(1884) Archives de neurologie [Tome 08, n° 22-24] : revue des maladies nerveuses et mentales
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(1884) Archives de neurologie [Tome 08, n° 22-24] : revue des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

EVKHUX, IMPRIMERIE DE CHARLES IIF : 111SSE1'.

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

REVUE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE

J.-M. CHARCOT

AVEC LA COLLABORATION DE

MM. BALLET, BERNARD, BITOT (P.-A.), BLANCHARD, BONNAlIiE (E.

BOUCHEREAU,BRIAND(1L), BRICON(P.),BR1SSAUD(E.), BROUARDEL (P.), CHARPIE\-

TtEB, COTARD, DANILLO, DEBOVE(M.), DELASIAUVE, DENY, DURET, DUVAL

(IIÀTuiÀs), FERRIER, GÉRENTE, COMBAULT, GRASSET, HUCHARD, JOFFROY (A.),

KAHN(T.),KELLER, KhRAVAL (P.), KOJEWN1KOF, LANDOUZY, LRFLAIVE,

LEGRANDDUSAULLE,hIAGNAN, MARAKDOK DE hI0NT1'EL, MARIE, MAYGRIER,

MAyOB.MOEHZEJEWSKY, 111USGItAVE-CLAY, PAR1\AUD, P1ERRET, PIGNOL, PITRES,

POPOFF, RAYMOND, REGNARD (P.), REGNARD (A.), IIICHER (P.), SÉGLAS,

SEGUIN (E.-C.), SIKORSKY, TALAMON, TEINTURIER (E.), THULIÉ (11.),

TROISIER (E.), VAILLARD, VIGOUROUX (R.), VOISIN (J.), WUILLAMIÉ.

Rédacteur en chef : BOURNEVILLE

, Secrétaire de la rédaction : CH. FÉRÊ

Dessinateur : LEUBA.

Tome VIII. 1884.

Avec 9 planches en couleur et 12 figures dans le texte.

PARIS

BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL

1 ! F, rue des Carmes.

1884

Vol. VIII. Juillet 1884. N, 22.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOM1E PATHOLOGIQUE

DU SIÈGE ET DE LA DIRECTION DES IRRADIATIONS CAPSU-

LAIRES CHARGÉES DE TRANSMETTRE LA PAROLE;

Par le Dr BITOT, professeur honoraire de la Faculté de médecine

de Bordeaux.

Dans la région antérieure ou frontale du cerveau, les

irradiations capsulaires se comportent d'une façon

tout autre que dans les régions moyenne et postérieure.

D'après l'opinion générale, la couronne rayonnante

de Reil se composerait d'une infinité derayons chargés

de rattacher chaque point de l'écorce à la moelle épi-

nière ou aux ganglions de la base. Cette brillante con-

ception a servi de fondement à divers systèmes, parmi

lesquels ceux de Meynert et de Luys occupent le pre-

mier rang. Ils sont trop connus pour qu'il soit utile de

rappeler en quoi ils consistent. Qu'il me suffise de

faire remarquer qu'ils ne sont pas en harmonie avec

les faits. Ceci est particulièrement vrai pour la région

antérieure ou frontale, j'entends pour le bloc de l'hé-

Archives, L. VIII. I

2 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

misphère situé en avant du plan transversal et vertical

passant par l'extrémité antérieure de la couche optique.

Nous rappelons que, dans notre étude sur la capsule

interne ', nous avons démontré les propositions sui-

vantes : Toutes les irradiations capsulaires frontales se

présentent sous la forme de lignes courbes plongeant

vers la base (lobule orbitaire). Conséquemment, ni la

troisième circonvolution frontale, gauche ou droite, ni

l'extrémité antérieure de l'insula de Reil, n'en reçoi-

vent aucune. Presque toutes ces courbes restent, dans

tout leur parcours, intrinsèques aux noyaux de la base.

Quelques-unes, les plus longues et les plus élevées,

débordent les noyaux, leur deviennent extrinsèques,

et longent la partie antérieure du bord externe du ven-

tricule latéral. Je les appelle extra-nucléaires.

On n'est donc pas fondé à soutenir, que, dans le

lobe antérieur, le pied de la couronne rayonnante ré-

pond au bord externe du noyau caudé. Ce prétendu

pied, formé par une série de points, de sortie ou d'en-

trée, n'existe pas; il est remplacé par un tractus longi-

tudinal de quelques millimètres de largeur, sur lequel

est basé le travail actuel.

Ce tractus se voit sur la coupe horizontale (IL. I),

pratiquée à un centimètre au-dessous de la face supé-

rieure du corps calleux. Les courbes qui forment les

éléments de ce tractus sont manifestes sur la coupe

antéro-postérieure (PL. II), pratiquée à deux centimè-

tres en dehors de la ligne médiane.

La coupe transversale (PL. IV), à deux centimètres

en arrière du genou du corps calleux, montre la section

1 La capsule interne et la couronne rayonnante de Reil. {Archives de

Neurologie, t. I, p. 524, 1881). ·

DUS IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 3

du tractus perpendiculaire à sa direction. Nous ne

connaissons pas d'endroit où les irradiations capsulaires

se prêtent mieux à l'étude qu'ici où elles font, pour

ainsi dire, bande à part, en dehors des noyaux de la

base.

Dans ce travail, notre but est d'établir cliniquement :

que les fibres, sans lesquelles la parole ne peut être

exprimée, se trouvent dans le tractus précédent; et que

ces fibres ne se rendant pas à l'écorce de la troisième

frontale, cette écorce ne constitue pas le centre du lan-

gage articulé.

Pour apprécier comme il convient les observations

cliniques qui se rapportent aux faits anatomo-patholo-

giques concernant le tractus, il importe d'abord d'éta-

blir la topographie de la région à laquelle ce tractus

appartient.

I.

Topographie de la portion du centre ovale comprise entre

le bord externe du ventricule latéral en dedans, la

troisième circonvolution frontale et la partie antérieure

de l'insula de Reil, en dehors.

Cette région appartient aux trois premières zones

mésolobaires d'un centimètre d'épaisseur. Vu la pré-

cision réclamée parles recherches anatomo-pathologi-

ques, j'admettrai un district pour chaque zone, et,

dans chacun de ses districts, je tiendrai compte de

l'épaisseur du centre ovale par la mesure de trois dis-

tances, ayant pour point commun le milieu de La ligne

4 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

fornicato-syl vienne', ligne dont je me sers comme point

de repère, pour limiter en dehors les irradiations cap-

sulaires que j'ai en vue.

Ces trois distances s'étendent donc du milieu de

cette ligne : la première au fond de la deuxième scis-

sure frontale, pour les deux premières zones; au fond

de la scissure précentrale, pour la troisième zone; la

deuxième à la convexité de la troisième frontale, pour

les deux premières zones ; à la convexité de la quatrième

frontale, pour la troisième zone; et la troisième, au fond

de la partie supérieure de la scissure de Sylvius.

1" District. Coupe à un centimètre en arrière du

genou du corps calleux. (PL. III) :

Les trois distances mesurent ici : la première, 13

millimètres, la deuxième, 27, et la troisième, 5. Elles

coupent toutes les trois, nécessairement, les fibres de

Gratiolet, plus les deux premières, les fibres d'asso-

ciation antéro-postérieures externes et les fibres trans-,

versales du corps calleux. Les irradiations les plus

élevées de la capsule interne occupent l'espace compris

entre la ligne fornicato-sylvienne et le bord externe du

ventricule latéral.

Notons que, de toutes les fibres du centre ovale, les

irradiations capsulaires seules sont de nature active,

c'est-à-dire susceptibles de produire des manifestations

rapides et permanentes, quand elles sont détruites; des

manifestations temporaires seulement, quand elles sont

influencées par des altérations de voisinage. Toutes les

' La ligne fornicato-sylvienne s'étend du fond de l'anfractuosité supé-

rieure de la circonvolution du corps calleux à la partie la plus élevée de

a scissure de Sylvius.

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 5

autres catégories de fibres sont de nature latente, si-

lencieuse ou passive. Ce sont les termes dont les auteurs

se servent pour exprimer non pas la nullité, mais la

lenteur et la traîtrise du retentissement qui résulte de

leur lésion.

Pour se faire une juste idée des fibres d'association

et de celles de Gratiolet, il suffit de jeter un coup d'oeil

sur la planche VIII du tome II de mon travail sur la

capsule interne'. La planche Y du même travail donne

une idée de l'épaisseur des fibres descendantes du

corps calleux. Le commencement de l'avant-mur et

du noyau lenticulaire y ont disséqué le fasciculus-un-

cinatus, la capsule externe et la capsule interne.

2e District. Coupe à deux centimètres en arrière

du genou du corps calleux. (PL. IV) :

La première distance mesure 10 à 15 millimètres; la

deuxième, 30 à 35 ; la troisième, 15.

Ici les dépôts gris de l'avant-mur et de la lentille dis-

socient franchement les éléments du centre médullaire.

Une partie de la capsule externe se continuant en haut

avec les fibres arquées (voir Topographie cérébrale,

deuxième zone, face postérieure°-), nous pouvons, en

retranchant la différence de l'épaisseur de cette capsule

obtenir fidèlement l'épaisseur des fibres descendantes

du corps calleux. Ces fibres ont notablement diminué

comparativement aux fibres correspondantes du pre-

mier district; elles ne mesurent qu'un millimètre peu

près, au moment où elles contournent les expansions

1 Essni de topographie cérébrale. {Progrès médical, 1878.)

lne. cit,

6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE,

capsulaires les plus élevées. Tout ce qui est en dehors

de ces expansions est latent, tandis que ces expansions

elles-mêmes sont actives.

La Planche IV comble l'un des desiderata con-

tenus dans mon travail sur la capsule; elle permet en

effet de distinguer les expansions capsulaires les plus

élevées. De plus, elle m'offre l'occasion de faire obser-

ver que la ligne fornicato-sylvienue ne possède sa va-

leur que tout autant que la symétrie existe entre les

deux circonvolutions du corps cal 1 eux (gyri-forn i cati).

Il n'est donc pas surprenant que, sur cette zone la

ligne en question coupe les faisceaux, au lieu de les

effleurer, du côté gauche, puisque la circonvolution

du corps calleux de ce côté, se trouvant atrophiée, a

dû inévitablement amener la déclivité anormale de

l'anfractuosité sus-jacente.

Quand cette ligne sera consultée, il ne faudra donc

pas perdre de vue l'état respectif des circonvolutions

du corps calleux.

3' District. Coupe à trois centimètres en arrière

du genou du corps calleux. (PL. V) :

La première distance mesure 10 millimètres; la

deuxième, 30; la troisième, 10. Ace niveau, la région

se modifie. Dans les deux zones précédentes, la

section coupait trois frontales (les trois premières) ;

dans celle-ci, elle n'en coupe que deux : la partie pos-

térieure de la première et les deux tiers inférieurs en-

viron de la quatrième. Il faut noter que l'épaisseur

horizontale de la capsule interne, au lieu de mesurer

5 millimètres, en mesure 8.

De nouveaux éléments se trouvent donc associés à

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 7

ceux que nous avons rencontrés jusqu'ici, et matériel-

lement, les lésions du centre médullaire adjacentes au

bord externe du ventricule latéral dans ce district de-

vront donner lieu à un plus grand nombre de troubles

ou à des troubles plus intenses que ceux observés dans

les deux premiers districts. Dans un prochain 'travail,

nous verrons quelle est la disposition respective des

faisceaux capsulaires à ce niveau et comment ils fonc-

tionnent. Maintenant, nous faisons seulement remar-

quer que la coupe porte sur l'extrémité antérieure de

la couche optique, point limite pour nous entre le lobe

frontal et le lobe pariétal.

En somme, dans les trois premières zones mésolo-

baires d'un centimètre d'épaisseur, zones qui, conte-

nant, sur le trajet du bord externe du ventricule latéral,

les agents de transport de la parole, correspondent

particulièrement à la troisième frontale, à une partie

delà quatrième et à la partie antérieure de l'insula, le

centre ovale est constitué par deux parties, l'une active

et l'autre passive, l'épaisseur de cette dernière l'empor-

tant notablement sur celle de l'autre.

8 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

On ne s'éloigne pas ou on s'éloigne peu de la vérité,

en accordant une épaisseur égale à chacune de ces

deux dernières parties. Je me contente de mentionner

les fibres transversales du corps calleux, parce qu'elles

ne peuvent modifier la largeur du district.

Telles sont, la situation, la direction et l'épaisseur

des expansions capsulaires dans la région frontale.

Ce fait anatomique impose aux anatomo-pathologiqtes

l'obligation de rechercher ce que deviennent, dans les

observations relatives aux lésions situées sur la région

que nous venons de décrire :

l' Les faisceaux capsulaires;

2° La substance médullaire comprise entre les fais-

ceaux et l'écorce ;

3° L'écorce elle-même.

Pour cette dernière partie, il est bon de constater

que les lésions de la substance grise qui tapisse le

fond des scissures devront retentir, bien plus facile-

ment que celles de la convexité proprement dite, sur

la partie active dont elles ne sont distantes, que de

dix millimètres environ et même de cinq millimètres

seulement pour la scissure de Sylvius dans la première

zone.

La partie latente du centre ovale dans ces trois dis-

tricts que je viens de décrire est nourrie par les artères

terminales auxquelles les branches de la convexité

donnent naissance. Ces artères terminales sont perpen-

diculaires à la courbe antéro-postérieure du cerveau.

La partie active de ce centre ovale (faisceaux capsu-

laires frontaux extra-nucléaires) est nourrie par des

rameaux de l'artère de l'hémorrhagie centrale (Charcot),

venant elle-même de la cérébrale moyenne. La direc-

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. ! )

tion de ces artères terminales est donc perpendiculaire

à celle des artères terminales de la portion latente.

La cérébrale antérieure fournit également du sang,

sinon toujours, du moins souvent, à ces mêmes irra-

diations (Duret). Les irradiations capsulaires frontales

extra-nucléaires possèdent donc des artères spéciales

qui méritent par cela même une mention à part. Je

propose de les appeler artères de la parole ou DE L'A-

PHASIE. On devine que l'hémorrhagie centrale limitée

à la branche artérielle donnera lieu à l'hémiplégie

vulgaire et à un simple trouble de la parole, tandis que

l'hémorrhagie limitée aux rameaux des faisceaux cap-

sulaires extra-nucléaires amènera la perte absolue de

la parole et un simple trouble paralytique. Signalés

par M. Duret, ces vaisseaux réclament de nouvelles

recherches. Jusqu'à présent, je n'ai constaté leur im-

portance anatomique que sur les coupes cérébrales.

Dans les transversales, elles donnent lieu très souvent

à un ensemble d'hiatus de diverses grandeurs qui

transforment la section des faisceaux capsulaires en

une surface criblée.

- Enfin, il n'est pas superflu de faire remarquer que

l'artère de l'hémorrhagie centrale prenant son origine

au niveau de l'espace perforé quadrilatéral, se trouve

par cela même on ne peut mieux placée pour servir de

conducteur aux altérations qui se développent sur cet

espace.

II.

Interrogeons maintenant les faits cliniques sur le

bien fondé de la description qui précède, dans l'hémis-

10 () ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

phère gauche d'abord, dans l'hémisphèredroit ensuite.

Demandons-leur quelles sont les manifestations qui

surviennent quand une lésion siège :

1° Sur le trajet du bord externe du ventricule laté-

ral, par conséquent, sur les irradiations capsulaires

frontales extra-nucléaires;

2" Loin de ce trajet, sur la substance blanche sous-

corticale, sur l'écorce elle-même, sur plusieurs de ces

parties non adjacentes, ou sur toutes ces parties à la

fois;

3° Quand l'intégrité de la totalité de la troisième

frontale (faisceau et écorce), et de l'insula est conser-

vée ;

4° Quand l'intégrité de la troisième frontale coïncide

avec une lésion de l'insula.

A. Hémisphère gauche.

Je me servirai des observations qui sont contenues

dans les thèses de MM. Pitres' et Clozel de l3oyer$, re-

présentants autorisés de leur maître éminent, Ni. Char-

cot, et dans le cours de Pathologie interne et de Thé-

rapie médicale de Gintrac'.

1 D Pitres.-Recleerches sur les lésions du centre ovale des hémisphères

cérébraux étudiés au point de vue des localisations cérébrales. Paris,

1877.

2 Clozel de Boyer. Etudes topographiques sur les lésions corticales

des hémisphères du cerveau. Thèse pour le doctorat en médecine, Paris,

1879.

1 E. Gintrac. Cours théorique et clinique de pathologie interne et de

thérapie médicale. Paris, Germer-Baillière, 1868.

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. il 1

1° Lésions situées sur le trajet du bord externe du ventri-

cule latéral.

Ces sortes de lésions peuvent être directes ou indi-

rectes, suivant que leur développement s'effectue,

d'emblée, dans la région même dont il s'agit, oubien

par propagation d'une destruction dont les régions

avoisinantes sont atteintes.

Dans l'un comme dans l'autre cas, il survient une

perte absolue de la parole,' une aphasie permanente.

En fait de lésions directes, je ne trouve qu'une ob-

servation, elle appartient à notre regretté maître et

ami, Elie Gintrac.

Observation I (résumé). Hémiplégie incomplète. Aphasie

persistante. - Lésions du centre ovale '.

Négociant, soixante-dix-neuf ans : vertiges, perte de connais-

sance pendant quelques heures. Hémiplégie incomplète à

droite qui disparait peu à peu. Les idées de jugement, sa

volonté s'exprimant par des signes paraissent intacts ; la parole

ne se rétablit pas. Mort seize mois vingt et un jours après

le début de la maladie.

Cerveau ferme. A la partie moyenne et postérieure du lobe an-

térieur gauche en dehors et en avant du corps strié, excavation

de 2 centimètres de diamètre. A cette cavité en sont annexées

quelques autres beaucoup plus petites; elles contiennent quel-

ques gouttes d'une sérosité un peu trouble.

Dans cette observation, la lésion occupe sans doute

plus que les faisceaux capsulaires que nous étudions,

elle empiète sur la partie blanche adjacente, mais elle

1 Cours théorique et clinique de pathologie interne et de thérapie médi-

cale, t. VII, p. 124. (Observation XXI de la thèse de M. Pitres.)

12 i ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

siège en avant et en dehors du corps strié, se présente

à l'état simple sans complication importante. Le groupe

des excavations, l'une grande, les autres petites, sem-

blent correspondre au groupe des vaisseaux constitué

par l'artère aphasique et ses rameaux. On comprend

que l'état des connaissances anatomiques à l'époque où

Gintrac a recueilli cette observation, ne lui ait pas per-

mis d'en apprécier la valeur physiologique; j'aurai oc-

casion d'en reparler.

2° Lésions situées loin du bord externe du ventricule

latéral.

A côté de l'observation d'Elie Gintrac, je place une

observation de M. Dieulafoy, dans laquelle la lésion,

au lieu d'être adjacente au noyau caudé, siégeait sur

un point diamétralement opposé, sous l'écorce.

Observation II (Dieulafoy). (Obs. XXVIII de la thèse de

M. Pitres (résumé). Aphasie. Lésion de la substance

' blanche avoisinant la troisième circonvolution du lobe anté-

rieur gauche.

Homme de quarante-quatre ans, albuminurique. Le 22 jan-

vier 1867, aphasie, sans signes prémonitoires ; conscience con-

servée ; légère déviation de la face à gauche; agraphie. Dès le

30 janvier, le malade peut articuler quelques mots; avant la fin

de février, la parole est à peu près revenue. Mort le 22 avril

par suite de la maladie du rein.

Deux foyers transformés en kystes, confinant à la substance

grise de la troisième circonvolution frontale gauche.

Arrêtons-nous quelques instants sur les deux faits

qui précèdent.

Identique au fait de Gintrac, sous le rapport de la

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. <3

nature de la lésion, le fait de M. Dieulafoy en diffère

sous le rapport de son siège. Les cavités morbides dé-

crites par le premier étaient en dehors et en avant du

corps strié, sur le trajet des faisceaux capsulaires en

question, tandis que celles du second occupaient la

portion sous-corticale du centre ovale; ou bien, pour

parler le langage de M. Pitres, dans l'observation de

Gintrac, la lésion siégeait sur le sommet du faisceau

de la troisième frontale; dans l'observation de M. Dieu-

lafoy, elle se trouvait du côté de sa base.

Pour les localisateurs, ces deux faits avaient une

valeur égale. Le centre ovale de ce district, étant

considéré par eux comme identique dans toute son

épaisseur, il était indifférent que la destruction portât

sur tel ou tel point.

Du moment que les moyens de communication sup-

posés entre l'écorce et la moelle épinière étaient in-

terrompus, cela suffisait pour réduire au silence le

centre psycho-moteur de l'écorce de la troisième fron-

tale.

Tout le monde admet, dans cette portion du centre

ovale, à la fois des éléments actifs et passifs; mais on

ne s'est pas demandé de quelle façon ils étaient distri-

bués les uns vis-à-vis des autres. On les croyait inex-

tricablement mêlés, nous les tenons, au contraire,

comme parfaitement distincts.

Sur les trente millimètres de l'épaisseur comprise

entre le noyau caudé et l'écorce de la troisième frontale,

les fibres actives n'occupent, avons-nous dit, que les

cinq millimètres internes confinés à côté du noyau

caudé et se recourbant vers la base. Il y a donc là une

différence d'opinion capitale, sur laquelle on ne saurait

14 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

trop insister, parce qu'elle conduit à une divergence

forcée dans l'interprétation des faits cliniques. Ainsi,

pour nous, dans l'observation de M. Dieulafoy, la lé-

sion n'était que sur une partie passive; dans l'observa-

tion de Gintrac, au contraire, elle était sur une partie

active, d'où permanence de l'aphasie dans ce dernier

cas, et extemporanéité dans l'autre : là incurabilité, ici

curabilité.

Les auteurs se sont contentés simplement de cons-

tater que la perte de la parole existait dans un cas comme

dans l'autre, sans se préoccuper de sa durée. Ce carac-

tère mérite pourtant de fixer l'attention.

Anatomiquementetphysiologiquemeut, noussommes

en droit d'affirmer que, dans l'observation deM. Dieu-

lafoy, la lésion portant sur une partie passive à côté

d'une partie active, elle ne devrait retentir sur celle-ci

qu'à distance, par conséquent d'une façon plus ou

moins éphémère. Si bien, qu'étant donnée une personne

frappée d'aphasie simple, nous sommes autorisés à

diagnostiquer d'emblée une perturbation dans le do-

maine de la troisième frontale, et, par la suite, à préci-

ser la nature et le siège de cette perturbation, suivant

que la perte de la parole mettra plus ou moins de temps

à disparaître, ou persistera absolument.

Ce qui précède, étant considéré par nous comme

une base solide, tant sous le rapport clinique qu'au

point de vue anatomique, tout fait quelconque, relatif

à l'aphasie, doit naturellement concourir à constituer

l'édifice que cette base est destinée à supporter.

En dehors des deux observations qui précèdent, tous

les faits d'aphasie contenus dans les ouvrages que j'ai

consultés et concernant l'hémisphère gauche sont plus

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 15

ou moins compliqués; mais en ne perdant pas de vue

les jalons qui viennent d'être posés, on peut les mettre

à contribution pour modifier et continuer l'histoire de

l'aphasie. Dans ces faits, la destruction principale, ma-

tériellement parlant, a toujours pris naissance sur un

des points avoisinant les trois centimètres antérieurs

du bord externe du ventricule latéral, en avant, en ar-

rière, vers le haut, vers le bas, en dehors ou en dedans.

Les irradiations capsulaires extra-nucléaires ont pu

être atteintes, soit par extension delà lésion principale,

soit par coïncidence; qu'il y ait processus unique ou

double, ces faits n'en sont pas moins intéressants. Pour

bien fixer les idées et éviter des longueurs inutiles,

nous n'en citerons qu'un petit nombre. Nous commen-

çons par une observation de M. Boinet, dans laquelle

se trouvent synthétisées, pour ainsi dire, les deux ob-

servations précédentes de Gintrac et de M. Dieulafoy.

Observation III (Boinet). (XXVII, thèse de M. Pitres) (résumé).

- : 1laasie lrarcnralirlue; aGcès daras la troisième circonvolu-

tion frontale gauche '.

Brigadier, vingt-cinq ans, coup de sabre sur la tète le

28 août 1870. Manque de détail sur les accidents primitifs.

On sait seulement que, le 23 octobre 1870, le malade était

aphasique avec hémiplégie peu accentuée de tout le côté droit.

Intelligence conservée ; enfoncement du crâne ; trépanation ;

coma; paralysie plus marquée; érysipèle de la tête. A la fin

d'avril, le malade peut marcher et écrire. Son intelligence et

sa gaieté sont revenues.

Persistance de l'aphasie.

Le 17 mai, mort après deux attaques d'épilepsie.

Autopsie. Au niveau de la troisième circonvolution Iron-

1 Gazette des Hôpitaux, 1871, p. 294, et 1872, p. 235. (Le cerveau est

conservé au musée Dupuytren.)

16 ô ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

taie gauche, méninges épaisses et adhérentes. En ce point,

substance cérébrale déprimée et diminuée de consistance.

Abcès du volume d'une noix, situé à 5 centimètres de l'extré-

mité antérieure du lobe frontal, à 1 centimètre au-dessus de

la scissure de Sylvius, à 5 millimètres au-dessus de la couche

corticale, juste en dehors du corps strié auquel il touchait.

Les réflexions dont nous avons fait suivre les obser-

vations de Gintrac et de M. Dieulafoy s'appliquent

naturellement à celle de M. Boinet et à tout cas ana-

logue. L'aphasie a été absolue, permanente dans le

fait de M. Boinet, parce que les faisceaux capsulaires

extra-nucléaires ont été détruits. Le trouble paralytique,

qui s'est montré sur les muscles de la langue et des

membres du côté droit a été passager, parce que la

destruction n'a pas atteint les conducteurs nerveux

que ces muscles reçoivent ; ces conducteurs n'ont

éprouvé qu'une influence de voisinage.

En fait d'éléments actifs, seuls les faisceaux chargés

de transmettre la parole ont été interceptés, non par

la totalité de l'abcès, mais seulement par le pus qui

s'est formé à côté du noyau caudé.

Dans les faits de Gintrac et de M. Dieulafoy, l'écorce

de la troisième frontale est restée tout à fait étrangère

à la lésion. Dans celui de Boinet, les méninges étaient

épaissies et adhérentes au niveau de l'écorce, et l'écorce

elle-même était un peu déprimée et diminuée de con-

sistance. Cette dernière circonstance nous conduit à

nous demander ce qu'il a pu advenir dans les cas où,

au lieu d'être légère, l'altération de l'écorce de la

troisième frontale a été profonde, destructive.

A ce sujet une observation se présente naturellement

à l'esprit, celle de Broca. Cette observation fait époque ;

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 17

plus précis que ses prédécesseurs dans la recherche du

centre du langage articulé, Broca le plaça, par droit

de clinique et d'anatomo-pathologie, dans l'écorce du

pied de la troisième frontale gauche. Tous les localisa-

teurs se sont rangés à son avis. Sa doctrine est un vé-

ritable critérium. Ce n'est donc pas sans mûre réflexion

que nous venons faire résonner une note discordante

dans ce concert unanime. Une notion anatomique

nouvelle s'est montrée à nous. Nous sommes convaincu

qu'elle ne peut pas tromper.

L'appréciation que je vais donner de l'observation

de Broca exige que j'en expose au moins le résumé.

Observation IV (Broca).

Leiong. Apoplexie à quatre-vingt-trois ans, au mois

d'avril 1860, sans paralysie ni perte de l'intelligence, mais

avec aphasie et agraphie. Mort le 8 novembre 1861.

Autopsie. Cavité de 15 à 18 millimètres contenant de la

sérosité, située au tiers postérieur de la deuxième et delà troi-

sième circonvolution frontale, en rapport inférieurement avec

le lobule de l'insula, fermée en dehors par la pie-mère.

A l'union de l'extrémité antérieure du noyau ventriculaire du

corps strié avec la substance médullaire du lobe frontal, la con-

sistance du tissu médullaire était légèrement diminuée.

Entre ces deux lésions, épaisseur considérable du tissu sain.

Ce fait, constituant comme la pierre angulaire de

l'édifice des localisations, mérite d'être sérieusement

examiné dans les particularités saillantes qu'il présente

Notons qu'à l'époque où Broca communiqua cette

observation, l'attentiou des cérébrologistes était ab-

sorbée par l'étude des circonvolutions et de la subs-

tance grise, la substance médullaire était négligée;

c'était, avons-nous dit,unenlassed'élémeutsinextricable

Archives, t. VIII. ?

18 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

et passive. Une légère diminution de consistance dans

la substance médullaire, adjacente au noyau caudé, ne

pouvait pas avoir de signification, car, dit Broca, il

existait une épaisseur considérable de tissu sain entre

cette légère lésion et le grand foyer de destruction.

Ce dernier foyer était donc la cause des symptômes,

d'où l'affirmation, et, jusqu'à ce jour, la certitude que

l'écorce de la partie postérieure de la troisième fron-

tale gauche était le centre du langage articulé. Ce

n'est que plus tard que, conduite par le nombre et la

qualité des faits, l'école de M. Charcot, sans quitter le

point de mire fixé par Broca, dirigeant ses efforts vers

les phénomènes pathologiques qui pouvaient provenir

des lésions de la substance médullaire, a essayé d'en

déterminer la topographie [Recherches sur les lésions du

centre ovale, Pitres, 1877); mais je l'ai déjà dit, on a

continué à croire que toute difficulté était levée par la

présence des prétendues fibres rayonnantes de Reil.

Broca, convaincu de l'arrivée de ces fibres à la troi-

sième frontale, constate avec soin qu'il existait une

épaisseur considérable de tissu sain entre les deux

lésions, et se croit eu droit de n'accorder qu'unesimple

mention à la lésion légère.

On voudra bien nous permettre, sans manquer au

respect que nous portons tous à la mémoire de notre

illustre compatriote, de faire remarquer, que le mot

« considérable » ne saurait remplacer une mesure. En

effet, si nous millimétrous cette épaisseur dans sa

partie la plus étroite, c'est-à-dire, celle qui correspond

au niveau de l'insula, que trouvons-nous ? Cinq milli-

mètres. Par conséquent, pris à part, dégagé de la

lésion légère, l'ancien foyer hémorrhagique devait

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 19

produire au moins une aphasie passagère, ainsi que

nous l'avons constaté dans l'observation de Dieulafoy

et comme nous le constaterons de nouveau à propos

d'autres lésions du même genre. Cependant, au lieu

d'uneextemporanéité, c'estunepermanence qui acarac-

térisé l'aphasie du nommé Lelong. Ce caractère trouve

sa raison d'être, à notre avis, dans la lésion dite légère

signalée par Broca. Cette condition pathologique rap-

proche son observation de celle de Gintrac. Il est à re-

gretter que le tissu médullaire, atteint d'une diminution

dans sa consistance, n'ait pas été scruté à fond, n'ait

pas été soumis à l'examen microscopique. On y aurait

trouvé des modifications granuleuses qui auraient

levé toute espèce de doute; car pour que ces modi-

fications existent, il n'est même pas nécessaire que

les recherches macroscopiques constatent une dimi-

nution de consistance quelconque. Nous en donnons

pour preuve le fait suivant, qui appartient à M. Pitres.

Observation V (Pitres) (résumé) '.

Légal, soixante-six ans; le 22 novembre 1875, sensation d'en-

gourdissement dans les membres du côté droit, puis graduelle-

ment hémiplégie droite complète, embarras, perte de la parole.

Mort le 5 décembre.

Autopsie. Intégrité de la surface de la troisième circonvo-

lution frontale gauche.

Ramollissement central, diffus de la substance blanche du

lobe pariétal. Les bords mal limités se continuent sans ligne

de démarcation distincte avec le tissu cérébral voisin ; sa con-

sistance est molle, tremblotante, sans diffluence. Les parties

ramollies se dissocient assez difficilement sous un filet d'eau ;

1 Observation XXXVIII de la thèse de M. Pitres.

%-1 0 ANA.TOMIE PATHOLOGIQUE. ,

corps granuleux que l'on constate au microscope, jusque dans

la substance blanche du pied de la troisième circonvolution

frontale.

Ainsi, dans cette observation d'aphasie, recueillie par

M. Pitres, l'écorce était intacte dans toute son éten-

due sur la troisième circonvolution frontale, comme

ailleurs; d'autre part, l'auteur ne peut pas même cons-

tater par les moyens ordinaires une légère diminution de

consistance de la substance médullaire à côté du noyau

caudé, et néanmoins, le microscope lui fait découvrir

dans l'intimité de cette substance la cause matérielle

de la perte de la parole.

C'était en un mot par rapport à la troisième frontale

l'observation de Broca, moins le foyer hémorrhagique.

On est donc autorisé à conclure : que cet ancien foyer

hémorrhagiquedemêmeque le ramollissement du centre

ovale dans lefait de M. Pitres, n'avait fait que coïncider

avecl'aphasie et que celle-ci était véritablementla consé-

quence de la lésion légère située sur le bord externe

du noyau caudé.

Les cliniciens conviennent, d'ailleurs, que la nature

de la lésion qui produit l'aphasie est presque toujours

le ramollissement. Du fait de Broca, mais surtout de

celui de M. Pitres, découle un enseignement important

pour l'histoire de l'aphasie, à savoir : qu'il faut n'accep-

ter qu'avec réserve toute observation dans laquelle la

substance médullaire confinant au bord externe du

ventricule latéral n'aura pas été soumise à un examen

approfondi. (A suivre.)

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 21

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCUE I

Coupe horizontale à un centimètre au-dessous de la face supérieure

du corps calleux.

1, Irradiations extra-nucléaires de la portion frontale de la capsule

interne, confinant aux trente millimètres antérieurs du bord externe du

ventricule latéral.

2. Section transversale de ce faisceau.

3, Noyau caudé.

PLANCHE II

Coupe anléro-poslérieure ii deux centimètres en dehors

de la scissure médiane.

t. Irradiations extra-nucléaires de la portion frontale de la capsule

interne se recourbant vers le lobe orbitaire.

2, Faisceaux intra-nucléaires.

PLANCHE III

a, Fond de la deuxième scissure frontale.

F S, Ligne fornicato-sylvienne.

c, Noyau caudé.

il, Dentelures formées par l'extrémité interne des faisceaux de la cap

suie interne.

g, G; rus fornicatus ou circonvolution du corps calleux.

v, Bord externe du ventricule latéral.

s, Partie supérieure de la scissure.

i, Insula de Reil.

F, F3, F3, Les trois circonvolutions frontales.

PLANCHE IV

1, Irradiations extra-nucléaires de la portion frontale de la capsule

interne confinant au bord externe du ventricule latéral.

2, Coude supérieur de la capsule interne.

3, Fond de la. scissure précentrale.

4, Lentille.

22 CLINIQUE MENTALE.

5, Avant-mur.

F, S, Ligne fornicato-sylvienne.

C, c, c, c., Circonvolution du corps calleux.

planche V

C i, Capsule interne.

C op. Couche optique.

F S, Ligne fornicato-sylvienue.

Ne, Noyau caudé.

N 4, Noyau lenticulaire.

fi. 1, Racine inférieure de la couche optique.

S l, Septum lucidum.

C. c, a, Commissure cérébrale antérieure.

C m, 4, Centre moyen de Luys. 1

F. 1. i, Faisceau longitudinal inférieur.

0. g. n. o, Origine grise des nerfs optiques.

7'. c, Ti,igone cérébral.

V. m, Ventricule moyen.

CLINIQUE MENTALE

1NCURABILITÉ ET GUÉRISONS TARDIVES EN ALIÉNATION

MENTALE;

Par le D' E. AIARANDON DE MONTYEL,

Directeur-3fédecin en chef de l'asilc public d'alénés de Dijon.

Les divergences d'opinions qui se sont produites à

l'Académie de Médecine, entre M. Blanche et M. Luys,

à propos du divorce, ont mis à l'ordre du jour une

importante question clinique, celle de la valeur des

uérisons tardives et du pronostic de l'incurabilité en

DE L'ALIÉNATION MENTALE. 23

matière de folie. La discussion qui va s'ouvrir au

Sénat lui donne de nouveau une grande actualité. Je

désirerais émettre sur ce point quelques considérations

et apporter quelques faits. Pour trouver une solution

à ce débat, gros de conséquences sociales, il importe,

me semble-t-il, de considérer successivement : la pré-

disposition, le délire, l'état mental après guérison tar-

dive ; et de leur demander, à chacun, quels éléments

d'appréciation ils fournissent à l'aliéniste. Dans tout

ce que je dirai, je n'aurai en vue que les folies simples,

les seules qui soient réellement en cause.

En règle générale, il n'y a point folie sans prédis-

position vésanique. Cette maladie ne frappe ni à l'im-

proviste ni au hasard. Le plus souvent, elle tient, les

travaux de Morel l'ont brillamment établi, à une dé-

générescence de la race transmise par hérédité, et

quand elle apparaît dans une famille, indemne jus-

qu'alors de troubles nerveux, elle a été, à coup sûr,

préparée de longue main par une vie d'excès, de fati-

gues ou de misère. Les folies toxiques elles-mêmes ne

font pas exception à la loi; le poison travaille pour

ainsi dire le système nerveux, et le dispose aux mani-

festations délirantes à venir. Seules, certaines aliéna-

tions, suites de traumatismes, éclatent tout à coup dans

un organisme intact, et encore est-ce là matière i

controverse. Ces'considérations établissent qu'un

cerveau qui délire n'est pas un cerveau accidentelle-

ment malade, mais un cerveau profondément mo-

difié dans ses conditions de vie et de fonctionnement.

Il n'y a pas dès lors à s'étonner qu'à la cessation des

manifestations délirantes, il ne revienne pas toujours

à l'état absolument normal. La prédisposition, en effet,

- 2 se CLINIQUE MENTALE.

loin de s'épuiser en fomentant des désordres, en sort

souvent fortifiée et occassionnera d'autant plus facile-

ment d'autres troubles qu'elle en a déjà produit.

Cette triste vérité oblige l'aliéniste à ne jamais

. garantir l'avenir, mais a-t-il le droit de toujours l'in-

criminer ? Pour M. Luys, dans l'immense majorité des

cas, les maladies mentales, une fois déclarées, consti-

tuent dans leur évolution lente à travers l'organisme

un processus morbide à marche fatale vers la démence,

susceptible de laisser au support quelques moments de

répit, mais inexorable dans sa marche progressive.

Je me range entièrement à l'avis du médecin distingué

de la Salpêtrière. Oui, dans l'immense majorité des cas,

l'évolution des maladies mentales est fatale, surtout

quand l'hérédité est en jeu, car de même que la pré-

disposition les crée, et se fortifie, en les créant, de

même elle les entretient, les aggrave, et se fortifie en-

core en les entretenant et en les aggravant. Mais si

c'est là l'immense majorité, si petite soit-elle, il y a

une minorité et, dans l'état actuel de la science, je ne

connais aucun signe permettant de les distinguer l'une

de l'autre. La prédisposition à marche fatale ne tranche

pas par des symptômes particuliers sur celle qui, plus

bienveillante, oubliera sa victime après l'avoir une fois

frappée ou ne se souviendra d'elle que longtemps plus

tard, pour l'oublier encore. Comment, dès lors, dans la

grave question qui s'agite, quand le législateur réclame

un jugement quasi infaillible, étayer son opinion sur

la prédisposition ? Malgré son rôle immense, force est

donc de reconnaître insuffisant le concours prêté par

elle à la solution cherchée. Nous serons peut-être plus

heureux avec le délire.

DE L'ALIÉNATION MENTALE. 25

De toutes les formes vésaniques, seule la démence

est, par nature, incurable. Certainement, pour les au-

tres variétés, l'application, par exemple, des principes

cliniques si sages formulés par Guislain facilitera la

distinction des cas curables, et des cas incurables, mais

sans autoriser l'affirmation. La démence exclusivement

serait donc une cause valable de divorce; par malheur,

elle se présente à des degrés divers qui sont loin d'en-

traîner la même incapacité intellectuelle et morale.

M. Luys, si j'ai bien compris son premier discours à

l'Académie de Médecine, croit fatale dans tous les cas

l'évolution de la démence; une fois le réseau intellec-

tuel entamé, les éléments nerveux, associés à ceux

mortifiés, se mortifieraient à leur tour par une sorte de

contagion et entraîneraient, par le même procédé, la

mortification de leurs congénères, de telle sorte que le

mal irait en se propageant de proche en proche jusqu'à

l'atrophie du cerveau, si caractéristique chez les vieux

déments. Tout d'abord, au point de vue théorique, je

ne m'explique pas bien la nécessité de cette sorte de

contagion, et,je me l'explique d'autant moins que les ré-

centes et savantes recherches anatomiques de M. Duret,

admises par M. Luys dans son Traité des maladies men-

tales, établissent une remarquable indépendance de la

circulation des diverses zones de l'écorce. Ensuite la

doctrine de M. le D' Luys ne se trouve-t-elle pas en dé-

saccord avec la clinique ? Les choses sont loin de mar-

cher toujours commeil l'indique. La démence partielle et

stationnaire en effet est assez fréquente. Si le dément ne

recouvre j ama is ses facu I tés perdues, i n'est pas condamné

àêtredépouillédecellesqui survivent. Quin'a rencontré

dans les services publics de ces vieuxmalades, aliénés de-

26 CLINIQUE MENTALE.

puis vingt ou vingt-cinq ans et frappés de destructions

isolées de l'intellect qui ne progressent en rien ? Tels

ils étaient il y a dix ans, tels ils sont aujourd'hui. A

ces considérations s'en ajoute une autre plus sérieuse

encore : les facultés affectives résistent plus que les

facultés intellectuelles. Beaucoup d'anciens aliénés

ont encore très vif le sentiment de la famille; affaiblis

au point de vue intellectuel, ils sont en état d'éprouver

toutes les émotions du coeur. Si chez eux les manifes-

tations délirantes s'éteignent; alors, en même temps que

la démence reste partielle et stationnaire, ils peuvent

retourner au milieu des leurs qu'ils aiment toujours, et

qu'ils aideront dans la mesure de leurs forces : pour de

tels déments, le divorce ne serait-il pas injuste et

cruel ? Avec la doctrine que semble professer M. Luys,

le diagnostic démence, justifierait le divorce, avec celle

que je crois plus conforme à la clinique, il serait in-

dispensable d'en diagnostiquer aussi l'étendue et d'en

pronostiquer l'évolution. Eh bien ! dans l'état actuel

de la science, je crois tous ces jugements impossibles

à porter d'une manière précise et à l'abri de toute

erreur.

Pour émettre une telle appréciation, je me fonde sur

l'identité absolue des symptômes psychiques dans la

démenceet l'obtusion intellectuelle, celle-ci aussi cura-

ble que celle-là l'est peu. M. Foville a écrit : « On ren-

contre quelquefois des malades dont les facultés intel-

lectuelles deviennent incohérentes; les actes et les

propos sont décousus; la mémoire paraît absente; l'at-

tention ne peut être fixée; la réflexion ne s'exerce plus,

et cependant, ces phénomènes ne se rattachent pas à

un accès de manie. Tout semble indiquer une destruc-

DE L'ALIÉNATION MENTALE. 27

tion réelle des facultés; on se croirait en présence

d'une véritable démence, destinée à durer autant que

le malade, et cependant, ce pronostic fâcheux ne se

réalise pas ». Ces fausses démences compliquent le

diagnostic et eu rendent la certitude impossible, car

comment les distinguer ? En suivant attentivement les

malades, dit M. Foville, pas toujours, ajouterai-je,

car parfois elles durent longtemps, aussi longtemps

que le délire lui-même. En effet, elles relèvent souvent

d'une absorption de l'esprit par les troubles sensoriels

et les conceptions délirantes. Les malades, tout entiers

à leurs hallucinations et leurs idées maladives, tom-

bent dans l'état si bien décrit en quelques lignes par

le savant aliéniste; et quand, après des années, les hal-

lucinations s'apaisent, les conceptions délirantes faiblis-

sent, on est surpris de voir surgir des facultés pronos-

tiquées à jamais détruites. Si, dans ces cas, la folie

offre des rémissions, la marche éclairera, je le recon-

nais ; la mémoire, l'attention luiront et s'éclipseront

alternativement, mais si la maladie est à évolution con-

tinue, je ne connais aucun signe différentiel autorisant

le diagnostic. En présence donc d'un aliéné, offrant,

même depuis plusieurs années, les symptômes appa-

rents de la démence, je crois qu'eu l'état actuel de la

science, il n'est pas permis de certifier d'une manière

absolue l'existence d'une vraie démence et non celle

d'une fausse démence liée à l'obtusion intellectuelle.

Certes, presque toujours un clinicien habile, doué de

ce je ne sais quoi, appelé le tact médical, ne se trom-

pera pas; mais le tact médical, d'une utilité grande

dans la pratique ordinaire, ne saurait être érigé en

principe, quand il s'agit d'une loi comme le divorce.

28 CLINIQUE MENTALE.

Seuls, les signes perçus par raisonnement font les

diagnostics différentiels.

Que dire maintenant du diagnostic de l'étendue des

pertes subies par l'intellect et du pronostic de l'évolu-

tion de la démence, quand la question de la démence

elle-mêmemeparaîtinsoluble2 Evidemmentrien. Ainsi

pas plus le délire que la prédisposition ne fournissent

des éléments certains, à l'abri de toute erreur. Se trou-

veraient-ils dans la durée de la maladie, c'est le der-

nier point qui me reste à résoudre par l'étude de

l'état mental après guérison tardive.

La réalité des guérisons tardives s'impose. Parmi

mes observations, figure un malade, sorti après huit

ans de séjour à l'asile, dont la guérison se maintient

depuis vingt ans, et un autre, sorti après douze ans

d'asile, dont la guérison se maintient depuis cinq

ans. M. Rousseau, porté à déclarer les aliénés incura-

bles après sept ans de maladie, avoue lui-même que

cette règle n'est pas absolue et qu'il se produit, dans la

folie, des guérisons tardives, tout comme dans les au-

tres maladies chroniques.

Y aurait-t-il une durée après laquelle la guérison se-

rait de toute impossibilité ? Le cas, auquel je viens de

faire allusion, prouve qu'il faudrait compter plus de

douze ans. Dans son premier discours, M. Luys avait

fixé, pour Paris, quatre ans aux hommes et cinq aux

femmes; mais, dans une note rectificative annexée au

travail de M. Rousseau, il a spécifié quatre ans et cinq

ans révolus, non de maladie, comme tous avaient com-

pris, mais de démence confirmée, et il a enlevé par là

toute valeur absolue à ses assertions.

M. Luys croit les guérisons tardives plus apparentes

DE L'ALIÉNATION MENTALE. 29

que réelles; il ne paraît pas reconnaître à l'intellect

le pouvoir de recouvrer toute son intégrité après dix,

douze et quinze ans de délire. Ici une distinction s'im-

pose. Certes, il n'est guère admissible qu'un cerveau,

ravagé durant tant d'années par la folie, ait supporté

sans faiblir ces assauts violents et prolongés. Débar-

rassé de son mal, l'ex-aliéné n'aura plus la même vi-

gueur de l'intelligence, la même fraîcheur de senti-

ments qu'autrefois; mais s'il n'est pas scientifiquement

guéri, ne l'est-il pas socialement ? Doit-on considérer

comme malade un homme capable de remplir tous ses

devoirs vis-à-vis de lui-même, des autres et de la

société; d'entourer sa famille de l'affection et des soins

auxquels elle a droit, de tenir honorablement sa place

dans le monde ? Il en est de ces ressuscités de la folie,

ainsi que les appelle M. Luys, comme de ces typhiques

sauvés de la mort, mais chez lesquels il est resté un

léger affaiblissement intellectuel appréciable pour

ceux qui, les ayant connus avant leur maladie, sont à

même de les comparer à eux-mêmes. Si la démence

avait une marche toujours fatale, si les premières

altérations produites, si légères fussent-elles, avaient

pour conséquence d'en engendrer d'autres qui, à leur

tour, joueraient le rôle de causes destructives, sans

doute, chez ces malades, la guérison serait un leurre,

puisque le mal serait condamné à progresser chaque

jour. Mais j'ai déjà protesté contre cette doctrine. J'ai

dit que la démence à tous ces degrés restait parfois

stationnaire à jamais. Dans ces conditions, l'aliéné,

guéri après dix, douzeet quinze ans de folie l'est bien,

alors même qu'il n'aurait plus ni la même vigueur de

l'intelligence, ni la même fraîcheur de sentiments.

30 CLINIQUE MENTALE.

J'ai passé en revue la prédisposition, le délire, l'état

mental après guérison tardive et, nulle part, je n'ai

trouvé le critérium que je cherchais. Ce résultat, si

j'étais avec M. Luys pour le divorce, me condamnerait,

jusqu'à preuve contraire, à dire avec M. Blanche que,

dans l'état actuel de la science, il serait imprudent

d'affirmer l'incurabilité, vu que le jugement ici doit

être infaillible, puisque le divorce n'est pas révocable

comme l'interdiction. Qu'on fournisse des signes cli-

niques certains et on trouvera sans doute des partisans

convaincus du divorce en matière de folie ; mais tant

que la question d'incurabilité restera ce qu'elle est,

entourée d'incertitudes, ceux mêmes qui partagent les

idées de M. Luys devront en combattre l'application,

car ils assumeraient la responsabilité d'exposer

leurs malades à se trouver un jour des étrangers dans

leurs propres familles.

Eu compulsant les registres de l'établissement, j'ai

trouvé huit cas de guérisons tardives : cinq femmes et

trois hommes. Le sexe féminin l'emporterait donc;

mais sur les neuf observations rapportées par M. Gi-

raud, il y a cinq hommes, chiffres qui se retrouvent

dans le travail de M. Rousseau.

De mes huit observations, je n'en rapporterai que

quatre; je n'ai pu obtenir pour les quatre autres des

renseignements précis sur leur état mental après la

sortie. Ces malades, il est vrai, n'ont pas été réintégrés

dans l'asile, mais c'est là, à mon avis, une preuve de

nulle valeur.

DE L'ALIÉNATION MENTALE. 31

Observation I. Neuf ans de séjour à l'asile. Guérison

se maintenant depuis vingt ans.

Jean-Baptiste Brug..., vingt-six ans, propriétaire, instruction

secondaire. Entré à l'asile de Dijon en janvier 1855, il s'évada

de l'établissement quelques mois après, et rentra chez lui. Sans

être guéri, il parut à ce point amélioré que sa famille le laissa

jouir de sa liberté et de ses biens; mais ses actes ne tar-

dèrent pas à être si nuisibles à ses intérêts qu'on dut solliciter

la nomination d'un conseil judiciaire. M. Brug...fut assigné, le

13 janvier 1856, à comparaître devant le tribunal. Dans la nuit

du t3 au 14, il se rendit armé à la porte de son frère, et, sur

son refus d'ouvrir, tira sur la maison deux coups de fusil à

balle. L'autorité judiciaire le fit séquestrer d'office. L'interdic-

tion fut prononcée.

A son arrivée dans l'établissement, le 24 janvier, Brug...

était en proie à une vive agitation; et le diagnostic « manie »

fut porté. Le certificat de quinzaine constate qu'il est plus calme

et plus docile, mais qu'il a toujours une grande confusion

dans ses idées. Les renseignements font défaut jusqu'au 25 juil-

let 186 : 2. A cette date, nous trouvons le certificat suivant :

« Manie, reconnaissant pour cause des excès alcooliques. Ce

malade a des périodes de calme assez longs. Dans ces circons-

tances, il se montre sombre, taciturne, incohérent dans ses

actes, tandis que le délire se concentre à l'intérieur. Il possède

toujours la même passion pour les liqueurs alcooliques, et, par

conséquent, il est incapable de vivre au dehors. » Ce certificat

permet d'apprécier exactement l'état mental de Brug... sept ans

et demi après l'admission de janvier 1855; outre une tendance

marquée aux alcools, il passait par des alternatives d'excitation

et de longue dépression, avec incohérence des actes. La maladie

évoluait donc selon le type continu avec formes alternes.

Nouvelle lacune dans les renseignements jusqu'à la date du

9 avril 1863. M. Brug... écrivit au juge de paix de son canton,

d'où le certificat suivant : « Ce malade est loin d'être dans un

état aussi satisfaisant qu'il le prétend. Deux faits saillants sont

là pour le démontrer. D'abord Brug... a conservé toutes ses

conceptions délirantes au sujet de tous les faits antérieurs à son

entrée dans l'asile ; d'un autre côté, il lui survient périodique-

ment des accès, pendant lesquels les actes incohérents révèlent

la recrudescence du délire. Brug..., enfin, incapable desecon-

3 J CLINIQUE MENTALE.

duire au dehors, n'entend, en cas de sortie, se soumettre à la

tutelle de personne ». Je vois dans cette réclamation de l'aliéné

le signe d'une amélioration qui commence. En effet, enfermé

depuis huit ans et trois mois, Brug... demandait pour la pre-

mière fois sa sortie à l'autorité judiciaire ; il comprenait donc

alors le rôle protecteur de la justice. Aussi le mois de juin fut

bon,lemalade ne manifesta que des passions et des impulsions

haineuses. Au 17 juillet, il est calme, son caractèreest beaucoup

plus égal. Il est devenu laborieux, complaisant, et se soumet

avec résignation à la discipline commune. En août, l'améliora-

tion est telle qu'il va en permission passer quelques jours dans

sa famille. A l'expiration de son congé, le 38, il revient, après

s'être conduit chez lui d'une manière exemplaire.

Dans les premiers jours d'octobre, le certificat suivant est

adressé à la préfecture : « M. Brug... est depuis plusieurs mois,

revenu à son état normal. Il est très calme, son caractère est

très doux et très facile. Il est très laborieux et travaille toute la

journée à divers travaux, surtout au jardinage. Dans l'asile, il

jouit de la liberté la plus grande et n'en a jamais abusé; jamais

je n'ai été obligé de lui adresser la moindre réprimande. » Le

30 octobre 1863, Brug... sortit guéri.

Je suis en relations à Dijon avec des membres de la famille

Brug... ; j'ai pu obtenir ainsi sur cet ancien malade des rensei-

gnements précis. Depuis vingt ans, la guérison se maintient.

A son retour dans son pays, Brug... a fait lever l'interdic-

tion qui pesaitsur lui ; il s'est marié, a toujours été bon époux

et excellent père de famille. Il prospère dans ses affaires.

Observation II. -Douze ans de séjour à l'asile. Guérison

se maintenant depuis quatre ans.

Sébastien Mat..., quarante ans, célibataire, tonnelier, entré

le le, septembre 1867. La maladie remontait àtroismois.Habi-

tuellement gai et loquace, en juillet, Mat... devint taciturne et

ne parla plus à personne. Il a eu des idées de suicide. Le 31 juil-

let, après s'être frappé dans la région du coeur, avec un couteau

heureusement trop court et peu solide, il s'est jeté par une fe-

nêtre d'une hauteur de cinq mètres et en a été quitte pour de

fortes contusions à la hanche et à la jambe droites. Il a des

idées de persécutions, craint les gendarmes et la police. La fa-

mille assure qu'il n'y a pas d'antécédents héréditaires.

DE L'ALIÉNATION MENTALE. 33

A l'entrée, ce malade refuse de répondre ; il cherche par

tous les moyens à se dépouiller de ses effets. Sa physionomie

est hébétée, et il refuse toute alimentation.

Quinze jours après, une légère amélioration s'est produite.

Il donne avec assez de précision des renseignements, dit qu'il

lui était absolument impossible de manger il y a quelques

jours, qu'il est bien malheureux et bien chagriné, sans en

fournir les motifs. Il mange bien, ne gâte plus et ne témoigne

aucun désir de s'en aller. Au 2 novembre, nouvelle amélioration

notable qui se maintient jusqu'au 1er mai 1868. La maladie évo-

lua ensuite avec des alternatives de rémissions et d'exacerbations

et, en octobre 1872, le diagnostic démence fut porté. Les prin-

cipales notes relatées au registre indiquent une aggravation

apparente de l'affaiblissement intellectuel pendantl'année 18 i 3.

En effet, le malade parle seul, ne répond pas aux questions;

on ne peut fixer son attention, il manque d'initiative. Le 12 oc-

tobre 1874, une amélioration se dessine. Ces fausses appa-

rences de démence se dissipent, Mat... devient sociable, ré-

pond aux questions qu'on lui adresse, s'intéresse à ce qui se

passe autour de lui. En janvier 1875, l'amélioration s'était de

plus en plus accentuée ; enfin, en juillet, l'état mental est tel

qu'il est question de tenter une sortie. Mais au 21 août, .Mat...

était redevenu susceptible, méfiant ; le 20 octobre, ne travail-

lant plus régulièrement, il se contrariait à la moindre observa-

tion. Ses idées lypémaniaques revinrent et le malade sembla de

nouveau en démence, durant les années 1876-1877. A partir de

septembre 1878, une amélioration analogue à celle d'octobre

1874 se dessina, s'accentua lentement, et en septembre 1879,

cet aliéné pouvait être considéré comme guéri. Il ne fut rendu

à la liberté qu'en février 1880.

La guérison s'est maintenue jusqu'à ce jour. Mat... vit très

régulièrement et travaille de son métier de tonnelier. Comme

il demeure à proximité de Dijon et qu'il vient à l'asile, on a

souvent l'occasion de le voir et de constater son état mental.

Observation III. Sept ans et demi de séjour à l'asile.

Guérison se maintenant depuis trois ans.

Françoise Dup..., quarante-trois ans, veuve, domestique,

entrée le 19 août 1873. La maladie date de deux mois et demi.

Dup... est atteinte de manie aiguë que la famille attribueàdes

Archives, t. VIII. 3

34 liez CLINIQUE MENTALE.

chagrins domestiques. L'agitation surviendrait tous les deux

ou trois jours et dans l'intervalle, il existerait une légère dé-

pression. A son entrée, au milieu de son verbiage, apparaissent

des idées de persécutions. On a cherché à l'empoisonner, ses

voisins lui en veulent. Elle se dit poursuivie par le diable avec

qui elle est en lutte continuelle. Les penchants érotiques sont

très développés. La malade est ordurière dans ses propos, obs-

cène dans ses gestes. Elle a des hallucinations et des illusions

variées de tous les sens. Elle prend diverses malades de sa divi-

sion pour ses enfants.

Quinze jours après, l'agitation était continue et aussi vio-

lente qu'à l'entrée. A certains moments, Dup... poussait des

cris perçants. Elle mangeait peu, maigrissait et paraissait très

affaiblie.

Jusqu'au milieu de l'année 1878, c'est-à-dire pendant cinq

ans, cette malade resta en proie à une agitation presque conti-

nue, avec des impulsions violentes. Le plus souvent, on était

contraint de la maintenir en cellule.

Durant l'été de 1878, Dup... se calma, et on put l'occuper à

divers travaux d'aiguille ; mais elle conserva toujours des idées

de persécution et était à ce point irritable qu'elle s'excitait dès

qu'on lui adressait la parole.

Dans les premiers jours de 1879, le calme augmentait, toute-

fois les hallucinations persistant, la malade systématisait un dé-

lire de persécutions, dans lequel le diable et les prêtres qu'elle ab-

horrait jouaient un grand rôle. L'année s'écoula ainsi, Dup...,

laborieuse, mais enracinée dans ses idées depersécutions, mé-

fiante, toujours disposée à croire qu'on se moque d'elle et qu'on

cherche à lui faire du mal. Un symptôme alarmant d'affaiblis-

sement intellectuel se montrait : la malade ne pouvait soutenir

une conversation quelques instants sans devenir incohérente.

Et il en fut de même jusqu'en automne 1880. A ce moment

les hallucinations disparurent peu à peu, la malade abandonna

ses idées de persécution et recouvra la raison. Elle sortit guérie

en janvier 1881.

En quittant l'établissement, cette femme s'est placée comme

gouvernante chez le notaire de sa commune qui m'a fait savoir

ces jours derniers que, depuis trois ans , non seulement

M-0 Dup... n'avait pas rechuté, mais qu'elle possédait toutes

les qualités qui font une gouvernante modèle.

DE L'ALIÉNATION MENTALE. 35

Observation IV. Sept ans de séjour à [asile. Guérison

se maintenant jusqu'à la mort arrivée deux ans api es.

Charles Cla..., trente et un ans, poêlier, célibataire, entré

le 19 janvier 1874. Deux causes sont à invoquer, l'hérédité et

l'onanisme. A son entrée, le malade est atteint de lypémanie

avec tendances vers la stupeur, caractérisée par un abattement

général, une indifférence et un profond dégoût de la vie et des

hallucinations des sens. Il dit avoir vu le diable. Désordonné

dans ses actes, Cla... se livre en outre avec frénésie à la mas-

turbation. L'intelligence parait très affaiblie. Le sens moral

nul, Cla... se touche en public avec un cynisme révoltant.

Les conceptions intellectuelles sont lentes à se produire; le ma-

lade est incapable de tout travail d'esprit. La santé physique

est altérée.

Au bout de quinze jours, une légère amélioration s'était pro-

duite. Cla... était devenu moins affaibli, moins dégoûté de la

vie, s'intéressant légèrement à ce qui l'entourait. Il s'occupait

un peu aux terrassements. La santé physique s'était améliorée.

Jusqu'en automne, le malade resta dans cet état. Il parut alors

plus éveillé, plus causeur; mais il laissa percer des idées de per-

sécutions bien arrêtées et fit des tentatives de suicide qui né-

cessitèrent une surveillance continue.

Pendant l'année 1875, il passa par des alternatives de dépres-

sion et de surexcitation, durant lesquelles il invectivait les

prêtres, les accusant d'ourdir contre lui des machinations.

En 1876, de janvier à novembre, des symptômes de démence

semblèrent apparaître ; Cla... devint incohérent dans ses dis-

cours ; émettait des idées bizarres, excentriques, prétendait

faire venir le diable en se masturbant, marmottait seul, entre

les dents, des paroles sans suite, était incapable de tout tra-

vail suivi. En novembre, un changement remarquable se

produisit ; tout en conservant ses conceptions délirantes de

persécution et en proférant les mêmes accusations contre le

clergé, le malade revint à la vie intellectuelle, il travailla ré-

gulièrement et ne présenta plus que des lésions isolées de

l'intellect.

Ce dernier état se maintint jusqu'en janvier 1878, où, durant

un mois, tous les symptômes de démence, précédemment dé-

crits, apparurent de nouveau pour faire place, en février, aune

36 CLINIQUE MENTALE. DE L'ALIÉNATION MENTALE.

amélioration qui progressa à ce point qu'en septembre, le cer-

tificat suivant était rédigé : «Cla... présente dans son état

mental une sérieuse amélioration qui se soutient depuis près

d'un an. Il est calme, docile, facile à conduire et travaille très

régulièrement. S'il reste encore un peu de loquacité et des

manières un peu bizarres, ce sont là des défauts qui paraissent

se rattacher au caractère même du malade et ne constituent

aucunement la folie. Avec une direction bienveillante et

éclairée, ce malade pourrait vivre au dehors et gagner sa

vie. »

Cette amélioration si sérieuse ne persista pas; en novembre,

le malade, tout en restant actif et intelligent, retomba dans

ses idées religieuses, ses accusations contre les prêtres et se

mit à marcher sur un pied sous prétexte d'expier ses péchés.

La situation s'aggrava de nouveau ; pour la troisième fois, des

symptômes de démence apparurent. A ceux précédemment

décrits s'en ajouta même un autre plus grave : Çla... ramassa

des chiffons et s'en affubla comme amulettes pour se préserver

du mauvais sort. Telle était la situation, quand une affection

intercurrente vint, en août 1879, la changer complètement.

Cla... n'avait pas renoncé à ses habitudes d'onanisme, sa santé

physique s'en ressentit et il eut, le 10 août 1879, une pleurésie

tuberculeuse qui le tint longtemps au lit et qui faillit l'empor-

ter. Il se releva de cette maladie phthisique, mais guéri menta-

lement ou à peu près. L'amélioration psychique s'affermit et,

en avril 1880, il sortit guéri de l'établissement.

Ce malade a vécu à Dijon qu'il habitait avant son entrée à

l'asile. La guérison s'est maintenue tandis que la phthisie pro-

gressait, et l'infortuné Cla... est mort à l'hospice deux ans

après sa sortie, jouissant de toute sa raison et succombant au

marasme tuberculeux.

PATHOLOGIE NERVEUSE

ÉCLAMPSIE ET ÉPILEPSIE;

Par Ca. FÉRÉ.

Les anciens auteurs admettaient que l'éclampsie,

soit infantile soit puerpérale, était une névrose ana-

logue à l'épilepsie ouà l'hystérie; mais depuis qu'on a

reconnu la fréquence de l'albuminurie chez les scarla-

tineux, chez les femmes en couches offrant des con-

vulsions éclamptiques, le cours des idées a changé. En

présence d'un cas d'éclampsie, on ne se demande pas

si le sujet est un névropathe prédisposé aux réactions

cérébro-spinales, on explique tout par une soi-disant

action spécifique du sang altéré (urémie, ammoniémie,

urinémie, etc.) sur le système nerveux central. Pourtant

les formes ci iniques si diverses de l'urémie dans les affec-

tions rénales devraient faire soupçonner que si tous les

sujets ne réagissent pas de la même manière sous l'in-

fluence de la même altération du sang, ce ne peut être

qu'en raison de prédispositions organiques spéciales.

Le but que nous nous proposons est de mettre en évi-

dence la prédisposition névropathique des sujets qui

sont atteints d'attaques éclamptiques et de montrer les

liens peu connus qui unissent l'éclampsie et l'épilepsie.

I. Pour ce qui est de l'éclampsie infantile, des

convulsions des jeunes enfants, on n'hésite guère à en

38 PATHOLOGIE NERVEUSE.

rattacher l'origine à un état nerveux natif : les con-

vulsions sont fréquentes chez les enfants issus de névro-

pathes, de mères ayant eu des attaques d'éclamp-

sie' ; on les voit souvent chez les enfants d'une même

famille; il n'est pas rare que les sujets qui en ont été

atteints offrent d'autres troubles nerveux ou qu'ils

produisent dans leur descendance des affections céré-

bro-spinales.

' L'hérédité directe des convulsions de l'enfance a été

observée par nombre d'auteurs, notamment par Tissot,

Brachet, Bouchut, de loiit-ol fier 2, etc.; et fort souvent,

elles sont le prélude de l'épilepsie confirmée. C'est

là un point que personne ne peut contester, et qui est

mis en évidence, en particulier, par les observations si

détaillées publiées par M. Bourneville et ses élèves'.

II. Quand il s'agit de l'éclampsie des adolescents

ou des adultes, de l'éclampsie scarlatineuse, ou de

l'éclampsie puerpérale en particulier, la situation est

moins nette. Dans le courant de notre étude, nous

avons été frappé de voir que les auteurs qui se sont

occupé des causes de l'éclampsie ont omis de se poser

les trois questions suivantes : 1° Quels sont les antécé-

dents héréditaires et personnels ? 20 Quel estle sort des

éclamptiques ? 3° Quel est de sort de leur descendance ?

Nous pensons que les réponses à ces questions seront

de nature à jeter un peu de lumière sur la pathogénie

1 Duclos. Études cliniques sur les convulsions de l'enfance. Thèse,

1847. Trousseau. Clin.méd. de l'Hôtel-Dieu. 4- édit., 1873, t. 11, p.l71.

2 De Montgolfier. Contribution à l'étude des convulsions de l'enfance

considérées spécialement au point de vue de l'hérédité. Thèse de Lyoii, 1883.

à Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'i-

diotie. (Comptes rendus de Bicêtre et de la Salpètrière 1876, 1880,1881,

1882, 1883.

ÉOLAMPSIE ET ÉPILEPSIE. 39

de l'éclampsie; aussi nous sommes-nous efforcé de les

trouver soit dans les auteurs qui ont traité des maladies

nerveuses, soit dans nos observations personnelles.

III. Nous nous occuperons d'abord de l'éclampsie

scarlatineuse.

Observation I. Scarlatine; albuminurie ; éclampsie ;

épilepsie.

Pict..., dix-neuf ans, vient à la consultation de la Salpê-

trière, le 22 octobre 1881 ; pas d'antécédents nerveux hérédi-

taires avoués. N'a jamais été malade, et n'a jamais eu d'accidents

convulsifs avant l'âge de neuf ans.

A neuf ans, il a la scarlatine. Il eut à la suite de l'albuminu-

rie et de l'anasarque qui ont duré trois mois ; et, pendant ces

trois mois, se sont produites des attaques dites éclamptiques.

Depuis, l'albuminurie a disparu, mais les attaques ont continué.

Les attaquesont été scrupuleusement inscrites, elles sont assez

régulières dans leur apparition; elles viennent à peu près toutes

les trois semaines, et se reproduisent pendant trois ou quatre

jours. Il a deux sortes d'accidents épileptiques :

1° Vertiges sans perte de connaissance et que le malade

compare à une sensation d'isolement. Il voit encore lalumière.

mais ne distingue rien pendant les quelques secondes que du-

rent ces vertiges. Il n'urine pas, ne se mord pas la langue.

2° Grandes attaques convulsives qui viennent plus souvent

le jour, maisaussi quelquefois la nuit. Ces attaques sont pro-

voquées par les émotions, les chagrins, les fatigues corporelles,

les voyages en chemin de fer. Ces attaques offrent les grands

caractères de l'épilepsie : cri, pâleur de la face, morsure de la

langue, convulsions toniques et cloniques, sommeil prolongé.

Les vertiges sont précédés d'une sensation vague, qui pré-

vient le malade. Les grands accès sont précédés de grands

maux de tète, surtout autour de l'oeil gauche, qui serait injecté

pendant l'attaque.

Pas d'asymétrie faciale, pas d'atrophie des membres, ni

aucune déformation, ni asymétrie apparente. Point hyperes-

thésique sur le pariétal gauche; réflexes rotuliens égaux des

40 pathologie NERVEUSE.

deux côtés. Rien dans les urines. (Elixir d'Yvon trois, quatre,

cinq, six cuillères par jour, en augmentant d'une cuillerée par

quinzaine.)

19 novembre. A eu une crise le 23 octobre. (Ses crises se

sont du reste reproduites sans modification appréciable, jusqu'au

dernier jour où il s'est présenté.) .

Dans ce fait, nous ne trouvons point d'hérédité

nerveuse. Il montre toutefois nettement l'origine de

l'épilepsie qui succède à des attaques dites éclampti-

ques, développées dans le cours d'une albuminurie

consécutive à la scarlatine. Cette succession de phé-

nomènes, si analogues par leur forme, permet de

soupçonner l'identité de leur uature.

Plusieurs auteurs ont d'ailleurs signalé la possibilité

du développement de l'épilepsie à la suite de la scarla-

tine (Sieveking1, Echeverria2, etc.). Gowers, fait re-

marquer que la scarlatine est la maladie aiguë à la

suite de laquelle on voit le plus souvent se dévelop-

per l'épilepsie; mais il ne voit aucune relation néces-

saire entre l'apparition de la névrose et l'hydropisie;

aussi cherche-t-il à attribuer an poison de la scarlatine

une action spéciale sur le système nerveux. Pour nous,

l'albuminurie et la scarlatine n'ont d'action efficace

que lorsqu'elles se manifestent sur un sujet prédisposé

à la névropathie.

Du reste, comme le montre encore Gowers, l'épilep-

sie peut se développer à la suite de toutes les fièvres

éruptives et indépendamment de l'albuminurie; et on

1 Sieveking. On Epilepsy and epileptiform seizures, 2- édit., London,

1861, p. 120.

« Echeverria. On Epilepsy. New-York, 1870, p. 152.

' Gowers. - Epilepsy and other convulsive chronic diseases. London,

188t, p. 19.

ÉCLArfI'SIE ET ÉPILEPSIE. 41

peut dire que là comme ailleurs, l'agent infectieux ne

fait qu'exciter la prédisposition. Il en est de même

pour l'éclampsie; nous pourrons citer à ce propos le

résumé d'une observation qui nous est communiquée

par notre ami, le D' Alb. Mayor (de Genève).

Observation Il ? Hérédité névrop(ithique, antécédents con-

vulsifs, rougeole, éclampsie.

Marie R..., onze ans. Grand'mère paternelle excitée. Mère

nerveuse, fugues érotiques ayant motivé le divorce. Père faible

d'esprit, est devenu au bout d'un an l'amant de sa ci-devant

femme.

M. R... aeu des engorgements scrofuleux du cou (trois frères

et soeurs plus jeunes sont aussi scrofuleux, sans accidents ner-

veux officiels); à l'âge de huit ans, elle a eu pendant six mois

des crises hystériformes très violentes. Rougeole;-somno-

lences, crises éclamptiques répétées pendant deux heures et

demie, rien dans l'urine; mort.

IV. L'influence de la prédisposition sur l'efficacité

pathogénique de la scarlatine et peut-être de l'albu-

minurie qui s'y rattache est mise en évidence par le

fait suivant, où on voit apparaître consécutivement

l'action de la grossesse.

Observation III. Hérédité névropathique. Scarlatine,

attaque convulsive. Vertiges. Grossesse; attaques épi-

leptiforines.

M°° M. de L..., vingt-quatre ans. (Consultation de M. Char-

cot.)

Antécédents héréditaires : Mère atteinte d'eczéma. Un oncle

maternel ayant vu, à l'âge de dix-sept ans, un individu pendu

dans un bois, eut une grande frayeur, à la suite de laquelle il

eut des attaques nerveuses, et il mourut quelque temps après

d'une affection cérébrale. Un cousin germain de la ligne

42 -') PATHOLOGIE NERVEUSE.

maternelle estné chétif, presque idiot et est sujet aux attaques

d'épilepsie. Un grand-oncle paternel, ayant cru étouffer

dans un accident de voiture, eut pendant trois ans des crises

nerveuses, dont il guérit, et aucun de ses enfants n'éprouve de

troubles nerveux. --

La malade a eu la scarlatine vers l'àgede neuf ans. Pendant

sa convalescence, elle eut une crise convulsive (on ne sait pas

si elle a été enflée, ni si elle eut alors de l'albumine dans

l'urine). Jusqu'à dix-huit ans, époque à laquelle, la menstrua-

tion s'établit, elle n'offrit aucun accident nerveux. A partir de

ce moment jusqu'à vingt et un ans, elle fut sujette à de violents

maux de tête, s'accompagnant de saignements de nez. Vers

vingtetun ans, elle eutune faiblesseàl'école de natation; l'année

suivante, elle en eut une autre avec quelqueslégers mouvements

nerveux ( ? ). Vers l'époque de son mariage, à vingt-quatre ans,

elle éprouvait presque tous les mois des troubles nerveux

légers, caractérisés par du clignotement, des mouvements in-

conscients de la tête, des bras et des pouces. Constipation,

pertes blanches, irrégularité des menstrues.

Elle se maria le 21 mai 1881 et devint immédiatement en-

ceinte. Une quinzaine de jours après, elle eut une première

attaque épileptique, et elle en eut deux autres le mois suivant.

Elle accoucha prématurément, à huit mois, d'un enfant bien

portant. Deux mois après crise épileptique; autre crise deux

mois plus tard.

18 octobre 188 ? . - hausse couche de deux mois; le cin-

quième jour, trois attaques d'épilepsie dans l'espace de quinze

heures.

17 novembre 1882. Depuis la dernière crise, elle a assez

souvent des vertiges soit le matin en se levant, soit à propos

de changements de température. La mémoire semble s'affaiblir.

D'après la description du mari, les crises sont très carac-

téristiques : cri initial, pâleur de la face, rotation de la tête à

droite, convulsionstoniquesetcloniques, miction involontaire

inconsciente; sommeil profond, suivi de violents maux de

tête. Ce qu'il appelle vertige répond plutôt à des accès in-

complets. Ils seraient précédés d'idées noires, d'une sorte de

sensations d'étouffement ; puis la malade perd connaissance,

laisse tomber ce qu'elle tient à la main, et enfin s'assoupit pour

quelques minutes.

ÉCLAMPSIE ET ÉPILEPSIE. 43

Dans ce fait, la première attaque convulsive a bien

apparu dans la convalescence de la scarlatine, et a

semblé se développer en conséquence de la fièvre érup-

tive ; mais le sujet était prédisposé à la névrose par une

hérédité névropathique des plus nettes. A la suite de

l'établissement de la menstruation se manifestèrent des

accidents vertigineux; à propos d'une grossesse, les

attaques prennent un caractère nettement épileptique.

Toute action physiologique ou pathologique devient

cause excitante des manifestations épileptiformes.

V. Considérons maintenant l'influence isolée de la

grossesse et de l'accouchement sur le développement

de l'éclampsie et de l'épilepsie.

Rappelons d'abord qu'un certain nombre d'auteurs,

et en particulier Vogel et Jacquemier, etc., ont consi-

déré l'éclampsie comme une épilepsie aiguë; mais il

faut remarquer qu'ils se plaçaient seulement au point

de vue des manifestations symptomatiques et non au

point de vue de la nature de l'affection. Jacquemier dit :

« Il est douteux que les femmes qui sont tourmentées

par desaccidents sympathiques soient plus exposées... ;

il en est de même des accidents qui paraissent avoir plus

de rapport avec l'éclampsie, comme les convulsions

sans forme déterminées et l'hystérie '. » '

D'autre part, si un certain nombre d'auteurs, et en

particulier Gowers, ont signalé l'influence de la gros-

sesse et de l'accouchement sur le développement de

l'épilepsie', des recherches récentes montrent que leur

i Jacquemier. Manuel des accouchements . 1846, t. II, p. 200.

2 Delasiauve. Traité de l'épilepsie. 1864, p. 235.

44 PATHOLOGIE NERVEUSE.

action n'est pas constante'. En tout cas, ees circons-

tances ne paraissent avoir d'action que chez des sujets

dont les antécédents héréditaires ou personnels révé-

laient l'existence d'accidents convulsifs antérieurs (cas

de Terrillon, deFerrand, de Béraud).

Chez les épileptiques avérées, la grossesse et l'ac-

couchement n'ont pas non plus d'influence bien mar-

quée sur le nombre des attaques. La grossesse semble

plutôt avoir une influence favorable.

Ces circonstances éloignaient l'idée de la recherche

des antécédents névropathiques; cependant leur im-

portance n'avait pas complètement échappé. C'est ainsi

que Miquel2 admet l'existence d'une susceptibilité du

cerveau.

Nous trouvons dans Trousseau le passage suivant :

« ... Il est certain que la susceptibilité nerveuse qui,

chez certaines femmes, a pu se traduire dans l'enfance

par des accidents convulsifs, plus tard par des phéno-

mènes hystériques ou par des troubles plus ou moins

bizarres de l'innervation, il est certain, dis-je, que cette

sensibilité nerveuse est une cause prédisposante dont

la connaissance pourra préoccuper l'esprit du mé-

decin g. » Toutefois, il range cette cause entre la primi-

parité et l'albuminurie, c'est-à-dire qu'il ne lui accorde

point le rôle de cause primordiale.

Handfield Jones Mit qu'une prédisposition indéter-

1 Béraud. De l'épilepsie dans ses rapports avec la grossesse et l'ac-

couchement. Thèse, 1884.

'Miquel. Traité des convulsions chez les femmes enceintes,etc. 1824

P. 16.

3 Trousseau. Clinique méd. 4e édit., 1873, t. II, p. 197.

à C. Handfield Jones. Studies on functional nervous disorders. Lon-

don, 1870, p. 329 et 330.

ÉCLAMPSIE ET ÉPtLEPSOE. 115

minée est nécessaire pour que les attaques épileptiques

et éclamptiques se produisent chez les enfants ou chez

les femmes.

Barnes' s'exprime dans le même sens, mais avec

plus de clarté. Il considère que l'éclampsie puerpérale

est le produit de trois facteurs : 1° exaltation de la

tension physiologique du système nerveux central,

conséquence immédiate de la grossesse; 2° empoisonne-

ment du sang exagérant cette irritabilité; 3° excita-

tion périphérique ou émotionnelle, cause provocatrice

immédiate de l'attaque. Si cependant il existe une pré-

disposition névropathique héréditaire ou acquise, c'est

une condition particulièrement favorable au développe-

ment de l'éclampsie : « Thus it may be said that pre-

gnancy is a test of thesoundness of the nervous system ».

Il faut bien convenir que les témoignages que nous

venons de recueillir ne reposent guère sur des faits

rigoureusement observés; et ils indiquent plutôt un

pressentiment qu'une opinion bien arrêtée.

On peut cependant trouver çà et là quelques observa-

tions intéressantes à ce point de vue; mais ce n'est

guère dans les travaux qui ont trait à l'éclampsie.

Michéa' cite d'après Pougeus et Manget, les deux cas

suivants : 1° Mère mélancolique; antécédents person-

nels de même nature; éclampsie puerpérale, mort.

2° Mélancolique pendant sa grossesse; répète qu'elle

mourra comme sa mère; éclampsie puerpérale, mort.

L'auteur, il est vrai, n'en tire aucune conclusion au

point de vue de la pathogénie de l'éclampsie.

' R. Barnes. An address on pregnancy regkrded as on expriment

illustrating generalpathology. (Brit. med. Journal. 1876, t. Il, p. 737.)

«Michéa. Traité de l'hypocoibd7,ie. 1845, p. 106 et 299.

M PATHOLOGIE NERVEUSE.

Handfield Jones cite une primipare éclamptique dont

une soeur était épileptique. Chui-toii ' rapporte un cas

de convulsions puerpérales chez une femme qui avait

eu des convulsions ( ? ) trois ans auparavant. Murchisou2

a observé l'éclampsie puerpérale associée à des symp-

tômes discutables d'ailleurs de dipsomanie. Nous pou-

vons résumer à ce propos une observation qui nous est

communiquée par notre ami, le Dr Jagot (d'Angers).

Observation IV. Hérédité névropathique, antécédents

convulsifs ; éclampsie puerpérale.

Mme X..., femme de chambre, primipare. Père alcoolique.

Six frères et soeurs sont morts jeunes ( ? ). Deux avaient eu

des convulsions. A l'âge de six ans, Mle X... étant tombée

sur un vase en porcelaine, se blessa au menton. A la suite de

cette blessure, elle fut prise de convulsions qui se renouvelèrent

d'abord tous les jours, puis s'éloignèrent peu à peu pour dis-

paraître au bout de six mois. Aucun autre trouble nerveux

jusqu'à sa grosessse. -Au huitième mois, albuminurie oedème;

au bout d'un mois, céphalalgie violente dans la matinée; à

trois heures, attaque d'éclampsie, qui se renouvelé deux fois.

Les phénomènes convulsifs cessent après l'accouchement (deux

garçons). Morte de péritonite.

D'autre part, on a noté la coïncidence relativement

fréquente de l'éclampsie et de la folie puerpérales , la

folie succédant ordinairement à l'éclampsie 3. Il n'est

pas sans intérêt de rappeler que la folie puerpérale

est une des manifestations les plus évidentes de l'héré-

dité vésanique.

Cependant la plupart des auteurs les plus autorisés

1 Churton. Brit. nied. Journ., 1874, t. I, p. 680.

«Murchison. Brit. nied. Journ., 1876, t. II, p. 6.

3 Hervietix. Traité clinique et pratique des maladies puerpérales;

suites de couches. 1870, p. 1036.

ECLAMPSIE ET ÉPILEPSIE. 47

acceptent que la cause pour ainsi dire indispensable

et nécessaire de l'éclampsie puerpérale est l'albu-

minurie. L'albuminurie manque pourtantassez souvent,

puisque M. Charpentier' a pu réunir cent quarante et

un cas où elle était absente; et Nothnagel en vient à

admettre que quelquefois l'éclampsie est causée par

l'irritation réflexe des nerfs de l'utérus ou du plexus

sacré.

On peut dire que l'on a jusqu'à présent peu songé

à rattacher d'une façon précise l'éclampsie aux états

névropathiques, et à l'épilepsie en particulier. Nous

allons par quelques faits essayer d'établir cette relation.

C'est ici le lieu de faire remarquer qu'au point de

vue symptomatique, l'attaque éclamptique ne saurait

être distinguée de l'attaque épileptique; et la marche de

la température rapproche l'accès d'éclampsie de l'état

de mal épileptique. L'urémie s'accompagne toujours

d'abaissement de température malgré les convulsions.

Observation V. -Hé7,édité; nervosisme et longévité.

Eclampsie puerpérale, épilepsie, recrudescence à la méno-

pause.

Mme P..., soixante ans. Sa mère, qui a aujourd'hui

quatre-vingt-sept ans et est très alerte, a eu autrefois des attaques

de nerfs « effrayantes » , probablement hystériques, qui ont

disparu à la ménopause ; elle a souffert de rhumatisme subaigu.

On n'avoue pas d'autre antécédent nerveux dans la famille.

La malade, qui a eu quelques douleurs dites de croissance,

1 Charpentier. Traité pratique des accouchements. 1883, t. I, p. 699.

sNothnagel. Art. Eclampsioe. (Ziemssen, t. XIV, 1878, p. 306.

3 Bourneville. Éludes cliniques et thermométriques sur les maladies

du système nerveux. 1873, 2e fasc., 171-239. - Hypolitte. De l'éclamp-

i'e puo-e'rae sjoectft/t'n'enf e/Mtee ctM po ! H< e t)Me de if6[ pnt/toetue e< f/M

sie puerpérale spécialement étudiée au point de vue de sa pathogénie et des

modifications de température qui l'accompagnent. Thèse de Nancy, J879.

48 PATHOLOGIE NERVEUSE.

n'ajamais eu de troubles nerveux ni d'autre maladie, jusqu'à

l'âge de vingt-six ans.

A cette époque elle accoucha de son cinquième enfant. Le

travail s'accompagne d'attaques éclamptiques très intenses. Elle

n'avait rien eu d'analogue à ses autres accouchements. A

partir de ce moment, elle eut de temps en temps des vertiges;

elle perdait connaissance un instant, restant en suspens, mais

sans mouvements convulsifs d'aucune sorte, elle reste les

yeux fixes et est très pâle : cela dure quelques secondes.

L'année suivante, elle accoucha de nouveau et fut de nouveau

atteinte d'éclampsie. Depuis cette époque elle a continué à

avoir des vertiges, auxquels se sont ajoutées de grandes attaques

convulsives, qui étaient souvent séparées par un espace de plu-

sieurs mois. Ces attaques étaient caractérisées par un cri initial,

la perte de connaissance, la pâleur de la face, des convulsions

toniques et cloniques ; pas de morsures de la langue ni

d'émission involontaire d'urine.

En 18u1, la malade avait cinquante-six ans et souffrait de

divers troubles liés à la ménopause, quand elle fut prise, à la

fin de janvier, de plusieurs crises convulsives qui survinrent

coup sur coup avec une très grande intensité.

Ces attaques cessèrent et, sous l'influence du bromure pres-

crit par M. Charcot, ne se sont point reproduites depuis, mais

elle a toujours des vertiges. (3 octobre 1883.)

Cette observation offre à relever plusieurs circons-

tances intéressantes. L'hérédité névropathique y est très

évidente. Nous pourrions encore relever l'âge avancé de

la mère; on sait en effet qu'il est fréquent de rencon-

trer dans les familles des névropathes des cas remarqua-

bles de longévité; il semble que l'énergie de la race

se soit épuisée par des efforts exagérés. Nous voyons la

névrose éveillée par l'accouchement à l'état d'éclampsie,

persister sous forme de manifestations vertigineuses,

se réveiller de nouveau après l'accouchement suivant,

et persister avec des caractères comitiaux des plus

nets. Enfin la ménopause qui, dans un certain nombre

ECLA114PSIE ET SPII EPSIP. 19

de cas, peut déterminer à elle seule l'apparition des

attaques épileptiques ', s'est accompagnée d'une recru-

descence des manifestations convulsives.

Observation VI. Eclampsie puerpérale ; épilepsie. (D'après

des notes de M. Charcot.)

Mmo M. de L... Juin 1868. - A l'âge de vingt-deux ans,

éclampsie puerpérale avec albuminurie intense à sept mois

de grossesse; rétablissement prompt après accouchement d'un

enfant mort depuisplusieurs jours. Quatre mois après (octobre)

apparition des premiers symptômes du mal actuel. Ce furent

d'abord des faiblesses nerveuses qui s'accentuèrent peu à peu,

revinrent plus fréquemment tous les mois. On fit prendre du

bromure de potassium à la dose de trois ou quatre grammes

par jour, en suspendant pendant huit jours, quand une crise

venait de se produire. Il y eut des alternative» dans la fré-

quence des crises qui souvent furent éloignées, mais augmen-

tèrent d'intensité. Pendant dix ans, on ne cessa pas la médi-

cation bromurée qui a été portée jusqu'à la dose de huit

grammes par jour, sans modification delà maladie.

Août 1878. Sous l'influence du polybromure d'Yvon à la

dose de deux et trois cuillères à bouche par jour les crises fu-

rent suspendues pendant cinq mois.

illars 1879. Prescription du même médicament à la dose

de deux cuillères et demi à trois et demi par jour par quin-

zaine, auquel on joignait le traitement hydrothérapique. Sus-

pension des crises pendant seize mois. Les doses furent dimi-

nuées à partir du mois de février 1880, et le médicament sup-

primé au mois de juin. A la fin de juillet, les accidents repa-

rurent ; on reprit l'élixir aux doses de deux à trois cuillerées à

bouche par quinzaine; pas de crise, jusqu'en janvier 1881. Le

traitement fut continué. Une nouvelle crise se produisitcepen-

dant vers la mi-août (1881).

30 août. OEdèmede la face, des membres inférieurs de l'ab-

domen ; urines rares très chargées d'albumine. Grand mal de

tête, suspension du bromure; régime lacté.

19 octobre. Il y a encore de l'albumine dans l'urine;

1 Barié. Etude sur la ménopause. Thèse. IS7 i, p. 12î.

Archives, t. VIII. 4

50 PATHOLOGIE NERVEUSE.

l'oedème a disparu. Depuis les suspensions du bromure, les

crises reviennent tous les quinze jours; on reprend l'élixir à

partir de sept cuillerées à café jusqu'à douze (par quinzaine).

Observation VII. Eclampsie puerpérale; vertiges,

épilepsie.

N1 ? S..., de Toulouse, quarante-trois ans. Il n'y a dans

sa famille, au dire de son mari, aucun parent ascendant ou

collatéral qui soit atteint d'une affection nerveuse quelconque.

Avant son mariage, elle n'avait pas éprouvé de maladie, jusqu'à

l'époque où ont commencé les accidents actuels, elle n'avait

souffert d'aucun trouble nerveux, pas de migraine ; elle était

d'un caractère calme et facile, n'était point sujette aux em-

portements. Elle a eu quatre grossesses. Pendant la première

grossesse, elle fut atteinte de fièvre typhoïde, et avorta à la

sixième semaine. Les deux grossesses suivantes furent bonnes,

et elle donna naissance à deux garçons bien portants. La qua-

trième grossesse survint à trente-deux ans (1873) : elle se

trouvait alors dans un état moral fâcheux, elle était extrê-

mement jalouse. Au septième mois, elle fut prise d'une épi-

taxis extrêmement violente qui dura quatorze heures, néces-

sita le tamponnement et laissa après elle une anémie profonde.

Au huitième mois, àlasuite d'une promenade dans une voiture

remplie de lilas, dont l'odeur l'avait très incommodée, elle fut

prise d'attaques d'éclampsie qui se répétèrent toute la nuit.

A partir de huit heures du matin elle futmaintenue par le chlo-

roforme et à deuxheures on provoquait un accouchement pré-

maturé qui donna naissance à un enfant mort, mais bien cons-

titué. On ne constate pas alors d'enflure ; et l'albumine ne fut

point recherchée dans les urines. Une fois l'accouchement

terminé, les attaques d'éclampsie ne se reproduisirent pas.

Un mois après, elle a commencé à avoir ce qu'elle appelle

des spasmes : elle mâchonne, fronce le front, dit quelquefois :

« Ah ! mon Dieu ! », et c'est tout. Elle peut continuer à agir. Si

elle marche, elle ne s'arrête pas, elle peut même monter sur un

trottoir ; mais elle ne peut pas parler. Elle prétend qu'elle ne

perd pas connaissance, mais qu'elle se sent dans un monde

étrange, dont elle ne peut rendre compte. Ces sortes de ver-

tiges, se produisant de une à trois fois par jour, furent les

seuls troubles observés pendant deux ans et demi.

ÉCLAMPSIE ET ÉPILEPSIE. 51

Au bout de ce temps, elle fut prise, une nuit, d'une attaque

qui, dit le mari, ressemble aux crises éclamptiques commençant

par un grand cri. Ces crises se sont répétées souvent depuis,

quelquefois elle se mord la langue, mais n'urine jamais au lit,

c'est le plus souvent la nuit qu'elle en est atteinte.

10 avril 88v. -A l'époque actuelle, Mm° S..., a encore des

vertiges tous les jours, quelquefois trois ou quatre, quelquefois

jusqu'à douze. Autrefois, quand il se passait trois ou quatre

jours sans vertiges, on pouvait être sûr qu'il y aurait un grand

accès. Depuis qu'elle prend du bromure, |les accès ont diminué,

elle a été sept mois sans en avoir, mais les vertiges persis-

tent.

Observation VIII Hérédité névropathique ; antécédents

convulsifs ; éclampsie puerpérale ; f ? 7es;'e; convulsions chez

l'enfant.

NI-, P..., vingt-deux ans ? Antécédents héréditaires :

10 son père a succombé à la suite d'un accident de voiture,

à trente-deux ans ; se portait bien; pas de renseignements sur

ses ascendants. Un oncle paternel est sujet aux bronchites, se

porte bien pour le reste, a trois enfants qui n'ont jamais eu

d'accidents nerveux ; 2Q sa mère a actuellement quaraute-six

ans. A été sujette depuis l'âge de seize ans jusqu'à dix-neuf à

des vapeurs, à des crises de larmes, pas d'éclampsie. Une tante

maternelle religieuse, parait bien se porter. Un oncle ma-

ternel a uu tic facial, il a deux jeunes enfants qui ont eu des

convulsions. Un autre oncle maternel a cinquante-deux ans,

est célibataire, excentrique, a eu des phénomènes de somnam-

bulisme spontané (montait à cheval la nuit).

M-0 P... a un frère aîné qui n'a jamais eu de maladies

qu'une rougeole; il est marié depuisdeux ans, n'a pas d'en-

fants. Une soeur, plus jeune d'un an, a des [crises d'étouffe-

ments, il y a quelques mois, à la suite d'un amour contrarié,

elle a fait une tentative de suicide par la vapeur de charbon, et

à laquelle elle a failli succomber.

Mm, P... a eu des convulsions au moment de la première

dentition. Depuis lors, jusqu'à sa grossesse, elle n'apas été un

jour malade; elle est d'une intelligence moyenne, fort calme,

n'avait jamais eu le moindre accident nerveux. Elle a été

réglée à seize ans, correctement, d'embléeet sansdouleur. Elle

52 PATHOLOGIE NERVEUSE.

s'est laissé marier à dix-huit ans à un homme pour lequel

elle n'a jamais eu ni répugnance ni affection.

Quatre mois après, elle devint enceinte. Pendant les pre-

miers mois de la grossesse, elle fut sujette à des vomissements

très fréquents, puis tout alla bien jusqu'à la fin du huitième

mois : elle commença alors à se'plaindre d'enflure des jambes.

M. le Dr Bellemère constata alors l'existence de l'albuminurie

qui persista jusqu'à l'accouchement. Tout cependantalla assez

bien jusqu'aux premières douleurs : VIm° l'.... commença alors

à s'exciter, et elle aurait eu, dit-on, un véritable accès de délire

avec hallucinations de l'ouïe (elle entendait parler des per-

sonnes absentes et leur répondait), à la suite duquel sur-

vinrent des convulsions éclamptiques qui persistèrent pendant

trois heures à peu près sans interruption, jusqu'à l'accouche-

ment qui ne setermina que par le forceps. Les accidents con-

vulsifs paraissent avoir cessé après la délivrance; et les suites

des couches ont été des plus simples. Il était né un enfant mâle

qui fut mis en nourrice : la mère put se lever en dix-huit

jours, et elle fut rapidement en état de se remettre aux soins

de son ménage.

Tout allait bien, les règles étaient réapparues au bout de six

semaines, quand, deux mois après l'accouchement (18 janvier

1881 ), le mari est réveillé au milieu de la nuit, à trois heures

du matin par une secousse suivie de trépidations rapides; le

temps de faire de la lumière, et les mouvements avaient cessé.

Mme P... ronflait, il s'écoulait de la bouche de la salive mous-

seuse et sanguinolente. M-1 P.... n'avait pas uriné, mais elle

s'était fortement mordu la langue et elle en souffrit pendant

plusieurs jours ; elle n'avait eu aucune connaissance de

l'accident; aussi ne s'en préoccupa-t-ellepas. Mais trois semaines

plus tard (le 6 février), en sepréparantà son premierdéjeuner,

à huit heures, YIm°P... pousse tout à coup un grand cri, tombe

en arrière de toute sa hauteur et offre tous les phénomènes de

la grande attaque d'épilepsie; convulsions toniques et clo-

niques, morsure delà langue, miction involontaire, perte totale

de la connaissance, sommeil de deux heures. La malade ignore

complètement ce qui lui est arrivé; il en est de même pour les

attaques successives qui, pendant toute l'année 1881, se sont

renouvelées à des intervalles variables de trois semaines à

deux mois, toujours le matin entre le réveil et le premier dé-

jeuner. Sous l'influence d'un traitement bromure institué à la

ÉCLAMPSIE ET ÉPILEPSIE. 53

fin de décembre, les attaques ne se reproduisirent pas pendant

trois mois. Depuis lors, sous prétexte de troubles gastriques, le

bromure, qui n'avait jamais été élevé au-dessus de trois gram-

mes par jour, fut pris irrégulièrement : les attaques revinrent;

elle en eut pendant le mois d'avril et, en moyenne, deux par

mois jusqu'au mois de mars 1883, toujours avec les mêmes

caractères. C'est alors que nous eûmes l'occasion de voir cette

malade; nous l'engageâmes à porter la dose du bromure de

potassium à quatre grammes par jour, et à ne jamais inter-

rompre le médicament, sous aucun prétexte. Depuis lors, les

attaques ont diminué, mais n'ont pas disparu; du 12 mars au

28 novembre, elle en a encore eu trois, mais beaucoup moins

fortes que les précédentes.

Au moment de l'éruption de ses premières dents, l'enfant

de M-0 P... a eu des convulsions. On le dit bien conformé,

mais nous ne l'avons pas examiné directement.

VI. Les observations qui précédent nous permettent

de répondre aux trois questions que nous nous étions

posées au début de notre travail, et montrent que

l'éclampsie et l'épilepsie ne doivent pas seulement être

rapprochées par des analogies cliniques (Vogel, Jacque-

mier, Rosenthal', etc.); mais qu'elles doivent l'être en-

core par leur pathogénie.

1° Les antécédents héréditaires et personnels peuvent t

en effet, dans un certain nombre de cas, mettre en

lumière la prédisposition névropathique, et montrer

que la dentition, les affections intestinales de l'en-

fance, la scarlatine, la grossesse et l'accouchement

ne jouent qu'un rôle de cause déterminante. C'est sur-

tout pour l'éclampsie puerpérale, qui se présente à un

âge plus avancé, que la démonstration peut être faite :

on la voit, en effet, souventse développer chez des sujets

1 Iloseiitlitl. Traité clinique des maladies du système nerveux. Édit.

Ir0.nÇ., 1878. p. 551.

5t le PATHOLOGIE nerveuse.

qui ont des antécédents hystériques', et surtout des

antécédents convulsifs à forme éclamptique qui se sont

présentés à différentes époques de la vie, soit à propos

de la dentition, d'affections gastro-intestinales, de

fièvres éruptives, etc. -

On peut, dans cette circonstance, rapprocher de

l'éclampsie la chorée, qui, quelquefois aussi, se mani-

feste chez les femmes en couches', qu'elle a déjà at-

teintes antérieurement dans d'autres circonstances.

2° D'autre part, dans certains cas, des manifestations

névropathiques ultérieures viennent montrer que les

éclampsies ne constituent point des troubles purement

accidentels, et qu'ils dépendent, au contraire, d'un état

morbide persistant. A la suite d'une scarlatine, d'une

grossesse, etc., on voit se développer des attaques

éclamptiques, puis cette épilepsie aiguë passe pour

ainsi dire à l'état chronique et ne se manifeste plus

que par des attaques isolées d'épilepsie vulgaire. La

succession des phénomènes jette un jour nouveau sur

l'identité de nature des manifestations convulsives.

3° L'état névropathique qui peut se transmettre aux

descendants sous des formes variables, montre encore

les liens de famille de l'éclampsie.

VII. On peut citer telle épileptique qui n'a jamais eu

de convulsions ni à propos de la dentition, nia propos

de la scarlatine ou de la grossesse. Les faits de ce genre

ne constituent pas des arguments péremptoires contre

la thèse que nous soutenons ; mais ils nous conduisent

' Le Ilolland. De l'influence de la grossesse sur la marche de l'hys-

térie et de l'épilepsie. Thèse, 1879, p. 34.

' Hervé. De la chorée pendant la grossesse. Thèse, 1884.

ÉCLAMPSIE ET ÉPILEPSIE. 55

à admettre chez certains sujets l'existence de zones

épileptogènes (gastrique, utérine, périphérique, etc.)

dont l'irritation est particulièrement efficace pour

l'éveil de la névrose. Si la prédisposition est moins

accentuée, l'irritation a plus besoin d'être multipliée

et accumulée pour provoquer la décharge; c'est ainsi

que l'éclampsie peut ne survenir qu'à la quatrième, à

la cinquième grossesse.

II existe donc des épilepsies aiguës, épilepsies éclamp-

tiques qui sont déterminées par certaines conditions

physiologiques ou pathologiques; mais qui, comme

l'épilepsie vulgaire, ne se développent qu'en consé-

quence d'une prédisposition névropathique trahie par

des accidents antérieurs héréditaires ou personnels.

Ces épilepsies aiguës de l'enfance, de la puerpéralité,

etc., peuvent se terminer parla guérison, en laissant

l'organisme en état d'opportunité convulsive, ou passer

à l'état chronique, et se tranformer en épilepsie

vulgaire. Quelle que soit leur marche, il est important,

au point de vue du pronostic d'hérédité, de rechercher

les liens qui les unissent aux différents membres de

la famille névropathique ' . '.

1 Cli. Féré. - La fmi7ftf'uro/)< ! <A ? M. {Archives de Neurologie. 1,81,

janvier et mars.}

RECUEIL DE FAITS

NOTE SUR UN CAS DE MÉLANCOLIE ANXIEUSE;

Par le D'J. SEHLAS.

M. Cotard publié dans les Annales iné(lico-l ? sychologiques

(septembre 1880) un mémoire dans lequel il attire l'attention

sur une forme grave de mélancolie anxieuse, caractérisée par

des idées hypochondriaques auxquelles s'associent le plus

souvent des idées de damnation. 11 dit en avoir observé trois

cas et en cite douze autres analogues, disséminés dans les

auteurs sous différents noms. Dans un travail postérieur

{Archives de Neurologie, septembre 1882), le même médecin

décrit, sous le nom de délire des négations, une forme de

délire spécial qu'il distingue du délire de persécution et ratta-

che à la mélancolie anxieuse, et qui nous parait se rapprocher

intimement de la forme de mélancolie qui fait le sujet de son

précédent mémoire. Nous avons eu l'occasion d'observer une

dame chez laquelle les symptômes de la maladie mentale

ressemblent par plus d'un point à ceux que M. Cotard a

signalés chez ses malades; aussi avons-nous pensé qu'il serait

peut-être intéressant de publier cette observation que nous

avons prise la plus complète possible.

Observation. Hérédité. Convulsions dans l'enfance. Deux

accès de mélancolie. H««MC ! ) : ft<ions. Troubles de la sensibilité

générale. Six tent(ilives de suicide. - Impulsions 0 l'homicide.

Idées hypocondriaques, de damnation, d'immortalité. Elut

d'anxiété mélancolique.

Mme A. M..., âgée de trente-huit ans.

Antécédents héréditaires. Pdre : a été en proie à un délire

mélancolique profond qui a duré plus d'une année; il se croyait

ruiné, il était dans un aUaissement et un désespoir continuels,

etc. D'autres personnes, danslaligne paternelle ont aussi présenté

CAS DE MÉLANCOLIE ANXIEUSE. 57

des troubles sérieux du côté de l'intelligence. Mère : nerveuse

sans attaques, caractère emporté.

Antécédents yersonnels. Rien de particulier dans l'enfance, si

ce n'est des convulsions qui ont duré jusqu'à l'âge de trois ans;

on a craint qu'elle ne fût nouée lorsqu'elle était petite.

Cette dame, qui a toujours été nerveuse, d'un caractère violent,

emporté, changeant, se trouve dans une condition sociale qui ne

peut lui apporter des fatigues ou des préoccupations. Intelli-

gence au-dessus de la moyenne; instruction assez complète. Elle

se maria en 18-j6 à un homme qui l'aimait et qu'elle paraissait

aimer; cependant elle avait eu à propos d'un mariage antérieur

manqué des chagrins assez violents, mais sans aucun retentisse-

ment sur l'intelligence. En 1877, elle eut un accouchement des

plus difficiles qui n'influa d'ailleurs en rien sur son état mental.

Le début des accidents est en effet de beaucoup antérieur à

cette époque et parait remonter à l'année 4870, au moment des

premiers événements de la guerre franco-allemande. Mme A....

\L.. fut prise alors d'accidents mélancoliques semblables à ceux

de son père : crainte de la ruine, découragement, désespoir, in-

somnie, apathie, indolence. Elle ne souffrait pas, se plaignait

seulement d'avoir la tête vide; la sensibilité spéciale, surtout celle

de l'ouïe était exagérée, mais il n'y avait pas d'hallucinations. La

sensibilité générale avait presque absolument disparu et elle s'en-

fonçait elle-même des épingles dans la peau sans rien sentir. En

même temps, elle était en proie à des impulsions au suicide; elle

devait mourir, disait-elle, car elle était convaincue que sa mère ou

elle devaient disparaître, et elle aimait mieux se sacrifier. Elle se

promettait toujours de chasser cette idée; mais malgré ses efforts,

elle y céda à trois reprises et tenta de se suicider en avalant des

allumettes, des épingles et trente pilules d'opium. Cet état dura

quelques mois et céda à un traitement approprié. Elle fut abso-

lument tranquille pendant une dizaine d'années. C'est pendant

cette période qu'elle se maria. Puis elle redevint nerveuse, diffi-

cile à vivre; elle se disputait continuellement avec sa mère qui

finit par la quitter : ce qui lui fit dire à son mari : « Nous sommes

comme Adam et Eve, chassés du paradis terrestre ». Sous l'influence

de ces pensées, elle devint très triste, plongée dans un abatte-

ment excessif qui ne lui permettait aucun travail; et cela la déso-

lait beaucoup, bien que sa condition sociale fût bonne, parce

qu'elle avait peur de ne pouvoir élever son enfant et de la laisser

sans position. L'idée lui vint un jour qu'elle devait la tuer pour

lui épargner les misères de l'existence; mais elle lutta fermement

et préféra se tuer elle-même; c'est alors qu'elle fit, en avalant

vingt grammes de bromure de potassium, une quatrième tentative

de suicide qui détermina son placement dans une maison de

santé. Là elle était très inquiète, désolée de dépenser trois cents

58 RECUEIL DE FAITS.

francs pour sa pension; elle souffrait dans tout son corps; elle

était toujours poursuivie par l'idée de tuer son enfant, bien que la

voix de sa conscience le lui défendît.

Son état ayant paru s'améliorer, Mmo A. M... ne tarda pas à

sortir et rentra chez sa mère, éloignée de son enfant. Un prêtre

qui avait habité leur appartement avait oublié quelques livres de

piété; elle les lut, découvrit alors qu'elle avait tous les vices,

qu'elle était un monstre, qu'elle était damnée; et elle demanda

un prêtre pour l'exorciser. Elle se jetait à genoux la tête pros-

ternée à terre, elle marchait sans chaussures; elle se faisait hor-

reur, se trouvait sale; il lui semblait que tout le monde la regar-

dait dans la rue et la nuit, elle rêvait qu'on la poursuivait; on

disait sur son passage : « Voyez celle femme, quel drôle a°t7 elle <[)'.

Un jour, à la suite d'une de ses continuelles disputes avec sa

mère, celle-ci lui dit qu'elle lui pardonnait. Alors elle fut prise

d'un sommeil bizarre, d'une sorte d'extase; elle voulait se lever

et ne le pouvait pas, elle éprouvait un sentiment d'angoisse

précordiale très intense et en même temps, elle avait des

visions. Cet état se renouvela tous les soirs six jours de suite;

et il lui fut alors révélé dans des visions successives, qu'elle

était la cause de la mort de sa soeur, du malheur de son cousin;

puis de tous les crimes et des malheurs de tout l'univers, de la

chute d'Adam; elle a vu l'enfer et ses supplices. Ses révélations

lui ont appris qu'elle était le diable et elle en a déduit qu'elle

était immortelle, que la religion n'était pas une religion, que les

prêtres n'étaient pas des prêtres. Elle n'entendait pas de voix

distinctes, la voix de Dieu lui disait intérieurement : « Voilâtes

futurs supplices, tu souffriras bien plus que tout le monde : tu se-

ras écartelée; il faut tuer ta fille, sinon elle souffrira comme toi. »

Elle voyait un tribunal qui la condamnait. Dans son idée, on écri-

vait sur sa porte : « Maison maudite». Ce n'était généralement que

vers cinq heures du matin que le calme revenait.

En dehors de ces hallucinations de la vue, Aimo A. M... enten-

dait encore des bruits de sifflet de chemin de fer, de ,bourdon-

nement. Ses idées de meurtre et de suicide ne l'abandonnaient

pas, elle voulait se précipiter par la fenêtre pour sauver son en-

fant et le monde, mais de peur de ne pas se tuer, elle préféra se

couper la langue avec des ciseaux (hémorrhagie simple du filet).

On la conduisit alors dans notre établissement : les mêmes idées

persistèrent. En même temps son corps à changé : toute l'eau en

est sortie, elle avait trop de veines, trop de sang et il s'est formé

partout des nerfs. Son front tout formé de nerfs s'est plissé, une

ride profonde qu'elle porte entre les deux sourcils est pour elle le

signe de sa personnalité diabolique.

A celte époque, elle maigrit beaucoup, bien que les fonctions

physiques, sauf le sommeil, se fissent régulièrement.

CAS DE MÉLANCOLIE ANXIEUSE. 59

Sortie un peu améliorée au bout de cinq mois, elle rentra chez

sa mère pendant deux mois. Là, le délire recommença avec une

plus grande intensité : elle entendit alors des voix, deux voix

d'hommes dans les deux oreilles, qui l'appelaient « la femme de

l'Apocalypse ». Quand elle disait aux autres personnes d'écouter,

elle n'entendait plus rien; elle courait à sa fenêtre et ne voyait

personne. Ces hallucinations étaient aussi bien diurnes que noc-

turnes : la nuit, un coq criait : « On va l'arrêter, la misérable ! » et

elle n'osait plus se lever matin nisortirdans la rue, parcequ'elle

avait vu la nuit toute la garnison de Paris qui venait l'arrêter.

A cette époque, elle refusa de cohabiter avec son mari, parce que

Dieu lui avait révélé que c'était un crime. Une nouvelle tentative

de suicide dans laquelle elle essaya de se couper les veines du pli

du coude avec des ciseaux la fit réintégrer dans la maison. Là,

son corps a changé de nouveau; c'était partout des nerfs qui se

formaient dansl'estomac, dans ventre; ellusentaitde l'électricité

partout. D'ailleurs le délire depuis cette époque, malgré une nou-

velle sortie de huit jours, parait n'avoir fait que s'accentuer dans

le même sens. A ce moment M"" A. AI... essaya de se couper les

veines du jarret pour laisser couler son sang qui était décomposé

et le renouveler.

Janvier 1884. État actuel. Taille élevée, tête assez bien confor-

mée ; les bosses frontale, pariétale et occipitale droites paraissent

un peu peu plus saillantes que les gauches. La voûte palatine et le

voile du palais sont réguliers et symétriques; les dent* sont irré-

gulièrement plantées. Le visage est symétrique, le lobule de l'o-

reille bien détaché. Pas de strabisme : pupilles égales et norma-

lement dilatées.

Tout le corps est bien conformé ; les tibias sont légèrement in-

curvés en dedans, les genoux très gros, et la jambe très maigre,

hors de proportion avec le reste du corps qui est partout le siège

d'un embonpoint notable. Pas d'affaiblissement paralytique, pas

de tremblement; parole bien articulée, pas de traces de scrofule

ni de rachitisme. La sensibilité spéciale est conservée, mais il y a

des troubles notables et variés de la sensibilité générale. Ce qui

domine, c'est surtout de l'anesthésie irrégulièrement distribuée,

mais affectant principalement tout le côté gauche. 111me A. il...

s'enfonce elle-même des épingles à cheveux dans la peau, sans

éprouver de douleur. En outre, les sensations sont confuses : les

deux pointes d'un compas assez écartées l'une de l'autre (7 à 8

centim.) ne donnent presque partout que la sensation d'une seule

piqûre et encore est-elle souvent très peu nette. En revanche, cer-

taines parties du corps, surtout le creux poplité, la face antérieure

du bras droit sont le siège d'une hyperesthésie notable et, dans

ces régions, le moindre frôlement de la peau devient douloureux.

Eu même temps, il existe des troubles vaso-moteurs et la plus

60 RECUEIL DE FAITS.

légère piqûre d'épingle s'entoure de suite d'une zone de rougeur

diffuse. Pas d'illusions ni d'hallucinations des sens spéciaux. La

peau est peu colorée, jaunâtre, sèche : les cheveux, qui ont blan-

chi depuis quelque temps, sont secs et cassants. Pas d'oedème des

extrémités ni décoloration bleuâtre. La santé physique est bonne,

les menstrues sont régulières, l'appétit conservé malgré un léger

état saburral des voies digestives ; les urines rares et sédiiiieii-

teuses ne contiennent ni sucre ni albumine. Seul le sommeil est

très irrégulier. Le faciès est caractéristique : les traits un peu

grippés, contractés, les sourcils froncés, le front ridé expriment

l'anxiété et la souffrance, le regard fixe, souvent baissé vers la

terre, la figure immobile et insensible indiquent une profonde

concentration de la pensée. Les mouvements sont lents, la marche

se fait à petits pas. les pieds se soulèvent à peine de terre, le

moindre mouvement semble coûter une peine infinie; il faut in-

cessamment exciter 11 ? A. M... pour la déterminer à se lever, à

s'habiller, à marcher, à travailler un peu. Elle se lève fort tard,

reste assise le plus soment et dans les positions les plus bizarres.

Si elle sort de son inaction, ce n'est qu'avec peine, pour fort

peu de temps, en versant des larmes abondantes, et en formulant

d'une voix traînante des plaintes monotones sur la douleur que

cela lui cause, des regrets sur ce qu'elle était autrefois, et des in-

quiétudes sur le sort qui lui est réservé. Les conceptions déli-

rantes tournent toujours dans le même cercle, sont absolument

systématisées et la malade est tellement persuadée de leur réalité

que rien ne peut ébranler sa conviction. On peut les rapporter à

trois sortes d'idées, qui sont par ordre de prédominance : des

idées hypochondriaques, des idées de damnation, des idées d'im-

mortalité.

C'est ainsi que hlme A. ltf... se plaint continuellement d'avoir le

corps absolument changé; elle n'a plus de muscles, plus de sang,

plus de veines. Elle a senti toutes ces modifications se faire suc-

cessivement, et alors il ne lui restait plus que des nerfs qui ont pris

partout un grand développement. Son palais est détruit, son estomac

brûlé, sa langue acidulée, ses ongles durcis, ses dents aiguisées;

les gencives, qui ont disparu peu à peu, ont été remplacées par

des nerfs; ses pieds sont d'une conformation particulière, sa poi-

trine est toute en nerfs, tout son corps est dur comme du bois et

la rigidité l'empêche de faire le moindre mouvement. Elle nepeut

rester ni assise ni couchée, parce que tous ses nerfs lui font mal.

Aussi, change-t-elle continuellement de position, inventant les

modes de station les plus bizarres. Elle ne sort guère de ce cercle

d'idées, répète toute la journée les mêmes phrases, examine con-

tinuellement ses mains, ses bras et n'y trouve plus de veines;

louche, pince sa peau dont la rigidité l'effraye ; demande toujours

des médicaments et refuse de les prendre parce qu'elle sait qu'ils

CAS DE D41' : LNCOLIE .1NXIFUSF. li 1

sont inutiles, puisqu'elle n'est pas en monde ou en chair de inonde.

Elle le sait bien, car, lorsqu'elle a voulu s'ouvrir les veines, elle n'a

trouvé que des nerfs; si on la disséquait, on verrait bien qu'elle

est d'une conformation tout à fait exceptionnelle.

Elle voudrait être tout, excepté ce qu'elle est, et ce désir s'ex-

prime souvent sous les formes les plus drôles. Il suffit d'un mot

prononcé devant elle ou d'un objet qui frappe sa vue pour que

AIme A. \1... en forme l'objet de ses souhaits. C'est ainsi qu'elle

voudrait être balayeuse des rues, laveuse de vaisselle, ou bien

chat ou chien, ou encore idiote tout à fait pour ne pas se rendre

compte de ses douleurs. En somme, elle voudrait aller dans la vie

comme tout le monde.

Dans la sphère des sentiments affectifs, nous retrouvons encore

ces préoccupations hypocbondriaques. 11m A. M... se plaint de

n'avoir plus de coeur, elle n'a jamais aimé sa mère, elle ne. peut

aimer sou mari, ni son enfant qu'elle dit maudite, sans veines ni

sang comme elle.

Cependant toutes ces souffrances actuelles ne sont rien en com-

paraison de tous les supplices qui lui sont réservés. On l'ecarièlera,

on la martyrisera de toutes les façons, et cela pendant toute l'é-

ternité ; car Dieu l'a maudite; parce qu'elle a fait le péché de la

chair. Elle est la femme apocalypse, la cause des malheurs du

monde. Si, par hasard, elle apprend la maladie ou la mort d'une

personne, elle s'accuse d'en être l'auteur, verse des larmes abon-

dantes et son anxiété augmente encore à ce moment. - Elle est

le diable qui, sous la forme du serpent, a tenté Eve; Satan s'est

incarné en elle; elle porte sur le front la marque de sa damnation.

C'est elle que Dieu a punie en châtiant l'auge rebelle et qu'il a con-

damnée, comme le bouc émissaire, à expier ainsi jusqu'à la lin

des siècles sa faute et les crimes du genre humain.

Cette idée d'immortalité s'est développée sous l'influence des

révélations que Dieu lui a faites et par suite de l'inutilité des ten-

tatives de suicide et de sa constitution particulière. Elle a existé

de tout temps, puisque c'est elle qui, sous la foi me du serpent

tentateur, a été la cause de la chute de nos premiers parents.

Elle ne mourra pas, car elle n'est pas en chair de monde; d'ail-

leurs, Satan est immortel. Cette idée augmente encore sa tristesse

et son anxiété.

Elle se lamente sans cesse de ne pas voir la fin de ses supplices,

elle voudrait pouvoir mourir comme tout le monde. Elle demande

souvent de connaître un poison assez violent pour la tuer et si

elle ne présente plus actuellement des idée. de suicide, c'est

parce qu'elle est bien convaincue de l'inutilité de ses tentatives.

Notons, pour terminer, que les idées hypochondriaques, de

non-existence ou de destruction de divers organes sont accom-

pagnées d'idées analogues se'rapportant aux choses 'Métaphy-

62 RECUEIL DE FAITS.

biques. Elle n'a pas d'âme, la religion n'existe pas, les prêtres ne

sont pas des prêtres; si Dieu existe, il ne jouit pas des attributs

qu'on lui prête. Il n'est ni bon, puisqu'il l'a châtiée sans qu'elle

l'ait mérité et sans l'avoir prévenue qu'elle péchait; ni miséricor-

dieux, puisqu'il l'a condamnée à souffrir jusqu'à la fin des siècles;

ni puissant, puisqu'elle ne peut guérir.

A quelle forme d'aliénation mentale doit-on rattacher cette

observation ? Il nous semble qu'on ne peut guère hésiter

qu'entre deux formes, le délire chronique et la mélancolie

anxieuse, et encore l'hésitation n'est guère possible. En effet,

bien que nous constations chez Mmo A. M... des idées hypo-

chondriaques, des idées de persécution, des idées de grandeur,

ni la marche du délire, ni la nature des idées délirantes, ni les

réactions qu'elles déterminent chez elle ne sont celles que l'on

observe chez les délirants chroniques.

La maladie débute ici par un accès de mélancolie avec dépres-

sion suivi de guérison et ce n'est qu'une dizaine d'années plus

tard qu'apparurent les idées de damnation. Prises en elles-

mêmes, ces idées de diffèrent pas beaucoup de celles que l'on

peut observer chez certains persécutés démonopalhes , mais

nous ferons remarquer qu'elles s'accompagnent ici d'halluci-

nations de la vue très intenses, rares chez les délirants

chroniques, et qu'elles sont primitives dans l'évolution du

délire. Ce n'est qu'un peu plus tard que sont apparues les idées

hypochondriaques comme conséquence logique d'ailleurs des

idées de damnation. Les souffrances qu'endure Mm° A. M...,

la destruction de ses organes ne sont pour elle qu'un des mille

supplices que souffrent les damnés et que l'expiation de ses

fautes.

Cela ne se passe pas ainsi chez les persécutés ordinaires :

c'est alors, après une période plus ou moins longue de prépa-

ration, les idées hypochondriaques qui apparaissent les

premières et ce n'est que plus tard, cherchant la cause de ses

souffrances, que le malade finit par les attribuer à toutes sortes

de persécutions dirigées contre sa personne.

Quant à l'idée d'immortalité qui, au moins lorsqu'on la

considère d'une façon abstraite, est une idée de grandeur, elle

est contemporaine, dans le cas actuel, des idées de damnation,

c'est-à-dire presque primitive; tandis que, chez un délirant

chronique, elle marque une période très avancée du délire,

n'apparaît qu'après de longues années et souvent même le

CAS DE MÉLANCOLIE ANXIEUSE. 4;3

malade meurt ou tombe en démence avant que ses idées, déli-

rantes en soient arrivées à cette période de leur évolution.

D'un autre côté, si l'on considère en elles-mêmes, sans

s'inquiéter de leur mode d'apparition, les différentes idées

délirantes que présente notre malade, on voit qu'elles ont

aussi des caractères particuliers qui les distinguent de celles

que l'on observe chez les aliénés atteints de délire chronique.

Comme le fait justement remarquer M. Cotard, chez les

persécutés les différents organes sont attaqués de mille

manières, par décharges électriques, influences magnétiques,

magiques, action des francs- maçons... Mais, ils résistent

toujours à ces attaques, semblent renaître au contraire plus

vivaces, et toutes les influences nuisibles auxquelles ils sont

en butte ne peuvent ni les transformer, ni les détruire. Chez

les malades dont nous nous occupons, au contraire, la transfor-

mation ou la destruction est un fait accompli, et iN,1-1 A. AI...

ne fait que répéter qu'elle n'a plus de veines, de muscles,

de sang. Tout son corps est changé en nerfs, elle n'est plus en

chair de monde. Cette forme particulière de délire hypochon-

driaque se rapproche beaucoup, au contraire, de celle que

M. Baillarger a signalée chez les paralytiques généraux qui

s'imaginent que leurs organes sont changés, détruits ou

complètement obstrués, qui prétendent n'avoir plus de bouche,

d'estomac, avoir le larynx bouché, le ventre obstrué... Mais,

chez ces derniers malades , l'absurdité de ce délire, qui se

contredit d'un moment à l'autre, suffit pour porter un

diagnostic que viennent confirmer les symptômes propres à la

paralysie générale.

Les idées de damnation, comme nous l'avons dit plus haut,

ne présentent guère ici rien de particulier, si ce n'est qu'elles

s'accompagnent de doutes ou de négations métaphysiques

analogues aux idées hypochondriaques et qui, chez notre

malade au moins, semblent en être une conséquence logique.

Quant à l'idée d'immortalité, il semble assez difficile au

premier abord, surtout lorsqu'elle est comme ici logiquement

déduite, de la distinguer des idées du même genre que l'on

trouve chez les persécutés mégalomanes. Et cependant quelle

différence ! ces derniers en effet, une fois arrivés à cette

période de leur délire, se consolent facilement des souffrances

qu'ils ont endurées ou endurent encore en envisageant la

haute position ou les avantages qui les leur occasionnent :

6t RECUEIL DE FAITS.

convaincus de leurs brillantes destinées ou de leurs qualités

exceptionnelles, ils en arrivent à regarder de haut le genre

humain et se considèrent avec orgueil comme étant d'une

essence particulière. Sans crainte d'être paradoxal, nous

pouvons dire que, chez M ? A. M... et les malades qui lui

ressemblent, celte idée d'immortalité est une conception déli-

rante de nature triste; et nous n'en voulons pour preuve que

l'angoisse qu'elle détermine chez l'aliénée qui en gémit sans

cesse, se désole de souffrir toute l'éternité, demande instam-

ment un poison qui la délivre, et réclame à grands cris la mort,

qui chez les autres créatures au moins, marque un terme

aux souffrances et peut permettre quelques efforts de résigna-

tion.

Les réactions que le délire provoque chez ces malades ont

aussi des caractères distincts. Après une période plus ou moins

longue, le persécuté qui commence à se reconnaître dans le

chaos de ses idées délirantes, s'agite, remue, discute sans

cesse avec ses ennemis imaginaires que ses hallucinations

mettent en rapport avec lui. Il cherche à les fuir ou essaye de

se porter sur eux à de justes représailles, les accusant d'être

la cause de tous ses malheurs par leur influence nuisible;

déposant sans cesse des plaintes contre eux et appelant la

justice à son aide. Si d'abord il essaye quelquefois de se suici-

der pour échapper à ses ennemis, il ne tarde pas à réfléchir

que la vengeance vaut mieux que la mort et il en arrive

souvent à l'homicide. Telle n'est pas la conduite de notre

malade. Au lieu d'une activité quelquefois extrême, nous

trouvons une indolence, une apathie invincibles; au lieu de

discussions, ce ne sont que des plaintes monotones sur son

malheureux sort, sur les souffrances qu'elle endure; au lieu

d'accusations contre les autres, elle s'accuse elle-même d'être

la cause des misères du monde. Elle fait des tentatives de

suicide répétées et si elle a eu des impulsions à l'homicide, ce

n'est pas par esprit de vengeance ou pour attirer sur elle

l'attention de la justice, mais pour éviter à son enfant, qu'elle

croit maudite comme elle, toutes les souffrances qu'elle

endure. D'un autre côté, notons en passant que ces impulsions

ne sont pas paroxystiques et ne s'accompagnent pas des

phénomènes ordinaires qu'elles présentent chez les hérédi-

taires dégénérés, dont le délire d'ailleurs, n'a pas la même

coordination, la même marche continue et progressive, la

CAS DE MELANCOLIE ANXIEUSE. 65

même ténacité provoquant une conviction inébranlable. Du

reste, les antécédents physiques, intellectuels et moraux de

notre malade empêchent absolument de la classer dans ce

groupe particulier et d'en faire autre chose qu'une prédis-

posée.

Si notre malade s'éloigne beaucoup des délirants chroniques,

elle se rapproche d'un autre côté d'une façon sensible des

mélancoliques anxieux ordinaires. D'abord, disons qu'elle a eu

déjà des accès de mélancolie, et qu'à moins d'admettre une

transformation complète de la nature de la maladie, fait très

rare (au moins chez une malade simplement prédisposée), on

ne peut qu'en faire une variété de mélancolie. Et, en effet,

comme dans la mélancolie anxieuse commune, Mme A. M...

est dans un état d'angoisse intense, de souffrance qu'exprime

assez la contraction des traits de la physionomie ; elle gémit

sans cesse, répétant continuellement les mêmes plaintes, ex-

prime son anxiété par des soupirs, des pleurs, des expressions

de regret, de désespoir, réclame du secours; elle reste apathique,

et indolente, indifférente à-tout, occupée seulement de son

triste état. Et tous ces symptômes durent depuis le premier

jour de la maladie. Si l'on voit par hasard, chez certains per-

sécutés, survenir un état d'anxiété pareil, cela n'est que passa-

ger et le délire ne tarde pas à reprendre sa forme caractéris-

tique.

Les signes physiques sont aussi ceux que l'on observe chez

les mélancoliques ordinaires, peut-être un peu atténués, mais

quoi d'étonnant à cela en considérant la longue durée de la

maladie ? 2

D'un autre côté, les troubles de la sensibilité spéciale et

générale, relatés dans l'observation ci-dessus, sont bien tels

qu'on les observe dans la mélancolie anxieuse. Ici, peu d'hallu-

cinations de l'ouïe, mais des hallucinations très intenses de la

vue, des illusions du goût, de l'odorat, des troubles très graves

de la sensibilité générale donnant lieu à autant de sensations

fausses ou faussement interprétées. De toutes les formes de

vésanie, c'est certainement la mélancolie qui présente le plus

souvent ces sortes de troubles de la sensibilité; et si, chez cer-

tains persécutés on trouve quelquefois de l'anesthésie ou de

l'hyperesthésie, ces phénomènes n'offrent jamais, au moins

toute la durée de la maladie, le caractère de prédominance que

nous leur voyons dans le cas actuel. Ici, au contraire, ce sont

Archives, t. VIII. 3

66 RECUEIL DE FAITS.

eux qui dirigent la scène et donnent lieu aux conceptions

hypochondriaques qui, à leur tour, entretiennent l'état mélan-

colique.

