ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
EVREUX, IMPRIMERIE DE CHARLES IIÉRI93EY.
ARCHIVES
DE "
NEUROLOGIE
REVUE '
DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE
J.-111. CHARCOT
AVEC LA COLLABORATION DE
MM. ADAMKIEWICZ, AMIDON, BALLET, BERNARD, BITOT (P.-A.), BLAISE,
BLANCHARD, BONNAIRE (E.), BOUCEEHEAU, BRIAND (M.), BRISSAUD (E.)
BROUARDEL (P.), CHARPENTIER, COTARD, DEBOVE (M.), DELASIAUVE,
DREYFOUS, DURET, DUVAL (IIsTDISS), ERLITZKY, FÉRÉ (Cu.), FERRIER, GELLÉ,
GOMBAULT, GRASSET, HERVÉ (G.), HUCHARD, JOFFROY (A.), KÉRAVAL (P.),
LANDOUZY, MAGNAN, MARIE, MAYGRIER, MAYOR, M1ERZEJEWSK.Y, MUSGRAYE-
CLAY, NEU111ANN, PARINAUD, P1ERRET, PIGNOL, PITRES, RAYMOND,
REGNARD (P.), RICHER (P.), SEGUIN (E.-C.), STRAUS (L.), TALAMON, TEINTURIER (E.),
TIIU.LIÉ (11.), TROISIER (E.), YIGOUROUX (R.), VOISIN (J.), WUILLAMIER
Rédacteur en chef : BOURNEVILLE
Secrétaire de la rédaction : Cii. FÉRÉ
Dessinateur : LEUBA.
Tome v. - 1883.
Avec 4 planches noires ou en couleur et 3 figures dans le texte.
PARIS
BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL
6, rue des Écoles.
1883
Vol. V. Janvier 1883.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE NERVEUSE
SPASME MUSCULAIRE AU DÉBUT DES MOUVEMENTS VOLON-
TA ! HHS (Elude d'un trouble fonctionnel jusqu'à t-e jour non décrit
en France) ; ->
Par Gilbert BALLET, chef de clinique de la Famille,
cL Pierre MARIE, interne des hôpitaux.
Nous nous proposons, dans ce court mémoire, de
. faire connaître un trouble fonctionnel assez singulier,
vraisemblablement peu fréquent, sur lequel notre
maître M. le professeur Charcot a appelé notre atten-
tion et qui jusqu'à ce jour avait échappé, croyons-nous,
à l'observation des médecins français.
Ce trouble fonctionnel, que nous désignons sous le
nom de « spasme musculaire au début des mouvements
volontaires » (nous expliquerons plus tard, et nous
essayerons de légitimer cette dénomination), a été déjà
entrevu et signalé par plusieurs auteurs allemands.
Nous avons eu, pour notre part, l'occasion de le cons-
tater et de l'étudier chez uu étranger qui eu est atteint,
A)H.HI\'HS, l. V. 1
2 CLINIQUE NERVEUSE.
probablement depuis son enfance, et qui tout récem-
ment est venu du Caire à Paris, consulter M. Charcot.
Voici, dans ses détails, le fait dont il s'agit :
OBSERVATION. - M. S..., né au Caire, d'une famille juive
établie, depuis longtemps déjà en Egypte, est âgé de vingt-six
ans ; il ne peut donner aucun renseignement sur les antécé-
dents pathologiques de sa famille ; sa mère et ses frères sont
bien portants.
D'une bonne santé habituelle, il a eu la variole dans son
enfance, et ne se souvient pas d'avoir fait d'autres maladies ;
n'a jamais eu de maladies vénériennes. Excès de masturba-
tion depuis l'âge de dix à douze tns jusquà dix-huit ans.
Il prétend n'avoir ressenti les premiers symptômes de l'affec-
tion pour laquelle il vient consulter M. le professeur Charcot
que vers l'âge de dix ans ; il ne se rappelle pas avoir rien
remarqué d'anormal auparavant. A cette époque il se souvient
qu'il était plus lourd que les autres enfants, qu'il leur était
inférieur dans les exercices du corps, que lorsqu'il s'asseyait
sur un banc, il avait de la peine ci se lever ; mais il semble qu'a-
lors ses membres supérieurs étaient indemnes, du moins il
n'a conservé aucun souvenir de gène dans les mouvements des
bras avant sa quinzième année ; et ce n'est qu'a partir de
l'âge de dix-sept ans qu'il a commencé à se préoccuper de sa
maladie.
C'est toujours vers la même époque, quoique un peu plus
tard (douze àquinze ans), qu'il s'est aperçu que, lorsqu'il regar-
dait en l'air, ses yeux se trouvaient connue fixés dans cetle posi-
tion, et que, pendant une ou deux secondes, il éprouvait une
grande difficulté pour les ramener dans la direction horizontale ;
ce phénomène a persisté pendant plusieurs années et n'a
disparu que dans la vingt-quatrième année environ.
En même temps, lorsqu'il tournait la tète pour regarder de
côté, il lui arrivait souvent d'être fixé dans cette attitude pen-
dant quelques instants par suite de la raideur des muscles du
cou : c'est là un accident qui se reproduit encore quelquefois
actuellement, mais avec une bien moindre fréquence. jamais
notre malade n'a présenté de strabisme, ni éprouvé de di-
plopie.
Parmi les autres phénomènes subjectifs, nous devons citer
encore une gêne assez prononcée des mouvements de la langue
SPASME MUSCULAIRE. 3
semblant siéger surtout vers la racine de celle-ci, gêne toute
passagère d'ailleurs, et ne survenant que de temps en temps;
actuellement elle est devenue encore plus rare, c'est surtout
dans la conversation qu'elle se manifestait. M. S... s'arrêtait
alors pendant une seconde pour éviter de bredouiller.
La phonation était du reste atteinte d'une autre façon
encore ; quelquefois il semblait à notre malade qu'un obstacle
siégeant au niveau du larynx venait s'opposer à l'émission des
sons, il éprouvait en même temps une sensation de constric-
tion à ce niveau; d'après ces renseignements, rien ne s'oppose
à ce qu'on admette une contraction spasmodique des muscles
du larynx analogue à celle des autres muscles du corps.
Jamais à aucune époque M. S... n'a éprouvé de dysphagie,
non plus que de troubles de la défécation ou de la miction;
jamais les muscles de la face n'ont été atteints.
Etat actuel. L'affection dont se plaint le malade présente
les caractères suivants :
Lorsqu'il veut faire un mouvement, lorsqu'un groupe de
muscles entre en action, on voit presque toujours survenir une
rigidité tétanique, une contraction permanente de ces muscles
pendant une durée de une, deux, trois secondes environ, rigi-
dité qui s'accompagne d'une sensation spéciale parfaitement
perçue par le malade, et qui se traduit pour le médecin par
une augmentation considérable de la consistance et du relief
du muscle ; mais ce phénomène présente ce caractère particu-
lier de ne survenir qu'au début des mouvements ; lorsque
ceux-ci ont été répétés un certain nombre do fois, lorsque les
membres «se sont échauffés », on cesse de l'observer. C'est
ainsi que pour monter un escalier, le malade éprouve de la
raideur quand il veut soulever ses jambes, puis, au bout de
sept ou huit marches ou même moins, toute raideur a disparu,
et il peut monter comme un individu ordinaire. Cette ano-
malie do la contraction musculaire s'observe non seulement
aux membres inférieurs, mais aussi aux supérieurs. C'est
ainsi que, si on lui fait fermer la main, il reste quelques
instants sans pouvoir la rouvrir. On conçoit que cette sin-
gulière tendance à la rigidité tétanique des muscles qui
entrent en action puisse amener les plus bizarres situations;
par exemple, lorsque notre malade veut monter à cheval,
la jambe gauche, celle qu'il engage dans l'étrier, est tout
d'abord saisie de raideur en flexion, puis quand cette raideur
4 CLINIQUE NERVEUSE.
a cessé, c'est la jambe droite qui à son tour est fixée en exten-
sion au-dessus de la croupe du cheval, enfin tout disparait et
M. S... peut se placer convenablement sur la selle. Ou bien
encore le malade nous raconte le fait suivant : Étant en colère,
ayant donné un.coup de poing à la personne dont il avait à se
plaindre, sous l'influence combinée de la passion et du mou-
vement qu'il venait de faire, il fut pris d'une raideur générale à
la plupart de ses muscles, mais son adversaire ayant riposté
aussitôt, notre malade ne put garder son équilibre et tomba
lourdement, quoiqu'il n'eut reçu qu'un coup très léger.
D'après les renseignements que nous avons recueillis, cette
rigidité tétanique transitoire serait diminuée pendant la période
de la digestion et lorsque le malade a fait un copieux repas ;
elle serait augmentée au contraire : ])q,y la. fatigue, et cette in-
fluence persisterait pendant vingt-quatre heures et plus ; par
les émotions, les contrariétés ; par rabaissement de la tempéra-
ture extérieure ; par le décubitus sur le clos ; par Y abstinence de
coït prolongée pendant plus de huit ou neuf jours; M. S...
est notamment très affirmatif sur ce fait.
Quand on procède à l'examen physique du malade, on
constate qu'il a toutes les apparences de la santé ; les muscles
se dessinent bien sous la peau, quoique le tissu adipeux sous-
cutané soit assez développé ; c'est un homme bien musclé;
mais ilne nous a pas semblé non plus qu'aux autres personnes
qui l'ont examiné, qu'on pût dire que ses muscles étaient hy-
pertrophiés ; voici d'ailleurs les chiffres qui représentent la
circonférence des membres :
SPASME MUSCULAIRE. ô
bien légère, si tant est qu'elle existe ; mais on constate que
les muscles sont plus sensibles à la pression qu'à l'état normal
et que cello-ci cause au malade une douleur assez vive pour
qu'il demande à ce que l'on cesse les pressions.
(J CLINIQUE NERVEUSE.
20 El.80°.
Ka S = contraction tétanique.
An S = contraction tétanique.
16 ll. 4o°.
Ka S Z = secousse simple.
An S T = contraction tétanique.
14 El. - h0°.
Ka S, néant.
An S = contraction tétanique légère.
Nerf rudial droit. - On'constate dans les différents muscles
innervés par ce nerf les phénomènes suivants :
14 EL 4 ?
Ka Sz.
An S, néant.
20 El. '70".
Ka St = léger tétanisme.
An S Z - secousse simple.
Muscle biceps droit.
14 El. 45'.
Ka S L = secousse simple.
An S L = secousse simple.
Ka 0 et An 0, néant.
Muscles de l'éminence thénar droite.
18 El. 30".
Ka S Z = secousse simple.
An S E = contraction tétanique. (Ce résultat est constaté
plusieurs fois de suite; on ne peut donc l'attribuer à une
excitation plus forte de l'anode par suite de la diminution
de la résistance.)
12 El. 13o.
Ks Z = secousse rapide.
An S Z = secousse rapide.
8 El. 8".
Ksz.
An S, néant.
Nerf médian droit'.
18 El. - 700.
Ks T = contraction tétanique.
An S T.
Deltoïde droit.
Il est inexcitable avec le chariot de Duhois-Reymond au maxi-
mum ; pour le courant galvanique, il est moins excitable qu'un
deltoïde sain, sans cependant présenter de réactions anormales.
SPASME MUSCULAIRE. 7
En somme, les conclusions que tire M. le Dl Vigoureux de
cet examen sont les suivantes :
Les muscles et les nerfs sont moins excitables, et surtout
moins isolables électriquement, notamment à l'avant-bras, que
l'on aurait pu le croire à priori, et l'on peut dire que l'excita-
bilité farado-galvanique est plutôt au-dessous de la moyenne ;
en tenant compte d'ailleurs de la résistance électrique, laquelle
n'est pas exagérée.
Il n'y a pas non plus de dérogation bien manifeste à la for-
mule normale ; cependant, pour quelques muscles, la con-
traction aizodale est évidemment précoce, c'est-à-dire trop facile
à obtenir en comparaison de la kathodale.
Un autre trait qui s'écarte encore du type normal est l'ab-
sence complète de contraction d'ouverture.
Mais le fait dominant est la facilité avec laquelle la contrac-
tion provoquée par le courant devient tétanique, et alors on
constate que souvent ce n'est pas le muscle excité lui-même
dont la contracture se prolonge, mais qu'il se développe une
crampe des muscles voisins (par irradiation du courant, ou
plutôt par l'action de pôles virtuels).
Cette persistance de la contraction se produit mieux encore
lorsqu'on agit faradiquement ou galvaniquement sur un tronc
nerveux.
Ainsi en faradisant le nerf cubital au coude; on obtient une>
griffe qui persiste après la cessation du courant (mais seulement
pendant un temps très court, quelques dixièmes de seconde).
L'excitation galvanique du même nerf donne lieu à une
griffe qui cesse avec le courant.
Pour les muscles comme pour le nerf, l'action tétanisante
est plus marquée pour l'anode que pour le kathode.
Examen 111YOGItAPIIIQU1·;. Nous nous sommes préoccupés de
savoir si, dans la contraction musculaire elle-même, il n'y au-
rait pas quelque anomalie, pouvant être étudiée sur les tracés
myographiques ; nous avons donc placé sur le biceps droit un
tambour de M. Marey à transmission électrique, puis après avoir
relié ce tambour au cylindre enregistreur nous avons excité ce
muscle par un courant faradique à interruptions de fréquence
moyenne, à raison de l'excitation toutes les six secondes; la
secousse ainsi obtenue ne nous a pas paru différer notable-
ment ni par la hauteur, ni par la durée, ni par la forme de celle
obtenue comparativement chez un individu sain avec les
8 CLINIQUE NERVEUSE.
mêmes appareils. Nous
avons alors augmenté le P,
nombre des excitations et en
avons fait une par seconde
et demie ; là encore le résul-
tat a été négatif, tout au plus
avons-nous noté une légère
tendance de la secousse a
durer un peu plus longtemps
et à s'élever un peu plus. La
contraction serait donc deve-
nue un peu plus forte et un
peu plus longue, mais sans
qu'il y ait trace de tétanisa-
tion.
Dans une autre série d'ex-
périences, nous avons enre-
gistré la contraction volon-
taire du biceps droit. Pour
cela, nous avons placé sur ce
muscle un petit tambour ex-
plorateur de M. Marey fixé
au moyen de courroies inex-
tensibles, et nous avons prié
le malade de fléchir son bras
et de l'étendre régulièrement,
à intervalles aussi égaux que
possible. Les changements
de forme du muscle étaient
communiqués par un tube
de caoutchouc à un tambour
récepteur, qui les inscrivait
sur le cylindre recouvert
d'un papier noirci.
Si nous examinons le tracé
ainsi obtenu nous voyons
que, dès le début de la con-
traction, la ligne d'ascension
A B est à peu près normale ;
mais le spasme est survenu
ce moment, ainsi que l'in-
SPASME MUSCULURH. 0
dique le plateau B C; il s'est même accru comme le témoigne
l'obliquité ascendante de ia ligne B C; et quand M. S... a cher-
ché à ramener son bras dans l'extension, il n'a pu y parvenir
entièrement; le biceps est resté contracté le point D cor-
respondant a l'extension maxima est notablement au-dessus
du niveau A qui est celui du muscle à l'état de repos; puis le
malade cessant ses efforts d'extension et fléchissant de nouveau
son bras on obtient la ligne D E ligne ascendante très oblique.
11 semble que la flexion soit devenue aussi difficile que l'était
tout à l'heure la flexion ; est-ce par suite du spasme du biceps
déjà mentionné ou bien parce qu'un spasme analogue vient de
s'emparer du triceps à la suite de sa tentavive d'extension ?
Nous ne saurions le dire exactement, n'ayant pas eu l'occasion
de prendre simultanément le tracé de la contraction des deux
muscles. Quoi qu'il en soit, nous voyons se former un nouveau
plateau E, qui s'élève au-dessus du plateau précédent, s'allonge
démesurément malgré les tentatives d'extension auxquelles se
livre le malade; celles-ci n'aboutissent qu'à produire la dépres-
sion F qui elle aussi nous présente l'obliquité de la descente et
de l'ascension déjà signalée; de plus le point F est encore au-
dessus du point D, et par conséquent le biceps est encore
bien plus éloigné de l'état de repos qu'il ne l'était en D; puis
en G nouveau plateau mais de moindre durée, et dont la ligne
de descente devient un peu moins oblique, en même temps que
le niveau II s'abaisse au-dessous de F l'extension devient par
conséquent pins facile et plus étendue; enfin en 1 nous voyons
se produire un dernier plateau, mais celui-ci de peu de durée
et présentant déjà quelques légères oscillations; la ligne de des-
cente est elle aussi, plus brusque et descend plus bas, la ligne
d'ascension reprend presque sa direction normale, et les trac-
tions musculaires suivantes no présenteront plus rien despécial.
Si maintenant nous examinons l'ensemble du tracé, con-
naissant la vitesse dont était animé le cylindre enregistreur,
nous voyons que la durée totale du phénomène, c'est-à-dire de
l'état de spasme musculaire, a été de cinq secondes et demie,
chiffre à rapprocher de celui de cinq secondes observé par
SccligmuDor chez un de ses malades. Nous avons recommencé
la môme expérience après dix minutes de repos et nous avons
obtenu un tracé absolument semblable, puis une troisième ;
nouvelle expérience au bout de deux minutes et cette fois le
spasme ne s'est plus montré.
10 CLINIQUE NERVEUSE.
Dans le tracé que nous venons d'analyser le spasme est sur-
venu dès la première contraction volontaire ; il n'en est pas
toujours ainsi, et, nous possédons d'autres tracés dans lesquels
il ne se manifeste qu'à la deuxième ou a la troisième contrac-
tion volontaire ; on voit que tout en conservant son caractère
initial, son mode d'apparition n'est cependant pas toujours le
même.
Nous devons encore dire quelques mots de l'état psychique
de notre malade, les faits observés dans des cas analogues ren-
dant nécessaire l'examen des facultés mentales. M. S...
jouit d'une intelligence très suffisamment développée, cepen-
dant il est inquiet et semble se méfier beaucoup de l'insistance
et de la fréquence des examens électriques et myograpliiques
dont il est l'objet; il avoue d'ailleurs être d'un caractère im-
patient et ne pouvoir souffrir la contradiction ou même un
simple retard dans ce qu'il désire; à peine est-il arrivé quel-
que part il veut se rendre ailleurs ; pour la moindre des choses
il se met dans des colères terribles, cassant tout ce qui lui
tombe sous la main ; sa mémoire est médiocre, et il est obligé
de prendre en note ce qu'il doit faire, sous peine d'être exposé
à l'oublier. C'est lui qui nous donne ces détails, car dans la con-
versation on ne remarque rien d'analogue. -Outre l'égyptien,
il parle très bien l'italien et le français, et possède, parait-il, à
un haut degré toutes les qualités qui, dans le commerce, dis-
tinguent ceux de sa race. En somme l'intelligence, est in-
tacte, et nous n'avons à relever que l'irritabilité du caractère
et la disposition inquiète que nous venons de signaler.
Cette singulière affection n'a pas'encore été, que
nous sachions, décrite en France et nous ne connais-
sions aucun travail sur ce sujet; c'est notre maître,
111. le professeur Charcot, qui, en nous confiant le soin
de prendre cette observation, nous a indiqué un article
de Seeligmùller sur cette maladie (77a ? </c ? M- ? 7< ? von C. Gerhardt, t. V, I`° rart., p. 175).
Nous y avons trouvé un certain nombre do renseigne-
ments bibliographiques et cliniques qu'il nous a paru
utile de rapprocher du fait que nous avons observé ;
SPASME MUSCULAIRE. il
quant au nom que Seeligmùller donne à cette maladie
« Paralysie spinale hypertrophique spasmodique » , nous
verrons plus loin s'il doit être admis sans réserve.
Cette affection semble avoir été vue au moins une
fois par Ch. ]3ell qui, dans ses Recherches sur la physio-
logie et la pathologie du système nerveux, décrit des
phénomènes analogues. Benedikt en 1864 et en 1868
en a rapporté deux cas. Un de ses malades était pris
d'une telle raideur des muscles au commencement des
mouvements, qu'il était forcé de prier quelqu'un de
lutter avec lui pour lui assouplir les membres, puis au
bout de quelques minutes les muscles se mettaient a
fonctionner convenablement.
Leyden, dans ses Leçons cliniques sur les maladies de
la moelle, (trad. franc., p. 95), rapporte un cas assez
semblable au nôtre; il s'agit d'un homme de vingt-
huit ans sujet à des raideurs musculaires depuis sa
plus tendre enfance, et qui pour ce motif fut réformé
du service militaire; quand il serrait le poing, il ne
pouvait plus le rouvrir; la langue souvent raide ren-
dait la parole lente et disgracieuse, les muscles des
yeux étaient atteints, ainsi que ceux de la face.
Seeligmûller a [publié trois faits qui présentent des
détails intéressants :
Le premier est celui d'une recrue qui faisait le dé-
sespoir de l'instructeur parce qu'il ne pouvait exécuter
le maniement du fusil avec la rapidité et la précision
nécessaires ; ses muscles athlétiques étaient, même au
repos, durs comme du bois ; en soufflant sur la peau
on amenait des contractions musculaires toniques ; de
12 CLINIQUE NERVEUSE.
môme avec les excitations mécaniques ou électriques;
ces contractions persistaient pendant cinq secondes et
plus. Secousses fibrillaires dans différents muscles. Ré-
sistance assez considérable dans les mouvements pas-
sifs du genou.
Le second cas est fourni par une chanteuse de
concerts prise depuis son enfance de raideur momen-
tanée des muscles volontaires qui lui rendait le pati-
nage et la danse très difficiles ; quand elle avait fini
de chanter un morceau, elle était obligée de rester en
place pendant quelques instants, ne pouvant se mettre
à marcher dès qu'elle le voulait ; il lui semblait aussi
que parfois certains muscles du visage entraient en ri-
gidité, de même pour sa langue ; quand elle jouait du
piano, ses doigts ne se déliaient qu'aubout de quelques
instants ; muscles très développés, durs, présentant
comme des échelons à la palpation. Excitabilité élec-
trique normale, ne produisant de relief musculaire
persistant qu'à l'extrémité inférieure du vaste interne.
Excitations mécaniques sans résultat. Pas de réflexes
tendineux, ni de secousses fibrillaires ; dans les mou-
vements passifs de l'articulation scapulo-humérale,
légère résistance.
Le troisième cas de Seeligmiiller est un peu différent,
en ce que l'affection ne semble pas dater de l'enfance,
mais serait venue pendant la nuit, dans une jambe
d'abord, puis dans les autres membres; cet homme
éprouve, luiaussi, delà gêne pour se mettre à marcher,
pour se lever, etc., il est obligé alors de se livrer à un
massage de ses muscles; - l'excitation mécanique
ne produit rien; -réflexes rotulienstrès augmentés;
muscles volumineux et durs comme de la pierre.
SPASME MUSCULAIRE. 13
Erb, dans son article du Manuel de Ziemssen (t. XT,
11° part., p. 817), dit avoir observé un malade atteint
de sclérose en plaques qui, pendant sa jeunesse, aurait
présenté une raideur et une maladresse toutes parti-
culières ; il ressentait dans les membres des raideurs
semblables à des crampes dès qu'il voulait faire un
mouvement, se lever de sa chaise, etc.. Lorsqu'il
tenait entre ses doigts un objet peu volumineux, il ne
pouvait le lâcher juste au moment voulu, etc., etc.
Plus récemment, Bernhardt, (Arch. v. VzcIaoZU,
t. LXXV, p. 515) a publié une nouvelle observation très
analogue a la notre :
Etudiant en droit : frères et soeurs bien portants, un
oncle épileptique ; âgé de vingt-deux ans, plutôt de petite
taille, quoiqu'avec toutes les apparences de la santé ;
déjà, quand il allait à l'école, il éprouvait de la raideur
au début des mouvements; actuellement, il a de la peine
à se lever d'une chaise, à se mettre à marcher, à mon-
ter un escalier ; mais une fois en train il peut marcher
plusieurs heures sans se fatiguer; de même pour les
mouvements des bras; quand il tient un objet il ne
le lâche pas aussitôt qu'il veut ; difficulté pour étendre
les doigt une fois fermés. Les muscles du tronc, de
la vessie, de l'intestin, ne sont pas affectés : en man-
geant, il éprouve quelquefois de la difficulté à ouvrir
convenablement la bouche et éprouve la sensation de
raideur dans les muscles des mâchoires et dans ceux
de la bouche. Les mouvements de la langue sont libres,
mais ne s'exécutent pas aussi facilement dans toutes les
directions que chez un individu sain ; la parole n'est
nullement embarrassée. Etat psychique normal. Les
1 Il. CLINIQUE NERVEUSE.
Muscles- des extrémités inférieures sont extraordinai-
rement développés, surtout le vaste interne et l'ex-
terne ; la circonférence de la cuisse, a 13 cent. au des-
sous de l'épine iliaque antérieure et supérieure, est de
58 cent., celle]du mollet, de39 cent. ;4es muscles sacro-
lombaires font un relief considérable, il y a de la
lordose des vertèbres lombaires. La circonférence de
l'avant-bras à 10 cent. au-dessus de l'apophyse styloïde
du cubitus est de 23, 7 cent. ; celle du bras à sa par-
tie moyenne de 28 cent. La consistance des muscles
n'est pas augmentée; "il n'y a pas de secousses fibril-
laires ; la force musculaire ne répond pas tout à fait
aux apparences athlétiques du malade, mais elle est
cependant très respectable. Sensibilité intacte. Phéno-
mène du genou difficile à obtenir. Réactions électriques
conformes à la formule ordinaire, cependant on peut
noter les particularités suivantes : quelquefois le bour-
relet de la contraction musculaire persiste un peu après
la cessation d'une excitation électrique de courte durée
et ne disparaît que lentement; lorsqu'on laisse le cou-
rant appliqué pendant un certain temps, on n'obtient
pas une contraction tétanique ferme et durable, mais on
voit se produire des ondulations des masses musculaires
qui se renflent dans un point pour s'aplatir bientôt et se
renfler de nouveau un peu plus loin. La percussion
forte et brève avec le marteau de Skoda produit les
mêmes effets que l'excitation électrique de courte du-
rée, c'est-à-dire une contraction tonique partielle, per-
sistant pendant quelques instants, du faisceau percuté.
