(1883) Archives de neurologie [Tome 06, n° 16-18] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales
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(1883) Archives de neurologie [Tome 06, n° 16-18] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE E

NEUROLOGIE

ÉVRRtTX, IMPRIMRRIF. OF. CHARLES HÉRISSE".

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

REVUE

1

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION Dr

J.-M. CHARCOT

evec LA COLLÀIIUIIÂTION DE

MM. BALLET, IOEHNAIID, BITOT (P.-A.), BLANCHARD, BONNAnOEiE.)

BOtICIIE11LA,U, BHIAND (31.), BIiISSAUU (E.), BItOlLIIiUEL (P.), CHARPENTIER, C0TARD

UANILLO, DEBOVE (M.), DELASIAUVE, DUIIET, DUVAL (usrmes),

FEBH1EIÎ, GÉRENTE, GOMBAULT, GRASSET, IIUCIIABD, JOFFROY (A.),

KELLER, K.ÉRAVAL (P.), K0JEWN1K.0F, LANDOUZY, LEFLA1VE.LEGRANI) DU SAULLE,

MAGNAN, MARIE, MAYGR1ER, BAYOU, 111LEItZEJE\VSICY, 11USGItWE-f.LAY,

PARINAUD, PIEIiItI : T, PIGNOL, PITRES, 1\..1. YiIlOND, REGNA)))) (P.).

RICHES (P.),'SÉGLAS. SEGUIN (E.-C.), SIKOIISKY, TALAMON, TEINTURIER (I.),

THUL1É (H.), TIi01S1E1t (E.), VAILLANT, V1G0UR0UY (R.),

VOISIN (J.), WU1LLAMIÉ.

Rédacteur en chef : BOURNE VILLE

Secrétaire de la rédaction : en. FÉRÉ

Dessinateur : LEUBA.

Tome VI. - 1883.

Avec 8 planches noires ou en couleur et 6 figures dans le texte.

PA RIS

BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL

[le, rue des Carmes.

1883

Vol. VI. Juillet 1883. N° 16,

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS;

Par le Dr Théodore KELLER '.

Presqu'au début de notre carrière médicale, M. le

professeur Charcot nous envoyait, pour le soumettre à

un traitement hydrothérapique, un jeune malade affecté

d'une céphalée tenace qui l'empêchait de se livrer à ses

études depuis plusieurs années. Cette affection nous

parut curieuse et nous fîmes des recherches pour trou-

ver une relation de faits analogues. Toutes nos re-

cherches furent infructueuses. M. Charcot, à qui nous

nous adressâmes alors, voulut bien nous éclairer sur

le sujet. Il nous apprit que cet état était assez fréquent

chez les jeunes gens, mais qu'il n'avait guère attiré

1 Nous avons publié un résumé de cet article dans le Progrès médical

du 23 novembre 1882. De son côté, le Dr Hené Blache Üent de faire pa-

rallre une étude fort intéressante sur cette même question dans la Reçue

mensuelle de l'Enfance, numéro d'avril ISS3. Il a donné à l'affection le

nom de « Céphalalgie de croissance ». En comparant nos deux articles,

on pourra constater que nos opinions se sont rencontrées sur la plupart

des points.

Archives, t. VI. 1

2 CLINIQUE NERVEUSE.

jusqu'alors l'attention des auteurs. Il nous engagea à

prendre note des cas du même genre que nous pour-

rions observer, et à en faire à l'occasion un examen

plus approfondi. Nous nous sommes conformé à ces

conseils, et c'est le résultat de ces observations que

nous allons reproduire ici.

Nous exposerons d'abord les faits tels qu'ils se sont

présentés à nous.

Observation I.M. A..., âgé de dix-huit ans, grand et beau

garçon, fils d'un artiste des plus distingués. Il n'y a ni rhu-

matisanls, ni goutteux dans la famille.

A... a eu, au dire de sa mère, une enfance un peu déli-

cate, mais sans qu'il y ait eu cependant rien de bien particulier

à signaler dans sa santé. Il était intelligent et apprenait très

facilement. Jusqu'à l'âge de douze ans, il a été instruit en

dehors des écoles. A cet âge, on le plaça au lycée. Il commença

alors à se plaindre de douleurs de tête, qu'on croyait d'abord

causées par la chaleur du poêle et le gaz. Mais bientôt son tra-

vail ne put plus être qu'intermittent. L'enfant restait souvent

plusieurs jours de suite à la maison pour se reposer, les maux

de tète devenant de plus en plus violents. Enfin, au mois de

mai de l'année suivante, il dut interrompre complètement ses

études et, depuis cette époque, il lui fut impossible de jamais

terminer tout à fait une année scolaire.

L'enfant passa ses vacances à la campagne. Sous l'influence

du repos et du grand air, son état s'améliora; mais, à la rentrée

des classes, les maux de tête le reprirent, et il ne put de nouveau

suivre les cours que moyennant de fréquentes interruptions. Il

quitta le collège, comme l'année précédente, au mois de juin, et

retourna à la campagne où, encore une fois, le repos lui procura

du soulagement. L'année qui suivit fut encore plus mauvaise

que les précédentes. Les maux de tête devinrent plus tenaces

et plus violents ; il y eut, en outre, des vomissements assez fré-

quents. Cette année-là, il fut incapable de toute application

intellectuelle. L'idée seule d'essayer de lire une ligne lui était pé-

nible. Le sommeil, qui avait été bon jusqu'à ce moment, se trou

bla aussi et le jeune malade eut des nuits entières où il ne dormit

pas. Enfin, le moral fut affecté à son tour et l'enfant, découragé,

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 3

tomba dans une hypochondrie profonde. Il évitait toute société

et fuyait toute distraction. On avait essayé en vain bien- des

médications. Un autre retour à la campagne ne modifia pas

beaucoup cet état. Au mois d'octobre suivant, il ne fut même

pas question de replacer le jeune homme au lycée. Il passa en-

tièrement cette année-là à ne rien faire, ou plutôt il ne prit que

de rares leçons chez lui. Vers le mois de mars, le médecin de

la famille conseilla l'hydrothérapie, et l'on mena le jeune

homme dans un gymnase du quartier. Mais cette hydrothéra-

pie, loin de soulager le malade, parut aggraver son état. Il

fallut, au bout de trois semaines, renoncer à ce traitement.

C'est alors que les parents désolés allèrent consulter M. Char-

cot. Celui-ci rassura la famille, déclara que le jeune homme

guérirait, et me l'adressa.

Voici ce que je constatai chez A ? qui avait alors dix-sept ans.

Il se plaint d'une douleur qu'il localise sur le devant du front ;

il lui semble qu'un arc de cercle se resserre douloureusement

dans cette région. Par moments, cette douleur devient tout

à fait aiguë et s'accompagne de battements et d'élancements

dans la profondeur. La douleur est presque continuelle; elle

ne parait guère se calmer que pendant le temps consacré aux

repas. Autrefois, elle était moins forte le matin et augmentait

dans la journée; mais, maintenant que le malade ne dort

pas, il n'y a plus de répit matinal. La moindre lecture, même

la plus petite tension d'esprit, aggrave les sensations. Depuis

deux mois le malade n'a pour ainsi dire pas fermé l'oeil. Il

rend souvent ses repas et a fréquemment des nausées et des

vomissements de glaires qui coïncident avec les paroxysmes de

son mal. L'appétit est cependant assez bien conservé. Les chan-

gements de temps sont vivement ressentis; le malade préfère,

en général, le temps mou et humide au temps froid et sec.

La pression exercée sur le crâne ne provoque de douleurs dans

aucun point, les nerfs sous-orbitaires ne sont point sensibles,

la souffrance ne s'étend pas aux yeux, la vue est bonne, les

pupilles sont dans l'état normal.

A... commença son traitement le 1" juin. Je lui admi-

nistrai une douche froide matin et soir. Quelques jours après,

je fis précéder la douche d'un bain de pieds à eau courante.

Dès les premiers jours de ce traitement les douleurs de tête

diminuèrent, les vomissements s'arrêtèrent. Mais l'insomnie

persista. Je lui prescrivis alors une dose de 1 gramme 50 de

4 CLINIQUE NERVEUSE.

chloral, le soir, au moment de se coucher. La nuit fut excellente.

Le lendemain, je réduisis la dose à 1 gramme; elle suffit pour

amener le sommeil. Le jour suivant, le malade se sentant

disposé à dormir supprima de lui-même le médicament. Il

passa une fort bonne nuit et, à partir de ce moment, le sommeil

ne fit pas défaut. Les effets de l'hydrothérapie s'accentuèrent

alors rapidement. Au bout de deux mois, les maux de tète

avaient presque totalement disparu. Le malade pouvait lire eltra-

vailler plusieurs heures par jour, sans trop de fatigue. Il partit

pour la compagne, où je lui recommandais l'exercice au grand

air et des bains de rivière.

Au mois d'octobre, il rentra au lycée. Il commença sa prépa-

ration au baccalauréat es lettres, et travailla activement jusqu'au

mois de juin, Il n'était pas complètement affranchi de ses

douleurs de tète; mais celles-ci ne revenaient avec un peu

d'intensité que lorsqu'il se surmenait, et le repos suffisait

pour les calmer. Mais, vers le mois de juin, ayant à fournir un

travail plus soutenu pour la fin de l'année qui approchait, les

douleurs reprirent avec plus d'intensité.. Le jeune homme

revint alors me trouver, et il recommença son traitement. Il

prit une douche par jour, le soir, après la classe, pour dissiper

la fatigue. Cette simple précaution lui permit de continuer ses

études. Il passa son baccalauréat avec des notes satisfaisantes.

L'année suivante, il voulut se préparer au baccalauréat ès

sciences. Mais le travail des mathématiques lui parut trop pé-

nible ; il eut peur d'une rechute et, comme il se destinait à la

carrière artistique de son père, il abandonna ses études pour

se vouera la peinture. En 1880, A... fit son volontariat dans

l'artillerie, sans passer un seul jour à l'infirmerie, et sans que

le mal ait reparu. Depuis, il s'est bien porté, et il est en voie

de devenir un artiste distingué. Il a encore quelquefois des

maux de tête, mais ce n'est plus jamais qu'une indisposition

passagère.

Observation II. M. B..., âgé de dix-huit ans, m'est

adressé au mois de juin 1877 par M. le professeur Charcot et

M. le docteur Bonin. La mère du jeune homme est morte

phthisique, il y a quelques années. L'intelligence de X... a

toujours été un peu paresseuse. A seize ans, il n'était encore

qu'en seconde. Au mois de mai de cette année scolaire, il

commença à ressentir des maux de tète qui, d'abord légers, ne

tardèrent pas à devenir plus forts et à entraver ses étude ? . Il

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 5

dut quitter les classes vers le mois de juin, et partit pour la

campagne. Là, les douleurs s'amoindrirent, mais pas assezpour

que, à la rentrée, il put retourner au lycée. On lui donna un pré

cepteur qui le fit travailler avec beaucoup de difficulté pendant

toute cette année. L'année suivante, il retourna en classe, mais

ses études furent si peu fructueuses, qu'il ne put même pas se

présenter avec ses camarades aux épreuves du baccalauréat.

Les douleurs de tête étaient devenues de nouveau beaucoup

plus intenses. 'Le jeune,malade me fut amené au mois de juin

suivant. Il se plaignait alors d'une douleur siégeant à la

région frontale et grande, disait-il, comme .une pièce de cinq

francs. Cette douleur était légère ! le matin ; elle se développait

pendantlajournée, et était, par moments, excessivement pénible.

Tout travail de tête l'exaspérait. Le jeune homme, qui avait

beaucoup' grandi dans les dernières années, avait mauvaise

mine, était triste, plongé dans une hypochondrie profonde.

J'eus peu de succès avec ce malade. A la quatrième séance,

il quitta le traitement, sans que j'en susse les raisons. J'ai

appris récemment,, par le docteur Bonin, qu'après les deux

dernières douches, il avait eu.de la surexcitation et comme

des accès de fièvre, avec sueur nocturne. La famille inquiète et

le docteur Bonin, qui redoutait l'hérédité tuberculeuse chez le

malade, firent suspendre le traitement. Le jeune homme ne

m'avait rien dit de ce qu'il avait ressenti. Obligé de venir de

la campagne, il faisait, du reste, son traitement avec beaucoup

de répugnance. Il est probable que, s'il m'avait parlé de ce qu'il

éprouvait, j'eusse pu, en modifiant ma manière do procéder,

faire cesser rapidement les phénomènes qui s'étaient produits,

et amender l'état céphalique, comme cela m'a réussi dans tous

les autres cas. La suite de l'histoire est d'ailleurs instructive.

Il essaya vainement bien des médications. La seule chose qui

lui fit du bien, ce fut un changement d'air de six mois, en

Alsace. Mais il n'a jamais pu guérir et, actuellement, à l'âge de

vingt-trois ans, il est encore dans le même état qu'il y,a cinq

ans.

Observation III. -11. C..., âgé actuellement de quinze ans,

né de père et mère arthritiques, fils unique. Il n'a jamais été

malade jusqu'en 1878. Bien doué et apprenant facilement, il

a été instruit à la maison par un précepteur, qui nous dit n'avoir

jamais eu qu'à se louer de son élève. En juillet 1878, à l'âge de

onze ans, l'enfant était à la campagne, où il passait ordinaire-

G CLINIQUE NERVEUSE.

ment huit mois de l'année, lorsqu'un beau matin il accusa, sans

cause bien appréciable, un violent mal de tête, accompagné

d'étourdissements et de maux de coeur. Cet état, qu'on crut

d'abord passager et'qu'on traita par un purgatif, et puis par du

bromure de potassium, résista à ces' moyens thérapeutiques.

Seul l'état gastrique s'amenda ; mais les douleurs de tête persis-

tèrent. L'enfant, jusque-là d'un caractère facile et plutôt gai,

devint triste et irascible. Il entrait en colère pour la moindre

observation et poussait quelquefois l'irritation si loin qu'il

avait de véritables attaques de nerfs, pendant lesquelles il se

roulait par terre. Pendant ces crises, le seul moyen de le

calmer était de le laisser seul et de l'abandonner à lui-même.

Dès les premiers jours, on fut obligé de suspendre toute étude,

la moindre application de l'esprit ravivait les douleurs. L'en-

fant ne se trouvait, en général, soulagé qu'au grand air qu'il

recherchait instinctivement. Dans sa chambre, il ouvrait les

fenêtres. Il n'avait de répit que pendant les moments qui

suivaient les repas ; pendant la nuit, il conservait le sommeil.

Au mois d'août, comme l'état ne s'améliorait pas, on emmena

l'enfant à Ragatz, sur les conseils du Dr Blache, médecin de la

famille, à Paris. La cure lui fit un pou de bien, en ce sens qu'il

fut plus calme, et que la douleur de tête diminua d'intensité;

mais il ne fut pas question de reprendre les études et l'automne

et l'hiver se passèrent dans ces conditions.

Rentré à Paris au mois de mars, on recourut à l'hydrothé-

rapie. Mais, cette fois, la médication ne parut pas réussir. Au

bout de deux mois, le mal avait encore augmenté et l'on dut

renoncer à ce mode de traitement. On retourna à Ragatz

pendant l'été. Nouvelle amélioration pendant le séjour aux

eaux. Mais, après Ragatz, on monta à Saint-Moritz et, là, tout

l'effet de la cure thermale se perdit. L'automne et l'hiver

s'écoulèrent, comme les précédents à la campagne, et sans que

l'enfant pût reprendre ses études. Au printemps, le Dr Blache

appela M. Charcot en consultation. Ces messieurs décidèrent

qu'il fallait en revenir à l'hydrothérapie, et ils m'adressèrent le

jeune malade, qui avait alors treize ans.

Voici ce dont il se plaignait. Il ressent, dit-il, une sensation

de tension qui siège uniquement sur le devant du front. Cette

sensation, tolérable en temps ordinaire, devient douloureuse

dans toute l'acception du mot aussitôt qu'il veut appliquer son

attention soit à une lecture, soit à un récit, soit à une simple

DE LA CEPHALEE DES ADOLESCENTS. 7

conversation. La douleur est nettement limitée à la région

frontale. Jamais elle ne s'élève au delà du front, ou ne s'étend

aux régions latérales ou postérieures de la tête. L'exploration

du crâne ne révèle aucune sensibilité à la pression. La douleur

ne descend pas dans les yeux. L'enfant est légèrement hyper-

métrope, mais M. Perrin, consulté à cet égard, ne rattache pas

l'affection nerveuse à ce défaut de la vue. Les verres, appropriés

à cet état, ne lui ont du reste apporté aucun soulagement. La

lumière ne lui est pas particulièrement désagréable. Il ne re-

cherche ni l'obscurité, ni l'ombre. La douleur est moins forte

le matin que le soir; elle cesse ordinairement pendant les

repas et l'heure qui les suit. Il se porte moins bien par le temps

humide et lourd que par le temps froid et sec. L'enfant est

d'un tempérament lymphatique; les oreilles sont habituelle-

ment congestionnées; il est sujet aux engelures et a toujours

les pieds et les mains glacés. L'appétit et le sommeil ont

toujours été bons, si ce n'est au début de la maladie, comme

nous l'avons dit. '

Le traitement fut commencé le 10r mai, et consista en une

douche froide administrée matin et soir. Dès les premiers jours,

il y eut une légère amélioration après chaque douche. L'enfant,

qui avait recommencé l'hydrothérapie avec la plus grande

répugnance, encouragé par ce résultat, suivit bientôt son trai-

tement presque avec plaisir. L'amélioration s'accentua très

vite. Un mois à peine s'était écoulé qu'il recommençait à lire

et à étudier une heure par jour. Il partit pour la campagne, au

mois de juillet, en excellente disposition. Le mal de tête ne le

reprenait que quand le travail était trop prolongé. Mais alors

le repos suffisait pour l'apaiser. L'enfant était de nouveau gai

et d'humeur facile. Il avait retrouvé son caractère d'autrefois,

disait sa mère.

Il resta à la campagne, comme d'habitude, jusqu'au mois de

janvier; mais cette fois, sans qu'il y eût de rechute. Il revint à

Paris au printemps; mais, à peine de retour, il fut atteint d'un

épanchement rhumatismal dans le genou, qui le maintint cou-

ché pendant une dizaine de jours. Les maux de tête reparurent

pendant ce temps. Aussi, quand il fut entré en convalescence,

le Dr Blache jugea à propos de lui faire reprendre son traite-

ment bydrothérapique et me le renvoya. Nous donnâmes alors

au malade des douches écossaises pendant quelques jours; puis

nous reprimes les douches froides aussitôt que la guérison du

8 CLINIQUE NERVEUSE.

genou nous parut suffisamment consolidée. Le résultat de ce

second traitement fut plus rapide encore que celui de l'année

précédente. Au bout de trois semaines, l'enfant reprit ses études,

et put travailler deux heures le matin et deux heures le soir.

Au troisième mois, il put même prolonger davantage ce temps

de travail. Il ne prit alors qu'une seule douche par jour, habi-

tuellement le soir, vers cinq heures. Au mois d'août, l'enfant

repartit pour la campagne, et nerevint à Paris qu'au mois de

mars suivant. 11 n'avait pas eu de rechute durant cet intervalle.

Il reprit alors sa douche quotidienne, et, grâce à elle, passa un

excellent été, travaillant à la satisfaction de ses maîtres. L'au-

tomne dernier, on le trouva assez bien pour le placer dans une

institution privée, et il y entra dans la classe correspondant à

son âge. Mais les conditions hygiéniques de la pension ne

lui convinrent probablement pas; il ne put en outre prendre sa

douche qu'une ou deux fois la semaine. Aussi les douleurs de

tète reparurent à deux ou trois reprises avec assez d'intensité;

mais quelques jours passés an grand air de la campagne en ont

eu chaque fois facilement raison. Depuis le nouvel an, l'enfant t

est rentré chez lui et, fréquente l'école comme externe. Il con-

tinue régulièrement son traitement hydrothérapique; les maux

de tête ont complètement disparu, et, au jour où nous impri-

mons ces lignes (fer juin), tout fait prévoir que notre jeune

malade passera son baccalauréat à la fin de l'année.

Observation Ive D..., âgé de treize ans, fils unique

d'une mère bien portante et d'un père n'ayant éprouvé que de

légères atteintes de rhumatisme musculaire. Cet enfant a tou-

jours été d'une santé délicate. A deux ans, il eut une inflam-

mation d'intestin assez grave ; à neuf ans , une angine

couenneuse, qui fut suivie d'une coqueluche très intense et de

très longue durée. L'enfant fit sa première instruction faci-

lement. Ce fut sa mère qui s'occupa d'abord de lui; il fut

envoyé ensuite dans une école préparatoire jusqu'à neuf ans.

Il avait, à cette époque, des maux de tête assez fréquents; mais

on les mettait, en général, sur le compte de troubles digestifs,

l'estomac étant toujours resté fort délicat. A neuf ans, l'enfant

fut placé au collège Sainte-Marie et y resta six mois, travaillant

bien et obtenant les meilleures places. Mais, après ces six mois,

il commença à éprouver des maux de tête qui, d'abord de

courte durée, devinrent bientôt plus tenaces et le forcèrent

souvent à interrompre ses études pendant plusieurs jours. Il

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 9

put néanmoins terminer son année scolaire et eut même un

certain nombre de prix. On passa les vacances au bord de la

mer, mais l'enfant n'y fut pas soulagé.

Il rentra au collège au mois d'octobre. Mais, au bout de peu

de jours, les maux de tête qui n'avaient jamais complètement

disparu, s'aggravèrent, et, cette fois, d'une façon si vive et si

continue, qu'après différentes tentatives on dut se résigner à

faire sortir l'enfant du collège. Différentes médications furent

mises en usage, mais sans résultat. Le Dr Bucquoy, médecin

de la famille, conseilla le repos absolu et puis un séjour dans

le Midi. Mais rien n'y fit et, vers le mois d'août, l'enfant revint

à Paris dans le même état.

A Pâques, on tenta de remettre 4'enfant à l'école. A force de

courage, il put suivre les cours pendant deux mois, mais, en

juillet, vaincu par la souffrance, il dut y renoncer de nouveau

et on le ramena à la mer. Cette fois encore, il n'y eut pas de

changement bien appréciable dans sa situation.

Les vacances achevées, on plaça l'enfant à l'école de la rue

de Madrid. Il y contracta la rougeole au bout de trois à quatre

semaines. On espéra tout d'abord que cette affection aiguë

allait débarrasser l'enfant de sa céphalalgie, mais il n'en fut

rien. Bien au contraire, l'état empira de telle sorte qu'il fut

bientôt obligé de quitter de nouveau l'école. Le De Bucquoy fut

alors d'avis de tenter la gymnastique et l'hydrothérapie, et on

envoya l'enfant dans un gymnase. Mais il dut renoncer à ce

mode de traitement qui parut aggraver ses douleurs. On lui

donna alors un précepteur pour essayer de le faire travailler

dans des conditions plus faciles. Mais, au bout d'un mois,

l'abbé, chargé de cette mission, dit qu'il était impossible de

faire étudier l'enfant, et il conseilla aux parents d'interrompre

tout travail.

Au mois de juillet, on emmena l'enfant au Righi. Pendant

tout le mois qu'il séjourna sur cette montagne, il se sentit

réellement soulagé. Mais, dès qu'il fut descendu du Righi à

Vevey, les maux de tête le ressaisirent. L'enfant y eut aussi

des accès de fièvre, à caractère intermittent, qui venaient sur-

tout la nuit. L'appétit fut troublé à partir de ce moment.

Au mois d'octobre, le Dr Bucquoy conseilla d'essayer de

l'école d'Arcueil où l'enfant se trouverait dans des conditions

hygiéniques meilleures qu'à Paris. Mais les accès de fièvre

devinrent plus forts. Ils apparaissaient avec beaucoup de

10 O CLINIQUE NERVEUSE.

régularité vers cinq heures de l'après-midi et duraient de trois

à quatre heures. L'accès était nettement caractérisé par ses

trois stades habituels. Le De Bucquoy essaya en vain le sulfate

de quinine contre cet état.

Au mois de novembre, le Dr Bucquoy conseilla de recourir

do nouveau à l'hydrothérapie, mais plus méthodiquement cette

fois, et il eut l'obligeance de m'adresser le jeune malade. Celui-

ci avait alors douze ans. Voici ce que l'examen du malade nous

apprit. L'enfant se plaint d'une douleur, dont il fixe le siège

dans la région frontale, et qui, dit-il, ne dépasse point la ra-

cine des cheveux. Quelquefois cependant, quand les symptômes

sont très violents, après une tentative de travail, par exemple,

la douleur s'étend un peu vers le sommet de la tète, mais elle

ne gagne jamais la région occipitale. L'enfant comp arc cette

douleur à une pression très énergique. « C'est com ' l'on

me griffait dans l'intérieur du crâne, comme si 1 on m'y

pinçait », dit-il. Cette douleur est par moment très vive. Il

la sent, en général, le matin dès son réveil, mais elle est alors

supportable. Elle s'aggrave toujours dans la matinée, surtout

si l'enfant veut s'appliquer. Il y a une légère rémission immé-

diatement après le déjeuner. Il dort bien, mais tardivement

quelquefois. La mémoire reste excellente. L'enfant est très

affecté de son état; il est animé des meilleures intentions et ne

désire que reprendre ses études. Malgré ces interruptions, il

sait bien ce qu'il a appris, et l'avis de son professeur d'Arcueil

est qu'il rattraperait rapidement ses camarades, s'il pouvait

travailler avec un peu de suite. L'enfant se plaint d'avoir tou-

jours les pieds et les mains glacés, surtout quand le mal de tète

est plus fort, et cela même pendant les plus grandes chaleurs.

Le changement de temps ne parait pas l'impressionner. Il n'a

jamais eu de douleurs rhumatismales.

Les accès de fièvre revenaient à cette époque tous les jours à

cinq heures.

L'enfant commença son traitement le 10 novembre. Douche

froide matin et soir. Au bout de huit jours, la fièvre fut coupée.

La douche de l'après-midi fut donnée d'ailleurs vers quatre

heures et demie, pour obtenir l'effet anti-périodique. Celui-ci

se manifesta dès le début du traitement à peu près comme l'a

indiqué Fleury, c'est-à-dire que les accès s'éloignèrent et dimi-

nuèrent d'intensité. Au bout du dixième jour, ils avaient tota-

lement disparu. La douleur de tête subit aussi rapidement

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 11 i

l'influence du traitement. Vers la sixième semaine, elle avait

presque totalement cédé, et l'enfant put commencer à lire un

peu. On se contenta cependant de lui donner une gouvernante

allemande, qui lui enseigna cette langue, dans laquelle il fit de

rapides progrès. A partir du mois de février, il put recom-

mencer des études plus sérieuses et travailler une ou deux

heures par jour, tout en suivant son traitement. Enfin, au mois

de mai, l'état parut si satisfaisant au Dr Bucquoy, qu'il consentit

à ce que l'enfant retourne au collège d'Arcueil. Mais la sépa-

ration impressionna vivement l'enfant. Il eut, le soir de son

entrée, une crise de désespoir très grande. Il surmonta

cependantson chagrin et se remit avec ardeur au travail. Mais, au

bout de quelques semaines, l'état céphalique reparut et s'aggrava

rapidement. On temporisa quelques jours, mais on dut bientôt

faire quitter le collége à l'enfant. Comme la saison s'avançait,

le Dr Bucquoy conseilla aux parents de se rendre avec l'enfant

aux eaux de Saint-Nectaire, dont il avait souvent constaté

l'heureux effet dans cette affection. Pendant tout le temps du

séjour à Saint-Nectaire, l'enfant se porta très bien; mais, à

peine rentré à la campagne, il fut repris de sa céphalée.

Il retourna malgré cela à l'école au mois d'octobre, mais dut

la quitter vers le milieu de novembre, pour recommencer

son traitement hydrothérapique. En peu de jours, les douleurs

disparurent une nouvelle fois, et l'on se proposait de remettre

l'enfant en classe, quand, le jour de Noël, étant à l'église, il

fut repris subitement de ses douleurs, et cela avec une très

grande intensité.

Observation V. - D..., âgé de quinze ans, né de parents

bien portants; pas de diatbèse dans la famille. Le jeune malade

a eu la fièvre typhoïde à l'âge de deux ans, et, peu après, la

scarlatine. Il s'est ensuite bien porté jusqu'à l'âge de onze ans

où il entra au collège Sainte-Marie comme pensionnaire, après

avoir commencé son instruction à la maison. Un jour que la

fenêtre était restée ouverte dans le dortoir, il se réveilla le

matin avec de la fièvre et un violent mal de tête qu'il compare à

celui qu'il a ressenti depuis. On fit revenirl'enfantàlamaison, et

on le soigna pendant une huitainede jours, après lesquels il se

porta de nouveau bien et put reprendre ses études. Mais, dans les

derniers mois de l'année scolaire, les douleurs de tête reparurent

avec assez de violence. Doué de beaucoup d'énergie et d'amour-

propre, l'enfant n'en persista pas moins dans ses études, et il

12 clinique nerveuse.

eut neuf nominations à la distribution des prix. Pendant ces

deux mois, la douleur do tête ne se manifestait du reste

qu'après le travail; elle cessait le soir, aussitôt qu'il était au lit.

L'enfant passa l'été à la campagne, et là, les douleurs de tète

cessèrent complètement. Du reste, il n'étudia que très peu

durant toute cette période, et mena an grand air une vie très

active.

En octobre, il retourna au collège. Pendant les trois pre-

miers mois, tout alla bien. Mais, après cette époque, le mal de

tète reparut, et il s'aggrava bientôt tellement que l'enfant dut

quitter le collège au mois de janvier. M. Maurice Haynaud con-

seilla alors l'hydrothérapie. Mais, au bout de trois semaines, on

dut y renoncer, les douleurs paraissant s'aggraver. L'enfant

resta chez lui jusqu'au mois de juillet. On l'envoya alors à

Bagnères-de-Bigorre; mais le traitement n'eut point d'action

favorable, et il revint des eaux comme il y était allé. On essaya

de le remettre au collège, mais en vain. On lui donna alors un

précepteur, qui le fit travailler une ou deux heures par jour,

avec beaucoup de difficulté. Au bout d'une heure d'application,

les douleurs revenaient avec une telle intensité qu'on était

obligé de suspendre la séance.

L'été suivant, on fit une saison à Bourbonne-les-Bains, qui

ne donna pas de résultat. L'hiver de 1881 à 1882 se passa

comme les précédents, sans que l'enfant put travailler plus

d'une heure par jour. Au mois de mai, le Dr Jules Simon, qui

avait remplacé M. Maurice Raynaud dans la famille, m'adressa

le jeune malade, pour reprendre la cure hydrothérapique.

A ce moment, l'enfant avait quinze ans. Il y avait quatre

ans qu'il était souffrant, et près de trois ans qu'il avait quitté

l'école. Il nous dit ressentir une douleur sur le devant du front.

Il compare cette douleur à quelque chose qui le serrerait vio-

lemment dans la profondeur du cerveau. La douleur devient

presque aiguë à certains moments. C'est alors, dit-il, comme

si on le tenaillait dans ce point. La douleur reste limitée au

front. Cependant, à certains moments, il éprouve une sensation

de vive chaleur sur le sommet de la tête. A la pression, pas de

douleur sur aucune partie du crâne.

Le sommeil est en général très calme et, quand il se réveille,

il ne sent pas sa douleur. Celle-ci ne le reprend que vers dix

heures ou plus tôt, s'il se met au travail. Souvent, le visage

est un peu congestionné, les joues et les oreilles sont chaudes.

DE LA CEPHALEE DES ADOLESCENTS. 13

Le déjeuner fait disparaître la douleur pour une heure environ.

11 souffre autant debout que couché. Le grand air le soulage et

il passe actuellement une partie de la. journée en vélocipède.

Le temps froid et le vent sec lui sont désagréables. Les pieds

sont habituellement froids. L'appétit est bon, la digestion aussi.

Le moral, qui a été très affecté, il y a un an, est de nouveau

meilleur.

Au moment où le malade nous est amené, il peut à peine

travailler une heure par jour, le matin. La cure fut commencée

le 10 mai. Le résultat en fut très rapide. Dès les premières

douches, il y eut une accalmie assez marquée après chaque

séance et, au bout d'un mois, l'enfant n'éprouvait plus ses

douleurs que tous les deux ou trois jours et particulièrement

quand, pour une raison ou pour une autre, il n'avait pas pris sa

douche. Au mois de juillet, elles avaient presque totalement

disparu, le travail pouvait être soutenu sans peine, plusieurs

heures de suite. L'enfant partit pour la campagne vers les pre-

miers jours d'août dans un état excessivement satisfaisant. Il

revint à Paris au mois d'octobre, absolument bien portant, et

retourna au lycée, pour la première fois depuis trois ans. Il a

continué ses douches, et, au jour où nous écrivons ces lignes,

il n'a pas eu de rechute, et il est un des premiers élèves de sa

classe.

J'ajouterai à cette observation que la mère m'amena dans

les quinze derniers jours son jeune frère, âgé de onze ans, qui

commençait à présenter des symptômes analogues à ceux de

son aîné : ils disparurent avec quelques douches. Mais, à la

rentrée, ils ont reparu un peu, et l'enfant vient de reprendre

son traitement tout en continuant à suivre les classes.

Observation VI. D..., âgé de treize ans, me fut adressé au

mois de mars 1879 par mon ami le Dr Clleurlot. Cet enfant n'a

jamais été bien malade. La famille n'est pas arthritique. Il est

entré de bonne heure au lycée Fontanes dont il a suivi les

cours avec laplus grande régularité. Il a toujours bien travaillé

et on le compte parmi les meilleurs élèves de sa classe. Depuis

environ six mois, l'enfant se plaint de maux do tète qui, assez

faibles au début, sont allés toujours en augmentant. Depuis

quelques semaines, ils ont pris tant d'intensité que les

parents ont dû faire quitter pendant plusieurs jours le lycée

à l'enfant, pour lui donner un peu do repos. Mais, comme

les douleurs n'ont pas cessé pendant cette interruption, et que

14 le CLINIQUE NERVEUSE.

l'enfant est plein d'ardeur pour ses études, il a voulu reprendre

malgré ses souffrances. Ce n'est cependant qu'avec de grands

efforts de volonté qu'il parvient souvent à terminer sa classe.

Interrogé sur le siège et la nature de sa douleur, l'enfant

nous dit qu'elle ne réside que sur le devant du front. Il lui

semble que sa tête se resserre dans ce point, qu'il y a quelque

chose qui le comprime violemment. Le sommeil est con-

servé. Le matin, au réveil, l'enfant ne souffre pas, mais les

douleurs reprennent aussitôt qu'il s'applique. Les pieds et les

mains sont babituellementfroids. L'appétit et la digestion sont

bons ; il y a une certaine constipation. Le moral est affecté, au

dire de la mère. L'enfant fuit volontiers les distractions depuis

qu'il est souffrant. Les résultats du traitement hydrothérapique

furent très rapides dans ce cas. Pour pouvoir continuer ses

études, l'enfant ne vient prendre qu'une douche par jour, le

soir après la classe. Malgré ces conditions imparfaites, les dou-

leurs diminuèrent dès les premiers jours, et elles avaient pres-

que totalement disparu au bout de quelques semaines. L'enfant

put terminer son année scolaire de la façon la plus sa-

tisfaisante. Nous n'avons point revu cet enfant l'année sui-

vante. Mais le Dr Cheurlot nous a dit depuis qu'il avait con-

tinué à se bien porter, et qu'il avait passé en 1882 son bacca-

lauréat avec d'excellentes notes.

Observation VII. C'est celle d'un jeune Américain, qui

nous fut amené par un de nos malades, pour lui faire suivre

une cure hydrothérapique. Cet enfant n'avait jamais eu d'autre

maladie que des fièvres intermittentes, qu'il avait contractées

dans son pays; mais dont il était débarrassé depuis deux ans.

C'était un beau et vigoureux garçon, fort intelligent. Il avait

rapidement appris le français depuis son séjour à Paris et s'ex-

primait très facilement. Depuis un an, il se plaignait de maux

de tête siégeant sur le devant du front, et qui, disait-il, étaient

devenus excessivement pénibles. Il avait commencé par fré-

quenter une école à Paris; mais, depuis qu'il avait ses douleurs

de tête, il avait dû y renoncer complètement. 11 avait un pro-

fesseur qui lui donnait des leçons à la maison; mais ces leçons

ne pouvaient être prises qu'avec la plus grande irrégularité.

L'enfant resta environ trois mois à Paris et suivit son traite-

ment pendant tout ce temps. 11 était à peu près affranchi de

ses douleurs, quand il quitta la France, et pouvait de nouveau

travailler d'une façon fort satisfaisante.

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 15

Observation VIII. - X..., né d'un père rhumatisant, a com-

mencé à souffrir de la tête à huit ans. La douleur était fron-

tale et s'accompagnait d'élancements dans la profondeur. Le

malade nous dit qu'il ressentait par moments comme un globe

qui se resserrait d'une façon des plus douloureuse dans l'inté-

rieur du cerveau. Cette année il ne put presque rien faire pour

son instruction et passa tout l'été en Suisse. Au mois d'octobre

il entra au lycée de Vanyes, et il put y travailler durant toute

une année. Mais, l'année suivante, le mal de tête reparut avec

une telle intensité qu'on fut obligé de retirer l'enfant du

collège. Le docteur Monod, son médecin, me l'adressa alors,

pour le soumettre à un traitement hydrothérapique. Au bout

de peu de semaines, ses douleurs avaient disparu et, au mois

d'avril, ilput reprendre avec fruit ses études, en continuant son

traitement dans la mesure que lui permettait la règle du lycée.

L'enfant atteignit ainsi l'âge de quatorze ans, n'ayant eu que

de très légères rechutes, dues toujours à une interruption trop

prolongée du traitement. Mais, au mois de septembre de l'année

1879, il fut pris d'une attaque de rhumatisme articulaire aigu

généralisé. Il eut des maux de tête extrêmement violents pen-

dant tout le temps de cette maladie, qui dura près de trois mois.

Ces douleurs ressemblaient en tout point à celles qu'il ressen-

tait habituellement et n'occupaient, même au plus fort des

souffrances, que la région frontale. Il passa sa convalescence à

Pau et puis à Biarritz. Mais dans cette station il se déclara une

congestion cérébrale intense. Il perdit connaissance dès le

début et eut ensuite des douleurs de tète atroces, que l'applica-

tion continuelle de la glace pouvait seule calmer. En été, cure à

Luxeuil ; elle fut mal tolérée. Ensuite saison de trois mois il

Divonne qui fit beaucoup de bien, et permit à l'enfant de

reprendre ses études à la rentrée. Mais les douleurs de tête

reparurent, de telle sorte qu'il ne put travailler et échoua au

baccalauréat. En 1881, cure à Wildbad, pendant laquelle les

douleurs de tète augmentèrent de la matière la plus vive. Il se

déclara aussi une nouvelle attaque de rhumatisme articulaire,

mais elle ne dura que peu de temps. Un séjour dans la Forêt-

Noire amena une nouvelle et sérieuse amélioration, et X... put

reprendre ses études à la rentrée. Cette fois, il put travailler

plus fructueusement et passer son baccalauréat au mois de

novembre dernier. Cependant X... nous a dit que, dans les

dernières semaines, les maux de tète étaient devenus de nouveau

,tl6 mv A.CLINIQUE ¡NERVEUSE, ki

» si'.violents que*,1 ! quelques' jours plus,tard,,il lui eut été impos-

sible de, se, présenter à son examen. mu h tund ,a ,o'a *

tu tlnn ,t'J'1VJlur, tu"h trrr ? o'r 9 ! JT' j'J{,'l '2 b p,tc¡' tWHt<

'l.l5t OI3,SE}}X ¡l.TI,qt', i, J : i M1,1,0. e X née de père;,et de;mère bien

j portants. Grand.parents du cote maternel mots,de la poitrine.

, Cette .enfant, âgée aujourd'hui de douze ans, m'alété amenée, il

y a deux ans, pour des maux de tète, qui, préoccupaient beau-

n coupoles parents." ,-11- y ayaitj un, anl, qu'elle, en souffrait. Ils

,jetaient assez IY) ! Jlt1nts.pouli empêcher; complètement les .études.

rr,L, douleur, revêtait, les mêmes caractères.,que,ceux de nos

),malades précédents. Au bout, de, quinze jours de traitement, un

confrère conseilla la,cessation-,de, l'hydrothérapie, , par crainte

^d'une^méningite. -.L'enfant resta, deux ans,dans· le même, état

"et, m'a été adressée, de nouveau,,il.y,a quelques.semaines, par

lui.. le Dr Millard.. Sous l'infliience,4 I'Iivdrotliérapié les maux

.¡lle ¡tète ont cédé cette fois, rapidement., La malade continue son

traitenlentLacu1l011elt.,JJj'l j, "-1 Je : : ;JIJ 'IL 1l1" 1 ,2.'HI ? [\ e' z

Observation X. X..., âgé de dix ans. 11 est le fils d'une

dame hystérique, actuellement en traitement à notre établis-

sement. Il a ressenti, pendant toute l'année scolaire passée, des

douleurs frontales très vives qu'il compara à de violents coups

de marteau. Les douleurs, faibles le matin, s'exaspéraient le

soir après lac);asse ? ilf ai ùÙJou¥ent¡' interrompre ses études

,t').) ? )', l' ? f ? t ? 1 ,

pendant plusieurs jours de suite. Il a passe ses vacances der-

nières tout entières à la campagne et aux bords de la mer ; il

en a obtenu un excellent effet. Il a pu reprendre ses classes à

la rentrée et a été placé à l'institution Sainte-Barbe de Fonte-

-,nay-aux1Roses ? Ccpendanf,' deptiis-quelqudssoinainds',Isds dou-

leurs reparaissent detemps enttemps.(C'est un garçon intelli-

gent et travailleur.

. ,1 r' .¡ Ha.. " Q '(1 .,1 ,Cf 4

Observation xL-1..., âgé de douze ans. Sa mère a eu des

coliques hépatiques. Rien à signaler de particulier dans la pre-

mière enfance, si ce n'est. une tendance à I : urticaire ? IL1Ï1 été

heureusement modifiée par, deux cures à Uriamc. c,

L'enfant a. été placé à sept ans'et demi dans une école pré-

paratoire, et, depuis deux IÍîls ! 'il' sÙit. 1 es' 'éo'ürs du l'èb6 ! -1l'a

toujours appris facilement et c'est un élève très studieux.

Les maux de tête ont débuté chez lui' il y a dix-huit mois,

mais, pendant toute une année, ils ont été passagers et peu in-

tenses. Ce n'est que vers la fin de l'année scolaire passée qu'ils

DU DÉLIRE DANS LA VÉSANIE. 17

ont commencé à troubler un peu le travail. Mais, à la rentrée

suivante, au bout d'une quinzaine de jours, ils sont devenus si

persistants et si forts que l'enfant était souvent obligé de

rentrer à la maison après le déjeuner et de cesser tout travail.

Depuis quinze jours on s'est décidé, sur l'avis du Dr Manigault,

à lui faire interrompre ses études complètement et à le sou-

mettre à l'hydrothérapie.

État actuel. L'enfant est un peu pâle ; il a beaucoup

grandi, au dire de son père, dans les deux dernières années ; il

va avoir douze ans. Il se plaint d'une douleur siégeant au

front, et qu'il compare à un sentiment très douloureux. Le mal

va en augmentant dans la journée et souvent est plus fort après

' les repas. L'appétit, le sommeil sont bons; l'enfant n'est pas

fatigué physiquement, il peut se promener très longtemps, le

moral n'est pas affecté. Dès les premiers jours du traitement il

y eut une amélioration sensible. Au moment où nous publions

ces lignes, l'enfant ne se plaint plus de ses douleurs.

(A suiove.)

PATHOLOGIE MENTALE

QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉVOLUTION DU DÉLIRE

DANS LA VÉSANIE;

Par le Dur PAUL GÉRENTE l,

Depuis le siècle dernier, ce qu'on peut appeler la

science de l'aliénation mentale a fait, certes, de grands

progrès; pourtant, aujourd'hui encore, même avec les

1 Ces quelques pages contiennent les premières conclusions d'une étude

que nous poursuivons depuis cinq ans; nous comptons publier notre

travail prochainement, avec les nombreuses observations cliniques qui

nous ont amené précisément il ces conclusions.

. Archives, t, VI. 2

18 8 PATHOLOGIE MENTALE.

traités classiques de nos maîtres, ! on se reconnaît difli-

cilement' au milieu de toutes ces monomanies si nom-

breuses '. Ne serait-il pas possible, de démêler, quelques

lignes générales, quelques lois ? qui pusscnt nous. scr-

vir de guide ? Assurément, ces lois générales, n'au-

ront rien d'absolu, pas plus que quoi que ce.soit dans

le domaine de nos connaissances : tirées de faits em-

piriquement observés, elles ne sauraient avoir elles-

mêmes qu'un caractère empirique 2; plus-d'une fois,

elles devront être vérifiées.

,, 1 .. . ' \"1 ·t . ci t) \1

Mais comment doivent être recherchés les faits que

noustvoulons étudier ? Il ne 1 suffit pas -d'examiner les

divers organes, et d'interroger le malade à son arri-

vée ; il ne suffit pas de se réduire au rôle passif de se-

crétaire, de noter simplement les diverses saillies du

délire, en un mot, le spectacle extérieur. Il faut re-

chercher les antécédents de toutes, sortes; il faut scru-

ter) t'être intime du malade, gagner sa confiance, vivre

même ^avec lui, durant un certain ,temps, et alors

explorer les régions diverses de son intelligence, son-

der.les divers points de sa sensibilité affective et mo-

rale, mais surtout de ce que nous appellerons avec

Cerise3 et More) le sens émotif. C'est alors seulement

que nous pourrons scientifiquement étudier l'aliéné,

1 Voyez Guislain. - Leçons orales sur les I)h7,étiopathies : de la lie à la

126 leçon. Paris et Gand, 1880. 1 ' '

' Voyez Bouchard. Cours de pathologie générale de 1879-1880. Pre-

mière leçon, p. 8 et 9. Paris, f882.

' 3 Voyez Cerise. - 1" Lettres à M. le Dr LOI/flet; 2° Des fonctions et des

maladies nerveuses dans leurs rapports avec l'éducation sociale et privée,

morale et physique.

' More). - Etudes cliniques. Traité théorique et pratique des maladies

mentales, IIIe partie.. Paris et Nancy, 1852-183, .

DU DELIRE1 L-L.va-'L1' VÉSANIE. 'J,l9

clèst-à-dire, comme I;iudique notremaitrevI : liVIanau,

- dans lsa"leçonwàlasile'Sainte-'rlnue;menalR77 ? sur

i'E'atzetaciazirue 'dans îles 1JwÙldies' men tales, '«"sui "h

eu les 'symptômes dans -leur évolutionsùccessiv et'tes

(lsuboudonner les1 uns auxJautres ! »-«`Ainsi; ajuutc-

- «Lt-ilf1nous 'puiserons dans'Ua- marche('der5la'>maladie

,c¡}es' éléments' les pius'importauts du- diagnostic' et du

r(l proLOStic.nt> ? ellee est la`lméthode qudnousl b-ots

CSSIIYé de'Sül1'ré.t-`·IrFt'ilrlClt`` fJ'tn,t`n;W ? [IL ,rI "')f11r'fJ1

...'1 .[t,'I,1 >'1 1 (iIIM F ,1\ ? Ih t

Après une longue étude d'aliénés délirants chrO-

* niques} qu'il''nous1a'été' donné1"- d'observer' en'assez

P grandtnombre;'et dé1 suivre 'durant>un ceitaiutêlïîp,

.Ji ! 1 nouS1 a' sen1blÓfqu1 il se- dégageait >un type'-assez'ne't :

- 'c'est précisément1 ù élucider' l'évolution.' 'de cette' afiec-

uti0l1lfmeutale'Jpm'ticulière que'sont consacrëes'ies'pages

- préselitès. ? Eh botanique ? eu zoologie', on a'décrit

.f anèieunbh1entt'lcom ! lieo 'desi va ri étés1.1 d 1 êtl'ès'- p'aHai te-

'1 ment' dist iilClesi.des' formes ¡ qúe récemment une' ÓbsÙ-

vation1 pluscattentive'"af'reconnués n'être ? eu réalité,

que les aspects'divers',1d'un mêlÍ1e' individuilaux : divers

1l101Î1ents 'de"Psonl évblutiÓn ? TI ! enCa1 été de' môme en

pathologie' humaine;» par exemple, pour'diversesiauec-

'tions''de ! a 'peau ? )'nous semble'qu'ifen'est'de

même' encore ! po'u'rlltir15tithbIÓgiè' mentale' : on a décrit

comme des entités irréductibles certaines monomanies

que nous croyons être simplement les aspects succes-

sifs d'une même vésanie* aux différentes époques' de

son évolution. , ( , v lf <1. 1

Mais, dès le début, que ceci soit bien entendu : nous

ne nous occuperons ni des délires toxiques, ni des dé-

lires liés à quelque névrose (épilepsie,- hystérie ? etc.).

20 PATHOLOGIE -MENTALE; ¡HI

n(' dès' délires' liés à quelque lésiônror`âniquequënous

connaissions- (paralysie générale ? athéromestcérébraux,

hémorrhagies out : -ramollissements,il tubercules;ct etc.)^

Notre térraimd'observatiomesl; exclusivement circons-

crit aux délires chroniques chez les vésaniquesspurs,

depuis les, premiers cdébuts eiicorele6ufusojysquâ la

démence9'confirméea : ¡¡CedqueI'nous r voulns.6'étq.dier : ,

eiest'l'évolûtion (/M </ey ? ? a véiallie : GJnom 6jôo rrh

- j(')r' .Joui on ns la ,8ld>novBl IC10ffT je 9111H8'trlq m¡¡J¡m

IL-Les vésaniques qui se sont' montrés à. nous jusqu'ici,

etl's'urfles antée6dentsidesquelsi nous avôii'S'ipu ê être

-renseigné^] étaient'4ous'> des .hér : Mitaire,s : : J[N : est3'lpas

-aliéné-leJ'premiër^venuâ : ï(il-faut'.unei longue incuba-

tion : '( En ? dehorsG 'des" dél ires.vtoxicfues;I 1 des névroses,

des organiques counues;Jlilsffâut

au moins, une louj deux génératiorïs.cqub1 préparent de

terrain. Nous savons qu'un grand nombre d'alié-

.nistés conte'mpofainsr,ï' : et''desJ.,plus5fconsidérables<Tpar

.leur 1position¡' ^attribuent pas : à l'hérédité;ràcla dégé-

néfescencef1 úne ¡influence' aus.si' prépon.déran te .dàns la

'genèse des.vésanies.IEt : ren. éfi'etlquana un ! malade se

P-Ééénteliau'médecin ? 1 ? eiiqiiête, estrtoujours. difficile,.

'parfoisiimpossinle ? âu sujet"de'l ! hérédité; lafifamille,

'lés' parents 'sei'rètrancherit et échappentasouventi der-

rièreldes"réticéncês leG'plus : soTúven6volues;H parfois

'même'inconscientes'.8-^-} Pourtant^ tputesi les ifois qu'il

nous a été donné de pénétrer un peu ces arcanes, nous

avons toujours trouvé la marque, la tare indélébile

' `i.iCB'.11D . ? 0 8^S) ' '"t\H\*<'«< t)<\.«...jt\«tCt . tn ? ) 0

qui se transmet des aïeux aux, descendants sous; des

formes assez variables, mais qui passe, toujours, d'une

lr,,l 'il - qmr"lt yfy' f, 111 ? '1l, ' bl. - 1 ' * lollt

génération à 1 autre, héritage oblige : Tantôt ce sont

des névroses," tantôt des empoisonnements chroniques

DU DLIRE%,DAN4LA),VSANIE. 2t

(alcoolisme, a ? );r tantôt ¡des)lnoll1alies i oUrdeÆinteJ11 ?

genceli ou duisentimentjiouideda volontéjiauxquelles

personnefnetfaisait attention Ipeut-être, mais;qui n ! en

imprimaientpas,moins leuricachet sur,)lindividu et sur

soe postérité ! 1Ga)y 9t S91b P9sspirr.)"uh seiitob xm- ti'T'1

1;1 Prédisposé ! déblai sorte par.Json;-héréditç, de patient

,peut;Jà'la rigueur, traverse)la)vie sanstnotable accident

du côté mental;·s;il;se développent, s'il évolue^dans un

milieu physique et moral favorable, si, en un mot, son

hygi4ner;(auosens91e ! t plusfélevé du .terme^çonviejit.

' : Mais,1 qu'ihluismviennej quelque ! infortune : ,son,équi7

dibret m"ental,'1 si'3 fragile, ,en. éprouveiunea premierq.se-

- coûsse; parfois sufIisante. "Quer1e : malheUl'r,uccède¡au

,malheur, comme) il¡ àrrive'souvent : da : çls)no.tre1s.ociété,

Joutât lutte pour l'existence, paraît 1 atteindrc S09.lS1-

Mum; 1 le 'Prédisposé, succombe : -c'est,.un,51liéne.oril ilf,

- offc'b 9,tdmf)fJ hUG1p, nu up anovi-,p i>uoY lIi ! J'I1e

'lf3flPreÍ1Ónstt ! e ,malade' ! lm moment ! mêmyJde (sa, chute,

- auïnomënt·.où· ? ilwà devenir;oùr il¡ est ! devenu.aliéné;

) quels' sont les ! premiers^phénomènes. qu : il,pésente ? l ? ú

sa 'Au ! début deEtqute<a ! iénation mentale ? il) y,,a"une

,dbulèr.,Cette,,vérit6 aLété,)mise¡ en «relief,-} surtout^par

f Gúislain\l, J : P .è¡Falfet,2¡ et'son élève rlUoreU,1 dans : les

. 1

- derniers)..temps;'jDar ! de Smetli,'Iet)Chrisianï, parmi

n6sfcontemporains : vMais8 i[ <faut deiplus,chez' le-' ma-

1 laqei-.u"ne'1 prédisposition ! toute. spéciale\ (quelle) qu'en

2110lI .291Ti1'1R s^ l1 ! 'JfJ ml 'Tylf9fT9f 91r ^n<A, f9 s "11') i

9111Guisltio. 19p, cit. ,91JJ)'H : ffJ 61 fr"IJ0'Tt 811Jf'\i[/l'\1 "'1 Tf,

2LJ.fI. ralret ? Dstnidiesoerlale.r et des asiles d'aliénés.

^Leçons cliniqi ! és^ ! PZr9 ? fa<i'l/L ! b f"IJ91f) ? "H1 ,Tltttayr,zJ 'lé' "

D ! (3Aiorel.s.==,Op : 'cit : rRrf îrrp «1001 .91,1rsh11;V 1.9'r'r; p'tmT't

fit( De, /a mélancolie ? Étude médicale, par Joseph de Smeth. Bruxelles,

1872 ? iieikot'l I)UI 1 ute ) 'jbll '" j ,"iI''I.) 1 h li. 1

2,9 ! c'El àdè- sur la' méLancolie,1 par Ait le D ? J. Christian. Paris,' 1876. " ,>

: F2 ,¡11 : h\T110LOmc : MENTALES 1"

soit' l'origine, le plus souvent héréditaire^ comme il/ra'

été dit- plus haut); 'il' faut,' chez 1 lui,, une -récepivitéi

une impressionnabilité anormale, une perversion dou-i

loure'usé'de latJsEmsibilité \morale; dl; fautjtssi i jeJlpui : 3

ni'exprimer aiiisiV'UÛe' /p ? '< ? /< ? e< ? /eo ,c't)mt

X, bieinlles' étudier ? on : conslate 'un aùtre;caractèré

.-TA; bieh'des' , -on conslate'un aùtret'caraclèrë

morbide''eiicorecRez' tous fiés prédisposs ? qu'i 1 s d e s

vie'unent"bu''uoi'atién6s qu'ils, échappent/ OUflnon là

une CI] 4te ? Ito' uj* ours iminil1eJlte' dès, le¡¡ premiers)mar-

.heurs." On"Ies ! appcI)e' plus1 ou «moins desylzypoclwÍ1- : ¡

(tfiaques 'app11qu 'enJee/sens -,éiiéla 1 il'ex press i oiii est

impropre,' sil/Jlon ! "eutl1enJTéférerllà 1 l'éCymoloie;

mais nous l'admettons pour faciliter le'langage,' puisque

c'éstMeHërme>reçu ? t'Ce; sont ! desnêtres quitont' pour

habitude''de' se replier' sur' eux-mêmes,' de. se, : sèrutcl'

jusqu'ennleur'smoindrésrdouleurs ph5lsiqués,upubieu

qui, suivant leur organisme; sùivant\leur,intelligeÍlce,

suivant la' sphère¡oÙ, ils vivent,' aimeroni'chaduetjour

a méditer sur le'plus'passager ùe,lem;s,schtiménts ? lsur

'la' plus' futile de leurs intentions ? qu'on'me pardonne

cette ! ' expression irrévérencieuse' : ce ? sont' des' ? '21172Z- ? 2ants ? Que; de «1jourliauxiiiiti mès"»; que de « confes-

'siÓns 1J)r,"qurcrn"autobiograpl11es ' ! ), 'etc ? nous, valus

cette' dispo'sitionJmëntatedans' la première -moitié ide

'ce siècle et' même* encore' aujourd'hui !

beaucoup ? qu'il'serait facile; dans notre littérature ? de

réunir toute une série de 'livres (ùoÍItr(Iuelques-ul1sjfot

remarquable^'ayant' ce-caractère morbide ! Chez-tous

'cés sensitifs' à un 'degré' plus ou.moins- intense, on re-

trouve J'hypoclwndr¡e 'mentale, (le 'néologisme '.est de

'Guis)ain) ? Les 'sensations physiques'^ morales étu-

diées au microscope sont 'amplifiées; et'dès lors h'équi-

DU DELIRE DANS LA VÉSANIE. 23

libre de'l'intellect devient plus difficile à maintenir;

pour yréussir, il faut une domination de soi plus ou

moins'énergique. > ? i . ,

Chez l'aliéné; au moment de la- chute, cette domi-

nation, cette- possession de soi-même disparaît; reste

dès lors chez lui, sans contre-poids et suscitant le délire,

Y hypochondrie mentale. Au moins, l'avons-nous obser-

véeisans exception chaque fois qu'il nous a été possible

de connaître chez nos. malades les, débuts ,de leur

affection mentale. Notre expérience est sans doute un

peu' jeune, mais elle se trouve confirmée par le senti-

ment de More), un de ceux qui ont le. mieux vécu avec

les aliénés. et qui les ont le mieux connus; et, d'autre

part, un de nos maîtres, dont l'expérience est des plus

étendues, et à qui nous soumettions la question,, nous

disait qu'il était arrivé aux' mêmes conclusions. , . , ,

,i Parfois, cette1 hypochondrie, mentale\ est assez légère

pour permettre au, malade de se mêler encore à la so-

ciété. Que d'individus- nous-, côtoyons' ainsi dans le

monde, ayant; avec eux souvent les plus aimables rela-

tions ! on les traite d'. originaux-», de « maniaques »

au sens vulgaire; et l'on passe. Mais. que, précisé-

ment, il survienne, quelque douleur, cette hypochondrie

- mentale s'accentue; le ,malade' étant d'ailleurs, dès sa

naissance ce qu'on' appelle un débile, ou- bien» s'étant

affaibli mentalement- au cours' de son existence, ne

, peut plus se posséder, se retenir; il est absorbée par

cette préoccupation de.son état douloureux; ou moral,

ou physique; bientôt, il ne s'appartient plus, et tombe

'sous le.coup d'une' angoisse,, d'une, anxiété, qui, par-

fois, ,1e. mène aux plus tristes impulsions, par exemple

au suicide : nous avons un aliéné. Tels sont les phéno-

2'l t, 'PATHOLOGIE-MENTALE. H' "

mènes généraux ]qu'on, retro,uve'a'u début de'toutel alié-

nation : d° hypochondrie mentale ou physique; ° dou-i

leur, surtoutmorale;'3°.perte,del'équilibre.mental ? « -

. . JJ¿OJi">,' - : 1.>'1." o f1 .. t f' ,r-¡;¡ltI)i. 031...', Il. >k 'Ifl(1.1 ) , ,11 '

,Continuons'notre étude.1Des.troubles dedasensibi- 1

iitégénéra)e'ou spécia]e ? troub1es plus ou moinsmo- z

biles, plus ou'moins nombreux, plus ou moins intenses,'

peuvent'se'produire;d)s servent'alors' detexteJaùxi.

interprétations délirantes les-plus-variées. Mais ce dé- \

lire,lui-même 'peut ,se développer de différentes ^ma- »

nières ? Ou' bien lennalàde resteicantonnédaiis son, i

hypochondrie mentale,- dans 'son» hypochondrie phy-

sique; pew àvpeu, il y< organise tout un-' système "de 1

délire, 'et alors;. affaibli 1 int'ellectuellement11 il">finit,,(T

délirant Chronique, par se stéréotyper ? se momifier

dans ses préoccupatious hypochondriaques ? toujours'< >

les mêmes.' Ou bien, d'autres sentiments, mais toujours

de caractère- pénible, par exemple de la démonomanie,'1 '

des craintes] de persécution, -etc ? viennent s'ajouter '

aux préoccupations hypochondriaques, tout en laissant

à celles-ci, le premier rang. Ces sentiments sont peu ' r

consistants/ ne gardent jamais dansée délire qu'un- rôle i

accessoire, et inquiètent peu,le.malade;'au bout d'un i

certain temps même, ces- idées de persécution' (pour r

continuer,uii : de ces exemples) viennent à disparaître, m

sans jamais avoir.occupé une grande- place. 'Le.délire,L

hypochondriaque, systématisé et devenu absolument

chronique, reste seul. Ou enfin, venant Vajouter à

, ". ¡.. f 1'1 n

l'hypochondrie du malade, ces sentiments pénibles,

de formes diverses,- prendront au contraire peu à peu

le dessus, et modifieront le sens du délire, lui impri-'

meront une évolution nouvelle. '1 .

DU DÉLIRErDANS,LA1.VÉSANIE. 25 ,Il

- Cétteiévolutiomdu délire passant de, la (forme hypo- ï)

chondriaqueqà- ! djutres 1 formes ,"comme.<,de stade oemu

stade, ! est fort intéressante .àLspivre.'1 Sa possibilité, duiit

reste, connue depuis longtemps, n'est pas contestée.

Esquiroltcite dans oii 1 ivre ? Liii)'cis-'desi plus i expi ici te,

où. le,, malade, d'abord hypochonc1riaql1e,ldevint perse-'d

cuté,et nuit ! par sejcroire le¡fils ! de.Louis' : X-'VI,' dauphinn

de France ;j on> enoretrouvet,encore) divers, exemples,,9,1

passim il dans ce'f,même',ouvrage. : hBroussais feadmetin

comme : très, fréquent ce, fait'que, chez-un ma)ade,di-'tf

vers; délires 1 viennent succéderq aUI dél ireu hypochon- n

driaqe ? Brachetf'(ip6nse demême : 1111chéa t donne U ! 1 Ir

observation/ très mette, empruntée 'à Brierre c1eIB)Ísï" ?

mont; où le.délire,' d'abordthypochohdriaque, setrans->b

forme,plus tard en ,une,démonomanie;¡AaFovillelfils : '1J

enfiiir apporte, i lui, -aussi ? une tobservationrn-rtq WH' 3HHL

lire hypochondriaqueehronique; c'est.quetle débutl c1e¡(.

l'évolutionvésanique soit constamment 1'liypochoiidrie-)L

oUtmentale,. ou, physique.ll\Iorellpurtant;;c1pnt, l' ex pé ! L

rience clinique était; si vaste, ^-présenté; ce fait» comme 1,

étaiitilaLrè-leiconstaiite,lchez,i les Li-vésa U*Iqties,héréd 1

taires; il' en a. donné, i dans L ses 1Étllde1 cliniques ,¡,plu-) ! .

sieurs] exemples;^ dont un'; très remarquable,1 nous. t

montre'1 ]a succession'1ldes" £ préoccupations hypocholl-' ¡

driaques du délires des''persécutions-ett des^ idées de ?

inofnijl'-rd'. UlI ? tl le ? JI.ilf1¡J ? ,l'r ? ¡'HHI 'c/)')fJrrl

' Esquirol ? Maladies mentales, t. If,.p. 12 à,16. Paris, 1838. ) ? (M-'l-jI-. r <|"ll^' 1 1J 1 j I *' 1 j ? ? . 1 ' 1 t pli 1 J f f 11 I

° l3roussais ? - De l'irritation et de la folie, t. 11, p. 15. Pans, 1839. ? 1 t, "nJ.o "'01 \ t 'I (11 j, -4 IatTP,I)plrd'

3 Brachet. - De L'h ! J¡Jochond¡'ie, p. { ? 9,' Paris, 18'04. ** >'iî<<m. > 1 f il

\lich6a.t- De'l'hpocltoldnie, 1 ? 115;U11 ? Paris; 184G : t - ,1 .1 '\/1

8 Ach. Foville, fils ? Etude cliai 9 . tte de la folie avec, prédominance du ,

délire 'des grandeurs, p. 37 du mémoire; obsel'Yation VCParis, 1871.

» Morel. - Op. citât., t. 1", p. 163 iVi66-et 3G3'1113G7"l' -il"' 11'l'IHlil

1*6 · r.woor,o,c=rc wr..xz.\r,r : . 1,,

grandeur; ,il, .enfin, développé celle, \proposition, en

divers endroits, de son Traité des nzcclad,ies mentales^.

Pour nous, bien que 1 l\. A., Fovi 1 le, fils, c.om,bat.te,2,la,

thèse de- 3lorel,,et ne, la regarde conme ,adI ! 11sjpJ ? que

dans,¡la {minorité, des cas^nous adoptons^ pleinement

les.idées de,1-oreltsur, 1cQ(sujet.t)Tous, les,vésaniques,

en efi'et, ,comme ,IIOUS r l'avons déjà, ditiplus, haut, tdpnt

nous avons= pu .connaître etJ ! loterl1,Ies) depuis, avaient

commencé par, être des hypochondriaques., Résultant,

pour nous",du'ldépouiljement",mêl1Jy dei,toutes des

observations ,que, nous "avo ! ! s,¡pu,1 r : e,cueilllr¡ surf., ce, 1

point, ((ce fait.nous¡ paraît, être,, une /vérité., essentielle-

ment'clinique. 111 1"'11 m l Il',11. b IJ'I' JllJtJlIjW ? ni,

1 li w,vi9. · v\ il Lll. 1 f Il) 1 .- Ir, j'- J' · L¡ £ r}l'I" ?

Il Quelles sont, précisément les formes, par. lesquelles

peut : évoluer ,le, délire. vésanique,11, u]térieu,rem,ent au

début hypochondriaque ? .Ces formes, .singulièrement

variables,- dépendent du milieu, c'est-à;dire de, l'époque,

du pays,, de la société, des idées- et .des passions do-,

minantes, de l'éducation. passée. et du tempérament de

l'individu, etc.; mais elles ont toutes .certains, carac-

tères communs. Dans une première,période,,en effet,

le patient, souffre, «est déprimé, set concentre- pénible-

ment sur lui-même, et-réagit de .diverses -façons., Que

nous trouvions chezluil la, jalousie, la, démonophobie,

]ai toxicoplioie, le, délire des persécutions, etc., .peu

importe; nous n'avons.point là d'entités irréductibles,

nousi n'avons que des formes, accessoires , : le fond

essentiel, c'est le sentiment de dépression, de contraction

- 1 \ ? I, \1(1 -, I, j, fr, " J Ln 1 a i 1 · - J" i i'·J I, ,1,

.\Iorel. - Traité des maladies mentales, p. 265 et suiv., li 19 et suiv.,

714 et suiv. Paris, 1860.

2 Ach. Foville fils. - Op. citai., p. 13 du mémoire.' " " 1 c

DU DÉLIRE DANS LA- VÉSANIE. 27

pui11ble 'sur 'soi-même, coïncidant avec la perversion dou-

fOl/relise du sens émotif ! . Plus tard viendra une autre

périodé>dont nous -parlerons quand) ! ! sera temps.

- "Quant'aux''troubles de/la» sensibilité,,) ils' servent ?

toutes' les' fois' qu ? ils existent, de matériaux à\l'édifica'

tioir du 'délire : inais'eux[, non plus lie paraissent point

é'sséntiels'dansla vét : anie ;1' à/notre t avis;1 du' moins; ils

né"sont -qu'un' élémentrelativément accessoire. Sans

doute;' ils aident-'dans ! |une^plus'-ou --moins large- me-

sure'au' délire par-îles' interprétations' erronées aux-;

quelles ils ! l'donnentf<lieu; '-mais cesminterprétatiovs

mêmes" varient suivant l' époquei et portent l'empreinte

du sentiment qui domine à ce moment de{J'évoiùtion

vésanique : c'est ce sentiment de dépression, de con-

centration pf : n¿úletencore une'fois; qui est-ibien'leffac-

téur'capital. Telle est notre conviction;1 après 'avoir,

observé 'et-suivi- longuement' nos' malades ? et ? d'autre

part,' après avoir analysé précisément lesfaitsimèmes

qu'on ''présente là 'l'appui de, la th éoriet contra ire ;* la'-

quclIefdonne aux troubles, sensoriels le rôle principal

dans laproduction dù délire' ' - ? , ' J' t 1 l ' '

-' Cette première) période'de l'évolution du délire vésa-

nique, on pourrait donc l'appeler période de dépression',

déconcentration pénible', d'après le sentiment commun

qui' se retrouve au fond de-ses formes'les plus diverses;

, et'. qui est sa' marque caractéristique. Après* la1 phase

d'h5locllondrieJqûi'e constitue' comme-la porte' d'en-

trée, nous trouvons» que, 'd'abord, les' sentiments, les

idées pénibles sont assez confus, assez mal déterminés

dans tel ou tel sens. Cependant, l'affaiblissement mcn-

. < ", \ , ? - ( 'II i ,

1 Voyez Cerise et Morel, loc. cil. , > v i, ? , i 1 /

28 ^'PATHOLOGIE*- MENTALE. zig

t¡,tl 1 déj àdé) datetplús10ümoinsi ancienne',rrapparaît' de

plus en' plus '^l'activité' (rint'eJligeIÍée',flla9'snibilité

affective'fI'en réalité',0 aiminuentt ? car0 il ->ne faut-point

s'en tenir à de fausses apparences. Indifférent dès lors

à tout ce qui ne se rattache pas à son délire, le malade

voit peùt ài peu'lsès idées'sehci> ? èonscrire;etqlâvéà le

têïrips ? sépi'éciser;t revêtir ! June ¡Iforme' plus' 'arrêtée

qû'au;début;l'grâduéllèmèntle'déliresé systématise !

Les" expressions eJles ! niêmes'dont'sè sert le malade va-

rient deI m'oinsÎe¡r'moins,' se ! fixenV,net;1 commé·ottdit;

(lsè"cristaJ11sentrh ? D'aillèùrs;Isubsiste : lo'újours Talté1

ration 1 douJoureuse ? du 'sens 'éÏ'notif, ! q'ui déprime`le'p1-

tient\fqÏli do ! nnê .Ù¡l' ca : ractèi'eEpénihlé"3à"toutesses'sén :

satioîis.rrf Systéniàtisé}'1eJ délire',1enfin 1 ? « s'offrant

toùjoûrsfsôus : ? Jeifmême1 âspect',1 devientiimmuable : ét

'est en t quelque - sortesstéréotypé ;)qJ3Xq lnomabid-iotn

1uNous 'regrettons ! 1 carJla place'fnousIÍnaÍ1que,tfdè1 de

pouvoir^ rapporter'f'icil quelques^ observations de'mâT

·lades'qùi Emieûx°qu'aucun(développeinentdidatiqûé',

montreraient celle période'de l'évolutioliwésanique9'

""9] Nous.'feronslld'ailleurs' remarquer ici^comme'nous

l'avons'5 fait' à ! 'propos'J de-la1- phase ? hypochondriaque)

qu'arrivera à "cette 'période''de concentration pénible^ il

est desrmaJades ! qui "s'arrêten11;wilsJEne rpoussenKpa's

plus loin leur évolution. Séjournant alors dansi'la

sphère des sentiments1 eV,] par suite,' des'idées pénibles,

ils' y^édifient^ y systématisent ! peu à3Jpeu : Ileurfdélire,

puis'1 restent >r,stationnaires^'comme : v cristallisés;^ enfin,

l'affaiblissement mentaprogressant'j i)s't6mbent dans

une démence de'formes variables^ que>nousf aurons à

- \\ '1\"" "l" \\\ v% Itf h "nlJ ! <tr¡ .t1]jrnIJwi;" 111 ri

'Magnan. Leçons sur le délire des persécutions, faites il l'asile

5linte-Annë : I'aris; '1877 ! '- ,J-p ! 'Falret,1 bp : 1 ciliüJ (fI'\ : ) ™\ ,1 )10 '/

DU DÉLIRE DANS,LAVÉSANIE. 29

anlysr,plus,loiu. nAinsi , Lces 0malades ,p durantbtout

leur,délire,1 n'auront [ éprouvera jauoun ^moment { ce

sentiment quii caractér iserl lai aeuxième période, dite

excr.nsiv,e.3·r`fi ? nI a9cme'ieqqG ao^nc ! tb ? b ihmI f ! s

ohaism et cop ù P,.Gq 9dr>KlJBi oa qij tup 90 ? m1 b

ai Q4ç-lle est - df)-4c.cette, deuxième étapedu"déliervé;

sanique 2 ? Une,,fois,;la période dépressive traversée i

le ni4j4de,se tioiy,j profondément 1 ff ibl i,au, point de

vuejm,ental; ses-idées,deviennent,plus enfantines; leur

contrastejavec le,moudei,extérieuriçle,vient d.ernoins en

moins sensible, au.patient.<L'hyperesthésie douloureuse

du. sens, émotif, ! .dont, il;futsi, longtemps^victime^finit

elle-même ip4rus'émousser,,Ipuis, dispai : aît : , Enfin,] sa

tristesse, , ses souffrances, continiie,1 les j ont contribuera

exalte,r,ençorehez, le ? vésaniquerrle,,séntiment,,déjà

morbidement exagéré tdeÿsa'Ipropre, : personnalit; sil

devient graduellementjplus orgueilleux,fplus expansif.

motifs de, peine.vont se^dissoudre

danstle, passé ? derjoureu,jour, il, s'estime; davantage',

se.trouve.'ptusrheureux,jet,.en6n, montera .ce- qu'on-

pourrait, appeler sonrapothéose.=,Lesl idées .délirantes

revêtent désormais le caractère, d'uneiféticité royale ou

.mystique, suivantjtes, circonstances.3,Les troubiesyde

,1a jsensibilité, désormais 1 aussi, ;sont) interprétés en)Ce

sensrub aioli. rrsarrot2 a<,ilnlo79 -nj;.l ...îol 2lti

,< ! 0 Quant aux- mécanismes apparents,, quant aux raison-

nements,qui ? chez chaque^ aliéné,^ paraissent justifier

,cette. succession-.de. sentiments, fils, sont fort-variables;

mais 'cette diversité de.if ormes importe peu., L'essentiel,

c'estlarmodification,dul,foud morbidexpar,lerpassae

4

d'un sentiment pénible à un sentiment expansif

Voici, paë exemple, deux, malades1 qui's'èngagènt" dans

.30 ' PATHOLOGIE MENTALE.

la.-période d'expansion : ' l'un arrive à croire réalisées

certaines ambitions-politiques, raconte qu'il appartient

mystérieusement à quelque illustre famille; l'autre en-

tend des. voix,, reçoit des ! .révélations..mystiques, est

sur. le chemin de quelque.paradis; chacun expliquera

sa façon et plus ou moins-habilement,- suivant la.degré

-de ses lfacultés intellectuelles, les-anciens ennuis, les

espérances, les convictions- nouvelles. Au fond,rpour

tous deux et pour bien d'autres, ne, s'agit-il pas tou-

jours d'une altération'du sens émotif, qui, change de

caractère ? Illy a d'abord une souffrance, unèhyperes-

thésie douloureuse, une concentration pénible;, puis

survient peu à peu. (comme d.'ailleurs -chez les peur-

sonnes mentalement saines, mais habituées à souffrir

de quelque maladie chronique). une exagération de la

persunnalité, qui devient exclusive,, exigeante; le sens

émotif douloureux s'émousse avec les années;, l'intel-

ligence s'affaiblit, et l'on voit se produire une expan-

sion de l'être mentalement déchu.. La mise eii oeuvre,

la contexture.même du délire, plus ou moins puérile,

est donc tout à fait secondaire. 1 f. ,

- Ainsi se découvre j peu à peu, cette loi générale :

,Dans le délire chronique, la période expansive 1 ne. fait

jamais que succéder ci la période de dépression; et ce qui

caractérise essentiellement chaque période, c'esti l'altéra-

tion f ? e/c't/M sentiment. ' . , ,

Lei plus souvent, tout marche "par., une évolution

lente,' progressive; le plus souvent, ce n'est point,du

premier coup que le vésanique, d'une- concentration

pénible, passera à une béatitude e.xpansive : il traver-

sera toute une phase de transition. D'abord, derrière

DU'UEURK'DAM L.ITVr51\IL. 3 I

z Lei OU \tel sentiment mélancolique, se devineront,'pour

l'observateur; les'premières 'poussées de celle person-

nalitéqui va s'exagérant chaque jour -après tant de

' souffrances, de ;cet orgueil, -de cette ambition, -encore

^-inconscients,' et ! qui. -n'osent- encore ^paraître auijour.

Comme fait second, comme conséquence, derrière telles

craintes religieuses, 'telles idées de persécution, se

glisseront les premières .questions, sur la raison de cet

état de choses, puis peu à peu les premiers essais de

réponse, encore, fort confus. De jour en jour, de mois

en rnois/'d'aniiéecn année, suivant que' l'évolution

'sera plus ou moins lente,* à côté des sentiments et par

suite des idée : ,> : péi11bles, .viendeoIlt. s'affirmer les senti-

ments de grandeur, .les idées 'ambitieuses. qui en sont

le résultat;rquelle que soit` d'ailleurs leur forme, poli-

tique, sociale, 'mystique - ou- autre : ' L'association,- le

mélange de ces deux'ordres de sentiments» et 'd'idées

,présentera plus^ou moins de cohérence]' suivant que

les 'facultés mentales du malade se trouveront là -ce

moment'iplus »ou^ moins1 affaiblies; mais' le caractère

constant, la loi nosologique est- qu'à cette époque de

transition coexistent- les deuxi tendances du délire vé-

salique, dépression et e.2'lJaJ/sion, 's'altel'lHlnt, se combi-

\ Haut des plus diverses façons. » \ Il - .

«(}est' de cette'phasedntermédiaire aux deux- princi-

pales périodes de l'évolution,'vésanique, qu'a parlé

.'1. Ach. Foville dans son ouvrage déjà cité et dans un

récent mémoire- présenté au Congrès de Londres de

wl 831. ,C'est 'de cette phase. qu'a parlé Calmeil dans un

article d'il y a cinquante ans- (rappelé; par M. Foville),

où se lit cette proposition : « L'on s'imagine à torique

32 11'" PATHOLOGIE, MENTALE.

« Les souverains des Petites-Maisons déplorent.parfois

« avec amertume/ l'injustice. ! de .leurs (.prétendus su-

« jets ? » .Cela estlvraitpo i ? unef certaine, époque de

l'évolutiondudélire,vésanique; mais les faits montrent

qu'en des temps .ultérieurs, la béatitude, peut-devenir

; : parfaie.f¡¡ v1111t rl (L "'jl( Il 11. ! Jyi' ? ot,'1 -i ,, /

, . r,i 1 1 ? t. JJI4,' lit, (J}/ ? 'jI ;1w ,r, : r1 r 'LI'" ,1' "" '1 ? A, mesureque l'évolution^ du, délire s'avance,, on

- voit, du- premier, plan, | les .préoccupations et les-idées

pénibles descendre au second; les sentiments de gran-

deur se prononcent de plus en plus et les idées; mys-

tiques pu;ambitieuses ? qui en'sont la, suite,, peu à'1peu

se délimitent, s'ordonnent, , après avoir été, quelque

temps plus ou moins nombreuses, plus ou¡moins,con-

'fuses.t-Sur la^scène délirante,, 'encore partagée/ où

cQexi.tent ,Jes rsentiments de, dépression et les aspira-

tions expansives, déjà, l'on peut,prévoir les tendances

,qui persisteront, en dernier lieu, taudis que graduelle-

ment i s'atténueront lés autres ? / j, ., ? 1 f .. 1

Et,* en effet, soit que. les troubles de la sensibilité

diminuent, peu à peu et viennent à-disparaître, soit

même qu'ils persistent,' nous voyons les préoccupations

pénibles s'affaisser une à une et ne. plus laisser d'elles

enfin quetquelques vestiges auxquels, le malade ne

prend même plus garde, et qui, ne lui causent plus le

moindre souci; parfois,i il n'en reste' au malade qu'un

souvenir fort'vague. Mais, ,d'autre part, se systémati-

sant peu àtpeu d'une façon quelconque, les sentiments

de personnalité, de grandeur, prédominent de plus en

plus. Le vésanique a quitté définitivement la phase de

transition, et, quels que soient le manteau, l'incarna-

tion adoptés, s'installe en,pleine période expansive, y

DU 'DÉLIRE DANS LA' VÉSANIE. <- 33

- 'conformant'son attitude', sa physionomie et'le peu de

pensée' qui "lui- reste. Dès 'lors;1 il' végète, type de'fai-

'iiéantise et de -satisfaction que 'rien ne peut troubler;

''majestueux avec'un accoutrement des plus' débraillés,

il' sourit' avec" condescendance' quand' on lui 'parle.

Voilà, réalisé devant nous, un exemple clinique des

plus instructifs, surtout lorsqu'on vient à se rappeler

''l'angoisse, les' tourments -passes du malade,- tourments

. ët)angÕisse 'qui' allèrent' quelquefois 'jusqu'aux' tènta-

tives de suicide. ' " ' ' dl 1 <1 ? 'T Il' ri -" 1 e " t ' 1 . ' - I I ,[,

`' "(Résumons maintenant les éléments simples que nous

av6ns<pu dégager jusqu'ici, et qui nous paraissent ca-

ractériser d'évolution du délire dans la vésanie ! ' 0 j(IT .1

' Nous'trouvons d'abord'un terrain hypochondriaque

avec'« c( hyperalgésie'mentâle'»); puis une douleur; une

causé déprimante qui ` vient abattre l'individu; alors,

mie érioderide 'concentration pénible pour le délire,

enfin, une période d'expansion. Le'malade/d'ailleurs,

loin' de sauter 'brusquement d'une phase- à l'autre,1 ne

'fait que's'y laisser' conduire' graduellement t par' toute

une série de transitions. N'oublions pas; enfin, qu'au

début même 'de l'affection mentale,' il y avait déjà-un

fond'primitif de débilité, dû le plus souvent à quelque

dégénérescence héréditaire. Au cours de l'évolution

vésanique, cet affaiblissement des facultés mentales

n'a fait que s'accentuer progressivement; il est déjà

devenu très notable, au moment surtout où est appa-

rue la période d'expansion. - ' '

Mais' ce qui doit, avant tout, ressortir de cette étude,

c'est qu'au début, comme au cours de l'évolution vésa-

nique, la maladie vraie, le fond morbide, c'est la peur-

Al\CIl1v¡ ? l. VI. 3

34 ? (1 , si PATHOLOGIE MENTALE. ' ! Il 1.rl11-1 \ ? J

'1 ! e ? : sio,t iîîëiîîe f/M enJiJ17fJ.Ft,' °l ! , );lie.l)x,l.cI,eJ1cey quel Ce-

riE,e,.et,31oi,el ,appeqent, le seîzs;éî21otif ? sens émotif,

,,qui ? suivant., ? {,<t..ntl ¡tq1.9tJ pélÜb)e,ltaptàt

.expajLs troubles,de la sensibilité; les ¡interpréta-

tions, les idées délirantes ne jouent qu'un rô)e,secon-

daire et prennent le caractère même, soit pénible,

soit expansif, du sentiment qui domine à ce moment.

Il' ? ? \1 - -, < ? <'.\ : \ ? % ? 7 ? l°i·iLt

Ce sont eux, à la,, vérité ,,qui, avec quelque fracas

apparaissent dès le premier abord; mais c'est dans

l'altération même du sens émotif et dans ses variations

qu'est le fond morbide essentiel; c'est la qu'un obser-

vatetir '... If 11 ' '' ' f \'1' 1 qu un o ser j1 ,

valeur patient, ira le chercher. " "1'-\" 'fi, (Ji"suivre.) ,h

, I)f' t '. si . , J l QI fll\ an q .JI)'}

1 1 f , 'I - -l'I{ f" ' trI f f1 ! I¿T

; 1 , 1 ' 1 11)" 1 1") cd ! 1 tH "'118'-1 ntf, !

f l' "+ 1 -, i 1 . v o, '1 t) ..r- ? r,.J

RECHERCHES CLINIQUES SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE';

rw r;1 t il- -- ? t .. 1 t, - t 1

,i 1 ' PUI' le DI' E. J\lARA1;IDON DE J\IONTYEL, 1 îr.f,r.if.n

- ... ? Directeur-Médecin en chef de l'asile ( public d'aliénés der Dijon., .i r;

, j . , si - ? 7 J

, j i i , f "'.... , . 1". 4 1 r 1 1 -.... J ,|

ruz Dans les délires généraux avec conscience' parfaite,

les malades assistent en spectateurs'1 aux' troubles qui

1 tf rm, : · ·, ". d' I ? ? 11; 1 aflkW 'f r '1 .1 ,j

.se, déclarent dans leur esprit, en spectateurs conscients

mais impuissants à réagir , et à imprimer- le moindre

changement à)eurmanière'd'être psychique. 1'\]. CotàrCl

a écrit, : , « exceptionnellement quelques maniaques,

an milieu de leur agitation et de leur loquacité désor-

donnée, déclarent qu'ils sont fous, mais le trouble de

leur intelligence ( est' trop grand pour qu'on puisse

, q 1

1 Voir Archives de Neurologie, t. IV, p. 188, et t. V, p. 40.

RECHERCHES SUR ? LA' FOLIE" AVEC CONSCIENCE. 35

admettre' qu'ils' aient réel leiiient,ltoiisci 1ciice. de leur

état.'» Ce que j'ài observé ne me permet pas d'acceptér

1,'opiiiioi du savant aliéniste, condamnée 'aussi par les

recherches dé nt Moréau (de Tours) sur la l1anie'li;s'-

térique : l|1' ! (lis "II 1, ,... J ;11" , 1\' pl ? '' '' ? ,,1

'** ! tl .fJ Il'11 ' ., 1/, t til I 1 t l'1 I

tf T «).0 . · < ! If' ' 1 t 1 Íf ? r 1 ? \ 1 ") 1 ? >;

Observation VIII. Hérédité palcmclle. - Manie intermil-

,j.. , ,, ''l'PI ? 1 11, telit f a'vcc - ' 1 .1 .

' ' t" ' j ielate avec coHscHce.

(I1; ? V- ^ \- ' '" ,.1, ? 1 , -1 1 ' fWS . i.

sut AI ? P ? quarante-neuf ans, mariée, : sans.profession,. instruc-

tion supérieure, entrée commepensionnaire à l'asile de Marseille

en novembre 1866. Hérédité paternelle : un frère du grand-père

et deux soeurs du père ont été aliénés. Au point de vue physique

r2 ? P ? de douze à dix-huit ans, a'eu une santé très éprouvée.

Elle a été sucessivement atteinte de rougeole, de scarlatine et

de fièvres intermittentes-Les règles s'établirent difficilement à

quatorze ans, mais sans désordres intellectuels. Au point de

vue psychique, elle était peu intelligente, très minutieuse dans

ses actes, d'un caractère sauvage, fuyant le monde et douée de

peù/de sensibilité ? A virigt'et un ans, 'elle eut un accès' de'manie

aiguë qui dura quelques mois. Guérie, elle resta bien portante

pendant dix ans,'jusqu'à l'époque de son mariage. Elle avait

alors trente-deux ans, la maladie reparut de nouveau, pour re-

vètir le type intermittent. Les crises duraient d'abord quelques

jours et les intervalles lucides trois à quatre mois. On la garda

chez. elle pendant.dit-sept ans : ;Avec Page 116si manifestations

du mal se rapprochèrent de plus en plus, et, en 1866, la ma-

"1 f"' .11 ? ,; T\ . 'mj"H-' ' " Il " ? LIt ? fi.

lade fut Isolée. Dans l'établissement, les crises ont continué

d'augmenter de fréquence'et- d'intensité1.' Au point de vue'de'la

conscience, qui nous fournit elle.mèII}.eltons.ces

.renseignements, raconte que jusqu'à ces trois- dernières années,

elle appréciait clairement son mal, même au plus fort}des pa-

roxysme's.1 OepÚis¡lors",rajoütét-elle',ll¡] : coÍ1scie¡{ce de mon état

- commenca à s'obscurcir, et aujourd'liuielle se vôile complète-

ment quand l'agitation,, est à son^ apogée. Cette ^observation

dictée par la malade elle-même ne permet-elle pas('de suivre

révolution de l'état de conscience dans un cas de manie linter-

mittente à marche progressive ? 2 ,

36 .. JV'>l,w""i') PATnOLOIEyll ! H'¡1;A ? ''IO 'R nWHk

J -i. il ? ¡r 'd, il,2J'1 1(, qtJq li n anlW IwJ'1U' vtlrnty,0, jmfl Z91

Observation IX ? 11 é¡'édil maternelle. l-7t Manie aiguë avec^

, , . ,, ? ,, , , ,- , conscience^ G uérison.iUl ^ ? j J '('1\ 1 -¡¡¡¡,II')

'" t.1 J; £ }-(fT ? ){1GfTIJ 111 ? f'f fJllf1 ? "If1tl;1t""lf1t .,i trîaR(1

t"lI ? Louise ,P9t.. ;drfI ? 4el ! ? ' ans"mariée, sans,profession,

instruction-supérieure^entrée, comme pensionnaire le ;20 juin

1880 à, l'asilef de;,Marseille : Grand'mère maternelle, isolée, à

l'asile.'Malade de tout temps; bizarre, indisciplinée,,peu;intel-

ligente. "A,Yingt7deux,1ans, première,crise, de , manie, de, cinq

mois. [Depuis lors, .chaque, année,, 1.'époquedesclialeurs,e pa-

roxysmes de sub-agi tation.de courte durée. En.1t380,,àaa suite

d'un premier accouchement, seconde crise de manie qui dura

dix mois, et une observation attentive et de tous les jours me

\ . de constater qu au .[" de ., bouleversement , "1

permit' de constater qu'au milieu de ce' bouleversement général 1

de toutes' les facultés;'la conscience* demeurait^ ce s point in-

tacte que cette particularité frappait tout le monde de l'asile,

même des .malades. A son entrée^ elle nous,annonça' quielle

était retlevemié folle; et demanda une cellule : . Une fois; comme

elle se présentait à;nous;nue et provocante, dans un'état 1 de

vive surexcitation, elle répondait à nos observations : « iC'est au.

médecin à guérir les folles, donnez-moi un remède pour rester

habillée. » Un autre jour où l'agitation n'était. pas moindre, je

lui disais qu'elle ne se calmerait pas si elle continuait à'refuser

toute- médication : «N'ayez'pas -peur, répartit-elle,- il y a dix

ans, j'étais tout aussi folle, j'ai pourtant parfaitement guéri., ? )

Et qu'on veuille bien le remarquer, ces -preuves évidentes de

conscience n'étaient pas données dans des moments de répit,

elles étaient fournies,- sans cesse, chaque jour, à la moindre

occasion, au milieu même de la surexcitation la plus, vive. 'La

-malade sortit- guérie. ^ '.t,f 5'W > ,'1'" * Il] Imn , dl'J 'lt y[

., i.. t 1 t .t. l , "t ! 1 4.1 ,T j , ? . , 1 j.. ,, j.

. tu. J . ,. '11 , TI' .Iflp, ? t l ? {'.I ? ? rr. ·v

Observation X. Hérédité pa'Hpe ? y'oMme crise de

.' .fI' ",....' t l "" ... /. Il . 1 Ytl h..llIlt1

folie morale avec conscience. .S'aH/e MAvsMea/ ? 'a<Mc ?

' 1 j 4 ? ? tt ? '1'tri\ , Font

l ? ? 'T",q ? (¡ z

Mm0 Alexandrine Vuil..., trente-cinq ans, mariée', coutu-

rière, instruction primaire, entrée d'office pour la troisième

fois à l'asile de Marseille, en mars .1880. Hérédité dans la*lia;ne

paternelle. A la. suite de chagrins ou de contrariétés, elle sent

son caractère s'aigrir, ses 'dispositions morales changer, elle

éprouvé un immense besoin'de faire soun'rir'autour'-d'cHc'do

quereller les gens, de mettre partout le désordre. Elle apprécie

RECHERCHES SUR' LÂ I OLIEI'AVEC' CONSC1ENCE. 37 Î

les modifications survenues en elle et regrette le mal qu'elle

fait : rmais1elle'esif domjll'ée ? ùbjuguée;\'Õbligéé d'obéir aux pen-

chants qui l'entraluént s>Jlléva alors insulter les voisins ou les

passants, transforme son ménage en un enfer, met tant d'ar-

deur à'satisfaire ses'mauvais instincts' que les plaintespleuvent

à'la police'et'qu'elle)ne tarde'pas à -'être isolée d'office' contre

la volÕÍ1téfl de1 son" mari' qui voit là ! de simples bizarreries ¡; de

aactère7quànd'là'ialade'elle-'Mèine se sait folie' Mme,VuiL ?

sans avoir jamais fait de maladie grave;- ne joûitpasd'ime bonne

santé'plîN,si4ue ? Ellel est pâle,' anémique;' 'sujette taux 1 pertes

blanches. A'I'àsile elle recouvre vite le calme/1 ip " ' fil,

lnill. J1Jp" flFfIl "fi Pr·1 ? ' r 'l' '- 1 - 3 ''\ ? 1 III I.

9JTi ? 'I(I(y, : 9) ? t't')t <¡f, '" -;v[HT 4, 1 " ! ' - < 1, <. y1

Observation XI. ? Double I,é1 : ér ? <if...Açqou.c/¡ement difficile .-^

-ni ¡ lJ1 al¡'e, rémittente, avec conscience datant \de trois ans; 1 l, '"

qilpi l 9f1 tOt·yU " t 1 n ' ' W ' '' , ,111'[ ? , , j . l "/ ,

,9[IM-0. Sophie r Lhé : ;1.;¡ trente-trois ans/mariée, cultivatrice,

instruction primaire; entrée d'office à l'asile de Montauban, est

depuis trois ans' dans ? 1'établissement .pour une manie'rémit-

.tente.'Hérédité'double.' -Bonne .santé.- physique et --psychique

antérieure. 'Une' crise de maniel aiguë éclata-à la suite d'un

accouchement-pénible et a- suivi la, marche rémittente. La ma-

'ladre' a'ia conscience claire de n'avoir plus été la même à-partir

dé ses. dernières couches..Depuis lors,- avoué-telle,, elle n'a ira-

mais recouvré entièrementlses facultés ni le calme d'autrefois,

bien qu'elle'ait des intervalles relatifs de tranquillité, t Au mo-

,ment même des paroxysmes la malade ne perd pas conscience.

'Sbn'désespoir d'être aliénée croit avec l'agitation,1 elle demande

làTtout son entourage'de'la guérir.' Elle se fâche, s'emporte si

le traitement prescrit ne procure pas le soulagement attendu

et accuse les médecins de n'être pas à la hauteur de leur tâche,

comme le prouve, cette apostrophe énergique par laquelle nous

fûmes accueillis un matin, le Dr Darnis, alors mon'maître, et

.s accuel I,\' W · \v\f "\l 1` \ YI

moi ? : Ces oiliL'è'è's dèllx' cou.. ? qùi rië sont ,t pas'foii ? de me

moi : « Les voila ces deux'cou....'qui ne sont pas fou'. ? 1, de me

guérir o .

~5jUU> .·fW^`;ta ? flf. pi' -;> ? > ? j'/ li'.t- <7 'l' l',

'Hnrll¡()'11 fil tuoq cor , 1^ , < ""1(1 j' 1 ? 1 , .

9"7-'Dans l'ordre 'opposé,' il m'a été donné de rencontrer

là' 'conscience'parfaite unëfois dans la lypémanie

Il 1 t n 0 1 1 1 1 1 1 , ' ' - 1 1kl1 '' 1 ' 1 .

...anxiuse"s.i,l};lpe ? uqe 1 fois avec, la dépression lypéma-

11 niaque;' deux ,fois ! avec la stupidité... -,n "1 1'" 1) ?

38 i ? r31 w ? PATIIOLOaIE MENTALE. H IW'PI J 1 t'

JnSERVA'l'ION XII ? Hérédité maternelle : Ménopause. ? n

.Cltagl'ins domestiques ? Troisième' accès '.de'('lypéma11l'e'"

anxieuse simple avec conscience. Idées de suicide, Ey rysil- l '

pèle pltlycténoïde de la face'avec gl'aVeS( sympttmzes'oénéJ'aux JI

et' délÏ1'e fébrile inconscient. - Retour des 'troubles psychiques.^

antél'iell1's avec la convalescence : " l ? ,...L : l ? ! J°] ? ¡ ni

Il lI "'1" JI'J'1- 1911,11 Il il 141 111 ti *i i'" 1 IJq, "'Clrfln..l ! .

M1 ? .1- Léonie Lou; 1..., cinquante-six ans, mariée, journalière ? ) >

instruction nulle-, entrée d'office à l'asile de Marseille le 2t dé- -i

cemhre 1881. Elle raconte elle-même 'son histoire ? Elle avait ...

toujours ¡joui .d'une ! bonne santé, quand elle perdit'pour la pre- If

mière fois la raison ammomenfi du' retour d'agc : Lacriselac-n1

tuelle est. la' troisième. La malade se-dit. dominée -par une)''

anxiété, une inquiétude vague,- une impatience'quine lui'laisse1 ! )1

aucun repos et.ne.lui permet 'de 'se'trollYer ,bien nulle part.1''

D'après elle,1 les crises' ont1 chaque (fois augmenté,' d'intensité, fil

La seconde a été plus- violente- que la première; et l'accès actuehq

ne saurait se comparer aux deux autres. 141 ? ,Lou. : . déplorez

son état,1 s'afflige surtout de la marche croissante de'som alfec-'rr fui

tion et croit à-l'incurabilité de cette : troisième .crise ! Elle 1 dé ? )

clare préférer la umort et avoue des tentatives de- suicide par.q

désespoir. Sur mes questions, Mm° Lou. ? (m'apprend que -,sa

mère a présenté aussi des troubles intellectuels. Dans le cou-

rant de janvier, la vie de Mme Lou.... fut gravement compro-

mise par unérysipelé phlyetéhoïde de la face. La malade resta

deux jours avec 41° de température, 120 au pouls, et avec un dé-'1

lire violent. La conscience avait coiiipètement disparu ? c'à la.it 1

le, délire de la fièvre.} Un traitement par le quinquina, le musc ,

et la digitale enrayèrent le mal. M-0 L ou..... guérit. Ala

convalescence lés troubles antérieurs reparurent'avec les mêmes '

caractères : Mme Lou ? . m'en reprocha amèrement 'sa. guérisoli : rt

Mieux valait mille fois la mort à cet esclavage forcé,de; son'es-,L

prit, a ce malaise indéfinissable qui la torturait nuit et jour. ,

'1 « , " 1 ' .,1.1 .I-1 t t' 1 >|l i .yW /'1

, - (1 · '1" (Î' ' l' If1 ? ... 1 f .. l'{ t -Il t .Ij'}

Observation XIII. Hérédité paternelle. 'e ? '<e'n ? '</eH. J

Chagrin. - Stupidité avec conscience. i, ? 1 ''

- ( 1 1 .,1 ,U "1 -; , i » . ," , 1 "1 ¡,

Poch..., confiseur"âgé de trente-huit ans, marié, instruction 'J

primaire complète, père etgrand ;père aliénés. Doué d'une bonne

santé physique'ét psychique, il perdit la tête il trente-cinq ans, .f

il la suite 'd'une .perte d'argent. Il' se .sentit devenir incapable. ?

RECHERCHES SUR LA. FOLIE AVEC . CONSCIENCE. 39 t

non seulement de continuer ses occupations, niais même de se'

rendre compte de ce qui se passait autour de lui. Trois- fois

déjà, toujours à la suite de chagrins ou d'ennuis,' il était re-

tombé dans cet état qu'il- comparait à'l'enfancedes vieillards. Il

me fut donné d'assister'à une rechute.- Poch... reconnut^une

invasion prochaine de la maladie à des maux de tête et à une

insomnie qui en était le prélude habituel. Peu après il eut

conscienceid'un anéantissement psychique. Il perdait la mé-

moire,' ne,l savait plus. retrouver ses ', idées ; sa volonté- et son ?

énergie faiblissaient. Il arriva un moment ouRoch... se reconnut >

lui-même incapable de travailler et demanda de rester au quar- '1

tier. La folie progressaisous 1'oeiP conscient du malade. Quand il

elle fut,à son apogéc,·Pocb... avait l'air hébété, se réfugiait dans.11

les.petits,;coins, ,tout honteux de son état.10oiitinuellement,ilqf

cherchait et touchait autour de lui comme pour, se rattacher, àw,

laréalité ! 1 Durant plus- d'un mois, cette stupidité se prolongea, U

puis, d'intellect ressuscita peu à.peu pour recouvrer enfin, .toute 1

son énergie passée. Pochez. après cettenouvelleguérisonaffirman i

n'avoir jamais perdu conscience de sa situation.. Sans doute il - .-

était incapable du moindre effort intellectuel, mais, cette inca- '

pacité, il la, sentait ? affirmation, d'ailleurs, que ne contredis t

saient pas les faits observés. ! V. , .' . i< a, i ? ? 1,

hO) Il 1. 'i ii'-J, , u ' x ' \.1 1 f - 1 j - t

La conservation' de la conscience dans certains'cas /

. - 1 JI' J ¡" 1 H >' \' j t Il

de stupidité serait, àlll1;1on avis, un fait d'une, haute ;.

importance' dans la querelle qui divise depuis de' 1

longues années les'aliénistes, celle de savoir si cette

affection a une .existence propre, ou si elle doit;dispa-

raître devant la lypémanie stupide. Avant les travaux

de M. Baillarger' tout le monde était d'accord sur''

)'existence d'une forme particulière d'aliénation' m'en- ^

taie caractérisée par la suspension plus ou moins pro- ? ) "' , \ - \ ? t\ n tr <* ) t ? \1'- ) ? ( )

longée des fonctions, de .l'intellect : c'était. la démence

aiguë d'Esquirol, la stupidité de Georget. Les belles

recherchés de" M. Baillarger' mirent tout'ëIi question.

'l(1t'( f qf1{J 1 HI')') Il'' r> 1 1114 , , ., ,

EnAé,montmllt qu'un grand nombre de stupides con-

servent le souvenir d'un travail intellectuel intense et.

le 0 1 ell, t 1 [PATHOLOGIE lIENTAI,E. ,q , . ,y. ,, f,

emcréayt le. groupe deq,lypémanies stupides^] 'illustre

médecin-de la/ Salpêtrière,;portait,un, rude^coup JUa

doctl'ine)jusqu'alors)cassigue. La .renveX9u)hjll d<i.[°l ?

en comble joui fallait-il seuleJpent, di9trir,) prm iJJe

malades.jugés atteints de stupidité ? un,certain{l ? oI}1 ! Jr

pour en fdrmeFune classe nouvelle ? Les observations de

111 ? l3aillarer-laissaient la question, en suspens. Toutes

puissantes à.prouver l'existence de.lypémanes stupides,

ellesneuprouvaientnullementrrla non e : cistence,des

stupidescsimples.. Restaient, 1 enJeffet;.les\liénéqui"

revenus, à la santé,, semblent sortir, d'un=.profond,som;

meil et dont la-mémoire n'a conservé aucune ! trace[des

faits accomplis durant la ;maladie. ,Distinguer,f.c.OIpn1P

on de'fit alors/ et commet beaucoup) d'aliénistesconti ?

nuent encore. à "le, faire, les.malades ¡selon da persis-

tance ou l'absence du souvenir d;un¡ travail.intellectuel

.,) ? - - t,

pendant la dépression,- pour ranger les premiers .parmi

les lypémanes stupides et , les, seconds parmi lesustu-

pides, simples;, c'était .prenqre, pour base de laidassifi-

cation un fait important) sans doute, mais qui, par lui-,

même, n'a aucune valeur. pathognomonique.' , , - r

II ne fut pas difficile à M. Baillarger de répondre

que souvent, au réveil, on ne conserve que le souvenir

lointain et confus, de -rêves quiu pourtant, pendant ! le

sommeil, ,ont;été le résultat d'un travail cérébral actif,-

que d'amnésie, des. somnambules est- complète^ et de

montrer des, aliénés ayant accOlppli,aul milieu, d'un

grandi état de dépression, des. tentatives de, suicide

dont.ils avaient perdu la mémoire à la guérison.,L'oh-;

servation, directe n'apporte pas davantage des preuves

concluantes. Souvent on ,aura cru. pouvoir diagnosti-

quer une stupidité simple- et on sera tout, surpris d'ap-

RECHERCHES SUR' LA FOLIE lAVEC'CONSCIENCE. 41

prendre'par r le \ mà lade : rétab 1 i r qu' onlc,étai t, eÜ présence

d'un infortuné rendu' immobile par une voix- terrifiante

ou ' un * ordre- du ciel, et réciproqueme'nt : ! J-,e'fait de li

conservation1 de'la5 conscience, ine'paraît'au-contraire

àvoir'uhe valeur 'absolues Dans- ces* cas,3c'est*le ma-

làde,lui'mt,mé quiT se,"sent,'devenir. stupidc : 'lI1 a cons;

ciéiicé d'une' obtusion sans «cesse croissante'- de sou

intellect ? Il' courttaprès'sa' mémoire 'et'1Ses .jdées.qui.

luiéchap'pent; il déplore sa déchéance intellectuelle et,1

désespéré',1 'préfère^souvent tla mort aa'jruine'de ses

facultés ! 'CescmallÍeureux le disent eux-mêmes; quand

onl'lesH interroge noir après leréveil'del'intellience,

mais "-au 'moment'1même' des i- troubleà, a ilsit n'ont pas

d'hallucinations,Lils ! ne' voient' ni' n'entendent, ! mais ils

se sentent devenir botes,'1' ils ont conscience' de tomber;

jeunes' 'encore/ dans 'une espèce d ! éîïfaizee, séi21le w )

Iii Je 'n'ai 1 pas 'la prétention'de'trancher aujourd'hui, )à

l'aide' de deux faits,' la* question si ''controversée dé

l'existence de la 'stupidité, je-tiens seulement, à appeler

l'attention sur' le service que- peut rendre;. pour laso-

lutiou à venir j(1 la1 conservation de'la'conscienceJdalls

certains cas; '' '¡2lh'¡IbfT 11 1 '.11 ,rh. i'1;q * il \'j ,|

nn ? vno^ » i,i|> i "'J')r' '1\1 ) v y ! 1H IIJ"'i' [il, jollej '< ici

4' Plusieurs observations T nous. ont' mis=.déjài en' pré-

sence 'd'une* complication 'grave;- jé veux parler'. de

l'idée du suicide,1 née chezdes aliénés^ conscients du dé-

sespoirï'de1 leur 'impuissance vis-à-vis des troubles

qúils'ne/peuventt surmonter;)'malgré une exacteap

prédation de-leur nature morbide : -Il faut,- à mon avis',

distinguer avec- soin cette' idée- du suicide de 'l'impulsion

au-suicide avec}' cO/1science.' L'impulsion;esb »1-' élément

fonda mental- deda maladie,' quand'les patients y cèdent,

43.; , ·r ·f1 mf P.lfIioLOGIP MENTALE.- ? : ! f1t 'in1î)ag

c'est à,leurs corps défendant, et, qu'on me permette de,, 1

le dire/ en s'accrochant à la vie de toutes leurs,forces

Ici 'l'idée est un 'élément' surajouté 'tout comme t'la Il.

. -t. ' ' u ' ? 1 II/ 't ' < ? jU''J 9T71 I`I

conscience dont elle dérive ; les, malades. se-tue'n^ alors i,

en 'connaissance de cause pour se 'soustraire à' leurs >

'f,' 1 -. 1 "il' r r~mw il 1 4 \1' ). l ''1'r., f, ? q¡,

torturés psychlque,s, d ? TI,m que certains cancéreux :

1 11 1 '' ! ' . 1' ? ' tt-it le,, le h

ou, certains, cardiaques se,, suicident ,pour échapper à,H

leurs souffrances -physiques. Le 'suicide est;'en'pareiln 1

cas ! chose délibérée," voulue,' exécutée avec entière J

l 1 "►> 1,.1 1 ., l "1" 1 , 1 il 11.¡ n 1 · " ¡ 1;... li't, l'< l.l 1.1 ;) J.f lt t

volonté J "1'1"'1 ? ..l,-fi ¡1 ,1 111'1'11" Il .Ill ? j ? llf Ici ? JIU"

volonté. 791"(v,.tl .1 11111 'Il il .yl r·,n ? 1(Flf ';) jtov

Ainsi, la conservation,de la conscience assombrirait n

le pronostic. Non seulement elle imposerait au ! patient''

, - 1.... ? r' IT ," 1 - : '1 '¡,'r f t .1. ? »'> \ 1 il 11t)/I(\ '1 I)

le supplice allreux d assister aux désordres de ses fa- ? L r , ,..., - . ,, ,.)j. J ..n . . . IIJ ... ? )- .)')

cuités,'$ans", être en .puissance- d'y remédier ? mais, elle xi

conduirait par dégoût de sa vie -au suicide 'ré 11 écl1Ï ? et ?

cela, d'après mon expérience, dans la proportion,de , 1

,1- : 11 100 ? pres mon ex 1 let, Ili, -tri , si, x le, èj "il' ) «

34,2 p. 100 ? , 1 r,r 1,1., l1" "1r Il' , ,1., 'II 1)1J. ,Jtltl1J f ! 'r"

t , 1 l' Il i l' n

Si lës deux états d'excitation et de dépression pris"

,, \ j .d. 1 . " 1 1 dl , 1, .,1 '" ' 1

isolément ,coiieilieiit parfois avec l'intégrité de la,

conscience, il en est ainsi quand ils se succèdent pour

suivre' la 'marche circulaire. Sur quatre casque 'j'îÜ t,

, « -, . «....... - -j1 r , "1.i -i1" 1 LI .' L.

observes, je rapporterai le suivant : , ? r , J ,. , .11(

Observation XIV. - Hérédité rmalennell,e.,l,- Claayraas; con- ,-

'a ? e<M.C ! n<yKte ? e accès de folie circulaire aveç,f,°nscÜmce" .,

Idées, detsuicidet au déú3tt dans le stade, dépressif . ",) "¡'II,} ? 0. n 1 · 'mlrf, w , · `. p . n / 1 il ? u !

Adèle Si ? : ... ? quarante ans, célibataire, .instruction ,prj,ïl,

.' '' ? i,'f ? ? r.' ? Le . -i'"i'.7 ? <)

maire,, entrée doifice pour la cinquième lois a 1 asile de Mar- 1

seille, le 6 septembre 18qi Saur de la grand'mère maternelle , 1

aliénée, mère hystérique, soeur séquestrée deux fois, . cousin

germain du côté maternel séquestré trois fois'. Sauf une rou- . i

geôle, bonne santé physique et psychique jusqu'à seize ans.

Intelligence plus qu'ordinaire. De seize ans à quarante ans,

RECHERCHES SUR LAiFOLIE'' AVEC CONSCIENCE. li 3 z

cette fèmme a eu cinq accès* de' folio circulaire." Le premier" à ' .

seize ans ; le second à vingt-trois ; le troisième à .vingt-huit ; ! le ,'

quatrième à trente-cinq ;, le cinquième à quarante.La maladie j ,1

éclate toujours à la suite de contrariétés ou de'chagrins, et

débute par le'stade 'mélancolique ? Adèle Sic .,1..(' se'fdit ) alors' ')

obsédée par. dès-idées de-damnation, -des craintesjde l'enfer ju-n

nées absurdes et folles et qu'elle -ne peut^ surmonter; jamais^ Ij

d'hallucinations.' Quand, pour la 'première fois, là maladie

éclata" àî seize ans ? la1 jeune -fille' tenta'3plusieurs' fois" de'se"

pendre; depuis-'dors', instruite par l'expérience; Adèle¡,Sic ? .1

se résigne plus,volontiers, à un, état qu'elle sait passager. La

transition au stade expansif n'est pas brusque. La malade pré-

voit la transformation par une intensité moindre des idées' de .¡

damnation' et une vague espérance'qui s'empare de son 'esprit.

Peu à peu, aux terreurs, de l'enfer succède un violent besoin de ,1

se mouvoir ? de jacasser, de taquineries gens et des tendances 01

irrésistibles au vol. A l'asile' ces' impulsions sont'telles' que la

malade' saisit toutes'les occasions des'évaderde'son''quarUér

pour voler dans,iles jardins fruits et ! légumes, qu'elle ia ,soin,.)

d'ailleurs, de restituer à son retour volontaire dans la division.

- 1.' 1 1 1 l' "1 , f. J' " . 1 t t 1 ? . ,. 11 ? 4 , .. h 1 \

Une fois 1 accès terminé. Adèle Sic... se sent, durant plusieurs

semaines, abattue, sans énergie physique, mais avec beaucoup *-

d'intelligence, elle distingue ce brisement des forces de la pros-

tration du début. ,« Après. la.crise, dit-elle, c'est moncorps qui

est fatigue de tout le mouvement que je me suis donnée, mon

esprit n'a' rien. f Je 'ne suis plus 'folle '¡dors. » ' Les' cinq' accès ' 1

ont prSOlItélleS'PartiCUlàrit6S,qLle nous signalons, seulement- >

le stade expansif tend à gagner sur le stade mélancolique., Au ?

début, la'dépression et l'expansion avaient une durée à peu,

près égale de trois mois. 'Alla 'quatrièine crise la'première fùt*a

peine de deux mois, et la seconde persista plus d'un an. Cette 1

fois-ci, les terreurs de l'"cnfer' on èbâttula malade un mois~du-' \

rant; tandis que l'agitation menace de se prolonbërilidéfimiment.

Adèle Sic... cï la perception de cette modification. D'après èlle,

durant la période expansive, sa sensibilité devient de plus en

plus vive, son caractère de plus en plus susceptible. Elle est con-

vaincue qu'elle retrouverait rapidement l'équilibre',çéréliral, s'il .,

lui'était permis de satisfaire largement ses besoins de mouve-

ment et ses tendances au vol. Elle dit éprouver, quand elle est ,

dans l'impossibilité de s'agiter, de taquiner les gens, de voler, ,.

un bouillonnement 'de tout son être qui entravé sa otiérison,, .. 1, 7

l44 ? ? f '' " PATHOLOGIE MENTALE. ff 'SI7H 1

particularité qu'elle 'n'avait pas remarquée lors des-'premières

crises : 'Tous les détails qui précèdent,'y compris- ceux relatifs à

l'hérédité,' nous ont été fournis par-. Adèle Sic ? ! } au-'milieu

mêmc'de la période- expansive. 1 t IIHf IIR Id') r'1 ? ""U'ol"

·,r ,1 J. «TJf «1 ? I',ii ' 1 1.1 inn 'r3fflfnlfl;ft(j 1'r 2,)Hpd')'JII1;1

^ Cette intégrité de là' conscience 'dans{cértàiÚs "chs'rde ? n ,. ffl 1 r;f `7 O ? Tff ryf '<) 4w --I i M"1 ? « -.[(irn <)-îqti«T ? ...,

folie a double forme permettra, grâce aux, renseigne-;

ments fournis par les,aliénés eux-mêmes ? de diagnos-

tiquer 'tout de suite cette', maladie' 'qui'ne- 'Sel trahit

, y , ? il. 1,1 ". 't . % ii a ; 'Il . , -i ci'

d'ordinaire que par son évolution. M. le Dr Henri

.jIj '1 r W JI/ 1) ,q .dfP"1HI IJ..... ql. 11,11} ' "n111.r'7 « 1 ,,1'1 f7r, U 1.

Gerard,,mon ancien, collègue d'internat d'Auçh ? dans

une thèse -écrite' d'après ,mes -conseils,,[ a.'déjà,insisté

sur ? 1. ""d 'ù', . ? l' ? t ? lffJ n "f ')l1J.ib nff

sur ce nouveau moyen e la anostlc.' 40 .'f flirt

. t 1 r ? 1 f ri i f -.1luit 4rrl 111;(1 7-

,1 -i 0' n . ,1 ij 1 · yfJ r if "'11' `1lillin'II -9711ffi'Î1 h

' L'intérêt -augmente '"avec ! lest délires 1 partiels.[ Deux

genres de perturbations concourent' à la7 ? gè-nè-'e"des'

S .. - n fT.- l' ,,(,>( "F .' ? r)) ? ,'nl-

monomanies : des troubles .sensoriels et des .troubles

psychiques. -Ils.se présentent soit isolés ? soitlcombiné.

Si les' perversions sensorielles existent' seules avec

r, 1 JI.. ¡ " - .../1 . 1 Il \ ? 1 j,;1·a f ! f' . t f

conservation absolue' de, la conscience, 'elles cotisti-

a 1 1 1 . 1 ,, 1 't 'n ! 1 1 a it-

tuent les hallucinations compatibles .avec ,la, raison,

question élucidée de' nos jours, ''sur laquelle j'insis-

terai d'autant moins que je n'ai aucun fait nouveau a

1 -" i tt , , , . ' U u,r rlr,U. t11.

ajouter à ceux déjà enregistrés. Plus heureux avec les

troubles psychiques isolés, j'en^ai^réuni cinq cas, dont

. i j i -) m ,1, /,\. ,).

je fais connaître les trois suivants 1 - del \

Observation XV ? Pas d'hérédité au dire de la'' famille. -

1"31éitoi)ause. ~ Panophobie avec conscience ? Amélioration"

- r 1 fl. us-/ - , u -Il ri" 1

' Camille Riq..., quarante-cinq ans, sans profession, mariée,

. instruction secondaire, entrée comme pensionnaire ! à l'asile de

'Marseille le 3 l'juillet, 1881. Pas d'hérédité au dire de la famille.

Bonne santé physique'antérieure.'Mariée à vingt et un- ans, elle

a eu sept enfants, dont deux morts de convulsions dans la pre-

RECHERCHES SURIL41,FOLIE avec, conscience. 45

mière enfance. Depuis Ia'fpuberté, J Camillel Riq..1. ,a' eu, une e

grande tendance -aux -idées- 1 fixes, aux frayeurs non , motivées ;

d'ordinaire elle voyait -tout en noir,- un.j rien . la-j bouleversait :

Jeune fille, elle aimait à s'isoler;, mariée, ses, dispositions mé-

lancoliques et pusillanimes ont augmenté. Consciente de cette

t(nll : 1Pr : P ? i.c}li2f ! i,e.sop,,eSPJ.;lt, ! eHe ? £ ,ss.Yi11t¡ ? modifier

son caractère, mais peine chassé, le naturel revenait au galop.

rr. r n. ·rrr,9 r ? )f4t< ? f) 1 ? n ' ? '1

Cette disposition a des cfrayeurs non' motivées; qu elle jugeait t

morbides sans.les pouvoir vaincre,' augmentaient considérable-

ment et absorbèrent toute ^existence de, l ? malade.,il 11' épo,qqç

du irér ou Id'ge. Quand cette dame me fut confiée, depuis près

1'n.....tf \ Lj , '111 ? '#-' 4 je r, It,f 4-fil, ! 1'" ? 1.' ,. ¡,

d'un an, elle ne s occupait plus de son ménage. 'En proie aune

grande 'anxiété, 'elle'' restait toute'-la ? » journée immobilëà'Ia ' z

même, place,' les mains tendues en avant comme pour repousser

un danger, gémissant .sur, sa destinée et sur son. impuissance.

A part cette ° , - ? vi ->., ? Rlq ? n'ajamais présenté

d'autres troubles des sentiments, il n'est donc pas possible de

la i'cônsidérerx;tçommé3`atteintor d'hypochondrie t morale.f A

maintes reprises, dans l'espérance de, guérir, .elle avait sollicité

son isolement à 1 asile. Aim Riq; .·., à son entrée, expliquait

ires'clairement' sa"situation''mentale'et tout ce"qu'ellé' avait

éprouvé.' Elle' résumait sont étatlen disant' : «Me ne suis pas une

vraie Jolie ,3 puisque ,jeB,raisonne .sur¡¡,tout et ? même- sur

mon état. J'ai seulement peur sans. motifs. C'est affreux ! Je le

-i.=PT>", r>- "ll 4'.r . ,J f7 1 1 A < 111/.1' , .i-vi ? '- -

sais et j ai peur tout de même. » Elle affirme n avoir jamais eu

d'hallucinationsL'hydrolbérapielui "fit ! quelque bien.* Sans

êr9¡¡ gpriç, rlgl}.nilJc Rq ? . '1 éLit. arrjvé9 ? Y urm9ntr, 1'jop

anxiété". A l'asile elle s'occupait très activement à la couture et

f. t fil 1 il jt4 J Il t r r t l' ai Il ..., tif il ,.< " '

aux soins du ménage. Elle sortit améliorée le 20 septembre,

B91 ")"«> /UH'i ? »ii ? .Itli i'r· ? ` a t·t bj')t' /<,*) J L : <,- .' ! rWÎr al;`o t tlir.r.Y tt. ·y r, yt C' ·r. 9 v W r .. t

Observation XVI. - Double hérédité. Ménopause. lypé-

manie e ? 'o<o ? ? ! 6f ? KayMeauec conscience. n'( ' If' 1 <II

Arici-c D .. , , 'quarante-huit , ans;, mariée; mère de , plu-

sieurs enfants, sansprofession ? instruction\supérieure, pour

laquelle en mars 1880 la famille me demandait mon avis, ap-

partient à une' maison d'aliénés tant dans, la ligne- maternelle

^que.dans la ligne paternelle. Depuis un an environ, 11m° Aricie

qui aurait toujours joui parle passé, d'une bonne santé

physique et psychique, après avoir éprouvé des pertes abon-

dantes.coïncidant avec le retour d'âge, présente des désordres

1,6 ri '/il 1 PATHOLOGIE MENTAL ! ! ] ? ""1 I

affectifs, dont elle a conscience et qu'elle ne peut 'guérir.' Elle

a pris en adversion son"mari et ses enfants sans 'motifs, ''sans

être à même d'expliquer cette transformation- de ses sentiments.

Elle-la constate, la regrette et voudrait bien- recouvrer l'affec-

tion perdue. D'un autre côté, elle est devenue éperdùment

éprise d'un jeunè'homme qui travaillait dans les inaLâsi'S'de

son mari. Cette obsession amoureuse est de' tous' les' instants.

Il y a-six, mois qu'elle n'a plus vu ce-monsieur et elle'1 l'adore

'aussi tendrement qu'à l'époque où ils vivaient ensemble. Pour

mieux penser à lui, elle s'isole, elle veut aller habiter la'cam-

pagne, un endroit isolé, être seule enfin avec son'amour.

-Mm0 D à conscience de tout ce que cet état a d'anormal.

Elle gémit' de sa situation, elle -rougit de sa passion et pour-

tant, m'a-t-elle avoué, elh serait incapable de refuser son

amant ses dernières faveurs s'il les'exigeait. J'accusais'des hal-

lucinations de la vue ou de l'ouïe d'entretenir' cette extase

amoureuse involontaire. La'malade m'a certifié' que, 'depuis

leur séparation, elle n'avait ni vu ni entendu' le bien-aimé.

AricieD..., d'après ses propres aveux, aurait- été heureuse

de se guérir, car une femme mariée, mère de famille, âgée de

quarante-huit ans, ne peut oublier tous les siens, se passionner

pour un jeune homme sans être malade. Njme D..., très mélan-

colique,, souffre de son malheur., 'Elle néglige sa toilette,- ses

affaires; absorbée par sa-contemplation amoureuse, elle ou-

blierait même de boire et de manger. J'ai porté un proiiostic

fâcheux.- La double hérédité, l'âge, la 'forme du délire,1' tout

assombrissait l'avenir. Je me suis opposé à l'isolement qui me

parut devoir être préjudiciable. t r

T" 1 .. 1

¿'1t,tf ) -t.tu- ? ' m - - ;i 1 ' ' '

Observation XVII. - Hérédité maternelle. - Onanisme. -

;; .11 } ? f t.... T.- r. ?

Idée' fixe 'd'une mort imminente avec conscience. Guérison.

" 1 '11 ,. - . " r ,

, Edmond X...., vingt-deux ans, célibataire, étudiant endroit.

Hérédité maternelle : un frère de la mère est faible .d'esprit,

. f , . 1 . '. - .. , \ . \ . ) , 1

très'original, un oncle et une cousine ont été aliénés. Intelli-

gence supérieure. Habitudes-solitaires. En février 1879, il est

réveillé au, milieu de la-nuit par de violentes palpitations dp

coeur et ne se sent plus le même. Le lendemain tout avait dis-

paru. Huit jours après, retour des mêmes troubles, il a comme

le pressentiment d'une mort 'prochaine. A partir de ce jour,

M., X... jrestc poursuivi par' l'idée fixe qu'il va mourir^ Il corn-

RECHERCHES, SUR- LA FOLIE AVEC CONSCIENCE. 47

prend combien peu ses craintes sont fondées, il se corrige'de

ses habitudes-solitaires, -auxquelles il, rapporte ses' souffrances,

mais, sa volonté est impuissante à réagir contre le mal. Pour-

tant le sommeil est excellent, l'appétit est excessif, seuls des

bourdonnements d'oreilles et une constipation' opiniâtre, quel-

quefois de huit jours, fatiguent le malade. M. X.. : ne parle

il personne de son état, toutefois, il en est inquiet; malgré lui,

il a, peur de coucher « seul,, il cherche un prétexte, et, .sans se

trahir,. demande l'hospitalité à un ami. Pour faire diversion' à à

son idée, fixe,, il se livre au travail ardemment, passe avec

succès, un concours difficile et subit tous ses examens de doc-

torat. Malgré ses .efforts. pour ne pas laisser percer au dehors

l'absurde,, souci, qui l'agite, Edmond X... est mélancolique',

moins expansif qu'à, l'ordinaire. Quelquefois, fatigué de cette

lutte ^continuelle contre lui-même, il se désespère, redoute,

malgré son abstention de tout attouchement, de ne plus recou-

vrer la tranquillité. Les sentiments affectifs n'ont subi aucune

altération,; la conduite et les relations n'ont pas varié. L'idée

fixe d'unemortimminente et l'anxiété morale qui en est la con-

séquence,' anxiété indépendante du jugement et de la volonté,

voilà les, seuls (troubles psychiques. Il guérit au bout d'un an.

m. ? '1 \1 " ' ' " ' r

Une première chose frappé dàns ces observations,

c'est l'anxiété déterminée chez les malades par la cons-

cience.de leurs troubles, psychiques ; seule une éroto-

mane a- fait exception. La réaction anxieuse serait

, , ? ' ' t ' ' < t.. t ' '

donc la règle dans les cas qui nous occupent. '

Pas une fois l'idée du suicide ne s'est montrée dans

,- ... ? r..\ Il 1- - 't \\ t; 1 1 .WT 1 1 i,t 1

les cinq cas que j ai observes. Les troubles psychiques

isolés laissent, en effet, une grande espérance de gué-

rison. La lésion n'est 'ni assez' étendue ni assez grave

pour' engendrer le toed ! (rn vitoe et pousser aux résolu-

tions extrêmes. Il n'en est ,plus de'même quand les

perversions sensorielles s'y ajoutent. L'intelligence se

trouve alors doublem'ent mutilée et les hallucinations

¡ 1 t( -i l '' - 1 <

apportent avec elle un je. ne sais quoi effrayant et pé-

niblelqui, rend la vie à charge.' D'après mon expé-

48 j , ,l' ';1'11 PATHOLOGIE IIIENTALE'>lH J'13'1 ,jji

'l'ienCOb personnelle ces., aliénés chercheraient.à. se tuer

'dans la" I)roporti611'de, trôis'Isurl quatre idées ' de

.-= ? t ? < ? t ? - t ? [) ft... ? «. v,

suicide ont, en pareil cas, d autant plus'leurs raisons

1.1 - ItJJ[J ? 1 Ii '... ? '-Il ' 1 ej H -I ? 1-, ) tii4 tjh't ? r.

d'être, quelles malades [.obéissent i. à leursrLvoix, sont

effrayées' par leurs visions qu'ils'-jugent morbides ? tout

t ? t o) ? t.*p'-ïf ? < ? r. ? trï ? n Qf}(fQ1(Jon.h\

comme 1 s'y avaient une 01 a so ue ? ' : H14 I()"¡¡ L 1

" UL14,U(1, ? ` ? t

Observation XVIII. Hérédité paternelle. Hallucinations

(1c' la' vue'' et de l'ouïe avec conscience ? Obitiz*o2z intellectuelle ? i,avec, conscience. - S oumission\auX' troubles sensoriels H(us

- de x'a'MeM<e ? ? 7<{ees'e''sHi'e -'Démence' consécutive

CV avec^vagues lueurs de conscience : f I\ ? ( ? \1 ? 1 wr z

\, .l'l'Il \ \'\>I\.¡<l\j\\" 'Ù\I\ \'1\,\1, -- 4\ ?

M"0 Fortunée Es..., vingt-huit ans, célibataire, sans profes-

sion,, instruction ^supérieure ^entrée -comme,, pensionnaire à

l'asile de Marseillp ? Ie 3 août;, 1881. Une soeur du père.a été

aliénée,, une soeurGde, la malade,morte de convulsions dans la

première enfance. Cette demoiselle) a toujours eu le., tempéra ?

ment-nerveux,, le caractère excitable. En. septembre, 1878, elle

eut un, premier, accès de folie religieuse. La seconde,crise a

débuté par une agitation ,qui a duré trois mois. A son- entrée,

la,malade est dans la dépression; elle reste en place, s'alimente

difficilement. 11 ? Es... a,, toutefois, la perception/ nette de-sa

situation ? elle avoue ides hallucinations de la vue et de l'ouïe

de naturetreligicuse et des crises d'excitation., Elle ne systéma-

tise, pas,, reconnaît le caractère maladif, do ses, symptômes,

tout en déclarant' son impuissance à les dominer. -Lors. de; la

première crise, la conscience paraît , aussi, avoir été conservée,

car, d'après les affirmations du frère, au moment où les,mani-

festations, étaient,, dans. toute leur acuité, 111 ? Es... demandait

avec instance à être conduite dans,un asile d'aliénés. Quelques

,jours,après son entrée, cette dame s'alimentait ,de plus en plus

difficilement. Elle disait obéir à, des hallucinations, de l'ouïe,

dont-, elle, reconnaissait, la nature maladive, mais spn esprit

était devenu si lourd, son énergie si faible, qu'elle no pouvait

réagir. Et il en-fut .ainsi durant plus d'un mois. Puis les hallu-

cinations ; revêtirent un, caractère terrifiant. M110 Es... parut

effrayée, elle eut le facies anxieux, l'oeil inquiet. La perception

de sa situation maladive ne se perdit pourtant pas, mais,

comme le mois précédent, la malade ne pouvait se maîtriser.

RECHERCHES' SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE. 49

L'obtusion intellectuelle qui compliquait s'on"mal1 eU dont' elle

avait aussi connaissance facilitait sans.nul,doute cet état passif

de son être, auquel, désespérée, elle.essaya plusieurs fois, de se

soustraire par le suicide. Mule Es... vécut près de huit mois

dans cet état; les' facultés s'affaiblirent," la' conscience s'obs-

curcit parallèlement. Aujourd'hui, cette jeune personne marche

à la démence, elle a pourtant encore, par. instants des, éclairs

de conscience. ? ,\-\. r * l' v, lrl ., , 1 - ,1 )

Observation XIX. \ Pas d'hérédité au dire de la famille.

. Mariage disproportionné quant et l'âge. Hallucinations

- -. de l'ouïe avec conscience. Idées lpénaniaques avec cons-

cience. Soumission aux troubles sensoriels. Idées de

suicide. Mort par rhumatisme cérébral : ? 1 : . Jt;' . l' ! -f "'1 'Il 1 -f if 1 f il

J'eus occasion de voir en ville une dame âgée de cinquante-

six ans, sans profession, instruction secondaire, qui, le lende-

main de ses secondes' noces avec un homme de trente,r ans,

devint aliénée/Bonne santé physique et psychique antérieure;

pas d'hérédité au dire de la famille. 111 ? Ves... avait conscience

d'être hallucinée de l'ouïe, d'avoir de l'obtusion intellectuelle,

de n'être plus psychiquementla même,' etpourtant, ces troubles

intellectuels qu'elle raisonnait exerçaient sur elle un' empiré

tel qu'elle y conformait sa conduite tout comme "si elle y

croyait. Ainsi, elle entendait les pas et les voix des gendarmes

qui la réclamaient pour la conduire à la guillotine.'Elle se'sa-

vait hallucinée, et pourtant, la nuit, elle quittait la couche

conjugale et, tremblante, se cachait pour se dérober aux pour-

suites. Le jour, les voix lui assuraient que son mari l'empoison-

nait afin de se débarrasser d'une vieille femme, et de jouir

plus tôt'des avantages du contrat. L'accusation était plausible;

toutefois,' la malade n'y croyait pas ; elle reconnaissait 'dans

ces voix celles qui, la nuit, la menaçaient de la guillotine,- et

elle avait une peine extrême à se décider à prendre des ail,

ments ! M100 Ves'... comprenait aussi qu'elle n'avait plus l'esprit

aussi lucide, les idées aussi bien liées, l'intelligent ^ aussi active

que par le passé ; elle ne s'occupait plus de son travail,1 mettait

le désordre dans les ateliers. Tout cela, elle le savait; le regret-

tait et n'y pouvait mais. Elle répétait à chaque instant que sa

raison lui échappait. Après avoir vainement essayé, sur la

demande formelle de la famille, de la traiter chez elle pendant

Archives, t. VI. 4

50 · ,üf1 r7Ér PATHOLOGIE- MENTALE. i Il ,131 1

trois mois, , j'exigeai son isolement, car des-idées.ide suicide

bientôt,, suivies t de (tentatives s'étaient manifestées.^ Conduite

dans'mon service ? 12N ? Ves ? rgrace'sur,tout au calme¡d¡¡ réta-

blissement, r allait ! mieux} au,, bout de. quelques mois ? quand

survint. un rhumatisâe'articulairei aigu, que, jet traitai .par., le

salycilate de soude;. Six jours.,après, elle était emportée par, un

rhumatisme cérébral. 19w un BI)'IjÎ1t¡ -'1'- 1,\ .')<t11112''¡' 1 1 ? fft"'l

3' ! Jnoo '.)IJfH'lj1'H1 ! 'J 31)1/1 onu .911'i ob 19 UOW1 qh '2fthlvlrt n"

Observation XX. ? Hérédité paternelle. >j.Idées de t persécu-

1 ion avec consciences -· Hallucinations' de l'ouïe' avec \ cons-

science. Soumission involontaire aux troubles. - Idées de

suicide.

non a9tl1GrU )'J't ? %o'IfJJr, L . »'>uvi jauni "1101 1S 'J'JI ?

M"10 Rose Kr..., trente-cinq ans, soeur hospitalière, instruc- ? f16 14',1...1-4JJh .\ 1 U "1..., t'.lJl .I1 : ' .L.qrt ? t ? 1,.( l ? IHI)(I'

tion supérieure, qui fut confiée a mes soins en novembre 188

était'1 aliénée 'depuis'0 environ* tfbisr- ans ? Le 1 fpèï-é',o fattêiIitIi.le

folie morale,) mène,;uneJ.ielextravaganteJ.et,déco,usl).P.' Iyi.elli;

sence.et sentiments, élevés. Bnne santé physique et, psychique

bG» r ,1 i ? 4 ? ) ,t l t c , Ih . r

jusqu a 1 âge de trente-deux ans. Durant 1 année 1878, Mec lu..

eut'des niâux dé1 tête, des insoiruiié's'] des J inquiétudes* f\ràl/dra

vagues sur J elle-mêIÍle,flmis;' des craintes- non- motivées sur, sa

cqlt.4uit : hOE ? III ? epMIi\ ,par.lJa),.pç9 ? H 1 qy ,ses <,}Ip'¡ : ,ieurls.Jj

lugeaient mal, et ne l'estimaient pas, consciente toutefois des

..(1 nr.lt,mrηiW 1Tnltf \ ? q,,... .. , q.,ft. t 4(, ,1 (H'ft ?

modifications survenues dans son intellect, la malade s efforçait

de' chasser : de son'esprit·ses méfiances et ses soupçons injuste-

llgs., La.folie,, en^ dépit ,dej ses' .efforts ? progressa.^ , Inquiète 1 Lçlç

son état, des ravages chaque iour plus grands qu'elle constatait ? tff-ti' ! ) ) a r ? Ia ,, i ? ? Ui'* r a ,) tq.t,o . ... ? i)

dans son esprit, 1JPI'I'Ifl'" 1f'fCI" ;;¡-Jf 0."1)11 n"n '.1 ,'t/V'" '1'

dans son esprit, elle fit part de son mal a ses compagnes.

Tout' le'monde' l'entoura' d'affection- et 'de 'soins/ Cet empres'se-

m,81lt 1 Lj fortifier, son, moral n'enipèclia point, l'écloslioii.

cinations de l'ouïe. Elle entendait les soeurs, ses supérieures

en particulier, causer d'elle, la blâmer, lui adresser des paroles

Ú mépris.. LâcoÍ1scieiIë6 se conserva* intacte ! ' mais' la soumis-

sion de, la.malade il; 1 ses,. perversions sensorielles ! fut,)al)solue.

Après quatre ou, cinq mois d'une vie de luttes et.de souffrances,

.- V.-lT1 ? II ? 1 ? ? , ! ? ii .-.' ; I ! » '') ? 'ri<" I .II',

le désespoir fit naître des idées de suicide auxquelles succédèrent t

des tentatives-. 111 ? Ir'auéritl de ! cèi'premiei·`-àccès et'resta

bien un an.)Pille rechuta, guérit de nouveau,' et;rechuta) en;

core. Enfin, en 1881, la maladie avait revêtu la forme.rémit-

tente. Malgré cette durée assez longue, cette dame 'avait con-

servé la'perception de"ses : troubles' snsor)els`et üitcllectuels,

tout en -devenant-de plus*, en -plus impuissante; vis-à-vis d'elle-

RECHERCHES SUR LA FOLIE' AVEC CONSCIENCE. 51

même. Son- désespoir grandissait'avec sa faiblesse, et exigeait

une'- surveillance "den tous ides'- instants ? Rarement elle 'restait

bien' plus' de' dix 'à."quinze jours. Lors dés crises, elle faisait

peine- voir. Son anxiété,, sa douleur, les sentiments contraires

par lesquels elle passait sous l'influence de ses 'hallucinations

et de' sa conscience restée saine,qui se combattaient,'ses plaintes

contre la destinée et ses prières au ciel, tout ellez iielleif était

un mélange de raison et de folie, une lutte énergique contre

la-maladie : J'ai'porté un pronostie'd'in'èurabilité, i et la famille

a'retir6-M-e,,Kr ? de la congrégation où elle était : ? 1'\5,' '1)",1

,iv o ? ly ""11\\\9'\1 'V\I" ? \tt.'\n't ? > ? ,\ ? \\I) ? <"Ii" \

;15 ct !

Avec la demi-conscience, d'autres particularités non

- f ? ) ? '' (,N,. I ? J'-ff ? ) : ? ( y. r'

moins intéressantes mentent de fixer 1 attention. Jus-

, i r-,%$1*1 ul ? il HIj GJllvcl'" c w11 1 w;Jllr'm 0 " drp qIl141tfiPI'" W .t1

qu'à ,ce r jour,-til ),ne 2 m'a,.pasr; ététdonné ,d'obser.ver la

demi-conscience 'avec- le'délire général.') Ce premier ré'-

sultat sera-t-il c'ônfirmé par'des reëh'ercIles'ùItérieúrës ?

,'il 4 ti -> %,;4t 1 1 ;TJfJ 'üJU 1- 1 ? Ir,'t.i DI ? v . 1 un^ui

J, inclin6,,à ? q ? croire ;, quand 1 intellect, est,, .entier

surexcité ou déprimé ? il) paraît, difficile que da .cons-

cience'puisse'se scinder : . Seule la foli'efcir'c-ülairëtf'prel

)1' f n'.r : 4.' yr t,t ? 1;((r i r ? ' IIlf47 fI)1 'Sr.ff

teraiti3peut-etrertà ,urïé,fyntérlréatio`n délira.nteJ Dans

la^thèse. citée, plus,, haut, 1)1.. Gérardt,parle de 1 malades

conscients qui' interprètent d'une manière pathologique

J. 11f ) t ; 1 , itl ·hrlR' -1 "- Tri, - Il 0 , ? ?

le cercle, dans lequel ils tournent.. Il, cite une circulaire

le cercle-'dans JO 1 q 'd. fI- tournent., Ilcit6u« ne circulaire

',jtt.A,lnll..1 . r n0 0 , rl, Jt, J i : Jt) ) 1,'l 1-9,. - · 11 ? , n -

qui,. dès son, entrée ? accusait'J des"ennemis" acharnés

dé1 l'exalter1 et ! del,le déprimer à'desfintervalles,r ' u-

J" ",\ ? 11" r -r3 ''~'lu ',jls ? jH; ! HI ,j", : 1\,1 01" ' ' 11J FILOIia IfIJ

ers. ? 1 : )l1t 'nO r ? t, i-t' 11 ? 1.. ifJl t 'f ? Lot ') ? 1 ,cl r 'r`72U.,J : àu.lnf;'Ihr( .f1'

- "I¡Dix cas,de,délire partiel, avec demi-conscience, Ovoilà

lahetitegèrbe' derfaitsque j,ai-récoltée. Pour les étu-

r,ri,j· i ·r"r , 4 , c, î ' .1 , . , f ...,r...t F o '

dier dans 'leurs' détails , me Conformant aux''règles

J`7 )'I-r ! )<1 ? Jlll î .mtlltnu. JIiLry.i ? '. 1" ? t". "Il', lC( ! l' 9

posées précédemment, je. les, considérais suivant l'as-

sociatioii ou- l'isolement des troubles psychiques -et

sensoriels : * "' '' - -J ? ",fl" " ,toi 'f ' - '-"'

a1 ? fil ln HII, ! t 0rjll '\¡Jt1.- .\"Ic..6. ,11 ? 1.1'1 ,,%' 1 i

iiii-coiiscience 1Jurmt exister; avec les per-

versions. sensorielles j, isolées, oui- iia,i ou, on i. n'a pas

,2 ;- yt 8r ' * pathologie- mentale. yl ? itr'1;3. : r

conscience.de' ses. hallucinations ;» d'ailleurs, Jajdemir

consciencesuppose- toujoursuh 'trouble intellectuel

1"r -- ·t " ili .1 `yrU 'W t.t)i'y;f 111 b)'I,i'r tl.v ? l'1 Ht`)1

concomitant ? ^ ? ,l *"«J'"ir't« ? '«" - ? ? W

concomitant. itt lniiiioj © ? i.iol.^.n i'.r BMtjfin^i "

l' ? U I,u..¡undJ.t t jl m fltlllh)J th IL"\4}l ? l1T (f,f H1hJtdf('l

j Avect les troubles psyçhiquesjisoiés, quand da,,systé-

matisation se p'roduit;11elle, se'base'tout'entière'.sur le

fait1 même^de' la', conservation 'de'1 là 'conscience1/ Ainsi;

JJ111" . 3h ,.rl j1 f t -uni- ,H)' t f" 1/ ? d >, if,i,| i'

cette intégrité, du,, sens intime, qui ? de, prime-abord

semblerait i lad sauve-garde de''l'inte)iigence,tt devient

parfois l'ééü'eir'où 'eIÍe' sOlllbr. 1 Lies ! deux observations

suivantes, .mieux que, toute description,, montreront ,1e

curieux travail. qui s'opère alors dans l'esprit ? te 211'</'1

1\.' ".A / d'II' l ,,1 ' i, 1.. {( b ni, (ILl ;"\1JflP{ ! lg ? 'vJfl ? 1

'h', r.rn .t,f ri ? `7 . - 1 Il'1 ? ft/h.1. r1 ' ! f'ffilt'J' ?

Observation XXI. Hérédité paternelle. Morsure ni un

, . 'ttrl ,.7 ? ? rTt/ ? J -IP .1 1 ni

chien. S Suppression l'l,II ? l' "dlYl/ ? Troubles psychiques

chien. - upp/'esslOn G ¡¡enZO/T¡tOl es. - 7 ? 'OM<'/M Psychiqâes

avec conscience. Systématisation par la rage. Idées de

- ' sw'cide ? ,,1' , \"It\ 111\\,. Il h""I\ - - d/.l V.OlTJ'1.HW-,¡J(" z

. ,ïlJ. "S((W ? .'a ? 1.5;1ffi'Sr ? ,;\ III ? 'h\ \\\ 1 'tit91ti9S\o· ,

M. Théodore cinquante-huit - ans,nrl-larié ? propriétaire,

instruction secondaire, entré comme pensionnaire à l'asile de

Montauban en. 1875. (Antécédents héréditaires très, 'accentués

dans la ligne patÕrnele.' Pas de troubles psychiques antérieurs ;

bonne santé ? sauf/ des 1 hémorrhoïdes arrivant à des;,époquos

régulières.' Mordu ! par un- chien en- mai;l81 ? lL..r ne/prêta

aucune, attention t à' cette- morsure, . guérie -en. quelques jours.

Un mois et demi après/ en. juillet, époquerhémorrhoïdale" il

reçut aux 'champs une forte'ave'rse....Le sang ne, coula pas ? A

partir-de ce moment; il devint inquiet,1 ne, dormit-pas. Il; eut

des : maux de tête, des bourdonnements,d'oreille¡¡et"un besoin

inusité de mouveinent.1,Tliéodôre,-il ? ise sentit tout, autre. Le

jour, il ne pouvait rester en,placo,' la, 'nuit, surexcité, .poursuivi

par une insomnie opiniâtre,-] il était obligé de. se -lever et de (se

promener i dans -la-- campagne. 11 Cet-. état,l ! dont. il r avait ,,con-

science ? l'inquiétait.d'autant plus. qu'il se sentait aussi devenir

différent de lui-mêmenll voyait son- caractère sentransformer,

il comprenait n'avoir plus., la même intelligence au travail.' Il

chercha une cause à cette métamorphose psychique,- et le mal-

heur -voulut' qu'il se souvint de la. morsure du chien. 'Dès lors,

plus de 'doute pour lui, on était en été,'1'iludevenait enragé, Il

RECHERCHES2SURfLA.1 F0LIETfAVEC CONSCIENCE. ? 53

fit'part de sa'découverte'a'sonC'entourageengageantnout'Ie

mOJ;lde[J.lfui ? JPi} ! lr ,([triW.9rd ? A,l'agitation qui, existait

déjà, l'idée d'être enragé ajouta une grande anxiété. Le malade

consulta un médecin, se soumit à un traitement^ L'état"ne

s'iiméliÓPatpas ! f Au'bÓútlde')'quèÍqll,esJ mois; : r'niayant : plús ni

trève ni repos, -sentant- ses. inquiétudes augmenter, son intelli-

gence s'embrouiller de-plus en, plus,.le,malheureux résolut de

. td.Ürld )j u.ioin.i A11 nJn 1 ktil. i r.nle.J ? -udf n..I.4HI .n.' ·

se pendre. Il s y prit avec trop d ardeur, la corde se rompit;

attirée" par" là chute'du corps,' 'la famille l'isola tout' 'de suite ?

ùTnevniédication ! ÚL"pprop'riée,li1. l'2tat^hémorrhoïdal .amena- de

l'amélioration, mais l'idée de la rage demeura fixée dans son

G1J ? . Ir , jm '' '- )'0t/ Ud <I1h"l1' a ,IWr ly ti 1 v 1 ? ··r It.lt

esprit. Il avait des paroxysmes durant lesquels il sentait son

'tT ? t ? ,'n ? ) r'i ? rm ? f' Feus' ..f ? t

caractère, son intelligence se modifier, accus,itâlôr`svlê

virus rabique; (il- mettait aussi* : sur son'.compte toutes ses'souf-

frances physiques. Un an'après, l'état était le même. Aucun

symptôme paralytique ne s'était montré, éventualité que j'avais ? i ? ? ' ? ''i ? i . 4" tt' .<'mf'

redoutée a cause des symptômes du début. N , ? l'.i1f '1

9 b911 - '551't A '\\\1"'( PW`1UG,SW ya\ult - 9'JI\'4S' ? ,iW" ,\ .'«)

Observation XXII. Double hérédité. JVys'cMmc ? Z)e-

doublement de la personnalité psychique, avec conscience. -

,fi' Systématisation J pa7 zcaepossessioarépiscopale.'t'mlp5,{ ? tf 1

9() 911P.R 1 f. 'i"(iSI11F PHI'je¡ IfJiffW'1 'S(4T'a .9q1h1(YnJ'J (' W,t,lll'Ia8lTI ? , 'Adélq.ï4e. V ? vingt-deux ans, (célibataire ? sans profession',

instruction `· secondaire,'a entrée ? comme..pensionnaire' à-l'asile

de'Montauban en- 1876. Dimble dlrédi té : t Adélaïde' été réglée

difficilement à quinze anis, et, depuis lors,' elle fut'toujours plus

ou moins atteinte'de' dysménorrhée avec troubles nerveux- va-

riés : Péu intelligente; très scrupuleuse, elle était d'une dévotion

outrée ? A''vingt ans,- elle' eut'l'occasion d'entendre'M^'Du'pan'-

loup'/ et 1 seÍ prit pour ce-prélat d'un- 'amour - érotico-mystique.

Sousll'influencé'de lat double hérédité,(de dévotions exagérées

'et' de'Jlecturesr'ahsorbnes,'1lYp\o)'Adélaïde devint r aliénée : * Il

s'opéra'en'elle'un dédoublémentide la personnalité psychique'; ;

t'eUe hie' fut plus- maîtresse d'une 'partie de ses idées-r Certaines

-conceptions, certaines associations ! de,, pensées -se présentèrent

'à'elle'avec une force telle qu'elle ne pouvait ennrien les chan-

- ger'nU'emmodifier le'cours; et.ces conceptions, ! ces pensées

Jtaient relativcs.à)i'dévotion.ou à la conduite; ce qui s'explique

naturellement. par la nature de son- esprit et de ses occupations.

,M"e Adélaïde eut connaissance qu'il s'opérait en elle unphéno- --

mène intellectuel anormal; mais, loin de s'effrayer ou'de s'affli-

51 < ",1 t ? PATHOLOGIE MENTALE. - -'1 ' ·ft.IH .

ger de ce désordre mental, elle s'en' réjouit.- Dans sa conviction;

Dieu lui avait fait la,gràce de*' l'identifier.' au : prélat bien-aimé.'

C'était M6 ? Dupanloup qui' suscitait- dans son esprit ces pensées

énergiques, 'guides -de 'la conduite-à 1 suivre : ' Saris <doute 'ces !

opérations psychiques étaient troublées ;- sans conteste, ne pas,

.pouvoir' diriger.) ses ! , pensées' était, ! la preuveh d'uri9 désordre

mental;) mais;) pour elle; sa maladie était d'ordre surnaturel; et

se distinguait des maladies'des aliénés tout, comme|les, visions'

des saints-se différenciaient- des 'visions 1 des malades : ') Cettel

jeune fille ne -fut jamais hallucinée dans le vrai sens : du).'mot ?

ce qu'elle'éprouvait était subjectif.-iL'intelligence parut s'affai-

blir assez rapidement ? 1 si exl , i , «n ? 1 f fil 111 t ? 41 .¿.JU$flll,JfJ1 '1 ! /J

.1 ? , 14 ai < nuui'i '\1>'1 91 111' ,1, itllqfill 'flqlJ'lIHldrri' r : I L¡"I1

1-Quand Jes1trouble$psychiques' seumarientaux per-'

versions sensorielles,' la conscience ''des premiers se-

J'ir JI -....ll1',lli.. tJ' : ltJ' J... Uv ? Ph t )lr(Jtt ? ,cI r'flJtlJrJ ('1 J ,- .

combine avec ? inconscience, des.secondes. Le malade,

apprécie, ]est désordres, 'de son-esprit, son'obtusion in-i

teDectueUe'ses'infidélités de mémoire' sou"inaptitude'

114 I =7 mlm 1. fr tf,r ,j . ,.1 1 Ir 1, 1, , ? - r-t , 1 ? ( ? trav.alux,j adis faciles, et,,i.1, ajoute pleine et entière

aux travaux, jadis faciles, et il ajoute pleine et entière

.. -, ? , 1, Il. tji 1, : t',Ir. "'II Ji.JJ" ? J("J'-t '1'-\ J'('Jlttld.' ;;

confiance, dans ses hallucinations ? Jamais.je,n'lai, colis ?

taté l'état^'inverse. On°se méfié moins tde'ses'sensa-

· r ni ? l . r . r 1( It . f. 1 ? ? .1. , )t

que ses sentiments et de. son ? esprit ? ici' donc ! '

... 1 q . '1 j J ? 11,11,-t II '1'1 ? 1' ...1 -'JI.L , r .lr (l(*t,,3 ,[l7f (

une fois de plus, l'état physiologique se,, refléterait.

dans l'état pathologique. '

'Toute systématisation-fait parfois défaut; le malade vit

indécis,' sans -trouver, une'explication'à ce(qui se,passe

enlluiletlautour delui; comme. dans -le- fait suivant.f'h

tell Il Ilrutl

Observation XXIII. -'Père viveur. Chagrins domestiques.

Troubles psychiques avec conscience. llallucinations

iilc%), \ 11% 4àj 11 ? Y ? ?

inconscientes. Pas de systématisation. J , ,t,l `r y . ,.1., t ? 1 .

Mmo Marguerite'Germ ? cinquante-sept ans ? sàns profes-

sion, mariée ? instruction- supérieure, entrée comme pension-

naire à l'asile de Marseille le 25 juin 1880. Pas d'hérédité

vésanique proprement dite; le père était viveur et coureur, on

l'avait surnommé le Réjoui; deux soeurslbien portantes : .une,

mariée, a eu cinq enfants,)dont un mort-né et trois morts-avec

RECHERCHES SURI LAI FOLIE AVEC CONSCIENCE. 55

des convulsions dans la première' enfance ? Chagrins dômes ?

tiques. Au début delà maladie-, elle resta.une dizaine de jours',

dans- un état, notable de dépression ;-puis, sous l'influence d'llal- !

lucinations de l'ouïe; eut des crises d'agitation qui nécessitèrent

son isolement.- -A son entrée,- cette damaprésentaitde l'obtusion

intellectuelle,' des idées lypémaniaques,'1des,impulsions ¡{rI la-

violence tdont elle- était ! consciente,'et 'desrhallucinations.de,

l'ouïe; auxquelles elle ajoutait foi.'Ainsi, elle disait. savoir- fort

bien. que son, esprit, était idérangé/ison' souvenir N vague, : son

caractère aigri, ses/- idées matIiées : ¡ mais; en, pnèmeJ temps elle,

ajoutait ne pas comprendre 1pourquÕi, tout' le monde ll'insul tit.,

Par moments, des impulsions violentes à)'briser, et à faire dût

mal la subjuguaient, impulsions qu'elle raisonnait sans être maî-

tresse de.s'y,soustraire ? La,confiance qued\1'i)"¡ Ger ? ! accordai t

'v ses.ba111lcunations de l'ouïe entraînait de sa.part des sévices,

- ........1 JJUC : J¡\ Ç.¡"JJ ? d.l' J. ,j,.Hq.,J j ? 1 Jif 'iJ -'1 Jr"' p' (irr 'JÎ

graves contre le personnel du service ; c était, disaient-elle, des

- t ? ) j 1 *=,tr)it ? ? <.,)'T ? r ? i ! . ? t

représailles 1 qu'ellé'"f d¡s'tingJàit''dë{ses.JiÍrlpul ? ¡IorÍs') irrésistiUWs ?

Elle n'acceptait'pas qu' ° ! 1 sel si t'un' j ew' de 1 sa" maladie'.men t.l[} j

de

nombreuses tentatives de suicide. Les hallucinations de l'ouïe

\"ILHII1'-t I 4(ftL11( nt"d" : v .4 ? 1" "ir ? ry'r.T'T '"n.

s accrurent en nombre et en intensité ; la malade devint plus

vilé7lite ? Iùs,viùdiéati've bieià,4ü'elle avouât ne rien comprendre'

à r,acllarn ! 1}el11Lql ? qp : metJg Ll'insuHer,. .9J.I ? ¡1pft' ! AnCf3 des;

toniques et de l'hydrothérapie, elle, s'améliora assez rapidement..

r )IP - ? t' ' i i 1,1 ? ? ? j ? i' e et ? . itc,tl

Elle sortit guérie dans le courant d octobre, et la guenson

s'esfmàiliténûè. 'fU}1121110Jc;'{.flf'J ,11,JJ 1 : l ! ( 'il ' ; ((,1 f11TL

.. : 31ltrty JÎtJfifBc r r aJ ? )

JI D'autres, fois ? la systématisation ! se' produit -serrée,

logique. Le] malade tl,'(pliqp.eJes..désordres intellectuelsi

dont1 ilr a < : collscienoe,Ípar.J les : \perversions..lsensorielles,

dont il est inconscient. ' .1

G.fSS\l5 : " ù\ : ) \'" "'1 : \ ? ) i - · 'i)S4uWv Yw· -- 111JJ ? 'H'I'v}j.'1¿'Il'J

cwlt ? lS.liSJ l5cn ",11 ? ? "\1\1\"\ ? . ! 1 l'Y.-

Observation XXIV. Pas d hérédité au dire de la famille.

., ,, ? »U'4«>4 .t .oV4'JW , ,, ? XJ>'.ix.X ? XXXS

1roubles psychiques avec conscience. - Ilallzici22atî*oi ? s iicois-

cie ? îl'es de la-.vue et^de l'ouïe,, de la sensibilité générale et, du

sens génésique. -Systématisation par possession démoniaque.

'.Idées de suicide : un, "- » Il, )<,'11>1. ',31'8" , .J'll< 1

.' /Qi-IJ "4.. . ' i ? t 1 .1 » ! t ! dt,· f(.y1lr.W yritl ' ) j. ^j

iVictorine Gaz célibataire, quarante^trois ans, modiste, ins-

truction ,secon<laire, 1 en trée 0 comme" pensionnaire j a il'asilë de

36 'ï ? 31 /T "PATHOLOGIE .MENTALE. -silt 3H 1 ? n

Marseille; -le 24 juinr1880 Aucine hérédité'dans'la famille,' au

dire de'laisoeur/'EUe affirme aussi.que jusqu'en-J1865;qVicto-;

rine n'avait rien présenté d'anormal au psychiquellLà première'

crise aurait' éclaté tout d'un- coup,, -en 186 : 3,' à'la suite d'une vive;

contrariété. -'Cette' malade revient pour, lalquatrièmeu fois, De-,

puis''six'ansellc ? jouissàit' de toutes' ses nfacultôsy quand* le.