Cette prédominance des troubles sensoriels commence donc

déjà à distinguer cette forme particulière de la mélancolie

anxieuse, distinction que la nature des idées délirantes ne l'ait

que rendre évidente.

Ce qui domine chez les anxieux ordinaires ce sont les idées

de perte, de ruine, de déshonneur, de culpabilité. S'il y a des

idées hypochondriaques, elles s'expriment par des plaintes ou

des préoccupations exagérées sur l'état de la santé, sur des

sensations maladives de toute nature auxquelles s'associent

souvent des idées d'empoisonnement. Les malades alors sentent

leur tête vide ou brûlante, leur bouche collée, ils se plaignent

de l'état de leur estomac, de leurs intestins ; quelquefois, ils

gémissent de ne plus prendre goût à rien, ils craignent de ne

guérir jamais. Mais on ne trouve pas chez eux ces idées hypo-

chondriaques de non existence ou de destruction analogues à

celles des paralytiques généraux que nous avons signalées chez

notre malade et que M. Cotard a aussi observées chez les siens

qui sont avant tout, comme il le dit, des négateurs.

Qui nous porte maintenant à considérer cette maladie

comme une forme particulière de mélancolie anxieuse ; et quel

intérêt a-t-on à la séparer ? Les auteurs ont bien signalé chez

certains mélancoliques les symptômes que nous indiquons.

Marcé indique à une certaine période de la mélancolie l'appari-

tion d'idées hypochondriaques d'un pronostic grave. M. Foville

parle de la possibilité d'idées exclusivement religieuses et mys-

tiques qui conduisent facilement les mélancoliques aux craintes

de possession démoniaque. Mais nous ne voyons pas qu'on ait

nettement distingué ces cas particuliers. Il nous semble cepen-

dant que l'on peut faire de ces cas une forme spéciale dans le

grand cadre de la mélancolie. D'abord, à cause de la réunion

des symptômes suivants : prédominance excessive des troubles

de la sensibilité générale, différentes idées spéciales énoncées

ci-dessus; puis, à cause de la marche différente de la maladie

et de son mode de début chez des aliénés ayant déjà eu des

accès mélancoliques antérieurs guéris ou en proie à des troubles

mélancoliques. Si quelquefois le début est brusque, comme chez

certains malades de M. Cotard, qui présentent de suite et dès

leur premier a- ! cès les symptômes spéciaux que nous avons

CAS DE MÉLANCOLIE ANXIEUSE. 67

décrits, d'autres fois aussi ces symptômes se présentent comme

chez notre malade, non seulement à un deuxième accès, mais

encore, dans le cours de cet accès lui-même, après une certaine

période de délire mélancolique ordinaire. Cet état spécial serait

alors une sorte ^aggravation de la maladie.

Quoiqu'il en soit, une fois l'affection constituée, elle suit une

marche distincte.

La mélancolie anxieuse est une vésanie d'accès ou intermit-

tente, tandis que dans ces cas particuliers, lorsqu'apparaissent

les signes sur lesquels nous avons insisté, il n'y a plus d'inter-

mittences, les réniittences même sont rares ; le délire se stéréo-

type et dure ainsi identique avec lui-même.

On comprend dès lors l'importance de notre distinction au

point de vue du pronostic. La longue durée presque certaine de

la maladie quand apparaissent les idées hypochondriaques et

de damnation, la systématisation du délire indiquée par le

vocabulaire spécial du malade, la prédominance que les troubles

délirants prennent alors sur les troubles mélancoliques, la

fréquence des tentatives de-suicide, tout cela assombrit le

pronostic et fait de la maladie actuelle une maladie incu-

rable.

En résumé les points principaux à signaler dans cette obser-

vation sont les mêmes que ceux mis en relief par M. Cotard

dans son mémoire : nous les rappellerons ici :

1° Anxiété mélancolique ; 2° Idées de damnation ou de

possession; - 3° Propension au suicide et aux mutilations

volontaires ; 4° Analgésie ; 5° Idées hypochondriaques

spéciales ; 6" Idées d'immortalité.

Nous avons exposé longuement les raisons qui nous ont

empêché de faire de notre malade une délirante chronique.

Malgré ses idées de damnation, nous n'avons pas songé à en

faire une hystérique eu égard à l'absence chez elle des symp-

tômes physiques, intellectuels et moraux caractéristiques de

cette névrose. D'ailleurs les démoniaques hystériques sont rares

à l'état isolé, surtout dans notre société actuelle et dans le

milieu auquel appartient notre malade. Doit-on faire de cette

sorte de maladie une nouvelle forme de folie religieuse se

développant dans la mélancolie anxieuse comme se le demande

il. Cotard ? Nous ne le pensons pas : le même auteur nous

parait avoir tiré des conclusions bien plus conformes à la réa-

lité des faits dans son étude sur ce qu'il appelle le délire des

68 REVUE CRITIQUE.

négations, sorte de période secondaire de certains états mé-

lancoliques analogues à celui de notre malade.

Pour nous, sans chercher à créer une espèce pathologique

distincte, nous rangeons le cas que nous venons de rapporter

et les autres semblables dans la forme dont ils se rapprochent

le plus par l'ensemble des symptômes observés; et c'est pour

cela que nous croyons devoir faire de Mm° A. M... une mélanco-

lique anxieuse. Nous avons affaire alors à une forme particu-

lière, grave de mélancolie anxieuse qui demande à être étudiée

pour ne pas être confondue avec des cas qui s'en rapprochent,

mais qu'une observation attentive, unie à la connaissance des

symptômes et del'évolution de la maladie, fera vite distinguer.

REVUE CRITIQUE

JUMPING, LATAII, MYRIACHIT;

Par G. GILLES DE LA TOURETTE.

En 1881, nous rapportions, d'après le Dr Beard une série

de faits particuliers observés aux Etats-Unis, dans la province

du Maine, chez des individus sains ou tout au moins parais-

sant l'être, faits qui avaient pour caractéristique l'excitabilité

extrême du patient, qui, à la moindre excitation, faisait un

saut (jumping) désordonné, répétait à haute voix l'ordre qu'on

lui avait donné et l'exécutait irrésistiblement.

Un ou deux exemples seront plus démonstratifs que toutes

les descriptions :

« Pendant qu'un sauteur, dit le Dl Beard, était assis sur

une chaise et coupait son tabac, je m'approchai de lui, et, le

1 Voir les Archives de Neurologie, 1881, iil V, 1). 146-150.

JUMPING, LATAH, MYR1ACH1T. 69

frappant subitement sur l'épaule, je lui dis : Jette-le. Aussitôt

il lança son couteau qui alla se planter dans une porte vis-à-

vis et en même temps, répéta mon ordre : Jette-le, avec une

expression particulière de terreur et d'alarme. »

« Deux sauteurs étaient-ils ensemble : Frappez - vous,

commandait-on, et en même temps ils se portaient des coups

fort violents. Lorsque le commandement était fait d'une voix

brève et claire, le sauteur répétait de suite l'ordre et l'exécu-

tait on même temps.

« Frappe », « frappe », disait-il, et il frappait; « Jette »,

« jette », répétait-il, et il jetait tout ce qu'il avait à la main.

Peu importait la langue employée : il répétait aussi bien du

grec que du latin, pourvu que l'ordre fût donné bref et sec et

en quelques mots. Il y avait là un véritable réflexe. »

Disons encore que le jumping semblait héréditaire. Dans la

famille sur laquelle le Dr Beard expérimentait, il y avait cinq

sauteurs, le père, le fils et deux petits-fils âgés de quatre et

sept ans. Dans une autre, trois frères étaient atteints.

Aujourd'hui, nous possédons la relation ' d'un état analogue

qui existe non plus en Amérique, mais en Asie, en Malaisie.

Le narrateur n'est plus un médecin, c'est un curieux,

M. O'Brien, qui, néanmoins, a bien vu et rapporté les faits

qu'il a observés, en s'abstenant de commentaires. Le jumping

américain est devenu, dans le langage malais, le latah qui,

dans la circonstance, désigne tout à la fois l'individu et l'état

spécial de l'individu qui en est affecté.

Cet état est fréquent parmi les Malais et les habitants des

détroits : cependant, il n'est pas spécial à ces peuplades,

car l'auteur a pu en observer plusieurs cas chez les

Tamils, les Bengalais, les Sikhs et chez un Nubien de pure

race.

L'acceptation malaise du mot latah est très large d'ailleurs :

« elle englobe toutes les personnes d'une organisation ner-

veuse particulière, depuis ceux qui, par leur constitution

mentale, paraissent absolument subordonnés à la volonté

d'autrui, jusqu'aux personnes qui sont d'une nature plus ou

moins excitable. »

Les Malais, qui sont d'un extérieur impassible, paraissent

1 Journal of the Sliaits bravack ofthe royal asiatic Society. Sinnapore,

juin 1883. Nous devons cette communication 1 l'obligeance de M. de Qua-

trefages.

70 REVUE CRITIQUE.

cependant d'une susceptibilité extraordinaire, qui déteint sur

les actes de leur vie journalière. « C'est, dit M. O'Brien, cette

intense sensibilité nerveuse, qui, selon moi, est la base des

phénomènes que je vais décrire.

« Classe A. Dans cette classe, je placerai ceux qui sont

affectés d'une façon extrême par un bruit violent et inattendu

ou par la vue de quelque chose d'alarmant. Cette particularité

peut être observée dans toutes les races, mais, chez le lalah

malais, il y a deux caractéristiques que l'on ne retrouve pas

ailleurs.

« D'abord, il est sous le coup d'une impulsion irrésistible

qui le porte à s'élancer de suite sur l'objet le plus proche,

animé ou inanimé : puis, à ce moment, il pousse une exclama-

tion involontaire qui est toujours obscène : ce dernier phéno-

mène se produisant dans l'un et l'autre sexe.

« Classe B. Dans cette classe, je placerai les individus

chez lesquels les phénomènes nerveux se produisent en dehors

de toute excitation apparente ou plausible.

« Un exemple, pris entre plusieurs, fera mieux comprendre :

remontant un jour un fleuve en compagnie de bateliers, je

prononçai le mot allc'gator (buaya); aussitôt un des hommes

qui m'accompagnaient se mit à donner les signes de la frayeur

la plus exagérée, cherchant avec anxiété des moyens de

défense. Ses compagnons, auprès desquels je m'informai des

causes de cette soudaine terreur, me dirent que cet homme

était un latah, mot qui, pour eux, expliquait tout. Quelques

temps après, je tuais moi-même un alligator d'un coup de

fusil. Ce même homme se précipita aussitôt sur lui, lui ouvrit

la mâchoire avec un pieu sans donner aucun signe de frayeur,

alors que ses compagnons se tenaient à une distance respec-

tueuse de l'animal, qui peut-être n'était pas encore mort.

« Le mot tigre provoquait les mêmes phénomènes chez un

médecin malais, qui était un des rares individus que j'ai

connus osant seul, la nuit, s'aventurer dans les jungles.

« Classe C. Cette classe comprend les individus qui, sans

y être sollicités, imitent les mots, sons ou gestes de ceux qui les

entourent, tout en jouissant d'un état mental parfaitement

régulier, dans l'intervalle de ces accès.

« Cette propension à l'imitation est souvent combinée avec

les autres phénomènes caractéristiques du latah, mais, dans

beaucoup de cas, elle existe seule.

JUMPING, LATAH, MYRIACHIT. 71 i

« Un exemple entre autres : pendant un voyage à travers la

péninsule malaise, en 1875, je pris à mon service un jeune

Malais que ses camarades me signalèrent comme latah, bien

que sa conduite et sa conversation ne me présentassent rien

que de rationnel.

« Vingt-quatre heures plus tard, nous tirions en signe de

réjouissance une fusée-signal et, je me préparais à en faire

partir moi-même une deuxième, lorsque ce jeune garçon me

poussa violemment de côté, m'arracha la torche des mains,

alluma la fusée, et tomba la face contre terre en poussant un

cri inintelligible, accompagné de tous les signes de la plus

violente frayeur. Je fus très étonné, car la violence est tout à

fait étrangère au caractère malais. Le lendemain, ce jeune

homme était parfaitement raisonnable et respectueux; ce

jour même, nous primes la mer, et, le voyant sur le rivage,

j'agitai la main de son côté en signe d'adieu. Il se mit à agiter

frénétiquement la main ; la rivière faisant un coude, je le

perdis de vue : à ce moment même, je me mis à siffler et fus

très étonné, lorsque je l'aperçus à nouveau, de le voir agiter

encore la main et de l'entendre siffler un air européen qui lui

était parfaitement inconnu.

« Quelque temps après, on me présenta une femme

malaise âgée et très respectable. Je causai environ dix minutes

avec elle sans rien soupçonner d'anormal. Tout à coup, celui

qui me l'avait amenée enleva son habit : aussitôt elle

commença à se déshabiller et elle se fût mise complètement

nue si je ne m'étais interposé.

« Ce qui me parut bizarre, ce fut la rage de cette femme

contre l'instigateur de cet outrage fait à son sexe. Pendant

qu'elle se déshabillait, elle ne cessa de l'insulter grossièrement,

l'appela « porc abandonné » et me supplia de le tuer.

« Je citerai en dernier lieu un cas qui eut une issue fatale :

le cook d'un steamer était un latah des plus corsés. Il berçait

un jour, sur le pont du navire, son enfant dans ses bras,

lorsque survint un matelot qui se mit, à l'instar du cook, à

bercer dans ses bras un billot de bois. Puis ce matelot jeta son

billot sur un tendelet et s'amusa à le faire rouler sur la toile,

ce que fit immédiatement le cook avec son enfant. Le matelot

lâchant alors la toile laissa retomber son billot sur le pont :

le cook en fit de même pour son petit garçon qui se tua sur le

coup. -

72 REVUE CRITIQUE.

« Un de mes amis, habitant Singapour, me raconta qu'une

Malaise latah voyant sa maîtresse déchirer une lettre et la

jeter par la fenêtre s'empressa d'en faire autant d'un paquet

d'habits neufs qu'elle portait.

« Classe D. Les phénomènes qui se rapportent à cette

classe d'individus sont encore plus incompréhensibles que les

précédents :

« J'ai, à de nombreuses reprises, été en rapport avec des

Malais affectés du latah, qui, sans aucun effort de ma part, se

sont de suite complètement abandonnés à ma volonté et à

mon pouvoir absolu de direction. J'ai, à différentes reprises,

essayé ma puissance sur ces sujets et dans toutes les directions

possibles et j'ai acquis la certitude que, dans chaque cas, mon

influence sur ces esprits malades était pratiquement sans

limites.

« Comme je ne crois jouir d'aucune puissance particulière,

je puis donc conclure que l'influence exercée n'est pas propor-

tionnelle à l'intensité variable du caractère de celui qui la met

en oeuvre.

« Je n'ai expérimenté sur aucun de ces sujets pendant

plusieurs années, mais je sais que le latah qui, au simple

commandement, se tient-sur la tête, saisit une barre de fer

rouge, ou frappe un spectateur, est parfaitement conscient de

son état d'abaissement mental et souffre beaucoup de sa

dégradation d'esprit.

« Le latah, qui se montre rarement chez les jeunes femmes,

est fréquent chez les femmes mûres et âgées.

« Chez les jeunes, il se caractérise par une absence complète

de sens moral (qui du reste n'est pas la vertu caractéristique

des belles Malaises).

« Les femmes d'un âge avancé présentent le même état, et,

ce n'est pas là un des phénomènes les moins bizarres du

latah, qu'un mot, un regard, un geste, puissent pousser une

femme de soixante-quinze ans à se conduire comme une

hétaïre de vingt ans. »

Ces faits si singuliers ne sont pas particuliers à l'Amérique

ou à la Malaisie, pays qui jouissent d'un climat chaud, on les

observe également en pleine Sibérie, ainsi que le Dr Hammond

JUMPING, LATAH, MYRIACHIT. 73

en rapporte des exemples ' d'après le témoignage d'officiers

américains qui les ont observés.

« La compagnie se trouvait sur le fleuve Ussur, près de sa

jonction avec l'Amour dans la Sibérie orientale. Au moment

où nous arrivions au rivage, nous nous aperçûmes que notre

compagnon, un capitaine d'état-major de l'armée russe, s'était

approché subitement du pilote du navire, et sans motif, lui

frappait le visage de ses mains. Après quoi, le pilote répétait

exactement le geste qu'avait fait le capitaine et le regardait

ensuite d'un oeil courroucé.

« L'incident nous parut d'autant plus curieux qu'il dénotait

une familiarité difficile à expliquer. Ensuite, nous vîmes le

pilote faire un nombre indescriptible de ces mouvements, qui

nous firent comprendre de quoi il retournait. Il semblait

affecté d'une maladie mentale ou nerveuse qui l'obligeait à

imiter tous les gestes qui venaient frapper ses sens. Si le capi-

taine donnait brusquement, en sa présence, un coup sur son

côté, le pilote répétait ce coup de la même manière et sur le

même côté; si un bruit se produisait inopinément ou avec

intention, le pilote semblait forcé, contre sa volonté, de

l'imiter à l'instant avec une grande exactitude. Les passagers,

par malice, se mirent à imiter le grognement du porc ou

d'autres cris bizarres ; d'autres battaient des mains, sautaient,

jetaient leurs chapeaux sur le pont, et le pauvre pilote imitait

tous ces gestes avec précision, autant de fois qu'on les répétait.

« C'était un homme de moyenne taille, de bonne mine,

plutôt intelligent, si on en jugeait par l'expression de son

visage. Comme nous quittions la rive pour nous embarquer sur

le bateau à vapeur, un de nos hommes jeta son béret à terre.

Observant le pilote, nous le vîmes également jeter son béret.

« Plus tard. nous fûmes témoins d'un incident qui nous

prouva jusqu'où s'étendait son irresponsabilité. Le capitaine

du bateau, tout en battant des mains, buta accidentellement

et tomba pesamment sur le pont. Le pilote, sans avoir été

touché par le capitaine, se mit à battre des mains, et voulant

l'imiter jusqu'au bout, tomba précisément de la même manière

et dans la même position.

1 V. La Iledicina coizieiiipoi,anea, mars 1884, et l'Union médicale, du

2'. avril 1884, 3 laquelle nous empruntons la traduction du mémoire du

D Hammond.

7'e 4 REVUE CRITIQUE.

« Le capitaine d'état-major nous assura que cette maladie

était commune en Sibérie, et qu'il avait vu beaucoup de cas

semblables du côté de Yakutsk, durant les hivers extrême-

ment froids qu'on y observe. Cette maladie est connue en

Russie sous le nom de « miryachit. »

Suivant le Dr Hammond, il existe encore une maladie de

même nature qui a été décrite en Allemagne sous le nom de

schla//2rrznlcenheit. «Dans cet état morbide, un individu, étant

subitement réveillé, commet des actes de violence et spéciale-

ment des assassinats. Dans certains cas, il semble sortir d'un

rêve; dans d'autres, on ne peut invoquer cette cause. Ainsi, .,

une sentinelle endormie, réveillée par un officier de service,

se précipita sur celui-ci avec son sabre et l'eût tué si les assis-

tants ne se fussent interposés. Il résulta de l'examen médical

que cette action était involontaire et était la conséquence de

la violente confusion mentale produite par un réveil subit,

succédant à un profond sommeil. »

Nous ne chercherons pas à interpréter cet état bizarre, jumping </

du Maine, latah de Malaisie, ! H ! /)'Mc/M< de Sibérie, et peut être

laschlalit ? ,iiîikenheil d'Allemagne, nouspréférons apporternotre

contingent à cette série d'observations connexes. Nous obser-

vons en effet, en ce moment, dans le service de notre maître,

M. le professeur Charcot, un cas qui, par bien des points, se

rapproche de cet état singulier. Il s'agit d'un jeune garçon

de quinze ans bien constitué, intelligent, raisonnant parfaite-

ment, qui est affecté d'un hyperexcitabilité extrême, de

tics particuliers, de soubresauts de la tête et du tronc à la fin

desquels il prononce presqu'invariablement et avec force le

mot de Cambronne. De plus, vient-on à parler devant lui, il

se fait l'écho fidèle des deux ou trois mots qui terminent la

phrase que l'on vient d'articuler.

Il y a là une source d'observations encore presque inexplo-

rée, dont l'interprétation ne pourra être tentée que lorsqu'on

aura recueilli un grand nombre de faits soigneusement obser-

vés et sans idée préconçue'.

1 Depuis que cet article a été composé, nous avons eu la bonne fortune

de rencontrer un deuxième sujet; son observation et trois autres qui

appartiennent à M. Charcot, seront rapportées dans un prochain travail

sur ce sujet. (G. T.)

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

I. Sur la névroglie; par L. Witkowski. (lrrl. f. Psyr/r., XIV. 1.)

Si l'on traite le système nerveux central de l'embryon par une

solution de pepsine chlorhydrique, on voit la substance fonda-

mentale se digérer complètement, ce qui n'a pas lieu quand on

fait subir le même traitement aux centres nerveux parfaitement

développés. Quand donc la névroglie embryonnaire digestible

se transforme-t-elle en névroglie indigestible de l'adulte ? L'exa-

men comparatif d'embryons d'un certain âge et de nouveau-nés

montre que la solubilité de la névroglie est dans un rapport exac-

tement inverse avec le développement parfait de la myéline.

Quand la myéline manque tout à fait, les parties se disso-

cient complètement'; n'y-a-t-il qu'une petite quantité de myéline,

les tissus se ramollissent et finissent par se détruire totalement;

enfin quand la genèse de la myéline a progressé dans de fortes pro-

portions, la névroglie devient inattaquable. M. Witkowkski en

conclut qu'il existe un rapport histogénique et chimique entre la

substance myéiinique et la névroglie, partant, qu'il n'y a pas de

gaines de Schwann. Un fait pathologique prouve encore, selon

lui, que la névroglie est bien de la matière nerveuse. Il s'agit

d'une dégénérescence consécutive à une hémorrhagie, qui avait

détruit le lit de la scissure de Sylvius; non seulement la subs-

tance grise avait disparu, mais les parties fondamentales glio-

mateuses étaient anéanties. La participation de la névroglie à

cette destruction parenchymateuse du système nerveux central

indiquerait que la névroglie est de nature nerveuse et qu'elle est

en particulier semblable à la myéline. Sans vouloir changer son

nom, il faudrait se résoudre désormais à ne plus parler de proli-

fération de la névroglie. Ce qui prolifère, c'est la vraie substance

conjonctive qui, elle, peut se transformer finalement on tissu con-

jonctif véritable. Mais alors la substance fondamentale disparaît

et cède le pas à la néoplasie pathologique. Suivant que la néo-

plasie ou la disparition atrophique des éléments qui nous occu-

pent constitue le premier phénomène, on aura affaire a une sclé-

rose primitive ou à une dégénération primitive. Telle est la teneur

de ce mémoire. P. Kéraval.

76 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE.

IL Recherches sur L1 substance guise centrale DE la moelle 15PI-

NIÈRE ET DE LA MOELLE ALLONGÉE ; par W. AINSLIE HOLLIS. {Journal

or Anal. andPhysiol., vol. XVII et XVIII.)

L'auteur présente d'abord quelques remarques au sujet du déve-

loppement de la névroglie dans la substance grise de la moelle

(substance poliosynectique). Puis étudie les cellules ganglion-

naires de cette substance ; parmi les figures qui sont jointes à son

travail, il en est une qui représente deux de ces cellules unies pat-

une seule fibre formée par un prolongement de chacune d'elles.

Chez les enfants et les jeunes chats, les prolongements polaires

des cellules font souvent défaut ou sont très courts, il y a quelque-

fois deux noyaux. Les cellules des colonnesde Clarhe et du tractus

intermedio-lateralis n'ont qu'un prolongement, deux tout au plus,

la racine de celui-ci apparaît à un fort grossissement comme une

fibre spirale enroulée autour d'une fibre directe et d'un aspect assez

analogue à celui-ci, signalé par Beale et Arnold dans certaines

cellules du sympathique de la grenouille.

Dans l'olive, le diamètre des cellules varie moins que dans les

régions précédentes, mais est plus petit; elles sont sphéroïdales,

unipolaires et leur corps est réuni au tissu synectique voisin par

un délicat stroma de fibrilles ; elles sont quelquefois réunies les

unes aux autres par de courts prolongements.

Hollis attribue la transparence plus grande des coupes de la

moelle dans la substance grise à ce que le tissu synectique à ce

niveau possède un indice de réfraction assez voisin de celui des

substances employées pour le montage des pièces.

Il étudie le tractus intermedio-lateralis, et les colonnes vésicu-

laires de Clarke, qui, d'après lui, s'étendent jusqu'au commence-

ment dufilum terminale; mais les groupes cellulaires sont plus

abondants à la partie inférieure de la région dorsale; ces colonnes

vésiculaires disparaissent à la région cervicale, c'est à peine si par -

ci par-là une cellule enfouie dans un amas de tissu synectique in-

dique leur continuation vers les parties supérieures, mais on les

retrouve au niveau de la décussation des pyramides et au niveau

de la partie inférieure de l'olive, c'est elles .qui formentle nucleus

cuneatus.

Quant aux faisceaux de Goll, ils renfermeraient, au niveau du

bulbe, une assez grande quantité de substance grise sous forme de

substance synectique, dans laquelle se trouveraient même à la

partie inférieure du bulbe un nombre considérable d'éléments

cellulaires d'aspect pyriforme. P. AI.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE. 77

II1. SUR L1 DISPOSITION CENTRALE ET PÉRIPHÉRIQUE DES FIBRES DU NERF

OPTIQUE, ET SUR LE TUBERCULE BIGÉMINÉ ANTÉRIEUR; par Sighert

Ganser. (Arch. f. Psych., XIII, 2.)

I. Quels sont chez les mammifères les rapports anatomiques du

faisceau de fibres qui subit l'entrecroisement et du faisceau de

fibres direct, dans la bandelette optique, le chiasma et le nerf

optique ? Quel est le mode d'irradiation de ces deux faisceaux dans

la rétine ? Quelle part prennent-ils tous deux à l'innervation de la

maculai Tels sont les premiers problèmes que AI. Ganser se pro-

pose de résoudre, à l'aide de la vivisection, chez le chat. Cet ani-

mal, tout en ne le cédant en rien au chien comme intelligence,

comme développement et poids du cerveau, se guide surtout par

la vue et l'ouie, et possède un champ visuel étendu (situation des

axes oculairessensiblementégale àcellede l'homme; faisceau croisé

remarquablement volumineux) ; sa rétine présente de plus une

démarcation extrêmement nette des éléments cellulaires, delà subs-

tance nerveuseet de la substance conjonctive. - Pour isoler le fais-

ceau non entrecroisé en épargnant le plus possible l'encéphale, l'au-

teur énuclée, trois jours après la naissance, un des yeux; il fait péné-

trer par le trou optique une fine pince et s'en va, en rasant la ligne

médiane,arracher la bandelette optique. Cet arrachement doit avoir

pour résultat la destruction des faisceaux croisés des deux yeux, du

faisceau direct de l'oeil enlevé et de toute la commissure inférieure,

de sorte que l'oeil conservé n'a plus à son service que le faisceau

direct. Les allures de l'animal , au moment où il apprend à mar-

cher, l'étude des altérations ophthalmoscopiques, l'examen histolo-

giquede la rétine, constituent autant de moyens de contrôles pour

la distribution des faisceaux en question. Voici les résultats : chez

le chat, les fibres du nerf optique directes forment dans le chiasma

et le nerf optique un trousseau distinct qui suit le bord externe de

ces deux organes; il recouvre un peu la face supérieure du fais-

ceau croisé, mais c'est à peine s'il existe entre les deux faisceaux

une petite zone noyée de fibres mixtes. Le faisceau de fibres

directes se distribue exclusivement à la moitié temporale de la

rétine. On est tenté de croire que le faisceau entrecroisé fournit,

lui aussi, des fibres à l'area centralis; mais il convient d'entre-

prendre de nouvelles expériences à cet égard.

II. Pour déterminer les rapports qu'affecte le lobe occipital avec

la bandelette optique, AI. Ganser le résèque chez des jeunes

chats de deux ou troisjours, sur un hémisphère, en ayant soin de

respecter les ganglions de la base. 11 obtient une atrophie de la

bandelette optique du même côté; cette atrophie se continue sur

les deux nerfs optiques, mais est plus prononcée sur le nerf du

côté opposé : par conséquent, le faisceau qui ne s'entrecroise pas

est, chez le chat, plus petit que celui qui s'entrecroise. On constate

78 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE.

en outre, un début d'atrophie des couches de fibres des moitiés

homonymes des deux rétines, surtout dans la papille. L'auteur se

garde de conclure encore à cause de l'existence,dans l'espèce, d'une

hydropisie ventriculaire.

III. Le tubercule bigéminé antérieur comprendrait, d'après

M. Ganser, sept couches :

REVUE D ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE. 79

néralement par voie réflexe des mouvements d'inspiration beaucoup

plus rarement des arrêts on expiration. Cette variété d'effets

réflexes s'explique par la présence de fibres inspiratrices et de fibres

expiratrices, les premières étant plus accessibles à l'excitation. Chez

un lapin chloralisé l'excitation du bout central produit toujours un

arrêt en expiration, l'action des fibres d'inspiration est donc mo-

mentanément suspendu.

Frédéricq attribue cette action du chloral à la parahsie du centre

inspiratoire. hi. Franck, au contraire, prétend que l'inspiration

qui suit l'excitation du nerf vague est une réaction douloureuse et

qu'on la supprime en anesthésiant l'animal. Pour élucider cette

question, M. Ilenrijeail a répété l'expérience de l'excitation du

bout central du pneumogastrique après avoir enlevé les centres

nerveux sensibles, c'est-à-dire les hémisphères centraux et, dans ces

conditions, il n'a jamais obtenu l'arrêt en expiration qu'on observe

chez les animaux chloralisés. Il en conclut avec Fredérieq « que le

chloral n'agit pas simplement comme anesthésique, mais qu'il pa-

ralyse le centre d'inspiration auquel aboutissent les fibres corres-

pondantes du pneumogastrique». D.

Vil. Contribution expérimentale LA CONNAISSANCE du Colti'S IIFSTI-

l'Ulruh., DU NOYAU EXTERNE DE L'.1COUS1'IQUH : , El' DE LEURS H11'YOIiIJ

avec la moelle; pai-v.iNlo.NAKow. (A1'CIz. f. fS ! /r/t.MV6)'t)ett/f.,X[V, ) I .)

Sur la surface de coupe de l'acoustique, entre le coi psrebti-

forme et le noyau interne de ce nerf, sur les côtés du segment in-

terne du pédoncule cérébelleux, et dans les mailles de ce dernier,

existe une collection de cellules nerveuses multipolaires, de gros

calibre, que Clarke a désignée sous le nom de noyau externe de

l'acoustique. Presque tous les auteurs en font provenir des

fibres de cette paire crânienne, mais tous ne sont pas d'accord

sur leur direction. Deiters seul le considère comme un relai entre

les fibres de la moelle (cordons aiitéro-latéraux) et les pédoncules

cérébelleux inférieurs. Pour résoudre la question des connexions

des cellules qui nous occupent, Ai. Monakow s'est proposé d'éli-

miner de la région les tractus issus de la moelle. Il a pratiqué

chez le lapin nouveau-né une section transverse complète de la

moitié gauche de la moelle, immédiatement au-dessus de l'entre-

croisement des pyramides. Un fait, dans lequel l'animal survécut

assez longtemps pour que les dégénérescences examinées six mois

plus tard fournissent le déblaiement projeté, permit l'analyse plus

facile du corps restiforme, des prolongements du noyau considéré

etdelaterminaisond'unepartteducorpsrestit'ormedanslecer-

velet. Les conclusionstiréesparl'expérimentalionsontlessuivanle :

Les cordons latéraux de la moelle participent à la formation du

strutum zonale, montent obliquement dans le corps restiforme

80 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

dont ils occupent d'abord le champ latéral puis, suprà, le champ

moyen, continuent avec le corps restiforme leur trajet dans le

cervelet, et se terminent sans doute dans l'écorce du vermis

supérieur du même côté. Une petite partie du cordon latéral

constitue un faisceau compact qui, affectant toujours la même

direction, gagne en haut la protubérance; il paraît entrer en

rapport avec les fibres latérales du ruban de Reil. Le corps resti-

forme reçoit encore des fibres issues des fibres arciformes de la

formation réticulaire, qui concourent à la formation du stratum

zonale. Le faisceau cunéiforme du même côté lui envoie également

un fascicule. Une partie assez importante des fibres du corps

restiforme, ou du faisceau cunéiforme qui marche avec lui,

trouve une fin provisoire dans les grandes cellules du noyau externe

de l'acoustique. Peut-être le faisceau cunéiforme fournit-il encore

au cervelet, mais ce doit être bien peu. Au-dessus du noyau

externe de l'acoustique, de nouveaux tractus de fibres doivent

exister; ces nouveaux tractus'émanent vraisemblablement des

fibres arciformes de la formation réticulaire, qui viennent de la

racine ascendante du trijumeau. En somme, le corps restiforme

comprend tout à fait en dedans, des fibres issues du faisceau cunéi-

forme ; une couche moyenne formée des cordons latéraux céré-

belleux ; une zone externe presque entièrement constituée par les

fibres arciformes issues de la formation réticulaire. Quant au

noyau externe de l'acoustique, il n'affecte aucun rapport étroit avec

le nerf acoustique ; il dépend bien plus de la moelle et doit être

regardé comme un noyau du faisceau cunéiforme. Le segment in-

terne du pédoncule cérébelleux touche peu au noyau envisagé ici.

P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

I. Coliques de plomb. I : NCI3PII9LOP.1TIIIE saturnine; par hl. C011DY.

Un homme de trente-sept ans, à la suite d'une colique de plomb de

moyenne intensité, fut pris de délire, de convulsions et de coma;

il succomba en huitiours à des accidents encéphalopathiques. La

moelle, le cervelet et le bulbe contenaient des traces de plomb.

(1;1,11 ? lce Mé(l., 1882, t. 11.) G. D.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. si

11. CO\THIüU7lo\ .\ L.\ l'.\THULOGIE LT .a LA 1H1·.It\rhUTIQI : E UU TIUh :

uons\L; par'l'h. ltuurr. (iVetsrol. CettrulGl., 188 ? )

Sur vingt-sept tabétiques examinés quant à la syphilis, M. Rumpf

trouva la proportion de 66 p. 100; tous ces syphilitiques avaient

présen té des symptômes d'infection ex traordinairement légers, aussi

n'av.lit-uninstitué à leur égard qu'un traitement court et peu éner-

gique : circonstance capable d'expliquer les différences dans les

anamnestiques et l'explosion de la maladie tabétique. En tout ca

les résultats du traitementautisyphilitique sont, dans l'espèce, rare-

ment grands. L'auteur en rapporte cependant un cas bien et dûment

diagnostiqué guéri à la suite de quatre-vingt-huit onctions hydrar-

Quoi qu'il en soit, considérant les excellents effets du

pinceau faradique dans le tabes ordinaire, l'auteur procède chez le

tabélique syphilitique à la double médication spécifique et faradique;

il en a obtenu de très bons résultats; l'association est surtout heu-

reuse quand il existe des douleurs et des troubles de la sensibilité

et que l'ataxie n'est pas très prononcée. P. KEHAVAL.

III. Sur UI : S\TT.1LUIa 11'01'LECTII·ORIiES ET épileptiformes survenues

DVNS LES PREMIERS STADES OU DANS LE COURS DU TABES; par

11. 13Elt\11.lRUl'. (rlrch. ? Payclz., RIV, 1.)

Deux observations sont relatées. La première concerne uu

homme de quarante-sept ans atteint depuis cinq ans d'ataxie loco-

motrice ; pas de complications psychiques, pas de syphilis, pas

d'affection cardiaque. En quelques semaines, attaques répétées,

passagères, caractérisées par une perLedela parole, tantôt unique,

tantôt accompagnée de monoplégie (du membre supérieur) ou

d'hémiplégie (des deux membres) du côté droit. Ni céphalalgie,

ni perte de connaissance; le malade était en état de penser, mais

il ne pouvait émettre aucun mot. Durée desattaques, dix minutes

a dix heures environ; aphasie avec agraplue. Répétition jusqu'à

vingt-deux fois en vingt-quatre heures. - L'observation Il est

celle d'un homme de quarante-quatre ans. Ici l'ataxie fut précédée,

dix-huit mois avant l'apparition des premiers phénomènes, d'une

perte de la parole également soudaine, sans perte de connais-

sance ; il recouvre quelques minutes plus tard la parole, ruais le

soir du même jour, il perd soudain connaissance pendant trois

quarts d'heure. Le jour suivant la parole est encore un peu em-

barrassée, niais ce trouble n'est que de courte durée; il est vrai

que pendant quelques semaines il éprouve une certaine lassitude

générale. Pas d'atfectious viscérales, pas de perturbations psychi-

ques, pas de syphlls. - Ces accidents ne relèvent ni d'une affec-

tion cardiaque, ni de l'alcoolisme chronique, ni d'une sclérose

ARCIIIVLS, t. VIII. 6

8 : ) REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

en plaques, ni de la sypliilis. Leur évolution les classe à côté des

attaques qui se montrent si fréquentes dans la paralysie générale.

Or, on sait que celle-ci peut être elle-même précédée pendant

plusieurs années de symptômes tabétiques. En tout cas, en atten-

dant que ces deux malades deviennent paralysés généraux, on

peut, comme l'auteur, admettre qu'ils dérivent d'un trouble céré-

bral en rapport immédiat avec le tabès. Des attaques epilepti-

formes, justiciables des mêmes appréciations se montrent dans les

mêmes conditions. On n'en sait pas davantage sur leur pathogé-

nie. Voir les observations de 111. \l. Vullian (Reuve de naédecine,

1882), de MM. Deltove (Prog. médical, 1881), Lecoq {Revue de méda-

cine, 1882). P. K.

IV. Un cas ue J'UMHLJH LKREUmL ! : l4ssl,nUlilRl'h.l.lul'IWLI : L\IL41'I·.IllLh : ;

lt,tr .ldolf S1'RUI : \IIh : LL. (Neurol. Ccrtlrtlt ! , 18`i' ? .)

Faisant abstraction des troubles de la motilité et de la sensibilité

qui furent ceux habituels, nous relèverons l'état de 1,'oieille

gauche présenta successivement de la dyscacousie, dea bourdonne-

ments (sifflements, sons de Mute, gazouillements d'oiseaux), une

complète surdité même au contact de lu montre sur les os du crâne ;

en même temps incapacité absolue de localiser l'origine des percep-

tions auditives transmises par l'autre oreille. Intégrité clinique et

anatomique de l'oreille droite. Intégrité anatomique de l'oreille

gauche : un gliome occupe la pariétale ascendante et les circonvolu-

tions pariétales contiguës. L'auteur rattache l'état de l'ouïe à la

lésion du lobe pariétal; malheureusement il existait en même

temps des phénomènes oculaires témoignant de l'augmentation de

1,L pi-ebsioii ii)ti-a-crâiiieiiiie, et la tumeur, grosse par elle-même

comme une pomme, est entourée d'une large zone de ramollisse-

ment qui s'étend dans tous les sens. l'. Ii.

V. Contribution .1 L N.1'UUE Uls L.\ RI ? 1C'l'fUN Uh : GI : Eile1'll4'h : .1U\

courants faradiques; par Alfred liasr. (Neurol. Centralbl., 1882.)

La réaction dégénérative aux courants faradiques (An S Z > Ka

S Z) constituerait dans les paralysies atrophiques un symptôme

clinique de bon présage en ce sens qu'elle indique avec certitude

que l'appareil neuro-musculaire n'esl que légèrement lésé, et

qu'elle fait espérer une issue favorable des phénomènes parai) -

tiques. P. K.

VI. Hh.MiATfiETOSL,IrGUG UU Gdfl3 GAUCRR ('l) s.ws .111 FE(,'IIUN EN FOYElt

par KIRCRROFF. (Ai-eh. f. Psych. u. Vervenh., XIII, 3.)

Buveur, indemne de rhumatisme ? soixante ans. énorme dilata-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 8*

bon du coeur avec insuffisance valvulaire et gêne de la circulation

en retour. Cirrhose hépatique. Très violents accès de dyspnée

accompagnés de troubles de la motilité qui se montrent vingt-deux

jours avant la mort sur tout le côté gauche du corps. La forme des

mouvements, leur sélection sur les extrémités, leur continuité, même

pendant le sommeil, l'impuissance de la volonté imposent le diag-

nostic d'athétose auquel contredisent la participation des muscles

oculaires, et masticateurs, et du facial entier, ainsi que l'étendue

des phénomènes. Pas de troubles de la sensibilité; pas de paralysie

franche. Aucun foyer cérébral. ill. Kirchhoff rapproche ce fait des

accidents semblables dus à l'anémie (chorea dimidiata d'Eulenburg),

à la résorption biliaire (excitation cérébrale) de l'atrophie jaune

aiguë du foie. Peut-être l'athétose a-t-elle aussi le coeur pour ori-

gine : action réflexe par l'intermédiaire du nerf vague gauche qui

semble innerver presque à lui seul l'organe central en question, si

l'on en juge par la différence de volume qu'il présente au-dessus

et au-dessous de lui. P. K.

VU. Contribution a lv casuistique des tumeurs CÉRÉBR1LFS;

par Richteii (de Italldorf). (.1%. Zet<Mc/t ? Psych., XXXIX, ? )

Un homme de quarante-sept ans, jouissant d'une bonne santé

habituelle, est atteint d'accès d'épilepsie avec perte de connaissance,

de troubles intellectuels avec perte de la mémoire, d'agitation

maniaque furieuse : inconscience des actes. Les convulsions res-

semblent, vers la fin, aux mouvements involontaires que produit

l'électrisation ; ces décharges s'effectuent à l'occasion des actes

intentionnels. Troubles de la vue : papilles étranglées. Deux mois

et demi plus tard, soudain perte de connaissance, flaccidité des

membres, insensibilité, immobilité, thorax fixe, respiration dit'fi-

cile. P. 30, T. R. 3n°,o. Le coeur cesse de battre le lendemain soir.

A la base du cerveau, entre les deux nerfs optiques, apparaît un néo-

plasme tendu, rosé, qui vient faire saillie entre les lobes frontaux,

et soulever le corps calleux; il occupe la partie inférieure de l'in-

stila et le gyrus rectus du côté droit. C'est un gliome qui a atteint

le genou du corps calleux, la partie inférieure du gyrus fornicatus

des deux côtés, la corne antérieure du ventricule latéral gauche, la

cloison transparente. A droite, la transformation porte sur la paroi

interne de la corne antérieure du ventricule, la bandelette optique,

l'origine de l'olfactif, la partie antérieure de la couche optique

et sa région moyenne, la partie inféro-antérieuredu noyau caudé,

la partie inférieure de l'insula et les circonvolutions frontales et pa-

riétales voisines, le gyrus uncinatus,lacapsule interne, etc. La lec-

ture de la description histologique complète permet seule d'en

apprécier l'étendue. p. K.

81 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

VIII. Ull LI; SUDSTR : 1TU\I 1 ? AlUNIOUE UU TÉf\\Oà; par Friedr.

SCEIULTZF (de Heidelberg). (Neurol. Centrcelhl., 188 ? .)

L'auteur passe en revue. à la lumière de la technique microsco-

pique. les assertions d'Aufrecht sur l'atrophie des cellules nerveuses

de la moelle cervicale et dorsale (granulations obscures et grains

pigmentaires delà substance grise), et l'inflammation parenchyma-

teuse de ces éléments qui, pour cet observateur, serait la cause du

tétanos. Après les avoir battues en brèche, il montre, par le même

genre de procédés, que le tétanos n'a pas encore de substratum

anatomique. Quatre nouveaux cas à l'appui de sa thèse. P. K.

IX. Contribution A LI, localisation des PARALYSIES saturnines dans

les extrémités inférieures; par E. REU.4A. (JVett ! '0/. Cettlt'al6l.,

1882.)

Le type établi jadis par Remali (Arc/t. f. Psychiatlie, VI, 41) porte

sur la paralysie dégénérative des péroniers et des longs extenseurs

des doigts avec immunité du tibial antérieur. L'observation

communiquée ici constitue précisément une exception en ce sens

que lejambier antérieur est également atteint. P. K.

X. Poliomyélite antérieure SUUAIGUE cervicale CIRCONSCRITE chez

l'adulte]; par C. Eisenlohr. (Neurol. Cetttrrll6l., 1882.)

Observation u lire en entier. P. K.

iI. L.f.1'l' .\NA'10110-L'.IIHOLOGIQUE D\NS un cas de PARALYSIE infantile

spinale EXISr%N'r depuis trois ANS; par Friedr. SCHULTZE (d Heidel-

berg). (Neurol. Centrttl6l., 1882.)

Il s'agit d'une forme paraplégique. La substance grise antérieure

de la moelle lombaire présente une disparition presque absolue

des cellules nerveuses; en même temps on constate des altérations

vasculaires (parois épaissies, riches en cellules) ; quelques vaisseaux

contiennent de grandes quantités de matière colorante du sang

(pigment congloméré en globules). Eu conséquence, ce n'est pas

pour M. Schuitze une myéliteaiguë parenchymateuse, une atrophie

primitive des cellules nerveuses. Peut-être, vu la présence de la ma-

tière colorante du sang dans les vaisseaux , serait-on autorisé a

penser que la paralysie spinale aigué de l'enfance a pour origine

des hémorrhagies primitives. ' 13. K.

11. Situation DE l'omoplate dans LES paralysies DU grand dentelé,

par 1.$EF;LIG)IUELLEIt. (Neurolo. Central6l., 1882.)

Dans la paralysie du grand dentelé qui persiste depuis un temps

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 85

assez long, le corps étant vertical, et le bras pendant au repos,

l'angle inférieur de l'omoplate se rapproche de la colonne verté-

brale en s'éloignant de la paroi thoracique; il en est en maints

cas de même du bord médian de l'omoplate. P. K.

XIII. Contribution au TRUTEMEKT DU TABES DORSAL A L'AIDE DU pinceau

faradique; par Th. RUMPF. (Neurol. Centmvl6l., 188 ? )

L'auteur apporte deux observations de guérison par ce moyen.

Une autre série de cas aurait entre ses mains témoigné soit d'amé-

liorations radicales, soitde rétrocessions complètes de certains symp-

tûmes, tels que troubles de la sensibilité, douleurs, crises laryn-

gées. Enfin, bien d'autres malades n'auraient éprouvé qu'une

amélioration passagère, n'auraient pu supporter l'application de

I'Clecluicité, auraient présenté des contre-indications. P. K.

XIV. Présentation d'un cas d'atrophie hémilatérale DE la face;

par E. KÙSTFR. (ivetirol. Celztnul6l., 1882.)

Rien de nouveau, si ce n'est que les os ue participent pas au

trouble trophique ; cette particularité s'explique par ce fait que la

maladie ne commença dans l'espèce qu'à l'Age de 28 ans, c'est-à-

dire à une époque où le système osseux a terminé son évolution.

P. K.

XV. Convulsions IDIOP1TIIIQUES DE la langue; par 0. Berger.

(Neurol. Centralbl., 1882.)

Femme de 28 ans ; pas d'hérédité; éclampsie à la période de la

dentition (1 ? année). En 1875, refroidissement laissant après lui un

oedème de la jambe droite (disparu depuis); dès lors, les époques

menstruelles sont assez souvent accompagnées de douleurs lanci-

nantes dans la jambe droite. Le 21 octobre 1877,brusquement,sans

prodromes, se montrent les accès suivants : au milieu de la meil-

leure santé, sensation de tension sus-larsngienne siégeant immé-

diatement au-dessous du menton; puis la langue, qui semble à la

malade enfler au point de remplir toute la bouche, est parcourue

d'arrière en avant par une ondulation : c'est l'aura qui dure une à

une minute et demie. L'organe est ensuite involontairement, irré-

sistiblement projeté violemment en avant ; il vient frapper les

arcades dentaires en produisant un bruit perceptible ou montrer

la pointe entre les lèvres. Ces convulsions arythmiques se succè-

dent cinquante à soixante fois par minute. La parole et la dégluti-

' Archives de Neurologie, t. II, p. 242 ; t. VII, p. 339.

86 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

tion sont impossible^ pendant l'accès, qui n'entraîne d'ailleurs au-

cun autre accident immédiat ou consécutif. Durée de l'accès, une à

deux minutes ; il est suivi pendant quelques minutes de contractions

fibrillaires. Répétition à des intervalles variés. Guérison à l'aide

des toniques et des reconstituants de tous ordres.-Homme de qua-

rante-deux ans. Ici pas d'aura; projections brusques, involontaires,

animées d'une grande force, de la langue hors de la bouche plu-

sieurs fois de suite, même pendant la nuit. Le malade, effrayé, ferme

involontairement les mâchoires et se blesse ainsi fréquemment.

Nul autre accident ni avant ni après. Absence d'étiologie. M. Berger

croit à l'excitation centrale, corticale ou bulbaire de l'hypoglosse.

Il en rapproche la convulsion idiopathique du crémaster tout aussi

inexpliquée qui, elle, cause une sensation de contraction locale ex-

trêmement pénible. Guérison à l'aide d'injections sous-cutanées

d'atropine (4 Il cas) et de séances de galvanisation (+ à la région

lombaire, - au scrotum). P. K.

XVI. Absence apparente DES nerfs olfactifs ; par A. LEBET.

(Société de Biologie, 4 nov. 1883.)

L'auteur découvre à l'amphithéâtre, un cerveau sur lequel le

nerf olfactif droit, est réduit à un bourgeon de 2 millimètres d'élé-

vation, le gauche a une bandelette longue de 8 millimètres. Les

deux racines blanches existent de chaque côté et le sillon olfactif

manque sur l'hémisphère droit où le nerf optique correspondant

s'est creusé une gouttière. Au reste crâne, méninges, encéphale

sont normaux. Ainsi que dans le cas célèbre de Cl. Bernard, la

femme avait joui de la plénitude de son odorat.

AI. Duval a trouvé des filets nerveux olfactifs dans la lame cri-

blée, dans la muqueuse de Schneider. Us y seraient parvenus en

passant par la portion du tissu sous-arachnoïdien qui enveloppe

normalement le bulbe et le cordon olfactifs, ce qui n'a pu être

vérifié. D. B.

XVII. Sur une CUSE DE SURDITÉ; par H. Lépine. (j<mn ! <MtM/883,

11, 48.)

Chez un jeune homme de dix-huit ans, avec les divers symp-

tômes d'une néoplasie intra-crânienne, on observe une perte ra-

pide de l'ouie, sans aucune douleur dans l'appareil auditif, puis

une amaurose complète. A l'autopsie, une masse gélatiniforme,

englobe la base de l'encéphale et les nerfs qui en émanent jusqu'au

collet du bulbe. Aucune atrophie, aucune dégénération des nerfs,

pas plus des nerfs optiques que des acoustiques. C'était une néo-

plasie syphilitique et probablement une manifestation héréditaire

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 87

ardive. M. Lépine suppose que les terminaisons nerveuses du nerf

auditif se trouvaient dans une condition analogue à celle de la

rétine au cas de papille étranglée. En pareil cas, la surdité ne

saurait, pas plus que l'amaurose, autoriser une localisation du néo-

plasme.

11. Lépine a pu depuis voir que Z dans son ouvrage

sur les tumeurs du cerveau, avait rapporté certains troubles audi-

tifs à l'augmentation de la pressioniutra-cr8menue.D. l3EarTnnu.

XVnj.C\S II' VSYMÉTR1E DL'CERVEVU PRÉSENT VNT DES I'.aIITTCCL.1RITF : SRF : -

LATIVES A L\ QUESTION DES CONNEXIONS QUI EXISTENT ENTRE LES NERFS

OPTIQUES ET CERTAINES REGIONS DU L 1· : COITCE DU CERVEAU; par S -.1.

SHARKEY. (Med. chir. Transartiolts, t. LXVI, 1883.)

Il s'agit d'un cas d'hémiplégie infantile, avec arrêt de dévelop-

pement de tout l'hémisphère ; la relation entre la diminution de

volume du tractus optique et l'irrégularité du gyrus angulaire n'est

pas rigoureusement établie, quoiqu'en dise l'auteur. CH. F.

XIX. Contribution aux localisations cérébrales, par S ? LSI19RRRY.

(The Lancet, septembre et octobre 1883.)

L'auteur rapporte à l'appui de la doctrine des localisations céré-

brales, ses observations intéressantes : Io Méningite tuberculeuse

avec un amas de tubercules occupant l'extrémité supérieure des

deux circonvolutions centrales du côté droit, ayant déterminé des

convulsions a gauche et une paralysie de la jambe gauche.

2" Ramollissement de la circonvolution pariétale ascendante droite,

produisant un tremblement et nue paralysie permanente du bras

gauche et un tremblement et une paralysie transitoire de la

jambe gauche. 3" Ramollissement de la partie postérieure de la

troisième frontale et de lu partie inférieure de la frontale ascen-

dante des deux côtés, avec paralysie de la face et aphasie.

4" Abcès du cerveau d'origine traumatique dans la région parié-

tale gauche (moitié supérieure des circonvolutions ascendantes),

produisant des convulsions et une paralysie du bras droit et du

côté droit de la face, avec aphasie. - 5° Ramollissement de la

frontale ascendante du côté droit, accompagné d'une paralysie

du bras gauche et d'une parésie de la jambe, de la face et de la

langue. 6° Convulsions et paralysie du côté droit du corps dues

à une inflammation aiguë et à la destruction de certaines parties

de l'écorce de l'hémisphère gauche. De l'examen de ces obser-

vations, nI. Sharkey tire les conclusions suivantes, qui concordent

avec celles du travail de MM. Charcot et Pitres (Revue de Médecine,

1883)..1. Il existe des centres moteurs corticaux, situés sur les

88 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

deux circonvolutions ascendantes et les parties voisines de la face

interne de l'hémisphère. B. Les centres du bras, de la jambe

et de la face sont plus ou moins distincts anatomiquement. - C.

Ces centres, pour la partie inférieure de la face et la langue, sont

situés à l'extrémité inférieure de la circonvolution frontale ascen-

dante ; chez beaucoup de personnes, la partie postérieure de la

troisième frontale gauche, son insertion à la frontale ascendante,

sont spécialement en rapport avec la fonction du langage.

D. Le centre du bras est situé sur la partie moyenne des deux cir-

convolutions ascendantes. - E. Le centre de la jambe occupe

l'extrémité supérieure des mêmes circonvolutions et les parties

voisines situées sur la face interne de l'hémisphère. CH. F.

XX. PÉNÉTRATION d'un FRAGMENT DE FER DANS LA SUBSTANCE CÉRÉBRALE;

mort en quatre mois; autopsie; par Boni. (Tite Anzerican Journal

of the médical sciences, juillet, 1882.)

Le sujet de l'observation, jeune homme d'une vingtaine d'années,

reçut pendant une chasse un éclat de fusil un peu au-dessus de

l'arcade zygomatique gauche; il ne perdit pas connaissance et put

rentrer à pied chez lui. Vingt-quatre heures après l'accident, il

éprouvait seulement un peu de céphalalgie et une légère surdité,

mais pas d'autres troubles cérébraux. Des tentatives furent faites

pour extraire le corps étranger, mais elles n'aboutirent qu'à pro-

duire l'issue delà matière cérébrale, ce qui les fit cesser immédiate-

ment. Néanmoins le malade guérit très vite et put reprendre ses

occupations, ne conservant qu'une petite fistule au niveau de la

plaie. Alais, au bout de trois mois, le lendemain d'une orgie, il fut

pris subitement d'une céphalalgie extrêmement vive, et il mourut

au bout de quatre heures. A l'autopsie, le projectile constitué par

une portion du canon et une des cheminées, fut trouvé dans le

milieu de l'hémisphère gauche, près de la scissure de Sylvius. Cette

observation montre une fois de plus combien quelquefois le cerveau

supporte facilement la présence des corps étrangers; il est regret-

table seulement que les lésions ne soient pas indiquées avec plus

de détails. - 1)AUGE.

XXI. Du RÔLE DE LA SYPHILIS COMME CAUSE DE L'ATAXIE LOCOMOTRICE PRO-

GRESSIVE; par J.-L. Prévost. (Soc. méat. de la Suisse romande.)

Après avoir analysé les différents travaux qui ont paru sur cette

question, Ni. Prévost pose les conclusions suivantes :

10 L'origine syphilitique de l'ataxie n'est pas aussi fréquente

que l'ont prétendu certains auteurs (Erb en particulier), il semble

cependant difficile de nier, dans tous les cas, l'influence de la vérole

sur l'origine de cette maladie;

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 89

2° L'ataxie locomotrice progressive d'origine syphilique ne pré-

sente aucun caractère anatomique ni symptomatique spécial;

3" Elle appartient aux périodes tardives de la syphilis et n'appa-

rait généralement que de sept à vingt ans après l'affection;

4° Très peu de cas d'ataxie ont pu, chez la femme, être rapportés

à la syphilis;

Quant au traitement mercuriel ou ioduré, il a été souvent

reconnu comme sans influence, s'adressant généralement à des cas

trop anciens. Quelques observations favorables doivent engager à

recourir à cette médication, surtout au début des phénomènes

ataxiques. (Soc. znéd. de la Suisse romande.) D.

XXII. UN C\S D'LICUIATPOPIIIE fvcialf. progressive; par llll. 11EA7E-

JEWSKY et FIILIZKY. (Messuger de Psychiatrie clinique et légale et

de 1(t Neitiol)ttlhologie (russes). 1 année, lie partie, 1883.)

Après une courte critique sur les cas connus dans la littérature,

l'auteur nous présente a l'appui de l'hypothèse des nerfs tro-

pliidaes (tropho-névrose) un cas d'hfmiatrophie faciale progres-

sive gauche, récemment observé. Il s'agit d'une femme de trente

et un au. A de dix ans, a la suile d'une grande émotion, elle

avait été frappée d'un premier accès d'épilepsie, qui se répétait

ensuite deux ou trois fois par mois. Un an après, ses parents com-

mencèrent à s'apercevoir d'une diminution de la partie gauche de la

face. Depuis, les accès épileptiques et la diminution notée allaient

en progressantjusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. Après son mariage,

qui a eu lieu à cette époque, les accès épileptiques disparurent, il

ne resta qu'une faiblesse et un sentiment d'engourdissement dans la

tête. Quant à l'hérédité, on ne trouve dans sa nombreuse famille

qu'un seul frère atteint d'épilepsie. Après un examen fait avec

beaucoup de soin, les auteurs constatent : diminution considérable

de la branche horizontale de la mâchoire inférieure; atrophie de

tous les muscles innervé» par la troisième branche du nerf triju-

meau (fibres moteurs du nerf maxillaire inférieur). La peau est

atrophiée. Sensibilité normale, collt"(Ictilité électrique des muscles

utrohlaiés-- conservée. Rien d'anormal dans le domaine vaso- ? i2oteur

de cette partie de la face. Pas d'autres q mptômes cérébraux ou sp)-

naux. Par conséquent, l'auteur considère cette atlection dépen-

dante d'une lésion centrale et bien circonscrite. 11 la localise dans

le plancher du quatrième ventricule près du « locits coeruleus »,

dans le noyau moteur du nerf trijumeau (cellules soi-disant

trophiques). Ci-jointes des photographies. T. Kahn.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

1. Sur la disposition des fibres nerveuses r\ myéline dans l'écorce

DU CERVE11J ET LEUR f.4NIRE D'TRE Da\S L\ DÉMENCE P\R.\LYTIQUE;

. par Franz Tuczek. {Neurol. Centralbl , 1882.)

Voici brièvement les résultats auxquels l'acide osmique a conduit

M. Tuczek '. A l'état normal toutes les couches de l'écorce sont

extrêmement riches en fibres de ce genre : la première couche con-

tient surtout des fibres arcifomes qui rejoignent les petits oasis

cellulaires (fibres d'association); dans la seconde (celle des petites

cellules pyramidales) prédominent encore des fibres d'association :

mais il existe aussi des fibres de toutes directions; la couche des

grandes cellules pyramidales renferme des fibres épaisses qui

commencent à se conglomérer en trousseaux de substance blanche.

Ceci s'applique communément aux circonvolutions ascendantes.au

lobe frontal, à l'insula, au lobule paracentral et au lobe occipital.

Passons aux particularités : les fibres d'association de la couche

externe sont très fines et très nombreuses dans le lobe frontal et

l'insula. La même couche est très riche en libres intermédiaires

d'épaisseur considérable dans le lobule paracentral et les circonvolu-

Lions ascendantes. Le lobe occipital est parcouru dans les mêmes

zones par des fibres de tous calibres, parallèles à la surface,

libres si prononcées que la substance fondamentale a disparu. C'est

par le système des fibres d'association que s'explique la notion

psychique de la vue - : le centre visuel ne donne en soi naissance

qu'a des conceptions simples élémentaires à deux dimensions; Lr

représentation de la troisième dimension (profondeurs, reliefs,

nuances ombrées, perspectives) provient de ce que, à l'aide des

fibres en question, nous associons les notions issues des mouve-

ments des muscles de i'oeit et celles qui sont fournies par le

tact avec les conceptions du centre visuel.- Les deux observations

anatomopathotogiques mettent en évidence dans la paralysie gé-

nérale l'atrophie considérable de toutes les fibres à myéline à tra-

vers toutes les couches corticales des lobes frontaux,'y compris l'in-

sula (le, cas), ou l'atrophie exclusive des fibres d'association (2" cas).

1 Voir Arch. de Neurologie, t. Vf, p. 403 (note et texte.)

Vmr A·c7, rle Neurolo ! /re, t. Vlf, p. 3 : i5 ;1 3fi9.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 91

Le caractère essentiel et primitif de la maladie serait surtout la dé-

chéance des fibres à myéline; l'hyperplasie de la névroglie et le

développement des cellules araignées seraient secondaires ou con-

comtants. Comparaison avec le tabès : même pathogénie par trouble

dans la nutrition de certains systèmes de fibres, quelle qu'en soit la

cause; mêmes pauses; mêmes rémissions; mêmes phases d'amé-

liorations par la suppléance fonctionnelle d'autres systèmes de

fibres. La rupture des fibres d'association qui font communiquer

le lobe frontal avec l'insula entraîne l'aphasie, l'agraphie, l'ané-

mie, l'amnésie; chaque centre de conceptions élémentaires étant,

alors isolé, il y a disparition des conceptions complexes, dos

conceptions morales qui en émanent et de l'intelligence. Il est

probable que l'altération corticale et la diminution de poids du cer-

veau des paralytiques dépendent pour une forte part, de l'atrophie

des fibres corticales à myéline. P. KERAVAL.

IL Trépanation dans l'épilepsie après traumatisme sans fracture;

guérison; par M. SAXTORPHE (de Copenhague). {Journal de inéde-

cine et de chirurgie pratiques, t. LUI, 1882.)

Il s'agit d'une jeune personne de vingt ans, qui devint épilep-

tique à la suite d'une contusion du sommet de la tète. M. Sax-

torphe, ayant constaté l'existence d'un point douloureux au niveau

de l'angle supérieur gauche du pariétal, appliqua à ce niveau une

couronne de trépan. Les parties molles et le tissu osseux ne pré-

sentaient aucune altération. Trois semaines après, aucun nouvel

accès d'épilepsie ne s'était montré. G. D.

III. Idiotie ET imbécillité ; FOLIE chez UN enfant, folie morale;

par 11. MAGNAN. {Journal de médecine et de chirurgie pratiques,

t. LUI, 188 ? .)

Dans cette leçon clinique, l'auteur rapporte : 4 quelques exemples

d'idiotie et d'imbécillité à différents degrés; 2o un cas de mélan-

colie avec idée de suicide, chez un enfant de quatre ans, hérédi-

taire ; 3° un exemple curieux de folie morale : il s'agit d'un individu

qui était obsédé par l'idée de prendre des tabliers, pour s'y livrer

à des pratiques de masturbation. Cetteobsession, qui dura plusieurs

années, lui attira plusieurs condamnations. G. D.

IV. QUELQUES modifications A apporter a la loi DE 1838;

{France médicale, t. I, 1a82.)

Dans une leçon clinique faite à l'hospice de la Salpêtrière,

11. Voisin demande : 1-que ce soit l'autorité judiciaire et non le mé-

decin seul qui autorise à sortir des asiles les aliénés qui ont commis

92 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

un crime ou un délit. Ceux-ci seraient, en outre, toujours maintenus

dans la maison de santé, pendant un temps au moins égal au

temps de prison auquel ils auraient été condamnés; 2° que tout

individu déjà interné puisse, en cas de rechute, être reçu dans

le même établissement, sur le simple certificat d'un médecin, visé

par le maire ou le commissaire de police, sans passer par le dépôt,

ni le bureau central de répartition. G. D.

V. SuR le quartier D'.\LIÉ11 : S DI. i II61'IT.1L .IULIUS DE 11'uBBOOBU et

LES CONDITIONS FAITES AUX PSYCHOPATHES DANS LA BASSE FnNCONIE;

par RIEGEB (dllg. Zetc/t.y. Psych., XXXIX, 5.)

Plaidoyer motivé en faveur de la transformation de ce quartier

en un établissement d'aliénés complet, aménagé pour l'enseigne-

ment de la clinique ; le terrain et les plans sont déjà prêts. Tou-

tes les raisons d'ordre moral, administratif, humanitaire et scien-

tifique sont méthodiquement passées en revue une à une; elles

sont les mêmes que partout ailleurs. Voici la conclusion de

M. Rieger : «En réalité, l'asile provincial (ICreisirrenanstalt) d'alié-

nés de la basse Franconie est actuellement encombré et, si le

quartier de l'hôpital Julius était convenablement disposé, il pour-

rait remplir un triple rôle. Ce serait le plus grand bonheur qui

pût arriver à la province. Il vaudrait mieux pour l'Etat, mis à part

l'humanité, avoir en surveillance le plus possible d'aliénés, au

lieu de les laisser courir en liberté; la preuve en est dans les cas

nombreux de crimes commis par les aliénés, et, entre autres,

dans celui dont tout récemment avait à s'occuper le jury d'ici.

C'est ainsi qu'une femme aliénée laissée à l'abandon fournissait

pour la troisième fois l'occasion au tribunal d'assigner à compa-

raître un nouvel individu cohabitant avec elle; chaque fois l'Etat

avait à payer les dépenses; mais chaque fois il la rendait à la

liberté, ne sachant où la placer. » P. K.

VI. Contribution A LA QUESTION DE la simulation des troubles

PSYCHIQUES; par F. (,17ch. f. Psych., XIV, 1.) .)

L'origine des troubles psychiques et l'observation dans un

asile pendant au moins six semaines, tels sont les éléments qui

doivent permettre à l'expert de décider s'il y a ou non simula-

tion ; l'évolution des symptômes et leur mode d'enchaînement

valent même mieux que l'aveu arraché au malade ou à celui qui

se dit tel. C'est cette méthode qui permit à AI. Siemens de déceler

la simulation dans les trois observations qu'il rapporte. Dans la

première, il s'agit d'un homme brutal, querelleur, irascible, accusé

d'une tentative de meurtre, qui feignit successivement la fureur

maniaque avec désordre dans les idées, la surdi-mutité, des hal-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 93

lucinations sensorielles. Les conditions dans lesquelles se manifes-

taient ces prétendus troubles, l'ostentation mise par l'inculpé à les

étaler, le défaut de méthode dans leur enchaînement perdirent

le simulateur. La seconde observation concerne un professeur,

coupable de faux, qui, en se faisant passer pour lypémaniaque,

espérait échapper à une condamnation et quitter plus tard l'asile

comme s'il était guéri. Ici l'imitation était parfaite. Seuls les

motifs de la dépression psychique n'étant pas pathologiques,

l'entité qu'on a sous les yeux est vicieuse; un examen plus appro-

fondi laisse percevoir des côtés faibles. Le troisième cas a trait à

un jeune homme qui simule la stupeur, mais ce qu'il est incapable

d'imiter, ce sont les troubles vaso-moteurs et trophiques, la dépres-

sion profonde, véritable, qui isole complètement le malade du

monde extérieur. Telle est l'essence des faits et idées publiés par

AI. Siemens. P. K.

VU. Les rapports annuels sur LES asiles d'aliénés ; parJ.-L.-A. KOCB.

(illlg. Zeitsch f. Psych., XXXIX, 2 et 3.)

L'auteur s'élève contre la routine des comptes rendus adminis-

tratifs moraux et médicaux de chaque année. Il ne voudrait pas

voir répéter tous les ans l'histoire de l'établissement. Une fois

qu'un premier tableau a été tracé, il faudrait se borner à consi-

gner les événements qui font époque dans la vie de l'asile. Au lieu

d'une statistique banale et bourrée de chiffres, et par suite fasti-

dieuse, on devrait rapprocher des divers éléments de la popula-

tion générale du pays considéré, les nombres qui concernent le

mouvement delà population de l'asile. ,AI. Koch souhaite donc que

de tous les asiles d'aliénés et d'idiots partent : Io des rapports

historiques sur l'asile envisagé, mais à des intervalles de temps

mesurés d'après l'importance des événements, où prendraient

place les indications correspondantes; 2° des rapports statisti-

ques annuels limités à l'étude de quelques points, qui s'occupe-

raient simplement du nombre des places, du nombre des malades

au début de l'année, du chityre des arrivées pendant l'année, des

vides occasionnés par la mort, des transferts, des renvois : détails

suivant les formes d'aliénation mentale, les sexes, les religions,

les classes sociales, etc... Un état des dépenses et des recettes

compléterait heureusement ce factum. P. K.

V111. Contribution .4 la situation faite par LES juges aux experts

EN MATIÈRE DE MÉDECINE LÉGALE CRIMINELLE; par 1lEUMANN. (Allg-

Zeitsch. f. Psych., XXXIX, 5.)

Entre la prétention de revendiquer une influence décisive,

exclusive, ci la plainte trop bien fondée de n'en avoir aucune, il

94 le REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

existe un terme moyen. C'est ce terme moyen dont ill. Neumann

serait à juste titre heureux qu'on réclamât l'application. Voici

ce qui lui est arrivé. Appelé à faire un rapport au sujet d'un

inculpé préalablement examiné par un confrère, il se trouve en

contradiction avec celui-ci; il est évident que l'équité imposait,

dans l'espèce, au magistrat le devoir de faire intervenir un troi-

sième arbitrage. Or il n'en fit-rien. Si nous en jugeons par

le genre du fait, cette légèreté juridique est impardonnable. En

effet, il s'agit d'un jeune étudiant en droit, qui, dans un embar-

ras d'argent, comme on va le voir, minime, vole à l'un de ses

camarades, quatre-vingts francs de livres, à l'autre un microscope

de cent cinquante francs, et qui va vendre le tout quinze francs. Or,

l'enquête montre d'abord que le père du jeune homme lui tour-

nissait une pension convenable, que ce dernier pouvait trouver un

large crédit partout, et en particulier chez des amis, qu'il a éprouvé

jadis des crises d'épilepsie vertigineuse. L'interrogation prouve

que le coupable ne se rend pas bien compte de la gravité de son

acte, et qu'il fait preuve d'une apathie, d'une nullité iutel-

lectuelle et d'une lenteur dans les conceptions psychiques, témoi-

gnant d'un profond affaiblissement mental : la niaiserie dans

l'exécution du larcin est par elle-même topique. P. K.

IX. CONTlt]13UTION A l'étude des maladies intercurrentes chez les

EP1LEPTIQUF.S Rn0)IURES; par I. P. LF : GEIDItE.

L'observation qui fait l'objet de ce travail semble démontrer,

d'une part, que, chez les épileptiques bromures, les affections le-

briles prennent souvent la marque de la fièvre typhoïde, el,

d'autre part, qu'il faut se hâter de reprendre le bromure, lorsqu'il

a été suspendu par le fait d'une maladie aiguë, parce que les

attaques reparaissent avec une fréquence et une intensité d'autant

plus grandes qu'elles ont manqué plus longtemps. (Frarace méd.,

1882, L. il.) G. D.

X. Voracité entretenue chez UNE JDJOTE îpileptioue Pit lv pré-

SENCR d'un Ta : vta. 3tonT par HÉMORRmGfK méningée; par M. Le

Gendre.

Une malade du service de M. Legrand du Saulle, idiote et épi-

leptique, mourut subitement. L'autopsie démontra que la mort

devait être attribuée à un vaste épanchement sanguin qui s'était

produit entre la dure-mère et l'arachnoïde. En outre, l'estomac de

cette malade- était dilaté et rempli d'un de lentilles non

digérées; les efforts inutiles de vomissements provoqués par cette

masse alimentaire paraissent avoir favorisé la production de l'hé-

monhdgie .11,-arrchnoïdienue. (France méd., 1882; t. 11.) G. D.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 95

XL CON TR1RU l'IOV V LV CVsUIslTQUE DE LV I-'DLIE INDUITE (folie a deux) :

par h. Lruo.\vv. (ncla. f. Psyc7v.,XlV, 1.)

Les cinq observations de folie communiquée prises à l'asile de

Sarreguemines mettent en évidence que, dans la genèse de la

maladie, il faut attribuer une grande valeur aux causes prédispo-

santes, telles que lesexe(dans tous ces cas. il s'agissait de femmes),

les chagrins préalables (amour, maladie du mari, position com-

promise), l'hérédité névropathique ou psychopathique, le défaut

de résistance constitutionnelle par suite d'une affection congénitale

(tempérament), ou acquise (anémie, affection cardiaque), l'époque

des règles, l'existence d'une tare psychique ou cérébrale au

moins latente, se traduisant, aux yeux d'un médecin exercé, par un

caractère mal pondéré, bizarre, instable, indifférent à l'excès, des

céphalalgies opiniâtres et fréquentes, une emotivité exagérée, des

troubles de la mémoire, des convulsions pendant les premières

années de la vie, de l'hyperexcitabilité, un accès de manie anté-

rieur, de l'insuffisance intellectuelle notoire. La constatation de

plusieurs de ces éléments, un peu avant l'explosion de la folie

communiquée, affaiblit considérablement l'opinion par trop idéale

de la transmission de la psychose. P. K.

XII. De l'affaiblissement psychique; par E. Kroepelin.

(rh°ch. f. P.ych..XIII, 2.)

Ce mémoire représente une étude de psycho-physioiogie patho-

logique, basée sur les principes de psyclio-physiologie normale,

que Wundt a tracés dans son livre intitulé : Gi@uidzùge der physio-

iogischen Psychologie (f880). Comme il ne s'agit pas d'un travail cli-

nique et que l'auteur ne fournit pas d'observation à l'appui de

ses assertions, une analyse ne saurait être que la répétition inverse

des propositions de Wundt. Or, celles-ci sont connues; qu'on en

imagine la réciproque. Voici d'ailleurs comment M. Kraepelin ter-

mine son étude : « Nous nous garderons, pour le moment d'entrer

plus avant dans le détail de ces spéculations, jusqu'à nouvel ordre

peu fructueuses. Le but que nous poursuivions était de présenter

une simple considération psychologique de l'ensemble des points

qui caractérisent partout où on le rencontre le cornplexus sympto-

matique très connu, mais encore peu étudié de l'affaiblissement

psychique. » P. K.

XIII. UN cas d'auto-accusation probablement fausse d'ln aliène ;

par C.-E. Hoesteumann. (Jvlzrbztch f. Pay·h., IV, 2 et 3.)

Quand un individu s'accuse, on doit rechercher très exactement

9(> REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

les motifs de cette déclaration, car il n'est pas rare qu'un trouble

psychique préside à de prétendus aveux. Tantôt il s'agit réelle-

ment d'un délit commis par le personnage, mais que, dans la plu-

part des cas, il exagère. Tantôt, ce qui est aussi fréquent, il prend

sa charge des actes délictueux ou criminels exécutés par d'autres.

Ou bien enfin, il invente de toutes pièces une accusation contre

lui. L'aliéniste a par conséquent à se demander si l'auto-accusa-

tion n'est pas un symptôme de perturbation mentale. Dans le cas

en question, on ne trouvait aucun point de repère à l'appui de

la culpabilité du sujet. Mais les circonstances extérieures ne per-

mettaient pas de décidera quel point les indications du pénitent

étaient réelles. Il était donc naturel de conclure à l'existence d'une

auto-accusation fausse. Jadis l'inculpé volontaire avait été fou;

c'était un motif de plus pour sauvegarder ses intérêts matériels et

moraux. La tâche n'était cependant pas sans difficultés à cause

de la précision apparente des détails fournis par le malheureux ;

chacun le croyait volontiers, et cela d'autant plus que l'enchaîne-

ment des faits participait d'une logique que refuse l'opinion pu-

blique aux aliénés. D'un autre côté si, le criminel étant reconnu

irresponsable comme psychopathe, on admettait qu'il avait incen-

dié, on le faisait considérer comme aliéné dangereux, et enfer-

merde par l'autorité, alors qu'aujourd'hui, tout en spécifiant les

mesures de prudence habituelles, on a pu le rendre à sa famille.

La discussion du rapport ne se plie pas à une analyse, il faudrait

la copier. P. K.

XIV. Pression cérébrale ET psychose consécutives A UNE synostose

prématurée des sutures crâniennes; par A1. Llidesdorf. (Juhr-

blich. f. Psch., 1V, et 3.)

Gudden a, de par ses expériences, prétendu que, bien qu'il

n'existe pas de sutures crâniennes, la boite crânienne augmente de

capacité ; 11. Leidesdorf vient, grâce à deux observations, montrer

que, dans certaines conditions, l'amplification du contenant n'est

pas proportionnelle à l'augmentation de la masse encéphalique,

lorsque les sutures s'ossifient prématurément. Dans son premier

fait, il nous met en présence d'une fillette de dix-neuf ans, in-

demne de tare héréditaire, jouissant d'une intelligence normale,

qui, à la suite de suppression menstruelle, présenta successivement

de violentes céphalalgies, de la mauvaise humeur, de la lassitude,

de la somnolence, des hallucinations et de la diminution de l'odo-

rat, de la confusion dans les idées, de la congestion céphalique et

faciale, de la torpeur pupillaire à l'égard de la lumière. Le nez

est le siège de l'écoulement prononcé d'un mucus clair. Enfin

l'on conslate du délire des actes, de la stupidité, du gâtisme, et,

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 97

dans les cinq derniers jours, du sopor avec dilatation des pupilles,

tremblements musculaires; à ce moment, P. filiforme = tOO à

t ? 0. L'autopsie décèle la soudure dessutures coronaire, sagittale,

lambdoïde, l'usure de la table interne de la voûte crânienne sous

forme de dentelures et de fossettes rugueuses, la tension avec

amincissement de la dure-mère, l'aplatissement et l'anémie des

circonvolutions, le rétrécissement des ventricules vides de liquide.

Poids de l'encéphale : I,la6 grammes. L'auteur conclut à l'existence

d'une synostose prématurée, à un Age où le cerveau n'avait pas

encore atteint son développement parfait (moins de vingt ans). Il

rappelle, à propos de la céphalalgie, et de la somnolence, les

expériences de pathologie expérimentale; il rattache l'écoulement

nasal au reflux du liquide céphalo-rachidien par les lymphatiques

de la tête, la fréquence terrninale du poulsh la paralysie du pneu-

mogastrique, la dilatation pupillaire de la fin à la diminution de

l'excitabilité du plancher de l'aqueduc de Sylvius. L'usure de la

table interne témoignerait de l'augmentation de la pression intra-

cérébrale ; elle expliquerait en même temps, de concert avec la

dérivation nasale, la longue innocuité de cette compression an-

cienne, dont l'origine première nous échappe. Le second fait

concerne encore une jeune fille de dix-neuf ans; les symptômes

furent à peu près les mêmes; toutefois, à l'apathie, au mutisme,

il faut joindre des vomissements, de l'intermittence du pouls, des

attaques épileptiformes : mort dans le coma. L'autopsie ne trahit

pas de particularités différentes de celles que nous venons d'en-

registrer. L'état du pouls, si frappant dans l'espèce, est- bien,

de même que les allures de la respiration, caractéristique de

l'augmentation de la pression intra-crânienne, comme le disent

Nauuyn et Schreiber ? C'est à l'avenir qu'il appartient de se pro-

noncer. P. K.

XV. Ru'PORT médico-légal sur un cas d'affaiblissement psychique

primitif (contribution casuistique a l'étude de la folie impulsive) ;

par J. H RITSCII. (.lvhrbiccle, f. P.cych., IV, et 3.)

Un héréditaire de dix-sept ans, caissier dans une maison de

commerce, vient s'accuser d'avoir dérobé à son patron une somme

de .')00 florins, et d'avoir nourri le projet de tuer celui-ci; il préfère.

dit-il, se constituer prisonnier pour s'éviter le crime. On trouve, en

effet, chez lui un revolver chargé de six cartouches et un couteau-

poignard. Mais ses explications, les raisons qu'il allègue sont

marquées au sceau de l'imbécillité la plus complète; le patron

donne de bons renseignement sur le compte du jeune homme et

ajoute que le déficit constaté par lui pourrait bien avoir une autre

origine. L'historique détaillé de l'affaire, l'élude de la vie et de

Archives, t. VIII. 7

98 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

l'étal mental de l'inculpé, l'examen médical actuel démontrent le

bien fondé des conclusions de L'ritscb. Il s'agit d'une dégénéres-

cence psychique paraissant avoir pour cause l'hérédité et la pré-

disposition névropathique . Sur ce fond d'imbécillité se sont

greffées des impulsions à des actes égoïstes, des conceptions irré-

sistibles contre lesquelles, le malade, tout en conservant la

conscience morale, se sent incapable de lutter. L'irresponsabilité

en découle. Le tribunal adopte cette manière de voir. P. K.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

I. Sur l'emploi dus buis permanents dans le décubitus G.1\GRÉ-

NKUX DES 1 ? RILYSÉ ? pal' C. REINIIARD. (Allg. Zeitsch. f.

Psych.. XXXIX, 31).

Il est d'abord évident que quelque soin qu'on prenne d'un

aliéné paralysé, gâteux-, agile, en proie à des attaques apoptecti-

formes ou épilepliformes, sous l'influence manifeste de troubles

vaso-moleurs et trophiques, on est incapable d'éviter le dévelop-

pement du décubitus gangreneux ; on ne saurait non plus, quel-

ques moyens topiques et hygiéniques que l'on emploie, éviter la

progression des accidents, et ses conséquences (phlegmons, des-

truction organique, pyémie. septicémie, infection ambiante). Or,

si vous placez le malade sur un dr.lp formant hamac et que vous

le suspeniiex, en lui assujettissant confortablement la tête, les

épaules et la nuque (coussin d'air bien fixe), les bras (serviette

passée sous les aisselles), dan. un bain d'eau a30'' R. additionné de

soixantegrammes d'acide ptiénique, pendant des jours, des semai-

nes, des mois (M.Reintiardn'apas dépassé deux mois), vous obser-

vez (dix malades ont été traités avec succès) que, souvent dès les

premières vingt-quatre heures, les parties nécrosées se délimi-

tent ; l'élitnitiatioii a lieu en quelques jours et la guérison com-

mence. Celle immersion prévient, calme ou fait disparaître les

accidents généraux de tous ordres, apaise l'agitation, relève même

l'appétit, empêche l'infection de l'air. Il faut simplement veiller à

' V. A,chives de Neurologie, L. VI, l. 28li.

Ht : vC'13 D1 : 'l'tIIsRW'N : U'l'ItZUI;. 99

maintenir la température de l'eau : en couvrant la baignoire avec

une étoile de laine elle-même revêtue d'une toile de taffetas ciré,

ou n'aurait à la réchauffer qu'une fois dans les vingt-quatre heures.

Enfin on doit changer le maladede bain selon la quantité de déjec-

tions et de déchets organiques de tout genre qu'il a excrétés; il est

bon pour toutes ces raisons de se servir de baignoires portatives

et de procéder à ce traitement dans une infirmerie spéciale. Con-

clusion : 1" le décubitus gangreneux affecte une évolution d'autant

plus bénigne, d'autant moins aiguë qu'il est plus exclusivement

et plus constamment traité sous l'eau; 2- les contre-indications

au traitement par les bains permanents sont constituées par une

agitation motrice violente, des convulsions continues graves et

les débuts du collapsus. P. K.

Il. Contribution A l'étude du TRAITEMENT de l'épilepsie par les

bromures ; par le Dr ROSENBACLI. {Messager russe.)

L'auteur veut prouver avec des expériences faites sur les ani-

maux, qu'une dose suffisante de bromure de potassium tantôt

diminue, tantôt fait disparaître l'excitabilité de l'écorce, tandis

que la substance blanche ne subit point de changement T. KAHN.

III. Observations cliniques sur l'emploi des injections hypodermiques

de strychnine dans le traitement DE quelques affections du SYS-

TÈME nerveux; par M. DE Cérenville (de Lausanne). (Soc. méci. de

la Suisse romande.)

Dans ce mémoire, l'auteur cherche à réhabiliter les injections de

strychnine dans le traitement de quelques affections nerveuses :

atrophies musculaires, myélites chroniques, ataxies locomotrices, ramol-

lissements cérébraux, etc. Ce sont les atrophies musculaires d'origine

périphérique qui ont été le plus heureusement modifiées par le

mode.de traitement; encore faut-il éviter de réveiller la cause qui leur

a donné naissance. Uans les affections des centres nerveux les effets

ont été trop variables et les observations sont trop peu nombreuses

pour qu'il soit permis d'en tirer une conclusion.

L'incontinence d'urine est le seul symptôme des scléroses posté-

rieures qui ait été combattu avec succès par cette médication.

L'auteur recommande de débuter toujours par une injection de

1 milligr. et d'augmenter de 1 millligr. toutes les semaines. La

dose maxima n'a pas dépassé 6 milligrammes. D.

IV. GALVA10FARADIS.4TION; par A. de WATTEVILLE.

(Veurolog. Centralbl., 188t.)

L'auteur propose une nouvelle méthode consistant à faradiser

100 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

une partie déterminée du corps déjà parcourue par un courant

galvanique. On enclave dans ce but le second cylindre d'un appa-

reil d'induction dans un courant galvanique, de telle sorte que le

courant faradique, à l'ouverture du circuit, suive la même direction

que le courant galvanique. il. de Watteville a fait construire un

appareil spécial qui alterne, combine, change les courants et per-

met d'utiliser soit chacun des deux genres de courants avec les

deux électrodes, soit de les combiner, soit de les intervertir isolé-

ment ou tous deux ensemble. Ne voulant, au reste, ptéjuger de rien

d'après des vues théoriques, l'auteur demande qu'on eu essaie.

P. K.

V. Jua l'action de l'hyoscyamine1; par lBcuri : u (dc Pankow).

(Neurolog. Ccntrvlbl., 1882.)

Première observation : manie t l'époque de la ménopause. Une

injection sous-cutanée de 3 milligrammes d'hyuscyamine calme

l'agitation, ramène la lucidité et le bien-être, relève la tension

vasculairc, diminue la fréquence du pouls. A. chaque accès, résultat

identique. L'usage régulier du médicament, sans qu'on augmente

les doses, assure le calme. Pas d'intoxication; le désordre dans les

idées subsiste seul, mais il n'y a pas lieu d'incriminer 1'liyoseyaniiiie.

Second fait : grande chorée invétérée depuis l'âge de dix-sept ans

chez une fille do vingt-huit ans, ayant résisté à tout traitement.

Amélioration par des doses graduelles de milligrammes à

1 centigramme en une fois, ou de 16 milligrammes en deux fois.

Cette dernière dose amena les accidents d'intoxication que l'on

sait sans autre inconvénient. L'injection détermine toujours une

sédation de 3 à ï heures. P. K.

VI. La F1R\UfSITlOY générale; par Fischer. (Arch. f. Psyth. u.

Nervenk., XII, 3.)

Ce mémoire constitue une réminiscence de la méthode d'élec-

lrisatiou, décrite en 1871, par lieard et Rockwell (Pruktische l6laazzd-

luzgen ic6en dze niedic. und chirurgie. Verwei thmig der Electricilàl,

Prague, 1874). Voici, au reste, le procédé également usité par

M. Fischer.

il s'agit de soumettre à l'action des courants le corps tout

entier en procédant systématiquement, en tenant compte des

lieux d'élection, des points sur lesquels un des pôles doit êtie

successivement amené, tandis que l'autre demeurera à un endroit

déterminé en station fixe. Le malade, placé sur un siège dépourvu

de dossier, pose ses pieds nus sur un escabeau à déclivité anté-

1 Archives de Aeurologie, t. VI, p. 12S.)

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 10)

rieure, muni d'une fente latérale destinée à l'introduction des

électrodes. L'une des électrodes étant en contact continu avec les

pieds, l'opérateur applique l'autre pôle en une série de régions du

corps. On commence par la région dorsale, en visitant la colonne

vertébrale, et particulièrement les première et deuxième vertèbres

cervicales, la septième cervicale (centre cilio-spinal), ainsi que les

points douloureux signalés; le pôle demeurera un certain temps

en chacune de ces zones, tandis qu'il sera simplement promené

de-ci de-là des deux côtés de la charpente musculaire, de façon a

provoquer quelques contractions dans chaque muscle. On agira de

même pour la région lombaire. L'électrisation du thorax réside

uniquement dans l'excitation rapide de la contractilité des

muscles superficiels, quand la maladie ne présente pas d'indica-

tions spéciales, relativement à quelques endroits sur lesquels il

faille prolonger l'action du courant. La paroi abdominale toute

entière est d'abord excitée de la même manière, par des affleu-

rements passagers de l'électrode mobile; puis on fait des stations

sur la région épigastrique (plexus solaire), sur les régions gastri-

que, splénique, hépatique, hypogastrique, en outre des points que

la localisation morbide recommande à l'attention, ou au niveau

desquels les ganglions du grand sympathique sont plus accessi-

])les. Les extrémités réclament aussi l'action passagère des

courants avec les puissantes contractions musculaires généralisées

qui en sont la conséquence. La séance se termine par l'électrisa-

tion de la tête et des ganglions cervicaux du sympathique; ici

c'est la main de l'opérateur ou ses doigts qui remplacent l'élec-

trode. Tenant d'une main le pôle correspondant, le médecin place,

par exemple, sur le front du patient, la face palmaire de son autre

maiji imprégnée d'eau chaude, ou, s'il s'agit des tempes et des yeux

(paupières closes), des ganglions cervicaux, il touche chacune de

ces parties avec l'extrémité du doigt. En un mot, l'électrisation

n'est que médiate. Les autres régions du cou et le cuir chevelu ne

subiront l'action de l'électricité qu'en vertu d'indications spéciales.

- La même méthode peut être appliquée au courant galvanique

ou même à la combinaison des deux sortes d'électricité (galvano-

faradisation)1 . La faradisation s'effectue d'ordinaire à l'aide de

l'appareil du Bois-Reymond, animé par un élément de Stohrer.

L'électrode podalique fixe se compose d'une lame de laiton de

seize à vingt centimètres de longueur sur dix de largeur; elle est

recouverte d'un morceau de flanelle garni de toile. L'électrode

mobile est un hémisphère delailon (diamètre : quatre centimètres),

recouvert d'une éponge épaisse. Naturellement chaque électrode

est imbibée d'eau chaude. A moins d'un bu' particulier. conforme

aux lois de l'électrothérapie, l'électrode podalique sera la ca-

l Voyez page 99.

1 OL) REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

thode, tandis que l'électrode mobile émanera de l'anode. La force

du courant mis en jeu, variable au reste avec la sensibilité du

malade et avec la susceptibilité de l'électricien quand il sert de

transmetteur, ne dépassera pas la quantité nécessaire pour

obtenir des contractions moyennes ; pour éviter que le patient se

plaigne jamais de l'excès de l'incitation, on débute par des

courants faibles. Quant à la durée de chaque séance, l'expérience

enseigne que chacune d'elles doit avoir une moyenne totale de

quinze minutes, sur lesquels on consacre :

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 103

Toujours passagers, ils ne contredisent pas à la continuation du

mode de traitement. Tels sont : certaines douleurs musculaires,

un état de névrosisme, de lassitude et d'épuisement, l'aggravation

de quelques symptômes. C. Les effets permanents ou toniques,

sont en définitive le résultat ultime du traitement. La nature de

la maladie, la constitution des malades, le mode de l'électrisa-

tion, la période de la \ie du patient, doivent entrer en ligne de

compte quant à leur rapidité. La longue énumération des auteurs

se résume en l'excellent fonctionnement de tous les appareils,

d'où le parfait état de santé physique et mental.

Les maladies auxquelles convient la faradisation générale sont

des maladies générales constitutionnelles; ou plutôt il faut

remployer dans tous les cas où la nutrition générale languit, soit

du fait d'un élément pathogénétique constitutionnel (dyspepsie

nerveuse, neurasthénie, anémie, chlorose, hypochondrie , hysté-

rie, etc.), soit par une cause locale échappant au diagnostic

(névralgie, paralysie, épilepsie, hystérie, hypochondrie), soit enfin

à raison d'une affection incurable (traitement palliatif).

En réalité, M. Fischer apporte à l'appui de cette thèse trois

observations dans lesquelles il réalisa trois succès d'électrothé-

rapie.

La première concerne une femme de trente ans, atteinte depuis

dix ans de mélancolie anxieuse avec conceptions irrésistibles et lial-

lucinationsjhérédité); en même temps, palpitations de coeur, insom-

nie, convulsions cloniques des jambes, menstruation irrégulière.

L'aggravation de la psychose ayant progressé en dépit des modes de

traitement les plus variés, on soumit l'aliénée à la faradisation

générale ; celle-ci détermina un calme, d'abord passager, puis per-

manent, la sédation des phénomènes cardiaques, la disparition des

manifestations convulsives, enfin laguérison. Les fonctions mens-

truelles se régularisèrent. De sorte qu'après vingt-quatre séances

dans le cours de six semaines, la malade quittait le service ne

conservant que de la céphalalgie temporaire et de rares palpi-

tations.

Dans le second fait, il s'agit d'un neicrusthénigue, âgé de trente-

cinq ans, traînant la jambe droite. Douleurs dans le dos et l'arti-

culation du pied droit, pesanteur de tête ; sensation de faiblesse

générale et de débilité. Vingt-neuf séances rendent au malade sa

force et son énergie premières.

Le troisième exemple a trait à une fillette de douze ans, souf-

frant d'une chlorose opiniâtre avec céphalalgie, vomissements,

insomnie partielle, fatigue accablante. Vingt-six séances en deux

mois font disparaître les phénomènes morbides qui avaient anté-

rieurement résisté toutes les médications. P. K.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ àlÉDICO -PSYCHOLOGIQUE

Séance du 31 mars. Présidence DE M. FOVILLE.

M. BPI9ND. Je n'assistais pas au commencement de la dernière

séance quand M. Voisin, s'élevant contre des conclusions formu-

lées à la suite de recherches sur le Délire aigu, faisait des réserves

au sujet des altérations du sang que j'avais signalées aune certaine

phase de cette grave affection, et m'opposait l'observation d'une

paralytique générale dont le sang contenait aussi des bactéries.

Le cas rapporté par M. Voisin n'infirme en rien les conclusions

auxquelles je suis arrivé. Je n'ai jamais, en effet, essayé de dé-

montrer que le délire aigu fût la seule affection présentant des

caractères infectieux. C'est, au contraire l'analogie de certains de

ses symptômes avec ceux d'une maladie infectieuse très com-

mune, la fièvre typhoïde, qui m'a conduit à rechercher si le sang

n'était pas altéré dans le délire, aigu, comme de récents travaux

nous ont démontré qu'il l'était dans la fièvre typhoïde.

Le délire aigu essentiel, j'ai essayé, du moins, de l'établir dans

une thèse, se manifeste d'abord par les troubles intellectuels qu'on

observe dans la manie simple, mais bientôt le tableau change, la

fièvre s'allume, la température s'élève et la maladie s'affirme par

des caractères très nettement infectieux qui me conduisirent à

examiner au microscope le sang de ces malades. Une diminution

dans le nombre des globules fut la seule modification que je pus

observer tout d'abord; mais plus tard, reprenant ces mêmes re-

cherches dans le service de mon excellent maître, M. Magnan,

dont les savants conseils ne m'ont jamais manqué, et grâce aussi

à l'obligeance de M. Quinquaud qui voulut bien mettre à ma dis-

position son laboratoire très richement outillé, j'ai pu me con-

vaincre qu'il existait d'autre altérations.

Ces altérations portent sur la quantité et la qualité des globules

du sang qui diminuent de nombre, perdent de leur hémoglobine,

et deviennent moins résistants à l'action dissolvante de l'eau.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 105

Pendant lapériode de collapsus, il se produit des organismes qui,

trouvant à un moment donné un terrain favorable. s'y dévelop-

pent; les organismes que j'ai le plus souvent rencontrés et dont

M. Matassez a bien voulu déterminer les espèces, sont : les zoocléis

ou amas de corpuscules arrondis, réunis par un enduit gélati-

neux de substance amorphe ; le bacterium thermo, petit bâtonnet

renflé à ses extrémités et culbutant dans le liquide de culture ; le

hacillus, bâtonnet très mince et effilé, et enfin un corpuscule

punctiforme, très tlirieile à apercevoir, visible seulement a t'aide de

quelques artifices d'éclairage et de colorations. Il s'associe en colo-

nies de trois ou quatre sous forme de chapelets.

Ces organismes se montrent dans le sang des malades ne pré-

sentant aucune solution de continuité dans le téeument, leur

présence ne peut donc être considérée comme la conséquence

d'une escharre.

M. LE Président annonce que le conseil de famille, après en avoir

délibéré, propose à la Société d'ouvrir une souscription pour la

statue de Guislaiti. La proposition est acceptée.

M. Motet présente quelques graphiques à l'aide desquels M. Régis

a essayé de noter la durée des accès dans la folie à double forme.

M. REY lit une note sur le poids du cervelet, du bulbe de la pro

tubérance et des hémisphères cérébraux, d'après les registres de

Broca qui lui ont été confiés par M. Topinard. L'auteur ne tire

aucune conclusion de son travail ; mais il espère que les nombreux

tableaux qu'il a dressés avec le plus giand soin pourront Être

utilisés un jour.

M. LE Secrétaire général donne lecture d'un mémoire de

M. Parant, relativement à la séquestration de deux aliénés dans

leur famille. Une plainte ayant été portée au parquet à l'occasion

de ces faits, la chambre des mises en accusation, saisie de l'affaire,

rendit une ordonnance de non lieu. basée sur ce point que l'in-

tention criminelle n'était pas formellement démontrée. Les con-

clusion, suivantes résultent des considérations dans lesquelles est

entré M. Parant : Il on ne peut contester à un citoyen le droit de

garder dans un domicile particulier les membres de sa famille

qui sont dans un état d'aliénation mentale, de les soigner et

même de les y séquestrer, lorsqu'ils ne constituent pas un danger

pour la société ou pour eux-mêmes ; 2° par la pratique, le traite-

ment et la séquestration des aliénés à domicile présente de

nombreuses difficultés d'exécution, qui tournent trop souvent au

détriment des malades ; 3" des exemples nombreux démontrent

que la séquestration pratiquée dans les familles peut être, non

seulement défectueuse, mais encore abusive, et même criminelle;

4° pour prévenir, autant que possible, les abus et les crimes, il est

à désirer que la nouvelle loi sur les aliénés donne aux pouvoirs

106 SOCIÉTÉS SAVANTES.

publics un droit de surveillance et de protection directes sur les

aliénés séquestrés dans des domiciles particuliers, aussi bien que

sur les aliénés séquestrés dans les asiles publics et dans les maisons

de santé privées.

M. Christian fait observer que la réglementation désirée par

M. Parant rencontrerait dans la pratique une série de difficultés

qui la rendraient inapplicable. M. B.

Séance solennelle du 28 avril. Présidence de M. FOVILLE.

Prix Esquirol. M. G. Ballet donne lecture du rapport sur le

prix Esquirol qui est décerné à M. Vétault, interne de l'asile Sainte-

Anne, pour un mémoire intitulé : Du délire hypochondriaque dans

quelques formes d'aliénation mentale.

Prix Aubanel. - M. Garnier lit ensuite son rapport sur le prix

Aubanel. Le sujet proposé était ainsi conçu 1 : « Existe-t-il des

signes ou desindices qui permettent de reconnaître qu'une maladie

mentale est héréditaire, en l'absence de notion sur les antécédents ?

Exposer ces caractères. » Deux mémoires ont été déposés. Une

mention honorable avec récompense de 1.800 francs est accordée

à l'auteur du mémoire n° 2, M. Saury, médecin de la maison de

santé du château de Suresnes ; une allocation de 600 francs, à

titre d'encouragement, est donnée au mémoire no 4. Ce dernier

travail a pour auteurs MM. Brun, médecin-adjoint à l'asile de Bron,

et Taty. interne du même asile.

M. le Secrétaire général terminelaséance en prononçant l'éloge

de Renaudin, ancien directeur de l'asile de Maréville.

Séance du 26 mai. Présidence DE M. FOVILLE.

M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Ingeels, qui

envoie une liste des souscriptions qu'il a recueillies pour la statue

de Pinel.

Il annonce ensuite à la Société que l'Institut vient de décerner

le Prix Chaussier à M. Legrand du Saulle et d'accorder une men-

tion pour le Prix Lallemand à MM. Voisin et Bail.

Prix Aubanel. - La commission qui doit choisir le sujet pour

le Prix Aubanel est composé de MM. Falret, Cotard, Legrand du

Saulle, Magnan et Garnier.

M. KÉRAVAL donne lecture en son nom et au nom de M. Nercam,

Voir la séance de juillet 1882 (Archives de Neurologie), fascicule 11,

p. 243.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 107

d'une note sur l'action de la paraldéhyde chez les aliénés. Le plan

des auteurs a été le suivant : instituer avant tout chez les chiens

un certain nombre d'expériences, pour se guider relativement aux

effets physiologiques principaux et aux doses de l'agent médica-

menteux ; puis, administrer la paratdéideparatèttement chez les

aliénés en se conformant aux données fournies par la patho-

logie expérimentale sur un animal supérieur. Avec deux kitog.

de paraldéide les auteurs ont fait des expériences sur trente-

cinq malades environ, par les voies buccales, rectales et par

la méthode hypodermique dans presque toutes les formes men-

tales. La dose active moyenne, celle que détermine le sommeil

est de 4 grammes administrés en une seule fois; on peut obtenir

avec deux grammes, un calme relatif mais non un sommeil aussi

parfait et surtout aussi immédiat. Le sommeil se fait sentir dans

les quelques minutes qui suivent l'ingestion, mais il est léger. En

donnant six grammes d'un coup on est sûr de narcotiser les ma-

lades, mais c'est en pareilles circonstances que trois cas témoi-

gnèrent de l'événement suivant : après le coup de massue som-

mifère presque instantané, les auteurs ont observé un état ébrieux

tirant sur la typothymie. Un malade, après avoir irrésistiblement

dormi une heure se réveillait soudain sous l'influence d'un ma-

laise général avec frissons, sueurs froides, petitesse, ralentissement

et intermittences d'un pouls filiforme; les battements cardiaques

présentaient les mêmes modifications. Ces phénomènes inquiétants

durèrent dix minutes environ pour céder la place à une ivresse

pure, cette fois, sans sommeil. Les malades qui ne se montrent

pas réfractaires sont pris dans les quelques instants consécutifs à

l'absorption gastrique de battements palpébraux exactement

comparables à ceux qui précèdent le sommeil normal des gens fa-

tigués, puis s'endorment tout simplement; mais voici le revers de

la médaille : il semble que les deux ou trois premières heures de

sommeil soient seules remplies par une hypnose profonde, car

toutes les fois que, au delà de ces limites, on s'approche des ma-

lades pour les observer, on les réveille. Pendant ce sommeil, les

auteurs n'ont pas noté de phénomènes différents de ceux qui

accompagnent le sommeil ordinaire; en outre,parmi les aliénées

mises en expériences, celles qui étaient capables de rendre compte

de leurs sensations n'ont accusé aucun trouble et ne se souviennent

pas d'avoir ressenti d'effets désagréables pendant qu'elles dor-

maient ; celles, notamment, qui avaient pris du chloral, croient

pouvoir affirmer que taudis que le chloral provoque souvent des

cauchemars, le sommeil paraldéhydique en est exempt. Le réveil

chloralique serait lourd et laisserait de l'engouement céphalique

de l'empâtement buccal, tandis que le réveil paraldéhydique par-

ticiperait des qualités d'un réveil agréable, de celui qui suit un

sommeil réparateur. Le seul inconvénient consiste en des renvois

108 SOCIÉTÉS SAVANTES.

d'un goût et d'une odeur désagréables de vernis. MM. Kéraval et

Kercam n'ont rencontré qu'un nombre restreint de cas d'insuccès;

une malade cependant ne dormit pas avec près de dix grammes

du médicament, elle éprouva seulement une légère sédation

et encore ce repos relatif ne se produisit-il, nonpassur-le-champ,

mais dans la nuit suivante. -

Comment s'élimine la para)déhyde ? Exclusivement par les

poumons, si l'on en juge par l'examen organoleptique grossier

des excrétions de toutes sortes. Cette élimination dure très

longtemps. Si, par exemple, on administre quatre grammes

de paraldéhyde à cinq heures du soir, le malade exhale

encore une odeur de vernis à dix heures, le lendemain dans la

soirée.

Par les lavements, le sommeil a été obtenu un certain nombre

de fois, alors que la voie gastrique ne pouvait être choisie pour

l'administration du médicament. Chez une paralytique générale

en pleine péiiode d'agitation congestive avec désordre excessif

dans les idées, hallucinations de la vue et de l'ouïe, le lavement

a provoqué un sommeil de huit heures. Comme par la voie gas-

trique, il faut cinq minutes pour que l'effet narcotique se pro-

duise. Les injections sous-cutanées engendrent aussi le sommeil,

dans des conditionsidentiques : elles calment, momifient même en

une dizaine de minutes eL au calme succède souvent, sans in-

terruption, un sommeil de plusieurs heures. Mais, ainsi que pour

les autres voies, il faut rapidement augmenter les doses pour

obtenir les mêmes effets.

En résumé, si la paraldéhyde à des doses gastriques ou rectales

de quatre, cinq, six grammes agit vite en produisant un sommeil

semblable au sommeil normal, qui ne présente pas d'inconvé-

nients, il faut, si l'on veut que les effets persistent, aug-

menter très rapidement les doses. Mais jamais le sommeil

que l'on obtient ne peut être considéré comme insensibilisa-

teur. En revanche, les tendances a la lipothymie observées ne

contre-indiquent pas l'administration du médicament, mais elles

mettent en garde contre l'élévation des doses sans examen préa-

lable et quotidien des individus à traiter. Les auteurs de la note

recommandent en terminant la formule de Langrentes et Skybich,

qui permet d'administrer par la bouche sous un volume quelconque

de véhicule, moitié en gramme de paraldéhyde.

Paralrléhyde................ 50 grammes

Essence de menthe poivrée.. X gouttes

Huile d'olive q. s. de façon à atteindre 100 centimètres cubes.

- 12 centimètres cubes, c'est-à-dire un peu moins d'une cuillerée

à soupe, renferment 6 grammes de paraldéhyde.

VARIA. 109

11. BnraNU. Daus l'intéressant mémuire tu'rl meut de lire, 11. Ké-

raval nous parle de l'action narcotique de la paraldéhyde

qui provoque un sommeil instantané, mais il ne nous dit pas

comment se comportent les malades agitées après leur réveil.

Retombent-elles immédiatement dans la même excitation, ou bien

au contraire, travetsent-elles en se réveillant une phase de calme

relatif avant de reprendre leurs anciennes allures ?

M. Kéwvt. f.e5 maniaques que nous avons endormies

par la paraldéhyde restent plus calmes, quelques heures

après leur réveil.

11. f3nmo. Avez-vous pu établir un rapport entre cette phase

de calme relatif et la dose du médicament ? Pouvez-vous prévoir

la durée du calme qui succédera à un sommeil dont vous con-

naissez la durée ?

AI. Kéraval. Je demande la permission de ne pas répondre à

cette question; elle touche à un fait dont je voudrais laisser la

primeur a la Faculté de médecine; ce point sera établi dans la

thèse que mon collaborateur va soutenir prochainement.

M. Legrand du SAULE. Quelle action la paraldéhyde a-t-ellu

sur la température ? z

M. Kéraval. Nous avons observé dans un cas qu'elle s'était un

peu abaissée. (A suivre.)

VARIA

III : L\LlU`7 UUN VOY.W h. l'S1CIIL1'rItIQUh : h : 1 Ud ? Isvl\ItK,

en Suède et en VUR1') : GF. (Suite) ' ;

Par le D CLAUS (de l'asile de Sachsenberâ).

Cette seconde partie de notre analyse comprend la Suède et la

Norvèce 1.

B. NORVÊGH.

I. Asile de 6<t ! <i : i(t((}<t ! t4't« ? SM<<ss ! /<jreff ? y/), près Christiania.

Directeur-professeur : 01e Sandberg. Construit en 1811, par Seliir-

Voy. les Archives de Neurologie, t. Vit, p. 278 et 398.

« Nous rappelons que la couronne vaut 100 OEt'es ou I fr SU c..

110 VARIA.

mer et de Hanno, il a coûté 216,533 thalers (environ 4p,46ï fr.).

C'est un asile mixte, c'est-à-dire qu'il contient réunis des malades

curables et des chroniques. Le chiffre de la population est de 300;

égalité numérique des deux sexes. On y trouve quatre classes de

pensionnaires : à 4 couronnes; à 3 couronnes 20 oeres ; à 2 cou-

ronnes 2o oeres ; à 1 couronne 33 oeres par jour. Les étrangers

paient davantage. Il n'y a pas de-places gratuites.

Situé à trois quarts d'heure de chemin de la ville qu'il domine,

et au nord-ouest de cette dernière, il a vue sur le Fiord du même

nom et les montagnes environnantes. C'est un ensemble d'édifices

en briques, flanqués d'une haute tour, et construits dans le style

des Tudors; son aspect, au milieu des promenades étendues que

l'on aperçoit, est véritablement imposant. Les hauteurs et les fo-

rêts voisines le préservent des vents du nord. Le territoire de l'éta-

blissement comprend plus de mille hectares dont 400 en terre

arable.

L'axe longitudinal de l'asile va du sud au nord. L'entrée est

située sur le côté sud. Quand on l'a franchie, on a à sa droite la

quartier des femmes, à sa gauche celui des hommes. Chacun d'eux

se compose de trois pavillons érigés à égales distances l'un de

l'autre, dont la grande longueur est dirigée de l'ouest à l'est, et

d'une division cellulaire placée à l'extrémité nord, formant l'angle

droit, pour agités et gâteux. Les trois pavillons renferment, de

l'entrée vers la division cellulaire, les malades les plus calmes et

les plus aisés (première à troisième classe), puis les malades calmes

pauvres et enfin les agités et les fugitifs de toutes classes. Des ea-

leries couvertes joignent tous les pavillons les uns aux autres; il eu

existe aussi dans les promenoirs de chaque section. Ceux-ci sont,

comme le reste de l'enceinte de la propriété, enfermés dans des

murs élevés, murs qui n'arrêtent pas les regards, grâce à la dispo-

sition en terrasse adoptée : quelques sauts-de-loup isolent encore

mieux les séquestrés, sans nuire à leur distraction. Entre les

deux quartiers s'élèvent les bâtiments de l'administration avec

cuisines, bureaux, habitations des médecins-adjoints, temple, etc. ;

en arrière de cet ensemble, une petite construction contient la

buanderie et différents ateliers. Les bâtiments réservés aux malades

comportent un étage; les locaux d'habitation sont orientés au sud ;

les corridors, au nord. Il y a contiguïté entre les salles de jour et

les dortoirs, spacieux et clairs comme les corridors. Partout des

fenêtres très hautes et très larges peuvent à volonté s'ouvrir et se

fermer; leurs croisillons, recouverts de fer, séparent des carreaux

assez étendus : chez les agités, on remarque de fortes grilles en

fils métalliques qui se peuvent ouvrir à l'aide d'un pêne tournant.

Le lieu de séjour des malades de la dernière classe a bon aspect ;

les chambres des classes plus élevées sont riantes. La population

des dortoirs est un peu dense. Lits en bois et literie comme en

VARIA. Ili |

Danemark, couchettes spéciales pour les gâteux qui, selon le be-

soin, sont, matin et soir, rincées sous un jet d'eau. Poêles en faïence

chauffés au bois et au charbon qui servent en partie à la ventila-

tion : celle-ci est également assurée par des canaux en communi-

cation avec des tuyaux de cheminée. Chez les agités, des grilles

entourent les poêles. Une section spéciale est consacrée aux alié-

nés suicides, en grand nombre. Chaque division d'agités a sa salle

de bains pourvue de baignoires en métal ou, plus rarement, en

porcelaine : une conduite spéciale sert à amener l'eau chaude,

l'eau froide étant fournie par la conduite générale de l'établisse-

ment. On a dû, il y a douze ans, se défaire des premiers cabinets

d'aisances continuellement rincés par l'eau même de l'asile; une

épidémie de fièvre typhoïde, qui sévissait dans les environs, fit en

effet penser que les matières allaient infecter, sous l'influence de

cette dilution perpétuelle, l'eau d'un ruisseau voisin; on a depuis

adopté le système des fosses mobiles avec désinfection à la chaux.

On en est moins content quant à l'odeur. L'eau potable provient

de la rivière voisine, le Gaustad Elv. Eclairage au gaz venu de

Christiania. Les vêtements des pensionnaires de quatrième classe

sont fournis par l'asile, mais les malades doivent apporter en en-

trant un costume complet avec linge de coips, etc. Les aliénés qui

déchirent sont maintenus par les vêtements fermés que l'on

sait. Il existe des chambres d'isolement spéciales pour un ma-

lade ou deux. Chaque sexe possède, en outre, sa division cellu-

laire particulière de treize cellules, plus une salle de jour, une

étuve, etc. Les cellules sont très spacieuses; les parois en sont ci-

mentées ; elles prennent jour par une ouverture supérieure munie

de grilles en fil de fer, et contiennent une table, un siège et un lit

fixés au sol, ainsi que des latrines. Le chauffage s'en fait intérieu-

rement au moyen d'un air chaud qui assure en même temps la

ventilation. En dehors, dans le chemin de ronde, a été ménagé, à

une hauteur d'environ huit pieds, un étroit couloir destiné à l'ob-

servation. La division cellulaire de chaque sexe dispose de deux

baignoires. Toutes les cellules sont garnies ; aussi, plusieurs ma-

lades demeurent-ils nus sur la paille. Le traitement n'offre

aucune particularité à signaler. Un petit nombre de malades ont

libre accès à la ville. Les évasions sont rares. Quarante à cinquante

pour cent des aliénés s'occupent. Il n'existe pas de société de pro-

tection pour ceux qui sortent définitivement, mais les ressources

de l'asile leur assurent jusqu'à 10 couronnes. A des intervalles

convenables, des danses et des distractions sont offertes aux ma-

lades de l'établissement. Le personnel médical se compose d'un

médecin en chef, directeur, et de deux médecins-adjoints. Le di-

recteur actuel fait un enseignement clinique de psychiatrie à

l'établissement; chaque semestre, il est suivi par quinze étudiants

bénévoles de Christiania. La psychiatrie relève en effet de branches

1 13 VARIA.

spéciales des examens probatoires. Ou pratique à l'asile vingt au-

topsies par au environ. Le reste du personnel comprend un inten-

dant, un caissier, un gardien et une gardienne en chef, un gardien

ordinaire par huit malades. Un pasteur marié réside dans l'établis-

sement ; il vit en bonne intelligence avec les médecins. Il n'existe

pas de professeur spécial. La cuisine n'utilise pas la vapeur non plus

que la buanderie. La nourriture est bonne; on donne quatre

fois de la viande par semaine, du poisson frais ou salé les autres

jours.

Jadis, on retirait des bénéfices ; aujourd'hui on équilibre à peu

près le budget ; mais peut-être va-t-on se trouver en déficit. Ou

compte cinquante vaches, douze chevaux, douze porcs. Le pain

est fait à l'asile, ou plutôt il n'en faut faire venir qu'une partie de

la ville; on en tire la viande. L'établissement produit ce qu'il lui

faut de lait. Personne ne tend à construire une colonie.

IL Asile (l'Oslo (Oslo S ? si/M6), à Christiania. Cet asile

(Oslo Dolhuas) est le plus vieil établissement d'aliénés de la Noi-

vège. Il fut construit dans les années 1775 et 1770, aux dépens de

l'hôpital d'Oslo, pour la somme de 12,800 thalers (48.000 francs).

Tels étaient, au début, ses vices de construction, telle était la diffi-

culté des améliorations de ces défauts qu'en 1811 il est mentionné,

dans un rapport médical, que c'est un crime d'enfermer des aliénés

en de semblables conditions. On a, depuis lors, introduit bien des

modifications. Et cependant M. Clans estime que la meilleure

action à commettre serait de priver les bâtiments actuels de leur

destination.

L'établissement occupe, dans le faubourg d'Oslo, un endroit

bas et humide, immédiatement sous-jacent au haut Ekkebergsit-

lonné de cours d'eau; il est entouré des bâtiments de l'hôpital

d'Oslo et de son temple, ainsi que d'une série de maisons par-

ticulières. Son édifice principal, à un étage, constitue un

quadrilatère allongé auquel se relie une construction latérale

affectée à l'habitation de l'intendant, à la cuisine, etc. C'est en

somme un annexe de l'hôpital d'Oslo dans lequel sont entretenues

quarante-deux vieilles femmes payant le prix de pension le plus

inférieur sur le taux de l'asile de G,tusLad. Il n'est guère susceptible

d'agrandissement, et l'on manifeste peu de tendance à lui impri-

mer un développement, parce que l'argent devrait être fourni par

le re-to de l'hôpital. C'est pour le même motif que l'installation

du chauffage à la vapeur pour la cuisine, la buanderie, etc., a été

abandonnée. Le bâtiment, très anguleux, contient des chambres

et des cellules petites, obscures comme les corridors. Tout accuse

l'ancienneté et l'exiguïté. Dix cellules très basses sont éclairées par

des ouvertures latérales grillées; elles ont leurs latrines. Partout

ailleurs, de fortes grilles garnissent les fenêtres. Un se sert des

VARIA. 113

fosses mobiles; l'odeur en est assez forte. Chauffage aux poêles de

faïence ordinaires. On n'a pas installé d'appareils à ventilation

spéciaux. Quelquespuits communs dispensent l'eau nécessaire aux

usages domestiques et culinaires. La literie et l'habillement sont

rapiécés au plus haut point; les promenoirs, petits et nus, sont

entourés de murs élevés. Quelques malades s'occupent.

Le service médical est fait par le médecin de l'hôpital qui,

chaque jour, vient passer une heure à l'asile. Trois femmes et un

homme forment le personnel des gardiens. L'ensemble de l'entre-

tien est confié à un inspecteur à l'entreprise. Il s'y ferait des

guérisons. La mortalité annuelle se réduit à deux individus en

moyenne.

C. Suède.

Ce pays possède dix asiles d'aliénés appartenant à l'Etat. Ce sont

les suivants que nous faisons suivre du chiffre des malades qu'ils

contenaient à la fin de 4881 :

114 VARIA.

la statistique officielle de la Suède ; il fourmille de tableaux statis-

tiques d'ordre médical et d'ordre administratif. La direction de

chaque asile prend toutes les décisions administratives et écono-

miques : elle se réunit au moins une fois par mois en s'adjoignant

le médecin en chef, qui, d'ailleurs, n'a aucune voix délibérative.

On peut cependant se plaindre .auprès de la direction supérieure

des décisions de la direction de tel ou tel établissement. Celte

institution n'a pas rallié les sentiments de satisfaction de tous, et

l'on projette, après avoir écarté l'évêque, de donner au médecin en

chef le droit de vote.

Clraqueasileestdcstiué, d'abord et en première ligne, aux malades

de la province correspondante, mais tous les asiles doivent, en cas

d'encombrement, se prêter assistance les uns aux autres, sans que

cette aide entraîne aucune élévation dans les prix de pension.

Quand toutes les places d'un établissement sont occupées, la direc-

tion de ce dernier est tenue d'adresser à la direction supérieure

les autres demandes d'admission : c'est celle-ci qui décide dans

quelle mesure les transferts doivent avoir lieu dans un autre hô-

pital. En 1880, les demandes de ce genre ont atteint le nombre

de 115. Trois classes de pensionnaires composent la population.

La première paie toutes les dépenses nécessaires à un entretien

complet : 2 couronnes par jour. La seconde tient compte à l'asile

de la moyenne du chiffre d'entretien et de vêture : 75 oeres.

La troisième bénéficie au fond des mêmes avantages que la seconde,

mais comme il s'agit d'indigents, de patients des communes, c'est

le roi qui fixe le prix de pension qui est de 50 oeres. Il peut aussi y

avoir des admissions gratuites; en 1880, elles furent, pour l'ailiver-

salité des établissements, de 94 hommes et de 39 femmes.

On exige, pour autoriser l'entrée du malade, la preuve d'une

psychose récente, d'un danger à l'égard de la sécurité publique,

l'existence d'une accusation nécessitant un examen médico-légat.

Le rapport de 1880 signale, à la fin de l'année, dans tous les asiles

d'aliénés : 130 criminels, sur lesquels 26 meurtriers. Les incurables

et les tranquilles sont renvoyés dans leur pays d'origine.

Les malades des deux dernières classes sont habillés par l'éta-

blissement. Mais ceux de la seconde, qui appartiennent à une ca-

tégorie sociale un peu plus relevée, peuvent s'entretenir eux-

mêmes des effets nécessaires ; un leur donne également des

chambres plus confortables. La nourriture commune est bonne

et abondante; quatre à cinq fois par semaine on sert de la viande

fraîche ou salée; les autres jours, c'est du poisson (morue séchée,

harengs, etc.). On mange dans de la vaisselle de porcelaine. Voici

le budget de l'Etal relatif à l'ensemble des établissements. En

1880, ceux-ci ont encaissé 388,067 couronnes 60 oeres (543,294 fi-,

6 : i ceut.) ; les dépenses ont été de 867,790 couronnes 67 oeres

(1,214,907 fr.).

VARIA. 115

Le service médical est entre les mains du médecin en chef; dans

l'intervalle des séances de la commission directrice, il dirige

l'asile. C'est à lui que sont subordonnés tous les autres fonction-

naires et employés. Chaque année, au mois de mai, il envoie un

rapport à la direction supérieure et au collège royal de santé. Il

existe en outre au moins un médecin-adjoint, qui n'habite pas

toujours l'établissement : dans certaines circonstances, un a deux

étudiants remplissent le rôle d'internes ; mais leur temps de stage,

obligatoire d'ailleurs, ne dure d'ordinaire que deux mois. Un

pasteur habite la ville voisine. Chaque dimanche, chaque jour de

fête, il officie et s'occupe non seulement des pratiques de la reli-

gion, mais de l'enseignement scolaire. Le traitement psychique

dos aliénés est, dans le rapport principal annuel de la direction

supérieure au roi, l'objet d'un chapitre séparé très étendu. Matin

et soir, avant et après le repas, le personnel des gardiens ou un

malade fait. dans les diverses sections, une courte prière. Un in-

tendant (syssloman) s'occupe des affaires économiques. Les

gardiens sont soumis aux mêmes devoirs que dans les asiles de

Danemark. Quelques établissements leur assignent le port d'un

uniforme.

On n'a pas encore adopté la construction de colonies agri-

coles.

En ce qui concerne la protection des aliénés à leur sortie de l'a-

sile, on ne saurait passer sous silence l'existence d'une Société de

ce genre à Stockholm. (Skyddsfôrening fôr Sinnesjuke). Elle a été

fondée par le conseiller médical Sondén. Elle se propose de « pro-

curer l'appui et les secours convenables aux aliénés guéris (con-

valescents), dépourvus d'assistance, au moment de leur renvoi de

l'asile, et tout particulièrement de l'asile de Stockholm ». C'est le

21 décembre 1861, que cette Société a commencé à fonctionner,

après avoir collecté, soit par des contributions volontaires, soit par

des legs ou autres sommes capitalisées, un fonds social de

46, i 17 couronnes 33 aeres (`33,404 fr. 30 cent.). Depuis cette époque

jusqu'en 1880, elle avait dépensé à son oeuvre I i, : i 13 couronnes :

au début de 188', sa fortune était de 24,889 couronnes 28 oeres

( : 31·,8·i· : ; fr. environ); elle avait 67 collaborateurs. Les malades

occupés emportent aussi leur pécule, établi d'après une taxe, en

rapport avec la somme de travail fourni, à moins qu'on ne l'ait

auparavant employé dans leur intérêt. La première impulsion

imprimée à la genèse de la Société de protection dérive de la do-

nation due à la libéralité de la fameuse actrice lyrique Jenny Lind.

Aujourd'hui, la Société est alimentée par des contributions volon-

taires, mais on songe à la réorganiser sur un nouveau plan,

d'après lequel la coopération obligerait au versement annuel de

.'i couronnes (7 fr.) ou au rachat de sa cotisation par une somme

de .'i0 couronnes (70 fr.) une fois donnée.

I I 6 VARIA .

Les rapports annuels de la direction supérieure font aussi inva-

riablement mention d'un asile privé, de l'asile d'entretien et de

thérapeutique pour psychopathes du Dl Biliberg à Stockholm, Il

contenait, en 1880, onze hommes et deux femmes. Guérison :

deux hommes et deux femmes. Amélioration : deux hommes. Nous

abordons maintenant la descriptiou résumée des cinq asiles visités

par M. Claus, et la condensation des renseignements, qu'il con-

signe d'après un aliéniste du pays, sur un autre établissement

également important.

I. Hôpital de Gotlaenbury, dans file d'llissingen. L'ile dont il

s'agit est entourée par deux bras du Gôtaelf. L'établissement oc-

cupe un terrain en pente douce, assez protégé contre les vents,

grâce à des montagnes de granit que limitent, des deux côtés, la

arge vallée où il se trouve. On y arrive de Gothenburg, sur une

route départementale, en une bonne heure, à pied. Il date de

1872. Les dépenses de construction ont été de 840,000 couronnes

(l,l 10,000 fr.). La population comprend : 90 hommes, 86 femmes.

On n'y reçoit que des pensionnaires de deuxième et troisième

classes. Unbuppléiiient quotidien de 25 oeres peut assurer aux ma-

lades de meilleures conditions, sans cependant que le régime ali-

mentaire s'en trouve modifié.

La superficie de l'établissement = 38 hectares 61. L'entrée du

territoire de l'asile presque complètement entouré de murs se

trouve sur le côté ouest. Les édifices réservés aux aliénés et les

principaux bâtimentsdel'admmislration, très simples, revêtusd'uu

enduit blanc jaunâtre, et couverts en tuiles rouges, ont pour la

plupart un étage. Ils forment un rectangle allongé, dont le grand

axe court de l'ouest à l'est. Au milieu, ce sont les constructions

affectées aux services économiques, avec les cuisines et la buan-

derie, desservies par une machine à vapeur. Sur le côté ouest, on

rencontre des locaux réservés aux besoins administratifs, avec le

temple, l'habitation du médecin-adjoint et des étudiants stagiaires.

Le côté nord renferme la section des hommes; celui du sud, la

section des femmes ; sur un arrière-plan se dresse le quartier cel-

lulaire qui, lui aussi, constitue un rectangle à grand axe, dirigé de

l'ouest à l'est. Les deux grande corps de logis destinés aux ma-

lades renferment, en allant des bâtiments administratifs à la

section des agités, successivement : les aliénés calmes, les aliénés

malpropres et agités; toussontpourvus, de même que les bâtiments

cellulaires, d'un promenoir extérieur entouré d'un mur de hauteur

convenable. Il n'existe pas de galeries couvertes. Les lieux

d'habitation et de repos des malades regardent, pour les hommes,

au nord, pour les femmes,au sud. Les corridors intérieurs donnent

accès sur la cour et sont ornés, comme les chambres d'habitation,

de fleurs et de gravuies. Propreté partout. Pas de salles de fêles.

VARIA. 117

Pas de grillages aux fenêtres, mais les croisillons en sont solides.

Quelques malades de bonne condition ont leurs chambres parti-

culières; il peuvent également avoir leurs vêtements personnels,

tandis que les autres sont habillés par l'asile. Le costume commun

se compose d'une veste et d'une culotte. On revêt ceux qui dé-

chirent des vêtements fermés en usage. Eclairage au pétrole.

Chauffage au bois dans des poêles de faïence, excepté aux cellules

(chauffage à air chaud parle ous-soi). Système des fosses mobiles

parfaitement désinfecteespar le chlorure de chaux. Aucune rnstal-

lation spéciale pour la ventilation artificielle. Nulle particularité

à signaler dans les appareils balnéaires. C'est d'unesource voisine

qu'une conduite d'eau apporte à l'établissement, ce qu'il lui faut

de liquide pour les besoins journaliers et pour la cuisine ; il est

abondant et de bonne qualité. La literie est la même que dans les

établissements danois; les giteux sont placés sur une paillasse

percée d'un truu médian. Trente cellules assez spacieuses, à

parois cimentées, prennent jour de fenêtres latérales élevées,

munies de volets. La section spéciale eu contient 12 pour chaque

sexe. Elles n'ont pas toutes leurs latrines.

