458, ligne 36, au lieu de: la lumière blanche est au-dessus; lisez : la lumière bleue est au-dessous.
Page 459, à l'exergue du ternaire,
VARIÉTÉS.
LES CHARMEURS DE SERPENTS.
Plusieurs fois nous avons entretenu nos lecteurs de récits merveilleux concernant les charmeurs de serpents, de leur pouvoir tout magnétique dont ils font un secret. Mais le serpent exerce également un pouvoir singulier : il a la faculté d’attracter, de charmer les animaux dontilveut faire sa proie
Nous donnons aujourd’hui un récit très-dramatique, pré
senté sans doute sous la forme d'un roman, mais qui divulgue ce pouvoir trop réel, qui ne trouve son contrepoids que dans l’emploi de la force magnétique.
Cet épisode est extrait d’un feuilleton en cours de publication dans le Moniteur (Voir le '2k et 25 septembre dernier).
HISTOIRE D’UN DIAMANT.
C’est dans l’intervalle caractérisé par ce calme tendu et morne qu’un domestique hindou, attentif à suivre avec plus de sang-froid les phases de ce drame formidable, composé uniquement pourtant d’une jeune fille de seize ans à peine et d’un serpent presque invisible, éleva la voix, et dit au-dessus de l’agonie générale qu’il fallait, sans perte de temps, envoyer chercher par la ville un charmeur de serpents; qu’il n’était pas impossible d’en rencontrer à cette heure de la journée sur les places publiques de Calcutta, où ils font sans danger pour eux-mêmes leurs expériences sur des reptiles. Peut-être que celui que le hasard amènerait aurait la puissance de détacher Nanny, et sans accident pour elle, de l’infernale étreinte du naja. Mais il fallait qu’on se hâtât! qu on se hâtât !
C’était là une bonne inspiration : chacun l’approuva d’un regard muet, ne pouvant l’appuyer par des paroles reconnaissantes, de peur d’effrayer le naja.
Rainsay fit signe au serviteur hindou d’exécuter sa pensée sans perdre une seconde; et celui-ci, léger comme tous les Hindous, qui sont plus rapides que des cerfs, s’élancait déjà vers une issue. Un banian l’arrêta dans son vol et lui dit : « Mais le meilleur charmeur de serpents, celui qui joue avec eux comme avec des lézards inoffensifs, c’est Nadir-Zeb. »
On écouta l’interrupteur, après avoir maudit la diversion fatale qu’il jetait dans l’exécution d’un ordre dont chacun espérait tant !
— Oui, reprit-il, oui, Zeb, je l’avais oublié, n’a pas d’égal
eu Asie dans la pratique mystérieuse d’enchanter les serpents; il les irrite, il les tourmente, il les lance dans les airs, il les tord, s’en fait une ceinture, un collier; il les bat, il les pétrit entre ses mains sans que jamais un seul l’ait mordu. Ils sifflent, ils se déploient, ils se hérissent, ils rugissent sous leurs écailles; mais colère, résistance inutile : ils se laissent prendre par l’enchanteur et tuer comme des vers.
— Qu’on coure donc après Zeb, ne put s’empêcher de crier William Ramsay, oubliant le péril auquel il exposait la pauvre Nanny par ce cri échappé à ses entrailles, mais qui pouvait si facilement troubler la quiétude du naja. Mon Dieu ! courez après Zeb !
— Vous n’y songez pas, dit un témoin de tant d’émotions cruelles et diverses ; c’est peine inutile ; Zeb est parti, il descend le fleuve sur la goélette à vapeur qui l’emporte vers la mer.
— Eh bien ! un signal de la Tour des signaux, pour ordonner à la goélette de remonter le Gange ! eut la miraculeuse présence d’esprit de s’écrier William Ramsay, illuminé par l’amour paternel, le plus sublime, le plus clairvoyant de tous les sentiments que Dieu ait mis dans le cœur des hommes, même les moins bien doués en élans de tendresse.
On courut à la Tour des signaux, haute construction élevée en forme de pagode dans le jardin, d’où l’on découvrait le Gange dans le prolongement de plusieurs lieues, et d’où l’on disait télégraphiquement aux vaisseauxles volontés du maître.
Le naja rampait toujours entre les deux épaules frissonnantes de Nanny ; il touchait enfin à l’extrémité de leur point de rencontre. Parvenu là, il posa sa tête jaune et aplatie, et il laissa ensuite se dérouler et flotter mollement, en manière de ruban, sur le sein de Nanny, le reste de son corps gracieux et terrible. Puis il se balança et eut l'air de se faire des loisirs; il savoura une sieste d’un genre nouveau pour lui. Nanny n’osait abaisser son regard épouvanté; elle gardait son immobilité cataleptique, sans cesser de regarder fixement son père, dont le visage n’était plus qu’un long rideau de larmes.
Amour d’elle, toujours même consternation silencieuse.
A peine le serviteur bien inspiré était-il allé à la Tour des signaux, incident sur lequel on bâtissait la première espérance de salut, que le serpent, déjà las du plaisir de se balancer sur la poitrine de Nanny Ramsav, se dressa sur les anneaux les plus voisins de sa tête, et commença, après avoir pris dans l’air une position horizontale, à s’enrouler autour du cou de Nanny : horrible, horrible diversion ! Il traça un premier tour, ets’arrêta, content de son œuvre; ce tour fait, ce premier cercle tracé, il se laissa encore pendre sur le sein de Nanny, et l’on vit alors la seconde moitié du monstre frétiller dans le corsage de satin et de mousseline de la jeune fille comme dans le calice d’une (leur. Ce ruban froid et vivant devait causer un inexprimable frisson d’horreur à la malheureuse Nanny Ramsay, qui, se sentant le cou pris de cette manière dans les anneaux glacés du naja, crut entrer dans la crise des dernières minutes. On l'entendit alors supplier l’assemblée, éperdue jusqu’au désespoir, de vouloir bien dire pour elle la prière des agonisants, ce qu’on fit d’un mouvement unanime. Hommes et femmes, maîtres et domestiques tombèrent à genoux et prièrent en commun pour l’àme de la pauvre Nanny Ramsay. Il fallut soutenir William Ramsay dans cette oraison adressée par lui à Dieu pour le salut éternel de sa fille, de sa fille encore vivante cependant, là, devant lui, près de lui, avec lui! Au moment suprême de cette prière fervente, il se débarrassa des deux domestiques qui le soutenaient, et se jeta la face contre terre, afin d’obtenir par cette humiliation quelque pitié devant le trône du Seigneur. Il lui demanda, la voix étouffée par les sanglots, de lui laisser sa fille adorée, sa bonne petite Nanny, sa dernière joie, son dernier bonheur sur la terre, ou de l’enlever avec elle.
Nanny prit part à cette prière générale en répondant Amen! à chaque verset.
Le serpent, fort inquiété par ce mouvement, par cette agitation, traça avec son corps deux nouveaux cercles autour du
cou de Nanny. C’était le troisième cercle, et il lui restait encore assez de vertèbres pour en décrire beaucoup d’autres. Aussi la seconde moitié de son corps, qui avait pendu jusque-là sur la poitrine de Nanny, se rapprocha de l’antre, et il résulta de ces circonvolutions que le naja eut plus de champ pour prendre une nouvelle attitude. En multipliant ses points d’appui, il multiplia sa puissance et son élasticité.
Elle fut effrayante, la nouvelle attitude que prit le naja ! 11 se mit à siffler d’une manière aiguë, à dresser sa petite tête tout étincelante d’émeraudes venimeuses, toute gonflée de rubis empoisonnés. Qu’allait-il faire?
Zeb entrait à ce moment dans le salon, qui ne formait plus qu’un seul cœur pour un seul effroi. — Ah ! fit-il en mettant ses deux mains sur son visage et en reconnaissant de quelle espèce était le serpent collé au cou de sa bonne petite Nanny ; ah ! c’est un naja! Allah seul peut... — Mais il s’arrêta, de peur de trop remplir d’épouvante l’âme déjà assez éprouvée de la jeune fille.
L’assemblée ne semblait pas exister pour lui : il ne semblait pas la voir. C’est Nanny seule qu’il voyait. 11 ne s’aperçut qu’il y avait du monde, et un monde ardent à se presser autour de lui pour implorer les secours de sa magie, que lorsque M. Ramsay lui dit d’une voix suppliante :
— Zeb, sauve ma fille ! et ces masses d’argenterie étalées sur toutes les tables sont pour toi !
Zeb sourit de toutes ses dents blanches et regarda le ciel, comme pour dire : C’est là-haut qu’il faut adresser vos offrandes; les secours de la terre sont bien moins puissants pour elle en ce moment.
William Ramsay, qui avait ses bonnes raisons pour ne pas trop compter sur l’intérêt qu’il cherchait à inspirer à Zeb, et croyant qu’il n’avait pas mis un prix assez haut au service qu’il attendait de lui, reprit ainsi :
— Zeb, sauve-la ! sauve-la ! et je te donnerai, outre cette vaste argenterie, toutes les pierreries que tu vois briller aux braset aux oreilles de mes autres filles. Oui, jete les donnerai!
Nadir-Zcb sourit encore, mais sons daigner répondre par les mêmes paroles qu’il avait déjà dites à Ramsay. On eût dit que, dans sa préoccupation, il cherchait à s’emplir la poitrine d’air, les yeux de lumière, et les mains, qu’il ouvrait et fermait à chaque instant, d’un fluide mystique caché dans l'espace et dont il condensait la puissance en lui.
— J’ajoute, reprit Ramsay bouleversé de l’inaction de Zeb et de son silence, j’ajoute à ce que je t’ai déjà proposé 10,000 livres sterling, 100,000 livres : prends tout ce que j’ai et sauve ma fille !
— Je ne puis rien, dit enfin à demi-voix Zeb aux groupes de personnes amassées autour de lui, et par-dessus les têtes desquelles passait la tête cadavéreuse de Ramsay ; je ne puis rien avant que le serpent naja soit entièrement enroulé autour du cou de miss Ramsay. Avant ce moment-là, toute tentative de fascination tournerait à mal ; elle ne serait qu’une cause certaine d’irritation et de rage chez le naja. Quand les cercles sont finis, ou il mord pour apaiser sa faim, ou il s’engourdit pour dormir. C’est là les deux circonstances à attendre, l’alternative à voir venir. Laissons donc le naja accomplir les derniers cercles avant d’essayer de le charmer, quoique je doive d’avance vous déclarer à tous que je compte fort peu sur mon influence et mes moyens secrets pour dominer ce reptile ; celui-là est issu de la plus cruelle famille des reptiles, de celle qui déjoue presque toujours nos efforts, et qui n’a rien de commun par conséquent avec ces serpents faciles à charmer dont s’amusent sans péril sur les places publiques de l’Inde les jongleurs que vous connaissez comme moi.
Ceci dit avec la simplicité la plus franche, Zeb, sans cesser d’examiner et d’étudier avec la pénétration froide des grands opérateurs l’ennemi auquel il allait s’attaquer dans quelques secondes, ajouta :
— Vous êtes fâché, monsieur Ramsay, n’est-ce pas, de m’avoir laissé insulter tantôt par votre gendre?
De quoi ne serait pas convenu M. Ramsay en un pareil moment?
— Oli ! je t’en demande pardon, mon bon Zeb, répliqua-t-il avec une effusion sans mesure. Je t’en demande pardon, entends-tu ?
— Et vous tous aussi, vous êtes fâchés, reprit Nadir-Zeb en promenant un regard ferme, mais calme, sur l’assemblée, en homme qui ne cherche pas à cacher qu'il prélude peut-être, dans le fond de sa pensée, à une vengeance; n’est-ce pas, vous êtes bien fâchés de m’avoir traité un peu durement?
Zeb n’aperçut à toutes les distances où sa parole parvint que des fronts qui s’inclinaient en signe d’assentiment ; mais chacun se demandait avec curiosité par quel motif il posait à deux fois cette question, dont l’opportunité ne paraissait pas bien pressante, en effet, à des tempéraments européens, qui oublient vite l’impression produite pour être tout entiers à l’impression récente, et l’impression récente était, certes, tout autre chose qu’un affront plus ou moins grave fait à un domestique.
Mais ce domestique était Nadir-Zeb, une grande naissance, un grand malheur profondément ulcéré, une intelligence supérieure, un caractère superbe drapé de pourpre, pouvant être un Tippoo-Saïb ou un Nana-Saïb, selon le temps ou selon que ses passions le mèneraient. Dans tous les cas, on va voir qu’il n’était pas ce jour-là pour l’esprit de clémence, et qu’il ne partageait à aucun degré la belle faiblesse de la magnanimité. Il reprit ainsi, tout en continuant de darder du fond de son crâne sombre deux regards fixes, droits et inflexibles sur les yeux verts du naja, qui achevait ses rotations homicides autour du cou de Nanny :
— Capitaine Hercule Forster, à votre tour! dit-il.
La consternation générale, à laquelle le capitaine prenait une part de famille, ne l’empêcha pas de relever la tête à cette façon familière de s’entendre appeler. Était-ce bien à lui cependant qu’on parlait?
— A votre tour, capitaine Forster ! reprit Nadir-Zeb d’une voix encore plus forte et d’un ton encore plus direct.
Le capitaine ne douta plus alors.
— C’est à moi que vous vous adressez? répliqua Forster après ce second appel.
— A vous. Faites-moi des excuses, je les attends !
— Des excuses ! des excuses !
— Est-ce que vous ne comprenez plus l'anglais? Je vous dis de me faire des excuses ; je le veux.
— L’infâme veut rire, murmura avec dédain le capitaine Hercule.
— L’infâme ne veut pas rire, capitaine, mais il veut des excuses. Allons ! dépêchez-vous ! il y a des affaires dans ce monde qui n’attendent pas; et d’un mouvement de tète il indiqua ce qu’il voulait dire par ce mot affaires. Ce geste si simple signifiait, à ne pas s’y méprendre : « Il y a là une vie menacée d’une mort certaine si je m’éloigne seulement d’un pas, et je m’éloignerai si vous ne me faites pas sur-le-champ des excuses. »
Une violente secousse d’épaules du capitaine trahit le combat qu’il livrait en lui-même. Comme tout le monde présent à ce dialogue entre l’offensé et l’offenseur, dont les rôles changeaient, il saisit sans effort le sens de la phrase amphibologique de Zeb. S’il refusait, lui, Zeb, refusait aussi, et l’objet en cause était la vie de la sœur de sa femme, la vie de la fille de son beau-père ! Ajoutez que sa femme d’un côté et son beau-père de l’autre le suppliaient en ce moment, aussi bien que ses autres belles-sœurs, et d’ailleurs toute la riche colonie anglaise réunie là, de céder aux prétentions monstrueuses, inouïes, de Zeb, de lui faire des excuses.
— Eh bien, maître Zeb, dit en frémissant de tout son corps le capitaine Hercule Forster, puisque vous tenez tant à des excuses, recevez pour ce qu’elles valent celles que je vous fais pour vous avoir traité, selon vous, un peu trop sévèrement tantôt.
A la rigueur, Nadir-Zeb aurait eu le droit de demander des excuses plus franches, mais il avait le projet de ne pas en rester là avec ses ennemis, et il s’apercevait aussi qu’il était temps de se mettre à l’œuvre, de commencer les enchante-
ments. Le péril devenait de plus en plus grave, et le serpent naja n’avait plus d’évolutions à décrire autour de sa jeune victime, qui étouffait sous une pression si forte que ses joues étaient devenues violettes et son cou presque noir. Le naja n’avait omis aucune des conditions voulues pour rendre son festin aussi délicat que possible ; il ne lui restait plus maintenant qu’à faire pénétrer ses dents dans ces chairs macérées et meurtries à point.
Léon Gozlan.
(La suite au prochain numéro.)
CHRONIQUE.
Nous apprenons que des expériences très-curieuses de magnétisme ont été faites dernièrement par un haut personnage appartenant à la diplomatie, devant la Reine de Hollande et sur des personnes de sa Cour. Nous espérons pouvoir donner le récit des phénomènes qui ont été produits, mais il est intéressant de savoir le succès de ces expériences dans le propre palais de la Reine.
Note. — Le retard apporté dans l’apparition du Numéro, vient de la difficulté de composition, de mise en page de l’article de M. Clever de Maldigny.
Baron Du POTET, propriétaire-gérant.
VARIÉTÉS.
l.ES CHARMEURS DE SERPENTS.
surs (1)
Zeb posa alors un de ses doigts au sommet de la tête du naja, mais si légèrement qu’on aurait pas su dire si ce doigt cabalistique touchait ou non à cette tète fixe, verte et glacée comme une émeraude, une émeraude vivante.
Ce premier geste n’opéra aucun résultat appréciable, le serpent ne remua pas ; il fut même observé, au contraire, que les veines de la pauvre Nanny s'enflaient davantage, et que les lèvres du naja les effleuraient maintenant avec une avidité croissante et voisine d’une conclusion aussi redoutée que prévue.
Cette indifférence du reptile sous l’influence du charmeur ne fut pas de longue durée ; elle cessa dès que Zeb eut commencé à faire entendre son bourdonnement mystérieux, murmure composé du roucoulement triste du ramier, du vent dans les roseaux et du frémissement nerveux du satin. Le reptile releva sa gracieuse petite tête, et chercha dans
l'air fanatisé d où venait ce tourbillon harmonieux qui lui plaisait; c est alors qu’il rencontra deux yeux plus étranges et plus infernaux que les siens, ceux de Nadir-Zeb. Il fut d abord troublé. Il douta, il rêva, mais enfin, voulant échapper à cette obsession, il se rejeta de plusieurs anneaux en arrière, montra cette étroite langue fourchue, prise à tort si longtemps pour un dard, et fit un mouvement sinistre pour s’abattre sur le cou de Nanny et la mordre. L’illusion fut poignante. On crut que la morsure était faite, que tout était fini, car la tête et les yeux de l’animal exécré de l’homme depuis le premier jour de la création disparurent dans un des plis de la chair. Heureusement, Zeb était venu au secours
(1) Voir le numéro précédent.
Tome XX — N° 115. — 2' Serib. — 10 octobre 1801.
de la jeune fille : il arrêta l’élan meurtrier du naja en recommençant à le toucher, ou plutôt à l’effleurer au haut de la tête. Le désespoir devint aussitôt de l’espérance ; mais quelles alternatives !
C’est dans cet intervalle entre la vie et la mort pour Nanny Ramsay que Zeb releva, lui aussi, fièrement la tête comme le serpent avait relevé la sienne, et qu’il parla ainsi, sans arrêter ni ralentir le travail sortilége qu’il avait commencé !
— Monsieur Ramsay, dit Nadir-Zeb, je ne suis pas sûr, bien loin de là, de sauver votre fille Nanny, mais je suis sûr qu’il n’y a que moi dans l’Inde qui puisse le tenter avec quelque chance de réussir. Vous m’avez offert en récompense, si je la sauvais, vous m’avez proposé de l'argent, de l’or, des diamants ; j’ai refusé ; je voulais, je veux autre chose.
— Que veux-tu ? lui dit William Ramsay.
— Je veux votre fille Nanny.
— Te donner ma fille !
— Oui, votre fille : songez que je vous demande une chose qui n’est plus à vous, et qui, si elle est encore à quelqu’un après le naja en ce moment, est à moi, à moi seul, Nadir-Zeb I
— Donner Nanny à un païen ! murmura-t-on de salon en salon. Oh !
— La donner à un esclave !
— A un homme d’un autre sang !
— A un tigre ! disaient d’autres.
— A un serpent boa ! pour éviter de la donner à un serpent naja ! Quel marché ! Jamais ! dites « jamais ! » soufflait-on à Ramsay, Ramsay idiot d’étonnement touten restant ivre de douleur.
Zeb, voyant sa proposition ainsi accueillie, suspendit son travail d’enchantement, et la vie de Nanny fut remise aussitôt en question. Les effets de cette suspension ne tardèrent pas à se produire, et la strangulation arriva bientôt au plus haut période d’intensité : la fille de Ramsay poussa un cri lamentable, le dernier d’une agonie affreuse.
Des larmes de sang jaillirent des yeux de Nadir-Zeb, qui allait tenter d’arracher, n’importe à quel prix, la pauvre N.anny à une mort certaine, quand, à ce cri, William Ramsay répondit par ces paroles : « Zeb, rends-lui la vie et Nanuy est à toi ! »
Nadir alors ne ralentit plus les efforts de son influence sur Je naja; il déchaîna sur lui toutes les puissances de l’action magnétique ; on eût dit qu’il partait des étincelles du bout de ses doigts, de la pointe de ses cils ; il fulminait ; des paroles lentes, solennelles, gutturales, sortaient en même temps de sa bouche et devenaient un chant monotone, effrayant, sur ses lèvres, comme ces hymnes de chiens errants qu’on entend la nuit et qui commencent par un aboiement prolongé pour finir par une musique mélancolique et navrante.
Zeb tenait toutes les âmes des invités dans la sienne.
Le prodige éclata :
Comme un ressort d’acier qui se brise et revient détendu dans la main de celui qui l’a brisé, le serpent naja se détacha spontanément du cou de Nanny ; il se déroula et vint se déployer sur les deux mains de Zeb, qui le saisit par le milieu du corps et le déchira en deux parties. Les deux tronçons encore palpitants furent lancés par lui dans le Gange.
Arrachée à la mort, Nanny tomba en exhalant un cri de résurrection dans les bras de Zeb, qui la porta heureuse, mais défaillante, presque évanouie, dans ceux de son père, dont la joie fut de la folie.
Le soleil tombait derrière les grandes forêts sacrées du Rengale ; le soir s’allumait. Zeb se versa de l’eau fraîche sur les mains, qu’il se passa ensuite aux bras et au visage ; puis il s’agenouilla la face tournée vers la Mecque, et il fit à haute voix sa prière de gratitude à Dieu qui lui avait accordé la miraculeuse faveur de rendre à la vie la jeune fille dont le père venait en récompense de lui accorder publiquement la main.
Léon GOZLAN.
FIN.
POLÉMIQUE.
RÉPONSE AUX QUELQUES OBJECTIONS DE M. d’aHRAUD.
si itr (1.)
CHEZ f.A PHILOSOPHIE DE L’ANTIQUE INITIATION,
(Philosophie unifiée et continuée à celle que démontrent et perpétuent les faite de la lucidité somnambulique et des phénomènes magnétiques de notre époque.)
Volonté, voluntat (de voto, — corrélatif de volvtre, volutare, voluptuari (2), rouler, s’abandonner, se vautrer ; — originaire du verbe πoλέω (3), je tourne), est l’expression compréhensive de bien des influences physiologiques très-imparfaitement étudiées.
Elle signifie :
1° La volonté proprement dite, ou l'activité consciente, délibérée, plus ou moins puissante ou paresseuse à l'énergie d'une persistance intentionnelle et fixe.
2° Combien de rétivités intestines, de nonchalances partielles, de distractions faciles, hôtes domestiques de l'entendement ; armée de conre-volontés plus ou moins sourdes et nombreuses ; réfractaires souvent implacables, tyranniques, et finissant par demeurer souveraines.
Car ces importunes diversions forment autant de foyers de vitalités contraires, qui se révèlent à l’analyse.
CHEZ LES MODERNES.
Volonté, « pouvoir par lequel nous disposons de notre activité, et par lequel nous dirigeons nos facultés vers un but déterminé d'avance.
« La volonté leur donne une impulsion plus vive et plus puissante. »
Rescdrrkllf..
Ainsi définie, la volonté parait une chose fort simple. Mais, philosophiquement, l’aspect dufait change beaucoup.
a Nous avons la puissance de nous modifier nous-mé-
(1) Voir le nos l12, 113, 114 de la 2e série du Journal du Magnétisme.
(2) D’où voluptat, plaisir entraînant, passion dominante.
(3) Voir le tome XVII du Journal du Magnétisme, p. 289, et le tome XIX, p. 507.
Environnés tous, pénétrés, incités par les myriades sans nombre des avides infinitésima-lilés des atmosphères générales cl particulières, nous immergeons dans un galvanisme, continuel, où chacun, selon l’individualisme de ses tendances d'organisation (véritables et puissantes piles éleclriques) , reçoit ou sollicite machinalement, s’il n'y prend garde, les impressions et les satisfactions en concordance avec ses routines et ses désirs.
« Il n’est pas une seule des parties de notre corps qui souvent ne s’exerce contre la volonté ; elles ont chacune leurs passions propres, qui les éveillent ou les endorment sans notre congé. » Montaigne.
« La partie de nous-mêmes, sur laquelle nous sommes le plus aveugles, est l'ensemble de ces impressions immédiates. » Maine de Dirain.
Voilà pour l’état de veille.
Mais, on l'a dit avec raison, le sommeil a ses volitions aussi, qui, pour ne pas être académiquement reconnues (1), n’en sont pas
mes et de produire, tantôt dans notre esprit seulement, tantôt dans notre esprit et dans notre corps, un changement dont nous savons certainement cire les auteurs, et dont nous revendiquons à bon droit la responsabilité. Celte puissance , c'est la volonté...
a Nous entendons par volonté la même chose que la liberté ; les mots volontaire et libre ont exactement le même sens. Tout cc qui est hors de la liberté esttiors de la volonté.
(1) Maine de Biran qui réinstaura le spiritualisme philosophique par l’analyse de l’acte de la volonté dont il constitue exclusivement le moi, proclame l'abolition complète de celle volonté dans le sommeil profond. Quant au somnambulisme, il n’est, pour ce philosophe et ses disciples, qu’un « état où la volonté ne tient plus les rênes ; où toutes nos facultés el surtout l’imagination et les sens ont encore leur exercice, mais leur exercice déréglé, sans liberté, sans conscience et par conséquent sans mémoire. Pour concevoir l’animal, il suffit à l’homme de faire abstraction de sa volonté, cl de se réduire il la sensibilité et à l'imagination. Tout ce qui n’est pas volontaire en nous est animal ; et l’homme retombe & l’état d’animalilé lotîtes les fois qu’il abdique l'empire de lui-même. Comme beaucoup d’hommes sommeillent pendant la veille ordinaire ; ainsi nous sommes des animaux pendant une très-grande partie de notre vie. » (V. Cousin. Préface du tome IV des Œuvres de Biran.)
lin autre académicien écrit :
« On a dit que c’était l'âme qui éveillait le corps ; que la première veille, tandis que le second sommeille ; que l’âme secoue l’engourdissement des
moins volontairement alertes. Vos somnam- « Ma volonté n'est
butes, si vous leur laissez leur liberté, ne pas la même quand
vont-ils pas où bon leur semble, n'agissent-ils je dors et quand je
pas conformément à leurs propensions déter- veille. » Ad. Franck.
membres et des organes. Telle est notamment l’opinion qu’a développée Jouffroy avec son talent habituel dans ses Mélange» philosophiques, Mais ici, l'ingénieux observateur ne nous parait pas s'étre rendu un compte suffisant du phénomène. Et d’abord, en se servant du mot Ame, il a le tort de recourir à un principe dont il ne pouvait nettement définir le caractère....
« Jouffroy conclut de la manière dont il conçoit le phénomène que l’àme est toujours éveillée. Il faut bien s’entendre sur ce mot. Veut-on parler de l’intelligence (*), l’assertion n’est pas exacte. Car celle-ci peut, de même que le corps, présenter des degrés divers d’engourdissement. Ce qui arrive pour les sens a lieu également pour le cerveau...
« Du moment qu’en dormant nous cessons de vouloir, de comparer, de comprendre, d’être attentif, c’est que l’intelligence s’engourdit comme les membres. On dira peut-être que ce n’est pas l’intelligence, mais le cerveau qui chancelle. A cela je réponds qu’il n’est pas possible de distinguer, dans notre mode actuel d’existence, l'organe de la force par laquelle il agit....
« La suspension des fonctions animales et intellectuelles n’est, au reste, jamais complète ; car la suspension complète serait la mort....
« Les opérations de l’àme dépendant de la volonté ne restent pas toujours suspendues. Nous voulons en rêve, et quelquefois fortement, mais l'inertie de nos organes et l’absence du jugement, qui met à la disposition de la volonté les moyens de se manifester, font obstacle à son accomplissement. La volonté demeure à l’état de simple idée, à moins que le corps ne soit que partiellement endormi, qu'une surexcitation antérieure n’ait laissé un excédant de force nerveuse suffisant pour tenir comme éveillés les organes, les parties de l’encéphale dont l'esprit a besoin pour faire exécuter sa conception. » (L. F. Alfred Màury, le Sommeil et les Rêves.)
L’auteur, sous le joug de ses idées propres et de leurs corrélations, étudie, en toute conscience el depuis longtemps, ses divers états d’intelligence dans les rêves faciles et fréquents auxquels il est sujet. Les conclusions de son livre écrit avec une parfaite sincérité, je n'en doute pas, arrivent tout opposément à celle des magnétistes. Il nie la lucidité somnam-bulique, la transmission de pensée, etc.
• J'ai assisté à bien des expériences de magnétisme; j’ai interrogé bien
(*) La philosophie contemporaine, on doit le remarquer, est bien loin de celle qui promulgua le principe de l'existence de 1'Ame.
minces(1) ? Eh bien ! pourquoi cc qui se passe au sommeil magnétique ne s'effectuerait-il pas également par la volonté de l’Esprit, dans le sommeil naturel? Au réveil, dans un cas comme dans l'autre, le souvenir s'en efface.
Outre la volonté préconisée, instaurée et généralement admise, il nous faut donc communément , dans une foule d'occasions , compter avec des sous-œuvres inhérentes à notre caractère, à nos coutumes, à nos idées reçues, qui, sans que nous en observions incessamment les effets, viennent, de la sape et de la mine, détourner, amalgamer, contrecarrer l’action ouvertement dirigée. Pour peu que celle-ci faiblisse, le conciliabule des émeutières
(Dictionnaire des sciences philosophiques.)
« Dans son développement spirituel, se déployant à de certaines conditions, avec certains caractères, sur cette scène intérieure où la conscience l’atteste, le problème de la liberté morale est des plus compliqués.
« L’homme n'agit
des observateurs éclairés et de bonne foi ; je n’ai recueilli aucun fait de nature à démontrer la possibilité de cette communication sans l’intermédiaire de la parole ou du geste. »
Pour M. Maury, Mesmer n’est qu’un empirique, ses continuateurs ne sont que des producteurs d’hallucinations. Chardel, Deleuze, de pauvres gens « crédules. »
Récriez-vous tant qu’il vous plaira, messieurs les grands maitrbs (*) du mesmérisme ! On ne vous traite pas mieux que vous ne traitez « la bonhomie des spiritualistcs. »
(1) « Il est des somnambules qui, lorsqu’ils ont atteint un certain degré de lucidité, ne doutent plus de rien, et ont des prétentions par trop exorbitantes. Je me défie beaucoup de tels sujets. S’il arrive que leur magnétiseur manque d’expérience ou de savoir, ce n’est bientôt plus celui-ci qui gouverne ; il est, au contraire, promptement soumis aux caprices et à la vanité du somnambule qui, dans son orgueil, se croit égal à la divinité.
« Qu’il prenne bien garde, l’expérimentateur imprudent qui s’abandonne au gré du somnambule : sa joie et ses succès ne seront pas de longue durée ! » J.-J.-A. Ricard. (Cours théorique et pratique de magnétisme animal, Toulouse, 1839.)
(•) Je n'invente pas le mol. Un magnétiste diatingué qualifiait de la aorte, tout récem. ment, lui-même et l’un de ses collègues, dans un entretien où l’acceptation des phénomènes du apiritualisme n’était attribuée qu’à l’igwohakci. Ainsi, pou* la plupart, noua noua jugeons tous les uns et las autres, quand, et qui n'est pat rare, noua ne pouvons établir entre noua une parfaite communion d'idées. Ne serait-il pas temps de songer que nos dissentiments peuvent bien dépendre de nos différences d'organisation et surtout de préparation (éducation, instruction, etc.) ?
s’empare du gouvernement. Un grand pouvoir sur soi-même, une habitude exceptionnelle d'attention et de contention d'esprit, parviennent à peine à nous donner, à nous maintenir une certaine dose de prépondérance de ce libre arbitre. Toujours le courant des idées est là, prêt à nous maîtriser : « Trahit sua quemque voluptas, » chacun cède à sa passion.
« Toute passion opère (1). » Hebmês.
« L'homme fait toutes choses qu'il a voulues, (la résultante est en proportion de la volonté normale, ou des victoires de la rébellion). »
(Psaumes.)
« Il est de principe absolu, en phrénologie, que tout organe très-développé est doué d'une puissance et d'une activité relatives supérieures à celles des organes moins forts : par conséquent cet organe devient le dominateur, et toutes les actions de l'homme ainsi organisé se ressentent de l'influence de la faculté prépondérante.» Hte Bruyères (La Phrénoloqie, etc.).
« L’ignorance et le découragement sont nos premiers ennemis.
« Toute chose intelligible (2) est une es-
pas avec une indépendance absolue. Scs déterminations s'appuient sur des motifs. Quels sont ces motifs ? Sont-ils de même nature et de même origine , ou d’origine et de natures différentes î Quelle est la limite précise de leur action ? Quel est le mode, le comment de
leur influence ?.....
Comment la part d’indépendance qui revient à l’homme s’accorde-t-elle avec l'économie générale de monde , avec celte espèce de géométrie inflexible qui semble présider à
(1) « Opérer, c’est agir ; agir, c’est mouvoir ; or l’invididu meut quand il pense (*); il ne pense qu’en mouvant. » (Maine de Iîiran.) Si la pensée est d’avance contraire, que devient la volonté ?
(2) Celles qui ne sont sensibles qu’à l’entendement. Elles ont une trame réelle, mais d’une telle ténuité qu’elle n'affecte que la sensibilité propre et spéciale des organes cérébraux. Plus la texture de ces organes est délicate, plus l’impressionnabilité s’y montre active, et l’impression durable. D'où, chez l’enfance, l’aplitude à l’éducation, et plus de permanence dans la mémoire.
De là dérive aussi cette quadruple opératiou de l'hypnotisme :
1° Surexcilation cérébrale chez l'hypnolisé ;
(*) Maine de Biran, qui se serl de celle formule dans l’analyse d’un des actes de la pensée (le souvenir), a dit : L’individu meut quand il « nappelle » une chose en son in lelligence.
sence cl toute essence csl un être. Hermès. »
« La volonté est la première des puissances. » Van Helmont.
« L'homme est en contact avec l’univers, tant sont grandes et puissantes les influences auxquelles il est soumis. Par ces influences, il csl hors des conditions gui le retiennent à la terre.
« Les penchants moraux, les passions physiques, toute la série des fonctions de la vie de relation, normales ou dépravées, considérées dans l’état ordinaire, s'expliquent d’une manière plus satisfaisante et plus vraie, par les aptitudes cérébrales que par toute autre doctrine. » Le docteur Gama , ancien Chirurgien en chef d'armée, ex Premier Professeur du Val-dc-Grâce.
La conclusion , c’est que le réseau fonctionnel qu’embrasse l’action volontaire, s'il n’est pas exclusivement aux ordres d'un joug énergique et bien conduit, peut servir presque simultanément de théâtre à bien des contrastes. On voit quel ferme empire et quel sévère exercice réclame, pour être complètement efficace, l’intégrité vraie de LA volonté.
« Rien n’est plus élastique que la volonté.
« La volonté est plus nécessaire pour diriger l’action que pour la produire.
« Qui ne cherche pas à concentrer son
lousles mouvements de l’univers !...
« La philosophie a beaucoup fait pour éclaircir les redoutables obscurités de ce problème... Le moyen, c’est l’analyse psychologique..
« Un acte produit un autre acte, un mouvement produit un autre mouvement, comme un flot pousserait un autre flot dans un océan sans rivage. Les modifications de l’âme sont d'une extrême complexité...
« Pour atteindre à la forme régulière et normale, en son état sublime, ou du moins pour en procher à quelque degré, il faut que l'élément de la réflexion disparaisse
2° Transmission chez lui des choses intelligibles (‘) par la pensée et la parole de l'expérimentateur ;
3° Preuve évidente de la domination des forces intellectuelles sur le reste des force de l’organisme ;
4° Comme corollaire philosophique : démonstration de la nécessité, pour le bonheur des peuples, d’agrandir et de fortifier le moral de leur puissance d'entendement.
(*) Le docteur Philips n'admet p«tla réelle objectivité subjective des effets qu’il produit: Cependant, il leur faut bien une cause, et celle-ci n' rien d'illogique.
attention ne sait pas quel torl ¡1 fait à toutes les autres facultés qu'il peut posséder.
« La volonté cl l'attention sont paralysées, s'il n'y a pas de ccnfiance.
« La confiance, au contraire, donne de l'énergie à la volonté. Avec elle, l’attention est sûre de ne pas être inutile.
« La patience est la véritable base. »
Aubin Gautuier.
Chardel assure que, durant le sommeil, la volonté se retire dans l'àme, à son point d'attache encéphalique, entre le cervelet et le cerveau ; point par lequel nous viennent ordi-dinairement aussi les communications spirituelles (1).
et avec lui toute lutte, tout effort, toute délibération.
« C'est l'habitude qui accomplit cette épuration merveilleuse... Si l'àme est forte, si elle est patiente, il arrive un temps où la lutte devient moins vive et la victoire moins laborieuse; il semble que les ressorts rebelles d'une activité
(1) Bacon dit aussi que, près de l’instant de la mort :
« Anima in se reducta atque collecta, nec in corporis organa diffusa, habet ex vi propriâ essentiæ suit! aliquarn prænotionem rerum futurarum. »
« L’àme retiré* et repliée sur elle-même, et n’élaut plus départie aux organes du corps, possède, par sa propre essence puissantielle, quelque préootioD des choses futures. »
L'ancienne philosophie préconise cette opinion :
« Plût il Dieu, mon fils, que tu sols sorti de tol-méme, comme ceux qui rêvent dans le sommeil, toutefois étant toi-mème éveillé ('). n (Le Pimandre,-chap. 13.)
L’esprit, plus dégagé d’entraves, possède-t-il ainsi plus de puissance de perception?
« Un ministre protestant s'était rendu à Edimbourg, d'un endroit peu éloigné. 11 dormait dans une auberge lorsqu'il vit en songe sa maison brûler, ell'undeses enfants au milieu des flammes. Il s'éveille aussitôt, quitte à l’instant la ville pour retourner chez lui. Lorsqu’il fut en vue de sa maison, il la trouva en feu, et s’élança à temps pour sauver un de ses enfants, qui avait été abandonné au milieu de l'alarme et de la confusion d’un pareil événement... » Abercombeck. (Inquiries concernivg the intellectuel power and the investigation nf truth.)
Selon un écrivain moderne, « la njensambulance (la lucidité somnam-
(•) CVal l'état de somnambulisme où l’étre interne (l'espril}. en grande partie soustrait de »e« communications corporelles, ne laisse au rjtlnne de leurs fondions qu’un modo titérieur inégal et généralement três-amoindri. (l'est pour cela |U: bien dis somn;uu])u-jc» ne parlant de leur individualité du corps qu’à la troicièiue personne.
« C'est de là, et profondément, que pari l’action îles pensées pour venir s’exécuter dans les lobes antérieurs et derrière l’os frontal, par des mouvements qui les parcourent transversalement. Un somnambule magnétique lucide peut aisément les voir. Il ne s'en suit pas qu'il y lise les pensées ; mais il y juge très-bien de la nature des sentiments qui les font naître. » Chardei.. Esquisse do la Nature humaine expliquée par le magnétisme animal (p. 174, l’aris 1826).
L'éminent et consciencieux magnétiste consignait ces observations de longues études som-nambuliqucs, dans le même temps que M. Flou-rens (1), vérifiant les travaux de le Gallois et de Lorry, dotail la science physiologique de la détermination précise du siège, dans la moelle
imparfaite soient assouplis par une application obstinée. » Em.Saisset, professeur Agrégé de philosophie à la Faculté des lettres de Paris, maître de conférences à l'Ecolenormalc supérieure.
«JPour l’homme, toul est sensation, et donne un mouvement plus ou moins précipité à ses divers fluides, et influe d'une manière plus
bulique) est une sorte de séparation de l'àme d'avec le corps. # Hanapier. [Tératoscopie du fluide vital, etc.)
Cet état survient, parfois, au moment où l'on y pense le moins.
« Le jour de la mort de saint Martin, àTours (en 400), saint Ambroiae en fut averti dans l'église de Milan, au moment où il célébrait la messe. C’était d'usage que le lecteur vint se présenter au célébrant avec le livre, et ne lût la leçon que lorsqu'il en avait reçu l'ordre du célébrant. Or, il arriva que le dimanche dont il s'agit, pendant que celui qui devait lire l’épitre de saint Paul était debout devant l'autel, saint Ambroise, qui était à célébrer la messe, s'endormit lui-même sur l'autel.
* Deux ou trois heures se passèrent sans qu'on osât le réveiller. Enfin, on l’avertit du long temps que le peuple attendait: Nesoyezpas troublés, répondit-il, ça été pour moi un grand bonheur de m’endormir, puisque Dieu a voulu me montrer un si grand miracle; car sachez quel'évêque Martin, mon frère, vient de mourir. J'ai assisté à ses funérailles, et, après le service ordinaire, il ne restait plus à dire que le capitule lorsque vous m'avez réveillé.
« Les assistants furent dans une grande surprise. On nota le jour et l'heure, et il fut reconnu que l'instant du trépas du bienheureux confesseur avait été précisément celui où l'évèque Ambroise disait avoir assisté à ses funérailles. » Grégoire de Tours. (De Miraculis sanc/i Martini. Cité par le Dr Macario. (Du Sommeil, des Rêves, etc.)
(I) Recherches expérimentales sur les propriétés et letfonctiom du système nerveux.
allongée, de l'organe premier molcur du mécanisme respiratoire, el point vital ou central du système nerveux.
Ce rapprochement, digne de remarque, fait honneur à la psychologie du magnétisme (1),
ou moins sensible, et toujours involontairement, sur sou organisation spirituelle et vitale. » A.
(1 ) Il peut aussi donner un intérêt curieux « celte assertion de Cardan (*) :
u Quoties voto, extra sensum quasi in extasim transeo... Senlio. dhm eam ineo, ac (ut veriùs dicam) facio.juxtà cor quamdam separa-tionem, quasi anima abscederct, totique corpori heee res communia -retur quasi ostio/um quoddam aperiretur. Et inilium hujus est à cu-pite, maximè cerebello, diffunditur per totam dorsi spinam. v! magnû, continetur ; hocque sotùm sentio quod sum extra me ipsum .-mngnâque quàdam vi paululùm me conlineo. (De Varielate rerum, 1547.)
a Quand je le veux, je me délivre de mes sensations corporelles, comme dans l’extase.... Lorsque j’y vais, ou (pour mieux dire), lorsque je me mets en cette situation extatique, je sens qu'il s’opère en moi quelque séparation près du cœur (**), comme si l’àme se retirait, et que ce retrait inanimdt tout le corps, au moyen d’une espèce de petite issue. Elle commence de la tète, principalement du cervelet, gagne toute l'épine dorsale, et persiste par une grande contention. Alors, je ne sens plus rien, sinon que je suis hors de moi-même. Je me maintiens ainsi peu d’instants, par l’effort considérable d’une certaine puissance. » (De la Différence des choses.) Ce passage tendrait à corroborer les idées deChardel.
Ne voilà-t-il pas le dévoilement de ce mystère où tant de personnes, au rapport de l'histoire, ont eu la rare faculté de se soustraire aux supplices de la torture?
Saint Augustin affirme qu’il existait de son temps un prêtre nommé Restituí qui, chaque fois qu’il le voulait, se séparait tellement de ses sens matériels qu’il pouvait, en cet état, passer pour mort. 11 demeurait ainsi tout à fait insensible. On le piquait, on le brûlait sans qu’il parut
(•) Jérôme Cardan, savant médecin do xvi* siècle, naquit i Pavie en 1501, et mourut k Rom« en 1576.
En Kcoase, en Angleterre, en France, il fit des cures merveilleuses.
Possédant det eonnniuancei peu communes, est-il surprenant qu’on l’ait taxé de folie?
Il avait prédit qu'il mourrait à 75 ans. D'où lea historiens, avec leur assurance infaillible, ne doutent guère qu'il se soit laissé mourir de faim, pour justifier la prédiction.
(**) Aux plexus cardiaque et solaire, qui, d’après Chardel, seraient des points d'attache da rima, et qu’elle abandonne d’abord, lorsque, dans le travail de l’agonie, elle se prépare & quitter définitivement la dépouille mortelle. On a constaté la sensibilité du centre phréniqne.On le verra subséquemment.
Je suis heureux d'en offrir l'hommage à la mémoire vénérable du studieux magistrat à qui son expérience, bien compétente, avait dicté ces lignes, fort bonnes à nous rappeler fréquemment :
« L’usage accroît l'empire que nous exerçons sur nous-mêmes ; mais ce n’est qu’à l’aide d’un travail long et pfcMBLE qu’on finit par mailriicr la réaction des plexus sur le moral.
« Il est remarquable ql'on se uate presque toujours DE POSER DES PRINCIPES SUr CE Qu’ON connaît le moins ; cela retarde la marche de
L. J, D‘" (Discours sur les principes généraux, etc.)'
Avec, tant d'éléments et d’activités dissimilaircs dans le plus ou moins de désharmonies de la volonté des magné-tistes, ont-ils à s'étonner de la dissemblance de leurs œu-
éprouver la moindre douleur ; ce n’était qu'en revenant à lui qu'il s’apercevait de la blessure et en ressentait le mal. [Cité (le Dieu, liv. xiv,
ch. 24.)
La pratique des brahmes, à cet effet, est notoire.
« Ils s'y poussent si avant qu'ils passent les heures entières en extase, les sens externes sans aucune fonction. » (Bernier, Cérémonies et coutumes religieuses.)
Que l'on n’oublie pas non plus le fait de cet Indien dont l'industrie consistait à se faire enterrer vivant pendant plusieurs mois.
N’est-ce pas aussi le cas des animaux hivernants?
Mais l'àme humaine a-t-elle vraiment alors la possibilité de se transporter au loin ? Plusieurs l'assurent, et les faits paraissent appuyer leur affirmation. Ce soi-disant transport n'est probablement qu'un plus puissant degré d'expansibilité.
Armand Carrel, avant de mourir, eut une extase ; il fit « une description exacte de Madrid, où jamais il n’était allé. » (Louis Blanc, Histoire de Dix ans, t. Y, ch. 3.)
Notre pauvre physiologie n'est encore que dans les langes. On y qualifie d’extravagance les phénomènes que nous ne savons pas comprendre. .Un jour, je le crois, on ne définira plus ce que l’on désigne sous le nom d'hallucination « la perception d'élres ou de faits qui n'existent nulle part (*). » (Dr Alph. Teste, le Magnétisme animal expliqué.) Je ne désespère pas de voir ce magnétiste changer de langage, comme il a changé d’opinion en médecine. Il niait la vérité de l’bomœopalhie : il est maintenant medecin homœopathe et Vice-président de la Société gallicane de médecine homœopathique. Très-bien I c’est avancer else libérer des misères de l'amour-propre.