10'juin; sans cause apparente,rune, nouvelle crisetéclata. A son

arrivée ? Victorine Gr ? 1 est' dans un étatrlde7.viveànxiété ;, elle

gémit ? n el'reste 41as i en i placé. Interrogée,'^ elle- répond ? qu'elle

èstl folle ! de nouveau ? mais]que cette -fois' elle'ne guérira' pas, et

qu'elle veut se tuer-pour- en\¡flnir : ,totit de) : ! suite. Yictorinena a

conscience d'avoir- l'esprit malade;'les.idées troublées, de n'être

plus-la môme,.iltElle) recoÏmait'que, sa place est ! hien dansltin

asile,' mais elleJ3a Ides hallucinations, de la vue et de l'ouïe aux-

quelles elle croit, et ces hallucinations' lui fonttvoirtet entendre

leJ diable.'I' Dès-lÓrs;' lai systématisation s'enchaîne, C'est Dieu

qui; poûrfla : .punir=deases légèretés -- il, parait, que,'dans' sa

jeunesse^ elle aurait eU ! quelques faiblesses,-^, permet 'au diable

de' lui troubler les idées, dedaifairâ souffrir,¡' bref, ! ùe, la ,rendre

foIIe/'Voilà prèsudeif deux. ans quelje'donne des soins à- cette

maladejt'etlasituation; cette fois,t,loinr. de J s'améliorer,'1 s'est

aggravée par l'adjonctionjdUiallucinations- de', la sensibilité, gé-

néralel otr du sens génésiqueaVictorine accusejson diable, tantôt

deilui'donner.u'neitêtéfde bois,, tantôt de lui'boucher, le "gosier,

d'autres o fois ( d'être» par tropflutin. -L'état' de.là conscience est

resté"le'J ! llême,'I.intactr quant aux troubles -^psychiques, nul

quant' aux perversions sensorielles ? Le désespoir de la malade

s'est accru sans une «surveillance continue 'ellelse'suiciderait.

- Itfl`I 9. `1^fIt> EUtlf ! ? If) .fJ9'1 ,11(')11.)'1', ? jIH¡ÍJ 2n" rly 2tiifIT £

OBSERVATION : XXV. ? 1, flé1'éd,ité.J maternelle ? h Chute sur, la

il tÇle.'jrz : . Tl : a'iJa,il¡,l11VoIQnta)1 : e.se.t. qons,ci,en( lft,l[L) ! I/I ? Q.il'e...e.hAe

ë.91l'¡'maginr¡,tion. ;"fllctllueitccltnns,fz·tttales,`etl,zitFônsçcét2les., de

^ Jouïe.t. '.Systématisation des,l,tl'Ól,lblesp' consci ! 1nts., etît.t ? ¡/]W

-t, partie des hallucinations PÇlI'I es ! A4/.c<c<<OH)'a ? [rq.

ftJ4"t 91Tp.111 ni `I nlil 11T1 Htlq 9 ? ' ! ? fry rrftill 4'W W ·nl 11 ? r"

,Rosahe,Alez ? quarante ans, célibataire,, domestique, ms-

truction primaire, entrée d onice a 1 asile de Marseille, le

.W'1, 11 PIO l).-¡jrJ i JWO4 'W ? l,lU IfU : "th' ! J.1." 'Jlt-r'I 1·.

28 juillet 1881. Mère morte, dans, Rétablissement, saur (tres

hystérique. Jusqu'au ,15 août 1880, bonne santé physique' et

- IJ y 11 le tll IL .3) 't ? rr 1` 11 nltllin / , yl 1 11

psychique. A cette date, h ez... tom);1 dune échelle et la

. i-lJuiji.iTi, ,-i... ? \ ,l', -. t'.t ? f ? ? < ? <-f,n il

tête porta avec violence contre un meuble. A partir de .cette

chute,. elle eut des'insomnies et des maux de tète parfois

RECHERCHES suri LA ! rrOLIEJA\'ECrrCO\SCIENCE. 57-

atroces, : puis ? dit-elle; un troublc.hizarresurvintdans son es-

prit;- son;' imagination 1 se ']mi t J travailler, 'sans, qu'elle» pût t

l'arrêter.) Elle-voyait-défiler tous(,ses souvenirs ? les' pensées

gaies ? tristes, t) burlesques-, j se,.succédaient;, sans ..relâche. Elle

consulta' un. ! médecin qui prescrivit un.j traitement tonique, et

aiitinévrosiquci L'imagination se- ealma, seuls ? l'insomnie,- et

les-mauxjdetêtepersistèrent.'nEn'octobre, elle entra comme

domestique'dans une,maisomoit.elle fut fort mal nourrie. Les

troubles revinrent, avec l'anémie. En-janvier,t88t; prenant une

tassa;r,dercafé préparéelt.par j sa propriétaire avec qui.elle était

souvent-en dispute, belle» l'entendit murmurer/ : «-Si. [cette

tasse ne', suffit .pas,' une seconde suffira : 1 Elle se tsentitrtoute.

la journée faible, mal·à à soncaise,- .et en conclut à un empois

sonnement. La nuit; 1 deÍnombreuses' hallucina11ons ide. l'ouïe

l'assaillirent : ! Eller.y ajouta foi."Elles étaient de deux ordres :

les unes la persécutaient parlldesT.injures,' des menaces ; ! }les

autres.lui indiquaient les>moyens de se,{ débarrasser 'des priez-

mières : Cet état,] avec le,temps; alla sans cesse en s'aggravant.

Le jour; Alez ? n'avait d'ordinaire que des troubles .psychiques

dont elle était consciente,1 du. vague dans,les, idées, ou.un tr1=

vail exagéré- de ^l'imagination; les .perversions-5, sensorielles .se

montraient de -.préférence, la nuit. La malade (systématisa tout

un délire. : )La propriétaire,"avec qui elle avait des relations ten-

dues, fut accusée, de tout leimal. C'est elle qui -l'avait fait tom-

ber.de l'échelle sur la tête pourilui troubler.i'espritc'est elle

qui, après ! avoir en .vain tenté de /l'empoisonner,- envoyait- la

nuit des gens, pour, la, tourmenter. Elle résolut; pour tenir, cette

ennemiea en -respect," de se- conformer, auxr conseilsîrdes voix

amies qui, sans doute, étaient celles des bons anges. Ces con-

seils ; par InalheuT'étaiènt d'une'extrême élierâie : lNon"con=

tentes ' 1 de prescrire"- desprières,'ellesordorinèrent d'abord le

'fouet que la' malade`s'administra consciencieusement, \ puis 'les

'stÿâmâtes'du''Christ,`ôpération qu'Alez.v : *1 se; fit,- mais en y

apportant" heaucollplpli.1s"'de' rnénagement' qlÍe pour la" dis ci-

pline. Heureusement poubelle, elle fut isolée. Depuis que cette

pauvre femme est dans mon service ? à"'peine hUIt mOIS, 'elle a

marche rapidement vers la démence. Les maux de tête 11'àè-

-I II 11j si ill' ? ,l, T.l 1 IhO \'fI ? 1"l v 1 'i' l^i t r '".... «<

.turnes sont parfois intolérables. Le'jour, la malade est calme, ? 4WnJ7W. 1(rr. < ? r'.) ? ) ... y ., , , ...... ? T.. r

s occupe aux soins du ménage ; les nuits sont très mauvaises.

- , " ! 1 '" ? ? 1 rrr. ± -)1 '' * '' . « ' ? . '. "

D après mes renseignements, il n y aurait pas d antécédents

syphilitiques^ ' r . HI "" titi f"JJfI" ' "" J ? 1 YI Ir 1 J ? < ^ *

\ ,'\1' 'J . q,. çl.r 5rr \t.. ? lit" 111 ,¡, i{f', 4 "t) ?

58 '/1"1' r.m, I'·'ftIOLOGI1; MENTALE. , Il "1;11[ ..W

-.Dans d'autres, cas, plus étranges et.bien, plus dininf

ciles àliexpli<wer, lep'malades 'o.pt'conscience"'ae. tous ? 1 If ,t t ? - ti) to',1. r 1 ¡If ? \ ? IJ .' ( ? ) ? 1 : : 0 Itl' . f 1 i

leurs troubles sensoriels et psychiques, ils apprécient.

'1 ' : <-. ) ? t ? it ! I 'f-1·11 1 n' 1,-)- itle, iiiii

sainement.sayentjma-,

]adives'Ies)voix"ou les 'visions qui 'les poursuivent,' et'

- t ? ? tT- ' , ,I ? t 1 .; ., ? ,, ? r,l 1

ils systématisent ! Ici encore, c est la` conscience qui

lt.O/1- ll'r" (il. -ML Jl i - J .il Il. .1. ! fi'.4 1,' 111() 'IIJ J1'l : }J JH 'H ? *

engendre,^ la, systématisation^ Ces, nEé. ! 1és,J.lU1J veulent,

pas 1 setJ reconnaître "tels-; puisque; disentri)s,tti)sc.rai- i

sonnent même'1 leurs`'halluciiiatioris ? et les1' îugëiu en

noUiiijiixi 1)" bif' Jfl,1 lItlUI1Jf1 ? ",i; '3' "1Jr¡¡,'t.-H' inuri .iH; ? ni ,)r : ÍJ

sens., sensés..Cette, perception de ,leuretatidevient,a, ? Ji-JJtU ? tI ? f ? t m".m.u ? l

leurs yeuxi lao preuvel pérempto,ire ¡ d'¡uneflcausel. exté ? y

rieüre, 'dont jl"richúnT'en'étl'dréJtduf1 qa'Jfois';JJIÓs,jperJ

vriÓ¡ls'HsleadolieJ lsfJêtS l'e ',ldéï,tl>clru iÍ1tiJ ? thI ? I¡r rl'

versions sensorielles et le désordre, intellectuel., Us.

,i - '-)1.1u Jjl} r' u )1f t. , t .9 ? JI 1, "ull ',UUUII ,Jd ? HJLHI

cherchent,.cette cause, -, croient ilajtrouver et'Jsy'st.ma7J

tisent'J1'JJlD' : J11¡ 'CIL itl6tf.l ,1 £ 19J¡lUW t-o 'jL .'J1 cJ'llji, 1, ,f0'Ji : 0ll

lu ? " Il..11 ew : ! hfIE{,1( ? 11 11 Vit, ,/IHl ",J. JI ? J, " ,¡¡4 '111l .¿ü1l1

'fI'Í)b '11)(\ ! 'jfl· r r11 n 1 : 1 1( '. l 11.11,1f ? 11 fil .2778 nom ;JJr ? LJb1

OnSER.VATION. ,XXYI. j ? p¡as de l;en5e/{Jnements¡ sur,/ heredlte.uU ! : ;8 Ÿi ? li ? q;¡ : i1 ? : { : IfÎ'q : , 1-IT ? 'ouGles.i psychiques , S911s ? îi¡ : : lïiJÏ.

. Hallucinations, conscientes, de la ? dé l'ouïe, deliusensibilité,

n,{Jén.é : rrle, 1 ¡ÍÚMm1 gr.t¡ql.te : , ? iIIIS/J,{lu ! ¡saljonl P/ ! l : j l1a{Jlf ? ¡

tlsme. ^ 1U'\UI'IpddJ,j'J , "¡' I ! 'J' : JJ ? (),l (,....IJ

. Le 2 décembre 1881, l'étais appelé, dans ,une, famille pour, 1

donner mon avis sur 1 isolement d.une lemme de, chambre, qui

.. XIX'.XM/.XMCI . "XXXXX.1\-XXW, .' , ,' XI- X \ , ,1XXX^> , . X\ I nfT,;nTH-'

depuis cinq mois, présentait des, troubles psychiques. Mmo. Elisa

.'x.uX.xHx.SA1 ? : >...'>,,rn\ ->>, ? x-x, ? >H , ; X . ,-V J.»i x - l ? \XXxu .xxx\,^.xJ>

Ben...,,trente-sept,ans, célibataire, était dans cette .maison de-

' .x-.ix xinl <J-'X\ ? ? n »x/y» »» 'x .">iv»\x xx ,< xxix \> .xx\ 'ii\-<.x

puis douze ans, et s était touiours lait reniarquer par sa bonne

1-X.'X. x,. ,>>>»; S > x.x ,x. ) x-ixx >HX»1J >- , xx u.i. » x x1, ., . yx J- ? u ? t-

conduite, et son dévouement. Pas de renseignements précis sur ? oo ? <,...t\'\\ . s v W t ,, ....t t1 t·1 t1t ,ty

les parents. Mile Ben... m avoua avoir eu a 1 âge de vingt ans

uneisyphilis, traitée, avec plein succès. par un traitement mer-

curieb¡longtemps,1 suivi : -Bonne santé I)syclliqueiijusqLi'ùi4 ces,

derniers,ttemps.;lCette femme, a, deslillusions et,,desdialluci-

. nations.,de11a,¡,yue" de -l'ouïe de -la sensil)ilit6 (,générale et

du 1 sens ,¡génésique : , Le jour, q les,- gens -paraissent lui, faire

la grimace, l'a montrer du doigt., Elle entend les passants chu-

choter à l'oreille ? l'accuser d'avoir'été (jadis, voluptueuse, et

d'avoir eu : le..mal. La : ,nuit,.¡ce sont.- des diables, qui viennent

RECHERCHES Sua'r ? ror,r .wrc-oorsctrvcc..i9

lutiner avec elle- La 'malQ-de' : 1'la¡'pÓr.eeption : ù'eftous' ees,(dé :

sordres.,Elletappr;çie n^Ire .plus ,1a, même au .psychique. Sui; i

vant elle, ses idées parfois s'embrouillent, elle ne peut plus

faire son service comme par le passe. Elle se rend aussi un

comptefêxact' dei ses troubles sensoriels;"et'râppôrte à` dôs liai--

lucin ! \i9n'iltouhe qu'ele voit,¡ entençl t¡ sel)h parJle- çOI,'pS,1

Toutefois, elle n'est, pas en puissance de dominer les impres- : np ? l'l ? r 1")., ». 1 ? t ,1 U ? >, ? 1 ? : t.....HHt"" . 0'

sions de terreur que la vue des diables lui occasionne. Ainsi,

u'rie'hùit cjurls-étâient plus' amoureux0' ëty plus exigeants que'

jamais ? elle a fui- sur, le. toit. pour se) dérobera leurs .étreintes.j

l\fl Ben...', qui, au dre de ? g`s, nîtres,`alrnecrnlelliggnéeet,

une instruction au-dessus de sa condition, raisonne sa situation

me¿Ulle\'Ell¿j Ji 'accèpt"e pas d'ètre1folle,<'vu^qU->ellea'p''p'fécie'son''

état et qu'elle -n'est. pas dupe «de. son imagination) Il faut donc !

eh,J\9h¡;1 un'J' cause f,eIjlJj4,h ? lfi,ie.l : n.lTI;1} ! i\iJ, et jçtette ^ cause,,

elle croit l'avoir trouvée dans le magnétisme. Un baiser sur- la

J11 '');') ? Jf)tfTt '1't ? t' '" '1 W ? ii -1 ? ? l.riij.rr-. T

bouche, donne par un fiance, a produit sur elle une sensation

étrange quelle n'avait point éprouvée dans sesamours'dë'jeu-'

nesse et, d'après elle, de ce moment, datent les premiers trou-;)

blés. Milo Ben..., croit dès lors avoir été magnétisée par son

futur. Sur mon avis, la malade fut placée le même jour dans

' mon'service''comme pensibririàiré. Éllejen sortit 'au1 bout 'dé'

deux InoÍs} g'úérie'ëii ? fppare11êë'nlais"'j'¡li des'doùtes surTèétte

guéï·ïsônFine'et`'intelligentè; çomines,le pr6u 4e sori délire

mème : "à mon'avis,"cette* femme a"hieÍ1'])¡l' dissirrililer \ po'Ùr 'ne

pas rester dans l'établissement. , ? >11

tW .,ffi,'1 ? "f : I, ! qr ? 1r, r ' tRŸ.t v·wlfh n ili sa ! . ,

Observation XXvll. Hérédité congestwe paternelle. Onrr

|i->. ')"'<)nmtt.) ? ri'fnl2 ifll t,<,.i"rf ? f ? f : W nf : 91(lr7rt1

nisme.^ Alcoolisme. - 1 roubles psychiques conscients. z

Jirrf ? ' ,1 '.('"n) ? ( ? HIll 1'" 1...- : r IJ or"" / ?

Hallucinations conscientes de la vue, de / o;<, de La sensibilité, l

·'ü` T : (r `i If'1 /llÏi1 ; ·o f"Ii.1·'rll . 'f ? · 'ji ' 1 ? n 1

qenerate et du sens oeMe«7He, systématisation par délire des

p'e1'secutlOns ? /ya ! u/<se)Men< intellectuel consécutif accompa-

.1 : ; 1 ? )'1' (..¡nCI,p q\,P\;"11,t" Qf¡;' Il Je.) pqilf fi"'i ! \ tJl .. r, i\1 j 'J.u v

qne de la perle de conscience et de 'la transformation du délire.,

H du J'UllV .1.1 ! ) il' ! f- llil .\l'iJJ t j,M,f" (fi "'11 -'1/ ,J.(},q'l ! '1 ?

Armand d'Ar ? r vingt-huit'ans, instruction supérieure,'»

célibataire;' entré- comme pensionnaire à'l'asile de Toulouse'en'

mars' 1874.- Père congestif; peu intelligent, défiant/dépourvu de

sensibilité.' D'Ar : .1.' atété de tout temps un éireranbrmal : Habi-

tudes d'onanisme invétérées ? Après un échecàl'fJcolepolytech ?

nique/il s'adonna 1 quelquefotemps à la., boisson : J'ai' suivi. ce'

malade pendant près de trois ans'à l'asilede"Toulouse. A"cette.

époque,.conscient de ses troubles ..psychiques et sensoriels ? ) il-

60 -ar'r`1`J7'O-'pITHOLOGIEIrIENTALE.% ? lliJr'I81103F

les expliquait<par une.rperséôütion·qu'exercait contre -lui" sa' fa-

mi ! fe5Lfiui'i}ii,às}.^§>i dp ! Ëu41,re.r,n ? ûJui ayit jaln ishtmoign

grande affection. , Le. délire était parfaitement systématisé. Sa ? "c^^ UtTt,1- : I-it»iri| I î0 ! ^ tll ? iro,n ? t.f'B)ïf,, »-li,.f : 1'X'l

famille; disait-il, pour le déposséder de ses biens, d accord avec

les' médecins^ dell'étahliesement,6luiJ faisait admiiistrerrdàns

ses aliments un poison, dont l'action lente mais énergique, de3

.vait le conduire à un abrutissement total, en le jetant dans

,i;,t1 ,1· ? tpÍ ? \f1\." -*M,4,j ttr.t.t" ·rJ 7 M'.jif1,; e m !

1 état psycho-sensoriel qu il constatait en lui-même. Au psy-

chique, 111"dtAi ? sê plaignait de"perdre¡'hOni'éllloire ! fU5èti'e

P1\uvrlt.d'ides" i.I ? capb ,dejsuiyrtunl1 : aisonnef ! 1elÜJlU ? q pu

soutenu,, J'avoir 'Ie¡caractère tantôt d'une indifférence absolue,

- ? J ? i ? ? 1 ? ê ? l'A"[jJII nf.t'u ? 01\

tantôt d une susceptibilité extrême. Au sensoriel.'il se recon-

naissait llallîicinéfdelâ'vûè,`dél'ôûïè9del ? s'éïiilülité'géliérâlé

edusens génésique ; ..tous phénomènes symptomatiques,à.Sos.

yeux d'un. empoisonnement occulte.- Conséquent avec}R}-1 ? ? m ?

i'r't-'l* . ? JLSPir W-M.' v11MII.il...')-, ,f11 l-Jt, 11l> il. r ? )u ? w'. i

M. d Ar...1essaymt, par mille moyens, de neutraliser 1 action

lt',0,1-|f"x" 7t. ? 1'i »i.*««" . )^ ? r ? 1,l|ip,/4 ? -,™

toxique;'prenait"mille precautionspour s âlimenter;lét'intér

prétaitlesIizoindres3 choses danS1 rlQI sensudèises conceptions

délirantes..Quand jequitta'Ilasile,`l'intclliençeleç lÂauwi;

VA <ii« i ? J, ., ? t< ., .it'f ? .<. uuP t'tu'ult.. / il

garçon s affaiblissait, il devenait moins conscient, et des idées ? t't t)Nn..1 ? 1 ? 1" prr f'1 : JC"fTf ? f) ! Jl.f9 , t TY1J ? f ï

religieuses paraissaient germer dans son esprit ? D après une

note'qu'a bien-voulu m'éÍ1v : oyert.MnBoutdille,- aujoùrJ1hui les

i^qs fid^ôlh-aj^te^Lajira^ejit31si.iJ)iI J1<aJE\l;sf9 ln 19}}<19°d1) Pli èJfi

dans le sens religieux., ? r , lt=JJJi3v on l- JJ

m yuany &jn5UinjJm I oilmq < : Rq h-JUGv an rinim J<)

De toutes ces observations découlent- quelques consi : ;

dérations générales. J'ai parlé déjà de la genèse des

idées de suicide-par ,lé Ifait"lde,rla econser ? 3tionT dè la

'consciençeJ e : rie cr1ains 'pas detreveniri encore' : sur, d a

fréquence,de 'cette 'redouta 1 c,com p lication : ¡Parmi IDes

quarante. malades ? quinzèont3 essyéode -se'donner la

mort ! sous l'influence : soit d'impulsions irrésistibles; soit

dû désespoir;' D'aprèsl1;nog ? ex périencer,përsonnel. ! e,1 le

suicidè;Iavec.la-folie consciente;, serait. donc à redouter.

dàlÍsla : Jproportion deJ37Tp* .100n : Si ? on considère

seulement·Iljinfluenceldu-déoiltde : laGVie, né chez les

malades do leur impuissance à se débarrasser de troubles

dontfdts reconnaissent le caractère morbide, abstraction

RECH ERCIIES., SUIt@;LA4 FO,IEIAYECI CONSCIENCE. 61

faite) des impulsions' : irrésistibles;, onfJtrou,vet. u,ne¡ pro

portioh'dë34'2'p ? ldoyCë'sbnt )à des chiffréslconsi-

f .ir,frfyta.v tu ..."uu>hi.fr 1|V> *»wib ? I , ,no,.î-v»'iL- .,1)111 : '1'2.

dérables, msquüls prouvent que, intégrité, du sens

v)".AJ H.1°J...,11 vl .w W ·nf lr Ji 1 nL,urwll . 1 j ',d"'...o4 (Û-J.1JJGJtJ ,JI 0 u,ti.d.

intime/ réfléchi, 1 metl en, danerrlafrvie, dads, près -» d'un

tiérs'des'cas\If,¡1l `lfflJl if.lit')1,'( .tarrll fuosu.q nu a ! uf1Huf¡} z9Y·

"If i)'mf'tâu1ëq 4 ? t)'H'f ? I ? cüÍl £ CiênÉèCfOesi,) ;e"J'

D un autre cote, la. folie avec conscience est peu

/fc.| P1 o ? )it) tnt il il, lU.lr.Jclful Il dp lJ¡ HIG ! 1.JG c moJVcm . ,JjJ) i l

curable. ; Conscients,»-, ces, malades dissimulent beau ?

coup.poùr sortir et ? après chaque guérison, il faut mettre

l"4rrlp,...1 1-r"c.'>'l'l,li ? " 11;,1', -t{d't" 1 ',)f"J h' ? r ? d'' f r)"f. h . 'f>-iji'0 ? .,

un a;rand.point d'interroaation; héréditaires, si reelle-f

110 Y. '1 ? 11 ,¡JI'II ! Í'aI'I ? Il te' .'P""IJY'I ';J'1111'J'I"'I2111' ; rr,

ment/ils retr.ouventc 1,' équilibre, cérébral '(IC ? (I P'Q1;ltJ

conserverie" peine.=''0n)'voiti donc combien -peuj'est

nrn""l f.r ! }'7r 1('1'1'11 ? 1 ;) 1f Irt 1ffnrn-'('pn,rno('.n nrc F) rT ?

consolant le pronostic de ce,,groupe vesanlqne. Une

iioijih 1 1' : J ? ilI.1,II'G 91t fllt7f'r ,fi '1 1..cr tIr V1.2 ..7 n j/.

remarque, avantageuse serait a faire les fous.conscients

ne tombent en démence que rarement et très à la» longues

¡JI ÿ' a1 tout6fÕis'1d'égjëkceVtions" à'l'éettJllloi9 codiliiélG

a9 ? rr ? m, 1,1 Hlll'I ? U()', '111>I[d .IIIW'1v""blf jlr ? lld"111E ? J1()')' : I\

prouvent nuelques-unes.de nos ..observations., lit puis,,

,1 1 - , , tiz i il.- t UUf ^iliju j'tti ? ,lioli»r-.f;ijjlli4| eucli M^t.au

en réalité est-ce, là un' avantage ? . Les. déments ne sont-

iIi/pas 'enéo're' : }es\' hôtes les moins malheureux des asites

, ? , ? 11 ? 1 Vf RfT ? > 'Ii : >{1' si '

et mieux ne vaut-il pas perdre 1 intelligence que de la

conserver¡pouf¡ se' sâvoirlaliéué`2rzlsdn 29, ? JIJ(1j 3Q '

ayb oa'lfI9 fil 9b i»[ib ! 911tiq il f. a9 ! ü'Ièoe' : J'f¡ 2f1úJH'wb

r I I ? 1 Billôd,·dansele remarquable discours» qu'il rpro-

nonça en : 1869 à la-Société ll1ép.icopsyahoIÕgique ? oedé ?

montré; ·chiffres en' mains,'qû'en dehors, dej l'alcoolisme

la folie )'avec 'conscience est)\pluJ fréqu'entelchez,ll ! l

femme ! que : chez llhouime; ét; avec raisoip, il l'a attribué

àl thystérie ? Non. SeuleIl1ent Ijel partage' cette opinion du

savant aliénistb, 1 mais jeicrois imômé7n-f bien, qu'éndma

qu'alitée de médecinyen cheffd'un servic'( ec1úsif.lde

feinmes,'j ne puisse fournir, aucune statistique compara-

tive que,1d ! une, m'aÍ11ère générale;]le sexe féminin est

favorisé,sic'est ! làL.uneifaveurj du côtét dey la conser-

M t ? 4 ? m I ? 1'Ii.OLUh1);, DIG\'1.11.E. 1. f;1'1 '.

vatiojdet.,la[ cgm,y,ience, ,du moins .dans le. Midi et dans

les; grande ? ,vilIésl' den, cette,¡,région.. Sansncontredit

1 : h9.oljs} ! leJt.Jbysté ! 'ie,êOl;lt, en étiolqgie, après l'héré

dite, les'deux facteurs principaux. Or,d'hystérie, à,quel¡

qq ? ,rare1s) ? ,ÿpHpV..ê prl,. est¡exclusive,à, la,,femme;

l;alcoolisipe,est, çommun,7 aux,,deui. ; L'acoolismei,es,t

- 1' -c e,

plis,fréqueut"chez;l ? hQpm, sans doute; sur Glkaliénés'

éonscientslAZ.'Billodla,trouvé;,531alcoliques et tsur 19

portion; de 86 ! p : Ji OO'd,'alcooliques et; : pour..les femmes;

ullei,proportion.,de4 261,3 ? 1 Dans>1e6r1lidi ebsurtoutnà à

Marseille ? cet [écart. ! doit) être .façilementcomblé ? car

j'hystéj : ie..yies,tidiune-,1fréquéncellexcessive; et plus'en-

coret que, Ja1rfolie,Ic alcooliquel ! la,) fol ie)(hystériqueJ es !

co4§çiente ? il. 1,31 Qreau .(e, Tours), qui a.si.savamment

étudié et décrit ? lesl ! vésanies, névropatlüques,·ivoit ? en

effet ;dans, lauçouservationudeula cousciencerun des

caractères les plus¡saillants.de. cette; maladie., youoroc

¡fI AY ! l1.tdquitfer,CétiÇJlogie,je voudrais notertle rôle, do

la ménopause ? Mes quarante .observations comprennent

trente-quatre femmes qui, d'après, leur,,age, se<répartis-

sent comme il de 20 à

30.ans : À4-; ;de30jà./i0,ans : .9 ? de40à50 ans : 15;

; ",déf50 à,55ausa ? ÇerchifTresi,sontréloqûents : 'W8 ? Quels 1911t les troubles intellectuel,s¡les plus suscep-

tibles de .yenir se.jref1tteljc.dansJleJ ens., illtime{et qui;

partant, ( se prêtent,le .mieux] à .une saiiiei appréciation

deJeur' qaturelmorjjdè ? j.JeJdirai.¡tout ? d'abord qu'une

conception' délirayte,ne, saurait jamais être. consciente : :

La, conception délirante,-) en. effet, est,)uii jugement,*

.«.-i;, th -, tji.hiilob v.'H ? il'j »n -")b 'j 'ii'jinolii^'Hii 'Il

u111uiu raid yile nu lu pcuswJl. Jlmautlbu : l3.jl(lt;'I ,Il )1 ,¿'(jjJifJ

RECHERCHES SUR LA FOLIE' AVEC CONSCIENCE. 63

c'est ,le 'résultat', du travailJ'de'J \11uteJ\igence 'surltiiie

perturbation» des sensl'deJl'émotivité[lou de : ; la tsensi=

bilité. ! Les1concgptiori's"délirantes. d'èrnbléê'l n'éxisterit

pas -par- la simple raison que l'intelligence, exposée aux

obtusions'et'aux affaiblissements, lie peut êtreepervertié.

Toute conception délirante suppose sourdes'haHucina

tions;soit une pervérsion de,'I'éiiiotivit( ? ou dellals6lisi,-

bi tité'avec'Ja'compHcité'de'rinie ! )ect ? "Un'dermes'plus

savants*' confrères <'dé'llarséille, leeD`lDespine,IW le

grandi mérite;1 ,¡ à ,¡mon' avisï'd''av61rtvictorieusëment mis

en-relief le' rôle «que) jouent les perversions sensorielles

et émotives )dans')a'genèse'des déti'resEn'démontrant

queues} facul tés' intellectue1Jes'proprBment : di'tès'rsoiÍt

justiciables du' seul1 trouble ele 1 'affa ibl iss'eineIlt,il aétabli

par,icelai iiièr-n6 que .la'c`côiicéption ? délirâiite3'eXélutt la

conscience .r,ef1ëchje ! "Quand lM : 1¡Billodljdii,J ' : 1({ 'Il) eS't

mie autre-) catégorie très'tcurieuse ! d'a ! iénés ayant con^

science de, leur-, état' [ce solit 1 ceüNrqui non seulement

ont' ! à'conscience d'être 'aliénés,'1 mais qui ontteèlle de la

fausseté.,de 'leursJ 'conceptionstlélirantesr et qui,ren soúf

tourmentés cO,1Í1m'e) si : elles étaieJl t".vraies »);11\l'confOlÍl : l

deux choses, très'difi'éi'eÚtes,f1lal conception délirante* et

]a' représentation izeatalè.' Ltob's'cui iLé' qui-règne encore

sur tant'de'points'de psy'chiatrleiientbeaucoup''aux

senses-'ptusfopposésdans desquels t'en f emploie^les

mots °Dansi leicas qui' nous- occupe'^un exemple fier :

metlra'dels1aisir.'toute'ma pensée. Qu«e7l'il'comarè'les,

conceptions'de'1 grandeurs' d'un mégalomane1 persécuté

aux' idées) imbitieuses»Ld,tiii-, para 1 ytique'r'ei) l'oii ? saisira

touteilajdislancè qui sépare ? es premières dés secondes !

Le mégalomane a des conceptions délirantes de gran-

deurs, le paralytique. n'a.que des représentations ment

64 'gOYat'I1`,a,·/0 P4 : r\iOLQ}.E rll ! E1"TM.J> ? IH'\R3'1 'A- :

taies lGouleur ,ambitieuse ? 1L'un' esFactif.et j1}ge;rllaul

treJest; IWlisifLet¡ neraisonnepas'. liusi;ccommeajer.lo

disaiplus;haut, laoonceptionsdéurantefestlunijuge

ment, pile exige- ^complicité de d'intelligence, etd'jn !

çonsçiejice absolue du sujet. ^représentation meritalé

est) souvent automatique^ même,à L'état de santé ? quand

ou,est;poursuivi par un souvenir absorbant; elle semble

n'être,qu',unéçho affaibli de;lasensation, à ce point que ;

pOllltBrierede ? Boism9ntlJetQson lécole,eJlëj seraiti la

source de,- l'hallucination ? loin d'être fille de,là7raigdii,l 1

JO, .

eJJ(;erait plutotisâeurt de,,Iaim61noire.,Ort ce(sontices

epr,é,spgtations,, m enta 1 ,qui sont) souvent' conscientes

et dontcle, malade nebpeutcpas. plus : se : débarrasser ! que

certains) criminels» trouvera 110ubli'éde l.leurs""victimes')

Une de. me) 'observ",tions3 estmn c¡ réaSI trèslf netu de J'ce

genre. M11 VRoseiKr ? m'arjamais- eu de : conceptions dé-

lirantes; depersécutions avec,conscience," ce. quil sérait

une iimpossibiIité;psychol6giquéj(maisdes rëpréséntâ-

ions'1mentales' conscienteslà forme soupçonneuse. Tous

les,cas,si intéressants ! rapportés par Ml BillÓd peuvent'

s : interpréter)ainsiqqb JJÍ3m'JlllJJa rrfc3 ,11 t8"1 Irrla 91(IJTtJ'11

u Seuls,1'obtusion1ÎnteJlectuelle ainsi 1 que'ljes désordre^

des sensations;' de.l'émotivité'et de la sensibilité, tombent !

sous : l'appréciation;du sensl intime.9\"JJD1j3c¡h -.11011l/fl

n J'ai ! établi' que)dans3quatre ? grôupes'de'vésaiiies'la'

con,scienqe5estLunfélément, constitutif ? De''ces< quatre'

groupes`trois : l'hypochondrie môraledehalret, l'agora-'

phobie, et le. délire du doute sont essentiellement carac1

terisés' par,1 desrperversions 'de,Wémotivité. : Onl a1lcru

trouver, dans des foliesnimpulsiveslune «maladie 'delà'

volonté, mais la volonté est[ une' résultante, elle n'a pas'

d'existence propre'en dehors « des' mobiles ? La clinique1

1'1 J 1 h ,11/ 1

RECHERCHES SUR LA'1' FOLIE ''AVEC 'CONSCIENCE. 65

prouve qu'enréaUté les impuisidnsirrésistibles avec

conscience(naissent de .droisisourcesUrès-f différentes)

EU es, résultent de p6éversi6ns q sensor'iellesi : d c'est' iin$e

hal ! ucinationj delFoúïe rqùir commandera 'de tuer ourdé

brûler;1 c' est;une" h l1ucination de lawué; à"contours

symboliques, c quiÓentraîneÎ'a1 au ! - çrimeCou'' au'' suicide ;

c'est'.1 une' ' hallucination' de pl'odoratr¡ et l'dùU go lit qui

poussera,àcdes.actes-imm6ndesl'j'ElIes résultent'de per1

versions dé l'émotivité," comme dans les observations^

et VII : E[lessonten6n',d'autres'fois ? e produit- de repré-

sentatiçms'mentales ;úle malade perçoit dans son`esprit

une voixl psychique{qui)11'engage;t le.poussé;31'oblie'I

Les im pul siollsf conseiéJ. ? tes -. sont(" donc 1 où-' sensoriel les

ou, émotives; ! ou psycho-sènsorieJ\es ;['jamais) ellest'.ne

sont¡purement intellectuelles^toujours elleslse greffent

sur un)trouble1dés sens(ou- : de'la sensibilité ? 91n9=

x ' ^-

jcas. où., la conscince'(est" unf'élén1entt sur. !

ajouté^ 1,'pbtusionj intellectuelle àveclsoni cortège-d'ab-1

sence de : mémoire,^ derdéfaut deC¡ suite' dmls iJesTidées

d'inaptitude ! au travail ¡éstp çqntrelltoute¡' : ¡')révision,élé

trouble qui est le plus sainement apprécié; des,mai a des ? .

Toutes,mes,observat.ions 1 [établissentmNous( ilvÓns'(vu

.

Ics Jépileptiqu'eseuxmêmes;\ inconscients'de'leurs im-

pulsions destructives etT dei leurs HÍgitatioi1s".violëntes';

recouvrer ,vavec le paln).e,. la' copsciericede leur.obtusion

intellectuelle, et se trouver, 't 1 mê m è,dei sui v rer pas, à ^pas1

le; réyeil,delleurs;facultés : pour.lpeulqú'é leur, affection}

le,s ? pargnât),unt,certailll temps ! 1 Ce résultat, èstEasse'z'

surprenant. Commentile sens;intimeréfléchi;caest-'a'

dire, la conscience ! unie à... ! la"réf1exion ? se <maintient-ilt

aussi; (erme .quanddaT logique -elle-même- fait défaut/

ql ! Ï1çlllle L pouyoir.osylJogistiquc, est-v brisé ? -Dans"" la-

A RCIIlVF.S, t. VI. 5

6§ .i si ? l ? PATHOLOGIE,InIENTALE ? iflalila31

démence;, du ? est ronlplusz ? é,vanouisseent;, mais;la,

mortdell'ntelleç,t,linéonsélenceest Ïlloi.,l 91m jga'3 ? Après,lovtusionlmtelle tuelle,jviennentples toubles

de,l'émotivité et.de, la sensibilitérPaordr,e3defré;,

quelxçe,lno'us trouvonsd;abo,dles ? modiîiçations,du

caractère et des instincts; en,second ! lieu, les perversions.

Iypémamiaqgsudellla sensibilité;, Jamais., -je^n>j)rrenB f

contréounaliénér,exloapsf, zun mégaiomaue, ayecula

perception de), sa âituation, nialadive. 9 Les, fouscçons-,

cients sont par excellence des lypémanes anxieux et

6 ! jffi&sOT;ûtful0B fil .19fifiol) oh mol teo pnomant 9l

- ? Eiifin,, en,Jdrnier,lieu, est l;ealttioéérébralef,qui,

ql9qu,'e,en yitld,it,lne portepassur,,l'intellience

même, c'est-,à-dire Aur.t.le,jugepeyt,Jett;la,raison,mais

sur. ses auxiliaires,, lac sensation, la- mémoire,; j la repré.

sentation.mentale,1`imanination ? l;émotivtéet;lla sen;

Ijle uité JlJ'11AW ·v 0 m.. - - à

si,bilité.3Jaiz,donné dgsliéas,de,manig;,vien propres- à

rouver la yersistu'uce de la consçieuçe ,m ,{ milieu,

pllJJ itt Ji I ? t3J -.V1-I...ln jlr...fJ.l .m". ? '

mêmedeplus grands désordres, de, 1,'çprit., liltoutre,

sl.0U.iiSt|bjen ,relie uo r.,ovser atSou,i onns'assurera

que, dans, toutes, il s;ait,diuneaitatipn,I`violellte ? et

désodopnéesà ? 1 vgrté ? may associa-

tilontl'Gdéesdesatisfaçtioybolu de randeurs.">e;cette

constatation il résulterait encore que,lesJconçeptions

malomapaquesune«sont jamais ^conscientes : L,ob-

OTte l^igàifenl6 cours d'une.paratysie gêné- :

- -<t Gil 0 , ? iULtt' li4j , Ji' J ? n . J c' ' -*

raie la conscience n'a duré que quelques, heures et, se

liait,,à un%, rémission. ni oin ent 6 iWejpos 1 ce

résultat.

S.'L^.-iy.i 8-)t) ëiOOUnUp aonpilflincq aadol «oh

4^L hallucination. est, de. tous les éléments.. du délire

celui que la 9. ? nSc«ei, ? RRE,é,Çi8l.te plus difËpHement ;

iktir,il-i' tÀle.... . 111) i)· 1 IJII . 4 l-- . - 1

même quand l'esprit la juge à sa valeur,, souvent., il

RECHERCHES Ultr`I.ÂIÔLIL.I : 1V1EC'COIVSC11'rNCE. G7

lui ? est1 docile ? oùu l'ilÎterprètJ"d'uue Jfàçon> délirâiitè.

C'est que ]a ! sënsatiôn''est'l'anniëntqu'6tidiê'n de'ia'vië

psycliiqùe'jL, 'queL'dê' ta-ut 1 tè'rn pst ! et'1 tlér tü-ut (râk illal été

le1clconseillér0fidèle,'8,le"gùide eI19'qûi' éh'acüiif1a mis

toute ? saconnànce0n''doute''desdn esprit;0 on9 se

méfieldel'sa'sénsibilité;' mais' on'- n'é'sus'pècte'3 pàs' ! jses

sensations. "J Aussi{f kai : jê 'jamais ¡ : Jnc8rÍtÍlé n.fnnhÍri¡aU

qui ''fut consciente' de ses t perturbations' sensoriéllëi

et 'inconscient' de sès'trôublés' psÿhiqués : 'I"J'ly''u9tl

te Zl1'JJZ.llG s : runclY1 t ? ,...,h y.)lIOil9 ? t : mfll ;j1l01 : . ,}J1101O

Ce mémoire est loin de donner la solution"de toutes

lesfquéstioils ¡si LnoiAbreuses' éf''si'`délicâtésqüL`JSÔU-

lève la 'folie avec11 conscience au point`de vue1'd'e{ l'étiÓ ?

]ogie"de laI symptàri1éÍtologie ? t 'du pronostic ? SifI1lës

faits'que j'ai1 rapportés dnt'elé^ieh'ob's'ëfv'ésf ils auront

cependant'àppèlé''lâttèrition d'ürieI n11lièrè"plüstspré

cise" sur-1 certÜlles';1pâr.rtiêularités intéressantes ! .1 "Lés

conclusions suivantes présentent1 sôus'iïrië forn3êv éoIÍ'¿

cisertoutes les idées "principales 'dê' rn6\t tâ vaiP : Hlêlfi

H1 ^îlll"conviendrâit,< P"oûi)\ évitêr[toute rcônfüsiôn;edé

comprendre, sous' la- désignation' de folie avec conscience

réfléchie, Ies-maladiès qui 'méditent sur leurs1 'troublés1

psychiques'1 et1' qui, M lès analssant1GëÓ."rê20liÎlllisènîtl

caractère`morblidé'1 'J'IO'II9 Jll;'1"IIIJJ8<,j'1 If 110dGIr.,1BllU"

- dII.l t'état'Jde 'éonséiénce 1ëst^ofdinâire,râuf>f/^iiV>'dë

toutes les<^vésaniesJet rd'un' grand 'nombre dé1 cas'dê

parâlysie ! énëral"irl' IUP mit) 1) 1. 9')11)1 JrlfIO' ni 'JIG'l

9 J IIl-.lL'étàf'de conscience 'se renèoll ifè"'dans ? Ie ¡'cbill1

des folies paralytiques quelquefois, des lypémaniës

aiguës souvent,'7 des manies* aiguës J très ! 'fl : éqü'eliiÍi1nt..

ar1 contre',11- il -est rélativémënL3râré`'àulâ terminaison

des'ivésanies'îlj0-ti/ 'Jl fj ? Ul L,1 Jl'h18S 1 1/11.6[11' : ,mô £ fl

GS 'T 'i"3' mV0 PATHOLOGIE L111);NTAI ? ITI )fi,d1( , : or.}'

- "'\IV ! La'conscience est1/ ! enf aliénation] mentale, tantôt

un élément ci7nstüictif,ftântôt-umélémezt ,'urajollté.,\Elle

est un élément constitútif dans' l'l1ypocliondrie mora]e,

l'à'goraphobiei1'le délire- dud6utRiet)f)es.Mies impul-

si'vês. q Je' l'ai1(observé] comme r élément.sllraJo1f,té dans

les diverses variétés de 'manies,t¡là1 Iypémanie aiguë, la

stupiditéV'la1 folie circulaire' lâ1Jy.pémanie : anxieus ! '1, la

panophobie ? lé' dé)ire ? despersécutions,t'Ia) lypémanie

ambitieuse, l'érotomanie. 001 t q Te nb

Hf, V' te's1.aliéhés ¿onsciéntsr de ces deuxigroupes sont,

'pour lé'très grand' nombre,' des'héréditairès appartenant

aux classes instruites et aisées ' de] la'société.bD'après

nies 'observations} quand'la' consciéiice est°un ! élément

`sirâjôûté;'l'bérédité'sërencôntre79 ? E p'.blOO,1 et.,tles

màlàdé's'dà'ns'dâ"' proportion de ü7;61pL,100 appartien-

' " 'ils . fl,

neht'aux'classesindiquées ci-dessusilit 1f,U, ? rr1 £ ¡IJ

"¡'VI ! 1Les aliénés conscients' des'' deux- groupes serre-

'ci ! ûtëüte'diïs' lâ'pieiportiônldel75,Trp : i100'parmi les

héréditaires}1 à-prédisposition ('latcnte/J jusqu'à l'éclo-

sion'oe"la-folie;<ll11¡ yJh 1 .11 ? >]'(/* i -,1. fll""L;1 11J

II' 'VII ? La' paralysié'fgénéralë,'1 consciente' quelquefois

au 'début1 et ^'certains1 moments de-son* évolution, -..est

toujours' inconsciente'-dan's'la'plus grande- partie¡de ,sa

durée. La folie épileptique' est également inconsciente;

toutefois, lë's'plià'sé's diverses'par1\es'quelles passè/1'ac-

' tivité'del'intelléci`après les attailiies@,et dàns'Ieurs'fin-

tervalle's;'viennent se 'réfléter'(dans lelsenslintime,7et

sont par là, dans certains* cas,- un "indice précieux

pour' le diagnostic de. la' forme' vertigineuse ou' ¡noc-

turne. "11",1/, n fy., '' >^' '< .r ? Tmrl )r rt

VIII. La conscience, en' aliénation'mentale;upeut

, 'être' complète' où' incomplète'. )La ? conscience complète,

RECHERCHES .SUR"LAFOL1E .AVEC^CONSCIENCE. 69

d'après IÍ1Olrexpérience;leJ,pl.u fréquente que la de-

mi-conscience dans3lanproportion ? de,,70,p ? l,UO. La

sÚÜistique¡ded'f(illod donne,t76,3,<p. \1,OO ? 1 `,

fr)IX,.i Les malades, des .classes aisées, comparés aux in7

digénts; sont conscients dans la proportion de ü6,p.1 QO,

et demi-conscients-1 dans..la"proportion, de ,80, p., ,1 qu.

,ci X 1 La,,conscience,- parfaite est, plus fréquente,, dans, le

'délire 'général que dansée) délire -partiel, en proportion

de 57 p. 100 ? ctr;rn,vtoIi 1 }IJc'fjldJI1',

.hiXI. : OEes indigents ne fournissent de contingent qu'au

Jdé)iré''générat;n)s y. sont mêmel,enr < ! -ssz.J gra ! 14¡mr

- joritéf]danstla'rproportionA ! 1 61,5,p4 Jo.9 ? q ? r.¡I) J'III,

luc¡XII ? } Dans-les, déliresl générat;lx¡ve ? co.l ? cit.q..çe par-

'faite;1 les.malades assistent, en .spectateurs] aux, troubles

- qui"selqéclàrent dans;leur esprit,. eU) spectateurs colis-

cients, mais impuissants. 1 LrgiX[leh ? ()I;nPEm}(r.¡.I.e

- moindre ¡chapgement. àf leur. manière- 9 ? ê.t.r : psychique,

2t XIII : La'conservationfde,,la conscience dans certains

' '. , ) ,t ? J.. ¡ J J..l ; 1

-cas de stupidité seraitjpeut-être. .U ! l;OEl ! meHhp ? nt

en faveur de l'existence de cette forme ésanique.

fti'>1XIV : >La conservation de, la, conscience, dans certains

J cas de 'folie¡ circulair-e,< grûçe, a : ux ..r ! lsign.y.1,ISJo ? r-

. * ... . 0 t. ..... ), ?

hnisrpanles'Jmalades eux-mêmes, jpermet de, diagnosti-

. quer'd,embléeicette.,ma]adie ? plJlJH[,c,t,rlnt t>J ? i1 [;"

- )fi XV,»-' (Daiisile délire, .partiel,, la conscience se trouve

--soit' avec : f des (troubles; sensoriels isolés,. soit, ? troubles i psychiques, isolés,, soit avec, q ? oubles psy-

* chiques et sensoriels, combinés ? ) Bru,f, 1..1, I ! .q 1no ?

- )(lfXVI. Quandi-la, conscience parfaite. existe avec, .des

troubles sensoriels isolés, il s'agit d'hallucinations

J¡ compatibles avec larraison. «rmm^.),) ,1 If 1 .

\\'\ XVII. Quand'fla conscience, parfaite, exi ? e"aveç, des

- 70 0 51'Ï ? I 2tO'v PATHOLOGIE MNTAI,E.lJwJJOE : n .IJI

.troubles psychiquesiisolés,-la réaction. anxieuse, se;pro-

duit d' ordinairel chez ,lIes, malades; >»<' jI1Dn'I9 ! b ail

XVIII. Quand la conscience parfaite existe aveçi,des

- troubles : psychiquescet sensoriels combinés, les malades

obéissen t 1 à¡ leJ)r$hqllucinatiSHllql,(il jgg.nt'Jn9J'1l LC'1S

ftout : commets,'i]Sf]eSrCroyaientt,vraies. XJJ9'Illti ? Ilqlu2

- '1 6(lX : 1 J1' [}i8.tencej de. ! la '1 d em i ? CQ ! l9C ! pce ? 1l ! IJ pnajt

- pas,conciliable a : ve4). ! e.[délire 'général ,8auf peut : être

dans : ;la formei circula ire. iq ]Pl) reiirmfqmo uldrJrrob

XX. Dans le délire partiel, -la demi-coin science c ne

ésauait ! exi1Jler,; de toute évidence, ,avec lies perversion s

sellsoiellesJtÎsolées,V carD,lle, £ suppose" paplsa;n[ltu6e

même un trouble iiitellectuel)concomita.iit ? 1, rr .7fJ' : \

no XXI : i(Quandtlandemi=conscience : existe .avec^des

5 tr systématisation. ! se., base

toute entière sur le fait même de la conservation de, la

f,conscience. il olr ? t"n.,(,1 -)1, p"TOlhL n3 .lI'17

oJ11fXII ,-Quand : , la};demi-conscience existe i avec des

troubles psychiques et des .troubles sensoriels combinés,

'1"Ia}noonsciencel.desj premiers f, se ^combine lavec il'in-

- conscience des, seçonds,} etndeuxca's se £ ! présenent.

Toute systématisation peut faire défaut, les malades

aviventiindécisssans trouverune, explication, ni ce;, qui

se : passe emeuxoet, autour d'eux.-i Plu5,,fréquenirneril la

- systématisation se produit1serrée, : logique; les malades

expliquent les désordres intellectuels dont ilsrsont

)conscients parles perversions^sensorielles dont-ils sont

- inconscients.sq ,JOf)2 miTnl ? nn : r R) yt) (];)/,l';V1')a.ur)') Et

v.x3XXIII.,tDanss quelquesricas .exceptionnels, ]es.,ma-

" lades ont-conscience de tous- leurs; troubles psychiques

-let ? sensoriels ! et- de, cette ,conscience absolucisort la

j 1 to i z

systématisation. Elle devient à leUl'sllyeuxI la preuve

RECHERCHES "SUR'' LA' FOLIE AVEC CONSCIENCE. \71 I

péremptoired'une cause extérieure" quilfagit1 suri eux'.

Ils cherchent cette cause'croient ! aLtrouver ! 'et"systé-

;n{atisent : 11BI/C) 'IJlhl'JRq 8"IT'H')" : fl()') cI 1fl1)JJ(} TII/7.

a'1lXXIV(jLa1on'servation(ùe 'la ;conscierÍceaggravede

,1 oostic ! INoni. séùlementl'el le' i 'M'po'set aux patients e

supplice affreux d'assister "> impuissants' ! auxdésordrès

Jde' leurs facultés^mais elle conduit au" désespoir, Ïe,' par-

'tant^au suicide ! 1'é/léèhi par" dé-bût5 de lâwië : Cettere-

doutable complication s'est présentée dans mes observ'a-

'tions'en'proportion dé 34;2 p : 400 : E q( <"rrnfI 7X

BI10XXV : f'Les'aliénés conscients sont peu curables ; s'ils

c guérissent^ ils) reçQutentl peu1aprèsJ('Toutefoisr¡;chez

eux, la dénience1estrraré et ! tardive'. 91dn01J nu -3mtirff

')b XXy ? 'Après l'hérédité FhysfériefetÍl1alcôolis'mè7sont ! ) les deuxlofacteùrs 1 pri9cip'aux/dei Il éti91dgie : r,de ,l.hfolie

réonsciente.rf"\BflI',) qb arn écrr iiii'l '31 M8 o*r411ni zut

XXVII. En dehors de l'alcoolisme, la conservation

ade lavconsèiènce"estlincontestablementf plûs fréquente

, chez' lafeiime=que chézl'homrne 9crpd` fia a9(dira` ! t

- fil XXVIII.'Les'foHes conscientes paraissent se montrer

-'de préférence chez la-femme a'la) période de ! la' méno-

a pause ? Il 1 hml'Ib ''l'Iw1 moq (IC),tR2l.ttif1131 ? 9JHOT

iil r XXIX. es'cocc ? o ? yïmpHque'nt. toujours

R ! àcomp]icité ? de'inte)iect'et)rinconscienee absolue ;

s seules' /M' représentations* mentales peuvent* être; cons-

l@cientés.Ificb aIEluJ"'3fI911l a9nlosozsb sol ,irropil(x4

1ao<XXXrtLes`tr'oùbles3 qui<<se`coneilienble mieux-1 avec

la conservation de la conscience sont, par- ordre de-fré-

- quenée : 11 obtusion'inteJ\ectuel1e; les\ trouD1es1dè'J' émo-

3tivité,' les modifications' du ('caractère¡ et 'des1 instincts,

(,les'perveÍ'sioÍ1s lypémaniaquèslde"la sensibilité;' vexa ! -

''tation cérébrale ? )1 h 111'-)1'1<)[' '11FT fH1"I-;R¡j';m'II ? c ?

72 RECUEIL, DE -FAITS ? (j

t '111'" l ¡.J..JI) ? I. "dt J ? ...]0 ..

- 9jXXXI. mégalomaniaques paraissent exclu-

sivestdejJa conservation1 de- la 'conscience ? ? 4"^ 'mn*tvt0

.. u 1nu b ·m r'1001r n9nlJn0`ni

lu ? Íb1 ? H,çi\ ? i9n, e/ ? t, de tous tles-éléments du

délire ? celui que la conscience`apprécie lé plus difficile ?

; tn ? ièiIo'j(ii zttoiJnltJW7d rOb Jin.rJ «inouï ¡ ! lUI, Ut) jusm

JIltI11' - .zqlu3J u ''lm"J ';1 m{\ \ \Jo(,

M -,i- J'J JfU9'tJ ? JW11l1'WIt" "0'1" Jr) 9'JljJII'(\1ô : 'lIV 1101' sxUxta0*»

,1)tj."( ,1\( {I )1 . jlJ'JmS2lJ III'" 71.m.o t ..1 atum 2,)IJI'['IIJ.I f J'ub

L 19 IltJl¡'f1lJ 9'ILtlf`1J4'l$It(I'TfBtl 1%P 110 \\111\-.\"" .\\\I¡(\l'"\" \\)"'¡ : ¡,(

,iV'I'J2 JJL i"H[1J02'J'Iq 2s1 niuf aniont uo piiiq n`furf9n "-liiiî illi

« ('·c"··.)t·1 19'cWr ! ? UiU ,·`(as) : Q if. z

'Hff1hflOIUdq ,Ik I.lÇJ)EIL, nE 1 FA IT8ú'I - 3,.m,xV>

'ib < ? 6 231> b J9[ ! J 1 ? 1 \1 ...'Ilf 'lino', 'fh . ? '))JubL ffutt v.mob J ,

,nos^âo'xx|^ h iiioBH.l nh ) ? v. - - 11 l' 11\1'111"1. > Ik,iJ1Jb 9'ISrO,

jn9Ujjo70').j ? n'\ ? 'iJJl .\ ,\ô ? l ! 1 'l' ! ¡,fl,il ),1 r nll\¡PH)' J2'J il

'1U'i.J' ? 110/1"-\ .iHO.' Mil 1-. ,lhznrllt J)I',I,[1"'1 'd ,tlIAIIII,Ii1S ? J'I 1J.O ?

.^NOTES 1 : 1'1013SI : RVATIONS SUR' LAiIIICROC1JPIIALI1 ? I' ltt.

..fl'I'JJ3 ml jo nDt·.w9lnrnt JY1V artu Jn ? na ? 1111 '61 .Jhl)\ ! )h',

9b Par BOURNRV1LL)Jet wUILLA111 (Suite 1,1 -Il' zsL· 3nolln

. I\I; : ¡,Í\ 1 >,5'JS ! \" S\ ? I\I'\\\\ 51t2 ,2111T X3GG.L GJn¡¡l1JflfrJ-

- M' " ""l ? 'P ? '. '1. ,1 's 1S ? wO avf` F ,lftla vi«no 119 Jc`) ,10,1

Nous avons pu.L'J' 1 l, y, I ? an, une, première,. observation,

relative à Ja <,miçl : 0ççR ? a{ ! e; Il et,) dans¡ le ? ) considérations f,qui

l'accompagnaient,, nous, annoncions au. lecteur la 1-publicatio

dno ? ivaux : 1 fai ts ? voici laI relation 1 du second, : -[1;(1 fi' ,,1 1'.qJJ .ao

'1 : .J'Ijb ol» 'l'Il,' d ! fJljj,lllbtJJlI ? il 'u,,¡ j')'1',l111 'JO" ? tmtls·v 6 Jn-jfa

Observation ? II.-v c'Père : ' leéGétudet'7ClSSlf('C)'e,l'C07SGfC2lttve ll6J 2lnet ? [J1'<tnde application « la inusiquej - Soelll" iúiott : : J ? 'Deux' frères : '

s,cès : c"1 Quelques succès d'éducation. ! - Corps* étrangers'' de l'ceso-1

- pliage; asphyxie; mont : ? Autopsie ? poids du cerveau : 630 a". '2 8

Description du cerveau. »e>u9n

. 1JC1 ,291911WU11Ji 2.Ilùj[l1 ,11 1fI'H¡'JJ("r.I 'm rtaU)l 8 ? J 1W 'ris'

8Edern, (Auguste), âgé. de, seize ans, est -entré jà l'asile. deJ'Bicêtre''

(sy.i« ! 3q 11L.DEL.stauvr)t1e.43 janvier J8GO.un jfll.11 11') Il ! im'l'H) -.

l, £ intéc4tlqJ¡tslrG'SQll piJl'C, etüplo3'é; parait assez capable; 1 serait

tombé, pendant un certain temps, par suite d'une trop grande ,[)pli- ¡

cation à ]alJ)" ! usiql ! e, dans un. étllt¡,d'héiJétwlc p7,ofoîzde.J Ce serait à

ce moment-là, que.la mère de'notre malade serait devenue e neeinteg

de,lui.,Une soeur est morte idiote. t Deux, 'frères sont, bien' constitués, d

maitdune mobilité extrême. 110 flIlJ111.¡JJ,lH¡¡ 4J t : . (;11' qtfqIT'IJr'lJ

Examen dac malade. - La tète est assez bien coiifortiiée, i iiiaisii

c : x;çsvçmntJ pelitq; ;IIe..est aussi légèrement déprimée, au-dessus

rtn up j"Jr21;JJI ? Bit b1 inernoiipauid 'Wâlwq u 9'tJlo 1 1(1,;J 101 ('5 ! ,1V°,irt;,IV, p,. 5zi ju;lletz889.JJUltuubuJ,di si I ? gl'Hb..1 JL jl1G2'

- ' T'1 J.' y rf 11. r 1 ? 5' '" IrX"

DE LA MICROCEPHALIE, 73 3

d J ' 1 "d ( ? d'(..nf, ? CI' ,,1), ""T pT rY : YJ

de 4 sou Pei ls.,T ô ut el reste. u ! ; 1'1)8 est norma erftel1L ÓIllÓrme..es

organes génitaux, S ! Ú ! .l ! yt-lr néJis, ()n. l1qs dé,velgppés,;[onhnisme ;

incontinence nocturne d'urine. Il l lf f 17.

tJ ! Altittcde7 ? SOÎIIrCj(()11l est ,L5,1')ide sa ilé ? iai,che, ses gestes, tout

en[lu,i ? rolJe,la lqul;deu>i ? Lll;lii;Létemeut : ll;éstpresqûo constant

ment en mouvement, faisant des gesticulations incohérentes; il

salive de temps en temps. J ",lu

Parole. - Son vocabulaire est excessivement restreint et se ré-

duit il quelques mots qu'il- articule ""confusément : « Non, papa,

maman, chameau, cochon. » On est parvenu à l'étendre un peu et à

lui faire appeler plus ou moins bien les personnes du service,

« M. De : 'OEÍI's, Al.ll9 illoncl CoutOEl'cl ». ¡ T..... 4

Cai,actèi,e. - ld 5 ? àl des, di 7 .'fIa physionomie

Caractère. VA... a'd'es périodos'de'calme-ou^sa physionomie

est douce; dans d'autres, au contraire, il est sujet à des accès de

colère difficiles à réprimer. Il a-une sorte de besoin d'approbation ;

il est sensible à la flatterie ; un refus, une préférence provoquent

son ressentiment, le rendent maussade et lui font repousser, avec

un dé^aip'ÙTitôJilesyôfl'res1 lèsLplos (s'éliuisârit'éS0 L'a ( v¡ÍJ 1 Ú'Óbjets

éclatants, la musique lui causent une vive impression et lui arra-

chent des transports frénétiques^ «lleâri;'gd ! thl'Rn'déliors de ces

stimulants assez -vifs, son attention est difficile à fixer.

Ed...' est, en outre, sujet à des accès d'épilepsie, sur l'origine des-

.' I, , ,r 1" T " . r .1 Il ? lui iUUïî ilf'J»

quels nous=n avons pas trouve de renseignemenls. '1 , " ...,.

11(c Rien n'avait été -tenté PÓ¡Ù ! ' ct 11diot "daiisl'l'asilc,L tlit' J\f'Delà7'I

siallve,dorsqu'u'n sentiment de bienveillâncë`lîtirtâ'11f ! 1 ezairs a s ei,t

occuper. Connaissant son genre Ü'in1pressionnllbilité' ii" réussit aisé-

ment à captiver son intérêt par les modulations variées de divers

instruments, et notamment par les sons tantùbbruyaiits et rapides\ 1

tantôt graves et cadencés. du tambour.OEd...\ était' donc\suscepLible

d'attention. Première' conquête.' Pouvait-il. le devenir^ de réflexion ? .

C'était une épreuve à tenter. L'achat 'dé'- quelques, jouets pour la a

section (, nous : , fournit\,bientùt l'occasion d'expérimentations» cu-

rieuses, -' ssr,v,ct ? isb scoJqaeo7aQ

« Parmi ces jouets se trouvaient des pistolets-canonnières; Ed...

s'eil,'éLaiti épris.. Leur. détonation» le réjouissait ? «'-Beau,'1 çà ! t 1 u

s'écriait-il en riant aux 'éclats; ! en trépignant' de' plaisir et e ! 1';ii$'i ?

tant tumultueusement,ses'bras; puis,' tendant7l'ôreille pour mieux x

entendre. : « Encore ! , encore ! )) 1 ajoutait-il : If,J1s : J IlU Ij'Jjl'Ilsq .bumuJ

i« ! 11 1 apprit 'd'abord le.- premier -des 'trois1 temps1 dont" le tir ses

compose ? Plusieurs séances

but,erraient vaguement sur l'arme sans s'y"fiaér : 'Dès qu'on'éut0

triomphé de cette inattention, on passa'âuJllléciu11sme dé 'la 'ma-11

n0euvre. ,ru W111U : J ,¡"l.l ct2z, 9 -sa» s.l - "E ? 31p'CC hh ? \\\,> : £ 1

.« calaisien -vain 'lui maintenait-on'Ia maililgauèlle1sùr'le'canon,r. : > °

en forçant l'autre à pousser brusquement la tige ; aussitôt qu'on

cessait de le diriger, il abandonnait -l'instrument, ou du 'moins

'74 ? t RECUC1L f DEtrplTS : 4

l'opération avortait, soit par suite d'une' pression incertaine et iné-

gale, soit en raison du déplacement des doigts, venant malencon-

treusement appuyer suri le bouchon, se prendre dans la corde ou

s'interposer entre lo manche du piston et l'extrémité inférieure du

t11118 : ^· Il'\ iitii/ji'i) .f1û¡ ! "I¡"JI ! 1f1'" fun ,J(JLM' »i,.Jyi y'o J'LIBI`fb·tn

ul «'La constance, toutefois,1 eut raison, de-1'inaptitude.iEd... '.finit

'emprossé de renouveler' les. explosions, et devint fort attentif aux

deux (phases 1 du chargement ? dont ilcf comprit, très-rapidement.la

'succession.'Il' put retirer' le 'piston salis obstacle;' mais il, en fut

Jtout autrement pour l'introduction "duIJ bouchon, ! qu'il : faisait en-

trer, clars le- tube par le gros bout, en travers oui imparfaitement,

et qui no put être surmonté qu'après de nombreuses tentatives ?

« Ce développement rudimentaire parut d'aitteurst l'instigateur

- 'd'une sorte de réveil intellectuel révélé tout à la fois par desitraits

-'moins 'obtus, une manifestation-plus modérée, des impressions. -et

lpar une certaine initiative. led ? variait spontanément ! son'lir,lse

servant des deux mains ou d'une seule, appuyant la crosse .du pis-

'-tolet'sur sa' poitrine, sur le parquet-ou surfun meuble ? imprimant

au canon des directions diverses, ripostant aux attaques, et, trahis-

lsànt'sa satisfaction quand, feignant d'être, atteint, son, adversaire

lui laissait croire au succès de son 'tir : ' 1 z .- ? 0'i'- 2,f 1-» z5oroq ? ((Le maniement du pisLolet-canonnirene fut pas le.seul essai

tentéll ? d ? 1. eus" 'faire fonctionner un de ces moulins à vent;, qui

·tôïumënLrpar le va-et-vient d'une ficelle enroulée sur l'axe qui sup-

porte les ailes ? 11 1. ' ? " ' ',1" vl n W ? ,rm WLJ'14

- 111 « Céder et reprendre à propos,'1 pour'que'la rotation¡ s'effectue

'tour il tour et sans intermission dans un'double sens,- constituent

'ici une difficulté qu'on, ne1 surmonte pas toujours immédiatement.

L'idiot surtout continue la traction, et le mouvement cesse. A'notre

"vive surprise,' ],d ? s'estl formé assez proniptement à' cet exercice.

'-Une chose plus simple,1 en revanche,' a été, plus, péniblement obLe- ? liue. La résistance d'1 ? d ? pour le- jet de la houle,' dont Ion fait

dans les jeux de quilles,' a été opiniâtre et longue. Il la lais-

- sait rouler à ses pieds, faute, -en' partie; de pouvoir fixer. ses doigts

l'dans'le'trous ? IainteI'lant : il'réussit à lui'faire parcourir uneicer-

"taille distance ? Toutefois; cet acte est fait sans rectitude et sa- visée

' demeure incertaine. 1 H(¡,L `'1 lit 0 1 si - ' "ne'') fil 111 ? 1111'

L«[Aà jeu de tonneau;1 le résultat est' encore incomplet; mais non

tout a*fait stérile ? Bien que mal'liÙ1cés ou s'égarant au hasard; en

' deçà'ou au delà 'du but, ses palets mesurent, en vacillant,' une pro-

- porlionJpluslexacte : I'PoUl'ile'cerveau'après' avoir'paru très long-

temps étranger au mécanisme de sa marche, il laisse voir, aujour-

- d'hui, la volonté dei le conduire., Dans- les batteries de, tambour,

il au lieu d'emmêler les baguettes, de les saisir par le gros bout ou le

il milieu, et d'en atteindre il chaque fois les rebords, de 'ta. caisse,, 'il

DD· ? Ii.1 MICROCrI'IIALIE. 175

-commence à alterner le choc des : olives'àda place voulue- et avec

une certaine-régularité. 4r 1, C'ff' il i i, ? uh Hn. , Ρ;¿

t)'j« ALt'g3-mnase,'nous,avons,fle,preiiint 11 <partI" otcnu en-bien

-des points des progrès relatifs. : il monte et descend à- une. échelle

ordinaire, s'y retournant, non sans hésitation, d'avant en arrière

.'et réciproquement; il se tient à la force des poignets, soit suspendu

'auxf degrés'de l'échelle, transversale,') soity soulové i suy les barres

parallèles, ou il se-prête aux mouvements qu'ilcvoit accomplir ? la

course volante ;en rond;, la balançoire) ont le don* de le passionner,;

'graduellement, il est, parvenu à exécuter assez prestement le saut

en s'élançant'd'une hauteur d'environ un mètre ou en, franchissant

,ÍIne 1 cordc' tendue à trente, ou quarante centimètres) au-dessus;du

sol ;il'cônduit enfui;. sans trop dévier de l'équilibre, jimo- brouette

remplie.de terre'ou de sable ? , , jiffnt 1 (j "'If) 1 -1

plu« Par un effet nécessaire et logique, 1 ces¡,p,erfec,tio}111]lenJLoBt

,heureusement réagi sur,, les virtualités, conceptivcs, artistiques, et

'morales.' Les facilités croissant avec les.désirs, la vie commune,est

devenue,tout àla'fois,pour Ed... une source d'utiles enseignements

'et de plaisirs, variés. iL'imitation spontanée amena chaque jour une

-conquête imprévue/dans les actions usuelles, 1'1 '<'it, ? 1 f ? t,)(

,,il « Il a seul appris, pour ainsi dire, à fermer COn)I1\ ! \,,¡r ? ouvrir, les

portes et les croisées, à écarter, ou àr approcher les rideaux,La dé-

1 ployer ou : il replier, un. parapluie, à laver ses mains" et ! un¡ foule

(d'autres soins auxquels antérieurement il était incapable, , de s'ap-

- plique.r. -Dans J nos f visites auxquelles, il s'asocie .'fréquemmgnt,

portant avec gravité les cahiers des élèves, s'il nous arrive, d'explo-

; rer attentivement un malade,) lui aussi penche l'oreille pour aus-

'culter"pose la. main pour/tâter,le pouls, et prend son, air le.plus

bénÏIL' et" sont accentuation'lla' plus, douce pour .témoigner sa eom-

passion. ? ? <> tf'tJ1[t'l' m ,f t. 1. , n· ? 1 ? n· 1111 tfJO"Ifj 1f)¡J,iJ j

3', ('L'expansion,succédant,à,J'inertie, une physionomie .plus ou-

verte et plus sereine, une attitude plus décente, moins(de tendance

'S'l'irritation et àla colère, des démonstrations plus sCI1,Lies,,eL,pqs

affectueuses ? l'enrichissement du langage par, une, multitude de

.-mots, nés de l'accroissement desrpensées,et du, besoin de,lesjtra-

duire, telle.est, au point de vue delà sensibilité, la transformation

-subie par 1'sd ? transformation l'remarquable" surtout pour, .ç,ux

qui peuvent remonter au point de départ. Ellej.nous .laisserait

¡J'espoir et' la confiance, d'appliquer, un, jour,. cet intéressant idiot à

' quelque fonction -utile, 1 si, malheureusement, lescrisesi nerveuses,

auxquelles il'est sujet,- ne revenaient à de courts intervalles anéan-

tir,les forces corporelles, opprimer-le jugement et menacer l'exis-

tence. » rov il Il ,dro.m ? il, il,, 'l ? nl '1, or¡lTI')j

m De4S : i0 à 1861, Ed... a été atteint, de complications et ! de, ma-

ladies-intercurrentes, diverses f que nous allons énumérer ? en

f 18 ? 3;, VQ1'ioloide ; " en juin de la même année,- en octobre ·184, en

YT l,ltli'i,I trl,SiIIC 1..1 1c

76 RECUEIL DE FAITS.

fhrFtt,;·/'f : rlm ·tt`I : J tIl'tll ? FSrft`I^'19J : ! It) .11 1 j 78'HY 1 ? 7·,T,

janvier¡ 18 : j¡j,. en¡ novembre et décembre 1837, congestions 11 ? nin-

gitiques succédant à des séries d'accès ? A partir de 18o7, les accès

sont devenus, plus, violents et plus nombreux..Voici d'ailleurs leur

n1a}ch dê YS3Ó 'àJlS"ÚO : lIu1'" o ,1JJJ '1.1 .HI ? } ? }\U,'\ ( ? I\ \ -'1-1 1

marche dé 180 âJ13G0 n iI, ...r¡h 1 II ylt,t en'c Slftat`,o'lscU^c3a q-tncsa

' Ill(t'JlTnw 0'jitr ! Sl 9JJ11 11'rr,. r1 r ! ·'1^,.·`tl 411fn r h ^ 1'1r : ^ - 'If'"1^

, ANNEES. ACCES. AN\IiES..1CCI : S. , .ANNEES. , ACCES ? z

.( ? , ? r m,.m, ItLa n sn9lflr(,·m J : f 99'·il, v·ll Ifl Ilrltf=, `lttrll r M CCII

- ! 1R;¡O. '¡ 'b 3, 18.,JÍ.. " 41 j 1S"H... IJ H\ 1....

11'1 U ]'1'8"1" t ? OIP ? I'Í j1S ? I'¿.ll G47f1'J ? '1S'-0'9", , 0'18"Jlo')"

,itlri11852 ? t ? l ? JtrUi836.bt 3'là'45 r' '118601.r' : a180·tt,l9't

' '·n1858. n';nfFrgi nul '183î : "i i -151' rul 911861 : t^ : r.rh (1

ttt 92 91' ' W r ,tntlr : l' 'tlt,^,uW ·rLIJ 11 ,¡¡¡"j 'fi[ 4JI'1'I ,}lfljf\(111' !

'148G1 : ? it niciiaGi·c `t'- 'En' 1 n1angeantU du; ragoût' de 'mouton,

'dëüztr'moaceaux'ide côtes' se -sont>;arrêtés ? dans ! |roesophage; -ont

exeréé 'llÍ1C¡ compression' sur'le ' larynx^ et déterminé 'la' mort' par

asphŸxie." '' tl : W t>^ 3 { - ? ? l'P,I \\',\\I\\¡"'\\ ? H : I )f ? IJID ,,1 i

f11' q'lq .1.. JI" ciffo...1.... , r j 1 1 ....to"\ irl r ., 1 J

AUTOPSIE. - Tlw/'l1X : engouement pullilonaire; - corps élrun0ers

'de l'oesophage) Las, autres organes n'ont1 rien'offert' de particulier. ? T..ë'ce)'véluÍ'pesait '630'g'¡ ? Il a été remis il'111 : 'Brôcâ'qui'fâ'fait

mouler et déposer au musée de la Société d'ant1 ! 1'opoloryiè,fI I." Du-

'eatte'/dans* sa'thé'së' en' a t\'aë'é"üÍi'e\ dèÍ : il)tiÓIirînin'hlieÍ1se"{IUe

..h 'rfl'...d"<Llnr' t"1Tl.(ff l ", r ,çrrri JO'" ."... 4 ,op "l 1 . f '

nous ne pouvons reproduire à cause de sa longueur;1 nous' nous

'IJOrIleL·011S taU1 110111t3'1)l'lllClpalli '1'11 ? 1111 1 1(\ "II"'I)I1)p ? nl ! if

j ? P.i ? rii)¡ £ ? qqlti : e ? I,t ? I(,7, La'plus grande ''longueur du' cer-

veau ? 1 281 millimètres'; 'de l'extrémité 'frontale'1 antérieure atlai'scis-

" sûre de Hola : 11do',ù lè"lüÚ'g' dû' DoÍ'd sagittal, "88rh'iill.; 'de la scissure

'de e la an 0 à scissure occipitale- externe', 36 mill ! ;'de celle-ci au

pGle occipital, 23 mill. r .-trmf ." rm ,up uh itr ? toun'nl 'ItT

"'f'«'La plus'ratidelnreur du'lolle`frotital,'83 mi]).; du lobe tem-

'p'oral, '98 'milr ? du'lobe occipital, 73 nlill'l.a plus grande hauteur,

GO mill., et la circonférence horizontale, 377 mill.JB ? ,1 (11)1 ? IWIIS¿ ? 1« LàloÍigiîëurédliLè' à -100,' on a les 'proportions suivantes :

lolt`guéilutdu'lôliëlfroiiLUl,'(i8,7 : i;rdu'lobe pariétal;1 M,12; du lobe

occipital,' 11,96 ;'Iargeu ? dú"Joh81 frontal ? 66\40;' dulobe pariéto-

' temporal, 76;oC; du'lobe" occipital, «37, 03 ;Ma plus'grande hauteur,

' 46;87 ;'la çircônféreticé'Itcirizontale ? 91 ? i3 : ' pu, ? '< J-' Irol1' mn j"I,'1

ln' « En' éOlllparantIEoe,r ? à là négresse' de 11 : Baillârger ? on« trouve

les différences suivantes proportionnellement à la longueur totale :

Eiil ! faveur"1 d'Ed..p.V'longuèïïr' du'' lobe' fi.oiltal ? 7r,G9;'tlargeut'1 du

lüêmé lole;t ? ? 7.tEu'faveur'dé la- négresse, ^longueur du'lobe' pa-

riétal, 7,74, et du lobe occipital, G,9 : ;i largeur du lobe temporal,

43;G ? et'du lobe' occipital, 3,83 : ' plus r grande bauteur;43;99;1cir-

'éônfélence`bouirontale,' 8,73 : » T'1 t.l ''w''f /'l'" l) ,> l/'1' ',W'If"

'11Jf ? I.91 ? Q ,,j·tr,·t t · ·tmh ,1 ·.ry,tl ,i ' ln..Irt ? Jt u1 ntmn rttx'r i

1 La micl'océphalie au point de vue de l'atavisme; thèse deI Paris, 1880.

- Les deux, Planciuîs, que nous avons.(fait faire pal', 1\1. Lenba,.d'après le

moulage du Musée ù'¡ ! nl1,ropqlogie, permettent de se, rendre compté, des

principaux caractères que présente l'encéphale. '' - '

DE LA \IICIî,oCI;PH.1LI. 77

.;TII 'i ? ¡¡ ! ,mn')3 : n J 1

Les Planches I et II, qui accompagnent cette observation,

nous permettent de nous boruer ,v une courtë dëscriptioü. t ? 'u ? 1 tl'C"I HiJ l.J'1tHf P a·n 1`II h 91'Jb2 i'i13 L dlil,U7 ? 1J ? ·.yyyWS4

. Les lobes frontaux son l aplabs, 'très allongés,1 irregu]iers. La p1'C-

mière circonvolution frontale (F 1), des deuxt'éfité`s,ocüpé'lë'plu's

grande partie du lobe frontal, de sorte que les autres circonvolu-

tions du lobe semblent refoulées et atrophiées à son avantage ; à

droite, , elle semb)e s'étendre jusqu\à ia scissure de Rotando en

refoulant en basset en arrière la 'circonvolution preroiandique.

Des deux côtés, ,elle présente t'incisure longitudinale propre à

l'homme; cette incisure est plus longue à gauche, où elle se ter-

minej en .arrière Lparpune,;loifurcation qui représenleflaipartie

supérieul'ej\(lu, sillon 1 prérolandique; ,ù. droite, elle, gagne, .oblique-

ment en arrière, le bord sagittal de l'hémislylière,sanshifurcatiôn.

La deuxième circonvolution frontale (F 2), à gauche et à droite,

est très petite, refoulée, par la première, de telle sorte qu'eïïe sem-

hteavojr, perdu, ses, connexions, normales .avec 1v circonvolution

frontale.ascendante en arrière, et la1 face, orbitaire^du.lobe frontal

e1).,ay.allt.t\f : iol\(\J\ ! Stl)\\' " .xix» j' ,(, "0"1 ? .(,J\Hf4L «-, ? , !

''11 La, troisième circonvolution frontale (F3) est divisée de chaque côté

eri dcaypartiés,,açïvieureet postéuieure, partl',vïiôlë scipérieur, de

la fosse sylvienne et l'incisure longue ,à, gauche,' rudimentaire à

droile. L'espacpjcompris entre 1 extrémité inférieure de la circon-

volution frontale, ascendante (Fa) et cyl ? nciurYII.1, ? lrê ? 113. ? eI}t

aopiné.' est dans,la partie., l,ap)up'os[rieuredej'.cet. espace

}\u : onhié : q',est ¡.Rps < la.. pa,ri.e J,'}, p'IY,qJP,oMri.¥ujt,fl¡ ? qtBlysp'a,ce

j(IU'pslJ'localiséella faculté. de-la, parole Ldern onse le rappelle,

1 X .3 .1.. - ? Jo ¡,......'1...- 'Ul-u.r.J Ii ! J.t'-f ! : t;YU '.I ? G.1' J.JJ. J.¡ U.1.H. ! J.1 ri tJU

ne prononçait que quelques mots. r",n r If 114<'1'10 c.tI.q

fi' La PLnw : JIF;II,donne une idée0très exaçtg,,de,la,dispos4tloy,des

trois circonvolutions or61taires (0 1, .Q, P 3),4llfrs incisures et des

bÛlons qUI les separent ? ,t¡I.GJIIO\l'JOfI " ? 1 "[O("J ? , 131 l" Jhw ù¡1

.. Revenons t4lqJface, convexe, (Pr ? I). La, frontale, ascendant^ gau-

che (Fa) eSt¡rrégLi ! 3.r'T'S 1)lais, assez dis,t.ipçll3, l tnq¡s "qu .l'lIJI : pi{e

est,très irrégulière, pour ainsi,dire abs..9rée,.par Ii ! : pI : el,nre .cir-

,rouvqluLion;,frontate.,Lo(S27toi de Rolando est moins, profond, qu'à

l'état normal et s'arrêle : ,à l un.e.1 crta ! ne J dis ! lAce(,¡tlJ.ïrI,ess-,dÇ¡)a

.scissure;.de. SJVi ! lS; «I.ÇQI1)l ! Ç ? q ? J le foetus de, neuf mois», écrit

M..DuQallc.,tlol ,.I ! ? II1',¡¡ : >/]( ! otÍ"O'I"'H1 'dl1,w'1J q'ln"'u il"lt ' I

ni. La ¡¡remièl'e.cÙ'convolulion p.a1'iétale (Pr.. 1)"offre sur .le bord supé-

-.rieur, une incisure,lcourlJequiJestlla,terminaison : de, la, scissure

'sou6-fronta)e.jt"u.u') i. : P,¡ : .lJ,jlél/'IO ? lOI 1ft. j<. ,n.i .II t",

- 'taLa deuxième, circonvolution pariétale, ,1}Îin.c.9,anusa ,pal : tie anté-

ricure qui se continue avec la première; temporale, s'élargit .vers

l'extrémité du premier sillon temporal, dans sa partie postérieure

(qui présente plusieurs incisure; l' J -t S : '·m, .nx 3'\' "h ? l'" .11 ? 1

" Lu1' première7 cil'convolution 'tem¡Jo1'ale cr 1) s'anastomose 'avec-la

"seconde0 é'i0'o,vaut'J 'et ''avec ! -la1' deuxième' pariétale '(P2) ) en

·urriq9oue'I rmea'Jq uy r·m,,W J.Jna "'11 : 1111" , r

78 J/UCg,GCUCII; DE1F.\.ITS ? J aa

arrière'.s='ILvsèconddlcirco/zvolütio7a'ternporaler (T 3) s'anastomose,

avec, la, .deuxième ! pariétale, ? en-' arrière 1 et ? en f avant avecr.Jes

tr°i.sjme 1 et 1 quÇarI ! ¡eJ. mpQ¡alesjP( : 1J.nb : r 3, ¡} 4 ? Jt : U ! ( ,C31,J ? I1

occipitaux, sont frès petits, f ""a m- -1111[1 ? 1 ,.1 '"I,w' 't""01 ' '1{,

,,«1 Entre le sillon occipital et la scissure calcarme, dit Ducatle,

s'étend, le lobule sous-occipital, formé'des'quatrième''et.'cinquième É

circonvolutions Õ'cci pi tIcs,t bntiiiU : eR "éh'a\,'ânt 'ave¿' les' h.'61sï'èîHe !

quatrième et cinquième tem porales ! 1 La'i[tlàtl'¡ènÍe"üéclpità]c'1slll11t

a\7cc '11csB l1 ! oisièIIHI'etl quatrième' ! temporales- fusionnées ;ila,1cin-

quième occipitale avec- la cinquième temporale parle pli de.passage

occipito-hippoçanïpique. A, gauche, ilaïquatrièmc cttla cinquième

circonvolutions, temporales sont séparées par un sillon- linéaire qui,

en avant, s'arrête un peu plus d'un centimètre, du.bord. antérieur

du lobe temporal, et, en arrière,, dans la portion antérieure de^la

cinquième circonvolution occipitale 1 où. ;la cinquième temporale

s'anastomose"avecJa cinquième occipitale "et 'celle-ci 'avec la troi-

sième et la quatrième temporales fusionnées. A droite;)a'quatrième.

et la cinquième circonvolutions temporales sont séparées par un

sillon très long qui, en avant, s'étend presque jusqu'au bord anté-

rieur du lobe temporal, et, en arrière, se bifurque en deux bran-

ches dont l'externe sépare la quatrième de la cinquième circon-

volution occipitale et l'interne se perd dans la cinquième occipi-

tale, près de l'extrémité, antérieure do la scissure calcarine. »

' , . , .il, lui 1 1.1, 1 / : Il Il h. H . , ,

Nous n'ajouterons aucun commentaire sur les scissures, les sil-

lons, etc., ni sur la face interne que le moulage et les planches

n'ont pu reproduire et nous-terniiï1ëFÕÍls par quelques remarques

très brèves.

' 'ti : iT ili r · -· ! t -(TT." r I/'J;' i, ,¡ t ? I f) -'<1.T, T il

I. La description , résumée du cerveau montre que, en

maintes régions, on observe un état foetal ? ?

II. Dans ce cas, de même que dans celui de Ch... [Archives

de Neurologie, t. IV, p. 52-60), la microcéphalic est indubi-

table, puisque, d'après Broca, la microcéphalie commence

lorsque rie cerveau pèse 1,01-9 gr.,chez l'homme' et 907 gr. chez

lafemmo;et que -le' cerveau d'Ed ? ne pesait que 650 gr. ->-»- ,

') : ! lII;'La comparaison- entre les Planches l'et II, relatives au

cerveau d'Ed...;· et les Planches l'et II du- tome IV, qui. repré-

sentent le- cerveau de -CIL ? permèttra de constater de-pro-

fondes- différences entre ces deux cas de microcéphale, (¡ 'fIl'

-3 : 1V. Au'idire de' 'Gratiolet ? «ries microcéphales constituent

une catégorie' particulière de nains.ne dépassant guère la taille

des'enfants de dix ans ? Il Ed... avait une taille bien au-dessus

de la moyenne, et Ch... mesurait 1 m. 65.

V. Ducattc pense que, «(1 chez IIs.,microcéphales,. il y a lou-

DE LA MALADIE DBI BASBDO\V. 79 J

jours,' avec ou sans atrophie des organes,.gén ! taux, absence

complète de manifestations génésiques, à, l'exception,, toutes

f61s,'dê'Conrad Schuhehldreyer 1;\ qui : 'une seule fois,1 cut l'air

de vouloir violer la femme de son frère,'et' de la Paria indoue;'

de Sh'o'ru : 1quï'eui; paraît-il, un enfant' mort-né ». L'état et le

fonétionnen1ent' dês,orO'oâj{'es''gén'it'u'f ! 'ch'¡z 'lÍ(5s"deux n-\alàdës

, ? ? ) - 1 .lI' j f,' ? - '(1411" i Hitllql.J ,\, ,l, Il.11\,)111\1 tq.

ne confirme pas cette opinion. , ''111' of ,,r, ? , ?

,,Comme on, le, voit par, ces quelques remarques, l'histoire de

la. microcéphalie.·est loin, d'être faite. C'est avec des observa-

tions, bien prises; des descriptions ! précises et des planches des-,

sinées avec un soin méticuleux, qu'il sera possible d'arriver à

une'1 notion''précise ? Ce' qui' ressort, 'cependant,'1 de ces deux

observations' 'et de'-la comparaison des planchès;ic'est que la

1"nic"oép/¡al/e¡Jl'st pas toujours due au môme genre d'arrêt de

d' 1" j., 1 ici ... i "1 VI...' J.J( 1'" 1..(..... II" F e

dévelôppemént : ,tr ! J ? HI j l ? ) J/I "11" .JJ' Il h' ;1

', ii-, - , j' 0" Jill" . 1 t 1 ,(. 1 1 .' .1 'ÍJ. ¡ 11 J j J ? Il 1 t 1 ili 'II ,

"HO (1 j no '.i1 I' I.¡ Irl )ff) il si dl t., rq '1 1 1 1 , ,

tflJO JtJlItIIt'.l ! , n W i In fil Ir q q n 7 Idil v il JUI"

- 1,- '1 CRITIQUE l ? ,, 1

- 1,- 1- [1"'JJ ? jlJ ? a 1- lie- - '...JU , Uu 1.1 ,ni^ lilW3, il ? u..¡ /

- ? ¡'l Il

SUR LA NATURE ET SUR QUELQUES-UNS DES SYMPTOMES

, 'DE' I,a1,,1111LAD11;1DLa13ASD01'i;tTnm ? · '" ? ' J ? " h - : > : b. T,F' Par P.KRM MARIE.1 ), '' " ' ^ "~

'1'1 il 1. r ? f. r , CI, ! ? r¡ 7t t ' t\ ' , ·r / "

^..f ,l, ? I..ll,| -XC>" ri ' 1...'1 "IU ,J. 1.' t' '' ' 1

'La maladie de Basedôw a passé : par des fortunes bien. di-

verses 'depuis qu'elle a été élevée' au rang d'entité morbide,, et

l'ingéniosité dos'physiologistes'eh') chambre, s'est 'exercée' sur

elle avec une 'prédilection toute particulière; pneumogastrique-

ou; grand sympathique; affection du coeur ou anémie, tout ce-

qui de près ou de 'loin" a 1 quelque rapport avec"le- goitre et'

l'exophthalmie; r tout, cela, disons-nous, 1 est 1 devenu da base

d'une théorie sur la pathogénie de cette affection. Fallait-il

dilater un vaisseau ? vite on paralysait le grand sympathique;

{,(I i i u 1 ? -

- 1 Vogt. ,11ém : sur les microcéphales, p. 26. l '1 ? , rit] /

80 ofTIHI'1 ¡ : t> : : R¡ : : ,9.IXf. ! QV.E. : LI. '11 i

- faire contracter des libres musculaires lisses ? on excitait ce

même, grand, sympathique ;, , accélérer les battements .du

coeur ? ici, grand embarras, quel choix faire entre l'excitation

de^ce l 'nerf ? et la paralysie» du, pneumogastrique ? Il en est,

croyons-nous, en patlioâénie,comrlie en thérapeutique : beau-

coup, de remèdes; peu de guérisons; beaucoup de théories, -peu

,de véitç., '11f11 W7·e fr ·,rn si nr ' *"' ' ,. ? 1 ,If ! ' 1 l " ` ,

4' Nous n'avons pas, pourlpqtrj3prt, .l'intentiQn d'ajouter une

nouvelle hypothèse ajoutes celles qui ont été émises à plaisir

sur ce sujet; mais, ."comme, il, nous arrivera forcément, dans

l'interprétation ^des^symptômes de- la, maladie de' Basedow,

J : l)tp9yr,.fp.u,te,d.mellx, lojrnot de névrose, nous tenons à

donner dès maintenant une ! brève .explication à ce sujet.

Certes, nous nous garderions bien, et pour cause, de chercher

il définir,ce que cest qu'une névrose ; aussi, nous ne nous ser-

virons de ce mot que dans, le, sens purement conventionnel

d'affection caractérisée par un trouble des fonctions nerveuses

d'une nature spéciale,' et ne s'accompagnant pas des^lésions

que l'on observe plus ou moins communément dans les autres

affections. , 1 ? - , fl .

Dans un récent travail' inspiré par notre' maître, M. le pro-

fesseur Charcot, lious nous sommes efforcé de démontrer que

la maladie de Basedow était due, non pas a, l'altération plus

ou moins apparente de tel ou tel nerf, non pas même à une

névrose du pneumogastrique ou du grand sympathique, mais

à une névrose affectant les caractères d'une névrose générale.

Nous préférons ce mot de névrose générale à celui de névrose

centrale', parce que cette dernière épithèto préjuge en quelque

sorte un siège à cette affection, 'et que, de plus, elle n'exprime

pas assez, à notre avis, la dissémination à tout l'organisme des

symptômes observés. -1' "f -Ilf . , '

Plus récemmènt'encore a paru un travail fort intéressant

de notre'ami'G. Ballet, sur quelques troubles dépendant

du système nerveux central dans lé cours de la maladie de Ba-

sedow, et dont le titre seul indique assez l'esprit dans lequel

il a été conçu*. C'est ainsi que l'auteur y rapporte plusieurs

P. Marie. Contribution à l'élude et au diagnostic des formes frustes

de la maladie de Basedow. Thèse de Paris, 1883.

. Gillert Dallet. De quelques troubles dépendant du système nerveux

central observés chez les malades atteints de lloitne exophllealmiqice. {lie-

vue de, médecine, avril, 1883.) , - ·

' . DE LA ^MALADIE DE BASEDOW. 8t I

observations; 'dans lesquelles' les malades1 présentèrent °denvéri-

,tables' attaques épileptiqùes ' ou' des1 attaqûêV blnleptlformes ;

dans'd'autres'cas ? il'montre quchles phénomèn'es[paràlytiqU'é's

plus ou 'moinsTprÕÜoncés'Í)eiivel1t(s'ur{'el11r, et que1ce plÍérlÓ'-

mimes peuvent consister "soit''eh'h'émrplégies7r'soitrcn"paraplé1-

gies,8soit onuhG ! 'gcne''plus'où"m'61ns' dccentuééndé certains

mouvements volontaires; on a même observé une paral3sié'à

formethémiblégiqiie' aceompa'gnée''dè1tro'ublék 'dc'la' sensibilité

(hémiancsthésie) cl J même l'llol' 'm\'l' "" "'1'1 ? 1''1 ? l ? ffO'1

ger'e. En outre 'de' ces accidents placés'sôus lr1`dépeiîdâncé ün

m édiatc^ du ? systèm e7 nerveux^central '1\1 : Ballet ''en' "signal e

d'autres qui, bien' certainement, sont"dus& ? un''mécani5rne

analogue. ! >Nous'voulons rparlbr"dés troubles' de là sécrétion

urinaire : 'poIyurie'glyc6sui'ie,albùtninurioqTn, très 'prob'a-

blcment, et 'nous- partaâeons'en'cela,'J1'ôpiniori'de M.' Ballet',

'sont beaucoup plus fréquents''qu'on'ne 'sëraitrtéÍ1té'Ue'le croire',

d'après les' observations recueillies jus'qu à'ce' jour. n )11 : ),,11'; ''

..., .f .l1'.t Bff Hff'n"Of'fTff1(îf)", "'T 1 n't : l'·· -il. 1 n -fin 1"

Nous-mêmes nous avons, dans le travail cité plus haut, rap-

porté' un certain nombre d'observations soit personnelles, soit

puisées dans des publications diverses ou se,trouvent signalés

V'i > ! Il 1/ nhTIR ' Wn f f '- ,'IMMi.l 1 Il 1 ï un ? ?

des symptômes dépendant très vraisemblablement d un trouble

des fonctiôns dû systèâlé nérvéüx central. Diarrhées paroxys-

.1 f HIll # ? t' 1; 1 . ...1.0 Ilr ,1 "PI,.II ,I11o ? n, r ? .,j,t ..

tiques présentant ce caractère spécial, de survenir, une .façon

- l r ? ? ,"«, rTl If l'1 II 1 1 1 1 : 1t ? Il.- ? > -111Un 'W ·

brusque, généralement sans coliques,, de, durer quelques

heures et de se terminer non moins brusquement,, qu elles

avaient commencé; - boullinie, ou tout au'moins violents et

an « h tl·1· i » . "loi , i » ? '»> . w > ? , ï ' pi ? ' *

fréquents accès de fringale; vomissements quelquefois in-

1 i ? ,1'" 7DHr'»i<T. ,1 ,.11 « ? ? .. q il' x i i

cocrcibles ; accès d angoisse précordiale"revêtant àbsolu-

ment l'aspect du'syndrôme a ? ? y : He epo/< ? He; ? t augmenta-

tion 'du''nombre 'des respirations^ qui' se' trouvent ^portées, en

moyenne au chiffre de vingt-quatre par minuté ; ' toux, fré-

... J ? |n, . r rr 11 ? 1 ni,0 ? 1 ,, ? t il n»1 - 1

quente, qUIl1 teuse, sans expectoration .notable; ? qj sueu7'S

abondantes généralisées ou localisées, s accompagnant souvent

d une sensation de chaleur purement subjective; ( manifes-

, ? > fI,tl1 ! eefd ? plê -r * ? ? > ° M. 'ïih; p¡g}ll.eltr1s, h)lt.c i

des sourcils et des cils, urticaire, etc. lil : (11a1 . ul n ! I 1

Tous ces symptômes si divers pourraient,à la rigueur,, pris

isolément, s'expliquer, il est. vrai, par l'hypothèse d'une alté-

ration des nerfs pneumogastrique ou grand sympathique,' mais

quand on les,\ voit exister chez le même malade -'simultané-

ment, quand on les voit coïncider avec des troubles psychiques

Archives, t. VI. (

82 1. REVUE CRITIQUE... y

du. avec.'les .phénomènes décrits par'Di : / G.'Bâllot (accidents

convulsifs, hémiplégie,' hémianesthésie; glycosurie; etc.);[ coin'-

ment pourrait-on s'arrêter'à'cette idée qu'une, altération ! plus

ou, moins grossière'du 1 nerf vague' ou" du .' grand sy m IJathiqlOE

soit ! seule en cause ? Il, rJ'¡.,i', of eifcn 111110'1 rtmd e i 1f11l)'ïf 1"

'ïf -r) ' '11 ' -i|i".J ? 1 9 ? Jfm. " ,,r '-x- 1 ? ij ,-x v .,

Il D'ailleùrs, ïl'ëst "Ull,'autte pli'énmèÍië 1 If 1 si de

D ailleurs, 11 est un autre phénomène propre la maladie de ? ? f...TT In ? ...l'. - ,ff ll r ?

Basedow, dont nous avons, dans notre thèse, fait une étude : : 1 r. , .I : .op ? HIT, if Ill-1 10,1, , ? JI t, ... ? tH'" ., .. Iq à

détaillée,1 ' et 'qui nous semble apporté J un 'argument précieux à

, .. ? i,.i s.n '.tl ? ? ffl,u. ..<» , *i,.i|;i.|i, r-

la manière de voir que nous venons d exposer : c est le trem-

blement. Dans aucun.des quinze cas, de,, maladie, de Basedow,

.type ou.fruste, qu'il nous, a.été donné d : 9 ? set : YeF,}1Ú\1 avons

vu manquer ce,, symptôme ; ^aussi avons : nous cru, , dans, nos

.conclusions, pouvoir, le, considérer, comme : constant dans la

maladie de Basedow, 'et nous sommes-nous efforcé 'de' décrire

-les caractères particuliers' qui "permettent' sinon de le'considé-

roui comme absolument' spécial à cette' affection, 'du ' moins'de

le' distinguer des tremblements' observés'dans' d âuü·ès affé-

. f. ? .. ,i- I'..... rl . , ? ? i,- ,,i ? ,4, < ► ? ;

tioris (paralysie agitante, tremblement senne,, paralysie géné-

rale, alcoolisme). Dans, ses,formes les, mieux..accentuées, ce

.tremblement est- généralisé et occupe Jes : différents 'museles du

- corps ; -, mais , fréquemment- aussi, ». il-» n'est , constatable, qu'aux

seules extrémités, et- notamment- aux- extrémités'supérieures;

quelquefois- assez' prononcé 'pour 'rendre' celles-ci' tout' à ! fait

inhabiles à certains travaux '(écriture; couture, dst sou-

vent moins marqué,' et, , pour 'le' reconnaître"/ il'est ' nécessaire

de faire étendre le bras, du malade et d'observer directement sa

main et ses doigts. Le rhythme d è " é e , t'r'e mi 'b 1 e 'm"c n'*t' 'e s't' assez

rapide, surtout si on le compare à celui du, tremblement sénile

ou de la paralysie agitante, -et avec le, tambour à réaction dont

nous avons fait usage, nous avons constaté que.de'f chiffre

moyen des oscillations par seconde est de huit et demi, tandis

que, dans 'les deux maladies ci-'dessus'désignées,'il n'est que de

cinq ou six oscillations dans le, même laps de, temps. l , ', Il i

cinq ou six oscillations t dÍuls' Je, mêrliidà'p's de : tem¡')s.'J '1 : 'J 1

1 {' 1 1 put ..1 Il l' il- Il 1 1 . ( ? , 111

Du reste, l'existence du tremblement dans,[ la, maladie, de

Basedow n'avait pas échappé à un certain nombre de méde-

cins, et nous avons pu relever sa mention dans dIX-hmt obser-

vations provenant de différents 'auteurs;, 'mais ']son' 'existence

n'avait pas frappé spécialement l'attention de la plupart de ces

auteurs, qui se sont contentés purement et simplement de

le noter ou qui ont. rapporté son apparition à la présence

d'altérations des centres nerveux indépendantes de la maladie

DE LA MALADIE DE '/BASEDOW. 83

de Basedow. Parmi les médecins qui avaient déjà remarqué le

tremblement de la maladie de Basedow, il en est un; M.Gué-

neau de Mussy, que nous avons omis de-citer dans notre thèse.

Son mémoire,1 sur ce sujet nous étant inconnu à cette époque,

M. Fcrnet a bien voulu nous le signaler et nous sommes heu-

reux de réparer.ici notre omission, (les faits 7qui,y sont rappor-

tés sont trop intéressants'et coiicor ent trop bien avec ceux

des autres auteurs (et les' nôtres, pour. que 1 nous manquions

f 11 71 ., 'j.tf.tt ? î-'<'t ? K'tt'K. n u

1 occasion d en donner un rapide résume.. , 'T"" , 1

,1 "JI"" ) ? 1, "t, , - ? \1..\ 1 ? 1 J

( O'usÊRi ! O'I ? 1 JéÍllÍ' nÍ.àriée" de dix-neuf, ans; surmenage ¡il-

tellectuel e'xo'phthalmic ? goitre.1' Pouls : 120. '« Les mouvements

étaient saccadés,5 irréguliers, tout' à fait'choréiques ; ce trouble des

fonctions motrices persistait pendant' le sommeil' qui' était 'inter-

rompu et agité.'Les yeux,- saillants outre'mesure, étaient par. mo-

ments agités d'une sorte de nystagmus ; pendant plusieurs semaines

les anomalies de la fonction locomotrice furent poussées si loin

que la malade ne put pas, marcher; elle faisait quelques pas irré-

uliérs, et tantôt se précipitai en avant, tantôt se rejetait en

arrière; 'elle sentait 'd'ailleurs très bien qu'outre son arythmie et

'son' incohérence;' la .' contractilité' musculaire était affaiblie; en

Jexplorantr'ie pouls,' de fréquents soubresauts des tendons se fai-

saient sentir. aui niveau du carpe. » --Crises de vomissements in-

quiétantsjpar leur .persistance; d'autres fois,. après plusieurs se-

'maines de constipation, des crises de diarrhée soudaines,' violentes,

mais de peu , de durée. Au, bout de liuit oû dix mois, les mouve-

ments choréiformes cessèrent pour, ne plus reparaître, bien qu'il y

eût toujours, quelque chose de brusque et de saccadé daus ses mou-

vements, et un peu de tremblement dans les membres. La voix

était habituellement rauque ; il y'avait une toux fréquente, qui-

teuse, persistahfavec opiniâtreté. Quelques mois plus tard, la ma-

. Jade succomba, probablement à la suite' d'une tuberculose pulmo-

naire aiguë. " Il ? 1 ? 'I,d , ? ' ,.r

, ' i 1 f ... ? 1 ". ....

OusEnvATtON IL : Homme atteint d'une affection, cardiaque,

présentant une tuméfaction du corps thyroïde et une saillie con-

sidérable de l'oeillimitéès 'au 'côté'dr'oit; et ayant des mouvements

- choréiformes dans le bras dû- même côté ? (' '"1"' 1(',

il ,1 .' , r-t1 1 WI ,(' h ' » f- '" 1 1 J. \ / 41 J·i[

Observation- III. Demoiselle de, trente ans; saillie anormale

au côté droit du cou : lobe droit' du corps, thyroïde très volumineux.

Les deux yeux sont saillants,"mais l'oeil droit l'est' beaucoup

''plus' que le gauche. Quand, étant 'assise,' elle appuie la pointe du

Í, 1.)

'.Mémoire lu à la Société de Thérapeutique ' (9 novembre 1881) par

M. Guéneau de Mussy. , , 1 u , , ' . '

8 Il 111l. : TFREVUl'] critique.» aq

pied-sur le sol, elle est parfois prise de tremLlement;,elle a remar-

qué ce phénomène qui. n'est pas -constant, , et elle ignore s'il, est

plus prononcé d'un côté que de l'autre. Pouls : 132.. l, f 1 ., h).'I' '*

1 r - .... J ? , 1 1 1 . 11111J, /ilijlfliin.n ? OI3SEr11'.1TIONIV : Homme de- quarante) ans,- arthritique,' lynij-

phasique; hypochondriaque; amajgj¡;sement(considéraJ ? JQ;. exoph-

thalmie;'plus lard ? oitrc.lPouls : IH0;à,18. ^, Coloration , bistre

foncée de la face aVecl plaques pi,-iiieiiitii@es, en .dansées

fosses temporales et sur la .paupière, inférieure. Quand il était de-

bout, il écartait les ïambes d'une manière insolite, comme s'il avait ? ? . , ., 0111' HIO ? : tlll'{ vu - j \ J ,'t ? j, '1'.rq.

besoin d'élargir sa base de sustentation,1 et quand, étant assis, il

- 1 ? p'. i ? 1 Si ? - "'1' du nt' -i 1.1 ? t - ? 1 ' , :

soulevait le pied en J'appuyant sur sa pointe, tout le membre1 se

mettait JIISLIU "' a ce "' (lu "'I'laisâOl ' 1 talon retomber sur 'le

sol. Ses bras tremblaient1 fortement quand'il'les étendait en écar-

tant les doigts." Sur' les' deux'' côtés' du cou et- au i niveau dmmé-

diàstin, il y avait tuméfaction des ganglions lymphatiques,'hr;1 ...1

1- l, leli'i Ht ' 1 ["¡"CI "'1(;,11 .311y1 , Ii n lirl.v ? 9'1'/( ? "If I^nw

»n.M.' Gnéneau del\1ussy fait à ce propps remarquer)es.tro,l\pJC¡;

de l'innervation cérébro-spinal eu présentés 1 p'ar¡ces quatre.ma-

lades, simulant la' chorée chez -deux» d'entre, eux ? et , revotant

chez les, deux autres l'aspect, de tremblement : . il, pense (que ce

tremblement pourrait bien exister plus souvent qu'on ne le

signale généralement. Il, se demande, si le. développement, des

symptômes de -la, maladie, de- asedow ! n : est pas, jusqu'àl un

certain point, sous l'influence, de, l'incitation, produite surale

pneumogastrique parles ganglions tuméfiés situés au;voisinage

de ce nerf. Peut-être la maladie de Basedov, serait-elle d'ori-

gine périphérique tcomme certaines myélites ? Peut-être la pro-

duction exagérée du pigment cutané serait-elle due (ainsi, que

- le pense M. Grunhow,- Congrès international de Londres) .aussi

à cette incitation morbide du pneumogastrique, qui,, on le sait,

jprend une si grande- part dans la. formation duiplexusisolairc.

. Et maintenant que nous avons^énuméré tous ces symptômes

si divers, ne semble-t-il pas, plus rationnel de ! les rapporter. à

' un état morbide spécial qu'à,unc altération localisée. ! au, tronc

"de tel ou tel nerf ? . D'ailleurs, si, abandonnant, pour quelques

- instants le terrain purement- clinique sur, lequel mous nous

sommes placé jusqu'à présent, nous, voulions;, nous,,aussi,,em-

prunter à la physiologie quelques arguments à l'appui de notre

manière de voir, ne pouvons-nous pas invoquer en sa faveur

les expériences de Filelme l On sait, en effet, que cet auteur

' W. rilelme. Z Ill' hulhoyenese der Ba"se(low'scheii krankheit (Sil- : .ungsbel'iclden der physik. nied. Societdl zu Erlangen, 14 juillet -1870).

DE LA MALADIE DE·BASEDOw. 85

parvint; dàns'un* cas -chez le 'lapin;'1 par'-la ''cautérisation du

- " 1 " t*formes' à produire simultané-

ment la tachycardie'le'goitre ot'1'exophthalmie (celle-ci était;

parait-il ? peu' prononcée);, plusieurs fois; la section pratiquée

au même-niveau amena- l'apparition isolée d'un ou,de deux de

ces'symptômes.' C'est' donc' là une expérience qui prouveiassez

nettement' que le fameux trépied ' qui' sert ' de base'au goitre

exoplitlialiiiiqiie peut' être directement produit' par une lésion

centrale. Est-ce àaüë pôür,'célaque tl,on pUle Pf, ? du\re ? p-

la ? m'aladie ? dd'B'a's'e " Nous "' le ' ' ' "s

rimentalement.la maladie, de Basedow ? Nous ne , le .croyons

pas, -du moins dans l'état actuel, delà méthode expérimentale.

En, effet; nous : admettons,que, l'on puisse, comme l'a fait Fi-

lehne, donner naissance,, soit, isolément,, soit, simultanément, à

la tachycardie,1 au goitre ? il l'exophtbalmie;' 011' aura produit

ainsi un goitre exophthalmique, mais non la maladie de Base-

'déw ? denric ? melquer'laepiqître du quatrième ventricule" donne

naissance'1 à'iafglycosurie/qmais "non" au diabète,- dejmémo

'qu^ne'lésion "de 'la' partie postérieure' de. la' capsule interne

produit' l'bénüaliestbésié;7mais'nonr l'Ilystérie. Nous l'avons

'déjà dit; la maladie do'Basedow ne dépend pas ^uniquement de

'la triade goitre, exophthalmie,'etc ? =elle est constituée aussi et

s'ûrtout'par cet état nerveux particulier. que nous avons décrit

'plus' haut ret'dont'l'e tremhleÙ1ent ! est' j un des-symptômes "les

'plus-nets et les plus constants : rI ? IJ(,)) 1 ? 1 'ff"T ·yï"un r "

"'(Âussi' pourrait-orÍ ? jusqu'il un- certain point, admettre l'exis-

lence' `dzstiacte rd'zcn goitre exophthalmique et' de la maladie de

`'l3asedocv : Dans' la première classe; on' rangerait, ces igoitres,

'dans le cours desquels on' pourrait voir (ainsi que notre excel-

lent collègue' Bénard en' a, publié ! ' des- exemples récemment),

par 'suite -dé 'la'compression; 'survenir de l'exophthalmie, »et

qui"uous semblent ! faire partie de cette variété que notre

1 maître ? -M'. Lé Dëntu; appelle le goitre exophthalmique chirur- ? aicàl; la" seconde 'classe ? la maladie de Basedow proprement

'"dite" savait' constituée -par les cas où se trouvent coïncidant ou ? non âvecia' célèbre triade le tremblement et les phénomènes

nerveux multiples' dont nous avons parlé plus haut.

l'i-i-u il, ftJl71(r; 1 (. i»1 itnv ? '"i*i'l . c 1 - t'n ' , ,

lfJ)l/"l'1 1 f r 'f"1'"\ l ""1 ? 1 .1'"<[ q 1r( (r r '' r t , , , ,.

T`7 ,fJl ' , Il 7. ., , 1 : ll-i t t . ' .

\\,-1 , \ Il , \ ,\'1 1\..\ .,5 t ? , \'\ \ ,, , si

I I t 1 ., -x. A 1 .t, ., v \'\\'\ \ (1,0' Il

8 G revue1 critique.

» ...i i..« ïi i ? i - ^ t1", t.t À ), 'J,' 1 ? f Iq iq .jjj : ? ,/ 1 ? jn

,m, 'I·nI ` ,, ' IfrI3 ¡ ? 1''1.Rf ï )',111 4 '...' ? f lUr ? , JfIJIJlj ?

. : ...10-1 jl"')(5 » I j... ; i ? s. xi V i- j,J ti'1[J Il. ,hl l

- DU 11L;RI'CIS\IE ? Jt",r, . t (.I, t 4rlt : 'h""u' Í1j1f'.P' ? 11'1'" ,honnI' ..1 tOI ' : fH;f\ 1.>1 J111' ¿fi, '(Jill (

51,\;I Id ,i...i^BOORNEVILLE, et EL : S'4 ! J;"JJ ( .H Il JI" 11

i ri.i'03 hwpil '<'¡¡WI\1 IfH ¡¡]J"'IIl \l : J ? \ SSIt ? v$U : 19v1t` " JL1J 1)

. . 'III"1 f't "'),J' r,fl' r ... 1 pjff

I. - DE LA RUMINATION CHEZ LES ANIMAUX. ;

"lud £ ¡¡11011'lk' IJ"j &JJ]I'JJ,¡( "'1 110 J \II, .>',1 SfiO : , yu/,mllf ! . -r.J,

ILul' .....f ",C.I"l \LH'¡'T'V 1'1' t ? l" r, 1 t rH : n1ot ? r"'\h ? ? >, ? ri

« Certams animaux ont la faculté de ramener dans la bouche

.3t)(t ? ttjt' · j ? i.i.t.<Wt<)t.,) ? w't' I- ,. '-lu.. , -X.UVIJ-X ,\Ax | l,

pour les soumettre a qnJllnUf "1] mastication, a une nouvelle

pour les soumettre a une nouvelle mastication, a une nouvelle 1

,f t ,w t,tr7vv ·m 1111, , -" .T,i 'il. . tv , ! , ...., t

insalivation, à une nouvelle déglutition les aliments déjà ingé-

', , , Il, -»j.i ? ->""i t H-Ï»l-V-.D'»1

rés. Ce mode préparatoire de digestion se nomme rumina-

ti 071. r./lmIbau MI xtrBfa'jCf ! ' P MVI1 gel dlfll> : B19VIlo1,1 aU

'i0W- . v tin `iW ,t, v ri t) ` i ' ' r i, I f , y`r - I r o : J'jt Pld' Hi' ,'Oh\1 '\'d ,> ! ) ? nl ? t)i ? if'rtt,'J -»

« Propre a un ordre de mammifères qu on désigne, par cela a

même, sous le nom' de ruminants, le pouvoir de ruminer a été > ? 1 , ... }1" 'if ')fot,) l" 1 ? f ,11\ ,-\l' ,r, .. ) "),,1 'f'" '11( ? ¡ : J( ? J

attribue par quelques naturalistes a d autres animaux tels que ? n ? t"n ? 1 . 1 , , ri

la taupe-grilloh'et là sauterelle parmi les insectes ; les écre-

vissés; les crab(ès,"leS'-11m'iiço'Í1sï : Írmi lès'crüStilcés' et 'les' mol-

lusques; le saum6h",l'là dorade parmi les'poissons ;-['le' pélican

et leliéroli parmi les'ôiseaûx; tels çnfin'J'qu'e'lla marmotte'('le'

co6hÓi1l'd'Iridè; lè'lapin"et;le 'lièvre : Jdans la' classe des lnâinmir

fèrès. ü'(Lônget 1 -.) '' . Iiri,'1f-' ,,n'' "j ? . fil .. -'l'¡;U ? Dès'étdes plus précises ont démontré l'erreur de ces asser-

tions ? et'au,jourd'hui'les'physiologistes sont'd'accord pour rie

reconnaître l'existence de la rumination que chez les mammi-

fères de' l'ordre des ruminants. ? l '1 ""1\'11 t .' '

sN6usne donnerons-pas ici une' description détaillée du, tube

digestif de ces animaux. Nous rappellerons' seulement que leur

estomac se'compose'de quatre' parties : il le rumen ou panse;

2°, le bonnet ou réseau; 3° le feuillet; 4° la caillette./ ... 1

La73anseTest'la plus granderde ces cavités ; c'est là que s'en-

tassent -les, alimentsuincomplètement' ,mâchés;1 Chez quelques

animaux; le- chameau en 1 particulier, la panse .présentes des

groupes de-diverticules qui paraissent destinés à servir de ré-

servoir aux boissons;' cari leur, ouverture; plus, étroite que le

fond n'en permet guère'l'accèstaùxraliments')solides ? Le

bonnet, qui vient- après la panse,, est beaucoup plus petit; c'est

le véritable réservoir des liquides., - Le feuillet, ainsi que son ? \ 1 hl ? ' ; , : 41 ? l i, "f{Y ! JII Ó, "11' , 1

'1 Traité clejhsiologie, 2" cl ? t : I ? p. 9 ? 8.^ ".tt ! " , , L " - .

DU, MERYCISME.- 87

nom l'indique, présente des lames plus ou moins développées,

suivant les animaux ; entre ces lames se rassemble la bouillie

alimentaire. La caillette, sécrétant le suc gastrique, consti-

tue l'estomac véritable ? 1 ici", .1, "- ' u

Ajoutons que la panse et le bonnet communiquent directe-

ment avec 1 aesophaâé, qui se continue ensuite sous la forme

d'une gouttière ou demi-canal jusqu'au feuillet, lequel commu-

nique à son tour avec la caillette.

* LlIJd¡j ? l.t' r : 1li "\ ? 11 J ¡(luJ.tA1în ? JJ{ . : ¡r \ ! r... 1 t .

Les animaux chez lesquels on remarque cette conformation

particulière de l'estomac et qui méritent véritablement le nom

de ruminants, sont : le boeul, le mouton, la chèvre, 1 antilope,

1114 : r,r,.\ . )lp,p; . 111 "111rr.m. ;J I ) I.In · 11 r : H·W [r "r. ? 1 '

la gIrafe, 1 axis, le chevreuil, le daim, le renne, 1 élan, le cert,

lë'cIlevrHtiili1t : ld lkm'al lè"cllâ'ITl;JulIJ,¡j"1l 1'1' , ,¡lI),.J,/IIIJ<oh

le chevrotain, le lama, le chameau. , . , z

- SJ"11\v1O ludlU'l a.s.ll0' : i ! é»UU) ,IJ. YJ[O" r¡'I.cr ? (r. '11,. )N ? Li;} ? t

On trouvera dans les livres spéciaux des détails intéressants

sur, les phénomènes et le mécanisme de, la rumination chez les

l.d.Jd dl Jj'41 uflln. ctfW ? f ? 1 'f ,1 ¡l, ! II , ? 1f(d'I'1

mammifères.,Nous nous contenterons ici d'une revue rapide,

UJ-J 1.) l'HltlHUII'jjJ lÍlJ',i.Hr d1 .h ? 1\\H\''1\,1u.d"ul' 11 ? il' 'll ? l 1

sans exposer,, les expériences ou, les,, théories .pour lesquelles

f.rt ? t.nii' i ? tU).f.<j'-h ? )' ! ? ) ? t ? (tUHJJj-'

nous renverrons le lecteur.,aux.traites.de physiologie.. ,.

.JI ? ? J 1 mJ ? clin oJ' l1HiJ...,l, 1)j'J.&.vJ,JJ..J<'" W¡ . uUJ..9<\ ? 9uUI.;J Bi

1,D'après les, expériences de.hlourens,,tiles,aliments' grossiers

tombent, , en , partie,, dans ,la,panse ? en partie dans, le réseau,

tandis quejes aliments, atténués, ydemi-ûuides,.ou réduits, ,en

bouillie, Lre ! }9 : yA t J.; à,; J,1}J fo)" is j ? i prpprrtiQHI variable,

dans les quatre compartiments gastriques. Quant aux boissons,

elles tombent directement^ dans les, deux. premiers. estomacs et ! (I r,i\pJ ! ,eLa ! 1;si. qH,S, IeSqde,derniers,parJagouttiereoesp-

ph.aB ? I.etpYJ le ? onnt"f1mH,( «' .I¡ rv,5,-yi9'1 4'IriâItiTlr'r1^

Pour ramener les aliments dans ? la, boucbe,Ijdeux, ordres

d',prganes4 doiVent, .intervenir. les uns,; organes f immédiats,

sont .les estomacs : euŸ-mêmes;, les.autres,.a;ents médiats,ou

auxiliaires, sont-les muscles- abdominaux et lejdiaphragme. 111 : ,

Les physiologistes;sont très peu d'accord-sur -le) mode d'ac-

tionedesrpremiers"Duverney,lPeyer,Perrault, Daubenton,

Flourens,' Colim ont., faits à ce'.sujet).nombre d'expériences et

émis' différentes fth.éories : 1' Ce, dernier» expérimentateur, . trou-

vant'ineYactesF-les' : expériences de tFlourens qui.donnaient.- à

la gouttière oesophagiennes le, principal, rôle j dans l'acte, de, la

rumination/explique ainsile,mécanismeIdeila réjectioni des

aliments dans l'oesophage : la panse et le réseau se contractent

simultanément;-^, la première pousse vers, l'orifice, inférieur

de l'oesophage des aliments très délayés, et le second, des

liquides; l'oesophage semble, alors se relâcher et se dilater

880 REVUE[ CRITIQUE.

pourj pe,Ip.ttr ! 3.La1fe : "aliI).1eIftsJlt aux, liquides-.de : s'i1troJuirer

dl} 1 ],a. y ! }vité ;.\ puis I,l se .referme. et éprouve alors ,uned 9on : - I

traction ynltipéristaltique.qui porte,les;aliments et les liquides -

vers la bouche. Les matières alimentaircs,yarrivent donc dans -j

u1.gra ! ? (14tq.tde mollesse et ,mélangées¡ avec une-forte..propor-

tion de^liquide/qui est dpglutijpar l'animation une,ou plusieurs 3

g2.rgée, ,f, ? lud 91 6Up ? 11 ? ¡¡'i( ! ')hHjJ,1 .11.t rTUrliJ.rr1y1 ibros

é. QettQ ,,1 théorien est-) en ..grande;; partiel conforme ai la- vérité, h

Cependant la cause de la réjection n'est pas telle que l'admet I

Colin;,ainsi,queile;démontrent les explications théoriques f Je

Chauyeau,,contrôlées;,parz : lesc,rechcrches;tespérimentales do`> r)

r(9;Ust ? 1t. : Yoiciien résumé;let sans entrer,%dans le- détail1" des l>

expériences, quel est d'après- ces. physiologistes, le mécanisme^

d)a.l- : T,lmin.ation : J'31jh rllld./(fll ! j f-uu. wrtl, tn ? f.9q 1b '1[,'1OÚ

^Au. moment de lap ? jectiQn)lla'glotte se formé etl'Ófl même^

temps survient ! une contraction- très énergique et très'brusque ! '

du1- diaphragme, qui détermine dans^ la'- cavité thoracique 'une

diminution ! de, pression,- par- suite de.laquelle-lé poumon ? dont

l'élasticité est mise ? enrjeu;'attireeil 'tout sens les parois'de 1

l'oesophage. Ainsi dilaté, ce conduit remplit le rôle d'un tube

rigide dans lequel on ferait l'aspiration. Les matières délayées

de la panse se, précipitent donc dans, l'orifice,», béant de l'oeso-

phage, et alors une contraction du pilier droit du diaphragme,

séparant les matières engagées, provoque une contraction

»""' lLû-'r "tr ? \ `'yam. w, wf 1·1 rW · tt woW· m vi

antiperistàlfmue de 1 oesophage qui les amené a la bouche. ",u"

r Cette ^théprie^ diffère^ donc ..de, ! la uprécéclente. en ce, quelle, !

refuse un rôle, actif, à la, panse, et au bonnet, ,et qu'elle établit^

que la, diminution de.pression mtra-pulmonairo, estjndispcn-\ \

sable a la pénétration des . \ 3JIJle ? Jdans,loesophage ,.Si'l en} : ,

effet, on .pratique, une ouverture, la, trachée, ce qui, revient ap

eipéhérlés effets, de L'occlusion de la glotte, les, côtes interne

viennent alors et ssouleyentbrusquement en, même, temps^

vjnnn \jlo ? )je,t JJ1.J81-OEè,v,pJ ! )ElJêqu ? \lIt ? \ m,émo, temps" ? S3PS'P ? ette. depreSSIOI1. 11'" l ? \)" .

Quant au rôle du diaphragme,et des muscles abdominaux ?

il. j lV]et ét.qJ)U ,pa,l : lgfo,ur ? 1s. qI,lj, 1 p)lralysant r ces ,muscles

pâi'çl`â sectiiil,lcs dcuxnorssjdiaphragmatiques et de la, moelle 1

a¡J,i¥Ja,uqùer,<¡1¡ .sjil1e., v,erèbre 1 dorsale" a rendu chez : , le,

moûténlla.ruminationrqs difficile et, môme impossible.- q pmjf,

.Au moment, où,la pclot ! 3.alimentaire : ,s : gngage : dans l'oeso-

pliage, on remarque un mouvement brusque dans le flanc de

l'animal; le mouvementée compose,d'une inspiration brusque

DU' lIIÈRYCISllIE.a 89 r

suivie'1 d'une expiration rapide. Quand''le' boF) est" arrivé "dal1s 1

l'oesophage, il'est porté dans la·b'ouche par l'action' des fibres' t

spirales croisées : 1 On' peut constater cette'ascension par le tou-

cher 'et même par la vue ? - tillltr, 2'\ 11; If' -.v,f 1 - " rtrm I I I T",

-Une fois' parvenue dans'la bouche, la pelote alimentaire est i

soumise à uneseconde;mastiéation;' qui" est suivie 'd'une' se ? 1

conde déglutition très rapide; puis, dès que le bol est descendue

dans l'estomac, un autre,bol succèdes, oti remontc'bie'ntôt1 vers

la bouche.1111 ail ? ,cq ,j'J'f' rmitii^ii- ul ab ? rr ? > 1 ♦>- hr\r»i"0

'Les aliments, après avoir été ramenés'dans 1 la, bouche, sont)

donc ? redescendus dans lès,réservoirsi oastri4ties; mais "alors\ : : 1

devenus plus . 1 fluides ? ilsl1s'engag'ent. plus' facilement -'dans ' la-1"

gouttière oesophagienne, ! salÍs déterminer- l'écartement ! de J ses 9

bords, et peuvent être ainsi conduits directement' dans'le'1

feuillet. Béclardr admet cepen 'dantiqu,unle partie passe encore

dans, la panse et le réseau pour être ruminée de nouviau.pqgftqj

Tel est, aussi succinctement que, possible, le,nzécanisniedé lab

les) animaux ! , Nous allonslmaintenant' aborder Il

l'étude, de ce.phénomène dans l'espècejiumaine.1 j ? 9 'Jlortrnt I

3tlfl Tri ]lo'' ol iftfllnN '1fI1J(f1'j 9-' -iiiiiil, ^rri/1. ij.iïifqoein t

P,11't'TR ? '11')ltr'm Wh} fI"11 ? 1 qJ `t JI,.7 Il, jlIT"\1 ,"n'il. 'Jubii-

. ! l 'l'-·"DE''I : A RU\IINATION ' "/1" fI q- ¡aru'( ! ri qt- ? f 'il. J ? de''l'À RUMINATION' CHEZ,,L'HOMME.,8 £ Iii,l "' ?

'11TI;;P ? ftl'}Hlt' ut' 1r .'il, 1'J il- tlnttor'r·m '\ "[111 .·tlt. i yr.l)q

f' 1\ . \. '1'" r. ? r-, ? ! )'" ,'1' ron. H"I'" rJ i' I f91 ·tlA'T`(1 ?

Définition. , Nature du mergeisme : «.Nous ayons .trouvé. 1

f-.f11 ? j \'1 l 'II Il tl. j" . 1 1 1 \1 1 1 ? t 'Ij.t . J..l 1

dans les meilleures étymologies, disent Percy et Laurent que

le 'l110fmél'yds111e;'composé 'de troiàààtris;"si ? nifiait 2,ql)l)eleî,

de' loin et' écraser quelque chose : : . 'e'jJFÓfuiidÓ'/taw : i/e"ei ll ml : IH ? 1

tas' particulas incidere;4 ou ? mieux'enc6re,' comme 'le^'disent™

quelques hellénistes' 1'evolvÚ : e;' exedel'e,' replicai' ! e' cib¡lh{> action 0

qué Iés'Allelüands ? sôuvent plus'- expressifs ' dans ' leur langue ''

que nous le sommes'dans' la nôtre'' ont nommée zûa'de fâuéii,"

mâcher de nouveau, et que'- nous 'avÓns 'appelée'1'uÍllli¡é : l"ouni'i '

zninaliozz, sans songer à ééiqûé"cë`s' locutions' pouvaient avoir '

de dégradant pour notre espèce."»l1fI(¡¡ J1> J1h "1"'\ i....im.uo

- .Plusieurs auteurs'ont donné des"défiuitions du mérciinè ;11

la- plupart, nous'semblent exactes.' 'Cependant; nous 'nous peur ?

mettrons de relever dans, ! quelques : unes'' certains 'points qui ¡ :

nous paraissent ne pas correspondre à la réalité 'dés faits ? 1' ?

Racle appelle mé1'ydsme « la' faculté' qu'ont 'certaines per-

"l, ),¡ufl d -ni 'nfyilWl y1 '/H"'l ? iI 'j : f ! ll\ll« w JI¡rfq

.. 't'A ? ? ....,... , ! f ? l ? juin. \...1 ? t)iqt'flO ! fI o)J 1 ? I1Tlhb 1

1 Dictionnaire 'cn'soixante volumes, article Mérycisme. ' ' '' '

90 REVUE, CRITIQUE.

sonnes de,vomir. : à. volonté ! etcdejchoisir parmi j les l matières.

ingérées- celles dont elles veulent' débarrasser l'estomac, » ? En

outre, 'cet auteur assimile complètement le'mérycisme'au-vo-

missement, dont il'ne 'serait'qu'une'modalité.' Poûrl'Ù'oüs

comme pour plusieurs auteurs, entre autres Percy, Laurent,

Camb'ay, le 'mérycisme r'doit T être' bien P distingúé f du vomisse-

Iriélit `Nôûs rïé discutêio"ns'"pas, ce point en ce' moment'; Í1Üús'ÿ

rëviendrorisrà'7prôposldn''diaâriostic. 'L'examen des observa-

tions"coilléÍliiè's dan's'ce"travail prôîîvérâ ItlÎ ? mri1 ? súFa15oi1

damment que la'définitiori précéden tetcorres'¡)'àÚ'daÍl d'ailleurs

a une fféctiôrilrà'ï'é,t ,1 Úë"p'Ùt"ëri. ri'èn0s'appliquer aux'pliéno ?

mènes du'mérycisme. ' f1'1 '' jHf;> '"1J lfJ111/1,j\ .1.,1 .tWIff ')¡,1'l'1fi"'Q

'Il nèst" ëHco r'e , ùIÍ'Ï¡OOEtT sur lequel une- autre ^uéfiriitiôh'du

méricysme a''attir'é' notre attention.1 C'est le suivant ? on trouve

dans 'le' '.DiCiionnaÎ1'e 'e,Ù ! yëlopédiquè'deS 'Sciences' médicales1 une

défiiïition''dâms laquelle les auteurs frtbïït1 en' indiquant*7 fort

bien 'en1 quoi consisté*1 le' mérycisméj Jê"c(ualifie¡1 rrdé'miiladie ?

'T9 Or ? lé' mérÿèii;Íi'iè'èst-ilîÜî'phénômèné' iriôruidë ? .Voièilâ`ré`

ponse'qu'a faitë;ralltériéueil1erit à ! .éétte' 'quéstiÕri;,J lè"D.' Cam-

bay, qui était lui-même mérycole : r ? "h "v"v ,raltm't'nr 4 !

dJuf ! u up 1 III () '1 , "Irs ' ? ru -mu n ! -)'nn iht» iCr1;11.`tlCrtf

if «'Je'rie croisspas que 1er mérycismé soil' ún phénomène morbide;

et si on lit, "avec attention les diverses observations.de; mqrycisme,

on.neçtrouvetPas7 du'ilfdtiaccompagné,d'aucunrsympt6me.qui

annonçât un^état morbide. , Tous, ceux ,qui on) étaient, affectés se

portaient bien , et, chose remarquable, chez plusieurs Centre, eux,

quand ils étaient affectés d'une maladie quelconque, ce phénomène

cessait de se produire. Or, puisque chez eux il n'avait lieu que

lorsque toutes les^ fonctions se faisaient régulièrement, en un mot,

dans un état dc" parfaite santé*, 1'esF'on" pas" porté \ à" en'* conclure

que'ce n'est-pas'une'maladie ? 'Pour mon'compte; je puis dire que

je ne-le'-regarde\ nullement- comme tel; ,j'ai' lOlljours\\joui' d'une

excellente santé, et si quelque chose m'eût indiqué, qu'ilifûtdiui-

sihl¡ j,l'aurai empêché d'avoir lieu,'1puisqu'il dép},I1d&qJipa. vo-

lQ.n.é; 101r¡ld cela, je. le, regarde, commentées utile, puisque, .par ce,

moyen, je,puis, débarrasser..mon estomac des substances quije fati-

gueraient, et par l'élaboration, nouvelle que je fais"subir"aux ali-

ménts, 01 : Je x ? x - . i ... ? ? l son ^ my / * ,, /" yill ,. o -ul'.rui ?

ments, le'faeilite singulièrement son action.-» . ? >1" 'J G' hJhn1\' .

7W t.m : W J ¡ ? YI"" i Ul'1.1 wutbr '\ \ ,I.\,$1 1fI,{uq1t : )dlJ')iJfrb4

Cette opinion avait déjà été émise par Pipelet, lorsqu'il écri-

Valt,lOC.'CEi : ,p ? 1 ? 11'J vl' ! lM'I'll/ " ? 1 - 1)\\' ",V"HU

U/. ".)1 <.'1" tH ? i dJr-I' ")"111' t 1 .....qU', JI, r : ihUI)I[ ,'HIIIJ ? ¡(Clv,,1

, « Eduliuml omne ad nutriendumf tanto utilius apLiusque' com-

muni omnium sententiâ perhibetur, quanto fuerit dentium. officio

DU^MERYCISME.1 91'

penitiùs sulbactuml et comminutum : ' Inde- 'manifeste' liquet rumi-

natum cibum;reFciendo corpori, utilioremf esse proecipitanlor de-

vorato aut,obiter duntaxat proemllnso, nisijlatensioegritudo impe;

dta.tYeI.proeYert,amc}bojiIendiefncacian. Hj i(1,,i, f ? tcz4 ? lar

Jfrql·8,T " v'1 nl %"11 l' ! 1'l11J' 1 lot- J" 1 <'" ILl.llT ·xriL,rT 9rllIl ?

.-Quant. à nous, , nq ! 1s ( ptageon.I.b0 ? lle ! lt Ll'a.vis de ces

auteurs; et.l'existence du mérycisme chez- des individus bien

portants, sa, suspension par ^les^maladies, intercurrentes fré-j

p,Ç>rtf ! Ats, sa, u3'P ? sir Pr : E .J.ysdpaL9;i ? }&rgurren,e,Jrl

quemment, observée, l'absence de.symptômeSjmprbideSj conco-

mitants, I,l'fnfhwnc. P31r ! ? i remarquée de dawolontél ?

production, lamentation-, de plaisir',(,qui 1)c2 ? I1lPgn)e, p ! u

généralement, la douleur qui suit l'arrêt volontaire du méry-

cisme (9Jw ? X), et, si cet arrêt se,prolonge, son. influence dé-

sastreuse, surjretat,genéral(OBS.yni l 1 , . - semblent 1 ?

prouver, surabondamment que le .mJrycisme;n : st1pahue maj

ladie : L.9;r ? admettri9.n plutôt lc,¡ tenll ! 3, act ! ç ! ll']\do ! } t,1 se

servent, 1 le ? Percy et Laurent, ·Li·tt éét liôbin. Cé

servent, pour le désigner, Percy et Laurent, Littré et Robin. Ce

qualificatif générique pouvant, d'après les derniers, s'appliquer

à,toute condition contre, nature de l'organisme. : .monstruosi-

tés, infirmités, vices de conformation. 4,r,4nlI,II JI6.J9 H'T. ,'met

Maintenant que nous avons insisté sur ce point qu'il nous

paraissait important d'élucider, nousJtermineronst en donnant

une définition -du ! mérycisme/ Celles del,Percy ? de ! Littré et

Robin/de Cambay nous ! paraissent «bien dépeindre ce'phéno-

mène; mais' la plus nette'est peut-être celle de Longet'.1" C'est

elle' que'nous adopterons en ' Ut' modifiant toutefois' légère-

11111' J J"I( 1 . tlJ'lJ "1 HIJI '.JUld ¡II t; ! fJt t l '1ft. ¡fi )11.1'1 ...fl 1 Ii Ill'

ment JrJJ 1 il "y \jlf : Hq.¡rf(l .,f' '11 zon1' , ? .qb "I... " ? Tlent t, Jlb r 11 , Y \si.' 11y·'Ir ! ( ? n. ;^in vib ? -.

i le M ! e)'ycMn : çeoHSM<e q ,ç, ql ! ,e, ,9 ! t, JJOl{, fJ. : un tempspuis ou

moins .long, al)i,ès, le, 2,epqs, ,les. aliments remontent la bouche

sans effort, et presque toujours, sans nauséçs pour être soumis, à

une nouvelle'¡ mastication,- à une, nouvelle insalivation, et,ici une

digestion¡tdtéJ-ieure.' IIJ 1 m »--<. ? \,;1 1, ln 1. "Lu,... »(, 1·si ,

Ce phénomène, comme on le voit,- se rapproche beaucoup de

celui qu'on désigne chez-les animaux sous le nom de'rumina-

tion. 'Aussi, le plus souvent, 'mérycisme' et' rumination sont-ils

rl o1W ' 1 .. yl rr... I .

considérés comme synonymes, bien que mérycisme désigne

particulièrement la rumination dans l'espèce humaine. ? 11'

r ? n ? , 1 ' I ,, ' y 'r (, 11 , , If'11 ? {"II11'J\ 1 n)

Historique. Avant le milieu du xvne siècle, on ne s'était,

croyons-nous, jamais occupé du mérycisme, et encore les ou-

vrages de. cette époque, sont-ils .pleins de -confusion. ! et les

observations toutes superficielles. Les auteurs, disposés ton-

92 REVUE' CRITIQUÉ.

jours a rechercher le merveilleux 'étfJassitl11lantl' complètemen t

le 'phénomène 'du "mérycisme1 'à') h' rumination des 'animaux;

oÍ11;'Jcherché'à[ pousserJplus'loin le'rapprochement eV"oÍlrf préf

tendu [qùe'1-lês'rncrycolésT'naissaient de parents'cornigères'ou

l'étaient' eux-mêmes (Barlholiri ? Ettmuller,' Bonnet;1 Prhbtlius ?

Peyer). ,Cependant, sur cent cas de cornigères réunis'' par

Sàclis,con ne trouve" qu'un'seul'ruminant : KD'autrcs'jauteurs

ont>>s'upposél'éxi'stèncer do plusieurs'estomacs chez lesrmérs=

c'oles' (Salmuth ,OEartholin y;, maisrquandroWaobservé ccsCtas'

c'était plutôt des loculames placées dans le ventriculo;rct' ! en-

corè.les sujets'n'étaient-ils''pas mérycolcs/i C'est' rdu.Inoins,

l'avis,detllorjagnifdui;· avecOalsalva',navoue n'avoirjauais

rencontre dcmérycoles (Lib. 3; ép taYll ? p : 89) ? cUl 11.')(111' 1

anPeyer (J11eJ'ycologia : sive 'de ruminantibus et j'uminatione comï

szenta·z'zcs,I168ï) cite-ide nombreux, exemples[(de mérycisme;

entre autres celui d'un moine, cornigère, et celui [d'un gentil-

homme padouan, issu, d'un père(cornière : rIzFT î/ ,L4181 n51

pi Ce fut Fabrice à' A.cqu.a.])ei\àente (De varielale ventris.elj inles-

tini) qui ? le premier, /commença à, parler «plus, sagement}, du

mérycisme,. en.le séparant, de, l'existence des, cornes,dans les

deux' cas cités pi1 : f¡jP.eyr. ,V91Y¡J ? m.Clr1 les faits importants

a relever, dans ces deux observations : r,, .y 11" lr'HJ'],'1 « ? rTf st

1J11J'I{'ltl ? H 17 ? ,n'Triyil .11er. lq.,0 ¡ ? l'.T. 6 Kid- frOll

, Observation I ? Chez le gentilhomme, padouan, la rumination

-.pi ? it ? ;< ? } i« ^'p.;ii ? u ? Mu ? 1 l'lit v ? rf ? .

était ? o19,l ? tall'e et provoquait un certain plaisir. 11 ne mastiquait

pas' les aliments avant de' les 'avaler pour lai deuxièrÍ1e fois. 'Après

la mort ? on coÍ1sl¿J.t11'f1l1'c'l'é'8tÓ'iluÍc' était unique et'très ililitr ? r'r

\"\\nJ\ ."\\'1\ 11 ? 1'\\-- \(1\\" \1 F8P 114 mfcfmn '" ! o ? rr,,\T{ nf' -nn,Irt

^Observation 1. Quant au moine, il mourut, à trente-huit ans,

dans un.,etat,de mai;;reur excessif attribué pai'JeanBurpowcrau

yice dé digestion dont il était affecte. Son estomac etf«<'MH ! M<;

t'OES'op/t c(<M ? M'ëpatSSt ? KSssi''PIax6'ni ''n'hésite pas voir' là la

çâüsé preinitre'dù'tüéryisme'.arrl ? n^'i0 `n, ,rcl '111lI ? ? 11' q 101/ 1 .Í\I'\\ "1)1'¡lll'f J . ï (' si 11 rJ/ T ; Ir /

jf1 Parmi 'les auteurs'' qui; "vers là mêm'elépoque;1 ont écrit-sur

lei méi-ycisÏiië ! nous mentionnerons entassant Daniel'LuùwIg,

Burgower,Perineti, Leunerr, Abraham Will, Wepfer; mais

leurs" observations sont'toujours bien incomplètes ! 'Ce "n'est

guère qu'el') "1786" qu'Õn rencontre un travail sérieux' sur le mé-

rycisme ; il est'dû-'à Pipelet.uDans'sa thèse (De vonzituuni ïli-

versis specieblls a mi1'atllis distinguendis), il fait bon marché des

prétendues-' causes-de'mérycisme'admises jusque-là et surtout t

de la présence des'cornes chez' les mérycoles.'Il distingue aussi

..I ? T,J9N ? ? yql"PJ : : [ 93

le,vomissement;,produitrpar ^une, lésion accidentelle,.de celui

qui. constitue, le, mérycisme,; et rapporte les deux ^as,, observés

par. Fabrice jd'Acquapendente .ainsi, que.j plusieurs autresé,m-

prunté à ¡Wirsthier, fWelsl,J3almut ? etç ? t : : t ¡;q ! lel.1.9up I.uï

rOJ;1sJP ? iUIr.ê.I o ! tc,a.sjçm ? ¡ ! }lRH9 ! ml¡\,\...à di<<ers,endroits,déice

mémoire 8B'1 'Jij IfI1lV) 'il. r;'1 trrno 'ma ,jl1J,,1f ! 8/11J ('I'V',(J

wIJQuelques annés plus tard, nous .trouvons) signalé par, M. Rou-

cher.un cas de.mérycisme chez un conscrit.de. l'armée, d'Italie.

M.'Delmas citenun cas¡semhlahle ohservé¡chez un étudiant en

Íllédecine[u[)I1J[19'1 ^1 rrr,Ir zyunr,fq ï'.mi Inoof 8')h jÍ.t'llfl tictc, -j

.zrEm1808, 111.`Roubieux(Azzn. de,=loe'Soc.'l1néd;¡ de ? }lonipelher)

parle d'un/- fait ? du' mèmc,beine : du'ilialobservé.rPercy, dans

l'article 31érycismet(à\i\ Dictionnaire en soa : xaztelvolunzes),rap :

porte'une observation'personnelle;'dont le trait-le plus saillant

est la suspension par. une attaque [de (goutte desophénomènes

de'mérycismerl9 : ) 3 ,8'I>1CJW'III' : ¡ ,Arrrrrn nul inlo-i W1'¡JJlJ> '-\'Ijrf]

En 1812, M. Tarbès publie dans la' Bibliotleèqzce riédz'cale uné

observation1-' de" mérycisme' survenue1 chez- un' enfant dé cinq

ans à"1 la- suite d'une 'variole; et'guérif'à3vingt'ans par le coït :

'<tJ 'CettJ' obsèrvation parait 'avoi;lttiré '1' àJin tiÓÍll súf'ce : point

particulier de1 la pathÓlèigie ? 'car"; 1 p'u 'dé' téÍ11psf après; et dans

le même recueil, on trouve' 'successivement des'câsrde"rûlriüia=

tion dus à James Copland, George Nesd Hill, Bryand.

fie'S'.l1'fff'ry. r ! ·.rrwl...r m«rr.rllm '3' r rY si '1- f 't}f ? "fT1,rf)

. Sans y insister pour le moment, et simplement pour com-

t'l",>lll ? r > 'id Il ,1 ? dlll'dl.t, 1110 III "t\.{ ? 1 t ,,+ .11' Jf I, ! I ? l'hl J

piéter cet, expose rapide. des travaux .laits sur e merveisme

l-ll ? llll i,, .I/»- J- ? ,U,, ? JL, ft)< < <JlI' ? ..." ? », , ? J

nous citerons unt travail, sur lâ,zuminatiôiydâii's 1 éspece,ly

maine dû il Weiling et publié en 1823 (Uebel' das TŸaédezlccuéz

bei'MéhscIièn); la'thèsé'dély,L"Câlribaÿ,ëii 1830tWii"iizéi-¡jdsine

t-" ,-> ,n.j. : -H ' ... ? ? ,7 , "'il- , ,'r Ii -. y ? 1 n ? , , l , , j» .. , ..

'èt de l¡nl ? ¿stibiliiJ'1dé's : llà[¡';ÍletS),)l ôù 1 auteur, mervcole lui-

,1\..."\1\\ \, V 1m .y -, , ? " : , , 11.'0"11 .fÍP,... : t'.....111 '0""11-1

même, .étudie les phénomènes observes sur sa propre nerf

1 n W ! n u.-K "}(,s,Y,,lep ? rn,I]eh ? ' i -.G 1Jy t. 1 . 1 ·vl ? t,l t1 |

sonne; puis des observations dues,àl)ucasse,(1836, in Fronep

Nolï ? el1, t. XL VII, p. 95), à Elliotson (Ibid, t. XLV, p1. 337).

Des faits analogues, ont encore été rapportés par MM., Vincent

(Comptes, 1'end1fs tr de H l' cadémi,e" des,i sciezzces,ri 1853),r Rossier

.(Journal des çozza.znéd ? r18G2),rChàtelet(Ga ? df hôp, "t8 ? 3),,

Jpmwville,1 (111émo,i1 ? U1;¡ lal,qqlIjl'ionJ de lal01 ! Cle'l.he= fle,s

idc'ots,r1.8G3),jFronmüller,r(Ga ? méd.,rdej,S,t ? ashozcryr, < 866),

.Armingaud.< (tese, . 1867).. Nqus,examinerons<plus. tard ? en

.détail toutes ces Q9 ? Fations; ¡l\ ? \\ : , g\\\ \J)'I'W 1) l'\""\ ? \\.\ ? 41 ? ? 3

imPlus récemment encore, Ireland, dans son ? Traité de l'idiotie,

[signale on Ipassan( l'existence 1 du¡mérycisme,;chez<¡los,,idiots,

94 REVUE' ,D'ANA 'l'OMOEj'E1' ¡¡DE'" physiologie.

mais ne : faitl.que.¡mentionner, simplemellt,r, à] l'appui), de ']Son

dire,. l'observation de'Becco, publiéé,par l'up .ç1.e.n(ms'a')I D8t,B

,il Enc187r.; leD W. Graham )(7'Ae 6'/«cojM ! e.r ? raM<' ? : e)',

l8ïN,'le5mars;vp : 118)trapportel'observation-d'unncas de ru-

mination chez l'homme.-En'1880, à la séance.du 25 octobre,,le

DrLorenzo .Monti a adressera la.Société médico-psychologique

une note, citée, à la- correspondance, sur un cas de mérycisme

observé chez une imbécile épileptique ? Enfin, notre ami M. R.

Blanchard a publié dans le Dictionnaire de médecine et de c1¡¡'¡

rurgie pratiques, un très-intéressant article, auquel nous. aurons

l'occasion de faire des emprunts. t J (.-1 suivre). ,

)I011"'1'flq'r Driver f .')1fTLPl't"Jr 4rff ? T hP 'T61} ,t(Off1 ,1 (

m fTl' e t 1 )tu 11"' +il .1 ifiiu» ? - ! rff, , ? ')himG1yq ? >L 'trlqrrl

-r»riq-03ïolp; il ,(9jhiîî0 91 ? \'\l'\ ? h\)1\ I. ! W"O \\sI" : \1'I,) 11¡.t.¡Í ? t¡¡oq

-ni 9[0']"; ¡¡.GAoa ! .G1) lannlionji Ito(Ivm', rlh ! rBl0rrc10 CfOn ? 1

JIb9081L I "1';1, 41.blllqG -1111".6'[ sali tU,1lh onpiisni n, . . 71.'io'

REVUE D'Â'NÂT01111L`ETIDL'PIlI'SIOLOGIE

j.lJt"ll : tJl.1t it"t'')L' JJ, £ } ? tJlJ()HI W W ,.JuI J-1J.) .11 W bi) nf.'htj uf unI

l'T 3.1-ri --in *»b I>ïfurlTa·rfq cil, fil, "1" n',oll, ? 1, ? f)

p¡¡¡¡tjf 91 . Ir ? 1'1 '11D ? 1 "'11lqs; ! J l ')'"1 )b ,)t4[, l'I1z ? le'1

.8-4111 : iT ! h1t ji ? l'1J1({IP : h ; : ¡'11111(rf

I¡S\'C.... ? t ? v Oh .· ni ..i ? 12 "Jj ? . ? r<1'T ? ...,[ ? ...., ,r, ? T à z : aNNEXIONS CEREBRALES ET CEREBELLEUSES DES nIa à

1fJ xÍÍé paires nerveuses DU Racines spinales des

JJINERFS SENSORIELS DU CERVEAU; par C ? P.-W.'Roller1.'(A%.

.1 r.i , -, Il 1 -, t-· ... tr- i , .t f

' "'z. éitSschr ! f.'ps¡ich).'u : psf¡éh' : rÍe7'l'htl.'¡)Jed¡'ê ? XXXVIII : 2 et 3.)

.6 1 AI IT(e, r frJrr' .ffJ i'. )il ,)'1, nla O4)J tJ : i1l L tnO'1 Il$)*, ,' nn. :

3r ."Tlir ot 1fT ! , ? If9J70yrt ·J-t ? tt;rTC .- ,mF ·r, , 1 "11 ? il (

Il n est pas d analyse qui puisse suppléer a la lecture atten-

tive d'ummémoiré d'anatomié,pniscne les détails, constituent

, .. JI j", ejt, \ , 1 1" , . f. ? "1 t --j 1 tu 1 1.·1 ,t

la description même. Nous dirons simplement que ce mémoire

est divisé en trois parties. La première, sous le titre d'Aperçu

f' vt W ' l i 1 ! t.' ! 1, l, t 1. t r : . j ? j 1 1 J ') r . t 1 il' et

des connexions^ entre les nerfs cérébraux Gulbairés, lé cerveau et

Ï'1'·y ) i : 1 ; ? Il mlt , il ? 1 . -i ?

le cervelet, , établit, qu il existe des voies d'union, directes ou ? t ., \1 Il Il 'i Ili À ·v n'yt .' Il 1.' . LJ.' C' H ? II.(' q "1

indirectes entre les' organes en question et les eux-c'en très'.

, : 1, ? fn; .. t I- il 0 ? ) ... , ,question et n n tt;" ? 1 t

Par exemple, la plus grande partie des fibres rectilignes du

...... 1 j f 1 j 1 A ut . t l L *t t ii - . -, ( : , ? i i 1 Il

raphé des pyramides uniraient par l'intermédiaire de la subs-

tance grise, (richesse du raphé en cellules) les nerfs bullaires

au pédoncule cç,r;ér : al; ly,ru,bal1 de P;il contiendrait les, fibres

cérébrales de l'acoustique, du trijumeau, du glosso-pharyngiell ;

.1 '1 1 l' 1 \ t ! f

Il 1 'I lill IL I 7 ? r71 1- ;'(1 . ' , 1 1 t1 I `

«Voyez les Archives de Neurologie, t. II, p.. 293. , , 1'I)' ! lfi P' ? T<xr-]

revue"1 d'anatomieBet DE1PHYSIOLOGIE : 95

le "faisceau1 'longitudinal' postérieur f'seraitfen'i rapport évident

avec les noyaux de l'hypoglosse, du facial, «de l'oculo-moteur

externe ? du 'pathétique,^ du7 trijumeau en ràpportprobable

avec ceux de'l'oculo-moteur commun etdel'acoustique : Le mé-

canisme'de ces : continuités exigea lei tracé, de lacis ;' mèmei ré-

flexion pour les' connexions- de l'hypoglosse, dugl'osso-pharyn'-

gien, de'1'acoustique'iet ,du trij umeau avec : le cervelet. Un

résumé lde5'.travauxr,parus.sur ces' divers points'termine cette

partie'. ? « ? 9 j\' .,cawctcWt ,1 .(fJI . r[riJ 1 F, 1, Jxmtfl

- mr W n. ï»>rrr, ." M- ri'» r rrf.- , -, - * - ? '. -, ? t rv. n,nr., .,

La seconde sectionesrreservee aux racines spinales des nerfs

sensoriels dîi ceveazc. Le trijumeau prendrait son origine dans

la moelle, par sa racine ascendante, au niveau de l'entrecroise-

ment des pyramides, dans.le. renflement latéral de la corne

postérieure (caput cornu posterions de Clarke); le glosso-pha-

ryngien émanerait du cordon cunéiforme (faisceau grêle in-

terne) ; l'acoustique aurait une racine spinale dans le faisceau

cunéiforme 1 PlJ'oprement dit; enfin,, le.nerf optique aboutirait,

par le ruban de lieu, au faisceau propre du cordon antérieur

qui doit être distingué du faisceau pyramidal de Flechsig. Tel

est le squelette de ce chapitre~bourré, au reste, de détails

bibliographiques et techniques.

Une dernière partie examine, sous le.titre de Considérations.

.lJ £ lQ ? nrl pl)y0, ! ogique.q11E}1cent les organes^centraux sur

les .nerfs, crâniens précités. Pourrie cerveau^il n'ÿ etil ne

ISV5}IYt llyoj& e,\9¡.t ? \\ 9\l3\nt\\¿ey ? ,¥.\Rçp ! ladmet

son action coordinatrice sur les nerfs moteurs, son rôle à

l'égard des perceptions sensitivo-sensorielles étant absolument

.n Itq'¡lf n 1 'W nl tr ·. 47W /i " n q'W T ! ^rtr (· r, .1., l, 1

inconnu. On ignore également si les" racines spinales appor-

tent aux nerfs un courant moteur, sensible, où' double ;' ici se

place la question de la sensibilité centrifuge, récurrente, c est-

à-dire irradiant en sens inverse de l'influx du nerf qui tendra

gagner le cerveau ? Opinions contradictoires' d Stilling, TurcI,

BO.\ ? I : .Se,q : a ? C ! ar.ke)}p,I'T'W. f ? I ? llse) ? d',l¡ll1 part, et de

Goltz, Grerlach, Henle (actions réflexes simples), 'd'autre part.

Maigre, une expérience exacte et précise de M. Vulpian, relative

au trijumeau, M ? l1.o ? 1 ! n4, souscrire Q;1 e`ysténce' dè ? ôles

réflexes dans ces racines la rapidité'et la multitude'des mou-

vements qui succèdent aux impressions sensorielles sans parti-

. tl ? J'fl' m-· ? 1" fi' 1.11 '\iL ! \ tHP') ! ' rt° : J,1 a. ? IQ"" -i1 ?

cipation de la conscience lui paraissent être concluantes, au

cas même où les faisceaux en question contiendraient égale-

ment des fibres centripètes*. ' 1 l" ,i, " 1 *" '' ' P. K : '

96 REV.UE.1D/ANAT0JIIE; L'lt"DIiIPII1S10LOGi.

jIIi ÿRtrl.i(,YP.11$GE.IrIi,IDEt,SUBST.1C1T7171;dIVCIIDtiBUSQI.iALelR91111RE(1; : 1T

onsrp : ,rl.yL.1(a.s ? DUt ,cia31tr.u .Dl;\i : nu11ME ;J,pRI'Anton : -BumI.

(Arch. f. Psyçh. u. lreraclah., X111. I.) .

lnJ3 ? .33-i^(ii '0$noI so ob 9f[)t)B nu'up Jnannob *)n 071f ? n, >'1.1

1) ! Celfâiscéau"p¡'erId' haissaricé'f'ilf''li\' ! iJ'a'seIJdé l'extrémité* ùLP]o1Je

HempÓi'àlll et; sd" `dû·igrrprallélëtizënt311û Irôc' îHLétiéitlr' "de1 ''la

bandélette-optiquè,' sut`[lé.'faécr'Veittrâl'ë'dtlllï81dcülfériculvrdeJla

cloisontrausparente, le long de la substance perforée antérieuredont

il ÇPN 19.YI'lm 1$bord m ? ç\ ? l1 PU m'1'eu..dej.la. sjnjface, deshémisphères

cérébraux. Tangent,elV1\l}l.iJ J<t\cgmmi;3sQcco,nLérieure, il s'épuise

sur le septum lucidum sous la forme d'une irradiation en éventail.

l qrgejJÇl'eJlvjron(.d euxl i¡111lliJ'nètres,r.il.J,est C0nstiluéi;parî"des' fibres

- perv.euj3e,s ? ¡ ? rnyéUpc, ¡.c : : Ürêm : cmen li lÓnúes' j"SOlli ;développem'énl est

infiniment plus prononcé du côté droit. Il unirait la cloisomtrans-

. parente, l ? po[nLe,durlobertemporalarr·toa III ob aolnllssPaIi !

znl·trr iiib ,zr; Bol ! D111nlOH hnfi1<1 2ul'1 si WhÍJ ,ë3/r,'Ihnif r·> fjmm

, ? '')''II'¡j'¡<¡JCJI¡

IIL)ORICvc,n,u rRACT ! cjs, PkF.\c'TOJ\I us, RTl 5TRUG'1.'\iRE DDS LOBES; 'oLFAt : TlFS

- lf1P¡¿r(HO¥¡1 ! : P ? J1j,IÙ ! J¡rRESI¡AM;¡¡'FÈflEs ? par CH GOLGÊ, {'1b'ch. : ltal{ ! de

Biol., t. I, p. 4.'iF). ;·rtu·,i ? izoq en'too ni s6 aJnrnrJ ·in3u·'1

Jn02 911'161 : ) ib 6rIrIoIWJ 1/0 ) : \rIilliJ ? ' 6b un lOI ! uf¡ ')rlJj[,)') ? 1 °t

9 ? 1 Ls,fihrI'\5 du tlltLus·olfactoriusrl5reunenfilçur.origirié, nonrdans

,1slpellulesJJie, l<IlJdOU6e¡J grise desdoes" 'olactifs¡'9fnais 'daris : ¡¡e

>;s,e u clqlfillr,çlles,,qui;ëxisLer,dans"toutc cette substance ? Ce'rescau

lui-même est constitué : ,16'1 '¡jr,f noln"'} 9r wr.h

In4"Pai· des cellules garigIlÓiÍnaires'dÓ'Iiner pl"oIÓh-g.e'mèrlt'éyli\1(îaxe

se subdivise en totalit6<en filauliIhis 'êXlrê'mcriieIiL' ¡)i.ihêés'(pl : c11r

type) ; .. "'111')('1

- 92° Pardcs cellules gànglioÜi\'àii'és'don l']éprdlonge'iii8h'l'cylih'draxe,

au lieu do sq subdiviser;1 reste di5til1'cn ! Laavét'sé'le réseau pb"'uï ! rà11e'r

s'unituaux faisebauxrde' l'côurolin'c.srâybnuarilc'(tléuXiém type); 1)

lJo ! 3°<par : des cyiihdrax6s ? app'artena ! lt à'tlés nbrës"h'ërv6usesdoitt

un grand nonbre'selûblent'l3rtiderüivde là commissure aùtérîbiire,

et qui se subdivisent à la façon des prÓ]6fige-IÍlëÍ1lsb'liiilIdxë[Tâu

premier, type' ! u ! i9'' 2qb o(hnro r,( znsb àasrnmelrpbv 4'Ir·;7J f ! "

4 P d fil ' t." 'fi ? [ ! 'd(L'1'fi"nrn'l'" ? nl f"nH ? 19 ?

*n 4fVPar.> des- filaments prdvéiYànt[''d^^ Jures ncrveuses qUI, con-

servant ! leur indiYidua)it6 ? vc'nt" sè ! '1ÍleUtè 9n rapport'- avec" les

prolongements cy11tldrú ? ses dus6'Con'typc ? ' ? «"^ ? i''

5" Enfin, par les fibres du tractus olfaolorius.