Plus récemment encore, Pétrone (Bivisla ;sherinz. di
freniatria, 1881, t. VIII, p. 301) a publié l'observation
SPASME MUSCULAIRE. 15
suivante : garçon de quinze ans, habitant la campagne,
sans antécédents héréditaires; rien d'important dans les
auamnestiques. Le père affirme que l'affection de son
fils date de la première enfance. Quand il est couché
ou assis et qu'il veut se lever, il est pris, dit-il, d'en-
gourdissement des muscles qui sont comme enchaînés,
ce qui l'empêche d'exécuter immédiatement le mouve-
ment qu'il veut faire ; c'est une crampe tonique de
quelques secondes de durée pendant laquelle il ne
tremble pas ni ne perd l'équilibre. Une fois la
crampe passée, il peut marcher comme tout le monde
et même courir avec agilité. De même pour les mou-
vements des membres supérieurs. Sensibilité in-
tacte. - Ilieii de spécial dans l'exploration électrique,
sinon que la contraction persiste après l'excitation,
qui, si elle est assez forte, produit même de petites on-
dulations dans les mucles en état de contraction to-
nique. Les muscles^des extrémités inférieures sont
bien développés, le mollet a une circonférence de
31 cent. Un faisceau musculaire du biceps fémoral,
enlevé pour l'observation microscopique, a montré des
fibres musculaires parfaitement normales ; pas d'aug-
mentation du tissu conjonctif ni du tissu adipeux in-
terstitiel des fibres musculaires; le sarcolemme est
normal.
C'est encore à Pétrone que nous empruntons une ra-
pide aualye d'une observation publiée par Peters dans
la Deirtsclae ozilit. Arztl. Ztscla f. 1879, t. VIII, p. 101 ;
n'ayant pu nous procurer ce recueil, nous nous bor-
nons à reproduire ce que nous trouvons dans l'article
de l'auteur napolitain : La maladie remonterait à
l'âge de sept ans, le père est très affirmatif sur ce
i (i CLINIQUE NERVEUSE.
point; elle serait survenue après une grande frayeur
qu'aurait eue l'enfant pendant un incendie. Peters
fait remarquer que, dans ce cas, il n'y avait pas
d'hypertrophie musculaire.
Nous arrivons maintenant à l'observation du Dr Thom-
sen ; logiquement nous aurions dû la donner avant
celles de Seeligmùller, puisque c'est la description
de Thomsen qui a éveillé l'attention de ce dernier
et lui a permis de réunir, de grouper ensemble les
différents cas de cette affection pour leur donner une
place à part dans le cadre nosologique. Mais nous
avons préféré ne la mentionner qu'en dernier lieu,
parce qu'elle est comme un résumé des observations
précédentes et qu'elle contient des documents précieux
qui nous serviront pour l'étude de l'étiologie de cette
singulière maladie.
Le D' Thomsen, qui est lui-même atteint de cette
affection, a pu la retrouver dans trois générations de
sa propre famille où les accidents nerveux sont d'une
remarquable fréquence.
Sa bisaïeule mourut pendant sa première couche de
manie perpuérale ; elle avait deux soeurs qui présen-
tèrent à un âge avancé des troubles mentaux, de
même que son fils, le grand-père de Thomsen ; des
quatre enfants de ce grand-père les deux aînés ne
furent pas atteints psychiquement, et très peu corpo-
rellemeut, les deux cadets, au contraire, éprouvèrent à
un haut degré la raideur musculaire, ils étaient d'un
esprit assez borné; la mère de Thomsen, qui était l'une
des deux aînées, conserva son activité corporelle et
psychique intacte jusqu'à Page de soixante-douze ans.
.SPASME MUSCULAIRE. 17
Parmi ses treize enfants, sept furent atteints de
l'affection qui nous occupe, les autres étaient tout à
fait sains, sauf une soeur affectée de troubles psychiques
passagers. Parmi les plus atteints de cette génération
se trouve le Dr Thomsen ; enfin dans la cinquième gé-
nération, celle des enfants de Thomsen et de ses frères
et soeurs, l'affection semble décroître d'intensité : sur
trente-six individus il n'y en a que six atteints, trois
à un haut degré, trois plus légèrement ; chez un de
ses enfants mort en bas âge, l'affection se montrait
déjà au berceau; elle existe aussi chez ses trois autres
enfants, mais est plus forte chez les deux derniers que
chez l'aîné. Quant aux symptômes présentés par les
différents membres de cette famille, ce sont ceux que
nous avons vus dans les observations précédentes : rai-
deurs des muscles des extrémités au début des mouve-
ments volontaires, et aussi de la langue. Thomsen si-
gnale même celle des orbiculaires de la bouche et des
paupières, il insiste, d'une façon [d'autant plus inté-
ressante, qu'il a éprouvé lui-même ce qu'il décrit, sur
les différentes circonstances qui exagèrent la contrac-
tion spasmodique des muscles : préoccupations morales,
crainte de se montrer maladroit devant les personnes
qui vous observent, fatigue et exercice prolongé, refroi-
dissement, etc.. Thomsen a noté encore une tendance
plus grande à cette rigidité dans l'incubation et la pé-
riode prodromique des maladies aiguës.
Si nous jetons maintenant un coup d'oeil d'ensemble
sur les faits contenus dans les observations que nous
venons de rapporter, il nous semble qu'on peut sans
témérité admettre l'existence propre et indépendante
AIICHI'I,S, L. V. 2
t8 s .CLINIQUE NERVEUSE.
de cette affection, et l'identité des symptômes est telle
qu'il est facile, dès aujourd'hui, d'en tracer le tableau
clinique.
Et tout d'abord, au point de vue de étiologie, notons
l'influence de Y hérédité. Après l'observation si instruc-
tive de Thomsen. nous la retrouvons dans celle de la
chanteuse de Scéligmüller. La mère aurait été légère-
ment atteinte de troubles moteurs analogues. Dans le
cas de Leyden, c'est un frère; dans le cas de la recrue
de Seeli--iiiüller, c'est une soeur; signalons sa coïnci-
dence avec d'autres maladies nerveuses dans la fa-
mille, cas de Thomsen, affaiblissement intellectuel chez
les frères et soeurs, oncles et tantes ; cas de Bernhardt,
un oncle épileptique.
Quant à I'dqe où surviennent les troubles moteurs,
c'est toujours dans l'enfance. Aussi loin que remontent
les souvenirs du malade, il les a éprouvés; Thomsen les
a même observés sur un de ses enfants au berceau ;
quant au troisième cas de Seeligmüller, où le début
aurait eu lieu à vingt ans, il ne semble pas qu'on doive
ajouter une foi absolue au dire du malade, et l'auteur
lui-même ne considère pas ce cas comme faisant ex-
ception à la règle. Pour la plupart des auteurs cette
maladie serait congénitale. Peters, au contraire, la fait
dépendre d'une affection médullaire acquise.
Le symptôme capital, celui qui seul amène le malade
près du médecin, c'est la raideur spasmodique de certains
muscles survenant au moment d'exécuter un mouve-
ment ou plutôt pendant l'exécution même du mouve-
ment ; ce phénomène est accompagné d'une sensation
spéciale à laquelle le malade ne se trompe pas, sensa-
tion de contraction spasmodique du muscle, mais sans
SPASME MUSCULAIRE. 19
ce caractère douloureux quelquefois très développé qui
accompagne généralement les crampes chez les indi-
vidus sains. Ce qui gêne surtout le malade, ce n'est
donc pas cette sensation, mais bien l'impotence fonc-
tionnelle causée par cet état spécial du muscle ; nous
ne reviendrons pas ici sur les conséquences plus ou
moins ridicules qui peuvent en résulter, renvoyant aux
détails qui ont été rapportés dans les observations
citées plus haut.
Ces raideurs siègent non seulement sur les muscles
des membres, mais aussi dans la majorité des cas sur
la langue, et aussi sur les muscles de la face dans deux
cas de Secii--iiiüller et dans ceux de Thomsen, de Ley-
den et de Bernhardt; elles augmentent de fréquence
et d'intensité sous l'influence des émotions morales,
de l'attention exagérée du malade sur ses mouvements,
du refroidissement, de la fatigue, etc.. au contraire
elles cessent lorsque le mouvement a été accompli
cinq ou six fois, et disparaissent alors assez complète-
ment pour permettre une marche de plusieurs heures
sans le moindre inconvénient; elles seraient aussi bien
moins intenses pendant la période de la digestion.
après un repas copieux : c'est là du moins une re-
marque faite par notre malade.
Il est un autre signe que nous trouvons rapporté
dans plusieurs observations : V hypertrophie des muscles.
Il en est fait mention dans les trois cas de Seeligmùl-
1er et dans celui de Bernhardt. Pétrone considère que
les muscles de son malade étaient hypertrophiés (gar-
çon de quinze ans, 31 cent. de mollet). Leyden, qui n'est
pas prévenu sur ce sujet, puisque son observation est
20 CLINIQUE NERVEUSE.
une des premières sinon la première complète, dit que
son malade avait des muscles athlétiques; nous avouons
pour notre part ne pouvoir souscrire à l'épithète hyper-
tropliie, du moins dans notre cas. Certes les muscles ont
un développement notable, mais, vu la stature du sujet
on ne peut dire qu'ils soient hypertrophiés; c'est d'ail-
leurs une impression du même genre qu'éprouvait
Thomsen quand, dans sa lettre a Seeligmùller, il décrit
le remarquable développement musculaire de ses fils
et surtout de l'aîné, mais sans cependant le considérer
comme de l'hypertrophie. Peters n'a pas non plus trouvé
les muscles de son malade hypertrophiés. Quoi
qu'il en soit, ce sont les muscles de la cuisse qui ont
toujours été, comparativement, trouvés les plus déve-
loppés.
La force musculaire est d'ailleurs bien conservée,
quelquefois même elle est assez considérable.
La consistance des muscles a été trouvée très aug-
mentée dans les trois cas de Seeligmùller : « durs
comme du bois et même comme delà pierre. » Leyden
n'en fait pas mention; quant à Bernhardt, il nel'a pas
trouvée notablement augmentée, non plus que nous-
mêmes.
La lordose des vertèbres lombaires se trouve aussi
signalée dans deux cas de Seeligmùller et dans celui
de Bernhardt. Pour nous, il ne nous a pas été donné de
la constater.
Lorsqu'on fait une excitation mécanique sur le corps
de l'un des muscles, avec.le marteau de Skoda par
exemple, tantôt, comme dans deux cas de Seeligmùller,
on obtient une contraction nette et persistante; tantôt,
comme sur le biceps de notre malade, on sent une aug-
SPASME MUSCULAIRE. 21
mentation de la consistance du muscle sans change-
ment appréciable à la vue, ou même, comme sur ses
jumeaux, on obtient une véritable contraction, ce qui
d'ailleurs peut s'observer aussi chez des individus
sains.
Si, au lieu de percuter les muscles, on percute les
tendons, on obtient suivant les cas des résultats un
peu différents : tantôt les réflexes tendineux existent à
peine, tantôt ils sont augmentés. Cependant, on peut
affirmer que ces variations sont comprises dans les
limites qui constituent l'état normal, et que, comme
nous l'avons vu chez notre malade, les réflexes tendi-
neux ne présentent rien de pathologique.
L'excitabilité électrique reste, elle aussi, comprise
dans les formules ordinaii es, du moins dans le cas de
Bernhardt, le seul où l'examen électrique analytique
semble avoir été fait. Chez notre malade, il n'y avait
pas non plus de renversement des termes de la for-
mule, mais on notait une certaine précocité de la con-
traction anodale, ainsi que l'absence complète de la
contraction d'ouverture. Mais le fait capital, celui que
nous retrouvons dans les trois observations de Seelig-
inüller, dans celle de Bernhardt et dans la nôtre, c'est
la persistance, après l'excitation faradique, soit de la
contraction elle-même, soit de bourrelets ou d'ondes
musculaires qui indiquent un état actif du muscle pen-
dant quelques instants.
Quant aux troubles psychiques, ils semblent n'avoir
pas existé dans la plupart des cas, et, chez notre ma-
lade, ils étaient si peu accentués que c'est à peine si
on peut leur donner ce nom; cependant, dans l'obser-
vation de Thomsen, nous voyons que deux de ses
22 CLINIQUE NERVEUSE. '
oncles, qui présentaient les raideurs musculaires,
étaient en même temps d'un esprit très borné; de
plus, nous voyons dans sa famille une alternance et
une alliance étroite entre la raideur musculaire chez
les uns et des- troubles mentaux chez les autres; enfin,
l'influence psychique sur la production même des
spasmes musculaires n'est pas non plus sans avoir une
certaine importance.
La sensibilité, dans ses différents modes, a toujours
été trouvée intacte.
Les symptômes que nous venons d'exposer sont
assez caractéristiques pour permettre de reconnaître
sans difficulté l'affection qui nous occupe; d'ailleurs,
les maladies avec lesquelles on pourrait à la rigueur
la confondre à première vue sont loin d'être nom-
breuses, si nous éliminons tout d'abord les crampes
simples, purement accidentelles, et celles qui survien-
nent dans certaines intoxications (strychnine à dose
modérée, choléra, etc.), nous ne trouvons guère que
le tabès dorsal spasmodique. C'est, il est vrai, aussi une
maladie de l'enfance, congénitale même, caractérisée
par la raideur des membres inférieurs; mais là s'ar-
rêtent les analogies, car cette raideur est persistante,
elle ne disparaît pas par la continuation des mouve-
ments ; elle s'accompagne d'une excitabilité réflexe
exagérée se traduisant par l'augmentation du phéno-
mène du genou et par l'apparition de l'épilepsie spi-
nale; on ne retrouve rien d'analogue du côté des
membres supérieurs ou des muscles de la langue et de
la face.-
Quant à la paralysie pseudo-hypertrophique, nous ne
voyons pas qu'elle se rapproche sensiblement de notre
SPASME MUSCULAIRE. 23
maladie, du moins dans le cas que nous avons exami-
né ; mais, en présence des observations de Seeligmùl-
ler et de Bernhardt, qui prétendent que les muscles
étaient hypertrophiés, il peut être bon de rappeler que
dans la paralysie pseudo-hypertrophique, c'est d'une
véritable paralysie qu'il s'agit; les muscles les plus
volumineux sont d'une faiblesse extrême et, à côté
d'eux, on trouve d'autres muscles complètement atro-
phiés; il n'y a pas non plus cette sensation de spasme
tout à fait caractéristique.
Si, maintenant, nous cherchons à pénétrer la nature
de cette affection, nous devons avouer que tout ren-
seignement précis nous manque à cet égard. Au point
de vue anatomique, nous avons, il est vrai, un exa-
men de Ponfick sur les muscles d'un des fils de Thom-
sen, mais cet auteur n'a trouvé aucune lésion; la dis-
position des fibres, leur striation étaient absolument
normales; de même, l'examen microscopique fait par
Pétrone n'a donné que des résultats négatifs. Faut-il
en conclure que les muscles ne sont pas atteints et
que c'est la moelle qui est seule en jeu ? Nous ne le
croyons pas , et considérant la généralisation des
troubles moteurs à presque tous les muscles volon-
taires (même ceux des yeux et de la langue), leur ca-
ractère transitoire, ainsi que les phénomènes produits
par l'excitation électrique, nous aurions plutôt une
tendance à assigner i cette affection une origine mus-
culaire. Pétrone la fait dépendre d'un trouble de la
conductibilité dans un point quelconque du trajet
entre l'écorce cérébrale et la plaque terminale de Rou-
get. En tout cas, nous ne saurions souscrire à la qua-
lification de paralysie spinale spasmodique hypertro-
2 1. CLINIQUE NERVEUSE.
Me que propose Seeligmùller, car elle nous paraît
défectueuse et même erronée sur plusieurs points :
d'abord ce n'est pas une paralysie, et quant à la na-
ture hypertrophique, elle nous semble douteuse; en
dernier lieu, nous croyons inutile de préjuger ainsi la
nature spinale de l'affection. Quant à la dénomination
sous laquelle ont été publiées les observations de
Thomsen et de Erb : Spasmes toniques dans les muscles
volontaires, elle nous semble plus rationnelle, puis-
qu'elle se borne à l'énoncé du symptôme, mais elle
nous semble défectueuse, en ce qu'elle oublie l'un des
éléments de ce symptôme : le caractère transitoire et
initial. Nous ferons le même reproche à la dénomina-
tion de Bernhardt : Raideur musculaire et hypertrophie
musculaire constituant un complexus symptomatique spé-
cial. Aussi avons-nous cru plus opportun de décrire le
cas que nous avons observé sous le nom de : Spasme
musculaire au début des mouvements volontaires; il ne
préjuge rien, il résume les faits acquis ; c'est ce que,
nous aussi, nous avons cherché à faire dans ces quel-
ques pages.
ÉTUDE CLINIQUE DU VERTIGE DE : 1(I : NII : RE D1\S SES
RAPPORTS AVEC LES LÉSIONS DES FENÊTRES OVALE ET
RONDE [Suite);
Par le D,* CELLE.
La première méthode d'investigation s'appelle
l'épreuve des pressions centripètes. Dans la deuxième, le
1 Voir les Archives de Neurologie, no 12, p. 273.
DU VERTIGE DE MHNIHRE. 25
médecin ausculte l'oreille du sujet pendant les pressions
centripètes; celle-ci diffère totalement de la précédente
en ce que le contrôle médical est assuré; et parce
qu'on obtient à la fois deux résultats : l'un fourni par
le. sujet, l'autre par l'observateur ; c'est de la compa-
raison de ces deux données que naît la valeur de
l'épreuve dernière. ,
On verra, par le détail des observations, que j'ai mis
à la fois en oeuvre toutes les autres méthodes d'ex-
ploration de l'oreille dans l'étude des faits. En thèse
générale, mes procédés se résument à modifier, au
moyen de pressions douces exercées sur la surface
tympanique, une sensation sonore provoquée au con-
tact du diapason la 3 sur la bosse frontale du sujet.
Ces procédés ont été exposés devant la Société de
biologie (1881), et au Congrès international de Lon-
dres. (In Extrait des procès-verbaux des séances du
Congrès médical international de Londres, 1881, t. III,
p. 370.) .
A. Éhreacve des pressions centripètes : Lucoe comprime
l'orifice du méat auditif avec la pulpe du doigt. J'em-
ploie la poire à air ordinaire armée d'un tube dont
l'extrémité est hermétiquement fixée au conduit; un
diapason suffisamment volumineux pour donner un
son soutenu pendant un certain temps est appliqué
sur la bosse frontale du côté qu'on examine.
Si l'oreille est saine, le bruit qui se propage parle
crâne à l'oreille se trouve atténué brusquement à
chaque pression de la poire dont l'air comprime le
tympan et toute la chaîne jusqu'à la fenêtre ovale, et
à travers le labyrinthe jusqu'à la fenêtre ronde; car
cette tension exagérée de tout l'appareil amène une
26 CLINIQUE NERVEUSE..
diminution brusque d'intensité du son perçu par
le patient. Cette atténuation se reproduit à vo-
lonté :
Quand le diapason est près de s'éteindre, la poussée
d'air annule totalement le son, qui peut renaître, la
pression cessant. Ces variations causées par les pres-
sions centripètes sont l'indice de la conservation de la
mobilité et de l'élasticité de l'appareil de transmission,
et surtout de la platine de l'étrier dans la fenêtre
ovale et de la membrane de la fenêtre ronde.
On comprend que si l'oreille est malade, les condi-
tions sont changées, et l'épreuve ne donne plus les
mêmes résultats. Tantôt on n'observe aucune modifica-
tion du son du diapason sous l'influence des pressions ;
tantôt le son est éteint net à chaque poussée; enfin
souvent la poussée tant légère soit-elle provoque le
vertige, ou le bourdonnement d'oreille.
La conclusion en est simple : tantôt l'appareil immo-
bile n'obéit plus et le son perçu n'est pas modifié; ou
bien il reste encore une petite distance à franchir, et la
moindre pression rend l'étrier immobile; et par suite
empêche le passage du son crânien.
Le vertige provoqué annonce qu'il y a commotion
du labyrinthe, soit par suite de l'amplitude anormale
du mouvement communiqué, soit parce que la fenêtre
ronde a résisté. On obtient donc ainsi une sorte de
gamme de sensations correspondantes aux divers états
de l'appareil transmetteur et surtout de la platine de
l'étrier, puisque c'est à travers cette surface osseuse
mobile que le son se propage au labyrinthe.
Dans le cas où le son n'est pas perçu quand le dia-
pason est appliqué sur le front, on peut placer celui-ci
DU VERTIGE DE MEN1ÈRE. 27 Ï
sur le tube de caoutchouc, qui forme un appareil
résonnateur, et l'épreuve devient possible et garde sa
valeur.
Le relâchement [relaxation des Anglais) de la
cloison tympanique avec ou sans épaississement de
tissu, offre un rapport étroit avec la production du
phénomène vertigineux. Les signes de cette lésion
coïncident souvent avec le vertige de Ménièrc. On les
rencontre aussi* dans les cas où l'extinction des sons du
diapason par les pressions s'observe. Une des causes
les plus fréquentes de ce ramollissement est l'eczéma
chronique, à. répétition, scrofuleux, ou arthritique.
L'impétigo, l'écoulement de cause dyscrasique ont le
même effet. Toutes les inflammations de l'oreille
externe ou moyenne à marche chronique, finissent par
produire ce relâchement et la voussure consécutive.
La sclérose leur succède plus ou moins tardivement.
Les effets de cette perte de 'tension et de tonicité sont
variables suivant que la trompe est libre ou imper-
méable.
Si la trompe est obstruée, le déplacement en dedans
se trouve fixé, et de jour en jour accru; bientôt la
course de l'étrier est bornée et l'immobilisation dans
la position nouvelle se produit. C'est dans ce cas que
le plus souvent on constate que les pressions causent
l'extinction nette, ou bien ne produisent plus de varia-
tions du son du diapason frontal.
Quand la trompe reste perméable au moins par
moments, les malades s'aperçoivent que leurs malaises,
leurs vertiges apparaissent tantôt à la suite du mouve-
ment d'avaler, tantôt après un éternuement, ou un
28 CLINIQUE NERVEUSE.
accès de toux; tantôt après un bâillement; ou bien
c'est après s'être mouchés, ou après avoir vomi que
l'ébranlement a lieu; en ce cas l'accès est subit, c'est
le vertige de Ménière apoplectiforme.
Observation I. H..., trente-cinq ans; bonne santé, pha-
ryngite chronique rhumatismale; surdité plus forte à gauche,
obstruction de la trompe; enfonçure extrême du tympan,
dont la transparence laisse voir le fond rouge vif de la caisse.
Audition montre par voie osseuse, nulle : dix-huit centimètres
audition par air ; vertiges fréquents ; a peur de tomber de
cheval ; vertiges s'il relève la tête et non quand il la baisse.
Epreuve des pressions centripètes : Belles variations de la
sensation à droite; à gauche, extinction brusque du son du
diapason frontal à chaque pression. En auscultant l'oreille
pendant les pressions avec la poire à air, il y a également
extinction pour l'observateur; mais il ne se produit ni bour-
donnement, ni vertige.
Observation II (résumée). H..., cinquante-deux ans. Le
10 décembre, mangeant la soupe, il tombe subitement sans
perdre connaissance; même accident le lendemain en se le-
vaut; bruit de jet d'eau violent dans la tête et il s'aperçoit
qu'il est sourd. Soigné pendant un mois pour une conges-
tion cérébrale sans être soulagé de ses vertiges. Chute à
terre, le 30, à son travail, sans perte de connaissance; chute en
avant; plaie au front. Surdité et bourdonnement intenses,
pharyngite aiguë rhumatismale; otites subaiguës ; enfonçure
extrême, opacité et déformation du tympan.
Epreuve des pressions. Al'oreille gauche, pas d'effet; adroite,
aupremier choc, ébranlement dans toute la tête ; étourdissement
immédiat à tomber ; il reste quelques secondes à se remettre.
L'épreuve de Valsalva faillit le précipiter en avant. Le
moindre effort ou mouvement provoque le vertige. Après un
mois de traitement, tous ces phénomènes spontanés ou provoqués
ont totalement disparu. La pression amène la rémittence nor-
male du son du diapason. L'audition est revenue à dix centi-
mètres à droite; audition de la montre, collée au méat à gauche;
mais elle n'est pas perçue par la voie crânienne.
DU 1'R'rlfl : D>J \I>;\IECt.);. 29
Observation III (résumée). - Dame, ménopause; bronchite
arthritique chronique ; vieilles otites. Vertige subit en se
mouchant ; elle sent un claquement dans l'oreille et elle
tombe étourdie. Epreuve des pressions : Nul effet ; audition
nulle à droite par la voie crânienne. M. à 40 cent. ; soulagée
par la réapparition des règles après trois mois de suspension
des menstrues.