(*) Par quel »¡nguüer illogi'rn« un phyiiolognlü »’»lise-t-il d'ndmotlre que l'on pnis»e rrncBVOiR..- te n'rxùtr mille part?
la science en la faisant précéder de préjugés qu'il faul détruire ensuite.
Un de nos plus célèbres magnétistes n'accepte la volonté que sous le titre d'accessoire. Dans les œuvres de cet éminent praticien cependant, ce qui frappe surtout le lecteur, c'est l'action d'une très-puissante volonté pour tout le ressort de sa croyance.
a La volonté, je pense, est la concentration des idées sur une seule ; elle agit sur les principaux centres nerveux du magnétiseur, sur le cerveau surtout, et provoque l'émission du fluide vital.
a Plus cette volonté est exprimée avec fermeté , plus l'émission se fait abondante et intense.
« Cette volonté se manifeste, quand même son influence semble échapper à noire pensée.
« Le magnétiseur, en commençant, se concentrera en lui-méme , et réunira toute sa volonté sur une seule idée, celle d’agir sur le sujet.
a Depuis le commencement de l'opération jusqu’à la fin, le magnétiseur ne s’occupera que de ce qu'il veut produire, afin que, par la concentration de sa volonté, il provoque la sécrétion et l'émission du fluide.
« Sommeil à distance.
« Se concentrer fortement, afin que l’émission du fluide se fasse avec violence.
« Paralysie des sens.
« Charger fortement le sens que vous vou-
vrcs? Bien loin pour cela, de sn diviser; bien loin de s'ériger en écoles hostiles, ne doivent-ils plutôt se rapprocher, se grouper par catégories sympathiques? L'océan de merveilles qui, dans toutes scs directions et dans toutes ses profondeurs , répond à tous nos appels, au diapason de notre dévouement et de nos convictions, ne démontre-t-il pas à notre orgueil, à nos amours-propres, k nos vanités, combien la paix et la concorde entre les variétés de nos travaux seraient éminemment profitables au progrès humanitaire de nos études?
11 nous dit aussi combien pour la volonté pure dans le magnétisme, il faut abstraire et libérer sa pensée, afin de la mettre pleinement et la contenir dans l’exclusive énergie indispensable
El pourtant, parmi nous tous, est-il
lez paralyser. » Ci». Lafontainb. (L'art île Magnétiser.)
« La volonté peut, dans certains cas, produire à distance une action mécanique sur les corps étrangers, sans aucune intervention des membres (1). » Le docteur A. J. P. Philips.
vraiment un homme qui sache, mémo avec une longue expérience déjà, faire ce que dit le poêle : « involvcre sc vir-
(I) Pour l'entière élucidation de ce petit dictionnaire préparatoire, il nous reste à nous entretenir de l'expression qui nous a servi de pivot dans nos éclaircissements, et que, nommément, nous n'avons pas définie. Occupons-nous en donc avant de revenir aux objections de M. d’Arhaud.
Qu'est-cc que la substance?
La SmsTANCE, substantia, substratum (de aubstare, subtendi, se tenir dessous, être placé dessous; ri inoxet/isv$v, le dessous; vivj npSnr,, la base première; -i oùdu., l’essence), est l'ètre en soi, dans sa principia-tion, dans sa constitution essentielle : en un mot, c’est Vesprit, c'est la force dans son individuelle et première manifestation, tant dans la vie d’ensemble planétaire (le dieu relatif de notre monde, le soleil spirituel des lucides, la lumière astrale des mages) que dans la vie particulière de chaque sujet (le principe modal, le corps glorieux de toute personne et de toute chose). C’est ce que les anciens nommaient la vertu, la puissance, {'initial, l'immortel, le tout.
« La vie spiritualisée est une lumière dont notre volonté dispose.
« La lumière est une substance.
« Le mouvement est son essence. » Ciiardel.
« L'homme véritable est né de la lumière.
« La vie est la lumière et la lumière e^t un dieu; c’est le père dont l'homme est né. Si tu comprends que tu es vie et lumière et qu’elles te constituent, un jour tu rentreras de nouveau dans la vie.
« Le père de toutes choses a constitué de vie et de lumière les principes.
a II faut que le même rentre dans le même.
« Que les hommes sensés apprennent à connaître ce qu'ils sont, car tous les hommes n'en ont pas le jugement. » Hermès.
La substance est donc l’esprit subtil, Ia type quintessentiel lumineux de chaque chose et de chaque iNDivrou. V esprit universel, l'éther de la planète, comprend toutes les substances dans son unité. Voilà comment et pourquoi la thérapeutique du magnétisme y peut puiser tout ce qu'elle veut mettre en action. Tel est le principe, tel est le mécanisme de la Médecine so/airid Orphée. Telle est aussi la démonstration delà réalité du dynamisme infinitésimal de l'homœopathie.
L'esprit, bien que non matériel, n'en est pas moins quelque chose.
* L'opinion des anciens, sur \e premier principe rte toute* choses, est
(Electro-dynamisme vital, ou les relations physiologiques de l'Esprit et de la matière, Paris, 1855.)
Iule, » s’envelopper loul entier de sa puissance !
confirmée par les observations et les expériences des modernes, et, après beaucoup de tâtonnements, de contradictions et d'erreurs, on est obligé de revenir à cet esprit qui. émane du grand litre, qui agile le inonde, et se manifeste par la lumière et la chaleur comme une sorte de flux des corps. C’est donc avec raison que les Égyptiens ont considéré la lumière et la chaleur comme effets d'une même cause immatérielle agissant sur la matière, et l’esprit chaud qui, suivant Hippocratc, sort du corps au moment où un esprit froid s’y insinue, indique parfaitement 1 acte de la combustion tel qu’il estcompris de nos jours, c'est-à-dire soustraction du corps brûlé, substitution du corps brûlant...
« La synthèse des observations recueillies dans la succession des siècles, ainsi que des expériences accumulées jusqu'à ce jour, nous enseignent que tous les phénomènes de la nature sont déterminés par 1 action d’une seule et même force motrice.... qu’il convient de désigner par la dénomination plus étendue, plus générale de feu, comprenant, tout à la fois, le feu dans son état de pureté élémentaire et dans scs diverses combinaisons avec les corps, d'où résultent toutes ses propriétés.
« Il est évident qu’il est impalpable, impoivlérable, inaltérable, qualités qui ne peuvent s'appliquer à la matière ; c'est donc un fluide d'une nature toute spéciale, indéfinissable, et dont on ne peut apprécier que les propriétés.
a Buffon dit que les puissances de la nature peuvent se réduire à deux lorces primitives : celle qui cause la pesanteur, celle qui produit la chaleur. L'attraction serait l’origine de la première, l'expansion l'origine de la seconde.
« Quant au feu électrique, il est bien entendu que ce n'est point un feu particulier, mais seulementune manièred’ètred'unseulet même principe, d’un feu élémentaire, unique. Au surplus, aucun expérimentateur n’a pu s’emparer du fluide électrique pas plus que du calorique pour les examiner et les analyser, et cependant on ne fait pas difficulté de les admettre dans le catalogue scientifique ; je ne vois donc pas pourquoi on n’admettrait pas pareillement le terme feu comme générique de tous les phénomènes qui se manifestent d'une manière identique ou analogue, au lieu de définir le feu un élément chaud (*), ce qui n’est pas exact. Du reste, de l’ensemble des faits recueillis, il résulte: t» que l'élément reconnu indispensable pour entretenir la vie organique, et que la chimie nomme oxygène, est dans l’air, dans l'eau, dans tous les corps auxquels il donne
(*) Diclltmntlirt !r f*Arnr/imi/.
Et cc n'est point dans un intervalle de courte durée qu'il faut agir ainsi ; c'est avec constance, patience et persévérance.
de la consistance; 2° qu’on ne peut le saisir que sous forme gazeuse 3" que tous les fluides, liquides, eau, vapeur, gaz, métaux fondus, sont des bulles, des globules, des vésicules (*) plus ou moins écartées par le feu, qui en occupe le centre; 4° qu'ils élève sans cesse de la terre toutes sortes de vapeurs légères ou pesantes, d’où naît me multitude de gaz, les uns plus ou moins stables, les autres plus ou moins volatils. Ceux-ci se dissolvant, se décomposant facilement; ceux-là se maintenant plus longtemps dans un même état, et pouvant néanmoins former des combinaisons multiples, pour se réduire enfin à leur plus simple expression; 5° que ces vapeurs étant des matières divisées, vaporisées, gazé-flées par le feu, celui-ci est conséqueir.ment dans l’air pur, l’air vital ou l'oxygène, même chose sous des noms différents.
« L'oxygène est une base siliceuse contenant du feu, ce que l'on exprime en disant qu’il est résomplif du calorique. Quant aux autres gaz, ce ne sont, pour la plupart, que des modifications les uns des autres.... Quant à l'atmosphère de la terre, il est rationnel de penser qu’au lieu d’être un composé de deux éléments, ainsi qu’on le prétend, elle n’en a pas même un qui lui soitpropre, et qu’elle se charge constamment des effluves qui s'exhalent plus ou moins abondamment de cette terre, selon les lieux, la température et les mouvements qui l'agitent... Dana les hautes régions, le défaut de matière combustible fait cesser la chaleur, la lumière, la sonorité et l’élasticité de l'air, qui est devenu purement électrique.
« Fluide par excellence, le feu est le principe du mouvement, de la chaleur, de la lumière, des odeurs, des saveurs, des couleurs, en un mot de toutes les modifications, de toutes les transformations.... Souvent, quoique invisible, il se meut avec une vitesse plus grande que lorsqu’il
(*) Tout radical (le l'être, comme tout monde, • eil une t/te. ■ Lei voyant» distinguent dans Pair une immensité de globale» de toute» nuance», depuia le» plu» lomineuae» jusqu'au fin» uoirei. Dr C. il« M.
Swedenborg le» reconnaissait pour lea e*prit» de la planète fioul* planète, ajoutait* il, ett entourée ainsi de ses esprit».
La science officielle nous dirait que ce aont de» « fore et, • Nous le roulons bien. Mai* non» loi demanderions : qu'est-ce qne ces « forcttl • I.a science ne aérait plus capable de répondre d’une manièra satisfaisant«.
« line volonté éphémère, quelque énergique quelle soit, a rarement des
s’épanouit en clialeur, en lumière, et l’cnergie de son action s'accroît par la résistance des obstacles qu'il doit vaincre pour s'épancher, et qu’il surmonte tous; car rien ne lui résiste et il résiste à tout....
«Donc le feu générateur est un principe de vie universel et primordial. (J. A. Delà ire. Essai sur le principe de vie universelle ou Théorie du Feu, Paris, 1837.)
Vous le voyez, nous voici de rechef en face de la syhthèse religieuse de la haute science de l’antiquité, savoir ; LE FEU (l'esprit) principe gé-néraleur, trônant au soumet du triangle cosmogonique ; puis, dans la mouvementation universelle et particulière des divers degrés de la vie, Tout procédant du feu primordial; Tout opérant par la vertu de ce feu tubsianiiel; Tout existant au sein de la force ignée; bien entendu dans la différence relative des modifications et conditions plus ou moins désharmoniques des contingences de la Nature; tandis que tous les prototypes sont relativement parfaits dans l'ordre divin ou le règne de la Création, la maison du Père. » (Voir le Journal du Magnétisme, t. XVII, p. 291.)
La typographie ayant fautivement présenté la première image de ce symbolisme, il peut être utile de le reproduire, et, — pour l’intelligence de beaucoup de lecteurs, — de le compléter par le cercle alternatif de la chaîne active-incessante des communications et de la perpétuité de la cosmogonie.
MONDE SPIRITUEL.
Fig. .
Flg. Î.
résultats satisfaisants. » Chahdkl.
« Tu trembles, carcasse, » disait Turcnnc aux réactions de son corps en assistant à sa première bataille; « si tu savais où je dois te conduire en ce jour, tu tremblerais bien davantage. »
i La volonté fortifiait
le héros, malgré les défaillances matérielles.
l’our Maine de Bibak, la volonté (le moi qui la manifeste), n’existe plus ou du moins a suspendu l'exercice de son empire dans cet état de la vie que nousappclons le sommeil. Mais le philosophe spiritualistc ne parle ici, bien entendu , que de la
lit ce cercle de mouvements perpétuels (fig. 2), de la sphère fluide à la sphère de condensation, et de celle-ci vers la sommité de l'autre (l'Es-prit), multipliez-en les activités indicibles parle nombre infini des atomes les plus élémentaires aux êtres les plus composites; et vous vous rendrez compte rationnellement de toutes les existences des univers entre eux et chez eux, et d'eux tous à l’Absolu.
Que l'on doive ou non, tôt ou tard, rejeter le plan de cette doctrine, logique, simple et majestueuse à la fois, elle n'en reste pas moins encore jusqu'ici, comme je l’écrivais dans ce journal en 1858, « le plus hautcon-cept des théories accessibles à notre entendement. »
suspension «le l’acli-tivité du principe moteur (l'esprit)sur l’inertie relative du corps, et non île l’absence d’activile propre de ce principe en sa force ellc-meme.
« L’âme ne cesse pas d’agir par le fait du sommeil. Et comment en serait-il autrement ? Comment concevoir qu’un principe immatériel, essentiellement actif, puisse demeurer inerte, et obéir aux lois qui régissent la matière? Non, le principe immortel qui veille eu nous ne saurait s’éclipser, et mC*me pendant le sommeil le plus profond, notre esprit est sans cesse en mouvement. » Le docteur M. Macario, Du Sommeil, des Rêves et du Somnambulisme, elc. 1857.)
« L’âme ne veut pas, n'aime pas, ne sent pas de môme dans le sommeil que dans la veille; mais
s'il y a des différences incontestables entre les modes d'exercice des facultés, il n'y a pas opposition radicale. Rêver et penser sont les deux faces d'une me-nievie, les deux manières d’étre d'une même essence... La pensée est le produit ordinaire de l'action de l'àme sur la sen-bilité externe ; le réve est le produit de la même action sur la sensibilité interne. * A.Pezzahi. (Lettres à il. Lelut, sur le sommeil, le s omnambulisme, etc., Lyon 1855.) d).
il) L’abbé Faria, le docteur Bertrand, négateurs de l’existence du fluide, l’étaient également de l’action externe de la voloulé. Le magnétisme, assu-raieut-ils, n’est qu'une chimère. Un somnambule ne se somnambulise que parce que, de son propre et volontaire fait de concentration il se met en somnambulisme.
La secte des swedeiiborgiens, à -Stockholm, ne reconnaissait que l’intervention des pures intelligences. Bien des spiritualistes de notre époque se rangent à celle opinion.
Un honorable magnétisle, dont les idées se formulent avec netteté j M. Warlumont, qui n’impute le rôle des esprits qu’à l’absurdité de la so-lise humaine, pose très-judicieusement l’action causale de la volonté, qu1 se traduit, selon lui, non par une émission fluidique, mais par des vibrations de l’éiher occupant l’universalité des corps.
Enfin M. d’Arbaud enlève à la volonté tout caractère d’initiative.
Un le voit, la genl magnétique n’est pas plus d’accord que celle d’Escu-
Reprenons maintenant le texte de M. d’Arbaud.
Il me reproche « d'attribuer au spiritualisme, au résultat d’une opération psychique, des phénomènes magnétiques :
lape, et, sous ce rapport comme sous bien d’aulres, elles n’ont rien a se reprocher mutuellement.
Il se développe quelquefois dans les rêves, poursuit M. Macario, quelque chose de fort étrange et de fort étonnant. « Je veux parler d’un phénomène sympathique très-exquis et très-délicat, à l’aide duquel un ami peut voir, tout éveillé, ce que son ami a rêvé, lorsqu'il y a entre eux des rapports intellectuels intimes.
« Un homme instruit qui s’occupait beaucoup de la lecture de Platon, dit saint Augustin, assurait qu’une nuit, dans sa chambre, et avant de se livrer au sommeil, il avait vu venir il lui un philosophe qu’il connaissait intimement, et qui développa des propositions platoniques, chose qu’il avait jusqu’alors refusé de faire,
« Le lendemain ayant demandé à ce philosophe comment il se faisait qu’il lui expliquât dans une maison étrangère ce qu’il avait refusé de faire dans la sienne propre. — Je n’ai rien fait, repondit ce philosophe, mais j’ai rêvé que je l’avais fait.
« Ainsi, ajoute saint Augustin, l’un voit et entend, au moyen d’une image fantastique, étant parfaitement éveillé, ce que l’autre a vu en songe. » {Cité de Dieu.)
« Le fait suivant offre beaucoup d’analogie avec celui rapporté par saint Augustio, seulement le phénomène eut lieu cette fois dans l’état de veille.
« Un terrain était à vendre judiciairement dans une commune des environs de Paris. Personne n’y mettait l’enchère, quoique la mise à prix fût excessivement minime, parce que ce terrain était saisi au père G..., qui passe parmi les paysans pour un sorcier dangereux. Après une longue hésitation. un cultivateur nommé L..., séduit par le bon marché, se risqua et devint acquéreur du champ.
« Le lendemain matin, notre homme, la bêche sur l’épaule, se rendait en chantant à sa nouvelle propriété, quand un objet sinistre frappa ses regards. C’était une croix à laquelle était attaché un papier contenant ces mots : • Si lu mets la bêche dans ce champ, un fantôme viendra le tourmenter la nuit. > Le cultivateur renversa la croix et se mit à travailler la terre, mais il n’avait pas grand courage ; il pensait, malgré lui, an fantôme qui lui était annoncé. Il quitta l’ouvrage de bonne heure, rentra chez lui et se mit au lit; mais ses nerfs étaient surexcités ; il ne put dormir. A mi-nuit, il vit une longue figure blanche se promener dans sa chambre et s'approcher de lui en murmurant : « Kendez-moi mon champ. »
«L’apparition se renouvela les nuits suivantes. Le cultivateur fut saisi par la fièvre. Au médecin qui l’interrogea sur la cause de sa maladie, il
La mise, en rapport à distance et la transmission de pensée. »
Est-ce que l’on n’a pas toujours tenu jusqu’ici les actes de la pensée pour des opérations psychiques? L’examen auquel nous venons de nous livrer, a clairement déduit, je crois, au point de vue de la science antique, le mode et la nature de
raconta la vision dont il était obsédé, et déclara que le père G... lui avait jelé un sort. Le médecin fit venir cet homme, et, en présence du maire de la commune, il l’interrogea. Le sorcier avoua que, chaque nuit, h minuit, il se promenait chez lui, revêtu d’un drap blanc, afin de faire endêver l’acquéreur de son champ. Sur les menaces qui lui furent faites de le mettre en état d’arrestation s’il continuait ses pratiques nocturnes, il se tint tranquille. Les apparitions cessèrent et le cultivateur recouvra la santé.
« Ce fait n’est pas sans précédents et s’appuie sur une autorité irrécusable, celle du célèbre docteur Récamier.
« Il y a quelques années, M. Récamier venait de Bordeaux et traversait en chaise de poste un village ; une des roues de la voiture vint à se briser; on courut chez le charron, dont la demeure était près de là. Mais cet homme était malade au lit, et l’on fut obligé d’aller chercher un de ses confrères qui demeurait dans le village voisin. En attendant que l’accident fût réparé, M. Récamier entra chez le paysan malade et lui adressa des questions sur l'origine de son mal. Le charron répondit que sa maladie provenait du manque de sommeil, et il ajouta qu’il ne pouvait dormir, parce qu’un chaudronnier qui demeurait à l’autre bout du village, et à qui il avait refusé de donner sa fille en mariage, l'en empêchait en frappant toute la nuit sur un de ses chaudrons.
« Le docteur alla trouver le chaudronnier, et, sans préambule, il lui dit :
« — Pourquoi frappes-tu toute la nuit sur ton chaudron?
« — l’ardiennel répondit-il, c’est pour empêcher Nicolas de dormir.
« — Comment Nicolas peut-il t’entendre, puisqu’il demeure à une demi-lieue d’ici?
« — Oh l oh ! reprit le paysan en souriant d’un air malin, je savons ben
qu’il entend.
« M Récamier enjoignit au chaudronnier de cesser son tapage, en le menaçant de le faire poursuivre si le malade venait à mourir. La nuit suivante, le charron dormit paisiblement. Quelques jours après il reprit ses occupalions.
a Dans les considérations dont il accompagne le récit de ce fait, M. Récamier l’attribue au pouvoir de la volonté, dont on ne connaît pas encore toute l’énergi». » (Le docteur M. Macahio, du Sommeil, etc.)
ces actes : si je ne me trompe, jamais leur caractère de psychisme n’aurait paru plus évidemment démontré.
Mais, écrit M. d’Arbaud, ils sont: «purement physiologiques. » , • i
_Vous ai-je avancé le contraire ? Est-ce que la physio.o-
gie (la philosophie naturelle), n’embrasse pas les études psychiques?
— La psychologie, nous enseigne-t-on, étudiant « la nature humaine par la conscience, » et la physiologie traitant des fonctions de l'économie corporelle, « il importe, pour la clarté des recherches, de marquer la différence et les limites de ces deux sciences. Il faut en maintenir la séparation contre toute tentative d’empiétement, départ et d’autre. (Manuel de philosophie, approuvé par le Conseil de l'Universilé.)
— Laisse* ce langage à la pédagogie.
— Mais « chacun sait que la catalepsie est une phase du somnambulisme. Donc, la jeune personne en question se trouvait dans un état que l'on peut regarder comme une crise magnétique. Ce qui le prouve irréfragablement, c’est la dilatation de la pupille et l'isolement, deux phénomènes qui caractérisent le somnambulisme. »
— Effectivement, la catalepsie, que les anciens nous signalèrent comme une affection spéciale ou particulière, ainsi que le mentionne Chrysippe: « Hanc passionem veteres tanquam specialemvelpropriamtradiderunt...., ut Clirysippns memo-rat. » C.ÆLius Aürelianus (Tardarum passionum, lib. ni, cap. 5) ; effectivement cette névropathie bizarre, afférente, en quelque sorte de voisinage, aux phases de l’anomalie artificielle, dite le somnambulisme magnétique (1), est précisé-
(I) M. d'Arbaud qui parle de la catalepsie en amateur, bien qu'il lui plaise de pérorer en maître, ne paraît pas différencier cette grave afT-ction de celle d’un des symptômes de la pratique mesmérienne. Malgré cela, « chacun » n’adhère pas « irréfragablement » à celte décision.
a Ces deux étals morbides, catalepsie et magnétisme, sont si différents parleur cause et leur manière d'être, que jo ne conçois pas comment on a pu les marier elles confondre dans une même définition. Il est évident
ment une circonstance où, grâce à la suspension de l’harmonie accoutumée des rapports entre le principe moteur interne ( âme, esprit, n’importe ! ) et son enveloppe matérielle, nous pouvons le mieux, dans le genre de prolapsus de cette dernière, exercer sur elle, chez ces malades, l’action de notre propre dynamisme animique, en même temps que, paila singulière disposition d’activité de celui du patient, il nous est loisible d’établir mentalement des communications plus directes ou plus secrètes avec son esprit. En quoi, néanmoins, cette connexité pathognomonique plus ou moins réelle des effets de la nature et de l’art, prétendrait-elle, dans un cas ou dans l’autre, y détruire le sceau du psychisme ? Est-ce que, pour les magnétistes, les scènes émouvantes de la voyance du somnambulisme, celles de l’extase, ne décèlent pas, au contraire, des signes incontestables de l'existence et de la prééminence du principe spirituel ? Toutes les opinions me semblaient d’accord là-dessus, je n’en citerai qu’une seule, parce que celle-là ne sera pas suspecte à M. d’Arbaud.
« Dans le somnambulisme magnétique, les sensations participent d’un autre mode d’existence que dans l'état normal.....
L’âme se trouve en quelque sorte dégagée de la vie commune, pour vivre de sa propre vie. Ses facultés, toutes immatérielles, apparaissent d'autant plus brillantes que l'anéantissement de la matière est plus complet.....
« L’âme jouit alors plus complètement de toutes ses facultés, elle s’appartient plus entièrement; aussi dans l'état appelé somnambulisme magnétique, apparaît-elle avec son auréole divine, et s’élance-t-elle dais l’immensité, qu'elle parcourt d’un bond ; pour elle point de distances, point d'obstacles, point de murailles; son essence divine pénètre lout.et partout; il n’est point de corps durdont elle ne puisse voir l’intérieur; il n’est point de pensée si profondément en-
que Pététin n'avait qu’une idée fausse de la catalepsie, eto, » G. E S, BoiiRDir.. (Traité ilela Catalepsie, Paris, 1841.)
fouie, qu’elle ne puisse connaître, il n’est point d’effets dont elle ne puisse apprécier la cause.
« Il est une phase dans le somnambulisme encore plus élevée, c’est Yextase. Ici l'âme semble avoir entièrement quitté le corps, et, s’élevant dans les régions divines, elle est en contemplation ou en prières devant Dieu lui-même. » Ch. La-fontaine. (L'art de magnétiser, ou le magnétisme animal, p. (52 et 63; 2' édition, Paris, 1852.)
Eh bien ! la comparaison de la catalepsie à l’état d’une crise magnétique ne confirmerait-elle pas la nature semblable des phénomènes ?
La permanence de l’action de lady W*** fortifie M. d’Arbaud dans son refus d’acquiescer à cette vérité.
— Si l’influence exercée était simplement psychique, elle n’aurait qu’une durée temporaire, subordonnée à l’action de la volonté. »
— Je demanderai d’abord au contradicteur s’il connaît la durée que la magnétiseuse a voulu donner à son influence? Ensuite j’ajouterai que l’action était d'autant plus tenace que milady, naturellement d’une complexion riche et puissante, y joignait ici l’intention résolue d’une volonté ferme, très-entière, et bien décidée à témoigner de son empire.
Eh ! d’ailleurs, en quoi, — M. d’Arbaud ne le dit pas, — le plus ou moins de durée prouve-t-il pour ou contre le psychisme de l’influence? Pour ou contre le degré d’énergie, à la bonne heure !
— o Donc, cette influence est matérielle, physique en un mot, comme l’action qu’exerce l’aimant sur un barreau d’acier. » *
— En se reportant à notre vocabulaire, il est aisé de répondre à cette objection. Oui, dans le sens actuel du mol matière, l’influence est matérielle; dans le sens primitif, non. Oui, de même l’influence est physique, mais dans cette classe de phénomènes réservés par les anciens à la partie transcendante de la physique, dite plus tard métaphysique, et non simplement à l’instar d’un aimant sur un barreau d’a-
cier; car ni l’aimant ni le barreau ne mettent en jeu l’activité d’une âme humaine.
1)' Clever de Maldigny.
(La suite au prochain numéro.)
ERRATUM.
Page 48*, ligne 10 de la note 2, au lieu de : par rapport au reste de leur origine, lisez: de leur organisme.
Page 489, ligne 39, au lieu de si les organes, lisez: li des organes.
AVIS AUX ABONNÉS.
Le Journal du Magnétisme complète en ce moment son vingtième volume. Cette collection inappréciable renferme tous les faits contemporains qui peuvent servir à l’histoire du magnétisme. On y trouve par milliers des guérisons authentiques qui prouvent l’excellence de l’agent découvert par Mesmer. On y a recueilli avec soin et avec discernement tout ce qu’ont produit de remarquable les penseurs dont l’esprit s’est exercé sur ces faits, et aussi leurs nombreuses tentatives pour en relier le principe aux sciences établies et en tirer des inductions aussi neuves que fécondes :
La magie est apparue et notre Journal renferme quelques éléments de cette science.
Le Spiritualisme, enfin, a trouvé le journal disposé à lui faire bon accueil et les principaux phénomènes authentiquement constatés, ont été insérés avec les réflexions qu’ils suggéraient.
Rien donc n’a été négligé de ce qui pouvait faire du Journal une œuvre très-variée et complète, et nous pouvons dire avec assurance que désormais on ne peut écrire sur le magnétisme quelque chose de sérieux sans recourir à nos Annales.
Mais il manquait, toutes les publications sur ce sujet laissant fort à désirer, un traité spécial de thérapeutique magné-
tique. Ce vicie ne pouvant être comblé par le Journal, nous avons résolu d’en interrompre la publication, afin de pouvoir consacrer plus de temps et de soins à notre ouvrage depuis si longtemps annoncé :
thérapeutique nouvelle, ou Y Art Je guérir les inuladtes
par le magnétisme.
Cette œuvre paraîtra sous la couverture du Journal, imprimée sur très-beau papier et enrichie d’un grand nombre de
gravures inédites.
Nous nous renfermerons strictement dans notre sujet sans nous appuyer sur les doctrines ou les systèmes qui se trouvent dans les ouvrages parus. Nous traiterons de notre pratique seule, et aussi clairement qu’il sera possible de le faire pour rendre l’application du magnétisme accessible à tous, et vulgariser des principes que l’expérience révèle et sans lesquels il n’y a point de pratique rationnelle.
Cet ouvrage aura le format du Journal ; son prix sera le même. 12 fr. pour Paris; lâ fr. pour les Départements; 16 fr. pour l’Étranger. Il paraîtra par livraisons de deux feuilles d’impression : il est destiné, nous l’avons déjà dit, à remplacer pour un temps la publication de notre feuille.
Nous ne pouvons fixer aujourd’hui le nombre des livraisons, mais nous pouvons garantir que réunies elles formeront un fort volume, et que rien ne sera négligé pour que notre œuvre satisfasse les magnétistes qui attendent de moi les secrets raisonnés d’une pratique assez heureuse, pendant la longue carrière que j'ai parcourue, pour ne me laisser, au point où je suis arrivé, au lieu de regrets, que les plus magnifiques souvenirs.
On reçoit dès fi présent les souscriptions. La première livraison paraîtra le 1" janvier 1862.
Baron Du Potet.
Baron Du POTET, propriétuire-ynanl.
POLÉMIQUE.
KÉPONSE AUX QUELQUES OBJECTIONS DE M. d’AKDAUD.
SUITE (l.)
— « La transmission de pensée est basée sur ce principe : que doux cordes montées au même diapason vibrent à l’unisson. »
— Comment M. d’Arbaud entend-il expliquer ici son piin-cipe ? Je serais curieux de le savoir.
Deux cordes, ces deux agents passifs, au môme point de tension, et toutes choses égales d’ailleurs, se transmettent, pari’intermédiaire atmosphérique, les vibrations d’un mouvement communiqué : rien ne paraît plus ordinaire. Mais deux âmes terrestres, l’une en activité d’organisme corporel, l’autre ayant son corps en résolution, sont-elles comparables aux deux cordes? Certainement non.
— « Nous avons la conviction intime que les idées revêtent une forme plastique.
— Je m’en réfère à vos paroles. Revêtir (revestire, — re-nrsùm vestire, vêtir derechef), c’est recouvrir. Si les idées revêtent une forme plastique, c’est que d'abord, vraisemblablement elles n’ont pas cette plasticité.
— M. d’Arbaud m’invite, en passant, à lui déclarer si, dans ma mise en rapport avec Pauline, « l’inspection du visage et de l’ensemble de la personne », plutôt que « la perception magnétique, ne m’ont pas été d’un grand secours pour asseoir ma conviction. »
— Cette perception s’observe assez souvent pour que je sois surpris du doute où je vois à cet égard mon interrogateur. Je lui déclare très-volontiers que n’en étant pas là, — tant s’en faut ! — à mon coup d’essai, je ne cherchais nullement à me renseigner en quoi que ce fût sur la mimique de la jeune fille. Je sentais en moi-même, voilà tout.
J’aurais à consigner nombre de faits de cette nature, qui me sont personnels, même à longue distance, tout à fait hors
(1) Voiries n»1112,113, 1H, 115.
Tous XX — N» 11«. —2* Sf.rk. —25 octobre 1861.
de la portée de ma vue, et quelquefois avec des étrangers. Je préfère donner de ces faits la solution physiologique.
On est certain aujourd’hui de la sensibilité même aux irritations mécaniques du réseau semi-lunaire (1). Mais le magnétisme développe et rend bien autrement ostensible cette excitabilité, qu’il propage à tout le système. De là cette prodigieuse faculté des somnambules à ressentir sympathiquement les moindres souffrances des malades qui les consultent. Bien des magnétiseurs acquièrent d'une façon notable cette haute affectibilité, qui les guide merveilleusement dans leurs œuvres (2). N’est-ce pas à ce don naturel qu’il faut aussi rattacher ce que l’on nomme le tact médical (3) ?
(1) « Leganglion semi-lunaire est constamment excitable;
« Les autres ganglions ne le sont que de lumen loin, à très-faible degré; « Tout ce que tant d’habiles observateurs ont dit de cette haute puissance nerveuse résidant, selon eux, vers la région diaphragmatique, et tour à tour célébrée par eux sous les noms d'archée (*) de prxses syste-malis nervosi ("), de centre phrénique, épigaürlque (***), etc., parait, en quelque sorte, justifié par la sensibilité du réseau semi-lunaire;
« L'excitabilité du grand sympathique, devenue, enfin, fait expérimental de simple conjecture qu'elle avait cté jusqu’ici, semble s’accorder assez bien avec l’opinion la plus générale et la plus ancienne peut-être que l’on ait eue de ses fonctions; opinion qui, la regardant comme le lien sympathique au moyen duquel le système nerveux proprement dit s'unit aux viscères, lui a très-probablement valu le nom de grand sympathique.
« Je ne parle pas ici des effets provoqués par le galvanisme. Il ne s'agit, dans mes expériences, que de l'irritation mécanique. » P. Flourens.
(2) Un vieillard de 78 ans, le commandant Laforgue, est doué d’une impressionabilité très-particulière, mais dont on rencontre quelquefois des exemples; il lui arrive souvent, à la vue d'un malade de deviner, par un sentiment intérieur, tout ce qui concerne ses souffrances, et de pouvoir se passer d'interrogation. Parfois, il sent ou croit sentir s’échapper de lui comme une vertu secrète, et dans cc cas il est bien rare, dit-on, que cette vertu n’agisse pas aussi promptement qu’efficacement pour la guérison demandée. » Le Dr A Guépin, professeur à l'école de médecine de Nantes. (Philosophie du XIXe siècle).
(3) L’été dernier, M. de la Londe, bibliothécaire de la ville de Toulon,
(•) Va.-i-IUlmost.
(*•) \Verr*R.
(**•) Uoadic, Lacask, Burros, etc.
« Pour prouver que l'influence exercée sur un somnambule est toute matérielle, dit M. d’Arbaud, il soumet l’expérience suivante à mon appréciation.
« Un chapeau saturé de fluide par cc magnétiseur et posé, bien qu'à l’insu de mon controversiste, sur la tête du somnambule ; défi m’est adressé de me mettre en rapport mentalement avec le sujet et d'obtenir aucun phénomène de transmission de pensée. »
Cette proposition est complexe. Elle vise à justifier : 1° l'influence du fluide,—influence que jen ai jamais déclinée, bien loin delà! — 2°l’épithète matérielle, appliquée à l’agent psychique, — épithète/HjKÎe désormais par les définitions précédentes; 3” la force d’action du magnéliste de Cahors, force que je n’ai nulle envie de révoquer en doute ; — ce qui ne prouve pas, en définitive, qu'une puissance mentale, supérieure (inutile de prévenir qu’il n’est pas ici question de moi I) ne puisse vaincre les barrières herculéennes du superbe provocateur.
Nous arrivons à mon exorbitance capitale, d’après l'interprétation de M. d’Arbaud. « On me prendrait ponr un novice, pour un profane, on supposerait que j'ignore que l’obscurité n’existe point pour les somnambules, que ceux-ci perçoivent les sons les plus faibles, que, d'un autre côté, ils sont en rapport constant avec les personnes qui ont réagi sur eux, etc. >i
Comment me suis-je attiré cette algarade ? Par le récit
me présenta l'un doses amis, M. le capitaine de vaisseau B..., qui m’amenait sa petite fille, belle jeune personne de 17 à 18 ans, sourde complètement depuis cinq mois environ, à la suite immédiate d’une névrose comateuse, ayant duré prés de deux années, et qu'avait occasionnée un ■violent et subit saisissement.
En causant avec ces messieurs, je leur dis que je croyais à la curabilité du mal; puis, tout à coup, j'ajoutai que, dans ce moment, la jeune personne m’entendait. A l’instant même elle inclina la tète d'une manière affirmative, en m’adressant un gracieux sourire avec un regard de reconnaissance. Le mouvement fut-il automatique ou conscient? — Je l'ignore.
d'une expérience ayant pour but de démontrer a la mère de ma jeune malade combien de fâcheuses dispositions, même mentales, pouvaient nuire à l'état de son enfant. Je n’ai rien trouvé de mieux, jel’avoue, pour donner crédit à mes recommandations, que de convaincre tout de suite, par une preuve expérimentale. Preuve dont je fus obligé de rappeler le souvenir, la semaine suivante, alors que Pauline accusait à plusieurs reprises la pensée de sa sœur (voir tome XIX de ce journal, p. 347).
M. d’Arbaud répliquera-t-il que j’aurais dû le prémunir contre sa méprise, en déduisant publiquement mes intentions? Je n’en prévoyais pas du tout la nécessité. Cette observation purement médicale (1), adressée à l’incroyance des médecins, est extraite littéralement de mes notes homœopa-thiques et magnétiques. Je n’avais à retrancher aucun de ses détails circonstanciés, parce que, même dans ce recueil, ils peuvent être utiles, puisque le nombre des lecteurs du journal ne se réduit pas au personnel des magnétistes. M. d’Arbaud, — j’ai des raisons pour le dire, — identifie trop à ses impressions privées les sentiments et le jugement du public.
— « Eh quoi 1 vous aviez la prétention de vous mettre en rapport mentalement avec la jeune fille, et cela pendant qu’elle était dans son état normal ? C’esbà-dire sans qu’elle fut en crise et sans faire intervenir le magnétisme 1... »
— En sa position névropathique, Pauline, éveillée ou non, était-elle dans son état normal? Ne fais-je pas remarquer ( « avec une sorte d’étonnement, » selon vous; étonnement dont je ne me doutais guère, ni les lecteurs probablement non plus!) que, si l’on abandonne le sujet, le caractère de la catalepsie persiste? Est-il indispensable alors que, pour agir, le magnétisme détermine les signes du sommeil? Dans l'anecdote racontée tout à l’heure, la jeune personne amenée par M. le capitaine de vaisseau B***, s’enTlormit-elle? — Plus d’une
(1) Elle fa il partie de ma première lettre au I)1 Charpignon; lettre ayant nn motif préalable et clairement énoncé, celui d’une démonstration de la vérité de l’homœopathie. Je l’avais dit expressément.
lois, dans une autre occasion analogue, auprès d’une pauvre fille hystérique depuis longues années, j’ai réussi, dans de violentes douleurs abdominales, à calmer les souffrances par le seul fait île ma pensée, sans contact matériel d'aucune espèce, et n’ayant employé jusque-là que l'homœopathie. J’agissais sans amener le sommeil et sans que des personnes présentes soupçonnassent mon action. Seulement elles étaient fort surprises de la rémission des accidents; car le soulagement que j’obtenais de cette manière, un de mes confrères, très-dévoué cependant, ne l’obtenait jamais, quoi qu’il entreprît. Pendant la durée- de sa visite, on observait des paroxysmes plus aigus. Quelle différence existait donc entre les deux médecins? Lui, plein de découragement... au fond de sa pensée, désespérait irrémissiblement de l’état de la malheureuse patiente qu’il s’attendait de jour en jour à voir périr; tandis que, recueilli dans mon silence, je voulais profondément qu’elle fût soulagée. — Une autre fois encore, en Normandie, une fermière de ma belle*mère était en proie au délire d’une forme cérébrale de la fièvre typhoïde. La jactation ne tarissait pas. M’approchant de la malade, en présence de son mari, je tâte un iDstant le pouls, sans nulle idée préconçue; puis, comme par instinct, je me mets à dire à cette femme, tacitement, avec la volonté de l’intime foyer de l’âme: Calmez-vous, ne parlez plus! calmez-vous, ne parlez plus! Au bout de peu de minutes, la loquacité, devenue moindre , avait totalement changé de nature. La délirante, au lieu de divaguer comme auparavant, se bornait à répéter par intervalle : « Monsieur, je ne parlerai plusl monsieur, je ne parlerai plusl (1)
(I) Cela se passait dans l’automne de 1855, et je ne me souviens pas si je touchais encore le pouls de la moribonde lorsque je formulai ma phrase mentale. On conclura comme il conviendra : je livre tout bonnement le fait.
Je ne voudrais jamais, qu’on le sache bien, effleurer de la plus légère atteinte le secret et dernier appui des plus grands naufrages de notre monde, ce refuge intérieur que nous appelons lk prière. Heureux, quels
Après ses négations du psychisme influenciel de l’opération de la pensée, opérai ion qu’il n’explique, ni ne définit; la reléguant aux v erreurs, au prisme., au mysticisme, au surnaturel, au merveilleux, à travers lesquels j'observe les phénomènes ; » ce qui, « loin de faire progresser le mesmérisme, ne peut que lui nuire et retarder son avènement. » M. d’Arbaud, — magnétiste de mérite, je l’ai déjà dit; expert très-énergique et très-habile à manier sa puissance, mais apôtre
qu’ils soient, ceux qui ne doutent pas de son pouvoir. C'est parce que j'y crois moi-mime, que je vous demanderai ceci : « Pour le cœur qui prie vraiment, n'est-elle pas l’acte le plus profond et le plus fervent de la pensée ? »
Eh bien ! ou connaît une foulé de ses œuvres admirables, qui, malheureusement, ont servi de butin au fanatisme de la superstition.
La pensée est une source de puissance octroyée à l’homme par le Créateur : c’est la « divine fontaine » d’Hermès. Le mauvais usage la dégrade et n'en fait qu’un fléau ; mais, par la voie salutaire et par la confiance, elle est le trésor de la vie.
Un exemple mémorable, et d'historique authenticité, va déductive-ment, il me semble, en légitimer la preuve.
Au printemps de 1821, un jeune homme plein de bienveillance, cl porteur d'un vaste et beau front, se lie avec un paysan aisé, du nom de Martin Michel, du territoire du grand duché de Bade. Le jeune homme était le prince Alexandre de Hohcnlohc, ordonné prêtre en 1815. Dans une conversation à propos des longues souffrances de la princesse Ma-thilde de Schwartzenbergh, âgée de 17 ans, et frappée de paraplégie depuis huit années, infirmité contre laquelle avaient échoué les plus fameux médecins de France et d'Allemagne : Je m'étonne, avait fait observer Michel,.de larésistance des ecclésiastiques à prier avec et pour les malades, après une préparation convenable, afin d'obtenir du Père céleste leur guérison, ou tout au moins leur soulagement, a J'ai souvent prié de la sorte avec succès. »
Ému de ces paroles où respirait la sincérité, M. de Hohenlohe emmène Martin Michel, et tous deux se rendent à Wurtzbourg, résidence de la jeune paralylique.
On décide facilement la pauvre infirme à recourir au moyen qu'on lui propose. Elle est dégagée des bandages et mécaniques d'une machine où le docteur Hayne la maintenait depuis plusieurs mois, pour redresser la distorsion de scs membres contrefaits.
— Madame, lui dit le prince, je suis accompagné d'un honnête paysan du bourg d’Untervittighausen, dans la principauté de Bade. J'ai plus de
•In trop exclusive conviction et, peut-être aussi, de promptitude trop irréfléchie, — en vient à déshériter ala volonté, comme agent magnétique.» Penser autrement... est n une hypothèse purement gratuite. » C’est prendre u l'effet pour la cause. L’acte de la volonté n’est pour rien en tant qu’agent immédiat dans la production des phénomènes magnétiques..., ce qui prouve d'une manière évidente la vérité de cette asser-
conliance encore dans la prière de ce brave homme qu’en la mienne. Permettez qu’il coopère à l’œuvre vers laquelle « je me sens une impulsion extraordinaire. » Joignez à la nôtre votre foi vive, et Dieu couronnera nos vœux.
— J’y consens.
C'était le 20 juin 1821.
Après une prière commune, le prince reprit :
— Vous croyez-vous déjà soulagée ?
— « Oh ! oui, je le crois, d'une foi sincère !
— «Eh bien I levez-vous, et marchez sans appui.
« A ces mots la princesse se leva, fit quelques tours dans la chambre, essaya de monter et de descendre les escaliers, et fut enchantée du résultat de l'essai de ses forces.
«Le dimanche 24, elle se rendit à l’église de Hang, pour assister au sermon : tous ceux qui la virent marcher ne pouvaient revenir de leur surprise; el, depuis ce moment, la princesse conserve l'usage de scs jambes. » Le docteur Joseph Ontmijs, professeur à l’Université de Wurtz-bourg [Mes observations sur les guérisons opérées depuis le 20 juin 1821 à IVurtzbourg). Dès ce premier essai, l’abbé de Hohenlolie opéra seul et par l’action exclusive de la prière. Les malades venaient à lui « par milliers. » Le chiffre des guérisons est très-considérable, soit qu'elles aient eu lieu de près, soit qu’il les ait obtenues de loin, par correspondance. « Il prie avec tant d'ardeur, écrit le témoin oculaire, qu'il paraît de temps en temps prêt à tomber en faiblesse. » Dr Joseph Onymcs.
Autres exemplaires d'efficacité de la prière.
« Dans une petite ville du centre de la France (à la Charité-sur-Loire, département de la Nièvre), il était une jeune fille appartenant à la classe du peuple, mais ravissante de grâce et de beauté. Plusieurs prétendants aspiraient à sa main, parmi lesquels s’en trouvait un qui, à cause de sa fortune, plaisait fort aux parents de la jeune personne: aussi la sollicitaient-ils sans cesse à l’épouser. La jeune fille s'y refusait constamment, parce qu'elle ne l'aimait pas. Enfin, un jour, poussée à bout par leurs instances opiniâtres, elle alla à l’église, se prosterna devant l’image de la Vierge, et la pria avec ferveur de l'inspirer dans le choix- d'un mari.