T¥.I¡\ somme, les ; cellules ganglionnaires ;de lai couche, grise' des

lqr ¡2 ! Ca.çt,ifs. &g.nt¡.tnll,rapporl.,avec) des ! fibres : > dm tràclus;1 de la

ur ? ,'1 ? ,a ! o,;n,anl e dc'1 cpmmissure'antérieure mais il.u'Y a

continuité directe qu'entre les fibres de la couronne rayonnante* et

les cellules ganglionnaires du second type. Cette disposition se re-

trouve chez tous les mammifères, m'hOmme cbmpris;nà'ipièlqiles

dé,tails pr8, ub OI'PJ10''¡flJJp JIoi IqU : ¡'13'1 onu'b flOJ,I'\ ! Jb[\'Ht'1" .cI t

- 17 1 ,enn,nl

REVUE id'anatomie ETIDH. PHYSIOLOGIE. <97

I 1V 7VAnIÉTÉS t DES circonvolutions 7 cérébrales chez l'homme; par

ai, ILCh. GLI.COmx[. (<lrch..ital. de Biol., L"I, p.231 et,p. 332.)«ri

-.1 fll/ . ,1a1 ? J' Il ¡\ '\\<.'\ '\ . ;\ : .1'.1,)

Les archives ne donnent qu'un résumé de ce long et intéressant

- travail, pour lequel l'auteur,a examiné plus de.deux cents cerveaux.

, Nous nous contentons de le signaler, attendu que le grand nombre

,,de faits, qu'il, contient en rend l'analyse à peu près. impossilJlé.7Fd

.Jl1l)br"1JJ 'J'l',h", 9',jo'i'i',q l'wrf-ylr. fl ·,n -'1101 il <¡ln ! '> hiJltr,'l,IItIJPJdb

- ? 4 V : SUR LA structure DE la' moelle 1tPI-\ILIRE ', lpai, , J.-B." Il

HI '1 ' > Ij - î"fji 1 1 (Ai-ch.- ital.'de Biol.,it : 1; p : 146 : )'(ljI1 , : Wb' ! oJ ,o

,1,r¡W1/¡1 l1" Ilorij (l ? 1. ? u i.·Itl1'fOi f r 2,rOG ? IL'ml ililit h '-I11JIP

'Les recherches de1111. Laura<ontl été faites- spécialement'sur la

(.moelle épinière du veau ? Nous nous bornons à reproduire ses'con-

CllIS1011Sal : ) .Gl Il ,·U`ll· .uJ'r') ltt, 1 1t1.tffiwÍ1f1l

la Les cellules de la corne, antérieure'- envoient'-leurs-prolonge-

ments cylindraxes, dans le plus grand nombre des cas, aux racines

antérieures ;

'1',2nrA la formation de, la·commissure antérieure' concourent, 'dès

- fibres ! : a) des différents points de la 'corne antérieure; 6)'desfdif- ?

férents points de la corne postérieure; , , 1 Il .41 , .1 J . 1`itI Il ?

3° Les cellules du noyau de Slilling ou colonne de Clarke sont

-munies; elle", aussi,' dlun1prolongementl cylindraxe; qui rse dirige

^l'abord en : dedans,1 puis,1 après un long trajet dans cette direction,

,se replie en dehors, et'.va constituer un-large faisceau, 'qui se porte

dans le cordon latéral; =rrJrlnu·- J9 ' : Im ! )f1\.iu[

4 ? Au,cordpn,tatera[ arriventjdesnbres : a) des différents' points

de la corne antérieure ;,6),des différents points det la, corne posté-

rieure ; , z ... - - ·trwJ

. y5°, Les cellules de.la corne postérieure. sont munies-de prolonge-

ments cylindraxes, qui se porlentdans les directions les plus variées :

a) dans la,·commissure, antérieure ;r, b) directement en avant.aux

racines,antérieures ;,c);dans le^cordon latéral ;tid) dansée cordon

postérieur; e),à,travers la ligne ]nédiane,,ef,cn arrière du canal

central, dans la corne opposée ? » . c 11";1,1 rI 1 : J,IaI'l'( -1 3 ? JJlI-' 1"

On trouve fréquemment dans la moelle des cellules adjacentes,

qui envoient leurs prolongements cylindraxes dans des- directions

opposées, ce qui nous démontre qu'elles servent d'intermédiaire au

changement de direction des fibres qui y arrivent ? .,J. PIGiOL ? 1'1(1

.1"'I ? 1;J\(. ("¡I¡'. '1...1 l t) -.fuit '"I '» , "1j'uI "'

VI. La reproduction des perceptions' DE mouvements D.1\SL'ESI'.1GE .

, TACTILE;' RECHERCHES DE psychologie expérimentale ;"par Gabrieto

, BUCCaL\., (Extrait de lawlliuista de filosofin scie ? ztifica)"I3'fac' 6;'

1 1882.).- ç rfl "r 1r ' -.11 ... ? 1," r r· 1 '11' l'lit ! tl 11 f,' , r

, 11111' "l' · ? 1' hl/Ill ! n - ,'1 1'11hJ'" .' ' '- '<- ' " d

L'auteur, arrive aux conclusions suivantes : i -.1 tin.' n > po-i'

10 La reproduction d'une perception quelconque de mouvement

AncmvËS.t.Yt. 7

r98 REVÚË'Ï> 'ANA TOMIi r ET IDE" PHYSIOLO 11E.

1 clans l'espace tâctilëJdé' la inilin ," une 'durée'' toujours' plus' grande

que la percèption'Í'éelle ;'1'1 ? HO ..("nd;I ? \ ? '11 ¡r, : wh ? II\,ibf1 ,,1

tlr`'2A Mesure qu'augmente là'vit'esse'du mouveméntr'excitateur, ou

àrii1êsî.u'ërque'âiIÏiinueJlë 'tèIÍ1P'S 1 de 'la" pèrceptioiî' de" n10üvcrneIi t

dans l'espace tactifë, la'dllÍ,ét de la reproduction mëntalé sé'pî'ôlônge

'dàrvù'n'tât/él.J LeS"è;Fel1ï'sf'diY là ! r'eproductio'n''sont''inversement pro-

- pb'rti6nnoH'os ? a]VtteMe du mouvement : ' lif ? "'If J

`st3°'Aégalité ilê'cônditiônsf d'espüce; la zbnc',culanée"qui,>' par

expérience et par habitudes physiologiques, possède* un'coefficient

plus élevé de sens tactile, quand elle est excitée par un corps en

mouvement, quelle qu'en'soit la,vitesse,, donne des temps de repro-

duction compaativeIl1ent'plus.hrefs que. ceux appartenant à la re-

production du mouvement sur les surfaces cutanées dont la sensibilité é

1, est, moins ! nette Utrno a,J <utqT ? q il ·my W n y 1rf·,ior I

.i3fl : 4· La'reproduction du mouvement dans les régions cutanéeslque

Tnous'avons examinéés,;les conditions mécaniques delà vitesse étant ! supposées'identiques,') présente des''erreurs) de temps d'autant' plus

t : petites que la surface excitée est plus-grande : 1 ? W"I'll '] 11\ 13 : 1 ?

11n01 1; n11 "')I]ou14 ('JJ, 1j¡ ? )JI'1 "Il ").1J>lrllllJ'.IJ.T' \(lIl,h ? ? 11

f

(1s'il 1 L.1 CIItCUL : 1T70\ DU S : 1\G DANS LF CRItVE.IU , ptll'

VII. Sun LA CIRCULATION DU SANG DANS LK CERVEAU DE par

A. Mosso. Leipzig, in-85Lde 222 pages avec 87 fig. et 9 planches,

1881.

VIII. DES mouvements DE l'iris chez L'HOMME A l'état physiologique,

par G.-Jobissenne. (Extraitides.Annafcside-/(i Socié f·le,7nédecine

'de Gar{(l, lSS1111 ? cJ\t Ll J f11

IX. Etude critique expérimentale sur LES centres moteurs corticaux ;

par A. 1li.nc.ccl. Travail du laboratoire de physiologie de la

Sorboyne(Arçlc.·lnl.lcBiol ? t.I,p'·GI.),1. , ,

I ilin/r A\\<l<IU » ? ' M'i1' l.i rU H '/I/'l '1 "dl I

' La première partie de1 'ce travail 'est'seûle'puhliéé : La seconde,

où la question sera examinée surtout au point de vue clinique, le

sera ultérieurement.

1 ¡ M.rMài : çaé'ci a été 'amené,' par "une sci'i6"d'cxpé)'iencës fort bien

conçues, à nier complètement 1 excitabilité de la substance grise.

1".Áprès'avÓir'eit'{]es régions dttesmotneesducerveau, il l'wiésthé'sic

''localement,'avec'un mélange réfrigérant : l'excitabilité du cerveau,

'"mesurée "par1 l'écartement" des bobines de l'appareil de iDubois-

Reymond; demeure sensiblement' la1 même avant et après la rcfri- ? fiératiôn : Nôûs ne pouvons nÍi¡JheiïrelisenÍentreÍ1drêéompLe en détail

'"des'expériences de l'àutéllÍ : ' nousl noùs' coi1lentÚdns 'de Ï'eproduire

"ses conclusioris ? que leur hardiesse et leur originalité rend' dignes

"de la plus grande attention : ' "^ ' " ? " 111"'1 1 n i ',rt "

10 La couche grise corticale n'est pas excitable"l'ar elle1mfinie;

.ait ¿¡;S}¿J} J ! E [;¡'\t\.'{l\OIi9<m )'j ? YEg1'i : 1Jl i ? J>

hr ? Je)erye9-11"qÿ,S 1l0UV}'\I-n,S,¡,et, ! )1 ! llEl celu} des ;animaux ayant

la naissance, donne les réactions du cerveau ,dySjR;H9; q n[ q™

3,0,,Les plén,o,mënesyqrilo ? a attribags,jusrÎ ? iJ ? ciya,r ? loivent

j^'&tre. wq) : ¡abJe.9ptl jlu 'JIéc ? n ! Jn1 ¡ : n,édl ! ! ljEy,) ! mpl ! 1¡ l,ql\\¡ ? eo1 a-

'p,f. ? ,yhÿ, IbfJauc9\1p.cp.Ef"çelqILdesj 9 ? s ? eJ1C\ ? sr.IJn¡tut; .nfiii<'î ? rfK(1

0.,f40lJ^'pçn^eQrpi\semgritdes)fibr1e)s1quf u t¡ : ¡tIjp<'H'hep' l' \)xgi ta.tl9 v9P-

taire ne se fait pas, au m i ? 1 , résult;'l'I 1

pu . ,Ti... 1 '1 J ¡ T; ? t" JJ,r TI h... Lill .l.f" JT1'Y't

.¡Ji\ti ? ¿}¡\Ul;.J«1l ! f\inl ? \¡¡, 5 ! 1 EO,ÜJArJ ]hd}rm.1ri9Jig ! J 9.NJ; JTt,mj.des,

J.m ? W ! fl&QbH¡lelpn. Jau,Çp.pp.JP}.l\l ? l1jlEh ! fIr.r ! 'Jeq J'1 q') ! I'Ji1<¡qI : S

rra aq-ioa nu 1)"1 · ? irur.o lao alla bn £ JJI' ? IiJst,J 9 ? oh usl%r aulq

- ourl·\. L ? rFnc'erriovlr : vorrrr3·nrL COGLEqn 'riÙ'VP ? DiDg V'OEIVjll

-i'i j;I 6 Jnl,arlC : ;l : usnr : (1r·çh : itul.dé,Biol.;nt : t,p : 22.'i) : noihllb

31 ilir ! rpn9 rlJrt,l,a-ubJs2osu3no nIuLcJasrnsvnorriub b fIoit : JlJbo1'T

L'auteur pense que la perception des couleursl·esb,fortement t

mini)uënc6epar)a coloration' propre du'fond do ]'oeiW«<panlè "reflet

Groupe qui éclaire» continuellement) notre Irétinei)) : dl croitdrouver

pi dans ce fait l'explication de quelques troubles, fonctionnels, l'achrqma-

topsve oh particulier : Cette,tliéorie,r il; laquelle "on-ne' peut-/ refuser

une certaine vraisemblance, mériterait d'être étudiée pius à fond.

uhq mv,H s aa ur rvn : .r m G : A,r m.r-, : rn rorTSSUonn r,t il. ,13.

- tHq TYIIIIH 30 UJ1VJJ : 1J 1.1 c- M 0 ? -, Jf[ KO)TAJUM)1 1.1 ¡ ! Ji : ' ' Il 1

, ? 9JI : J ! I),lq V 11..311 il : ! aovfi r ? < : *< «%.u\ (i\i'Ii9J ..¡e2 ! .ll A

)88[

. 4 '{XnOJYH" t,T ? 1 1 11l.1r.()II'J X : iUJ a.mi j J 3n 8T'7.3Jr.'H[JOM ' tu .1117

's ? rREVUEcDEPATE'I0 : 0GiC NERVEUSE

il" ! )1'

l Jh71'I'7t0 > clt : 7 : 11'otl ? nixaj .(,7 JI JP 7.7/ 1 Wttfil'141 CI iTI113 in r i .71

.t : I yb 91,UIola ylrl ab wuJsTOdtil uh Itr tr,z1' .t ,,n trt 11 t 11 ?

, .. " f \<1 ,l' l ,1 , \",1\ ,l'.h t·c pojyn ? ,

1. DES PARALYSIES GENERALES SPINALES A MARCHE RAPIDE ET CU-

"b[ 1\.\BLES 5 PalukJ{AN,ïPu/'X)&t J. Df : mlllIOE.¡(JleUllc de îizécleciile, 882,

il ? îpii ? i.01l 1 12-) ah 101011 ut; 1JJohJl'. '1'njHl';r'l jb-ju* 'ioiJ ? 3up al vu

,.... ,, , . 1 fT'" ri J'IJI"n;'jJu 1119" ? IyG ? t uug,forme,noucelle de, , paralysie,, générale spmao.que de-

0crivenyi\It|,L/indbuzy étjDéjqrin.a, j^quijpn^jdo^ji^éj^'d'iriiporlants

'j,C,1 : 0'eJl hN}Jd 1"[L'J,o\l,ZY ,tj} ? jç ? e, J' Q}lLS> ? }q4Rit, Il 1 1 , 1 . P.yl 1 , ? travaux,, sur la pathologie du, système nerveux..S'il, faut rapprocher

. ()c ! \ ? ciq ! 11"q15Ç ! 1 deeritep,ar.Uu)'q7;p ? 1 ? m,I\1.1q.¡ : ( ! -

-r-i'tff/fl ,0'<'ï ? ï{ ? tt^] s4{}W(c 4Gcci;TTé ? IlcèuJdif £ ? par la f;\lpiMII.IfJs,oll

L,éyol"u,tior,et sy rarfaitç çur biljtc ? i,i,né oLsgyvaLfz7 p^sonnplle,

- r"éj'91,lli.9J\ '9" l1¡ j 1}'fiitQllÇ1J.l¡\tlÛP H', rh ,H,n, Iphssn;HR} \Wli. ? Rp. ! 1 ? le,

ont. joiiit 1 )sqN,aign,iné d. itc,,du, pro fesp uiC liai,-

I¡élps Jqlle\11¡;" 01l, jRj¡l J .v, ! W ? ? svat¡9,n, t¡¡',1,4\tliodHr p,mfrItH ! FÇ\lar-

'ncol" dfJ ! lx)de ot¡ : r, ! unA\ ? ? Hn}Ç>l,l ! i,. d11ui5J,q pP ! ,q ? V]1,es ltvpe ? cot,, deux, 1a]1adc',a-aii. dmax, de (,ol L, , ap tqier Vt ,lne ? 8 .q¡,J,.i IJ,col,1", lrJW F, ! lf¡tJaf ! f ? DInGç,, i;lprJq$g ? S ? J\¡8P. ! H p,lMg, ? çm-

porté par la plithisie pulmonaire, lit pOllr(' la, pre III if' re fois,

.examiné la moelle, et les muscles. ,1 ? pe,, `"i ? 91[0.11(1'\ ? 1 QI

100 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

t(t ;7.tI : I'lFIliT : IIO,IOliTi.`I atI U'J·T,fI

Après ou sans une courte fièvre, sans aucune douleur, un adulte

(OUI um.enfant) "s' aperçoitf ql1ejJes' foi''ce 1 vontI's'affaiblissanL{I\.Au

bout d'un mois environ, l'impuissancetmotrice°estitelleclue,con=

damne.au lit, il : ne;peutl seuJemenOI pas s'y tenira's51si1 ni 'manger

seul.^Réduit' enmême° : tempst à » l'état» squeletliquo,i'sess membres

n'ont aucune attitude vicieuse, taÍ1t1fVaLrophie : ¡ seYréparti tHgale-'

ment. La comparaison avec un malade atteint d'atropliie muscu-

laire progressive montre quelle disproportion existe entre l'atrophie

et lalparalvsle' bien plus' marque¡/ que oelle ? n.au'[;ait fitroere.

Il s agit 1>ieird urie ümyôtaopltié paaalytiflue. La lace, le diaphragme,

les intercostaux, les sphincters sont respectés; nulle altération , de

la'se-nsibilité'.o ,()9ÍJ'l(Jdf. nJy 1.. ,IIUIJô91p 9JJ "J, tnJ rIfJtYlt`Lt 2st ttrsll

l, , " '6 ? [ 'q, r 1;'111. \, 1[ 1 Id' 1-1"" ? "J' "1 ? 11.

alAvec 1 abolition complele,'dcsKrelIcx'cs tendineux existe'%uneexa :

grati.o\Í'colisidé'râ)jJerJd f 'Jal'co'l¡ trâCtion' j diô-\i1uscüldir'è; dcs"pal] li1

peration' ! considé'ra]J)d ? )a ? contractionidio'muscutirë dcspah'u-'

t'aliôn`st.flblt·illàitës', ùli'diuiütuiôiydé lâ sënybilitë leçyrtue;2lé

phél"iüihèÙél{ dé' 1 la : cO'nl1 ! itctio'r1lssbé'JritÍaiFëfBI'en¡'¡el'); et 1 : ënfin ¿ ¡;

ré'actioh deenërativë ? L'cxcitabi)itédës'tr6ncs nerveux* a baisser

réaction llegenel'a Ive, . ,eXCl a )1 l e, es troncs nerveux a JalSe, 1

f'ApJ'èsr'êtl ! e dinÍ1cuÍÍéc 1 d tiúi' 'o ? u,tI;b¡slnoi's 'st'¡itiÓ'Úiia/rc, 'l'{Í'ctibÍ'l

. 'rif' ri -,& Ir .,Ir, (r'l"¡ JJ'" '1 ] ? ( ? J 'f" .f(, 'JrlY ? Il) .fh', ..tfnr f n

s amende progressivement. Au bout' de six a huit mois, le, malade,

j'l'] ,,1 'L ! [ld'l n"f ? Cf'" ']1" (lU' ) ? <1 d'tJ")I" l ? l¡ ? IT 1

n'1a¡gre ]'absencu iétléë pltéllâire,,ëst Iendti â la ne com-

- . I¡TîG ? ? r ') ? f" r'1 ."f..."r\11l\."l),, )' f.,qf ! ltrÜ\tl I.Wfl.H ? ll¡ z

mune ; ses muscles ont recouvre vo ume et puissance.. Rien, chez

l'un d'eux', súi{-i Id(¡I;aÍÚ'qliatl : e¡'aÙs'Her¡ln'a f'déIi'Íentï(]J(IrÜel : ioil1

1 A l'autopste du premier suiet; ]e muscles offrent à J'oeil IlU

]'hlfr "¡¡if ,'J t,Il ? ? ...,,n"l ? \1 ? ('[']'' ? 'lll"v ? ull¡,IIIf ? ( 11,1 !

leur couleur et leur volume normaux; la moelle est anel11leC ses

r' ? ci "h 1'10;1 ]'J1\' "'f'lldi' ? nn] ? ffl1>l'n ? f'\ ,t" 'HII' <IPifJ,J¡' ? U

racines normales, les nerfs des membres manifestement atrophies.

- ? ,,o' f..);)) ? ) ? ftft) ? 0 ? < ? U ? ) ?

L examen histologique a confirme les prévisions de la clinique.,

)n ? m ? n)f",P .rfr)9'7'ir » . ! t n, fn I» -)LiH ? utj ?

LesS'érôn§ medullwes occbupatent les cornes antérieures dans

q·i V[I · [ 9 ' 9tt r, v .nt'b/T) ? 1 I ·r 1· m Itlnlnl tiuiu,' j jji

toute la hauteur du nevraxe. Les grosses ce u es 1110 l'Ices " 0 JI1-

]J<..I ! 'lr,ltf' i ! · n(· yit t o r f .vh ' 1W ? U ? t<ft"1 ""l" t)fl,"j.lU"q,ht ? I""u1J Il

Jeuses. atrophiées, plus pigmentées, granuleuses, privées par. place

dé nrbloncements sont, bien moins colorées par le carmin, et vrai-

- I' l ? q lr;l'iI'I'I' ! J. l' l'If, ? i1" .,11U\r . 'd "¡ HI ln j .. tj IIlp ')II)JJ

semblablemenl en vbie e, : CPc.IJ ? ? ? ;1 ? F ? a,1'Í,do,\l ? léslallera-

.tf ! T<fn ? < ? t-,t ? )J ? l ? < ? 1 ? a

tions des paratysios dspiithenques, qui, a J inverse des teplH'ol1ll'e- ? ii/ -.r, ? 111 ? Trl,Tti"1 ? i. ,«'.Ji'T, : 1[.T,.no ? Hicm "'Ht..1, i.ii ? Ii>

lites ordinaires et pareilles a celles ici décrites, permettent après ? ? ? (, y tW f it t r , h n mr·r. y.,9 m -JU ? ?

des troubles aussi profonds le retour de la fonction. A travers, ces

'']]'-¡ ? l''I ? d ? ¡'lf ? I'tn ,qIL>""i"d r : J" d 'rt,.I'I(,fi(ll : 'J ? J'" 1"1 11

ce Iules malades, le faisceau pyramidal., indemne ne peut trans-, ? , ? rl v. n· r , , m n .. (I·i e;mnut zulJ 1 mmuutd ? tt"'P" aux ? ,,] ? ) ? "t t<1 "'fiJ'lTft,.lh U'Hl11 2,()lu .J ? e" ! lbullJd

mettre aux muscles 1 incitation. volontaire. , ? ,... ?

IIW fn in f i · W ·v r 11 II 'rr· -m tJ Iff1 ! `r11" t· ,1 n"tAfj

.Les fibres ÍhuscuJaIrèS"dument striées offrent une multiplication

'1') ;;...c'd.f ? Q'1d ? ? ff'fO.' -'Id' O ? 1('¡ ? ¡ j;.n 1-1d"I'C)11'1¡' 11/'1.' .'1 .¡ ? 1. ,.j

abondante des noyaux du sarcolemne et de la substance contractile,

cllé-mêmë; lép·ôQplâsniacjitrlés enfoâaë s ést Infilti qe,I ? tept : .

Quant' au'diagnostic, on peut facilement distinguer l'affection de

la paralysie spinale aiguë de l'adulte, qui se distingue, au début,

par la^brusquerie des : accidents, la- fièvre intense,» la ! paral3-sie mus-

culaire d'emblée au summum, 1>ien,·loin·d'êLre·progressive. Il y a

ici, à la période d'état, prédominance de l'amyotrophie paralytique

sur. certains groupes,musçulaires,··Land;slducll;lucllct porte, égale-

ment et symétriquement) surdons les Il1usclcs.i'wv 09D flltllllHqqof'¡y

ub «9111&in ? ua zo 91 .-mal -sl elloJ 'l1.q > -idnp ='biu>1"'iq ··ttm7t

'1" JaVmT}'f 31+'0.1(\111 "q ail UU'JM31 00.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 101

'JJlJlIH. fil 1 : w ? uof, 'Jf1U : IIIJ. "fJ ! 11 : : ,'1'1 ? 1 'hl)o', 'WlI ? 'Ih JI(I ? ? l'l'

r ? TUllefnotion étiologique. Il, existait.'dans ¡l\C,llioe]] 0 examinée,

ui><vieux,,foyer,de.paral3Tsie infanLile.qnu'1 .flOl; HW >¡"Ir ! nii'h JJ,prj

.,5rlu,traitementgénéral tonique ? on'joindra .l'usage ,des courants

farad.iques.qui relardenUa. dégén{'ratiç ! l1' du musclol séparé, de. son

nerf.,(Brown-Sécfuard, 1)éjerine : )r.J ,'Ii : : u91',i', iiD.1 Bernard. 'h, 1110 n

- n', ? rurr arr(qn'lJr : b .JrTisJ.lt; LeIJ,rn 1111 '¡"/f. nO'lH'¡B ? IIO'l> n.I jn ¡n'

-iJrTitr, r '1'110') nj"jy'l nn'hn'JO'lfTeiiJ 'JJlI)JI¡1 4·rJnm1 ""J ? \ ? 1 ",il;1

II'f.9E ? ,ITnpVN\ir\' Y,ElHJ91¡;E,UIJ ? ;\ ? "'If,II\H'J (e) ? J ? e)'6

CiHI)",p)1¡jf¡,H JI11¡;1 ? I.I JJiJIIJ/lhlJ,I, 'trlq'tJ1.tfl(tnJ.. 't"¡"¡ 'd."y : t',... ? i. 1

rt' rIOJr.r ? )1 : llllft -,1^I(`W Jflni 8'i ,i'Wfrl·l, : I ,/tlîuG(1`YI`iJlli 'rt

Dans les travaux où celte question a été abordée, on, n'a1pas,re-,

cherché, quelle, Pa-\ ? 1 i,III f¡lll¡¡.,it l,atl;i1¡Her ! \1t,t)¡OnlvQ,e : .L'.orj)jJJo

externe et moyenne. ,à celles du nerf, auditif dans la.production.de

lltlj," ? . ' U1» ? J^ ? i ti-O, "I U ? I. Ij , I' J>, -J '..... r\ "w J"J* *"

la surdité, des bourdonnements d'oreille, et .du, vertige., On n'avait,

pas signalé ét>;ôiè 1 gral1j1 ? équtW ? co, syndrome ^Unique,;

au cours .du, .tabès. <m'r ,Ma'1)S ? X9 : 1l9\.I : on,t. rencontré dix-;sept;

fu,is)suüles.vlntquyLi;é LavIgLidtiés,examiné'par,eux. J ! S : ,OIt avec

soin noté ,a¡ ? R\11 ! -HlfP Lop.sLaHp'¡¡'llé,Lat, p'bjp'ci( el, £ olcpo,nnLde

l'appareil auditif..Presque..constamment, le d,byt,AJ1 : I'yE}rligIp.S,

Méniere tubetique a, coïncidé, avec, celui du t ! \1e'¡J L<;<;'Iymplûle,¡

ntMrç8n en, rien de jjeux, qu'on observer alqrs qu'itl,ne relève pas

déncéLLelafïérli,oni Dans le plus grand .nombre des cas,, l'examen

n,t'Ttr,)f ? t ? t ? T ? f ?

par la montre révéla une diminution considérable, de, 1 acuité audi- ? '11f¡ ? fJh ? : j¡lIllIlhl 1111.IH11 ") ? ).t',i"1 ? t" "

II ? fH.1 ? s'lq ? le diapason applique sur le squelette de. la tête, la

- ? »ic. ? <- li1 ? ? i.iii,- m.iJii i,1, .- i" r i .n i ,- ji.iïrmn r ,,l,l ? l

montrait normale. La présence, de bouchons, de,cérumen ? 1 exis-

, PlMlllS ? I" » ! . ll ? l I i. I '«l 'ifU'Illlul )> vutil iOleill ll.ii rr,(T,j 1

tence dune myringite, dune otite moyenne, 1 imerméabiytéde e

)q '1 ..(> ? l'H ? 1" 0 &11' 1. Ii JoI ? t" ¡il . i ? - ? Il',111.11 \'11 "fl" '1 - .j

la trompe expliquèrent cette contradiction. Les auteurs n'ontire-

,< 'VlIli'l'l'-HUI l.-i'ru". 'Il . 1/Li.lJ .11 ,< ? I I"HI> ' , ! )»"

trouve aucune de ces lésions chez trois de leurs tatJgtiques anectees.

n m .n «m ? ? vi : 1 1 ' , i -1 ,-< >JL,iliiJi'1 cC<) .s.l ,1 ? «ji.. ,- >iti)l

dlI'n ,.ff ? r'II1"¡", ? lIlt"'d\ ,.... dune, t : .1't') .J ? tPJI.. ? f ;-lJul

de vertige de Memere et douées,, dune acuité auditive, parfaite,

, ! »,. i- °i",i'-ij -i , »i-'i, -, ? i" j 'ii (.i'ifl im ? ir,ii u Y ? '

tandis que les sept malades, indemnes de cet accident, 1 ? p.\lp.\lr.

'' , "j "' · K'">'f ? t'' - '" >, ->l''l', I, T'1 ? >>' " ' ? ll.l'^.l ? lli r.

sujets du même âge pris au hasard, les présentèrent avec une égale, ? ? t1tI1(J' faut' donc,i'enoncei ? afaire dépendre le vertige de il

surdité. Il faut donc, renoncer a,laire dépendre le vertis-e de Me-,

SUl : ç¡.i,lé,of' I 1 1 1 > 1t r ? lll |, I i' , l'il, ,dp.\I,gre ,e V ! 3rltç ? H lh '

nière tabétique d'une dégénération du nerf, auditif. AI11. Marie et

Il ""1 l 11 r II ? Il , I( J> ? II"')" ! l '1M . Il lit j 1 ? 'H. 1 ,,11 1

Wallon le rapportent a des lésions des. origines cérébelleuses ou

bulbaires et des fibres elles-mêmes de, la portion delà huitième

paire qui provient des canaux semi-circu]a¡res,¡ el 11rside au sens

de l'espace. Celle hypothèse, est conforme aux données,récentes de

11 ? IITS 1 ' 1 I'1 . 11 1 ? HIIIIJJl} '.11 ? t¡J I.HI,IHl' c : f,OI(IhLIH III 1;

1 anatomie et de la physiologie, exposées récemment dans ce jour-

' 10 ? 'n .-i i "l'Ill.1 ! J f i-OJii-' 'jll'ili.lil "4 ? ? n 'm'11,ïi ? ii'>

nal'rHi ! ErlitzkJ ? u. 1 I ru; 1" j Itil ? lIJ ? D'B'ER'\.\"ÜDI ? J 1- : t11'1

11' .d) ! ? 1't,t.' IJJ ? fl1jD m .mol, ? 1 1ur¡q no ,')Jjt'IJjJ'llf 1JH JIF¡d.J

,Jnd ? > JJh ,9/1 ? IW"1o ,> rnp ? lInfH\ï <¡l, ? J),I'1 <¡/Hm'lB r>1 ? 'tlr. Il'fI J,f

lII.i Él'UDE SUR LA ! P1'l'noGLNIL : JDS3ULC : nEaV.IItIQUEUS;rparuQuWc :

s r 'WfGB'fl2()' (Revue de chirurgie*, 188a,«n° d I " Wum'b a-iiiilni

')[11'[,) ¡ : 1¡¡'uHl 'fIlqlI"lJw(rn¡¡'1 ',h 9'lnr.nlmobq ,Jr,h b )hol1'1fJ r.11o ,llf .f

o Frappé du défaut`derapp'ort ? existântffrérluemmellt entré île dé-

veloppement des varices' et la production des ulcères^'' des modifi-

cations profondes subies par tous les tissus, les os eux-mêmes du

EOt .3,m'.1 fJI : il'1 : 1f ! 111).H'liTAQ ao ajvaa

102 ? . REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

o-olit 2sb HOIJ')J¡ltJ1ti'l ami t) JIJJOCl'lq4b "Ic ! q"'11G fljJq'l . ? "'2as" : ¡JrIl

membre malade"l'auteur, a chol'Ohé¡à établir^ par^ (les 5r,eYHhbs¡)

histologiques que lllalléralionl de¡ ? norj's 1 Cpt, ! Ul £ ac ? )l1li(j.npÇJJt¡tl-Jj

darisila génèsefde ces perles, de, sU¡js,lanco..l\oy,rif¡l1 ainsi pq) \' ! ? R."I

servatiolfl anatomique une notion que F. Terrier avai.ç¡Î1,V.qujb

ment établie déjà. La ressemblance existant entre le processus

ulcératif et celui des troubles trophiques d'origine nerveuse ressort

bien],d'allléurs es, divers phénomènes qui firéçèdént `ët-accôm

pagnent' 1 a'par'itiôlicel'ülcèi'é"'â'Isâvoir ? rl'âêdéinè ? la pigmen-

tation de ] cplderme, les tac les rouges prurlgll1eUSes, l'hypersécré-

tion sudqripare. l'allongement des poils, l'incurvation et la défor-

mation, dés ongles1 : ' lesrtf'(Jubl'és'"dè;la'scrisibilité',1 el'°finale'menlfla

b"iîïie',J iJ "'I[) '\ ? 9 q ? r IrT') ê^^ .fil ? \11 tlbl,P'T " ? \ J f '. , r

liulÎe,,l'éscjlari'e rouâeati<ê;'lâ°laié's`tbüi·ds'iûéâuïl'eL']relevés ! :

rian'Ie'ssix casextinjs Ia"hérite'iHtèrstitië)Ie'n'a. ? .t fait'

ans les six cas examines, la névrite interstitielle n a jamais -faiti

défâl : 'Le' ne"'f/-pl'isl1dhÍ1lld ! iJtis'ürsains : (ést' à Nl11enté' dè'volumc; : ;I

ses'veinules di)at6'e ? Lç.t.issù'con'jSnctif 'diiriév'riÎèlllë''§'113peuplasiôl

)M i.'uo., <'<u.'< , 'r 1 , 1Jf 'rf 'n ' ? ? ' (j , - )

autour des veinules d'âbord, iü;peu9â a peu autour'des faisceaux ! 1

primitifs' ;' la gainé la.m&Oeuse'se ju'sf6nnoavec')ui ? L'e'faisceaux'

primitifs sont' pénétrés' et leûi'tubs nerveux dissociés,"atrophics'

yUW `fi n]ILHn '7`v I > l|timi, , . >t\nmjn ? 4 r rf t 1

par.des travées fibreuses et vasculaires ! sans aucune névrite paren-i

èl{yA\'5.l'JW" 'cÓHEôWiieaH té : ! Il J iI'y) ¡ : [11pas"] 11' ihllaIhInaLioi\."prDpagée;f

car oh'là trouve lôli dé 1 iUèrë,, sur le ? nerfs* profonds; 'elle 'n'offre'

aucun des caractères de la neY1'lte acendantc,'<Le développemen '

de la sclérose est constamment parallèle à celui des varices, des

veines, du nerf ou de celles, qui l'avoisinent. Le nerf, qui résiste si

; .u 31 v. n : 1.W 1,. iT.iïn.lii J|| .. , ? l .I11 J')I '1 1 I ' 1/

enermquement aux, irritations mécaniques, est atteint ici. dans'sa

. " ° ,. ' "- ? .' ' ' '.'. ? I AJd ? h ? .'t<Ht.)>n ? r. -, ,f,

circulation même et peut reaglr sans lésions très avancées. Le repos

facilite la circulation veineuse du membre en général, celle' de ses

nerfs en particulier. Ainsi s'expliquent ses heureux effets.

'" .'h ¿ ., 1.1 U.iTJ .1J ÜJ' : t IJ.,t 1 qJ ,HflO ? IDr¡ nq ! j urr fn JIU. ,.

yiôtc'r·m 9D uj.uo.t JJ'glÕ'> Il n<2t ! ( J 1 J'IJJWf\J2'1 ? iri\J' 'IDlho/J

- 1101&'[ n6 ? 1J ? jj 21JOiJ,¡Dlhâlil Mi aaJuoi i ij%i ? .j-i Jf' £ VJ\ r·]/j9d9T

IV. Contribution a l'étude^des ? lésions DU, B\1,LI ! r. E ? f;S\FIYE ? } j

flMÉNINGITI Cl1RO ? IQUE plll,litnllrpt e.iC;r(ilRaL ? lUÿ(Ilévuëtlclë

,'J médecine" ! 883, nî,3 ! V»àa"»l 71q* ov'isldu'* jup ? Tlao.à^Bj ,j : rfIGJI(Ollf'f n'lJll.tb'1JII;)1jLUtl ,,1 r12 'Jjl'lV'JCl u1 ? 1'1-1, t ? GV

-jjSi.les lésions dl(s);J,e¡, : fsçoQ1p,Ijmés, PJ1}' ItW e.tÆ\d.ts : 9{l,jlléli1;'\7

gite chronique d'emblée, si celles des muscles qui en relèvent sont

bien. connues,, on n a p,as,p.\cre, p,r ! e, de.sJOEdpqiOn. subies par

le bulb0.eu,paréil,,cas : ,1)glftolosryationsllôntpte`'Ynls : â5y,a Jitij

de combler cette lacune : , ."7.1," .s.Il,slilv. ny ', IIURUrir 96 sni><·

IL s agit dans 1 une d un. exemple rare de pachymemngite, osseuse

externe,) ayant enolobéf les,, nerfs dej]a, sixiè¡Í1e et de la septième

paires ;.dans l'autre, .d'une, méningite ? 2'li(ÍueJ : Ùt¡LIhJ])i ! o]1;'gé

sur le tronc de la douzième paire. Ces nerfs étaient» réduits' i\ dé

minces,cordons, fibreux;fI le1. musc ! es n g2]s 9,amtn,aln ? q à( ! ,l'etal

graisseux;, La'protubérance et^le bulbe, avaieul,subi une atrophie

très apparente dans la moitié 'corl : ésp'Óndânc'à' lâ"Í : âciÍ1etldeJnërl;s

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 103

Ur 13 t irai/' 151 ,l' 1(\' ! T' 21(l n'y lie (II r

intéressés. Cette atrophie dépendait d'une raréfaction des filets

d'origine, de la' diminution 'du nombre etidu volume 'des cellules'

de'leurs' noyaux' passés 'à)l'état fibreux; ! Ces lésions, ressemblent ài

celles que \I11 : Dichinsoil et 'Vulpian font ! décrites 'dans la- moelle.»

des' 'amputés.1 '' `"t^'I ? .'1 -)'Il) norJol1 4f", ·,ulrirm,Jf I). D : 11Jt.11'I-

'Ueor 1., lq il "1 III" Ji ? '" ¡ : t\ ' : OflbJr ! rn,)i : 29'J J;.J .t,t, ,ildr>Ja jll9m

qpfjb7lll%fl ')0 ? 1'/(1'/0 - -mrpttlritrtt r4lrfrt'rt 291, mh . t'l1rtwlo)"¡

V. ABCES) 1 DE, L,t.REGIO;<\, ¡VERTEBR,LE POSTERIEURE CHEZ LES NOUVEAU-,

'' ' , 'I ''» ? "i'l ' ''< ? ," ! «Jl-illn : O ll'inf

NÉS;-DIPPICULT1 : S DE , LEUR, DIAGNOSTIC ; par 1 ? JI j( .H ? U o'lr,

S2lGLll; des maladies de l'enfance'' février -1883.·<"1 ? 14L J : l'Ji¡Jn4.j

t "u.......0.; ? Il ! j ""1 Ju -'711'1bJ : Jj rq'II'J')uJ(l" : J 9..0 nu..l..1;

'YO'LtJI ri j-) nO¡JJ'¡<flf<,{ : ¡ : 1 .I'"fl ? 1. .'IIY/'l'PJ[Tnl],"i r¡"f;nl"[1 IH rroij

1 Dans.deux cas, au milieu de la région dorsale et au cou, 1 auteur

a observé sur,la ligne médiane, sansicedème ni rougeur des tégu ?

ments, une tumeur fluctuante, ,qlf\' ! }n 1 souu¡ : irA ? eI} ds cris un

accroissement,de, sa tension et une certaine expansion ! Il s'agissait

, , ., S,, 1 ..1 . r "it ! " 1 Uh ? O

d'uni abcès ,froid..L'expansion ainsi observée dépendrait dés âüàs-"

tom¿s'es' nombreuses q' ui'" rliênt",e'll'ti'e ? ellès 'les) 'veihés"¡intr;a,éf

jj - x '-1 Il 1 - 1'. 1 1, si r ? 1111 t 1 ...', , "tlff ! 11 ?

extra-rachidiennes,.de la plénitude des réseaux veineux sous-cuta-

nésJ aUj moment dej'effort. La, ponction exploratrice tranchera'

1 j-' j ? .. ,, '" : .... ,J..l ..11n ? .J',... J ? Hf 1 ;0", Gliloq r Il

]e,diagnostic,d.Yee.certames, méningites. L expectahon semble e

bien indiquée,par,,le premier(fait,, 'c,arlle1 téguments, rougirent et

s'oedématièrenl bientôtiau, niveau 1 1 1.. . - , q'riélè chirurgien,'

s'oedén1atire,nt l ! ip ? Pt1 q ? ni ? e,v- .I1l¡ltr.turl1q le chrli·rién,

d'abord très indécis, ouvrit d emblée. , , , , "D. B. ... !

11 - 11 t t e t- 11, 1 ? ·.,1 C1UIJJ. ? ÜJ 'mu <.(1. ut, '. t 9111nv1.t1 tn··ut,n Lun'· 1· s'r0'ryl ? t;I vb

1... q1J y', ,'flP 1-in J III '"ISII.-f. I "11. ^Hr ? ,| t. t, r"

VI. Sur L ÉLONGATION des branches DU trijumeau dans le traitement

.JI( d j Il 1 Il III l '1. ,# ? Il Pl ? 'fy ? f\ " f '

,, du. BLËPHAROSPASME douloureux par F.' PANAS;(A ! '< ? d'<M)A</ta<-

9nôlote, , t. I, ·p. 385. : r i `a(lltl<n,l ',I).\h<"1 'JI"q t, ,'uf')'ff l1úIIJ.III"'II"

J Jn ^,i ,-A 1 '. 'i-jdm«.i.i ub -jdii'u i-i; (luiUlu'iii-. ist ahlnî

. ' ni ' i-i'iu'iif - " te. ,'uii ? ->; 1- Ij . , ,' , ? i».

A une observation personnelle, 1 auteur réuni trois faits 'de

Kocher, Grainger Stewart et Masing. 11 s'agit toujours de névralgies

rebelles avant résisté à toutes les médications. Le succès de l'élon-

gatioh dûment piatiquée·à'été`'ïmmédiat : J" -' / "'liT 1111111';0;0 : 1 .11

Koeher attribue l'absence de" douleurs' après 1 l'élongation,* con-

trairement à ce qui s'observe après la névrotomie et l'excision ner-

veuse, à l'absence de névrite sur le boutcentral. Outre l'inconstance

de ce'fait, tes lésions du nerf tiraillé''ne'*sont'pas moindres que

dans les 'deux autres opérations' ? ,1 JoJo, le . "cid IYI'I '\1 oiipino-ub 9J : ! 1

'" L'examen" d'un frkàgni6ài'd é'nèi,f rompu' et réséqué aimontré au

professeur Panas les tubes nerveux' privés' de myéline, réduits à la

gaine de Schwann et au cylindre d'axe. Ces'lésions ne relevaient

pas de la névralgie, car l'expérimentation'sur'des nerfs sains les a

reproduites. Elles eipliquent" les'J succès' de f l'é]ong-alion qui,'sous

peined;éclièc,'doit tn·faiteo3 fond ef`po;ôq fey';isenbil'Irjélu2 '

là région malade ? 18 ''l'WI' ™ 1 'l'ff;.>q ';<r> "s-1"1' BI ->i' ')001J Da

L'auteur à vu'sur le cadavre les' tiraillements du nerf sus-orbitaire

porter sur lé ganglionde Gasser. GhezJsa'lm âd blloyo·'ol·1 ? ,'yi ils ? "" @ill @ 1 , f-, J11j.r)il qdg'j"41. jjj,olll [;1 "Il.l>ll : Jt.l'J'l1,qq £ a4¡J

provoquèrent t, ? n00, iSIHî...h8\(IUoe) t. abondayleLde,mucus nasal'-parj

la narine, du côté intéressé.- Après l'opération, ]l.y.,eut)tarissemetj

prolongé de6la<sécrétipn.Çet1te açtoonl,d dislanceldipenSe"dç la rqr

cherche dângérgése,aés,,neifs.daûrl,oyloie ? rr,, r ? r,r(lun j1l911 on

üelie,i,duipassage,jdqrsu$;pr,bitaire .es,t)n,ifJué, pa, Ip,,¡c,h¡mge,1

l\nt ? ,13, 1 (qrmed ! I\,.J;W.l;4 A 41 C.9FO, ! lL.ql\.i, ,çJ/,aH9ydi; \t¡,,son,ni V,e¡lU, 1

dv : n} ? rsqul1e ! f,1 : A l¡q MIi¡.,\l ? Une ,9j ¡U;iSLO n¿Ldê Ii tr91, ? I1.ceI,) li- ¡

mètres, parallèle au[Sourcil,, et,. très y.ol,11e... qe'LlUl ? c,qI)d'ptùl,I.l'Je l

nerf .^une, incision gaJe"obl¡fIuç ? JeJl ? D ? e, de.b9.I ? pasan à¡

""hSH ? t ? 0 ? s ? llp¡};l,çr;fJ É<.J 4hp'rl ? i¡t,i,l : e., L' po;,¡

pliyse matairejdu maxillaire supérieur sert de point de,epte. fleb

Les malades n'ont pas été revus longtemps après l'opération.

Les résultats définitifs demeurent donc inconnus, aussi bien

d'ailleurs qu'aprÈs, Ies,autres'procédés. : Laj,simplicité du( manuel

opératoire, les SUCC19b,tellu ,14.Où, aV,at,Uc]\oué la section, feront

préférer l'élongation. ' '' ' D. BERNARD.

Hmit/'f WOI¡ liiîwiJ 93 . inornulrnW oh j'wc iap rtorlnrruzfo'.1

9jV,lI.,DjE -la; surdité ¡ D¡\NSjl'I1f; : \lIANEsTHÉsmll HYSTÉIIiQ ! J.E;1 ;l pariant

1·r ,3=rr, G.-L.yVALTON,(de,l3ostôn) ? Brairz, part.rXX;4883.)arrl : siott

- -'ni ,'t "h Inudp.'f¡ ,31.d'IJrI`r9U(i 91flâoJTl onu'b alius x.1 L ,JrIj;Jfril75'til

.Après une, rapide; revue"de'rl;état de,nos"copnaissances,surl'lié.1

mj¡p : IstJIi ,dj h : rstériqu¡¡, ,et) nO1;I,mmen Jes', travaux"de,rM.'r ¡en

professeur lyrçç,t, et,dç,l,;icbr, l'auteur e rappel] e (que Féré >[A rch ? t

déNcit·,ol,oy·iq;,iS"8)savaitr;dé,àr,constaté"cllez, ],es £ , hystérique ! , ¡;Jan

sUl'dle 1( ? hpôéA : Ç¡,l,)euganü.1theIC'1l alllsl[Lque' la pertejdc. ta sen-ia 9

sibilité au nil;eau des, , parois, (du c9ndui ? auditif1 : 0xteplC¡letr émisq

cejl.te,,opinipn,nqu'ii existe,, dansa 1e,llç\ : 1l'veauA des¡,centros ),ensitissb

fournissait^, la 911 al ! txJQrgaJH¡Js, d¡ ! s gens/iet.i à.jleurs téguments.)-)

J q ! ! Y,J'¡spe{l ? i" a ? J,1l ? u Jj.\IJ ? ¡,1 cost'1-t¡¡ }a'1 .urdité 4és .hysté- si

l'iques ? GI ? 1 I.LrjbIltsC)¡,iç.b.),lY\l¡p ,yu ),ç.eLLe,s,urditt\ pésenter les,))

pbénomènes du;trnsfgrt..j,i 61 A, ? fj'lh6 sol zar;6 qjl¿OI)o11 ? f¡ Jy

,111;.\'âltônâ repris1^urJles,hystérjques..de;ila,uSalpôlrièreirôludç;a

de I.H¡ ? I q ! l'ies ? o9'G, ! îtfb.ÇP.ps\illoAU : fJJ1J ? lf.at, 1 tO ! lt le;cpnduit,audi : ,b

tifextérne; ,èt le ,tyW pa ! 1,l¥h-J ! lÇæ : çi pa,rtiçj peut à-l'bértyanestbésie;c(

que }.y ? gr,1 d)fl.\'ou'dM correspond, à gelui,dJl'an,esthésie, c'est11 !

à-^dire^ qV'à,,\lD¡\\,11p : Ii.a.ntp.é,s.ie plus ou, moins complètejoorrespondiq

une surditéiplus pd1Jqis),pl'on\lnée';I.qU()J¡j¡a .,suJ : dité¿ deal hysté-J9

riques est.soumise aux lois du transfert, et,suit"lesvariations de 'G

celui-ci.. '

De plus, et c'est la surtout la partie originale de ses recherches,

11f : lYalton'xétrrdié'lés'ccaràctèué§ ! 'dé cêtté Sül : dité 'dâ'n's"1ëS'ë : i's 'où/,]

l'hén}ianesthéie\n'est \ qu'ipcop1plète;l ! et Pa 1 ! c'on'staté\ qu'alors J la

perception des vibrations du diapason par l'intermédiaire, dès os

du crâne est abolie, tandis qu'elle persiste par l'intermédiaire du

tympan4lors,qugj lediapasoncest';placéDà ? une.ffaible distance de

l'ore ? t (P, ? ,\lJ ? 1JU ? s'agisse P £ 1p.Æe.sqp trè ,éleyés) ; c'est làoj

REVUË";ÏÍÉ : p';\Tfior;oGIE1 NERVÈVSË : ' 105

un'fait très' intércssan'L,uéal\(iJ -se retroMè'chëzles"vIëi)lat''ds;Tlain J

]Èt ! sul'dilé' ditelséniJe., El¡)à' ! ètJ' pi'Óp'6s" Pautëur7faitl'yâLréi,ilârijué

j uùici eue9 quel cël té' 's\uJdi lé;' di t ! pli1.J IÜ/dutl 'dd 't¡ : tr'1lsiissib1Î 'ossiiscl

ne tient nullement à uneCdltratiÓhf del'dS' du'ctâiIe;Jéà171oi'h'dlitffâi'}

blirilaipropagation"duison', Idsoudure'dës différentesr'suf : ûi·'és9t) ! e-

vl'ait"1 au 'contrair'e"1a'favo'risei ? 5Ï1a 'p'ei'cbp'tibn 'des'viHfdtiàÍ1s l "p'){ff

l'ihtermédiairelde"la' boîte 6râ'nien'ne"nërser fait pl'M' h'esf'dbi'

pas"danli l' Hat' desl 6s' qu'il ¡ filût 'èîl'ebhÍ'c11èr'W 'raison, niais dans

l'état15 des ! centres1 l'éceptellr' Ib'est"eIibÓre9¡{iÜl étit aI"Ide ? è ?

mômes' centrbs''qu'il ! faut' attribuer le 'ph'éli'6fn'èÏië'anlog\iWFÓÍistaté'

dans l'Iiystérié.Jn'nq '1]) j'J'12 'JUDj'H1(lji D'IIJJlhxUH 'IN'1 i;ii 5P'I, ! iQ

.nuüs7eqo`I 2 : 'I'lQI' Eqm9J;110 ! ? U'{'I'I bUt "nq hM'f ! n "9111>1[;j(( 2'1.1

Cl91f ! issus , ,2J'nfI,oJfli Duob j ? J1l'Jcn"lf¡ a11Jinfi ? Jb éJnHua5'I -s 1

1911fInnVIOE Dis- la] si-punis DÈ; ! Ú MotLLE;1padF. F.vGREÏi;F, ? ';1JOl'iiB'b

Jnu'I91 ,uoilss (h·charf;'Pstih : ' 2v : '>Nçrtënh 1,'1111; 3 ! yz sat ,9'IIOJJ>'l,jqo

.aiiAKu-M .0 .11ojj £ ! .)uob'( 'wÜ1 ! l1q

L'observation qui sert de fondement à ce travail nous paraît

mériter ]plpeineid'uiie apal3=se : ahs'a'it=d'uuë'femme de cfùaru'ilte-

trois ans( portant'sur elle,rles·Signesd'ui5e iùfeetiOlÍ7'flI1térieure, et

présentant, à la suite d'une manie puerpérale, d'abord de la mé-

tane611e ? puis'de'agitationfavec'désordre'dans te'idéesA' ée'%t-

iiientiôti, constate'des troubles' moteurs manifestés1/ tels que'du trem-1

blement et des mouvements choréifbrme's dans les 111aiÜ;5'e-t'lès'bras;Q

delà parésie) faciale/ de>Jl'inégalité 'púpillairè;. dc"]3' l)lépllà¡ : dplÓse : 11

et,l finalement;"de 1'affaililissement danseziriferiéiïrs ?

Pendant'une' quinzaiii¿"de jOÚl's ? ]a btcm ])é¡'at111Je 'è'dh'aïss'é3 ;lJvr2

et 300,5)pour 'revenir5 àr la' 1'Iormale<' etf.¡ monter brusquement1 ix ? 0=' 5

et 42°.nAptè des' alternatives' d'e : xbtatibn'f êt "Je' dép'ressiOl;f' et 1 lÍiie1' !

nouvelleliÿpôtliermioe`(32j ? z la nialâde;jdél>tleâte;ttiinlié'sôûdaiiot *

dans le'collapsus et succombe'.1 L'autbpsiédéEè]e ? üës taches blanches''1

et des nodosités dans les artères de la basd'tld FeÚêéphale'(artéritq £ I

syphiJitii : lue)11,'La' nfoelle' Óffre>J'sul'" tolIte fa' èauperdë l'hyperplasie

dui-tissû iÍ1tel'stiliej¡(ainsiUqu'ilill'exsùaat 'IfiIlàllÍÍhatÓirè' pécivâscu9l'

laire; qui commençaient à' comprimer les' 'éléments nerveux. InflmÎ1)JJ

mation . dCJJla'( piè ! mèl'e "de 'cét'>'orgarife ; autorité 'très1 prbribncée;'P p

plilébite' oblitérànlcr L'auteur 'édn'sidère' lê's lés¡b;IÎ pie-'nlédeni1'¿s.J.>

et vasculaires' comme `spécifitlues;l'le's°lltérâtüiin"iné'tûlfâirés'2ên'u

seraient lâ'consétÎuénce.l9 ,J-w1afIJ)1j nb dol XIJJ3 9='uni'o<p) up

.t3-it) ! s3

,¿",b151 ! : J51 ¿aa JD 9h,iIi,\\1'l0 (JIJ'Intt , : 1 luohJl2 J,I 1 ? 'j'o la ,8olq sa

IX. : uQ9lj''r ? B,T ! Tl,N j +u AFFECTIONS,. DUly SYSTÈME 1 NERVEUX .CBN- M

TRL ? par Cl,nus(de Saûhel1byrg),(A,clt'.>'f' Psyclttou;¡Nei'-1 i

,veulc ? XIIE3 : T9Jf1L1T6qn0211qB(17 nb anoijil1di', Mi) 110,jq9 ? 1Sq

ub S'1Ï1,ib ? i1'1'WJl11' ! wq uJziz7sq olls'up eÍhfJjJj ,91lodc Jeu sn's·r.. ub

Ib Selérôse céréGro-spiaale : nlzclliloc2clazi·e ! E='1 L'observation'"^

complète ; présentée4 par l'autèùr'eoITr 'deux ^particularités9 ! 0

106). REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.,

1En outre, des foyers scléreux, disséminés, on, rencontre, à la

convexité des hémisphères de la méningite et des lésions atro-

. ? 1.. 4,la, ? 11gi l,nl W 1 ,uw 9v·vy1 ! \v

phjqges ,chrnique.lPs 1 clcpn.vRlution ? sce ? ltb, R.ppr8f '\

chantée fait de, ceux qui ont été publiés jusqu'à ce jour, M." Claus

4, . , i . .. 1 . . i-iii. il P.. ? h\sqq : r, ? ? ? r=m J

émet cette loi que «; toutes les fois ou au q91mp,eHls,symp,tqJ; ! }ï)

tique de la, sclérose multiloculaire s'ajoutent les manifestations,^

évidentes de la, démence,paralytique, il, existe de ? fvé,ltlipgqr,eÍ : tt->1

céplialite chronique de l'écorce, aboutissant à l'atrophie ,d ? ,.1 ?

mentsprincipalement dans le champ du cerveau antérieur ». J

2° Alors, que les procèdes de durcissement de la moelle accusent

une dégénérescence symétrique des cordons postérieurs a la

limite des, faisceaux de, Goll et de Durdach dans le segment

dorsal supérieur, 1,' examen, microscopique ne, démontre que

de faibles altérations. M. Claus mentionne trois faits sem-

blables 'parmi des psychopathesp n ! ayant d'ailleurs "présenté

aucun' symptôme' d'origine 'médullaire il. n'observa ! qu'une' >

faible augmentation de volume du tissu conjonètif.11 q \ i '/l, >

"-1"" "-I1'lIloJt qJl U'-¡ lit- 1 1 (101 q p 7' . 1 t t , i ·,11 . (101 Il

AV.. Atrophie du cervelet ^chez un , d,énzezit,éilep,ta'que, --=-ïp : ('f,0\l.

relevons dans l'observation fort rudimentaire, du malade, delà

mydriase gauche,, de la, déviation de la langue du même côté,,

de la. paralysie faciale droite,' une¡ démarche chancelante avec|

tendance à tomber en avant et difficulté extrême de se redresser.'»

La' progression des phénomènes'entraine dans les deux derniers

mois, l'alitement' presque constant. L'étude macroscopique ('se'

résumé' en'l'existence'd'altérations ménih'gitiqùës' chroniques^

d'une sclérosé, très prononcée, au pourtour delà corne A.i11 PW

et de la circonvolution de l'hippocampe du côté droit, avec nom-

breuses pertes' de -substance, dune diminution de^yolume con-

sidérable des circonvolutions du cervelet, devenu jaune-blan-

châtre. Induration de ces régions; réduction des zones corticales

atrophie de l'olive droite. P. du cerveau revêtu de ses membra-

nes,13c)0., P. du cervelet 110. L'analyse microscopique, révèle

l'intégrité de la moelle, l'aspect classique des points scléreux

dans le cerveau. Ces endroits dans le cervelet sont caractérisés

par ul).e rougeur. intense,ll'atrophie des,cellules de Purkinjeet

des cellules de la couche externe, l'épaississement strié des pa-,

rois vasculaires couvertes de¡granulations graisseuses et ùel cel-

lules granuleuses ; la substance blanche est sillonnée detractus

de tissu conjonctif fortement teintés en rouge ; atteinte partielle

du corps rhomboïdal.

-m Ib l "1f¡¡llt dl. rl Hf ! ('1'1t " ! JIll l' tjj. '1 - - f ,i »ji ? 0

mIII/Sous le titre de forme de. dégénér,esçence pal,.ticllliè1e de,lf !

, "r' i;, Il ? 1, 1 H q f

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 07'

n'ibeÚe'èlé'Z'lÍb;'Íl111'é; l'auteur appelle' i l'attention'' sur Un' fOYe1 ? dè t

myélite chronique ovalé inesurant un centimètre' qu'il rencontra''

clieI[ûn'.1paralytiquésgénéràr'dans,'la^M -"an t'é ! I

rïéür ! é dû cordon'' latéral.1 Aa'r1tléonstàté ? elllbüÛ,jles'lésions')

cs'sue'sea'6ningop'eriencophalito il 'iappro'cJ¡ e 'fait)

dés ôbservatlons de M7é'st ll*àl"'daiis"' Liëlles'* la*' sclérose ' lori f

fo'yeFiîlilfi'e'ct61a fornié de'ci( ? nië'n'ée""p'âr'alyti'q'û-e'M' 7ës't'plial lurait'

également vu plusieurs fols semblable' altération" 'à1 \ loc'alis ? 1

, ? " ? ,&, Il . Jn··t t

tion 'iden tiquer not'àîrlll1nL"dalis un'' cas' de 'dégénérescence des '

t't «'v7r t , Ir fr et yy mfj ? i' 'h 8h 29 ! `J : )01( Pt T N T*' 'to ! / °4

'" l ? )'' "" ? .uni. 1 - "'l' ot\'J')O'l'l °"1 'J' '1 '1 0(>

cordons postérieurs, sans psvchose. a h " J 1 .lIi.

ci t 21..0('I9,Ié0(I Rtjoinoo Bir> .')tjp'7l''fft' ''H8()r' : )' h1, : )tlt ? { ! fI

trfnr"n4a ,r fTr,r\ tlnfrrtrfl .,f, te, Ilnrl nf, 'rllM ? ci, i'j si 1

X, Des ItAI'PORTS nui lient la. syphilis au T11S1 : S; par 111 : l'usmr.Liln 1

9lrp 9'lwom[) ! (A¡;Ch, Psyclt. 2t. Nui,veitle.1, XII 3;),q"¡"qIJ tr;ruol3

- m92 ejw1 3tu'ij 9fl1lOJJll9fII 2JJJ31J M ,anU¡jJ}'I4tJl; P9J¡flf, ! iL

5L'autcLu' a dressé'une, statistique à l'aide ,de cinquante et un, cas;"

d'ataxie,locomotrice.lrlbsence'dc s3-ItbilistantérigureqouactuelÎe,

dans 47 p. 1 Dg : L'infection avait, précédé la n9-1di,i' e ! 1 ? izeJ zizi

(3l p, 100); neuf malades (17,6 p. 100) avaient eu, un. chancre sans

accidents sëè'oiid&ir'es'IJien 'cerlains : Deux'auLres 'fails sont absolu-

ment' douteux 'quant' a' lâ'nalure du -chancre constaté/'Deux'obscr-'

vaLions 'SOill' 'relatées, en' détai 1 ; Ies'tabétiques''en J qucstion- avaienu

présenlépriin un exajithemo syphilitique grave, l'autre des accidents,

cérébraux de mGnuo;nature. ! Lesl'lpl'ell11el's¡ symplômes i de, 1 : [11\I'.t9J

soi montrèrent dans.les deux cas.de si,a à·inât;tun, ans,aprts^l'i 4fecJ

tion. Ces documents, sont Jl,gin3ll enLraîner la,.éon iiétiôyl ,qué ]¡SY-

.. Il Il .....je 1 III, J J di" ? 1.' 1 , 'L'l ? 1(i ? lI.JJ.1 , .... , -,Il

W\J tl,i ? wge1rR ? j,\¡ ? ? ,cr, sur huit autopsies qui purent être

piaii'l'tiées, on lie 1-ciiconti-a que trois fois des' " , . '" . ' ,. ? !

pratiquées, on ne rencontra que^ trois ? J7,e ? Iés ! , ? nsviscl ? I ? , (to¡-I

ticule et'' système' - osseux) ? 'de' plus, ! même chez les labétiques aiité-

riètÍÍ : é¡Íl'èï1 t i{1 fe'lés : ]é' traitement an lisy'phili Liq1Íé' lIé' dôÚn'a j aniais'

dë'"résu]taCéc)ata'nt ! 'Telle'est la' cônclusion'de·111 : ·Pusinelli ? P : 'Kr

- lflJ,1 UfIIJE1 iJlw'r90 L11 < : Û'\ltIJJU'1fll""li'j : >b e ! Ul\"j[l1 ?

'} Le ,t'Tf"),\ ? QNn\, fi, , ·· ... ? ., r,-...,I ? 1 -, l, l ,'1 ;

XI. Contribution A L ETUDE DES troubles de LA sensibilité ET

"'1'"ri If' ,II' "1 h nt : "YI)'f n... ? y,,1"\ rr .(1 r.-tp ? h ? 1 , nul, ... *

,DE L ACUITE VISUELLE DANS LES LESIONS DES CIRCONVOLUTIONS

f\l ? Q"1. 'lrn.rnd ? ¡n'1"'\f ¡ r ? l ,\t ? ? Il " if (" f ? r

CERLBl ? 1,ES; par le '1. 13ERNH`1RD'I'. (Arcli. f.Psychïu] Il e9 -

xrio^ ? )^ |, ,tl qlllilp ? I.1 : 1 11«)(| ? - I ;ill<ï<Vii inl il l'iTJ'lIn' 1

;r.nn'1 ? i : )X'II{'3) -"110 'Hll ? oJ" : 1 1'1')(1;>" 1 l,t ? li ¡;I /1 l'IT't1l11'l 1

venli., Ail, i). , < , J 7

f"2t'iH ? )''tti's j" '1/'1'<\', "r %(7G1 fJlO'Ir.f1'1 ;0'1 : \ rhd ? (4'1 si ;<flI,L

16L'atitlutr'l, à 'défaut' il' autopsies,' discute'le diagnostic des quatre,

observatiëns suivantes^ à la1 lumière 'des' faits de ce genre déjà

publiés paÍ'(NÓtJ¡.n¡(gel( Vetter,' Gelpke,9 Kahler, Sellator;tHolf

mânnl(hf= ? );t'Pirina,·Baurligarten;-Curscllmanu; Verniclce;

\Vestphal ? Sa ! lielsohll'et' ùes' étudcs expérimentales' dei Munit'.»

, fr'I"II.frflll,1'J n ? «1,

Observation 1. il s'agit d'une femme de cinquante-trois ans

présentante èiî\;'ÍÎÙti"'187'7;'\'des\) nauôées;\ des 1 v'om isselllmll¿,' 'un

fr.t -.t ? ,T'.t-/ft ? )r ? {TA1 ? tfff ! T ? m

108 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

- ? l.,\.ttl ? n vfilTt-;T5'"i ."J ;' ! : ; KniT.DTiy in'd '.i/

affaiblissement très prononce du cote droit, .sans période connais- ! '{ U IWI ? .\ i' ' ' .'l{BJ ? 'li" * ? ) ? ? J f,>0. ? j 1- 1

sance; quelque embarras de la parole : rétablissement au bout de

quatorze jours. En février ISiS, elle se plaint que l'oeil droit, en

arrière duquel elle avait éprouve une..sensation de pression. x"vpit

-t.. IMF ! Il» ? > ? ,-ill II jl'illlil Ol.innT J....J- ^'J^i 3." i » .-fn \

moins; en même temps elle ne, peut se servir, de la main droite., La

7'1"11 ? QHl'l)lJlllI'IHI ") ? HnH[t.))t)r.JJ ! 0<0 ? M '" ?

malade voit comme à travers un nuage,; 1 examen .démontre, que,

,11 ? 11 , ? 'l'.III . 11 'll 1(111) 'iGJI..J Ii ? > H ? ,1 t ...oi")',I.<; <1,

1 obnubilation /bilatérale .occupe ! Js 11;p'11', éluar$,supérieur$de,;lat

moitié " droite du champ visuel, tandis que, l'acuité, centrale,, et le,

fond de J'oeil sonl restés llormau,\'. AchromalolJsie d"J,]a zone¡aÍfeq-11

',h'n;' 'f1h ? J'.FI". U ? lIul } .tf1 ,Jul'" .JJ l,. JUi . , j ,.r¡ : . '.Jj.IJ 1 ?

tee ; 1 appréciation des, distances ,a subi , .une. altération, parallèle,

dans la même 'lé¡¡,ipn',nffi ! J}ir ! Jl1)H'1,LAvj ? çll, ? I laJsensibililc,1o.u,

bras' droit, principalement à' partir du coudé jusqu'en, bas, ,1a, près ?

;-t..n, 1.1 .' ¡JIll' . It*'¡ un .1. u.Ju' 'J, 'I ? Ùt-l' 1 ? J ! +' . ICi"'i\,. ¡fi r : rJ ? m

sonlef,t1a11esanLeu' y sont imparfaitement perçyes,i111'ilJlleyonide^

IO"t ? tllll.11 II 111r : "UGI' 'J" - ? , dt"1 Ho, r ? i* ,' ,1 711 r T -. -. 1 t I '.>

la main sur la face|dorsale Hl ! vanï ! )r ! ls",4lç ! : m ! lle ? ,g £ sJgnpu ? ef

ll ! , ? ,n t l ,¡n : o ! ¡1tires,.4 ! wj¡ ,\ŸI '1 \qrls : j ? t,1J ? ]sJIAaj ? 1W ? jçJ11 peut

imprimer des mouvements, qu ils,, conservent., sans que, Ja patienter

IpIJ nvn'·, 'llJfl'Ib l 'u m mlcnIlL7L. , f IUpl 1 ? 1 ? .... J"'jJo1 ,t zist

- 1' Jnw'rbli` ·.'n n`IIJJ'9t19ttil 'ttlD'tR·1 ,li.oq uh nn¡Jfi'l41 : JJ, 3 ?

IOu. lLn 111,n homme de, cinquante ansalteint de scialique,,esl-i

pris, soudain d'hémiparésie gauche, de, Cqul'te¡ durée,' : : 1," lIa 1 suiLe, de,

prodromes, d'ordre sensilif- pas de perte, dlj¡ conJlaiSSalce,; 11 ! l11a-

n9ps\\ gfal ? tp ! p : ,esfésie Ul111êl}J ? bûté" ,ePl.smoisj,après, coin- ,

vulsions clQniéjiJes dùlJèas gauche à plusieurs reprises; légère

fatigue intellectuelle.

.jpDs.tI ? A la suito,d',une, émotion ,violenle,une¡ fommo de qua ?

rante-cinq) ans,,ressent unlaffaihlissementJ,psyçliique'.dont elle, a

conscience, puis, de temps à autre; ;des secousses dansées'extrémités

gauches. Pas de paralysie; diminution de tous les modes de la sen-

si ! Jilité,IY "ç9,lp ! : is l'excitabilitpriélectrorCiUanée'.i et -éleclroriiiuscu-

]aire.,Légëre.paresie du facial inférieur, ebom;rdriase pupillaiJ'e¡. dur

même ? bté ? Ilémianopsic..lJOmolatérale;,papillesrougesJa con=1 T

tOlsj"v.¡al,lillliL ? s'uJ¡ .¡. £ J wlr¡¡om lié' ')jj1l0 ! \ 1\ ....tJlI(, mt '. nJ,m

lOès.^IV.'lt Symptomatologie identique'' eten'outre ? ataxie'do'*

l'extrémité atteinte/rlos troubles- rde la'sensibilitéi's'éleiidaiit'aussi'1

à la'moitié correspondante dLUo6u ? de ! iJ.'lIuflué"ef' du"l1\onc.'LGIh ')b

i'c'rpn",to¡ ? tt ? j¡, ? 1-, ? 13 ? 0 ? 111;[ 1" '.11 J(jO : J on ,Ir;1rr¡Ôd'f , i

JI9.S .,att,q.q1Ae, ,d}¡Í¡lJiplégie)1 'r : uslJ uesj,qui [Isur,viepnen ' sans 1

perte de,, connaissance et,ne.sont imputables, en somme, qu'à 1

des troubles de la sensibilité excluent,- dit)M : "Bernhardt,"l'at-1

teinte de la' capsule interne eU des-ganglions de la base ;r'il'est'" '.

plus'probable qu'elles êmiinentvie' lésions^'dmis1 les'ztines'corti-'

cales en j'appOrl'avec la1p'er'cejjtioi"sénsible.a'L'/¡i7'iÙiiiapsie doit"

être considérée comme une complication du reste de même ordre , t;

. -r-r. I . n ,. , , riu , ,, '.L ,, ,' ..l'Il'^l lit . , . Il Hll| II ? I 'II,, , -'»

[zones occrpilâlés dé Munit). Les fonctIOns-sensitives "on en défi-

v ...nl',11, ? 'uni J . ni' ,|ili» ' I- ni i-cliii i . <- c ii'oll '.~li> i f>U"'j»l'>

nitive plùs o ? illôins"¡ loi;hlé¿s selon jdè¡lés,lt ? iib';l¿ plus ,

ou moins progressé en étendue comme en profondeur. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 103 : iaui-xrtni £ ai.joa.oHWT au (W/.u ,1

XII. D'une affection spinale,, particulière obsermïe CHEXrDES

buveurs; par G. Ihscher (de 'CaH : isÙÙt)'.1'(lii ! d/1r. Psuch. u. Ner-

9lvéük ? XUI' ! 1 ! )9GGJI11J..Ld : ')1U1h'l 101 'JJJ < ? l'U;U1U ? 11'1. ! U[J,tlH ? s

m ,ltuulr lisu'l ;111' Iniulq 9a fllh .81al 'WIT/oJ1 n'ti ? ruot "\X'roJIHJP

JI t »;i 1 i t, i"i n' . .fI' 1T"n'l'n;-1 ,{i(,/R .)1". (--n ? l> "p-I : 'r';n

L mterê¡; de cette etudc chl1lquc pure glt ûans les parLIcularlLes

suivantes ? Yà ? s'u[t.e''d'excès aic3o ! iques ? ët ? nico'tin]que's ? de'u'x' ? at ? ;,1, ? I . SlIt ? r .e ? è. ,al ? o]qu,s", e Il.t. ? (Wl1q ? ¡,1Ÿ\,

iiidividus^présentdnt' L'( l1,C parësië, aveéatropliie'àii s3-stèiiiémüsû-t

]aii-e. L excItabIlité ! eJectI'lquc 'a 'disparu et'Tôn'nbte [la1 réaction

d . , '... l ? 1'" p' r'll ,hl' Ii Id;;ol ,. (f"'P>fI') J't ? It,'tr 'H'IIII1

'fi - : ql L . f l'-l' ,'), 'JlJ ? 1'f(1ff. I ? f 11l ? I ? n' 'H' IiUt)

JI,O\I,l,L VO,OI,ll,I,l : ? 1 'et ? 1l8t,c .on ? IlS ? I]¡ ! ; ? , ? courants fl : <,1;ïJ

du(uesl et galvamqu'es;tbutes'cilances Jo'erreur ayant été II1lT1ul1cu.

séinent·éeartée;n; an même temps,.il existe une ataxie incontestable,

l '1 Id" ? il' '<0'(""1" ? CTt' '¡"tn ? HF\ff''I¡'t'l ? fld''l ? 1 ? "'I\Ü

de S ? 1 ! 1\11,111 de la sensibilité, cutanée, un certain degré d anal- a

gesle; Icsens musculaIre et Ics\'efJcxtf's patelJan'es ne se mamfestent¡

p)us\''RaIent)ss6men'de5rëHexeYcutanés ? doubIes' sensâtiôns et

f, ..... f1r' : .. ,lrf f',{"t ...1 'ln Z : I'" w .ilnJ 1 ....'f \ " ? 1 ¡" "" Il Ji .. '(1 Ik(

aulrcs anoml¡]¡es de la.percepl1'bn'douloureuse, En outre" état fe-

brile;' symptômes gastriques, affaiblissement de 1 activité cardiaque 1

avec accélération du pouls. Facultés, intellectuellés'extrabrdi'nai-9

remcnt' faihles.' L;i'¡ : juÙison's'effectué;¡'du m'Óiit'gl1)¡ peu près côiii-

plètetitent : M.1 iselieé rapproché ces faits dé la pol ! bÍi1yélilé antérieure^

S ! (»jfu'»7[(^;'il'pens'e"qu'une partie des symptômes'' dti'IVënt'têtlétïâttâ=

chés à des'altérations de -eë'*gen['ë'dan's'iës'MHC ? Me"nH<d ? iëu ? e'5 ?

o15n1 8'J81'1qS'1 2'ttf9lLh1 L adiuirg zmtl ub ..(JU P ! 1 1\ ? ,8f1Ú121l1V

.·Ilarrlasltslnt ¡ tJu'g¡j¡¡1

X11L] Chôme i.\i l'extrémité' supérieure D¡fJjiiLIJMHiÉnM¡'/\LE-A)1.\T' ëM ! -

1 primé ISOLr : IfE\T11EJ' FILETS'J1\ISnVÉiJI'I : SIC.ÙI : parli.' lu.1G1111L1\\f : 1

,,(AI'ch : 'f.Psych ! J1Í, NervenktsXlU ? i,1)h it"InloJ SO .21111{ ,S : ¡¡lOISE : flO

- ni ! ; fil ob "b/)f1 ! "J[ 2JJOJ sb rioiliininub ; <)j¡;¡IH' ! b'l 6D 2 £ '1 .8'Hhll.6 ? ¡

- Un homme'de quaranteLsix'clns'soùffrer'depuis déuitans-de'ilôti='-

leurs en urinant,'Bla)'mictiont'no'ex'Écnte sOlI\ : ei1LLqu'all'-prix 'des 1 ,

plus grands efforts ? I'tandis 1 (qù 1à ¡, d'autres instants Furines'éëou ! e

malgré lui goutte à goutte. Six mois plus tard, ilestpi'is''del`dyspép=i

sio,açp,Qmpagnée,de dguleu ! '1,ot ! de vomissements; /il maigrit.^Peu

de teml ? s;apr,4's, il r'1spnt des,paresthésics (formicaLions, sensations !

de chale,ur¡ eL. c\e¡ froid) 1 d¡UlsJes ex trémi Lésjnférieures : "A souoentrée.s

à l'hôpital, on constate de l'athéromasiedes artères périphériques,

delll) hnlértÍ'op ]i c l 'd II \"8n tÍ'iéÚ] l'gitluch'è ? 1 roil ? ¡Íëi-ç'Oi t "lIt "WJie' so us

la forme.d'une tumeur dure] 1 e : \trêmement -sellsible ! JàlJld'prèssi ! )ÍÍ' : 1

Dcst'sondaes,·aliLiséptiquestrépétés évacúent'; Ullo1lJrinhi d'aUordlJ

claire. ne;Con.tenant Iluqtp,pu·dc-sédiment;·puïs sanglante' et» albll-1

mineure; ¡,c,I,g,s¿IÇJr )¡,miç00n, s'fr.clue .poIltanél1HlnL .sans, eQ'orts',q

ni ai s eu,nç,usant,desdouleursttrèsinLenses.,Layrégion,vésicales

dcmeuréexcessivcment '.sensible. Les, phénomènes, ultérieurs sont-,

tels que l'on porte le diagnostic do carcinome, de, ]a vessie. L'ema- .

. r.. ne' t ,r(d ? L' ,ltn,ltI.L,.b. : l ! dl."\lIH ? j 1 ...,.Idl'" "1llt..."1\)n\I'\ }'\\. (["d"\

clatlOn eL '1 il ynanlle s accronssent si rapidement que le malade'

't tdf ? "tr ,tl, ! : nf l"\r ? . ()tL.t ? : ,1 {-\"-¡"1 J ? d' '.1\.1" UO lH" "JHfI

meurt dans le collapsus un mois après son admission. '1

il q 'iu9hnotoio ns ommoj 91JJlft()Ju na 'laa91¡jo1q gmom rrm

110 0 REVUE^DE PATHOLOGIE NERVEUSE^.

o1 Voici. ce que, l'on jençontre à l'autopsie ^l'extrémité. conique, de

ln. I.Ill2.IlGI el en}pf\\\qU¡3, p'l'tç ,ÜP,hé, dam une tumeur, de six, cen-

,i,ynètr;é,s;1 de^ long,, qui,, .réduite en., haut,, se copYn \1C,H ? -J,1,5,) ? 01 \1l

distiiiico de npuf centimètre} ? Sa.. constitntton

'ressemblé à celleaela sul3stance planche du, cerveau; J ! t ? ly ! çO'nl

,ost un peuJo,J;¡41e, stii, cei- Les de

I)a ilueuc;dq-clieval,,oyL partout iIH\9pe,lda : \Lÿs.,R,l ? npq ! )lf1s\W "qui,

fl'ailleurs, ne`renfermçaucune,lïlmei 1 ! .J2rvcue ;j11RfhçnfP} ? sq : Ao

,cellules rondes,, avec, un

ép,air . r,cWi.s,)j, ! J¡ : fuJ( : ¡j celu : ç il arfliggé,e' ! hPiir, places, .globules

Igr.'¡H ! l ! o-gr ? lel : Sp N u\le 1 degç ? e¡¡cpcp ! Íilns",l.a ,mq ! jlJ ! ji ï ? JCs

,rapprts, ,la ' ! l ! 1urehde,la.ùn)eu : 'j)ip. ! 7-,)¡eH d'implantation, 1,'inlc-

1 grilé, de,}a, qlleue1c,-c]¡ev : ¡'t expliquent la P111aIJ's\el ! ;10 ! edG91 nerfs

.v6si.caux, à ! ; 1,'exclusion' des autres' filctsnerveux. M'J LaçJlIl1(lllU¡jICllSC

avoir. ! un, affaire (a une, tutn'euL',con6mt.;t) analogue, à( certaines s

ay ! ? ir" Il1, alfai ! 'e (il f une, r, p .. , , t m.,...,y j . 4,, . z

formes de tumellrs,' du saCl'lll1l. Il ."VI ,1,.j,1 ? t»0l, | 1 1 l'JP'Lh'Jll'Ji'I

1, wris·1 1, ""110",("1 ? III' ,1 ? " 'Ci "l' n ? 0 ? <ri ; l' du 1 ? Jq «1 )0 ? é ? "'1 fI tl ? 'UT m,' j ? i<0 nb u,ilmo·rr; 1 f Il n,fil, fissrl«7 ufi

XIV. UN CAS D 111,MORRII.(;Ir DU L.\. PRpTUUitACr; .AYANT .ENTRAINE

DES DEGENI-"RESCE-,CES SEYOND.IIIES D.%.NS LE RUI3.N DE,IIEIL; Pfll'.Pa-ld

AIEOra. sycit. 2c. Nruc7k.

...1 J ? F.¡\'j ("TC ! f : r ? Y{'III¡, FSl111', ;;W",l,,) JlI' .

, i li .a 1 ru flin O '')1', '1"fI ? t . ? f ri 'utq 1,'Q;q..lh ,/¡I

Il s'agit d'un homme de,1 quarante-huit1 ans ayant.- d'abord pré-

sen ? lll1Q légère attaque apopleclifoI'lllo passagèro ; cinq ans après,

à .la., suite,, d'une émotion, | difficulté dans, l'articulation des- mois,

^hémiplégie faciale droite, contracture du coude gauche en,tlexion,

sans,, ictus ni, troubles de la connaissance. Quatre jours <plus. tard,

discussion ? délire,. aveci, aITa1L116sc111Cllkt des [facultés.

.1 ce. moment, hémiplégie faciale, droite, totale, parésie linguale,

affaiblissement, el.t,inceI'itude ,° q,u bras-, gauche ,- parésie de,3 la

, jambe ,e 1 .' g eli e, , si émiaiies[hi.sie -Y très,) pioiioicée,, ID du 1, lnêlllc; côté,

, h3-IieresLliésié de la, moitié droite de-la face ? alors que. saunoilié

.gauche est anest).J,ésiqult en pat-tie;t aiieL4ésie de i la-i cornée

et,, de,, la conjonctive ^droites, j ¡ p,ar1J.IJ : ¡ol complète ? des"musc\es

droit ,qxterne droit et droit interne gauche, kératite commen-

çante à droite. Rien d'anormal quant à la réaction pupillaire

ou à l'état oplttlralmoscopique. Exagération des réflexes patellaires

à gauche" La; molililé r dos extrémités -gauches nertarde pas à ¡ s'a-

méliorer ; mais ]e : lUenIlJre,'supérieur y reste 'leisiègo'd'uue'ataxic

extrême, avec incertitude dans'Mes mouvcinentsidcpar ]¡¡'>'perto

du sens musculaire. A ces phénomènes s'ajoute l'absence de réflexe

nabdominal et crémastérien des deux côtés, la diminution du rétiexe

plantaireigauche, la réaction dégônérativo de Krb l'électrisation

du facial droit, l'augmentation de l'hémiplégie faciale gauche. La

langue se sillonne, la parolc,deviçn,ft3dc plus,, en plus jincompréhon-

sillle. ] : ! rouchO-I'I1ClIlllOnie, -5,, On trouve l'autopsie, une.sorte de

lïÈŸüÉf'DÉ PATHOLOGIE NERVEUSE. (1'1'. 1

feston'dans la/moitié antérieure 'dÍ'oitc" du \'èlual1 : ièniè' ventricule,

dont'lé plaÏ1chér;' à- ce niveau/ offre' une coloration' brun-jaunâtre.

'L'examen histÓJÓ'giqúe' dénlOntre' l'existence ? d'un 'vieux foyer' apb-

r pléctique dans les'deux tiers inférieurs' de' la moitié ? droite''de la

1 protubérance ; il occupe la région correspondante de l'étage supérieur

'du pédoÍ1cllle;' 'c'ést-à. : di;e le 'chaIl1p' 'des fibres motrices' (substance

i : éliculfe) 1 et le domaine 'du' ruban' 1 de' Beil' (HoUor) '; intégrité' du

faisceau pyramidal ! Destruction du noyau du facial et de l'oculo-mô-

' leur externe, des'fibres radiculâires'de'ce dernier nerf, des origines

; fasciculailes et d'une partie dès fibres du tronc de la septième paire.

hitégritéile l'oculo-dioteur commun : ' La partie supérieure' du' noyau

- dé'la cinquième' paire a."disparu; ses racines descendantes 1'ne" soÙ t

''détruites qll'au 'poiilt' d'érnerge'r1cë" du nerf; en' ce' qui concerné sa

' racine 'ascendante' l'altéraLion"n'a"'p'à'rté que' sur les fibres 'qui,' du

'lo'ells 'coel'Ítlc ! ls gagnent l'entrecroisement et le raphé. L'olive 'supé-

rieurs' subi la destruction avec une portion' des' fibres profondes

de la protubérance. Dégénérescence des feuillets médian et latéral

du ruban de Reil, à l'exception du faisceau qui l'unit au pédoncule

'cérébral : l'altération 'ne dépasse pas en haut la région des tuber-

'cules'quadrijumeaux inférieurs, mais elle atteint son maximum

au voisinage du quatrième ventricule, où le ruban de Reil a en tota-

lité disparu ; plus bas, dégénérescence du ruban. Les fibres

motrices 'moyennes- et latérales' réticulées," l'olive inférieure' et la

substancef' réticulaire avoisinante, les1 pyramides' sont demeurées

intactes. Dans'la région inférieure de la moelle allongée (entrecroi-

. 'sèment des faisceaux sensitifs), on rencontre;' à'1 droite, en'arrière

'du ! cordon'' pYl'amiditl"une' zone de dégénérescence' triangulaire.

- Les lésions ne se'poursuivent pas au-dessous'de'la'toisièine'paire

' cervicale.' Il est à' remarquer que les dégénérescences 'secondaires

'sontcaractérisées : au-dessoûsdufo3=er;parla'düuinùtion de Volume

des fibres' et l'hyperplasie I de la névroglie ; au-dessus' du fo)'oi ? plU'

l'abondance de cellules 'granuleuses. Les' n0J11brelÍx,' '(¡Î1éin1/sÍ¡¡'cs

miliaircs trouvés à lIa" convexité, dans le''centre "ovale, "dans la

, protubérance, 'dans'le bulbe', expliquent la pathogénio' cle' J'hé Il1 01'-

rhagie. 111 1 ' i '1111, 1 I l' "1' 1)' 11 1 ! 1 1 '1 l' 1 j 'II l, 1 r l' ? l'Li 'Ti, GH f' 1 p. I 1 " t 11 1

.. ', inn ,i( t .< ' i ? t' i, yl " ' ' i· 'il ·ro i' ' '<"' 1 ? 1 "f' ! tj ' '1 " 1\ IJI' tl '1 ? ¡I 1 h[ ! )nn'r ? )'Wt)' ? il If'

XV. Altérations- DUr sosTÈtEli`tEnvt : ur central ''affectant ''parti-

CULIÈREMENT Les 1 CORDOXS POSTÉRIEURS DE' LA MOELLE D.\NS 'L'ERGO-

TISME; ,par Franz Tuczek. (A1'ch. f. Psych : 2c.'u'cruecah., 1111;"l.)'

1 , r .1 . u 1¡1 ? . ! I,,(1,II'lq ., , IhIU'IUff1 d...,,1

L'auteur tient la promesse faite par lui au Congrès dé' Bàac en

'1881'. ]1 complète l'étude clinique de.1l\I. Siemens* et relate les

i · I 1 ·,·- llr l, 1 H i "il ri 'II -u. , \ 11\" IIT"(I-' 1 W r r i Il, ? <ire<7VcK)'o ! e;t : 'ni;p.'3 ? r 1 nl ""1"11,, o. W nf i

' ? I- , j'«"l"i' ? ll Il'\ - Mil lllll-HIII l'illJIII <1 M'Il-

l' 3,ai·chiüésdéNéiii·ôlogie,t : III;,p ? 215. `n" "m·'mp "'nrm `t ^Irtl-

,112 REVUE'-DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

résultats de ses : expériences' S\ll'; les (animaux. ¡ L'inlérêt' nosogra-

phique de, ce nouvel apport (27 observations) réside dans la manifes-

tation d'une manie pure chez deux enfants de sept- et. douze'ans

(fillette, et, (garçon). La,, forme, psychique,, demeura .généralement

celle de la démence aiguë avec stupeur, accès d'angoisse, perturba-

V'iri ? ') JUl^l0 ? ) ! ! ? (.» .l-'lil,"» ? 0 ? ? ->-v- "

lions diverses de la connaissance, phénomènes epneptuormes cons-

tants. Pour M.'Tuczek il s'agit là d'une'1 épilepsie corticale; il en

âppellë à la déchéance'inteltectuoHo"conc6mitante si rapide,' à la

fréquencen'de * manifestations1 'psychiques équivalentes'' dés',1 accès

spasmodiques ? àl'ataxie'et aux troubles de)la parole succédant aux

crises. Tous les malades présentèrent aussi des symptômes de lésions

/dans les cordons- postérieurs l'autopsie, de quatrel d'entre ; eux; en

met l'existence hors de doute. L'altération bilatérale, étendue à toute

la hauteur de la moelle, se limitait symétriquement, aux, faisceaux

- .r. ? t ? S ? ? {II"; IUI U ? )..) ? JJ ? J,... ? t,

de Burdach, ou du moins commençait par les bandelettes latérales.

t'11;) ri pi ,1.1 r rn'.T4rt l , , f )' ;' ' ' zou .) ? J ? (WnI,hYl'iG

L analyse histologique, décelait 1 alroplne des fibres ,nerveuses

par la prolifération du' tissu 1 conj onctif farci' de' c,cJlules-araignées,

C'est1,' dit 11' Tuczek ? un tabès à marché aigiÎë ! 1 L'auteur rapproché

enfin' l'absence ! duo phénomène "du''genouJ de l'expârisiÓn : .Jd6fJa

lésion» à la région lombaire ; il'admet qu'elle puisse être le premier

s'yJJ1ptôlnede, l'altération des cordons postérieurs r et' pensel que : Je

phénomène u, g,quJ ? >t 1,Illlpe ! h ! endjnu (unQ observation de

retard, du phénomène, avant sa, disparition); Le, Jilanlanatomopa-

lliülogi,qüe,du cerveau est, constitué, dans l'espèce pa1Jde, l; PP;ï

. 1 ...... '. " à'fdé. la congestion corticaie et de la décénéres-

- ? ? t externc, de la congestion corticale et de la dégénéres-

cence graisseuse des vaisseaux moyens de 1 écorce ainsi que, de la a'

substance homologue de la corne d'Anrmon. Les expériences en-

treprises avec l'erâot;,l'ergotine; l'acido.1 sclérgtinirÍue r einp]oyé à

l'intérieur oulenlinjections sous-cutanées chez la souris, la poulette

lapin, le chien, le chat, demeurèrent négatives. Malgré l'émaciation ?

les vertiges, la stéatose viscérale,, les, phénpmènesjiparaplégiques

et même ataxj*que ? 1;Lréflexes patellaires persistèrent et, la moelle,

t ? H ? r l'Il') A<j<-(u. il .t"I"J ,J...j ? 1 ,,¡ , ., 1-111.1

resta indeini)e e vl sb z5l,TZUrrz xIJ ascrriz96 23Terc.yb a,P.It.yl,tm

resta indemne. ^ 1 1 xm gèn|, ? b ¡, P.11 1. b P.' P..K'1 NT

11J919trT JIB ! 'IffiU[rrfum}i J ! .m1 : ¡duJ 9J insho7.9 v* .Jhuffi6bll

X LA' DÉVIATION' CONJUGUÉE DES 1'EUIJiET ? LA' ? ROTATION'DE LA "FACE'' DANS3 LESl'Li3SI0NS`JBULBO-PROTUBÈ^

3'RANTIELLESj I.Á.f\PROPOS ¡D'UNE TuIER9,D,u (CETTEQ RÉGION ;'

'Jpaf Quioc : '(oM ! e'c<ïl88<;n 27-30 : ) <¡'J,I'1 *11,q 'J1 ! ! lf'IÍf

,,1 9b ,rT 1 l, N /i« 'rl ? I'1 ,gr'" .. "'111 'l'l, ¡o - ,1 Il',(' '"r¡ "1

"L'auteur rappelle les' travaux 'publiés sur 'ce' sujet ? et 'les f

points demeurésfôbscuisjmalâré leur importance/' si ' '14'1

Graux n'a pas expliqué la rotation' de'^la' tête' effectuée du'l

fil ? t, rrla ',1(' ? 1]" hv" l "ú ,¡> 11. Il u ! '.h ! r,nt' J J

1 Archives de Neurologie, t. IV,;p : 93 : ' " '1< : 1 ''* l 't' ' . l '

REVUE; DE l ? rJ>,Q9), NERVEUSE. : 1J3

m&ne^cpté^uela déviation,des)yeux-part deux de ses malades

et-, tousses animaui'chezilesquelscrltavait réussi à'provoquer

cette déviation : ')-' ob al ! li : 1r)9 7.u911 Mtta 9nnq (jio¡;m snu b aOllr.I

1n'LandbuzV- a^distingiié' la 'rotation ''croisée sa'ns''inclinais'on de

'i ? -v i l'ii-'i -- ii-ii r, - lor ia 'IV W m·n·( : nnnttlo v 11 11·W

la'tete de'ia'rotation directe ,avec inclinaison, sans démontrer

.' ü'è'lè"t'é'ÍÍtrè'1 I ! ·· vnln l'If,l ,·,vrtr : m.f1 11,·I . U ;1% .. 'U i., i

que le centre1 immédiat de. la. première.soit.lenovau de, la

Ali ? j''f) u ? t'Hut ,"i' i-1 ? »-- " <ija : " C li WiM .< ? ,r

rapc ? 1,11tT.rr;W"b/ ? P,nH1 ,e ? Rn, : M ! } ! ! ll'Ÿ}f.l,Ul A la seconde,

}(3 ? iÓFn'ys antérieures cd )Í\1lI).9lIe..c,rvical'JJ¡La clinique.et. la

pnysiologierperme,tient.deicroire/que des fibres directes relient

à.(l'écorce9 cérébrâle'le i-centreiimmédiatildeoila^orotation 'di-

recte et; des>' fibresicroisées'le'ceritre'iimmédiat' dé1' la' rotation

croiséel'inniJà ·oU'rsdnlof nf,ilr.rl ilr. ,l .fuob sh znod')'rI )Irir.oL 79rr1

x1Jrnl ? 1 r, 1(f<\,1 l,on;'I\<1111"" 1ÍII\JjidJ ,p I ? r, ni 'd" ? hlll,1 1 : ' I

7U PlusieuYâRcas^écKappen'ïIaux' lois ainsi établies d'après, Tob-

'n ? 1 ? ' ? I ? ,ffHPPPU'fn'.9,l,Mf,fL¡tI11 Il In 1 l. mn 1.

servation. On trop oublie, les ganglions nerveux, do la pase, du ? r,yp,.1 ? I3" ? ux, J c ! 1 ehe, ! ? p,tAqueu et}es¡ turc.ules, quadri- ï

jumeaux,' 911JJ,g()f nature r,é,flexé., Ces, dérniers,ont des rapports

"éj ? Jcqn ! 1us'[lvee le noyau» deTabducens,1 par le faisceau trâns-

yerse' 4u, pédoncule, de : Gqddell(' r L'auteur. nmontrera qu'ils [ en

onti aussi' avec les»centres(rotateurs de la têtèi'eti qüe l,r'lésion

deslfiBres-qûi les' reliéntf'doime11lieu"à 'des troubles °dennaturè

s éciàlè 1'coIÍsistIÍt [ dans l' Ià : qS'à ? rés'si'Ón'' 'de'l'UP" toni'¿ité' ! "des

, , ,L ^™ ? 10'" 1 ? f·rF ,t 1'1 "I" ? >" pli ? n-'ipioiii

muscles' innerves par eux. L influx volontaire parvient tou-

. n ? I( ,)An 61 -.n m n 'r'" ' (l.nh"I ? ? f1n.... ci ni Qn'1')'f ? r, t)t.7 ' 1

Jours a'ces centres et .annihilera, par-moments-.1 absence,, de

1 » .1». fil' 1511. J. ? 1 110,J 1 t ? JI C.t...JVl1t ..I.o9,...".Jr, ... ? .,za, i....i). r : : )t.l ! ? IpÇjt(Ji' ! H"7q 89.J nomrnA`6 9n'I03 .1\[ 9b ')U ! ;OIOffWd ''3nf;.t ? n= =

si Les ? tuberculesi quadrijumeaux.,envoienttrleurs bras-dans la

couronne rayonnante,'let -lest deux faisceaux ! du'ruban'de Reil

dans'la'cal6tte;.vdie réflexe de Meynert ! 'Les fibres dé'la'calbtté

nes'entrecroisent''que'dans`la"môellé. 'Orifv'oit l'association

croiséè 'qui' érr'rësultè ! JpÓ'úrllèWlnoÿam T d'origii1'è' bulbaires' et'

médullaires des nerfs destinés aux muscles de la rotation. nl,) !

Adamùck, en excitant le tubercule quadrijumeau antérieur

droit ? provo,quait la déviation conjuguée, à, gauche; (signe de .la''

marché croisée des .fibres dans ces,tubercules), et-.parfois aussi

la,déviation : de;la tète. Longet putjfaire suivre la lumière d'une

bougie par pure 'l-c.ioI1,réfl ? J¡.Aei'\ animaux"privés,de) toute

la portion des hémisphères supérieurs aux ganglions de la

uae.3Peut;on sans,efiort,,n,pas,,tourner la tcte,ducôtéo,ù-l'on

regarde ? Ainsi, la physiologie démontre;les relations, annoncées)

par 1tWt9,1,liè"j V,n s,cm}h r ? umlj lesiidées-de l'auteur ? m;)

Un malade du professeur Gayet, après une céphalalgie in-

tense et continue, fut pris sans diplopie, ni fièvre, ni convul-

Archives, t. VI. 8

114 REVUE, DE, PATHOLOGIE, NERVEUSE.

sions, ni paralysie, de déviation conjuguée des yeux à droite.

La face tournée de même n'était nullement inclinée ? les

- ? i'"31" ? ». c» ? i , -, a" .JIIIIT ... v, y r ru f /

muscles du cou ni paralyses, ni contractures. Cette rotation

disparaissait sous 1 inflüéricë dé la volônte. L'occlusion de 0 G

permettait; 19JD;1 dq se» P9rten ver.j lal,g'au,che.t Leiagn9stic

porté : fut : tumeur, de'la, moelle allongée;» destruction [du noyau

de l'abducens gauchelet de son'anastomose avec l'oculo-moteur.'

A'l'autopsie,' on ,trouve une(tumeur delà' grosseur' d'unernoi-

setté' eirf avaÍlt dû' noyau de l'abducens, parmi les fibres verti-

cales 1 d'e' la" calotte;' et' sur 'lti) Ûaj et 'dú"trÓn'é 'dé' cé`'nérf : ! H'1.. J.ij

,9 ? ilr.riii-, ,nn .,iii ? iliviii,ii ? 3 m n,i| .rtfiuii.u -ti'u .-i' ? sno* ;i : t

Ainsi se trouvent confirmées les données, anatomiques P.. n

cédentes; âyïsl est, contredite 1 opinion ,de Graux, qui .voyait,

l'anastomosée de tb4 ! tc5\ns et deJ'9culo-motem : dans des, fibres

verkicalés,sous-épendymaires,'et3leurrfaisait gagner ? le noyau

même de la' troisième )paire, Ces fibresohliquesfdâps5léplan=

cher se dirigent vers le tronc de1 rbculo-moteur.' (pierret' ! )10.'Jfil ''i

- LLa'rôtâtiÔn`de la tète, corrigée* par la vololité ? rië'déliendâit

que d'un défaut'de tonicité dés rotateurs'croisés/du' côté' droit

li si = li fll "w '» ' ? .. - ", i- U ' ? ? ,i 'i ? 1,.LI,u;....

et de la prédominance consécutive de ceux .u, cQe, g1t £ I ? HI.1'f

ttPassant',en revue les obervations,de ,déviation;,conjuuéc

des yeux et de rotation de la face dans lesquelles l'autopsie a

montréides lésions de la'moelle allongée, l'auteur conclut que

la' déviation, conjuguée 1 des' yeux1 du côté opposé. àlalésion

procède d'une lésion portant sur la partie postérieure' de la ré-

gipnbùlb6prot'ubérahtieHe,"et celle qui 'a'lieu' du même côté

dune leslOn¡affectant les partlCs de l'encéphale supérieures' a

cette région. Lette dérogation a la loi de Prévost et Lâûdouzy,

ne subitièlle-iriêine, d excéption qu,en,, ce qui. çopçqrne peut-

êtré,lé cervélet et,le faisceau`x de la calotte unissânt.àll'ahdu-,

cens les tubercules,quadrijumeaux..< .1..1. mst 11 al, . J Il np

«j L'existence de ? phénomènes 'pathologiques du' côté" des

membres indique ' une lésion atteignant '-les'' pyramides, leur

absence,-sa'localisation' à la partie postérieure de la 'région

] Ib" t,' b' N ." Il'' 'IL, ! J, n "" a0D Ki ' ' SJJJJJ3 r : Itunncrc 4a

j¡};,2-}gtaYo,de,l f ! pe, dont, les conditions) sont encore-ici

obscures, a lieu du, même côté que la déviation des 1 yeux et

manque plus* souvent qu'elle dans les'affections de la protubé-

rance. L'état fonctionnel des muscles dont elle relève n'a au-

cun rapport avec celui des'muscles des membres : - ' ,'1-, ,

, i . , ? T'. ' , - . t i ' ? ..., - ' ' ' "'1 1 - D. i Bernard. ? i i i ,,

tl.. . rf.Jt, i".1 f ' · i .1"1 ? 1 ,.1, , '"

revue' de' pÂYiÎoÏogie1 NERVEUSE ? 115 5

4tiF9h '; YIt9 J ·`l ".Ifr'r ? rrlW IIOt : ? l' SL 912 Jf'IR(( rrI ('('1 CI 12 : r ""frlf 'Ill t ! l'lrn"IIrr trr 14 fr ilT"im C\h ''Ir¡'1{f()t 'V)r.'I 'LI

XVII. Contribution A L'ÉTUDE DE la. PHYSIOLOGIE des. COUCHES

"Utf ? -* ' ? 't- t "" ' /"r)r.0''j7r'"< ? i'^'Ti.'oo'î a'JlUdJJin

... ,. optiques ; par J. LuYS. OE Encéphale, n ? 3, 883.) HJG1Jrn

^l, OPTIQUES; par, UYS, ( nce/J,1a e, nI ,'1 . r

i) 0 t. fioft-j 'l'noiov i il) 9'-ii6JJ"iii 1 211o=. JI11G21B1.Gq ? IU ? On sait que M. Luys est l'introducteur, en rraziçe;d'uiiè'théôaié

d'après laquelle les'couches optiques'seraientlé point'de concentra-^

tiondelsensibilité générale et spéciale et'qui'il y a dcrit,unrcérL¡¡j1Í

nombre[ de noyaux- acoustique, i optique ? olfactif, r sensoriums con¡...

znzozc, affectés q chacun, à.,un, mode dl} 15ensibiIiéLdi,Li.nî : t., Cette

théorie n'a," rien, qui répugne et se recommande comme toutes, les,

théories schématiques, par un caractère. séduisant de. simplicité;

mais est : eIle démonLrée ? l\1.'Lúys,se garderaifd'en douter' yt son

principal ? argument 'est "une ' vieille^ observation délJôliri vHûntêc

Junior,' lue 'le ! 23'juin' 1824" à''lâJ'Société)médico-chifû'rgicale"del

Londres qu'il vient de reproduire'encore une fois,] dans son journal'

l'Encéphale..Nous verrons ce que pèse cette pierres angulaire de la

théorie, des centres optiques de M.'Luys.-i il nny 1f ? ji1ff. <)'' f'Io

t En, déterminant, dans la, constitution anatomique de.nos tissus

des'désordres variés, la nature ne se propose, nullement de < nous

II, » ,ii*i ? i ? i ? ? U ?

guider dans l'étude des maladies, et si l'on veut utiliser , les. expe-

riencëslâüxqûéllës'éllé sc livré parfois' sans' lé vouloir,1 il'faut s'as-

treindre à'une méthode d'examen et de 'discú.ksiÓi1" dont M. Cliarcot,

dans-, ses; Leçons '' sur les 'localisations rcé),f2&ra/e6 ? a''parfaitement'

posé les bases., Il faut, en ce.qui concerne l'élude des localisations;

par, exemple, choisir de. préférence les'faits; cliniques simples et,'

autant que, possible,, observés, 4 ! ns..ce.)ut, ¡;pcial; jlr'faut) aus

n'accorder de. valeur qu'aux lésions bien nettes, ^détruisant r un or;,

gane ou un département bien circonscrit. Les, autres, faits doivent

être rangés,'non'parmi les faits négatifs,'mais parmi les faits nuls )

que si, par exemple, l'on cherche à connaître, par yoied'experienc.

pathologique ? les fondions de'la capsule interne'' un foyer' étende'

et diffus, ayant détruit1 la capsule et' les'régions voisin és/*aussif bien1

qu'une tumeur à lent accroissement comprimant'les fibres sans les'

détruire, seront de nulle, valeur, tandis qu'un foyer destructif -bien

limité devra être, rangé* parmi les faits de.yaleur)positive.9Voyons,

maintenant si l'observation que M. Luys a rendue fameuse réalise

ces conditions d'étude et si cet observateur n'en a pas exagéré l'im-

portance. , " ,, " 1 · '

' Obliquement;'d'abord, la valeur de cette observatIon nous parait

faible : elle est trop ancienne et trop complexe ? Une'jeune" fille 'de

dix-sept ans est pi'ise ! defeéphà]algie viôlente'et opiniâtre,' de' ver-

tiges, de syncopes,' puis de- douleurs vertébrales,' articulaires;1 etc.7

qui ne lui laissent aucun repos. Bientôt sonouïo s'affaiblit, saivue,

d'abord troublée par de la myopie, de la macropsie, se perd ensuite

d'une manière passagère, puis d'une manière définitive ; il survient

des attaques convulsives. L'odorat, le goût diminuent et dispa-

116 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

en t ' ! 2<T : ! I'{H : ;¡¡¡r ;'¡,)o,rr.r'rfq 10 l CV-IFI,,i

raissent à leur tour; enfin l'intelligence s'obscurcit, les troubles

trophiques apparaissent'et la malade succombé dans un'état d'épui-

sement complet, deux ans après l'apparition des premières attaques

êorivulsi'Í'èsi et' quatre ? ans'après le début b de 'la' maladie par la

céphalée teniporale ? v',0 ! 'fI'" ! (, ·.mHé ,r,t ur, ? * fil( , r ."t 7 m

'ú LesJ résultats de' l'examen'anatomique n'étaient pas faits pour

jeter beaucoup de lumière' sur la pathogénié d'accidents aussi nom-

breux : ils sont exposés, d'ailleurs, d'une manière très incomplète

paril'auteur. On 1 trouva' les couches optiques- envahies -par lune

tumeur fougueuse «n'affectant pas les,corps striés, mais) s'étendant

dans les parties adjacentes du cerveau et du cervelet et aussi à la

pointe inférieure de' la faux du cerveau ».-iVoilàL,,tout.1 Il n'est pas

question, bien entendu, de localisation ni' de limitation ! exacte du

mal' et si la planche qui accompagne le mémoire, donne une belle

image' des ''ventricules -envahis par 'la' tumeur, 1 aucun» dessin.de

coupe n'y est annexé : < : : J1""fl/' 'Il, p.' , c t,.r,7t -il. ,G ! "l : f1, ? h " 115 ?

Or, pour nous restreindre'au point'de vue spécial'auquel M : Luys

publie depuis si longtemps celte' vieille observation;de'quoi 's'agit-

il ? de déterminer le siège desllésioiis qui ont'' amené chez la jeune

malade'de limiter, la perte successive de l'ouïe, de la vue'du goût

et."delodorat. - Ces' paralysies- successives' sont-elles - dues à 'des

lésions : 1° des nerfs, 2° de la capsule'interne,' 3° ou J de" la' couche

optique leile-iiièàie ? Là est toute la question ? L'autopsie peut-elle

'la résoudre ? Non ? parce' que la lésion trop' étendue, trop ''diffuse,

trop incomplètement décrite; d'ailleurs,' peut justifier' chacune de

ces'trois' hypothèses et 'n'en justifie,' par conséquent.- aucune.- La

tuméur', en effet;"ayant envahi « les parties' adjacentes-'du cer-

veau et du'cervelet'jusqu'à'l'angle inférieur' et' posléiieur della.

grande faux du cerveau; devait tout au moins comprimer les tuber-

cules' quadrijumeaux; bien qu'il- n'en-'soit nullement question ; la

capsule interne,' d'autre part; était sans' doute plus : ou' moins inté-

ressée; 'l'ulcération' de la cornée et la 'perle' de" l'oeil ''gauche qui

survinrent dans 'le dernier temps,7 sembleraient, ainsi, que le re-

marquent 11111 : ' Lussana et Lemoigne, impliquer le trijumeau dans

l'affaire;- mais rien 'ne nous servirait de continuer -des ' hypothèses

sur'une observation' incomplète et,' par1' elle-même,1 dénuée dans

l'espèce de' toute valeur démonstrative.' 'c 1·° 1 J (' ''l'/l\j1 "

'JI Ceci' n'empêche pas M.' Luys de chercher à 'démontrer son hypo-

thèse par son hypothèse elle-mûmé ? eL (le nous 'faire'voir' comment

les choses se sont certainemen t passées dans ce cas « unique » , ainsi

qu'il l'avoue lui-même. Chemin faisant, il, ne ménage pas lesl incré-

dules, et en particulier, Mati. Lussana et Lemoigne, qui, « entraînés

par leurs idéesipersonnelles », ont parlé de paralysie du triju-

meau. M. Luys laisse,d'ailleurs, chacun libre de 'tirer « de\ cette

observation magistrale, les conclusions naturelles qu'elle fournil».

Ha' seulement voulu «montrer aux esprits indépendants que lavé-

,<1" J ? H JV' {.\).,<'1" id . ! 1. a'v9R ,If f

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 117 7

j{tr -9'. t "1 ? -. )'11 y 1 Ifi, T ' rfl;1 r' j ,i rv.Gr

rité est moins dans les livrestofficiels que, dans l'observation directe

de la.nature et qu'un fait clinique bien constaté par des-, témoins

impartiaux; àt l'abri de,, toute; radiation, officielle ambiante, vaut

mieux, à lui tout seul, qu'une série d'observations plus .ou moins

eomplaisamment recueillies, et qui. n'ont;,souvient, d'autre but que

de satisfaireles tliéories scientifiques à la mode.,». E., CHAMBARD.,

ot)lmf) lU' ! .I : -t ? 1 )H09-J fY) If L' t rI,¡ III si . ! JOfJY ? i{]1 - 1. Ai.' 1"

XVIIL'CONTRIDGTION"A'L'ENCTsPH.ILOP.1THIESATU11NINÉ; par'ULLRICH.

t (rlllg. Zeilsclar. f. Psych : u; psych.,gC1'ichtr : \ Medie ? XXXIX; 2 et'3.)

t : ' (Ii ta 14.4VT9`) ,f tA Z . ' 1 [.le ytrl ? 4b't'i t '1 £ .. I G4' -r e

L'observationi dont. suit l'analyse constitue' le, substratum- de ce

tr,tvail.7Un homme de trente-neuf.ans présente depuis, six mois des

symptômes permettant de croire, àrlun, début de, démence paraly-

tique ? Tels. l'amnésie,"l'incertitude de la, démarche et des tremble-

ments des mains, des troubles de la parole s'aggravant à l'occasion

de, violentes[émotions morales., Un beau jour, 'accès épileptiforme ;

l'évolution,de la maladie ressemble,, dès lors à celle d'une paralysie

générale, sans .prédominance, de, symptômes psychiques; une dé-

mence absolue, ne tarde pas, néanmoins à apparaître.; Voici,quels

étaient les signes sOIl1atiques. Inégalilé'pupi,lIaire, ataxie, linguale,

aphasie¡¡pa ? sagère,' contractures alternantes des, extrémités, dimi-

nution de l'excitabilité, électro-musculaire ? atrophies ? musculaires

circonscrites, accès épileptiformes, anesthésie générale à l'exception

de 1,-t, tt, te. h3,pel,estliési (lue,, amaurose à peu près, complète,, en ce

sens que la sensation^de lumière, subsiste (pas d'altéra\iol)s9P.I.Ithal-

moscopiques) , oblitération temporaire du goût'et "de l'odorat.

Adynamie, hypothermie; mort. L'autopsie décèle l'existence d'une

]epto-méningiteJ chronique avec atrophie cérébrale, hydrocéphalie

interne, granulations épendymaires. Le cerveau contient, à l'analyse

chimique, une assez notable proportion de plomb dans les circonvo-

lutions,pour qu'on puisse en obtenir un grain; le, cervelet, les corps

opto-striés,· les méninges en renferment en- abondance.- L'auteur

en. conclut que l'intoxication saturnine peut entraîner, ! à.sa suite

une. véritable paralysie générale, qu'il y,a, dans l'espèce, un.e ? 1}c.

tion directe. d. ploml)'[ sl1l'lles JCelltres, et.que,les symptômes qui

échappent à cette explication (anesthésie, amaurose, etc.); doivent

être considérés comme issus de perturbations, fonctionnelles dues

aux troubles de nutrition de même cause. 3, ., , P.. K.'1 " .

r. ' N . " ' f ? I ....'1J'11'11411 1. ? 1(' ...qc,rJi'3¡ 3.

Il.' EPILEPSIE J,\CKSO : -l1\IENNE' DANS LE DOMAINE DU., FACIAL. GAUCHE.

¡ ? foyer DE R,\MOLLISSEME1\T DE LA FRONTALE ASCENDANTE DU CÔTÉ DROIT,

U OCCUPANT ' LE CENTRE DU . P.\CLIL;,par 11NECHT : (All. Zcitsch1'. f.

a"Psyclz. u. psycho 'ge1'ichll. Medic, XXXIX, 2 et»3;) -m ! i tf . z

, JJ-.1 1 \ l ,l' "'1 If r( ? d 1. r 41 1 rt to'11 V ? .....Ir

''L'homme de quarante-neuf ans, qui fait le sujet de cette observa-

lion, présente de la parésie du facial gauche, des tremblements

ri 1,8 .REV,UE;DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

.convulsifs,.dans les muscles innervés par ce, nerf (pertes.de cO,ni1ais-

l5ancs,inçonsta1ls), ct, de temps à autre, dans la jambe, du même

côté. La percussion révèle l'existence, d'une, zone circonsçrite"dou-

,loureuse au-de,ssous,de.la tubérôsité,pariQtale droite. La mort sur-

vient au milieu de la répétition croissante des crises, convulsiyes

¡ (perte de connaissance ! absolue);- On- trouve ]'autopsie,un foyer de

(.ramollissement, du- volume d'une-cerise, sur ICI bord antérieur,, de- la

frontale ascendante à la hauteur de la seconde frontale. Ç'est,il

lui que M. Knecht attribue les convulsions céphaliques ; il rattache

celles de la jambe gauche à des stases temporaires collatérales

^émànéés^dufoyérP"-1^ /J aa ,arlTa'I r v»2rTISrTHO : p.IC.X

- i'JI bb \ : .IS'IJU tf08 rf1<\1bflj ? >I tin \jiw3 fn1Jchi : Jf Tcd ? JJ011

XX. DE l atrophie-'avec1 sclérose* DU t CERVELET; par31(ncflnor.r

(A1'ch. f. Psych. M. Ne1'venk., XII, 3).

- 1"6 BIIf, ? tf'rp u4 trrsr, ua. <\'I.JJ3UP '1.tnE".GHl) )b qmrnorf r J

ob La' première observation,' qui serti de soutènement ,à ce; travail,

1 concerneli,ll1e ,fillette de;cinrlaans;5rlui,,indemrie,rd'liérédiLé,;rést

- £ prise subitement pendant quatre jou.rs,9-ç- c,nv ! llio.ns>héY;l ? iales

.gauches, laissant après, eïïes une parésie passagère du(bras de^ce

, côté. Puis selmontrent de grandcs crises épileptoïdes, prédominant

-, .'1 i >.1- ,,.....a..¡pq' ? l(|l' 1 ? If) » Hill.' tl\11 lit '.

.' d'abord du côté gauche (facial; athétose de la main) pour aboutir

à un- état de mal'de quinze jours; consécutivement, amnésie, lie-

bétude1 profondé; congeslionHrès'p'rononcée du fond-de l'oeil.' Peu

'après ? iiouvel état' de mal '(on1 compte jusqu'à qrïarante-sixà cin-

quantetcrises en un jour)- cédant' la place'fàll¡{1 démencea avec

, gâtisme ? vortige,r affaiblisseme1Ít des extrémités. inférieures, lincer-

, titude;,etgataxie -motrices, ! perte, de»- la. notion»- de situation, des

membres. A ;cess.s-nrpL6mes viennent. se joj¡drI,1 ! HJ1.exaHLhèlpe

vaso-paralytique, de l'incoordination .phonétique,, une paraplégie

complète avec projection du tronc et delà tête en avant, dc l'éma-

81u ? <tt ! /tn ? f ? t ? t,PIf'J.' 'f)" 411 1'11'h\I 1. 111',1

dation : congestion très grande de la papule gaueher(par pression

mtracerebrale).0n trouve, à ,1 autopsie, un ventricule latéral : droit

' trè`sedilüté; J' 1'Q) : ¡'éE' d 'n1111qúide') clâii : 'r L'liélmispb81·e ? ëéi·éhélléûx

t`gaûche ? cônsidérahlèmeiiL diminué dé volume,' est'atrophié; induré ;

l'aliération-a'porté'de prMérence j sur : hDlobe1 postérieul' du : verrais

- et) de l'hél)11sphèra,s'dans¡]es lamés" : tranverses;1 d, ! ns lei toit,] dans

g le : boürgeonr,t ârminalret,,suu les. parties,; correspondant 11.1 gauche

i;au; tubercule della,yalvule. I ! ll ? 'agit.l'l1l, pro.çest ? J < ? r £ .l\) greffé

r,suc,,un arrêt de développement, (absence, complète, des, cellules'de ? ? ? " W n ? . 1 CI ? )LU' L;J U ? t.tja<-1 ..

Purkirije,danst la zoneiatropbiée) Même ordre de lésions, mais

'd.Jl" . ? J.J d ? 11""t ? - 1 · w, u,t `J nll il.m yl' tll' ,. ',1 "'IJI.'t'\ft

ISSemll1ees ans OUL 1 organe, en ce qui a traIt a,la seconde

'observation. ,11 s'agit ici d'une fille de vingt ans, imbécile, mais

s intéressant a sa famille et connaissant les personnes de son entou-

rage.'Eno's'occu'pait malgré une lenteur extrême et' du tremblement

- menu dans les mouvements; la parole était tramante. AL Kirchhoff

- s'arrête. en-terminant aux propositions suivantes toutes provisoires :

REVUE^DE PATHOLOGIE NERVEUSE. hl9 j

lie. Uneatr6phie'hémi)atéra ! e du cervelet- d'origine' ambryogé-

;nique suivie de..sclérose peùtleutrainei des lrÓublès' de J la ;ll1otiJilé

'de'la moitié du'corps homologue ;-*' J Ell9'IÈn flo '1 " ! J t '1.1 J, 1 9'f i ? 2"'Un"tel arrêt' 'de développement appartient' à' la" fin de'la- vie

`lntP3-lltériney I`J 1tJTf\dIO'j) IwrtrJ8q"l'l f 91J u l'irp je 4»ir-v

91, 3 ? II semble1qu'oii' soit'`âutoriséà''établir un' rapport' entre la

1 lésion-des lames' trânsverses'dir cervelet et1 les trôublesi moteurs du

''môme eôtéI du' ! coÍ'pS ? 2 .c b 'IU'1Jll.6ll f Ó 9larbrmop. K,<¡j.r¡O'T't

9rh",J ! J ? I Il . 20upIllifiQ9,) nJ;2'JJV"(' : J ''11 'wdi ? th, trfoyenI tf, fip tuf

"...1 P,"f,¡jl1f[O : J 8611c'iourii9l 2fP(¡Ja asb i; '31l'111 £ ! .\ 9(JM £ ci 9b asiles

XXI. 'Contribution A L'ÉTUDE DE la paralysie ascendante

AIGUË ; par Richard ScIIULZ et Friedreich Schultze (de Hei-

'Jo;¡ ? <eJR ! g),- \r1'cf ? J.J ! .syc1. zc. l1'eJ·venlc., XII,i 2.) 3Ei tar ? -· . 111 . ;\;\ >J : . utr,l ? a '\ î\ < ! .

Un homme de quarante-quatre ans, ayant eu quatre ans au-

paravant là sypbilis, ·prend en quelques jours' quatre.bains de

1 vapeur pour- se débarrasser d'un coryza; le seul résultat obtenu ? se manifeste' par 'la transformation en pésaritéur'de' la;Ifatigue

91égèré"q'u'il éprouvait dans les jambes quatre semaines aupara-

vans. En onze jours se' développe' de' la' parésie' des extrémités

'C : n t. Il'illl Ilm ht III -, UI, Il \* tW I ? i 111) ,, ,,lii,nl,l 'H'II' ,

'[ iD'fÚiel1j : ës acompagnée de la disparition des' réflexes patel-

.intérieures, accompagnée de la disparition des retlexes patei-

,11res; ! .bin,t9,t.yop. constate une paraplégie flasque, absolue et

de la.parésie.du, bras», gauche, .de) la difficulté; à ? manger,, les

o-masséters ,faiblissait en même : temps ,que la déglutition de- ? vient. pénible; : de 'la paralysie des- muscles de la : nuque ? Miç-

a'tion pénible; troubles purement' subjectifs de la'sensibilité des

8 'orteils ; suppression totàlel'des réflexes' cutanés et tendineux.

' En'dépit ddu traitement1 mercuriel' (frictions), associé'à'l'inges-

- f ? ' n. ? . ,Jt. -, ? ' i f J` 1 att n 'i ? ? i n-t t. r. ·

tion diodure de potassium, a la révulsion' et1 aux émissions

fil &-- Il. I.1.11 - tl : ,l.p m.,... , ,4, , .n. ".... 'l ? l ? l , 1, fY. '

t, sanguines locales, moins d nn mois -ai)res 111J ÚbÙt¡j' de l'affeè-

Il D j .. u l I¿ HIJ ,^'i lU...,.... JJ ." i', u ' t-, 1 il lit

zltion slirvenaientrdesitroublés de, la parole,, et de, la respiration,

de l'incontnenêe,d : uri ! 1" de rïmp¿ssipilH, MJP;ro9-uireJ l'effort

^physiologique .v» Les f-iierssit et . muscles, desi- extrémités infé-

81rieures ne répondent,plus : à-l'excitation; faradique; on y cons-

tate;au coúrant<'gal vanique1lal réactioÍ111'dégénérative.d Les

^muscles ''fléchisseurs 'des 'bras' sont ébâlêmënt41nexcitâbles à

l'électrisation galvanique,' lés etéÍiséîirsr pré'sIÍiarit1la : réaction

P.11 1 ,- . L't, ,t 'Il - i - ? Il -11 pi 'C'f ,

dégénérative. IÍïéxcitabilité - com(plètè ? des ? kerfit 1 desffà'm¡jês

même à l'aide de vingt éléments, les nerfs radial et cubital réa- ! ! it ? U ni -il 1 f.L n . `7. .1) 1J ..1 1J 1 r , Ib .1 1101 V t7rllll

agissant faiblement le ! lL OJ1Cl ? l ? I).'J : Y,HPpl ? luades, ! U-

J¡,r1 ! nJSI continus, p}..1(lant,J l,f Iql1g je)J ? 2.l ? n1}" v.erJébI.e)

'I1 jointe/) aux. effets, de- la kathode sur les muscles et, nerfs des

membres inférieurs; détermine en vain unej légère- améliora-

120. SOCIÉTÉS' SAVANTES ? .

tion; la complication'd'une : bronchite catarrhale emporte lé ma-

lade en huit jours. Durée dé'l'affection nerveuse ? deux mois;3

nul accident de décubitus : = Le'microscope permet'de recon-

naître : àl'état frais, la réduction de la fibre musculaire'qui appa-

raît comme poussiéreuse et dépoi;rVuë'de'striati6ns'trans'vergès l

le morcellement de la myéline dans les tubes nerveux ! le ramol-"1

li .t -.i 1 1 ..)t« .alflY ir·flli '111111 W 1 ' Svli 1.4, 1· 1 '11.11 q

plissement de la moelle Il - sur les préparations durcies, la umc-

ft ? Ij'l ? ? '. £ ? « ? ' 'v"'l' "1"->I"1-»'J-V ? e ! n'uu3

faction du tissu conjonctif et des cylindres-axes, mais 1 absence i

d'J ? ll.le gr : \I;q1l1J1 ! JsA11s l.esJisQJ')qllxJ pyr.aIpj,çlu jusque la t

hauteur de l'entrecroisement dans les cordons antéro-latéraux as

la région dorsale inférieure et sur la limite,,des zones, latérales

des, cordons postérieurs, à lairégion; dorsale f supérieure ;Mesa

muscles infiltrés,de granulations c,,raisseuses 1 et4 dei noyaux deb

hypergenèsel La' sÙbstanee 'fp,'ise r desJéom'es' anté1'1ew'es avait ses"

grosses'cellules tuméfiées/disparues par places (formation 'de' va ?

cuôlés ; mêmes boursouflements, partiels' le long'des tractus dé

r. j ? yi Ir, "'fî, ? li1Ht (\t ! PY"lgr RI "rlnd7\g ? TL'f ? d'nf'/f' l ? J,a

cylindres-axes qui en émanent, sur le noyau d origine du facial,

et'dans n"1"'fi'res"'d""1" un mo't"il s'agirait.,

et dansées 1l.ble a4.W ? 9-F ? H ! t,énTlf..rY}r ? n)},I;,n : lOt, il s'âgirâita

i jj-i i-jj ? u e. -. i 'J"' ? J. ju.i;u.«i auJ.um.i ? '«y i.o. ,...J

d'une poliomyélite antérieure ^ aiguë, la substance blanche - ayant,,

participé aux lésions, notamment, les eord011s Í lat]'aux ' : J; l'ori

gine syphilitique, semble de toute i évidence) aux fauteursqde ce ! 1

travail. Les troubles prononcés de l'excitabilité' électrique cons-1

tituent pour eux l'originalité de l'observation.dont ils .main tien-

nent, (auijour des démonstrations anatomiques; la dériomina-b

tion : iM. Fried. Schultze affirmé' du reste,17 en outre;1 qu'il vient').

d'observer un fait'analogue toutrécëmlrient.t `'h ¡Bq1] P'°K ? t"`

',1 : > 1 ntr 'Jfl'IIFIII M 19fJJJIJ £ ? '.Bql rt4td iru3 .,H3'1qF19 3JJIVO"l Iii

, , , ? ? I- . if- i.. ? fr. ? t.

.IJJ'1JlIl ? 1' GIJ,)IU t"JJJV'f'" JJJ ? HUJ'hf""r..1 ni.'iiij *vjoi ... j, j.^» '.u...........

''t0).b tlLGh ,f(f'I ? I'1'JD ,Jj oiiioa .{¡ 56asrnb smr'h jrg¡ ? ô 11 nn-mp

/ "J z Qr'TT7T'ï7QC'AVA'NTF'C ? t4 LLnT

I,-jfl.\VJJ'J'1 ' "" J< ? 1 . ? 4. ..l.f( 11T'Jffi'J'IqO'Iq

,') >1113J) tJ811r¡ flU121Ji,b onu'b Uqqi; "1JJJ1 asq aJ ! ,jn9119q ? ,f ! un

- u·imh n41 h 't.it7wfTI tifiiur. fleel-f.in 9JJ9,1 tmwtiQ M

) : )ju j SOC IÉ TÉ 41ÉDIC 0 -PS Y. C Il 0 L 0 GIQUE nr5r u.c rf

' , jol ib

la n mis. ,)il ('l'lnII ? 1 `7 iI·'IJII`fY'i7Jfll.i Il-

r" \"f Séance du' 12 mars 1883 ? PItÉSIDENCr. DE'AI : 11OTRT. ? · ?

M. CU,\RPENTIER1 donn lecture d'unirapport sur -les travaux de

M. Pierret, candidat au titre de membre correspondant. M. Pierrots

est élu membre correspondant de la- Société, i f. li i ") l'

SOCIÉTÉS ! SAVANTES ? " 1 2 1 1

M. GARNIERi,liL un- rapport -sur/la, cafididtturci de M : -Vallon, qui;

est aussi- nommé men1111·,e çorrespondant ? u pljoi llJ1j iln LL1

- Discussionj sw : , l'avant) projet deI loi modifiant la loi du~ 30 juin

1838.J jM. -MoTET^étâblissaut un parallèle .entre l'ancienne loi] de i

18 8"et qui, vient d' tre¡,JipOS ! t1 5lp,1 SJ1,\ ? ) ! O.w08 les, l

g .1, ' ' cl'- l' ? d ? ? ' des établissements ! ? ...[ .[ ? ...;.j ? t) ? ia.r,b ? Jit ? u <' -t

publics et prives, par les modifications intercalées clans le tester <

r..in ? i , '. r J¡fnfJ '{'f1'-I,if 1. HI,. - . ? tl I .' JI .ttll-,... ? t

soumis aux législateurs. Chemin faisant, M. Motet rend justice aux

hommes1 qui' dans1 : la rédaction" de 1 ancienne' loi, ont presque

toM : prévu' et 'n'onVlaisséT ! quépe'h : de'p'riso"à1111lJéj'iti(Illé')la"rllus : J

sévère ? tf$'07'l,lClf : : <rlOb,-o eol a11 £ b j11c¡mfJ2J010D1j11t1 i ab llJyiJ'11 f

El\LP ? Foy'ILLE f'dermÍndèf si[', 'd'après 31aï1ônfèlle lÓWTùÎ1 'malade'1*

maintenu par : décision de ! la' chambré 'du : ' conseil';¡ aura(letcdroit

d'interjeter, apel;,3et, en sei plaçanUlt un point ¡de vuelopposépsin

un parent, qui ,a,obtenuJe- placement d'un(des siens,' aura ledroit,-1

de faire, appel.de. la, décision,. en y'ert,ut >c ? d ? 1l}ellel;]p,c, I ! la]agè,-g

déclaré,, guéri', ^sé'r^ rendu à^laj'liberté.j'l^mejSemble^d^-il^qu'ilg

serai t'in disp ensabl que la famiJle flÎL prévenue de la sortie immi-

.. ) ? t)''t ? ? h ? " 'nti ? 1.f'" 1 ? " tlln ,« ? lj ! t')

nente de son p enft, quelques jours avant que la sortie ne

diJŸienne'efrective r d'el faço'¡'(à' p'é'rn1èitre'IuJ intél : esséS' 1% Il iérj'ètëtl

devienne effective, de'façon à'permettre'aux'interesses d interjeter

appelle lâ^écision^qÛi^'âutorisé cettelbrlie : ™ ' : \\Ù' : \'iSMI\I'l'\ 111J b

'La¡"question)\ àn lehoit, vaut'tlal'Ipeine- : d'être diseutéel*etJjé-1

fais appeltà.nos collèguespour savoirs si» de¡ : pareils cas ! \,se sontg

présentés à-leur, observation.)'{ ab BSOflonoiq 89ld0OTÎ agl .fiuvmt

- lui. BcW ctlsl : ? Jlaiteûravee1111f. Eovilleet Christian à. formuler 1

des.i conclusions sur...une"demande len( interdiction; Lesipremiers i

juges ^maintinrent, 1J' ! laladeI à,l'asile ;; mais, tipeu. après ,1 il. fut t 1

interjeté appel de la sentenceet len3alade, fut.mis,énlibérté. ado't.

M. FoviLLEse rappelle fort bien lecas auquel M. Blanche vient de

faire allusion; il s'agissait d'uneinterdiction jugée en séance pu-

blique. La jurisprudence est établie sur ce point, mais reste muette

quand il s'agit d'une demande de sortie. La décision, étant alors

rendue en Chambre du Conseil, .n'est point publique : il n'y a pas, à

proprement parler; de jugement ! Tous* les^ intéresses peuvent-ils

ou ne peuvent-ils pas faire appel d'une décision prise dans ces

conditions ? `I ' '

M. Blanche. Cette guérison aurait mérité d'être discu-

tée au sein déJIàI Commissio-n2qui Ca lélàbÕÍ'é Ùè 2 no\Ívèau projet

de loi.

M. Motet. L'intervention de la famille ne peut avoir d'effet

suspensif; ,si, ! a m¡se¡cn ,lipr est prononcée, le, malade, sortira

immédiatement de l'asile. u -

M. BLhNCIIE ? Il meqparaîtrait meilleuBr qu'ili-en/fût aulre.-

rilellt.3t' n h.1)1 lüy4't(;) -r. : il.y y - tu-; " ,<1> i, 'lIt} t-

M. FOVILLZ ? Sans nuire à l'esprit de. libéralisme qui a inspiré

''122 SOCIÉTÉS -SAVANTES.

la'loi, il serait bon d'insérer un article additionnel'- contenant

'l'obligation de prévenir la famille de la décision prise, afin 'de lui

^permettre de présentèri-ses objections et'lui donner' le temps

-d'énoncer les raisons, pour lesquelles' elle' redoute ! la sortie qui

vient d'être prononcée. - ,il 1 t 1 '1 1 'n 9r 1, -infini. <-. i

5'1'1\1. Motet. Dès l'instant où'la liberté individuelle'est en jeu,

il ne peut y avoir aucune raison de surseoir li'rune' décision de

sortie, dont l'effet doit être immédiat. ' Il'II(l ? 1ll, ,l, n, '1

'' M. DAGONET fait reniarquer'qu'en pareil cas' la responsabilité du

''médecin est complètement dégagée. "' "' ? t"1 " '< ' » -1

M. Blanche ! ' Assurément, mais il ne s agit pas .seulement de

responsabilité,' il faut aussi penser aux dangers'1 que court l'entou-

race de certains aliénés. - \ " ! JI, 'fi "i' '" t r.f 1 .- r '1 ? , ,

«r n ' vn , t < j-" i i "i" ? tif'-ro fr ? 1 i ?

M. Be\usie. Ce point est d'autant plus important,, que certains !

magistrats n'examinent même pas les dossiers avant .de prendre

une décision. ' Je connais un aliéné 'dangereux' remis' en liberté

i , ? 1 f ., ». - ., ,i 1,1 J ." i.. ,... 1. lJ. 4

par un tribunal, sous prétexte qu aucune autorité l ? ,'étg ? 11\7.r-

venue dans sa séquestration; or, en réalité, le préfet avait' ordonné

J le placement d'office.- 1 tor 1 Il a ,v , " t ? h ,1 i

111 : Motet. -1 Ill'nous 'resterait : encore' bien d'autres questions

il discuter, En voici trois que, pour mai partie voudrais voir

résolues 'par 'la nouvelle loi : 1° les'sorties il : titre d'essai; 2° le

traitement à domicile des aliénés inoffensifs; ;3° la.situation 'des

'aliénés crinlinels : I. ( - 1 1 . 111,1' 1 ('(,t'1(1 l ,q[lfJf G1UI . On7` T

- ." Ces questions-seront mises à l'ordre 'du jour' de la Société.' PU

fiif ? IJ 1p,'¡fr,Cf jJl ,fi (111'11'41' "..... 'II HP t,lfjJJJJl\I : B. '1-j"

' z'' '' Séance du 9 av)·il I 883 : - Présidence DE'M. Motet; J."

tJ`f ? - ')H t I) "'\1ÎJ 'I-- yi Il i'ni ! ,r'm, ? l'fU'I(1 .1,¡lOhd ,'1 "i-t ? i.

r'°11 ! riç Président annonce la mort'de'111. Laségue; et donne lec-

j'LÓre'du discours qu'il a'prononcé au nom de'la,Sociélé. ' ' '

' "La séance est ensuite levée en-signe de deuil. "r1"11L'B : a'r' b

1{Iq' "I -, - i "- ii 1 J t, 1,. t,r;n,. .Jh '0 '1' ;.i 1111P ? f )''

Ttlr 'ff Il,11fT' ! ·Im ? ·.f It (1 - Il, 'tIf' dlJ 9 tr" J.Ntu , i ab

wm 1·, Séance l121,3,tlD)·Ll 4 HS3 ? PRft91DE.CE"I ? ? I.,MpTF ? jfll j'I'

} (1 ? /' si 1 - . I .y- f' 111)1 t.. 111 ? jl;" l' ? j1'1. rytj;rtl Wo ..( '

Prix Esqttirol. Après la lecture du rapport de-M. Cotard; le;prix

Esduirol est décerné à 111. Millet, ancien interne de Sainte-Anne.

¡ Eloge de Pal'c1wppe : M. Ritti prend ensuite la parole pour pro-

noncer l'éloge de Pa¡ : chappe."} n ' ''1 ", 1 JlL" "'\, M. 'B.-0' '

Z}Hhl ,\',1\\, '\1. ,.\j, ). t\\\ ,\). ·, v 'I ) ) j .' l.t" 'fll1 il

Séance du 28 mni 1883. I'ncS)DNCC,DE 11L1110TeT.,v h

1u· » 1\ i- n, l' 1. ,\ .i . Id.' 11111. i ! tt

Les hypnotiques hystériques considérées comme sujets d'expérience

en médecine mentale. (Illusions, \ hallucinations, impulsion., irrésis-

SOCIÉTÉS ? SAVANTES. il 23

tiLleslprovorlztées;lle2tt· importance au point de, vue- médico-légal) ;

,par,Cb.t rt : nH ? L'état. mental ides hystériques al été (le sujet

.d'études très importantes de la-ipart de.MM.iHuchard et.Legrand

.du Saullo2, mous ne chercherons point à.ajouter, aux travaux de

ces auteurs en ce qui concerne les troubles spontanés de.l'intelli-

gence dans l'hystérie ; nous, ! 1op.sJborIronsià l'élude d'unigroupe

l4e Ifa.it,lolltparicul ! er. u .tt, ,n»i'1 ·rf`1· n1a , dl ? i . 1. 1,

Parmi les phénomènes si nombreux et si ,variés¡que l'on observe

chez les, hystériques et, en particulier,, dans, cette forme d'hystérie

bien connue aujourd'hui sous le ! lJ ! 1}J."d;hy ? o; : épilepsie o,gl'a ! le

hystérie, ceux que , ,1'on,a,groupés sous le nom ^hypnotisme sont

sans contredit des plus curieux et des plus intéressants au point de

HI tn . 'i"\I} 'It' 110 htJ 111" #1"1 ,-i ? IJI 1< , ? 'IlHI ?

vue spécial de la médecine mentale et de la .médecine, légale ? '" "

On comprend sous le nom d'hypnotisme plusieurs états nerveux ? m ? t ? ? f ? t" < ? - 1,.... " J nr '< ? ' if, ", .

dlfferents j qUI peuvent être ramenés, d après M. Chariot a trous

f"'¡'tf" '11 q. ? i ? '¡, J " t 1"I,f" ! ? l' 'Il ? , C ? '¡I ? IFn,

types, fondamentaux^ : 4°, étal cataleptique; ' 2° état léthargique ;

'3° état dé somnambulisme' provoqué : Nous allons' rappeler brize-

. ,1" l' '....... 'l ? "1. ' · 1 1 ? ? 1 f . W 111 I « t , n

.ment les caractères principaux de ces trois états.

un ni m lu IU.1 ? J) JUI.lq J n. y, -n {'» l'1 ' l'U'I" i- "- uni'»- 1,- s-nr, M 1'1

A. Étal cataleptique. - Il peut se produire : ' 10, primitivement

isous l'influence d'un bruit intense et inattendu,' d'une lumière.,vive

,qui frappe le regard, -par, la, fixation prolongée d'un objet quel-

conque, etc. 2o consécutivement à 1 l'étal léthargique lorsque

l'on ouvre les yeux du,sujet,dans,un')¡eu éclairé.iLe sujet, catalep-

tique est immobile, comme pétrifié. Il regarde fixement les- yeux

ouverts. Les différentes parties du Jcorpsllsont susceptibles, de, con-

server .les. attitudes qu'on leur communique pendant un temps

très long sans qu'il se manifeste aucun des phénomènes qui accom-

pagnent ordinairement l'effort.' Les, réflexes tendineux sont abolis,

l'hyperexcitabilité neuro-musculaire n'existe pas. Il y a insensibilité

complète à la douleur jamais,» les sens, spéciaux et le sens muscu-

laire conservent ..une^partie de leur,, activité. C',est,ce.,qui permet

d'impressionner le ,¡ ujeL par voie de suggestion et de provoquer

des hallucinations, des impulsions automatiques. Sous l'influence

de la suggestion, les attitudes fixes artificiellement imprimées aux

membres'font place à'des mouvements coordonnés en rapport avec

l'hallucination ; quand la suggestion a cessé, le sujet redevient

'immobile.' ' 1 l' ->s ' 14· , t n , , .< . - i. T

"V> ' I 1 V 'il 'II' t '' n fl z '»' 11, " j'\' ' p.·y y , f ? 3. Éltil ,W ! \l'qiqlle : \;;oo1Le,VléJeppinél, : 1° primitivement parla

fixation d'un objet quelconque, ou par, l'occlusion avec compression

1 H. Iluchard. Caractère, moeurs, état mental des hystériques

(Archives-de'Netirologie; t. IIl;'188Q.) 8t : P' ? 2y -1\ "'\1 ,r

2 H. Legrand du Saulle. Les hystériques; état physique et état

" mental, actes .insolites, délictueux et criminels; in-8°1883."i ? t . , 1

- r3 Charcot. -, .Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1882 : 3`v 1

ci. ! f ? >4 r . 1 . d'1 ¡,

'1214 ,j, ", 1 it-b ., .SOCIÉTÉS, SAVANTES. , lit Il'' -,

légère des'yeux/'etc. ;'2° consécutivement à' l'état cataleptique^ par

l'occlusionldespaupires ou'par le passage dans un lieu obscur : ' On

entend un 'bruit'laryngé spécial,' il vient unpeu'd'écume aux lèvres

et le sujet s'affaisse- dans la résolution complète ? lés membres1 sont

flasques et pendants. Les rétlcxek tendineux sont'eiigérés L'hYpér-

excitabilité'neuro-musculairo* existe toujours à desl degrésfdivers ' :

les muscles se contractent sous^ l'influence d'une irritation1 méca-

nique, portant soit directement' sur les muscles eux-mêmes; soit sur

le nerf qui' les' anime;' s'agir d'une'1 contraction permanente;

d'une contracture qui ne se résout que par l'excitation' des muscles

antagonistes. Les téguments sont insensibles il la douleur, let,rbien

que' les gens conservent un certain degré d'activité, le sujet se prête

peu en général aux 'suggestions.. Cet état est donc. le moins inté-

ressant au point de vue spécial qui nousioccupe : tw m 1 -4,

L'état cataleptique et l'état léthargique peuvent être localisés ? en

conservant tous leurs caractères à un seul côté du corps, suivant que

l'on ouvre ou que l'on clôt l'oeil du cûté correspondant. » I ,,ri

ii, 1 nlL' f'1t 4hJ"V11 ' ,u r "Uiril'Ull 7H ) "tint-1- 7 ir 1-11 J 1 '

C. État de somnambulisme , provoqué. - Il,peut être, provoqué

primitivement par la fixation du,regard ou par diverses pratiques

(procédé de Faria, etc.). On le produit secondairement chez les sujets

plongés, dans l'état cataleptique ou l'état léthargique en exerçant

une friction légère ou une simple pression, sur. le vertex. Dans cet

état, qui correspond plus particulièrement àce qu'on appelle le som-

meil somnambuliqup, les,yeux sont incomplètement clos, les pau-

pières souvent agitées de frémissements.- L'h3-perexciLabili[C neuro-

musculaire n'existe pas, la résolution des membres, est beaucoup

moins prononcée, que dans l'état précédent. Mais, si, par l'excitation

mécanique des muscles ou des nerfs, on ne peut pas provoquer de

contractions, permanentes, il, est possible parf de légers attouche-

ments (passes,, des magnétiseurs), par un souffle, léger dirigé sur la

peau, etc., de produire une rigidité musculaire, spéciale, .un -état

cataleptoïde différant de la contracture liée à l'hyperexcitabilité

neuro;musculaire en ce qu'elle ne se résout pas- par l'excitation des

antagonistes et.de l'immobilité, cataleptique en ce qu'elle, oppose

une résistance quand on vcutmodifier,l';cttitude. Les téguments

sont insensibles à la douleur ; mais certains modes de la sensibilité

de la peau, ainsi que le sens musculaire et les sens spéciaux^sont

le siège d'une hyperexcitabilité spéciale, 'grâce à laquelle par in-

jonctions ou par suggestions on peut provoquer des actes automa-

tiques très complexes. Cet état est celui qui se prête le mieux à

notre étude actuelle ? On peut faire cesser cet- état de som-

nambulisme provoqué, soit, en ouvrant les yeux, le sujet tombe

alors en catalepsie, soit en, les fermant et en comprimant légère-

ment les globes oculaires pour plonger le sujet dans l'état léthar-

gique.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 125

Lorsqu'on a présents à l'esprit' les différents caractères de ces

étais, ,il,est facile de les reconnaître sur un; sujet hypnotique quel-,

conque, et, d'éviter, comme on l'a fait trop souvent, .d'attribuer à la

léthargie ou à la calalepsie,,des phénomènes qui, appartiennent au

troisième état. Il est indispensable, dans toutes les expériences faites

sur( lesj hypnotiques,,de pouvoir, déterminer, à chaque instant et

d'une^manière, précise, dans quel état le sujet se trouve sous, peine

d'erreurs graves. Maintenant que nous sommes en mesure de nous

placer, dans, ces conditions, nous allons passer à l'élude, des phéno : :

mènes qui doivent, nous..occuper spécialement dans les divers,états

de l'bypnotisme.,lCX9 l "J3q ou ! . Jn(W -m : ¡ ? ¡ , il, Ifi1 .ni, L

l' 1., Nous laisserons de côté l'état léthargique, parce que, bien que la

sensibilité générale et spéciale'ne soit pas totalement abolie; il est

en.général' impossible d'impressionner 'le sujet.aveé'assezd'inten=

sité pour pouvoir communiquer avec' lui et lui dÓnnel"( des subes=

tions,ou,,des impulsions^ IJJ1"') ? J,dJ jl dJJwt lv 'Jlp ! 1'\"I' t ? \ 1>,11.1 .i

Il., Dans la catalepsie, on peut communiquer avec le sujet par' des

procédés très divers.- Et d'abord; par L'intermédiaire du'sens muscu-

laire : ainsi, si on donne aux membres une attitude tragique, de

menace,1par exemple; onvoit les sourcils sèfrônceret l'expression de

la-physionomie se mettre' en accord avec'la'position'des'membres

(Braid, 'Cha'rcot' et''Richer 1).1' Inversement, si ou1' éléctrise'cles

muscles de la face et 'que'* l'on 'donne Jdrtificiellément-faus "visage

l'expression de la terreur, les membres vont'prêndre'uiiétâttitûdë

correspondante`(Cllar,;ot et Richer2).' Les phénomènes' d'association

se manifestent d'une^manière' instantanée pour,l'iIinsi Jdire "et' ! 'les

attitudes plastiques ainsi obtenues sont'aussi permanentes que celles

de la catalepsie en général. eoj'i ? 1,1 wJq 4t·m, 1

''Le sujet cataleptique' peut' encore 'être' impressionné parles

organes'' des sens s.' Ainsi, si on frappe vivement son' attention 'en

lui parlant brusquement, on peut lui suggérer l'idée qu'elle* entend

une voix amie ou 'détestée et tout dë.1 suite'la- physionomie' prend

l'expression, de 'l'affection et de'`la : 'joie; du^de la hainè'ct dé là

terreur ? 1- "Qç/r 1 JP, °·n) ,'t1 : 3'.i >jl1 `· 1'1 3f tn ! \'hU¡]j -)1'1' 'tl"l1;Jc'1

' Si on' attire son regard'en'agitant'la main" devant' ses" yeux' et

que' par 'des-'gestes appropriés, 'on" figure'' un objet agréable 'ou

horrible, on provoque les mêmes modifications de l'expression;' on

t rt » W .il il. L.I nt¡' ·-,1,6J'1` '')hf[t 9n·tIJW 1,1 F "hl1l.flf ? t j j llnr

"1 Charcot et Richer ? Contribution à l'élude 'de' /'hypÍ/otis1'¡ie 'chez' les

hystériques. '[Archives de Neurologie, 1881 etJSS3.)'`t " 'i°. t "'2 JI ? .1

2 Cliarcot`et Rielier.' ' Note' on ' certain facts of cérébral' automatisai

observed in hysleriu, during the cataleptic period of hypnotism. [Journal

orne/'vous and mental science,t : X, 1583.)TIJ ? l'II' il - ! i

" Bourneville et Regnard : Iconographie photographique'de la'Salpé'

trière, 1. III, ! P,] 1149. - P. B.icher ? Etudes.* cliniques sûr la* grande

hystérie, iu-8^, 158t. , i" ' a zizi, -r .d .

q

126 SOCIÉTÉS' SAVANTES.'

les reproduirait' dé' nlême en faisant' porter les suggestions sur les

sens du ? Ollt 04 de l'odorat, l ? TT H) "'ri", " "V, ? "') " "Il

" Mais,1 tandis que, par l'intermédiaire du ''sens15 musculaire', on

n'obtient que des'attitudes fixes, -"des"5 actes purement mécaniques

en'qu'elque sorte, lorsqu'on agit'surles sens' spéciaux,3 on peut pro-

voquer des' mouvements automatiques combinés et rationnels d'une

certaine dtll'ée ? Ain,i, 'si o'n"suggère au'sujet 'l'idée '"d'im1 bruit

terrible1, et' continu ? ou'' d'un animal effrayant 'quille poursuit ? il'

fuifen poussant des cris de terreur psi'on lui 'suggère l'idée' d'un'

oiseau ? qu'on' lui" met dans'-les mains; il ? le caresse pendant'

quelques instants a\antdc retomber dans l'immobilité cataleptique.'1

Dans cet état, les sens 'peuvent devenir le point de départ de

mouvements automatiques beaucoup' plus' p'rolàngés''éiue' ]'OÎl peut

s'expliquer par' la persistance' de l'impression sensitive' et' par une

association d'idées antomatiques'qui fait' que le1 contact d'un objet'

5u.g ? ère l'idée'de s'en servir. La nommée B ? 'étant plongée dans

l'état cataleptique, on lui met dans les mains son 'crochet et son1

0LIVI'a,-e COIIIII-lCllcé ; Il récularise'la''pôsitiôn''des deux" objets,' ?

ouvragé commencé,- elle régularise ' L'imposition' des deux 'objets ?

CL"së"1-nt à faire des m'ailles, mais'elle' fait toujours le' m61ne'inou-'

vémenL'et la même niàille" Elle fait une tressé sans nn'qu'cUe n'e !

relie pas'au reste de l'ouvrage. Ce travail peut durer 'des heures ?

toujours avec la même régularité automatique.' Un' fait intéressant'

à noter,' c'est que, pendant que le sujet est ainsi'occupé à son tra-

vail automatique,1' si l'on' vient a fermer'un oeil, le côté corres-

pondant du'corps tombe 'dans l'étàL*Iétlitl ? iildé, le bras reste immo=t

bile dans là' résolution, tandis que' l'autre main continue à faire les'

mêmes mouvements combinés' qui'sont devenus inutiles par leur'

isolement, mais qui ne cessent que' lorsque' l'objet' tenu dans la

main vient' tomber Donc, même' pendant l'activité' automatique ?

il, reste possible' do'dédoubler' le sujet '(hémicatalepsie, hémi ! é-'

thargie). ' 1 1 1 1 ' ' ? 1 '

D'autres actes analogues peuvent être provoqués par le seul fait'

de placer dans la main du 'sujet hypnotique les' instruments qui'

servent à les accomplir, à condition ? toutefois; qu'il eii connaisse'

ptéalâblitient''l'usae : un 'objet inconnu ne provoque aucune'

suggestion ? Dans 'tous ces actes, il est"difhcilé' de dire quel est'le"

sens qui prend le plus de pari à la suggestion ; il semble, la plupart

du temps, due ce soit le touchera *" s" - '.ou. l z , ,

Certains'actes qui ne sont pas purement mécaniques, comme

l'action d'écrire, par exemple, qui nécessite' la misé en jeu, non ,i

seulement de la main qui trace les caractères, mais encore de la

pensée qui les coordonne dans un certain ordre, ne peuvent pas

être suggérés par la seule présence de l'instrument , qui sert

à l'accomplir. Si on met une plume cuire' les doigts de B... en

catalepsie, elle prend l'objet, mais mollement, et la laisse'tomber

au bout de quelques- instants, sans avoir fait un mouvement pour

SOCIÉTÉS, SAVANTES. 1 37.

s'en. servir. Si, tandis qu'elle la tient, on lui dicte, il. haute voix, les

mots les uns après les autres, ou mieux encore syllabe par syllabe,

on arrive a. lui faire tracer. ,. quelques , phrases avec l'orthographe

qu'elle, connaît ; , mais les lignes sont irrégulières, précisément

parce qu'elles,;sont écrites sous l'influence de suggestions succès ?

sives',et sans'lien pour, le sujet. Cependant, en prenant soin ,dc

rectifier la position de,, la main,' on peut obtenir un. autographe à

peu' près impossible, a distinguer de ceux qui sont composés (pen-

dant la veille., Je n'insisterai pas- maintenant sur. des conséquences

possibles de- ces sortes d'actes suggérés'pendant l'état, catalep-,

tique,» et qui ne peuvent laisser, aucun» souvenir, puisque le,.sujet.

est absent au moment où, il les accomplit., ? ... ,, i , n "" a

i,Ces différents actes-, consécutifs aux, suggestions, provoquées par

l'intermédiaire, ! des,, organes, des sens,, montrent) que les § objets

qui les déteqniqent ,soqk, seItiq"d'lII;lC ,façon précise, et que, lors-

qu'il, s'agit , d'objets imaginaires dont l'idée été inculquée soit

par la, .voix, soit , par les , gestes ? ces derniers sont sentis comme

s'ils existaient réellement; les objets, qui figurent dans une halluci-

nation provoquée sont perçus, comme des objets réels^Nous avons

pu en fournir, la, preuve en, pârticulier ? en"ce ,qui, concerne la.

vision,' ? si,l'oll,,faitliapf11'Oc)lel' ou éloigner l'objet,, on y. ? iltl p\ :

pille.se dilater pr° ! J°rLlOnnell\1lCI1t. i' tll' ' ""m,I', "1 r,n, (1.

,C;est, là un,phénomène qui,. écarte , toute . idée T,dej simulation.

Ajoutons que, pendant la durée de l'hallucination visuelle, la sensi-

bilité, générale de l : oe,it' est, profondément modifiée chez certains

sujets;, en effet, dans l'éL1 ! -t, catalepLiqlle, I ! a" onjonspv ? et,l.ll;

cornée,. en dehors du champ pupillaire,,sont en général insensibles.'

Sur la plupart des sujets, on peut les loucher, avec un corps étran-

gel', sans provoquer decrélleaesialpébraux; qllCz, P... : ,1 pal : exemple,

sitôt, qu]on a .développé une hallucination visuelle, la sensibilité

des membranes externes de l'oeil revient dans l'état où elle existe

dans,la,yeille; Ce fait ,vient à l'appui de ceux que nous avous déjà

apportés pour établir la, corrélation qui existe, entre .la sensibilité

spéciale non seulement , dans, l'hystérie2, niais encore, dans les'

lésions organiques du cerveau,3. Jusqu'ici, nous n'avons parlé 'que

des suggestions, cl, d'hallucinations' temporaires, ne persistant que

¡'It., il ri -liiffl i- -I ilu'1- ? ).l ' Il si "h -li 1 l t t r- .,

1 Ch. Féré. Mouvements de la pupille et propriétés du prisme dans les

hallucinations provoquées des hystériques. [Société de Biologie, 17 décembre'

1881. - Archives de Neurologie,' 1882, t. 111,'p. 29 ? ) " ' n"" ,

rt=' Cil. Feré. Note sur quelques phénomènes observes du côté de l'oeil

chez les-hystéro-épilepfiqttes, soit pendant l'attaque, soit en dehors de

l'attaque. [Société de Biologie, 29 octobre 1881, et Archives de Neurologie,

1882, t. III, p. 2S1.) ' '- 77(' ! K ? tyC)'M</tc ? e sensitive et hémi-anestltésie

sensorielle.' [Société de Biologie, 5 novembre 1881.) , ' ,

. Ch. Fére/ Contribution' il l'étude des troubles fonctionnels de la

visiozz ar lésions cénéLrales. 9582, p.t 44 i, 449; 198, etc. l ' .m 1 j

128 SOCIÉTÉS SAVANTES.

pendant la durée de l'état cataleptique, et suivies d'actes automa-

tiques relativement peu compliqués. Notons que l'on peut encore,

pendant cet état, suggérer des hallucinations persistantes qui durent

après le réveil, et dont la réalité est mise en évidence par ce fait

que, dans l'hallucination visuelle, on peut dédoubler l'image fictive

en plaçant un prisme devant un des yeux ou en déviant méca-

niquement un globe -oculaire, toujours l'image fausse est placée

conformément aux lois de la physique.

III. Mais c'est surtout dans l'état de somnambulisme provoqué 1

que l'on peut étudier les hallucinations persistantes et complexes

parce que les sens sont plus facilement impressionnés ; et, le sujet

répondant beaucoup mieux aux interpellations, il est plus facile

d'entrer en communication avec lui.

Dans le somnambulisme provoqué, on peut suggérer à l'hypno-

tique des illusions ou des hallucinations diverses de l'ouïe, de l'odo-

rat, du goût, de la vision, du toucher, qui persistent quand le

sujet est réveillé. En ce qui concerne les hallucinations visuelles,

leur réalité peut être démontrée encore comme précédemment

par la déviation du globe oculaire, par l'interposition d'un prisme

devant l'un des yeux. Si l'objet de l'hallucination visuelle consiste

en un portrait, par exemple, placé sur un plan fixe, sur une table,

un corps quelconque placé sur la table masque l'image. Si, au

contraire, la suggestion a placé le portrait sur un plan mobile, sur

une plaque de carton dont les deux faces offrent une apparence

tout à fait identique, l'image sera toujours vue sur la même face

du carton, et quel que soit le sens dans lequel on le lui présente,

l'hypnotique saura toujours placer les faces et les bords dans la

position qu'il occupait au moment de la suggestion, de telle façon

que l'image ne soit ni renversée, ni même inclinée. Si on renverse

le carton suivant ses faces, le portrait n'est plus vu. Si on le ren-

verse suivant ses bords, le portrait est vu la tête en bas. Jamais

l'hypnotique n'est prise en défaut, qu'on lui couvre les yeux, que

l'on se place derrière elle, pendant que l'on change les positions

de l'objet, les réponses sont toujours parfaitement conformes.