Observation IV (résumée). Dame, cinquante-cinq ans ;
abcès de la cuisse il y a quatre mois ; l'oreille siffle seule-
ment depuis trois semaines en se mouchant ; dès qu'elle se
mouche ou éternue, la malade est étourdie à tomber, et se
retient aux meubles pour éviter la chute.
Epreuve des pressions. Au premier coup, étourdissement
qui dure quelques secondes ; l'inspection du tympan montre
que par une perforation centrale étroite, du pus s'est épanché
dans le conduit auditif et la caisse s'est vidée ainsi. Aussi l'é-
preuve des pressions ne donna-t-elle plus lieu au vertige
après cette évacuation. Les jours suivants, l'écoulement
tari, les vertiges spontanés et provoqués cessent. On voit nette-
ment ici le rôle du contenu de la caisse du tympan comme
instrument de compression du labyrinthe et le mécanisme
de la production du vertige. L'audition atteint 12 cent. un
mois après la guérison de la suppuration : la perforation per-
siste. Le vertige n'a pas reparu.
OBSERVATION V (résumée). Dame, cinquante-neuf ans.
Vertiges très forts; avec chute, deux fois. - Surdité à gauche.
Coryza chronique. Obstruction tubaire ; induration et
enfonçure extrême du tympan. Si elle se mouche fort, elle
éprouve une commotion, et tend à tomber; si elle éternue
également ; son premier accès violent l'a prise en mangeant.
Si elle se couche sur cette oreille gauche, si elle se frotte le
pavillon, le sifflet auriculaire apparaît : elle a cru remarquer
que le bruit est plus fort quand elle a moins de vertige. Elle
est tourmentée par un balancement continuel.
Par les pressions centripètes, extinction brusque du son
du diapason frontal au premier choc. Montre non perçue
ni par les os ni par l'air.
Observation VI (résumée). Pharyngite chronique ; obs-
truction des trompes ; scélérose auriculaire ; montre entendue
30 CLINIQUE NERVEUSE.
à gauche collée au méat, et non perçue par les os ; à droite
12 cent. et par os, très faiblement.
Epreuve des pressions. Nulle à droite et à gauche ; avec
l'auscultation transauriculaire pendant les pressions centri-
pèles, rémittence du son pour l'observateur, et nulle variation
pour le sujet; ni bourdonnement, ni vertige provoqués. Après
quinze jours de traitement, les variations deviennent très
nettes pour le sujet, mais seulement si le diapason est posé
sur le tube de caoutchouc et non sur le front.
La cause prochaine du développement du vertige
n'est pas facile à trouver; l'augmentation de la pres-
sion, dans la cavité de l'oreille interne, a souvent été
mise en cause pour expliquer la production du vertige.
On a vu par les faits cités et l'on comprend que cet
accroissement de pression a lieu sous l'influence de
l'accumulation de produits sécrétés dans la caisse,
soit par l'enfonçure anormale du tympan, ou bien par
une production végétante au niveau de la fenêtre
ovale ou de la fenêtre ronde ; mais que dire si, avec
le vertige type, l'examen de visu constate l'absence de
tympan et de chaîne osseuse, et montre l'étrier isolé,
seul, en place ? 2
Voici une observation où l'on trouve que le vertige
a existé spontanément, et a pu également être expéri-
mentalement provoqué par des pressions centripètes
très légères, et l'étrier seul subsiste. Mais la surdité est
complète par la voie osseuse, comme par l'air, pour la
montre comme pour le diapason et pour la parole ; or,
la fenêtre ronde a disparu, confondue dans la plaque
cicatricielle qui couvre le promontoire de cette oreille
où la suppuration prolongée a tout détruit, hors le petit
osselet resté mobile sous la pression du stylet, et sous
la poussée de l'air de la poire à insuffler. (Obs. VII.)
DU VERTIGE DE MÉNIÈRH. 31
Observation VII (résumée). H..., otorrfiée dans la jeu-
nesse ; surdité à gauche totale, même au diapason appuyé
sur le front ; vertiges fréquents avec bourdonnements d'o-
reilles. Tympan gauche entièrement disparu ; étrier libre,
visible ; vertige et bourdonnements si je le touche du stylet.
'Vertige et bourdonnements provoqués du premier coup par les
pressions centripètes ; en même temps rougeur vive à la joue
gauche, injection de l'oeil gauche.
La paroi labyrinthique est méconnaissable ; c'est une surface
plane, sèche, cicatricielle ; on n'y reconnaît ni promontoire,
ni sourcil, ni fenêtre ronde, ni fossette.
Les lésions des fenêtres suffisent-elles à expliquer le
vertige ? En tout cas, elles brident et emmurent le
labyrinthe, qui se trouve à la merci du moindre trouble
circulatoire.
Observation VIII (résumée). IL ? coiffeur, quarante-
neuf ans, a longtemps habité un logement bas et humide.
Depuis cinq ans, tourmenté par des bourdonnements, et un
état vertigineux constant, entrecoupé d'accès de vertige. Le
bourdonnement en sifflet de locomotive annonce l'accès. Cet
homme dont les troubles de dés équilibration ont été des plus
cruels et des plus longs, a offert quelques phénomènes curieux :
des engourdissements de tout un côté ; une sensation de froid
dans la cuisse; des douleurs dans la verge et le siège, des cau-
chemars, des boules de feu dans les yeux, etc. Enfin il a
éprouvé des absences véritables ; il s'est perdu un moment, et
cependant s'est retrouvé sans aide. Ses vertiges se répètent par
accès de dix en dix jours ; rarement il est trois semaines sans
en éprouver.
L'oreille droite entend la montre à cinquante centimètres,
et la perception osseuse est bonne.
L'oreille gauche ne perçoit rien ni par l'air ni par le crâne.
Le diapason est entendu posé sur le front.
Epreuve des pressions centripètes, diapason vibrant sur la
bosse frontale gauche. Pas de variation, ni bourdonnement,
ni vertige provoqué ; nul effet à gauche. A droite : l'expérience
donne le résultat normal. Un mois après, état amélioré ;
épreuve des pressions à gauche, au premier coup, extinction
32 CLINIQUE NERVEUSE.
nette du son du diapason posé sur le front à gauche. Deux
mois après, les grands accès ont cessé, et il y a de longs inter-
valles de tranquillité ; santé générale excellente ; le travail
est possible ; les bourdonnements continuent encore. Épreuve
des pressions : intermittences, variations nettement perçues par
l'oreille gauche, mais moins clairement qu'à droite cependant.
Cette observation VIII, si intéressante à tous égards,
nous montre, au point de vue spécial de l'étude
actuelle, toutes les phases par lesquelles le signe des
pressions a passé. L'immobilité constatée au début fait
place peu à peu à une courte mobilité que la poussée
d'air annule facilement (extinction) ; puis les tissus
reprennent leur élasticité et les rémittences renaissent.
On a suivi ainsi la marche de la lésion vers la gué-
rison.
Les symptômes objectifs n'auraient pu fournir ici
que de faibles renseignements ; et la différence était
bien minime entre l'aspect du tympan au début et à la
fin de l'observation. Pour le diagnostic et le pronostic,
les épreuves par les pressions ont une supériorité in-
contestable.
Observation IX (résumée).- Pharyngite rhumatismale à ré-
pétition ; otorrhée par moments à droite ; migraines autrefois ;
vertige de Ménière ; bourdonnement intense, agaçant.
Épreuve des pressions. Vertige brusque au premier choc de
l'air de la poire à insuffler sur l'oreille droite. Le dixième
jour du traitement, la même épreuve amène seulement l'ex-
tinction du son et à peine du malaise. Un mois après,
l'épreuve des pressions donne des rémittences ad libiluna du
son du diapason frontal, sans choc, sans vertige.
On suit également dans cette observation l'évolution
du signe qui se modifie suivant la marche vers la guéri-
son.
DU VERTIGE DE MÉNIÈRE. 33
Le vertige de Ménière présente des causes occasion-
nelles multiples ; parmi elles, il en est que l'étude
physiologique de l'accommodation semble aider à com-
prendre. C'est ainsi que le spasme, ou la contraction
brusque réflexe du tenseur du marteau, tout étant
disposé d'ailleurs pour que l'ébranlement soit possible
(otite chronique, période de ramollissement, avec en-
fonçure de l'étrier et voussure extrême du tympan),
peut expliquer la naissance d'un vertige subit sous
l'influence de l'émotion causée par des bruits violents
ou agaçants. L'observation suivante en est un type :
« Le vertige n'arrive, dit la malade, que s'il est pro-
voqué par le bruit. (Obs. X.)
OBSERVATION X (résumée). Dame; période de la méno-
pause ; chagrins, fatigues auprès d'un mourant; impressionna-
bilité excessive ; le bruit la rend malade ; elle chancelle si une
lourde voiture rase le trottoir où elle marche, et se sent attirée
vers la roue ; elle tourne sur elle-même et s'accroche où elle
peut pour ne pas tomber. Sa tête est fatiguée; elle est inca-
pable de penser et d'agir; elle sent sa mémoire diminuer
chaque jour.
Bourdonnement atroce, énervant. Audition de la montre,
bonne par le crâne à droite et à gauche, mais faible. Audition
à 30 cent. à droite et à gauche. Épreuve des pressions centri-
pètes, nul effet; pas de variation du son; ni bourdonnement,
ni vertiges provoqués ; épreuve d'auscultation transauriculaire :
pendant les pressions centripètes, il y a extinction nette du
son pour l'observateur.
Le malade de l'observation 5,905 du registre sentait
aussi son vertige redoubler au bruit de la rue. Il en
était de même de la dame de ^'observation 5,843 ter...;
de même du malade de l'observation 5,941, et que je
ne puis qu'indiquer.
Une sensibilité excessive au bruit et le vertige sont
Archives, t. V. 3
34 CLINIQUE NERVEUSE.
facilement associés et dus à une lésion auriculaire
dans laquelle la platine de l'étrier est immobilisée et
poussée en dedans; le labyrinthe se trouve alors com-
primé à la moindre contraction de l'appareil d'accom-
modation. -'
Je pourrais citer par analogie des faits curieux d'in-
dividus qui s'aperçoivent parfaitement qu'ils entendent
d'autant moins distinctement qu'ils font plus d'efforts
d'attention ; c'est le même mécanisme dans les deux
cas ; ici l'accommodation éteint le son.
La chaleur est aussi une cause occasionnelle efficace
du développement des accidents vertigineux, quand les
oreilles ont été frappées déjà par la maladie. Certains
individus n'ont leur vertige que l'été ou dans les en-
droits chauds (spectacles, fourneaux, etc.). Exemple :
Observation XI (résumée). Pharyngite chronique ;
vieilles otites ; sclérose à droite ; vertiges légers, fréquents
l'été, à la chaleur, au soleil ; il a été causé une fois par une
injection d'oreilles.
Épreuve des pressions centripètes. Très nette, quoique
faible à gauche ; nulle à droite, sans vertige provoqué.
Dans ces cas de sclérose, avec immobilisation de
l'étrier, la moindre fluxion auriculaire peut amener la
compression du nerf labyrinthique, et causer le ver-
tige ; le coup de chaleur agit de même; de même, les
fluxions de la ménopause.
L'observation suivante [montre avec quelle délica-
tsese, au moyen de ces pressions aériennes, et des mou-
vements ainsi communiqués à l'organe de l'audition,
on peut l'explorer, les conditions de l'observation
DU VERTIGE DE MENIÉRE. 35
objective étant cependant précaires, ou bien l'ensemble
des signes ne permettant pas de conclure d'une façon
précise, à une. lésion auriculaire comme explication du
vertige. Il s'agit d'un état vertigineux chez une jeune
fille de seize ans ; cet état fut jugé purement nerveux
tout d'abord, l'oreille ou les oreilles n'ayant pas été
soupçonnées d'être pour quoi que ce soit dans la genèse
du seul phénomène dont le sujet se soit toujours plaint.
Mais quelques bourdonnements peu accusés, sans
caractères tranchés cependant, et surtout une sorte
d'abasourdissement, avec mal de tête augmentant au
bruit en même temps que le bruissement d'oreilles,
donnèrent l'éveil à la malade, et je fus consulté mal-
gré l'excellence de son audition.
Observation XII. Demoiselle, seize ans.bienréglée; sujette
aux affections de la gorge et du nez ; la voix est nasillarde habi-
tuellement, mais beaucoup plus au moment des mois, et au
moindre refroidissement; la respiration nasale est facile; cepen-
dant les narines sont étroites; les cornets, dont la muqueuse
hypertrophiée comble les intervalles, ont l'aspect et la consis-
tance de masses polypeuses.
Coryza fréquent, sécrétion abondante, souvent puriforme.
Il y a cinq ans, la malade a déjà été prise de vertiges avec
léger bruissement d'oreilles au moment du printemps ; et il y
eut une otorrhée passagère. Santé générale excellente ;
antécédents d'hémoptysie du côté du père, mort jeune.
L'encliiffrènement, et l'altération sombrée de la voix se sont
accrus ces jours-ci, après la venue régulière des règles. De plus
un état d'obnubilation avec léger bourdonnement d'oreilles est
apparu ; parfois même il y a un léger tintement ; et alors la
malade dit qu'elle souffre de la tête, au front, aux tempes ; sa
tète est comme molle, dit-elle ; elle éprouve par moments un
tremblement des jambes, avec faiblesse ; on dirait qu'elle va
se trouver mal ; elle reste étourdie et craint de tomber.
Il n'y a ni mal de coeur, ni vomissement, ni sueurs froides ;
mais douleur frontale vive. Voilà cinq jours que cela dure.
36 CLINIQUE NERVEUSE.
L'audition de la montre est excellente à 1 mètre 50, et plus, à
droite ; à 1 mètre 20, à gauche. Par la région frontale la percep-
tion est bonne ; sur l'apophyse mastoïde également, à droite et
à gauche.
L'épreuve des pressions centripètes, faites au moyen d'un
tube de caoutchouc adapté au méat auditif, et de la poire àair,
pendant que le cliapason la 3 vibre sur la bosse frontale, donne
des résultats très remarquables, vu la bonne portée de l'ouïe et
la faiblesse des bourdonnements.
A l'oreille droite, le son parfaitement perçu ( audition soli-
dienne) et les intermittences les plus nettes, les variations les
plus franches sont annoncées par le sujet à chaque poussée d'air,
sans extinction du son, sans vertige. A gauche, c'est différent; à
chaque poussée, extinction brusque du son transmis, qui repa-
raît aussitôt que la pression cesse ; et cela à volonté. Ce fait est
dès l'abord signalé par l'intelligente malade qui fait une grande
différence à ce point de vue dans la manière dont se compor-
tent ses deux oreilles.
L'épreuve de Valsalva, belle à droite, est nulle à gauche.
L'examen de visu des tympans constate leur obliquité exces-
sive et les montre presque de champ. Le marteau et surtout
l'apophyse externe sont saillants et bordés d'un filet rouge, à
gauche.
Diagnostic : légère congestion de la muqueuse auriculaire
complémentaire des règles. Obstruction de la trompe gau-
che. Sans doute un léger relâchement du tympan prédisposait
à l'exagération de sa voussure, la malade ayant eu déjà quel-
ques troubles auriculaires après une otorrhée légère, il y a deux
ans. L'épreuve des pressionsnelaisse aucun doute sur l'existence
d'une lésion de l'oreille méconnue et impossible à constater de
visu, comme cause du vertige. Cette crise passagère terminée,
les intermittences sont revenues normales.
Observation XIII. Homme, trente ans ; sec, brun,
maigre, en bonne santé : conducteur de machines au chemin
de fer.
Il a été pris, il y a huit jours, en travaillant de douleurs
atroces dans le fond de son oreille gauche. Douleur persis-
tante nuit et jour, avec fièvre, bourdonnement, battements à
devenir fou, dit-il ; il était totalement sourd de ce côté, depuis
lors ; le deuxième jour, écoulement très abondant de pus, et
DU VERTIGE DE DiIJNII.. . 37
soulagement immédiat. Le huitième jour, exploration : tym-
pan gauche opaque, plan, mat, teinte gris sale ; apophyse ex-
terne seule visible, saillante, couverte d'épiderme imbibé;
limites du tympan en haut, nulles ; opacité générale ; pas
de triangle ; rougeur mate au niveau du manche invisible;
l'opacité est surtout forte au tiers supérieur.
L'air pénètre dans l'épreuve de Valsalva, et cause un gros
craquement très sonore et rude; de même l'acte de la dégluti-
tion qui lui succède. Cela peut se répéter à volonté, sans
douleur ni fatigue. On voit aussitôt nettement le déplacement
en dehors de la surface du tympan qui se ballonne. Audition
de la montre bonne sur la bosse frontale gauche, et à 2 cent.
Épreuve objective. Auscultation transauriculaire excellente.
Epreuve des pressions centripètes, le diapason vibrant sur la
bosse frontale gauche. A la première et surtout à la seconde
pression, extinction nette du son du diapason indiquée par le
sujet qui fait aussitôt la différence avecle côté sain. Au bout de
quelques'jours, le tympan déformé, ramolli, offre en haut et en
avant une gouttelette de pus animée de pulsations; le sifflement
(le-perforation n'apparaît que tardivement, lorsque la trompe
redevient perméable suffisamment; mais cette perforation est
étroite. Au premier examen le gonflement de la cloison devait
être surtout causé par refoulement du liquide dont l'écoule-
ment était incomplet, vu le siège de la perforation. Sous l'in-
fluence d'un traitement approprié de cette otite suppurée, la
douleur et la suppuration cessent peu à peu, et, un mois après,
le jeu de la membrane parait rétabli, bien que son aspect
soit encore un peu louche, mat, plat, et que la petite perforation
siffle encore par la douche d'air sans gargouillement et sans
otorrhée cependant. A ce moment, l'épreuve par les pressions
centripètes, le diapason posé au front, donne des rémissions
comme l'oreille normale; il n'y a plus d'extinction du son,
ni au deuxième choc, ni plus tard ; les rémittences sonores
sont identiques à celle que le sujet éprouve à droite, quoique
plus affaiblies ; il n'y a ni vertige, ni bourdonnement, ni dou-
leur ; l'ouïe est revenue à une portée de 15 cent. pour la
montre ; et l'audition de la voix a totalement reparu de ce
côté.
On voit que les résultats des pressions, les variations
du son qu'elles produisent, ont suivi les phases diverses
38 CLINIQUE NERVEUSE.
de l'affection, et des états organiques qui accompagnent
une otite aiguë suppurée.
Au début, au moment où le tympan banal, ramolli,
distendu, avait perdu tout ressort, et possédait une
amplitude de mouvements insolites, grâce au relâche-
ment de son tissu, les pressions dépassant les limites
de la tension normale, agissaient avec une intensité
trop considérable à chaque coup, et l'étrier se trouvait
porté vers le labyrinthe, en même temps que la mu-
queuse de la caisse hypertrophiée, et les liquides sé-
crétés refoulés à la fois vers la paroi labyrinthique
obturaient la fenêtre ronde, d'où la surdité immédiate,
les deux orifices étant clos.
On peut donc analyser au moyen de ces résultats
de l'épreuve des pressions, l'état anatomique des par-
ties auriculaires, aux deux moments de l'observa-
tion.
Dès l'abord, le ramollissement et l'épaississement
inflammatoires sont tels, que le tympan s'excave et s'ap-
proche de la paroi labyrinthique causant l'enfonçure
de l'étrier, et à la moindre pression il y a extinction
du son, c'est-à-dire que le moindre déplacement ajouté,
immobilise la base de l'étrier, et ferme l'entrée du
labyrinthe. Mais la résolution arrive ; l'élasticité du
tissu renaît et rétablit tout en sa place ; et les rémit-
tences caractéristiques de l'état normal reparaissent.
Certains traumatismes ou accidents auriculaires sont
des expériences toutes préparées pour la démonstra-
tion de ce que valent les épreuves des pressions
centripètes au point de vue du diagnostic des lésions
des fenêtres ou de l'étrier.
DU VERTIGE DE MINIÈRE. 39
L'observation suivante est démonstrative à ce point
de vue :
Observation XIV (résumée). Choc d'une balle à jouer
sur l'oreille ; rupture du tympan ; vertige provoqué par une
injection auriculaire immédiate; surdité, légère otorrhagie.
Au moment de l'accident et quelques jours après, la montre est
parfaitement entendue par la voie crânienne, mais beaucoup
moins que de l'autre côté ; audition par l'air à 3 cent. Un mois
après, la perforation est guérie ; on entend un craquement par
l'épreuve de Valsalva, sans vertige. Audition de la montre à
10 cent., mais pas du tout parles os du crâne; le diapason
placé au vertex donne sensation maximum du côté non blessé.
Epreuves par les pressions centripètes. Extinction nette à
la première poussée ; la plus légère donne ce résultat immé-
diat. Douche de Politzer, vertige grave, immédiat, à tomber;
hébétude pendant quelques instantis; sueurs, pâleur de la face.
Deux mois après, audition nette de la montre par le crâne,
et à 30 cent.
Au moment de l'accident, la commotion labyrin-
thique a été relativement faible; sous l'influence des
lésions de l'otite traumatique, de la mobilité anormale
des organes et de l'étrier, la commotion a lieu avec la
plus grande facilité ; c'est que les rapports de l'étrier ont
changé par le relâchement inflammatoire des tissus ;
cet osselet s'est sans doute enfoncé peu à peu dans la
fossette ovale, tandis que la fenêtre ronde perdait de
sa mobilité; aussi, on voit l'audition crânienne, qui
existait au moment de l'accident, se perdre plus tard,
et la provocation des accidents vertigineux reste long-
temps facile ; mais le sujet u'a jamais eu de vertige
spontané. (il suivre.)
PATHOLOGIE MENTALE
RECHERCHES CLINIQUES SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE';
Par le D' E. MARANDON DE MONTYEL,
Directeur-Médecin en chef de l'asile public d'aliénés de Dijon.
Je n'ai eu l'occasion de rencontrer ni l'agoraphobie,
ni le délire du doute, deux cas d'hypochondrie morale,
et parmi les folies impulsives deux cas d'impulsions
au suicide forment mon mince bagage. Toutefois des
regrets seraient superflus, car le groupe des aliénations
.mentales avec conscience constitutive a été dans ces
derniers temps de la part de M. Legrand du Saulle et
.de M. Ritti l'objet de savants travaux. Il n'en est pas
de même pour les cas où la conscience est un élément
surajouté et de ceux-là j'en ai réuni trente-quatre.
Je rapporterai d'abord les quatre observations aux-
quelles je viens de faire allusion.
Observation IV. Alcoolisme des parents. Ménopause.
Ily,pochoidî,z'e ? io2,ale avec conscience. - Idées de suicide.
. Tentative d' empoisonnement par soixante-deux centigrammes
de chlorhydrate de morphine. Guérison.
Josél)lline G..., quarante-huit ans; instruction secon-
daire ; sans profession. Mariée à quinze ans à un homme de
moeurs dissolues, elle a été abandonnée après trois ans de
mariage. Depuis l'âge de vingt-cinq ans, elle vit maritalement.
1 Voir Archives de Neurologie, t. IV, p. 188.
RECHERCHES SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE. fl I
Pas d'antécédents héréditaires proprement dits; le père porté
aux boissons, avait peu à peu communiqué ce goût à sa femme.
Agée de vingt-six ans, Il", G... vit son fils unique mourir sous
ses youx d'une chute. A la suite de ce malheur, elle resta trois
mois dans un état de dépression lypémaniaque. Guérie, elle
fut à l'époque du choléra de 1865, poursuivie par l'idée fixe de
la contagion, et resta plusieurs mois sans dormir. En août 1880,
un violent chagrin la rendit mélancolique. Le retour d'âge
s'effectuait chez elle. Elle no tarda pas à être en proie à une'
hypochondrie morale, avec idée fixe de la mort et conscience de
sa situation maladive. Cette préoccupation constante qu'elle
jugeait absurde, et dont elle ne pouvait se soulager, la jeta
d'abord dans une grande prostration, puis dans une anxiété vive.
Elle essaya de s'en défaire par tous les moyens, par les exer-
cices les plus variés, par les courses les plus folles, par les
plaisirs les plus violents, mais son imagination comme la
voix du trappiste lui disait à chaque seconde : « Soeur, il faut
mourir. » Jamais elle n'a eu d'hallucinations. 1-11 G... se dé-
goûta de la vie et voulut se tuer, tout en ayant peur de la mort.
Elle achetait des armes, se procurait des poisons pour les
- cacher de crainte de céder à ses idées de destruction. Elle com-
mençait des tentatives pour ne pas les achever : ainsi un jour,
elle essaya de s'étrangler devant sa glace avec un mouchoir,
et s'arrêta à la pensée que ce genre de mort la défigurerait
trop. A la suite d'une de ces tentatives, sans cesse recommen-
cées et jamais achevées, elle eut des crises convulsives suivies
d'une violente agitation, toujours avec la conscience nette de
ses troubles psychiques. Redevenue plus calme, Mme G... fut
encoie obsédée par son idée fixe de la mort. A son anxiété se
joignit un découragement profond; elle se crut incurable, des-
tinée à devenir tout à fait aliénée. Insensible et indifférente
atout, elle n'éprouvait plus que de l'aversion pour son amant
qui depuis plus de vingt ans l'entourait d'affection et de soins.
La vue de cet homme lui était devenue insupportable. Elle se
désolait de cet état, voulait réagir contre et n'en pouvait mais.
Elle ne s'occupait plus de son ménage, pas même de sa toilette.
Un traitement par la morphine fut longtemps suivi sans succès.