Le service médical est fait par trois médecins : un médecin en

chef, un médecin adjoint, un étudiant. Le premier habite avec

l'intendant une maison séparée. Un pasteur dessert l'établissement,

sans y résider. La surveillance est dévolue à un gardien et à une

gardienne en chef, ayant sous leurs ordres, l'un : neuf gardiens ; -,

l'autre, quatorze gardiennes. Ces agents ont pour traitement : les

hommes, 120 couronnes (168 fr.), les femmes 100 couronnes

(140 fr.) par an. On est satisfait de leur conduite. Les médica-

ments, le traitement, les moyens de contrainte sont les mêmes

qu'autre part. Depuis l'existence de l'établissement il n'y a eu que

deux suicides. Les évasions sont très rares.

118 BIBLIOGRAPHIE.

Les subsistances sont toutes tirées de la ville, le pain seul est fait

à l'établissement.

Budget en 18R0 ) ( Recettes 38,039 couronnes 35 oeres 53,255 fr.).

(résumé) ( Dépenses 90,351 couronnes 18 oeres (116,4-,g fr..

P. Kéraval. (A suivre.)

BIBLIOGRAPHIE

1. Leçons cliniques sur les maladies du système nerveux; par

Thomas l3zzann. Londres, Cturcliill, 1882, in-8°.

Ce livre, ainsi que l'indique le titre, n'est pas à proprement par-

ler un traité didactique des maladies du système nerveux, c'est

plutôt une série d'études sur quelques points spéciaux de telle ou

telle de ces maladies. L'auteur n'a pas cependant laissé tout à

fait de côté les généralités; mais il n'y a eu recours qu'autant que

cela était nécessaire pour la démonstration qu'il avait en vue.

Les deux premières leçons sont consacrées à l'étude des réflexes

tendineux, aux précautions à prendre pour les rechercher et à

leur signication au point de vue séméiologique. Quant à leur na-

ture, M.Buzzard admet, malgré les opinions contraires d un certain

nombre d'auteurs (notamment en Angleterre), que les phénomènes

tendineux sont d'origine réflexe. Envisageant le signe du tendon

rotulien dans le tabes. il insiste sur l'absence de contraction, et lui

oppose la facilité avec laquelle, au contraire, se produit dans cette

maladie la contraction idiomusculaire parla percussion du corps

même du triceps fémoral; ce phénomène devrait être attribué à

l'état d'irritation où se trouvent les cornes postérieures, et serait

assez analogue au tic convulsif qui accompagne les névralgies du

trijumeau.

C'est d'ailleurs le tabes qui semble être, dans ce livre, l'objet fa-

vori des études de M. Buzzard, ainsi qu'on pouvait le prévoir par

les nombreuses et intéressantes publications qu'il a faites antérieu-

rement sur cette maladie.

Pour faire le diagnostic de tabes, il n'est pas besoin qu'un malade

présente dans toute son extension le tableau clinique de l'ataxie

BIBLIOGRAPHIE. 119

locomotrice, quelques symptômes suffisent, et. en dehors de tout

autre trouble nerveux, la coïncidence del'abolition du réflexe rotu-

lien avec la présence de douleurs à caractère spécial permet d'éta-

blir ce diagnostic d'une façon certaine.

Un des symptômes précoces du tabes observé et décrit d'une fa-

çon très fine est un trouble spécial dans les fonctions des membres

inférieurs sans aucun rapport avec l'ataxie elle-même; le malade

étant en train de marcher, tout d'un coup, sans qu'il éprouve de

douleur, sans que rien le prévienne, il tombe; il n'a d'ailleurs le

.plus soucent aucune peine pour se relever et peut rentrer à pied

chez lui. Que s'est-il passé ? ses jambes ont simplement fléchi sous

lui sans qu'il s'y attendît, il y a eu «giving way of tiie legs ».

Il est un autre symptôme, les arthropathies, dans l'étudeduquel

l'auteur apporte des observations et des opinions toutes person-

nelles; sur un relevé de quarante-huit cas d'arthropathies tabétiques

épars dans la science, neuf lui appartiennent, c'est dire qu'il a été

l'un des premiers 'à vulgariser en Angleterre la connaissance de

cette singulière affection. Dans cette statistique de quarante-

huit cas, M. Blizzard fait remarquer que vingt-quatre fois (pour ne

parler que des cas où il en est positivement fait mention), il y a eu

coïncidence de crises gastriques et que cette fréquence ne doit pas,

selon toute probabilité, être purement fortuite mais cacher une re-

lation plus intime. Or, dès 1880, et plus récemment encore,

s'appuyant sur les cas de M. Pierret, où les faisceaux cunéiformes en

relation immédiate avec le noyau du pneumogastrique étaient

altérés, l'auteur avait émis l'opinion que les crises gastriques dé-

pendent d'une irritation du noyau du pneumogastrique. Etant

donnée cette localisation pour les crises gastriques, c'est à une lé-

sion voisine de celle-ci, c'est-à-dire aune lésion bulbaire qu'il fau-

drait rapporter les arthropathies, vu la coïncidence si fréquente de

ces deux symptômes.

Signalons aussi le chapitre relatif à l'influence de la syphilis sur

l'apparition du tabès; dans une statistique personnelle de cent ta-

bétiques, quarante-cinq fois seulement l'existence antérieure de

maladies vénériennes a été constatée, et encore la nature syphili-

tique de celles-ci n'était-elle pas toujours très certaine; aussi, sans

nier la fréquence de l'association de ces deux maladies, faut-il

avouer que nous ne sommes pas actuellement en état d'indiquer

quels sont au juste les rapports qu'elles ont entre elles.

Ce n'est pas d'ailleurs le seul passage de ce livre où il soit ques-

tion du rôle de la syphilis sur le système nerveux ; dans la leçon

XVI l'auteur rapporte plusieurs cas de somnolence prolongée dans

la syphilis cérébrale, il rattache ce phénomène à des lésions arté-

rielles et insiste sur l'influence du traitement; c'est surtout encore

au point de vue des bons résultats obtenus par le traitement spé-

Ciuquc qu'il étudie la névrite syphilitique, et aussi au point de vue

120 BIBLIOGRAPHIE.

de l'importance qu'il y a à ne pas la confondre avec les douleurs

rhumatismales.

Dans la leçon XVIII se trouvent consignées plusieurs observations

de paralysie rapide et presque généralisée, semblant être sous la

dépendance de la syphilis, et caractérisés par la perte de la sensi-

bilité, des douleurs, l'abolition des réflexes tendineux et la para-

lysie motrice ; l'auteur rapproche ces paralysies de celles qui s'ob-

servent à la suite de la diphlliérie; il pense que ces phénomènes ne

peuvent s'expliquer que par une altération de toute la substance

grise, ou par une méningite assez étendue pour comprimer à la

fois les racines antérieures et postérieures des nerfs périphériques.

Quant à l'hystérie, elle est surtout étudiée au point de vue de la

ressemblance de quelques-unes de ses manifestations avec diffé-

rentes maladies organiques du système nerveux (teruous mimicry

de James Paget); dans aucun cas de paralysie hystérique, l'auteur

n'a observé l'abolition des réflexes, c'est là une donnée impor-

tante puisqu'à elle seule, elle exclut du diagnostic un certain nom-

bre d'affections organiques; cependant le'réflexe tendineux pour-

rait disparaître dans les cas de paralysie prolongée du triceps fé-

moral. Dans un cas, la paralysie d'un côté de la face aurait été

observée. A propos du traitement, nous relevons cette pensée aussi

juste qu'originale : « On ne peut guérir une manifestation hysté-

rique tant que l'on a des doutes sérieux sur sa nature ».

L'hystérie est d'ailleurs proche parente de la tétanie, et dans

celle-ci l'hyperexcitabilité des nerfs serait fort analogue à celle si-

gnalée par M. Charcot dans la première de ces affections; quanta à

la physiologie pathologique de la tétanie, M. Buzzard rappelle

l'opinion de H. Jackson, d'après laquelle le cerveau serait le centre

des mouvements spéciaux et déterminés, tandis que le cervelet se-

rait le centre des mouvements continus, lorsque l'action du cer-

veau serait empêchée, le cervelet, privé d'antagonisme, agirait seul,

et donnerait naissance à une contraction continue des muscles

(tétanie, athétose, etc.).

Une des dernières leçons est consacrée à l'action des vésicatoires

circulairement appliqués (encirching blisters) dans l'épilepsie; c'est

là une méthode qui appartient en propre à l'auteur et qu'il est

intéressant de connaître. Dans le relevé des résultats que lui ont

fourni les vésicatoires circulairement appliqués au niveau du mem-

bre qui est le siège de l'aura épileptique, il s'en faut que dans

tous les cas, les attaques d'épilepsie se soient trouvées supprimées,

mais presque toujours il y a eu un transfert, soit sur le membre

du côté opposé, soit sur l'autre membre du même côté (de la

jambe au bras et vice oei-sd). Il est fort rare d'ailleurs que ce

moyen thérapeutique n'amène pas une perturbation dans le

siège de l'aura. Ces faits avaient déjà appelé l'attention de l'au-

teur et avaient fait l'objet de publication en 1808; depuis il a oh-

BIBLIOGRAPHIE. 121

serve des résultats concordants, et il n'hésite pas à les rapprocher

des phénomènes de transfert décrits par M. Charcot; il pense, avec

M. Vulpian, que certaines excitations périphériques déterminent

un état spécial des centres corticaux correspondants, et a cherché

à utiliser cette action, soit pour modifier l'étal des circonvolutions

dans l'épilepsie, soit pour provoquer la suppléance dans les cas de

destruction des circonvolutions.

Les limites de cette analyse ne nous permettent pas d'entrer

dans le détail des chapitres consacrés la paralysie saturnine, à la

paralysie cervicale, à la paralysie infantile, à la poliomyélite an-

térieure, à la paralysie a21taii te; mais à propos de cette dernière,

nous ne pouvons nous empêcher de signaler une page pleine d'o-

riginalité et d'humour sur le ton de fausset (piping voice) des para-

lytiques agitants;c'est, dit l'auteur, un ton de voix tout fait ana-

logue à celui que prennent les acteurs pour représenter les vieil-

lards et comme, en réalité, les'vieillards que nous rencontrons tous

les jours ne parlent pas ainsi, il est fort probable que l'acteur qui

a créé ce type avait pris pour modèle un individu atteint de para-

lysie agitante.

Plusieurs figures jointes au texte, etde nombreuses observations

inédites qui sont, elles aussi, comme autant d'illustrations, ajoutent

encore à la clarté de cet ouvrage. P. Marie.

II. Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et

l'idiotie; par Bourneville, DAUGE etBRicoN. (Publications du Pro-

grés médical, 1883.)

Tei est le titre sous lequel vient de paraître pour la troisième

fois (1881-1882-1883) une publication intéressante à plusieurs points

de vue, et qui, tant par les matériaux qu'elle contient que par sa

nature spéciale, mériterait une place plus étendue que celle dont

nous pouvons disposer ici; ce que nous nous proposons surtout,

c'est de la signaler à l'attention de nos lecteurs, et pour cela nous

allons, à l'occasion du plus récent de.ces volumes, rappeler briève-

ment le contenu de ceux qui t'ont précédé.

Mais avant d'apprécier le détail de cette publication, nous dirons

quelques mots de son ensemble, et de la méthode qui a présidé à

son développement. Ces trois volumes constituent, ainsi que l'in-

dique le sous-titre, un compte rendu du service des épileptiques et

des enfants idiots et arriérés de Bicétra pendant ces trois dernières

années; c'est-à-dire que les différents cas observés pendant un an

(surtout ceux suivis d'autopsie) sont réunis, groupés ensemble dans

un volume et que le lecteur se trouve ainsi mis au courant du fonc-

tionnement du service pendant toute une année.

C'est là une tentative que l'on ne saurait trop louer, car

M. et ses collaborateurs ont fait oeuvre d'initiative et

1-22 BIBLIOGRAPHIE.

de progrès ; il serait à souhaiter que leur exemple fût suivi dans

tous les services hospitaliers de Paris, car des publications de ec

genre sont tout à fait exceptionnelles chez nous, alors que dans les

autres pays, elles sont en usage depuis longtemps déjà et rendent L

les plus grands services (S. George's llosp,. 4el)o ? ,tù S. Bartholo-

mew'sHosp. Reports; Charité Annalen de Berlin. -Recueilssuédois

et danois analogues, etc., etc.). Que l'on veuille bien se repré-

senter un instant chacun des chefs de service de l'Assistance pu-

blique publiant tous les ans la statistique et les observations des

malades soignés dans son service pendant l'année, et l'on com-

prendra toute l'importance de l'oeuvre de M. Bourneville.

Si, maintenant, nous entrons dans le détail, nous trouvons dans

chacun de ces volumes une variété de cas pathologiques à laquelle

on est loin de s'attendre, d'après l'idée que l'on se l'ait générale-

ment d'un service d'épileptiques et d'enfants idiots ou arriérés.

C'est ainsi que, en 1881. nous trouvons une observation très in-

téressante de maladie bleue avec autopsie minutieusement décrite

à laquelle fait suite un relevé des cas analogues publiés par

d'autres auteurs. Une observation de crétinisme avec myxoedèmr.

Un cas d'hystérie chez un garçon de treize ans qui a présenté

avec ses principaux caractères le tableau de ]'hystero-épi)cpsie.

périodes épileptoide, clonique et délirante pendant les attaques,

hémianesthésie, zones hystérogènes, etc. Plusieurs autopsies faites

chez des idiots ,et montrant des lésions cérébrales et méningées

plus ou moins étendues et profondes.

En 1882, nombreuses notes et observations sur l'idiotie et l'épi-

lepsie avec résultats divers d'autopsie. Observation d'hystéro-épi-

lepsie chez un jeunegarçon où se retrouvent encore les principaux

phénomènes de la grande hystérie : hémianesthésie, zones hysté-

rogènes, etc. Un ca d'arthropathies chez un ataxique. Les auteurs

considèrent les lésions articulaires comme de nature rhumatismale,

vu l'aspect des surfaces osseuses et de la synoviale. Une inté-

ressante relation de l'épidémie de rougeole qui envahit la section

des enfants dans les premiers jours de janvier 1881.

Eu 1883, en outre des observations d'épilepsie et d'idiotie, con-

tingent ordinaire du service, et d'un nouveau cas rl'h3-stéro-épi-

lepsie chez un jeune garçon, nous trouvons un certain nombre de

recherches sur les agents thérapeutiques empiètes contre l'épilep-

sie : ! ))'omu<'ec<'or,/t ? t'o</t<'rapM,6 ! 'omM'ed'</tye, emploi de l'ui-

mant dans l'épilepsie. -Nous ne pouvons, à notre gtand regret,

donner une analyse de chacun de ces différents chapitres qui con-

tiennent de précieux renseignements sur la valeur thérapeutique

de ces divers agents.

Il faut nous borner aussi à une simple mention de la partie qui,

dans chaque volume, est plus spécialement consacrée aux rensei-

gnements d'administration médicale du service, et à la statistique

BIBLIOGRAPHIE 123

proprement dite. -Résultats obtenus dans les écoles hospitalières,

vaccinations, traitement moral, hydrothérapie, service dentaire,

etc. Tout cela est si précis, si complet, qu'il semble que l'on as-

siste au fonctionnement de la division des idiots et épileptiquesde

Bicêtre, et que l'on est au courant du service presque autant que

M. Bourneville lui-même, ce qui n'est pas peu dire. P. M.

Ill. I. L^s aliénés en Italie Etablissements qui leur sont consacrés.

Organisation de l'enseignement des maladies mentales et ner-

veii%es; par BILLOD, médecin en chef, directeur honoraire des

asiles d'aliénés de la Seine.

Chargé d'une mission qui lui avait été confiée par le ministre

de l'instruction publique à l'effet d'étudier en Italie l'organisation

de l'enseignement des maladies mentales et nerveuses, M. Billod

reproduit, sous forme d'instruction, le rapport qu'il a rédigé à ce

sujet, rapportqui, ainsi que tout le reste du livre, confirme la sa-

gesse du choix ministériel pour une telle mission.

L'auteur examine l'organisation du service des aliénés, au point

de vue administratif, puismédical, en insistant sur l'enseignement

delà médecine mentale.

En opposition avec un précédent voyage qu'il avait fait en 1846

dans les mêmes localités, il constate pourtant un progrès; l'auteur

fait remarquer qu'il n'existe pas encore de loi générale sur les

aliénés pour l'Italie unifiée et,constate avec regret le manque d'un

inspectorat général pour tous les établissements; ce rouage pa-

raît inutile en Italie; il signale aussi le manque, dans ce pays, d'un

établissement analogue à celui de Charenton.

Sur les vingt et une universités italiennes, neuf ont de- chaires de

pathologie mentale, sept des cours libres. Les professeurs sont di-

visés en ordinaires, extraordinaires et chargés de cour. Les profes-

seurs ordinaires sont nommés par le roi, sur la proposition du

ministre après concours sur titre. Le principe de la nomination au

concours tend maintenant à prévaloir pour les fonctions de mé-

decin-directeur. Ainsi récemment à Home, ce fonctionnaire qui

était autrefois nommé directement par le pape a été nommé à la

suite d'un concours.

L'auteur entre ensuite dans l'examen détaillé de chacun des

établissements spéciaux et n'omet aucun détail ; ce livre constitue

ainsi un recueil précieux de renseignements sur l'historique, le

personnel, les maladies, les usages des établissements. Nous cite-

rons plus particulièrement : l'organisation de chroniques (mani-

côme de Gênes, de Saint-Lazare à Reggio), organes de communica-

tion entre les divers manicômes, la création d'un cadran dans le

cabinet de la direction avec appareil téléphonique communiquant

avec toutes les parties de l'établissement (à Reggio); un contrb-

1 24 BIBLIOGRAPHIE.

leur électrique pour s'assurer du service des infirmiers de nuit,

sans que ceux-ci soient obligés de quitter leur salle (même établis-

sement), une sonnerie d'alarme en cas de suicide au manicôme de

Vienne, une société pour les infirmières impotentes au manicôme

di Santa Maria d'finola,les sorties d'essai d'un mois au manicôme de

Brescia. Au manic0me de Vogliera les aliénés de laclasse indigente,

mais appartenant à un milieu social plus élevé que le commun

des aliénés de leur classe, sont placés dans une classe supérieure.

Enfin l'auteur termine par des considérations statistiques, don-

nant un aliéné pour 1,634 habitants pour moyenne de l'Italie, si-

gnalant la Sardaigne comme possédant le moins d'aliénés et l'E-

milie le plus, montrant la pellagre inconnue en Sicile, en Sardai-

gne et dans le Napolitain, répandue dans la Vénétie, montrant la

fréquence de la folie alcoolique dans les haute et basse Italie, de

la folie hystérique et puerpérale en Vénétie, de la folie alcoolique

en Toscane. Charpentier.

IV. Etude sur la méningite tuberculeuse de l'adulte. Les formes

anormales en particulier; par H. Chantemesse, in terne lauréat des

hôpitaux de Paris. Paris, 1884. Bureaux du Progrès médical,

et A. Delahaye et Lecrosnier, éditeurs.

La méningite tuberculeuse présente généralement, chez l'en-

fant, une évolution presque cyclique dont les principaux traits

fixés par R. Whytt (1768) ont été reproduits par tous les auteurs.

Ce qui est la règle chez l'enfant devient l'exception chez l'adulte,

et la méningite tuberculeuse des jeunes gens et des hommes faits

est soumise à des anomalies qui en rendent le diagnostic très

difficile.

Tantôt c'est une apoplexie avec hémiplégie consécutive, simulant

l'hémorrhagie cérébrale ou le ramollissement; tantôt c'est une

monoplégie ou un monospasme rappelant plus ou moins les

symptômes des tumeurs cérébrales; tantôt c'est un délire aigu,

sans paralysie, ni convulsions, donnant l'image du délire alcoo-

lique ou de la manie. Tous ces phénomènes si variés, si nom-

breux, surprenant les individus en pleine santé, sont bien faits

pour dérouter les cliniciens, si bien que dans plusieurs observations

rapportées par M. Chantemesse, le diagnostic n'a pu être fait qu'à

l'autopsie. On jugera par là de l'intérêt que peut offrir une étude

basée sur l'examen clinique et anatomique d'un grand nombre

d'observations (54) de méningites tuberculeuses anomales de l'a-

dulte. Quand la maladie frappe des sujets déjà tuberculeux par

le poumon, quelles que soient les anomalies de la nouvelle locali-

sation de la maladie, l'auscultation lève tous les doutes.

Au point de vue anatomo-pathologique. les recherches de

M. Chanteme-se sont très importantes : elles démontrent, en effet,

BIBLIOGRAPHIE. z5

que dans ces formes anomales de la méningite tuberculeuse

(formes convulsives, paralytiques, délirantes, etc.), tout l'appareil

s) Diplomatique doit être rapporté à des plaques demt : M ! </6-s)tc-

1 halite corticale et non point à des lésions du centre ovale, et des

corps opto-strie·. comme on l'avait affirmé dans certains travaux

antérieurs. Sous ces plaques de méningite adhérentes à l'écorce,

on voit la substance des circonvolutions ramollie, diffluente, en-

flammée. Les vaisseaux présentent des altérations considérables,

ils sont entourés de petites cellules qui infiltrent la tunique cellu-

leuse des artérioles, la gaine lymphatique et la pie-mère adja-

cente : la tunique interne présente une endartérite très développée,

avec un épaississement énorme qui va parfois jusqu'à l'oblitération

complète.

Les lésions cérébrales de la méningite tuberculeuse sont de

nature inflammatoire aussi bien dans la substance blanche que

dans la substance grise, mais ce n'est pas de l'inflammation

franche et suppurative, c'est de l'encéphalite suGuiguè. Ce processus

est bien inflammatoire et non nécrobiotique parce que les lésions

consistent dans une tuméfaction des cellules de la névroglie avec

multiplication des noyaux et finalement état vacuolaire et destruc-

tion de ces cellules. Ainsi se forme, d'après M. Chantemesse, un

ramollissement inflammatoire. Pour rendre la démonstration

plus complète, l'auteur a examiné histologiquement un ramol-

lissement cérébral récent et un ramollissement ancien; dans ces

deux cas, les lésions observées diffèrent complètement de celles

qui caractérisent la méuingo-eucépbalite tuberculeuse.

Après avoir ainsi décrit, avec le soin qu'elles méritent, les lé-

sions corticales, M. Chantemesse aborde le diagnostic des formes

anomales qu'il a si bien étudiées. Reprenant sous forme de con-

clusions, l'étude de ces formes, il les ramène à quatre types dif-

férents : l- la forme latente qui s'observerait chez les cachectiques

et les poitrinaires et se démasquerait tout à coup pour aboutir

rapidement, après les convulsions ou le délire, au coma mortel;

2" la forme délirante qui présente deux variétés : le type aigu,

dont la terminaison mortelle est rapide et rarement retardée jus-

qu'au quinzième ou vingtième jours, le type chronique durant une

ou plusieurs années; 3° la forme spinale qui simule parfoisl'évolu-

tion d'une myélite ascendante, jusqu'au jour où des accidents cépha-

liques viennent assurer le diagnostic; 4» la forme hémiplégique avec

ou sans aphasie, suivant le siège de \a.plaque de méningo-encéphalite.

Tels sont les principaux traits de l'excellente thèse inaugurale de

M. Chantemesse; on voit, par cette courte analyse, que ce travail

marque un réel progrès dans l'étude d'une des localisations les

plus importantes de la méningite tuberculeuse. J. COMBY.

126 BIBLIOGRAPHIE.

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

Accidents cérébraux au début de la pneumonie chez les enfants ;

par SAUDOST. Thèse de Paris, 4884.

De lu pe)'m't<0 ! 'r/t<}6; par 11a1.Ccu'r. Thèse de Paris, 1881.

De l'ergotisme dans le diabète sucré; par fluyssi ? N. Thèse de

Pans, 1884.

Contribution à l'étude du rôle étiologique de la ménopause ; par

Jacquemart. Thèse de Paris, l 884.

De la mort rapide par cedème cérébral chez les vieillards atteints

de néphrite interstitielle ; par Deschanu. Thèse de Paris, 1884.

Du positivisme en médecine par la fonction nerveuse, nervisme ; par

1. Rivière. Thèse de Paris, 1884.

Etude sur quelques points de la méningo-myélite expérimentale;

par J. Dagonet. Thèse de Paris, 1884.

Contribution ci l'étude du centre moteur cortical du membre infé-

rieur; par C. l'nsvusn. Thèse de Paris, 1884.

Recherches expérimentales sur l'excitabilité électrique des circon-

volutions cérébrales et sur la p< ! ) iode d'excitation latente du cerveau ;

par H. Crosnier de Varigny. Thèse de Paris, 1884.

Matériaux pour servir à l'histoire du traitement de l'éclampsie

puerpérale; par CHAMBEM. Thèse de Paris, 1884.

De la chorée pendant la grossesse; par P. Herse. Thèse de

Paris, 1884.

FAITS DIVERS

Nécrologie. Nous avons le regret d'annoncer la mort de

notre ami, le DrBlondeau, secrétaire delà direction du Progrès mé-

dical : il était l'auteur d'une excellente thèse ayant pour titre :

Etude clinique sur le pouls lent permanent avec attaques syncopales

et épileptiformes (1879).

M. Sémerie, un des écrivains les plus distingués de l'école

positiviste, est mort samedi 3 mai, à Grasse. Sa thèse (2ï juillet

1867) sur les Symptômes intellectuels de la folie fut une de celles

qui eurent l'honneur d'être signalées et dénoncées à la vindicte

impériale et cléricale par Uupantoup. Au moment de paraître,

nous apprenons la mort, à t'âge de quatre-vingts ans, de l'un des

médecins aliénistes les plus distingués de notre époque, M. le

faits divers. 127

Dr Moreau (de Tours), médecin de la Salpêtrière. Nous espérons

que l'administration fera, avant la fin de l'année, un concours

pour la nomination à la place devenue vacante.

Asile d'aliénés de Rennes. En vertu d'une loi que vient d'a-

dopter le parlement, le département d'Ile-et-Vilaine vient d'être

autorisé à contracter un emprunt de 600,000 francs applicable au

remboursement de la dette de l'asile d'aliénés de Rennes et à

divers travaux à exécuter dans cet établissement.

Commission de la rage. Le ministre de l'instruction publique

et des beaux-arts, Vu la lettre du 17 mai 1884. par laquelle AI. Pas-

teur a demandé la nomination d'une commission spéciale chargée

de contrôler ses expériences sur la prophylaxie de la rase, Arrête :

Sont nommés membres de la commission chargée de contrôler

les expériences de M. Pasteur sur la prophylaxie de la rage : MM. le

Dr Béclard, secrétaire perpétuel de l'Académie de médecine, doyen

de la faculté de médecine de Paris, professeur de physiologie à la

même faculté; -Paul Bert, membre de l'Institut, professeur de

physiologie générale à la faculté des sciences de Paris; Uouley,

membre de l'Institut, professeur de pathologie comparée au

Muséum d'histoire naturelle,- le De Villernin, membre de l'Aca-

démie de médecine, professeur de clinique médicale à l'école

d'application de médecine et de pharmacie militaires de Paris;

le Dr Vulpian, membre de l'Institut, professeur de pathologie

comparée et expérimentale à la faculté de médecine de Paris;

Tisserand, conseiller d'Etat, directeur au ministère de l'agri-

culture.

Nominations. M. le Dl Riu vient d'être nommé médecin du

quartier des aliénés de. l'hospice d'Orléans.

Académie royale de médecine de Belgique. Extrait du pro-

gramme des concours. 1882-1885. Étudier l'influence du système

nerveux sur la sécrétion urinaire, en se basant spécialement sur des

recherches personnelles. Prix : 800 francs.

Conditions des concours. Les mémoires, lisiblement écrits en

latin, en français ou en flamand, doivent être adressés, francs de

port, au secrétaire de l'Académie, à Bruxelles. Seront exclus des

concours : Il les mémoires qui ne rempliront pas les conditions

précitées; 2" eeuxdouttes auteurs se serontfait connaître directe-

menton indirectement; 3° ceux qui auront été publiés, en toutou

en partie, ou présentés à un autre corps savant ; 1° ceux qui par-

viendront au secrétariat de la Compagnie après l'époque fixée.

L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations ; les

128 FAITS DIVERS.

concurrents sont donc tenus d'indiquer les éditions et les pages

des livres auxquels ils les emprunteront.

Les mémoires doivent porter une épigraphe répétée sur un pli

cacheté renfermant le nom et l'adresse des auteurs.

Le pli annexé à un travail couronné est ouvert en séance pu-

blique par le président, qui proclame immédiatement le lauréat.

Lorsqu'une récompense seulement est accordée à un mémoire de

concours, le pli qui y est joint n'est ouvert qu'à la demande de

l'auteur. Cette demande doit être faite dans le délai d'un an. Après

l'expiration de ce délai, la récompense ne sera plus accordée.

Le manuscrit envoyé au concours ne peut être réclamé; il est

déposé aux archives de l'Académie. Toutefois, l'auteur pourra

toujours, après la proclamation du résultat du concours, faire

prendre copie du travail, à ses frais, lorsqu'il aura fourni au se-

crétaire de la Compagnie la preuve que ce mémoire est son oeuvre.

L'Académie accorde gratuitement aux auteurs des mémoires

dont elle a ordonné l'impression cinquante exemplaires de ces

travaux, tirés à part, et leur laisse la faculté d'en obtenir un plus

grand nombre à leurs frais.

111oaraionrnmE. Dans la séance de l'institut d'Alexandrie du

9 mai courant, le D Abbate pacha, a parlé de la morphiomanie

en Hgypte, surtout parmi les grandes dames des harems. Il a dé-

montré les inconvénients des injections sous-cutanées de morphine

au point de vue physique et moral. (Phare d' Alexandrie du 10 mai.

Le Dr Hinkley publie dans New-Yo2-h- médical Journal, l'ob-

servation d'une morphiomane qui en est arrivée à des doses vé-

ritablement fantastiques. Cette dame absorbe en injections sous-

cutanées : dans les 24 heures, 85 grains de sulfate de morphine,

soit 5 gr. : i0; elle présente comme symptômes : de la chute des

cheveux, une constipation opiniâtre, de l'anorexie, un sommeil

irrégulier, des troubles du caractère et un abaissement de la

température assez marque. Elle est elle-même effrayée de son

état et cherche à se débarrasser de cette infirmité, mais jusqu'à

présent elle a résisté à tous les moyens que les médecins lui ont

proposé pour la guérir de cette mauvaise habitude.

Récompense honorifique. Le Dr Fabre, médecin de l'asile

public d'aliénés de Saint-Lizier, vient d'obtenir une médaille d'hon-

neur de seconde classe pour son courageux dévouement dans

plusieurs incendies.

Le rédacteur-gérant, Bourneville.

Evrem. 1. 19-P- - 784.

Vol. VIII. Septembre 1884. N" 23.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE A FORME D'ÉPILEPSIE PARTIELLE

(étude d'une nouvelle variété d'état de mal i : PILEI'TIFOIillE

Par le Dr Gilbert BALLET, ex-chef de clinique de la Faculté,

et Gaston CRESIIIN, interne des hôpitaux.

C'est un fait aujourd'hui bien connu que l'hystérie

emprunte fréquemment le masque de l'épilepsie. L'ex-

pression d'hystéro-épliepsie, dont on se sert alors pour

la désigner, indique très nettement la chose.

On sait d'autre part, grâce aux travaux de Briquet,

grâce surtout à ceux de M. Charcot, que la ressem-

blance dans les phénomènes symptomatiques n'im-

plique pas une identité de nature et qu'il y a, noso-

logiquement parlant, une différence radicale entre les

symptômes épileptiformes de l'hystérie et les manifes-

tations épileptiques proprement dites. Les arguments

qui le démontrent ont été trop souvent reproduits

pour que nous croyions devoir les mentionner ici

de nouveau. D'ailleurs, en plus d'un passage de ce

mémoire, nous aurons à revenir sur quelques-uns

d'entre eux et à mettre en relief leur valeur.

Archives, t. VU). l. 9

130 CLINIQUE NERVEUSE.

Quaud l'hystérie revêt la physionomie de l'épilepsie,

c'est le grand mal qu'elle simule le plus souvent et

elle peut le simuler dans ses deux modalités : l'accès'

isolé et l'état de mal. On sait que la première phase

de l'attaque-hystéro'-épileptique ressemble presque de

tous points à l'accès d'épilepsie. Mais, le plus souvent

les deux dernières périodes de l'attaque hystérique

séparent de telle façon les unes des autres les phases

épileptoïdes des attaques consécutives qu'on ne peut,

même à première vue, se tromper sur la signification

et la nature de ces dernières. Dans d'autres cas,

au contraire, plus rares à la vérité, les attaques d'hys-

térie se succèdent en très grand nombre, et empiètent

les unes sur les autres. La phase des grands mouve-

ments, celle des hallucinations sont sautées en quelque

sorte, et l'on assiste à une série parfois fort longue

d'accès épileptoïdes, qui, par leur réunion et leur en-

chaînement constituent un véritable état de mal, rap-

pelant de très près l'état de mal épileptique. Mais il

s'agit alors simplement d'un état de mal épilepti forme,

comme l'appelle M. Charcot, qui, il y a longtemps déjà,

à propos d'une observation curieuse dont nous parlons

plus loin, a fait heureusement ressortir les caractères

et la signification nosologique de ce faux état de mal

épileptique.

L'hystérie s'habille donc souvent en grand mal.

Elle peut aussi s'habiller en PETIT mal. Quelques faits

observés par l'un de nous', dans le service et sous la

direction de M. Charcot, d'autres relatés par différents

1 G. Ballet. Des accidents épileptiformes dans l'A ? sLérie. lllém. inédit,

eouronné par l'Académie de médecine (Prix Civriew 1882)..

DES ATTAQUES U11YJ'l'lsfilli. 131

- -'observateurs, notamment par M. P. Richer ', nous au-

torisent, en effet, à avancer qu'elle simule quelquefois

le vertige .

Eu outre (et c'est là le point nouveau sur lequel

nous voulons insister dans ce mémoire), l'attaque hys-

térique, dans quelques cas, reproduit avec une exac-

titude à peu près parfaite le tableau de I'épilepsie

partielle (épilepsie jacksonnienne, ou par lésion céré-

brale). Cette notion résulte de plusieurs faits que nous

avons été à même d'observer dans les services de nos

maîtres, MM. Charcot et Legrand du Saulle, à la Sal-

pêtrière. Les cas de cet ordre qui, jusqu'à ce jour,

étaient croyons-nous, passés complètement inaperçus

se rencontreront vraisemblablement en assez grand

nombre, quand l'attention aura été dirigée de leur côté.

Les malades soumises à notre observation ont pré-

senté des attaques caractérisées tantôt par des con-

vulsions exactement limitées (primitivement du moins)

à un côté du corps, avec rotation de la tête et des

yeux du côté convulsé, tantôt par des spasmes limités

à un côté de la face ou à l'un des membres. Dans le

premier cas, le tableau clinique était celui de l'épilep-

sie jacksonnienne à forme hémiplégique; dans le

second celui de l'épilepsie partielle à forme circons-

crite ou monopiégique. De plus, chez la plupart des

malades, les accès se sont montrés par séries consti-

tuant un véritable état de mal, analogue à celui qu'on

observe chez les individus atteints de lésion cérébrale

1 P. nicher. - Eludes cliniques sur l'hi/aléro-épilepsie, p. 293.

A maintes reprises, et notamment dans l'Iconographie photographique

de la Salliatiière f ! 876-1880), ces vertiges ont été décrits et comparés à

ceux de l'épilepsie (Bourneville).

132 CLINIQUE NERVEUSE.

corticale. Mais l'examen attentif et minutieux de tous

les phénomènes a permis de rejeter le diagnostic épilep-

sie et d'affirmer que nous étions en présence d'attaques

d'hystérie franche..

Nous nous proposons donc d'établir dans ce travail :

1° Que, dans certains cas, l'attaque d'hystérie simule

l'accès d'épilepsie partielle;

2° Que, dans ces circonstances, en dépit de la frap-

pante ressemblance que la fausse épilepsie partielle(épi-

lepsie partielle hystérique) présente avec l'épilepsie

partielle par lésion cérébrale, il existe des signes qui

permettent d'établir avec certitude le diagnostic diffé-

rentiel. Ces données, que nous avons déjà exposées suc-

cinctement dans le Progrès médical1, ressortiront d'une

façon très ' nette des observations et des développe-

ments qui vont suivre.

La première observation qui constitue, pour ainsi

dire, la clef de la démonstration que nous entrepre-

nons, est celle d'une malade du service de M. Legrand

du Saulle.

Observation I 2. - Rosa G..., dix-sept ans, fille naturelle,

aurait présenté vers l'âge de douze à treize ans, des attaques

convulsives, sur la nature desquelles il est impossible d'être

renseigné. Nous avons appris que la malade aurait eu des ver-

tiges : elle pâlissait subitement et faisait quelques petits mou-

vements ; mais ces vertiges étaient fort peu nombreux et de

très courte durée.

Nous ne connaissons pas les antécédents héréditaires. -La

malade entre àla Salpêtrière le 2t juin 1881, dans le service

de M. Legrand du Saulle. Depuis cette époque jusqu'à jan-

t Prorès médecal, 4885, n 5.

2 Cette observation a fait l'objet d'une communication de M. Legrand

du Saull ? à la Société méilico-iisychologiiiuc, dans la séance du 29 oc-

tobre 1883.

DES attaques d'hystérie. 133

vier 1883, c'est-à-dire pendant dix-huit mois environ, elle n'a

pas d'attaques. Nous constatons seulement que R... est vive,

coléreuse, d'un caractère très irritable et d'une grande coquet-

terie.

Le 33 janvier 1883, la malade est prise d'accès qui vont en

augmentant de nombre jusqu'au 7 février; ces accès à carac-

tère épileptiforme paraissent avoir été influencés par le bromure

de potassium, car ce médicament ayant été administré pendant

trois jours, à la dose de quinze grammes, les attaques dispa-

rurent après trois jours de médication, c'est-à-dire le 10 février.

Pendant cette période de vingt jours, du 33 janvier au 10 février,

on ne compta pas moins de 8,000 accès.

Ces accès ressemblaient à ceux de l'épilepsie partielle, avec

prédominance des convulsions du côté droit ; mais la tempéra-

ture resta toujours normale, tandis que le pouls était à 120 ou

à 130.

Cette série de 8,000 attaques terminée, la malade ne pré-

senta plus qu'un nombre de crises relativement limité de mars

à septembre 1883; elle eut, en moyenne tous les mois, cent

attaques qui se montraient toujours par séries de dix à douze,

et étaient suivies d'un repos de plusieurs jours. Le 30 sep-

tembre 1883 (il y avait quinze jours que la malade n'avait pas

eu d'attaques), elle fut prise d'accès nombreux, se succédant

sans interruption.

Description DES accès. Les accès ne sont pas précédés

d'aura; quelquefois un petit cri annonce le début d'une

crise. Alors la tète se raidit et se tourne du côté droit. La face

devient un peu rouge. Les globes oculaires, portés en haut et

à droite, cachent leur pupille dilatée sous les paupières supé-

rieures ; les yeux sont légèrement entr'ouverts ; les muscles

de la face se convulsent, surtout à droite; la bouche large-

ment ouverte laisse quelquefois sortir la langue. L

Fig. 1 ? Phase tonique.

13V

CLINIQUE nerveuse.

A droite, le membre supérieur rigide est étendu dans l'adduc-

tion et la rotation en dehors; le poignet est fléchi sur l'avant-

bras, et le poing convulsé. Le membre inférieur est en exten-

sion, le genou droit fortement appliqué contre le gauche; la

jambe et le pied sont tournés un peu en dehors. (Fig. 1.) .)

A gauche, le membre supérieur se raidit un peu, mais tou-

jours consécutivement à la jambe droite, et à un degré très

faible ; car le poing n'est jamais fermé ; la jambe gauche ne se

prend qu'ultérieurement, et très légèrement; souvent même

elle reste tout à fait indemne.

A la phase tonique, succède bientôt une période de convul-

sions cloniques. Les muscles de la face et des membres du côté

droit sont agités de secousses brèves, qui se succèdent avec la

plus grande rapidité. Du côté gauche, il n'y a rien de semblable :

les membres restent un peu étendus, et un peu raides; mais

on n'y observe jamais de convulsions cloniques. Bientôt les

mouvements convulsif's s'arrêtent; mais pour recommencer

presque aussitôt. Et une nouvelle attaque se produit, identique

à celle que nous venons de décrire. Les tracés graphiques que

nous avons recueillis montrent avec netteté, d'une part, que la

raideur du côté gauche est toujours consécutive à celle du

côté droit; d'autre part, que les convulsions cloniques se pro-

duisent seulement à droite. (Fig. 2.)

Après un nombre d'accès très variable, se succédant sans

interruption, la malade revient à elle pour quelques instants;

elle ne parait pas abattue : elle a conservé un vague souvenir

de ce qui s'est passé.

Après les crises, la main droite reste fermée convulsivement,

et le membre supérieur droit un peu contracté. A gauche, les

membres deviennent flasques.

Du 3 au 1'4 octobre, les accès se multiplient en conservant t

Fig. 2. - Phase clonique.

DES ATTAQUES D HYSTÉRIE. 135

les caractères que nous venons d'indiquer, et sans qu'aucun

phénomène nouveau n'apparaisse ; seulement le nombre des

accès va toujours en croissant, puisqu'on en observe 940 dans

lajournée du 19-, et 't,3t2 dans la journée du 13. La température

reste normale, malgré le nombre considérable des attaques. |

Trois ou quatre jours après le début des accidents, notre

attention est appelée sur certains signes qui avaient échappé

tout d'abord, ou qui peut-être n'existaient pas encore; c'est

ainsi que nous observons des mouvements ondulatoires du

ventre au début et dans l'intervalle des crises, des battements

des paupières pendant les accès. Enfin, il importe de signaler

l'ouverture de la bouche, et la propulsion de la langue au

dehors, qui se sont montrées à différentes reprises d'une façon

très manifeste. ,

Le 1 le octobre, les attaques deviennent plus complètes; les

convulsions se généralisent : le côté gauche se prend à son

tour. Dans chaque accès, le membre supérieur gauche s'étend

et se raidit, les doigts se contractent et le pouce se fléchit dans

la paume de la main comme à droite; le poignet se fléchit'à

angle droit sur l'avant-bras; la face palmaire de la main regar-

dant en haut. La jambe gauche est également rigide. Les mou-

vements cloniques se montrent dans le membre supérieur

gauche, mais beaucoup plus faiblement qu'à droite; la jambe

gauche ne présente pas toujours de convulsions. A ce moment

donc, et pour la première fois seulement, les convulsions téta-

niques sont généralisées. Toutefois, les mouvements cloniques

restent prédominants à droite, et la tête se tourne toujours de

ce côté, c'est-à-dire du côté primitivement convulsé.

Nous constatons aussi pour la première fois (dans l'intervalle

des crises) de l'amblyopie à droite avec achromatopsie, signes

sur lesquels nous reviendrons.

Pas de changement nouveau dans l'état delà malade jusqu'au

18 octobre, époque à laquelle les phénomènes de nature nette-

ment hystérique, viennent se surajouter aux manifestations épi-

leptiformes. En effet, à la suite d'une série d'accès épileptoïdes,

nous voyons apparaître des hallucinations visuelles terrifiantes.

Les yeux sont largement ouverts, tandis qu'au début de la ma-

ladie, ils étaient presque fermés ; ils sont fixes;- le regard ex-

prime la terreur. La malade fait des mouvements comme pour

éviter quelque chose qui approche; parfois elle, se cache sous

son drap; mais elle ne prononce aucune parole. Ces hallucina-

13f;

CLINIQUE NERVEUSE.

tions durent de cinq à dix minutes. A son réveil, R... n'a aucun

souvenir de ce qui s'est passé. Le lendemain et les jours sui-

vants, les hallucinations deviennent plus précises. La malade

dit qu'elle voit une boule noire qui se'déroule; se déploie,' va'et l

vient. «La voyez-vous ? » s'écrie-t-elle.' Plus tard, "au milieu d'une",

hallucination, lorsqu'on presse R ? de questions, elle répond :

Fig. 3. - Courbes fies attaques et de la température chez Rosa z

, uf\ ? ) ? = ? <... ? - . 1

DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE. i : )7

«Vous la voyez bien, c'est une bête verte qui rampe ; elle a des

yeux, mais n'a pas de pattes; elle s'approche de moi, arrêtez-

la. » R... a toujours les yeux fixés dans la même direction, et

tournés vers la droite. Les visions se montrent toujours du côté

où prédominent les convulsions, c'est-à-dire'du côté droit. *

La malade se débat, saute et s'agite en tous sens, -comme

pour résister à quelque chose qui la poursuit. Il est à remar-

quer que les hallucinations terrifiantes tantôt se. montrèrent à

la suite d'un ou de plusieurs accès épileptoïdes, tantôt appa-

raissent isolées des phénomènes convulsifs, après un intervalle

de repos. ' ? , ' *- -»ij j

Les accès épileptoïdes, loin de diminuer dénombre après l'ap-

parition des hallucinations, ne l'ont qu'augmenter, -puisqu'on

en compte : le 18 octobre, 1,139 attaques ;'le 19 ? 1,109 - lq 25,

1,463; le 26, 1,513. '- ? . "" .7 ? t-

Enfin, le 28 octobre, c'est-à-dire le vingt-sixième 0 ti r de a

maladie, les attaques, qui s'étaient élevées,. a"l,351 la veille,

tombent à 350. Les jours suivants, les. accès épileptoïdes dis-

paraissent presque complètement ; la malade n'a plus que quel-

ques hallucinations visuelles souvent fort longues, mais-moins

terrifiantes qu'au début. '' " ' f ~"'ï ? ? 7 ? : ··',

Enfin, on observe encore pendant quelques jours huit à dix

petits accès épileptoïdes en une seule série; mais ces accès sont

tout à fait avortés ; ils se bornent à quelques mouvements .de

la face, puis tout disparait, et la malade ne tarde pas à se lever.

Du 3 octobre, début de la série des accès au '28, c'est-à-dire

en vingt-six jours, la malade atteint le chiffré énorme f de

21,708 accès '. Pendant tout ce'temps*, la température n'appas

cessé d'étre . normâle".i(1%ig · 3.) '"-'* x .ï 77 2 - ..... 4d·t·, .7 .. ,

Examen de' la sensibilité. La sensibilité générale au tact,

à la température et à la douleur a.disparu d'une façon complète

du côté droit. L'examen'de l'oeil, fait par M. Parinaud, a permts

de constater de l'amblyopie hystérique plus prononcée adroite',

et un rétrécissement caractéristique du champ visuel de ce' côté

' ', - - , > . a . ' ? ? r.7· : ? d

1 Nous ne connaissons pas d'observation dans laquelle on ait signalé

jusqu'à présent un nombre aussi considérable d'attaques successives.

Au moment ou nous étions occupés a rédiger ce mémoire, notre ami

P.Marie, chef de clinique de la faculté, observait dans' le 'service1 rie - °-

M. Charcot, une hystérique bien connue, Hab.... qui, du 16 au 30 avril, n'a,

pas eu moins de 4,598 attaques. Quelque imposant que soit ce chiffre, il

n'approche pas, on le voit, de celui relevé dans le casde Rosa.

138 CLINIQUE NERVEUSE.

pour le blanc et les couleurs. Les autres sens ne présentaient

aucune altération.

Cet examen de la sensibilité a été pratiqué à deux reprises,

pendant l'état de mal hystérique, et un mois après la fin des

crises; et dans les deux cas, les résultats ont été identiques.

Traitement. Le bromure de potassium administré à la

dose de 18, 20 et 22 grammes par jour, n'a déterminé aucune

amélioration dans l'état de la malade. Nous avons constaté que

ce médicament était bien réellement absorbé, car il a été trouvé

à plusieurs reprises dans les urines.

La compression ovarienne a été inefficace comme le bromure.

En effet, une ceinture compressive double ayant été appliquée

de dix heures et demie à trois heures, on compta, durant ce

temps, 340 attaques. Cependant nous devons dire que si la

compression ovarienne a semblé n'avoir aucune influence sur le

nombre des attaques, elle a paru diminuer l'intensité de ces

dernières.

Deux faits se dégagent nettement, tout 'd'abord, de

l'observation qui précède : c'est, d'une part, l'analogie

remarquable, nous pourrions dire l'identité parfaite

des accidents convulsifs, dans le cas en question, avec

ceux qui caractérisent l'épilepsie jaclcsonnienne; c'est,

d'autre part, la nature hystérique non douteuse de ces

accidents. '

En. ce qui concerne le premier fait, les détails del'obser-

vation sont aussi explicites que possible : début des con-

vulsions toniques par le côté droit, rotation de la tête et

des yeux droite, l'imitation des secousses cloniques

à ce même côté droit, voilà autant de particularités

typiques qui fontsongerforcément à l'épilepsiecorticale.

Quant au second fait, l'apparition, à un moment

donné, de phénomènes nettement hystériques, des

mouvements ondulatoires du ventre, des hallucinations

à*caractère spécial, de quelques autres manifestations

sur lesquelles nous insisterons dans un instant; la'

des attaques d'hystérie. 139

constatation d'une hémianesthésie positive et d'un

rétrécissement du champ visuel très marqué, surtout à

droite, démontrent surabondamment la fois l'existence

de l'hystérie chez la malade et la nature hystérique

des accidents convulsifs.

Cette observation suffirait donc, à elle seule, à établir

le bien fondé de notre première proposition, à savoir

que l'hystérie emprunte, dans certains cas, le masque

de l'épilepsie jacksonnienne. Cette notion trouvera,

d'ailleurs, un surcroît de preuves dans les autres faits

que nous rapportons plus loin.

Mais il est d'autres enseignements à tirer du cas de

Rosa G..., sur lesquels nous devons insister dès main-

tenant. Après avoir lu dans tous ses détails la relation

de ce cas, on pourrait être tenté de s'étonner que la

détermination de la nature des accidents ait provoqué

des hésitations, tant s'impose avec netteté le diagnostic

hystérie. Si cependant l'on veut bien se reporter par

la pensée aux premiers jours d'octobre, on comprendra

que des discussions aient pu s'élever entre les divers

observateurs qui furent appelés à examiner Rosa G....

Quelle était, en effet, la situation à ce moment ? On se

trouvait en face d'une malade chez laquelle on n'avait

pas encore constaté les signes permanents de 1'liys-

térie (anesthésie et autres), soit qu'on eût insuffisam-

ment recherché ces. signes, soit- qu'ils n'existassent

pas à l'époque -où Rosa G ? r·'fut examinée; d'une

malade dont les attaques étaient, quant. la physiono-

mie des convulsions, des.attaques à forme d'épilepsie

partielle sans immixtion d'aucun phénomène nettement

hystérique (ces phénomènes ne- devaient apparaître

que quelques jours plus tard). Une seule particularité,

iio 0 CLINIQUE NERVEUSE.

capitale à la vérité, différenciait cette épilepsie partielle

de celle qu'on voit se produire au cours des lésions

du cerveau, l'absence de toute élévation de la tempé-

rature, en dépit du nombre déjà considérable des

attaques. La question'se posait dès lors de la façon

suivante : ou bien il s'agissait d'une modalité anomale

et jusque-là inconnue d'attaques d'hystérie, d'attaques

à forme d'épilepsie partielle ; ou bien d'une épilepsie

partielle sans élévation concomitante de la colonne

thermométrique. Dans les deux cas, on se trouvait en

présence d'un type clinique nouveau. L'avenir a donné

raison à ceux qui inclinaient vers l'hystérie, et l'appa-

rition ultérieure des divers phénomènes de la névrose

a bientôt décidé les partisans de l'épilepsie (et nous

étions du nombre) à renoncer à leur hypothèse.

La recherche de la température peut donc être

considérée comme un moyen de diagnostic de premier

ordre dans les cas embarrassants. Les travaux de

MM. Charcot, Bouchard et Bourneville ont, depuis

longtemps, bien établi ce fuit que les attaques d'hys-

térie, quels que soient leur intensité et leur nombre, ne

s'accompagnent jamais d'hyperthermie notable, qu'au

contraire l'élévation de la colonne thermométrique au

dessus du chiffre physiologique est la règle dans le

mal comitial, pour peu que les accès se répètent.

Comme exemple remarquable d'absence d'hyperther-

mie chez les hystériques, nous pouvons rappeler le

cas bien connu de la femme Co..., que cite M. Charcot

dans ses leçons sur les maladies du système nerveux '.

Charcot. Leçons sur les maladies du système nerveux, t. I, p. 375

et suiv. Paris, 1s7f. - Bonrnecille et Voulet. - De la contrachere

5 ? tshrqrte perznaneufe.

DES ATTAQUES DHI'STER1E. lit

« Chez Co..., dont les crises ont un cachet épilepti-

forme si prédominant et si fortement accentué, dit

notre maître, l'état de mal a persisté pendant plus de

deux mois, et par moments, les accidents ont été portés

au plus haut degré d'intensité. Ainsi, le 22 janvier, les

convulsions épileptiformes se sont succédées sans

interruption depuis neuf heures du matin jusqu'à

huit heures du soir. De huit à neuf heures, il y a eu

un temps de repos, puis les attaques ont repris comme

de plus belle sans le moindre retour à la lucidité, et

ont persisté pendant le même espace de temps. On

peut, sans exagération, évaluer d'une manière approxi-

mative le chiffre des attaques épileptiformes qu'elle a

éprouvées à cette époque dans l'espace d'un jour à

150 ou 200 environ. Or, jamais, pendant cette longue

période convulsive, la température ne s'est, chez Co...,

sensiblement modifiée;'elleaété, en moyenne, de 37°, 8

et ne s'est élevée jusqu'à 38°, 5 que d'une façon tout à

fait exceptionnelle et transitoire. » Et, de ce fait,

M. Charcot rapproche l'observation d'une épileptique

Cheval... chez laquelle la température s'éleva jus-

qu'à 40°, A, durant l'état de mal. Cette différence

radicale dans l'influence qu'ont sur la calorification

les attaques d'hystérie et les accès de mal comitial est

un fait aujourd'hui bien connu. Eh bien ! la loi formulée

par notre maître est de tous points applicable aux

convulsions à forme d'épilepsie partielle,* comme elle

l'est aux convulsions à forme de grand accès comitial,'

si bien qu'on peut poser la règle suivante : - "' ? " ''

En présence d'accidents convulsifs partiels, lorsque

ces accidents se manifestent sous forme d'attaques

successives et souvent répétées, si la colonne tlaernzo-

le2 CI INIQUE NERVEUSE.

métrique s'élève notablement au-dessus de 37°,5, l'on

peut affirmer qu'on a affaire ci de l'épilepsie jaclisoîî-

nienne; si, au contraire, la température reste normale ou

au voisinage de la normale, l'on a affaire à des mani-

- feslations de nature hystérique. Si la vérité de cette

proposition était jugée insuffisamment démontrée

par l'observation de Rosa G..., elle trouverait le com-

plément de preuves exigé dans les faits qui vont

suivre.

Mais il est encore un autre signe diagnostique de

premier ordre, qui permettra de reconnaître la fausse

épilepsie jacksonnienne de la vraie ; la valeur de ce

signe apparaîtra évidente si l'on veut bien comparer

l'observation I avec l'observation II, qui se rapporte,

on va le voir, à un cas d'épilepsie partielle par lésion

cérébrale. Ce signe négatif, c'est l'absence de paralysie

des membres convulsés, quelqu'ait été le nombre des

attaques successives de fausse épilepsie jacksonnienne.

Rosa G... n'a jamais été atteinte de la moindre parésie

des membres droits, même après avoir eu, dans une

même journée, plus de 1,500 attaques; tandis que

Foisn..., dont le cas est publié plus bas, présentait

constamment de la paralysie des membres convulsés

après quelques accès.

Enfin, si le hasard mettait le médecin en présence

d'une malade atteinte d'un nombre considérable de

crises convulsives comme Rosa G..., celui-ci trouverait

un nouvel élément de diagnostic différentiel entre l'é-

pilepsie et l'hystérie dans la considération de l'état

général et dans le simple fait de,la survie. L'épilepsie

corticale amène assez vite, un, état de déchéance céré-

brale profonde et même la mort; tandis que la vie,

DES ATTAQUES DHI'STEItIE. 1 î-3

chez les hystériques, est compatible, on l'a vu, avec

un nombre véritablement étonnant d'attaques.

Voilà, en somme, trois éléments de diagnostic dif-

férentiel d'une importance capitale. Ce qui ajoute en-

core à la valeur de ces éléments, c'est qu'ils peu-

vent exister à l'exclusion de tous autres. Il est évi-

dent en effet, que si, par exemple, la compression

ovarienne eût, chez Rosa G..., arrêté les crises, la ques-

tion de la nature des convulsions eût été par cela même

résolue, qu'il eût été peu utile, au point de vue dia-

gnostique du moins, de constater l'absence d'élévation

de la température, de paralysie, etc. Il n'en a point

été ainsi chez Rosa G..., il n'en a point été ainsi non

plus chez A..., dont nous allons rapporter l'observa-

tion.

De ces développements, nous pouvons conclure qu'à

côté des cas dans lesquels le diagnostic différentiel

entre l'hystérie et l'épilepsie peut être fait aisément à

l'aide des éléments habituels de diagnostic (effets de la

compression ovarienne, du bromure de potassium, etc.),

il en est d'autres dans lesquels ces éléments font dé-

faut. II faut alors tenir compte de l'existence ou de

l'absence de certains symptômes spéciaux; et dans les

cas de la nature de ceux dont nous nous occupons, on

fera fonds sur : 1° l'absence d'élévation de la tempéra-

ture ; 2° l'absence de paralysie; 3° la survie compa-

tible avec un très grand nombre d'attaques.

Nous ne saurions d'ailleurs mettre mieux en relief à

la fois les analogies qui rapprochent la fausse épilepsie

partielle ou épilepsie'pârtielle hystérique de l'épilepsie

partielle vraie et les'différences symptomatiques exis-

tant entre l'une' et l'autre, qu'en plaçant en regard du

1 H CLINIQUE NERVEUSE.

cas de Rosa G..., une observation d'épilepsie jackson-

nienne typique'. Voici cette observation :

Observation II. -Accès d'épilepsie partielle datant de l'enfance. ? o)'< à l'àge de vingt et un ans. Foyer d'encéphalite inters-

titielle circonscrite au niveau de la zone motrice.

Foisn...(Célestine), Agée de vingt ans.

Antécédents héréditaires. La malade appartient à une

famille de nerveux. Une de ses cousines germaines (du côté pa-

ternel) est épileptique, une autre est somnambule. Trois de

ses frères sont morts en bas âge « de convulsions ». Foisn...

a encore un frère et une soeur, qui sont très nerveux.

Antécédents personnels et Histoire DE la maladie.

Vers l'âge de cinq ans, la malade aurait été l'objet d'une ten-

tative de viol. Peu de temps après, une attaque survint subite-

ment, et sans avoir été annoncée par aucun phénomène pré-

monitoire. Le lendemain de cette attaque, Foisn... en eut cin-

quante nouvelles, qui se succédèrent à intervalles rapprochés.

Pendant plusieurs mois, les accès continuèrent à se reproduire

presque chaque jour, au nombre de six à vingt dans les vingt-

quatre heures. De l'âge de six à l'âge de dix ans, disparition

complète des attaques, qui se manifestent ensuite de nou-

veau. A onze ans, la malade est admise à Sainte-Anne d'abord,

puis bientôt à la Salpêtrière où elle reste deux années, pendant

lesquelles elle a trois séries d'accès, séparées les unes des autres

par un intervalle d'environ six mois : la première série dura

trois semaines, les deux autres, quatre mois. Foisn... retourne

alors dans sa famille et là de loin en loin, elle a des accès.

Enfin, le 21 mars 1881, elle vient pour la deuxième fois à la

Salpétrière. " ' '

Description DES ACCIDENTS. - Elle a été observée et suivie

avec attention depuis cette époque jusqu'au moment de sa

mort (novembre 1882). Durant ces deux dernières années de

sa vie, elle a été affectée d'un grand nombre d'accès épilepti-

formes. Ces accès, comme les précédents, se sont groupés en

'La malade qui fait le sujet de cette observation a été suivie pendant

pies de deux ans (188t et 1882) dans le service de M. Charcot. M. Féré a

mis obligeamment à notre disposition les notes qu'il avait recueillies sur

elle en 1881.

DES ATTAQUES DHYSTÉRIE. 1 45 !

séries. Nous indiquerons successivement les caractères de

chaque accès pris isolément, la succession de ces accès dans

une môme série, l'enchaînement des séries.

a. Description des accès. L'accès est d'habitude précédé

d'une aura sensitive, consistant en une douleur très vive analo-

gue à la sensation produite par une décharge électrique, et

localisée tout d'abord au creux épigastrique. Puis la douleur

gagne l'épaule gauche, et enfin s'irradie dans le membre supé-

rieur du même côté jusqu'à l'extrémité des doigts. L'aura dure

quelques secondes, et bientôt l'attaque débute. La pupille se

dilate d'une façon très nette immédiatement avant le début de

cette attaque qui est constituée en quelque sorte par trois

phases successives : 1° le regard devient fixe, les pupilles se

contractent. Le membre supérieur gauche se place dans l'ex-

tension ; le poing est fermé et se soulève un peu au-dessus du

plan du lit. La main gauche est dans l'attitude suivante : les

métacarpiens sont fléchis, les premières phalanges étendues,

les seconde et troisième phalanges sont en flexion, le pouce

est on abduction. Dans son ensemble, la main revêt l'apparence

d'une griffe.- Le membre inférieur gauche est étendu et raide,

le pied dans l'attitude du varus équin. Les membres du

côté droit se raidissent un peu eux aussi, mais après ceux du

côté gauche, et à un degré bien moindre que ces derniers. La

main droite est fermée et le pouce en flexion forcée ; 2° après

quelques secondes, commence la deuxième phase : la tête se

porte vers la gauche, la bouche et les yeux se dévient du même

côté. La face se cyanose un peu et se couvre de sueurs. Le

bras gauche se soulève, et décrit un arc de cercle, en se portant t

de dedans en dehors. Ce mouvement de circumduction est pré-

cédé par la flexion brusque de l'avant-bras surle bras; Pavant-

bras se met de nouveau dans l'extension quand la circumduc-

tion commence; 3° enfin arrive la troisième phase : les

membres gauches sont animés de petites convulsions cloni-

ques ; les paupières sont agitées de battements précipités, plus

marqués1 gauche'. ''Pendant' les deux* dernières phases, les

pupilles sont dilatées. 7*u ! ) s "' ' iii "'l *

Les accès ? constitués comme il 'vient d'être dit, durent un

temps variable'; il en é'stïlontlâdüiéevaju'sqû'àdeuxminutes.

Dans la plupart d'entre eux, peut-être dans tous, la connais-

sancc'est éonsèrvée ? w· ? 1 ? a 3" it., ? ' ' ? ! "' ?

4 tA ' ' il t ) 1 ! . h "*)IV ? qi n11 b (' fSN1 ii 1E6P "n0 ru '

G. Variétés des acc< ? s. -Les attaques'revêtent le plus souvent,

Archives, t. VIII. 10 " -·

146

CLINIQUE nerveuse.

chez Foisn..., les caractères que nous venons d'indiquer. Toute-

fois, la/ malade présente parfois des accès incomplets. Nous

avons; en effet, à différentes reprisesjvu les : convulsions se Iiiiii-

ter àïla'facePUne>fois^ notammeriPp"endantTdeû"xI'hcuf'es; nous

avoiïsfcôïistaté'du spâsmë5des ! îhuscles de ia'moiti6'gauci)e'du

visage ; la commissure labiale'de-ce côté étâiffortement et fré-

3Tig '4a'=r CoûrUés ilésâttâqué.s" êtdê lâ` témp5naf'ûre'cliez Fôisn ? '

ttfdàb UB rist B tuoi nonis ,aéa3p'b ''nsa tfiirjtalo zautr . rat ',

DES ATTAQUES D'tIYSTEItIE. 147

qulemment déviée en dehors. A peine existait-il,'et seulement

par intervalles quelques petites secousses au niveau des membres.

Foisn... a aussi de nombreux vertiges. En août 1881, ' on

compte 47 vertiges, en mai, 12le, en juin 38. ,t.T ,lf..5

Enfin, aux phénomènes habituels de l'accès nous avonstvu,

dans les derniers temps de la vie; s'ajouter des" hallucinations.

Nous relevons, enefiet,szrnosnotéslespârticularitéssuivantes,

qui se rapportent à la série d'attaques : qui, en novembre 1882,

a précédé la mort. Dans l'intervalle de ses accès, Foisn...^ est

en proie à des hallucinations : elle regarde du côté'dela fenêtre

et dit voir des couleurs, du bleu'et du rouge : Elle croit ! aperce-

voir, vêtue de blanc, une ancienne malade du service. Lorsqu'on

ferme les yeux, 1'liallucination"p'ér'sis't-e ? t l 1 'F Î'm 't j pi

c. Succession et M)e/MMeM€H<'.f/es accès ? " «Les'accèsi'chez

Foisn..., étaient tantôt isolés : tantôt et plus ordinairement réunis

en séries; ils se succédaient alors à intervallestcourtsou nuls,

chaque série comprenant un grand nombre d attaques, comme

on peut en juger par le tableau ci-dessous, qui indiquera- lai fois

l'époque d'apparition des séries d'accès.'et le : nôubrefds accès

constituant chaque série.,( ? r - 1 1

14S CLINIQUE NERVEUSE.

Il est une autre particularité à relever. Les attaques ont eu

constamment pour,résultat, lorsqu'elles s'étaient produites en

çertaininombre, d'amener à leur suite : 1° une hyperexcitabi-

lité(très manifeste de la moelle ; 2° la paralysie des muscles

part aux convulsions. ? Ençé qui concerne l'hyperexcitabilité spinale, nous relevons

notamment : ce/qui suit dans les notes prises au jour le jour. En

ndvehibre : 1882, 'arès plusieurs accès,il se produit un moment

d'accalmié.fNous explorons alors les réflexes tendineux, et nous

coiistatbnsiqu'ili'sont manifestement exagérés des deux côtés

ali niveâu'du^coude ét du poignet. Adroite et à gauche, onpro-

nrèle'at)tpla pointe du pied, de l'épilepsie spinale.

Toutefois;' les réflexes semblent plus forts à gauche qu'à droite,

particulièrement le réflexe patellaire; la percussion du tendon

rqtu.lie/ijVdi;qit1j détermine une contraction musculaire nette,

mai,molléréei; celle du,,tendon gauche s'accompagne au con-

traire e 4,unp, très, forte secousse de la jambe. -Cet état d'hyper-

excitabilité spinale,- que nous avons pu noter à plusieurs re-

pr>;seszilait ? s'atténuant, 'pour disparaître tout à fait, une

fois la série .d'accès, terminée, f.

usLdrqué,rilaima.lade. avait eu plusieurs accès de suite, cons-

tamment apparaissait une parésie- transitoire des muscles con-

vulsésJqVtiicirlx.relation de ces ? paralysies telle qu'elle figure

dans nos notes relatives à L'une des séries d'attaques : la malade

vient .d'avoir. plusieurs accès/ Nous constatons qu'il existe une

paralVsieoduf côtéligauchè1. Leibras, qui tout à l'heure était

animé-ode..mouvements convulsifs; est pendant le long du corps.

La; malade menpeutaleqmouvoir.9 Elle est aussi incapable de

.remuer. : ) le. inernbref inférieur,5gaiiclie., Ili texiste une paralysie

faciale (très-notte,;rl'ouverture palpébralelbauche est notable-

mentbplu8f<grandéltque[ la.l'droite, ? labouçhe est tirée' vers la

.droite,et.emhaut,rle : sillonlnâso : génien gauche est enacé;'Nous

constatons que cette paralysie delà-face est tout; à faitftran-

sitoire ; elle se maintient moins longtemps que celle des

membreajJI ^Jjfl'MlW1^ ? trente à quarante.minutes

*t' ij .co'n .b jntjc.f.Ltti' : araisse. 'jL ? ? ,c7 . ?

entre les accès pour ou elle disparaisse. La paralysie du bras

et'de'lafârriliîf'persiste'^ après la

,césâtidri : desattaqûe31; : elleâuâzèus'atténuant durant' deux ou

i^L8»i ? ! ,^»tJW8^Ç^ ! ft)me.Iïïafi94 4,11',état normal. La

.sensibilité reste parfaitement intacte dans les parties para-

lysées. rt2 .q ,[7 .1 e8gi .stçolo-tuV/l 9 xMtA-)- - «IUucO ' t ? teidfnon ju'nMCKB9)wKt)t)\ ? i.. us. i... /

f4l

DES ATTAQUES D'HYSTÉRI4.a «, J( , ? 149

e. Phénomènes observés dans l'intervalle des sr/es ? accM ?

Dans l'intervalle de plusieurs semaines ou même' de plusieurs

mois qui séparait les séries d'accès, l'état de là-malade n'e ? pi'ê-

sentait aucun phénomène à signaler. L'intelligence'était intacte ?

même assez vive : pas de modification du caractère. Motilité

normale. Tout au plus un peu de faiblesse., du côté, gauche,

mais très légère ; pas de trouble de la sensibilitéiini générale,

ni spéciale. Il faut noter que la pupille droite, est. d'habitude

un peu plus dilatée que la gauche, surtoutià l'éooque : desi atta-

ques. A l'examen ophthalmoscopique pratiqué pari -M.,jLan do 1 t-,

les veines rétiniennes ont paru plus dilatées qu,à l'état normal.

La malade succombe en novembre 1882, à'Ia-suita'jdf'uno

longue série d'accès. ; «-ne ! «>i(< us ) 1fnmoi6)fuoi.hBt}

L'autopsie a révélé des lésions intéressantës`>dû'cêiveâtirdônt

on trouvera la description détaiIIéeSdans'1'un'dës'p'récédénts

numéros des Archives1. Nous donnons ici1 simple"nîëntcpbùr

mémoire la description résumée de ces lésiôlin'9z èltlut',tls· r

a) Examen macroscopique (d'aprèsrûné,n0trefiéinise vpâ`i'

M. Féré). L'hémisphère droit est plus volumiriéùirqùé le gauche;

la tuméfaction de cetihémisphère estrsuftoutr appréciablelau

niveau du lobe frontal, maisselle s'ételid·raussi,au3rrégions

sphénoïdale et occipitale ? L'hémisphère dr61Lsémblilpériàfrer

l'hémisphère gauche. Sur cet'hémispherei'droit.'on constate ?

après avoir enlevé la pie-mère et pratiquétnrieccoupe',véi·ticulé;

entre la première et la deuxième circonvolution i frontalê;itin

épaississement de. la substance.Igriseaavoisinantr : lesicentres

moteurs, 'sans ? les intérës'ser : ioCetr,épais91ssmentfn'ésttpa's

accompagné de'rhodiCicati'ons3de consistancedmais àson, : voisi-

nage la substance bIahchéqbst'un : fpeutràh)oUien)'&) r2éxa7-

men histologiquepratiqtié,pàril111 : I Danillà f ai montgétqwil

s'agissait''là id'unl foveri d'ençéphalitesparéndhymateuse,iavëc

altérations interstitielles.°cohsécutlvësz q silga aup anoJs3anoa

> slbi 911p a ? Tms3nol afliom lnsi,fninm se site 9-liojie

' Cétie9s°ôbsërvâtibn est5" inteféssalite11 e à' plus^d'un

1.1 ni, sievlr,actT s.t 9W 1',T6f/2tb stls;ln uod 2ssJr. 24l 9Zi 9

pomt{d,e' ue ;dr mas",nousrLne,saurl ons,a saus,sortirhdu

sujet. qui nousioccupe'spécialement dans 1 cet mémoire,

nous arrêter affaire ég'c;rtiit6--âté]6s"pàrticulaités'dÛ ? q -.nihisq roI eneb stasjni gjmql élilcdizcrsz

1 Damllo. - Archives de Neurologie, 1885, t. VI, p. 217. '9V l

Voir aussi Bulletins de la Société anatomique, novembre 1882.

.150 CLINIQUE NERVEUSE. DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE.

cas'.dijuesrde, fixer,l'attention. Ce qu'il importe ici de

mettre en relief,' c'est, d'une tpart, la ressemblance symp-

tomatiqueiremarquable qui; existait entre les accès de

Foisri/tîeticeuxt deRosaG... ; ce sont, d'autre.part, les

différences; : qui; enjLdehors debout contrôle nécrosco-

pique, oiitrendu possible du vivant des malades, le dia-

gnosticdesaffectionsdont ces dernières étaient atteintes.

enrLesrressemblances ? cih a sufG,=pour,en être frappé, de

alirer lës robservations.Nous voyons, en effet, que, dans

el'uncomlRe'dansU'autrel'cas;'les convulsions débutent

parJ ! un ! dës côtés du corps (le droit dans le premier cas,

- le gauche dans )etsecond) qu'elles s'y.limitent dans une

'^certaine mesüre;rquenlatêteetlles yeux se tournent du

icôté', conviilsiii ii que'^ia, connaissance' est conservée au

icôté'i. - e, -qu6,)Ia, connaissance, est conservée au

'moins dans, là-3 plupart - des,iccès ? qq'en somme, chez

RosajG ? : comme : chezrFoismr ? 5letableau symptoma-

tique estscelui décrit naguère par Bravais, et dont les

traits, dans ces derniers temps.-ont été plus nettement

accentués par H. Jackson, Bourneville et Wuillamié, etc.

L'apparition d'hallucinations,, dans les deux cas,

a,) «# 1 1 to 11 1 h'* ,i 1 if, u p f 0 si l .

ajoute encore a cette ressemblance symptomatique.

Mais, à côté de ces analogies frappantes, nous consta-

tons des différences positives. Chez Foisn ? il suffit de

- ,If4F I 21nll II(lAflt31 p;r(1 V`111 ? l'INr(I 1 4f, M · l'.II un

quelquRSilattaques/1pouj;.quen]aJJemner^^

s'élève à 39°, chez Rosa G..., la colonne thermométrique

nê'dépasse 'jâmâis138 ? quell,que"^soitlêT'nonhire°des

crises ; chez Rosa G..., pas de paralysies des membres

convulsés,o°même,`quand°.laSlnaladeraeu·plus.de 1,000

crisessdans ? a9 journée ? ; jchez,Foisn ? au,,r,ontraire,

après quelques attaques, apparaît une paralysie très

mahifestedè iafacëet''dësmembres gauches' ^tandis

man s la face et' dues s a étandis

enfin que Rosa G... survit après la formidable,série

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 1 ' k t ,151

de 21,708 attaques, Foisn... succombé ! t lasuit6.d'un

nombre d'accès incomparablement rrioindce 1 ns sadsm

Nous avons jusqu'ici insisté au point deivuejdu.dia-

gnostic différentiel entre l'épilepsie·partiellé par.lésion

cérébrale et l'épilepsie partielle hystérique sur ? les trois

éléments les plus frappants. 11 en. est, quelques, autres

a signaler. Trois particularités ont, àoin moment donné,

attiré l'attention dans le cas de Rosa G7nl £ il ? )l' ouverture

de la bouche et la propnlsion`de la Iânuesâu4dehoT's

pendant les attaques; 2° les battemëntsdesnpaupières;

3'les mouvements ondulatoires de la paroi abdominale.

Ces symptômes paraissent propres @ aux,a ttaqu6s>;d : hyg-

térie, ils sont tout au -moins beaucouprplusrcommuns

dans ces dernières que dansiesaccèsepitèptiques. Aussi

dans les cas embarrassants; acquerront-ilsïuné .valeur

diagnostique réelle;Edout.on aura ^àtenir,.coml3te : oH

· T i ? g31 ! thoàb fA)'M7'e.)Jp)t

. '>'. y; : IiIAJII rllOtl d1021J91î6.t1'Idïq 29dl,dI99aG

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hii'l'fû '< ? rt21'1 \fif ! ,r) p^vJipon a9·11y9'irH ag[ nnr

DU SIÈGE ET DE LA DIRECTION DES' IRRADIATIONS CAPSU- ? I.llltÉSyCllj\ÎIGl : rS9DB'TIt'VSdfÉT1'RI ? C`BP.1ROIÉ ? 7°P

.y' ls...umz9dJ 9naoIoo r1,... szofl s9rio ,"68 s 9vs('z

ParlfDITT,pJofesu lynorirelelv Faculté (le .Médecine, z

' ` de Bordeaw. é»'»"H aadjoqbi» dfl

.9-id,qigrn 89b 891aYlB'icq oh afiq fiaoli sod.9 , agaiio

J 3° Aîlcàsiéf'coïczcidaat zuec>`l'intérité· de : rla.,ztroisicme

l),Iff'l'6îïlaléaitche'ééol-ce'et faisceauX et de /t'M/a ? it'i3

391J 91aylBi6q sau lîrisqqs ,33Upc)J8 z aézas

Hu Les -faits : de cette<.catésorief)SOut)da beaucoup, les s ? voir ié%''22rp ! -l tic 29'ltG IVIJl2 ...D li ? 0 aup dIJJi9

152 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

plus nombreux. Ils sont en opposition avec la doctrine

deBroca, et s'harmonisent au contraire avec celle que

nous soutenons. Nous rapportons, comme exemples,

deux observations : l'une de Dussaussay, l'autre de

Littré.

Observation VI (Dussaussay).

Couturière, cinquante-sept ans. - Apoplexie; hémiplégie

droite complète ; mouvements réflexes nuls, déviation conju-

guée des yeux et du cou à gauche ; déglutition difficile ; incon-

tinence de l'urine et des matières fécales ; aphasie complète.

Entrée le 10 décembre 1875. La malade meurt le 9 jan-

vier 1876.

Autopsie. Cerveau : hémisphère gauche, foyer hémorrha-

gique dans le centre ovale limité en dedans par la substance

grise du lobule paracentral, en haut et en dehors par l'écorce

des circonvolutions ascendantes frontale et pariétale; en bas,

il est séparé du corps strié par un lit de substance blanche de

1 centimètre d'épaisseur; en avant, Une s'étend pas au delà

de la scissure frontale parallèle; en arrière, il s'arrête au

niveau du bord postérieur de la circonvolution pariétale as-

cendante.

Observation VII (Littré. (XXV). Thèse de M. Pitres.)

Femme Beauvalet, cinquante-six ans. Pendant une occu-

pation domestique chancelle1 et perd la parole ; paralysie du

bras droit, et plus tard'du membre inférieur du même côté.

- Entrée le 93 août.l8 ? 8; elle meurt le,16 septembre. -) il

Autopsie. Dans la substance blanche de l'hémisphère

gauche, au-dessus du ventricule, ramollissement blanc, large

comme une'pièce de' trente sous ? 81'"U0J y ™Xtw Ui ?

.3(1 "v à t t'1 . ,· ? llmiiu,(fl 9tfI9'If 91J ±d7 91(;f(illtl

tLésTdéûx''bbsëcvatiôos-qûiprééden, 'conimé toutes

celles du iïêneenre,'outcecile'particulier; quelaplla-

ësie''arex'isté' en dehors de`toute lésion,nôu seulement de

- l'écorce^deila 1 troisième ! frontale- gauche, mais encore

DES irradiations CAPSULAIRES. 151

Lt i

de son faisceau médullaire sous-jacent. Dans la doctrine

1 - Ig li4 1c .ew

de Broca, il paraît bien difficile, pour ne pas. dire im-

possible, d'expliquer cette circonstance exceptionnelle;

7'ien de plus simple, au contraire, dans .ce le ,que nous

t r J . L't' ... 2LJ .L7L

proposons. En précisant le siège de la lésion nous

trouvons qu'il occupe une plus grande étendue d'avant

en arrière dans le fait de Dussaussay que dans celui

de Littré; par contre, il descend davantage dans ce

. ii, 'n ' ? t7tt'LIO.)

dernier que dans le premier. , ? qmn ! ) ? &

Dans le fait de Dussaussay, la 'troisième zone est

dépassée en arrière, puisque le foyer hémorriiagique

est en partie sous-jacent à la pariétale ascendante. JA

ce niveau, le foyer est en regard de la portion sensitive

de la capsule interne', d'où l'insensibilité constatée;

d'autre part, la lésion interceptant "un1 plus'1 grand

nombre de faisceaux capsulaires moteurs, fi- 1 ive

nombre de faisceaux capsu]aires l'héniiplég

' ' * n i ^ '. < ' J ' t ? ttOj Jf v'-i Vl

est complète. En bas, le foyer hémorrhagique est distant

de dix millimètres du bord l'externe'dut*'ventrieule 1 até-

ral, par conséquent de cinq millimétrés seulement des

' l u UJ'Jl'.Ud

irradiations capsulaires frontales extra-nucléaires,

rapport de nature à produire : la,perte de-la.parole.

Dans son observation, Littré, privé des connaissan-

, (r 1·'i ..1 ·rrT1 , v Io r.rrrf',nŸl n ?

ces topographiques qui auiourdhu) nous rendent tant

de services,r;sei,côntente,de,,dire, a,l,; Ié ramollissement

de la substance' blàncheidans8l'hémisphère3"gauche,

i,l ? e-co"m" me une piece rdé trente sous, était au-dessus

... ')rfR).<f[',fTi9,,fm Irr rhn. rr(t r9 t r 'n f

du ventricule. Comme le diamètre ,de cette pièce de

Ju;- fijutru 9L yysiq lt1 y ! nulu

monnaie est de trente millimètres, et que, sur le point

dont ilr s'agit, rle,çentrecot;a,e`ne,mesure,pas,,davantae

- eülhâuteur;ice,;ramollissemntdescendait donc,(dix

^millimètres- plusybasque,cle;foyer;hémorrhagique,de

- Dussaussay,Gest-à,dire;,qu'ilempiétait sur,les,irradia-

loi N ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

tions capsulaires frontales extra-nucléaires, d'où la

perte totale de la parole.

D'ailleurs, l'hémiplégie étant incomplète, et la sensi-

bilité intacte, il est évident, pour les cliniciens d'au-

jourd'hui, que la partie inférieure de la frontale ascen-

dante était en dehors de la lésion.

Cependant, la raison d'être de l'aphasie pourrait

exister seulement dans l'altération granuleuse de ces

mêmes faisceaux, ainsi que M. Pitres l'a constaté,

avons-nous dit, bien qu'à l'ceil nu rien ne fit prévoir

une semblable lésion (OBS. V). Nous n'avons pas trouvé

un seul fait d'aphasie qui, inconciliable avec la

théorie de Broca, ne pût s'adapter à la nôtre. Il en

existe même quelques-uns qui, acceptés par tous les

partisans de la première de ces théories, tournent à

son désavantage, si on veut bien les soumettre à un

contrôle sévère. J'en donne pour exemples une obser-

tion de M. Déjerine et les observations XXXIX et XL de

la thèse de M. Pitres'.

Observation VIII (Déjerine).

Aphasie; hémiplégie droite; au bout de neuf mois, dispari-

tion de l'aphasie, persistance de l'hémiplégie. Mort au bout

de trois ans. Il "" f'd ! - ,< ? " . , nr .

Intégrité de la troisième frontale, lésion du faisceau pédiculo-

frontal inférieur, du noyau lenticulaire et de la partie antérieure

de la capsule interne. ` -J, M z

- 17 Jt6 fTIP1 ? Xjiii .sijIt. '. 1 di' : lr'jnou Jvyj

lj Poùrvll> ? Déjerine;Iletté est)'tine3nôu-

velle preuve enffàveur de là'Ubcalisation "de'l'aphasie

dans là' troisième" circonvolution^ frontale gàyclïé.9

61 aasb 89èibfii 391d3 asb aanataixa non cl 9b 89ldfiiul

' '- HuUeHii rde la'Socinté'anntômiqTt ? de Pari ? , 189;tt.llV ! i l1GI210'I !

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 115

Certes, au point de vue où M. Déjerine se plaçait

avec les partisans de Broca, à savoir : l'existence d'irra-

diations capsulaires aboutissant à l'écorce de la troi-

sième frontale gauche, il est évident que les agents

intermédiaires entre cette écorce, considérée comme

centre, et la périphérie, étant sectionnés en totalité,

l'aphasie devait fatalement se produire. Mais, particu-

larité capitale, à laquelle cependant l'auteur ne s'ar-

rête pas, comment peut-il se faire que l'altération len-

ticulaire, coïncidant avec celle des fibres rayonnantes,

et cela largement, puisque le foyer destructeur avait

un centimètre de largeur, comment peut-il se faire,

dis-je, que des deux manifestations, aphasie et hémi-

I)Iégie, survenues soudainement et presque simultané-

ment, l'aphasie disparaisse radicalement, et que de

son côté, l'hémiplégie persiste non moins radicale-

ment ? , ,

..Pour, légitimer ce. contraste, il faudrait admettre,

dans les fibres voisines les unes des autres et soumises

au même .désordre, la possibilité de la régénération

complète dans, celles-ci et l'incurabilité complète dans

celles-là. Nous nous croyons en droit d'affirmer que,

T(r(irt, ff,cn tif4r, , t : mfi 1d.. )*io-1r'f, tl. e t. r

dans 1, état actuel de la.science. la chose n est pas ad-

missible. Nous savons bien que les fibres nerveuses

périptiériques ; séparéésideoleur3lcentré9trophique,

peuvent se régénérer, se reproduire et reprendre leurs

° pni'ijtii mur "bi m -.j

usages momentanément perdus; mais, aucun fait cli-

nique,Laucun résultathistoloique,neodémontrequ'il

9")Sp;tj ainsi dans,JesjLfibres cjrébrales.19 avua-iq atfav

Ce fait.est R.purJnousijine^,es0prleuvesjJes/pIus irréj

futables de la non existence des fibres radiées dans la

troisième, frontale, et",de,son,centre"psycho-moteur.

156 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Au contraire, toute répugnance, dans les manifesta-

tions qu'il présente, disparait devant notre théorie. En

effet, dans l'observation de M. Déjerine, la lésion

n'embrasse ni le noyau caudé, ni les irradiations capsu-

- ]aires extra-nucléaires chargées de transmettre la

parole; elle est située en dehors et au-dessous de l'ar-

cade qu'elles décrivent, elles ne les atteint donc qu'in-

directement, par voisinage immédiat; ces irradiations

sont comprimées, non détruites, voilà pourquoi la

faculté de parler revient au complet, et, par contre,

pourquoi également les fibres destinées à porter le

mouvement dans les membres étant détruites, la pa-

ralysie reste permanente.

Les réflexions qui précèdent s'appliquent absolu-

ment à l'observation XXXIX de la thèse de M. Pitres,

dans laquelle une nommée Borda tombe frappée d'hé-

miplégie et d'aphasie. Pendant que la paralysie per-

siste, la parole revient peu à peu.

Dans l'observation XL du même travail recueillie,

comme la précédente, dans le service de M. Charcot et

communiquée à la Société anatomique (27 avril 1877)

par M. Oulmont, l'aphasie, complète dès le principe,

persiste avec les mêmes caractères jusqu'au dernier

jour; et pourtant Elisa Mougin, sujet de cette obser-

vation, frappée le 16 septembre 1874, ne succombe

que le 16 avril 1877. A quoi tient cette différence

considérable dans ces deux faits ? A ce que, suivant

- M ·; J "il ; k ) a V"0" - -" ,1

nous, dans-le fait de M. Oulmont, les irradiations cap-

- ? 1 'Ip 'nn,....y h (' ·1 , - « , .11 et

sulairei frontales extra-nucléaires étaient détruites.

w fP * i.. . 9W>1."0 p') ? 0 '<* <J H ? ,·

En effet, l'autopsie porte «, sur la moitié, antérieure, de

,p ? r · rirt ? i-)fj,0j '...S l 1.9 * P, , ' lf)fl , t 89, ë.lMU

la paroi externe du, ventricule latéral, 1 ependvme est ? Mî 7 fr ! o s"i71H.< 2llli : 9)biin ? ()9 a Y' `Jl2fill1

flétri, ridé, présente une coloration jaune brunâtre, et

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 157

un foyer ocreux a séparé la partie autérieure du corps

strié des circonvolutions de l'insula ».

Donc, pour être exact, il ne suffit pas de dire, par

exemple, qu'une lésiond'un point quelconque du faisceau

pédiculo-fronlal inférieur du côté gauche donne lieu

à l'aphasie; mais bien que seule la lésion du sommet de

cefaisceauoutroucproduitl'aphasiepermanente; tandis

que la lésion du reste de ce tronc n'amène que l'a-

phasie transitoire.

L'examen attentif des cent vingt-sept observations

d'hémorrhagie cérébrale colligées par Gintrac nous

conduit au même résultat. Le lobe moyen gauche en

a été cinquante-deux fois le siège et dans ces cinquante-

deux circonstances, la dysphasie ou l'aphasie transi-

toire a été notée dix-huit à vingt fois et l'aphasie per-

manente quinze fois. Dans ces sortes d'altérations on

peut donc dire que l'aphasie est la règle.

Or, on remarquera que, dans notre théorie, il ne

pouvait en être différemment, puisque, d'une part,

notre troisième zone mésolobaire est comprise dans le

bloc désigné vulgairement sous le nom de lobe moyen,

et que, d'autre part, dans chacun des cas dont il s'agit,

la destruction a confiné plus ou moins immédiatement

au'bord externe du ventricule latéral. Dans ce district,

comme dans les deux premiers, l'aphasie a été perma-

nente toutes les fois que ce bord a été réellement en-

vahi. : , >9·, · ,>, ,Iro . v · > ..., ' ,.

j m' ,- f , . - . Il , . M ? 101>

Notre dire trouve, encore un appui dans tes manifes-

f .<> g' t ,T'. tel i . - ' Vu ? )' 1 - uill

tations caractéristiques, des hémorrha-ies du corps ? [ ? tf,' ? R ? ? 1 ? ! d -; -'i < " I z

strie et de la couche optique. , ™ , rr

S : )Tt ? G, r·r'T . î.Ja a*, or, gianolue 1. riolto id

1 DatvÎeânenos9âatsiUdeJcia;o°jéhetopt'tcue ? laï

»V> ? mvhosn9'l -.maiB, 9lir : nJu9»* ? Mt ? Mu.u. ;tt

phasie est exceptionnelle ; .dans celles du corps strie,

iq ,9`Iilifll ! 'fCl 9uufi[ IIUi,Îfi2JlU : J fan bJli91 ? li .-jAtf.m.t

158 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

au contraire, on la trouve presque toujours. La raison

de ce contraste ne doit pas être cherchée ailleurs que

dans ce fait anatomique, à savoir : que le corps strié

fait partie des trois premières zones mésolobaires,

tandis que la couche optique leur est étrangère.

L'aphasie n'existera donc pas quand la destruction du

corps strié n'occupera que sa partie postérieure ou

externe; elle pourra se présenter, au contraire, dans

la destruction de l'extrémité antérieure de la couche

optique, parce que, dans ce dernier cas, elle avoisine

bien plus la partie antérieure du bord externe du ven-

tricule latéral que dans le premier.

Pour terminer ce qui, dans l'histoire de l'aphasie,

concerne l'hémisphère gauche, il nous reste à parler

des cas dans lesquels

4° La perte de la parole coïncide avec une lésion de l'in-

sula et l'intégrité de la troisième frontale.

' .H* i i sa

L'aphasie par lésion insulaire n'est- pas commune ! -

M. Clozel de Boyer (thèse citée) en compteunetrèü-

taine de cas, dont les vingt- premiers-'appartiennent à

Meynert, qui les avait' recueillis'dé' 18G6' à : 9 8G8 : Dans'

tous ces cas,' la lésion1 cohs'\siail'dans\iri>'ramollissemerit'

paraissant limité oel'insul'a] Lës^'aulresiobsérvations/sontl

de '- 1111 : 'L Charcot j (I)',1 GornilIôrVi (IV) ,9Sabourinl (L)n

Séjûin`(Il),`Lëpüië-(I),'Clozél"dè7Boper(I) : 1 .Bluani'I ab

D'ansces"trent'e'bb'servatio'hUec ! '6rcede'a)troisièmM

frontale a L'es cirpou-)

vdlürtiôîisnïiisiilaiés "dèénâiêntrâitsi«âu3point lde : yue

p"sychd-m1dlëùr'i;tine"yà'niiëiè'2;dè' la»troisiènienffontaleJi

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 159

Ce centre subissait, pour ainsi dire, une espèce de

décentralisation.

C'était un échec ou au moins un amoindrissement

pour la thèse de Broca. De ces observations, nous ne

connaissons que ce que dit Clozel de Boyer, une

simple mention ou un résumé très succinct.

En tenant compte des quelques circonstances re-

latées par lui, il ressort pour nous ces caractères :

1° Que souvent les lésions insulaires s'accompagnent

d'un trouble du langage plutôt que. d'une véritable

aphasie. Tels les quatre faits de Cornillon;

2° Que parfois l'aphasie est réelle, mais intermit-

tente et guérissable;

3° Que dans un nombre de cas, relativement consi-

dérable, la paralysie accompagne l'aphasie.

En d'autres termes, troubles aphasiques seulement,

d'une part ; aphasie véritable avec paralysie, d'autre

part; tels sont les symptômes qui caractérisent l'apha-

sie insulaire.

Avec la doctrine de Broca, ces caractères sont très

difficilement explicables; il nous semble qu'avec

celle que nous cherchons à faire accepter, les questions

que ces caractères provoquent peuvent recevoir une

réponse satisfaisante.. Par exemple, pourquoi dans les

lésions insulaires,,observe;t-on,souvent un trouble du

langage plutôt qu'une aphasie proprement dite ? N'est-ce

pas parce que, (au niveau . de l'extrémité antérieure,

de l'insula, l'éçorée,,cérébraleest beaucoup plus vomi-

sine)jque partout ailleurs.,des irradiations, capsulaires

chargées de.tr ? 4mettre lajiparole ? ., : 3 ^ ^^^{1

...Que : 1 '.onoiyeujl lfe-hie,nj ^sg ; r,a p peler. Je$. distance^ g\ii,,f

danstJavpremièrâcZQtiei '^solgbjjrej^sppargi^yeSj^raT

160 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

diations, d'abord, de la convexité de la troisième

frontale (27 millimètres), ensuite, du fond de la

deuxième anfractuosité frontale (12 millimètres), enfin,

de la scissure de Sylvius (5 millimètres).

, Ces différences de rapports ne constituent-elles pas

la'raison mathématique, pour ainsi dire, de la nuance

où-variété que présente ici l'aphasie ? Où donc l'écorce

cérébrale est-elle aussi bien placée qu'à la partie anté-

rieure de l'insula pour troubler par ses lésions les

usages de la substance médullaire confinée à la partie

antérieure du bord externe du ventricule latéral ? Dans

ce district, l'écorce occupe un véritable lieu d'élection

pour produire, quand elle est lésée, des phénomènes

de voisinage. Une lésion localisée, soit au fond de la

partie supérieure et antérieure de la scissure de Syl-

vius, soit dans l'intimité de la partie antérieure de l'in-

sula, restera latente, ou ne s'accompagnera que de l'un

de ces phénomènes.

-Mais supposons que la lésion, au lieu de siéger dans

le premier district, corresponde au deuxième district,

le résultat sera différent ou plutôt nul, parce que les

faisceaux conducteurs de la parole en seront distants

de- 12 à 15 millimètres au lieu de 5. Quand nous

disons que le résultat sera nul, nous n'avons en vue,

bien entendu, que l'aphasie, car, dans ce cas comme

dans le premier, la paralysie du membre supérieur

surtout se manifestera à cause du voisinage (5 milli-

mètres) des faisceaux qui forment le^coude supérieur

de la capsulé interné (section verticale).^ "' ` ' . i

fii. Ceci trouvera sa confirmation dans ce'qui nous reste

a,exposer.)&) %x t. ' H^jV, » t*vm ? i4 d c ? .,

DES IRRADIATIONS C.lrSULAlI1 ! ,S. 161

jC. III ? \11SI'lll;Rl : DROIT.

Dans ce que nous avons dit jusqu'à présent, la troi-

sième frontale gauche a seule été en jeu. Nous savons

qu'à la suite de Broca, les localisateurs considèrent

cette circonvolution comme privilégiée. ,

Elle appartient à la zone motrice. La circonvolution

correspondante du côté droit serait privée d'activité,

elle dépendrait de la zone latente. «En dépit du bon

sens et de la physiologie, a dit Trousseau, dans un or-

gane aussi parfaitement symétrique que le cerveau, un

côté servirait à une fonction, à l'exclusion de l'autre

côté. »

Un nombre respectable de faits a déjà donné un dé-

menti à ce que cette opinion avait de trop absolu.

II ne suffit pas de le faire remarquer; il n'est pas

sans intérêt de démontrer que le bon sens et la physio-

logie n'ont pas tort, que le côté droit ne diffère pas,

au fond, du côté gauche. Pour que cette démonstration

fût rigoureuse, il faudrait posséder des faits de telle

nature, qu'ils pussent être mis en parallèle adéquat

avec ceux qui nous ont servi pour l'hémisphère gauche,

c'est-à-dire avec, les, faits de Gintrac, de MM. Dieula-,

foy, Boinet, etc.; or, cette identité dans les faits nous

semble actuellement à peu près acquise; et d'ailleurs, :

leur nombre et leur qualité sont suffisants pour^qu'il

soit permis de faire une tentative sérieuse dans ce sens : ,

)Pour l'hémisphère droit comme pour le gauche ? nous

possédons la preuve matérielle des usages des- irradia-

tions capsulaires frontales extra-nucléaires. Quant aux

Arscuwr, t. YHL 11

i,ç3 85U1AN.VTOM1E PATHOLOGIQUE.

preuvesJndii'ectes^elles sont en nombre plus que suf-

fisant pour faire face à celles qui concernent l'hémis-

1 .. gV4q ? 4§àp4ervatioiis de Rochoux, de Hu-

;ghmgsJac ! ) : son,.de Russe) ? et de Peter peuvent être

jnisesjenjregard de celles, de Gintrac, de Dieulafoy,

.d,e,Boinet et de Broca .jjfi iu

de l'hémisphère droit, du corps

- erié, e ? 4e)la ouche optique du même côté ne pro-

uisentjpas moins l'aphasie que celles des mêmes par-

ttjCsjiu z Enfin, trois faits de lésions locali-

ses dans ]'insula.idr1oit, , publiés tout récemment par

MM. Raymond et Brodeur [Revue de Médecine, 10 juil-

- ,Jet-188 , et un.fait de Bouchard (de Paris) nous per-

mettrqnt de= compléter le. tableau.'

-aoqr9'ui9 : 3rr> ? pa»i Itptli ! lr " ` .

auto at lememliè.,^ Jifil nu ? 1 ? Lésions silcy'ée, s ? tr le .bord externe du ventricule latéral.

. Jrltll IG 11 fJJ ? 1 .lJdu`t ? 1. , 1 -

- EllX9 z91strroa329`II&ItIZCIG 3ftf')huLoi ' 30)J i g'1oa/i

Ol;scavaTlo : v 11 (Rochoux). -flylucsie sacts paralysie, y,

aszd ? j' ? j ? \ ? , '7 ?

ra°rfl'S 4, : tTintyrT mnitr.i, `l. aj 'i3`.Tlj Y

'Homme, soixante-six ans, lorte constitution. h n juin 1809,

perté`dé5connaissancé étjeue dê la parole. En février 18<0,

jdeesijustejî,-< ? ttajs pqrolej Irèjs difficile.iForce égale des membres

des deux côtés. ,19 avril, affaiblissement brusque et. perte de

lyllllrr H ! . - Itlta. W1,' ,. IN u i.' "'j' ?

la vue ; pupilles contractées, immobiles; céphalalgie a droite.

- 14 "mai,> laWue Ye;rétablit ? r/^émér°l81 1 ? affaiblissemcnt ! 'pti'y-

sique ? et moral;.pertë de l'ouïe* de la parl'Mort le 22 mars. ? Plus de deuûèôncsf..de, sérosité à la haser,u;c anetU,no

ciUl Itj j c, tijtuNtJ-t.n ? ? ? ) ? j. -

once dans chaque ventricule latéral, un peu moins dans, les

.n ? fT.;n) ? r.rt'c)ntr,. , li't'é"ral-,uii -p-c-ti )U); )'( ! t ! ) ! tt,t les

troisième 'et "iûtl`ièmé. A la partie antérieure et externe du

cm'i.s ? pt<,b dépression talion gée ? ? corresp6ndaritV(fi Me

jçayfâéde ^yi21gjjii'âji'y'^ii(J ? i^l^M0j( ? ? / ? Pr^e ? a',J^s AfeH'e ? A

vasculéux et contenant une, sérosité brune., 7f out le 101)elpptît,

r.. n« ? rf')r')()<Hi ? 911w1;n ' '. ? J.4, t 6,')Jtt ? p t

rieur gauche est réduit en une pulpe jaunâtre, avec de petits

foyers purulents. L'altération est surtout dans la substance

,1111 ? i-i ,'r-7,i .0 -.1 'I v, ,w > ? 'J ? 1» ? ./t't ? U/ .

corticale; la substance médullaire ulfré des espèces C.0clo

DES IRRADIATIONS CAPsl LA1RES. h( ! 3

sons. Le ramollissement s'étend jusqu'au;voisinagc^tluvéli-

utricule '. ;i · ·,joq iIGZ1

Cette remarquable etexceptionneiïe observatidn'con-

tient deux lésions pathologiques, aux quel 1 es"r'c"o'i'rês

pondent deux manifestations distinctes ! " D'abord,5 à'M'a

partie antérieure et externe du corps 'strié,1' une* dé-

pression allongée correspondant à'uné`cavitéldëçiuq

à six lignes d'étendue, ou 12 millimètresleîiiron9t"rai-

versée par des filaments vasculeux et coritenântzûlie

sérosité brune, cause de la perte de la' parole; ensuite,

un ramollissement du lobe postérieur,' causé de la perte

de la vue et de l'ouïe. " 11 -0 'iflomftjq °j'Ir

Pour le moment, je n'ai-à^faire^ressortir quefl'inté-

rêt qui se rattache à la première dece7eg lésions. ""lA'-ma

connaissance, c'est un fait unique dans son genre, pos-

sédant toute la valeur d'un fait expérimental le plus

net, le plus précis/lé plus 'positif.^ En effet, il signifie :

destruction des irradiations capsulaires frontales extra-

nucléaires, assez étendue pour atteindre toutes, ou près

que toutes ces irradiations, et n'atteindre qu'elles;

sa.. il - O1LJIJGIaI·J : lJlU rc11B61G-aJtla>nlUSr 1lllUil

située assez en ayant pour.n'exercer, aucun retentisse

ment.surîtes irradiations'motrices; supérieure'en=cela

, Iia , f , 'Ir r ? ro 1 i , 1 e,t

à lobseTVat,iô ? ld,â9léürsAlii emarquble;.detGintrao,

"il., 1 ICI-)- ? i' »<

C-otiipliq'ué ? e,pénomene ? pp4ylqups ? Théorictue :

me'nt ? en se, fondants i sur notre.,descrip tion, des i irra dia'-

tions" capsulaires' 'frontales extra-nucléaires et sur' les

ni arrssh niuorrr r.qrr fr - Ir-r-tr' 9r'll,tn^ uA rl9 Sn'1 : `1R0

rameaux que leur, fournit 1 artère cérébrale antérieure,

on aurait, pu^avancer, que la rupture de.que ! qu'un\'de

ces' rameaux'suffirait pour amener Taphasie'en^détriii1

nt ? rj.f'rt'j.'r ? 9c v`W 1«n`vv n(1\v iy^nttn1 \o .\4 ? )

sangles véhicules de la parole, au.moment.ouits, se

8JU9(] to aavjti ,0'uijiiiJin uilil ILD id, J119jlp xiSbii il

5J t : trro l;l Z`T;h irrrlTn ty» lYwir,Ttf6 Y tQ9ttr7rlq ? 'fw03

1 Rochou. - Recherches sur (apoplexie, -1-; édition, p. 111; 2e édltion,

p"t80 ? ? qs'20bo'ittum{i...IuDmi ! ajilbjdatjt t/iuju iOO

'i6t ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

courbent pour se porter vers la base; aujourd'hui, grâce

au-fait de Rochoux, on peut affirmer la chose clinique-

ment ? en ajoutant que les artères nourricières delà pa-

role ont une double origine, indépendante l'une de

l'autre, l'une appartenant à la cérébrale moyenne,

l'autre à-la,cérébrale antérieure.-

iir.1 , -

89 f

.2° Lésions situées loin du bord externe du ventricule

îo") . ' ' latéral.

Sf-

931 Au fait de Dieulafoy (p. 13) nous n'hésitons pas à

opposer le suivant, bien qu'il n'ait pas été accompagné

pai-l'aphasie; nous justifierons dans quelques instants

.cette,.façon de le comprendre.

HOl'lIf , -

Observation X. Attaques épileptiformes. Tubercule dans la

, , troisième circonvolution frontale droite (Hughlings Jackson).

's (Observation XXIX de M. Pitres.)

2QUItIV. , «

- fil; Le tubercule, était arrondi, du volume d'une noisette, facile-

ment énueléale, siégeant sous la substance grise dans la

"p'artie postérieure delà troisième circonvolution frontale droite.

Dans les faits de Dieulafoy et de Hughlings-Jackson,

' le siège de la lésion est le même. Dans l'un comme

-dans l'autre, elle se trouve dans la substance médullaire

sous-corticale de la troisième frontale. Mais dans celui

de Dieulafoy, la lésion s'est produite subitement (hé-

morrhagie), d'où ébranlement, de nature congestive

ou par trouble de voisinage sur les faisceaux capsulai-

y7rèswextrâ : rïucléairéV,r'et aphaie,épliémèe.1, '

llICn'i'ffTnO ri,i pf. It ., Irn-11 ? . /-t, f , .

fir,,t,Dansle1faitiderrHughlings-Jackson, la' lésion s est

')')ULt,jj, Jit.ih.tttfL attt ? j ? )Vi01)J)/numf3

lifaitelentement;,entécarta4nt t les faisceaux, les . uns ? des

Il l 2d0 ,OE; u I J , li8t f3»9s»a W wirn^ \w if

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. - . · 'I G5 ? T jt r r

autres, puisque le tubercule était cnucléable. L'intégrité

fonctionnelle des faisceaux capsulaires extra-nucléaires

n'a donc pas lieu de surprendre.. toi

Les partisans de la couronne rayonnante se servent

de ce dernier fait pour démontrer les qualités ,latentes

de la troisième frontale droite. Ils disent : Danscefait'

de Ilughlings- Jackson, le tubercule interceptant les

moyens de communication entre l'écorce cérébrale et

le centre, l'aphasie aurait dd se produire, si la troi-

sième frontale droite renfermait le siège du langage

articulé, comme celle du côté gauche. Donc, le privilège

du langage appartient bien à cette dernière etn'appar-

tient qu'à elle. D'autre part, le fait de Dieulafoycorro-

bore pour eux cette manière de voir. Car dans ce fait

il y a eu aphasie. On n'avait pas fait attention qu'ici

le trouble de la parole n'avait été qu'ér7aénèré.'Q ? r ?

Nul doute qu'une hémorrhagie survenant sous l'é-

corce de la troisième frontale droite, dans les conditions

où s'est faite celle décrite dans l'observation de Dieu-

' '' , 1 t" "JU ' 3lï31n

lafoy, n'amène des effets identiques à ceux,que,lçette

dernière a produits.

En attendant la publication d'un fait -semblable,

j'estime que notre dire peut s'étayer sur les, suivants,

-dans lesquels, la compression ou la congestion,' .peut-

'être'l'uile et l'autre,' ont'causé l'aphasie. f- *'j0r oa

- sd) lafilwiia dJlliWi , o G xt(1t21 ht ,Vo'^ 91û ab

y"if29t1 97t1W qi 0 B s r, Re V ? & TIO-Z 6 h RrITpCfI

- JBfusqMjxs ? i'jh') as. ? 7arntatw e t)tauou '>eq un

Cancer de deux pouces de long dans.. la substance médullaire

dulobe trontat droit n atteignant, pas le ventricule. Comprimant

les circonvolutions voisines ; épilepsie unilatérale; articulation

89d'es 'mots,s P im"'i-fàitê'd'abbtfti'4pâsible Pa impossible elisuite ? ï(Russêll,

Médical 7'MMe.s' a21d Gazelle, <87, 1. 1, p. 530, Obs.cI, Pitres.)

106t ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

y 08 Iwqi a^n 9 c

Observation' XII (Peter, clinique de Trousseau.)

aaot 'woo 1 193 m

f Femme de quarante ans. -Paralysie de tout le côté gauche

du corps;) aphasie. <.'

«Ramollissement blanc de la troisième circonvolution frontale

droite,de'la'largeuc d'une pièce de cinqfrancset s'étendant en

profondeur jusqu'au corps strié.

-10CP91 ,8"U xj

, tDanstce faitrelatif à la circonvolution frontale droite,

M.- Petér , est tombé dans la même inadvertance que

Brbca'avait) commise concernant la troisième frontale

,gaiieh e ? (L'un 'et,1'au tre e manqua iit, de la donnée ana-

tomiquejquéonous avons '.précisée ? » et- par conséquent,

tenântrllâ substancettblancheacomme homogène, ne

devaient, 'as i faird , en trer ses : ] ésidus en ligne de compte

pourcl'explication des troubles cérébraux, et rapporter

tousicesiderniers à. l'altération de la. substance grise

corticaleRaisonnant; comme l'avait fait'Broca, M. Pe-

ter,étaiténedroitd'accorderl'activitéàl'écorce de la

troisième-1 froiitaler, droiteo Orl-) nous l'avons déjà dit,

lavéritén'estrpàsrlà.Dans le fait de311. Peter.comme`l

dânsceluicde-fBroca,lalésionsseule des'irradiations'

capsulaires'extrâ-nucléaires : à : ,entraîné Ia : pêrte du lan-'

gage; l'altération de l'écorce et de la substance blanche

sous-corticale n'a été qu'une simple coïncidence.

Nous 'le, démontrerons par desjpreuvesjndirectes.

Pour l'hémisphère gauche, nous avons prouvé clini-

quementillinfluelicè des hémorrhagies dut lobè'moyeliet

duo corps strié sûT : laparoléqer.nôüs enxavons donnél

lesrraisons : illoest(évident,qu'il'dôiten2étrec3ètroênié

pour-f 1,'hémisphère)idioitssi,,tcornme(lei boii)ens l'indi-1

flue;;il ,joui desfriomesr propriétés" ClTle`oll.llllllllT.°9119g

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 1671

Pour en décider, je me contente de faire appel aux

faits contenus dans l'ouvrage de-Gititrac.

Nous avons dit que, sur cent vingt-sept observations

d'hémorrhagies cérébrales, le lobe ;moyen, gauche^en

avait été cinquante-deux fois le siège erqué7;dan¥rcesl>

. n , ° mf ? Pm ?

cinquante-deux circonstances, 1 aphasie avat exisié

dix-sept fois. Tos · ? IyzIIL lit 91),WIU'lh

Or, dans ce même nombre d'observations, l'hémor-

rhagie a atteint soixante-deux fois leilobe môyenfdrdit,

et l'aphasie permanente 1,'a accompanédix foisll--2t

Le lobe moyen droit serait ? donç plusasujet`queadel

gauche à rhémorrhagie, et11ap1lasie absoluel'côïncide ?

rait moins souvent, avececelle7cii dans le droitquerdân6l

le gauche, tout enrrs'yomanifestaïit4toutefois dansndest

prol)ortioiis-notables ? Le ? plusoutimoii)gf'deffiléquéneeb

du fait ne saurait porter;atteinte ? à Ialnatùre : de 's'elioses.1

La fréquence' peut ne dépendrei'que de3raisonspurei

ment. secondaires : ' Ce qu,,i 1) nous- i ni porte) defeonstater ?

c'est que, à,droite'conméi àngàuche,`bL'hémorrhaièmei

donne ]ieuà"b'aphasiequetouti(autant3qu''e ! )e)se3rap-t

proche -suffisamment de la,paxaie.àütérieureiduivord( I

externei.duiventricule3latéral ? et'que) lapenmârience dd)

cette manifestation nécessite<toujours-1.'interruptiôn.de.

ce'districtrnrtaduaid sb s sooa's`1 sb uo4rs ? èi(s`I : 9gsg

po.i^bir,aïo9 91(lttll2 9QII`J1p s F` 9611T02ü02

. 09l3Z ? ? 3 ? frîcT,sTinll ? isilar. 2uoYI

- ifiilo àvuoiq 2novs affon esdausg 91édqaimèd'I lao^

f.Si;procédantLl7ourGl;lîémisplièrdroit;lcoüinjeenousp

l'ayons f<tit=;pour zlJhémisplère,aaùche,91aprèsnavoilb

e4yringlles,oser,vatiqlï` r,lati,vs : àr la atroiièmeafron.i

talp au9]obel HOyen{.nousanay.sonSft)(.tëntyëneJtq

cellesrqu ? ocernerlW ? insulal durrm41ne(c.êtéj, liyusy

ics ANATOMIE pathologique.

voyons qu'elles viennent, à leur tour, fournir un appui

à notre manière devoir.

Ces sortes d'observations sont très rares. J'allais

terminer ce mémoire, sans parler de l'insula droit,

faute de matériaux, quand MM. Raymond et Brodeur

m'ont fourni l'heureuse occasion de n'être pas muet à

cet endroit. Ces confrères distingués viennent de

publier trois faits des plus intéressants, dans la Revue

de Médecine, 10 juillet 1882, sous ce titre : Lésions

localisées à l'insula.

En voici le résumé ' :

Observation (II). Foyer hémorrhagique gros comme une

noisette dans l'épaisseur du lobule de l'insula droit ; entre

l'avant-mur et la substance grise de l'insula droit il reste en-

core une épaisseur de 1 millimètre ; avant-mur entier, un peu

rejeté en dedans, il est séparé du foyer par une légère couche

de substance blanche; hémiplégie gauche; membre supérieur

complètement paralysé, l'inférieur exécute encore quelques

mouvements volontaires ; face, rien ; parole facile; sensibilité

générale obtuse.

Observation (I). Foyer hémorrhagique gros comme une

petite noix dans l'insula droit repoussant l'avant-mur détruit

dans sa plus grande épaisseur ; athérome artériel.

Hémiplégie gauche; membre supérieur beaucoup plus para-

lysé que l'inférieur. Traits déviés à droite ; commissure labiale,

droite tirée en haut ;parole difficile; sensibilité générale obtuse.

OBSERVATION (111). Ramollissement complet des circonvo-

lutions de l'insula droit, ne dépasse pas l'avant-mur ; athérome

artériel. Trois attaques d'hémiplégie gauche ; paralysie com-

plète du membre supérieur, incomplète du membre inférieur :

déviation des traits à droite ; parole difficile; hoquet ; sensibilité

générale obtuse. » <"" ' 1 . J It"'yji ! i a 'jjiai1 , Aurrir- hiv < '

, , 1 ''fn ? t i .'i .- . 'ttt ni1)' ,->^ "» ''4 » '

'Dans le but de luire mieux saisir 1 importance Lle l'éteil(ille (le la,

lésion par rappûrtf auc`'téôilblés·pliàsi<tués; j'ar'intSrv'crti' l'ordre' des l

Ilenwpremivres'ohservations. BS"T)811oo W ttû(217 : <3 tn'Tnovaf'm

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 1691

Ces observations sont doublement précieuses pour,/

nous, parce qu'elles présentent des lésions absolument);

localisées à l'insula droit, et que, recueillies par des

savants très compétents, elles offrent toute garanties

d'exactitude. Elles sont intéressantes à bien des titres;;)

mais, pour le moment, nous ne cueillerons en elles quel

les particularités afférentes au point que nous traitons ? ,-)

La parole est difficile dans les deux derniers cas, etq

facile dans le premier. Pourquoi Simplement, ce,nous

semble, parce que la lésion était moins étendue dansA

ce cas que dans les deux autres. Foyer, hémorrha-

gique gros comme une noisette, dans le premier cas;

gros comme une petite noix, dans le deuxième ? cas;

ramollissement complet des circonvolutions' dans18 le N

troisième cas. Isolée, la première observation auraitétc

' 4 ' t-i(JO

défavorable à l'activité du'district insulo-frontal droit ?

groupée avec les deux autres, elle concourt avec,'ellesqb

- trn - cfét 1

par la petitesse relative de sa lésion, à'déiiioii e à"

1 . , ? < ? i- avdurtl

propriété active qu'on refusait à ce district et à l'exis-d

tence de cette propriété dans les irradiations capsulai)

res frontales extra-nucléaires. Nul doutè'qù'è,s'i ? â,alls,q

chacun de ces cas, la lésion eût été plus profonde; cee

simple trouble de la parole n'eût fait place à une ,

.' ' . u/ 1 bjj " "" vu

perte totale de cette faculté...Témoin le fait, suivant de,].,

M. Bouchard : i < 7. -*

, t i, t i t's a ! ab gnouut

- rrre > Observation XIII (Bouchard) ? w : l' l'i'iètiu

. ) ) 1 . niu n .. f ,9rT ? q W ? m LfL 91R1t1

Femme, .soixante et onze ans ? Faiblesse d'un eoié du porps ?

néanmoins marche possible, étourdissements. 22 octobre, perteq

de connaissance, chute. Le lendemain, intellectun peu rétabli,

maispa ? -ole nulle; veux tournés vers l'épaule.droite, pouvant,

,ci 1, Iryh t 1. ljrF1'11f ! n ·1191.9 YW 1 l .,if 10 ? n ~.7MA i

néanmoins revemrà,gauche;monvementsJdela,rtète.faciles,Z,·,1

mouvement et sensibilité conservés aux* membres^ droits \n\>

I 70 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

membre supérieur gauche paralysé, mais encore sensible ; des

mouvements réflexes et spontanés y sont facilement produits.

Membre inférieur gauche un peu roide dans l'adduction ; les

mouvements y sont très bornés, mais le pincement des pieds

en provoque d'assez intenses ; vomissements bilieux, paralysie

faciale très marquée, épigastre douloureux ; intellect conservé,

pas de parole. Mort le 1er novembre. Sous les cireoizvo-

lutions de l'insula droit et en dehors' du noyau extna-ventriculaire

du corps strié, se trouve une collection sanguine assez considé-

rable, fluctuante, laissant échapper une certaine quantité de

sérosité sanguinolente et renfermant un caillot du poids de

dix grammes. Au voisinage du foyer, on rencontre un certain

nombre de petits anévrysmes; les uns anciens dont le contenu

est transformé en hématoïdine, les autres, remplis de sang,

rutilants.

Il n'est donc pas douteux, pour nous, que la troi-

sième circonvolution frontale droite ne possède les

mêmes usages que celle du côté gauche, usages dont

elles sont redevables, l'une et l'autre, non aux cellules

de leur écorce, mais bien aux irradiations capsulaires

frontales extra-nucléaires.

Comme corollaire général de tout ce qui vient d'être

exposé, nous nous croyons autorisé à affirmer que

l'écorce de la troisième frontale, quelle qu'elle ' soit,

ne renferme pas le centre de la parole, ce qui revient

à dire que ce revêtement celluleux peut disparaître,

sans nuire à l'accomplissement de cette faculté. Pour

en avoir la preuve directe, irréfutable, il suturait de'

deux observations précises. A savoir : la conservation

r ·'il.lr, rrr ·T <trn ? J7'Tt Pi ' . 91 AdaW n 9'eOrc· 1

de la parole avec la destruction de 1 écorce,dans chaque,-)

- 5(-UIIUUli 1[1[l.i[%lI [IWllblll L· `JIl `lV1J111JJ114u IJ1·`11V11

t Y. Uil,)iliiki qu;unfaital

troisième^ frontale. > Or , , ,)tasciencetne;possède qu ! unfaib\

de ce^genre/il apparLientà'111 ! `le pr6fessëùr ? Parr6t ? f"

- phto . `1t^lr.n; -. , rrnmt(nv rnA9p Af`. 1'19'r' c' 9tt 9 : T[3,lTt.`3`JfiÎ

concerne la, troisième frontale" droite. (Atrophie |Com-t 1

fil [lit fil 1-, ''b ? 11V[ JOMIBU -UIJ Ibq 911J''t1'l : 7JllJi fIblU lui ni ju hou

plète du lobulé de l'insula et

DES IRRADIATIONS CAPSULAIRES. 171

lution du lobe frontal droit avec conservation de l'in-

telligence et de la faculté du langage articulé. [Gazette

hebdomadaire, 31 juillet 1863.)

Il existe un autre fait d'atrophie relative à la troi-

sième frontale gauche, publié par M. le professeur

Charcot en 1874, et connu depuis cette époque par

tous les neurologistes, mais ce fait est contradictoire

du premier, c'est-à-dire qu'il coïncide avec la perte du

langage articulé et, par conséquent, vient à l'appui de

la doctrine de Broca. Est-il possible de donner une

explication satisfaisante de cette opposition si formelle ?

Nous le croyons, et cette explication découle natu-

rellemeut de la substance même de notre mémoire. On

sait, en effet, que le sang nutricierdes irradiations cap-

su)aires conductrices de la parole est indépendant de

celui de l'écorce et de toute la portion latente de la

substance médullaire correspondante.

Il est donc probable que les vaisseaux de la parole

ne fonctionnaient pas dans le cas de M. Charcot, tan-

dis qu'ils étaient sains dans celui de M. Parrot :

En effet, que l'on veuille bien remarquer que, dans le

fait de M. Charcot [Progrès médical, 1874, n0S21 et 25,

Bourneville), il s'agit d'un athérome généralisé, d'ob-

turations multiples,' avec les circonstances suivantes

rendues particulièrement saillantes par tout ce que

nous avons ditl jusqu'àprésent. " . ''

t ? ? , >> l · si -- > oui. , ' ju

Hémisphère gauche : atrophie delà troisième circonvolution.

frontale,-obnteratton de la branche sylvienne y aboutissant. -

flim'isplaèle dioit : cramollisseméiStrMe`2Jcêntiinètrés9`detdiâ`=1

'^y^jâi^Ff^Çfti^SÎià'v10 tcentiiriètrejd'épaiss.eur, ^occupant lob

face interne, de la premyeéelçiri onvl,i tionront l nl Oblitéra-

tion'dta'c'erebraleant'eneurear'u'n'cait['o ? io'n'de'15 ?

tian de la cérébrale antérieure par un caillot long de 15 riollu.

'Aphasie ? Paralysie' ? , gauche ? 9 rItl2W eb e'u01 uh 9J9tq

172 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. IRRADIATIONS CAPSULAIRES.

Au moment où l'observation de M. Charcot a été

prise par M. Bourneville, il était naturel de rapporter

l'aphasie à l'atrophie de la troisième frontale gauche,

sans se préoccuper de-la paralysie.

Aujourd'hui, après le travail de M. Duret sur la cir-

culation cérébrale; après notre travail sur l'état de la

couronne rayonnante dans le lobe frontal, il nous

paraît bien difficile de ne pas tenir le plus grand

compte de la paralysie à gauche et de ne pas la rap-

porter à l'athérome de la cérébrale antérieure chargée

d'artérialiser la tête du noyau caudé et la partie de la

substance médullaire adjacente au bord externe du

ventricule latéral. On notera, d'ailleurs, que les rejetons

de la cérébrale moyenne, artères lenticulo-striées, dont

la distribution est démontrée actuellement si intéres-

sante, ne fixait pas l'attention en 1874. Pour ces motifs,

nous demandons si l'observation de M. Charcot ne

doit pas être mise à l'avoir de notre opinion. Ainsi, tous

les faits d'aphasie concernant les lobes cérébraux, an-

térieur et moyen, concourraient à la confirmer.

Resterait à expliquer la perte de la parole observée

quelquefois à l'occasion de certaines destructions dont

les lobes postérieurs sont le siège.

Il est inutile d'insister sur ce point. Il suffira de faire

observer qu'ici, toutes les foisque lemalade survitassez

longtemps à la destruction, on voit l'aphasie disparaî-

tre. L'exagération de la poussée sanguine dans Tarière

cérébrale moyenne survenant forcément au moment où

"là'destruction s'opère en arrière de l'encéphale, rend

naturellement compte du phénomène aphasique. ,

Je.conclus qu'on n'est- plus autorisé à>'affirmer. que

les troisièmes fron'ales président à la parole. Déjà,

DU DÉLIRE CHRONIQUE. 173

depuis 1879, M. Magnan ' n'accordait plus l'élément

psychique au centre de Broca et M. Charcot' se range

à cet avis. L'idéation (Magnan), ou la faculté du lan-

gage(Charcot) s'étale sur toute l'étendue de l'écorce cé-

rébrale. De notre côté, nous nous croyons en droit de

contester au centre de Broca son élément moteur, et en

admettant que ce dernier élément ait un centre cortical,

ce qui est très probable, nous faisons remarquer que

ce centre doit se trouver dans l'endroit vers lequel se

dirigent les faisceaux vecteurs de la parole, c'est-à-

dire à la partie moyenne des circonvolutions orbitai-

res, dans une étendue de 5 millimètres carrés, à peu

près, à 2 centimètres en dehors de la ligne médiane.

RECUEIL DE FAITS

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU DÉLIRE CHRONIQUE;

Par le D''Louis BOUCHER.

Si les nombreuses affections qui atteignent les différents

organes de l'économie soulèvent à chaque instant des inter-

prétations multiples au point de vue patboénique; combien le

champ des hypothèses ne doit-il pas s'élargir, lorsqu'on se

trouve en présence de détériorations intellectuelles dont l'es-

sence môme semble échapper à tous nos moyens d'invostiga-

1 Gazelle médicale de Paris, 1879.

* Des différentes formes de l'aphasie. (Progrès médical, juin L-S3.j

'1 I ? 13 > bl b Jas»jia9'*q 2`. *

1 7e RECUEIL DE FAITS.

tion. Ceci rend compte des divergences de vues observées chez

tous les auteurs qui, primitivement, ont traité la question de

l'aliénation mentale. En lisant les classifications établies par

chaque époque, on se demande presque si l'on ne voyait pas

autant de folies que de malades, et il en est résulté que la

plupart des médecins se sont détournés de ces études et en ont

abandonné le soin aux~spécialistes. Parmi ces derniers, les

uns s'attachant uniquement aux symptômes qu'ils décrivaient

comme formes déterminées, ont continué à multiplier les dé-

nominations plus ou moins bizarres, et à créer une infinité de

monomanies, tandis que les autres, poussant plus loin leurs

recherches, ont rattaché à un état morbide plus profond ce

qu'ils ont considéré comme les syndromes épisodiques d'une

même maladie, comme les aspects différents d'un processus

qui évolue. C'est ce qui explique comment M. Magnan, notre

maître, a pu, dans trois groupes principaux : le délire chro-

nique, les héréditaires et les intermittents, faire rentrer toutes

les vésanies. Avant de rapporter les quelques observations

prises à sa clinique, nous avons cru devoir retracer les points

saillants du délire chronique nettement caractérisé par quatre

stades : inquiétudes, persécution, ambition, démence ; un ma-

lade toutefois pouvant s'arrêter à l'une quelconque des trois

premières phases et s'y fixer définitivement, s'y cristalliser,

avec des chances de guérison d'autant moins grandes qu'il se

sera davantage rapproché de la dernière, de la démence. C'est

ainsi qu'à la période d'inquiétude, la maladie est curable,

qu'elle l'est moins à la période de'persécution, moins encore

à la période ambitieuse, et que la démence, synonyme de dis-

sociation absolue des idées, et terme ultime de la déchéance

intellectuelle, n'csspoint susceptible de la moindre amelibra-

tion. , - 't' " 1 ? ' , "" , -*«r ' t

J -1 L étiologie du délire chronique. est^tout entière dans,l'1 ér-

dité; et; pour, cela' moine,' souvent impossible à reconnaître,, la

famille ? les arents dissimuilant de leur, mieux, hij.tare qui

.Y ' nnr r n'l.ofTl9 II W 'r,` yÏ r'u

pèse sur eux : , 1 et craignant, pour désintérêts diyers, ae apnne3

certains renseigiiements5nl : elâtlfs aûxl asceridnts.lul,malade

dûii'sei'i'app'orteüt dâîls tôu-s'21è's"ld>asl"abjdës4'à"nelo(bii' ijjalies in tii, eS

tuelles,'a-des tr`oïililes dûs âl alcoolisnié ôü,a ? désenilooisôn

némentsvcllV'6riiqûe§,HâJdes^dégénéres^è'hce's/àhdéVnevrb"sVs^

9° Greûlç ! '1 3sDélüëhclironiqiié,stlès 1883, résumé p. 11. -agi j-idoJiu

DU DÉLIRE CHRONIQUE. 175

Aussi, ne saurait-on trop soigneusement rechercher du côté

du père, de la mère, des grands parents paternels et mater-

nels, des oncles, tantes, cousins, le moindre indice qui puisse

vous mettre sur la voie. Bien souvent on côtoie dans le monde

des hypochondriaques qui, sous la dénomination vulgaire « d'ori-

oinaux», de «maniaques», dissimulent mal la véritable aliéna-

tion mentale. Qu'une douleur profonde, qu'une perturbation

violente surviennent chez ces prédisposés mal équilibrés, et les

premiers symptômes du délire chronique apparaîtront, le chue

moral les impressionnera tellement vivement qu'il surgira

du même coup un ensemble de troubles somatiques, fatigue

générale, angoisse épigastrique, lenteur des digestions, cons-

tipation, pesanteur de tète, troubles vaso-moteurs et un éré-

thisme particulier qui rendent désagréable le bruit, la lumière,

une odeur un peu forte, ainsi que toutes les impressions sen-

sitives, de quelque nature qu'elles soient '.