Il faut remarquer que, pour que l'objet soit toujours vu suivant

les mêmes proportions, il faut que le plan sur lequel son image a

été suggérée soit toujours à la même distance du sujet. Ainsi,

supposons que l'hypnotique étant convenablement préparée, on

place un ruban métrique sur une feuille de papier blanc et qu'on

lui suggère l'idée que l'on marque un point noir en face de chaque

division centimétrique : après le réveil de la somnambule, on lui

dit de marquer un trait sur chaque point imaginaire ; elle fait une

1 Ch. Richet. Du somnambulisme provoqué [Journal de l'Anatomie et

de la Physiologie, 1875; Revue philosophique, 1880; Archives de Physio-

logie, 1881, etc.)

? t,, "qTq 1 O 2 ! t

SOCIETES SAVANTES. 129

n;` 3- r i.t-h »",vi- "i .o,ip»,I»"Ik} ? .l'isl -il» ? ?

série désignes qui sont toutes à é ? ale,distaiice ? mais, séparées par

un intervalle plus grand qu'un centimètre. L'erreur est due à ce qu'il

a fallu 1-appro'cù'r le, papier, pour tracer les li ? ne ? et, que les inter-

valles, vus de plus,près, onjt1pàVu'plûs^1ço,nsjdérablés..1EnrSOmme,

cette' erréurtn'est qu'ùnëpreuÿé,detplus de ,]'objectivité tde ,1a

sensation ? Quandl'objet"sur. lequel figure l'hallucination peut être

'éloigné'ou rapprochée au gré, de. l'hypnotique, l'image est toujours

vue avec ses dimensions exactes, comme le montre l'expérience

...n ? ? MOKMMMMM r 1·r r mülr ju"J ? < " > ~> <"< ··'

suivante. .,> ? L.p^iiPr[ , ,1 -r-mhnJi Ji-yn po '. ? P

' Sur une feuille-de papier blanc, nous plaçons une carte, égale-

inentblàncliê.; avéé'uné pointë·motissé,,mais sansrtouchérfle,pa-

pier,t nôiîs suivo'ns'Ië'contour du carton en.'suggérant, l'idée, d'une

ligne tracée en noir. Quand lesujét'ést`réveillé,Fnûsluidéman-

papier suivant ces 1 'nos fiel vos; il tient le, papier

à la 'distance où il était au moment de la suggession, et il le plie

en, formant un rectangle exactement sti e 1, p sable, à la carte. jgm,j

"'Noïïs'âvôris insisté1 en particulier 'sur les hallucinations delà vue,

püivcë qtiêcè"sotit'celles dont la' réalité peut être le plus facilement

contrôlée' mais les hallucinations * et les illusions provoquées ..de ? -. ™- . ' V' t -- 'ii'j- ? il- j ' l^ t,ulo i ir, m .. 1. V...

1 odoraL'de 1 ouïe, du goût, du toucher ne sont ,pas moins , saisis-

"' loc'»" ! 1 i" ? ,fl,nrnj°[ nu u<- '>">siq ,'^Mint ? -"\ - -i ? ^ ? -

sa '- ? T'T(`0 nu

"Nous 'allons, résumer quelques-unes ! des conséquences des. sug-

gestions,01 illusions 1 ou hallucinations* provoquées "des sens .- - 1

;qt,F ouï' lt1·)·lttt) t9, dllm. -91 J> ov .» ^> - es.sens,upe7 ',

^v'm-i.n^r ....ew .v ? 1 ·rw ... ? 9 ? ab' tr-* « J110J

VMe. On peut suggérer une appréciation fausse, sur la forme

d'uuobjet'quéle'sujet verra plus grand ou plus petit ou .déformé.'

Si, par exemple ? on lui' inculque ]|idée'r que telle^'personne.ai'une

difformité qûelcônüë düinâge, on verra la somnambulique,,encore

plusieurs heures après son réveil, prendre une expression ? de de-;

goût ou'd'horreur,'et cela; toutes les fois que son regard se portera.

du côté de cette persôntie'qùi'dévièndra'uâ `olijét de répulsion quel-)

qûefois''përmâneyt·é ? nous' avons, employé, cette ^manoeuvre, avec)

X ,- , ... » . nr ? f*p«l f»..J IflTl 1 ^ ' ' l ..î'1 ...1 ? -. j

succès pour 'faire cesser des' relations de certaines hystéri crues. A

L'illusion peut aller jusqu'à produire une erreur sur l'identité d'une

personne : ' tollé 1 lyp'n'otique Il l'état '.de ? veille iy'prôdigüér. dest

caresses à une1 personne qu'elle déteste* notoirement ? 'si , pendant

le's6mmeil''sbmriambùlique' on lui suggéré ^l'idée ? qu'il 's'agit,

d'une' autre1 personne qu'elle aimeetTerr'e'ur.peut durer dans,

certains cas toute P une 1ournée iu.s1qc ? u q e somrneill î

naturel'' ou t une attaque' soit venue ''interrompre, l'illusion.'

L'hallucination' n'est'tpa's'inous"Peysistantç ? >le.ysujet,7,pflurra'

voir pendant toute une'journée'un objet imaginaire, une personne- 1

absente dont on aura évoqué la présence pendant 'le sommeil-

somnambulique. '^'l .vVi ? »). ;n»> to>UWjWf'%' -'f.j) ?

Ouïe. Sous l'influence de la suggestion, l'hypnotique confond

la voix d'une personne inconnue avec celle 'd'une personnel connue'

Archives, t. VI. 9

130 SOCIÉTÉS SAVANTES.

et absente ; elle peut entendre des voix qui n'existent nullement,

qui lui donnent des ordres, qui lui répètent des injures, des paroles

obscènes, etc.

Goût. Si on a présenté à l'hypnotique un morceau de papier,

par exemple, en lui disant que c'est un gâteau, à son réveil, elle

va le manger avec délices. Dans d'autres circonstances, elle sera

convaincue que les aliments sont empoisonnés. Si on lui a suggéré

l'idée d'une substance nauséeuse, la sensation pourra être assez

intense pour provoquer le vomissement.

Odorat. - Il peut devenir le siège de sensations erronées du

même genre. Le sujet sentira, par exemple, qu'on lui envoie de

mauvaises odeurs par le trou de la serrure, etc.

Il faut remarquer que les hallucinations provoquées peuvent être

unilatérales; un objet fictif peut être vu d'un seul oeil, une voix

imaginaire entendue d'une seule oreille, etc., si l'auteur de la sug-

gestion l'a voulu ainsi, tandis que, l'organe du côté opposé conserve

sa sensibilité normale. Ou encore on peut suggérer une hallucina-

tion d'un côté, tandis que l'on supprime complètement la vue du

côté opposé, qu'en inculquant en même temps l'idée de cécité, de

surdité unilatérale. Dans d'autres circonstances, enfin, on peut sug-

gérer des hallucinations différentes de chaque côté; M. Dumontpal-

lier a déjà signalé des faits de ce genre.

Les illusions et les hallucinations de toucher revêtent des formes

encore plus variées; tous les modes de la sensibilité de la peau peu-

vent être atteints ensemble ou séparément. Une des plus curieuses

hallucinations de ce genre est celle qui résulte de la suggestion

d'une plaie : le sujetdécrit la douleur d'une manière di(Férente,sui-

vant qu'il s'agit d'une plaie par instrument tranchant ou par ins-

trument contondant; toutefois, sa description ne répond à la réalité

que s'il a antérieurement éprouvé un de ces accidents. Mais ce qui

est le plus remarquable, c'est qu'en même temps se développe

l'hallucination de la vue : le sang coule, etc., et il résulte un délire

systématisé plus ou moins persistant dans lequel l'halluciné se plaint

de douleurs imaginaires, se fait des pansements appropriés, porte

son bras en écharpe, tout comme s'il s'agissait d'une plaie véritable.

Cela nous conduit à dire que les illusions et les hallucinations

des sens spéciaux peuvent être provoquées simultanément et se

combiner : l'hypnotique peut être amenée, par exemple, à faire

erreur sur l'identité d'une personne ou à accepter la présence

d'une personne absente dont elle reconnaîtrait les traits, la voix,

etc. On comprendra les conséquences possibles de cette illusion ou

de cette hallucination, si un acte délictueux ou criminel venait à

être commis sur l'hypnotique ou devant elle, dans ces circons-

tances ; il en résulterait une accusation portant sur un innocent et

qui serait soutenue avec la conviction laplus profonde. L'illusion ou

SOCIETES SAVANTES. 131

l'hallucination peut porter sur l'acte lui-même et conduire à des

conséquences analogues.

Ce n'est pas seulement sur les sens que peuvent porter les sug-

gestions : il est possible de provoquer des illusions et des hallucina-

tions viscérales ; la sensation d'un corps étranger dans l'intérieur du

corps, etc., etc. Mais les suggestions les plus remarquables de ce

groupe, celles dont l'eflet est le plus facile à contrôler sont celles

qui ont trait aux besoins naturels. S'il s'agit de la soif ou de la

faim, sitôt après son réveil l'hypnotique réclame avec insistance à

manger ou à boire, et si on lui présente des aliments ou une boisson

elle les avale gloutonnement. Si la suggestion porte sur le besoin

d'uriner, etc., on voit le sujet à peine éveillé prendre une attitude

embarrassée; cherche-t-on à le retenir en lui offrant ce qu'il

convoite avec le plus d'ardeur, il ne tient aucun compte des offres

qu'on lui fait et bientôt il s'échappe en courant pour aller sa-

tisfaire son besoin imaginaire. La suggestion de sensations géné-

siques provoquerait des désirs tout aussi impérieux et dont on peut

prévoir les conséquences.

C'est ici le lieu de rappeler que, chez quelques hystériques, il

existe sur certains points du corps des régions (zones érogénes)' 1

qui ne sont pas sans analogie avec les zones hystérogènes, et dont

le simple attouchement, dans l'état de somnambulisme provoqué,

détermine des sensations génitales assez intenses pour amener

l'orgasme. Une nommée W... offrait au niveau de la partie supé-

rieure du sternum une zone de ce genre, dont la simple pression

provoquait une sécrétion abondante de liquide vulvo-vaginal. Ces

phénomènes ont été provoqués plusieurs fois, à l'insu de l'observa-

teur, qui eût pu se trouver sous le coup d'une accusation des plus

graves, s'il n'avait pris la précaution indispensable, dans ces con-

ditions, de n'être jamais seul avec le sujet. Si nous rapprochons de

ce fait la possibilité de suggérer à la somnambule l'hallucination

de la présence d'un individu quelconque, on comprendra à quelles

mystifications coupables on peut arriver.

Ce n'est pas tout : ce n'est pas seulement sur les sens et sur les

viscères que peuvent se manifester les suggestions de sensations

fausses, il est possible de suggérer l'idée d'une altération de struc-

ture detoute la substance; l'hypnotique, par exemple, vase réveiller

tout étonné en disant : « Je suis de verre, ne me touchez pas;» et,

comme conséquence de cette idée fausse, il va se développer

un délire systématisé. D'autres délires du même genre peuvent

être créés à volonté, dès qu'on a suggéré une sensation fausse por-

tant sur l'un quelconque des sens spéciaux.

Nous avons montré plus haut qu'il est possible de reconnaître

1 Chambard. Du somnambulisme en général; nature, analogies,

signification nosologique, etc. Thèse de Paris; 1881. '

132 SOCIÉTÉS SAVANTES.

que, dans les hallucinations sensorielles provoquées, lessupercheries

ne peuvent entrer pour rien. La simulation n'a aucune part non

plus dans les phénomènes dont nous venons de parler ; la sincé-

rité de la sensation et du délire est démontrée indirectement par

l'expérience suivante : W...est dans lesommeil somnambulique pro-

voqué ; nous lui inculquons l'idée qu'à son réveil son bras droit

sera paralysé. Notre étonnement fut grand, quand, à son réveil,

nous la trouvons non seulement avec une paralysie flasque du bras

droit, mais dans l'impossibilité d'articuler un mot : l'intelligence

était intacte; elle comprenait parfaitement tout ce qu'on lui disait;

mais la pointe de la langue était fortement attirée à gauche, et se

mouvaitdifficilement. Le sujet ne pouvait pas deviner que cette coïn-

cidence, intéressante à plus d'un titre, fût possible. Cette association

s'explique par le voisinage des centres moteurs du membre supé-

rieur droit et des muscles qui concourent à la fonction du langage

articulé dans l'écorce de l'hémisphère gauche du cerveau.

On pourra s'étonner que les sujets se réveillent ainsi avec une

difformité grave ou dégoûtante, c'est à peine s'ils marquent du

chagrin. S'il ne s'y joint pas une sensation fausse de douleur, il

est rare qu'ils s'affligent; il semble qu'ils sont parfaitement rassurés

sur l'issue de l'accident. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit

d'hystériques et que les hystériques supportent avec la plus grande

indifférence toutes les misères qui surviennent spontanément et

tout aussi brusquement du fait de leur maladie : on en voit, par

exemple, rester contracturées de plusieurs membres pendant des

mois, sans marquer d'impatience, sans se plaindre de leur sort,

comme le feraient des malades atteints de la même infirmité pro-

duite par une lésion organique. C'est là une particularité bien

connue du caractère des hystériques.

En outre des illusions et des hallucinations, il est encore possible

dans l'état de somnambulisme provoqué de suggérer des idées

fixes;' des impulsions irrésisli6les auxquelles l'hypnotique réveillée

obéira avec une précision mathématique. Ainsi nous montrons à la

somnambule, sur un plan uni, un point fictif que nous ne pourrons

retrouver que par des mensurations multiples et nous lui comman-

dons d'enfoncer, un canif sur ce point après son réveil : elle

exécute l'ordre .sans hésitation, avec une exactitude absolue en

rapport avec la netteté de l'hallucination visuelle. Un acte criminel

serait exécuté avec la même ponctualité. Notons que cet acte peut,

à la volonté do l'expérimentateur, n'être accompli que plusieurs

heures, plusieurs jours peut-être après la suggestion; les faits de

cet ordre rapportés par M. Ch. Richet ne sont point' exception-

nels ; nous en avons observé un certain nombre. ,

i Ch. Riche ? La personnalité et la mémoire dans le somtamhu-

lisme. [Revue philosophique, 1883, p. 225.) .

SOCIÉTÉS SAVANTES. 133

Il faut remarquer que pour obtenir soit les illusions et les hallu-

cinations, soit les impulsions irrésistibles, il est nécessaire que le

somnambulisé ait répondu à l'ordre de suggestion par un signe

d'intelligence et deconsentement; et, dans le derniercas, l'acte est

accompli avec d'autant plus de rapidité et d'énergie que la sugges-

tion a été donnée avec plus d'autorité. Lorsque le commandement

a été fait doucement, mollement, l'hypnotique se trouve, au réveil,

dans un état d'esprit très intéressant à étudier. On la voit inquiète,

obsédée par l'idée fixe d'accomplir un acte ridicule et dégoûtant,

d'aller embrasser un crâne, par exemple; elle hésite longtemps,

quelquefois même elle exprime son hésitation : « Je suis donc folle !

j'ai envie d'aller embrasser ce crâne. C'est absurde, je voudrais ne

pas y aller, mais je sens que je ne résisterai pas, etc. ». Le fait est

qu'elle y va. C'est la reproduction expérimentale de l'altération de

la volonté qu'on retrouve dans certains aliénés qui, eux aussi, « vou-

draient bien, mais ne peuvent pas vouloir 1 ». La réaction indivi-

duelle ! du sujet est atténuée; c'est l'auteur de la suggestion qui

veut et il ne peut pas ne pas obéir. L'hypnotique est absolument

le sujet de l'expérimentateur; sa responsabilité morale est nulle.

Ces faits montrent que l'hypnotique peut devenir un instrument

de crime d'une effrayante précision et d'autant plus terrible que,

immédiatement après l'accomplissement de l'acte, tout est oublié;

l'impulsion, le sommeil et celui qui l'a provoqué. Nous pourrions

citerun certain nombre d'actes, au moins inconvenants, commis par

des hystériques, et qui n'étaient autre chose que des miniatures de

crimes expérimentaux accomplis par un sujet inconscient, dirigé

par un coupable resté inconnu.

Il faut noter que certains individus peuvent avoir sur une

hypnotique donnée une influence spécialement active, une action

'élective, une puissance suggestive plus marquée que d'autres.

D'autre part, une hypnotique peut résister à une suggestion déter-

minée qui se trouve en opposition, par exemple, avec un sentiment

profond : une de nos malades avait conçu une affection très

vive pour un homme, elle avait eu beaucoup à en souffrir ; mais sa

passion n'était pas éteinte. Si on évoquait la présence de cet homme,

elle donnait immédiatement les signes d'une grande affliction;

elle voulait fuir, mais il était impossible de lui faire consentir

un acte quelconque qui aurait pu être nuisible à celui dont elle

avait été la victime; elle obéissaità tout autre ordre d'une manière

automatique. En somme, la réaction individuelle, la volonté, n'est

pas complètement abolie ; l'hypnotique parait conserver son idcn-

Lilé morale pour les actes habituellement et énergiquement voulus ;

1 Billod. ,1nn, méd. psych., 1S47, et Des Maladies mentales et ner-

veuses, 1882, t. le»-, p. 144.

2 Ribot. Maladies de la volonté, 1883.

t34 SOCIÉTÉS SAVANTES.

elle est complètement supprimée dans les autres circonstances.

Que l'on veuille bien considérer que l'état de sujétion de l'hypno-

tique, n'est point en contradiction avec ce que l'on observe à

l'état normal ; il s'agit seulement d'une exagération des phéno-

mènes, qui permet de mieux comprendre ce qui se passe chez les

sujets, regardés comme sains d'esprit, et qui subissent d'une

manière inconsciente l'influence d'une volonté étrangère se subs-

tituant à la leur, en les.rendantpour ainsi dire insensibles à toute

autre excitation extérieure. La résistance absolue de la somnam-

bule dans une circonstance donnée met en évidence la nécessité

d'être ce qu'on a l'habitude d'être. L'homme, dont la sensibilité

est normale et est réputé en équilibre mental, réagit à chaque

impression qu'il subit; mais la réaction n'est pas assez rapide

pour qu'il ne tienne pas compte des impressions antécédentes.

A l'état normal, le temps qui s'écoule entre l'excitation et le

réflexe est assez long pour qu'on ait pu croire à un libre choix;

dans certaines conditions pathologiques au contraire, chez l'hys-

térique, par exemple, qui jouit d'une véritable hyperexcitabilité

psychique, les réflexes sont plus brusques, parce que les sensa-

tions sont plus intenses, l'excitation la plus faible est immédiate-

ment suivie d'une réaction dont la rapidité exclut l'idée de rai-

sonnement, et qui rend compte de la mobilité de ces sujets. Chez

l'hypnotique somnambulisée, la réaction individuelle est suppri-

mée, la volonté est annulée ou du moins atténuée dans la même

proportion que la sensibilité. Pendant le sommeil somnambu-

lique, l'expérimentateur exerce sur l'excitabilité du sujet une

action inhibitoire qui se manifeste après le réveil, et d'où il résulte

que la somnambule ne peut plus, pendant une période indéter-

minée, avoir de réactions propres et obéit passivement aux sugges-

tions. En somme, dans tous ces faits, l'existence d'un libre arbitre

et d'une responsabilité morale ne peut pas même être mise en

question; il s'agit de modifications de la sensibilité qui comman-

dent des modifications de réaction.

Lorsque des hystériques hypnotisables ont servi de sujet au même

expérimentateur pendant plusieurs jours, elles finissent souvent

par rester dans un état d'obsession permanente; elles sont pos-

sédées, pour ainsi dire, aussi bien le jour, pendant la veille, que la

nuit dans leurs rêves. Cet état d'esprit s'accompagne d'hallucina-

tions spontanées dont la forme varie, mais dont l'expérimentateur

est toujours l'objet. Telle deviendra succube, telle autre sera tour-

mentée, embrassée, etc. Si plusieurs sujets se trouvent réunis dans

les mêmes conditions et s'il y a des confidences échangées, il pourra

en résulter une sorte d'épidémie de délire hystérique, dans lequel

les hallucinations seront suivies d'impulsions, d'actes violents, etc.,

qui rendent compte des différentes péripéties du drame qui s'est

terminé par la mort d'Urbain Grandier. Nous avons assisté à une

SOCIÉTÉS SAVANTES. 135

ébauche de persécution de ce genre qui a suffi à nous montrer

que ces sortes d'expérimentations devaient être conduites avec la

plus grande prudence.

Dans celte étude succincte, nous nous sommes surtout attaché à

montrer : 1° que, dans divers états de l'hypnotisme, il est possible

de provoquer des illusions, des hallucinations, des impulsions irré-

sistibles, etc., dans lesquelles la supercherie ne joue aucun rôle;

2° qu'en conséquence, onpeut déterminer des délires expérimentaux

d'un grand secours pour l'étude des délires spontanés ; 3° que la

médecine mentale peut trouver dans l'hystérique hypnotisahle un

précieux sujet d'expérience.

Mais la possibilité de l'expérimentation en médecine mentale

n'est pas le seul point intéressant qui soit mis en lumière par ces

faits, dont l'importance, au point de vue médico-légal, ne peut

échapper. Nous avons cru d'autant plus important de montrer que

l'hypnotique peut devenir un instrument de crime que des faits

récents prouvenl que l'expérimentation sur ces sujets n'est pas

seulement pratiquée par des médecins et dans un but de recherche

scientifique.

M. Legrand du SAULLE lit un rapport médico-légal sur un cas de

vertige épileptique. (Sera publié in extenso.)

CONGRÈS ANNUEL DE LA SOCIÉTÉ DES MÉDECINS

ALIÉNISTES ALLEMANDS.

SESSION D EISENACE.

Séance du 15 septembre 1882.

La table présidentielle est occupée par MM. Loehr, Nasse, Zinn;

secrétaires : MM. Tuczek et Ullrich.

M. le président Nasse ouvre la séance par des paroles de bien-

venue. Il explique qu'on a choisi ce lieu de réunion pour le faire

concorder avec celui du congrès des naturalistes. Berlin, qui avait

d'abord été désignée, dut être abandonnée après l'incendie de l'ex-

position d'hygiène de cette ville. Lettres d'excuses de lflf.Westphal,

Hergt, Scliüle, Jung, Sioli. La Société a perdu pendant l'année

MM. Runge, Siebert, Levinstein; ces collègues laissent d'unanimes

136 SOCIÉTÉS SAVANTES.

regrets : l'assemblée s'associe aux paroles du président et se lève

en l'honneur de leur mémoire. Appel nominal tenant lieu de pré-

sentation mutuelle.

L'ordre du jour appelle le rapport du bureau sur la mise à

exécution des conclusions votées par la Société dans sa dernière

séance - En ce qui concerne les asiles pour buveurs, aucune

proposition n'ayant été soumise au Reichstag dans le courant de

l'année, le bureau s'est contenté d'envoyer au chancelier une

longue lettre qui rappelle les décisions de la Société. M. Nasse fait

ressortir en outre que, malgré le statu quo, la question prend de

jour en jour plus d'importance dans l'opinion publique. En mars

dernier, des médecins, des économistes, des ecclésiastiques, ont

échangé, dans la province du Rhin, des pourparlers ayant pour

but de fonder en Allemagne une société contre l'abus de l'alcool,

à l'instar de colles de la France, de la Hollande et de la Belgique.

Le 28 octobre prochain, à l'occasion du congrès ressortissant à la

politique sociale et à la charité publique, doit se tenir à Francfort-

sur-le-llein une conférence sur ce, sujet; des invitations doivent

être lancées par toute l'Allemagne aux hommes de toutes profes-

sions que la question intéresse. Il faudra saisir ce moment pour

passionner le grand public, car c'est le seul moyen de supprimer

les obstacles qui, se dressant encore devant nous, font échec à la

fondation des asiles pour buveurs et de faire reconnaître l'état

d'esclavage psychique de ces malheureux.-Les modifications ci faine

subir aux cartes de recensement - des asiles ont également été sou-

mises par.le bureau au ministère des cultes, au ministère de l'in-

térieur, à la chancellerie. Le mémoire adressé en triple expédition

propose le type adopté par la Société, conformément aux conclu-

sions votées' par elle.

Enfin, le président consulte la Société sur l'opportunité de

s'adresser, comme le demande M. le professeur Fürstner, de nou-

veau au Conseil fédéral, afin de faire entrer dans les examens proba-

toires la psychiatrie. Il rappelle que la première pétition est

demeurée sans réponse. M. Fürstner insiste sur la nécessité de

relever notre profession et d'éviter les scènes regrettables qui ont

lieu à chaque instant publiquement, à propos des expertises

médico-légales. Il veut des épreuves orales et la fréquentation

d'une clinique, conformément aux décisions de la Commission

compétente, consultative, réunie par le chancelier en 1878. La

discussion à laquelle prennent part Zinn etMendel, montre le

bien fondé des arguments précédents. En conséquence, la Société

invite le bureau à adresser de nouveau au ministre de l'intérieur

1 Archives de Neurologie, t. V, p. 389.

2 Archives de Neurologie, t. V, p. 399.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 137

une demande dans le même sens qu'en 1878, en arguant des

nouveaux motifs. Adopté.

M. de Rinecker entre et prend place à la table présidentielle.

Acclamations de joie de l'assemblée en l'honneur de son jubilé; il

y a cinquante ans que l'éminent professeur est docteur. Le prési-

dent communique à la Société, à la satisfaction générale, qu'une

adresse lui a été envoyée au nom de la Société. M. de Rineckeii

remercie de ces attentions qui, affirme-l-il, constituent son plus

beau cadeau.

M. PELMAN. Soins préventifs à l'égarddes épileptiques. -II 11 étudiera

la queslion à lalumière dumémoire de Jolly, publié dans lesArchiv

sur Psychiatrie, XIII, 2 ', tout en y apportant les résultats de son

expérience personnelle. L'épilepsie comprend aujourd'hui des

états divers, quant à la violence, à la durée, à la fréquence, qui

revêtent les caractères communs d'intermittence, de convutsibilité,

de vertige. C'est une maladie chronique qui souvent dure toute la

vie et dont la complète guérison est une exception. L'auteur passe

ensuite à quelques données statistiques concernant l'Allemagne.

Il existe en moyenne 1,5 épileptique pour 1,000 habitants; la

Prusse comprend 40,000 épileptiques sur 20,000,000 d'habitants;

l'empire allemand comprend 67,500 épileptiques sur 45,000,000

d'habitants. La maladie porte chez 70 p. 400 des sujets sur les âges

au dessous de vingt et un ans, chez 12 p. 100 sur les trois premières

années de la vie. Les épileptiques meurent généralement avant

'cinquante ans. Le sexe y est représenté à peu près en égale pro-

portion. Proportion des aliénés :

Duché de Rade, sur 4,383 aliénés, en 4868, 224 épileptiques.

Duché de Wurtemberg, 7 p. 100 des aliénés sont épileptiques.

Autres états allemands, 2,4 à 12,7 p. 100 des aliénés sont épilep-

tiques.

Asile de Stefansfeld, 5 p. 100 des aliénés sont épileptiques.

Prusse, fin décembre 1876, sur 14,953 aliénés, 1,141 sont épilep-

tiques.

Province du Rhin, 1881 ; 23,3 p. 100 des aliénés sont épilepti-

ques. En somme 1110 des épileptiques sont en même temps des

aliénés. Conclusions générales :

1° C'est aux asiles qu'incombent les épileptiques aliénés, qu'ils

soient atteints de perturbation mentale transitoire ou chronique.

2° Ceux qui, sans être aliénés, sont incapables de travail productif,

et qui réclament un traitement hospitalier, doivent être répartis

en des colonies organisées pour eux, colonies de grande étendue,

établies à la campagne, où l'on puisse procurer aux malades des

occupations fructueuses. 3° Les jeunes épileptiques appartiennent

1 Archives de Neurologie, t. V, p. 369.

138 SOCIÉTÉS SAVANTES.

de droit à des installations particulières, dans le genre des asiles

d'idiots et qui, dans certaines circonstances, pourront être annexés

aux asiles d'idiots. 4° C'est la bienfaisance privée, fût-elle d'ordre

religieux, qu'il convient de faire intervenir pour ces fondations,

quitte à l'Etat à la soutenir s'il le faut. 5" Awépileptiquesclurn'ont

pas besoin ou n'ont besoin que passagèrement de soins hospita-

liers, on réservera le traitement policlinique et l'admission tempo-

raire dans les hôpitaux ou hospices; des quartiers spéciaux devront

être institués à cet effet.

A la suite d'une longue discussion très nourrie, à laquelle parti-

cipent MM. Binswanger, Pelman, Fûrstner, Mendel, Gudden,

Zinn, Kessler, Rinecker, voici la motion générale adoptée à l'una-

nimité. « La Société, reconnaissant la nécessité de soins préven-

tifs meilleurs et plus complets pour les épileptiques, invite le

bureau, en s'adjoignant parmi ses collègues des collaborateurs

compétents, à examiner à fond le sujet et à présenter un compte-

rendu sur la question au prochain congrès ».

Le président propose ensuite de remettre au lendemain matin

le mémoire sur le placement des criminels aliénés; les membres

de la Société seront plus dispos pour prendre part à la longue

discussion que ce rapport soulèvera probablement.

M. SCIIN.11B. Assistance des invalides psychopathes de la guerre de

1870-7). Sous ce titre, l'auteur attire l'attention de la Société sur

le sort de ces malheureux, en réclamant son intervention. Trois

catégories de vétérans aliénés ont, par suite de la nature même de

leurs troubles intellectuels consécutifs au service de guerre, été

exclus des bienfaits de la loi sur les pensions militaires. Il Los uns

étaient notoirement depuis longtemps atteints de l'atfect, i men-

tale à l'époque du délai dernier de forclusion; par suite il y avait

impossibilité pour eux à revendiquer, et, de plus, l'inteUicnce ou

la bonne volonté de leurs proches leur faisait défaut. 2° Les autres

à la môme époque parfaitement aliénés refusaient de le recon-

naître, et leur entourage les considérait non comme des fous,

mais comme des individus moralement pervers. 3° D'autres enfin

au même moment étaient depuis longtemps en puissance de la

maladie, mais elle n'était pas développée. Tous ces invalides méri-

tent qu'on s'occupe d'eux parce qu'ils sont incapables de travail,

parce qu'ils ont besoin de soins, et qu'enfin ils sont, beaucoup

d'entre eux notamment, privés do leur libre arbitre. Comme c'est

la guerre qui est la cause de leur maladie, c'est à l'État qu'incombe

le devoir de les assister.

Sur l'observation que les autorités que ce soin regarde n'ont

jusqu'alors cessé de témoigner de leur bienveillance et de leur

libéralité en pareille occurrence (Gudden, Loechner), que c'est

affaire de réclamations relatives à chaque cas particulier et n

SOCIÉTÉS SAVANTES. 139

d'une déclaration générale de la Société, M. Schwaab retire sa

motion.

M. ZNrr présente, pour clore la séance, les comptes de la Société

qui se résument en 228 marcs 82 de bénéfices en caisse. Vérifica-

tion de MM. Fürstner et Brosuis. Pendant cette vérification,

MM. de Rinecker et Zuin sont élus de nouveau comme membres du

bureau.

Séance du 16 septembre 4 882.

Il parvient au bureau pour être distribué un tirage à part du

Zeitsch. des Kdnïgl. preuss. Statist. BU1'eaus, année 1882, intitulé :

Les Infirmes dans la population prussienne au le, décembre 1880,

par le Dr Guttstadt.

Le président ouvre la séance en donnant la parole au rappor-

teur, M. Zinn, sur le placement des personnes aliénées ou suspectes

d'aliénation mentale, qui sont, pour cause de crime oa délit, inculpées,

accusées ou condamnées. C'est le résumé de l'ensemble des questions

scientifiques, administratives, hospitalières et pénales qui se ratta-

chent à ce sujet En voici les conclusions :

10 Dans les asiles d'aliénés, on ne peut ni ne doit prendre de

dispositifs spéciaux, ordonner des installations particulières pour

les personnes déjà reçues à l'établissement comme aliénées ou

soupçonnées atteintes d'aliénation mentale, qu'elles soient préven-

tivement séquestrées, que leur peine ait cours, ou que leur temps

de pénalité ait pris fin ; le médecin prendra à leur égard les mêmes

mesures que celles sur lesquelles il peut compter à l'égard des

malades dangereux, et rien de plus. Les principes, les précautions

en usage pour le traitement, la surveillance et la sécurité des

malades dangereux, leur sont seuls applicables. L'asile d'aliénés

est impuissant en pareils cas à fournir contre les évasions, les

suicides, les homicides et la sécurité publique les mêmes moyens

de préservation que l'établissement pénitentiaire.

Il est du devoir des directeurs d'asiles de conserver à leur éta-

blissement son caractère hospitalier en toutes circonstances, et de

décliner toute responsabilité à l'égard d'exigences plus étendues.

2° L'instruction et l'expérience psychiatriques sont absolument

indispensables aux médecins des établissements pénitentiaires.

3° Les psychoses aiguës, et celles que l'on suppose devoir évoluer

promptement chez les prisonnier*, seront traitées à la prison. Il

faut dans ce but créer des installations spéciales là où elles man-

quent. 4° On doit s'efforcer d'ériger des établissements péniten-

tiaires et des prisons, pour les condamnés atteints d'affaiblisse-

1 Société psychiatrique de Berlin, 1882. [Archives de Neurologie, t. V,

p. 400. -

140 SOCIÉTÉS SAVANTES.

ment physique et psychique, semblables aux prisons d'invalides

qui existent en Angleterre. C'est à ces prisons-là qu'il faut ratta-

cher des quartiers d'aliénés qui satisfassent à toutes les exigences

des soins à donner aux aliénés. On transférera dans ces quartiers

tous les prisonniers en cours de peine devenus fous, à la condition

qu'ils tombent sous le coup de la conclusion n" 3, qu'ils consti-

tuent des criminels proprement dits. Us y seront laissés tant qu'ils

seront dangereux pour la sécurité publique. ° Les personnes qui

en état d'aliénation mentale ont commis un délit ou un crime,

seront traitées et soignées, tant qu'elles auront besoin de soins

hospitaliers, dans un asile d'aliénés habituel. Il n'y a pas lieu

d'enfermer de tels malades dans un asile pour criminels aliénés,

ou dans un quartier pénitentiaire d'aliénés. 6" Les personnes dont

on instruit l'affaire ou dont l'état mental paraît douteux à l'époque

de l'acte délictueux, peuvent être soumises à l'observation sans

balancer dans un asile d'aliénés, si elles ne sont pas des criminels

antérieurement condamnés et très dangereux.

Le rapporteur fait remarquer en terminant que ces conclusions

toutes provisoires n'ont été rédigées par lui que pour fournir des

points de repère à la discussion. Elle a lieu en effet. A la suite

des développements présentés par MM. Gutsch, Gudden, Hitzig,

Furstner, ldeler, Snell, Mendel, Binswanger, Nasse, l'assemblée se

rattache unanimement à la motion de Zinn, dressée par lui sur

les bases de ses conclusions. Cette motion, dont les termes contien-

nent la substance même des alinéas précédents, sera envoyée aux

gouvernements des états confédérés allemands ainsi qu'au chan-

celier.

Après une pause d'un quart d'heure, on passe au débat touchant

la communication de l'année dernière de Siemens sur les considé-

rations pratiques et légales au sujet de l'évasion des aliénés hors de

l'asile. On se rappelle, en effet, qu'à la fin de sa communica-

tion ', il soumettait ces deux points à la discussion de ses collè-

gues :

,10 L'asile a-t-il le droit d'user de moyens de violences envers

ses malades, en dehors du territoire de l'établissement ? 2° A qui

incombe en cas d'évasion les dépenses de la réintégration ? 11 est

en tout cas évident pour lui que l'établissement, qui a accepté la

charge d'un malade, doit empêcher une évasion et s'efforcer,

quand elle s'est produite, de réintégrer l'aliéné.

M. ZINN. Dans le Brandebourg, il faut que les autorités locales

interviennent, et les dépenses sont débattues civilement; s'il y a

faute de l'asile, la commune refuse de payer : d'où un procès.

M. Gudden. En Bavière, les dépenses extraordinaires sont sup-

portées par ceux qui doivent des aliments; on y fait rentrer celles

1 Archives de Neurologie, t. V, p. 399.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 141

qui nous occupent, bien qu'on ne soit pas rigoureux à leur propos.

Pourquoi, en effet, l'asile a-t-il laissé le malade s'évader ? En dehors

du domaine de l'établissement, je le fais suivre, m'adressant au

besoin à la direction de la police, et, en tout cas, ne requérant

l'autorité locale de la commune que quand il est dangereux.

M. Ripping traite la question au point de vue du droit. Comme

mandataire des personnes ou de l'autorité qui a fait enfermer

l'aliéné, on a le droit de le réintégrer. L'emploi de la force ou

plutôt son mode, dépend de la forme de la résistance (passive ou

active), déployée par le malade. Il faut toujours agir en bon père

de famille. La mesure est impossible à déterminer; on veillera

simplement du début à la fin de l'aventure à ne pas être taxé

de négligence grossière, car c'est elle qui doit décider à la charge

de qui les dépenses sont imputables.

M. HIT71G déconseille l'emploi de la force et porte la dépense au

compte du coupable.

M. le Président. Du moment où un malade a quitté l'établis-

sement en s'évadant nous ne sommes plus en droi de le réintégrer

que par voie judiciaire, en faisant valoir les motifs qui militent en

faveur de sa réintégration. Nous n'avons pas à en supporterles dé-

penses quand on ne peut démontrer notre culpabilité.

M. TUCZL6. Contribution à l'étude de ïhypochondrie. L'hypo-

chondrie. considérée comme perturbation psychique, n'est pas une

maladie autonome, c'est un symptôme partiel de mélancolie, ou

de folie systématique. Elle se montre bien des fois dans les psychoses

simples ou complexes sans que la nature hypochondriaque des

idées délirantes serve au fond à déterminer le rang clinique de la

psychose. Enfin, la mélancolie dite hypochondriaque ne se trans-

forme pas en folie systématique, la folie systématique hypochon-

driaque n'aboutit pas à la démence. '

M. Gnauck. Valeur de l'hyoscyamizze pour la pratique psychia-

trique 1. L'it-osc3 ? t'iiiine amorphe contient surtout de l'hyoscine;

or l'hyoscine est une préparation pure, qui, employée seule en in-

jections cutanées à 0,0005 à 0,001 et 0,002 est hypnotique, mais

très toxique même à ces faibles doses. L'hyoscyamine épurée,

colorée, très peu soluble, excepté quand on ajoute beaucoup

d'alcool, a des effets très peu constants,' incertains et souvent

toxiques à la dose moyenne de z.' Enfin l'hyoscyamine cristal-

lisée, blanche, très pure'à la dose sous-cutanée de 0,005 à 0,02 est

celle qu'il convient d'employer, parce que, complètement pure, elle

peut se formuler' à des 'quantités tout à fait déterminées, elle

hypnotise fortement et sûrement, produit très peu'd'effets toxiques

marqués et se prête très bien,4 vu sa solubilité, à l'injection hypo-

, 1 \I' '\ \\ -VU * t 1'1 Il '.Il j 1 ÍI

1 Archives de Neurologie', t : IV, p.' 137, 235. ' > * *

t 1.2 SOCIÉTÉS SAVANTES.

dermique. Son action la plus importante est celle qu'elle produit

comme hypnotique et cela sans qu'on obtienne d'effets toxiques.

Elle agit plus rapidement et plus activement chez les aliénés, que

chez les gens bien portants; dix minutes après l'administration, le

pouls de 76 monte à 120, 130, puis haisse parallèlement et c'est

alors que se montre le narcolisme. Que ce dernier soit complet ou

qu'il se borne à une simple lassitude, le patient est calmé, quoique

non analgésie. Le sommeil est long, dure toute une nuit. La meil-

leure formule d'injection est : eau distillée 90 gr., eau de laurier

cerise 10 gr., hyoscyailline 30 cenlig. ; 1 centil;. d'hyoscyamine=

2 gr. de chloral = 3 centig. de morphine = 3 gr. de K. Br.

M. G" U;CK a vu en des cas rebelles 3 centig. agir plus vivement que

12 centig. de morphine. Chez les agités, il faut sur le champ in-

jecter I centig. ; chez les tranquilles, on part crescendo de tnillig.

On peut atteindre 2 et même 3 ceutig. Prodromes de l'intoxication :

augmentation du délire, hallucinations spéciales (gros animaux),

dilatation pupillaire maxima. Quand on n'observe pas du tout de

dilatation pupillaire, c'est que le médicament restera impuissant.

L'effet calmantsubitexige une seule dose convenable; l'effet graduel

émanera de petites doses répétées. Lorsque de petites doses demeu-

rent inertes, mieux vaut augmenter d'un bond quede multiplier les

doses; ce procédé est parfaitement compatible avec un traitement

continué trois à quatre semaines. Cette prolongation est obliga-

toire pour les formes chroniques, entrecoupées d'accès d'agitation.

Les accidents consécutifs sont entre autres le collapsus qui, très rare

d'ailleurs, ne met jamais la vie en danger; il est toujours facile de les

éviter en se guidant sur la soif, la sécheresse buccale, la lourdeur

de tête, l'abattement, la diplopie, en quelques cas l'aggravation

de l'agitation (idiosyncrasie), tous phénomènes au surplus passagers

et sans suite; la morphine en est au reste un antidote excellent.

La rougeur de la face, la sensation de brûlures et de piqûres par

tout le corps avec éruption érythémateuso seront aussi prises en

considération. La déchéance pondérale que détermine un long

usage, n'atteignit jamais plus de 1,000 à 1,500 gr.; il ne faut

toujours pas la confondre, non plus que l'inappétence qui l'ac-

compagne, avec le mauvais état de la nutrition qui provient du

délire morbide. En résumé, c'est un excellent médicament, et le

seul obstacle que l'ou rencontre à son emploi journalier, c'est son

prix élevé. La daturine, dite légère, en serait le succédané; mais

son action moins constante est un peu plus faible; 4 centig. de

daturine correspond environ à 0,008 d'hyoscyamine. L'auteur se

loue, en terminant, des alcaloïdes de merci (de Darmstadt).

M. LOEHR. Que faut-il faire des individus préventivement arrêtés chez

lesquels on a diagnostiqué la psychose ? Généralement l'autorité judi-

ciaire assigne aux prisonniers de ce genre, dangereux pour la sécu-

rité publique, un asile d'aliénés, par l'intermédiaire de l'adminis-

SOCIÉTÉS SAVANTES. H3

tration, et ordonne leur mise en tutelle. Or, dans le cours de

l'année dernière les choses se sont passées autrement en trois cas

particuliers à Berlin. Trois individus de ce genre ont purement et

simplement été mis en liberté. Le premier était un escroc. Dans le

second fait, il s'agit d'une bonne d'enfants, ayant empoisonné

l'enfant confié à ses soins avec de l'acide sulfurique. Enfin, la

troisième observation concerne un jeune homme de 17 ans, atteint

d'épilepsie avec hallucinations, accès d'angoisse et impulsions, qui

deux fois admis Il l'asile et congédié sur les instances et réclamations

de sa mère, était arrêté pour meurtre commis sur la personne de

celle-ci. Déclaré irresponsable, il était tout bonnement congédié.

L'ayant de nouveau arrêté pour vagabondage, la police demandait

naïvement s'il fallait le séquestrer à l'asile, ou le laisser en liberté.

Eh bien ! ceci prouve pour M. Loehr qu'il y a des lacunes dans la

loi. Il en appelle à la motion du Reichstag, qui, consulté sur les

paragraphes 51 et 58 du code pénal, émettait le voeu que le chan-

celier s'occupât de présenter un projet qui réglementât les

errements à suivre pour empêcher les personnes dangereuses et

irresponsables de nuire à nouveau Aucune suite n'ayant été

donnée à ce voeu, il faudrait venir à la rescousse pour accélérer le

résultat final, en insistant sur la nécessité de consulter le mé-

decin expert sur la conduite à tenir, après le rapport, à l'égard du

malade. C'est affaire à la Société.

Discussion : M. v. Gunnrs. La police est armée; elle a le droit et

le devoir d'ordonner, en pareille circonstance, sur la remarque in-

dispensable alors du médecin du danger que le malade fait courir

à la sécurité publique, la séquestration de l'aliéné et par suite de

le rendre inoffensif.

Telle est également l'opinion de M. Zinn : Les lois existantes

suffisent parfaitement. La police seule est coupable de négligence;

M.Loechner partage complètement cette manière de voir. En consé-

quence, M. Loehr retire sa proposition.

M. le président clôt la séance qui termine le congrès de cette

année et souhaite que les membres de la société puissent se réunir

en d'aussi bonnes conditions l'année prochaine. MM. Benno,

Eckelmann, Grunewald, Hans Loehr, Matthaes, Poensgen, Sioli sont

nommés membres titulaires. (Allg. Zeitschr. f. Psych., XXXIX, 5.)

P. KÉRAVAL.

144 SOCIÉTÉS SAVANTES.

- i - ."

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SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE ET PSYCHOLOGIE LÉGALE

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' » .ui ,"1 1"'1J(¡.JJ ? ) ,-»'i9»--bJt« CtlPi91th1 i ipi» .9nFl`tilfl,l° f- u

'il l11J l, 9"HO Séance dtt 30 novembre' 1*88 11" ihJ 11 j''u * ?

. : - ? -tj-i- ao> "q 'u ? 0,11 "Imr ! ) »ni» J"Ir l t-.voit, le, -et »

1\1. Meynert/ président;1 souhaite la"bienvenue"aux membres1' de

la société 'réunis' pour ' reprendre -le 'cours' des 'séances ? ? croit

devoir cesser la lecture' de' son' mémoire 'sur les sensations parce

qu'il a déjà traité complètement le sujet ailleurs (réunion Kdes "'na-

turalistes de celle- année) ;il se trouvera' d'ailleuI's"en' Il1esure' d'en

remettre des extraits à ses'collègues ? Enfin,'les leçons'de choses

étant supérieures aux meilleures') descriptions'; il présente3 à1 la

société un malade de sa clinique' atteint du délire des buveurs.10' 1

M. IIolloender après des considérations générales sur l'hystérie

présente deux cas-types de cette affection. Il insiste sur l'importance

de la théorie de Meynert : faiblesse irritable qui se traduit par

l'exagération de l'action des centres sous-corticaux, comparée à

celle du cerveau ? Le diagnostic différentiel d'avec l'épilepsie repose

sur l'existence des symptômes intervallaires : Le' premier fait

concerne de l'aphasie, des,troubles de la'vue, de l'anesthésie 'de'la

muqueuse pharyngienne, de, l'hyperesthésie cervicale,' de la' sensi-

bilité à la pression au lieu de passage des portions thoraciques et

lombaires de la moelle. Le second fait a traita de l'analgésie avec

hémiparésie gauche. Chezles deux malades, M. lIoJloender provoque

des phénomènes d'hypnotisme et de Lansfért.,q ' p =aty ' · 1 ,

M. HOLLER,' trésorier-économe .de la société/ reçoit»1 les" remer-

ciments de l'assemblée, pour les peines qu'il se donne; ses comptes

ont été apurés parles censeurs 1\ll\I;,Poh]'et Schwab, '" /nii"*4") '' -

{L", 1 yr otr,1· é4e. ? - · ;-11h ? ? f : 'f't)1 Jrtc ? il't»

.1'r ? Q1J, ? ....1' 21 ,.t "h ? ,i'r\..\.fidO,J4ljre.M

' ` ; .vt·tiiCB ? uft 91, brrW ·f nr ? ·r,,W 41)t' fl)'jb a.·Vrl .1

\ ,'t ! t'pjtt)Cg ? o#tt ? t(,Mtttff"..."<)t't)t''fN ? P."< ? r.' ,1

... H '1..f .f 1 f -¡'"J , 1 ," l ! )J)

M, ' ! \1EYNERT présente un malade de sa clinique 'et* montre qu'il

agrémenté* une 'prétendue 'perception tout à fait-fuacede détails

d'une netteté particulière. Il décrit une place rasée dans la forêt,

place tout à fait circonscrite au milieu de laquelle se serait dressée

une fleur volumineuse ? La raison pour laquelle une hallucination,

tout à fait fugitive, devient le point de départ d'idées délirantes

qui se poursuivent 'en' de' multiples directions' conceptuelles ? ce ? - ...,11 Iili,")b 3 ,.1 "*»* -0 ' - 'I e-qj ' f

1 V. aux Revues analytiques. -

SOCIÉTÉS SAVANTES. 145

motif pourrait résider dans la durée, la répétition ou l'impression

de netteté spéciale de cette hallucination. Voici les explications

pathogénétiques de l'auteur. Un épileptique tombe' par suite du

spasme des vaisseaux artériels de tout un hémisphère; mais on

peut supposer que le spasme vasculaire se puisse limiter à un

département des hémisphères. Que ce spasme partiel aille jusqu'à

l'obturation et l'on aura, parallèlement, comme dans l'oblitéra-

tion embolique, une hyperémie artérielle, collatérale, qui engen-

drera une irritation. Un rétrécissement prononcé d'un vaisseau

artériel provoquera une diminution de pression dans les rameaux

collatéraux. La production de ces phénomènes dans les hémisphè-

res n'engendre pas l'hallucination, mais l'hyperémie en question

peut faire illusion à l'individu au moment où l'hallucination s'ef-

fectue, où elle parvient à la connaissance. La sensation subjec-

tive revêt de telles couleurs, sous l'influence de l'afflux sanguin, que

le sensorium en conserve l'empreinte. Ces hyperémies collatérales

excitent de même les centres sensoriels sous-corticaux; c'est sous

leur action que naissent les hallucinations.

Séance du 8 février 1882.

Le président communique à la Société la lettre de retrait de

M. Nusser Obersanitàtsrath.

M. Hollsnder lit son travail sur la Moral Insanity 1. Il en con-

clut que cette affection n'est pas autonome, qu'elle n'est qu'un

syndrome greffé sur d'autres formes morbides.

La discussion s'engage. M. Gauster considère cecomplexus

symptomatique comme le signe de la faiblesse intellectuelle : les

motifs égoïstes qui poussent les malades à des actes pervers ne peu-

vent être domptés par leur jugement défectueux ; c'est donc bien

une affection symptomatique d'autres maladies. M. Holloender

fait remarquer que si, dans tous les cas, la faiblesse psychique est

évidente, la cause des actes pervers est non dans cette faiblesse,

mais dans le délire des grandeurs et les idées de persécution.

M. Meynert dit que les mêmes éléments nosographiques se retrou-

vent dans l'a manie, la folie circulaire, la folie systématique, les

affaiblissements psychiques qui suivent les maladies graves.

Séance du 29 mars 1882.

Sur la proposition de M. Poil, la Société décide de multiplier ses

séances. Elles auront désormais lieu le deuxième jeudi du mois.

'Nous l'analyserons aux Revues analytiques.

, Archives, t. VI. 10 0

Il é6 SOCIÉTÉS- SAVANTES.

i.M. POIIL propose de consacrer désormais une revue critique aux

travaux imprimés,, tant dans les séances que dansil'organei de la

Société. Adhésioii,unaiiinie.nb b 31u,«oumi m3 lnod Jas Il IIT

IfIIL'lePnsW vTportefi°la5connaissance°deElaSociété"la'Imort

de M. Ernmanl1eF'i\Iildner,r directeur' dêlJ]'asile de Klosternëuhiurg

et du professeur 1 Jlúc]¡ek Il"e.'([l][e : 'COl11rÍle 'de juste', leurs mérites

dans la ¡spécialité, L'assistanc'él ! ;c 'lève' en'leur'mélJloirel'Lè1prësi-

dent càÎnmùniqiu) ensuite' le -ÚÍotif dl1'l : 'ell'air'de 'lII,J,nLlhen, eSD "-r,4

'JJéllÍ ? i\IYNIR}¡Ïlds"è1{ëTaH11ÜÜd¡;s j-V-i '. j ? y'»*/ 0)3 '(.»,

M. Meynert présente deux malades de sa clinique : ui5csiÿté-

ressantd aphasie; un cas de démence. ? 9tbltiJn'UH 1U

ressant ap aSIe j ' un cas de ernencju' ! J¡;1 sb 91'10'))'1 9b lioilbi-ff Ili

. Séance générale du 4 mai 1882.

--ci "wuwi^u ii i"i a ,"t"c

hl. POIIL communique son, travail sur la folie impulsive }., La cpn- ? f"-f 1 i -,u , - . i.i-, ,,1..¡-...,\1 \\\. -.v^ol ur iuK i\Olti^uG»a

tiriuation, en est remise a, la séance prochaine, o"f)121J ? 'J..nt. Il ! !

""Présentation des comptes poui l'aiipéë 8«. 8 ? parRLIloller. ? Ui,ttUtJi... ? '- r . ? 1 IiJGJf ! i ». uni, J" jil(.. fh ►,

Restant en caisse 215 florins, 46 kreuzers. Compte-rendu annuel

des travaux de la Société, par M. i-il5eh. Nous en omettons à

"dessein')a listé. Qu'ils aient été' iiiitêrt séance' "6'upuMiês''dans les

a'nnalés dè'T]a Société, nous lest' ânal3-serôns`'ù leur tour 'dans1 les

'A1éhivës Cl2 ? BLl1'Oloie. *™™""w 911fi ^ 'IVIe..tUqlfl ! q 1

r-iiiiiiiiih ? iii , ,·.,r ! H'h1,tt .).p"H ? I.\ ni) .nIri'TfJm t'1QrtlQIA 1 ?

Bureau pour Tannée 4882, 83 : '.Président, M. 11fe3'nert; vice-p1'ési-

dént, 111. Ilofmarin ; 'trésonèl'-éçonome, M. Ilolléi"; se¿rtai1'és : l\fLlJol-

]oender ët s'\\l;il Ipflll'¡''j ? ¡'n; dOlÍsèilil"d'a £ lmi111stl'Cltioii : ol\fM : l WimrnëÍ',

Po111;'IritSCII;t l'lléâér ? Iw '. q1-'I ? t1111l wu . £ q 1.11} m- ? l,

La continuation du mémoire de M. Pohl est remise à la séance

suivante.

RR 1$rfl1 ! J\. 01. ¡ln joui) ni

'I12JH ! q.b 39VB 9jrl,.r ? a ? ! da, g 1 ! 9.t'e11J ? I). ? E : IU : ! le .

J114ti·i9C ? 9ri.`Irrl(IITirlrl ! 91 249')41 ! HI911T 'ilfr1 ? t¡; tq `.llljn7tr17

3 M. lliEysar,9présideut,-adrésse de-Sj paroles^ de,, bienvenue, aux

memloes de lax1 Société, ! '¡Ls}¿mQlél' pouJ ? r ! 3PJc\re le, cours^de

leurs. travaux. 2,,1W'1J 11 untjBfto.si. b e9')(j¡j "JI fn ! h t) 1-iiit,rii -i

uLa Société .reçoit, commevnouv,eaux.t.collabQrateurs ; MM. Noth-

na-el,,Kundrat,,Leidesdorf,isvetlill.,j lLdq ? ni' r,riL ao*W.o'3

au Le président annonce le, retrait, de 'N : ,Fiebel" ! 10 '1 J ? 81 'JI¡ .,1 '"

M. le professeur Meynert. De nouvelles manières, de- voir, ont

refusé au noyau ^lenticulaire toute,(.i)11portance1,jmmédiate pour

l'innervation hémilatérale, de, la mo61llté;"ces"fônclions ont été

attribuées exclusivement; la portion correspondante de la, capsule

interne., L'auteur fait, remarquer, que tel est le nombre,' destrous-

QIl19J2'. j ,4 I( ill(ft¡"/} : ;0'10' h' 1'1'1)- 1 I;,lqr FoLlqi..l du J4

"1 1 Voir aux Revues analytiques, ! -4f 'Qd 1 'H ? J VIf' è 1-lielii >'1' »

SOCIÉTÉS SAVANTES. 147

seaux' de fibres, qui issus du noyau lenticulaire, vont se confondre

avec la capsule interne et avec le pied du pédoncule cérébral,

qu'il est tout à fait impossible d'empêcher qu'une lésion de la

capsule, interne, ne détruise à jamais des éléments du noyau lenti-

'culaire. Le, noyau lenticulaire commande par,là aux mouvements

du membre supérieur. Il.est aussi en'relation,avec le système de

projection de l'écorce; toute sa surface externe se relie à l'écorce

par des irradiations très nettes, issues de la, capsule externe (prépa-

rations, de Wernicke); c'est ce qui explique ces faits de paralysie

hémilatérale, accompagnée d'aphasie par destruction, ou inflam-

mation de l'écorce de l'insula. , ' ` ' ' . -

Séance dû 12 décembre )88

Discussion sur la folie impltlsive. - Pour éviter que l'un ne se perde

en des discussions ,théodq'ù'es, 'Oli' se 'guidera1 sur' l'histoire d'un

cas 'concret,' dont` 1\C Fritscli' trace 'avec le"soi'n le plus minutieux

le 'tab]eallrèliniqllè. ? (1 ? 1 ? , ? "J 'Z

of 111 1'.1 l' t fl4 b Il ft - 1 l' ? 1 ? t 1 t ? }I1 ? f,\tT, après avoir discuté les mobiles et les raisons des

'1 CiU ,' r- .' '' -1 J . z

actes du sujet en question,, demande à M. Pohl si, pour lui, la

folie impulsive est une maladie autonome,' ou si elle ne constitue

que l'élément morbide de plusieurs entités ps';chopathiques,

"·1 v 1 4 ? .14 Il . '.< ? f, , , ,

1 ? 1 POIIL pense, que les manifestations dont il a traité ne sont

que des éléments morbides) mais qu'il était bon d'appeler l'atten-

tion sur eux par une monographie, vu leur importance médico-

légale. . ?

Séance du 30 janvier 1883.

M. Meynert communique un cas' d'encéphalite avec aphasie

amnésique et ataxique mélangées. Ces phénomènes servent de

transition naturelle aux'troubles de la parole des^paralytiques gé-

nérâux;' qui ont pour' substratum'anatomique l'interruption de la

conductilité dans les fibres d'association détruites et- la mise hors

de'fonction des' cellules corticales. ' Comme ces altérations -sont

grossières dans l'encéphalite et plus légères' dans la paralysie

générale, les troubles sont plus caractérisés dans -la première que'

dans la seconde. » {^ - ' , ' '

M. Meynert prend la parole sur un- cas d'aphasie qui s'était

montré quatre semaines' environ'avant la mort.' L'autopsie révéla

'une'encéphalite-de la corne d'Ammon du côté gauche. L'atrophie

de- la corne d'Ammon dans l'épilepsie laisse à entendre 'qu'il

existe un rapport spécial entre la corne d'Ammon et le système

vasculaire. L'hystérie, ce type de perturbation vasculaire, est le

148 SOCIÉTÉS SAVANTES.

théâtre d'aphasies passagères, qui ne sauraient s'expliquer que par

une anémie des .centres de la parole, aussi prompte, à se montrer

qu'à s'évanouir. Dans, le cas qui nous occupe, l'encéphalite' de la

corne d'Ammon pourrait être invoquée comme facteur, villa persis-

tance de l'aphasie,, mais il la condition d'admettre que''ce foyer en

permanence déterminerait une anémie continue, des centres du

langage. ? ... ? ? ?

" ' ' ' x ' ' 't'a a . - it . ~ . ? q- i

i'" ? ' .- Séance du 1er février 1883. , t , it

MM. Pollak et Veronese sont nommés membres de la Société.

M.von PFUNGEN' traite à la lumière d'une -érie d'observations

personnelles les phénomènes r de paralysie des muscles de,l'oeil

qui se montrent dans la méningite. Il envisage, en particulier,'les

paralysies qui ne'sauraient s'expliquer par 'l'interruption de» la

conductilité des fibres nerveuses à' la base, celles qu'il faut ratta-

cher à la lésion' d'un organe' coordinateur ? La physiologie expéri-

mentale rapprochée de l'anatomie pathologique, permet de loca-

liser cet endroit dans la région du cerveau moyen; il faut expli-

quer ces paralysies par l'infiltration'méningitique des membra-

nes qui recouvrent les tubercules quadrijumeaux. Ce mémoire sera

publié en détail. (JaAr6MC/te)' f : Psychiatrie,'IV; 1, 2, 3.) . ' >""

," 111 ' ' ' P.'KÉRA\'AL,' "1\

- '»< >> si 1 J f 1 J >< ? ?

' ... 1)H'

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE LA PROVINCE DU RHIN

- ' Séance du 18 juin 881 1. '.

i 1 . , <, n. ? - ' ., .

MM. Hecker," l3urhardt et Siebert sont nommés membres titu-

laires. f l'-1q ? but Ii ¡ 1 , j '1\ 'tl ., ri

10 M. SCHULZ communique à la Société un rapport médico-légal con-

cernant un épileptique accusé d'incendie. Il s'agissait d'un- homme

de trente-quatre ans ayant été atteint d'épilepsie à la suite d'un trau-

matisme'céphalique, Accès réguliers. La nuit, pertes dezcouuais-

sance assez semblables au somnambulisme durant une heure et plus :

amnésie complète. Aucune anomalie psychique dans l'intervalle.

On l'accusait d'avoir,la nuit/mis le feu à un hangar éloigné dela

1 Archives de Neurologie, t. III, p. 108.

SOCIÉTÉS ''SAVANTES. 149

maison voisiné. 'Pris sur le fait, il s'était è'nfui : L'Iéndé 'm'-ai-n,-i-1 ra-

contait à'ses camarades qu'il était l'auteur du crime, tandis que, dans

1 s'interrogatoires répétés qu'il subite il 'prétendait s'être couché

comme d'habitude et s'être 'levé'à l'heure ordinaire le lendemain.

M. Schùlz conclut à l'irresponsabilité. L'observation à l'asile con-

firma le diagnostic : accès convulsifs Í'éguliers' avêc"états 1 d'obn'ubi-

lation passagère, mais durant un certain temps sous fo-r-m-e'de

somnambulisme. M. Schulz insiste à ce propos sur la différence

entre la perte de connaissance envisagée au point de vue psycho-

logique et médico-légal. Pendant la perte de connaissance, psycho-

logiquement parlant;«les actes n'émanent pas de conceptions en-

chaînées ? ils. n'ont pas de but déterminé. L'état d'hypnotisme et

l'obnubilation, de la connaissance de l'épileptique, difl'èrent,éga]e-

ment.'L'hypnotisé ne, fait rien de lui-même; il n'est que l'auto-

mate de la volonté de l'hypnotiseur : les phénomènes de l'hypnose

émanent d'excitations qui vont agir sur les centres du patient,

centres qui réfléchissent les mouvements. Dans les états d'obnubi-

lation< psychique,, l'activité autonome dé la conscience n'est pas

supprimée; il existe toujours une eertaineactivité conceptuelle, qui

fournitil'acte, aussi. l'absence-de souvenir n'est-elle pas^ un- symp-

tbmeconslant et.l'amnésie,,n'est-elle pas path()gnOI1 ! gni,qu,e,d ! 1

trouble de la connaissance de l'épileptique, : Inversement la persis-

tance de la mémoire ne saurait être d'emblée considérée comme

une preuve médico-légale à l'appui de la conscience de l'individu

incriminé.

Nasse, qui eut le malade en observation à l'asile, constata les

accès d'épilepsie, les accidents nocturnes, une grande irritabilité

du caractère et des impulsions, même en dehors des accès. Il exis-

. r IHH $fi u iVyn. v > ' i . ' i- " 'j ' ? rn ,- " ' j

tait comme aura une odeur subjective de musc. L'historique de

l'acte et la diversité dans les allégations du coupable lui font

penser que l'individu a commis cette action dans un état de pro-

fonde sommation somnambulique.

2° M. OEDECKE lit son mémoire, sur les Onctions (révulsives) du crâne

dans la paralysie générale progressive. Il sera publiéin ete7r,<or. La

discussion que- ce, travail¡ suscite met en lumièrel'opinion de Nasse

et de Ripping, qui dénient à la méthode toute espèce d'utilité. ~

"3°111. Hertz. 'Rapport médico-légal sur un- cas. d'affaiblissement

intellectuel aphasique. Ce rapport concerne. un vieillard de.761ans.

resté aphasique depuis 1861, à la suite d'un traumatisme céphali-

que : cApliasie complète; lé malade ne. s'exprime plus et'ne com-

prend plus 'ce qu'on lui dit. Comme on ne s'est pas occupé de

refaire l'éducation de la- fonction, elle s'est éteinte et a disparu

presque complètement. On eut grande peine à lui faire comprendre

1 Revues analytiques. ' 1 il, 1

! 50 SOCIÉTÉS SAVANTES.

qu'il devait faire un', héritage à Jûlich, endroit qu'il connais-

sait déjà avant 1861. Il ne saisit pas ce qu'on lui lit, ne comprend

ni l'écriture, ni les caractères imprimés, ne peut compter

jusqu'à dix. Les nouvelles monnaies lussent absolument, étran-

gères ; il en de même des jeux. Son vocabulaire courant est extrê-

mement restreint... Conclusion. « A la suite de cette blessure, B...

est devenu à un haut degré muet et sourd pour la parole : il Test

resté. En même temps, il. a été atteint dans la faculté de lire et

.d'écrire. Il n'a donc pas été à même d'acquérir des moyens adju-

vants complémentaires pour se faire comprendre. Nous savons-que

la parole et la pensée sont des facultés connexes, que la.'défec-

tuosité verbale est proportionnelle à la défectuosité intellectuelle;

sans la parole ou ses succédanés, nous ne saisissons ni ce qui a

rapport à notre personnalité ni ce qui concerne 'celle des autres.

Toute réduction dans la.parole limite, le' champ de nos acquisitions

et celui de la compréhension des notions de nos semblables... B...

n'est pas un dément absolu, mais'il est descendu à Tétai d'insufli-'

sance intellectuelle de l'enfant. Sa pensée-est aussi misérable que

sa parole... » . - n nu -" ,1 l "1 Lo, "

, , .f 1 , il»» ? 1. ! 01"-1 1 i j ? n.t Il il ` .

, Séance du ')2 ? novervbre ,1 S81., r , .. .

l, , i ' ? . 1 tf J J 1 1 IJ

Les nouveaux membres 'admis, sont MM. i Rolleiv Schreiber,

Rumpf, Gergens. '" ,l'If

A la suite de quelques résolutions concernant certaines modifi-

cations à apporter aux statuts de la Société, on passe aux commu-

nications suivantes : '

10 Rippiug. Rapports des maladies de femmes avec les troubles psy.

chiques de ces dernières. Publié in extenso l.

2° Schueharlt : blodiCCrztiozts pondérales qui suivent les accès d'épi-

lepsie. Publié in extenso 2; , ' ' ' ' ? ' ' ,

30 Eickholdt. Pathogénie des attaques de paralysie dans les mala-

dies mentales. Sera publié 3. ", `

".... J 1 i r ,

1 1 1 ' . i

\1 Séance du 17 juin 1882. '

SI. le Président informe l'assemblée de la mort de M. Runge (de

Nassau). La Société perd en lui un collaborateur actif et ardent.

L'assistance se lève en~sa mémoire.

' 1 ' ?

1 Archives de .Neurologie, Revues analytiques, t. V, p. 371. -

' ld., id., t. V, p. 370.

. Nous l'analyserons alors. , '

. SOCIETES SAVANTES. 151

s 01.- Hertz,. Sur la Constatation de : la, cause anatomique. du délire

aigu idiopathique. Cette cause,réside : dans;la forme et levolume des

deux trous déchirés postérieurs par -lesquels la plus grande partie

du sang veineux revient : du crâne daiisila,veine,.jugulaii,eliiiteriie.

Celui de» droite est d'ordinaire le plus grand (71 fois sur 100 d'après

Rüdinger); il reçoit le sang qui, de lasurface du cerveau, se jette dans

le sinus 10ngit.ndinal',supérieurJ etide là dansdessinus transverse

droit. ! Le trou;de gauche reçoit.le,sang qui revient.de la profon-

deur- du. cerveau et du cervelet et. se jette, dansée sinus droit pour

gagner le sinus transverse, gauche : ' RÜdinger. est ']e ,seul' qui' consi-

dère les différences de diamètre de; ces canaux commet normales-;

d'ailleurs,' ilrajoutequ'ilne.les a jamais, trouvés tous deux- étroits

absolument et (respectivement parlant.- SI.; Hertz, les a"rencontrés

dans la maladie en question-' tous deux rétrécis et dans»des condi-

tions.telles que la» circulation compensatrice ne, [se- pouvait effec-

tuer au moyen.des'veines émissaires qui, pass,en t, pal' : tles ,trous. du

même nom.'1' De là. évitlemment un» rétrécissement du « calibre-

interne'desweinesjugulaires-lentrainant.lastase, avecl toutes ses

conséquences, au point de vue des fonctions du cerveau. L'auteur

a actuellement observé onze cas de délire aigu idiopathique. Le

dernier concernait une femme de trente-neuf ans qui, adroite, ne

présentait pas de sinus ''transverse; les 'dépressions osseuses corres-

pondantes manquaient également. La partie postérieure du trou

déchirélpostérieur ne cdntenaitque les nerfs ; la portion antérieure

renfermait un sinus pétreux fort volumineux, aboutissant -dans

la veine 'jugulaire. Absence des .veines habituelles < ordinaires. A

gauche,-le trou déchiré postérieur mesurait pour plus grand diamè-

tre 12 millimètres et 8 millimètres dans son plus petit, soit à peu

près 1 millimètre de moins,que n"o ? )alqlen t. "'1,\,))1 \¡(' 1 ¡' ,

.. ' >'» 't iiVflT ? 1T»'\Ç1 V. 3 . 1 V 1\.. f ?

L'étude,, nosographique faite . par SI. , Hertz à la lumière de ses

observations, se résume ainsi : La maladie comprend deux formes

dont l'évolution est \jndrré ? r1ment" tt ? \PTq ! ;npte. Une forme

maniaque; une forme mélancolique. Le ? ta,d,e f,Pxodf9 ! ni(fue est

surtout long dans cette dernière. Il se manifeste, surtout dans la

forme maniaque, par de l'expansivité verbale et épistolaire. Six cas

de récidive sous la même forme quatre, pour la manie, deux pour

la mélancolie. Les causes sont la prédisposition, les malformations

crâniennes. Le sexe concernait dans l'espèce, quatre hommesetsepl

femmes. L'âge variait de vinât''1"soixânté iieûf ai1¡ ? Le' diagnostic

n'est jamais'facile quand on a affairera une première atteinte; on

ne sait si l'on est en présence d'une mélancolie anxieuse avec

agitation, d'une manie avec fureur au début, ou, chez les individus

d'un certain âge, à une paralysie progressive" avec agitation pro-

dromique, ou enfin à une méningite. L'époque des règles favorise

l'explosion de la maladie. ' - ,

152 SOCIÉTÉS SAVANTES.

La fièvre ne saurait, servir,de guide, car. même , à la. période

d'acmé, on constate ,de, grandes oscillations thermiques. Signes

favorables pour les deux formes, : pouls constamment .très rapide,

désordre extrême dans; les, idées ? loquacité saugrenue, prévention

anxieuse, terreur, agitation, motrice.sans.but,.déchéance rapide

consécutive - ài l'a-itatioii, .hallucinations sensorielles terrifiantes.

Signes particuliers à la forme maniaque, : impétuosité enragée sans

tendances aggressives,,mais dangereuse pour la sécurité du malade,

exagération des réflexes, insomnie, refus de nourriture, dysphagie,

constipation, anurie, refroidissement, des extrémités, enrouement,

regard terne, coloration terreuse, de^ la, face..Quand l'agitation mo-

trice cède, le,patient reprepd ses sens, éprouve ! une seusatioufor-

cée.de bien être,- devient gai 1 et : content. [Pas, de-çccnvulsions, du

moins dans huit cas.. Durée, entre'douze et ·dix-sept jours; mort

dans'huit observations dont deux de mélancolie..La, mort résulte

de préirenceA pa.ralysi ? ulcoel ! r"Quand il se,montre des com-

plications d'hypostase pulmonaire, l'hyperthermie est considérable.

La transformation^ chimique ,du sang stagpant accélère, la mort

pâ lamoelle allongée. -L'autopsie décèle un. type d'injection vas-

culaire des,veinesl et, des artères,, sanstoedème ni -hydrocéphalie,

dans,le cerveaymoJ-en,;le;çervelet, la. -portion supérieure de la

moelle. Intégrité , des adères.,Coloi-aLion,])Ieue,-griseil4rune, des

centres ,en-, question. Sang noir, ., dépourvu de) consistance.] Stases

lymphatiques (vaisseaux, et espaces) visibles il¡l'oeil nu. 9qqolv ?

Tousces détails autorisenttà.sub'stituer à la dénomination, précé-

dente celle : d'hypeenémie siasique, vi-aie de l'eîzcél)hale, 2)a ? cause méca-

nique. asa j"'¡[I' .s·u ? aille .1 lot s î' ,(I, i«f - > ' * ' f ... ' *

Traitement. Bains, chauds, avec fortes..révulsions cutanées suivis

d'enveloppement dans des , couvertures de laine pour obtenir des

sueurs pr ! >uss.LtJPl'oI9l}gées..Convalescencel de durée variable.

2°. Jeiin. Dej hZ,valeur, thémpeutique des enveloppements [draps) hu-

mides dans le traitement .des psychoses., Ce travail : sera- publié in ex-

tenso séparément^.] 9b à t"'b1;' 4,b noj 1 G 9 s t ? Vc (

La discussion,¡qui'; s'engage,sur¡ ce sujet met en relief l'opinion

contradictoire. de.Ripping. pour qui ce; mode hydrothérapique ne

s'applique qu'aux mélancoliques stupides à-la condition qu'il, soit

continué longtemps, durant plusieurs mois. Il n'est indiqué que

lorsque la nutrition" la7 circulation cutanée, et la chaleur du corps

sont considéI'ablèlnéIiU dirin-úéê ? 11 n'a pas de valeur quand on a

affaire à de l'agitation nrotrice/'qu'i) s'agisse de la manie ou de la

mélancolie. 'b hl tu 'f i ? '1" » 'TI ' "l' <

3° Von VOIGT.'Sui* le délire d'épuisement.

L'auteur 'appelle de ce nom un processus pathologique qui se

développe à la'suite d'un violent épuisement psychique ou soma-

1 Nous l'analyserons alors.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 153

tique,1 a'une évolution courte, est polymorphe et changeant dans

ses symptômes. Il fait généralement explosion,'après une violente

émotion, brusquement; mais, quelque temps auparavant, le surme-

nage somatique et- psychique s'était invariablement manifesté par

toute sorte de malaises nerveux et des hallucinations isolées. Il dé-

bute la plupart du temps par un accès d'angoisse d'intensité variée,

auquel succède une agitation rapidement croissante qui, en peu de

jours, atteint son acmé, et demeure telle'quelle, à part quelques

oscillations vespérales, pendant plusieurs jours'et semaines, pour

tomber- soudain. Souvent l'anxiété et la manie se relaient; c'est là

le(cachet caractérisliqùe-de la' psychose : selon que- l'angoisse ou

la turbulence prédomine,'ou observe des conceptions et hallucina-

tions tristes ou gaies. En même temps, tremblement généralisé,

tremblementfibrillaire de la face, titubation,' troubles légers de la

parole, violentes'palpitations de coeur avec irrégularité du pouls;

alternative de congestion et-de pâleur. Aussi, le pronostic paraît-il

défavorable. ? Mais il 'n'en est. rien'; la guérison survenant' en

moyenne au bout de deux à trois semaines. L'amnésie' totale'au

début de la convalescence » fait place à une connaissance parfaite

quand la guérison est devenue complète ; alors aussi les idées dé-

lirantes perdent de leur corps et se rectifient spontanément. Autre

forme explosion non plus aussi soudaine; prédominance des hal-

lucinations au début; période d'acmé, comme plus haut. Ces entités

se développent' presque sans exception sur un terrain prédisposé par

l'hérédité' ou autrement. Il s'agit d'individus irritables, pleurards,

dénués»* d'énergie, d'enfants en'un mot. Quelquefois elles se

greffent sur une psychose primitive dont elles constituent parfois le

stade initial imprimant alors à là maladie un caractère dégénéra-

tif. Pronostic favorable, excepté quand il y a insuffisance intellec-

tuelle`congénitale : 'dans ce cas, la terminaison est'la@ démence avec

agitations périodiques. Rarement les malades viennent à l'asile à

cause de la-brièveté de l'évolution douze cas sur 2,250 admissions.

L'absence d'hyperthermie, le peu de gravité des phénomènes d'exci-

tation et.de paralysie psycho-somatiques différencient le délire en

question du délire aigu., 11 est plus intense, et de^ moins courte du-1

rée que le délire alcoolique. .. p </ u > ? 'u* i'T» -* > ? ' " 1 - UI \ 1 f )'c : ¡. l1T 111J ? l'Q, ),1,\ Il

Discussion : Nasse. De semblables états se voient aussi,passaeere-;

ment en d'autres modalités. psychopathiques., Ils ne constituent

donc point une entité particulière. D'ailleurs, jusqu'ici on a désigné

sous le nom de délire d'épuisement et d'inanition des troubles psy-

chiques à caractère dépressif qui succèdent, à des, maladies soma-

tiques fébriles aiguës graves. (Allg. Zeitsschr. f. Psych. XXXIX, 6.)

. , ' " " P. Kéraval.

154 SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ DES MÉDECINS AL1ÉNISTES DE LA SILÉSIE

I ? 9 ^ =w ? -9 i

SÉANCE~DE RIIESL.t.

26 novembre 18â.

;\'I\ ! wJ ! )s',1 \Hm 252tyr'ti j.lp.,o'i,D(t if "»«u« « 1

M ? le* professeur 'NEl1M,\Ñ;ÙiP un' rapport sur les recenls travaux

de membres de la Société. 11 s'agit en premier lieu du compte rendu

annuel ,de l'asile'd'aliélÍés dë`l3>'ieg, publié par les soins du' directeur,

le DAlter;"cet'étabhssementsërait'surtoit' remarquable par le

bon" marché'de lâpeÍÍsiôri;'qù<iilt"iÍ' 1'hÛédité', peut-être en'va-l-on

chercher trop' loin lés^stigmatés ? Le' professeur'' Berger à publié

dans le Centralblàtt 'cÙ¡ NeurolÓgfé'(110 22, 1882) uni cas de paralysie

générale chez* la' femme ? pour lui ? cette' l'nl'aladië1'ëst émiueIllIilent

1 , .' ... CI ? ", (-. ? v, ... ? ? 1 -t..} ? r ? r>

plus' rare dans ce sexe et elle n'y revêt' que 'par exception la forme

classique quanta ta'modalité à.'la"'duréé à l'évolution observées.

Lés fem'mes "ii.tt'eiÍItèS' 'se livraient 'dans bie'a9 déS'càs' à"des occupa-

L ? ? ? t, "" t' "l'h ? "'1',1l1j,1o" ? 9t19ffiur 3uU "4'

Ol1S qlP ? I ? ) ? t , @-1 t ? ? e'1 ? 1 " ? ? f4,tt11 ¡1f1, 'f' fui

il.,il, « ? ? ? ? ? U 1 ? »-tI " , -.T,-ii|l|. ,,»., if'

M. Leppmann communique un cas de morphinismert concernant un

homme de trente'ans; il s'agissait d'une récidive. On le guérit en

diminuant'très'apidement les doses^dés injections journalières et

enfin' en leur substituant, du^chloral ; il éprouva." ' des 'phénomènes,

réactionnëts violents, mais' sans gravité ! L'auteur recommande cette

méthode'p0)rr lés cas qui ne sont pas compliqués d'une autre affec-

L16n sonïati eÏ"q'tt"oil"p'e'L'it"surveillér" l'établissement. Les autres

exigent qu'on procède au sevrage graduel; on substItuera notam-

men't'ÍÍ.'lam'oi'pIÍin ? d'a'tltrés narcotiques.1 Le mélangé de codéine

(0,0 ? à'Ô,U'centiar.)'et de'nioüôbrôlriûre dé camphré (0,50 cen-

' ? ? -. -1, - . Il il ? "1" ! '"1111 .t : 1 r9 f . a

tigr.) conviendrait parfaitement. T ,

-La discussion que ce fait soulève met en lumière la nécessité de

dénoncer à''l'àutorité les" pharmaciens qui délivrent avec autant de

facilité des substances toxiques.

M. Berger, ayant obtenu'de bons résultats du bromure aéthyle dans

six'cas d'exaltation psychique; 'signale ce médicament déjà mis en

.relief par SI.' Bourneville. Il en fait inhaler chaque jour aux malades

cinq à dix 1 grammes ;' la narcose qui suit n'est que de courte durée;

mais elle laisse, après elle un calmelrès prononcé et persistant.

Lesi membres présents» promettent d'apporter à la prochaine

séance les résultats de leurs expériences. '

Les discussions ont été alimentées par MM. Neumann, Berger,

Kohn, Leppmann,- Bruntzel, Eicke, Alter, Kalllbaum, ICleudgeu.

(Allg. Zeitschr.]f. * Psych., XXXIX, 6.)' P. KÉHAVAL.

i r <",1 valu ir,lciat iiU n

BIBLIOGRAPHIE

t'i'<;i.t..lu1 ? tf - ? \- ,\'1\'\\ HfOSf l\ .

I. HI'STEItO-NEUROSliS (The patltology, dliagraosis and Treatment of

the diseases of¡ w ! ne1'f); par Graily 1 ? W : I.T, 'j,4 éd., London, 1882.

si 1. 1 .. - j... ? i. i 't^- , , 1, .

. 1.. ^7ffifRfll`l tt'i il Il ? 1 11 : 1J r y41/G'l1j11'crl

Sous le nom d'hystéro-neuroses, proposé paryEngelmann (Anter·.

oye. trans., 1878t. Il), ? ,lai]'y)ew ! t ,é ? i,Aa ! 1s quatre eh a.Pi7

tres de son trité"le,s .t ? \lhle,¡ I;l.CrVux,,lIl ! i. peuvent être attribués à,

une lésion 1 1 , .11 sont-les nausées et les vomissements, les

attaques hystériques ou les phénomènes sensitifs de l'hystérie, l'hys-

téro-épilepsie, certains troubles mentaux , certaines céphalalgies : ,

1°' Les nausées et. les, vomissements se rencontrent très fréquem-

ment dans les, maladies de l'utérus; ces .troubles sont souvent liés

surtout aux- flexions utérines. L'auteur rapporte plusieurs faits dans

lesquels les phénomènes gastriques avaient disparu par le traitement.

de l'affection utérine. SI. Hewitt admet la division par Engelmann

'JII ? , ? ,{.... t, ,.t ilili "I¡III.....

des hystéro-neuroses stomacales en trois- catégories : a) constantes,

b) menstruelles, c)" gravidiques/Parmi les causes des J premières,

Engelmann cite un cas de rétroversion, un. cas d'occlusion, val vu-

laire de l'orifice interne par un fibrome', une induration du co] avec

sténose du canal; 2° L'auteur rapporte seize cas dans lesquels désnia-

nifestations hystériques' étaient liées à'dës dé'viàtions' utérii1ès'et 'ont

disparu pour la plupart ? sous l'influencé "du' traitement" \ 3» Dans

neuf observatIOlIs,des dévIatIOns utérmes, SOIt seules, SOI t assocIées à

., ? ? ? LJ.' 1, , -J. 1. si f'l 1 ti ? "

des troubles menstruels, étaient en connexion avec des troubles

mentaux, le plus souvent là''hiéIan'colie,Jqui;oht'quëiquefois'cédé

au traitement. 4e La céphalalgie peut être) mise," en "rapport soit

avec une déviation, soit avec dés corps fibreux de l'utérus. Ca. F.

'-Jt 'i il 1 ? I.u...... ? iL '.J ? I.lu .JJJJ 1 lJo -'tt'

- ? f,( 290tI8,12CIL2r.°h·'tt Il

IL Maladies de la moelle épinière; par Bvno-BnnrNra.r,,ltraduit de

l'anglais par Poupines et TnoiNoT. Paris, Lauwereyns; édit ? 1 l 883.

. ' ' 11L If 1.'1 1

L'étude des maladies de la moelle ne, date pas.de si longtemps

déjà, et n'est pas tellement avancée qu'elle se- trouve condensée

et mise au point dans tous les traités de pathologie. iLes-maté- *-

riaux épars dans les ouvrages publiés tant en France qu'à l'étran-

ger ont besoin d'être rassemblés et combinés entre eux. Les

progrès incessants de la neuro-pathologie doivent être au sur et à

mesure recherchés dans les publications récentes et soigneusement

a

156 BIBLIOGRAPHIE. ? NIJI)119f ; J , . , , , ,

enregistrés non sans-, une critique éclairée. Rassembler les laits,

en extraire les enseignements indiscutables, grouper ceux-ci, les

classer, puis, aprèscette,ana)yse soigneusement opérée, faire une

rapide synthè,se, ! 3t, par 'conséquent schématiser les résultats acquis,

tel est, à notre avis;le,vrai rôle du manuel moderne, telle est la tâche

que s'est proposée^ SLJ ? yroh"Bramwell et qu'il a pleinement remplie.

PL'enant pOUl' : 1base les récentes études d'anatomie et de physio-

1 ? -ic sur les centres, nerveux et pour point de ralliement. Texis-

tènce du`segm'éntiriédullairè ei tant qu'entité anatomo-physiolo-

tence du segment méc tillaire en tant qu en bté anatorno-pbysiolo-

gique."et.,a'notom6*-pa.thologique, ce médecin distingué a passé en

revue les'" dijfél : eÍ1le5'¡ affections. de la moelle, rapprochant les

lésions dessY,mpt1es'1110ntrl}l ! e ! lr union intime, leur enchaîne-

ment logique ? , leur dépendance fatale, illustrant le tout de nom-

breux et excellents' schémas soit écrits, soit dessinés.

11111. Poupinel et Tlioinbt ont,rendu un véritable service en tra-

à %I. Poupinel i ? t, Ji . ? 1 ....

dUlsant cet ovragf'. \.11 : ) " , , ► , .. - CB. I ?

j -' 4 f.J ,,J9 ? r i : " 1 1. l'

III. La porencéphalie'(Étude anatomique); par ICoNnsaT. (Graz, 1882.)

Nous n'en sommes plus ! à J'époque 1 où en présence d'un sourd-

muet,' d'un idiot, on se contentait de formuler l'expression senten-

cieuse d'arrêt de, 'développement. Aujourd'hui, nous prétendons

allez plus loin, nous prétendons faire parler l'anatomie pathologi-

que "et ; demander' compte à la pathogénie des lésions de la

raison* d'être des symptômes. Nous refusons d'admettre que, par

caprice, l'histogénie ait fait banqueroute et que tel individu soit en

déficit d'un nerf auditif, tel autre d'une série de lobes cérébraux de

par les arrêts du hasard. L'examen minutieux des faits nous donne

chaque jour raison et nous apprenons à mesure des progrès de nos

investigations que la surdi-mutité a ses origines pathologiques de

même ordre ? que la'pneumonie. Il en est ainsi pour l'idiotie. Ces

grandes ' mutilations pongéniales ou précoces ne sont que la der-

nière conséquence de processus anatomopathofogiques intra-utérins

ou' prématurés qui impriment à ces prétendus arrêts de développe-

ment spontanés, un type particulier ; suivant ce type, telles ou

telles régions sont plus ou moins réduites à néant. Aussi, est-il à-

croire que, dans un laps de temps qui peut-être n'est pas loin,

nous posséderons, des entités cliniques de l'idiotie en correspon-

dance avec les,modalités anatomiques. En tout cas, tel est le dési-

dératum auquel il. est .permis de penser que tout mémoire un peu

étudié donne une satisfaction approchée. Celui de SI. Kundrat

nous semble contribuer au résultat dans ce sens.

Sous le titre de porencéphalie, il a réuni vingt-neuf observations

empruntées aux auteurs et douze qui lui sont personnelles, dans

lesquelles la substance des hémisphères cérébraux se présente

BIBLIOGRAPHIE. 157

til a ,

3 l'observateur en un point de son étendue, comme un trou de

profondeur variable. La définition de cette'forme d'arrêt de déve-

loppement appartient à Hescll.Le trou en question s'ouvre dans la

cavité de l'arachnoïde, ou bien, recouvert comme d'un pont par cette

membrane entière, il pénètre plus'ou^moins^loin dans la masse

du cerveau, atteignant jusqu'à l'éperÍdymë7;.voj¡è{iilême jusqu'au

ventricule. Suivant qu'on l'examine \ différentes' périodes de la

rétrocession, il y a lieu de distinguer : une porencéplialie en évo-

lution ; une porencéphalie en'état de développement ; "' .' 1

céphalie compliquée d'hydrocéphalie; une'porencéphalie stéréoty-

pée par la cicatrisation. La plupart'du temps 1 cè'ngénitàl¿ ifs'en

faut cependant que, même alors, éllé provienne d'une inaptitude

innée, quasi mystérieuse de l'individu' à se développer normale-

ment ; elle peut, comme dans' la forme acquise/être laJ résultante

de processus anatomopathologlques; qui s'attaquent' aux premiers

linéaments du tissu'nerveux ou 'mélnè à ·u<mplus pârfait étatidé la

linéaments dl ! tissu' nervê'úx ou 'mênÍe un p us par ai 1

texture. Le mécanisme exact nous échappe, mais'il , , dit

M. Kundrat, que, lorsque la porencéphalie est congénitale, on

constate une disposition radiaire des.circonvolutions vers le bord

ou le centre de la perte de substance; on voit alors les circonvo-

lutions, revêtues de la pie-mère, plonger vers le fond du cratère,

et aller constitueras parois de la fosse jusque sur l'épendyme,

tandis que l'arachnoïde forme couvercle au trou a la superficie du

cerveau. Semblable disposition n'existe pas dans' 'la' porencé-

phalie acquise, ou du moins elle n'y est que très peu accusée ;

ici, les circonvolutions se terminent" ex' u6rttp(o" survies con-

fins du trou. La cause 'anatomique de ces°malformations réside,

qu'elles soient acquisesoucongénitales,dans un processus'de ramol-

lissement du cerveau. Il s'agit bien d'une encéphalite) mais d'une

encéphalite caractérisée par une hyperplasie'vascuiaire' avec' pro-

lifération du tissu conjonctif, les éléments nerveux subissant une

métamorphose rétrograde' Le ramollissement al-' gé¡lÚalement

pour facteur immédiat une'anémie locale' qui peut elle-même

provenir de causes diverses ; il émane plus 'rarement d'hémorrhÏ1-

gie et de thromboses. Sur ce terrain il importe 'de tenir compte

des territoires vasculaires et des zones régionales atteintes. Le

siège de la porencéphalie était : ' ' ^'V'" 3111Hu"q, '

siège de . i l , i "ü eu 1 q J ! I02 . 2fIG1;19'· ? "' .t

., - tMi dl )lfT.6.P <"l1* ai.

En 27 cas, le domaine de la sylvienne ? p ? ' 10'

3 de l'artère cérébrale ^antérieure; ' 1 .

5 - ' '* ? postérieure; , '

4 un territoire non' 'délimité 'parles autenrs; ''J *»

3 les lobes ironiaux; 1a- : zit : cz 2 si » z ' > *

5 la région de l'insula et son pourtour;- " ," -n

5 du sillon de Rolando ? ?

' 12 la convexité des hémisphères; ,. .

5 les lobes temporaux. t , ,

t5S BIBLIOGRAPHIE.

Quand la porencéphalielest-congénitale ou qu'elle a été acquise

de très bonne heure : 'l'idiotie en est très souvent la conséquence,

mais non toujours,,(,non)Í1écessairement. Il existe des troubles

de la parole qui,de.plus habituellement est remplacée par des cris

inarticulés en rapportravecrles sentiments du sujet. 11 n'est pas

le moins du monde rare de rencontrer des paralysies qui de toules

les -extrémités, qui i simplement des membres opposés au foyer;

ces paralysies sont' toujours permanentes et se compliquent très

souvent de ¿contractures. Enfin, des malformations symétriques ou

asymétriques : du, crâne peuvent en être le produit.

Telle est>la teneur résumée de l'étude de SI. Kundrat, les consi-

dérations dont nous pourrions la faire suivre dans l'espèce ne vau-

draient peut-être pas pour le lecteur, étant donné nos quelques

remarques préliminaires, 'la reproduction de ses conclusions géné-

j'ales. Les voici : 1° La porencéphalie est une formation défectueuse

du cerveau produite par des processus destructifs qui, dans leur

essence et leur cu'se, ne sont pas différents de ceux qu'engendrent t

t'hémorrhagie, l'embolie, la thrombose, l'anémie ; 2° leur parti-

cularité réside simplement dans leur siège à la surface du cerveau

et dans leur forme ' qu'explique le haut degré de développement

du processus destructif pouvant aboutir à l'absence complète des

parties atteintes ; 3° ils se peuvent produire pendant la vie foetale

(porencéphalie congénitale) ou pendant la vie extra-utérine (poren-

céphalie acquise) ; 3° les processus congénitaux sont de beaucoup les

plus fréquents; leurs formes sont'typiques : ils n'atteignent que

l'ensemble des circonvolutions cérébrales et dérivent généralement

d'une anémie dans les départements corticaux des artères cérébra-

les (dans la région de la sylvienne principalement) ; l'hydrocépha-

lie qui s'y montre propage l'anomalie à l'ensemble du manteau

des hémisphères jusqu'aux ganglions de la base ; 5° par cela qu'ils

sont congénitaux ? ils troublent le développement de l'organe

central, occasionnent directement des modifications dans le dispo-

sitif des circonvolutions et indirectement un arrêt de développe-

ment qui se manifeste d'habitude sous le masque de l'idiotie fré-

quemment alliée à l'absence de la faculté du langage ; 6° quand

l'es régions motrice ? de l'écorce sont atteintes, il existe toujours

une paralysie fréquemment accompagnée de contracture ; 7° les

processus acquis' ' pendant la vie extra-utérine, en général plus

rares, proviennent d'une embolie, d'une hémorrhagie et peuvent

avoir aussi une origine traumatique. Ils ne troublent pas la mor-

phologie architectonique du cerveau, quant à l'ordonnancement

des circonvolutions, mais, quand ils sont très précoces, ils en

arrêtent le développement, de sorte qu'ici encore on a affaire à

l'idiotie ; la faculté de parler n'est jamais absente, mais il peut y

avoir de l'aphasie. On constate aussi dans cette forme des paraly-

sies avec contractures ; elles sont la conséquence et des destruc-

BIBLIOGRAPHIE. 159

tions corticomotrices et des altérations des ganglions et de la cap-

sule interne, produits de la causer génératrice (embolie). Dans

ce dernier cas, elles sont suivies de dégénérescence descendante;

8° les défauts de substance congénitaux et acquis (précoces) peu-

vent également produire des malformations, du.crâne symétriques

ou asymétriques; le crâne est tantôt augmenté,itantôt diminué de

volume. Quand la malformation est' unilatérale ? c'ost le côté cor-

respondant à la défectuosité qui est atteint ? (90J,guérison possible

par cicatrisation et fermeture du trou ornais les' effets persistent,

les destructions étant irréparables. -(Neuf- belles 'planches permet-

tent de suivre la description). i ,1, ti'.mur . ,1 ! J'1P,- P. KÉRAVAL,

- - '1" t ¿-.il 'f i, 1 4 If(·u Jiiub -110 i

.t i .j . ' ' s1 ? uo q }6... ' .it .

· INDEX BIBLIOGRAPHIQUE ! » > <«'[<

1 . 1 1.1 jI'-j"1U'4 -UL ' J Il J

1" f" 1 ,1f,I'¡t, Il P Ii.

Le délire chronique, son évolution (étude clinique) ; par, GÉRENTE.

Thèse de Paris, 1883. ;" ? ( ? , : "

Contribution à l'élude des atrophies musculaires à distance, appelées

encore atrophies réflexes; par Deschamps. Thèse de Paris, 4883.

Essai sur la pathogénie du crétinisme ; par VERDAN. Thèse de Paris,

1883. , 1 , ? ' Il

De l èlongalion du nerf nasal externe dans le traitement , du glau-

come ; par Trousseau. Thèse de Paris, 1883. ,, , ...

Essai sur les altérations fonctionnelles et organiques de l'appareil de

la vision, survenant sous l'influence combinée de l'alcool et du tabac ;

par DAVID. Thèse de Paris, 1883. .' , ,

Du tremblement; par GOUGELET. Thèse de Paris, 1883.

Essai sur la IIlol'phoea alba (variété de lésion trophique de la

peau); par PAUTRY. Thèse de Paris, )883. ,, . ? Il ..1

Antécédents et causes dans la maladie d6.Pa)'/tM ! SOH;par LmnoNDEL.

Thèse de Paris, 4883. , . , ,, uJ^X0.it ? ,,

De la chute des ongles, de la chute des dents et des, douleurs névral-

giques dans l'ataxic locomotrice et le diabète 'Pill ? 911f Thèse de e

Paris, 4 883. ,'1.. 1 /, ? df ! . '

De l'élongation nerveuse dans l'ataxie et les affections médullaires;

par JACQUEMI.-4. Thèse de Paris, 1883. jHIn ? O'llt '112"1 ? ,

Du goitre exophthalmique chez l'homme; par i BoHnesbE. Thèse de

) .. . ' HJH ? &t'( '.0 .

larls, 1883. ' t ? b "(hl ,J ? .

H'l»3' «-'Il . '

. '....l'1.JJ11') '-Il

FAITS DIVERS

Société contre l'abus bu TABAC. - Cette Société met au con-

cours pour 1883 des prix variant de 100 à 30) francs. La question

de médecine est ainsi posée : Physiologie du fumeur. Habitudes,

tenue, caractère. Influence du tabac sur les facultés et les fonc-

tions affectives, intellectuelles, digestives, etc. Le prix consiste

en livres d'une valeur de 200 francs environ. Le fondateur, M. A.

Bertherand, s'engage en outre a publier gratuitement, dans la

Gazette médicale de l'Algérie, le mémoire couronné. Le programme

détaillé du concours sera adressé gratuitement aux personnes qui

en feront la demande au président, 38, rue Jacob, Paris.

Bureau DE statistique municipale. M. Jacques Bertillon vient

d'être nommé chef des travaux de statistique municipale de la

ville de Paris, en remplacement de son père, M. le Dr A. Bertillon,

récemment décédé.

Asile d'aliénés DE LEYNE. Par suite de l'écroulement d'un

mur à l'asile de Leyne (Lot), six malades ont été tués et trois

blessés, dont un grièvement.

Nouveaux JOURNAUX. - M. KOVALEWSHY vient de publier, à Char-

ckow, un nouveau journal de neurologie, qui a pour titre :

Archives de psychiatrie, de neurologie et de psychologie légale. Le

second numéro contient les mémoires suivants : Cas rare de

grande hystérie, par Pasternatzky; - Introduction ci la psychiatrie,

par Frese; Sur le sentiment de la colère chez les animaux, par

Fesenko ; Distribution anatomique des fibres motrices des nerfs

chez l'homme, la lapin et la grenouille, par Beloousoff; - Stupeur,

par Kovalewsky; Les colonies d'aliénés, par Lione; De l'effet

de l'électricité sur la tête', par Orchansky. T. D.

Nous venons de recevoir de Saint-Pétersbourg le premier

numéro de la première revue russe consacrée spécialement aux

maladies nerveuses et mentales. Cette revue, publiée sous la direc-

tion de M. le professeur J. Mierzejewski, porte le nom de Messager de

clinique mentale et nerveuse (Wiestuick psyckiatrii, nervoi pathologie).

Le premier numéro du Medico-legal Journal, publié sous les

auspices de la Medico-legal Society de New-York , a paru en

juin 1883.

Le rédacteur-gérant, Bourkeville.

.urt : tl1. Gh. HJllnul88f. lmp. - 783.

Archives de Neurologie T. VI. PL,

Imp .3 ecqliet fr. Pans.

Archives de Neurologie . T. VI. PL.II.

Imp.Becquet fr Paris

Vol. VI. Septembre 1883. N" 17.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

MÉDECINE LÉGALE

VERTIGES épileptiques ASSASSINAT. ACQUITTEMENT :

Par NI. LIÎGRAND DU SAULLE,

llétieci en chef de l'Infümcric spéciale des aliénés pics le Déput de 1.lPI'Crcchllc. e.

René Nouaux, ne le 30 septembre z, est culti-

valeur à Fyé (Sarthe) ; il est de taille assez élevée et de

constitution robuste. Il est médiocrement intelligent

et a fréquenté les écoles jusqu'à de quatorze ou

quinze ans environ. Vers cette môme époque, il

aurait ressenti quelques éblouissements vertigineux.

A dix-sept ans, il a reçu un jour sur le sommet de

la tête une pièce de bois, et il a été grièvement blessé.

Dès que j'eus recueilli de lui cette particularité, je lui

fis aussitôt couper les cheveux à l'endroit indiqué,

et je constatai effectivement une cicatrice linéaire de

cinq à six centimètres.

Depuis deux ou trois ans, il éprouvait parfois de

grandes douleurs de tête et quelques secousses; sa

vue s'obscurcissait momentanément. « Il me passait,

dit-il, un nuage; je ne voyais presque plus rien, mais

Archives, t. VI. Il t

162 MÉDECINE LEGALE.

cela passait très vite. Quand cela me prenait en

travaillant, je m'asseyais un instant, et puis je repre-

nais mon ouvrage. Quand j'étais dehors, à lâchasse,

par exemple, je marchais tout droit devant moi, et il

m'est arrivé de me tromper de chemin, d'être tout

hébété et d'avoir fait une ou deux lieues à travers

champs, sans savoir où j'étais... On m'avait dit que

j'avais des migraines ».

La signification si importante de ces malaises, en

apparence fort légers, était à peu près passée inaper-

çue, ou du moins avait été méconnue. On avait pu

relever chez lui de grandes inégalités d'humeur et de

caractère, et c'est ainsi, qu'il avait paru tantôt

emporté, menaçant et violent, et tantôt timide,

taciturne et débonnaire; mais le secret de ces deux

physionomies différentes n'avait point été entrevu

encore.

Le 23 septembre 1882, Nouaux est incorporé au

31° régiment d'artillerie, au Mans, en qualité de réser-

viste. Là, il souffre de la tête, est pris de peur à

chaque instant et s'hallucine de la vue et de l'ouïe.

Il croit voir un jour ses camarades déguisés en

Zoulous, ayant le corps enveloppé d'un drap et

portant une ceinture rouge autour de la tête. Il entend

chuchoter auprès de lui; il voit qu'on le menace,

qu'on en veut à sa vie, qu'on met sa tête à prix.

Glacé d'épouvante, il tire son sabre et se met sur la

défensive. « Le premier qui se serait approché, dit-il,

je l'aurais tué ». Son maréchal-des-Iôgis-chef entre,

lui parle avec douceur et lui demande son sabre.

Nouaux obéit et rend son arme.

Nouaux, qui pleure beaucoup, fait peu de service.

VERTIGES ÉPILEPTIQUES. 163

Il a toujours peur qu'on ne lui fasse du mal. Deux de

ses camarades placent son lit entre les leurs; mais il

n'en couche pas moins avec son sabre-baïonnette.

Le 8 octobre, il reçoit avec bonheur la visite de sa

soeur, accompagnée de Poupart, son cousin et son

fiancé. On va prendre un repas à l'auberge, mais il

pleure, mange très peu et rapporte qu'il a peur, qu'il

y a des jeunes militaires que l'on fait passer au bleu

et qui disparaissent.

A la caserne, on le croit malade, et on lui dit d'avoir

à se rendre à la visite du médecin. Il s'y rend, mais il

entend tenir autour de lui ce propos : « On lui fera

comme aux autres... du tabac ! ».' Effrayé, il se sauve

aussitôt et ne consulte pas.

Parvenu au terme de ses vingt-huit jours, il a

encore peur d'être pris ou d'être tué; il craint de ne

pas avoir son livret en règle, il se lamente, demande

à l'un de ses camarades si ce n'est pas lui qui lui a

soufflé de la poudre dans l'oreille, redoute d'être empoi-

sonné, a peur des consommations qu'on lui offre,

et rentre enfin dans sa famille.

Le lendemain, 21 octobre, il part pour la chasse,

défend qu'on dise où il est, dans la crainte qu'on ne

vienne l'arrêter, rencontre Poupart, son cousin et

son futur beau-frère, et refuse la consommation qui

lui est offerte par ce dernier. « J'ai refusé, dit-il,

parce que j'avais grand peur ». Il rentre le soir un

peu mouillé, se sèche auprès du feu, mange la soupe

et attend, pour finir son repas, que sa soeur et

Poupart soient arrivés d'un pays voisin, où ils se sont

rendus pour faire des achats, à l'occasion de leur

prochain mariage. Les fiancés entrent, se mettent à

1 fil. 4 MÉDECINE LÉGALE.

table , et Nouaux, qui ne s'est point assis , prend

son fusil, et, sans aucune provocation, fait feu deux

fois sur Poupart, qui tombe foudroyé. On s'empresse

autour de la victime, Nouaux est poussé dans la cour,

regarde par une fenêtre, brise un -carreau, rentre,

s'empare d'un couteau qu'il avaitaffilé dans la journée,

se précipite sur le cadavre de Poupart et lui enfonce

son arme dans la gorge. Tout le monde s'enfuit,

excepté le meurtrier. Nouaux reste seul une heure et

demie en face de sa victime, et n'a point la pensée de

se dérober aux poursuites. Quelqu'un passe et il

l'invite à boire un verre de cidre : « C'est pour la

dernière fois, dit-il,- ils sont allés chercher les gen-

darmes pour m'arrêter ».

A ce moment, Nouaux est-il sain d'esprit ou aliéné ?

Peut-il être considéré comme responsable de l'acte

accompli ?

M. le Dr de Paoli a pensé que l'accusé jouissait de

la plénitude de ses facultés intellectuelles, et qu'il

était responsable. M. le Dr mordre a été d'avis que

Nouaux pouvait être un alcoolisé chronique, un per-

sécuté halluciné et impulsif, un fou dangereux et un

irresponsable.

En ce qui me concerne, j'affirme que Nouaux est

un vertigineux épileptique, ayant des périodes d'accès

s'accompagnant d'hallucinations de la vue et de l'ouïe,

d'idées de persécution, de craintes d'empoisonnement,

de terreurs imaginaires et d'impulsions homicides sou-

daines, avec abolition partielle du souvenir.

Nouaux n'est ni un alcoolisé chronique, ni un

aliéné permanent, ni un simulateur. Il est toujours

de bonne foi, et, dans ses longues périodes de calme,

VERTIGES ÉPILEPTIQUES. 1 G;j

de lucidité et de raison, il dit aussi bien ce qui pour-

rait être interprété contre lui, que ce qui est de

nature à lui être favorable. 11 ne s'arrête que là où la

mémoire lui manque et il dit alors : « Je ne sais pas...

je ne me souviens pas ». Ses souvenirs lui retracent,

par exemple, la scène subite des deux coups de feu

tirés sur Poupart, mais il ne sait plus ce qui s'est passé

après. L'accès de fureur aveugle, pendant lequel'

il a coupé la carotide primitive droite du cadavre de

sa victime., est pour lui lettre morte. Son clavier

cérébral possède une note muette. Or, ce phénomène

d'amnésie épileptique est aujourd'hui très connu*.

D'autres particularités sont également biffées de sa

mémoire : le 11 octobre, par exemple, il a écrit à s;;

soeur une lettre de laquelle j'extrais ce passage : «... Je

vais vous apprendre une. mauvaise nouvelle. On m'a

mis à prix. Celui qui me tuera aura 1,500 francs. J'ai

entendu ça, c'est pourquoi je ne peux plus vous re-

voir. Je ne sais pas d'où que ça part. Je ne me chagrine

pas pour ça. Je me défendrai jusqu'à la fin » Or,

toutes les fois que l'on parle de cette lettre à Nouaux,

il déclare que l'on doit se tromper, qu'il n'a pas écrit,

qu'il ne se souvient pas. -

Aucun signe physique et intellectuel ne trahit chez

Nouaux des habitudes alcooliques. Comme la plupart

1 .l'en ai récemment encore observé un exemple des plus frappants. Un

bailcoli et èniier tssassii)o soii iiicilit,Lir rue Saiiit-Roch a Paiis,

garçon cmmier assassine son meilleur camarade, rue Saint-Roch il Paris,

et, lorsque je l'interroge, il ne se soutient de rien, demande où il est,

ignore ce qui s'est passé et ne se rend compte de rien. Il réclame la \i-

site de son camarade et lui écrit une lettre très affectueuse. Il est telle-

ment troublé et malade qu'on arrive à lui cacher pendant longtemps le

meurtre dont il est l'auteur. Cet épileptique, sous l'influence d'un traite-

mont par le bromure de potassium, était tellement rétabli au bout de

trente mois, qu'il a pu quitter l'asile Sainte-Anne, être rendu il sa famille

et reconduit dans la Haute-Saône.

f 6ti MÉDECINE LÉGALE.

des névropathes, il ne pouvait pas boire un ou deux

verres de vin sans souffrir de la tête, sans avoir des

éblouissements, sans trembler beaucoup, sans passer

une mauvaise nuit et sans être presque incapable de

travailler le lendemain.

En dehors de ses vertiges et des troubles psychiques

ou hallucinatoires qui les accompagnent ou les suivent,

Nouaux ne présente aucune trace d'aliénation mentale.

Il ne croit pas avoir d'ennemis, ne se plaint de per-

sonne et n'en veut à personne. Il y a cinq ans, il avait

eu à la chasse une difficulté avec Poupart : tous deux

avaient tiré sur le même lièvre; chacun croyait l'avoir

tué et ce fut Poupart, qui, au grand désappointement

de son cousin, emporta l'animal dans sa carnassière.

Mais de la dispute il ne resta vestige. Pendant ses

vingt-huit jours, Nouaux loua même la générosité de

Poupart qui lui avait apporté le 8 octobre, au Mans,

deux paquets de tabac et une somme de cinq francs.

Il n'y a pas lieu, en conséquence, de s'arrêter un

seul instant à l'hypothèse d'un délire fixe, permanent

et systématisé des persécutions.

. Lorsque Nouaux a eu des vertiges, il lui est arrivé

de s'halluciner de la vue et de l'ouïe, d'être affolé par

la peur, de pleurer, de trembler, de se croire parvenu

à l'heure dernière de sa vie et de se mettre sur une dé-

fensive armée, qui n'était en somme pour lui qu'une

sorte de protection légitime et nécessaire; mais une fois

que les hallucinations avaient disparu et que la peur

n'existait plus, on ne retrouvait plus chez lui d'idées

de persécution.

Le jour de l'attentat, entre trois et cinq heures en-

viron, il a entendu, au bourg de Fyé, des hommes qui

VERTIGES ÉPILEPTIQUE ? . 167 Ï

disaient : « On ne va pas le laisser s'en retourner, bien

sûr. » Nouaux, déjà si perplexe et si ému, s'est ra-

pidement éloigné, s'est vu poursuivi bientôt par sept ou

huit hommes, s'est mis à courir à travers les champs,

s'est un peu égaré dans sa fugue inconsciente et a fini

par rentrer chez lui. On ne sait que trop ce qu'il y a

fait !

L'ordre de succession des phénomènes morbides est

donc le suivant : 1° secousses, céphalalgie, puis ver-

tiges ; 2° angoisses, pleurs, sanglots, hallucinations

des sens, peurs sans motifs, fugues possibles ; 3° idées

de persécution, terreurs imaginaires, impulsions pa-

thologiques soudaines; 4° abolition partielle du souve-

nir. absence de regrets.

La résultante -scientifique de toutes les pièces du

dossier est mathématiquement contenue dans cet ordre

de succession.

Il y a six semaines, à son arrivée à l'infirmerie spé-

ciale des aliénés près le dépôt de la préfecture de

police, Nouaux était très fatigué et réellement souffrant.

Il pleurait, avait peur, croyait qu'on allait le mettre à

mort et présentait une attitude perplexe tout à fait

étrange. Sous l'influence de soins appropriés, il se re-

mit assez vite. Je portai alors le diagnostic que l'on sait

et je me gardai bien de lui prescrire du bromure de

potassium, car ce médicament aurait tout à fait mas-

qué son état.

Nouaux, surveillé jour et nuit, à tous les instants, ne

s'est jamais démenti. Il a été calme, doux, poli, bien

portant; il s'alimentait bien et dormait parfaitement.

Ses réponses sur tous les détails relatifs à son affaire

ont toujours été invariablement les mêmes. Il était ce-

168 MÉDECINE LÉGALE.

pendant facile de prévoir qu'il aurait, un jour ou l'autre,

des accidents significatifs. Je les attendais et ils se sont

effectivement produits.

Le 10 mai 1883, Nouaux est triste; il pleure, se

sent la tête lourde, mange à peine, craint de ne plus

retourner dans son pays et de ne plus revoir sa mère

et sa soeur. En ma présence, il a une secousse subite

(bras et épaule gauches). On l'envoie à la promenade;

il rentre, ne parle pas, verse d'abondantes larmes et

pousse des sanglots. Le soir, il se plaint beaucoup de

la tête, se couche, et, d'après le rapport du veilleur, il

n'a pas dormi un seul instant; il a constamment pleuré

et gémi. Il paraissait désespéré.

Le 11 mai, il entre très pâle dans mon cabinet; il

est tout bouleversé et lance sur moi ce regard tragique

si spécial aux épileptiques en proie à des accès. Il me

répond à peine quelques mots, est demi-hébété et ne

comprend à peu près rien de ce'que je lui dis. Il a

plusieurs secousses devant moi, finit par avouer qu'il

en a eu beaucoup dans la nuit, qu'à un moment donné

il ne savait plus où il était et qu'il a un peu peur tout

de même. Sa langue est très blanche. Je lui prescris

un purgatif.

Le 12 mai, Nouaux est frais, dispos, souriant; il

revient très gai de la promenade, cause longtemps

avec moi, mange bien, dort parfaitement. Il est très

lucide et ne pleure plus.

Le 13 mai, je cherche à obtenir de lui quelques pa-

roles de regret, mais je n'y parviens pas. Nouaux est

indifférent, insouciant, égoïste, complètement dépourvu

de sentiments affectifs et incapable de prononcer un

seul mot de pitié au sujet de sa victime.

VERTIGES ÉPILEPTIQUES. ! 69

Le criminel a souvent des attendrissements et des

repentirs qui touchent et émeuvent. L'épileptique as-

sassin est d'une sècheresse implacable. Que d'exemples

analogues n'ai-je pas rapportés 1 !

Le 14 mai, Nouaux est un peu larmoyant. A son

réveil, il a eu mal à la tête. Son langage est un peu

diffus. Aurait-il eu quelques manifestations vertigi-

neuses nocturnes ? Je lui annonce qu'il va retourner

au Mans et il ne témoigne ni surprise, ni plaisir, ni

mécontentement. Il a si peu conscience de sa situation

et il se préoccupe si peu de son avenir !

En résumé : 1° Nouaux est un épileptique vertigi-

vieux, avec hallucinations temporaires, délire momen-

tanépar accès et impulsions extrêmement dangereuses ;

2° le 21 octobre 1882, il était affecté d'un grand

trouble de la raison et ne jouissait aucunement de sa

liberté morale; 3° dans mon opinion, il devrait être

séquestré dans un établissement spécial d'aliénés.

A Paris, le l'i mai ils83.

P. S. Le 13 juin 1883, Nouaux passa devant la

cour d'assises de la Sarthe et fut acquitté. L'autorité

administrative a dû le diriger sur un établissement

d'aliénés. -

Legrand du Saulle.- Elude médico-légale sur les épileptiques. Paris,

1877. - -

PATHOLOGIE MENTALE

QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR [.'ÉVOLUTION DU DÉLIRE

DANS LA VESANIE';

Par le Dr PAUL GÉRENTE.

Quelles sont les terminaisons, les issues possibles

qui se présentent au malade dans la vésanie, au cours

de cette évolution que nous venons de décrire ? Telle

est la question qui nous reste à étudier.

Les imbéciles, les semi-imbéciles, pour n'en dire

qu'un mot en passant, lorsqu'ils sont atteints de dé-

lire, sont soumis, eux aussi, à la loi d'évolution; en

les observant de près, scrupuleusement, nous l'avons

toujours constaté. Mais, chez eux, celte évolution de-

vient singulièrement rapide, et en même temps heur-

tée, décousue. Souvent, à n'importe quelle période,

surtout sous l'influence du traitement, il y a des arrêts,

des interruptions plus ou moins longues, des inter-

valles que parfois on pourrait presque appeler des

rémissions. D'autre part, chez eux, les diverses pé-

riodes (bien qu'on puisse le plus souvent les découvrir)

sont moins nettes, s'enchevêtrent réciproquement; on

trouve plus longtemps chez eux, sinon presque tou-

jours, cette coexistence des sentiments pénibles et des

sentiments expansifs, qui ne se retrouve chez les vésa-

1 V. le n" 1 G, p. 17.

DU DÉLIRE DANS LA VÉSANIE. 171 1

niques ordinaires que dans la phase de transition.

Enfin se produisent souvent des reculs : un imbécile

déjà en pleine période expansive peut, à certains mo-

ments, ressentir toute une poussée de sentiments pé-

nibles et présenter comme un flot passager d'idées de

persécution ou de démonomanie, par exemple ; ou

bien, en sens inverse, un imbécile qui n'en est encore

qu'à la période de dépression peut, au beau milieu de

ses idées pénibles, et avant même tout essai de systé-

matisation, présenter une bouffée de sentiments ambi-

tieux'. Quoi qu'il en soit, à toutes les périodes, les

conceptions délirantes des imbéciles auront un carac-

tère de confusion, d'incohérence, de puérilité; elles ne

peuvent que refléter l'état mental de ces êtres, si pro-

fondément déchus dès leur naissance.

Parmi les vésaniques, ceux qui auront été le plus

profondément pénétrés de l'influence héréditaire se

montreront, dans le développement de leur délire,

' essentiellement intermittents. Il ne faut point l'oublier,

le fond morbide, chez eux, subsistera toujours : ce

seront des anormaux, « des prédisposés ». Mais l'accès

délirant, chez eux, guérira plus facilement et pourra

guérir, alors même que nous nous trouverions en pleine

éclosion d'idées ambitieuses. Voyez, par exemple, le ma-

lade dont parle Morel ? voyez celui dont parle M. Ma-

nan 9, qui guérit d'un accès remontant à cinq ans,

et déjà parvenu à la période expansive. Nous-mème

1 : \Iagnan, - Leçons faites à l'asile Sainte-Anne, 1881. (Inédites.)

'More ! . Eludes cliniques, etc., t. I, p. 163 et sni"" 362 etsoiv.

3 Magnan. - Leçons sur le délire des persécutions, faites à l'asile Sainte-

Anne, p. 27. Paris, 1877.

172 3 PATHOLOGIE MENTALE.

avons pu en recueillir une observation assez nette où

un délire de persécution avec idées ambitieuses guérit

au bout de deux ans et demi.

Pour cette catégorie de vésaniques, il est donc im-

possible d'affirmer l'incurabilité de l'accès délirant,

* même arrivé à la période de systématisation. Ces faits

cliniques ont leur importance au point de vue de cer-

taines questions sociales. Notamment, en vue du di-

vorce, on a voulu fixer un nombre d'années au delà

duquel l'accès délirant sera devenu incurable. D'après

ce que. nous venons de voir, on ne saurait adopter ce

critérium, et ce n'est point là qu'il faut chercher la

solution du problème. « Tous ceux qui s'occupent sé-

rieusement de l'anatomie pathologique de la folie sont,

encore aujourd'hui, dans l'impuissance d'indiquer

quels désordres matériels répondent au délire présenté

par le malade. Et les exemples, bien que rares, cités

par les auteurs, de guérison de l'accès délirant après

cinq, dix, quinze ans et môme davantage, paraissent

protester contre l'hypothèse d'une lésion absolument

irrémédiable au bout d'un nombre fixe d'années 1. »

Parvenu enfin à la dernière période de sa vésauie,

ayant perdu tout espoir de retour à une vie sociale

ordinaire, que devient le malade ? Profondément affai-

bli au point de vue mental, il tombe dans la démence.

Mais cette démence, terme ultime de la vésanie, a

plusieurs faces.

Parfois, cette démence est simple. Au cours de

l'évolution délirante, et après les péripéties les plus

1 Magnan. -Leçons laites à l'asile Sainte-Anne, 1882. (Inédites.)

DU DÉLIRE L.IRa L.1 VÉSANIE. Ii J

diverses, peu à peu les troubles de la sensibilité ont

pu s'émousser et un à un disparaître chez le patient.

Les saillies délirantes, d'abord pénibles, puis ambi-

tieuses, ont pu, elles aussi, avec le temps, s'atténuer,

s'affaisser : et enfin, au bout de trente ans, de qua-

rante ans ou même plus, arrive le calme plat. Seule-

ment, avec l'activité délirante s'en est allée aussi l'acti-

vité mentale, qui était son substratum ; et nous n'avons

plus devant nous, fatigué de sa longue carrière, devenu

indifférent à tout, qu'un être où toute pensée, tout

désir sont presque éteints; complètement inoffcnsif,

incapable d'aucune initiative, il peut être rendu à sa

famille; dans son affaissement mental, il ne délire

plus. Quelques auteurs appellent cela guérison; est-ce

donc une guérison que de ne plus délirer, parce

qu'on n'a plus la force de combiner des pensées, parce

qu'on n'a plus de quoi délirer ?

Chez d'autres déments, bien qu'au sur et il mesure

de leur affaiblissement mental la scène délirante soit

devenue de plus en plus pauvre; bien que les troubles

de la sensibilité ayant il peu près cessé ne se trouvent

plus là pour aider à leur délire, persiste l'altération

du caractère et des sentiments. Devenu complètement

incohérent, le malade reste pourtant ou acariâtre ou

dominatcur; c'est le dernier vestige d'un ancien délire

ou pénible, ou expansif.

Chez certains déments, encore, persistent, de plus,

divers troubles de la sensibilité; ceux-ci seront alors

interprétés de façons diverses, selon qu'il restera plus

ou moins de traces de l'activité délirante, et nous

17 'l PATHOLOGIE MENTALE.

aurons ainsi diverses formes de démence. Ces di-

verses formes, d'ailleurs, ces variétés, ces subdivisions

de la démence n'ont par elles-mêmes, noologique-

ment, aucune existence propre : ce sont simplement

des apparences diverses d'un même fond, la démence'.

Pour nous, à travers ces tableaux variables, le seul

fait qui importe, le seul qu'on doive retenir, c'est

l'état de profonde déchéance mentale qui se retrouve

partout le même : la variété des formes dépend sim-

plement de conditions secondaires, qui diffèrent chez

tel ou tel malade. Par exemple, nous trouverons de

vieux hallucinés chroniques en démence, et chez qui

persisteront parfois des sentiments pénibles si, chez eux,

l'évolution vésanique s'est attardée à cette période. Mais

le plus souveut, chez ces vieux hallucinés, nous trou-

verons des sentiments de grandeur, d'expansion. L'être

mental, en effet, affaissé de longue date, a perdu chez

eux toute initiative, tout contrôle sur lui-même et sur

le dehors; les instincts, quelques sentiments élémen-

taires et de plus ou moins vieilles habitudes sont seuls

à survivre. Si, à ce moment, le malade se trouve de-

puis quelque temps déjà habitué à des sentiments de

grandeur, comme il ne peut plus apprécier ses rela-

tions avec le monde extérieur, comme chez lui la

conscience du milieu réel et de son contraste avec

l'être imaginaire n'existe plus, il arrive à végéter dans

le monde heureux de ses anciens rêves. Si alors on

recherche quelles peuvent être ses conceptions ambi-

tieuses, expansives, on n'en trouvera que d'enfantines

et mal cohérentes; et ce qui frappera dès l'abord, ce

sera simplement le sentiment de satisfaction, de béati-

tude dont paraîtra pénétré le dément. Nous avons là

DU DELIRE DANS LA VESAN1E. 1 ï : J

une classe de déments qui vient compléter le tableau

de Calmeil : ceux-ci ne songent plus à « l'injustice de

leurs sujets » ; du fond de la dégradation la plus abjecte,

tout repoussants de puanteur, sous les habits les plus

dégoûtants, souverains fainéants et heureux, ils vous

souriront bêtement et sans la moindre amertume.

Il est enfin un phénomène que nous avons remarqué

à maintes reprises chez d'anciens délirants chroniques,

de vieux vésaniques devenus déments à la suite de leur

période d'expansion, c'est la réapparition de préoc-

cupations hypochondriaques. Mais ces préoccupations

diffèrent de celles du début. A la fin de l'évolution

vésanique, en effet, l'état mental est tout autrement

affaibli que dans les premiers temps, et, par suite, les

conceptions délirantes de ces périodes extrêmes ne

pourront présenter le même ensemble, la même cohé-

sion relative que dans les débuts. Toutes les anciennes

saillies du délire se sont l'une après l'autre affaissées;

il ne subsiste plus avec quelques troubles de la sensi-

bilité qu'une hypochondrie incohérente. On ne saurait

donc assimiler ces deux formes hypochondriaques :

l'une, du début, est un vrai délire; l'autre, vers la fin

de l'évolution, n'est plus guère qu'un essai de délire.

Ce retour d'hypochondrie s'explique, sans doute,

d'abord par les sensations douloureuses plus ou moins

vagues qu'amène souvent avec elle la vieillesse, et

peut-être par la persistance de troubles dans la sensi-

bilité viscérale ou dans la sensibilité sensorielle, puis

par une diminution de l'activité délirante. Pour inter-

préter ces troubles de la sensibilité par quelque idée

ambitieuse ou de persécution, il faut, en effet, un effort

176 G l ? l'H 0 L 0 (j 1 MENTALE.

mental plus grand évidemment que pour une inter-

prétation hypochondriaque : celle-ci, quand il s'agit

d'une sensation plus ou moins pénible, est à peu près

la première et, en tout cas, la plus proche qui se pré-

sente à l'esprit. Tel est le mode d'explication qui

- nous paraît le plus vraisemblable; nous ne le présen-

tons que comme une hypothèse qui a besoin d'être

vérifiée par d'ultérieures observations.

Nous ne saurions, du reste, faire de cette hypochon-

drie confuse, survenant au sein d'un affaiblissement

mental avancé, l'apanage exclusif de la démence vé-

sanique; nous la retrouvons, en effet, cette hypochon-

drie, avec les mêmes caractères d'indécision, avec les

mêmes conceptions flottantes, mal déterminées, soit

dans la démence sénile simple, soit dans la démence

dite apoplectique, c'est-à-dire avec athéromes céré-

braux, soit enfin dans la démence qui termine parfois

ces vies aventureuses de certains héréditaires mal équi-

librés.

Cette hypochondrie ne fait guère après tout qu'exa-

gérer un état assez habituel chez les personnes âgées.

La plupart des vieillards, en effet, assistant à leur

propre déclin, voyant leur corps se dégrader, leurs

facultés mentales baisser peu à peu, n'en viennent-ils

pas, peu ou beaucoup, à se préoccuper de leur santé ?

Telles sont les diverses faces de la démence, celte fin

de toute vésanie : démence simple, clémence avec per-

version des sentiments affectifs, démence avec senti-

ments pénibles, démence avec béatitude, démence

hypochondriaque. Nous voici donc arrivés à la fin de

ce travail ; quelle est la loi générale qui s'en dégage ?

DU DELIRE DANS LA VESANIE. 1 ii /

Les divers types de vésauiques que nous avons suc-

cessivement analysés, dont nous avons essayé de re-

produire les traits caractéristiques, constituent, nous

semble-t-il, les étapes diverses d'une même évolution,

l'évolution du délire vésaniques.

Qu'on veuille bien prendre ces malades suivant la

méthode scientifique et les rapprocher, on sera immé-

diatement frappé des caractères communs qu'ils pré-

sentent sous leur diversité de surface, et l'on recon-

naîtra d'abord un même fond morbide, puis une même

marche pathologique. 11 suffit, en effet, de prêter

attention et de vouloir dégager la loi permanente de

la forme accidentelle; et, dès lors, quand se présentera

ce qu'on appelle une démonomanie, un délire des per-

sécutions, une toxicophobie ou toute autre ...phobie

qu'on voudra, il sera facile de reconnaître qu'il s'agit

tout simplement de la période dépressive, de la période

d'hyperalgésie mentale (perversion douloureuse du

sens émotif avec concentration pénible, autrement dit

de la première phase du délire vésanique. Qu'on parle

ensuite de mégalomanie, de théomanie, etc., il s'agira

d'une phase ultérieure du délire chronique au cours

de son évolution, à savoir la période d'expansion

apparaissant peu à peu et coïncidant d'ailleurs avec un

affaiblissement intellectuel plus ou moins profond.

Sous toutes ces variétés, la maladie primordiale , essen-

tielle, c'est la perversion du sens émotif, c'est l'altération

du ^sentiment, tantôt pénible, tantôt expansif, chez un

être mentalement débile; c'est elle, au sur et à mesure

que se développent les troubles de la sensibilité, au

1 Voyez Cerise et Morel, 1OC- cit.

Archives, t. VI. 1 : !

178 PATHOLOGIE MENTALE.

sur et à mesure qu'évolue la vésanie, c'est elle qu'on

retrouve toujours, inspirant, préparant toutes les idées

délirantes. Isoler chacune de ces périodes, les présen-

ter comme des individualités morbides qui auront cha-

cune leur histoire propre, nous paraît être un singu-

lier artifice pour démembrer la pathologie mentale et

compliquer l'étude de la vésanie.

Pour nous donc, il n'y a point de monomanes; il

n'y a que le vésanique, délirant chronique, aux di-

verses périodes de son évolution. La lypémanie suicide

ou homicide, la démonomanie, le délire des persécu-

tions, la manie ambulatoire ou insurrectionnelle, la

logo manie, la talpafolie, le métromonodélire, etc., ne

sont point des entités irréductibles; le fou mordeur,

ou éplucheur, ou mutilateur, ou aménomane, ou mé-

galomane, ou théomane1, etc., ne représente point

des espèces morbides distinctes. Toutes ces formes

délirantes n'ont aucune existence par elles-mêmes, de

quelque nom qu'on les habille; elles ne sont que les

aspects, les moments divers d'une évolution vésa-

nique, laquelle marche suivant sa loi caractéristique,

'outen se prêtant aux conditions accessoires du milieu,

et, par suite, à toute une série de variations possibles.

Qu'on nous permette une comparaison : ces formes

délirantes ne sont, pour ainsi dire, que les diverses

facettes d'un même cristal, brillant de couleurs diverses

selon la nature et l'incidence des rayons qui viennent

l'illuminer.

Sans doute, on remarquera des nuances, des combi-

naisons variables : les malades ne sont pas tous ap-

1 Voyez Guislain. - Op. et loc. citât.

DU DÉLIRE DANS LA VÉSANIE. 179

pelés à suivre du même pas l'évolution vésanique au

travers de toutes ses périodes classiques; ils peuvent

s'attarder à telle phase plus longtemps; parfois même,

comme nous l'avons vu, ils peuvent s'y perpétuer et y

atteindre le dernier terme, c'est-à-dire la démence,

sans avoir connu peut-être (bien que le fait doive être

plus rare) les phases ultérieures de l'évolution vésanique

ordinaire. Sans doute, en matière aussi délicate que la

matière morbide, il n'est point de type qu'on puisse

dire absolument immuable : tant d'éléments multiples

peuvent intervenir dans le problème, que la solution

peut s'en trouver, du moins en apparence, singulière-

ment modifiée ; tel ordre de phénomènes pourra être

si fugitif qu'il aura échappé à une observation rapide;

tel autre fera tellement relief qu'il masquera le reste

aux yeux d'un observateur qui s'en tient aux saillies

délirantes ; enfin, nous le répétons, l'évolution même

pourra être incomplète, et telle de ses dernières

périodes fera défaut. Mais il n'y a aucune raison pour

constituer, avec de tels malades, des espèces morbides

nouvelles. N'y a-t-il pas, dans toute maladie, des

variétés à évolution incomplète ? Citons, par exemple,

certaines maladies nerveuses, l'hystéro-épilepsie, la

maladie de Parkinson ou paralysie agitante, l'ataxie

locomotrice, etc..., dont nos savants maîtres ont si

clairement démontré l'individualité, et qu'ils ont si

nettement décrites; ces maladies ne se présentent-elles

pas parfois sous des aspects fort dissemblables, elles

qui pourtant se rapportent chacune à un type bien

défini ? Que deviendrait la nosologie, si de chaque

variation il fallait constituer une entité pathologique,

comme on a voulu faire en aliénation mentale ? Le

180 PATHOLOGIE NERVEUSE.

type supérieur est donc là, comme un index : il faut

le bien connaître, dans sa forme générale; et l'on

saura toujours alors le reconnaître derrière chaque cas

clinique particulier. Or, nous estimons qu'une

étude clinique attentive pourra distinguer toujours,

parmi ses variations secondaires, le type caractéristique

que nous avons voulu décrire; nous estimons que,

chez les vésaniques purs, délirants chroniques, on

pourra toujours reconnaître une progression du délire,

identique, lorsqu'elle s'effectue jusqu'au bout.

Telle est la loi nosologique que ce travail avait pour

objet d'étudier : l'évolution du délire dans la vésanie.

PATHOLOGIE NERVEUSE

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES

NON TRAUMATIQUES [Suite] ';

Par MM. A. PITRES, professeur il la Faculté de médecine de Bordeaux,

et L. VAILLARD, médecin-major de seconde classe.

Observation VII. Ataxie locomotrice. Arthropathie de

l'articulation métacarpo-phalangienne de l'index droit : maux

perforants plantaires, dystrophie des ongles des orteils.

Tuberculose pulmonaire. Altérations des divers nerfs péri-

phériques correspondant aux troubles trophiques 2.

Jean Cour ? âgé de quarante-cinq ans, garçon de salle, est

1 Archives de Neurologie, ! f 14, p. 191, et il- 15, p. 290.

Observation clinique résumée d'après les notes recueillies par

M. Prioleau, interne du service.

DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 181

entré à l'hôpital Saint-André de Bordeaux (service de M. Pitres)

le 25 novembre 1882.

Danssajeuncsse, Cour...aeuplusieursfois des glandes autour

du cou. A l'âge de dix-neufans, il a eu une blennorrhagie et des

chancres mous. Un peu plus tard, il a été atteint de rhumatisme

articulaire aigu. A vingt-huit ans, il a eu encore des chancres

qui n'ont été suivis d'aucun accident secondaire. A trente-sept

ans, il vit apparaître sur la face plantaire du pied droit, au

niveau de l'articulation métatarso-phalangienne, un mal perfo-

rant qui persista pendant quatre ans et nécessita, en 1879, l'am-

putation du gros orteil droit. Ce mal perforant n'avait été pré-

cédé d'aucune douleur appréciable. Mais, après son apparition,

le malade commença à ressentir des douleurs fulgurantes, qui

revenaient par accès une ou deux fois par mois et siégeaient sur-

toutdans les deux membresinférieurs. Auxdouleurs fulgurantes

à type lancinant, se joignirent bientôt des crises de vomisse-

ments incoercibles. Puis, en 1881, le malade éprouva des four-

millements douloureux, continus et très pénibles dansles doigts.

Un jour, il s'aperçut que l'index droit était rouge ettuméfié, et

quelque temps après, quand la tuméfaction se fut dissipée, il

remarqua que l'articulation métacarpo-phalangienne de ce

doigt était difforme et beaucoup plus mobile queprécédemment.

Vers la fin de la même année, un second mal perforant, tout à

fait semblable à celui qui s'était développé antérieurement à la

face plantairo du gros orteil droit, apparut dans le point symé-

trique du côté opposé ; mais il guérit après deux mois de repos et

de pansements réguliers àl'iodoforme. A partir de cette époque

Cour.. commença à éprouver quelques troubles du mouvement.

La sensation de résistance du sol devint obtuse, et la marche

devint hésitante et incertaine, surtout dans l'obscurité. En

môme temps, se montrèrent les signes d'une évolution tuber-

culeuse du poumon : toux, expectoration abondante, amai-

grissement, perte graduelle et rapide des forces, sueurs noc-

turnes, etc.

Lorsque le malade entre à l'hôpital (25 novembre 1882), il

présente les symptômes les plus évidents d'une phthisie pul-

monaire très avancée et devant amener bientôt la mort. 1

Il présente en outre une série de troubles nerveux qui font

diagnostiquer chez lui une ataxie locomotrice progressive. Ces

troubles sont les suivants :

Le malade ne ressent plus, depuis quelques mois, de douleurs

182 PATHOLOGIE NERVEUSE.

fulgurantes à type lancinant; mais il éprouve très souvent

des douleurs constrictives semblables à celles que pro-

duirait le pincement brusque de la peau avec une tenaillle.

Ces douleurs surviennent par crises, et siègent surtout aux

genoux, aux mollets et aux pieds. Il existe en outre une

sensation pénible et continue de fonrmillement douloureux au

niveau des doigts. --

La sensibilité cutanée au contact, à la douleur et à la tem-

pérature est conservée normale, sauf dans les points qui seront

indiqués plus loin. La vue est normale, mais il y a de temps en

temps delà diplopie transitoire. ·

Le réflexe rotulien est totalement aboli des deux côtés.

La marche est un peu hésitante, surtout lorsque les yeux

sont fermés. Le malade sent la résistance du sol du pied droit,

mais il lui semble souvent que le pied gauche repose sur une

couche d'ouate. Le sens musculaire est assez bien conservé :

les jambes ne sont pas perdues dans le lit.

L'articulation métacarpo-phalangienne de l'index droit est

déformée. Les tètes osseuses qui la constituent sont plus volu-

mineuses qu'à l'état normal. Il est facile de luxer la phalange

sur le métacarpien et tout aussi facile de réduire la luxation. Ces

mouvements ne provoquent aucune douleur : ils s'accompa-

gnent de quelques craquements articulaires. La peau qui re-

couvre l'articulation malade n'est ni rouge, ni épaissie. Elle

est le siège de douleurs spontanées, continues, qui s'étendent

à tous les doigts, et ont le caractère de fourmillements doulou-

reux. Sur la face dorsale de la main, la peau qui recouvre

l'articulation malade présente un léger degré d'anesthésie : les

piqûres légères y sont perçues comme simples contacts, et les

piqûres profondes ne provoquent pas de sensation douloureuse.

La masse musculaire de l'éminence thénar est un peu plus

grêle du côté droit que du côté gauche, sans qu'on puisse dire

qu'elle soit véritablement atrophiée.

Les maux perforants ont laissé des traces persistantes. A

droite, l'amputation du gros orteil a laissé une cicatrice linéaire;

à gauche, on aperçoit à la face inféro-interne de la première

articulation métatarso-phalangienne une cicatrice blanche,

froncée, peu épaisse qui occupe la place du mal perforant guéri

en 1881.

L'ongle du gros orteil gauche est dystrophié : il est épaissi,

sa face supérieure est striée en travers par plusieurs sillons

DES NÉVRITES PERIPHERIQUES NON TRAUMATIQUES. 183

transversaux profonds ; son bord libre mesurant huit milli-

mètres d'épaisseur est irrégulier, dentelé ; sa substance s'émiette

et se détache par petits fragments. Cet ongle du gros orteil

gauche s'est détaché, un jour de l'hiver de 1881, pendant que

le malade avait son mal perforant. Il est tombé spontanément

sans qu'aucune violence extérieure puisse expliquer sa chute,

laissant à nu tout le lit unguéal. L'ongle du petit orteil gauche

est difforme; il est constitué par un petit bourgeon corné, de

forme conique, très épais, et si peu adhérent aux parties sous-

jacentes que le malade l'a enlevé un matin à la visite sans effort

et sans douleur. Les autres ongles sont il peu près normaux ;

ils présentent seulement quelques stries transversales peu pro-

fondes.

La sensibilité présente quelques troubles au niveau des pieds.

Les piqûres sont faiblement perçues sur la face dorsale des

deux pieds. Quelquefois, elles ne produisent qu'une sensation

légère au moment où elles sont pratiquées, et deux ou trois

heures après, le malade ressent aux places où elles ont été faites

une véritable douleur qui persiste longtemps. Il y a de l'anes-

thésie véritable et à peu près complète : 1° au niveau et au

pourtour de la cicatrice de l'ancien mal perforant du côté gauche

dans un rayon de deux à trois centimètres; 3° au niveau de la

face dorsale des phalangettes des premier et cinquième orteils

gauches; 3° sur toute la pulpe du gros orteil gauche; 4° au

pourlour de la matrice unguéale du troisième orteil droit.

Mort le 17 janvier 1883.

AuTorsiE. Dure-mère rachidienne saine. Arachnoïdite de

la face postérieure de la moelle dans les deux tiers inférieurs

de la région dorsale. Atrophie des racines postérieures au

môme niveau.

Teinte grise translucide de toute l'aire des cordons postérieurs.

très appréciable sur les coupes de la région dorsale de la moelle;

teinte grise limitée aux cordons de Goll dans la région cervicale;

bulbe, protubérance et encéphale sains.

Poumons infiltrés de nombreuses granulations tuberculeuses

jaunes disposées en grappes péribronchiques. Plusieurs ca-

vernes du volume d'une noix et d'une noisette dans les lobes

supérieurs des deux poumons.

Rien de particulier dans le foie et la rate. Coeur normal.

De nombreux fragments de nerfs des pieds, des mains et des

membres, et quelques racines rachidiennes ont été recueillis au

181 PATHOLOGIE NERVEUSE.

moment de l'autopsie et préparés pour l'examen histologique,

d'après les procédés précédemment indiqués. A l'examen

macroscopique tous les nerfs périphériques paraissent sains

Les racines postérieures de la région dorsale seules sont mani-

festement altérées : elles sont grisâtres, translucides et beau-

coup plus grêles qu'à l'état normal.

^ Examen HISTOLOGIQUE, - Nerfs du membre supél'iell1' dl'oit ,-

Le médian et le radial au niveau de l'extrémité inférieure du

bras sont sains. Des fragments de ces nerfs dissociés après

l'action de l'acide osmique ne présentent aucune altération

notable : les fibres nerveuses, le tissu conjonctif interstitiel, les

vaisseaux paraissent tout à fait normaux. Sur des coupes trans-

versales préparées après durcissement dans la solution de

bichromate de potasse dans la gomme et l'alcool, on ne dis-

tingue aucun faisceau atrophié. Les fibres sectionnées perpen-

diculairement à leur axe ont partout leur aspect normal; elles

ont toutes conservé leur cylindre axe et leur gaine de myéline.

La branche dorsale du radial à la partie inférieure de

l'avant-bras. est profondément altérée. Sur les préparations

obtenues par dissociation, après immersion dans l'acide

osmique à 1 pour 150, on distingue un grand nombre de libres

nerveuses atrophiées etprésentant les apparences décrites dans

le type 5. A côté de ces fibres très nombreuses, on aperçoit un

certain nombre de fibres saines, avec des gaines de myé-

line fortement colorées en noir par l'osmium, interrompues

à des intervalles égaux par des étranglements d'apparence

normale, possédant dans chaque segment interannulaire un

noyau no -- hypertrophié et traversées par des incisures sembla-

bles à celles des fibres nerveuses les plus saines. Entreles fibres

complètement atrophiées et les libres tout à fait saines, on no

trouve pour ainsi dire pas d'intermédiaires. C'est à peine, si

de loin à loin on rencontre une fibre altérée selon le type : 3.

On n'en rencontre pas une seule avec les apparences de la

fragmentation en bloc (type 1) ou en boules (type 2), on n'en

trouve aucune atteinte d'atrophie avec granulations ambrées

(type 4).

Des altérations identiques dans leur nature se rencontrent t

dans tous les nerfs de la main sur lesquels a porté l'exa-

men. Les seules différences que nous ayons pu reconnaître

dans ces différents nerfs, portent sur la proportion rela-

tive des fibres saines et des fibres atrophiées. Les branches

DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TR.1UI17·II;UES. 185

terminales des collatéraux interne et externe dorsal et pal-

maire de l'index, renferment une assez grande proportion de

fibres saines, à côté de faisceaux de fibres tout à fait atrophiées

(type 5). Les branches palmaires qui donnent naissance aux

collatéraux palmaires de l'index renferment proportionnelle-

ment moins de fibres saines que les branches terminales des

mêmes nerfs. La grande majorité des fibres est atrophiée.

Quelques-unes présentent encore des varicosités remplies de

protoplasma et de gouttelettes de volume variable de substance

graisseuse colorée en brun-foncé par l'osmium. On y trouve

en outre un nombre assez grand de fibres grêles à contours

gris-cendré, formées par la juxtaposition bout à bout de

segments relativement très courts, et paraissant être des fibres

régénérées.

Le nerf collatéral interne palmaire du pouce et le collatéral

externe palmaire de l'anl1ulali'e sont beaucoup moins malades

que les nerfs de l'index, mais on y découvre cependant quelques

fibres atrophiées et quelques fibres variqueuses; toutefois le

nombre des fibres altérées est moins considérable que celui des

fibres saines. En résumé, altération profonde de tous les nerfs

collatéraux de l'index et de la branche dorsale du nerf radial

à la partie inférieure de l'avant-bras. Altération légère des

nerfs collatéraux du pouce et de l'annulaire. Intégrité des

troncs du nerf radial et du nerf médian.

Nerfs du membre inférieur droit. Le plantaire interne

(fragment pris au voisinage de la cicatrice de l'amputation du

gros orteil) est extrêmement difficile à dissocier. Il faut

dépenser beaucoup de peine pour séparer les uns des autres

les faisceaux nerveux et pour les détacher du tissu conjonctif

qui les enveloppe. Une fois isolés et convenablement dissociés,

il est facile de reconnaître que ces faisceaux sont presque

uniquement composés par des fibres totalement atrophiées

(type 5). Les fibres ayant conservé leur gaine myélinique et

leur aspect normal sont extrêmementrares ; il en existe cepen-

dant quelques-unes. On voit aussi de loin en loin des fibres

fragmentées en boules (type 2), ou variqueuses avec goutte-

lettes graisseuses (type 3). Aucune ne renferme de granula-

tions ambrées (type 4). En revanche, à côté des fibres com-

plètement atrophiées, il n'est pas rare de rencontrer une ou

plusieurs des fibres grêles à segments courts, que nous

considérons comme des fibres régénérées.

186 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Dans le tibial postérieur (fragment pris au milieu de la

jambe) la grande majorité des fibres sont normales. Mais on

trouve de loin en loin quelques faisceaux de fibres atrophiées

(type 5) ou des petits groupes constitués par quatre ou cinq

fibres fragmentées variqueuses (type 3).

Les nerfs collatéraux du deuxième orteil sont altérés de la

-même façon que le nerf plantaire interne, mais à un moindre

degré en ce sens que le nombre des fibres saines y est propor-

tionnellement plus considérable.

Les nerfs sciait que et crural n'ont pas été étudiés.

Nerfs du membre inférieur gauche. Les nerfs collatéraux

internes et externes du gros orteil, le nerf plantaire interne

présentent les mêmes altérations que le nerf plantaire interne

du côté droit, la plupart des fibres sont atrophiées avec aspect

conjonctif (type 5). Dans le tibial postérieur, au contraire, la

plupart des fibres sont saines, on y rencontre à peine de loin

en loin quelques fibres atrophiées (type 5), ou fragmentées en

boule (type 2), mais les fibres malades sont en infime minorité.

Les nerfs de la cuisse n'ont pas été étudiés.

Racines rachidiennes. - L'examen a porté sur deux paires de

racines provenant de la région dorsale supérieure et sur deux

paires provenant du renflement lombaire.

Les racines antérieures dorsales sont saines. Les racines

postérieures, très diminuées de volume à l'oeil nu, sont presque

exclusivement composées de fibres nerveuses totalement

atrophiées ne présentant plus traces de myéline (type 5); c'est

à peine si, dans chaque préparation, on peut trouver de loin en

loin une ou deux fibres contenant de la myéline et encore

celle-ci est fragmentée en blocs irréguliers. Le reste est

uniquement composé de gaines vides, réunies en faisceaux

serrés, légèrement ondulés, de couleur sépia. Les noyaux,

assez nombreux, sont peu colorés.

Les racines antérieures lombaires sont tout à fait normales.

Les racines postérieures sont loin d'être aussi altérées que leurs

congénères de la région dorsale. La plupart de leurs fibres sont

revêtues de myéline; mais cette myéline est irrégulière, bossuée,

fragmentée en gros blocs. Les noyaux des segments sont en

général volumineux. Çà et là, on trouve un certain nombre

de gaines vides isolées ou réunies en minces faisceaux, pàles

et renfermant des noyaux nombreux assez fortement colorés

par le carmin.

DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 187

Réflexions. L'observation que nous venons de

rapporter nous paraît extrêmement- instructive. Elle

nous montre plusieurs troubles trophiques (maux

perforants plantaires, dystrophie des ongles des orteils,

arthropathie de l'articulation méfacarpo-phalangienne

de l'index) se développant dans le cours d'une ataxie

locomotrice progressive, et l'autopsie permet de recon-

naître des altérations profondes des nerfs se distribuant

à toutes les parties sur lesquelles siégeaient ces troubles

trophiques.

Tiiste-t-il entre ces deux phénomènes, c'est-à-dire

entre les névrites d'une part et les troubles trophiques

d'autre part, un rapport de cause à effet ? Cela est

vraisemblable; mais les observations dont nous dispo-

sons ne sont pas encore assez nombreuses pour qu'on

puisse affirmer d'une façon générale la constance de ce

rapport.

Dans tous les cas, s'il est probable que les troubles

trophiques sont sous la dépendance directe d'altérations

des nerfs correspondants, il est certain que toutes les

névrites périphériques ne donnent pas nécessairement

lieu à des altérations appréciables de la nutrition de la

peau, des ongles, ou des tissus sous-jacents.

Dans l'observation qui précède, nous voyons, en

effet, que des altérations évidentes des nerfs collatéraux

du pouce et de l'annulaire droits n'ont donné lieu a

aucun trouble trophique de la peau, ni des tissus pro-

fonds des doigts correspondants. Il semble, en d'autres

termes, que tous les troubles trophiques soient provo-

qués par des altérations primitives des nerfs, mais que

toutes les altérations des nerfs ne provoquent pas néces-

sairement des troubles trophiques.

188 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Notons incidemment que, dans l'observation que nous

éludions, les névrites révélées par l'examen histologique

des nerfs siégeaient exclusivement sur les branches

périphériques terminales de certains nerfs, et que les

altérations inflammatoires ou dégénératives des fibres

nerveuses, ne se propageaient pas uniformément de la

périphérie jusqu'à la moelle ou inversement de la

moelle jusqu'à la périphérie. La moelle était sclérosée

dans certains points : les racines postérieures corres-

pondantes étaient dégénérées, ainsi que les extrémités

terminales de certains nerfs périphériques, tandis que

les troncs nerveux intermédiaires et les racines anté-

rieures étaient normaux. Nous retrouverons la même

distribution dans les observations suivantes qui se

rapportent aussi à des cas d'altérations primitives de la

moelle, suivies, à un moment donné de leur évolution,

de névrites périphériques et de troubles trophiques

cutanés.

Observation VIII. - Mal de Polt. - Abcès par congestion;

déviation de la colonne vertébrale sans symptômes de compres-

sion médullaire. En avril 1882, myélite aiguë, eschares

multiples ci développement rapide. Altération des nerfs

périphériques et des racines postérieures correspondantes ".

Olivier Marcel, âgé de dix-neuf ans, vernisseur de. meubles,

est entré à l'hôpital Saint-André, salle XVI, lit t (service de

M. Pitres), le 28 avril 1882. Jusqu'en 1871, c'est-à-dire jus-

qu'à l'âge de neuf ans, il a joui d'une bonne santé. Pas de ra-

chitisme, pas d'antécédents scrofuleux. En 1871, il tomba au

fond d'une sablière de dix mètres de profondeur. La commo-

tion fut violente, mais il ne perdit pas connaissance et put

rentrer seul chez lui. Quelques mois après cette chute, il com-

mença à ressentir des douleurs qui, partant de la région lom-

baire de la colonne vertébrale, s'irradiaient en ceinture dans

Observation cliniqlle recueillie par M Dutit, externe du service.

DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON '11t.1UL1'lltl : w. {M !

la direction de l'ombilic et provoquaient une sensation de

constriction très énergique sur la partie moyenne de l'abdo-

men. Tourmenté par ces douleurs, il perdit l'appétit, et l'em-

bonpoint diminua. En 1873, un premier abcès par congestion

s'ouvrit sur le côté droit de la colonne vertébrale, à la hauteur

de la deuxième vertèbre lombaire : il suppura longtemps et

obligea le malade à rester au lit. Cet abcès était à peine tari

qu'un second se formait sur le côté gauche de la colonne verté-

brale, à la hauteur du précédent. C'est pendant le séjour pro-

longé au lit, auquel l'obligèrent ses douleurs et ses abcès, que

le malade devint bossu. Peu à peu, la région dorsale de la co-

lonne vertébrale s'incurva de façon à former un angle obtus

ouvert en avant. Tous ces accidents cessèrent cependant : les

abcès se tarirent, les douleurs s'apaisèrent, et, depuis cette

époque jusqu'au mois d'avril 1882, Olivier put reprendre ses

occupations, travailler à son atelier, et môme acquérir, malgré

la déviation très marquée de la colonne vertébrale, une certaine

habileté dans l'exercice de son métier.

Le 5 avril 188 ? , il éprouva des fourmillements dans les

membres inférieurs, surtout il droite. La marche était gênée,

difficile, et la jambe droite pliait souvent sous le poids du

corps; cependant Olivier pouvait encore aller à son travail.

Mais le 23 avril, en voulant descendre de son lit, il tomba

lourdement à terre, et, depuis ce jour, il lui fut impossible de

se tenir debout. Le 27 avril, rétention d'urine. Il entre à l'hô-

pital le 28.

Etat actuel, le 29 avril 1882. -- Le malade est chétif, amai-

gri, pâle. Il est toujours couché dans le décubitus latéral droit

ou gauche, sa gibbosité l'empêchant absolument de rester dans

le décubitus dorsal. Quelquefois il se fait asseoir sur le bord de

son lit pour se délasser. Pas de fièvre. - La colonne verté-

brale présente une courbure considérable et régulière formant

un angle arrondi, ouvert directement en avant et s'étendant de

la quatrième vertèbre dorsale à la deuxième vertèbre lombaire.

De chaque côté de la partie inférieure de cette courbure

existent les cicatrices des anciens abcès par congestion. La

pression sur la ligne des apophyses épineuses est douloureuse

seulement au niveau des trois premières vertèbres lombaires.

Le thorax est déformé, saillant en avant; le jeu du dia-

phragme parait cependant régulier, il n'y a pas de gêne respi-

ratoire.

190 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Le malade se plaint d'une douleur contusive, profonde, qui

part de la région lombaire, s'étend vers l'abdomen en longeant

les deux crêtes iliaques et s'arrète toujours à douze ou quinze

centimètres de la ligne blanche. Cette douleur, qui diffère

beaucoup des douleurs constrictives en ceinture autrefois

éprouvées par le malade, est continue, mais elle s'exaspère

considérablement le soir et la nuit. Elle ne s'étend jamais à la

verge. Sur les régions cutanées qu'elle occupe, la peau a ses

caractères normaux; elle conserve sa sensibilité à la piqûre,

au contact et à la température. Il existe cependant une plaque

anesthésique de la largeur de la paume de la main sur la

ligne médiane, à la hauteur de la troisième vertèbre lombaire.

Les membres supérieurs ne présentent rien d'anormal. Les

membres inférieurs sont paralysés. Quand on les soulève, ils

retombent inertes et flaccides sur le plan du lit. Les mouve-

ments volontaires sont impossibles; les réflexes tendineux ro-

tuliens sont abolis et les réflexes au chatouillement de la

plante des pieds sont très faibles. .

Le malade éprouve depuis quelques jours une sensation per-

manente de froid dans les deux pieds. Cette sensation est

purement subjective, la température de ces parties n'est pas

abaissée. La sensibilité des membres inférieurs est abolie au

niveau de la face antérieure des genoux et des cuisses et de la

face interne des jambes; dans le reste de leur étendue, elle est

intacte.

Rétention complète d'urine; la miction n'a lieu que par le

cathétérisme. Les urines sont un peu hématiques, d'une odeur

fortement ammoniacale, louches, troubles, et renferment une

proportion notable de mucus et de pus. Constipation opi-

niàtre ; depuis dix jours, il n'y a pas eu de garde-robes. Pas

d'esclrares.

En somme, mal de Pot(ancien ayant donné lieu à une dé-

viation très notable* de la colonne vertébrale sans accidents de

compression médullaire : Dans les derniers jours, symptômes

de myélite aiguë ; paraplégie avec plaques d'anesthésie cuta-

née ; rétention complète d'urines.

Pendant le courant du mois de mai, l'état d'Olivier ne s'est

pas sensiblement modifié. Cependant, dans les derniers jours

de ce mois, les membres paralysés deviennent complètement

anesthésiques jusqu'au dessus du pubis en avant et de la crête

iliaque en arrière. Malgré cette anesthésie, le malade éprouve

DES NEVRITES PERIPHERIQUES NON TRAUMATIQUES. 191 1

des picotements dans les mollets et des sensations de brûlure

qui l'exaspèrent à certains moments et deviennent très pé-

nibles. Vers cette même époque, une eschare se forme sur la

partie moyenne de la fesse droite, et presque en même temps

une deuxième eschare apparait sur la fesse gauche. Le sacrum

présente à peine un peu de rougeur.

Le 13 juin, l'état général est très mauvais ; amaigrissement

considérable, perte de l'appétit, frissons, sueurs. Le malade se

plaint beaucoup d'élancements douloureux dans les deux

jambes et quand on lui demande d'indiquer avec le doigt la

direction que suivent ces élancements, il indique exactement

le trajet du nerf sciatique. Les eschares fessières mesurent

chacune environ six centimètres carrés.

Le 16 juin, une troisième eschare est apparue au niveau de

la région trochantérienne droite. Dans le point correspondant

du côté gauche, il n'existe qu'un peu de rougeur. Les hords et

le fond des eschares fessière et trochantérienne sont insen-

sibles à la pression et à la piqûre, comme tout le reste des

membres inférieurs.

Le lendemain, une quatrième eschare apparaît au niveau de

la région trochantérienne gauche.

Le 19 juin, les eschares fessière et trochantérienne ont

pris un développement énorme. Dans leur fond noirâtre et pu-

trilagineux on aperçoit les muscles dénudés et des lambeaux

flottants de tissu fibreux sphacélé.

Le 21 juin, le malade est mourant. Les eschares sont distri-

buées de la façon suivante : au niveau de la base du coccyx

existe une petite ulcération arrondie de trois centimètres de

longueur sur deux centimètres de largeur. Au niveau du grand

trochanter du côté droit se trouve une énorme eschare de treize

centimètres de diamètre, profonde, à bords décollés. Sur la

fesse du même côté, on voit une deuxième eschare de sept cen-

timètres de diamètre environ. Sur la malféole externe droite,

on remarque une phlyctène reposant sur une surface violacée,

comme ecchymotique, de la largeur d'une pièce de 5 francs en

argent.

Du côté gauche, les eschares fessière et trochantérienne se

sont réunies et forment une vaste plaie au fond de laquelle

apparaît l'articulation coxo-fémorale; les muscles sont détruits

et le grand trochanter est à nu. Sur la malléole interne et sur

la malléole externe on trouve deux petites ecchymoses viola-

192 PATHOLOGIE NERVEUSE.

cées de quatre à cinq centimètres de diamètre, sur lesquelles

l'épiderme est soulevé par une nappe de liquide séro-sanguino-

lent. Ce sont évidemment deux eschares au début.

Mort le lendemain 22 juin.

Autopsie. -Les organes thoraciques et abdominaux ne pré-

sentent pas d'altérations dignes d'être notées. Le cerveau est

rouge et, sur sa-surface; on aperçoit quelques plaques hortensia

disséminées sur les circonvolutions frontales et sphénoidalcs.

Après avoir ouvert le canal rachidien, on voit que la dure-

mère est saine dans toute son étendue, sauf au niveau de la

partie la plus saillante de la bosse; là elle est en rapport par

sa face externe et dans une étendue de sept à huit centimètres

avec un amas allongé, de deux centimètres d'épaisseur, d'une

matière rougeâtre, molle, se fragmentant facilement et ren-

fermant au milieu d'une substance gélatiniforme de petits

amas caséeux dont quelques-uns ramollis ressemblent à de

petits abcès (pachyméningite externe caséeuse). Ce tissu adhère

fortement à la face externe de la dure-mère rachidienno : il

n'a contracté au contraire aucune adhérence avec les os.