Le 3 janvier 1881, 111 ? G... vint me consulter et me raconta
son histoire. J'instituai un traitement par le bromure de potas-
sium et l'hydrothérapie, en promettant avec un grand air de
conviction une guérison prochaine. La malade s'améliorait
t2 PATUOLOGJË MENTALE.
quandle premier dimanche de février, outrée d'avoir été traitée
de prostituée par une voisine en colère, elle absorba, après son
diner, un demi-flacon de chartreuse pour se donner du courage,
et avala trente et une pilules contenant chacune deux centi-
grammes de. chlorhydrate^de morphine. Le copieux déjeuner
fait peu avant, l'énorme quantité de chartreuse bue et peut-
être aussi une accoutumance, résultant d'un traitement à la
morphine, la sauvèrent de la mort. Jusqu'à deux heures du
matin, elle resta plongée dans le coma qui, interrompu à ce
moment par d'abondants vomissements, recommença aussitôt
après; seulement le lendemain à dix heures elle revint à elle.
Tout étonnée de se retrouver en vie, elle avoua son empoison-
nement. Mandé en toute hâte, je prescrivis du sulfate de qui-
nine en lavements, l'estomac ne tolérait rien. Particularité
intéressante, durant trois ou quatre jours que 11-0 G... resta
sous l'influence de la morphine avec des sueurs abondantes,
des démangeaisons intolérables, des vomissements et une cons-
tipation opiniâtre, elle fut débarrassée de son idée fixe de la
mort qui s'empara d'elle avec plus d'énergie que jamais dès
que tout symptôme toxique eut disparu. Cette tentative de
suicide fut heureusement la dernière. Sur mes conseils, 1-1 Cx...
changea d'appartement, reprit le traitement par l'hydrothé-
rapie et le bromure de potassium. Six mois après, elle était
guérie, guérison qui s'est maintenue jusqu'à ce jour.
Observation V. C7</o ? 'ose. Mère hystérique, père suicidé.
Idées mélancoliques avec impulsions au suicide. Cons-
cience. Tentative d'asphyxie par le charbon. Guérison.
Rechute.
11 ? Marie II..., trente et un ans, mariée, blanchisseuse, ins-
truction primaire, entrée d'office à l'asile de Marseille le HO mai
1881. La mère de la malade était hystérique avec violentes
convulsions. Mariée deux fois, elle a mené une vie très irrégu-
lière. Le premier mari s'est suicidé par désespoir de l'incon-
duite de son épouse. La malade est du premier lit. Mariée à
vingt-trois ans avec un veuf qui avait dix-huit ans de plus, et
trois enfants, M-11 H... a été très malheureuse en ménage. Son
mari l'abandonnait et la battait. Puis cet homme se repentit
de sa conduite et devint un mari modèle. Mmo H... qui avait
toujours joui d'une bonne santé psychique, même quand elle
RECHERCHES SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE. 43
était battue et abandonnée, perdit la raison avec le bonheur.
Prise d'un dégoût delà vie que rien ne justifiait plus, elle fut
entraînée malgré elle au suicide. Après avoir on vain résisté,
elle fit une tentative d'asphyxie par le charbon. Transportée
à l'asile dans un état assez alarmant, elle sortit guérie au mois
de juillet. D'après ses renseignements, elle a toujours conservé
la conscience de son état durant sa maladie. Au moment de la
crise, en dépit d'elle, et malgré ses efforts pour se maintenir
dans la réalité, la vie lui apparaissait sous des couleurs sombres,
et la mort lui semblait l'unique refuge où elle pût se mettre à
l'abri de l'infortune. Elle était alors heureuse, elle le savait,
appréciait sainement la modification pathologique qu'elle subis-
sait, mais elle ne pouvait se défendre contre l'attrait du suicide
et elle fut contrainte d'allumer le charbon qui devait la tuer.
Rendue à la liberté en juillet, M-0 H... trouva le désordre dans
son ménage. Le mari, pendant l'isolement de sa femme, avait
recommencé sa vie de libertinage. Mme II... souffrit beaucoup
de cet état de choses, essaya de patienter et rechuta en janvier
1882. La maladie se manifesta, comme la première fois, par un
sentiment de découragement, de dégoût delà vie avec violentes
impulsions au suicide; mais avec cette circonstance aggravante
en plus que tout maintenant justifiait les douleurs de cette
femme. Pourtant elle se reconnut malade, elle ne perdit pas
conscience, elle comprit qu'elle rechutait, et fit jouer aux torts
de son mari le seul rôle de causes occasionnelles. Dès les pre-
mières manifestations du retour de son mal. elle demanda à
être de nouveau isolée à l'asile. Pour ne pas s'exposer Li suc-
comber comme la première fois aux entraînements du suicide,
elle fuyait les occasions de rester seule chez elle. Dès que son
mari sortait pour le travail, elle partait, ne prenant pas même
le temps d'arranger sa toilette et courait jusqu'au soir. « Pour-
tant, nous a-t-elle raconté, si j'avais eu les mêmes apparte-
ments qu'en mai dernier, malgré toutes mes luttes j'aurais
encore succombé; je serais rentrée quand même chez moi
pour allumer le réchaud. Une chose m'a sauvée de la mort,
mes nouveaux appartements étaient trop vastes pour permettre
une asphyxie par le charbon et c'était là le seul genre de mort
qui ne m'épouvantât pas. » Le 16 janvier, 11-0 1-1... vint à l'a-
sile supplier qu'on l'enfermât. Deux jours après elle était
admise d'office pour la seconde fois. Durant les deux crises,
les sentiments affectifs de cette femme sont restés intacts ; elle
le lb PATHOLOGIE MENTALE.
adorait ses enfants et même son mari, malgré ses torts. Mme H...
ne jouit pas d'une bonne santé physique; elle est chlorotiqtic et
sujette à de très abondantes pertes blanches.
Observation VI. Pas d'hérédité au dire de la malade.
-~ Ménopause. flpoc7aondie znorale sans idées de suicide, avec
conscience. Guérison.
Dans les premiers jours de novembre 1881, j'étais consulté
par M'le Alexandrine C..., célibataire, sans profession, âgée de
quarante-six ans, pour des troubles psychiques datant de six
mois. Cette dame, très instruite, appartenant au meilleur
monde, riait elle-même, et m'avertissait que j'allais rire aussi
du singulier motif de sa visite. Depuis six mois elle était jetée
dans une anxiété continuelle par une idée absorbante, idée
dont elle reconnaissait toute l'absurdité, mais dont elle ne pou-
vait se débarrasser, idée d'avoir occasionné par un manque de
soin la mort de petits enfants. En se rendant à l'asile, elle avait
aperçu deux enfants jouant au milieu de la rue, elle avait conti-
nué sa route et la voilà torturée par la préoccupation qu'un
omnibus en passant les aura peut-être écrasés. 111 ? Alexan-
drine C... avait la conscience parfaite du ridicule de ses soucis,
elle s'inquiétait pourtant de son impuissance à s'en débarrasser,
et craignait fort de tomber dans une aliénation confirmée. De
plus, elle se savait profondément égoïste, disait qu'elle n'avait
pas bon coeur, s'accusait d'abuser de la bonté de sa mère, de
la rendre malheureuse, sans pouvoir être autre. Elle reconnais-
sait de plus en elle une tendance à exagérer sa responsabilité,
à voir dans ses moindres paroles et ses moindres actions des
conséquences incalculables. Elle se plaignait d'une noncha-
lance, d'une paresse à sortir et à vaquer à ses occupations ;
toutefois elle continuait ses relations du monde, savait se conte-
nir en public au point que personne ne se doutait du bizarre
état de son esprit; et se livrait même à des études sérieuses de
littérature comparée. Au point de vue physique, Ille Alexan-
drine jouissait d'une bonne santé : exception rare, son sommeil
était excellent, seulement dès son lever l'idée des petits enfants
s'emparait d'elle. Jamais elle n'a eu la moindre tendance au
suicide. Cette dame m'a certifié avoir fait sans résultat des re-
cherches sur les antécédents héréditaires de sa famille. Elle
m'assura être restée quelques semaines à rage de vingt-six
RECHERCHES SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE. 45
ans, torturée par le remords maladif d'avoir cherché à empoi-
sonner une soeur adorée qu'elle entourait de mille soins. Deux
mois d'un traitement par l'hydrothérapie et le bromure depotas-
sium ont suffi à rétablir l'équilibre cérébral, du moins pour le
moment.
Observation VII. Hérédité paternelle. Ménopause.
Impulsion, avec conscience, au suicide par submersion.
1T ? Alice C..., quarante-huit ans, mariée, sans profession,
instruction secondaire, a toujours joui d'une bonne santé
psychique jusqu'à la ménopause. Hérédité paternelle. Depuis le
printemps de 1879, le retour d'âge lui occasionne des maux de
tète, de l'insomnie, des bouffées de chaleur au visage. Habitant
les bords de la Garonne, elle va un jour prendre un bain dans
ce fleuve; tout à coup l'idée de s'y noyer s'empare d'elle avec
une telle force que pour ne pas y succomber elle sort précipi-
tamment de l'eau, et, en proie à une grande anxiété, s'enfuit
demi-nue dans la campagne. Les jours suivants, l'obsession
continue, Mme C... se sent le sang à la tête, des palpitations de
coeur; il lui semble que se plonger dans les eaux limpides du
fleuve, et s'y noyer serait pour elle une immense joie. Elle ré-
siste à cet entraînement et ne fait part de ses préoccupations
ni à son mari, ni à ses enfants ; elle a pourtant conscience que
son état s'aggrave : l'attrait du suicide augmente; la malade
prévoit le moment où sa résistance sera vaincue. Ce moment
arriva le troisième dimanche du même mois. Après une nuit
d'angoisse et d'insomnie, Mm3 C... se leva décidée à se noyer
dans la Garonne, tout en ne le voulant pas. L'impulsion l'avait
dominée sans qu'elle fût sa complice ; c'est l'impulsion qui
parlait et agissait en elle, malgré elle. Ainsi elle aurait désiré
ne pas quitter ses enfants, aller à la messe avec eux, et pour-
tant elle les envoyait sans elle à l'église, pour mieux mettre
son projet à exécution. A l'instant où elle partait pour la
Garonne, un hasard heureux vint par une diversion la sauver
de la mort. Une voisine entra dans sa maison pour lui deman-
der de l'accompagner au village. Sorties ensemble sur la grande
route, : 11 ? Alice C... sentit à ce moment sa volonté se dégager
do l'étreinte qui l'enserrait. Elle en profita pour prendre une
course effrénée dans la direction de l'asile de Bracqueville,
laissant au milieu du chemin sa compagne toute interdite de sa
')6 V PATHOLOGIE MENTALE.
brusque disparition. Cette pauvre femme nous raconta ses
tourments et supplia de la garder. Le Dl Marchant, alors mon
maître, ne crut pas devoir encourir une pareille responsabilité.
Il s'arrêta au sage parti d'écrire au mari et de faire reconduire
la malade en voiture, avec ordre de la, déposer entre les mains
de sa famille, seule juge des- résolutions à prendre. Je n'ai plus
revu yI ? C.... Ses parents, sans doute, ont reculé devant l'iso-
lement. Cette pauvre dame a-t-elle guéri, s'est-elle noyée ? Je
l'ignore.
S'il y a des aliénations mentales qui n'existent pas
en dehors de la conscience, n'y en aurait-il pas qui,
par contre, sont toujours inconscientes ? Je le crois.
J'ai indiqué plus haut les états de conscience qui se
produisent soit au début, soit dans le cours de la para-
lysie générale, mais ce sont là des états fugitifs, de
simples épisodes de la maladie, et je ne connais pas
un seul cas de folie paralytique qui ait évolué sous
l'oeil du sens interne. Comment, en effet, une lésion
qui amène l'usure cérébrale, la destruction des cellules
intellectuelles se concilierait-elle avec la conservation
de la réflexion ? Les états transitoires que j'ai décrits
se comprennent à l'éclosion de la maladie, quand
l'altération anatomique en est, elle aussi, à sa phase
initiale ou même encore à une période relativement
avancée par des modifications dans la circulation encé-
phalique comme le veut M. Dagonet; ils seraient absolu-
ment incompréhensibles quand l'affection évolue de
toutes pièces. Il est d'ailleurs remarquable combien les
paralytiques qui, grâce à une heureuse rémission, ont
recouvré une partie de leurs facultés psychiques et
physiques, apprécient peu en général les pertes subies
par leur intelligence. Leur mémoire est restée affaiblie,
leur imagination sommeille, leur jugement est pareil,
RECHERCHES SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE. ! 17
et ils ne s'en doutent pas. On peut donc dire que la
paralysie générale est une maladie essentiellement in-
consciente, et que l'apparition de la conscience dans
son cours est l'indice d'une amélioration, trop souvent
hélas ! momentanée.
Ces considérations ne sont pas non plus étrangères
à la folie épileptique. L'inconscience n'est-elle pas, en
effet, de l'avis unanime, la caractéristique de cette
aliénation ? Mais la folie épileptique revêt toujours chez
le même individu deux formes opposées; elle se mani-
feste tout à la fois par l'affaiblissement et la perturba-
tion des facultés. Si ce dernier trouble qui constitue la
vésanie épileptique proprement dite est toujours in-
conscient, il est loin d'en être ainsi du premier. Les
épileptiques n'ont jamais leurs facultés intellectuelles à
un niveau constant, elles varient avec les attaques; or
ils ont le plus souvent la perception de ces variations.
Ces malades savent fort bien vous dire qu'ils sont in-
capables de faire ou de comprendre une lettre, parce
qu'ils sont tombés la veille ou dans la journée, et ils
sentent leur intelligence renaître avec l'absence des
crises. Cette conscience d'un affaiblissement intellectuel,
susceptible de varier d'une semaine à l'autre, peut être
d'un grand secours pour le diagnostic de l'épilepsie
nocturne ou vertigineuse. Non seulement les vrais dé-
ments n'apprécient pas les ravages faits par la maladie
dans leurs facultés intellectuelles; mais ces ravages ne
sauraient être réparés, même par la thérapeutique la
plus savante. La démence avance ou reste stationnaire,
elle ne recule pas. Toutes les fois donc que l'intel-
ligence passera par des alternatives d'éclat et d'obs-
curité, qu'éteinte aujourd'hui, elle semblera renaître
48 PATHOLOGIE MENTALE.
demain, pour disparaître et reparaître encore avec
conservation du sens intime, on est en droit de soup-
çonner l'épilepsie. Très souvent alors une observa-
tion attentive permettra de surprendre des vertiges
ou des attaques nocturnes qui avaient passé inaperçus.
En résumé, nous dirons que la vraie folie épileptique,
celle qui se caractérise par la perturbation des facul-
tés, tout comme la folie paralytique, est essentiellement
inconsciente; mais que par contre les phases diverses,
par lesquelles passe l'activité de l'intellect, après les
attaques ou dans leur intervalle, viennent se refléter
dans le sens intime, et sont par là dans certains cas
un indice précieux, qui met sur la voie du diagnostic
de la maladie.
En dehors de la paralysie générale et de l'épilepsie,
mes observations prouveraient que la conscience peut
être un élément surajouté à toutes les variétés de folie
admises de nos jours. Je l'aurais, en effet, rencontrée
dans la manie aiguë, la manie rémittente, la manie
intermittente, la manie périodique, la manie rai-
sonnante, la lypémanie aiguë, la stupidité, la folie
circulaire, la lypémanie anxieuse, le délire des persécu-
tions, la lypémanie ambitieuse, l'érotomanie.
Dans la vie normale, la conscience réfléchie est sou-
vent la dupe de beaucoup de nos passions, tout la fois
elle apprécie sainement quelques-uns des états de notre
être et est trompée sur d'autres. Se connaître soi-
même, et ne pas se laisser aveugler par la paille du
voisin au point de ne pas apercevoir sa poutre, a été
le suprême degré de la sagesse pour l'antiquité païenne
RECHERCHES SUR LA FOLIE AVEC CONSCIENCE. 49 9
comme pour l'antiquité chrétienne. Peu d'hommes y
arrivent ici-bas. Nous n'aurons pas dès lors à nous
étonner de retrouver en pathologie cette conscience
parfaite et cette demi-conscience, qui ont.leurs similaires
dans la vie physiologique. Parmi nos malades cons-
cients, nous en trouverons qui appréciaient tous les
troubles dont ils étaient victimes ; mais nous en trou-
verons aussi qui, éclairés sur quelques-uns, se faisaient
illusion sur les autres. Ainsi, après avoir divisé les cas
de folie avec conscience en deux classes, suivant que
la conscience est un élément constitutif ou un élément
surajouté, nous distinguerons dans cette dernière deux
catégories correspondant à la conscience parfaite et à la
demi-conscience.
Par un contraste frappant, tandis que dans l'humanité
raisonnable, la demi-conscience est la règle et la cons-
cience parfaite l'exception, dans l'humanité aliénée,
c'est la conscience parfaite qui se rencontrerait de pré-
férence à la demi-conscience et cela, d'après mes
observations, dans la proportion de 24 p. 10, soit 70
p. 100, particularité déjà signalée par M. Billod.
Si nous recherchons dans quelle proportion les mala-
des des classes aisées et les indigents sont conscients et
demi-conscients, nous trouvons pour la conscience par-
faite 15 des premiers et 8 des seconds, soit 66 p. 100
et pour la demi-conscience 8 et 2, soit 80 p. 100. Ainsi,
d'après mon expérience, la demi-conscience se recrute-
rait de préférence parmi l'élite de la société. Le contraire
semblerait tout d'abord plus rationnel ; mais ne peut-on
pas se demander s'il n'est pas plus difficile au sens
interne de se laisser entamer sans succomber, que de
se conserver intact ? Ne faut-il pas plus de vigueur au
ARCHIVES, t. V. 4
50 PATHOLOGIE MENTALE.
soldat blessé qui continue de combattre qu'à celui qui
n'a pas été atteint ? C'est là une vue théorique que je
n'ai pas à approfondir dans ces recherches exclusive-
ment cliniques.
Les délires sont généralement divisés en délires
généraux et en délires partiels. Je suivrai cette classifica-
tion, car elle me semble pratique. Quoi qu'on puisse
dire en théorie, la différence entre un maniaque et un
délirant par persécution sautera aux yeux des moins
clairvoyants. J'étudierai successivement la conscience
et la demi-conscience dans ces deux grandes divisions.
11 résulterait de mes recherches que la conscience
parfaite serait plus fréquente dans le délire général que
dans le délire partiel : 13 p. 10; soit 57 p. 100. Ce
résultat inattendu et qui a tout l'air paradoxal s'ex-
plique peut-être par le sens que j'attache aux mots :
délire général. J'ai, en effet, rangé sous cette dénomina-
tion tous les cas d'excitation et de dépression qui n'é-
taient pas sous la dépendance d'hallucinations fixes ou
de conceptions délirantes systématisées.
Les indigents, dans mes observations, ne fournissent
de contingent qu'au délire général. Ils y sont même en
grande majorité, 8 sur 13. Comment interpréter ce
résultat ? Nous avons pu nous demander il y a un ins-
tant, non sans quelque apparence déraison, s'il n'était
pas plus difficile au sens interne de se laisser entamer
sans succomber que de demeurer intact. Ici il n'est
plus possible de dire que la conservation de cette
faculté se concilie mieux avec le délire général qu'avec
la monomanie, et que la conscience a besoin d'une plus
CAS DE SCLÉROSE EN PLAQUES FRUSTE. 51
grande force de réflexion pour se maintenir avec une
lésion isolée de l'intellect. Il est toutefois, en clinique,
un fait avéré, c'est la prédominance des délires partiels
sur les délires généraux névrosiques chez les intel-
ligences cultivées. Là se trouve peut-être l'explication
que nous cherchons. (A suivre.)
RECUEIL DE FAITS
Note sur un cas de sclérose en plvques fruste;
par C. Bouicli, interne des hôpitaux.
Le hasard de la clinique amena à l'hospice de Bicetrc, dans les
salles de notre maître, M. Debove, un malade dont l'histoire est
intéressante àplus d'un titre.- Il s'agit d'un deces cas de sclérose
en plaques, qui, par la nature des phénomènes qu'ils présentent,
par l'allure insolite des symptômes, s'éloigne beaucoup du type
classique. Ces faits, qui ne sont peut-être pas très fréquents, sont
d'un diagnostic difficile, si bien qu'il arrive assez souvent qu'on ne
peut se livrer qu'à des conjectures probables à leur égard.
« Il n'est pas en effet, dit M. Charcot, une seule des pièces de
l'appareil symptomatique en question qui ne puisse parfois faire
défaut. -Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, le tableau clinique se
trouve, dans certains cas, réduit, à peu de chose près, à la seule
contracture des membres inférieurs, avec ou sans rigidité concomi-
tante des membres inférieurs. » - (Lecoi2s sur les maladies du sys-
tènzc nerveux, tome II, 3° édition, p. 293.)
Dans notre cas, le tableau symptomatique était réduit à peu de
chose, relativement à l'affection en question; et, ce n'est que sous
forme de doute qu'on émit l'opinion de l'existence possible d'une
sclérose en plaques fruste ; l'autopsie confirma pleinement cette
prévision.
52 RECUEIL DE FAITES.
OBSERVATION.Pe)'<e de la mémoire, troubles de la parole, amblyopie;
pftt'ttpte spasmodique ; noyaux disséminés de sclérose sur les
ventricules cérébraux, plaques coiiflitei2tes sur la partie inférieure
de moelle.
G... (Louis), âgé de trente-trois ans, faisant le métier de mar-
chand de vin.
Dans ses antécédents, on trouve des circonstances qui se ren-
contrent fréquemment dans le passé des malades atteints d'affec-
tions nerveuses. Son père, alcoolique, est mort par suicide à l'âge
de soixante-six ans ; sa mère a été emportée par un cancer du sein
droit. t.
La nature de sa profession l'obligeait, dit-il, à fraterniser souvent L
avec les clients, et, dans ses accès d'ivresse, il se livrait fréquemment
à un coït effréné, qu'il pratiquait debout. Malgré ces abus, il
ne se sentait nullement fatigué ; toujours bien portant, très gai
d'habitude, il n'a absolument rien éprouvé jusqu'en 1861, lorsque,
vers la fin de septembre, il s'aperçut que ses jambes commençaient
à être raides.-La raideur se manifestait surtout lorsqu'il marchait
un peu vite, ou qu'il fallait déployer un peu d'adresse ; ainsi, il tré-
buchait souvent lorsqu'il descendait à la cave. 11 ne souffrait
nullement d'ailleurs ni dans les membres, ni dans la colonne ver-
tébrale.
La contracture fit des progrès rapides et s'accompagna bientôt
de faiblesse des membres inférieurs, si bien qu'au bout de six mois
la marche était à peine possible à l'aide de béquilles. Cet état
dura jusqu'en 1870, époque à laquelle le malade se décida à entrer
à I'IlôLel-Dieu, oùil fit un séjour de treize mois,sans aucune espèce
d'amélioration. Le mal empirant de plus en plus et se voyant
complètement confiné au lit, il se fait admettre en 1878 comme
incurable à Bicêtre. ·
Le 11 février 1881, il entre à l'infirmerie pour être traité d'une
constipation opiniâtre, qui durait depuis dix-sept jours.
Examiné à cette époque, nous avons pu noter les faits suivants :
le malade garde continuellement le lit ; il ne peut plus faire aucun
pas, même avec l'aide d'une personne; l'aspect général est celui
d'un homme gras et solide en apparence.
La face est bouffie par un développement exagéré de la graisse ;
les maxillaires inférieurs, fortement développés, donnent au visage
des dimensions transversales considérables. L'intelligence paraît
obtuse ; il comprend bien ce qu'on lui dit, mais il éprouve un peu
de difficulté pour bien saisir certaines conceptions.-Sa mémoire
est profondément amoindrie ; ainsi il se rappelle à peine plusieurs
événements importants du passé. Habituellement, il est d'une
humeur gaie, mais s'attriste facilement et pleure même au souvenir
de sa mère. La parole est lente, scandée ; entre chaque syllabe il
CAS DE SCLÉROSE EN PLAQUES FRUSTE. 53
y a une petite pause ; mais le malade arrive IL prononcer correcte-
ment les mots.
La vue, qui était bonne autrefois, est actuellement affaiblie ; la
lectme est très pénible et, pour distinguer les caractères, il faut que
l'objet soit très près des yeux. Dans le crépuscule il reconnaît à
peine les personnes qui l'environnent. Il distingue très bien
cependant les différentes couleurs du spectre, que nous lui avons
présentées. Les orifices pupillaires sont égaux et répondent bien
aux besoins de l'accommodation, ainsi qu'à l'action de la lumière.
C'est à peu près tout l'ensemble des phénomènes encéphaliques
qu'il nous a été donné de constater le jour de l'entrée du malade
à l'infirmerie.
Pour ce qui est des membres, ils sont inégalement intéressés. Les
supérieurs sont presque indemnes ; tous les mouvements volontaires
existent et sont facilement exécutés ; toutefois leur adresse est un
peu diminuée.
On ne constate aucune espèce de tremblement, pas plus pendant
le repos que pendant l'exécution d'un mouvement. Notons que par
suite de l'inactivité, la force musculaire a diminué ; évaluée au
dynamomètre, elle nous-donne onze divisions à droite et dix à
gauche.
Si les membres supérieurs sont presque indemnes, il n'en est
pas de même des inférieurs, qui sont profondément atteints. Le
malade, réduit au séjour au lit, ne peut leur imprimer le moindre
mouvement.