*
lion, c'est que M. d’Arbaud, à plusieurs reprises, u provoqué le somnambulisme en dormant. »
11 en cite cet exemple :
« .Nous étions plongé dans le sommeil depuis déjà longtemps, nous étions sous le poids de ce qu’on nomme le cauchemar, nous rêvions que notre petite fille était tombée clans l'eau et qu’on nous empêchait d’aller à son secours. L’im-
o La prière ne larda pas à être exaucée. La nuit suivante, dans son sommeil, elle crut voir passer devant ses yeux un jeune homme en habit de voyage, avec un large chapeau de paille, et une voix intérieure lui dit que ce sera là son mari.
a A son réveil, l'esprit plein de son rêve, et conliante dans sa sainte protectrice, elle alla trouver ses parents et leur dit d'une voix ferme et respectueuse à la fois, qu’elle était décidée à ne point épouser l'homme de leur choix. Depuis, il n’eu fut plus question.
a Quelque temps après, se trouvant à un bal de la ville, quelle ne fut pas sa surprise d'y rencontrer le jeune voyageur qui lui était apparu en songe! — A cette vue, son cœur battit tumultueusement dans sa poitrine, l’incarnat de la pudeur colora scs joue9 ; et, chose étrange, le jeune homme éprouva en la voyant, les mêmes émotions et les mimes sentiments. Peu de temps après, les deux jeunes gens étaient mariés. » DrM. Macario, directeur del’Instituthydrothérapique de Serin, près Lyon.
Ce voyageur est M. Emile de la Bédollière, un des rédacteurs du journal te Siècle. C’était la première fois qu’il passait dans cette ville. Il écrivit la lettre suivante au docteur Macario, qui s’était enquis près de lui, de la ponctualité des circonstances.
« Monsieur,
a Le fait que vous me rappelez est de la plus complète exactitude. C'est dans un petit bal par souscription, chez Jacquemart, que je vis pour ja première fois Angèle Bobin. J'arrivais à la Charité, accompagnant en vacances un de mes amis, Eugène Lafaure, étudiant en droit. Usant des privilèges du voyageur, je portais un chapeau de paille de Manille. Le trouble de celle qui devait devenir ma femme fut très-sensible à mon approche. Elle déclara dès le soir même, à une de ses amies, qu'elle avait reconnu le jeune homme de son rêve, à son chapeau de paille et à ses lunettes.
« C'était au mois d’août 1833.
« Mon beau-père, qui était alors boulanger, est maintenant éclusier à Marseille-les-Aubigny, et pourrait confirmer mon assertion.
« Mes concurrents étaient Mil. M"* el F***, tous deux devenus notaires, et M. L*"', libraire.
pression pénible que nous éprouvions dans ce moment nous réveilla. Nous fûmes alors frappé par les gémissements plaintifs qu’articulait la compagne naturelle de nos nuits, par certains sons gutturaux qui nous étaient familiers. Nous adressâmes la parole à celle qui partageait notre couche, elle ne bougea pas, elle était inerte, elle était en proie à une crise de
a L'institutrice (Mlle Porcerat), chez laquelle ma femme était en pension, avait reçu d’elle mon signalement longtemps avant mon apparition à la Charité, contrée où le hasard m’avait conduit.
« Vous pouvez me nommer si cela vous fait plaisir et compter sur moi pour apprécier votre livre.
Agréez, etc.
Paris, ce 13 décembre 1834,
« Emile de la Dédollièrk. »
M. d’Arbaud publie que, dans son entourage, il provoque des rêves & sa guise. Celui que je vais rapporter appartient-il au fait d’un acte volontaire collectif (car nous agissions plusieurs, avec un dévoué vouloir) ï
Une nièce d’un de nos peintres distingués, jeune et très jolie personne (que je nomme Elise L’"*), était attachée à l'un de nos théâtres lyriques impériaux. Elise avait de l'éloignement pour cette carrière, à cause de la nature d'obstacles qu'y subissent quelques débutantes. L'n matin, au sortir de la répétition, elle me dit après m’avoir serré la main : « Docteur !... qu'un honnête homme, quand il me rencontre, puisse m’ôler soit chapeau! » La fin de cette phrase trahissait de pénibles obsessions.
Madame M..., que j'ai connue chez M. du Potet, une autre dame et moi, nous désirions beaucoup changer le sort d'Elise. Madame M... s'avisa qu’elle pouvait peut-être faire deux heureux : — Un de mes cousins, très-brave garçon, nous confia-t-elle, vient de quitter le service militaire. Il a quatre-vingt mille francs, son projet est d'entrer dans les affaires. Pour plus de facilités, il cherche une femme dont la dot soit l'équivalent de ce qu'il possède. Elise lui siérait à merveille. — Mais elle n'a pas une obole. — Son cœur est riche, et cela vaut mieux l Une autre femme trompera, ruinera mon cousin; tandis qu'Elise lui consacrera son existence. Essayons toujours. — Soit !
Nous ne connaissions du prétendu que l'éloge qu'en faisait sa cousine. N’importe, nous voilà bientôt unis de concert, à l’insu des jeunes gens, pour la victoire d’une bonne œuvre.
L'n soir, Elise pria profondément, puis elle s'endormit; peu de jours après, elle accourut avec joie annoncer la grande nouvelle : — Je l'ai vu ! — Qui ? — Celui que je dois épouser. — Vous pensez à vous marier?—-Oui!
catalepsie. Nous finies cesser cette crise sans réveiller la patiente. Alors une idée subite traversa notre cerveau. Qui sait si nous n'avons pas produit le môme résultat sur Catherine, qui n’est séparée de nous que par une cloison? Nous passâmes dans la chambre de la bonne et nous la trouvâmes plongée dans l’état somnambulique. — «Dégagez-moi, monsieur, dit-elle de son propre mouvement, j'étoufTe. Je souffre horriblement de l’estomac. Nous nous empressâmes d’acquiescer à sa demande, puis nous la fîmes causer : nous la questionnâmes sur ce qui s’était passé chez elle; ensuite nous mîmes fin à la crise sans réveiller la jeune fille, et nous nous retirâmes. Le lendemain, aucun des deux sujets n’avait conscience de ce qui s’était passé pendant la nuit. Comme nous l’avons dit, ce fait s’est reproduit à plusieurs reprises. Que peuvent objecter à cela les volontistes? Rien. »
Cette proposition pèche en ses termes et dans sa preuve. Révisons-les.
Là-dessus, elle raconte que son futur est un jeune homme, pas bien grand, ayant la tète un peu chauve, etc.
La vision avait-elle été fidèle? C'est ce dont il fallait s'assurer.
Au bout de quelque temps, l'amie de Madame M... amène Elise l'accompagner dans une maison, où cette dame veut avoir des renseignement nécessaires. Les deux visiteuses montent au premier étage, dans un magasin. A peine entrée, Elise arrête sa conductrice : —Oh ! maintenant 'je sais pourquoi nous venons. Tenez! c’est ce monsieur là-bas l
Il aima bientôt la jeune artiste. Elle quitta le théâtre, et l’on célébra... ce mariage magnétique.
Ils ont très-bien réussi.
C’était plus ordinairement parla prière que le commandant Laforgue, rue Serviez, n° H, à Pau, multipliait chaque jour ses prodiges.
C’est de même aussi que procède M. de Guldenstubbé, pour l’ohten-tion des écritures directes.
Mais M. d’Arbaud nie également, peut-être, ces derniers phénomènes. « Je ne m’en rapporte en toutes choses, m'écril-il, qu’à mon propre jugement. L’opinion de ceux qui nous ont devancés, ne prouve absolument rien à mes yeux. »
On pourrait pourtant lui citer le proverbe :
Qui ne sait que de soi, n’a pas appris grand chose.
Attribuer un rôle actil (Vagent est tout ce qui produit action) à la volonté clans les phénomènes magnétiques, c'est prendre «l’effet pour la cause. «
Eh quoi! dirai-je aussi, lorsque je magnétise, ma volonté n’est que l’effet de mes opérations? Certainement, M. d’Ar-baud n’a pas entendu nous lancer une aussi drolatique plaisanterie! Pourtant, qu’a-t-il voulu dire? Je ne le devine pas. Lui, si rigoriste sur l’expression de la pensée d’autrui (voir t. XIX, p. 538), aurait bien dû nous expliquer son « logo-gnphe. •> Se persuaderait il que l'ampleur de si gigantesques arguments puisse « faire progresser le mesmérisme ? » «L’acte de la volonté n’est pour rien en tant qu'agent immédiat. «
Ceci présente une autre face de la question.
La volonté constitue pour l’âme, en son entendement réfléchi, la faculté d’agir dans une intention déterminée. Mais, au train ordinaire de notre existence, que de synergies de volontés opèrent pour leur compte, sans que nous prenions la peine de nous en instruire. Tout exercice de volonté compose un mouvement, lequel, comme toute espèce d’actes, — et tous les actes sont volontaires (inconsciemment ou consciemment), qu’ils appartiennent ou non aux habitudes dites passives! — engendre un dégagement fluidique : celui-ci sert de trait d’union entre le dominateur et le patient. Accedo! Ce qui ne signifie pas que « l’acte de la volonté n’est pour rien » en son œuvre.
— Le dominateur, cependant, endort même ses somnambules, sans qu’il y songe ! — C’est vrai. Souvent il suffit de l’énergie de sa présence, quand sa force d’expansion est grande, ou quand les sujets sont très-impressionnables; et cela ne doit pas surprendre, puisque, — vous l’avez écrit vous-même, — les sujets restent en rapport avec la personne qui les magnétise. 11 n’est point extraordinaire non plus qu’un objet influencé par l’action du magnétiseur, opère même en l'ubsencc apparente de eu dernier, puisqu'j/ est présent partout où se trouve le transport de sa force volitive (Hermès) .
L’objet quelconque alors comporte une source jniissanliellc, dont les natures sensitives subissent plus ou moins ouvertement l’empire. Tout cela prouve pour et non contre le mobile que dénie erronément une fausse voie de déduction.
Passons au fait que l’on nous oppose. L'auteur le croit victorieux, parce que, comme les prédicateurs qui terrassent le diable... ou la philosophie (c’est synonyme) en apostrophant leur bonnet, l’anti-volontiste, se répondant lui-même, déclare que l’on ne peut lui rien répliquer. — Un instant, monsieur! vous errez encore... et toujours 1
Vous étiez aux étreintes du cauchemar, l'onéirodynie, c’est-à-dire cette vésanie du sommeil indéchiffrable aux investigations de la science actuelle. « Avouons encore ici notre complète ignorance (1). »Calmeil (Dictionnaire de médecine). Vous vous débattiez contre ces ludibriaFauni (Pline), où, selon que l’a démontré Cabanis, l’impressionnabilité des plexus opistogastrique, pulmonaireet cardiaque,etc., profondément mise en jeu, vous agitait d’un supplice insupportable. Sous cette violente commotion, dont vous tentiez de vous délivrer, que de dépenses de volontés n’avez-vous pas faites? Vous l'exprimiez de manière à ne pas s’y tromper : « Nous rêvions que no,tre petite fille était tombée dans l’eau et qu’on nous empêchait d'aller à son secours. » On vous empêchait d’aller au sauvetage où vous vouliez courir assurément. De quels torrents fluidiques le choc de votre impétuosité n’est-il pas devenu le foyer, et vous avez raison de reconnaître en leur explosion le stimulus des accidents que vous avez occasionnés. L’acte volontaire, bien que non spécialement dirigé sur vos sensitifs, les a foudroyés, parce qu’ils sont familiers de votre sphère intime. C’était la décharge d’une batterie électrique au sein de votre appartement.
(1) Que les magnétistes imitent l'honorabilité de cet aveu. Qu'ils conviennent franchement qu'ils ne savent pas, et tous ainsi, n’apportant à la communauté de l'élude que le tribut bienveillant de nos efforts dévoués, nous serons plus près de nous entendre, et consécutivement dans de meilleures conditions pour marcher vers le progrès.
(■ Soyez conséquents avec vous-mêmes, s’écrie M. d'Ar-baud, aux volontistes, abstenez-vous de recourir aux moyens que nous employons, nous autres /luidistes. Essayez de faire cesser uneattaqued’épilepsie, d’hystérie, etc. .sansfaireusage des procédés, tels que les passes, les percussions, etc. »
— Je ne 1 ai pas essayé, mais je l’ai fait avec conviction, et j’ai réussi. Cela ne veut pas dire que je sois wit-/?uû/is/c; au contraire, je suis convaincu, par expérience personnelle, de la vérité des émissions fluidiques. De ce que mes appréciations diffèrent de celles du magnétiseur de Caliors, qui paraît ne pas connaître le procédé de magnétisme nommé « l'En-Présence » (Cathéchisme magnétique de .M. Hébert), il ne s’en suit pas que la possession d’un moyen doive négliger les autres, quand il est possible de s’en assister.
Après une tirade sur les dangers du manque de méthode en magnétisation, le zélateur nous expose «la base de son système. »
Un système est l'ordonnance des diverses parties d’un tout concourant à la synthèse (l’unité), par l'ensemble d’un enchaînement régulier sous la loi d’un principe commun. Tout système légitime, basé sur la plus large observation etL’A-nai.vsk exacte, ne laisse rien d’inexplicable dans la variété ni la multiplicité des faits et de leurs rapports. Or, au domaine prodigieux du magnétisme, les huit tronçons de soi-disants préceptes articulés par M. d’Arbaud, remplissent-ils cette obligation? Que le lecteur réponde. Pour moi, je suis si loin d’aucune vue de taquinerie envers mon antagoniste, que, malgré ce que l’anatomie aurait à redire ici de certaines excentricités, je in3 hâte de passer outre.
Dressant enfin sa férule de magister contre la réalité des phénomènes du spiritualisme qu’il personnifie en entier dans la dénomination d’une des sociétés de Paris (société que je n’ai jamais mise en cause, ni nulle autre non plus, étranger que je suis à toutes), l’adversaire, échauffé par sa philippi-que, nous décoche ce mot d’Alphonse Karr : « Do tous les sens attribués à l’homme, le plus rare est le sens c-onimun...»
J’en citerais, cependant, un plus rare encore, c’est le bon sens, qui, froidement, patiemment et quand même!... étudie la vérité que nie le sens commun.
Mais contre le trait de guêpe, opposons homéopathique-ment les Guêpes.
Écoutez donc ces passages d’une réponse à M. Mabru.
« Nice, 21 février 1859.
« J'ai constaté depuis vingt ans différentes expériences auxquelles j’ai assisté, le plus souvent à des intervalles éloignés.
« Quelquefois j’ai surpris des fraudes et je l’ai dit ; d'autres fois j’ai vu des choses extraordinaires, et je l’ai dit. D’autres fois encore on a voulu m’expliquer ces faits, et l’on n’y a pas réussi.
«Je ne comprends pas que ceux qui ont la conviction du magnétisme animal, des tables tournantes, etc., consentent à jamais s’occuper d’autre chose, attendu qu’il n’est rien qui puisse présenter un intérêt 'capable de contrebalancer, ne fût-ce qu’un instant, l’intérêt que présentent ces phénomènes...
« Selon M. de Humboldt, le fluide nerveux forme, par sou expulsion au dehors, une sphère d’activité analogue à celle des corps électrisés. « Des observateurs très-sensés, dit-il, rapportent des faits d’après lesquels il semble que certaines personnes ont la faculté d’éprouver une sensation à l’approche d’un corps sans le toucher. Je ne sais si le changement de température qui peut avoir lieu dans ce cas sufiirait pour expliquer cette sensation ; mais l’expérience prouve qu’un nerf dont l’atmosphère sensible est répandue autour de lui, peut recevoir et propager des impressions sans être touché. »
— Expériences sur le Galvanisme, p. 201.
« Un soir, le docteur Gromier, après avoir endormi par la magnétisation une femme hystérique, demande au mari de cette femme la permission de faire une expérience, et voici ce qui se passa : Sans mot dire, il la conduisit en pleine mer,
mentalement, bien entendu ; la malade fut tranquille tant que le calme dura sur les eaux; mais bientôt le magnétiseur souleva dans sa pensée une effroyable tempête, et la malade sc mit aussitôt à pousser des cris perçants et à se cramponner aux objets environnants ; sa voix, ses larmes, l’expression de sa physionomie indiquaient une frayeur terrible. Alors il ramena successivement, et toujours par la pensée, les vagues dans des limites raisonnables. Elles cessèrent d’agiter le navire, et suivant le progrès de leur abaissement, le calme rentra dans l’esprit de la somnambule, quoiqu’elle conservât encore une respiration haletante et un tremblement uerveux dans tous ses membres. « Ne me ramenez jamais en mer, s’écria-t-elle un instant après avec transport, j’ai trop peur; et ce misérable capitaine qui ne voulait pas nous laisser monter sur le pont! >;
« J’ai parlé des somnambules, et des tables tournantes et des médiums, — mais/e n’ai pas nié ce que je n’ai pas compris, — je l’ai seulement raconté.
n Quand je propose à l’être de raison créé dans ma table, l’extraction de cinq racines cubiques d’un nombre de huit chiffres, et qu’elle me produit ce résultat en trois minutes, quand il me faut deux heures, avec une table de logarithmes, pour vérifier l’exactitude de ce calcul instructif, est-ce encore ma raison qui fait cela? Alors qu’un académicien l’essaye.
p Or, je dis à tout le monde : Je l'affirme sur mon honneur et sur ma vie, et je le fais imprimer... » A A. Mohin. (Revuephilosophique et religieuse, mai 1856.)
« Opinion de l’auteur des Guêpes. —Je dirai, pour résumer, ce que j’ai dit cent fois.
« Non, ces croyances ne sont pas vaincues, terrassées, détruites.
« Songez un peu combien de gens parmi vo9 connaissances, vos amis, vos parents, croient aux magnétiseurs, aux tables tournantes, — écrivantes et parlantes, — aux médiums, etc.
«Il faut qu’une enquête soit ouverte, etc.
« L'Académie des sciences, ni l'Académie de médecine, n’ont pas le droit de maintenir leur décision de ne plus s’occuper de cette question.
„11 faudrait que les membres de la Commission eussent l’énergie de porter aux épreuves, des Esprits qui ne fussent prévenus en aucun sens; des esprits blancs comme le papier blanc, prêts à recevoir et à consigner les observations.
« La société, disait Pascal, est un homme qui apprend toujours.
« Nous ne savons pas ce qui est possible et ce qui est impossible, disait Lucrèce :
« Ignari quid queat esse, quid nequeat. »
Alphonse Karr.
(Les Guêpes, Revue philosophique, etc., livraison 17, 1859.)
Que va penser de cela le citateur de la « boutade » ? Va-t-il, par une lettre particulière, du genre de celle que j’ai reçue, tanser M. Karr, en l’accusant de «faire parade d’érudition et de fausser l’esprit du lecteur ? » J’honore parfaitement la personne de mon adversaire, je respecte la droiture de ses intentions, tout en déclinant la singularité de ses confidences. Si quelqu'un lui murmurait à l’oreille qu’il a perdu la tramontane, se soucierait-il que le quidam 1 environnât de salamalecs publics ? M. d'Arbaud est un brave cœur, j en suis persuadé; l’insolite de sa démarche est le débordement d’une vive et loyale foi ; mais son jugement l'abuse, quand il s imagine que ma tête grise est en déroute.
—11 faut savoir observer, me répète ce magnétiste.
— Oui, sans doute, il faut le savoir! Depuis plus de quarante ans, je m’étudie à l’apprendre : c’est là mon métier, et je ne l’exerce pas en amateur. C’est pourquoi, loin de faire la moindre parade, plus je vais et plus j’acquiers la certitude que nous ne savons pas! Comme le greffier d’une procédure, j’exhibe, autant que je le puis, les pièces de la cause (1), et
(I) Afin de vous prouver aussi que cette doctrine n'est pas ma doctrine, et que, n’ayant rien promulgué, je n'ai ries a défendre. Je ne suis
vous m'écrivez que, « dans l’intérêt de la science du mesmérisme, ces citations multicolores sont superflues, et qu’elles embrouillent la question. » Mais alors, je vous en prie, donnez-moi l'adresse de... la science du mesmérisme! Sinon que, calife de l’Occident, vous prétendiez, sur les traces de l’émir de Mahomet, que votre Coran suffit à l’univers.
l)r Clever de Maldigny.
(La suite au prochain numéro.)
ERRATUM.
N" 1 H> page o I !, ligne 33, lisez : Abercombec, au lieu de Abercom-bec!;.
ÉTUDE HISTORIQUE.
I ES PREMIERS ÉTABLISSEMENTS DU MAGNÉTISME A PARIS.
Tel est le titre de la publication que M. Paul Fassy a entreprise ; mais, puisque le manuscrit de l’auteur nous a été communiqué et qu’il nous a été permis de le lire avec la plus scrupuleuse attention, il nous a semblé nécessaire de faire précéder cette Etude de quelques réflexions capables d£ fixer les inagnétistes sur la pensée essentielle, exacte qui a guidé M. Fassy dans son travail : nous ne croyons mieux faire que de la diviser en trois points principaux.
Le but de cette Etude n’est rien moins que l’histoire desdifficultés sans nombre que l’établissement de cliniques magnétiques a rencontrées en France. L’auteur n’a pas eu la prétention de faire une biographie de Mesmer, non plus que l’histoire de sa doctrine : il s’est contenté de recueillir, de raconter succinctement les faits les plus marquants qui se
la réclame ni le courtier d’aucune industrie ou marchandise. Je cherche, je compare et, jusqu'à mieux, je dis ce qui me semble expliquer le plut convenablement les faits.
rattachent au séjour île Mesmer en France, l’opinion des contemporains d’alors, les attaques personnelles, voire même les calomnies auxquelles furent soumis les adeptes. C’est une histoire de dix ans, de 1778 à 1789, comprenant la première partie de celle des partisans du magnétisme depuis l’arrivée de Mesmer à Paris, jusqu’à nos jours. Nos lecteurs ne trouveront donc dans cette publication ni une théorie des principes de Mesmer, ni une étude de magnétisme considéré sous le rapport scientifique et thérapeutique, mais bien une chronique, le résultat de recherches inouïes.
M. Paul Fassy a voulu raconter aux magnétistes, ses contemporains, ce qu’ils n’ont pu voir dans les ouvrages classiques. Il s’est attaché à réunir les documents historiques les plus divers et les plus curieux puisés à des sources authentiques : — à préparer enfin des matériaux pour une histoire générale du magnétisme en France à l’écrivain qui voudrait entreprendre ce travail ; — à composer, en un mot (ce qui ne l’avait jamais été avant lui), un recueil de faits historiques ignorés de nos contemporains.
Le moyen pour arriver à son but, l’auteur l’a rencontré en fouillant les bibliothèques publiques, où il a pu consulter les mémoires particuliers, les rapports des diverses sociétés savantes antérieures à 1789, les correspondances, les biographies, les dictionnaires de médecine, l’encyclopédie, les journaux du temps, même les libelles et les pamphlets. Il a passé tout en revue, n’écrivant une note, un mot, ne donnant un nom qu’en indiquant les sources où il a puisé. Comme presque tous ces ouvrages sont rares, il a voulu faciliter les recherches futures en bien précisant l’origine de ses citations.
Le résultat auquel M. Fassy est arrivé ne laisse rien a désirer, car YHistoire des premiers Etablissements de magnétisme à Paris est une œuvre consciencieuse destinée à combler un vide dans les connaissances magnétiques de la génération actuelle. L’auteur de cette Étude historique a laissé à d'autres plumes, peut-être plus autorisées que la mienne, le soin de défendre la doctrine de Mesmer, de l’étu-
(lier dans son ensemble scientifique et dans son application thérapeutique.
Faire connaître les oppositions que rencontra Mesmer pendant son premier séjour en France, les difficultés constantes qui s’élevèrent contre l’établissement de cliniques magnétiques à Paris, constitue l'unique sujet traité par l’auteur.
Dans un second article nous ferons la critique de cette Étude historique, qui n’est d’ailleurs que la première partie de 1’ « Histoire du magnétisme a Paris, » de son origine à nos jours. Il comprendra, dans sa seconde partie, les sociétés de magnétisme sous l’Empire et la première moitié de la Restauration (de 1807 à 1821) , et il se continuera par l'histoire biographique et anecdotique des magnétistes contemporains qui se sont le plus distingués jusqu’à nos jours dans la doctrine de Mesmer. Cette dernière partie formera le complément indispensable de toutes les publications précédentes sur le magnétisme.
Nous ne terminerons pas cependant sans dire à la louange de M. Fassy que sa narration de faits curieux, inconnus qui se sont passés dans l’intervalle de dix années, est un témoignage flatteur de bon souvenir et d’intérêt donné à la cause mesmérienne, à la Société de magnétisme de Paris en particulier, dont il fut autrefois l’un des membres : la dédicace qu’il en fait à tous les adeptes de la doctrine humanitaire de Mesmer honore autant son auteur que ceux qui en sont l’objet. Qu'il veuille bien trouver ici l’expression de nos remercî-ments, et, pour notre propre compte, nous félicitons M. Fassy de nous avoir honoré du privilège d’analyser son intéressant et précieux travail.
T. Vuiu.erme-Dunand.
T.ES
PREMIERS ÉTABLISSEMENTS DU MAGNÉTISME
A PARIS.
(Étude historique.)
SOMMAIRE DES MATIÈRES 1>E LA PREMIÈRE PARTIE.
I. Arrivée de Mesmer à Paris (février 1778). — Son portrait par un contemporain. — Engouement des liantes classes de la société. - • Annonce de la découverte du Magnétisme animal, par le Journal de Paris (31 mars). — Louis XVI s’intéresse à Mesmer. — Courte notice biographique,
II. Mesmer présente ses assertions à l’Académie des sciences et à la Faculté de médecine. — Premier établissement de traitement magnétique en France. — (Mai 1778.) — Invitation de venir à Cretcil constater l'utilité du Magnétisme animal appliqué au traitement des affections nerveuses. — Ne reçoit pas de réponse.— Certificats donnés à Mesmer par ses malades.
III. Lettre de Mesmer & M......— Réfutation de la Faculté de médecine.
IV. Premières relations avec le Dr Desion. — Publication du Mémoire sur la découverte du Magnétisme animal. — D'Eslon invite douze de ses confrères à dîner. —Motifs de cette invitation. — Noms des invités.
— Proposition d’assister à des expériences dans les hôpitaux. — Quel en fut le résultat. — Répartie spirituelle de Mesmer.
V. L’Établissement magnétique de la rue des Quatre-Fils. — Cure rapportée par Bachaumont dans la Correspondance Secrète.— La curiosité publique veut pénétrer le secret de Mesmer. — Bizarre formule de la médecine magnético-magique donnée par le Mercure de France (septembre 1780).
VI. Publication des observations sur le Magnétisme animal, par d’Eslon.
— La Brochure du sieur Dehorne. — Curieuse appréciation sur l’émission du fluide vital. — Les sieurs Paulet, Bâcher. — Mesmer, le cœur rempli de douleur, pense à aller chercher des partisans en Angleterre. — (1781.)
VIL L'hôtel de la place Vendôme. — Luxe des appartements. — Chambres à crises. — Le salon au baquet.— Description qu'en a laissée une des femmes les plus spirituelles de la cour de Louis XVI. — Le secret du baquet donné par un folliculaire.
VIII. Diverses pratiques magnétiques. — Effets produits.
IX Appui moral de d'Eslon et le Roy.
X. Époque du départ fuée au 15 avril 1781.—La reine Maric-Antoinette fait représenter à Mesmer l'inhumanité de celle décision. — Réponse à Sa Majestéc. — Par ordre du roi, diverses propositions sont soumises à Mesmer. — Quelles étaient ces propositions.
XL Refus de Mesmer de continuer les négociations après avoir signé au procès-verbal sous forme conditionnelle. — Adresse un Mémoire apologétique au comte de Maurepas, premier ministre. — Nouvelles offres faites au nom de Sa Majesté. — Quelles elles sont. — Refusées par Mesmer. —Lettre do remerclments à Maric-Antoinette, et départ pour les eaux de Spa (31 mars 1781).
XII. D'Eslon ouvre dans sa maison de la rue Vivienne un établissement de traitement Mesmérien.—Portrait du Drd'Eslon, par Grimm.
— Succès de d’Eslon.—Les âpres critiques auxquelles sont soumis les partisans du Magnétisme excitent la curiosité publique et répandent le nom des doctrinaires. —Mesmer et d’Eslon déchirés par les gazetiers et chansonnés. — Quelques couplets de la satire : Mes spécifiques. — L'avocat liergasse, les comtes Chastenet et Maxime dè Puységur, le P. Gérard, le Bailly des Barres, Kornemann, le comte d’Espréménil et le général Lafayette ouvrent une souscription en faveur de Mesmer. — Proposition de l'avocat général de Servan.
XIII. Arrêt de la Faculté qui expulse d'Eslon de la place de docteur régent. — Un nouveau chef d'accusation présenté contre le magnétisme: l’atteinte aux bonnes mœurs.
IV. Succès de la souscription. — Retour de Mesmer à Paris et ouverture de la salle de traitement de l'ancien hôte! de Coigny. — Description de l'hôtel.
XV. Création de corps de Magnétiseurs en France et à l’étranger. — Sociétés de l’Harmonie universelle et de l’Harmonie de France. — Liste des cent premiers souscripteurs.
XVI. Quelles maladies on traitait à l'ancien hôtel de Coigny. — Scène terrible produite par l'application de l’agent magnétique. — Martyne la magnétiseuse. — Mesmer est aidé dans ses traitements par d'Eslon et Court de Gébelin. — Les d’Esloniennes et les Mesmériennes ou les nouvelles Amazones. — Mort de Court de Gébelin. — Sa mauvaise épitaphe par un mauvais plaisant.
XVII. D'Eslon demande et obtient une commission, et publie son Mémoire sur la découverte du Magnétisme animal. — Description et formule du baquet données par le Journal de Paris.
XVIII. Accusation d’immoralité portée contre les Magnétiseurs. — Réfutation de cette accusation et de diverses autres erreurs.
XIX. Le roi désigne, le 12 mars 1784, les membres de la double commission pour l’examen du Magnétisme animal. — Noms des commis-
“•aires et des délégués de la Société royale de Médecine. — Bailly, rapporteur. —Expériences chez d'Eslon ,ct à Passy cheï Franklin. — Conclusion des rapporteurs de la double commission ; les beaux travaux de M. le baron du Polct ne laissent rien à apprendre sur cette partie de l’histoire du Magnétisme. — De Jussieu. — Cuvier.
XX. Note secrète présentée au roi.— Il est inutile de la discuter.
XXI. Le rapport des commissaires est publié à 20,000 exemplaires. — La doctrine Mesmérienne se répand dans les provinces. — Découverte du somnambulisme, le 4 mai 1784, par le marquis Chastenet de Puységur.
XXII. Attaque contre Mesmer. — Comparé au chevalier Digby. — Plaisante consultation en vers. — Le Mesmérisme, ou épitre à M. Mesmer.
XXIII. Mort de d’Eslon. — Sa prédiction par une somnambule.
XXIV. Conclusion de cette première partie de Y Étude historique des premiers Établissements de Magnétisme en France.—Dispersion des adeptes du Magnétisme par la Révolution. —Départ de Mesmer, ruiné par la conversion des rentes. — Éloge de la Clinique magnétique de la rue Neuve-Saint-Eustache, par Thiéry.
XXV. Vers du temps pour être mis sous le buste de Mesmer, exécuté par M. Carpentier.
XXVI. Opinion de la marquise de Créquy, contemporaine de Mesmer, et du Dr Rostan, membre de l’Académie des sciences, sur l’avenir du Magnétisme et sa reconnaissance comme science officielle.
1.
Arrivée de Mesmer à Paris (février 1778). — Son portrait par un contemporain. — Engouement des hautes classes de la société. — Annonce de la découverte du Magnétisme animal, par le Journal de Paris (31 mars). — Louis XVI s’intéresse à Mesmer. — Courte notice biographique.
Dans les premières années du règne de Louis XVI, en février 1778, arrivait à Paris un honune précédé de la réputation la plus bizarre. Thaumaturge, charlatan, chassé de son pays selon les uns, bienfaiteur de l'humanité suivant les autres, mais en réalité « imposant par son air de sécurité « fière et de cogitation méditative, savant, étranger, et de « plus assez jeune et parfaitement beau, ce qui n’y gâtait « rien (1), » il venait, disait-il, apporter une science nou-
(1 ) Mémoires de la marquise de Créquy V. 3. p. (.">(. (Note.)
velle, un agent souverain contre les maladies nerveuses, un puissant curatif d’un emploi tellement facile qu’il ne nécessitait l’usage d’aucuns des médicaments répugnants dont la médecine ancienne était si prodigue.
Cet homme était Mesmer, et sa doctrine, le Magnétisme animal.
« Spirituel (1), » distingué de manières, Mesmer, le Dr Mesmer devint bientôt à la mode. Avez-vous vu M. Mesmer,
avez-vous été mesmérisée, faites-vous vite mesmériser,......
...... telles étaient les premières paroles que s’adressaient
les dames du grand monde. On oubliait la Guimard et la Duthé, le récent scandale de l’aventure de M"” Dugazon, le grand accident des catacombes, et même la glorieuse Odyssée du jeune marquis de la Fayette, qui devait avoir pour résultat de faire reconnaître par la France l’indépendance des colonies anglo-américaines.
L’engouement devint général. Le jeudi 31 mars, le Journal de Paris disait dans un article Médecine : « M. Mesmer, mé-« decin de la Faculté de Vienne, connu par des guérisons sin-« gulières annoncées par les papiers publics et par la foule « de ses contradicteurs, se propose de confirmer ici de nou-« veau, par des expériences authentiques, l’existence d’un « principe qui agit sur les nerfs et qu'il nomme magnétisme « animal. Ce principe mis en action par une méthode qui est « particulière à M. Mesmer, doit faire espérer à l’humanité d souffrante les secours les plus efficaces ; mais pour en être « convaincu, nous attendrons des effets qui, sans doute, « prouveront plus que tous les raisonnements ; en attendant, « il est bon de prévenir que ce médecin s’annonce avec le
M. Cousin de Courcliamps, auteur de ces Mémoires rédigés d’après les notes originales laissées par la marquise de Créquy, presque contemporain de Mesmer, s'élanl occupé sérieusement du Magnétisme animal nous avons cru pouvoir le citer, malgré lc3 reproches d'inexactitude adressés à certaines parties de son œuvre, étrangères d’ailleurs «\ l’objet de cette Étude.
(0 Kiogr. de Michaud. V. 28, p. 411.
>( plus grand désintéressement, et qu’au jugement de la plu-« part des docteurs qui ont communiqué avec lui dans ce n pays-ci, il possède, des connaissances très-étendues en médit-« cine et en physique (1). »
Les gazettes retentirent des louanges du docteur. Le roi lui-môme voulut qu’on le tint au courant des faits et gestes du héros du jour.
L’amour-propre de tout autre aurait été satisfait, mais ce n’étaient pas des succès de ce genre que venait chercher un homme comme Mesmer : c’était l’approbation des corps sa vants, l'étude et la critique impartiale de son système, et son adoption comme agent thérapeutique, dans le cas probable où son efficacité serait reconnue.
La curiosité publique mise en éveil voulût connaître l’histoire du novateur, et voici ce qu’elle apprit sans peine :
Frédéric-Antoine Mesmer, docteur de la Faculté de Vienne est né à Mersbourg (Souabe) en 1734. Agé de 32 ans seulement, il publia une thèse fort ridiculisée depuis, mais qui, dès le principe, le signala à l’attention des savants. Dans son Planetarum influxus (1706), Mesmer appuyait « sa théorie sur des principes reçus dans les sciences et sur des exemples généralement connus, mais les inductions particulières qu’il tirait des uns et des autres n’étant pas soutenues d’expériences immédiatement applicables à la question, il en résultait moins une doctrine à recevoir qu’un système à examiner (2). i) — « Son but était d’établir que (3) les corps célestes exercent, par la force qui produit leurs attractions mutuelles, une influence sur les corps animés, spécialement sur le système nerveux, par l’intermédiaire d’un fluide subtil qui pénètre tous les corps, et remplit tout l’univers (4). »
(1) N* 90. (Année 1778.)
(2) Précis historique de Mesmer. P. 1.
(3) Biog. de Boisjolin. V. 3. P. 582.
(4) Ce raisonnement, quelque bizarre qu'il puisse sembler, n’est pas aussi ridicule qu'on l’a prétendu. 11 tient fort, il est vrai, à l'astrologie qui a compté parmi ses adeptes les esprits les plus illustres.
Désireux de répandre son système, il se rendit à Vienne en 1774, mais y trouva un adversaire dans la personne du P. Hell, professeur d’astronomie, qui guérissait par les aimants ou Magnétisme terrestre. Après une vive discussion où le P. Hell fut proclamé vainqueur par les siens, Mesmer déclara que les aimants ne lui étaient pas nécessaires et qu’il agissait seulement par le Magnétisme animal. Ses premiers essais ne furent pas heureux. Critiqué par les médecins de Vienne jaloux de l’attention accordée à un simple confrère, traité par le physicien Ingenhouz de « charlatan et de jongleur (1), » il vit le baron de Stoërck, premier médecin de l’impératrice Marie-Thérèse, qui jusqu’alors lui avait témoigné un vif intérêt, se joindre à. ses ennemis.
Confiant dans sa doctrine, éclairé par l’exactitude et la constance de ses travaux et de ses observations, méprisant des critiques qu’avec raison il ne croyait pas fondées, Mesmer communiqua son système aux Académies de Paris, de Londres et de Berlin. Les deux premières gardèrent le silence. La dernière seule répondit pour le traiter de visionnaire (2).
Après plusieurs voyages en Bavière, en Suisse, en Souabe, « recherchant partout les savants, les étonnant, mais réus-« sissant peu à les intéresser (3), » Mesmer revint à Vienne dans l’espoir de voir ses efforts récompensés par quelques guérisons éclatantes.
tels que Philippe de Pisan, charle9 V, roi de France, dit le Sage, le grand Albert, Paracelse, Catherine de Mcdicis, etc., etc.; mais à l'époque où il fut publié, il n'avait rien d'extraordinaire et trouva des hommes instruits tout disposés à le soutenir. De nos jours, où l'influence des astres sur notre globe a élé réduite par la science aux alternatives de lumière et d'obscuritc, au mouvement périodique des marée9, au changement des saisons, il ne viendra à l'esprit de personne de nier que les variations atmosphériques produites par les phénomènes célestes, n’agissent sur l’organisme en général, et le système nerveux en particulier.
(1) Biog. de Uoisjolin. V. 3. P. 582.
(2) Biog. de Feller.
(3) Précis historique. P. 14.
Le traitement suivi d’excellents résultats d’une fille de 18 ans, Mademoiselle Paradis, affectée depuis l’âge de quatre ans, d’une horrible maladie d’yeux qui avait fait sortir les lobes de la cavité orbitaire, devint le prétexte des plus sanglants outrages. Mesmer indigné, prit le parti de quitter Vienne. Six mois après il arrivait à Paris, chaudement recommandé à M. de Merci, ambassadeur d’Autriche, par le ministre des affaires étrangères, laissant dans sa maison « et aux soins de son épouse, deux demoiselles dont la guérison pouvait être constatée à chaque instant et servir de preuve à la vérité (1). »
Paul Fassy.
(La suite prochainement.)
AVIS AUX ABONNÉS.
Î.A THÉRAPEUTIQUE MAGNÉTIQUE.
Je vais bientôt parler seul. On doit me rendre cette justice que, pendant la longue période d’années qu'a duré la publication du journal, j’ai fait place à tous les novateurs, à leurs observations, à leurs théories. J’ai gardé le plus souvent le silence sur ce qui me paraissait des contradictions et même des erreurs; j’ai préféré laisser au temps et à d’autres le soin de tels redressements : le journal que j’ai dirigé a été une tribune ou, dans une certaine mesure, toute pensée a pu être exposée, où la parole enfin est constamment restée libre. Mais dans l’œuvre que j’entreprends la place m’est laissée entière ; pas de controverse : la tribune est pour moi seul, c’est mon propre journal, journal d’expériences nombreuses observées, analysées avec un soin minutieux, que je me propose de publier.
(Il Précis historique. P. M.
Je ne prétends point ¡Y l’infaillibilité, loin de là ; mais j’ai la confiance d’avoir apporté une grande simplicité dans l’application du magnétisme et je serai heureux si je parviens à faire partager nies idées au sujet des méthodes que la nature semble indiquer par le travail qu'elle fait sous nos yeux.
Je laisserai de côté tout le langage médical, car j’écris pour des gens étrangers la plupart aux études médicales : mon œuvre sera donc simple et claire, et les mots scientifiques y seront peu nombreux. Mon désir le plus grand est de voir le magnétisme pénétrer dans les familles et y opérer un bien que la science médicale est impuissante à produire ; car le magnétisme est en dehors de la pharmacopée, et c’est d’abord pour les personnes que la science abandonne que les principes nouveaux seront un inappréciable bienfait.
Les loisirs me font défaut, je me fais même violence pour écrire; je voudrais qu’un autre moi-même produisît mon livre; mais puisque les magnétistes semblent, par leur silence» m’abandonner cette tâche, je vais la remplir le mieux que je pourrai. Deux années de méditation et de silence m’eussent été nécessaires, mais les loisirs, le repos sont le privilège de la richesse. Quarante-six années de luttes, de travaux journaliers, incessants, exclusivement consacrés à la cause du magnétisme, à sa propagation, et auxquels je ne pus jamais me dérober un instant, ne m’ont pas permis de m’instruire autrement que par la voie des faits; c’est pourquoi je penserai sans doute différemment des savants; c’est pourquoi encore mon œuvre ne ressemblera à aucun de leurs écrits. Et si, par aventure, mon esprit s’élance dans le monde moral et cherche à pénétrer cet inconnu qui nous environne de toutes parts, je n’aurai point non plus puisé mes idées dans les ouvrages philosophiques de nos contemporains; elles seront venues d’elles-mêmes : éclosion soudaine produite sans doute par la multiplicité des phénomènes que mon cerveau a recueillis et qui l’ont frappé comme une lumière. Si mes idées sont vraies, elles serviront la science ; mais je déclare n’avoir aucune prétention de chef d’école et ne me considérer que
comme une machine magnétique que la nature sans doute s’est plu à former.
J’ai souvent senti cependant qu’en dehors de 1 action simple du magnétisme qui opère de si grandes choses déjà, quelque chose d’un ordre plus relevé semblait parfois prêter son concours, et c'est ce qui m’a fait pressentir qu’un jour à venir 011 traiterait sensément de la thérapeutique divine, ouvrage dans lequel 011 ferait rentrer toutes les œuvres miraculeuses touchant les guérisons. Je me suis senti trop faible pour aborder un pareil sujet et c’est pourquoi j’ai borné sagement mon œuvre aux faits que les sens de tous pouvaient apprécier et juger.
Baron nu Potet.
AVIS DE L’ADMINISTRATION.
Comme la suspension du journal sera un fait accompli dès le 25 décembre prochain, nous prions les abonnés qui n’ont point encore soldé le prix de leur abonnement de vouloir bien se mettre en règle sans retard. Nous prévenons aussi les abonnés dont l’abonnement n’expire que dans le courant de 1862, qu’ils seront considérés comme souscripteurs à l’ouvrage de M. le baron du Potet, à moins d’avis contraire de leur part, et, dans ce dernier cas, on tiendra à leur disposition ce que leur redevra le journal. L’ouvrage ne pouvant être divisé on ne recevra de souscription que pour le volume entier.
12 francs pour Paris, là francs pour les départements, 16 francs pour l’étranger.
Aucune livraison 11e sera adressée à titre de prospectus.
Baron Du POTET, propriétaire-géranl.
POLÉMIQUE.
RÉPONS* AUX QUELQUES OBJECTIONS DE M. d’AKBAUD.
SUITE (t.)
Dans une note, l’anti-spiritualiste me rappelle qu’il n’est « rien d’invisible, relativement parlant. » Avais-je besoin de ce rappel, et n ai-je pas dit : « invisible pour l'abaissement obscur de notre infime relativité ? » (Voir le Journal du Magnétisme, tome XVII, p. 287 et suiv.)
— « Que deviennent, me demande mon contradicteur, les parties constitutives des corporéités fantastiques, lorsque Vapparition cesse. »
— Je ne suis point Professeur, — suis-je môme un disciple assez avancé ?— Je puis donc me contenter de répondre : Les éléments de corporéité vont où Vont toutes choses qui se dissipent, à la grande voierie diffuse, où la destinée les trouve pour l’accomplissement des lois de Dieu. Si cette réponse Me vous satisfait, reportez-vous aux termes de ma thèse : «Nous ne savons pas ! »
Choisissant l’anecdote du prince Dimitri S., M. d’Arbaud, toujours dans son rêve, dit que, sous « le prisme qui couvre mes yeux, »je prêche le surnaturalisme (lisez le contre-naturalisme), quand, au contraire, je m’attache incessâlnment aux explications naturelles (car la nature ne se borne pas à notre grain de sable) ; M. d’Arbaud, alambiquant des mots qui, par eux-mêmes et non mieux élucidés (2), n’expliquent rien du tout, nous affirme que «ce n’est pas Y individualité occulte du prince Dimitri qui s’est déplacée, mais bien l’Esprit de la femme de son ami qui s’est transporté à Paris, si toutefois nous pouvons nous exprimer ainsi. » L’état de surexcitation
(1) Voir les n’* 112, 113, 114,115, ne.
(2) Les mots : crise de noctambulisme, vue magnétique à dit-tance, etc.
Tomb XX. — N“ 117. — 2' Série. — 10 novembre 1861.
uii se trouvait la jeune femme a réagi sur le cerveau, sur 1 esprit de son mari ; il y a eu entre eux transmission de pensée. S’éveillant alors sous l’action de cette idée, ils ont cru apercevoir réellement le prince Dimitri, ceci en vertu du phénomène physiologique qu’on définit par ces mots : la persistance des images sur la rétine. Voilà tout le mystère dévoilé et le phénomène expliqué au point de vue du rationalisme et de la science. »
Parbleu! je vous conseille de vous en vanter, de votre science et de son rationalisme! Quel dénouement colossal! « Voila tout le mystère dévoilé ! » Mais qui me dévoilera votre dévoilement (1) ?
Assez de plaisanterie.
Voici ce que publiait Y Oxford Chronicle du Ie'juin 1861.