La moelle étant enlevée et la dure-mère incisée dans toute

sa longueur, on constate que la pie-mère est saine; même au

niveau de la plaque de pachyméningite, elle ne présente ni

rougeur, ni fausses membranes, ni adhérences. La moelle

elle-même a sa consistance normale dans les régions cervicale

et lombaire ainsi que dans la moitié supérieure de la région

dorsale. La moitié inférieure de la région dorsale, au contraire,

est molle, diffluente, d'un blanc éclatant. Sur les coupes

fraîches, on remarque, dans les parties supérieures de la moelle,

une sclérose très apparente des cordons de Goll. Sur les sec-

tions pratiquées dans le renflement lombaire, 4es cornes grises

sont peu distinctes de la substance blanche, et il est évident, à

l'oeil nu, qu'à ce niveau la structure de la moelle est profon-

dément altérée.

Nous avons recueilli, pour en faire l'examen histologique,

des filets cutanés sur les limites des eschares fessières, tro-

chantériennes et sacrées, des fragments des nerfs fessiers et de

divers troncs nerveux des membres inférieurs, enfin plusieurs

ganglions lombaires et sacrés avec les racines correspondantes.

Aucun de ces organes ne paraissait altéré; ils n'étaient ni

rouges, ni tuméfiés, ni ramollis; rien ne permettait à l'oeil nu

de les distinguer de nerfs et de ganglions tout à fait normaux.

DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON l'RAUIATIQUES. 193

Examen IIISTOLOGIQUE. 1° Nerfs cutanés correspondant

aux eschares fessières, trochantél'/ennes et sacrées. Toutes les

préparations provenant des faisceaux nerveux recueillis dans

la peau, au voisinage des eschares précitées, révèlent des alté-

rations profondes des libres nerveuses. Toutes les fibres qui

composent ces faisceaux sont atrophiées, réduites à l'état de

gaines vides et présentent l'aspect de fibres conjonctives

(type 5).

La peau de la fesse étant innervée principalement par le ra-

meau fessier du nerf fémoro-cutané, branche collatérale du

plexus lombaire, nous avons examiné les racines rachidiennes

attenantes aux troisième et quatrième ganglions lombaires

droits et gauches. Les fibres des racines antérieures sont toutes

absolument saines. Dans les racines postérieures correspon-

dantes, on trouve un bon nombre de fibres avec des fragmenta-

tions en blocs de la myéline (type 1). Mais les tubes normaux

sont en majorité. Les ganglions eux-mêmes n'ont pas été exa-

minés.

2° Nerfs fessiers supérieurs droit et gauche. Toutes les

fibres de ces nerfs sont fragmentées en boules (type 2).

3° Branches du î)zzisetilo-rulaî2é et du saphène péronier au

voisinage des phlyctènes malléolaires du côté gauche. Toutes

les fibres provenant de ces nerfs sont altérées, toutes sont t

atrophiées, à un degré plus ou moins avancé. Les plus nom-

breuses ne sont représentées que par des gaines vides colorées

en jaune (type 5), les autres contiennent encore quelques

granulations ambrées. A ces deux formes dominantes de

l'altération vient s'ajouter, sur quelques tubes, la fragmentation

de la myéline en fines granulations avec état variqueux

(type 3).

4° Tronc du sciatique poplité externe gauche. Toutes les

fibres sont encore lésées sans exception, mais moins profon-

dément que les précédentes. L'altération principale y est

figurée par les types 2 et 3 qui paraissent exister en égale

proportion et à côté desquels on rencontre aussi le type 1 et

quelquefois le type 4.

5° Tronc du sciatique gauche. -Dans les nombreuses prépa-

rations examinées, les tubes nerveux étaient sains et les coupes

transversales du nerf faites pour vérification, après durcisse-

ment par le bichromate de potasse, n'ont décelé aucune alté-

ration appréciable. -

Archives, t. VI. 13

19 le PATHOLOGIE NERVEUSE.

6° Ganglions lombaires et sacrés, correspondant au plexus

sacré gauche. - L'action insuffisante de l'acide osmique n'a

pas permis une étude rigoureuse de l'état des fibres nerveuses

dans ces ganglions. Les coupes, pratiquées sur ceux de ces

organes qui avaient été traités par le bichromate de potasse,

n'ont montré aucune modification notable des cellules.

7° Racines correspondant à ces ganglions. Les racines

antérieures sont absolument saines. Dans les racines posté-

rieures les fibres de structure normale sont en majorité;

quelques-unes cependant paraissent être en voie d'altéralion

manifeste et présentent leur myéline fragmentée en blocs

irréguliers (type 1).

8° Nerfs du membre inférieur droits Les nerfs homologues

du côté droit offrent des lésions analogues à celles du côté

gauche, mais moins avancées dans leur évolution et surtout

moins généralisées à toutes les fibres. Aussi trouve-t-on dans

le musculo-cutané et le saphène péronier, un certain nombre

de tubes sains et une minime quantité de gaines vides il

côté de fibres où l'altération dominante est figurée par les

types 1, et 3. De même, le tronc du sciatique poplité

externe n'est que faiblement et partiellement atteint ; le

sciatique a paru intact aussi bien sur les préparations à l'acide

osmique que sur les coupes après action du bichromate.

9" Ganglions lombaires et sacrés, correspondant au plexus

sacré droit. mêmes observations que pour les congénères du

côté gauche.

101 - Racines correspondante ces ganglions. - Les fibres

des racines sont en très grande majorité normales; quelques-

unes seulement présentent la fragmentation en blocs (type 1).

Dans les racines postérieures beaucoup de fibres sont saines,

quelques-unes montrent également la fragmentation en blocs.

1 I° Nerfs de la queue de cheval. - Plusieurs de ces nerfs

ont été examinés ; sur toutes leurs fibres la myéline est

encore fragmentée en blocs.

13° Les racines antérieures et postérieures de la région cer-

vicale, étudiées par comparaison avec les précédentes, ont

paru absolument normales.

RÉFLEXIONS.Malgré son apparente complexité l'ob-

servation qu'on vient de lire comporte certains ensei-

gnements. Elle se résume en somme en ceci : dans le

DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES : -0" TR.VUMATIQUES. ! ! Ij

cours d'une myélite par compression, on voit se déve-

lopper des troubles trophiques cutanés consistant en

eschares sacrées, fessières et trochantériennes, et en

phlyctènes, reposant sur une surface violacée, au niveau

de la malléole externe droite et des deux malléoles du

côté gauche; ces lésions cutanées correspondent à des

altérations considérables et relativement très étendues

des nerfs périphériques. Les nerfs de la peau au voisi-

nage des eschares de la fesse sont atrophiés et presque

complètement détruits. Les filets nerveux recueillis au

voisinage des phlyctènes malléolaires sont gravement

altérés.

Mais ce qu'il y a de particulièrement intéressant dans

l'état des nerfs périphériques, c'est que l'altération

remonte, en s'atténuant, le long des troncs nerveux.

Dans les nerfs des membres qui sont plus favorablement

disposés pour cette étude, on voit que les rameaux cuta-

nés du musculo-cutané et du saphène péronier sont

profondément altérés, que les sciatiques poplités ex-

ternes sont moins gravement atteints et que les fibres

du tronc des sciatiques sont tout à fait normales; de

telle sorte que les névrites qui coexistent avec les alté-

rations trophiques de la peau paraissent se développer

de la périphérie vers les centres, ou du moins qu'il

n'y a pas de continuité apparente des altérations

nerveuses depuis les centres jusqu'aux extrémités péri-

phériques.

Nous avons pensé tout d'abord que les résultats de

nos examens tenaient à ce que les fibres périphériques

altérées étaient pour ainsi dire perdues au milieu des

fibres saines dans les gros troncs nerveux des membres.

Mais nous avons dû renoncer à cette interprétation.

196 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Nous nous sommes astreints, en effet, à examiner un à

un tous les faisceaux du sciatique et du crural. Nous

avons pour cela dissocié (un peu grossièrement, il est

vrai, car une dissociation délicate aurait exigé plusieurs

semaines de travail assidu) chacun des faisceaux cons-

tituant le tronc du sciatique et le tronc du crural, sans

en excepter un seul, et, dans ces examens multipliés,

nous n'avons trouvé aucun faisceau altéré.

Ce n'est pas là évidemment une démonstration

absolue, car, dans ces examens rapides et nécessaire-

ment incomplets, quelques fibres, malades auraient pu

échapper à notre attention; mais il faut ajouter que

sur les coupes transversales complètes des troncs ner-

veux durcis par l'immersion successive dans le bichro-

mate de potasse il 2 p. 100, dans la solution de gomme

et dans l'alcool, nous n'avons découvert aucune altéra-

tion appréciable des faisceaux ni des fibres de ces troncs

nerveux.

L'étude des racines rachidiennes a fourni, dans le

cas qui nous occupe, des résultats analogues à ceux de

l'observation VII. Tandis que les'fibres des racines

antérieures correspondantes aux nerfs altérés étaient

presque toutes saines, la plupart des fibres des racines

postérieures appartenant aux mêmes paires étaient

manifestement altérées.

Dans l'état actuel de nos connaissances, il est difficile

de donner une raison plausible de ces différences entre

l'état des racines antérieures et postérieures. Nous nous

contentons de signaler le fait sans chercher à l'expli-

quer. Notons cependant qu'il paraît avoir une certaine

fréquence, car il est encore signalé dans l'observa-

tion suivante.

DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 197

Observation IX. - Myélite consécutive ci une carie des ver-

tèbres cervicales. Eschare sacrée; début d'eschares aux

talons : bulle pemp/z¡'gol'de sur la face interne du calcanéum

gauche. Dystrophie des ongles des gros orteils. - Altéra-

tions des nerfs périphériques'. 1.

Rose (Joseph), quarante-deux ans, journalier, est entré le

26 novembre 1882, à l'hopital Saint-André de Bordeaux, dans

le service de M. le professeur VERGELY, pour une paraplégie.

Vers la fin de juillet 1882, Rose commença à souffrir de dou-

leurs ayant le caractère de brûlures siégeant entre les deux

épaules, s'irradiant dans les deux membres supérieurs et s'ac-

compagnent de soubresauts musculaires des bras et des avant-

bras. Ces douleurs revenaient par accès aussi bien la nuit que

le jour. Chaque accès durait de un quart d'heure à une demi-

heure, et il y avait dix à douze accès par vingt-quatre heures.

En même temps les mouvements du cou devenaient difficiles et

la tète était maintenue raide, immobile. Un peu plus tard se

montra un affaiblissement progressif des membres supérieurs,

du tronc, puis des membres inférieurs. Les masses musculaires

s'amaigrirent notablement. La paralysie des membres devint

complète : rétention d'urines; défécation involontaire.

Le 21 décembre, on constate pour la première fois sur la

partie médiane du sacrum une eschare large comme la paume

de la main qui s'étend rapidementles jours suivants en surface

et en profondeur.

Mort le 1" janvier 1883.

Autopsie le 2 janvier. Sur le cadavre, nous constatons les

altérations cutanées suivantes :

1° Une immense eschare sacrée, médiane, de plus de vingt

centimètres de diamètre, ayant mis à nu le sacrum et disséqué

les muscles fessiers, à fond irrégulier et sanieux.

2° Une tache brune, d'apparence ecchymotique se trouve au

niveau de chaque talon. Au niveau de ces taches, l'épiderme est

décollé et enlevé : le derme est à découvert, sans être ulcéré.

Chacune de ces taches mesure environ cinq centimètres de dia-

mètre et, en pratiquant une incision, on constate que la teinte

brune occupe toute l'épaisseur du derme et du tissu cellulo-

1 Résumé d'après l'observation clinique communiquée par M. le pro-

fesseur Vergely.

198 pathologie nerveuse.

adipeux sous-dermique jusqu'au calcanéum. Il n'y a pas trace

de collection sanguine.

3° Une bulle du volume d'une noisette remplie de liquide

séro-sanguinolent existe au niveau de la face interne du calca-

néum gauche.

4° Les ongles des deux gros orteils sont épaissis, difformes, et

présentent sur leur face supérieure plusieurs stries transversales

profondes. Enfin, une toute petite tache brune se trouve à l'ex-

trémité la plus antérieure du gros orteil gauche.

En enlevant la moelle, on constate que les troisième, qua-

trième et cinquième vertèbres cervicales sont friables, et for-

mées par des trabécules osseuses rougeàtres, baignant dans un

détritus puriforme. La dure-mère cervicale est notablement

épaissie, tapissée par des fausses membranes grisâtres. Pas

d'adhérences avec la pie-mère. Celle-ci est rouge très vascu-

laire dans ses trois quarts inférieurs. La moelle est difflucnte,

véritablement liquide dans le point qui correspond aux ver-

tèbres cariées. Au-dessus et au dessous elle parait saine. Rien

d'anormal dans le bulbe, la protubérance et le cerveau.

Granulations miliaires dansles deuxpoumons. Épanchement

sereux abondant (deux litres environ) dans la cavité pleurale

droite. Les autres organes ne présentent rien de particulier. z

Un grand nombre de fragments nerveux des divers segments

des nerfs du membre inférieur gauche, depuis les collatéraux des

orteils, jusqu'aux troncs du sciatique et du crural, et quelques

racines rachidiennes lombaires, ont été plongés dans la solution

ordinaire d'acide osmique pour être examinées au microscope.

Les nerfs cutanés au voisinage de l'eschare sacrée n'ont pas

été étudiés. Nous indiquerons très brièvement les résultats de

l'étude microscopique des nerfs du membre inférieur gauche

et des racines correspondantes.

Examen histologique des différents nerfs du membre

inférieur gauche. Les collatéraux du gros orteil sont

profondément altérés. Ils renferment tout au plus un tiers de

fibres saines. Plus de la moitié de leurs fibres sont fragmentées

en blocs (type 2), ou en boules (type 3), ou complètement

atrophiées (type 5).

Les filets cutanés recueillis au voisinage immédiat de la bulle

malléolaire sont extrêmement difficiles à dissocier. Ils contien-

nent une énorme quantité de gaines vides, accolées et

adhérentes. Quelques fibres renferment encore delà myéline

des névrites périphériques non traumatiques. 199

fragmentée en blocs ou en boule; mais cette myéline est

manifestement altérée : elle s'est colorée en gris terne sous

l'influence de l'osmium et il n'est pas vraisemblable que cette

coloration soit due à une action insuffisante du réactif, car, de

loin en loin, on aperçoit des gouttelettes de myéline ayant

pris une belle couleur brune. ·

Les nerfs saphène interne et externe sont peu altérés. La

plupart de leurs fibres sont normales. Colles qui sont altérées

sont peu nombreuses et présentent des varicosités remplies de

noyaux proliférés et de masses de protoplasma finement

granuleux enveloppant des gouttelettes graisseuses vivement

colorées en noir.

Les nerfs tibial antérieur et tibial postérieur présentent les

mêmes altérations que les saphènes, peut être même le

nombre des fibres altérées y est-il proportionnellement moins

considérable.

Les nerfs crural et sciatique sont parfaitement sains : sur

un grand nombre de préparations soigneusement examinées

nous n'avons pas rencontré de fibres manifestement altérées.

Dans les racines antérieures, la grande majorité des fibres

est normale. Çà et là on découvre quelques très rares fibres

fragmentées en boules (type 2). Dans les racines postérieures,

presque toutes les fibres sont fragmentées en boules (type ).

Réflexions. Si l'on veut bien négliger les détails

pour s'en tenir au fond même des choses, on verra

bien vite que cette observation présente avec la précé-

dente d'étroites analogies. Dans les deux cas, il exis-

tait une lésion médullaire et une altération évidente

des racines postérieures correspondantes. Dans les

deux cas, il s'était produit, à un moment donné, plusieurs

foyers de névrites périphériques, ayant provoqué l'ap-

parition de divers troubles trophiques cutanés. Dans

les deux cas enfin, ces névrites siégeaient exclusivement

sur les branches terminales des nerfs : les troncs ner-

veux intermédiaires et les racines antérieures, étaient

demeurés parfaitement indemnes.

: 2,)0 0 pathologie nerveuse.

Il est assez malaisé de comprendre comment une

lésion médullaire peut exercer primitivement son

influence sur les terminaisons périphériques des nerfs,

en épargnant les troncs nerveux intermédiaires. Il

serait assurément plus simple, plus satisfaisant pour

l'esprit, d'admettre une propagation continue de l'in-

flammation de la moelle aux racines, des racines aux

troncs nerveux et des troncs nerveux aux terminaisons

périphériques. Mais l'étude des faits ne permet pas

d'accepter cette hypothèse. Nous serions très disposés

à penser que la lésion centrale est une condition pré-

disposante et non pas une cause immédiate des névrites

périphériques qui se montrent dans le cours des affec-

tions des centres nerveux.

Dans cette hypothèse, la lésion centrale modifierait

l'état de la nutrition des nerfs périphériques, mais ne

serait pas suffisante par elle-même pour produire

nécessairement des altérations inflammatoires ou dé-

génératives des nerfs périphériques. Ces altérations

se produiraient sous l'influence immédiate de conditions

accessoires accidentelles, telles, par exemple, que la

compression qui s'exerce au niveau du sacrum, des

fesses, des talons, des malléoles, c'est-à-dire dans les

points où se développent presque toujours les troubles

trophiques cutanés consécutifs aux affections céré-

brales ou médullaires. Quoi qu'il en soit, il y a une

différence radicale entre la marche centripète des

névrites spontanées, liées aux affections cérébrales ou

médullaires, et les dégénérations wallériennes centri-

fuges qui surviennent consécutivement aux sections

transversales des nerfs.

DES névrites périphériques non traumatiques. 201

III

Les observations qu'on vient de lire sont trop peu

nombreuses pour qu'on puisse en tirer des conclusions

générales : il est possible d'en dégager cependant

quelques enseignements qu'il n'est pas inutile de si-

gnaler brièvement.

Elles prouvent tout d'abord que la névrite périphé-

rique non traumatique est une affection relativement

commune, puisque, dans un laps de temps restreint, et

dans un service d'une activité moyenne, nous avons

pu en réunir neuf observations. Mais elles montrent

aussi que ces névrites ne produisent pas de désor-

ganisation apparente à l'oeil nu, des filets nerveux

sur lesquels elles siègent, de telle sorte que, pour les

reconnaître, il est nécessaire de se livrer à une étude

patiente et attentive. L'examen macroscopique est in-

suffisant dans la plupart des cas pour en révéler

l'existence, et, pour apprécier exactement l'état d'inté-

grité ou d'altération des tubes nerveux, il faut de toute

nécessité recourir à un examen microscopique régulier.

Les altérations qui caractérisent les névrites non

traumatiques sont des altérations parenchymateuses.

Elles portent exclusivement, au moins à leur début,

sur les tubes nerveux eux-mêmes. Le tissu conjonctif

reste normal pendant un temps relativement long; il

ne s'épaissit que lorsque la névrite a déjà détruit ou

profondément altéré les tubes nerveux eux-mêmes.

Il y a de grandes analogies apparentes entre les

altérations nerveuses que nous avons observées et les

202 pathologie nerveuse.

dégénérations wallériennes. Toutefois, il n'y a pas

entre les deux processus une identité complète. Tandis

que les dégénérations wallériennes ont une évolution

régulière, dont les phases se succèdent à des intervalles

connus et parfaitement déterminés par l'expérimen-

tation, les névrites ont, au contraire, une marche extrê-

mement variable. Elles peuvent, en quelques jours,

en quelques heures, amener une destruction complète

des tubes nerveux ou durer, pour ainsi dire, indéfi-

niment dans un même nerf. D'autre part, tandis que

les dégénérations wallériennes ont toujours une marche

centrifuge, les névrites peuvent prendre naissance

dans les extrémités périphériques des nerfs, s'étendre,

en s'atténuant, dans les branches nerveuses voisines de

ses extrémités et disparaître totalement dans les troncs

nerveux; elles paraissent ainsi avoir une marche

ascendante centripète. Même dans les cas où ces né-

vrites paraissent liées à des altérations primitives des

centres nerveux, nous n'avons pas trouvé d'altérations

continues, entre la moelle et les nerfs altérés. Entre

l'altération centrale et l'altération des nerfs périphé-

riques, les troncs nerveux étaient sains et présentaient

toutes les apparences de l'état normal.

Toutes les névrites périphériques ne donnent pas

lieu à des troubles trophiques ou sensitifs appré-

ciables. Ces troubles n'apparaissent probablement que

lorsque la proportion des fibres altérées est assez

considérable. Ils varient du reste, dans leur nature,

selon la fonction des nerfs altérés et selon les degrés

de l'altération. Ce sont, selon les cas, des eschares

rapides (Ous. I, II, III, VIII, IX), des ulcérations n'ayant

pas de tendance à la guérison (OBs. V), des éruptions

DE la céphalée DES adolescents. 203

vésiculeuses d'herpès (OBs. IV) ou de bulles pemplii-

goïdes (OBs. IX), des maux perforants plantaires

(OBs. VII), des oedèmes chroniques et durs (OBS. VI), des

arthropathies (Cas. VI, VII), des dystrophies des ongles

(OBs. VII, IX). Le plus souvent, ces troubles trophiques

s'accompagnent d'anesthésie locale des téguments, ou

du fond des ulcérations; mais cela n'est pas constant :

la peau qui recouvrait les articulations affectées d'ar-

thropathies dans l'observation VI ne présentait pas de

troubles appréciables de la sensibilité.

Telles sont les conclusions principales qui nous

paraissent ressortir de l'étude de nos observations.

Nous n'entrerons pas dans de plus longs développe-

ments, désireux que nous sommes de n'aborder, pour

le moment, aucune question historique ou théorique,

et de laisser à notre travail le caractère d'un simple

recueil de faits.

. CLINIQUE NERVEUSE

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS';

Par le D, TiiÉODOItE KELLER.

Le caractère de parité que nous avons constaté pour

la marche de la maladie, nous le constaterons de même

'v. o· " ic, 1,. 1.

20 1. CLINIQUE nerveuse.

pour le siège et la nature de la douleur. Nos jeunes

malades ont été unanimes à la localiser dans la région

frontale. Ils ne se sont jamais plaints de la partie occi-

pitale de la tête et rarement des régions latérales. La

plupart indiquaient une place nettement limitée à la

partie antérieure du front et qui s'étendait tout au plus

jusqu'à la naissance des cheveux. L'un d'entre eux

nous a même dit que la douleur occupait une place

grande comme une pièce de cinq francs. Ces jeunes

malades étaient du reste faciles à interroger; ils se

rendaient, en général, très bien compte de leurs sensa-

tions et s'expliquaient d'une façon très précise. Sur la

nature de leurs douleurs, les renseignements qu'ils

nous ont donnés n'ont pas été moins concordants.

Presque tous souffraient, dans l'acception réelle du

mot, si nous pouvons nous exprimer ainsi. Ils em-

ployaient, pour définir leurs sensations, des expressions

imagées et vives; ils parlaient d'élancements, de tenail-

lement, de morsure, de dilacération dans la profon-

deur. Cette intensité des sensations n'existe pas, comme

on sait, dans beaucoup d'autres formes de céphalal-

gies, et notamment dans celles liées aux états névro-

pathiques ordinaires où les malades n'accusent le plus

souvent que des sensations vagues et diffuses. Quand

l'affection était arrivée à son degré le plus élevé, nos

jeunes malades portaient d'ailleurs sur leur visage la

marque de leur souffrance. Ils avaient les traits con-

tractés, les yeux étaient cernés et un voile de tristesse

était habituellement répandu sur toute leur physio-

nomie.

Le diagnostic différentiel de cette affection ne nous

paraît pas difficile à établir. Aucun de nos malades ne

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 205

sentait la douleur à la pression sur le trajet des ra-

meaux nerveux de la région; nous n'avons donc point

eu affaire à une névralgie. Ce n'était pas davantage

une migraine, car la douleur n'était pas unilatérale,

elle ne se propageait pas aux yeux et ne s'accompa-

gnait que par exception de troubles de l'estomac. La

migraine ne procède d'ailleurs que par accès; elle n'a

pas la continuité de cette céphalée. L'affection qui, en

apparence, s'en rapprocherait le plus serait l'asthéno-

pie sous ses différentes formes. Mais nos jeunes ma-

lades ne se plaignaient pas des yeux; leur vue ne se

troublait pas quand ils s'appliquaient, la grande

lumière ne les incommodait pas particulièrement; la

douleur de tête persistait malgré le repos le plus com-

plet des yeux; enfin, quelques-uns d'entre eux avaient

consulté des spécialistes distingués qui, après mûr

examen, avaient déclaré ne pouvoir rattacher leur état

à un trouble de l'accommodation. Pour quelques-uns de

nos malades, les parents et même certains de nos

confrères avaient craint un moment l'imminence d'une

méningite ou de quelque autre affection grave du cer-

veau. Si de pareilles craintes peuvent exister tout au

début de l'affection, surtout quand elle fait son appa-

rition brusquement, l'observation plus rigoureuse des

symptômes et la marche de la maladie suffiront pour

les dissiper.

Nous avons en somme affaire à une névrose dou-

loureuse du cerveau. Voyons si nous pouvons lui don-

ner quelque explication. Nos connaissances physiolo-

giques et anatomo-pathologiques ne nous permettent que

des conjectures sur l'état des centres nerveux. Chaque

fois qu'il s'agit de troubles purement fonctionnels.

- 306 CLINIQUE NERVEUSE.

S'il était bien démontré que les modifications de la

circulation dans le cerveau suffisent à elles seules à

provoquer des manifestations douloureuses semblables

à celles que nous étudions, nous supposerions volon-

tiers avoir affaire à une hyperémie de cet organe.

Nous savons, en effet, qu'il existe une prédisposition

toute particulière à la congestion des centres nerveux

chez les enfants et chez les adolescents. Nos malades

se plaignent d'ailleurs souvent de chaleur à la tête ;

ils ont la face congestionnée, les oreilles rouges ;

ils ressentent par moments des battements dans le

cerveau et ont les extrémités froides. Ils fuient les

appartements chauffés; ils se plaisent au grand air,

surtout quand le temps est frais. Il est vrai que, d'autre

part, l'acte de se pencher, de tousser, de faire des

efforts n'aggrave pas leurs douleurs, comme on l'ob-

serve dans les états congestifs du cerveau plus fran-

chement caractérisés. La localisation de la douleur

limitée à une seule et même région, est aussi difficile à

expliquer, dans un état purement hyperémique. Il

nous semble donc que c'est dans un processus plus

intime que nous devons rechercher la cause de cet

état cérébral. Ceci nous amène à parler de l'étiologie

de l'affection.

Chez les parents de plusieurs de nos enfants, la

diathèse arthritique était indéniable. Eux-mêmes ont

présenté dans le cours de leur maladie ou auparavant

des manifestations rhumatismales. M. Charcot nous a

dit avoir souvent constaté la coexistence de cette dia-

thèse dans les cas qu'il a observés. On sait, du reste,

combien les céphalalgies, sous toutes leurs formes, sont

fréquentes dans les races goutteuses. Mais, pour certains

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 207 i

de nos malades, ce vice constitutionnel n'existait- ni

chez eux ni chez leurs antécédents. Nous ne rencon-

trons pas non plus de prédisposition nerveuse congé-

nitale. Les parents de nos enfants n'ont eu ni affection

organique des centres nerveux, ni état névropathique

qui mérite d'être signalé. Que d'enfants sont d'ailleurs

rhumatisants ou nerveux, et combien peu en pro-

portion sont atteints de cette céphalée ! L'origine du

mal n'est donc pas là exclusivement.

Quand le mal débute, nos jeunes malades sont tous,

on le remarquera, à l'âge où la croissance et le déve-

loppement de tous les organes prennent une intensité

nouvelle sous l'influence de la puberté qui approche.

A ce moment de la vie, comme l'ont établi tous les

médecins ' qui se sont surtout voués aux maladies de

l'enfance, il existe dans l'organisation une vulnérabi-

lité toute spéciale pour certaines affections aiguës et

chroniques. C'est ainsi que l'on voit apparaître à cet

âge les premières manifestations de l'hystérie, l'épilep-

sie, les tics, la tuberculose, la chorée, la chlorose, et,

dans l'ordre chirurgical, les déviations de la taille, la

tarsalgie, les exostoses, l'ostéite épiphysaire", etc., etc.

Cette sensibilité de l'organisme a bien certainement

des causes complexes ; mais la plus évidente nous

paraît être celle qu'a signalée M. le professeur Bou-

chard a, à savoir, la déséquilibration qui peut se ma-

1 Voir Ducamp. Des maladies de croissance, 1823.

Régnier. Maladies de la croissance. Thèse de Paris, 1860.

Richard (de Nancy). Traite des maladies de l'enfance.

Jules Simon. Conférences thérapeutiques et cliniques sur les mala-

dies de l'enfance, p. 110.

Foussagrives. - Hygiène de l'enfance. .

2 Gossclin. Clinique chirurgicale de la Charité, t. le.

3 Bouchard. - Des maladies par ralentissenzent de la nutrition, p. 37.

208 CLINIQUE NERVEUSE.

nifester à cet âge entre l'apport nutritif et les frais

considérables auxquels est soumis le corps sous l'in,-

fluence de la croissance juvénile. Plusieurs de nos

jeunes malades souffraient bien certainement dans

leur nutrition générale, quand il nous a été donné de

les voir pour la première fois ; ils grandissaient rapi-

dement, ils se fatiguaient facilement, ils étaient pâles et

anémiques. Chez d'autres, de pareils troubles étaient

moins manifestes. Mais pourquoi le processus n'affec-

terait-il pas certains organes à l'exclusion des autres ?

Ne voit-on pas tous les jours des malades souffrir

d'affections du système nerveux, sans qu'ils aient rien

perdu des apparences de la santé ?

Rien ne défend donc d'admettre que, chez nos ado-

lescents, le cerveau s'est trouvé modifié sous l'influence

de la croissance et en vertu de quelque idiosyncrasie

particulière. En acceptant cette explication, on com-

prendrait mieux le fait important de la localisation de

la douleur dans la région frontale. Nous savons, en

effet, qu'il existe une certaine indépendance fonction-

nelle entre les différents territoires du système ner-

veux central et notamment les circonvolutions céré-

brales. Nous savons ainsi que les facultés importantes

de l'attention et de la concentration de la pensée rési-

dent dans les lobes frontaux. Or, à l'âge qu'ont nos

enfants, ce sont ces fonctions qui sont le plus mises à

l'épreuve. Ils ont terminé leur première instruction

et commencent à être soumis au programme univer-

sitaire, lequel, on ne l'ignore pas, leur impose de

grands efforts et surcharge lourdement leur bonne vo-

lonté. Qu'est-ce que le travail intellectuel de l'enfant,

si ce n'est l'exercice continuellement répété de l'atten-

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 209

tion et de la réflexion ? Il n'y a donc rien de bien

étonnant à ce que les régions où siègent ces facultés

puissent souffrir chez eux plus spécialement.

Du reste, nous ne prétendons pas qu'entre le mal de

tète et l'application du cerveau il y ait une relation abso-

lue.Commenous l'avons établi plus haut, la céphalée peut

faire son apparition d'une façon absolument brusque,

sous l'influence de causes accidentelles, indépendantes

de toute contention d'esprit. De même nous voyons

que, chez la plupart de nos jeunes malades, la douleur

persistait souvent dans le repos intellectuel le plus par-

fait et que, guérie momentanément, elle peut reparaître

dans une période de même repos. Tel a été le cas de D...

qui, par deux fois, a pu se croire débarrassé du mal et

qui en a été repris dans les conditions les meilleures,

en apparence, d'hygiène physique et intellectuelle'. De

ce que la céphalée peut exister en dehors de toute con-

tention d'esprit, il n'en faudrait cependant pas conclure

que celle-ci ne joue aucun rôle dans la maladie. Nous

nous rappelons, en effet, que, chez la plupart de nos

jeunes malades, les douleurs se manifestent pour la

première fois vers la fin de l'année scolaire, à l'époque

où le travail devient plus difficile et plus soutenu pour

les examens qui approchent. Tous essayent de conti-

1 Voici la suite de l'observation de D... Au mal de tète s'ajouta au bout t

de peu de jours un état de malaise général avec anorexie, abattement,

frissons erratiqucs qui firent craindre le début d'une fièvre typhoïde.

Mais l'observation thermométrique ne permit de constater aucune éleva ?

tion de température. Dans ces conditions, M. Bncquoy conseilla de sus-

pendre momentanément l'hydrothérapie. Quelques semaines plus tard,

l'enfant étant allé passer quelques jours il Fontainebleau avec son père,

il s'y sentit si bien qu'on résolut de l'y laisser chez un garde. Il y est

resté tout ce printemps, prenant beaucoup d'exercice dans la forêt; ses

douleurs de tète ont disparu, mais il ne peut pas encore s'appliquer à

l'étude.

Archives, t. VI. 14

210 CLINIQUE NERVEUSE.

nuer leurs études, et ils le peuvent, en effet, au début;

mais tous voient leurs maux de tête augmenter en rai-

son même des efforts qu'ils font, et ils sont forcés,

après un certain temps, d'abandonner leurs études ou

de les restreindre dans des proportions considérables.

Quand l'affection est arrivée à son apogée, ce n'est

pas seulement le labeur scolaire qui exaspère le mal,

c'est alors la lecture, même celle dite de délassement;

c'est l'audition d'un récit, une simple conversation,

l'acte de réfléchir lui-même, en un mot, tout ce qui

éveille l'attention , tout ce qui met en mouvement

l'élaboration directe de la pensée. L'influence du travail

intellectuel est donc des plus évidentes : il entretient

et aggrave le mal de tête. Il y a là une sorte d'action

en retour du mal sur lui-même. La douleur est, du

reste, toujours moindre au matin, après le sommeil ;

elle reprend dans la matinée, surtout quand l'enfant

s'applique; s'il fréquente l'école, c'est vers le soir

qu'il souffre le plus.

On pourrait croire qu'il y a chez nos jeunes malades

une faiblesse congénitale des facultés intellectuelles,

laquelle les reudrait plus accessibles aux affections

du cerveau. Il n'en est rien. Enfants, ils ont tous mon-

tré, sauf une exception, une intelligence ordinaire;

bien plus, quelques-uns étaient même particulièrement

bien doués et occupaient les premières places parmi

leurs condisciples'. On n'est pas en droit non plus d'in-

criminel, chez eux, la mémoire, qui reste, en général,

bonne malgré la maladie. D'ailleurs, aussitôt rétablis,

'En témoignage de ce fait, nous pouvons dire que deux de nos cuu-

Hères les plus distingués, qui sont actuellement médecins des hôpitaux,

ont suuffert do cette affection pendant plusieurs années de leur enfance.

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 211 1

ils regagnent le temps qu'ils.out perdu et reprennent

à l'école le rang auquel ils peuvent prétendre par leur

âge. On ne peut pas davantage leur reprocher une

mauvaise volonté : ils sont soumis et désireux de bien

faire. La plupart sont fort humiliés de rester inactifs à

l'âge où tous leurs camarades travaillent; tous ne de-

mandent qu'à continuer leurs études et à s'acquitter de

leurs devoirs.

' On a remarqué qu'une seule de nos observations con-

cernait une fille. La maladie paraît, en effet, n'atteindre

que rarement ce sexe. Plusieurs médecins, auprès des-

quels nous avons cherché des renseignements, nous

ont assuré avoir souvent vu l'affection chez des gar-

çons, mais non chez des jeunes filles. Seul M. H. Gué-

neau de Mussy nous a dit avoir observé un cas.

La raison de ce fait nous échappe. On ne peut guère

l'imputer aux habitudes intellectuelles, car on sait que

de nos jours, les jeunes filles font des études presque

aussi laborieuses que celles des garçons.

Nous signalerons, en passant, la différence qui existe

entre cette céphalée et les symptômes d'une affection

des adultes qui devient de plus en plus commune, no-

tamment chez les Américains. Nous voulons parler de

la névrasthénie, ou plutôt, de la parésie cérébrale, une

des formes de cet état. Grâce à M. Charcot principale-

ment,' nous avons eu l'occasion d'étudier bien des fois

cette -affection pendant ces dernières années. Dans

presque tous les cas que nous avons vus, il n'existait

pas de vraies douleurs; les malades se plaignaient d'é-

prouver à la tête une sensation de compression qui sié-

geait surtout à la région occipitale et s'irradiait vers les

tempes; ils n'accusaient point de douleur au front. Ils-

,)Il) 2 CLINIQUE NERVEUSE.

ne pouvaient ni écrire, ni lire, ni s'occuper de leurs

affaires ; mais c'était bien plutôt par une sorte d'inca-

pacité cérébrale qu'en raison des souffrances occa-

sionnées par le travail. Cet état est dû le plus souvent

à des fatigues intellectuelles excessives. Mais c'est un

fait curieux de constater combien, pendant ces deux

périodes de la vie, les sensations se localisent dans des

régions différentes, et combien elles revêtent un ca-

ractère dissemblable. Il semblerait que le cerveau de

l'enfant s'irrite douloureusement avec plus de facilité

que celui de l'adulte.

Si l'affection est réellement en rapport avec la crois-

sance, elle a chance de guérir spontanément au mo-

ment où l'organisme a parfait son développement, ou

même auparavant, en vertu d'efforts effectués par la

nature pour rétablir l'équilibre rompu pendant un

temps par ce travail physiologique. Les choses parais-

sent, en effet, se passer ainsi le plus souvent. Ceux de

nos confrères qui ont été à même d'observer quelque-

fois cette affection, dans tout son cours, nous ont dit

l'avoir vus'épuiser, en général, vers la vingtième année.

Selon M. Charcot, cette guérison s'effectuerait souvent

pendant le volontariat. Nul doute que le changement

de vie, auxquel sont alors soumis les jeunes gens, n'ait

sa part dans cette guérison. Il est aussi certainement des

cas légers, oùle mal ne fait, pour ainsi dire, qu'eflleu-

rer l'adolescent; l'observation VI est peut-être un de

ces cas. Mais, par contre, il en est d'autres où l'affec-

tion est réellement tenace. Quelques-uns de nos jeunes

malades souffraient depuis plusieurs années quand

nous avons été appelés à les soigner. B... a atteint

aujourd'hui sa vingt-troisième année et il est encore

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 213

dans le même état qu'il y a cinq ans, à l'époque où il

nous fut adressé.

De même, un de nos amis, autrefois professeurdans

un lycée de province, nous a cité l'exemple d'un en-

fant qui dut quitter le lycée à l'âge de treize ans pour

des douleurs de tête de cette nature. On essaya de lui

donner l'instruction à la maison, et ce fut notre ami

qui fut chargé de cette tâche. Mais, au bout de peu de

temps, il dut l'abandonner, l'enfant étant incapable de

fournir aucun travail sérieux. Le père, désolé, fut

obligé de renoncer complètement à l'idée de lui faire

terminer son instruction et le voua à l'agriculture. Le

jeune homme est âgé aujourd'hui de vingt : cinq ans, et,

malgré la vie en plein air et le repos d'esprit auquel il

s'est assujetti, il -n'est pas encore débarrassé de ses

douleurs.

Que la maladie puisse d'ailleurs guérir ou non par

le seul progrès du temps, il n'en importe pas moins

d'en délivrer l'enfant au plus vite, puisque, d'une part,

elle le fait souffrir, et que, d'autre part, elle compro-

met son instruction. Voyons donc quels sont les moyens

que l'on peut lui opposer.

Il n'y a pas à compter sur l'effet des médicaments.

Nos jeunes malades les avaient essayés presque tous

sans résultat. Le repos absolu de la tête, le grand air

soulagent les malades, et peuvent même les guérir,

quand l'affection est légère. Mais, comme l'attestent

plusieurs de nos observations, tout cela est insuffisant

dans les cas plus graves. La mer, les eaux miné-

rales ont une action plus sensible. Ragatz a produit

une amélioration, à deux reprises, chez le malade du

Dr Blache. M. Bucquoy nous audit avoir constaté les

31t le CLINIQUE NERVEUSE.

bons effets des eaux de Saint-Nectaire. Son jeune client

a été affranchi de ses douleurs durant tout le temps

qu'il a séjourné dans cette station. Toutefois, il a été

repris par le mal aussitôt qu'il en est revenu. Il est, du

reste, compréhensible que les eaux thermales, elles

aussi, n'aient pas une complète efficacité dans une

affection de cette nature, où la cause, par moments

assoupie, a une tendance incessante à se réveiller sous

chaque nouvel effort de la croissance. C'est donc à

une médication dont les effets puissent être dosés et

soutenus plus sérieusement qu'il faut avoir recours,

et celle qui remplira ces conditions le plus avanta-

geusement nous paraît être l'hydrothérapie. Par la

complexité de son action, elle répondra à toutes

les exigences de l'état de nos malades. Par sa puis-

sance reconstituante, elle relèvera les fonctions nutri-

tives de l'organisme; par son action spécifique sur le

système nerveux, elle modifiera directement l'innerva-

tion; enfin, par son action vasomotrice et révulsive,

elle pourra avoir son utilité pour modifier la circula-

tion cérébrale. L'expérience démontre la vérité de ces

principes. Nos observations prouvent, en effet, que

nous avons toujours pu soulager rapidement les ma-

lades qui nous ont été confiés et que nous avons

réussi dans presque tous les cas à les mettre à même

de reprendre leurs études interrompues, ce qui est, en

somme, le résultat essentiel à acquérir.

Il serait trop long de,dire ici comment nous avons

appliqué le traitement à chacun de nos jeunes malades.

Nous sommes de ceux qui estiment que l'hydrothérapie

ne saurait être, une médication à' formules toutes pré-

parées d'avance, comme on est trop souvent porté à le

DE LA CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS. 21 : ¡

croire. On a vu, par nos observations, que plusieurs de

nos jeunes malades, qui s'étaient adressés à des établis-

sements non médicaux, s'en étaient mal trouvés. On

confiera donc ces sortes de traitements à des médecins

consciencieux et expérimentés et on ne les laissera

pas aux soins d'un personnel ignorant de la médecine

et par cela même incapable et inhabile.

En principe, comme c'est l'action tonique de l'hy-

drothérapie que l'on aura à rechercher dans presque

tous les cas, c'est aux applications froides que l'on

aura recours, sauf contre-indications tirées des cas

particuliers. Parmi les procédés à mettre en usage, ce

sera la douche mobile en jet brisé à laquelle nous don-

nerons la préférence. Cette forme de douche, à la pro-

pagation de laquelle M. le professeur Charcot a tant

contribué, et qui pourrait être appelée française, aussi

bien par l'emploi spécial qu'elle a dans notre pays que

par les services qu'elle y rend, est, en effet, celle qui

peut être maniée avec le plus de facilité et le plus de

légèreté. C'est celle qui répondra le mieux aux exi-

gences de ces traitements qui sont parfois fort délicats,

surtout dans les débuts.

Le traitement sera toujours de longue durée. Ceux

de nos malades qui l'ont interrompu trop tôt ont été

repris de leurs maux de tête. Au contraire, ceux qui

ont persévéré ont, en général, évité ces retours. Au

commencement de la cure, on fera cesser tout travail

de tête, pour placer l'enfant dans les meilleures con-

ditions possibles. Plus tard, on pourra mener ensemble

les études et le traitement. Enfin, une fois remis, le

jeune garçon sera soumis encore de temps en temps

au traitement pour assurer sa guérison.

216 CLINIQUE NERVEUSE. CÉPHALÉE DES ADOLESCENTS.

Les observations que nous venons de rapporter se

ressemblent toutes tellement qu'il nous paraît su-

perflu de démontrer que, dans tous ces cas, nous

avons eu sous les yeux une même et unique affection.

Si quelquefois nous avons insisté un peu longuement

sur les détails, dans l'exposé des faits, c'était précisé-

ment pour bien mettre en lumière cette grande analogie.

Voyons maintenant en quoi consiste cette affection sin-

gulière qui est peut-être moins rare qu'elle ne pourrait

le paraître au premier abord, puisque, dans notre seule

pratique personnelle, il nous a été donné d'en observer

une dizaine de cas, pendant un nombre d'années rela-

tivement restreint.

C'est ordinairement vers l'âge de neuf ou douze ans

que nos jeunes malades ont commencé à se plaindre de

la tête. Jusque-là ils avaient tous une santé assez bonne.

Quelques-uns avaient été un peu délicats dans leur

première enfance , mais aucun d'entre eux n'était plus

particulièrement sujet à la céphalalgie.

La marche de la maladie a été la même dans presque

tous les cas. Nos jeunes garçons ont accusé d'abord des

maux de tête passagers, auxquels ils n'accordaient

qu'une attention relative et qui ne les empêchaient pas

de continuer leurs études; mais bientôt ces maux de tête

sont devenus plus fréquents, plus tenaces, et ils for-

çaient l'élève à interrompre par intervalles ses classes.

Finalement ils se sont établis, dans la plupart des cas,

d'une façon si persistante, et se sont aggravés tellement

qu'ils ont obligé nos jeunes gens à suspendre presque

complètement tout travail intellectuel, et cela pen-

dant un temps en général fort long. Chez deux de nos

malades, le début de l'affection a été au contraire tout

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. si i

a fait brusque. Elle est survenue sous l'influence d'une

cause accidentelle, un embarras gastrique ou un refroi-

dissement. Cependant, chez un seul d'entre eux, le

jeune C..., la douleur s'est établie d'emblée et a per-

sisté avec l'intensité et les caractères qu'elle devait con-

server pendant le reste de la maladie. Chez le second,

les symptômes ont disparu au bout de peu de jours;

ce n'est que plusieurs mois plus tard que la maladie

s'est de nouveau manifestée; mais, cette fois, poursuivre

la marche lentement progressive qu'elle a présentée

dans l'ensemble des autres cas et qui nous paraît devoir

être la règle.

RECUEIL DE FAITS

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE LIMITÉE DE LA SUBSTANCE

GRISE, AVEC EPILEPSIE PARTIELLE (Jacksonienne) COMME

SYNDROME CLINIQUE; par M. S.-F. D.\nlLLO.

(Laboratoire delà Clinique des maladies du système nerveux

de M. CHARCOT.)

Nous nous proposons de décrire ici les résultats de l'examen

histologique du cerveau d'une malade, morte dans le service

de M. CHARCOT, en présentant les phénomènes pathologiques

susmentionnés.

N'ayant pas à nous occuper de la clinique de ce cas, nous

nous bornerons à en mentionner les points les plus importants

en donnant un court extrait des observations qui en ont été

prises par MM. les Drs Ballet et Féré. (Salle Duchenne, de Bou-

logne.) 1 .

218 8 RECUEIL DE FAITS.

Quant aux altérations anatomiqucs qui seront l'objet de

notre étude, elles nous paraissent présenter certaines particu-

larités qui nous autorisent, croyons-nous, à les envisager

comme une entité anatomo-pathologique spéciale et à les dési-

gner sous le nom placé en tète de notre mémoire ?

Comme données cliniques, les faits principaux sont les sui-

vants : , , ..

La nommée F..., âgée de vingt-deux ans, est entrée dans le

service de M. le professeur CHARCOT le 23 mars 1882, affectée

d'attaques d'épilepsie partielle gauche.

L'attaque commence toujours par une aura sensitive (dou-

leur au creux épigastrique), passe ensuite à l'épaule gauche et

suit ce bras jusqu'aux extrémités digitales. Les convulsions

commencent par le bras gauche : les doigts se ferment et se

contractent en formant une sorte de griffe. Au début de l'at-

taque, les yeux se tournent vers la droite et en haut; la face

se porte à gauche, ainsi que la langue qui dévie vers ce côté.

On observe ensuite des battements des paupières avec contrac-

tion de la pupille. Les membres inférieurs sont en extension et

la jambe gauche est agitée, ainsi que le bras, de trépidations,

avec abduction consécutive du pied. A la suite des attaques, la

face se couvre de sueur; il ne se produit jamais de perte de

connaissance ni pendant, ni après les attaques, qui sont sui-

vies d'une paralysie flasque du bras et de la jambe gauches,

qui n'est pas toujours constante, mais qui survient surtout

après les crises d'attaques multiples. Cette paralysie se mani-

feste également à la face; la bouche est alors tirée vers la

droite et en haut, l'ouverture palpébrale gauche est plus grande

que la droite, le sillon naso-génien est plus effacé à gauche.

S'il se produit un intervalle de trente à quarante-cinq minutes

entre les attaques, la paralysie faciale disparaît ; mais celle des

membres du côté gauche persiste pendant toute la période des

attaques pour ne cesser que quelques jours après la fin d'une

de ces périodes d'attaques convulsives.

La première attaque a eu lieu à l'âge de cinq ans, sans pro-

dromes ; elles ont persisté pendant plusieurs mois, se produi-

sant d'abord jusqu'à cinquante fois par jour et descendant en-

suite de vingt à six. Elles ont cessé vers six ans pour reparaître

à dix ans, pendant six semaines environ, où elles ont été sui-

vies d'une période de calme de huit mois.

A cette époque, nouvelles séries d'attaques, à la suite des-

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. 219 9

quelles la malade est entrée à la Salpètrièro où elle est restée

deux ans. Pendant ce temps, trois séries d'attaques, avec six

mois d'intervalle entre chacune d'elles. Étant sortie, elle a,

pendant quatre mois, une nouvelle série d'attaques de même

force et de même fréquence. A l'âge de seize ans, après un re-

pos de huit mois, elle entre à l'hôpital Saint-Antoine à deux

reprises différentes, puis est admise à l'Hôtel-Dieu. Enfin, ainsi

que nous l'avons indiqué ci-dessus, elle est placée en dernier

lieu dans le service de M. le professeur Charcot.

La température normale du sujet oscille de 37° à 37 ? 3 pour

s'élever à 38°,5 et 39 ? pendant les attaques. :

La dernière série d'attaques a commencé à la clinique, le

19 octobre 1882, par les phénomènes déjà énoncés; puis elles

sont devenues de plus en plus fréquentes, accompagnées d'hal-

lucinations terrifiantes. Du 29 au 30 octobre, la malade a eu

cent seize attaques diurnes et cinquante-huit nocturnes. Le

5 novembre, elle est dans le coma, avec température de 38°,3,

précédant de trois jours la mort qui survient le 8 novembre.

A l'autopsie du cerveau, les principales données notées par

M. Féré sur le cahier anatomo-pathologique de la clinique,

d'où nous les reproduisons, sont les suivantes :

Encéphale : poids total, 1,380 grammes; hémisphère droit,

C75 gr. ; hémisphère gauche, 547 gr. Cervelet : lobe droit,

coupé au ras de la protubérance, 62 gr. ; lobe gauche, 51 gr.

L'hémisphère droit est plus volumineux. La tuméfaction du

lobe droit est plus prononcée dans la région frontale. La ca-,

vité arachnoïdienne ne contient pas de liquide. La tuméfaction

de l'hémisphère droit, plus prononcée dans le lobe frontal, se

fait aussi sentir dans les lobes sphénoïdàl et occipital. Le lobe

droit a, en quelque sorte, pénétré dans le lobe gauche. En ar-

rière, cependant, l'adhérence est beaucoup moins marquée

entre les deux hémisphères et on peut facilement faire péné-,

trer le doigt, par la scissure longitudinale, jusqu'au corps cal-

leux. En enlevant la pie-mère du côté droit, on endommage la

substance cérébrale. Les circonvolutions sont tassées et pâles,

comme dans l'hémorrhagie cérébrale.

Dans l'hémisphère droit, au fond du sillon qui sépare la pré-;

mière frontale delà deuxième, immédiatement en avant de la

coupe pédiculo-frontale, on trouve un épaississement de la

substance grise qui se trouve au voisinage des centres mo-

teurs, mais ne les intéresse pas. On remarque un contrastes ¡

220 RECUEIL DE FAITS.

entre la substance grise des circonvolutions du côté droit et du

côté gauche. Du côté droit, elle paraît être plus pâle, plus

épaisse que de l'autre côté, présentant en même temps un

aspect lardacé 1.

Ayant fait, d'après le conseil de M. Charcot, des mensura-

tions exactes de la partie épaissie de la couche de la substance

grise qui tapisse le sillon entre les deux circonvolutions (pre-

mière et deuxième frontales) de ce côté et les autres parties de

l'écorce grise, et en les comparant avec des endroits identiques

de l'hémisphère gauche, nous avons pu constater les résultats

suivants :

L'épaisseur de la substance grise du fond du sillon entre les

deux circonvolutions du côté droit est égale sur coupe à sept à

huit millimètres, tandis que, du côté gauche, elle n'a que trois

à quatre millimètres dans le même endroit. Les deux branches

qui forment les parois du sillon font saillie de trois millimètres

environ au-dessus du niveau de la substance blanche sous-

jacente. Au contraire, sur l'hémisphère gauche, la surface de

la coupe des deux substances (grise et blanche) ne présente pas

de différence sur ce point.

Les dessins, pris en avant de la coupe pédicule-frontale des

endroits identiques des deux hémisphères, démontrent bien,

du reste, la différence existant entre l'épaisseur relative de la

substance grise. La coupe de l'hémisphère lésé (droit) est pré-

sentée par la surface frontale à l'endroit le plus saillant de

l'épaississement de la substance grise. (Fig. 1 et 2.) En re-

montant vers la périphérie, la différence devient moins sen-

sible, et, enfin, à un centimètre environ des deux côtés du

sillon, les parties avoisinantes de la surface convexe ne pré-

sentent presque pas de différence notable, quant à la largeur

relative de la couche de substance grise. (Fig. 1 et 2.)

Dans la direction frontale, cet épaississement se fait voir en

coupe sur cinq centimètres de largeur au fond du sillon, en

passant ensuite insensiblement dans les parties qui paraissent

être saines. Dans la direction occipitale, la différence de lar-

geur de la couche de substance grise, dans des endroits iden-

tiques des deux hémisphères, est moins prononcée. La largeur

relative de la substance grise, en d'autres points, ne présente

pas de différence sensible. La consistance au toucher, de même

1 Les pièces de ce cerveau ont été présentées à la Société anatomique

par M. Ballet, pendant le mois de novembre 1882.

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. 221

que la résistance sous le scapel de la partie épaissie est la

même, est semblable à celle des autres portions des deux hé-

misphères. Après durcissement (bichromate de potasse à

2 p. f 00), la différence entre les parties similaires devient plus

prononcée encore quant à la largeur. La coloration ne présen-

tant pas, cependant, de dissemblance, les autres parties de la

région corticale, ainsi que les ganglions centraux, n'offrent pas

d'altérations visibles à l'oeil nu; toutefois, le piqueté rouge de

la coupe des deux substances (grise et blanche) est plus pro-

noncé à droite qu'à gauche. En somme, la lésion présente à

l'examen macroscopique un épaississement de la substance

grise, sans altération de consistance. Cet épaississement est

étroitement localisé dans la région que nous avons décrite,

avec un petit foyer de ramollissement de la substance blanche

sous-jacente de deux millimètres environ d'épaisseur. Pas de

trace de dégénérescence secondaire.

L'examen histologique, à l'état frais, était fait après la dis-

sociation, par la méthode de M. Ranvier [Archives de Physio-

logie, 1883, n" 2, p. 180). Les coupes ont été traitées par le

carmin, l'hématoxyline et le méthyl vert; ils ont été employés

Fig. 1, représentant la coupe de

l'hémisphère droit (malade).

Fig. 2, représentant la coupe de

l'hémisphère gauche (sain).

ItLCUI : 1L I)L rall'l'S. '

aussi quelquefois pour l'étude à l'état frais. Comme réactifs

chimiques, nous avons également fait usage d'alcool (à 95

1. 100) et d'acide acétique (2 p. 100). Les mensurations micro-

métriques ont été faites avec 2/7 Verick.

La substance grise de la partie lésée, examinée à l'état frais,

présentait les éléments suivants : cellules et fibres nerveuses ;

fibres, noyaux et cellules de la névroglie ; vaisseaux, cristaux

de cholestérine; granulations graisseuses et pigmentaires.

En donnant la description des 'altérations des cellules ner-

veuses, nous suivrons la méthode de Doiters, indiquée par lui

dans son ouvrage classique en prenant pour type les grandes

cellules pyramidales de cette région. Remarquons, cependant,

que les cellules des autres couches présentaient les mômes ?

altérations. Le corps des cellules est tuméfié à différents de-

grés, présentant tantôt seulement une tuméfaction trouble

du protoplasma, se colorant par les réactifs d'une manière uni-

forme. Cette tuméfaction se bornait exclusivement au corps,

dans certaines cellules, sans se continuer sur les prolongements

qu'on pouvait isoler alors avec la cellule sur une longueur

de quatre-vingt-dix à cent micro millimètres. Dans ces cas, le

noyau et le nucléole conservaient leur forme et leur position nor-

males et ne présentaient pas d'hypertrophie. (PL. III, fig. 1.)

Sur d'autres cellules, beaucoup plus nombreuses que les précé-

dentes, l'altération paraissait poussée à un degré beaucoup plus

avancé, la tuméfaction se propageant alors non seulement sur

le protoplasma, mais aussi sur les prolongements (le cylindre-

axe compris). Ces prolongements sont alors quelquefois grossis

et présentent neuf à dix micro-millimètres de diamètre à leur

origine. Les cellules, ainsi tuméfiées, n'offrent pas de trace de

pigmentation normale du protoplasma; quant au noyau et

au nucléole, ils conservent encore leurs caractères distinctifs

dans l'état d'hypertrophie ci-dessus mentionné et, au contraire,

on voit que le noyau prend également part à la tuméfaction

généralisée de la cellule, car il occupe presque tout l'intérieur

du protoplasma, qui est représenté alors par une mince cein-

ture périphérique se colorant d'une façon homogène par les

réactifs. Le noyau ainsi hypertrophié présente alors de trenlc

à trente-six micro-millimètres de diamètre et soixante il

soixante-six micro-millimètres pour le corps de la cellule,

.. 1 PlliI'SllC/t(lIlrlen ! le/Je" Cchirrt. uutl Rricl,enuurr(t des Mensclteil, t86j.

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. ? 3 : 3

mesures prises entre les origines des prolongements qui, bien

que tuméfiés à leur origine, s'amincissent très rapidement

(PL. III, (ig. 2) et ne peuvent être suivis que sur quarante à

quarante-six micro-millimètres au plus. Le noyau, dans ces

cellules ainsi hypertrophiées, conserve tantôt- sa place cen-

traie, tantôt, au contraire, parait être refoulé vers la péri-

phérie, ne présentant alors qu'un disque de dimensions va-

riables, et même faisant complètement défaut. En faisant

mouvoir le corps de la cellule sous le verre, on peut

constater facilement la position excentrique du noyau et

l'aspect vitreux de la cellule. La dernière forme de l'altération

cellulaire est enfin la formation des vacuoles (vacuolisation des

cellules). Ainsi, certaines cellules tuméfiées, présentant les

caractères que nous avons décrits précédemment, font voir

dans leur protoplasma des vacuoles de grandeur différente,

excédant quelquefois les dimensions d'un leucocyte. Nous

n'avons trouvé des vacuoles que dans le corps de la cellule,

mais jamais dans les prolongements, comme cela a lieu dans

certaines myélites toxiques expérimentales décrites par nous

[Phosphore, 1880), et par Popoff [Arsenic, 1882). Le noyau des

cellules ainsi vacuolisées ou bien était refoulé vers la périphé-

rie, ou, si les vacuoles étaient nombreuses, ne se retrouvait

plus, et le corps de la cellule était formé par un entrecroise- '

ment de lignes courbes, vivement colorées par les réactifs,

tandis que les parties comprises entre l'entrecroisement ne

l'étaient pas. Ainsi le carmin, le méthyl vert, l'acide osmique

coloraient parfaitement les travées de la substance du proto-

plasma non lésée encore, en laissant libres les parties de forme

circulaire. (IL. III, fig. 3.) Quand le corps des cellules prend

une forme polygonale, dans l'intérieur duquel s'entrecroisent

les minces travées de la substance non encore lésée (ce qui in-

dique déjà un degré de vacuolisation fort avancé), les prolon-

gements subissent alors une atrophie très considérable, ne

présentant que des pointes très minces et très courtes.

Les altérations de la forme des cellules se présentent de la

manière suivante : le corps, soit fusiforme, soit pyramidal, se

tuméfie comme nous l'avons dit, prend une forme arrondie et,

plus tard, tout en conservant ses caractères d'hypertrophie,

affecte une forme polygonale irrégulière. Les mensurations de

ces cellules isolées, prises en des endroits identiques des deux

hémisphères, nous ont donné les chiffres suivants : Hémisphère.

224 RECUEIL DE FAITS.

droit (partie tuméfiée). Cellules pyramidales, dites géantes;

corps entre l'origine des prolongements, soixante à soixante-six

micro-millimètres; noyau, de dix-huit à trente-six micro-mil-

limètres. Hémisphère gauche, même région ; corps, quarante à

quarante-cinq; noyau, six à neuf. On voit donc que la diffé-

rence est considérable et la tuméfaction très prononcée. Les

mensurations des cellules des autres couches nous ont donné

des résultats analogues. Le méthyl vert colorait ces cellules

hypertrophiées et vacuolisées d'une couleur verte, sans passer

au violet indiquant la réaction amyloïde. (Kurschmann : Die

Beziehungen des methyl-gl'üns zur amyloid degene1'Ù'ten Gewe-

ben; Vi1'chow's Archfv, 1880, Bd. LXXIX.) Le picrocarminate

et l'acide osmique donnaient aussi leur réaction connue; les

vacuoles restaient alors incolores.

Les cylindre-axes isolés ne nous ont présenté qu'une tumé-

faction moniliforme, ce qui par soi seul, comme on le sait, ne

peut nullement indiquer une altération pathologique; ils se

coloraient d'ailleurs d'une manière uniforme par les réactifs.

Les altérations des vaisseaux (capillaires et vaisseaux de ca-

libre), en ce qui touche leurs parois, sont les suivantes : tumé-

faction des noyaux au point de fermer la lumière du capillaire

' dans certaines parties; prolifération de ces noyaux, que nous

avons pu parfaitement constater sur des vaisseaux et capillaires

isolés traités à l'hématoxyline. Sur les vaisseaux de calibre,

cette altération des parois se présente sous forme de gonfle-

ment des noyaux longitudinaux et transversaux des tuniques.

On trouve alors un épaississement considérable des parois; cet

épaississement n'est cependant pas constant. Certains vais-

seaux ne présentent qu'une tuméfaction des noyaux, sans alté-

ration visible de leur lumière; d'autres, au contraire, présentent

une prolifération des noyaux très abondante (de sorte que les

parois paraissent en être presque totalement 'tapissées), et

acquièrent ainsi un épaississement considérable. Nous avons

pu trouver dans l'épaisseur même des parois de ces vaisseaux

des granulations pigmentaires de couleur jaunâtre et inso-

lubles par l'alcool (95°), mais solubles par l'acide acétique

(2 p. 100). L'espace sous-adventitiel des vaisseaux de calibre

contenait toujours une certaine quantité de globules rouges,

des leucocytes et des granulations qui paraissaient consister

dans l'agglomération des noyaux de la gaine lymphatique. Ces

granulations se remarquent principalement dans les espaces

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. 21 : 5 5

sous-adventitiels des vaisseaux dont les parois sont épaissies,

ou qui sont atteints de tuméfaction et de prolifération des

noyaux des tuniques. Ces espaces ne contenaient que des glo-

bules rouges et des leucocytes. En outre des noyaux de la né-

vroglie, qu'on pouvait reconnaître à la coloration intense de

leur nucléole par l'hématoxyline et leurs corps pâles et arron-

dis, nous avons aussi trouvé des cellules dites araignées, avec

de nombreux prolongements très déliés et se colorant égale-

ment bien par l'hématoxyline. Nous n'avons jamais constaté

sur ces cellules soit de la tuméfaction, soit de la vacuolisation

analogues à celles des cellules nerveuses. Le diamètre du

corps de ces cellules n'excédait jamais six à neuf micro-milli-

mètres.

Les cristaux de cholestérine, de dimensions variables, se

présentaient sous forme de tablettes rhombiques solubles dans

l'alcool. Nous avons aussi trouvé des corps arrondis fortement

réfringeants, se colorant bien par l'acide osmique et solubles

dans l'alcool. Quant aux granulations pigmentaires, les unes

présentaient une coloration jaunâtre, avec forte réfringence;

les autres, au contraire, offraient les caractères bien connus

du pigment d'origine hématique (coloration noire, solubilité

dans l'acide acétique avec insolubilité dans l'alcool). Dans la

substance blanche, petit foyer de ramollissement offrant les

éléments connus (granulations graisseuses, globules rouges et

blancs, grains de pigment hématique, vaisseaux de calibre

avec extravasation sous-adventitielle très prononcée, mais

sans prolifération ni tuméfaction des noyaux de leurs tuniques.

Les cylindres-axes présentaient quelquefois une tuméfaction

moniliforme. Les vaisseaux isolés, pris dans d'autres parties

de la région corticale, ne nous ont présenté que des altérations

analogues à celles de la substance blanche du foyer de ramol-

lissement, sans épaississement des parois. Les cellules ner-

veuses des lobes frontaux, temporaux et occipitaux des deux

hémisphères, pris avec les vaisseaux des mêmes points, ne pré-

sentaient point d'altérations notables, soit dans la forme du

corps et des prolongements, soit dans leur réaction aux ma-

tières colorantes.

Avant de décrire les résultats de l'examen histologique des

coupes, nous ferons remarquer qu'elles ont été faites avec le

microtome de Jung (de Heidelberg), ce qui nous a permis de

les faire de grandes dimensions et par séries topographiques de

Archives, t. VI. lai

226 RECUEIL DE FAITS.

tout le territoire de l'altération (les deux substances comprises,

grise et blanche).

En examinant ces coupes à un faible grossissement (Ye-

rick 3/2), l'attention est attirée tout d'abord sur la tuméfaction

notable des cellules nerveuses, qui les atteint indifféremment

dans toutes les cinq couches de la substance grise. Les cellules

- tuméfiées sont disposées dans l'ordre connu. On le constate en

étudiant les coupes prises verticalement, dans la direction

anté1'o-postél'iew'e, à des profondeurs différentes de la partie

atteinte. En examinant les coupes prises vers le milieu du fond

du sillon, et en les comparant ensuite avec celles des parties

périphériques et plus voisines de la surface convexe, on voit que

la tuméfaction devient moins prononcée dans ces dernières.

Dans la partie horizontale de la région corticale, les cellules

des couches superficielles de la substance grise sont encore

faiblement tuméfiées, en passant insensiblement dans la ré-

gion voisine, sans altération notable des éléments nerveux.

Sur des coupes à double coloration, hématoxiline et carmin,

et examinées au même grossissement, nous avons pu cons-

tater la présence des noyaux de la névroglie, plus nom-

breux au voisinage des vaisseaux de calibre et des capillaires

(PL. III, fig. 4). Ces noyaux, disposés par groupes suivant la di-

rection des vaisseaux, se montrent en plus grand nombre dans

la partie profonde et plus centrale de l'épaississement. Dans les

parties périphériques voisines de la surface convexe, elles sont t

plus clairsemées. Les cellules araignées n'ont été trouvées que

dans le fond du sillon. En remontant vers la surface et en

examinant les coupes prises dans les deux directions (frontale

et occipitale) près de la portion la plus tuméfiée, ou pouvait

constater que, tandis que le tissu interstitiel et les vaisseaux

ne présentaient pas d'altérations notables, les cellules ner-

veuses présentaient les caractères de la tuméfaction pronon-

cée. Enfin, dans les parties plus centrales, la trame de la né-

vroglie offrait un entre-croisement très riche et plus dense

et se colorait plus vivement que dans les parties périphériques

et excentriques des branches ascendantes du sillon.

A un grossissement de 3/7 et 3/8 Vérick, les altérations

des cellules nerveuses se présentaient avec les caractères que

nous avons indiqués en décrivant ces éléments à l'état frais

après dissociation. En étudiant les coupes topographiquement

et par séries, on voit que la tuméfaction du corps et des pro-

. E'\C¡ : ;PIl \[,['1 ¡.; P,UlE : \CIl HLI.TEUSE. 227

longemcnls des cellules sans vacuolisation est la règle et qu'il

et plus rare de rencontrer une cellule à la fois tuméfiée et-

vacuolisée. Dans les parties plus centrales, on trouve cepen-

dant nombre de ces cellules (dites géantes) tuméfiées et vacuo-

lisécs en même temps, avec atrophie plus ou moins prononcée

des prolongements. Sur certains points, nous avons pu cons-

tater qu'au voisinage des vaisseaux, les altérations des cel-

lules étaient beaucoup plus prononcées. Ainsi, souvent, une

cellule vacuolisée et ayant perdu son noyau et ses prolonge-

ments, présentait une véritable ceinture formée par un capil-

laire avec tuméfaction des noyaux de sa paroi, tandis qu'au'

contraire les cellules qui se trouvaient un peu plus éloignées

des vaisseaux ne présentaient alors qu'une tuméfaction trouble,

avec ou sans conservation du noyau et du nucléole'. Nous

avons aussi pu voir, qu'au voisinage des vaisseaux avec proli-

fération des novaux et extravasation sous-adventitielle abon-

dante, avec présence des granulations jaunâtres, se trouvant en

dehors de la gaine lymphatique des vaisseaux, ces dernières

paraissaient pénétrer dans le corps des cellules voisines en

formant ainsi des excavations dans le protoplasma du corps

cellulaire. - !

En examinant attentivement le rapport mutuel entre les

vaisseaux de cette ^région et les cellules nerveuses, on peut

constater qu'il n'existe pas de parallélisme entre l'évolution

des altérations de ces deux parties. Les vaisseaux des parties

profondes présentent un épaississement notable de leurs parois,

avec les caractères déjà décrits sur les préparations faites avec

dissociation ; mais dans, les endroits les plus rapprochés de la

surface convexe, les capillaires ainsi que les vaisseaux de ca-

libre, ne présentent qu'une tuméfaction peu appréciable des

noyaux des parois, sans prolifération' ou division.' Les cel-

lules nerveuses, au contraire, dans ces endroits conservent

les mêmes caractères de la tuméfaction très prononcée. On

remarque encore que cette tuméfaction cellulaire diffuse et

qui se propage indifféremment, dans toutes les couches, est

accompagnée de leur vacuolisation, 'mais seulement dans les

endroits où se trouvent les altérations des parois vasculaires,

avec présence de noyaux libres dans la trame de la névroglie

' ')'

1 Le fait que nous indiquons ici est semblable iL celui qui est constaté

par AI. le professeur licl'7.rjews"i : Lésions de la région corticale dans

la paralysie générale. (Archives de Physiologie, 1875.)

228 RECUEIL DE FAITS.

et des cellules dites araignées. Relativement à la prépondé-

rance de ces deux formes d'altération des cellules et des vais-

seaux, on peut remarquer que l'épaississement des parois des

vaisseaux ainsi que la vacuolisation des cellules se rencontre

beaucoup plus rarement, ainsi que les cellules araignées. Ainsi,

nous n'avons jamais rencontré la vacuolisation de plusieurs cel-

Iules dans un même endroit; cette altération ne s'observe que

sur quelques cellules, relativement peu nombreuses. L'épais-

sissement des parois, avec les caractères déjà décrits, et la pré-

sence des éléments dans la gaine lymphatique est également

moins fréquent que la simple extravasation sous-adventitielle

des éléments du sang. C'est surtout lorsqu'on examine les

sections transversales des vaisseaux, sur des coupes colorées par

l'hématoxiline, qu'on peut très bien te rendre compte de cette

différence. Ayant fait, à titre de comparaison, des coupes à

l'endroit identique de l'hémisphère opposé, nous avons ainsi

pu bien constater la différence notable qui existe entre la vue

d'ensemble des deux côtés. En comparant les figures 5 et 6

(PL. III), on peut l'apprécier très nettement.

La trame de la névroglie est un peu plus épaisse et parait

avoir les mailles plus serrées avec des fibres plus fortes et plus

colorées dans les parties profondes. Sur la périphérie et dans

les régions plus éloignées du siège de la tuméfaction, les cou-

pes des parties identiques ne présentent pas de différence sen-

sible, elle devient presque nulle dans les couches superficielles

de la partie horizontale de la substance grise. La présence

des cellules tuméfiées seule indique quelle est la partie qui

appartientàl'hémisphèrelésé. Quoique nous n'ayons pas trouvé

dans d'autres parties de la région corticale, d'altérations des

cellules nerveuses, nous devons cependant remarquer que l'hy-

perémie des capillaires, ainsi que celle des vaisseaux de calibre

sans altération des parois, avec extravasation dans les gaines

lymphatiques, était beaucoup plus prononcée sur l'hémisphère

droit. Cette différence était surtout très marquée dans toute

l'étendue du lobe frontal.

La substance blanche des circonvolutions, ainsi que celle

des parties centrales, ne présentait rien d'anormal, sauf une

dilatation des vaisseaux et de leurs gaines lymphatiques, plus

prononcée du côté droit. La pie-mère, examinée d'après les

mêmes méthodes, et prise en différents points avait seulement

ses vaisseaux plus dilatés dans la région frontale du côté droit;

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. 229

présentant, en outre, des agglomérations considérables des

éléments du sang dans son tissu.

Les résultats histologiques démontrent donc que, dans une

partie limitée de la substance grise de la zone dite motrice de

l'hémisphère droit, nous nous trouvons en présence d'une

lésion présentant deux caractères distincts. Les premiers se

rapportant à l'altération des éléments nerveux (cellules), les

seconds à celle de la névroglie et des vaisseaux. Autrement

dit : la lésion doit-elle être envisagée comme une encéphalite

interstitielle avec altération consécutive des cellules nerveuses, ou

bien est-ce le contraire qui a lieu et doit-on la considérer

comme une encéphalite parenchymateuse avec altérations inters-

titielles consécutives ? Où doit se trouver le point tranchant la

question ; dans le tissu interstitiel ou dans les cellules ?

Sur plusieurs coupes, nous avons pu constater la tuméfac-

tion des cellules à un degré très avancé alors que la névroglie

et les vaisseaux ne présentaient pas d'altérations notables, et

que la différence entre les endroits identiques des deux côtés

des hémisphères consistait uniquement dans la présence des

cellules tuméfiées sur les coupes du côté droit. Dans d'autres

parties, cependant, la tuméfaction des cellules se trouvait as-

sociée à des altérations de la névroglie et des vaisseaux; ce qui

indiquait un processus pathologique interstitiel apparaissant

avec les altérations parenchymateuses. Remarquons que la

vacuolisation des cellules nerveuses se trouvait exclusivement

dans les parties qui avaient des cellules araignées et où les

vaisseaux étaient profondément altérés dans la structure de

leurs parois (tuméfaction des noyaux des tuniques, leur proli-

fération, présence des noyaux libres des parois de la gaîne

lymphatique dans l'espace sous-adventitiel, granulations pig-

mentaires, etc.). Ces lésions, cependant (vacuolisation des

cellules et encéphalite interstitielle), étaient tellement peu

prononcées, comparativement à la prédominance bien marquée

de la tuméfaction des cellules, que nous nous croyons pleine-

ment autorisé à considérer les cellules nerveuses comme le

véritable point d'issue du processus pathologique, basant avant

tout nos conclusions sur les faits déjà indiqués : présence des

cellules tuméfiées dans, un stroma non lésé, avec des vaisseaux

sans altérations de leurs parois. Quant au fait de la présence

d'un processus interstitiel dans les parties plus profondes,

nous pensons l'expliquer par les considérations suivantes ; ,

230 RECUEIL DE FAITS.

On sait que les cellules nerveuses, après la tuméfaction du

début, subissent ensuite une atrophie, précédée quelquefois

de vacuolisation, avec destruction totale. On peut donc par-

faitement admettre que, pendant cette période, l'irritation se

propage sur le tissu interstitiel entourant les cellules et, tout

en exerçant une influence destructive sur ces éléments, amène

en même temps une modification notable dans le tissu envi-

ronnant. Les éléments de la névroglie deviennent alors plus

nombreux, les cellules nerveuses, en se vacuolisant, finissent

par disparaître et leur place est prise par des éléments de nou-

velle formation d'origine connective. Or, les vaisseaux pré-

sentent aussi, en même temps, des lésions irritatives et les

altérations de leurs parois, par la prolifération de leurs élé-

ments constitutifs, ajoutent. encore à l'influence des éléments

du tissu interstitiel. Quant à la supposition qu'il s'agit ici de

deux processus différents, opérant leur évolution synchroni-

quement (encéphalite parenehymateuse et interstitielle), nous

pensons qu'elle est la moins admissible; en raison de la pré-

sence des lésions parenchymateuses des cellules, alors que le

tissu interstitiel et les vaisseaux ne sont pas encore altérés.

Aussi, nous croyons que la lésion principale consiste, dans le

cas que nous étudions, dans un processus pathologique qui a

dû débuter par les cellules nerveuses et qui, dans certains

endroits, où il était plus ancien, a amené les altérations inters-

titielles consécutives à l'atrophie des éléments nerveux

affectés tout d'abord. Le processus d'altération des cellules

(alors parenchymateux) est plus ancien dans l'endroit où nous

constatons les lésions des vaisseaux et les cellules araignées.

Il résulte de ces faits que, dans cette région seulement, on

trouve les cellules dans un état de destruction plus avancé,

représenté par la vacuolisation et la perte des prolongements.

Dans les autres parties, au contraire, la lésion se borne à

différents degrés de tuméfaction trouble. La présence de cel-

lules offrant un degré d'altération plus avancé, au fond du

sillon et dans les parties plus centrales indique également, à

ce qu'il nous semble, que les éléments nerveux (cellules) doi-

vent être considérés comme le point de départ de l'altération.

Quant à la tuméfaction des cellules des couches superficielles

et des parties excentriques, leur état, présente la première

période de l'évolution d'un processus qui est très intéressant t

par la présence des lésions parenchymateuses par excellence

ENCEPHALITE PARENCHYMATEUSE. 231

et qui sont limitées sur un certain espace de la substance grise

corticale.

' M. le professeur Charcot, qui, avec sa bienveillance habi-

tuelle, a bien voulu examiner nos préparations, a attiré notre

attention sur l'analogie des altérations que nous avons consta-

tées avec celles qu'il a décrites pour la première fois, en 18721, ',

sur les cellules des cornes antérieures de la moelle dans la

téphro-myélite antérieure. Il remarqua, en outre, qu'actuelle-

ment, on ne connaissait encore rien d'analogue pour le cer-

veau. En effet, si l'on compare notre description des altérations

des cellules à celle faite par M. Charcot (loc. cit., p. 184), on

voit parfaitement que rien ne s'oppose au rapprochement de

ces deux ordres de faits. Ce rapprochement est d'autant plus

fondé qu'il n'y a aucune raison d'admettre qu'une cellule ner-

veuse dite motrice de la région corticale, cellule qui ressemble

morphologiquement à celle des cornes antérieures, réagisse

anatomiquement d'une façon différente de cette dernière. -

Nous croyons que les considérations de Weigerf nous auto-

risent à envisager ces altérations comme un processus distinct et

primaire. Cet auteur, en discutant la question des altérations

dans le corps des cellules, remarque que, dans certaines formes

de myélites, les cellules nerveuses peuvent subir spontané-

ment une altération qui ne rappelle en rien les données clas-

siques que l'on attribue en général aux altérations inflamma-

toires, mais qui sont distinctes aussi par les réactions chimiques,

de la dégénérescence dite amyloïde. Cette lésion se caractérise

principalement par la tuméfaction de la cellule, avec altéra-

tions atrophiques consécutives du noyau et du protoplasma.

Considérant la ressemblance du processus que nous avons dé-

crit avec celle des caractères indiqués par cet auteur, nous

croyons pouvoir admettre son opinion et ranger les altérations

que nous avons présentées dans le processus qu'il a proposé de

nommer : nécrose par coagulation (coagulation-nécrose).

En admettant cette explication, la présence des cellules tu-

méfiées et altérées à divers degrés, dans une trame de névro-

glie qui ne l'est pas, n'a rien d'étrange et indique, au contraire,

que les observations anatomo-pathologiques de 1872, de

1 Chnrcot. - Leçons sur tes maladies du système nerveux, 1880.

°- UeGer palltologiscltc gerinnungs Yorgttge. (Virchow's Archiv , Bd.

LXXIX, 1880.)

32 RECUEIL DE FAITS.

M. Charcot, et les considérations théoriques de M. Weigert,

de 1880, se trouvent confirmées par les résultats de l'étude

histologique sur une autre partie du système nerveux central.

Malgré nos recherches bibliographiques, nous n'avons pu

trouver rien d'analogue aux faits que nous présentons ici.

D'après les descriptions des lésions que nous avons données,

on voit bien qu'elles diffèrent complètement, comme étude

microscopique, des scléroses en foyers de la région corticale

décrites dans ces derniers temps. Ainsi, dans le cas de Pollak

(AI'clll'V sur Psychiatrie, Bd. XII, 1881, p. 157. Congénitale

multiple Herdsclerose der Centralnerven Systems), il s'agit de

petits noyaux d'endurcissement trouvés sur les circonvolutions

d'un enfant idiot. Dans celui de Brùckner (Archiv sur Psychia-

trie, Bd. XII, p. 551-563. Ueber multiple tuberose sclérose der

gross HÙ'Il1'inde), les altérations microscopiques trouvées sur

le cerveau d'une femme de vingt-deux ans, atteinte d'épilepsie

partielle, se présentent sous forme de foyers de sclérose de la

substance grise des circonvolutions. Histologiquement, la né-

vroglie est très épaissie. La substance grise, immédiatement

sous la pie-mère, présente des fibres onduleuses et très fortes,

mais on n'y constate pas la présence de cellules nerveuses,

tandis que les noyaux de la névroglie s'y montrent en grand

nombre. Ces noyaux se trouvent aussi abondamment autour

des vaisseaux qui contiennent une grande quantité de noyaux

ronds dans les espaces lymphatiques périvasculaires. Dans

certaines parties, les grandes cellules multipolaires sont tumé-

fiées sans altération des prolongements. Remarquons, cepen-

dant, que l'auteur ne dit rien de l'état des parois des vaisseaux,

et qu'il se borne à la constatation de la tuméfaction des

grandes cellules multipolaires de l'écorce. Il reste muet sur

l'endroit où il a trouvé cette tuméfaction et ne parle pas de

l'état du tissu environnant, ce qui est fort important au point

de vue qui nous intéresse. En indiquant ensuite que, dans

d'autres parties, les cellules pyramidales ne présentaient pas

d'altération, il remarque que leur disposition en couches ré-

gulières est infirmée et qu'il y a là une irrégularité dans la

direction des prolongements. En comparant ces données aux

résultats de nos recherches, on en pourra constater aisément

la différence.

Dans le mémoire de MM. Bourneville et Brissaud [Archives

de Neurologie de 1880, p. 392-'v1 ? . Contribution ri l'étude de

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. 233

l'Idiotie) , il s'agit des tubérosités superficielles que les auteurs

nomment polio-encéphalite tubéreuse. Ils insistent encore sur

ce que cette lésion ne leur a jamais paru s'étendre jusqu'au

fond des sillons et des scissures. Ils croient que le point de

départ de l'affection réside plutôt dans la névroglie de la subs-

tance grise corticale, avec localisation dans les parties les

plus superficielles du cerveau. Mais quelle est la cause de cette

localisation ? Ils ne l'indiquent pas et ne se croient pas auto-

risés à émettre des hypothèses sur ce point, et ils remarquent

seulement que le voisinage des méninges n'y joue aucun rôle,

car ces membranes étaient relativement intègres.

L'examen histologique des coupes, sur des fragments préa-

lablement durcis au bichromate d'ammoniaque à 40 p. 100,

fait par M. Brissaud, indiqua l'absence des éléments nerveux,

épaisseur de la trame névroglique, présence des cellules arai-

gnées et vascularisation excessivement restreinte de ce tissu

morbide. Enfin, M. Pozzi, dans une note sur la cirrhose gl'Q1JU-

leuse des circonvolutions, etc. [Encéphale, 1883. N° 2, p. 155 à

177), décrit un cas de lésions de la région corticale du cerveau

d'un aliéné. Ces lésions se présentent sous deux formes : l'une

analogue aux faits indiqués par Bourneville et Brückner (Cz ?

rhose hypertrophique); l'autre sous forme de cirrhose atro-

phique granuleuse. Cette dernière, d'après M. Pozzi, n'était

pas encore connue avant lui. Histologiquement cependant, les

altérations sont les mêmes que celles qui sont décrites dans le

travail de MM. Bourneville et Brissaud. Nous relèverons, en

passant, dans la note de l'auteur, l'analogie qu'il croit pouvoir

trouver entre le foie et le cerveau dans l'évolution de la cir-

rhose. Si on veut se rappeler la différence fondamentale qui

existe entre le tissu interstitiel de ces deux organes, différence

bien connue des personnes compétentes, ce rapprochement

paraîtra au moins singulier.

Notre aperçu bibliographique serait incomplet si nous n'a-

joutions pas que, dans un travail très approfondi, qui nous

fut indiqué par M. Charcot. M. Klebs a étudié la question des

néoplasmes dans le système nerveux central. (Beitruge sur

Geschwulst Lelare, 1S77. I. Heft. Séparât, abdruck aus Prager-

Fez Jahrsclara ft. Bd. CXXVI et CXXXIII).

Dans ce mémoire, l'auteur dit qu'on trouve certaines formes

de gliomes avec éléments, dont la nature nerveuse n'est

pas discutable. Comme dans le cas qui fait l'objet de cette

23t b RECUEIL DE FAITS.

étude, il s'agit essentiellement d'altérations de ces éléments,

nous croyons utile de résumer ici les faits présentés par

M. Klebs, afin de faire ressortir la différence qui existe entre

les altérations qui appartiennent aux néoplasmes qu'il dé-

nomme neurogliomes et les résultats de nos recherches.

Se fondant sur l'examen de neuf cas de ces tumeurs dans

diverses parties du système nerveux central, M. Klebs dis-

tingue trois périodes bien tranchées dans leur évolution : hy-

pertrophie diffuse des éléments nerveux (fibres et cellules) ;

ensuite compression des parties normales voisines et, enfin, la

délimitation du tissu environnant. Ces altérations consistent

dans la présence d'éléments considérablement hypertrophiés

(cinquante-six miçro-millimètres avec noyaux de cinq à six

micro-millimètres) qu'il nomme : formations semblables aux cel-

lules ganglionnaires (Ganglien zellenàmliche Gebilde, loc. ci(.,

p. 48). Ces formations qui possèdent les mêmes caractères mor-

phologiques et chimiques que ceux des cellules nerveuses, mais

qui ne les sont pas pourtant, présentent des dérivés soit de ces

éléments, soit des fibres nerveuses. En donnant la description

de ces éléments, l'auteur insiste beaucoup sur la présence dans

leur protoplasma de quelques .noyaux et de plusieurs nu-

cléoles. Ce fait s'expliquerait, d'après lui, par la segmentation

de cellules nerveuses et par la formation d'étranglements sur

les cylindres-axes hypertrophiés, avec leur division consécutive

et formation des noyaux et nucléoles dans ces parties hyper-

trophiées. Dans les périodes plus avancées, ces tumeurs subis-

sent une altération présentant tous les caractères de la sclérose

sans cependant donner lieu à une altération notable des vais-

seaux et de leurs parois.

Quoiqu'il résulte de notre examen, qu'ainsi chez M. Klebs,

la principale altération consiste dans la tuméfaction des cel-

lules nerveuses il n'en existe pas moins une différence fonda-

mentale qui est la suivante : nous n'avons jamais trouvé d'hy-

pertrophie des cylindres-axes présentant les caractères indi-

qués par cet auteur; en outre, la présence de deux ou plusieurs

noyaux dans une cellule nerveuse des centres, dans cer-

tains cas au moins, est un fait actuellement encore très discu-

table ; quoique Figges et d'autres le mentionnent depuis long-

temps pour la paralysie générale; mais des recherches ulté-

rieures ont démontré depuis que s'il n'est pas la suite d'une

illusion optique de l'examen d'une coupe, il ne se rencontre

ENCÉPHALITE PARENCHYMATEUSE. 23,) -)

que fort rarement sur une cellule isolée, ou plutôt même

jamais (Mierzejewski). Il n'est cependant pas impossible que

cette segmentation puisse avoir lieu, si on veut bien se rap-

peler surtout des récentes recherches de Auerbach et de

Flemming sur la cariokynèse. Mais, quand à nous, nous ne

l'avons pas encore observé jusqu'ici chez les adultes, ni dans

la moelle, ni dans le cerveau. On voit donc que sur ce

point, il existe une différence entre les résultats des re-

cherches de M. Klebs et les nôtres. Nos résultats sur ce

point sont conformes aux recherches de P. Mayer et H. Beyer.

prchiv sur psychiatrie, 1882, p. 392. Ueber 'paî,eizchy ? ? ial6se

eilzt(21duiigeiz im central nerven sysiem und z' ! I1'e beziehun-

gen ziir gliome) qui ont étudié le cerveau d'un homme de

soixante et un ans, présentant une lésion du lobe frontal

droit (pas de localisation de la lésion) avec vive coloration

rouge foncé. Microscopiquement, ils ont trouvé des corps

analogues aux cellules avec plusieurs noyaux, hypertrophie

des cylindres-axes, avec formation des noyaux dans leur inté-

rieur et formations d'étranglements et vascularisation très

abondante avec multiplication des noyaux des tuniques. En

admettant avec Klebs (loc. cit.), la possibilité de la formation

des corps celluliformes des cylindres-axes, ils n'ont jamais pu

constater ni la segmentation directe des cellules nerveuses ni

leur néoformation, avec les caractères distinctifs apparte-

nant à ces éléments. Ces auteurs croient ici avoir à faire à un

processus parenchymateux inflammatoire qui devrait présenter

une- transition aux néoplasmes homologues du système ner-

veux central. Nous n'avons pas ici à discuter leur point de

vue, que nous nous bornons seulement à signaler, ayant déjà

exposé précédemment nos idées à ce sujet.

Pour terminer nous rappellerons que Samuel Wilks (< ? K

Ilospital Reports, 1866, t. XII, p. ? 7), discutant la question

de la localisation des lésions dans l'épilepsie partielle, insiste

sur ce point que c'est dans la substance grise du cerveau qu'il

faut les chercher. Nos recherches, à ce qu'il nous semble, per-

mettent de préciser ce fait encore plus nettement. Nous dirons

donc que les cellules nerveuses elles-mêmes, pour cette fois au

moins, peuvent être regardées comme le véritable fons et

origo mali, ainsi qu'il le dit en parlant de la substance grise en

général.

236 RECUEIL DE FAITS.

EXPLICATION DE LA PLANCHE III

Fig. 1. - Cellule pyramidale géante isolée de la région de la lésion.

Tuméfaction du corps au début, sans altération du noyau et du nucléole.

(Verick. 317.)

Fig. 2. Cellule de la même région, tuméfaction plus prononcée, in-

le noyau et le nucléole, et se propageant sur les prolongements

qui s'amincissent rapidement (Verick, 3/7.)

Fig. 3. Vacuolisation d'une cellule pyramidale prise du fond du sillon,

Déplacement du noyau à la périphérie, atrophie des prolongements forte-

ment tuméfiés à leur origine. (Verick 3/7 )

Fig. 4. Coupe verticale par la partie tuméfiée à la base du sillon,

près de la substance blanche. Double coloration à l'hémotoxyline et au

carmin. Tuméfaction des cellules à divers degrés avec conservation des

noyaux dans leur protoplasma. Les noyaux sont particulièrement nom-

breux au voisinage des vaisseaux. (Verick, 3/2.)

Fig. 5. Coupe verticale à travers la substance grise du fond du sillon

entre la première et deuxième frontales de l'hémisphère sain (gauche).

Les grandes cellules pyramidales ne présentent pas d'altérations ni du

corps ni des prolongements, ni du noyau. Coloration par le carmin.

(Verick, 3/7.)

Fig. 6. Coupe identique à la précédente par le même endroit de

l'hémisphère lésé (droit). Tuméfaction des cellules à divers degrés, avec

ou sans déplacement du noyau. Le centre est occupé par une grande cel-

lule tuméfiée et vacuolisée en même temps avec atrophie ries prolonge-

ments. Les vaisseaux et les noyaux libres de la névroglie sont peu nom-

breux. (Verick, 3/7.)

N.-I3. Tous les dessins ont été faits il la chambre claire de Romens-

hausen.

IDIOTIE ET ÉPILEPSIE PARTIELLE CONSÉCUTIVE A UNE

MÉNINGO-ENCÉPHALITE CHRONIQUE; par UOURNRV1LU; et

LFrt.mvH : .

Le fait qu'on va lire fournit un nouvel exemple de la forme

d'idiotie, consécutive à une méningo-encéphalite chronique,

sur laquelle l'un de nous a déjà appelé l'attention à diverses

reprises. Le diagnostic anatomique a pu être porté durant la

vie; il est donc probable que, dans un temps prochain, il sera

possible.de tracer un tableau complet de cette forme d'idiotie,

qui, dans ce cas, était compliquée d'épilepsie partielle.

IDIOTIE ET ÉPILEPSIE PARTIELLE. 237

Observation. - Grand-père et grand'mère paternels paralysés.

Oncle maternel paralytiquegénéral.-Fréres et soew's morts de con-

vulsiozzs.

Convulsions de deux mois ci deux ans. - Méningite à trois ans,

suivie a" affaiblissement paralytique du côté gauehc. - Premiers ver-

tiges ci trois ans et demi. - Premiers accès vers quatre «ns.-

Diminution -progressive des facultés intellectuelles : idiotie, ou mieux

démence. Traitement des accès par l'acide sclérotinique. État

de mal. -Tempé/'[tt1l1'e élevée.- Amélioration.- Broncho-¡Jnell1no-

nie. - Mort.

Autopsie : Adhérences de la pic-mère ci la substance grise.

Décortication totale, par foyers, de la substance grise. - Induration

et atrophie de la substance blanche sous-jacente. Différence de 120

grammes entre les deux hémisphères cérébraux. - Lésions pztl-

monaires.

13ourui..., âgé de six ans, est entré le l septembre '1882, à

l31cêtre (service de M. Bourneville).

Renseignements fournis par son père (10 novembre 4 88` ? ). - Père,

quarante-cinq ans, homme de peine ; pas d'excès d'aucun genre ;

assez intelligent; pas d'accidents nerveux. [Père, cultivateur, mort

à soixante-quatre ans «de paralysie, un peu de partout, mais surtout

de la langue )).- Mère, quatre-vingt-deux ans, bien portante, pas

d'attaques de nerfs. Grand'mère maternelle, morte paralysée.-

l'as d'aliénés, etc., dans la famille.

illère, trente-sept ans, fait son ménage, intelligente, d'habitude

bien portante, actuellement convalescente d'une fièvre typhoïde ;

elle n'a pas d'attaques, mais est très nerveuse et se trouve quel-

quefois mal, à la suite de contrariétés. [Père, soixante-quatre ans,

fruitier, en bonne santé. - Mère, morte de la poitrine à vingt-huit

ans.- Un frè·c est mort de paralysie générale progressive dans le

service de M. J. Voisin, à Bicêtre, il y a un an, après y être resté dix-

huit mois; il avait commis de nombreux excès de boisson.- Pas

d'autres aliénés, pas de paralysés, pas de difformes, ni de suicidés

ou de criminels dans la famille.] -Pas de consanguinité.

Dix enfants et fausses couches : 1° garçon, quatorze ans, intel-

ligent, pas de convulsions;- 2° fille, morte à neuf ans d'accidents

pulmonaires ayant duré huit jours; convulsions jusqu'à quatre ans;

était très intelligente ; 3° fille, morte en nourrice à deux mois,

on ne sait de quoi; aurait eu de légères convulsions ; -4° garçon,

mort de diarrhée à un mois ; pas de convulsions ; S" garçon,

bien portant, a eu des convulsions jusqu'à trois ans; 6° fausse

couche à six mois, sans motifs ; -io fille, morte à deux ans et

demi de méningite, avait déjà eu des convulsions ; - 8° fausse couche;

9° notre malade; - 10° fille, de sept mois, pas de convulsions.

2 ! o RECUEIL DE FAITS.

1'uU,; ttt tlode. Hienlle particulier lors de la conception, durant la

groscsse, ni il la naissance. Nourri au sein par sa mère jusqu'à dix-

huit mois. A deux mois, premières convulsions ayant duré de cinq

il dix minutes. Depuis cette époque jusqu'à l'âge de deux ans, il en

aurait eu à cinq ou six reprises; elles étaient courtes et légères;

pas d'autres détails. Il a commencé à parler et à marcher seul à

un an et a été propre vers quinze mois. A trois ans, il était bien

constitué, ressemblait aux autres enfants et allait à l'asile. C'est à

cette époque qu'il a eu une méningite qui aurait duré six semaines,

et pendant laquelle il aurait été quinze jours sans connaissance,

délirant, mais n'aurait pas eu de convulsions. Dans le cours de la

maladie, le bras gauche perdit la sensibilité et le mouvement; le

médecin n'aurait pas exploré la jambe. Après cette maladie,

B... marcha difficilement et eut tout le côté gauche plus faible; mais,

au bout d'un mois, il marchait bien et pouvait se servir de sou bras

gauche. La parole était plus lente qu'avant la maladie; il ne

bégayait pas.

Dellx moisaprès laconvalescence, il retourna à l'asile ; il apprenait

bien et avait de la mémoire, mais, tous les huit à dix jours, il avait

un u étourdissement» : il tombait par terre brusquement et se rele-

vait aussitôt. Six mois plus tard, ces étourdissements ayant augmenté

de fréquence, il fut renvoyé de l'asile; il était âgé d'environ

quatre ans. Il resta alors à la maison. Les étourdissements devinrent

plus fréquents et finirent par être quotidiens; souvent il se blessait,

et il s'est ainsi cassé toutes les dents.

Le premier accès eut lieu en novembre 1881. Dans un accès

(février 1882), il se brûla le cou et la figure avec une marmite de

soupe et cette brûlure mit six semaines il guérir.

A partir de l'année 1882, il eut plusieurs vertiges et plusieurs

accès par jour sans jamais avertir. La parole devint de plus en

plus difficile, et, à partir du mois de juillet, la déchéance intellec-

tuelle s'est accusée : il est devenu gâteux, vonace ; la marche s'effec-

tuait difficilement, il désaprit l'usage du couteau et de la fourchette

et mangeait lentement avec une cuiller. Il bave depuis dix-huit

mois. Il reconnaît son père, mais moins sa mère; autrefois cares-

sant, il est maintenant indifférent. Les accès et les étourdissements

au moment de l'entrée revenaient jour et nuit; mais, la nuit, ce sont

plutôt des étourdissements. Depuis sa méningite, il a très rarement

des cauchemars; il n'en n'avait jamais eu auparavant. Traitement

antérieur par le bromure de potassium. Ni succion, ni balancement,

ni grincement de dents. Pas d'accès de contracture. Aucune

lièvre éruptive. Croûtes fréquentes du cuir chevelu. - Diagnostic :

Idiotie consécutive dune méningo-encéphalile ; épilepsie.

Du au 28 octobre, la température s'est toujours maintenue

entre 38° et 38°,8, sauf une élévation isolée à 40", le 8 au malin.

Le 26, revaccine sans succès avec du vaccin humain à droite et du

tWUTU. Lr Lt·o,ua·su : l'.11t'l'IELt,t : . 231)

vaccin de génisse il gauche; du z-19 octobre au 8 novembre, la tempé-

rature a oscillé entre 38° et 3-il,6.

1 cr décembrc. - Injections hypodermiques d'acide selérotinique' 1

(\ gouttes de la solution Prévost centigramme 1/2).

10.- 3 centigrammes d'acide sciérotimquo.

15. 4 centigrammes 1/2. Pendant le. mois de décembre,

il y eut 194 vertiges, dont 1 G ! ! pendant le jour (maximum 20, le

13); pendant la nuit, il n'y cn eut que deux fois : une fois 10 et

l'autre 15. Les accès, dans la même période, ont été au nombre de

15(i. Les diurnes ont été quotidiens, sauf une interruption de deux

jours et une de trois. Ils ont été au nombre de 13'i, et leur maxi-

mum a été de Il t (2j décembre). La nuit, il y en eut '6 du ler au 2 ! );

(i dans la nuit du 29 au 30, et 10 dans la nuit du 30 au 31. Ces

accès ont toujours été localisés au côté droit.

30. - Le malade qui descend, lit il la petite école, se trouve trop

faible pour se lever, et reste au lit.

31. - T. R. 39". - Soir : T. R. 39°,4. Dans la nuit du 31 dé-

cembre au 1 cr janvicl', 10 accès.

1883. il, janvier. - Les injections d'acide sclérotiniclue sont

portées à XX gouttes (6 centigrammes) ; ces injections n'ont ja-

mais produit d'accidents locaux, ni généraux. T. Il. 39°, 6. Dans la

journée 120 accès. A 3 heures, T. 42", G ; à 5 heures, T. 4 ? 8 ; à

7 heures, T. 41 °,G.

Dans la nuit du le, au 2, 30 accès ; T. à 9 heures du soir, 40°;

à 11 heures, T. 42°; à I heure du matin, T. 42°,2 ; il 3 heures,

·1·, 4.o°,ü. '

2. zut. R. 42°,4. Dans la journée, 199 accès. La tête, le tronc, et

les membres sont symétriques. Organes génitaux normaux. Le ma-

lade est dans le décubitus lotéro-dorsal droit; la tête repose sur la

joue droite; la face est pâle; les yeux sont cernés; les paupières

enflammées sont closes; en les soulevant, on voit que les globes

oculaires sont dirigés vers la droite; pupilles égales et contractées

malgré l'obscurité relative; narines pulvérulentes ; lèvres sèches,

couvertes de fuligir.osités. c

Le bras droit est rapproché du tronc; l'avant-bras est en demi-

flexion et demi-pronation; la main est fléchie ; les doigts sont à

demi-fléchis sur le métacarpe ; les phalanges sont étendues ; le

pouce est dans l'adduction,

La cuisse droite est étendue sur le bassin ; la jambe est presque

étendue. Pas de contracture; le pied est fortement fléchi et dans

l'adduction; les orteils sont en position normale.

Du côté gauche, la flexion incomplète prédomine aussi, mais le

malade modifie de temps en temps et spontanément sa position.

'Voir Bourneville et Bricon. Manuel des injections sous-cutanées.

2t0 0 RECUEIL DE FAITS.

On imprime facilement des mouvements à la tête et au cou. Il y

a un peu de raideur des muscles extenseurs du rachis.

Le malade, depuis hier matin, n'a pris qu'un potage. Pas de

dysphagie, ni de vomissements ; selles diarrhéiques involontaires.

L'enfant ne tousse pas ; rien à l'auscultation.

Cet état habituel est traversé par des crises revenant à inter-

valles variables; il yen a quelquefois plusieurs en cinq minutes-;

mais aujourd'hui, il est rare qu'il y ait plus de cinq minutes entre

deux accès.

Description d'un accès. L'attitude habituelle s'exagère; les mem-

bres du côté droit se raidissent davantage ; puis, on observe une

tréémulation du membre inférieur droit, pendant laquelle la jambe

se fléchit un peu sur la cuisse, tandis que le pied s'étend sur la

jambe.

A la face, trémulation des muscles du côté droit, plus marquée

sur les muscles qui attirent à droite la commissure labiale; la di-

rection des yeux à droite s'exagère aussi; mouvements du rele-

veur de la paupière et des élévateurs de l'aile du nez.

Pendant ce temps, du côté gauche, se montrent des mouve-

ments irréguliers, consistant surtout dans les mouvements de cir-

cumduction de l'épaule, l'abduction du bras, -et la flexion de la

jambe. Ni stertor, ni écume. Lorsqu'on remue le malade, il

pousse quelques gémissements très faibles. L'état comateux est

permanent; nul indice de connaissance dans l'intervalle des accès.

Traitement : Sulfate de quinine, 1 gramme en 4 paquets; eau-

de-vie allemande, 15 grammes; 1 sangsue derrière chaque oreille.

3. Dans la nuit, on a compté 53 accès, T. R.40°. A la visite du

matin, l'état de l'enfant parait s'être notablement amélioré : il est

moins incliné à droite; il ouvre spontanément les yeux et semble

regarder autour de lui; les sensations désagréables se traduisent

par des gémissements plus accentués; le chatouillement de la

plante des pieds produit des réflexes très marqués à droite, très

peu à gauche; il n'y a pas d'exagération des réflexes rotuliens. Le

bras droit soulevé retombe aussitôt, tandis que le bras gauche se

maintient un peu. Même chose aux membres inférieurs.

Sonorité normale dans la poitrine. - Le malade prend un peu

de lait. T. R. à une heure 41 ? Le soir T. R. 41°,2. Dans la journée

soixante-dix-huit accès. Traitement : deux injections sous-cutanées

de 0 gr. 10 de sulfate de quinine; eau-de-vie allemande, 20 gr.;

lotions vinaigrées.

4. Dans la nuit, qui a été mauvaise, douze accès. Le matin,

amélioration. T. R. 39°. - Le malade est couché sur le dos, les yeux

ouverts ; de temps en temps, on note des mouvements de la bouche.

L'enfant est assez éveillé, il demande spontanément à boire. Selles

abondantes. - Môme traitement ; les injections d'acide scléroti-

nique sont suspendues. T. R. à une heure Irl °,4. Dans lajournée,

IDIOTIE ET ÉPILEPSIE PARTIELLE. 241.

quatre-vingt-quinze accès dont quatre-vingts après la visite (onze

heures). - Soir : T. R. 42°,2.

5. Durant la nuit, quatre accèsT.R.39°,6. Les convulsions sont

toujours limitées au côté droit. Léger érythème des fesses. In-

jections de sulfate de quinine ; -lavement purgatif; -- une sang-

sue derrière l'oreille gauche T. R. à une heure, 39°,8 ; - soir, T. R.

40°,4. Dans la journée cinquante accès. * -

6. Neuf accès pendant la nuit. A cinq heures T. R. 40° ; - à

huit heures 39°; - à une heure de l'après midi, T. R. 42°,6. Dans

la journée vingt accès.

7. - Le malade n'a eu dans la nuit qu'un seul accès; il appelle

sa mère et demande à boire. T. R. 40°; - à une heure, T. R. 39°,6.

- - Soir : T. R. 39° ; pas d'accès.

8. - Un accès dans la nuit. T. R. 39°. - Soir : T. R. 39°,6. Un

seul accès dans la journée.

9. - Pas d'accès dans la nuit, qui a été bonne; l'amélioration

s'accentue. Le malade répond à quelques questions, demande du

lait et repousse le bouillon. Les mains sont fraîches; le pouls est

assez fort (84). T. R. 38°,8. - Le malade qui, à son entrée, pesait

seize kilogr.,n'en pèse plus que quatorze. - Soir : T. R. 39°,6. Les

accès ont disparu.

10. - Le malade est éveillé et dit : «Mère, j'ai soif». La face est

pâle; les joues sont pleines; les pupilles égales et normales; les

lèvres sèches.- L'enfant donne les deux mains quand on les lui de-

mande, mais la droite semble plus faible; il soulève les deux

jambes sans qu'on note de différence; cette nuit, il s'est tenu assis.

- Il tousse un peu : sonorité légèrement diminuée aux deux bases;

respiration un peu forte en arrière et à droite. - Soif vive, ventre

volumineux, mais souple, diarrhée. T.R. 40°. -Traitement : ipéca;

lait, deux oeufs. - Soir : T. R. 40°.

1 i . Face pâle, cyanosée. Le malade tousse un peu, se plaint

sans cesse. Pas d'oppression. - La poitrine résonne mal en arrière

et à droite. Respiration rude, mêlée de quelques râles fins au voisi-

nage de l'aisselle droite. T. R. 39°,6. Soir : T. R. 40°. Dans la

soirée, le malade a été pris d'oppression et n'a plus voulu rien

prendre. Toux rare.

12. Le malade est cyanosé surtout aux lèvres et aux paupières;

il prend un peu de lait avec beaucoup de peine; ne parle plus et

reste dans la position qu'on lui donne, la tête dans l'extension ; P. à

4 r, fort, régulier; R. 44 ; T. R. 40°. A la percussion, le son est obs-

cur et à l'auscultation, la respiration est soufflante par places en

arrière et à droite. - Langue humide, soif vive; pas de vomisse-

ments ; ventre volumineux, souple, non douloureux; le colon paraît

distendu; diarrhée jaunâtre, glaireuse. - A la fin de l'examen, le

malade prononce quelques mots. Inaction de la main droite. La

Archives, t. VI. 16 0

242. RECUEIL DE FAITS.

jambe droite ne répond qu'aux excitations un peu fortes; alors elle

se fléchit, mais il y a une différence très sensible avec le côté

gauche.

A partir de cinq heures de l'après-midi, l'enfant a cessé' de

parler et a refusé de boire. Il aurait rendu « de la mousse» par la

bouche et le nez. La diarrhée a cessé. T. R. 40°,6.

13. - Le malade est comme endormi, les paupières fermées, les

entr'ouvrant à peine quand on l'interpelle; pupilles égales; traits

notablement altérés. -Respiration très brusque, saccadée. Toux peu

fréquente. Râles dans les grosses bronches et quelques râles fins au

moment de la toux à la région moyenne et postérieure du poumon

droit. - Un peu de raideur de la nuque; le malade a grincé des

dents ; les mâchoires sont un peu serrées. T. R. 4 : ! o. Dans la journée

l'altération des traits s'est accentuée; pas de vomissements; consti-

pation. Toux et plaintes fréquentes; mâchoires un peu serrées. Re-

jet de mousse. Soir : T. R. 41°.

,14. - Mort à cinq heures du matin. T. R. après la mort 44°.

Poids, 12 kilogr. 800.

Les accès et les vertiges ont eu la marche ci-après :

IDIOTIE ET ÉPILEPSIE PARTIELLE. 243

épais, très dur; bosses frontales égales, peu saillantes; bosses pa-

riétales très proéminentes; la tête est relativement volumineuse

surtout dans sa partie postérieure (diamètre antéro-postérieur de

la calotte crânienne = 17 centimètres; transverse ' ! 4 centimètres).

Rase du crâne symétrique. Liquide céphalo-I'J.chiLlien un peu plus

abondant qu'à l'état normal. La pie-mère est louche en un grand

nombre de points et offre une vascularisation assez prononcée,

représentant des lésions d'âge différent. Les divers organes de la

face inférieure du cerveau sont symétriques; les faces internes des

lobes frontaux sont unies par quelques adhérences.

Encéphale, 930 grammes; cervelet et isthme, 130 gr.; hémisphère

droit, 335 gr. ; hémisphère gauche, 425 gr. Les hémisphères du cer-

velet sont égaux et normaux.

Hémisphère droit. - Les circonvolutions frontales sont assez déve-

loppées, assez plissées; la pie-mère se détache bien au niveau des

Il, et 3° circonvolutions; mais, au niveau de la 2, on enlève avec

elle la couche superficielle de la substance grise dans la moitié de

son étendue. La circonvolution frontale ascendante est comme

hypertrophiée dans sa moitié supérieure; la pie-mère ne lui adhère

qu'à son extrémité tout à fait- inférieure. Le sillon de Rolando est

assez profond et normal. La circonvolution pariétale ascendante

n'est libre d'adhérences que dans les 2/4 moyens de sa face anté-

rieure ; elle est comme atrophiée dans toute sa hauteur, et surtout

dans sa moitié supérieure où elle n'atteint que le quart de la lar-

geur de la partie correspondante de la frontale ascendante. Le

sillon qui limite en arrière la pariétale ascendante, présente dans

toute sa hauteur une sorte d'infiltration cellulaire et a une colo-

ration noire-ocreuse.

Tout le lobe pariétal, et la partie postérieure des circonvolutions

temporales sont adhérents, sauf en quelques points, à la pie-mère qui

s'enlève difficilement; sur certaines circonvolutions même, en dé-

cortiquant, on enlève toute la substance grise et on met il nu le sque-

lette de substance blanche, laquelle est indurée et atrophiée. Ce foyer

se prolonge en avant sur toute la première circonvolution frontale

où se trouve cette dernière lésion, ainsi que sur les deux digitations

postérieures du lobule ds l'insu la qui sont atrophiées et indurées.

On détache facilement la pie-mère des digitations antérieures du

lobule de l'insula, de l'extrémité antérieure du lobe temporal, de

la face inférieure du lobe frontal, de la face convexe du lobe oc-

cipital et de la face interne des lobes temporo-occipitaux.

A la face interne, on trouve quelques adhérences superficielles à

la partie moyenne de la circonvolution du corps calleux; à la partie

supérieure de la première circonvolution frontale, il existe des

adhérences plus marquées, et une atrophie relative de la partie supé-

rieure du lobe carré, qui limite en dedans le foyer décrit plus haut.

244 . RECUEIL DE FAITS.

Le ventricule latéral offre une dilatation uniforme; mais une

couche encore assez épaisse le sépare du foyer.

Hémisphère gauche. - Les circonvolutions sont bien développées

et non disproportionnées comme de l'autre côté. En décortiquant la

pie-mère, on enlève en un certain nombre de points une couche

plus ou moins épaisse de substance grise, notamment : 4° sur toute la

moitié postérieure de la première circonvolution frontale; 2° sur

toute la partie moyenne des frontale et pariétale ascendantes ; 3° sur

l'extrémité supérieure de ces deux circonvolutions ; 4° sur quelques

points de la deuxième frontale, (la troisième frontale est à peu près

saine) ; 5° sur les deux premières temporales et sur le pli courbe.

A la face interne, on note quelques adhérences au niveau du

lobe carré, du lobe temporal, à la partie antérieure du lobe para-

central, à la partie avoisinante de la ire frontale et enfin à la par-

tie antérieure de la circonvolution du corps calleux.

RÉFLEXIONS. - 1. Il s'agit, ici, d'un enfant qui, sauf quelques

convulsions légères et éloignées, survenues de deux mois à

deux ans, se développait normalement tant sous le rapport

physique qu'au point de vue intellectuel, lorsque, à trois ans, il

fut atteint d'une méningite aiguë grave. Durant la convalescence,

on remarqua seulement qu'il avait le côté gauche plus faible :

ce qu'expliquent les lésions étendues de Y hémisphère droit qui

pèse cent vingt grammes de moins que le côté gauche.

II. Alors que l'enfant semblait rétabli, il a été pris de ver-

tiges, d'abord très distants, puis de plus en plus rapprochés.

Bientôt des accès d'épilepsie vinrent s'y ajouter.

III. Sous l'influence de ses accès, et surtout des vertiges,

les facultés intellectuelles, qui, dit-on, n'avaient guère été

modifiées par la méningite, ont décliné avec une grande rapi-

dité et l'enfant ne tarda pas à offrir tous les symptômes cliniques

de l'idiotie complète : parole embarrassée, mémoire affaiblie et

ensuite presque nulle, difficulté progressive de la marche, bave,

gâtisme, perte des sentiments affectifs, etc., etc.

Cet ensemble symptomatique, que l'on a coutume de désigner

sous le nom d'idiotie, nous paraît beaucoup plutôt comparable

à la démence paralytique et, n'était le langage reçu, nous pré-

férerions cette dernière dénomination.

En nous fondant sur les antécédents et sur l'état du malade

à l'entrée, nous avons porté le diagnostic : méningo-encéphalite

chronique, que l'autopsie est venue confirmer.

IV. Les lésions observées à l'autopsie rendent parfaitement

compte de la déchéance des facultés intellectuelles. Relevons

IDIOTIE ET épilepsie partielle. 245

encore une fois cette décortication totale, par foyers, de quelques

circonvolutions, dont l'un de nous a publié, il y a quelque

temps, un très bel exemple '.

V. L'état de mal, auquel a succédé la broncho-pneumonie

terminale, a offert tous les caractères classiques. Le nombre

des accès a été considérable et, particularité intéressante, du-

rant ce temps, les vertiges ont été supprimés.

VI. Considérés en eux-mêmes, les accès ont présenté des

symptômes spéciaux' : les convulsions étaient limitées au côté

droit du corps. Nous avions donc sous les yeux un exemple

typique de l'épilepsie hémiplégique. Si l'on se rappelle que,

après la méningite aiguë, l'enfant avait une paralysie du côté

gauche, on pourrait s'étonner que les convulsions existassent,

au contraire, du côté droit et y fussent limitées. Nous voyions

là, en effet, une sorte d'anomalie. Mais l'autopsie est venue

nous fournir l'explication de ce fait, en nous montrant des foyers

de méningo-encéphalite au niveau du lobe pamcentml et des;cl1'-

convolutions frontale et pariétale ascendantes de l'hémisphère

GAUCHE. ,

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCHE IV.

]'féningo-encéphalite : face convexe de l'hémisphère droit.

Fa, frontale ascendante.

Pa, pariétale ascendante.

P, pli pariétal supérieur.

T, partie postérieure des circonvolutions temporales.

T1, première temporale.

La Planche montre, entre P et T, un vaste foyer intéressant le pli pa-

riétal inférieur, le pli courbe, etc.

PLANCHE V.

]'féningo-encéphalite : face interne de l'hémisphère droit.

Cc, circonvolution du corps calleux.

F face interne de la première circonvolution frontale.

Lq, lobe carré.

1 Bourneville et Wuillamié. Archives de Neurologie, t. III, p. 327,

pl. VIII.

REVUE CRITIQUE

DU MÉRYCISME1;

Par BOURNEVILLE et SÉGLAS.

III. - DU IIIÉRYCIS,llIE CHEZ L'HOMME SAIN D'ESPRIT.

Quand nous avons entrepris ce travail sur le mérycisme,

nous nous proposions de l'envisager seulement chez l'idiot ou

l'aliéné dément. Mais le cours de nos recherches nous ayant

amené à recueillir plusieurs cas du même genre observés chez

l'homme sain d'esprit et présentant des particularités intéres-

santes, nous avons pensé qu'il serait bon de joindre ces obser-

vations aux autres, afin de nous faire une idée aussi exacte que

possible du phénomène que nous étudions.

On pourrait presque, avec les faits observés chez lés hommes

sains d'esprit, faire une monographie du mérycisme : on y

trouve, en effet, des indications intéressantes sur ses causes,

son mode de début, ses symptômes et sa marche. Cependant,

nous préférons réserver l'étude clinique pour la seconde partie

de notre travail; où les observations prises chez l'idiot sont

souvent plus complètes à quelques points de vue. Nous nous

contenterons pour le moment de signaler les particularités qui

ressortent des observations recueillies chez les individus jouis-

sant de l'intégrité de leurs fonctions intellectuelles, sur les

causes et le début du mérycisme.

Les auteurs anciens, qui ont parlé du mérycisme,. ont

tout d'abord considéré ce phénomène comme intimement lié

à la constitution même de l'individu et comme tel se déve-

loppànt avec lui. L'âge serait donc', dans ce cas, peu impor-

1 Voir le n° 16, p. 8.

DU MÉRYCISME. 247

tant à considérer; nous verrons par la suite que cette proposi-

tion est absolument juste et que le mérycisme peut débuter

aussi bien dès la plus tendre enfance que dans l'adolescence ou

même d ? ns l'âge adulte.

Sennert et Daniel Perineti admettent, en dehors de l'âge,

l'influence presque exclusive de l'imitation.

Observation III. Daniel Perineti (.lied, pract., lib. III, sect. u,

cap. 8) cite le cas d'un enfant de sept à huit ans qui, ayant tété

des chèvres pendant deux ans, se mit à ruminer par imitation.

Observation IV. Sennert (Med. prat., lib. III, p. I) cite le cas

d'un Suisse qui devint ruminant pour avoir vécu avec des bestiaux

et qui communiqua sa maladie à sa femme ( ? ).

D'après cette dernière observation, l'influence de l'imitation

se manifesterait non seulement des animaux à l'homme ;

mais encore de l'homme à l'homme. Nous enregistrons, quant

à présent, ces faits sans commentaires. (Voir OBs. XXIII.)

L'hérédité surtout, comme nous le verrons plus loin, joue

un très grand rôle dans l'étiologie du mérycisme. Nous avons

déjà dit plus haut que les premiers auteurs, admettant l'iden-

tité comme affection du mérycisme et de la présence des cornes,

pensaient que les mérycoles étaient fils ou pères de cornigères.

Plus tard, on n'admit plus que l'hérédité du mérycisme lui-

même, et les cas de productions cornées, observés dans ces

derniers temps chez les mérycoles (Hebra, Bérard et Lan-

douzy) sont tellement en minorité qu'ils ne doivent être re-

gardés que comme de simples coïncidences. Voici maintenant

quelques faits qui montrent que le mérycisme peut être héré-

ditaire.

Observation. V. - J.-B. Winthicr, rapporte l'histoire d'un Sué-

dois de quarante-cinq ans, qui, après avoir eu dans son enfance

des éructations acides, fut atteint de rumination à l'âge de trente

ans.- Son fils, à l'âge de vingt-quatre ans, fut atteint de la même

maladie, mais la pudeur la lui fit surmonter, du moins en public !

En dehors de l'influence de l'hérédité, qui nous parait incon-

testable bien que les phénomènes de rumination ne soient

apparus qu'assez tard, nous signalerons dans cette observation

l'influence de la volonté sur la guérison du mérycisme chez le

. fils ; et la présence antérieure chez le père d'éructations acides.

248 REVUE CRITIQUE.

D'autres fois, et le plus souvent, le mérycisme héréditaire

se manifeste dès l'enfance, ainsi qu'on le voit dans l'obser-

vation suivante :

Observation VI. - Mérycisme héréditaire. - Apparition dès l'en-

fance. - Suspension par les maladies intercurrentes. (Froriep's No-

tizen, t. XLV, p. 337.) - On trouve dans les Transactions philoso-

phiques l'histoire d'un cas de mérycisme relatif à un jeune homme

de Bristol, âgé de vingt ans, et dont le père était mérycole. Lui-

même ruminait depuis aussi longtemps qu'il pouvait s'en souvenir.

La rumination, toujours précédée d'une sensation de plénitude à

l'épigastre, commençait environ un quart d'heure après le repas,

s'il y avait eu beaucoup de liquides absorbés; sinon un peu plus

tard. Si ce repas avait été copieux, l'intervalle se prolongeait en

conséquence. Les aliments, remontant dans l'ordre où ils avaient

été digérés, étaient broyés une deuxième fois sans aucun dégoût

de la part du malade, puis redescendaient dans l'estomac sans don-

ner lieu à de nouveaux phénomènes. Les maladies intercurrentes

interrompaient la rumination.

Cette dernière particularité se retrouve dans l'observation

que nous allons maintenant rapporter et qui, de plus, nous

fournit un nouvel exemple de l'hérédité du mérycisme.

Observation VII. Hérédité. Mérycisme dès l'enfance, invo-

lontaire, partiel. Mastication complète. - Santé générale bonne.-

Suspension du phénomène par les maladies intercurrentes. (Froriep's s

- Notizen, t. XLV, p. 337.) - Le Dr Elliotson rapporte le cas d'une

dame de quatre-vingt-neuf ans qui rumine dès saplus tendre enfance.

Elle jouit d'une excellente santé et vit depuis très longtemps de

la manière suivante : au déjeuner, elle mange du pain blanc et des

pommes de terre ; le soir, du thé et quelquefois du café. Elle mâche

complètement les aliments : avant la rumination, cette dame n'éprouve

jamais de sensations de plénitude stomacale. La rumination se pro-

duit en général après chaque repas; elle est constante après le dîner.

Elle arrive parfois aussitôt après le repas, d'autres fois une heure

après ou même davantage : elle est accélérée par l'ingestion d'une

grande quantité d'eau. Les aliments remontent dans la bouche, en

produisant un bruit semblable à un gargouillement ; ce sont les pre-

miers ingérés qui reviennent les premiers. Le vin, la, bière, le cidre

ne reviennent jamais; le thé ne remonte que le soir; l'eau remonte

toujours et parait favoriser beaucoup la rumination. Les parties

solides des oranges remontent constamment dans la bouche tan-

dis que le jus reste dans l'estomac. Les substances médicamen-

teuses restent toujours dans l'estomac. Les aliments qui sontrumi-

DU MÉRYCISME. 249

nés n'ont pas un goût désagréable. Il faut en excepter le thé et

les substances grasses qui, parfois, reviennent à différentes re-

prises jusqu'à ce que la malade les rejette. La rumination est

involontaire. Elle est toujours suspendue dans le cours des mala-

dies intercurrentes.

Le père et l'un des frères de cette personne étaient ruminants ;

mais ils sont morts de bonne heure.

En dehors du fait d'hérédité, nous remarquerons, sans y

insister pour le moment, que chez cette mérycole : 1° la

mastication était complète; 2° que le mérycisme était partiel

et involontaire; 3° qu'il était suspendu sous l'influence des

maladies intercurrentes ; 4° que la santé générale fut toujours

bonne, et cela jusqu'à un âge avancé.

Cette dernière proposition pourrait faire penser à l'innocuité

du mérycisme, prenons garde et remarquons que la mérycole

dont il s'agit ne songea jamais à entraver cette fonction anor-

male. Dans le cas contraire, et les deux observations suivantes

le prouvent, le mérycisme, arrêté dans sa production, peut

influer gravement sur la santé générale.

Observation VIII. (Ducasse, Ibid.) -L'homme qui fait le sujet de

cette observation parvint à l'âge de soixante-dix ans, bien qu'il ait

ruminé dés sa plus tendre enfance. Chaque fois que le mérycisme

était interrompu ou ne s'accomplissait pas régulièrement, il tom-

bait malade, et n'était bien portant que s'il reprenait de plus belle.

Dans les dernières années de sa vie, il ne ruminait pas aussi bien

qu'auparavant. A l'autopsie, on constata un squirrhe du pylore;

et une ulcération cancéreuse sur la grande courbure, au voisinage de

la rate.

' Observation IX. - M. Vincent (Compte rendu de l'Académie des

sciences; 1853, t. XXXVIII, p. 31) rapporte un cas de mérycisme,

observé chez M. Willame et datant de lajeunesse. Cette perversion

des fonctions digestives avait commencé à se montrer dès le dé-

but d'un voyage enter; mais elle avait persisté après le débarque-

ment. La rumination s'opérait environ une demi-heure après

l'ingestion des aliments et, dans l'espace de dix années, elle avait

réduit le malade à un état de marasme qui semblait annoncer

une fin prochaine. Ce fut alors que, sur l'avis d'un médecin, il

essaya de soumettre à une seconde mastication les aliments qui

remontaient de l'estomac presque dans le même état où ils avaient

été avalés. L'assimilation ne s'exécuta jamais que d'une manière

très imparfaite comme le prouvait l'état de maigreur et de fai-

blesse du sujet. Cependant, avec cette santé languissante, il vécut

encore quarante-cinq ans et atteignit l'âge de quatre-vingt-trois ans.

250 REVUE CRITIQUE.

Nous nous sommes un peu écartés de l'étiologie en faisant

remarquer l'influence du mérycisme sur la nutrition : l'obser-

vation précédente nous y ramène en nous montrant qu'en

dehors- de l'hérédité, le mérycisme peut éclater sous l'influence

de causes occasionnelles : ici c'est un voyage en mer; dans le cas ci-

après, c'est une cause-à peu près semblable, un traumatisme,

qui provoque l'éclosion des troubles de la digestion.

Observation X. - M. Boucher, médecin à Montpellier, cite le

cas d'un conscrit de l'armée d'ILalie qui fut réformé pour une ru-

mination dont il rapportait la cause à une chute faite sur l'estomac,

et à la suite de laquelle il cracha le sang pendant cinq mois.

Ces deux derniers faitsnousont montrélemérycismc éclatant

sous l'influence de causes traumatiques; dans celui que nous

allons rapporter les mêmes phénomènes sont dus à une autre

cause, la voracité. La voracité a été souvent signalée comme

cause du mérycisme et la vérité est qu'elle se retrouve chez la

plupart des mérycoles. Maintenant est-ce là une cause ou un

symptôme ? Cela est bien difficile à affirmer ; car, si l'on cite

des mérycoles qui le sont devenus assez tard par suite de

voracité, on en cite d'autres, mérycoles dès l'enfance, et chez

lesquels la voracité était aussi manifeste. Quoi qu'il en soit,

nous ne nous appesantirons pas plus longtemps, actuelle-

ment, sur cette partie de notre sujet et nous rapporterons les

exemples suivants sans commentaire :

Observation XI. Salmutli (Obs. med. cent., 1, obs, C, p. 59)

cite le cas d'un écolier de Marienburg qui était atteint de rumi-

nation. Il était très vorace et avalait les aliments presque sans

trituration. Il avait moins de quinze ans.

' L'existence de la voracité, très nette dans le cas précédent,

l'est aussi dans bien d'autres (Cas. XVII, XVIII, XIX). Ce fait

presque général, comme on le verra, souffre cependant quel-

ques exceptions, témoin la suivante :

Observation XIII. - Daniel Ludwig (Ephémérides des curieux de la

nature; Déc. 1, années IX et X, Obs. CLX) rapporte le cas d'une jeune

fille, très sobre, atteinte d'une rumination qui la dégoûtait, et

qu'elle ne pût maîtriser tout en diminuant de plus en plus la quan-

.tité d'aliments qu'elle ingérait.

DU MÉRYCISME. 251

C'est là le seul cas, parmi tous ceux que nous avons pu

recueillir, où la sobriété ait été constatée chez un sujet méry-

cole. L'observation XIII rentre à ce point de vue dans la règle.

Cependant, ici, la cause de l'affection ne fut pas la voracité, car

les premiers phénomènes se manifestèrent à la suite d'une

maladie aiguë, une variole. Affection bizarre sur laquelle les

mêmes maladies peuvent avoir des causes absolument oppo-

sées : ici une maladie intercurrente provoque l'éclosion du

mérycisme, tandis que, dans d'autres cas, parmi lesquels nous

en avons déjà cité quelques-uns au passage, les maladies intel'-

currentes ont amené la disparition, au moins momentanée, de

la rumination.

Observation XIII. - Mérycisme à la suite d'une variole à l'âge de

sept a ? 2s. - Conservation de l'appétit; voracité. - Guérison à vingt

ans parle coït' . - Il s'agit d'un jeune homme âgé de vingt ans,

d'une assez faible constitution, portant au cou des cicatrices de

scrofule, qui, depuis l'âge de sept ans, à la suite d'une petite

vérole confluente, éprouve, après chaque repas, des rapports qui lui

font remonter les aliments de l'estomac dans la bouche. A l'ori-

gine, il rejetait ces gorgées d'aliments; mais comme il vit que

bientôt après il souffrait de la faim, il prit le parti de les mâcher

et de les avaler de nouveau. Il mange avec appétit, un peu vite et

ne boit que de l'eau. Une demi-heure après le repas, il éprouve un

sentiment de malaise dans la région épigastrique et la rumination

commence. Les aliments en revenant dans la bouche ne paraissent

avoir subi aucune altération dans l'estomac et n'ont pas mauvais

goût. Aussi les mâche-t-il de nouveau avec plaisir. Quand il s'en-

dort après le repas, il est forcé de se réveiller au bout de deux

heures pour vomir tout à la fois les aliments qu'il n'a pu ruminer.

Ce jeune homme, réformé pour sa maladie, se marie. Le lende-

main même de ses noces (et il affirme n'avoir jamais usé du coït

avant cette époque) le mérycisme commença à diminuer. Huit

jours après, il en était complètement délivré, aussi bien que de la

soif intense qu'il éprouvait auparavant dès qu'il avait fini de

ruminer.

Ce fait étrange delà disparition du mérycisme sous l'influence

d'un acte tout physiologique se retrouve encore dans l'obser-

vation suivante, presque analogue de tous points à celle que

nous venons de citer. Peut-être est-ce la même : en effet,

1 Filhol et Tarbès in Biblioth. med., t. XXXIV, p. 249; t. XL, p. 232;

t. XLII)1, 375j t. LXXII, p. 119. ·

252 REVUE CRITIQUE.

dans la première, le mérycisme débute à sept ans, dans la

suivante à six ans et, la suite de la même maladie, il disparait

de la même façon au bout de huit jours de mariage chez les

deux sujets, vierges tous deux, à peu près vers le même âge.

Nous signalons- ces rapprochements : comme rien dans nos

recherches ne nous a indiqué que le second cas n'était qu'une

reproduction du premier, nous le citerons ici :

Observation XIV. - Le nommé Claverie, journalier, ne com-

mença à ruminer qu'à l'âge de six ans, à la suite d'une petite vérole;

cela dura ainsi jusqu'à l'âge de vingt-trois ans. A cette époque, il se

maria : le lendemain de son mariage, il remarqua avec surprise que la

rumination diminuent ; huit jours après, elle avait totalement cessé,

sans qu'il éprouvât pour cela des douleurs dans un organe quel-

conque. Un fait à signaler est que ce jeune homme affirme n'avoir

jamais eu de rapports sexuels avant son mariage.

Les troubles fonctionnels de l'estomac paraissent aussi jouer

quelquefois le rôle de causes occasionnelles, comme nous le

verrons tout à l'heure; d'autres fois, le mérycisme exercerait

peut-être une action réciproque du même genre, pouvant

amener le développement d'autres affections de l'estomac :

c'est ce que semblerait indiquer l'Observation ci-dessous ainsi

que l'OBSERVATION VIII.

Observation XV2. Cette observation a trait à un soldat qui

mourut à Toulouse à l'âge de cinquante-neuf ans. Dès sa plus tendre

enfance, cet homme eut le pouvoir de rejeter les aliments qui l'in-

commodaient sans que sa digestion eût à en souffrir le moins du

monde.De là à la rumination il n'y avait qu'un pas. Il fut vite fran-

chi, le mérycisme devint bientôt chez cet homme un acte naturel. Il

disparut cependant dans le cours de la maladie dont il mourut (cancer

du pylore).

A l'autopsie, rien d'anormal dans la conformation de l'estomac.

La cavité était simple, sans diverticulum ni rétrécissements.

Nous penserions volontiers que, dans ce cas, le cancer ne

serait qu'un résultat de l'action exercée par le mérycisme sur

les fonctions digestives. Ce phénomème entravant journelle-

mement le fonctionnement régulier de l'estomac, imposant

pour ainsi dire une surcharge de travail à cet organe, peut

1 Ducasse. Froriep's Notizen, t. XLVII, p. 95, 1836.

* Ducasse, Ibid. - . ,

DU MÉRYCISME. 253

parfaitement en avoir fait un locus minoris resistentioe favo-

risant l'éclosion des néoplasmes chez un individu en puis-

sance de diathèse.

Quant à la suspension ultérieure du mérycisme par le

cancer, elle peut alors s'expliquer en admettant que le

néoplasme une fois développé, ayant attaqué la structure

même de l'estomac ait apporté un trouble dans les fonctions

habituelles de cet organe, surtout si l'on admet avec certains

auteur que le mérycisme est dû à une susceptibilité exagérée

de la muqueuse de l'estomac ou à une plus grande énergie de

ses fibres musculaires. Cette hypothèse serait aussi applicable

à l'OBSERVATION VIII dans laquelle le sujet, mort d'un

squirrhe du pylore, ruminait moins bien à la fin de la vie.

En dehors de la suspension du mérycisme par le fait du

cancer, nous ferons encore remarquer, dans l'observation qui

précède, le mode de début du mérycisme qui ne s'est établi que

graduellement comme dans les Observations IX et XIII.

Nous avons signalé tout à l'heure les troubles des fonctions

digestives comme pouvant occasionner l'apparition de la

rumination. Nous rappellerons à ce propos l'observation V

ayant trait à un individu qui avait des éructations acides avant

l'apparition du mérycisme et nous allons rapporter des obser-

vations où le phénomène est survenu à la suite d'une indiges-

tion ou même chez un sujet déjà dyspeptique. Nous ferons

remarquer aussi que la voracité, le défaut de mastication

presqu'ordinaires chez les mérycoles,peuvent fort bien rentrer

dans cette catégorie de causes et ne favoriser l'apparition du

mérycisme qu'en provoquant d'abord des troubles dans les

fonctions de l'estomac.

Observation XVI. - Mérycisme survenant à la suite d'un excès. -

Début graduel. - Suspension par un accès de goutte. Boulimie. -

Diminution du mérycisme'. - M. R..., maître de forges, à trente-

deux ans. en 1798, eut, à la suite d'une orgie, une indigestion dont il

pensa mourir. Puis survint après chaque repas un hoquet ramenant

des aliments, qui redescendaient ensuite dansl'estomac, sans avoir

aucun mauvais goût.- La rumination, qui finit par s'établir coin,

plètement, était annoncée par une sorte de spasme de l'oesophage et

un besoin d'éructation. En 1806, elle fut suspendue par un accès de

goutte.

En 1811, il fut atteint d'une sorte de boulimie qui duraprès de trois

1 Percy. Dictionnaire en soixante volumes, art. Mérycisme.

254 REVUE CRITIQUE.

mois et ne céda qu'en laissant des douleurs épigastriques, des nau-

sées au moindre écart de régime, de l'anorexie, et une diminution

du mérycisme.

On voit donc que, chez ce malade, outre le début graduel

déjà signalé (OBS. IX; XIII, XV), ainsi que la suspension par

les maladies intercurrentes (Cas. VI, VII, XV), le mérycisme

apparut à la suite d'une indigestion. Le fait suivant, plus net

encore à ce point de vue, nous montre le mérycisme apparais-

sant chez un individu souffrant déjà de dyspepsie.

Observation XVII, Mérycisme Dyspepsie préexistante. Début

graduel. Conservation de l'appétit ; voracité; constipation habi-

tuelle. - Les liquides ne sont ruminés que s'ils sont pris eu grande

quantité. Suspension momentanée de la rumination par contraction

de la volonté; mais rejet consécutif des aliments en masse 1. - Le

sujet est un homme de moyen âge, d'une assez bonne constitu-

tion, habitué dès sa jeunesse à manger très vite. Depuis quelques

années il avait déjà de la dyspepsie et rejetait deux ou trois heures

après ses repas les liquides ingérés qui avaient alors un goût aigre.

Cette affection se changea ensuite en une véritable rumination qui

se compliqua d'une éruption cutanée. L'appétit était conservé : le

malade mangeait gloutonnement sans soif; constipation habituelle.

Sommeil tranquille. Une demi-heure ou une heure après le repas,

une sensation de plénitude dans la région du cardia l'obligeait à

faire une grande inspiration; dès qu'elle se terminait, un bol ali-

mentaire s'élevait de l'estomac et arrivait dans la bouche au com-

mencement de l'expiration. Il en était ainsi jusqu'à ce que tous les

aliments eussent été soumis à une seconde mastication qui était

plus agréable au malade que la première. C'était les premiers ava-

lés qui revenaient les premiers. Les liquides ne remontaient que

s'ils étaient pris en grande quantité. Pas de nausées ni de mauvais

goût dans la bouche. Le malade pouvait retenir les aliments en con-

centrant son attention sur un autre objet au moment de la sen-

sation de plénitude au cardia. Mais quelque temps après, les aliments

solides des liquides, devenus acres, amers, revenaient tout à la fois

et étaient rejetés, mais sans douleurs ni ell'orts de vomissement.

Cette affection disparut en quelques semaines sous l'influence de

purgatifs, de toniques végétaux, de bains tièdes et de frictions

sèches.

Nous ferons remarquer, à propos du début graduel déjà noté

(Cas. IX, XIII, XV, XVI), un fait curieux qui ressort de cette

'J : unes Coptand. l3ull. méd., 1. LXXIV, p. 417.

DU MÉRYCISME. 255

observation, c'est que les liquides qui, à l'origine, étaient seuls

ruminés, ne le furent plus tard que s'ils étaient pris en grande

quantité. Ajoutons que ce fait est un exemple de rumination

ayant abouti à la guérison sous l'influence d'un traitement

approprié : de plus, chez le sujet actuel, la volonté était impuis-

sante à retenir les aliments dans l'estomac. Les cas de ce genre

soit relativement fréquents. (OBs. VII.)

Observation XVIII. Le Dr Delmas a connu un étudiant en mé-

decine à Paris, Helvétien d'origine et gros mangeur, atteint de

rumination involontaire mais non incommode.

Observation XIX. 131umenbacli rapporte' quatre exemples de

mérycoles : chez deux la fonction était volontaire et s'accompagnait

d'une véritable sensation de plaisir.

Cependant on voit que la volonté peut aussi avoir quelque

influence sur la production du mérycisme : Darwin cite

l'exemple d'un homme qui choisissait à volonté parmi les

aliments ingérés dans son estomac ceux qu'il voulait ruminer.

Sans être aussi concluante, l'observation suivante nous montre

aussi l'action de la volonté sur la rumination; mais alors la

rétention des aliments s'accompagnait de douleur : on verra ce

point signalé encore plus loin (OBS. XXVIII). Ce fait, ainsi que

l'influence de l'arrêt de la rumination sur la nutrition, prouve

bien que ce n'est pas là une maladie, comme nous l'avons dit

plus haut, mais une sorte de fonction anormale.

1

Observation XX. M. Roubieu a a observé un jeune homme

d'une constitution faible, d'un appétit vorace, qui, après ses repas,

était'sujet à une rumination qu'il ne pouvait empêcher, sans* souffrir

de douleurs épigastriques. La rumination étaitprécédée d'éructations,

ne provoquait pas de dégoût et cessait au bout d'une demi-heure.

11 périt d'hémoptysie à trente ans.

Dans l'OBSERVATION XVII, nous avons vu aussi un homme

suspendant volontairement la rumination. Mais, chez lui, cet

arrêt n'était pas ^momentané et, malgré la concentration de la

volonté, les aliments étaient bientôt rejetés en masse.

Ces quelques exemples nous montrent la volonté agissant

dans les deux sens, soit pour arrêter, soit pour produire le

1 Froriep's Nohezen, t XLV, p. 337. ? Ami. Soc. méd. Montpellier, t. IX, p. 283, 1S08.

2.i6 REVUE CRITIQUE.

mérycisme. Ce dernier point ressort encore de' l'observation

suivante :

Observation XXI. - Mérycisme sans effort ni douleur. - Influence

du régime; constipation persistante. -- Production volontaire du mé-

rycisme 1. Le Dr Fronmûfler (de Fûrth) a observé trois cas

d'hommes ruminants, dont deux superficiellement. Le troisième,

âgé de vingt et un ans, a sa mère atteinte d'une affection chro-

nique de l'estomac. Il a son infirmité depuis l'âge de dix ans et il

l'attribue à l'ingestion d'une eau fétide provoquée par une soif vive.

Il fut traité sans succès par les vomitifs. Sauf une constipation per-

sistante, il se porte assez bien.

Il rumine sans effort de vomissements, même souvent avec plaisir,

et la rumination suit de près le repas. Ce sont les viandes et les

boissons qui remontent le moins; les légumes remontent toujours.

Lorsqu'il est tranquille, il peut faire remonter volontairement les

aliments, mais sans les choisir comme le ruminant de Darwin; il

peut souvent retenir les aliments. La bouillie alimentaire, d'abord,

épaisse, devient à la fin liquide et amère. Le soir, il ne rumine pas.

Langue toujours chargée.

De plus, cette observation se rapproche de l'OBSERVATION XVII

par le fait de rumination partielle, c'est-à-dire ne s'exerçant que

sur certains aliments. Nous avions déjà vu au passage certains

cas de ce genre. Ainsi, dans l'OBSERVATION VII, les boissons

n'étaient jamais ruminées, de même dans l'OBSERVATIoN XVII,

ici ce sont les viandes et les boissons. Et, de plus, la rumina-

tion ne suit pas tous les repas.

Rapprochons de ces faits le suivant, qui est aussi une

sorte de rumination partielle, mais d'un autre genre, car le

sujet ramène tous ses aliments de sa bouche, pour n'en

ruminer ensuite qu'une partie.

Observation XXII. - welsch (Obs. med., ép. XXXVI) rapporte l'his-

toire de Edouard Damies qui, une heure ou deux après le repas, ne

pouvait s'empêcher de ramener par une sorte de rumination son

manger dans sa bouche, d'où il rejetait les substances grasses qui

n'avaient pu convenir à son estomac.

Bien que cela soit rare, il peut arriver que le mérycisme soit

provoqué : tel est le' cas de M. le professeur Brown Sequard,

rapporté par M. R. Blanchard.

' Gazette médicale de Sie,asboi4-g,' année 1870, p. 123.

DU MÉRYCISME. L) 5 7

Observation XXIII. - « Chez M. Brown-Séquard, dit-il, le méca-

nisme s'établit à la suite d'expériences, par lesquelles ce physiolo-

giste cherchait à déterminer la durée du séjour que devraient

faire dans l'estomac, les divers aliments, pour s'y digérer complé-

ment. Dans ce but, il reproduisait sur lui-même les expériences

classiques de Réaumur et de Spallanzani : il avait une éponge,

maintenue au dehors par une ficelle, et au centre de laquelle se

trouvait l'aliment. Ces expériences allèrent bien pendant quelque

temps, puis, à un certain moment, l'estomac se révolta et rejeta

l'éponge. M. Brown-Séquard lutta longtemps contre son estomac,

dans l'espoir de déterminer en lui une accoutumance; mais le rejet

de l'éponge persistant et s'accompagnant même de la régurgita-

tion des aliments, il dut s'avouer vaincu et cesser ses expériences.

La réjection n'en persista pas moins et constitua pendant long-

temps une véritable infirmité. »

Nous dirons avec M. R. Blanchard que « ce nombre restreint

de cas ne peut évidemment donner aucune idée de la quantité

relative de mérycoles qui existent de par le monde, car, le plus

souvent, le trouble fonctionnel dont sont atteints les mérycoles

ne constitue point une infirmité et n'a même rien que de très

agréable : les personnes de cette catégorie n'ont donc aucun

intérêt à consulter un homme de l'art, n'étant aucunement

gênées par le retour des aliments. D'autres mérycoles ruminent

inconsciemment, pour ainsi dire, sans se douter que cet état

physiologique leur est particulier, et on les étonnerait assuré-

ment beaucoup si on leur apprenait que cette fonction ne leur

est point commune avec tous les autres hommes ; tel était le

cas du sujet observé par Armaingaud. Tel est aussi mon propre

cas. Je n'ai aucun souvenir de l'époque à laquelle le mérycisme

a pu s'établir chez moi : en tout cas, il remonte à ma plus

tendre enfance, et il m'incommode si peu que je l'aurais consi-

déré comme un phénomène physiologique normal, si les livres

ne m'eussent appris le contraire. Je m'inquiétais du reste fort

peu de savoir si les personnes de mon entourage ruminaient

également, tant la chose me semblait naturelle ».

Observation XXIV.- Outre les détails qui précèdent, concernant

son propre cas, M. Blanchard en ajoute d'autres qu'il a consignés

dans l'article du Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques,

d'où la citation précédente est tirée. Il a remarqué «qu'il ruminait

davantage quand il prenait rapidement son repas, se livrait, au

sortir de table, à un travail intellectuel». Suivant sa propre observa-

tion, chaque l'éjection serait déterminée par l'abaissement du dia-

Arcuives, t. VI. 17

258 REVUE CRITIQUE.

phragme, et la dépression des muscles abdominaux. « Ces muscles,

ajoute-t-il, peuvent, du reste, se contracter à des degrés divers, et,

même en observant dans une glace, leur action peut très bien pas-

ser inaperçue ». Et il dit encore : « qu'il mange de préférence cer-

tains mets, uniquement dans l'attente de l'agréable sensation qu'ils

lui procureront lors de la rumination. Quand, cependant, les ali-

ments séjournent dans l'estomac depuis trois ou quatre heures, il

est assez fréquent de leur trouver un goût désagréable, amer ou

acide, suivant le cas. »

Nous avons terminé la première partie de notre travail et

rapporté tous les cas à nous connus de mérycisme observés

chez les individus sains d'esprit. Nous n'en tirons en ce

moment aucune conclusion générale ; nous espérons qu'on

nous pardonnera nos longueurs et des redites inévitables.

Mais nous avons pensé qu'il serait bon de réunir toutes ces

observations jusque-là disséminées et d'en faire une sorte de

préface à l'étude complète du mérycisme, que nous allons

aborder maintenant à propos des cas observés chez les idiots

ou les aliénés.

IV. DU MERYCISME CHEZ LES IDIOTS.

Etiologie. Les causes du mérycisme peuvent se diviser en

deux classes : les causes occasionnelles et les causes ]J1'édzspo-

santes. Nous venons d'en passer quelques-unes en revue dans

le chapitre précédent; aussi nous ne ferons que les rappeler

pour mémoire dans cette classification.

Causes occasionnelles. - Les causes occasionnelles du méry-

cisme sont assez nombreuses. Nous avons déjà signalé comme

pouvant rentrer dans cette classe de causes : l'imitation (OBS.111

et IV); en voici encore un nouvel exemple, dont nous ne dis-

cuterons d'ailleurs pas la valeur.

Observation XXV. Abraham Will rapporte le cas d'un idiot,

né d'une mère idiote, qui s'accoutuma à ruminer après avoir passé

des années avec des animaux ruminants. (Dictionnaire en soixante

volumes, art. Mérycisme.) '

Nous avons vu aussi le mérycisme apparaître à la suite de

maladies aiguës (Cas. XIII et XIV), d'un voyage en mer (Obs. IX),

DU MÉRYCISME. 259

d'une chute sur l'estomac (OBs. X). De ce dernier genre de

causes, on pourrait en rapprocher une qui aurait, suivant

Cambay, une certaine valeur : c'est la compression de l'estomac

par les vêlements trop serrés .

Mais, le plus souvent, c'est à l'occasion de troubles survenus

dans les fonctions digestives que se développe le mérycisme.

Nous avons déjà vu trois observations (V, XVI et XVII) dans

lesquelles le mérycisme est apparu à la suite d'une indigestion

grave ou chez des individus ayant déjà des éructations acides

ou souffrant de dyspepsie. Toutes les causes qui viennent en-

traver les fonctions de l'estomac peuvent par cela même pro-

voquer, dans certains cas, l'apparition du mérycisme. C'est

ainsi qu'agirait la voracité, presque ordinaire chez les méry-

coles, puisque, sur toutes les observations où l'on a songé à la

rechercher, une seule fois (OBs. XII) elle a fait défaut; on

comprendrait sous cette dénomination l'action d'introduire

dans l'estomac une trop grande quantité d'aliments à la fois et

de manger trop vite, de sorte que l'estomac se trouve rempli

instantanément.

A la voracité se rattachent les troubles de la mastication, très

fréquemment observés chez les mérycoles, qui, pour la plu-

part, ne mâchent qu'imparfaitement ou même point du tout

les aliments avant de les avaler pour la première fois. L'insuf-

fisance de l'<nsae : OH, accompagnant presque toujours celle

de la mastication, rentre dans le même ordre de causes.

Les altérations du système dentaire peuvent 'agir dans le.

même sens, puisqu'elles sont un obstacle à la mastication.

Dans beaucoup de cas, on n'a pas songé à signaler ce point;

dans l'OBSERVATION XXVIII seulement, il est noté que le sujet

était absolument privé de dents. Chez les idiots que nous avons

observés à Bicêtre, le système dentaire était toujours défec-

tueux, chez Gren... surtout, où, avec les incisives supérieures,

presque toutes les molaires font défaut ou sont presque com-

plètement cariées. On comprend parfaitement que, dans des cas

semblables, malgré les efforts du sujet, la mastication est tou-

jours incomplète, surtout s'il y a coexistence de la voracité,

comme chez Gren.. , et doit occasionner par suite des troubles

de la digestion. Il n'y aurait donc rien d'étonnant à ce que les

altérations du système dentaire soient une cause peut-être

indirecte, mais en tout cas efficace, du mérycisme.

On trouve encore, sigualées par Cambay, plusieurs causes

260 REVUE CRITIQUE. DU MÉRYCISME.

occasionnelles de mérycisme qui n'agiraient toujours qu'en

troublant plus ou moins l'exercice de l'estomac. Telles sont,

par exemple, l'étude et les travaux stationnaires peu ou point

actifs immédiatement après le repas; les aliments réfractaires

à l'action de l'estomac, les aliments crus, trop peu ou trop

cuits, les parties tendineuses, aponévrotiques, les substances

facilement altérées par le suc gastrique, le lait, les oeufs peu

cuits; certains poissons, la morue salée, la raie fraîche, les

oeufs de brochet; les viandes dures, coriaces; les corps gras,

principalement la graisse de mouton ; les substances de mau-

vaise qualité. Cette dernière cause serait celle du mérycisme

dans l'OBSERVATION XXI, où ce phénomène a suivi l'ingestion

d'une eau fétide. Enfin, Y insuffisance des sucs digestifs (Dict.

encycl. des Sciences méd.) a été signalée comme pouvant avoir

une action sur la production du mérycisme.

Telles sont à peu près toutes les causes que l'on peut appe-

ler occasionnelles de la rumination chez l'homme, en ce sens

qu'elles en déterminent l'apparition à un moment donné et en

favorisent ensuite l'exercice. Mais aucune d'elles n'est assez

puissante pour la produire nécessairement; il faut en plus une

prédisposition particulière tenant à des causes que nous allons

maintenant examiner.

Causes prédisposantes. - L'âge, avons-nous dit plus haut,

paraît n'être qu'une cause de faible importance, car le méry-

cisme débute à peu près à tout moment de la vie. Cependant,

sa fréquence parait diminuer à mesure que l'on avance en âge.

En effet, sur vingt-trois observations où l'on a noté autant que

possible l'âge des sujets au moment du début du mérycisme,

on voit que quinze fois il est apparu avant 15 ans; sept fois

entre 20 et 32 ans; une seule fois, le sujet avait atteint 40 ans.

Le sexe semble avoir une certaine influence comme cause

prédisposante de la rumination. Nous n'oserions pas trop affir-

mer cette proposition : que l'homme est plus sujet à la rumi-

nation que la femme. Nous nous contenterons de dire que,

sur toutes les observations de mérycoles parvenues à notre

connaissance, il n'y a que cinq individus du sexe féminin en

comptant le fait observé chez une idiote épileptique, par le

Dr Lorenzo Monti, et que nous n'avons pu nous procurer.

Nous avons déjà fait remarquer plus haut le rôle de Y héré-

dité dans la production du mérycisme (013s. I, V, VI, VII);

nous ne reviendrons pas ici sur ce point; on trouvera d'ailleurs

revue DE pathologie mentale. 261

encore plus loin (OBs. XXVIII) un fait de mérycisme hérédi-

taire.

Ces causes prédisposantes générales ou définitives, même

avec le concours des causes occasionnelles, sont bien insuffi-

santes pour expliquer le développement du mérycisme. Aussi

se voit-on réduit à invoquer une prédisposition particulière de

l'individu. Tous les auteurs qui se sont occupés du sujet n'hé-

sitent pas à en placer le siège dans l'estomac; mais ils ne sont

plus d'accord pour en expliquer la nature. Les uns invoquent

une plus grande excitabilité de la muqueuse de l'estomac et

une plus grande énergie de ses fibres musculaires tenant à leur

développement exagéré (Cambay); d'autres attribuent le méry-

cisme à une paralysie du cardia [Echo médical, 18.i9, p. 6'ils);

d'autres, enfin, en font une névrose de la digestion ou le

mettent sous la dépendance d'une conformation particulière

de l'estomac (Littré et Robin). Cette diversité d'opinions tient

vraisemblablement au petit nombre d'autopsies de mérycoles

que l'on possède et au peu de renseignements qu'elles donnent

sur les causes de ce phénomène, comme nous allons le voir

dans le chapitre suivant. (A suivre.)

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

I. La FOLIE DOIT-ELLE ÊTRE considérée comme une cause DE

divorce ? (Discussion entre MM. les D" BLANCHE et Luys,

Bulletin de l'Académie de médecine, séances des 9 et 20 mai,

13 et 20 juin 188; Annales médico-psychologiques, juillet

1882 ; l'Encéphale, nos 2 et 3, 1882.)

On se souvient que, consultés par la commission parlemen-

taire chargée d'élaborer le projet de loi sur le divorce, au

sujet de l'opportunité d'un amendement tendant à comprendre

la folie parmi les causes de cette mesure légale, MM. les

Drs Charcot, Magnan et Blanche se prononcèrent pour le rejet

de l'amendement, et que leur avis fut écouté.

262 REVUE DE pathologie mentale.

Peu de temps après, le 9 mai 1882, M. le D' Blanche exposa

à l'Académie de médecine les idées qu'il avait soutenues

devant la commission parlementaire. Le 30 mai, M. Luys,

qui n'avait pas été consulté, développa, devant la même com-

pagnie, la doctrine contraire. Il y eut réplique de part et

d'autre, et c'est cette discussion que nous voulons résumer

très brièvement en nous appuyant sur l'argumentation de

M. Blanche à laquelle nous nous rallions d'ailleurs, au nom

de la science, de la légalité et de la morale.

Cette discussion a placé la question du divorce et de la folie

sur un terrain à la fois médical, juridique et moral; elle a

soulevé trois questions que nous allons examiner : une question

de fait, une question de droit et une question de morale

sociale.

A.- La folie, dans certaines conditions, dit M. Luys, doit être

considérée comme incurable et entraîner le divorce, car l'aliéné

chronique est un être déchu, « étranger au milieu ambiant »,

un véritable « mort vivant», et place son conjoint dans l'al-

ternative de mener une vie éternellement triste et solitaire ou

de se créer une nouvelle famille non reconnue par les lois.

Se fondant sur certaines théories physio-pathologiques qui

lui sont propres et « sur des observations statistiques prises

sur un grand nombre de malades suivis pendant de longues

années », M. Luys déclare à l'Académie que la « folie » est

incurable après quatre ans chez les hommes et cinq ans chez

les femmes. - Bien que nous sachions à quoi nous en tenir

sur le soin avec lequel il prend ses observations, il nous per-

mettra de nous étonner de la précision qu'il apporte dans un

sujet d'une appréciation si difficile. « Folie » est un terme

vague qui serait plutôt le langage d'un homme du monde que

d'un aliéniste il comprend un grand nombre d'états psychopa-

thiques très divers, qui sont loin de comporter un pronostic

aussi général et une disposition légale uniforme. Nous com-

prendrions encore que M. Luys nous renseignât, avec sa

statistique, sur le pronostic de la paralysie générale ou de la

folie circulaire; mais, en allant plus loin, il nous semble

aller un peu loin dans la généralisation.

Admettons cependant que les « aliénés », autre mot bien

vague et que le véritable aliéniste n'emploie que comme abrévia-

tion, sous réserve de n'y attacher aucun sens précis, soient, en

moyenne, incurables au bout de quatre ou cinq ans de maladie,

REVUE DE pathologie mentale. 263

ou, pour accorder à M. Luys le bénéfice de la rectification ulté-

rieure, au bout de quatre nu cinq ans de démence, en est-il

bien toujours ainsi ? N'a t-on pas vu, et dans les plus mauvais

cas, des guérisons tardives plus ou moins complètes ? N'a t-on

pas vu, même dans les formes les plus graves de la démence

paralytique, des rémissions souvent très longues, permettant

aux malades, diminués peut-être, mais encore suffisants, de

reprendre le cours d'occupations parfois difficiles et élevées ?

Ne sait-on pas enfin , que beaucoup de délirants partiels

peuvent être rendus sans inconvénients à leur famille après de

longues années de chronicité ? Leur délire persiste, mais reste

latent, si on ne cherche pas à le réveiller ; leur intelligence

est amoindrie, mais encore suffisante pour leur assurer une

occupation simple et facile ; leur sensibilité est émoussée, mais

pas au point qu'ils ne puissent jouir des soins de leur famille

ou souffrir d'en être abandonnés.

Voilà bien des difficultés dont M. Luys semble faire peu de

cas. C'est pourtant à cet aliéné chronique, dont le sort est en-

core si incertain, que l'on voudrait appliquer une mesure qui,

elle, est parfaitement nette et certaine. Que, par hasard, il

guérisse, que la maladie interrompe son cours ou que, lassée,

elle lui laisse assez d'intelligence pour rentrer dans la société

et assez de sensibilité pour souffrir, il n'en sera pas moins

toujours un « mort vivant », sans famille, sans foyer et sans

biens, si sa femme a su lui choisir à temps un successeur

légitime.

B. Que si nous admettons, cependant, que le jugement

d'une commission de trois médecins soit tellement infaillible,

que la marche de toutes les psychoses soit assez invariable et

assez bien connue, que l'usage d'un cerveau humain soit

d'une appréciation assez facile, pour qu'au bout d'un délai dé-

terminé, un homme puisse être condamné à la perte définitive

et irréparable de son foyer, de sa femme, de ses enfants, de

ses droits familiaux, une pareille condamnation serait-elle

légale ? Nous ne le pensons pas. Il est, en effet, contraire à

toutes les règles instinctives et convenues du droit social de

spolier un homme d'une partie de ses droits ou de ses biens

sans le mettre à même de les défendre et l'aliéné ne pourrait

le faire ni réellement ni même légalement et cela, parce qu'il

est un aliéné. - Nous ne saurions, sans trop développer cette

simple analyse et sans nous exposer à sortir des limites de notre

264 REVUE DE pathologie mentale.

compétence, nous étendre davantage sur ce point traité, d'ail-

leurs, par M. Blanche, dans son premier discours académique.