Relevés au-dessus du plan du lit, ils figurent de véritables barres
inflexibles et rigides, qui retombent inertes, aussitôt qu'on ne les
retient plus. Malgré la contracture, si on déploie une force suffi-
sante, on parvient à vaincre la résistance que les muscles opposent
à l'exécution des mouvements provoqués.
Parla percussion patellaire, de même que par l'extension brusque
du gros orteil, on détermine, bien que peu accusés, les phénomènes
du genou et du pied.
La sensibilité cutanée était parfaitement conservée, elle se mani-
festait suivant tous ses modes : au contact, à la température, à la
pression, au chatouillement, sans qu'il y eût le moindre retard entre
l'excitation et la perception de la sensation provoquée. Aussi était-
il facile de déterminer le réflexe plantaire.
A côté de ces troubles de la motilité et de la sensibilité, nous
devons insister sur l'hypertrophie considérable du tissu adipeux
sous-cutané. Il y avait une adipose tellement développée que les
saillies osseuses des membres étaient masquées, et ceux-ci présen-
taient un volume qui était hors de proportion avec la taille géné-
rale du malade. Par la pression on éprouvait une sensation spéciale
de tissu lardacé, sans imprimer sur la peau le godet caractéristique
de l'oedème.
51 4 RECUEIL DE FAITS.
Du côté des organes génito-urinaires, on constatait que les mic-
tions étaient régulières, il n'y avait ni rétention, ni incontinence ;
toutefois, il est à noter que le besoin d'uriner devait être satisfait,
aussitôt qu'il se faisait sentir.
Les urines sont légèrement troubles, à forte odeur ammoniacale ;
on n'a jamais pu déceler la présence ni du sucre, ni de l'albumine.
Le malade nous dit avoir souvent des érections ; mais il n'a jamais
eu de pertes séminales.
La constipation est opiniâtre ; les selles n'ont lieu que tous les
dix ou quinze jours à la faveur de fortes doses d'huile de ricin ;
aussi le ventre est habituellement ballonné, dilaté par une grande
quantité de gaz.
C'est là l'ensemble des phénomènes que nous avons notés le jour
de l'entrée du malade à l'infirmerie. En deux mots, on peut dire
que cliniquement on avait affaire à une paralysie spasmodique des
membres inférieurs, accompagnée de troubles de la parole, avec
perte de la mémoire. Mais l'exploration ne s'arrêtait pas là ; il fallait
déterminer la lésion anatomo-pathologique capable d'engendrer
le tableau symptomatique qu'on avait sous les yeux. Quelle était
donc l'étiquette qui convenait à la maladie que nous observions ?
S'agissait-il d'une myélite transverse dorsale chronique avec dé-
génération scléreuse descendante consécutive des faisceaux latéraux ?
L'enchaînement et l'apparition progressive des phénomènes médul-
laires, rigidité des membres inférieurs, intermittente d'abord, per-
manente et définitive ensuite; les troubles de parésie de la vessie
et du rectum paraissaient corroborer cette idée. Mais il 3, avait des
phénomènes encéphaliques dont il fallait tenir compte. En effet,
M. Charcot nous enseigne, qu'en pareil cas, la coexistence actuelle
ou passée de quelques-uns des symptômes dits encéphaliques,
tels que nystagmus, diplopie. embarras particulier de la parole,
vertiges, attaques apoplectiformes, troubles spéciaux de l'intelli-
gence, fournirait un document d'une portée en quelque sorte
décisive. De tout cela, pour se guider, on n'avait, dans notre cas,
que les troubles de la parole, la perte de la mémoire, et l'amaurose
légère d'ailleurs. L'absence du tremblement caractéristique de la
sclérose en plaques était complète ; à aucun moment de sa vie le
malade n'a éprouvé ni vertiges, ni accès apoplectiformes ; il n'y avait
pas traces de nystagmus. Toutefois, la manière de parler, de
scander du sujet en question ressemblait tellement aux troubles
de la parole d'un autre malade du service, atteint de sclérose en
plaques à type classique, qu'appuyé aussi sur l'ensemble de l'appa-
reil clinique qu'on avait en présence, on porta le diagnostic : sclé-
rose en plaques à forme fruste.
Des cas semblables ont d'ailleurs été rencontrés en maintes cir-
constances. Trois des observations publiées dans le mémoire de
CAS DE SCLEROSE EN PLAQUES FRUSTE. 55
M. Vulpian inséré dans l'Union médicale de 1866 se rapprochent
beaucoup de l'histoire de notre malade.
M. Pitres, après en avoir cité d'autres, donne l'analyse de deux
faits personnels, qui sont de très beaux cas de sclérose en plaques
fruste. {Revue mensuelle de médecine et de chirurgie, 1877.)
Sans vouloir faire le recueil complet des cas de ce genre, nous ne
rapporterons que l'exemple suivant emprunté à M. Charcot : c'est
le plus frappant modèle de diagnostic posé du vivant de la malade,
diagnostic qui a été confirmé un an plus tard par l'autopsie. C'est
une malade qui a été présentée dans sa leçon clinique du 23 dé-
cembre 1877. Voici en résumé son histoire : affaiblissement général
et graduel des membres, vertiges, léger tremblement des mains,
cécité transitoire, diplopie, rémissions, trépidation des membres
inférieurs, douleurs fulgurantes.
Etat de la malade en 1877 : Parésie des membres inférieurs, con-
tracture passagère des membres inférieurs, trépidation, strabisme.
Persistance de la rigidité des membres inférieurs, de la trépidation
en 1873. )Jscliares, ér3-sipèle, mort.-Autopsie : Nombreuses plaques
de sclérose sur les différentes parties de l'encéphale, sclérose en
plaques delà moelle épinière. A l'époque où la malade fut présentée
comme offrant un exemple de sclérose en plaques fruste, la para-
plégie spasmodique occupait à peu près seule la scène. (P)'o'M
médical, -1879, n° 6.)
La suite de l'histoire de notre malade jusqu'au dénouement fatal
se résume de la façon suivante : il survint peu de modifications
dans son état général pendant trois ou quatre mois à dater de son
entrée à l'infirmerie; pendant tout cet intervalle, il n'était tourmenté
que par sa constipation, dont on ne venait à bout que par l'injec-
tion dans le rectum de trois à quatre litres d'eau salée. Vers le mois
de juillet, une petite escliare apparut à la région sacrée, et en dépit
des soins prodigués au malade, elle fit des progrès, creusa en pro-
fondeur, et amena la formation d'une large perte de substance
qui devint le siège d'une suppuration fétide. La parésie des intes-
tins alla en augmentant aussi, si bien que la constipation de plus
en plus rebelle s'accompagna de vomissements alimentaires.
L'amaigrissement et la cachexie, avec son cortège habituel, ne
tardèrent pas à apparaître et mirent fin à ce tableau de souffrance
le 20 novembre, sans qu'il fût survenu une modification quelconque
dans la scène des phénomènes nerveux.
L'autopsie, faite vingt-quatre heures après la mort, ne fit que con-
firmer le jugement porté du vivant du malade. Les résultats de la
nécropsie ont d'ailleurs été contrôlés par M. Debove. Voici ce que
l'étude macroscopique nous a permis de relever :
La décortication du cerveau ayant été faite avec le plus grand
5G RECUEIL DE FAITS.
soin, il nous a été impossible de constater la moindre lésion sur les
circonvolutions cérébrales ; tous les recoins du territoire extérieur
de la masse encéphalique, explorés avec le plus grand soin, ne dé-
cèlent aucune trace d'altération.
Si on examine maintenant chaque hémisphère séparément, on
trouve a1 gauche, sur le tiers postérieur environ de la queue du
noyau intra-ventriculaire du corps strié, une tache d'un gris rou-
geâtre, qui se perd en mourant en avant, tandis que en arrière et
en dehors, elle s'étend jusque sur le prolongement'du corps calleux,
qui forme la voûte de la corne antérieure du ventricule latéral.
Un peu plus en arrière et séparée de la première par un petit
intervalle de substance saine, il en existe une autre qui surplombe
en quelque sorte la corne occipitale du même ventricule. Sur la
face interne de la couche optique, on ne trouve que trois petites
plaques de la dimension d'un petit pois, situées en arrière du corpus
album subrotondum.
La surface de section antéro-postérieure du corps calleux, que
nous avons dû pratiquer pour séparer les deux hémisphères, nous
permet de constater, sur cette grande commissure du cerveau,
l'existence de deux colonnes de substance grise bien délimitées sur
l'hémisphère gauche; dans le ventricule latéral on trouve, immé-
diatement en arrière de la virgule du noyau caudé, une première
tache, irrégulièrement quadrilatère, de la largeur d'un doigt,
située en partie sur la couche optique, en partie sur le plafond
opposé il ce dernier centre, le milieu de la plaque passant par le
bord externe du ventricule latéral. Un peu plus en arrière, nous
trouvons une série d'îlots légèrement grisâtres, de consistance rela-
tivement dure, qui s'échelonnent sur les parois des cornes occipitale
et spliénoïdale,
En résumé dans le cerveau, on ne trouve des plaques de sclérose
que sur les parois des ventricules et seulement deux petits îlots
dans le corps calleux. Disons que des coupes soit horizontales, soit
verticales des hémisphères ne nous ont rien fait découvrir de nou-
veau, sinon que les diverses plaques n'atteignaient pas une profon-
deur de plus de trois à quatre millimètres.
Sur la face inférieure des pédoncules cérébraux et de la protu-
bérance il existe un certain nombre de taches d'un rouge grisâtre,
déprimées, éparpillées un peu partout et devenant presque con-
fluentes au niveau de la commissure des trois pédoncules cérébel-
leux du côte gauche. Cette région est tellement indurée, qu'elle
crie presque sous le scalpel.
Si nous passons maintenant à l'étude de la moelle, nous consta-
tons que la distribution de la lésion s'éloigne un peu du type clas-
sique. Si, sur bulbe et les portions supérieures de la moelle, il est
encore possible de.reconnaître isolément les noyaux d'induration,
au sur et iv mesure que l'on descend vers l'extrémité inférieure,
MIGRAINE OPHTHALMIQUE. 57
l'axe médullaire subit une espèce d'atrophie en masse, déformé
par un nombre de plaques tellement considérable, qu'il semble
qu'il n'y a là qu'une continuité de dégénération fibreuse.
Pour terminer l'examen macroscopique, signalons l'énorme quan-
tité de graisse qui double la peau des membres inférieurs et la
dégénération graisseuse de leurs muscles. Les masses musculaires
sont diminuées de volume, pâles, décolorées et étouffées par une
vaste infiltration de graisse.
Quant la nature des lésions cérébro-médullaires, il ne peut pas
y avoir le moindre doute. Suivant les conseils de notre maître,
nous avons pratiqué dans l'intérieur des plaques de sclérose des
injections interstitielles de picro-carmin. Le liquide retenu, surtout
dans les ventricules, par la membrane qui tapisse leurs parois,
forme une véritable boule d'oedème. Des morceaux découpés dans
celle-ci, écrasés sur la lame, portés ensuite sur le champ du micros-
cope, nous laissent voir, à côté des éléments nerveux altérés et à
peine reconnaissables, un stroma fibrillaire à mailles très serrées,
parsemé de noyaux. On a ainsi la preuve la plus manifeste d'une
prolifération de la névroglie.
La moelle durcie et préparée suivant l'enseignement de M. Dcbove
[Note sur la technique des préparations de la moelle, in Archives de
Neurologie, tome I) et divisée en minces coupes pratiquées à dif-
férentes régions nous montre, dans les portions cervicales et la
moitié supérieure de la dorsale, des plaques de sclérose, très super-
ficielles, ne pénétrant qu'à une très petite profondeur dans l'inté-
rieur de la masse médullaire, tandis que toute la moitié inférieure
est le siège d'une transformation diffuse. S'il est encore possible de
délimiter les différents départements topographiques de la moelle,
ils sont cependant envahis par une néoformation conjonctive en
masse qui éteint les éléments nerveux.
En définitive, sauf cette dernière particularité, tout contribue à
établir l'existence d'une sclérose multiloculaire, dont la traduction
clinique a pris le masque des formes appelées frustes par M. Charcot
et s'est accusée pendant la vie, du côté des membres par de la rai-
deur d'abord, et par de l'atrophie musculaire ensuite ; du côté de
l'encéphale par des troubles de la parole et de l'intelligence.
Migraine OPIITIL1L)IIQUI : au DÉBUT d'une paralysie générale ;
par le Dr H. P.1RI\.1UD.
Dans une leçon publiée récemment dans le Progrès médical,
M. le professeur Charcot signale des cas de paralysie générale
dont le début est marqué par des accès de migraine ophthal-
miques. Le fait suivant est un nouvel exemple de cette associa-
tion symptomatique.
58 RECUEIL DE FAITS.
Observation. Troubles visuels « forme hémiunopsiquc, revenant, par
accès, avec engourdissement et parésie du bras, et embarras de la
parole; un tiii lilits tard, perte de la mémoire; embarras permanent
de la parole.
\V..., trente-quatre ans, service de M. Millard, salle Saint-Louis,
110 '32, hôpital Iieaujon. Le malade ne connaît pas d'antécédents
nerveux dans sa famille. Sa mère est bien portante, son père est
mort d'une pneumonie. Il n'accuse pas de syphilis, ni d'excès alcoo-
lique; il n'est pas sujet aux migraines. II a trois enfants bien
constitués, sa femme n'a pas fait de fausses couches.
En juillet )88 ! , sans prodromes, il est pris subitement de troubles
de la vue, avec engourdissement du côté droit et 'embarras de la
parole. Les accidents oculaires sont caractérisés par le développe-
ment d'un brouillard du côté droit, au milieu duquel apparaissent
des taches diversement colorées et brillantes, animées d'un mou-
vement continuel, que le malade compare à un essaim de papil-
lons. Le brouillard n'a pas envahi le côté gauche; le malade croit
qu'il n'existait que dans l'oeil droit; mais il est probable qu'il occu-
pait les deux moitiés droites du champ visuel, comme cela a lieu
ordinairement. L'erreur est fréquente chez les personnes qui ne
sont pas habituées à ce genre d'observation.
Le trouble visuel a duré un quart d'heure environ. L'engourdis-
sement de la face a débuté en même temps que l'amblyopie ; puis
la langue s'est prise, ensuite le bras et le tronc, et en dernier lieu
la jambe. La crise totale a duré une demi-heure. Quand l'engour-
dissement a envahi le membre inférieur, la face était déjà dégagée
et l'amblyopie avait disparu. Le malade n'a pas eu le sentiment
d'une faiblesse musculaire bien caractérisée dans le côté droit ; il
a pu marcher pendant la crise. 11 n'y a pas eu de vomissements, ni
de céphalalgie consécutive.
Cinq jours après, nouvelle crise, en toutsemblabie a)a première.
Le malade est resté un an sans éprouver d'accidents semblables;
mais dans cet intervalle, il se produit dans son état un grand chan-
gement, dont il a conscience. Sa parole devient embarrassée d'une
façon permanente, il perd la mémoire. Cocher, il oublie le nom
des rues et il n'aurait pas pu continuera exercer sa profession, dit-
il, sans l'assistance d'un valet de pied, qui lui rappelait les adresses
données par ses maîtres.
forcé de quitter sa place, il entra dans le service de M. Millard
où l'on a porté le diagnostic de pacbyméningito chronique.
Le 23 juillet 1882, pendant son séjour à l'hôpital, nouvelle crise.
L'amblyopie transitoire et l'engourdissement ont conservé les
mêmes caractères, avec quelques modifications dans leur localisa-
tion. Les accidents ont encore débuté par le côté droit, où ils sont
restés prédominants; mais l'engourdissement a aussi envahi le
ANOMALIE DU CERVEAU. 59
membre inférieur gauche, et le trouble de la vue s'est généralisé à
tout le champ visuel.^La crise a été moins longue que les deux pre-
mières, elle n'a duré qu'une dizaine de minutes.
Le 31 juillet, je ne constate aucune lésion oculaire. Les pupilles,
en particulier, sont égales et réagissent bien, l'acuité visuelle est
normale.
Note sur un cas d'anomalie asymétrique du cerveau ;
par Cl. Féré.
On s'est beaucoup occupé dans ces dernières années des
anomalies et des asymétries cérébrales.
I. On a voulu mettre en rapport avec l'absence congé-
nitale ou accidentelle d'un membre certaines atrophies appa-
rentes des circonvolutions. Nous avons entrepris en 1878 'une
étude critique de quelques cerveaux d'amputés, et il en résul-
tait qu'il est au moins prudent de conserver la plus grande
réserve sur l'existence de ces soi-disant atrophies, qui sont
loin d'être faciles à démontrer, puisque les circonvolutions ne
sont jamais symétriques. Nous disions alors que les cas de ce
genre ne pouvaient nullement servir à l'étude des localisations
cérébrales, dont la doctrine ne peut s'appuyer que sur les
lésions destructives en foyer. M. le professeur Ferrier", un des
plus zélés défenseurs de la localisation, a considéré nos réserves
comme justifiées. Les observations publiées depuis ne sont pas
plus probantes. D'ailleurs, des expériences ont été faites sur
les animaux, pour rechercher si à la suite de l'amputation
d'un membre la dégénération des fibres nerveuses pouvait
remonter jusque dans le cerveau ; les observations de
M. Pitres ont été négatives, et nous n'avons pas été plus
heureux.
Quant aux faits dans lesquels un membre ou un segment
de membre manque par suite d'un arrêt de développement,
nous ne voyons pas que l'arrêt de développement correspon-
1 Cli. Féré. Note sur les cerveaux d'amputés. (Société de Biologie,
3 janvier 1878.) Asymétrie des circonvolutions. (Bitil. Soc. Aztat.,·1SS0,
p. 33t.)
5 Ferrier. The localisation of cei,eb)-al diseases; London, 1S7S, p. 71.
3 Pitres. Sur les atrophies partielles des circonvolutions cérébrales,
consécutivement aux amputations anciennes des membres du côté opposé,
(Biill. Soc. l31ol., 1877, p. 26.)
GO RECUEIL DE FAITS.
dant d'une circonvolution cérébrale soit bien démontré. Pas
plus les faits de Broca que celui de Charlton Bastian et
Ilorsley 2, que celui de Edinger ? etc., ne peuvent entraîner la
conviction. Si on se reporte en effet aux pièces ou aux figures,
on voit qu'il s'agit d'asymétries peu considérables, moins
marquées que celles qu'on observe souvent chez des sujets
sains. Dans certains autres cas, il est question d'une atrophie
générale d'un hémisphère, qui n'a plus rien à faire avec la
localisation.
D'ailleurs, aussi bien dans le cas d'amputation que dans le
' cas d'arrêt de développement, quel que soit l'aspect morpho-
logique grossier, l'examen histologique est indispensable pour
que la preuve soit faite.
II. Plus récemment encore, et surtout depuis les travaux
de M. Benedikt 4, on s'est efforcé d'établir un rapport entre les
anomalies cérébrales et non seulement les altérations de l'in-
telligence, mais encore les altérations du sens moral, la crimi-
nalité ; et ce ne n'est pas seulement sur les sujets coupables de
crimes violents contre les personnes qu'on aurait cru recon-
naître des nomalies : M. Hanot 1 a signalé une disposition,
qu'il croit particulière, chez des sujets auxquels on n'avait à
reprocher que des méfaits moins graves, mais répétés.
Ce n'est point ici le lieu de discuter les rapports qui peuvent
exister entre l'aliénation mentale et la criminalité ; c'est une
question qui ne peut être éclairée par les faits anatomiques,
dans l'état actuel. Cependant, puisqu'il y a un lien générale-
ment admis entre ces deux états, nous pouvons faire remarquer
que chez un très grand nombre d'aliénés dont la folie a été de
longue durée, on n'a trouvé aucune lésion cérébrale appré-
1 P. Broca. Localisations cérébrales sur le cerveau d'un ec'0 ! ? : e7;e ? ).
(l3ull. Soc. Azttlirop., 1879, p. G(S9). Localisation cérébrale sur le cerveau
d'un cul-de-jatte. (Ibid., 18SO, p. 410.)
2 Charlton Bastian and Horsley. Arrest of developrnertt in flte lefl-
npper limb, in association with an extremely small right ascendiny parie-
tal convolution. t&'a ! M, t. III, p. t 13.)
3 L. Edinaer. Ruckenmark ttnd Gehirn ! ? t einen faite voit anyebor-
nem, a ? )e/ eizten Vorderarms. (TYirchow's Archiv., 1882.)
1 M. Benedikt. Anatomische studien an verbrecher-gehinentn, (Wiens
1879.)
1 Hanot. Quatre observations de dédoublement de la deuxième cir-
convolution frontale chez des malfaiteur.c. (l3ttll. Soc. Biol., 1879, p. 363.)
ANOMALIE DU CERVEAU. 6t t
ciable par nos moyens actuels d'investigation, ni aucune dé-
formation.
Pour ce qui est des criminels et surtout des simples filous,
la question devient des plus difficiles ; car on manque de carac-
téristique sur le vivant, et il convient de faire remarquer que
les malformations cérébrales qu'on leur a attribuées s'ap-
pliquent exclusivement à ceux qui se sont laissé prendre. Il
n'est pas à démontrer que tous les filous no tombent pas dans
les mains de la justice ; et il est même un bon nombre de
crimes contre les personnes, et en particulier l'infanticide sous
ses diverses formes, qui restent ignorés. Ceci revient à dire que
lorsque nous comparons un cerveau de criminel ou de filou à
un cerveau quelconque, nous ne sommes jamais sûrs que ce
cerveau quelconque n'appartenait pas à un criminel et à un
filou plus perfectionné qui a su échapper.
D'autre part, il faut noter que dans l'appréciation de la mal-
formation anatomique, on semble partir de ce principe qu'il
existe un cerveau type. Or rien n.est plus faux, tellement que
Broca, après avoir beaucoup cherché, en fut réduit à construire
un cerveau schématique. Il n'y a pas deux cerveaux humains
qui se ressemblent exactement, et il n'y a pas de cerveau hu-
main qui soit exactement symétrique, quelle que soit la période
de son développement. Cette asymétrie n'est du reste point
spéciale à l'homme, on la retrouve chez les singes'.
Si d'ailleurs on examine de près les cerveaux de criminels
ou de malfaiteurs qu'on a cru pouvoir regarder comme ayant
une grande valeur, on voit qu'il s'agit en général d'anomalies
très peu importantes, si même anomalie il y a; je ne suis pas
bien sûr, par exemple, qu'en prenant des cerveaux quelconques
en nombre égal de ceux qu'a figurés M. Benedikt, on ne trou-
verait pas, à quelques exceptions près, les mêmes anomalies,
ou des anomalies équivalentes. L'examen des dessins de Schwe-
kendiek n'entraîne pas plus la conviction Les incisions des
circonvolutions ascendantes, la saillie plus ou moins considé-
rable des plis de passage transversaux sont des dispositions vul-
1 Cb. Féré. Contribution à l'élude de la topographie crànio-cérèbrale
chez quelques singes. (Journ. de fanât, et de ta phys., 1882, p. 556.)
Asymétrie du cerveau chez deux cynocéphales liamadrys. (Soc. Anat.,
novembre ! 8S2.)
2 Seliwekeiidieli. - Uulerszcclemtgect ait zehib Geltirnett voit Verbrechern
M)t<7 Selbslmordem. (Wurzburg, 1SS2.)
G2 RECUEIL DE FAITS.
gaires; il en est de même du dédoublement d'une des circon-
volutions frontales'; il n'est même pas très exceptionnel de
voir quatre circonvolutions frontales naître de la frontale
ascendante par quatre pédicules séparés, etc.
Si la plupart des malfaiteurs ne présentent que des anomalies
cérébrales insignifiantes, il existe d'autre part des sujets qui,
sans pouvoir être rangés dans cette catégorie, offrent des
malformations très importantes. Le fait suivant nous a paru
digne d'intérêt.
Observation. Atuxlyuc; excitation génitale; lesbisme; Anoma-
lies asymétriques des circonvolutions cérébrales ; trois plis de pas-
saga dans le sillon de Rolando ci droite; déformation de la partie
inférieure du lobe frontal du même côté.
La nommée L. Il.... âgée de cinquante-cinq ans, est née d'une
mère nerveuse. Les premiers symptômes de l'ataxie, à laquelle elle
a succombé dans le service de M. Cliarcot, se sont manifestés il y a
une douzaine d'années. Nous n'insisterons pas sur l'histoire de sa
maladie, qui n'a rien à faire avec le point qui nous occupe. 11 est bon
de dire toutefois qu'on n'a jamais relevé chez elle d'attaques convul-
sives quelconques. Les quelques renseignements que nous possé-
dons sur sa vie antérieure sont dus à cette circonstance qu'un jour
on surprit une correspondance avec une dame du monde portant
un grand nom, et danslaquelle il était, paraît-il, facile de découvrir
la nature de leurs relations. Elle ne niait pas du reste ses anciennes
habitudes de lesbisme, mais il est difficile de décider si elle s'y
livrait par goût ou par amour du lucre. Ces relations, qui avaient
duré plusieurs années n'ont été interrompues que par sa maladie.
Elle parait avoir eu une vie légère avant son mariage qui eut lieu
à vingt-trois ans ; mais elle soutient que c'est de son mari qu'elle
prit la syphilis vers l'âge de trente ans. Depuis lors elle parait avoir
mené une vie irrégulière, et malgré ses relations aristocratiques
elle s'adonna non seulement à la débauche, mais à l'ivrognerie.
En dehors de cet ordre d'idées, nous n'avons pu découvrir dans ses
antécédents aucun acte coupable : en fout cas elle n'a pas été con-
damnée. Elle était très irritable, sujette à des colères violentes ;
mais ses douleurs fulgurantes peuvent constituer des circonstances
atténuantes.