« En 1828, un navire qui faisait les voyages de Liverpool à New-Brunswick, avait pour second un M. Robert Bruce. Étant près des bancs de Newfoundland, le capitaine et le second calculaient un jour leur route. Le premier dans sa cabine et l’autre dans la chambre à côté ; les deux pièces étaient disposées de manière que l’on pouvait se voir et se parler de l’une à l’autre. Bruce, absorbé dans son travail, ne s’aperçut pas que le capitaine était monté sur le pont ; sans regarder, il lui dit: Je trouve telle longitude; comment est la vôtre? Ne recevant pas de réponse, il répéta sa question, mais inutilement. Il s’avance alors vers la porte de la cabine et voit un homme assis à la place du capitaine et écrivant sur son ardoise. L’individu se retourne, regarde Bruce fixément, et celui-ci, terrifié, s’élance sur le pont. — Capitaine, dit-il dès qu’il eut rejoint ce dernier, qui donc est à votre bureau en ce moment dans votre cabine ? — Mais personne, je présume.— Je vous certifie qu’il y a un étranger. — Un étranger? Vous rêvez, monsieur Bruce; qui oserait se mettre à mon bureau
(I) Il est désirable que les abonnés du journal relisent l'article de M. d’Arbaud, parce que le défaut d’espace m'empêche de le rééditer sans omission.
sans mes ordres? Vous avez peut-être vu lo contre-maître ou l'intendant. — Monsieur, c’est un honnnc assis dans votre fauteuil et qui écrit sur votre ardoise. 11 m’a regardé en face, et je l’ai vu distinctement ou je n’ai jamais vu personne en ce monde. — Lui! Qui? — Dieu le sait, monsieur! J’ai vu cet étranger que, de ma vie, je n’ai jamais vu autre part. —Vous devenez fou, monsieur Bruce; un étranger! et voilà six semaines que nous sommes en mer. — Je le sais, et cependant je l’ai vu. — Eli bien ! allez voir qui c’est. —Capitaine, vous savez que je ne suis pas poltron; je ne crois pas aux revenants; cependant j’avoue que je ne tiens pas à le voir seul en face ; veuillez que nous y allions tous les deux. Le capitaine descendit le premier, mais il ne trouva personne. — Vous voyez bien, dit-il, que vous avez rêvé. — Je ne sais comment cela se fait, mais je vous jure qu’il était là tout-à-l’heure et qu’il écrivait sur votre ardoise. — En ce cas, il doit y avoir quelque chose d’écrit. 11 prit l’ardoise, et lut ces mots: Gouvernez au nord-ouest. Ayant fait écrire les mêmes mots par Bruce et par tous les hommes de l’équipage sachant écrire, il constata que l’écriture ne ressemblait à celle d’aucun d’eux. On chercha dans tous les coins du navire et l'on ne découvrit aucun étranger. Le capitaine, s’étant consulté pour savoir s’il devait suivre cet avis mystérieux, se décida à changer de direction et navigua vers le nord-ouest, après avoir placé en vigie un homme sûr. Vers les trois heures, un glaçon fut signalé, puis un navire démâté sur lequel on voyait plusieurs hommes. En approchant de plus près, on sut que le navire était brisé, les provisions épuisées, l’équipage et les passagers affamés.On envoyades embarcations pour recueillir les naufragés; mais au moment où ils arrivaient à bord, M. Bruce, à sa grande stupéfaction, reconnut parmi ces malheureux l’homme qu’il avait vu dans la cabine du capitaine.’ Aussitôt que la confusion fut calmée et que le navire eut repris sa route, M. Bruce dit au capitaine : — Il paraît que ce n’est pas un Esprit que j’ai vu aujourd’hui; il est vivant; l’homme qui écrivait sur votre ardoise est un des passagers
pie nous venons de sauver; le voici ; jo le jurerais devant la justice.
«Le capitaine étant allé vers cet homme, l’invita à descendre dans la cabine et le pria d’écrire sur l’ardoise, du côté opposé à celui où se trouvait l’écriture mystérieuse : Gouvernez au nord-ouest. Le passager, intrigué de cette demande, s’y conforma néanmoins. Le capitaine, ayant pris l’ardoise, la retourna sans faire semblant de rien, et montrant au passager les mots écrits précédemment, lui dit : — (’.’est bien là votre écriture? — Sans doute, puisque je viens d’écrire devant vous, — Et celle-ci? ajouta-t-il en montrant l’autre côté. — Ceci est aussi mon écriture; mais je ne sais pas comment cela se fait, car je n’ai écrit que d’un seul côté.
— Mon second, que voici, prétend vous avoir vu aujourd'hui, à midi, assis devant ce pupitre et écrivant ces mots.-— C’est impossible, puisqu’on m’a amené sur ce bâtiment il n’y a qu’un instant.
« Le capitaine du navire naufragé, questionné sur cet homme et sur ce qui aurait pu se passer d’extraordinaire chez lui dans la matinée, répondit ; — Je ne le connais pas autrement que comme un de mes passagers; mais, un peu avant midi, ¡1 est tombé dans un profond sommeil, dont il n’est sorti qu’après une heure, Pendant son sommeil, il a exprimé la confiance que. nous allions être bientôt délivrés, disant qu’il se voyait à bord d’un navire dont il décrivit l’espèce el le gréement, en tout conformes à celui que nous eûmes en vue quelques mutants après, Le passager ajouta qu’il ne se souvenait ni d’avoir rêvé, ni d’avoir écrit quoi que ce fut; mais seulement qu’il avait conservé au réveil un pressentiment dont il ne se rendait pas compte, qu’un navire venait à leur secours. Une chose étrange, dit-il, c’est que tout ce qui est sur ce navire me semble familier, et pourtant je suis très-sûr de n’y être jamais venu. Là-dessus, M. Bruce lui raconta les circonstances de l’apparition qu’il avait eue, et ils en conclurent que ce fait était providentiel, »
On propage cette histoire comme entièrement authentiqua.
M. Robert Dalo Owen, ancien ministre des États-Unis îi Na-ples, la relate aussi dans son ouvrage, après s’ètre assuré de tous les documents qui peuvent en constater la véracité (1).
M. d’Arbaud nous dévoilera-t-il « tout ce mystère, par la persistance des images sur la rétine, » ou par quelque clause de son système? J’en doute.
J’ai cessé d’expérimenter, parce que, — je le réitère, — je suis certain de la réalité des phénomènes. Dans une étude antérieure, Le Spiritualisme en France (Voir le tome XV du Journal du Magnétisme), j’ai transmis des faits que l’on ne parait pas avoir pris au sérieux, tant la rétivité d’école est sourde à. ce qu’elle ne veut entendre. Je vais citer de nouveau les extraits suivants, très-réfractaires à la glose de Cahors.
(t) D’autres fois, c’est la personne endormie qui se trouve en rapports avec des laits qu'il est difficile d'expliquer.
Le Neivcast le-Journal du 10 novembre 1850 a publié ce qui suit:
« Jeudi, 7 novembre 1850, au moment où les mineurs de la charbon-nerie de (Jelfast se rendaient à leur travail, la femme de l'un d’eux lui recommanda d'examiner avec soin la corde de la banne ou euflard qui sert h descendre au fond du puits. " J’ai rêvé, dit-elle, qu on la coupait pendant la nuit. » Le mineur n'attacha pas d’abord grande importance à cet avis; cependant il lo communiqua à ses camarades. On déroula le cable de la descendrie, et, à la grande surprise do tous, on le trouva haché en plusieurs endroits. Quelques minutes plus tard, les travailleurs allaient monter dans la banne, d’où ils auraient infailliblement été précipités. »
Je pourrais citer Irois faits de décès inattendus, et réalisés après avoir été préalablement annoncés par des intelligences qui semblent ne point appartenir à la terre. Le premier se passa dans ma ville natale. Il fut prédit pendant le sommeil. Le second s’annonça par une apparition, la personne étant éveillée et surprise à l’improvistc. Il concerne un de mes frères mort en Amérique. Le troisième fait est de mon observation propre. Je ne m’occupais point encore de magnétisme alors, et je reçus la prédiction de ce rêve sansy prêter le moindre sérieux. A mon désospoir, elle se vérifia.
Les esprits forts en souriront peut-être ; il fut un temps où j'eusse fait de même. A présent je ne suis pas devenu crédule, cl cependant je ne raille plus ce que la science du jour n’accepte, ni ne sait solidement contredire.
n Au commencement de mes essais, tin statuaire belge, M. Lequine, magnétiseur des plus anti-spiritualistes, m'amena sa somnambule, blanchisseuse de fin à l’avenue de La-mothe-Piquet. La lucidité de cette jeune femme n’avait point franchi, jusque-là, les idées de son guide ordinaire.
dll la met en voyance. J’arrive à l’épidémie du jour, la vogue des tables parlantes et des Esprits. Le magnétiseur en rit à gorge déployée. Je venais d’approcher mon guéridon, sur lequel j’avais apposé les mains. La somnambule était sérieuse : elle regardait avec une attention remarquable. — 11 parait que ceci vous intéresse? lui dis-je. —Est-ce que vous y découvrez quelque chose? ajoute l’artiste. — Sur le plateau delà table, je vois la volonté du major (1). — Ma volonté? Par exemple ! Comment se montre-t-elle? — C’est un courant lumineux qui jaillit vivement sur la tablette. — Ali !
«La tête de la voyante se recule d’un mouvement convulsif ; ses yeux sont fixes; elle contemple avec une immobilité d’expression. Qu’avez-vous? — J’aperçois... dans le pied de la table... des puissances! ! 1— Des puissances? —Oui ! continue-t-elle d’une voix basse et frissonnante.—Des bêtises!!! Vous rêvez ! s’écrie le magnétiseur. — Je ne rêve pas! Je les distingue... très-positivement. — Que signifie ce langage? repris-je à mon tour. Qu’est-ce que ces puissances? — Eh! ce sont celles qui se rendent à votre appel. — Je n’ai pas dit un mot. — Vous ne savez donc pas que tout est aimant dans le monde... et que la pensée humaine, un des aimants les plus forts, attire ou repousse... même sans que l’homme s’en doute !
« Cette apostrophe me frappa d’un trait de lumière. Depuis, je ne l’ai jamais oubliée. Le magnétiseur devint bientôt un prosélyte de la nouvelle croyance. »
L’hiver de 1853 à 185â, dans deux soirées particulières au palais des Tuileries (2), les manifestations réussissaient au
(I ) J’étais encore au service.
(2; Lors de la première publicité de ces expériences, je n’en avais point
degré variable des aptitudes sympathiques. Une intelligence occulte, s’annonçant, sous le nom de AJorina, comme l’âme d’un jeune homme de l’Andalousie, mort à l’âge de dix-huit ans, tint par écrit (1), avoc l'impératrice, une conversation dans une langue qu’aucun de nous ne connaissait. S. M. parlait en espagnol, et le crayon, avec la rapiifM «/P l’éMr, répondait entre les (leux feuillefs d’un papier ei|tf’fluyert seulement du côté de l’interlocutrice. La jeune personne, occupée, à causer ailleurs, ne sut pas plus que lereste (les spectateurs ce que sa main écrivit. Une ai)tre fpccç occulte, se disant aussi l’esprit d’un jeunp genti!|)ompie décédé, nommé Dqrmond de Saiut-W{ihll, multipliait la gentillesse de ses espiéglerit^r^ A la maii] fermée d’un prélat, M, ftlenj^qd, évêque s3b'-Nancy, premier aumônier de l’Euipeceur, qi)i s’ôt(ii/.jir^g senté sous cette précaution oratoire i « Table ! c®iÀbien ai-je de pièces de monnaie?» Il avait fait retentir WaNçjji coups soiipres, sortis incqnçeyablement de la CQntè?fm;e d’une table à coulisses, qu'il enlevait quelquefois y/jfcç. des soubresauts d’une vigueur stupéfiante. Le nombre" quatre était exact. Une autre main, celle de ¡’Empereur, s’était empressée de suivre la première, en formulant sa question avec plus de désinvolture. Six coups, dune précipitation joyeusement sentie, venaient, par leur exactitude spontanée, d’exalter la satisfaction à son comble. On engâge M. le docteur Rayer, qui causait à l'extrémité du salon, à se mêler aux épreuves; il s’y prête delà façon la plus aimable, moyennant ses réserves d’incroyance, pour acquit de ses convictions. A peine s'est-il glissé parmi l’assemblée, que tout cesse immédiatement. On a beau redoubler d’instances, rien ! absolument rien 111 fallut que le docte académicien battit en retraite;
nommé les illustres personnages. Aujourd'hui que les séances de M. Home ont été racontées partout, je crois, sans m'écartcr en rien il'iin juste respect, pouvoir compléter mop récit par {oui cp qui doi|pe de la consécration ù la vérifé.
(I) Le médium é!ait M110 Léuntmç Bégjn, la plu3 jeune des deux filles du docteur Émilc Bégm.
encore ne fut-ce qu’au bout d’un assez long intervalle que les aventures se décidèrent graduellement à reparaître. »
« Le h juillet 1856, mesdames Du Potet, sa belle-sœur et moi, nous allâmes chez madame Ogier. Elle fut endormie : ces dames lièrent conversation avec elle. Quand ce fut mon tour, je priai la voyante de vouloir bien nous instruire de ce qu’elle pouvait savoir sur ces forces qui se révèlent par l’agitation de nos mobiliers. — Les Esprits? — Soit ! si c est le nom qu’il vous plaît de leur donner. — Je ne crois pas aux Esprits. Mon mari, qui n’y croit pas non plus, s’est aventuré vainement à la découverte de ce peuple invisible, il s’obstine à demeurer un mythe pour nous. — Est-ce que vous en auriez peur? — Pas du tout. — Voulez-vous que ces dames vous prêtent leur assistance? Vous serez peut-être plus heureuse dans une plus forte tentative. — Je ne demande pas mieux.
« Mesdames Du Potet et sa belle-sœur, madame Ogier et moi, nous plaçons nos mains sur une table voisine, en invitant quelque puissance mystérieuse à se manifester. La table s'agite et fait entendre des bruits de plus en plus sonores. — Je vous en prie ! s’écrie madame Ogier toute changée dans son aspect et dans le ton de ses paroles, appelez mon mari... Vite! et donnez-moi papier et crayon. On se conforme à ses désirs. M. Ogier se présente. Il nous interroge sur ce qui s’est passé. Je le lui raconte. — Des Esprits!... s’exclame-t-il en riant. Voilà quinze mois que nous essayons de briser leur porte, et toujours elle reste solidement close. Si bien que moi qui ne croyais pas avant mes essais, je crois moins encore depuis leur campagne perdue. —Ne parle pas ainsi, dit doucement madame Ogier. Son mari, d’après mon invitation, pose ses mains avec les nôtres sur la table. La somnambule éprouve des tremblements saccadés; sa figure s’im-pressionne profondément. — Est-ce que vous voyez quelque chose? — Non! mais je vais les voir... je les sens! » A l’instant, la lucide a la bouche contractée, les dents violemment
serrées; elle pose un doigt sur ses lèvres qu’elle ne peut plus écarter, et, par sa mimique, elle nous annonce qu’elle est devenue muette. Elle s’empare du crayon et du papier. Je demande si, d’habitude, elle écrit, lorsqu’elle est dans l’état magnétique. — Jamais. » Soudain, àdeux pas de nous, dans un coin et de l’intérieur de l'appartement, on frappe de petits coups, dun rhytlune doux et discret, mais d'une sonorité parfaite, etc. Madame Ogier trace rapidement ces mots sur le papier : « C’est mon père! 11 est heureux ! Il est avec ma mère. » Le colloque se continue par alternatives de coups frappés et de phrases écrites par la somnambule, qui nous interprète successivement le langage de ces bruits, très-éloquents dans leurs modulations,précipitées ou ralenties, plus retentissantes ou plus douces, suivant le sujet que traite 1 orateur invisible (1). » Cette scène dura trois-quarts d’heure environ. M. Ogier est aujourd’hui Membre du Bureau de la Société de Magnétisme de Paris.
En 185/i, dans une visite que je recevais du médecin major du 10' de cuirassiers, M. le docteur Camus, — homme entièrement étranger aux expériences des tables parlantes, mais ne doutant nullement du sérieux de ma parole même sur un sujet pareil, — je procédai, séance tenante, à la démonstration du fait.
Tout marche de mal en pire ! Je redouble de zèle en pure perte : les phrases s’interrompent ou se construisent défectueusement; les lettres se succèdent sans ordre; ce sont des mots dépourvus de sens ou des consonnes intarisables. Je ne soupçonnais point la cause de ce mécompte. Pour le vaincre, je me concentre avec explosion de toutes mes forces! La table se soulève, se livre à des contorsions et finit par écrire : « Il ne reste pas tranquille! » Je regarde le docteur : il était à peu de distance, les bras accoudés sur ses genoux, les yeux dans une projection fixe en face du guéridon.
(1) Voir le tome XVI du Journal du Magnétisme : Confession Spiritualité, p. 374 et suivantes.
— De qui parles-tu? répliquai-je. Le docteur Camus ne bouge pas ; il ne se mêle à rien ; en quoi te troublerait-il '! — Sa tète! — Est-ce que vous n’êtes point impassible, ainsi que je vous en avais prié? demandai-je au spectateur. — Ma foi! c’est à jeter sa langue aux chiens. Je m’épuise vainement à chercher comment et d’où cela peut naître. — Mais, malheureux, vous m'exténuez... Vous me briseriez, si je continuais davantage. Vous êtes jeune et fort, et votre tension cérébrale foudroie ma trop facile complaisance (1).
Leçon aux expérimentateurs bénévoles qui livrent inconsidérément l’issue de leurs résultats au choc des hostiles dispositions latentes.
D1 Clever de Maldigny.
{La finau prochain numéro-)
LE MAGNÉTISME. DANS L'ANTIQUITÉ.
Les traditions des peuples qui avaient été en relations avec l’Egvpte, conservées et transmises jusqu’à nous par leurs écrivains, poètes, historiens, philosophes, nous assuraient que les Egyptiens possédaient une profonde connaissance de la science à lacjuellç nous avons donné le nom de magnétisme ; que cette science était pour eux la clé de toutes les autres, et de la véritable philosophie ; qu'elle avait été le secret de l’irrésistible entraînement qui avait porté vers leurs mystérieux sanctuaires certains esprits inquiets de la destinée humaine, de la vérité, —esprits devenus plus tard après avoir deviné plutôt que recueilli les enseignements qu’ils allaient chercher, l’admiration de leurs contemporains el nos maîtres les moins contestés. Mais, sauf quelques gravures pu hiéroglyphes isolés dont l’interprétation pouvait
il) Voir le tome XV du Journal du Magnétisme, p. 7H.
être soupçonnée d’arbitraire, parmi les monuments de l’histoire de cc peuple, parmi les richesses que nous possédons, si nombreuses et si variées qu’elles embrassent la vie civile, l’art, l’histoire et la religion dans une période de quarante siècles, les patients émules de Champollion n’avaient jusqu’en ces derniers temps rien découvert qui confirmât ouvertement cette opinion. C’était une lacune qui n’existe plus aujourd’hui; ce document si intéressant pour les magnétistes, a été trouvé. S’il ne nous éclaire point autant que nous pourrions le désirer, — les soins jaloux, raisonnables peut-être, dont les mages entourèrent l’initiation ne permettent guère un tel espoir, — il n'en établit pas moins d’une manière irréfragable que le magnétisme était connu en Egypte, qu’il était exclusivement entre les mains des prêtres, de la science desquels les peuples voisins avaient l’idée la plus élevée.
Ce document important consiste en une inscription, qui couvre la belle stèle donnée par M. Prisse d’Avennes à la Bibliothèque Impériale, et qu’il a publiée lui-même (Choixde monuments, pl. 2/i.) en en donnant le premier le sens. L’habile égyptologue, M. S. Birch, en a donné plus tard une traduction; enfin M. le vicomte Emmanuel de Rongé en a lu une troisième traduction dans la séance annuelle de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres du 12 novembre 1858: c’est cette dernière que nous donnerons en y joignant comme complément quelques légères variantes et une autre inscription, relative à des Esprits possesseurs, prise du recueil de Sharpe (1) et publiée parM. Chabas dansï Athenæum français, n° (S, pages A3 et suivantes, avec une annotation de M. le vicomte de Rougé.
L’inscription relate la demande faite au Pharaon Ramsès-Méri-Amon II, par un prince, son allié et son parent, de l’envoi d’un docteur delà science, ud'unhomme au cœur intelligent, d’un maître aux doigts habiles, b dit le texte (peut-on désigner plus clairement un magnétiste?), pour examiner la
11 Siurpi:. lig. insc. tsl sériés, pl. 9 et 12.
jeune sœur de la Reine, « dont le mal a pénétré la substance, >■ ou suivant une variante, « sur les membres de laquelle le mal s’est étendu. »Sur l’impuissance avouée du docteur, on a re-coursà l’envoide l’une desformes du dieu Chons pour délivrer la jeune fdle. Ce fait devait se passer à la fin de la période la plusglorieuse de l’histoire de l’Egypte, sous la XX' dynastie, vers le commencement du XII* siècle avant Jésus-Christ.
Nous croyons utile de donner avant la traduction annoncée les quelques lignes dont M. le vicomte E. de Rougé a jugé convenable de la faire précéder, pour expliquer le rôle du dieu qui intervint dans cette guérison. Cette explication montrera en outre que la connaissance du magnétisme, celle d’une substance universelle qui se modifie indéfiniment sous l’impulsion de l’esprit ou de la pensée a servi de fondement à la théogonie, à l’élaboration des idées philosophiques de tous les peuples de l’antiquité.
La notion de la Trinité divine déduite analogiquement de a triplicité de l’esprit et de l’être humain ; la distinction des facultés de l’un, aussi bien que celle des personnes divines dans l’unité et leurs attributs, n’acquièrent de clarté et de précision que par cette connaissance ; et, comme l’on retrouve cette notion de la divinité, les savants travaux de Dupuis l’ont suffisamment démontré, chez tous les peuples, même à leur origine, quoique défigurée à nos yeux, il est vrai, par des mythes, des symboles, ou par le fétichisme des classes ignorantes, on doit en conclure que la connaissance du magnétisme remonte aux premiers âges de l’humanité.
Quelle merveilleuse histoire que celle du magnétisme, qui commence aux premiers efforts de l’esprit et nous conduit par la série ordonnée et progressive de ses manifestations à son plus haut point de développement et de grandeur ! Révélateur immédiat de l’esprit dont il reproduit les opérations en les perpétuant, le magnétisme est le fondement et la lumière des Sciences intuitives et des Sciences Morales et Politiques. Esclave docile de l'esprit même dans ses apparentes révoltes, son histoire est l’histoire de la Providence toujours
docile sous la pression de l’intelligente violence des initiés savants 011 instinctifs, mais rebelle aux efforts de l’ignorant : Aide-loi (agis avec intelligence, avec une énergie patiente, et dans un but raisonnable), et le ciel l’aidera (le ciel sera avec toi). Instrument et enveloppe délicate de la pensée, du sentiment, le magnétisme en peint les élégances et les subtilités aussi bien qu'il en fait sentir les douceurs et les exaltations : il est le génie inspirateur des Beaux-Arts, il fut la vraie source d'Hypocrène où s’abreuva la poésie antique, où elle puisa une variété, et une richesse d’images qui üous éblouissent et les sublimes inspirations qui font notre enchantement et comme modèles, notre désespoir. Instrument unique des phénomènes de la nature, des transformations qui s’accomplissent autour de nous dans ce qu’il est convenu d’appeler la matière, le magnétisme offre à notre examen une seconde révélation de ses propriétés, de ses lois. Cette seconde révélation est l’objet de la Science médicale, des Sciences physiques et Naturelles et de Y Industrie ; mais la première en est l’âme : les procédés des unes aussi bien que les classifications, les systèmes des autres tirent d’elle toute leur valeur, toute leur solidité. Ces deux révélations, qu’il est possible d’étudier séparément, se complètent et s’éclairent par leur rapprochement et par la nécessité absolue de leur accord.
Telle était, mais rapidement indiquée, cette unité lumineuse qui pour les anciens éclairait les mystères de la création. C’était le sujet de leurs méditations constantes, la cause de leurs profonds ravissements que cette substance universelle, qui du sein de l’unité allait ainsi se développant, se diversifiant, se transmuant pour offrir à l’esprit de l’homme sa propre image et un spectacle analogue dans l’éblouissante image de la création. C’était le sujet de leurs méditations constantes que cette lumière universelle qui avait des clartés inattendues pour tous les problèmes qui intéressaient l’homme, l’humanité, qui avaient des solutions aussi brillantes que satisfaisantes pour les difficultés de la science. C’était surtout
le sujet de Ibtirs continuelles actions de grâce l’Auteur des cliosrs que Cette force, cette puissance universelle qui avait été mise ;V la disposition de l’homme pour témoigner de sa liberté : ¿est le Pantliée, le Protée des anciens, c’est aussi la boiic de Pandore. Puissance bienfaisante entre les mains de l'adepte, merveilleuse eiiti‘e les fnâiiiS de la fol, mais arme inutile iintre les irtains des faibles, toujours redoutable et paralysante pour les sages entre les mains des ignorants ei des pervers, la perspective d'tine initiation générale glaça les premiers initiés d’ëlîhn: ils savaient qtie l’homme n’accepte le bien, lemièti* qu'autant qu’on le lui imposé; ils cachèrent donc la vérité dans le plus profond de leur cteur et de leurs temples et dirigèrent les sentiments du peuple vers ses symboles grossiers, mais vrais. lis restèrent ainsi les premiers d’entrë les hommes ; niâis les peuples soumis à leur direction furent aUSsi lës premiers d'entt-e les peuples.
celui qüi parmi nous Complétera cètte brillante histoire du magnétisme dont nous n'avôtlS ëhgôre que dès ébauches, qui achèvera cetie initiation universelle, âprk laquelle plus généreux ou plus téirtéràireS rtoUs courons tous, sera le bien-venu dans cès tefflpS d'anxiété et dé lassitüdé générale.
Mais revénons à ilôtrô inscription ët au tè*té de M. Ë. de Rougé:
« Les Thébains, dit M. de Rougé, concevaient la divinité sous la forme d’üne triade dotit les analogues se retrouvent dans toute l’Égyptë. Le Chef de la triade, Àinon, portait un nom qui, dans la langue égyptienne signifie mystère. Son rôle particulier est celui de père et de créateur suprême des êtres. Les textes antiques attribuent formellement au dieu père l’unité absolue et i’existence par lui-même. 11 est curieux du trouver de pareilles idées conservées jusque dans les derniers temps, au milieu du polythéisme effréné qui déshonora l’Égypte. Le dieu père était associé dans son rôle de créateur à une mère suprême qui, à Thèbes, he portait pas d’autre nom que la mère, Mô'ul-
ii Les Égyptiens entendaient l’existence dti dieu fils Cli Ce
sons que le dieu père se procréait et s’engendrait lui-même éternellement dans le sein de cette mère, en sorte qu’il était père ou fils, suivant la face sous laquelle on le considérait . Le sens de ce mystère est résumé dans le titre habituel d’Amon, qui est qualifié le mari rie sa mère.
« Le produit de la généi'atlon divine était aussi considéré quelquefois comme ayant une troisième personnalité distincte; il recevait iiThèbes le nom de Chons. Cette troisième personne de la triade parait plafcêe plus près de l’humanité qu’Anion, le dieu caché. Chons était l’agent divin; il sechar-geait du rôle de Providence pour la Thébaïde, son pays favori; il en dirigeait les conseils et combattait lui-même contre les puissances malfaisantes. C’ëSt àiiisl qu’ôti l’invoquait contre les maladies, toujours attribuées à de malignes in-fiences. Plusieurs de ces formules de conjuration se sont conservées dans les papyrus, et, le même usage subsiste encore dans la médecine telle que l'entendent divflrs peuples de l'Oriënt.
« Chons, le dieu fils, était donc le grand guérisseur, à cause de sa puissance sur les mauvais esprits (1), Imhotep, le dieu fils de Ptali, jouait le même rôle à MeMphls ; aussi les Grecs l’otit-lls assimilé à Esculape. La personnalité de Chons paraît avoir été envisagée sÔUs deux faCës! d'une part la légende du dieu peut se traduire : Chons de Thébdide, tranquille dans sa perfection. Ce nom désignait la première forme de Chons, sous laquelle il paraît avoir été conçu comme se reposant dans sa grandeur, sanS s'occuper des affaires des hommes. 11 fallait que la seconde face de Chons, dieu plus actif, vint, pour ainsi dire, prendre ses ordres et recevoir de lui ses pouvoirs pour faire produire des effets à sa bonté souveraine. La légende de cette seconde personnalité du môme dieu se lit sur une autre arche, qui figtlre dahs le blême bas-
(1) Selon M. Prisse d’Avennes, ce dieu était spécialement chargé d’agir auprès de l'homme qui guérissait les maladies et chassait les mauvais
esprits.
relief, elle se traduit : Citons, conseiller de. Thèbes, dieu grand, qui chasse les ennemis.
« L’inscription se compose de vingl-lmit lignes gravées en beaux caractères hiéroglyphiques. »
Les six premiers versets du texte ne comprennent que la série des noms et des titres qui constituaient la légende officielle de chaque Pharaon, et les louanges du souverain régnant; nous n'en donnerons point la traduction. Immédiatement après commence le récit suivant :
• 7. Sa Majesté était en' Mésopotamie, occupée îi recevoir les tributs « de l’année ,• les princes de toute la terre venaient se prosterner en sa « présence et implorer sa faveur.
« 8. Les populations commencèrent à présenter leurs tributs : l’or.
■ l’araent, le lapis-lazuli, le cuivre, les bois précieux delà terre sainle « chargeaient leur dos.
« 9. Chacun à son tour offrait ses redevances. Quand le chef de Bachtan
0 Ol apporter ses présents , ¡1 mit sa fille au premier rang pour implorer n Sa Majesté et solliciter auprès d’elle la faveur de la vie.
« 10. Celte femme élait belle, elle plut au roi par-dessus toute chose; « il lui donna, en qualité de première épouse royale, le nom de Neferou-u Ra (beautés du soleil), et à son retour en Egypte il lui ût accomplir tous « les rites des reines.
i 11. En l’an 15, le 22"“ jour du mois d’Epiphi, Sa Majesté se trouvait « dans l'édifice de Tama, reine des temples, occupée à chanter les louanges
• de son père Amon-Ra, maître des trônes de la terre, dans sa panégyrie n de la Thèbes du midi, siège de son cœur, lorsqu’on vint annoncer l’arrivée « d’un envoyé du prince de Bachtan, apportant de riches présents pour la « royale épouse.
i 12. Conduit devant le roi avec ses offrandes, il dit en invoquant « Sa Majesté : « Gloire à toi, soleil de tous les peuples ' accorde nous-la « vie en ta présence. »
« 13. Ayant prononcé son adoration devant Sa Majesté, il reprit ainsi « son discours : « Je viens vers toi, roi suprême, ô mon seigneur ; pour
Bint-Reschit, la jeune sœur de la reine Neferou-Ra ; un mal a pénétré
1 dans sa substance; que ta Majesté veuille envoyer un homme connais-
sant la science pour l’examiner.
« li. Le roi dit alors : « Qu’on fasse venir le collège des hiérogram-« mates, les docteurs des mystères, de l’intérieur de notre palais. » f 15. Etant venus à l'instant, Sa Majesté leur dit : « Je vous ait fait » appeler pour entendre ce qu’on me demande ; indiquez-moi parmi vous « un homme au cœur intelligent, un mal/re aux doigts habiles. »
« IG. Le basilicogrammale Tholh-em-hévi, s'étant présenté devant le « roi, reçut l’ordre de partir pour Hachtan, avec l’envoyé du prince.
* 17. Lorsque l'homme sachant toutes choses, fut arrivé au pays de « Bachtan, il trouva Bint-Reschit obsédée par un esprit; mais il se recon-« naît sans pouvoir pour le combattre.
« 18. Le prince de Bachtan envoya une seconde fois vers le roi pour « lui dire : « Souverain suprême, à mon Seigneur! si la Majesté voulait « ordonner qu’un dieu fût apporté au pays de Bachtan pour combattre cet « esprit ? »
■ 19 Celte nouvelle demande parvint au roi en l’an 26, le I" du mois « de Paclions, pendant la panégyrie d’Amon, Sa Majesté était alors en « Thébaïde.
« 20. Le roi revint en la présence de Chons, dieu tranquille dans sa « perfection pour dire : « Mon bon Seigneur r je reviens pour t’implorer
* en faveur de la fille du prince de Bachtan. »
■ st. Puis il lit conduire Chons, dieu tranquille dans sa perfection, vers « Chons, conseiller de Thèbes, dieu grand, qui chasse lés ennemis.
« 22. Sa Majesté dit à Chons, dieu tranquille dans sa perfection : « Mon « bon Seigneur, si tu voulais tourner la face vers Cbons, conseiller de « Thèbi s, le grand dieu qui chasse les ennemis, et l’envoyer au pays de « Bachtan par une grâce insigne. »
t 2t. Puis Sa Majesté dit: « Donne-lui ta vertu divine, j’enverrai « ensuite ce dieu pour qu’il guérisse la fille du prince de Bachtan.
« 24. Par sa faveur la plus insigne, Chons de Thébaïde, dieu tranquille « dans sa perfection, donna quatre fois sa vertu divine à Chons, conseiller « de Thèbes.
« 25. Le roi commanda qu’on fit porter Cbons, conseiller de Thèbes, « dans sa grande arche, avec cinq petites barques et un char. De nombreux « cavaliers marchaient à sa gauche et à sa droite.
a 20. Le dieu arriva au pays de Bachtan, après un voyage d’un an et « cinq mois. Le prince de Bachtan vint, avec ses soldats et ses chefs à la . rencontre de Chons, le conseiller ; s’étant prosterné le ventre à terre, il « lui dit :
« 27. Tu viens donc vers nous, tu descends chez nous par les ordres du o roi d’Égypte, le soleil, seigneur de justice, approuvé du dieu Ra. *
« 2H. Voici que ce dieu vint à la demeure de Bint-Reschit; lui ayant >■ communiqué sa vertu, elle fut soulagée à l’instant.
« ï9. L’esprit qui demeurait en elle dit, en présence de Cbons, le con-« seiller de Thèbes : « Sois le bien-venu, grand dieu qui expulse les o rebelles; la ville de Bachtan est à toi ; ses peuples sont tes esclaves;
» moi-méme je suis ton esclave.
« 30, le m’en retournerai vers les lieux d’où je suis venu pour satisfaire
» toll cœur sur le sujet do Ion voyage. Qui* la Majesté veuille ordonner « qu’une file soit célébrée en mon honneur par le prince île liaclitan. »
« 31. Le dieu daigna dire à son prophète:» Il faut |ue le. prince de « liaclitan apporte Hne riche offrande à cet esprit. »
« 32. Pendant que ces choses se passaient et que (’.lions, le conseiller de « Thèbes, coiivelsait avec l’esprit, le prince de Bachian restait avec son j armée, saisi d’une craitile profonde.
» 33. Il fit offrir de riches présents à Chons. conseiller de Thèbes, ainsi « qu’à l’esprit, et célébra une féte en leur honneur ; après quoi l’esprit « S’en alla où il voulut, sur l’ordre de Chons, le conseiller de Thèbes.
o 31. Le prince fut transporté de joie, ainsi que toute la population « de liaclitan; puis il se dit en lui-même : « Il faudrait que ce Dieu put « rester à Baohtan | je ne le laisserai point retourner en Egypte. »
« 53. Il y avait trois ans et neuf mois que le dieu Chons demeurait il « liaclitan, lorsque le prince, reposant sur son lit, crut le voir quitter son « arche ; il avait la forme de l’épervier d’or et s'élevait vers le ciel, dans la « direction de l’Égypte.
« 36. Le prince s’était réveillé fut saisi d'effroi; il dit alors au prêtre ■ de Chons, conseiller de Thèbes : « Le Dieu veut nous quitter et retourner « en Égypte ; faites partir son char pour ce pays, »
Les trois versets qui terminent ce récit sont consacrés au départ du dieu et à son retour à Thèbes.
Voici les variantes, les observations et les additions de M. Chabas t
« Lignd 8 du texte publiée par M. Prisse » et qui correspond au verset 13 de la traduction de M. de Rongé.
o Le messager dit en présence du roi : Je viens h loi chef suprême, mon maître, à cause de Binat-Rosch, la petite sœur de la Reine Ra-Nefrou ; un mal s’étend (1) dans ses membres. »
« Le roi après avoir consulté les docteurs de la science sacrée, envoie au pays de Bakhteti le basilicogrammate Thot-em-hewi, avec la mission d’examiner le cas. Le texte rend compte, en ces termes du résultat de son examen :
« Ligne 12 » (correspondant au verset 17 de la traduction ci-de&sus) :
« 11 trouva Binat-Rosch dans la situation d’ttre sous des esprits ; il trouva un ennemi qu’il lui i.> U,l combattre. *
« Le basilicrogranmiate ne se crut saps doute pas préparé pour celte lutte, car il revint en Egypte sans avoir opéré la guérison de la jeune fille, et le cjief de Bachten dût bientôt recourir une seconde l'ois à l’assistance du pharaon, son gendre ; il fait alors demander l’un des dieux de l’Egypte, et le roi lui envoie, avec un cortège imposant, le dieu Ghons-pe-iri-skher ((’.lions, qui accomplit les intentions, çxawlitor. Nous trouvons dans l'inscription les renseignements suivants sur le suqcôs de cette nouvelle mission ;
« Ligne 18» (correspondant au verset 28 de la traduction ) :
« Ce dieu alla dans le lieu où était Binat-Rosch ; il donna assistance à la lillc du chef (toUakhlen, dont l’amélioration fut subite. »
« Alors cet esprit qui était en elle dit au djeu Çbons :
« Tu es venu en paix, Ò grand dieu qui dissipes les fantômes ; la ville de Bakbten est ta forteraspe, ses habitants sont tps esclaves, Bipi-méniejtiipis ton esclave et j’irai 411 lien d’où je sui§ ym, aflo de te salisfajr« dans ■’objet de ton vqyage. »
« Cette confession soudaine de l’esprit possesseur rappelle celle des démons qu’approchait Jésus-Christ et qui proclamaient aussitôt sadivine origine (saint Matthieu,çh.vjji.v, 29; saint Marc, i, 2Zi; ijj, 11 et 12), Mais devant le dieu Egyptien, l’esprit fait ses conditions; il impose une fête, et ce n'est qu’après l’accomplissement des cérémonies convenues qtt il quitte la jeune fille et s’en va où bon lui semble, bien différent eu cela des démons qui imploraient la faveur de passer dans le corps des pourceaux (saint Matthieu, ch. vji|, v. 31),
« Je ne crois pas qu’aucun autre texte, continue A|. Cha--bas, relatif à des esprits possesseurs, ait été signalé depuis la publication de AI. Birch (Tramaci. of Ihc Hoy. soc. of hier., vol. IV, new sériés). Aussi ne m’a-t-il pas semblé tout à l'ail hors de propos d’appeler l’attention des égyptologues sur une inscription qui renfenpe de§ mentions se rapportant à cette croyance.
n L’inscription dont il s’agit fait partie du recueil de Sharpe; elle a été rédigée par un prêtre de Kliem, nommé Ounnefer, fds de la dame Tent-Amon ; les qualifications ordinaires d’Osiris et de ma-touo, justifié, nous font connaître que ce personnage était mort à l’époque de l’érection du monument.
« Le texte consiste en une suite d’invocations adressées à certaines divinités ou génies portant des noms complexes ; elles ont pour objet d’obtenir que le défunt soit préservé de toute attaque de la part des esprits maudits, des reptiles et autres animaux chargés d’accomplir les vengeances divines sur le corps des damnés; par malheur, la stèle est brisée à la partie supérieure, en sorte que des 36 lignes copiées par Sharpe, les 11 dernières seulement sont sans lacunes. Dans cet état de l’inscription, et aussi en raison de la nature mystique du texte, une analyse complète me paraît bien difficile, sinon impossible. Je ne me propose pas de l’entreprendre ici, mon but étant d’expliquer seulement un petit nombre de passages qui m’ont paru particulièrement remarquables.
« Le premier de ces passages commence par un paragraphe à la ligne 5 de la planche 11-12 ; je le lis ainsi :
« 0 brebis, enfant de brebis, agneau, fils de brebis, qui tètes le lait de la mère, la brebis, ne permets pas-que soit mordu le défunt par aucun serpent màle.ou femelle, par aucun scorpion, par aucun reptile ; ne permets pas que l'un d’eux maîtrise ses membres (suivant M. de Rougé : ne permets pas que le venin s’empare de set mtmbret) ; qu’il ne soit pas pénétré par aucun mort ni par aucune morte ! que l’ombre d’aucun esprit ne le hante I que la bouche du serpent Hem-Kabou-ew n’ait pas de pouvoir sur lui. •
& Je n’essayerai pas de hasarder la moindre conjecture sur l’animal mythologique auquel est adressée cette curieuse invocation. Je me contenterai d’insister sur la formule suivante :
AN AK-EW EN MAU NEB MAU-T NEB AN RIR ES
Qu'il ne toit pénétré par aucun mort, pur aucune morte; qu'elle ne /a hante pas,
.....ENTE KHOU NEB
l'ombre d'uucun esprit
« L’Egyptien justifié quittait la nuit le tombeau et se levait comme le jour nouveau; en d’autres termes, il vivait encore après la mort; le coupable, au contraire, était frappé de la seconde mort (1); certaines prières du livre funéraire avaient pour objet d’épargner au défunt ce trépas définitif. Les réprouvés frappés de la seconde mort reçoivent dans les textes, soit la simple dénomination de mort, comme dans le passage étudié, soit celle d’esprits morts.
«Assimilés aux ennemis d’Osiris, ils subissaient les tortures de l’enfer égyptien et leurs corps démembrés servaient de pâture aux monstres et aux divinités chargées de supplicier les coupables. Mais ils avaient eux-mêmes le pouvoir de nuire et remplissaient le rôle que nous attribuons aux démons. Nous les voyons ici investis de la faculté de s’introduire dans des corps qui ne leur appartiennent pas. On trouve dans le rituel cette prière du défunt :
« Fermez-moi contre les morts qui font le mal contre moi ! Qu’ils ne fassent pas de mal contre moi. »
« L’adjuration étudiée s’adresse, non-seulement aux morts qui entrent dans les corps, mais encore aux ombres des esprits qui hantent. 11 faut noter que les morts étaient regardés comme des êtres méchants et funestes ; les noms d'ombres et d’esprits s’appliquaient au contraire le plus ordinairement dans un sens favorable ou comme dénominations générales pouvant recevoir des attributions bonnes ou mauvaises. M. Chabas ici donne à l’hiéroglyphe du flabellum, qui simule un parapluie ouvert, le sens d’ombres, se fondant sur ce que ce symbole se trouve associé, dans des énumérations, aux hiéroglyphes bien connus qui nomment les âmes et les esprits. Au chapitre 92 du rituel qui a pour titre : « Chapitre d’ouvrir le monument de l’âme, l'ombre sort au jour. » Dans la vignette le défunt est représenté ouvrant un petit édicule d’où s’é-
(1) Saint Jean (Apocalypse, ch. il, 11), se sert d’une expression sembable.
chappe l'épervier à tète liumaine qui représente l’âme, on lit à la lig, â-5 :
o N’airètez pas mon àmc, ne retenez pas mon ombre; ouvrez la voie à mon àme, ii mon ombre, à mon esprit. «
et l'on y retrouve l’hiéroglyphe du Habellimi.
« Je passerai rapidement sur les adjurations suivantes que je rencontre dans l’inscription :
Ligne 8 ;
« O loi qui entres, n’entre dans aucun des membres du défunt. *
Ligne 13 :
o Ne permets pas que Je haplenl [es influences d’aijcu i) serpent mâle ou femelle , d’aucun scorpion, d’aucun reptile, d’aucun mort, d’aucune morte »
o Bien que ces invocations aient, formulées en laveur d’un défunt, je n’hésite pas à penser qu’elles reflètent frôs-exactement ce qui se passait en pareil cas pour les vivants. Les Égyptiens ne se représentaient pas la vie d’outre-tombe différente de la vie de ce monde. Leurs textes funéraires insistent minutieusement sur la similitude de ces deux existences et répètent à satiété que le défunt agit en tout comme s’il était sur la terre et se sert de tous ses membres, selon les fonctions qui leur sont naturelles ici-bas. On trouve aux lignes 18-17 du chapitre 1(58 du rituel une mention dont la précision dépasse le» bornes d’un langage bienséant (1 ).
o Le conte si curieux, déchiffré par M. Bougé, sur le papyrus hiératique de madame d’Orbiney, nous offre un remarquable exemple de la facilité avec laquelle les défunts étaient censés pouvoir se transporter partout à leur gré et se revêtir de formes diverses. Satan, mort à la suite de l’indiscrétion commise par sa femme, quitte la sphère céleste, ranime son propre corps et redevient tel qu’il avaitétô ; ensuite il se change en taureau sacré, puis en arbre ; enfin, il pénètre dans le sein
(I) Est ille comédons bibens et exonerans ventrem lanquam si osscl in terra. L’Egyptien s’explique encore plus crûment.
(lo sa propre épouse devenue reine et renaît comme fils du pharaon.
» Il résulte de ces textes précis que les bons comme les mauvais esprits pouvaient, dans l’opinion dos anciens Egyptiens, devenir des esprits possesseurs. Leurs manifestations avaient été sans doute étudiées avec soin, et le grammate Thot-em-hewi avait du être choisi parmi les dépositaires de la science qui enseigne à reconnaître ces manifestations. Aussi, tandis qu’à Bachten la maladie de la jeune fille était restée inconnue, puisque le messager se contente de dire qu’un mal a raidi ses membres, le grammate égyptien sut aisément reconnaître les symptômes de l'invasion d’un esprit, telle que l’admettaient les croyances de son pays. Ces faits acceptés, il faut de toute nécessité admettre l’existence contemporaine de prières et de formules conjuratrices. Les invocations que je viens d’analyser nous en offrent certainement des exemples.
« Au surplus, nous trouvons à la ligne là de notre texte la mention d’un véritable exorcisme.
« J’ai prononcé les paroles sur les herbes placées dans tous les coins de la maison. J’ai aspergé la maison tout entière avec le Suc de ces herbes pendant la nuit et pendant la lumière du monde. »
« Vient ensuite une phrase qui me semble pouvoir se traduire :
« Et quiconque est enseveli reste à sa place. »
Bien qu’il puisse exister quelque doute sur l’interprétation de ce dernier membre de phrase, il n’en reste pas moins certain que nous trouvons ici l’antique formule d’une opération magique destinée à préserver une maison de l’invasion des mauvais esprits ou des revenants.
« Plus loin, à la ligne 16 , le texte nous offre une adjuration tendant au même but :
« Ecoutez, vous ! tout serpent mâle el femelle, tout scorpion, tout reptile, n’entrez pas dans cette maison qui est celle du défunt. »
« Le monument contient plusieurs autres formules du même genre dont le déchiffrement est possible. Celles que j’ai analysées suffisent au but que je me suis proposé. G*-’ sujet est à peine effleuré, il pourra être repris avec fruit pa> d’autres égyptologues mieux placés que moi pour 1 étude des richesses archéologiques rassemblées dans les collections publiques. Telles qu’elles sont, les planches de Sharpe ne fournissent pas les moyens d’apprécier avec quelque certitude l’antiquité de l’inscription du prophète Ounnefer. L’orthographe m’empêcherait de songer à une époque très-basse s’il n’était pas possible que l’inscription ne fût que la reproduction d’un texte antique perpétué d’âge en âge, comme le rituel, par exemple. L’examen de la gravure des hiéroglyphes jetterait probablement quelque lumière sur la question. Quoi qu’il en soit, il me paraît vraisemblable que les opérations magiques, reprochées à quelques-unes des sectes du gnosticisme, avaient des racines profondes dans la science antique de l’Egypte. Il est extrêmement intéressant de rechercher, dans les textes originaux, les débris de cette science vénérable. C’est là une tâche vaste et belle à laquelle les égyptologues ne failliront pas. »
M. de Rougé, à qui ce travail avait été adressé par M. Cha-bas, déclare après des éloges mérités, que sauf quelques points de détail qui n’ont pas trait au sujet, il est complètement d'accord avec M. Chabas. Il considère la traduction de ce dernier comme incontestable dans son ensemble, et il appuie son opinion par quelques notes favorables relatives à l’interprétation de certains mots dont le sens n’était point encore suffisamment fixé.