C. Une loi enfin, autorisant le divorce pour cause de

folie, démoraliserait l'institution du mariage : ce serait une

loi immorale. Les époux, dit le Code, se doivent naturellement

fidélité, secours^ et assistance, et la' conduite injurieuse ou l'in-

dignité d'un des'deux époux ont'pu seuls, jusqu'ici, relever

l'autre de ses devoirs. Il était réservé à M. Luys d'y ajouter

la maladie ; il serait difficile de s'arrêter sur cette pente et

nous ne voyons pas ce qui empêcherait le mari d'une caneé-

reuse ou la femme d'un épileptique de réclamer la même

faveur.

Ainsi que le fait remarquer justement M. Blanche, les con-

joints d'aliénés, dont M. Luys tient à réparer l'infortune,

n'ont assez souvent que ce qu'ils méritent et le malheur dont

ils se plaignent n'est que le châtiment de leur imprévoyance,

de l'avarice et de la vanité qui ont présidé à l'accomplissement

de leur mariage. Il est juste qu'ils en soient punis, et ce

n'est pas à la loi à réparer leur faute à leur profit, en l'aggra-

vant aux dépens de leur conjoint désemparé. Pour s'accommo-

der aux nécessités pratiques et à l'état des moeurs du moment,

la loi n'en doit pas moins tendre vers l'idéal ; obligée de tolérer

souvent le vice, elle ne doit jamais le sanctionner. Or, une loi

admettant la folie, c'est-à-dire la maladie, comme cause de

divorce, réduisant le mariage à un simple acte d'association

commerciale, ne ferait que justifier et sanctionner ce que le

mariage a souvent d'immoral et de honteux. Aussi, nous

joignons-nous à M. Blanche pour condamner le système que

M. Luys a cru devoir défendre devant l'Académie au nom des

faits, de la morale et de la légalité.- ' E. Chambard.

" II. Des rapports DE la démence paralytique avec la syphilis ; ? par SNELL. (Allg : Zeitsch. f. psych., XXXIX, 2 et 3.)

La pluralité des paralysés généraux qui se sont présentés à l'ob-

servation de 1\1. 1 Snell avaient eu antérieurement la syphilis. La

' rareté'de'la'paralysie générale chez là femme,' rapprochée de la

bien moindre fréquence de'la syphilis chez elle que chez l'homme, ? ajoute l'auteur pourrait également"servir d'argument en faveur

d'une relation entre la'syphilis et la' démence paralytique. D'autant

plus que les prostituées, chez qui l'affection mentale en ques- : tion parait être assez fréquente, constituent le seul élément social

REVUE DE pathologie mentale. 2C5 5

féminin souvent infecLé. On sait, au reste, que la localisation de

la syphilis sur le cerveau engendre souvent des phénomènes mor-

bides très voisins de ceux de la paralysie générale. Toutefois, il

n'est pas rare de constater entre l'absorption du virus et la ma-

nifestation de la psychose un répit, la nécropsie ne décelant alors

aucune altération spécifique du cerveau. Peut-être certaines formes

de syphilis sont-elles capables de déterminer dans l'organe central

des modifications persistantes prédisposant tout au moins à la pa-

ralysie générale ? Peut-être y a-t-il, par exemple, dans ces cas, des

lésions syphilitiques du cerveau ? La solution de l'ensemble de ces

questions d'étiologie et de pathogénie réclame de nouveaux docu-

ments. P. K.

III. De L'UYOSCHMJ,OE; par 0. KnETZ. (J.llgcm. Zeitsch. f. Psych.

u. psych. gel'ichtl. medic., XXXIX, 1.)

Ce médicament conviendrait dans- certaines psychoses graves

ayant résisté à tous les autres sédatifs ; telles ces exaltations

maniaques, ces manies chroniques, ces folies périodiques et circu-

laires avec agitation qui sont entretenues par des troubles de la

sensibilité. C'est en agissant sur cette fonction qu'elle vient à bout

du gâtisme et de la masturbation. Il y aurait contre-indication for-

melle à l'employer quand il existe des hallucinations sensorielles,

principalement du côté de la vue. P. K.

IV. DE la sclérose tubéreuse multiloculairede l'écorce du cerveau

(Contribution à l'anatomie pathologique de l'idiotie) ; par

0. 13nernr..a. (Arch. f. Psych. u. Nervenk., XII, 3.)

Après un résumé de l'état de nos connaissances anatomo-patho-

logiques sur l'idiotie, M. 13ruckner décrit un fait qui se rapproche

presque absolument de l'observation de M. Bourneville1. La jeune

fille que ce fait concerne, issue d'une famille phlhisique, niais in-

demne quant au système nerveux, est en effet une idiote, non apha-

sique, en proie dès l'âge de neuf ans à des accès d'épilepsie, ainsi

qu'à des attaques choréiformes se montrant à des intervalles assez

éloignés ; en ces dernières années, démence complète avec accès

d'agitation intercurrents. Incertitude et maladresse dans les mou-

vements ; démarche sautillante, sans cependant qu'on pût noter

de perturbation grossière du côté de Ja molilité ou de la sensibilité.

Mort à vingt-deux ans de phlhisie. L'ensemble de la surface du

cerveau est parsemée, rembourrée de nodosités scléreuses, variant

en grosseur du volume d'un pois au diamètre d'une pièce de

1 Voy. les Arch. de Neurologie, t. V, p. 94. 1 i

266 . REVUE DE pathologie mentale.

cinq francs en argent : on les voit s'élever au-dessus du plan des

circonvolutions ou, par places, s'incorporer à la substance carvi-

cale qu'elles amplifient du double. Le microscope décèle l'exis-

tence dans les masses les plus dures d'un tissu conjonctif à fibres

résistantes englobant de nombreuses cellules rondes, tandis que les

cellules parenchymateuses ont presque entièrement disparu. Les

noyaux moins résistants se composent d'un réticulum lâche, dont

les mailles fines semblent avoir condensé en un petit espace nom-

bre de cellules normales de la substance grise. C'est Je lobe frontal,

à l'exception de la troisième circonvolution (à gauche), ou tout au

moins du segment postérieur de celle-ci (adroite), qui constitue, de

concert avec les circonvolutions ascendantes du côté gauche, le

lieu d'élection des foyers, comme quantité et comme grosseur.

L'auteur attribue : aux lésions frontales, la déchéance intellectuelle;

à celles de la région ll1otrice,'l'épilepsie ainsi que les anomalies du

mouvement. Les deux hémisphères cérébelleux contiennent chacun

un petit nodus scléreux ; on trouve dans les ventricules un épen-

dyme granuleux ainsi que des proliférations polypiformes.

M. Brûckner fait ressortir l'analogie de cet état avec l'hypertro-

phie cérébrale. P. K.

V. QUELQUES mots SUR LES oscillations pondérales de l'économie

chez les épileptiques ; par von OLDEROGGE (de Saint-Pétersbourg).

(Arch. f. Psych. u. Nervenk., XII, 3.)

La perte de poids que subissent les épileptiques pendant leurs

accès est faible; elle ne présente aucun caractère particulier et ne

saurait par conséquent servir à reconnaitre la simulation. Telles

sont les conclusions basées sur quatre observations bien prises que

l'auteur dirige contre M. Kowalewskii'. '. P. K.

VI. Des frictions du crâne dans la paralysie générale progressive;

par Oebeke. (Allg. Zeilschr. f. Psych. u. psych. gerichtl. Medic,

XXXVIII, 2 et 3.)

La révulsion exercée sur le crâne pendant les attaques apoplec-

tiformes ou épileptiformes qui menacent immédiatement la vie du

dément paralytique est-elle utile ? L'auteur prétend avoir obtenu

des améliorations dans l'attaque même (six observations), avoir

réussi à reculer la production de nouveaux foyers, et, par suite,

avoir prolongé la vie des aliénés en question par le procédé suivant :

dans les vingt-quatre heures qui suivent l'acte, on frotte toutes

les cinq ou six heures une région du crâne déterminée par les

1 V. les Archives de Neurologie, t. II, p. 278.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 267

moyens que l'on sait au niveau des zones psycho-motrices supposées

atteintes, sur une étendue du diamètre d'une pièce de un franc, à

l'aide de la pommade que voici :

268 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

d'un usage prolongé et fréquent : aucun inconvénient local. Cette

médication devrait être préférée au bromure, dans les épilepsies

incurables. P. K.

VIII. Superstition Er responsabilité; par Otto Schwartzer.

(Jahrb. f. Psych., Ill, 3.)

Un garde forestier, âgé de quarante-cinq ans, marié, en bonne

fortune auprès de sa maîtresse, mariée de son côté, achève de s'eni-

vrer en buvant avec elle dans l'obscurité deux ou trois litres de

vin. Au moment de se coucher auprès d'elle il croit remarquer que

le corps de celle-ci a la frigidité de la glace. Une telle impression

lui suggère la pensée qu'au lieu de sa maîtresse il a à ses côtés un

de ces farfadets auxquels la croyance populaire attribue le rôle de

vampire. Cette femme répondant affirmativement à ses questions

dans ce sens, il la blesse mortellement d'un coup de fusil; la vic-

time a néanmoins avant de mourir le temps de témoigner de leur

parfait accord. Le meurtrier avoue ou confirme tous les détails de

l'instruction. Une condamnation, cassée bientôt pour insuffisance

d'examen médico-légal, entraîne l'intervention du médecin-conseil-

ler (LftHesstH ! /M<6')'(/t). Voici dans quel sens ce dernier rédigea son

rapport. On doit, selon lui, ranger les superstitions dans le cadre

des conceptions irrésistibles; toute superstition qui devient pour

l'individu un article de foi qu'il accepte à l'égal d'un fait démontré

enlève au croyant son libre arbitre et par conséquent sa responsa-

bilité. Dans l'espèce ici considérée, l'absence de préméditation, la

spontanéité des déclarations, l'ivresse constituent autant de facteurs

additionnels d'irresponsabilité. '- ' '' P. K.

, r. ' ' '

IX. Contribution A L'ÉTUDE DE la sensation sexuelle contraire

(Í1wcl'sion'dù sens génital); par Sterz'. (Jahrb. f. Psych., III, 3.)

. t '\ '

Le fait rapporté en détail dans cette note n'ajoute rien aux des-

criptions et analyses, déjà consignées dans les Archives de Nezero-

loie'. Les experts nommés conclurent à l'amoindrissement des

facultés mentales de par le fait d'un défaut d'éducation ; en l'ab-

sence de tuteur, les impulsions sensorielles ont absorbé l'individu,

lui faisant perdre toute force de volonté. Le rapport admit cepen-

dant un certain degré de responsabilité, les entraînements de

l'inculpé ne participant pas de l'irrésistibilité. Condamnation à dix-

huit mois de prison. M. Sterz adopte les conclusions de Kraffl-Ebing

sur cette question. P. K.

1 Voyez les Archives de Neurologie, t. III, p. 53; IV, p. 132; V, p. 374

et 375.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. G9

X. De l'influence des 111L.1DIES fébriles sur LES psychoses;

par IItITSCI1. (Jahrb. f. Psych., III, 3.)

11 s'agit d'une communication faite à la Société psychiatrique de

Vienne sur deux cas de guérison de maladie mentale par un éry-

sipèle de la face. Le premier fait concerne des manifestations de

paralysie générale chez un alcoolique, le second a trait à une sorte

de monomanie exaltée avec hallucinations (hérédité). C'est surtout à

la fièvre ', au sens de M. Fritsch, qu'il faudrait attribuer la guérison

de ces psychopathies, par le mécanisme suivant. Le premicreffet de

la fièvre est d'accélérer les échanges chimiques dans l'intimité des

tissus; elle relève donc la nutrition du cerveau languissante dans la

mélancolie et dans un certain nombre d'états maniaques. Les amé-

liorations observées dans la paralysie générale, sous la même in-

fluence, s'expliqueraient également par ce coup de fouet régénéra-

teur donné à ceux des éléments nerveux dont la destruction n'est

pas encore complète. C'est pour la même raison que l'écorce céré-

brale du monomane reprenant sa spontanéité et ses qualités d'as-

similation, devient apte à renverser, par ses propres conceptions

rationnelles, l'échafaudage des idées délirantes systématiques éma-

nées de l'inertie morbide des hémisphères. Les rouages précis de

ces transformations échappent à l'observateur aussi bien que l'en-

chaînement des phénomènes qui président au rétablissement de

la santé de gens valétudinaires tant qu'ils n'ont pas fait les frais

d'une maladie fébrile; on ne peut savoir exactement si la pertur-

bation histogénétique a déterminé des régénérations cellulaires, a

rendu la perméabilité à des vaisseaux sanguins obstrués ou rétrécis,

a augmenté l'irrigation en tel ou tel territoire. P. K.

XI. Des sensations; par Théodore 1\IExivnr. (Jahrb. f. Psych., Ill, 3.)

L'auteur part de l'étude des réflexes. Les uns se manifestent

par des mouvcments de préhension; les autres, par des mouve-

ments de rejet, chaque espèce étant en rapport avec des actions

vasculaires différentes. Le centre vaso-moteur sous -cortical,

d'abord affecté par l'incitation, réagit sur l'écorce d'où repart une

innervation vasculaire secondaire, et c'est ainsi que la sensation

émane de ce double jeu, en même temps qu'elle dépose dans les

couches grises des hémisphères, l'image de l'impression perçue, et

des mouvements qu'elle entraine. De là les associations d'idées.

Exemples : telle excitation de la sensibilité agit par le centre

sous-cortical sur la moelle comme vaso-constrictive, engendrant

par l'anémie, l'anoxhémie des éléments nerveux de cet organe,

\S .

1,1 i

1 Voyez les Archives de Neurologie, t. le,, p. 476-478.

270 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

le mouvement de rejet primitif inconscient; l'effet vaso-constric-

teur se propage alors jusqu'à l'écorce et, nuisant à la vitalité des

cellules, arrête de ce fait le travail de la pensée et les phénomènes

biologiques pour lesquels le cerveau est indispensable; il s'en suit

des mouvemenls de rejet secondaires conscients, pouvant aboutir,

selon l'intensité, à la lipothymie, auxquels est liée la sensation de

déplaisir, de douleur (asphyxie vasculaire temporaire des centres).

Les tissus nerveux de l'individu conservent du processus entier,

y compris le tonus angio-moteur, un souvenir complet, de sorte

qu'ultérieurement, la vue, l'ouïe, le contact des objets qui ont une

première fois développé la douleur elle-même provoquera à une

autre époque, sans l'incitation sensible, la conception de l'enchaî-

nement phénoménal qui se reproduira avec ses mêmes effets

physiques et moraux, par le même mécanisme; la sensation

désagréable sans la douleur corporelle s'appelle une émotion, une

passion, une douleur psychique et se rattache aussi aux processus

d'arrêt vaso-moteurs. La sensation qui entraine le réflexe de pré-

hension développe un mécanisme inverse dans le système cérébro-

spinal, par les foyers vaso-kinétiques déjà nommés; à l'hyperémie

corticale est lié un sentiment de bien-être en rapport avec le flux

ininterrompu de la pensée. En somme, d'après Meynert, l'écorce

du cerveau préside à deux séries d'élaborations actives : à l'inner-

vation psychogénétique, l'innervation des vaso-constricteurs,

l'activité de chaque ordre de ces fonctions étant en opposition

l'une par rapport à l'autre. La nature de l'incitation produit soit

une anémie, soit une hypérémie vasculaire, et la sensation en soi

est la forme de perception subjective de la somme des phéno-

mènes physiologiques énumérés, en même temps qu'elle exprime

les états inverses de la nutrition de l'écorce. L'emmagasinement

dans les foyers corticaux des images commémoratives des sensa-

tions assure l'activité eogitative et la lutte pour la vie en poussant

l'être à fuir les sources de destruction, à rechercher au contraire les

sensations de félicité. La multiplicité de tous les actes, les manifes-

tations de la liberté, devraient être rattachés à ces mêmes

phénomènes, ainsi que les idées de sacrifice et la reconnaissance

de l'humanité tout entière pour ses bienfaiteurs, l'immorta-

lité. P. K.

XII. Démence aiguë, stupeur, états DE même ordre; par SCIIÜLE.

(Allg. Zeitschr. f. Psych. n. psych. gericlttl. luedie., X1aV111,

2 et 3.)

11 n'y a pas lieu, dit l'auteur, de différencier la stupeur de la

démence aiguë par la notion de la simple obnubilation des phéno-

mènes psychiques ou de l'abolition de la pensée, la forme du

trouble de la connaissance ne pouvant servir à pareille détermi-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 271 [

nation. La même évolution, les mêmes symptômes psychiques,

sensitifs, moteurs, trophiques,se rencontrent dans les deux moda-

lités cliniques; toutes deux peuvent aboutir aux mêmes termi-

naisons, et les variabilités du pronostic s'appliquent aux deux

processus en dépit des signes attribués par M. 0. Binswanger à

chacun d'eux (Charité-Annal., sixième année). L'intensité plus

grande dans les troubles de la conscience qui ressortit pour Blus-

wanger à la démence aiguë, couvre une question de degré dans

l'état pathologique et non une différenciation dans la nature de la

maladie. La stupeur au surplus n'est, ajoute M. Schüle, qu'un

syndrome qui peut exister ou manquer dans la démence aiguë,

de même que dans toute autre entité psycbopatbidue; il est des cas

dans lesquels elle est effectivement synonyme de la démence

aiguë primitive, parce qu'elle existe en cette dernière au suprême

degré et en constitue le signe principal, comme le délire dans la

pathologie mentale : souvent aussi, dans la folie, elle n'est que

passagère. Après avoir appuyé l'ensemble de ces idées sur des

observations, des analyses et des critiques, M. Scliüle distingue,

relativement à la cause, une stupeur psychique (pseudo-stupeur de

Westphal), qui comprend les formes abortives et aboutit à l'extase,

à la catalepsie (mélancolies, folie systématique sexuelle, hypno-

tisme) ; - une stupeur directement organique (suite des maladies

fébriles graves, puerpéralité, folie épileptique, paroxysmes mania-

ques, folie suicide, délire aigu); une stupeur cataleptique ou

tétanoïde (folies systématiques sexuelles , manie avec agitation

motrice) ; une stupeur intercurrente relevant des formes cala-

toniques de la folie systématique. La genèse résulte toujours de

vaso-constrictions cérébrales (phénomènes d'arrêt psychiques).

Quant aux caractères, au pronostic, au mécanisme exact de

chacun des éléments de la stupidité, étudiés en détail par

M. Schûle, ils ne se prêtent pas à l'analyse, la pathologie générale

psychologique exigeant la lecture intégrale des explications termi-

nologiques qui la constituent en l'absence d'une physiologie

psychique rigoureuse. P. K.

XIII. La perte en poids DE l'économie peut-elle servir de signe

D1.1GNOSPIUE D'UN ACCÈS d'ÉPILEPSIE ANTERIEUR; par G. KllANTZ.

(Allg. Zeitschr. f. Psych. M. psych. gericlatl. 31edic., XXXIX, 1.)

Des pesées méthodiques pratiquées pendant longtemps (quatre

cents pesées matinales régulières, cent quarante-huit pesées à la

suite des accès), chez sept malades en observation, ont démontré

à l'auteur l'impossibilité de formuler une loi concernant le poids

du corps à la suite de l'accès d'épilepsie. On ne saurait contester

que les accès graves sont plus souvent suivis que les crises légères

de déchéance pondérale; mais il ne s'agit pas là d'uu phénomène

27 2^- soc i Érfs'9AVANT'r ? L ?

conslànt,nbal"i\l ! Krant'zta ? ega1emen'uot.e ! da[is les' mêmes1 eôiidi-

tion's" ti nl'étà't^ s'l'àtibiiii'dîre^voirê7ûne' âu'gnien tatiou ? da'iisf|lë p'ôids" >>

desI.-idiiclti§ q\Ú1Vènaiéllt de''fàii'e'lès"fraris' des'1 phénomènes con-'n

vu1sit' ? ? q Jd Il'1 i gup oloyplo .oiiiiJôqlRg ni oh '1U81' p ! IJ( ! 2C1J.;[' ait !

Et gb aGOqo1'l «non ji noilchirino .nI J;19nÔ' ! 1 91[9 ,()hoq rl .9t, sdk'1

V<\7 ! 3'H ? U" "h f'r)[) ? )trf) b'H'.)')'t ! ? )'\ nh ;.r,r, rtr; tt ? < !

xi Quelques observations., sur la .température d\ns la folie1'1

rÉRi6Di3uB ? ip'cî ? i et gt) gili 1 1,. PS1}ch. lllpS¡)ch. af ? ¡'ichll¡¡

f6XXfX°'r.'i ? ? 1 J>l *" ? 2B"lf ? Jllli « ''i cior'

-iiq-=t>i"iil ab iuàbi'-àiq uh Ô.T2J8 Jo'i.ouh iiiisnidi o-'m^iwli -ija H '-<( ? )

D ? t'1'Ilff,) hl't'l> i ? f, 1, 1 n'icb "'l"ol, fi'UTllo- rt ? '1'11'1"1'1

Dix-sept observations servent de justification au rtravail de' e >

M. Haase. Il prenait' '¿ ! lez ces n{'a]ÜdessJa 1 ted1peratÚl'éIJ IhaLIll èt't I

soW."Ÿ oi'cÍ ! lésnëÓi1'èIÜi'ns¡jiiú(il\ëlleslil JcsLf' aI'J'rvê , : ']'ag./[¡iliÓn - He

maniaques 'est. tH ! ijJu'rs"]ie''a' ïiWc r ,b - . 0 - thermique1 ! 1 dont'ie'"

de ? i'él'cúi : es'6\\'d Il ¡pl l''à'éCÍ'àis'dc ni ù@ase 'cru il Ji iiili b'lt ? pi¿ \i ¡(i1 t'I lbs'

degrél,c6rresP6ffd,,â ? l'àccroissJèmen't 'dnetr'dgiiaLion;,ipiô'naa,nt',lb8r'

tilt

preue'odst'dtnenadesus''Hë"I'a ? n'o'ratë ? TUu 1 'fil

pi, nOI'tna e. 11 tO v, e

cHiÍrrefdè '3'801 n' ijah1tlis' élé''itltein L.1'Dé'lix"tleJés CTaliêYi'6';P aM Ii.)éq(

sent l¡¡j"ij'pc''l ! l'e¡;ffi'iri\/er '¡hWrsWttJblp8].¡ÜtriJè 'f)Yà'thYarel plüs 'C-IeJé'clll

q) ! e'ia'ië]Hp6ratLfropé'r ? p'eh'danf'lei ? m'es ? s "Jn9V ! '"<)'

il ? \--1.(" d'l,d" "U' JI ,,1 ? 'dit ? io ? il ""1.

es eux 01Jef\'il IOn ''qÛi''6ntf l'il ! . , Il me lInc e cOlice 'l1clh '

u ? ? c'th'M-nnque''as ? cp'b'c[a'&]&L('8tib ? Jth6e)''p' titi

la période d'agitation. Ici la température baisse égâ]61HéYiti'ài"

n]bsure'que'i'ahc61 prend 'lfi¡\1 (àjJpaviti"ffnldë- la 'Aépression), ! <f;nais

sahëtdesoedreàu'-doous'de'ia )ion)ta ! e ? [ ? t n'o') .sT'du'h o-ilno

xaminsod¡lI1s'llllrlùn's()mbloJ là- plupart 'de1 ces malades jFosor-l¡"

tissent à la folie chronique ou secondaire oLsont.'uanMpabdes ?

hanucinatiou ? ? ? alla ii ôlifi'rijin .olinônôi; ? dj n ? ) K ? j j/

nu moq aoJ)U.nn''J ! n ;'{IfI¡¡j"fI(]'l1¡" ? 9ft ,lnoi(i'd : .h.'l 'j'u))ij;.nt) : ) ')mnt

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f : : ca1/¡;e \lu';¡ : J nan 1 83. - Présidence de M. Motet. , '1 '

' ! lob ./IUII 1"11 11111, mJ .îr. ? III 'I.,r;] l lit) loi ? l'IOIf)'/fi ) o

.. , , , «mm '4' Í' "L¡ : rll,l¡lI" rrfl p ? "l')r ! 'Hf' il '>'1Ρ¡1

Apres la lecture d un rapport de il. Charpentier sur la candida-

ture» dtlr'ili ? 'll : nr ? ¡l ! i 'C'sL¡J/iblhrHéÎ'bë//I]\'(jlllllil¡'d¡'cJâh h't'IS'O({ : éllf,

M,- MÓgrJdcWiÚïClé 'ii ? i\I L'ËGltJ¡hJ1;j ! u' S'A'uttE' Uil rlidl ! iéill't : -qe' h'it ? lUx ?

defHi'staClte dIPÍ1cr : ¡1 IJ SlIltltdll' : J"P. ')11'1 ., 9f1/f S'J1118 , ! j',r.I'1 fini

xI Il 1$lit ,1,1

SOCIÉTÉS savantes. 273

M. LEGRAND du S.11 : LLE. La statue doit être placée, vous le savez,

au milieu delà placePinel, dans l'axe de la porte delà Salpêtrière ;

mais la commission des bâtiments civils, qui voudrait voir la sta-

tue dans l'intérieur de la Salpêtrière, objecte que si on la place en

face de la porte, elle gênera la circulation et nous propose de la

mettre un peu de côté. Le retard dans l'érection du monument

vient donc du mauvais vouloir de l'Assistance publique. Notre

Société a fait hommage à la Ville de Paris d'une statue, dont la

place a été désignée dans un décret signé du président de la Répu-

pliquc; nous sommes donc dans notre droit strict en exigeant la

place qui nous a été promise. L'affaire en est là.

Laissez-moi, maintenant vous entretenir d'un autre sujet. Dans

un procès récent, il m'a été posé une question à laquelle il est sou-

vent fort difficile de répondre; vous allez voir pourquoi : En quoi,

m'a-t-on demandé, le fait d'avoir un père aliéné constitue-t-ii pour

un criminel un droit à l'indulgence du jury ? Dans le milieu où une

semblable question est posée, il y a souvent des fils d'aliénés. Je

voudrais que la société m'indiquât une formule qui permettrait de

dire la vérité sans froisser aucune susceptibilité. Un jour un fils

d'aliéné, siégeant sur le banc du ministère public, me posa cette

même question d'hérédité et je fus très embarrassé pour émettre

mon opinion.

M. DEUSHUVH. Il est difficile d'établir une règle fixe dans cet

ordre d'idées. Pour l'épilepsie, par exemple, les lois de l'hérédité

changent suivant que le fils est né avant ou après les premiers

accès des ascendants. ! u , ,1

M. Falret. En thèse générale, l'hérédité à elle seule ne suffit pas

pour constituer fatalement des circonstances atténuantes pour un

criminel ; c'est plutôt l'indice qu'il y a une recherche 'à faire' dans

l'observation de l'individu lui-même et non pas dans ses ascen-

dants ; il faut trouver en lui des stigmates physiques ou moraux

pour pouvoir conclure à une irresponsabilité. Et alors l'expert ré-

pond, sans froisser aucune susccptibité,' car chaque fils d'aliéné

qui l'écoute pourra dire : « Moi, je n'ai pas ces sygmates, donc je

ne deviendrai pas fou ».

M. DU SAULLE. L'expert se place bien toujoursd'abord à

ce point de vue particulier, mais souvent les avocats ou Ie miuis-

tère public généralisent la question.

M. Luys. Par ce seul fait qu'on est fils d'aliéné, on ne devient

pas forcément aliéné, mais on porte en soi des germes qui peuvent

se développer tôt ou tard. L'hérédité chez un criminel doit donc

faire pencher vers un atténuation de peine.

M. Motet. La préoccupation bien légitime de M. Legrand du

Saulle nous est commune à tous. En justice, nous sommes quelque- 1

fois placés entre une vérité scientifique et les égards dus, 1101.

.\1\1.111\1 : : 3, t. VI. 18

2H vit sociétés savantes.

seulement au public, mais encore à l'accusé lui-même. Il faut

mettre du la mesure dans ses réponses, car le médecin ne doit pas

oublier que derrière l'accusé il y a un homme qui l'écoute avide-

ment. Dans les cas auxquels il est fait allusion en ce moment, nous

ne voulons pas l'acquittement qui serait un déni de justice, mais

une atténuation dans la peine, car il y a eu un crime indéniable et

que la société doit se défendre. Si l'aliénation est manifeste, il est

bien évident que l'individu doit être complètement irresponsable et

envoyé dans un asile.

M. Féré rappelle que dans certains cas d'épilepsie héréditaire

indéniable, la maladie était restée à l'état latent chez le procréa-

teur longtemps après s'être manifestée chez le produit.

M. LEGRAKD du Saulle rapporte l'histoire clinique d'une petite

fille qui, à la suite d'une fièvre typhoïde, est restée pendant vingt et

un jours en état de mal épileptique et dont les attaques ont atteint

le chiffre énorme de 8,000, malgré une dose quotidienne de huit,

dix, et même quinze grammes de bromure. Les crises ont cessé

tout à coup sans que l'enfant parut épuisée; elle dansait même le

surlendemain.

M. Magnan. Si la malade était hystérique le fait serait moins

étonnant. A combien de degrés s'élevait la température pendant

les crises ?

M. Legrand du S.11;LLE. La température n'a pas dépassé 37 ?

M. Magnan. Ce n'est pas la règle. Dans l'épilepsie, la température

s'élève ! davantage pendant l'attaque. Peut-être s'agit-il là d'acci-

dents hystériques chez une épileptique. Ce retour brusque à la

santé est encore une raison pour mettre au.moins un point d'inter-

rogation devant le diagnostic d'épilepsie'. 1.

.. M. Motet. Vous vous souvenez encore de l'affaire illonasterio qui

a fait tant de bruit dans la presse politique ; ne pensez-vous pas

qu'il serait bon, pour ramener ce roman fantaisiste à sa véritable

proportion, de mettre la discussion de l'affaire à l'ordre du jour

de la prochaine séance. ? Ce serait d'autant plus urgent que

les médecins aliénistes très injustement attaques, à ce propos,

l'ont été avec une telle apparence de raison qu'un journal médical

anglais, s'en rapportant aux racontars de la presse politique, va

publier dans un de ses prochains numéros un résumé de l'affaire.

L'article en préparation donnera à l'affaire Monasterio une consé-

cration scientifique presque officielle et absolument inexacte, qu'il

importe de réfuter. Marcel l3ar.wn.

1 La remarque de M. Magnan est très exacte. Nous avons vu, à la,Snl-

pêtrière, une malade, nommée Clialu ? qui était en tout point comparable

à celle dont il est ici question.. (B.) .

SOCiI : I'1 : S SAVANTES. ',275

SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE ET MALADIES NERVEUSES

DE 131;RLlu 1

Séance du 9 janvier 1882. - PRÉSIDENCE de M. V'ESTPr(.1L.

Sur la proposition de M. Mehlhausen, on procède par acclama-

tions au renouvellement du bureau et de la commission de - récep-

tion. Puis l'on décide de fêter l'anniversaire de la fondation de la

Société le 13 février par un banquet.

M. Aloru présente une' modification imaginée par lui au tleéostul ri

manivelle 'coudée. Dans la discussion qui s'engage à ce propos,

M. Bernhardt revient sur le rhéostat présenté par M. Wernicke dans

la'séance"dc novembre l 881 2 ; il le repousse il cause de son prix

élevé et pense qu'en introduisant'un rhéostat' quelconque dans' le

réseau accessoire du circuit, on peut arriver à réduire au'mihimum

]es"oscillations"dans la force du courant.'C'est aussi 'l'avis de

AL l3emalc. , < ? "

M. Westphal montre' des' préparations microscopiques qui pro-

viennent de l'écorce du cerveau et de la substance blanche contiguë

du malade' dont il a'parlé 'dans la séance de novembre' qui pré-

sentait de l'hémianopsie. L'écorce est seule altérée : rétraction dès

cellules pyramidales' et déchéance de leurs prolongements. ' l ? '

M. Binswanger présente un' cerveau 'atteinE'dè ? 07'i;nc`ol7hetltC.

L'individu 'auquel appartenait' était' pendant la* vie paralysé et

ataxique dans la moi Lié' d ú 1 corps" opposée' ·à l'altération.' 'Celle-ci

consiste en un' infundilntluni'qui,'partant'diI lobe de Bctzspénôlrc

dans ia'profohdeur sans'gag'ner1o ventricule'

de rÜilldrat 1, M' BlIfs ? anger' raltache lia pathogénie dé' hi' perle de

substance'à ulle'encéphalite'cit : con,¡(rite,'causée 'par une' anémie

aboutissant à la nécrose (préparations' microscopiques' à l'appui). "'

t. , 1 1 dlHI ,) ? 1'-1'\ t,1 311 ici t' ; 7UJ. If" 11' f : i , .' p.'

"I(¡'1.t Iv rrr....m nn l't''(('l'O tV ? 1 ' (J'. '1 ? ,1 tIf UO

Séance du 13 mars 1882 ? PtESIDFCG,D,11,rESTPI1.1L,IA .

ismI, , mu 1 1 iirtl >i"if t'nhiittt i i> jii'iiiutni l'^iJuiiii'n1 ? Il 1t.Jb.. A

" itr1 I 1 i· r yr i 'o l.n , y ! ) ",fr., n1o 'rq"' ) ? f4, v·,ltt ,.>>, ? >

M. ilOLn,p1'éSeT' 4e des préparations de la moelle cervicale, d une

f ' 1 t« .'j'i " T,. f. f ! , , ...... ? l' ,ï ,' 1 'llL ¡ f il

lemme morte de myélite atgue. Voici quelle aI'ait été la symplo-

(,;J ,.1 " j ? Tf Il ,/ ? r ? lit t r¡ rfl'rr"'Ijll ,If 'h 'Irq1'HaftQ{ ,,1 I

"(I : l ? f ? ff 1(,e(fTlf'9o. ? if ? h X P : J1.qiJ ? i,, i ? ? ? i .

' kl., id., tL ? i3. .mIl9m lai IP5 h m"h » ! » .. .

3 /d., id., p. 23 5.

'1,1., t. VI, p. l.'j6. - --

2~li SOCIÉTÉS SAVANTES.

mastologie : paralysie soudaine des deux jambes, puis des, avant-

bras. Dès le troisième jour, disparition des réflexes tendineux ro-

tuliens;puis,faibles accès dcfièvre, accidents du décubitus, parésie

vésicale. Le douzième jour, diminution considérable do l'excitabi-

lité des muscles de la main à l'égard des deux sortes de courants.

Le treizième jour, mort par suffocation. On rencontre une destruc-

tion complète, par places, des cornes antérieures, entre la qua-

trième et la sixième paire cervicale; foyers récents dans là,s'ul)s'-

tance blanche principalement des cordons antéro-Ialéraux; pas

d'autre altération. L'auteur fait remarquer que ce cas ne saurait

renverser les manières de voir actuelles sur la localisation qui cor-

respond à l'absence du phénomène du,genou, parce que,,la,mort

survint de bien bonne heure ,par rapport à la,.displai,iLi.oii 1 del.c-

réflexe et qu'une lésion brusque aussi prononcée survenue en des

segments haut placés a bien pu exercer une influence sur le. réflexe

rotulien. , , '\ " . t . Il l ? r ? 1

Discussion : M. Reoat : demande si' la réaction dégénérative exis-

tait, et si les nerfs périphériques ont été examinés-après la mort.

M. Moeli réplique que' les racines antérieures1 ont été examinées'ct

trouvées intactes. L'excitabilité électrique n'était diminuée qu'au

pouce, pour les deux sortes de courants, sans qu'il existât de modi-

fication dans la forme des convulsions.1' ' > " UJ Inl ? M ?

, , ? IH, 4)11'1 ? Itl 1 1

M. Binswanger communique un cas de tumeur cérébrale (gliome

de l'él)eizdyii2e) avec préparations.ai'appui. Celle communication ne

... ? 1 ? 1 .. , d.1.1 .JU

donne lieu à aucune discussion ? , , ' ,r ? J ,

M. GN\ucxqirend la parole sur les rapports qui existent-' entre la

. mélancolie et la folie systématique. r tJuu.ul 11 1 il) j9 f,¡")f ,f, 'Jr'

f f.... ? . l' f" . 1 rq L ? 1 ...; ( ? (Tf' : . \

M. REl\11.111D dCmilIldC si chez les personnes observées' par l'ora-

teur les émotions douloureuses étaient vivement 'senties''pendant

le stade mélancolique et si les manifestations morbides n'avaient

pas quelque chose de vague, d'indécis. Réponse négative.

M. SCHRÚTTER fait remarquer que le premier fait relaté rappelle

une" psychose intermittente qui aurait eu.' comme stade p¡ : 6dro-

mique la lypérnauie, suivie de folie systématique, pour se terminer

par, la démence. Il n'en était rien, cependant, reprend. 1lL,Grtluch,

car les idées délirantes d'ordre lypémanique avaient cOI ! 1pli : teJnllt

cessé lors du stade de folie systématique;, la sép ! lratin,étaittÍi ! n-

chée comme elle n'est pas dans la psychose typique. n 1110'[01 .

M. Westphal' se' rallie pour beaucoup de 'cas produits" aux ma-

nières de'vtiir'dè l'observateur.' La première des observations de

M. Gllauck lui a fait l'impression d'une psychose indépendante de

l'émotion morale. Quant à la seconde ? il'ne voit aucune raison de

rejeter les idées de l'auteur ? ') il z 1 l 1 ·

SOCIÉTÉS SAVANTES. 277

M. Westphal traite d'une source d'erreur dans la recherche du

phénomène du genou. Mémoire publié in-extenso 1. "

La discussion correspondante à laquelle prennent part MM. West-

phal, Senalor, Lewinski, Hemak, Wernicke, lloeli, met en lumière

les points suivants relatifs à la tonicité musculaire et aux réflexes

tendineux. L'excès de tension musculaire du tétanos rhumatismal

s'oppose à ce que le réflexe tendineux se manifeste ; il n'est d'ail-

leur 'pas prouvé que la tonicité musculaire soit un phénomène

réflexe. Les expériences dans lesquelles on essaie chez l'animal de

produire la tonicité musculaire en excitant les nerfs moteurs et les

provoquer ensuite par le choc, les réflexes tendineux restent sans

effet. Enfin l'expression de flaccidité usitée pour les paralysies sert

simplement de contraste à celle de contracture; or, la tonicité mus-

culaire ne fait pas forcément défaut dans les paralysies flasques

et la preuve, c'est que les paralysies flasques en apparence,

au début, peuvent plus tard' se transformer en convulsions

spasmodiques (Westphal). La tonicité est un réflexe ; aussi l'in-

terruption des voies centripètes entraîne-t-elle la cessation de la

tonicité et des réflexes, tendineux, mais, sans que nécessairement

les deux genres de phénomènes aient en même temps disparu, l'un

,'pouvant exister alors que l'autre n'existe plus. Quand la tension

musculaire a baissé le phénomène du genou peut être décelé (Se-

nator). La tonicité musculaire facilite le dégagement des,réflexes,

elle rend possible l'excitation des terminaisons des nerfs sensitifs

(Lewinski). Dans la myélite dorsale ! où ses extrémités inférieures

sont en état de paralysie flasque, les phénomènes tendineux peu-

vent encore être conservés, ce qui n'est pas le cas pour la myélite

lombaire; ceci tendrait à démontrer que le phénomène du genou

ne dépend pas de la tonicité musculaire (Wernicke). Immédiate-

ment après les attaques d'épilepsie grave, les muscles sont flasques,

, et le phénomène du genou n'existe pas (Moeli)., If), 10' , 1

111fr. 'f' » nhi' 1 Il 11n,i : ? "¡PI u1' ? 1 - .ttr .i 1'" t,.r tJ" rt

séàil'¿ê'-dii 8 977,f11'l'gH.^ ? PIlI : SIDCNCE de M.' \\'ESTPIL1L1 ''

, j;pr7 i,·1 )J. · 11,' : 1, -\ r 'l ' ' >' n ,T' u : i l "f

r\L'lfoeli : Remarques sur l'examen de la réaction des pupillts.

(Publié in extenso 2.) i ' ? 1 Disi;usion : MM. Sander et Reinhard pensent' que le cerveau joue

'un'rôle dans là production des phénomènes en question. Le pre-

mier se fond sur ce fait que, de même que dans la narcose chlo-

roformique et`dans le sommeil, la 'connaissance faisait défaut et

que.lorsque, dans ces conditions, on excitait la sensibilité, la dila-

'llat,ig.nj p1,1pilh11re.,élait en raison directe de la diminution de l'élut

'b 'de" 1111'J J, 'Ir')11 f- ' ' T'oi ? t'" ' . n 1 t

i ,J Analysé aux Revues analytiques., ;11 ," 1;, III '11 ,, . '

2 On en trouvera l'analyse aux Revues analytiques., ? ) , " ? 1

278 SOCIÉTÉS SAVANTES.

de sommeil. Le second insiste sur la suspension de la dilatation,

pupillaire pendant le coma, dans un des cas de Molli.

M. Binswanger rappelle que, chez les épileptiques, on rencontre

souvent des anesthésies totales et que, par conséquent, il faudrait

se demander si l'anesthésie n'existait pas chez ceux dont la réac-

tion pupillaire est indiquée comme nulle. '

M. Mendel fait une communication, accompagnée de pièces ? il

l'appui, sur la dégénérescence grise du pédoncule cérébelleux supé-

rieur, publiée dans le NC ! ll'olollischcs Cenlralblalt de 18821.

A ce propos, M. Binswanger appelle l'attention sur les recherches

publiées tout récemment par Bechetrew, d'après lesquelles des lé-

sions de la paroi interne du troisième ventricule entraîneraient

des troubles dans l'équilibration, comme celles du labyrinthe. Ces

résultats viendraient à l'appui de l'opinion de l'orateur, pour qui le

pédoncule cérébelleux supérieur serait la voie par laquelle se trans-

mettraient les impressions visuelles chargées de servir de régula-

teurs aux mouvements et l'attitude du corps. ' ' .

.... j. t J po 1" ,J , - 1

r . w l ` u , ,II J 1 ,

Séance du' '12 juin 1882. - Présidence de lli. Westphal.

Tt r< li. r· a1 ! x<ii - 1 ,.h

M. Binswanger fait sà communication annoncée sur l'a simulation

de la folie. Elle est basée sur la série des criminels dont' il dispose,

et qui'ont'dû pâs'ser`sûi· les'çontr0les'de l'assistance publique, pen-

dant' les"1ÍÍlnées 1880 'et' 1882 : lien observait trente1 et un en 1880,

quarante-deux en 1881 : cinq, pendant la première année, ont été

reconnus comme simulateurs'; seize, l'année' suivante ! Il les divise

en trois groupes, en ce qui concerne la modalité psychopathique :

1°les stupides (confusion dans les idées); 2° les anxieux (hallucina-

tion); 3° les maniaques (fureûr) : Des exemples topiques sont'relatés

à l'appui de chacun de ces groupes. ' ,- - . JO

L'heure avancée contraint à remettre la discussion à la prochaine

séance. ' rr(jjt1lh ri iqw ! wa( HWi ,·n r t l(iJ) 1 Jf '1 1 ..1`. U" fI ,<

ll0( 'ho --iiij a 1 1 iij il il, 11(\ J'JI 1, , ..1

,, Séance du 10 juillet 188 ? ? PnéSIDG\Cl : DE M. Westphal. ? IJ 1

-* ? «.. " ? I , , . r ? . U.I'J i ? Î0'I ? "'(H)'. 'f 'f' "'¡'-If 1 "If' *' ." « 1.'

M. Sewron rapporte un cas du trijumeau siégeant du

côté "gi,7îi,clte, qui comprenait l'ensemble des branches du nerf. Rien

de particulier dans les : a ! 1nn ? liq ? s : , pas de s3,philis. Publie 11,

extenso3. Cette observation, outré les troubles neuroparal l'tiques elles

..11, , - ? - l > lU ú f >', 1'"

troubles.-du goût localisés aux deux tiers antérieurs de la langue,

est remarquable par 1 existence de vertiges et de tuméfactions inter-

jJl» ^, H. ? : W n , 1.. ) 1> /.»,» ? -Il-- . :

t,9 ? Iqf.9t 1 1, , Il' 1'1"1 lie, 1. In r '"1,' .\l"p- 1 11 '.tfo"H'11 1- : 1

1 A, ! alysée aux Revues alJalY,lilJue,(¡I11111 ,(J', "1 ? 1' '11111 \11

· Voir aux Revues analytiques ? diii l' , I, 1 z

SOCIÉTÉS SAVANTES. 279

mittentes occupant les articulations du genou et du pied, dont la ge-

nèse demeure inexpliquée.

La discussion relative à la communication de M. Binswanger, qui

a rempli la dernière séance, est alimentée par MM. Lewin, Bins-

wanger, Liman, Moses, Ideler, Bûr, Westphal, Moeli, Hicltter (de

Dalldorf) et Mendel. Plusieurs d'entre eux ont eu l'occasion d'ob-

server certains des criminels en question; les uns les considèrent

comme des simulateurs réels, complels; les autres admettent qu'il

s'agissait bien là d'aliénés, mais que quelques symptômes étaient

simulés par eux.

Séance du 13 novembre 1882. Présidence DE M. WESTPUAL.

M. BEHNHAMT, sous le titre de : Contribution ci la pathologie du

tabès, envisage des accidents apoplectiformes tout spéciaux,, survenus

prématurément ou dans le cours de la maladie, accompagnés ou

non de phénomènes paralytiques, et pouvant se compliquer d'apha-

sie. Ces états passagers sont susceptibles de complètement dispa-

raître, alors que le tabès progresse comme d'habitude. Ce seraient des

complications rares n'ayant pas de substratum anatomique céré-

bral, les individus examinés n'étant au reste ni cardiaques ni sy-

philitiques. Les facultés psychiques étaient demeurées absolument

intactes à la suite des attaques décrites, il faut rejeter l'idée d'at-

taques congestives; aucun signe dans la symptomatologie des cas

en question n'autorise à penser à la sclérose en plaques qui donne

lieu à des cas semblables.

Discussion : M. Mendel a quelquefois observé en pareil cas la

démence ultérieure. Mais M. Bernard affirme qu'il n'y a pas lieu de

suspecter la paralysie générale, ni dans ces observations, ni dans

celles qu'il a recueillie dans la bibliographie. Erb et Leyden n'ont

point mentionné ces accidents dans le tabes.

M. Wernicke fait ressortir que, même dans les affections en

foyer, on peut observer la rapide rétrocession des symptômes para-

lytiques, mais il est possible qu'on ait affaire ici à une affection

vasculaire comme il s'en produit chez les vieux tabétiques; les

mêmes manifestations se voient quand le processus, dépassant les

cordons postérieurs, empiète sur les cordons latéraux. Trois éven-

tualités sont donc admissibles; 1° celle d'une hémiplégie ordinaire; -,

même genèse vasculaire; 2° celle du passage de la lésion aux

cordons latéraux ; 30 celle d'une affection encéphalique de nature

spéciale, en rapport avec le tabes. Mais, pour lui, les faits de M. Ber-

niait ne rentreraient pas dans cette dernière catégorie. M. Ber-

nhart souscrit aux développements de M. Wernicke; il sait bien que

la troisième espèce de processus demeure encore inexpliquée, mais

il maintient que les cas communiqués par lui rentrent trait pour

trait dans la série des accidents tabétiques encore peu connus.

80 SOCIÉTÉS/ SAVANTES2

- e111.o5uanr ? Sur.zua t¡,onul L mental < co¡¡éwti{ ? â ] nntoxicationJipa1'

l'iodoforme. Il s'agit d'unejfemmaide soisante5soptrnïis.ataitte

,d'un ulcèrejchroniqueidu ped,rpaus4,lcliaclucqjour,à I,'io,,d4fur,me.

Au bout de. trois nlOi"J(absol'plio,nl,de" vingl; gra ! lII]11JJd'WdQ.r ? I : ! l\

par,(,mois ? céplalalgie"lrullupinstio.ns,aitalion, mélaç,çoie ? lus

.LaJ;'d,(ICLtraieme.nl,<,lU1;a, ! quatl'eA cinq-mois), elle;ne ¡;eQIlJ1aH 111,\\s

les personnes ni son entourage; .hallucinations muKipJicesdejrouie

et de la, Yuq,sans.rppo,r),ntup,e ? vec ses j,éFs,ilérliyaytg3;cqlia>.hlrs-

.L qe l¡¡¡ V.1 ? Æm ? JjlppoxUl}kimsQ;v ? fJê i¡té,qIIl¡¡ru,\l : F L1\ ! fa.i.lis- ? l;cn l1j.n ! êlls : q,el. ",E,n 1,sgpIlJW ! 2.\;ol,u"V() ! 1J, };h¡9.1} ! uuf<J 1.\IJ ? \\W

psychique. poysg4uti,fj à1\HH 'bSjH) ! 1;;p'};()Ip'pg flrt.DPS ? 1»rlul ? l'Pçle

I,s 1 j q.o 1\ i¡;t i q m,Jpf\ ¡.Lo pj \m, J : q çp'p J" 1) eslAq.,scJ¡içJ ! m B12u U3 J n 91 v

JrLhLz Srr : m.m;t : aa tappelle) l;aLteulioallcsuq factionpcunrulativeuye

,1'io'doforme; afrinstat' du K.' 13a ? r,ur lairessemblahcè, enLredQs in- : tdaicationsJcauséesi^par.cesJdeux=sulrstances; surr : la`JenterJt;avéc

i laquelle toutes, deux sont élil1lineS .29'IJJJJ3 2 : Jb 2C1JJ 2DI2C1121'j'/ Jnoa

- 2D M.l HI;\CÍ¡h'EitGJÍ'¡ipphÍclléJ d'aúLm\'PnHeJf l'i\1tbictJ.lion"l eWques-

1 tion"de celle"'dJe2 àlll'alè6o] ;¡f'qù'ilJ alfbbseÍ'véJ 'nil `ca'rrd'ântblytlpie

°émanée 9$ch'iôdôforniê;"l'àiulilyôpi efcbrhpôrtaa`dairs'l'espt;de

'comme l'ilhTbl61é'dfcôtiuiqné'ôti a.lc ! J611quèt IÏ·s'ài'Qe'sév61r-`si

'la psychoserrdêcrite ici l'êJevaitJblel1f1dé ! 'J'&Merptio¡{J dêl)'iod&fbF111'ê.

r ? Avlb`'i·ecoàiniànilalïoârrdA'hI ? hj'éstplia9 il'étr'élplûdérit au'sujet

7d : l{n"pàl"èil"âil1'IWL[e\1 LaÍfgèlbYÚrJ nlaYaÙJJ'àn'ÙiW¡,jè\ir vu de ,sè'in-

'J blable, 'J Mf.1 Sr.l)iùl{'¡lépo1Íd ([Ie',I.dlIh' la béiièsh;rl'iiltbiçati'b'rürli'âr

`l'iôdôfbiurielrl.i'eô'n`stitïttïôrï'déla`¢réptrri3tibca'(Jdûdië`ii ? rlb liéu

9etBlepmadè'rtt ! applifc'.atibil,|dè/M0s^rhslànVéi'(i-'ôré5dcSfp,ànsdriiehls

2'éorûpféssifs; sénibiliCé''cWvGinë"dé'lé"cavitél'[ïéritonéalé)eslét'e'nt t

tJu.rië¡gl'aIde influencé', 'noquyao iup 2D1J1J19'UZfJ sol sup ? 1 ! .QnlJ'11

- uszunr 8 : : 1'101 ¡;l anJ3D f10dJJnimib 9' ! 9M 9JIJJ 12GIJ £ Jn9Jn2è'lfl '/9 o1

.slijit

t)Up e Séance du 1 \¡ déCèmbre A.,8S ? PRftS ! IJF;;o¡cE'DtJl.1 1' esTnlt u.A

- it)''9't ? il> m ! 29'111 L o;fusr;r .Il wdo an j} h Iras niut ! 1J¡ aient 91 201b

lhl : S Hrriscnhencz présente un J màlade .qUi9lui vserl d'ÍnLrodpcLidn

pour traiter d'un trouble de^ huvuei chez1 un paralytique : <$cnérulM ! es

2JÍndi vidlS'q uel vise cei travail¡ élaienléattein ls ,soi l'Jq'une ,ambIJ : bpie

(.ordinairelduejài un e, atropbie.dufrnarf optique; soi lLd¡'hémiaIJopsic,

»ou;encore^ conlmeichezilcjsujet Jprésenlé; 'd'11n -'scotome céfatna4-pro-

,`rres.·i ? Cetliomnte,'rîgé deiquaranle-quatrc .ans, osten proie àiuçe

..diminution derlàrvisionfceutrale3réduite,aurn4fil J ùll' lailnormale;

n champivisuél etchromatopsie normaux. rande rerssemblhnceavxc

2dlambiyopiIJ.I deswlaooliques iet.,des fumeurs.tPro : ressioWdes adci-

dents.quoique Jo¡malade.aitfcessé deboirelel dt : .fumer.ytN/-OManc

,werdâtre;,à,contours nettement accusés. Uni examens ultérieur, dé-

. ,c è le ') uIl"e.r.'pa11alysi eL pl'og ! 'e ? ive (,éï} den le,/¡ ,1 1 L'Y. cil ! e 11J r : 0suméll dans

2,I : espèco UI scotomerrela61f;zunE seuici parLie(desJ fibr03J dè"lb. {oûea

ùcent/1-llisi.est incapable de ! fonution.1Les pupilles wu Iréa&is5enl,que

rifaiblement, mais,ellesu'éagipS01Ú¡ ! I : ill DIIII 01J : J211O'J n0 .loup tel

SOCIÉTÉS' SAVANTES ? . (231 i

,socIFsliaax rappelle ? cepropbs tatform'o'do trouble dilllarvudrdé-

cri tel pai'iFùrs.tnei'j chez les paralyiques;énéraux ! 1 -.smsu'o5 : oi`1 '\ ? AÏ ? WHR\)'CKË'')'apport6 lbJf'ailflll'uIÍ'pilralytiquc'èxaininé' par lui il

`y.Urpeti''déltemris;W=l'éxamenlohjectif; p : \.s, dBtl1louble : gro5sim', pa-

piltes`n`orma7èa; oWdiveu-s'errdroiCsHunCtrainpvisuel ? cot4rnedissé-

rm'inéi¡ sous' la 'forrlie der taches;, dont* l'amplitude estiJlout1à[ fait

=irrégulière ? âbsénce dtliémiântipsie : e ? s'rn0rro nos in a91111o'wq a9 !

- ZdAPIlIoétr'litsûiï trrivb`il sur \pdégé>Ùrèéce'hàë.asecon'dâirè ? 111 aj' de

"cdn'fcèft'aVec-M ! BiÍ\wa ! Jboe'rd CÓ;1sliilé ¡¡iu'à ]a'*suii.ë'dt ! S iësiHns'ëxpért-

fmèntàle5['dle-l'é,ct/rce,fet dëslârsïilistùücé'1113rièlidrtiu'ééoveâri;'i1'sür-

vient conslamljl'éi1l'kllt'le91dégéhél'p.'seeiÍce](êéotmà.ii ? J Ellé' l\ëul< sb : produirdrsamsqu;il y,,ait paralysiéicomplète',1 mais souvent n'existait

'les<l1'oubles derlatsensihilité déjà,décrifu.ull'ost,pi'Óùahlol qae.1dai1s

vlacapsute,5ntérue dwchièn`lestractusocentrifuesret,contripètes

sont voisinsles uns des autres. En prooédantcà deslésions,duëer,qeau

- T ! Qre¡1, ,ù ? lJ\j ? LÇ,4.l.éj LJ.qe)).Ji1JtY,\l19UJ.Y.%lj,r¡t fl,l1e..f.I ? S.lg ,d,gfI}Íires-

cel7au ! qprdfln ? ll\¡;(l\opppqj> Ilj11-pr(%'r.Lains [,(\re¡¡ ¡q ! ! J¡¡,iÇIfp,u

(pyra ! Jl.id¡Û.ô.9a ! l.l ? I rl1QI;dqn ÜIlI;<J.Jr¡jh¡ lnê.w'I;ç.YM.ïJCee ¡,d,ÇBI1-

i r ? (Jnce)Ji\1,L ! r\ t\\'î'>bU91¡Í ! â, Q ? PH"tJ9nl dJ\,np,l ? M ! li,A.u"çé

. fral\\a1; ,IHJ ¡ r)).qp\1l(laux.je.uI,n1PJ.lié.fiLq Ulli : lJh,94 ,ilrpç}}.L ? lJp Ae

Jç"du,g, gh(jJJq(phj1;Jell;m ! Al ? re iP ? yjlq PJi,sJA,mV.mg9 fonctions

- auq cltqfl.Plnn ? ,S,iGrcT.4rra.eratxnitéqsst.l=yFrzPAor,ial,çrRs,flpsu

'IJ}oi.W ! 'h4\lJ.¡;};yçapy'(,i;;g ç,ç d ! mb l : mïttqn ! 'ul¥p,ènH J\Q : u ygJ l' .\h\çi4,IfI'

uSUt;çipçtçr,er6;,r ? n,aFPklAlrljaréiânlerrSerpufi·.a.atl : çl3'16A95g- ? Ji\ ! i : g,à¡ ,d.s Jro'e¡;$t ,U ? il.ij.\r} : ! l.1 ? eHp.\i H ? I¡ : ¡ ¡Î lJ.,l u.'I ! : p.J\J m,e, parce

J ISrue, ésÇpguuStigfFp,LS'i< : sriIu.aS'PPiai,ond ! lgss21y;estblps.uf's

français que les extrémités qui occupent lç : ,¡¡fI1HfiHi S'y,l,ç"lqu¡Je

foyer présentent aussi une légère diminution dans la force muscu-

laire.

Au cours'dé lldi5cussiou-qur' *1¡fger ! J\1. ! \Wéflii'ckh indique que

dès le mois de juin 1882 il a vu chez M. Gierke à Breslau des résul-

ut< ! ls¡posi liftilrelaliven1ei1l¡à la rlégénl1eoeencè. dfsûclldanla ! d 0 uJ;é cu- ? tivc\ aux' Lésio.nsQed'rcorca 'du) cerycau. 3\ÓI ! O" ! IU' £ ¡ 'j9Ji¡¡-¡J 'coq

91qndG ? <AUCK''prdsGntd(à.dS6ai6té-unKliommesdetFentc-cinq.)ans

.' soutrl1an tl (lé'I\uisèUll"at;l;dcéphalalgiè, npeompagnée db hoù/'do'nnc-

- cments'.d'oreilloscet.déldinünution : dérl'acuitûtvisuellerCecmnladea

9pe')'dIL' les fçlel.loeJ moitit ! s externes duc)campnisuèl,coiest.ehJnihib·48$ ? ,

; c'est-à-dire qúal1¡ll1ois 'a¡Jl'ès' Itlé.bub des,'o'ccidénLs quclls'ngg'da-

3'vtJrcnbJ]e,¡'sympLônÍoSJdù cote.'de la vuelau,milidu üell'exacqrbution

1 de;laJ\u'plialalgie;'kie : ,douleûrs ,d&la nuqùbsoGldedbuleu<rstHo-roilrs

M'dësptùs't'iotontes.;Bas3de ll'(Jubles'de làlmoliJil61J11,tle'¡1lisesil\ililé;

- 't6tejsensib ! et'auxt;chocs ! colonne Jvert6H]'aIe sensibleJ a'ux'ooÍ1'tac ! ;s;

rdispàritiomdmpbértomèndrdûrônou;. léâor : cgdèinti du qorpsreutier.

MPa's d'alhumitiel dahs'jlesc l,1rihcs Puis;l7cnsemhleJ \ : les phénomènes

91sJamendeJsauDilectii'ouble visltehl(ji.ri'l dbpúisclw Jfi1'dÓ mai t'ésti resté

tel quel. On constate une hélhianoljsi'C.J bét6l'onyme JatbJ : ltJlJLqlJi

2S2 SOCIJ' 1-LeS SAVANTES.

passe par le point de fixation; pupille gauche atrophiée et déco-

lorée ; pupille droite décolorée. Acuité usuelle à droite = 1/2; à

gauche = 1/12. Les pupilles réagissent. A ceci se borne la sympto-

matologie. L'orateur croit que le processus pathologique (probable-

ment une tumeur) occupe l'angle antérieur du chiasma.

M. Wernicke demande si l'auteur a remarqué que la réaction des

pupilles soit différente selon qu'on éclaire les moitiés de rétine qui

sentent la lumière ou celles qui sont anesthésiques. Grande difficulté

de ce genre d'examen (Wilbrand, molli, Westphal, Ilirschber,)

qui, d'ailleurs incertain, donne un résultat négatif (Westphal).

Pour M. Westphal, on peut penser dans l'espèce à une atrophie

vraie du nerf optique, tandis que, pour M. Hirschherg, les lignes de

séparation verticales plaideraient plutôt en faveur d'une affection

du chiasma.

M. BF : l\'11 \l\DT demande quelle est entre les expressions hémio-

pie, hémianopsie, hémianopie, celle qui convient ici. AI. Ilirschherâ,

rejetant le mot héiniopie, adopte le terme d'hémianopsie, ou môme

celui d'hémianopie, le sens reposant en somme sur l'emploi de ]'

privatif. (Arch. f. Psych. ts. 11'eruenh., XIV, 4.) P. Kérwal.

J , , il 1 r- 1 1. z

1 1 l , » 1 1

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE 13EIlLliN

. 1, , , 1

. ir ' I ,

iItlSCunce du la juin 183 ? . , '

> i f , .. , , , .,

M. LOEun' : cn sa qualité de président, communique à l'assemblée

l'état de 'ses affaires' et lui fournit un court rapport sur l'année

sociale qui vient de s'écouler. On procède ensuite, conformément

aux statuts, au ,renouvellement du bureau : M.'Loehr est à l'unani-

mité choisi de nouveau comme président, M. Bérnhard' est nommé

secrétaire. ' 4 '' 1 il , u ' ' ' t '

M. Loehr prend la parole sur l'examen dans' les' asiles d'aliénés

des étals' psychiques' douteux.' Cette question était en somme la

même que' celle' traitée à la séance de'décehibre'1881 ', ainsi qu'au

Congrès des alcénistesallemands (Lisenach, septembre 488 ? ), nous

nous contenterons de reproduire les conclusions de l'auteur : '' '

io Quand, dans un cas douteux;'il sera nécessaire de rechercher

si un individu, préventivement 'arrêté, est aliéné ou non, la'mai-

Il "JI' 1 1 I 1 ..II.'l'IQ l'... tr,\ q 1

1 Archives de Neurologie, t. V, p. 400.

2 /< ? t. VI, p. 13 ? d t 01 1 4 ? >'

SOCIÉTÉS SAVANTES. 28J

son de santé pour psychopathes constituera le lieu le plus propre à

se rendre compte de l'état mental ;

,2° Lorsque des actes criminels graves motivent l'examen de l'état

PS) chique, l'asile d'aliénés n'est pas disposé de telle sorte qu'on soit

en mesure de répondre du sujet que l'on vous confie, de s'assurer

de l'auteur du crime. Pour acquérir cette garantie, il faudrait cons-

truire des aménagements spéciaux ; mais on donnerait alors à

l'asile une cellule de prison qui ne serait plus favorable au traite-

ment médical des malades, au parfait. développement des soins

hospitaliers; l'aspect de l'établissement serait impropre à dissiper

les préjugés que le public conserve encore à l'égard des asiles d'a-

liénés ; , , , ,

3° Pour concilier les droits des malades avec la sécurité publique,

le mieux est de transporter l'individu à examiner dans un établis-

sement d'aliénés rattaché à un établissement pénitentiaire, ou à

un' asile pénitentiaire vrai, comme cela' se'pratique en Saxe, ou

sous une autre forme en Angleterre. De tels errements, que l'on

commence également à suivre en Amérique raDient en ce moment

les suffia,e ? d';tutle- cultivés .

les suffrages' d'autres Etals cultivés;1' ' ''1 ? \ .'

4" Tant qu'il n'existera pas de construction de ce genre, il faudra'

s'en remetlre au directeur de l'établissement psychiatrique du

soin de décider, après examen- préalable de l'individu en question,

s'il veut le recevoir en observation dans son asile, ou si celui-ci

doit rester dans la prison jusqu'à ce qu'on ait posé le diagnostic; ! i° Si, en dépit de sa résistance motivée, le médecin d& l'asile est

forcé de recevoir l'individu à examiner, il devra décliner formel-

lement toute responsabilité à l'égard de l'obligation de s'assurer

de la personne du sujet qu'on lui impose.

La discussion, à laquelle. prennent Part MM, Schroeter, Zinn,

Reinhard, Edel, Loehr, aboutit à l'abstention de conclusions tou-

chant un problème qui doit faire l'objet. du prochain Congrès des

aliénistes'. Tout le monde' est d'avis qu'il v a' actuellement des la-

,i > - Il ij, ui oui» IL , ! < 1 ,i ? ...... - . -1 ? » z

CU1'CS \ t à1coiÍlblëi.l. h 'II 1.1 tt \,"Q lU Iii iJ( r, <lJ \ 1 . : ,t d.. 10 -fol, ? ¡UIJ .. fil "

a combler. ? *H..q u' t ' ! - t>i , , iii-"< , mu "i

M. MENDEL communique à la .Société un raitt,de"l)({)'(IUsico pro- ! l ? sÏ1JC des aliénés., s'agit d'un homme entaché. d'hérédité,ayant,

commis des excès de boisson, des excès vénériens. Dès l'âge de

trente-quatre ans, on constatait une dilatation de la pupille gauche ;

à lrenté;iv, ans, dilatation de( la pul71lle,droite.Cé,n'estqu'à

lrenté-liuit ans qu'apparaissent les premiers symptômes psychiques

(idées d'empoisonnement, tentatives de suicide); plus lard,mé-a-

lomanie, accès- épilepliformes et al'oplectiformes survenant coup,

sur coup, et entraînant une démence,),très, prononcée, [paralysie

générale et contractures. Mort douze ans, après,, l'apparition, de,,];t

première modification de la pupille, liuit ans après l'occurrence des

un, t4 1 >.' ? » ',l' t

t Al'chil'CS de Neurologie, t. VI, p. 139. Il 1 , \

3St l, SOCIÉTÉS SAVANTES.

premiers symptômes psychiques. L'autopsie témoigne de l'aspect

macroscopique des lésions de la méningo-encéphalite, surtout au

niveau de 1'hémi-phèrc droit dans les lobes pariétaux. Le micros-

cope décèle l'existence Wunp encéphalite) interstitielle généralisée

de l'artérite de Heubner, de la dégénérescence sléalopigmentaire

du noyau de l'oculo-moteur commun, de la dégénérescence des

pyramides dans les cordons latéraux (préparations il l'appui). L'ora-

teur fait remarquer : 1° la longue durée de la maladie ; 2° la para-

lysie prématurée de l'oculo-moleur commun ;3° la sclérose des cor-

dons(latéraux dans ses rapports arec les contractures; 4 ? la nature

du. processus rapprochée de la syphilis artérielle; le cas sera publié

in 1t ? SO. ;.iH..\ ? 1\" \ ,{ " ,,1 ? iJ 1 ' (1' . ,

Discussion : M. J,\STIlOW1TZ met en lumière que Albr. de Groefe a

considéré la dilatation pupillaire qui saute d'un côté a l'autre

comme pathognomonique d'une, affection organique du cerveau. 11

ne tend pas à admettre que la paralysie générale ' procède d'une

.encéphalite parenchy;nateuse.'J b D- (7u'nt 'C,fIl ? ? >l" j

7 ? "fi t. 1 <<"\ : ;00 ? o £ >'jt'1.....f"( 1J t =' '1h ." ,"'

' t M. Mendel est d avis que la remarque de Groefo sur les pu-

pillcs srwlllnlcs s appldluC il 'd'autres états de la pupille qu'à celui

de ô'n '1'cils." Bien,' que l'on ne puisse admettre, dans l'espèce, une

çifcépliâlité pâi'encby·inâléüse;'il 5l..1 ? Is.t,at,elc$'n\'f de lésion, pen-

dant. 1 e\"OlullOn11 anatomIque d un stade précoce de la paralysie

'générale ('st$él3-nipliatirlûéÎiéricéilûlaireaveé atrophie consécutivc

- rleS (.e11t118S1)v I} l't'II ? <<'" - : J1401 ! 1 1 III 1 . .n 1 :

- 9n ilrTtll ? yl rwJ nh·.m,rl ? f( nt(5rltoJ >ldr,t» ? ri v 1\ t

'lit 111;,Ijelsunnth, un travaill sur l'ezzzploi tlesGuitts ]Jf1'/lHII1C11ls dans

8 ! c¡,ç ! ,ççy ? ¡illlS¡;[ja¡¡[jl'é¡¡Cll.JJ des ]J ! ¡yc ! w¡Jathrs' ÍpaI'ali/sIÍs;'J Le-, mémoire

sera publié en détail1..., ? 1..1' 3ayin-> ( ! /lU' ! >" >l1,)IX" - .--r

nniAu coura't3e la discussion;U111fnLaabr et 'Jastl'owitz so 1 rattachent

Ace mode ;de Jraitement';lIiÎs1 cmpJoient- pendant leim,epos«au

.¡ litlt des 1 coussins' d ? au et appliquent sur, lesuulcores deflar,poudre

c d'iodoforme : (Allg. Z(;itsler. ? Ps»/g71ï;iXXX1X;' ji : )q, 3t,n1 ? : lia.w.ar..

- ="tf : : 1;16 nl 'Ji ! ¡jf : 1 'u 11 1" <1') .')111111C,1'1 '¡¡;r¡ 1,'}',1')fl1' 31 ' ! J ? tb 'n't ' !

» ? On en' trouvera l'tinï<Isé aux Hevues'Maiiques ? >(JI" 'II ')i'

inl amii'ii'iiinr, 2l1pfJ6't' : mdo ; : 9' Jrob 91hfili>i.i "1 ' > ''r ni' I mt'

- 'til3J> aJs Jï(·a" ir,tl..mrrr)nr n,rJnio , r j') 'If' 1 \ ? ? IR 1 J,< "J'J' Il' .

-noo ,]> ,inniJrl.'nr 'f ? Iclr.li't%1r ob v v Ii'iip - - ? - HI'h', = ! on ? ' ,'10/

- r.f3 & ! ) %'JUrlJfl.)') ub flOiJ· ? (" n'rl ><>un\ loi ,01, 1"(]>'J'[ i, J11'ltrl'JU nul

llir'l'l9j 1 ! If '11l' In fIIIIIBJtIrrJ '1'}IG')'¡ "l'l'1'(l 2110'r6 ? ! J.. ? ) ?

...nJdj;f101j.r..t /ni 3..r- "13,1.

.1'itrlf(l'In ? 91flJ'ij ! 'rr»o 09 'ir'('ifl0 ? tli IJlln 1 ·'Itt 8f,11 ? fl()'r11 si -II f »

D ! 1J;IIt) 'id : w,.cw'l sb 4'trtl uoijkI "v91 ,fi ,J uo n1'tJ j'l ! 11lJ¡,I,. 119

"'lll' ilJitrl'mit, IW : Iftrr'1 un ? 1¡''41 ? "'<)'.1 91 ')j¡¡b nui ? 19 ,,\1 )t' ! t nu

.tJ( Irncrw l, ? 'Jlt i-jlqrnooni 'J ! -IoCl' ! lO(llJ) ol '11'1 ? illl'fll : ,.1 ¡,i6h[ »<>

'¡¡"IIIGh'ni" ''ilooiinb ? 1°f¡ -hlki111Jiwi 9'iJâ 1.1"'PlI'l G111111"1oJ-ol

,'[j[(j61h lmom. l'ilou jWc;lb ou\, 0') i,l itu . : rntlt, -.

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I- 111-d '-l" i t,.n "ini ' nti ' u, ? '11J1'((1 "....u'JIJ ? fI ! IIIJ l '11h'l ? -dtlf : - .o' .. TI) ! , "\1 ! · I ? '.d't ')f. un ,/1-1

. - '. ,1L.w,\-" BIBLIOGIi 1l'Htt . , ,t ¡ i\, t

t r.tr . ·t·fltllJ.· I , n- ,- ' i -' 11 ..tt ? H1du,IJ '1[, ,I ! " "It...1}

891 03MOVI1l'UI'i' ! i'U> jil "tb ,il'}' '1"" '"> lit olu' ( i 'd) d} 1(111 't

- "to .1 . u fayJ, I J : aoutJr.rr,y ? 1 ytm'. ·J a -ttul·nu·r r ' .ctJ.tr · ,bm. t fl

j¡'IHIl I 'S "'uÍJJ;[.&f11 u ! .}. i, 1 \1...11 £ 1. 'Hill hl fJ f ·sulr.J.u··r iu : l wr·1

IV. Les les révélations de sainte Thérèse

"'11"p'ai* G. ILtn ? pioft;ssëtir dé physiologie'au Collège de la' Conlpa-

.il, , ? 1 ..lrL'" 1 ? pO " f' \. "'l' dr,r ? j f --l' T"IO ? dd

guie de Jésus, .i ouval1l.' (.,IemOlre p couronne au concours de e e

Salamanquc; extrait de la Revue des Questions scientifiques,

i 4583.)1 iiIK 9"p ¡ ? Ild' Il J Hl si 1..Il : \'\, \ ? ( ? 1\ 1

m , ' ¡IÔ3 Ill' 1 il 41;, mtl 9-niiHiquq nolJj.li.lib et ··l,lo>n 9

inotis nous bornerons à reproduireisans commentaires la conclu- : sinon de cette, très intéressante'étude : 1111' - *j-»»h(-j» 00 il »i

« Nous nous sommes proposé d'examiner.sillesvisions'et les ré-

vélalipns de,sainte ,Thérèse présentent un, caractère, surnaturel,

susceptible .d'être démontré avec toute ,1a, rigueur .des, procédés

(IW ·1 p·W I|I1 ? U. l.l .il-MJ. I ' llJllli U ., Iitillu0,S. lii.T.j'/ '...,» V

scientifiques. Dans cet examen, nous, n avons pas, invoque,]es ga-

'III ? ' 11"'11 Il 1 ILlj1 ? l'HtjiJiv ? UIU ? 1 ,.IL

[les que peuvent fournir 1 acte solennel de la canonisation et le

caractère divin elè .rEgHe 4,q,n,t '},lé.r ? dt¡ritJt,mltml ! rl1.; J .ovs

n avons pas même profite des¡analogih (Tue nous aurait procurées

·) ? , ? ·rLlr,lJl 1 P·JJ1 ? r ? "1 ¡1.;lhJll.jJ' rlll. i .

la comparaison des révélations de la sainte avec d'autrés,révéla-

tions d'une incontestable authenticité; procédé très légitime ce-

( pendant,') employé l'avec beaucoup 'de"succès ? dans ce gehré de

"questions par'des''théologiens éminents, et en' parfaite'' harmonie

avec les exigences d'une critique éclairée. fi, - 11(illfi ct·m

nj «) L'analogie ? en' effet, cst ? uiii5tiissinti môyenlid'iiii,estigation

t.dans l'application. des sciences expérimentales aux cas individuels;

s à.L'égaL des. autres procédés d'induction,1 elle pérmet-idc remonter

, avec, certitude jusqu'l'.l;brigineades phénomènes,' etsil'in'est1 pas

rare de voir le médecin, par exemple, en état d'établir le diagnos-

tic le plus assur,é, ? r, ,a,¡ simple, rqp'l1bl\ln¡;e, d1L,ca. qui. se) pose

devant lui avec telle maladie dont ses observations antérieures lui

ont révélé la cause cachée et l'évolution intime. Mais c'eût été affir-

mer dans nos prémisses qu'il y a de véritables révélations, et, con-

formément à l'esprit de I,Uroi;sièm8.,question du concours de Sala-

manque, nous avons préféré rester constamment sur un terrain

accessible aux rationalistes.

« Nous n'avons pas prétendu découvrir ce caractère surnaturel,

en étudiant telle ou telle révélation séparée de l'ensemble. Quand

un fait de ce genre date de trois siècles, on conçoit aisément que

les détails transmis par le témoignage incomplet des documents

historiques puissent être insuffisants pour démontrer directement

sa nature. C'est là ce que disait noire second chapitre.

- 1 ? 6 IilltLlUU12.11'11113.

« Au contraire, lorsqu'il est permis d'examiner et de comparer

un grand nombre de faits semblables, la démonstration peut deve-

nir abordable; alors même que chaque fait isolé pourrait dériver

de plusieurs causes différentes, il arrive que l'ensemble doit l'altri-

buer à une seule, il l'exclusion de toutes les autres.

« Or, des faits comme ceux qui nous occupent ne peuvent avoir

que deux origines différentes : ou bien l'hystérie avec son cortège

de symptômes hypnotiques, ou bien l'action d'un être supérieur,

étranger à notre monde visible. '

« L'hystérie, dans ses manifestations ordinaires et pour ainsi

dire vulgaires, est assez généralement connue; mais la cause et le

mécanisme des phénomènes étranges qu'elle présente, surtout

lorsqu'elle est portée à son paroxysme, ne sont pas encore entrés

dans le domaine de la vulgarisation. L'école de M. Charcot a fait

faire il la théorie de ce mal des progrès considérables, et ces nou-

\elles observations sont de date si récente qu'elle ? pourraient fort

bien n'être pas encore connues de tous nos lecteurs. C'est une

lacune que nous avons voulu combler dans les chapitres 111 et IV.

Nous y avons d'abord considéré les caractères de l'état hystérique,

puis nous avons passé en revue les diverses périodes de l'attaque,

avec les modifications qui s'y introduisent parfois par l'immixtion

de phénomènes hypnotiques.

'«'Après avoir ainsi déterminé la nature de cette maladie, dont

les manifestations sont parfois si singulières, nous étions en me-

sure d'examiner si elle pourrait servir à expliquer les phénomènes

extraordinaires dont l'âme do Thérèse fut le théâtre. " i "

«Comme lemrationalistes ne lisent guère la' Vie des Saints, et

que, en dehors de l'Espagne, ils ne peuvent être très familiarisés

avec les oeuvres de la religieuse castillane, nous avons donné

quelque développement au récit des événements qui ont rempli sa

vie. 1 i. Ifl (' . 1 JI .. i Tô !

« Ces faits nous ont permis d'apprécier le caractère physique et

moral de la sainte. Au point de vue plysique, elle éluiL''uftligée

d'une maladie épilcptiformo, dans'l,tquelle nous avons reconnu

tous les symptômes organiques de la grande hystérie. Son orga-

nisme était singulièrement impressionnable, et celte grande exci-

tabilité se trahissait au dehors par les troubles physiques qui carac-

lérisent la névrose hystérique.' l' - .. 1 .1/"

« Au début de notre travail,' nous avions déduit de l'observation

expérimentale une corrélation il peu' près constante' entre 1C cara ?

Lère physique et le caractère moral des hystériques : l'impression-'

Habilité de l'organisme se communique généralement à l'iiitcHi-1

gence et à la' volonté, qui deviennent à leur'tour mobiles et

variables. La réformatrice du Carme) fait exception il celle loi, et

nous avons établi ce caractère exceptionnel sur des' faits incontes-

tables. Autant les hystériques sont généralement volages, ilicoils-

1; 1 IL. '1Î

tantes, passionnées, autant sainte Thérèse était grave, rélléchie..

patiente, persévérante.

« Dans l'acception commune, le mot hystétic embrassc à la fois

les phénomènes organiques et les phénomènes intellectuels. Ce

serait donc aller à l'encontre de la vérité que de dire, sans correctif

aucun, que la noble Espagnole était hystérique. Si l'exactitude

exige le respect des nuances, à plus forte raison réclame-t-elle le

respect des distinctions profondes et essentielles. Désireux d'éviter

l'introduction de locutions nouvelles, je ne trouve, pour exprimer

ma pensée, aucune formule plus satisfaisante que celle-ci : Thérèse

souffrait d'une hystérie organique, elle n'était nullement atteinte

d'hystérie intellectuelle.

« C'est même trop peu dire, car, sous le rapport intellectuel et

moral, elle était au pôle opposé des hystériques ordinaires.

« Ces considérations, basées sur les faits, nous ont montré quel

fonds nous pouvions faire sur la rectitude de son jugement. En

dehors de ses révélations, elle nous a habitués à la plus grande

exactitude dans ses narrations, à la franchise la plus entière.

Ennemie de l'exagération, elle apporte dans l'examen des faits

une intelligence droite et sûre d'elle-même. Il suffit qu'elle soit

aussi scrupuleuse de la vérité dans l'exposé de ses visions, pour

que nous soyons à même de les bien apprécier.

« Les manifestations extraordinaires dont elle fut l'objet se

divisent en deux classes : aux unes, elle attribue le démon pour

auteur; les autres, elle les rapporte à la Divinité comme à leur

source. Que le phénomène se rapporte à la première classe ou à la

seconde, nous ne la surprenons jamais en défaut dans sa descrip-

tion des faits. , . '

« Pouvons-nous en dire autant de l'interprétation qu'elle leur

donne ? Ces deux espèces de modifications internes ne sont point

solidaires l'une de l'autre; le défaut de science médicale pouvait

fausser l'interprétation des premières, si exacte qu'en eût été l'ob-

servation. A notre avis, c'est ce qui est arrivé; mais, évidemment,

on ne peut pour cette raison mettre en suspicion les facultés intel-

]ecluelles, de notre sainte, et vouloir que, par contagion, elles

fussent infectées d'hystérie.. ,

« Les manifestations divines ont de tout autres caractères, et

comme, au rapport de Thérèse, elles ont été l'ohjetnon d'une déduc-

tion raisonnée, mais d'une intuition immédiate, si l'erreur s'y

était glissée, elle eût atteint non l'interprétation des phénomènes,

mais l'observation elle-même; fait très important a noter, car il

pose très nettement la distinction entre les phénomènes divins et

les phénomènes diaboliques. Nous avons examiné successivement

les différents caractères des manifestations divines; nous avons

discuté au point de vue purement scientifique les assertions de la

sainte, et nous sommes arrivé à celte conclusion, que, si Dieu

$$BIBr,lOGli 1'HII : .

n'était pas l'auteur de ces visions, il fallait choisir entre l'hypo-

thèse absurde d'une intelligence qui se trompe sciemment elle-

même et l'hypothèse insoutenable d'une personne éminemment

sincère, ennemie au souverain degré de la divulgation des secrets

de son âme, et ourdissant toutefois de plein gré un tissu de révé-

lations fictives dans un but de déception. Aucune de ces deux

alternatives ne paraîtra admissible à un savant de bonne foi, fut-il

incrédule et rationaliste. C'est pourquoi nous croyons avoir prouvé

que, quand les rationalistes accordent à sainte Thérèse de Jésus

une grande promptitude et une grande force de réflexion, une

connaissance claire, exacte et profonde des opérations de son

.'une, ils nous offrent, même sous ce point de vue, une preuve con-

cluante pour démontrer que la sainte était parfaitement à même

de distinguer entre le naturel et le surnaturel, et qu'elle n'est pas

victime d'une illusion, quand elle parle de ce second ordre avec

aillant d'assurance que du premier.

« Ces paroles, empruntées à la troisième question du concours

de Salamanque, résument parfaitement notre travail et peuvent

lui servir d'épilogue. » CH. F.

V. Dic japanisdte kah-kc (Béribéri); par B. Scur : BH : .

(Leipsig, f ss`1.)

C'est une monographie très complète tant au point de vue histo-

rique (très curieux chapitre sur les mentions faites de cette maladie

dans l'ancienne littérature japonaise), qu'au point de vue clinique

et anatomo-pathologique ; l'auteur rapporte un certain nombre

d'observations suivies d'autopsies, soit personnelles, soit emprun-

tées à d'autres auteurs.

La fréquence de la kak-kè (- maladies des jambes -, béribéri)

serait considérable, puisqu'en 1878, sur un relevé des cas de celle

affection dans les garnisons de différentes villes, on n'en a pas

constaté moins de 38 cas sur 100 soldats ; il est vrai qu'en 1877,

la proportion n'avait été que de 17 p. 100, mais c'est encore là un

nombre très élevé.

La kak-kè s'observe surtout dans les grandes villes, dans les

agglomérations d'individus, on l'a même vue plusieurs fois éclater

sur des navires. Le maximum de fréquence est pendant les mois

chauds, et surtout pendant le mois d'août.

La kak-kè est extrêmement rare chez les Européens ; l'auteur

n'en connaît que deux cas bien certains (un Allemand et une An-

glaise) ; les hommes sont beaucoup plus souvent atteints que les

femmes. C'est une maladie surtout de l'adolescence (maximum de

fréquence, t3 à 2 : i ans). Au point de vuc clinique, l'auteur distingue

quatre formes de kak-kè : une forme rudimenlairc, une forme

atrophique, une forme hydropique, une forme aiguë pernicieuse.

! " .. n<

BIBLIOGRAPHIE. 289

'En somme,1 les symptômes principaux de celte maladie sont,

d'après Sçheube : 1°[ une pamlysie motnce et sc't ! M<Me ? surt6'udes

membres'1 ihfériéiirs ? ir'accô'mpagnéé'f'qu'elquefôis de pliénomenes

d'excitation,"et'coïncidant.avec une atrophie' des muscles; ^- 2 ? une

affection dU'coeÚ¡" cO'IÍstilùéè 'objecliv'Cinent 'pat.' l'aëcéléraÍioli' (80 à

100 'el> rÜênie '11'20)[ bt l'affaiblissement"des battements; et subjec-

tivement1 par dés' troubles'' 'd'intensité11 diverse ünvaüt acquérir le

plus Iraut\'degré' d¡his la' dj"s'¡Ù1ée"a'Spliyxiquë' te1'l1\in'àlc delà forme

aiguë pernicieuse ; ? 3° ]es7[t/('op)s : cs,' soit'dans le tissu cellulaire

sous-cutané; soit dans les cavités séreuses ; ? 4°`üü abaissement de

fccclivité réz'cale ? 1" h hnui·ly , ? CX ? J " ? '

'"Quant à" la1 nature' de l'affection', l'auteur , rappelle qe4We\nich

et. 'Anders6hyont.' pensé que la lésion prinutlve "siégeait dans la

moelle, et le premler sér hasait sur l'existence fréquente de séro-

sité dan's'lés méningés pour' appuyer son opinion ; mais Scheube

fait remarquer que les hydroptsies existant 'très souvent dans la

ki.t1 ? kè ? illDn'est rp-a'S éfolinânt qu'elles atteignent aussi les, ,mé-

niug'és."D.'ailléurs,1' dans lesvs d'`lndersùli,'i3e Simmons, de Baelz

et de l'auteur où l'examen de la moelle a été pratiqué, on n'a pas

trouvé de lésions; dans deux autopsies cependant (Bacly, Scheube)

on a vUHlI'atrÓplrh' 1 de, quelques ëellu\eS"dés"c'o'I'IÍes" antérieure,

mais ces lésions ne seraient'' que1' secondaires, et non primitive'. '.

La vraie lésion initiale serait périphérique et constituée par

une Aêvrite Unultiple' h à1' marcha'' subâifae ? <sLr'éi[u èiïél'' Scheube

a ;> dans' 'deux' 'cas ? constaté ! 'l'inflammation 1. des nerfs avec

tendan'ce"à'/ lafJ cirrhose; lices "âitératiclns'" étiÜe'A't 1 plJ;r)acnlú'ê'è

dansnles petiles branches'qué dans les gro'sP troncs ? 1 il'a vu aussi

que' les1 muscles 'atrophiés^ étaient1 infiltrés ' d'élé'l1eÍ1Ls : ' IÍÍbr;o ! ¡

naires avec augmentation du tissu conjoriëlif,ur eC''¡3'll' conclut

qu'ils,' étaient`le`siége-' d'une' inflammation "aboutissant a l'fn-

duratioIÍ. ,11 pense' que'les' lésions peuvent se propager aux racines

médullaires, et croit1 méme'dans'un'cas'en avoir observé dans' les

ga¿gIions, spinaux : '<etl 1 les l 'r'a'ci üè'S , f aiijaéé'rltés' quant11 a l'atrophie'

des celtules'des'cornes'ahtérieuros'qu'il'a trouvée1' dans un cas, '

la regarde comme secondaire. D'ailleurs, l'aspect'^ clinique ! dé'1 la

maladie'accuse bien' sa- naturé''péripbérrque;'c'est, ainsi quelles.

iroublestfohctionnels sont'inégalement développés des deux côtès,

quelquefois même 'une seule' eÿtéénüté'ê'st`âttéintê;,l'âtivôplile inus-

culaire est très précoce et très' développée ; même dans les périodes

pou- 'avancées' de' la'' maladie ? il''y a' diminution''de l'excitabilité

,. , 'f ') 1., ')' -el' l'" J't"I1- Hql Il ! lIt'" .1" il

électrique.' A ! ces 'troubles' moteurs'1 qui,; II est l'l'al, peuvell se 1'e-,

; trouver¡, dans' los Jaffeclions,1 médul1airc'sJ'àŸCé' lésiolJ : des cornes'

i antérieures, ni faut ajouter, ? et'c'est 13'e qui plaïde ouu la, ya ït

turc i périphérique' del'Ia,'malidie', j]]'éxlsteî{ce 'de \tro'uhls ); : 0 ?

phiquos eb5ensitifs; etnotaîriinëilt là"séri's;b', toute spéciale des.

i troncs nerveuxet'dos muscles"à Impression1 ? * ? dll,J i'^VH1-'

troncs ne1'vOLIx'etldO.s muscles 'il là pressIOn. ' ,

Aitciuvrs, l. VI. HJ

290 BIBLIOGRAPHIE.

. Quant à la dégénérescence graisseuse du coeur qu'il a vue quel-

quefois très intense, Scheube tend à l'attribuer à une névrite du

pneumogastrique, ainsi que l'accélération des battements du coeur.

Les hydropisies, l'oedème devraient être rapportés soit à une

paralysie des vaso-moteurs, soit au trouble trophique des parois

des vaisseaux (Baelz), soit aux lésions des nerfs, et sont analogues

à l'oedème des hémiplégiques et de certaines myélites.

La diminution de la sécrétion urinaire, l'apparition de l'albu-

minurie seraient dues à l'affaiblissement de l'action cardiaque.

En résumé, la conclusion de Scheube sur la nature de la liai-live

est la suivante :

La knk-kè est constituée par une névrite multiple à marche subaiguc

produite par un poison spécial.

La nature de ce poison est jusqu'à présent inconnue, mais il est

probable que l'on a affaire à une maladie de nature infectieuse.

P. Marie.

VI. Note sur vingt-deux opérations de goitre;

par MM. Louis et Auguste Reveudin.

Ces vingt-deux opérations se répartissent de la façon suivante :

17 extirpations totales de la glande thyroïde (Il g. parenchymateux

H g. kystiques, 1 g. lobulé), 2 extirpations partielles (1 g. parenchy-

mateux, 1 g. lobule, 1 énucléation (g. lobule), 2 incisions avec résec-

tion partielle de la paroi (g. kystiques).

Ces différentes méthodes opératoires sont décrites avec soin ;

leurs applications respectives, les avantages et les inconvénients

qu'elles présentent sont très judicieusement exposés.

Sur ces vingt-deux opérations, deux seulement ont été suivies de

mort, toutes les autres ont guéri : dans un seul cas, il y a eu réci-

dive à la suite d'une extirpation partielle, ce qui a nécessité une

opération complémentaire. Il n'est question ici que des goitres

proprement dits et non des diverses tumeurs malignes de la thy-

roïde. 8

La guérison a toujours eu lieu rapidement (27 jours à l'hôpital,

8 à la clinique). Les malades ont été pansés d'après les règles les

plus strictes de la méthode antiseptique, et, le plus souvent, la

réunion a eu lieu par première intention.

Ce simple exposé suffira, nous l'espérons, à montrer l'intérêt

chirurgical de ce travail, et nous regrettons de ne pouvoir lui

donner plus de développement, mais cette brochure se recommande

encore à un autre point de vue ,ainsi que nous allons essayer de

le démontrer en passant en revue les accidents consécutifs à l'ex-

tirpation du goitre.

Ces accidents sont divisés en immédiats et consécutifs : les accidents

BIBLIOGRAPHIE. 291

immédiats sont Y hémorrhagie et la suffocation. L'extrême gravite

que peuvent revêtir ces deux complications, et particulièrement

la dernière, doivent engager le chirurgien à ne pas pousser trop

loin l'anesthésie, ou même, ainsi que le conseillent MM. Reverdis,

à s'en passer tout à fait.

Parmi les accidents consécutifs, les plus constants sont les troubles

de la phonation (raucité de la voix, aphonie) et de la déglutition

(dysphagie), l'hypertrophie de la cicatrice, quelques troubles circu-

latoi1'es (refroidissement, petitesse du pouls), et enfin des accidents

nerveux (tétanie, hystérie, myxoedème ? ) sur lesquels nous devons

insister particulièrement.

La tétanie s'est présentée chez trois femmes nullipares qui

avaient subi l'extirpation totale de la glande. - C'est au moment

où on faisait lever ou asseoir les malades pour le pansement que se

sont déclarés les phénomènes tétaniques (contracture des doigts,

de la main, des membres supérieurs, etc.) - Billroth avait déjà

signalé cette complication qu'il avait observée également chez des

femmes et après l'extirpation totale (18 fois sur 68 opérations).

C'est là, d'après les auteurs, un phénomène réflexe lié, sans doute,

à une irritation du grand sympathique sans qu'il soit nécessaire

de faire intervenir les organes génitaux de la femme dans la pa-

thogénie. Kocher ayant observé un cas de tétanie chez un jeune

garçon.

L'hystérie a succédé chez une malade à l'extirpation totale (mutisme

suhit, crise de dyspnée, anesthésie, hyperesthésie ovarienne, etc.),

et le développement de la névrose a coïncidé avec l'apparition

de troubles menstruels. Chez une autre malade, au contraire,

hystérique avant l'opération, les attaques disparurent après l'ex-

tirpation de la thyroïde. On ne saurait actuellement tirer, de ces

deux faits isolés et contradictoires, une preuve de l'influence de la

suppression du corps thyroïde sur les phénomènes hystériques.

A côté de ces accidents, dont le mécanisme duit s'expliquer par

une modification du système nerveux sympathique, nous devons

maintenant en signaler d'autres d'une interprétation un peu plus

difficile et encore peu connue : « Ceux-ci sont tout à fait spéciaux

« à l'extirpation totale et se caractérisent par une pâleur progressive

« de la face, une tuméfaction oedémateuse des mains et du visage

« (la pression du doigt no laisse pas d'empreinte), dela fatigue et de

« la faiblesse générale, de la maladresse dans les mouvements et

« quelques troubles intellectuels plus ou, moins accusés (lenteur de

« la parole, diminution de la mémoire, etc.) » C'est toujours deux

ou trois mois après l'opération et après une période de bien-être

assez marquée, que ces accidents se développent. Ils disparaissent,

en général, mais toujours très lentement et après une période sta-

tionnaire souvent fort longue.

Quelle peut être la pathogénie de ces accidents ? Il est incontes-

292 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.

table que ces phénomènes se rapprochent beaucoupde ceux que l'on

observe chez les crétins, mais l'analogie que nous signalons

est encore plus frappante si on les compare à ceux du myxoedème.

Ce qui confirme ce rapprochement, c'est l'état d'atrophie de la

thyroïde qui a été signalé dans beaucoup d'observations de myxoe-

dème. De là à supposer que la suppression de la glande thyroïde

dans un cas, l'atrophie de cette même glande dans l'autre, retentissent

sur la composition du sang et sont la cause de l'infiltration des

tissus par la mucine (Ord.), la transition semble logique. Pourtant

cette théorie hématopsiétique, malgré ce qu'elle a de séduisant à

première vue, est rejetée par MAI. Heverdin. S'appuyant sur des

arguments qu'ils nous est impossible de reproduire ici, ces auteurs

préfèrent accorder, dans la pathogénie de ces accidents, un rôle

prépondérant aux lésions nerveuses sympathiques résultant de l'o-

pération.

Le corps thyroïde serait un centre d'innervation vaso-motrice

dont la suppression modifierait les échanges organiques et déter-

minerait l'infiltration des tissus par la mucine.

Pour se prononcer entre ces deux théories, il faudrait préalable-

ment savoir si la mucine est réellement la cause du myxoedème

et si la bouffissure, signalée l,al' nI. Heverdin, a bien la même ori-

gine ; il faudrait en outre rechercher d'où provient la formation

exagérée de cette substance et quelle est l'altération du sang qui

résulte de la suppression de la glande thyroïde.

Toutes ces questions sout encore à l'étude : ce n'est que par de

nombreuses observations et de nouvelles recherches expérimentales

qu'elles pourront être élucidées.

Pour n'avoir pas résolu cet intéressant problème de physiologie,

le travail de MM. Reverdin n'en est pas moins remarquable : il

établit, d'une part, le brillant parti que l'on peut tirer de l'inierven-

tion chirurgicale dans la thérapeutique du goitre; il nous montre,

d'autre part, qu'il pourrait bien exister certaines relations, plus

étroites qu'on ne l'avait cru jusqu'ici, entre le crétinisme, le myxoe-

dème ou état crétinoïde et les accidents que nous venons de signa-

ler et auxquels les auteurs proposent de donner le nom de myxoe-

dème opératoire. G. D.

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

Essai sur les hallucinations; par Gautier (de Beuuvallon). Thèse de

Paris, 1883.

Essai sur la valeur des signes de la guérison chez les aliénés ; par

GUILLE111N. Thèse de Paris, 1883.

Des anomalies et des formes frustes de la sclérose en plaques dissé-

minées ; par Bolicli. Thèse de Paris, 1883.

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. 293'

Considérations sur les troubles trophiques des ongles dans quelques

maladies des centres nerveux; par MiLircHEViTcn. Thèse de Paris,

1883.

De la pseudo-fièvre hystérique ; par Pinard. Thèse de Paris, 1883.

Contribution à l'étude de l'aie ? 2céphalie; par Lni\Lccos. Thèse de

Paris, 18h3.

Essai sur l'étiolo,r71e de l'épilepsie tardive ; par DeLnuF. Thèse de

Paris, 1883.

Quelques considérations sur les gommes de l'encéphale; par FRANÇOIS.

Thèse de Paris, 1883.

De la folie à double forme ; par le D MORDRE. Thèse de Paris,

1883, in-8o.

Manuel des maladies mentales; par BRA. Paris, 4 883.

Des nouvelles acquisitions sur la rage; par Roux. Thèse de Paris,

1883. ' '

Des paralysies, névralgies, troubles trophiques et vaso-moteurs qui

surviennent sous l'influence de l'intoxication par le gaz oxyde de car-

bone ; par SnloN. Thèse de Paris, 1883.

Essai sur les tumeurs de la voûte du crâne constituées par du liquide

céphalo-rachidien, consécutives au traumatisme, ou de la céphalhydrocéle

traumatique; par Vivier. Thèse de Paris, 1883.

De la paralysie faciale chez les diabétiques; par Grégoire. Thèse de

Paris, 1883.

Étude sur quelques variétés d'orbophites de la grossesse ; des acci-

dents nerveux qui peuvent-Ie1O' être attribués; par Aubidan. Thèse de

Paris, 1883.

Étude sur l'influence de la musique et son histoire en médecine; par

SOULA, Thèse de Paris, 1883.

Des lésions de l'orifice mitral chez les ataxiques; par ALBESPY. Thèse

de Paris, 1883.

Etude sur tabes dorsal spasmodique, sclérose primitive des faisceaux

latéraux; par Jabineau. Thèse de Paris, 1883.

De la polyurie consécutive aux traumatismes du crâne; par MAaCOTEL.

Thèse de Paris, 1883.

La constriction permanente des mâchoires de cazce dentaire, et son

traitement; par DUCIi.\TE.1U. Thèse de Paris, 1883.

Étude sur l'étiologie et la palhogénie du Béribéri ; par 13UJcL. Thèse

de Paris, 1883.

Contributions à l'élude du Béribéri chez les annamites; par PIIILIP.

Thèse de Paris, 1883.

Contribution à l'étude de l'influence du moral sur le physique ou

influence du système nerveux sur la nutrition; par LAG.RRIGUF.. Thèse

de Paris, 1883.

De la forme méningitique de la fièvre typhoïde chez les enfants ; par

FONTAGNY. Thèse de Paris, 1883.

De la rachialgie ; par L1OE01E, Thèse de Paris, 1883.

29 1 VARIA.

Du pronostic des paralysies diphthéritiqties; par Espanet. Thèse de

Paris, 1883.

Du lugophthalmos paralytique, etc. ; par Olivier. Thèse de Paris,

1883.

De la paralysie spinale infantile; par 111'10 BENOIST. Thèse de Paris,

1883. -

De la démence précoce chez les jeunes aliénés héréditaires ; par

Gauthier. Thèse de Paris, 1883.

Considérations sur quelques points de la paralysie générale; par

Grégoire. Thèse de Paris, 1883.

Des cardiopathies réflexes d'origine brachiale ; par LASSÈGUE. Thèse

de Paris, 1883.

Du suicide dans quelques formes d'aliénation mentale ; par Clament.

Thèse de Paris, 1883.

Du pemphygus chez les hystériques ; par Francesciu. Thèse de

Paris, 1883.

Contribution à l'étude des troubles cérébraux consécutifs ci la duthié-

nentérie; par Reddon. Thèse de Paris, 1883.

Contribution à l'étude de la périencéphalile diffuse et de son traite-

ment ; par 'l'mLxe. Thèse de Paris, 4 883.

Étude sur les chorées des adultes; pal' V.\SSITCI1. Thèse de Paris, 1883.

'Contribution à l'étude des ostèophytes de la dure-mère dans la pa-

chyméningite (pachyméningile ostéo-membraneuse); par DELIGNY.

Thèse de Paris, 1833.

Étude sur un cas d'éclampsie puerpérale précoce ; par CAIX. Thèse de

Paris, 1883.

Syphilis cérébrale précoce; par Manchon. Thèse de Paris, 1883.

VARIA

ENTRETIEN DES ALIENES.

On sait qu'aux termes de l'article 28 de la loi du 30 juin 1838

sur les aliénés, les hospices sont tenus envers les départements à

une indemnité proportionnée au nombre des aliénés qui étaient

entrelenus antérieurement dans ces hospices, en vertu de fonda-

tions spéciales, et qui ont été placés, depuis 1838, dans un asile dé-

partemental..Lorsqu'une contestation s'élève entre un département

VARIA. 295,

et un hospice relativement à cette contribution, il est statué par le

Conseil de préfecture. «

La situation qui précède semblait être celle des hospices de Tou-

louse : depuis 1818, ils recevaient gratuitement les aliénés de l'ar-

rondissement. Aussi, en 1838, leur imposa-t-on, en les déchar-

geant de cet entretien, une subvention au profit du département

chargé de ce service. Dans ces dernières années, la Commission

administrative des hospices civils de Toulouse éleva, devant le Con-

seil de préfecture de la Haute-Garonne, la prétention d'être dé-

chargée de cette contribution. Sa demande ayant été répoussée, le

Conseil d'Etat au contentieux a statué sur l'appel formé contre

cette décision.

La Commission administrative alléguait que, si les hospices rece-

vaient autrefois gratuitement des aliénés, c'était non en vertu de,

fondations affectées à ce service, mais en vertu d'un simple usage,

qui, bien que constant, n'avait pu devenir, en 4838, le principe

d'une subvention envers le département. Le Conseil d'Etat, confir-

mant une jurisprudence antérieure, a décidé que, malgré l'absence

de fondations, le fait d'avoir constamment reçu gratuitement des'

aliénés, suffisait pour imposer aux hospices la charge d'une partie

du service, aujourd'hui départemental, des aliénés.

Le Conseil d'Etat a également statué sur un recours formé de-

vant le Conseil d'Etat par la ville d'Angers, contre un arrêté du

Conseil de préfecture de Maine-et-Loire. Cet arrêté avait rejeté la

demande de la ville, tendant à ce qu'il fût déclaré que les indem-

nités payées par la ville d'Angers au département, pour l'entretien

des aliénés dans l'asile départemental faisaient double emploi avec

celles que payaient les hospices d'Angers. ,

Le Conseil d'Etat, considérant que le litige s'élevait ici entre

une commune et des hospices, au sujet de leur part respective dans

la dépense du service des aliénés; que, d'ailleurs, la subvention

de la ville est réglée définitivement par le Conseil général, qui a

décidé que la juridiction administrative était incompétente pour

connaître de la question. En conséquence, il a annulé l'arrêté du

Conseil de préfecture, et s'est lui-même déclaré incompétent au

fond. (Conseil d'Etat statuant au contentieux.)

A PROPOS DES 1N6STIIGSIQUGS.

La question des anesthésiques étant toujours l'objet des préoc-

cupations du Corps médical, nous avons pensé curieux de repro-

duire le chapitre suivant de la réimpression du livre de Jean\Vier :

Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables,

qui composent l'un des volumes de la Bibliothèque diabolique.

296 VARIA.

De quelques medicamens naturels, qui endorment & par le

moyen de/quels les forcieres font quelques fois trompées :

Item, de leurs ongiteizs, ul- de quelques-plantes endormantes,

qui troublent nzerucilleztfenaent l'esprit.

Quelques fois pour mieux faire valoir la marchandife,

les forcieres s'aident d'aucuns medicamens naturels : par

lefquels, apres qu'elles se font ointes & frotees tout le corps

(felon qu'elles font enfeignees par leur maiflre cauteleux)

elles penfent & s'alTeurent pouuoir incontinent pafler par la

cheminee, & voler en l'air ça & là, pour affiner aux dances,

aux banquets delicats, aux embrallemens & spectacles de

chofes agreables : lefquelles toutefois ce fubtil ouurier leur

reprefente par fonge, pendant que sans y penfer, elles font

tombees en vn profond & léthargique fomme, incontinent

apres qu'elles se font oinftes de l'onguent endormant. Et afin

que Ion ne penfe que ce que ie dis foyent fables, i'ay bien

voulu tranfcrire ici ce que Iean Baptifte Porte Neapolitain,

fubtil recercheur des caufes cachees, a efcrit au fécond liure

de sa Magie naturelle, ou bien des miracles des chofes natu-

relles : La desbordee cupidité, dit-il, a tellement gagné l'en-

tendement des hommes, que mefmes ils abufent des choies

que la nature leur a données pour leur commodité : si bien

que les forcieres compofent des onguens de plufieurs de ces

chofes brouillées : & encore qu'elles y méfient plufieurs chofes

fuperftitieufes, si eft-ce que qui regardera de près, verra que

les efes procedent de la vertu naturelle. le raconteray ce

que i'ay entendu. Elles font d'elles bouillir vn enfant en

vn vaiffeau de cuyure, & en prenent la graille qui nage au

deffus, & font espaiffir le dernier bouillon en maniere d'vn

confumé : puis elles ferrent cela pour s'en aider à leur vfage :

elles y méfient du perd, de l'eau de l'Aconite, des fueilles

de Peuple & de la fuye : ou bien elles font en cefte manière.

Elles meflangent de la Berle, de l'Acorum, vulgaire de la

Quinte-fueille, du fang de chauuefouris, de la Morelle endor-

mante, & de l'huyle. Ou bien si elles font des autres com-

pofitions, elles ne font diffemblables de cefte ci. Elles oignent

auec ceft onguent, toutes les parties du corps, les ayant aupa-

rauant frottées iufques à les faire rougir, afin d'atirer la cha-

leur, & relafcher ce qui efloit eftrainct par la froidure. Et afin

que la chair foit relachee, & que les pertuis du cuir foyent

VARIA. 297

ouuerts, elles y méfient de la graiife ou de l'huyle : il n'y a

point de doute que ce ne foit afin que la vertu des fucs defcende

dedans, & qu'elle foit plus forte & puiffante. Ainfi penfent-

elles eftre portees de nuia à la clarté de la Lune par l'air, aux

banquets, aux mufiques, aux dances, & aux embraffemens des

plus beaux ieunes hommes qu'elles défirent. Telle est la vertu

de l'imagination, & l'effett des impreffions, que prefque toute

celte partie du cerueau que Ion nomme memorative, en est

remplie. Et pour autant que de leur naturelle inclination elles

font adonnées à croire de léger, elles prenent tellement ces im-

preffions, que mefme les esprits en font changez, & iour &

nuit nepenfentàautrechofe. Encorey font-ellespluspromptes,

dautant qu'elles ne viuent communément que de poires,

racines, chaftaignes, & légumes. Ainfi que ie m'eforçois de

defcouurir ces chofes plus foigneufement (car l'en eftois encore

en doute) ie rencontray vne certaine vieille, du nombre de

celles que Ion nomme forcieres, & qui fuccent le fang des

petits enfans au berceau. Cefte vieille, de sa propre volonté,

me promit qu'en bref elle m'en donneroit responfe : elle

commanda que tous ceux qui eftoyent auec moy, & qui

euffent peu feruir de tefmoins, fortiffent dehors, ce qui fut

fait : puis nous la vifmes par les fentes de la porte, qu'elle se

frota tout le corps d'vn onguent, comme elle tomba en terre

par la vertu des onguens endormans, & entra en vn fomme

tresprofond. Nous ouurifmes la porte, & entrafmes dedans,

nous la commençafmes à fraper : mais son fomme eftoit si

fort, qu'onques elle n'en fentit rien. Ainfi nous retournafmes

hors la porte : & cependant, la force des onguens eftant di-

minuee elle se refueilla, & nous conta plufieurs folies :

afauoir qu'elle auoit paffé la mer & les montagnes, & rien

ne nous respondoit qui ne fut faux. Nous luy nions tout, &

elle l'afermoit dauantage : & encore que nous luy monftrif-

fions le marques des batures, si eft-ce qu'elles s'obfiinoit

dauantage. Voila ce qu'en efrit I. Baptifte Porte.

Hierosme Cardan fait mention d'vn onguent prefque fem-

blable à cefluy-ci, par l'onEtion duquel il apert que Ion

void merueilles, car il parle là des chofes qui ne font point,

& toutesfois font veuës. Il est compofé de graiffe d'enfant

(comme ils difent) de fuc d'Ache, d'Aconite, de Quinte-

fueille, de Morelle, & de fuye. Toutesfois on croid qu'elles

dorment cependant qu'elles voyent ces chofes. Elles penfent

298 VARIA.

voir des theatres, des beaux iardins, des banquets, des beaux

ornemens, des veftemens, des beaux ieunes hommes, des

Rois, des Magistrats : & mefme, toutes chofes defquelleselles

se délestent, &dont elles penfent eftre iouiffantes. Elles voyent

aussi des diables, des corbeaux, des prifons, des deferts, & des

tourmens. Voila doncques les caufes des fonges violens. Il-

dit aussi qu'elles viuent d'ache, de chaflaignes, de feues, d'oi-

gnons, de choux, & de phaifols : toutes lefquelles chofes

efmeuuent des fonges turbulens. Et ainfi endormant elles

penfent eftre portées en diuerfes regions, & là auoir plufieurs

afeFlions, felon la complexion d'vne chacune d'elles : & le

tout par l'aide de l'onguent. I'adioufteray ici vne huyle qui

n'a pas moins de vertu à faire dormir longuement & profonde-

ment. Prenez de la graine d'yuraye, d'hyofcyame, ou hane-

bane, de ciguë, de pauotrouge & noir, delaidue, de pourpier,

de chacune quatre parties, de l'herbe, nommee Belle-done

par les Italiens, vne partie : faites de l'huile de toutes ces

chofes felon l'art, & en chacune once d'icelle méfiez vn fcru-

pule d'opiumïque Theba. Puis prenez vn fcrupule ou vn

fcrupule & demi de cefte huile, & il en enfuyua vn fomme

de deux iours. I'efcrirois volontiers en cet endroit d'vne li-

queur, laquelle fait dormir incontinent qu'elle est prife feule-

ment à la quantité d'vne goute ou deux : & qui mefme fait

dormir autant d'heures que Ion en prend de goutes : tou-

tesfois il vaut mieux ne la diuulguer. Ainfi doncques il

y a plufieurs plantes conues par ceux qui entendent les chofes

naturelles : comme l'yuraye, l'herbe que les Italiens nom-

ment Belle-done, l'opium, l'hyofcyame, la ciguë, les especes

de Pauot, la Morelle furieufe, & plufieurs autres, par lef-

quelles l'entendement eu : ofté, ou du tout troublé : telle-

ment que celuy qui en vfera, femblera eftre fol en parlant,

en oyant, & en respondant : ou bien il tombera en vn profond

fommeil par l'espace de quelques iours : l'vfage de toutes

lefquelles chofes i'ay mieux aimé taire, comme font aussi les

eaux, les vins, les poudres, les trochifques, les huyles, & le

moyen de les compofer : qu'en les efcriuant donner occafion

à quelcun d'en abufer. Car l'auteur benin de tout bien, a

toufiours donné l'esprit, lequel fait proufiter & aide, & non

celuy qui fait le mal & qui aporte nuifance. Toutesfois afin

que Ion s'en donne garde, i'adioufteray deux hiftoires affez

profitables touchant la vertu de ces medecines endormantes.

VARIA. 299

Il y auoit vne femme vn peu trop adonnée à son proufit &

affez conue (toutesfois elle est défia morte) laquelle auoit

loué par plufieurs iours, des bateurs en grange c5c à celle

fin qu'elle les nourrift à plus petis frais, elle auoit fait amaffer

de l'yuraye, qu'elle fit moudre & méfier auecques de la fa-

rine de feigle, & en fit du pain. Mais apres que les bateurs

en eurent mangé, ils entrerent premièrement en vne longue

folie : puis eftans esblouis & laCfez de tourner, ils tomberent

tous en vn profond & long fomme : tellement qu'au lieu de

faire la befongne de la vieille, ils ronfloyent inceffamment :

ce qu'ils continuèrent tant qu'elle se fut aperceuë, au bout de

deux ou trois iours, de la faute qu'elle faifoit & iufques à ce

qu'elle euft fait changer le pain.

Davantage Renier Solenandre, docteur medecin fort experi-

menté en l'obferuation & vfage de plufieurs chofes, qui eu

mon compagnon en l'eftat de noftre tref-illuftre Prince, &

qui m'a communiqué les chofes qu'il auoit obferuees aparte-

nantes à ce mien traité, m'a raconté que lors qu'il eftudioit

à Louuain, lan mil cinq cens quaranteneuf, fous Hierome

Brachel, il vid l'enfant de Seruais Saffen libraire, eftre tour-

menté d'efmerueillables fymptomes, pour auoir mangé

vne grapette de l'herbe nommée belle-done, laquelle par cas

fortuit & sans y penfer, comme eftant ignorant des chofes, à

caufe de la ieuneffe, il auoit (penfant par auenture que ce

fut vne cerife) cueillie& mangée au iardin de Gemme Frifon

son voifin, lequel pour lors prenoit plaifir à efleuer cefte plante

qui eftoit en fleur, auec quelques autres. Le petit enfant de-

uint premièrement furieux & n'auoit conoiffance ni de pere

ni de mere : puis il commença à aparoiftre languiffant & de

corps &d'esprit. MonCeur Brachel eftant appelé, s'efmerueilla

de ces accidens si fubits & dangereux : puis eftant entré en

foupçon que parauenture il auoit pris quelque venin mania-

que, il s'en quit du lieu où il auoit efté, & ce que c'eIt qu'il auoit

fait. On luy respondit qu'il auoit efté iouër au iardin de

Gemme Frifon, & que Ion l'auoit veu à lentour de la plante

de laquelle il auoit tiré quelques grappettes. Toutesfois auant

que Ion euft defcouuert cela, il efloit defia tombé en vn fomme

tellement profond, que Ion ne l'en peut retirer iufques à vingt

& quatre heures après, qu'eftant efueillé de foy-mefme, il com-

mença à conoiftre premierement son pere, & puis les autres :

si eftoit-il toufiours vn peu endormi, iufqu'à ce que Ion lui

300 FAITS DIVERS.

eut fait ufer de quelques remèdes, félon l'art commun, par

lefquels il fut du tout gueri. -

Ce qui auint a vn Gentil-homme Gafcon, est encore beau-

coup plus efmerueillable, d'autant qu'il femble eftre ridi-

cule, & toutefois digne de commiferation. Ce pauure homme

ayant efté pris par les Turcs sur le chemin, & mené en Italie,

fut donné à vn grand Seigneur, qui eftoit Beglierbeg, comme

ie penfe, delà le Bosphore de Thrace, & Capitaine de gendar-

mes en la Macedoine. Il fut affez humainement receu au

commencement félon la manière de faire des Barbares, pour

autant qu'ils l'auoyent dedié pour le plaifir du Seigneur,

à caufe qu'il eftoit ieune & beau. Or auint vn iour qu'à force

de boire & de manger plufieurs & diuerfes viandes, il tomba

en vn fomme qui lui dura trois iours : à la fin duquel

eftant efueillé & voulant vriner, il aperceut que Ion luy

auoit coupé les genitoires : & lors tout eftonné il conut

combien il auoit dormi, & pourquelle raifon on l'auoit traité

si opulemment & delicatement, & mefme de quelle viande il

eftoit entré en ce fomme si profond. Il retourna en fin en son

païs, & allégua cefte caufe, pour laquelle il se pafferoit

aifément d'eftre marié. Albert le grand & Diofcordei, efcriuent

que Ion trouue en Egypte vne pierre nommee Memphyte (à

raifon de la ville de Memphis), laquelle eftant mife en poudre,

& beuë auec de l'eau & du vin, fait vn tel endormitlèment

de tous les fens que Ion ne fent aucune douleur. Cela et)-

allégué parles Iurifconfultes,lors qu'ils efcriuent des géhennes

& tortures.

FAITS DIVERS

Nominations ET promotions. - M. PiciirNOT, ancien interne de

l'asile d'Aix, a été nomme médecin adjoint de l'asile de Bassens

(20 classe), en remplacement de 111. Daulhony, non acceptant. -

M. Giiimo, ancien interne des asiles de lllontauban, l3lois et Charenton

a été nommé médecin adjoint (2° classe) de l'asile de Saint-Luc à

,FAITS DIVERS. 301

Pau, en remplacement de M. II. Vedie, mis eu disponibilité sur sa

demande. - Dans la séance du 22 mai, M. Lu.nier a été élu

membre de l'Académie de médecine (section d'hygiène, de méde-

cine légale et de police médicale).

Faculté de médecine de Paris. - Le concours pour la place de

chef de clinique des maladies du système nerveux vient de se ter-

miner par la nomination de M. le Dr P. Marie. M. le Dr R. Bnx-

CIUIlO vient d'être nommé professeur agrégé à la suite du dernier

concours. Nos lecteurs apprendront avec plaisir la nomination

de nos deux amis et dévoués collaborateurs.

Asile d'aliénés DE Bordeaux. Par décision ministérielle, des

consultations gratuites pour les maladies mentales et nerveuses

auront lieu, à l'asile des aliénés, le mardi et le samedi de midi à

deux heures. (Gaz. hebd. des sciences médicales, de Bordeaux.)

C'est là une excellente mesure qu'on ne saurait trop généraliser,

car elle permettrait de soigner, en dehors de l'asile, un certain

nombre de malades. Nous sommes convaincu que le traitement

externe des aliénés est appellé à rendre de grands services. Rappe-

lons, à cette occasion, qu'il existe depuis plusieurs années à l'asile

clinique Sainte-Anne et à la Salpêtrière, et enfin que, à Bicêtre,

les médecins donnent quotidiennement des consultations. Toute-

fois, tandis que, dans les deux premiers établissements que nous

venons de citer, les médicaments sont donnés gratuitement, il n'en

est pas encore de même à Bicêtre où l'Administration tolère seule-

ment la délivrance de bons de bains ou de douches.

Asile d'aliénés DE BnoN. Le lundi 3 décembre 4 R8, il sera

ouvert à la Faculté de médecine de Lyon un concours public pour

la nomination de deux internes titulaires et de deux internes sup-

pléants, appelés à faire le service de médecine à l'asile de Bron, du

1er janvier 1884 au 31 décembre 1 880, c'est-à-dire pendant trois ans.

Les internes titulaires seront logés, nourris, chauffés et éclairés,

et recevront un traitement de 600 fr. pour la première année et de

800 fr. pour les deux autres. Ce traitement pourra être exception-

nellemcnt porté à 1,000 fr. Les internes suppléants recevront le

traitement et les avantages en nature des internes titulaires qu'ils

sont appelés à remplacer. (Lyon médical.)

Asile d'aliénés du VAn. - Dans sa séance du 2 juillet, la Chambre

des députés a adopté un projet de loi autorisant le département du

Var à emprunter une somme de '1,400,000 fr. applicable à la cons-

truction d'un asile public pour les aliénés.

NÉCROLOGIE. - M. le Dr PETIT, médecin en chef du quartier ré-

servé aux aliénés il l'hospice Saint-Jacques de Nantes, est décédé le

8 juin. - Le Dr IL-B. WILIIUR, médecin en chef de l'asile des idiots

302 faits divers.

de Syracuse (État de New-York), est mort subitement le 1er mai.

(Journal of 112sctiiity.) - 11. le Dr DUJIONT (de Monteux), bien connu

par son Testameiit médical et par le récit de ses névroses, est mort

au mois de juillet, à Rennes; il était âgé de quatre-vingt-un ans.

Société française de tempérance. Programme desprix et récompenses

à décerner en 1884. - Le Conseil d'administration do la Société,

dans sa séance du 6 juin 1882, a décidé : 1° que tous les travaux

se rapportant à la tempérance et aux boissons alcooliques envisa-

gées sous le rapport soit de leur composition, soit de leur action

sur l'économie, seraient admis au concours; - 2° que des récom-

penses pourraient Cire accordées aux travaux imprimés aussi bien

qu'aux travaux manuscrits envoyés à la Société.

La Société ne met au concours aucune question spéciale, mais

elle appelle particulièrement l'attention des concurrents sur les

questions suivantes : De l'alcoolisme héréditaire; - Action sur

l'économie des eaux-de-vie de cidre et de poiré; - Mesures qu'il

convient de prendre à l'égard des ivrognes d'habitude.

Une somme de ? O)0 fr. sera répartie entre les auteurs des mé-

moires couronnés. Les ouvrages ou mémoires devront être remis

au secrétariat général de l'oeuvre, rue de l'Université, 0, avant le

1 cr janvier de l'année 1884.

Exposition frénutrique A Voguera. Le quatrième congrès de

la Société fréniatrique italienne doit avoir lieu au mois de sep-

tembre 1883, à Voguera. A cette occasion, on organise, dans la

même ville, une exposition fréniatrique, d'un caractère exclusive-

ment technique et scientifique, destinée à faire connaître les pro-

grès récemment accomplis dans la science psychiatrique, dans l'or-

ganisation administrative, dans l'agencement technique des asiles

d'aliénés.

L'exposition comprendra quatre catégories d'objets :

4° Appareils et instruments scientifiques pour l'étude somatique

des aliénés ; figures et préparations relatives à l'anatomic et à l'his-

tologie du système nerveux ;

2° Projets, plans, modèles relatifs à la construction des asiles,

des cliniques psychiatriques, des sections pour idiots, pour agités,

etc. ;

3° Objets d'hygiène manicomiale et de mobilier spécial ; lits,

sièges, portes, fenêtres, moyens de contention, appareils pour

l'alimentation forcée, appareils électro-thérapiques, préparations

chimiques, etc ;

4° Publications scientifiques, journaux de psychiatrie, de neuro-

logie et d'anthropologie, rapports administratifs.

Les objets destinés à l'exposition doivent êtres adressés à la Coin-

mission ordonnatrice de l'exposition fréniatrique, à Voguera, du

li août au 13 septembre. Les frais de l'expédition et de réexpédi-

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. ;303

tion sont à la charge des exposants. Le président de la commission

est le professeur Raggi.

Le programme que nous avons sous les yeux ne dit pas si l'expo-

sition est purement italienne ou si les étrangers y seront admis. Il

suffirait d'écrire au Dr Raggi pour s'en assurer.

L'incendie DE l'asile Du Dr BOYD. - The Lancet (18 août) nous

apprend qu'un incendie a détruit l'asile d'aliénés du Dr Boyd. En

voulant combattre le fléau, lui, son fils et plusieurs malades ont

trouvé la mort. Le journal anglais insiste sur la situation parti-

culière qui existe, en cas d'incendie, dans un asile où souvent les

malades ne peuvent être d'un grand secours. Ce triste événement

montre combien il est indispensable de pourvoir les établissements

hospitaliers d'eau en abondance et de nombreuses bouches d'in-

cendie.

Les aliénés en liberté. - La CI'onic(/, mediclt quirurgica de la

Habanu raconte le fait suivant qui démontre l'importance de la

séquestration des aliénés une fois que le médecin a constaté leur

irresponsabilité. Les Drs Mulcay et Pardinas avaient certifié la dé-

mence d'un nommé Garcia. Quelques jours après, pris d'un accès

de fureur, cet homme, armé d'un revolver, se rendit chez le

Dr Mulcay. Celui-ci, prévenu par ses amis, eut le temps de se ren-

fermer chez lui; mais son père, qui venait le voir, reçut une balle de

revolver qui ne lui fit, heureusement, qu'une blessure légère. Per-

sonne n'osait approcher. Les gendarmes appelés furent obligés pour

se défendre de faire usage de leurs armes, et le malade fut tué d'un

coup de fusil. (Ami. nzéd. psycholog.)

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Annual report (Cortietli) of the managers of the State Lunalic asylue7t

at Ulica, for the year 1SS2. Broch. In-S de 103 pages. Albany, 1883,

Weid, Tai-soiis et G8.'

rlwuat. report (Sit ? eigtle aad sixty-ninth of the trustées of the Massachu-

selts gene/'at hospilal'. Deux brocli. in-S° formant ensemble 131 pages. Bos-

ton, 1S81-18S2, Geo. Il. Ellis.

BlANCHI (L.). Sulle compensazioni funzionali della corleccia cere-

grave. Conlribuzione sperimentale. Broch. in-S" de 73 pages. Poli, 1883.

Tipografico dell' Unione.

30V BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. t

BOUR-NLVILLL, Bowamc et \1'mLr ? mé. Recherches cliniques et lhéra-

peittiqîtes sur l'épilepsie, l'hystérie, et l'idiotie, compte rendu du somme

des épileptiques et des enfants de Bicêtre pour l'année 1881. 1. Iii-So de 180

pages, a\ec 18 figures et 7 planches, en chromo-lithographie. Prix : G fr.;

pour nos abonnés, prix : 4 1f.

Bna (M.). - Manuel des maladies mentales. Un volume in-tS de

282 pages. Prix : 4 fr. Paris, 1883. Librairie A. Delahaye et E. Lecrosnier.

Brunet (D.). Rapport présenté au conseil général de leui-e (session

d'août 1882) sur l'asile public d'aliénés d'Évi-ci4x. Extrait du procès-verbal

des délibérations du Conseil général. Broch. in-8° de 77 pages. Évreux,

1882. Imprimerie Quettier.

BuccoLA (S.). f : : ul tempo delta dilalazionc reflessa délia pupilla

nella paralisi progressiva deyli a : ierzati ed in altre malattic die centri-

neruosi. Broch. (le 13 pages. Reggio-Emmlia, 1883. Typografia di

Stefano Calderini e Figlio.

BYROJI-RR.\MWELL. Maladies de la moell'l épinière. Ouvrage traduit

de l'anglais par \I11. G. Toupinel et L.-II. Thoinot. Un volume in-8" de

352 pages. Prix : 14 fr. Paris, 1881, librairie Il. LaLlWerCY11S.

Campas (L.). Asile public d'aliénés de Cadillac. Compte rendu zné-

dical de l'exercice, 1SS1. Broch. in-Ba de 91 pages. Bordeaux, 1882. Gou-

nouilhou.

DOUTREUr. : \'TE. Compte moral et administratif de l'asile départemental

d'aliénés de 13lois pour Tannée 1882. In-4° de 48 pages.

1111uDSLEY (H.). - La pathologie de l'esprit. Traduit de l'anglais par

Fermont. Un volume in-8^ de 600 pages. Prix : 10 fr.. Paris, 1883. Li-

brairie Germer Baillière.

111EDlCO-LEGAL SOCIETY OF Nlzw-Yonn (Papers rcad before the) fnom ils

o ! 'galli=ation. Second séries. Un volume in-S^ cartonné, de 528 pages. New-

York, 1882. \V.-F. \Vauden Houten.

\Vestpiiu,. Démonstration Zweier Faite voit 1'liomsen' scher Kran-

kheit. Extrait du Bel'linel' Klinische 11'ochenschrift, 1883. Broch. in-80 de

6 pages. Berlin, imprimerie Seliuiiialier.

\VETPIIAL. Ueber cine dent bilde de;' cerebrospinalen graven, dege-

nerntion ahnltche erlrrankuzzy drs cent raie ncrvensilslems olme fmatomis-

cheil befll ? l(l nebst cinigen bemerkungen uber paradoxe contraction. Broch.

il-8" de 48 pages. Berlm, 1883. Imprimerie Kchumacker.

Le rcdacleur-géranl, l3ounNEYJLL.

ENI'ul, l.ll 1.11.1.1.01) ? Il.,1 ? - 983.

Archives de Neurologie

T. VI, Pl. III,

Archives de Neurologie T. VI, Pl IV. : mp Becquet Er PaTIO.

rchives de Neurologie. T Vl , Pl. V

).Becquet fr. Paris.

Vol. VI. Novembre 1883. N" 18

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

AFFECTIONS OSSEUSES ET ARTICULAIRES DU PIED

CHEZ LES TABÉTIQUES (Pied tabétique);

Par MM. J.-M. CIIAIICOT et Cn. FËRË.

Décrites pour la première fois par 1'un.detous ', les

affections osseuses et articulaires des ataxiques sont

aujourd'hui bien connues, au moins dans leurs traits

généraux et lorsqu'elles siègent, comme c'est la règle,

sur les os longs des membres et sur les grandes articula-

tions. Elles ont été depuis lors le sujet de travaux impor-

tants dus à MM. Ba112, Cliiford Albutt, Rosenthal, Weir

lllitchell3, Bourneville et Forestier', Blurn5, Miche)',

1 Gliircot. De quelques artlzropathies consécutives aux affections du

ce/ veau et de la moelle épinière. (drclt. de Physiologie normale et patho-

logique, 1SC8.)

. M. Bail. - Des arthropathies consécutives à l'ataxie locomotrice,

(Gaz. des Ilôp., 1868 et 1869.)

American Joui-n., avril 1873.

à Forestier. - Etude sur quelques points de Cutaxie lucomotrice, etc.

Thèse de Paris, 1874, et Revue photogr. des Hôpitaux, lob70-[872.

"A. Blum. - Des arthropathies d'origine nerveuse. Thèse d'agrégation

en chirurgie, 1875.

ô Miche). - Etude sur les arthropathies survenant dans le cours de

l'ataxie locomotrice progressive. Thèse de Paris, 1877.

Archives, t. VI. I. U 0

;;0(; Cr.rw,ur nLr,vr : u·r.

Buzzard', Westphal9, etc., etc. La plupart des musées

anatomo-pathologiques possèdent actuellement des

spécimens de ces lésions : le musée de la Salpêtrière

est cet égard particulièrement riche3.

Presque toutes les observations publiées jusqu'à ce

jour ont trait à des lésions des grands os longs des

membres et des grandes articulations ; et il n'a point

encore été question, que nous sachions, d'altérations

analogues portant sur les os courts et les petites arti-

culations du pied*. C'est sur un groupe de faits de ce

genre que nous désirons appeler l'attention.

C'est au mois d'avril 1881, que nous avons observé

le premier exemple de cette affection.

Observation I. - .Ataxie locomotrice. - Crises laryngées.

Troubles de la miction.- Douleurs fulgurantes, anesthésie,

incoordination, phénomènes oculo-pupillaires. Déformation

des pieds.

M. de C ? quarante et un ans, se présente à la consultation

de la Salpêtrière le 30 avril 1881.

En 1869, il a eu une toux spasmodique qui a duré plusieurs

mois, et a fini par s'accompagner de crises laryngées, avec re-

prises bruyantes, et accès de suffocation, pendant lesquels il est

tombé deux ou trois fois sans connaissance. En 1871, il s'est

aperçu d'une difficulté à uriner, et se crut atteint de rétrécis-

1 Buzzard. On articulw' wul osscous lésions in locomotol' atax ?

(.1 : cd. Ti7lle. a/ld Ga ? fehr. ISSU.) On the affection of boues and

joints in /OCOM ! 0<0)' ataxy and ils association tcillt gailric criscs. (Traits,

of llec l,allr. Soc. ol L07ldon, 1880.)

'Rerlinel' /di/lieloe Wvchenschrift, juillet 18R ! .

3 Cil. Féré. -- Description de quelques pièces relulircs aux lésions os-

scu.ses et articulaires des ataxiques, conservées au musée analortto-palho-

logique de la Salpclrinre. (arcs. de Neurologie, iss2, t. IV, p. 20.)

'Dans leur Contribution si l'élude îles névrites périphériques non trall-

111fliÎques, : l1L Pitiés et Vaillant rapportent un cas d'arthropulhie île

l'articulation mftaca)'))0-))ha)augienne de l'index droit chez un atniyue.

(.1-ch. de Neurologie, t. VI, n" 17, p. 180.)

AFFECTIONS DU PIHD CHEZ LES TABË L'\(,)UES.

307

sèment : il fut sondé par Michaud(de Louvain), qui ne trouva

rien. Pendant le premier mois de 1879, il commença à éprou-

ver des douleurs fulgurantes dans les membres inférieurs.

Quelques mois après, il vit double pendant quelque temps.

Au mois de septembre de cette année 1879, il commença à

souffrir des pieds qui se sont mis à se déformer. Il a cru, à

cette époque, avoir affaire à une entorse; mais

sans toutefois pouvoir retrouver le souvenir

d'un traumatisme quelconque. Les parties

malades étaient un peu douloureuses; mais il

n'en souffrait pas assez pour être empêché de

marcher. Depuis deux mois seulement, il y a

des douleurs sur le trajet des nerfs cubitaux.

Signe de Romberg. Anesthésie presque

complète (froid, étincelle électrique) des pieds

et des jambes; incoordination motrice depuis

dix-huit mois). Réflexes rotuliens abolis

des deux côtés. Myosis (pupilles petites et

égales). -- Pas de troubles gastriques.

Les deux pieds offraient exactement la

même déformation, qui, toutefois, était plus

prononcée à droite. (Fig. 3.) Le bord interne

du pied était considérablement augmenté

d'épaisseur dans toute la partie qui corres-

pond au scaplioïde, au premier cunéiforme

et à l'articulation tarso-métatarsienne. En outre, le métatarse

en masse était dévié en dehors, de sorte qu'il existait sur le

bord interne du pied, au niveau de l'articulation tarso-méta-

tarsienne, un angle fortement saillant. On ne constatait point

de craquements au niveau des parties déformées.

Ces lésions symétriques du pied, se présentant en

dehors de toute autre cause connue chez un ataxique

avéré, nous parurent devoir être rapprochées des lé-

sions osseuses et articulaires si fréquentes chez les

tabétiques.

Mais la diffusion de la déformation, l'absence de cra-

quements articulaires, nous portèrent à penser que, si

les articulations étaient affectées, elles n'étaient pas

Fq. 3. Artliropa-

thie du niecl droit.

308 CLINIQUE NERVEUSE.

seules en jeu, et que les os aussi devaient être lésés.

Toutefois, en l'absence de vérification anatomique,

nous crûmes devoir rester sur la réserve, relativement

à la nature intime de l'affection qui nous parut provi-

soirement désignée suffisamment sous le nom de pied

tabétique.

Peu de temps après, au Congrès de Londres, M. H.

W. Page présenta un malade, ataxique aussi, qui

offrait une déformation du pied tout à fait semblable

à celle que nous venons de décrire. M. Page rattaclia,

sans hésiter, cette affection au groupe des arthropathies

tabétiques.

Observation II. - Arthropathie dans un cas de labes dorsal.

(A.-W. Page.)

Le malade est un homme de trente ans. L'affection a com-

mencé en octobre dernier par un gonflement de la jambe

droite et du pied, qui étaient douloureux tout d'abord. Puis la

douleur passa et le gonflement du pied resta le symptôme

principal.

Le cuboïde, le scaphoïde, les trois cunéiformes et les os du

métatarse paraissent augmentés de volume, et ou peut les

mouvoir l'un sur l'autre dans toutes les directions. Les ma-

Ilaeuvres auxquelles on soumet le pied ne semblent pas provo-

quer de douleurs. La plante du pied était le siège d'une ancs-

tlnsic douteuse. Au bout d'un mois, il se produisit une solution

de continuité de la couche cornée de la plante du pied droit, et

il se fit une ulcération non douloureuse à l'extrémité du gros

orteil. Un mois après, le pied droit était resté dans le même

état, mais plusieurs sillons cornés étaient apparus sur l'autre

pied. Ils étaient tout à fait indolores. Le malade n'offrait aucune

particularité dans sa démarche. Le réflexe patellaire était absent

des deux côtés; on trouvait le signe d'Argyll Robertson. C'est

sous notre observation que le pied gauche commença à être

1 Transactions of the international médical conyress. London, 1881, t. I,

z. (R<'t7 ? ('t<.yoi;)') : ,a ? rit 183 ? p. 772.)

AFFECTIONS DU PIED CHEZ LES TABETIQUES. 309

affecté de la même manière que le droit, très rapidement, et

sans douleur. Il raconta que quatre années avant il avait souf-

fert de vives douleurs lancinantes dans les jambes. Deux ans

auparavant, il avait présenté des symptômes de débilité ner-

veuse et éprouvé des vomissements quotidiens, qui avaient

commencé et cessé tout a fait subitement sans que leur début

et leur fin aient eu aucune cause connue.

Au mois de janvier 1882, nous eûmes l'occasion

d'observer une dame jeune, chez laquelle le tabes

avait débuté dix ans auparavant par des douleurs

fulgurantes dans la face, et qui présentait des troubles

urinaires, l'incoordination motrice, l'abolition du ré-

flexe patellaire, le signe d'Argyll Robertson, etc. Peu

de temps après, des accès de douleurs fulgurantes

siégeant au niveau des articulations métatarso-phalan-

giennes du gros orteil, il s'était produit une déforma-

tion des parties dures de ces articulations, qui étaient

augmentées de volume et formaient un angle saillant

en dedans. En même temps, il s'était manifesté, au

niveau de l'articulation tarso-métatarsienne, des deux

côtés, une saillie angulaire non douloureuse, portant

seulement sur la face dorsale du pied.

Observation III. Ataxie locomotrice ; début à dix-huit ans, pas

de syphilis ; Douleurs fulgurantes, troubles vésicaux et

oculo-pupillail'cs, incoordination. - Déformation des pieds.

1V1 ? X..., de Bordeaux, vingt-deux ans. Pas d'antécédents

nerveux dans la famille, dit-elle. Elle-même n'a jamais offert

d'autres troubles névropathiques que ceux qui constituent la

maladie actuelle. A toujours été bien portante dans sa jeunesse.

Pas de trace de syphilis. Elle s'est mariée à dix-sept ans. Un

an après tout au plus ', elle commença à avoir dans la tête et dans

1 Maintes fois déjà nous avons fait la remarque que chez la femme,

les premiers symptômes de l'affection tabétique se manifestent souvent

de liés lionne heure, a rage de dix-huit, \ingt, vingt-cinq ans, ce qui n'a

pas lieu très certainement an même degré chez l'homme.

310

('LI\IQU1S RI : ItVI : IiE.

la face des douleurs fulgurantes ; au niveau des points où elles

produisaient, la peau était sensible au toucher. Quelques mois

après, des douleurs analogues ont apparu dans les jambes ;

mais cessant quelquefois pendant des mois entiers. Ces don-

leurs étaient surtout intenses au-devant des tibias, où le moin-

dre frottement était insupportable. Quelquefois aussi il y avait

une sensation de contriction autour des membres.

Il a trois ans, elle a commencé à éprouver des troubles vési-

cauz ; rétention et crises douloureuses ; depuis un an et demi

les urines déposent. A partir de la

môme époque les douleurs fulgu-

rantes ont notablement diminué ;

mais alors apparut l'incoordina-

tion motrice : elle s'aperçut qu'elle

ne pouvait plus marcher dans

l'obscurité ; elle avait des troubles

de l'équilibre sitôt qu'elle fermait

les yeux; même assise sur un fau-

treuil, si on enlevait la lumière,

elle oscillait. Jamais de diplopie.

Quelquefois petits accès de toux

nerveuse pendant la nuit.

9 janvier 1883. Incoordina-

tion motrice, abolition des réflexes

patellaires. Signe d'Argyll Robert-

son, pupille droite plus grande.

Il existe aux deux pieds, au ni-

veau de l'articulation métatarso-phalangienne du gros orteil

des deux côtés, une saillie angulaire, mais pas de craquements

articulaires. (Il y a deux ans elle avait eu des douleurs fulgu-

rantes au niveau de l'articulation métatarso-phalangienne du

côté droit, et les mêmes douleurs s'étaient montrées du côté

gauche il y a deux mois). L'articulation tarso-métatarsienne

forme également une saillie presque à angle droit, des deux

côtés, sur la face supérieure du pied. Cela s'est produit depuis

un an graduellement, sans douleur ni gonflement. On ne pro-

voque ni craquements ni mouvements anormaux au niveau

des articulations déformées. (Fig. 4.)

Enfin, tout dernièrement, nous voyions une dame de

trente-six ans qui fut affectée de troubles visuels pour

h'r.4. - AI llrropatlne du pied

droit.

AFFECTIONS DU 1MEI) CHEZ LES 'J'A¡;E'J'j( ! ¡;L. 311 1

la première fois il y a huit ans environ, et chez la-

quelle l'évolution du tabes paraît avoir été précipitée

depuis quatre ans, par une succession d'émotions mo-

rales pénibles. Le diagnostic ne saurait être douteux ;

nous relevons, en effet, dans l'histoire de cette dame

l'existence de douleurs fulgurantes, d'incoordination

motrice, d'anesthésies, de douleurs en cuirasse, de

troubles des fonctions urinaircs et génitales, de perte

des réflexes patellaires, etc. Elle présente en outre,

des arthropathies avec déformation considérable des

deux genoux. On voit enfin du côté droit, une défor-

mation du pied exactement reproduite par la figure 5,

et qui rappelle, d'une manière frappante, l'aspect des

déformations observées dans les autres cas. Le bord in-

terne du pied droit offre un épaississement très considé-

rable depuis le cou-de-pied, jusqu'au niveau de l'arti-

culation tarso-métatarsienne inclusivement, et d'où il

résulte un effacement à peu près complet de la voûte

plantaire. Le métatarse paraît porté en dehors,comme s' 1 I

était luxé; cette déviation produit une saillie angulaire

de l'articulation tarso-métatarsienne. Ces parties sont

indolores et paraissent l'avoir toujours été, ou peut s'en

faut; il n'y a jamais eu ni rougeur, ni craquements, et là

marche serait restée possible si d'autres articulations ne

s'étaient prises, et surtout si l'incoordination motrice

des membres inférieurs n'existait au plus haut point.

Observation IV. Ataxie locomotrice. - Hérédité, syphilis,

émotions morales pénibles. - Troubles de la vision, inca01'-

dination, douleurs fulgurantes ; troubles urinaires, a ? ? 0'ONa-

thies des genoux. Déformation du pied droit.

MmoR... de N..., trente-six ans. Nous relevons, parmi les an-

técédents héréditaires l'existence d'une tante et d'un oncle

312 ' CLINIQUE NERVEUSE.

maternels aliénés. Elle-même n'a jamais, dit-elle, offert de

troubles névropathiques. Elle s'est mariée une première fois à

vingt ans. Au bout d'un an, elle mettait au monde après six

mois de gestation, deux foetus mort-nés. A la suite de cette

couche, on a constaté l'existence d'une éruption mal déter-

minée aux organes génitaux, et quelque temps après, elle eut

au front quelque chose qu'elle appelle un eczéma, qui dura

plusieurs mois et ne laissa pas de trace. VersJa même époque,

elle perdit non seulement ses cheveux, mais une grande partie

des poils du pubis. Depuis lors elle n'a plus rien présenté qui

puisse être attribué à la syphilis'. 1.

Un an environ après ses premières couches, elle en eut une

seconde, l'enfant vint bien à terme, mais mourut peu de temps

après, sans qu'il soit possible aujourd'hui de déterminer à

quelle maladie il succomba.

L'année suivante elle eut une nouvelle couche, l'enfant vint

mort à huit mois. Elle avait vingt-cinq ans lorsqu'elle donna

naissance à son quatrième enfant, une fille, qui aujourd'hui

encore est bien portante. Son mari mourut alors de plithisic

pulmonaire.

Dix-huit mois ou deux ans plus tard, elle commença à

éprouver des troubles de la vision, elle vit double de temps en

temps, et sa vue resta plus ou moins troublée, dit-elle, pendant

environ deux ans. Les symptômes oculaires disparurent sans

qu'il se soit produit, semble-t-il, aucun autre phénomène mor-

bide ; elle n'aurait jamais eu de doulours fulgurantes, elle est

très affirmative sur ce point. Se croyant en parfaite santé, elle

se remaria; elle avait alors trente-deux ans environ.

Jusqu'à son accouchement qui eut lieu l'année suivante tout

alla bien; mais elle avait affaire à un mari qui semble être

dipsomane et qui de temps en temps s'enivre tout une série de

jours pendant lesquels il est d'une violence extrême. Trois

jours après son accouchement, il faillit mettre le feu à son lit; elle

en éprouva une grande frayeur, et depuis ce moment, elle est

restée très émotive. Quand elle voulut se lever, trois ou

quatre semaines après la délivrance, elle remarqua tout

de suite que ses jambes étaient faibles et obéissaient ma-

ladroitement : quand elle essayait de marcher dans l'obscurité,

1 Nous relevons particulièrement, dans ce cas, parmi les circonstances

étiologiques, l'influence combinée de l'hérédité nerveuse (tante et oncle

maternels aliénés), et de la syphilis.

AFFECTIONS DU PIED CHEZ LES TABETIQUES. 313 i

elle était prise immédiatement d'une anxiété très pénible,

parce qu'elle sentait que l'équilibre allait lui manquer.

A cette époque, elle commença à éprouver des douleurs ful-

gurantes dans les membres inférieures. Aux points où se ma-

nifestaient des douleurs, elle constata fréquemment l'existence

d'une sensibilité douloureuse de la peau disparaissant peu de

temps après les fulgurations. Elle a observé aussi quelquefois

des bleus, dont elle ne pouvait pas s'expliquer l'origine, n'ayant

souvenir d'aucun choc. En même temps elle avait des dou-

leurs dorso-lombaire et une sensation de contriction très pé-

nible à la.base du thorax.

Quatre mois après son accouchement, elle eut au membre

inférieur gauche quelque chose qu'on appela une phlébite : il

y eut du gonflement diffus, au niveau du genou surtout, sans

douleur intense, sans rougeur et sans lièvre, au moins très

forte à ce qu'il parait.

Un an plus tard environ, le pied droit commença à se défor-

mer et à se tordre en dedans pendant la marche qui devint sur-

tout gênée alors par l'incoordination des mouvements ; mais

la région déformée n'était affectée que de douleurs insigni-

fiantes.

Quelques mois après le genou gauche commença à se dislo-

quer, l'articulation n'a point été douloureuse, mais parait

avoir été le siège d'un gonflement assez considérable.

Au mois de novembre 1881, le genou droit est devenu à son

tour le siège d'un gonflement considérable sans grande dou-

leur, sans rougeur et s'est déformé.

En même temps que les deux genoux se déformaient la peau

et le tissu cellulaire sous-cutané des deux membres inférieurs

devenait le siège d'un épaississement éléphantiasique, s'éten-

dant depuis le cou-de-pied jusqu'à la racine du membre.

Depuis un an les douleurs paraissent avoir beaucoup dimi-

nué, mais il est survenu des troubles urinaires ; au moindre

effort l'urine s'échappe. Elle est sujette à la constipation.

Etat actuel (juillet 1882). La vue est assez bonne, pas de

diplopie. Les paupières sont un peu tombantes. Myosis. Signe

d'Argyll Robertson. De temps en temps nous avons été témoin

d'accès de toux avec reprise coqueluchoïdo qui n'avaient pas

frappé l'attention de la malade, mais qui semble exister depuis

plusieurs années déjà; ces accès de toux la réveillent souvent

la nuit. Sensation de constriction thoracique en cuirasse, s'exa-

31 Id

CLINIQUE NERVEUSE.

gérant par moments. Rarement elle se plaint de douleurs ra-

chidienncs vers la parlie supérieure de la région lombaire.

Plaquesd'ancsthésie varibles.coll1ll1c.sièg'e et comme inten-

sue sur le ventre et tes membres

inférieurs. Anesthésie , plantaire

très marquée. Perle du sens mus-

culaire dans les membres infé-

rieurs ; la malade a perdu la notion

de leur position : quand elle ne les

voit pas, elle ne reconnaît point les

mouvements communiqués. Ces

troubles n'existent pas aux mem-

bres supérieurs. Cependant il existe

un certain engourdissement des

mains sans localisation spéciale.

L'incontinence d'urine est très va-

riable suivant les jours; elle aug-

mente quand la malade est sou-

mise à une émotion. Ordinaire-

ment il y a constipation ; mais on

observe de temps en temps des

dianhéos qui se manifestent sans

motif, et cessent de même. Les

sensations génitales et les désirs

sont complètement abolis depuis

le dernier accouchement. Aboli-

tion des réflexes patellaires.

Il existe dans le genou gauche

des mouvements de latéralité et de

flexion antérieure, qui empêchent

complètement la station, sans le

secours d'un appareil contentif; le

genou droit est aussi le siège des

mouvements de latéralité, mais la malade peut encore se sou-

tenir un peu sur ce membre. Elle ne peut faire quelques pas

que soutenue par deux personnes et elle lance ses jambes de

côté d'une manière tout à fait caractéristique. Même' quand

elle est ainsi soutenue, si on lui fait fermer les yeux, il lui de-

vient à peu près impossible de faire un pas.

Du côté droit, la partie inférieure du fémur paraît augmen-

tée de volume et les condyles font saillie en arrière de l'articu-

1"ig. y. Arthropathie du genou ;

pied ataxique.

AFFECTIONS DU PIED CHEZ LES r,rci : Trnor.s. : 31;> -)

lation. Du côté gauche, le condyle externe semble porte : ').).).

fois en arrière et en dehors; mais le fémur ne parait pas aug-

menté de volume.

Le pied droit offre une déformation très considérable. Le

métatarse et les phalanges sont déviés en dehors dans leur en-

semble, et forment sur le bord interne du pied un angle obtus

avec le tarse. Au niveau de l'articulation tarso-métatarsienne le

bord interne du pied offre unépaississementtrësmanifesto, et il y

a là (/ ? </. 5) une saillie arrondie qui s'étend en dehors sur le

dos du pied. Le creux plantaire est à peu près effacé ; il semble

que tous les os du tarse participent à la tuméfaction.

Les ongles des deux pieds sont dystrophiés, particulièrement

à droite. Aux mains, iis ne présentent point d'altération appa-

rente, mais ils sont moins épais et poussent moins vite qu'au-

trefois.

L'épaississement éléphantiasique des deux membres supé-

rieurs n'a subi aucune modification; on peut se rendre compte

de cette déformation du membre par l'examen de la figure 6.

II peut donc exister chez les ataxiques, une affec-

tion spéciale du pied, s'accompagnant d'une déforma-

tion au niveau de l'articulation tarso-métatarsienne,

caractérisée par une saillie angulaire prédominant

le plus souvent sur le bord interne (Obs. I, II, IV),

quelquefois sur la face dorsale du pied (Obs. III).

Cette affection n'est sans doute point très rare, puis-

que nous l'avons rencontrée trois fois en deux ans.

La lésion semblerait au premier abord n'affecter

que l'articulation tarso-métatarsienne; et, bien que

l'augmentation de volume des parties dures de la ré-

gion tarsienne permît de soupçonner des altérations

plus complexes, l'examen clinique des faits ne suf-

fisait pas, à lui seul, à étayer une opinion défini-

tive.

L'anatomie pathologique ne nous a pas fait attendre

longtemps la solution de la question. Un cas analogue

: 1 ¡¡ CLINIQUE NERVEUSE.

à ceux que nous venons de relater s'étant présenté à

motet-Dieu, l'autopsie a pu être faite, et M. le DT Capi-

tan a hienvoulu nous remettre les pièces qu'il a recueil-

lies.

Observation V. Examen du squelette du pied dans un cas

d'affection complexe des os et des articulations chez un

ataxique. (1%ig. G.)

Calcanéum (14). - La facette postérieure de la surface articu-

laire supérieure est encore facilement rcconnnissable; on re-

marque seulement à son pourtour un certain nombre de peti tes

productions ostéophytiquos. La facette antérieure est an con-

traire complètement usée et comme évasée. La surface articu-

laire antérieure n'est plus rcconnaissable. La petite apophyse

est augmentée de volume et déformée, mamelonnée.

Astragale (13). - Il n'y a que la surface tibialc et les sur-

faces malléolaires qui soient reconnaissahles. La face supé-

rieure est complètement usée, la tête a disparu ou du moins a

été séparée (12) au niveau du col et est il peine reconnaissais

parmi les fragments informes qui ont été trouvés à la place

du tarse.

Cuboïde (9).- Il est représenté par une masse irrégulière et

ne peut être reconnu que par la gouttière de la face inférieure.

Le scaphoïde est représenté par deux fragments irréguliers

(10 et 11) à surface poreuse.

Premier métatarsien (1). ). - Considérablement épaissi à sa

partie postérieure qui est complètement soudée au premier

cunéiforme (G). Le deuxième métatarsien (2) est également

soudée au deuxième cunéiforme (7). Toutes les surfaces articu-

laires postérieures des trois autres métatarsiens sont plus ou

moins altérées, détruites par usure sur certains points. Vingt-

cinq fragments osseux de volume divers et de formes irré-

gulières se sont détachés des os principaux : un de ces frag-

ments, plus volumineux (8), rappelle par son aspect général le

premier cunéiforme, sans que toutefois on puisse être plus

affirmatif sur son identité '.

1 La pièce a été présentée si I,i Société anatomiqne le 13 juillet 1883.

AFFECTIONS DU PIED CHEZ LES '1'.\lJ¡ ? 1'j(JU¡ ? 317

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318 CLINIQUE j'OEI{YEUS[ ! .

Nous n'insisterons pas longuement sur ces lésions

dont les caractères très spéciaux frappent nécessaire-

ment à première vue. Les surfaces articulaires infé-

rieures de l'astragale, les surfaces articulaires du cal-

canéum sont érodées, usées, avec quelques petites vé-

gétations sur leurs bords; l'astragale est fracturé trans-

versalement au niveau de sou col; le scaphoïde, le

cuboïde, sont usés, déformés, à peine reconnaissables.

Il s'en est détaché de nombreux petits fragments parmi

lesquels on ne saurait qu'avec peine reconnaître le troi-

sième cunéiforme. Le premier cunéiforme est augmenté

de volume, épaissi dans le sens de la hauteur, il en est

de même de la partie postérieure du premier métatar-

sien auquel il est soudé. Le deuxième cunéiforme,

déformé en arrière, est aussi soudé au deuxième méta-

tarsien. Tous les os du tarse et du métatarse offrent un

aspect spongieux, une friabilité, une légèreté inusités.

Ces lésions complexes, en dehors de tout trauma-

tisme, de toute affection suppurative du pied, ne peu-

vent être rapprochées que des lésions osseuses et arti-

culaires du tabes. Le malade étant nettement ataxique,

aiusi que l'a d'ailleurs démontré l'examen de la moelle

épinière, l'origine de l'affection du pied ne paraît pas

pouvoir rester douteuse.

Il peut, comme on le voit, se présenter, dans le

cours de l'ataxie locomotrice une affection complexe

du pied dans laquelle les os et les articulations sont

le siège de lésions analogues à celles qu'offrent dans

les mêmes circonstances, les os longs et les grandes

articulations. Cette affection que nous proposons de

désigner pour plus de commodité parla dénomination

DU L.\\G.1GL CIILZ L I : nl.lvfS. 3t3 J

de pied tabétique mérite de fixer l'attention, car, prin-

cipalement dans les cas où elle se montre isolée, elle

peut faire errer le diagnostic.

PHYSIOLOGIE

DU DÉVELOPPEMENT DU f..1\1;.1(;li CHEZ LES ENFANTS;

1\11' }L S[KOl\SKY (¡)u '3,lÏlIt.PéLUl'oIJUUl'g).

Le mode de développement du langage chez les

enfants est encore très peu connu. Ce que l'on sait de

cette intéressante question n'en touche guère que le

côté phonétique, c'est-à-dire le développement des

sons. Parmi ceux qui se sont occupés de cette question,

nous citerons Sigismund t, Darwin2, Vieronlt 3, Preyer4,

Kussmaul5, `l'aine°, Lobisch 7, Schultze 8, Preyel' 9,

Silllonovich 10. Nous trouvons que ces auteurs s'en sont

1 Sigistnuud Bertltultl. 6eurl ttncl Welt. 131\1lIIIsell\\elg", 1856.

Darwin. - 7'o</)'j/tL/teS ? eei ? : ei,' liicules, dans Cosmos, t. le" : Sï7, lt. 7 i allumatul).

1 Vierurdt. Anatomie und /t'/6'io/uy/e des lviutlerollcrs. TulJillgCII,

1881.

J l'rcyer. - Die E'eele ,;es Killdes. Leipzig", 1 l

liusm,tul. - Uie 5lmacleslt7rcntpett. (Gcnzserz's IlmzclGttclz,.

n Tuiuu. - llectte plulusopktqtte, t. I«', I S7G.

1 Lulislt. - Ë;tci( ? i(H ? e4'c/tiC/t(<cr Sec/et ? ¡. : indes, Wien, 1SJ1. l.

d ScUultze. - Die SNraclte cles laiczcles. Letltri" 1SS0.

" Preyer. Psychoyenesis, clans Deutsche Ittuzclschtur. 1Un t8S0.

'» il»'o 6"unonovicli. Observations sur l'acquisition du langage. (En

lusse ) ISS1.

3U PHYSIOLOGIE.

tenus, dans le cours de leurs investigations, au pro-

gramme suivant : 1° époque' de l'apparition de sons dis-

tincts ; 2° caractère des premiers sons émis par l'en-

fant ; 3° dans quelle succession s'accomplit ledévelop-

pement de la gamme des sons. Voici quelles sont les

principales données obtenues à l'aide de ce programme.

De très bonne heure, c'est-à-dire dans la première

moitié de la première année, ou même les premiers

trois mois, on peut saisir dans sa voix, à titre de

nuance plus ou moins nette, soit une voyelle soit une

autre, servant à exprimer une sorte de sensation ; c'est

ainsi que les nuances a et é, dans la voix, signifient,

l'une plaisir, l'autre malaise. En outre, on peut encore

distinguer dans la voix de l'enfant les nuances plus ou

moins précises, des sons e et i. Des consonnes, c'est

l'm qui apparaît le premier, puis vient le b et bientôt

après arrivent graduellement les autres consonnes la-

biales, linguales et, en dernier lieu, gutturales. Entre

les troisième et quatrième mois on remarque, pour la

première fois, une combinaison caractéristique de sons,

sous forme de syllabe, telle que mam, amm, nia, ml,

etc. Ces syllabes sont, à ce moment là, encore absolu-

ment dénuées de tout sens symbolique, de tout rap-

port avec les idées; néanmoins, l'enfant les répète sou-

vent et avec plaisir,bien que évidemment, il se complaise

exclusivement à l'effet d'acoustique. Vers la un de la

première année de la vie de l'enfant, l'intention se fait

évidente dans l'émission des sons et des syllabes, et, à

partir de cet instant, l'étude du langage devient plus

active. Telles sont les principales données contenues

dans les ouvrages des auteurs précités. Passons main-

tenant à nos observations personnelles.