Alors, absorbes par leur état, ils se concentrent en eux-

mêmes, amplifient leurs sensations, par exgération du sens

émotif, et presque constamment ils rattachent l'origine de ce

qu'ils éprouvent à des préoccupations générales d'une époque.

Au moyen âge, les sorciers, la magie, les sortilèges, les idées

religieuses de damnation ; de nos jours, le magnétisme, l'élec-

tricité, toutes les inventions modernes; à certaines périodes

de notre histoire, sous le dernier Empire par exemple, la police,

les mouchards; pendant la guerre, les espions, puis les diffé-

rents partis politiques, ont tour à tour servi de base aux

conceptions morbides autour desquelles ils pivotent.

Eu plus de ce que l'on est convenu d'appeler l'hypochondrie

vulgaire,1 il s'est ajouté chez ces prédisposés certains troubles

spéciaux qui feront reconnaître la maladie; il y a des pertes

de mémoire, des lacunes intellectuelles qui n'échappent point

à un observateur judicieux; les expressions dont se sertie

malade varient'de m'oins en moins, son cercle d'idées se rétréi

bit; il'élaborè'dê' plus en plus, les mômes conceptions^et, pro-

,,Fessiveniciit, la1 deuxième période est franchie. ? «, aftik;js ! )

t)T ? h n ihrf, x Y ? t u ? lJ.i,r92tIS 2ritti1.9.'1

'"Les idées de persécution surviennent et- avec eux, 1 îndille^

rcîice1, la perte du sentiment etFairgravation des troubles intellec-

tüéls, ac sorte que les malades en proie à une interprétation délit

.'E930T'3n ? K "'oiwie Ir li -33 , . 1

1 Magnan. Leçon clinique. (Joiii-iial de n4édecine,ci-tiqlitili-,zggz"e,

uctunre tss3.r t e ...

176 RECUEIL DE FAITS.

- faute, se créent un vocabulaire d'appellations bizarres, ac-

couplant les expressions les plus disparates auxquelles ils attri-

buent dans leur esprit certaines significations. Ils ont quelques

mots stéréotypés qui viennent à chaque instant s'interposer au

milieu de phrases le plus souvent bien construites au point de

vue grammatical. Le délire est alors définitivement systéma-

tisé. Ils le conserveront avec les mêmes caractères un temps

très variable, un an, deux ans, dix ans; ils se fixeront même

dans cette phase; mais, le plus souvent, l'idée de persécution

les amènera à en chercher les causes; il poursuivront certains

raisonnements, ce qui, à un moment donné, les poussera à se

croire détenteurs d'un trésor, ministres, prophètes, inspirés

de Dieu. Les idées ambitieuses arriveront par bouffées d'abord,

mêlées à des idées tristes ou de persécution ; puis elles feront

explosion et, le mal s'accentuant de plus en plus, toute idée de

persécution disparaîtra pour être remplacée par « la béatitude

parfaite`». A ce moment, la mémoire des mots sera déjà fort

atteinte, tout raisonnement impossible, la lecture difficile, le

moindre . calcul impraticable, les malades étant incapables

.de se replier sur eux-mêmes en dehors de leur idée délirante.

Enfin la démence complète arrive avec la dissociation intel-

lectuelle et les troubles profonds du côté des viscères et de la

nutrition générale, relâchement des sphincters, gâtisme, ato-

nié intestinale, congestions pulmonaires, etc., termes ultimes

de la scène pathologique.

- En résumé, le malade a parcouru les quatre cycles d'inquié-

tude, de persécution, d'ambition et de démence.

hesccomplications du délire chronique sont constituées par

différents états, tels que l'hystérie, l'épilepsie, l'alcoolisme, etc.,

qui peuvent venir, s'y'ajouter et le rendre plus difficile à recon-

naître.j Nous citons plus' bas une observation empruntée à

l'excellente thèse de M.' Respaut et dans laquelle le délire

chronique se montre simultanément avec l'épilepsie. ,

Le pronostic à la période d'inquiétude est le moins grave,

certaines' règles 'hygiéniques' appropriées permettant jusqu'à

un certain point d'entraver la marche de la maladie ; mais à

la période de persécution et surtout d'ambition; la terminaison

est presque constamment fatale.1 - ,

* Diagnostic. Difficile à la période d'inquiétude, il est aisé

V|Jé* . "" ., i , °l'

t lljl (' ' - r ? ' ' , , ,

,' Gérante. Thèse. `. » t) ' - ? 9.f ? vh .,nl yJ,l6(t v ' ?

V ' ' i ' '

DU DELIRE CHRONIQUE. i 7

à la période de persécution, que l'on pourrait seulement con-

fondre avec la mélancolie simple : mais le mélancolique a un

délire diffus généralisé, une dépression profonde prédomine

dans l'ensemble de son état, tandis que le délirant chronique

a tendance, dans son délire, à grouper les faits, à les systéma-

tiser, à circonscrire ses idées dans un cercle restreint, sans

présenter de dépression ; en revanche, les mots stéréotypés,

caractéristiques, aideront encore à reconnaître la maladie.

La période expansive ne sera pas confondue avec la paralysie

générale ; l'état de la pupille, l'absence de tremblement, le

délire ambitieux inconscient, l'affaiblissement intellectuel de

l'encéphalite interstitielle diffuse constituent des symptômes

trop saillants pour qu'une erreur soit possible.

Les observations qui suivent permettront de se rendre plus

facilement compte des principaux caractères que nous n'avons

fait que signaler.

1. l. - Mllc Boni'..., âgée de trente et un ans, modiste,

entre à l'admission de Sainte- : lune, le 1 : ; février 1881, avec le

coi tificat suivant, de M. llLcw;v : « Délire chronique (teec hallucina-

tions, troubles de la sensibilité générale et prédominance d'idées de

persécution ».

On la traite de « câlin d'hommes », on lui fait voir des « câlins

de mères », on la fait « siffler par tous les mécaniciens ». Ils lui

tiennent son caractère. On lui a saisi l' « itinéraire de santé».

On lui enlève sa pensée, « on doit la relever proprement chez

vous ». Le e bain est désuni » chez elle.

J'abrège les expressions du même genre qu'elle ressasse conti-

nullement.

Voici les renseignements fournis par la famille : le grand-père

paternel, très vif, disposé à la congestion, se faisait continuutle-

ment saigner; la grand'mère paternelle est morte de fluxion de

poitrine à Paris. Il est impossible d'avoir plus de détails, et ceux-

là sont insuffisants pour établir l'hérédité.

Et, néanmoins ? dès ]'age te plus tendre (7 mois), les convul-

sions se manifestent chez cette malade,'1 trahissant la disposition

névropatliique dont nous ne pouvons, d'après les renseignements

fournis i-eti-ouveri l'orilgiiie : ( Plus *tard ,, elle 1 était facilement

excitable, d'un caractère iné`al; `etlê éstlseulemenf, il y a'un an

et demi, au mois d'octobre -1882, qu'elle futjprise de céphalalgies

persistantes avec un peu de fièvre. Depuis, elle commence à être

inquiète, elle reste longtemps absorbée, pleure sans motif, puis

se met à se laver les mains à chaque instant; pendant cette'opé-

ration, elle s'interrompait, parlait bas. En février 1883, à l'occa-

Aucun Es, t. VIII. 12 Il

17S RECUEIL DE FAITS.

sion d'un déménagement, les idées de persécution apparaissent.

« Vous voyez bien qu'on nous en veut, dit-elle, puisque les gens

de la police font déménager mon père. » Elle entend des voix,

on fouille sa pensée.

' Elle reste en ce moment el la période de la persécution, après

avoir parcouru très rapidement l'étape de la phase d'inquiétude.

Comme troubles généraux, elle éprouve des lourdeurs de tête

qu'elle attribue à ses persécuteurs, de la constipation et un état

d'excitation qui -Importe à l'isolement pour se mieux pénétrer

encore de ses 'idées dans lesquelles elle s'absorbe tout entière.

Elle répond'par les' mêmes phrases stéréotypées aux questions

qui lui sont posées, et, d'après les quelques citations ci-dessus,

on juge assez 'qu'elles ne sont en rapport avec aucun sens précis.

Si on lui demande la signification de ces accouplements singu-

liers,' de ces mots dépourvus de signification, elle ne répond pas.

Cependant il est possible que dans leur esprit ces malades asso-

cient-une idée particulière à ces expressions, ainsi que le prou-

verait l'observation suivante : h

, i f- j. ii . ' i , .

Observation II. Clotilde D..., i^géc' de' cinquante-six ans,

entre5 pour"1 la' troisième fois a'l'admission Lie, en

88 4,' 1,iL)depuis 1 8-j séjourné dans "différents asiles de

province : elle chronique avec hallucinations,

troubles dé 1 ti zs "il)iiité générale et idées' de persécution.'

"Se'speî·sécüteiu's lui bouchent le rectum', ou lui, introduisant un

'' ' ' 1 "" LizÏ'ailleiiL"ce conduit 'par l'électricité

objet' volumineux't'et'iui travaillent''ce conduit par l'électricité ;

ils lui OI'diiii6t'd'allet,'à'la garde : robe à chaque instant, et elle

éprouve des douleurs analogues' à celle'de l'accouchement; aussi,

pour se défendre d'eu\', elle avait imaginé de s'asseoir dans une

marmite en terré, dont le fond'reposait da)is*un poêlon, et mal-

gré' toutes ces pr ? ca1utioii s,elle's-oulrrait, encore.' Elle', appelle ceux

qui1 ,1a" poursuivent' 1 lès''« liomicidaii7es déO la'irpréfcelure " A

)l xllés,"O u"'él 1 è -1)'ëi'd'de l'argent, ^ par suite des-iiiiuvaisesar-

LiW ellé ill ôù''ellô hérd'de . 1 p suité desyinauvaises af-

faires'do son mari, cosonfeux qui'l'ont volée. On «'ëoilstellail à

la porte » l'argent qu'elle avait versé. En lui demandant de

définir ce qu'elle entend par constellation, elle répond : « C'est de

l'argent' qu'on laisse et qu'on ne redonne pas », attachant dans son

esprit un sens précisa cette expression dépourvue de signification.

41) `)W,iJ bJII91l91T9`I 91W111f % ' ...tt" ! df ? bfnr3 ? ) »

',Un,voit aussi .parties, .détails précédents que .cette, femme a

associé.à,sa`icrsécutioml'éleçtricité, la^police, et qu'clle,leur

fait ,jouerlun,rqle, considérable dans ce qu'elle ressent, en

même temps qu'on constate une altération profonde do l'intcl-

liâencçyct`uulle,perversion de,,la,sensilliliéÿ,indiquantuno

atteinte générale Uli systcme ïlcrvëûx.5, t ,sc ? a ? s ? "i ? v ."

DU DÉLIRE CHRONIQUE. 179

Il semble inutile de multiplier les observations de ^délire

chronique à la période de persécution, elles sont plus' ou moins

toutes les mêmes, quand il ne vient pas se greffer sur le délire

chronique un autre état morbide. Voici maintenant un casj se

rattachant à la troisième phase de la maladie. ? i

Observation III. La nommée (Françoise), âgée de qua-

rante-cinq ans, entre pour la seconde'fois'à la clinique; de

l'admission, avec le certificat suivant : «-Délire chronique mystique,

volubilité et excitation, hallucinations de la vite. Révélations divines.

Dissociation commençante dans les idées. Ecrits - incohérents ». n .,

Elle est venue à pied une première fois des environs de Mar-

seille, et, dès son arrivée à Paris, est allée à l'église de Iaillissiou,

où elle est restée proslernée pendant cinq» heures. Le Christ lui i

est apparu, il lui a dit qu'il était accablétde tous les poches j de

l'univers, et elle a récitéun pater etiiuiita-e à chacune de ses

plaies. Elle veut se présenter à la France, à toute la justice;- à-ta

Chambre des députés, mais on l'empêche déparier; elle n'a

pas peur des Parisiens.' 111 . - 1, w,r.rr L'

Les idées de grandeur et de sa mission l'emportent, survies

idées de persécution qui ont signalé - le début de son', affection.

D'un caractère difficile, cette malade s'est séparée d'avec son

mari après quelques années de mariaâe,.e,t,rest entrée dans les

asiles en <8 ? poursuivie par des^' ennemis imaginaires' et.'des

hallucinations. Elle n'est point, encore parvenue l'incohérence

dans ses paroles,' niais la transition ap.1 d eiili'e les idées qu'elle

évoque semble être l'indice de",lacunes" intellectuelles 'cüii,iiur-`

iluént déjà à l'état lat'enU/dissociàtion'r'^ ? ^ ^^b g ? ', !

11 nous, semble inulile;lde,râpp,ortere ilne observation de dé-

mence complète. après les,, trois ^stades d'inquiétude, de per'3éCLI-

tion et d'ambition, on, y retrouverait les 'caractères, communs a

tous les cas déjà, cites. Toutefois, a de

paraissent comme des bouffées' d'idées ambitieuses et de' persé-

.. - ' - ? ) i t.,u. ' r > lui 1 ilOc 3 . ut

ütI011. l, 1 t.a ? t/Jh ? je t np ;ti<Ms-o E , i'70( h)

tt. - 1 u hu (r"'I JII't , W ,j,[;119trp00 lf(1 t)nD.ltl9 9119 Ujl 9 : 'UI(1115

' 'Tels olitt-les 'cas simples due délirei chronique j'dls peuvent

se compliquer d'autres ! états' et en-» particulier' de1 l'épilepsie.

Voici le.résumé de l'observation XXIV de l'excellente thèse de

llyRéspâut"`Il's'aâit-'d'un homme1 épileptique/ âge de trente-

si. £ ' ans)" 'avant eu'des'convulsions 'dân's`-son Ienl'ance;' d'un

caractère 'très' irritable ? Dans sa' jeunesse ? il n'a 'commence 'à

-i»»r a m- ott-1 j ,tnt 1;19*tl, ,<j isianot no''f't ? .qmo.t e·m

1 Du déliré épileptique ou plutôt de l'iit`flûçiicç tle 'l'ictus' épileptique

sur l'état cérébral normal et pathologique (1883)'. u ? ^ 9 '< "Wn,

, 1

18(1 RECUEIL DE FAITS. DU DELIRE CHRONIQUE.

ayoirjes attaques du mal comitial qu'à partir de dix-huit ans,

tombant brusquement sans connaissance. Vers l'âge de vingt-

deux, ans, il devint plus sombre, taciturne, ses attaques le

préoccupaient. Bientôt il raconta qu'il voyait bien qu'on lui en

voulait. Il y avait des gens en face et au-dessus de chez lui qui

' l'empêchaient de travailler ; il entendait des personnes qui se

moquaient de lui, qui l'injuriaient. Plus tard, l'évolution du

délire chronique continuant, V... se demandait si ce n'était

pas do l'ouvrage donné par les Israélites. A la suite de plu-

sieurs attaques d'épilepsie, il devenait furieux, se livrait à des

violences, dont il ne lui restait nul souvenir.

A partir de trente ans, un nouvel ordre de sentiments naît

et se développe chez lui. « Il y a un parti qui soutient l'autre,

répète-t-il parfois, je sens de grandes idées qui me viennent ;

mes parents ne sont pas de vrais parents. » Les hallucinations

qui se rattachent au délire chronique se montrent aussi plus

ou moins vives et pressantes sous le coup et à la suite de

l'ictus épileptique; mais elles restent dès ce moment incons-

cientes. A trente ans,-V... est arrivé à la période expansive de

son délire chronique. Il entend la voix de Dieu, il veut tra-

vailler pour tout le monde : « L'univers sera libre, moi étant

libre ! V ? d d'ailleurs parfaitement conscience de ses senti-

ments : « Oui, s'écrie-t-il, j'ai vu le bon Dieu, et je vais faire

le bonheur de bien du* monde, le bonheur de l'univers entier ».

Surviennent'une attaque, un vertige, V... reprend ses mêmes

idées, mais d'une manière inconsciente.

1 AinsPquVle^fait'i remarquer M. Respaut, on ne saurait

établir d'une' façon plus nette' que le délire épileptique n'a pas

d'existence spéciale : `Aux différentes phases d'inquiétude, per-

sécution, ambition,' l'épilepsie' imprime sa caractéristique, son

cachet spécial d'inconscience ^mais à cela seulement se borne

son 'action ? Sans l'épilepsie, ce délirant suivrait ses périodes

de systématisation lente sans dévier du type normal ; avec elle,

if toujours'"s6n délire avec sa marche habituelle et l'automa-

tisme en plus. " ' ' > r * Il ? t 1 d ., - Il

1. "»< T">- , . ? >, ."> ,r V), - vf· m ft. «-> -t ,, '

Cê'qûê;pt'ôduit l'épilepsie n.apliartient;guère qu elle, car

l'a2olisme'iupeliéôlémén compliquer le délire chronique

n ? »qv|i b-1 innfn',1 i ? « 1 ? an-l ..S ? 11l"'<1 . Ml . ', . . ? tt

se présente avec des caractères le's' hallucinations

spéciales, le tremblement modifiant l'ensemble de la maladie,

qui'resto'Ia même.' On peut en dire autant de l'hystérie.

ï 'M\ '< ? »^(|.ilt* Ivc,1\W fC4lV ? lv9y'NW , «i'<»i "»

En résumé, le délire chronique, quel qu'il soit, ou que

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 181

··rt P

d'autres états pathologiques se greffent sur lui, a une évolution

uniforme, caractéristique. Depuis les recherches de M. Magnan,

il a été nettement dégagé des autres formes delà vésanie, et, en

simplifiant le problème clinique, il a réalisé un progrès consi-

dérable dans l'étude de l'aliénation mentale. j Iti- ,1

, lu.

REVUE CRITIQUE , ' 1

1 14

LA SYNONYMIE DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES - "

DE Z 11, 1 1

Par P. KÉRAVAI.. 1

Médecin-adjoint des asiles de la Seine, m, t, '

Quiconque fait des recherches dans la bibliographie médicale

de la France et de l'étranger ne tarde,pas à s'apercevoir que,

malgré la clarté des Leçons do M. le professeur Charcot sur

l'anatomie des circonvolutions cérébrales', malgré la netteté

des indications d'Ecker, dans son mémoire', les auteurs de

tous pays ont, en bien des cas, confondu plusieurs circonvolu-

tions, sinon en fait, au moins par leurs noms, de. sorte que

souvent les symptômes qu'ils croient, par exemple, devoir attri-

buer au lobule pariétal supérieur, se rapportent, 0 d'après , les

termes employés, à lapariétalo ascendante. On conçoit qu'alors

les déductions qui semblent parfois constituer une exception à

la loi des localisations, se trouvent dénuées de fondement. La

cause en est à la multiplicité des dénominations ayant cours.

11 serait évidemment superflu de prétendre, sur ce point, re-

nouveler la tentative de réforme d ^ailleurs malheureuse^ de

Cliaussier, à l'égard de l'anatomie descriptive en général ; mais

il peut être utile dégrouper dans un seul mémoire les diverses

, ` .f '( orr .<* ! Ida 9'U il « tiio.»--5

1 Leçons sur les localisations dans les maladies du cerveau (Paris, 1878).

- n;c llinivindungen des Menichen, ]31@iiilz;m@icl ISç3.

'> 110 top, 'au ' .au O-* rtO -vnM» T ,'<'r ? t-'

182 ' REVUE CRITIQUE.

expressions qui désignent telle ou telle scissure, telle ou telle

circonvolution, et d'y joindre les remarques indispensables

pour mettre en relief les confusions graves, nées de pareilles

variétés verbales. Néanmoins, la brièveté dans les aperçus nous

paraît seule de mise ici. Lesschémas de Rielier forment d'ail-

leurs le meilleur plan sur'lequel on suive les rapprochements

terminologiques qui vont être consignés. Car il ne nous appar-

tient pas de reproduire des descriptions connues de tous; nous

signalerons simplement les particularités capables de servir de

guides au lecteur, ou de lui expliquer certaines expressions peu

communes. '

I. Face externe ET inférieure DE la convexité DU CER-

veau. - Nous n'avons pas à revenir sur les divisions de

iiurdach en lobe antérieur, lobe supérieur, lobe inférieur, que

personne ne 'songe à tirer de l'oubli. Celles d'Arnold, emprun-

tées aux rapports topographiques, entre les os du crâne et les

circonvolutionS'incluses dans la cavité crânienne sont, on le

sait, aujourd'hui les seules adoptées. Elles ont leur raison d'être

intrinsèque dans la direction et l'intrication des trois scissures

suivantes : r w ,

,. t.,...» ? jriM . -f ,< I

10 La scissure de Sylvius (Broca, Charcot);

f Synonymie : Grande, scissure inlerlobaire, de Chaussier ; Fis-

stlra lnteral is (Henle) ; rissu·a sive fossa Sloü (Ecker) ; li'is-

sura o f S ? lvius,(Turner. 1 errier). ^

L'accord entre les termes est assez complet. L'expression de

fosse sylvienne, qui,pourrait paraître impropre, correspond à

l'état embryogénique de la scissure. Pendant la vie foetale, en

,,effet, il est une, période, pu, elle forme une véritable fosse. Et.

.du reste, mêmesurun cerveau parfait, le début de cette scis-

sure à la base, c est-à-dire à l'union du tiers antérieur avec

les cieux tiers postérieurs des.hémisphères en cette région, est

représenté, non plus par une fente, mais par une dépression

assez large. C'est cet endroit que'Broca' avait désigné sous le

nom de vallée de Sylvius, vallecula'Slvü; alors que d'autres

anatomistes se'contentaient de l'expression de' T oilc de la ,spis-

sure cle Slvius (Biscboll. 1-1 ? -, ? 1 1 ' . ? 1

Sans vouloir en suivre pas à pas le trajet; nous rappellerons

1 Feuilles d'autopsie de la Salpê/rière, 2e (lit., 1881. 1. l.,u ,11

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 183

qu'elle devient plus étroite, à mesure qu'elle s'éloignopde 0 son

origine, et qu'au niveau de la convexité, elle se coude en. deux

rameaux. L'un, antérieur, petit, monte vers- le lobe,'frontal

(rameau antérieur ascendant); l'autre, postérieur, bien iplus

long, gagne la partie moyenne du lobe pariétal (rameau posté-

rieur, horizontal, grande branché). Ces deux rameaux forment

un Y, ouvert en arrière et en haut, entre les-bras duqucli-est

l'opercule. Seliwall)e 1 en distingue un troisième,'(très petit,

qui constitue, en réalité, la continuation du long rameau pos-

térieur dans le lobe frontal : figuré partout, icejrameaua n'est

nulle part l'objet de l'attention ; Schwalbe l'appelle : '.rameau

antérieur horizontal.

2° La scissure de lîolando (heuret) : T : loi . '

Synonymie : Scissura di Rolando (Giâcomini) ; Sulcus cen-

ir·alis (>Jcl : er,Iuscllle); Cecztxal/'urr.lte(Huslnl;e,Ecl : er) ; Fissacra

transverse anlerior (Pansch) ; Posleroparielal sulcus (Huxley).

' ' ,t..t .jt)J. lu- 4*

Nous insisterons sur les deux dernières dénominations enre-

gistrées, qui pourraient induire en erreur- très i facilement un

esprit non prévenu. Tout le monde connaît le siHon'de Rolando,

tout le monde sait que les auteurs allemands le considèrent

comme marquant le centre de la convexité, projetée sur une

surface, maison n'y saurait retrouver la source'de l'expression

transverse antérieure (cetverticale en' eût

mieux stéréotypé les allures),' encore' moins,1 celle, de postéro-

pariétale, puisque le sillon réside en avant du lobe pariétal.

T Scissure perpendiculaire externe (Gratiolet)." 1 ? s '

Synonymie : Pars superior sive' latéral/s' fissuroepqriélS-occi-

;)tM/<s' (Eeker) ; 0< ? poane<a/ fiss2t,e (Huxley); ' Fi»ssiti-e î)a-

21ét( ? Occipit'ale 'externe (Turner) ; '-Sillon occipital transverse' 'de

l3roca;Fc'sszcapéopéndiculâxis`'ôcci ? ilalis extéîzâ (Bis'chofP);

1 ? xleî,nal petl)eîi(Iiettlaî fissure (Marshall) ? Fissurâ occipilalis

ii la,is (II en 1 c);'Ff e;i 1 e's i' ? h iei ? ;i Oîp a lié (S li-Wal 1) e.)

' 1 1 1 l'n 4t1131 9( TRrr- ! il , for' ? (T9 ? °T(j'f

,Ccs noms s'appliquent assomme à l'extrémité supérieure et

f latérale de la-scissurepaiéto-occipitale qui, complète à la face

médianende l'hémisphère, sous le nom de scissure perpendicu-

laire interne (Gratiolet), est en haut et en dehors.réduite à une ? , simple encoche ? AussiEcker,a-t-il raison de.désigner le. tout

1 Lehrbuch der Neurologie, Er)ang'en,,18St.' V» v»1\pjmo'V> ,qvsa3q1

i 84 se REVUE CRITIQUE.

sous le titre générique de pariéto-occipital, et d'appliquer à la

portion médiane, comme à la portion latérale, les dénominations

respectives de Gratiolet. La scissure perpendiculaire externe,

rudimentaire chez l'homme, descend, chez le singe, jusqu'au-

près dulobe temporal, séparant ainsi nettement, à la convexité,

le lobe occipital des lobes pariétal et temporal. Il n'en est pas

ainsi chez l'homme. Pour obtenir cette division, il faut, par la

pensée, prolonger la scissure perpendiculaire externe, de façon

à ce qu'elle vienne rejoindre l'extrémité postéro supérieure du

premier sillon temporal, pour couper plus bas la limite posté-

rieure du deuxième sillon temporal.

Telles sont les trois scissures qui limitent les quatre lobes

frontal, pariétal, occipital, temporal. Etudions-en la face con-

vexe, latérale et inférieure, au point de vue de la synonymie.

A. Lobe frontal. : 11. Pozzi' fait à bon droit remarquer

que, dans le mémoire de Gratiolet (Plis cérébraux, etc.), le

lobe frontal ne comprend que les trois circonvolutions disposées

parallèlement en étage les unes au-dessus des autres, tandis que

le môme auteur, dans le deuxième volume de l'anatomie com-

parée du système nerveux, commencée par Leuret, désigne

sous ce nom les trois frontales que nous venons de signaler,

plus la frontale ascendante.

C'est aussi Gratiolet qui a, dans le lobe frontal, distingué une

partie inférieure, un peu concave, méritant, à raison de sa con-

tiguïté avec les voûtes orbitaires, le titre de LOBULE ORBITAIRE.

On l'a encore appelée portion orbitaire, étage inférieur

des circonvolutions frontales (Broca, Schwalbe). On y trouve

deux scissures :

La scissure olfactive, ou (Fig. 5), premier sillon orbitaire de

Broca, sorte degouttièrereetiligne, parallèle à la fente interhé-

misphérique, qui loge le nerf olfactif et son renflement.

La scissure orbitaire ou sulcus o,bitalis (Ecker) ; sillon cruci-

forme (solco crociforme) de Rolando; sillon irradiale, lilî,(I(li(ile

sulcus (Turner) ; sillon en Il, incisure en Il, de Broca.

NN'eissbacli a appliqué aux deux longues branchesantéro-pos-

térieures de ce sillon les épithètes de M/CMs /oH<<t«') ! a/ ? He<«6',

sulcus longiludinalis extemus, et à la courte raie qui les réunit

tranversalement celle de sulcus transversus.

11 est entendu que les sillons de la face orbitaire ne vont pas

,\i licle Cii-coîivoliiii211s, rln.Dir.fionrrnirr. Encyrtolrtirfrrc..

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES.

185

rejoindre ceux de la face convexe latérale, mais très souvent, '

dans la partie de substance nerveuse intermédiaire; existe un -

sillon transversal auquel aboutit fréquemment la scissure'front

tale supérieure. C'est le sillon froalo-nagual; de Wernicke.

Quoi qu'il en soit, en tout cas,, la démarcation, déterminée par le'

sillon fronto-marginal, n'est jamais tellement profonde qu'il n'y *

ait plus continuité entre la portion dorsale et la portion orbitaire v^

du lobe frontal (Pozzi, Ecker, Broca). Pozzi affirme quel toutes1

la partie du lobule orbitaire comprise entre son bordnnterne

et la branche interne du sillon orbitaire relève de la première

frontale. C'est dans cet espace que se trouve : o -mi- «<- «'A ,

1'i ? 5. Face inférieure. 1, scissure de Sylvius ;>-2, première scissure-

temporo occipitale ; 3, clemiume scissure temporo-occipitale. ,g .cor-

0, circowolntions 01'1)ittires ; R, gyrus recuis; T2, cit-coiivo-.

lution temporale; Ta, troisième circonvolution temporale; TOi, première

circonvolution temhoro-occyitalè, ou lobule fiisi forme;' TO-2,' deuxième '

cinconvolntion ;. temporo-occipitale, ou lobuletlinaal. " '>0'1 ' ('"l'"b> .. ".\,....

186 REVUE CRITIQUE.

Le g ! 12,i(s i-ecizis, limité en dehors par le sillon olfactif, en

dedans par la scissure interhémisphérique.

Synonymie : Gyrus orbilalis medialis (Pansch); Première

circonvolution orbitaire (Broca); Anterior part of llze greal

giiaîgiiîalgyî,tis(Ttirner); Gyrus orbilalis iîz tt>î,lus (M'ci ssba eli 1).

Tout le segment situé on dehors de la branche interne du

sillon orbitaire relève de la deuxième frontale (Pozzi). Certains

auteurs disent même, sans plus de façons, que tout ce qui est

en dehors du gyrus rectus appartient à la deuxième frontale;

ils ont réservé à cotte zone les termes de : =

Gyrus orbilalis médius dulobulusorbitalislateralis (Pansch).

Synonymie : Deuxième circonvolution orbitaire (Broca); In-

/e ? 'M/<Me;r ? H6 ! /y ? / ? '< ol ilie orbital lobule (Turncr); Gyrus

orbilalis exieî,22us et ? ? ? ediiis (Weissbacli).

Une incisure profonde sépare, en dehors, le lobule orbitaire

de la troisième frontale. Cette incisure termine en avant la

scissure surcilière.

La partie supérieure du lobe frontal correspond à la voûte du

frontal. De là les appellations de LOBULE frontal (Gratiolet),

LOBE FRONTAL PROPREMENT DIT.

Synonymie : Portion dorsale (Schwalbe) ; Portion frontale ou

étage supérieur (Broca).

On y rencontre la snssure parallèle frontale, de Pozzi. C'est

elle qui, parallèle à la scissure de Rolande, verticale par consé-

quent, prend naissance a la partie postérieure de la scissure

frontale inférieure, séparant en arrière le lobe frontal (troisième

et deuxième circonvolution) de la frontale ascendante. , ,

Synonymie : Sillon antéro-pariétal (Huxley); Sulcus proe-

centralis inferior (Schwalbe); Rameau descendant du sillon

frontal moyen (Pansch) ; Sulcus proecenlralis ou vertical (Ecker) ;

Sulcus iiiléro-fïo71al ('rurner); Sillon prxrolandique (Broca).

La scissure frontale inférieure ou qui limite en

haut le pli surcilicr de Gratiolet, part à angle'droit de la frontale

parallèle et décrit une courbe très accentuée qui va' rejoindre

en avant et en bas les bornes, du lobule orbitaire.El;e s'arrête

en avant à l'expansion de la deuxième frontale dans le. lobule

orbitaire., . ,* ; 1, 7 y , , t `1`1l ir o,

1 Die Supraorbitalmindungen îï2piischlicheii Gehirns. Wiener meclic.

J'aA;'& ! <cA ? ]87n. , ,, -i'h'i 9 iom 1

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 187

Synonymie : Sillon infero-frontal (Huxley) ; Sulcus frontalis

médius (Pansch) ; Deuxième sillon frontal (Broca); Sillon frort-

tal primaire (Pansch) ; Sulcus frontales inferior (Ecker).

La scissure frontale supérieure.

Synonymie : Premier sillon frontal (Broca), 6'M/)e ? 'n-/ ? 'oH<a/

sulcus (Huxley); Sulcus fi,oiiialis superior (Ecker, Pansch).

fournit, elle aussi, postérieurement un petit sillon parallèle,

vertical, parallèle au sillon de Rolando, qui mérite le nom de

sulcus pîoece2zt2,alis, ? 'oe;'o ? ? ? M styertô· (Sclmvalbe).

Il arrive parfois que lesdeux sillons précentraux serejoignent

et l'on observe alors, en arrière du lobe frontal propre (voy.

plus loin), sur les confins antérieurs de la frontale ascendante,

une ligne verticale limitante complète qui, partie du pied de

la troisième circonvolution frontale, scinde celui delà deuxième

et une partie de celui de la première. Tous les intermédiaires

se voient.

Tels sont les linéaments naturels qui tracentl'aire de chacune

des circonvolutions frontales.

a. Première circonvolution frontale ou supérieure (Ecker,

Pansch).

Synonymie : Etage frontal supérieur ou troisième et pli

de la zone externe, de Gratiolet; Première frontale externe;

Stipe2o-fi,o21tal gyrus (Huxley) ; Gyrus frontnlis superior, consti-

tuant à la face inférieure le gyrus rectus ou gyrus orbitalis me-

sialis de Pansch (Ecker); Première ou supérieure du groupe des

circonvolutions frontales . Erster oder obérer Stirnwindungszug

(Bischoff); Première frontale (Broca); Gyrus frontal tout (; fait

supérieur (Henle) ; Siipe2,ioi frontal gyrus (Turner) ; Troisième

frontale (Meynert).

' La dernière expression correspond à l'habitude prise par

beaucoup de savants allemands, de compter les circonvolutions

frontales de bas en haut, ainsi que le faisait Gratiolet (Voy.

Ruguenin1). 1 ,

· G. Seconde circonvolution frontale ? -i

1 Synonymie : Deuxième frontale externe; Etage frontal moyen

(Gratiolet); Medio-fronlal gyrus (IIuxley) ; Gyrus frontales me-

1 Anatomie des centres nerveux. Eilit. française de Relier et- Jlatliias-

Dnval, Paris, 1875. ' 1) - 1 «. ,»».

18q REVUE CRITIQUE.

dius sive sectcrzdus (Ecker, Pansch) ; Deuxième ou moyenne du

groupe des circonvolutions frontales. Zee ? ' oder mitllerer

Stir·rzzvticdungsug (BischofF); Circonvolution frontale dit mi-

lieu (Henle) ; Deuxième frontale (Broca) ; llliddle frontal gyrus

(Turner).

c. Troisième circonvolution frontale ou inférieure (Ecker,

Broca, Biscbofl.

Synonymie : Etage ou pli frontal inférieur.. Première du pli

surcilieo (Gratiolet) ; Première de Meynert; hife*i,o-f2,o ? ? Ial gy-iis

(Huxley); Circonvolution, de Broca (en Allemagne et en Angle-

terre) ; Gyrus frontal du dessous (Henle); Inferior frontal

gyrus (Turner).

A cheval sur la branche de bifurcation antérieure de la scis-

sure de Sylvius, où elle forme l'opercule (couvercle) du lobule

de l'insula, elle est divisée par cette branche en trois segments.

Deux appartiennent à la face dorsale; un serattacheà lafaceor-

bitaire. C'est le rameau horizontal antérieur de Schwalbe, qui

trace cette limite. La portion dorsale est nommée par Henle et

Iluschke, gyrus 12-ansilivtis. Elle est encore l'objet de la part du

rameau antérieur ascendant d'une scission en partie operculaire

(ascendante, postérieure), et en partie triangulaire ou cap de

Broca (descendante, antérieure).

B. Circonvolutions ascendantes. La netteté des résultats at-

teints par les pathologistes, représentés parJl. Charcotet l'école

de la Salpêtrière, rapprochée de la précision des études anato-

miques et physiologiques, justifie, croyons-nous, la création

d'un lobe à part. On est, par l'ensemble de ces motifs, autorisé,

à l'exemple d'Ecker, à détacher la frontale et la pariétale ascen-

dantes, ces deux circonvolutions verticales, réunies l'une à l'autre

sur la face plane de l'hémisphère, de leurs lobes respectifs. La

dénomination de lobe central a été formulée dans bien des

recueils. L'énumération suivante tient, au surplus, lieu d'une

description qui, actuellement, ne saurait être qu'une copie,

a. Frontale ascendante (Charcot).

Synonymie : Quatrième frontale ; Processi enteroidei vertical !

di mezzo (partie antérieure ; (Rolando); Premier pli ascendant

(Gratiolet); A ? il eio-,p a2, t'étal gyrus (Huxley, Foville) ; Ascending

1 oîilal gyrus (Turner) ; Gyrus central antérieur (Ecker, Henle) ;

Circonvolution transversale pariétale antérieure (Foville) ; Gyrus

Rolandicus anlerior (Pansch) ; Circonvolution proerolandique

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 189

(Broca) ; Circonvolution verticale antérieure de quelques auteurs ;

Gyrus anlecentralis ou antero-cenlralis.

b. Circonvolution pariétale ascendante (Charcot).

Synonymie : Première pariétale; Processi enteroidei verticali

cli mezzo (partie postérieure) (Rolando) ; Second pli' ascendant

(Gratiolet); Poslero-parielal gyrus (Huxley); Ascending pariétal

convolution (Turner); Gyrus centralis poster ior (Ecker) ; Circon-

volittioîz transverse médio-pariétale (Foville) ; Gyrus 2olaiidicits

posterior (Pansch) ; 6'yMspo< ? 'o/aK ! <;K. ! (Broca) ; Gyruspostcen-

Iralis ou poster o-centralis, 2,etî,oce)zt ? ,alis.

Cette circonvolution forme la lèvre postérieure du sillon de

Rolando. Elle naît au niveau du tiers postérieur de la scissure de

Sylvius. En bas et en arrière, près de cette origine, commence

le lobule pariétal inférieur d'Ecker, qui comprend, dans sa par-

tie antérieure contiguë à la pariétale ascendante, le lobule du pli

marginal supérieur de Gratiolet, et, plus en arrière, le pli courbe

du même auteur français. Quelques anatomistes disent qu'Ec-

kera réservé le nom de lobule pariétal inférieur exclusivement

à l'îlot adjacent au z delà pariétale ascendante.

C'est un tort. C'est Richer qui a plus spécialement consacré

cette désignation, due à l'Ecole de la Salpêtrière, afin d'éviter

les confusions.

C. Lobe pariétal.

a. LOBULE pariétal supérieur.

Synonymie : Lobule du deuxième pli ascendant (Gratiolet) ;

Gyrus pariétal supérieur (Pansch); Première circonvolution

pariétale (Broca); Lrste Scheilelbeinlappenswindung (R. Wa-

gner) ; Obérer Scheitelbei*21lal)peit(Husclil.e); Obère innere Schet-

le,97,uppe z Troisième temporale ou lobule temporal

supérieur d'Hugueuin (erreur typographique' ! lisez pariétal);

Ancienne seconde pariétale des Français, à l'époque où la parié-

tale ascendante, s'appelait première pariétale; Posieroparietal

lobule (Huxley, Turner).

L'expression finaie est des plus propres à provoquer une con-

fusion avec le gyrus postero-parietal (Huxley), qui désigne la

pariétale (ascendante. Monakow a commis cette faute (voy.

Cuarcot'jet Pitres,' Revue de médecine, 9883'). ·

, .. r .. t ..\ vren·,

z Etude, critique et clinique de la doctrine des localisations motrices

dans l'écorce des1 hémisphères céiébraw de l'homme. Mai-octobre 1883.

1 t0 REVUE CRITIQUE.

Les traits du tableau de cette zone sont fréquemment défi-

gurés par les plis de passages transversaux de Gromier, qui en

joignent la portion inférieure à l'îlot sous-jacent dont nous al-

lons parler. En tout cas, la queue du lobule pariétal supérieur

participe à la constitution du pli de passage externe qui, lors-

qu'il existe, unit le lobe pariétal au lobe occipital.

La scissiiî,e aialerpareélale (Ecker), doit fixer quelques instants

l'esprit de l'observateur. Connue sous les noms de sillon pariétal

(l3roca);Intraparietalssccre(`furner); ,Sulcxcsparietalis(l'anscb);

Sulcus occ ? p<7o-p<H' ! e/M (Schwalbe), elle part, en avant, du

bord postérieur de la pariétale ascendante et monte un peu

avant de décrire la courbe qui, comme on le verra plus loin,

coiffe le lobule supramarginal (Gratiolet). Cette partie ascen-

dante, parallèle au sillon de Rolando, avaitété, dans le principe,

appelée par Ecker, sulcus postcenlralis ; elle était le pendant de

sulcus frontal vertical, proecentralis, inferior. Aujourd'hui, on

réserve souvent ce nom à une branche ascendante, projetée par

le même tronçon (ramus ascendens, de Pansch), branche va-

riable, dont on trouve les vestiges sur bien des cerveaux, mais

à quelque distance du coude envisagé. La scissure interpa-

riétale se continue en arrière fréquemment dans le sillon occi-

pital transverse qui trouvera sa place ultérieurement; à ce ni-

veau, ou bien elle s'arrête, ou bien elle poursuit, sans interrup-

tion, sa marche dans le lit même du sillon occipital supérieur.

C'est dans ce dernier cas, que le terme de sulcus occipito-pa-

rietalis lui convient. Malheureusement, on l'a également attri-

bué à la scissure perpendiculaire (interne et externe) qui sépare

le lobe occipital du lobe pariétal; aussi devrait-on lui ajouter

une épithète appropriée, ou plutôt s'en défaire. ,

En résumé, la scissure interpariétale séparela ligne desreplis

pariétaux supérieurs de la ligne des replis pariétaux inférieurs.

Elle rattache la pariétale ascendante au lobe occipital, en pas-

sant au-dessus de l'extrémité postérieure de la grande branche

de la scissure de Sylvius, au-dessus également de l'extrémité

postéro-supérieure du premier sillon temporal (parallèle). Elle

est souvent interrompue par les plis de passage verticaux (de

Gromier), et horizontaux (Gratiolet), déjà mentionnés. C'est

pourquoi la régularité de la description est fréquemment toute

artificielle, et la terminologie revêt un aspect polymorphe ?

Qu'on en juge.

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 191

b.Loi3UI,P t'ARiÉTAL INFÉRIEUR (Ecker).La comparaison des

textes originaux d'Ecker de Charcot \ de Gratiolet3, de Pozzi*,

de Schwalbe3, et des figures annexées à chacun d'eux, ainsi

que des schémas de Richer6, permet de dégager les notions in-

discutables qui vont être exposées.

La série des replis qui nft au-dessous du lobule pariétal supé-

rieur, limitée en haut par la scissure interpariétale, a reçu d'Ecker

le nom collectif de lobule pariétal inférieur. Cette masse

est l'ancienne troisième pariétale des Français, dritle Scheitel-

/a/)en ? H«y, 6') ? t<.s'/)a)'te<a//s terlius inferior, de R. Wagner ;

Gyrus ae<n/ : s secunclus, de Scliwalbe.

Or, du sommet de la courbe de la scissure interpariétale

tombe un sillon vertical, généralement assez accentué (sulcus

iulerntetfitts, deJensen). Ce sillon scinde le lobule pariétal infé-

rieur entier en deux segments qui couronnent : l'un, l'extrémité

postérieure de la scissure de Sylvius, l'autre, l'extrémité posté-

ro-supérieure du sillon temporal parallèle (liig. G). Ce sont les

points de repère dont s'est servi M. Ecker pour, à l'exemple de

Gratiolet, diviser en deux îlots son lobule pariétal inférieur. Un

îlot antérieur, qui coiffe la scissure de Sylvius (pli marginal su-

périeur et lobule du pli marginal supérieur de Gratiolet), a été

appelé par lui lobule supramarginal. Unilot postérieur surmonte

la pointe de la scissure parallèle : c'est le pli courbe de Gratiolet

désigné par Ecker, sous le titre de gyrus angulaire (expression

d'Huxley), à raison dosa forme. Dans la classification d'Ecker,

par conséquent, le pli courbe est en arrière. Pour adjoindre,

sans s'écarter du plan de Gratiolet, une troisième appellation

à cet îlot postérieur, on serait en droit de penser que l'expres-

sion de lobule du pli courbe conviendrait le mieux, puisque

c'est là le pli courbe, et que Gratiolet avait déjà trouvé pour

l'îlot antérieur, supramarginal, la qualification succédanée de

lobule du pli marginal supérieur. Ainsi a pensé M. Richer,

tandis que il : Pozzi,- conservant sans doute le pli courbe en ar-

rière, baptisé du nom de lobule du pli courbe la zone antérieure.

Il,en résulte qu'aujourd'hui, selon qu'on suit la terminologie

de la Salpêtrière ou celle de M. Pozzi, le lobule du pli courbe

se place en arrière ou en avant. Pour peu donc, quand il s'agit

d'anatomie pathologique, qu'on ne soit pas aidé par un croquis,

on ne s'y reconnaît plus ou l'on confond de bonne foi ! Ces as-

sertions ont un exemple à l'appui' dans l'observation de

1 2 3 1 1 ô Loc. citât.

192 ) REVUE CRITIQUE.

M. Chauffard, relative à la cécité psychique (Revue de méde-

ez'ize, 1881) ; ici nous possédons une gravure qui nous montre

que l'altération rapportée atteint le lobule supra marginal (Ec-

ker), et une partie du lobule du pli courbe (Richer), en même

temps que. le texte nous prouve que M. Chauffard, en rédigeant,

avait dans l'esprit, tantôt le lobule du pli courbe de M. Pozzi,

tantôt le lobule du pli courbe de M. Richer. Que serait-il advenu

pour le lecteur, s'il eût été privé du dessin ? Ajoutons enfin

que M. Richer a remplacé le terme de lobule supramarginal

par celui de lobule pariétal inférieur ; celui-ci devient par suite

une fraction du lobule pariétal inférieur d'Ecker. Un résumé

sous forme de tableau de correspondance des termes et desdivi-

sions,.nous semble indispensable, en guise de corollaire.

Fiy G. -- Face externe. Hémisphère gauche. 1, scissure de Sylvius ; 2,

sillon de Rolando; 3, scissure iuterparü;tale; fi, scissure parallèle; i,

scissure perpendiculaire externe.

Fi, première circonvolution frontale ! ; F2, deuxième circonvolution fron-

tale ; F3 troisième circonvolution frontale; F", circowolutiou frontale

ascendante; circonvolution pariétale ascendante; P,, lobule pariétal

supérieur ; Pi, lobule pariétal inférieur; P, lobule du pli courbe; T,, pre-

mière circonvolution temporale; Tz, deuxième circonwlutiou teupoiale;

'l'3, troisième circonvolution temporale; 01, première circouvolutiou occi-

pitale; Os, deuxième circonvolution occipitale; Os, troisième circonvo-

lotion occipitale.

TABLEAU DES TERMES APPLIQUÉS A LA DENOMINATION DES DEUX SEGMENTS SOUS-JACENTS

S AU LOBULE PARIÉTAL SUPÉRIEUR

,p 1 J 4 , REVUE CRITIQUE.

Nous n'insisterons pas sur les plis de passage verticaux (de

Gromier), qui déforment, pour ainsi parler, le type. En se

reportant à la scissure de Sylvius et à la scissure temporale

parallèle comme points de repère, on parviendra toujours aies

éliminer et à se rendre compte de la complexité des régions

en chaque cas particulier.

D. Lobe occipital ? Chez l'homme, avons-nous dit, la

scissure perpendiculaire externe se réduit à une encoche. Par

conséquent, le lobe occipital continue sans interruption le

lobe pariétal, notamment au niveau du lobule pariétal supé-

rieur. Aussi, les uns, refusant aux circonvolutions de cette

partie de la région le nom de circonvolutions occipitales, les

regardent toutes comme des plis de passage du lobe pariétal aux

lobes occipital et temporal (Gratiolet), tandis que les autres

adoptent, de même que pour le lobe pariétal, un schéma

modèle, sans décrire les plis de passage. Une école intermé-

diaire aborde une description mixte; M. Pozzi consacre un

paragraphe spécial à deux circonvolutions de passage avant de

parler des trois circonvolutions occipitales classiques. Cette

façon de faire lui parait le plus en rapport avec les faits, avec

la constance'des^ organes en question. Nous l'imiterons afin

de ne rien oublier. Procédons de haut en bas.

' .mJ : fr

a. Première circonvolution de passage (Pozzi).

Synonymie. Premier pli de Graliolet.

En connexion, antérieurement avec le lobule pariétal supé-

rieur, postérieurement avec la première circonvolution occi-

pitale,,elle est limitée en bas par la scissure inter-pariétale, à

moins qu'il n'y ait des plis de passage transversaux de Gro-

,,mier., 31 ,

m b. Deuxième circonvolution de passage (Pozzi).

En connexion, avec le lobule du pli courbe (Richer), d'une

part, et, en arrière, avec les 2e et 3c occipitales, elle reçoit vers

.son milieu un pli de renforcement qui vient de la 2c tempo-

rale : aElle comprend le plus souvent trois plis : les deux pre-

miers issus du lobule du pli courbe (Richer), le dernier origi-

naire à la fois de ce lobule et de la première temporale.

c. Première circonvolution occipitale, supérieure, qui, d'après

, Pozzi, termine en,arrière le premier pli de passage. C'est celle

qui est figurée dans Ecker et Richer sous l'initiale 0'.

DES CIRCONVOLUTIONS CHKÉI ! RAH : : S. · 1JJ

Synonymie : Gyrus parieto-occipilalis medialis (Ecker; ; Pre-

mière circonvolution occipitale ou circonvolution occipitale supé-

rieure (Ecker) ; Pli occipital supérieur, pli de passage supérieur

externe (Gratiolet) ; Obérer Zug der hinleren Cerztraloizduugs

(en partie) (Huschke) ; First exlernal aî2 ? 2ecteizt gyrus (Huxley);

First bnidging annellent or Connecting gyrus (Turner) ; Obère

innere Sclieitelbogeizzvinduiig (Bischoir).

d. Première scissure occipitale longitudinale ou supérieure

(Pozzi). "' '"

Svnonymie : Sulcus occipilalis superior (Ecker).

' ' .

Elle continue, d'après Pozzi, la scissurejinter-pariétale en

séparant la première circonvolution de passage de la deuxième,

continue aussi, d'après Ecker, la scissure inter-pariétale , mais

sépare simplement la première circonvolution occipitale de la

deuxième. ^ .9 o

C'est à la partie antérieure de la première scissure occipitale

que se trouve la scissure occipitale trarzsverse (Pozzi)f ? 1

Synonymie : Sillon occipital postérieur ou ti,aizstîé7-se (Ecker).

C'est encore une scissure parallèle; placée vers le milieu du

lobe, elle a, en arrière d'elle, la première circonvolution occi-

pitale qui la contourne pour gagner la seconde du'mème nom.

Elle constitue la ligne d'arrêt de la première scissure occipi-

tale. Ecker l'appelle sillon simien parce qu'elle caractérise,

selon lui, cette région cheziesinge ; on ne confondra pas ce sil-

lon simien avec la scissure perpendiculaire externe.

e. Deuxième circonvolution occipitale ou moyenne (Pansch).

Synonymie : Pli occipital moyen et pli de passage externe

(Gratiolet) ; Circonvolution pariéto-occipilale latérale (Ecker) ;

Ziveite minière Hinterlappenwindung (Wagner) ? Hedz'o-ot·.ci-

1)ital and second exlernal anrzectent gyrus (Huxley) ; Hintere

oder dritle Sclaeilelbogenittiaduztg (Bis hofF). 1-, J-1,

Fait suite à la deuxième circonvolution de passage. et plus

spécialement à sa partie supérieure (l'ozzi).; Elle rest mar-

quée 0 2, dans Ecker et aanslRiéher.,L aludoi . ,a ^^ im

f. Deuxième scissure1 occipitale* longitudinale ou inférieure

k- (Pozzi). , , j. · .qASIS'J ? a^··3.o0tISt0'J' "19't91Sf9 ? 3 à

Synonymie : Sulctcs,tior.cipitalisal·lorzgitudtiralis médius

(Schwalbe). ">»-. ri- . ' ; ,'g. J2 uru

196 , REVUE CRITIQUE.

Schwalbe décrit encore à la pointe du lobe occipital un

troisième sulcus occipitalis longitudiaalis, également inferior,

qui manque très fréquemment du reste, et se confond, quand

il existe, avec la scissure précédente, pour aboutir au même

but; il sépare, comme la deuxième scissure, la deuxième cir-

convolution occipitale de la troisième.

g. Troisième circonvolution occipilale.

Synonymie : Gyrus teiiîl)o2,o-occipilalis (Ecker) ; Pli occipi-

tal inférieur, 3° et li.0 pli de passage externe (de Gratiolet) ;

Dritte untere Hinterlappenswindung (Wagner) ; Gyrus occipi-

talis inferior (Pansch).

Continue la partie inférieure de la deuxième circonvolution

de passage; cette partie étant elle-même empruntée au pli tem-

poral moyen, la troisième occipitale provient de la deuxième

temporale.

Toutes les circonvolutions occipitales et temporo-occipitales

se confondent, à l'extrémité postérieure (pôle occipital de

Broca, extrémité occipitale de Pansch) de l'hémisphère, par

l'intermédiaire d'une ou de plusieurs circonvolutions qui

s'arquent autour de la fourchette de la fissure calcarine, en

constituant le lobule extrême. Celui-ci, descend ensuite dans

le lobule fusiforme et dans le lobule lingual. Delà un ou deux

gyri descendentes ayant la forme générale d'un bourrelet mar-

ginal dirigé en avant (Ecker). Schwalbe ne fait, au surplus,

aucune différence entre le lobule extrême, et le gyrus des-

cendens. (Voy. la face interne du cerveau.)

E. Lobe temporal ou <6m(M'o-s/)/<eHoMa ? On lui considère

une extrémité temporale (Pansch) ou pôle temporal (Broca), par

opposition' avec l'extrémité postérieure fondue dans lest lobes

pariétal et occipital. Ce pôle antérieur est le lieu de convergence

des trois faces du lobe. E

1° La face supéro-externe se compose de haut en bas, de :

a. La première circonvolution temporale (Broca). -

Synonymie : Temporale supérieure (Ecker) ; Pli marginal

postérieur et inférieur (Gratiolet) ; Partie inférieure de la ci7--

convolution de l'enceinte (Fu ville) ; Gyrus lenaporalis superior

sive inframargizzalis (Huschke); Gyrus lemporalis prainus (Wa-

gner) ; Gyrus a ? îtei-o-leinpo ? ,al (1-luxle); Ei-ste ode7, aüssere obeî-e

Schldfenwindungsgruppe (BiscIiofT) ; Superior temporosphe-

noidal convolution (Turner). ' "

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 197

Située au-dessous de la scissure de Sylvius, elle se confond

avec la partie postérieure du lobule pariétal inférieur (Richer).

b.Lascissiiî,epa2,allèle (temporale) (Gratiolet, Ttirner,Cliarcot).

Synonymie : Sillon temporal supérieur ou premier (Ecker :

Bischoff); Sulcus temporalis (Pansch) ; Ante2o-ieînljoî,alis sulcus

(Huxley); Premier sillon temporal (Broca). > ~ , ib

Nous avons déjà signalé l'importance de ce sillon à propos de

la subdivision du lobule pariétal inférieur d'Ecker/10 ,.

c. La deuxième circonvolution temporale (Broca) ? 9 ` .

Synonymie : Circonvolution temporale moyenne (Wagner,

Huschke) ; Pli ternporalmoyen et partie desceradantedu pli courbe

(Gratiolet) ; Etage moyen du lobe ternpôro-sphézoi'dal(Gratiolet) ;

Gyrus temporalis médius (Ecker); Medio-temporal gyrus (Hux-

ley) ; Temporale inférieure (Pozzi).

d. Le sulcus temporalis médius (Ecker). ,

Synonymie : Fissure ? H/)o;'o-sjo/no ! </a (Huxley) ;)eM.z'te ? 7)C

sillon temporal (Broca) ; Posiero-temporal sulcus (Huxley).,

e. La troisième circonvolution temporale (Broca). ... ,

Synonymie : Gyrus temporalis ! 'H/e ? ' ! 0 (Ecker); Gyrus tem-

poralis tertz'2cs sive inferior (R. Wagner); Pli temporal inférieur

(Gratiolet); Inferior lemporo-sphenoïdal gyrus (Turner) ; Etage

inférieur du lobe <emo ? 'o-speMoa (Gratiolet).

Cette circonvolution n'est pas admise par M. Pozzi. Pourlui,

la deuxième temporale forme ordinairement une sorte de lo-

bule entre le pli marginal inférieur (première circonvolution

temporale), et les circonvolutions occipitales. De telle sorte

que la deuxième temporale devient dans sa terminologie une

temporale inférieure, l'étage inférieur de Gratiolet. Ce lobule,

dit-il, est le plus souvent dédoublé en deux plis secondaires à

la partie antérieure; mais il est d'habitude simple en arrière,

et plus ou moins distinct du lobe occipital.

C'est ici qu'il importe de poser les deux questions suivantes :

Qu'entend-on par sillon occipitale antérieur de'1 Wernicke ?

Qu'entend-on par z*nctst4îe pîeoccipitale de Scliwalbe ? 0%

D Il arrive souvent que. la seconde scissure temporale se décom-

. 1 ? c , W n1 '1, ) ;r,'c ? . , .

pose, en;zigszags morcelés : ' Dans^ce cas; la partie postérieure

de.cette, scissure devient, en avant du lobule occipital, un sillon

à part, comme on peut le voir dans une des figures de Richer

p .1 ' '

198 pu 2 ? . icrvus CRITIQUE.

(hémisphère droit). C'est lui qui a été nommé sillon occipital an-

térieur (V'erniclte). (h'ig.7.; En le prolongeant paria pensée in fé-

rieurement, on tombe sur une encoche qui représente l'incisure

préoccipitale de Schwalbe, et le rudiment du sillon préoccipital

de Meynert. Elle s'entre-croise parfois avec le deuxième sillon

temporal,' et constitue alors le fuî,cheeiconflitx de Jensen. Une

ligne élevée de cette incisure dans la direction du sillon occipi-

tal antérieur de Wernicke irait rejoindre la scissure perpendi-

culaire externe en séparant totalement le lobe occipital des lobes

pariétal et temporal. Elle passerait en avant du sillon occipital

transverse.

Il nous faut également ne point passersous silence les sillous

Fiy. 7. Fnce externe. Hémisphère droit. 1, scissure (Je Syl vins ; 2, sillon

de Z 3, scissure interpariétale; 4, scissure parallèle; 5, scissure

perpendiculaire externe .

Ft, première circonvolution frontale; F2, deuxième circonvolution fron-

tale; C3, troisième circonvolution frontale; Fa, circonvolution frontale

ascendante; Pa, circonvolution pariétale ascendante; Ps, lobule pariétal

supérieur; P lobule pariétal inférieur; Il-, lobule du pli courbe; T, pre-

mière circonvolution temporal ; Tu. deuxième circonvolution temporale;

"3, troisième circonvolution temporale; 0,, première circonvolution occi-

pitale; 0 ? deuxième circonvolution occipitale; 03, troisième circonvo-

lution occipitale. n ' e

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 199'') i

temporaux trazzsverses, qui, au nombre de deux à trois, occupent

la moitié postérieure du lobe temporal cachée dans ta'profon-

deur de la scissure de Sylvius. Ces sillons délimitent, deux,

trois ou quatre circonvolutions temporales transverses (Heschl).

Synonymes de pli de passage temporo-pariétal profond de

Broca, elles sont postérieures à l'insula et montent, en effet,

dans les régions pariétales. Heschl prétend que la circonvolu-

tion temporale transverse antérieure de ce groupe serait cons-

tante.

2° La face inféro-iaaterne du lobe temporal comprend :

a. La première scissure temporo-occapilale (Pozzi), ou sulcus

temporalis inferior sive tertius (Ecker).

Commune aux deux lobes, elle sépare la première circonvolu-

tion occipito-temporale de la troisième temporale. C'est à son

extrémité postérieure que correspond l'incisure préoccipitale,

de Scirwalbe (synonyme, sillon préoccipital de Meynert).

b. La première circonvolution temporo-occipitale.

Synonymie : Gyrus occipito-tempoî-alis late7·alis (Pansch) ;

7M<eraMSse/'e)' Rintei,hatiptsîvi ? zdu ? zgszug (Bischoff) ; Lobule fu-

si forme (Huschke).

c. La seconde scissure temporo-occipitale (Pozzi).

Synonymie : Sulcuslongitudanalz'sizferior(Huschke); Suints

occipito-temporalis (Pansch) ; Sulcus occipito-temporalis inferior

(Ecker) ; Quatrième sillon temporal (Broca) ; Collatéral fissure

(Turner) ; Fissura collateralis sive temporalis inferior (Bischoff) ;

Fissura collatei-alis (Huxley). .

Elle est, en effet, collatérale par rapport au renflement delà

corne inférieure du ventricule latéral (éminence 'de MeckelJ. -

Parallèle dans sa moitié antérieure à la grande fente cérébrale

de Bichat, dans sa moitié postérieure à la scissure des' hippo-

campes, elle sépare la première circonvolution occipito-témpor

rale de la deuxième.

Ilfaut éviter de l'appeler sulcus temporalis inferior (Bischofl),

sinon comment la distinguerait-on du sulcus temporalis infe-

rior d'Ecker, c'est-à-dire de la première scissure temporo-occi-

pitale. 1 . " ,

d. La seconde circonvolution lemporo-occepitale.

Synonymie : 6')/nMOcco-/6w/M)'< ? //x medialis (Pansch)

200 REVUE DE PATHOLOGE MENTALE.

Unterinnere Hinterhauptswindungsgruppe (Bischoff) ; Circon-

volution à crochet ou pli icnci forme (de Vicq d'Azyr) ; Lobule

lingual (Huschke).

Comme elle participe, en avant, à la formation du gyrus hip-

pocampi, dont le pli unciforme est une portion, ainsi que nous

le verrons plus loin, M. Pozzi la confond, de même que Vicq

d'Azyr, avec le pli unciforme. Il est vrai qu'elle prend part à la

formation de ces tractus, qu'elle constitue indubitablement,

dans sa partie postérieure, la lèvre inférieure de la scissure des

hippocampes. Nous en reparlerons à la face interne des hémis-

ohères. (A suivre.)

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XVI. Du RÔLE DE L\ PROSPÉRITÉ ET DE L'ADVERSITE CONSIDÉRÉES

comme causes ce la folie; par Cttru.w. (Journal of mental

Science, juillet 188 ? , p. 989.)

Il y a quelques années, un aliéniste anglais, le Dr Yellowlees,

s'appuyant sur des faits qui paraissaient lui donner raison, émet-

lait cette opinion, passablement singulière, et que rien, croyons-

nous, n'est venu confirmer depuis, que l'adversité est favorable à

la stabilité mentale; bien entendu, il tenait également pour vraie

la réciproque de cette proposition.

M. Chapman s'est attaché à montrer dans ce travail que, con-

trairement à l'opinion que nous venons de rappeler, les cas aigus

de folie diminuent à mesure que la prospérité augmente; il a tou-

tefois limité ses études à une classe sociale particulière, la classe

agricole, et à une forme spéciale de la prospérité. l'aisance pécu-

niaire ; il fait remarquer aussi que les cas dans lesquels cette ai-

sance parait prendre le caractère prophylactique le plus marqué

sont ceux où une augmentation de salaire, une amélioration de

la modeste récolte, écartent du paysan le besoin ou l'indigence,

dont il demeure pourtant encore bien voisin. Il semble en effet,

bien que cette opinion ne soit pas formulée dans l'article, que

'auteur admettrait sans peine qu'un excès de prospérité cesserait

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '3l)f

de jouer à l'égard de l'aliénation, le rôle protecteur de la simple

aisance. Dans les limites qui viennent d'être précisées, M. Chap-

man a pu s'assurer, par une judicieuse comparaison desstatistiques

des asiles et-des statistiques agricoles, qu'à la prospérité agricole

se lie une diminution du nombre des cas de folie, et qu'avec cette

diminution coïncide aussi un abaissement du taux de la mortalité,

en sorte que l'on voit se relever parallèlement la santé somatique

et la santé mentale. R. M. C.

XVII. Paralysie et aphasie congénitale chez un idiot ; atrophie des

circonvolutions; par James SffAW. (Journal of mental Science,

juillet 1882, p. 210.)

Il s'agit d'un cas où l'on constatait une hémiplégie droite presque

complète, de l'aphasie, une monoplégie crurale gauche, l'absence

de tout instinct sexuel, et l'abolition du pouvoir locomoteur; la

vision et l'audition élaientconservées et, en apparence, normales;

la faculté de mouvoir librement les yeux dans toutes les directions

était intacte.

Les principaux faits constatés à l'autopsie sont les suivants :

atrophie extrême de la circonvolution pariétale ascendante

gauche; atrophie ou arrêt de développement, de la frontale infé-

rieure gauche; atrophie d'une portion de la pariétale ascendante

droite; développement considérable, et même relativement, très

considérable du cervelet. R. M. C.

XVIII. Sur la décoration et le mobilier des asiles;

parA.-R. URQHUART. (Journal of menlal Science, juillet 1882, p. 167.)

L'auteur, qui dirige en Angleterre un asile important, s'est plu

à donner dans cet article des renseignements très détaillés sur la

façon dont il entend la décoration et l'ameublement des asiles

d'aliénés. Il ne croit pas, et il faut l'en féliciter, quele mé-

decin qui dirige un établissement d'aliénés ait le droit de béné-

ficier du vieil adage romain : « De minimi, non curât p ! 'a;<0 ! ')',

et ceux de ses collègues de France qui pourront lire cet article

(impossible à analyser en raison même des questions de détail

qu'il traite) y trouveront assurément de sages conseils et d'utiles

indications, R. M. C.

XIX. Sur la pathologie de la paralysie générale; par Joseph 1'I-

CLESWOIITU. (Journal of mental Science, janvier 1883, p. 41;i.)

Le point principal sur lequel l'auteur se propose d'insister dans

ce travail c'est le grand développement de la névroglie (cellules et

-02 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

fibres tout a la fois) ; en effet, il n'a rencontré aucun cas de para-

lysie générale où ce développement ne se soit montré à un degré

très accusé, bien que variable suivant les cas, Ainsi qu'on devait

le prévoir, l'hyperplasie de la névroglie est surtout marquée dans

les régions où ce tissu est particulièrement abondant à l'état nor-

mal, c'est-à-dire dans la-première couche corticale, et dans la

couche de cellules fusiformes située au-dessous de la cinquième

couche. ·

En comparant une série de douze coupes de la substance corti-

cale chez des paralytiques généraux et une série de douze autres

coupes de la même substance chez des sujets atteints d'autres

affections mentales variées, l'auteur s'est assuré que l'hyperplasie

du tissu connectif existait à un degré plus ou moins marqué dans

tous les cas de la première série, tandis qu'elle faisait absolument

défaut dans tous les cas de laseconde.

Sans suivre l'auteur dans tous les détails de son argumentation,

nous reproduirons ici sa conclusion finale qui estla suivante : «La

conclusion à laquelle on arrive finalement, c'est que la paralysie

générale est une inflammation interstitielle vraie du cerveau, à

marche subaiguë ou chronique ; qu'elle est en somme une véri-

table cirrhose du cerveau, en tout comparable à la cirrhose des

autres organes, à celle du foie par exemple; ou, en d'autres

termes, que l'hyperplasie du tissu connectif est l'élément primi-

tif de la maladie, et que les cellules nerveuses ne sont atteintes

que consécutivement. »

M. Wiglesworth n'ignore pas que cette manière de voir n'est

pas nouvelle, bien qu'il ait trouvé jusqu'ici peu de partisans en An-

gleterre ; il sait qu'elle est partagée par Rokitansky notamment,

et par d'autres pathologistes ; mais arrivé à cette conclusion à la

suite de recherches absolument indépendantes, il a pensé qu'il ne

ferait pas oeuvre tout à fait inutile en publiant ce travail. ter-

mine par quelques considérations sur l'accord qui existe entre la

théorie qui vient d'être exposée et le tableau clinique de la para-

lysie générale. - R. M. C. r ' '

XX. Sur les effets de H. fièvre typhoïde chez les aliénés; vingt-

deux observations ; par C.-M. C.1'JiPItFf.L. -(Journal of mental

Science, juillet 1882, p. 212.)

Une petite épidémie de fièvre typhoïde qui a éclaté durant l'au-

tomne de 1881 dans l'asile du comté de, Durham, a fourni à

M. Campbell l'occasion d'étudier l'influence de cette maladie sur

lamarche de l'aliénation mentale. Lebâtiment affecté aux femmes

a seul été atteint, et vingt-sept cas ont été observés : cinq appar- ,

tenaient au personnel, et se sont terminés par la guérison. Sur .1

11·svinl deux nulles qui atteignaient des aliénés, il n'varu qu'un

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 303

ras de mort, par péritonite au vingtième jour, chez une malade

qui portait en outre depuis longtemps une affection mitrale.

Restent vingt et un cas à étudier : sept ont été graves, neuf de

moyenne intensité, cinq légers.

L'étude de ces vingt et un cas, au point de vue de l'influence de

la fièvre typhoïde sur l'affection mentale, a donné les résultats

suivants :

10 La marche de la convalescence mentale n'a reçu, chez les

deux malades atteints, aucune influence défavorable, de la maladie

intercurrente;

2° Dans un cas où il n'y avait eu, jusqu'à l'apparition de la

fièvre, aucune amélioration de l'état mental, l'amélioration a

commencé pendant le cours delà fièvre, et a marché de pair avec

la convalescence physiquejusqu'à une guérison définitive;

3° Chez une paralytique générale l'amélioration a commencé

durant la dernière période de la fièvre et a suffisamment pro-

gressé pour permettre la sortie de la malade ;

4° Dans deux cas, mais d'une façon particulièrement remar-

quable dans l'un d'eux, où le pronostic était devenu très défavo-

rable, la guérison mentale a commencé pendant la fièvre ty-

plioide ;

5" Une amélioration mentale très nette a été observée dans

deux cas; une amélioration légère dans deux autres cas ;

6° Dans les dix cas restants, où le pronostic était soit désespéré,

soit au moins très défavorable, l'état mental n'a été aucunement

influencé par la maladie intercurrente.

Deux cas sont particulièrement remarquables : dans l'un, la dé-

mence était si profonde, elle durait depuis si longtemps sans le

moindre indice d'amélioration que le cas était considéré comme dé-

sespéré ; néanmoins, il y a eu une amélioration marquée. Dans

l'autre, une amélioration fort sensible est venue pareillement dé-

mentir un très fâcheux pronostic.

S'il était permis de tirer des conclusions d'un nombre aussi

restreint de faits, on serait amené à penser que la fièvre typhoïde

exerce sur les affections mentales une influence favorable, sans

toutefois que l'on puisse se rendre compte avec quelque précision

du mécanisme de cette influence. , R. M. C.

XXI. DE l'occupation dans le traitement des maladies mentales

dans les classes supérieures ; par David Bower. (Journal of men-

Se ! C ! ! ee,juitteU88 ? p. 182.)

Frappé des bons résultats que donne, dans le traitement des

aliénés une occupation régulière, l'auteur s'est attaché à faire

bénéficier des mêmes avantages les malades des classes élevées.

11 déclare n'avoir rencontré que peu de résistance chez ses peu-

30t e REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

sionnaires; encore les malades, les plus réfractaires au premier

abord, ont-ils souvent renoncé d'eux-mêmes à toute résistance et

sont-ils venus spontanément réclamer l'occupation qu'ils avaient

repoussée; il en est ainsi surtout lorsque la régularité des occupa-

tions est devenue la règle de la maison, et que la contagion de

l'exemple se fait sentir. M. Bower a obtenu ainsi de très bons ré-

sultats, même chez des malades agités, qui auparavant passaient des

journées à crier ou à déchirer leurs vêtements. Il va sans dire qu'il

est impossible de déterminer à l'avance la nature des occupations

qu'il convient de donner aux malades des classes élevées; s'il est

quelques travaux à l'aide desquels on peut occuper indistinctement

la plus grande partie de ces malades, il y a grand avantage à uti-

liser à ce point de vue toutes les aptitudes individuelles; dans l'ap-

plication de cette méthode, il faut que l'initiative du médecin soit

aussi large que son ingéniosité doit être active. Aussi dans les pré-

ceptes qu'il formule, et dont nous donnons ci-dessous la traduc-

tion, l'auteur n'a d'autre but que d'indiquer les grandes lignes du

traitement :

« 4° Il ne faut jamais exiger d'un corps faible un travail phy-

sique excessif;

« 2° L'occupation que l'on donne aux malades des classes élevées

doit être soigneusement mise à l'abri du reproche de servilité;

« 3° Cette occupation doit être constamment variée, afin que le

malade ne vienne pas à s'en fatiguer. Ce précepte impose au mé-

decin-directeur un surcroît de peine et de sollicitude réfléchie,

mais il est indispensable au bon fonctionnement du système; et le

médecin d'asile privé, qui ne se sent pas décidé à accepter ce sur-

plus de travail, fera mieux de renoncer à l'application de cette

méthode ;

« 4° Non seulement il faut varier le travail des malades, mais il

faut multiplier pour, eux les récréations et les amusements, qu'ils

goûteront d'autant mieux que les intervalles auront été consacrés

au travail; -h i

« 5° Enfin, il faut que les malades aient une bonne et substan-

tielle alimentation, qu'il y ait de fréquentes réunions des pension-

maires dès deux sexes, que le travail soit chaque semaine coupé

par un congé ou deux demi-congés, et qu'à leurs heures de loisir

les malades soient admis à participer aux distractions et aux amu-

sements du monde. extérieur. ».' t ' t R. 111. C..l a

izs 1 ,; cn i-< ai ? i 1 ,1 l'Mflu i i

b aiIJ : DRUrY cas d'épilepsie liée a une tumeur cérébrale; par Herbert

a ii pz pACKER : v(Joürrial of n'zelilal Sciezce, octobre-488.) "

2ftIDI1·u· CP ni.6(Iu(.lrnV ? g rt -f.1 .W ·.n > amujjouuac

; Frcmier cas : 3 Fille de quinze ans. sur laquelle on n'a que peu

- de renseignements ;'parait avoir eu des attaques peu'fréquentes

''depuis lrois*anç.*A>')plusièurs" reprisés,' accidents pulmonaires à

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 205

forme congestive, avec température élevée; mauvais état général.

Elle est irritable, refuse les médicaments, parle d'une façon

peu intelligible, se plaint comme si elle souffrait dès qu'on la

remue. Elle a eu plusieurs attaques à l'asile; ces attaques sont très

violentes et s'accompagnent de mouvements très étendus; elle

tombe hors de son lit, et on a de la peine à l'empêcher de se bles-

ser. Trois jours avant sa mort, elle tombe dans le coma. Depuis

son entrée, elle gâtait.

A l'autopsie (soixante-huit heures après la mort), on trouve la

dure-mère un peu adhérente; une matière semi-purulente assez

abondante occupe le réseau de la pie-mère entre les circonvolu-

tions, surtout vers la base. L'ablation de l'encéphale laisseécouler

deux ou trois onces de liquide serni-purulent, venant de l'espace

sous-arachnoïdien.

Le tissu cérébral est ferme; à la base du cerveau, on voit une

membrane résistante, étendue sur l'espace interpédonculaire, et

au-dessous de cette membrane une tumeur, arrondie, revêtue

d'une mince capsule, molle, de couleur jaune pâle, partant du

lobe cérébral moyen droit, faisant saillie dans l'espace interpé-

donculaire, repoussant vers le dehors la partie adjacente du lobe

moyen, et déplaçant les nerfs, lacommissure et le traclus optiques,

la troisième paire et le pédoncule droit. La protubérance était un

peu repoussée vers la gauche, et le nerf de la quatrième paire lé-

gèrement comprimé.

Une coupe montre que le corps strié du côté droit est occupé et

gonflé par celte masse molle; la tumeur avait à peu près deux

pouces et demi de diamètre; elle était enveloppée d'une mince

capsule, et séparée de la couche optique et, en partie, de la corne

descendante du ventricule latéral, par de la substance cérébrale.

L'examen microscopique montra qu'il s'agissait d'un sarcome à

cellules arrondies, avec dégénérescence de la portion centrale.

Dc ! u;tti'm<;(;<fs. Homme de dix-neuf ans, atteint de manie épilep-

tique ; aurait eu depuis trois ans, lors de son entrée à l'asile, des

attaques avant et après lesquelles il se montre très violent et

accomplit inconsciemment des mouvements étendus (sauts par-

dessus des tables, des chaises, etc.).

Ason entrée on noiiiote aucune, paralysie motrice; au point de

vue mental, il est irritable, excitable, déraisonnable, incohérent;

il a perdu la mémoire; en dehors de l'état de mal, il est docile,

mais très susceptible. 11 a pendant plusieurs jours de, suite jusqu'à

vingt et trente attaques par jour ; puis il redescend jusqu'à une

seule attaque quotidienne mais, s'accompagnant de mouvements

très étendus, et suivie de jactitation très violente des membres ;

, ? dans un de ce; moments de violence, il s'est- fracturé - l'olé-

cranc. Bientôt les accès deviennent trop fréquents pour pouvoir

Mli REVUE DE l'.1'l'HUI.OVIt : JIIs\1.lLIs.

être comptés, c'est-à-dire que le malade plongé dans le coma est

pris toutes les cinq ou dix minutes d'un accès classique spas-

modique. C'est dans cet état qu'il succombe.

A l'autopsie (soixante-douze heures après la mort), on trouve la

dure-mère un peu adhérente; le tissu cérébral est ferme. A gauche,

dans la portion extra-veutriculairc du corps strié, et relativement

près de la hase, on trouve une tumeur, du volume d'une grosse

noix, globuleuse, entourée d'une capsule, de consistance ferme,

largement alimentée par des vaisseaux sanguins, et assez sem-

blable, au point de vue de la couleur et de la consistance, à la

substance corticale du rein. R. ill. G.

XXIII. L'oiTUSION XHnHUhK (ici-cozis (LCtIIaCSx) Ar; POINT DE VUE Y ! ! 1'-

SIQUE ET MOI\\L; SON lul'UIt'C.\NCE ItFL.\TIVEllE\T.1 L1 PEINE CAPITALE ;

par W. Henry Kesteven. (Journal of mental Science, juillet )88 ?

p. 1 17.)

L'état particulier que l'auteur désigne par ces mots « Nervous

dulness », mots que nous avons conscience de ne traduire que très

imparfaitement par l'expression « obtusion nerveuse», est un état t

plus aisé à décrire qu'à resumeren une définition précise. Ce n'est

pas, à proprement parler, une maladie, bien qu'une maladie

puisse en être la cause; c'est le plus souvent sans doute un état

congénital, résultant d'un mode vicieux ou incomplet de dévelop-

pement du tissu nerveux. Anatomiquement, rien ne différencie le

le tissu nerveux de ces « obtus » du tissu nerveux des sujets nor-

maux ; et l'auteur est amené à conclure que ce n'est point la quan-

tité, mais la qualité de la substance nerveuse qui est imparfaite.

De pareilles modifications demeurent inaccessibles à nos procédés

actuels de recherche; mais si l'on admet cette théorie, aujour-

d'hui acceptée par beaucoup, que la force nerveuse n'est qu'une

modification spéciale du mouvement, on pourra concevoir l'état

dont il s'agit comme résultant d'une sorte de viscosité des molé-

cules constituantes de la substance nerveuse.

Lorsqu'il est congénital, cet état peut être héréditaire; lorsqu'il

estacquis, il peut être dû, soit à une influence pathologique, soit

à des habitudes vicieuses, personnelles^ ou ancestrales; quoi qu'il

en soit,, ces malades n'attirent souvent l'attention par aucune infé-

riorité intellectuelle; quelques-uns même passent pour intelli-

gents; ils raisonnent juste, ne paraissent nuisibles ni aux autres

niàcux-memeSj et sont cependant capables, le cas échéant, de

faire lejiial sans savoir, que ce. qu'ils font est mal. L'explication

que donne M. Kesteven de ces faits est la suivante : «-Ils sont ab-

solument insensibles à ces .fines vibrations subsidiaires des pro-

cessus mentaux qui,se retrouvent au fond de toute pensée, de

toute opération mentale.. Agissent-ils mal, c'est qu'ils n'ont au-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 07

cune conscience de ces stimulations plus douces, qui influent sur

les autres hommes, et qui, s'il les eussent senties, auraient corrigé,

ou au moins tenu en échec leur tendance à mal faire».

Si cette obtusion atteint surtout la portion du tissu nerveux qui

est affectée aux opérations mentales, le danger est éventuel, mais

réel; en effet, tant que le sujet vivra dans des conditions telles qu'il

n'ait besoin de faire appel nivaux sentiments, ni aux pensées con-

sécutives dont il est incapable, sa conduite sera normale; mais,

que ces éléments, qui lui manquent, viennent à lui devenir sou-

dainement nécessaires, et l'homme raisonnable de tout à l'heure

devient, sans transition, insconscient par imperfection : en d'autres

termes, fou et irresponsable.

Au point de vue médico-légal, de pareils états nerveux ont une

importance de premier ordre : sans rechercher si l'obtusion in-

tellectuelle dont paraitrait atteint un criminel est héréditaire ou

personnelle, et dans ce dernier cas, s'il ne l'a pas préparée et ac-

quise par des habitudes vicieuses, une première difficulté, bien plus

insurmontable, arrête au seuil de la question le magistrat et l'ex-

pert ; c'est que, l'accusé n'ayant jamais donné de signes d'aliéna-

tion, ils n'ont l'un et l'autre d'autre document que l'affirmation du

prévenu, qui déclare avoir été inconscient du caractère criminel

de l'acte commis.

Il suffit que de pareils états cérébraux existent, et que leur pos-

sibilité soit reconnue, pour que le législateur y trouve un argu-

ment bien puissant contre la peine capitale. Et l'auteur sachant

bien qu'on va lui reprocher de voir désormais des fous partout et

des criminels nulle part, ne pressent l'objection que pour s'incli-

ner devant elle : « Assurément, dit-il, au point de vue psycholo-

gique, tout crime est une folie... Le critérium grossier dont se

contente la loi pour déterminer ' si un homme est ou non sain

d'esprit, ce critérium qui consiste à rechercher si le criminel a eu

ou n'a pas eu conscience de la criminalité de l'acte, est insuffisant,

et son insuffisance est admise par tout le monde. Si tous les

crimes étaient regardés comme des actes de folie, on adopterait à

l'égard du crime une méthode plus rationnelle, et l'on chercherait

non pas à le punir, mais à' l'empêcher ; or/ce dernier résultat est

précisément celui que le châtiment, capital ou non, est impuissant

à atteindre. Il faut faire pour le crime ce que l'on fait pour la

folie : mettre le criminel dans l'impossibilité de commettre un nôu-

veau crime : on peut sûrement'y'réussir sans' lui- ôter' la vie. i)

a ! L'auteur ajoute un'peu plus' loin que pour réaliser une' pareille ré-

(,,forme, il ne faudi'ait'Iienmoins'assurément qüé la reconstitution

- ' sur de nouvelles bases déboutes les prisons et de tous les asiles d'a-

liénés ; mais nous ne sommes pas'du tout sûr,' dit-il en terminant,

qu'une reconstitution de ces établissements ne soit pas précisément

l'une' des meilleures choses que'l'on puisse souhaiter. » li 111.·'C.

20S" REVUE/.DE. PATHOLOGIE' MENTALE. !

XXlVPUx cÂs'1D'ENb\RTÉRiTE,rtA'vEc'rFoûÈ 1 : T APILSiE,'pal' BICIII't'd

J 2. wnn I rrm I ' j >I1 ` f 7' p. '223.)' ' i

Jo ,adouci x9dud7 ub ,9JLIüDfI9D2f 9JIWIb yl pJ(1071 roUf If/noj'in i;t

~*'Cèttê longue et),intéressànterobservation ? sùivieîd'ùnlminutièux'

compte rëndûde'l'autôpsié`'üë ? `p`è`iIt=gilèié's'ââal3·'sètv;faüssi nôusq

bornerons-nous' à' résumer les remarquée que l'auteur 'y a âjolitées;'1

o11'v'tiôdâêrâ lèsr'symptômés'l'cliniques ? principaux utilementirap-8

proches des lésioiWanatômiques les' pi us importantes'. Ces remarques*

pbrtént'surtoùt's'ur trbisspoihtsVl 2S0 sn'toaooo Jusoq srn3cPlou a.1

' Le plus important' de'' ce's1'pbihts, c'est 1'i,inpôsslbilité"oiï se"1 trou-1

vait la malade 'de parler.' Cette aphasie1 n £ parâissait']iée/à' aucune1

absence sôit1'd'idée,nsoit,'J d'intelligence;' elle^ comprenait1' bien /ce1

qu'on'lui disâit;éssa%âitde"lilé d'liautë''voiŸ si'on'Ie Iui''deman-1

dait'^ef's'éflorçait'dé^sôn^mi'éux-, et'avèc'urie1 expression de physio-1'

nomieP mtelligenlé',pde' ? répondiV'Iauxu7{'uestidnsf'qû'o'n'lui'posaif';3

c'est'en1 s'6'mmoI'ë)émeht ataxique et'amnésique'qui semblait 'pré-'

domihërndâns cêtt'e'fôrmè 'd'apliâsiéV 11 pârâ^^cé'rtaih^qùe, l'atàxié'1

et là'^pàrôsiè' des2rmuscles1 ^de^l'articulatiôn^jouaient1 un' rôle au !

moins pârliél' î3aif"s;lés tr6ûbles' ôbséuvé`s"dilrcûtédu langage"; èhj

effert ? Tl° cl'ahord la gravité des'troubles'du'langage variait'-propor ?

tionnëilomentà l'inténsité'de1 l'ataxie dont la'langue' était' atteinte;`1

etr aussi à l'intensité "de l'ataxie générale'; 2° la1 parole' était'lléhtej's

lâborieuseVelle7 procédait' parov explosion'» ;3°ale' langage ! élait'I

d'autant plus 'inarticulé' que la'lmalade'- faisait de plus vifs efforts'1

pour parler ; 4° elle était rarement capable de répéter un mot lors- : )

qu'on le lui demandait. A ces faits correspondait un état anormal

des cellules 'des'noyaux -d'origine de-la neuvième paire et de celles.

du corlius ileiitulunl dè la moelle. SuJkws *\o wmi.il uaa c n,.

Mais, eu outre, la malade disait souvent oui quand elle voulait

dire' non ? elle faisai t1 un signe' affirmatif- au 'lieu du"1 signe' négatif

qu'elle voulait faireet'réciprôquëment; ici l'intervention-d'ùné''

ataxierdés muscles de'1'articulation du 1üliâe-devienfinsuffisânte'-

pour expliquer les faits ;'on' voit' apparaître' l'élément amnésique, ! )

une forme de^défectuôsité de la mémôirepâr incoordination,' forme*

dans' laquelle là malade' oublié 'les motspropres'1'expression'de-'

sa'pensôè, et n'â^pas' Ià,rcbns'ciëïîce ! qu'il en emploie d'impropres ? 1

Ceci correspond à'des' lésions de's''circonvolutions frontales; et. en i

effet'bn constatait" nettement que là circonvolution1 la plus'alleinte'j

étâit'cellé,de'Broca.r''cn sotss lans-- °Z91lUT sa oiip -'1031 !

'Le'second' point est' relatif a la'présence d'une'sclérose miiiairet

dans'le 's3stème-cérébro-spinal. llëstà· remarquer : ! J0que 'les''

plaquesMe 'sclérose étaient nombreuses et distinctes sur des coupes»

qui n'avaient'subi l'action de l'alcool que'pendant trente heuresau^

plus; 2° qu'aucune trace de sclérosé miliairé n'a pu' être constatée'.

ni dans lecorps strié; ni dans laT moelle' allongée,"ni dans la ré- «

gibn cervicale delà moelle,' bien que des coupes prises dans- ces-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 209

régions aient subi l'action de l'alcool pendant exactement le même

temps et exactement dans les mêmes conditions que les coupes de

la circonvolution frontale droite ascendante, du vertex gauche, et

de diverses autres portions du cerveau et de la moelle qui étaient

parsemées d'îlots plus ou moins rapprochés de cette lésion; 3" que

les îlots étaient aussi nottementvisiblessurles coupes qui n'avaient

subi que peu de temps l'action durcissante de l'acide chroinique

que sur celles qui y avaient été exposées plus longtemps.

Le troisième point concerne des petits corps, que l'auteur croit

n'avoir pas été décrits jusqu'ici; ces petits corps, ronds, d'un dia-

mètre maximum de I/ ? 00 de pouce, fortement colorés par le car-

min se rencontraient dans les lobes frontaux, mais surtout dans la

partie postérieure de la troisième circonvolution frontale gauche;

ils occupaient les couches les plus profondes de la substance grise

et la substance blanche immédiatement située au-dessous. Ils

étaient nombreux ; les plus gros présentaient un contour inégal,

un aspect mûriforme et se composaient évidemment de plusieurs

petits corps identiques aux corpuscules amyloïdes, et qui n'étaient

peut-être que ces corpuscules même. Ces agrégats corpusculaires

étaient toujours au voisinage d'un vaisseau. Ils ont été examinés

par M. Batty Tuke, qui ne se souvient pas d'en avoir observé de

semblables. Il est difficile de donner une théorie de leur origine.

Dans quelques cas, on inclinait à croire qu'ils occupaient la place

d'un vaisseau oblitéré et remplacé par une masse de noyaux ayant

proliféré. Id. 11f. C.

XXV. Le réflexe du genou D\NS L pahvlysië générale; par W. Ju-

uus IIlC6LE. (Journal of mental Science, octobre ,1882, p. 343.)

. a

L'auteur de ce mémoire, connu depuis longtemps par une série

d'intéressants travaux sur la paralysie générale, a étudié avec

soin l'état du réflexe du genou dans cette maladie; il constate

d'abord que ce réflexe peut être normal, exagéré, diminué, ou ab-

sent. Dans ses recherches, qui ont porté exclusivement sur des

hommes, il a trouvé que le groupe des cas dans lesquelsle réflexe

était normal et le groupe de. ceux où il manquait complètement ou

presque complètement dépassaient respectivement en nombre le

groupe des cas où le réflexe était nettement exagéré. 11 faut noter

encore que ce réflexe peut varier chez le même individu à diffé-

rentes périodes de la maladie; il s'en faut aussi qu'il soit toujours

égal aux deux membres ; il varie encore dans sa rapidité absolue^

et dans sa promptitude à' répondre à l'acte, qui- le-provoque; on

peut même quelquefois constater l'existence d'un réflexe, exagéré

dans son étendue, tout en étant tardif dans son apparition. Enfin,

l'activité des mouvements réflexes provoqués ( par. certaines im-

pressions superficielles, telles que le-' chatouillement ou le pinec-

Archives, t. VU1. li

2t0 REVÛE E FATHOLOGIE''DIE : VT11 : E.

210 REVUEJDE" PATHOLOGIE- MENTALE.

mot f 1; n11^ .Q^i o ? oosf.. ff 4r.foT.-T ? l c, J-mi ? i ? f,t

ment de la peau il est pas nécessairement en rapport^avec nnten-

1

sité du réflexe d(i çenou, ? "-l"l, 1 1 dit , , pi@ofoiid' k;b'

.fCI nl.··( ? .,n .. nr , .· n·(n m n o 1rm·l °t'

nelles,8 a'résume comme' il°suit les rapports qui existent entre l'état

du réflexe du genou et les principaux'faits ou symptômes qui se

- d iéflexe e du gendu et les p,iticipalix aits ou syiiipl mes qui se

1 , Im ? k- 1 rn ? J Gût z(Sliil 9tlJCJbG n^I 911n Jy ? l

rattachent . , à . la paralysie , générale : . , t 9( r (I r ( n , z ? ,'<*

1° Etiolonic. Dans le groupe ou le réflexe manque, c est 1 alcoo-

- lisiue qûi joûëlé rolé capital dâ'us l'étiôloië; lâ, s3=pliilis éntyévanf

I...i il. - i ? , l 1 1 ? ,. e ) i'd lu f

elle, lient une alacé çôusi(3eyavlé âa riint"de W e étiolo u'ue dans

nilrlrr^"1" fll ·1)y'ill ? t ? t°J ? Jt

1 e upe ou 1 on rencontre une exagération du reffexe.

2° Dysphasie. En considérant l'ensemble des cas, les troubles du

langage sont sensiblement égaux dans les deux groupes, peut-être

'cëpendantùn pëumoihs marqués''daus° te groûjie ôù le réflexe e

manque.q r ŸYbI 'I91v(,&t,9J5t : 1Su AJ)SC9Str \o h)i,'t.m 3« ) vif'

3° Attttqites (ipoplectifoi-î ? 2cs. Elles sont à peu près égales en fré-

quence et en intensité dans les deux groupes ; s'il y a une légère

j-nv ? «J'iill'f* ? ? ri,V'p h ,° .l.1 ? il' 'Uni tl> l'tlPjojll

différence, elle est au profit du groupe ouïe réflexe, manque ?

;,«f fl r tr -'r·h /IIy h F7Jl ' JI I nl a .1 .yll I 1ï 1 "l'ilT4)

. 4° Hémiparésie temporaire. Mie suit lorsqu elle n est passée

;b,n ? i'r.ii ,i,ii ie L\h ., ..3TÏJI jjii ji><4 j ? » * o..i ...n. iiMiii ni

à des phénomènes convulsifs - la même. règle que les, deux symp-

1 ' ., JJlaJlJUJJI .I ? n.W LW n.f C, 7· ? . 1 .n. "m P

tôiiies prcéde'iits., ? mnt 'grllj,)(;B 5,jvlj()jùi) ria,fi fin ; nia

. 11 ? "ic,'i anfj ? 9'jvnooàb ria'n ni nioz

t=5°-litcc ? zics,éhilepti'ôrmesll : jles,sont untpeunplus,fréquentes

dans le groupe où manque le réflexe ; en ? revanche, les attaques

,quasi- s3,neopales - ailalogue au petit mal de l'épilepsie vraie

ont été 6bserv^s,p £ esqqCj, exclusivement-, dans le groupe qui pré;

^V1ti1H ? ? P^'aSfÂil(lP.Ld ! lJ ! 'éfl ? -,fP-'qo'i.B 'iOB 1

exa,-eratioii,.du,l-éllexe.qo,r.r, Ioa

,{,6 ? E<af ! )t<ec<t(e<.,]l .est rtpeu .prèsl semblable, somme toute,

dans les deux groupes. (On peut,cependant mentionner que la ma-

nie et la démence étaient un peu plus marquées dans le groupe où

lesréuex.esétaiotit ,exagérés;'mais'peut-etret n'y4 a-t-il là qu'une

coïncidence, fortmte.)iqfn; ob jj3jà'i a ohnbcn Jz" ' "'s toi fil, 1 >

r,l"7o H'.tMMnn< ! 0) : s. PluSjMquentesidaus'Ie.groupooù' Io;i'6Hexe

fait défaut. zlto1161Ltfr,'In eu .inovrJC'o ,s ! norfJu9v

9t8 Incontialgiçeob'zcriate : En- considorantarensombles des cas,' on

trouve que, Ia,ma)propreté.ot longâtisme, les évacuations involon-

taires (surtout d'urine) soi montrent avec'plus dé fréquence, de pré-

cocité fit d'intensité, dans les cas où;le réflexe fait défaut ? io, ciz

9° Douleur. 'Les douleurs tant ? soit' peu' vives des' membres et' du

tronc.sont.plus fréquentes dans les cas'où'le rétIexemanquersJf

340°. Sensibilité tactile des* pieds. La perception"'des'sensations tac-

tiles jauiflied n'est l'objet d'aucune différence bien accusée ? 11 -si*1 s

"·4't° Sensibilité' et i' ecte » 1* ton ait piiie ei;zÎ2t d êxlrémilésl L'une et

i'autre'sdnt'ptus souvent dimihuéés'ou absentes'dans léscas'ôù le

réflexe fait défaût'qué`dhnsjceux où il est exagéré."0 ? 11"™13 <,Jis :

- '92°Réuctionc'nû'châtôûilleïtâént. Elle, est, un peu"'plus" souvent

absente ou anaiblie dans le groupe où le' réflexe est nul. ' ?

1;EVUDEP1'HOLOG1H IL11 ? 1LE. 21 t

-r^J ? ir Déut;yrc7 ? lu PSPS* ? Ai l'gsssepb4e c>ies cL s elle ^ 91JÎ9r

plus aayfo,rrlF,danslles èlayoùllg 'éfle.ve ,uaudue.D 9r.oll ? · t6

4 4° Pu»i/jes.,Lujprenaut 1 ensemble, ! des j cas, les. pupilles,, sont

pmsdttatees chez les, malades arl'etlexe.nulquochextessujetsa a

'c, ajjtmj ? r ? nj',1 GJ lVty Ial1 m feu. u l

t'uilexe exagère. (On trouve plus souvent 1 `pupillo, droite`Pus de-

laLée'Jque ]agautho'(Ians"los ^^'J^r^^.^^^^ô'qup

dans ceux où il manque.) . 19,m ? . r y L. -»-i nl

- ? < ? )7. °F

1o° Tiwt des.vcux.par rapport cc .la .lumière. Dans les cas où le

' ? <« ii" , ? iii ! Hir-1 ? .'iiai'i'fi^» i ? vRb ir.ii,.> ? ,.ioi jîjjur iu>7

retlexe est nri .1 irls`est un peu plus paresseux. , , , 1

ill'. 9 m 1 Im1 '.> : / SL.KIJijii )l,.111.'l«llJJIr.nu i .Mtrlq OHIJ Jt o1J rdu

16° Accommodation. Pas, de dillcrcnce marquée, entre les deux

groupes. , , ? J11U JrJUV.nI a ' f, 1. 11 n. ` (a`. 1U1,.1 ;, ! ? o ao.uuo'cJ f : 8[ seb aldmaana 1 Jii £ 19bis1109 d .mijnqïyjil °2

'' 'u-rr.asquon ru9fi zsl enFb xur's Jnsmsldrrrssa Jnoa 9· ? .r ,l

XXVI. UN CAS. UE, PAIlALYSlE.GÉNÉ)lALE,CUËZ,pNC,FKUMEpar, F< M.,Cp- ? ' O. ' Mil-, ,H -UJbi» "^ ? i/,Ii;111 cir ^J.*l . -j.,1" 71 tj uli ? f^

vv.vN. ( The Journal of mental Science, janvier 1884, p.S30.j ?

- r`' ,19 91w^ e^'ii ? 1 « r· 11(' "V^ ,")iw'\ ! 9n,\}'piiMfC

Observation, -1`inmè de trente-six ans, avant etefillê, publique,

f,m.t...T.,{ ,, n r j n ? , td 9 t G9` ? f',b'' ,H r,11;3A <f.,J'<'<') ? j'

mariée depuis, deux enfants; présente, tous les, symptômes delà

démence parah tique. Le début remonte, a deux .ans; il y a, eu, une

.p ? '* '' ? ii 1 t , «mvififiiii.A m/ II'" 'i.lt-l 5>' ,-

période maniaque d une grande violence, ainsi que les idées ordi-

naires de grandeur. La syphilis est recherchée avec le plus grand

soin; on n'en découvre aucune trace. Jamais d .attaques anopl.ee-,

tiquèsmi'*épileptiforniës. 'Faiblesse ? p7ogrèrsivé7* séjour au lit,

eschai-'esmarasme iftortî ; swlioi sl aupuiscn ? 3. 91 enj;b

Aiilopsic ? 'La,'pieimère,sé^déla ! clie'facilMiientf^aurs'iff]a,froi ? -

tale ascendante, les pariélales'l;tlleslôbuli3s' f ? âî'acen{ ? âûx ? Lés cir-

convolutions frontales sont atrophiées* ? léshsilldnï'qûi; : les1(Iépârènt

sont'élargis et contiennent5 'des veines dilaféest : Ui3e5rdéplé's§ioil'du

volume''d'une balle'de fusil occupe' lersommet;'du Iobu]e paraeen-

tral droit : oi ancb MOup'iBm zsllq ueq nu Jrrsir;3s ssrsora'sb ni J9 si

Le cereau-pèsés4;170Jgramntes; : sbni',tissu La

substance grise est réduite à l'état de sinlplé·I31üéllé sur' lés1 lobes

fronlaux.1 L'épend3·mcrlventriculairr,;aûrtoûC danIe ? quatriMNO

ventricule, est couvert de granulations..Juül3h Jici

toAn'microscope; au Diicuidc» 'trouver,' comme 'd'ordinâiré^desUé-

sions'de la névroglie; du tissùlôoiincc'tif cérébral ? ton trou ? o'Ia''në'

vroglie normale sa peine xiiieiégère'prùliférâtion'des'ripyaux^danl

six préparations) sur quarante). tLesi seu)e's''a]terati6t)sob'servëes

ont' leur. siège dans les cellules'merveuses el'da'nstlés vaisseaux'.

Les petitsivaisseaux- artériels sont atteints' d'eridartérite,"cn sorte

quejeur^calibr^est. notablement. réduit. ;De ? distanceV,en, distance,

à des intervalles .très réguliers; ta tunique.intQrne6fait sailiiejà l'iiir

téricur duayaisseau, lie^fa^oiijà^en, réduire, Je .çalibrç.au.tiersidu

clilibro'norjnal ? sans , jamais^tputefois ; 1,'pblitérer» complètement :

Cette diminutions, de, iorcuionrterieilea donliélieu à,nne

stase marquée et à une transsudalion,daus les espaces péricellu-

laüles ? d'otï atlôihié ef d,aintcq)i iô,n dèsrïolules. ^ sto s5r.izdE

212 REVUEDE;RATIioLOGIE;111ENTALE.

- 9L'éndartérite dans ce;cas était3elletd'oriine syphilitique, ? < L'au-

teur ne le pense pas^puisqueimalgré^d'allentives recherches, il ,11'a

pu trouver aucune traceide'syphilis.ju ? yucoi-zigs 8.R. -M^C. a9J

zsb ë9rIlB2 DIDI19 ab ÀJÔ9 è ,Ju91J3Jno89Tq .'z'snunr.w ? in9 ? èj9

XXYtf.'UK''C'.('5DË''GOITRE' 6Y01'nTn.\L11QU1%.1\'EC,ntwtc;pâr d ! C.aa-

zc`r.Ÿi.É JonNSTONE ? (T/ié'f Journal>'OfJ'mentuli Z 4884',

Jrr9 5l : taos 1,8eij .5lnllss J;(ansmAl4Ulraos 190Jjti|inai É'uyzu'i

.(armon JaJà'I ji'ifp Jnbbnocfc eutq ? Un'ésumé'des'etlexidns de 'l'auteur fera ressortir les points les

ptus'intéresjant.s'de'cett.e tr6s longueîobservationiii'ie ? . iia

J ? 1° Lé premier' pointià'noler/'c'esti que le, sujet de l'observation

est une femme'de'trenle-deux ansplmère de trois enfants,' n'ayant

éupanléi'ieurement''aucunoOnialadici|sérieuse,>maisjoriiyi7Jtiii'eitiîi/Ji

ilisti'ict°ôit''féo'r`ollrc`t cst 1 endéntirlue; 21[ y a a, lieurdesremarquer

ensuite l'ordre d'apparition des phénomènes;' cet ordre, en elfet,

n'cst',point'1celui'"que l'on 'observejhabituellementjichez la malade

dont il s'âpit^ce sont des vomissements violents qui ont ouvertla

marche; ensuite est venue l'hypertrophie du corps thyroïde, puis

l'oxôplithalmie,-1 et ? e)i' dernier lieu seulement les palpitations uer-

véuses; 3°lês trôzcLlés liseltiqztes ont élé'souveni'isignalés dans le

goitre exoph tlialrriulue ;i ils peuvent aller parfois jusqu'à' l'aliénation.

Chez cette malade, on notait de l'irritabilité, un caractère capri-

Viçux1, une excitabilité ! émotionnelle'' marquée,' 'des manifestations

'hysteriques,des,'alterha.tiYes d'excitation' et de dépression ; tous ces

symptômes se sont exagères 'au-1 pomf'de constituer-' uni casi de

ainaniè aiguë ;'4° ïà^marché^ullérieure `des symptômes a été ^la sui-

vanlé ? laJmalade'qui31,élàit8 dans0 un'i'élat 'aigu,'d,excilationcina-

"niaque1. àvec"é"ma1ciatibnet'épuisein'ent extrêmes,' et'qui présentait

Jtoïïs les symptôni'es'péniblbsI'de'lla maladie.de' Gravbs/s'estramé-

1 i ôréc^au" point que ia' manies'est'catméeque' tesforces et'Ia nu-

Urilibn Jse sfontBrelevécs, et que ler'goltre1èxophthalniique i'in'com-

ôn aurait pu' croire'la guérison proche'; mais après

rapparitio'ir'dé lFoubles ? m'otèurs'"et'"sénsorielsf' limités a1 gauche,

troubles'dont l'éxophthaliriié0 persistante s-;auche a'vaispiKfuire

. prévoir l'éventualité,' l'existence délésions`cérébralésgraves'.devint

nianifeste ? parmi 1es snzptômës séco> : duires lea Plus dijiies il'àt-

tention élâient'des'~sueurslprofuses'et soudainos^des- rougeurs'iin-

tenses et' uno"chalëuf 'Brûlante" à7 l'appeau',1 la tendance1' aux>< alfec-

tionsTutan'écYèir'le's 'troubles digestifs G° ^'l'autopsie', les*1 lésions

rles' plus remarquables-' étaient1 le' ramollissement' rouge des eircon-

vôlulïŸ'n's'dë l'liéwishhèretdroit; 11'état'dû sympathique et'du corps

*Yhyrordect )a'présencpd'un'thymus'v'd)uniineux) ainolinuq 91ofj

uL'rlii ? âniulli ? zriéntrouâ6`'érlvâliisiaif toute' la subslancctjcorticale

' des"dex tiërTa.htérieurs''d6 l'hémisphère droit et'quelqûes' circoîi-

- vôlutiôns seulement dtl : tiers postérieur. La'substance blanche était

Uiypérémiéé e t pbi ntillée ? 3 elî t'était'aussi du'côté gauche/ irais a

REVUEÏDE ^PATHOLOGIE .MENTALE. 213

un degré moindre ? La substance^ grise a-gauche,. étaiti assez, forte-

ment injectée ? mais 'ne présentait pasrdautre anomalie.31 sur uust

Les ganglions cervicaux supérieurs ! (qui, : malheureusement,'ont

été seuls examinés), présentaient, à côté de cellules saines, des

cellules plus ouimoins/pigmeiilées,qet. ,d;autresjégèremenatro-

phiées ;<lar masse a pigmentaire, souvent,trésinette, allait, parfois

jusqu'à remplacer complètement la cellule. Le tissu connectif était

plus abondant qu'à l'état normal.

sa;Le corps thyroïde est considérablement etiunisprmementhyper-

trophié; sa section- montre dans ilei lobe droit,quelqnes,l.3ïsteûde

la grosseur d'unipois, contenant ' unej, substance, blanche, cireuse,

colloïde. : Les" artères et' les. plexus veineuxuspnt;, volumineux. |La

capsuie'nhreuset et' ! e : tissm connectif sont.epaissis.AUj microscope

on constate'une hypertrophie) considérable, en. certains, points, 'ej

déf l'atrophiecdans d'autres.t9.<1 b 3'iXvio'l «.liu/iii

''bLe thymus lest remarquablementivolumineux, etdc, consistance

fermeio ttto iup ? .laolmv zJnsrus2zrmoV asb lrroz jo

31M'f .ibïmytt sq'mo ub solqonJ9qwI'I suas J ? 9 9HM8 r-ih-rcr- ' '

- XXVIH ? Uni C9SBESSEVBLA\T,ALA PAR1LYFIE générale ? t- .méningite

or SCI\'IE D'ÉP.INCÜEUEVT·DE3 LSIPfIR ETiDE PUS; par. J.,MANLEY..(T«e

nf Journal, of mental Science, janvier 4884,up.,tïl9,)i ? tiq,rY9liu :

- raci su ? fnr7rtmo,,<'uifotrtlnns`I 9h fiUon no ,"^r^^ ,11^ ? ^ ,,f"»

zn Observation. Homme de trente-six ans ; pas d'hérédité nerveuse

.ni tuberculeuse. [Renseignements très incerta.>ns]surjla duree^de la : maladie antérieurement ai son entrée, à, l'asile., Son, premier acte

- déraisonnabie consiste à. ,s,e croire, 1er propriétaire de biens qui.ne

-lui appartenaientrpas etjtSui;,Jesque)sjijexcrçaitJedroit' de'pro-

Jpriété pariidesc, plantations, des,, aménagements, , etc. *If était en

outrejnqu[et,je.xcite ; il fallait deux,hommes pour,. le, garder. - A

son/enlrée, ib'>a<des.ilidées11ncohérentes,l,ne veut pas 's'habiller,

soui)]esonIit;ii) a menace sa,,mère;,c est .ce qui a motive son în-

, '* - ,- ^ > ' 1 ,L ,

fternement. La parole est épaisse ; i/étatdeja.langue n éstgllsr idiqûé

au-'point de, vue duntremblement.|Souve'nt ? ilne' répond pas aux

.questions, et ne. paraît cpasisles, comprendre;. il. a l'air excité; il

,'n'est pas.soIider>sur sesrjambes.jBient(Jtyso,n excitation tombe, il

-s'affaiblit dé plus , en. plus et perd, tout, à. fait la, parole. Alite'par

- 'affaibHt de, p)usea. piuset perdtoutàfaiti

-faiblesse, il a promptement'des^eschares^tendues-.puis survient

-une série d'attaques epileptuormes^fL^malade^meurt.^ pqarl0|

enrAwiopsie ? Sur l'os frontal, pus. crémeux- l.ës1 ménibranes sont

-pâles; l'arachnoïde a évidemmept ét 1 sièôed' Lnél nflâymâtôn

paiguë ; elle est couverte d'm.Lmélangej.de., Iymplie : |m6lle^et de ma-

tièrepurulente qui .tendait à Lse-, frayer, ùnu' chemin par911,1nle

scrihlée.de l'ethmoïde, et qui, avait, creusé.Ja substance osseuse du

-frontal.. Par ;sa, couleur, etj,sa consistance, ^cet^ enduit, ressemble,

jsur les .circonvolutions, à uné,minçe-çoiclyliôpélt(tezn3Lnûs-

I sant la dure-mère, on donne, issue ait environ ,100, grammes de

; y rrm·rlrr .7tn,nrrmn., ;.rn atr·r·.r

214 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE ,

*

1 quide mêlé de pus. Le tissu cérébral,était de consistance peu u

i.i l .ion. >", -, .>' .K ? » .laji-ann'iiirmoisq) omonilari-.T «rrynè'ia

près normâleÿnlL9s p ? 9yr15'rf3tlhA xlJB,lfto'IÎ 2Jf101 It. M. G.J14 '

- 'it.«)jfta')H ? tni)iu/iM9;)na' ! affhAxnËJno')tMdot&8U93j,h[)a

f ! -fr'r.tf ? p ? p] ? f'),ff),)oh ? f ? J ? ?

'XIX. STVPTÛ\IGS 1fE\ C.1US précurseurs d une attaque D apoplexie;

ai, S.\ : 'aaE.'(JôIfrItnl bf mental' Sciènééfavril lss,f`P ? 90.) d

111) jj>jj4 jiiii u'71709J Z9UvCW O1J 2O otQ 29L 1lJblh ZJllill

s-,cLe sujet; ïïé^cértë1 observation1' est1 un hômme 'de''cinquante=cinq

ng 1 f 1..

ans,,mârié, outleü's,'âÿânt ûsé lârgement de ]a''vic"s'iins'c6m-

.

mettre d'excés, n a3 âit a'u'cun'6laS'ectiOti'c6nstituti ! fnne) ! e; et d'une

intelligence très au-dessus) delà moyenne.' D'abord tourmenté par

de. un ah);1 i)=seEp ! aint ! ensuit&)de)douIeursvnq-

'Yra]giques'occupant'snrtout.0e globe oculaireletspourllesrluelles.il

-consulte divet'smédec}ns : Puis>ib : devient - irritable,' émotifuet. sa

'mënloird ditiiinu6 ! iEtisuite surviennent des hallucinations de l'ouïe,

-sans' rien 'de 'terrifiant ! (sonuettes'entendueslla nuit; conversations,

id'ailléurs'tii'idilTéréhles ,' : critondues ? a dcsiidistancèsuinvraisom-

htdMesi'etc;), auxqucf ! csuccodent de6)ha))ucinat.ions de.l'odorat.

' En même temps il iilairit;rs'afl'aihlit;`etfinalément il est pris d'une

-attaque d'apoplexie 9afïectantîlcDcôlé'i"gauche ! C Les. mouvements

>convul ifi fti reji titrès iià 1 èats; Id (iiialàdè,,ii ci rèl) ri t.'j aiii ais con n ais-

asance;flet mdurutren n)oins'd)uneemaine ? 9t)iqu' ! .9JÛs emârn ire

991MisSavage»penseKque* dansoc6 : cas,llu3 ruptiiro'tarlérielle a 'été

précédée d'un trouble de la nutrition cérébrale, reconnaissant

prob'ablemdnttpour'càuse l'état atheromateùx (goutte) des artères

'de.1,1bas«é. An'ti'oub)0bdeia circulation à succédé une' altération de

.la nutrition qiii'a eupbui· résultait l'apparition successive dés di-

vë['seshanucinations.'sig'naiÉes)dans']'obsei'vation c)iniquertosoJ

euzzo6-uA .ao12snqmos >;1 6 IL01'rrfz 9«b f29 911lq0711;. 111^ C.nLynD

ssl Jno6 ,xuonurlulov osa 8 lu ovuoij no q4ffil-iqffloj oy's'1 et 3b

XXX. TnozslonsEn iTlO\ ? LST)f( T11,11);S OIIDI\.InESJD,Lr\P.\pILS'SiG GE-

yjJ 1l : It.ILE D.\\SL,IiCj155;11PÛ,J1E.S DOUTEUX )DAXSLAUTRE; SYMPTÔMES

,(- 1ÇÇ(7S1.S,,I1.1\Sl LA.TIloIIIVG;1P.\CIIYJIP\I(VGITE,.D.11S LI;S 1'It015 G1S;

y$nar,G,-IL;f3 : wy,l, ,(1'he, loutniul,oj,'lmet,(ql,f;i,c,Ias, janvier 1884,

p. I ? )ljb'1f01( uolïi ,9111U9 : ÿRl;2 `Jb 3luiri.)I)i ? flot) 9111115UIi sn-u

,,r.r ? .;>ra9D9b, un.iJroa. un, DJ79T l ètuooa JibJù'è fa9rnmoa

fin.,ij 5. ")Jpqf ')l 41uo : )àjfrj'k lflqffli-oa

Voici -le résume de ces trois observations : , , .

«xjiJlr'UUJ u.W, 11111ÿ11LC JIf'Jlil'fllJliby;l ,7L7flfo.n.. 9tiîr'0afn91 Ofaot

r ODr.,nya'riov11.1-IIOmme;de qinquantejiieuf ans,, célibataire ;.un

aliéne, dans la faniille ? pas d',idéj3s del-suiçiçle; dangereuy pour hjs

éàüîre ? «E ? cité«.-i ? olii-ont, .idées, de ,ran doui ? L4qe les gardiens

et Je ? rualades,qsaps poti ? malpl'ôprelt3lessur duéuir,,çlfc;'clu

(avec lésion osseuse ? ) il y a sept ans. Début de la maladie, il y a

'quatrp'mbis. Pupilles égales.1 Parole lente, parfois 'hésitante pour

', U ? 1" 1 l,h ? n" P ? I', ,« ''fl.lil ? fj l'ri r ? in|>< ..., - , ^r ?

un mot long. Pas^de, tremblement'de.la langue; un peu de' trem-

11jé11lêiit'des 11, ,, sôrît'tî'és rilâyqriéçs9l;c

- ,I- e grarideui@ sont très I,o

. - i I' n" ? Tl -0'' SJ\ - Jf ? m V.'i'fl, y finm ni ,, ? 1 ? ^ i ... ,. r ,

malade meurt aprèslavoir présenté les signes de 1 albuminurie et

rlâ resplrâLiôïl'de Ché3nié-Stol : és. rm lrhvr JII : ,poi. L-^mim mes

iIEDPûHi iFsÛdûtiri 215 J

aujil /.il lu ^lliJU.lOlliA-i tin du *Vl.>i fL, V;

luiopsié. Arle ! res cérébrales, altérées : ( membrane épaisse, com-

prenant l'arachnoïde (pachyméningito). Adhérences 'sur,' toute la

surface des lobes frontaux. Adhérence extraor'dinairement ma ? -

quée entre les surfaces médianes des lobes frontaux. Pas d'atrophie

La substaiice grise parait avoir 1 épaisseur normale;

dans chacun des plexus choroïdes on trouve une jiétité`tuniéirî· du

volume. et de la forme d'un, haricot. Dépôts pigmentaires en divers

points, notamment sur, Il - a, d' ' "r ? m' rè 11 au1nivéau de lior-

zontale du frontal, et sur, la face supérieure de la tente du cervelet.

il. OB=CIV'ATIO ? 111. 'Homme' de trente-trois,- ans,* marié; grand-

père mélancolique;'pas'd'idées de suicide ni d'homicide; sobre.

Agitation sans but, propos .incohérents, crainte déraisonnable des

- incendies;.se croit voléaPar;desclientsnquiteniportent des mar-

chandises sansiles payer.'A eaulors de sa,première altaquer(il y, a

quinze jours) de l'hésitation de la parole, de l'insomnie;, a été, vio-

lent ; a refusé'de manger. A son'entrée, : tremblement.de la langue

peu marqué; `pupille. normale r sensibiliténconservée ? illusions, : dépressiou,insornnie.-Détnarcbej normale; .réflexes du genou plu-

rtût exagérés. Le 30.juin,;perte complète de. connaissance et para-

lysie.motrice : : ,tete,tournée ! droite;.déviation conjuguée des yeux

du même côté. Pupilles égales, répondant, uni peu;à;la lumière;

; réflexes cutanés conservés; Le malademe reprend pas connaissance.

lMort."ar(099'i ,9lEtdH'Iw si b 9l<l>juiJ nij'b ySLsvy.u

o·Aulopsic. )Jn;sciant,lei'crâne, on .entamera).dure-mère, il

a'écoule alors environ 120 grammes de sang, en partie liquide, en

- partie coagulé.. L'hémisphère droitaestfftresfapiati etcomprimé.

Les circonvolutions paraissent, atrophiées de^ce 1 côté, 1 mais,. cette

apparence d'atrophie est due surtout à la compression. Au-dessus

de la région comprimée, on trouve un sac volumineux, dont les

parois' sont formées'd'une membrane jaunître;'transparentexhô-

mogène; et'né paraissant pas'vasculâire, au moins' à l'oeilnu.' Cette

membrane se réfléchissait'de la',pie-mère de* l'hémisphère droit

sûr lasurface arachnoidiehnè de "la'duré°-mère : Le sac contenait

une quantité considérable de sang caillé, mou, noirâtre ; on a vu

comment s'était écoulé le .reste du contenu de ce sac. - Dans la

fosse temporale gauclié;'élïaiiliëinéntsangüinepëii considérable.

La pie-mère'se détachait 'facilement 'des circonvolutions : Pas

d'âdbérences : Substance'] grise normale ? maispâle. Le plancher r

'du' quatrième ventricule`est légèrement granuleux. Les ventricules

liàtér'ati311elsoii pasagi·ândis'el91e contiennent pas de' liquide ?

41 , n mtotlmn n 1) : 1... l ? ! 'n' 1(", , , li '1 ·n·1»i, »,> D/i.,

,. Observation IU ? Femme,dont 1 âge n est, pas indiqué ;, une

soeur a été atteinte de manie puerpérale, une ! autre, de deHrium

,tremsns ? Siz môisd'insômnie;r ensuite excitâtionet,idéesde gran-

idetïr. Parlé ou, marmotté incessamment ? ^- 'Après des'pertes d'âr-

gent considérables, elle avait été prise de mélancolie; il y eut une

3< : <} : revue DE pathologie mentales

améliorationnappréciable;puisi une rechutai avecragilalion et ! idées !

déràigonlial)lës (parentd,av6c;lar Tamil le roilale,rfortiiiid exagérée); !

elle ! était;tiiiicapal)lp)dci-, prendre : soind'ellé-m8me, deisseu tenir)

proprehHaiïucinations doFou'ie ? A'son ! entrée à l'asile : . mêmes'

idées de gr=deur ? itreml)lcmentde Ila,)Ilan eue ;iparol6) épaisse;]

pupilles lun3peu,-iin(gales;,iiiarche) iiicért,tine ; rétlexesr,du penou)

un;peu exagérés; refusiJfréqùentde3manger : Udmois.'après son)

entréé : pupillesJïéCales; wéflexesmormaux;>incohéucuce ;idéeslde`

grandeur;71némoirerpaesque entièrement perdue ? Deurrimois

plusrtard;série : d'attaques.iJIort.r.aZ7ErIq Mb noitBmm6llni9Jri9toiv

- A2ttopsiç ? ? jDure-mèe,fieile à détàclier ? àridroité,tmais)t ' a(ilié-1

rente, à.,gauch4,à l'arachnoïde; dont,laicavité, étaitrempliend'une'J

fausse membrane molle, facile à soulever, excepté au vcrtex, ioù'1

elle, adliéraiti à la.pie7tùère,,etipar, places,,à l'écorcè ! La dure-mère

de-lihémisplière droit,enlevée,ion voyaiti derpetitsilacsidciliquidei

sous-arachnoïdien clair, jquijremplaçaient amniveau duli·erte dé`s3

circonoluti9uslatrophiées;ecslmodificatibnsétaient°surlbut triâr-n

quées àilàibase de la,première frontale du;qût6fdroit ? ebausommetS

de la frontalelascendante. L'atrophie ? Ielsoulè%,éiiieiitpde)tl'aracli-5

npideupar du liquide,se rencoytraientdans,lesnpointscorrespon-b

dantsiducûte gauclie,,niaisjùJri degré moinslmarquc. L'atrophien

était surtout ! accusée dansles,régions quitviennent d'être indiquées.3

Il y,r;avâitude .nombreuses, ! adhérences ? eTttre')'Ies -membranes eti

t'écorce,'surtout àjla -ré,-j oni filon tale,4 désidqux eûtes ? 13°11. Cairn

. ! =9'i-921;aacq89Jiifl99'i 2)JIPiquIl 9'l-Itffl ; g'idmevo'/î dlnjîib 9ll9 Jo

XXl1 LIVC.\SDE·11l;L1\ÔL1C'1\'ECISTÇrEUÎt et James'

ob ikA-x : .(Jdurnkl ofhncMa'l S-«'ènc^îjanviérF'l881,r"p';115Û8.) n Juoi

ci Si'UE3 -ri '19Q Np070Tq qija lioveb P°a1J37&q 9UluJq91`,1 ? igJÿ j 1

Résumé de l'observation. - Les principaux renseignements 1 i,cq

cueillis sont les suivants : jeune fille de vingt et un ans, bonne

santé habituelle; pys,d',a-ntécéÿnts3lJér,éditire. A onze ans, '.elle

aurait eu unlécerco,up,delsoleil sous,l'iJ,fluence ? durluel elle aurait

tenu des propos « bizarres», mais il n'est resté aucune trace de

cetfincidelialeltiy sci plaint; dernnau.d'e tête, 'qui

cependant yn'entravent'pastsos études (elleqestGtrs sltidieuse) : qf

Bientôt; aprèfeune améliorationc'dueizà,runucliangement d'hir, ]ai')

céphalalgie' frontalp etroccipitale.reparaidetcla force à cesser tounq

travail intellectuel..Il3aquati·ecmois,lapparitiondè troubles in ? q

tell ectlels iinarqués. On la conduit chez unosparenteoùoHe donneoa

désignes très acCusésJ der dépressions mgntale ;.r elle`voudrait être'b

mortcyii,elleindev^entnmorose,'isusceptib,lo,lsilencieiise.Tll ! i'iyba'isix3q

semaines,, elle .commence, à' refuser de. manger. Jet ? défi se coucher,9q

déclarant que le jeûne et les veilles peuvent seuls la soustraire' aux fil 1

influençes,malveillanteslrlu'ello,'subit : ; Ia.depr6ssiontaugmente,'s( !

malrfe$tantpaç des, actesldéraisonnables : rpuis,tout9 d'un'coup;vs

eI)e.tSe)r.en)et.a.;manger;9 ! a)dépression diminue; ni ai.41]asstil p eiireloq

REVUES DE PATHOLOGIE MENTALE.' 2'iff.

la t5.eiturnitt : ;subsistent.Iiâaoir,cellé : paraissaiEjonaormie;lon)ne

putarpveiiJerfmËme'en l,r secouant ;til «fallu todcs.) efforts' réitérés)

pounjtui. faire ouvriri-les3'yeux : > Ce tdetat'catàteptbf'de'reparut'fré'-)

qucmmentimais.sansdurerpius de quelques mintitèsltBiéliLÔttIP-1

parurent de l'erçitation; deslterreurs jiocturnes.'desiidees z

cide avec commencement ! d'exécution; des grossièretés de langage^

contrastant singulièrement; avec son éducation; ennn'eite refusait

de>manger, eb ilfullut z l'alimeitlalionf forcée. Lors-»

que l'auteur 1-examina, ellerétaitlirèstanémique;tsoulfraitr : d'unei

violente inflammation du pharynx, oavait uiii4potil.itrèsraidp-,et, ài

peine, perceptible;mnEre.ard3 fixe, dest pupillesu dilatées; iune ten-

dance marquée à1 la' catalepsie ; elle`se;cro3'ait'un' angei dedestruG 7

tion . zs\)i9v us s7qsar.s ,'rsvsOro2 si sltas7 ,9lIom sas7dntercr 9a ? " £ 'l

sI'endanf que M.Adam ]a'soignaitn&'est'a-dirK'depuisi ! e'i3'jnia

]et'jusqu'aur7'n'ovemhre,tomnote successivement lés faits;suivants : j

elle se croit une porsonneroyateqet'itient. des) prô'posTdéraison-2 a

nables; 'elle, présente de roedèmeiidesjoxtrémités infe)'ieurM ? eti)e9

` ? 3,juillet;mn étatsncopal 'isezirâve (cet état`s'était>déjîw prb-p

duit plusieursifois, dans salami

d'abord;'puis3molonlaire;slesusymptûmes mentaux ! diminuent ,1

maispl'étàt catateptiquopersist.e.ftaioedcmateux général ? ! .^ ! }

En'sentsmbre ? a'deme. a ? prqsquerdisparu ] rétat5ealaleplique 4ést

beaucoup moins Fa : écusà;3s,,intéi penoraieaameiiorée. Pour. lacpré-`t

mière foise 19; elle rép'ondhà9 unmquetibnet lë ? 0;·elltrparlè't t

et elle chante. -Novembre : malgré quelques rechutes passagères,

la couyatesceneeprofesse faorab)ement, bienjqu'eno.npoitas

tout à fait débartasségltes-i,çélesVd,é,irantcs et qtig le r Lourde

l'état cataleptique paraisse devoir être provoqué par la cause la

plus lérère.3nys2ns7 rnsqianrTq aad .s;oslsss^es2t11. M'. Cnsa^

ortnod ,2as nu J9 Jgruv s6 )[111 ano9j : rJrrLVtuz 89l fno2 aittitao

XXX)Ï;'UK CS de î-OLiE'sniULÉE ;'f par-A'.fRonERTSON.'fJoio'im. ! o ? If-8

ilLfri.6 91la f9[)mbn<f.S<;tcncc/avri) 1383;pl81'.)sésiau us tii 1-

9b 9BTJ 9t7LJ(J& 9,1 ? 37 ,i9'ft lr P.,nm ,tt 29 î'I&Std > 20q07q 29b fruf3

illl s'agit d)'un,homme accusé de vol avec'fe( ! 'raction'qn ? peu de -

temps après son'entrée'en prison, commit tinci-Leiit4tiéid siii"

cide tellemeiitinaïve'queilai3simûlation,futl'aussitôtisLisl)ecLéê ? t*'

parlir de, ce moment illrefusaide) travailler; et : fiarn moments ? de

parler ou de, répondre; quandil parlait;sesprdpdsétaihpt·sénsés,

sauBen'un'point : poursuivi,) pourJ.voi,'ui sec prétendait coupables

paraissait) croirequ'iltallaitwêtrertjiyé3l'

pourcedernier crime; il étaitca)mo;.morose,imais'proprR"dans'sam

personne et dans sa tenue.' )itauraittdéc)arej.avoir vu àip

la fenêtre de.sa cellule ? z 2s1(isv ? .91 3s snfisj, et 9ui, J(-gi6llàb

Z Rohertson; illiaul'aira inquiete'i'tiséqf sourliois,4"i

évttewisihlement de, se'laisser fixer, ietirépond aux' questious ? quif

portentsur,des faits,antérieurs au crimè dimïefaçon gnnéralemont;ll :

2 f 8 RCVUÉ.DEPI1THOLOGIUL113rTAL.

mivjs.nonjjtpujours,,raisonnable : jl prétendjignorerlout ce/qui se

rapporte, au^vpl^déclare qu'il, .est- poursuivi pour, as,sasstiiiat()jjet quMl

a en, effet gravement maUrailé^cVabprd, puis jeté dans, un cana^où

elle.s'est noyée,. une.femme avec laquelle iLvivait. On,lui dit que

cettj'emmeestyivante; il remejcie^du, renseignement, , mais ré;

1 it,u....Jn.... ,

petejau'bout de; quelques minutes; sa première , assertion j^il, dé-

clare se, repentir, de son crime etse met a pieurer; puis il se plaint

que, des, miljiers de, rats, viennent .la nuit .jians.sa, cellule, et tient

dauLrssppos;absuresdme,mëjgenre ?