Ces textes sont assez explicites, ils prouvent, ainsi que nous l'avons déjà dit, la connaissance que les anciens avaient du magnétisme, de la magie, et leur croyance à la possibilité de faits que l’incrédulité admet encore avec tant de peine de nos jours.
E. A. M. Paris.
CAUSERIE.
Le sort des humains n’est plus dans les mains de la nature, la science e9t devenue la régulatrice de la santé, elle s’est substituée à Dieu. La science ne tient aucun compte des forces médicatrices qui sont en nous, elle en contraire autant qu’elle le peut, et la puissance et le travail. Pour elle, l’homme n’est qu’une machine, une horloge qu’on nettoie et qu’on répare. La médecine est de la chimie, et Dieu sait quelle chimie ! Ce n’est point celle qui se faiten nous par des procédés inconnus ; mais c’est la chimie du feu grossier des fourneaux et des laboratoires. Quand on examine attentivement ses résultats matériels, on est bientôt rempli de terreur. Pour guérir le corps on emploie les procédés dont l’inquisition se servait pour guérir les âmes; elle raffinait sur les moyens afin de mieux torturer ceux qui n’avaient point de foi ; les hérétiques, les schématiques et les libres penseurs, ceux qui vou- , laient vivre dans une complète indépendance. Les tourments que les médecins font endurer aux malades sont à peu près les mômes, le fer, le feu, le poison, etc... Nous avons vu des malades avec douze cautères sur la poitrine ; d’autres malades avaient la colonne vertébrale labourée et couturée par le feu des moxas et par les ventouses scarifiées. Le fer rouge ouïes caustiques sontaussi employés, principalementsur les femmes; le sang coule comme si ce liquide était de l’eau claire; les poisons, on ne les compte pas, la nomenclature en serait trop longue. Ces huiles qui corrodent la peau, l’huile de croton, et ces purgatifs qui convulsent et l’estomac et les intestins, sont le produit de cet art bienfaisant. Le mercure en nature ou 6ublimé, entre dans une infinité de préparations, et les malades s’en saturent sans réfléchir aux ravages qu’il occasionne; il fait des sourds, des fous et des aveugles par centaines ; il ébranle les mâchoires les plus solides et fait tomber les cheveux. Si, par aventure, il attaque le mal, ce n’est que pour en produire un plus grand et déterminer une lignée de
rachitiques. Vous croyez bonnement qu’on réformera cet art de mensonge et d’imposture, vous vous trompez; son enseignement est trop bien fondé, trop bien soutenu, et tous vous Êtes destinés à subir le martyre. Les médecins croient être dans le vrai, ou plutôt ils pensent qu’en dehors d’eux, il n’y a rien qui vaille; d’ailleurs ils ont pour eux la coutume, la tradition «t les lois. Tant qu’un blâme universel ne viendra point les frapper, ils ne changeront point de système, et la vie des humains sera abandonnée à leur discrétion, à leur sagesse et à leur savoir ; car on doit dire, pour être juste, que plusieurs sentent leur insuffisance et ont souci de leurs ténébreux savoir.
Tous les magnétistes s’escriment pour faire prévaloir les faits d’un ordre nouveau, mais leur arme frappe le vide. On voit, on sait que le magnétisme existe, mais on prend des remèdes. Le lecteur indifférent ou égoïste va nous dire : que vous importe cet état de choses ? jouissez de la vérité puisque vous la possédez; faites comme moi, je me soucie bien des autres ; c’est à chacun de régler sa vie et de s’instruire... C’est dire en présence d’un homme qui se noie : laissez-le se noyer, c’était à lui de prendre ses précautions et d’apprendre à nager.
La nature a des voies mystérieuses qu’ignore encore le médecin, elle parle par des symptômes, c’est à nous de comprendre. Ce qu’elle demande généralement c’est de la puissance : l’animal qui a froid recherche le calorique, et l’homme malade, qui sent sa défaillance, jetant les yeux sur celui qui se porte bien, envie sa force et intérieurement lui fait un appel... Et le médecin, après avoir tâté le pouls et examiné la langue et écrit six lignes, ce qui n’est pas très-fatigant, se retire promptement. Oh ! Esculalpe, vous qui placiez votre main sur l’épigastre du malade l’y teniez longtemps, écoutant en vous-même ce qu’apportait cette communication d’un corps malade à vos organes sains, par une voie toute magnétique, oui, vos procédés d’investigation annonçaient que vous aviez la science magnétique
et que, ne voulant pas en révéler l’existence, vous la divulguiez cependant par les douces frictions qui faisaient partie de vos traitements. 11 y avait dans votre manière de procéder quelque chose de sacré et de divin appartenant à la double vue des somnambules. Aujourd'hui, chez vos descendants, on ne trouve plus vos pratiques, et tous vous tiendraient pour un charlatan. Où sont les temples où l’on allait dormir pour avoir des révélations somnambuliques? Où sont parmi vous, modernes, ces extatiques qui passaient pour devins et que l’on croyait inspirés par la divinité? Notre médecine actuelle ferait rire si elle n’empoisonnait pas.
Votre temple est une arène ; mais, que dis-je ? il n’y a pas une science médicale seule : chose singulière! chaque médecin s’en est fait une qui n’est point celle de son confrère, tant les principes sont différents. Fécondité incroyable, richesse immense ! seulement il y a un peu plus de malades qu’au temps jadis ; la peau humaine est plus tatouée et la confiance a disparu. Le médecin n’impose plus, on en change sans scrupule, on s’en moque môme lorsqu’on se porte bien, et toute ordonnance écrite par eux est soumise au contrôle de la raison du malade. Il prend avec dégoût des drogues empestées, car il ne voit rien autour de lui qui’soit empreint de sagesse et pas un homme qui sache quelque chose.
Mais nous, nous dirons ce que savent les médecins et peut-être ce qu’ils ne savent pas.
Baron du Potet.
NÉCROLOGIE.
La science vient de perdre un de ses éminents représentants, M. Jobard, directeur du Musée industriel de Bruxelles. Homme de progrès, Jobard avait l’esprit d’investigation, le présent ne le satisfaisait pas, et, toujours cherchant, il a terminé sa carrière au moment où il portait son regard sur les obscurités de la science officielle, touchant l’ordre moral.
Le magnétisme et le spiritualisme avaient en lui un défenseur éclairé et dévoué. Nous lui devons d’excellents aperçus, ce qui nous inspire un profond regret et nous rend sa perte plus douloureuse. Il semble que, lorsque les hommes approchent de la vérité, qu’ils vont enfin la saisir, quelque chose de fatal vient peser sur eux et anéantir, en brisant leur vie, toutes les espérances qu’ils avaient fait concevoir.
Nous ne pouvons, en ce moment, donner à nos lecteurs un aperçu circonstancié des travaux de M. Jobard, tant ils sont nombreux ; et nous devons nous borner à exprimer nos regrets, et à dire un suprême adieu à celui qui fut notre ami et n otre collaborateur.
11 est mort comme on doit mourir, subitement; s'affranchissant ainsi des douleurs et des angoisses qui précèdent ordinairement le commencement d'une autre vie,
baron du Potet.
AVIS DE L’ADMINISTRATION.
Comme la suspension du journal sera un fait accompli dès le 25 décembre prochain, nous prions les abonnée qui n’ont poiijt encore soldé le prix de leur abonnement de vouloir bien se mettre en règle sans retard. Nous prévenons aussi les abonnés dont l’abonnement n’expire que dans le courant de 18(12, qu'ils seront considérés comme souscripteurs à l’ouvrage do M. le baron du Potet, à moins d’avis contraire de leur part, et, dans ce dernier cas, on tiendra leur disposition ce que leur redevra le journal. L’ouvrage ne pouvant être divisé 01111e recevra de souscription que pour le volume entier.
12 francs pour Paris, 14 francs pour les départements, 16 francs pour l’étranger.
Aucune livraison 11e sera adressée à titre de prospectus.
Baron Du POTET, propriétaire-gérant.
POLÉMIQUE.
RÉPONSE AUX QUELQUES OBJECTIONS DE M. d’ABBAUD.
SUITE ET FIN (t.)
Combien n’aurais-je pas de faits incontestables à joindre à tant d’autres déjà publiés! Que M. d’Arbaud médite ceux de ces faits qui proviennent de source authentique ; ils méritent la réflexion d’un magnétiste de bon vouloir (2).
(1) Voir les n"* 112, 113, 111, llü, 110 el 117.
(2) Lire aussi les Lettres d'un voyageur sur le Spiritualisme américain. par le docteur Philips, Journal du Magnétisme, t. XVI.
Dans le Spiritual Magazine de Londres, le D' Ashburner insiste sur la nécessité de se rappeler toujours que le magnétisme est la hase du spiritualisme, qui l’élève de la sorte à son couronnement unitaire. Le docteur reproche aux magnétistes leur inconséquence à se refuser d’étu-dier leur science dans ses plus grands développements, afin de pouvoir mieux présenter au monde cette magnifique synthèse.
Un des bienfaits du spiritualisme en Amérique, c'est de produire des médiums guérisseurs. L'un des plus célébrés est le Dr. Newton, à Boston. II a guéri, dans une heure, un homme aveugle depuis quinze ans. On voit, dans la maison de ce médecin, quantité de béquilles déposées par les infirmes qui durent leur guérison à l’imposition médianimique des mains. Ils ont inscrit leurs noms, en attestation de ces cures nombreuses.
« Pendant les trois ou quatre premiers mois de mes investigations, » dit un des plus respectables magistrats de New-York, dans son livre sur le Spiritualisme, o ma principale question fut invariablement : Est-ce une réalité, une imposture, une illusion ?.....
« Dans ces circonstances, me sentant sain de corps et d'esprit, devais-je repousser le témoignage de mes propres sens, et les déductions de mon jugement éclairé par une étude persévérante, basée sur l'observation rigoureuse et mûrement réfléchie de ces phénomènes? Non, je ne pouvais jouer ainsi avec ma raison.
« J'apportai alors à l'examen de ces matières toutes mes facultés,
mises en jeu quotidiennement dans l’exercice de mes fonctions, lorsque
je suis appelé à prononcer sur la liberté ou sur la vie de mes semblables. Le résultat fut ce qu'il devait être, une conviction entière, absolue. Je puis dire qu’il en a été, et qu’il en sera ainsi pour tout chercheur sincère et consciencieux. » Le juge J. W. ëdmonds.
(Spiritualisme, New-York, 1°' septembre 1833.)
Tobe XX. N" 118. — 2* Sérib. —25 novembre 1861.
La négation aux abois s’est risquée dans l’interprétation du phénomène de Saint-Pétersbourg, et les lecteurs sont à môme de juger de la réussite ! Pourquoi s’est-elle abstenue en ce qui concerne la mère du prince Dimitri? Pourquoi n’avoir pas entrepris non plus les choses singulières, mentionnées par ma seconde lettre au docteur Charpignon ? C’est que « les principaux centres nerveux des muscles de la face » ne peuvent solliciter ici leur brevet d’innovation.
Mais laissons ces «arguties (1),» selon lesquelles «j’ai dénaturé la portée des faits (2),» par une doctrine «anti-religieuse,» et constituant « un véritable sacrilège (3). » Toute cette phraséologie, si forte de rationalisme, est de mon adversaire. J’avais raison de lui renvoyer son refrain : « Ah ! le prisme ! le prisme 1 »
Quant aux éclaircissements sur « la double apparition » de mon antagoniste chez les deux dames ses compatriotes ; ils découlent facilement de la naturelle appréciation de l’événement. Ces « deux jeunes femmes, douées d’un tempérament très-impressionnable, » étaient averties que le magnétiseur pouvait actionner à distance. Une vive émotion avait suivi cet aveu, qui tenait plus ou moins en éveil leur sensitivisme. Le soir, a précisément tA. d’Arbaud songeait à l’impression qu’il avait produite, et se considtait pour savoir s’il devait ou non un jour agir sur elles, à leur insu, pour leur prouver la puissance du magnétisme. » A la même minute il apparut alors à ses deux sensitives. Que trouve-t-il là de difficile à déduire? Les deux projections animiques ont suivi, chacune sa direction respective, et la jumelle photographie s’est manifestée presque simultanément. Hermès le dit et bien des événements en témoignent : la pensée peut se revêtir « d’une enveloppe fluidique de notre corps. »
Voilà le secret de l'ubiquité. Vous n’avez pas deux esprits, mais votre âme (lisez votre corporéité fluidéide), peut, par la
(1) Lettre particulière.
(2) Voir page 238.
(3) Voir page 243.
pensée, multiplier les éditions de son image sur les points opposés oïi votre mentale opération la dirige même inconsciemment. Le docteur Teste en donne analogiquement cet exemple : Il fit asseoir quelqu’un de six manières différentes sur des fauteuils de son salon ; puis, ayant ensuite introduit sa somnambule, elle vit, à l’instant, six fois la même personne, dans ses diverses postures.
J’ai fini ma réplique directe et, toutefois, ma tâche n’est pas terminée.
Le 15 août dernier, il a paru dans Le Magnétiseur de Genève, un article très-malheureux pour le fond, et mille fois plus malheureux par la forme : Les prétendues manifestations spirites de M. Squire. L’auteur se croyant la mission de « démasquer les faux frères des vrais magnétistes, » nie la réalité des phénomènes du spiritualisme expérimental, parce que ces phénomènes se rencontrent en désaccord avec les dictées du Livre des Médiums. Quel argument irrésistible ! Je ne conçois guère que ce tour de force n’ait point enterré du coup toutes les expérimentations passées, présentes et futures. Je me souviens néanmoins que le mesmérisme ne s'avisa pas de mourir lorsque MM. Faria, Bertrand et d’autres grands-prêtres l’eurent qualifié de « chimère. » Mais le triste factum dont il est question, rééditant les diatribes des jours les plus égarés, y descend aux plus triviales personnalités. Incroyants et croyants ont couvert d’un haro général cette surannée aberration. C’était justice ! autrement il eût fallu se demander si les études magnétiques ne sont qu'un tapis franc où l’injure a son poids dans la balance.
Du reste, que le calme de l’insulté ne s’émeuve pas : la conduite des insulteurs devient de l’histoire, et c’est un châtiment sévère. Ici, j’en suis convaincu, la faute a pris essor d’une exaltation fébrile; pourtant, cette excuse n’est que provisoire, et l’homme de cœur saura s’honorer lui-même parla noblesse de sa réparation (1).
(1 ) Le journal do Genève, en relatant la lettre du docteur Castle, ignore
Du moins, M. Albert Lemoine, déniant la vérité du magnétisme et de ses nombreuses pliénoménalités (Remit' Evro-pécnne, 1" octobre 1 SG I ), ne met pas en suspicion la bonne foi des opérateurs. Seulement, en infirmant les théories spi-ritualistes qui, soutient-il, ont précédé les faits, ir.ounr.iE que le torrent actuel n’est quk la conséquence du fait Ar.nui'T, authentique et prolongé du début de la médiumnité de Mesdemoiselles Fox. Quand le professeur de philosophie affirme que c’est « annuler la physique et la physiologie des hommes» pour les remplacer par des agents absurdes et des lois incohérentes, » on peut lui répondre : Qu’en savez-vous? Ne trans-
ou néglige certaines rectifications que l'impartialité recommandait de mettre en lumière. J'ai lu l'autographe de cette lettre adressée au directeur de la Revue Spiritualiste, et je crois que c’cst une prescription de délicatesse, une loi de galant homme, d'en répandre ces lignes, honorables pour leur auteur et pour l'étranger qui, dans cc moment, est l’hôte des magnétistes de France :
« Direqu’il pourrait y avoir un peu de fraude, c'est dire que M. Squire trompe sciemment son monde. D’après ce que j’ai vu de M. Squire, je n'ai pas le droit de le dire, je ne t’ai pas dit...
« J’ai ajouté que, môme quand on réussirait à soulever l,T table par les moyens indiqués par M. Triât, il ne serait pas démontré qu’elle se
soulève sur la tète de M. Squire de la môme manière.....
« Permettez moi de vous dire de plus, que mes paroles, en parlant de M. Squire, étaient en lotis points empreintes de la considération dont ma récente connaissance avec lui ne m'aurait point autorisé d me départir.
« Si M. Squire est encore à Paris, veuillez lui faire part de cette
note.....» Dr. Castle.
De mon côté, le 13 septembre, je répondis à M. d’Arbaud :
« M. le comte de Szapary, magnétistc très-renommé, qui ne croit pas aux esprits, annonce partout et hautement la bonne foi du médium, l.c frère de M. Jules Kavre avance la môme caution et, notez ceci, depuis huit années, m’a-t-on dit, il est en relations d'estime avec M. Squire, qui, même étant enfant, d’après l’expérience personnelle de M. Kavre, opérait, en Amérique, avec une puissance bien autre et bien plus variée
qu'aujourd’hui......»
Quoi qu’il advienne d’ailleurs, la sympathie de tous ceux qui connais-scntplus particulièrement le jeune médium américain lui, demeure justement acquise pour l'affabilité de sa réserve simple et modeste.
formez pas l'école cl la secte du spiritisme, en dogme universel du spiritualisme. Etudiez les phénomènes et ne lisez les livres que pour l’expression des idéesqu’ils représentent.
« Le somnambulisme magnétique fait de même, dit M. Albert Lemoine ; mais dans le secours qu’il demande aux hypothèses scientifiques, il ne laisse pas môme à l’ombre de la
science une assez large place..... Cette foi là nous prions
Dieu de ne pas nous l’envoyer. »
En même temps, voici que discute à l’opposite un docteur de l'Église :
« Une vérité bien importante à notre époque, c’est que la négation systématique du surnaturel (1) est en désaccord avec les lois de la raison tout aussi bien qu’avec les données de l’expérience.
« J’appelle négation systématique, celle qu’on prend pour point de départ, qu’on regarde comme un principe, comme une vérité acquise à la science, pour juger les doctrines et fixer les appréciations en toute chose. Rien n’est plus ordinaire de nos jours, et pourtant rien n’est plus contraire à une saine logique.
». Je défie ceux qui mettent en avant cette négation de pouvoir lui assigner une base solide.
« Il y a là ou une ignorance profonde, ou une mauvaise foi insigne, ou une absence totale de réflexion et une légèreté impardonnable. Le monde instruit ne saurait être plus longtemps la dupe d’une pareille mystification.
« Donc, quand on viendra nous dire que nous sommes en dehors de la critique parce que nous admettons certains faits merveilleux, nous répondrons que c’esfrtant pis pour la critique si elle se met en dehors de nous et du miracle (2), parce qu’elle pourrait bien se trouver par là même en dehors de la raison.
« Enfin, quand on proclamera l’incompatibilité de nos
(!) Lisez naturel supérieur. Dr C. de M.
(2) Miraciilum. diminutif de nrirandum, petite chose admirable. IV C. de M.
croyances avec la philosophie....., nous nous souviendrons
que la liberté de l’esprit 11e consiste pas à ne dépendre de rien, mais à dépendre seulement de la vérité; que chercher à s’en affranchir, c’est porter le joug de l’erreur et tomber sous l’esclavage du préjugé. »
Jusque là ce raisonnement est fondé. Pourquoi faut-il que, sociétaire d’un Ordre extra-légal (1), et par nécessité de position, le prêtre de la Compagnie de Jésus nous prêche que « si nous évoquons des Esprits, ce seront les démons et les damnés, c’est-à-dire, selon la lettre pastorale de l’évèque de Viviers, des êtres dégradés et malfaisants, avec qui nous ne devons avoir que des rapports de haine, de malédiction, de répulsion absolue. » Le P. A. Matignon. (La question du surnaturel, etc., au xix* siècle. Paris, 1861.) Avec cette épigraphe : Pourquoi ces études sur le surnaturel ? Parce quelles sont indispensables pour la science de F homme et pour la connaissance de son état véritable... (Le P. de Ravignan.)
La haine, la malédiction, la répulsion absolue ! Telles sont sans cesse les paroles de ces robes dites religieuses qui
(I) Ses affiliés rêvent, dit-on, la domination universelle.
Dans une de leurs chapelles, dite du séminaire du Saint-Esprit', an pied de la croix ornementée d'une paire de tenailles et d’un marteau, j’ai lu. l'aunée dernière, cette légeude énigmatique :
« In ruinam et in resurrectlonem multorum in Israël, el in signum Cui contradicetur. »
« A la ruine ainsi qu'à la résurrection, de beaucoup en Israël, et comme signe d’alliance au fidèle que l'on contredira. »
Le sens caché de ces paroles me frappa singulièrement. Est-ce un cri de guerre au libre arbitre de l'esprit humain ?
Que le livre des Instructions secrètes (Monita sécréta societatis Jesu), nous serve au moins d'avertissement.
(*) Rue dci Postes, * Pari».
condamnèrent Galilée comme sacrilège; car, n'en déplaise à M. d’Arbaud, son accusation n’est pas neuve. Pauvre humanité! délivre-toi de /’intolérance de tous les sectaires. C’est l;\ ton fléau le plus dangereux.
D’un autre côté, voilà qu’une exégèse laïque, appuyée sur les travaux de l’école de Tubingue (1), nous informe que l’actualité du dogme catholique n’est plus celui de sa fondation. D’après l’écrivain, « saint Pierre ne fut jamais évêque de Rome, et ne vint jamais en Occident (2). « Saint Paul, l'apôtre du christianisme, l’élu qui, sur le chemin de Damas, vit l’image du Maître et l'entendit lui dire : « Saul, pourquoi me persécuter, moi qui pensais ce que tu penses, et qui te destine à réaliser dans le monde ma pensée? » Saint Paul, qui convertissait les peuples tout différemment que ne le faisait saint Jacques (le frère de Jésus), fut en scission ouverte avec les apôtres de Jérusalem, qui « ne savaient exploiter la grande idée du Messie que pour charger l’homine de chaînes plus lourdes que celles du pharisaïsme. »Paul, comme Pierre et Jacques, ne disait pas aux Gentils : «Soyez juifs pour être chrétiens. » Il disait : « Croyez, et la foi vous éclairera sur les œuvres; vous qui n’êtes pas circoncis, ne vous faites pas circoncire, continuez à manger les viandes qu’on mange autour de vous, adorez le Messie suivant l’élan de votre cœur. » Après «une scène violente » qu’il eût avec Pierre, deux christianismes se trouvèrent dos à dos, cherchant à se nuire et s’arrachant les nouveaux convertis ; « le christianisme juif et le christianisme helléno-juif.» C’est pour combattre les émissaires de Jérusalem, qui venaient jeter le trouble dans le cœur de ses
(t) « Revue germanique du 31 août 1800, l’article de M. Stap, intitulé : Saint-Paul et Ict Judzo-Chrétiens. Toutes les sources y sont in diquées, elles travaux de l’école de Tubingue y sont résumés lumineusement. » 1ÍM1LE I.AMÉ.
(2) Suivant le dictionnaire de Bouillet, saint Pierre, après avoir occupé d'abord le siège d'Antioclie, occupa celui de Rome. En G5 ou fiC, avec saint Paul ; il y fui martyrisé. Malheureusement, on le sait, le bruit a couru que ce dictionnaire avait subi des retouches, pour remplir les exigences de la cour papale.
*
disciples dès qu’il los avait quittés, que saint Paul écrivit ses Îlpîtres.
Dans la dernière année de sa prédication, Paul essaya une dernière tentative de réconcilation ; il fit dans scs églises (inc quête pour les pauvres de Jérusalem, puis il alla porter le produit abondant de cette quête à Pierre el à Jacques, afin qu’elle fût distribuée par eux et augmentât leur crédit parmi les Juifs; mais il fut reçu comme un apostat (1). « Le tumulte fut si grand, que la police romaine intervint. « Retenu deux ans clans la prison de Césarée, il fut ensuite envoyé à Rome, où il fut probablement condamné à mort comme perturbateur. »
Paul, dans son indignation, affirmait qu’il avait reçu mission directe de Jésus-Christ d’enseigner l’Évangile. Vous, objectait-il à Pierre, à Jacques, etc., vous avez connu Jésus « suivant la chair. » Moi, je le connais « suivant l'Esprit. »
« Le Messie, écrit l’auteur, n'est pas un homme, il n’a pas un corps de chair ; c’est un type divin, c’est l’idée d’Israël triomphant. Le dogme de la lumière immatéreille et du rayonnement parfait. »
La trinité de l’hellénisme est identique avec celle du dogme que saint Athanase fit triompher et rendit orthodoxe au concile de Nicée. Elle est toute « cosmographique et fraîche encore du synchrétisme de Platon et d’Aristote. Depuis, la trinité catholique a changé deux fois, l’une avec saint Thomas d’Aquin, l’autre avec Malebranche. » Le pape actuel est resté thomiste.
« L’ignorance monstrueuse du moyen âge en cosmographie, l’éclipse totale de l’arithmétique et de la géométrie anciennes ne tardèrent pas à rendre incompréhensible le dogme de la trinité. Le christianisme s’était réduit à l’adoration de Jésus-Christ, de Notre-Dame et des saints, tous dieux de chair : aucune idée pure à adorer. Thomas d’Aquin ayant eu entre les mains les ouvrages quelque peu défigurés et incom-
(1) Actes, XXI, 27.
plets d’Aristotr, y trouva facilement les racines saisissables de la trinité chrétienne. Dieu, l’essence ou substantit suprême, est composé, comme toutes les autres essences, d’une matière •il d'une forme ou espèce; sa matière, sou essence en possibilité, en virtualité, est le Père; son espèce, son essence en activité, en manifestation continue, est le Fils ; enfin le lien mystérieux et toujours présent qui unit cette matière à cette espèce, celte virtualité à cette activité, pour en faire le corps surnaturel, c'est l'Esprit (1).
« Pour Descartes, il n’existe au monde qu’une force : c’est la volonté de Dieu, faculté tellement omnipotente qu’elle précède tout en Dieu, même la raison : « Si les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits, dit-il, et si deux et deux font quatre, c’est que Dieu l’a voulu. .■> Malebranche, élève chrétien de Descartes, adoucit la doctrine de son maître pour en reconstituer la trinité. La volonté de Dieu fut le Père, la raison ou loi universelle fut le Fils, l’amour divin qui avait réalisé cette loi dans l’univers fut l’Esprit.
«(’.’est donc à la trinité d’Athanase seule qu'est identique la trinité hellénique.
( Mais si l’hellénisme n’était inférieur au christianisme, ni par la morale, ni par le culte, ni par la théologie, d’où vient qu'il n’a pu lutter avec lui?
« Cela tient à deux causes secondaires en apparence, capitales en réalité : 1° La religion hellénique était la religion officielle de l’empire, attachée à l’empire et comprise par tous ses membres comme telle, n’ayant d’autre souverain pontife que l’empereur; elle devait vivre et périr avec l’empire, et
(1) Trinité d'Athaxase.
« Nous croyons on un Dieu non engendré, père el roi de toutes choses, et qui csl par lui même ce qu'il est; en un Verbe seul engendre, sa sagesse, son Fils engendré dès le commencement cl perpétckllemk.mt par le Père....
« Nous croyons aussi en l'Esprit, le Saint animant Imites choses, rnfme 1rs profondeurs de Dieu. Nous disons analhème il tons les dogmes contraires. » (Expo.-ition (le la foi.)
l’empire romain devait périr. Cet hellénisme du quatrième siècle qu’on appelle si improprement paganisme, fut au contraire tué par les pagus, qui voulaient réagir contre l’unité factice de l’empire, reconquérir leur individualité propre, et qui trouvèrent, dans le culte des saints des chrétiens, un moyen facile d’adorer de nouveau leurs anciennes idoles locales, à la place des dieux aristocratiques de Virgile et des dieux parfaits d’Homère. 2° Les chefs du néo-hellénisme, qui interprétaient Homère et Hésiode avec la môme subtilité que les Pères de l’Église mettaient à l’interprétation de la Bible, initiés au vrai sens de l’hellénisme par le recueil des hymnes orphiques, qui, depuis les beaux temps de la Grèce, n’avait jamais été interrompu, et qui était comme un miroir des transformations de la mythologie grecque, surent bien y trouver le monothéisme, mais non l’évhémérisme (1) : ils se refusèrent toujours à adorer le Verbe incarné dans la nature, comme un personnage historique. » Émile Lamé. (Julien l’A-postat, précédé d’une étude sur la formation du Christianisme. Paris, 18(51.)
Nous voilà donc encore une fois en présence du ternaire, et, cette fois, latrinité catholique (universelle) se trouve clairement expliquée. Mais cette élucidation ne plaît pas il ceux qui veulent des mystères. C’est pourquoi les sorties virulentes contre le spiritualisme expérimental. C'est pourquoi les au-to-da-fé contre ses publications (2)...
(1) Evhémère clait un philosophe grec du iv"siècle avant Jésus-Christ. Il expliquait la mythologie par l'histoire. Pour lui, Jupiter, Saturne et tous les dieux de l'Olympe n’étaient que d'anciens rois ou personnages puissants.
De Mesmer est venu mesmériime, et d'Evhémère on a lait évhémé-riime, pour désigner tout système qui, dans l’allégorie des idées principes, ne voit que des êtres charnels.
(2) « L’Eglise d'Espagne a entamé une grande croisade contre les Esprits...
« Le 9 octobre 1861, à dix heures et demie du matin, sur l'esplanade de la ville, au lieu où l’on exécute les criminels condamnés à mort par le
Patience! Un vieux monde finit, un nouveau sc prépare. Poursuivons la route fatidique, avec calme devant les erreurs qui déclinent, avec espoir devant les lueurs qui préludent.
Toutefois, jusqu’à présent et dans l’avidité fiévreuse de l’état actuel de l’esprit humain, les perspectives du labyrinthe céleste, parallèles ou reflets de celles de la terre, plus peuplée d’ombres que de rayons 1 — présenteraient peut-être, si l’on n’y prenait garde, un empire plus dangereux que favorable. En effet, des forces intelligentes, des forces puissantes sont là positivement. Mais c’est tout le promontoire d’une haute physique à défricher. Vainement on en voudrait aujourd’hui fermer les portes, elles se sont largement ouvertes, et ce n’est pas fortuitement: rien, nulle part, n’arrive sans raison d’être. Les magnétistes, ces enfants perdus d’une régénération capitale à peine à son aurore, doivent, sans fol enthousiasme, sans parti pris et sans déni stérile, se mettre de cœur et d’âme à la besogne. Il n’est plus de programme
garrot, on a brûlé, par ordre de Mgr l'évêque de Barcelone, trois cents volumes ou brochures saisis chez un libraire.
« L’auto-da-fé était présidé par un prêtre revêtu des habits sacerdotaux, portant la croix d'une main et la torche de l'autre. Un notaire et son clerc, chargés de rédiger le procès-verbal, un employé supérieur de la douane, se tenaient à côté du prêtre, pendant que trois mozos entretenaient le feu du bûcher.
« Quand les trois cents volumes ont été consumés, le prêtre et ses aco-lythes se sont retirés au milieu des huées de la foule innombrable qui couvrait l'esplanade, et pendant que le peuple criait de toutes ses forces : A bas l’inquisition I » Taxile Delort. (Le Siècle, 14 octobre 1861).
Tristes prêtres (*) !... qui supposent que la marche du temps va rétrograder l Ils ne soupçonnent pas que leur cécité n'est plus qu'un séquestre au milieu de laséve d'une vie nouvelle.
Animé de l'espritsalutaire. le ministère sacerdotal est un bienfait puissant, c'est le magnétisme dans scs plus dignes régions; mais, quand ce ministère s'obstine contre le juste courant des idées, il tombe connue les dynasties vermoulues.
(*) Prêtre, preibyter, — de vieillard, — bommi Mge, éclairé par l'instruction
d’onc longue ctpérience.
Toujoura l’étyiuologie I Oui, c’est la maxime de Platon : ■ la connaissance dei mots conduit lt la connaiaaance dn chosea. •
qui tienne, dès qu’il s’agit de la vérité! Ce n’est point par »ne reculade que l’on use de la fécondité des forces de la nature. Utilement et sur le terrain nù vous dites avoir pris pied, vous voulez ou non étudier des œuvres vives, par malheur trop incomprises? Dans le cas de l’affirmative, ceignez vos reins et carrément commencez la campagne. Dans le cas contraire, sachez vous résigner au silence; car, à ceux qui reprochent aux académies leur manque d’initiative et de justice, elles auraient à répondre que, sur leur chemin du moins, elles n’ont pas tourné le dos, après s’être adressé des hymnes de triomphe et de zélateurs du progrès.
Je le répète, les produits de la source de l'occultisme exigent une grande circonspection et la réserve d’un examen sévère. Jusqu’à nouvel ordre, il faut avant tout et surtout s’assurer de la réalité des phénomènes. Cette réalité bien acquise, ou parvient à déduire les causes probables des mélanges et souvent de la fausseté de leur propre valeur.
Lorsque, sur les ruines du sanctuaire de Diane Éphésieune, Julien reçut l’initiation, il y vit très-distinctement « le temple d’Éphèse reconstruit dans toute son ancienne splendeur-plein d’un peuple immense, et lui-même, le front ceint du, diadème des Augustes et dans le costume de souverain pontife, offrant un sacrifice à la déesse. » Emile Lamé. (Julien ^Apostat.)
Or, de cette prédiction, une partie seule devait se vérifier; le reste était le fruit des volontés imaginatives des coopéra-teurs de cette scène. Que de fables on nous édite ainsi comme des instructions médianimiques supérieures.
A titre de médecin, de médium et de magnétiste spiritua-liste, si j’avais une fille, un fils, ce ne serait point à la légère que j’en ferais des médiums. La chose est plus sérieuse qu’on 11e le pense.
Quant à vous qui voulez étudier, refoulez la superstition et la négation, ces deux antipodes, ces deux ennemis du vrai. Fermes et résolus, confiants dans l’unique amour du bien ,
acquérez, par la patience et par le courage de lu persistance, le calme profond qui constitue le libre champ de la volonté puissante, et vous venez par vous-mêmes combien l’homme de nos jours paralyse et condamne son pouvoir.
Est-ce là du mysticisme? Si vous entendez ainsi la psychologie rationelle et transcendante, oui! c’est une partie de celle science qui procède par voie d’observation pour atteindre à la connaissance de tous les phénomènes de la vie. Si, selon la banalité de la définition philosophique, le mysticisme est pour vous « la prédominance accordée au sentiment sur la raison, » je vous demanderai comment l’cxpérience, la réflexion et la froide pondération des faits peuvent encourir uu tel reproche.
Puis, à notre tour, nous autres spiritualistes, nous redirons à ces définisseurs : la raison n’est point une entité pure, ainsi que vous le professez. Elle est la résultante la plus parfaite, le quotient le plus élevé de l’emploi de toutes les intégrantes de l’intelligence. Et ce que vous nommez le sentiment, est l'ensemble des plus hautes perceptions humaines. Sans l’activité la plus entière de toutes les facultés de l’entendement, vous n’aurez jamais qu’une raison infirme, une raison aveugle et boiteuse.
Dr Clever de Maldigny.
ERRATA.
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ÉTUDE.
POURQUOI L’EAU DE MER EST DOUÉE DE PROPRIÉTÉS MAGNÉTIQUES (1).
SOLUTION BASÉE SUR UNF. NOUVELLE THÉOKIE DE LACENT MAGNÉTIQUE.
Dans mon précédent article, je me suis borné à constater le phénomène que je vais tâcher d’expliquer aujourd’hui, et de l’appuyer de quelques considérations se rattachant à la science. La constatation des faits est ordinairement facile; mais il n’en est pas de même lorsqu’on doit remonter à la cause qui les produit. Aussi, il me devient presque indispensable de rapporter en entier à l’appui de ma conviction, le passage que j’ai indiqué et qui, ainsi que je l’ai déjà dit, est contenu dans la lettre cTun médecin étranger à M. Deleuse.
u Avant de terminer la liste des éléments excitateurs de la force magnétique, dit ce praticien, il faut que je fasse encore mention de celui qui m’a paru exercer le plus d’action sur les somnambules (2). C’est la mer. —Ce fut pour moi le spectacle le plus étrange et le plus inattendu, lorsque je vis pour la première fois le contact de la mer produire cet effet sur une personne très-disposée au somnambulisme. L’action était immédiate, et ni la préoccupation d’un fait jusqu’alors ignoré de la somnambule, ni la volonté du magnétiseur, qui l’ignorait aussi, n’avaient pu exercer la moindre influence sur la production de ce phénomène. Le somnambulisme se développait instantanément. La personne, qui ne savait pas nager dans son état de veille, se soutenait parfaitement dans l’eau; elle y exécutait les mouvements les plus hardis, elle
(1) Voir le n» 109 du 10 juillet 1861, pages 540 à 347.
(2) Pour les magnétisseurs les somnambules soul des magnétomètrex aussi parfails relativement à l'agent magnétique, que les électromètres le sont pour l’électricité. (D. H. André.)
s’y trouvait comme dans son élément naturel; elle était tellement transportée de joie qu’il fallut, d’après sa propre recommandation, donnée dans un somnambulisme postérieur très-clairvoyant, qu’une autre personne, présente à cette singulière scène, la retînt par la force de sa volonté, pour qu’elle ne s’éloignât pas trop des bords de la mer, de crainte qu’un accident imprévu ne la réveillât de son somnambulisme, et ne la fit périr faute de savoir nager dans l’état de veille. Je recommande ce phénomène, que je n’ai vu que quatre fois, à l’examen de tous ceux qui s’occupent de laforce magnétique, et je les prie de ne pas perdre de vue l’influence remarquable que la mer exerce sur l’organisation humaine : influence qui a tant de rapport avec celle du magnétisme; influence qu'on ne saurait expliquer par les éléments chimiques qui constituent l’eau de mer; influence, enfin, que de grands observateurs ont été obligés d’attribuer à une force vitale inhérente à l’Océan, et que ni les physiciens ni les chimistes ne sauraient jamais rendre prisonnière dans leurs appareils. »
« 11 paraît, dit encore M. Millet (1), que la mer à une influence analogue à celle du fluide magnétique, ou, du moins, que son voisinage favorise l'action magnétique; un capitaine de vaisseau, qui a beaucoup expérimenté, m’a assuré ce fait : une somnambule, que l’approche de la mer endormait, s’éveillait en s’en éloignant. »
M. Millet ajoute, loc. cit., p. 1A7 : « Y aurait-il quelque effet de cette cause dans le fait suivant :
« Dans une partie nautique, faite au Havre, on mit à la mer une somnambule endormie, qui, dans l’état de veille, n’eût pas osé en approcher : elle se mit à nager avec autant de grâce et de souplesse qu’un maître. C’était la première fois qu’elle s’essayait à cet exercice. »
(I) Millet. Cours de magnétisme en 12 tccons, page 147; Paris 1858.
n II serait à souhaiter que toutes ces expériences fussent renouvelées. »
Il est convenu qu’en général, lorsque j’aborderai des questions qui peuvent paraître ardues, je ne citerai aucun fait personnel ; j’ai mes raisons pour cela. Pourtant, tout en rapportant les phénomènes observés par d’autres, il m’est permis tl'eti examiner la valeur.
Or, si les faits rapportés par ce médecin étranger sont concluants en faveur du la thèse (pie je me suis proposé de développer ; si le premier fait cité par M. Millet est d’une grande valeur en ce qu’il constate : « qu'un somnambule s'endormait en approchant de la mer et se réveillait en s’en éloignant, » il n’en est pas de même en ce qui regarde la partie nautique (font il donne les détails ; et, la mer ne serait-elle douée d’aucune propriété magnétique, ce ne serait pas là une raison pour que le somnambule endormi n’eut pu, dans cet état, se livrer aux exercices de la natation.
Il résulte donc des diverses opinions émises, tant par d’autres que par inoi, soit dans mon précédent article, soit dans celui-ci, les deux propositions suivantes à développer:
1° L’influence remarquable que la mer exerce sur l’organisation humaine : influence qui a tant de rapport avec celle du magnétisme; influence qu’on ne saurait expliquer par les éléments chimiques qui constituent Veau de mer ; influence, enfin, que de grands observateurs ont été obligés cCattribuer à une force vitale inhérente à f Océan, et que ni les physiciens ni les chimistes ne sauraient jamais rendre prisonnière dans leurs appareils actuels, est-elle due à ce principe que les disciples de Mesmer appellent magnétisme ?
2° Les phénomènes magnétiques dépendent-ils (tun principe nouveau ou d’une modification (Tun principe connu, et, dans ce dernier cas, ne peut-on les rapprocher des autres phénomènes physiques, et les associer ainsi aux diverses autres connaissances humaines?
La tâche que j’entreprends est difficile, je ne m’en dissi-
mule point les écueils ; mais si mes propres forces ne suffisent pas à. élucider complètement la question, les germes eu seront du moins jetés, la route tracée, et d’autres, plus habiles que moi, pourront rectifier et compléter un travail dont j'aurai ébauché à grands traits les conséquences futures pour la science.
Je n’hésite pas à répondre ceci à la première proposition : L’influence remarquable de l’eau de mer sur l’organisation humaine est duc à ce que les disciples de Mesmer appellent magnétisme.
Cette première proposition, ainsi tranchée, se fond dès lors avec la seconde, qui demande un développement beaucoup plus considérable en ce qu’elle embrasse presque toute une nouvelle théorie du magnétisme. Et, pour arriver à la solution de ce problème et démontrer que l’eau de mer est éminemment magnétique, il faut naturellement que j’arrive au but par l’exposition de cette nouvelle théorie, que j’extrais en partie de mon Essai sur le magnétisme humain, ouvrage encore inédit.
Voyons :
Les études scientifiques modernes ont fait reconnaître que les phénomènes de la nature n’étaient pas le résultat propre et intime des corps, car la matière n’a aucune propriété intrinsèque, et l’on peut dire qu’elle n’en a qu’une négative, l’inertie. En effet, elle est indifférente à être en mouvement ou à être en repos.
Donc, pour que les innombrables formes et les propriétés infinies qu’il nous a été donné d’apprécier dans les diverses combinaisons des corps organiques et inorganiques (1) de la création se réalisent, il faut qu’une force (2), particulière et distincte de la matière inerte, agisse sur les éléments moléculaires de ces corps.
(1) Ce que j’entemls par corps inorganiques nVst qu'une distinction métaphysique, car s’il ne lésultait absolument aucun effet d’un corps il est à présumer qu’il n’existerait pas.
(2) Les physiciens entendent par Jorce la cause du mouvement.
Cette force est cc que l’on nomme magnétisme.
Le magnétisme est universel ou particulier.
Le magnétisme universel constitue la grande loi des rapports de solidarité et d’influence qui existent dans toute la création.
Le magnétisme particulier constitue l'influcnce et les rapports particuliers de chaque corps de la création. On peut lu diviser en cinq catégories, savoir :
Io Magnétisme sidéral, ou influence des corps célestes entre eux et sur les autres parties de la création ;
2° Magnétisme minéral, ou influence de l’aimant sur les métaux et sur beaucoup d’autres corps terrestres;
3° Magnétisme végétal, ou influence des végétaux entre eux;
k° Magnétisme animal, ou influence des animaux entre eux;
5° Enfin, magnétisme humain, ou influence de l’homme sur son espèce et aussi sur les autres corps terrestres (1 ).
Tout effet ayant une cause et la puissance de la cause étant en raison de la grandeur de l’effet ; la cause première du magnétisme universel est un principe incrié: Dieu.
La cause seconde est un principe créé : un fluide impondérable, éminemment subtil et élastique, qui existe dans la nature, libre de toute entrave. Il est universellement répandu et continué de manière à ne souffrir aucun vide, car il ne remplit pas seulement les espaces célestes, mais il pénètre jusque
(1) On pourrait me faire observer, avec raison, que du moment que je divise le magnétisme particulier en cinq catégories, il n’y a aucun motif pour ne pas lui assigner d’autres sous-divisions, et que, dans tous les cas, le magnétisme humain, qui agit sur tous les corps terrestres, devrait être classé immédiatement après le magnétisme sidéral, à cause de sa supériorité d’action. A cela je répondrai que si je me suis borné à diviser le magnétisme particulier en cinq catégories seulement, c’est que celle division m’a paru plus que suffisante; et que si l'ordre que j’ai suivi u’esl pas en rapport avec le rang que chacune de ces catégories devrait occuper, c’est que je les ai classées non selon leur rang d’importance, mais selon les influences qui ont dù se manifester successivement sur le globe terrestre d’après l’ordre supposé de la création.
dans les intervalles moléculaires des corps. Il est, on outre susceptible de recevoir, propager et communiquer toutes les impressions du mouvement.
(’.et impondérable est pour moi le fluide lummescible. Moïse, en effet, qui fut le premier à établir une théorie sur la création du monde, semble donner, dans le premier chapitre de la Genèse (yévajiç, origine, naissance), la définition synthétique de ce que j’avance, car il y est dit : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Et la terre était sans forme, et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l’abîme; . . .
Et Dieu dit : que la lumière soit (1). »
(1) En citanl ce passage de la Genèse je n'en conclus pas que Moïse ait écrit la théorie la plus claire sur la création du monde, car il esl reconnu aujourd’hui qu’il a commis un grand nombre d’erreurs. Ainsi : lorsqu’il considère le soleil, la lune et les étoiles comme de simples luminaires ayant mission de présider aux jours et aux nuits; lorsque après lui, Josué affirme que le soleil tourne autour de la terre et qu’il est notre très-humble serviteur, tous deux avaient pensé que la création se bornait tout entière à notre globe terrestre, aux i-ieux et h ces luminaires ; amlis qu’il est reconnu que le soleil est relativement fixe et qu’une quantité d’autres globes (peut-être habités) accomplissent leurs révolutions autour de lui.
I.a question des six jours de la création a été aussi modifiée d’une manière positive par les éludes scientifiques modernes, car ce n’est pas en sis fuis vingt-quatre heures que le monde a élé créé, mais bien en six périodes, donl chacune est peut-être de plusieurs milliers d’années. El encore, lorsque je parle de la création du monde, je n’entends parler que du globe terrestre, car c’est le seul qu’il soit donné à l’homme de pouvoir fouiller el analyser pour y découvrir la trace des circonstances qui ont pu amener successivement sa formation telle qu’elle esl aujourd’hui. Ou ne doit pas oublier pourtant la prédilection des anciens pour les allégories.