Ajoutons qu'elle n'offre aucune malformation des membres, pas
de déviation de la face, pas de troubles de la parole, quelle n'a subi
aucune amputation.
1 Ch. Féré. l3tsll. Soc..11at., 1880, p. 328. Dure (lGid.)
ANOMALIE DU CERVEAU. 63
- Il n'y avait aucune déformation du crâne.
Passons maintenant à la description du cerveau : Vcnvéphale
entier avec les méninges pèse 128j grammes, les deux hémisphères
mis à nu pèsent, le droit 510 grammes, le gauche 5.'i0 grammes ;
cervelet, 140 grammes.
10 L'hémisphère gauche présente en somme une conformation
régulière ; mais pour bien mettre cette régularité en relief, nous
allons en donner une description succincte. c
Sur la face interne il n'y a rien à signaler que le dédoublement
de la frontale interne.
Face convexe. Le sillon de Rolando est parfaitement régulier
dans toute son étendue. Son extrémité postéro-supérieure arriw
jusqu'à la scissure inter-hémisphérique, où elle forme une encoche
de près d'un centimètre de profondeur. Son extrémité inférieure est
séparée de la scissure de Sylvius par un espace d'un demi-centi-
mètre environ. Le fond du sillon n'est interrompu par aucun pli, on
n'y voit que de petits contreforts des circonvolutions ascendantes.
Les deux circonvolutions ascendantes n'offrent aucune interruption
sur toute leur étendue.
De la partie antérieure de la frontale ascendante, on voit naître
les trois circonvolutions frontales par trois pédicules séparés et
parfaitement réguliers.
La troisième frontale présente sa forme ordinaire en M, et son
cap est tout -IL fait net. Les deux autres circonvolutions frontales
sont aussi tout à fait régulières et distinctes dans leur moitié posté-
rieure. Toutes trois s'anastomosent en avant pour former un plexus
frontal qu'on ne peut pas dire régulier ou irrégulier ; car,
autant que nous avons pu en juger par l'examen de très nombreuses
pièces, ces anastomoses n'ont jamais exactement la même forme,
et ne sont jamais symétriques sur les deux hémisphères du même
cerveau. Li scissure de Sylvius et la scissure parallèle sont régulières,
il en est de même du pli courbe et de son lobule. La scissure inter-
pariétale est traversée par un pli du passage superficiel qui réunit
la partie antérieure du lobule pariétal supérieur à la partie anté-
rieure du lobule du pli courbe. Entre ce pli et la circonvolution
pariétale ascendante, ily a un sillon post-rolaudiclue assez réguliè-
rement parallèle au sillon de Rolando et qui arrive en haut jusqu'à
la scissure inter-hémisphérique. Les circonvolutions temporo-sphé-
noidules, les circonvolutions occipitales, les scissures perpendicu-
taires externes et les plis des passages postérieurs sont pour ainsi
dire schématiques.
10 L'hémisphère droit, qui présente un poids moindre', offre des
malformations très considérables.
La face interne ne présente pas d'irrégularité très notable sauf
64 RECUEIL DE FAITS.
un dédoublement de la frontale interne très analogue à ce qu'on
trouve du côté opposé.
Face externe. Lorsqu'on cherche le sillon de Rolando (RR', Pl. 1)
on trouve bien son extrémité supérieure qui échancre la partie
moyenne du lobule paracentral (R). Presque immédiatement, en
dehors de la scissure inter-hémisphérique, le sillon est interrompu
par un pli de passage profond, qui fait suite à l'extrémité supérieure
de la frontale ascendante, qui est affaissée à ce niveau (3, PI. 1).
Au-dessous, au niveau de l'origine de la deuxième frontale, le sillon
est de nouveau interrompu, mais cette fois par deux plis de passage
tout à fait superficiels (4 et 5, PI. L), au-dessous desquels le sillon
reprend sa direction normale.
La circonvolution frontale ascendante (FA, FA', Pl. I.) est inter-
rompue par deux incisures profondes (6 et 7) vers sa partie moyenne,
et elfe est effondrée à sa partie supérieure.
La circonvolution pariétale ascendante (PA, PA') présente égale-
ment deux incisures dont l'une très profonde (8) placée à l'union de
son tiers supérieur avec le tiers moyen, l'autre plus superficielle(9)
située vers sa partie inférieure.
La deuxième frontale elle-même est dédoublée (F", 1, 2, PI. I.)
Quant à la troisième circonvolution frontale (F"'), elle se trouve
interrompue par une dépression (DD') dirigée de bas en haut et
d'arrière en avant, semblant représenter la branche antérieure de
la scissure de Sylvius. Le fond de cette dépression est sillonné de
plis beaucoup moins volumineux que les plis de passage des autres
sillons, et présentant une consistance plus ferme. Les méninges
n'offraient du reste aucune adhérence à ce niveau.
L'extrémité postérieure de la scissure de Sylvius présente deux
branches de bifurcation d'une longueur exagérée, entourées de deux
plis très saillants; de sorte que, en comptant le pli qui entoure l'ex-
trémité de la scissure parallèle, le lobule pariétal inférieur (LPI) est
constitué par trois anses successives (11, 12, 43, Pl. L)
La scissure inter-pariétalc (S1P) n'est interrompue que par un
pli de passage profond.
Le lobule pariétal (PS) supérieur n'offre rien de remarquable.
Le premier pli de passage paricto-occipital est affaissé, mais non
interrompu en avant de la scissure occipitale externe (SOE). Le
troisième est aussi interrompu par une scissure verticale qui rejoint
le cou de la scissure parallèle.
Le lobe occipital, elle lobe temporo-splrénoïdal n'offrent pas de
déviations bien notables ; la première circonvolution temporo-sphé-
noidale, par exemple, est interrompue par une incisure oblique,
mais ce n'est pas là une disposition très exceptionnelle.
Il n'y a, somme toute, que la région rolandique et frontale infé-
rieure qui offrent des anomalies notables.
ANOMALIE DU CERVEAU. 65
Les pédoncules cérébraux, la protubérance, le cervelet, le bulbe,
ne présentaient aucune lésion, ou déformation appréciable à l'oeil
nu 1.
Ainsi nous voilà en présence d'un état moral qu'on peut à
peine considérer comme pathologique, car il ne s'agit pas de
« sens génital contraire », cette femme avait des rapports
normaux, et elle les recherchait : il y avait tout au plus
une excitation génésique. Elle n'avait aucune anomalie des
organes génitaux, elle a eu un fils, né à terme, qui serait mort
rachitique. Et, d'autre part, il existe des modifications mor-
phologiques très importantes d'un hémisphère cérébral. La
dépression antérieure qui donne un aspect si extraordinaire à
la partie inférieure du lobe frontal pourrait être considérée
comme le résultat d'une lésion inflammatoire ou autre datant
de l'enfance ou de la vie foetale, et ne constituant pas une
malformation véritable. Quant à la déformation si spéciale du
sillon de Rolando et des parties voisines, on ne peut pas faire
intervenir de lésions pathologiques, c'est une anomalie congé-
nitale ; je n'ai vu cette anomalie que quatre fois et dans deux
cas à un degré beaucoup moindre ; or, comme j'ai examiné en
connaissance de cause environ huit cents cerveaux de vieil-
lards, d'adultes ou d'enfants, on peut donc dire que c'est une
anomalie rare. La partie postérieure de l'hémisphère montre
aussi des irrégularités notables.
Ce fait montre donc nettement qu'il n'y a pas de relations
nécessaires entre l'état moral et intellectuel et la morpholo-
gie grossière du cerveau.
Nous no voulons pas dire par là que nous repoussons en
principe la réalité de la coïncidence d'une malformation céré-
brale avec la criminalité. Nous pensons que les criminels sont
des malades ou des maliennes ; mais il s'agit dans la plupart
des cas, il faut bien nous l'avouer, d'une maladie dont nous
ne connaissons point la lésion ; il est vraisemblable que sou-
vent il n'y a qu'un trouble dynamique transitoire qui ne laisse
aucune trace.
1 La pièce a été présentée à la Société anatomiquo le ter décembre 1882.
2 Ch. Féré. Anomalies du cerveau (Bull. Soc. dzzat., 1876, p. 172 et
436.) Parmi ces trois sujets, un était idiot; les deux autres, un vieillard
de Bicêtre et une vieille femme de la Salpêtrière, n'avaient rien présenté
de particulier dans leur état mental. Un seul autre exemple de cette
anomalie, a été signalé par Wagner.
Archives, t. V. 5
66 REVUE CRITIQUE.
Pour arriver à élucider la question, il ne faut pas accepter
sans critique tous les faits indistinctement, mais il. est indis-
pensable de grouper tout d'abord les faits véritablement
caractéristiques.
EXPLICATION DE LA PLANCHE I.
Face externe de l'hémisphère droit.
F'. Première circonvolution frontale.
F". Deuxième circonvolution frontale bifurquée : 1 et 2 branches de
bifurcation.
F ? Troisième circonvolution frontale coupée par la dépression anor-
male DD.
RR'. Les deux extrémités du sillon de Rolando, interrompu par trois
plis de passage, 3, 4, 5.
FA. 1,'A'. Circonvolution frontale ascendante, coupée par deux incisures
profondes, 6 et 7.
PA. P.1'. Circonvolution pariétale ascendante coupée par une incisure
'profonde, 8, et une superficielle, 9.
S I P. Scissure interpariétale, coupée par un pli de passage, 1 A.
LPS. Lobule pariétal supérieur.
SS. S'S'. Branches de bifurcation de la scissure de Sylvius.
L PI. Lobule pariétal inférieur, constitué par trois plis, 11, 12 et 13.
S 0 F. Scissure occipitale externe.
REVUE CRITIQUE
NOTES ET OBSERVATIONS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE
L'IIYSTÉRO-ÉPILEPSIE OU GRANDE HYSTÉRIE. [Identité de la
nature des phénomènes qui composent la grande attaque hystérique
et de leur mode de succession chez des malades de nationalité diffé-
rente);
Par le Dr P. R1CHER.
Depuis que M. Charcot a attiré l'attention des observateurs
sur la régularité du mode d'évolution des différents symp-
DE L'IIYSTÙRO-PILr,,PSIE. 67
tomes, qui composent une grande attaque d'llystéro-épilopsie
ou hysteria major, de nombreuses observations sont venues
de tous côtés confirmer la description qu'il a donnée le pre-
mier.
Chaque jour, de nouvelles preuves surgissent à l'appui de.
l'opinion du professeur de la Salpêtrière : que dans la grande
attaque d'hystérie, « rien n'est livré au hasard ; que tout se
passe au contraire suivant de certaines règles bien détermi-
nées, communes à la pratique d'hôpital et à celle de la ville,
valables pour tous les temps, pour tous les pays, chez toutes
les races ; règles dont les variations mêmes n'affectent en rien
l'universalité, puisque ces variations, quelque nombreuses
qu'elles puissent paraître, se rattachent toujours logiquement
au type fondamental » » ,
Nous-même avons consacré à la défense de cette thèse un
important travail dans lequel nous avons pu réunir vingt-deux
observations inédites, toutes prises en dehors de l'hospice de la
Salpêtrière, recueillies sur des malades venant de la province,
ou de l'étranger, parfaitement confirmatives de la description
de M. Charcot. La liste pourrait en être aujourd'hui facilement
augmentée. Je me contenterai de signaler ici quelques faits des
plus probants. <Jn.j
.aûllion
I. E hystéro-épilepsie eR^li'tlsté.
Je dois à l'extrême obligeance de mon excellent ami le
Dr Maurice Mendelssohn (de Saint-Pétersbourg), les intéres-
sants détails qui suivent :
« J'ai pu constater, dit-il, quel'hystéro-épilepsie telle qu'elle
a été décrite par M. Charcot est assez fréquente à Saint-Péters-
bourg. J'en ai. observé plusieurs cas en ville; mais celui que je
vais rapporter offre ceci de particulièrement intéressant qu'il
s'est présenté à l'hôpital Marie de Saint-Pétersbourg, où je
l'ai suivi pendant plusieurs mois, et où j'ai pu en rendre bien
souvent témoins les autres médecins de cet hôpital. Ils ont
pu constater comme moi la régularité des phases de la maladie,
et se rendre compte de la réalité des phénomènes observés, et
de l'impossibilité de la simulation. Quelques-uns, mal disposés
1 Charcot. Introduction au livre de Paul Riclaer sur <'/t/ë)'o-<''p;7q-
sie, 1881. ^
68 REVUE CRITIQUE.
tout d'abord à l'égard de phénomènes toujours plus ou moins
étranges, ont bien été obligés, dans la suite, d'abandonner
leur scepticisme en présence de faits incontestables.
« M11" X..., âgée de dix-sept ans, est entrée à l'hôpital Marie au
mois de novembre 1879. Je l'ai vue pour la première fois au mois
de janvier z1880. Avant moi,-elle avait été observée par le Dr sinter
qui m'a assuré qu'aucun changement n'était survenu dans les
symptômes de la maladie. Les attaques ont toujours été semblables
à celles que j'ai pu observer, quant à la nature des symptômes et
quant à la succession des différentes phases. La malade est née à à
Saint-Pétersbourg de parents polonais. Le père s'adonnait à l'alcoo-
lisme. Blonde, maigre, peu développée pour son âge, elle est de
constitution délicate. Elle a toujours été nerveuse, et avait souvent
de petites crises hystériques. Mais, ce n'est que depuis trois ans
environ (moment coïncidant avec l'apparition des règles) qu'elle
est atteinte de ce qu'elle appelle " ses fortes attaques. »
« L'attaque est toujours précédée d'une période prodromique, qui
consiste dans des malaises, de l'inappétence, une grande irritabilité
et des maux de tête. Puis surviennent les phénomènes de l'aura
hystérique, sensation de boule à la gorge, serrement à l'épigastre
qui devient sensible à la pression, engourdissement de toutlc côté
gauche. La région ovarienne gauche, très peu sensible dans l'inter-
valle des attaques, devient alors très sensible à la pression. Parfois
il y a des battements de coeur, des éblouissements, des bourdonne-
ments dans les oreilles. La malade nous a raconté que cette période
d'aura, qui se prolonge parfois pendant une heure, est toujours le
moment le plus pénible. Elle désire que l'attaque commence.
« Le début de l'attaque est marqué par la perte de connaissance
et par une anesthésie complète ; pâleur de la face, inspiration
sifflante, expiration courte et difficile. Au bout de quelques ins-
tants, tout le corps est envahi par une roideur qui s'accentue de
plus en plus et devient bientôt entièrement tétanique; les mâ-
choires sont serrées, il n'y a pas de salivation ; les paupières sont
fermées; si l'on parvient à les écarter, ce qui n'arrive pas toujours,
on constate qne les globes oculaires sont fortement portés en
dehors et en bas (strabisme divergent, les pupilles sont rétrécies).
Cet état de tétanisne persiste pendant cinq à dix minutes; puis il
fait place à de rapides mouvements convulsifs (phase clonique), à
brèves oscillations qui animent tout le corps, mais surtout la face
et les extrémités supérieures. Les paupières palpitent. Cette phase
est de courte durée. Peu à peu les secousses diminuent et cessent
complètement. Les muscles sont dans le relâchement [phase
de résolution), mais la malade reste dans un état comateux ; la
face est cyanosée, la respiration devient plus calme. Il n'y a pas
de stertor.
DE L'HYSTÉRO-ÙPILrPSIE. 69
« Période des contorsions et des grands moMuemeH<s. Bientôt tous
les membres sont pris de mouvements lents et très désordonnés.
La face grimace, les dents claquent. Les doigts sont tantôt crispes,
tantôt dans l'extension complète ; l'avant-bras est successivement
en flexion, extension, pronation et supination ; le bras exécute des
mouvements de circumduction. Les extrémités inférieures sont
également agitées. Le pied est le plus souvent dans l'attitude de
l'équin-varus. Tous ces mouvements sont asymétriques et asyner-
giques. Ainsi on voit parfois la jambe droite en extension forcée
avec le pied en équin-varus, tandis que la jambe gauche est en
même temps fléchie sur la cuisse, qui de son côté est fléchie sur le
bassin.
« Tout à coup la malade se lève, reste quelques secondes dans
la position assise, les yeux hagards; puis elle se renverse sur le lit,
et son corps se courbe en arc de cercle, le ventre est excessivement
tendu et le bassin fortement projeté en avant. Au bout d'une demi-
minute, elle retombe et les attitudes passionnelles apparaissent.
« Période des attitudes passionnelles. On remarque des poses
plastiques, pendant lesquelles la malade fait entendre des paroles
entrecoupées. Elle fait surtout des gestes de colère, en criant : «X...
Va-t'-en ! » Elle prononce alors le nom d'un médecin de l'hôpital
qu'elle n'aime pas, et son regard est fixé sur un coin delà salle où
se trouve un poêle qu'elle ne voit pas, ainsi qu'elle le raconte après
l'attaque. Mais c'est toujours à cette phase qu'elle voit'le médecin.
Dans un accès furieux elle tombe sur le lit, puis se relève, frappe
le matelas qu'elle plie et replie. Cette scène ne manque jamais, et
cette phase de l'attaque est désignée par les malades de la salle sous
le nom delà période «X... Ycc-t'-ea ! ». Ceci dure quelques minutes
(cinq à dix) ; puis survient le délire post-hystérique.
« Période de délire. Cette période est peu accentuée chez notre
malade. Elle consiste en un état de torpeur, pendant lequel la ma-
lade n'entend rien, ne répond pas aux questions qui lui sont posées.
Elle regarde les personnes qui l'entourent, mais ne les reconnaît
pas. La figure conserve pendant un certain temps encore l'expres-
sion de la colère, parfois elle se met pleurer. Cet état disparaît au
bout d'une demi-heure, mais la malade reste encore pendant plu-
sieurs heures, triste et mélancolique.
« Telle est la marche habituelle des attaques chez notre malade.
Elles se succèdent ainsi pendant toute une journée avec des inter-
valles très courts, parfois même en se précipitant. Après les grands
mouvements et l'arc de cercle, la malade repassait sans transition
parla phase tonique du début.
« Bien que la région ovarienne gauche soit très sensible à la
pression, la compression ovarienne n'arrête pas l'attaque. Mais elle
est très douloureuse, et provoque des cris, au moment même de
70 REVUE CRITIQUE.
l'attaque. Les vertèbres cervicales, la partie frontale du crâne,
et l'épigastre sont en tout temps sensibles à la pression, et la malade
en ressent un violent malaise. On n'a pas observé chez elle le som-
nambulisme ou la catalepsie provoquée. Mais elle ne peut fixer son
regard sur un point ou sur la lumière d'une bougie, sans se sentir
incommodée. Elle éprouve du vertige et se refuse à continuer
l'expérience.
- « Il existe un léger degré d'hémianesthésie gauche avec dys-
chromaptosie ; plaques anesthésiqucs sur le dos. Les règles vien-
nent toutes les quatre semaines; leur durée varie de deux à six
jours. Elles manquent quelquefois. Avant et après les règles la
malade est toujours plus irritable, plus sujette à ses attaques qui
sont'alois plus violentes.
« Les autres fonctions sont normales. »
« Ce cas précédent a été observé à Saint-Pétersbourg, mais
l'hystéro-épilepsie est aussi fréquente dans les provinces où
l'élément national est purement russe. Elle est même endé-
mique dans plusieurs endroits. Comme preuve, je citerai
quelques extraits de la thèse inaugurale de M. le Dr Drzewie-
cki, intitulée : « La topographie médicale du canton Oustis-
syssolsk dans le gouvernement de Wologodsk » et soutenue à
la faculté de SaintPétersbourg en l'année 1872. M. Drzewiecki,
depuis plusieurs années médecin dans ce pays, y a observé une
forme de l'hystérie qu'il décrit fort bien, et qui n'est autre que
l'hystéro-épilepsie décrite à la Salpêtrière. Voici ce qu'il dit :
(p. 96-100) : « La maladie est endémique, 3, 0/. de toutes les
maladies. Le plus souvent l'hystérie se présente ici sous forme
d'attaques épileptoïdes et choréïques. L'hystérie porte le
nom de jiortscha ce qui veut dire : abîmé par les mauvais
esprits. La grande chorée porte le nom de chicoîteha, ce
qui veut dire : crieur, car les malades poussent de grands
cris, surtout quand ils sont rassemblés dans un endroit, par
exemple à l'église. » D'autres médecins de province m'ont assuré
que la même c7ai'couclaa, qui pour nous est l'hystéro-épilepsie
de la Salpêtrière, est endémique dans plusieurs autres gouver-
nements de la Russie, par exemple, dans les gouvernements
de Koursk, Perm, etc.
« M. Drzewiecki croit que la localité d'Oustissyssolsl est très
favorable (pour des causes inconnues) au développement de
ces manifestations hystériques. Car chez plusieurs sujets, il a
vu les accidents disparaître aussitôt après avoir quitté le pays,
et se montrer de nouveau aussitôt leur retour. Les femmes
DE L'IIYSTÉRO-LPlLEPSIE. 71
sont, sans comparaison, beaucoup plus souvent atteintes que
les hommes ; mais ces derniers n'en sont pas exempts.
« Les observations de M. Drzewiecki sont d'autant plus inté-
ressantes qu'il n'était pas au courant des travaux qui se pour-
suivaient alors à la Salpêtrière, ainsi que le prouve le passage
suivant : « L'hystérie dans le canton d'Oustissyssolsk ne res-
semble plus du tout à celle qui se trouve décrite dans les livres.
Elle s'accompagne de perte de connaissance et de convulsions
épileptiformes, et ce n'est que dans ce dernier cas que la mala-
die est entièrement développée. »
« Voici du reste la description de l'attaque.
« Avant l'attaque, les malades se sentent mal, sont très irri-
tables, éprouvent un serrement continuel dans le gosier, par-
fois une toux spasmodique. Cet état dure quelques heures, et
même jusqu'à vingt-quatre heures, puis fait place à l'attaque
qui commence ainsi : la malade se couche ou s'appuie contre
un objet quelconque, et tombe alors dans un état d'anéantis-
sement qui ressemble au sommeil. Bientôt apparaissent des
convulsions dans les yeux et dans les muscles de la face, puis
sur le cou, d'où elles se propagent sur le tronc et les extré-
mités. Ces convulsions sont d'une grande intensité et se suc-
cèdent dans un certain ordre. Le corps entier se courbe en
arc de cercle, tantôt en avant, tantôt en arrière, tantôt sur les
côtés. Les bras et les jambes sont animés de convulsions
toniques et cloniques. En outre, il y a un resserrement de
l'oesophage et une toux spasmodique. La déglutition et la res-
piration deviennent très difficiles.
« Souvent aussi on voit des convulsions dans les parois abdo-
minales et dans les intestins. Par suite d'une accumulation
de liquides et de gaz dans les anses intestinales, ces secousses
déterminent dans le ventre des bruits qui ressemblent à des
cris de souris ou de petits oiseaux. Quand les convulsions
cessent , tout le corps parait légèrement tétanisé , et les
membres conservent pendant longtemps la position qu'on leur
imprime. A ce moment les malades sont prises d'un délire qui
est parfois en rapport avec des visions. Puis le délire fait de
nouveau place aux convulsions, à la toux, à la difficulté de la
déglutition. Parfois on observe en même temps des conges-
tions passagères ou un abaissement de température dans les
différentes parties du corps. Tous ces symptômes se répètent
un certain nombre de fois, jusqu'à ce que le calme se réta-
72 REVUE CRITIQUE.
Misse, et que la connaissance reparaisse. A ce moment la ma-
lade demande toujours à boire. Après l'attaque, elle urine sou-
vent très abondamment, parfois elle a de la diarrhée. Après
une durée de une à quatre heures l'attaque cesse complètement.
La malade se plaint alors pendant quelque temps de mal de
tête et de fatigue dans les membres ; mais l'état s'améliore
rapidement, et souvent elle retourne le jour même à ses occu-
pations habituelles. Mais l'attaque ne cesse pas toujours aussi
promptement. Le plus souvent plusieurs accès se succèdent à
de courts intervalles. Puis la malade a du délire. Elle ouvre les
yeux, se lève et commence à causer avec les personnes qui
l'entourent. Ses causeries sont mêlées d'hallucinations. Elle
cherche à effrayer, marche vers la fenêtre avec l'intention de
sauter dans la rue. Elle se cache sous le lit, ou dans toutes
sortes d'endroits incommodes. Elle saisit .des objets tranchants
avec lesquels elle veut se faire du mal à elle-même ou aux
autres. Parfois elle s'imagime être une autre personne, etc.
« En un mot cette période a le caractère d'une aliénation
temporaire.
« Ensuite la malade, après avoir repris connaissance pendant
quelques instants, commence à se sentir défaillir. Elle a la
sensation de la mort qui approche, et se produit alors le
troisième groupe de symptômes nerveux : l'évanouissement
hystérique. La face pâlit, la respiration devient rare et super-
ficielle, le pouls faible, les battements cardiaques plus lents
et plus faibles, et la malade se trouve dans une espèce d'état
léthargique que je ne pouvais pas regarder sans craindre de le
voir se terminer par la mort. Cet état dure de une à trois
heures. Des convulsions, du délire lui succèdent. Après quoi,
la malade se réveille et se plaint le plus souvent de douleurs,
à l'épigastre, dans le dos entre les épaules, parfois aussi à la
matrice.
« Il arrive quelquefois que la malade se sente beaucoup
mieux après l'attaque qu'avant.