;,flLe jugement étant proche, , on^avait^pressé , ([expert de, dpnner

son opinion;, il refusa de^se.prononcer.aprèsiun premier examen,

et, put avoir avec, ,Ie4 prisonnier, deux, autres entrevues, dans tes-

quelles,, tqut,on( continuant à s accuser d'assassinat, le prévenu

déclara qu'il avait <0,000 fr. en or, qu'il allait hériter de

100,000 fr., avec lesquels il irait anPérou et achèterait une pro-

priété àCallao. Dans la dernière entrevue, il déclara en outre que

l'ile de Sainte-Hélène lui appartenait. Bien qu'on ait pu cons-

tater sur divers points où le doute n'était pas possible, l'intégrité

et même l'excellence, de sa mémoire, il affirme lors des deux der-

*»> ,. >«f . ♦>, ./ »i . ? >l I . | ,l> . cène

soit il y a très longtemps. Enfin on ne peut noter aucune trace

d'exaltation ni de dépression :

L'expert constata dans son rapport, outre l'absence des signes

ordinaires.propres à divers troubles mentaux, la'présence de deux

formes de délire qui ne se rencontrent jamais simultanément chez

le même sujet, et d'après l'ensemble des faits observés, il conclut

à la simulation.

L'avocat plaida -la folie ; l'accusé s'appliqua, très habilement à

en donner les signés pendanlles débats, etfutnéanmoins condam-

né à sept ans de servitude pénale.

jt5 Apï'Wle jù'gèment'réndu ? Ie ! condamnô avoua'sans difficulté au

médecV'dé"]a'prisbVqu'ir'av'ail simulé. ld'folie*'I,'dnftR.,M.;C.v^>

^uouiiidrg'ii ar>l auwi no s-'f-Bq ? ijt7' G ssns52 so5tn't u ni ancQ

XXI11. De l'admission des^aliénés dans'les : asiles;' parle' DrlLéo-

iMna.M'\XÉîiER ? (Journal b ? Kr3oMS' and mcntaVdisèas'es',1 janvier

- 14384; p ? 7(i''r me a3Jn>iJ asnoili» --ob ! ur o'ibi'9'ia u «stiomB

.aavffq Ja zmlcfo(1 .3neOte·rrlcl ? ,1,Le comité permanent/ delà ! Société médico-lLgale.dé Ncw-York

eslimb'1qûe<la1',lbiI'qui' régi t" l'internement k des aliénés "dans «les

asilé1s"ifest p"ars"unb'gar'à'ntîé suf[)santecontreies"'abus7 Dans

"ûrf'dês^fcmiei'S'nuiniiros^

ibütè' hr591117 rsloûpçônnéé dé' troubles11 ['cérébraux'' soit'1 soumise à

l'éxa'h'ieiV d'un juge dé la' 'cdur' assisté1 dé '"deux experts'/1 'il1 y au-

raitrliëu ! '}fàr suié9dd'lf0'mmér dé`cottnrissàires sliéciâuxqui au-

raient pour mission de visiter les asiles et de mettre en liberté les

individus qui pourraient être rendus à la vie commune.. ,f0-f , t

3JATZSÔCIETÊSISXVANTËS. J JV2m 0 i 9

9zI : é : D° Léiiüârd Weber fdit"resso'rti'r'que l'2ltplicatiôit'dê'èës'üé

sures1 favorablement' jugées'par'l'opinibh publiquéccauserait'àTla

'santé'dosma)ade3'do.r ! t ? es'pt'cju'dic'ès T6()s ! es observat'eurs/'di)-

il'Js accordent à'reconnaitre"que lés soins'donnes aux'aliénés'chbz

euxnësont com'on'nés'd'aucun'sitcces'. 'Les'cha'nce's0 de1 guérison

sônt''d'autint`plus^'sîtresque 1 rapide ! ' Il Il ini-

'porté' par ë,0,liséqil1e1lit i-, l'o-P, i n, i o il,p-111)11(u4ë et,11011,de lui i

faire des' concessions au'detrim'ent'des'' matades ? Les abus qui

otii,raieiit consistei, ;'i fai .re ênrer'mé 1r une p et-s-or,i,iiè's",L*L'nêd : srit

seront' efficacement préven us" parnûneL loi-' sévère. Ecosystème

d'inspccliohr,'d5s asitcs"tct'fp)' ! r'so1pratiquë"en' .`nleterre,'n'a

jâniais méiitë 1 âplirôliatiôn dé céûr qUt ont-°voirlu lé cbmimtre :

ut19V9'i( «31 b na%u^r. 8 1; imumtI1C1111Tf·.11ESSG ? ILWIr

a6 'lt3JI'l 111 jfiifb ! (i lp z ni .')') JfBvo h'up G'lf>l4b

- n'to nnu lir;nei.,rtsr ig fiti-r'IT un trrnr ri --[m ? il t)i 111 mi) 1

aup 9nJuu u') îriBb'ml' (mijv n3mn 9W rnmot, ni rusLI .oi.l'u' ''i-'i'iq

-cnoo uq Jib no iip ooifl Jn,r : Jncqqn iut sn31'vlf-Jras2 rb ill'l

9J1'Iâ9J11t'f ,·ldrzoq lLl acsJ : r n Juob erl no zJnoq =uvib ru sls1

-iab ™eb 89L ^o^FTFSl,,SV\fV^ANTR^ ? l "m&til ,H

sa

an ')3 ciup amoi'jy V1^-1 "M i ? ? hJl./V1Jl i ^pjiiv.iijfi) sn'un

93BiJ 9nu911BTolori Jfjoqon nn riflaa aqineJgnol 'Ml B '( 'i tio ?

agrrçia 59f> 9")n9J>dr«'I n3no 3mfllJru noa BlBimio') 3muls' 1

xusb 9b991S0CIÉTÉi-iMÉDIC0-PS.YCII0L0GIQUE-j'iiBnibio

asrfn aiuiniii Jnffn ! uonns·t se on iup >nljb > ! > ? 91(1-lol

.itllr.nlflr7 'tip.1 7c.E1 · ! var rhna·.·io In 1ni m nr "r.. a,t

·II)IJG1'fiul2 f i

' Jii9 '^séânc'e'du 2G iiâi ? · PizG : ' ioçrcEn l11'roviiii ? f '

- Séa ? zce dit 26 m(iî .z;lUd9U z·nnnunsq DE rr

- mcbno' iuujisuistu mua L, "% j si t L)fl9 q 19

att;f ! 9q"huji ? -. >' lo- ~- 9(1

iii.Des mcsureslproposécsJpp211]Jiij§urpeillançpjdesl aliénés, traités en

dehors c étnblisscntël ts ia x m li s t

Dans la dernière séance, j'avais passé en revue les législations

.étrangères sans tirer.aucune conclusion, .dans le,.seul but de pro-

voquer une discussion sur ? ropportuni[.etdes mesures,que nous

aurons a prendre au sujet des aliénés traités en'dehors d s éta-

blissenents 1>ublics et privés. \.v\ .

Ai Aujourd'ttuijoj vais, essayer 'd'en formuler 1quelqucsTunBs..Vpus

.savez, que 1-aloi de; IS.3,S,,el, muetlersurr laqueslion, tandis·rlue,

z iiotivça.LilprojQ4, de,lot.on,a proposé, certaines de

s.urve)j)ance,pqur cette catégorie, gâ oiitjiçluel-

Jementie droitdesoiôner leur, uliénés,cltez Fl1cç, àlieQylilion qu'ils

.11g troublent pas( la ,11L)I,i e ,,s - aVtivllQ ? t,s up,-

-prime ce.,droit et le réserve seuieneu aux parénljs< plusrappro-

sst ùjlofffl no 61JJgm fib Jt a9ba £ aol 19jir.r/ab aoi.mrn m q jnun ?

1 Voy.191ofnrn`m "Il, rl r .ubrrsT ,ri5 Jf191ü'17nU1( anbivibni

22Q SCCIC.TBS SAVANTP·,5 ? a

çlgt.j"lrpn3tdly ? cerLain,çyégilatousliétrannères;l tnaislbbn

admet ausy.qyeijCertai^s parents pourront ? toubiausskbierio que

de,léttrqngers, abuser,dql,lcurl,m 4ade,y cliou résultetla nécessité

d'unecsuryeillanqeîLe,xcrçjgtsiirleS(parênls.i.Y|îa-t-il .avantage ? mo-

diner ainsi la loi dellâ33 ? - Les faits, accumulés dans,divers

rbcueils-et'ceuxpquêfnpùsMVànéités|M.li.Parafitirprouvent qu'ily'a'ries

abus Jno'hreux ? Cës''abu1reiatifs' : t'ux''a)i&nes'no's'e'rencontrent

pas'dait's1 leasilêsrl'üs'd3n"s lésr fâiîrills,ç>;tà^d`orniil.Lér.s ârticlé

nouvea'ux"de iaproChainc ! ]b)4o'ntdô'n'c pleinement justinës ?

7fh ! i 4 ' Im".91J r 94r111119 9JK.» ")' ! 9Vjin ! , J ·7l,fllnt.7 1 t`i 91'tH'

Lappucation des mesures édictées par la Jorsera, difficile. ;Qui

1(1,1= ',i;rr.ifll4, 79 9-1(1,1 il ,'< 1 9 l'7.I,I : II1 9nur Ull ;7L1 lvl lin ? >l.ii'.i .

est-ce qui sera tenu de déclarer all autorité,, compétente, lai folie

-j ? 117.1r.1 ? mu -il m i-.ii, mu, 'L'a In- 'i iii> - j... ! hu r'ij 7>k;Ti f il 6J yi

iii,n ? r>,dtryrinrso'gâlechzhlûy7 JlDapÿéry;üypaÿ,jléplusprôclié

parent doit faire la déclaration. Comme aliène soigne seul, sera

tn 1 : -· Irr·'ll · ra( Irril I f1H jla bn rb d.l'` ? ,1-Rji GlfLii`n' 1J

soumis aux mêmes lonnaliles que s il était traite dans un, asile,

, 'rlrvrl(7rm vl 1 I vCf rln'7 'Flll lui1 ? Hun j i« j>iiu,u . rj,i l

les 110CCS,rSpeCtOllSti'I ? et9letiÇi)OÇOIIStÎtJlg,ly0tyrG1111111ülJpsyl

,™.ii ..«'iw'-r ? t ? tp) Jil,9ui ? Jo;> 1 ? jtT.ieeuecitfi ? bt

les familles qui, ne feront pas les decfarations ;.sans compter que

,«il «iriit (lO,,1 r ? In , r mt nn i 1 i m

beaucoup de parents pocheront par ignorance. Dans beauçoupnde

cas, il sera donc bien difficile d'appliquer la loi. Malgré cela', il y

aurait) moyene''sbrtir''du's<t ! 'M ! <A ? ën''distin'g'uanfdes' a'ntre'sIes

aliénésidéjà placés.1 Pour `ëéiîx'ci,2lâ "suriçillâncë é"dôiilicilé'sérâit

unechose'"simpIe.'tsuP os aniom ub lao'o .leup'iBmo-i Jum ii

-^rA ? ? ? 1 ? f,(,o ? ),nrnf)r',rf ? )ft 3no ? 9m l0 7 Jn;7 ? ? .\ 2rtnf

"'A' quelle autorité s adressera-t-on, pour exercer la surveillance ? ? sT1« lin', r. `·11 1 « ? -fi.), 'f ? k ? ? " - y I,m. r 1,.

Ilsera inefficace d en charger le'iuge d instruclion, le procureur

- nt ? Jr ? f[1 ? 1) ? /1U.f ? f ? U 11 IW· r n 11. 1 u n .m

delà République ou ,1e commissaire de policerll vaudrait mieux

.n.'.... <>f)I,i(«n(,-l«viV. «u '«, nj"') ->) .flf", 'y Wu,n. t'U'l my

instituer des commissions locales, sous la, dépendance. d uno.com,- ? «. 1 pnT»1 ! lnfiir',iT->npi , pf) fi' , 'mm. 1W n ? W 1 ? > ' 1 ? .'

mission centrale traitanl toutes les questions relatives aux a)oenes.

- IIa1$· ^ ·`" ' W r n I (11 I IZ y11 W11 : 11 'ul ? t- .j-t ?

.Mais pour que de semblables commissions puissentfonctionner, il

lr ( , '1 Il,. rl -I ? .'i>lii, lll.». h Ivr, 1. i-IHli rï ' !

faut itné santionr : ï7éur deçosious' c est le préfet ou les, tribunaux

T trt |,(«i , niTir',10'1,,1 ,I fl 117JIr II,,IU).'1M ? I ' ( 17 tbn v fi', I <..1.1 u

.qui seront en assurer 1 exécution., En, résume,, maigre

de grandes difficultés d application, il faut introduire dans, la nou-

-r11S 1 v ï 'i" un 1 1 ·7 Ilr 1'IU ri ? ni > . In 1 1 u r .mi.... >

velle foi la surveillance des. aliènes traites a domicile. Cette.sur-

si1 ? (if iijrn huit m 'ii'Mlil II' ,.11'iiioa 11 lU ? if

vedtanee'ne devra pas s appliquer ,aux aliènes so)s'nes,par des

.<i<iff)f ? n ? Iln. 11 Ji ? (it'jnt

tiers, mais a ceux trattes dans leur famille. Elle devrait être exer-

n,. r ? ), r ? r,^sn . , (1 . t CI , 0» ? nu) H ? ) ? j : nj.t ? i.<1j).hMt.<] j)

cee par une çommission.locale relevant elle-même d une commis-

- r" ZV =i-'i i"no Il 'I '10, b ? ,911)0 Ji.i' l ? l.i aiii' 3s , il lili n >)'. jl

siôn'bétitnalê, et don le r6le` consistgrait a xi; : er-de cçrtiGcats ? ih o,jir,Vrft ->'pi f-V. j;i>. ? j< yilri.r ,- u ? 1 ''II.' ,i ? t , 1110 . ? J>l !

medicauxJfrequenfs sur 1 état du malade, a lui faire des visites, a ? nn m ? mpf[tn(t'( ..F.'rU.O u ,"i'i;i;'i.'>hii'. ai Jt1')J ? itf }-i-b

temr'un registre, ou sera consigne tout ce qui aura trait au ma-

,'j'j' saVi-'ii- ' ? i iiiil'i in ? Ir I nl l' nll 1 mp·n'Im 'ii jiuui

J3aé,Sétlâ fane cesser les abus dont il pourrait être viclimo. ? t

2119Wf11U0 Jn9r.J-'rlfi'l'Ili a 21l : guap 2JIYL cjo jh >. n<u" j. i' sioix.

M. Lunier combat les conclusions de'lI : Fatret/qm compare les

aliénés Irajlés, d.ai^Jjîujfs farnj^le^à çeux^soign.qs par.dcs étrangers ;

Iessud^rji'u3rs,dj)^ faits.re- ? eal letstqrlt(iltJ,llçln3rilndçFPuçîtrle,s$éSluelstralions

ônlpocivo,uye, çFrta4nerépupnanCg a, pn6tredansjes fninilles.

ÎI penslé4cuillsuflîrâit,tpour éviterlle retour.de pareils actes, d'ajou-

ter a 1 lty.3 ? IIlduoâe,Pii1 celte sir71plçjormulg : Lej disposiLiois

S001ÉTÉS-/SAVÀ'NÏESv3 7 2$|- f-

rnlatiresà la-séquestration 'illégale' pourront égalfehient's'tippliqûér

aux, aliénés-séquestres chex'eux.'Onsàit. quea''juris)rudoncë'ac'

z considéré) comme 'séq'uestrés^illégalemênt'que legl'i'tidib

vidus'nonialiénés séquesti'és'dans',les : asire's'publii''i,ou'prîvés1[lIJ b

aiq-'ib prifih zilnrrtns9r ,zJis3 30. ! ï # £ 31 9b iof Bf lame anfb

><$* cAWJs&&ïr Paisse, pasJlajinapièrg>de1Jy,oii;,de.M.tE1a[i'etï

vous coliiiat-ez,,ditiil,l es faitâlà, prqpos lesquels,11LI)arrint vous

jVpus^onrKÙss^ez,^ c zou. 1>, pr.opos^esquels, M. garant ypus,

asfitjuue cotumurnçtioy;rduz aligys,a3atttctétéls¢,rlueshsldaus

leur famil^''^

saisie et une enquête est ouverte. Cotte enquête révèle quelles doux

..i,. "iiii ? h-r- ? ? ]r( ? t.t"< ? p'fHrf ? <f' n, ,^,a,loiiB a

victimes, un jeune homme, imbécile et son pcre en démence, .sont

1 ? lii'.j'iirfin'i ,'>injm i, ..i'i..i.'if» ., 1. 1'l -.1 ? IJI) - ) ?

tous les deux, des malades qu il tiltt`éi ilr°9liô's : i;dlël de laisser vivre

«tri ? 1 -.«.In «- ? vf : n ? r,iRi.(9 'ptip.u ; s ml,x91r) iursi'i-i '.ij";ir>ui : C C

en- liberté; elle constate également que des soins uytemques bien

r ? ihi, A'imjii Tji ? l, ? l,ln,l i ? 1 ? » ? ) J.f .,Tj9,l jj Ai jq.iu.4

entendus leur ont lait défaut, qu ils n ont pas été traites et soi-

t) ? j'. rrff f)f ? otrr't.i ],.f ? a ? ri, ? )hnt ? i .<.'j ? /ui< ? < :

Rues comme il aurait jfâlÎit ? niais' comme il a été impossible de

rimer m'tf'i ? 'rnrtJ ? itf', ? >i9 .p.hh^i ,, ,c ? jiJ9'>n<",ii1 .pirejf

prouver qu ils eussent ete réellement maltraites, après une loiiffue

"Ilài4l é --HiT.iii.i0.-»'

et' nnnutieuse information, une .ordonnance de 'non.lieu fut

et1 minutieuse information, une ,lrOlÛ'dlll : l ia, JeT9dtte.r( t.tJLth.(LÛe lut

p rPiicd'urlé11 £ 9(t ? t'nu .113q jnu'taùunq <;Jii911,q ^>o quu^ui ? »,

y ) ? "h') ô ? [BM .iol fil .19fipifilqr b fisr3tb fiaid snob nasz si ,ac9

gglLesfla^.de^iCÇrgenr^uc^son^pa.s qu,s,olumept rares;, j'en, connais

qllg r ilouipie liq, sont pLe en ab,oltiniciit a,p Li t-aes : j'eii,eotitiai5

ufyçer4atitlnoatrh JeJt tons,, vous en avez certuiuemguf"repcorltt;é.

Il faut remarquer, c'est du moins ce que j'.ai,tc.i;u,rgmar,quer

dans les faits qui me sont personnellement connus que, .les,se-

L 1, f 1113-1- 1-11- 11 ? 1 1 ll,llir, Vi > .> J..

quèslrations ne se produisent que dans les familles peu, fortunées,

, ... ,,ri. « r.-11'Jit>1-jpm '.ivi'i'ii -l'i-y i ? ifj J ` 1 1 n I ...r- ,r '

habitant des dos hameaux écartes; e tes sont extrsme-

habilant des villages ou dos hameaux écartes; elles sont extreme-

1 ? 1 1 n·yl .,b 1 1 u Vlli t b J

ment rares dans, les villes, les conditions de logement, de milieu

rfrC'. [1 I ? ni5'Viiq',011ll -simili 1 n .n ' r.if t-311.y c tn 1 , , . u,

ne s y, prêtant guère.1 A la campasiie aussi longtemps, que 1 aliène

ne ,if prêtant guere'Aia caiiipa211(,, aussi JI JIIï1 IISi II·1'JJ IIUIoGlIIC ? «il u'i'l- ">vP<-i.>".pn ? 3911|> ? se ? uL JU'.JnV, j. : >ilj)U- JJ iiui«.<3fitr

peut, sans inconvénient trop grave, loua' de sa liberté, vous savez

t' ,ff.,) ? r.')f ? u,ff ) ? t) ? f) ? . ? tHut) < ? t

qu on le laisse vagabonder tout à son, aise. Mais, du îour, qu, il, a

»V -r» ? -mi . m t ` I m9 n, 'l 1 "JI' 311; mnJ>·i jnlTiAw .1

commis un méfait, du jour où il devient incommode ou dans'e-

f ? t ? tt ? t <' 't))') ? t il iLt <T.) ? H'U3JULMJCt5.t.

['eux, on 1 enferme comme on peut. On ne lui, donne Pas grand

rni ? i.or.-h ,"))''in-ttn ! <t).t.Ï ! 1 ,) . ,1 ILI Il.

confort, et cela, pour une raison bien si ip ci c est quon non a pas

'H-})' .' è, ? 100,1 j, lqj 1,'Il ? U ? < ? H'J ! H.J5tttJcLi.)Ut'J ?

II" 01' ., ." «'il nn 1' '-9j, I,']' fi'llll.l : i9+1llir; iii ,1,1 -J.IJw

pour soi-même. On ne le couche ni mieux nt plus s 1

t -1,-n >« '] ? y ri ri ? ? t ? )>lli,il(, r- - .u J, t. JU JW u01\"nt ?

membres valides de la famille; il est nourrr comme eux,,cest-a-

,r5 9^ia tflitvqh 'illl '.lTlV"liI nt91 Wbl1 P9j,l.f ! TJ TU JJ ,, f.-U" .-1 ?

dire pauvrement; peut-être même, safratron est-elle, diminuée

1 u ? < ? [,...., il- ij.tt ,J

parce, qu il est une bouche, inutile, qu il, ne rapporte, s a nie-

'" ? i ! si =9l> T ? V'«.f I.TI ^-l..lll ' ,91-Sl -il n'.ii1 ', i .'ITOily I j.

nage. Pour, ces infortunes, 1 asile est,un 1 a,iddil : , -.1 il , ..ll, , i , . si

t ? tt'Y ? )"[, ! , ); rrL ? jHj,'ttJf : tiJtUtJïit ? B'lLf ..

a -Je vu refuser le placement d office, la commune, m le é - 1-te-

1 iJ, .i- m ? 1 ,Il, Il Il Il 1` -lil ta JI l' lJU b rl Jl J al.n3

ment ne voulant assumer les frais d entretien ! Que vouiez-vous

, «imuir : «n|^ ';n-"HtoO " liloo Pln'.J .. n ,3r- ,'>^,7rr, ,.jj .J*j'

alors que deviennent ces pauvres gens ? Ils s arrangent comme ils

«peuvent, et l'a;liéné'en pâlit ? Rrioi2ul5flon 291 lBdrno9 Bar/nU lei

r r 0 1fr'tl ? n9 ..r g

les'

- tnenU ct l'ôû voitcldrt'7lieli `rJû'il'il'est ! liasfiÎtieft`bii`üc'ti'ai ? nieiltt,

L" i ilfl cil é ïl t î 1 âi 1 e-,ii û (,fLll Peu t

devenirtmairaisaiit^Quand cëfâ'l's$°'fditsà.ils7îu'il`I' 9âit ? viés

-graves^ 'mauvais 'trâiteriïeiil'à',1 il né saurai t'y"'àbir"aucùn'e'respon'-

z Et'commèntî" en'jéli'et,n'p'burfait,-elle-ëxistlbr ? ré

222 SOCIÉTÉS .SAVANTES.

serâ ilrlalgriniqulci dyer[deiâlejps,lda,lrl ? pŸlrtenl°11;ila°lj ?

a. un des Jours, un bien-elre qu ils, ne, peuvent-.se donner, a, pux-

- ? t ? tft)timtinjLtiii ? i ? )ii ? i ? cJu ? tuLq

")'>, ? ? s nri.'i-iiliin do "p91lfi nu T9n ? ii ? . 9b 9mi'ia o( r ? pnon ? ,I1Cl,t ¥,SIÎW> J,e'.inPo111RI.10ar.( ? IPjl^, 'IUOo^'c^rÇ.0 ? ? 0-1^11.10.1,1»^

l'jaliéné séquestré smLlrcllénieut,nialtiaiy e4 v^qlip(}dcfIsj;victcj

graves'; il peùl'arrivbr rlue sa faulille ]n( ! )no')6rsqu'o))o,est dans

J aisance, le néglige d une, façon systé111a4lqllC, qu,llé,1g nrivél du

nécessaire)4 dans 'l'espoir' d'être plus, tut débarrassée d'uue cllai mp

, 1 J : LrI') r.ll U1 'r. ! W .Ja Ir ü JmJ Il .JU ,u ·fl'1

qui lui peso..Mais alors, , il y a, crime, tajushcC) do)tjnLer\en ?

I ti

çüléiientl jëlheyçvqrAulés rbâilébsJl°r'ilinsi91`Snla.hroc Laurc,çu'F

Usent, ,la preuve en, est dans, les exemples, que M.- Parant a,ran-

·,,· t 1 .Jni( 17 71t : J1 LW .I W É 'Jal ? 1 J , l1 1

1 ,. (i-J snsn

le ul1e

l ? r" I'L' J ,n, i[J J J 1 IU IrJ j lb .Un J v e ( J a J, , ? I

If mule est frapllée dans ^ peYcitauenç.

J

elle, ne peut se résoudre, à'se sépai'WI'dcJ.uijJs'imaginant,,qu'ên le

gardant.près d eue, ellej aura,plus de,çliauce de,le gjuerir,

moins ? d'adoucir ses souffrâuces. Lllg 5[ ? rçfusé à le, confierai, des

.;- .1 ? ) i i.i ? >;. nbl.uy i'. coup -jTJpTLi'Tjii ... jiu.0 ffi.. iTi .,1T

elle a le est vic-

étrangers : e)iet]euL..a ! C r ,1J1 Jiy ., a · u .. Jl.Z.I 'r.. 1

li'nïoî Est-11 Leaoili `dé .dire quels1 iiilérôls 'majeurs peuvent être

di..

cn J ? u ', lîRTo^n «mi in[ -1 1')qtjfftO''fTfdO ? .9' ! tJ''<;0'<

C eslace moment, que,M. : P,arant,vcûl,faire intervenirl autorité.

..(. U.IIJ;W7.iyt W·tl : f (J JJJJ J ne J7...J J .3W mbr

Iheonquemenl, cela parait être assez facile; on, créera., une uour

velle catégorie, de fonctionnaires in$éçleur3plilsièûzydé ? riû1

.fH' "/... ? H ? 1),Uun) ? tt'J ? C ? Jt'-IJ

inspecteront les fam11111s ? e,onl3Gleycit les, uns, les autres : nuli

aliène n échappera a leur, vigilance, « Mais.cn. pratique, les. choses se

, III., I |" J l ^ 'l I .. 1 ...P,lCul.. IjllU.uJ.lll &J1 ^ ? I ,<. JJ

passeront-elles aussi simplement ? , Je suppose ? une, famille dans la-

* ,, ...I' U'I 1|l|. ri'i.l. h : VtlljD ? l.l « M/m i.Iii.. iwiT)...n

quelle n yiâ un^nfanlepilepliquc ou idiot, pu. une (tijhyst.enque,

ou' une femme mélancolique hvpochôudriaque, ou un, mari ateoo-

' i l lI`(J l' pt ' Ilw -·1 l)J Jm 1

pose cette premiere,queslion, : Sont-ce, la, des aliènes

qui tomberont sous le coup de la nouvelle loi ? , Et/vous, dites oui,

j ubjecLerai que ce, ne sont nullement jlçs, folies, véritables, mais

J1..(.% 1 iJn n IIJJ 1r .(J .fi lu·.GI . `J uF1- ? Jf u a.

de simples ,, nçviooi e,suld,e-J ? ulPiP, .l : r ? h`Atlliës ? ti111J°PrR°u;;f ?

V-'On ,\'i* .ii',Vi p.Hi' a.oli »J ; 'uiJliu i,oi 'Jî. i \i Jjï i( îi>rtu'i4 ,jîjJj

discuter indéfiniment sans résoudre, la,, question ? Voua donc, une

première dilficulte. II, en, est une autre, 'bien, plus grave. J admets

que ,11"rldcsticii d i dlâliôstic SÔit.Lryiil>;ée,qu''l., në : PuisF. y

avoir aucun dôuté s[11 é, la11âtur( diiiinal, ,querC0, soit, réellement

- ! W , ' L 'i 1 1 I J JJTI . i J ? ...r ?

une. maladie, mentale; qui sera charge, de- faire la déclaration,. a

]'autorK6 ? Sora-ço le m5deciSl drLla, fluillé, celui qu'cUc, honore

de, sa connance. a qui elte-dtt.sçs douleurs les plus intimes ? , Lui

')Utt iJ ? J'J ? ? t.t.t,'Uiilt ? < ? ? S ?

deniandercz-vous de violer.le secret professionnel.' Aucun, médecin

n v consentira ïamais ! Si.ce n est pas le médecin., sera-ce. le.pero)

le, chef, de famille ? Mais quand il, sera.perbuadé qu'il a un a)iune

- ? um ? u.[.<. uf ? ) ? )'TJ"J ? ? 1 .- ? 1

parmi les siens, lui demandercz-\ousd étaler auxiycux de. tous,

de, rendre. publique la plaie, doulourcuse.qu'il s'cll'orce de tenir

cachée, et qu il peut avoir un intérêt tmn]ense,a no. pas revoie); /

Lui tlrlllauderez-vous de ,1'aire contrôler le, médecin de solycl,4uiv

SOCIETES SAVANTES. 223 ! r)f ? h ? rt.Tf ? f-"f ? T ? fmj ? f'['n) ? ='

par le médecin de 1 administration ? Le père ne'portera pas. le

punir'ezvous ? ? Ce'n'es d6ncni')e 1 médecin, m i.J,1 ? qui'de-

punirez-vous ? - Ce zi est'donc ni le médecin, ni le pore, qui dé-

noncera 1e crime de soigner un aliéné au milieu de sa famille.

Qui'sera"ce ? Sahs'doutè' quelque domestique 'infidèle, quelque

voisin malveillant, quelque ennemi jaloux;... vous donnerez une

primée la"délalion1.-3''^" 9lll"1J11 -\^ ? 3"r"' ? \ " <ct"'^

prm)a;détat ? % ? ? -

llla;sje me trompe l'Toulçs ces difficultés n'existent pas, 1 aulo-

rite a ete régulièrement divisée, magistrats, inspecteurs, com-

i.m.'rlm l ? ,9-1' ? rc r·1 ,n,v·r f ? p'ii. ! i. ^1 i.1' ? 'ni ,,H H' »

nnssaircs se sont mis en campagne. J imagine que. 1 un de, ces ? i ? ! - .. ? f , -I, -r ? ? i.,n ? .,i) |l,M ? l". i,» v

inspecteurs sera un médecin charge, a intervalles 'plus ou moins

éloignes; de visiter les malades. Quelle sera sa mission vExami-

nera-t-il si l'aliéné est bienourriconvenaMemënt'vutu,sI ? 6n

lui 'donne du viu, de là viande' en quantité suffisante si pnMui fait

prendre râir ? 'liié'pectërâ-t : il'sa,cliamb're ? ''yerra-t-il comnie'ht'ellé

I v r n ? (fl.f ,,< S ,[, qh ni'fli.r.. '. ,. 0/1 .USI-'l'l ',P ? (( i' ? 1 r

est oriénlec, si elle a le euge d'air indiqué dans les, livres d'hy

giène lësrplus" récents ? ' conlrûlefa-t'-il Je's'prescriptidus du'iiiê-

decin traitant.'... Remarquez^que s il ne. fait pas. tout cela, son

rôle' es I ? inutile1, et/s'il le fait, pouvez-vous imaginer un. inquisiteur

plus importun.' Quelle est la famille qui voudrait se soumettre a

de pareilles obligations ? Quelle est la loi qui oserait l'y con-

traindre ? Et si, d aventure, cette loi existait, ne, faudrait-il -pas

jurer 'de'lui désobéir ? 1'™1 "^» 4'lJy ? J< ? < J tJuJJJ7tJm u.ilfS

h- r ir,,n.-r ' ,·rir,t r.'lnr° v6 ? 2 ·t 31(

. Je crois que le foyer. domestique doit rester inviolable, que

l'autorité de la'famine doit'être repectée' jusqu'à ses dernières ii

mites. Ce sont la les bases fondamentales de notre, droit, et jamais

bn n'a àdmis'qu'ii'pût'y'ûtro deroB'àjn'61ng.3'un"intérût'sup6-

... ? Ài ,.a i'\ ., ' . ? ? f<°f<-) ? )f( I,' ? lll.'ll'l

rieur, suffisant pour motiver la dérogation proposée. Lo.seui ar-

gument que je rencontre est celui-ci : 1 aliène maintenu dans sa

y 1 : r. r1[t·nr·11 ·rmn.i·)'r v;Jr 1 `i J'i 'tllW

famille, ^soigne par les siens/peut devenir la victime de son entou-

rage;3 il'se peut 'qu'il soit' maltraité', circonvenu"'depouine'de ses

biens; mais ce n est qu une possibilité, et, si telle est- notre sollici-

tude'1,1' pour quoi' Jaf bornéV à'I'iiliéiié' ? ' Ce que1 vous" craignez1 pour

i ! ..ii'- j '' i iii'J > ? rf ,yfii ? s ? -ir,i Ji.9mi[i",o,ii° -l'.l ? i,)

lui; je1 le redouterl0ut'autayl poué le phthisique et, eu gênerai,

pour'-n'importb fq'uélnmàla'dc1.1 En est-il 'uïr sb'ulJqûi"s.bit assure 'de

garder ' sa" vigueur' intellectuelle, son énergie morale; qui puisse

résister a toute sug"'e8ti6'n ? a'tbute' cdiitrainte' opposées' a'ses' in"

tcrct's;ct`<lûi né'soi6 jâmaisféntoüré''quéyrdc'paréiU'sJdvôüéstét

lerets, et qui ne soit jamais entouré que ' de parents, dévoues et

désintéressés ? Pour êtrb'lpgique' ii'faudraque'vons demandiez

dbs inspections dans un"c'as'conimc dans l'autre1 : ' Notezj'd'ailleurs,

que1 si'votrc ? Joi forcément' inutile ? 'Elle'h'at-

téindra pas reûx'qub vous visez,'parce que cc'ux-là ? quoiip-ie1vous

fassibz ? se' cacheront ? Ils ne diront' pas qu'ils ont'un'aliôné'chez

eùx,'nr qù'ils'le'lieiineht séquestré ! 1' Vous n'atteindrez'quo lés târ-

milles qui feront leur devoir, et, pour ces familles, votre loi sera

v'éx'atbirc^insupp'orlibléT1™1 ' ' oi t rf 'nJVU 1119r1 ll Irlr a'f 9111,J1S9

Il m'est arrive assez souvent de recevoir dans mou service des

'334 4 'SOCIÉTÉS SAVANTES.

"pàra)ytiquës"genéra'ux"'arrtvés à la dernière période de leur ma-

ladie'Qtiaiid je m'étonnais que ces malades eussent pu rester si

'longtemps dans leurs'1 familles, j'apprenais que, du jour où ils

'avaient été frappés, ils avaient trouvé à leur foyer une garde-

ê malade vigilante, infatigable/Ces jeunes femmes, habituées au luxe,

ii'aj·aut'connu de lavieaque les frivolités et les plaisirs quit-

taient tout, renonçaient à tout, et, sans une plainte, sans un mur-

mure'; s'installaient' au chevet''de'ce)ui dont elles avaient promis

-'de partager'la bonne; comme la mauvaise fortune^et dont elles

voyaient avec désespoir sdmb'rë ! ' l'iiitëlliâéûce'$RiciW 'avait ja-

mais pu les rebuter, et cependant elles n'avaient même pas cette

consolation suprême d'être payées de leurs sactifices, par une

parole d'affection ou de reconnaissance. Elles faisaient leur de-

voir ; mais, messieurs; 'dans ce devoir, vaillamment accompli,

dans ce dévouement obscur, cette abnégation de tous les instants,

c'est ]à* qu'est l'lionueur"du-foyer et voilà ce que l'on nous

propose de contrôler', déréglementer ! La femme qui se dévoue

pour son mari, le mari qui sacrifie tout pour sa femme, l'enfant

qui recueille pieusement ses parents, les parents qui se résignent

à tout plutôt que d'abandonner leurs enfants, voilà ce qui excite

votre méfiance ! ' '

Reste un dernier argument : la législation qui nous est proposée

existe en Ecosse, elle a été essayée eml3elgique, peut-être dans

d'autres pays encore.

Je vous avoue que cet argumentme laisse froid, que les Ecossais,

que'les Belges acceptent telle législation qu'il leur plaira, c'est

'affaire à eux de la concilier avec leurs moeurs, avec leurs habi-

tudes, mais cela' ne prouve en aucune façon ni l'utilité, nilapossi-

bilité de son introduction chez nous. ·

- ^a W'fo ' ' '' , Marcel Biuand.

- "9 MulO 'y il ? t"-1 " ' -. ,M.mtiJUi; .,oi '. ,

. ùri»«,r'i,r. .. , .Irl.rf ^' ? nie onr.

F , obfhoi 1 1 , ,jinG'd8 9 T2W i 1 1, I'

.Illlt ? 1 ' ' -j 21Jlt f10 acq 1 ? it

CONGRÈS DES NATURALISTES ET MÉDECINS ALLEMANDS ? ? 1 , 1 1 i a - "*r* ? "

)f, ' ! ' « .

13. , SLsiotg uc lmuouuc -1333. ? . yel

(il ,1 (, ! ),(' ' . `2' , ' '» rT<I ''h/

Section de psychiatrie et neurologie. t7euroloie. -

. ? i·.r 1

" Le congrès annuel 'de la société des aliénisles alleiiiands'-et

l'exposition d'hygiène de Berlin portent celle' année préjudice au

' , VI -jh

'oy..4rclurcs de Neurologie, t. VIII, p. 339. ' -

SOCIÉTÉS j SAVANTES..22o

congrès des naturalistes., Conformément aux errements en vigueur

ldans,lèspréédêntes réunious, 1(sp-vliiâtres 1 eL, , eul@olo, -ues se

sont groupes en, une seule, section. Cette manière, de faire, qui.a a

l'avantage' d'associer deux^ faisceaux d'une même, branche, a l'in-

convénient de ^disséminer un certain nombre de'communications

'relatives ^ la neurologie ? C'est ainsi que bien des mémoires.de la

.dernière catégorie, ont j été présentes à la section de, médecine, in-

terne. Pour remédier, à cette confusion, il faudrait que l'on choisit

d'dvaâé'là section à·laquelle on destin,èles trayaux de neurologie

que l'on a exécutés. La section doit tenir trois séances qui seront

successivementjpresidéeSj'par les, professeurs Jolly, Kirn, Hitzig;

secrétaires, Allll. Hindenlang et Lqcherer. f, «.^{.inn ? f'fnJtfMC'*

1,'iiistallatiÏi ? a lie'û'p ? les--s-oiiis de AI. Kirn. A la suite, dequel-

ques paroles de bienvenue, il, émet 1 espoii- ,que le concours,de

dcuxbranchesde'connaissances soeurs t produira des. fruits plus

abondants. 11 transmet à l'assemblée des invitations à visiter l'asile

d'lllenàuek ? pat,liçipe>j au congrès. des psyçliiûtressuisses à VVaI

dau près Bein. F .tuoq ) ? t sOa c s fu)· ,, ,rm,,t ne ·zuo

dau près , 1 1 r. iuiq j ? j J f , lvlj, 11 , il 9l nç"- 'sue»

tu in n ·' inl, J09" : sq 'ai...hïc'0 ? ,1(. ^n^-uoiq 9lli-jija9'j iuj

`ilat9 l.(lv v . Iaf "tttetft ? ) «.mibivurt" 'b op JiMnIq Ju« t

Séance du 4 septembre l 883. <j«t,, ,1 >in t,,t'1, 3

`11W ytt·I,l J'· ((0(1 t(tIYltUi, ! (·l,(`.i`\I11 In ua.i^'Ti. ' 9 in >f> »>ti '>)«.,>

ar"t e·() ? )=iItliSIDEnGE DE.11L`Jor.Lr (de Strasbourg).1 ! itn ? lu;>

,'(J;1f38 8(xz.f ? 97J(1. >

«*<xi~«-' ? j ? 1 i >.1 t (U 1·v 1,(y=p, i.a . 1(ty. ? t.. ! "111. 1'n,Lr, (de Baie) prend la"paroe (sur quelques relations eli-

lliq ? les lie 1*aloliel ? le i - ti ? ,oizique. Après' avoir commenté les

manifestations symptoinatiques et anatomo-palhologiques de'rai-

coolisniélîrô(i(qué, 1 ai(tétir établlt ûi parallèle critique entre ses

observations et ses, recherches, qui ont porté sur soixante et un

cas (53' hommes, 8 femmes) et les éléments de même ordre con-

tenus dans la bibliographie. Il arrive. aux conclusions suivantes :

1° L'alcoolisme chronique n'est pas une forme morbide ; ce

n'est pas non plus un genre nosologique, c'est un complexus

symptomatique général; , ? ,, r)y| |/(l ,,^., ,, |(J ., lc|1.,n.

2° Ce complexus symptomatique revêt plusieurs modalités ; ce

sont : ti), le type de Magnus Huss, qui existe dans 80 à 85 pu100 des

cas, et dérive d'un affaiblissement du système nerveux central,

localisé sur lestractûs`p's3chiqüès; sensitifs,sensoric;ls, secrétoires,

vaso-moteurs et trophiques, ainsi que sur les centres; b), un mode

combiné caractérisé par des tableaux symptomatiques spinaux des

plus variés ;

,I9 3°, L'étiolo,ie, s'en résume, exclusivementldans I les excès,.aleoo-

liques longtemps prolongésjreprésentés presque .absolument par

de l'eau-de-vie; ' - =

4° L'alcoolisme chronique possède différents rapports de parenté

Ancum Es, t. VIII. 1o

226 SOCIETES'- SAVANTES.

avec la para)ysie progressive mais''c'esl un tout autre processus

morbide ; r - "»P"W »Uioas), si, ,.1 t...... ? 5° Lé'diagnôslic ? di(Téïéutiél9est'souvent'très` difficile, parfois

même impbssibie'quan'd le`temps d'observation est limité;

'"6° Ce diagnostic repose avant tout'sur ]es éléments de f'étiologié

et'sur ceux de'U'évolulion ! 'La'' paralysie générale ne provient

jamais exclusivement de l'alcoolisme; elle n'a jamais le même

stade;prodromique;,en fait de"sympt6,mqs, ellealîecte unç marche

différentgy L'ajcoqljsme cjironique.,n]estj progressif, que pour un

temps, jamais iï estcqnliquc; pu bien,il est curable

(7Q,4|8, ? , r.4.QËtsfa}'ts),,ou,,biqn test,moref (aa.p, `I00); les

rechutes jncjsont possibles jqu'à laA suite de, nouveaux/1excès alcoo-

liques 'd'ailleurs très fréquents, tandis que,dans-la paralysie gêné-

racles rechutes sont spontanées, la, mqrt, y9 constituant la règle ;

7°La marche de l'alcoolisme chronique est, .comparativement,

aiguë; elle comprend plusieurs semaines à plusieurs mois. Les

guérisons sont'parfois'complètes; mais* dans 'l'immense majorité

des cas,' élles'sont défeeLûeues; 9n917'sqxy 's.l 'u5

- r 8°11 existe a'ussif' au'1 point3 de v'ue'anatomo-pathotogique/une

différence entré tes'deux' processus; Tàndis'^queM'a^ paralysie' géiié-

ïalerà~pbur subslratûm une'encéphalile''diffuse7 l'alcoolisme chro

niquétljprocède 8plut0l' de ' `tuôublës'1 locüï °dul'sj·sténie' `ïzéivëûâ

central,6de`foÿershémorrhaôi`lues`et`emboliques, ellncidemment

dé troubles 'généraux1 de la1 nutrilionJ'A'ssez souvent1 on manqué

d'altérations macroscopiques'. ommo-i .olft-^briiiTs ,)., 'n ni

2n'Discussioz. "=`'111' Séuu^ partagé les m6mes"6pinions sur la pâ-

ralysie1 générale alcoolique.JSoii tableau clinique ne correspond

pas : a' 'celui db là'paralysiélgéné'rale classique : toujours il vients'y

ajouter des1 symptômes 'accessoires qui/modifiant te'cbmp)exusde

la'paralysiel générale,1 engendrent. des forriies 'mixtes.' Règle1 gé-

nérale,' la paralysie générale"alcb6lique a1 une' évolution torpide;

tandis que le type pur^se'fait' remarquer' par une e'xcitabiiité ini

tiale'J l'alcoolique' lémoig'né1 'd'un affaiblissement psychique 'très

prononce d un1 bout a 1 autre. Différences necroscopiques : la

paralysie générale1 vraie appartient l'iiîtênsité désraltératibns mé-

niu;ées, la parâlysié'géuéi alé4atçôol üjûc ivéssortit l'atrtipliié èeî eï

brale ? -Toutefois, il'ne'faùdraU pâs'otré absolu^ car l'orateur a vu

également des adhérences'méningées dans la paralysie' générale;

il' est vrai.qu'alôrs il s'agissaitfnoiï plus'd'unc évolution chronique

ordinaire,' mais d'une marche aiguë et souvent' sur'aigûë confinant

à-i'habitus du'délire aigu : ce°sonf évidemment là des éas ëxcep-

tionnels;'Il a aussi observé,"darfs deux faits d'encéphalite relevant

d'une pa'ralysie" générale alcoolique", une ,dégéhéréscéhce''grise du

nerf optique que l'on pouvaitpouMuivé jusqu'aux ganglions ! On

devrait, selon lui,3"accepter là'pathogénie'de'la paralysie générale',

de parlés excès alcooliques', sous la double fonnuIe'que'vbicî'V81'

SOCIETB,S, Syl1\TES : 227

4° L'abus des boisions, aFoqliugpr9çuyhlçpglisLoEI ? oiti ! 19

duquel émane la paralysie générale typique ; . 9D1(hoin

2° Les excès; de,boissons, précèdenj.,^ jl.s[enpiévelqppe, ^au ^cou.rs

du temps, une,paralysie, générale, sanssqu^oQpobserv^eJe^lad^m-,

termédiaire de l'ajcpolismeychrgniquçj^d^ou, cliniquepient, une

forme, non,, spécifique, niais.^lypique, e ? eyl,ççrlai3y ,ças, -ga^Oj

Pft ! lke' 9l 8HifM[ c'n sJln ,mrt21loosts'( eb in9ni9vi«>uIoy.9 ahunisj,

`'111 : "MswL`'lérôitsqû ôuiéllh§'vêas5 t3â is`ilénjüeli'l'lêôôlisnié

chrônifluê`l5rôlpitr uri'1 tàblèau^'clinique1 semblable*' à' céln7desl'a ?

paralv'siè"génér'àle ? qù'b'iftre'ceiîi'1dkns'>'les'quels'iràlc,dôlisme5chrd-l

nique doit être tenu pour'umdes éléments eliologiqubs délapara-

Iysie'gcnérà)e,' il en "existé 'encore, ePi]s'sei'aiei)t''asez"fret'['u'ent'

dans lesquels l'alcoolisilic'clii'oniqué smH iêiit au' début de la ? jlafd-

13'siè genéralë, âmenéCpar'eelle-ci, on a §ôusles 3étlŸlâ combi-

naisou'dé deux etats'pathblbgiqbds.nei.loo'lIji'1 9}j 9rt9™m °s T ? 9.. , ? ioitt «, jirai'19 A «Hiui m-»* a ? Ht6uiq hnsnqmoo all9 ; So'Q.ijî

y 1lf.l, : Kroepklin, (do Leipzig').jE<u ? tm'M<( ? U ? s

.cialions d'idées. Les eapérienées out 'pLo3Ll ? iusit,ug <sur

des ipdinduslsains;.il,s'aissaitrdéi,selo;gsdre, colupt&5les ? 3goçja-

tions yevalesn Lllesdevyunt· sçroir. ultg`'igprçnignt.jdg911ase : ài

t'echercheraJqcodKsj;jpaq)pgiqus ? Luteur.;ad,ppe9j

c

D'après, lui, jly aurait, prédominance deSjiajspcialionsbd'm-.igjne

externe, xsu î^ , fes^ asspj;iationspnpne .jplei'i £ 8ylLesi§ubj^uljfs

jouent le plus grand rôle, comme repré^iiUuU^jniméd.iatsjidçs

itnpréssionasensorielles,,t ,, djuis ,,1 a ^'orniiit lourdes .«a^QcUjtions

d'idées;.ij§ contribuent^ la formaVon,de,lQ,R.4f0 lles,asgoçiatio(1;

Ce qui frappe encore, c'esJJateudanceque lr,çéseu4ént;,le iydiyîdts

àiassoçier par.induçtion, c'est-à-dire en ;a,liantcd|u, général aii|P,ar,r

ticulier ;' ce mécanisme s^r'ait^djx.^fojs .plus fréquent^que. Içuii,iéc'àr

ninïç invei'ëyt,Qralû u.ô,rë ? l ? de3 ? 3pèiatipat.Ltj un%[s(jrip

11e111,000, ëssais ? rt p410 sFli'aPPrortent,àla prçniière,,enf.a;ifie,

3G p.,f00 à â,péyiôdé sçolaüg, ? 3Jàl'époqueidès é,luçls,lS)>éralgs,.

La mensuration du temps^nécessaire^à J'ass.ociatipn, desoidéflf

pratiquée par laa méthode. dejWundt^aifo^

riLxy ? n ? S 5 è : PL^J - Ç ? ^1 ^L^ii "ï'îk v, 6ê. ! ^Vl ^io ? u o^i s^ i; yai ? u^ Ai ^ i-Ari e u r§'.

La raison dp, cette différence résidei syLQutdans la-mpdtiçation

QO iaméthododes ca)cul Ainsi^M^JÇroepeJjn^^a pas seulement

pris dM moyennes; mita tracé j;ommeordonnqes,fesh'équence,dQ

pris(dç^ moyennes; i^a tracé ^comme^prdonnqesJesJ'rçquçncgSjdQ

P^A'îïl lié o^i^'af^r1 4 11 ;'C i^î^fY é e.s '> -0e l ' ^5î P L»i' «%> Ç P ijf> n\e. r ik b§ ci s eii I «^

divers espaces ^e lemps)jjnolés.,Poui' : hij,6de;jmême qu.ejpour

TraïUholdl,, ou 'a,,par ^çe procédé ? déduction faite; des'réftptiojis

eMUenLeIe'Yeurs\0,O ? j)7S ? nut,

dureo ]ap)ùs fréquente èlit[témps4que,,demandesune,assoiation

d'idées'. pjusbrefapn.u'tient aux.associations d'idées

,'tn.- .i( ? i) ? i ? r" ? ? y.-r ? ? v ?

'déterminées z et par. l'accoutumauce verbale. Le

. KllU l Jll, JllJlllil,l ,.t I.J jj ? o, , , ^ ? -,

&28 SOCIETES .SAVANTES.

aux associations d'idées provoquées par

lareçlierglÿe intellectuelle sur ia signification du mot, notamment

quand [le mot, qui joue le .rôle., d'incitant, représente une abstrac-

tiôn;ou,yote alors, 0,730"-0, 773 ? Le temps.qu'il faut pour recon-

naître si un oi),ip 4,est agréable'ou désagréable comporte seulement

j0,i7ha 0,900". La recherche 13 intellectuelle d'un mot dans unedes

catégories d'expression exige.simplement 0,03" à 0,05 ? L'in-

ituencde ? exer'ice'sur les associations d'idées s'est, une fois, mani-

festée par jarejouiydes mêmes conceptions, ainsi que par la fixité

detla direction de l'ensembfe de.iaettvité associative.'Ainsi, en

répçtaut le=.mêûies, yots, qui jouent le rôle d'incitateurs, on fait

reparaître plusse 50 -p. 100 des associations d'idées dans les quatre

premiers jours; puis, la proportion décroît rapidement; cependant,

mênreaaprès`plûsçursmois,yfen reste encore 20 à 2j p. 100 de

constantes, ^..qui, prouve ^combien est stéréotypé le cadre dans

1 qtiA,se,iiieuiL en, grande partie notre pensée. La direction du

ç,py;s,de petit etre influencée de telle sorte qu'eu

répétant souvent .un flux de, propositions' associatives déterminées,-

c est-a-uire en associant par le langage une spmme de propriétés

ou d'activités données, on force l'individu, malgré sa résistance la

pluséileridue,,tà,se,rappclér.des conceptiôns de même, sorte

pendant plusieurs minutes, .voire pendant quelques jours. Inver-

sèment, la, fatigue, allonge, le temps nécessaire" aux associations

^d mees,,ilesi.rena1difliciles;.ceci)est notamment vrai pour celles

Lit,iiiil)oseiit d5jiautes,PxigenceV au 'travail psychique; on élire-

gislredans,l espèce un nombre très marquant d'associations

F ury e 111 txlérieui-ës en. rapport avec des sons, des rimes, etc.

Influence des médicaments. ,L éther.et le üitrilÿ d amyle allongent

.d'abord, surtout l'éther, le, temps que demande'une association;

.puis, on constate une abréviationréactionnelle, surtout marquée

,qqpl,d'ol 1 ex Fiiiente le il' ILi-it( d'aiiiylc ? Cette abrévation est

- 1'l., . ... , Inilliarui-. ? >' ilij,ii<-.t«i -' ! - , 11141-k

- Pgu ? ' tre 1 iiioiiis accusée,que par ,1 ether,, cause de la grande

.intensité du sommeil produit. L'alcool engendre aussi deux stades;

.l'abréviation du temps que réclame l'association est initiale, tandis

.que l'augmentation ? devient secondaire; iciaussi le'stade d'ab'ré-

wiation n est pas toujours très évident. L'alcool parait' agir sur la

.qualité des, associations d'idées; le genre'des combinaisons, con- -

9qeptutllès"lui-pryédoiuinÇrlS Jûs l'influence de cet agent est celui

= qui, procède. de, consonnanceset.d'habitudes.' ' Différences indi-

ividuelles.lLa. fréquence ., relative .des associations internes ? et

externes ; l'influence' variable exercée" sur les combinaisons

.conceptuelles", par. les^. symboles verbaux^ parles souvenirs11 dés

sind[\'idus,, par, l'ancienneté ,011,, la nouveauté^des mripréssiôiis; le

ombi : c es associations steteotypees : voil' 11 a étéi'e fonds

principal des 'expériences, en ce' qui concerne ce'paragraphe. II

est incontestable que l'appréciation de ces nuances est de la plus

sociétés savantes' : 239

grande importance pour l'intelligence'de l'individualité psychique !

Des divergences remarquables r'prit'Jsûfgi0''qîiant,à1là"duréeJdes

associations; pour associer, 111f'IZî·oepelin inet' 0,<70" de plus ? {'ue

M. Trautlfoldt. Certaines tâches, tellbs'quevcelle ? de 'trouver -une

rime, fontmonter cette différence à 0,300"; s'agit-il ? au contraire,

d'associer des propriétés, la différence's'abaisse à 0;"blle"dbvièrit

négative quand il s'agit d'associer des 'activités)1 des faits ? cll3ést

évident que, dans l'espèce, rle's' liasês'énéiwles`dës3 combinaisons

conceptuelles ,se développent ? de manières^ toutcavfait'J 'diverses.

Une autre personne en expérience éprouvait une. excélssive diffi-

culté à associer les propriétés,desort6 que la'plus'gran'de 'partie

de son bagage verbal se composa de participés ? en même temps

la mémoire était remarquablement faible' pour ces'associations*.

C'est à l'étude plus suivie' de cesydifféreiices1 individuelles rdans

diverses directions, étude dont l'orateur attend1' aussi deseohelù'-

sions sur bien des états psych'opathiquès, qu'or ? emprunte'ra'des

documents relatiss1 à'' ces formes 'de' transition^'difficiles'qui11 ne

nous fournissent encore guèredo'points de repéré aTappui d'une

appréciation scientifique exacte) ? '^ ''^ n'P'%fBu"l ? 0 ?

M. Kirn (dé Fribburg). Sur les psychoses chlofaliques1. n'existe

relativement .peu de médicaments ^capables de7prëduire, pâr

intoxication chronique, dos'psychoses parfaitement'développées.

Citons les doses exagérées, longtemps-prolongées^ de] nicotine,

d'ergotine ', de morphine, d'alcôol.`On' a'àussisiôalé'3rüiie

étiotogie par abus du chloroforrne'(qiielques'Icas').D Or^le^rliloral,

jîe proche parent du 'chloroforme ? est également'capable d'éE-

gendrer des effets toxiques aigus et chroniques9lPâi·micles'effets

aigus) il faut ranger des affections cutanées' polvm8rphes,uùrie

hypérémie passive du système vasculaire céphalique entraînant

,unr trouble de'la"'connaissance, et, finalenïent ? la ? pâéal3siëtdu

coeur. Parmi les résultats de l'empoisonnement chronique.' il-faut

'nommer'do graves'difficultés de la digestionùnhotablëaffaisse-

mént'de la nutrition "générale) 'de''violentesrdouleursèdàns^les

'membres, de légers' troubles psychopalhiqùes ! Quant a'ia produc-

tion d'une psychose parfaite résultant' du* chloral, elle n'a jamais

'été"1 décrite avânt'111 : 'ICiiw : ' Voici' l'observation. - Un^hoTrinie* do

trente-cinq ans, indemne de tare héréditaire, organique, bu dia-

thésique, prend, depuis 1877, 'pour combattre' des accès 'd'asthme

qui reparaissent à peu près tous les huit à-dix, jours",1 0 grammes

d'hydrate de 'chloral àssociésJà 5 centigrâmriies^db morphine ! Les

pauses intervallaires devenant de plus en plus courtes, il finit par

rabsôrber ptesque journellement 8 grammes d'hydratedëchloràl et

eG ceuligrammesdemorpliine(décembrê,1882/Aûhôutdeplusieurs

, in'ois d'abrulissement,"bn cohstate'dè rin'appétçifcéTdé'là diarrhée,

Il ? mu I 9' ,ë la tttt'b ? n > i|j sj 19 r c 7. '1 mTDl7,9 f ssb , 18q19(IlTCj n

f Voy. Archives de Neurologie, t. III, p. 218 et 2<2 et t. 'I, p. 1t1.

tf-è. .29TY,A'aR safTanr' ?

230 SOCIETES SAVANTES.

,aqmsJnol z4°tJ Jarfm9q misflxiriq MniivoFiifr/...-,»,, f, -, ,

,'im amaigri sseme.nl, progressif,, ,dutenesmo vesical , des douleurs

"' "".«" i-Oij "\ ,li..."1l> Rii « 'H. r1) ? . |l ... ? ni' r" . "i)

lancinantes dans les membres et le dos,, de.,1 insomnie, ^de

l'affaiblissement des facultés, morales, de l'aboulie,' de l'agitation

p'svchique.' Le'4' 4',jyillét (âdn'JSSon 5.;1 InpiLal); le cliloral esthrus-

-il'rl 'un ,11 , -'nij, ? ? . i, tjiojiti-l r.,11001/- ? * * ,

ueirient abandonne, tandis que 1 oncontinuela morphine, mais

I'a,pe'tites*1db'se's..Da'nsllè's'premiéss0 jours' quirsuivent," agitation

J-jJf1311.I'inij ? i ? > .i» ? mA ,... 10 ' *' itr ? 1 " ? -- 1. j r

excessive, hallucinations, tros vives,"cxch ! Stvement\do 1 ouïe,

entrainaut de 1 an^ôtssze;décliéânc pondérale de 20 kilogrammes ;

teinte anémique terreuse, expression1 anxieuse, pouls petit diar-

rhée répétée : ténesmevési cal fréquent (ni àlbuminu rie nî'glycosurié);

3dôülêins dans les'extrémités inférieiircs^Apgravation'.progréssive

atteignant son acmé au bout de quatre semaines : craintesi perpé-

tuelles de la mort. L'amélioration se fait sentir graduellement

depuis le mois d'ajout; ]I ne,reste .alors que de la céphalée et des

bourdonnements d'oreilles. A la fiu d'août)' reparaissent les accès

d'asthme sans qu'il y ait de rechute au point de vue mental. Dans

le courant de septembre1) le taux de la santé générale est meilleur,

sauf oscillations quantitatives ; les hallucinations de l'ouïe, deve-

nues iWés7,nVccupènt,pasropiniillrérrient51^^

les pértiirbations'somatiques ont'rétrocédé ;')o'patient'a'regagne

- Ji lcilô^'S3'=`'I : ës`nappoi,ts'de cause à effet sembjentfinduhitahjes.

L'auteur fait ren]arquer'i'ana ! ogieffrappante' : avec cerlàinesipsy-

e ! cho'ses alcooliques, tantf'à,'régar'd'demllépnque dfapparition'fde

phénôinénésr(périddé'Té1'acmé corresporidaut alla suppression Me

';J 'excitant acctbùtiimé)'Jqii'en"ce quicuncernê.la111Ôdaliténsympto-

``üi)rtiqiié`(pvédbnïih'ai7ce'des hall uci nations.' de imême genre) que

.celles des buveurs persécutés) ; enfin le dciife cesse avec la cause.

=Pt71bgc'nce.` Lë cltlôril paralyse lespetits vaisseaux encéphaliques ;

î"dér''la1'dysl'rophie 'descentres nerveuxi'en rapport"a\ec Taffai-

·blis's'énierit tgs3'clriqiïé; o l'inipotencet' in oratë)a dépression'4 de

l'activité car'diaque ? et'de'')a ? nutrition'generate ? La' suppression

si l)'rusqué,'duTfmé'dicambntl,entraînè' une réaction inverse duScûté

1 ? dé''lâ"circûlàtibri`; alorsi ? ippàraifHun' nouveau) tahieau''morbide

9 (hallucinations)' agitation)', créé,pir·l'liypérémie.'I1 faut ensuite un

"i'cêrtaiifctempsI'pour9que' ré.quihbreOsedrétablisse.o Le (pronostic

8 dépend' ri'aturellemént,7'del la durée' 'du troubles Lesj rechutes

doivent être aussi1 dangereuses queipouriles psychoses alcooliques

~ret mbrpliiniques.< ? 09b9»ipi'i91lq ! 'iaq 9711fr,n i-l fJii9upàduoc ? 1

j.fnf.3 jaimbB 01 3·oono JtTL6é -a t9111n"ir as 91r>vlinr,q ii ernq

Discussion. M. Schuele tendrait plutôt à rattacher,. Ies,pertur-

jbations nsvehiaues à l'abstinence..L'abus du chloral, qui, n'est pas

,)dquteux ? ayaitp dv'nrimjj9 1 actiyitôj^p.syp bique, , mais i aetton du

9,slu,ço'RL Pas P.u$,aé : 9' Ltég qr t riûo-lâ sÿ PI ? ,r,gs i°n '

Il se demande si les phénomènes pathologiques se seraient

montrés de même façon si, au lieu de, supprimer brutalement le

chloral, on avait lelrocede lentement. "' ? ?

sociétés savantes. 231 <

' aT 1 V/8 ? L4T : 11')OP 0 £ O

M. Fischer, en employant à Pforzheim pendant très longtemps,

chez les agités) "de'très'hautes"doses" de i .1

z '^a»\\"' r I 2nr,b r·nnsrn·,rrr,f

de dommages semlrlables. Iff lfri , , ,- (.r'n-'f

,, ? , . ? 91 rl"[, . , ,>7 tcidlfl-V ? (<>" -'I

M. Ivnv réplique que le deuxième stade .qui,, pour ,lui, relève

principalement de la.suppression brusque, n'a dès lors Li

tion immédiate .avec )echioraii<me,chronique z

stade s'y rattache directe ment. Lé deuxième est l'etTet`éouçui·reüt`et

de l'intoxication et de la suppression brusque. Il faut encore tenir

. compte,de la réceptivité individuelle variable, suivant les personnes

comme suivant les épgqqe ^X ? w^rZ'Z.>^ iXh

1)1."JOLL ? se rallie cette manière de penser elle, est conforme

à ses observations. particulières ? «i )uod ut, ïinst nu ? r rn 9JJc

' 1T1 1T - jiil 9;. n-ii1r.11l(l J J.1 ah rOllr ? )

W 11 ,. , ' nL 9t TII . ntr 1-r9n k ,'r " ? ), Piufn ,I ? nih

931 i « ? hn Séance du 20. septembre 1883. , ium '' ? J ,

931 « n" ? .« ! ' r,q , ", "U pr e7mmu ri .Jmrn·,naW'ruorl

' 'f 3rron -'L"4" j;. , ? , ? «nif[lê /, ? «, , Présidence, de, (de Fribourg).^ 1nj,n(/ll0 11

7- .n)0' <rannfJBf]fuhj ! ;ff 91 ? vJJ.Jf)E[)peftOt.tr ? o ? ·

nh 111. Enn (d*Heidelber-). Renza2,qzies sur certaines formes d'atrophie

9 névropathique , (connue, sous, ]e4 nom de j zzc'aritcdctrlériGrntivç mul-

- liple). - En s'appuyant sur, une,observation de névrite degènera-

tive multiple, récemmentpubliéeipar Slriimpell,1, 1L}Erlr,plend

pour thème la nature ,non inflammatoire, de certains cas baptisés ? cas iptises

9 du nom de névrite. 111 inclinerait à en, rapporter, la à à

«des troubles du côté des centres trophiques., Ce 'sont, (du reste,

omoins des conclusions z ? qu'il formule en ces termes. iipc ,.9J[ ? tq tuavu ? b ? n.)'.

9r 1° Il est possible etprobalrleque des troubles purement fonctionnels

'affectant les centres trophiques, de la moelle, vers, la périphérie

9'(zones des nerfs moteurs et des muscles), occasion non t d'es désordres

n anatomiquement perceptibles (atrophie, dégénérative). q|,7)j ?

s1û 2" 11 est possible, qu'à, côté de.la destrucliq complète,,dé,lla

9 séparation radicale des centres trophiques d'avec ; les tractus et

a postes-, cellulaires ,environnant ? ces centres; deviennent lei siège

*). d'autres processus) pathologiques, qui ne, se- traduisent pas fatale-

a ment, forcément, par le tableau de l'atrophie dégénératie,tomate

8'de la zone d'action périphérique de ces centres. ? 311, oh

Par conséquent, la nature périphérique de ces atîeclions,(3;,com-

pris la paralysie saturnine) ne saurait encore être admise comme

''définitivement démontrée.- z a,l : rarl t - sio*>91.)Ps(l ? Bq ' Dtscussi'e ? M.'JoLLY.' Les cas d'h'émiatrophie faciale plaident,

comnié`1·atrôphie°irévivpatlriqùé"dês esti·émités; en'faveurt d'un

.'trouble fonctionnel sis dans tes'centres trophiques. La' probabilité

Iii9 ? 1 if =ii)pi^oloi«r,q ,·,nglrrrrrrrlrl 4, gbnsmt)L ga Il

ut ii">ili9lPlii a Timiinafis ,9b. u;'1 t i ? 'vi-.b') m9m ab M'tJnom

Z Neurologie, Revues ai Ntitities Am M'juuin

u mv : ,JUI -·w,7u'r,yt JLGVE O ,IB·LOIfIJ

232 SOCIÉTÉS savantes.

est grande. Cependant il se peut que les cas isolés de névrite

multiple dagénérativo aient diverses genèses. Ainsi un de ces

faits, consécutif à un rhumatisme articulaire, viendrait à l'appui

de la genèse périphérique.

M. SïRUEMpELL. Les hypothèses ne sauraient être substituées aux

points de repère étiologiques. Bien des motifs appuieraient, dans

l'espèce, l'existence d'une affection infectieuse. Il n'est aucune-

ment impossible que la matière infectieuse spécifique se localise

tantôt surtout dans les nerfs, tantôt de préférence sur les segments

moteurs de la moelle, tantôt peut-être aussi en même temps sur

ces deux sortes d'organes.

M. SCIIULT7E redoute les confusions. Il croit notamment que

les hypothèses de M. ne sont pas nécessaires pour les affections

des nerfs périphériques qui procèdent par dégénération évidente.

Il lui paraît difficile, en ce qui concerne la paralysie saturnine.,

de rattacher, aune altération fonctionnelle des cellules nerveuses

ganglionnaires, la dégénérescence périphérique qui, dans les cas

de longue durée de la lésion, se produit à une place déterminée,

car les segments de conducteurs qui établissent la continuité entre

les cellules et les morceaux de nerfs dégénérés demeurentintacts.

La non-participation dus nerfs sensitifs dans la paralysie satur-

nine n'a pas encore été démontrée. ; 1 ` ,

M. Seeligmueller adhère pleinement aux idées de M. Strumpell.

Déjà, dans sa monographie sur la paralysie spinale infantile,' il a·e1

supposé l'infection. Il a à son actif la genèse simultanée d'une

poliomyélite chez deux enfants de la même famille. Il se'rappelle 1,1

encore un cas observé pendant la vie, et dont l'anatomie patho-

logique a été décrite par Félix Marchand sous le nom de névrite'01

parenchymateuse. La rareté des troubles sensitifs dans la paralysie01'1

saturnine s'explique par ce fait qu'au fond c'est le domaine 'du59 '

radial qui se trouve atteint ? or, dans la paralysie traumatique > ?

du nerf radial, les troubles de la sensibilité sont, de primé ahold ? Jf,,

très faibles en intensité comme en étendue. l L«ilq 6')i ) i Pob ? r.nnr 'J".0'tB

M. Jolly (de Strasbourg). Sur (les muscles ù regarder,

de f'<ec<)'M ! '<ds<aM : <e. Il se sert d'une machine électrique (élec3l,

tricité par influence) mue par des.moteurs à eau. L : Tdisposition,uu

d'un séchoir à flamme de gaz surmonté d'une haute clteminéely·t

permet de l'utiliser par un temps humide. M. Joliy préférer 1 sOlil-,Jaq

citer les contractions musculaires par l'excitation bipoIaire-pluLÔtjfif

que par l'excitation unipolaire; il modère la force^des dé liargs,11,1

en interposant dans le circuit une chaîne variable d'étincelles, oul01j

en employant la'bouteille dé Lé3-déDans tôislcâs d'alôphie,de3tta

certains muscles à réaction'fâradyqueepûtsée, il trouva un peuj3gg

de diminution de l'excitabilité lvanidue(contractiônuqteu,a'l

o p ? rs,.702 fez

SOCIETES SAVANTES. 233 ? 1 ^.Il} ictn , ! ianf tt t1 129

paresseuse) ainsi qu un piéger ,auyomdrissemenit3é larrçaçtf n«tn

l'électricité statique (cont'ract)onsëntes)Tro)s,autres, faits, vie

uns d'atrophie périphérique, les autres d'atrophie : spina)e ? io'n-

Lins d'atropliie péi-ipliéri4ue, les 'à zut , . 1 )Il 4b

trèrent la fois une forte diminution de'Iaréaction'gatvanique

et une disparition de l'excitabilité faradique et9statique : D'expë`-

riences instituées sur des iapins,\i ! résultée qùe.'T pendant Ueoq

stade d'liyperexcitabilité. 11-alvanique, il ny avait pas'd'âugmén=3'I

talion de l'excitabilité statiquermais.plutôt unetégëre.'dimi

nution.dej ce ! fe-ci.'<D'uneq manière ti,ouva ? qLieij3J

l'incitation des musctes dégénérés'fnécessithi3'unep)us 'grande'T*

quantité d'électricité, par décharges détachées qùeincitation 9'

des muscles bien portants 5 ! 9.1JJ069'1 8ST3D92 .IJI

nI. MoNAKOw (de Saiiil,-Pétei-sliourgj. Reclie ? ,Cltes CXI)élimelit(iles P91 b ? ... ? ..t),< : ,n'T''iif.i ? ) ? nR.u ? ij''i9t

sur les «<t'op/tte.s co)'<<(;s, avec pteces 1 Il «' Les expériences, t

ont été'pratiquées chez dos'tapins et dos ettats.nouveau-nés. Pour

* - .)o ? o" .. ..rt0 -( , ., , 1 , . 1 -1 ir t.lôJJU1 sr sur

déterminer si tes'atrophtes pecondaires perpt;er]ques survenues,

après'l'ablation de région iimitéesde i'écorce deriventhion de ces L

régions co'rtiM ! es'et"'non' 'd'en'drbtts éloiués "111'\fônahôw â

.,f...`1T8'J

dansrüil 1);tl t'dé, 'à' n, 'tr'ôi è,- déÏt'iÈ' les fihres de prôjectiou'dP ces91

ré -ions téi-iëtir dë"I'à é'a"1)sLilè' interne. Il.prenait ?

avant d'agir, ses dispositions'pou'r'reussir à l'aide d'un scalpel et

fonctionnerjuste. Chez t'animai devenu adult'(1àiii), la"desttLie-

tion;.du tiers postérieur de la capsule·interne; danslla'rériôri'-oit

passent les faisceaux, de 6Gratiotet,.se traduisait, d'un côté part

f'atropbieado;)a. sphÈrenvisueHe ? d'autre part, pai'ciesi'memes '

phénomènes que.lorsqu'onia enlevé cette sphère elle-mêime : ll't'

était toujours z derésuttatsexpérimen-'

taux antécédents, de savoirtsoupeser leslésioiis inititentionnées ?

inévitables., Grâces causes-d'erreur mises àpart.bt'atrophie de

l'écorce,de la sphèrevisuelle se limitait aux troisième'et'cinquiÈme"

eoucbes,cortieaies, tandis que les autres couches demeuraient assez

intactes. Il faut avant tout insister sur l'atrophieltrès prononcée

des'cellules pyramidales géantes. - La secLioti(elicz un chat) du `

faisceau pyramidal au-dessous de la capsule interne, détermine,

qua'nd'on épargne la'zo ? dite'm'oLrie, d'une part, une atrophie .

descendante totale du'finsceau p3'ramidâl,et d'un,àütiwcûté, ,

une'atroplliè circonscrite'des champs moteurs z Ici aussi. -

)'atrophie'se,timite'à lâ troisième couctie de l'éçrce, et,düne9,

petite p"oi-ti611de la cinquièine couche; les autres couches.restent' i-

z en outré ûne réductioà géiiéi'âlé des iÿôpvo-9

lutions correspondantes.Commë, à la suite de quetques destruc-

.. 11 1 /V r v 4 ff f 11 . : 1 u b el

tions d'ailleurs nicompietes despyram)des(moei]ea ! iougee) `

eliez1le7s"la-'pin"st ? ilne`s'est, pas`montré d'âtiôplüé9aaéi;dante ? 9o

essentielle dës'fâtsceaûXp3. amidRÜ; 111. lllqpal : ow tendà mettre p

J'a tropli i eJ d c'l, zoii"n'i otri Ce sur le'compté"de la section *de*s

234 SOCIÉTÉS SAVANTES.

tractus cortico-thalamiques, ou à la fois de ces derniers et des

faisceaux pyramidaux.

Discussion. M. Hitzig rappelle les travaux de Schiff. Il y a

matière à rattacher l'atrophie des cellules pyramidales à une

dégénérescence ascendante des fibres nerveuses sensitives section-

nées qui, sans nul doute, doivent exister à côté des fibres

motrices dans les circonvolutions appartenant aux centres

moteurs.

M. Kroepelin rappelle que dans les destructions périphériques

des nerfs moteurs (par ex. du facial), on n'a, jusqu'à ce jour, point

observé d'atrophie centripète gagnant les noyaux nerveux. Donc,

il regarderait comme fort probable la relation pathogénétique

entre les altérations de Monakow et la lésion des tractus

sensibles. ' . ! -

Séance du 21 septembre 1883. Présidence de M. Hitzig (de Halle).

rit

M. 1111;DFL (de Berlin). Contribution à l'anatomie pathologique

de la paralysie progressive des' aliénés '. - Faut-il, comme le veut

M. T uczek -, croire que, dans la paralysie générale, l'atrophie

des fibres nerveuses à myéline est primitive et que tout autre

altération est secondaire ? L'examen de nombreux) cerveaux de

paralytiques généraux, fait par la méthode de Weigert, montre

que les fibres nerveuses n'ont'pas disparu, qu'il n'existe pas, sous

ce rapport, de différence entre .l'écorce des cerveaux normaux et

celle des cerveaux pathologiques. (Pièces à l'appui.) Pour lui, la

paralysie générale est une'encéphalite'interstitielle.riD I * .1." ,u

M. Witkowski. Sur lu névroglic. L'auteur rappelle que. dans un

travailantérieur'3,' il s'est'rallié aux anatomistesJqui considèrent

la' névrôglie comme étant ? de nature nerveuse; et qu'il a essayé

de démontrer qu'elle est proche parente de la mvélinp, Lesirai-

sons à "l'appui sont : la coïncidence" temporelle) pour) les .deux

substances de pliases de' développement1 pleines d'importance ! ; le

passage dé lai myéline en des milieux d'une matière semblable à la

névrogiie'àu'niveau' des extrémités nerveuses'(myéline fluide)jet

dans les dé' les acquisitions'deU'expérience

pathologique sur le sort commun subi par les'deux'matières' au

moment delà formation de larnévroglie ou'à propos de certaines

dégénérescences ''secondaires. ''Somme toute;c`depuis"lors : s'deux

communications se sont fait jur' "celles de' Giërkél èt Ranvier.

1 Voy. les Archiies'dé* Neurologie1, t ! YU)'p]' 367 : 2sa's\· yoV 1

- «., t. VII, p. 365. ^

M., t. VIII. p. 75. z - -

SOCIÉTÉS SAVANTES. 235 5

Gierke se garde, 5 bon droit, d'admettre l'hypothèse trop

libérale des noyaux libres, parce que le système nerveux central

possède beaucoup plus de cellules qu'on ne l'acceple générale-

ment. Mais il va trop loin en rattachant tout ce qui est granuleux

à un contenu cellulaire. Il oublie que le développement du système

nerveux central comporte une période fondamentale dans laquelle

se forme une riche substance intercellulaire. Ranvier fait

provenir toute la substance finement granuleuse de la destruction

des -fibres, nerveuses à myéline. On sait, depuis Koelliker et

W. Krause, que l'écorce grise contient un grand nombre de ces

fibres, même dans les couches les plus externes. Mais ces fibres

;ne sont pas assez, nombreuses pour permettre d'expliquer l'origine

de toute la substance, moléculaire, et l'on ne saurait comprendre

pourquoi elles ne se détruisent que dans la substance grise. Enfin,

cette théorie ne nous donne pas la clef de la grande différence qui

sépare la substance blanche de la substance grise (aspect, réaction ;

'développement).Ranvier attribue aux cellules araignées la même

origine qu'aux cellules nerveuses; il les rattache au neuroépithé-

blilini.' Mais l'anatomie pathologique des processus scléreux plaide

'suffisamment çn faveur de l'origine conjonctive de ces éléments

organisés qui ? rigoureusement, sont en rapport avec les' parois

' vâsculaires. Comme on ne. saurait parler de cellules araignées

'sans toucher. un mot de la paralvqietgélierale, 11. \\'ilho-sl;i ter-

f miner pan l'appréciation jsuivante. Au point de vue. clinique, lés

8 symptômes, de paralysie, générale, se montrent en différentes

z diffuses (encéphalite, méningite, foyers muiti-

iples), parfois même sans^qu'il existe d'état, clair.

Quant H l'anatomie pathologique de,iencéphatito chronique,' les

f préparations,' discussions et analyses deMendel entraincnt t'assen-

Z de l'orateur : il s'agit bien d'uné,Îésiut·et spécia-

lement ide, l'hyperplasie, 1 1-0 -t'esse

conjointementoaux -pai,pis ? asculaii,es, ët9particulièëemeut aux

.cellules dçrla tunique adycntice. C'est donc ausst,f)ien une inllam-

5mation inlerstiliellei.qu'unef affection vasculaire. Les altérations

décrites ! pai-rjTuczokr,1. ne peuvent,, en .tout cas ? étr(; considérées

z constantes,- car M. \V'itlvpnsl;ia pu, lui aussi, constater

il intégrité 'desTibres^itcs.rtangentielles dans le cerveau de para-

ilytique's .. ' '- Ji; .0 .1 - d 1 atis 1, -1.1 1 e cerveau r Jt '.tf.

r13·tiqués génér ? ux. 7Éq idue rm -n hcf- n· rl1 z

suite derla discussion,, alimentée, par, MM. Ilitzip,

cfjAfa smto.de(fa ? 'i ? «i i il i.j MM. Hitzig, Mondct

i,eLiN%'itkowslii, le président déphare clôse dernière, séance de la

section. (Allq. Zeitsch. f. Fsyoh.LSL,5, ) ,tnnz s2 r , P^Kéiuval !

1 Voy. Archives de Nejirologie, t.VII; p., 365 ensuivantes. yl 0y i

cSf (; t w .

236 SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE 13ERLIN 1

Séance du 15 mars 1883.

M. Lann, président, ouvre la séance : il souhaite la bienvenue à

MM. Hirssh (de Magdehourg) et Hasse(de K0nigs)utter) et consacre

à la mémoire de M. Weyert (d'Owinsk) des paroles de regret. L'as-

semblée se lève par respect pour ce membre décédé. L'ordre du

jour appelle la communication de M. Zenker intitulée : Tentative

d'homicide d'une mélancolique sur son mari; inculpation de meurtre.

Une femme de trente-quatre ans coupe le cou à son mari pendant

son sommeil aven un grand couteau de boucher. On l'arrête, sans

qu'il vienne à l'idée de personne que son état mental puisse offrir

des doutes. Toutefois on délègue le kreisphysikus pour examiner

les blessures de la victime. L'insignifiance de ces blessures et cer-

taines particularités relatives aux allures de l'inculpée (renseigne-

ments des voisins) sollicitent le pressentiment de l'irresponsabi-

lité de cette femme. En conséquence, le médecin légiste demande

et obtient de scruter l'état mental. Il découvre l'existence d'une

mélancolie avec hallucinations sensorielles, idées de persécution,

troubles de la sensibilité générale et instincts pervers. C'est pour

punir son mari des mauvais traitements qu'il lui faisait endurer

(coups, moqueries) qu'elle a voulu lui. infliger une douleur sans le

tuer. ? (.3 / !

M. I·NECHT prend la parole Sur les rapports qui existent entre les

anomalies de formation et les névroses les )syclioses. - tra-

vail, publié in extenso, sous le titre de : Propagation la dégéné-

rescence physique des criminels et rapports entre les signes de 1

nérescence et les névropathies, sera l'objet d'une analyse*. *, .. ?

Discussion.- M. Jastrowitz. De noml)retixbindividus; sans pré-

senter de signes de dégénérescence, sont atteints 'de .'psychoses

graves à caractère dégénératif : ce sont spécialement lest épilez

tiques et les criminels. Mais la régularité ' et la9.forme du corps

n'ont souvent rien à voir avec la tare psychique. Il luin parait dou-

teux que des anomalies déterminées du crâne (crétinisme, indivi-

dus aztèques, crânes et palais étroits, asymétries) correspondent à

des formes morbides dégénératives fixes. . y, , ,

u at^iisfit ajmH *

iOSO'1 s1 Sw

1 Archives de Neurologie, * t. VI, p. 449. " J , M) '

t Voy. Revues analytiques dans les Archives de Neurologie.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 237 7

M. ScHROETTEK.L'hérédité du développeriien t est 1 oiii d'être chose

sûrement établie.

M. finecar l'a toujours constatée quand il a pu exercer un con-

trôle. Sous la rubrique : « Signes de dégénérescence », il a compris

les mêmes éléments que Richtcr (de Dalidorf) '.

M. IIICIITER fait remarquer que ses deux cents cas n'ont trait

qu'à des individus infestés par l'hérédité; il en a exclu la paralysie

générale qui, pour lui, ne constitue pas une affection héréditaire.

MAI. WtEHECKK et Ji.sTRomrz croient que l'hérédité n'est pas si

rare que cela dans la paralysie générale.

M. Ideler demande si les criminels en question présentaient ces

anomalies de l'organe sexuel nombreuses à Dalldorf. Afin mations

de M. Knecht.

M. Loeur insiste sur l'importance statistique de l'ivrognerie chez

les criminels; on y doit puiser un argument de plus pour com-

battre l'ivresse.

M. Rrcarea mentionne le genre d'hérédité caractérisé par lui à

l'aide de l'expression de « cerveaux de famille » ; il s'agit de l'exis-

tence, chez les membres d'une même famille, d'un type de circon-

volutions, qui, dans quelques cas, est véritablement surprenant

quant aux dégénérescences proprement dites des circonvolutions

chez les aliénés ; elles sont bien plus rares qu'on ne tend ordinai-

rement à l'admettre.

M. KpiECHT confirme ces allégations. Dans les cerveaux de crimi-

nels, il n'a presque trouvé que de l'asymétrie, notamment des

circonvolutions frontales, certains sillons se jettent les uns dans

les autres, d'autres affectent une disposition radiaire.

M. Grunewald. Communication sur un cas de trouble mental (loti-

Une' courte discussion s'engage à ce sujet. Il en résulte que, con-

trairement à l'opinion de la majorité des aliénistes réunis à Tise-

iiacli3, la législation n'est pas suffisante.

M. Loehr annonce que cette année le congrès des aliénistes alle-

mands doit avoir lieu- à nerlin, à l'occasion de l'exposition d'hy-

giène de cette ville 4. Il demande que la Société veuille bien se

joindre à'ia Société de psychiatrie et maladies nerveuses de Berlin

pour,faire les démarches nécessaires à la réception solennelle des

membres du congrès. On lui donne pleins pouvoirs à cet effet,

- ivibnt ' = ni 1*10) 9 ' 9b * '

é ,taoiinoc ? ' " ," T ' ' br :

1 Voy. A2-ch.de'Aleizi-ologie, t. V, p. 3G0. ; t .

1 Nous l'analyserons alors.

3 Voy. Arch. de Neurologie, t. VI, p. 143.

i /d., t. VII, 11. 359. ' " V

* ! 0' ' . i^ '

1238 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Séance du 13 juin 1883.

La Société occupe un pavillon de l'exposition d'hygiène, fort

gracieusement mis à sa disposition.

M. La : un, président, souhaite la. bienvenue à t'assemblée. li lit un

compte rendu des travaux produits pendant l'année qui vient de

s'écouler. L'addition aux statuts (du 14 déc. '<878), d'après laquelle

la révision du protocole de chaque séance est confiée à deux

membres éligibles tous les ans, est ainsi modifiée : cette révision

sera effectuée par deux des membres présents à chaque séance. '

On procède au choix du bureau. Par acclamations, M. Loehr est

choisi comme président et M. Bernhard, comme secrétaire.

M. F. Falk présente la motion que la Société s'assemble désor-

mais régulièrement en décembre, février^ avril, juin. La discus-

sion soulevée aboutit à un rejet. ' , " «' - '-j z

M. Oppenheiu lit un long mémoire sur l'Expression du, visage

chez /es (f ! Ht ! s. Nous en éliminons les indications excitations

bibliographiques, tout intéressantes qu'elles soient, pour, en ôrisi-7 a

gner le subslratum déjà très fourni. La monotonie,^ c'est-à-dire

l'immobilité rigide des traits, qui dépasse certaines limites, est si

fréquente, si répandue ehez^les aliénés qu'elle* constitue tn*uu des

éléments les plus importants du jugement, dans la pathologie de

la mimique. Chez les j mélancoliques,, o : i constate, .souvent le

masque, fixe déjà douleur avccde;s,,warilutes; d'ordinaire c'est

l'expression d'une douleur contenue, (légère élévation, .deTextré-

mile interne, du sourcil,.léger abaissement dune. des commis-.

sures, buccales,ou ! dcsi deux, regard .dirigera , terre),, mais otï, oLit

serve aussi des désespoirs, muets .avec anxiété farouche. Dans la

stupeur,, ii fautqu'on ait affaire. aux formes les, plus,, prononcées

(catalepsie, Ictanisatioiil pour.quo l'on, note la rigidité réelle, de1

la sta'lue comlwenut jusqu'à. l'immobilité, des , globes oculaires ; z

en, d'autres cas. le visage demeure,, fixe, mais les, veux.et.les.pau-

. C -.j ...a ? v ? «,... WQ ........«.- G ? m 7"n ? .il.J. çjilijuc Jll6lJ'lll

pipreS|i;einuent, sans que^cependant le regai-dtse^pose sur aucun

objet (hébétude), ou bien c'est- rôlonncmont'ciui isé.trouve.peint

sur la face^Le mécanisme se rattache soit à l'arrêt des processus

psychiques, suit à la direction-dé la, pensée dans une voie déter-

i - 1/ - J- i ? .,^u^..u . ..... JI ? jo. - Jim i- (ut j.n + n

minée. l'our ne pas confondre, la;monotonie faci.ale^Cjla stupeur

avec le inutisiub^cldjmniobililé^quise^relieiit à des hallucinations,

il suffit de saisir les allures du patient; un ptissementfugitifdu

front,, un regard de, côté,, empreint de méUauee, un) coup d'oeil

trahissent, la. communication ^avec ,le|Smoiide, cxtcrieur..Dan^la

l'olie systématique, la .monotonie . de la physionomie,, émane, de

conceptions, délirantes fixes.) et par suite, revêt, toute sorte do mu-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 239

dalités, suivant la nature de ces conceptions et leur teneur. Dans

les stades avancés de la paralysie générale, l'unitonalité du

masque répond à l'état de déchéance psychique, et en même

temps aux troubles de la motilité; souvent on a devant soi un

sourire stéréotypé; il est plus rare de noter l'expression du lleu-

rard. La polymorphisme de l'expression, c'est, par définition, la

succession extrêmement rapide d'expressions les plus diverses et

même les plus opposées. U se voit dans l'excitation maniaque où,

tel est souvent l'afflux des idées que les sentiments correspon-

dants ne viennent se peindre sur les traits que sous forme d'indices

fugaces. Pareille ondulation relève du désordre dans les idées

d'origine hallucinatoire; la vitesse des changements de l'humeur

peut être si accentuée que les muscles sont incapables de marcher

du même pas, d'où l'expression égarée, tourmentée de la face.

- hZC072Sr(2lCl2C `lc la physionomie. On désigne ainsi l'incohérence

du jeu de la mine; en un mot, l'expression du visage ne se rap-

porte pas à la teneur de la conception qui semble lui avoir

donné naissance. Or, il est déjà difficile, chez des gens sains

d'esprit, de déterminer les rapports entre les processus psychiques

et les mouvements mimiques; car, si, chez tous les peuples, les

mouvements du visage qui traduisent la pensée sont au fond les

mêmes (Darwin), il existe d'importantes variétés individuelles,

il existe des visages immobiles par habitude, par dissimulation.

De même, chez les aliénés, il en est qui, tout en ne délirant plus,

conservent les contractions musculaires accoutumées, et, inverse-

uiçnt ? ertaiusinalades'savent'masquer leur délire. Malgré cela, il

est' évident quel'éfoniiemenldes déments et des idiots ou des débiles

vient simplement de la pauvreté de leur bagage rpsychique, que

la même expression immotivée du paralytique- général procède

de la même causera laquelle il faut joindre l'endommagemout de

l'appareil moteur. Le'rire ou'le sourire de l'aliéné n'a pas non

plus toujours 'pourl'causc1'un. processus psychique, et souvent il

s'allie à un sentiment inverse; néanmoins; l'expression de para-

car, à l'instant où^la

bouche Sourit, 1 idée douloureuse est interrompue par unielïensée

f " ' Ï-i' i 1 ce moment qu' il lie

réçonfo'rtânt'c ? aihsi,Me0désèspéfé1p"ehsera,'à ce moment qu'il' ne

liëûfrplils`rien'luiaurivér'de pis. Dans lc9soui'ire's'areastiqucy la'

sensation do plaisir est fournie' par la conscience qu'a l'individu

de sa supériorité.' Le sourire' de l'homme embarrassé ou-obsé-

quictix correspond' au sentiment de sa petitesse ; il résulte d'un

amoindrissement persistant'des facultés intellectuelles ou à une

sorte d'enchaînement momentané dés facultés. Le '-rire franc

irrépressible de l'aliéné, au milieu d'une conversàlidunne s'ac :

compagne d'aucune expression de la face qui levasse soup'çonne'r"'

généralement^ il représente non pas une impulsion ? irrésistible;

mais lc`résulLat·d'unè°Ilallûèiuâtion'Le'ricallement s'observe'fré-'

21410 SOCIÉTÉS SAVANTES.

duemmeut chez les paralytiques généraux et les déments. Le

sourire témoigne de divers états de déchéance psychique; il est

très souvent stéréotypé; chez les hallucinés et les érotiques affectés

de débilité mentale, il est hésitant; chez l'idiot, le sourire fixe

ou hésitant s'accompagne d'une inclinaison de la tête qui regarde

en «bas. Dans bien des cas, Je sourite prend sa source dans les

hallucinations et dans les conceptions délirantes, même chez les

déments, car il suppose une série de réflexions dont un haut

degré d'infirmité intellectuelle a peine à faire les frais; en

revanche, les plus dégénérés sont encore capables de sentir

la petite somme de plaisir qui suffit à produire le sourire. Déments

et idiots esquissent souvent un sourire d'individu gêné; il en

est de même pour les épileptiques en état d'affaiblissement intel-

lectuel, à l'époque où Us ne sont plus sous le coup d'attaques

convulsives ou d'hallucinations graves. En bien des cas, il y a

sous roche, dans l'espèce, une idée de présomption vaniteuse. De

même que chez l'homme sain, le sourire paramimique vrai est

excessivement rare; la teneur générale des idées contraste effec-

tivement avec l'expression de la face, mais le sourire traduit, à

l'instant de sa genèse, le mouvement passionnel corrélatif de

l'organe central ; jamais on ne voit, en tout cas, une mine éplorée

chez un aliéné hanté par des conceptions gaies. En ce qui con-

cerne l'observation d'une physionomie grave, imposante, chez un

malade qui vous expose les choses du monde les plus simples, les

plus innocentes, on ne saurait y contredire, cette allure ressortit

aux imbéciles, et même aux gens non psychopathes. Les

troubles dans le rapport entre le jeu de la mine et les influences

extérieures viennent de ce que les processus psychiques ne sont

plus influencés du tout ou normalement par le monde extérieur,

soit que les incitations n'entraînent pas de réaction, soit que les

sollicitations se pervertissent dans leur trajet d'entrée ou de

sortie, soit que les réflexes mimiques s'exécutent trop facilement,

la physionomie ne correspondant, par exemple, àaucuneexcitation.

Les hallucinations, les illusions, les conceptions délirantes, les

entraves apportées à l'exercice du jugement entraînent toute

espèce de perturbations de ce genre. Ce n'est pas des gens qui

parlent seuls, qui font des gestes et prennent des poses spéciales

isolément, qu'il s'agit ici ; tout individu sain, plein d'ima-

gination, peut se jouer inconsciemment pareille comédie ; ce qui

est en question, c'est la préoccupation de l'aliéné qui, loin de

s'apercevoir de la scène dont il est l'acteur, continue, quoi qu'on

fasse pour le distraire, la pièce à laquelle il participe. Certains

hallucinés font, pendant qu'on leur cause, abstraction des mani-

festations sensorielles d'ordre subjectif, mais un regard de côté,

un sourire sans motif, une situation spéciale de la tête et du

regard trahit leur double vie. D'autres mélangent les impressions

SOCIÉTÉS SAVANTES. 2 H 1

vraies aux fausses perceptions, d'où leur aspect égaré. Il est rare

de constater une insensibilité totale des malades à l'égard des

agents extérieurs, tandis que d'ordinaire la réaction qui répond

au stimulus extérieur est anormale en ce sens que ce dernier pro-

voque la formation de pensées et sensations fausses; souvent,

par exemple, chez les déments complets ou imparfaits, une très

faible excitation déchaîne une forte réaction du côté de la mimique.

Les aparté sont bien souvent constitués par l'expression articulée

d'une seule pensée; mais, le plus habituellement, ils représentent

la réponse ou la question formulée à une personne imaginaire

(hallucination), et alors l'halluciné se contente de mouvoir les

lèvres, parce que son interlocuteur ne lui parle que sur un ton de

chuchotement ; souvent même il adopte ce diapason pour le lan-

gage ordinaire, croyant que, de même que son invisible, le

personnage réel n'a pas besoin d'éclats de voix pour comprendre.

Les hallucinés, à la période d'affaiblissement intellectuel, répètent

souvent entre les lèvres ce qu'on leur dit, tant ils sont habitués à

converser avec leur moi ou avec les créatures de leur délire. Les

grimaces reflètent, les unes, l'acmé insolite des sentiments passion-

nels ; les autres, la participation involontaire des muscles de la

lace à l'action impétueuse des autres muscles du corps (état

maniaque et surtout délire aigu); d'aucunes, la paralysie, l'incoor-

dination des mouvements associés; quelques-unes, enfin, l'hérédité.

Les tics localisés, ou généralisés au visage entier, des déments qui

jadis étaient mélancoliques, émanent peut-être de l'habitude con-

tractée pendant le cours du délire (ils peuvent disparaître sous l'in-

llueucede la volonté); on en rencontre de véritablement convulsifs

dans les formes dégénératives de troubles psychiques. C'est à des

troubles de l'innervation que doivent être rapportées les grimaces

du paralytique général. 11 en est de même pour les épileptiques. Des

expressions bestiales particulières résultent de certaines grimaces

(exagération dans les contractions de plusieurs muscles du nez,

des lèvrés ? renillemenLs, etc.); les hallucinations de l'odorat et

du goût eu sont les fauteurs coutumiers. Chez les déments et les

idiots, la série des mouvements nécessaires dans l'acte de goûter

précèdent'souvent l'articulation des sons (embarras, difficulté de

trouver, les mots). L'unilatéralité d'action de quelques muscles,

l'asymétrie fonctionnelle qui engendre les expressions de dédain,

de` mépris, de finasserie, existe au summum dans la paralysie

générale, et, a un degré plus ou moins prononcé, chez les déments

de tous ordres ; résultante d'un'défaut d'innervation, elle entraîne

une asymétrie permanente des sillons, des plis du visage, des

traits' en un mot, d'où une physionomie étrange, .d'ailleurs

immuable, qui donne aisément le change quand on se propose de

diagnostiquer, à son aide, les sentiments intimes du sujet. '

(Mil el regard. L'expression brillante et lumineuse de l'homme

.lncum ? t. 'lll. 16

'2 12 SOCIÉTÉS SAVANTES.

intelligent disparaît chez les déments (diminution de l'aflectivité),

s'affaiblitiquand les paupières ne battent plus, devient vague en

bien des cas (stupeur, hallucination, démence). Beaucoup d'liallu-

z ne lèvent pas les veux; leur paupière supérieure

recouvre le globe, oculaire; ils paraissent honteux. Distraction des

hallucinés clans la conversation. Fixité anxieuse du persécuté;

regard scrutateur et perçant dans ses moments d'inquiétude les

plus accentués ; regard hébété du j'aïaly tique général. Suivant que

le globe de l'oeil est plus ou moins caché par les paupières, son

volume semble de dimensions moindres ou exagérées : cxoplUml-

mie apparente de certains épileptiques et parait tiques généraux ; ;

microphthiilmie des stades avancés de la paralysie générale, de la

démence, de l'idiotie.1 En somme, si l'aliénation mentale défi-

gure les traits du visage, il eH certain qu'il est des aliénés de

toutes catégories qui conservent une physionomie convenable

presque 'jusque dans les stades terminaux de leur maladie (fous

systématiques; folie circulaire). Mais, en général, l'exagérai ion des

sentiments anormaux qu'ils éprouvent, en surmenant l'actntte

de la charpente musculaire du \isage, aboutit au même icsuitat

qu'un i deini-siècloj d'impressions normales; aussi le faciès de

l'aliéné se sillonne-t-il de rides nombreuses, profondes, préma-

turées; seuls les idiots et les déments présentent une f.icc lisse.

La laideur est la règle, soit de par la contorsion des traits, soit à

niison d'une .expression spéciale qui déforme un beau visage

(bouche béante des déments). Des troubles trophiques s ajoutant

finalement à ces perturbations, le visage apparaît bouffi de

graisse (épileptiques, etc.), elc. M. Oppenbeim espère que son

travail, tant incomplet soil-il, suscitera des recherches de la part

des autorités scientifiques..«

'"Le temps étant mesuré, la discussion est écartée,

b.n '. n t

111. K\HL))\UM.SM)' les affections nerveuses et mentales de la

jeunesse et, leur traitement pédagogique dans les établissements spé-

ciam. 'Ua ! )s tous les asiles, on compte actuellement un nombre

croissant de jeunes malades. -Tout en faisant la part de l'habi-

luté plus- grande des médecins dans l'art du diagnostic, et de leur

jugement, général à notre époque, sur l'opportunité d'un traite-

ment approprié, on est cependant obligé de reconnaître que les

jeunes gens (de, 14 à '2, ans) sont plus souvent malades aujour-

d'hui, que jadis, dît alors, ou bien, quelle qu'en , soit l'intensité,

l'affection passe proportionnellement, vite, sans qu'on ait à re-

douter, de recUulë,ou,l;ict elleSO InOntre très opiniâtre, même

quand elle revêt une, faible intensité, ,01, .dans ce, cas, la récidive

est fréquente, à raison dunc guérison,incomplète. On,constate,

en, tant que formes, avant tout, la dystitymio et. la vésanie (mélan-

colie et, manie des auteurs),, la catatonie (qui comprend lamé,-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 2<3.

iancoiiestupidoet la mélancolie tssocié(,, -à*dq.,3,'svniplô'xiiosi

iiiaiiia(Iiics et eliotéiquips); on note, iu second pltnl,,i laÎolie 3 y ÉLC-

matique (paranoia), la d-spliiéiiici 1,à : j

typhoïde, au rhumatisme, à la malaria, la folie épileptiquccti

épileptoïde, et l'aliénatiou mrntalc ly-stéroide accompagnée o

non de conceptions irrésistibles (faiblesse nerveuse, neurasthénie). !

Souvent ces types ne se différencient pas de ce qu'ils' sont à uni

âge plus avancé. Souvent aussi ils sont caractérisés par la prédo ?

nlinauce de particularités d'ordre moral, de perversités greffées'

sur un arrêt ou un affaiblissement précoces des facultés intellec-

tuelles. Telle est même, chez un grand' nombre de .malades,

l'importance de ces deux sortes de symptômes' qu'on a; nonmans

raison, établi un groupe dit de la folie morale(perversités morales)

et un autre groupe où la faiblesse psychiquedominoiascéne(hébe-

phréiiiedeKalill)aLim). Ces deux groupes méritent témoin d'espèces

morbides; jusqu'alors ce sont leurs allures symptomatiques et leurs

rapports éliolo-iqiies et diagnostiques qui leur;tssut,cn L leur t utbiio-

mie; plus tard, on leur trouvera un suhstratumanalomique etplly-

siologlrlue. Il en faut tirer que bien des cas de folies qui sévissent

sur la jeunesse, empruntent leur existence, soit àhrmodincation

pathologique des facultés nioritles, soit à un trouble dans l'évolution

des facultés intellectuelles ; cette genèse n'a rien de surprenant,

à une période où se développent les deux ordres d'éléments

psychiques en question. Les symptômes d'ordre éthique compor-

tent l'échelle entière des faiblesses et des vices de l'humanité;

les lacunes sont : les unes générales, indéterminées, polylatérales

(défaut du point d'honneur, frivolité, etc.); les autres, spéciales,;

déterminées (kleptomanie, dipsomanic) pyromanie, etc.)..Voilà

pour les troubles négatifs, synonymes d'absence de'sons moral,

il en existe encore de positifs ; ici c'est un excès, dee, rigorisme

dont font foi la plupart des conceptions irrésistibles ( mal du

toucher, folie du doute, etc.). ? Quoi qu'il'en soit, l'impossibilité,

pour de tels malades, de comprendre ou de pratiquer, malgré

les meilleures intentions du monde, les principes de la loi so-

ciale éclate d'elle-même. Les perturbations intellectuelles <-sc

composent de symptômes négatifs (faiblesse psychique) ou de

symptômes positifs : à coté'de vides'dans l'intelligence, les jeunes

gens envisagés' présentent une exagération de l'imagination) une

aptitude, plus ou moins bien pondérée, à faire des vers, et même

à composer des morceaux de poésie vraie," aptitude elle-même plus

ou moins 'utilisable : 1 En un mol ? comme 'dans sa scrofule efjdu.

tuberculose)1 on peut distinguer une ltébéphrénierlloridéet'·uue

hébéphrénie'torpide. Remarquons enfin qu'assez souvent ces ma-

nifcstations's'accompagnent de processus 'ciioréiques-'ou''clt0-

réifoi-iiies, là ainsi ? 1 lie dès'signes de 'dégénérescence ? ? Presque

to'iijô'urs J'hérédi'té.marque de son sceau ces1 psychoses; les parents

2H se SOCIÉTÉS SAVANTES.

étaient, des 'névropathes, plus rarement des fous. D'ailleurs,

fréquemment, le patient a été gravement malade dans sa plus

tendre enfance (fièvre typhoïde, pneumonie, affections cé-

phaliques ou encéphaliques), et son état de faiblesse consécutive a

été la cause d'une éducation négligée; la mort précoce des gé-

nérateurs, la mauvaise entente du ménage, la situation d'unique

enfant sont également signalés comme autant de motifs d'une

mauvaise éducation. - Au surplus, d'ordinaire, les jeunes aliénés

de notre catégorie sont dans un état de faiblesse générale, rap-

pelant les dystrophies, dyscrasiques ou autres ; ceux qui semblent

vigoureux, puissants, doivent souffrir d'anémies locales. Signa-

tons'enfin des malaises nerveux semblables en tous points à ceux

des hystériques. Tel est le tableau complet des processus patho-

logiques sus-mentionnés. Chacun de ces traits doit servir de point

de repère au traitement.

L'habitus extérieur de chaque individu et sa manière d'agir

fournissent un premier jalon sur le mode d'application, le genre,

lu dose des enseignements pédagogiques à mettre en ceuvie. Mais,

en tout'cas, tous ces jeunes aliénés doivent être occupés ; outre les

occupations physiques, on prescrit soit des lectures, soit l'élude

d'une branche quelconque de connaissances. Voici du reste, com-

ment 1lI. IialiILaum comprend la Pédagogie médicale des maladies

nerveuses et mentales des jeunes gens. Une première proposition la

domineeulièrenteut. Avant tout, assurer à l'économie, par le

reposée calme, la réparation préalable des forces, la plénitude

de(ses facultés, tout en éveillant la confiance, et en provoquant de

la part du pensionnaire la demande d'une occupation. En second

lieu, joindre à l'enseignement psychique, le travail mécanique et

«artistique afin d'harmoniser, les aptitudes de l'individu. Enfin le

temps et l'accoutumance. sont des éléments sans lesquels on n'ob-

tiendrait, aucun résultat réel et durable, car il s'agit d'arracher

le patientâmes" habitudes, des instincts qui sont devenus sa

seconde nature et de lui inculquer de, nouvelles idées par la nou-

velle existence à laquelle on le forme graduellement. De là la né-

cessité de professeurs' spéciaux. M. Kahtbaum eii.1 ? ti,ois résidents

qui vivent, parlent, travaillent avec les élevés. L'un d'eux enseigne

les sciences naturelles, un autre les langues anciennes, l'allemand,

l'histoire, la philosophie; le dernier, les langues 'modernes. Cer-

tains élèves doivent en outre être confiés à des professeurs parti-

culiers. L'enseignement manuel et artistique est donné par un re-

lieur, un modeleur, un cartonnier expert en fins travaux de car-

tonnage.De la ville viennent un peintre-dessinateur, un peintre

sur porcelaine, un professeur de gymnastique, des professeurs

d'horticulture. On dirige les jeunes gens suries matières pour les-

quelles ils se sentent le plus d'aptitudes; mais, quand iisont L

commencé une profession, on leur choisit une branche de cou-

SOCIÉTÉS SAVANTES. -2 li 5

Il -

naissances en rapport avec elle (histoire naturelle pour les,agri-

culteurs, etc.). En tout cas, aucun d'eux ne saurait se soustraira à

l'obligation de suivre les cours de morale et de psychologie ;

l'enseignement des devoirs et de la nature de l'homme forme le

caractère et apprend à se dominer. La division delà journée et lb

plan des études à faire quotidiennement ont une grande inipur-

tance. 11

tance. 1 n - d'tni

Les trois premières heures de la matinée sont consacrées à l'ensei-

gnement psychique. ' u sh

Entre chaque heure, on intercale une pause dequinze minutes. vn

On fait ensuite le premier déjeuner : un quart d'heure.

Puis viennent, deux heures (l'enseignement mécanique et artistique

avant midi.

Des six après-midi de la semaine :

Deux sont remplies par des promenades en commun au dehors

Deux par la gymnastique, des exercices, des jeux, des chants;

Deux par des travaux horticoles. '

Les professeurs de science sont encore chargés de lasurveillauce,

et participent à l'enseignement mécanique, à tour de rôle; ils

font une leçon ou une conférence scientifique plusieurs fois par

semaine devant les autres malades de rétablissement qui ne

relèvent pas du même groupe.

Tel est le système scolaire, académique, applicable non seule-

ment aux jeunes aliénés, mais aussi à des malades plus âgés, en

convalescence. Outre que la connaissance de soi-même facilite

l'exercice raisonné de la volonté, les descriptions générales, sont

souvent l'occasion de dire à des adultes bien des choses dont on

redouterait l'exposé en tête à tête. yr 1

La lecture de ces deux mémoires ayant absorbé le temps dispo-

nible, les travaux annoncés de1111. Falk et Friedmann s'ont ajournés,

et toute discussion devient impossible. Aussi M. Hasse propose-l-il

de fixer désormais la limite des communications à mnrt'iirürutes

ou trente minutes au maximum en cas d'agrément du président; ;-

chaque orateur, à l'occasion d'une discussion, ne pourra parler

plus de dix minutes. Cette motion est adoptée. '

La séance close, on visite l'exposition d'hygiène. (A ? Zeitsrhr.

Psych., XL, ri.) ' P. ICéhaval.

2'lG SOCIÉTÉS SAVANTES.

Jrn,i ? .

uyrrtyrr,1 t - ',

')i OCl);Tl ? D1 ? PSYCHIATRIE ET MALADIES NERVEUSES

- a,nrmnrtt rrr".rr,7 , ,'DE BERLIN'

- o2nl· : n; ,·mlmo ,

tt-7 ,3lr mn,n . , ,,

.

objt Ifllllr- '

IJt(1 1` ? Itlf n , .

o ? 'Le bureau et les commissions de réception sont renouvelés par

) acclamation pour, l'année 1883.

E AI. Hemak explique, pièces en mains, le mécanisme du grand

J galvanomètre àiinilé absolue construit par 1,delmaiiii de3luiiicli, déjà

décrit, part Ziemssen. (Arch. f. lilin. 111édic.. t. XXX., -1883). Il se

t, distingue des autres galvanomètres absolus parcefaitducl'installa-

« bon d'une vis qui occupe la plate-forme inférieure du galvanomètre

liorizoiilali ti,ai)sfot-iiie iitl libitum chaque raie divisionnaire de J'é- ? chelle décimale en un dixième de milliampère, en un milliampère,

«en dix, en ceiiliiiiiiiiiiiipères (millimètres). On z ainsi une

- rgonnnesenstLlelrès commode pour louslesbuts que l'on se propose

@i-daiisil'ex,Lnieii, et l'on possède en somme un appareil de nteusura-

1 lion absolue. L'instrument se recommande par le rapide amortis-

sement, des oscillations de l'aiguille, oscillation absolument égale

des deuxicOtôs quandi l'appareil, esl placé bien d'aplomb. La pra-

i tique journalièrei n'en retirera cependant de grands bénéfices que

te lorsqu'on se proposera d'exécutervdes recherches fines, d'instituer, ? par exciiiple, itiii traitement.sur l'acoustique; dans ce cas, la pos-

u'sibililé'd'enregisLrer des fractions de milliampère assure des avan-

targes inconnus jusqu'alors.Mais, son-, usage habituel exige une

trop, grande circonspection dansjJa manojuvre pour qu'il se ré-

Il 1)tIlLIP, ;, Pli rien peutj en|. faire manquer le fonctionnement. En re-

vanche, celui qui possède un galvanomètre aussi, exact, arme, en

- ohservanteomparativ.ementlesqscili.itipns de son galvanomètre ver- ? tical qui correspondent aux valeurs absolues des courants, a se con-

3'f'ectionnei'iUii tableau empirique des,plus précieux. , ,

o·t4 : nicusioza : JL " qu : .v rh ··t,t,J, n5 ,·,1` th.3'-

- M BERK)[\MDT'insistesm' le'soin qu'il faut apporter constamment

à manier le galvanomètre d'Ëde[mann ? Il s'est dresse une tablecom-

parative qui contient 1( valeuï·s'dti'ralv·iitontèlre vertical de Erb

et celles du galvanomètre absolu d'Edelmann. Il a même trouvé,

en chacun des essais institués par lui, des fluctuations numériques

intéressantes, il continuera5 ses recherches. "w s ' ^ 1> ? » ? J

M. fait sur le faisceau solitaire une communication ap-

Or- M ,1 il-i-IMl ..y t : u·, , , , ,, )' '

Voy..ArcA. le ? Nleti -0 lofl ie, t. VI, p. 7. ? m

SOCIÉTÉS SAVANTES. 247

puyro par dos préparations anatomiriues. On que llenet u lout

récemment prétendu que les troubles vaso-moteurs et trophiques

émanaient, de la lésion du faisceau solitaire. Ce faisceau, 'pour le

professeur français, prend son origine dans le faisceau intermé-

diaire latéral; il fournit des libres au pneumogastrique, au glosso-

pharyngien et se rond finalement au nerf intermédiaire de NVi-is-

herg. Or, nI. \lendel, après avoir pratiqué des coupes de toutc na-

ture dans les régions en question, de l'homme, du singe et du

chien, est arrivé aux résultais suivants. On reconnaît d'abord ce

faisceau à la hauteur de la deuxième paire cervicale ; div ibé en plu-

sieurs fascicules, il est situé à peu de distance du canal central et se

trouve enfermé dans les cornes latérales; plus haut,, il est rejeté

un peu en dehors et en arrière du noyau de l'hypoglosse, se re-

polie graduellement vers les parties extrêmes et postérieures, ,et

parvient ensuite au bord externe du noyau du pneumogastrique.

C'est ici que, sur des coupes verticales et transversales, on , voit à

l'extrémité antérieure du noyau du pneumogastrique île faisceau

s'amincir extrêmement vite; sur des coupes verticales ! autéropos-

térieures, les fibres pénètrent, en décrivant un arc tle.cei-cle,légè-

rement convexe en avant, dans la masse grise du noyau duiglos-

sopltarygien. Aucune pince ne démontre sûrement que le fais-

ceau ait rien à voir avec le spinal, avec le pneumogastrique ou avec

les nerfs situés au-dessus du glosso-pliaryngien. Il paraît, au fond,

constituer la racine ascendante du glbsso-pharv ngien. Au bord in-

terne de la substance gélatineuse de la' corne postérieure, on ren-

contre sur des coupes verticales et transversales, < jusqu"auxtroi-

sième et quatrième paires cervicales, dès i-e^tions transverses, de

faisceaux nerveux dont la forme' ressemble énormément à celles

du faisceau solitaire. Renie' qui 'seul ? les a signalées, blés figure

sous la rubrique de faisceau originel du faisceau solitaire ? or, ils

n'ont certainement aucune relation avec celui-ci,' ils montent plus

haut que ce dernier, sans que 3L'lfendelsoit arrivé jusqu'ici à en

déterminer l'extrémité supérieure. n mu·1 .iI'hijîv

La discussion qui s'engage ce sirjet;met en lumière' la ma-

nière de voir de I : \\eriricl : e.· Le faisceau en question'serait, pour

lui, en rapport avec' les 'origines du pneumogastrique; sur des

coupes réussies de fibres émanées du segment du cercle p.sLéi-0-

interne (seclion^transyersu du,,faisceau solitaire), on observerait

des tractus qui passeraient, dans " * le,trotie '-d ,l oso -plia 1 -jeu el

dunerfYaa'ue ? M. Mendel,maintient la rectitude de ses asser-

,. ° . . - , i.. ? - .... ,h , ,jj ?

lions ? ? , , r rmu;rninL, 1 F oW zdL 9Jsrmu arih : , ob ·rlrw, I

ne liai- r,J)IJII eh irri r ...';pnr aiia - nnihil'i ii'i

Séance du 12 mnrs,lSS3 ? lPrésidence,de.lf. \lESlen.lL ? r,r

' ' ? .............. r-"p,.1 0| ? ? ^ , ,, , ^f l^

1t. Pei.i/.oeus ouvre la séance par le développement de son mé-

moire préalablement annoncé sur le Phénomène du genou chez les

.tt · 1W 1l't114v 91 .O V li Il

2'e8 SOCIÉTÉS SAVANTES.

enfants. Tandis que Bet--er (Cei2ti(ill)ltitt tl'l;rlenazzeyea)a observé

l'absence du phénomène du genou chez 1 ? >9 p. 103 d'adulles;

qu'Eulemburg a vu manquer ce réflexe tendineux chez 4,8 p. 100

d hommes faits (Verluindlung der session d'Kt-

senach), chez 5,0o p. 100 d'enfants de cinq à six ans; chez

4,21 p. 100 d'enfants de la première année de la vie; que Bloch

(.4 ? 'c/t. .Fsi/e/t. t. XII- p. 471 ) en a également constaté le défaut

chez cinq enfants fréquentant l'école sur 694 (mais dans des con-

ditions particulières indiquant la dialhèse névropathique avant

que l'individu examiné fût malade), Peiizoeusavu le phénomène

du genou ne manquer que chez 0,4 p. 1000 1.

Une discussion prend naissance entre 11\I. 111e3·er, Reinak, West-

plial, Pelizoeus. Elle montre qu'il faut se garder d'illusion pou-

vant prendre leur source dans le malin plaisir d'imitation que se

donnent les garçons assis en série pour être examinés (Meyer);

qu'on parera à toute difficulté en faisant coucher sur le dos ces

individus en question, la jambe étant maintenue à demi-fléchie

(Remak); qu'il importe de réitérer à plusieurs reprises espacées ses

recherches sur un même sujet, parce que diverses circonstances

telles que la température, la fatigue, la marche antérieure, une

lension involontaire, peuvent manifestement exercer une certaine

influence sur le mode de réaction ] ? ii tout cas, des

investigations de Pelizaus, il ressort que le phénomène du genou

est une manifestation commune normale. C'est ce qui confirme le

faible nombre des exceptions relatées; mais en môme temps ces

quelques exceptions engagent à rechercher les particularités ca-

pables d'en fournir la clef. Le renforcement bilatéral du phéno-

mène n'entraîne pas de conclusions spéciales, car il peut aussi

être très marqué chez des individus névropathiques.

M. Wernicke prend ensuite la parole sur un cas de tabès avec

symptômes encéphaliques d'une lésion en foyer. Un homme de cin-

quante et un ans. malade depuis cinq ans, présentait depuis trois

ans des troubles de la marche. Quatorze jours avant son entrée à

l'hôpital, il était obligé de s'aliter. Auparavant il avait présenté de

la diplopie, mais, à l'époque de son admission on ne constatait ni

inégalité pupillaire, ni aucun autre symptôme cérébral ; le tabes

était très accusé. Le 22 sept. 1881, on pratiquait sans succès l'élon-

galion des deux sciatiques. Quelques mois plus tard, survenait un

court accès convulsif accompagné de, perle de connaissance sans

autre inconvénient; trois jours après, nouvelle attaque semblable,

mais cette fois, aphasie sensorielle (surdité verbale). Graduelle-

ment l'intelligence s'altère, plusieurs accès convulsifs se montrent

Ce travail, publié in extenso ailleurs, se trouve analysé dans les Bévues

analytiques. i)t : f) 1 t ,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 249

encore, la démence arrive et la mort a lieu au milieu du tableau

clinique de la paralysie générale. Autopsie. Adhérences corticales

caractéristiques. Tout le lobe temporal gauche (étroitesse. et apla-

tissement des circonvolutions) est altéré ; on trouve en3outre;dans

sa moitié antérieure, étendu d'avant en arrière,.un foyerrtmra-

mollissement brunâtre du volume d'une prune. L'orateur, conclut

à l'existence d'un ramollissement inflammatoire; le pourtour,)' du

foyer, très vasculaire et très injecté, est, de même que le fond

même de la lésion, infiltré de cellules granuleuses : ces altérations

présentent dans l'écorce une étendue plus large que dans la subs-

tance blanche; dégénérescence graisseuse des cellules nerveuses

dans leur voisinage. Les cordons postérieurs de la moelle offrent la

dégénérescence grise.

Discussion : ? ,R'.

M. Westpiul croit que c'est un cas de, paralysie générale ayant

commencé par des tabès, et qu'il s'est compliqué delà formation d'un

foyer dans le lobe temporal gauche. Il est possible, que ce

foyer ait occasionné l'aphasie et les accès convulsifs; mais la cttose

n'est pas démontrée parce que les mêmes manifestations se mon-

trent aussi, comme l'on sait, dans celte maladie, sans qu'il existé

d'affection en foy er. , i. , 0 r ? r-

M. IFNDrL demande si l'on a procédé à l'investigation microsco-

copique exacte de l'écorce du cerveau, et si, dans la moelle , les

cordons postérieurs étaient seuls altérés. v-, ·.9h ... (T ? «.'r'c,

11. \'FitNicKc affirme à nouveau qu'il s'agit d'un càs' de tabès

compliqué d'affection en foyer toutspeciate, dontt'origine'premiere

-i-i i* i " i. ' ? <^rtai.-irii .^i

était une Leinorrliasrie. ? , sa , , 1 "` 4 ' ? n 1 'f

Coliti-iblti-021 (1'1(i cilsilistiqiie (le lÉi seizsalioli seTzielle

contraire (Inversion DU L'auteur rapporte les

confidences extrêmement 'intéressantes d'un homme jeune qui,

dès sa jeunesse, se sentait irrésistiblement attiré vers le seae mas-

culin. ' ' ^1,} ",

' , Jwl1 .n i

Discussion ? , , jazz

M. \\'na'l'rur, mentionne'le cas d'un'Américain qui, tout marié

'il était, lrés(,iitait iiiilitisliiiet ii -1 à se revêtir de vLe-

qu'il était, présentait un' instinct irrésistible à se revêtir de vête-

ments et delottines le, femme, apporter un corset. Son père,1

comme dans'1 le fait de ill" liàl)ow. se suicida. Ici aussi l'empâte-

ment, le pathos du style et' l'indignation morale sont earactéris-

tiqués : Af : ,·\1'éstplïaln'a'vu qu'une''fois en des observations sem-

blables desi ! ésionstesticu)aires (atrophie). Il ne croit pas que la

,Voy.· Archives de' Neurologie, t. : 111, p. 53; t. IVI p. 132; t. V, p. 3ï',

et 31 ? t. \'f. p. ` ? GS.

250 SOCIÉTÉS SAVANTES.

castration réussisse le moins du monde clans celle anomalie men-

tale. - Meyer, au contraire, pense que peut-être une opération de

celle sorte 'agirait ulileiiienl, de même que l'extirpation des ovaires

dans l'hystérie. - llirschberg demande combien de malades se

sont suicidés; il en connaît un fait communiqué par Ilutcliinsou.

- 1 une interpellation de Bernltardt, M. Westphai reprend qu'on

doit tendre, à l'aide de moyens connus, à modérer l'impulsion

sexuelle; contre l'anomalie psychique, il ii'y a pas de remède.

Séance du ' avril 1883. Présidence de M. V'naTnuw..

M. Kohtum décrit à la Société l'étal unulomique de l'encéphale

d'une idiote avec pièces a l'appui : ces pièces proviennent d'une fil-

lette de quinze ans, idiote dès sa plus tendre enfance. On avait

noté pendant la vie, les rudiments les plus inférieurs de l'iiilelli-

gonce (absence presque totale de la parole, etc.), un développe-

ment somatique extrêmement restreint, une paralysie totale des

deux extrémités, supérieure et inférieure, du côté droit. En même

temps, il existait une contracture incoercible en flexion du coude et

de l'articulation radio-cubitale inférieure d'un côté, et du genou

opposé; pied-but, varus-éduin à droite. Les régions paralysées et

attopltiées étaient simultanément insensibles. En agissant sur les

doigts et les orteilsdu côté gauche, ou provoquait des mouvements

associés de même que dans les organes homonymes du côté para-

lysé. L'enfant mourut d'une diphtliérie au cours de laquelle elle

présenta, a trois reprises différentes, des accès d'épilepsie. Au-

topsie : L'encéphale dans son entier est diminué de volume ; il ne

pèse que 67n grammes; la réduction estexcessive dans l'hémisphère

cérébral gauche; il y a en outre asymétrie des sillons et des cir-

convolutions des deux hémisphères. Cet arrêt de développement

est dû à une sclérose atrophiquedescirconvolulions, quelles qu'elles

fussent. La sclérose porte surtout : à gauche, sur la première

externe antérieure et postérieure (première frontale), sur le lobule

paracentral, sur l'ortâme de la seconde et de la lioisième frontale,

sur l'opuscule entier, sur la partie antérieure du lobule pariéLul

supérieur, sur le 1 oliule su persmarginal (pari étal inférieur de Hietter)

sur presque tout le lobe occipital à droite, sur le lobe occipital

presque entier, sur la circonvolution du corps calleux. Brièveté et

minceur de ce donner, notamment dans sa partie1 1)osLé,jetit-e.

L'orateur outre ensuite dans le détail de l'éliologie et de la patlto-

génie, il rapproche également les phénomènes observés pendant

la vie de l'élat'nécroscopirlue décrit'. ' -1' ? ! " '

M.'Mi-xDtl traité ; De la 1 (1 ? '(11101tl secondaire'' Le mot grec ttkok-

Joi«, synonyme dé folie systématique', a sur cette expression t'avan-

tage qu'il n'est pas compris du public. 1 : 'est Ileinrulli'rllti s'nn' snr

SOCIÉTÉS SAVANTES. 231 1

vit pour la première fois. Zeller fut l'auteur qui distingua une

forme primitive et une forme secondaire de la maladie (issue par

exemple de la mélancolie), Criesinger qui, au débul, ne reconnais-

sait que la forme secondaire, finit, à la suite des travaux de Swll,

par admettre une parauoia primitive. Puis vint Sanderqui décri-

vit un genre spécial de cette forme primilhe, sous le nom de, folie

systématique «originaire)'. En 18-i(i, \1'esLpltal, le premier, exposa

avec netteté ce qu'il faut entendre par la locution de folie ssté-

malique. il en étudia le développement et contesta qu'elle pût

émaner de la mélancolie. lioclt rejeta également 1 idée de la folie

systématique secondaire. Pour llcndel, la 1),ti auoicc secumlait e est

rare, car il n'eu connaît que cinq cas sur cent cinquante faits ;

mais elle existe. Il en communique trois observations relatives au

sexe féminin, dans lesquelles il s'agit d'une folie systématique

s'étant developpeeaia suite de syndromes me)ancoiiquesa)i'.ve

selon toute apparence, au terme définitif de leur évolution, syn-

dromes mélancoliques eux-mêmes primitifs sans aucun doute.

11. \Iemlel fait ressortir la ressemblance appareille entre les maui-

festations et les conceptions délirantes des mélancoliques et des

fous systématiques; la différence qui sépare ces deux genres d'a-

liénalion mentale réside dans ce fait que le ].1)éiiiaiiia(luie trouve

en lui-même la matière de ses plaintes, de ses accusations, tandis

que le tnouunmnc les puise dans le monde extérieur.

La discussion sur ce sujet est «ajournée.

.)I. l3cnwmor clôt l'ordre du jour en présentant à l'assemblée le

galvanomètre de poche Zieiiisseii l'a déjà décrit dans

le ton]eXX\ des Deutsch, tî-ch. ? liliii. med., 1882, niais depuis,

l'instrument a, sur des indications du docteur (de Mu-

rriclr), subi les améliorations suivantes. L'aimant en l'or a cheval il

été entouré d'un modérateur cylindrique creux, d'une épaisseur

convenable, qui détermine rapidement le retour à la position tl'é-

quilibre de l'ai gui Ile magnétique déviée sous l'influence du courant.

on rencontre à l'intérieur un appareil de fermeture

accessoire qui diminuant d'un dixième des tours de spire du gal-

vanomètre, permet l'estimation de courants dix fois plus forts que

ceux pour lesquels a, dans le principe été établi l'instrument. - z

Une vis est en communication avec cet appareil de fermeture.