Aussi, si j’ai cilé ce passage de la Genèse, à l’appui de ma théorie, c’esl qu’il m'a semblé élre en dehors de ces quelques erreurs ou, du moins, pas aussi métaphorique, cl qu’il renfermait une. vérité mèie capable de recevoir un grand développement. Il y a toujours dans un livre une vérité essentielle dont il est bon de profiler, et c’esl ce que j’ai fait. — Du reste, les erreurs de chronologie qui existent dans les livres sacrés peuvent être attribuées plutôt à ceux qui ont recueilli les faits ou qui les ont traduits, qu’à ceux
La matière informe, qui devait présenter une masse fluide, remplissant l'espace, assez analogue à celle de l'eau ou de l'air, a donc précédé la création de son agent vital : le fluide luminescible, agent qui peut être considéré comme cause seconde de la vie et des propriétés inhérentes à chaque corps.
Cet impondérable élémentaire et primordial est un agent moteur qui, par la propriété d’activité dont il est doué, parce qu’il peut recevoir et communiquer toutes les impressions du mouvement, préside aux agrégations etsêgréga-
qui les ont enseignas sous l’infleence directe de l'Esprit-Saint, car leurs inspirations étaient le résultat d’une extase' naturelle qui leur permettait d'être en communication avec le Créateur et en relation directe avec l’ensemble de l’univers. D’autres attestations, au contraire, renferment des erreurs volontaires commises par les prophètes dans le but d’un intérêt de circonstance, et beaucoup même peuvent être attribuées à l’esprit de domination de l’homme, esprit qui le porte trop souvent à dénaturer des faits dans son propre intérêt.
Quoi qu'il en soit, c’est dans ce livre primordial que se trouve la clef de la grande science qui doit nous conduire infailliblement à la connaissance de la vraie philosophie; et on ne saurait jamais trop sonder les Écritures, car, à chaque phr.ise, des mystères inconnus ou incompréhensibles jusqu’à ce jour, à cause du langage allégorique sous lequel ils sont cachés, se révèlent à l'entendement du l'homme et lui font faire un pas de plus vers le progrès.
Ampère a dit : « Ou Moïse avait dans les sciences une instruction aussi profonde que celle de notre siècle, ou il était inspiré. »
Éludiez-donc sans ersse, obi vous qui voulez acquérir la véritable science, et laissez aux orgueilleux, aux insouciants, aux paresseux, aux matérialistes et aux alhées le repos de l’intelligence, car ils croient tout savoir et ils ne savent rien, pas même que leur intelligence s’est ossifiée au contact des fausses doclrines humaines.
« Sondez les Écritures, a dit le Christ, cet homme-Dieu, cet envoyé sublime, et vous y trouverez la clef de toutes les sciences. » En effet, le magnétisme, cette clef dorée de l’avenir, s’y révèle à chaque page; et j'ajouterai moi : Sondez la nature, sondez Ions les livres, l'inquisition est abolie pour ne plus revenir, l'esprit humain est libre d’étuilier et d’approfondir lui-même au lieu de plier sous les faux dogmes des docteurs de la science on de la religion qui lui disaient : « Crois ceci, nous le voulons. » Aujourd’hui le monde marche, les liens sont brisés.
lions dos éléments conflit utils des corps el îles molécules qui entrent clans leur composition.
Il n'y a que deux principes primordiaux créés dans la nature : la matière élémentaire et la mouvement, du moins au point de vue purement physique.
Dieu avait d'abord créé la matière élémentaire; puis, pour que cette matière ne restât pas sans forme et vide, il créa le mouvement : la lumière.
Qui dit mouvement dit vie; qui dit vie dit mouvement. Le mouvement a opéré le développement de toutes les possibilités : c’est l’instrument dont le créateur s’est servi pour laçonner son chef-d'œuvre et dont il se sert pour régir l’univers (1).
Les corps organiques et inorganiques de la création n’auraient aucune activité, s’ils n’étaient saturés par cet impondérable; ils n’auraient même aucune forme et aucune propriété appréciable.
Cette saturation est plus ou moins complète selon l’affinité que les corps possèdent pour le fluide lumineseible.
Cette affinité est en raison des circonstances de combinaisons qui ont présidé à la formation de ces corps.
Par cette raison, le fluide lumineseible, ou, en d’autres termes, la lumière de la Genèse n’est point la lumière du soleil, des étoiles ou de la lune (2) , mais bien une force
(I) I.e mouvement csl un (‘(Tel d’nne cause seconde, l'agrnl lundnes-
eihlr.
(S) Par la lumière île la lune, je »'entends point parler de celle qui n’est que le résultat de la réfraction des rayons solaires, car, dès que la terre, dans sa marche, s'interpose cuire ces deux astres , cette réflexion n'a plus lieu. Mais ce (pie j’enleuds par lumière île la /une est une lumière propre el inlimo de sa constitution, el qui, vu l.i dislance. 11 elle -e trouve de notre globe, n’est pas appréciable par nos sens matériels d'une manière suffisamment évidente, d’aulanl plus que, fùl-olle visible avec un instrument il optique, quelconque, elle sera toujours éclipsée pour le sens ordinaire de la vue. par une lumière supérieure telle que celle d'autres soleils appelés étoiles. Je n’expliquerai pas ce phénomène; il ironvera sa solution
distincte, un agent particulier. Moïse, du reste, établit lui-même celle différence car le lux, dont il parle d’abord, lut créé le premier jour, tandis que le soleil, la lune et les étoiles, ont été l’œuvre du quatrième.
Oui, tous ces astres resplendissants, qui roulent en silence à travers les abîmes de l’espace, sont des corps matériels comme le globe terrestre.
Parmi ces globes éclatants, dont l’innombrable multitude arme le firmament, il y en a qui, comme ce que nous nommons le Soleil, présentent, en raison des combinaisons moléculaires de leur organisation, une plus grande affinité pour le fluide luminescible, ce qui a déterminé chez eux une plus grande somme de force.
C’est autour de ces condensateurs puissants de ce fluide que tournent les autres globes, car ces condensateurs conservent une position relativement fixe au centre des groupes qui accomplissent leur révolution autour d’eux.
L’immensité est composée d’une quantité innombrable de systèmes planétaires, dont ces condensateurs sont les centres magnétiques. C’est-à-dire que, par les propriétés de force et d’activité dont ils sont doués, ils deviennent cause du mouvement des globes groupés autour d’eux.
Le système solaire, le seul que l’homme ait put étudier jusqu’à présent, se compose du soleil, globe d’une grandeur étonnante, conservant une position relativement fixe dans le centre, et de cinquante-cinq planètes, dont la terre, tournant autour de lui dans des orbites qui ne diffèrent pas sensiblement du cercle concentrique.
Mais outre le globe lumineux que nous avons appelé soleil, et autour duquel tant d’autres accomplissent des révolutions mathématiques, il existe encore bien d’autres soleils ou centres d’activité dans l'immensité des deux.
Ces autres soleils forment aussi d’autres systèmes autour
dans le cours de celle théorie. Je me bornerai simplement à dire que pour les somnambules loua les corps sont plus ou moins lumineux selon leur composition moléculaire.
desquels un nombre do globes accomplissent leurs révolutions. Mais ces hypothèses, qui sont plutôt du domaine de l'astronomie, m’éloigneraient trop de mon but et n’auraient aucune portée scientifique, puisqu’il n’est pas donné à l’homme, constitué tel qu’il l’est, de pouvoir leur assigner une origine positive, du moins dans l’état actuel de la science (1).
D. H. André,
Médecin homœopathe, magnélisle et électricien, Membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes.
(1) Plusieurs astronomes modernes ont déjh traité celte question dans leurs ouvrages sous un point de vue forl intéressant et ont développé d'une manière positive et mathématique, pour le monde visible, c’est-à-dire pour le système solaire, quelques-unes des propositions astronomiques que je viens d’avancer. Aussi, si j’ai employé le mol hypothèse.- c’est que ma pensée embrasse l’univers, et que l’univers étant l’infini, l’homme ne peut le concevoir que par la pensée, car même avec les meilleurs instruments d’optique il ne lui esl pas donné d’y pénétrer encore et, si ce n’est que je n’ose douter de rien, car nous ne savons rien et nous ne pouvons préjuger de l’avenir, je dirais qu6 jamais il ne sera donné à l’homme de pouvoir sonder l’infini; mais, comme nous ne savons rien et que nous ne connaissons pas les desseins de Dieu relativement à l'avenir, il vaut mieux s’abstenir pour et contre, étudier toujours et espérer toujours, car le monde marche vers la perfection, sinon ii pas de géant : les partisans des idées rétrogrades sont encore nombreux ; du moins à pas lents mais assurés, renversant chaque jour une barrière des partisans de l’obscurantisme.
D' II. André.
AUX MAGNÉTiSTES.
Nous suspendons la publication du Journal au moment où elle exigerait impérieusement d’êlrc poursuivie, car on s’aperçoit aisément du progrès immense que le Magnétisme a fait, et de l’ébranlement qu’il produit dans le domaine dos sciences. Les études sur le Magnétisme deviennent plus sérieuses, plus fortes, parmi scs adeptes, et plus générales parmi les indifférents. La Presse quotidienne, les Revues, et les livres, traitent aujourd’hui de celte question qui, nnguôre, leur paraissait indifférente : C’est ainsi qu’en fort peu de temps, nous avous eu successivement, après les ouvrages de M. Figuier : la Magie et l'Astrologie, par M. Alfred Maury, de l’Inslitut, et le livre du Sommeil et des Songes, du même auteur; des comptes rendus m iKip'iés des uns et des autres, dans les Journaux ; un petit diurne, qui a paru dans la Revue des deux Mondes, intitulé le Drak, de Madame Georges Sand, sur un des fails les plus mystérieux du Magnétisme, et écrit comme tout ce qu’écrit cet Auteur. La Physiologie de la Pensée, de M. Lélut, de l’institut, etc., etc... et diverses autres études qui, si elles ne sont pas toutes des plus favorables, ne sonlpasnon plus entièrement défavorables. L’espace nous a manqué pour rendre compte de ces publications; il nous manquera même pour achever des travaux dont les commencements ont déjà paru dans le Journal.
On le voit, jamais on ne s'est plus occupé de Magnétisme. Les mots qui peignent celte force ont passé dans le langage, au point qu’on les retrouve avec étonnement, sans doute, mais avec la plus grande satisfaction, dans les écrits les plus frivoles, comme dans les plus sérieux.
Pourquoi faut-il que notre publicité cesse en cc moment? Est-ce donc que la fatigue nous a gagné? Non. il n’en est point ainsi ; mais une œuvre semblable a besoin d’un concours effectif. Lorsque Imites les charges viennent peser sur un seul, il est clair que la mesure des sacrifices est bientôt comble ; et, ce n’est que parce qu'il en est ainsi, que nous nous voyons, pour un lumps du moins, forcé de suspendre la publicité des Archives du Magnétisme.
C’est aux Magnétistes riches, dévoués ni intelligents, de combler la Inninn qui va exister, puisque, sans abandonner entièrement l’œuvre, je ne sais cependant quand je pourrai l.i reprendre.
On me tiendra compte, sans doute, de mes lionnes intentions; mais il ne faudrait pas, pour le triomphe de la Vérité, que ce fût le seul mérite des Magnétistes militants. Espérons qu'ils comprendront mes paroles ; dans tous les cas, mon devoir me dictait cet avis. Baron Du I’otêt.
Me consacrant tout entier à la publication de la Thérapeutique Magnétique, j’aurai nécessairement l’occasion de dire ma pensée, et sur les hommes et sur les choses. Mon expérience et mon droit ne seront point contestés. Je sais tout co qu’ont écrit mes contemporains; j’ai vu hiendes défaillances, pris connaissance de bien des dénis de justice ; les actes méritants ne m’ont point échappé, et, bien que je ne veuille m’ériger en juge des opinions d’autrui, je ne pourrai m’empêcher de jeter nn regard rétrospectif sur tout ce qui fit obstacle au triomphe de la Vérité, car il y a longtemps déjà, que par une entente plus complète, des sacrifices plus marqués,
011 eût établi solidement le Magnétisme, et généralisé la pratique si salutaire, à laquelle il a donné lieu.
Jamais plus formidable opposition n’avait harré le passage à une vérité; la nôjre eut contre elle tous les savants, tous les médecins, tous les prêtres, tous les écrivains et les journalistes; mais les temps sont changés, nous n’avons plus devant nous les mêmes obstacles à vaincre, et rn n’est pas d’ailleurs l'histoire du Magnétisme que je veux; refaire. Néanmoins nia lâche sera grande encore, et c'est pourquoi je no puis en poser les limites; mais, je l’espère, les lecteurs se-ront salisfails.
Baron Du Potet.
NOUVELLES ET FAITS DIVERS.
Nous apprenons qu’un de nos concitoyens, M. Félix Perreau, vient de recevoir une médaille de bronze pour les nombreuses cures qu’il a faites a Saumur. Celte récompense lui a été décernée à la dernière réunion générale du Jury magnétique de Paris,à la suite d’un brillant rapport sur les résultats qu’obtient M. Perreau avec le magnétisme. Il n’est personne, du reste, dans notre ville, qui ne s’associe à celte récompense; elle fait le plus grand honneur à l’homme charitable et dévoué, qui consacre avec tant de bienveillance et de désintéressement son existence au soulagement des personnes atteintes de quelques infirmités. Combien de malades en désespoir de cause se sont confiés à M. Perreau et ont recouvré la santé Les guérisons qu’il a obtenues sont si nombreuses et si connues dans notre ville qu’il est iuutile de les rappeler.
(Extrait de l'Echo de Saumur, du 19 novembre 1861.)
— Le hasard vient d’amener la découverte en Angleterre d’une nouvelle secte religieuse, dont l’un des principes consiste en une croyance absolue à la fatalité. Deux enfants étant décédés, et la police ayant cherché de quelle façon ils étaient morts, leurs parents avouèrent qu'ils n’avaient pas eu recours à la médecine. Conduits devant la justice pour y être réprimandés, et pressés de questions, ils finirent par avouer qu’ils appartenaient à la secte des Nouvelles Lumières (New Lighls)> laquelle considère comme un péché le recours aux médecins, Dieu seul pouvant venir en aide à une de scs créatures malades. On s’occupe en ce moment, écrit-on de Londres, de trouver les propagateurs de cette doctrine. (Extrait de l’Union.)
NÉCROLOGIE.
La mort frappe sur les académiciens comme sur de simples morlels; sa loi est inexorable. Mais parmi les pertes récentes que vient de faire cc Corps, nous devons mentionner celle du Kcvércnd P. Lacordaire. Nous ne pouvons oublier comme magnétiste, qu’il fit entendre du haut de la chaire, en présence de bien des milliers de personnes, les mots mystérieux de magnétisme et de puissance adamique. Nul, mieux que lui, ne suten quelques traits faire entrevoir des vérités d’un ordre supérieur, propres à troubler les sciences physiques dans leur quiétude, ni mieux que lui non plus montrer aux hommes, en soulevant un coin du voile du passé, combien de vérités restaient à découvrir ou à édifier. Le discours de M. Lacordaire fut un événement: les savants s’en émurent, les magnétistes s’en réjouirent.
Mais il manqua deux choses à M. Lacordaire : l’air et la liberté. Qu’allait donc faire son génie à l’Académie en face des Gnizot et de tous ces rhéteurs qui semblent ne pas avoir une idée des lois morales et des puissances de l’âme humaine ? Le génie s’éteint placé sous cette chlamyde, qui semble être faite pour couvrir tous ces écrivains sans pensée, qui ne voient dans la nature que l’action de la matière, et qui pour base du progrès qu’ils rêvent, placent en premier lieu la satisfaction des besoins matériels.
M. Lacordaire vivra par les seules paroles qu’il a dites a Notre-Dame de Paris ; l’écho les redira éternellement, car le magnétisme est la science de l’avenir. 11 remonta pour un instant aux sources des eaux-vives, d’ou découlent tout pouvoir miraculeux; peut-être son inspiration déplut-elle û l’Eglise car long-temps celle-ci s’opposa à l’étude des forces occultes et à leur révélation. Baron Du Potet.
AVIS DE L’ADMINISTRATION.
Comme la suspension du journal sera un fait accompli dès le 25 décembre prochain, nous prions les abonnés qui n’ont point encore soldé le prix de leur abonnement de vouloir bien se mettre en règle sans retard. Nous prévenons aussi les abonnés dont l'abonnement n’expire que dans le courant de 18(52, qu'ils seront considérés comme souscripteurs à l’ouvrage de iVJ. le baron du Potet, à moins d’avis contraire de leur part, et, dans ce dernier cas, on tiendra à leur disposition ce que leur redevra le journal. L’ouvrage ne pouvant être divisé on ne recevra de souscription que pour le volume entier.
.. 12 francs pour Paris, l/i francs pour les départements 16 francs pour l’étranger.
Aucune livraison ne sera adressée à titre de prospectus.
On continuera, comme par le passé, de recevoir au bureau du Journal, tous mémoires ou observations qui intéresseraient la science du magnétisme, et dans l’occurence un bulletin pourrait être publié.
Baron Du l’OTET, propricluirc-ycrant.
I.SP
PREMIERS ÉTABLISSEMENTS DU MAGNÉTISME
A PARIS.
Étude historique. (Suilc. Voir le N-11C.)
II.
Le premier soin de Mesmer, en arrivant à Paris, fut de faire présenter ses assertions à l’Académie des sciences par le comte de Maillebois, lieutenant des armées du roi et membre de la docte compagnie.
Défavorablement accueilli, par suite sans doute de la prévention résultant de ses discussions avec l’académie de Vienne, Mesmer comprit que le seul moyen de répandre la vérité était de la faire toucher du doigt, c’est-à-dire de guérir des malades.
A cet effet, il réuuit plusieurs personnes affectées d’infirmités bien constatées, et alla s’établir avec elles, en mai 1778, à deux lieues de Paris, dans le joli village de Créteil.
Le succès le plus complet répondit à ces généreux efforts; aussi le 22 août suivant, Mesmer écrivit à M. Le Roi, directeur de PAcadémie des sciences, dont il avait fait la connaissance quelques mois auparavant chez le comte de Maillebois, pour le prier d’engager P Académie à venir « constater l’utilité du magnétisme animal appliqué aux maladies les plus invétérées. Le traitement de mes malades, » disait-il, « devant finir avec le mois, j’ose espérer que vous voudrez bien me transmettre les intentions de PAcadémie, en m’indiquant le jour et l’heure où ses députés voudront bien m’honorer de leur visite, afin que je me mette en état de les recevoir (1). »
Il était difficile d’agir avec plus de loyauté, et de se mettre plus entièrement à la disposition de ses juges. Cependant
.1) ¡‘récii historique, p. 39.
Tome XX. ts.-N" 119. — 2* Série. —10 décembre 186«.
cette lettre resta sans réponse, malgré les efforts de M. Le Roi.
Les démarches entreprises auprès île l’Académie de. médecine n'eurent pas de meilleurs résultats. Mesmer s’en consola en obtenant de la reconnaissance de ses malades les certificats les plus complets. (On les trouvera aux pièces justificatives du Précis historigue, pages 221, 223 et 220.)
111.
Nous venons de rapporter la version généralement admise que les académies ont refusé de venir à Créteil constater les résultats des traitements entrepris par Mesmer ; nous maintenons qu’elle est la seule véritable ; cependant, notre devoir d’historien nous oblige à mettre sous les yeux des lecteurs quelques extraits des correspondances publiées par le Journal Je Paris dans ses n°‘ 232 et 2i0, d’août 178i. Le refus des Académies n’en existera pas moins, mais nous verrons à la suite de quels faits il s’est produit, et alors que la commission demandée avait été accordée.
Paris, le 16 aoust 1784.
« M. Mesmer à M......»
........« Vous n’ignorez pas, Monsieur,
« qu'en 1778, j’ai invité vos confrères à venir chez moi cons-u taier les effets avantageux que j’assurais devoir résulter de
« l'application de mes principes.......Vous n’ignorez
« pas que toutes mes démarches auprès de votre com-« pagnie se sont terminées par le refus de m’entendre, et n que vous m’avez vous-mème notifié ce refus. . . . (!)•» Quelques jours après, le 27 aoust, on lisait dans la môme feuille, sous le titre ;
Il MÉDECINE.
ii En donnant la plus prompte publicité à la lettre de
(1) N-232 du I‘J août. p. 987 et 988
« M. Mesmer, insérée dans le n* 53-2, nous avons voulu lui « prouver combien nous étions éloignés de lui interdire toute
•i réclamation par la voie île ce journal.......
« La Société, loin d’avoir refusé des commissaires à » M. Mesmer, a peut-être à se répentir de la facilité avec « laquelle elle les lui a nommés, ainsi qu’il résulte de
« l’extrait des registres de la Société........
.............
«..................
« ..................
« L’exposé suivant a été extrait de ses registres :
« 1° Sur la demande faite par M. Le Roux, chirurgien, au » nom de M. Mesmer dont il était connu alors pour être « l’agent, la Société royale nomma, dans sa séance tenue le . vendredi 3 avril 1778, MM. Paubanton, Desperrières, « Mauduyt, Andry, l’abbé Tessier et Vicq-d’Azyr, commis-« saire pour faire l'examen des procédés du magnétisme « animal mis en usage par M. Mesmer, qui avait alors une « maison à Gréteil, où il avait réuni ses malades.
« 2“ Tous les commissaires étant réunis chez M. Desper-« rières, d’où ils devaient partir pour aller à Gréteil, on leur « remit une lettre de M. Le Roux dans laquelle il leur expo-« sait que les malades de M. Mesmer avaient reçu quelques « jours auparavant la visite d'un grand prince, qui leur avait u fait une grande révolution ; que la visite des commissaires
u leur en faisait craindre une nouvelle ;......
« . . . .et que M. Mesmer l’avait chargé d’écrire cette « lettre aux commissaires, en leur offrant ses excuses.
« 3°.....qu’Elle lui renvoyait (à Mesmer) les
« certificats qui lui avaient été remis, et qu’fille retirerait la u commission qu’ Elle avait donné à quelques-um de scs mem-ii lires à ce sujet. ...............
o h° Jusqu’à cette époque, la Société royale avait regardé M. Le Roux comme l’agent de M. Mesmer; ce particulier a l’avait accompagné en Allemagne : il avait eu jusqu’alors
« avec lui des liaisons notoires, et i! avait visité peu de temps « auparavant, conjointement avec M. Mesmer, deux des « membres de la compagnie, à laquelle il avait remis le « 3 mai 1778 des certificats relatifs aux malades traités à n Créteil. Ce fut donc une grande surprise qu’Elle reçût une « lettre du 11 mai 1778, dans laquelle M. Mesmer désavouait « toutes les démarches et demandes de M. Le Roux . . . n......etc. »
« (Extraits des originaux contenus dans les registres de la « société royale de médecine.) »
Signé : Vicq-d’Azvr, secrétaire perpétuel (1). »
La société donnait pour motifs du retrait de sa commission que n’ayant pas constaté avant le traitement l’état des malades de Créteil, elle ne pouvait s’en rapporter aux déclarations des personnes traitées, bien que dignes de foi, « presque toutes de condition, » et juger sainement des améliorations qui auraient pu être amenées sous l'influence de l’agent magnétique.
Cette réserve extrême devrait être accueillie et même remarquée, si la Société royale de médecine avait consenti à nommer une nouvelle commission, et à suivre le traitement de nouveaux malades dont la position aurait été Lien définie, mais c’est ce quelle ne fit pas, et même refusa de faire, tout en publiant que Mesmer avait rejeté l’examen des commissions qui lui avaient été accordées sur sa demande.
Cet incident eut pour résultat de brouiller définitivement Mesmer avec les sociétés savantes, et de lui susciter des embarras et des ennemis pour l’avenir.
IV.
De retour à Paris, Mesmer tomba dans le découragement le plus complet. Livré aux risées de la science officielle qui le traitait do . charlatan » (2) et à la malignité des gazetiers
(1) N" 240, p. 1020.
(2) Biogragrajihiede Bvisjolin, v. 3, p. 583, 3* col.
heureux île trouver mi sujet [tour exercer leur verve, il doutait de sou étoile, lorsque la connaissance qu’il lit au mois de septembre du I)r d'Ëslon, membre de la Faculté de médecine, premier médecin ordinaire de Mgr le comte d’Artois, frère du roi, lui rendit un peu d’espoir.
Par les conseils de ce savant médecin, il exposa sa doctrine dans un Mémoire où il demande à prouver que « la i nature offre un moyen universel de guérir et préserver les « hommes (1). »
Cet opuscule fut rendu public, après toutefois qu’il eut été présenté « en hommage particulier à la Faculté de Paris par a la médiation de plusieurs de ses-membres (2). »
D’Eslon voulant assurer le succès de cette nouvelle épreuve, avait invité à dîner, avant toute publication, douze de ses confrères pour entendre la lecture du manuscrit, et recevoir leurs observations. Il n’est peut-être pas sans intérêt de connaître le nom des invités. Ce sont :
MM. Majault, Borie, Bertrand, Grandelas, Malloët, Philips, Lepreux, Sollier de la Rominais, Bâcher, de Villers, d’Arcet et Sallin.
Les deux derniers ne vinrent pas.
La lecture qui eut lieu avant le dîner fut écoutée avec attention ; la proposition émise par Mesmer, de faire dans un hôpital des expériences propres à éclairer la religion des honorables savants en présence desquels il se trouvait, acceptée avec empressement, mais ne fut jamais mise à exécution , par suite du peu d’empressement des convives de d’Eslon à s’entendre sur le jour qu’ils auraient pu choisir. « L’événement démontra, » dit spirituellement Mesmer, « qu’il est plus facile de rassembler les médecins de la Faculté de médecine de Paris pour un dîner que pour une visite d’hôpital (3). »
11 Mémoire sur la découverte du Magnélhme an. ln-12 de 88 p.
(2i Lettre à M. d'Eslon du 30 mars 1770.
3, Prccts historique, p. 87.
En arrivant à Paris, Mesmer s’était logé rue les Quatre Fils, au Marais. Résolu à son retour de Créteil de se passer du concours de la science officielle, il espère par ses cures ouvrir les yeux au public en guérissant des malades.
Voici en quels termes un contemporain (Bacliaumont) qu’on ne peut accuser de partialité, puisqu’il commence par traiter Mesmer « de charlatan d'une nouvelle espèce, arrivé du fond de l’Allemagne (1) » raconte une des cures opérées par l’agent « magnético-magicjue : »
« Un enfant âgé de 'dix ans tombe malade d-’une fièvre a miliaire. Au quarante-cinquième jour de sa maladie 011 en « désespérait. Tous les remèdes possibles lui avaient été ad-« ministrés. M. Mesmer arrive : il est tellement effrayé du « froid glacial et du marasme de l’enfant qu’il se refuse d’a-« bord à répandre sur lui les dons qu’il a reçus de la nature. « Il se laisse enfin toucher et prend le malade par les mains. h En peu de minutes le mieux se déclara; on tient l’enfant « cinq quarts d’heure dans le bain ; la transpiration se réla-« blit, on donne au malade une écrevisse, un pain et de l’eau « mêlée avec du vin de Champagne blanc. Quatre semaines « après, l’enfant se portait bien. »
« Est-ce la nature, » ajoute cependant quelques lignes plus loin le correspondant de cette cure miraculeuse, « est-ce la
0 nature rendue à elle-même par la cessation de tout remède, « secondée par les bains et de légers aliments qui a rétabli le « malade ou l’imposition des mains de M. Mesmer qui a « opéré ce miracle (2) ? »
Quellequ’ait été la cause du rélablissementde l’enfant, .sa guérison n’en fit pas moins de bruit. — La curiosité publique déjà surexcitée voulut pénétrer le secret de Mesmer. — En-
(I) Correspondance secrcle, 1. 10, p. 273.
(2J Id. v. 10. p. 274 et 27;;.
nemis et partisans, détracteurs déclarés et enthousiastes cherchaient la formule; aussi, lorsqu’au mois de septembre I7.SU, une feuille publique (1) annonça qu’elle donnait la recette de la médecine magnético-magique, défraya-t-elle pendant huit jours toutes les conversations.
Cette recette est trop curieuse pour que nous ne la donnions pas ici :
« Prenez disait le Mercure « or de ducat réduit en poudre « par l’eau régale 1/2 gros, aimant 15 grains, borax 1 gros, « poix résine ou colophane 1/2 once, fer 2 scrupules ; mêlez « et mettez dans une bouteille que vous boucherez exacte-« ment d’un liège armé d’un fil de fer, dont une extrémité « plongera dans le mélange. On électrisera l’autre extrémité « de manière à produire de fortes commotions. Il faut réduire « les différentes substances en, poudre très-fine. »
Le plus simple bon sens aurait dû démontrer l’inanité d'une pareille formule bonne tout au plus pour une bouteille de Leyde, après les déclarations publiques de Mesmer qu’il n’agissait que par le principe vital; mais que ne peut le merveilleux sur l’esprit du public ?
VI.
A mesure que les expériences devenaient plus concluantes et les guérisons plus nombreuses, les critiques augmentaient. Peu de jours avant que d'Eslon fit paraître ses Observations sur le magnétisme animal (1780), le sieur Dehorne publiait un brochure contre Mesmer, ayant pour titre Réponse d’un Médecin de Paris ù un Médecin de province sur le prétendu magnétisme animal, dans laquelle il traite Mesmer de thaumaturge, d’homme plein d’artifice et d’adresse, et même de voleur.
i Vous avez grand tort d’insinuer » dit le sieur Dehorne « que le principe par lequel vous opérez vos prétendus pro-
(I) Le Mercure Je France, n“ 90 du !l septembre 1780.
*
diges réside en vous, car s'il était possible qu’il émanât «le moi un principe aussi dangereux, il est de toute évidence que je serais déjà détruit, évaporé, mort. »
Ce lut bientôt le tour (Sun sieur Pmdet, docteur en médecine etgazetier, puis celui d’un sieur Bâcher, rédacteur d’un journal de médecine, et de bien d'autres encore, mais notre but n’étant pas de faire ici une biographie de Mesmer, noua passerons rapidement sur toutes les critiques, devenues sans intérêt de nos jours, où le principe magnétique ou vital, est admis par ceux mêmes qui en nient l’utilité curative, pour arriver au moment où Mesmer, le cœur rempli de douleur, pense à aller chercher « des partisans en Angleterre (1). »
VII.
L’établissement pour le traitement magnétique se trouvait alors place Vendôme.
Mesmer sachant quelle influence les objets extérieurs produisent sur l’esprit des malades, et comptant d’ailleurs dans sa clientèle les personnages les plus haut placés, avait choisi la maison des frères Boutet de préférence à toutes les autres. Son appartement richement meublé, présentait toutes les recherches du confortable et du luxe le plus raffiné, tandis que plusieurs pièces, dites chambres à crises, matelassées, capitonnées àhauteur d’homme, permettaient aux personnes prises de convulsions de subir sans danger de blessures toutes les phases du traitement magnétique.
La partie la plus curieuse de cet Établissement était le fameux salon au Baquet.
Ce baquet, ou plutôt le réservoir où Mesmer accumulait le fluide magnétique pour de là le répandre sur ses malades, a été l’objet de tant de plaisanteries, qu’on ne lira pas sans intérêt, la description précieuse quoique bizarre, que nous en a laissée une des femmes les plus spirituelles de la cour du Régent, el de celle de Louis XVI :
(1) Correspondance secréle. Lettre du 22 octobre 178u.
« Il y avait au milieu d’une grande salle un bacquel reui- pli de culs de bouteilles, lequel était recouvert d’une toile « verte d’où sortaient des gaules de fer avec des robinets et « des tourniquets; toutes ces tiges métalliques étaient cour-« bées en demi-cercle, et ceci donnait au gros bacquet l’ap-«parence d’une araignée monstrueuse. Les Mesméristes « étaient là rangés qui l’un qui l’autre, et tenant chacun le « bout de sa gaule appuyé sur ses yeux, dans l’oreille, aux « reins, contre la poitrine, au creux de l’eslotnach, de la «gorge, etc., etc.,.., chacun en postures et dispositions « très-variées, ceux-ci tremblans de frisson, ceux-là couverts « de sueur, les autres dans une agitation frénétique, en con-« vulsions abominables et se roulant par terre ainsi que les « Jansénistes de saint Médard (1); les autres en contempla-« tions séraphiques, en extase ! Et puis c’étaient des malades « qui riaient à gorge déployée, tandis que les voisins bail-« laient en pleurant, pendant que le docteur Mesmer était « dans un coin de la salle h leur jouer de l’harmonica. Il ne « s’en dérangeait que pour venir d’un temps à l’autre appli-« quer un de ses doigts sur le front de ceux ou celles qui lui « paraissaient avoir besoin d’un secours si puissant et si proie pice. Voilà quels étaient les procédés du Mesmérisme (2). »
Quelque chargée que puisse paraître cette description du baquet magnétique, elle n’en est pas moins curieuse au point de vue historique. Nous allons simplement la compléter par quelques mots sur le rôle de Mesmer et de ses aides.
Le baquet, nul ue l’ignore, n’était qu’un réservoir du ¡lulde. Mesmer, dont les propriétés magnétiques n’ont été égalées que par celles de M. le baron Du Potet, plongeait une canne dans le baquet, et, en magnétisant l’eau qui y était contenue agissait sur les malades mis en communication avec le fluide au moyen des tiges métalliques ou « gaules de fer. »
(1) Allusion plaisante aux convulsionnaires du tombeau du diacre Pdris.
("2) Mémoires de ta marquise de Créquy, v. 5, p. 152 et 153.
C. Les opérateurs » dit le Dictionnaire de médecine (1) « avaient dans les mains une baguette de fer longue de 1U
12 pouces. Cette baguette était regardée comme le conducteur du magnétisme. Elle avait l’avantage de le concentrer dans sa pointe et d’en rendre les émanations plus puissantes. »
Quant à la véritable composition du baquet, elle a été publiée par d'Eslon dans le Journal de Paris (2) et reproduite dans le Journal du Magnétisme..
Un folliculaire en avait donné cette formule :
« Les uns disent que son agent est de l’esprit de vitriol qui échauffe les barreaux de fer du baquet, les autres prétendent que c’est de l’acide phosphorique pur sous forme de verre, figuré en tablettes et dont on forme sur le corps un appareil magnétique (3). »
VIII.
Nous avons vu de quelle manière les malades étaient rangés autour du baquet et quel était l’emploi des tiges sortant de la cuve. A certains moments, ils s’enlaçaient le corps d’une corde magnétisée qui servait à les réunir les uns aux autres, et se prenant par la main, formaient la chaîne. Cette dernière pratique est encore en usage de nos jours.
Les malades a étaient encore magnétisés au moyen du doigt et de la baguette de fer promenée devant le visage, dessus et derrière la tête, et sur les parties malades, toujours en observant la direction des pôles; on agissait (aussi) par les regards, en les fixant, mais ils étaient magnétisés surtout par l’application des mains, et par la pression des doigts sur les hypochondres et sur les régions du bas-ventre, application souvent continuée pendant longtemps, quehfuefois pendant plusieurs heures..............
(1) V. 13, p. 403.
(2) N° du 16 février 1784.
(3) Mesmer justifié, p. 33
Voici ce qu’éprouvaient les malades soumis à l'action de ces appareils. Quelques-uns étaient calmes et tranquilles, d’autres toussaient, crachaient, sentaient quelques légères douleurs, une chaleur locale et universelle et avaient des sueurs; il autres étaient «agités et tourmentés de convulsions extraordinaires par leur force, leur nombre et leur durée (1). »
IX.
Le secret si bien gardé de Mesmer n’était pas un des moindres attraits de la doctrine nouvelle, et l’étrange forme des appareils prêtait trop à la plaisanterie, pour que les ennemis du magnétisme n’en profitassent pas; mais il suffisait aux hommes éclairés et convaincus comme d’Eslon et Le Roy (2) d’être certains d’un résultat avantageux pour qu’ils continuassent à défendre Mesmer.
X.
L’époque du départ fut fixée au 16 avril suivant (1781). La France qui venait de laisser le marquis de Worcester s'emparer au profit de son pays de l’immortelle découverte de Salomon de Caus, allait encore répudier l’honneur d’avoir connu, la première, le Magnétisme animal, lorsqu’une auguste influence, celle de la reine Marie-Antoinette, daigna s’interposer, et faire dire au docteur allemand « qu’Elle trouvait l’abandon de ses malades contraire à l’humanité et qu’il lui semblait qu’il ne devait pas quitter la France de cette manière (3). »
(I) Dictionnaire Je Médecine, v. 13,p. 404.
2 l.e dernier fui enlevé trop lôl pour la défense du magnétisme. Il mourut en décembre 1779. Vicq d'Azyr prononça son éloge funèbre le
10 août 1788 [Mercure de /'rance).
(3) Précis historique, p. 201.
Mesmer répondit en substance « que son long séjour en « France ne pouvait laisser à S. M. aucun doute sur le désir « qu’il avait de préférer ses États à tous les autres, excepté à « sa patrie ; mais que désespérant par toutes sortes de motifs « de voir en France une conclusion à l’affaire importante qui « l’y avait conduit, il s’était décidé à profiter de la saison « nouvelle pour faire des opérations qu’à son grand regret il .. différait depuis longtemps ; que d’ailleurs, il suppliait S. M. « d’examiner qu’il y avait jusqu’au 15 avril assez de temps « pour prendre une détermination, si la nécessité d’en pren-« dre une était enfin reconnue. »
Peu de jours après, le 12 mars 1781, sur l’ordre même du roi, certaines propositions furent soumises à Mesmer.
Cinq commissaires nommés par le gouvernement « dont deux médecins seulement et les trois autres gens instruits, » devaient prendre les derniers renseignements jugés nécessaires « pour ne laisser aucun doute sur l’utilité et F existence du magnétisme animal. »
« Si le rapport des commissaires était favorable à la découverte, » le gouvernement après avoir reconnu par lettre ministérielle que M. Mesmer a fait une découverte utile, lui accorderait une pension de 20,000 livres et « un emplacement en toute propriété pour y traiter les malades et communiquer ses connaissances aux médecins. »
XI.
Mesmer avait trop l'expérience des commissions pour consentir à se soumettre à celle qui était proposée, aussi, après avoir signé «sous forme conditionnelle, » refusa-t-il de continuer les négociations.
Il adressa vers la fin de mars, à M. deMaurepas, alors premier ministre, un mémoire apologétique dans lequel il de-mandaitsimplement «qu’onenregistrâtlesdéclarations de toutes les personnes qu’il avait guéries, et qu’on voulût bien lui concéder.....la propriété de la terre et du châ-
teau de Surgy, lesquels appartenaient «a la couronne (1). * M. «le Maurepas éleva de vives oppositions, les prétentions ne lui paraissant pas de nature à être accueillies. On proposa alors au nom du roi : « 20,000 livres de rentes viagères avec un traitement de 12,000 livres, un logement au Louvre et le cordon noir de Saint-Michel, avec le titre de médecin consultant pour Sa Majesté. » Mesmer devait, en retour, ouvrir un cours de magnétisme et y former trois élèves.
Ces nouvelles offres ne pouvaient être acceptées ; ce n’était pas une récompense pécuniaire que réclamait Mesmer : c’était la reconnaissance officielle de sa découverte, et la récompense des services qu’il avait rendus, par le don national d’une propriété de l’État.
« C’est une possession territoriale et non de l’argent que je demande, » disait-il (2). « Quelqu’interprétation qu’on donne à cette délicatesse, on ne peut au moins se dispenser d’y reconnaître un point de sûreté pour le gouvernement. Quel risque peut-il courir en donnant une pension sur lui-même et en concédant une possession territoriale? De pareils objets ne peuvent ni se fondre ni s’éclipser en un clin-d’œil. Ce sont pour ainsi dire, des cautions de droiture et de fidélité ¿remplir les engagements contractés. #
Désespérant de rien obtenir, il partit le 31 mars 1781 pour les eaux de Spa, après avoir dans une lettre respectueuse du 29 mars remercié la reine « d’avoir daigné arrêter ses yeux sur lui » et lui avoir exposé les motifs qui le forçaient, à son grand regret, de quitter la France.
XII.
Aussitôt après le départ de Mesmer, d’Eslon ouvrit, « en sa maison, à gauche de la rue Vivienne, n° 16 (3), » un établissement le. traitement mesinérien.
I) Mémoires de la marquise de Crcquy, ». b, p. 153.
(-) Précis historique, p. 211. n) Guide de Thiéry (1784).
« Une figure intéressante, soutenue par les avantages rir la jeunesse et des grâces de l’esprit (1), » une parole facile et un bon goût exquis, attirèrent chez le docteur une clientèle choisie.
« L’entreprise de d’Eslon (2), » dit Grimm, un des adversaires, sans savoir pourquoi, du nouvel agent curatif, « prit une espèce de consistance. Bientôt des hommes et des femmes, dont l’ennui et la satiété des plaisirs avaient flétri les organes et détendu lafibre, se laissèrent persuader queles vapeurssur-tout cédaient aux procédés mesmériens; que du moins ils trouveraient chez d’Eslon, dans une société de quelques hommes et de quelques femmes à esprit, une sorte de distraction. Le disciple de Mesmer eut bientôt la douceur de voir son traitement suivi par une vingtaine de personnes qui venaient essayer d’en obtenir des convulsions à 10 louis par mois. »
Ces plaisanteries, quelque blessantes qu’elles pussent être pour les partisans du magnétisme, avaient cela d’utile, qu’elles répandaient le nom des doctrinaires et excitaient la curiosité publique. On a dit, je crois, que rien n’était plus à craindre pour un novateur ou un écrivain que la conspiration du silence; aussi des hommes d’esprit, tels que Mesmer et d'Eslon, se voyaient-ils sans déplaisir l’objet de l’attention, même moqueuse, des philosophes et des médecins.
Rien ne manqua à leur gloire : critiqués dans les journaux, ils se virent chansonnés.
Combien d’hommes obtiennent un pareil succès?
Voici quelques couplets d’une chanson que le sieurTricatte, avocat à Montargis (3), fit sur le magnétisme. Elle porte pour titre : « Mes Spécifiques (h) » et se chantait sur l’air : Où allez-vous, Monsieur l’abbé ?
Si l'on en croit certain docteur Spécifique est lin mot trompeur.
(1 ] Correspondance littéraire de Grimm, m* partie, v. 2, p. 460.
(2) Mercure de France du 14 juin 1783, p. K4.
(3) Correspondance secrète, v. 14, p. 38G.
(4) Mesmer justifié, p. 36;
Mais, moi, ne lui en déplaise Eli bien !
Je me ris de sa thèse.
Vous m'entendez bien.
En vain ce docteur mécréant Proscrit l'opium et l'aimant : En morale et physique,
Eli bien I Il est maint spécifique Entendez-moi bien.
Enfin deux beaux yeux sont l'aimant Qui m'attire invinciblement;
Ce puissant magnétisme,
Eh bien l Vaut bien le Mesmérisme,
Vous m'entendez bien !
La critique était d’autant plus fausse, que non-seulement Mesmer ne proscrivait pas l’aimant, puisqu’il avait débuté par se servir de l’oxydule de fer (fer magnétique) dans ses expériences de Vienne, mais « que, loin de dédaigner tous les remèdes, il employait quelquefois la crème de tartre, la magnésie blanche et l’émétique dans les cas désespérés (1). » C’est un adversaire qui nous l’apprend, il est juste de le croire, mais que ne peut la passion ! Sa punition est de tomber souvent à faux et de se retourner vers son auteur.
C’est ce qui arriva pour les ennemis de Mesmer, lorsqu’un
l| Rergasse, Coniidération sur le Magné t. an., p. 30 (Paris 1784).
habile avocat, nommé Bergasse, « les comtes Chastenet et Maxime de Puiségur, le père Gérard, supérieur général de la Charité, MM. le Bailly des Barres et ftormann (1) et « d’Espréménil, réunis au général de Lafayette (2), » alors dans toute la splendeur de la jeunesse et de la gloire militaire, ouvrirent, au profit de Mesmer, une souscription nationale de cent actions à cent louis la pièce. En peu de jours, les cadres furent remplis.
Cette souscription produisit plus de cent mille écus (340,000 livres) (3). »
L’entraînement fut d’autant plus grand, qu’outre la sympathie qu’inspirait Mesmer et les regrets que laissait son départ, il avait promis de révéler sa doctrine, et de rendre chacun apte à magnétiser. « L’avocat général au parlement de Dauphiné, M. de Servan, » crut se rendre l’écho des sentiments d’un grand nombre « en demandant dans une brochure qu’on élevât à Mesmer des statues sur les places publiques (â). »
Paiit. Fassy.
La notice qu’on va lire est écrite par un académicien. Nos lecteurs verront que pour acquérir ce titre envié, il suffit de lire beaucoup, de prendre des notes ou d'avoir de la mémoire ; — le génie n’est pas nécessaire, et on peut trancher les questions délicates en laissant les difficultés de côté. M. Maury n’entend absolument rien à la magie pas plus qu’au magnétisme ; il en traite cependant de façon à contenter plus d’un savant, car ils ne sont pas exigeants quand il s'agit des croyances des temps passés et surtout des sciences
(1 ) Biographie de Fcl|er, v. 8, p. 347.
(2) Deleuze. Histoire critique, v, 1, p. 19.
(3) Mémoires de la marquise de Créquy, v. 5, p. 157.
(4) Encyclopédie, v. 13 (article Magn. an ).
ocultps. Écrasés qu’ils sont par ces faits merveilleux, par les révélations de l'âme humaine et enfin par un ensemble de phénomènes au-dessus de la portée du vulgaire, ils nient ne pouvant comprendre; et après ce tour de force ils se drapent dans leur incrédulité et méritent par là l’accolade de tous les faux philosophes.
Nous regrettons que le défaut d’espace ne nous ait point permis de donner la traduction des citations latines et espagnoles que contient la notice ; à peine en reste-t-il assez pour donner place aux compositions déjà imprimées.
Baron Du Poïet.
. UN MIROIR MAGIQUE
DU XV' AU XVI* SIÈCLE.