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS. 321 1

Nous nous en sommes tenus en partie, dans notre

ouvrage, au même programme que les différents au-

teurs ; nous avons principalement porté notre attention

sur l'histoire du développement des sons et sur le mé-

canisme de la combinaison des sons, c'est-à-dire sur la

formation des syllabes et des mots du langage. Voici

le procédé que nous avons adopté pour le recueil des

matériaux : 1° Nous avons noté par écrit les paroles de

chaque enfant séparément ; 2" Nous avons continué à

les noter pendant une durée de plusieurs mois; 3° Nous

avons collationné les rédactions successives d'un seul

et même mot fournies par l'enfant à diverses époques.

Nos propres enfants, ceux de nos connaissances et

enfin ceux des Enfants-Trouvés, sont les sujets sur les-

quels nous avons pratiqué nos observations. Nous

avons également tenu compte du vocabulaire de mots

d'enfants fournis par Preyer, Schultze et différents

auteurs. Nos investigations concernent surtout la pé-

riode du langage conscient, c'est-à-dire celui de la

deuxième et de la troisième année de la vie de l'enfant.

Les manifestations de la période antérieure ne sont

rapportées qu'autant qu'elles concourent à élucider les

côtés généraux de la question.

Les particularités du langage des enfants sont, jus-

qu'à un certain point, susceptibles de classification et

nous allons en- faire l'énumération rapide.

En premier lieu, le langage des enfants ne com-

porte point de mots polysyllabiques; mais est formé, la

plupart du temps, de combinaisons monosyllabiques.-

Ordinairement, les enfants adoptent une des syllabes

ou tout au plus deux d'un mot donné pour en faire le

représentant de ce mot lui-même tout entier; c'est

Archives, t. VI. 21

322 2 PHYSIOLOGIE.

ainsi, par exemple, que l'enfant de Taine' prononce

cola au lieu de chocolat.

La structure élémentaire de la syllabe constitue la

deuxième particularité de la langue des enfants. Le

langage de l'enfant ne renferme pas dans une même

syllabe deux ou trois consonnes de suite; il n'admet

qu'une voyelle, soit seule, soit jointe à une consonne,

comme représentant de syllabe entière, de combien de

sons, d'ailleurs, qu'elle soit formée en réalité : lan,

par exemple, au lieu de blanc; asson, au lieu de garçon.

Dans les exemples de Schultze grossmama (grand'-

maman) se prononçait omama, c'est-à-dire que, de

cinq sons réunis dans la première syllabe, une voyelle

seule était conservée. Cette structure élémentaire de

la syllabe est une des particularités les plus caractéris-

tiques de la langue des enfants.

Une particularité ultérieure du gazouillement enfan-

tin est constituée par le manque de précision de chaque

son en particulier. Les voyelles sont souvent plus au

moins mouillées, de sorte que a devient, par exemple,

une sorte de son mixte entre a et ia, et ou occupe le

milieu entre ou et iou. En outre, on retrouve fréquem-

ment dans la langue des enfants des voyelles tron-

quées. Les consonnes également sont remarquables

par l'absence de précision, de netteté. Mais, le plus

caractéristique de tout, c'est l'amollissement qu'affectent t

toutes les consonnes en général, les consonnes lin-

guales surtout. Ce symptome, très important sous le

rapport théorique, constitue une des manifestations

1 Revue philosophique, t. 1er, 1R76, p. 11.

2 Loc. cit., p. 39.

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS. 323

les plus frappantes et les plus saillantes (tiabouié, tiasse,

au lieu de tabouret, tache).

Un trait bien caractéristique du langage des enfants,

consiste dans la substitution des sons les uns aux

autres : tloix, par exemple, aulieu de croix.

Les enfants, dans leur gazouillement, offrent entre

eux de notables modifications. Ces modifications ne

proviennent pas seulement de la différence des sons

accessibles à l'enfant, à un moment donné, comme

l'admettent les auteurs ; mais elles dépendent encore de

beaucoup d'autres conditions. L'expérience démontre

que l'enfant, tout familiarisé qu'il soit avec un cer-

tain son, ne l'emploie cependant pas toujours là où il

le faudrait; par exemple, il prononce nettement bébé et

néanmoins, dit pouale, au lieu de boire; ambou, au lieu

de tambour, et dans le même temps, il dit toi, comme

il le faut. Mais, ce par quoi le langage des enfants

diffère surtout, c'est par le procédé qu'ils adoptent

dans leur pratique linguistique.

Nous avons constaté deux principaux procédés qui

déterminent deux types de langage. Quelques enfants

s'arrêtent à l'étude minutieuse des sons d'un mot, et

en retiennent, fort juste, un sur plusieurs. Ces sons

peu nombreux, mais effectifs, leur servent à représen-

ter tout entier un mot, quelquefois assez long, comme,

par exemple, l'enfant de Taine qui disait cola au lieu

de chocolat. Mais, quoique ces enfants-là prononcent

facilement des sons à part, le procédé de combiner ces

sons en syllabes leur offre encore beaucoup d'embarras.

D'autres enfants, au contraire, saisissent surtout la

structure syllabique du mot, sans se préoccuper d'en

étudier les sons constitutifs. Les mots que prononcent

324 , PHYSIOLOGIE.

ces enfants-là répondent d'ordinaire, fort exactement,

au nombre de syllabes des mots employés par les

grandes personnes, tout en s'en écartant extrêmement

par la qualité des sons; par exemple, l'enfant dit titille

au lieu de petite fille. Quelquefois le mot, tel que l'em-

ploie l'enfant, ne contient plus un seul de ses vrais

sons : Eweban, par exemple au lieu de éléphant, et

pourtant dans l'ensemble, tant par le nombre des syl-

labes que par l'accent et l'inflexion de voix qu'emploie

l'enfant dans la prononciation de certaines parties du

mot, vous sentez quelque chose qui rappelle de bien

près le. mot véritable, son squelette indubitablement.

Ainsi donc, les enfants commencent de très bonne

heure à spécialiser : les uns étudient principalement

les sons, les autres la structure syllabique du mot. Les

enfants qui ont adopté le procédé des sons (procédé

phonétique), s'enrichissent graduellement de nouveaux

sons qu'ils s'appliquent à étudier; aux sons hors de

leur portée, ils en substituent d'autres déjà acquis, et

cette substitution, du moins en ce qui concerne une

certaine période, offre des traits constants qu'il est

facile de découvrir, lorsqu'on est tant soit peu fami-

liarisé avec le langage des enfants. Une petite fille des

Enfants-Trouvés employait le 1 à la place du ch (dans

chat, par exemple), un autre remplaçait le ch par un s.

Lorsque l'enfant adopte dans l'étude du langage le

procédé syllabique, les sons se substituent indifférem-

ment les uns aux autres ; son attention est visiblement

concentrée sur le maintien de la dimension du mot et

des contours généraux de l'association syllabique ; la

question des sons qui remplacent la syllabe est re-

léguée au second plan. C'est chez ces enfants-là que

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS. 325

l'on trouve, le plus souvent, la répétition, ou plus

exactement, la conglomération de syllabes identiques ;

c'est là, sans contredit, la voie la plus élémentaire

pour arriver à compléter par des sons le squelette

déjà déterminé d'un mot. Ma fille disait ninanade au

lieu de limonade.

L'étude de la parole avec le procédé syllabique, est

assez ardue ; toutefois les enfants se mettent hardi-

ment à parler à l'aide de la provision de sons la plus

limitée. Les enfants, qui adoptent le procédé phoné-

tique dans leur langage, sont beaucoup plus embar-

rassés ; souvent ils omettent des syllabes entières, ou

n'en conservent que les voyelles ; aussi leur voyons-

nous beaucoup plus fréquemment des syllabes mono-

gammes (d'un son unique), tandis qu'au contraire,

avec le procédé syllabique, les voyelles ne restent

presque jamais isolées et les syllabes se complètent

toujours par des consonnes, alors même que ces der-

nières ne correspondent en rien aux véritables sons

que demande le mot.

Les deux catégories du langage des enfants ont

entre elles, sous le rapport extérieur, une différence

bien tranchée. La parole des enfants au procédé sylla-

bique semble courante et facile, tandis que la parole

du second type paraît embrouillée, confuse. Or, en

réalité, aucun des deux langages ne l'emporte sur

l'autre. Les mots entiers des uns ne sont en rien au-

dessus des mots tronqués des autres, car ces mots s

complets sont formés par la répétition de sons ana-

logues ou identiques.

On peut dire, en somme, que la phonétique offre

d'égales difficultés aux enfants des deux catégories.

'326 . PHYSIOLOGIE.

L'étude a nécessité de la part des enfants une durée

de temps à peu de chose près la même, de sorte que

la plus grande assurance et la facilité relative, due au

procédé syllabique, ne donnent en définitive aucun

avantage particulier à l'enfant. Ainsi donc, il n'y a

entre les enfants des deux catégories qu'une seule

différence essentielle qui consiste en ce que les uns

'construisent facilement des syllabes avec des sons, tandis

que cela est difficile aux autres ; mais les matériaux dont t

sont construites les syllabes offrent, dans l'un et

l'autre cas, des qualités à peu près équivalentes et un

degré égal de perfection et de fini.

Tel est, en gros, l'exposé des principaux faits carac-

térisant le développement du langage des enfants. Nous

allons tâcher maintenant de les expliquer.

Le langage de l'homme est, comme on sait, le ré-

sultat du jeu simultané de trois mécanismes distincts,

à savoir : a) le mécanisme respiratoire, b) le mécanisme

vocal, c) le mécanisme articulateur. Le fonctionnement

coordonné, simultané, de ces organes ne se manifeste

pas d'emblée dès la naissance de l'enfant, mais il n'ap-

paraît que graduellement. L'appareil vocal est le pre-

mier qui entre enjeu; dès l'instant de la naissance, la

voix se manifeste avec les propriétés d'une fonction

parfaitement développée et devient dès lors une des

manifestations émotionnelles les plus importantes de

l'enfant.

Quant au fonctionnement coordonné des deux

autres mécanismes respiratoire et articulateur, il ne

se développe que beaucoup plus tard. Il offre des rap-

ports extrêmement complexes. Et, de fait, si la syllabe

- n'est qu'une masse de sons émis dans une seule im-

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS. 327

pulsion expiratoire', il est facile de comprendre que

la tâche de l'expiration deviendra d'autant plus diffi-

cile que la syllabe contiendra plus de sons et que ces

sons seront plus différents entre eux d'après le méca-

nisme de leur prononciation. Or les sons, on le sait

déjà, diffèrent les uns des autres, entre autre, par la

force de tension expiratoire indispensable à leur arti-

culation, et même, par exemple, des sons aussi voisins

que p et b ne sont pas semblables sous ce rapport,

(p exige une plus grande tension expiratoire que b1);

de sorte que chaque syllabe possède en propre son

étendue expiratoire et chaque mot son canevas expira-

toire particulier, dans lequel doivent s'insérer les sons

articulés. Nous considérons cette expiration fractionnée

et graduée comme un mécanisme indépendant et nous

l'appelons, par abréviation, expiration articulatoire, à

l'exemple de Claude Bernard qui distingue l'expiration

respiratoire et l'expiration vocale comme étant diffé-

rentes 9. Dans l'expiration articulatoire formant le

squelette d'un certain mot et dans l'articulation des

sons de ce mot nous avons deux séries de manifesta-

tions parallèles, qui sont l'une pour l'autre ce que

serait un bas-relief pour le moule dans lequel il a été

coulé, c'est-à-dire que, rapportés, ils doivent s'em-

boîter strictement. Ce travail merveilleux exige une

coordination extrêmement subtile des mouvements

expiratoires et articulatoires inaccessibles au bébé qui

n'en est encore qu'au début de l'étude du langage.

1 Sievers. G,'wld : 1Ïge der Pltonetik. 2 Auflag. Leipzig, 1881, p. 156.

°- Sievers. Idem, p. 56.

3 Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux. Paris,

z8, t. II, onzième leçon, p. 330-331.

328 PHYSIOLOGIE.

Voilà la cause principale de l'impossibilité de com-

biner les sons que nous rencontrons à chaque pas,

même chez les enfants qui sont déjà bien connus, dans

la prononciation de plusieurs mots enfantins. Aussi

constatons-nous dans la langue des enfants une ten-

dance constance à simplifier une tâche au-dessus de

- leurs forces. L'enfant obtient la simplification, comme

nous l'avons déjà vu, en omettant plusieurs sons de

chaque syllabe, ne conservant que les voyelles, soit

seules, soit jointes à une consonne. Il obtient une sim-

plification ultérieure, en modifiant les mots de façon

- que les sons de deux syllabes voisines diffèrent le

moins possible, par exemple, ninanade au lieu de

limonade. Il est aisé à comprendre qu'avec cela les

impulsions expiratoires de deux syllabes voisines sont

les plus semblables, et que par conséquent la tâche de

l'expiration articulatoire devient plus simple. La simple

- répétition de consonnes analogues nous offre le der-

nier degré de ce mode de simplification. Ce principe

devient parfaitement évident lorsque l'on compare

- entre eux une grande quantité de mots d'enfants.

Si maintenant nous mettons en regard les deux

types de développement du langage (syllabique et

phonétique), nous verrons que leur différence consiste

en ce que, dans un cas c'est la pratique de l'enfant dans

l'expiration articulatoire qui occupe le premier plan,

tandis que dans le second c'est l'exercice de la prononcia-

tion des sons, c'est-el-dire du travail de l'articulation, dans

le sens rigoureux du mot. Ce fait est la meilleure preuve

de l'indépendance de chacun des mécanismes du lan-

gage à part. - Passons à présent à l'analyse du pro-

cédé avec lequel les enfants étudient des sons à part.

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS. 329

En suivant objectivement le caractère des sons de

l'enfant on acquerra la certitude que la plupart des

sons de l'enfant s'élaborent par voie de métamorphose

constante et de transformation des mouvements arti-

culatoires élémentaires les plus simples. Cette propo-

sition importante a déjà été établie par Taine'. Le déve-

loppement successif et la complication des mouvements

articulatoires constituent l'essence de la modification

des sons correspondants. Il est vrai qu'on remarque

.assez souvent comme qui dirait l'apparition spontanée

de sons inaperçus jusque-là, par exemple un enfant

qui ne pouvait pas prononcer le k, qui, hier encore, di-

sait thoi.x au lieu de croix, prononce aujourd'hui cor-

rectement, ce même mot. Mais l'observation résout

facilement cette apparente contradiction. L'enfant,

dont la mémoire en avait contracté l'habitude, pronon-

çait bien, dans un mot donné, le son t net et pur au

lieu de le, mais, par contre, l'observation découvre dans

une quantité d'autres mots des sons transitoires entre

le / et le k, des sons plus voisins soit du t, soit de l'Ia.

Si l'on prolonge la même observation pendant un cer-

tain laps de temps, l'existence de sons transitoires de-

viendra parfaitement évidente. A force, de pratique,

l'enfant apprend enfin à prononcer le son k, et alors il

applique soudainement ce résultat d'efforts soutenus

au mot dans la prononciation duquel il avait longtemps

maintenu, par purisme, l'ancienne rédaction d'une

époque éloignée. C'est non seulement par l'analyse

phonétique, mais encore, et ce qui est bien plus pro-

bant, par l'observation du mécanisme lui-même de la

1 Revue philosophique, t. le ? 187G, p. 5 et 6.

330 PHYSIOLOGIE.

prononciation que nous nous sommes convaincu de

cette marche des processus. Les enfants qui substituent,

comme on l'a pu constater par les exemples rapportés,

le son t au son Ic ontbien réellement employé à l'ori-

gine le t indifféremment dans tous les cas où se ren-

contrait soit le son t, soit le son k ; mais, par la suite,

conservant le t dans les cas où il devait réellement fi-

gurer, ils ont placé, dans les mots commençant par k,

la langue non pas au bord des dents, mais beaucoup plus

loin, de sorte que leur t devenait de t dental, t palatal.

L'évolution des sons dont nous avons cité un exemple,

se remarque dans presque tous les sons de la langue

des enfants. Nous avons fréquemment rencontré

chez des petits bébés des sons tel que t, sous une

forme si peu différenciée que nous avions de la peine

à décider s'il fallait rapporter le son en question à un

t mouillé ou à un s, quelquefois même il rappelait le

tIa sifllant des Anglais. De même, les sons v et font

parfois un timbre nasal, ce qui les rapproche, jusqu'à

un certain point de m. En général, les sons primitifs

de l'enfant ont des qualités diverses : les uns portent

un caractère spécifique de l'alphabet plus ou moins

nettement exprimé; les autres, beaucoup moins réus-

sis, ont un caractère équivoque. Dans le cours de

toute la période de l'apprentissage du langage, on ren-

contre à la fois beaucoup de formes transitoires, dont

l'enfant use sans choix, manifestant ainsi une grande

inconstance, de sorte que la différence même des sons

entre eux est encore confuse pour l'enfant. Plus tard

et peu à peu, à force de pratique, l'enfant finit par

faire élection de quelques sons auxquels il se fixe. Ces

types de sons déterminés sont admis par tous les au-

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS.. 331

teurs, ce sont les consonnes m, b, p, f, t, s, n, g; a

ces sons nous ajouterons encore le le qui, chez les en-

fants russes du moins, se manifeste assez tôt; nous

les appelerons, pour abréger, sons de la période anté-

rieure; toutes les voyelles s'y rattachent. Ce sont là

presque exclusivement les sons qui forment les mots

des enfants dans la première moitié de la seconde

année. Mais, à l'époque où ces sons sont déjà devenus

fixes, les autres sont encore absolument inaccessibles

à l'enfant, tels sont cla, j, r par exemple et, en partie,

ts et l. Pourquoi ces sons demeurent-ils hors déportée ? ` ?

Schultze répond à cela que les sons dont la pronon-

ciation entraîne une plus grande dépense de force

musculaire sont difficiles à l'enfant, et ne peuvent être

prononcés avant une certaine époque. Mais cette ex-

plication est invraisemblable au point de vue de la phy-

siologie des sons, sans parler d'une quantité de faits

dénotant que la principale difficulté du travail arti-

culaire réside dans la complexité de la coordina-

tion des différents mouvements et non dans leur inten-

sité absolue. Il faut rapporter au nombre des sons de

la période antérieure les consonnes labiales m, p, v,

f, les dentales d, t, n, s et la gutturale g (dans goût

par exemple). Aux sons ultérieurs se rapportent les pa-

latales j, ch, z, r, l. Pourquoi le développement s'ac-

complit-il en deux périodes ? On peut répondre à cette

question par les considérations suivantes. Les con-

sonnes linguales (t, n,' et aussi s) résultent de l'appli-

cation de la pointe de la langue contre le bord des

dents et vers la partie antérieure de la cavité buccale

1 N russe qui ne correspond pas tout à fait 3 l'a français, et qui rap-

pelle plus ne dans cabane, par exemple.

332 PHYSIOLOGIE.

en général, et les consonnes y, k, de la position de

la base de langue à la partie postérieure. Les diffé-

rentes positions palatales de la pointe de la langue,

pendant l'articulation des sons ch et j, n'ont pas la

même précision locale; il en résulte que, grâce au

peu de sensibilité du voile au palais, le moment de la

sensation musculaire peut surtout servir à établir les

différentes positions palatales de la langue, tandis que

les positions dentales et glottiques peuvent être déter-

minées d'après les sensations musculaires et tactiles.

Ceci constitue, assurément, une différence psycho-

physique notable. Cette manière d'envisager la chose

permet d'expliquer, à ce qu'il nous semble, le fait

absolument général de l'apparition tardive dans la

langue des enfants des consonnes palatales. L'appa-

rition hâtive de la voyelle i, qui porte, jusqu'à un cer-

tain point un caractère palatal, n'infirme en rien notre

explication, car l'émission des voyelles n'exige pas

une localisation des mouvements bien stricte et

s'effectue dans certaines limites assez étendues. Les

consonnes labiales, à l'exception du v, apparaissent très

tôt. Leur présence hâtive peut s'expliquer par la pré-

vision du point d'articulation et le développement de

. la sensibilité tactile des lèvres provenant de l'exercice

des mouvements de succion. Schultze a déjà signalé

. l'importance pédagogique du mécanisme de succion

pour le langage futur. ,

L'individualité dans la marche du développement

du langage se manifeste assez fortement dans l'élec-

tion de certains sons sur lesquels l'enfant arrête parti-

culièrement son attention et qui constituent, pour ainsi

dire, la première étape dans le processus de l'acqui-

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS. 333

sition du langage conscient. Ainsi, pour ce qui con-

cerne les consonnes linguales, il y a des enfants qui

s'arrêtent particulièrement sur le t, d'autres sur l's

et quelques-uns enfin sur l'n et ils substituent de

préférence ces sons-là aux autres consonnes linguales.

Plus loin, la différence se révèle encore dans la pro-

portion des consonnes sonores et chuchotantes ; les

uns usent plus volontiers des premières, les autres des

secondes, indifféremment quant au besoin réel (pouale

au lieu de boire, zalade au lieu de salade).

Le développement des sons de la période ultérieure

naît des formes de sons fondamentales de la période

antérieure. Les voies physiologiques qu'affecte un tra-

vail pour atteindre un certain but sont fort diverses,

de sorte qu'un seul et même son, qu'une seule et même

forme d'articulation définitivement individualisée peut

être le résultat de métamorphoses non semblables. Par

exemple, le son ? provient chez quelques enfants de

l's, en traversant une longue suite de formes transi-

toires entre s et j; chez d'autres, il dérive du son

voyelle i, en subissant un accroissement successif de

la nuance chantante, c'est-à-dir3 par voie de rétrécis-

sement graduel du canal palato-lingual jusqu'au point

produisant enfin un son sifflant au lieu de la voyelle

i. De même que dans la période antérieure, vient à

son tour le différenciement des consonnes de la pé-

riode ultérieure; elles offcent la même variabilité et la

même inconstance que les sons de la période anté-

rieure, et l'enfant les emploie sans choix, substituant

avec la plus grande inconstance les sons les uns aux

1 N russe dental.

331· PHYSIOLOGIE.

autres. Mais ces différentes substitutions de sons indi-

quent les différentes directions que prend le dévelop-

pement de la phonétique enfantine. Ce n'est que par

la suite que ces tendances se dégageront définitive-

ment.

Nous terminerons ici toute interprétation de faits

isolés, pour tenter d'esquisser, dans ses traits les plus

généraux, le plandu développement du langage, depuis

les premiers et les plus simples mouvements du jeune

être encore privé de la parole, jusqu'au développement

des mouvements d'une complexité merveilleuse, qui

constituent la parole de l'homme.

Déjà, dans les premiers cris de l'enfant, sont contenus

in ovo toutes les variétés des mouvements articulatoires

futurs qui sont répartis en deux grands groupes phy-

siologiques : 1° mouvements dans la région de l'orifice

labio-mandibulaire, dont le premier représentant est la

nuance de la voyelle a dans la voix du bébé ; 2° mou-

vements de la langue, dont la nuance é nous offre le

premier indice. Comme on le sait, pendant la pronon-

ciation du son a la langue demeure passive dans la ca-

vité buccale, mais pendant le son elle participe acti-

vement à l'articulation. De sorte qu'on peut dire que,

dans le premier cri de l'enfant, manifestation pre-

mière de sa sensibilité générale, sont contenus en

germe les mouvements de toutes les parties du méca-

nisme articulatoire de la langue, des lèvres, etc. De

ce germe se développent peu à peu deux catégories

des mouvements d'articulation : l'une labiale, l'autre

1 L'amollissement général de toutes les consonnes des enfants, dont il

a déjà été question plus haut, est le résultat d'une coopération super-

flue de la langue dans les mouvements articulatoires.

DU LANGAGE CHEZ LES ENFANTS. 335

linguale dont l'acquisition est presque simultanée et

qui, au sur et à mesure de leur développement gra-

duel, entrent dans les combinaisons les plus variées

avec les mouvements expiratoires et vocaux, ce qui

est nécessaire pour former les différents sons du lan-

gage. Les premiers pas dans la voie de l'acquisition

de ces mouvements complexes, sont caractérisés par

une grande imperfection. En réalité, dans beaucoup

de sons émis par l'enfant, le mécanisme vocal participe

là où la qualité du son devrait l'exclure, donnant,

comme il le fait, au lieu de sons chuchotants des sous

sonores (au lieu de couteau, - gouteau) ; de même on

discerne continuellement dans la langue des enfants

des mouvements articulatoires plus ou moins précis de

la langue, justement dans les cas où se prononcent des

labiales, pendant lesquelles la langue devrait rester

inactive et à l'inverse, on sent plus ou moins l'action

des lèvres là où ne devrait succéder que des linguales

pures. Il n'y a pas encore différenciement arrêté des

mécanismes et l'impulsion volitionnelle dépasse, jus-

qu'à un certain point, le but, en embrassant, à un de-

gré plus ou moindre, toutes les parties des différents

mécanismes de la parole. Mais c'est peu à peu et pas à

pas que s'établit l'isolement individuel de chacun des mé-

canismes, et alors les impulsions volitionnelles suivent

une route strictement délimitée, d'où s'en suit un dif-

férenciement plus net des mouvements articulatoires

et des sons qu'ils impliquent.

Les mots de l'enfant gardent l'empreinte étonnante

de toute la route qu'il parcourt dans l'étude de la pho-

nétique du langage. L'acquisition par l'enfant du lan-

gage oral s'effectue pas à pas; chaque jour son réper-

33(i CLINIQUE MENTALE.

toire s'enrichit d'expressions nouvelles, constituées

d'après les exigences phonétiques d'une période don-

née, tandis que, parallèlement, subsistent encore des

mots de formation ancienne, ayant acquis droit de

cité d'un emploi journalier; ces mots-là, sous forme de

tradition vivante, passent chaque jour d'une phase de

développement à l'autre. De sorte qu'en regard de

mots d'une construction assez parfaite, on rencontre, à

chaque instant, dans la langue si vive des enfants, une

foule de produits d'une phonétique primitive et impar-

faite. Ce caractère du développement de la parole est

la source de la diversité et de la variabilité du langage

des enfants, du mélange bigarré des formes acquises

établies avec les formes arbitraires, et des exceptions

incompréhensibles au premier abord. Mais, dès qu'on

en considère l'ordre historique, le langage des enfants

devient à l'instant plein de sens et rigoureusement

conséquent.

CLINIQUE MENTALE

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES DE CARACTÈRE

DIFFÉRENT SUIVANT LE COTÉ AFFECTÉ;

Par le D1' MAGNAN, médecin de l'asile Sainte-Anne.

Les hallucinations, qui ont déjà été l'objet de tant

de travaux, conservent le privilège d'attirer l'attention

et de susciter constamment de nouvelles recherches.

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 337

C'est qu'en effet, ce syndrome, qu'on l'envisage au

point de vue de la clinique, de la physiologie patho-

logique, de l'histoire, de la médecine légale, ne cesse

pas de présenter d'intéressants aperçus.

Les hallucinations affectent habituellement les deux

moitiés symétriques du même sens ; c'est-à-dire que

l'halluciné, comme l'homme normal, entend des deux

oreilles, voit des deux yeux, perçoit, en un mot, par

les deux côtés, les images subjectives qu'il exté-

riorise.

Dans quelques circonstances, ainsi que Calmeil',

Moreau 2, Miehéa et bien d'autres l'ont signalé, l'hal-

lucination est unilatérale et frappe l'une des deux

parties similaires de l'appareil sensoriel. C'est par un

oeil, par une oreille, par un côté du corps que le pa-

tient se trouve influencé.

Enfin, dans quelques cas plus rares, l'hallucination

est bien bilatérale, mais elle se montre avec des ca-

ractères qui varient suivant le côté; l'oreille droite,

par exemple, entend des choses agréables, tandis que

l'oreille gauche ne perçoit que des injures. C'est là un

phénomène curieux qui n'a pas encore été étudié, qui

mérite de nous arrêter et que l'on rapprochera, avec

fruit, des expériences de physiologie pathologique

auxquelles se prête l'hystérie.

L'examen des quelques faits que nous allons rap-

porter donnera une idée nette de cette dualité sympto-

matique et apportera une preuve de plus à la théorie

, Calme il. - Dictionnaire en trente volumes : Hallucinations, t. XIV,

5 17.

°- Moreau (de Tours). La psychologie morbide dans ses rapports avec

la philosophie de l'histoire, 1859, p. 331.

J .Michéa. Du délire des sensations, p. 106.

Archives, t. VI. 2*2

338 . CLINIQUE mentale.

du dédoublement et de l'indépendance fonctionnelle

des hémisphères cérébraux. Nous verrons aussi que

l'hallucination, en tant que manifestation des délires

chroniques, suit une marche parallèle aux conceptions

délirantes, et comme celles-ci, après avoir présenté à

l'origine un caractère pénible, elle affecte plus tard un

caractère ambitieux, qui se met en harmonie avec les

idées expansives du délire.

L'observation suivante est des plus caractéristiques

à ce double point de vue; elle nous fournira aussi un

exemple remarquable de la coexistence d'un délire

épileptique et d'un délire vésanique chez le même

sujet 1.

Il s'agit d'un forgeron, âgé de trente-quatre

ans, qui puise dans l'hérédité sa double prédisposi-

tion morbide. La grand'mère maternelle et la mère

sont épileptiques de même qu'un de ses frères. Le

père alcoolique, violent et brutal, est mort infirme à

Bicêtre ; un cousin germain maternel est atteint de dé-

lire chronique; d'abord persécuté, il en est arrivé au-

jourd'hui à la période ambitieuse.

Dès l'âge de quatorze ans, la grande névrose s'af-

firme chez le malade G ? de la manière la plus mani-

feste : il pêchait sur le bord de la Seine, lorsque, sous

le coup d'un vertige, il tombe à l'eau; on le retire

promptement, on l'étend sur la berge et, au bout de

quelques instants, revenant à lui, il témoigne sa sur-

prise de voir ses vêtements mouillés.

Plus tard l'attaque s'accompagne de violentes con-

vulsions et G... se' voit réformé du service militaire

1 Magnan. - Leçons sur l'epilepsie, 1882, p. 31 et 74.

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 339

pour cause d'épilepsie. Un phénomène singulier pré-

cède l'attaque, c'est une saveur âcre, un goût de sang;

cette aura se montrait également chez la - grand'mère

et chez le frère, désignant ainsi la partie faible, la

région cérébrale sur laquelle frappe d'abord la dé-

charge épileptique. Après l'attaque, G... reste habi-

tuellement hébété, il se brosse, frotte les mains, se-

coue les habits, répète machinalement les mêmes

gestes; mais, parfois, il entre en scène d'une façon

plus active. Un jour, par exemple, il déplie le volet

d'une boutique, l'agite et le casse, sans garder le

moindre souvenir de cet acte. Une autre fois, il saisit

à la gorge une femme qu'il ne connait pas, la serre

avec force, et l'eût étranglée, sans l'arrivée du mari

qui le repousse, et lui assène deux coups de balai sur

la tête. Conduit au poste, il reste silencieux, hébété,

puis étonné, il regarde autour de lui et s'informe des

motifs de son arrestation, tout ce qui s'est passé étant

non avenu pour lui.

Il est bon de noter que, sous l'influence des bro-

mures, les attaques sont actuellement plus rares. L'é-

pilepsie ne saurait être mieux caractérisée : hérédité

directe, aura, vertiges, attaques, délire inconscient,

action favorable de la médication biomurée.

Le délire chronique est tout aussi bien dessiné chez

.ce malade, Dès l'enfance,^ G... est triste, vit à l'écart,

ne rit jamais, « J'étais, dit-il, le souffre-douleur de la

maison. » A l'âge viril, ses tendances mélancoliques

s'accusent davantage ; l'épilepsie mettant obstacle

à son mariage, il devient irritable, impressionnable, se

croit en butte à des injustices et traduit sa résignation

inquiète par les mots : « Je n'ai jamais eu de chance» .

31O ' CLINIQUE MENTALE.

A vingt-six ans, le délire s'accuse; les camarades l'in-

jurient, le menacent et il commence à entendre par

l'oreille droite des propos grossiers : « Tête de cochon,

hure de cochon, bon à tuer, fainéant... » ; c'est de ce

côté aussi que le diable lui parle plus tard et que se

trouve le mauvais génie. Au milieu des idées tristes,

se font jour peu à peu des préoccupations d'un autre

ordre. Il doit faire, dit-il, un héritage de plus d'un mil-

lion qui s'accumule depuis sept générations. La nuit,

il contemple le firmament, il interroge les astres, les

étoiles, la lune. Pour se rapprocher de la voûte céleste,

il se loge sous les toits, dans les maisons les plus éle-

vées, il fait des découvertes, il cherche le point du

centre du soleil et voit à travers, à l'aide d'un instru-

ment de sa composition. De plus en plus orgueilleux,

plein de son propre mérite, il en arrive à se demander

s'il n'est pas le fils de Dieu. Il émet divers apophtheg-

mes sous forme sentencieuse : le plus petit est le plus

grand; le plus bas le plus haut; la pauvreté est la ri-

chesse, etc., etc. A ce moment les injures perçues par

l'oreille droite diminuent, et il commence à entendre

des encouragements, des éloges ; mais c'est par l'oreille

gauche : « Ne te fais pas de mauvais sang, tu sèras

heureux.» On lui dit souvent des choses qui le font

rire. Dieu lui-même lui conseille de persister dans le

bien... C'est à gauche que se tient le bon génie. Par-

fois, il entend un bruit de sonnerie ; quand la sonnerie se

produit à droite, il lui arrive quelque chose de fâ-

cheux, quand elle est à gauche, c'est l'indice d'une

bonne nouvelle.

Le bon et le mauvais génies forment ainsi une sorte

de Manichéisme qui le gouverne. Depuis deux ans, les

DES HALLUCINATIONS BILATERALES. , 341

hallucinations gaies, ambitieuses prédominent, et c'est

toujours par l'oreille gauche qu'il entend, l'oreille

droite ne lui transmettant que des choses désagréables,

d'ailleurs de plus en plus rares.

De même que pour l'épilepsie, rien ne manque au

délire chronique : influence héréditaire, périodes d'in-

quiétude, de persécution, phase ambitieuse, tendance

à la systématisation.

Si l'épilepsie s'est améliorée sous l'influence du

traitement, le délire chronique paraît devoir suivre sa

marche progressive pour aboutir après sa phase ambi-

tieuse à la période de dissolution des idées, à la dé-

mence. -

Au point de vue spécial où nous nous plaçons, le

cas est des plus démonstratifs. Les hallucinations pé-

nibles se cantonnent, dès le début, à droite; très fré-

quentes d'abord, elles marchent d'un pas égal avec le

délire. Celui-ci se transforme peu à peu, change de

couleur, il s'éclaircit et, simultanément, les halluci-

nations agréables se produisent, mais c'est à gauche

qu'elles se fixent; elles deviennent de plus en plus

fréquentes, tandis que les hallucinations pénibles rési-

dant à droite s'atténuent insensiblement.

D'autre part, un même trouble fonctionnel, une son-

nerie, se produit dans l'une et l'autre oreille; le malade

lui donne une interprétation différente, suivant qu'elle

siège à droite ou à gauche. Comme les hallucinations,

elle est de bon augure à gauche, de mauvais présage

à droite. C'est bien là un phénomène singulier, l'hé-

misphère gauche répondant au côté droit, voué à la

tristesse et marquant la première période de la mala-

die ; l'hémisphère droit répondant au côté gauche dis-

312' ' CLINIQUE MENTALE.

posé à la joie et faisant presque entièrement les frais de'

la seconde période. Je rappellerai, à propos de l'inter-

prétation différente donnée à la sonnerie suivant le

côté affecté, une observation d'hallucination bilatérale

du toucher, rapportée par le fameux publiciste Jean

Bodin, d'Angers, dans son ouvrage sur la dérnonorna-

nie ' .

Il s'agit d'un personnage qui. après avoir pendant

un an prié Dieu de lui envoyer un bon ange pour le

guider dans toutes ses actions, avait fini par entendre

la voix de Dieu qui lui disait : « Je sauverai ton âme. »

Depuis cette époque, un esprit familier raccompagnait,

« lui donnant un signe sensible, comme le touchant à

l'oreille dextre, s'il faisait quelque chose qui ne fut

bonne, et à l'oreillelenestre, s'il faisait bien; et s'il ve-

nait quelqu'un pour le tromper ou le surprendre, il

sentait soudain le signal à l'oreille dextre; si c'était

quelque homme de bien et qui vint pour son bien, il

sentait aussi le signal à J'oreille sénestre». C'est ici

une hallucination du toucher, de même nature à droite

et à gauche; ce qui varie c'est l'interprétation du ma-

lade donnée au signal favorable à gauche, défavorable

à droite.

Dans les trois observations suivantes les hallucina-

tions ont un caractère pénible à gauche, et agréable à

droite.

Un homme de quarante-huit ans, ancien soldat du

génie, adonné depuis longtemps aux boissons alcoo-

liques, a présenté, à la suite d'abus plus fréquents,

plusieurs accès de délire toxique, s'accompagnant

' l3odin. Angevin. La démonomanic des sorciers, CIO, 10, XCVIII,

p. 72 (livre ¡.r, chap. Il, de ¡'Association des esprits avec les hommes.)

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 3t3

'd'hallucinations pénibles, multiples, mobiles : on l'in-

juriait, il sentait de mauvaises odeurs, il voyait des

chats, des rats, des oiseaux, un singe qui lui sautait

sur la poitrine et l'étouffait, il éprouvait des déman-

geaisons et des picotements sur tout le corps.

Au bout de quelques jours, le délire perd de son

activité, le malade se calme, mais il conserve long-

temps des idées de persécution.

Il a déjà été traité une fois à l'asile de Dijon et deux

fois à Sainte-Anne. A sa dernière entrée, le 2 novembre

1882, il raconte qu'il entend des voix, deux indivi-

dus dont l'un l'injurie et l'autre le console. L'insul-

teur lui parle à gauche, le traite d'imbécile, d'animal,

critique son travail ; le protecteur intervient par l'o-

reille droite, l'encourage et le console. Parfois, ils ne

sont pas seuls et d'autres voixs'ajoutent aux premières.

Ils parlent tantôt simultanément, tantôt les uns après

les autres, mais chaque groupe conserve son. côté,

sans se départir de son langage particulier.

Un autre malade, âgé de trente-quatre ans, serru-

rier, dont le père était alcoolique, avait trois soeurs

atteintes d'hystérie, et un frère traité à Bicêtre pour

de l'alcoolisme. Lui-même, après de nombreux abus

de boissons a été pris deux fois de délire alcoolique et

conservait, après les accès, des préoccupations hypo-

condriaques et des craintes d'empoisonnement.

A sa seconde entrée à Sainte-Anne, le 16 février 1881,

pendant plus de dix jours, il entendait par l'oreille

droite des propos convenables, des paroles édifiantes

sur Dieu, la sainte Vierge ; par l'oreille gauche, au

contraire, arrivaient des discours orduriers et l'on par-

lait des obscénités du diable.

344 CLINIQUE MENTALE.

Ce malade adonné à l'absinthe a présenté, en outre,

comme certains vertigineux épileptiques, une phase

délirante inconsciente.

Le dernier malade est encore un héréditaire abusant

des boissons alcooliques, âgé de trente-cinq ans ; il

est né d'un père ivrogne qui a voulu se suicider, et

d'une mère hystérique qui, à la suite d'une contrariété,

eut un jour une attaque convulsive suivie de délire

avec paroles extravagantes et grossières. Il a toujours

eu une tendance à la tristesse, et son chagrin est aug-

menté par la crainte d'être un enfant naturel ; il ne

sait comment cela finira, dit-il, car son esprit est de-

puis plusieurs années hanté par des idées de sui-

cide.

Il a commencé de bonne heure à abuser des bois-

sons spiritueuses, et parfois, quand surviennent des

idées mélancoliques, il est poussé impulsivement à

boire. C'est aussi après avoir bu, dans ces conditions

maladives, qu'il est porté au suicide. Il fait, en peu

d'années, de nombreuses tentatives : il se jette dans

la Saône d'où il est repêché ; il se pend, on coupe la

corde; il tente de s'asphyxier, mais s'étant levé du lit,

il tombe et le bruit de sa chute attire les voisins; il

fait sans succès plusieurs tentatives d'empoisonnement.

Dans les cinq dernières années, il a eu plusieurs accès

de délire alcoolique, accès très courts d'une durée de

deux à trois jours, débutant la nuit et s'accompagnant

d'hallucinations caractéristiques : il voyait des rats,

des journaux étalés, des affiches qui défilaient sur le

mur, des figures grimaçantes qui grossissaient et di-

minuaient, des personnages costumés, sautant, dan-

sant, riant, se moquant de lui. Pendant ces accès pas-

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 3t5 5

sagers d'alcoolisme, les hallucinations se produisaient

avec les mêmes caractères des deux côtés.

En dehors de cette efflorescence délirante, et dans

l'intervalle des crises, il conserve des idées de persé-

cution, il se croit poursuivi dans la rue, il craint d'être

assassiné. Parfois il entend, dit-il, une conversation

dans une oreille et une conversation différente dans

l'autre ; par l'oreille gauche, arrivent des injures, des

menaces : « Tu n'es qu'un voleur, un propre à rien,

« viens donc, misérable, que je te frappe... »

Par l'oreille droite, au contraire, ce sont des choses

agréables : on fait son éloge, on l'encourage, il entend

des paroles affectueuses : « Mon chéri, nous serons

« heureux... »

L'oreille gauche qui reçoit les injures et dans la-

quelle les voix sont plus fortes est plus souvent mise

en jeu que la droite.

Ces trois derniers malades, adonnés aux boissons

spiritueuses, ont présenté à diverses reprises des

bouffées de délire alcoolique avec des hallucinations

très actives, occupant tous les sens apparaissant aussi

bien à droite qu'à gauche. Ce délire très bruyant se

superpose à l'état mental préexistant qu'il masque.

pour un temps. Puis avec la disparition de ces acci-

dents passagers, nous voyons persister le délire pri-

mordial auquel cette secousse donne plus d'inten-

sité'.

Le mélancolique impulsif multiplie ses tentatives de

suicide et tend à systématiser ses idées de persécution,

le délirant chronique est plus vivement persécuté, et,

1 Magnan. De l'Alcoolisme, des diverses formes du délire alcoolique

et de leur traitement. Paris, 1874, p. 68 et 255.

3 if, CLINIQUE MENTALE.

chez tous les trois, nous voyons commencer à paraître

quelques idées ambitieuses.

Pourquoi, dans l'alcoolisme, cette généralisation du

délire ? C'est que la cause, le poison, distribué dans

tout l'encéphale, agit sur tous les centres sensoriels et

provoque, dès que la dose est suffisante, des halluci-

nations de tous les sens; mais, au début ou à la fin de

l'accès de délire alcoolique, à mesure que les phéno-

mènes s'atténuent, il peut y avoir des localisations

spéciales qui ont pour siège l'organe faible plus vive-

ment impressionné par l'agent toxique; de là des hal-

lucinations limitées à un sens et parfois même .à un

seul côté.

Chez les quatre malades, l'oreille ne présentait au-

cune altération, l'acuité de l'oeil était la même à droite

et à gauche, ils entendaient le tic tac de la montre à

des distances à peu près égales des deux côtés, il n'y

avait rien localement.

Pourquoi sur quatre cas, trois fois les idées ambi-

tieuses, celles qui marquent une étape plus avancée

de la maladie étaient-elles prédominantes à droite ?

Est-ce que l'hémisphère gauche, en vertu de sa préé-

minence serait frappé le premier dans l'évolution du

délire ? En soulevant cette question, nous ne cherche-

rons pas à la résoudre, puisque nous sommes là en

présence de faits exceptionnels, et qu'en général, au

contraire, les hallucinations dans le délire se montrent

également des deux côtés avec leur caractère pénible

d'abord et ambitieux plus tard.

Chez ces quatre malades le délire, remontant à une

date déjà ancienne, commençait à révêtir les carac-

tères de la chronicité, il affectait, en effet, avec une

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 3'1.7

systématisation plus grande, une forme expansive.

Les hallucinations suivent en général, sous ce rapport,

la marche du délire, et c'est ainsi que nous avons vu

surtout chez le premier malade G ? les hallucinations

pénibles s'installer les premières dans l'oreille droite,

tandis que les hallucinations agréables siégeant à

gauche ont été plus tardives.

Les premières d'abord très nombreuses ont diminué

progressivement d'intensité, suivant en cela une

marche inverse aux secondes qui d'abord, très rares,

sont devenues prédominantes et se montrent parfois

seules mais, toujours à gauche.

Les troubles sensoriels unilatéraux ou bilatéraux de

caractère différent, qui sont relativement rares dans le

délire chronique, se montrent plus fréquemment dans

l'hystérie et peuvent, en tout cas, être facilement pro-

voqués. (Voir Charcot, Progrès médical, 1878, p. 37).

Parmi les nombreuses expériences faites sur des

hystériques hypnotisées dans le service de M. Charcot

à la Salpêrière, expériences rapportées avec beaucoup

de détails dans le bel ouvrage de M. Paul Richer ', on

agit successivement sur l'un et l'autre hémisphère qui

simultanément répondent de façon différente aux in-

citations différentes, si bien que le sujet peut se trou-

ver cataleptique d'un côté, léthargique de l'autre, ou

bien somnambulique. Si, pendant que le patient sous

le coup d'une hallucination provoquée se livre à une

mimique active, on ferme l'un des yeux, le côté cor-

respondant se trouve immobilisé ; le discours continue,

l'hallucination se poursuit, si c'est la paupière gauche

P. Richer. - Etudes cliniques sur ? t)/f)'o-p ! 7e;M ! e, 1882.

: 1 Í8 CLINIQUE MENT\LE.

qui a été abaissée, mais la parole est supprimée immé-

diatement, l'aphasie intervient si l'occlusion porte sur

l'oeil droit. -

Une hystérique entrée plusieurs fois à Sainte-Anne

m'a présenté un exemple très net de transfert d'une

hémiplégie droite à gauche et de la cessation immé-

diate de l'aphasie, sous l'influence d'une vive émotion.

Cette malade âgée de quarante-six ans, était entrée

une première fois le 4 août 1879, avec une aphasie

accompagnée d'hémiplégie droite qui, restée station-

naire environ un mois, disparut très rapidement. A

une seconde entrée, le 5 décembre 1880, la malade

arrive non plus aphasique, mais avec une perte ab-

solue de la mémoire ; elle ne pouvait indiquer ni son

nom, ni son adresse, ni sa profession, ni son état

civil : «Je ne me rappelle pas, disait-elle, si je suis ma-

riée, si j'ai des parents; mais si j'avais un mari ou des

parents, ils viendraient me chercher. »

Elle était hémianesthésique et hémiparétique du

côté droit. Au bout de trois mois d'amnésie persis-

tante, la mémoire revint en quelques jours. Le 30 juil-

let 1882, elle est encore amenée, avec de l'aphasie et

de l'hémiplégie droite. Elle sort au bout de trois mois

améliorée mais non guérie, elle était encore aphasique

et faible du côté droit. Le soir même de sa sortie, elle

a une violente discussion avec ses parents et le leude-

main au lever, elle se trouve paralysée du mouvement

et du sentiment du côté gauche; mais la parole est

redevenue entièrement libre et il n'y a plus traces d'a-

phasie.

Tous ces faits se prêtent un mutuel appui pour

prouver l'indépendance des hémisphères cérébraux,

DES HALLUCINATIONS 131LA'l'ÉItALES. ,84

mais la démonstration est surtout éclatante lorsqu'on

provoque des hallucinations différentes de chaque côté

comme M. Dumontpallier l'a fait sur une de ses ma-

lades de la Pitié, dans une de mes leçons à l'asile

Sainte-Anne. Après avoir placé la malade dans l'état

de somnambulisme, il lui dit à l'oreille droite qu'il fait

beau et que le soleil brille pendant qu'une autre per-

personne lui dit à l'oreille gauche qu'il pleut. Du côté

droit le sujet sourit, tandis qu'à gauche, l'abaissement

de la commissure labiale traduit le désagrément que

cause le mauvais temps. Puis continuant l'expérience,

et faisant intervenir la vue et l'ouïe on décrit à l'o-

reille droite le tableau d'une fête champêtre à laquelle

prennent part des jeunes filles et des jeunes gens. Ce

tableau qui est perçu par l'hémisphère cérébral gauche,

se traduit par le sourire sur la moitié droite du visage,

tandis qu'à gauche, le visage exprime l'émotion qu'à

causée l'imitation de l'aboiement d'un chien à l'oreille

gauche. Cette double expression du visage si opposée

est des plus saisissante. « Il me semble, ajoute

M. Dumontpallier, que, quand on peut à volonté

mettre en évidence, par certains procédés, l'activité

psychique, sensitive et motrice des centres nerveux et

cela isolément d'un seul côté, ou simultanément des

deux côtés du corps, on a démontré de la façon la

plus absolue et la plus indiscutable l'indépendance

fonctionnelle de chaque hémisphère cérébral. » (Union

médicale, 15 et 19 mai 1883).

Dans les hallucinations bilatérales de caractère dif-

férent, chaque groupe est sous la dépendance évidente

de l'un des hémisphères; mais dans quelle région de

l'hémisphère doit-on les localiser ? ` ?

350 CLINIQUE MENTALE.

Lorsque M. Baillarger1 publia son remarquable mé-

moire, il combattit avec succès la théorie exclusive-

ment périphérique qui place dans l'organe lui-même

le siège de l'hallucination; il repoussa également la

théorie psychique ou centrale qui fait de ce syndrome

un phénomène purement intellectuel, et il mit en avant

la théorie mixte ou psycho-sensorielle qui paraissait

répondre à toutes les exigences.

Cette théorie acceptée par la plupart des auteurs,

qui semblait ne plus devoir donner prise à la discus-

sion se trouve de nouveau mise en question depuis les

recherches sur les localisations cérébrales de Fritsch,

d'Hitzig2 de Ferriez, de Munck°, et depuis que la

clinique étayée par l'anatomie pathologique est venue

prouver qu'une lésion d'un centre cortical déterminé,

donne lieu suivant son intensité à la perturbation ou à

l'abolition d'une fonction déterminée.

Tamburini s'appuyant principalement sur l'anatomie

et sur la physiologie expirimentale démontre avec un

rare talent de critique l'insuffisance de la théorie

psycho-sensorielle ; il donne pour siège aux hallu-

cinations, les centres corticaux où sont perçues

les impressions et arrive à cette conclusion que

les hallucinations ont comme cause fondamentale

1 Baillarger. Des Hallucinations ; des causes qui les produisent et des

maladies qu'elles caractérisent, 1813.

1 Fi-ilseli et Ilitzig. lieicliert's und -Du Bois Reymond's Arch., 1870,

heft. 111. - Ilitzig, Reicheert's und Du Bois Iteynzond's Arch., 1S73-

1874. "

' 3 rerrier. Des fonctions du cerveau, Paris, 1878; De la localisation

des maladies cérébrales, Paris, 1880 ; ouvrages traduits par II. de Va-

rigny.

1 Munck. - Berl. Klin. lVocltcnsc/ ! I ? 1b77; Verhandlwig de ? , physiol.

Gesellsch. zu Berlin, 1877-78-79.

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 3j 1

1Úl état d'excitation des centres sensol iels de l'écorce'. 1.

Aux nombreux arguments fournis par la physiologie

expérimentale en faveur de cette théorie, la clinique

vient tous les jours ajouter de nouvelles preuves. Jus-

qu'ici, en effet, toutes les fois que dans les cas de

cécité ou de surdité psychiques, le résultat auatomo-

pathologique a pu être fourni; chaque fois, dis-je, les

régions que la physiologie expérimentale avait dési-

gnées comme centres sensoriels corticaux, ont été

trouvées altérées; dans quelques cas il est vrai, la lé-

sion était plus étendue et dépassait les limites assi-

gnées à ces centres, mais néanmoins en comparant ces

faits, en superposant les divers schémas fournis par les

auteurs, on trouve toujours une région commune qui

correspond justement au centre sensoriel cortical. On

peut s'en assurer eu comparant pour la cécité psychi-

que les cas de Déjerine2, de Broadbent et le mien `,

d'après lesquels la région du pli courbe est plus par-

ticulièrement intéressée; pour la surdité psychique,

les faits de Wernicke 5, de Giraudeau G, de Fritsch',

Tamburi'ii. La théorie des hallucinations. (Revue scientifique ,

29 janvier 1881..

Luciani et Tamburini. - Recherche sperunentale sutl (ul ! zioni del cer-

vello : cecetri psycho-sensori corlicali. Heggio Emilca, 1870.

1 Déjerine. In thèse (Skwortzoff, Cécité et surdité des mois dam

l'aphasie, p. 53.)

Broadbent. - Cérébral mechanism of thought and speech. (Med. chi ? -.

Tram., t. LV, 1872,)

. Magnan. Cécile des mots ou cécité psychique. (Compte rendu de la

Société de Biologie, 5 mai 1883.)

5 Vernicke. - Der aphasische symptomen complet. Breslau, 1874,

p. 39.

6 Giraudeau. - Note sur un cas de surdité cérébrale. (Revue de Méde-

cine, 1882.)

1 Fritsch. Wiener ltlcdlcinische Presse, 1880.

352 CLINIQUE MENTALE.

(service de Meynert) et le mien' qui désignent la partie

moyenne de la première temporale ; enfin deux cas

mixtes, de cécité et de surdité psychiques de Chauf-

fard', et de d'Heilly et Chantemesse 3, dans lesquels

les deux régions sont atteintes.

Deux fois, c'est une tumeur qui faisait les frais de

la destruction ; la lésion bien circonscrite se trouvait

limitée pour la cécité psychique au pli courbe (fait de

Déjerine) et pour la surdité psychique à la partie

moyenne de la première temporale (fait de Girau-

deau).

Dans un récent article du Progrès médical, M. Ber- -

nard rapporte un cas de suppression brusque et isolée

de la vision mentale des signes et des objets, qui a fait

l'objet d'une importante leçon de M. Charcot. Dans les

rêves, ce malade n'a plus comme autrefois la repré-

sentation visuelle des choses, seule la représentation des

paroles lui reste. « Le sens de la représentation inté-

rieure me manquant absolument, fait observer le

malade, mes rêves se sont également modifiés. Aujour-

d'hui, je rêve seulement paroles, tandis que je possédais

auparavant dans mes rêves la perception visuelle. »

La destruction du centre cortical qui recueille et

conserve les images visuelles explique entièrement

cette situation mentale nouvelle. Quand, au contraire,

ce centre cortical se trouve excité, c'est l'inverse qui

se produit, les images visuelles font les principaux

' Magnan. - Apltasie, surdité des mots ou surdité psychique. (Compte

rendu de la Société de Biologie, 12 mai 1883.

2 Chauffard. - Sur un cas de cécité et de surdité cérébrales. (Revue de

Médecine, 10 novembre 1881.)

3 D'lleilly et Chantemesse. Noie sur un cas de cécité et de surdité

verbales. (Bulletins de la Société anatomique, avril, mai, juin 1882, p. 324.)

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 353

frais des rêves. A l'état normal, en effet, si pendant

le sommeil une lumière est approchée des yeux du

dormeur, ou si des substances odorantes sont répan-

dues auprès de lui, les centres corticaux visuels, olfac-

tifs, sollicités par ces impressions donnent naissance

à des images qui suivant leur caractère produisent un

rêve ou un cauchemar. Les centres psychiques supé-

rieurs sont au repos et l'automatisme seul concourt à

la production de ce phénomène. Dans certains états

pathologiques, dans l'épilepsie par exmple, survien-

nent des phénomènes analogues, seulement la cause

excitante, au lieu d'être une impression extérieure, est

une décharge centrale, qui du même coup annihile la

conscience (région antérieure), et stimule au contraire

les centres sensoriels de l'écorce (région postérieure).

Dans ces conditions, le patient se trouve transformé

en un véritable automate, agissant d'une façon incons-

ciente, poussé par les incitations de la région des

centres sensoriels, à des actes, qui échappent au con-

trôle supérieur momentanément voilé.

Quelques mots encore sur les hallucinations unilaté-

rales qui par leur évolution et leurs caractères géné-

raux ne diffèrent pas des hallucinations bilatérales dont

nous venons de nous occuper. Si les hallucinations

unilatérales se montrent au début d'un délire chro-

nique, elles sont de nature pénible; elles sont expan-

sives, au contraire, si elles interviennent à la période

de systématisation et de transformation ambitieuse du

délire; en un mot elles suivent celui-ci dans sa marche

progressive. D'autre part il n'y a nulle différence pour

le siège et la genèse, et c'est encore aux centres senso-

riels de l'écorce qu'il faut les rattacher.

AncmVES; t. VI. 23

354 CLINIQUE MENTALE.

Dans un travail sur les hallucinations unilatérales

(Encéphale, 1881), M. le Dr Régis a publié l'observation

d'un malade atteint d'hallucinations unilatérales de

l'ouïe avec otorrhée purulente, dont la guérison a été

obtenue après un traitement efficace contre l'inflamma-

tion de l'oreille. Ce fait prouve qu'une otite a pu faire

développer des hallucinations chez un individu prédis-

posé, en état de réceptivité morbide; mais que cette

prédisposition, suffisante pour entrer en action dès

qu'elle était sollicitée par un stimulant étranger, restait

latente dès que l'équilibre physiologique se trouvait ré-

tabli.

Des faits analogues sont nombreux en pathologie

mentale sans qu'une filiation intime puisse être établie

entre la cause apparente et le phénomène obtenu.

Si, chez un individu prédisposé, le froissement du

nerf cubital devient pour le patient les morsures d'un

animal qui ronge le petit doigt, sera-t-on en droit de

soutenir qu'une irritation du cubital produit une halluci-

nation du toucher ? D'ailleurs, les hallucinations uni-

latérales ne sont pas rares et sur quatre cas d'halluci-

nations unilatérales de l'ouïe, que j'ai eu l'occasion

d'observer récemment, une fois on notait de la dureté

de l'ouïe et une hémiplégie faciale du même côté et

trois fois l'oreille était intacte des deux côtés. Voici en

quelques mots une de ces observations :

Une femme, âgée de quarante-trois ans, après une

phase délirante de persécution pendant laquelle, elle

prétendait qu'on la poursuivait, qu'on l'injuriait, qu'on

l'empêchait de travailler, qu'on faisait des expériences

sur elle, qu'on la forçait à pousser des cris d'animaux,

a commencé à présenter des idées ambitieuses. Elle a

DES HALLUCINATIONS BILATÉRALES. 355

subi, dit-elle, l'opération du Saint-Esprit, et elle va

donner le jour à un fils aussi savant que le Christ. Dieu

lui fait des révélations ; elle doit renouveler le rôle de

Jeanne d'Arc, elle doit sauver la France. Dieu lui parle,

mais seulement et exclusivement par l'oreille droite,

c'est un talisman qui va jusqu'au ciel. Il lui a ordonné

de venir à Paris, et, guidée par le soleil, elle s'est

mise en route. Elle doit gouverner, elle sera présidente

de la République.

L'ouïe est normale et la malade entend également

bien des deux côtés. Au début de la maladie les hallu-

cinations de l'ouïe étaient bilatérales, ses ennemis lui

parlaient des deux côtés. ,

En résumé :

1° Les hallucinations bilatérales de caractère diffé-

rent, suivant le côté affecté, sont indépendantes d'une

altération locale des organes périphériques ;

2" Elles ne diffèrent des autres hallucinations ni par

leur mode d'apparition, ni par leur évolution, ni par

leurs caractères généraux. Elles marchent parallèle-

ment au délire lui-même;

3° Elles sont une nouvelle preuve du dédoublement

et de l'indépendance fonctionnelle des hémisphères cé-

rébraux et elles désignent comme siège organique les

centres sensoriels de l'écorce;

4° Les expériences dans les différents états d'hypno-

tisme de l'hystérie corroborent de tout point les résul-

tats de la clinique.

RECUEIL DE FAITS

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE A11YOTROPIIIQUE, LA DÉGELÉ-'

RESCENCE DES FAISCEAUX PYRAMIDAUX SE PROPAGEANT

A TRAVERS TOUT L'ENCÉPHALE ; 1

¡

Par M. le P' A. KOJEWNIKOFF (de Moscou).

Le 7 septembre 1880, entra à la clinique des maladies ner-

veuses Wassily Mennschof, cordonnier, âgé' de vingt-neuf

ans, atteint d'un dérangement dans les mouvements des extré-

mités et en partie dans ceux du tronc.

Anamnèse. - Le malade ne paraît présenter aucune prédis-

position aux maladies nerveuses; mais, dès son enfance, il

s'est trouvé dans de mauvaises conditions hygiéniques. Logé

le plus souvent dans des caveaux humides, se nourrissant mal

et insuffisamment, il était obligé de travailler beaucoup. Jeune

encore, il se livra à l'eau-de-vie, s'enivrait fréquemment et,

dans cet état, prenait souvent froid, ou était maltraité par ses

camarades. Dans sa dix-neuvième année, il s'adonna à l'ona-

nisme et plus tard aux relations, par trop fréquentes, avec les

femmes.

De toutes les maladies ayant quelque rapport avec son état

actuel, nous devons mentionner une uréthrite qu'il a eue à

l'âge de dix-neuf ans; cette maladie dura presque une année

et fut accompagée d'une épididymite. A vingt-cinq ans il eut

une seconde uréthrite, cette fois-ci beaucoup plus aiguë et

plus intense, accompagnée d'un rétrécissement qui, persistant

jusqu'à ce moment, cause une certaine difficulté d'uriner. Son

mal actuel date du printemps de 1878, quand une nuit, au

moment du coït, le malade ressentit un tremblement au pied

droit; le lendemain sa démarche était moins libre, son pied

droit ne lui obéissant plus aussi bien ; ce malaise s'aggrava

peu à peu, le tremblement du pied se répéta de temps en

temps; parfois ce pied était pris d'une extension involontaire.

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 357

Au printemps de 1879, un dérangement pareil apparut dans

le pied gauche, ce qui rendit la marche très pénible. Sur l'or-

donnance d'un médecin, il s'appliqua plusieurs vésicatoires le

long de la colonne vertébrale, et adopta un genre de vie beau-

coup plus régulier, ce qui lui procura un soulagement remar-

quable, mais passager. Bientôt après, le mal s'aggrava de

nouveau; outre le dérangement dans les mouvements des

extrémités inférieures, le malade commença à remarquer que

les mouvements du tronc n'étaient plus aussi libres; dès le

printemps de 1880, les mouvements des extrémités supérieures

devinrent aussi très gênés ; depuis cette époque jusqu'à l'en-

trée du malade à l'hôpital, le mal parait avoir été stationnaire.

Etat actuel (7 septembre 1880). - Le malade est grand de

taille, mais d'une constitution débile, la cage thoracique est

faiblement développée ; le tissu sous-cutané contient peu de

graisse; les muscles offrent de même peu de développement.

Le symptôme principal que présente le malade consiste en un

dérangement dans les mouvements des extrémités inférieures

surtout. Le malade peut encore marcher, mais avec une grande

difficulté; sa démarche est très singulière : il rejette légèrement

la partie supérieure du tronc en arrière, plie un peu les

jambes aux articulations du bassin et du genou, et les avance

avec beaucoup de peine ; les extrémités inférieures manquent

évidemment de flexibilité. Le talon du malade ne touche pas

le sol, tandis que la partie antérieure du pied glisse sur le

plancher, le patient ne pouvant l'en détacher; la moindre

irrégularité du sol peut le faire tomber. Pendant la marche,

les jambes sont rapprochées, le bout des pieds est tourné en

dedans, et chaque pas est accompagné d'un certain sautillement.

La locomotion coûte à Mennschof de grands efforts, de sorte

que, après avoir fait quelques pas, il est obligé de s'arrêter ;

ce n'est qu'après un peu de repos qu'il peut se remettre en

marche ; la fatigue et les émotions rendent ses mouvements

plus difficiles et plus pénibles. Dans la position horizontale, le

malade peut faire avec ses jambes toutes sortes de mouvements,

quoique avec une certaine difficulté. L'examen démontre que

la force des jambes est diminuée, mais peu sensiblement; la

gène des mouvements est produite principalement par la rigi-

dité continue des muscles; le malade le sent bien lui-même et

se plaint d'avoir les pieds constamment comme serrés. Cette

rigidité augmente pendant les mouvements, qu'ils soient

358 RECUEIL DE FAITS.

passifs ou actifs; pendant les mouvements passifs, flexion ou

extension, elle se manifeste par une grande résistance, et, pen-

dant les mouvements actifs, elle devient si intense parfois que

le malade ne peut la vaincre, il est obligé de laisser passer un

certain temps avant de pouvoir exécuter un nouveau mouve-

ment. De temps en temps, même pendant le repos, il se pro-

duit dans les membres inférieurs de Mennschof une extension

involontaire; quelquefois aussi les jambes, plus souvent la

droite, sont prises de mouvements convulsifs dans les muscles

adducteurs de la cuisse, ce qui produit un croisement des jambes.

Outre cela, tout grand effort, ou une position incommode,

provoque dans les membres inférieurs des trépidations (épi-

lepsie spinale) qu'on peut arrêter par la flexion forcée des

orteils. Les muscles des extrémités inférieures sont peu déve-

loppés, mais ne présentent aucun symptôme d'atrophie; leur

contractilité électrique est intacte; les réflexes cutanés sont

normaux, tandis que les réflexes tendineux sont notablement

exagérés : un léger coup sur les tendons, surtout sur les rotu-

liens, provoque des mouvements très énergiques, accompagnés

quelquefois de trépidation.

On remarque aussi de la raideur dans les muscles du dos;

ceux qui sont placés le long de la colonne vertébrale sont

particulièrement tendus et rigides; le malade se sent pour

ainsi dire tiré en arrière.

Les mouvements des extrémités supérieures présentent un

dérangement analogue, mais à un degré beaucoup plus faible ;

la force des bras n'a presque pas diminué ; tous leurs mouve-

ments sont restés possibles ; par contre, les petits mouvements

des doigts et des mains sont gênés par la rigidité des muscles,

qui, quoique peu développés , ne présentent aucune trace

d'atrophie ; leur contractilité électrique est normale, les réflexes

tendineux sont exagérés.

La sensibilité, étudiée avec le plus grand soin, est trouvée

intacte sur tous les points et dans tous ses modes. Les fonc-

tions des organes des sens et de l'intelligence sont de même

normales.

Les organes de la poitrine ne présentent aucun dérangement;

les organes de la digestion fonctionnent régulièrement; les

urines sont normales et en quantité suffisante, mais la miction

est un peu embarrassée, l'urine sort en mince filet à cause

d'une stricture, dont l'exploration a démontré l'existence.

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE ASIY0TR0FHIQUE. 359

Le malade est resté à la clinique à peu près un mois (il eri est

sorti le 18 octobre 1880); pendant tout ce temps, il prenait du

nitrate d'argent; en outre, on employa d'abord l'électrisation

de la moelle épinière par le courant galvanique, puis on posa

des vésicatoires le long de la colonne vertébrale.

Aucun changement remarquable, sauf quelques fluctuations

dans l'intensité des symptômes morbides, ne survint pendant

cette période; mais, vers la fin du séjour de Mennschof à

l'hôpital, les mouvements des extrémités supérieures et infé-

rieures étaient devenus un peu plus libres. Bientôt après la

sortie de la clinique, le dérangement dans les mouvements

redevint le même, puis survint une toux qui ne cessa de

s'aggraver. Vers la fin du mois de décembre de l'année 1880,

le malade eut pour la première fois une abondante hémoptysie ;

il perdit plusieurs onces de sang (deux grands verres). Depuis

ce moment jusqu'à la fin de sa vie, sa santé faiblit constamment;

il fut obligé d'entrer à l'hôpital, il en changea à plusieurs

reprises. Au moisde mai 1881, il eut le typhus, ce qui aggrava

sensiblement la maladie de poitrine ; à la mi-juin se produisait

une nouvelle hémoptysie ; la faiblesse (générale, spécialement

celle des jambes, augmentant à vue d'oeil, il se vit obligé, le

22 septembre 1881, d'entrer derechef à la clinique des maladies

nerveuses.

Etal actuel (22 septembre 1881). - Cette fois-ci, Menns-

chof est tout à fait épuisé ; il a encore beaucoup maigri ; ce

changement est dû principalement à la maladie de poitrine;

il tousse beaucoup et expectore d'abondants crachats mucoso-

purulents. L'exploration de la poitrine montre l'existence

d'une induration dans la partie supérieure du poumon droit ;

la percussion rend un son mat; on trouve à l'auscultation un

souffle bronchique, avec une grande quantité de petits ràles

sous-crépitants et de la bronchophonie ; au sommet du poumon

gauche, il y a aussi de la matité et une expiration prolongée

avec force râles muqueux fins ; en un mot, le malade présente

tous les symptômes d'une phthisie pulmonaire très avancée.

Etat général fébrile ; température variable, s'élevant, le soir,

jusqu'à 39°c.; la nuit, sueurs profuses ; mauvais appétit; soif;

respiration accélérée ; le pouls a jusqu'à cent pulsations à la

minute; peu de sommeil; légère constipation; l'écoulement

des urines est, comme autrefois, entravé par la stricture men

tionnée plus haut. La déglutition, l'articulation et la phona-

360 RECUEIL DE FAITS.

tion, ainsi que les fonctions psychiques et celles des organes

des sens, sont restées tout à fait normales. 0

Le malade est très faible; il peut encore marcher, mais avec

peine; sa démarche a le même caractère qu'auparavant. Dans

la position horizontale, il peut faire toutes sortes de mouve-

ments avec les jambes, quoique leur force, surtout celle de la

droite, soit évidemment diminuée. Le principal obstacle à la

liberté des mouvements est, comme autrefois, la rigidité des

muscles, rigidité qui il chaque effort augmente encore, surtout

dans les muscles extenseurs des jambes; souvent ces dernières

sont prises de trépidation. Pendant les mouvements passifs, on

sent dans les articulations du genou et du pied la résistance

des muscles. Les réflexes tendineux sont très exagérés : un

.coup sur le tendon rotulien provoque dans la jambe une se-

cousse accompagnée de tremblement ; un choc sur d'autres

tendons, ainsi que sur les muscles et le tibia, détermine aussi

des contractions musculaires très prononcées ; les réflexes cu-

tanés, au contraire, ne sont pas exagérés, car un coup sur la

peau pliée, ou une piqûre d'épingle n'en produit pas du tout,

le chatouillement de la plante des pieds n'en provoque que de

légers.

Comme tout le reste du corps, les muscles des extrémités

inférieures sont considérablement émaciés ; mais on n'y re-

marque aucun signe d'atrophie, leur contractilité électrique

est normale. La sensibilité, dans tous ses modes, est intacte

non seulement dans les jambes, mais encore sur toute la su-

perficie du corps. Les mouvements des membres supérieurs,

quoique possibles, sont gênés, particulièrement dans les doigts :

cela provient de la rigidité musculaire. La force des mains,

celle de la droite surtout, a considérablement diminué : la

main gauche presse le dynamomètre jusqu'à 72°, la droite n'at-

teint que 650.

Les muscles des membres supérieurs, surtout ceux des

mains, offrent un faible développement ; les éminences thénar

et hypothénar ont beaucoup plus diminué de volume que les

autres parties du corps ; il est évident que nous rencontrerons

ici une atrophie musculaire; la contractilité de ces muscles est

quelque peu affaiblie, tandis que, dans les autres muscles du

corps, elle est intacte ; les réflexes cutanés de cette région no

sont pas exagérés, tandis qu'un coup sur les tendons et les

muscles provoque de brusques et amples mouvements.

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 361

Mennschof vécut encore trois mois; pendant cette période,

il ne se produisit aucun changement essentiel dans le dérange-

ment du système nerveux; seul, l'amaigrissement des muscles,

comme celui de tout le corps du reste, faisait de rapides pro-

grès ; les mouvements réflexes provoqués par un choc sur les

tendons ou les muscles, devenaient de plus en plus exagérés :

on pouvait les produire, non seulement sur les extrémités,

mais aussi sur le tronc, particulièrement sur les muscles de

l'épaule et du cou (sur la face, ces réflexes ne se produisaient

pas) ; les mouvements volontaires avaient conservé leur carac-

tère ; la sensibilité était intacte.

Mais l'affection des poumons fit de rapides progrès ; la pneu-

monie se propagea, il se forma des cavernes ; la fièvre prit un

caractère hectique ; la température atteignait parfois 40°; par-

fois aussi, le malade avait dps frissons, des sueurs profuses et,

sans cause apparente, des diarrhées.

Les derniers jours de la vie, la voix devient rauque et plus

faible, mais l'articulation et la déglutition se maintinrent in-

tactes jusqu'à la fin. L'émaciation et l'affaiblissement augmen-

tant de plus en plus, Mennschof succomba le 23 décembre.

Autopsié. - De toutes les lésions anatomiques constatées à

l'autopsie qu'exécuta M. le prof. Klein, je ne décrirai en détail

que celles qui se rapportent au système nerveux et aux mus-

cles, ne faisant que mentionner brièvement les autres. z

Cavité thoracique. - Les deux feuillets pleuraux étaient

fortement soudés des deux côtés; les poumons, surtout le droit t

qui était beaucoup plus volumineux, étaient parsemés d'une

grande quantité de noeuds durs, de différente grandeur, dissé-

menés dans le lobe inférieur du poumon gauche ou réu-

nis en masse durcie dans le lobe supérieur du poumon

droit. Les parties endurcies contenaient un grand nombre de

cavernes, qui, variant de la grosseur d'un pois à celle d'une

noix, communiquaient entre elles et étaient remplies d'un li-

quide puriforme d'un jaune grisâtre. Dans les grosses bronches,

on trouvait des bronchectasies cylindriques^et en forme de

sac; les glandes bronchiques présentaient une dégénérescence

caséeuse.

Le coeur n'avait rien d'anormal. Sur la partie postérieure de

l'épiglotte et, à la surface des ligaments vocaux inférieurs, se

trouvait une large ulcération tuberculeuse. La glande thyroïde

avait lég¡rell1ent.augmenté de volume.

362 RECUEIL DE FAITS.

La membrane muqueuse de l'estomac était épaissie et mame-

lonnée. Dans la partie inférieure de l'intestin grêle, se trou-

vait un grand nombre de tubercules caséeux et des ulcères tu-

berculeux.

La foie, de dimension et de consistance normales, contenait

dans son parenchyme brun-rougeâtre de nombreux tubercules

miliaires. Le diamètre longitudinal de la rate avait légèrement

augmenté et la consistance en était flasque. Sur la périphérie

des reins se voyaient les indices de tuberculose disséminée ;

dans une des pyramides de Malpighi se trouvait un petit tuber-

cule mou et transparent. Le fond de la vessie, légèrement dis-

tendue, était d'un rouge-ardoisé. La prostate et les vésicules

séminales étaient intactes.

La forme du crâne était régulière, ses os ne présentaient

aucune anomalie; les membranes du cerveau étaient saines.

Le cerveau, à l'examen extérieur, ne présentait aucune mo-

dification ; les circonvolutions étaient normales et bien déve-

loppées. A la base du cerveau, quelques artères étaient athéro-

mateuses. Le cerveau, ainsi que le bulbe, furent mis dans une

solution de bichromate de potasse, en vue d'un examen ulté-

rieur. Il n'y avait rien d'anormal dans le cervelet. Les os du

rachis ne présentaient aucune altération ; la dure-mère de la

moelle épinière était intacte, la pie-mère bien ténue et trans-

parente ; sur la surface postérieure, on trouvait quelques pla-

ques calcaires; le plexus veineux était rempli de sang. La forme

et la grandeur de la moelle épinière étaient normales; sa con-

sistance était un peu molle, surtout dans la partie thoracique ;

sur les coupes transversales, on voyait clairement que les fais-

ceaux latéraux avaient une teinte grisâtre qui les distinguait du

reste de la substance blanche. La substance grise, dans la par-

tie thoracique, avait une teinte rougeâtre, comme si elle eut

étéhyperémiée.

A l'oeil nu, les racines des nerfs spinaux paraissaient être nor-

males ; il faut excepter les racines antérieures du cou, qui étaient

plus fines et d'une légère teinte grisâtre; les nerfs périphériques

des extrémités ne présentaient également aucune modification.

La majorité des muscles du tronc et des extrémités avaient

un aspect normal quoique, en vertu de l'émaciation do tout le

corps, ils fussent maigres et secs : les muscles des mains, au

contraire, et surtout ceux des éminences thénar et hypothénar

étaient visiblement atrophiés, pâles et flasques.

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPIIIQUE. 1 CI ri

Examen MICROSCOPIQUE. -En dissociant des fragments do

la moelle épinière à l'état frais ou après une macération dans

une faible solution de bichromate de potasse, on trouvait une

grande quantité de corps granuleux. Un examen minutieux

démontre que ces derniers ne se trouvaient que dans les fais-

ceaux latéraux; dans les autres parties de la moelle-fais-

ceaux postérieurs et antérieurs et substance grise - il n'y en

avait pas du tout ; mais dans les faisceaux latéraux, ces corps

granuleux étaient en très grand nombre tout le long de la

moelle, de la partie lombaire jusqu'au bulbe. En même temps

on s'assura que la myéline, dans les fibres nerveuses des fais-

ceaux latéraux, avait diminué. Ces corps granuleux étaient dis-

posés dans les faisceaux latéraux des deux côtés d'une manière

tout à fait symétrique, et en quantité à peu près égale à gaucho

et à droite; leur nombre diminuait graduellement de haut en

bas. Quelques-uns des vaisseaux de la moelle épinière conte-

naient dans leurs espaces périvasculaires une telle quantité de

gouttelettes de graisse, que, dans certains endroits, ils parais-

saient noirs. Ainsi, cette première investigation nons prouva

que nous avions à faire à une dégénérescence symétrique des

colonnes latérales de la moelle épinière, ce qui fut en tout

point confirmé par l'examen des coupes de la moelle durcie.

Sur les coupes transversales colorées par le carmin ou le picro-

carmin, puis éclaircies, on voyait clairement que la dégénéres-

cence suivait la moelle épinière dans toute sa longueur presque

symétriquement des deux côtés, et occupait la place caractéris-

tique, c'est-à-dire la partie postérieure des colonnes latérales ;

l'espace occupé par la dégénérescence diminuait graduellement

de haut en bas. Ainsi, dans la portion cervicale, la partie dégé-

nérée se présentait de chaque côté sous la forme d'un triangle,

dont la base était tournée vers la périphérie de la moelle, mais

ne l'atteignait pas, en étant séparée par une couche de fibres

nerveuses normales (directe kleinhirn-seitenstrang-hahnen de

Flechsig) ; le sommet se dirigeait vers la substance grise, mais

ne la touchait pas non plus ; le côté postérieur de ce triangle

confinait par sa partie externe à la corne postérieure ; sa par-

tie interne était un peu distante de la substance grise; le côté

antérieur du triangle ne se dessinait pas aussi nettement ; sa

coloration diminuait graduellement, atteignait l'angle externe

de la corne antérieure, et la dépassait même un peu. Dans la

partie thoracique, la dégénérescence occupait la même place

36 RECUEIL DE faits.

et se présentait de même sous la forme d'un triangle ; seule-

ment ses dimensions en avant étaient moindres que dans la

partie cervicale ; ici, de même que la base de ce triangle n'attei-

gnait pas la périphérie de la moelle, la partie antérieure n'é-

tait pas non plus.aussi nettement dessinée que la partie posté-

rieure.

Enfin, dans la partie lombaire, la dégénérescence occupait

encore moins de place ; elle représentait de même un triangle,

dont la base atteignait ici la périphérie de la moelle, le som-

met étant tourné vers la substance grise, dont il était un peu

séparé; du reste. dans cet endroit les limites de la dégénéres-

cence n'étaient pas bien dessinées. En un mot, la dégénéres-

cence des colonnes latérales occupait dans notre cas la place

qui a été si souvent notée dans les cas de sclérose latérale amyo-

trophique. Tout le reste de la substance blanche do la moelle

(il sera question plus tard de la substance grise) dans les fais-

ceaux antérieurs et postérieurs ne présentait rien d'anormal

tout le long de la moelle épinière, en sorte que, même dans sa

portion cervicale, la partie interne des faisceaux antérieurs

(faisceaux de Tùrk) était intacte (ce qui nous fait penser que

nous avions affaire à un entrecroisement complet des pyra-

mides). Ainsi, c'étaient les faisceaux pyramidaux qui étaient

atteints et l'examen ultérieur a démontré que leur dégénéres-

cence existait non seulement dans toute la moelle épinière,

mais aussi dans le bulbe et le cerveau proprement dit.

Dans le bulbe, la dégénéresence allait le long des pyramides;

les coupes transversales faites à différentes hauteurs dans le

bulbe durci ont clairement démontré que les pyramides étaient

fortement altérées, dans toutes leurs dimensions; mais la dé-

générescence n'atteignait que les pyramides seules, toutes les

autres parties du bulbe étant dans un état parfaitement

normal'.

Dans la protubérance, comme l'on pouvait s'en assurer en

examinant les coupes tranversales à l'état frais, la dégéné-

rescence allait le long de la moitié antérieure (inférieure) en

suivant les fibres longitudinales; il s'y trouvait une grande

quantité de corps granuleux, disposés symétriquement, et en

Cette dégénérescence étendue sur toute la surface des coupes des

pyramides confirme encore l'opinion que nous avons émise plus liant du

complet entrecroisement de leurs libres dans notre cas.

CAS DE SCLEROSE LATÉRALE A : 11YOTROPHIQUC. 365

quantité égale à droite et à gauche, tandis que, dans la partie

postérieure (supérieure) de la protubérance, on n'en trouvait pas

du tout. Dans les pédoncules du cerveau (CI'U1'a cerebi), il y

avait de même une grande quantité de corps granuleux ; en

examinant minutieusement, il était possible de déterminer assez

exactement la région occupée par ces corps. Ainsi, on n'en trou-

vait que dans le pied du pédoncule, tandis qu'il n'y en avait ni

dans la calotte (teymentzcna), ni dans la substance noire de

Soëmmering. Même dans le pied du pédoncule, ils occupaient

une place strictement limitée : sur une coupe faite par le milieu

du pédoncule perpendiculairement à la direction de ses fibres

cette place présentait la forme d'une trapèze; ce dernier occu-

pait à peu près le tiers moyen du pied du pédoncule, en s'in-

clinant un peu du côté extérieur; sa base étroite touchait à la

substance noire de Soëmmering, tandis que sa grande base

atteignait la périphérie du pédoncule. Dans les deux pédon-

cules, la p'ace occupée par les corps granuleux était parfaite-

ment symétrique.

Malheureusement nous n'avons pu déterminer avec plus do

précision les limites de cette dégénérescence, car il était im-

possible de faire des coupes transversales dans les pédoncules

durcis : la partie dégénérée devenue friable s'émiettant sous le

rasoir.

Dans notre cas, la dégénérescence des faisceaux pyramidaux

allait donc de l'extrémité inférieure de la moelle épmière, sans

interruption aucune jusqu'aux hémisphères du cerveau. Main-

tenant une question très intéressante et fort importante se pré-

sentait : dans quel état se trouvaient les hémisphères du cer-

veau ? la dégénérescence s'y propageait-elle ? et, dans ce cas,

quelle direction y suivait-elle ? Pour résoudre ces questions, on

lit dans les deux hémisphères, pendant qu'ils étaient encore

assez mous, plusieurs coupes horizontales. On s'assura que

nulle part, dans l'un ou l'autre hémisphère, il n'y avait d'alté-

ration macroscopique; la surface de chaque coupe présentait un

aspect tout à fait normal.

Nous primes dans différentes parties de chaque coupe de

petits morceaux de la substance cérébrale et nous les soumîmes

¡¡l'examen microscopique; celui-ci montra que dans plusieurs

endroits, strictement déterminés et délimités, se trouvaient une

plus ou moins grande quantité des corps granuleux, indices de

la dégénérescence des éléments nerveux, tandis que, dans tous

366 RECUEIL DE faits.

les autres endroits du cerveau, on n'en trouvait pas un seul.

Dans les deux hémisphères ces corps se trouvaient à des places

parfaitement symétriques et identiques; des deux cotés, ils

étaient en quantité presque égale, à peine un peu plus nom-

breux du côté droit. Les points où se trouvaient les corps granu-

leux ont été notés- avec une grande précision sur des dessins

représentant exactement les coupes étudiées; on y a aussi noté

la quantité respective de ces corps à chaque endroit. Les dessins

ci-joints, choisis entre tous, représentent tantôt l'hémisphère

droit, tantôt l'hémisphère gauche, vu que les corps, granuleux

y étaient disposés tout à fait symétriquement. La place des

corps granuleux est indiquée par de petits cercles et la quantité

plus ou moins grande par la teinte plus ou moins foncée de ces

cercles.

La figure 1 (PI. VI) représente une coupe horizontale de

l'hémisphère gauche, coupe faite au niveau du bord inférieur

de l'opercule ; on voit sur cette coupe les gros ganglions du cer-

veau et entre eux la capsule interne'. Les corps granuleux se

trouvaient ici en très grande quantité, mais sur un espace très

limité, précisément dans la moitié postérieure de la capsule

interne entre la couche optique et le noyau lenticulaire ; en

divisant la moitié postérieure de la capsule en quatre parties

égales, on voyait que le troisième quart en partant du genou z

de la capsule était seul occupé par les corps granuleux. Malgré

de nombreuses recherches, on n'a trouvé de ces corps dans au-

cune autre partie de la capsule, ni dans aucun autre point de

cette coupe. Dans les coupes supérieures, les corps granuleux

occupaient une surface de plus en plus étendue, mais leur nom-

bre sur un espace déterminé devenait de plus en plus petit.

La figure (Pl. VI) représente une coupe de l'hémisphère droit

faite à un centimètre et demi plus haut que la précédente et tra-

versant le noyau caudé. Les corps granuleux qui ne se trou-

vaient que dans la substance blanche, y occupaient une région

voisine de la partie postérieure de la limite externe du noyau

caudé, vis-à-vis des circonvolutions centrales. Sur la coupe

faite à un centimètre plus haut que la précédente ( f.3; Pl. VII,

1 Accidentellement, cette coupe ne s'est pas faite tout à fait horizonta-

lement, mais avec une légère inclinaison d'arrière en avant, de sorte que

la coupe louche par derrière le slUcnium et que par devant elle passe

, au dessous du genou du corps calleux; les autres coupes se firent paral-

lèlement il la première.

CAS DE SCLÉROSE LATERALE AMYOTROriUQUE. 367

hémisphère droit) les corps granuleux étaient disséminés sur

un espace encore plus grand que dans la seconde coupe ; ils se

trouvaient exclusivement dans la partie moyenne de cette sur-

face ; ils étaient plus nombreux dans la portion interne; de là,

toujours en moindre quantité, ils se propageaient des deux

côtés de la scissure de Rolando ; en avant de ce sillon, c'est-à-

dire dans la circonvolution frontale ascendante, il y en avait

beaucoup plus qu'en arrière (dans la circonvolution pariétale

ascendante); et même dans la première de ces circonvolutions,

il n'y en avait que dans la partie qui confine à la scissure de

Rolando.

La figure 4 (Pl. VII) représente une coupe de l'hémisphère,

gauche, faite à un demi-centimètre plus haut que la précédente :

ici les corps granuleux se massaient encore plus à l'extérieur,

c'est-à-dire des deux côtés de la scissure de Rolando ; ils

étaient en beaucoup plus grande quantité dans la circonvolu-

tion centrale antérieure que dans la circonvolution centrale

postérieure; dans l'une, comme dans l'autre, on n'en trouvait

que dans la partie avoisinant la scissure de Rolando.

La figure 5 (PI. VIII) correspond à une coupe de l'hémisphère

droit faite à un demi-centimètre environ plus haut que la précé-

dente, de sorte que la partie supérieure de l'hémisphère qui fut

enlevée n'avait que trois quarts de centimètre d'épaisseur; on

y voit que la surface occupée par les corps granuleux était de

nouveau moindre; ils se trouvaient exclusivement dans la cir-

convolution centrale antérieure, en partie près de la scissure

de Rolando, en partie, dans la région moyenne de la circoll-

volution.

Nous n'avons pu trouver un seul corps granuleux dans la

substance grise des circonvolutions, centrales ou autres; des

coupes faites, après le durcissement, dans les circonvolutions

centrales et les parties avoisinantes, ont démontré que la subs-

tance grise n'y présentait aucune modification..

La présence des corps granuleux dans ces endroits déter-

minés des hémisphères nous prouva que nous avions devant

nous le même processus morbide que celui de la moelle épinière

et du bulbe, c'est-à-dire une dégénérescence des fibres nerveu-

ses. Que cette altération n'était pas secondaire, mais bien

protopathiquc, cela était prouvé par l'absence complète de

toute autre modification pathologique dans le cerveau et sur-

tout pur la disposition symétrique de la dégénérescence dans

368 RECUEIL DE FAITS.

les deux hémisphères ; dans l'encéphale, comme dans la moelle

épinière, nous nous trouvons en présence d'une sclérose symé-

trique primitive. Comme cette dégénérescence montait sans in-

terruption aucune du pédoncule du cerveau à travers tout

l'hémisphère jusqu'à son écorce, on peut en conclure que les

fibres dégénérées vont aussi sans interruption aucune à travers

tout l'hémisphère qu'elles y constituent le prolongement des

mêmes faisceaux pyramidaux, qui descendent sans interruption

des hémisphères cérébraux à travers les pédoncules, la pro-

tubérance, le bulbe et toute la moelle épinière.

Outre l'altération des faisceaux pyramidaux, on pouvait ob-

server chez notre sujet quelques modifications, peu graves du

reste de certains muscles, des nerfs périphériques et de la subs-

tance grise de la moelle épinière. Quant aux muscles, on voyait

déjà du vivant de M... que ceux des mains, et particulièrement

ceux des éminences thénar et hypothénar, étaient atrophiés ;

l'autopsie n'a fait que le confirmer. L'examen microscopique, par

dissociation ou par coupes transversales, a démontré que les

muscles les plus atrophiés étaient les interosseux des deux mains,

et ceux des éminences hypothénar et thénar; les muscles de la

surface externe de l'avant-bras étaient aussi atteints, mais très

faiblement. Les autres muscles des extrémités supérieures et

inférieures ne présentaient aucune modification. Dans les

muscles atrophiés, on rencontrait parmi des fibres tout à fait

normales quelques fibres très amincies; dans quelques-unes

de ces dernières, la substance contractile avait un aspect granu-

leux ; dans certains endroits on pouvait remarquer une aug-

mentation du nombre des noyaux musculaires; dans d'autres

fibres le sarcolemme était rempli d'une grande quantité de

noyaux, sans trace de substance contractile. Partout d'ailleurs,

même dans les muscles les plus atteints, le nombre des fibres

normales était beaucoup plus grand que celui des libres

modifiées.

L'examen de morceaux des nerfs médian et cubital, pris sur

l'avant-bras, a montré que l'immense majorité de leurs fibres

étaient à l'état normal, mais, par la dissociation, on en trouva

quelques-unes de modifiées ; elles étaient très amincies à la

suite de la diminution de la myéline, paraissait-il; dans d'au-

tres, la gaîne de myéline était par places interrompue ; de quel-

ques autres fibres il ne restait que la gaîne de Schwann, avec

une petite quantité de gouttelettes de myéline.

CAS DE SCLEROSE LATERALE AMYOTROPHIQUE. 3GJ

Le névrilemme ne présentait aucune modification; en géné-

ral le procès morbide dans les nerfs périphériques était très

peu prononcé, 'ne présentant, semblait-il, qu'une simple atro-

phie des filets nerveux. De toutes les racines des nerfs spinaux,

il n'y avait que les racines antérieures des nerfs cervicaux in-

férieurs qui présentassent quelques modifications : à l'oeil nu,

elles étaient un peu amincies et avaient une teinte grisâtre ;

l'examen microscopique y montra les mêmes modifications que

dans les nerfs médian et ulnaire, c'est-à-dire une atrophie en

général très peu prononcée et limitée à quelques fibres ner-

veuses seulement.

La substance grise de la moelle épinière a été très soigneu-

sement examinée, soit sur des coupes transversales, soit par la

dissociation de petits morceaux de la moelle encore fraîche ;

dans les cornes antérieures de la partie cervicale, quelques-

unes des cellules nerveuses avaient subi lés modifications pa-

thologiques suivantes : elles ne se coloraient plus par le carmin

et ses analogues ; elles contenaient trop de pigment ; quelques-

unes d'entre elles offraient une forme anormale arrondie, et

semblaient privées de prolongements; dans quelques autres

le noyau n'était pas visible, ou ne l'était qu'à peine ; enfin de

quelques cellules il ne restait qu'un amas de pigment. Il est à

remarquer que le nombre des cellules ainsi modifiées était insi-

gnifiant relativement à celui des cellules normales. Le reste de

la substance grise dans la portion cervicale était complètement

normal ; la névroglie dans cette région était de même intacte.

Dans les régions thoracique et lombaire, la substance grise de

la moelle épinière n'était pas modifiée.

Nous voyons donc que les altérations pathologiques de cette

dernière catégorie, c'est-à-dire les altérations de la substance

grise de la moelle épinière, des racines antérieures, des nerfs

périphériques, ainsi que celles des muscles, étaient beaucoup

moins prononcées que celles des faisceaux pyramidaux, ce qui

était, du reste, en harmonie complète avec les manifestations

cliniques. La substance grise du bulbe était de même tout à fait

indemne ; les cellules qui constituent le noyau du nerf hypo-

glosse semblaient elles-mêmes être normales et en nombre

complet.

A la suite de l'examen des phénomènes cliniques et anato-

rnopathologiqucs que présentait notre sujet, nous sommes bien

convaincu qu'il était atteint de cette forme morbide que M. le

Archives, t. VI. 24

370 - RECUEIL DE FAITS.

professeur Charcot décrit sous le nom de sclérose latérale

amyotl'ophique '. Seulement, le cas présentait plusieurs parti-

cularités : ainsi, les phénomènes amyotrophiques n'apparurent

que vers la fin de la vie de notre sujet et ne furent jamais très

prononcées ; pendant longtemps la maladie ne se manifesta

que par des symptômes de dérangement des mouvements vo-

lontaires, c'est-à-dire par une faiblesse parétique accompa-

gnée de phénomènes spasmodiques ; les symptômes bulbaires,

si communs dans cette maladie n'existaient même pas. Cette

dernière circonstance peut s'expliquer par le fait que la mala-

die n'atteignit pas son complet développement, ayant, pour

ainsi dire, été coupée par la phthisie qui emporta le patient.

Si ce dernier eût vécu plus longtemps, il est très probable que

l'atrophie aurait progressé et que les symptômes bulbaires se

seraient manifestés ; d'ailleurs, dans la description de plusieurs

cas faite par quelques auteurs, nous voyons que l'atrophie

musculaire et les dérangements du bulbe ne s'observent que

pendant la dernière période de la maladie, c'est-à-dire long-

temps après les désordres dans les mouvements volontaires.

Quoi qu'il en soit, notre cas et ceux qui lui ressemblent parais-

sentprouverque le processus morbide commence dans les fibres

nerveuses qui constituent les faisceaux pyramidaux et ne passe

que plus tard dans la substance grise ; en effet, nous avons trouvé

un procès largement distribué et très prononcé dans la substance

blanche des centres nerveux et de fort légères altérations dans

la partie grise de la moelle épinière.

Mais le principal intérêt que présentait notre cas consiste, à

notre avis, en ce que la dégénérescence des faisceaux pyrami-

daux se propageait à travers tout l'encéphale, jusqu'à son

écorce; serait-ce un cas isolé ou bien un phénomène inhérent

à la sclérose latérale amyotrophique ? C'est ce que les obser-

vations ultérieures démontreront. Quoique la majorité des ob-

1 Les phénomènes morbides étaient, du vivant même de notre malade,

si nettement prononcés que déjà, pendant son premier séjour à la cli-

nique, nous avons pu diagnostiquer la sclérose des colonnes latérales de

la moelle épinière. Un seul point était indécis : nous ne savions si nous

avions devant les yeux un cas de sclérose amyotrophique pas encore

complètement développée ou un cas de tabès spasmodique avec altéra-

tion des colonnes latérales seules. Pendant le second séjour de Mennschof

il la Clinique, lorsque l'atrophie des muscles de la main se déclara, nous

démontrâmes à MM. les étudiants que nous avions il nous occuper d'un

cas de sclérose latérale amyotropliique.

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 371 1

servateurs admette la possibilité d'une propagation semblable'. 1.

jamais, à notre connaissance, la description de cette dégéné-

rescence des faisceaux pyramidaux à travers tout l'encéphale,

n'a été faite. A la vérité, MM. Kahler et Picl= émettent l'opi-

nion que, dans un des cas étudiés par eux, la dégénérescence

des faisceaux pyramidaux passait à travers tout l'encéphale :

ils se basaient, d'un côté, sur la possibilité de suivre la dégé-

nérescence à travers toute la moelle épinière, le bulbe, la pro-

tubérance et les pédoncules du cerveau et, d'autre part, sur

l'existence d'une atrophie des circonvolutions centrales 3 ; mais

au fond, ce n'était guère qu'une supposition, le cerveau

n'ayant pas été exploré *; dans le cas de MM. Kahler et Pick, il

n'est pas prouvé qu'il existât une relation quelconque entre

l'atrophie des circonvolutions centrales et la sclérose des fais-

ceaux pyramidaux. Dans notre cas, on pouvait démontrer avec

la plus grande exactitude que la dégénérescence passait sans

interruption à travers toute la moelle épiniere, le bulbe, la

protubérance, les pédoncules du cerveau, la capsule interne

et tout l'hémisphère jusqu'à l'écorce de ce dernier; mais il

nous est impossible de déterminer dans quelle partie de ce

long trajet la maladie s'est déclarée : a-t-elle commencé dans

la moelle épinière en suivant une marche ascendante ? Est-

elle apparue dans les hémisphères et descendue de là dans la

moelle épinière ? Cette dernière supposition nous parait la

plus plausible, car les altérations pathologiques des hémis-

1.T ? I. Charcot (Leçons sur les localisations cérébrales, p. 05) : « Enfin

le desideratum qui manquait encore à la description anatomique de la

sclérose allJ¡ otl'opl11que. il savoir la prolongation pédonculo-cérébrale de

la sclérose latérale, \ient d'être rempli pal' nI. Piek pt K 1111er, dans

l'observation, etc.» Fleehsig (Ueuer System Erkrankungen im ) ! ucken-

mark (Arcliiv der lIeil1wnde, XIX, Jahrgang, p. 741 : z Leider ist es in

l'olge dessen auch ungewiss, wo die in Fragr steltende Sll\lngfonnige

Degeneration der L'yramülenbaltnen ihr obères Ende erroicht. Es spricht

\order Hand nichts gegen die Ansicht, dass dies erst in der Hirnrinde

SescUiet. »

1Prag. F ! p)'<e/y'C[)'/t., Bd. 11,\ und 142; Separatabdruck 1879, p. 157.

3 Loc. cit., p. tG7. Endhch glal1ben wir katllll auf Wiederspruch zu

stossen. wenn wir die maeroskopiseh n,lchgewiesel1e Atrophie der Cen-

lralwinuungen als Bewees sur die Ausbreitung der Processes inden Pyra-

midenbahnen dure); tlie innere Kapsel und die Stabkranzfaserung bis zur

Gl'o%hirnnncle aulTîil1l'clI.

4 Loc. cit., p. tGG. Der Rest der Gehirns ging leider sur die miscrosko-

pisclte U«tersttcli«ug verluren.

372 2 RECUEIL DE FAITS.

phères et de la moelle épinière offraient le même développe-

ment et étaient de même ancienneté.

Donc, si les fibres des hémisphères, dont nous avons constaté

la dégénérescence, constituent en effet la continuation des

faisceaux pyramidaux de la moelle épinière (ce dont on ne

peut guère douter), notre cas offre une nouvelle preuve que

les faisceaux pyramidaux vont des pédoncules cérébraux à tra-

vers la capsule interne et à travers tout l'hémisphère jusqu'à

l'écorce de ce dernier sans s'interrompre dans les grands gan-

glions; il peut servir à déterminer quelle direction ces fibres

prennent dans l'encéphale. Ce dernier fait est d'autant plus

important que ce que nous connaissons sur cette direction se

réduit à fort peu de chose ; à ce que nous croyons, il n'existe,

pour la déterminer, qu'une preuve positive : ce sont les résul-

tats auxquels est arrivé M. Flechsig dans ses investigations sur

le développement des centres nerveux ; encore Flechsig ne

parle-t-il qu'avec une certaine indécision'. Jusqu'à maintenant

la direction de ces fibres dans le cerveau d'un adulte est com-

plètement inconnue.

En étudiant dans notre sujet cette direction, nous avons

trouvé les données suivantes : En entrant des pédoncules du

cerveau dans les hémisphères, les faisceaux pyramidaux vont, t,

sous la forme d'un faisceaux compacte dans la capsule; ils

occupent le troisième quart de la partie postérieure de la cap-

sule en comptant du genou et se trouvent entre la couche

optique d'un côté et le deuxième et en partie le troisième

(externe) segment du noyau lenticulaire de l'autre. En mon-

tant, ils tournent le noyau caudé dans son tiers postérieur;

puis, divergeant de plus en plus, se dirigent vers l'extérieur et

quelques-uns atteignent, à peu près à la hauteur moyenne des

hémisphères, la substance grise qui constitue le fond et les pa-

rois latérales du sillon de Rolando. D'autres fibres, montant

encore plus haut, suivent les courbes des hémisphères en s'ap-

prochant de plus en plus de la surface de ces derniers; elles

restent toujours dans le voisinage du sillon de Rolando. Les

dernières fibres, enfin, montent jusqu'au sommet des circonvo-

lutions centrales. De cette manière, la direction de ces fibres

1 Uebcr System 1 ? l'1C1'VIIâUL1C17 im Rùckenmark. (Archiv der Tleilkunde,

XVIII, .Iahrg-allg-, p. 29).) Zur Anatomie und Enlwirkelllngsg-eshichte der

LeitulIg'slhlhllPII im Grosshi1'l1 des I\lclIschell. (A¡'c/¡iv fÜ¡' Anatomie und

Eiitwiekelangsyesliichle, 1 88 1 .)

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 373

représente un éventail ou plutôt une pyramide aplatie d'avant

en arrière dont la base est formée par une certaine partie de la

surface convexe des hémisphères et dont le sommet se trouve

dans la capsule interne. (La fig. 6, l'r.. VIII, représente schéma-

tiquement la direction de ces fibres dans l'un des hémisphères

du cerveau.) Comme il est plus que probable que ces fibres,

atteignant dans un certain endroit la substance corticale grise,

s'y terminent, nous pouvons envisager ces parties de la subs-

tance grise comme contenant les centres de ces fibres.

Dans notre cas, les libres dégénérées n'atteignaient la subs-

tance grise que dans la moitié supérieure des circonvolutions

centrales, surtout dans la circonvolution antérieure ; une par-

tie notable de ces fibres arrivait jusqu'au sommet de ces cir-

convolutions. Mais il est évident que nous avions affaire à la

dégénérescence d'une partie seulement des faisceaux pyrami-

daux, car chez M..., les mouvements volontaires du cou, de la

langue, de la face étaient normaux ; ceux des membres supé-

rieurs étaient peu atteints, ceux du tronc un peu plus et ceux

des membres inférieurs, quoique les plus gravement modifiés,

n'étaient pas complètement anéantis. Er. conséquence de ce

qui précède, nous devons admettre que les centres corticaux de

ces mouvements atteints doivent se trouver dans la partie de

l'encéphale vers laquelle se dirigeaient les fibres dégénérées,

c'est-à-dire que les centres des mouvements des jambes, du

tronc et, en partie, des extrémités supérieures se trouvent dans

la substance grise, qui recouvre la moitié supérieure des cir-

convulutions centrales, surtout de la circonvolution antérieure.

Cette conclusion est en harmonie complète avec les re-

cherches expérimentales de Hitzig, de Ferrier et d'autres, et

avec des faits pathologiques qui prouvent que les centres mo-

teurs des extrémités se trouvent dans la partie supérieure de

la zone motrice et que ceux de la face et de la langue sont dans

la partie inférieure. Il est à présumer que ces centres occupent

en général une surface beaucoup plus étendue que dans notre

cas. Comme chez M..., les mouvements des extrémités infé-

rieurs n'étaient pas complètement paralysés et que ceux des

membres supérieurs n'étaient que très faiblement dérangés,

nous pouvons présumer qu'une partie seulement des fibres qui

dirigent ces mouvements était lésée, et que la surface occu-

pée par les terminaisons des fibres dégénérées ne représentait

qu'une partie de celle qu'occupent ces centres.

z74 le RECUEIL DE FAITS.

Pour terminer, nous jugeons nécessaire d'attirer l'attention

sur le fait suivant : En montant, plusieurs des fibres pyrami-

dales des hémisphères rencontrent dès l'abord la substance

grise qui constitue le fond et les parois du sillon de Rolando,

et s'y terminent probablement; quelques autres seulement

atteignent la substance grise qui recouvre la surface exté-

rieure des circonvolutions ; il est évident alors que quelque

processus morbide (une tumeur, par exemple) qui n'agirait

que sur la surface des hémisphères sans pénétrer dans la

profondeur du sillon, pourrait ne produire aucun dérangement

dans les mouvements, ou, s'il en produisait, ce ne serait qu'à

un degré insignifiant, malgré l'existence d'altérations dans les

circonvolutions centrales; peut-être cette circonstance pourrait-

elle expliquer certains cas pathologiques qui paraissent con-

tredire la règle générale des localisations des fonctions dans

l'écorce du cerveau. En achevant cet article, je me fais un de-

voir et un plaisir de témoigner ma plus sincère reconnaissance

à M. leur Wladimir Rolh, mon ancien chef de clinique, qui a

bien voulu m'aider dans ce travail.

Moscou, 15/27 mai 1883.

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCIIE VI

Fig. 1. Coupe horizontale de l'hémisphère gauche immédiatement sous

l'opercule.

L. f., Lobe frontal.

L. t., Lobe temporal.

L. oc., Lobe occipital.

Se. S. Scissure de Sylvius.

lits., Insula de Ileil.

V. 1., Ventricule latéral.

N. c.. Noyau caudé.

N. I., Noyau lenticulaire.

C. opt., Couche optique.

Sp. c. c., Coupe du corps calleux.

C. in. a., Moitié antérieure de la capsule interne.

. C. i». 1 ? Moitié postérieure de la capsule interne.

X, l'lace où ont été trouvés les corps granuleux.

Fig. 2. Coupe horizontale de l'hémisphère droit Il 919 centimètre environ

plus haut que la précédente.

L. f., Lobe frontal.

CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 375

L. oc., Lobe occipital.

Se. S. a., Rameau ascendant de la scissure de Sllvius.

Se. pr., Scissure praecentrate.

C. c a.. Circonvolution centrale antérieure (frontale ascendante).

Se. li., Scissure de Rolando.

C. c. p., Circonvolution centrale postérieure (pariétale ascendante).

Se. par., Scissure interpariétale.

Se. S. h., Rameau horizontal de la scissure de Sylvius.

C. c., Corps calleux.

N. c., Noyau caudé.

X, Place où ont été trouvés les corps granuleux.

PL.1\CIIE VII

1'iy. 3. Coupe horizontale de l'hémisphère droit il un centimètre plus

haut que la seconde.

L. f., Lobe frontal.

L. oc., Lobe occipital.

Se. pn.. Scissure proecentrale.

C. c. a., Circonvolution centrale antérieure.

Se li., Scissure de Rolando.

C. c. p., Circonvolution centrale postérieure.

Se. par., Scissure interpariétale.

Se. S. h., Rameau horizontal de la scissure de Sylvius.

Se t, s , Scissure temporale supérieure ou parallèle.

C. c. c, Circonvolution du corps calleux.

L. c., Lobule carré.

- V, Place où ont été trouvés les corps granuleux.

Fig. 4. Coupe horizontale de l'lténzispltère gauche à 112 eentimètre

environ plus haut que la troisième.

L. ? Lobe frontal.

C. c. c., Circonvolution du cops calleux.

L. par., Lobule paracentral

L. c., Lobule carré.

Se. pr., Scissure præcclltrale.

C. c. a., Circonvolution centrale antérieure.

Se. Il., Scissure de Rolando. '

C. c. p., Circonvolution centrale postérieure.

Se. par., Scissure interpariétale.

X, Place où ont été trouvés les corps granuleux.

PLANCHE "[[1

Fig. 5. Coupe horizontale de l'hémisphère droit il 1l centimètre plus

haut que la quatrième.

L. f., Lobe frontal.

S. f. ? Sillon frontal Ia.

376 REVUE CRITIQUE.

Se. pr., Scissure praecentrale.

C. c. a., Circonvolution centrale antérieure.

Sc. R., Scissure de Rolando.

C. c. p., Circonvolution centrale postérieure.

Se. par., Scissure interpariétale.

C. fr. I., Circonvolution fLontale Ire.

L. par., Lobule paracentral.

X, Place où ont été trouvés les corps granuleux.

Fig. 6.-Coupe frontale de l'hémisphère droit à travers la circonvolution

centrale antérieure.

Sc. S., Scissure de Sylvius.

lus., Insula de Reil.

L. t., Lobe temporal.

A. m., Avant-mur.

N. 1., Noyau lenticulaire.

C. A., Corne d'Ammon.

C. opt., Couche optique.

C. in., Capsule interne.

C. c., Corps calleux.

N. c., Noyau caudé.

X, Direction des faisceaux pyramidaux indiquée schématiquement.

X', Fibres de ces faisceaux, qui se terminent au fond de la scissure

de Rolando.

REVUE CRITIQUE

DU MERYCISME';

Par BOURNEVILLE et SÉGLAS.

IV. - DU MÉRYCISME CHEZ LES IDIOTS ET LES ALIÉNÉS. (Suite).

Anatomie pathologique. - Nous avons essayé de démontrer

plus haut que le mérycisme n'est pas un phénomène morbide :

aussi ne faut-il pas s'étonner de trouver dans les quelques au-

1 Voir le nu 16, p. 86, et le ni 17, p. 247. '

DU MÉRYCISME. 377 Î

topsies de méricoles qu'on a pu faire une absence complète

de lésions organiques. L'anatomie pathologique ne peut guère

nous fournir que des données sur des anomalies de confor-

mation ou de structure de l'organe qui doit être regardé

comme le siège du mérycisme, c'est-à-dire de l'estomac, encore

ces donnons sont-elles bien vagues.

Etan* tonnée l'identité presque complète du mérycisme et

de la rumination des animaux, la première idée qui vient à

l'esprit est de pousser plus loin l'analogie, et l'on est enclin à

s'imaginer que l'estomac des méricoles, par un vice bizarre de

conformation, doit se rapprocher beaucoup de celui des mammi-

fères ruminants. C'est ainsi que Salmutz, Bartholin, avaient

supposé chez les mérycoles l'existence de plusieurs estomacs ;

mais quand on a observé ces cas, ce n'était plutôt que des di-

verticulum placés dans l'estomac et encore les individus n'é-

taient pas mérycoles. L'autopsie n'a jamais montré rien d'anor-

mal dans la conformation de l'estomac des individus atteints

de mérycisme. Dans les Observations I, II, VIII, XV, ainsi

que dans les suivantes, l'estomac était toujours unique, la ca-

vité simple, sans diverticulum ni rétrécissements.

La dilatation de l'estomac est peut-être l'état qu'on a le plus

fréquemment observé à l'autopsie. Arnold en a vu trois cas;

Peyer l'a aussi notée. (Oris. I.) Dans l'autopsie de l'individu qui

fait le sujet de I'Obseuvation XXIX on trouve que la grosse

tubérosité de l'estomac était plus développée que d'ordinaire et

en contact avec le diaphragme, même à l'état de vacuité.

La position de l'estomac, normale d'ailleurs, était plus verticale

que de coutume ; en outre, le diaphragme était notablement

épaissi. Nous ajouterons que Rossier a constaté sur le vivant

cette dilatation de l'estomac. (OBs. XXVIII.) Bryand a trouvé

le contraire dans l'observation suivante. (Biblioth. néd., t. LU,

p. 117.)

Observation XXVI. Anne Ferry, fille d'un tisserand, eut à )'age

de quinze mois la coqueluche qui dura pendant quatre mois. A

cette époque, ses parents aperçurent quelques symptômes d'imbé-

cillité, qu'ils n'avaient point encore remarqués. A onze ans, elle

pouvait rejeter à volonté par la bouche les aliments que conte-

nait son estomac ; mais cette faculté fut accompagnée au bout de

quelques mois, de toux, de dyspnée, de maigreur, qui firent des

progrès rapides et se terminèrent par la mort.

Autopsie. - Léger épanchemenl d'un fluide jaunâtre entre la

378 REVUE CRITIQUE.

dure-mère et l'arachnoïde ; vaisseaux de la pie-mère engorgés ;

plaques nombreuses de lymphe coagulée sur la surface du cervelet;

épanchement semblable des ventricules droit et gauche ; poumons

remplis de tubercules ; adhérences de la plèvre costale. Estomac

très contracté; muscularité du pylore évidemment augmentée; quantité

considérable de lymphe coagulée à la surface des intestins

grêles; pancréas très volumineux, dur, comme cartilagineux.

La « muscularité » plus développée du pylore, à laquelle l'au-

teur attribue la faculté de rumination, n'a été notée que dans

ce seul cas. Nous en rapprocherons l'OBSERVATION II où l'oeso-

phage a été trouvé très épaissi, et l'OBSERVATION XXIX où la

même remarque fut faite à propos du diaphragme.

D'un autre côté, M. Hill a publié dans son Essai sur les

moyens de prévenir et de guérir l'aliénation mentale, un

exemple de mérycisme. Le malade ayant succombé à une

attaque d'épilepsie, l'on aremarqué, à l'ouverturede son cadavre,

que l'estomac avait une ténuité extrême et que les rides de la

membrane muqueuse étaient entièrement usées. Ajoutons que

les deux autopsies de mérycoles que nous avons pratiquées ne

nous ont donné que des renseignements négatifs.

En résumé, absence de vices de conformation et dilatation

de l'estomac, tels sont les deux points mis en relief par les au-

topsies. Quant au développement exagéré du système muscu-

laire des organes de la digestion, invoqué comme cause du

mérycisme, nous ne pouvons guère, d'après les recherches sur

le cadavre, l'ériger en principe. D'un autre côté, si les phéno-

mènes de rumination n'avaient été observés que chez des

idiots, on eut pu se croire autorisé à former l'hypothèse d'une

cause cérébrale; mais le grand nombre de faits observés chez

des gens sains d'esprits réduit à néant cette idée. Il résulte de

toutes ces considérations que l'on se trouve réduit à n'admettre

comme principe du mérycisme qu'une disposition nerveuse,

particulière, susceptibilité exagérée de la muqueuse stomacale,

d'après Cambay; à en faire, en un mot, avec les auteurs que

nous citions tout à l'heure, et en attendant mieux une névrose

de la digestion.

Symptômes et mécanisme. Avant d'aborder l'étude de

l'acte du mérycisme, il nous parait utile d'examiner en quelques

mots l'état des voies digestives et le mode d'ingestion des ali-

ments chez les individus qui y sont sujets.

Du côté des voies digestives il n'y a rien de bien particulier

DU MÉRYCISME. : 1ï9 9

à noter. La langue est bonne, l'appétit conservé et même aug-

menté, sanf certains cas exceptionnels comme celui deRossier

(OBs. XXVIII), où le sujet, déjà malade, avait encore vu son

état s'aggraver sous l'influence de vomitifs répétés. La soif est

plus souvent modérée; l'abdomen est souple, non distendu ; ce-

pendant, dans I'Observation XXVIII, on a noté une dilatation

notable de l'hypochondre gauche; nous n'avons jamais relevé

ce fait. Chez nos idiots, les selles étaient toujours normales et

régulières; il n'en est pas toujours ainsi : on a, en effet, signalé

quelquefois (Ces. XVII, XXI, XXVIII) une constipation persis-.

tante. Le seul point défectueux de l'appareil digestif serait

peut-être l'insuffisance du système dentaire, qui présente,

comme on le verra par les observations suivantes, des altéra-

tions souvent considérables. (Ons. XXVIII, XXX.)

Quant à l'assimilation, elle se fait généralement bien, à con-

dition toutefois, comme nous l'avons déjà dit, qu'on n'inter-

rompe pas le cours de la rumination.

Le mode d'ingestion des aliments présente des particularités

plus importantes. Nous avons déjà signalé l'existence de la

voracité dans plusieurs observations; on va la retrouver encore

dans celles qui vont suivre; c'est là un fait presque général et

il est même quelquefois étonnant de voir des mérycoles se

bourrer de viandes, depommes de terre, de pain, qu'ils avalent

gloutonnement sans même boire pour en faciliter l'ingestion.

(OBS. XXVIII.) Voici d'ailleurs un bel exemple de voracité déjà

publié par l'un de nous 1.

Observation XXVII. En dépit de tous les soins dont il était

l'objet, X... avait conservé une voracité insatiable; une surveillance

perpétuelle était indispensable; car ordures, débris de légumes,

excréments même..., tout était bon pour son inépuisable appétit.

A table, placé à côté d'un maître, isolé de ses camarades, il dévo-

rait en un clin d'oeil ce qu'on lui donnait. Son assiette était-elle

vide, on le voyait, le regard fixe, convoitant voluptueusement la

part de son petitcompagnon d'infortune le plus rapproché. Celui-ci

était-il distrait une seconde, Becco (c'était le surnom du malade)

se précipitait comme un trait, le produit du vol était englouti.

On lui coupait sa viande par morceaux ; mais, pour lui, les dents

étaient inutiles, il ne daignait pas s'en servir. Puis une lieure,

plus ou moins, après le repas, on le surprenait mâchonnant avec

1 l3ourneville. - Mémoire sur la condition de la bouche chez les idiots,

1802.

380 REVUE CRITIQUE.

une sorte de bonheur, les yeux brillants de plaisir, des morceaux

entiers de chair, restés ]1l'esrlu'inlacts, qui reprenaient bientôt le

chemin de l'estomac.

Il est fort aisé de comprendre qu'avec une pareille voracité,

il ne peut y avoir une mastication et une insalivation suffisantes.

Aussi, à part l'OBSERVATION VII, toutes les fois qu'on a songé à

examiner la digestion buccale, l'a-t-on trouvée imparfaite.

Nous avons noté le fait dans nos observations de Cicctre, car

il nous est arrivé de retirer les aliments de la bouche du ma-

lade au début de ! a rumination et de les trouver alors pres-

qu'intacts.

Les aliments sont ingérés : que va-t-il maintenant se passer ?

Il y a généralement un certain intervalle entre le repas et le

début de la rumination; mais cet intervalle est très variable,

et cela chez le même sujet. Nous avons souvent observé le début

de la rumination quelques minutes après le repas, tandis

qu'une autre fois, le même individu n'avait pas encore com-

mencé à ruminer au bout d'une heure. L'intervalle qui sépare

le repas du début de l'acte est certainement sous l'influence do

quelques conditions particulières : c'est ainsi qu'un repas co-

pieux, l'ingestion d'une grande quantité de liquides ou de

certains aliments particulièrement agréables au goût de l'indi-

vidu peuvent hâter le moment de la rumination. Quoi qu'il en

soit, l'espace de temps qui la sépare du repas peut varier de

quelques minutes à une heure et plus : en général, c'est au

bout d'un temps assez court, d'un quart d'heure en moyenne,

que se produit la première régurgitation.

Mais, avant que la première bouchée ne soit remontée dans

la cavité buccale, il peut se produire certains phénomènes,

sortes de prodromes de l'acte qui va s'accomplir. Presque tous

ceux que l'on a pu constater sont consignés dans l'observation

suivante : -.

Observation XXVIII. Démence épileptique. Mérycisme ; vorn-

cité ; défaut de mastication. - Description du mérycisme. État des

voies digestives. - Diminution des phénomènes sous l'influence d'un

traitement belladone (Journal des Connaissances médicales, 1862, p. 181). ).

Louis C..., agriculteur, âge de soixante-cinq ans en -1860, a

joui d'une bonne santé jusqu'à l'âge de cinquante-six ans. Il ne

peut donner aucun renseignement sur ses parents.

En t83 ? il eut, un jour, un accès de manie avec grande excita-

tion et hallucinations de la vue. Quelque temps après, il tomba

DU MÉRYCISME. 381

subitement terre sans connaissance. Au bouL d'un moment, il

sortit de son état comateux avec des cris, une grande agitation

et de l'écume sanglante à la bouche. Des accès pareils se sont

répétés dès lors cinq six fois par an, jusqu'en -1838. Depuis

lors, jusqu'en 1860, il n'eut aucun accès. Cette année, il en eut un 1

à peu près par mois.

Lors de la première chute, le malade resta un mois sans parler,

puis les mots revinrent peu à peu ; mais il éprouva toujours pour

parler une difficulté qui va s'augmentant; en même temps, la

mémoire s'affaiblit graduellement.

Un peu après l'accès de folie qui caractérisa le début de la ma-

ladie, C..., qui de tout temps avait mangé fort avidement et pres-

que sans mâcher, commençai ruminer. Cela n'arrivait d'abord que

pour la salade. Peu à peu, cet acte suivit toute espèce d'aliments

et chaque repas. Depuis six mois, le malade, qui vaquait à ses

affaires, s'affaiblit de plus en plus. Depuis la recrudescence des

accès épileptiques qui s'est manifestée au début de cette année,

il a commencé à ressentir souvent des vertiges pendant la station

et la marche. Ces vertiges sont devenus si pénibles que depuis

trois mois, il a été obligé de garder le lit. Dans les derniers temps,

il a été traité presque exclusivement par l'usage de £ vomitifs répétés

tous les huit jours et cette médication a considérablement aggravé

son mat. Le-, forces déclinent; l'appétit, autrefois exagéré, est presque

perdu : il y dcs renvois acides et des vomissements spontanés peu

abondants après les repas , phénomène qui ne se produisait

jamais alors que le malade pouvait encore suivre ses occupations.

État actuel, 14 mai IS60.- Le malade est au lit; c'est un homme

bien proportionné, d'un tempérament lymphatico-sanguin, amaigri

par une longue maladie. Il porte sur sa figure un cachet d'imbé-

cillité que sa parole semble confirmer. L'intelligence est obtuse,

la mémoire affaiblie. Ce qui le préoccupe surtout, c'est la rumina-

tion, puis les vertiges. La première se montre généralement peu

de minutes après les repas. Elle n'est habituellement précédée

d'aucun sentiment douloureux, et le malade n'a pas conscience

de son début. Seulement, depuis l'usage des vomitifs, il ressent

une pesanteur à l'épi ! jast1'c, surtout au moment où commence le

retour des aliments. Il peut retenir mais non empêcher l'acte par

l'effet de la volonté; mais alors il éprouve à l'estomac un poids si

insupportable qu'il est obligé de laisser le phénomène se produire.

Il peut ruminer dans toutes les positions, plus facilement dans la

position assise. Quand cela lui arrive, il y a, en général, fort peu

d'intervalle entre deux gorgées; cependant, lorsque la rumination

tire à sa fin, les intervalles augmentent. Quand le malade peut se

tenir debout ou marcher, les intervalles sont plus longs, mais la

durée totale s'allonge en proportion. Celle-ci était habituellement

do deux à trois heures pour le diuer, d'une demi-heure à une

3b ? REVUE CRITIQUE.

heure pour le déjeuner ou le souper; depuis l'emploi des vomi-

tifs, elle varie de trois à quatre heures pour le dîner. Autrefois le

goût des aliments ne forçait jamais à les recracher : depuis les

vomitifs, cela lui est arrivé quelquefois, parce qu'il leur trouvait

alors une saveur insuppoi table.

L'ordre de retour des aliments est le suivant : ce sont les lé-

gumes qui se présentent les premiers à la bouche, puis la viande ;

ils sont habituellement fort peu altérés, le malade avalant glouton-

nement la nourriture presque sans la mâcher. Vers la fin de la

rumination, ils consistent plutôt en une bouillie qu'en parties ali-

mentaires distinctes. Les liquides ingérés nu reviennent jamais

seuls à la bouche; mais les gorgées sont plus nombreuses quand le

malade avale de grandes quantités d'aliments liquides qu'il affec-

tionne, vu la perte de ses dents et la faiblesse de son estomac.

Avant le traitement, le nombre des gorgées est de 0-12 pour le

déjeuner; 11-21 pour le dîner; 7-16 pour le souper.

La bouche est complètement privée de dents ; la langue rugueuse,

couverte d'un enduit épais et portant plusieurs traces de mor-

sures ; le \entre, ballonné vers le haut, donne à la pression dans la

région épigastrique un gargouillement comme celui d'une outre à

moitié remplie de liquide. Toute cette région, depuis l'ombilic

jusqu'à la région costale gauche donne le même timbre de percus-

sion. On trouve une matité relative dans les parties qui corres-

pondent au liquide évidemment accumulé dans l'estomac dilaté.

Les régions inférieures de l'abdomen n'offrent aucune matité. Le

foie et la rate ont le volume normal.

Depuis nombre d'année*, la constipation est habituelle : elle a

augmenté depuis l'usage des vomitifs. Soif modérée; urines nor-

males. Rien au coeur; un peu d'emphysème; sensibilité et moti-

lité intactes.

Le malade fut d'abord mis aune diète sévère et, le 19 mai, on

régla son régime de la façon suivante : Suppression des légumes,

soupes, bouillies, liquides. Usage de viandes blanches relies, de

pain et de vin coupé avec de l'eau de Seltz. On prescrivit aussi des

pilules d'aloès et de rhubarbe.

Le 26 mai, le malade va mieux; il se lève un peu et a moins de

vertiges. L'appétit est bon, la rumination se montre encore tous

les jours. Le nombre des régurgitations est toujours le même;

mais elles se font sans aucune gène. La langue est nette, les selles,

quotidiennes. Plus de gargouillement abdominal à la palpation.

Le 0 juin, on prescrit l'extrait alcoolique de noix vomique (0,07n)

et sous l'intluence de ce remède, le nombre des régurgitations di-

miuue des deux tiers. Mais à la fin de juillet le retour plus fré-

quent des vertiges, l'existence de soubresauts musculaires, font

reprendre le premier traitement. Les mois d'août et septembre

se passent sans aggravation.

, DU MERYCISME. 383

Avec le mois d'octobre on reprend la noix vomique. Les vertiges

deviennent très fréquents.;Le 21 octobre, C... est pris d'un accès

d'agitation maniaque, qui se renouvelle le 2 novembre. Alors, ou

cherche à conjurer ces attaques par la belladone (0,02 d'extrait

environ par jour), il doses croissantes et avec quelques intermia-

sions le régime alimentaire reste le même.

Le 15 février le malade va bien : les vertiges ne reviennent plus

que rarement, l'hébétude est moins marquée, la parole plus libre.

La langue est nette, l'appétit modéré; les régurgitations persistent,

mais moins fréquentes (six à dix par jour) et seulement au

dîner. -Depuis quelque temps, le malade a pu reprendre quelques

occupations.

Sans nous occuper dans ce cas de la description du méry-

cisme et de son traitement, dont nous aurons à parler dans la

suite, nous relèverons parmi les phénomènes prémonitoires

de l'acte : des éructations fréquentes, quelquefois même du

hoquet, que nous avons aussi observés, surtout les premières,

presque constamment chez nos malades. D'un autre côté, nous

n'avons pas irouvé le ballonnement abdominal signalé dans le

fait précédent. La sensation de plénitude à l'épzgaslre dont il

est parlé dans ce cas et mentionnée par Cambay a été notée

encore chez d'autres mérycoles (os. VI, XIII, XVII) ; nos

malades étant en général incapables de fournir aucun rensei-

gnement, nous n'avons rien de personnel à dire sur ce point.

Ajoutons, à ces prodromes, l'absence de nausées et le spasme de

l'oesophage qui ont été indiqués quelquefois. (Oes. 1'L)

Ces symptômes se manifestent, en général, pendant un temps

très court et sont suivis presque immédiatement du renvoi de

la première bouchée. Comment ce renvoi se produit-il ? C'est

ce que nous allons maintenant examiner.

Le mécanisme du rejet des aliments dans la rumination,

qui n'est pas indiqué dans le fait précédent, se trouve déjà

tracé à grandes lignes dans une autre observation que nous

jugeons utile de rapporter avant d'aller plus loin dans l'étude

des symptômes.

Observation XXIX. Idiotie; mérycisme. Voracité; pas d 'in-

salivation ni de mastication : fonctions digestives intactes. Début de

la rumination deux ou trois minutes après le repas. Mécanisme, arrêt

momerdané par le décubitus dorsal. (Gazelle des hôpitaux, 1803, p. 21 S,

et Journal de méd. de Lyon, 1866, p. 303.) - Jean G..., âgé de qua-

torze ans, est entré à l'hospice de l'Antiquaille le 17 mais s 18 ?

384 REVUE CRITIQUE.

Il est ! lé à Villefranche. Il est impossible d'avoir des renseigne-

ments sur sa famille ou sur ses premières années.

Il a la taille d'un enfant de douze ans à peine et est idiot dans

toute la vigueur de l'expression. Les manifestations intellectuelles

sont nulles; il ne prononce jamais une parole ; il est calme, tran-

quille. Le front est bas, couvert en partie par les cheveux. Les lèvres

sont volumineuses et paraissent plus saillantes encore, grâce à un

mouvement de succion qui lui est familier.

Il se tient habituellement accroupi dans un coin, les yeux fixés s

il terre, immobile ou imprimant à la tête un balancement mono-

toue. Sa physionomie n'exprime habituellement ni peine ni plaisir.

11 ne manifeste ses sensations que dans un seul cas et d'une seule

manière. Lui fait-on mal, soulire-t-i1, il pousse un cri inarticulé,

toujours le même, puis il rentre dans son calme ordinaire.

Il ne sait pas prendre les aliments qui sont devant lui pour les

porter à sa bouche. Il faut les lui mettre dans la main ou mieux

dans la cal ité buccale. Lorsque cette dernière estresteevide quelque

temps, on voit bientôt la salive s'en écouler au niveau de chaque

commissure et tomber sur les vêtements.

Sa nourriture de prédilection consiste en pain, soupe et viande.

11 mange difficilement les légumes, les fruits; souvent même il refuse

de les avaler.

Ce qui frappe d'abord chez lui, c'est la manière dont il prépare

le bol alimentaire. A peine les aliments sont-ils dans la bouche,

que la déglutition s'opère sans qu'il y aitresque insalivation etmas-

locution. On peut lui faire absorber ainsi une très grande quantité

de mie de pain par exemple et cela sans boire. A peine peut-on

lui faire accepter quelques gouttes de liquide.

Dès qu'on a cessé de lui remplir la bouclie, il semble se re-

cueillir ; après un temps très court, deux ou trois minutes, il penche

la tête en avant, étend le cou, contracte simultanément son diaphragme

et ses muscles abdominaux, il ajoute une légère inspiration, et bientôt

un premier bol alimentaire remonte sans effort dans la bouche. Il

s'accompagne parfois d'un léger gargouillement qui siège au pha-

rynx. A ce moment seulement commence la mastication.

Les premiers bols sont compo.-és d'aliments presque normaux :

après quelque temps, ils commencent à s'altérer ; à la fin de l'opé-

ration ils n'offrent plus l'aspect que d'une patoehymeuse. Le temps

de la rumination varie avec la quantité d'aliments ingérés dans

l'estomac. On peut suivre ainsi les diverses altérations que subit

le bol alimentaire dans l'acte stomacal de la digestion : pendant

tout le temps que dure le travail, il a les yeuse fixés; loin de pa-

raitre souffrir, il se frictionne parfois la poitrine avec un air de

satisfaction assez marqué.

Quand toute la masse ingérée a subi cette seconde mastication,

il reprend son immobilité première et la salive ne tarde pas à

DU MÉRYCISME. 3û5

s'écouler de nouveau. Tel est le spectacle que nous offre cet idiot

après chaque repas. Malgré cela la santé générale est intacte, les

forces sont normales, les selles régulières, les urines rares. Rien en

un mot ne semble, dans l'organisme, souffrir de ce trouble patho-

logique qui semble presque physiologique chez notre malade.

Chez ce jeune mérycole, on arrêtait pour uu moment le

cours de la rumination, si on le maintenait couché sur le dos, la tête

renversée en arrière.

Malgré le mérycisme physiologique du malade, rien d'anormal

dans son estomac, si ce n'est peut-être la grosse tubérosité plus

développée que de coutume. Sa position était aussi un peu plus ver-

ticale que d'ordinaire. Cette grosse tubérosité était en contact avec

le diaphragme, même à l'état de vacuité. Le diaphragme était

épaissi d'une manière très notable.

Voûte crânienne amincie ; épanchement sanguin sous les tégu-

ments du crâne; M : H : ) ? M normales;- circonvolutions indurées,

tassées contre les enveloppes par l'expansion des ventricules laté-

raux distendus par de la sérosité. - Corps calleux aminci,jaunâtre.

- On trouve cinq tumeurs cérébrales siégeant toutes sur le trajet

des plexus choroïdes, sur les plexus eux-mêmes, sur le plancher

des ventricules. Bien que la lésion soit surtout à droite (trois tumeurs

dont deux volumineuses mesurant de cinq il sept centimètres acco-

lées vers bipartie antérieure de la couche optique, entrant un peu

dans la corne frontale), il n'y a jamais eu hémiplégie, strabisme ou

paralysie. Le trigone est ramolli, déformé; le septum lucidum a

disparu; les corps striés et les couches optiques ramollies.

Les reins sont durs, volumineux, présentent une grande quantité de

tumeurs de volume variable, pédiculées ou non et s'attachant sur

la substance corticale ou dans l'intérieur des pyramides. Une tu-

meur (volume d'une noisette) semblable a été trouvée dans le foie.

Examen miscl'oscopique. -Les tumeurs du cerveau ont un aspect

encéphalolde : elles renferment un suc blanchâtre analogue au suc

cancéreux et présentent de grosses cellules avec de gros noyaux à

nucléocles comme les cellules cancéreuses. On trouve aussi des élé-

ments de nature conjonctive.

Dans les tumeurs des reins, on trouve un grand nombre de

noyaux conjonctifs en général peu difformes. Les canalicules uri-

nipares ont disparu dans les points envahis. Les cellules épilhé-

liales de leur face interne se trouvent encore, mais infiltrées de

graisse.

La tumeur du foie est constituée surtout par des noyaux conjonc-

tifs peu altérés dans leur forme et réunis par une matière amorphe

peu consistante et très granuleuse.

Nous reviendrons tout à l'heure sur la description du mé-

rycisme une fois établi : pour le moment nous ne nous occu-

.locmvta, L. VI. 2'i

386 ltls\ UE CRITIQUE.

perons que de son mécanisme. D'après le l'ait précédent, la

flexion de la tète, l'extension du cou, la contraction simultanée

du diaphragme et des muscles abdominaux, une légère inspira-

tion, une sorte de gargouillement, et .tous ces phénomènes

avec peu ou pas d'efforts, tels sont en somme les phéno-

mènes qui se produisent généralement au moment où

la rumination s'opère : nous retrouverons la plupart d'entre

eux chez les sujets que nous avons observés. Entre tous,

le plus important est incontestablement la contraction du

diaphragme et des muscles abdominaux; aussi est-ce celui qui

a le plus fixé l'attention des observateurs et sur lequel ont

porté les discussions. Certains médecins, Percy et Laurent, ont

nié absolument l'action de ces muscles dans la production du

mérycisme; et voici, d'après eux, le mécanisme de ce phéno-

mène. On y retrouvera, d'ailleurs, la plupart des points que

nous venons d'indiquer.

« Quand les regorgements vont se produire, la tête est portée en

haut et en avant ou en bas contre le sternum. Un bruit sourd et

comme un bouillonnement se fait entendre d'abord dans le pha-

rynx ; puis un autre bruit plus clair, plus brusque (tic), comme celui

d'une soupape qui s'ouvrirait tout à coup. Au milieu de ces mou-

vements, l'oesophage éprouve des tractions, des succussions qui sol-

licitent l'estomac et en ullircnt plutôt qu'elles n'en font expulser

une portion des matières qui y sont renfermées Aucun effort

du côté de l'enceinte musculaire abdominale ni du diaphragme,

aucune action appréciable de la part de l'estomac quoique bien

sûrement celui-ci ne soit pas étranger à ce qui se passe au dedans

de lui-même. Le mérycole attentif est inquiet, attend le commen-

cement de la rumination. Il le hâte en faisant entrer de l'air dans

l'oesophage où son accès serait si propre à produire cet état de ré-

plétion et de trop plein qui favorise de plus l'évacuation de cet

organe. Il cherche à en attirer de l'un et de l'autre pour l'excréter ;

il allonge et élargit tour à tour le canal oesophagien, le tic a lieu.

C'est le signal de l'ouverture de cardia par lequel une colonne d'a-

liments fait aussitôt irruption comme si elle eut été poussée par

une puissante compression ou qu'un mouvement particulier qu'on

appellera, si l'on veut, antipéristaltique l'eût forcée par ses puis-

santes ondulations à s'échapper ainsi. »

Un autre auteur, Cambay,donne une explication qui s'éloigne

passablement de celles que nous venons de rapporter. Pour

lui, l'appel d'air que fait souvent le mérycole au moment de

ruminer, n'a pas pour effet la dilatation de l'estomac, car cet

DU 387 -1

air n'est pas avalé. C'est une simple inspiration qui a pour

but d'abaisser le diaphragme ; en même temps il y a une légère

contraction des muscles de l'abdomen. L'estomac, qui se trouve

alors comprimé par les deux plans musculaires et par les

intestins, qui sont refoulés vers lui, réagit sur les substances

qui le distendent, et une- masse alimentaire force le cardia,

gagne l'oesophage et le pharynx dont les contractions suc-

cessives l'amènent dans la cavité buccale. Tout en admettant

la participation du diaphragme et des muscles de l'abdomen,

l'auteur ajoute que leur action est si faible que le mérycole

lui-même ne la perçoit que s'il y fait attention. Eu outre, elle

n'existerait que pour la première gorgée après laquelle les

contractions de l'estomac, que l'auteur localise dans la grande

courbure, suffiraient seules pour continuer le mérycisme. Par

ce dernier point, cette théorie se rapproche de la précédente,

dont elle ne diffère, somme toute, que par l'action attribuée

aux muscles abdominaux et diaphragmes.

Pour nous, voici, d'après ce que nous avons observé, la façon

dont se produit la rumination.

Il nous semble évident que le mérycole sent approcher l'ins-

tant où la rumination va se produire; car, à ce moment, il

semble se recueillir et attendre. Cet instant est quelquefois

très court, quelques secondes à peine, comme chez Juven...

(Ocs. XXXI), qui n'interrompait guère son balancement habi-

tuel quand labouchée allaitremonter. ChezGren... (Oss.lY1),

ce fait était plus visible, car il cessait ses cris ou ses rires peu- .

dant un peu plus de temps, jusqu'à ce que le bol alimentaire fut

revenu à la bouche. Chez ce dernier enfant, d'ailleurs, tous

les phénomènes du mérycisme étaient beaucoup plus nets que

chez l'autre. En même temps le haut du corps est générale-

ment incliné en avant et la tête portée en avant et en haut.

Que se passe-t-il alors ? Nous avons vainement recherché

l'inspiration initiale dont parlent quelques auteurs. Le sujet

étant mis à nu, nous n'avons jamais vu le thorax se dilater,

les intestins s'abaisser, les muscles inspirateurs se contracter.

Nous pensons, au contraire, vu l'absence de mouvements appa-

rents du côté du thorax pendant ces quelques secondes que le

malade interrompt seulement sa respiration, emprisonne l'air

qui reste dans la cavité pulmonaire, et immobilise ainsi son

diaphragme. Quant à l'appel d'air, plus ou moins marqué,

mais qui, néanmoins, existe presque loujours, il se fait, à notre

388 REVUE CRITIQUE.

avis, du côté des voies digestives, et cela, à cause des éructa-

tions sonores qui accompagnent le renvoi des aliments. Ce fait

était surtout manifeste chez Gren..., qui avalait de l'air, pro-

duisait alors une sorte de fausse éructation suivie presqu'instan-

tanément d'une autre vraie accompagnant les aliments qui

remontaient en produisant en plus cette espèce de gargouille-

ment déjà signalé ci-dessus. Si l'on ajoute à cela une légère

contraction des parois abdominales, portant surtout sur les

droits antérieurs qui se tendent, avec une légère dépression

des fosses iliaques, on aura tous les phénomènes apparents

qui provoquent le retour des aliments dans le pharynx. Ajou-

tons que cette contraction abdominale est très peu marquée, et

qu'il faut même parfois la rechercher soigneusement pour pou-

voir la constater. Ainsi, chez Juven ? on ne voyait guère qu'une

sorte d'ondulation de la paroi; d'un autre côté, nous avons

observé le fait pendant toute la durée de la rumination ; cepen-

dant, à partir du moment où les aliments remontent à l'état de

pâte, cette contraction devient à peine visible. Disons enfin

qu'elle est toujours instantanée.

On voit donc, en somme, que, pour nous, le mécanisme se ré-

duit aux trois points suivants : appel d'air dans l'estomac, im-

mobilisation de la cage thoracique et par suite du diaphragme,

légère contraction des parois abdominales, le tout sans aucun

phénomène d'effort. Mais, en définitive, ces agents ne nous

paraissent pas suffisants, et nous croyons que le principal

réside dans l'exagération des mouvements de l'estomac, qui

doit se contracter et réagir sur les matières qui le distendent

pour en provoquer l'expulsion; et peut-être aussi, dans la con-

traction des fibres longitudinales de l'oesophage nécessaire

pour dilater le cardia qui, on le sait, reste sans cela fermé

même sous de fortes pressions de gaz contenues dans l'estomac.

Quant aux mouvements, péristaltiques de l'oesophage et du

pharynx, nous ne serions pas éloignés de croire qu'ils existent;

car nous avons observé qu'il s'écoulait un espace de temps

faible, mais appréciable, entre les phénomènes apparents indi-

qués ci-dessus et l'arrivée des aliments dans la bouche. Cela

nous fait penser que ces aliments ne sont pas rejetés violem-

ment en masse, ce qui s'explique bien par la faiblesse des

forces mises en jeu, mais qu'ils cheminent plus lentement,

grâce aux mouvements du canal oesophagien.

Nous avons exposé longuement diverses théories cherchant

DU MÉRYCISME. 389

à expliquer le mécanisme de la rumination; il nous reste à

examiner maintenant ce qui va se passer une fois que les

aliments sont revenus dans la bouche. L'observation suivante

nous donnera, à ce sujet, de nombreux renseignements :

Observation XXX. - Idiotie : hérédité (grand'mère, grand'tante et

cousine aliénées.- Mère migraineuse. - Grand'mère maternelle hys-

térique. Mérycisme : Altérations considérables du système dentaire.

- - Voracité. - Troubles de la mastication. - Description du mél'Y-

cisme. - Pas de troubles digestifs.- Santé générale bonne. - Idiot

grimpeur. Albert Gren..., est né à Paris le 2 juin 1867, entré à Bi-

cêtre le août 1876. (Service de M. Bourneville.)

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, 9 décembre

1880). Père, quarante ans, marié à vingt-cinq ans et demi, sobre,

calme, n'a jamais fait de maladies; pas de migraines, taille petite.

[ Père, mort il y a longtemps, on ne sait de quoi; ne buvait pas.-

Mère, bien portante, pas de migraine, ni d'attaques de nerfs. Elle

était enceinte du père de notre malade avant d'être mariée et

l'abandon de son amant la rendit comme folle pendant quelques

semaines,' mais elle ne fut pas enfermée. Une tante maternelle

a été folle. - Une cousine germaine, devenue folle à la suite d'une

grossesse, a été enfermée à Sainte-Anne en 1879. - Un cousinger-

main, aliéné, a été à Sainte-Anne en 1878 : il a eu aussi la syphilis.

- Pas de suicides, ni de criminels, ni de difformes.]

Mère : trente-sept ans, couturière, bien portante, de taille

moyenne. Elle a, depuis deux ans, des migraines fréquentes, surtout

avant ou après les règles, accompagnées parfois de vomissements,

de bourdonnements d'oreille, de vertiges, et la forçant à garder le

lit pendant deux jours. Elle n'a jamais eu d'attaques de nerfs, ni de

maladies graves. [Père, mort par accident, buvait beaucoup, n'a

jamais eu de troubles nerveux. - Mère : cinquante-six ans, con-

cierge, bien portante; d'un caractère irritable, aurait eu une ving-

taine de fois environ, à la suite de contrariétés, des attaques de

nerfs durant de cinq minutes à une heure; pas de migraines.

Pas d'aliénés, etc., dans la famille.] Pas de mérycoles ni du côté

du père, ni du côté de la mère. Pas de consanguinité.

Deux enfants : 1° notre malade ; 2° une fille, bien conformée,

morte à treize jours, en nourrice, de convulsions.

Notre malade. Grossesse bonne; durant son cours, pas d'alcoo-

lisme, pas d'émotions vives, pas de traumatismes. - Accouche-

ment à terme, lent (quatorze heures) : la tête resta longtemps

au passage et l'enfant était tout noir en venant au monde; la tête

était très développée.-11 fut nourri au sein par sa mère jusqu'à qua-

torze mois. A cette époque, il commença à marcher et ses premières

dents parurent, la dentition était complète à deux ans; pour le

390 REVUE CRITIQUE.

reste, il était très en retard : à trois ans, il ne disait que : « papa,

maman », et quelques monosyllabes. Seulement on ne s'en inquiétait

pas parce que le père avait lui-même parlé très tard. A trois ans et

demi, il fut atteint d'une hydropisie qui envahit les mains, les pieds,

les jambes, l'abdomen : il fut soigné par M. Triboulet; il n'avait

pas eu la scarlatine. Cette maladie dura trois mois et demi, plus

deux mois et demi de convalescence. Avant cette maladie, il était

gai, caressant, intelligent : après, l'intelligence disparut de plus en

plus. A quatre ou cinq ans, il avait, par moments, des crises (trois

ou quatre par jour) dans lesquelles il se cognait la tête contre les

murs, ou se jetait par terre. 1

Le mérycisme fut observé pour la première fois à l'âge de

quatre ans et demi. A l'origine, la rumination ne se produisait

que lorsque Gr... était en colère, peu à peu elle devint constante

et suivit chaque repas. C'était les aliments solides qui étaient ru-

minés. Gr... était très vorace, mangeait avidement avec ses mains

de tous les aliments et les avalait de suite sans mâcher. Pas de

salacité, jamais de vomissements; selles quotidiennes, diarrhée

rare; gâtisme; Gr... n'a, d'ailleurs, jamais été propre. Il n'a jamais

eu de convulsions, de croûtes, de glandes, de dartres, d'opthal-

mies, etc. Sommeil bon.

Il a la manie de grimper partout où il trouve une issue ; il ne

vole pas, sauf les gâteaux et les poupées : il aime beaucoup la rue,

la musique, et tout ce qui tourne, les roues de voitures, les tour-

niquets. Actuellement encore on lui apporte des jouets qui tournent.

État actuel (août 1882). - 'Pèle, petite; voûte du crâne un peu

irrégulière. Du côté gauche, on sent, à l'union du frontal avec le

pariétal, une dépression allongée transversalement. En arrière

l'asymétrie est plus prononcée, la bosse occipitale gauche est à

peine sensible, tandis que la droite est très saillante. Front bas,

les bosses frontales ne font pas de saillie, les arcades sourcilières

sont peu marquées : circonférence de la base, 'il cenLim.; diamètre

antéro-postérieur (compas boudin), 17,3, diamètre bi-temporal,

14,3; diamètre bi-pariétal, li,6. Pas d'asymétrie de la face.

Regard vague; iris gris brun, pupilles normalement dilatées, égales

et contractiles. Pas de strabisme ni de conjonctivite. Nez court,

écrasé. Bouche, très grande, lèvres très épaisses, saillantes et ren-

versées en dehors, surtout l'inférieure. -- Voûte palatine régulière,

symétrique, assez profonde; voile du palais, luette, piliers, amyg-

dales réguliers. Maxillaire supérieur régulier et symétrique. Les

deux incisives médianes, cariées jusqu'à la gencive, font défaut,

ainsi que les deux grosses molaires gauches, la première petite

molaire droite et la première grosse molaire du même côté.

La deuxième grosse molaire gauche et la deuxième petite molaire

droite sont cariées au sommet de la couronne.

Maxillaire inférieur régulier et symétrique. La première petite

DU MÉRYCISME. : 39 1

molaire et la première grosse molaire manquent à droite et à

gauche. La deuxième petite molaire gauche est gâtée à la cou-

ronne. Les dents qui restent sont bien rangées, l'articulation est

normale.

Oreilles grandes, très détachées de la tête, bien ourlées; lobule

semi-adhérent.

Cou court. Thorax bien conformé pas de déviation du rachis.

L'abdomen ne présente pas un développement exagéré.

Les membres supérieurs, bien conformés, sont courts. Les doigts

sont aussi très courts : les ongles sont complètement rongés à

cause de la succion continuelle, et l'épiderme est comme macéré.

Les membres inférieurs, bien conformés, ne présentent aucune trace

de rachitisme ni de scrofule; orteils courts, voûte plantaire nor-

male.

Organes génitaux : Verge petite; prépuce très long formant

un phimosis. On ne sent pas les testicules dans le scrotum; rien

il l'anus. Onanisme fréquent.

Cheveux et sourcils châtains; absence de poils aux aisselles, aux

jambes, au pubis. Pas de cicatrices. Un petit noeVllS du côté gauche

au-dessous des fausses côtes, et deux autres aux extrémités du

bord interne de l'omoplate du côté droit.

Rien dans les poumons ni.au coeur. Langue nette. Abdomen

souple, foie et rate normaux ; pas de dilatation stomacale; selles

régulières sans constipation ni diarrhée, rumination, gâtisme.

La sensibilité générale est conservée, mais les sensations sont

perçues assez lentement. Les sens spéciaux, surtout l'odorat, sont

assez obtus. Taille, 1 mètre 20; poids, 26 kil. 200.

Gr..aime toujours la musique,les roues et les voitures où il essaye

de grimper. Il n'est pas coléreux, ne se bat pas avec ses camarades ;

parait assez craintif, et a surtout peur des chiens et des chats. - Il

a souvent des accès de cris, qui durent de quinze à trente minutes, à

la suite desquels, il se roule par terre et se cogne la tête. Pas de

grincement de dents, pas de balancement; il ne bave pas, mais suce

continuellement ses doigts. Il sait se déshabiller, mais ne peut

s'habiller ni se laver seul, il a l'habitude, en se couchant, de défaire

complètement son lit et de jeter les oreillers par terre; il veut

aussi avoir toujours les bras nus, jet il retrousse .continuellement ses

manchesjusqu'au-dessus ducoude.Po'o/e nulle. Gr... reconnaitsa

mère ; quand il l'aperçoit, il va au-devant d'elle, la prend par la

main, la fait asseoir ets'empare du sac qu'elle apporte pour regarder

dedans. - Onanisme fréquent et devant n'importe qui; il parait

cependant comprendre qu'il fait mal, mais éclate de rire lors-

qu'on le gronde.

Il est très gourmand : quand les aliments arrivent au réfectoire,

il va toujours soulever les couvercles et flairer les plats. Si cela

lui convient, il retourne à sa place en sautant; si, au contraire, les

392 REVUE CRITIQUE.

aliments lui déplaisent, il crie et tape contre les murs ou trépigne.

Si quelque choselui plaît à table, et que son assiette soit vide ou

qu'on serve les autres avant lui, il pousse des cris épouvantables.

Il mange a peu près de tout ; cependant il a des préférences

marquées pour les viandes rôties, les pommes de terre et le ma-

caroni ; en général; il ne mange pas beaucoup de légumes, surtout

les choux, les petits pois, les carottes; il refuse absolument les

oeufs et le riz au lait. Il n'aime pas beaucoup le vin.

Il mange seul, la plupart du temps avec ses doigts; pourtant on a

obtenu qu'il emploie aussi quelquefois la cuiller. La première chose

qu'il fait, une fois servi, est de casser son pain en plusieurs morceaux

qu'ilmetdansson assietteavec la viande. Généralement il commence

par manger la viande, à moins qu'il n'y ait des pommes de terre

avec elle, et garde le pain pour la fin du repas. Il est excessivement t

virace; le plus souvent, il avale des bouchées absolument intactes,

en mettant quatre ou cinq dans sa bouche à la fois. Nous l'avons

vu ainsi manger deux côtelettes en l'espace d'une minute. Quelque-

fois cependant, mais rarement, il semble faire des mouvements de

mastication; mais, même dans ce cas ? elle est tout à fait insuffi-

sante, et l'on s'aperçoit lorsque les aliments remontent ensuite,

qu'ils n'ont pas été triturés le moins du monde. Lorsqu'il a vidé

son assiette, il va prendre avec ses doigts la viande de ses voisins

surtout lorsque c'est un de ses mets favoris. Jamais il ne vole les

légumes. Il ne mange son pain qu'en dernier lieu et parait le

mastiquer plus longtemps que la viande. Il ne boit pas du tout

pendant le repas, ni à la fin et même lorsqu'on le fait boire, il dé-

tourne le plus souvent la tête, ou n'avale qu'une gorgée en faisanl

la grimace. Il préfère tremper dans son vin des morceaux de pain,

ou même des aliments, barbotter dedans avec ses mains et jeter

le tout ensuite dans son assiette ou surtout sur la table. Il ne

manque jamais de se livrer à cet exercice, si on laisse son gobelet

à sa portée. Lorsqu'il a fini sou repas, ce qui, en général, ne

demande que quelques minutes, il se lève quelquefois, erre de côté

et d'autre, sous les tables et ramasse des croûtons qu'il avale;

mais, le plus souvent, il reste sur sa chaise, et attend tranquillement t

le moment de la rumination, en suçant toujours ses doigts.

La rumination se, produit au bout d'un temps assez variable,

quelquefois cinq minutes, d'autres fois une heure et plus après le

repas. Elle arrive plus rapidement lorsque le repas s'est composé

des mets favoris de l'enfant ; en moyenne, il faut compter vingt

minutes avant le retour des aliments. Il est évident pour nous que

le malade sent arriver le moment où la régurgitation va se pro-

duire ; car alors il cesse de têter ses doigts, se recueille, penche la

tête sur le sternum; puis il la porte en avant, allonge le cou et

fait un appel d'air qu'il introduit évidemment dans l'estomac, car

ou voit fort bien le mouvement de déglutition : il provoque ainsi

DU MERYCISME. 393

toujours une éructation très sonore, immédiatement suivie d'une

seconde, accompagnant les aliments qui remontent alors en pro-

duisant un bruit de gargouillement. Ajoutons qu'entre ces deux

éructations, ,il avait légèrement contracté la paroi abdominale

(tension des droits antérieurs, dépression des fosses iliaques) ; le

thorax restant d'ailleurs absolument immobile. Tous ces faits se

passent presqu'instantanément, en quelques secondes, et l'on ne

peut guère les observer qu'en s'y prenant à plusieurs reprises.

Notons encore que jamais nous n'avons remarqué de nausées, ni

, aucun phénomène d'effort ; la face reste la même, et la respiration

ne subit pas de modifications appréciables ni dans son rythme, ni

dans sa fréquence.

Les aliments remontent alors dans la bouche, non pas en masse,

mais plutôt, croyons-nous, d'une façon successive. Car, à ce moment,

l'enfant penche le thorax en avant en tendant le cou, gonfle les

joues, ferme les yeux et la bouche, devant laquelle il met même

souvent sa main, et il se passe un temps appréciable, pendant

lequel on entend distinctement le bouillonnement des aliments qui

remontent, avant que la bouche soit ouverte et que la mastication

commence. Ce temps doit correspondre au trajet du bol alimen-

taire depuis le cardia jusque dans la cavité buccale.

Une fois tout le bol alimentaire revenu dans la bouche, Gr...

se renverse sur sa chaise, gesticule, tape des mains, rit aux éclats.

Puis la mastication commence : elle est généralement assez longue,

surtout pour les premières bouchées, et dure quelquefois quatre à

cinq minutes pour la même. Les bouchées qui remontent les der-

nières sont à peine mastiquées et sont, pour ainsi dire, ravalées de

suite. Pendant ce temps, l'enfant manifeste le plus grand plaisir,

et il interrompt même souvent la mastication par un rire prolongé.

Pas de mouvements de latéralité de la mâchoire. Une fois mâchés

suffisamment, les aliments reprennent le chemin de l'estomac et

une nouvelle bouchée ne tarde pas à remonter.

Le bol alimentaire qui remonte ainsi comprend généralement

dans sa composition une partie de tous les aliments qui ont formé

le repas; cependant ce sont toujours les viandes qui dominent, le

pain et les légumes sont en moindre quantité. Cela est très facile

à constater, du moins au début, car, à la fin de la rumination,

l'aspect de la masse alimentaire qui remonte rend toute distinction

impossible.

Cet aspect change, en effet,à mesure que la rumination s'avance.

Les premières bouchées se composent de matières presqu'in-

tactes et ne portant aucune trace de mastication antérieure. A

mesure que la rumination se fait, ces matières primitivement

solides ne remontent plus dans la bouche qu'à l'état de hachis et

plus tard se présentent enfin sous l'aspect d'une pâte chymeuse.

Les intervalles des gorgées varient aussi suivant le moment de

39 î- REVUE CRITIQUE.

la rumination. Au début, Gr..., après avoir mâché très longtemps

les aliments revenus dans sa bouche, finit par les avaler de

nouveau. Puis immédiatement il provoque une éructation et la

gorgée suivante remonte de suite sans intervalle appréciable. Au

contraire, à mesure que la rumination tire à sa fin, les gorgées

s'espacent de plus en plus et les dernières sont quelquefois sé-

parées par un intervalle d'une demi-heure. En même temps nous

a\ons remarqué que la durée de la mastication était abrégée pour

chaque bouchée et que les dernières étaient avalées presque de

suite après deux ou trois mouvements des mâchoires. D'un autre

côté, les efforts des muscles abdominaux, déjà faibles au début,

sont encore moins appréciables à la fin de la rumination et passent

souvent même inaperçus; les éructations manquent aussi sou-

vent à cette période.

La durée de la rumination ainsi que le nombre des gorgées est très

variable. Parfois, le nombre des gorgées peut arriver à la trentaine

et la ruminai ion durer d'un repas à l'autre. D'autres fois il n'y a

que deux ou trois régurgitations et, au bout d'une demi-heure, tout

est fini. Nous avons observé que la durée la plus habituelle de la

rumination était de une heure el demie à deux heures et le nombre

des gorgées de douze à quinze. Cette différence de durée de ru-

mination peut tenir à une foule de causes, et nous avons vu que,

chez le sujet actuel, la rumination était plus lente à se produire et

durait moins longtemps, si l'on contrariait l'enfant, si on changeait

ses habitudes, si on lui donnait à manger des mets dont il était

peu friand ou s'il était indisposé.

La rumination suit tous les repas, aussi bien le déjeuner que le

diner, et se présente toujours sous le même aspect. Sa durée ne

subit pas non plus de modifications sensibles. Après la soupe du

matin, l'enfant rumine encore le plus souvent ; mais alors il n'y a

guère que deux ou trois gorgées qui remontent. La rumination

est, dans le cas actuel, un fait habituel et il est rare qu'elle manque

après un repas. Pourtant, depuis un an, ce fait, jadis inconnu, se

présente quelquefois.

Toutes les substances ingérées sont ruminées. Néanmoins il en

est quelques-unes dont l'ingestion semble favoriser et prolonger la

rumination. Ce sont, d'ordinaire, les substances solides,les viandes,

surtout les viandes rôties, et, parmi les légumes, les pommes de

terre : nous avons dit plus haut clue c'étaiL là les mets favoris de G...

Les soupes sont ruminées aussi, mais d'autant plus facilement

qu'elles sont plus épaisses; et il arrive souvent que les potages li-

quides ne sont pas ruminés. Dans tous les cas, ces aliments sont

ruminés de suite et ne remontent plus après l'ingestion des autres

substances qui composent le repas. Parmi les liquides, c'est le lait

qui remonte le plus facilement; les boissons en général nesont pas

ruminées, d'ailleurs l'enfant souvent ne boit pas. Cependant lorsque

DU MÉRYCISME. 3'J5

les liquides sont ingérés en grande quantité et coup sur coup, ils re-

viennent dans la bouche; ou bien même sont

rejetés instantanément dans le gobelet, puis ravalés do nouveau.