Quand 0 : 1 n'y touche pas, il faut sur l'échelle lire de 0 à i milliani-

pères en passant par des dixièmes, on peut même appiécier les

centièmes. Si au contraire on attire ia vis, il faut compter du 0 à

20 milliampères. Comparé «ni grand galvanomètre, le aiioiitèli e

de poche coûte trois fois moins, et est facile il transporter sans

inconvénient. intercaIdanteorcuitdcn'inportequeUeitatterie,

il met l'expérimentateur à même d'évaluer la force du courant en

unités absolues.^,, ' ,' ....J^b "r,qm ? ^ ? ^

1 1 1 ')fitlij, ul, ,t : , si li il) ·mr.J

252 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Séance du 11 juin 1883. Présidence de M. Westpiial.

M. Biciincn (de Dalldorf) apporte à la Société l'encéphale d'un

homme de cinquante-deux ans atteint de folie systématique hallu-

cinatoire, dans lequel il a trouvé trois foyers héi7îoi-îh@igiqîtes. Le

patient, né en 1829, indemne de toute hérédité (on ne signale

dans son arbre généalogique qu'un frère qui était buveur) entre

pour la première fois à la Charité, d'où il ert transféré à l'asile,

en août 1881. On porte alors le diagnostic de folie systématique

hallucinatoire. 11 en sort non guéri. Deuxième entrée en septembre

de la même année; état mental identique compliqué de formica-

lions dans la main gauche et d'une sensation veloutée toute par-

ticulière sur la peau de l'oreille gauche, qui seraient apparues à la

suite d'une attaque accompagnée de vomissements : affaiblissement

de la vision, qui nécessite le port (le Itiiiettes-coiisei(,s ri,, 1(;,

l'acuité visuelle de l'oeil gauche étant moindre que celle de l'eeil

droit. Renvoi sans guérison, en janvier 1882. Troisième, entrée

en décembre 1882; à ce moment, le fond de l'ceil ne présente que

de la pâleur des papilles, un état trouble de moyenne intensité

de la rétine, un rétrécissement assez prononcé des vaisseaux réti-

niens. Cette fois, les phénomènes subjectifs déjà décrits sont

doublés de tics prenant leur origine dans l'appareil dentaire; le

malade ne peut s'empêcher de faire les mouvements maxillaires,

linguaux et palatins d'un homme qui goûte ; quand il mord dans

un aliment, il lui semble qu'il coupe une rave ou un morceau de

charbon, que ces substances crient sous la dent, etc .. ; insomnie

entretenue par des envies incessantes d'uriuer. Le 14 janvier,

vomissements; le soir, la température est des plus normale, de

telle sorte que tout diagnostic reste impossible jusqu'au 4 ! >; ce

jour-là, le malade quitte le lit; mais, le 2 1, on l'y retrouve en état

de stertor, avec de l'écume à la bouche; les extrémités gauches ne

résistent que faiblement à l'action qu'on prétend exercer sur elles;

c'est à peine si leur pincement provoque quelques mouvements :

les régions céphaliques ne présentent aucune espèce de phéno-

mènes paralytiques; les pupilles sont égales et réagissent bien.

Le 2, même état. Le 24, état normal. Le 25, hémiplégie faciale

du côté gauche; amblyopie bilatérale très nette; les pupilles égales

réagissent parfaitement, mais le champ visuel est extrêmement

restreintàgauche, car le patient ne voit que lorsque l'objet atteint

le voisinage immédiat du point de fixation. Le 30, stupeur très

prononcée. Le 3 février, nouveaux vomissements; somnolence

excessive, soif intense. Le 12, la jambe gauche reste en arrière

pendant la marche. Le 13, vomissements, chute suivie d'un assou-

pissement profond, résistant a toute sorte de sollicitalions ; les

UCIKi'MS SAVANTES. 253

membres soulevés retombent comme s'ils avaient la lourdeur du

plomb; peu de réaction aux excitations douloureuses. Mort.

Ixtopxti'.L'hémipiégiedroteeontienttroishémorrhagies de divers

âges. La plus vieille (coloration jaune) siège dans le lobe temporal

droit qu'elle a détruit, en s'étendant jusqu'au voisinage du pédon-

cule cérébral; la seconde (de couleur brun-rouge) occupe la paroi

externe de la corne postérieure du ventricule latéral droit, sans

avoir ni pénétré dans le ventricule (épendyme complètement in-

tact), ni détruit les circonvolutions limitrophes extérieures (lobule

pariétal inférieur et lobule du pli courbe de Riclier); enkystée dans

une sorte de membrane, elle mesure 7 centimètres de diamètre

anléropostérieur, 4 centimètres de diamètre vertical, t centimètre

et demi de diamètre transverse et se termine de 4 centimètres

et demi de la pointe du lobe occipital ; la troisième est constituée

par un coagulum récent qui remplit les troisième et quatrième

ventricules et a déchiré les pédoncules cérébraux, surtout celui de

droite. L'auteur attribue au lobe temporal droit l'amblyopie de

j'ceu gauche, les formications de la main et les sensations de la

région auriculaire du même côté, ainsi que les perceptions sub-

jectives de l'appareil dentaire. Il rattache l'hémiplégie gaucho et

les paralysies des extrémités et du facial de côté, a la destruction

des libres qui, de la couche optique, gagnent le lobule occipital.

Lapathog-énie des foyers proviendrait, pour lui, d'embolies. On

constatait, en outre, des reins granuleux, contractés, et un cour

volumineux.

L'ordre du jour appelle la discussion relative au travail de

\I. l111'sNUI : L Süf la Pu·unoia.

M. JISTIIOWITZ n'a jamais vu une mélancolie vraie se transformer

en folie systématique, mais il a vu des fous systématiques, aune

période avancée de leur maladie (démence), être tourmentés par

des conceptions hpémaniaques teintées d'hypochondrie.

M. \\'sTrm reconnaît qu'à l'inverse de ce qui se passe dans la

folie systématique, les mélancoliques s'accusenl eux-mêmes, mais

des plaintes peuvent aussi s'observer chez le fou systématique ; elles

émanent alors d'idées de persécution et sont provoquées par des

hallucinations sensorielles. Ce n'est donc pas la teneur des idées

délirantes, c'est leur genèse qui est prépondérante. Comme, dans

les cas de llendcl, il s'est écoulé un certain intervalle entre le

temps de l'existence, de la mélancolie et l'époque d'apparition de

de la folie systématique, ultérieure, on pourrait croire que le même

individu a été successivement atteint de diverses psychoses indé-

pendantes les unes des autres. Car les faits mêmes où la constatation

d'un enchaînement.direct paraît nettement ressortir sont passibles

de ? 1'ultjetiou ? uivaute : lorsque la folie systématique a semblé

pre ! .dret.onotigina dans une mélancolie, on a toujours relevé en;

t) 5 le SOCIÉTÉS SAVANTES.

même temps des idées lr pocl7ondri;nlucs ; or, celles-ci ont inva-

riablement constitué le point de départ des conceptions ultérieures

de la folie systématique.

M. insiste sur l'allernance dans un certain nombre de psr-

turhalions mentales (alcooliques, puerpérales, consécutives à la

masturbation) d'auto-accusations lypénianiaqucs, et d'idées de

persécution; les cas chroniques eux-mêmes démontrent la réalité

de cette assertion. Presque toujours, chez les mélancoliques qui

s'accusent, pleurent, se lamentent sur leur sort, on trouve qu'ils

ont été, pendant une période préalable plus ou moins longue, le

jouet d'hallucinations ; ils entendaient des voix, se croyaient pour-

suivis ou caressaient des projets originaux, impraticables. La teneur

des idées délirantes ne saurait servir de base à une division entre

la mélancolie et la folie systématique.

Ce n'est pas, réplique M. la teneur, mais bien la genèse

des conceptions délirantes qu'il invoque. L'intervalle qui s'est

écoulé entre la mélancolie et la folie systématique n'a jamais

été chez ses malades une période de parfaite santé; le nouveau

complexus psychique s'est montré dès la première semaine qui

s'écoulait après t'état lyllémaniadue. Il est extrêmement difficile

de démontrer l'enchaînement psvehopathique pour chaque cas

particulier, mais l'un de ces cas est clair. Ainsi, une femme mé-

lancolique se met tout à coup à accuser ses parents et devient alors

la terreur de la maison; plus tard se développent des idées de

persécution et de la mégalomanie. Sans doute, deux de ces obser-

vations témoignent de conceptions hypocbondriaquesqui dominent

Ja scène ; mais qui pourra saisir la ligne de démarcation qui tranche

entre la mélancolie pure et la mélancolie )iypocbondriaque ? Les

exemples de Aloeli doivent être écartés parce qu'il s'agit de dé-

ments.M.Moeii s'inscrit alors conlre cette interprétation de

M. Mendei; il y avait dans l'espèce non pas affaiblissement

iutellectucl , mais abandon et manque de confiance en soi-

même.

M. Falk. traite de la guérison d'une psychose durant depuis des

années. L'observation rapportée par l'orateur prouve la nécessité

d'être très circonspect avant de prendre une décision en matière

de divorce pour cause d'aliénation mentale. En elfet, la méno-

pause s'accompagna, dans l'espèce, de la guérison complète d'un

trouble psychique ayant débuté en 1 83.'i, et ayant nécessité une in-

terJiction de vingt et un ans. C'est au début de sa soixantième

année que le malade se rétablit sans que, depuis deux ans que cet

heureux résultat a eu lieu, l'état normal ait, en quoi que ce fût, été

modifié. M. Falk ajoute à ce fait l'histoire d'une rémission

chez un parai} tique général de trente-huit ans. Ce fut au bout de

mois de séjour dans un asile que l'amélioration fut assez pro-

VARIA. 255

noncee pour nécessiter la sortie.)) Il y de cela quatre ans et la

santé est demeurée parfaite.

M. GN\UCK rappelle à ce propos L 1,LSOCiéLé que, quelle que soit

la perfection des rémissions dans la paralysie générale, l'étude de

récidives s'oppose à ce qu'on prononce le mot de guérison, d'autant

plus qu'on doit toujours se demander si l'on a affaire à une para-

lysie générale classique, ou si l'on n'a pas sous les yeux désaffec-

tion», semblables à complexus symptontatiduc presque identique.

M. \\'ES-IPIIr, pense que les maladies mentales les pliisanciennes

peuvent effectivement guérir, notamment sous l'inllucncc d'une

affection intercurrente aiguë, ou à l'époque de la ménopause. C'est

par années qu'il faut compter avant de prononcer l'épilliète d'in-

curable. Quant à la paralysie générale, il est exact que l'on se

trouve souvent en présence de rémissions de longue durée, mais il

ne croit pas à la guérison réelle. La folio congestive serait, pour

lui, une invention de ill. liuillarâer, et ricu do plus. P.K.

VARIA

IiI : Ll1'IUY UU\ \'Ul'.\1's nsrcm.rnyuF : isv UA : \'HMU<h,

E.'Ç SU-I)E 1 ? T 1,N (StiiIC) 1 ;

l'ar le D CL.US (de l'asUe de SachscnuerDl.

II. Hôpital CoM)'t<6<')' de Slochliolm. Médecin en chef : pro-

fesseur Oehrstroem. Cet asile d'aliénés s'élève sur le territoire de

deux anciens domaines, celui de Conradsberg et celui d'iledwig-

sherg. Ouvert le 29 novembre 1861, avec 10 1 malades, la plupait t.

fournis par transfert de l'ancien asile de Stockholm (maison de

fous de D,invilcs), il a coûté, tant pour sa construction que. pour

l'achat des deux do m ai nés, 8;i ? S. couronnes 7 : 5 oeres°-( I ,197,98 fr.)

Le nombre des malades a progressé si bien qu'au début de 1882 il

contenait t39 hommes et 117 femmes payant les trois prix de pen-

sion déjà indiqués.

. L'établissement occupe, dans [' ! le do Kungshoim, sur le lac

nue hauteur. On l'atteint en un quart d'heure, après avoir

'oy..1)-chives (le Neurologie, t. VII, p. 278 et 398; t. V 111, p. )OU.

; \ous ralyelous yuc l,v couronuc vaut 100 ures ou 1 Pr. 40 c.

256 VARIA.

quitte la station terminale du tramway qui conduit nu faubourg

de Kungsholm. Le territoire extérieur de la propriété, en partie

placé entre deux routes départementales très fréquentées, est li-

mité par une haie élevée. Le corps de bâtiment principal présente

une façade de : i;t0 pieds de long dirigée vers le nord-ouest. L'archi-

tecture en est riche, ouvragée, et les constructions du milieu lait-

cent dans les airs une tour imposante. On remarque aussi un per-

ron élevé, et de grandes fenêtres à plein cintre. Le front princi-

pal des bâtiments, qui est en même temps le plus long, contient

dans les constructions médianes, à deux étages, les habitations du

médecin en chef et du médecin-adjoint, les diverses salles de l'ad-

iiiitiistratioii, le temple. Puis, de chaque côté, se dressent les corps de

logis des malades qui, eux, n'ont qu'un étage : à gauche les hommes ;

à droite les femmes. Tout près du bâtiment du milieu, est la sec-

tion des pensionnaires de première classe ; puis, vient celle des

tranquilles et propres des deux dernières classes. Ceux-ci habitent

encore en partie dans les ailes latérales plus petites qui divergent

à angle droit, et contiennent en outre la section des déments trait-

quilles et malpropres. Une quatrième et une cinquième section

sont reléguées, de chaque coté, dans un édifice qui n'a qu'un rez-

de-chaussée ; elles ont trait aux agités et aux tapageurs : cet édi-

fice forme un autre angle droit, par rapport aux ailes latérales,

dont le sépare un étroit corridor. Chaque section possède soit pro-

menoir extérieur, enclos d'une palissade en taquets (tranquilles)

ou d'une enceinte de planches larges mesurant 4 mètres et demi

de hauteur Les lieux d'habitation des maladessonltrcs

propres. Il existe des salles de jour et des réfectoires séparés très

ornés de gravures et de Heurs, même pour les pensionnaires des

deux dernières classes. Dans le quartier des hommes, quelques

ménages de gardions sans enfants tiennent, par les soins des

femmes, les appartements en bon état : on se loue beaucoup de

celte disposition. Les dortoirs sont contigus aux locaux du jour.

Les lits sont en bois, mais on projette d'en mettre en fer. Ceux des

gâteux sont recouverts d'un enduit blanc sur fond rouge, on les

visite soigneusement une fois par semaine. Un pot de chambre en

porcelaine sous chaque lit. Les fenêtres ne sont armées de grilles

que dans In section des agités; ailleurs, les croisillons en sont très

solides et divisent longitudinalement les carreaux, de telle sotte

que l'intervalle de deux d'entre eux ne puisse admettre la tête. Les

agités sont chauffés à l'eau chaude; elle circule, suivant le procédé

de Léon Duvoir, dans des tuyaux en fer, entre le sous-sol et le gre-

nier : cet excellent système n'assure pas la ventilation, aussi faut-

il ouvrir souvent les fenêtres. Autre part, dans l'établissement, ce

sont les poêles de faïence qui fonctionnent (bois). Eclairage au pé-

trole. Fosses mobiles désinfectées au phénol et au chlorure de

chaux. Une conduite apporte l'eau partout, la pression nécessaire

VARIA. 257

est produite par la machine à vapeur 'placée près du lac. La cui-

sine se fait à la vapeur; ses locaux occupent une construction à

rez-de-chaussée annexée en arrière du corps de logis médian. Les

chambres de bains contiennent des baignoires en bois enduites de

couleurs à l'huile. -A l'origine, il y avait, de chaque côté, huit cel-

lulespourlesmaniaques en état de fureur, et, datisla quatrième sec-

tion, cinq petites chambres pour un ou deux patients. Dans ces

derniers temps, on a augmenté le nombre des cellules; il atteint

maintenant 2p p. 100 et l'on s'occupe encore actuellement d'exé-

cuter les constructions que comporte cette augmentation. Les cel-

lules un peu petites, au moins quelques-unes, ont leurs lits fixés au

sol, elles sont enduites de couleurs à l'huile, renouvelées tous les

deux mois. L'éclairage provient d'une étroite fenêtre grillée, sise

en haut et sur le côté. Des portes doubles percées d'un judas, avec

verroux, en haut comma en bas, sont chargées de la fermeture.

Toute cellule possède ses latrines dont le siège est percé d'une

ouverture allongée, assez étroite. Depuis quelque temps, le direc-

teur, pour empêcher que les malades ne détruisent et ne frappent

à l'aide du couvercle, l'a remplacé par un coussin en étoffe très

solide, vernie. Mais on lui a donné de trop grandes dimensions; il

pourrait en guise d'escabeau, permettre d'atteindre la fenêtre. Les

cellules sont chauffées par le moyen de l'eau chaude; les tuyaux

conducteurs passent sous le plancher pourvu d'ouvertures conve-

nablement aménagées.

Le personnel médical comprend un médecin en chef et un mé-

decin-adjoint. Les médicaments viennent de Stockholm. On tient

volontiers au lit les mélancoliques. On ne mettrait en usage les

moyens de contrainte que pour cinq à six cas par an. Rareté des

évasions et des suicides. Un gardien et une gardienne en chef sur-

veillent un gardien par huit malades ; le traitement est de 300 cou-

ronnes (420 fr.) pour les employés hommes de ce genre, et de 200

couronnes (280 fr.) pour les employées femmes.

- L'aire de l'établissement comporte un peu plus de 23 hectares 82.

La plus grande part du sol cultivé forme des jardins. Le nombre

des journées de travail s'est, en 1880, pour une moyenne de

254 malades, élevé, à 23,831 ; soit : I 0, 100 faites par les hommes et

13,131 faites parles femmes.

258 varia.

III. Hôpital central d'Upsala. A une demi-heure d'Upsala,

situé sur les rives d'un canal, cet asile occupe un terrain fertile un

peu en pente. Sa façade principale se dirige vers le nord-ouest.

.11 résulte de l'utilisation, il y environ soixante ans, de vieux locaux

hospitaliers. Les divers quartiers de malades et les constructions

agricoles consistent en une série de bâtiments disséminés, la plu-

part à un étage, portant l'empreinte de leur ancienneté, anguleux

et resserrés. Dans les dernières années on a, au sud-est du vieil

établissement, élevé un nouvel édifice, uniquement destiné aux

hommes, qui doit porter le nombre des places à 42n et, par suite,

transformer l'hôpital d'Upsala en le plus grand asile d'aliénés de

la Suède; l'ensemble de la dépense atteindra, après l'installation

complète, 1,050,000 couronnes (4,4ï0,000 fr.). Ceci fait, les vieux

bâtiments seront exclusivement réservés aux femmes. Actuellement,

l'établissement n'a de pensionnaires que de deuxième et troisième

classes, mais l'on projette d'ajouter, eu temps opportun, à la nou-

velle construction, quelques ailes latérales pour la première classe.

La population présente est de 1 09 femmes et 100 hommes. Les

récents bâtiments sont à deux étages. Enduits de blanc et couverts

en ardoises, ils se composent de plusieurs ailes qui forment l'U.

Au milieu, se dresse le corps de logis de l'administration; en de-

hors résident les aliénés calmes, les aliénés agités et les maniaques

en état de fureur; de chaque côté, prennent place quatorze cel-

lules, un peu petites, comme dans le vieil asile qui en compte

vingt. Ces cellules, à parois cimentées, sont éclairées latéralement

par des ouvertures à fortes grilles, généralement pratiquées dans

les régions supérieure;. Elles possèdent des lieux d'aisances et

sont munies dédoubles portes, sans judas d'observation. Chauffage

à l'eau chaude; les tuyaux parcourent librement le plafond, ce

qui constitue un appel aux suicides. Les autres quartiers ont des

poêles en faïence ordinaire (bois). Les salles de jour et les dor-

toirs sont en partie scindés par des séparations verticales. Chez les

agités, les fenêtres sont grillées; ailleurs, leurs croisées sont conso-

lidées par des tringles en fer. Eclairage, latrines, bains comme à

Conradsberg. Une conduite d'eau amène d'une source l'eau po-

table, bonne et en quantité suffisante, par l'intermédiaire d'une

machine élévatoire. La vapeur sert à la cuisine et à la buanderie.

Les promenoirs placés extérieurement sont entourés d'un mur ou

d'une palissade de planches.

Service médical : un médecin en chef, un médecin adjoint, un élève

en médecine. Pas de pharmacie. Tous les paralytiques généraux,

considérés par le directeur comme autant de syphilitiques, sont

traités au moyen de frictions mercurielles, sans qu'on mentionne

d'ailleurs de guérisons. 1

Un pasteur habite « Upsald. Un gardien par dix malades. Un

VARIA. 1259

gardien et une gardienne en chef. Evasions rares. Un suicide

l'année précédente.

La superficie de l'asile est de 8 bect. 82. Culture à la bêche.

Journées de travail, en 1880, pour une moyenne de 183 malades

2o,904, dont l ? ,4 : 31 attribuées aux hommes, 13,473 attribuées

aux femmes. On donne de petites fêtes à des intervalles conve-

nables.

260 VARIA.

avec des ceintures : on évite ainsi au patient la sensation de froid

produite par l'humidité du réceptacle. Fenêtres grillées ou dont

les croisillons sont renforcés par des barres de fer. Eclairage au

pétrole. Système des fosses mobiles. Une machine élévatoire pompe

dans un puits, sis au sous-sol du bâtiment principal, l'eau néces-

saire aux usages domestiques, et la distribue à l'aide d'une con-

duite. Celte machine fournit de la vapeur à la cuisine, à la

buanderie, et le chauffage à l'eau chaude. Baignoires en bois. Les

lavabos sont disposés de telle sorte que les bassins métalliques

soient simultanément remplis et évacués. Une simple pompe voi-

sine donne l'eau potable. On supplée à l'insuffisance du chauffage

à l'eau chaude par des poëles en faïence qui, dans les cellules,

sont entourés d'un grillage en bois. Les cellules, petites, à parois

cimentées, contiennent des lits assujettis au sol et une latrine ;

elles jouissent de l'éclairage latéral par l'intermédiaire d'une

ouverture étroite et élevée.

L'établissement possède un médecin en chef et un médecin-

adjoint. Ce dernier habite la ville et s'occupe d'une clientèle très

nombreuse. Le pasteur habite aussi Wexio. L'asile a son cimetière.

Les médicaments sjnt tirés de la ville. La superficie du terrain est

à peu près de 6 hect. 61 dont une portion est affermée. Il n'y a

pas de bétail, mais le médecin en chef et l'intendant ont chacun

à leur service privé un cheval etdeux vaches. Le système des adju-

dications préside à la fourniture aes denrées alimentaires. Jour-

nées de travail en 4880 : 8,630 pour les hommes (20 à 30 hommes),

et tissage de 5,072 pieds d'étoffe par 35 à 40 femmes.

VARIA. 261 i

truira le prochain asile à moins de frais. De la place du marché

de la vieille ville universitaire de Lund, on atteint, en une petite

demi-heure, l'hôpital en question. Lund est une station sur le

chemin de fer du sud de l'Etat; elle a près de 14,000 habitants.

Elle aurait été pendant plusieurs années la résidence de Tegnér ;

il y écrivit sa Frithjossaga. L'établissement, situé dans une vaste

plaine, fortement exposé aux vents, a été construit par l'architecte

le plus important de la Suède. 11 se compose d'un grand nombre

de pavillons à un étage, en briques, richement ornementés. L'en-

semble des bâtiments médians est formé de neuf constructions des-

tinées aux pensionnaires de seconde et troisième classes; ce tout

représente un rectangle allongé dont la façade principale regarde

le nord-ouest. Le milieu du fronton est occupé par les édifices ré-

servés à l'administration, au temple et à l'habitation du second

médecin, etc. A droite, on a placé le quartier des femmes; soit,

sur la même ligne que le bâtiment d'administration, un pavillon

pour aliénés calmes et demi-calmes, puis, au angle droit par rapport

à l'étroit côté, la division cellulaire (deuxième construction), enfin

les locaux attribués aux gâteux (troisième construction), qui re-

gardent le long côté postérieur. On a procédé à la même réparti-

tion à gauche, en ce qui concerne les hommes. La partie moyenne

du long côté postérieur est prise par la cuisine derrière laquelle

est la buanderie. Au nord-ouest des bâtiments du centre, sur un

terrain un peu plus haut, s'élèvent trois pavillons : celui du milieu,

le plus petit, constitue l'habitation du médecin en chef; les deux

latéraux sont destinés chacun à quinze patients de la première classe

et à douze convalescents des classes inférieures. Le territoire exté-

rieur de l'établissement est, à l'exception du côté limité par la ri-

vièrelloje, enfermé dans une palissade en bois d'une hauteur no-

table, peinte en rouge, qui doit être ultérieurement remplacée

par une haie de nerpruns déjà plantée. Ses promenoirs, en partie

'pourvus de préaux couverts, sont entourés de planches en bois, de

neuf pieds de haut environ, dans la division des agités et des gâ-

teux (coloration vert-sombre) et, pour la section des malades calmes

et demi calmes, de grilles en bois de même couleur d'une élévation

correspondante; des ouvertures ont été ménagées de façon à ne

pas masquer la vue. Dans chaque pavillon, abstraction faite du

quartier cellulaire et des locaux d'habitation des pensionnaires de

première classe, on a élevé des séparations verticales entre les

pièces. Chaque section, désignée à l'aide de lettres, comprend une

salle de jour, un réfectoire, une chambre de travail, une tisannerie,

un parloir, une chambre de bains; la désignation de ces locaux

est marquée en dehors sur la porte, de même que l'entrée et la

sortie. Les salles de jour et les dortoirs sont spacieux, clairs, ta-

pissés et ornés de gravures et de fleurs; les- murs chez les

agités et les gâteux sont enduits de couleur à la chaux, qui, plus

262 1 VARIA.

tard, sera remplacée par de la couleur à l'huile. Les escaliers sont

en pierre; il n'est pas de palier à la paroi duquel on ne voie l'ex-

trémité terminale d'un large tube, en communication avec la

conduite d'eau commune, sur laquelle, en cas d'incendie, on pour-

rait adapter un tuyau d'arrosage. Les dortoirs, situés au premier,

renferment dix à douze lits; ils dispensent par tête 600 pieds cu-

biques d'air. Lits en fer ou en bois, larges de 72 centimètres; les

matelas de gâteux sont remplis de paille ou d'une sorte de fougère

spéciale. Il n'y a pas de gardiens dans les dortoirs, mais il existe

une veille de nuit. Parmi les fenêtres, les unes sont munies de

croisillons étayés par des rayons de fer, les autres sont simples ;

elles sont grillées dans les lieux d'aisances. Des volets permettent

de faire l'obscurité dans les dortoirs. L'installation de la buanderie

est la même qu'à Wexio. Eclairage au pétrole. Fosses mobiles dé-

sinfectées au phénol et au chlorure de chaux ; elles n'exhalent pas

d'odeur. Chauffage des cellules à l'eau chaude; les tuyaux princi-

paux courent sous le plancher, et assurent en même temps la

ventilation, en vertu d'une disposition particulière ; ailleurs, on

ue de calorifères en faïence. Les tuyaux de réserve du chauffage à

l'eau chaude rampent librement sur le plafond ; aussi, l'année

dernière, un malade s'en servit pour se suicider. Depuis, on les a

recouverts de tôle. Chaque quartier renferme vingt-sept cellules

spacieuses, dont dix-sept jouissent de l'éclairage latéral par une

ouverture étroite et élevée, les autres prenant le jour et l'air par

une grande fenêtre latérale. Leur habitus n'offre pas de dillé-

rence avec les descriptions déjà présentées. Six sont munies de

doubles portes. Tout quartier cellulaire a deux promenoirs. Le

11 OEdmann a inventé des cellules à air. Elles résultent du dressage

vertical dans la cour du quartier, sur un sol en gazon, de quatre

parois en bois, revêtues d'un enduit, fermées de partout excepté en

haut ; l'ouverture supérieure totale permet le contact direct de

l'atmosphère. - Les cuisines et la buanderie marchent à la va-

peur ; elles la tirent d'une commune chaudière. Une source située

derrière le bâtiment central offre son contenu à une machine élé-

vatoire qui déverse l'eau, après l'avoir fait passer à travers un

filtre, dans un réservoir situé à l'extrémité opposée, un peu plus

élevée, du territoire de l'établissement; de là elle est distribuée

à chacun des corps de logis. Un filtre à charbon la reçoit encore

avant qu'elle ne serve aux usages. Ce filtre à charbon se compose

du filtre anglais de C. Cheavin (Boston-Rapid Waterfilter) et d'un

filtre suédois de Kuutce moins actif. Après la première filtration,

aulieumêmedala pompe àfeu, J'eau cotitientencore trois à quatre

millionièmes de substances organiques. Après la seconde, elle n'en

a plus que 0.7 à I. Il existe également un puits dont l'eau semble

plus fraîche. Les baignoires, d'ordinaire au nombre de deux,

par chambre de bains, sont en buis; les pensionnaires de pre-

VARIA. 263

mière classe se servent seuls de baignoires en métal émaillé,

dont on n'est guère satisfait.

Un médecin en chef, un médecin-adjoint, un interne qui réside

dans le pavillon de la première classe : voilà le personnel médical.

On prend, comme dans les autres établissements suédois, les

observations suivant le besoin. Les médicaments viennent de

Lund. Les visites sont autorisées le mercredi seulement quand il

ne tombe pas un jour de fête, de 10 heures à 1 heure. Ce jour-là

des renseignements oraux sont transmis sur les malades. On n'a

pas prévu les distractions, les divertissements des jours fériés, et il

n'est même pas question des cadeaux de Noël; on ne les fait pas

entrer dans le traitement moral. Les moyens de contrainte sont

peu employés Un pasteur s'occupe de l'asile, mais il habite

Lund ; c'est là, d'ailleurs, qu'on enterre les morts. Un corps de

logis spécial renferme la salle mortuaire et la salle d'autopsies; il

contient des caves; c'est au nord de l'établissement qu'il est situé.

Un gardien et une gardienne en chef sont à la tête d'infirmiers

dont la proportion est de un pour dix malades, sans compter les

nombreux gardiens particuliers pour lesquels on paie annuelle-

ment 160 couronnes (524 fr.), plus 60 oeres par jour, comme en-

tretien. Le bilan du travail se liquide, en 1880, pour une

moyenne de 450 aliénés, à 1,191 journées, dont 5,876 à l'actif

des hommes et 6,03.'i au compte des femmes ; le domaine de la

propriété, encore très nu, fournit un fonds de labeur inépuisable.

L'asile possède trois chevaux; il n'existe, en fait de bétail, que

quelques vaches pour les fonctionnaires. Toutes les subsistances

sont tirées de Lund.

261 VARIA.

arrivé, par une multiplication croissante du nombre de ses lits,

à contenir 414 hommes et 106 femmes de deuxième et troisième

classe et deux pensionnaires de première classe pour chaque sexe.

Il est situé au nord-ouest de la Suède. La ville d'Hernûsand, qui

comptes, 000 habitants, est le lieu de résidence du sénéchal et de

l'évêque ; elle est, par le bateau à vapeur, à vingt-quatre ou qua-

rante-huit heures de Stockholm. Son asile occupe, sur les rives du

golfe de Bothnie, un terrain assez escarpé dont la limite posté-

rieure est constituée par des montagnes boisées d'une certaine

élévation. Le bien-fonds ;de la propriété comporte 4 3 hectares

24 ares ; il est enclos de murs assez hauts, si ce n'est du côté de la

mer. Les bâtiments, généralement à un étage, forment par leur

disposition d'ensemble un V à sommet obtus. La construction du

milieu, la principale, a sa façade tournée à l'ouest; c'est dans le

sous-sol qu'ont été reléguées la cuisine et ses dépendances, la

pharmacie, la salle d'autopsie; au rez-de-chaussée existent le

temple, des chambres de réception, l'habitation du gardien et de

la gardienne en chef, ainsi qu'une série de chambres pour les ma-

lades demi-agités avec quatre chambres d'isolement; à droite les

femmes, à gauche les hommes. Au premier étage, les aliénés

calmes ; ici aussi quatre chambres d'isolement. Dans les man-

sardes ont été installés des logements convenables pour quatre

pensionnaires de première classe. Dans l'angle obtus de la figure,

deux ailes, partant du corps du logis principal, sont destinées :

l'une, celle du nord, au quartier des femmes; l'autre, celle du sud,

au quartier des hommes. C'est la constitution du sol, jointe à la

nécessité de dispenser largement l'air et la lumière, qui a imposé

la configuration décrite; c'est pour la même raison que le quar-

tier des hommes a seul un sous-sol complet, tandis que, chez les

femmes, le roc a restreint l'aménagement de pièces en contre-bas :

on n'y trouve que quelques pièces réservées aux besoins agricoles

et un corridor, tandis que, chez les hommes, il y a en outre di-

vers ateliers. Le rez-de-chaussée renferme les gâteux ; le premier

étage, les agités. Cinq chambres d'isolement dans chaque section.

Aux deux ailes latérales est annexé un quartier cellulaire circu-

laire,'sans étages, divisé de chaque côté en treize cellules. Salles

de jour et de travail partout séparées. Les corridors, qui occupent

la partie interne des habitations, peuvent être utilisés comme ré-

fectoires, grâce à l'existence de tables pliantes assujetties aux pa-

rois murales sur le côté des fenêtres. Un chemin de fer apporte,

par le corridor de la cave, les aliments de la cuisine dans un wa-

gon disposé spécialement à cet effet. On trouve encore des esca-

liers dérobés à paliers dépourvus de parapets. Eclairage au pétrole.

Au-dessus de la porte des cellules et des chambres d'isolement,

ona percé des oeils-de-boeuf discoïdes, destinés à l'éclairage, munis

d'un verre épais. Nulle part de fenêtres grillées; les croisillons sont

VARIA. 265

garnis de fer ; on les ferme à l'aide d'un système à chevilles, mais

l'aération peut être fournie par des valves mobiles dont plusieurs

sont munies. Volets dans tous les dortoirs. Toutes les salles dis-

pensent 600 pieds cubiques d'air par tête, et même 800 pour

les gâteux. Dans les cellules, le squelette de la fenêtre est en-

tièrement en fonte de fer, les carreaux ont une grandeur de six à

huit pouces, et le battant ne peut être ouvert que de cinq pouces.

Les malades disposent de 950 à 1,030 pieds cubiques d'air dans

les cellules et les chambres d'isolement ; leurs fenêtres ne com-

mencent, dans les premières, qu'à neuf pieds du sol, et mesurent

près de quatre pieds de large sur deux pieds de haut ; ce sont, dans

les secondes, de grandes fenêtres latérales. Des doubles portes

assurent l'isolement ; sur celle de l'intérieur, on a installé un gui-

chet valvulaire pour l'observation. Chaque cellule a ses latrines et

son poêle en faïence entouré de lames de fer quand l'agitation

mérite le nom de fureur (Stormceller). Le chauffage du poêle s'o-

père par le dehors, dans le quartier cellulaire seulement. : il aide,

mais insuffisamment, à la ventilation. - L'établissement puise

son eau dans le lac Bond à l'aide de 7,000 pieds de tuyaux, en

longueur. Ce lac (situé à 80 pieds au-dessus du niveau de l'asile)

fournit un liquide pur, de bon goût, de quantité illimitée. Chaque

quartier possède deux baignoires; le quartier cellulaire n'en a

qu'une; elles sont peintes à l'huile et entourées de bandes de fer.

Chaque chambre de bains dispose d'un appareil à douches. Un

cylindre en cuivre reçoit l'eau qui doit être chauffée, et sert en

même temps de poële. La buanderie occupe le voisinage de la

mer. Lacuisine estremarquable parl'installation de quatre grandes

chaudières et de deux foyers à rôtir.

Le médecin en chef et le médecin-adjoint habitent avec l'inten-

dant une construction sise à gauche de la construction principale.

Un gardien et une gardienne en chef commandent à dix gardiens

et à onze gardiennes; du moins il en était ainsi en 1880.

BIBLIOGRAPHIE

V. De la folie ci double forme, circulaire, alterne ; par le Dr 1\fonnnT,

médecin en chef de l'asile d'aliénés de la Sarthe.

Ce travail, présenté àl'AcLdéiiiiede médecine en 4880 a mérité

un prix son auteur. Il repose sur trente-cinq observations

personnelles, bien détaillées, mais dont la lecture ne donne

pas une idée de la folie alterne aussi nette que celle de l'ouvrage

entiërqui reproduit Loutec qui a été écrit sur cette question, surtout

par Fafrct et Baiffarger. Les points de vue plus particuliers

de l'auteur sont les suivants : dans cette forme de folie, le désordre

des actes et des sentiments est plus grand que celui des idées; les

hallucinations génésiaques, surtout chez les femmes sont très fré-

quentes, il y trois degrés dans cette maladie; le deuxième est si-

gnalé' par l'invasion des hallucinations et le troisième, c'est « le

fonds'de la manie et de la mélancolie sans leur relief. ([''adret) ».

L'auteur n'admet pas une forme paralytique de cette maladie,

mais reconnaît qu'elle peut compliquer la paralysie générale

(soixante-dix observations à l'appui). L'auteur en fait une vésanie

spéciale ayant une place à part dans le cadre nosolo,,ique. A pro-

pos de sa nature, M. Mordret fait remarquer que ni la tropho-né-

vrose, d'après la théorie de Meyer, ni l'action paralysante des

nerfs de Setschenow, d'après Erlenmever, ne suffisent pour expli-

quer le passage d'une phase à l'autre dans cette forme morbide,

et préfère expliquer ses deux phases par la théorie de l'anémie et

de 1'li,péi-émie cérébrale. C'est une maladie rare, puisque dans

son service, M. Mordret n'en constate actuellement que treize cas

sur quatre cent quatre-vingt-un malades. CnARpENTtER.

VI. Étude sur le morphinisme chronique (thèse, 1883); par M. Danie

Jouet.

Description des accidents somatiques dus à l'intoxication mor-

phinique ; souffrances réelles et réclamations vives du malade dès

les premières semaines, si on le soustrait à la morphine; cet état

signalé parm. Charcot est le premier signe de l'imprégnation mor-

phinique ; léger amaigrissement pendant les cinq ou six premiers

BIBLIOGRAPHIE. 267

mois. Troubles psychiques : torpeur intellectuelle générale, apa-

thie, tendances à l'isolement, parfois poussées mentales avec accès

de violence, déchéance morale invoquée souvent par des criminels

voulant chercher l'irresponsabilité dans l'abus de la morphine. -

Tremblements de la langue et des mains. Le tremblement des

mains est distinct du tremblement sénile et du tremblement alcoo-

lique; les vibrations se font par poussées de cinq ou six oscilla-

tions de suite, et les intervalles entre chaque oscillation sont

égaux ; chaque oscillation a une forme régulière et se compose

d'une ligne ascendante et d'une ligne descendante formant un

angle très aigu, sans plateaux (recherches faites dans le service

de M. Cliarcot). livperestliésie générale fréquente; hyperexcitabilité

des réflexes. Troubles des sens ; vue : oeil morne reprenant son

éclat à chaque nouvelle injection ; diminution de la puissance

d'accommodation, pupilles souvent rétractées, anémie permanente

de la rétine (Parinaud), troubles de l'odorat et du goût (saveur

acre et métallique); parfois hallucinations de la vue et de l'ouïe.

Troubles de la vie de nutrition : torpeur de la vie végétative, peau

pâle, cyanosée ou terreuse; stases veineuses; petitesse et irrégu-

larité du pouls (la morphine abaisse la pression et augmente les

systoles cardiaques). Boulimie fréquente, vomissements nom-

breux, selles rares, éruptions cutanées fréquentes et qui, d'après

M. Charcot, ne seraient que des manifestations de diathèses an-

ciennes réveillées par les injections chez des sujets cachectisés

par le morphinisme.

Complications. Impuissance génitale après une période d'excita-

bilité génésique ; aménorrhée fréquente, albuminurie, fièvre mor-

phinique sous trois formes : intermittente, typhoïde, hectique.

Amorphinisme et morphiomcrnie psychique. L'amorphinisme com-

prend l'ensemble des symptômes douloureux éprouvés par le ma-

lade inloxiqué dès qu'il est soustraità la morphine; c'est une mor-

phiomanie somatique qui fait que l'organisme imprégné s'aperçoit

et se révolte d'un retard dans l'administration du médicament;

dans lamorphiomanie psychique, il y a impulsion irrésistible pour

la morphine, mais sans troubles réels si la morphine est suppri-

mée.

Cette thèse cite des cas de mort brusque par injection de mor-

phine chez des malades atteints d'affections vésicales ou car-

diaques. (Obs. de M. Féré.) ·

M. Féré a également communiqué à l'auteur de la thèse une

observation d'amorp/tMtMmc dans le cours d'une grossesse ; les

troubles douloureux déterminés par la suspension de la morphine

ressemblèrent à ceux d'un avortement. La grossesse fut cepen-

dant menée à bien ; mais l'enfant avait subi les conséquences de

l'abstinence de la morphine : mouvements brusques et agitation

268 BIBLIOGRAPHIE.

continuelle avec cris, les soixante premières heures de la nais-

sance. (Ohs.deM. Féré, lue à la Société de biologie, octobre 48831.

Charpentier .

VIL Des paralysies du nerf sciatique poplité externe d'origine pel-

vienne ; (thèse de Paris, 1884.) par Dorion.

Les accouchements laborieux, les tumeurs ou les phlegmons

développés dans la cavité pelvienne, peuvent déterminer du côté

des membres inférieurs, des troubles moteurs d'une étendue très

variable. Tantôt, il s'agit d'une paraplégie complète, tantôt la

paralysie est unilatérale ou prédominante d'un côté; tantôt enfin,

la paralysie est non seulement unilatérale mais partielle. Quel-

quefois, la paralysie partielle est limitée aux nerfs sciatique po-

plité interne et externe, respectant la portion crurale du sciatique.

Le plus souvent elle est circonscrite au nerf sciatique poplité ex-

terne, mais non pas exclusivement, comme le pensait Lefebvre :

il est rare, en effet, que le sciatique poplité interne ne soit point

touché dans une certaine mesure. M. Dorion aurait pu combattre

plus victorieusement la théorie ingénieuse de Lefebvre, s'il avait

pris la peine de se mettre au courant des études anatomiques rela-

tives,à cette question. Lefebvre en effet expliquait la localisation,

qu'il croyait exclusive, de la paralysie au sciatique poplité externe,

par le fait que cette branche nerveuse serait la continuation du

nerf lombo-sacré qui, grâce à sa position, peut être comprimé

isolément dans le bassin. Or, il y a longtemps que nous avons

démontré ' que la disposition anatomique invoquée par Lefebvre

n'existe pas et que le lombo-sacré répartit ses filets à peu près

en parties égales au sciatique poplité interne et au sciatique po-

plité. externe. L'explication de M. Dorion l'ondée sur la bifurcation

prématurée du sciatique, peut être combattue précisément par les

arguments qu'il oppose à celle de M. Lefebvre, et on peut ajouter

que la compression isolée de deux troncs au moins juxtaposés est

encore plus difficile à comprendre que celle du lombo-sacré.

Ch. F.

. VIII. Etudes cliniques de JV ? n'opt</t0ote; par José Armangué

y Tuset. (Barcelone, Ramires. 1884.)

Ce volume est un recueil de plusieurs travaux déjà publiés par

M. Armangué y Tuset soit en France, soit en Espagne. On y trouve

un certain nombre d'observations sur des poinls différents de la

1 Cil. Féré. Note sur un point de l'anatomie dit nerf sciatique. (t3ull.

soc. anatomique, 1879, p. 110 et Progrès médical, 1879, p. 6',9.)

BIBLIOGRAPHIE. 269

neuropathologie : Aphasie et Arttonontnsie, paralysie par compres-

siorz, urticaire chronique, sperrnatorrhée et irnpuisscznce par influence

psychique, etc..

Nous reproduisons d'après l'auteur les conclusions de deux mé-

moires plus importants sur la méningite granuleuse et sur la mi-

graine ophthalmique.

La rougeole, malgré la bénignité apparente qu'elle affecte en

Hspagne provoque fréquemment l'apparition de lésions tubercu-

leuses ou scrofuleuses et surtout de la méningite granuleuse et do

lablépharitescrofuleuse.

La méningite granuleuse, suivant toute probabilité, n'est pas

toujours tuberculeuse, quoiqu'elle le soit le plus souvent ; mais il

semble qu'on pourrait admettre l'existence d'une méningite basi-

laire scrofuleuse qui ne parvient pas à la nature tuberculeuse.

La méningite granuleuse est curable, qu'elle soit ou non tuber-

culeuse ; les récidives sont fréquentes.

L'iodure de potassium est le meilleur médicament.

La méningite tuberculeuse quand ses lésions sont surtout loca-

- Usées en un point peut servir à l'étude des localisations cérébrales;

notamment pour l'aphasie.

Quanta lanzigruirzeoplzthnlmiqttc, voici les conclusions auxquelles

arrive l'auteur : Elle est connue depuis le siècle dernier et a été

déjà bien décrite avant Galezowki; on n'a rien ajouté à ce qu'ont

dit les auteurs qui l'ont décrite antérieurement. Ce n'est pas

une espèce morbide distincte,- mais une variété de la migraine

vulgaire. - '

Les preuves de cette identité sont : l'identité d'étiologie, de

symptômes, de gravité, de traitement, de pathogénie, démarche,

délurée, l'existence de variétés formant transition entre l'une et

l'autre migraines, l'apparition d'attaques de l'une ou l'autre

forme chez le même individu; la transformation de l'une et l'autre

formes par transmission héréditaire. '"

On doit regarder comme migraines oplitbalmiques beaucoup de

scotomes scintillants et d'hémianopsies transitoires non suivies de

céphalalgie.I[ y a beaucoup de formes de migraine, et toutes

peuvent exister sans céphalalgie. La migrainea d'intimes relations

avec beaucoup de névroses, surtout avec l'hystérie et l'épilepsie.

La migraine est une névrose du grand sympathique produite

presque toujours par hérédité/diathese ou troubles digestifs ; elle

exerce son action sur la circulation encéphalique au moyen des

vaso-moteurs. La migraine peut produire des paralysies, des

convulsions, de l'amnésie, la folie, la perte de connaissance,

l'aphasie, l'anesthésie, la surdité, l'agueusie, l'anosmie, l'am-

blyopie, l'hémianopsie, des fourmillements, etc.. On devrait dans

ces cas, au lieu de migraine opbtlialmique dire migraine complexe

avec perturbations visuelles. La migraine est sujette à des lois

· ? 10 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.

fixes; ses localisations cérébiales sont analogues à celles des

lésions organiques. P. M.

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

Des rémissions dans l'ataxie locomotrice ; par M. BORDEni;uY.

(Thèse de Paris, 1884.)

Contribution à l'étude des phénomènes nerveux de la fièvre ty-

I)hoîde, leurs rapports avec la température; par E. R113EROLLES.

(Thèse de Paris, 1854.).l . ? De la folie à la ménopause ; par Guimbail. (Thèse de Paris, 188..)

Etudes z t< ! ) : 6' la méningite et dans les maladies

céréLro-spitt2Les; par IL 130UCIIUT. (Thèse de Paris, 1884.)

Action hypnotique et sédative de la plaraldélayde dans les différentes

formes d'aliénation mentales; par iVnc.». (Thèse de Paris, 1884.)

' Quelques considérations sur le traitement du goitre exophthal-

mique par l'iode et ses composés; par Galup. (Thèse de Paris, 1884.)

i Contribution il l'étude du mécanisme de la mort par les courants

électriques intenses; par Grange. (Thèse de Pans, -1884).

Des kystes hydatiques de la base du crâne; par Odile. (Thèse de

Paris, 1884).

FAITS DIVERS

Concours des asiles p'ALiÉNËs. Un concours s'ouvrira le

20 octobre prochain, à l'Assistance publique, pour une place de

médecin-adjoint des services d'aliénés des hospices de Bicêlre et

de'la" Salpêtrière.

Conditions du concours. Ce concours sera ouvert le lundi

20 octobre 4881, à midi, à l'amphithéâtre de l'administration de

l'Assistance publique, avenue Victoria, 3. MM. les docteurs qui

voudront concourir se feront inscrire au secrétariat général de

l'administration de l'Assistance publique, de midi à trois heures,

ety déposeront leurs litres. Le registre d'inscription des candidats

sera ouvert le lundi la septembre et sera clos le mercredi le, octo-

bre 188'1, à trois heures.

Conditions et programme du concours. (Extrait de l'arrêté

préfectoral du 9 juillet 1880, approuvé par le illiiiistre de l'inté-

rieur. Les candidats qui se présentent aux concours ouverts

pour les places de médecin-adjoint des quartiers d'aliénés dans

les hospices de Bicetre et delà Salpêtrière doivent justifier de la

qualité de Français et être âgés de 28 ans au moins. Ils doivent

FAITS DIVERS 271 I

justifier en outre : Soit de quatre années d'internat dans les

hôpitaux et hospices de Paris ou dans les asiles publics d'aliénés

et d'une année de doctorat; soit encore de cinq années de docto-

rat. Les candidats doivent se présenter au secrétariat général de

l'administration pour obtenir leur inscription en déposant leurs

pièces et signer au registre ouvert àcet effet quinze jours au moins

avant l'ouverture du concours. Les candidats absents de Paris ou

empêchés devront demander leur inscription par lettre chargée.

Toute demande d'inscription faite après l'époque fixée pour la clô-

ture du registre ne peut être accueillie. Le jury du concours est

formé dès que la liste des candidats a été close. Cinq jours après la

clôture du registre d'inscription, chaque candidat peut se présenter

au secrétariat général de l'administration pour connaître la

composition du jury. Si des concurrents ont a proposer des récu-

sations, ils forment immédiatement une demande motivée par

écrit et cachetée qu'ils remettent au directeur de l'administration.

Si, cinq jours après le délai ci-dessus fixé, aucune demande n'a

été déposée, le jury est définitivement constitué, et il ne peut plus

être reçu de réclamations. Tout degré de parenté ou d'alliance

entre un concurrent et l'un des membres du jury donne lieu à

récusation d'office de la part de l'administration. Le jury du

concours pour les places de médecin-adjoint du service de

aliénés dans les hospices de BieûLre et de la Salpêtrière se

compose de huit membres, savoir : Quatre médecins tirés au

sort parmi les médecins aliénistes des hôpitaux et hospices, en

exercice ou honoraires, les médecins chefs de service des asiles

publics d'aliénés du département do la Seine, en exercice ou

honoraires, et le médecin du bureau d'admission de Sainte-Anne,

après cinq ans d'exercice, et trois médecins tirés au sort parmi les

médecins des hôpitaux en exercice ou honoraires.

Les épreuves du concours pour la place de médecin-adjoint du

service des aliénés dans les hospices de Dicêtre et de la Salpê-

trière sont réglées de la manière suivante : I ° une épreuve écrite

sur l'anatomie et la physiologie du système nerveux pour laquelle

il sera accordé trois heures; 2° une épreuve clinique commune

sur un malade. 11 sera accordé au candidat dix minutes pour

l'examen du malade et vingt minutes pour développer oralement

son opinion devant le jury, après cinq minutes de réflexion;

3° une épreuve clinique sur les maladies mentales : un seul

malade. Il sera accordé vingt minutes pour l'examen du

malade; et vingt minutes pour la dissertation, après cinq

minutes de réflexion ; 4° Une épreuve écrite comprenant

une consultation après l'examen d'un aliéné, et un rap-

port sur un cas d'aliénation mentale. Il sera accordé au eau-

didat quinze minutes pour l'examen de chacun des malades, et

une heure et demie pour la rédaction du rapport et de la consul-

272 FAITS DIVERS.

tation. La lecture de cette consultation et du rapport sera faite

au début de la séance suivante; 51 une épreuve clinique sur deux

malades d'un service d'aliénés. - Le candidat aura quinze

minutes pour l'examen de chacun des deux malades et trente

minutes pour dissertation orale, après cinq minutes de réflexion.

Le maximum des points à attribuer pour chacune de ces

épreuves est fixé ainsi qu'il suit : Pour la première épreuve écrite,

30 points. Pour l'épreuve clinique commune, 20 points. Pour

l'épreuve clinique sur les maladies mentales, à un seul malade,

20 points. Pour la deuxième épreuve écrite, 30 points. Pour

l'épreuve clinique sur deux malades, 30 points.

Un Fou. - Le Dr C,11)1.01, de Bourbonne-les-Bains, vient d'être

victime d'une attaque inattendue. Un cultivateur de Martinville

(Vosges), amenait au docteur son fils, âgé de vingt-huit ans, qui

avait parfois des accès d'aliénation mentale. A peine étaient-ils

entrés dans son cabinet que des cris retentirent. Le fils aine du

Dr Cabrol accourut et vit son père renversé par terre, la figure

ensanglantée. M. Léon Cahrot dégagea son père, qu'il entraîna

au dehors, et appela au secours. Un aide-major accourut à ces

cris et tous deux, aidés du père du fou, réussirent à maintenir le

forcené, qui, à cheval surla croisée, les rouait de coups de poing.

Les infirmiers de l'hôpital militaire arrivèrent et mirent au fou

furieux la camisole de force. If a été dirigé sur une maison de santé.

Bnnxerr (A.-H.). - A slatislical inquiry lhe nature and 11-eai,

ment of cpilcpsq. Brochure in-8" de 47 pages. Loudon, t88 ? II. K. Lewis-

136, 6uwel street. W.-C.

' Boukxevillc, Boorteu, Borrvame, Leflaive et Z Recherches

cliniques et thérapeutiques sur l'él)ilepsie, l'hystérie et l'idiotie. Compte

rendu du servicetle Bicètre pour l'année 1883, In-S" dexxwu-tb1 pdgeS,avec

3 planches et 8 figures. Prix 0 fr. Pour les abonnés des Archives, 0 l'r.

. (L.). Sulla vertigine lariugea. Brochure in-8''de 26 pages.

Napult, 1883. Tipografico dell'Untone.

Difetlo porencefatico in individuo emiplegico dall'infanzia e con

arresto di sviluppo clegli arti (tel lato emiplegico. Brochure it]-S" de

18 pages, avec 6 planches lithographiques. Napoh, 1884. Z dell'

Unione.

// reflcsso teudines e specialemenlc il fenomeno de ! ginocclzio dal par-

ticulare putto di t-isla délia sua semiologia e patologia rzella pa)-alisi

progression degli alienali. Brochure in-S" de 8 pages. Napoli. Mauicomio

Irrovincia.

Cvstoiuni (R.). Memoria sulla cura dell'ectropio cicalriziale (anto-

ùlefaroplaslig. Brochure in-8" de 32 pages, avec 36 planches. Extrait de

la li. Ace. medico chirurgica di Napoli. Napoli, 188 Tipograha F. Dis-

cops.

' . Le rédacteur-gérant, BOUIINCVILLE.

lieux, Ch. Hanl"4%, lnip. - 884.

Vol. VIII, Novembre 1884. Nu 24.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUS

MALADIF. DU THOMSEN ET PARALYSIE PSEUDO-

HYPERTROPHIQUE;

Par le D, Romain VIGOUI301jX.

L'augmentation de volume des muscles a été notée

dans quelques-uns des cas de maladie de Thomsen

déjà publiés', tandis que, dans quelques autres, il est

nettement spécifié que cette augmentation n'existait

pas. Nous venons d'observer un malade qui présen-

tait à la fois, de la façon la plus évidente, les symp-

tômes de la maladie de Thomsen et ceux de la para-

lysie pseudo-hypertrophique. Il ne saurait être ques-

tion, pour l'instant, de déduire de ce fait la nécessité

d'une relation entre ces deux affections; mais il est

utile de constater la possibilité de leur combinaison.

M. X..., âgé de dix-neuf ans, nous est adressé par M. le

professeur CHARCOT. C'est un jeune homme de stature moyenne

'V. Ballet et Marie, Arch. de Neurologie 1883; - llarie, Revue de nid-

decine 1881,.

Archives, t. VIII. 18 8

37t CLINIQUE NERVEUSE.

dont l'apparence est plutôt un peu grêle. Tout d'abord, nous

constatons chez lui les signes classiques de la paralysie pseudo-

hypertrophique. Les membres inférieurs, à partir du bassin,

ont un développement athlétique. Ils sont même d'un dessin

très correct, et rappellent exactement ceux de certains dan-

seurs. C'est dire que tous leurs muscles sont également atteints.

La palpation donne la sensation caractéristique de la pseudo-

hypertrophie : il semble que les aponévroses d'enveloppe

aient disparu et que les muscles forment avec le pannicule

graisseux sous-cutané une masse homogène de consistance

pâteuse. Au cou et aux membres supérieurs, on note l'aspect

pseudo-hypertrophique des faisceaux claviculaires des tra-

pèzes, des deltoïdes, et, à un moindre degré, des triceps et

biceps. Tous ces muscles sont plus volumineux que ne le

comporte le reste de la musculature du sujet, et présentent

la consistante susdite. L'apparence des muscles des avant-

bras est n irmale ; les muscles intrinsèques des mains (thénar,

hypothénar, interosseux) sont manifestement hypcrtrophiques.

Le développoment des muscles du tronc ne présente rien de

particulier.

La force musculaire est très diminuée ; ainsi, la pression

des mains est, au dynamomètre, de 15 lcil., tandis que, pour

un homme sain de cet âge et de cette stature, elle devrait être

de plus de 50 kil. Lorsqu'on demande au malade de résister,

autant qu'il le peut, aux mouvements qu'on fait exécuter à

ses membres, on constate que sa résistance est très faible,

malgré le spasme qui survient, ainsi que nous le verrons

plus loin.

Le malade ne peut se relever tout d'un coup lorsqu'il s'est

baissé pour ramasser un objet à terre. Il le fait en plusieurs

temps, en finissant par prendre avec les mains un point

d'appui sur ses cuisses.

L'examen électrique donne les résultats que l'on est habitué

à rencontrer dans les cas de ce genre. L'excitabilité que l'on

pourrait croire normale, pour le courant faradique, est notable-

ment diminuée pour le galvanique. On ne peut obtenir de

contraction des muscles des membres qu'avec un courant de

110 à 120 dix-millièmes (Ampère). Pour le biceps brachial,

il faut môme aller jusqu'à 160. On remarque que pour

produire ces courants assez énergiques, il suffit d'un nombre

relativement petit d'éléments, 90 à 12 Léclanché. La résis-

MALADIE DE THOMSEN. 275

tance électrique du malade est donc bien au-dessous de la

moyenne, et cela explique pourquoi son excitabilité faradique.

ne semble pas différer davantage de la normale. Nous croyons

suffisant de donner cette indication sommaire, sans reproduire

les chiffres relatifs à chaque muscle ou nerf en particulier.

Il n'y avait d'ailleurs pas d'altération qualitative de l'exci-

tabilité.

L'examen électrique fait en outre découvrir quelques parti-

cularités qui se rattachent à l'autre affection, dont il nous

reste à parler.

En effet, ce n'est pas de la faiblesse de ses muscles que le

malade se plaint, car il peut rester plusieurs heures sur pied,

et fait d'assez longues promenades, mais bien, la raideur qu'il

accompagne la plupart de ses mouvements. Voici ce qu'il

rapporte à ce sujet : Lorsqu'après être resté quelque temps

assis, il se lève pour marcher, ses jambes se raidissent, il

doit attendre plusieurs secondes pour se mettre en marche et

ses premiers pas sont lents. La même raideur se produit s'il

est resté debout immobile. Ensuite les mouvements des jambes

deviennent plus aisés. La même particularité a lieu pour les

membres supérieurs. Si le malade étend vivement le bras

pour saisir un objet, le bras reste raide et étendu, et la main

se serre sur l'objet.

Ce spasme ne se produit pas seulement après une immo-

bilité plus ou moins prolongée. Il accompagne aussi tous les

mouvements volontaires qui doivent être exécutés rapidement ;

et, dans ce cas, il tend à se généraliser. Par exemple, si, dans

la rue, le malade veut hâter le pas pour éviter une voiture,

ses jambes se raidissent, il ne peut avancer et rarement, dans

ce cas, il réussit à conserver son équilibre. Le plus souvent il

tombe, et alors il se sent envahi par une raideur générale qui

ne lui permet de se relever qu'après un certain temps. Aussi

n'est-ce qu'avec beaucoup de précautions qu'il s'aventure dans

les rues de Paris (il habite la campagne).

Nous nous assurons de l'exactitude de cette allégation en

demandant au malade de se mettre immédiatement à marcher.

Il se lève de sa chaise et reste immobile ; si on le poussait,

dit-il, il tomberait. Les muscles des cuisses et des jambes sont

durs et manifestement contractés. Nous lui disons de serrer

notre main fortement, puis de la lâcher ; ses doigts ne s'ou-

vrent que lentement et difficilement, tandis que les bras et

376 CLINIQUE NERVEUSE.

l'avant-bras sont contracturés. Le spasme dure quelques se-

condes.

Les muscles de la mâchoire et de la langue sont aussi

affectés. Les premiers mouvements de la mastication et de l'ar-

ticulation de la parole sont arrêtés, mais pas toujours, par une

raideur des parties qui se dissipe ensuite.

Le malade dit que cette gêne des premiers mouvements vo-

lontaires est beaucoup plus prononcée lorsqu'il se sent observé.

Les réflexes tendineux sont très exagérés. L'excitabilité mé-

canique n'est pas augmentée, en ce sens que la percussion d'un

muscle avec le marteau ne provoque pas sa contraction en

masse ; mais, au niveau du point percuté, il se produit une

dépression de la peau, en forme de sillon étroit et profond,

indiquant la contraction du faisceau musculaire sous-jacent.

Cette dépression persiste pendant plusieurs secondes.

Les particularités de l'examen électrique dont la mention a

été omise plus haut sont les suivantes : toute contraction pro-

voquée par le courant, soit faradique, soit galvanique, devient

tétanique et dure un peu plus que le courant. Cela s'observe

aussi bien pour l'excitation directe que pour l'indirecte (c'est-

à-dire que l'électrode excitatrice ait été placée sur le corps

du muscle ou sur le nerf). En outre, nous avons cons-

taté chez ce malade le même fait que chez celui de MM. Ballet

et Marie, à savoir la facilité plus grande de produire la con-

traction tonique avec l'anode qu'avec la cathode (des deux

espèces de courant). Cela était surtout visible sur le vaste

interne de la cuisse et le biceps brachial.

De l'état psychique il y a peu de chose à dire. Le jeune

homme avait été mis au collège : ses allures spéciales lui ren-

daient assez difficile la vie en commuun, si bien qu'on dut le

retirer. Mais il n'aurait pu, dit-il, faire quand même de bonnes

études à cause de son peu de mémoire; sa conversation indique

une intelligence et un jugement au moins ordinaires. Le sens

génital parait, chez lui, fort éveillé et impérieux. La non satis-

faction de ce besoin lui donne de l'irascibilité et un faciès vul-

tueux.

Le début de la maladie ne peut être précisé ; il remonte en

tout cas fort loin. Le malade ne se souvient pas d'avoir été

autrement que maintenant et ses parents ont remarqué sa

gaucherie dès sa première enfance. Il n'a pas eu d'autres ma-

ladies. Nous avons interrogé son père qui est arthritique, sa

DES ATTAQUES D HYSTÉRIE. 277

mère qui a été nerveuse, son frère aine qui jouit d'une bonne

santé ; aucun n'a pu nous signaler dans la famille une affection

analogue.

Dans le cas qui vient d'être rapporté, la maladie de

Thomsen et la paralysie pseudo-hypertrophique coexis-

tent, sans que l'une d'elles soit en rien modifiée par

l'autre. Chacune conserve ses caractères au point que

nous avons pu la décrire séparément, comme s'il s'a-

gissait de deux malades différents.

Parmi les symptômes que nous avons rattachés à la

maladie de Thomsen, nous appellerons l'attention sur

l'exagération des réflexes qui, pourtant, n'a pas été si-

gnalée dans cette affection.

DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE A FORME D'ÉPILEPSIE PARTIELLE

(ÉTUDE D'UNE NOUVELLE VARIÉTÉ D'ÉTAT DE MAL' ÉPILEPTIFORME)1 J

Par le D' Gilbert BALLET, ex-chef de clinique de la Faculté,

et Gaston CRESPIN, interne des hôpitaux.

Nous croyons avoir établi, à l'aide des deux faits

qui précèdent, d'une part, la réalité d'une variété

particulière d'attaques d'hystérie, l'attaque à forme

d'épilepsie partielle, constituée uniquement dans cer-

tains cas par la phase épileptoïde avec convulsionsuni-

latérales, sans grands mouvements, souvent même

sans hallucinations; d'autre part, la possibilité du dia-

1 Voy. p. 129.

- 278 H CLINIQUE NERVEUSE.

gnostic différentiel entre l'épilepsie partielle fausse et

l'épilepsie partielle vraie en tenant compte de la pré-

sence de certains symptômes, de l'absence de cer-

tains autres.' *

Il nous reste à compléter la démonstration en rap-

portant quelques autres faits analogues à celui de notre

Observation I.

Au moment où nous observions Rosa G... dans le

service de M. Legrand du Saulle, nous suivions, dans le

service de M. Charcot, une malade atteinte d'attaques

convulsives, sur la nature desquelles notre maître n'a-

vait pas cru pouvoir se prononcer sans réserves.

S'agissait-il d'une simple hystérique ou d'une épilep-

tique par lésion cérébrale ? Le tableau symptomatique

autorisait à la fois les deux hypothèses, sans qu'il fût

permis de faire entre les deux un choix décisif. Le cas

de Rosa G... est venu fort opportunément résoudre la

difficulté et démontrer que nous avions affaire a des

accès d'hystérie. Voici le fait en question.

Observation 111 '. Ang... (Eudoxie), vingt-neuf ans, cou-

turière (service de M. CHARCOT, à la Salpêtrière).

Antécédents héréditaires. Nous n'obtenons sur les

antécédents héréditaires aucun renseignement positif qui

mérite d'être signalé.

Antécédents personnels et histoire de la maladie. La

malade raconte que c'est à l'âge de dix-neuf ans que les pre-

miers accidents nerveux se sont manifestés. A la suite d'une

frayeur occasionnée par une tentative de viol, Ang... fut prise

d'une attaque de nerfs et cracha du sang. Les crachements de

sang, qui semblent dus à des hémoptysies, se sont reproduits

1 Le résumé de cette observation a été communiqué par l'un de nous

à la Société médico-psychologique dans la séance du 29 octobre 1883.

DES ATTAQUES D'HYSTERIE. 279

à plusieurs reprises. La malade a eu aussi des épitaxis, et

depuis un an et demi, plusieurs pertes utérines.

Les attaques de nerfs se sont renouvelées assez souvent

depuis leur première apparition, notamment en janvier 1882,

c'est-à-dire quelques jours avant l'entrée de la malade à l'hô-

pital. Ang... ne nous fournit que des renseignements fort

vagues sur les caractères de ses attaques. Ce que nous appre-

nons de plus précis, c'est que les accès sont annoncés par une

sensation de strangulation et qu'ils s'accompagnent de perte

de connaissance.

Examen de la malade. a) Phénomènes permanents.

Ang... présente lors de son arrivée à la Salpêtrière des troubles

marqués de la sensibilité générale et spéciale.

I. Sensibilité générale. Elle est profondément altérée

dans tous ses modes et sur toute l'étendue du corps. La sensi-

bilité au contact est simplement diminuée, celles à la douleur

et à la température sont presque complètement abolies. Le

sens musculaire est affaibli, particulièrement au niveau des

membres supérieurs. Ces troubles de la sensibilité générale

sont là à l'état permanent, paraissant s'accentuer un peu à la

su'te des périodes d'attaques dont nous allons parler; s'atténuer

au contraire dans l'intervalle des crises, mais jamais nous

n'avons constaté leur disparition et le retour à l'état normal.

Ce qu'il y a aussi de remarquable dans la distribution de ces

troubles, c'est leur généralisation à tout le corps, avec légère

prédominance à gauche cependant.

II. La sensibilité spéciale n'est pas moins touchée que la

sensibilité générale. La malade sent très mal les odeurs.

L'ouïe est diminuée, surtout à gauche. A droite, Ang... perçoit

le tic-tac d'une montre à la distance de trois centimètres; à

gauche, elle perçoit à peine le bruit, même lorsque la montre

est appliquée contre le pavillon de l'oreille. Quant au goût,

Ang... ne perçoit pas les saveurs : elle n'apprécie le goût ni

du sulfate de quinine ni de la coloquinte. Cependant sur le

côté gauche de la langue, les saveurs sucrées sont en partie

perçues. Vue. Il existe de l'amblyopie à droite et à gauche,

surtout à gauche, si bien que l'oeil droit étant fermé, la malade

ne distingue presque plus les objets. L'oeil gauche est en outre

achromatopsique. Mais le fait le plus saillant, c'est l'existence

d'un double rétrécissement très accusé du champ visuel (Fig. 8, 8,

a et b). ' . ,

280 CLINIQUE NERVEUSE.

III. Points douloureux. Les seuls points douloureux sont

les points ovariens, surtout à gauche.

b) Attaques. Depuis son entrée à la Salpêtrière, la malade

a été prise d'attaques, à plusieurs reprises. Ces attaques revien-

nent par séries, et se reproduisent en grand nombre pendant

DES ATTAQUES D HYSTERIE.

281

plusieurs jours. La première série d'attaques s'est montrée en

mai 1882, une deuxième à la fin de novembre et au commen-

cement de décembre de la même année ; en février, juillet et

octobre 1883, trois nouvelles séries d'accès.

I. Description des attaques. a) Aura. Les attaques se suc-

cédant d'ordinaire à intervalles très rapprochés, l'aura fait

défaut, ou du moins la malade ne peut indiquer avec précision

ce qu'elle ressent, car elle est plongée, comme nous allons le

voir, dans un état subcomateux. Mais lorsqu'on surprend un

accès isolé ou l'accès initial d'une série, on se convainc, à l'aide

des renseignements fournis par Ang..., que la crise convulsive

est annoncée par des phénomènes prémonitoires - il s'agit

d'un sentiment d'étouffement, de strangulation assez vif, tel

qu'on l'observe communément au début des attaques hysté-

riques.

b) Puis les phénomènes apparaissent et évoluent comme il

suit : la malade perd connaissance, ou du moins cesse de

donner tout signe de conscience, la tête s'incline vers l'épaule

gauche, la commissure labiale du même côté est fortement

convulsée ; les paupières sont abaissées et animées de petits

battements, mais lorsqu'on les soulève, on constate que les

deux yeux regardent en haut et à gauche. Il y a, en somme,

rotation à gauche de la tète et des yeux avec spasme des muscles

de la face, principalement et quelquefois exclusivement du

côté gauche.

En même temps que la tète se place dans l'attitude que

nous venons d'indiquer, les membres du côté gauche se téta-

nisent : le membre supérieur se raidit dans l'extension, le

poing fermé et un peu soulevé au-dessus du plan du lit ; la

jambe gauche est aussi dans l'extension et très raide. De ce

côté, il y a simplement tétanisation ; pas de convulsion clo

Fig. 9. - Attaque de Rosa G...(Oss.I.)

282

CLINIQUE NERVEUSE.

nique, pas de contractions imprimant aux divers segments du

membre des mouvements à grande amplitude, comme ceux que

nous allons voir se produire à droite. (Fig. 9).

Les convulsions des membres droits, bien que plus accusées

que celles dos membres gauches, débutent toujours après ces

dernières : le bras droit se place dans l'abduction légère, la

main dans la pronation forcée, avec flexion sur l'avant-bras,

le pouce étant recouvert par les autres doigts ; l'avant-bras se

fléchit sur le bras et se porte sur la partie latérale et postérieure

du tronc. Le membre inférieur est dans l'extension forcée et

en tétanisme. (Fig. 10.)

Après la période de convulsions toniques précédemment

indiquées, se produisent quelquefois de petites secousses des

muscles convulsés; ces secousses constituent comme l'ébauche

d'une période de convulsions cloniques.

L'attaque est alors terminée, la tête reste un peu inclinée

vers le côté gauche, mais sans raideur ou se place dans la

situation qu'elle occupe d'habitude chez une personne au lit.

Mais la malade reste plongée dans un état quasi-comateux :

les yeux sont fermés, on n'obtient pas de réponse lorsqu'on

Fig. 10. - OL,crvatiou de Ro,a G... - Tracé comparatif de la contrac-

. tion des muselés de l'a-vant-bras du volé droit et du côté gauche.

a, b, Muscles de l'avant-bras droit un téf.misme; -e, Cow ulsions cloniqucsdes mêmes

muscles; -a' b ', Muscles de l',m.mt-br : m gnwlic au lepos; L', ', Ces muscles entrent

en contr,iclou en G ', alors que ceux du droit sont déjà convulsés depuis un instant.

DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE. 283

questionne Ang..., ou ses réponses se traduisent par quelques

monosyllabes sans signification précise, ou des bouts de phrases

sans suite. Quelquefois cependant, lorsqu'on la questionne

vivement, Ang... répond : « J'ai mal à la tête ».

Dans l'attaque, telle que nous venons de la décrire, on ne

constate aucun phénomène rappelant la période des grands

mouvements, ou la période hallucinatoire de l'attaque de

grande hystérie.

Les accès se succèdent à courts intervalles, parfois même

d'une façon continue, un nouvel accès débutant aussitôt que le

précèdent est terminé.

II. Variétés de l'attaque. Dans la plupart de ces périodes

de crises, les attaques ont revêtu les caractères que nous venons

d'indiquer. Dans quelques-unes toutefois, il y a eu des varian-

tes. En novembre 1882, par exemple, a eu lieu une série

d'accès : quelques-uns de ces accès différaient sensiblement de

ceux dont nous venons de parler; par rapport à ces derniers, on

pouvait les considérer comme des accès incomplets ou avortés.

Voici la description desdits accès, d'après les notes que nous

avons recueillies au lit de la malade : la tête s'incline vers la

gauche, le côté gauche de la face est animé de petits mouve-

ments convulsifs, le membre supérieur du même côté, puis la

jambe, sont dans l'extension et raides. Les membres du côté

droit sont flasques ; ils ne présentent ni raideur, ni mouve-

ments convulsifs.

Plusieurs fois même nous avons assisté à des attaques plus

incomplètes encore, en ce sens que tous les phénomènes se

limitaient à la tète et la face, sans que les membres, pas plus

à gauche qu'à droite, ne prissent part aux convulsions.

Exceptionnellement nous avons relevé l'apparition de symp-

tômes qui font d'habitude partie de l'attaque de grande hys-

térie : c'est ainsi qu'à deux ou trois reprises, nous avons cons-

taté des hallucinations visuelles : à la fin de l'accès convulsif,

la malade se remue dans son lit, comme si elle avait peur : elle

nous dit voir une perruche verte à tête rouge. Tout à coup elle

s'écrie : «Tiens, la voilà qui s'est envolée». Plusieurs fois aussi

après les attaques, Ang... a éprouvé une sensation de vertige.

« Je tombe », nous disait-elle, la tète me tourne. »

III. Effets de la compression ovarienne et des inhalations

chloroformiques sur les attaques. La compression ovarienne

unilatérale ou bilatérale, pratiquée avec la main ou à l'aide de

281 le CLINIQUE NERVEUSE.

la ceinture compressive, a toujours été impuissante soit à em-

pêcher l'apparition des attaques, soit à les arrêter au cours

de leur évolution. Nous devons dire cependant qu'une fois, une

compression très énergique avec les mains a paru atténuer un

peu les accès.

, Nous avons cherché, à l'époque d'une crise, à arrêter les

accès au moyen des inhalations de chloroforme, dont l'effet

est d'habitude infaillible contre les attaques de grande hystérie.

Or, voici ce que nous avons constaté : le chloroforme amène

la cessation momentanée des accès ; mais ceux-ci reparaissent

avec la même intensité un quart d'heure environ après la

cessation des inhalations.

Le bromure de potassium administré à la dose de 8 à 10

grammes, pendant plusieurs jours, durant les crises, a paru

sans effet.

IV. Température. Quel qu'ait été durant les différentes

crises la fréquence des attaques, dont le nombre a atteint plus

de cent par jour, la température rectale n'a jamais dépassé

37°, 5.

V. État de la malade au sortir de la période de crise.

D'habitude, à la suite de ses crises, surtout lorsqu'elles ont com-

pris un grand nombre d'accès et ont duré plusieurs jours, il

existe une sorte d'état parésique du membre supérieur gauche.

La malade éprouve quelque difficulté à mouvoir ce membre.

En examinant les choses de près, nous sommes arrivé à cette

conviction qu'il ne s'agissait pas là d'une paralysie vraie, telle

que celle qu'on observe communément à la suite des attaques

d'épilepsie partielle due à une lésion cérébrale. Si Ang... ne

peut mouvoir son bras qu'avec difficulté, cela parait tenir à un

état douloureux de l'articulation scapulo-humérale gauche,

état douloureux qui dépend lui-mêmeprobablement des contrac-

tions forcées, souvent répétées, des muscles péri-articulaires.

Nous avons été conduit à cette conviction par ce fait, que les

mouvements communiqués sont pénibles et rendus presque

impossibles par suite de la douleur qu'ils déterminent au ni-

veau de la jointure.

Résumé de l'observation. a)H ! /)<<);HMM'maHe ? ! <s : Anes-

thésie généralisée incomplète intéressant la sensibilité générale

et la sensibilité spéciale, avec prédominance de l'anesthésie à

gauche ; b) Symptômes accidentels et intermittents : Accès

convulsifs, les uns localisés aux muscles moteurs de la tête et de

DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE. 285

la face gauche, d'autres étendus aux muscles moteurs des mem-

bres gauches, d'autres enfin généralisés; mais avec début cons-

tant des phénomènes convulsifs par le côté gauche.-Absence

de grands mouvements. Hallucinations inconstantes, cons-

tatées à la suite de quelques-unes des attaques seulement.

Pas d'élévation de la température ; pas de paralysie consécutive

aux accès, mais simplement de l'impotence fonctionnelle du

membre supérieur gauche, se rattachant à un état douloureux

de l'articulation de l'épaule du même côté.

Qu'Ang.. fût une hystérique, cela ne faisait pas

question : elle présentait ou avait présenté un trop

grand nombre des symptômes afférents à la névrose

(hémoptysies sans tuberculose, troubles de la sensibi-

lité générale, points douloureux) pour qu'il y eut doute

à cet égard. Mais pour hystérique qu'elle fût, elle

pouvait être simultanément atteinte d'une lésion du cer-

veau, et de fait, ses attaques, comme on vient de le voir,

rappelaient de fort près celles de l'épilepsie jackson-

nienne, et non celles qui, jusque-là, avaient été obser-

vées chez les hystériques. Aussi eût-on certainement

penché pour l'épilepsie, si l'absence d'hyperthermie

et de paralysie nette des membres convulsés à la suite

des attaques, si l'existence d'un double rétrécissement

concentrique du champ visuel, tel qu'on ne l'a jamais

encore, à notre connaissance, rencontré dans les cas

de tumeur cérébrale, n'avaient éveillé les doutes et pro-

voqué les hésitations.

Le cas de Rosa G... vint jeter la lumière sur celui

d'Ang... La seconde comme la première malade était

atteinte d'attaques hystériques à forme d'épilepsie

partielle.

Dans les deux observations d'hystérie qui précèdent,

les convulsions, on l'a vu, se sont présentées avec l'as-

286 cr,m2c vrav cusr ?

pect qui caractérise l'épilepsie partielle dite hémiplé-

gique on latéralisée, c'est-à-dire que les spasmes intéres-

saient la face et les deux membres d'un côté du corps,

se généralisant même ultérieurement au côté opposé.

"Mais il est des cas dans lesquels la fausse épilepsie par-

tielle revêt la forme monoplégique ou circonscrite, les

convulsions se limitant soit à un membre, soit à la

face, ou envahissant à la fois la face et le membre su-

périeur sans intéresser le membre inférieur corres-

pondant.

La première observation de cet ordre que nous

ayions rencontrée est celle d'une malade du service de

M. Charcot.

Observation IV. Fore... (Camille), dix-huit ans. Les

renseignements que la malade nous fournit sur ses antécédents

héréditaires ou personnels sont peu circonstanciés. La mère de

Fore... a été atteinte de paralysie des membres ( ? ) à la suite de

couches. Son père est d'un caractère très violent. La malade a

perdu plusieurs soeurs en bas âge; un de ses frères serait mort

de méningite.

L'affection actuelle a débuté à l'âge de dix-sept ans. A cette

époque, à la suite d'une vive contrariété, F... eut une attaque

avec perte de connaissance. Cette attaque se serait accompa-

gnée de paralysie du bras gauche. Les attaques se sont re-

produites à plusieurs reprises. De plus, F...est de temps en

temps affectée de toux hystérique. Elle dit qu'elle « fait alors

comme un chien qui aboie ». Cette toux persiste parfois des

journées entières. La malade entre à la Salpêtrière, dans le

service de M. Charcot, en janvier 1883.

Nous ne constatons pas chez elle les symptômes permanents

habituels de l'hystérie. La sensibilité générale (au tact, à la

douleur, à la température) est conservée des deux côtés du

corps. 11 n'y a pas de trouble marqué de la sensibilité spéciale.

Pas de zones douloureuses ou liystérouèiies. Toutefois la

malade se plaint d'éprouver entre les deux épaules un senti-

ment de fatigue. Le système vaso-moteur est un peu affecté.

DES. ATTAQUES DIII'S1'RIG. 287

Il suffit, en effet, d'exercer avec les doigts une faible pression

pour déterminer de la rougeur cutanée.

Malgré l'absence des signes qui révèlent d'ordinaire l'état

hystérique, il n'est pas douteux que cette malade soit affectée

de la névrose. Les attaques, qu'à différentes reprises, elle a eu

depuis son entrée à l'hôpital le démontrent suffisamment.

Nous n'avions jamais été témoins de ces attaques, mais nous

pouvons néanmoins en tracer la description sommaire, d'après

les renseignements précis qui nous ont été fournis par la

surveillante du service et par les voisines de lit de Fore...

Ces attaques ne se ressemblent par toutes. Il en existe deux

variétés principales.Les premières, très nettement hystériques,

se caractérisent comme il suit : Elles sont annoncées par des

prodromes. Plusieurs heures avant sa crise la malade se sent

agacée, devient très irritable. Puis se manifeste une sorte d'aura

qui consiste tantôt en une douleur occupant le milieu du crâne

et se propageant des deux côtés, avec sensation de battements

au niveau des points douloureux, tantôt en une simple rai-

deur du bras gauche. - A la suite de cette aura, la malade

tremble, claque des dents, éprouve un sentiment de froid sur

tout le corps, enfin elle perd connaissance. Alors elle gesti-

cule et se tord dans son lit. Parfois elle pleure et crie, ou se

met à rire. Puis elle est en proie à des hallucinations. Elle

croit être en chemin de fer, voyager dans les Vosges. Elle veut

aller chez sa mère, s'imagine être en voiture, fouette les che-

vaux ; ou bien elle aperçoit des araignées noires qui descen-

dent du plafond. Elle prononce des mots inintelligibles. Ces at-

taques se terminent quelquefois en dix minutes; d'autres fois,

elles se sont prolongées pendant plusieurs heures.

A diverses reprises, Fore... a eu des syncopes soit isolées, soit

consécutives aux attaques précédemment décrites.

Mais, en dehors des phénomènes précédents la malade en pré-

sente d'autres qui constituent l'intérêt de son cas, au point de

vue auquel nous nous plaçons ici. Elle est prise, en effet, de

temps en temps de spasmes convulsifs du membre supérieur

gauche. Ces spasmes s'accusent de la façon suivante : le mem-

bre se raidit, l'avant-bras se fléchit sur le bras, puis se con-

tourne derrière le tronc, en s'appliquant fortement contre la

poitrine, au point de déterminer une douleur assez vive.

Presque en même temps, la tête s'incline vers ladroite. -Dans

une seule matinée, on a vu le manège du membre supérieur

288 CLINIQUE NERVEUSE.

gauche se reproduire six fois de suite. Puis le spasme con-

vulsif a été remplacé par une sorte de tremblement.

D'ordinaire, les convulsions du bras ne s'accompagnent pas

de perte de connaissance. Mais, dans quelques cas, elles sont

suivies des attaques que nous avons décrites plus haut, avec

délire et hallucinations.

Aucun doute ne saurait s'élever sur la nature

hystérique du spasme du bras observé chez Fore...,

L'absence de tout phénomène permanent du côté du

membre (exagération des réflexes, parésie) à la suite

des crises éloigne l'hypothèse de phénomènes épilep-

tiques. Ajoutons que la réalité de l'hystérie chez cette

jeune fille, est suffisamment démontrée par l'existence

chez elle de la toux, des attaques de tremblement, des

hallucinations qui se sont manifestées à différentes

reprises, avec des caractères non équivoques.

Nous devons observer toutefois que, n'ayant pas eu

la bonne fortune d'être témoins des accès de spasmes,

et obligés de les décrire de seconde main, nous n'eus-

sions ajouté que peu d'importance au cas de Fore...,

s'il n'acquérait un véritable intérêt du fait de son rap-

prochement avec les autres, notamment avec le sui-

vant, que nous devons à l'obligeance de notre ami

E. Brissaud, médecin des hôpitaux.

Observation V. (Communiquée par M. E. BRISSAUD, chef

de clinique de la Faculté.) Epilepsie Jacksonnieeîne de nature

hystérique. Guérison spontanée.

Marie C..., femme de ménage, âgée de quarante-cinq ans,

entrée à la Pitié, salle Laënnec, n° 9, service de M. le professeur

Jaccoud, le 26 novembre 1883.

Cette femme a toujours eu une santé excellente; elle est en-

core très bien réglée. Le jour même de.son entrée à l'hôpital,

à peine a-t-elle répondu à deux ou trois questions, qu'elle est

DES ATTAQUES D'liYSTÉRIE. 289

brusquement interrompue, au milieu d'un mot, par une attaque

convulsive. Les globes oculaires se dirigent en haut et à gauche;

puis la tète se tourne lentement du côté gauche en se renver-

sant, les paupières palpitent un instant et tous les muscles de

la face sont pris d'un spasme tonique accompagné de quelques

petites secousses. La moitié gauche du visage est plus énergi-

quement contractée que la moitié droite. Les mâchoires sont

serrées ; un peu d'écume salivaire coule entre les lèvres, la co-

loration de la face est pâle, mais non cyanique. Ce spasme to-

nique dure de cinq à six secondes ; puis le bras gauche se porte

en avant et en dehors, l'avant-bras demi-fléchi et dans la pro-

nation forcée, la main hermétiquement fermée. A peine le bras

est-il entré en convulsion, que les muscles du visage sont pris

de mouvements cloniques, qui, prédominantàgauche, tiraillent

la eommissure labiale gauche, l'aile du nez, tous les traits à

gauche. En même temps le bras s'élève par saccades, cinq ou

six fois, puis retombe flasque; la face reprend son aspect symé-

trique et la respiration devient stertoreuse.

Après une douzaine d'inspirations profondes, la malade

pousse un soupir, ouvre les yeux et reprend la conversation ;

elle commence par dire qu'elle a entendu ce qu'on disait pen-

dant sa crise, qu'elle n'est pas épileptique, qu'elle voudrait

bien parler, mais qu'elle ne le peut pas, etc. Cette crise a duré

en tout vingt à trente secondes; elle n'est pas douloureuse;

telle qu'elle vient d'avoir lieu, elle représente son maximum

d'intensité. Jamais la jambe n'a été prise. Environ deux minutes

après ce premier accès, un second.se déclare, puis un troisième;

après quoi la malade répond, sans être interrompue, aux ques-

tions qui lui sont adressées.

Il y a trois ans, elle était grosse de trois mois quand la pre-

mière crise a éclaté, suivie de crises identiques qui se repro-

duisirent à intervalles variables pendant douze jours. La gros-

sesse se termina bien; l'enfant vint au monde bien constitué,

et la mère se décida à le nourrir. Au huitième mois delà lacta-

tion, les crises réapparurent, toutes pareilles aux premières;

mais cette fois elles durèrent trois semaines. Enfin, cette fois-

ci, elles durent déjà depuis trois semaines.

Aucune circonstance particulière ne parait les avoir provo-

quées. Elles surviennent la nuit comme le jour, et, la nuit,

elles n'ont pour la malade d'autre inconvénient que de la ré-

veiller. Depuis cette époque, elles reviennent environ toutes

ARCHIVES, t. V111. 19

290 CLINIQUE NERVEUSE.

les cinq à huit minutes; elles sont plus rares la nuit; elles sont

plus fréquentes quand on s'approche de la malade et qu'on

l'interroge.

Jamais cette femme n'a eu d'ictus apoplectique ; jamais elle

n'a éprouvé d'affaiblissement dans les membres du côté gauche.

Elle n'a pas d'anesthésie; elle a seulement une exagération

notable du réflexe tendineux avec tendance à la trépidation

spinale. Elle dit n'avoir éprouvé aucune maladie ; elle n'a eu,

en tout cas jamais de rhumatismes articulaires, et son coeur est

parfaitement normal quant à sonrhythmeet quant à ses bruits.

- Dans sa jeunesse elle était rêveuse, elle avait parfois de

petites attaques de nerfs, mais qui ne ressemblaient en rien à

celles d'aujourd'hui. Du reste, elle ne peut fournir de rensei-

gnements sur ce point ; elle ne se rappelle plus. Pas d'ovarie.

Dans la journée qui suit son entré : à l'hôpital, elle a des

crises à tout instant; les deux jours suivants le nombre en est

moins considérable; toutefois on ne les compte pas.

Du 30 novembre, elle commence à les compter, en piquant

chaque fois une carte avec une épingle. Le 1 décembre, 18 ac-

cès diurnes (les accès nocturnes ne sont pas marqués) ; le 2,

18; le 3, 12; le 4, Il; le 5, 17; le 6, 16; le 7, 28. Ce jour-là,

à la visite du soir une crise a lieu, qui parait moins violente

que les précédentes. Le bras ne se soulève qu'à peine; les

yeux ne restent convulsés en haut et à gauche que momenta-

nément, et la malade peut diriger son regard tant bien que

mal vers l'objet qu'on lui indique. La tète est enfin moins for-

tement renversée, et le cou est moins raide. Cependant les

trois phases de tonus, de clonisme et de stertor persistent.

Le 8 décembre, au matin, pendant la visite, au moment où

le professeur Jaccoud s'approche d'elle, la malade est prise

d'un accès qui commence par cinq à six secousses de hoquet,

suit son cours comme d'habitude, et, au lieu de se terminer

par la respiration stertoreuse aboutit à un clonisme diaplira-

matique, comme on n'en voit guère que dans l'hystérie. Sous

l'influence des contractions du diaphragme, le ventre est bal-

lotté de bas en haut, et l'on entend à distance le clapotement

des liquides intestinaux. Puis la malade fond en larmes,

gémit quelques instants, et est prise aussitôt après d'un fou

rire.

A partir de ce jour, les accès diminuent de nombre et d'in-

tensité ; ils conservent cependant leurs premiers caractères, à

DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE. 291 i

part l'absence du stertor terminal ; si bien que la malade,

circulant dans les salles et étant prise tout à coup de ses con-

vulsions faciales, continue à marcher comme si elle n'avait

qu'un tic unilatéral du visage. Le 19 décembre, elle quitte

l'hôpital, encore sujette à de petits accès très rares et tout au

plus gênants.

Aucune médication n'a été entreprise. Il n'y avait à soup-

çonner ni la syphilis, ni l'alcoolisme, ni le saturnisme, ni une

lésion corticale du cerveau, et encore moins l'épilepsie. Le

diagnostic d'hystérie à convulsions jaksonniennes avait été

porté dès les premiers jours, et, pour contenter la malade, on

lui avait simplement prescrit une potion gommeuse.

On voit que chez cette malade, comme chez la

précédente, les phénomènes convulsifs ont été bien

limités. En effet, les accès de Marie C... sont caracté-

risés pas un monospasme brachio-facial avec rotation

de la tête et des yeux du côté convulsé. La malade ne

.perd nullement connaissance dans sa crise. C'est bien,

dans la forme, de l'épilepsie partielle. Mais il n'y a là

qu'une apparence, car les attaques éprouvées par

Marie C... sont sans conteste des attaques d'hystérie.

On les voit, en effet, se transformer à un moment donné,

et aux phénomènes épileptiformes se surajoute un

ensemble de manifestations dont la nature hystérique est

indéniable. Qu'on remarque, en effet, ce passage de

l'Observation : « La malade est prise d'une attaque qui

commence par cinq ou six secousses, du hoquet, puis

suit son cours comme d'habitude, mais au lieu de se

terminer par la respiration stertoreuse, aboutit à un

clonisme diaphragmatique, comme ou n'en voit guère

que dans l'hystérie. Sous l'influence de la contraction

du diaphragme, le ventre est ballotté et fait entendre à

distance le clapotement des liquides intestinaux. Puis la

malade fond en larmes, gémit quelques instants et est

292 CLINIQUE NERVEUSE. '

prise aussitôt après d'un fou rire. » N'est-ce pas là de

l'hystérie au premier chef ?

Ajoutons d'ailleurs que chez cette femme, pas plus

que chez les autres, les convulsions n'ont été suivies

de phénomènes paralytiques.

Les faits qui précèdent démontrent surabondam-

ment, croyons-nous , la réalité du type nouveau

d'attaques hystériques sur lequel nous venons d'appeler

l'attention.

Une dernière remarque. La reconnaissance de ce

type n'aurait qu'un intérêt secondaire et purement

nosographique, si les convulsions partielles tenaient,

dans la symptomatologie de l'hystérie, la place qu'y

occupent d'habitude, les convulsions à forme de grand

mal, et si elles étaient d'ordinaire suivies, comme

celui-ci, des autres phases de l'attaque, la phase des

grands mouvements et des hallucinations. Mais ce qui

leur donne un cachet en quelque sorte à part, et en

même temps une importance de premier ordre au

point de vue diagnostique, c'est que, dans bon nombre

de cas, le plus souvent, si nous en jugeons par nos

observations, elles constituent toute l'attaque. De là

la nécessité d'en bien connaître la possibilité dans

l'hystérie, et de rechercher lorsqu'on se trouvera en

face d'un accès d'épilepsie partielle ou, mieux encore,

d'une série d'accès, les éléments symptomatiques

accessoires (température et autres) qui seuls peuvent

permettre de porter le diagnostic nosologique.

Arrivés au terme de ce travail, nous résumerons

en quelques propositions les enseignements qui nous

semblent s'en dégager.

DES ATTAQUES D HYSTÉRIE. 293

RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS :

1° Les attaques d'hystérie, du moins à-leur pre-

mière période, ressemblent très fréquemment, comme

on sait, aux accès d'épilepsie vulgaire (attaques de

mal comitial);

2° Quelques cas nous autorisent à penser que l'hys-

térie peut, d'une façon exceptionnelle, emprunter aussi

le masque de l'attaque de petit mal (absences et ver-

tiges) ;

3° Il résulte, d'autre part, des faits rapportés dans

ce mémoire (et les observations ultérieures démontre-

ront probablement que les faits analogues ne sont

pas rares) que, chez un certain nombre de malades, la

symptomatologie de l'attaque hystérique reproduit

avec une remarquable exactitude le tableau de l'épi-

lepsie partielle (épilepsie jacksonnienne, épilepsie par

lésion cérébrale) ; .

4° La fausse épilepsie partielle de nature hystérique

est caractérisée comme l'épilepsie partielle vraie, soit

par de l'hémispasme avec rotation de la tête et des

yeux du côté convulsé (forme hémiplégique), soit par

des monospasmes (forme monoplégique);

5° Ces convulsions partielles épileptoïdes consti-

tuent souvent toute l'attaque d'hystérie, et ne sont

suivies ni de phase des grands mouvements, ni de

phase des hallucinations. Cela tient, le plus sou-

vent, à ce que les crises, se succédant sans intervalles,

empiètent les unes sur les autres, de façon que les

29t CLINIQUE NERVEUSE. DES ATTAQUES D'HYSTÉRIE.

diverses périodes constitutives de l'attaque n'ont pas

le temps de se produire;

6° Les accès de fausse épilepsie partielle se mon-

trent en effet d'ordinaire par séries, quelquefois con-

sidérables, constituant alors un véritable état de mal

épilepti forme;

7° Il est des signes qui permettent de diagnosti-

quer la fausse épilepsie partielle (épilepsie partielle

hystérique) de l'épilepsie partielle vraie.

a) Le plus important de ces signes est l'absence

d'hypertlaermie dans la fausse épilepsie partielle, con-

formément la loi établie depuis longtemps (Charcot,

Bouchard, Bourneville) d'après laquelle l'hyperthermie

constante à la suite d'accès épileptiques multiples, fait

au contraire défaut à la suite des accès simplement

- épileptiformes.

b) Puis vient l'absence de paralysie des membres

convulsés dans la fausse épilepsie jacksonnienne,

alors que les accès d'épilepsie partielle vraie laissent,

au contraire, à leur suite des] paralysies ou parésies

passagères ou définitives.

c) Il faut signaler enfin certains autres symptômes,

à la vérité moins significatifs, mais qui serviront aussi,

pour leur part, à établir le diagnostic de la nature hys-

térique des accidents (ouverture de la bouche pendant

les accès, battements des paupières, mouvements on-

dulatoires du ventre au début et dans l'intervalle des

crises).

8° Il va de soi que les autres éléments de diagnose

utilisés pour distinguer l'accès de mal comitial de la

grande attaque d'hystérie (effet de la compression ova-

rienne, inefficacité du bromure de potassium, consta-

ÉPILEPSIE JACKSONNIENNR. 295

tations des symptômes permanents de l'hystérie après

les attaques) conserveront ici toute leur valeur.

ERRATA. - Par suite d'erreurs dans la mise en page, les figures 1, 2.

6, 7, ne sont pas n leur véritable place. Le lecteur est prie de rétablir les

choses ainsi qu'il suit : les ligures désignées sous les 11-, 1 et 2, sont

celles qui correspondent aux figures mentionnées dans le texte sous les

n1" 6 et 7. Les vraies figures 1 et 2 qui correspondent à l'OBs. 1 ; sont

intercalées dans l'OBs. 111.

RECUEIL DE FAITS

EPILEPSIE JACKSONNIENNE;

Par 13OURNE'ILI,E et P. BRICON.

Depuis les remarquables travaux de M. Huglilings Jackson

sur la forme d'épilepsie à laquelle il a attaché son nom, un

certain nombre de cas ont été publiés par divers auteurs. Per-

sonnellement, l'un de nous, il y a déjà plusieurs années, en a

recueilli deux très beaux exemples suivis d'autopsie, à la Sal-

pètrière, dans le service de M. Charcot.

Le premier relatif à une malade nommée Laulai..., âgée de

18 ans, a fait l'objet d'une communication à la Société de bio-

logie ', intitulée : Contribution à l'étude des localisations céré-

brales; observation d'hémiplégie cérébrale infantile spasmo-

dique (épilepsie partielle). Le second cas a été communiqué à

la Société anatomique (séance du 28 juillet 1876) ; il avait pour

titre : Hémiplégie infantile suivie d'épilepsie partielle, état de

mal épilep tique ; mort, foyer ancien intéressant les circonvolu-

tions frontale et pariétale ascendantes et le lobule paracentral 2

' Séance du 5 janvier 1876 (Gaz. i ? zéd., 1876, p. M5).

2 Bulletin de la Société anatomique, 1876, p. 552-571.

296 RECUEIL DE FAITS.

Le fait que nous allons rapporter peut être rapproché des

précédents, il offre des particularités qui nous ont paru suffi-

samment intéressantes pour mériter d'être mis sous les yeux

de nos lecteurs.

Epilepsie jacksonnienne. -llémiplégie gauche à dix ans. Verti-

ges ci quatorze ans. Début des accès et dix-sept ans par un état

de mal. Aura du pouce gauche. Père très ne ? t;eM.B, p ? MMtie.

Grand'mère, tantes paternelle et maternelle mortes phthisiques.

Grands-pères paternel et maternel alcooliques. Mère nerveuse.

Grand'mère maternelle morte d'une affection pulmonaire. Soezti-

morte de convulsions. - Frère mort d'une imperforation de l'anus.

Bromure de potassium. - Armures magnétiques. État de mal.

J)f0t'<.

Autopsie : Atrophie de l'hémisphère cérébral droit et de l'hémisphère

cérébelleux du même côté. Foyer ancien occupant les circonvo-

lutions frontales, la frontale et la pariétale ascendantes, le pli

pariétal inférieur, le pli courbe.

Grar... (François), né le 3 mars 1834, est entré à Bicêlre le

9 janvier 1879 (service de M. Bourneville).

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, 23 août 1881.)-

Père, cinquante-trois ans, boulanger, maigre, d'une taille assez

élevée; il n'aurait jamais fait d'excès de boisson; il est très nerevux

(pas d'attaques); très doux de caractère; il fume peu ; marié à vingt-

un ans, il n'avait jamais fait de maladie grave jusqu'à ces derniers

temps; mais depuis quatre ans, il est presque toujours malade ;

bronchite et catarrhe pulmonaire ' : épistaxis fréquentes depuis

deux ans; un peu d'acné faciale depuis un an. [Père, mort à

soixante-sept ans « un peu d'inconduite »; c'était un vieux soldat;

il buvait beaucoup d'eau-de-vie ; il avait quitté sa femme. Mère

morte à soixante-six ans, en 1852, d'un catarrhe pulmonaire ; elle

n'était pas nerveuse. Un frère qui, pense-t-on, est en Amérique;

Cinq soizers, dont quatre sont mortes jeunes et l'autre à qua-

rante-sept ans, d'un catarrhe pulmonaire. Pasd'aliénés,pasd'épi-

leptiques, etc., dans la famille.]

Mère, trente-trois ans, ménagère, assez intelligente, sujette à

des troubles digestifs et nerveux (gastralgie) : depuis quinze ans,

elle éprouve des faiblesses avec perte de connaissance et sueurs

froides; pas d'attaques de nerfs, pas de migraines, pas de convul-

sions ; surdité gauche; affaiblissement de la vue à droite. [Père,

charpentier, mort à quatre-vingt-deux ans, d'une attaque de

paralysie gauche qui l'a enlevé en trois jours; il faisait des excès

1 Le 7 mai 1883, lors de la mort de notre malade, son père était en

traitement 5 l'hcitel-Dieu pour une u hronchite chroniyn ».

ÉPILEPSIE JACKSONNIENNE. 297

de boisson (bière et eau-de-vie). jllèi,e, ménagère, morte à

soixante-sept ans, d'une affection pulmonaire avec ascite; quatre

soeurs : une morte à quarante ans, de la poitrine, les autres bien

portantes, ainsi que leurs enfants; quatre frères vivants, bien por-

tants ; d'autres soeurs et frères sont morts jeunes, on ne sait do

quoi (en tout dix-sept enfants, pas d'aliénés, etc.]. Pas de con-

sanguinité.

Cinq enfants : 10 fille morte à trois ans de convulsions en trois

jours; elle était bien conformée et intelligente ; - 20 fille mariée ;

elle est souffrante d'une affection vénérienne qui lui aurait été

communiquée par son mari et pour laquelle elle est restée en traite-

ment huit mois à l'hôpital Lourcine, salle Astruc; ellen'a pas eu de

convulsions, est moins intelligente que les autres; n'a pas d'en ?

fants; 3° notre malade; 4° fille, dix-neuf ans, très iutelli-

gente, très nerveuse, pleure et rit sans motif, n'a eu ni attaques

ni faiblesses; elle est mariée et a un enfant d'un mois ; 51 gar-

çon, mort à dix jours; il ne serait pas allé une seule fois à la selle

et rendait des urines pleines de graviers jaunes; il était très gros.

La mère pense, sans qu'on le lui ait dit, que cet enfant avait une

imperforation de l'anus.

Notre malade. Grossesse bonne jusqu'à sept mois et demi, où

la mère a eu des chagrins à la suite de la mort de sa fille âgée de

trois ans. Accouchement à terme, naturel. A la naissance, l'enfant

n'était pas cyanose; il était assez fort; élevé au sein jusqu'à

quatorze mois; il a été vacciné à deux mois. Grar..., quoique assez

fort, eut alors du pcmpltigus aux bras et à la nuque, etcela jusqu'd

sept mois; il a parlé ers dix à onze mois, a marché à dix-huit

mois; il était très intelligent. A cinq ans, rougeole; onanisme. A

dix ans, vomissements très abondants pendant trois jours, accom-

pagnés de fièvre et d'un peu de délire; le médecin aurait dit que

« ça sentait la fièvre typhoïde et la congestion cérébrale» ; durée :

trois mois. Lorsqu'il a quitté le lit, « tout le côté gauche était en

paralysie » ; on n'avait rien remarqué auparavant; on dut. pendant

quelque temps le soutenir sous les bras pour le faire marcher;

durant un an, il marcha en traînant la jambe; enfin, la marche

redevint régulière. La main, à l'origine, était pendante; il ne

pouvait rien tenir; « il oubliait sa main »; ce n'est que vers quinze

ans qu'il a pu saisir les objets. On a remarqué que, tandis qu'il ne

pouvait retenir les petits objets, il pouvait porter un sceau plein

et le monter au premier étage, parce que les doigts formaient

crochet; il était content de faire ce travail sous prétexte que cela

détendait son bras. De onze à quatorze ans, Grar... ne se plaignait

pas de la tête; il n'avait pas de migraines : le sommeil était ré-

gulier, calme; il n'avait pas de tics, n'éprouvait aucune douleur

dans le côté paralysé.

298 RECUEIL DE FAITS.

A quatorze ans, début des vertiges èpileptiqîies : les yeux tour-

naient toujours à gauche, « l'oeil était presque couvert dans l'orbite,

on ne le voyait pas ». Le corps tournait à gauche; il se produisait

comme une secousse du corps, il disait : « Maman, on me bat, tu

vois on me donne des coups » ; il croyait voir des hommes tout

noirs qui voulaient le battre ; il les voyait toujours à gauche. Il re-

venait à lui en quelques secondes, poussait un grand soupir ets'é-

criait : «Ah ! monDieu ! )) »

A partir de cette époque, Grar... se plaignit de douleurs de tête

à peu près générales, niais principalement dans le côté gauche.

Pendant un an, il eut des vertiges environ tous les deux ou trois

jours, puis presque tous les jours pendant uu mois; « ses yeux

tournaient presque tout le temps; c'était comme des convulsions

internes» : il ne tombait pas, la figure devenait « violacée, puis

jaune après ». Le bromure de potassium aurait produit une légère

amélioration.

A dix-sept ans, après a\oir tourné sur le côté gauche, il tombait

à terre toujours du côté gauche ; quelquefois, il disait : «Maman,

je suis malade ! » et il sentait que l'accès débutait par le pouce de

la main gauche. C'est alors seulement qu'on a pu arrêter les accès

en renversant le pouce en arrière. En 1871, il eut des accès pen-

dant vingt-trois heures sans reprendre connaissance

Les convulsions prédominaient dans le côté gauche du corps d'une

manière évidente ; elles étaient plus fortes dans le bras et l'oeil

gauches que dans les parties correspondantes du côté droit. A la

suite de cet état de mal, Gra... aurait été comme fou pendant un

mois; il ne reconnaissait que sa mère, ne parlait pas ou répétait :

« Oh ! est-ce bête ! » Ses actes étaient « niais ». Il ne pouvait pas

marcher; on le promenait sur une chaise; au bout de quinze jours,

il a commencé à marcher très doucement, sans traîner la jambe

gauche, qui était, disait-il, plus douloureuse que la droite. Un mois

après l'état de mal, la raison et la marche étaient redevenues ce

qu'elles étaient auparavant.

Les accès étaient diurnes et nocturnes; leur chiffre maximum, en

vingt-quatre heures a été de trois; le plus long intervalle entre les

accès, huit mois. Il avait des étourdissements fréquents, au plus

séparés par un jour d'intervalle. Dans un accès, il a eu l'omoplate

droite fracturée; il a été à Lariboisière pendant plusieurs semaines

(181 ? ); sauf une plaie du sourcil gauche, c'est le seul accident

grave qui lui soit survenu pendant les accès. Depuis son entrée à

Bicètre, il aurait eu trois fois des séries; il se plaint souvent à sa

mère de douleurs de l'eeil gauche, de ne plus y voir de cet eeil par

moment; un jour, à la fin d'un accès, il lui disait que son oeil était

sur l'oreiller. Vers l8î6 ou 4877, étant à Paris, il aurait eu des

hallucinations de la vue.

EPILEPS1E JACKSONNIENNE. 299

Pas de manifestations scrofuleuses ; en 1871, varioloïde; pas de

convulsions ni devers dans l'enfance; de dix à quatorze ans, il aurait

présenté un arrêt de développement; depuis il a grandi. Il n'au-

rait jamais fait d'excès de boisson, ni eu de rapports sexuels; de-

puis le début de sa maladie, il ne se livrerait plus à l'onanisme. Il

n'était pas peureux.

L'intelligence aurait un peu baissé à partir de l'état de mal;

toutefois, il fréquentait l'école du soir, et en 188, il aurait eu le

premier prix d'orthographe. Depuis son entrée à Bicêtre, les

facultés intellectuelles auraient beaucoup diminué.

Aura. - Le malade parait éprouver une véritable crainte (idée

fixe, persistante que des distractions seules peuvent surmonter) de

voir se fermer ses doigts et se fléchir son poignet, parce que cette

flexion est l'indice d'un accès. C'est le pouce qui se fléchit le pre-

mier ; les muscles de la région antérieure se contractent et sont

pris de battements; la main se porte vers le bord radial, puis les

doigts se crispent; l'avant-bras, le bras se contracturent et il lui

semble que les battements montent; tant qu'il a conscience des

battements musculaires, il lui semble que son bras, qui paraît rac-

courci dans l'aura, exécute plusieurs mouvements de moulinet. De

l'épaule, la sensation qu'il éprouve et qu'il dit très difficile à dé-

peindre, gagne la tête, mais il n'est pas possible d'en reconnaître

le trajet exact. Les muscles du côté gauche se contractureraient,

la tête s'inclinerait sur l'épaule gauche et la face se dévierait du

même côté. Grar... éprouverait des sensations de traction dans l'a;il

gauche qui se porterait en dehors, mais sans phosphènes, ni vision

colorée.

Une fois l'aura arrivée à la tête, le malade perd connaissance.

C'est au moment où la main se crispe, pour employer l'expression

du malade, qu'il appelle ses camarades 1 son secours : « Voilà un

accès ! » s'éci@ie-t-il, ou bien : «Tiens, voilà que cela me prend», ou

bien encore : « Mon Dien ! mon Dieu ! » Quand la contracture des

doigts peut être vaincue, l'accès avorte, sinon il éclate.

Le plus souvent l'apparition, de l'aura est provoquée par une

peur, une émotion, une farce d'un camarade; le malade sursaute,

le bras se raidit, et les symptômes décrits ci-dessus se produisent.

L'action de fixer longtemps avec l'oeil gauche déterminerait aussi

les phénomènes de l'aura. Le seul fait de ne pas tenir sa main et

de ne pas lutter contre sa flexion le tourmente, l'obsède et cette

idée lixe paraît provoquer la contracture de la main. Quand il est

distrait (il travaille au marais, traine la brouette, etc.), il peut sans

danger laisser la main libre, même dans la poche; mais dès qu'il il

y pense, il est obligé de la tenir. Il n'a pas d'aura du pied, ni

de l'épigastre, etc. Grar... a toujours le temps de s'asseoir avant

l'accès.

300 RECUEIL DE FAITS.

' Description de l'accès. Si l'accès n'a pu être arrêté par les

manoeuvres indiquées, Gra... perd connaissance sans cri ou après

avoir poussé un petit cri étouffé; les yeux plus humides présentent

du nystagmus, se tournent en haut et à gauche, les paupières sont

ouvertes, les pupilles dilatées ; la face est tournée à gauche : la

rigidité est plus prononcée au bras etii la jambe gauches; les secousses

tétaniformes très prolongées sont égales des deux côtés. Secousses

cloniquesdes deux côtés mais plus prolongées à gauche, surtout au

membre supérieur, parfois limitées à la partie gauche du corps.

Durée : cinquante secondes : pas de miction involontaire. Gra...

reprend généralement connaissance de suite sans avoir eu de

période de stertor, ni de ronflement; toutefois on a noté dans plu-

sieurs accès, de l'écume sanguinolente, du stertor et des mou-

vements automatiques (le malade chiffonnait ses bourses et sa

verge).

État actuel (W mars 1882). - Tête normalement développée.

Crâne, assez régulier, symétrique, d'aspect arrondi plutôt qu'ovale.

La région occipitale, les bosses pariétales et les apophyses mas-

toides sont moyennement développées. Front moyen, assez large,

sans proéminence des bosses frontales, et des arcades sourcillières.

Oreilles, six centimètres et demie; lobules adhérents.

ÉPILEPSIE JACKSONNIEXNE. 301

foimé; le muscle grand pectoral gauche parait moins développé

que le droit. Pas de déviation du rachis.

Membres supérieurs. A l'inspection, le membre gauche n'a

pas d'attitude vicieuse et parait un peu moins développé que le

droit; c'est surtout évident pour l'avant-bras. 11 existe une tendance

delà main à se contracture ! ' en flexion dans tbutes les parties, ten-

dance à laquelle le malade résiste continuellement. Le bras gauche

est à la palpation plus dur que le droit; le biceps est contracturé,

tendu, ferme; l'avant-bras n'est pas dans la flexion, il est aussi

très dur, et les muscles de la région antérieure paraissent durs

comme du bois; ceux de la région postérieure ne sont pas modifiés.

La main n'est pas dans une position vicieuse; lapaume est aplatie

ainsi que la face antérieure des doigts, par suite de la pression

continuelle de la main opposée. Nous notons encore une sorte de

subluxation en arrière de toutes les plialangines de la main gau-

che, luxation due à l'extension continue et forcée produite par

l'autre main; dès qu'il l'abandonne à elle-même, les doigts se

fléchissent peu à peu, ou bien, restant droits, le poignet se fléchit.

Le malade tient presque sans cesse son pouce, qui a de la tendance

à se fléchir et à venir se mettre en opposition avec la base du

petit doigt. Lorsque la flexion s'est produite par hasard, il devient

alors difficile de ramener le pouce dans l'extension. Grar.. prétend

ressentir aussi, principalement la nuit, un engourdissement dans

le petit doigt de la main droite ; la sensibilité dans ses divers

modes y est conservée. 11 n'y a ni troubles de nutrition, ni modi-

fication du côté du système pileux. Au loucher, la température

parait plus basse du côté paralysé. Cicatrices de vaccin aux deux

bras; une petite cicatrice au coude gauche.

303 RECUEIL DE FAITS.

n'offre pas de malformation. Mouvements volontaires elfaciles;

mouvements communiqués complets. Pas d'épilepsie spinale;

réflexe tendineux également développé de deux côtés. Pas de modi-

fication de nutrition.

ÉI'ILEPSIE JACKSONNIENYE. 303

1879. 6 octobre. Grar... prend depuis longtemps .lui gr. de

bromure de potassium.

23 oct. Depuis hier jusqu'à ce matin six heures, ce malade a eu

167 accès, et depuis ce matin jusqu'à onze heures 7 accès; la con-

naissance est parfaitement conservée ; elle revient aussitôt après

chaque accès. Pouls, petit, régulier, à 92. 'l'. lt. 31°,4.

23 oct. G gr. de bromure de potassium.

le, novembre. Bromure de potassium, 8 gr.

9 novembre. Purgatif : eau de S edlitz ; suspension du bromure de

potassium pendant deux jours; recommencer par 4 gr. et aug-

menter progressivement jusqu'à 8 0 "r.

1880. -7 juirz. Le bromure a élé supprimé dans les premiers

mois de l'année; depuis le li avril, il eu prend gr. Augmen-

ter progressivement.

4 septembre. Le traitement a été suivi d'une façon fort irré-

galière. Bromure de potassium, 2 gr. ; augmenter d'un gramme

par semaine jusyu'à 8 r.

1881. 16 avril. Adéno-phlegmon de l'aisselle gauche consé-

cutif à de ['eczéma de la face dorsale des premières

phalanges des premier, quatrième et cinquième doigts; pas de

traces de lymphangite; par l'incision il s'écoule une grande quan-

tité de pus. Pansement phonique.

25 avril. Guérison de l'adéno-phlegmon.

6 août. Le malade a des accès fréquents, de la céphalalgie avec

éblouissements, la face est congestionnée, il délire. Les accès sont

toujours arrêtés par la flexion de la main en dehors. Bain,

sangsues derrière les oreilles; lavement avec 60 gr. de miel de

mercuriale.

13 décembre. On soumet le malade au traitement par les armures

magnétiques ; on lui applique au poignet un bracelet composé de

vingt-deux petites plaques.

17 dèc. Grar... prétend que, depuis l'application du bracelet, il

peut s'étendre dans sou lit, ce qu'il n'aurait pu faire auparavant;

il ajoute qu'il lui est plus facile de renverser sa main ; qu'il est

moins émotionnable; cependant il tient tout le temps son pouce

gauche de la main droite. ,

1882. 18 février. Le malade est toujours satisfait de son bra-

celet, à condition qu'on le lui charge assez fréquemment.

dans les crises, des dires fantastiques qui dansent autour de moi, mais je

n'ai pas perdu connaissance, car je me rappelle avoir dit : « Ce sont les

nerfs qui travaillent »; je ne puis dormir, et, le matin en vie levant, j'ai

un mal de tête à ne pas pouvoir la lever, et qui se dissipe petit à petit.

Bien b0u\oit, quand les nerfs viennent d'être agités j'ai des maux de

coeur qui Ille retirent l'appétit. »

304 RECUEIL DE FAITS.

1.5 ? izcii. Le traitement par le bromure de potassium a été cou-'

tinué par erreur. On le supprime. Le bracelet est renouvelé.

18 mai. Le malade raconte de lui-même qu'après le renouvelle-

ment du bracelet, il aurait éprouvé pendant quelques instants un

sentiment de chaleur dans la main gauche.

1 erjitillet. Suppression du traitement par les armures magnétiques.

EPILEPSIE JACKSONNIËNNE. 3&

lotions vinaigrées. Soir : T. R. 40 ? i. 64 accès dans la jour-

née ; 15-1 dans la nuit(E<te ? 7ts<). ·

S mii. A la visite, on le trouve dans un état de stu-

peur très prononcé; il se plaint toutefois spontanément d'un

empâtement de la langue. Il n'a pas eu d'accès depuis quatre

heures du matin. Jusqu'à sept heures, il n'avait prononcé aucune

parole; à ce moment il s'est plaint d'avoir soif. La face amai-

grie présente une coloration terreuse et bronzée; les'yeux sont

fortement excavés. Les paupières gauches sont moins ouvertes

que les droites; les pupilles sont égales, de dimension normale. Le

nez est effilé, les narines sont pulvérulentes; les lèvres légèrement

blanches. La langue est couverte d'un enduit gluant, sec et grisâtre :

la gorge est sèche, couverte de mucosités. Les mains sont très

cyanosées; la main droite offre des ulcérations consécutives à des

engelures. La déglutition est facile ; il il n'y a pas de vomissement.

La respiration est dyspnéique; on trouve seulement à la base

droite quelques râles sous-crépitants. Percussion normale. Ni toux,

ni expectoration. Le pouls est très petit, presque filiforme, à 1-20.

L'abdomen est un peu déprimé. Le malade est complètementgéi-

teux depuis deux jours; ordinairement il est propre. Les selles ont

été peu nombreuses à la suite de l'administration de l'eau-de-vie

allemande. On constate un léger érythème de la fesse droite. On

ne trouve nulle part de paralysie ou de contracture; il n'y a pas

de raideur du cou. Lavement purgatif, lotions vinaigrées; un

quart de lavement avec 40 centigr. de sulfate de quinine; limo-

nade vineuse; trois sangsues derrière chaque oreille. T. R. 40°.

Soir : T. R. 41 °

G mai. Le malade n'a eu ni accès ni vertiges depuis hier. Le

matin, il aurait prononcé quelques paroles, il s'est affaibli pro-

gressivement et e-t mort à huit heures du matin, sans avoir eu de

nouveaux accès. La température rectale, prise aussitôt après la

mort est de 41°, 3.

Autopsie le 7 mai 1883. A l'ouverture de la cavité abdominale

l'on ne constate aucune anomalie ; la position des organes est

normale; le péritoine est sain; pas d'épanchement. Le foie(1,30,

gr.) remonte normalement et ne déborde pas les fausses côtes;

il présente quelques adhérences en deux ou trois points de sa sur-

face, et est un peu gros.

Les cavités pleurale et péricardique ne contiennent pas de

liquide en quantité anormale. Le coezir est un peu pâle et mou,

en diastole. Les valvules, l'endocarde, etc., ne présentent rien de

particulier. Crosse de l'aorte normale. En arrière, le poumon

gauche (6-u>3 gr.) présente quelques adhérences assez faibles, tout

son lobe inférieur est congestionné. Pas de tubercules. Sur le

poumon droit (430 gr.) on trouve les mêmes lésions, mais moins

Ancuivrs, t. VIII. 29

306 RECUEIL DE FAITS.

accusées. - La mie (90 c -1,.) présente deux nodules crétacés de

la grosseur d'un petit pois.

Tête. Le cuir chevelu est normal sans ecchymose. Les os du

crâne sont peu épais, denses; le diploé est peu développé et

n'existe pas à certains endroits. Au niveau de la partie moyenne

du frontal et des deux bosses pariétales, les os sont très amincis et

transparents. On constate une dépression au niveau des granula-

tions de Pacchioni, cette dépression est surtout très prononcée à

gauche où l'os n'est plus constitué que par une très mince lamelle

de moins d'un millimètre. Toutes les sutures sont ossifiées, mais

toutefois la suture fronto-pariétale ne l'estqu'incomplètement sur

la table externe. Au niveau de la suture inter-pariétale, surtout à

sa partie postérieure, la table externe est irrégulière, bosselée.

Dans le diploé se trouvent de petits points jaunes comme créta-

cés. La face antérieure du rocher fait une saillie un peu plus accu-

sée à droite qu'à gauche

La dure-mère est normale.

Le liquide céphalo-rnchidien paraît être un peu plus abondant

que de coutume. La pie-mère présente une vascularisation géné-

ralisée (base et convexité).

Dès l'abord, l'on est frappé de l'atrophie considérable de l'hémis-

phère droitqui présente unesorte d'encoche séparant le lobe frontal

du lobe pariétal. La pie-mère offre là une véritable infiltration

celluleuse ; elle est distendue par le liquide céphalo-rachidien, sous

forme de pseudo-kyste.

Les artères de la base paraissent égales. Les nerfs olfactifs

sont égaux. Le chiasma, lesnerfs optiques, les bandelettes optiques,

les tubercules mamillaires sont égaux et blancs. Le pédoncule

cérébral droit n'est pas aussi bombé que le gauche. Il existe au

niveau de son tiers interne avec son tiers moyen une petite dé-

pression. La protubérance parait symétrique; le sillon médian a

une largeur d'au moins deux millimètres. Lès pyramides sont

égales ainsi que les olives qui sont très fermes; ces différentes

parties sont également colorées.

L'encéphale pèse 1,090 gr. L'hémisphère cérébral droit pèse

90 gr. de moins que le gauche. Cervelet et isthme 4 52 gr.

L'hémisphère cérébelleux droit pèse 20 gr. de moins que le gauche

qui est un peu plus ferme. On n'y constate aucune lésion micros-

copique.=La protubérance et le bulbe (celui-ci coupé un peu court)

pèsent 22 gr.

La décorlicaliun de l'hémisphère gauche se fait avec facilité. Le

ventricule latéral, la corne d'Ammon, les masses grises centrales,

n'offrent rien de particulier.

La décorticalion de l'hémisphère droit s'opère facilement, sauf au

niveau du centre d'un foyer ancien où la pie-mère se présente sous

ÉPILEPSIE JACKSONNIEKNE. H07

forme d'une lamelle qui entraine un peu de substance nerveuse.

Le foyer a une coloration jaunâtre générale avec des ilôts rosés.

(PL. VI). Il semblerait que la substance grise forme une sorte de

voile mobile sur la crête de la substance blanche sous-jacente.

Hémisphère droit. Face convexe. Dans son ensemble il est plus

court et moins large que l'autre hémisphère ; tandis que le bord

interne du lobe orbitaire gauche mesure quatre centimètres et demi,

celui du côté droit n'en mesure que trois en longueur. Le lobe or-

bitaire gauche a trois centimètres et demi de largeur, le droit a

presque la même largeur. Les circonvolutions de la face orbi-

taire sont un peu moins développées en longueur que celles du

côté gauche, mais sont saines. La troisième circonvolution frontale

mesure dix centimètres et demi en longueur environ; elle est saine

dans un deux premiers centimètres antérieurs; mais elle estatro-

phiée dans ses autres parties; l'atrophie porte principalement sur

la face antérieure, la partie correspondante au lobule del'insula

étant moins défigurée. La deuxième circonvolution frontale est

saine sur une longueur de un centimètre et demi à peine en avant;

elle est complètement atrophiée dans tout le reste de son étendue

jusqu'à son insertion sur la frontale ascendante. La première

circonvolution frontale est considérablement atrophiée dans sa

partie moyenne sur une longueur de 3 centimètres; en arrière

son insertion est saine et les deux centimètres qui la précèdent

sont complètement sains sur la face interne et le bord supérieur,

mais la face externe de cette partie répondant au deuxième pli de

la première frontale est lésée (PL. VI, F,).La/'<'o ! ti(t ascendante est

atrophiée dans ses trois centimètres inférieurs; l'atrophie est consi-

dérable ; celle partie est par rapport à la partie saine comme 1 est

à 3 ; cependant sur le milieu delà face antérieure de la partie saine

on trouve un petit foyer (PL. VI, Fa). La pariétale ascendante est

détruite dans ses trois centimètres inférieurs; les deux centimètres

et demi supérieurs sont sains. Les parties saines de la frontale

ascendante et de la pariétale ascendante comparées aux parties

correspondantes du côté gauche sont beaucoup moins volumi-

neuses (PL. VI et VIII, Fa, l'a).

Les parties lésées de la frontale ascendante et de la pariétale

ascendante comprennent toute l'épaisseur et toutes les faces de la

circonvolution.-Le lobule pariétal inférieur est détruit dans toute

son épaisseur. Il en est de même de la moitié antérieure du pli

courbe; à ce uiveau il existe une sorte de cavité assez profonde

ouvientso perdre la partie supérieure delascissure Parallèle(PL.Vl,

spp). La lobule del'insula présente trois branches bifurquées.

Toutes les parties occupées par la lésion sont en retrait sur les

parties saines environnantes, d'où une dépression marquée com-

blée par la pie-mère infiltrée (pseudo-kyste).

' ! rois coupes verticales pratiquées sur la lésion montrent que le

U08 ftLCU131L Lli i· ? ul's.

loyer n'atteint pas lésinasses centrales riiaiscllt*il iLiLéi-es,,e [Cb eii--

convolutions ainsi qu'une partie du centre ovale. La couche

optique et le corps strié sont un peu moins volumineux que ceux

du côté sain.

Au niveau de la lésion, la pie-mère, comme nous l'avons dit plus

haut, s'est enlevée avec facilité, mettant à nu une surface rosée, de

consistance mollasse, mais cependant assez résistante. Celte subs-

tance soulevée avec la pince glissait sur le squelette de substance

blanche comme une sorte de membrane : c'est la substance grise déta-

c/t';ede/(tt' : <6s<aHeeo<HC/te.Lalésionditl'ère donc de la mé-

îti ? igo-encél)halite ordinaire dans laquelle la pie-mère est si adlié-

rente à la substance grise que, dans son ablation, on met à nu le

squelette de substance blanche tandis que la substance grise,

adhérente à la pic-mère, offre les reliefs et les dépressions cor-

respondant aux circonvolutions.

L'examen des autres parties n'a eu lieu qu'après macération du

cerveau dans l'alcool; la substance grise des parties lésées s'est

plissée, ridée sur la substance blanche et a pris une coloration

légèrement jaunâtre.

Toutes les parties postérieures ont un aspect normal, mais sont

plus élémentaires que 'celles du côté opposé; les sillons, sauf les

principaux, sont très superficiels. Les circonvolutions ont un aspect

légèrement chagriné qui ne se retrouve pas de l'autre côté. Le lobe

occipital est relativement assez volumineux.

La première circonvolution temporale est parfaitement distincte

avec un sillon assez profond, mais la seconde n'est séparée de la

troisième qu'en avant. La première temporale envoie au fond de

la scissure de Sylvius un seul pli bifurqué (PL. VI) à sa base seu-

lement. Il est d'ailleurs assez volumineux.

Face intime. La partie moyenne de la première frontale est

entièrement détruite et n'a pi us qu'une épaisseur de deux à trois mil-

limètres (Pl. VII). La circonvolution du corps calleux est saine,

toutefois elle présente une sorte de renflement en massue à l'ori-

gine de sa portion horizontale (supérieure).- Le lobe paracentral

est bien développé avec un sillon médian central. Le lobe carré

est large et parait normal ainsi que le coin, la face interne du lobe

occipital, la corne (I'Aminoz, la circonvolution de l'hippocampe.