La magie a été fort en honneur depuis les temps les plus reculés jusqu’au seizième siècle, et la presque universalité
des hommes admettait la réalité des moyens surnaturels dont elle faisait usage. Maintenant la raison publique se refuse à y croire, et tout ce qui s’y rattache est tombé dans un complet discrédit. Je partage naturellement cette incrédulité; mais je pense qu’on a tort de mépriser 1 histoire de cette science occulte et l’examen des procédés qu’elle employait. Il a dù se cacher sous ses dehors merveilleux des connaissances positives très-dignes de l'attention des esprits sérieux. A l’origine, les sciencesse liaient toujours plus ou moins à la magie, car l’homme qui possédait quelques connaissances cherchait à les mettre à profit pour dominer ses semblables, ou plus souvent encore l’ignorance et la crédulité lui faisaient prendre pour surnaturels des faits qu’il ne savait pas expliquer. Aujourd’hui le flambeau peut Être porté au fond de ces sanctuaires mystérieux, de ces arcanes jadis impénétrables, et nous faire voir qu’il n’y avait pas qu’imposture et mystification dans la magie, que la plupart de ses prodiges peuvent être rapportés à des causes naturelles, non alors devinées. C’est surtout l’antiquaire qui doit chercher à pénétrer au fond de cette question obscure qui se lie de si près à l’étude des sociétés anciennes ; il trouvera parfois sous l'enveloppe d’une opération magique les éléments de la science ésotérique de l’antiquité qui nous échappe encore, et, dans les mots qui se prononçaient aux enchantements, s'offriront à lui des données philologiques qui serviront à la solution de certains points d’histoire d’éthnologie et de mythologie.
Cette conviction où je suis de l'utilité qu’il y aurait à ce que quelques personnes dirigeassent, sur l’histoire de la magie, des recherches suivies, me fait tenter d’entretenir un instant le lecteur d’un monument qui s’y rattache. L’examen des figures qu’offre ce monument, des mots qui sont inscrits sur l’une de ses faces, des propriétés qui lui étaient attribuées, sera comme la preuve de ce que je viens d’avancer. Et je serais heureux qu’imitant mon exemple et abordant la tâche avec plus d’érudition, de connaissances scientifiques que je n’en possède, des esprits éclairés entreprissent de
soumettre à un examen |de ce genre les faits de magie que les témoignages des auteurs de tous les âges nous ont conservés en si grand nombre. Quelques tentatives ont été faites, au reste, à cet égard, et tout dernièrement, M. Joseph Ennemoser a publié tin ouvrage plein d’intérêt (1) sur cette matière. Mais ce qui touche à la partie la plus curieuse de cette science occulte, à la magie orientale et à la divination, n’a été que faiblement examiné. On a proposé des explications hasardées sans appeler à leur aide des expériences qui eussent été plus significatives que des hypothèses ; on a obéi à des idées préconçues et systématiques dont le mesmérisme faisait habituellement les frais ; on s’est montré tour à tour crédule ou incrédule à l’excès. En France surtout, hormis l’ouvrage de M. Eusèbe Salverte, encore bien incomplet, et dans lequel l’examen de faits mythologiques est presque toujours substitué à celui de faits historiques, nous ne possédons aucun travail véritablement critique sur ce sujet intéressant. La magie attend encore un historien. Puisque l’alchimie vient de rencontrer le sien (2), nous sommes en droit d’espérer que cette attente ne sera pas déçue-, mais, quoi qu’i: arrive, nous pensons, pour les motifs exposés, que les archéologues ne doivent jamais omettre de nous fournir, sur les sciences occultes, les renseignements qu’ils peuvent rencontrer. J’obéis à ce devoir en écrivant les pages suivantes :
Une personne de ma connaissance, D. Antonio Terceral, qui habitait les environs de Saragosse, me fit voir, au mois d’août 18/i5, dans cette dernière ville, un miroir métallique légèrement convexe d’un côté et presque plat de l’autre, d’une forme circulaire et d’environ 0m,25 de diamètre. Ce miroir se suspendait jadis à un anneau, maintenant brisé, et qui était fixé à la partie supérieure; la partie convexe était
(1) Geschichle der Magie. 2“ auflage, I.eipzig, 1844. Voyez aussi I). Tiedemann, Dispulalio de quæsUone quæ fuerit arlium magicanim origo, Marpurgi, 1787, in-4.
(2) Voy. Fcrd. Hoefer, Histoire de la chimie, 1.1. Pari3,1842.
complètement lisse, et au contour se trouvait une sorte de bordure, que je pris d’abord pour une inscription arabe, mais qu’un examen plus attentif me lit reconnaître pour un assemblage d’arabesques, c’est-à-dire de caractères arabes défigurés, et employés uniquement comme ornement.
A la face concave ou plate postérieure est sculptée légèrement eu relief une figure hideuse qui représente évidemment le diable. C’est un petit monstre à large tète surmontée d’un apex, et ayant une longue corne au-dessus de chaque oreille, à l’angle du frontal et des pariétaux. Au-dessous de cette image on a placé le sigle; à gauche est sculpté, mais d’un relief plus léger et inégal dans la profondeur de ses lignes, un serpent enlacé. Les quatre lettres D, S, L, F, encadrent la figure diabolique. A la circonférence du miroir on lit, en outre, très-distinctement plusieurs mots ; ce sont, en commençant par le haut et en allant de gauche à droite : Muer te, Etam, Teteceme, un mot effacé, Zaps. 11 est probable qu’entre le mot effacé et ce dernier, on en lisait encore d’autres; mais la rouille a profondément mangé toute la partie droite du miroir, et elle a fait également disparaître la figure qui devait y être représentée.
Ce miroir se reconnaît au premier coup d’œil pour un miroir magique; la forme des caractères (mal reproduits dans un croquis pris par moi en quelques minutes) ne le fait pas, à mon avis, remonter au delà du quinzième ou seizième siècle. Mais les traditions qui se rattachent à son usage méritent d’être notées. Cet objet se trouve dans la famille de M. Terceral depuis 1626. Une petite notice, écrite de la main de D. Félix Terceral, son trisaïeul, et datée du 7 mars 1699, apprend que ce miroir a jadis été saisi sur un homme de Val-ladolid, accusé de magie et de sorcellerie. Voici, d’après cette notice, comment le magicien s’en servait. Il avait recouvert d'une toile la partie concave, celle où sont sculptées les figures et les inscriptions ; cette toile était collée aux bords mêmes de cette face, puis, exposant la face lisse et convexe devant un vase rempli d’eau préalablement par lui
préparée, il faisait apparaître sur la surface de ce liquide magique la figure du démon qu’il évoquait. 11 pratiquait la même opération dans une chambre légèrement obscure, en tournant la partie convexe sur un lieu de cette chambre, que les rayons solaires, introduits par une ouverture, illuminaient d'une vive clarté. Ce fait, attesté par un grand nombre de témoins oculaires, fit condamner le sorcier par l’inquisition à une prison perpétuelle. La notice ajoute que plusieurs assuraient qu’il pouvait également montrer, à l’aide du miroir, aux yeux d’un enfant, la personne sur laquelle on voulait opérer quelque maléfice ; mais cette accusation plus grave ne put être suffisamment prouvée, et c’est cette circonstance qui probablement sauva le possesseur du miroir des horreurs de l’auto-da-fé.
M. Terceral, qui est un homme éclairé, ajoutait peu de confiance à la note de son trisaïeul, et il me dit qu’il ne voyait dans son contenu qu’une légende de famille à laquelle il ne faut pas prêter grande foi.
Néanmoins, ces faits me parurent assez carieux : ils s’accordaient d’ailleurs trop bien avec ce que j’avais lu çà et là des miroirs magiques et des anciens procédés d’enchantements, pour que je n’entreprisse pas quelques recherches à cet égard. Depuis, j’ai comparé divers témoignages que les livres fournissent, et je ne doute plus de la parfaite véracité de la note de D. Félix Terceral; ce qui y est consigné se trouvant parfaitement d’accord avec tout ce qui est rapporté des moyens de divination, à l’aide de miroirs solides ou liquides, chez des écrivains de diverses époques.
L’emploi des miroirs constellés et de la divination par l’évocation de l’image de certains personnages sur une face solide ou liquide est fort ancien. Varron, cité par saint Augustin (1), dit que ce procédé venait de la Perse. Didius Julianus, cet éphémère et superstiteux empereur qui immolait des enfants dans ses odieux sacrifices magiques, y eut recours pour
’1) De Civit. Dei, lib. VII, c. 35.
connaître quelle serait l’issue du combat de son général Tul. lius Grispinus contre Sévère qui s’avancait il grands pas vers Rome pour le renverser: «Quæ ad spéculum dicuntfieri, » dit Spartien (1), « in quo pueri, præligatis ocnlis, incantato ver-(. lice, respicere dicuntur, Julianus fecit. Tuncque puer vi-« disse dicitur et adventum Severi et Juliani decessum. » Ainsi, à cette époque, on faisait usage de ce procédé magique attribué précisément à notre magicien espagnol, et des enfants dont la tête avait passé par des enchantements lisaient l’avenir dans des miroirs magiques. Apulée (2), d’après Varron, mentionne un fait analogue : «Memini, » écrit-il, n apud Varronem philosophum virum accuratissime doctum « atque eruditum, cum alia hujusmodi, tum hoc etiam legere : « Trallibus de eventu Mithridaci belli magica percontatione « consulentibus, puerum in aqua simulacrum Mercurii con-« templantem, quæ futura erant centum versibus cecinisse. » Ce mode de divination était proprement ce que l’on nommait TCipopamioc- Pausanias (3) parle d’un miroir qu’on tenait avec une ficelle sur la surface de l’eau ; on récitait une prière, on brûlait de l’encens, alors on voyait apparaître dans le miroir la figure de la personne malade, et l’on reconnaissait si elle devait guérir ou non.
Casaubon, dans ses notes sur Spartien (i), cite un passage grec tiré du martyrologe, où il est raconté qu’un Italien chrétien qui hantait les jeux du Cirque, et qui se voyait constamment vaincu aux courses de chars par la faction opposée à la sienne, alla trouver un moine d’une grande piété nommé Hilarión. Il lui demanda la raison de cette persistance de la mauvaise fortune. Le moine mit alors un vase plein d’eau entre les mains de l’italien, et celui-ci y regardant vit, dans le miroir de l’eau apparaître, à son grand étonnement, les chevaux et les chars du cirque, et sa faction enchaînée par des
(1) ru. Dld. Julián, c. VII.
(2) Apología ap. Opcr. t. Il, p. 474. Parisiis, 1688.
(3) Pausan., lib VII, c. ixi.
(4) Not. in Sparlian., p. 250 (Parisiis, 1603).
sortilèges magiques. Hilarion rendit grâce à Dieu de sa découverte et dissipa l’enchantement avec un signe de croix.
Jean le Grammairien, dans son commentaire sur les Météorologiques d'Aristote, cite aussi plusieurs exemples de divination par le miroir; ce procédé portait le nom de Kawn-Tpijxavzeia ou d'EverirpsuavrUr,. Potter, dans ses Antiquités grecques (1), dit que le fond du vase dans lequel on versait le liquide spéculaire s’appelait yâtrcpy, et que delà vint le nom de yampo/iecvreice que portait encore ce mode de divination. La lécanomantie, dont le nom tire son étymologie de hxàv-n bassin, et ¡xscvzeix, divination, se pratiquait généralement par le moyen d’un bassin plein d’eau, du fond duquel on entendait des réponses, après y avoir jeté quelques lames d’or ou d’argent et de pierres précieuses sur lesquelles étaient gravés des caractères (2). Au moyen âge la catoptromanie était encore en usage ; on qualifiait de specularii ceux qui s'y livraient (3). Jean de Salisbury (â) nous explique avec détails quelles pratiques ces charlatans mettaient en pratique : n Speculatorios vocant, » dit-il, qui in corporibus lævigatis » et tersis, ut sunt lucidi enses, pelves, cyathi, speculorum-« que diversa généra, divinantes, curiosis interrogationibus « satisfaciunt, qnaui (artem) et Joseph exercuisse aut potius n simulasse describitur. Cum fratres argueret surripuisse « scyphum in quo consueverataugurari.»Et ailleurs le même auteur ajoute : « Gratias ago Deo qui mibi etiam in teniori « ætate adversus has maligni hostis insidias beneplaciti sui «scutum opposuit. Dum enim puer ut psalmos addiscerem, « sacerdoti traditus essem, qui forte speculariam magicam « exercebat, contigit ut me et paulo grandiusculum puerum, n præmissis quibusdain inaleficiis, pro pedibus suis, seden-« tes ad speculariæ sacrilegium applicaret, ut in unguibus
(1) Archælogia græca, lib. 11, c. 18.
(2) Cf. Plin. XXX, c. 2, Delrio, Disquisition. magicar., lib. VII.
(3) Ducange, Gloisarium ad tcriptorei med. tl infim. latlnit., v* Specularii.
(4) Policratlo., lib. I, c. 12 et 27.
« sacro nescio (an) oleo, aut chrismate delibutis, vel in extersn > etlævigato corpore pelvis, quod quærebat, nostro manifes-« taretur indicio. Cum itaque prædictis nominibus, quæipso « horrore, licet puerulusessem, dæmonum videbantur et præ-( missis adjurationibus quas, Deo auctore, nescio, socius « meus nescio quas imagines, tenuiter tamen et nubilosas « videre indicasset, ego quidem ad illud ita cœcus exstiti, ut « nihil mihi apparerei, nisi ungues aut pelvis, et cætera qu;e « ante noverain. Exinde ergo ad hujusmodi inutilis judicatus «sum et quasi qui sacrilegia hæc impedirem, ne ad talia « accederem, condemnatus ; et quoties rem hanc exercere « decreverant, ego quasi totius divinationis impedimentuni « arcebar. »
Gervais de Tilbury dans son Olia imperialia (1) parle aussi de ces magiciens : « Asserunt nigromantici, in experimentis «gladii, vel speculi, vel magni3 autcircini solos oculos præ-II valere. »
En 1398, la Faculté de théologie de Paris condamnait formellement cette pratique magique comme un fait d’idolâtrie : « Quod conari per artes magicas dæmones in lapidibus, an-« nulis speculis, aut imaginibus nomine eorum consecratis « vel potius execratis, cogéré et arctare, vel eos velie vivifi-« care non sit idololatria, error (2). »
M. Orioli a signalé dans Muratori (3), deux passages où il est évidemment question de ces mêmes miroirs magiques :
Le premier porte : « In casa soa (di Cola di Rienzo uc-« ciso) fo trovato uno specchio de acciaro moito pulito con « caratteri e feure assai in quello spirito erame lo spirito de « Fiorone. »
(1) Otia imperialia inter scriptores rerum brunsviccnsium, vol. I, p. 897.
(2) Determinatiio Paritiis Jactaper almam facultatcm t/icotogicam, an. Domili. 1398.
(3) Scriptor. rerum itaUcaruin, tom. 1, col. Silo, 293.
('.et esprit de Fiorone (1) doit ótre le diable, et ce miroir semble avoir été tout à fait du genre qui nous occupe.
Voici maintenant l’autre passage : « Sotto lo capitale (caie pezzate) de lo lietto (letto) de questo vescovo (l’évêque de « Vérone que Martin della Scala fit mettre à mort) lo trovato « uno spieccliio naorato (dorato) con moite (molte) divise « (strani) carattere. Nelo lo manico era una feura. La littera « dicea : Questo esse Fiorano. Poi li fo trovato uno ciscri-« muoio (scrignetto) nello quale stava pinto uno diavolo lo n quale abbraciava uno homo e uno aitro (altro) diavolo li « daeva (dava) una coltellata (coltellata) in pietto (petto) in «quello luoco (luogo) nello quale esso (vescovo) relevata « (ricevuto) havea la feruta (ferita). »
Tous ces sujets magiques ont beaucoup d’analogie avec ceux que nous avons décrits comme étant sur le miroir de M. Terceral. Ils font voir qu’en Italie, comme en Espagne, on avait recours aux mêmes procédés, et que les specularti étaient répandus dans toute l’Europe; on les retrouve jusqu’en Irlande, au cinquième siècle ; car on lit dans les canons du synode tenu vers ¿50 par saint Patrice, Auxilius et Isserninus : Christianus qui crediderit esse lamiam in speculo qua interpretatili■ striga, anathematizandus est (2).
Au seizième siècle, époque à laquelle la magie fut surtout en vogue, et où les superstitions astrologiques, alchimiques,chi-romantiques venaient combler les vides que l’incrédulité commençait à faire dans des âmes qui avaient besoin de croyances, la catoptromantie joua un rôle important parmi les moyens surnaturels auxquels oîi avait recours dans la folle espérance de dévoiler un avenir incertain. L’art de fabriquer ces miroirs, ou, comme l’on disait, la spéculaire, avait été déjà
(1) La fleur était souvent l’image du diable, témoin les paroles de saint Cyprien : « Ipsum malorum prmcipem vidi diabolum... eralautem Visio cjus quasi flos. Confcss. sancti Cypriani. (Oper. Oxon. 1700), p. 200.
(2) Acl. concil., ed. Labbe.toni. l,cul. 1791. Cf. Brand, Obiervalions on popular antiquitict cdiled, by Ellis, tom. III, p. 31 et suiv. (London, 1842).
poussé loin : « 11 se fait des miroirs, dit Corneille Agrippa (1), où l’on peut voir seulement la forme d’un autre, mais non pas la sienne. Autres, posés en certains lieux, ne représentent rien ; transportés ailleurs, on y voit toutes choses comme aux autres. Certains rendent les figures renversées les pieds contre mont, et d’une seule chose en représentent plusieurs. Il s’en trouve aussi qui montrent à droite les parties dextres, à gauche les senestres, au contraire de ce que font communément tous miroirs. L’on fait des miroirs ardents et devant et derrière, et aucuns qui montreront les figures non en dedans. » Les miroirs magiques donnaient lieu à quelques-uns de ces phénomènes d’optique; on en faisait aussi de constellés qui se liaient aux idées astrologiques, et d’autres théurgiques et divinatoires. On prétend que Catherine de Médicis possédait un miroir dans lequel elle voyait tout ce qui se passait en France et dans les contrées voisines. Elle découvrit, dit-on, par ce moyen, combien d’années les princes ses fds avaient à régner (2). Il est vrai que l'on était alors fort libéral en fait d’accusations de magie, et tous les faits extraordinaires étaient attribués à cette science : les grands hommes étaient transformés en magiciens. Jusqu’à l’apparition du livre célèbre de Gabriel Naudé, intitulé : Apologie pour les grands hommes accusés de magie, on imputa a ces opérations diaboliques les conceptions du génie. Toutefois, il est constant que des esprits d’ailleurs éminents étaient alors entichés de ces folles rêveries. Raymond Lulle, Pic de la Miran-dole, Cardan, Flamel, Paracelse s’en occupèrent, et prirent souvent pour ses effets des phénomènes naturels que leur empirisme leur faisait découvrir, absolument comme les alchimistes opéraient des découvertes réelles, en croyant être sur la route du grand œuvre. Pic de la Mirandole n’hésitait pas à dire qu’il suffisait de faire faire un miroir sous une constellation favorable et de donner à son corps la tempérait ) De incertiludine et vanilate scientiarum, ch. xxvi, trad. Tui-quet.
(2) Dictionnaire critique de Baylc, au mot Pythagorc.
ture convenable pour lire dans le miroir le passé, le présent et l’avenir (1). Rimuald (2) nous apprend que pour connaître l'auteur d’un vol on prenait un miroir, une fiole, une chandelle ou un moyen de réflexion quelconque. Si c’était une fiole, par exemple, on la remplissait d’eau bénite, on en approchait un bougeoir portant une bougie sainte, et on prononçait ces mots généralement en italien : Anyelo bianco, an-gelo santo, per la tua santità e per la mia virginità, mostrami-che ha tolto tal cosa, et on apercevait alors au fond de la fiole l’image du voleur.
C’est, ainsi qu’on le reconnaît, toujours à peu près le même procédé employé depuis l’antiquité; au moyen âge, il avait revêtu une forme chrétienne, voilà tout, mais le chercheur devait toujours être quelqu’un qui eût gardé sévèrement sa chasteté, circonstance qui permettait sans doute de mettre sur le compte de l’impureté secrète de l’expérimentateur la faillibilité certainement fréquente du moyen magique, et de sauver ainsi la réputation de l’enchanteur.
Toutefois, il est constant que l’opération réussissait souvent. Jean Fernel (3) nous dit notamment qu’il a vu paraître dans un miroir diverses figures qui exécutaient sur-le-champ tout ce qu’il leur commandait, et dont les.gestes étaient si significatifs que chacun des assistants pouvaient comprendre leur pantomime. On obtenait la vue de ces figures par certaines formules diaboliques dans lesquelles on prononçait des mots obscènes, et où l’on invoquait les puissances de l’air, les démons des vents et des quatre points cardinaux (4).
Cette invocation aux démons du midi, du nord, de l’orient et de l’occident, qui se retrouve dans le Grimoire du pape Honorius, démontre que ces procédés magiques remontent à une époque antérieure au christianisme. Ce sont les Aatuweç
(1) Gilb. Legendre, Traité de l'opinion, lom. IX, p. 139.
(2) Consilia in causi.igravisaimis, cons. 414, tom. IV, p. 254.
(3) De abditis rerum causis, lib. I, c. 11.
(4) V. Grimoire du pape Honorius avec un recueil des plus rares secrets (Rome 1670, in-24), p 27.
grecs, les génies astronomiques des anciens Égyptiens et des Chaldéens, les plus anciens peuples que nous savons s’être occupés de magie (1).
G. Wierus (2), dans son livre curieux, lient sur les speat-larii le même langage que tous les auteurs que nous avons cités plus haut : « Kawnrp:u«vT£ta, » dit-il, « ex nitidis tersis-I- que divinat speculis, in quibus propositarum rerum ima-« gines effictæ, redditæve fulgent. » Et ailleurs il raconte le fait suivant : «Recenti adliuc memoria, anno 1350, sncer-« doti in crystallo thesauros Noribergæ ostenderat dæmon. « Hos quum, loco perfosso, ante urbein quæreret sacerdos « adhibitio amico spectatore et jam in specu arcam vidisset, « atque ad eum cubantem, canem atrum, ingressus sacerdos a in specum rursus complente, etc. »
Enfin, jusqu’à la fin du dix-septième siècle, la catoptro-mantie demeura en vigueur, quoiqu’elle fût moins répandue, et les charlatans qui s’y livraient furent reçus et crus jusqu’à la cour. On se rappelle la singulière anecdocte racontée dans les Mémoires de Saint-Simon (3), d’après laquelle un diseur de bonne aventure aurait fait voir au duc d’Orléans, depuis régent de France, l’avenir dans un verre d’eau, (¡’était encore un enfant qui servait d’intermédiaire ; c’est une jeune fille, jeune et innocente, qui vit, au dire de Saint-Simon, si clairement tout ce qui devait avoir lieu à la mort du grand roi.
Les Orientaux ont hérité aussi de ces antiques procédés
(1) La conjuration aux génies, ou démons des quatre points cardinaux, faisait partie du pentacle de Salomon. Elle se rattache à la magie cabalistique. Elle est mentionnée par Wierus et condamnée par la faculté de théologie de Paris : «Quod unus dæmon sit rex orientis et præsertim suo « merito, et alius occidentis, alius septentrionis, alius meridiei, error. » Déterminai almæ facullat. Iheolog. Parisiens, ann. 1398, p. 25. Les noms que l’on donnait à ces démons appartiennent évidemment à une laogui’ sémitique
(2) Pseudomoriarchia dxmonum fap. Opéra, edit. Amstelod. 1660), t. III, c. xii, §6, p. 135.
(3) Mémoires, ch. clxi.
magiques, et ils s’exécuieM encore aujourd'hui avec tant d'adresse et d’habitude, qu'ils ont parfois triomphé de l'incrédulité des Européens. J'ai connu diverses personnes qui avaient habité l’Égypte et l’Inde, et qui avaient fini par croire à la magie, faute de pouvoir s’expliquer les prestiges dont elles étaient témoins.
Les miroirs magiques et la catoptromantie sont encore usités dans ces deux contrées. Déjà Wierus, à la suite du passage que nous avons cité, avait consigné l’observation suivante :«.....Turcæ et mulieres cum primis Egyptiæ... non-
i nunquam ex aqua, speculo, vitro et id genus similibus or-« ganis præsagiunt. »
M, le comte Léon de Laborde, un des rédacteurs de cette Berne, a raconté les expériences du magicien Achmed, dont il a été témoin avec lord Prudhoe (1). Il rapporte une anecdote qui correspond trait pour trait à tout ce que nous avons trouvé consigné dans les passages cités plus haut. Le témoignage de ce savant académicien, qui ne saurait être suspect, est du plus haut intérêt! car non-seulement M. de Laborde nous dit que, lui présent, un jeune Égyptien vit dans de l’encre épaisse versée dans la main les objets éloignés, cachés, inconnus, sur lesquels on appelait son attention ; mais il affirme formellement avoir répété les mêmes expériences, après avoir acheté le secret d’Achmed et appris la recette dont celui-ci se servait pour composer les parfums qui doivent être brûlés sous le nez de l'enfant* Et giâcft à la formule, magique qui est assez simple, et à ces parfums qu’il jetait dans le feu, il faisait apparaître les personnages qu’il voulait, Ce n’est pas que nous croyions sérieusement à la seconde vue que procure le procédé des harvis égyptiens, il en est probablement d’elle comme de la prévision magnétique; examinée avec attention, elle résisterait difficilement, à la critique; dans ces genres de divination les erreurs sont d’ailleurs tellement nombreuses, comparées aux faits prédits, fussent-ils bien constatés, qu’on
(I ) V. Commentaire géographique sur iExode et les Nombres, par le comte de Laborde, p. 23 et suiv.
ne peut rien avancer de positif à cet égard. Une imagination prévenue ou désireuse de merveilleux prête toujours à la prédiction, une lois accomplie, plus de précision qu elle n a-vait à l’origine, et ne tient plus compte de tout ce qui avait été annoncé, mais qui ne s’est pas réalisé. M. Reinaud dit, en parlant des miroirs magiques, dans sa description du cabinet Blacas (1) : « Les Orientaux ont aussi des miroirs magiques dans lesquels ils s’imaginent pouvoir faire apparaître les anges, les archanges. En parfumant le miroir, en jeûnant pendant sept jours, et en gardant la plus sévère retraite, on devient en état de voir, soit par ses propres yeux, soit par ceux d’une vierge ou d’un enfant, apparaître dans le miroir les anges que l’on désire évoquer. 11 n’y aura qu’à réciter les prières sacramentelles, et l’esprit de lumière se montrera à vous, et vous pourrez lui adresser vos demandes. »
Les musulmans de l’Inde et les Hindous font aussi usage de miroirs magiques nommés unjoun ou lampes noires. Veulent-ils savoir quel démon afflige une personne ; car, pour les Orientaux et comme pour les anciens, certaines maladies, et surtout les maladies nerveuses, telles que l’aliénation mentale, l’épilepsie, la lypémanie, l’hystérie, la rage sont l’effet de la possession d’un méchant démon; alors ils placent 1 unjoun dans la main d’un enfant, et celui-ci y voit bientôt se dessiner les traits hideux de l’esprit qui possède l’infortuné malade. Les sannyasis et les djoguis sont particulièrement habiles dans ce genre de divination. Il y a, au reste, plusieurs espèces de unjoun, sans compter les hasirals ou flammes magiques, dans la clarté desquelles on voit les personnages évoqués. Le sarwa anjoun est le mode de divination qui rappelle le plus le procédé égyptien. Pour le mettre en pratique, on prend une poignée de dolichos lablab que l’on réduit en poudre fine après l’avoir carbonisée, et qu’on humecte ensuite d’huile de castor; on fait brûler cette préparation dans un vase d’argile fraîche nommée Iota, et après avoir débité certaine formule, on applique cette composition
(I) Descrip. du cabinet Blacas, tom. 11, p. 401, 402.
sur la paume de la main d’un enfant, qui ne tarde pas à voir la ligure de personnages mystérieux et des esprits (I). Un l'ail digne de remarque, c’est qu’une des figures que l’enfant voit d’ordinaire apparaître en premier lieu est celle du /ou— rnch ou balayeur, auquel succède celle du porteur d’eau; le fournrh reparaît ensuite, étendant un tapis, puis vient une armée de génies et de démons que termine l’apparition de leur chef sur un trône. Or, l’enfant dont M. le comte Léon de Laborde parle dans la première opération magique exécutée par Achined vit aussi paraître en premier lieu un soldat turc balayant une place.
Nous n’entrerons pas dans de plus amples détails sur la catoptromantie, et surtout nous n’aborderons pas l’explication de faits encore trop obscurs pour pouvoir être éclaircis d’une manière satisfaisante. 11 faudrait, en effet, préalablement déterminer nettement la distinction de ce qui a été phénomène réel et de ce qui n’a été que l’effet de l’adresse et de la fourberie du magicien : distinction difficile quand on n’assiste pas comme nous aux évocations. Il est certain qu’on peut, avec de l’adresse, aller fort loin dans l’ordre prétendu surnaturel; à tout autre qu’à un Européen éclairé, bien des tours des Philippe et des. Robert Houdin sembleraient la preuve qu’il existe des procédés réellement magiques. L’enfant à double vue du premier, qui, les yeux bandés, devine les plus plus petits objets à une distance considérable et bien qu’ils lui soient cachés par le corps d’une personne, serait certainement tenu pour un incontestable sorcier. Mais il serait difficile de rendre raison par cette hypothèse de tout ce que nous avons rapporté des miroirs magiques.
A notre avis, les composition particulières que l’on brûle dans ces diverses opérations prétendues diaboliques sont des narcotiques qui, comme le datura stramonium, la jusquiame, Y aconit, la belladone, la mandragore, l’opium, le laudanum provoquent des hallucinations ou sensations fantastique de
(I) Qanoon-c-islam ,or the cus/oms of the monsulmans of India, bv Jatfur Shurreef. Translat. by Herklols, p. 378 (London, 1832).
la vue, île l'odorat, de l’ouïe. Un a déjà remarqué que les herbes réputées magiques chez les Égyptiens sont presque toutes des plantes de la famille des solanées, célèbres par leur action sur l’innervation. Les fakirs, les derviches tourneurs et hurleurs, les santons, les kalenders, les bonzes, les sannyasis se donnent à volonté des extases, des crises nerveuses, des délires réputés sacrés, des visions avec diverses préparations telles que les pilules d’Esrar, l'opiat de Perse, le piripiri (1). C’est ainsi qu’ils se procurent la vue des djinns, des efFries, et de tous les esprits auxquels ils croient d’autant plus fermement qu’ils s’imaginent avoir été en commerce avec eux. Sur certaines organisations, le vin, l’alcool, l’éther, le thé même, pris avec excès, a donné naissance à des effets analogues (2). Un savant médecin qui a voyagé en Orient, M. J. Moreau, vient, dans un livre du plus haut in-
(1) Voy. dans Chardin, Voyage en Perse, t. IV, p. 20i, le' récit du P. Ange de Saint-Joseph, carme et missionnaire dans le Levant.
Agrippa de Ncttesheim, dans son voyage intitulé : De occult. pkiloso-phia, lib. I, c. xuu, donne précisément comme moyen de produire des visions et desapparitions diaboliques certaines fumigations. Il affirme que les fumigations de graines de lin et de polygonum, mêlées avec des racines de violettes et d'ache, font connnaitre les choses futures; que si l'on fait brûler et fumer à la fois de la coriandre, de l’ache ou de lajusquiame et de la ciguë, on rassemble aussitôt les démons; aussi appelle-t-un ces herbes herbes aux esprits. Nom qui est donné en effet à ce3 herbes dans les campagnes. Une autre recette d’Agrippa pour faire apparaître des démons et des figures extraordinaires consiste à faire une fumigation de racine de férule, que l’on mêle avec de l’extrait de ciguë, de jusquiame, de baies d’ifs et de pavots noirs. Si l’on ajoute au contraire une dose d'ache, on fait fuir les malins esprits, effets aussi obtenus avec l’assa fœtida, la semence de millepertuis, et qui a fait imposer à ces produits végétaux le nom de fugx dxmonum. Le datura stramonium doit encore aujourd’hui à ses propriétés hallucinatoires son nom d’Acr&e aux sorciers, herbe aux diables, et les fellahs des environs du Caire, contrée dans laquelle il croit en abondance, en font usage dans leurs enchantements et le mêlent aux aliments de ceux sur lesquels ils veulent jeter des maléfices.
(2) Cf. Root, The horrors of delirium tremens, New-York, 1841; Macnish. Anatomyof drunkeness. Gtascow, 1829: Ch. Iloesch, De l’a.
térêl, cio l'aire connaître les curieux effets du hachisch ou extrait de chanvre (I). On peut, en en prenant des doses diverses, se mettre dans un état de folie temporaire, et provoquer les hallucinations les plus variées. Le célèbre chimiste Davy, en respirant du gaz protoxyde d'azote, avait obtenu un effet analogue. En présence de tant de faits si nombreux et si bien constatés, de la production de cet état appelé par les médecins paraphrosynie magique, delirium magicum, il devient extrêmement probable que c’est à des électuaires narcotiques, spasmodiques, à des fumigations portant au cerveau et se transmettant du nerf olfactif à toute l’innervation, que l’on avait recours pour compléter l’action des miroirs, déjà extraordinaire parleurs effets de réfraction et de réflexion.
Une fois l’imagination mise dans une véritable diathèse hallucinatoire, la moindre idée qui lui est suggérée s’objective pour elle, et les sens perçoivent comme sensation ce qui n’est qu’une conception délirante : phénomène dont l’aliénation mentale nous rend tous les jours témoins (3). Nous rap-
bus des boissons spiritueuses, ap. Annales d’hygiène publique et de médecine légale, tom. XX, p. 20 et suiv.; Hoeg, Guldberg, Commentatio de delirio tremente, Hafniæ, 1836.
( I ) Du hachisch et de l'aliénation mentale, par J. Moreau, Paris, 1845.
(2) Voy. sur ce sujet l’ouvrage plein d’intérêt et auquel l’Académie royale de médecine vient d'accorder un prix, du docteur Baillarger, les savants travaux de MM. Lélut, Calmeil et Leuret, et les deux dissertations que j’ai publiées dans les Annales médico-psychologiques du système nerveux (mai 1845 et janvier 1846), sur l’application de cette étude à
1 histoire, à propos des ouvrages de MM. Brière de Boismont et Calmeil. On objectera peut-être que l’hallucination rend bien compte de la vision, de l'apparition, mais non de la connaissance de l'avenir. Sur ce point nous avouons notre incrédulité ; le hasard a pu faire souvent; l'imagination, une lois l’événement accompli, s’est représenté la prédiction comme plus claire qu’elle n’était réellement; enfin, l’hallucination nous faisant voir par les^ewr nos propres idées, il n’est point étonnant que quelques-uns aient perçu comme des sensations externes des faits dont leur esprit était préoccupé, des conceptions qui étaient des prévisions naturelles, et lorsque celles-ci sont venues à se réaliser plus tard elles ont donné ainsi
pellerons seulement l'expérience du célèbre philosophe Gassendi, qui, s’étant frotté d’un bol narcotique que lui avait donné un sorcier, en fut quitte pour une violente agitation et un sommeil agité, stertoreux, des songes fréquents, des cauchemars fatigants ; le sorcier, dont l’esprit était nourri des idées de sabbat, s’étant frotté en même temps que lui du même bol, raconta à son réveil toute la cérémonie du sabbat à laquelle il avait assisté, et félicita Gassendi des honneurs qu’il avait reçus du bouc diabolique, président accoutumé de cette extravagante et fantastique cérémonie. Les exhalaisons qui faisaient prophétiser la Pythie à l’oracle des Bran-chides, les boissons d’eau qu’on donnait à cette femme ordinairement épileptique ou hystérique, à Colophon, à Delphes, l’eau de la source Cassotis, au-dessus de laquelle était placé le trépied d’Apollon, avaient un effet analogue, grâce sans doute à certaines préparations. On peut faire la même observation pour la fontaine de Mnémosyne située près de l’antre de Trophonius, eau dont l’effet se faisait sentir longtemps sur le cerveau, et laissait, au dire des anciens, un fond de tristesse dans l’imagination de celui qui avait consulté l’oracle. Les Africains obtiennent aussi des hallucinations avec leur eau fétiche (1). Les prêtres ou devins de divers peuples de l’Amérique, et notamment des Tupinambas, à l’aide de long jeûnes qui débilitaient le corps et provoquaient les visions, comme chez les moines du moyen âge et les solitaires de la Palestine et de l’Égypte, tombaient dans un état de délire extatique durant lequel il prophétisaient (2).
Mais c’est assez nous étendre sur ces faits qui sortent du domaine de l’archéologie, et je reviens au miroir en question. J’ai dit ce que la note de D. Félix Terceral rapportait au sujet de l’apparition sur une surface polie et éclairée, de
à lliaUuciiiation tout le caractère d’une vision prophétique. Ce dernier tas a clé certainement commun.
(1) Voy. H. et T. Lander, Journal d'une expédition au\Niger, Irad. Kelloc, tom. 11, p. 133 et suiv.
(2) Cf. mon article Extase dans VEncyclopédie nouvelle.
l’image placée au revers de la face convexe du miroir, lorsque l’on exposait cette dernière lace vis-à-vis de la surface polie. Or il est fort étonnant de retrouver une propriété tonte semblable dans les miroirs magiques japonais. Exposés devant une surface réfléchissante, ces miroirs donnent naissance à une image identique à celle qui est sculptée en relief à leurs revers. Le savant James Prinsep (1), qui s’était occupé de cet effet mystérieux, en a proposé une explication tout à fait d’accord avec celles que m’ont données deux membres de l’Académie des sciences, l’un savant physicien, M. Babinet, l’autre M. Gambey, l’un des plus habiles opticiens de l’Europe. L'épaisseur de ces miroirs, faits d’un alliage d’étain et de cuivre, comme celui de M. Terceral, est inégale ; mais cette inégalité échappe à l’œil, en sorte que le rayon de courbure delà partie convexe n’est pas le même; il en résulte donc des foyers différents et la formation de diverses images; or l’on peut calculer les épaisseurs à donner au miroir ou plutôt celles de la figure en relief du revers de manière à produire de l’autre côté une image du même genre que cette ligure. Eu repoussant avec le marteau la partie lisse et convexe, la résistance inégale qu’elle offre en raison de l’épaisseur variable des figures postérieures, donne l’effet cherché.
Ainsi le monument que nous décrivons constate en Europe, au seizième siècle, la connaissance empirique d’un phénomène curieux d’optique qu’on avait également en Asie. Voilà donc la confirmation de ce que nous avons dit en commençant cet article, que sous une enveloppe surnaturelle se cachait souvent dans la magie le germe de procédés scientifiques très-positifs.
C’est probablement par ce phénomène de réflexion qu’il faut s’expliquer ces ligures de dieux ou de démons qui apparaissaient dans l’eau et qui n’étaient autres que celles gravées au revers. Saint Augustin (2) dit formellement que les
(1) A'oie on the magic, miron of Japon, Journal of the Asiatic society of Henyat, vol I, |>. 2i2 ctsuiv. (Calcutta, 1832)
(•>) De civil. Dei. lili. VII, c. xixv.
enchanteurs produisaient sur la surface liquide l’image de ces êtres surnaturels ; il attribue cette pratique magique à Numa : l/i/ilromanteiam facere impulsus est, dit-il en parlant de ce roi, ut in aquu vkleret imagines deorum vcl potius ludificationes dœmonum, n quibus audirct quid in sacris cons-lituere atque observare deberet. Notre figure de diable représentée dans la planche, se dessinait par ce moyen sur un corps poli;placé de l’autre côté du miroir.
Quelques mots maintenant des inscriptions gravées sur le miroir. Le nom de Muer te qui s’y lit se rapporte très-probablement àl’accusation dirigée contre son possesseur, et par laquelle on prétendait qu’il taisait apparaître sur une surface liquide le portrait des personnes auxquelles il voulait donner la mort; elle se rattache évidemment à la croyance à l’envoûtement. On se rappelle que cette pratique magique consistait à faire périr la personne à laquelle on portait de la haine en exerçant sur son image certains maléfices, quoiqu’on donnât plus particulièrement ce nom à l’acte par lequel on piquait au ccçur la figure en cire de celui que l’on voulait faire périr (1). On sait que l’envoûtement, qui s’est retrouvée chez les sauvages de l’Amérique du nord, fut un des crimes dont on accusa le fameux Trois-Échelles, le sorcier de Charles IX.
Le mot zaps qui se trouve placé au sommet du miroir à droite, près de la partie effacée, est sans contredit le plus digne d’attention. En effet, ce mot se trouve précisément être un de ceux que Clément d’Alexandrie nomme parmi les mots qui portaient le nom de lettres milésiennes, et dont les magiciens se servaient dans les enchantements; ces mots étaient BÉiu, Zx]i, X9iw, nXwTp:v, Iqiy£, Kva^cc, yfid;,
(1) Cette pratique remonte aussi à la magie antique, ainsi que le rappellent les vers d'Ovide :
Devovet absentes; ilmulacraque cerea figit El miseram tenues in fecur urgel acus.
(Epist. heruid. Uijpsipylex lasoni, v. 88 cl suiv.) Cf. Valer. Flaccus, lil). VII, •403.
Afir.'4 (1 ), mot qui selon ce père de l’tëglise étaient tous d’ori • gine phrygienne. Bsiw, signifiait l’eau, et suivant d’autres, l’air;Zà|, la mer ;X0«v, la terre; ID.üxTp9v, le soleil; KvaÇÇêi. la maladie; XO-jn-r.ç, le fromage; le lait, Aptinj- était
une sorte de juron.
Ainsi ces lettres milésiennes avaient laissé des souvenirs jusque dans le moyen âge; fait facile à concevoir, puisque d’après la croyance ancienne il fallait, pour conserver aux mots des invocations leur vertu magique, ne pas môme les traduire dans une autre langue, et prendre garde de donner au dieu d’un pays le nom d’un dieu d’un autre (2).
Les noms de Sabaotb, Adonaï, Chérubim, Abraham, lsaac, Jacob cités par Origène et Nicéphore (3) comme prononcés dans les évocations, se retrouvent encore dans le Grimoire du pape Honorius.
Il est probable que l’on retrouverait également dans les livres de magie les traces des lettres éphésiennes, plus célèbres encore que les milésiennes, et qui avaient le même objet. Ces mots qui nous ont aussi été conservés, que Plutarque (h) nous dit être ceux par lesquels les magiciens appelaient les démons qui dominaient les énergumènes, c’est-à-dire les gens atteints de maladies nerveuses, telles que l’aliénation mentale, l’épilepsie, l’hystérie, la catalepsie, ont été aussi cités par saint Clément d’Alexandrie (5) etHesychius (>); ils étaient au nombre de six.
Le mot etam qu’on lit sur le miroir est bien célèbre dans l’histoire de la magie. De Lancre (7) nous apprend que c’était un de ceux dont se servaient les sorciers pour aller au
(!) Clcm. Alex., Stromat., V, p. 539.
(2) Origen. adv. Cels., I, p. 17, et IV, p. )83. Niccphor. in Synea., |>. 362.
(3) ¡bid.
(4) Symp., VII, q. 5.
(5) Clem. Alex. 1. c. Cf. Etymologie, magn., cd. Sylb., col. 3G4.
(6) llesych. Eftmt* ypft/ipaTa.
I') 1*. de l.ancre, Tableau de l'inconstance, elc., p. 247. (Paris, ( «20.
sabbat, montés à cheval sur uu balai, et parcourant ainsi les airs à la façond’Abaris (1 ).
Quant au mot bemarrouetak, c’est une locution arabe qui signifie à ta discrétion, et qui s’adressait probablement au diable, entre les mains duquel se remettait le sorcier qui invoquait son assistance.
Nous ignorons le sens du mot tctcceme, qui n’est sans doute qu’un autre mot sacramentel.
Un fait ressort de notre travail : c’est que la tradition magique n’a jamais été interro upue, et qu elle forme une chaîne continue qui lie les temps plus reculés au nôtre. C’est une science mystérieuse qui s’est transmise, comme toutes les sciences ésotériques, par recette, procédés, imitation. C’est ce qui fait l’intérêt de son étude, et doit éveiller notre curiosité.
Alfred Madry.
NOUVEAU PHÉNOMÈNE PRODUIT PAR LE MAGNÉTISME HUMAIN, OU INFLUENCE DE CET AGENT SUR TOUS LES CORPS.
Depuis quelques années, à diverses reprises, et à la suite de maguétisations énergiques pratiquées à quelque distance du corps du malade que j'actionnais (50 à ü0 centimètres environ), j’avais trouvé ma montre arrêtée dans la poche de mon gilet. Ce phénomène s’était produit cinq ou six fois sans que j’y attachasse de l’importance ; une légère secousse sufli-sait ordinairement pour remettre le ressort en mouvement.
11 y avait près d'un an que ce phénomène ne s’était produit, et certes je n’y pensais plus, quand, le 2(5 août dernier, il se manifesta de nouveau à la suite d’une magnétisation à grands courants et énergique (2) pratiquée sur une jeune personne
(1)Scribonius, De sagarum natura etpolestate, p. 58 (Marpurgi, 1588.)
(2) Je ne parle ici que de l’énergie murale et non üi: mouvements physiques violents, car les mouvements violents des liras ou des mains nuisent plus qu'on ne croit à l'émission du uide magnétique humain.
affectée de la poitrine depuis deux ans, et que rien n’a pu soulager jusqu'à présent; le magnétisme seul parait lui faire le plus grand bien.
Ce jour là (le 20) j’avais regardé l’heure de ma montre avant de magnétiser, puis jugeant qu’il y avait suffisamment de temps que j’agissais, je voulus m’en convaincre en regardant l’heure de nouveau, mais je trouvai ma montre arrêtée; les aiguilles n’avaient avancé que de quatre minutes et demie depuis le commencement de la magnétisation qui, d’après une pendule d’accord avec ma montre, avait duré trente-huit minutes.
Cette nouvelle manifestation d’un fait plusieurs lois répété rappela nies souvenirs et me fit profondément réfléchir, tout en me donnant un vif désir de remonter à la cause d’un phénomène aussi remarquable ou, du moins, d’en avoir une explication plus ou moins claire. La chose était difficile et je ne vis rien de mieux que de mettre M"" André en somnambulisme et de lui demander ce qu’elle pensait d’un phénomène pareil.
Voici sa réponse :
« 11 n’y a là-rien de surnaturel et rien de bien extraordinaire.
« Quand tu maguétise avec énergie, c’est-à-dire avec un profond désir de faire le plus de bien possible et de saturer ton malade d’une manière générale et très-active, il se passe chez toi, comme chez la généralité des magnétiseurs, un phénomène naturel qui consiste à l’émission du fluide magnétique ou vital, non-seulement par le bout des doigts, mais par toutes les parties du corps; pourtant cette émission est plus active par les doigts. Il ressort de cette émission des courants plus ou moins intenses qui entraînent avec eux non-seulement l’atmosphère magnétique qui t’entoure (c’est-à-dire celle qui est extérieure et qui se mêle à celle intérieure qui l’entraîne dans sa route), mais encore le magnétisme des corps environnants, et, surtout, de ceux qui te touchent.