« Parfois l'attaque est incomplète, et la malade ne perd pas
connaissance. »
En outre des symptômes de catalepsie et de léthargie qui
appartiennent aux variétés de la grande attaque hystérique, il
est facile de retrouver, dans la description qui précède du
Dr Drzewiecki, tous les signes des quatre périodes classiques
de la grande attaque régulière.
DE L'HYSTËRO-ËPILEPSIE. 73
II. L'hystéro-épilepsie en Amérique.
A. Dans le numéro du 25 octobre 1880 du New-York
Médical Record , le Dr Samuel Ayres rapporte comme
exemple d'hystéro-épilepsie ou grande hystérie, une intéres-
sante observation qui offre avec les cas que nous avons sous
nos yeux, à la Salpêtrière, de nombreux points de rappro-
chement et dont voici une analyse détaillée :
Ella C..., vingt ans, célibataire, domestique, admise le 8 sep-
tembre 1880 a l'hôpital.
Elle était sous le coup d'un délire mélancolique, qui ne permit
de recueillir que fort peu de renseignements sur son histoire.
Rien de remarquable jusqu'au 7 octobre, jour où le Dr Ayres fut
appelé près d'elle en toute hâte, et la trouva étendue sur le plan-
cher, la tête fortement rejetée en arrière, le cou raide et gonflé,
la figure congestionnée, les yeux convulsivement fermés, le corps
contusionné et les extrémités agitées de mouvements les plus vio-
lents et les plus divers. En même temps, elle demandait avec fré-
nésie de l'eau, qu'elle ne put boire qu'en petite quantité et très
difficilement à cause du trismus.
De l'eau froide, qui lui fut jetée au visage, suspendit pour un
moment les convulsions. A peine la malade était-elle mise sur son
lit, qu'une nouvelle crise éclata. Il y eut une courte période de
spasme tonique ou rigidité tétanique, la tête rejetée en arrière et
le corps en opisthotonos. Le Dr Ayres insiste sur le gonflement et
l'élargissement (sivclling and widening) du cou et sur le soulèvement
(Lzclgiczg) des parois abdominales qui se produisaient alors. Ensuite
survint une agitation telle et des mouvements si violents, qu'il
fallut quatre personnes pour la maintenir sur son lit. Les paupières
étaient de nouveau complètement fermées, et elle criait que ses
yeux « éclataient ». Les lèvres étaient couvertes d'écume. Une
injection hypodermique de chlorhydrate de morphine, les asper-
sions d'eau froide demeurèrent impuissantes. Les crises se succé-
daient rapidement à des intervalles d'une demi-minute à peine et
duraient chacune de trois à quatre minutes. Il y avait par moments
perte complète de connaissance. La température et le pouls peu
modifiés.
Le Dr Ayres songea alors à user du procédé qu'il avait vu décrit
dans les leçons de M. Charcot, de la compression ovarienne. La
pression fut exercée sur l'ovaire gauche, à cause de la grande sen-
sibilité qui existait de ce côté. L'effet fut instantané. « Une détente
complète, dit le Dr Ayres, s'en suivit, bien que la malade ne reprît
74 REVUE CRITIQUE.
pas immédiatement connaissance. Lorsque j'enlevais le pouce et
que j'attendais un instant seulement, les mouvements convulsifs
recommençaient, pour être de nouveau arrêtés par la compression.
Cette expérience fut répétée à plusieurs reprises, pour acquérir
l'entière conviction, que les crises étaient bien complètement cal-
mées par la compression. Il était intéressant d'observer l'expression
de la face pendant qu'on exerçait cette manoeuvre. D'abord la
malade paraissait souffrir beaucoup, mais plus la pression était
profonde, plus le soulagement devenait grand, jusqu'à ce qu'enfin la
face prit une expression de calme complet. »
La compression fut maintenue pendant environ vingt minutes,
on fit une injection de morphine et un emplâtre belladone fut
appliqué sur l'ovaire gauche. La malade put se reposer alors
plusieurs heures et n'eut plus qu'une légère attaque le même
soir.
Dans la descriptiomqui précède il est facile de reconnaître les
caractères d'une attaque de grande hystérie dans laquelle prédo-
mineraient les symptômes de la deuxième période, contorsions et
grands mouvements. Le gonflement du cou est un trait bien spécial
de la crise hystérique et qui n'a pas échappé au Dr S. Ayres. Les
crises se succédaient de façon à constituer ce qui a été désigné sous
le nom d'état de mal hystéro-épileptique. Enfin l'influence de la
compression ovarienne sur l'arrêt des convulsions, est des plus
remarquables. Mais ce n'est pas tout. Le rapprochement est encore
plus complet. Nous savons que l'excitation des zones hystérogènes,
parmi lesquelles compte au premier rang la région ovarienne
produit un double résultat opposé : l'arrêt des convulsions pendant
l'état de crise et au contraire le développement des convulsions en
dehors de l'état de crise. C'est ce que le médecin américain a pu
également constater chez sa malade.
« Une semaine environ, dit-il, après ce qui précède, alors que la
malade semblait aussi bien qu'elle n'avait jamais été depuis son
admission à l'hospice, je fis, dans l'intention de provoquer une
crise, une tentative qui aurait pleinement réussi, si les choses
avaient été poussées assez loin. La malade étant couchée, je com-
primai légèrement la même région iliaque et immédiatement
tous les symptômes précurseurs d'une attaque s'en suivirent,
spasme et distension de l'abdomen, mouvements fréquents de
déglutition, roulement d'yeux, mouvements convulsifs de la face,
et perte momentanée de connaissance. Mais en levant aussitôt le
pouce avant l'éclosion des convulsions, la malade revint rapidement
à elle et jeta de tous côtés des regards confus et égarés. Si l'attaque
avait été complètement établie, j'aurais simplement augmenté la
pression au lieu de la suspendre. »
Dans la suite de l'observation, l'hcmiancsthésie signalée du côté
gauche vient compléter le tableau.
DE l'hystéro-épilepsie. 75
B. Les observations que rapporte le Dr Hamilton au
chapitre hystéro-épilepsie de son livre sur les maladies ner-
veuses, sont plus remarquables au point de vue des variétés de
la grande attaque hystérique, qu'au point de vue de la régu-
larité du type décrit. L'observation If", la plus intéressante,
se rapporte à un cas d'hystéro-épilepsie des plus manifestes
dans lequel les crises convulsives revêtant les apparences
de l'accès épileptique duraient deux ou trois jours, et
étaient accompagnées de suppression des urines, de vomis-
sements et d'hémianesthésio, tantôt à droite , tantôt à
gauche. Il s'agit d'une jeune fille de dix-huit ans, très irré-
gulièrement menstruée, et que la forme spéciale de ses
crises avait d'abord conduite à l'hôpital des épileptiques, où elle
était restée quelque temps et s'était fait remarquer par l'irrita-
bilité de son caractère et ses tendances aux espiègleries . Le
Dr Hamilton donne le récit d'une série de crises dont il fut
témoin, et qui débuta par plusieurs attaques épileptiformes, avec
écume à la bouche, morsure de la langue, et perte momenta-
née de connaissance. Ensuite survint un état de délire avec
illusions et hallucinations terrifiantes , menaces et langage
obcène. Puis une attaque de contracture généralisée pendant
laquelle le délire continua et qui dura plus d'un jour. L'obser-
vation est accompagnée d'un bon dessin qui représente la
malade à cette période de la crise. Il suffit d'un simple coup
d'oeil pour être frappé du caractère éminemment hystérique de
l'attitude de contracture dans laquelle la malade est figurée.
Ce simple dessin vaut à lui seul toute une description détaillée,
et permet de constater les ressemblances énormes de ce cas
d'hystéro-épilepsie de provenance américaine, avec ceux de
même espèce que nous avons ici sous les yeux. La malade est
étendue rigide sur son lit, la tête renversée et tournée de
côté, la langue sortie de la bouche. Les bras, à demi-fléchis,
s'élèvent et se croisent en avant de la poitrine, les poings
fermés. On remarque en outre, la distension du ventre, l'en-
sellure de l'opisthotonos, et l'attitude caractéristique du pied-
bot hystérique.
La contracture ne céda que peu à peu. Cette crise fut accom-
pagnée d'une suppression d'urine qui dura plusieurs jours et
1 Neerous Diseuses; lheimlescriplion and Trealotenli by Allan Machnc
Hamilton, M. D. London, 1881.
76 REVUE CRITIQUE.
fut suivie pendant trois ou quatre jours d'un peu d'hémianes-
thésie du côté droit.
Dans l'observation n° II, les signes manquentpour rattacher
les attaques épilcptiques, à la diathèse hystérique.
Ce pourrait être là un exemple d'hystéro-épilepsic à crises
distinctes, c'est-à-dire de cette forme de 1'liystéro-épilopsie
dans laquelle il y a coexistence chez un même sujet des deux
névroses hystérie et épilepsie, et qui présente au rang de ses
manifestations convulsives deux sortes de crises distinctes,
les unes relevant uniquement de l'hystérie, et les autres de
l'épilepsie. Mais il est question également d'un accès de contrac-
ture généralisée avec délire et hallucinations gaies, se rappro-
chant de ce qu'on observe dans le delirium tremens, et qui
est évidemment de nature hystérique. La crise avait débuté par
un accès d'apparence épileptique, et dura trois jours. Elle ne
fut pas suivie d'hémianesthésie, mais il y eut, comme dans le
cas précédent, de l'ischurie qui dura plusieurs jours.
C. Au sujet de la thèse que nous défendons ici, de l'uni-
versalité du type récemment décrit par M. Charcot, de l'at-
taque hystéro-épileptique, l'appoint le plus considérable qui
nous vienne d'Amérique nous est fourni par le D1' Charles
K. Mills (de Philadelphie), dans son article sur l'hystéro-épi-
lepsie publié dans American journal of the médical sciences,
octobre 1881. L'auteur entreprend la description de la grande
hystérie d'après les auteurs français, il donne une analyse
détaillée de tous les travaux de M. le professeur Charcot et de
ses élèves sur la matière.
Il rapporte en outre l'histoire de deux cas qu'il a observés
lui-même et qu'il rapproche de la description du type qu'il
vient d'exposer. Le premier cas est particulièrement intéressant,
et après une courte discusion l'auteur arrive à cette conclusion
qu'il s'agit bien certainement là d'un cas d'llystéro-épilepsie,
telle que l'ont décrite les auteurs français. D'ailleurs cette
observation est assez importante pour que nous la donnions
ici presque m exteîîso, on soulignant les détails les plus saillants.
R..., âgée de vingt et un ans, célibataire, fut admise pour la
première fois à l'hôpital allemand le 13 novembre 1879. De neuf à
douze ans plusieurs attaques de chorée. Enfance fréquemment trou-
par des cauchemars et des rêves pénibles. La menstruation
ne s'établit que vers dix-huit ans. Les premières règles furent précé-
dées et accompagnées de douleurs aiguës et de crampes. Pendant la
DE L'IIYST71RO-PILEPSIP. 77
première année de la menstruation, lorsqu'elle était à « Atlantic
City elle se baigna pendant qu'elle avait ses règles. Elle resta
deux heures dans l'eau, fut saisie par le froid, et l'écoulement qui
avait commencé le matin même, s'arrêta complètement; depuis
ce jour la menstruation est devenue peu abondante, douloureuse et
irrégulière.
Au dire de la malade, elle eut à dix-huit ans environ des rela-
tions avec un homme pendant cinq mois, et après avoir eu la plus
grande confiance en lui, elle apprit qu'il avait une femme et deux-
enfants. Elle en eut un violent chagrin et tomba dans un état voisin
du désespoir. Le soir elle allait fréquemment, seule, faire de lon-
gues promenades. Une fois, elle erra à plusieurs « miles » de son
domicile jusqu'à «FairmountPark)) » et fut ramenée par un des
gardiens du parc. Elle prétendit n'avoir jamais su comment elle
était allée jusque-là.
Le 2 septembre 1879 elle eut un évanouissement en tramway.
En revenant à elle, elle s'aperçut que son bras gauche était atteint
d'un tremblement continu. Sept semaines plus tard elle fut admise
à l'hôpital allemand, où elle eut de violentes attaques convulsives,
et où l'on diagnostiqua l'hystérie. Après avoir quitté l'hôpital, elle y
rentra de nouveau le 9 juin 1880, dans un état d'inconscience ou de
demi-inconscience. Elle avait été à un pique-nique et pendant
qu'elle se balançait, elle avait perdu connaissance et avait été prise
d'une violente attaque de nerfs. Pendant les deux heures qui sui-
virent son admission, elle eut une série de convulsions; depuis elle
a toujours eu de semblables attaques deux ou trois fois par semaine
ou même plus souvent.
Je la vis pour la première fois vers le milieu de janvier 1881.
Elle avait le faciès d'une hystérique, et était douée d'une intelli-
gence remarquable. Elle parlait volontiers d'elle-même. Le symp-
tôme physique le plus remarquable était un tremblement très
accusé, affectant le bras gauche, l'avant-hras et la main. 11 était
continu et avait existé depuis son admission à l'hôpital. Le côté
gauche du corps était incomplètement anesthésique, l'anesthésie
était principalement marquée à l'avant-bras gauche. Il n'y avait
pas à ce moment d'hyperesthésie ovarienne ; mais la partie posté-
rieure du crâne et la région cervico-dorsale de la colonne verté-
brale étaient le siège d'une hyperesthésie très accusée. La pression
ou la manipulation de ces régions amenait en quelques instants une
attaque de spasme. Les attaques se produisaient cependant sans
cause d'excitation apparente.
Pendant une période variant de six ci douze heures environ avant
l'attaque, elle se sentait ordinairement triste, mélancolique avec des
appréhensions étranges. Elle entendait fréquemment des bruits ana-
logues à celui de la vapeur sifflant à ses oreilles, plutôt du côté
droit que du côté gauche. Elle se plaignait de palpitations car-
78 REVUE CRITIQUE.
diaqucset do douleurs dans les reins. Elle éprouvait de la faiblesse
et de la fatigue dans les membres. Au commencement de l'attaque
ses yeux devenaient lourds et son regard vague, sa tête se portait
en arrière et elle serait tombée dans cette direction si on ne l'avait
soutenue.
J'ai eu plusieurs fois l'occasion d'assister aux différentes phases
de l'attaque ou des séries d'attaques qui se prolongeaient quelque-
fois pendant une et même pendant quatre ou cinq heures. L'ordre
des phénomènes n'était pas toujours le même et cependant on
pouvait constater dans les différentes phases de l'attaque des res-
semblances générales. Je vais essayer de donner un aperçu de
ces différents états et de leur mode de succession, tels que je les
ai observés dans une circonstance où les crises furent très fortes.
Une fois la malade couchée, le premier signe fut un clignement
des paupières, puis des contractions des muscles du front et de la
bouche. Elle tourna ensuite la tête de côté et d'autre et jeta autour
d'elle des regards vagues. La respiration devint irrégulière. Au
bout de quelques instants, un tremblement convulsif parcourut son
corps et ses membres.
Les bras s'écartèrent légèrement, les mains en partie fermées.
Les extrémités inférieures se mirent dans l'extension, la jambe
gauche croisant la droite par-dessus. Les mcmbies étaient rigides,
la bouche fermée et les dents grinçaient. Elle perdit connaissance
et la respiration sembla s'arrêter.
Suivit une série de violentes convulsions. Son corps entier était
projeté de bas en haut, et se tordait de côté et d'autre. Quelquefois
elle se courbait en opisthotonos. Tout son corps fut de nouveau tour-
menté par les convulsions les plus violentes. Le calme se fit quelques
instants après, mais elle demeura rigide, immobilisée dans l'attitude
du crucifiement 1 décrite par les auteurs français.
Bientôt les convulsions recommencèrent sans perdre de leur
violence, le corps soulevé se recourbait en arrière. Une nouvelle
détente survint, mais ne dura pas longtemps. Une série encore plus
remarquable de grands mouvements commença. Après une suc-
cession de soulèvements du tronc de plus en plus violents, elle
s'élança en quelque sorte dans la position d'opM</iO<OHOS extrême
que le Dr Taylor a exactement reproduite dans le dessin qui accom-
pagne le texte. Elle resta ainsi arquée en l'air pendant une minute
et même plus. Cet attitude fut suivie d'une série de sauts dans les-
quels le corps s'arquait pareillement. Quand les convulsions ces-
sèrent, elle se mit sur son séant et regarda autout d'elle, avec une
1 La description des attaques de crucifiement a été donnée pour la pre-
mière fois dans Louise Lateau ou la stigmatisée belge, Paris, 1875, et
dans les Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'hystérie et l'épilep-
sie, p. t4l, Paris, 1876.
de L'HYSTRO ? PlLEP31E. 79
expression d'effarement. Elle tourna la tête de côté et sembla fixer un
objet. Son expression était légèrement souriante. Quand on lui adres-
sait la parole, elle regardait la personne qui lui parlait; mais sans
paraître comprendre ce qu'on lui disait, et peu après elle reprenait
l'attitude qu'elle avait auparavant.
Au bout de quelques minutes elle se recoucha en des
choses incohérentes et environ un quart d'heure après, elle s'endormit.
Tel est le récit d'une attaque. Quelquefois elle en avait plusieurs
de suite, ou bien les manifestations spasmodiques se répétaient
plusieurs fois de la même façon ou avec quelques irrégularités. Une
forte pression de la région des ovaires ne parvenait pas générale-
ment à arrêter les convulsions. On pouvait toulefoisy mettre fin par
l'étbérisation, ou par une vive faradisation des membres et du
tronc. La période qui suivait les convulsions n'était pas toujours
semblable à celle que j'ai décrite. Quelquefois, après s'être mise
sur son séant, au lieu de sourire, elle avait l'air furieux et proférait
quelques paroles, telles que : « Vous le savez ! oui ! vous le savez, Oui !
Oui ! Souvent on l'entendit murmurer pendant des heures après
l'attaque. Quelquefois ses lèvres s'agitaient sans que l'on entendît
aucun son. Tôt ou tard, elle finissait par s'endormir d'un sommeil
\ profond qui durait plusieurs heures.
Pendant les convulsions elle semblait perdre entièrement la cons-
cience de ce qui l'entourait. Parfois il semblait à ceux qui l'obser-
vaient, que ses mouvements étaient prémédités et volontaires,
mais je fus bientôt convaincu qu'il n'en était rien. Elle était insen-
sible à la douleur et aux autres excitations. L'expression delà phy-
sionomie était vague et ne variait pas. La seule chose, suivant son
dire, dont elle gardait le souvenir, était un bruit étrange et confus
qui lui emplissait les oreilles. Ceci se produisait probablement juste
au moment où elle reprenait connaissance.
.A propos de cette malade, le Dr Mills fait remarquer que les
rapprochements entre les symptômes de ses attaques et ceux qui
composent l'attaque type d'hystéro-épilepsie sont faciles à
constater. Les différentes périodes et souvent les diverses
phases peuvent être retrouvées sans grande difficulté. L'attaque
était précédée d'une période prodromique caractérisée par une
altération du caractère, des bruits de vapeur, des palpitations
cardiaques, du vertige, etc. Après quelques secousses convulsives
et quelques spasmes de la respiration survenait la tétanisation
musculaire, et en même temps l'arrêt de la inspiration et la
perte de connaissance. Après l'immobilisation tétanique dans
des attitudes variées on voyait les convulsions cloniques et la
résolution. Tout ceci se rattache à la première période ou période
épileptoïde. Dans la période des contorsions, l'arc de cercle
80 REVUE CRITIQUE.
« était plus accusé que ne le représente les illustrations de
Bourneville et Regnard et se rapprochait beaucoup delà figure
44 p. 81. du livre de P. Richer. » Cette attitude d'opisthotonos
exagéré était suivie d'une succession de soulèvements et de
chutes de tout le corps, correspondant vraisemblablement à la
phase des grands mouvements. Laëoae des attitudes passion-
nelles était très clairement représentée parla position, le geste,
la physionomie de la malade vers la fin de la crise et aussi par
les paroles qu'elle proférait. Enfin souvent la période de délire
était représentée bien imparfaitement par les marmottements
de la malade qui se prolongeaient quelquefois longtemps après
la crise.
Dans le second cas rapporté par le même auteur et qu'il
considère comme une attaque aiguë (acule attack) survenue
chez une femme hystérique, les manifestations convulsives
dans leur nature et leur mode d'évolution étaient bien sembla-
bles à celles de l'hystéro-épilepsie, mais les différentes périodes
et phases de l'attaque ne paraissent pas pouvoir être aussi-nette-
ment précisées. L'apnée jouait un rôle prédominant et donnait
aux crises un aspect particulièrement effrayant. La crise
semblait surtout composée des phénomènes de la deuxième
période de l'attaque type, convulsions étranges, contorsions
violentes, arc de cercle plusieurs fois répété, grands mouve-
ments désordonnés qui nécessitent le secours de plusieurs aides
pour la maintenir sur le lit. L'observation est accompagnée
d'une figure qui représente la malade agenouillée, les bras
portés en avant. Cette attitude qu'elle prenait souvent au mi-
lieu de ses crises semble bien répondre à une hallucination, et
pourrait être considérée alors comme une des attitudes dites
passionnelles qui caractérisent la troisième période. Enfin
quelques crises furent suivies d'un sommeil léthargique de plu-
sieurs heures.
En résumé ces quelques exemples suffisent pour prouver que,
loin delà Salpêtrière, en Amérique, aussi bien qu'en Russie,
des malades hystériques ont présenté des crises parfaitement
comparables à celles que nous avons ici sous les yeux, et aux-
quelles peut s'appliquer exactement la description que nous
avons donnée de la grande attaque hystérique, à la suite de
M. le professeur Charcot. (1 suivre.)
REVUE D'ANATOMIE
I. Sur les vaisseaux de la moelle épinière (analyse et
critique du mémoire de M. Adamkiewicz [Suite)'; par
M. Durent, chirurgien des hôpitaux.
Deuxième Partie. Le second mémoire de M. Adamkie-
wicz est relatif à l'étude des vaisseaux sanguins à la surface de
la moelle épinière : nous n'avons de ce chef aucune revendi-
cation personnelle à établir. Cette circulation était déjà connue
dans ses points principaux : mais la clarté des conceptions de
M. Adamkiewicz institue une véritable rénovation. Indiquons
les points originaux.
Il existe, selon la nomenclature qu'il adopte, très justifiable
cette fois, deux ordres d'artères de la moelle épinière : les ver-
téhro-spinales et les spinales proprement dites. A la région
antérieure et à la région postérieure de l'organe, on rencontre
ces deux ordres de vaisseaux.
1°. Vertébro-spinales.
a) Les artères vertébro-spinales antérieures naissent des ver-
tébrales, et, descendant de chaque côté du sillon médian, elles
s'en écartent et s'en approchent symétriquement, de manière
à former une série d'ovales : elles se terminent en une seule
anastomose au niveau de la cinquième paire cervicale. Cette
disposition n'est pas la règle générale, selon nous. L'auteur
allemand fait peu de cas des variations d'origine des verté-
brales : elles n'ont, dit-il, aucune importance physiologique,
et le champ de distribution est toujours le même. Il néglige
de citer nos recherches sur ce sujet; nous avons montré dans
notre mémoire sur la circulation bulbaire quelle importance
ces anomalies d'origine et de distribution avaient pour l'expli-
cation de certaines formes de paralysie labio-glosso-laryngée
(Voy. Arcla. de Phys., 1874). Les branches des vertébrales
1 Voir Archives de Neurologie, t. IV, p. 357.
Archives, t. V. C
82 revue d'anatomie.
sont : 1° Les artères du sillon (art. M/cz), c'est-à-dire nos
artères médianes antérieures (Voy. in Arch. de Phys. 1874, le
dessin si démonstratif que nous en avons donné). 2° Les
artères des racines (art. 2adiriîtw.) Ce sont nos artères
radiculaires antérieures ; mais l'auteur, cette fois encore, n'en
fait pas mention. Leurs branches se dirigent en dehors,
couvrent les faisceaux latéraux de leurs ramifications et four-
nissent une branche terminale qui passe entre deux racines
pour s'anastomoser avec une branche voisine venue de l'artère
radiculaire de la vertébrale postérieure correspondante (anas-
tomose M : <e ? 'ra6cM/6[H'e).
b) Les artères vertébro-spinales postérieures sont au nombre
de deux. Elles courent de chaque côté, en arrière des racines
postérieures et au niveau de la quatrième paire radiculaire
cervicale, elles passent entre deux racines pour s'anastomoser
avec les artères spinales. Les branches principales sont : 1 les
Artères pénétrantes (A ? '<e ? ec pénétrantes). Ce sont des bran-
ches qui passent entre les racines postérieures, et se divisent
en deux rameaux, un rameau ascendant et un rameau descen-
dant, qui circulent eu haut et en bas sur les cordons posté-
rieurs, et qui s'anastomosent avec des rameaux correspondants
des artères spinales. Ce sont les anastomoses postérieures
(AHas<oH ! ospos<<Ccc). Leur trajet est vertical, mais elles
s'unissent aussi par un certain nombre de branches tranver-
sales à celles du côté opposé [Anastomoses transversales).
C'est des artères pénétrantes et de leurs anastomoses verti-
cales et horizontales que naissent les artères des racines
(a2-tei ? x radiante ; et radicum posteriorum) et enfin les branches
des anastomoses inter-radiculaires.
2° Artères spinales. Elles reproduisent le type des vertèbro-
spinales. Elles naissent des artères intercostales, lombaires et
sacrées, pénètrent par le canal rachidien, et se divisent en
branches qui suivent les racines antérieures (artères spinales
antérieures) et en branches qui suivent les racines postérieures
[artères spinales postérieures) .