Hémisphère gauche. - Face convexe. Le lobe frontal est bien

développé. La première circonvolution frontale est très plissée;

son insertion est régulière. La deuxième circonvolution frontale est

à la fois très plissée et très sinueuse; elle ne présente pas d'inser-

tion sur la frontale ascendante. La troisième circonvolution frontale

est relativement moins développée que les deux précédentes; elle

possède une insertion régulière sur la partie inférieure de la

frontale ascendante. - La circonvolution frontale ascendante est

bien développée, régulière. Le sillon de Rolando est normal. La

EPILEPS1E JACKsON'XlKNNK. 309

circonvolution pariétale ascendante parait normale. - Le pli pa-

riétal supérieur, le pli pariétal inférieur, et le pli courbe sont très

distincts; à cet égard c'est un cerveau type.

Les circonvolutions du lobe occipital sont assez volumineuses. Le

lobule de l'insula possède trois digitations subdivisées. Les cir-

convolutions temporales sont normales, sinueuses. La première

envoie de sa partie moyenne un pli assez large, de forme conique

vers le fond de la scissure de Sylvius. Ce pli présente un sillon

longitudinal assez superficiel. : 1 un centimètre en arrière de ce pli

en part un autre court et simple (PL. VIII, p.). Entre ces plis vient

s'emboîter un petit prolongement du pli pariétal inférieur.

Face interne. La première circonvolution frontale est double,

mais interrompue à sa partie moyenne par un sillon perpendicu-

laire (PL. IX, s); elle se termine sur le lobe paracentral) (L P) sans

séparation. Le lobule paracentral est volumineux, presque coupé en

deux par un sillon vertical. Le lobe carré (L Q), le coin (L C), le

lobe occipital (L 0), sont normaux (PL. IX).

Réflexions. Cette observation nous semble comporter

les remarques suivantes :

I. Si nous exceptons la tuberculose dont ont été atteints le

père de Grar... et plusieurs de ses grands parents, nous ne

trouvons aucune affection nerveuse ou héréditaire dans la

famille de notre malade; ajoutons seulement que les deux

grand-pères étaient alcooliques.

II. Jusqu'à l'âge de dix ans, Grar... ajoui d'une bonne santé,

son intelligence était normale. A cette époque, dans le cours

d'une fièvre typhoïde ( ? ), il fut atteint d'accidents cérébraux-

sur lesquels des renseignements précis nous font défaut et à la

suite desquels on constata une hémiplégie gauche. Celle-ci alla

s'améliorant, la marche redevint régulière, et, sauf une contras-

ture intermittente du deuxième orteil gauche, les deux membres

inférieurs ne présentaient, en 1882, que de très légères diffé-

rences. Au membre supérieur gauche la paralysie persista

plus longtemps, et ce ne fut que vers quinze ans que Grar...

put saisir certains objets; certains groupes musculaires se con-

tracturèrent.

III. C'est quatre ans après le début de la lésion initiale

qu'apparaît l'épilepsie d'abord sous la forme de vertiges

(quatorze ans), puis sous forme d'accès (dix-sept ans;. Pendant

l'accès, les yeux et la face étaient tournés à gauche ; la rigi-

dité était plus prononcée de ce même côté, les secousses tétani-

310 () RECUEIL DE FAITS.

formes étaient égales des deux côtés; mais, pendant la période

clonique, les secousses étaient plus prolongées à gauche, sur-

tout au membre supérieur. Enfin, dans certains accès, surtout

les accès' isolés, les convulsions étaient limitées à la moitié

gauche du corps.

L'accès, comme nous l'avons vu (p. 300), était toujours pré-

cédé d'une aura siégeant dans la main gauche ; celle-ci avait

une tendance à se contracturer en flexion dans toutes ses par-

ties, le pouce se fléchissant le premier; aussi Gr... maintenait-

il presque sans cesse, avec l'autre main, la main gauche dans

l'extension forcée. Le malade pouvait faire avorter les accès en

renversant le pouce ou la main entière en arrière. L'accès

n'éclatait que si la contracture ne pouvait être vaincue. Cette

tendance à la contracture n'était pas permanente; elle ne

paraissait pas se produire quand le malade était distrait.

Grar... se plaignit plusieurs fois de troubles visuels à

gauche; ceux-ci ne furent que momentanés, mais toutefois

l'action de fixer longtemps avec l'oeil gauche déterminait les

phénomènes de l'aura.

Notre malade a eu, à plusieurs reprises, des séries d'accès; il

eut de plus, en 1874, un état de mal sur lequel nous manquons

de renseignements. Enfin, en 1883, il survint un nouvel état

de mal auquel le malade a succombé et qui a offert la plupart

des symptômes de l'état de mal ordinaire, entre autres l'élé-

vation de la température.

IV. Les lésions cérébrales trouvées à l'autopsie n'intéressent

que l'hémisphère droit qui présente un ancien foyer compre-

nant : 10 la partie postérieure de la troisième circonvolution

frontale et de la deuxième circonvolution frontale; 2° la partie

moyenne de la première circonvolution frontale ; 3° la frontale

et la pariétale ascendantes dans leurs parties inférieures ; 4° le

lobule pariétal inférieur, et 5° la moitié antérieure du pli courbe.

Ces lésions expliquent parfaitement les phénomènes éprouvés

par notre malade, et notamment la prédominance des accidents

convulsifs, dans le membre supérieur gauche, dont le centre mo-

teur, qui occupela moitié inférieure des circonvolutions frontale

et pariétale ascendantes, était détruit à un degré prononcé par

le foyer pathologique. En ce qui concerne le membre inférieur

qui est plus spécialement sous la dépendance des parties supé-

rieures de la zone motrice, nous avons vu que, dans les accès,

il était moins fortement atteint que le memb' e supérieur ; or,

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 3H

l'autopsie nous a montré que, au niveau de sa zone, les lésions

étaient beaucoup moins prononcées et même nulles dans la

portion supérieure de la frontale et de la pariétale ascendantes.

Relativement aux lésions de l'extrémité postérieure de la

deuxième circonvolution frontale, du lobule pariétal inférieur

et du pli courbe, nous nous contenterons de signaler leur rela-

tion probable avec les phénomènes observés du côté de la face

et surtout avec les symptômes oculaires.

Nous bornons là ces réflexions. Les détails consignés dans

l'observation, la description des lésions notées à l'autopsie et

que représentent fidèlement les planches dessinées par

M. Leuba, permettront d'utiliser notre observation à propos

d'autres faits.

REVUE CRITIQUE

LA SYNONYMIE DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES

DE L'HOMME';

Par P. KÉRAVAf.

Médecin-adjoint des asiles de la Seine.

II. Face INTERNE ou médiane DES hémisphères cérébraux.

C'est la surface plane qui, dans chaque hémisphère, surmonte

le corps calleux et tourne tout autour de lui. Elle est séparée

de sa congénère du côté opposé par la faux du cerveau.

Chaque lobe y est représenté.

A. Lobe frontal interne. Les limites en sont marquées in-

férieurement par la scissure calloso-marginale (Huxley, Bischoff,

Turner, Marshall).

Synonymie : scissure festonnée (Pozzi) ; Balkenfurche (sillon

du corps calleux (Ecker); Sulcus medialis fronto-parietalis

1 Voy. page 181.

312

revue CRITIQUE.

(Pansch) ; Sulcus fronto-parietalis (Pansch) ; Scissure du cor-pus

calleux (Huxley, Bischoff); Grand sillon du lobe fronto-par létal

(Gratiolet); Scissure sous-frontale (Broca).

Elle commence en arrière de l'encoche du sillon de Rolando,

sous le nom de scissure fronto-pariétale interne (Pansch,

Pozzi), contourne la partie postérieure (pariétale) du lobule

paracentral et, formant une grande boucle à convexité anté-

rieure, vient se terminer au-dessous du genou du corps calleux.

Elle envoie, dit Schwalbe, quelques ramifications secondaires.

L'une d'elles, notamment, appartient au lobule paracentral

qu'elle borne en avant et mérite le nom de sulcus paracentralis

(incisure préovalaire de Broca) ; mais il est à remarquer que ce

sillon est le plus souvent séparé de la scissure callosomarginale

par un pont de substance nerveuse, de sorte que l'on ne sau-

rait dire qu'il dépende de la scissure calloso marginale.

Assez fréquemment aussi, la scissure calloso-marginale, au

Fig. 11.- Face interne. Hémisphère gauche. 1, sillon de Rolando ; 2, scis-

' sure fronto-pariétale interne; 3, scissure calloso marginale; 4, scissure

perpendiculaire interne ; 5, fissure calcarine.

F,, première circonvolution frontale interne; F2, deuxième circomo-

- tution frontale interne; P, lobule paracentral ; AC,lobule quadrilatère ou

avant-coin; C, coin, ou lobule occipital interne; TO,, première cinon-

volution temporo-occipitale, ou lobule fusiforme; T02, deuxième circon-

'volution temporo-occipitale ou lobule lingual.

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 313

moment où elle s'infléchit pour rejoindre la scissure fronto-

pariétale, projette en arrière un sillon qui va horizontalement

presque jusqu'à la scissure perpendiculaire interne (pariéto-oc-

cipitale) ; ce sillon appartient à l'avant-coin et, comme le plus

habituellement il n'existe pas de continuité directe entre lui et

la scissure calloso-marginale, comme les plis de passage pariéto-

limbiques (voy. § B. plus bas) s'opposent à son raccord immé-

diat, soit avec la scissure calloso-marginale, soit avec la scissure

perpendiculaire interne, il est rationnel de lui conserver le

nom de scissure sous-pariétale (voy. z"n/)-à) qui consacre sa place

à la base de l'avant-coin. On peut avec les mêmes restrictions

regarder le sillon sus-orbitaire, et les incisures sus-orbitaires

inférieures, de Broca, comme formées par la scissure calloso-

marginale.

Une confusion s'établirait aisément à propos de la dénomina-

tion de scissure, sillon du corps calleux (Ecker, Huxley, Bis-

chofl). Schwalbe, en effet, impute cette expression non plus à

la scissure calloso-marginale, mais à la scissure sous-jacente à

la circonvolution du corps calleux (rainure du corps calleux de

Broca), qui, bornant ce dernier en haut, se prolonge en arrière

etenbas,danslafissura hippocampi (scissure des hippocampes).

Il est bon qu'on soit prévenu à ce sujet. (Fig. < ).) .)

Au-dessus de la scissure calloso-marginale, on rencontre :

a. En avant, la première circonvolution frontale interne. '

Synonymie : Second pli ou pli de la zone externe du lobe

fronto-pariélal (Gratiolet) ; Gyrus frontalis superior sive primus

(Schwalbe) ; Gyrus medialis fronto-parielalis (Pansch) ; Marginal

gyrus (Turner).

Elle est, en définitive, la face interne de la première frontale

externe.

b. En arrière, \e lobule paracentral.

Ce petit'rectangle est la zone de réunion supérieure et mé-

diane des deux circonvolutions (frontale et pariétale) ascen-

dantes. Schwalbe prétend que ce lubule appartient à la frontale

ascendante seule, parce que l'encoche du sillon de Rolando est

très rapprochée du sillon calloso-marginal. D'après cet auteur,

la pariétale ascendante ne se relierait au lobule paracentral

que par un pont très étroit de substance nerveuse situé à la

lisière du manteau des circonvolutions, entre les extrémités

supérieures du sillon de Rolando et du sillon calloso-marginal.

3) 4 REVUE CRITIQUE.

Au-dessous de la scissure calloso-marginale passe la deuxième

circonvolution frontale interne.

Synonymie : Circonvolution du corps calleux (Broca) ; Con-

volulion of corpus callosum (Turner) ; Circonvolution crêtée ; pro-

cesso énleroideo crislato (Rolando); Bogei21viilst. Aeusseres Ge- ? vôlbe (Arnold); Circonvolution de l'ourlet (Foville) ; Zwinge,

cingula, gyrus cinguli (Burdach, Pansch); Pli du corps calleux,

grand pli commissural interne (Pozzi) ; Callosal gyrus (Huxley) ;

Fornix periphericus (Arnold); Gyrus forzzicatus (Ecker).

C'est bien, comme le dit Pozzi, une sorte de circonvolution

de passage qui rattache les uns aux autres, et au lobe tempo-

ral, les lobes de la face interne. Elle se continue, en effet, par

l'isthme du corps calleux, qui sera signalé plus loin, c'est-à-

dire en avant de la pointe antéro-inférieure de la scissure calca-

rine, avec le gyrus hippocampi et le pli unciforme qu'on peut,

nous l'avons déjà dit, relier aussi en partie au lobule lingual.-

Entre cette circonvolution et le corps calleux se trouve le sul-

cus corporis callosi (Schwalbe), ou rainure du corps calleux, de

Broca. (Voy. szcprà.)

B. Lobule pariétal interne. Sis entre la scissure fronto-pa-

riétale interne et la partie interne de la scissure pariéto-occipi-

tale perpendiculaire (perpendiculaire interne), ce lobule a pour

synonymes :

Proecuneus, Vorzivickel, avant-coizz (Burdach, Ecker) ; Lobule

quadrilatère (Foville); Lobe carré, quadrate lobule, lobus qua-

dratus (Gratiolet, Huxley) ; Partie du gyrus ci ? zguli (Pansch).

Selon que les quelques petits sillons que nous avons déjà

mis en relief à propos de la grande scissure calloso-marginale,

se rattachent ou non à celle-ci, selon qu'on a affaire à telle ou

telle individualité, la continuité de l'avant-coin avec la circon-

volution du corps calleux est plus ou moins parfaite. Nous en

avons déjà touché un mot. Un de ces sillons a reçu de Broca

le nom de scissure sous-pariétale (sitleus subpanielala's). Quand

il ne rejoint pas en avant le sillon callosomarginal, on constate

l'existence du pli de passage pariétoleinbique antérieur (Broca).

Jamais, quoi qu'il arrive, il n'aboutit à la scissure perpendicu-

laire interne, si bien qu'entre son extrémité postérieure et cette

dernière se voit le pli de passage pariéto-lcinbique postérieur

(Broca).

DES CIRCONVOLUTIONS CEREBRALES.

315

L'avant-coin, par conséquent, c'est la face supérieure et in-

terne du lobule pariétal supérieur, qui surmonte le tiers posté-

rieur de la seconde frontale interne, à laquelle il est uni par

les plis de passage pariéto-limbiques. II est brusquement terminé

en arrière par la scissure perpendiculaire interne (Gratiolet,

Marshall).

Synonymie : Pars medialis sive verticales fissuroe parieto-oc-

cipitalis(Ecl;er);,U,issu2a posterior (Burdach, Arnold, Wag-

ner) ; Fissura occipito-paî-ietalis (Huxley, Ecker) ; Fissura oc-

cipitali*s sive posterior (Wagner) ; 6'eH/H'ec/<<e 7cintere Hirnspalle

(Wagner) ; Fissura occipitalis interna (Pansch) ; Fissura occipi-

talis perpendicularis interna (Bischoff).

Nous n'avons rien à adjoindre à nos notes antérieures, con-

cernant la scissure perpendiculaire externe, dont celle qui nous

occupe ici est le prolongement interne, si ce n'est qu'elle se

confond à angle 'aigu avec la fissure calcarine pour descendre

avec elle jusqu'au dessous du bourrelet du corps calleux. C'est

Fig. 12. Face interne. Hémisphère droit. 1, sillon de Rolando; 2, scis-

sure fronto-pariétale interne ; 3, scissure calloso-marginale; 4, scissure

perpendiculaire interne; S, fissure calcarine.

F t, première circonvolution frontale interne; F., deuxième circonvo-

Ititioii troiitale interne; P, lobule paracentral; AC. lobule quadrilatère

ou avant-coin ; C, coin, ou lobule occipital interne; 1'02, deuxième cir-

convolution temporo-occipitale, ou lobule lingual; TO ,, première circon-

volution temporo-occipitale ou lobule fusiforme.

316 RG1'U1 CRII'lQUli.

en ce point qu'on trouve l'isthme de la circonvolution du corps

callezcx ou isthme antecalcarinien.

L'isthme en question doit servir de point de repère à qui

cherche les plis de passage qui, dépendant de la deuxième fron-

tale interne, vont de l'avant-coin aux régions inféro-postérieures

de l'hémisphère.

Synonymie : Plis de passage internes (Pozzi) ; Plis de passage

cunéolirnbiques (Broca); Pozzi en décrit trois : 1° un pli de

passage pariéto-temponal supérieur interne (Pozzi), ou pli de

passage interne supérieur de Gratiolet, passe derrière le corps

calleux et sert de pont entre sa circonvolution, le lobule qua-

drilatère et le pli unciforme. Il se branche en haut sur le pli

de passage pariéto-limbique postérieur de Broca.

2° Un pli de passage interne pariéto-occapital (Pozzi) ou gyrus

cunei, zwichelurindung (Ecker), untere oder fiinfle Scheilelbo-

genwindung (Bischoff), descend du lobule quadrilatère, en se

branchant sur l'autre pli, traverse le fond de la scissure perpen-

diculaire, et gagne le sommet du lobule occipital interne (coin).

3* Un pli de passage pariéto-temporal inférieur (Pozzi), ou

pli de passage interne inférieur de Gratiolet, occipito-hippo-

caznpique (Broca), unit l'extrémité du lobule occipital interne

(coin) à l'angle postéro-inférieur du lobule quadrilatère, ou

plutôt au prolongement de la circonvolution crètée (du corps

calleux), qui dépasse le lobule quadrilatère.

Schwalbe n'en admet que deux, les deux de Gratiolet.

Il n'en ressort pas moins qu'en franchissant l'isthme, on

aborde, à la partie antérieure du lobule lingual, une première

circonvolution, connue sous le nom de gyrus hippocampi

(Burdach).

Synonymie : Stibiculitin cornu Anmonis(Burdach); Portion

du gyrus occipito-temporalis médius (lobule lingual), (Pansch);

Circonvolution temporale interne supérieure (Bischoff) ; Pliun-

ciforme ou temporale moyenne inlerneet lobule de l'hippocampe

(Gratiolet); Uneiiiate gyrus, gyrus uncinatus (Huxley, Ecker);

Circonvolution à crochet (Vicq d'Azyr).

Cette circonvolution bordela corne d'Ammon. Elle nemérite

le nom de pli unciforme (Halaenzuindung) que dans sa portion

antérieure, à la pointe du lobe temporal, au débutde la portion

transverse de la scissure de Sylvius, à cause de la forme qu'elle

affecte. Schwalbe décrit séparément et figure comme étant

DES CIRCONVOLUTIONS CERHfiRALHS. 3 1

parfaitement distinctes l'une de l'autre ces deux parties. C'est

affaire de types. Mais il ajoute que le gyrus uncinatus est l'arc

de passage de la circonvolution du corps calleux dans le corps

bordé (fimbria), et donne le nom d'incisura tenzporalis au seg-

ment antérieur du crochet. Ce qui permet de s'orienter.

Au-dessus du gyrus hippocampi, on rencontre la scissure des

hippocampes, fissura hippocampi, dentate sulcus(Huxley), qui,

pour bien des anatomistes, fait corps avec la fissure calcarine.

D'après cette manière de voir, la fissure calcarine devient la

partie postérieure de la scissure des hippocampes (Gratiolet),

et la fissura hippocampi est dite partie antérieure de la fissure

calcarine (Gratiolet). Un pareil errement n'a pas de raison

d'être chez l'homme, la fissure calcarine étant séparée de la

fissura hippocampi par l'isthme de la circonvolution du corps

calleux. En conséquence, voici les divisions et synonymes seuls

admissibles.

Fissura hippocampi (Bischoff).

Synonymie : Scissure des hippocampes, à l'exclusion de la

fissure calcarine, Dentale sulcus (Huxley); Fissura horizontales,

fissura posterior sive occinito-horiaontalis (R. Wagner) ; Partie

antérieure de la scissure des hippocampes (Gratiolet).

Elle s'étend horizontalement à la suite de la scissure du corps

calleux de Schwalbe, de sorte qu'après avoir surmonté le corps

calleux, elle rase son bourrelet, et vient en bas jusqu'au pli

unciforme.

La fissure calcarine (Huxley) part de la scissure perpendicu-

laire interne, avec laquelle elle forme, à quelques millimètres

du bourrelet du corps calleux,, un angle ouvert en arrière.

Elle correspond à l'ergot de Morand. On lui décrit deux bran-

ches : une branche horizontale, qui porte en arrière l'éperon

double, sans atteindre l'extrémité du lobe occipital; une bran-

che oblique en bas qui, après avoir reçu la scissure perpendicu-

laire interne, vient limiter l'isthme de la circonvolution du

corps calleux. Quoi qu'il en soit, c'est dans l'angle formé par

la scissure perpendiculaire interne et la scissure calcarine

qu'est inscrit le lobule occipital interne.

Nous n'insistons pas sur le gyrus dentatus ou fascia dentata

(Tarin), qu'on représente parfois en cette région comme une

circonvolution morphologiquement distincte. C'est le corps go-

318 REVUE CRITIQUE.

dronné de Petit, c'est-à-dire un annexe de la corne d'Am-

mon.

A côté de cela, nous ne devons pas laisser dans l'oubli les

expressions synthétiques qui résument les exposés précédents.

Broca désignait sous le nom de grand lobe limbique toute la

partie médiane des hémisphères en rapport decontiguité directe

avec le corps calleux. Le grand lobe limbique comprenait : - la

deuxième frontale interne (synonymie : gyrus /b)'y : ! ca<MS, etc.)

le prolongement de cette frontale interne en arrière du bourre-

let du corps calleux, et, au dessous de ce dernier, jusqu'à lapointe

du lobe temporo-occipital où, après avoir franchi l'isthme delà

circonvolution du corps calleux, (antecalcarinien), elle forme le

gyrus hippocampi et le gyrus unciforme.

Il avait pour limites extérieures la scissure limbique (Broca),

qui se décompose eu :

Sulcus ccclloso-naarginalis (région du lobe frontal) ; sulcus sub-

parielalis (région de l'avant-coin); Sillon occipito-temporal in-

férieur (Ecker), (entre le lobule lingual et le lobule fusiforme).

Schwalbe applique aujourd'hui aux mêmes organes la ru-

brique de lobe lalcifoiiiie, en en étendant les bornes à ce qui

constitue les vestiges de la circonvolution marginale embryon-

naire (marginale interne de Schwalbe), c'est-à-dire à la cloison

transparente, au corps godronné, etc.

A son sens, le lobe falciforme, limité en dedans par la grande

fente cérébrale de Bichat, et en dehors par la scissure limbique

de Broca, se composerait de deux circonvolutions concentriques

séparées l'une de l'autre par le sillon du corps calleux de

Schwalbe et la scissure des hippocampes, mais reliées entre

elles par le gyrus uncinatus ou pli unciforme. La circonvolution

concentrique externe, ou supérieure (gyzwsznargizaalis externus),

a pour facteurs : la circonvolution du corps calleux (gyrus for-

nicalus, etc.), l'isthme de cette circonvolution, les circonvolu-

tions de passage cunéolimbiques, notamment la circonvolution

occipito-hippocampique, le gyrus hippocampi.

La circonvolution concentrique interne (gyrus Ma ? 'y : Ha ? s in-

terzaus, arc marginal embryonnaire, innere l3odenzvizaduzag),

comporte : les lames de la cloison transparente, les colonnes et

le corps du trigone, constituant tous ensemble une branche

supérieure; le corps bordé de la corne d'Ammon, le corps go-

dronné de Petit, formant à eux deux une branche inférieure.

Le gyrus unciforme rattacherait la circonvolution marginale

DES CIRCONVOLUTIONS CÉRÉBRALES. 319

externe (à vrai dire, le gyrus fornicalus) au corps bordé et au

corps godronné.

c. Lobule occipital interne.

Synonymie : Coin, Cuneus, Zivickel (Henle, Burdach) ; Lobe

triangulaire (Broca) ; Occipital lobule (Turner) ; Lobulus medialis

posterlor (Pansch) ; Aeussere obère Hinterhauplswindung (Bis-

choff); L'rsle obère n<e) ? eHSM ! 'MM ! )(H.. Wagner); Gyrus

occipitalis primus (R. Wagner) ; Obérer Zwisehenscheitelbeinlap-

pen (Huschke).

Nos détails antérieurs nous dispensent d'en rien dire. Il est

le confluent des circonvolutions occipitales de la face convexe

qui le rejoignent, ainsi que les deux occipito-temporales, par

l'intermédiaire du lobule extrême ou gyrus descendons, en ar-

rière de l'éperon de la fissure calcarine.

Nous voici arrivé au terme de notre énumération, dont l'exé-

cution se heurtait à deux écueils. Trop courte, elle fût devenue

trop sèche en laissant dans l'ombre la raison des termes em-

ployés. Trop longue, elle eût fait double emploi avec les mé-

moires et les traités qui sont entre toutes les mains, et n'eût

plus été qu'une copie; son titre n'aurait plus rien signifié.

Nous espérons avoir triomphé de cette double difficulté. En

même temps, nous croyons avoir rendu quelque service en

faisant ressortir, toutes les fois que nous en avons reconnu la

nécessité, Y homonymie de certains termes appliqués à des or-

ganes différents. Il va de soi que, pour parvenir à ce but, nous

avons consulté les originaux de tous les auteurs dont nous citons

les noms; si nous n'enregistrons pas les oeuvres de chacun d'eux,

c'est qu'elles sont courantes. Qui ne connaît les travaux de Bur-

dach, Rolando, Arnold, Foville, Husclike, Reichert, R. Wagner,

Bischoff, Flower, Broca, Pansch, Turner, Giacomini qui ont,

de 1819 à 1881, eu pour sujet les circonvolutions. Ils ont été

résumés et commentés par les maîtres que nous signalons plus

spécialement. On peut enfin nous reprocher de n'avoir pas parlé

de l'insula. On la range actuellement parmi les ganglions de la

base sous le titre générique de lobe de la base. Je n'en veux

pour preuve que les synonymes que voici : Insula de Reil

lobus caudicis (Burdach) lobus centralis (Gratiolet)

lobus intermedius siveopertus, lobus insuloe (Broca)- Stamm-

lappen (Schwalbe). Tous termes qui témoignent d'une place

à part entre les autres circonvolutions. Peut-être écrirons-nous

3 M revue D'AKATOMIE et de physiologie.

plus tard un mémoire semblable sur le reste de l'encéphale, et

alors l'insula nous servira de transition. Pour le présent, nous

avons restreint nos recherches aux replis de la périphérie, en

nous attachant à fournir des jalons à ceux qui se livrent aux

recherches bibliographiques. C'est en en faisant que nous avons

remarqué les causes d'erreur que l'on vient de lire. Puissions-

nous avoir rempli notre programme ! Qu'on nous pardonne en

tout cas nos imperfections 1 !

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

VIII. Sur la fente simienne; par Mendel (NCU ? '01. Centrctl6l., 1883).

La pièce anatomique décrite et figurée provient d'une fillette

de huit ans, idiote de naissance, n'ayant pas parlé, ayant été

atteinte d'épilepsie. Cet encéphale est bien inférieur, comme

poids et comme masse, à celui d'une enfant normale du même

âge. Les deux hémisphères cérébraux sont similaires. Dans le lobe

frontal, les circonvolutions sont très peu développées, la région

operculaire entre en communication directe avec la pariétale

ascendante, par suite de l'abouchement du sillon prérolandique

avec le sillon de Rolando ; le sillon prérolandique coupe par

conséquent la frontale ascendante. En arrière de la pariétale

ascendante, on trouve un sillon profond qui représente l'extrémité

du sillon calloso-marginal anormalement long sur la surface con-

vexe. Le sillon interpariétal, très peu accusé, affecte une orienta-

tion perpendiculaire. Le lobe pariétal se trouve complètement

séparé, à la face externe, du lobe occipital, par un grand sillon

perpendiculaire qui constitue en somme le prolongement insolite

1 Nous recevons, au moment où ce Liavttil est imprimé, le premier fas-

cicule tout récent d'un livre de Meynert, intitulé : Psychiatrie; Vienne,

1881, qui constitue le dernier mot du savant professeur de Vienne sur

tout ce qui touche à l'anatomie de l'encéphale. Nous n'avons que tout

juste le temps d'introduire dans le corps de notre mémoire quelques

additions, nous réservant, si besoin est, de publier, dans un bref délai,

en manière d'appendice, le résumé de ses manières de voir. P. K.

revue D'AV.1'l'UJIIE ET DE physiologie. 3 : 2 t

de la scissure perpendiculaire externe, comme en témoignent ses

rapports avec le sillon iiiterpai-iétal, la scissure parallèle, le sillon

occipital transverse, ainsi que sa direction sur la face médiane de

l'hémisphère où il rejoint la fissure calcarine (scissure perpendicu-

laire interne). Le rapprochement et la critique des descriptions

de ce genre relatives à l'homme, dues à Sander, Fischer, Meynert

(Arch. f. Psych., V. VII) à Rudinger (Mémoire de Bonn, 1882),

Giacotnini (Arch. ital. de Biol., I, fasc. 2, 1882), des réflexions de

Stark (Zeitsch. f. Psych., XXXIII), des études d'Ecker, de Pansch,

de Schwalbe, entraînent âleiidet à cette conclusion que l'on doit,

chez l'homme, appeler du nom de fente simienne, non pas une

fissure située en arrière de la scissure pariéto-occipitale, non pas

le sillon occipital transverse, mais bien une scissure représentant

le prolongement de la scissure pariéto-occipitale (scissure perpen-

diculaire externe), qui se confond assez souvent a\ec le sillon

occipital externe de Meynert si fréquemment absent d'ailleurs, et

sis un peu avant de la scissure pariéto-occipitale. P. Kérwal.

IX. La substance DE soutènement du système nerveux central ;

par Gierke. (Neurol. Cenlrulbl., 1883.)

Ce mémoire d'avant-garde relate brièvement les points les plus

essentiels d'une étude qui sera publiée plus tard iaa-exlenso. Et ce-

pendant son analyse est incompatible avec la concision. -11 nous

faut néanmoins satisfaire à cette double proposition. En ce qui

concerne la question de nature, l'auteur adopte les expressions de

glie, névroglie, ciment nerveux de Virchow, et refuse de la consi-

dérer comme du tissu conjonctif. Elle se compose d'éléments fi-

gurés et de substance amorphe. Cette dernière constitue, par

exemple, la substance fondamentale de la substance grise et des

plus fortes travées de la substance blanche ; elle est molle, mais

ferme, absolument anhyste, claire et transparente comme du

verre, un peu plus brillante que le sérum sanguin coagulé, et se

coloie très difficilement par le carmin; l'examen à l'aide des plus

forts objectifs à immersion dans l'huile démontre sa parfaite ho-

mogénéité. Les cellules de la névroglie sont remarquables par les

prolongements qu'elles projettent en divers sens. On en distingue

deux formes principales ; les unes ne possèdent presque pas de

protoptasma (les prolongements semblent partir et même partent

parfois du noyau); les autres sont munies d'un corps cellulaire

dans lequel on n'aperçoit fréquemment aucun noyau. Les pre-

mières fournissent des prolongements bien plus fins, bien plus ra-

mifiées mais moins abondants que les secondes. -Au point de

vue de la texture générale, la névroglie forme la substance de

soutien et d'enveloppe des éléments nerveux; elle sert de tuteur à

chaque fibre, à chaque cellule, en même temps qu'elle embrasse

ARLinVES.t.VtII. 21

322 REVUE d'anatomie et de physiologie.

tout le système nerveux central, depuis les méninges jusqu'au re-

vêtement épithélial des cavités. C'est une toile dont les mailles ne

présentent pas de déchirures. Il n'y a d'interruption, et encore est-

elle peu importante, que dans la moelle allongée, où les fibres

nerveuses du stratum zonale d'Arnold arrivent tumultueusement,

en se séparant les unes des autres, directement sous la pie-mère.

C'est surtout dans la substance blanche de la moelle qu'on en

constate le mieux les rapports, parce que la plupart des fibres

nerveuses ont un très gros calibre, et que la disposition en est très

régulière. Les cellules de la névroglie s'appliquent contre les élé-

ments nerveux, soit par elles-mêmes, soit à l'aide de leurs prolon-

gements, faisant office de gaines, sans constituer de vraies mem-

branes. Dans la substance grise, la névroglie forme des ré-

seaux cellulaires dont les intervalles sont remplis de substance

fondamentale. Ici prédomine la substance fondamentale; c'est

elle qui cimente le nombre prodigieux des fines fibrilles nerveuses

et les fibres amyéiiniques, tandis que les cellulesnévrogliquesassu-

jettissent les cellules nerveuses. Il y existe aussi des endroits tout

entiers construits de substance de soutènement. Tels sont les

traits généraux qui doivent être notés. Les particularités variables

selon les régions (moelle épinière, écorce du cervelet, écorce du

cerveau et cavités du névraxe, glomérules du bulbe olfactif) im-

pliqueraient la copie des passages correspondants. Il nous faut

cependant dire en terminant, que, parmi les vaisseaux sanguins,

les uns (substance blanche de la moelle, du bulbe, du cerveau),

possèdent une enveloppe de névroglie (cellules et substance fon-

damentale), les autres (substance grise de l'encéphale) courent, sans

enveloppe vraie, dans les travées glieuses, mais alors ils sont mu-

nis d'une tunique adventice (d'origine pie-mérienne) sur laquelle

s'attachent les prolongements des cellules névrogliques. En tout

cas, il existe bien réellement des espaces périvasculaires limités

en dedans par l'adventice mais privés de parois ambiantes, espaces

périvasculaires qui sont des lacunes lymphatiques. P. K.

X. Sun LA localisation de la sensibilité cutanée et DU SENS TOUS-

OCULAIRE A Li SUBI'.4CE DES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX ; par BECIITEREW.

(Neurol. Central6l. 1883.)

De la revue critique des expériences instaurées jusqu'ici, aux-

quelles il ajoute le résultat des siennes propres), M. Bechterew

tire les conclusions suivantes. Il existe, pour la perception

dans l'écorce, des sensations tactiles, du sens musculaire, des

sensations douloureuses, des centres spéciaux, situés au voisi-

1 Voy. Avelines de .Ye ! 0'«<ote, t. VII1, p. 231.

revue U.W.1'l'f)\11E E'l' DE PHYSIOLOGIE. 323

nage de la zone motrice. Les centres destinés aux sensations tac-

tiles gisent immédiatemeut en arrière et en dehors du champ

moteur; ceux qui président au sens musculaire et aux sensations

douloureuses occupent une région qui surmonte le début de la

scissure de Sylvius. Ces deux derniers centres sont contigus, mais

ils ne se confondent pas, car certaines lésions limitées du dépar-

tement en question se sont traduites exclusivement, tantôt par un

trouble du sens musculaire des extrémités opposées, tantôt par

une diminution de la sensibilité à la douleur. P. K.

XI. Recherches expérimentales SUR LES atrophies DE l'écorce du

cerveau; par 111ov.lEOw. (Neurol. Central6l. 1883)'. 1.

Première expérience. Quand on interrompt, dans la partie

postérieure de la capsule interne les faisceaux de fibres de pro-

jection de la sphère visuelle, l'atrophie s'étend dans les deux sens

et, par conséquent, ces fibres de projection prennent leur origine

dans la région occipitale, nommée par Munk, sphère visuelle 2.

Elles aboutissent aux éléments des troisième et cinquième

couches.

Deuxième expérience. La destruction, dans le faisceau pyra-

midat de la capsule interne, des fibres qui pénètrent dans la zone

motrice, exerce une influence des plus délétères sur le développe-

ment de cette zone. La lésion porte spécialement sur les cellules

pyramidales géantes. L'atrophie s'est limitée dans l'espèce au

département cortical dont la destruction est nécessaire pour en-

traîner la dégénérescence complète de la pyramide de la moelle

allongée. P. K.

XII. Résultats expérimentaux sur LE trajet DES fibres du NERF

OPTIQUE dans LE chemin QU'ELLES suivent DEPUIS LES corps GE-

n0lIILLÉS jusqu'aux TUBERCULES quadruumeaux ; par BECHTEItEW.

(Neurol. Ccntrul6l. 1883.)

Gudden dit que toutes les fibres du nerf optique, aussi bien

celles qui s'entre-croisent dans le chiasma, que celles qui ne s'en-

tre-croisent pas, constituent le faisceau externe de la bandelette

optique et parviennent au corps genouillé externe qu'elles tra-

versent, pour gagner de là, au moyen du bras antérieur, le tuber-

cule quadrijumeau antérieur. Le faisceau interne de la bande-

1 Voy. Archives de Neurologie, Congrès des Naturalistes, t. VIII, p. 233.

' Voy. Archives de Neurologie, VI, p. 403, et Progrès médical, 1879,

p. 161.

324 REVUE DANATOMm LT DE I'IiYSIOLOUIli.

lette, qui contient principalement des fibres de la commissure

de cet auteur, et qui, par conséquent, n'entretient aucune relation

avec le nerf optique, passe par le corps genouillé interne en rap-

port, de son côté, avec le tubercule quadrijumeau postérieur

(Arch. f. Ophlhalm ? t. XXV). Or, M. l3echlerew a réussi, en pé-

nétrant par le pharynx à sectionner le bras antérieur entre le

segment postérieur de la couche optique et le tubercule quadri-

jumeau antérieur, sans toucher à aucun de ces deux organes (la

lésion inévitable d'une partie de la commissure moyenne et du

segment contigu de substance grise importe peu quant à la vue) ;

le même opérateur a pu altérer isolément le corps genouillé

externe sans intéresser le corps genouillé interne ni les fibres du

bras postérieur. Un seul et même effet a été obtenu, savoir : le

rétrécissement du champ visuel dans les deux yeux ; du côté opposé

à la lésion, rétrécissement dont les allures ont été identiques à

celles que l'on signale après la section de la bandelette optique

correspondante; rien aux pupilles. Les vues anatomiques de Gud-

den sont par conséquent confirmées par la physiologie expéri-

mentale. P. K.

XIII. LA FONCTION DI.S COUCHES OPTIQUES. RECHERCHES EXPERIMENTALES;

par W. BECHTEREW. (Nezerol. Cet211,cilbl., 1883.)

Ce résumé provisoire d'expériences entreprises sur des gre-

nouilles, des oies, des poules, des lapins, des chiens, parla double

méthode d'excitation et de destruction des tissus, peut se formuler

ainsi.-La destruction, chez le chien, du segment antérieur de la

couche optique produit des troubles de la vue tout à fait passa-

gers ; la destruction du segment postérieur de cet organe engendre

une hémiopie homonyme qui, si la lésion n'est que faible, porte sur

un seul oeil. Conclusion. Entre-croisement incomplet des fibres du

nerf optique dans le chiasma du chien.- Les allures de la pupille et

les troubles de l'équilibre notés dans l'espèce par l'auteur déri-

vent, non de la destruction de la couche optique, mais de la lésion

simultanée de la substance grise centrale adjacente, qui entoure

la partie la plus profonde du troisième ventricule. La sensibi-

lité et la motilité ne subissent aucune atteinte quand on limite

l'altération à la couche optique seule. En revanche, la couche

optique est le lieu de concentration des voies de conductibilité

destinées à l'innervation spontanée des groupes musculaires qui

entrent enjeu pour l'expression des sensations de divers ordres,

expression spéciale à chaque espèce animale; elle préside aux

mouvements et aux sons expressifs; elle est le centre des mouve-

ments qui servent aux animaux normaux à exprimer leurs divers

sentiments. f. K.

REVUE D'ANATOMIK ET DE PHYSIOLOGIE. 325

XIV. Recherches expérimentales SUR l'entre-croisement DES fibres du

NERF OPTIQUE dans LE chiasma; par V. 13ECHTEREN. NGil1'OI. Cen-

z 1883.)

Après avoir résumé ce qui a été fait dans ce sens, M. Bechte-

rew étudie les deux méthodes de section de la bandelette et du

chiasma, par le pharynx au niveau de la selle turcique, ou par le

crâne en passant au-dessus de l'arcade zygomatique. Chacune

d'elles a ses avantages et ses inconvénients. De ses interventions

comparatives à tous égards (technique et physiologie) voici les

résultats. - La section transverse du nerf optique entraine la

cécité complète de l'oeil correspondant, une très forte dilatation

de la pupille, et l'immobilité pupillaire, sous l'influence de la lu-

mière, à la condition que l'oeii sain soit fermé. - La section trans-

verse du chiasma n'entraîne la complète cécité d'aucun oeil.

L'animal voit, et évite adroitement les obstacles, quand les deux

yeux sont ouverts; il ne se heurte pas. Rien aux pupilles qui réa-

gissent nettement, quel que soit l'oei) que l'on incite. - La sec-

tion transverse d'une bandelette optique ne produit pas non plus

la cécité sur l'un quelconque des yeux. 11 faut procéder à une

recherche attentive pour déceler la perturbation. Mais, dès qu'on

ferme un oeil on s'aperçoit que l'animal se heurte aux obstacles

qui occupent la direction du côté sain. En un mot, il y a sur cha-

que oeil rétrécissement des champs visuels, qui siègent du côté

opposé à la bandelette optique sectionnée, c'est-à-dire perte de

fonction des zones des deux rétines qui occupent le même côté

que la bandelette optique sectionnée. Peut-être même cette hé-

mianopsie est-elle exactement limitée par la verticale ( ? ) Réaction

des deux pupilles normale, au moins quelque temps après l'opé-

ration.

Toutes ces observations sont en faveur d'un entre-croisement in-

complet des fibres du nerf optique dans le chiasma du chien. Les

allures de la pupille après la section du nerf optique et de la ban-

delette prouvent que les fibres centripètes, qui servent à la con-

traction réflexe de la pupille, ne parcourent pas la bandelette,

qu'elles viennent du nerf optique après que le chiasma a pénétré

dans la substance de l'encéphale, et se rendent alors aux noyaux

de l'oculo-moteur commun correspondant. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

XXIII. Un cas d'affection chronique DE la moelle épinière,guérison;

par Alessandro Marin\. (Lo Sperimentale. avril 1883.)

Homme de vingt-huit ans qui dans ses fonctions de pompier fut,

dans un incendie, exposé au refroidissement et mouillé; le lende-

main, douleurs rachidiennes, à la nuque et fièvre; celles-ci dispa-

raissent au bout de douze jours et sont remplacées par des parésies

des membres inférieurs et des troubles de coordination ; bientôt

.paralysie véritable et anesthésie des membres affectés. Jamais

de paralysie de la vessie ni du rectum, pas d eschares, spasmes

fréquents dans les membres inférieurs, impuissance. Après deux

ans pendant lesquels l'état du malade ne subit pas de change-

ments, l'auteur constata une énorme augmentation des phéno-

mènes tendineux, et une anesthésie complète dans toutes les

modalités; aucune trace d'atrophie musculaire. Pas de réaction

de dégénération lors de l'examen électrique; énorme résistance

électrique. Légère contracture des genoux. La paralysie et

les anesthésies s'évanouirent ultérieurement, les troubles de coor-

dination persistèrent pendant quelque temps, puis cessèrent aussi ;

seule, la sensibilité tactile resta un peu diminuée. Quant au

diagnostic, l'auteur, après avoir examiné les différentes hypothèses

qui peuvent se présenter, finit par conclure qu'il y a eu une lé-

sion probablement peu profonde du rendement lombaire.

P. Marie.

XXIV. Deux cas DE paralysie DU trijumeau ; par C.-W. Mueller.

Arch. f. Psych., XIV, 2 et 3.)

La première observation concerne l'atteinte de la portion sen-

sitive du trijumeau droit : paralysie totale, à l'exception du globe

oculaire, de la paupière supérieure, du dos du nez, de la région

parotidienne; le goût a disparu dans les deux tiers antérieurs de

la langue. En même temps, la sensibilité de l'occiput et celle du

bras droit n'existentplus; la sueur, les larmes, la salive sontsecré-

tées du même côté en moindre quantité. Evolution lente en huit

années. L'application des courants continus guérit presque complè-

ement des accidents, mais après six ans de traitement.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 327

Dans la seconde observation, toutes les branches du trijumeau

gauche sont affectées, les muscles masticateurs sont atrophiés et

paralysés, comme le sphénostaphylin ; il existe une otite neuropa-

ralytique. Ultérieurement on constate à droite une ophthalmie

neuroparalytique, ainsi que des troubles de la sensibilité, mais

ceux-ci limités aux branches maxillaires du nerf. Tout l'intérêt de

la discussion git dans la genèse de l'otite, semblable à celle que

llagen, Berlhold, Baratoux et Kirchner ont observée à la suite de

la section du trijumeau, et dans l'existence de l'ophlhalmie en

une région où la sensibilité était intacte. Absence d'autopsie. P. K.

XXV. SUR la sclérose diffuse ET disséminée du système nerveux cen-

TRAL, ET SUR la dégénérescence vitreuse en macules DE l'écorce

DU cerveau; par F. Greiff. (Arch. Psych., XIV, 2.)

Sous ce titre, l'auteur rapporte deux observations de formes

associées de sclérose multiloculaire et de paralysie progressive.

Une femme de quarante-trois ans, indemne d'hérédité, après

avoir, pendant quelques mois, présenté les symptômes prémoni-

toires habituels de la paralysie générale, est indubitablement

atteinte de cette affection. Dans les deux derniers mois de la mala-

die, on notait des tremblements de la tête et des extrémités à

l'occasion des mouvements voulus ; hyperexcitabilité réflexe et

mécanique des muscles et des nerfs; contracture et parésie des

membres. Mort au bout de deux ans. La nécropsie révèle les alté-

rations ordinaires de la méningo-périencéphalite; la substance

cérébrale et la moelle sont dures et élastiques. Le microscope

montre qu'à côté des lésions de la démence paralytique le cerveau

est le siège d'un processus scléreux nettement caractérisé ; de plus

entre la substance blanche et la couche corticale, on rencontre

des rayures vitreuses à peine larges de 2 millimètres et longues

de 7 millimètres, composées chacune d'un vaisseau épaissi à parois

vitreuses, d'un tissu périvasculaire finement granuleux, et de

cellules nerveuses ayant subi, elles aussi, la dégénérescence vi-

treuse. Sclérose évidente de la protubérance et de la moelle; cel-

lules granuleuses et corpuscules amyloïdes dans les deux cordons

postéro-latéraux; petits foyers scléreux dans les divers cordons.

Un homme de quarante-neuf ans en proie à la syphilis tertiaire

estaussien proieàdu tremblementavec affaiblissement des jambes,

parésie des sphincters; trouble de la parole. Quatre ans plus tard,

ce sont des symptômes de paralysie générale qui constituent le

tableau clinique; la marche typique aboutit en deux années à une

issue mortelle. Autopsie. Sclérose diffuse de l'encéphale; lepto-

méningite spinale chronique ; sclérose diffuse de la moelle ; foyers

de sclérose disséminés dans les divers cordons. P. K.

328 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XXVI. Contribution A l'anatomie pathologique de l'encéphalite

chronique MUL9'ILOCUL.1111E (connue sous le nom de sclérose céré-

brale disséminée), accompagnée de remarques sur la structure

du tissu conjonctif normal de l'encéphale ; par M. InIEBL1NN.

(Jalarbùch. f. Psych., IV, 2 et 3.)

Ce long mémoire est basé sur l'étude micrographique pure de

deux faits. L'auteur établit que la substance grise contient un

réseau à mailles fines constitué par de la substance fondamentale

conjonctive dont les travées solides ctconslelléesdegranulalionsse

rapprocheraient, quant à leur constitution chimique, de la neuro-

kératine bien plus que du tissu élastique. Les noyaux qui occupent

la substance même de ce réseau appartiennent à des cellules

formant des centres qui rassemblent autour d'eux une certaine

partie du réseau. Les intervalles libres de ce dernier sont de natures

très diverses; leur somme est plus grande que celle des mailles,

bien qu'elle ne soit pas très considérable. Le réseau proprement

dit est ininterrompu. En dehors des cellules déjà mentionnées du

réseau et des cellules-araignées, il existe encore soit des cellules

jeunes, soit des cellules en voie de développement. M. Friedmann,

admet, en ce qui concerne la substance blanche, les théories de

Jastrowitz, Kuhne, Boll (Arch. f. Psych. III, IV); il n'existe pas de

noyaux libres; la charpente conjonctive n'est pas continue, les

gaines cornées des fibres nerveuses sont en connexion avec elle.

L'auteur doute qu'en dehors des prolongements des cellules, il y

ait des fibres libres; nulle part on ne voit de substance granuleuse

amorphe. Quant au processus scléreux en question, il est bien

de nature inflammatoire et d'origine vasculaire. La prolifération

porte non seulement sur le tissu conjonctif, mais encore sur les

fibres et les cellules nerveuses, sans qu'il soit permis de préciser

davantage. Deux formes seraient admissibles : 1'unelonte, traînante,

engendrant la destruction graduelle de la substance nerveuse ;

l'autre, à évolution rapide, dans laquelle les éléments nerveux

seraient primitivement et promptement désagrégés. P. K.

XXVII. Sur le bégaiement, son rapport avec la pauvreté, ET SON TRAI-

Tement; par BERKHAN. (Arch. f. Psych. XIV, 2.)

Le bégaiement, c'est l'impuissance convulsive temporaire d'é-

mettre ou d'assembler certaines consonnes ou voyelles, qui s'ac-

compagne d'appréhension ou d'angoisse.

Le balbutiement est une incapacité constante, indemne de toute

angoisse psychique, d'émettre exactement ou même absolument

des consonnes déterminées, plus rarement des voyelles. Ces deux

infirmités comportent des degrés élevés, moyens, faibles; la divi-

sion est toute arbitraire, mais on peut dire que le bégaiement

RE1'UE DA P.1'l'HOI.OC1); \ER1EUE. 3--)9

maximum s'accuse par une grande anxiété, des grimaces avec

contorsions de la physionomie, des mouvements d'impatience dans

les mains et les pieds ; le balbutiement le plus fort entraîne une si

grande modification dans l'articulation de quelques syllabes que

la parole devient inintelligible ou difficile à comprendre. Dans la

ville de Brunswick, qui compte 7o.038 habitants, sur 4,02 enfants

(1,920 garçons et 2,132 filles), qui fréquentent les écoles munici-

pales inférieures, on en trouve 86 affectés de ces vices d'articulation

(72 garçons et li filles). 57 garçons bégaient (dix au plus haut

point); 13 balbutient (un seul à un degré élevé, deux à un degré

moyen).Six hllesbégayeut(troisescessivemenV; liuithalhutient(trois il

au maximum). Une très petite quantité devrai parmi ces individus,

être en réalité rattaché aux écoles municipales d'ordre plus re-

levé ; mais on n'en trouve pas un seul dans les maisons d'instruc-

tion des classes aisées. La proportion est à peu près semblable

pour 'l'idiotie : sur 116 idiots, 82 sont les enfants de travailleurs,

26 ont leurs parents dans les classes moyennes. Le rapport est le

même en ce qui concerne les sourds-muets. Le faible dévelop-

pement des déshérités en question (bégayants et balbutiants) qui

ont de 6 à 16 ans, les difformités qu'ils présentent du côté du

voile du palais, des dents (implantation) etdu maxillaire inférieur

le peu d'amplitude de leur thorax (détails et ligures dans le mé-

moite), l'analogie de ces troubles avec l'idiotie et la surdi-mutité

ont servi de point de repère à M. Berkhan pour dresser un plan

d'instruction destiné à remédier à de tels vices d'articulation.

Ceux qui bégaient font pendant les deux premiers mois des

exercices de respiration méthodiques (inspiration, expiration,

chant) accompagnés d'une gymnastique spéciale ; on y ajoute, dans

les deux mois suivants, des émissions de sons déterminés; enfin,

les cinquième et sixième mois sont consacrés de concert avec

la série des deux sortes d'entraînement précédents, à l'assem-

blage des consonnes et des voyelles dans plusieurs ordres pres-

crits. A ceux qui balbutient, on explique le mécanisme exact de

l'articulation que l'on décompose en leur proposant d'imiter le

maître; puis l'on passe aux exercices d'union des voyelles aux con-

sonnes. P. K.

XXVIII. Contribution .a la connaissance DE la NÉVRITE dégénérative

multiple; par A. STRUE11PRLL. (A7,ch. f. Psych. XIV, 2.)

Un premier malade a été observé, autopsié et analysé au micros-

cope par l'auteur. C'est un homme de quarante-sept ans, buveur, qui,

après avoir souffert pendant plusieurs années d'élancements dans

les bras et les jambes, présenta bientôt de l'affaiblissement gra-

duel et de l'incertitude de la démarche et finalement une paralysie

des bras et des jambes. La sensibilité est conservée presque par-

330 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

tout, mais les réflexes cutanés sont soit anéantis soit affaiblis, et

les réflexes tendineux ont absolument disparu. L'atrophie mus-

culaire est générale; réaction dégénérative aux membres. Quand

on agit sur les extrémités inférieures, en les remuant, on pro-

voque des douleurs assez violentes. Délire; atrophie des segments

externes des deux nerfs optiques; augmentation de la fréquence

du pouls; hyperthermie vespérale. Soudain, trouble respiratoire,

cyanose, mort. La nécropsie montre qu'il s'agit d'une tuberculose

pulmonaire et intestinale. On trouve, au microscope, l'intégrité de

la moelle épinière et des racines antérieures. Les nerfs radial,

médian, crural, sciatique, présentent la dégénérescence atro-

phique de leurs fibres. Les muscles sont en partie dégénérés (dis-

parition des stries transversales, état cireux, absence de bien des

fibres, multiplication des noyaux, hyperplasie conjonctive, aug-

mentation du tissu graisseux). M. Strümpell se rattache à l'idée

d'une névrite dégénérative systématique pure, sans inflammation.

Les altérations musculaires constitueraient une simple coïncidence.

L'alcoolisme est d'ailleurs capable d'expliquertous les symptômes

Deux autres observations sont relatées, mais elles sontincomplètes,

puisque les nerfs périphériques n'ont pas été examinés. L'une

d'elles est, en fait de complexus clinique, un exemple de paralysie

ascendante aiguë ayant évolué en dix-sept jours; la mort eut lieu

par suite de dyspnée avec oedème pulmonaire. Le diagnostic se

base sur l'intégrité du cerveau et de la moelle. Bien des cas, tels

que celui-ci, considérés à tort comme une paralysie ascendante

aiguë, ne sont-ils pas des faits de névrite dégénérative ? P. K.

XXIX. Contribution a l'étude de la dégénérescence secondaire dans

la MOELLE épinière DE L'HOMME (avec remarques sur l'anatomie

pathologique du tabès); par Schultze. (Arch. f. Psych. XIV, 2)'.

Les quatre premières observations rapportées par Schultze con-

cernent la série des altérations de la moelle consécutives à des

fractures et luxations de la colonne vertébrale, à diverses hauteurs

de la région lombaire, et au niveau du tiers inférieur de la ré-

gion dorsale. De ces faits, l'auteur déduit que la partie des fibres

des cordons postérieurs qui est en connexion avec le nerf scia-

tique occupe surtout le segment postéro-interne des faisceaux de

Goll; que l'étendue et le volume de la zone de dégénérescence

secondaire ne paraissent pas être absolument parallèles à l'im-

portance des symptômes cliniques de* déficit; qu'enfin c'est le mi-

croscope qui fournit la notion exacte de la perfection plus ou

moins complète de la dégénérescence. La dernière observation

' Voy. Congrès de Bade du 11 juin 1882. Archives de Neurologie, t. V,

p. 260.

1tB\'UIr Dls P.\1'lIOl.oGll : \EIL\'13USE. 331

(Obs. V) met en lumière le même ordre de lésions, mais celles-ci

dérivent d'unetumeurpériméningée, ayant, par compression gra-

duelle, déterminé l'atrophie et la solution de continuité totale de

la portion moyenne du renflement cervical. D'après les réflexions

terminales de l'auteur, les cordons de Goil, a la région cervicale, se

composeraient essentiellement de fibres nerveuses en connexion

avec les racines sensitives postérieures destinées aux extrémités

intérieures (faisceaux longs). A côté de cela, les cordons posté-

rieurs renfermeraient de courtes fibres qui s'arrêtent ailleurs

(cellules des cornes postérieures ? ); toutefois, l'importance physio-

logique et le lieu d'arrivée de ces tractus ne sauraient être fixés.

Il est non moins impossible, à l'aide de l'embryologie ou de la pa-

thologie, de tracer l'aire topographique définitive des cordons

de Coll. La dégénérescence descendante atteint, bien que fai-

hlement, les cordons latéraux et les faisceaux radiculaires des

cordons antéueurs. Elle semble épargner les départements les

plus internes des cordons latéraux et la substance blanche con-

ligué des cornes antérieures, ainsi que toute la couche latérale

limitrophe. La dégénérescence ascendante des cordons latéraux

dans le cervelet s'étend plus en avant que Dechsig ne l'avait fi-

guré.

Ces études inspirent à M. Schultze quelques aperçus sur l'ana-

primitive des fibres nerveuses, et pense que l'expansion de la dé-

générescence, dans l'espèce, démontie que l'altération atteintex-

clusivement les prolongements des racines postérieures, aussi bien

les longs que les courts tractus. Il y aurait donc identité d'allures

anatomiques entre le tabes et la dégénérescence secondaire qui

succède à la lésion de la queue du cheval. Si l'on considérait les

deux espèces de faisceaux comme deux systèmes défibres distincts,

on pourrait à l'épithète systématique qui caractérise le tabès,

ajouter celle de combinée; mais, auparavant, il faudrait prouver

qu'il existe une différence fonctionnelle entre les faisceaux longs

qui se rendent aux pédoncules cérébelleux inférieurs (clava) et

les faisceaux courts qui, dans leur trajet, sont situés parmi les

fibres radiculaires des cordons postérieurs. Il. K.

X\X. CovrwDUTtor1 a la dégénérescence combinée des cornis anté-

RIEURES ET DES COUDONS L1TF : It.\Ux DE LA MOELLE ; par 0. VIF : ItURDT.

(-Arch. f. Psych., llV, 2.)

- L'observationprésentéeapour caractères cliniques : un affai-

blissement croissant, suivi d'atrophie des muscles, des extrémités,

la conservation des réflexes tendineux, la réaction dégénérative

sans traces de contractures, des douleurs i,liiiiiiatoïdes, l'intégrité

de la vessie et du rectum, l'absence de phénomènes bulbaires.

332 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Mort par une affection respiratoire intercurrente. Durée six ans.

Les cornes antérieures grises offrent un degré d'altération très

avancé surtout dans les renflements de la moelle et notamment à

la région lombaire (prolifération très accusée de cellules araignées,

disparition absolue d'un certain nombre de cellules nerveuses).

Dégénérescence fort prononcée (nombreuses cellules granuleuses,

prolifération interstitielle modérée) du faisceau pyramidal des

cordons latéraux depuis la portion lombaire jusqu'à la décussa-

tion. Dégénérescence des nerfs moteurs et des muscles. L'auteur

fait remarquer que la dégénérescence du faisceau pyramidal ne

s'observe ni dans la moelle allongée, ni dans le pédoncule cérébral

et que la lésion des cornes antérieures est la plus âgée. Le plus,

l'atteinte du faisceau pyramidal avait déterminé une paralysie

flasque sans rigidité ni contractures. rapproche ce cas de la para-

lysiebulbaire amyotrophique de Leyden. P. K.

XXXI. DE la MORT SUBITE pendant la crise hystérique; par H. Mol-

lière. (Lyon médical, 1883, nos 43 et 44.)

Le sujet de l'observation est une femme de cinquante-neuf ans,

sans antécédents nerveux personnels. L'affection a débuté il y a

trois ans et neuf ans après la ménopause. Les crises consistent en

sensation classique de la boule hystérique, en éructations, cris,

agitation et perte de connaissance. Elles se bornent parfois à des

éructations très fétides. La pression sur l'ovaire gauche les pro-

voque ou les arrête.

Elle a de véritables syncopes après certaines attaques subies

sans aucune conscience. Celles-ci ne se renouveilent pas plus de

quatre fois durant chacun des trois jours qui précèdent la mort.

On trouva, après un troisième accès, la malade inanimée hors de

son lit.

La température n'a pas été prise au moment des attaques. En

dehors d'elles, on l'a trouvée normale.

Autopsie absolument négative.

Après avoir rappelé les opinions des auteurs sur cette terminai-

son exceptionnelle, après avoir discuté et réduit encore le nombre

des observations qui en sont rapportées, l'auteur n'admet comme

cause de la mort que l'asphyxie due au laryitgisme. Roseiithal y

joint l'hémorrhagie cérébrale et la syncope. Dans le cas présent,

la mort parait due plutôt à celle-ci. L'auteur note en effet cons-

tamment après les accès observés par lui, l'absence du pouls et

des bruits cardiaques et exceptionnellement l'arrêt simultané des

mouvements respiratoires.

Personne n'a assisté au dernier accès. Si l'absence de thermo-

melrie peut laisser des doutes sur la complète exactitude du dia-

REVUE DE PATHOLOGIE \( : It1'EUSK. 333

gnostic,lacontracture des membres supérieurs survenue après une.

attaque des plus grave est bien propre à le corroborer.

D. BERNARD.

XXXII. Tumeur de la MOELLE ALLO\GF : E;DI\BTP : sucré; par DE JOIGE.

(Arch. f. Psych. u. Nervenk., XIII, 3.)

Reçu à l'hôpital pour une phthisie pulmonaire chronique compli-

quée d'ascite et d'anasarque, le malade, homme de trente-sept ans,

présente, quelques semaines plus tard, les signes de diabète aux-

quels se joignent bientôt de la céphalalgie et des vertiges. Un beau

jour, perte de connaissance, suivie d'hémiplégie droite comprenant

le facial, avec disparition de la sensibilité; rotation de la tête à

gauche, mort dans le coma. La tumeur occupe le bord gauche de

la moelle allongée; elle commence immédiatement au-dessous des

olives et s'étend jusqu'au lieu d'émergence de la première paire

cervicale. La destruction n'a porté que sur le segment de la tête

de la corne postérieure situé entre le bord postérieur de l'olive et

l'origine de la première paire cervicale. 11 n'y a pas eu de pression

exercée sur le voisinage, si ce n'est quelque empiétement sur les

fibres longitudinales, un peu de compression du cordon cunéiforme

et du faisceau grêle. Pour l'auteur, le tubercule de la moelle allon-

gée a engendré le diabète non en agissant sur le centre physiolo-

gique habituel, mais en détruisant ou irritant les tractus qui de ce

centre gagnent le bulbe pour se rendre à la périphérie. P. K.

XXXIII.DES.1LTEE.\TIONSaRTIFICIELLES cadavériques ET pathologiques

DE la moelle épinière; par R. aCIIUL2.(1YC71TOl. CC72TCflGI. 1883.)

, Sur vingt cadavres d'individus ayant succombé à toute espèce de

maladies laissant la moelle indemne, l'auteur enlève l'organe en

question de une à quarante-quatre heures après la mort et traite

indistinctement toutes les pièces par la même série de manipula-

lions. Il constate alors que la formation de vacuoles dans les cellules

nerveuses ganglionnaires pourrait se produire par le seul fait des

artifices de la technique, qu'elle serait généralement une altéra-

tion artificielle; que la pigmentation des cellules nerveuses constitue

un état normal régulier; que l'hypertrophie (bouffissure hyaline

vitrée) du corps cellulaire avec épaississement de ses prolonge-

ments n'est ni un effet de l'âge ni le résultat d'altérations cada-

vériques, qu'elle est artificielle, du moins lorsqu'elle est légère ;

qu'il faut adopter la même manière de voir pour la sclérose (rape-

tissement, recoquillement, rétraction) faible des mêmes éléments ;

que la tuméfaction et l'hypertrophie des cylindraxes sont, non pas

artificielles, non pas cadavériques, mais bien pathologiques; qu'enfin

l' agglomération de cellules rondes autour et jztsytt'ri l'i7ztérieur du

131 i- REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

canal central est normale. - M. Sebulz ajoute que les variétés

d'aspect de la névroglie dans les cordons blancs de la moelle ré-

sultent des diversités dans la réussite des procédés de durcisse-

ment ; que les lamelles cartilagineuses que l'on rencontre parfois

sur la pie-mère spinale de moelles normales paraissent être un

effet de l'âge, et surtout.de la sénilité précoce. 11 termine par le

tableau des dimensions des diverses régions de la moelle et des

différents cordons dans les endroits où ils présentent le plus grand

diamètre. P. K.

ilAlV. ! \Î : 11111'E DU NEUF CUBITAL DANS SON RAPPORT AVEC LES CONTRAC-

7 UAES cordiformes des doigts ; par Eulenburg. (Neurol. Celatralbl.,

1883.)

Une dame, dont la mère est névropathe (asthme cardiaque et

céphalalgie), est, depuis deux ans, atteinte de rétraction bilaté-

rale en flexion des quatrième et cinquième doigts de la main. En

même temps elle accuse de violentes douleurs qui, parties de

cette légion, gagnent le coude et montent jusqu'à l'épaule. On

l'examine, et l'on trouve des deux côtés, une névrite du cubital

caractérisée surtout par une sensibilité extrême du nerf à la pal-

pation, et des douleurs spontanées sur tout son trajet; en même

temps existent des paralgésies et une diminution considérable de

tous les modes de sensations. La névrite est-elle la cause, est-

elle une complication accidentelle, est-elle la conséquence des

contractures (rétraction de l'aponévrose palmaire de Dupuytren) ? R

Labitatératité des troubles, leurs allures, leurs rapports topo-

graphiques permettent d'éliminer l'idée d'un hasard. L'idée d'une

névrite ascendante secondaire (inflammation de l'aponévrose pal-

maire) par contiguïté, ne plaît pas à l'auteur, parce que la névrite

manque dans les autres cas nombreux de ce genre, même lorsque

le processus est ancien, et qu'ici elle existe également du côté le

moins affecté (côté gauche). Deux circonstances cliniques plaide-

deraientau contraire en faveur de la formation, de parla névrite,

de tractus sous-cutanés conjonctifs rétractiles; telles la limitation

de la contracture aux deux derniers doigts (domaine du cubital)

et la symétrie des accidents. La névrite pourrait donc être tenue

pour la cause de tous les désordres, de même qu'en d'autres cas,

elle provoque des modifications multiples dans la nutrition des

tissus épidermiques, osseux, articulaires. P. K.

XXXV. Contribution A L'ÉTIOLOGIE de la tympanite abdominale DES

HYSTÉRIQUES, QUI AFFECTE UNE ÉVOLUTION AIGUË ; par EDSTEIN.

(11 eurol. CentrulGl., 4 883.)

Dans la tympanite aiguë de l'estomac et de l'intestin, il semble,

en certaines circonstances, nécessaire d'admettre que le sphincter

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 335

du pylore ne ferme pas suffisamment ou ne ferme pas du tout

l'orifice; il y a alors passage immédiat, dans le tube intestinal,

de l'air avalé ou de l'acide carbonique accidentellement produit à

l'intérieur de la cavité stomacale. - Tel est le thème à l'appui du-

quel viennent deux observations. La distension suraigué soudaine,

fut, dans l'espèce, si considérable que la guérison fut suivie de

rides dans le réseau sous-cutané de1\Ialpiâlii (verâetures).-Pour

vérifier le fonctionnement de l'orifice pylorique, quelque temps

après les accidents en question, on fit ingérer aux malades deux

doses successives d'acide acétique et de bicarbonate de soude ; on

vit alors, chez les deux individus, sous l'influence du dégagement

d'acide carbonique, se gonfler, non seulement l'estomac, mais en-

core le ventre ; par conséquent le pylore ne fermait pas complè-

tement. D'où la genèse de la distension par l'insuffisance de la

valvule pylorique. P. Keraval.

SUR le ralentissement de la conductibilité DES impressions

SENSIBLES DANS LES LÉSIONS DES NERFS PÉRIPHÉRIQUES; par Ÿ. I : IlI7.

- B. Note sur le même sujet; par VESTe71 : vL. (Nczs7'ol. Cenlralbl.,

1883.)

A. L'observation de M. Erb peut se résumer ainsi : deux mois

après la production d'une luxation de l'épaule droite parfaitement

et heureusement réduite, apparaissent des douleurs qui vont du

coude au creux de la main en même temps que des formications

sur la face dorsale de l'avant-bras. L'examen révèle : une para-

lysie atrophique avec réaction dégénérative complète du deltoide,

du domaine du musculo-cutané, des fléchisseurs de la main et des

doigts et de l'ensemble des petits muscles de la main; une dimi-

nution de la sensibilité à la face interne du bras et de l'avant-bras,

à la main, dans les doigts, sur les mêmes zones que la paralysie.

La douleur est en ces régions, au moins par places irrégulières,

très lentement perçue, mais l'impression, une fois sentie, persiste.

Quatre mois d'électrothérapie déterminèrent une amélioration

graduelle de la motilité et de la sensibilité. La sensibilité finale-

ment récupéra son intégrité avec ses qualités et ses allures com-

plètes. Par conséquent l'opinion d'après laquelle le ralentissement

de la conductibilité sensitive émane toujours d'altérations de la

substance grise de la moelle, cette opinion doit supporter cer-

taines restrictions ; elle ne convient pas à tous les faits.

B. M. Westphal avait observé ce phénomène il y a quatorze ans,

mais il ne l'avait pas publié. Depuis cette époque, il n'a jamais

rien rencontré de semblable. Il résume ce qu'il a vu en 1869 en

attendant qu'il publie le fait en détail '. P. K.

1 Nous l'analyserons à ce moment.

336 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

\IaVII. Ilrl'EU'raoeulE GLIOUA'rEUSE DE LA PROTUBÉRANCE ET DE LA MOELLE

allongée, par R. Schulz. (Alcui,nl. Centi-albl., 1883.)

L'observation concerne un homme de trente-deux ans, indemne

d'hérédité et de syphilis, présentant successivement delà céplialal-

gie, des vertiges, des parésies bilatérales dans le domaine des ocu-

lomoteurs externes, de la parésie faciale gauche, de l'affaiblissement

des muscles masticateurs, de l'anarthrie, de la parésie des extré-

mités gauches, tous accidents permettant le diagnostic de proces-

sus bulbaire progressif, mais ne donnant aucune indication sur la

nature de la lésion. La terminaison apoplectiforme faisait penser à

une hémorrhagie bulhaire finale. L'autopsie aidée du microscope

montra l'existence d'un néoplasme diffus occupant surtout la pro-

tubérance ; moins accusé dans la molle allongée, mais venant occu-

per la gauche, du bulbe et envahir la région des noyaux gris. Hyper-

plasie des cellules de la névroglie, à divers degrés de développement.

P. K.

XXXVIII. Contribution .1 LA question de la dégénérescence SLECON-

daire; par 0. Binswanger et C. Moeu. (Neurol. Ccntral6l., 1883.)

C'est un résumé d'expériences instituées chez le chien.

Dans tous les cas d'extirpation des zones motrices de l'écorce du

cerveau, la substance blanche fut trouvée lésée sur une étendue

variable (expansion de l'inflammation provoquée par l'opération).

On iencontra toujours, alors même que les pertes de substance

étaient très superficielles, très limitées, une dégénérescence secon-

daire qui occupait le pied du pédoncule cérébral, la protubérance, la

pyramide de la moelle allongée, et le cordon latéro-postérieur du

côté opposé; intégrité constante du cordon antérieur. La section

de la capsule interne, à partir de la branche descendante de la

deuxième circonvolution longitudinale, et à la hauteur de la

coupole de la première, entraîna presque toujours la mort. Les

animaux qui survécurent plusieurs semaines présentèrent de la

dégénérescence secondaire ; pas de paralysie complète ; quelques-

uns eurent des troubles de la sensibilité. La capsule interne cou-

tient donc les fibres centrifuges dont la lésion entraîne la dégéné-

rescence secondaire, et les fibres centripètes en rapport avec

certaines sphères de la sensibilité. La mort prématurée des vic-

times ne permet pas de mieux localiser. P. K.

XXXIX. A. Nouvelle communication sur l'atrophie des fibres nerveu-

SRBaMIÉLI\E D.1\S L'ECOIICE DU CERVEAU DES PARALYTIQUES GÉNÉRAUX ;

l7al' TUCZE6. - B. Note relative au dégagement représentatif DES

1 11111,S lEItILULS MYLUNE dans L'LCOUCL du CLIiIE.IU; par Tlxzek.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 337

C. Remarques concernant cette note ; par Mendel. D. Sur

LE DÉVELOPPEMENT DES FIBRES -,4ERVEUSLIS A MYILI.NE DANS LES CIRCON-

VOLUTIONS DU cerveau DE l'homme; par TuZEIC (Neurol. CCItEi'((ZÛI.,

1883).

Sept nouvelles autopsies ont fourni à M. Tuczek (A) les mêmes

résultats que dans les précédentes communications' àl'aide de la

même méthode d'examen. Cette atrophie appartient-elle exclusi-

vement à la paralysie générale ? La réponse appartient à l'avenir.

Pour le moment, il a actuellement neuf faits de démence paralytique

présentant cette lésion, qui se décomposenten quatre femmes, cinq

hommes âgés de trente-deux à cinquante-huit tans, ayant étéatteinte

des formes galopante, circulaire, hypochondriaque, démente de la

maladie. Quelles que fussent la brièveté et la modalité de l'évolution,

le gyrus rectus, l'insula et la circonvolution de Broca étaient tou-

jours affectés et toujours, dans ces trois zones, la raréfaction des

fibres nerveuses à myéline était des plus nettes. Intégrité constante

de la frontale ascendante, du lobule paracentral, de la seconde

temporale, du lobule pariétal supérieur, du lobule pariétal infé-

rieur, du lobe occipital. L'extension et l'intensité des lésions si-

gnalées ne sont pas en rapport avec la leptoméuingite. En tout

cas, la méthode d'Ewer l'emporte pour la mise au point des élé-

ments sur celle de Weigert 2. La méthode de Weigert ne fait res-

sortir que les fibres nerveuses du plus fort calibre, elle est inégale

et ne fournit aucune notion sur la partie constitutive des éléments.

Celle d'Exner, au contraire (Tuczek, B.), révèle les fibres de tous

calibres et prouve leur revêtement médullaire. Quand la méthode

de Weigert produit l'apparition des fibres, c'est que celles-ci sont

réduites à leurs cylindra\es. Cette technique à l'acide osmique

n'est pas du goût de M. Mendel (C.). Il annonce qu'il a perfectionné

la méthode de Weigert. Au lieu d'employer une solution aqueuse,

il se sert d'une solution alcoolique de fuschine acide; il se con-

tente ensuite de plonger la préparation dans une solution alcoo-

lique de potasse sans l'y laisser (deuxième temps). Les éléments,

colorés en rouge, se voient déjà à la loupe. Or, ce traitement ap-

pliqué aux cerveaux de paralytiques généraux ne traduit aucune

différence d'avec l'état normal; quant aux fibres myéliniques c'est

la substance intercellulaire épaissie qui masque un peu les détails.

Les préparations de M. Tuczek montrent bien une différence entre

le nombre des petites raies noires (fibres) du cerveaude paralytiques

généraux et celui des mêmes éléments tangentiels d'un cerveau nor-

mal, mais il doit y avoir une cause d'eireur (décomposition par

exemple). Pour admettre que cette atrophie est la lésion primitive

Voy. drcltives de Neurologie, t. VII, p. 365 et VIII, p. 90.

Voy. id., t. VII, p. 365.

Archives, t. VIII. 22

338 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

et que les autres altérations lui succèdent, il faudrait faire table

rase des contradictions de M. Tuczek (intégrité des fibres à myéline

dans les circonvolutions ascendantes et cependant troubles moteurs

précoces des paralytiques généraux en relation avec des lésions

d'un autre ordre en ces organes).-Le dernier mémoire (D) n'a d'ail-

leurs plus trait à la paralysie générale. M. Tuczek a eu l'idée de

soumettre à la méthode d'Exner les circonvolutions cérébrales de

deux nouveau-nés à terme, d'un nouveau-né avant terme, d'un en-

fant venu à terme et âgé d'un mois à peu près, poursuivre, dans

l'échelle du développement, la genèse des fibres. arrive aux con-

clusions suivantes :

1° Dans toutes les circonvolutions cérébrales, c'est d'abord à la

lisière de la substance blanche qu'apparaissent les fibres nerveuses

à myéline, puis elles se montrent dans l'écorce. Leur développe-

ment marche, sans désemparer, du centre de la périphérie ;

2° La lisière de substance blanche de l'écorce du lobule paracen-

tral et des deux ascendants est la région où ces fibres se constatent

d'abord (avant même que le neuvième mois intra-utérin soit

écoulé). Puis l'apparition s'en fait dans le lobe occipital et dans

certaines portions de l'insula. Aucune autre zone que celles qui

viennent d'être citées ne contient, chez le nouveau-né, de fibres

myéliniques ;

3° Ultérieurement les fibres myéliniques se développent à peu

près d'un pas égal dans les deux hémisphères;

4° Chez un enfant de vingt-sept jours, en dehors du lobule para-

central, en dehors des circonvolutions ascendantes, en dehors du

lobe occipital, il n'y a pas d'autres zones du manteau dont la subs-

tance grise contienne des fibres nerveuses à myéline. Et encore les

circonvolutions précédemment nommées ne renferment-elles de

fibres nerveuses à myéline que dans le tiers inférieur de l'écorce.

Le système des fibres tangentielles supérieures manque encore com-

plètement;

on C'est à une période plus tardive que se forment les fibres

nerveuses à myéline dans le lobe frontal, qu'il s'agisse des circon-

volutions de la convexité ou de celles de la base. Chez un enfant

de vingt-sept jours, le gyrus rectus, la partie orbitaire du lobe

frontal, la deuxième circonvolution frontale ne contiennent encore,

dans la lisière de substance blanche, aucune fibre nerveuse à myé-

line. P. K.

XL.ASPHYxIE parles vapeurs DE charbon. Suppression DE l'excita-

bilité des NERFS phréniques; par E3111NGIL1U8. (N8211'OL. Centralbl.,

1883.)

L'accident a trait à trois femmes. Les deux premières reprirent

assez facilement connaissance. L'autre, personne vigoureuse, à

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 339

laquelle un des assistants avait assez longtemps tenu la bouche et

le nez fermés, espérant ainsi combattre la syncope, présentait,

outre la perte de connaissance, une complète rigidité avec raideur

de la nuque et violent trismus. ainsi que tous les phénomènes de

l'asphyxie par l'oxyde de carbone. Immobilité du thorax en station

d'inspiration modérée; pouls perceptible, très fréquent, incomp-

table. C'est en vain, en s'entourant des meilleures conditions pos-

sibles (humidification de la peau du cou et des électrodes) que l'on

applique le courant secondaire d'un appareil d'induction dans

toute sa force (appar. de Spamer), aux lieux d'élection correspon-

dants aux phréniques, c'est en vain qu'on tient fixement les pôles

appliqués sur ces endroits, qu'on alterne la fermeture et l'ouver-

ture du circuit suivant un rhytbme déterminé ; il faut attendre la

septième interruption du courant pour voir apparaitre une faible

inspiration qui, peu à peu, acquiert de l'amplitude et finit par

s'accompagner de mouvements d'élévation des bras et de l'épaule,

(action sur le plexus brachial); au bout de dix minutes, la respira-

tion s'exécute spontanément. On traîne la malade à l'air libre; un

quart d'heure après, elle éprouve un violent frisson qui nécessite

son retour dans la pièce. Elle tombe de nouveau en syncope; les

mêmes accidents exigent le même traitement, qui révèle la même

inexcitabilité des phréniques, la même lenteur dans les effets du

courant d'induction. La malade, ramenée à l'air, se plaint d'un

nouveau frisson qui exige sa réintroduction dans la chambre;

suspension de la respiration ; troisième faradisation aussi lente-

ment fructueuse, mais cette fois à jamais efficace. P. K.

XLI. Apoplexie DULü.111tE résultant DE coups dans la région DE la

NuQuL,, par R. ScuoLZ. (Neurol. Centrccl6l., 1883.)

Les symptômes déterminés par les mauvais traitements de la

part d'un maître d'école furent les suivants : troubles paralytiques

delà parole, céphalalgie, état nauséeux, bientôt suivi de parés le

des branches inférieures du facial droit. Quatorze jours plus tard,

parésie des extrémités droites se transformant rapidement en

paralysie complète avec contracture dans le sens de l'extension.

Dix semaines après, affaiblissement des extrémités gauches avec

convulsions toniques par périodes; augmentation très prononcée

des réflexes tendineux; tension musculaire forte; intégrité de la

sensibilité et du sens musculaire; affaiblissement de la contracti-

lité vésicale; parésie légère de l'appareil musculaire du voile du

palais à droite. Sensibilité extrême de la colonne vertébrale à la

nuque. Au bout de quatre à huit semaines, troubles de la dégluti-

tion; hypersécrétion salivaire; amélioration de la parésie du facial

droit, tandis que le facial inférieur gauche devient parétique.

Trois semaines encore, et les muscles masticateurs se paralysent

340 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

passagèrement; enfin, un mois plus loin, l'on assiste à une blé-

pharoptose de la paupière supérieure droite : accélération de

l'activité cardiaque, sans élévation de température. La soudai-

neté des accidents, leur nature, leur coïncidence avec les violences

exercées permettent de formuler le diagnostic d'épanchement

sanguin, consécutif au traumatisme, s'étant effectuée dans les

méninges au niveau du quatrième ventricule de façon à embrasser

la moelle allongée surtout en avant et à gauche. L'auteur fait

remarquer qu'il s'agit d'un enfant prédisposé, car il porte un

coloboma de l'oeil droit. P. K.

XLII. Recherches SUR l'action des bains faradiques ET galvaniques;

par Eulenburg. (Neurol. C(; ? t< ? 'a6 ? 1883.)

Il s'agit d'une sorte d'extrait précédant une publication ultérieure

plus détaillée Cet extrait préalable se décompose en cinq parties :

- I. Les grenouilles, plongées dans un' bain faradique (eau ou

solution de chlorure de sodium à 4/2 ? ), en des conditions facile-

ment mensurables, qui seront l'objet d'une mention postérieure,

sont prises de convulsions tétaniques coïncidant avec le courant

d'ouverture ; ces convulsions prédominent ou se manifestent ex-

clusivement sur l'extrémité ou la moitié du corps qui correspond à

l'électrode négative. 11 en est à peu près de même pour les bains

galvaniques, si ce n'est qu'ici c'est la fermeture du courant qui

entre surtout en jeu. Le bain galvanique entraîne d'abord un

court stade d'hyperexcitabilité motrice, qui d'ailleurs peut aussi

manquer absolument, suivi d'affaissement progressif et continu de

l'excitabilité motrice. Cette décroissance de l'excitabilité motrice

doit être tenue pour l'effet du bain galvanique seul. 11. 11 est

impossible d'exercer sur chacune des parties du corps (lapins ou

cadavres humains), une dérivation de tramées de courants mettsu-

rables ou de mesurer (homme vivant) aucun des cercles de dériva-

tion éventuellement produits. 111. Action physiologique sur

l'homme vivant des bains galvaniques et faradiques. Une électrode

de forme appropriée, reliée à l'un des pôles de l'appareil d'induc-

tion ou de la batterie plonge dans le liquide du bain; l'autre

(bâtonnet métallique revêtu d'un conducteur humide) est saisie

par le baigneur en dehors du bain ou est mise en contact avec

l'une des parties du corps qui se trouve en dehors de l'eau. On

utilise toute espèce de baignoire conductrice, à la condition que

le patient soit isolé dans le liquide sur un lit de sangles. Dans ces

conditions, on constate que la combinaison des bains faradiques

et galvaniques ne présente pas de notables avantages. Le bain fa-

radique (IV) détermine, à la surface de la peau, des sensations de

picotements, démangeaisons, élancements, brûlures, surtout au

voisinage de la cathode, qui permettent de graduer la force du

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 3H

courant : une diminution de la fréquence du pouls (de S à 12 bat-

tements), absolument en rapport avecl'électrisation; une diminu-

tion variable de la sensibilité farado-cutanée, indépendante, elle

aussi, et de la température du bain et de la résistance de la con-

ductibilité de la peau. Le bain galvanique (V) comprend deux

espèces : le bain de cathode (c'est lacatbodequiplongedansl'eau),

et le bain d'anode (c'est l'anode qui estimmergée). Tous deux en-

traînent, à six milliweb.,les mêmes sensations que suprci, quelles

que soient les modalités du circuit, sans sélection réglée pour l'é-

lectrode ; le pouls diminue de 10, 14, 20 battements; la respiration

est moins fréquente ou ne subit pas de modification; la tempéra-

ture axillaire s'abaisse de 0,2 à 0,o de C. La sensibilité farado-

cutanée s'amoindrit par lesbainsde cathode, s'élève dans les bains

d'anode, sans qu'on soit en droit de formuler de lois. Le sens du

tact (espace, pression), prend un peu plus d'acuité dans les deux

modes d'intervention. On obtient des sensations gustatives et vi-

suelles à l'aide de très faibles courants (un à trois milliweb.),

à la condition d'administrer un bain de cathode et de procéder

en approchant l'anode de la tête, au gonflement et au dégon-

flement des courants. La même manoeuvre engendre des convul-

sions, d'abord à la fermeture, plus tard également à l'ouverture,

et même le circuit demeurant fermé; elles apparaissent dans le

bain de cathode sur les pieds, l'avant-bras, les coudes; elles occu-

pent dans le bain d'anode les parties placées en dehors de l'eau,

au voisinage de la cathode. Notons finalement la diminution de

l'excitabilité motrice. P. K.

XLI11. Papille étranglée bilatérale avec périnévrite dvns l'héma- *

tome DE la dure-mère; par ZACHER. (Neu1·ol. Cent1·lllGl., 1883.)

Tout l'intérêt de l'observation en question, qui concerne un

homme de cinduante-cinq ans,rit, au point de vue clinique, dans

la mobilité et le vague des accidents symptomatiques.C'estau der-

nier jour de la maladie, alors que le patient est plongé dans un

protondcoma, accompagnéde vomissements, depâleur cyanotique,

d'inégalité et d'immobilité pupillaire, de flaccidité des quatre ex-

trémités, de lenteur du pouls, d'inspirations saccadées, qu'on cons-

tate une papille étran,-Iée bilatérale plus prononcée àgauche. L'au-

topsie révèle un hématome excessif, une périnévrite bilatérale avec

début de névrite interstitielle, et une papille étranglée. L'auteur

après discussion, adopte la pathogénie suivante. Sous l'influence,

de par l'hématome, de l'augmentation de la pression cérébrale,

les gaines des nerfs optiques se remplissent de liquide; celui-ci

jouant le rôle d'irritant, enflamme les parois vaginales, de sorte

que, tandis que son reflux suffit pour produire la papille étran-

glée, son séjour provoque des altérations perinôvritiques. P. K.

312 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XHV. Sur la sommation DES excitations dans LES NERFS sensitifs DE

l'homme; par de Watteville. (JVe : f)'0. CcntrvlLl., 1883.)

On dit qu'ily a sommation d'excitations d'un tronc nerveux quand

ces excitations, trop faib)espare))es-m6me6 pour entraîner une réac-

tion consciente, finissent cependant par solliciter l'activité du nerf

et parvenir à la connaissance de l'individu exploré, alors qu'on en

augmente la fréquence. On a la démonstration de cette addition,

en employant des décharges d'induction, dont la succession peut

varier entre vingt-trois et cinquante au plus à la seconde. Le nou-

vel interrupteur de Gaaffe se plie à ce genre d'expériences, seule-

ment il faut remarquer qu'à mesure qu'on augmenteles interrup-

tions, on diminue les chances de parfaite interruption, et par

conséquent on affaiblit les décharges. Quoi qu'il en soit, le résul-

tat d'une grande quantité d'expériences est que l'effet des excita-

tions qui s'exercent le long du trajet d'un nerf sensitif croit (dans

l'espace de certaines limites) avec leur fréquence. La sommation

des excitations sur le tronc nerveux s'opère plus facilement, quand

le segment du nerf incité estexposéà la cathode,qui enaugmente

l'excitabilité au lieu d'application. Cette hyperexcitabilité locale

jouerait un grand rôle dans les manifestations de la sommation.

M. de Watteville pense que la sommation dans les fibres serait la

résultante de contre-coups (actions ultérieures) des excitations

électriques, tandis que la sommation dans les cellules dériverait

de contre-coups (actions ultérieures)desexcitationspbysioloiques.

P. K.

XLV. Sur DES modifications DE la réaction dégénérative par-

TIELLLE ET sur L'OCCURRENCE DE H paralysie spinale atrophique

CHRONIQUE CHEZ l'enfant; par ERB. (IYeUI-01. Ce7tlz'(Llbl., 4883.)

Ces modifications sont à rapprocher de la réaction dégénéra-

tive faradique de E. Remak déjà traitée par Kast1. Elles consis-

tent en ce que le muscle se contracte paresseusement non pas

seulement quand on l'excite directement par les courants

galvaniques, mais encore quand on l'excite directement par les

courants faradiques. Même remarque pour l'excitation du nerf

qui l'anime, de quelque façon qu'on modifie le courant, à quelque

allure qu'on le condamne, de quelque sorte et de quelque variété

qu'il Boit. Parmi les trois observations qui servent de base à cette

détermination, la première concerne une poliomyélite antérieure

CHRONIQUE CHEZ UNE FILLETTE DE six ANS (fait unique); la seconde a

trait à une paralysie rhumatismale (ou par compression ? ) du

Voy. Archives de Nemologie, t. VIII, p. S2.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 343

radial gauche; la troisième porte sur une paralysie faciale rhuma-

tismale à forme moyenne. Dans tous ces cas, la convulsion est

lente et tonique ; il en est de même lorsqu'on emploie les excita-

tions mécaniques. En outre, pour les nerfs, seules sont KaS et AnO

actives ; pour les muscles, KaS et AnS agissent seules'.Ces modalités

électro-physiologiques se rattachent pour l'auteur à une question

de degré dans les altérations histologiques et chimiques principa-

ment du muscle, sans qu'il soit possible de préciser davantage.

P. K.

RLV Contribution A la GALVANOFARkDISkTIOi ; par Stein.

(Neurol. Centrwlbl., 1883.)

Nous sommes ici en présence de l'utilisation pratique du procédé

de de Watteville 2. M. Stein l'a employé dans l'affaiblissement

musculaire généralisé des neurasthéniques. Il a obtenu une guéri-

son bien plus rapide qu'en se servant de courants faradiques

simples. Un appareil spécial en permet l'application commune.

C'est une électrode ordinaire qui recèle dans son manche deux

fils isolés; l'un de ces fils correspond à l'un des pôles de la batterie

galvanique ; l'autre est en relation avec l'un des pôles du cylindre

secondaire de l'appareil d'induction. Chaque fil aboutit à un

petit tambour qui surmonte la plaque terminale de l'électrode. Un

petit bouton permet par simple pression, d'ouvrir, de fermer

chaque circuit, de faire passer les deux sortesde courants ensemble

ou isolément, d'agir sur chaque pôle. En insérant sur les pas de

vis de l'électrode, selon des dispositions prévues d'avance, les fils

des pôles + et ou en se servant d'un commutateur, on peut

encore donner aux deux espèces de courants des directions iden-

tiques ou inverses. Au reste, les courants galvanique et faradique

arrivent séparés à la surface du corps et l'on tient, sans plus de

façons, une électrode double de chaque main. P. K.

XLVII. Un cas d'hémianopsie hétéronyme latérale ; par GNAUCK.

(Nezvrol. Ceiiti-albl., 4883.)

C'est l'observation détaillée du malade présenté à la Société de

psychiatrie et maladies nerveuses de Berlin (décembre 1882) Nous

rappelons que l'hémianopsie bilatérale avait débuté par la moitié

externe de chaque rétine, pour empiéter des deux côtés sur la

moitié interne médiane. En dix semaines, on constatait une atro-

1 Voy. poar l'explication des signes allemands la leçon de M. Charcot

Maladies du système nerveux, t. 111, fascia. i, p. 135, et comparative-

ment Archives de Neurologie, t. I, p. 575.

2 Voy. Archives de Neurologie, t. VIII, p. 99.

3t4 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

phie bilatérale du nerf optique. Puis survenaient des phénomènes

de compression cérébrale; mais, en somme, après une amélioration

notable, il restait finalement une lacune hémianopsique tempo-

rale avec perturbation considérable du sens des couleurs, sur l'ceil

gauche. Diagnostic. Tumeur (de la base ? ) occupant l'angle

antérieur du chiasma, ou le milieu de cet angle, compliquée à cer-

tains moments d'inflammation circonvoisine. L'autopsie n'a encore

pu être faite. P. K.

XLVIII. L'action DE LA fève DE C.1L.1B1R SUR LES organes digestifs;

par ESCIILE. (ileurol. Centra ? 1883.)

L'idée d'employer l'ésérinc en injections hypodermiques contre

l'entérite catarrhale prend sa source dans plusieurs observations

qui témoignèrent à la suite de l'action calmante de cet alcaloide,

l'une, épreinlesviolentes et d'évacuations séreuses (vingt-cinq mil-

ligr.),lesautres,de constipation(un à quinze disparu-

tion des accidents intestinaux quand ils existaient préalablement.

Trois exemples viennent à l'appui des effets thérapeutiques spécia-

lement poursuivis dans l'espèce. Signalons le cas 111. Un syphili-

tique atteint de dyssenterie chronique du Cap (vingt-quatre selles

sanglantes par jour) reçoit une première injection d'un milli-

gramme ; il n'a plus que douze évacuations de même nature. Le

lendemain, on injecte un milligramme et demi; consécutivement,

cinq garde-robes pâteuses rayées de sang. Le lendemain, pas d'in-

jections : quatre garde-robes sanglantes. On injecte encore

quatre milligrammes et demi, et l'on ne note plus que trois garde-

robes dépourvues de sang. P. K.

XLIX. SUR la PERTE DE force DES membres non paralysés dans L'HÉ-

MIPLÉGIE cérébrale; par R. Friedlcender. (JVCM-0<. Centralbl.,

1883.) .

Ce mémoire repose sur l'examen de vingt-trois hémiplégiques,

à l'aide du dynamomètre de Duchenne (de Boulogne) en modifiant

le dispositif adopté par Pitres ; la modification en est assez lieu-

reuse malgré l'interposition de poulies.- I. L'étude préalable de

sujets normaux quoique cacochymes révèle les valeurs moyennes

déjà enregistrées par Pitres ; comme lui, M. Friedloender trouve

que le bras droit est plus fort que le bras gauche, tandis que la

jambe gauche est plus forte que la jambe droite. II. Quant à

l'hémiplégie, voici les conclusions : 1° l'extrémité supérieure non

paralysée perd en moyenne 18 8 kiL de sa force ; 2° dans l'hémiplé-

gie cérébrale droite, le bras indemne perd plus de sa force que

dans l'hémiplégie gauche ; la différence moyenne est de 12 kil. ;

3° l'extrémité inférieure valide perd une quantité de force pro-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 3 15

portionnelle à la perte en force du bras correspondant, c'est-à-

dire à peu près 16 hil. pour la flexion comme pour l'extension ;

4" dans l'hémiplégie droite, la jambe intacte perd plus de sa

force que dans l'hémiplégie gauche; la différence est de 3 Izil.;

51 dans un certain nombre de cas, les extrémités paralysées, notam-

ment les jambes, sont capables de déployer plus de force que

celles qui ne sont pas paralysées, c'est-à-dire que des extrémités

quijadis étaient paralysées sontcapables de produire plus de force

et d'opposer plus de résistance que celles qui n'ont pas été

atteintes par la paralysie; 6° même dans les hémiplégies très an-

ciennes (datant de vingt à trente ans), il existe une évidente fai-

blesse des extrémités non paralysées; cette faiblesse, règle géné-

rale, n'est ni plus grande ni moindre que celle des cas récents.

P. K.

L. UN cas d'atrophie FACHLH iiémilvtérale ; par E. Mendel.

(Neurol. CentrIl6l., 1883.)

Cette observation, qui concerne une jeune fille de vingt-trois ans,

ayant, sans cause héréditaire ounévropathique présenté delà

folie systématique chronique1, de concertavecunehémiatrophie fa-

ciale etlin-uale gauche, est en outre remarquable par ce fait que

le bras et la jambe, et en particulier le pied et la main, du même

côté participaient aux altérations. Cette extension de l'atrophie

indique dans l'espèce une lésion centrale portant sur certains

centres trophiques. Jusqu'ici l'autopsie manque. P. K.

LI. SUR une convulsion réflexe saltatoire; par A. K,ST. (lVC2l7·Jl.

Centrnl6l., 4883.)

Un journalier de trente-neuf ans, indemne de tare héréditaire,

mais rhumatisant, est à la suite de fatigue, atteint brusquement

d'accès caractérisés par le soulèvement convulsif des talons dès

que la plante du pied touche le sol; le patient est alors en proie

à un trépignement convulsif incoercible rendant la station debout t

impossible : il accuse également des élancements dans les deux

jambes. Les deux premières attaques durent un mois, la troisième

huit jours, la quatlième dix jours, la cinquième également dix

jours. L'examen décèle pendant cet état l'intégrité absolue de

tous les modes delà motilité, l'intégrité de la sensibilité et de

l'excitabilité électl ique ; l'exagération des réflexes tendineux dans

les membres atteints et dans les extrémités supérieures, une légère

rigidité des musclesde la jambe, un peu d'augmentation des ré-

1 Voy. Archives de Neurologie. Société de psychiatrie et maladies ner-

veuses ueBer[iii, avril 1883, t. Viii, p. 251.

3t6 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

llexes cutanés, un réflexe crémastérien très accusé. Un traitement

tonique, réparateur, détermine la guérison ; elle s'annonce parla

disparition des réflexes tendineux. P. K.

l11. Sur les altérations DE texture DES centres nerveux produites

par l'inanition; par Rosenbvch. (JVe ! < ! '0/. CentrulLl., 1883.)

L'auteur communique, sous ce titre, les résultats principaux de

recherches instituées chez les chiens et les lapins. D'une manière

générale, on constate une atrophie dégénérative des cellules ner-

veuses, de la névroglie et des vaisseaux, les fibres nerveuses et les

parties constitutives du tissu conjonctif conservant leur intégrité.

En ce qui a trait à la moelle, ce sont les cellules des cornes an-

térieures qui souffrent le plus. On distingue trois stades : un pre-

mier stade de tuméfaction trouble du protoplasme, qui masque

le noyau, est suivi de rétraction du contenu cellulaire; pendant

cette période, le noyau devient fortement réfringent, tandis que

le corps de la cellule se creuse de vacuoles et perd toute con-

nexion avec ses prolongements qui s'atrophient. Plus tard, le

noyau n'a plus de limites tranchées, et disparait totalement, les

cellules sont réduites à de petits grumeaux amorphes en partie

soluble, dans l'éther. Dès la seconde période, le carmin ne teint

que difficilement le protoplasme.-Le même processus atteint

les cellules ganglionnaires de l'écorce du cerveau, et les cellules

cérébelleuses de Purkinje, mais l'altération arrive rarement aux

phases ultimes. C'est sur les cellules nerveuses des ganglions spi-

naux du grand sympathique que l'on constate les lésions les plus

accentuées du même genre. Partout les vaisseaux gorgés d'hé-

maties et de leucocytes présentent des espaces périvasculaires di-

latés. Souvent (moelle épinière) il y a eu diapédèse. On trouve

aussi des masses d'un exsudat plasmatique, hyaloide, se colorant

fortement par le carmin, qui ont comprimé et détruit autour

d'elles le tissu voisin. La paroi même du vaisseau offre une dégé-

nérescence graisseuse des cellules endothéiiaies.Lanévrogtie

est le siège d'une tuméfaction trouble dans les régions que nous

venons d'envisager, mais sans altération de texture de ses cel-

lules. P. K.

LUI. CONTRIRUTION AU TRAITEMENT ÉLECTRIQUE DE LA CONVULSION DES

MUSCLES DE LA FACE QUI SERVENT A LA MIMIQUE; par 0. BERGER.

(Neurol. Centlul6l. 1883.)

A la suite d'une blessure dans la région de la joue, ayant ouvert

l'artère sous-orbitaire, blessure guérie en huit jours sans fièvre,

apparaît un spasme convulsif de l'orbiculaire, du surcilier, du

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 317

frontal, du même côté. Ce spasme dure sans interruption pen-

dant des heures, devient de jour en jour plus intense et envahit

les muscles homonymes du côté opposé. Aucun traitement ne

réussit d'abord. L'examen ne révèle pas de troubles de la motilité

de la sensibilité, de l'excitabilité électrique. La cicatrice est mo-

bile et non douloureuse, on peut la manipuler sans provoquer de

perturbations, à moins qu'on ne comprime profondément le nerf

sous-orbitaire gauche ; cette compression arrête une demi-minute

la convulsion, mais celle-ci reparaît, diminuée il est vrai, bien

qu'on continue la pression. La même manoeuvre pratiquée sur le

sus-orbitaire gauche n'a que peu d'action, elle n'exerce aucune

influence quand elle porte sur les nerfs sus et sous-orbitaire du

côte droit. M. Berger reprend l'éleclrisation galvanique; en

appliquant l'anode en permanence sur le nerf infrà-orbitaire

gauche et en plaçant la cathode dans la main, il n'obtient que des

résultats partiels insuffisants. 11 installe alors l'anodeau-dessous de

la protubérance occipitale et fait tenir la cathode à la main, les

convulsions disparaissent; elles n'ont plus reparu depuis neuf

mois. P. K.

LIV. Remarques sur certaines formes DE l'atrophie névrotique

(dite névrite dégénérative multiple); par W. Erbé. (Neurol. Cen-

lralbl. 1883.)

C'est la rédaction plus développée de la communication de

l'auteur à la section de psychiatrie et de neurologie du Congrès

des naturalistes de Fribourg qu'on peut résumer par l'expression

de revue critique. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XXXIV. DE la sclérose miliaire ; par PLAXTO-4. (Journal of

mental Science, avril 1883, p. 27.)

La sclérose miliaire se produit-elle pendant lavie ? N'est-elle au

contraire qu'une altération consécutive à la mort ? L'auteur

1 Voy. Archives de Neurologie, t. VI, p. 280.

3t8 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

penche pour cette dernière opinion, par deux raisons : ln cette

lésion n'a que très rarement fait défaut dans les cerveaux qu'il a

examinés depuis qu'il dirige l'asile de Ceylan; 3" personne

ne s'est risqué à établir un lien entre cette lésion et des phéno-

mènes observés sur le vivant. Toutefois, il n'y avait là que des

présomptions; M. Plaxton résolut d'instituer quelques recherches

dont voici le résultat : ayant dans son laboratoire vingt-deux

fragments de cerveaux conservés depuis un temps plus ou moins

long, il résolut de les examiner au point de vue de la recherche de la

sclérose miliaire; ces fragments se décomposaient ainsi : vingt pro-

venaient de cerveaux d'aliénés morts à l'asile, un provenait d'un

cerveau supposé normal, et un d'un cerveau de chauve-souris.

Dans vingt-un fragments (y compris le cerveau de chauve-souris),

il trouva de la sclérose miliaire; dans un seul fragment, il n'en

rencontra pas. Or, M. Piaxton a l'habitude d'emporter à la salle

d'autopsie un flacon rempli d'alcool, pour y plonger de suite le

fragment de cerveau qu'il désire conserver; ayant un jour dérogé

à cette habitude, il eut soin de noter par écrit cette dérogation ; il

se trouva que le cerveau où il n'avait pu trouver de sclérose mi-

liaire était pi écisément celui qui avait été l'objet de cette exception.

Se demandant si la production de la sclérose miliaire n'était

point causée ou tout au moins influencée par l'action de l'alcool,

il s'efforça de vérifier ce point. Sur quatre cerveaux d'aliénés, il

préleva huit fragments (deux sur chaque cerveau); des deux frag-

ments de chaque cerveau, l'un fut placé immédiatement dans une

solution de bichromate de potasse, l'autre dans l'alcool ; puis les

divers fragments furent examinés; la sclérose miliaire fut trouvée

dans trois des fragments traités par l'alcool; elle manquait dans

le quatrième; elle ne fut trouvée dans aucun des fragments

traités par le bichromate de potasse. Enfin deux autres cer-

veaux qui avaient été plongés dans l'alcool furent examinés ; tous

deux offraient les lésions de la sclérose. En résumé, dans les

cas où l'alcool avait été employé, la sclérose miliaire n'a pas été

constatée une seule fois; dans le cas où l'alcool avait été employé, »

la sclérose miliaire a été trouvée vingt-six fois; elle a manqué

une fois. Sans suivre railleur dans les quelques considérations

ultérieures auxquelles il se livre, notamment sur l'action de la

température, nous reproduirons simplement ses conclusions :

Il l'observation clinique ne nous fournit que peu ou point de

raisons de supposer que les altérations propres à la sclérose

miliaire soient le fait d'un maladie; 2" l'examen microscopique

du tissu cérébral, l'observation des effets de l'alcool nous donnent

la certitude que cet agent peut donner lieu à des altérations

trompeuses; 3° enfin l'auteur est disposé à aller plus loin en-

core, et à penser qu'il y a de fortes raisons pour mettre en

doute la réalité de la sclérose miliaire pendant la vie, et pour la

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3)9

considérer comme le résultat d'une altération consécutive à la

mort, quel que soit d'ailleurs le mécanisme suivant lequel cette

altération prend naissance. R. AI. C.

XXXV. DE l'influence DE la grandeur DES asiles ET DE QUELQUES au-

TRES CIRCONSTANCES SUR LA PROPORTION DES GUEUISONS ET DES DÉCÈS

par T.-A. Cu pm (Joui-ii(il of mental Science, avril 4 883, p. 4.)

Travail intéressant de statistique, renfermant de nombreux

tableaux, propres à éclairer les diverses faces de la question. Les

principales conclusions qui résultent de cette étude peuvent être

sommairement résumées de la façon suivante : En ce qui touche

les guérisons : autrefois, lorsque les grands asiles n'étaient, en

Angleterre, ni aussi nombreux, ni aussi gigantesques, le chiffre pro-

portionnel des guérisons était très faible; depuis cinq ou six ans,

ce chiffre s'est notablement relevé, et ce sont eux qui fournissent

les proportions les plus favorables; mais il y a lieu de faire à cet

égard une très importante réserve : en effet, ces grands asiles ap-

partiennent à des districts étendus et populeux et dans lesquels

existent des modes divers d'hospitalisation des aliénés; c'est ainsi

que les cas les plus favorables, les plus guérissables sont choisis

pour être internés à l'asile, tandis que les cas défavorables (chroni-

ques) sont dirigés sur les « workhouses ».

En ce qui touche les décès : l'élément qui paraît influer le plus

sur le taux de la mortalité des asiles, c'est le rapport entre les ad-

missions et la moyenne des malades résidant à l'asile.

On peut ajouter : 1° qu'un accroissement rapide dans la propor-

tion totale des aliénés d'un district internés dans un asile, ou ce

qui revient à peu près au même, l'admission dans cet asile de cas

chroniques, antérieurement traités soitauKWorkhouse », soit à do-

micile, aboutit à une faible proportion de guérisons; cet accroisse-

ment n'influe pas, d'une façon bien nette, sur la proportion des

décès, bien que probablement il le réduise un peu; 2° que si

une grande partie des aliénés d'un district reçoit l'hospitalisa-

tion au aworkhouso », il en résulte que les aliénés internés à

l'asile sont choisis parmi les plus curables et que le taux des

guérisons à l'asile s'élève; 3° enfin, que le taux de la mortalité,

tend à suivre les fluctuations du taux des guérisons. 11. M. C.

XXXVI. Le MARIAGE CHEZ LES SUJETS NEUMT)QUES" ;par G.-11. S,Y-GE.

(Journal of incittttl Science, avril 1883, p. 49.)

L'auteur définit d'abord ce qu'il entend par sujets neurotiques,

(neurolie suGjccts); les personnes qu'il désigne sous ce nom sont

330 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

les sujets qui ont été atteints d'aliénation mentale, d'épilepsie ou

de grande hystérie, ainsi que leurs proches parents consanguins.

On sait que les médecins sont souvent consultés, par des person-

nes intéressées à divers litres, sur la question de savoir s'il con-

vient de permettre ou d'interdire le mariage à des sujets neuro-

tiques, et dans quelle mesure l'union conjugale peut leur être soit

nuisible, soit avantageuse.

Les médecins se divisent à cet égard en deux camps : pour les

uns, le mariage implique des chances sérieuses de guérison, ou

tout au moins d'amélioration, et ils s'empressent de le conseiller;

pour les autres, il entraîne des risques d'aggravation, et ils le re-

poussent de toutes leurs forces. M. G. Savage ne partage, d'une

façon absolue, m l'une ni l'autre de ces opinions extrêmes, et il

termine sa très consciencieuse et très judicieuse étude de cette

grave question par les conclusions suivantes : a En résumé, on

peut dire que le mariage produira une amélioration dans un cer-

tain nombre de cas d'hystérie, et qu'il peut se justifier, dans un

certain nombre de cas, chez des sujets ayant présenté les signes

de l'aliénation mentale. Toutefois, je ne conseillerais jamais le

mariage comme moyen curatif de 1'li,stéi,ie salis prévenir l'entou-

rage du futur conjoint que ce moyen peut échouer, tout comme il

peut être avantageux et que l'avantage éventuel à en retirer ne

dépend pas seulement du mariage lui-même, mais d'une foule

d'autres circonstances. Je ne m'opposerais pas dans tousies casiiidis-

tinctement au mariage d'une personne qui aurait été aliénée, à la

condition toutefois qu'un seul des conjoints se trouvât dans ce cas,

l'autre présentant une bonne santé physique et étant exempt de

toute prédisposition nerveuse ». R. M. C.

XXXVII. Du prix relatif DES grands et DES petits asiles; par Henry

Rainer. (Journal of mental Science, avril 1883, p. i.)

11 résulte des recherches faites par M. Rayner, en s'appuyant sur

des documents officiels que dans les grands asiles (au delà de 600

malades) le prix de construction par lit, le prix d'entretien du bâti-

ment et du matériel, enfin le prix d'entretien même des malades,

est plus élevé que dans les asiles de moyenne grandeur (de 450 à

600 lits.)

L'auteur est d'avis qu'il convient de s'opposer par tous les

moyens possibles à la construction des grands asiles, non seule-

ment au point de vue pécuniaire, mais encore au point de vue du

traitement des malades et de la responsabilité médicale.

R. M. C.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE 3,51 i

XXXVIII. Paralysie générale par lésion DU crâne; par .IullItS IICKLE.

(Jourlral of mental Science, janvier 1883, p. 544.)

L'auteur constate que, dans les cas qu'il a observés, la lésion

crânienne lui a paru jouer plussouvent le rôle de cause efficiente.

Cependant, il peut se faire que dans cette interprétation on soit

trompé parles apparences; on ne sait jamais en effet si la lésion

n'a pas laissé après elle une altération permanente de l'encéphale,

ou bien encore quelque processus innammatoireobscur, insidieux,

latent, qui sous des influences accidentelles diverses peut faire un

jour éclore la paralysie générale. 11 est probable que dans la ma-

jorité des cas de ce genre, la maladie est due au concours de

plusieurs influences d'ordre différent.

M. Mickie rapporte dans ce travail quatre observations dans les-

quelles la paralysie générale a fait son apparition plus ou moins

longtemps après une lésion crânienne ; dans l'une, le traumatisme

du crâne lui parait avoir joué le rôle de cause simplement pré-

disposante ; dans l'autre il parait avoir agi comme cause déter-

minante; dans un troisième cas, il aurait agi encore comme cause

déterminante; mais les antécédents syphilitiques bien constatés

du malade imposent une réserve toute particulière; eidin, dans un

dernier cas, on avait assigné comme cause à la paralysie géné-

rale une lésion de l'épine dorsale; mais il parait démontré qu'il y

avait eu intervention simultanée d'un traumatisme du crâne.

R. 111. U.

XXXIX. De la folie CHEZ LES jumeaux. (Journal of mental Science,

janvier 1883, p. 539.)

I. Jumelles présentant des accès similaires de mélancolie ; par

George-H. S.vv : cE.

Ils'agit de deux jumelles, dont la ressemblance physique est t

très frappante et qui présentent toutes deux les symptômes de la

mélancolie avec stupeur. On n'a pu trouver chez elles aucun an-

técédent héréditaire; elles sont placées dans des salles sépa-

rées.

M. Savage avuun cas dans lequel des troubles nerveux ont fait

leur apparition au même moment chez des jumeaux, mais sous

une forme différente; l'un en effet devenait fou, taudis que l'autre

devenait épileptique. Il a vu aussi la folie survenir chez deux ju-

meaux ; mais presque toujours ils habitaient ensemble, et étaient

soumis aux mêmes influences; ici, les jumelles avaient quitté en

se mariant la maison paternelle et vivaient séparément.

352

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

Voici le résumé de la double observalion :

A.-S. U..., -vingt -huit ans,

femme d'un fermier, entrée le

14 août 1882.

Trois enfants : le plus jeune a

dix mois.

Durée du premier accès : deux

semaines. (La cause supposée est

l'émotion ressentie en voyant sa

soeur atteinte de mélancolie.)

Idées de suicide ; malade non

dangereuse.

Sobre et bi.-n elevée.

Tempérament calme.

Symptômes du début : excita-

tion et loquacité; elle s'éciie que

Dieuaprissuncoeuretuu'eHea a

gravement péché contre lui.

Etat actuel : ne s'assied jamais;

se tient debout les mains en avant,

pendant des heures, sans parler.

On ne la décide qu'avec peine à

s'alimenter.

E.-G. \V..., vin"t-huit ans,

femme d'un architecte ; entrée le

17 août 1882.

Trois enfants : le plus jeune a

huit mois

Durée du premier accès : neuf

semaines.

Cause inconnue.

Pas d'idées de suicide ; pas

dangereuse.

Sobre et bien élevée.

Tempérament gai, tranquille,

actif.

Symptômes de début : évanouis-

sement; état semi-conscient pen-

dant une semaine; au técetl,

grande dépression et mélancolie.

Etat actuel : à peu près iclen-

tique; ne s'assied pas, ne parle

pas ; on est obligé de la nourrir à

la cuiller.

H.i1f(HH'ëc/tMcsun ! ('Mes;parCnFFODDG;LL.

On ne peut guère résumer cette observation, qui est extrême-

ment longue et intéressante surtout par ses détails. suffira

d'indiquer que ces jumelles avaient présenté de bonne heure un

parallélisme morbide, qui, pour avoir été signalé assez souvent,

n'en est pas moins remarquable; c'est ainsi que l'une des soeurs

tombant malade dans une ville, déclarerait que sa soeur, alors

dans une autre ville, devait souffrir à ce même moment delà

même maladie, ce qui fut reconnu exact. Un autre pointa signaler,

c'est que dans cette famille, qui compte cinq enfants, ces enfants,

bien qu'on ne puisse trouver aucun antécédent héréditaire, sont

tous atteints soit de névrose, soit d'aliénation. R. M. C.

XL. Atrophie DU cerveau; imbécillité ; par Fletcuer 131 ? vcu. (Jour-

711l of ineîzttil Scieizee, janvier 1883, p. 3.)

L'auteur rappelle que l'on décrit ordinairement deux formes

d'atrophie cérébrale : l'une dans laquelle on constate un arrêt de

développement, l'autre qui résulte de la disparition deséléments

nerveux qui existaient auparavant. Le cas dont il s'agit appar-

tient à la seconde catégorie. L'observation peut se résumer

ainsi :

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 353

Fille de dix-huit ans, dont la mère est une aliénée homicide

(elle a tué un de ses enfants), actuellement internée. La malade

est épileptique depuis l'âge de deux ans et demi, et son intelli-

gence s'en est ressentie. Paralysie motrice du membre supérieur

droit et faiblesse marquée du membre inférieur du même côté.

C'est une imbécile, mais d'un type élevé; elle lit passablement,

écrit très bien de la main gauche, fait des opérations assez com-

pliquées d'arithmétique, aime la musique, distingue très bien les

couleurs. Elle devient bientôt phthisique, a fréquemment des

attaques de petit mal, et meurt sept mois après son entrée.

A l'autopsie, on constate que l'hémisphère gauche est très atro-

phié, et que l'arachnoïde de ce côté est épaissie par places et

opaque. L'atrophie est surtout appréciable dans les régions fron-

tale et pariétale. Au toucher l'hémisphère malade est dur etferme,

tandis que le droit est normal. C'est surtout le lobe moyen gauche

dont le volume est diminué. A la face convexe de la moitié pos-

térieure de l'hémisphère gauche, on constate une dépression du

volume d'une petite poire. Une coupe transversale montre que le

ventricule latéral gauche est énormément dilaté. La dépression

signalée plus haut est due, comme on peut alors le constater, à

l'effondrement de la paroi supérieure du ventricule. Les cir-

convolutions du côté gauche sont plus petites qu'à l'état normal.

La substance blanche des lobes antérieur et moyen est réduite

à gauche à une couche linéaire. Malheureusement le corps strié

et la couche optique n'ont pas été étudiés au point de vue d'une

comparaison entre les deux côtés.

Le côté gauche du crâne est beaucoup plus épais que le côté

droit; le lobe antérieur gauche du cerveau est déprimé par suite

de la plus grande épaisseur de la portion du crâne correspon-

dante.

Le cervelet n'a pas été spécialement examiné; mais comme la

fosse cérébelleuse gauche était plus grande que la droite, il ne

parait pas douteux que le lobe gauche du cervelet ait été plus vo-

lumineux que le lobe droit.

Il résulte de cette observation, comme de celles qui ont été

rapportées par Van der Kolk, par Taylor et par d'autres obser-

vateurs, que les lésions que l'on rencontre habituellement en

pareil cas sont les suivantes : épaississement du crâne, opacité et

épaississement des membranes, épanchement séreux dans l'espace

sous- arachnoïdien, quelquefois dans les ventricules, et atrophie

d'un hémisphère, y compris le corps strié, la couche optique et

laprotubérance du côté atteint.

Suivante. 1 letcher Beach, voici qu'elle paraît être la marche

des faits : D'abord, à la suite d'une inflammation chronique des

méninges ou de la région corticale, il se produit une atrophie

unilatérale du cerveau. Par compensation, le crâne s'épaissit, et

Archives, t. VIII. 23 3

z. i REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

il se fait un épanchement de sérosité sous l'arachnoïde et dans

les ventricules. Dès lors les parties du cerveau qui sont préposées

au mouvement étant atrophiées, les membres dont l'action est

régie par ces parties n'ont plus qu'une nutrition imparfaite, et

s'atrophient à leur tour. R. M. C.

XLI. Atrophie ET sclérose DU cervelet dans UN cas d'imbécillité

épileptique; par Herbert-C. Major. (Journal of mental Science,

janvier 1883, p. 532.)

Voici le résumé de l'observation :

Femme de trente-deux ans, épileptique et idiote depuis sa nais-

sance ; est devenue sujette, en grandissant, à des crises d'excitation

et de violence; intelligence bien au-dessous de la moyenne dès

l'enfance; pas de mémoire. A son entrée, elle comprend à peine les

questions les plus simples, est incapable de poursuivre un entre-

tien : elle ne se rend compte ni de sa situation ni du milieu où

elle se trouve. Pas de troubles de locomotion. Intégrité apparente

des sens spéciaux. Menstruationréguliere. Les attaques, fréquentes

et graves, présentent les caractères du grand mal : elle tombe en

avant, sans qu'on ait observé de rotation. Agitation sans but, vio-

lences, gâtisme ; à la suite d'une série de fortes attaques, elle

tombe dans un état de stupeur, et ne tarde pas à mourir, après

avoir présenté les symptômes d'une complication cérébrale nou-

velle.

A l'autopsie, on trouve au-dessus de l'hémisphère droit un kyste

sous-arachnoïdien assez récent, de couleur foncée, contenant un

liquide sanguinolent brunâtre, adhérent à l'arachnoïde pariétale;

selon toute probabilité, cette lésion a été la cause immédiate de la

mort.

Cerveau petit; circonvolutions normales; couche corticale pâle,

d'épaisseur ordinaire, ne paraissant pas altérée à l'oeil nu. Poids

du cerveau entier : 1,120 grammes (cervelet, 115 grammes).

Lobe cérébelleux gauche normal; lobe droit sensiblement plus

petit, aplati, donnant au toucher une sensation de dureté, de den-

sité, évidemment en état de sclérose avancée. A la coupe, la subs-

tance grise normale est convertie en substance presque blanche ;

bien qu'avancée, la sclérose n'a pas pénétré profondément.

L'examen histologique montre nettement les lésions de la sclé-

rose, surtout sur les coupes qui comprennent du tissu sain en

même temps que du tissu altéré. Dans les différentes couches, mais

seulement sur la portion de la coupe qui répond au tissu malade,

on trouve des corps arrondis (corpuscules amyloïdes). Les cellules

de Purkinje font entièrement défaut dans les points sclérosés ; on

les voit peu à peu diminuer, puis disparaître à mesure qu'on passe

du tissu sain au tissu malade. La couche dite granuleuse, située

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 355

au-dessous des cellules de Purkinje, qui est large à l'étal normal,

se trouve réduite dans toute la région atrophiée, à une étroite

bande de cellules. Mais bien que le nombre des éléments consti-

tuants de cette couche soit très réduit, ces éléments eux-mêmes,-

qui sont en majeure partie de petites cellules nerveuses étoilees,

ne paraissent que peu altérés.

Les fibres nerveuses qui succèdent ordinairement à la couche

granuleuse sous la forme d'un petit centre blanc distinct à l'inté-

rieur de chaque feuillet, sont absentes, ou à peu près dans'les

feuillets malades ; elles sont remplacées par des fibres du tissu

connectif, et d'une façon générale, par des éléments de la névro-

glie ayant proliféré.

Enfin, un dernier point à remarquer, c'est la façon dont les

feuillets ont, pour ainsi dire, fusionné, dans les régions malades,

par une sorte d'union des couches adjacentes de substance grise

pure. Cet état, que l'auteur n'avait jamais observé auparavant,

parait dû à ce fait que les fibres de la pie-mère hypertrophiée au-

ront largement pénétré dans les feuillets, les membranes elles-

mêmes ayant fusionné et s'étant réunies.

M. Herbert Major ajoute qu'il ne connaît aucune observation où

l'on ait bistologiquement étudié cet état du cervelet, si ce n'est

l'observation d'idiotie paralytique, qu'il a lui-même publiée, et

dans laquelle on voyait des lésions microscopiques semblables,

mais moins avancées, correspondre, comme dans le cas actuel, à

l'atrophie et à la sclérose d'un hémisphère cérébelleux. 11 en cou-

clut que ces altérations histologiques sont réellement propres à

l'atrophie et à la sclérose cérébelleuses, et que les différences que

l'on peut observer sont liées à l'état plus ou moins avancé du pro-

cessus morbide. R. Nf. C.

.XLII. LA PHILOSOPHIE DU << RESTRAINT » DANS LA DIRECTION ET LE TRAI-

TEMENT des aliénés ; par R. Cimeron. (Journal of mental Science,

janvier 1883, p. 319.)

Ce long mémoire se termine par les conclusions pratiques que

voici :

io Un « restraint » d'une nature ou d'une autre sera toujours

nécessaire, tant que la folie existera telle qu'elle existe actuelle-

ment ; 2° il faut en limiter l'application autantque celte limitation

est compatible avec le bien du malade et les intérêts du puhlic;

3° il faut, autant quepossihle, graduer le « restraint en se confor-

mant aux exigences de chaque cas particulier; 4° un contrôle

direct, moral et physique, exercé par de bons serviteurs, sous la

direction des fonctionnaires supérieurs de l'asile, constitue le

meilleur moyen d'atteindre ce résultat; o le «restraint » prati-

qué autrement que de la façon qui vient d'être indiquée n'est pas

356 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

souvent nécessaire dans un asile bien tenu où l'on tient compte

des besoins des malades, tant au point de vue de la nourriture, du

vêtement et du logement, qu'au point de vue des occupations in-

dustrielles et desamusements; 6° il présente de temps en temps

des cas où il est impérieusement nécessaire d'avoir recours à un

« restraint » exceptionnel, l'emploi de la force physique par les

serviteurs n'étant jamais exempt de danger; 7° dans le plus grand

nombre des cas de ce genre l'isolement doit être préféré au « res-

traint » soit mécanique, soit thérapeutique ; il constitue un procédé

plus sûr, plus avantageux et plus humain que n'est l'emploi des

appareils mécaniques ou des médicaments stupéfiants ; 8° l'emploi

d'un appareil mécanique dans un but de contention ne se justifie

que dans les cas chirurgicaux, pour empêcher le malade de défaire

des pansements, ou bien dans les cas imprévus, et en attendant

que l'on puisse se procurer d'autres et de meilleurs moyens de

contention ; 9° l'emploi systématique de médicaments stupéfiants

comme moyen de calmer les aliénés constitue une pratique perni-

cieuse capable de compromettre la vie et de nuire d'une façon

permanente à la santé ; 10° l'emploi incident de ces agents, con-

curremment avec d'autres remèdes tels que les bains froids, les

drogues nauséabondes, etc., est quelquefois indiqué, à titre de

punition; leur emploi est alors justifié, car il constitue le moyen

le plus rapide et le plus efficace de combattre des tendances mor-

bides et de ramener le' malheureux malade dans le sentier qui doit

le conduire à la santé mentale, et peut-être à la guérison défini-

tive.

Nous devons ajouter qu'a propos de cette dernière conclusion

et du chapitre qu'elle résume, la Rédaction du Mental Science a

mis au bas de la page une note par laquelle elle rappelle qu'elle

n'est pas responsable des opinions émises dans les mémoires signés.

Elle ajoute que l'auteur parait oublier qu'il n'est pas le chef d'une

maison de répression, mais bien le surintendant médical d'un hô-

pital d'aliénés.. R. M. C.

XLIII. Sur l'état mental dans l'hypnotisme; par D. IL1CK TUKE.

(Journal of mental Science, avril 1883, p. 55.)

Ce mémoire a été lu devant l'Association niédico-ps3 chologiqlle

anglaise peu de temps après une séance donnée à l'hôpital de

13etlilem, par un célèbre hypnotiseur danois, Cari Hausen. Les

données sur lesquelles l'auteur a tenté de se faire une opinion ou

d'édifier une théorie sont les suivantes : I. Conditions nécessaires

pour provoquer l'état dont il s'agit ; II. Symptômes objectifs chez

le sujethypnotisé, dans la mesure où il est possible de les observer;

III. État subjectif éprouvé et décrit par le sujet lui-même, dans les

cas où il a conservé, d'une façon plus ou moins nette, le souvenir

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 357

de ce qui a été présent à son esprit pendant l'état hypnotique.

Nous suivrons l'ordre adopté par l'auteur, et après avoir rendu

sommairement compte des deux premiers chapitres, nous repro-

duirons textuellement les conclusions par lesquelles il résume lui-

même son troisième chapitre, le plus long et le plus important.

I. Le principe commun à toutes les méthodes d'hypnotisation est,

au point de vue physique, la stimulation plus ou moins prolongée

d'un nerf sensoriel en étroit rapport avec le cerveau; le résultat

final de celle stimulation est J'épuisement d'une partie del'organe ;

au point de vue mental, c'est la concentration del'attentionsur

une idée unique.

La fixation d'un objet, brillant ou non, n'est pas nécessaire,

puisqu'on peut hypnotiser des aveugles.'

Le renoncement à toute volonté, la passivité absolue à l'égard

de l'hypnotiseur, constituent également, dans presque toutes les

méthodes, un facteur important. Toutefois, chez certains sujets,

qui ont déjà été hypnotisés et qui sont très sensibles aux impres-

sions sensorielles, le concours de la volonté n'est pas nécessaire,

et M. P. Riche, dont les recherches sur l'hypnotisme sont bien

connues, dit M. Hacli Tulze, a démontré que le sujet peut-être

surpris,'et même mis en état de catalepsie, dès que son attention

est le moins du monde arrêtée.

Il. Il va de soi que, chez les sujets hypnotisés, les symptômes

objectifs varient suivant la période et le type; nulle description

théorique n'est capable de s'appliquer tous les cas. L'auteur rap-

pelle ici que MM. Charcot et Ricber, et, après eux, MM. Tamburini

et Seppeli ont admis trois types fondamentaux : type cataleptique,

type léthargique et type somnambulique ; il rappelle ensuite les

caractères aujourd'hui bien connus qui distinguent chacun de ces

types.

Les symptômes objectifs ont, en matière d'hypnotisme, une

grande importance; car c'est le plus souvent par l'observation de

ces symptômes, tout au moins de ceux qui ne peuvent être simulés,

que l'on pourra découvrir la simulation si fréquente en pareil cas,

et si facile à pratiquer dans l'ordre subjectif.

État des pupilles. Si, en faisant fixer un objet, on exagère les

effets de l'accommodation, il en résulte une dilatation pupillaire

et du strabisme; plus tard, si le sujet entre en hypnotisme, les

pupilles se dilatent et deviennent souvent un peu paresseuses.

Circulation cérébrale. On observe quelquefois de la congestion de

la face, et Braid a trouvé quelquefois la face si congestionnée et le

coeur si tumultueux qu'il s'est hâté de réveiller le patient; toute-

fois les troubles cérébraux quelque peu sérieux paraissent très

rares.

Respiration et circulation. Règle générale, la respiration et l'ac-

358 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

tion cardiaque sont accélérées au début'. Les tracées du professeur

Tamburini et les observations de Heidenhain confirment ce fait.

Les recherches de M. Richer ont montré le parti que l'on pou-

vait tirer des tracés pour découvrir lasimulation.

Muscles. L'auteur se borne à rappeler les observations faites sur

ce sujet par M. Richer..