La rumination s'exécute aussi bien dans la position assise que

dans la station debout. Le décubitus dorsal la suspend un moment;

mais elle ne tarde pas à reprendre comme auparavant. Il se pro-

duit aussi quelquefois une suspension momentanée, lorsqu'on

cherche il distraire l'enfant et a occuper son uttentiou. Dans tous

les cas, la rumination se fait avec plaisir et chaque régurgitation

est généralement suivie d'un accès de rire bruyant. Jamais l'enfant

n'a de vomissements et ne rejette ses aliments. Il arrive parfois

qu'il prend dans la main la bouchée qui vient de remonter : il fait

alors un espèce de triage avec ses doigts, jette ce qui lui déplaît,

par exemple les tendons... mais remet dans sa bouche le reste

qu'il mâche et avale ensuite.

Ajoutons, pour terminer, que l'enfant ne souffre nullement du

mérycisme, que la santé générale est excellente et que son poids a

augmenté de 2 kit. 300 de juillet 1881 il juillet 1883, et la taille de

1 1 centimètres.

La pepsine, administrée d'abord il la dose de ¡¡O sentit., puis de

'7. avant chaque repas n'a pas produit de modifications sensible

sur le mérycisme. Le premier jour, il ne s'est produit ni le malin

ni le soir; le deuxième jour, il cc manqué aussi le malin; et l'en-

fant n'a ruminé le soir que deux gorgées après sa soupe, rien après

le repas. Le troisième jour, il n'a ruminé que deux fois le malin,

une heure après le repas; le soir, il n'a pas ruminé. Le jour sui-

vant, le mérycisme a repris comme d'habitude et n'a plus présenté v

aucune modification.

Sans insister dans cette observation sur les caractères parti-

culiers de l'idiotie, l'hérédité, etc., nous signalerions Vêlai de

délabrement du système dentaire qui n'est pas sans doute

sans influer beaucoup sur la production du mérycisme par

suite des troubles de mastication qui en résultent; puis la

unracilé, très marquée chez Gr... D'ailleurs, cet enfant étant

un type parfait 'de, mérycole, on trouve, nettement indiqués

chez lui, les phénomènes qui peuvent servir à expliquer le

mécanisme de l'acte en même temps que la description de

l'acte lui-même. La plupart do ces faits se retrouvent dans les

observations précédentes, ainsi que dans celle que nous allons

rapporter. " . '

0) ! SKnv\noN XXXI. Idiotie; épilepsie. Mérycisme; voracité.-

Influence des acresepilepliqucs SLO' le mérycisme.-Santé générale bonne.

- Juven.. (lerdiuantl-111rert-l'Lrilipye), né à Paris le 2 juillet tNi2,

396 REVUE CRITIQUE.

est entré le 20 octobre 1877 à Bicêtre. (Service de M. Bourne-

ville.)

Antécédents.-Renseignements fournis par le pe1'e (24 octobre 187J).

- Père, quarante et un ans, forgeron, vigoureux et bien portant;

pas d'excès de boisson, aurait eu à dix-huit ans « un coup de

sang » et le « sang brûlé ». Pas de syphilis. [Père, soixante-dix-

huit ans, receveur -d'octroi, bien portant. Pas de maladies ner-

veuses, excès de boisson. Mère, morte subitement à cinquante-

neuf ans de la rupture d'un anévrisme : « C'était une femme bien

sage. » Aucun antécédent nerveux. Deux frères bien portants, ma-

riés, ont quatre et sept enfants tous bien portants, n'ayant jamais

eu de convulsions.]

Mère, quarante-deux ans, lingère, intelligente, assez forte,

asthmatique, facilement irritable; elle n'a jamais eu d'attaques de

nerfs.-Pas de névralgies, de migraines'; variole grave en 1870. Pas

de dermatoses. [Père, mort d'une inflammation d'intestin : aucun

excès, pas de maladies nerveuses. Mère, bien portante, intelli-

gente, pas de maladies nerveuses. Trois soeurs bien portantes ont

des enfants très bien constitués : un seul, âgé de sept ans, a une

tête très grosse, mais est intelligent : il louche et a eu des convul-

sions. Un cousin germain est mort fou à l'asile de Nantes.]

Pas de consanguinité.

Deux enfants : 1° notre malade; 2° une fille, bien constituée,

morte à cinq semaines d'une diarrhée cholériforme.

Notre malade. Pendant la grossesse, à cinq mois, la mère a eu

une peur si violente qu'elle s'est trouvée mal sur le coup etn'a re-

pris ses sens qu'au bout d'un quart d'heure. Accouchement à terme,

facile; élevé au sein par sa mère jusqu'à ving-six mois. Rougeole

à quatre mois; vacciné, pas de variole. -A trois ans, contusion

violente de la tête à la suite d'une chute ; croup à cinq ans. A

sept semaines, on a remarqué des petites secousses dans les bras

avec des crispations dans les mains et des mouvements dans les

yeux. Il fut soigné pendant cinq ans par le bromure de potassium ;

les accès sont allés en augmentant jusqu'à l'entrée. Le minimun

des accès en vingt-quatre heures était de sept à huit, et le maximun

de trente. A un moment, il y eut une période de trois mois qui se

passa sans accès et pendant laquelle il maigrit beaucoup. Les accès

sont diurnes etnoctul'l1es; pas d'étourdissements. Juv... n'a jamais

prévenu.

Il n'a marché qu'à quatre ans, n'a jamais parlé, a toujours gâté.

Pas d'ophthalmies, d'abcès, de dartres, de croûtes dans les cheveux ;

un abcès sur le côté droit du cou dont la cicatrice reste visible.

Onanisme fréquent : on était obligé de lui attacher les bras.

Il a commencé à 1'Uminr1' à dix mois, après avoir mangé ou bu.

Il avalait ses aliments de suite, gloutonnement; pas de salacité.

On n'avait jamais vu de ruminants dans la famille.

DU MÉRYCISME. 397

Etat actuel(août 1882).- Tête très volumineuse, développée dans

sa partie postérieure, saillie très prononcée de l'occipital au niveau

de la protubérance. La calotte crânienne est plate et semble taillée

suivant un plan incliné de droite à gauche. Front bas et étroit;

bosses frontales saillantes ; au-dessous d'elles, dépression assez

marquée. Pas de saillie des arcades sourcilières : la partie gauche

du front parait un peu plus déprimée que la droite . Circonférence

de la base, SO centimètres; d'une oreille à l'autre, 30 ; diamètre

antéro-postérieur(compasl3udin), 1G,3; diamètrebi-pariétal, 4 ? ? ;

diamètre bi-temporal ; 12. Face ronde, symétrique. Yeux : iris gris

brun, pupilles normales, égales et contractiles, pas de strabisme,

ni de conjontivites. Nez, petit; bouche moyenne, lèvres peu épaisses.

Voûte palatine assez large, profonde, symétrique ; voile du palais,

amygdales, luette, piliers réguliers et symétriques. Maxillaire su-

périeu1', régulier et symétrique. Les deux incisives médianes sont

larges et dentelées : la canine droite, la canine gauche et la pre-

mière molaire gauche manquent. Les deux petites molaires droites

sont cariées jusqu'à la gencive. - Maxillaire inférieur, régulier et

symétrique : la deuxième molaire gauche est détruite.

Oreilles grandes, séparées de la tête, bien ourlées; lobule dé-

taché.

Cou court : cicatrice d'abcès ganglionnaire sur le bord antérieur

du sterno-mastoidien gauche ; pas de glandes.

Thorax bien conformé, colonne vertébrale rectiligne. Abdomen

souple, sans développement exagéré.

Membres supérieurs bien conformés, assez gros; doigts longs.

Membres inférieurs. - Pas de traces de rachitisme, rectilignes,

assez musclés; doigts longs; voûte plantaire normale. Organes

génitaux. Testicules descendus ; verge normale; prépuce long, sans

phimosis. Pas de poils au pubis. Peau. Cheveux châtain foncé

très abondants; sourcils, cils longs et fournis. Pas de poils aux

aisselles, au pubis, ni sur les membres. Pas de ganglions au cou,

aux aisselles, ni aux aines.

Sensibilité générale intacte; sens spéciaux obtus.- Rien au eoell1'

ni a.\ixpoumons. Langue bonne; appétit conservé; rumination

Selles normales, pas de vomissements, pas de dilatation stomacale.

Foie et rate normaux. Poids, 23 lui. 600 ; taille, 1 mètre 16.

Cet enfant marche très bien, grimpe partout, mais ne sait pas

descendre les escaliers. Il est toujours en mouvement, court après

les feuilles, tourne dans les cours en secouant ses mains, ou en les

tapotant l'une contre l'autre et eu poussant de petits cris : « Euh !

euh ! » ou en soufrant Lorsqu'il aperçoit une porte ouverte il sort

sans savoir où il va aller et sans idée du danger, s'il y en a. Il

aime à clapoter dans l'eau et à pousser les cailloux avec ses pieds.

Parfois colère, surtout quand on le débarbouille, quand on lui

coupe les cheveux. Bave, balancement, suce rarement ses doigts;

3flt;

Itl;v0l; Cltl'l'Iyl E.

a plutôt l'habitude de les mettre dans ses oreilles. 11 esL 10ra¡;e,

gourmand et voleur; pas (le salacité; gâtisme; onanisme persis

tant. Il ne sait ni se laver, ni s'habiller, ni se déshabiller. Parole

nulle : ne dit que « papa, maman ». 11 ne comprend rien et ne;faiL

riy. 7. 1 i

DU MÉRYCISME. 3'.)'.)

même aucun signe. Il reconnaît maintenant son père et sa mère,

ce qu'il ne faisait pas à l'entrée. Il est caressant, et parait airce-

tionner d'une façon particulière l'enfant Perrin qui s'occupe un

peu de lui. est impossible de fixer son attention.

L'épilepsie se traduit chez lui par des accès et des vcrtirlcs : en

1880 il a eu 132 accès et 43 vertiges ; en 1881, 286 accès et 5(2 ver-

Liges, en 1882,2.39 accès et 32 vertiges jusqu'au mois d'août. Il a

eu, en janvier 1881, ana rougeole quia duré six semaines et pendant

laquelle il n'a eu aucune manifestation épileptitlue, (Voir Progrès

médical, 2 septempre 1882, p. 663.) (Fig. 7) '.

Description des accès 1. Chez cet enfant, les grands accès eux-

mêmes n'ont jamais une grande intensité. Le plus ordinaire-

ment, il pousse un cri, penche le dos en arrière, tend la tête

el les bras en avant; les pieds et les mains sont dans l'extension

et la rotation en dedans. En même temps les globes oculaires sont

tournés en haut et la bouche est largement ouverte. (Période to-

nique.) Petites secousses tétaniformes dans les membres, mais sur-

tout dans les paupières ; puis secousses cloniques généralement

de peu d'étendue et de durée : elles sont quelquefois moins pro-

noncées à droite. Ronflement, bave sanguinolente, émission d'u-

rine ; sommeil. Les accès se produisent surtout après les repas.

J... ne sait pas manger seul. Il est très vorace. Sitôt que son re-

pas est devant lui, il se saisit du pain qu'il se met à manger tout

d'abord; puis il prend les autres aliments il pleine main, même

les bouillies, et les porte à sa bouche en en laissant tomber la plus

grande partie. Lorsqu'on le fait manger, il avale la plupart des

aliments de suile, sans les mâcher. Parfois quelques bouchées

ne sont avalés qu'après des efforts de mastication. Pendant tout

le lemps du repas, il ne cesse de gratter la table avec les ongles.

11 ne manifeste pas de répugnance pour les liquides; néanmoins,

la plupart du temps il boit peu, et finit à peine sa portion de vin.

Il lui arrive souvent de prendre avec sa main ce qui se loruvedans

J'assiette des voisins ; mais ces emprunts sont toujours faits au ha-

surd etsans distinction d'aucun mets, différent en cela de C.r ?

qui, lui, ne vole jamais que la viande. n'a de préférence pour au-

cun aliment. 4

Cet enfant, qui d'ailleurs est toujours très remuant, n'a pas plu;

tôt fini ses repas qu'il se met à courir de tous côtés en tapant dans

- 3

1 Voir aussi : lîounieville et Bounaire. - lleche/'ches cliniques et thé-

rupeutiqucs sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie, compte rendu du service

pendant 1881, p. 97.

± Comme le lecteur l'a sans doute remarqué, nous continuons il donner

dans nos observations la description des accès, afin d'arriver bientôt à

donner au tableau aussi exact que possible des diverses variétés d'accès

épileptiques.'

400 REVUE CRITIQUE.

ses mains et en poussant ses cris habituels. Il ne reste assis que

si on le place sur une chaise basse : mais, même dans ce cas, il se

balance la plupart du temps en soufflant bruyamment et en agi-

tant ses mains. Lorsqu'il reste par hasard tranquille, il se penche

en avant, met l'index de chaque main dans l'oreille correspon-

dante et demeure ainsi quelques minutes, puis reprend son balan-

cement. Il ne suce ses doigts que très rarement; il ne cesse de

baver.

La rumination met toujours un certain temps avant de se pro-

duire et ce n'est, en général, que 3 ou 40 minutes en moyenne

après le repas que la première régurgitation se produit. A ce mo-

ment, il allonge le cou, penche un peu la tête, provoque une értec-

tation, qui est suivie du rejet des aliments qui remontent avec bruit

dans la bouche. Ces phénomènes sont constants. Chez cet enfant

les efforts sont encore moins exigeants que chez Gr... et même en

l'observant avec attention et à plusieurs reprises nous n'avons noté

ni grande inspiration, ni mouvements du thorax, mais seulement

parfois une légère ondulation de la paroi abdominale. La respiration

est régulière, le visage reste le même et l'enfant interrompt à peine

son balancement ou sa promenade. Parfois il demeure quelques

secondes la tête penchée en avant, les joues gonflées, semblant

attendre que toute la gorgée soit revenue. Alors il la retourne dans

sa bouche comme s'il se gargarisait, fait à peine trois ou quatre

mouvements de mastication et la ravale de suite. Pas de mouve-

ments de latéralité.

Il nous a été impossible de reconnaître ici l'ordre de retour des

aliments et leur état au commencement et à la fin de la rumina-

tion. Cet acte s'accomplissait toujours la bouche fermée et à cha-

que tentative que nous avons faite pour l'ouvrir, J... avalait pré-

cipitamment ce qu'il avait dans la bouche, de telle sorte que nos

efforts sont restés infructueux.

Au début de la rumination, les gorgées ne sont guère séparées

que par un intervalle d'une minute; mais, à mesure qu'elle s'a-

vance, cet intervalle augmente, et peut, à la fin, atteindre trente mi-

nutes et plus. A ce moment, il est impossible de saisir la moindre

trace d'effort; d'un autre côté, la mastication, toujours peu longue

même au début, ne se fait plus et les bouchées sont ravalées ins-

tantanément.

Il est assez difficile, dans le cas actuel, d'être fixé sur la durée

précise de la rumination et le nombre des gorgées. En effet, Juv...

a très souvent, après ses repas, des accès épileptiques qui inter-

rompent toujours la rumination et l'empêchent même de se mani-

fester lorsqu'elle n'est pas commencée. Lorsque ce contre-temps

ne se produit pas, nous avons observé que la moyenne des gorgées

était de douze à quinze et que la durée de la rumination variait le

plus souvent entre une heure et demie et deux heures.

DU MERYCISME. 401

La rumination suit aussi bien le diner que le déjeuner et se

présente toujours sous le même aspect. Cependant il arrive assez

souvent que, même en dehors des accès d'épilepsie, l'enfant ne

rumine pas après un repas, qui alors est toujours celui du soir;

d'autres fois, mais plus rarement, la rumination manque toute

une journée. Ce fait ne s'est montré que cette année.

Toutes les substances ingérées sont également ruminées; ce-

pendant ce sont toujours les matières solides qui le sont le plus.

Les liquides ou les potages ne le sont pas constamment, et, s'ils

reviennent, ce n'est qu'un petit nombre de fois et de suite, après

leur ingestion, avant que l'enfant n'ait pris le reste de son repas.

La rumination ne parait provoquer aucun dégoût. Juv... rumine

également bien, assis ou debout. Le décubitus dorsal ne fait que

suspendre momentanément les régurgitations. Jamais les aliments

ne sont rejetés au dehors.

Le mérycisme semble être ici un acte physiologique : l'enfant

a belle apparence, sa santé est bonne; son poids a augmenté de

400 gr. depuis le mois de janvier 1882 et sa taille de 0 centimètres.

La pepsine, à la dose de 50 centig., puis 73 avant chaque repas,

n'a donné aucun résultat.

Nous noterons encore, dans ce cas, un fait que nous avons

déjà signalé dans le précédent : le mauvais état des dents. D'un

autre côté, la voracité, ainsi que tous les autres caractères de

la rumination, se retrouvent ici, moins marqués, il est vrai,

que chez Gr... mais cependant très évidents.

Les aliments, une fois revenus dans la bouche, sont soumis

à une seconde mastication, généralement longue et conscien-

cieuse. A ce propos, Burgower avait signalé chez les mérycoles

des mouvements de latéralité de la mâchoire. On ne les a

notés nulle part et nous ne les avons pas observés chez nos

idiots'. Quoiqu'il en soit, cette seconde mastication, complète au

début de la rumination, est moins longue à mesure que l'acte

s'avance et les dernières bouchées sont presque avalées de suite

après leur régurgitation. Gela peut s'expliquer assez facilement

si l'on considère l'état des aliments qui remontent au commen-

cement et à la fin de la rumination. Dans le premier cas, en

effet, ils reviennent presque intacts ; c'est alors qu'intervient

énergiquement la mastication ; plus tard ils ne se présentent

plus que sous l'aspect de hachis ou même de pâte (OBs. XXI,

XXVI, XXVII, XXX) et l'on conçoit dès lors qu'ils nécessitent

bien moins le secours des dents.

Quant au mode de retour des aliments, le résultat de nos

Aucuiviis, t. VI. 26

402 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

recherches ne concorde pas avec ce que nous trouvons dans les

Observations VI, VU, XVII où il est dit que les aliments re-

viennent dans l'ordre où ils ont été ingérés. Nous avons tou-

jours vu les aliments ingérés, du moins les solides, entrer tous

à la fois dans chaque gorgée; quant aux liquides, s'ils remon-

taient, c'était de suite après l'ingestion, à condition, toutefois,

que le malade ne mangeât plus rien après.

L'aatervalle qui sépare les gorgées varie aussi aux différents

moments de l'acte. Presqu'insensible au début, il va toujours

en augmentant à mesure que la rumination progresse. Rosseir

avait signalé cette particularité (Observation XXVI).

(La fin au prochain numéro).

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XV. Lux TIIOUBLES DE LA VUE U'OIIIG11E CIsRÉUIiALE CHEZ LES l'.1li.LYTIQUlS

généraux ; par CAUL STI : vGCn. (Arehiv. f. Psych. u. Nervenlt.,

xiii, 4.) .)

Sous ce titre, l'auteur étudie d'abord la cécité psychique caracté-

risée par ce fait que les individus voient sans reconnaître les

objets, sans en comprendre l'usage; la notion de ces derniers ne leur

revient qu'au sur et à mesure qu'ils en prennent conn,lissance à

l'aide des autres sens. Les lésions, consécutives aux attaques con-

gestives, portaient, soit, comme dans les expériences de Munk, sur

le lobe occipital exclusivement (obs. 1), soit sur le lobe temporo-

occipital (obs. II). L'ensemble des attaques dont chacune était inva-

riablement suivie dans l'espèce des mêmes phénomènes finit par

amener 1'(im(tu ? ,ose cérébrale ou cécité corticale (obs. IV et V) ; à ce

moment, la perception est abolie, M. Stenger tend à admettre que

le lobe occipital renferme deux centres : l'un situé à la pointe et

correspondant à la zone A' de Munk présiderait aux conceptions que

font naître les impressions visuelles, aux images qu'elles déposent

dans l'écorce (images du souvenir); sa destruction entraînerait la

la cécite psychique. L'autre plus étendu aurait pour fonction do

percevoir; son anéantissement expliquerait la cécité corticale totale;

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. K)3

il reste au surplus indéterminé '. Au lobe occipital serait égale-

ment dévolu l'hémianopsie croisée (obs. VI et VII), seulement les

couches optiques, les tubercules mamillaires et le lobe pariétal

participaient aussi dans ces faits aux altérations. - En terminant,

le clinicien fait remarquer les hallucinations de la vue généralement

bilatérales comme les autres manifestations, survenues avant ou

après les attaques congestives tant pendant la cécité psychique

qu'au milieu de l'amaurose complète (obs. II, V et VII). P. K.

XVI. SUR L'ÉTAT DE LA TEMPÉRATURE DANS QUELQUES FORMES DE MALADIES

mentales (rapproché du centre régulateur de la chaleur); par

W. BECNTGMW. (Archiv. f. Psych. u. Nervenk., XIII, 1.) .)

L'auteur étudie successivement la température dans la mélan-

colie, la manie, la démence consécutive et l'idiotie. 13 courbes. Il

divise la mélancolie eu égard à ses phases thermiques, et, en parti-

culier, la mélancolie avec stupeur en trois périodes : 1 0 période de

début ou d'agitation : T. R. normale ou hypotheimie pouvant

atteindre 10°; - 2u stade de profonde dépression; hypothermie

parfois très accusée; 3° stade de guérison : température normale ou

hypothermie au début qui, dans ce cas, est debon augure (améliora-

tion psychique rapide. Le plus souvent, dans l'espèce, (la tempéra-

ture du matin est supérieure à celle du soir (type inverse) mais ceci

ne se remarque que lorsque la maladie est à sa phase de parfait

développement ou bien pour l'hypothermie du stade de guérison

quand elle existe. La température périphérique présente outre un

fréquent abaissement de 0,15 : iL 0,9 des différences locales d'un

côté à l'autre qui atteignent quelquefois ? 2°, 3°, 4°; états passa-

gers sous la dépendance de troubles de la circulation cutanée. Ces

manifestations, de concert avec la diminution des matières azotées

et de l'urée excrétée par l'urine, conduisent lI. 8... à incriminer des

modifications dans la circulation et la crase du sang entraînant

des diminutions dans les échanges stachiologiques. L'individu

déprimé soumis à un bain tiède perd en effet moins de chaleur qu'un

individu sain, c'est-à-dire qu'il en fournit moins. -La ntauieoffre

a la période de dépression prodromique une hypothermie qui

peut aller à 36,S; à la période d'agitation extrême, une hypo-

thermie qui restitue la température normale; à la période de

calme ou d'épuisement une nouvelle hypothermie. Type inverse

à la période de complet développement du secondstade. Diminution

des matériaux constitutifs de l'urine ; c'est donc ici le travail mus-

>M. Stenger explique le mécanisme fonctionnel de ces centres par des

considérations histologiques qui sont les mêmes que celles déjà consi-

gnées dans l'analyse du mémoire de M. Tuczek sur la disposition de

fibres dans l'ecoree. (Archives de Neurologie.) P. K.

' II)4 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

culaire qui est la source de la production de chaleur. - La

démence et l'idiotie présente des irrégularités thermiques irrégu-

lières, inconstantes, dépourvues de type.-Les conditions de la vie

des psychopathes étant complètement insuffisantes, comme d'ail-

leurs les éléments d'ordre extérieur ou somatique, pour expliquer

les particularités thermiques, il faut, de concert avec la pathologie

expérimentale, admettre les troubles d'un centre régulateur de ! a

chaleur siégeant dans l'écorce. P. K.

XVII. DE la CONSCIENCE DE la maladie dans LES affections mentales;

par Arnold Pics. (Arch. f. Psych. Il. Nervenk. XIII, 3.)

Après un résumé historique des faits cliniques prouvant que les

malades avaient conscience de leurs anomalies psychiques, M. Pick

admet que la conscience de la maladie se décompose en sentiment

de l'état morbide, et discernement de l'état morbide. Le sentiment

de l'état morbide provient de sensations ayant pour point de départ

le cerveau; telles la céphalalgie prémonitoire, la sensation de vide,

de dilatation, d'ouverture et de fermeture du crâne peuvent bien être

en rapport avec des modifications du côté des méninges, du liquide

céphalo-rachidien, etc.. Le discernement de l'état morbide procède,

lui, du raisonnement; ainsi, en est-il pour les héréditaires qui, par

exemple, àl'école, constatent leur médiocrité intellectuelle. La plus

grande partie de la conscience de la maladie revient encore au

discernement dans la folie systématique hallucinatoire. Il en est

autrement pour la folie impulsive. D'ailleurs, le sentiment de la

maladie conduit fréquemment au discernement de l'élat de mala-

die (discernement rétrospectif), mais, à coup sûr, ce n'est pas dans

l'hypochondrie. La plupart des psychoses témoignent de l'existence

de la conscience qui nous occupe ici; aussi, le groupe des folies

avec conscience doit-il simplement signifier que, dans ces dernières,

la conscience de la maladie est un des phénomènes les plus sail-

lants et les plus constants. P. K.

XVIII. DE LA RÉACTION DES PUPILLES DES ALIÉNÉS SOUS L'INFLUENCE DE

l'excitation des NERFS SENSIBLES; par C. Moeli. (Arch. f. Psych.

Nervenk., XIII, 3.)

Chez les individus bien portants, l'excitation des nerfs sensibles

de la peau à la piqûre et au contact d'objets mousses, entraîne

presque toujours une dilatation pupillaire, excepté chez les sujets

d'un certain âge (cinquante ans) où elle fait parfois défaut, malgré

l'application de courants faradiques intenses. En tout cas, il faut

tenir compte de différences individuelles. Dans la paralysie géné-

rale, la dilatation d'origine cutanée (courant faradique cervical)

est surtout absente chez les hommes dont les pupilles réagissent

. REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 05

mal à la lumière. Elle fail exclusivement défaut chez les femmes

dont la réaction pupillaire à la lumière est défectueuse. L'absence

de réaction à l'éclairage et à l'excitation des nerfs sensibles pré-

domine chez les malades qui ne présentent pas le phénomène du

genou. Parmi ces derniers, en effet, les 4/5 n'offrent pas de réac-

tion pupillaire; la proportion n'est que d'-1/3 pour ceux qui pré-

sentent le phénomène du genou. Aucune espèce de réaction

pupillaire pendant l'épilepsie ou le coma qui suit les affections

encéphaliques. Les hystériques en état.d'hémianesthésie subissent

la dilatation pupillaire sous l'influence de l'excitation des régions

anesthésiques. Le fonctionnement de l'écorce du cerveau n'est donc

pas nécessaire pour que la pupille se dilate à la suite des incitations.

C'est probablement à une altération du cerveau moyen, de la

moelle allongée, qu'il faut attribuer la disparition de la réaction

pupillaire des paralytiques généraux. P. K.

XIX. LES troubles dans L\ sphère DU système nerveux périphérique

chez LES aliénés; par TIGGES. (,Il/g. Zeitsschr. f. Psych., XXXIX,

2 et 3.) '

Ce mémoire traite successivement des sensations anormales de la

sensibilité à la pression, des perturbations des fonctions sensorielles

de la peau et de la sensibilité musculaire, des troubles moteurs et

vasomoteurs que l'on observe chez les aliénés. Voici les particula-

rités qu'il nous paraît intéressant de mettre en relief.

Les sensations anormales qui se montrent dans la lypémanie

peuvent être limitées de préférence ou exclusivement à telles zones

ou s'étendre plus ou moins au corps entier. La sensibilité à la pres-

sion s'y allie souvent et porte aussi sur des territoires plus ou moins

étendus; ces territoires ne sont parfois décelés que par l'application

à demeure du courant constant. Les exacerbations de ces phéno-

mènes accompagnent très fréquemment celles des symptômes

psychiques ; mais ce n'est pas la règle. Quand la psychose est pré-

cédée de sensations anormales il y a lieu d'admettre une relation

anatomique entre les deux ordres de manifestations; il ne s'agit

plus de simples réflexes. La moelle et la moelle allongée se font

pour les irradiations des sensations et de l'hyperesthésie à la pres-

sion les conducteurs de l'encéphale. Les diverses fonctions de la

sensibilité cutanée sont très fréquemment atteintes en même temps

que l'on constate des sensations anormales, dans la mélancolie et la

folie systématique. Elles sont alors le plus souvent émoussées. On

n'observe pas de modalité typique à leur égard non plus que de

différences particulières qui permette d'attribuer tel genre à la

mélancolie, tel autre à la folie systématique. La même propriété

du tact en divers endroits du corps ou les différentes qualités de ce

sens chez le môme individu, offrent des diversités multiples. Le dé-

ROB REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

doublement de la pointe du compas constitue un phénomène d'ir-

radiation qui provient soit de ce que la faculté d'apprécier la distance

estexagérée, soit de ce que la sensibilité à la douleur est plus grande

(mélancolie, folie systématique, épilepsie) ; les troubles trophiques

et fonctionnels propres à la psychose entrent aussi en ligne de

compte. La diminution de la sensibilité à la douleur dans la stupi-

dité est susceptible d'une prompte compensation. C'est la moelle,

la moelle allongée, et, même en certains cas, le cerveau qu'il faut

dans l'espèce incriminer. Parmi les troubles moteurs qui appar-

tiennent à la lypémanie, il faut remarquer les tremblements, la

raideur de la colonne vertébrale et des membres, les convulsions

cloniques des membres et du tronc; les contractions toniques sont

plus rares. De ces symptômes, les uns sont des réflexes issus des

troubles de la sensibilité avec lesquels ils coïncident quant au

temps et quant au lieu. La tension musculaire et la résistance que

l'articulation oppose aux mouvements qu'on essaie d'imprimer au

membre se présente, au moins temporairement, dans tous les cas

de stupeur et de démence paralytique, chez 77 p. 100 des mélan-

coliques, chez 24 p. 100 des maniaques; ce n'est pas un réflexe,

car elle coïncide avec la diminution de la sensibilité à la douleur.

Parmi les troubles vaso-moteurs assez fréquents dans la mélancolie

qui s'accompagne de sensations anormales, il importe de noter la

rougeur de la face et des oreilles avec sensation subjective de cha-

leur, soit continue, soit par accès de plusieurs heures, souvent uni-

latérale, qui affecte tantôt le même côté, tantôt des côtés différents,

tantôt les deux côtés à la fois avec une égale intensité. Elle passe

quelquefois de l'autre côté après avoir occupé un seul côté pendant

des années : en un cas, ce passage s'effectue sous l'influence du

chloral. Les différences thermiques d'un côté à l'autre n'ont jamais

dépassé 1°,4 R. A la moitié de la face plus rouge peut correspondre

du myosis, mais ce n'est pas la règle. Parfois, le côté plus rouge

présentera une plus forte sécrétion sudorale. P. K.

XX. Rapport MÉDtCO-LËGAL SUR l'état mental DE DELY-lIIEUE\IED,

ACCUSÉ DE MEURTRE SUR LE LIEUTENANT-COLONEL RUSSE ICU11MEDE.1U;

par L. Mongeri. (Jchl6. f. Psych.,Ill, 3.)

L'intérêt de ce rapport réside dans les développements en vertu

desquels l'auteur rejette l'existence d'une affection mentale.

Détails morcelés sur les moeurs turques. P. K.

XXI. Contribution A L'ÉTUDE de l'insanity moral; par A. IlOLLOENDER;

, (Jahrbùch. f. Psych., IV, 1.)

La folie morale procède de la mégalomanie bien que, chez les

malades en question, le délire des grandeurs n'affecte point une

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. li 07

forme fixe, ne soit pas stéréotypé. lis sont parfaitement aptes à

apprécier les droits d'autrui et à comprendre leurs devoirs person-

nels, mais la mégalomanie à laquelle ils sonl en proie, les sollicite

à lutter contre les principes sociaux. Telle est la substance de la

discussion psychologique de M. tioDoender. P. K.

XXII. SUR LA folie impulsive ; par E. POHL. (Jahrbuch. f. Psych., V, 1.) .)

Les études et observations de Pohl l'entraînent à considérer la

folie impulsive comme une neuro-psychose dégénérative, du genre

maniaque, qui, se développant chez des individus entachés d'héré-

dité ou chez des névropathes prédisposés, s'associe assez souvent à

certaines formes d'aliénation mentale ou à certains états psycho-

pathiques. Elle se manifeste par des impulsions paroxystiques issues

de sensations anormales, qui, quelle qu'en soit l'origine périphé-

rique ou centrale, portent le malade à commettre des actes violents

ou pervers contre lui-même ou ses semblables. P. K.

XXIII. UN cas de folie circulaire; par SCHOEFER. (Neurol. Cent7,itlbl.,

1882.)

Ce sont les troubles de la circulation qui donnent à l'observation

son cachet. Chaque période de manie était caractérisée par une

fréquence très grande (100-128) et une tension très faible du pouls

presque dicrote, la température marquant 31°,5 à 31°,6. Inverse-

ment, la phase de mélancolie s'annonçait par 60 à 68 battements

par minute, le pouls acquérant une tension excessive et la tempé-

rature étant de 37° à 31°,4.

Au moment où la mélancolie va se transformer en manie et

inversement, on peut oblenir des tracés tenant plus ou moins de

la période qui va venir, c'est-à-dire tenant plus de celle qui va ve-

nir que de celle qui précède; mais il faut jouer de bonheur pour

saisir la nature sur le tait, car la transformation est prompte.

Enfin, si la période maniaque est teintée de dépression, on a un

pouls dont la courbe ne se rapporte ni à un stade ni à l'autre, un

pouls non classé comme l'état psychique du malade. Ces caractères,

qui sont les mêmes pour toutes les branches artérielles, suffisent

pour éclairer le diagnostic sur la valeur psychopathique de l'hu-

meur du malade et déceler les accès abortifs, l'état psychique

s'inscrit en quelque sorte par la tension artérielle. Plus de cent

tracés en font foi chez le même individu. Telle est du moins l'opi-

nion de M. Schoefer qui attribue aux troubles circulatoires les

complications somatiques (herpès et asthme) qui hantèrent tou-

jours, dans l'observation envisagée, la période maniaque. Les médi-

caments (nitrite d'amyle, morphine, ergotine, digitale) qui agissent

408 REVUE DE pathologie mentale.

sur la tension vasculaire n'eurent au reste que peu ou point d'ac-

tion sur l'une ou l'autre des périodes. P. K.

XXIV. UN cas de paralysie progressive; par 0. Berger.

- (Neurolog. Centalbl., 1882.)

Il s'agit d'une forme de démence ayant débuté chez une femme

de vingt-trois ans par des attaques d'hémiplégie consécutive à des

troubles vaso-moteurs (pâleur, frigidité), avec impossibilité de par-

ler (conservation de la connaissance). Ces sortes d'accès passagers,

qui n'ont rien de congestif, sont plus tard suivis de rigidité des

membres et s'accompagnent, à une époque bien plus avancée de la

maladie, de convulsions cloniques des muscles de la face. L'au-

topsie ne rend pas compte de leur genèse, que M. Berger tend à

rattacher à l'excitation du centre vaso-moteur de l'écorce. P. K.

XXV. Idées délirantes ET délires; par Siemens.

(Neurol. Centralbl. 1882.)

Le délire (de la fièvre, des intoxications, des affections soma-

tiques) est consitué par des paroles insensées, des divagations

agies et parlées au hasard sans que le malade ait seulement cons-

cience de leur existence. La notion de l'idée délirante au con-

traire repose sur le mécanisme anormal des conceptions ou as-

sociations de conceptions; ce sont elles qui faussent la conscience

du sujet et exercent sur la façon de sentir et les tendances de l'in-

dividu une influence pathologique; le malade s'appuie sur les

conceptions en question pour agir. Il conviendrait do systéma-

tiser cette différence dans la terminologie et de ne point em-

ployer indistinctement le mot délire pour l'expression idée dé-

lirante. P. K.

XXVI. SUR LES courbes sphygmograpiiiques DU POULS chez LES aliénés ;

par H. Grasiiey. (A7'Ch. f. Psych. u. Ne1'venk., 111, 2.)

Voici brièvement les résultats de cette étude d'hydrodynamique

physiologique. La diminution du travail des nerfs vaso-moteurs

engendre non le pouls lent (itt2,dzts); mais un pouls dicrote à som-

met aigu. Le pouls lent commun est produit par l'augmentation

de la résistance de l'ensemble des ramifications terminales de l'ar-

tère radiale. Le pouls lent arrondi (rotundo-tardus) des aliénés

dérive de la diminution du travail du ventricule cardiaque. Les

pouls lents que l'on observe chez la plupart des aliénés ne per-

mettent pas de conclure que les névropathies constitutionnelles

doivent être rattachées à une diminution d'action des vaso-moteurs.

P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 409

XXVII. Manie transitoire consécutive A la fièvre intermittente DES

ouvriers en laiton; par 0. ]31Ns-W ? Nc.En. (Neurol. Cent1'ltlbl.,

1883.)

L'observation est à lire en entier. Le malade avait des accès de

cette fièvre depuis trois ans. L'auteur pense que, comme pour la

malaria, la psychose qui nous occupe a remplacé l'accès fébrile.

Elle en constituerait la forme larvée. P. K.

XXVIII. Notes sur l'épilepsie; par F. Siemens. (Neurol. Centralbl.,

1882.)

Sous ce titre, M. Siemens examine l'allure des pupilles chez une

épileptique de vingt ans à partir du cri initial. L'épilepsie datait ici

d'un crgotisme épidémique' et avait opiniâtrement résisté au

traitement. Le cri s'accompagne toujours d'un myosis maxima qui

très promptement se transforme, dès la période de convulsions

toniques, en mydriase maxima. A la phase d'acmé de cette période

l'iris n'existe plus tant la dilatation est extrême; à ce moment,

dévination conjuguée desyeux en haut. Le stade clinique entraîne

une dilatation forte mais non plus exagérée; celle-ci diminue

progressivement pendant le stertor et le coma. Finalement myosis.

Pendant le myosis et la mydriase maxima, pas de réaction à la

lumière. Avis pour la simulation. P. K.

XXIX. Contribution A la casuistique DES troubles psychiques

transitoires ; par L. LowENFELD. (Neurolog. Ce ? zt7@ttlbl., 1882.)

Il s'agit d'une sorte de manie transitoire caractérisée par de

l'obnubilation de la vue, de violentes douleurs de tête, des vomis-

sements, des hallucinations de la vue, du désordre dans les idées,

de l'aphasie ataxo-annésique, de l'exsultation survenue chez une

femme indemne d'antécédents héréditaires et de tares organiques,

mais sujette dès l'enfance à des accès de migraine. Durée : six

heures. Les particularités de l'accès font pencher l'auteur vers

l'opinion qu'il avait affaire à un équivalent d'hémicranie, à un

simple trouble cérébral fonctionnel remplaçant la migraine.

P. K.

XXX. Hypothermie chez les aliénés; par HEBOLD. (A1'c/¡. f. Psych.

u. NC1'vcnk., XIII, 3.)

Quatre observations de l'auteur montrent que chez les paralysés

généraux et les déments, la température peut systématiquement, et

progressivement, s'abaisser jusqu'à 30° et même 25°, 7, sans qu'on

I IO REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

puisse invoquer aucune cause extérieure à l'organisme. Il faut donc

penser que le centre régulateur de la chaleur a eu dans l'espèce a

souffrir; comme on rencontre des lésions dans le système nerveux

central, c'est à ses altérations qu'on doit s'en prendre. P. K.

XXXI. Communications SUR LE pouls chez LES aliénés ; par CL.\US.

(Allg. Zeitsclar. f. Psych., XXXIX, 5.)

Sous ce titre, M. Claus publie les résultats de vingt-cinq mois

de recherches sur 126 aliénés hommes, et 82 aliénées femmes. 11

nous donne 32 tracés pris à l'aide du sphygmographe de Marey.

D'une manière générale, il consigne que, chez les femmes, le pouls

lent (tardus) est plus fréquent que chez les hommes, qu'il appar-

tient principalement il un âge avancé, que les formes de ce pouls

ne semblent pas aussi défavorables, quant au pronostic, que le

veut Wolff (Allg. Zeitschr. f. Psych., t. XXIV à XXVI). 11 l'a notam-

ment observé chez 71 hommes dont 9,8 p. 100 guérissent; chez la

femme la proportion des guérisons est dans l'espèce de 20 p. 100.

Dans la plupart des cas le pouls suit la marche de la température et

souvent dans les mêmes rapports que chez les individus normaux.

Passant ensuite aux entités psychopathiques l'auteur affirme n'avoir

jamais observé le pouls normal chez les paralytiques qu'il a exa-

minés il cet égard (13 hommes, 1 femme) ; ou bien le pouls était

tricrote avec anomalies telles qu'irrégularités dans la ligne de des-

cente, ou bien il était lent et ne devenait fréquent qu'aux périodes

d'agitation, ou bien enfin, il présentait un tricrotisme parfait. En

ce qui concerne la folie périodique (4 faits), chaque période n'est

pas invariablement accompagnée d'une inégalité dans la tension

vasculaire dans la modalité sphygmique : il y a des cas dans les-

quels le pouls demeure qualitativement égal à lui-même, quels que

soient le stade, les augmentations dans la fréquence et la force

dépendant de changements semblables dans l'action du coeur. En

ce qui a trait aux épileptiques (12 observations), le pouls est exces-

sivement lent chez les individus d'un certain âge, tricrote et tardo-

tricrotr chez les individus jeunes ; il reste à peu près tel quel dans

les heures qui suivent l'accès. M. Claus eut l'occasion de prendre

un tracé pendant un accès; il nota une fréquence considérable,

une plénitude plus grande pendant la période clonique; le pouls

ordinaire du sujet qui était tricrote devenait alors dicrote, et même

monocrote pendant les inspirations profondes; une heure après

l'accès il avait repris sa forme originelle. P. K.

XXX11. Contribution A l'étiologie de L'ÉPILEPSIE PEND1NT l'enfance;

par Jeun. (Nezi7,olog. Cetzlralbl., 1882.)

Causes : un soufflet entre le cou et l'occiput chez un enfant de

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. ,il 1

douze ans; violente frayeur chez un garçon de scpt ans. Le premier

accès suivit immédiatement ou presque immédiatement la cause.

Guérison à l'aide de K. Br. seul ou associé à K. J. Hydrothérapie.

P. K.

XXXIII. Altérations DE l'écorce DU cerveau pendant LE premier stade

DE la paralysie PROGRESSIVE DES aLIÉNÉS; par E. MENDEL,. (Neurol.

Centrnlbl., 1882.)

Observation dont le tableau clinique était tel que le diagnostic

porté fut : mélancolie simple. L'examen microscopique seul décela

la paralysie générale. Le début de la lésion est manifesté dans la

couche névrotique épaississement; cellules-araignées; épais feu-

trage de fibres englobant des cellules-araignées disséminées, les

éléments nerveux étant à peine perceptibles; cellules araignées ou

connexions avec les vaisseaux remplis de globules blancs; globules

blancs dans les parois et les espaces adventices; intégrité des

cellules nerveuses. L'auteur fait ressortir que la prolifération nu-

cléaire et les altérations vasculaires ne constituent pas le stade pre-

mier de la maladie et que les lésions les plus intenses occupent le

voisinage du centre de la parole, ce qui explique pourquoi la pa-

ralysie générale se trahitd'ordinaire par des troubles de la parole.

P. K.

XXXIV. Sur LES troubles spinaux chez LES fous PELL1GREUY ; par

Silvio 1'ovNINI. (Rivista di F1'eniatria, 1883, fasc. 1.)

L'auteur n'admet pas l'opinion émise par Raggi et Alpago-No-

vello d'après laquelle, chez les pellagreux, il y aurait le plus généra-

lement diminution on abolition des réflexes tendineux ; il se range

plutôt à l'avis de Seppili et arrive aux conclusions suivantes :

10 Chez les pellagreux, à la 3° période, les réflexes tendineux

manquent rarement, et quand cela a lieu, on trouve généralement

une cause spéciale ayant amené la diminution de l'excitabilité ré-

flexe de la moelle.

2° L'exagération des réflexes tendineux est au contraire fréquente

et a lieu parallèlement avec l'état spasmodique des groupes mus-

culaires, et est rendue plus apparente par l'élévation de la tempé-

rature.

3° Ce qui vient d'être dit pour les pellagreux à la 3e période

s'applique aussi dans les autres périodes, mais dans des proportions

moins notables.

4° L'examen de l'excitabilité réflexe des tendons détruit une des

analogies qui peuvent exister entre la pellagre et l'ergotisme et

coïncide plutôt avec les phénomènes décrits par Brunelli et par

Marie chez les individus atteints de lathyrisme.

412 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

L'auteur signale aussi la fréquence plus grande des ostéômes dans

l'arachnoïde spinale chez les pellagreux, qui ont présenté des

troubles moteurs et sentitifs prononcés. Il a rencontré ces os-

téômes chez 41 p. 100 des pellagreux qu'il a observés, ce qui n'est

pas inférieur au chiffre donné par Tamburini pour les paralytiques;

il a soin de faire remarquer que ses pellagreux n'étaient pas d'un

âge avancé. P. M.

XXXV. Anomalies DE la nutrition au stade DE convalescence

de la manie; par SIOLI. (Neurol. Centralbl., 1882.)

La période d'agitation se manifesta dans les deux observations

en question par un amaigrissement en rapport avec l'excès de dé-

penses. En revanche, la convalescence coïncida avec une augmenta-

tion de poids si rapide et si considérable que l'auteur considère

celle-ci comme issue d'une trophonévrose. Dans les deux cas, l'obé-

sité s'accompagna de la production de tuméfactions modérément

dures, élastiques, adhérant intimement aux os; pas de réaction

inflammatoire même pour celle qui s'ouvrit spontanément (éva-

cuation pendant quelques jours d'une petite quantité d'un liquide

séreux) ; résorption complète dès que reparut l'état normal. L'au-

teur explique qu'il ne saurait être question d'une périostite cachec-

tique favorisée par un traumatisme ; l'absence d'accidents de ce

genre, la période de calme où l'on était alors, la multiplicité des

tuméfactions dans l'un des faits, l'amélioration de la psychose et de

l'état général, le défaut de phénomènes inflammatoires ou spéci-

fiques contrediraient à pareille allégation. Pour lui, il se serait, dans

l'espèce, effectué quelque anomalie dans les centres trophiques,

dont l'équilibre revenu dans l'organisme aurait fait justice. P. K.

XXXVI. Contribution A la psychopotiiologie DU jeune AGE; par

DBOSEs. (Messager de psychiatrie et neuropathologie, de Saint-

Pétersbourg, 1883).

L'auteur cite les cas déjà connus de la forme mentale appelée

hébéphrénia en ajoutant deux observations personnelles. L'auteur

pense que l'hébéphrénia n'est pas une forme mentale sui gene1'is

et croit que c'est l'âge où l'enfant devient adulte qui joue le rôle

prédominant dans les manifestations symptomatiques des psychoses

du jeune âge. Bubnoff.

XXXVII. DÉLIRE AIGU AVEC DÉGÉNÉRESCENCE DIFFUSE DES ARTÈRES DU

CERVEAU ET PLUSIEURS FOYERS DE RAMOLLISSEMENT DE LA SUBSTANCE

cervicale; par ERLITZKY. (Ibid.).

Dans l'étiologie de ce cas excès de travail intellectuel et sy-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 413

philis, l'auteur attire l'attention sur le fait que la syphilis grave

du cerveau avec les manifestations spécifiques primaires et secon-

daires très bénignes s'observe surtout chez des personnes qui tra-

vaillent beaucoup intellectuellement. La marche de la maladie

est la suivante :

Trois ans après la syphilis primaire, forme très bénigne

maux de tête et diplopie. Deux ans après, aphasie avec

agraphie de peu de durée. Cinq mois après, à la suite des émo-

tions, violentes dépressions, perte graduelle et profonde de cons-

cience (connaissance), avec hallucinations variées et nombreuses.

La température a monté plusieurs fois à 39°. Mort vers la fin de

la quatrième semaine, après la dernière rechute. (Malheureuse-

ment, l'auteur [ne nous donne pas l'autopsie des autres organes.)

A l'autopsie du cerveau, un trouve : Artères athéromateuses

surtout la sylvienne gauche ; une de ses branches complètement

oblitérée et un petit foyer de ramollissement dans la substance

grise et blanche correspondant à la partie nourrie par cette branche

(dans la partie postérieure de la troisième circonvolution fron-

tale gauche). - Un pareil foyer de ramollissement dans la protu-

bérance à gauche de la ligne médiane. L'examen microscopique

montre une forte hyperémie de tous les capillaires de la substance

grise corticale dont les parois sont épaissies par places. Les parois des

petites artères sont épaissies etontsubi par places la dégénérescence

graisseuse. L'auteur explique la dépression profonde et les hal-

lucinations par 1'llyperéinie de la substance corticale due au foyer

de ramollissement; l'auteur fait la supposition qu'un faisceau de

nerfs vaso-moteurs se trouve juste à cet endroit. Bubnoff.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE

Séance du 30 juillet 1883. - Présidence DE M. Motet.

Discussion sur lccseudo-pnrevlgsie gétérale sghilitique.-11. Char-

111,,NTIER communique à la Société l'histoire d'une femme présen-

tant des lésions syphilitiques qui simulaient une paralysie générale ;

414 SOCIÉTÉS SAVANTES.

celte malade, lorsque M. Charpentier la vit pour la première

fois en avril 1883, dans le service de M. Moreau de Tours à la Sal-

pôlrière, était déjà gâteuse; elle passait ses journées accroupie

sur une chaise, laissant écouler sa salive, la langue pendante, ne

se remuant qu'avec peine et ne prenant sa nourriture que si on la

slimulait vivement. Outre cet état mental, elle présentait à la ré-

gion frontale gauche trois périclites gommeuses, une gomme de

la paupière supérieure gauche, une atrophie des papilles constatée

par M. Parinaud, une cicatrice à la narine gauche consécutive à

une aliénation ayant dû avoir une durée fort longue, une défor-

mation du nez avec perforation des veines, un écoulement na-

sal purulent, abondant et fétide et, enfin, un écoulement analogue

par l'oreille gauche* où, plus tard, M. Hermet constata une perfo-

ration à la moitié inférieure du tympan. La malade n'était pas

visitée, elle était à la Salpêtrière depuis le 9 février, c'est-à-dire

depuis deux mois, allant s'affaissant de jour en jour. Nul autre reu-

seignement que ceux fournis par les certificats. Certificat d'entrée

à la Salpêlrière : démence consécutive à la paralysie générale. Cer-

tificat de Saint-Anne, où la malade n'était restée qu'une journée :

Affaiblissement des facultés mentales avec sensiblerie ; confusion

dans les idées, incohérence, faiblesse musculaire. Certificat à la

préfecture de police : Paralysie générale, affaiblissement des fa-

cultés, hésitation de la parole, inégalité pupillaire, inconscience de

sa situation; arrêtée dans la rue, ne sachant plus retrouver son

domicile. Sans chercher à préciser son diagnostic, M. Charpentier

se fondant sur les manifestations syphilitiques, prescrivit quatre

grammes d'iodure de potassium et des frictions mercurielles quo-

tidiennement répétées. Quinze jours après le commencement du

traitement, les sécrétious du nez et de l'oreille étaient taries, les

gommes diminuées; la malade comprenait un peu, tendait le

membre qu'on lui indiquait, marchait avec peine, essayait de sou-

rire pour montrer qu'elle comprenait; mais les mots qu'elle pro-

nonçait étaient encore trop confus, le langage trop empâté pour

être intelligible. Elle ne gâtait plus. Quinze jours plus tard, elle

pouvait elle-même fournir les renseignements de l'observation. Elle

est giletière, mariée, séparée de son mari; pas d'aliénation ni do

maladies nerveuses dans sa famille ; un écoulement vaginal après

son mariage, pas de maladies depuis; maux de gorge fréquents;

chute de cheveux. A la suite de céphalalgies frontales et occipitales,

accompagnées de nausées et de vomissements, elle eut, il y a quatre

ans, une attaque de nerfs avec perte de connaissance, mouve-

ments impulsifs et écume. Depuis, ces attaques se sont renouve-

lées avec les mêmes caractères, mais plus généralement pendant

la nuit; elles revenaient deux à trois fois par mois dans la der-

nière année. C'est '), ]il suite d'une de ces attaques, qu'elle fut con-

duite a la préfecture de police, mais elle ne se rappelle pas dans

SOCIÉTÉS SAVANTES. 415

quelles circonstances. ,Les autres attaques étaient toujours accom-

pagnées de perte de connaissance; mais presque toujours sans

morsure de la langue, ni délire, jamais de paralysies, contractures

ni troubles de la sensibilité. De moins en moins apte au travail,

elle n'a jamais été malade et n'a pas présenté d'autres symptômes

pouvant se rattacher à l'épilepsie. Elle n'a jamais remarqué les

manifestations syphilitiques qu'elle présente; elle ne se souvient

pas avoir jamais déliré ; au moment où elle fournit ces renseigne-

ments, la mémoire présente des lacunes ; elle a au moins cons-

cience de sa situation, s'inquiète de son avenir et de sa famille;

elle cherche longtemps ses réponses, la parole est lente, empâtée,

mais ni scandée, ni bredouillée; pas de frémissement vermiculaire

de.la langue, ni des lèvres; la physionomie a repris de l'expansion;

mais la commissure labiale droite est abaissée, elle serre moins

bien de la main droite et traîne un peu la jambe de ce côté. Deux

des trois gommes frontales ont disparu; elle travaille avec les in-

firmières, mais ne peut lire, ni coudre à cause des troubles de la

vue. M. Charpentier élimine l'hypothèse d'une coïncidence simple

entre l'amélioration des troubles mentaux et celle des manifesta-

tions syphilitiques extérieures, en se fondant sur l'aggravation des

deux crises de symptômes, tant que la thérapeutique spéciale n'est

pas intervenue et sur leur amélioration rapide et parallèle dès le

début du traitement. Après avoir diagnostiqué une démence d'a-

près les symptômes énumérés, M. Charpentier élimine successive-

ment la démence avec stupeur mélancolique, la démence alcoo-

lique, la démence post-épileptique, et conclut à uue démence

consécutive à une paralysie générale, en se fondant sur les données

du certificat de la préfecture, sur l'élimination des autres causes

de démence, et en faisant remarquer néanmoins l'absence de tout

délire, mais contradictoire, ambitieux ou autre, et l'absence de

frémissement vermiculaire de la langue et des lèvres. Quant à la

palhogénie, M. Charpentier élimine l'idée d'un foyer purulent ou-

vert par les fosses nasales et l'oreille, l'idée d'une méningite par

irradiation d'une ostéite et admet une irritation méningitique su-

baiguë, lente, par nappe gommeuse, des méninges, ou de la subs-

tance grise ou par gomme développée à la face interne du crâne.

Il se demande également si, en raison de l'analogie de ces symp-

tômes avec ceux de la paralysie générale type, on ne pourrait pas

supposer dans ce cas et sous toute réserve nécropsique, l'existence

d'une diffusion proliférante cellulaire méningitique etencéphalique,

analogue aux lésions de la paralysie générale, mais conservant en

outre de l'étiologie de sa production, un modus vivendi qui lui a

permis de céder à l'action du spécifique.

M. Magnan. Nous devons tout d'abord remercier notre collègue

M. Charpentier de son intéressante communication. Quelle que soit

la discussion que peut entraîner l'interprétation de ce fait, il n'en

416 SOCIÉTÉS SAVANTES.

restera pas moins ce résultat thérapeutique à savoir : une affec-

tion grave du cerveau très favorablement modifiée par une médi-

cation spécifique.

Si, sous ce rapport, l'observation n'offre aucune prise à la critique,

il n'en est plus de même lorsque, restant sur le terrain où s'est

placé M. Charpentier, on considère les signes présentés par sa ma-

lade comme semblables à ceux de la paralysie générale. Qu'il me

soit permis de rappeler que j'ai eu l'occasion d'examiner cette

malade avant son entrée à la Salpêtrière, et que j'ai été sollicité à

l'examiner d'autant plus attentivement que le certificat de notre

collègueM. Garnier portait paralysie générale. Entre autres signes,

M. Garnier signale l'hésitation de la parole, qui n'existait plus le

lendemain, ce qui n'a rien d'extrordinaire ici, puisque la malade se

trouvait sous le coup d'une attaque épileptiforme récente lors-

qu'elle a été conduite à la préfecture de police. Tout le monde

sait que, chez tous les épileptiques simples, l'attaque peut être

suivie d'un trouble passager de la parole.

Pour ma part, je n'ai pas pu m'arrêter au diagnostic paralysie

générale et j'ai conclu à l'affaiblissement intellectuel avec sensi-

blerie et faiblesses musculaires partielles, c'est-à-dire à l'existence

d'une lésion circonscrite et non d'une lésion diffuse généralisée.

La nature de la lésion ne pouvait être déterminée à ce moment,

en l'absence de tout renseignement, en l'absence aussi des mani-

festations syphilitiques dont M. Charpentier a été plus tard témoin.

La malade en quittant mon service n'était donc pas, à mon avis,

atteinte de paralysie générale. Voyons ce que disentles symptômes

observés depuis cette époque par M. Charpentier et qu'il vient

d'exposer avec tant de soin et de sagacité. Examinons d'abord la

motilité : A deux reprises, M. Charpentier déclare que la parole

était lente et empâtée, et, pour qu'il n'y ait pas de confusion, il

ajoute qu'elle n'était ni bredouillée ni scandée. Or, pour nous tous,

c'est déjà un renseignement précieux que la lenteur et l'empâte-

ment de la parole.

L'hésitation du paralytique général est caractéristique, et, pour

ma part, lorsque je tiens à bien faire pénétrer cette notion dans

l'esprit des élèves, j'ai l'habitude de placer, à côté l'un de l'autre,

cinq ou six paralytiques atteints, par la maladie, à des degrés pro-

pressivement plus intenses. Le premier, tout à fait au début avec

ses accrocs qui commencent à paraître, un deuxième avec de l'hé-

sitation intermittente, un troisième avec de l'hésitation continue,

puis un paralytique offrant des coupures dans son langage, scan-

dant les mots, puis enfin un paralylique psalmodiant.

Eh bien ! tous ces troubles de la motilité ont un air de famille,

et quand on a ainsi suivi celte sorte de gamme, l'oreille perçoit

des caractères communs entre l'hésitation légère du début et la

parole scandée et psalmodiante de la fin. Je suis convaincu. pour

SOCIÉTÉS SAVANTES. 4)7

ma part, que le jour où nous aurons un moyen facile d'enregis-

trer la parole, nous obtiendrons sur tous les tracés des signes qui

nous permettront de lire ce caractère commun. Mais si, à côté du

paralytique, nous plaçons des déments séniles, des individus atteints

de ramollissement ou d'hémorrhagie cérébrale, des sujets avec des

tumeurs, les troubles de la parole sont tout autres et c'est là que

nous retrouvons la lenteur et l'empâtement. Si, avec M. Cliarpen-

tier, nous poursuivons l'énumération des symptômes, nous voyons

que la langue restait pendante et embarrassée entre les dents. Quel

est donc le paralytique général chez lequel, à moins de complica-

tion ou de lésion accessoire, on trouve la langue pendante ? Mais

même il la troisième période, la langue est mobile et tout le

monde a remarqué le jeu de trombone qu'elle présente à ce mo-

ment, quand on invite le paralytique à la sortir hors de la bouche.

L'hésitation de la parole, ce symptôme capital de la paralysie

générale, n'existait pas chez le malade. Mais si la parole était em-

palée, si la langue était immobile, il y avait aussi un abaissement

de la commissure droite et encore une parésie du côté droit. Ce

sont tout autant de symptômes absolument différents de ceux qui

caractérisent la paralysie générale. Quelle est donc la signification

de ces symptômes ? N'est-ce pas la manifestation d'une lésion

circonscrite ? Et l'état mental ? 11 y a surtout une profonde obtu-

sion qui empêche la malade de prêter attention il ce que l'on dit

ou à ce qui se passe autour d'elle ; toutefois lorsqu'on insiste, on

arrive à se faire comprendre et à obtenir ce que l'on désire. Il faut

dit, M. Charpentier, l'exciter et en quelque sorte la réveiller. Il y

a donc somnolence des facultés, l'oppression et non la perte

réelle comme dans la paralysie générale. C'est avec la plus grande

peine qu'on parvient à la faire manger, non parce qu'elle refuse ou

qu'elle ne peut pas, mais parce qu'elle n'y songe pas ; en la stimu-

lant elle reçoit les aliments.

Est-ce ainsi que se montre le paralytique général ? Celui-ci,

même à la dernière période (à moins de délire hypochondriaque),

dès que vous le placez en face de son assiette, s'y précipite, et

s'aidant, à la fois des mains et des lèvres, engloutit, si on ne le

surveille, tout ce qui est à sa portée. Au bout de quinze jours,

M. Charpentier observe que la malade répond quelques mots mon-

trant qu'elle comprend les questions, mais elle éprouve rapidement

une fatigue intellectuelle.

Quelque temps après on ne constate guère que quelques lacunes

de la mémoire.

Nous ne trouvons pas dans cet état l'affaiblissement réel et pré-

maturé des facultés ; c'est, on le voit, de l'hébétude, de l'obtusion

et de la diminution de la mémoire, le jugement et la portée intel-

lectuelle ne sont pas abolis.

Quant aux lésions, ce qui s'est passé hors du crâne, les trois

Archives, t. VI. 2 -j

418 SOCIÉTÉS SAVANTES.

gommes frontales, permettent de supposer qu'un travail analogue

s'est produit dans la cavité crânienne. Une ou plusieurs gommes,

avec l'irritation qu'elles développent dans le voisinage, expliquent

suffisamment ce qui a eulicu. Peut-être aussi l'ostéite nasalen'est-

elle pas étrangère à la névrite optique constatée par M. le Dr Pari-

naud.

Il ne faut pas perdre de vue que les lésions permanentes ou

d'une certaine durée, des lésions fixes en un mot, qu'elles soient

limitées, circonscrites ou diffuses, donnent lieu souvent à des phé-

nomènes intermittents, s'exaspèrent par intervalles. Pourquoi ? ' !

c'est qu'avec la lésion fixe, immobile ou lentement croissante, se

montrent des phénomènes accessoires surajoutés : congestion,

oedème, troubles vasculaires de tout ordre sans compter l'irrita-

tion fonctionnelle ; ces phénomènes dont le développement est

souvent très actif provoquent des accidents qui viennent troubler

la marche de la maladie principale.

M. Garnier. Il y a peut être aussi chez cette malade les éléments

de deux maladies différentes : syphilis et paralysie générale. Un

paralytique général peut en effet contracter la syphilis.

M. DEL.\sI.\UVE, On entend depuis quelque temps parler de pseu-

do-paralysie générale, il serait bon d'en finir avec ce mot qui ne

veut rien dire et qui constitue une erreur clinique. On est paraly-

tique ou on ne l'est pas. Il y a une paralysie générale type autour

de laquelle viennent se grouper une foule d'autres formes ayant

des caractères communs, mais aussi des symptômes dissemblables,

qu'on ne peut détacher de la principale maladie pour créer une

maladie nouvelle, la pseudo-paralysie.

M. Voisin a observé des syphilitiques en démence qui avaient la

parole lente, avec des paralysies partielles et qui n'étaient que

syphilitiques.

M. Motet, frappé des dissemblances qui séparent la paralysie

générale des maladies qu'on désigne du nom de pseudo-paralysie

générale, rappelle combien selon lui M. Lasègue avait raison de

ne voir que la syphilis cérébrale là où M. Fournier croyait avoir

une paralysie générale syphilitique. Marcel Briand.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 4 1 9

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE BERLIN

Séance du I ¡¡ décemú1'e 1 882 ?

M. ou\,Pe la séance en donnant connaissance à l'assemblée

des affaires qui concernent la société. Il signale, en terminant, la

mort de MM. Levinstein et de Gellhorn; l'assistance se lève en leur

honneur. Il fait également connaître la motion de M. Falck qui

propose que « dorénavant la Société tienne des séances régulières

tous les deux mois. » D'après le § 7 des statuts, cette motion devra

être discutée dans la séance générale annuelle du 1 juin prochain.

M. FROENKËL prend la parole sur le thème que voici : Crimes

commis dans l'état d'inconscience. Il s'agit de deux faits à propos

desquels un premier rapport avait mis en avant l'idée d'un affaiblis-

sement psychique consécutif à des accès d'épilepsie agissant de

concert avec l'ivresse. L'un a trait à un incendie, l'autre à un in-

fanticide. Dans les deux cas, on avait affaire il des hommes mariés

depuis longtemps, originaires du même village qu'ils habitaient et

n'ayant, jusqu'en ces dernières années, donné aucun signe de dé-

rangement moral. Leurs désordres datent du jour où des accidents

épileptiques ont pris naissance, à la suite d'un traumatisme cépha-

lique. La famille avait gardé sur ces phénomènes le plus profond

silence, de sorte que l'opinion publique les considérait comme de

simples buveurs. Voici d'ailleurs, le résumé des particularités propres

à chaque cas.

I. Homme de cinquante-deux ans ayant un frère cadet, épilep-

tique dès l'enfance, rapidement tombé en démence, et un cousin

germain idiot. Il prétend en outre que son père, après avoir souffert

de la goutte pendant vingt ans, aurait présenté de la déchéance

psychique. Depuis l'accident, cause de son traumatisme, on aurait

constaté chez lui des anomalies singulières du caractère. Un beau

jour, il quitte sans raison son travail, cherche dispute à sa femme

qui est obligée de s'enfuir, et, peu après, on voit sa maison en feu.

Sur ce, jérémiades hypocrites ou paraissant telles, en même temps

qu'il va gêner la manoeuvre des pompiers, puis on n'obtient de sa

part que réponses variables, contradictoires, aveux sans vergogne,

ou négations sans preuves, sans système. 11 s'agit de savoir : 1° s'il

est bien épileptique; 2° s'il a commis l'acte incriminé sous une in-

1 Voir les Archives de Neurologie, t. VI. p. 282.

40 SOCIÉTÉS SAVANTES.

fluence morbide entraînant l'irresponsabilité. L'observation à l'asile

ayant révélé des attaques de grand et de petit mal, M. Froenkel

tend à croire aux allégations émises d'une épilepsie durant depuis

trois ans et stimulée par l'ivresse. Par suite, au moment de l'acte,

l'ingestion d'alcool avait provoqué, outre l'ivresse, l'état d'obnubi-

lation épileptoïde propre, à lui seul, à supprimer le libre arbitre.

M. Froenkel ajoute que de tels malades sont capables d'avoir des

intentions perverses, sous pareilles influences, sans qu'ils soient

pour cela responsables de leurs déterminations ; car, revenus à eux,

ils n'ont pas conscience de la sollicitation de leur volonté dans un

but criminel. Une ordonnance de non-lieu permit plus tard de cons-

tater définitivement la réalité de l'opinion émise sur l'existence,

chez ces malades, d'états de sommation épileptoïde.

II. IL ? 42 ans, marié depuis dix-huit ans, rentre aussi inopi-

nément de son travail, coupe la gorge avec un rasoir à son plus

jeune enfant âgé de six ans, tente d'assassiner son fils de dix ans,

et de se suicider. La rumeur publique impute cet acte à une jalou-

sie que rien ne justifie; elle parle aussi d'excès de boisson depuis

quelques années. L'enquête montre en outre que depuis une chute

de voiture dans laquelle il fut presque écrasé, cet individu serait,

à des périodes de quatre à six semaines, en proie à des accès d'épi-

lepsie. Les circonstances qui précèdent, accompagnent, et suivent

l'acte criminel, sont identiques à celles du premier fait. Les ré-

ponses et les allures du sujet au milieu même du drame et immé-

diatement après la scène, font supposer la plénitude de la con-

naissance à l'instant considéré. Et cependant l'étude du malade

révèle des idées de persécution greffées sur des hallucinations de

la vue et de l'ouïe, qu'un premier médecin attribue à des excès

alcooliques prolongés, mais que M. Iru;nlcel impute à l'épilepsie

qu'il constate à cette occasion. Le meurtre a été commis dans l'in-

tervalle de deux accès, sous l'influence d'une manie transitoire

remplaçant à ce moment l'accès convulsif (équivalent psychique).

Confirmation clinique ultérieure.

L'auteur rapproche de ces deux observations le fait de manie

transitoire découvert par lui dans Tacite (Annales, IV, chap. 24),

relatif au préteur Plantius Silvanus; il croit que c'est le plus ancien.

Discussion. M. IDELER renvoie au cas de Ilolzepfed (de Char-

lottembourg) dans lequel il s'agissait d'une épilepsie notoire datant

de la jeunesse.

M. LOEUR rappelle les analogies que l'on trouve dans les concep-

tions doubles (idéogénèse double) et dans l'hypnotisme.

M. EYSFLFIN appelle l'attention sur les équivalents hallucinatoires

qui peuvent durer plus de huit jours, comme il l'a observé dans un

cas; les troubles sensoriels survenaient, dans l'espèce, quand on se

servait d'atropine associée au K. lr, et disparaissaient lorsqu'on

traitait les malades par la morphine.1;

SOCIÉTÉS SAVANTES. 421

11. KNECHT a observé dans son établissement des états de pareille

sorte plus de cent fois.

M. IDELER différencie les actes impulsifs inconscients des actes

inconscients ayant l'air réfléchi. Cette distinction constitue aujour-

d'hui pour lui un fait patent.

M. Richter (de Dalldorf). Contribution à la casuistique des lésions

de l'écorce du cerveau. L'observation communiquée se rapporte à

un homme de soixante-quatorze ans, ayant été atteint d'une at-

taque d'hémiplégie suivie dès l'abord de symptômes d'aliénation

mentale qui prennent tout à coup un accroissement brusque.

M. Richter constate, à côté de l'affaiblissement psychique, une

hémiplégie faciale gauche ne portant que sur la motilité, mais com-

prenant toutes les branches du nerf, voire le lingual et les rameaux

du digastrique et du stylo-hyoïdien, ainsi qu'une hémiparésie du

membre supérieur du même côté, avec hyperalgésie, épaississement

et refroidissement des tissus. Les deux extrémités inférieures sont

plus faibles, surtout celle de gauche. On observe tardivement de la

dilatation pupillaire du côté gauche. Rien dans le domaine de la

sensibilité, ni des organes des'sens. L'autopsie révèle des plaques

de ramollissement dans l'hémisphère droit. Elles commencent dans

le fond d'un sillon qui, parti de la scissure frontale parallèle, à peu

près à la moitié de la hauteur de l'hémisphère, se porte en avant,

intéressent par conséquent une petite partie de la seconde frontale,

s'étendent sur la circonvolution' frontale ascendante en son tiers

moyen, envahissent la partie correspondante du fond du sillon de

Rolando, de la paroi antérieure et de la paroi postérieure de la

pariétale ascendante, et du fond de la scissure interpariétale

(portion verticale parallèle au sillon de Rolando). La zone de' des-

truction se continue dès lors sans interruption le long du sillon

interpariétal jusque sur le lobule du pli courbe (gyrus angulaire)

et, par les circonvolutions de passage, sur le lobule pariétal supé-

rieur qui est intégralement envahi. Du lobule du pli courbe, l'alté-

ration passe dans la 2e circonvolution occipitale. Partout la lésion se

borne exclusivement à la substance grise; elle n'occupe qu'une

profondeur de 2 mil. dans la couche blanche sous-jacente. Pour

M. Richter, les destructions résultent d'une hémorrhagie piemé-

rienne diffuse qui se serait effectuée en bloc. L'auteur insiste sur

l'étendue purement corticale du processus. Il ajoute : « Bien que la

paralysie des deux extrémités et du facial s'expliquent déjà par la

lésion des circonvolutions ascendantes, le ramollissement du lobule

du pli courbe peut être invoqué pour la pathogénie de la paralysie

des extrémités, car j'ai, le 2 décembre 1882, pratiqué l'autopsie d'un

homme qui avait été atteint d'une parésie des deux extrémités du

côté droit et chez lequel je trouvai simplement un ramollissement

jaune du gyrus angulaire du côté gauche. »

le -2 2 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. Eckelmann. L'emploi de l'iodoforme chez les aliénés. Sous ce

titre, M. Eckelmann restitue à l'iodoforme la place qui lui convient,

comme agent antiseptique. C'est un agent merveilleux dans la

chirurgie des psychopathes. Il ne faut pas s'inquiéter à l'excès des

dangers toxiques signales. L'auteur public quinze observations dans

lesquelles il s'est bien trouvé de son emploi à l'asile d'Eberswald ;

il l'a, dans ces cas, employé avec succès souvent à des doses très

considérables, car nous comptons dans l'un des faits 800 grammes

utilisés en six mois. On n'a pas à redouter dans l'espèce d'action

nocive sur l'état mental, seulement il fauts'entourer de précautions,

examiner chaque jour le pouls et la température, analyser les

urines. Voici au surplus les conclusions :

A. L'emploi de l'iodoforme doit être évité autant que possible :

1° Chez les individus dont le coeur est peu énergique;

2° Dans toutes les conditions qui favorisent l'absorption du poison

par l'économie, c'est-à-dire : chez les sujets gras, car l'iodoforme est

soluble dans la graisse - de concert avec l'acide phénique, qui

favorise la mise en liberté de l'iode - dans les grandes plaies

récentes, saignantes, parce que la décomposition des hématies, qui

en résulte, libère l'oxygène qui chasse l'iode du composé;

3° Dans les conditions qui entravent la rapidité d'élimination du

poison, c'est-à-dire : dans la néphrite -(l'acide phénique pouvant

déterminer une néphrite, c'est encore une raison pour ne pas l'as-

socier à l'iodoforme) - dans les affections vésicales.

B. L'emploi de l'iodoforme parait indiqué : 1° Dans les lésions

tuberculeuses ; - 2° Dans les conditions où aucun autre antisep-

tique n'est possible : chez nos malades agités et malpropres ; - 3°

Dans les plaies déjà infectées; 4° Dans les petites plaies récentes

après qu'on s'est rendu maître de l'hémorrhagie; 3° Dans les

opérations auto plastiques ; - 6° Dans les grandes opérations au voi-

sinage des ouvertures naturelles.

C. Mesures de prudence qui doivent présider à l'usage de l'iodo-

forme : 1° Ne jamais employer l'iodoforme qu'à la dose la plus

petite possible, car la gravité de l'intoxication est toujours en rap-

port avec la quantité du médicament usité ; 2° Contrôler chaque

jour le pouls et la température; - 3° Examiner chaque jour l'u-

rine ; y rechercher les sels iodiques.

Il va de soi qu'on interrompt à la moindre menace d'intoxication,

car on ne connaît pas d'antidote contre l'iodoforme.

Dans la discussion qui s'engage à ce sujet, MM. Eyselein, Richter,

Eckelmann appuient les conclusions formulées. L'iodoforme en pan-

sement sur les ulcères du col utérin n'a, entre les mains du pre-

mier orateur, jamais engendré d'accidents nerveux; l'état psychique

des aliénés n'a jamais été influencé par ce médicament, ni en mal,

ni en bien, ajoute M. Richter : enfin, termine M. Eckelmann, si la

SOCIETES SAVANTES. Y23

prudence est ordonnée chez les cardiaques et les rénaux, on ne

saurait se passer de cette substance daus les cas de tuberculose

chirurgicale.

M. B) ! RNtiAnn communique à la Société l'histoire de deux cas de

délire aigu survenu à la suite d'une psychose préalable. Il com-

plique, dans le premier cas, une folie exaltée hallucinatoire; une

hystéromanie, dans le second. Les phénomènes caractéristiques

furent constitués par un trouble profond dans la connaissance des

sujets atteints, par une agitation motrice sans frein d'ordre im-

pulsif, par des intervalles lucides contrastant au plus haut point

avec l'irréflexion tumultueuse de l'automatisme des actes, par la

participation des processus végétatifs à l'affolement psychomoteur,

par l'issue mortelle en rapport avec ce surmenage. L'autopsie

décela également, dans les deux observations, l'hyperostose crâ-

nienne, et l'hypertrophie du coeur gauche, qui sont, pour M. Jehn

(Archiv. f. Psych., VIII, p. 599), les deux facteurs des fusées conges-

tives pathogénétiques dont le substratum anatomo-pathologique

trouvé à l'autopsie est représenté par l'hyperémie cérébrale vei-

neuse et la- stase lymphatique. (Allg. Zeitsch. f. Psych. XL, 1 et 2).

P. KÉRAVAL.

XV CONGRÈS DES ALIÉNISTES DE L'ALLEMAGNE

DU SUD-OUEST'

SESSION DE KARLSRUHE

Séances des 21 et 22 octobre 1882.

Au nom des curateurs, M. SCHULE souhaite la bienvenue à l'as-

semblée. Sur sa proposition, M. de Rinecker est, par acclamation,

choisi comme président. Après avoir expédié les affaires courantes,

on passe à l'ordre du jour qui appelle en premier lieu la commu-

nication de M. DE Rinecker sur l'action des doses réfractées d'hydrate

de chloral dans les périodes d'agitation. Il s'agit de l'agitation exces-

sive qui, parfois, accompagne le stade d'exaltation maniaque des

paralytiques généraux, les états d'obnubilation psychique post-

épileptique, l'extase hallucinatoire des hystériques, la mélancolie

active, et l'alcoolisme chronique (raptus mélancolique et raptus

1 V. les Arch, de Neurologie, t. IV, p. 131.

424 SOCIÉTÉS SAVANTES.

alcoolique). Dans ces cas, l'auteur a obtenu un résultat très

avantageux de doses minimes (0,` ? ;i; 0,30; 0, : je centigr. au plus

par dose) d'hydrate de chloral, en administrant les deux premières

à des intervalles d'une demi-heure, et les autres à des intervalles

d'une heure ou davantage, de telle sorte que, dans les vingt-quatre

heures, les malades aient absorbé 2 à 3 or. 50 centigr. au maximum

du médicament. Les effets salutaires se font d'ordinaire sentir dans

les quelques heures qui suivent l'ingestion ; ils se traduisent par le

calme et un changement complet et brusque dans l'humeur du

sujet. C'est ainsi que tel paralytique général le matin mégalomane,

arrogant, perdra le soir toute prétention et répondra convenable-

ment aux questions qu'on iui pose. Pour obtenir un calme persis-

tant, il faut d'habitude prolonger le traitement pendant plusieurs

jours; on ne dépassera pas trois jours, sous peine d'observer la

plupart du temps les effets du collapsus. Ces trois jours de traite-

ment, dans un cas de démence paralytique récente, eurent à ce

point raison du stade d'exaltation maniaque très marqué chez

l'individu considéré que ce dernier put être rendu à la liberté,

après qu'on se fût assuré à l'asile, pendant une observation de

quatre semaines, que le fonctionnement psychique avait repris son

activité normale; le malade retourna à ses occupations. Ces doses

réfractées calment sans hypnotiser; elles sont d'une administration

facile, car on peut les mélanger aux boissons on aux aliments;

elles ne sont pas dangereuses, si l'on ne dépasse pas le temps de

traitement de trois jours. On obtient par ce procédé le maximum

des effets utiles du chloral, préférable à la morphine en ce sens

qu'on n'a pas besoin d'en élever les doses, tout en évitant l'intoxi-

cation chloralique : on sait, en effet, que, comme l'alcool, le chloral

en petites quantités prolongées agit sur l'encéphale, le muscle

cardiaque, les centres neuro-vasculaires, l'appareil gastro-hépa-

tique.

Discussion. Elle met en lumière qu'on abandonne généralement

aujourd'hui les hautes doses de chloral jadis usitées, mais que

presque partout les doses qu'on administre sont plus élevées que

celles de M. de Rinecker. 1\1..TOLLY, pour éviter l'élévation des doses

et l'accoutumance, usite plus volontiers la morphine associée au

chloral. Enfin, M. Scuur. rappelle une communication de Zeller

qui, à l'époque des premiers essais de l'hydrate de chloral, admi-

nistra sans résultat 3 à G gr. du médicament; il prescrit de son

côté 50 centigr. à I gramme, trois à quatre fois par jour.

M. DE Rinecker communique l'histoire d'un cas d'aliénation

mentale consécutive ci une leucorrhée extrêmement abondante, pré-

sentant un certain degré do périodicité; cet écoulement qui

empestait toute une chambre, condamnait, par son incurabilité,

la malade à l'isolement; or, cet ostracisme avait développé gra-

duellement chez elle une mélancolie accompagnée de misanthropie.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 425

L'autopsie décèle l'existence d'un utérus bicorne surmontant un

vagin double. Un des compartiments vaginaux, qui ne s'ouvre pas

à l'extérieur, s'est transformé en un foyer purulent gros comme un

poing d'enfant; ce foyer communique par un étroit conduit, au

fond du vagin, avec le second compartiment ou vagin normal qui,

lui, aboutit à l'extérieur de la vulve.

M. Fuerstner. Sur les psychoses dans les affections de l'organe de

l'ouie. Les relations qu'affectent les organes des sens périphériques

avec la genèse des hallucinations sont multiples et paraissent par-

fois contradictoires. C'est ainsi qu'on constatera des hallucinations

chez des malades dont les organes des sens sont détruits ou fonc-

tionnent moins bien (hallucinations de l'ouïe propres à l'isolement,

hallucinations nocturnes, hallucinations de la vue chez des aveugles

par accidents, etc...). M. Fuerstner limite son sujet à l'influence que

des processus pathologiques anormaux de l'organe de l'ouïe exercent

sur les hallucinations et ultérieurement sur la genèse des psychoses.

Il a observé, en ce qui le concerne, deux cas de mélancolie greffée

sur des bruits intra-auriculaires s'étant produits à l'état aigu (bruits

vasculaires d'origine hématique) dans la chlorose (l'observation),

ou par compression des vaisseaux du cou du fait d'un goitre dont

le volume variait dans des limites très étendues (1 observation). Les

deux malades guérirent. Ces deux observations doivent être rap-

prochées du cas de Moos dans lequel le golfe de la jugulaire pré-

sentait une largeur anormale. M. Fuerstner parle ensuite de la

fréquence des idées mélancoliques chez des individus en proie à

des sensations auditives subjectives, que l'on constate ou non chez

eux une lésion de l'appareil de l'ouïe; ces idées les conduisent sou-

vent au suicide. Ces sensations subjectives sont souvent le point de

départ d'illusions, puis d'hallucinations, qui engendrent des con-

ceptions délirantes. La folie systématique occupe à cet égard le

premier rang. Parmi les causes prédisposant à une genèse sem-

1)1,il)le, il faut ranger l'âge avancé ; mais, alors, la systématisation

du délire se montre plus rare, l'individualité psychique du malade

résiste davantage, elle conserve son assiette de sorte qu'il arrive à

se tenir longtemps en dehors des phénomènes morbides. Pronostic

défavorable. L'auteur aborde en troisième lieu les troubles

psychiques qui, se présentant la plupart du temps sous la forme

d'accès d'agitation, accompagnent les processus inflammatoires

aigus de la caisse terminés par la suppuration. Ils devraient en

partie être attribués à des modifications dans la pression intra-

crûnienne ; ainsi une observation de Schiilfc montre une rétrocession

rapide d'une psychose existante, à la suite d'une otorrhée purulente

profuse qui s'établissait sans prodromes; M. Fuerstner a observé une

évolution semblable. Enfin, en ce qui concerne la surdité nerveuse

ou la déchéance soudaine de l'acuité auditive, l'auteur a vu ces

accidents être, en deux cas, suivis de mélancolie, notamment chez

426 6 SOCIÉTÉS SAVANTES.

des vieillards. 11 insiste sur ce fait que, chez les individus dont les

fonctions de l'ouïe ont baissé, les troubles psychiques passent

facilement inaperçus, parce qu'ils sont moins communicatifs avec

les personnes qui les entourent. 11 n'est pas rare alors qu'on

constate des- tentatives de suicide de leur part sans qu'elles

paraissent préparées. Ce travail sera publié in extenso 1.

Discussion. M. SCIIULE, tout en confirmant l'exactitude des

observations et des conclusions du mémoire, regrette de n'y avoir

pas vu mentionné l'athérome qu'il a trouvé à plusieurs reprises

comme cause d'hallucinations de l'ouïe. Il a aussi observé des

bruits de l'oreille très pénibles dans un cas d'hyperostose du

rocher.

M. Jou)' met en garde contre la tendance que l'on a à attribuer

aux hruits auriculaires une trop grande importance pathogénétique

relativement aux psychoses, car les bruits survivent à la psycho-

pathie, et ils peuvent cesser alors que cette dernière subsiste. Il lui

serait du reste facile de citer des observations analogues pour la a

vue ; parfois de petits troubles dans les milieux réfringents

deviennent l'occasion d'illusions dont le caractère consiste dans la

variété des dimensions, selon qu'elles sont projetées à une distance

plus ou moins grande.

M. Kirn raconte l'histoire d'un cas observé par lui qui prouve que

des hallucinations évidentes de l'ouïe n'entraînent pas nécessaire-

ment une psychose.

M Jorr.v rappelle à ce sujet les expériences que le botaniste

1\aoegeli fit sur lui-même à l'égard d'hallucinations de la vue consé-

cutives à une tension exagérée de la fonction pendant des recherches

microscopiques assidues.

M. SCUÜLE prend la parole sur les effets accessoires de l'hyoscya-

mine. Tout nervin héroïque possède, en dehors de son action cura-

tive, une action accessoire qui limite ou empêche l'action médica-

menteuse, en transformant l'agent en toxique. Ce sont les actions

accessoires, impossibles à éviter, qui constituent le danger des in-

jections hypodermiques de morphine (shock) pourtant si utiles, de

l'usage prolongé du chloral (dyscrasie hématique, dystrophie, action

vasomotrice), du K. Br. (torpeur cérébrale et ataxie spinale du

bromisme). En présence des exaltations enthousiastes et illimitées

dont l'hyoscyamine est actuellement l'objet, il est opportun d'en

faire connaitre les effets accessoires. Un exposé méthodique de ces

effets est d'autant plus urgent que, tandis que pour la morphine et

le K. Br., on commence par de petites doses pour augmenter gra-

duellement selon le besoin, et prolonger ensuite l'ingestion médi-

' Nous lui consacrerons alors une plus ample analyse si les notes que

nous publions cri n'en mettent pas suffisamment en relief la teneur.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 427

camenteuse, l'expérience enseigne que l'hyoscyamine ne réussit

en thérapeutique que si, d'un soi 1 coup, on arrive 1, la dose

maxima. on risque la dose la plus forte. Malheureusement, nous

n'avons pas d'échelle physiologique qui nous permette d'é-

valuer approximativement la dose convenable, celle qui est indiquée

pour tel individu dans tel cas particulier, celle qui doit agir sans

nuire. Aussi sommes-nous devenus insensiblement si audacieux

qu'étant donnée une constitution vigoureuse, disposant d'organes

respiratoires sains, nous ne reculons pas d'emblée devant 1 centi-

gramme d'hyoscyamino cristallisée de Merck ; à côté de cela, chez

la femme, ou pour peu qu'on se défie de l'état du coeur et des

gros vaisseaux, on se contentera de la moitié. Or, le shock manque

rarement à la suite de ces doses initiales; il consiste en : ataxie,titu-

bation, adynamie, aphonie, raucité de la voie, crampes pharyn-

giennes, pâleur de la face, lividité des lèvres, ralentissement et

parfois petitesse du pouls, dilatation quelquefois considérable des

veines. Jusque-là, il n'y a aucune crainte à avoir; ces accidents

passagers disparaissent plus ou moins vite : un seul cas, celui de

Mendel, se termina par la mort. Quoi qu'il en soit, ce n'est que le

shock passé, que l'effet curatif désiré se produit; les malades de-

viennent plus calmes, plus ordonnés pour un temps plus ou moins

long. Mais il y a aussi des effets accessoires qui restreignent ou

même rendent illusoire l'effet curatif, et forcent plus ou moins

promptement à suspendre le médicament. Les voici :

4 Convulsion spasmodique de l'oesophage et sécheresse du pharynx,

telles que toute ingestion alimentaire est, le jour même, impos-

sible. C'est, pour le malade, un véritable supplice de Tantale auquel

ajoute encore l'altération des sensations gustatives; le pain leur

semble de la paille ; l'eau, du plomb qui vient leur comprimer la

gorge. Dans les cas observés par M. Schule, il dut interrompre le

traitement, et jamais il ne put obtenir l'assuétude des sujets;

chaque injection était suivie des mêmes phénomènes;

2° Troubles dans la perception sensorielle. Les uns, légers, se

rattachent à la mydriase : une malade voyait partout des cheveux;

la préoccupation de les enlever lui faisait perdre le bénéfice du

calme. Les autres consistent en des apparitions douées de formes :

grimaces, caricatures, spectres; de là des angoisses ;

3° Troubles sensoriels proprement dits ou directement psychiques.

L'auteur cite deux cas caractérisés soit par des hallucinations, soit

par des pseudo-hallucinations entraînant des conceptions irrésis-

tibles tellement vivaces que l'individu, véritable croyant, est en

pleine anxiété. Rêves de même nature, sensations d'incubes. Dans

une des observations, la malade avait absorbé deux fois par jour

trois miiïigr. ; les désordres disparurent aussitôt après la cessation

du médicament. Dans l'autre, qui concerne aussi une femme, il fal-

lut des mois pour que les hallucinations disparussent définitivement;

428 SOCIÉTÉS SAVANTES.

4° Troubles intellectuels. Le délire h3-oscyaminique consiste en

l'apparition sous forme aiguë de conceptions incohérentes, confuses,

puériles, accompagnées de loquacité, mussitation, grimacements

et rires immotivés, radotages de diverses sortes, troubles dans la

perception,- sensations vertigineuses bizarres (ballottement), illu-

sions relatives à la forme, à la couleur, à la dimension des objets,

notamment des membres du malade. Du moins est-ce le tableau

nosographique très résumé que nous permettent de tracer les

quatre faits cités. Généralement, tout cesse avec la suspension de

l'agent médicamenteux. C'est moins, en somme, un délire qu'un

désordre complet dans les idées et les paroles qui les expriment.

5° Douleurs musculaires redoutables dans les jambes. Ces accidents

que Schüle a vus survenir chez deux de ses malades, arrachent

des cris aux patients immédiatement après les premières doses

d'hyoseyamine.

Discussion. Elle permet de distinguer deux courants d'opinions.

Les uns semblent, avec M. Fuerstner, redouter la dénutrition qui

accompagne invariablement l'absorption de l'lyoscyamine, et qui

se traduit par une pote en poids de l'individu en traitement (con-

firmation sur ce point de M. Shüle).,Les autres avec M. KnHTx* pa-

raissent penser qu'en usant de la plus grande prudence à l'égard

de l'administration du médicament dans les psychopathies récentes,

on est autorisé à essayer de faire bénéficier les malades de ses

effets thérapeutiques, et qu'en tous cas, chez les aliénés chroniques,

lés avantages obtenus compensent largement la diminution de

poids des sujets en traitement. M. de Rinecker rappelle, à ce

propos, la communication faite au congrès des aliénistes allemands

d'Eisenach en 1882, par Gnauck qui, favorable au médicament,

'attribue les effets pernicieux relatés au choix des préparations 2.

Or, MM. Schute et Fuerstner font remarquer que c'est précisément

de l'hyoscyamine de Merck qu'ils se sont exclusivement servis.

M. Kirn. Communications sur les psychoses consécutives aux affec-

tions fébriles 3. Sous ce titre, M. Kirn présente l'histoire de six psy-

choses émanées de fièvre typhoïde, érysipèle, rhumatisme articulaire,

bronchite aiguë, qui, toutes, à l'exception d'un cas ayant duré

plusieurs semaines, ont évolué dans l'espace de quelques jours.

Quatre d'entre elles se montrèrent au début ou à la phase d'acmé

de'l'affection fébrile (psychoses 'fébriles vraies), c'est-à-dire au

moment où l'hyperthermie et l'accélération de la circulation en-

traînent de l'excitation cérébrale, et présentèrent, par intervalles,

' Archives de Neurologie, t. IV, p. 137.

' 'Archives de Neurologie, t. VI, p. 141. 1.

'' * Archives de Neurologie, t. II, p. 203, et' t. ,IV, p. 105 (mémoire de

E. Kroepelin).

SOCIÉTÉS SAVANTES. 429

le tableau symplomatique d'une agitation psychique très marquée;

on constata même, en deux cas, du délire aigu suivi de mort. Deux

antres observations témoignent de l'apparition de la psychose au

moment de la disparition des phénomènes fébriles (psychoses

asthéniques); la vésanie, qui coïncida dans l'un des cas brusque-

ment avec la défervescence subite de la température, devrait être

rapportée, dans l'espèce, à la modification soudaine apportée dans

l'irrigation encéphalique; elle devrait être, dans le second, im-

putée à des troubles de la nutrition du cerveau, à raison de son

évolution bruyante en rapport avec la rétrocession graduelle des

accidents pyrétiques. Ces psychoses asthéniques diffèrent des psy-

choses fébriles par le développement plus parfait des idées dé-

lirantes : guérison. Dans la plupart des observations (cinq), on

arriva à fournir la preuve d'une prédisposition acquise, c'est-à-dire

d'un terrain préparé par des influences ayant, au préalable, agi

sur les facultés psychiques.

M. JoLLY insiste à ce propos' sur la prédisposition relativement

à la genèse des psychoses asthéniques. Il a été frappé, quand il

s'occupait du. même sujet, de l'absence absolue de documents à

l'appui de l'assertion tant'de fois'émise'que les accès de fièvre in-

termittente peuvent être remplacés par des accès de folie apyré-

tique ; il n'en a pu trouver d'observations personnelles, ni d'exemples

dans la bibliographie.

M. IisTZ. - Remarques pour servir à l'étude de la folie aiguë

partielle. L'auteur a, dans ces derniers temps, eu l'occasion d'en

observer plusieurs cas qui, sans présenter rien de particulier

quant à l'étiologie, offrent un tableau clinique précis, à raison de

la netteté de la pathogénie et de l'évolution de l'ensemble des

faits et doivent être réunis sous le titre de : formes classique, pures,

simples. On peut les diviser en deux groupes : ? 1

1. Le premier comprend les modalités caractérisées par l'appa-

l'ilion primitive d'hallucinations ou d'illusions, portant presque exclu-

sivement sur la vue et l'ouïe, qui deviennent après coup les facteurs

des idées délirantes ; ces dernières sont mobiles et ne présentent

aucune tendance à se fixer. Ces entités morbides présentent, au

point de vue spécial où nous nous plaçons, deux stades inté-

ressants à étudier : le stade des prodromes et le stade du début.

Les prodromes durent une semaine ou deux; le malade, inquiet,

en proie à un malaise général, à une sorte de pressentiment vague

qu'il va lui arriver quelque chose de fâcheux, est' tout à coup surpris

par une hallucination ou une illusion de la vue ou de l'ouïe mal

définie : on l'appelle pour lui demander ceci ou cela ; il voit un

objet de sa chambre se promener. 11 s'adonne à ces impressions

fausses, les recueille avidement, sans réagir contre elles. A ce

moment, on observe parfois une légère rémission. Puis, sans répit

'(30 SOCIÉTÉS SAVANTES.

ni trêve, le patient assiste à une succession kaléidoscopique d'hal-

lucinations les plus variées, les plus mobiles que l'on puisse ima-

giner ; elles donnent naissance à des conceptions délirantes aussi

polymorphes, aussi fugitives, dont la rapidité d'allures ne laisse

guère le temps au sujet de se reconnaître. Cependant, elles nel'ab-

sorbent pas au point de lui faire perdre de vue les scènes princi-

pales de la pièce qui se joue devant lui, de lui en enlever le sou-

venir exact. En un mot, il n'existe aucun désordre dans les idées ;

il semble que le moi soit simplement spectateur des troubles

psycho-sensoriels; aussi n'y a-t-il pas de délire des actes et l'im-

pressiounabilité affective demeure-t-elleindemne. C'est, en somme,

un délire par hallucinations.

11. Le second groupe renferme les types morbides dans lesquels

ce sont les conceptions délirantes qui ouvrent la scène et dominent

le cadre symptomatique. Ici, c'est le délire qui cnlmine les httlluci-

nations. Lesprodrômes sont les m'hues que dans le premier groupe.

Puis, soudain, apparaît une idée délirante, sous l'influence de la-

quelle le patient va demeurer dans tout le cours de la psychose ; il

sera absorbé en entier par elle : ce n'est que lorsque l'échafaudage

de la conception délirante a jeté ses fondations que se montrent

les hallucinations; elles viennent renforcer, colorer le délire sans

l'altérer. La vigueur et l'intensité des hallucinations entraînent

alors des manifestations d'ordre passionnel. En un mot, les idées

délirantes et les hallucinations se combinent pour édifier un en-

semble morbide partout continu et logique dont la forme se rap-

proche des modalités chroniques de la folie systématique pri-

mitive.

M. Krelz n'attribue aucun des groupes à une étiologie spéciale ;

il pense que l'on n'est nullement fondé à imputer l'ensemble de

ces cas à une infirmité cérébrale. Leur évolution peut atteindre six

mois. Le pronostic en est favorable.

Discussion. M. MOLLO a vu la folie systématique chronique se dé-

velopper de la même façon en certains cas.

M. Fuerstner. 11 s'en faut de beaucoup, à son sens, que le pro-

nostic soit aussi favorable que le veut M. Kretz. L'élément affectif

du cerveau est souvent très vivement touché; de plus il est fré-

quemment impossible de savoir si les idées délirantes ou lesliallu-

citations se sont montrées les premières ; enfin, le désordre dans

les idées appartient aux psychoses de tous genres et ne saurait

servir de caractère pour aucune.

M. Kirn a, à plusieurs reprises, vu l'isolement être la cause

unique de faits semblables; l'isolement supprimé, il a obtenu une

issue favorable, une marche rapide.

M. de Rinecker rappelle qu'une conclusion conforme au deside-

ratum exprimé par l'auteur, relativement à l'insuffisante apprc-

SOCIÉTÉS SAVANTES. V3 I

dation de la folie partielle primitive par la nomenclature qui

sert de base à la statistique, a déjà été conçue par le congrès des

aliénistes allemands; malheureusement, faute d'une entente géné-

rale, on dut retirer la conclusion l'année suivante.

M. Fischer. Sur les cellules capitonnées. Après avoir traité des

indications des cellules capitonnées, des difficultés de leur aména-

gement et des imperfections fâcheuses qui en résultent; après avoir

discuté les avantages et les inconvénients des cellules dont les

parois sont en toile à voile (cellules de Schlager), l'auteur conclut

en ces termes :

1 Les cellules capitonnées constituent une nécessité inéluctable

pour qui veut traiter certaines manifestations morbides des

psychopathes ; -,

2° Comme ces manifestations morbides se montrent dans les

états pathologiques des formes les plus différentes représentées en

tout établissement d'aliénés, comme elles mettent en certaines cir-

constances la vie des malades en danger, il est du devoir de tout

établissement de construire des cellules capitonnées en nombre

proportionné;

3° La construction incomplète d'un asile ne saurait être alléguée

comme un motif suffisant à justifier l'absence de ces cellules ;

4° Comme on ne connaît actuellement pas d'installation de

capitons qui mérite une absolue recommandation, nous devons

nous imposer l'obligation d'avoir à nous former un jugement re-

latif aux améliorations possibles des systèmes existants jusqu'ici, en

les essayant dans la pratique.

Discussion. M. .Jor.r.Y insiste vivement sur le danger d'une em-

bolie graisseuse ', mentionnée par M. Fischer dans certains états

d'agitation. Le nombre de cas de ce genre, pour être petit, n'en

est pas moins constant; aussi, pour parer àcet accident, a-t-il dû

se résigner à l'emploi des moyens de coercition. D'après ce qu'il a

vu, au sujet des cellules capitonnées, surtout en Angleterre, celles

qui ne servent pas sont en bon état, taudis que toutes celles que

l'on utilise sentent mauvais.

M. Fuerstner reconnaît le besoin de semblables agencements,

quoique les cas qui les nécessitent soient très rares. Certains des

malades en question, surtout les aliénés qui se frottent aux parois

ne sauraient être laissés dans ces cellules qui sont insuffisantes pour

eux. Elles ont, d'ailleurs, bien des inconvénients. On ne peut no-

tamment les tenir propres et la surveillance est, avec elles, trop

limitée.

M. SCI ! OEFER lit un long mémoire sur la protection des médecins et

des gardiens contre les attentats dont ils sont l'objet de la part des

1 Archives de Neurologie, t. I, p. 583.

432 SOCIÉTÉS SAVANTES.

aliénés. - A une époque où l'on s'occupe de préserver les tra-

vailleurs de l'industrie des effets des accidents et des conséquences

de la vieillesse, il serait injuste d'oublier les travailleurs du service

hospitalier des aliénés. N'est-il pas équitable de s'efforcer de pro-

curer aux gardiens des malades une situation égale à celle que

nous nous efforçons d'assurer aux malades eux-mêmes ? Une ré-

vision des malades plus ou moins dangereux pour leur entourage

permet de les diviser en sept catégories :

4° Les aliénés tapageurs et délirants;

2° Les aliénés à penchants homicides", capables de se livrer à

des voies de fait ;

3° Les malades en proie à une tendance aggressive passagère :

hallucinés, maniaques périodiques et surtout épileptiques;

4° Malades calmes, mais tourmentés par des idées de persécution

ou nourrissant quelque annnosité pour d'autres motifs ;

5° Malades des hautes classes de la société, qui, ayant leur

chambre spéciale et leur gardien particulier pendant la nuit, ne

peuvent accomplir leurs projets d'évasion qu'en se débarrassant

d'un témoin. On rangerait dans ce groupe, outre les fous systéma-

tiques et les maniaques chroniques, le nombre incalculable des pa-

ralytiques généraux ;

0" Les malades atteints d'entités ps3cliopatliiques les plus

variées, qui se sont évadés, qui sont en train de s'évader, ou qui,

a\ant de toute autre façon échappé à la surveillance, peuvent être

munis d'une arme ou se sont barricadés. La lutte pour la liberté

les rend capables de tout;

7e Il existe une foule inombrable de cas ne rentrant dans aucune

des catégories précédentes qui tous ressorlissent à ce fait indéniable

que tout aliéné, fùt-il le plus inoffensif en apparence, peut, une

fois en passant, devenir dangereux.

Or, l'aliéniste a un double rôle à jouer dans la question :

I. En ce qui concerne la prophylaxie, il lui faut se préserver lui-

même et préserver ses gardiens. Comme médecin, il est en

butte à toute l'inimitié des aliénés, parce qu'il délient l'aulorité;

aussi les attentats dirigés contre lui, surtout quand il est directeur,

sont-ils les plus fréquents. En conséquence, il ne perdra jamais de

vue le danger que lui fait courir sa profession; il ne se présentera

jamais seul devant ses malades ; il isolera pendant la visite les

aliénés agités ou dangereux; il n'accordera aux individus suspects

ou capables de devenir dangereux, la liberté d'allures qu'ils ré-

clament, qu'autant qu'elle sera compatible avec le soin de sa

propre sûreté. - Les gardiens sont exposés de leur côté aux

attentats, à raison de leur contact journalier avec les malades, de

leurs devoirs professionnels qui consistent à aller au devant du

danger dans l'intérêt même des individus confiés à leurs soins, à

traiter ces derniers, malgré leurs violences, selon les règles de

SOCIÉTÉS SAVANTES. ! 33 3

l'humanité, de l'indulgence et du no-restraint. Tant de dévoûment

mérite tous les égards et toutes les précautions. C'est pourquoi il

faut leur recommander qu'en toutes circonstances nécessitant leur

intervention, ils agissent toujours en nombre, qu'ils isolent les ma-

lades; on emploiera, au besoin, dans la cellule, le système d'inon-

dation en usage à Stefansfeld, le jet de la pompe pour débusquer

ceux qui se sont réfugiés dans un endroit inaccessible, etc. On

mettra le gardien à l'abri, la nuit, d'un aliéné isolé, en l'isolant

lui-même dans un cabinet voisin ou en transférant l'aliéné dans un

dortoir adapté à la surveillance continue; on multipliera les sur-

veillants dans les jardins ou les endroits retirés, etc. Soit dit sans

préjudice des décisions à prendre dans chaque cas spécial.

IL Au point de vue de la loi, le médecin doit attirer l'attention

du législateur sur le rôle qui incombe à l'Etat au sujet de la pré-

voyance que la société ne saurait refuser aux gardiens. La situation

de notre personnel est la même que celle de la population géné-

rale des travailleurs. Cette profession expose aux mêmes fatigues,

aux mêmes dangers que celle des ouvriers qui vivent au milieu des

machines. Son sort doit donc au même titre être légalement

assuré contre. les nécessités de toutes sortes. Cependant, confor-

mément à l'adage : Qui trop embrasse mal étreint : on peut, pour

le moment, borner ses désirs à assurer les gardiens et les gardiennes

contre les accidents proprement dits. Ceci obtenu, on pourrait en-

suite prendre en main la question des pensions à attribuer aux em-

ployés en question, atteints par la maladie et la vieillesse. De là à

étendre les mêmes mesures de prévoyance sociale aux gardiens

hospitaliers ordinaires, aux infirmiers qui affrontent chaque jour

la contagion, il n'y a qu'un pas; on verrait plus tard.

En conséquence, M. Schoefer propose à l'assemblée de vouloir

bien :

10 Déclarer qu'il est tout à fait désirable que le sort des gardiens

et gardiennes des établissements hospitaliers soit, d'une manière

générale, assimilé à celui des autres travailleurs, et pris en consi-

dération par la législation future, et qu'en particulier, dans le

projet de loi en préparation sur l'assurance contre les accidents, on

comprenne soit l'ensemble des gardiens hospitaliers, soit, tout au

moins, les gardiens des asiles d'aliénés.

2° Charger les curateurs du Congrès de porter celte décision à

la connaissance du bureau de la Société des aliénistes allemands,

et de le prier de tenir conseil sur la teneur de cette première con-

clusion, sauf à l'adresser ensuite, sous forme de mémoire, au Reichs-

tag ou au conseil fédéral allemand; enfin d'informer les curateurs

de ses agissements.

Avant de procéder à l'ouverture de la discussion, le président

expose que, vu son mode de composition et le département qu'il

représente, le congrès n'est pas autorisé à prendre une décision

Archives, t. VI. 1. 28

434 bibliographie.

dans une question d'une importance si générale. Les membres ras-

semblés ici peuvent se borner à émettre une déclaration dans le

sens de la proposition, et à lancer la question ainsi soulevée. Adhé-

sion de l'auteur.

M. JoLLY insiste sur la difficulté de trouver et d'indiquer les mo-

tifs fondamentaux d'une réglementation législative. Pour lui, elle

n'aurait de raison d'être que si elle s'appuyait sur des chiffres sta-

tistiques concernant le nombre et le genre d'accidents arrivés dans

chaque asile.

M. DE Rinecker fait remarquer que c'est précisément dans l'exposé

des motifs que résidera le travail du comité de la société des alié-

nistes allemands; c'est à lui qu'il appartient de préparer les maté-

riaux de la question.

M. ScuoLE accepte sans réserve la motion de M. Schoefer, bien

qu'il soit, en somme, extraordinairement rare que l'on ait à dé-

plorer des lésions sérieuses de la part des aliénés. Dans les vingt

années qu'il a passées à Illenau, il n'en connaît que deux cas.

Le vote par voix individuelles conclut à l'adoption des deux ar-

ticles. Seulement, le premier se bornera à parler, conformément à

la proposition de M. Jolly, du personnel des gardiens des aliénés.

Eu égard au congrès des naturalistes qui. doit se tenir à Fribourg

l'année prochaine, la réunion de Isarlsrulie n'aura pas lieu.

MM. Schúle et Kim sontde nouveau nommés curateurspour 1884.

(Allg. Zeitschr. f. Pàych. XL, 4 et 2). P. KERAVAL.

BIBLIOGRAPHIE

VII. Du délire épileptique ou plutôt de l'influence de l'ictus épilep-

tique sur l'état général normal et pathologique; par RESPAUT.

Thèse de Paris, 1883.

On est toujours trop porté à attribuer à l'épilepsie tous les trou-

bles mentaux qui se présentent chez un épileptique. M. Magnan ' 1

a montré qu'un épileptique peut être en même temps alcoolique

et délirant chronique et que, chez un tel sujet, l'épilepsie, l'alcoo-

lisme et la vésame peuvent se cotoyer, tout en restant distinctes. Le

1 De la coexistence de plusieurs délires chez le même aliéné. (Archives

de Neurologie, t. I, p. 4'J.)

. bibliographie. 135

travail de M. respaut vient à l'appui de la même idée, tout en s'ap-

puyant sur des faits d'un ordre un peu différent.

En dehors ne ses attaques, les épileptiques se trouvent dans des

états psychiques qui présentent des variétés sans nombre. a) Cet

état est pathologique s'il s'agit de sujets qui sont en même temps

alcooliques, délirants chroniques, impulsifs, etc. ; b) mais même

chez des sujets sains, en dehors de l'épilepsie, l'état psychique est

très différent suivant les habitudes, la profession, l'éducation, etc.

Qu'il soit normal ou pathologique, qu'il soit permanent ou transi-

toire et précédant l'attaque, cet état psychique détermine la forme

du délire, auquel l'ictus épileptique imprime son cachet pathogno-

monique, l'inconscience. On peut retrouver dans l'état psychique

autérieur les éléments du délire épileptique, comme on y retrouve

les éléments du rêve. Hughlings Jackson a cherché à expliquer les

troubles intellectuels qui suivent ces accès épileptiques en disant

que la décharge épileptique annule l'action directrice, paralysant

momentanément les centres les plus élevés, (les centres de la voli-

tion, les centres modéro-moteurs de Ferrier), les centres inférieurs

restant seuls en activité, ne peuvent plus déterminer que des actes

automatiques, qui varient précisément suivant l'état cérébral anté-

rieur.

Que l'état psychique antérieur soit normal ou pathologique, l'in-

fluence de l'action épileptique est la même; mais elle peut se ma-

fester sous deux formes, as Dans l'une, le malade, après le choc,

poursuit une idée préexistante, ou continue un acte commencé,

met à exécution un projet récemment combiné, etc. La disposition

mentale existante au moment de l'ictus n'est pas interrompue,

qu'elle consiste en idées raisonnables, se rapportant à la profession

par exemple, ou en idées de suicide, en délire alcoolique, en hallu-

cinations sensorielles, etc.; b) dans l'autre, l'ictus interrompt l'idée

immédiatement préexistante, ou l'acte commencé et détermine

une action qui est ou bien la répétition d'une action ancienne iden-

tique, ou bien l'exécution d'une idée antérieure. Le délire épilep-

tique n'est, en somme, souvent que l'exécution automatique d'une

idée préexistante ou normale ou pathologique ; il en résulte de là

qu'on est tenté d'attribuer la responsabilité de l'acte qui semble

prémédité à un malade qui a agi avec une inconscience complète .

La gravité du délire varie, on le comprend, suivant, que le sujet

est sain d'esprit et qu'il n'a, par exemple, que des préoccupations

professionnelles, ou que c'est un vésanique ordinairement en butte

à des impulsions homicides ou suicides. Cu. F.

VIII. De la chute et de la dystrophie des ongles chez les ataxiques ;

par Domecq Tunorr. Thèse de Bordeaux, 18sus3.

On peut observer chez les ataxiques, en dehors de toute cause

436 6 BIBLIOGRAPHIE.

traumatique, des chutes spontanées des ongles des orteils (JofFroy,

Pitres, Pouget, Roques). Ce phénomène se produit surtout au ni-

veau des gros orteils, mais quelquefois aussi au niveau des autres.

Elles sont souvent précédées de douleurs vives, persistant de quel-

ques jours à trois ou quatre semaines et quelquefois d'une tache

ecchymotique-sous-unguéale. Elles se produisent fréquemment

plusieurs fois 'consécutives et à des intervalles variables chez

les mêmes malades . Elles peuvent se manifester à plusieurs

âges de la maladie. La chule spontanée des ongles peut avoir

lieu dans d'autres maladies que l'ataxie locomotrice, et parti-

culièrement dans les sections des nerfs périphériques et dans la

sclérose en plaques. Il est vraisemblable qu'elle dépend immédia-

tement d'une altération inflammatoire ou dégénérative des nerfs

des orteils. Dans les mômes conditions, il peut se produire des dys-

trophies des ongles dues aux mêmes causes et accompagnées des

mêmes troubles. Cu. F.

IX. Palho[Jénie et accidents nemeux du diabète sucré (Thèse d'agré-

gation) ; par le Dr Ferdinand Dreyfous, ancien interne lauréat,

(médaille d'argent), des hôpitaux de Paris, etc.

Cette thèse se divise en deux chapitres que l'auteur a séparés

d'une façon absolue, et auxquels il n'attribue pas une égale impor-

tance. M. Dreyfous a pensé, avec raison, qu'il devait résumer l'his-

toire si complexe de la pathogénie du diabète. L'état actuel de la

science n'autorise pas un médecin impartial à se prononcer sur

cette question délicate; et si rien n'eût été plus aisé que d'allonger

presque indéfiniment ce chapitre, sans profit, puisque la conclu-

sion était et ne pouvait être que négative ou hésitante; il était plus

utile de donner un exposé concis et complet des recherches faites

sur le sujet et des discussions auxquelles il a donné lieu depuis

Willis. M. Dreyfous a préféré ce dernier procédé.

On peut être étonné de voir tout lien faire défaut entre les deux

parties de ce mémoire; en effet, il existait une transition toute indi-

quée ; de la théorie nerveuse du diabète, on était amené à l'étude

des accidents nerveux qui en dépendent. L'auteur n'a pas pensé

qu'il lui fût possible d'adopter cette théorie à l'exclusion des autres;

dès lors il ne pouvait pas, en la réservaut pour la dernière, lui at-

tribuer une importance prépondérante. En comprenant la patio-

génie du diabète comme il l'a fait, cette transition lui échappait;

à vrai dire, elle n'eût rien ajouté à l'intérêt de son travail.

Après avoir établi la distinction entre la glycosurie, qui est un

symptôme, et le diabète, qui est une maladie, M. Dreyfous est for-

cé de rappeler qnelques notions relatives à l'évolution du sucre

dans l'économie. Il suit le sucre depuis son entrée dans le tube di-

gestif, où sa fabrication dans la glande hépatique qui l'emmagasine

BIBLIOGRAPHIE. 437

l'élabore et le déverse dans le sang, jusqu'à sa destruction, sa dé-

composition et son utilisation dans les tissus. Il rappelle ensuite

l'expérience fameuse de Claude Bernard qui produit la glycosurie

en piquant le plancher du quatrième ventricule en un point situé

entre l'origine des nerfs acoustiques et pneumogastriques, et les

expériences récentes de M. Laffont qui précisent le rôle des divers

départements du système nerveux dans le mécanisme de la glyco-

surie. Cette étude nous conduit aune classification des théories du

diabète fondées sur la physiologie.

L'auteur peut alors faire la critique des théories principales du

diabète, en se basant sur la physiologie, l'anatomie pathologie, la

clinique. La théorie gastro-intestinale, sans être suffisamment fon-

dée, a pourtant abouti à une thérapeutique rationnelle : la suppres-

sion des féculents. La théorie hépatique eu une époque glorieuse,

quand Cl. Bernard eut montré que le foie est un organe produc-

teur et éliminateur; mais pour Cl. Bernard la glande hépatique de-

vrait rester toujours intacte chez le diabétique, ce qui est en con-

tradiction avec les données actuelles de l'anatomie pathologique

et même de la clinique. M. Dreyfous montre que si l'illustre

physiologiste, entraîné par ses découvertes, a exagéré le rôle du

foie, il a bien vu que le diabète est, avant tout, un trouble de

nutrition. La théorie nerveuse nous a fait passer en revue les lé-

sions des centres nerveux et des nerfs rencontrées chez les diabé-

tiques ; mais « leur diffusion, leur multiplicité, leur variabilité,

leur superficialité, dans bien des cas, prouvent qu'il faut être sur

ses gardes dans l'appréciation de leur valeur exacte... le diabète

n'a pas de lésion nerveuse qui lui soit propre ». Bien moins con-

testable est l'importance d'un choc traumatique ou moral dans la

production du diabète, de même que les liens de 'parenté intime

qui existent entre le diabète et certaines névroses. Là les faits abon-

dent et concordent. « L'influence nerveuse et donc l'une des causes

du diabète, mais elle n'en est pas la cause prochaine » et exclusive.

Les théories rattachant le diabète à un trouble de nutrition, et,

en particulier celle de M. Bouchard, qui le rattache à un ralentisse-

ment de la nutrition, reposent sur des données cliniques et étiolo-

giques de la plus haute valeur : pour lui, la glycémie des diabétiques

est due à un défaut de consommation du sucre dans les tissus.

L'apparition du diabète chez des personnes qui <e retirent de la vie

active, sa fréquence dans les professions sédentaires et chez les su-

jets arthritiques, tout cela prouve que dans le diabète il y a un ra-

lentissement de la nutrition. Voilà le fait indiscutable. Mais ce ra-

lentissement est-il le poiut de départ du diabète Est-il cause ou

effet ^ Suffit-il à expliquer le diabète maigre, le diabète pauvre,

aussi bien qu'il explique le diabète gras, celui des riches ?

La même réserve s'impose pour la théorie pancréatique. Les faits

puhliés par M. Lancereaux ont un intérêt réel, la lésion pancréatique

438 BIBLIOGRAPHIE.

est trop fréquente dans le diabète maigre pour être négligée.

Mais que dire des auteurs qui, comme M. Baumel, forcentlanote au

point de faire de tout diabète une maladie du pancréas ?

Ainsi se trouvent justifiées les conclusions de l'auteur que nous

reproduisons textuellement. « Dans l'état actuel de la science,

aucune des lésions du foie, du pancréas, du système nerveux, etc.,

rencontrées à l'autopsie des diabétiques, ne peut être considérée

comme la lésion du diabète. Ces altérations sont, au contraire, con-

sécutives au fonctionnement anormal de ces différents organes par

le fait de la maladie primitive. De même que, dans les maladies du

sang il existe une altération primitive ou secondaire des organes hé-

mnlopoiétiqztes, de même, dans le diabète, il existe une altération

des organes qui produisent, digèrent, modifient, assimilent le sucre

et qu'on pourrait appeler tlycopoiEtidttes. Car, quoiqu'on pense du

diabète, c'est d'emblée ou secondairement une maladie générale

qui doit, comme telle, agir sur tous les tissus, elle peut frapper spé-

cialement tel ou tel appareil ; mais il répugne d'attribuer le diabète

à la lésion d'un organe unique; il une maladie générale, il faut une

cause générale. » Telles sont les données du problème qui jusqu'ici,

reste insoluble.

« Mais de ce que la cause première reste impénétrable, il ne s'en

suit pas que nous n'ayons aucune notion sur la pathogénio du

diabète. Cette cause, quelle qu'elle soit, peut être réveillée et

mise en action par des causes occasionnelles, par un trouble sur-

venu dans l'évolution du sucre, dans sa production, dans sa

digestion, etc. On comprendrait alors qu'une lésion fonctionnelle

ou même organique du foie, qu'une alimentation féculente, qu'une

hygiène défectueuse, qu'une émotion morale puissent troubler

l'équilibre nutritif mal établi.

« Ainsi compris, le diabète serait un quant à sa nature, multiple

quant à son origine. Une autre hypothèse pourrait encore être

formulée. Le diabète évolue différemment suivant la façon dont

réagissent les diabétiques. Il en est de lui comme de la tuberculose

qui atteint tel ou tel organe, parce qu'il est le « locus minoris re-

sistenlioe » du sujet (cerveau, testicule, poumon) et qui a des

aspects variables suivant le terrain où elle se développe. Ici c'est la

phthisie fibreuse, la phthisie arthritique, là, la phthisie scrofuleuse.

De même, le diabète touche plus spécialement le foie, le système

nerveux, voire même le pancréas qui seraient le « locus minoris

resistentioe » du malade; ou bien suivant le terrain où il prend

naissance, il sera goutteux, nerveux, etc., si le sujet est goutteux

ou nerveux. Les variétés tiendraient donc au terrain et non à la

nature de la maladie qui resterait unique au milieu de ses variétés.

« Cette unité de diabète est elle-même sujette à révision : il est

possible qu'il y ait, non pas un diabète, mais des diabètes, et que

leur étude attentive permette de rattacher chacune d'eux à une

BIBLIOGRAPHIE. 4 ? )

étiologie et une anatomie pathologique toujours la môme pour

une modalité clinique déterminée. Certains auteurs sont déjà

entrés dans cette voie : M. Lancereaux, en faisant de la lésion pan-

crcalique le substratum anatomiquo du diabète maigre, et surtout

Senator, qui distingue un diabète neurogène, un diabète digestif,

gastroentérogène, hépatogène.

« Une enquête, dirigée dans le sens que nous indiquons, per-

mettra peut-être unjourde décrire plusieurs diahètesayantcharun

sa pathogénie particulière. Aujourd'hui une pareille tentative

nous paraît prématurée. »

La deuxième partie de ce travail n'est pas nouvelle pour les

lecteurs des Achives de Neurologie, qui n'ont pas oublié une revue

à ce sujet et à laquelle l'auteur a fait de nombreux emprunts.

Aussi relèverons-nous principalement les aperçus originaux et les

faits sur lesquels on a peu insisté dans ce mémoire '.

M. Dreyfous a bien indiqué les caractères de ces accidents

nerveux : « au point de vue des phénomènes nerveux, le diabète

est une affection protéiforme ». Un autre caractère, que nous

signalons dès le début, parce qu'il est commun à tous ces symp-

tômes sans exception, c'est que ce sont des manifestations

imprévues, survenant à une époque quelconque du diabète; ils

n'ont pas d'époque fixe : alors même que la maladie est connue,

rien ne peut faire prévoir s'il se produira, à un moment donné, des

manifestations nerveuses. Elles se différencient donc de celles de

l'alcoolisme; encore mieux, de celles de la syphilis; dans l'alcoo-

lisme, l'étude des antécédents des malades permet, dans une cer-

taine mesure, d'annoncer leur imminence; dans la syphilis, où

les étapes sont encore mieux marquées, alors même que les

accidents sont subits en apparence, on peut, par une étude rétros-

pective des faits, les relier presque à coup sûr à des phénomènes

morbides antérieurs, méconnus ou oubliés, mais certains.

Passant aux troubles de motilité, l'auteur décrit l'affaiblissement

musculaire du début; il indique un fait peu connu et qui mérite

d'être relevé : un traumatisme, si léger qu'il soit, peu devenir

l'occasion d'une perte rapide et inattendue des forces du malade.

Quant à sa cause, ne peut-on la trouver dans l'effacement de l'in-

fluence nerveuse centrale, chez les diabétiques ? Rappelons-nous

que le professeur Bouchard a signalé chez eux l'absence du

retlexe patellaire. et que M. Landouzy l'a constatée cinq fois sur

douze cas observés. S'appuyant sur ce fait, M. Dreyfous s'exprime

ainsi : « Elle est l'indice d'un état particulier du système nerveux

qui débute par l'affaiblissement musculaire et aboutit au coma

diabétique. Si la motilité est seule atteinte tout d'abord, il n'y faut

1 Bernard et F6ré.DM troubles nerveux observés chez les diabétiques.

(,17,ch. de Neurologie, 1882, t. IV, 1). 336.)

4 10 0 BIBLIOGRAPHIE.

voir qu'un fait de notion constante en neurologie; dans les maladies

de la moelle, la lésion d'une région limitée peut abolir la motilité,

tandis que la sensibilité persiste tant qu'un cordon nerveux, si petit

qu'il soit, peut en assurer la transmission vers les centres

nerveux. »

Les paralysies doivent être divisées en paralysies vulgaires et pa-

ralysies diabétiques. Ces dernières peuvent être des monoplégies,

des hémiplégies et même des paraplégies. Quatre caractères les

individualisent : elles sont initiales, c'est-à-dire apparaissant au

début reconnu de la maladie, incomplètes, associées et rarement

isolées, enfin mobiles et passagères.

La paralysie de la sensibilité peut présenter les mômes carac-

tères. D'autres troubles de sensibilité, tels que l'hyperesthésie, les

névralgies, méritent d'être signalés. Amélioration par le traitement

diabétique, intensité de la douleur, résistance à la médication des

névralgies, distribution symétrique ou capricieuse : voilà ce qu'elles

présentent de particulier. Mentionnons la névralgie du pneumo-

gastrique indiquée par M. le professeur Peler, et, d'une façon toute

spéciale, ['angine de poitrine observée pour la première fois chez

les diabétiques par M. Vergely. Comme les paralysies étudiées plus

haut, cette angine de poitrine neseraitpas pure; elle serait souvent

provoquée par un refroidissement, parfois nocturne (Dreyfous),

curable par le traitement anti-diabélidue.

Les troubles des fonctions génitales et des organes des sens sont

ensuite décrits. Mentionnons quelques faits nouveaux dans l'étude

des troubles oculaires. A l'ophthalmoscope, on rencontre destiémor-

rhagies rétiniennes qui peuvent être caractéristiques du diabète

(Parinaud); ou bien, sans lésion oplitbalmoscopilue, il existe de

l'amblyopie ou de l'hémiopie. Quant aux paralysies oculo-motrices,

elles sont incomplètes, passagères, associées comme celles des

membres (Parinaud).

Parmi les troubles cérébraux, le plus important est « un chan-

gement profond dans l'allure du malade : il perd toute initiative

individuelle el devient véritablement apathique, et pour ainsi dire

passif : il perd et la faculté et le désir, le besoin, le goût de l'acti-

vité sous une forme quelconque ? ... A cette perte de force im-

pulsive, ajoutons la diminution de tous les appétits (Laségue).

Ainsi le malade a la force de marcher, mais il n'y a aucun goût :

l'idée ne lui vient pas, ou, si elle vient à son esprit, il n'a pas le

courage de passer de la conception à l'exécution. »

« Il refuse toute nourriture; il ne saurait dire pourquoi, mais il

n'a de goût à rien; les mets les mieux choisis, ceux qu'il préfère

habituellement, rien ne peut l'y engager; il n'en a pas idée, et il

ne mange pas. » Nous recommandons à nos lecteurs le tableau de

ce que M. Dreyfous appelle l'état mental du diabétique.

Il cite ensuite la narcolepsie, le délire, les vertiges, syncopes,

BIBLIOGRAPHIE. let 1

apoplexies, puis quelques troubles vaso-moteurs et trophiques parmi

lesquels la rétraction de l'aponévrose palmaire.

Il arrive enfin à la description de l'accident le plus redoutable

de tous : le coma diabétique : il le caractérise d'un mot ; c'est un

coma dyspnéique . Le coma peut apparaître à trois époques :

1° coma initial et précoce ; 2" coma tardif ; 3e coma apparaissant

dans le cours du diabète reconnu. M. Dreyfous donne de ce coma

diabétique une description didactique en adoptant la division

suivante : A. Période prodromique ; phénomènes d'excitation ou de

dépression, douleurs, convulsions chez l'enfant, et surtout odeur

slli(Jene1'is. B. Période d'invasion. Suivant que ce sont les phéno-

mènes respiratoires, digestifs ou généraux qui dominent la scène

pathologique, on peut distinguer les variétés suivantes : phase

rls-spuéidue· caractérisée par un rythme spécial (type Kussmaul et

Kien). - Phase abdominale qui vient présenter les trois types

suivants : péritonitiques, gastriques et cholériformes. Enfin plus

rarement, phase d'épuisement. C. Période comateuse. Une fois

établi, le coma rétrocède rarement. Il présente deux caractères :

1° il s'accompagne d'hypothermie; 2° il ne s'accompagne pas de

convulsions, ni de contractures.

Dans l'étiologie,, du coma diabétique, relevons deux faits impor-

tants : 1° son apparition à l'occasion d'un voyage, d'une fatigue,

d'un choc moral ou physique, d'un accident médical ou chirurgical

intercurrent (colique hépatique, diarrhée, opération de cataracte);

2° l'influence nocive des narcotiques chez les diabétiques qui sont

sous le coup du coma.

La pathogénie des accidents comateux reste encore obscure, on

a invoqué les théories suivantes : [0 lipémie; 2° urémie; 3° anurie;

4° hyperglicémie ; 3° acétonémie; 60 déshydratation des tissus.

Toutes ces causes peuvent intervenir suivant les cas « il est une

condition invariable et qui donne à ces accidents leur véritable

cachet : c'est le terrain où ils se développent, c'est l'impossibilité

de réagir oùse trouve le diabétique, c'est son état de défaillance ».

De plus les globules sanguins chez les diabétiques absorbent moins

d'oxygène ; le fait qui s'observe dans l'urémie et dans les fièvres

graves, où la dyspnée apparaît au premier plan de la scène

morbide, explique peut-être pourquoi la souffrance des centres

nerveux dont l'amoindrissement est alors porté jusqu'à un anéan-

tissement complet, s'exprime par l'apparition du coma dyspnéique.

Cet état de défaillance, sur lequel M. Dreyfous insiste au com-

mencement et à la fin de cette étude, lui permet de reconnaître

une certaine unité au milieu de la multiplicité et de la diversité

des accidents nerveux : c'est là un point que l'auteur a eu le mérite

de bien mettre en lumière mieux, croyons nous, qu'on ne l'avait

fait avant lui. Cn. F.

42 FAITS DIVERS.

INDEX 13113LIOGRAPIIIQI :

Du tremblement ; par GOUGELET. Thèse de Paris, 1883.

Essai sur les altérations fonctionnelles et organiques de l'appareil de

la vision survenant sous l'influence combinée de l'alcool et du tabac;

par DW'ID. Thèse de Paris, 1883.

De l'élongation du nerf nasal externe dans le traitement du glaucome ;

par Trousseau. Thèse de Paris, 1883.

Contribution à l'étude des atrophies musculaires à distance appelées

encore atrophies réflexes; par Deschamps. Thèse de Paris, 4883.

Eisai sur la pathogénie du crétinisme; par V ERDAN. Thèse de Pa-

ris, 1883. ' '

Observation d'hystérie chez un jeune homme de dix-sept ans; par le

Dr RUERA. (France médicale, t. 1er, 1882).

Observation de sclérose en plaques disséminées : début (ipoplecti- -

forme, hémiplégie droite, troubles de la sensibilité; pns d'autopsie;

par M. LECOQ. (France médicale, t. I", 1882).

IIémich01'ée avec hémianesthésie sensitive et sensorielle chez une

jeune fille hystérique. Guérison rapide par la fararlisuliorz d'un point

limité du tégument externe; par le Dr MERKLEN. (France médicale,

t. ler, 1882). '

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés DE la Seine. Concours pour la nomination ci

six places vacantes d'interne titulaire en médecine dans les asiles

publics d'aliénés du département de la Seine (Sainte-Anne, rille-

Évrard et Vaucluse). Le lundi, 3 décembre 1883, à midi précis,

il sera ouvert à l'asile Sainte-Anne, rue Cabanis, n° 1, à Paris, un

concours pour la nomination à six places d'interne titulaire en

médecine actuellement vacantes dans lesdits établissements. Les

candidats qui désirent prendre part à ce concours devront se faire

inscrire à la préfecture de la Seine, bureau du personnel, tous les

jours, les dimanches et fêtes exceptés, de onze heures -IL trois

heures, depuis le jeudi ler jusqu'au samedi 17 novembre 1883

inclusivement. 1

Conditions de l'admission et formalités à remplir. - Pourront

concourir à l'internat en médecine dans les asiles de Sainte-Anne,

FAITS DIVERS. t43

Ville-Évrard et Vaucluse, tous les étudiants en médecine pourvus

de douze inscriptions et âgés de moins de trente ans révolus, le

jour de l'ouverture du concours.

Chaque candidat, pour être inscrit au concours, doit produire les

pièces ci-après : 1° Un acte de naissance; 2° Un extrait du casier

judiciaire; 3° Un certificat de vaccine; 4° Un certificat constatant

qu'il est pourvu de douze inscriptions en médecine; 5° Un certi-

ficat de bonnes vie et moeurs délivré par le maire de sa commune

ou le Commissaire de police de son quartier. Toute demande

d'inscription faite après l'époque fixée par les affiches pour la clô-

ture des listes, ou qui ne serait pas accompagnée de toutes les

pièces ci-dessus désignées, ne sera pas accueillie.

Les épreuves du concours aux places d'interne en médecine sont

réglées comme il suit : Epreuve d'admissibilité : 1° Une épreuve

écrite de trois heures sur un sujet d'anatomie et de physiologie du

système nerveux. Cette épreuve pourra être éliminatoire si le

nombre des concurrents dépasse le triple des places vacantes.

Épreuve définitive : 2° Une épreuve orale de quinze minutes sur

un sujet de pathologie interne et de pathologie externe, après un

quart d'heure de préparation. Le maximum des points ;1 accorder

pour chacune de ces épreuves est fixé ainsi qu'il suit : pour

l'épreuve écrite, trente points. Pour l'épreuve orale, vingt points.

Le sujet de l'épreuve écrite est le même pour tous les candidats. Il

est tiré au sort entre trois questions qui sont rédigées et arrêtées

avant l'ouverture de la séance par le jury.

Pour les épreuves orales, la question sortie est la même pour

ceux des candidats qui sont appelés dans la même séance. Elle est

tirée au sort entre trois questions qui sont rédigées et arrêtées par

le Jury avant l'ouverture de chaque séance. L'épreuve orale peut

être faite en plusieurs jours, si le nombre des candidats ne permet

pas de la faire subir à tous dans la même séance. Les noms des

candidats qui doivent subir l'épreuve orale sont tirés au sort à

l'ouverture de chaque séance. Le jugement définitif porte sur l'en-

semble des deux épreuves (écrite et orale). Les premiers reçus au

concours sont nommés internes titulaires. '

La durée des fonctions des internes titulaires est de trois ans.

Les internes titulaires reçoivent, outre le logement, le chauffage,

l'éclairage et la nourriture, dans les proportions déterminées par

les règlements, un traitement annuel fixe de huit cents francs à

l'asile Sainte-Anne et de mille cent francs aux asiles de Ville-Evrard

et de Vaucluse. La répartition des internes dans les divers services

d'aliénés se fait dans l'ordre de classement établi par le jury

d'examen. Ce mode de répartition assure à presque tous les internes

un séjour d'au moins une année sur trois dans un des services de

l'asile Sainte-Anne, situé dans l'enceinte de Paris. Un interne ne

pourra rester plus de deux ans dans le même service. Tout interne

444 FAITS DIVERS.

titulaire est autorisé à passer sa thèse de doctorat aussitôt après

sa nomination.

Concours pour deux places d'internes en pharmacie. Un

concours pour la nomination a deux emplois d'interne en phar-

macie, dans les asiles publics d'aliénés de la Seine (Sainte-Anne

à Paris, Ville-Evrard et Vaucluse dans Seine-et-Oise), sera ouvert

le lundi 10 décembre 1883, à une heure précise. Pourront prendre

part à ce concours tous les étudiants en pharmacie âgés de 20 ans

au moins et de 27 ans au plus.

Les candidats devront se faire inscrire à Paris, au siège de la

Préfecture de la Seine (bureau du personnel), du 8 au 27 novembre

1833 inclusivement. Chaque candidat devra produire les pièces ci-

après : 1° Un acte de naissance ; - 2° Un extrait du casier judi-

eiare ; 3° Un certificat de vaccine ; 4° Un certificat de bonnes

vie et moeurs ; 5° Des certificats constatant trois années d'exercice

dans les pharmacies, dont une dans la même maison. Le con-

cours porte sur la chimie, la pharmacie et l'histoire naturelle.

La durée des fonctions d'interne est de trois ans. La répar-

tition des intermes dans les divers services d'aliénés se fait daus

l'ordre de classement établi par le jury d'examen. Les avantages

attachés à la situation d'interne dans les asiles publics d'aliénés

de la Seine comportent le logement, le chauffage, l'éclairage, la

nourriture et un traitement fixe et annuel de 800 francs à l'asile

Saint-Anne et de 1,100 francs dans les asiles de Ville-Evrard et

de Vaucluse, situés en dehors Paris.

Nécrologie. M. PARROT, professeur de clinique des maladies

des enfants, est décédé le ;¡ août. Outre de nombreux travaux de

pathologie médicale, M. Parrot a public de nombreuses recherches

sur la Neurologie, parmi lesquelles nous citerons : Elude sur l'encé-

phalopathie urêmique et le tétanos des nouveau-nés (Arch. gén. de

Méd., 1872); Sur le ramollissement de l'encéphale, chez le nou-

veau-né (Arch. de Physiologie, 1873); Observation d'atrophie

complète du lobule de l'izsula et de la troisième circonvolution du

lobe frontal du coté droit, avec conservation du langage et de la

faculté du langage articulé; Sur un cas d'hydutide du cer-

veau ; - Note sur un cas de rupture de la moelle chez un nouveau-né.

par suite de manoeuvres pendant l'accouchement; Sur un cas de

lipome de la pie-mère cérébrale ; Sur un cas de paralysie infantile

(avec M. Jofll,o3,); Noie sur l'anatomie pathologique de la

paralysie faciale consécutive ci l'application du forceps (avec M. Troi-

sier) ; Recherches sur le développement du cerveau chez les enfants

du premier âge; - Considération sur le zona (Union médicale, -1856);

Elude sur la sueur de szng et les hémorrhagies név1'op(¿-

thiques (Gaz. IIeGd., -18 : i9j; De la dislocation des os du crdcze dans

la méningite chez les enfants (Revue de Médecine, 1882); - Articles :

FAITS DIVERS. 415

Angine de poitrine, asthme, ramollissement cérébral, dans le

Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, de M. De-

chambre.

NOMINATIONS. - Par arrêté du 12 septembre 1883, M. le Dr Paul

GÉREN J'E est nommé directeur-médecin de deuxième classe de l'asile

départemental d'aliénés, en construction à la 13ouzaréa, près Alger.

M. le or Cajiuset, médecin-adjoint de l'asile de Vaucluse

(Seine), est nommé médecin en chef du quartier des aliénés de

l'hospice Saint-Jacques, de Nantes, eu remplacement de M. le

Dr PETIT, décédé. Cette vacance existait depuis une dizaine de

mois et aurait dû être comblée depuis longtemps.

Congrès international DES sciences médicales DE COPENHAGUE.

Ce congrès, qui s'ouvrira du 10 au 10 août 1884, comprend une

section de neurologie et de psychiatrie, ayant pour président

M. le professeur Steenberg et pour secrétaire M. leD' Friedenreich.

Programme provisoire de la section de psychiatrie et de neurologie.

[.Psychiatrie. - 1. Aperçu statistique sur les maladies mentales

et les institutions psychiatriques des pays du nord ; 2. Propo-

sition de conformité des comptes rendus annuels des asiles d'alié-

nés des différents pays ; -3. Le rôle des colonies dans le traite-

ment des aliénés ; i. La valeur des exercices dans le traite-

ment des maladies mentales ; 5. Le rôle des écoles pour la pro-

duction des maladies mentales ; 6. La température du corps

pendant les stades primaires.des maladies mentales; -7. L'aliéna-

tion mentale dans l'enfance ; - 8. Perversité de l'instinct sexuel;

9. Les troubles psychiques qui peuvent remplacer un accès épi-

leptique ; 10. Le rôle de la syphilis dans la paralysie gé-

nérale ; 4 1. Des caractères anatomiques des cerveaux des idiots ;

12. Quelle méthode faut-il préférer pour désaccoutumer de

l'usage de la morphine et en quelles conditions se fait-il le mieux ?

IL Neurologie. 1. L'effet des lésions des nerfs périphériques

pour produire des altérations anatomiques dans les organs ner-

veux centraux ; 2. Dégénérations secondaires dans le cerveau et

dans la moelle épinière ; - 3. Les troubles de la parole d'origine

corticale ; - 4. Les troubles de la vision d'origine corticale ;

3. Epilepsie corticale ; 6. Nouroses vasomotrices et trophiques ;

7. La valeur des affections des organes'pél'Îphél'Îques,(surtout les

organes sexuels) pour produire des troubles fonctionnelles des

nerfs, spécialement l'hystérie ; - 8. La sclérose latérale aIIIyo-

trophique ou paralysie bulbaire progressive amyotrophique, sur-

tout à l'égard de la constance des lésions anatomiques et de sa

différence ou son identité avec l'atrophie musculaire progressive

(Aran-Duchenne) ; - 9. La curabilité du tabes dorsalis ; -

10. Le rôle de la syphilis dans l'étiologie du tabès dorsalis; -

446 faits DIVERS.

,11. La paralysie de Landry est-elle une maladie particulière ou

seulement un symptôme qui peut être produit par différents pro-

cessus pathologiques ? 12. La valeur de la tension des nerfs

comme méthode de guérison.

Les adhérents qui jugeront convenable de faire des additions

ou des modifications à ce programme, sont priés de communi-

quer leur avis au président de la section, avant le le, décembre

1883.

Le rédacteur-gérant, 130URNEV1LLE.

TABLE DES MATIÈRES

Aliénation mentale consécutive à

une leucorrhée, 424.

Aliènes (hors de l'asile), 140 ; ;

(troubles dans la sphère du sys-

tème nerveux périphérique chez

les) ? 05; - (pouls chez les), 408,

410; -(hypothermie chez les), 409;

- (protection des médecins et des

gardiens contre les attentats dont

ils sont l'objet de la part des),

431. -

Aliénés (entretien des), 294, 303.

Aliénés criminels, 139, 142.

Anesthésiques, 295.

Aphasie, 147.

Aphasique (affaiblissement intellec-

tuel), 149.

Asiles, 301.

Assassinat par un épileptique, 161.

Ataxiques (affections osseuses et ar-

ticulaires du pied chez les), par

Charcot et Féi-é, 303.

Atropine (influence sur l'épilepsie),

267.

Basedow (sur la nature et sur quel-

ques-uns des phénomènes de la

maladie de), par Marie, 79.

Béribéri, 288.

Blepitarospasme douloureux (traite-

ment du), 103.

Bromure d'éthyle, 154.

Buveurs (a11ections spinales parti-

culière observée chez les), 109;

(asiles pour les), 136.

Cellules capitonnés, 431.

Céphalée des adolescents, par Th.

Keller, 1, 203.

Cérébrales (connexions et céré-

belleuses des 3' à 12' paires

nerveuses), 94.

Cérébrales (variétés des circonvolu-

tions), 97.

Cerveau (sur un faisceau de subs-

tauce blanche jusqu'alors rare-

ment observé à la base du), 96 ;

(circulation dans le), 98;-(prépa-

rations microscopiques du), 2;5;

- (Lésions de l'écorce du), 421.

Cervelet (atrophie avec sclérose du),

118.

Circonvolutions cérébrales (troubles

de la sensibilité et de l'antité vi-

suelle dans les lésions des), 107.

Chloral à doses réfractées dans les

périodes d'agitation, 423.

Congrès annuel delaSociété desmé-

decins aliénistes allemands, 135.

Contes des aliénistes de l'Allemagne

du sud-ouest, Il-)3.

Conscience de la maladie dans les

maladies mentales, 40 ?

Couleurs (perception des), 99.

Crimes commis dans l'état d'incons-

cience, 419.

Délire aigu idiopathique (cause ana-

tomique du), 151, 41, 423.

Délirantes (idées), 408.

Démence paralytique et syphilis,

par Snell, 264.

Démence aigué, stupeur, états du

même ordre, 270.

Déviation conjuguée des yeux et ro-

tation de la face dans les lésions

bulbo-protubérantielles, 112.

Diabète ,'pathogénie et accidents

nerveux du), par Dreyfous, 436.

Divorce et folie, 261.

Drap mouillé dans les psychoses,

152.

Encéphalite parenchymateuse limi-

tée de la substance grise avec

épilepsie partielle comme syn-

drome clinique, par Danillo, 217.

Encéphalopathie saturnine, 117.

448

TABLE DES MATIERES.

Epilepsie (perte en poids à la suite

d'un accès d'), 271 j - (patho-

génie de l'épilepsie pendant l'en-

¡'ance" 410.

Epilepsie jacksonnienne, 117.

Epilepsie, vertiges, 161.

Epilepsie (influence de l'atropine

sur l'), 267 j - (notes sur 1), 409.

Epileptique (du délire ou plutôt

de l'influence de l'ictus épilep-

tique sur l'état général normal et

pathologique), par ltesp,mt, 434.

Epileptiques (oscillations pondé-

rales chez les), 266; - (soins pré-

ventifs à l'égard des), 137;

(accusé d'incendie), 148. '

Ergotisine, 111.

Exposition phréniâtrique de Vo-

ghera, 302.

Folie et divorce, 261.

Folie aiguë partielle, 429.

Folie périodique (température dans

la), 272; - (impulsive), 407; -

(circulaire), 407.

Folie (simulation de la), 278.

Folie avec conscience (recherches

sur la), par 111arandoll de Mon-

tyel, 34.

Genou (phénomène du), 277.

Goitre, 290.

Hallucinations (des/ bilatérales de

caractère différent, suivant le

côté allecté, par Magnan, 316.

Hyuscyamiue, 03 ; - (effets acces-

soires de l'), 426.

H\ .1)110tit[LiCS liystéi-i(lues cousidétés

comme sujets d'expérience en

médecine mentale (illusions, hal-

lucinations, impulsions irrésisti-

bles provoquées, leur importance

au point de vue médico-léal),

par Féré, 122.

Hypochondrie, 141.

llystéro-neuroses, 15b.

Hystériques (les phénomènes et les

révélations de sainte Thérèse),

par Hahn, 285.

Hystérique (surdité dans 1'l iéin iaties-

loi.

Idiotie et épilepsie partielle consé-

cutive à une méningu-encépha-

lite chronique, par Bournevillo et

Lellnive, 236.

Invalides psycopalhes de la guerre

de 1870-1871, 138.

Iodoforme chez les aliénés, 422.

Iris (mowements de l ? 98.

Langage (développement du) chez

les enfants, par Sikorsky, 319.

Loi de 1838, 121.

Maladies mentales ( température

dans quelques formes de), 403.

Manie transitoire consécutive. à la

lièvre intermittente des ouvriers

en laiton, 409.

Medico-iégai (rapport), 406.

Méningite chronique (contribution

à l'étude des lésions du bulbe

consécutives à la), 102.

mérycisme (du), par Boul'1leville et

Séglas, 86, 246, 376.

llicrocéphalie, par Bourueville et

\Vnillarmé, 72.

Moelle (dégénérescence secondaire

de la). t). 81 ; - (structure de la),

97 ; - (syphilis de la), 105; - z

(maladies de la), par Byrom-

Bram 11'1311, 155.

Moral insanity, 145, 40G.

Morphinisme, 154.

Moteurs (centres corticaux), 98.

Mouvements (perception des), 97.

Myélite aiguë, ` ? 75.

Névrites périphériques non trau-

matiques (contribution à l'étude

des), par Pitres et Vaillard, 180.

Noyau lenticulaire, 146.

Olfactif (tractus), 96.

Optiques (physiologie des couches),

115

Ouïe (psychoses dans les affections

de l'organe de l') 425.

Paralysie générale (troubles de la

vue dans la), 280; chez la

femme, 154; - altérations de

l'écorce cérébrale dans le premier

stade de lai, 411.

Paralysie progressive, 408.

Paralysie générale syphilitique

(pseudo-), 413.

Paralysie générale ( frictions du

crâne dans la), 266.

Paralysie générale spinale il mar-

che' rapide et curable, 99.

Paralysie ascendante aiguë, 119.

Paralysie progressive des aliénés,

283.

TABLE DES MATIERES.

nib

Paralytiques généraux (les troubles

de ta vue d'origine cérébrale chez

les), 402.

Pédoncule cérébelleux (dégénéres-

cence grise du), 278.

Pellagreux (fous), 41 t .

Psychopathologie du jeune âge, 412.

Porencéphalie, 156, 275.

Protubérance (cas d'hémorrhagie

de la - ayant entraîné des dégé-

nérescences secondaires dans le

ruban de Reil), 110.

Psychiques (états douteux), 282.

Psychoses transitoires, 409.

Psychoses consécutives aux affec-

tions fébriles, 428.

Pupille chez les aliénés, 404.

Pupilles sautantes, 284.

Rhéostat à manivelle coudée, 275.

Sclérose tubéreuse multiloculaire

de l'écorce du cerveau, parBrûck-

ner, 265.

Sensations (des), tu69

Sensation sexuelle contraire, 268.

Société psychiatrique de Berlin, 282,

419.

Société de psychiatrie et de psycho-

logie légale de Vienne, 144.

Société psychiatrique de la province

du Rhin, 148.

Société médico-psychologique, 120

.. 272, 413.

Société de psychiatrie et des mala-

dies nerveuses de Berlin, 275.

Sorcières (de quelques médicamens

naturels, qui endorment et par

le moyen desquels les - sont

quelquefois trompées, etc.), 296.

Spinale (affection particulière ob-

servée chez les buveurs), 109.

Superstition et responsabilité, 268.

Syphilis et tabès, 107.

Système nerveux central (affections

du), 1 05 ;-(dans l'ergotisme), 1 1 1 .

Tabes (accidents apoplectiformes

du-),279;- troubles vertigi-

neux dans le), 101. t.

Tabétique (pied), par Charcot et

Féré, 305.

Température dans la folie périodi-

que, 272.

Trijumeau (anesthésie du), 278.

Ulcères variqueux ( pathogénie

de- ), 101.

Vertébrale (abcès de la région), 103.

Vésanie (quelques considérations

sur l'évolution du délire dans

la ), 17, 170.

Vésicaux (Gliome l'extrémité su-

périeure du filum terminal,

ayant comprimé isolément les

filets nerveux ), 109.

Archives, t. VI. 29

TABLE

DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

Bechterew, 403.

Berger, 154. 408,

Bernard, 101,102,103. lOI¡, 1110.

Bernhardt, 107, 279, 423.

Blanchard, 98, 99.

Blanche, 121, 261.

Binswanger, 275, 276, 278, 409.

Bourneville, 72, 86, 236, 21¡6, 316.

Briand, 122, 274, 418.

Brückner, 265.

Bubnolf, 412, 413.

Bumm, 96.

Byrom-Bramvell, 155,

Chambard, 117, 264.

Charcot, 305.

Charpentier, 120, ? 79, 413.

Claus, 105, 410.

Danillo, 217.

Déjerme, 99.

Delasiauve, 273, 418.

Deny, 292.

DomecI-Turon, 435.

Dreyfous, 436.

Drosnes, 412.

Eckelinan, 422.

Emery, 99.

Erlizky, 412.

Eyzelein, 420.

Féré, 123, 155, 156, 272, 274, 288,

305, 435, 436, 441.

Fischer, 109.

FoviIJe, 121.

Fraenkel. 419.

Fritsch, 209.

Fuerstner, 425.

Garnier, 418.

Gérente, 17, 170.

Giacomini, 97.

Giraudeau,102.

Gnauck, 14 1, 281.

Golgi, 96.

Grashey,408.

Grielf, 105.

Guéniot, il.3.

Haase, 272.

Hahn, 285.

Hayem, 102.

Hertz, 149, 151.

Hewitt, 155.

Hirschberg, 280.

Hollamder, 145, 406.

Ideler, 420, 421. '

Jehn, 152, 410.

Jorissenne, 98.

Kéraval, 95, 96, 105, 107, 108, 110,

11, 112, 118, 119, 120, 143, 153,

154, 159, 265, 266, 267, 268, 269,

270, 271, 282, 403, 404, 405, 406,

407, 408, 409, 410, 411,412. 413,

434.

Keller, 1, 203.

Kirchltolf, 118.

Kirn, 428.

Knecht, 115. 421.

Koellner, 267.

Kojewnikof, 357.

Krantz, 271.

Kretz, 265, 429.

Kundrat, 156. '

Lachmann, 109.

Landouzy, 99.

Laura, 97.

Leflaive, 236.

Legrand d Saillie, 161, 1,272, 2Í3,27 4.

TABLE DES AU'l'EU lU, El' DES COLLABORATEURS. ! 31 1

LeppnH1lJn, 'I5 ?

Loehr, 142, 282, 420.

Luys, 115, 261, 273.

Magnan, 274. 336, 415.

111aramlon de Alontyel, 3.

Marie, 79, 290, 101, 105, 412.

111arcacci, 98.

Mendel, 278, 279, 283, 411.

Meyer, 110.

111eynert, 144, t46, U47, 209.

Moeli, 275, 281, 404.

Mongeri, 406.

Mosso, 98.

Motet, 121, 273, z-)74, 418.

Oebeke, 266.

Olderogge, 266.

Panas, 103.

Pebnan, 137.

Pfungen (von), l't8.

Pignon, 97.

Pick, 404.

Pitres, 180.

Pohl. 407.

Pusinelli, 107.

Quénu, 101.

Quioc, 112.

Itemak, 276.

Heinhanl, 276.

Itespaut, 434.

Reverdit, 290.

Rinecker, 4` ? 3, 42'0.

Richter, 421,

Roller, 94.

Scheube, 288.

Schoefer, 407.

Schule, 426.

Schuttze.) ! .9.

Scltnlz, 119. 148.

Schwaab, 138.

Sch wartzer, 268.

Séglas, 86, 246.

Senator, 278.

Siebold, 409.

Siemens, 140, lions, 409.

Sihorky, 319.

Sioli, 4l°2.

Pneu, 264.

Stenger, 402, {,31.

Sterz, 268.

TiânCS, 40.

Tornuini, 411.

Tuczek, HI, l'il.

üllrich, 117.

Vaillard. 180.

Voigt. 152.

Voisin, 418.

Wallon, 101, 104.

Weriiielie, 279.

\Vestpltal, 275, 276, 277.

Wuillamié, 72.

Zinn, 139.

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCHE PREMIÈRE

illici,océphalie : face convexe du cerveau.

FI, première circonvolution frontale.

Ft, seconde circonvolution frontale.

F3, troisième circonvolution frontale.

Fa, frontale ascendanle.

Pa, pariétale ascendante.

S R, sillon de Rolando.

P', lobule pariétal supérieur.

P=, lobule pariétal inférieur.

454 EXPLICATION ])F. PLANCHER.

PLANCHE II

hficrocéphrtlie : base du cerveau.

0', première circonvolution orbitaire.

0 ? , seconde circonvolution orbitaire.

03, troisième circonvolution orbitaire.

T3, 7'·, troisième et quatrième circonvolutions temporales.

EXPLICATION DES PLANCHES. 133

PLANCHE Il !

Fig. 1. Cellule pyramidale géante isolée de la région do la lésion.

Tuméfaction du corps au début, sans altération rlu noyau et du nucléole.

(Vericlc. 3/7.)

Fig. 2. Cellule de la même région, tuméfaction plus prononcée, in-

téressant le noyau et le nucléole, et se propageant sur les prolongements

qui s'amincissent rapidement (Verick, 3/7.)

Fig. 3. Vacuolisation d'une cellule pyramidale prise du fond du sillon,

Déplacement du noyau à la périphérie, atrophie des prolongements forte-

ment tuméfiés à leur origine. (Verick 3/7.)

Fig. 4. Coupe verticale par la partie tuméfiée à la base du sillon,

près de la substance blanche. Double coloration à l'hémotoxyline et au

carmin. Tuméfaction des cellules à divers degrés avec conservation des

noyaux dans leur protoplasma. Les noyaux sont particulièrement nom-

breux au voisinage des vaisseaux. (Verick, 3/2.)

Fig 5 ? Coupe verticale à travers la substance grise du fond du sillon

entre la première et deuxième frontales de l'hémisphère sain (gauche).

Les grandes cellules pyramidales ne présentent pas d'altérations ni du

corps ni des prolongements, ni du noyau. Coloration par le carmin.

(Verick, 3/7.)

Fig. 6. Coupe identique à la précédente par le même endroit de

l'hémisphère lésé (droit). Tuméfaction des cellules à divers degrés, avec

ou sans déplacement du noyau. Le centre est occupé par une grande cel-

lule tuméfiée et vacuolisée en même temps avec atrophie des prolonge-

ments. Les vaisseaux et les noyaux libres (le la névroglie sont peu nom-

breux. (Verick, 3/7.)

N.-f3. - Tous les dessins ont été faits 1 la chambre claire de Romens-

hausen.

5(i 6 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE IV

Oléningo-encéphalite : face convexe de t hémisphère droit.

Fa, frontale ascendante.

Pa, pariétale ascendante.

P, pli pariétal supérieur.

T, partie postérieure des circonvolutions temporales.

T1, première temporale.

La Planche montre, entre P et T, un vaste foyer intéressant le pli pa-

riétal inférieur, le pli courbe, etc.

EXPLICATION DES PLANCHES. 457 i

PLANCHE V

Méningo-eucéphalite : face interne de l'hémisphère droit.

Ce, circonvolution du corps calleux.

Fez, face interne de la première circonvolution frontale.

Lq, lobe carré.

458 EXPLICATION LIES PLANCHES.

PLANCHE VI

Fit. 1. Coupe horizontale de l'hémisphère gauche immédiatement sous

l'opercule.

L. f., Lobe fruntal. '

L. t., Lobe temporal.

L. oc., Lobe occipital.

Se. S. Scissure de SUvius.

Ins., lusula de Ileil. '

V. l., Ventricule latéral.

N. c., Noyau caudé.

N. t., Noyau lenticulaire.

C. opt., Couche optique.

Sp. c. c., Coupe du corps calleux.

C. in. a., Moitié antérieure de la capsule interne.

C. in. p., Moitié postérieure de la capsule interne.

11-ice où ont été ti@ou\és les corps granuleux.

Fig. 2. - Coupe horizontale de l'hémisphère droit it 1/2 centimètre environ

plus haut que la précédente.

L. f., Lobe frontal.

L. oc., Lobe occipital.

Se. S. a., Rameau ascendant de la scissure de Syhius.

Sc. yr., Scissure ] ! riDccntrale.

C. c. a., Circonvolution centrale antérieure (frontale ascendante).

Se ? Scissure de Romande.

C. c. 1)., Circonvolution centrale postérieure (pariétale ascendante).

Sc. par., Scissure interpariétale.

Ne ? ). h., Rameau horizontal de la scissure de Sylvius.

C. c., Corps calleux.

N. c., Noyau caudé.

X, Place où ont été trouvés les corps granuleux.

, '

1 ' Archives de Neurologie

z ; ,y.l

T .VI Pl. 1.

Fis 1. Fig. 2

Archives de Neurologie.

T VI. Pl VU

Fier C

Fin. l

EXPLICATION DES l'I,ANC¡¡[';8. 159

PLANCHE VU

Fig. 3. Coupe horizontale de C hémisphère droit à un centimètre plus

haut que la seconde.

L. f., Lobe frontal.

L. oc., Lobe occipital.

Se. yr·.. Scissure prfficentrale.

C. c. a., Circonvolution centrale antérieure.

.Se ? Scissure de Rolando.

C. c. p., Circonvolution centrale postérieure.

Se. par., Scissure interpariétale.

Se. S. lt., Hameau horizontal de la scissure de Sylvius.

Se. us., Scissure temporale supérieure ou parallèle.

C. c. c., Circonvolution du corps calleux.

L. c., Lobule carré.

1, Place où ont été trouvés les corps granuleux.

Fig. 4. Coupe horizontale de l'hémisphère gauche it tl3 centimètre

environ plus haut que la troisième.

L. ? Lobe frontal.

C. c. c., Circonvolution du corps calleux.

L. par., Lobule paracentral

L, c., Lobule carré.

Se. pr., Scissure precentrale. -

C. c. a., Circonvolution centrale antérieure.

Se. fi., Scissure de Rolando.

r. c. p., Circonvolution centrale postérieure.

Sc. par., Scissure interpariétale.

1, Place où ont été trouvés les corps ntanuteux.

460 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE V111

Fig. 5. Coupe horizontale de l'hémisphère droit à 1/2 centimètre plus

1 haut que la quatrième.

L. f.. Lobe frontal.

S. f, 1., Sillon frontal le,.

Se. pur., Scissure pi-wceiitrale. '

C. c. a., Circonvolution centrale antérieure.

Sc. It., Scissure de Rolando.

C. G. p., Circonvolution centrale postérieure.

Se par., Scissure interpariétale.

C. fI'. ? Circonvolution fiontale Ie.

L. par., Lobule paracentral.

X, Place où ont été trouvés les corps granuleux.

Fi7. 6. Coupe frontale de l'hémisphère droit ù travers la circonvolution

centrale antérieure.

Se. S., Scissure de Sylvius.

Ins., Insula de Ileil.

L. t., Lobe temporal.

A. 1/t., Avant-mur. , .

N. I., Noyau lenticulaire.

C. A., Corne d'Ammon.

C. opt., Couche optique.

C. in., Capsule interne.

( : . c., Corps calleux.

N. c., Noyau caudé.

X, Direction des laisceaux pyramidaux indiquée seltematiquement.

1', Fibres de ces faisceaux, qui se terminent au fond de la scissure

de Rolando.

t.vrCU1, ' : 11 lluiliosry, lilil-' ? 1g3.