« Tous les corps ont leur magnétisme à eux, c’est un fluide
011 agent lumineux, plus ou moins brillant, qui préside a l’agrégation ou adhérence de leurs molécules matérielles. Ainsi, l’acier qui compose le ressort de la montre est un corps très-élastique, qui n’acquiert son élasticité que parce qu’une grande quantité de fluide lumineux ou calorique à l’état latent se trouve emprisonné ou combiné dans l’intérieur de ses molécules par l’action du refroidissement subit qu'on lui fait éprouver, par ce qu’on appelle la trempe des métaux.
« Or, l’émission active de ton fluide, s’échappant de toutes les parties de ton corps, quoique plus abondamment par les doigts, entraîne avec elle une partie du magnétisme propre de ta montre dont l’état moléculaire se trouve alors modifié au point de ne pouvoir plus fonctionner régulièrement, ce qui fait qu’elle retarde ou s’arrête. Je te dis qu’elle retarde, car elle ne s’arrête pas toujours, c’est le phénomène le moins, commun, et je vais rappeler tes souvenirs à cet égard : quand tu magnétise fréquemment, tu modifie toujours plus ou moins le magnétisme de ta montre, et, par là, la régularité de ses mouvements. Le froid, la chaleur trop forte, ou certaines autres circonstances, modifient également le magnétisme des corps et la montre peut nous en fendre souvent compte. Si, pendant que tu magnétise, moi ou l’un de tes malades portait ta montre, elle ne s’arrêterait ni ne retarderait, elle aurait plutôt une tendance à avancer, si la saturation de la personne magnétisée était en surplus. Tu sais que ta montre va admirablement bien, pourtant tu dois te rappeler que tu te plains souvent que tantôt elle retarde et que tantôt elle avance, mais tu ne fais ces plaintes que quand tu magnétise souvent. Gomme elle a alors tendance à retarder tu la mets sur l’avance, et, si tu reste quelques jours sans magnétiser, elle avance trop. Quand tu l’as enfin réglée de nouveau et que tu ne magnétise pas de quelque temps, tu ne te plains plus et la marche de ta montre reste normale. Eh bien ! tout cela provient de la mêmeeawse, je le vois, si tu ne veux pas me croire et si lu penses que je me trompe, parce que les reoberohes d’expériences ne sont pas ma spécialité, demande-
le à un autre somnambule luaide, eL il te répondra la même chose. »
En effet, après ces explications que je donne telles qu'elles m'ont ôté fournies à première demande, je me suis rappelé que, toutes les fois que j’ai magnétisé journellement, je me suis plaint de ma montre ou j’ai accusé celles des autres et les horloges publiques et privées de battre la campagne, tandis que quand je ne magnétisais pas de quelque temps, la mienne ne variait pas d’une seconde.
Je me borne pour aujourd'hui à appeler l'attention des observateurs sur un phénomène curieux, et digne d’examen, que je me propose d’étudier plus à fond, si c’est possible, maintenant qu’enfin j’ai eu le bonheur de ne pas le laisser passer inaperçu comme tant d’autres fois.
Je ne suis peut-être pas le seul qui ai de pareils faits à relater, mais je suis peut-être le premier chez qui la répétition fréquente de ce phénomène ait produit une sensation assez vive pour le porter à le remarquer et à l’étudier.
Que de choses intéressantes se présentent à nous et auxquelles nous ne faisons pas d’attentionI... Que de phénomènes remarquables ne produisons-nous pas tous les jours en magnétisant et dont nous ne tenons aucun compte, soit qu’ils nous paraissent trop simples, soit qu’ils aient été rapportés par d’autres, soit enfin qu’ils nous semblent trop naturels!
D.-H. André,
Membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes.
SENSATIONS ÉPROUVÉES PAR UN ENFANT DE DOUZE ANS SOUMIS A LA MAGNÉTISATION POUR LA PREMIÈRE FOIS.
Cette expérience a eu lieu le 31 août 1861 à huit heures et demie du soir. — La magnétisation a duré dix minutes. — Le rapport a été établi par contact au moyen des pouces,
selon la méthode Deleuse; ce rapport a duré deux minutes; après quoi des passes générales de la tôte aux genoux ont été pratiquées à '25 ou 30 centimètres de distance. — II y avait une minute que ces passes duraient quand un tremblement général se manifesta; puis, les paupières supérieures Rabaissèrent et se collèrent sur les inférieures.
Après trois minutes de passes à distance, je demandai à voix très-basse :
— Êtes-vous en état de sommeil magnétique?
— Non.
— Quel est le mode de magnétisation qui vous fait éprouver le plus d’effet, et la partie du corps où vous en ressentez le plus?
— Je ne puis dire quel est le mode de magnétisation qui m’impressionne le plus, mais c’est le cerveau qui est le plus sensible.
Je plaçai alors ma main droite sur sa tête, les doigts écartés, le pouce sur le front, à la naissance du nez, et je la laissai ainsi environ trois minutes et demie, puis je renouvelai ma demande au sujet du sommeil. La réponse fut encore négative, sauf ces mots :
— Je sens que bientôt je dormirai.
Malgré l’occlusion des paupières, les muscles de l’enfant ne s’étaient pas relâchés, et il avait conservé la position que je lui avais fait prendre avant d’agir. Il était assis sur un fauteuil sans que ses reins ni sa tête touchassent au dossier.
Je ne jugeai pas à propos de pousser plus loin, pour cette Ibis, et une ou deux passes transversales suffirent pour ouvrir les paupières. Il n’y avait pas eu isolement. Le globe oculaire ne s’était pas convulsé.
— Qu’avez-vous éprouvé, mon ami, dis-je à l’enfant?
— D’abord un tremblement général involontaire dont vous avez pu vous apercevoir. Mais malgré ce tremblement un bien-être général; ensuite, dès que vous avez posé votre main sur ma tête, j’ai senti comme de l’eau tiède (sic) qui en-
irait dans mon cerveau comme goutte à goutte, et se répandait de là dans tous mes membres jusqu’aux pieds. C’était comme si des filets d’eau tiède s’étaient infiltrés dans ma tête et se fussent répandus partout en suivant mes membres ; mais lout cela ne me faisait pas de mal, au contraire, j'éprouvais un certain plaisir à ces sensations nouvelles pour moi et qui sont fort drôles (sic).
Observation. Cette remarque de l’enfant : qu’il lui semblait que des filets d’eau tiède circulaient de sa tête aux pieds, en envahissant successivement les diverses parties de son corps, sont une preuve en faveur de l’existence du fluide (quelque chose qui coule). 11 y a, bien évidemment, là, transmission d’un agent sui generis, c’est-à-dire d’un agent primitif modifié dans le moule matrice humain. Je ne vois là ni vibrations ni ondulations d’un éther ou od,puisque ma main était posée immobile sur sa tête. Je ne nie pas que le rapprochement ou le contact de deux corps ne puisse faire naître le phénomène des vibrations ou des ondulations, mais je ne crois pas que la transmission du fluide magnétique humain se fasse par l’un de ces modes. Cette transmission me paraît se produire par l'émission ou le rayonnement, qui n’est qu’une modification de l’émission proprement dite.
11 est vraiment curieux de voir les hommes abandonner les théories si simples de la nature pour celles qu’ils inventent eux-mêmes et qui partent d’une base complètement fausse. Aujourd’hui nos savants ont fait tant d'hypothèses que, ne pouvant plus les expliquer, ils nient le magnétisme minéral, le calorique, Y électricité, etc., et qu’ils attribuent tous ces phénomènes aux différentes vibrations d’un agent très-subtil qu’ils appellent éther. Mais ils ne disent pas pourquoi et comment ces différentes vibrations ont lieu. 11 y a longtemps qu’ils ont abandonné la recherche des causes pour ne s’attaquer qu’à l'examen des effets, et, sur ces effets, ils construisent des hypothèses qui n’ont pas le sens commun. La source de tous les phénomènes que nous observons est une : ils sont dus aux diverses modifications d’un agent unique.
Je défie nos savants de produire le phénomène attractif de l’électro-magnétisme en taisant passer le courant d une pile dans un milieu cuivre, zinc, etc., au lieu de le faire passer dans celui du fer doux; pourtant le mode vibratoire ou ondulatoire, partant de la pile et se propageant par les fils conducteurs, sera resté le même, mais l’agent électrique, en traversant le milieu cuivre ou zinc, etc., néprouve pas la modification nécessaire pour la production de ce phénomène.
Dans l’expérience rapportée par M. d’Arbaud, de la transmission instantanée du fluide magnétique d’un sujet isolé sur un autre sujet isolé par le véhicule de fils aboutissants d’un tabouret à un autre, et au travers de pièces séparées, je ne vois là ni vibrations ni ondulations; car ces vibrations ou ondulations me paraissent hypothétiques, tandis que 1 émission me paraît seule possible.
Le fait que j’ai rapporté moi-même dans l’ünt on magnétique, que ma femme, étant entrée dans une pièce où une autre personne était en sommeil magnétique, cette dernière s’était réveillée instantanément, tandis que madame André s'était endormie aussitôt, et cela à deux reprises différentes, ne peut non plus s’expliquer par le système vibratoire ou ondulatoire d’un agent subtil dont les propriétés' seraient toujours le* mêmes, sauf les différents modes de vibrations ou d’ondulations.
J’expliquerai plus tard le mode de transmission du fluide magnétique humain, je démontrerai l’existence de cet agent et les modifications que subit le fluide universel pour arriver à cet état.
IV-H. Ant>h£..
THÉRAPEUTIQUE MAGNÉTIQUE.
Dernier atis aux Abonnés dü journal.
L’œuvre que je vais entreprendre est entièrement neuve, elle n’empruntera rien à mes précédents écrits. Quoiqu’elle doive être spécialement consacrée à une exposition développée de Vexpérimentation magnétique et de la thérapeutique, l’ensemble des phénomènes produits par le Magnétisme y sera passé en revue, et les phénomènes les plus merveilleux y seront commentés.
A mesure que ces phénomènes se dérouleront sous nos yeux, on verra apparaître toute une science ; on découvrira les vérités importantes dont ils sont la source, et l’on comprendra les changements profonds qu'elles doivent produire dans les idées et dans les destinées humaines.
Attachant le plus grand prix à mon œuvre, et peu sûr du temps qui m’est laissé, je ferai en sorte que mon dernier effort, en faveur d’une science qui a absorbé ma vie, laisse une empreinte qui justifie l’opinion qu’ont de moi quelques hommes. Heureux, je serai, si mes intuitions magnétiques, consacrées par ma pratique, deviennent aussi fécondes entre les mains d’autrui.
Ce sera presque mon testament, car je lègue à d’autres le soin de poursuivre une tâche de jour en jour moins ingrate, mais qui n’est pas encore sans difficulté, en les assurant que l’homme qui a fait le bien et qui a combattu pour la vérité, éprouve des jouissances que ne saurait donner la fortune, et qui forment comme une auréole mystique, qui ôte à la mort ce qu’elle a d’affreux, en entretenant les plus douces espérances.
Baron Do Potet.
TABLE
ANALYTIQUE DES MATIÈRES DU TOME VINGTIÈME.
INSTITUTIONS.
Fête de Mesmer : 127e anniversaire, 16e célébration à Paris. Avis des présidents du banquet, 225. — Discours et toasts do MM. Clever de Maldigny, 272 ; Du Potet, 283; Léger, 287 ; Louyet, 293 ; Bauche, 294.—Pièces de vers de MM. Clever de Maldigny, 278; Baïhaut, 296 ; Jules Lovy, 290 ; Mme Jobey de Ligny, 301.
Journal du Magnétisme. Avis do M. Du Potet annonçant que la publication du journal sera interrompue à partir do janvier 1862, pour être remplacée temporairement par celle de la Thérapeutique magnétique, ouvrage auquel il met la dernière main et qui paraîtra par livraisons, sous la cou-
verture du journal, 531, 560, 588, 620.
Jury magnétique. Avis de sa prochaine réunion, 196, 224. — Sa reconstitulion, par suite de la fusion des Sociélés magnétiques de Paris, 225. — Liste des personnes auxquelles il a décerné soit des médailles d’encouragement et de récompense, soit des mentions honorables, 279, 304,
327.
Société du magnétisme de Paris. Union, sous ce titre, de la Société philanthropico-magnétique avec la Société du mesmérisme et le jury magnétique. Composition nouvelle du bureau et liste des dignitaires, 157.
CLINIQUE.
CAS DE MÉDECINE. — Maux guéris ou soulagés.
Affection mentale, 169.
Brûlures, 170, 328.
Céphalalgies conjestives, 103, 201. Coliques nerveuses, 113. Constipation habituelle, 367. Contusions violentes, par suite d’écrasement, 120.
Douleurs générales, 116, 226.
— hépatiques, 259.
— rhumatismales, 105.
Dyspepsie ( digestion laborieuse ).
259.
Faiblesse générale, 261.
Fièvre ancienne, 170.
— miliaire, 630.
— scarlatine. 228.
— symptomatique double, 201. Hémiplégie, 229, 258, 261.
Hépatite, 226, 259.
Hernie inguinale, 170.
Inflammation intestinale, 226. Influenza, 259.
Lypérnanie(délire avec idées tristes). 169.
Maladie grave de l'utérus, 260.
— du foie, 226.
— des yeux, 558.
Maux de tête, 259.
Névralgie faciale, 117.
Palpitations de cœur, 259. Paraplégie. 227.
Perles séminales involontaires, 261 Prosopalgie intense, 117.
Squirrhe du pylore, 255. Suppression de menstrues, 6
Toux chronique, 367.
Vomissements fréquents, 367.
Affections (des) lymphatiques. Procédés à employer dans leur traitement ; conseils par M. Du Potet, 29.
Agent (nouvel) impondérable. Etu-des et expériences sur l'od, fluide découvert par M. de Reichenbach (traduction de M. Kasperowski), 11. — Continuation de ces études par M. Arnold Boscowitz (résumé de M. Paris), 379, 406.
Agent magnétique (de l’). Nouveau phénomène produit par le fluide magnétique, ou influence de cet agent sur tous les corps ; communication de M. Henri André, avec explication théorique par Mme André, mise en somnambulisme, 662.
Ame (de l’). Vues diverses sur son essence, son union avec le corps, sa vie propre et ses manifestations, 31, 57, 85, 425.
Anthropogénésie. De l’influence qu'exerce sur le moral ou le physique des enfants l’état passionnel des parents pendant la conception, et de la mère durant la gestation, 42.
Antiquité du magnétisme. Recherches et réflexions, 141, 197, 253,
311, 396, 570.
Apparitions (des). Opinions contradictoires, 244. 265. 434.
Bains de mer. De leur usage dans les affections nerveuses, et pourquoi l’eau de mer est douée de propriétés magnétiques. Etude et théorie par M. Henry André, 340, 606.
Causeries de M. Du Potet sur l'inanité de la médecine, sur l'obstination des médecins et des savants à repousser le magnétisme, etc., 337, 365, 393, 449, 585.
Communications (des) avec les es-prits. Vues et conséquences diverses, 191, 203, 305, 324, 434.
Couleur (la) bleue, en Orient, est considérée comme ayant la pro-priété de conjurer l'influence du regard bleu, ou mauvais œil, Théo-
rie à ce sujet, par M. Constant, 401.
Education physique animale , ou moyen d'obtenir de bons chiens de chasse, 45.
Electro-biologie. Méthode de suggestion de M. le docteur Philipps, comparée avec celle de quelques magnétistes, par M. Petit d’Or-moy, 21. — Observation de M. Du Potet, 25.
Emanations odiques, visibles pour les sensitifs et pouvant expliquer certaines apparitions spectrales, 384, 406.
Esprit (de l’) et des esprits. Définitions et remarques diverses, 434, 452.
Fluide (du) magnétique humain, ou fluide nerveux. Théorie de M. le docteur Charpignon, examinée et commentée par M. le docteur Clever de Maldigny, 57, 454. — Argumentation sur le même sujet, par M. d’Arbaud, 171.
Fluide (du) luminescible, ou lumière de la Genèse. Simple aperçu, par M. Henry André, 611.
Fluide (du) odique. Etudes de MM. Reichenbach et Boscowitz, 11, 379, 406.
Hypnotisme. Voy. Electro-biologie.
Impressions des sensitifs à la vue des émanations odiques, leur apparaissant sous forme de flammes, de fantômes, etc., 387 , 406.
Lucidité (de la) somnambulique. Lettre de M. le Dr Gama à M. le Dr Comet, 360.
Magie (de la) des campagnes et de la sorcellerie des bergers, par Eliphas Lévl, 330. — De la magie dans tous les temps, notice par M. Alfred Maury, 641.
Magnétisation thérapeutique. Conseils de M. Du Potet, sur la manière de magnétiser les malades. 3, 29.
Magnétisme animal. Ses rapports avec les sciences et la philosophie; étude par M. Rossi, 121.
Magnétisme (le) dans l’antiquité. Recherches et réflexions par MM. Du
Potet, 141, 187, 253, 311; — Constant, 396; — Emmanuel de Rougé et autres (résumé et commentaire par H. Pâris), 570.
Magnétisme (le) en Orient, sous le nom d'Okoudmak. Indications de M. Constant sur la manière de le pratiquer, 404.
Manifestations (des) spiritualistes. Voy. Communications avec les esprits.
Matière (de la). Sa déflnition par les physiciens, les kabalistes et les philosophes, 457.
Mauvais (le) œil, ou nazar. Croyance orientale à une influence fascina-trice et attractive du regard, particulièrement des yeux bleus. Renseignements par M. Constant, 398.
Mer (eau de). Ses propriétés magnétiques et son efficacité dans les affections nerveuses ; étude par M. Henry André, 340, 606.
Miroir (du) magique. Recherches sur sa confection et ses usages dans tous les temps, principalement aux xve et xvie siècles, par M. Alfred Maury, 641.
Od (de l'), fluide particulier inhérent à tous les corps, ou principe de toute force, perceptible par les sensitifs, 11, 379, 406.
Passes (des) odico-magnétique» et de leur influence ; études de M. de Reichenbach, traduites en français par M. Kasperovski. 11.
Pensée (de la). Sa définition par la philosophie ancienne et moderne, 481.
Phénomènes (des) biologiques, 21 ;
— magiques, 330, 641 ; — magnétiques et somnambuliques, 57, 360, 464, 528, 662 ; — odlques,
11. 379 , 406 ; — spiritualistes, 85, 191, 203, 305, 317, 421, 430, 452, 481, 508. 533, 561, 593.
Physique et psychique. Sens attaché à ces deux adjectifs par la science et la philosophie, 492, 495.
Pneumatologie. Voy. Spiritualisme.
Procédés ( des ) de magnétisation mesmérienne, 3, 29, 632; — odique, 11 ; — biologique, 21.
Prophylactiques contre le nazar, ou mauvais œil, dans le Levant; renseignements par M. Constant , 400.
Psychologie. Voy. Ame.
Rapports (des) du magnétisme animal avec les sciences et la philosophie; étude pur M. Rossi, 121;
— de la science magnétique d'Europe avec les conceptions magiques du l'Orient; recherches par M. Constant, 396.
Rêves (des). Voy. Sommeil.
Sensations de fraîcheur ou de cha-lour, de bien-être ou de malaise que produisent les passes magnétiques, suivant la direction qu'on leur donne, les rameaux nerveux qu’elles influencent, et selon qu’on opère de la main droite ou de la main gauche. Observations de M. de Reichenbach, 11. — Continuation par M. Boscowitz, en ce qui concerne le contact des sensitifs avec divers corps, etc., 379.
— Coup d'œil sur le même sujet, par M. d'Arbaud, 179.
Sensations éprouvées par un enfant de douze ans, magnétisé pour la première fois. Observation et remarques de M. Henry André, 665.
Sommeil (du) et des rêves. Théories diverses, 88, 248, 509.
Somnambulismo (du) magnétique. Sa valeur en médecine, sa direction, etc.; étude par M . Henry André, 464.
Spiritualisme. Recherches tendant à prouver la réalité des phénomènes spiritualistes, par M. le Dr Clever de Maldigny, 31, 57, 85, 203, 317, 421, 452, 481, 508, 533, 561, 593;
— Opinions contraires do M. le Dr Charpignon, 191, 305; — de M. d’Arbaud, 231. — Observations de M. Henry André, contre une théorie de M. Jobard, 430.
Suggestion (de la) de pensée. Commentaire de M. Petit d’Ormoy, sur la méthode de M. le Dr Phi -lipps, 21.
Surnaturel (du), suivant le catholicisme, 597.
Terre (la), comme le soleil et les autres planètes, parait être un centre cosmique d’où l’od se dégage pour rayonner dans l’espace infini. Hypothèse étudiée par M. Boscowitz, 411.
Transmission (mode de) du fluide
magnétique humain. Observation par M. Henry André, 667. Unité (de l') de substance et de force, cause de tous les phénomènes vitaux et magnétiques. Théorie de M. d’Arbaud, par opposition à celle de M. Warlomont, sur l'é-ther pantogène, 171.
Vie (de la), de son essence et de ses manifestations. Dissertation et recherches par M. le Dr Clever de Maldigny, 31, 57, 85.
Volonté (de la). Son pouvoir sur l'imagination, 21; — sa définition par les anciens et les modernes, 508.
CONTROVERSES.
Débats divers : sur le Magnétisme et le Somnambulisme, 151, 171, 371, 468, 477 ; — sur le Spiritualisme, 31, 57, 85, 191, 203, 231, 262, 305, 317, 421, 430, 452,481, 508, 533, 561, 593.
Indifférence et inconséquence. A propos de ce que M. Forgues fait dire à l'un des personnages d'un drame qu’il a publié dans la Revue des deux Mondet, M. Noël de Fombeude s’élève contre les gens qui, reconnaissant la réalité du magnétisme, refusent néanmoins de i’étudier à fond, par cela seul que la fraude peut s’y mêler, 371.
Manifestations spiritualistes. Discussion entre MM. les docteurs Clever de Maldigny et Charpignon, sur la réalité de l’intervention des esprits dans les faits accomplis par M. Squire, médium américain, 305 , 320, 595. — Mémoire sur le même sujet par M. Bauche, rapportant les expériences auxquelles s'est livré M. le docteur Léger pour arriver à reproduire ostensiblement et d’une manière toute physique les faits que M. Squire accomplit dans l’obscurité, 442.
Médecine et magnétisme. Réfutation, par M. Bernard, d’un discours prononcé par M. Andral fils, dans l'assemblée de l’association générale des médecins de Kranco, et fulminant contre la concurrence illégale que le magnétisme fait à la médecine, 151.
Médiums et somnambules. M. Henry André, examinant une théorie de M. Jobard, ne peut pas admettre la possession momentanée des médiums et somnambules par un esprit étranger, 430.
Phénomènes magnétiques. Dissi-dence entre MM. d'Arbaud et Warlomont, sur l’unité de principe et de force, et, parlant, sur le principe générateur des phénomènes magnétiques, 171. Psychologie. Voy. Spirilualiime. Rationalisme. Contrairement aux idées spiritualités de M. le docteur Clever de Maldigny, M. d’Arbaud ne voit dans les phénomènes cités par celui-cl que des faits purement physiques et analogues à ceux du magnétisme, 231.— Réponse de M. de Maldigny, 262, 421, 452, 481, 508, 533, 561, 593. Spiritualisme. Divergence de vues entre MM. les docteurs Clever de Maldigny et Charpignon, sur l’essence et les manifestations de la vio, à tous ses degrés, et, par suite, sur les rapports du monde terrestre avec le monde spirituel, 31, 57, 85, 191, 203, 305, 317; —
entre MM. d’Arbaud et de Maldigny, sur la cause et la réalité des phénomènes spiritualistes , voy. Ralionaliime ; — entre MM. Jobard et Henry André, sur le principe qui éclaire les somnambules et les médiums, voy. Mé-diums et Somnambules.
FAITS ET EXPÉRIENCES.
Animaux donnant des preuves de sagacité el d’intelligence extraordinaire, 45, 70, 484; — perce-vant l'effluve magnétique, 102; — flairant des esprits, 166, 210
Anti-spirituatlsme. Reproduction de phénomènes spiritualités par des moyens physiques, 442-Apparitions d’esprits et de fantômes, 53, 94, 108, 265, 387, 461 ; — de
l'image de personnes vivanles, 55, 88, 93, 245, 526, 562.
Ascension et mouvements de tables, sans contact, 99, 107, 206, 318.
Catalepsie magnétique, 99, 239; — pathologique, 167.
Clairvoyance ou lucidité en somnambulisme magnétique, 59 . 256,
376, 471; — en somnambulisme naturel, 560; — en songe, 53, 90, 96, 514,540, 564.
Consullations somnambuliques, 256,
377, 471, 663.
Contagion fluidique et morbide. Maux passant du magnétisé au magnétiseur, 261 ; — d’un malade à un homme bien portant, qui en meurt, 264.
Dédoublement de personnes vivantes, ou apparition de leur image; 55, 88, 93, 245, 526, 562.
Eau magnétisée par un sujet jeune et soin, entretenant les forces d’un vieillard, 103.
Electro - magnétisation. Combinaison favorable de l'électricité avec le magnétisme, dans un cas de névralgie aiguë. Fait rapporté par M. Henry André, 117.
Esprits de personnes vivantes se manifestant au loin à leur insu, 55, 88, 93. 100, 170. — Voy. aussi Dédoublement.
Esprits, farfadets et fantômes qui apparaissent, 53, 94, 108, 265, 387, 461 ; — qui font entendre des bruits, de la musique, etc., 95, 108, 165, 210, 518, 569; — qui font mouvoir des meubles, ouvrent des tiroirs, etc., 99, 107, 166, 206, 318; — qui conversent par les tables ou par la main de médiums, 99, 318, 567 ; — qui servont à diner, 108 ; — qui font peur à des chiens, 166, 210 ; — qui écrivent sur des papiers déposés, 207 ; — qui parlent de vive voix, font des révélations, etc.. 108, 266, 268.
Expériences de magnétisme et de somnambulisme, 16, 58, 66, 75, 98, 170, 176, 574, 582, 516; 666 ;— do spiritualisme, 99, 107, 505, 317, 442, 566. — (Pour le détail des rapports, voy. Magnétisme expérimental, el Spiritualisme.)
Fécondation artilicielle de batraciens. 43.
Fluide magnétique et odique. Sensations qu'il provoque, suivant le mode employé, 16, 582, 414, 665 ;
— sa perception par des somnambules et des sensitifs , 65 , 179 , 584, 407 ; — par des animaux, 102 ; — son passage alternatif d'un sujet dans un autre, au moyen d’un conducteur , 176; — ses effets d'irradiation, 574.
Frictions magnétiques. Faits montrant leur efficacité dans les coliques, les névralgies, etc., 115.
Génération spontanée de microzoaires, 50.
Guérisons spiritualités, 538, 593.
Hallucination (faits d’), 249, 476.
Hydrophobie. Cas présentant des intermittences qui eussent rendu facile l'application du magnétisme, 551.
Impuissance médicale. Faits et ré-flexious, 9, 165.
Influence de certains yeux sur les verres de lunettes, 599.
Influence du magnétiseur sur le magnétisé. Voy. Suggestion.
Influence passionnelle des parents sur les enfants pendant la conception, et de la mère durant la gestation, 45.
Insensibilité des magnétisés aux décharges électriques, 180.
Intuition médicale, instinct des re mèdes, etc., 256, 376.
Irradiation magnétique, personnes recevant le fluide adressé à d'autres, 574.
Lucidilé. Voy. Clairvoyance.
Magnétisation à distance et à l'insu du sujet, 98 ; — à l’insu du magnétiseur lui-même, 245.
Magnétisme expérimental. Expériences pratiquées ou rapportées par MM. de Reichenbach, 16, 582;
— Marcillet, 58; — Dr Vianoin, 66: —Dr Charpignon, 75; — Dr Clever de Maldigny, 59,98; — Dumas, 170;
— d'Arbaud, 176, 245; — Péreyra, 574; — Dr Gromier, 546; — Henry André, 665.
Magnétisme mystique. Cures opérées au moyen do la prière. 538.
Magnétisme thérapeutique. Traitements pratiques nu rapportés par
MM. Henry André, 6, 117 ;—Dr Cle-ver de Maldigny, 103 ; — Dr Tis-seier, 113 ; —1)' Ordinaire, 1 14 ; — Tailliez, 120 ; — Dr Charpignon, 169; — Dumas, 170; — Dr Kirico, 202; — Adolphe Didier, 220, 260;
— Bernard, 255; — Ricard, 260;
— Berlier, 567; — Paul Fassy (cures Mesmer), 558, 650:— Mme Pros-per, 116.
Manifestations spiritualistes, 53, 94, 99, 107, 165, 206, 210, 265, 317, 566.
Métalloscopie. Jeune fille découvrant les filons métalliques souterrains, par l'action d'un fluide mystérieux se dégageant du sein de la terre, 391. — Autre faculté do la
même personne, 416.
Miroirs et signes magiques créant des visions. 56. 205, 616.
Montre s'arrêtant chaque fois que celui qui la porte se livre à une magnétisation énergique. Fait rap-porté par M. Henry André, avec explication par Mme André, mise en somnambulisme, 662.
Noctambulisme, Voy. Somnambulisme naturel.
Palingénésie, ou régénération apparente d'animaux et de plantes. 93.
Passage alternatif du fluide magnétique d'un sujet dans un autre, au moyen d’un conducteur, 176.
Perception de l'effluve magnétique et odique par des somnambules et des sensitifs, 65, 179, 384, 407;
— par des animaux, 102.
Pharmaco-magnétisme. Magnétisation à travers la noix vomique, l'aloès, etc., produisant l'effet ordinaire de ces médicaments, 66.
Prédictions accomplies, 56, 348.
Rétrospection, en vue du passé, 205.
Rêves et pressentiments accompagnés ou suivis de réalisation, 53, 90, 96, 514, 510, 564.
Seconde vue (faits de), 55, 547, 490, 515.
Sensations fluidiques éprouvées par les magnétisés et les sensitifs, 16, 382, 391, 414, 665.
Somnambulisme magnétique. Faits de lucidité. 59 256, 576, 171 ; — vue il travers les corps opaques, 39; — transmission mentale de volonté . suggestion de sensa-
lions, rtc, 170, 170, 537, 346; — perception de l'effluve magnétique, 179 ;— rétrospection ou vue du passé, 203; — intuition médicale et instinct des remèdes, 256, 376.
Somnambulisme naturel. (Tas remer-quable observé par M. Bourgarel, chirurgien de marine, avec com-mentaire par M. le Dr Moreau, 143.
— Autre cas, rapporté par M. le Dr Gaina, et accompagné de clairvoyance, 361. — Faits simples, 270, 417.
Spiritualisme. Faits et expériences rapportés par MM. Mahiet de la Chesneraye; 94; — Dr Clever de Maldigny, 8S , 99, 107 , 206, 317, 566 ; — Emile Gérard, 108; — Pe-reyra; 1C0, 265; — Dr Charpignon, 305; — Divers, 53. 387, 461, 526, 562. — Reproduction de faits dits spiritualités, par des moyens naturels; rapport de M. Bauche, 442.
Suggestion ou illusionnisme. Impressions imaginaires éprouvées par une somnambule sous l’influence mentale du magnétiseur, 546.
Thérapeutique magnétique, 6, 103, 113, 116,117, 120. 170, 202, 226, 255 , 260 , 367, 558, 630. - (Pour le détail des rapports . voy. Magnétisme thérapeutique ; et pour le délail des maladies, voy. Cli-nique).
Transfusion fluidique entretenant une vie factice chez des vieillards ou dos mourant. 89,102.
Transmission montale de volonté, suggestion de Sensations ou d'impressions, 170. 176. 537, 546.
Uromancie, ou diagnostie de l'état du malade à l'inspection de son urine. Fait rapporté par M. le Dr Clever de Maldigny, 106.
Visions fantastiques, 94, 108, 265, 387, 461, 526? 566; — magiques, 56, 205, 646; - odiques, 384, 407.
Vue, à l'état do veille, d’événements s'accomplissant au loin, 53, 190 ;
— en songe, de faits réels nu devant s’accomplir, 53, 90. 96, 514, 540, 564; — en somnambulisme, à travers les corps opaques, 59.
Vue de l’avenir. Voy Prédictions ; du passé, voy. Rétrospeclion.
Anecdotes, 53, 167, 329. 374, 510.
Antiquité égyptienne. Recherches sur le magnétisme dans les monuments de l’antique Égypte, par MM. Du Potet, 197, 253, 311 ; — Noël de Fombeude, 309; — Emmanuel de Rougé, 570.
Association générale des médecins de France. Discours contre les magnétiseurs et les somnambules, 151.
Avis divers, 28, 139, 196, 224, 2i5, 392, 420, 531, 558, 588, 616.
Banquet mesméricn à Paris, 225, 272, 281 ; — à Meaux, 135 ; — à Smyrne, 313.
Biographie de Mesmer, par M. Paul Fassy, 554, 625.
Chansons, couplets et stances magnétiques et spiritualistes. Voy. Poésies diverses.
Charmeur (le) de serpents. Épisode d’un roman de Léon Gozlan, 497, 505.
Chronique. Réponse à quelques ma-gnétistes qui s’étonnent que le Journal du Magnétisme n'inscrive point les événements de quinzaine, 26.
Clergé (le) et le magnétisme. Fait d’intolérance, 602.
Conseil (le) scientifique de France, dans sa 29e session, ouverte à Bordeaux, décide que les faits du somnambulisme artificiel doivent être étudiés. Compte rendu par M. Petit d’Ormoy, 477.
Crédulité. Jeune tille atteinte par la foudre, et acquérant de ce fait, selon la croyance populaire, le don de guérir par attouchement toutes les maladies et infirmités, 349.
Édit d'un archiduc d'Autriche, au xvie siècle, contre les magiciens, sorciers, astrologues, etc., 217.
Établissements magnétiques. Histoire des premiers établissements du magnétisme à Paris , par M. Paul Fassy, 554, 625.
Exercice illégal de la médecine. Réquisitoire de Me Andral, fils du célèbre médecin, contre les magnétiseurs et somnambules pra-
tiquant illégalement la médo-cine, 151.
Fatalisme. La secte des Nouvelles lumières, en Angleterre, considère comme un péché le recours aux médecins, 618.
Gravures représentant des faits magnétiques, 3, 29, 141, 197, 253,
312, 496, 641.
Histoires de revenants, 94, 108, 160, 265, 461. 526.
Homme (l’) des bois. Curieux détails sur un orang-outang doue d'une intelligence extraordinaire. 70.
Homœopathio (l') et le magnétisme. Les médecins homœopathes croient au magnétisme, mais s’abstiennent d'en faire usage, 158.
Incrédulité de quelques magné tistes, touchant certains phénomènes de spiritualisme. 191, 231, 305, 318, 442, 568, 595
Ingratitude des malades après guérison. Fait relatif à Paracelse, 168.
Inquisition (l') et le magnétisme. Auto-da-fé de 300 volumes ou brochures de magnétisme et de spiritualisme, par ordre de l'ar-chovéque de Barcelonne, 602.
Intolérance. Faits et écrits portant le cachet d'une violente intolérance envers le magnétisme et les sciences occultes, dans le passé comme aujourd'hui, 151, 217, 602.
Jurisprudence de la Cour d'appel de Colmar, en matière de somnambulisme magnétique, comme moyen de découvrir les maladies et d'appliquer les remèdes, 263.
Magnétisme (le) et la magie dans l'Ancien et le Nouveau Testament, 103, 222; — dans l'antiquité, 103, 141, 197, 253, 309, 596, 570, 645;
— au moyen âge, 647 ; — aux xve, xvie et xviie siècles, 168, 217,
328, 641, 649; — en Orient, de nos jours, 398, 652.
Magnétistes (les) sans le savoir, 113. 202, 374.
Mariages rêvés se réalisant. Jeunes
filles voyant en songe l'inconnu qu’elles doivent épouser, 540.
Médailles et mentions décernées par le jury magnétique, 279, 317, 327.
Médecine (la) exacte. Bévue des médecins du sultan Abd-ul-Medjid,
475.
Médecin (un) pratiquant le magnétisme sans s’en douter, 113; — un autre devenant somnambule à son insu, et reniant au réveil les ordonnances qu'il a écrites dans son état lucide, 374.
Nazar (le), ou croyance au mauvais œil dans l’Asie Mineure, 308.
Nécrologie. Mort du magnétiste-spiritualisle Jobard, conservateur du Musée d'industrie de Bruxelles, 387 ; — du R. P. Lacordaire, de l'Académie française, 619.
Nouvelles diverses, 28, 263, 328, 349, 374, 417, 475, 504, 618.
Nouvelle lumières (secte des). Voy. Fatalisme.
Okoudmak (l'), ou acte magnétique chez les Turcs, 404.
Orang-outang (un) aide-boulanger et matelot, 70.
Poésies diverses. Mes soixante ans; couplets par M. le Dr Clever de Maldigny, 278. — L'Obscurantisme et l’esprit de Mesmer, ou le
magnétisme du Progrès; chanson par M. Baïhaut, 296. — Un toast aux malades; chanson par M. Jules Lovy, 299. — Spiritualisme; stances par Mme Jobey de Ligny, 301.
Progrès. Le magnétisme devant la Cour d’appel de Colmar, 263; — nu Congres scientifique de Bordeaux, 477. — Célébration de la fête de Mesmer à Smyrne, 313.
Récits de faits étranges, mystérieux ou merveilleux, 53, 88, 108,160, 207, 265, 328, 461, 497, 505,326, 539, 562.
Roman dont le sujet repose en partie sur des faits magnétiques : Histoire d’un diamant, par Léon Gozlan, 497, 505 ; — le Drak, par Georges Sand, 616.
Tribunaux. Arrêt de la Cour d'appel de Colmar, déclarant que l'inanité des phénomènes du somnambulisme magnétique, comme auxiliaire de l’art de guérir, est loin d'être scientifiquement démontrée, 263.
Vol commis sous le manteau du somnambulisme, 329.
Voyants, thaumaturges, guém-seurs, etc., 106, 168, 349 , 387,
391.
BIBLIOGRAPHIE.
Clef (la) des grands mystères, par Eliphas Lévi. Extrait sur la vie et la mort, la veille et le sommeil. 218.
Cours théorique et pratique de braidisme ou d'hypnotisme, etc., par J. P. Philipps. Examen par M. Petit d'Ormoy, avec observations par M. Du Potet, 19.
Cures effected by animal magne-tism, by the somnambule Adolphe Didier. Simple mention, 139.
Dogme et rituel de la haute magie, par Eliphas Lévi. 2e édition. Extrait d'un chapitre sur la magie des campagnes et la sorcellerie des bergers, 330.
Guide (le) médical des familles, par Henry André, médecin homœo-pathe, magnétiste et électricien.
Annonce de la prochaine publication de cet ouvrage, 392.
Manuel d’électrothérapie. Exposé pratique et critique des applications électriques et chirurgicales, par le Dr A. Tripler. Extrait et appréciation, 418.
Premiers(les) établissements du magnétisme à Paris. Etude historique par M. Paul Fassy. Remarques de M. Vuillerme-Dunand, sur la pensée essentielle qui a guidé l'auteur dans ce travail, 549. — Sommaire des matières de la 1re partie. 552.
— Extraits renfermant des détails biographiques sur Mesmer, 554. 625.
Scienze occulte (le), magnetismo, el-lettrobiologia, spiritualismo e ne-gromanzia ossia la duplice scienta
duna levatrice, di Antonio Zuc-coli, amatore e pratico cultore Simple mention, 158.
Thérapeutique (la) nouvelle, au l'Art de guérir les maladies par le magnetisme. par M. le baron Du Potel. Quelques mots sur la pro-chaine publication de cet ouvrage, 532, 558, 611.
Unitarisme (l'), livre des chrétiens unitistes, ou Exposé de la grande Science chrétienne, etc., por Pail-lot de Moutabert. OEuvre pos-
thume éditée par M. Paul Charpentier, ami de l'auteur. Extrait en ce qui concerne les miracles de Jésus, 222.
Vérité (la) aux médecins et aux gens du monde, sur le diagnostic et la thérapeutique des maladies, éclairés par le somnambulisme naturel lucide, par le Dr Comet. Mention, 271. — Compte rendu, par M. Paris, 355. — Lettre de M. le Dr Gama, adressée à l'auteur. 360.
LISTE NOMINATIVE.
DES PERSONNES DONT LES ÉCRITS, LES ACTES OU LES OPINIONS.
sont insérés, analyses, cités, rapportés, commentés ou réfutés dans ce volume
Adelon (Dr), 47, 92.
Alburncr (Dr), 104.
Ampère, 35, 393.
Andral, 151.
André (Henrv), 9, 120, 279, 340,
392, 442, 474. 615 , 665, 668. Auschütz, 13.
Arago, 61. 69.
Arbaud (d ), 190, 248, 421, 452, 481, 508, 533, 561. 593. Ashburner (Dr), 259, 593.
Auber (Dr), 158.
Aubin Gauthier, 514.
Audor, 263.
Babinet, 37, 73, 129.
Baïhaut, 299.
Ballanche, 109 Barré, 210.
Bauche, 296. 417, 448.
Dégin (Dr). 99, 567.
Berlier, 370.
Bernard, 158, 257, 327.
Beutler (Catherine), 391, 416.
Beyer (Mlle), 16.
Beyran (Dr). 44.
Blainville, 34.
Blandin, 105.
Bonnet (Charles). 43. 129. Boscowitz (Arnold), 580 , 409. Boullan (abbé). 109.
Bourdon (Dr). 57.
Bourgarel. 143.
Braine (Charles), 107
Brierre de Boismont Dr, 249, 418.
Bruce, 569.
Bruyères, 512.
Buffion, 36.
Cabanis, 56.
Cagliostro, 56.
Camus (Dr), 569.
Canelle, 280.
Carpentier (Paul), 222.
Castle (Dr). 596.
Chabas. 571, 581
Chardel, 36, 75. 462. 515, 518.
Charpignon (Dr), 51, 57, 85, 170.
196, 203, 214, 505, 317. Chevalier, 427.
Chevalier (abbé), 95.
Clever do Maldigny (Dr), 52, 81, 110, 191, 215, 231. 262 272, 308. 327 , 429, 463, 495, 551, 549, 570, 605.
Comet (Dr). 271, 280, 355.
Constant, 406.
Cousin (Victor), 92, 509.
Créqui (marquise de), 655.
Cricca (Dr), 314.
Cuvier (Georges), 35, 41, 393. Delaire, 522.
Delannois. 103.
Deleuze. 295.
Delhez, 17.
D'Eslon (Dr), 629.
Didier (Adolphe). 139, 230, 260, 279. Didier (Alexis), 58.
Didier (Charles), 83.
Dumas (de l'institut). 160.
Dumas (de Sétif), 170.
Du Planty (Dr), 225.
Du Potet (baron), 6, 11, 22, 26, 30, 84. 136. 140, 143. 158, 160, 199. 206, 217, 222, 234, 264, 283, 313, 327. 330, 540, 351, 353. 367, 396
443. 452, 476, 532, 560, 587, 588, 617, 619, 641.
Dureau, 280.
Edmonds, 593.
Eliphas Lévi, 79, 452, 330 Elliotson (Dr), 58.
Empis, 264.
Endlicher, 408.
Fariau, 167.
Fassy (Paul), 519, 640.
Flourens, 534.
Foix de Candalle, 426, 453, 493. Fondretoy, 351.
Forgues. 371.
Franck, 421, 456, 510.
Frazière (de). 46.
Gaina (Dr), 364.
Gatinet, 280.
Gatti (Dr), 320.
Gendron (Dr), 9.
Gérard (Claude), 280.
Gérard (Emile), 108.
Germain (Mlle), 108.
Gœrres, 328.
Gozlan (Léon), 504, 507.
Grandpré, 72.
Grimm, 638.
Gromier (Dr), 546.
Gruyer, 39, 41.
Guépin (Dr), 41, 478, 534. Guillemain de St-Victor, 463. Guldenstubbé (baron de), 107,207, Guyot (Léonidas), 66.
Haller, 43.
Hébert (de Garnay), 22.
Hell (le P.). 557.
Hohenlohe (prince de), 538.
Home, 108, 266.
Hubert, 105.
Humboldt (de). 57, 61, 69, 546. Jobard, 28, 130, 587.
Jobey de Ligny (Mme), 301. Jouffroy, 510.
Jourdan (Louis). 210.
Jussieu (de), 495.
Karr (Alphonse), 545.
Kasperowski, 19.
Kirico (Dr de), 202.
Koreff (Dr), 473.
Laborde (comte Léon de), 633.
La Bédollière (Emile de). 540. Lacordaire (le P.), 83, 464, 619. Lacroix (Dr), 114.
Lafontaine (Ch.), 495, 518, 530.
La Grange (Mme de), 90.
Lamarck, 36, 59.
Lamartine (de), 90.
Lambert, 280.
Lamennais (abbé de), 79, 371.
Lamé (Emile), 602.
La Pérouse (de), 56.
Le Boiteux (abbé), 112.
Lecomte (Jules), 91.
Leger (Dr), 205, 279, 293, 445. Lehanteka, 486.
Le Normand (Mlle), 211.
Le pelletier (Dr), 36.
Lequine, 566.
Le Roux (Dr), 627.
Leroy (Dr). 10.
Le Roy, 625.
Lesseps (baron de), 56.
Louyet (Dr), 294.
Lovy (Jules), 301.
Macario (Dr), 515, 524. 540.
Mahiet de la Chesneraye, 96. Maillebois (comte de), 625.
Maine de Bilan, 493, 509, 523. Mareillet, 58, 84.
Martin (de Rennes), 33.
Matignon (le P.), 598.
Maurepas (comte de), 636.
Maury (Alfred), 69. 209, 393, 486, 510, 640.
Mesmer(Dr). 554, 625.
Messager, 349.
Meunier (Victor), 44, 61.
Michel (Louis), 460.
Millet 607.
Monnier, 280.
Moreau (Dr), 151.
Morin (A. A.), 547.
Morin (J. B.), 476.
Mure (D'), 48.
Noël de Fombeude, 311, 374.
Ogier (Mme), 568.
Olivran, 143.
Onymus (Dr), 539.
Ordinaire (Dr) 115.
Ourches (comte d'), 206. 325
Paillot de Montabert, 222.
Pâris, 360, 417, 584.
Patris, 207,
Péreyra (Ch.), 167, 270. 378. Perreau. 280, 618.
Pestel, 280.
Petit d'Ormoy, 25, 481. Pezzani, 525.
Pfeffel, 387.
Philipps (Dr), 19, 519.
Piérart, 305, 320, 445.
Poë (Edgard), 249.
Pollel (Dr), 341. Pope (Dr) 486. Portal (Dr). 47. Pouchet, 50.