Action réflexe. Si l'on admet, comme il parait logique de l'ad-

mettre que, dans l'hypnotisme, lesfonctionscorticalessontplusou

moins éteintes, on ne sera pas étonné de constater la facilité avec

laquelle une stimulation sensorielle provoque la rigidité muscu-

laire. Dans le plus grand nombre des cas, l'auteur a trouvé les

réflexes tendineux identiques à ceux que l'on constatait dans

l'état de veille; dans quelques cas, ils étaient exagérés.

Réaction galvanique. L'auteur a trop peu de documents pour

formuler une opinion; il se borne à rappeler les faits observés par

d'autres expérimentateurs.

III. Conclusions de l'auteur :

« 1- La conscience peut exister dans l'état d'hypnotisme et le

sujet peut passer,- rapidement ou lentement, à un état complet

d'inconscience, comme dans l'étal somnambulique; les manifes-

tations ne dépendent aucunement de l'existence ou de l'absence de

la conscience, qui n'est qu'un épiphénomène;

« 2° La direction volontaire des pensées et des actions est sus-

pendue ;

« 3° En conséquence, l'action réflexe par laquelle l'écorce céré-

brale répond aux suggestions venues du dehors entre enjeu tant

qu'une voie de communication demeure ouverte ;

« 4° Tant que la conscience persiste, la perception de cette action

cérébrale réflexe et automatique donne au sujet l'impression de

deux moi;

« 5° Quelques fonctions mentales, comme la mémoire, peuvent

être exaltées; et il peut y avoir des hallucinations et des délusions

très vives et très frappantes;

« G0 Il se peut qu'une imitation réflexe inconsciente soit le seul

phénomène mental qui subsiste; le sujet, en ce cas, copie minu-

tieusement tout ce qui est dit, ou fait par la personne avec la-

quelle il est en rapport;

« 7" Les impressions venues du dehors peuvent se trouver limi-

tées à certains points de l'encéphale, suivant que tel ou tel terri-

toire est affecté, et suivant qu'il est plus ou moins complètement

hypnotisé; c'est ainsi qu'une impression ou une suggestion,

1 M. le professeur Bernheim a donné de cette accélération initiale une

explication ingénieuse et qui parait fort judicieuse. (Voy. Bernheim. De

a suggestion dans l'état hypnotique et dans l'état de veille. Chap. IV,

p. 45.)

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 359

qu'elle ait pris sa source dans un geste, un mot, ou une stimula-

tion musculaire, - peut affecter exclusivement les ganglions de

la base, ou bien pénétrer dans l'écorce, et lorsqu'elle a atteint

l'écorce, exciter l'idéation et des actions musculaires réflexes avec

ou sans conscience et d'une façon tout à fait indépendante de la

volonté;

« 8° Il peut exister, dans les différents états d'hypnotisme, soit

une exaltation, soit une dépression des sensations et des sens

spéciaux. » R. M. C.

XLIV. CONTRIBUTION A la casuistique DE l'inversion DE L'INSTINCT

sexuel; par G. CANTARANO. (La Psychiatria, Naples, 4883.)

L'auteur rapporte l'observation d'unejeune fille qui, dès son en-

fance, se faisait remarquer par son humeur vagabonde et fuyait

la maison paternelle ; un peu plus tard, renfermée dans un asile

de filles repenties, elle ne tarda pas à lier des relations impures

avec un grand nombre de ses compagnes, et même avec les

femmes préposées à la surveillance de la maison, sur lesquelles

elle avait pris un grand ascendant ; elle finit par s'échapper et

mit le feu à la maison paternelle; se déguisa en homme et cou-

rut ainsi les maisons mal famées, puis fut de nouveau enfermée

dans un asile. En outre de la relation des aventures de la ma-

lade, l'auteur donne les résultats de l'examen desorganes génitaux

et de la mensuration de la tête, et, de plus, un rapide résumé de

la question de l'inversion de l'instinct sexuel. P. M.

XLV. SCLÉROSE DE la LISIÈRE DE substance blanche DU cerveau dans

la démence paralytique; par 'UCZE6. (rG'2di'ol. Centralbl., 1883.)

Description anatomopathologique détaillée du fait présenté à la

Société des aliénistes allemands '. L'auteur suit la ligne grise trou-

vée par lui sur le cerveau d'un tabétique de cinquante ans, mort

en état de démence paralytique avancée, entre l'écorce et la subs-

tance blanche, au moment où il pratiquait des coupes après

durcissement par le liquide de Millier. Il signale les faits sem-

blables de Baillarger et de Rey. (Annales médico-psychologiques,

V11, 4 ; V(11, 4.) P. K.

XLVI. SUItL'ACTIO.4 DEL1PARALDÉHTDE et de l'acétal CHEZ LES ALIÉNÉS ;

par G. LaNCREOTER . (Arch. f. Psych., XV, 1.)

Modification polymérique de l'aldéhyde, la paraldéhyde qui a

Voy. Archives de Neurologie, t. VII, p. 366.

2 Voy. Société de psychiatrie et maladies nerveuses, de Berlin (juillet

1883); Archives de Neurologie, t. VIII, p. 383, et thése de Nercam, Paris 1884.

360 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

pour formuler H12 0, à la dose de cinq à six grammes, dans une

potion huileuse menthée, fait le plus souvent dormir très rapide-

ment(généralementen cinq minutes, rarement en un quart ou une

demi-heure), ou tout au moins calme les malades agités, anxieux,

etc., à la condition qu'ils ne soient pas préoccupés par ce qui se

passe autour d'eux. D'après M. Langreuter, il est très facile, en cau-

sant avec d'autres personnes, de réprimer l'envie de dormir pro-

voquée par ce médicament. Le sommeil est d'ailleurs léger, de

sorte qu'il est difficile d'observer les patients, auxquels on en a

prescrit, dans leur état d'hypnose. Mais, somme toute, sur deux

cent dix cas comprenant cent quarante-huit observations à doses

vespérales et soixante-deux observations à doses diurnes, l'auteur

a obtenu :

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 361

ment : de la paralysie de l'oculomoteur externe gauche manifes-

tement de cause centrale (dilatation pupillaire alternante, parésies

partielles des muscles de la face) ; de l'affaiblissement de la mé-

moire, des facultés intellectuelles, du raisonnement; de l'incohé-

rence dans les discours ; des modifications immotivées dans le

caractère, les allures, l'humeur; de l'excitabilité sous toutes ses

formes, de la propension à l'isolement; de la céphalalgie.

L'affaiblissement du sens moral a nécessairement apparu à son

tour. La seconde observation concerne un affaiblissement

psychique congénital. Une fille de trente-huit ans met le feu par

jalousie; l'examen décèle l'arrêt de développement en question, à

raison du mode d'exécution de l'acte, des motifs allégués, de la

forme et de la teneur des réponses; absence de sens moral ; pré-

dominance des instincts égoïstes. Son amant la quitte; elle met

tout simplement le feu à la demeure de sa rivale. Quoi de plus

naturel ? P. K.

XLVIII. DÉMENCE PARALYTIQUE. ALTÉRATION SYPHILITIQUE DES VAISSEAUX

DE l'encéphale ; par R. SCIIULZ. (Neurol. Centrlllbl., 1883.)

Un homme de cinquante-trois ans, ayant eu, il y a dix ans, de

la choroïdite avec diplopie, présente depuis plusieurs semaines

une modification de la manière d'être et des traces de perturba-

tion mentale. Tout à coup, on constate des attaques épileptiformes

sans perte de connaissance, puis une agitation croissante et les

troubles psychiques et somatiques de la paralysie générale. Durée

de cette phase : neuf jours. Finalement explosion de manie furieuse

qui, en onze jours, emporte le malade dans le coma. Les seules

altérations importantes occupent les deux carotides internes, et

les artères de la base, qui sont transformées en tuyaux rigides. Le

microscope décèle une infiltration de la tunique adventice par de

petites cellules rondes, et l'hyperplasie des éléments de la mem-

brane fenêtrée ; intégrité de la tunique musculeuse. Dégénéres-

cence graisseuse athéromasique de l'aorte. P. K.

XLIX. Constatation de la simulation chez UN détenu; par Kirchhoff.

(Allg. Zeitsch. f. Psych., XXXIX, 6.)

La simulation dura, dans l'espèce, du 11 février 1881 à mai 1882.

En somme, à la suite d'un certain nombre de rapports médicaux,

sinon contradictoires, au moins ambigus et mobiles en leurs affir-

mations, on se décide à transporter l'individu en observation dans

un asile (20 février 1882). Le 6 avril, M. Kirchhoff certifie que les

allures de cet homme ne sauraient être produites par une maladie

mentale. Le 26 du môme mois, on le réintègre à la prison, en lui

362 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

annonçant que, s'il continue à simuler, les soixante-cinq jours

passés par lui à l'asile ne compteront pas dans son temps de pé-

nalité, sans préjudice des peines disciplinaires les plus dures. De-

puis lors, écrit le directeur de la prison (18 mai 1882), il n'a ma-

nifesté aucun signe de dérangement intellectuel. Plus tard une

seconde tentative du même genre s'évanouit devant les mêmes

représentations. M. Kirchhoff insiste sur le diagnostic porté, et

sur J'énergie du simulateur qui sut supporter la douleur et la

faim. Les ruses étaient cependant révélées par des traces évidentes

de dents au niveau des articulations de la main. P. K.

L. Sur LES troubles DE la vue dans la ? .1R9LYSIE progressive ;

par Hirsciiberg. (Neurol. Centralbl. 4883.) -

Sans vouloir présenter une statistique minutieuse des observa-

tions recueillies par lui, l'auteur peut dire que trois formes de

troubles de la vue se montrent chez les paralytiques généraux. Ce

sont :

40 L'amblyopie qui repose sur l'atrophie habituelle du nerf op-

tique, qui progresse par conséquent jusqu'à l'amaurose, et que

bien des observateurs ont déjà décrite;

2° L'hémianopsie dont étende ! seul a touché quelques mots';

3° Le scotome central continu et même progressif, avec dé-

coloration de l'expansion papillaire du nerf optique, auquel on a

peu fait attention jusqu'ici. M. Hirschberg en communique une

observation accompagnée de mensurations périmétriques très

complètes qui confirment, de même que la relation détaillée, le

résumé déjà publié 2. P. K.

1 Et bien d'autres, notamment Stenger (Voy. Arch. de Neurologie,

t. VI, p. 403.

2 Voy. Archives de Neurologie. Société psychiatrique de Berlin, t. VI,

p. 280.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE

Séance du 30 juin. Présidence de M. DaGoNET.

Mort de 31. Moreau (de Tours). M. le Président informe la So-

ciété de la perte qu'elle vient de faire en la personne de M. Mo-

rian (de Tours), médecin en chef de la Salpêtrière, et donne lec-

ture d'une lettre de M*"= veuve Moreau (de Tours) qui offre à la

Société de constituer un prix portant le nom de son mari.

M. Rrrrl donne lecture du discours qu'il a prononcé aux obsè-

ques de M. Moreau (de Tours).

Pria; Au6unel. M. GARDER, rapporteur de la commission char-

gée de choisir le sujet que les candidats devront traiter pour le

prochain prix Aubanet, propose la question suivante, qui a été

adoptée :

« Delà coexistence, chez un même malade, de délires d'origine

différente (alcoolique, épileptique, paralytique, vésanique, etc.),

au point de vue du diagnostic, du pronostic, du traitement et de

la médecine légale. » .

L'a variété des aspects sous lesquels l'aliéné se présente à l'ob-

servation du clinicien n'est due, le plus souvent, il faut le recon-

naître, qu'au caractère de la maladie mentale, essentiellement

protéiforme par elle-même; toutefois, convient de remarquer

que cette diversité peut tenir aussi à l'intervention de troubles

délirants appartenant à des espèces morbides différentes, et nul-

lement solidaires. Ainsi se trouve réalisé un complexus sympto-

matique qui n'est point l'expression d'états hybrides et fusionnés,

mais bien le résultat de la superposition, de la coïncidence, chez

un même sujet, de plusieurs affections mentales évoluant côte à

côte, chacun suivant la modalité clinique qui lui est propre et en

dehors de toute subordination réciproque.

Les exemples de ces pluralités pathologiques sont loin d'être

rares; mais, par un cas, celui qui s'offre tout d'abord à l'esprit

comme réalisant le cas le plus vulgaire, consiste dans la produc-

tion du délire alcoolique au cours d'une maladie mentale quel-

361. SOCIÉTÉS SAVANTES.

conque ; paralysie générale, délire chronique, épilepsie, etc. Qui

ne sait que, dans cette intoxication, l'aliéné, outre qu'il trouve

souvent l'appoint d'excitations nécessaires pour passer l'acte déli-

rant, qui ne se fût peut-être pas produit sans cette cause adju-

vante, y puise, d'autres fois, l'origine d'un véritable délire à ca-

ractères définis et distincts ?

Ici l'alcool ne fait qu'exciter une activité maladive prête à en-

trer en jeu au moindre stimulus; là, exerçant une action plus pro-

fonde, il va jusqu'à constituer une folie à part dont les symptômes

bruyants, prenant le pas sur l'affection préexistante, la masque-

ront plus ou moins, sauf à s'effacer plus tard devant elle quand

cette excitation sera tombée. Que de fois cette situation ne s'est-

elle pas constatée au début de la paralysie générale.

Tel malade peut tenir de causes héréditaires complexes, à

la fois l'épilepsie et la vésanie ; mais ces deux états morbides res-

tent indépendants dans leurs manifestations, et ne s'influencent

que d'une façon purement accessoire et contingente.

Le délire épileptique paroxystique éclate-t-il, il se révèle par

un ensemble symptomatique qui lui est propre, s'empare transi-

toirement de la scène morbide, sur laquelle le délire vésanique

reviendra prendre son rôle, quand les troubles délirants coma-

teux se seront dissipés.

On conçoit qu'il dépende de ce malade, si gravement atteint,

d'ajouter à la dualité pathologique dont il souffre un troisième

élément; c'est-à-dire qu'un délire alcoolique peut survenir à son

heure et constituer ainsi, auprès des deux autres, un troisième

état morbide à physionomie spéciale.

Il n'est pas téméraire de prétendre que c'est en faisant ainsi la

part exacte de chaque forme nosologique qui se compromet, si

l'on peut ainsi parler, dans des rencontres diverses, que l'on

aura chance d'éviter ces confusions regrettables aboutissant à des

divergences non moins fâcheuses, quand il s'agit d'établir que tel

symptôme est pathoguomonique de telle affection mentale déter-

minée. De cette recherche minutieuse ne dépendent pas seule-

ment l'exacte interprétation seméiologique et la sûreté du dia-

gnostic, on peut en attendre encore de précieux renseignements

sur le pronostic, d'utiles indications thérapeutiques et de sérieuses

données médico-légales.

Toute liberté est laissée aux concurrents pour étendre selon les

hasards de la clinique, leur étude à l'observation des délires com-

plexes les plus variés; c'est ainsi, par exemple, que pourront trou-

ver place dans ce cadre les troubles intellectuels développés sous

l'influence des intoxications parles solanéesvireuses, le haschisch,

notamment et au besoin, provoquées dans un but thérapeutique,

comme cela a été depuis longtemps tenté par MM. Falret et Moreau

(de Tours).

SOCIÉTÉS SAVANTES. 365

M. BASOROFF lit un travail anthropologique sur les criminels,

basé sur l'étude des courbes céphalométriques.

M. A. Voisin communique à la Société l'obsrevation d'une alié-

née hystérique chez laquelle il a, pendant le sommeil hypnotique.

provoqué des phénomènes de suggestion.

Inauguration de la statue de Pinel. A la suite d'une assez lon-

gue discussion, l'inauguration de la statue de Pinel est fixée au

mois de novembre prochain. 111. B.

Séance du 28 juillet.

Après la lecture du rapport de MM. Ballet, Motet et Féré, sont

nommés : membres associés étrangers MM. Ladame et Camille

Focchi; membre correspondant, M. Séglas.

M. Motet communique à la Société une traduction de l'étude

sur le projet de loi des aliénés par M. Depretis, ministre italien.

Marcel Briand.

Vlll- CONGRÈS DES NEUROLOGUES ET ALIÉNISTES

DE L'ALLEMAGNE DU SUD-OUEST'

SESSION DE BADE

Séance du 16 juin 1883

M. le premier curateur, professeur JoLLY (de Strasbourg), salue

l'assemblée. Il lui signale les pertes faites, pendant l'année, de

MI11. Criedreicli, conseiller intime, de Rinecker, conseiller aulique,

de Homberger (de Carlsruhe), et consacre à la mémoire de ces

hommes de bien de chaudes paroles d'adieu : l'assistance tout

entière se lève en leur lionneur. Enfin, il souhaite la bienvenue à

M. le professeur Erb (d'IIeidelberg) dui, par acclamation, est choisi

comme président. Secrétaires : Kast, de Fribourg, et Lehmann, de

Sarreguemines.

M. Schultze (d'Heidelberg) prend la parole sur la maladie de

Friedreich. Il s'agit, comme on sait, de l'ataxie héréditaire. L'au-

i Voy. Archives de Neurologie t. V, p. 257.

366 SOCIÉTÉS SAVANTES.

leur récuse la prétention qu'on ait affaire dans l'espèce à une sclé-

rose multiloculaire de la moelle spinale et de la moelle allongée

ou à une lésion cérébelleuse avec dégénérescence secondaire des

cordons postérieurs. Les modifications histologiques montrent,

d'après M. Schultze, que l'affection est constituée par 'une lésion

systématique de certains tractus et, en tout cas, par une dégéné-

rescence primitive prenantson origine dans les fibres nerveuses. La

moelle allongée ne révèle pas de localisation anatomopatholo-

gique sur certains systèmes déterminés, si ce n'est sur les faisceaux

pyramidaux. L'auteur croit, tant au point de vue clinique qu'au

point de vue anatomique, que la désignation de maladie de Fried-

reich vaut mieux que celle d'ataxie héréditaire.

M. Stark (de Stephansfeld). Sur une méthode de conservation de

l'encéphale par voie sèche. L'orateur vante la méthode de Girma

qui consiste à durcir la pièce dans une solution concentrée de bi-

chromate d'ammoniaque, et à la placer ensuite vingt-quatre

heures dans un mélange de glycérine, d'alcool, d'acide phénique

et d'eau. On sèche ensuite la préparation à l'air, on l'oint trois à

quatre fois d'aibumine, on la bronze, et l'on passe finalement une

couche de vernisdes peintres. Mais, ajoute M. Stark, il faut prendre

certaines précautions; ainsi, après le durcissement, on devra se

garder de trop faire sécher l'organe, sinon on causerait une ré-

traction excessive; en second lieu, avant de vernir, on fera passer

à travers l'insula et les ventricules latéraux deux grandes aiguilles

à tricoter dont les extrémités serviront à suspendre la préparation.

On empêchera ainsi toute adhérence, tout endommagement de la

base de l'encéphale sur le plan de sustentation. M. Stark montre

à ses collègues plusieurs préparations ainsi obtenues.

M. KoHTs (de Strasbourg). Sur un cas de myosite ossifiante pro-

gressive, avec présentation de malade. A raison de la rareté des

faits de ce genre, il convient d'insister sur l'observation en ques-

tion, l'ensemble des phénomènes morbides étant encore en pleine

évolution. L'individu envisagé ici a vingt-trois ans; il n'a, depuis

sa plus tendre enfance, jamais quitté le lit. Il n'existerait pas d'hé-

rédité myopathique ou névropathique. Quant à la cause immédiate

de l'affection (refroidissements, humidité, rhumatisme), le patient

est incapable de fournir aucune indication, car il ne se souvient

pas du début; pour lui, c'est une maladie congénitale. Sa jambe

gauche n'a jamais cessé de demeurer dans l'extension, tandis que

celle de droite reste incessamment fléchie suivant l'articulation du

genou et vient appuyer par le pied sur la jambe gauche. C'est à

l'âge de neuf ans qu'il tenta de marcher pour la première fois,

mais cet essai entraîna une telle aggravation que de douze à qua-

torze ans il lui fallut garder le lit à nouveau. Il entre, à quatorze ans,

à l'hôpital, où il apprend graduellement à se mouvoir d'un bâton.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 367

En l'absence de toute cause morbigène perceptible, on doit sup-

poser un vice constitutionnel ayant successivement présidé à l'in-

flammation du tissu cellulaire des muscles atteints et à la formation

dans ce tissu de corpuscules osseux qui, en fin de compte, ossifient

la substance musculaire, mais en en atrophiant les éléments. Une

fois que le processus s'est, spontanément ou à la suite d'un trauma-

tisme, attaché aune partie du système musculaire, tous les muscles

de la tête, du cou, du tronc et des extrémités sont envahis, et l'on

peut simultanément observer des foyers morbides récents dans les

régions du corps les plus diverses. Chez le patient actuel, on ren-

contre, sur de nombreux groupes musculaires, les altérations les

plus multiples : atrophie, dégénérescence graisseuse, dégénéres-

cence du tissu conjonctif ou ossification. C'est sur les muscles pec-

toraux, sur ceux du tronc, sur le grand oblique de l'abdomen, sur

les muscles du bras et de la jambe que les ossifications présentent

la plus grande netteté. Les néoplasmes osseux sont intimement

adhérents au squelette sous-jacent, ou bien ils se présentent dans

la substance musculaire même sous la forme de lames larges ou

de stalactites pointues, librement mobiles dans le paquet contrac-

tile. La contractilité est d'ailleurs, de ce fait, soit extrêmement

bornée, soit totalement supprimée. En même temps, quelques

portions du squelette (clavicules, côtes, tibia) sont le siège d'exos-

toses. Quant aux troubles circulatoires (refroidissement, oedème

des membres inférieurs), signalés ailleurs, ils manquent chez l'in-

dividu qui nous occupe. Le sujet considéré ne saurait, puisqu'il

vit encore, apporter de contingent anatomique capable de décider

de la nature du mal. Est-ce une myopathie pure, est-ce une tro-

phonévrose ? On ne sait. Mais le mode de genèse et la marche per-

mettent de consigner une certaine analogie entre lui et l'atrophie

musculaire progressive ou la pseudoliypertropliie musculaire.

Faut-il donc imputer la myosite ossifiante à une lésion des cornes

antérieures de la moelle ou plutôt, si l'on constatait réellement,

comme dans les maladies précédentes, une atrophie des cellules

de ces cornes, serait-il juste de considérer cette atrophie comme

la cause de la myopathie , alors que la longue durée du pro-

cessus musculaire permettrait de l'envisager comme l'effet de ce

dernier ? Ce sont là autant d'inconnues.

M. ERB (d'Heidelberg). Sur l'étiologie du tabes dorsalis. Ce travail

a été publié pour sa plus grande part dans la .Bercer Klinische

Wochenschrift, nO 32.

M. Stilling (de Strasbourg). Présentation de préparations d'eracc-

jihales. Les unes ont trait à la poursuite des libres au coeur des

centres nerveux; les autres ont été obtenues par la méthode des

coupes transversales. Les premières montrent avec la plus grande

netteté et parfaitement isolée la racine ascendante du trijumeau.

36S SOCIÉTÉS SAVANTES.

L'auteur n'a pas suivi plus loin cette racine, mais la pièce prouve

la fécondité du procédé. Il est également arrivé, à son aide, à dé-

celer les tractus des fibres du pédoncule cérébelleux supérieur; il

pense que ses préparations démontrent que l'entre-croisement n'en

est que partiel, mais il n'a pas poussé plus avant ses investigations,

car cette recherche n'entrait pas dans ses vues présentes. Par la

méthode des coupes, il a découvert une racine cérébelleuse du nerf

pathétique la coupe passe à travers les tubercules quadrijumeaux,

la valvule de Vieussens et l'extrémité antérieure du vermis céré-

belleux. C'est de cette dernière que l'on voit partir une fine racine

qui, se dirigeant en avant, se rattache aux tractus des fibres du

pathétique issus de l'entre-croisement de même nom; suivant

toute apparence, la racine elle-même ne s'entre-croiserait pas, on

peut au reste la suivre jusque dans la région de l'extrémité anté-

rieure du vermis. Cette racine cérébelleuse non croisée du pathé-

tique est également prouvée par les expériences d'Exner (section

de la valvule de Vieussens). M. Stilling rappelle que, dans son livre

d'après la structure des organes centraux de la vue, il a décrit une

racine optique cérébelleuse; mais il n'en avait établi l'existence que

sur l'étude des systèmes de fibres; aujourd'hui il n'y a plus de

doute à avoir puisqu'on la constate sur une coupe transverse.

C'est, ajoute-t-il, la seule racine cérébelleuse d'un nerf crânien

sûrement mise en lumière jusqu'à ce jour, car la connexion de

l'acoustique avec le cervelet est loin d'être directe, elle n'a lieu que

par l'intermédiaire d'un noyau à grandes cellules dit nucleus ma-

gnocellularis acustici. L'enseignement à tirer de cette catégorie

de faits, le voici : il faut invariablement employer de concert la

méthode d'analyse des fibres, avec celle des coupes transverses,

quand ou se propose de pratiquer des recherches sur la structure

de l'encéphale.

M. IIITZIG (de Halle). Sur un cas de déchet hémilatéral du cervelet.

Ne voulant pas exposer la pièce même aux dangers d'un voyage,

à raison des peines que sa préparation lui a coûtées, M. Hitzig pré-

sente à l'assemblée le moule en plâtre d'un tronc d'encéphale, dans

lequel l'hémisphère cérébelleux droit est réduit à un mince rudi-

ment. Ce rudiment se compose de deux petits lobules dont le plus

gros, du volume à peu près d'un haricot, est adjacent au bord mé-

dian de l'hémisphère gauche. A ce lobule est appendu un petit

noyau gros comme un noyau de cerise, qui se trouve séparé du

premier par l'expansion membraneuse du toit du quatrième ven-

tricule et, en avant, par le pédoncule cérébelleux moyen. Le pé-

doncule cérébelleux moyen prend naissance dans ces deux lobules,

de sorte qu'ils représentent les moitiés supérieure et inférieure

de l'hémisphère. Le vermis n'a pas laissé non plus grande trace. Le

vermis supérieur se trouve peut-être dans sa plus forte part enterré

sous l'hémisphère gauche et sous le rudiment du lobule supérieur

SOCIÉTÉS SAVANTES. 369

droit. D'un autre côté, on rencontre, à la base de l'hémisphère

gauche, en arrière de l'amygdale bien développée, un lobe anor-

mal, étant donné la place qu'il occupe; on peut croire qu'il cor-

respond à une grandepartie du vermis inférieur, de la luette, etc.

Le pédoncule cérébelleux moyen et la protubérance paraissent

extraordinairement réduits dans toutes leurs dimensions. L'olive

gauche est remplacée par une dépression sur la pièce fraîche. Le

trijumeau du côté droit, c'est-à-dire du côté malade avait un vo-

lume presque de moitié moindre que celui du côté gauche. C'était

l'inverse pour les acoustiques. En outre, la valvule de Tarin était

à droite considérablement épaissie et légèrement rougeâtre.

Le lobe postérieur du cerveau était très manifestement plus volu-

mineux à droite qu'à gauche et plus gros que normalement. L'en-

céphale frais, y compris la pie-mère, pesait 1,100 grammes dont

503 grammespourl'hémisphère cérébral droit et475 grammes pour

l'hémisphère cérébral gauche, 84 grammes pour le cervelet, la

moelle allongée et la protubérance ensemble, soit80 à 90 grammes

de différence avec la normale. La moelle épinière fraîche ne

présentait à la vue aucune anomalie; soumise à l'action de l'acide

chromique, elle offrait une coloration jaune des cordons postéro-

latéraux et non des cordons postérieurs. On en fera plus tard des

coupes. De cette description, il résulte qu'il s'agit d'une anomalie

de formation datant des premiers temps de la vie embryonnaire,

opinion à l'appui de laquelle vient encore l'état de la base du

crâne défectueuse dans sa fosse postérieure droite. (La branche

droite de l'éminence cruciforme se rend directement à angle aigu

vers le trou de la jugulaire. La patiente à laquelle appartenait

ce cervelet avait été reçue à l'établissement à l'âge de trente-deux

ans, le 14 avril 1882. Elle n'avait jamais eu de troubles de la mo-

tilité ; elle avait appris à marcher en temps opportun et pouvait

sauter et danser. Mais à l'école, c'était une arriérée et une inha-

bile. Instincts sexuels très développés, si l'on en juge d'après ses

liaisons avant son mariage. Il y a neuf mois, signes somatiques et

psychiques de la paralysie générale, sans qu'on fût en état de cons-

tater de causes particulières. Au moment de l'admission, humeur

et mégalomanie du paralytique général; amnésie très accentuée.

C'est alors que se produisent des troubles de la motilité et des

troubles de coordination de toutes sortes; ce sont : la parésie du

facial gauche, des convulsions fibrillaires des muscles de la face,

un embarras de la parole excessif, de l'ataxie des extrémités supé-

rieures et inférieures, des oscillations du corps quand on fait tour-

ner la malade, mais non quand on la fait marcher, les yeux fer-

més : la force, les réflexes tendineux, la sensibilité n'ont éprouvé

aucune modification. L'évolution fut à peu près celle de la para-

lysie progressive. M. Hitzig appelle plus spécialement l'attention

sur la parésie du moteur oculaire externe gauche (28 avril) sur la

Archives, t. VIII. 24

370 O SOCIÉTÉS SAVANTES.

parésie du facial droit et de l'extrémité inférieure du même côté,

sur l'apparition d'un vertige entraînant la chute en arrière à la

suite de l'occlusion des yeux, sur l'apparition par intervalles d'une

mydriase gaucho, enfin (mars 1883) sur la déchéance générale de

la force brutale, avec impossibilité de localiser les excitations sen-

sibles, aboutissant à une augmentation considérable des troubles

de la coordination, notamment à droite, et à l'anesthésie. Mort le : 3 avril. La publication in extenso sera effectuée, dès que des inves-

tigations microscopiques auront été exécutées. En attendant, remar-

quons que l'absence de cervelet n'avait pas entraîné de troubles

de coordination; l'idée que le cerveau avait dans l'espèce, suppléé

les fonctions cérébelleuses arrêtées dans leur développement pour

ainsi dire v6 ovo est corroborée par la marche de la paralysie gé-

nérale; car, telle est, dès l'apparition de la méningopérieneépha-

lite, l'intensité des phénomènes ataxiques qu'ils constituent le

symptôme somatique principal, alors que les cordons postérieurs

demeuraient indemnes, et tandis que les réflexes tendineux persis-

taient. Ces allures permirent à l'auteur de songer, tout en portant

le diagnostic paralysie générale, à l'existence d'une affection orga-

nique de l'encéphale, probablement du cervelet, sans désignation

plus précise, naturellement.

M. 1 uEUSrvLa (d'Heidelberg) lit un Mémoire, intitulé : Contri6u-

tion à la pathologie et au diagnostic de la formation de cavités dans

la moelle. 11 sera publié in extenso '.

M. Rumpf (de Bonn). Contribution ci l'anatomie pathologique du

1(tbes do7,salis. Il s'agit d'une liémorrliaie de la moelle consécu-

trice à l'élongation du sciatique dans le tabès dorsal. L'auteur

saisit l'occasion pour consigner quelques remarques relatives au

processus anatomopathologique du tabes. Ce travail sera publié

t) ! etenso ".

M. BORELL (directeur de l'asile de Hubb), présente un cervelet

offrant des lacunes très prononcées dans les hémisphères et le vermis.

L'hémisphère gauche manque complètement; son rudiment, à

peine gros comme un haricot, correspond à une portion de l'a-

mygdale et au lobule du pneumogastrique. Celui de droite qui repré-

sente l'amygdale, le lobule du pneumogastrique et une partie du

lobule quadrangulaire, mesure en diamètre, suivant une perpen-

diculaire qui tomberait sur la moelle allongée, 2,8 centimètres,

son plus grand rayon serait 1,.5 à 2 centimètres; le vermis est très

fortement réduit, surtout le vermis supérieur. Le monticule ou

éminence du vermis supérieur fait défaut. Les olives de la moelle

allongée sont invisibles. La protubérance est très mince. Les tuber-

1 On en trouvera l'analyse aux Revues analytiques.

2 Nous l'analyserons alors.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 371 I

cules quadrijumeaux sont normaux. Le pédoncule cérébral

gauche est plus fort que celui de droite. La fosse occipitale infé-

rieure présente une moindre capacité surtout à gauche; le fora-

meiz magnum offre une grande circonférence, on est également

frappé de la brièveté de la crête occipitale interne, de l'absence

du sillon transverse et de la force des sillons destinés aux sinus

occipitaux postérieurs dilatés, enfin, de l'étroitesse du plan incliné

de Blumenbach qui descend de la selle turcique au trou occipital.

Ces pièces proviennent du cadavre d'un homme de trente-huit

ans, entré à l'asile le 12 avril 1883. Les commémoratifs signalent

de violentes convulsions dans l'enfance, et le peu de développement

des facultés intellectuelles, qui président à l'instruction. En butte

aux mauvais traitements d'un père irritable, un beau jour, à la

suite d'une scène, l'enfant, âgé à cette époque de dix ans, est pris

de convulsions généralisées avec perte de connaissance; dès lors, les

accès d'épilepsie n'ont pas quitté le patient plus d'un mois. Dès ce

moment aussi les facultés rétrogradent d'une façon très prononcée,

la parole et la marche deviennent difficiles, si bien que, lorsque

le malade sort de l'asile (il n'a encore que 29 ans), le diagnostic

se formule par ces mots : « Démence épileptique ». L'examen révèle

ce qui suit. Etat de tension tonique perpétuelle de l'appareil mus-

culaire de la nuque; mouvements difficiles, gauches, tâtonnes,

tout particulièrement dans les extrémités inférieures; il se produit

pendant la marche un branlement de toutes les parties du corps

les unes sur les autres, comme si elles n'étaient attachées en-

semble que par des ligaments lâches, en même temps les pieds

s'accrochent facilement; quand l'individu court, il manifeste un

certain degré de crainte et tourne en avant le côté droit. Oscilla-

tions, même dans la station debout, pour conserver l'équilibre.

Parole lente, traînée, avec des temps d'arrêt à propos de certaines

byllabes ou de certaines lettres. L'état très avancé de la démence

ne permet pas un examen plus complet de la parole, de la vue,

de la sensibilité. Il sait son nom, celui de ses frères, connaît son

lieu de naissance, fait comprendre ses besoins, ses souffrances

(céphalalgie); mais c'est un ogre vorace et rageur qui, sous l'in-

fluence des émotions les plus minimes, récupère, pendant sa fa-

rouche colère, l'habileté de sa motilité. Jamais d'onanisme, pas

de gâtisme : constipation opiniâtre, vomissements à l'occasion des

écarts de régime. Mort de pneumonie double. Jusqu'au dernier

jour, la voracité a persisté, jamais on n'a constaté de troubles ocu-

laires, ni de paralysie, tandis que les attaques, devenues très fré-

quentes dans les dernières années, ont continué à s'effectuer iso-

lément plutôt que par groupes. L'autopsie révèle, en outre,

une leptoméningite chronique avec oedème modéré du cer-

veau ; les méninges molles, dans la région cérébelleuse, sontaussi

minces qu'n l'état normal au-dessus des parties relativement nor-

372 SOCIETES SAVANTES.

maies de cet organe; elles sont épaissies dans les plis et au niveau

des lacunes. Les artères cérébelleuses sont manifestement plus

étroites à gauche. La voûte crânienne, en somme petite, n'est

nulle part épaissie. Le diploë est bien conservé. La moelle allongée

et la moelle épinière susciteront d'autres détails après examen mi-

croscopique.

M. BAEUILER (de Fribourg) montre des photographies d'une ma-

lade de sa clinique atteinte de maladie de Basedow qui présentait,

au maximum de netteté, le symptôme de de Groefe : absence du

concours du mouvement du globe oculaire et de la paupière supé-

rieure, en regardant en bas. Il semblait que ce phénomène fût

produit par une contracture musculaire.

Séance du 17 juin 1883.

Présidence de M. SiAM directeur de Stéphansfeld.

M. Hitzig (de Halle), sous le titre de Contribution ci la physiologie

du cerveau, examine les fonctions de la pointe du lobe antérieur,

du lobe frontal, du chien. Il rappelle ses opinions antécédentes.

Jusqu'ici ses expériences tendaient à lui dénier toute faculté mo-

trice. Mais voici qu'après lui Munk, prétendant avoir, à l'aide de

courants d'induction, provoqué des convulsions, à l'aide de résec-

tions, produit des paralysies, rattache au lobe frontal l'innervation

des muscles du dos, tout en lui refusant le siège de l'intelligence.

Hitzig a donc repris ses recherches sur cette région; il n'entend

communiquer ici qu'avec une certaine restriction les premiers ré-

sultats obtenus. D'abord l'excitation de l'écorce, telle qu'elle a été

pratiquée par Munk, ne prouve rien, parce que les courants étaient

trop forts. Il n'en est pas de même des mutilations; la séparation

du lobe antérieur d'avec le reste du cerveau aurait engendré la

paralysie de l'appareil musculaire du tronc du côté opposé, et l'a-

nimal serait devenu incapable de recourber en crochet sa colonne

vertébrale de ce côté; l'opération a-t-elle été exécutée des deux

côtés, la colonne vertébrale s'incurverait en dos de chat. Intégrité

de la vue, de l'ouïe, de l'intelligence. Or, le contrôle d'Hitzig montre

que les accidents moteurs décrits sont loin d'être aussi faciles à

engendrer, aussi réguliers que le prétend Munk; s'il est des cas

qui témoignent de la réalité de ces assertions, et, à cet égard,

c'est bien une découverte propre à Munk, il en est d'autres où c'est

en vain qu'on a séparé, qu'on a même détruit, à l'aide d'une cu-

rette, la substance cérébrale d'un côté, ou dans les deux hémis-

phères, les manifestations signalées ne sont pas survenues. Par

contre, il est bon de remarquer qu'en ce qui concerne d'autres ré-

gions du cerveau, la plus minime intervention sur l'écorce déter-

SOCIÉTÉS savantes. 373

mine des troubles manifestes des mouvements ou de la vue, alors

qu'ici une lésion profonde jusqu'à l'irradiation de la substance

blanche peut demeurer sans résultats, même dans les premiers

jours, bien que le traumatisme ait dû certainement agir à distance.

M. Hitzig ajoute qu'il a souvent observé des troubles considé-

rables de la vue sur l'oeil opposé, des troubles de la motilité dans

les extrémités, des lacunes très prononcées dans les facultés intel-

lectuelles. Ainsi, si l'on agit sur des animaux dont les allures

avant l'opération avaient été exactement étudiées, sur des chiens

bien dressés, on remarque qu'à la suite d'une mutilation bilatérale,

ils ont perdu cette éducation et ne réapprennent plus; tel est l'af-

faiblissement de leur mémoire qu'ils oublient, dès qu'ils cessent

de les voir, l'existence de morceaux de viande qu'on vient de leur

jeter; ils ne cherchent plus la place qui leur était destinée, pour

prendre leur nourriture, etc.... Faut-il, pour les troubles de la

motilité, invoquer la participation secondaire du gyrus sigmoïde

voisin ? Il y aura lieu de s'occuper de cette question plus tard. En

tout cas, M. Hitzig refuse pareille interprétation pour les troubles

de la vue, troubles qui cessent après plusieurs jours. L'auteur

ajoute qu'il aurait beau jeu à prétendre que ce qui a été observé à

cette époque n'a pas de valeur. Mais il s'en tient à ses manières de

voir anciennes. Assurément ces symptômes sont passibles de cri-

tiques spéciales, mais ils fournissent de très importantes indica-

tions à qui veut se former un jugement relatif au mécanisme des

opérations encéphaliques. La réalité est que, sans qu'on puisse

saisir l'influence qu'un traumatisme de la pointe du cerveau an-

térieur doit exercer sur les lobes occipitaux (sphère visuelle), il

doit exister des connexions directes entre ces deux parties de l'or-

gane '. M. Hitzig adopterait la même opinion pour cette région que

lorsqu'on a affaire à de grandes destructions dans le domaine du

gyrus sigmoïde. Tout en se rapprochant, sur le terrain des faits, de

Goltz, il n'abandonne cependant pas ses théories d'autrefois sur la

localisation. A Schiff, qui a défendu l'opinion que les convulsions

issues de l'excitation électrique de l'encéphale émanaient des ré-

flexes, c'est-à-dire de l'incitation des expansions centrales des nerfs

du tact, que ces convulsions devaieut être confondues avec des

mouvements réflexes consécutifs à une sensation tactile violente

et propagée, Hitzig répond qu'il ne connait pas de mouvements

réflexes simplement originaires d'excitations tactiles, et qu'il n'a

jamais observé de mouvements réflexes qui aient quelque ressem-

blance avec les effets de l'excitation électrique. Braun a du reste

fait ressortir que l'ablation de l'écorce grise n'empêche pas les

convulsions de se produire. Schiff alors a soustrait le centre

1 Voy. Archives de Neurologie, t. VI, p. 403 (note et texte); t. VII,

p. 365 et suivantes ; t. VIII, p. 90 et auties passim.

37 'f sociétés savantes.

réflexe à l'écorce pour le reporter ailleurs sans préciser autrement

l'endroit. Les fibres centripètes conductrices des réflexes monte-

raient avec les cordons postérieurs de la moelle, glisseraient sous

l'écorce du cerveau, s'enfonceraient encore dans les profondeurs

et aborderaient le nouveau centre réflexe de Schiff ; de ce centre

partiraient les fibres centrifuges qui, remontant au voisinage de

l'écorce, et non plus loin, gagneraient finalement les cordons pos-

téro-latéraux. Outre que ce rendez-vous sous l'écorce est bien ar-

tificiel, il n'explique pas les troubles des mouvements après la

destruction superficielle de l'écorce. IIitzig persiste donc à dire

qu'il existe des centres corticaux moteurs, sensitifs et sensoriels

desquels partent des fibres possédant les mêmes propriétés et que

ce sont les fibres motrices qui sont excitées par le courant élec-

trique. L'expression de champs corticaux moteurs est nette, comme

la définition dont elle relève.Munk fait du centre moteur une

sphère de sensibilité. Or, c'est à Hitzig que revient l'honneur

d'avoir signalé que l'animal n'avait plus de son membre paralysé

une parfaite conscience, qu'il ne s'en représentait plus l'image in-

tégrale. En résumé, l'orateur revendique la découverte des centres

corticaux dont il établit l'existence sur une base encore plus so-

lide qu'en 1870. Tous les centres signalés alors sont, de même que

ceux qui ont été indiqués depuis, des points de ralliement, une

intervention très profonde ou très étendue sur les rouages cen-

traux, déchirera nécessairement quantité de connexions entre

chacune des régions encéphaliques, et produira par conséquent des

symptômes susceptibles d'une rapide compensation. Dans cette

catégorie, il faut faire entrer les troubles visuels promptement

passagers qui se manifestent lorsqu'un agit profondément sur di-

- erses régions de l'hémisphère. Mais Hitzig combat de front les

conceptions de Munk à l'égard de la nature des facultés intellec-

tuelles élevées et de leur rapport avec le substratum matériel. Non

pas qu'il pense que l'intelligence ou mieux le bagage des concep-

tions ne doive être cherché dans toutes les zones de l'écorce, ou

plutôt de toutes les parties de l'encéphale; mais il prétend que

l'abstraction rend nécessaire des organes particuliers, et, provisoi-

rement, il s'adresse au lobe frontal. En revanche, il serait à priori

tout à fait improbable que l'énorme masse de substance cérébrale

qui forme le lobe frontal de l'homme soit totalement préposée à

des fonctions aussi simples que les mouvements de la colonne ver-

tébrale, et les expériences instituées jusqu'ici par l'orateur n'ont

réussi qu'à le fortifier dans son doute.

M. von Mering (de Strasbourg) traite des effets du haschisch. Ses

essais ont été faits à l'aide du cannabis indica et en particulier

avec le churrus. Le chu rrus, c'est la résine qui s'écoule dans le

nord des Indes de chanvres cultivés à 2,000 mètres d'élévation.

La préparation dont il s'est servi provenait du Yarlaiid; il la doit

SOCIÉTÉS SAVANTES. 37j

à l'obligeance du 1), Dymock, de Bombay. Elle se présente sous la

forme d'une masse compacte, brun-noir, assez molle, exhalant une

odeur intense de chanvre; la saveur en est amère et résineuse.

Les deux tiers de ce magma se dissolvent dans l'alcool, l'éther,

l'essence de pétrole, le sulfure de carbone, l'huile d'amandes.

L'insolubilité dans l'eau est absolue. Il ne contient pas d'alcaloïdes.

Cette résine distillée avec l'eau dégage une faible quantité d'huile

éthérée qui passe avec les vapeurs et répand une odeur intense de

chanvre; mais sans exercer sur les individus d'effets spéciaux. Le

résidu, c'est-à-dire ce qui ne passe pas avec les vapeurs d'eau, est

constitué par une substance résineuse qui, elle, possède des effets

physiologiques excessivement accentués. A faibles doses (6 à

13 centigrammes en pilules ou en solution alcoolique),elle produit

chez l'homme, abstraction faite des idiosyncrasies, les phénomènes

suivants, au bout de une a cinq heures. Ce sont : delà lourdeur avec

engourdissement des membres; des convulsions musculaires, des

secousses dans les muscles, des bourdonnements d'oreilles et de la

dysacousie, un défaut de perception, une sensation de chaleur ou

de froid dans la tête, des vertiges, de la photopsie, de l'obnubila-

tion de la vue, de l'incertitude dans la démarche, de la sécheresse

de la muqueuse buccale, un sentiment d'angoisse avec oppression.

A ces manifestations désagréables succède la plupart du temps un

stade agréable, caractérisé par une gaité excessive (rires

bruyants), une exagération de 1 imagination, une profusion d'hal-

lucinations et d'illusions (notamment de.la vue) dépourvues de toute

mesure, de toute proportion, qui passent et se succèdent rapide-

ment. Jamais l'intoxiqué ne perd connaissance; il se rend même

parfaitement compte que les tableaux fantastiques ne sont perçus

que lorsqu'il ferme les yeux, qu'ils disparaissent quand il les

ouvre, et vice versa. Maints individus dorment des heures pendant

ce stade. Il est bien rare que l'on observe des effets accessoires tels

que céphalalgie ou vertige. Le médicament n'exerce aucune in-

Huence sur les évacuations intestinales, mais il stimule très sensi-

blement l'appétit. Le pouls s'accélère au début, et, pendant la

période d'activité du haschisch, la pupille se dilate. Certaines per-

sonnes présentent passagèrement une rigidité musculaire très

forte accompagnée de / ! e ? Mt<as cet'M. M. de Mering s'occupera

de continuer ses essais; il s'inquiétera surtout de séparer au point

de vue chimique le principe actif de la résine et d'instituer des

expériences sur les animaux.

M. R. Berlin (de Stuttgart). Sur la dyslexie. Il a observé cinq fois

un complexe clinique dans lequel le symptôme prédominant, le

symptôme caractéristique, était un trouble de la lecture plus ou

moins soudaine. Que le texte typographique soit petit, moyen ou

gros, le malade, qu'il lise à haute voix ou à part soi, ne peut as-

sembler que peu de mots : puis, l'opération ne marchant plus, il

376 SOCIÉTÉS SAVANTES.

met le livre de côté, et, après une suspension de quelques instants,

il se remet à lire quelques mots comme tout à l'heure. L'analyse

du patient montre qu'il ne s'agit point d'une altération de la vision

ni desrégions voisines, on ne constate ni douleurs oculaires, ni asthé-

nopie, ni amblyopie,- ni perturbations dans aucun des organes

qui constituent l'appareil de la vue; l'examen fonctionnel et

l'ophthalmoscope ne révèlent aucune anomalie. Généralement, au

bout de peu de semaines, l'amélioration est assez marquée ; mais

toujours on note simultanément des symptômes cérébraux accentués

tels que la céphalalgie et des vertiges (prodromes), l'aphasie (2 cas),

l'hémianopsie droite (I cas), des troubles de la motilité dans la

langue (2 cas), des paresthésies droites (2 cas), des hémiplagies

associées (deux cas, dont un à droite), des convulsions dans les

muscles de la face du côté droit (1 cas). Le premier malade

succombait quelques mois après l'apparition de la difficulté de lire,

à une apoplexie; un autre mourait un an plus tard d'un érysipèle

de la face accompagné de fièvre modérée ; un troisième était en-

levé par une paralysie progressive à marche rapide. Deux vivent

encore, mais ils ont été hémiplégiques. L'âge des patients com-

posait 72, 62, 63, 43, 30 ans; il s'agissait de trois hommes et de

deux femmes. L'autopsie pratiquée chez deux des morts décela :

dans un premier cas, un allléi-ôme très prononcé et très étendu de

l'artère sylvienne gauche, mais la substance cérébrale ne présentait

aucun résidu anatomopathologique capable d'expliquer les troubles

passagers; dans un second cas, une inflammation chronique

des méninges molles au niveau de la surface entière de l'encé-

phale, à laquelle participait la substance grise elle-même enflam-

mée ou atrophiée (examen microscopique de Ziegler). La soudai-

neté du début de la perturbation et la concomitance des symptômes

cérébraux, soit dès son installation soit au cours de son développe-

ment, permettent d'en rapporter, selon toutes probabilités, la cause

anatomopathologique au cerveau; c'est pour accentuer cette ma-

nière de voir que M. Berlin l'a, par analogie avec l'alexie, dési-

gnée sous le nom de dyslexie, sans élever d'autres prétentions phy-

siologiques. Son importance diagnostique etpronostiqueserattache

à ce fait, qu'elle a, dans tous les cas observés, été le symptôme

initial d'affections ancéphaliques graves. Où faut-il la localiser ? Si

l'on en juge d'après l'aphasie et d'après la prédominance des phé-

nomènes paralytiques du côté droit, ce sont les couches corticales

gauches qui devraient réceler la lésion pathogénétique. Les con-

vulsions de la face et l'hémianopsie signalées permettent de pré-

ciser encore mieux la probabilité et de dire qu'il faut chercher

entre la circonvolution de Broca, le centre du facial, le centre mo-

teur des deux extrémités, et le centre de la vue. La lésion dé-

riverait de l'appareil circulatoire (apoplexie, embolie), ouserait de

nature inflammatoire, d'après ce qui vient d'être dit. Dans un cas

SOCIÉTÉS SAVANTES. 377

mortel, et chez un malade encore en traitement, la syphilis avait

précédé l'accident ; dans ce dernier fait, des onctions mercurielles

entraînèrent une amélioration radicale de tous les symptômes.

L'orateur fait remarquer que Kussmaul a observé un état sem-

blable au moment de la période de convalescence de l'alexie,

tandis que les observations prises parlui concernaient un symptôme

initial. Il a vu pareille chose dans l'alcoolisme chronique, dans le

traitement salicylé (à hautes doses), dans certains complexus fé-

briles, de sorte qu'il y aurait lieu de distinguer une dyslexie

toxique et une dyslexie organique. L'évolution de la dyslexie per-

met de concevoir qu'une altération pathologique, plus ou moins

aiguë a entravé une partie du travail actif de la zone corticale

gauche qui préside à la conversion psychique des symboles écrits

en conceptions ou en mots; cette entrave fonctionnelle n'est pas

définitive, car, avec de grands efforts, le malade parvient à récu-

pérer, au moins passagèrement, cette faculté. C'est dire que le

degré de la lésion est moindre que pour l'alexie et qu'elle n'a pas

déterminé de destruction complète des régions en question. Aussi,

la dyslexie s'améliore-t-elle très vite, trop vite pour que l'on puisse

songer à la compensation physiologique d'autres parties de l'an-

céphale.

Discussion :

Elle met en lumière l'appoint de M. Jolly. Lui aussi a vu la

dyslexie se montrer pendant le stade de convalescence de l'alexie.

Il demande à M. Berlin si le symptôme observé par lui ne dépen-

dait pas d'un état de faiblesse générale. Celui-ci répond que ses

malades examinés à ce point de vue n'ont jamais présenté

d'affaiblissement ou d'épuisement. La plupart d'entre eux étaient

bien portants et vigoureux jusqu'au jour où la dyslexie survint

tout à coup.

M. G. Fischer (deCanstatt\ entretient le Congrès d'une modalité

toute particulière de paraparésie observée jusqu'ici par lui dans

sept cas. En l'absence de prédispositon héréditaire, en l'absence

de syphilis, sans qu'il existe d'étiologie nette, il s'installe, sous la

forme subaiguë ou chronique, un affaiblissement de la motilité

des extrémités inférieures, avec des variétés et des alternances

graduelles entre une simple diminution de la puissance muscu-

laire et l'impossibilité complète de marcher. Nulle part de para-

lysies réelles, ni ataxie, ni atrophie musculaire, ni contracture*.

Dans quelques cas, les réflexes tendineux étaient exagérés au

début de l'affection; plus tard, ils décroissaient jusqu'à disparaître

chez certains malades. Dans une observation, en pressant le ventre

de certains muscles, on déchaînait des réflexes marqués sur des

groupes musculaires éloignés. Hyperexcitabilité mécanique des

muscles dans cinq cas ; un fait témoigne de la sensibilité des fibres

378 SOCIÉTÉS SAVANTES.

à la percussion. Il existe fréquemment des convulsions fibrillaires,

sous forme ondulatoire, dont la genèse, aujourd'hui spontanée,

pendant la période de repos, est d'autres fois provoquée, soit par

un examen assez long, soit par les mouvements volontaires.

L'examen électrique révèle trois caractères communs : 1° bien qu'il

ne s'effectue pas de-réaction dégénérative marquée, la convulsion

provoquée par le courant faradique direct ou indirect affecte une

marche ondulatoire essentiellement différente des contractions

librillaires simples et invariablement absente chez les patients

guéris; 20 la répétition de l'excitation électrique décèle un épuise-

ment de l'excitabilité, qui souvent revêt la forme de la réaction la-

cunaire de l3enediht; 3° d'une manière générale, l'excitabilité

électrique est diminuée. Un cas offrait la forme moyenne de réac-

tion dégénérative de Erb, A SZ se rapprochant fréquemment de

K S Z. Chez deux malades, le temps de la réaction latente fut visi-

blement allongé. Au stade initial, légers troubles delà sensibilité;

mais jamais de perturbations objectives de cette fonction, jamais £

de ralentissement dans la conductibilité des impressions, jamais de

points douloureux à la pression. Dans deux observations, la conva-

lescence fut marquée par le rétablissement de la sueur des pieds

qui avait disparu au début de la maladie. Intégrité de l'encéphale,

des nerfs crâniens, des extrémités supérieures, des fonctions végé

tatives, des organes génitaux, des sphincters. La guérison com-

plète fut obtenue chez quatre individus, un patient fut amélioré,

les deux derniers échappèrent au traitement. Malgré les analo-

gies irréfutables de cette forme morbide avec la paralysie spinale

subaiguë de Ducbeuue, aucun des symptômes consignés ne permet

de conclure résolument à une origine médullaire de l'affection.

Peut-être s'agit-il d'un mode rudimentaire ou abortif de la para-

lysie de Duchenne ou plutôt d'une altération périphérique (myo-

site) ?

M. Waldeyer (de Strasbourg). Sur la muqueuse olfactive de

l'homme. );xiste-t-il, ou non, dans la région olfactive de l'homme un

épithélium aciIsvibrati)s ? Tei estleprobtème que ce professeur s'est

posé. La muqueused'un supplicié est venue à point lui permettre de

faire des préparations très fraîches. Or, chez cet individu, la plupart

des points de l'expansion du revêtement olfactif sont couverts d'é-

pithéiium à cils vibratiles bien développé. nlaisil est d'autres places

irrégulièrement disséminées, où les cils vihratiles paraissent faire

défaut. Seulement, en redoublant d'attention, on voit que la pluralité

des cellules, qu'il s'agisse de la forme svelte des cellules olfactives

de M. Schultze ou des cellules épithéliales ordinaires, ont conservé,

sinon quelques cils vibratiles, au moins des débris de cils. Aussi,

Watdeyer iiieliiie-t-il à croire que les zones en apparence privées

de cils vibraliles sont des surfaces dont la garniture de cils s'est

détruite pendant les manipulations, et non des champs normale-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 37'.) 11)

ment dépourvus de ces éléments. L'homme posséderait donc dans

toute sa région olfactive un épithélium à cils vibratiles. La base de

cet épithélium serait doublée de la membrane limitante olfactive

décrite par von Brunn; elle constitue une raie sous-jacente, de

sorte que, s'il demeure établi que toutes les cellules delà muqueuse

olfactive ont des cils vibratiles, la membrane limitante n'aurait

plus de valeur dans la question de savoir quelles sont les cellules

qui se font les intermédiaires des sensations olfactives.

M. Zacher (d'Heidelberg). Sur les allures des réflexes dans la pa-

ralysie progressive et sur les troubles de la vue qui suivent les «t-

taques congestives. Ce travail sera publié in extenso '.

M. Mommsen (d'Heidelberâ). De l'influence de quelques médicn-

ments sur l'excitabilité des fibres nerveuses. Dans l'ensemble des

complexussymptomatiques que l'on observe à la suite de l'admi-

nistration interne des médicaments dits nervins, les modifications

de l'excitabilité des fibres nerveuses périphériques ne jouentà peu

près jamais aucun rôle. Mais quand l'expérimentateur se propose

d'empoisonner artificiellement des nerfs vivants isolés, on observe e

des modifications de pareil ordre, parce qu'il est démontré que

beaucoup de nervins, en application locale, produisent des chan

gements dans l'activité des fibres nerveuses. Ces transformations

peuvent apporterleur contingent à l'intelligence de l'action toxique

exercée sur les appareils nerveux complexes. C'est ainsi que les

nerfs traités par la digitaline, devenus hyperexcitables, conduisent

mieux les courants électriques; une forte dose engendre un tétanos

tout spécial du nerf, une manifestation analogue à la raideur

observée par Boehm pour le muscle cardiaque dans l'intoxication

à l'aide de la digitale. Les essences éthérées se contentent de stupé-

fier les nerfs, sans qu'on constate d'byperexcitabilité préalable.

M. Mommsen pense que les phénomènes d'excitation observés

dans l'emploi clinique de ces essences (du camphre, par exemple)

dépendent d'une congestion cérébrale due à la paralysie de la tu-

nique musculeuse des vaisseaux ou des nerfs d'arrêt. L'application

locale du mtrite d'amyle sur les nerfs exerce une action égale à celle

des essences éthérées, mais la narcose déterminée par le nitrite

d'amyle ne peut être aussi fréquemment réitérée, sans nuire à la

durée de survie du nerf, que lorsqu'on emploie les essences éthé-

rées.

M. HOU ? EItF-1UTH (de IlUIIII)OUI'r;-IeS-13a111S). Szvr le traitement de la

sciatique au moyen du massage. Les manuels de maladies nerveuses

les plus usités ne parlent pas plus que bien des mémoires sur le

massage de ce mode de traitement dans les névralgies. Ou plutôt,

très souvent on lui refuse toute valeur. Quoique depuis longtemps

1 Nous

380 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. Hünerfauth se fût convaincu de son efficacité dans plusieurs

névralgies, il lui répugnait, en théorie, d'y avoir recours à propos

de la sciatique. Il croyait que de légères frictions n'auraient pas

un effet suffisant, tandis que de fortes pressions ne seraient pas

supportées. Ce fut sur les instances pressantes d'un malade con-

traint, par une violente sciatique rhumatismale, de quitter le ser-

vice militaire (il s'agissait d'un officier de trente ans), qu'il mit le

massage en oeuvre dans l'espèce. Or, à lui seul, ce moyen débar-

rassa totalement, et à jamais, le patient de ses tortures. En vain,

deux ans durant, il s'était soumis méthodiquement aux courants

continus et aux courants induits, en vain il avait pris 100 bains

de vapeur, puis 40 bains à \Viesbaden ; dans ces derniers temps

même, les séances d'électrisation aggravaient les phénomènes

pendant les quelques heures suivantes. Le massage fut commencé

peu après la cure de Wiesbaden ; une séance quotidienne d'une

demi-heure et davantage le soulagea considérablement. On reprit

concurremment l'électrisation par les deux espèces de courants,

mais alors, le calme dû au massage, loin de persister, cédait la

place à une recrudescence des douleurs. En somme, au bout de

quinze jours le malade était, parle massage, complètement guéri.

Il y a de cela deux ans, et l'on n'a pas noté de récidive. M. Hüner-

fauth rapporte encore deux autres exemples de guérison très

prompte et très complète de sciatique grave parle même procédé.

Il en expose la technique en pareils cas, ainsi que le traitement

combiné à l'aide de l'hydrothérapie, du massage, de l'électricité ;

l'association de ces deux derniers modificateurs lui a, notamment

en pratique, fourni maints résultats intéressants.

M. Kast (de Fribourg). Contribution ci l'albuminurie transitoire

dans les états convulsifs. Une malade de la clinique de Fribourg

était en proie à des accès répétés de convulsions tétaniformes

dans les deux jambes, accès durant chacun entre plusieurs jours

et plusieurs semaines; en même temps, elle excrétait une abon-

dante quantité d'albumine par l'urine. L'intensité de l'albuminurie,

qui coïncidait littéralement avec le début des attaques, était

presque totalement parallèle à la violence des crises; cette albu-

minurie disparaissait graduellement, alors que celles-ci s'épui-

saient. En outre, la diurèse diminuait, l'urine concentrée contenait

quelques cylindres hyalins; pas de corpuscules sanguins. Pendant

deux ans, M. Kast et les médecins traitants observèrent plusieurs

accès, de gravités variables, et, chaque fois, l'urine, absolument

normale dans les intervalles, devint albumineuse dès que sur-

vinrent les accès convulsifs ; la quantité d'albumine diminuait de

masse, la dilution de l'urine augmentant, quand la convulsion ré-

trocédait. Il s'agissait de convulsions toniques, la plupart du

temps, écloses à l'occasion d'une cause patente de refroidissement,

alleclanl, sous la forme intermittente, les extrémités inférieures,

sociétés savantes. 381

et de préférence, les petits muscles de la plante du pied, ou, mais

à un moindre degré, les muscles du mollet ; elles atteignaient,

après plusieurs heures et même plusieurs semaines, à une période

d'acmé caractérisée par une rigidité tétanique complète. Intégrité

absolue de la santé générale. On parvenait également, en appli-

quant une bande d'Esmarch au-dessus du jarret, à déterminer une

flexion tétanique, d'abord de la jambe soumise à la constriction,

puis des groupes musculaires homologues de l'autre jambe. La

jeune fille, atteinte de cette affection, très vigoureuse et très flo-

rissante, ne présentait aucun trouble du système nerveux, et ce-

pendant, sans qu'on eût constaté de perturbation visuelle, l'oph-

thalmoscope révélait, au printemps de 1882 (examen de M. Manz),

une névrite optique double. Puis, à la suite d'un état de mal per-

sistant depuis plusieurs semaines, l'urine demeura albumineuse,

dans l'intervalle, d'une façon continue, sans qu'il fût possible de

trouver de phénomènes généraux consécutifs (ni oedème, ni hy-

pertrophie cardiaque, etc.). Rapprochant cette observation des

intéressantes communications de Kussmaul « sur le tétanos rhu-

matismal et les convulsions rhumatismales toniques qui entraînent

dans leur évolution de l'albuminurie ». (Berliii. Klin. Woclzezzschr.,

1871.) M. Kast explique cette association de convulsions intermit-

tentes avec l'albuminurie par l'opinion que les deux genres d'acci-

dents dépendraient d'une irritation spinale (névrite optique ? );

celle-ci, en s'aggravant sous forme d'accès, engendrerait etlesconvul-

sions tétaniformes et la contraction spasmodique de la tunique

musculeuse des vaisseaux. On sait aujourd'hui que l'albuminurie

peut dépendre de l'excitation des vaso-constricteurs des artères

rénales et que l'ischémie opiniâtre et répétée des glomérules finit

par amener une lésion persistante de la membrane du glomérule

et par suite, une albuminurie continue. Telle serait la pathogénie

acceptable ici. Les détails sont réservés à une autre place'.

L'assemblée se sépare, après avoir choisi de nouveau Bade-les-

Bains, comme lieu de réunion pour l'année prochaine. MM. Erb

(d'Heidelberg) et Franz Fischer (de Pforzheim) sont désignés

comme organisateurs du Congrès suivant. (Archiv. f. Psych. u.

Nei-venk., XV, 1.) P. Kéraval.

1 Nous les mentionnerons, s'il y a lieu.

3S. ! sociétés savantes.

SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE ET MALADIES NERVEUSES

DE BERLli\''

Séance du S juillet 1883. Présidence de 11. Westphal.

A la suite d'un petit discours d'adieux à la mémoire de M. Stei-

nauer qui vient de mourir, le président donne la parole à

M. Moeli qui désire soumettre quelques préparations d'encéphale de

chien et de cobaye. La dégénérescence secondaire, qui succède

constamment à l'extirpation de couches corticales dans la zone

motrice, et qui se rencontre dans certains faisceaux du même côté

de la moelle, quand les pertes de substance sont étendues, a fait

défaut ici après l'ablation de la partie antérieure du lobe frontal.

La section de la couronne rayonnante a entraîné après elle

l'altération distincte d'une partie des fibres qui vont gagner l'écorce.

Ces résultats seront publiés en détail ailleurs '.

M. Sénator procède à sa communication annoncée : Contribution

au diagnostic des lésions prolubérantielles. Ce mémoire sera publié

in extenso 3.

Discussion :

M. Bernhardt. La localisation du foyer morbide dans la moitié

gauche du pont de Varole lui semble impuissante à expliquer

d'une façon satisfaisante les symptômes dûment relevés quant

aux mouvements des yeux, car l'altération ne commençait qu'à

l'extrémité la plus inférieure du noyau de l'oculomoteur externe

et l'oculomoteur externe était, à l'examen, trouvé intact. Il aurait

pu se faire, si le malade eût vécu plus longtemps, que le défaut

d'activité motrice du muscle droit interne à l'occasion des mouve-

ments de convergence se fût ultérieurement compensé, pour re-

paraître encore. Le critique demande ensuite si l'excitabilité élec-

trique des deux moitiés de la langue a été examinée, et sil'étude

microscopique de l'hypoglosse gauche a été effectuée. '

M. SÉKATOR pense que les fibres de l'oculomoteur externe et

quelques portions du noyau de ce nerf étaient atteintes, peut-être

la durée de la maladie a-t-elle été trop courte pour qu'il se soit

' V. Archives de Neurologie, t. VIII, p. 246.

2 Nous en parlerons alors dans les Revues analytiques.

3 Voir son analyse dans les Revues analytiques.

sociétés savantes. 383

produit une dégénérescence visible au microscope. Le nerf hypo-

glosse n'a pas été examiné.

M. L%-.IGRrUTrR. Sur l'action de la paraldhéyde et de l'acélal chez

les aliénés. Huit mois de recherches ont absorbé 2,300 grammes

du premier produit et 2,700 grammes du second. C'est à Dalldorf,

dans toutes les formes possibles de psychopathies, qu'on a expé-

rimenté : 460 essais chez 50 aliénés constituent la base qui a

servi à spécifier les indications précises relatives i la durée du

calme, de la somnolence, du sommeil qui suivaient l'administration

de ces médicaments. De nombreux autres cas ont été observés

grosso nzodo. La dose moyenne de paraldéhyde ingérée se chiffre

par six grammes; celle d'acétal a atteint dix grammes ; le véhicule

usité était l'huile d'olive additionnée de menthe poivrée. On peut,

sans inconvénients, prolonger pendant des mois, l'absorption des

deux remèdes. Les effets accessoires importuns se résument en un

goût désagréable, en une odeur qui persiste longtemps. - La pa-

raldelyde a provoqué une somnolence de cinq à trente minutes

dans 90 p. 100 des essais faits le soir, chez 61 p. 100 des aliénés

médicamentés le jour. L'action est des plus promptes quand le

calme est complet autour de l'individu. Elle est en général bien

plus certaine chez les malades atteints de troubles de la connais-

sance. Les meilleurs résultats ont été obtenus sur les épileptiques

anxieux et obnubilés, ainsi que sur les paralysés généraux agités.

Les au très formes de perturbation mentale, l'insomnie nerveuse, etc.,

ne permettent pas de consigner de différences respectives carac-

téristiques. L'acétal agit comme la paraldéhyde, mais plus

faiblement, d'une manière moins sûre, ses effets accessoires sont

plus désagréables; par conséquent il est à rejeter. La paral-

dehyde mérite d'être vulgarisée, surtout dans les cas où le clilora

demeure inactif.

Discussion :

M. Moeli annonce que ces résultats avec l'acétal ont encore été

plus défavorables que ceux de M. Langreuter. Il n'a pas enregistré

de résultats chez les maniaques, il a mieux réussi, dans les cas de

délire, quand on associait, sous forme de lavements, l'acétal à la

morphine (morphine, 0,01 cent. ; acétal, 6 à 8 grammes).

Séance du 12 novembre ! 883. Présidence de M. Westphal.

M. de Podlewsm (de Cracovie) assiste à la séance.

Avant qu'on ne passe à l'ordre du jour, M. Uhthoff présente à

laSociété un garçon de dix ans atteint du let au 17 septembre de

diphtliérie pharyngée. Dès lors, paralysie du voile du palais

384 SOCIÉTÉS savantes.

(parole nasonnée). A fin septembre, parésie bilatérale de l'accom-

modation, avec conservation de la réaction pupillaire. Du 10 au

16 octobre 1883, se développe le complexus clinique de l'ophthal-

moplégie externe complète, aboutissant aune immobilité absolue de

]'oeil droit, la mobilité de l'oeil gauche étant réduite au minimum

dans le rayon du muscle droit externe ; blépliaroptose bilatérale

modérée. Conservation de la réaction pupillaire sous l'influence

de la lumière; absence du phénomène du genou. En même temps,

paraplégie accentuée dans les membres inférieurs, modérée sur

les extrémités supérieures. Intégrité de la vessie et du rectum ;

pas de troubles de la sensibilité ; pas d'ataxie, pas de troubles du

sens musculaire ; conservation des réflexes crémastériens. Au

bout de quatorze jours, amélioration graduelle débutant par l'ac-

commodation, puis se faisant sentir sur les muscles externes des

globes oculaires. Aujourd'hui, l'imperfection de la motilité existe

complète à gauche ; le champ moteur du globe adroite est en-

core considérablement borné, mais en bas et en haut l'état normal

est presque revenu. Acuité visuelle et accommodation parfaite,

nulle anomalie à l'oplii,halmoscope. On constate encore les autres

perturbations du mouvement, et l'absence de phénomène du

genou. Pronostic favorable. C'est, selon M. Uhtboff, le seul cas

d'ophthalmoplégie externe diphthéritique qu'il importe de rap-

procher du cas de Knapp (Arch. f. AMe ? ! /te : Mnde, 1879), consé-

cutif à l'intoxication carbonique.

M. WHSTPHAL saisit cette occasion pour compléter sa communi-

cation relative à la paralysie progressive de l'ensemble des muscles

de I'oeil dans ses rapports avec les affections psychiques et mé-

dullaires '. Depuis lors, quatre malades ont succombé. Les pièces

anatomiques ont révélé, chez quelques-uns une atrophie marquée

des nerfs oculo-moteurs externes, et pathétiques et, dans un cas,

l'atrophie jaune des muscles oculaires. Dans un autre enfin, l'inté-

grité des nerfs et des muscles contrastait avec des foyers de dégé-

nération multiples dans l'encéphale, y compris la protubérance

et la moelle allongée; il est probable qu'ici les noyaux des nerfs

moteurs de l'oeil étaient intéressés. En conséquence divers processus

seraient la cause des manifestations cliniques.

11f.11tosES place sous les yeux des membres de la Société les or-

ganes, et en particulier l'encéphale et la moelle d'un tabétique

atteint, quatre mois avant sa mort, d'une hémiplégie droite consécu-

tive à un ictus apoplectique. L'homme enquestion, âgé de cinquante-

neuf ans, indemne de syphilis et d'alcoolisme, était ataxique depuis

longtemps. Il avait éprouvé jadis de la diplopie, des douleurs

en ceinture et lancinantes. A l'époque de son admission (1879) on

Voy. les Archives de Neurologie, Société des aliénistes allemands;

Congrès de 1883. Tome VU, p. 363.

SOCIETES SAVANTES. 385

constatait simplement la démarche en fauchant, la nécessité d'un

point d'appui, de la parésie, et, de temps à autre, de la paralysie

vésicale, une constipation opiniâtre, des névralgies viscérales, l'ab-

sence du phénomène du genou. Nul trouble de la sensibilité, du

sens musculaire. Tel fut l'état qui persistait jusqu'en juillet 1883.

Il y a quatre mois, sans cause appréciable, ictus aploplectiquc

grave ; trouble de la connaissance, paralysie faciale complète,

hémiplégie droite. Vingt-quatre heures plus tard, le malade

revient à lui; deux jours après, il récupère la motilité de la jambe

et, sous peu, il reprend également l'usage du bras qui demeure

simplement parésié comme le facial. Parole normale. Hyperes-

thésie de la joue droite, au-dessous de l'oei), qui persiste juqu'à la

mort. Douleurs vives dans la région hypogastrique, irradiant vers

l'extrémité supérieure gauche. Céphalalgie violente. Amaigrisse-

ment. Battements du coeur faibles. Etats de collapsus répétés.

Issue mortelle le 10 novembre 1883. - Autopsie. Coeur gros. Arté-

siosclérose des gros vaisseaux, principalement de l'aorte; hyper-

trophie du ventricule gauche. Ce ventricule renferme un coagulum

un peu ancien qui a refoulé fortement les trabéculesdu myo-

carde. Intégrité de tout l'endocarde; emphysème pulmonaire.

Bronchite catarrhale chronique. Stase hépatique et splénique.

Les reins sont normaux. Le rein gauche seul est, à la périphérie,

occupé par un néoplasme du volume d'une noix, qui, enfermé

dans une capsule résistante, est divisé à l'intérieur en petits com-

partiments à contenu jaune graisseux, et a détruit une partie de la

substance corticale et médullaire de l'organe ; à la convexité de

ce dernier, il forme une proéminence arrondie. L'examen micros-

copique démontre qu'il s'agit d'une capsule surrénale égarée. In-

tégrité de la dure-mère et de la pie-mère. Les vaisseaux de la

base sont scléreux, surtout les artères sylviennes. Pas de lésions

dans les hémisphères, ni dans les ventricules. Le noyau lenticu-

laire gauche seul est le siège d'un foyer de ramollissement jaune,

gros comme un pois, qui en occupe les segments externe et moyen;

plus en arrière, il confine à la capsule externe. La capsule interne,

la protubérance et la moelle allongée ne présentent aucune ano-

malie. Dans la moelle épinière on rencontre les lésions de l'ataxie

locomotrice; leur origine et, dans la portion lombaire, le domaine

des cordons postérieurs, a subi la dégénérescence dans son entier,

elles gagnent la région dorsale (moins les fibres limitrophes

externes des mêmes cordons) et se retrouvent enfin dans la moelle

cervicale (exclusivement bornées aux faisceaux de Goll).-111. llfoses

fait remarquer que ce fait engage à ne pas généraliser indistinc-

tement les idées de Bernhardt et Lecocq, d'après lesquelles l'hémi-

plégie et l'aphasie brusques et passagères, survenues au cours d'une

ataxie locomotrice, se rattachent purement et simplement à l'affec-

tion de la moelle, et n'indiquent aucunement que l'encéphale

Archives, t. VIII. 25

386 SOCIÉTÉS SAVANTES.

soit altéré. Or, ici, l'attaque apoplectique soudaine, rapidement

améliorée, dépendait non du tabès, mais bien de la sclérose arté-

rielle et de la stéatosc cardiaque tout accidentelles. Le foyer de

ramollissement jiémorrhagique sis dans le noyau lenticulaire

gauche explique et la genèse et l'existence des perturbations. Si le

patient avait survécu.-toute trace de l'ictus aurait disparu, tandis

que l'ataxie aurait continué sa marche.

La discussion que cette observation comporte est ajournée.

M. SCRUFTZ présente un aliéné atteint d'anesthésie totale. C'est un

jeune homme de vingt-trois ans, présentant un état de débilité

intellectuelle modéré, sans tare héréditaire, de par l'évolution

d'affections fébriles graves (fièvre typhoïde, variole, fièvre inter-

mittente, néphrite) à l'époque de son développement physique et

psychique. Depuis un an, il est eu proie à une fièvre systématique

entretenue par des hallucinations (auditives et visuelles) qui pro-

voquent des accès d'angoisse, de refus de nourriture, de tentatives

de suicide. C'est un persécuté; une société de gens le harcèlent, etc.,

idées d'empoisonnement. La psychose a été précédée et en

partie influencée par des troubles de la motilité et de la sensibi-

lité. C'est ainsi que, depuis quatre ans, le patient est sujet à des

accès convulsifs survenant à des intervalles réguliers, sans que ja-

mais il perde connaissance. Dans les premiers temps, tout se bor-

nait à des convulsions cloniques des muscles droits de l'abdomen ;

plus tard les muscles des extrémités et du tronc participèrent à

l'attaque. L'aura est constituée par de l'agitation, de l'anxiété, une

céphalalgie térébrante, parfois encore par des hallucinations de

la vue. Les attaques laissent l'individu terrifié, pleurard, errant,

plaintif. Depuis un an, à la suite d'une analgésie limitée à certains

endroits de la moitié droite du corps, il s'est développé une anes-

thésie, d'abord du même côté, puis de toute la surface, anesthésie

portant sur tous les modes de la sensibilité, y compris le sens

musculaire. En même temps, rétrécissement concentrique des deux

champs visuels, surdité, ageusie, anosmie du côté gauche. Tout

concourt à priver le malade de la notion de situation de ses

membreset de son corps dansl'espace; lesyeuxfermés,il demeure

immobile, incapable de marcher. Seuls l'oreille droite, les lèvres,

les doigts de la main droite continuent à sentir ; cette main pos-

sède aussi le sens de l'espace. L'anesthésie qui nous occupe repose

sur un simple trouble fonctionnel, comme le démontrent les fluc-

tuations qui surviennent parfois spontanément dans sa réparti-

tion, et les expériences de transfert qui ont toujours abouti, chez

le malade, à un résultat positif.

Discussion :

M. Sénator demande s'il existe de l'ataxie, et si l'occlusion des

yeux produit le sommeiLM. Schutz. Dès que le patient ne voit

SOCIETES SAVANTES. 387

plus, il n'exécute aucun mouvement parce que le sol lui est dé-

robé ; il le regarde constamment pour marcher, mais il oscille. On

peut, si l'on veut, qualifier même d'ataxique ce genre de progres-

sion, dans l'espèce. L'occlusion oculaire ne détermine pas le som-

meil.

M. Moeli fait remarquer que la vision excentrique a disparu

ici; l'application d'un bandeau sur les yeux transforme l'individu

en statue assise ; il est difficile de décider si c'est là du sommeil ou

une espèce d'hypnotisme; jamais de myosis.

M. Thomson clôt la séance par la lecture de son mémoire Sur les

allures du champ visuel dans leurs rapports avec les accès d'épilepsie.

Jusqu'alors, on a considéré que l'anesthésie optique qui affecte au

périmètre la forme de rétrécissement concentrique du champ vi-

suel, et qui s'allie fréquemment à des troubles de la sensibilité

cutanée et des sens spéciaux, est presque caractéristique de l'hys-

térie. Or, en examinant systématiquement, sous ce rapport, vingt-

huit hommes et cinquante et une femmes du service des aliénés et

convulsifs de la Charité de Berlin, l'auteur a trouvé que les anes-

thésies sensorielles se rencontrent également chez l'épileptique,

qu'elles affectent avec l'attaque un rapport traduisant bien réelle-

ment une loi, mais seulement en certaines conditions déterminées.

Le champ visuel demeure tel qu'il était avant l'attaque, quand

celle-ci est purement motrice, c'est-à-dire quand elle ne s'accom-

pagne ni de trouble de connaissance, ni de dépression effective.

On rencontre un rétrécissement concentrique du champ visuel,

accompagné ou non de trouble de la sensibilité cutanée, des nerfs

sensoriels (ouïe, goût, odorat) ou du sens musculaire, à la suite ou

à propos des états que voici :

1, A la suite d'un accès d'épilepsie, lorsqu'il s'yadjoint un délire

hallucinatoire;

2° A la suite des états d'obnubilation postépileptiques (stupeur,

manie épileptique, etc.);

3° A la suite de presque tous les équivalents de l'attaque accom-

pagnés ou non de trouble de la connaissance (accès d'angoisse et

d'oppression, terreur nocturne avec sensations spasmodiques, aura

motrice et sensitive, etc.) ;

4° A propos d'états stationnaires post ou interparoxystiques

qui, laissant la connaissance complètement intacte, dépriment ou

excitent la sphère affective. L'humeur des malades est affaissée,

leur équilibre psychique est des plus oscillants, ils se plaignent

presque sans exception de toute sorte de sensations nerveuses

(battements de ceeur, tremblements, chaleurs passagères, bour-

donnements d'oreilles, photopsies, céphalalgie et insomnie prolos-

gées). La disparition de ces syndromes s'accompagne de l'expan-

sion graduelle ou rapide (dès les vingt-quatre heures ultérieures

'388 ' BIBLIOGRAPHIE.

du champ visuelqui revient à la normale. Le rétrécissement du

champ visuel est toujours concentrique (ce n'est jamais de l'hé-

.mianopsie) ; il est souvent plus accentué d'un côté. Il s'associe la

plupart du temps, mais non toujours, à une diminution de l'acuité

visuelle. C'est à un trouble circulatoire de l'écorce du cerveau qu'il

convient d'attribuer la cause de toute attaque d'épilepsie qui coïn-

cide avec un rétrécissement concentrique du champ visuel ; le

trouble circulatoire en rapport avec ce dernier n'est compensé que

graduellement, tandis que les modifications de la circulation qui

président à l'accès purementmoteur disparaissent immédiatement

après lui; mais la coparticipation invariable des fonctions psy-

chiques indique bien que l'écorce est enjeu. Malheureusement, il

y a une contradiction topographique ; comment, en effet, relier les

lésions de l'écorce c'est-à-dire de l'écorce du lobe occipital que l'on

rend responsables de l'hémianopsie, aux symptômes périmétriques

décrits ? La clinique a parlé. L'anatomie et la physiologie patho-

logiques répondront plus tard. (Arch. f. Psych. u. Neruenh, XV, 1.)

P. Keraval.

BIBLIOGRAPHIE

IX. Lehr6uch dei, Psychiatrie sur Aerzte und Studirende; par Rudolf

AIiNDT. (Vienne et Leipzig, 1883, Urban et Schwarzenberg, édit.)

Sous le titre de Traité de Psychiatrie à l'usage des médecins et des

étudiants, M. Arndt, professeur et directeur de la cliniquepsychiâ-

trique à l'université de Greisswald, a écrit un livre original. Sur

'les vingt chapitres dont se compose l'ouvrage, nous n'en voyons

guère où il n'y ait à glaner de nombreuses notes. Aussi .la tâche

qui nous incombe n'est-elle pas facile, à raison des limites qui

nous sont imposées. Du reste, rédigerions-nous un extrait complet

des passages les plus intéressants que nous ne réussirions qu'ap-

proximativement à stéréotyper l'enchaînement des idées.

Les fonctions psychiques, dit l'auteur, émanent, comme toutes

les autres, des phénomènes physico-chimiques produit par l'ac-

tivité de la matière vivante. Le système nerveux tout entier col-

labore à la production des fonctions psychiques en un foyer unique

le cerveau et son écorce, de même que les divers organes du corps

viennent alimenter le système nerveux etqu'inversement celui-ci,

de par ses propriétés, réagit sur tous les points de l'économie.

De cette indissolubilité physiologique, résulte ce fait que la folie

est toujours le symptôme d'un état , organique quelconque pyré-

BIBLIOGRAPHIE. 38<)

tique ou aprélitltie, accessible ou non à nos procédés d'investi-

riation; elle témoigne simplement qu'en dernier ressort le sys-

tème nerveux est le locus dolens et que l'écorce, ainsi que les tractus

de la masse du cerveau, sont particulièrement atteints. En second'

lieu, les diverses formes sous lesquelles ellese manifeste traduisent

des phases dans l'anomalie de fonctionnement des conducteurs

nerveux malades; pour un même individu considéré, la folie est

une, chaque modalité par laquelle elle se manifeste représente

une phase dans l'ensemble du processus, et chaque phase res-

semble à l'une des périodes de la convulsion des nerfs mourants

(réaction dégénérative, etc.).

Cette profession de foi émise, M. Arndt entre en matière. On

peut diviser son ouvrage en trois parties. Dans la première, que

nous appellerons A, il coordonne les notions les plus modernes

d'histologie, d'anatomie, d'embryologie et de physiologie du

système nerveux; la psychophysique y tient notamment une large

place. Ces notions forment la teneur des chapitres Il à IX. La

seconde partie B, en dérive tout naturellement; après avoir pris

connaissance du fonctionnement normal, nous devons aborder la

pathologie générale,'la séméiotique appliquée à la psycbophysio-

log'ie générale; en un mot, l'analyse des troubles fonctionnels élé-

mentaires et des symptômes ou des syndromes provoqués par les

modifications morbides remplit les chapitres IX, X, XI, XII. Une

troisième partie s'occupe despsychoses; elles constituent la ma-

tière du chapitre XIII; on nous permettra de la désigner sous

le titre de nosographie générale et classification (C). Il con-

vient, pour l'intelligence du système, d'en rapprocher, surtout

à la première lecture, les chapitres XVII, XVIII, XIX; en effet,

l'évolution des psychose, dont il s'agit ici, représente la clinique

pure, ou du moins cette partie de la clinique sur laquelle

M. Arndt base sa classification, produit de cette idée que la folie,

une, se manifeste à tel ou tel âge de l'individu malade, c'est-à-

dire à tel ou tel âge de la maladie des tractus nerveux, sous la

forme aujourd'hui de mélancolie, plus tard de manie, etc.. ;ces.

trois chapitres sont de la nosographie spéciale (D). Enfin les châ-

tres XIV, XV, XVI, XX, passent brièvement en revue l'anatomie

pathologique, le diagnostic et le pronostic, les causes elle trai-

tement des psychoses.

A. Après avoir exposé les processus de formation de chaque or-

gane nerveux, après avoirmis en lumière la lutte qui, à un moment

donné s'établit entre l'expansion néoplasique indéfinie de la fécon-

dation et l'ectoderme qui vient limiter le développement périphé-

rique d'où le modelage forcé de telles et telles cellules, les

modifications de leur mouvement propre, et par suite deleurs fonc-

tions,-la genèse du cerveau etl'individualisation psychogénétique-

de l'écorce grise, l'auteur résume les relations de l'être avec le mi-

390 BIBLIOGRAPHIE.

lieu extérieur. La sensation résulte de l'excitation de l'organe psy-

chique par une incitation nerveuse ; le mouvement ondulatoire

gagne la cellule de la substance grise; cette cellule, en l'arrêtant, le

transforme de diverses manières, de là les diverses sensations et

les différents actes. En tout cas, la sensibilité est la source de

toutes les facultés, de toutes les propriétés de l'âme des anciens

auteurs. M. Arndt utilise pour le développement de sa théorie

dynamique, physico-chimique, de la genèse, de l'association, des

produits des éléments psychiques, les travaux de E. H. Weber,

Fechner, Wundt,Ptlùger, Brenner, relatifs aux valeurs limites

des excitations. Les esthésies, pour consigner son expression,

puisent leur origine dans la transmission des incitations, suivant

les lois formulées par ces savants ; et c'est par cette transmis-

sion dont nous connaissons une partie des conditions, que

l'organe psychique se meuble, se perfectionne, se décore,

que les tractus et les connexions cellulaires fonctionnent de

mieux en mieux. Les manifestations en rapport avec elles, les

ergasies résultent, les unes des mouvements des muscles de

la vie de relation, les autres des mouvements des muscles

de la vie végétative; de là, les actes volontaires ou involontaires,

réflexes ou réfléchis. Ici encore, c'est la loi de convulsibilité de

Pflùger, Brenner, Wundt qui est la clef de voûte physiologique et,

en particulier, cette proposition qu'un même nerf, suivant qu'il

est modérément ou fortement excité, augmente ou diminue les

fonctions de l'organe sur lequel il agit (développement, arrêt); la

pensée agit, la parole, participe de cette loi. Dans ces conditions,

le libre arbitre est chose toute relative ; pour échapper àl'action fa-

tale d'excitants qui nous entraînent dans une direction donnée, il-

nous faut avoir recours à d'autres stimulus capables de solliciter

différemment l'écorce, si non l'impulsion est irrésistible (opiniâtreté

du délire). Les organes végétatifs étant soumis aux mêmes lois, l'ex-

plication de l'action du physique sur le moral et du moral sur le

physique trouve une unification inattendue. Ceci établi, M. Arndt

jette un coup d'oeil sur les effets de l'hyperexcitabilité et de l'hy-

poexcitabilité du système nerveux, ici aussi on a affaire au déve-

loppement des études d'électrisation sus-mentionnées, et l'on est

en droit d'appliquer les notions de la réaction du nerf dégénéré

(Benedikt, Brenner, Erb) à la physiologie pathologique du cerveau.

Les tractus nerveux intracérébraux malades, mourants sont,

en cela, comparables aux nerfs périphériques.

B. La séméiologie, en vertu delà division précédente, se trouve

d'abord aux prises avec les modifications morbides de la sensi-

bilité, avec les dysesthésies. Les unes portent sur les sensations ou

les sentiments d'origine sensorielle pure, les autres regardent

les notions de temps et d'espace ; d'autres enfin concernent les sen-

sations ou les sentiments d'origine élevée (esthétiques, intellectuels

BIBLIOGRAPHIE. 391

éthiques, idéaux) et la conscience : ce sont des hyperesthésies, des

hypoesthésies, des anesthésies.desparesthésies de chacune de ces

fonctions. A l'hypesthésie correspond le syndrome manie, à l'hy-

peresthésie correspond le syndrome mélancolie. Il va de soi que,

de même que les sensations normales donnent naissance à des

idées normales, les sensations anormales donneront naissance à

des conceptions délirantes. Il va de soi également que, si la res-

ponsabilité n'est, à l'état physiologique que partielle, elle ne sau-

rait jamais être complète à l'état pathologique. Ace propos, nous

signalerons une contradiction. Pourquoi M. Arndt acceple-t-il la

culpabilité et la pénalité comme une nécessité sociale ? Avec

les dysergasies qui constituent, en quelque sorte la seconde section,

nous entrons dans les modifications morbides delà motilité géné-

rale ou spéciale - hyperkinésies hypokinésies akinésies

parakinésies ; la manie, la fureur, la mélancolie sont ainsi ré-

sumées : le mélancolique ne peutcequ'il veut (hypopraxie); le ma-

niaque peut énormément (hyperpraxie), mais il n'a pas de fonds de

volition. Les troubles delà parole, des mouvements organiques, de

la fonction trophique, de la thermogénèse et du sommeil, nous

font entrer, par un domaine purement somatique, danslaséméio-

logie neuropathologique ordinaire; de même que partout ailleurs,

le professeur ne perd jamais de vue le terrain objectif.

C. La pathologie mentale vit au moyen de trois syndromes : la

mélancolie, la manie, la stupeur. La première est issue d'une hy-

peresthésie psychique; en vertu de cette exagération de la sensi-

bilité, les excitations sont arrêtées dans le domaine psychique, d'où

l'hyperthymie, et, par suite, l'hypokinésie, l'hypergasie, l'hypo-

boulie, l'hypopraxie, l'hypophrasie, l'liypologie. La manie'est pré-

cisément l'inverse. La stupeur, c'est l'anéantissement complet.

Mais, si la mélancolie spécifie un arrêt ou une dépression du sens

intime, si la manie désigne une exagération fonctionnelle avec

exaltation de la conscience du moi, s'il existe en même temps une

forme gaie et une forme triste delà manie, c'estqueles expressions

de manie et de mélancolie désignent simplement, à l'époque con-

sidérée, les genres de tableaux morbides dont la réunion va cons-

tituer la psychose. Or, toute psychose comprend trois stades : un

stade de mélancolie initiale qui.représente le mode de réaction du

nerf simplement fatigué, c'est-à-dire de l'organe psychique légère-

ment fatigué ; puis, un stade de manie, qui forme la première pé-

riode de l'épuisement mortel de l'organe psychique; enfin, un

stade de mélancolie secondaire qui traduit l'épuisement paralyti-

que plus ou moins grand du même centre, et se rapproche de la

stupeur; celle-ci est totalement réalisée lorsque la paralysie est

absolue. Autrement dit, toute psychose exprime le mode de réac-

tion d'un système nerveux, et spécialement du cerveau, gêné dans

sa nutrition; le mode de réaction, conforme à la loi de convulsi-

392 BIBLIOGRAPHIE.

bilité du nerf en état de dystrophie, explique pourquoi l'évolution

d'une psychose comporte des phases diverses, selon le degré des

altérations; seulement la déchéance des tractus intracérébraux dure

en certaines circonstances très longtemps (processus d'involution).

Toutes les modalités de cette marche sont identiques à celles de

l'évolution de la dégénérescence nerveuse périphérique.

Quand les trois stades présentent chacun un caractère net, franc,

tranché, c'est la vésanie typique qui se trouve en cause; sinon il

peut arriver que la mélancolie initiale soit le seul stade qui at-

teigne l'état adulte (mélancolie simple et ses variétés), ou que la

manie domine la scène (manie simple et ses variétés). Si les deux

premiers stades sont peu marqués ou rétrocèdent rapidement,

la mélancolie avec stupeur ou la stupeur pure est créée. En tout cas,

dans l'espèce, les trois stades se développent assez uniformément,

la vésanie est typique complète; le défaut i-adicalde l'un des stades

permet d'établir les formes incomplètes, abortives. La uésunie cu-

tatonique est unevésanie typique dans laquelle le stade de mélan-

colie secondaire, prédominant, est constellé de phénomènes cata-

leptoïdes, tétanoïdes, extatiques. Une vésanie typique, avec

phénomènes paralytiques d'ordre moteur, aboutissant à l'hypo-

Irophie, puis à l'atrophie et à la déchéance du malade, s'appelle

vésanie paralytique progressive; ses formes et leurs variétés sont

les mêmes que dans la vésanie typique ordinaire. La question des

intervalles lucides intervient parfois à son tour; elle contraint à

distinguer dans la vésanie typique complète les folies ci double

forme, circulaire, etc. ; dans la vésanie typique incomplète, la

folie périodique ;le même cadre peut être reporté dans la paralysie

générale. Une vésanie typique complète, mortelle en quatorze

jours, ou trois à quatre semaines au plus, se nomme légitime

soeviens; c'est le délire aigu. Une vésanie typique incomplète, plus ou

moins fougueuse, est une mélancolie transitoire, une manie transi-

toire, un simple raptus mélancolique, une démence aigite (stupeur ai-

ou une démence paralytique progressive rapide, galopante. A une

certaine période de son développement, la phase ou l'accès envi-

sagé peut se présenter dans un état de chronicité telle qu'il y a

évidemment sous roche un trouble de nutrition avancé du système

nerveux; les manifestations observées trahissent la convulsion d'un

nerf tellement endommagé qu'il est incapable de réparation; mais

il est encore capable de conserver un degré extrêmement vague

de son ancienne excitabilité, jusqu'au jour où il déchoit sans

1 émission ; tel est le mécanisme des affaiblissements psychiques,

des troubles de l'âme secondaires, par exemple : la folie circulaire,

la folie systématique secondaire et la démence. Ces affaiblissements

psychiques peuvent, au reste, ne pas être précédés de psychoses;

il suffit pour cela que la dénutrition psycho-cérébrale soit de prime

abord égale à la dénutrition secondaire; tels sont la folie syité-

BIBLIOGRAPHIE.

393

mntiquc primitive, originelle, l'idiotie, l'imbécillité, le crétinisme.

Appréciation. La multiplicité des divisions et des suldivisions

qui sont consignées ne laisse échapper aucune variélé, aucune

feinte clinique. Nous regrettons simplement que l'auteur n'ait pas

construit à la fin un ou plusieurs tableaux synoptiques montrant

d'emblée l'ensemble de la classification avec ses nuances origi-

nales.

Il. Nous avons déjà dit que, pour se rendre compte des détails,

il fallait rapprocher du chapitre XIII, les cliapitt-esXVII,XVIII,XIX,

traitant de l'évolution des psychoses. Il y est formulé que' toute

psychose présente, comme toute névrose, une marche chronique,

que les formes transitoires ne sont que les plus fortes explosions,

d'un état pathologique existant depuis longtemps, ayant passé

iitapqrçti,qu'atieuile psychose ne survient immédiatement, du jour

au lendemain, sans avoir été précédée de prodromes, qui souvent

échappent à l'observateur. M. Arndt étudie ensuite.

394 FAITS DIVERS.

aux éléments étiologiques et autres. Nous n'insistons pas plus à fond d

non plus que sur les chapitres XIV (causes) et XX (traitement),

parce que notre longue analyse met suffisamment, selon nous, en

relief le noyau du livre de M. Arndt. Est-ce à dire qu'il ne soit pas

passible de critiques ? Evidemment, non. Mais, tel qu'il est, il peut

rendre de grands services. Quand cela ne serait qu'en forçant les

néophytes à serrer de près l'observation des malades. P. KeRAvAL.

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

De la folie consécutive à l'insolation; par Dony. Thèse de Paris,

1884.

Des accidents tétaniformes dans la dilatation de l'estomac; par

LAPRFVOTTF. Thèse de Paris, 1884.

Des troubles trophiques de la période p)'cBa<n.BtM6 du tabès spéci-

fique ; par P. Portalier. Thèse de Paris, 1884.

Des paralysies dans le cours de la colique hépatique ; par BouR-

DICIION. (Ibid.)

Considérations sur la marche et sur la durée de l'ataxie locomo-

rice ; par Lucas. (Ibid.)

FAITS DIVERS

ECOLE départementale d'infirmiers ET d'infirmières DE l'asile

SAINTE-ANNE.-Les cours de la quatrième année ont commencé le

vendredi, à deux heures, dans l'amphithéâtre de l'admission, et se

continuent les mardis et vendredis suivants, à la même heure.

Voici le programme pour l'année 1884-85 : hygiène; administra-

tion ; pansement; petite chirurgie et applications hydrothéra-

piques ; physiologie; anatomie; rapports de l'infirmier avec l'a-

liéné dans les différentes formes mentales; petite pharmacie. Ces

cours se feront sous la direction de MM. Bouchereau, DAGONET,

Magnan, médecin en chef, et QUESNEVILLF, pharmacien en chef

de l'asile Sainte-Anne. Les personnes étrangères à l'établissement

qui désireront suivre ces cours gratuits devront se faire inscrire

tous les jours, de dix heures à quatre heures, à la direction de

l'asile.

Laïcisation DE l'Asile d'aliénés DE V1LLE-EVRARD. Conformé-

ment aux voeux réitérés du conseil général de la Seine et à l'avis

favorable de la commission de surveillance des asiles, à la suite

d'un rapport remarquable de M. le Dr du Ménil, M. le préfet de

la Seine vient de dénoncer le traité du département avec la con-

faits DIVERS 395

grégation des soeurs de Saint-Joseph. En conséquence, le Il, jan-

vier 1885, elles seront remplacées par des surveillantes laïques.

Nominations. M. le Dl Charpentier, médecin-adjoint de la

Salpêtrière, est nommé médecin en chef à Bicêtre. Le concours

pour la place de médecin-adjoint de la Salpêtrière vient de se

terminer par la nomination de M. le Dr CH. FERÉ.

Arrêté du 41 1 août 1884 ? Ifutvtion : M. le Dr Lapointe, directeur-

médecin de l'asile de Moulins, est nommé directeur-médecin de

l'asile de la Roche-Gandon (Mayenne), en remplacement de M. le

1)' REVERCHON. nommé directeur-médecin de l'asile de Moulins.

Sont nommés, pour prendre rang à partir du llr août 1884 :

A la classe exceptionnelle de leur grade (8,000) : MM. les Dra

Rousseau, DUBI-1U et ViRE'r, directeurs-médecins des asiles d'Auxerre,

Armentières (Nord) et Prémontré (Aisne).

A la Ire classe (7,000) : MM. les D" HÉcouLET, directeur-médecin

de l'asile de Dôle, et MAX SmoN, médecin en chef de l'asile de

Bron (section des hommes).

A la 2° classe (6,000) : M. le Dr GIR-1UD, directeur-médecin de

l'asile de Fains. -.

A la 1r classe de leur grade (3,000) : M\I, les D8 BESSIènE, Guyot,

NoLÉ, et KÉRAVAL, médecins-adjoints des asiles d'Evreux, Quatre-

Mares, Bailleul et Vaucluse (Seine).

Mention honorable. L'Académie royale de médecine de liel-

gique a décerné à M. le Dr TAGUET, médecin en chef de l'asile des

aliénés de Bordeaux, une mention honorable pour son travail sur

l'alcoolisme portant pour titre : L'ivrognerie tue plus de monde

que les fièvres les plus meurtrières. (Bull. Acad. de méd.)

- Nous avons appris des journaux russes, que l'Université de

Kiew (Russie) vient de célébrer, le 20-21 septembre de cette an-

née, avec grande solennité le cinquantenaire de son existence. A

cette occasion, les savants de l'étranger les plus éminents ont été

nommés membres honoraires. La France a comme représentants :

MM. les professeurs Charcot et Pasteur.

Nécrologie. Les journaux politiques annoncent la mort du

Dr Girard de CAILLEUX, ex-inspecteur général du service des alié-

nés du département de la Seine, il était âgé de soixante-dix ans.

On lui doit : Considérations physiologiques et pathologiques sur

les affections nerveuses dites hystériques. Paris, 1841 ; Plan et

mémoire concernant les constructions projetées à l'asile d'aliénés

d'Auxerre. Auxerre, 4842; -De l'organisation et de l'administra-

tion des établissements d'aliénés (Annales médico-psychologiques.

Paris, 1843, 1845, 1846, 4847, 48âi, 1853,1854, 48'i5, ;180); -

Considérations sur le traitement des maladies mentales (Annales

médico-psychologiques, 1844); Compte administratif, statistique

et moral sur le service des aliénés du département de l'Yonne.

396 bulletin bibliographique.

Auxerre, 4 8lt6, in-8°; Essai sur quelques points de physiologie

et de pathologie de la moelle épinière considérée dans ses rapports

avec l'organisme, in-8° de 7 pages; Considérations sur le

programme et le plan du Dr Rottex, pour l'asile d'aliénés du dé-

partement du Rhône (Annales medico-psychologiques, 1847, t. X);

De la construction, de l'organisation et de la direction des

asiles d'aliénés (Annales d'hygiène publique et de médecine légale).

Paris, 1848, t. XL, p. : i à 78 et ? 41 à 306; - \lémoires, consulta-

tions et rapports sur divers objets de médecine légale (Annales

médico-psychologiques, 1844 à 1860), pccssim; Spécimen du bud-

get d'un asile des aliénés et possibilité découvrir la subvention

départementale au moyen d'un excédent équivalent de recette.

Paris, 1855, I vol. in-4° avec tableaux; De l'influence des trans-

lations des aliénés chroniques de la Seine dans les divers climats

de la France au point de vue de la guérison des aliénés et de leur

moralité. (Bulletin de l'Académie de médecine. Paris, 1862, t. XXVII,

p. 700 et suivantes) ; - Etudes pratiques sur les maladies ner-

veuses et mentales accompagnées de tableaux statistiques suivie^

du rapport de M. le sénateur préfet de la Seine sur les aliénés

traités dans les asiles de Ricetre et de la Salpêtrière et de consi-

dérations générales sur l'ensemble du service des aliénés du dé-

parlement de la Seine. Paris, 1863, in-8°. La Gazette des hôpi-

taux annonce la mort du D' 'Alfred Sauze, ancien médecin de

l'asile des aliénés de Marseille, à l'âge de cinquante-sept ans.

M. le Dl Dumesnil, ancien interne des hôpitaux, inspec-

teur général honoraire des établissements d'aliénés et du service

sanitaire des prisons, est décédé le 24 octobre, dans sa soixante-

douzième année.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Secrrtt (Ed.) (In memory of). Being remarhs made b ! lsonze ofhis friends

at the lay funeral service held oetober. Brochure 111-8- de 81 pages. New-

York, 1880. Putnam's sons.

Starr (A.). Cortical lésions of the Bt'a«i. A collection a7ad una-

1 sis of the anzerican cases of localized cérébral dtsease. Brochure in-8"

de 53 pages. New-York, 1881. 1'hc z o/' the médical

sciences.

Grasset (J.). Des rapports de l'hgsférie avec les diathèses serofuleuse

et tuberculeuse. Brochure in-8° de 80 pages. Paris, 1884. Librairie A.

DelalitNe.

LEsAa[LKsJoHBo3Ta Laforce (Dordogne), reconnus par)'Etat comme éta-

d'utilité publique le 7 septembre 1877. Brochure in-8" de

9-. pyrs. l3ergerac, 188'i. Imprimerie Blanit3ue et Cie.

Le rédacteur-gérant, BOURNEVILLE.

TABLE DES MATIÈRES

Accusation (Auto-) probablement

fausse d'un aliéné, par Hcester-

mann, 95.

Acétal, 383.

Acoustique (noyau externe de ! '),

9.

Admission des aliénés dans les

asiles, par Weber, 218.

Affaiblissement psychique, parKra1-

pelm, 95; - (rapport médico-

légal sur un cas de primitif),

par Fritsch. 97.

Albuminurie transitoire dans les

états convulsifs, 3S0.

Alcoolisme chronique, 225.

Aliénés (effets de la fièvre chez les),

par Camlibell, 202.

Aliénés (les), en Italie; établisse-

ments qui leur sont consacrés;

organisation de l'enseignement

des maladies mentales et ner-

veuses, par Billod (An. Charpen-

tier), 123; - (mesures proposées

pour la surveillance des - traités

en dehors des établissements

spéciaux publics et privés), 219.

Apoplexie (symptômes mentaux

précurseurs d'une attaque d'),

par Savane,214.

Asiles d'aliénés dans la basse Fran-

conie, 92; - (rapports sur les),

har hoch 93; - (décoration et

mobilier des), 201; - (concours

des), 270; -(influence de la gran-

deur des sur la marche des

cdsanies), 349; - (du prix des

grands et des petits ! , 350.

Asiles d'aliénés de Rennes, 127.

Ataxie locomotrice et syphilis, 88.

Atrophie spinale chronique chez

l'enlant, 30.

Bains prolongés dans le décubitus

gangreneux des aliénés para-

lysés, 9.

Bains faradiques et galvaniques,

34u.

Basedow (maladie de), 37 ? ,

Bégaiement, 338.

Bromure, 99.

Bulbau'e (apoplexie résultant de

coups dans la région de la nu-

que, 339.

Centres nerveux (influence de la

faim sur les), par Rosenbach, 78.

Cerveau (asymétrie du), 87; -

(plaie pénétrante du), par Burr,

88; (physiologie du), 372.

Cervelet (lacunes du) 370 ; (atro-

phie et sclérose du - dans un cas

d'imbécillité épileptique), 3ïs ;

'lésion hémilatérale du), 308.

Circonvolutions cérébrales de l'hom-

me (synonymiedes), par Kéraval,

181.

Congrès des naturalistes et méde-

cins allemands, 224.

Congrès des neurologistes et alié-

listes de l'Allemagne du Sud-

Ouest, 305.

Convulsion réflexe saltatoire, 345.

Corps restiforme,.79.

Corticales (recherches eapérimen-

tales sur les atropines), par Mo-

"a1(0\\" 233, 323.

Cubital (névrite du - dans ses

rapportsavec les contractures ror-

diformes des doigts), par Etileit-

burâ, 334.

Décubitus gangreneux (bains per-

manents dans le - des aliénés

paralysés), pal, Reitiliiiid, 98.

Dégénération secondaire de la

moelle, par Schultze, 330; par

398

TABLE DES MATIERES.

Biuswanger et Ioeli, 33G.

Dégénérescence combinée des cor-

nes antérieures et des cordons

latéraux, par Yierordt, 331.

Délire aigu, 104.

Délire chronique (contribution à

l'étude du), par Boucher, 173.

Démence paralytique (sur la dis-

position des fibres nerveuses à

myéline dans l'écorce du cerveau

et leur manière d'être dans la),

par Tuczek, 90.

Dure-mère (papille étrangère dans

l'hématome de la), 341. 1.

Dystésie, 375.

Eclampsie et épilepsie, par Ch. Féré,

37.

Electricité statique (sans action sur

les muscles), 233.

Encéphale (conservation de 1'), 306.

Encéphalopathie saturnine, par

Comby, 80.

Endartérite avec paralysie et apha-

sie, 208.

Epilepsie jacksonnienne, par Bour-

neville et Bricon, 295.

Epilepsie traumatique sans frac-

ture, trépanation, guérison, 91.

Epileptiques bromures (contribution

à l'étude des maladies intercur-

rentes chez les), 94.

Epileptique (voracité chez une

idiote, entretenue par un toenia),

94.

Epilepsie (traitement de l' par

les bromures), li9; - (liée à

une tumeur cérébrale), 204.

Epileptiforme (étude d'une nouvelle

variété d'état de mal), 129, 277.

Epilepsie (recherches cliniques et

tliét-apeiititlues sui- l' - 1'livs-

térie et l'idiotie), par Bournevflle

Dauge et Bricon, 121.

Expression du visage chez les

aliénés, parOppenheim, 238.

Experts, 93.

Face (atrophie hémilatérale de la

85, 89, 345; - (traitement

électrique des convulsions des

muscles delà), 346.

Faim (influence de la -. sur les

centres nerveux), 78.

Faradisation générale, par Fischer,

100.

Fève de Calabar (action de la sur

les organes digestif, 344.

Folie induite, par Lelimatin, 95.

Folie (du rôle de la prospérité et

de l'adversité considérées comme

causes de la), par Chapman, 200.

Folie simulée, par Robertson, 217.

Folie systématique, 252.

Folie a double forme, par Mordret

(An. Charpentier), 206.

Force des membres non paralysés

dans l'hémiplégie cérébrale, 344.

Friedreich (maladie de), 365.

Galvano-faradisation, 99, 343.

Galvanomètre, par liemak, 2<6;

(de poche), d'Edelmann, 251.

Genou (phénomène du chez les

enfants), par Poelitzmus, 247.

Gliomateuse (dégénérescence de la

protubérance et de la moelle

allongée, 336.

Goitre exoplithalinique avec manie,

212.

Haschisch, 374.

Hémianopsie hétéronyme latérale,

343.

Hémiathétose aiguë du côté gauche

sans lésion en foyer, 82.

Hyoscyamine (action de l') par

Richter de (Piaukow), 100.

Hypnotisme (état mental dans l'),

356).

Hystei·ie, 121 ; - (attaqucs d'- à

forme d'épilepsie partielle (étude

d'une nouvelle variété d'état de

mal épileptiforme), par Ballet et

Crespin, 429, 277 ; - (mort subite

dans la crise), par Motticre, 332;

- (tmpanite), .t34.

Idées (associations d'), 227.

Idiotie, 121.

Idiotie et imbécillité, 91; - (ana-

tomie pattoloâique de), 250, 352.

Idiot (paralysie et aphasie congé-

nitale chez un), par Shaw, 901.

Inanition (altérations de texture

des centres nerveux produits

par], 346.

Index bibliographique, 156, 270.

Inversion du sens génital, 249, 359.

Irradiations capsulaires, 1, 151.

Jeunesse (sur les affections ner-

veuses et mentales de la), par

Kahlbaum, 243.

Juges et experts en matière de

médecine légale criminelle, 93.

Jumping, 68.

Jumeaux (folie chez les), 351.

TABLE DES MATIERES.

399

Langue (convulsions idiopathiques

de la), par 0. Berger, 85.

Latah, 68.

Localisations cérébrales, Sharkey,

87.

Loi de 1838 (quelques modifications

a apporter à la), par Voisin,91.

Maladies intercurrentes chez les épi-

leptiques bromures, 94.

Mariage (du), chez les névroti-

ques, 349.

Mélancolique homicide, 237.

Mélancolie anxieuse (sur un cas de),

par Séglas, 57; (avec stupeur

et catalepsie), par Adam, 21S.

Méningite tuberculeuse de l'adulte

(étude sur la), par Chantemesse,

124.

Moelle épinière (sur la substance

grise de la et de la moelle al-

longée), par Hollis, 76; (aflec-

tion chroniquedela-,guérison),

par Marina, 326; (altérations

artificielles cadavériques et pa-

tholoôic'ues cle la), 335.

Moelle allongée (tumeur de la),

333.

Morphiomanie, 128.

Morphinisme chronique (du), par

Jouet (An.Charpentier),266.

Myosite ossifiante progressive, 366.

Myriachit, 69.

Nécrologie : Blondeau, Sémerie,

Moreau de Tours, 127; Girard de

Cailleux, 397; Dumesnil, 398.

Nerveuses (excitabilité des fibres

nerveuses sous l'influence de cer-

tains médicaments), 379.

Nerveuses (fibres à myéline dans

l'écorce du cerveau, a l'état nor-

mal et chez les paralytiques gé-

néraux), par Tuczek, 336.

Neuropathotogie (études cliniques

de), par Armangué Y Tuset (An.

Marie), 268.

Névrite dégénérative multiple, par

Erb, 231 ; par Strumpell, 329 ;

- par Erb, 347.

Névrite du cubital, 334.

Névroglie (sur la), par Witkowski,

75, 235, par Gierke, 321.

Nominations : N. Riu, 497.

Oblusion nerveuse, par Kesteven,

206.

Occupation (de l'), dans le traite-

ment des maladies mentales dans

les classes supérieures, par Bo-

wer, 203.

Olfactif (absence apparente du nerf),

86.

Olfactive (muqueuse), 378.

Omoplate (situation de l' dans

les paralysies du grand dentelé),

82.

Optique (disposition centrale et pé-

riphérique des fibres du nerf -,

et sur le tubercule bigéminé an-

térieur), par Ganser, 77 ; par

Bechterew, 323, 324, 325.

Optiques (phénomènes produits par

la section des fibres dans l'hé-

misphère cérébral), par Bechte-

rew, 78.

Paralvsie progressive des muscles

de l'oeil, 384.

Paralysies saturnines des extrémités

inférieures, par Ilemak, 84.

Paralysie infantile spinale exis-

tant depuis trois ans (état ana-

tomo-pathologique dans un cas

de), par Schuitze, 84.

Paralysie pseudo-hypertrophique

et maladie de Thomsen, par Vi-

gouroux, 273.

Paralysie du grand dentelé, 82.

Paralysie générale (sur la patholo-

gie de la), par Wiglesworth, 201 ;

(le réflexe du genou dans la),

par Mickie, 209 ; (chez la

femme, par Cowan, 211 ; - (cas

ressemblant à la), par Masiey,

213; (cas simulant la), par

Savage, 214 ; (anatomie patho-

logique de la), par Mendel, 234,

(par lésion du crâne), 351;

(troubles trophiques dans la), par

Ramadier (an. Ch. Féré), 395.

Paraldéhyde (action sur les alié-

nés), 106, 383.

Paranoïa secondaire, 250, 253.

Paraparésie, 377.

Parole (du siège et de la direction

des irradiations capsulaires char-

gées de transmettre la), par Bi-

tot, 1, 151.

Phrénique (suppression-de l'exci-

tabilité du nerf sous l'influence

de l'asphyxie par les vapeurs de

charbon), par Emminghans, 338.

Pneumogastrique (effets respira-

toires de l'excitation du), 78.

Poliomyélite antérieure subaiguë

.400

DES

cervicalecirconscritechezl'adulte,

84.

Prix : Esquirol, Aubanel, Lalle-

106,363; - de l'Académie

de Belgique, 127.

Psychose (consécutive ta soudure

prématurée des sutures crânien-

nes), par Leidesdorf,96; (chro-

nique), 254.

Psvclioses chloraliques, par Kirn,

229.

Psychiatrie (traité de), par Ai-ticlt

(An. Kéraval), 389.

Rage (commission de la), 127.

Rapports medico-tegauxsories états

mentaux douteux, 360.

Bestraint, 355.

Réaction dégénérativeaux courants

faradiyues 82.

Récompense honorifique, 111. Fabrn,

128.

Sciatique (des paralysies du nerf

- poplité externe d'origine pel-

vienne), par Dorion (An. Féré),

268; (traitement de la par le

massage), 379.

Sclérose diffuse et disséminée du

cerveau, 327, 3L)S, 347.

Sensibles (ralentissement de la con-

ductibilitédesimpressions-dans

les lésions des nerfs périphéri-

ques), par Erb et Westphal, 335.

(incitation des nerfs de

l'homme), 342.

Sensibilité cutanée et sens muscu-

laire (localisation centrale), 322.

Séquestration des aliénés dans leur

famille, 105.

Simulation des troubles psychi-

ques, par Siemens, 93 ; (chez un

détenu), 361.

Société médico-psyclologique, 104,

219, 363.

Société de psychiatrie et des ma-

ladies nerveuses de Berlin, 246,

382.

Strychnine (Injections sous-cuta-

nées dans quelques affections du

système nerveux), par de Céren-

ville, 99.

Surdité centrale unilatérale, 82.

Surdité (sur une cause de), 86.

Syphilis et ataxie, 88.

Syphilis et démence paralytique,

361. I .

Système nerveux (traité des mala-

dies du), par Blizzard (An. P.

Marie), 118.

1'abesdorsal,parltumpf,8l, 370;-

attaques apoplectiformes et épi

leptiformes dans les premiers

stades du), par Bernbardt, 81,

3r4;-(traitement du-parlepin-

ceau faradique), 85; (avec

symptômes encéphaliques de lé-

sion au foyer), 948.

Tétanos (substratum anatomique

du), 84.

Thomsen (maladie de) et paralysie

pseudo-hypertrophique, par Vi-

,-otii,otix, 273.

Trijumeau (paralysie du), 396.

Tumeur cérébrale avec surdité cen-

trale unilatérale, 82.

Tumeurs cérébrales .( casuistique

des), par Iiicliter, 83.

Voyage psychiatrique en Dancmark.

en Suède et en Norvège, par Clans,

109, 255.

Vue (troubles de la - dans la pa-

ralysie progressive), 362.

TABLE

DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

lllam (.f.). 21G.

Armangué, 268.

At'ntlt, 3â9.

Ballet, 129, 277.

Baumler, 372,

Beach, 352. -

Bechterew, 78, 3--2, 323, 324, 325

BernII,trtit, St, 231.

Berger (0.1, 85, 346.

BCrnarLl (U.), S7, 333.

Berlin, 375.

BiHod,J23

Binswanger, 336.

Bitot, 1,151.

Borell, 370.

Boucher, 173.

BOtll'nC\tIIC, 121, 29ô.

Bower, 903.

Bricon, 121, 295.

13riand, 10â, 10G, 211, 3G3.

Burr, SS.

Buzzard, 118.

Cameron, 355.

Campbell, 202.

Cantanaro, 339.

Cérenville (de), 99.

Chamemesse, 124. 219.

Cliapman, 200, 349.

Charpentier, 1911, 266, 268.

Christian, 22t.

Claus, 109, 223.

Comby.SO,12j.

Cowan, 211.

Cresltin, 129, `ti7.

Dauge, 88, 121.

Deny, 79, S0, S9, 91, 92, 91, 99.

DOL'ion.968.

Ebstein, 334.

Edelmann, 231.

t : isenlohr, a4.

Emminghaus, 338.

Erb. ? 31, 335, 34 ? , S'il, 367.

ErlUzlcy, S9.

Esclile, 344.

Eulenbur, 334, 340.

Falret. 3t9.

Falk, 238, 25 ?

Fér6 (Ch.), 37.87, SS. 268.

Fischer, 100, 231, 377.

Fritscli, 97.

Frie(Ilajider, 3'4.

Friedmann, 328.

Ganster, 77.

Gierke, 321.

Gilles de la Tourette, 68.

Grill, 331.

Gnauk, 255, 343.

Greiff, 327.

Grunewald, 237.

Heiii-ijeaii, 78.

Hirschberg, 362.

Hitzig, 234, 368, 372.

Hoestermann, 95.

Mollis, 76.

fluncrfauth, 379.

Ideler, 237.

Jastrowitz, 236, 237, 953.

Tolmstone (J.-C.), 2W.

Jolly, 231, 232.

ARCIIINE-1, t. Vlll. 26

102

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.

Jonge (de), 333.

Jouet, 266.

Kahlbaum, 242.

Kahn, 78, S9.

Kast, 82, 345, 380.

Kesteven (W.-H), 206.

Kéraval, 75, 78, 80, 81, 82, 83, s5,

85, 86, 91, 92, 93, 95, 96, 9î, 98,

99, 100, 103, 106, 118, 181, 235,

245, 255, 26, 331, 322, 323, 324,

325, 327, 328, 329, 330, 331, 332,

333, 334, 335, 33G, 338, 339. 340,

341, 349, 343, 344, 3li5, 346, 347,

359, 360. 361, 362, 387, 3S8, 394.

Kirn,229,23t.

Iürschholl, 82, 3GL.

Knecht, 236, 237.

Kocli, 93.

Kolits, 366.

Kortum, 250.

Krafft-Ebing, 360.

KrcEpelm, 95, ? 3 ? 237.

Kuster, 85.

Lebel, 86.

Le Gendre, 94.

Lelirnaiin, 95.

Leidesdorf, 96.

Lépine, 86.

Limier, 220.

Magnan. 91.

Major, 354.

Manly, 213.

Marie (P.), 76, 121, 123, 270, 326,

359.

Marina, 326.

llendel, 234, 249, 250, 345.

lllerina (de), 374.

Mickle, 209, 351.

Mierzejewsky, 89.

Mitchell (ll.-B.), 208.

Moeli. 254, 336. ·

llollière, 322.

Mommsen, 379.

1.toiiakow, 79, 2 : 13, 3 ? 3.

mordrez, 206.

llloses, 384.

Mueller, 326.

3lusârave-Clay (R. de), 201, 202,

203,204, 206, 207, 209, 211, 212,

213, 214, 216, 217, 218, 349, 350,

351, 352, 354, 355, 356, 359.

Neumann, 93.

Nercam, 106.

Oppenheim, 238.

Paclcer (IL), ? 04.

Parant, 105.

l'lwton, 347.

Prévost, 88.

Rabow, 249.

Rayner, 350.

Reinhard, 98.

Reiiiak E ),. 84.

Ihchter (de DalUorf), 83, 2d7, 230.

Ridtter (de Pankow), 100.

Riéger, 92.

lioliertson (A.), 217.

Rosenbach, 78, 99, 340.

Ruinpf, 81, 85,370.

Savaâe (G.), 214, 349 ? 51,

Saxtorphe, 91.

SChttltZe, 8n, 232 330, 3G5.

Schule, ? ` ? G, 230.

Sclwaetter, 237.

Schulz, 333, 336.

Seelymuller, 84, 232.

Séglas, 57.

Siemens, 92.

Sharkey, 87.

Shaw, 201.

Stark, 366.

Stein,343.

Stilling, 307.

Strumpell, 82, 232, 329.

Tebaldi, 3ss.

Tuezoli, 90, 336.

Tulie (H.), 356.

Urqhuart,20t.

Vierordt, 331.

Vigoureux, 272.

Voisin, 91.

Waldever, 378.

Watteville (de), 99, 342.

WeberfL.), 218.

Wemicke, 248, 249.

Westphal, 249 253, 25, 3311, 384

Wiglesworth, 201.

Wille, 225.

Witkowski, 73, 234.

Zacher, 351.

Zenker, 236.

EXPLICATION DES PLANCHES

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCHE PREMIÈRE

Coupe horizontale à tut centimètre au-dessous de la face supérieure

du corps calleux.

1, Irradiations extra-nucléaires de la portion frontale de Ja capsule

interne, confinant aux trente millimètres antérieurs du bord externe du

ventricule latéral.

2, Section transversale de ce faisceau.

3, Noyau caudé.

hâves de Neurologie . ' T. VIII . PI . I

Archives de Neurologie T VIII PI Il -

ImP 33 ecqu et fr. Par, s

EXPLICATION DES MANCHES. 405

PLANCHE 11

Coupe anléro-poslérieure à deux centimètres en dehors ..

de la scissure médiane.

z 9. Irradiations extra-nucléaires de la portion frontale de la capsule

interne se recourbant vers le lobe orbitaire.

2, Faisceaux intra-nucléaires.

406 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE III

a, Fond de la deuxième scissure frontale.

F S, Ligne fornicato-sylvienne.

c, Noyau caudé.

d, Dentelures formées par l'extrémité interne des faisceaux de la cap-

sule interne. ' '

g, Gyrus fornicatus ou circonvolution du corps calleux.

v, Bord externe du ventricule latéral.

s, Partie supérieure de la scissure.

i, Insula de Reil.

Fi, Fi, F3, Les trois circonvolutions frontales.

Archives de Neurologie T VIII PI III

Imp Be.liet fr Paris

Archives de Neurologie

T VIII Pl.IV.

Imp Becqaet fr Paris

EXPLICATION DES PLANCHES. 407

PLANCHE IV

1, Irradiations extra-nucléaires de la portion frontale de la capsule

'nterne confinant au bord externe du ventricule latéral.

2, Coude supérieur de la capsule interne.

3, Fond de la scissure précentrale.

4, Lentille.

5, Avant-mur.

F, S, Ligne fornicato-sylvienne.

C, c, c, c., Circonvolution du corps calleux.

408 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE V

C i, Capsnle interne. '

C op, Couche optique.

F S, Ligne fornicato-sylvienne.

Ne, c, Noyau caudé.

N 4, Noyau lenticulaire.

i. l, Racine inférieure de la couche optique.

S l, Septum lucidum.

C. c, a, Commissure eérebiale antérieure.

C na, 4, Centre moyen de I,uys.

F.l. Faisceau longitudinal inférieur.

0. g. n. o, Origine grise des nerfs optiques.

T. c, Trigone cérébral.

V. Ventricule moyen.

Archives de Neurologie.

T VIII. PL.V

Archives de Neurologie.

T VIII PI. VI

Leur. th.

Imp.13 ectniei 47,. Paris

EXPLICATION DES PLUCHES. 4U9

PLANCHE VI

Face concexe de l'hémisphère droit; fuyer ancien.

Par une erreur, qui n'a pu être réparée, de l'imprimeur lithographe,

il faut lire les lettres 1 rebours. ? /%, F3, Première, seconde et troisième circonvolutions fion'tales ! F , , Insertion delà première circonvolution frontale.

i Fi, Insertion de la seconde circonvolution frontale.

F a, Frontale ascendante.

P a, Pariétale ascendante.

S/i,SL)lon de Rolande

Pi, Pli pariétal supérieur.

P C, Pli courbe.

l ? Première circonvolution temporale; eile envoie un pli de passage

au lobule de l'insula dans le fond de la scissure de Sylvius.

T., Seconde circonvolution temporale.

S pp, Scissure parallèle.

L c, (Il faudrait L i), lobule de l'insula.

410 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE VII

Face interne de l'hémisphère droit; foyer ancien.

F,, Première circonvolution frontale.

L P, Lobe paracentral.

L C, Lobe carré.

L C, Coin.

L 0, Lobe occipital.

C c, Circonvolution du corps calleux.

C, Corps calleux.

C S, Corps strié.

C 0, Couche optique.

C 11, circonvolution de l'hippocampe.

1'4, Quatrième circonvolution temporale.

Archives de Neurologie.

T.VIII.T1 VII

1 évita. lith

1mP -Becquet fr Pans .

Archives de Neurologie. T. VIII. PI. VIII

T 1 1.

ImP.B ecque fr.Paris

EXPLICATION DES PLANCHES. tit t

PLANCHE VIII

Face convexe de l'hémisphère gauche.

1\Ii;me crreur d'impressiou.

Fr, Fia, F , Première, deuxième et troisième circonvolutions frontales.

F a, l'rontale ascendaiite.

P a, Pariétale ascendante.

Pi, Pli pariétal supérieur.

Il , Pli pariétal inférieur.

P c, Pli courbe.

L 0, Lobe occipital.

T, , Première circonvolution temporale.

L I, Lobule de l'insula. ? Pli de passage envoyé au lobule de l'iiisuld par la 1)r(,iiiière cii-coti-

volution temporale.

Cette planche permet de comparer la face, convexe de l'hémisphère

sain avec l'hémisphère malade et de se rendre compte du retentisse-

ment de la lésion sur les circonvolutions non lésées.

112 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE IX

Face interne de l'hémisphère gauche.

1 1, Premère circonvolution (routale, coupéc paruu sillou wtical, S.

Ce, Circonvolution du corps calleux.. z

C, Corps calleux.

L P, Lobe paracentral. ,

L Q, Lobe carré

L C, Coin.

L 0, Lobe occipital

C S, Corps strié.

C 0. Couche optique.

C H, Circonvolution de l'hyppucampe.

Cette planche permet de se rendre compte par comparaison des mo-

difications déterminées par la lésion sur les circonvolutions non atteintes.

Les lobules paracentraux (L P), les lobes carrés (L Q), le coin (1 Ci, les

lobes occipitaux (L 0), les circonvolutions temporales présentent entre

eux de grandes différences, offrant une asymétrie très prononcée. On

verri aussi, par cette comparaison, que le corps strié du côté, droit est

notablement plus petit que le gauche. Les couches optiques pa-

raissent à peu près d'égale dimension. ! mrm il 1 11, 11 I m - 11&4.

Archives de Neurologie ' T. VIII. PI IX.

,l 1. eu-ba litli ImP Becquet ir Paris