Nous ne suivrons pas l'auteur pour la description de chacune
de ces branches Noussignalerons seulement les particulari-
tés intéressantes.
a) Les artères spinales antérieures, en suivant les racines anté-
rieures, arrivent près du sillon médian antérieur, où elles se
divisent en deux branches, l'une ascendanto et l'autre descen-
REVUE D'ANATOMIË. 83
dante, qui s'anastomosent avec une branche correspondante des
spinales situées au-dessus et au-dessous. Il en résulte en avant
du sillon médian antérieur une longue anastomose (anastonzosis
azztica de l'auteur allemand), qui parcourt toute la hauteur de
la moelle. Toutes les racines antérieures ne sont pas pourvues
d'une artère spinale; on en trouve tantôt d'un côté ou de l'autre,
toutes les trois ou quatre paires. Sur 13 injections faites
par l'auteur, leur nombre a varié entre 3 et 10. Il en existe
toujours une plus volumineuse, plus importante à laquelle
l'auteur donne le nom de Grande Spinale antérieure (Arteria
magna spinalis). On la rencontre vers les 8°, 9t, 10e, 110 paires
nerveuses dorsales. Elle parcourt sur le sillon médian posté-
rieur un trajet d'environ H à 15 centimètres. On peut suivre
sa branche inférieure jusqu'à l'extrémité du filui71 terminale,
où elle n'est plus représentée que par une artériole filiforme.
Un peu avant l'extrémité du cône médullaire terminal, au
niveau des paires sacrées, l'artère grande spinale fournit de
chaque côté deux rameaux, qui s'en écartent à angle droit
pour contourner la moelle et s'anastomoser avec les branches
des artères spinales postérieures- Ce sont les rameaux cruciaux
(ranzi ciitct'a2ztes). De la présence de l'artère grande spinale
au niveau du plexus lombaire, et de celle des vertèbres spinales
au niveau du plexus brachial, on peut conclure à la richesse
vasculaire de ces deux renflements de la moelle épinière, et,
sur les pièces injectées et les figures de l'auteur allemand, cette
spécialisation dans la circulation de ces deux régions devient
évidente. Des spinales antérieurs naissent les petites branches
déjà connues : les artères du sillon (artères médianes anté-
rieures), les artères radiculaires, et les branches anastomotiques
interradiculaires.
b) Les artères spinales postérieures occupent toute la partie
de la moelle qui est au dessous des artères vertébro-spinales pos-
térieures. Elles sont plus nombreuses que les artères spinales
antérieures, et il n'est pas rare de voir chaque paire spinale
postérieure pourvue de son artère. Elles acquièrent un volume
plus considérable au niveau des renflements brachial et lom-
baire. Tandis que les artères spinales antérieures forment
une seule anastomose médiane, qui suit le sillon médian, les
artères spinales postérieures en forment deux de chaque
côté.
Il y a donc, derrière la face postérieure de la moelle, quatre
84 zut REVUE d'aNATOMIE.
anastomoses longitudinales, qui parcourent l'organe dans
toute sa longueur. Deux de ces anastomoses longitudinales
sont situées de chaque côté, en avant des racines postérieures
et circulent sur la partie la plus reculée des cordons latéraux :
elles sont fournies par les branches ascendantes et descen-
dantes des spinales postérieures et peuvent porter le nom d'ana-
loî7zoses latérales ou mieux, selon nous, de grandes anastomoses
postérieures. Elles donnent naissance, de distance en distance, à
des branches qui s'en séparant à angle droit(ramzpezzetrazlres),
passent entre deux racines postérieures ; celles-ci, après un
trajet de 3 à 4 millim., émettent deux branches qui s'en
séparent aussi à angle droit pour monter et descendre vertica-
lement. Ces rameaux verticaux s'anastomosent aussi longitudi-
nalement, et ainsi se trouvent formées, derrière les cordons
postérieurs, les anastomoses postérieures (anastomoses poslicw)
ou mieux selon nous nous les petites anastomoses postérieures,
car elles sont de moindre volume. Enfin les petites anasto-
moses de chaque côté de la moelle sont réunies, de dis-
tance en distance, par de petites branches transversales, les
anastomoses horizontales. Ainsi quatre courants sanguins par-
courent la face postérieure de la moelle : deux externes plus
forts, deux internes plus faibles : les deux internes sont réunis
transversalement toutes les deux ou trois paires. -11 convient
de remarquer cette richesse d'anastomoses tout autour de la
moelle : anastomoses longitudinales, anastomoses horizon-
tales, petites branches anastomotiques interradiculaires qui
unissent les champs d'irrigation des spinales antérieures et des
spinales postérieures. A la région lombaire surtout, par l'inter-
médiaire des rameaux cruciaux, la communication est large-
ment assurée. Ces données unastomotiquesperinetteut de com-
prendre comment le cours du sang dans l'intérieur de la moelle
est constant et capable de pourvoir abondamment du liquide
nourricier les régions cellulaires. On s'explique aussi comment
par le tronc d'une artère basilaire, ou par une des artères
grandes spinales antérieures, on peut injecter la moelle entière.
Ajoutons enfin pour terminer que de ces artères anastomotiques
naissent les artères médianes et les artères radiculaires posté-
rieures.
Veines, a) - Nous avons décrit dans la moelle épinière, au ni-
veau de sa face antérieure, trois séries d'artérioles nourricières
qui la traversent et qu'on observe dans toute sa hauteur : artères
REVUE d'anatomie. 85
médianes et artères radiculaires de chaque côté. Trois veinules
les accompagnent et sortent au point où elles entrent. C'est
en avant de ces séries de veinules que s'étendent verticalement
leurs tubes collecteurs. On voit donc à la face antérieure de
la moelle trois veines principales : 1° la veine médiane anté-
rieure ; 2" la veine latérale antérieure droite ; 3° la veine latérale
antérieure gauche. La veine médiane antérieure suit le sillon
médian, légèrement sinueuse d'abord, puis formant çà et là
une anse plus régulière : à ce moment on voit facilement les
veines médianes qui sortent du sillon médian pour s'y jeter.
De la veine médiane partent de distance en distance des veines
spinales, qui suivent les racines antérieures pour gagner les
veines radiculaires. Au niveau du renflement lombaire existe
.une veine spinale plus volumineuse, quelquefois deux. On la
dénomme veine grande spinale antérieure.
Les veines latérales antérieures sont plus petites que la veine
médiane. Elles cheminent sur la face antérieure des cordons
latéraux au milieu des faisceaux des racines, tantôt formant
des sortes d'anses dont les deux extrémités s'abouchent à la
veine médiane, tantôt elles se vident directement dans les veines
spinales. Ces veines latérales antérieures n'existent en réalité
la région cervicale ; elles sont très ténues à la région dor-
sale, et disparaissent à la région lombaire. Là, on n'observe
plus que des veinules transversales plus ou moins sinueuses,
qui viennent se jeter dans la veine médiane.
b) A la face postérieure de la moelle existent trois veines
longitudinales, une médiane, deux latérales, plus régulièrement
disposées que les veines antérieures correspondantes. Des anas-
tomoses transversales les unissent entre elles; et avec les
veines antérieures superficielles, elles établissent des relations
par l'intermédiaire de veinules qui passent et cheminent sur
les côtés de la moelle entre les racines antérieures [veines iiite2,-
radiculaires). Les veines de la face postérieure de la moelle se
vident par les veines spinales postérieures, dont les plus remar-
quables existent au niveau du rellllemeut lombaire. La ri-
chesse anastomotique du réseau veineux des faces antérieure
et postérieure de la moelle explique comment on peut facile-
ment l'injecter tout entier. Les veines inlra-médullaires : veines
médianes, veines radiculaires, se rendent aux grandes veines
longitudinales.
M. Adamkiewicz termine son travail sur la circulation
86 REVUE d'anatomie.
de la moelle en montrant qu'à la surface de cet organe, entre
les artères et les veines visibles à l'oeil nu et que nous venons
de décrire, il existe un réseau capillaire, plus ténu qu'on ne
voit que sur des injections carminées très délicates et à l'aide
de grossissements microscopiques (gross. : : 1 : 27). Il en
~ donne quelques images.
Conclusions :
1° M. Adamkiewicz, par des préparations et des injections
bien réussies, est venu confirmer les recherches que nous
avions inaugurées sur la circulation de la moelle épinière. Il
a révélé l'existence de deux petites branches artérielles secon-
daires qui avaient échappé à notre examen et il a ajouté à la
précision de nos connaissances. L'étude de la disposition des
vaisseaux à la surface de la moelle est oeuvre personnelle de
l'auteur allemand.
2° La priorité nous appartient d'une façon indiscutable, en
ce qui concerne la disposition des artères infra-médullaires,
des artères nourricières de la moelle.
II. NOUVELLES RECHERCHES SUR la topographie CR.N10-
cérébrale; par CH. Féré. [Revue d'anthropologie, 2e série,
t. IV.)
Ce travail est divisé en six chapitres, qui bien que portant
sur des sujets très dissemblables en apparence, concourent à la
détermination des rapports du cerveau et du crâne et à leur
reconnaissance sur le vivant.
1° Sur la topographie OY<M<o-ce ? 'e'aJe. Grâce aux procédés
des fiches, M. Féré a montré que les rapports de la face convexe
du cerveau varient un peu suivant les sexes et les âges, les
malformations du crâne et du cerveau, etc. Dans les deux sexes
la moitié antérieure de la scissure de Sylvius suit assez exac-
tement la suture temporo-pariétale, se recourbe ensuite en
haut, au-dessous et en arrière delà bosse pariétale; la scissure
occipitale externe répond au lambda. Les distances rolando-
coronales supérieure et inférieure sont de 48 et 28 millimètres
chez l'homme, de 45 et 27 millimètres chez la femme, chiffres
moyens.
Bien plus importantes sont les différences suivant les âges.
Une fiche enfoncée par la bosse frontale, tombe chez l'enfant
REVUE d'anatomie. 87
dans la deuxième circonvolution frontale, chez l'adulte dans la
première : os frontal et circonvolution, après soudure de la su-
ture métopique, ne se développant plus dans les mêmes propor-
tions. Chez l'enfant les distances rolando-coronales ne varient
qu'en proportion du diamètre longitudinal du crâne ; le bregma
est plus antérieur, le ptérion au niveau du pied, et non du cap
de la troisième frontale, le lambda en arrière de la scissure oc-
cipitale externe, la scissure temporo-pariétale au-dessous de la
scissure de Sylvius, jusqu'à l'époque étendue de treize àdix-sept
ans où les rapports définitifs s'établissent. On pourrait quant
à la prééminence apparente des lobes occipito-sphénoïdaux
rapprocher les enfants de certains singes.
La branche antérieure de la méningée moyenne, distante au
ptérion de 5 millimètres de la suture coronale, s'en éloigne de
13 à la partie moyenne et un peu plus encore vers la suture
sagittale. On la retrouvera facilement après avoir déterminé le
ptérion et le bregma.
M. Féré indique un moyen plus facile d'établir les rapports
des sillons cérébraux et du crâne par la détermination des plans
glabello-lambdoïdien et auriculo-bregmatique.
2° Sur la position relative du bregma célghalo7néi ? iqiie et du
bregma c ? 'aHM)M ? e<Me chez /'a<'/Me.M. Féré a constaté que,
si, sur le crâne sec, on applique l'équerre auriculaire de Broca,
dont la branche horizontale occupe le plan de Camper et la
verticale celui de Busk, le point où la branche verticale coupe
la ligne médiane répond au bregma (bî,egina c2,dnioiiiét21q lie)
cette même équerre, sur la tête revêtue de ses parties molles,
ne donne que des résultats très-variables, à cause de l'épais-
seur inégale des téguments recouvrant l'épine nasale, et de la
forme changeante de la sous-cloison.
3° Quant à la comparaison des diamètres céphaliques et des
diamètres crâniens maxima, les infiltrations cadavériques plus
encore que l'épaisseur variable des téguments suivant les sujets
ont empêché d'arriver à aucun résultat.
4° De la situation du bregma chez les jeunes enfants. -, Bien
que l'on ne puisse établir aucune proportion suivant les âges,
c'est bien de l'âge seul que dépend la situation si notablement
antérieure du bregma crâniométrique par rapport au céphalo-
métrique. A deux ans, le plan auriculo-bregmatique devient
perpendiculaire à celui de Camper et les choses se passent dès
lors comme chez l'adulte, grâce au développement de la face
88 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
qui à 7 ans seulement aura établi l'équilibre entre le crâne an-
térieur et le postérieur. Le bregma est ainsi refoulé en haut et
en arrière.
5° Sur le défaut de parallélisme dans le développement des os
du crâne. L'auteur n'a obtenu de résultats précis qu'en ce qui
-concerne l'écaillé du temporal. Sa portion la plus élevée, chez
l'enfant, n'est pas la partie moyenne mais l'antérieure. Elle
n'est pas au niveau, mais au-dessous du plan glabello-lambdoï-
dien, comme le ptérion. Les différences déjà énoncées touchant
la position de la scissure de Sylvius par rapport à la suture
écailleuse ne dépendent donc pas exclusivement du dévelop-
pement plus considérable du lobe temporo-spbénoïdal chez
l'enfant.
6° Des rapports du tourbillon des cheveux avec l'obélion. Il
est facile de voir sur le vivant que le tourbillon des cheveux,
quelques fois double, n'a pas de rapport constant avec la ligne
-médiane. Seulement on peut apprécier les déviations antéro-
postérieures. La déviation à droite est plus fréquente, ce qui
répond à la fréquence plus grande des trous pariétaux uniques
de ce côté. L'auteur rappelle les faits anatomiques et patholo-
giques importants dont la région obéliale est le siège. Les
animaux sans tourbillon céphalique n'ont pas d'obélion. Ces
parties coïncideraient à une époque de l'évolution de l'être et
répondraient à l'extrémité antérieure du sillon dorsal, comme
la fossette sacrée ou le tourbillon de poils qui la remplace, à la
postérieure. D. B.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
I. Foyers scléreux multiloculaires congénitaux DU SYS-
TÈNir NERVEUX CENTRAL ; MANQUE PARTIEL DE CORPS CALLEUX ;
par LADISLAS POLLAK. (Arcla. f. Psych. av. Nerven7t ? XII, 1.)
Une fillette vient au monde dans des conditions normales et
du côté de l'accouchement et quant à l'hérédité ; on remarque
dès ce moment que sa tête est molle et oedématiée, à ce point
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 89
qu'on prétend que la calotte osseuse n'existe pas. A l'âge de
quatre jours, elle subit les atteintes d'une maladie fébrile indo-
lente, caractérisée par des attaques de convulsions cloniques,
persistant pendant cinq jours et laissant après elle de la para-
lysie complète des pieds et des mains. A l'âge de six mois
l'enfant, qui s'est développée, représente une poupée (rigidité
des traits, impotence motrice) chez laquelle la vie n'est accusée
que par l'expression du regard et les fonctions végétatives. Les
sens spéciaux s'éveillent; la petite fille s'efforce de pencher la
tête du côté d'où partent les bruits et de s'y projeter. A l'époque
du sevrage, on s'aperçoit que la déglutition est difficile, la
petite malade adoptant le même mode de manger que dans la
paralysie associée du facial et du trijumeau (branche mastica-
trice), bien que la face ne soit aucunement paralysée; il faut la
gaver d'aliments pulpeux, qu'elle n'ingère que graduellement,
et non sans en rejeter beaucoup avec force secousses bruyantes.
Alalie et anartllrie; pour toute parole, gémissements plaintifs
et pleurs stertoreux, accompagnés de tremblements localisés
dans les bras et les jambes, quand on lui enlève sa nourriture
ou qu'on reste longtemps sans s'occuper d'elle : paralysie totale
du tronc et des extrémités, sans raideur ni contracture; la tête
ne se tenant même pas et le défaut de mimique étant complet;
adypsie absolue et rejet de toute espèce de boissons contras-
tant avec une polyurie considérable ; sens développés ; senti-
ments affectifs, mémoireet facultés intellectuelles, connaissance
affirmés par le rire et les larmes, selon que ses parents et ses
frèresetsoeurss'occupentounon d'elle; tel est le tableau clinique
de cette enfant de un an à cinq ans environ. Il faut y ajouter
l'hypercrinie salivaire, indicatrice du besoin de manger, et les
secousses des membres, les balancements céphaliques, les con-
vulsions trismiformes du maxillaire, en signes de protestation de
violences qu'on lui fait ; l'inégalité pupillaire constante, oscil-
lant incessamment entre la mydriase et le myosis d'un côté à
l'autre, surtout pendant les efforts d'accommodation, impos-
sibles pour les deux yeux à la fois sur le même objet, à raison
du nystagmus et du strabisme divergent (lésions musculaires) ;
l'exagération excessive de tous les réflexes cutanés et tendi-
neux, accompagnée de douleurs et d'épilepsie spinale quand
on prolonge les essais ; la contraction musculaire paradoxale
du jambier antérieur, quand on fléchit brusquement et violem-
ment le pied sur la jambe; enfin des accès périodiques de congés-
9*) REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
tion apoplectiforme(hypérémie cérébrale) comprenant des chan-
gements de coloration du visage, du soporet des gémissements
avec des T°. de 37°, 5 à 38°, et 39, 1, 1111 P. de 100 108.
D'ailleurs nulle anomalie dans le développement, nulle altéra-
tion de la sensibilité en aucun de ses modes, nul trouble tro-
phique, nul signe pathologique du côté des urines, offrant tous
les caractères de celles du diabète insipide. Malgré son infirmité,
la patiente supporte vaillamment une rougeole violente sans
aggravation du côté du système nerveux. La seconde dentition
s'effectue chez elle normalement en sa septième année, à part
do la stomatite ulcéreuse et un muguet bientôt guéris ; mais la
dystrophie passagère parait influer sur les muscles de l'émi-
nence thénar et hypothénar et sur les interosseux des mains
et des pieds qui diminuent de volume (peut-être lésions bul-
baires). Trois mois plus tard se déclare une méningite (symp-
tomatologie complète) à laquelle elle succombe en trois
semaines. La conservation des éléments de l'intelligence jointe
à l'absence d'arrêts de développement éloignant l'idée de
l'idiotie, M. Pollak se basant sur l'état congestif prodromique,
les attaques apoplectiformes, les tremblements de cause affec-
tive, les balancements intentionnels de la tête et du cou, l'exa-
gération des réflexes tendineux, la contraction musculaire para-
doxale, l'intégrité de tous les modes de la sensibilité et des
fonctions vésico-rectales, l'existence de manifestations bulbaires,
porte le diagnostic de sclérose multiluculaire cérébro-spinale,
d'origine intra-utérine vu, le début des accidents à quelques
jours de l'accouchement '. L'immobilité paralytique du corps
etl'anartbie, rapprochées du fonctionnement normal des autres
sens, entraînent aussi l'auteur i penser, qu'il y a eu destruc-
tion de certains centres corticaux moteurs et logo-moteurs, con-
formément aux études contemporaines , tels ceux qui se
groupent autour du sillon de Rolando et de l'insula et notam-
ment les centres oro-lingaux de Ferrier, avec les fibres d'asso-
ciation idéo-symboliques de Kussmaul (appareil d'articulation
fondamental). La priorité des lésions cérébrales ou du moins
leur prééminence ressort de l'évolution, le tremblement se rat-
1 Voir le cas de Ifartdegen : Archives de Neurologie, t. I, p. 58 ! .
Nous profiterons de cette occasion pour signaler au lecteur un erratum.
A la snite du mot sclérose qui termine la ligne 7 de la 1>ane 58 ? il faut
lire : diffuse, inflammatoire ou non; et reporter ensuite à celte place
presque tout l'article XVII depuis ces mots : L'analyse chimique, y com-
pris la signature P. K.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 91
tachant parfaitement comme les réflexes exagérés à la forme
cérébrale (Ordenstcin, l3amurond, Setschenow) et les lésions
des zones motrices entraînant manifestement des dégénéres-
cences secondaires (Ferrier). Les symptômes bulbaires (troubles
de la déglutition) eussent pu appeler l'opinion d'une sclérose
latérale amyotrophiqne ; mais la prolongation de l'affection (au
delà de trois ans) et l'absence des atrophies, difformités, contrac-
tures, ankyloses des pieds et des mains, venaient y contredire.
M. Pollak pencherait du reste pour l'envahissement graduel et
ultérieur du segment de la moelle allongée intermédiaire au
cerveau et à la moelle. Il range enfin parmi les symptômes
bulbaires la polyurie combinée à l'hydrophobie, la première
en corrélation possible avec l'altération du plancher du qua-
trième ventricule, un peu au-dessus du foyer de la méliturie
de Cl. Bernard (Senator) ; la seconde émanant peut-être de
lésions des noyaux du glosso-pharyngien et des branches du
nerf vague, en attirant l'attention sur l'absence de consomp-
tion malgré l'excès d'excrétions (allotrophie de Siegmund
Mayer).
L'autopsie dut être pratiquée brièvement et limitée au cer-
veau ; elle démontra la réalité des assertions cliniques, du moins
en ce qui concerne l'examen macroscopique seul accessible.
Toute la convexité de la portion antérieure des circonvolutions
des hémisphères était le siège d'indurations et rétractions sclé-
reuses ; les lésions allaient jusqu'au lobule paracentral, au
sillon post-rolandique, aux circonvolutions pariétales, et à la
scissure de Sylvius ; elles pénétraient la substance blanche
dans le pied de la troisième frontale et à l'opercule. Le corps
calleux vermiforme et ratatiné dans son corps avait son tissu
mou, villeux, comme ébarbé, sur ses parties latérales et à ses
extrémités. P. K.
IL Contribution A la physiologie et A la pathologie DU
nerf olfactif; par Julius Althaus, de Londres. (,t ? 'c/«u.
f. Psych. u. Nei,ve21k., XII, 1.)
Acquérant une importanceplus grande à mesure que l'on des-
cend dans la série animale de l'homme aux insectes, en passant
parles races sauvages, cet organe, servirait principalement, chez
les blancs, à déguster les arômes. M. Althaus a réuni les preuves
les plus récentes contre le rôle des branches du trijumeau et
92 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
du ganglion sphéno-palatin dans l'olfaction; telle l'observation
recueillie par lui en 1868 d'anesthésie complète du trijumeau
(insensibilité de la muqueuse nasale) avec conservation de l'ol-
faction, expérimentalement corroborée par Schifï' (section de
l'olfactif), Vulpian (destruction des lobes olfactifs), Prévost
(destruction successive des ganglions sphéno-palatins : et des
lobes olfactifs). L'excitation chimique, mécanique, thermique,
électrique du nerf olfactif ne 'provoque ni douleur, ni réflexe,
mais bien une sensation odorante phosphorée; même constata-
tion clinique quand l'anesthésie du trijumeau permet l'appli-
cation sur la muqueuse du nez d'un courant électrique intense.
Voici d'ailleurs le résumé des dernières recherches anatomi-
ques sur les fosses nasales. Ces cavités comprennent deux
canaux distincts : l'un postera-inférieur ou respiratoire, revêtu
de la membrane de Schneider qui, pourvue de l'épithélium que
l'on sait, ne reçoit que des fibres de la cinquième paire,
l'autre sitpé7,o-a ? îtéi,iettî ou olfactif, possédant en sa muqueuse
des cellules pigmentaires en rapport direct avec la première
paire quant à la matière colorante (0-le), au nombre, à l'évo-
lution de ces éléments. Les deux conduits confinant l'un à
l'autre, au niveau du cornet moyen, pourraient être à l'occasion
séparés par la projection de la muqueuse dans l'axe (action de
certains muscles), de façon à obstruer l'orifice de l'une des
voies (a< ? 7asi de Meyer). Les sinus frontaux sphéuoïdaux
et l'antre d'llighmore n'ont rien a voir avec l'olfaction ; ils
servent à alléger le crâne, à réchauffer l'air inspiré, à moduler
le timbre vocal, à fournir une certaine quantité, bien graduée
de mucus (humidification des fosses nasales). En ces conditions
il est facile de comprendre que la respiration normale n'intro-
duit que peu d'air dans le canal olfactif; la plus grande partie
du fluide suit la direction de l'orifice postérieur des fosses
nasales gagnant l'espace naso-pharyngien. Mais si l'on fait
entrer en jeu le muscle dilatateur des narines (longue et forte
inspiration, la bouche étant fermée) ou le muscle compresseur
des narines en reniflant (succession d'inspirations courtes et
superficielles), on force l'air à monter dans les régions olfac-
tives, soit par l'aspiration directe, soit par l'application de la
muqueuse nasale contre la cloison (interruption de la commu-
nication). Les particules gazeuses ou gazéiformes que rayonnent
les substances odorantes, entrent dès lors en contact avec les
cellules olfactives, et y provoquent les vibrations moléculaires des
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 93
libres nerveuses irradiant jusqu'au centre olfactif du cerveau.
Il y a d'ailleurs lieu de distinguer à l'exemple de Froehlich entre
les odeurs qui agissent exclusivement sur le nerf olfactif
(odeurs vraies telles que l'éther, les baumes, les résines) et
celles qui excitent simultanément le trijumeau (Cl.Br.I. AzlI3).
A cet ensemble de connaissances physiologiques correspond
un tout nosographiquo. Ainsi la fonction sera entravée quand
l'appareil musculaire ne jouera plus (paralysie faciale), quand
la soupape muqueuse n'ouvrira plus les voies olfactives en fer-
mant les voies aériennes (coryza), quand les échanges entre
l'air extérieur et les fosses nasales seront supprimés (adhérence
du voile du palais à la paroi postérieure du pharynx). L'absence
congénitale de nerf olfactif, l'atrophie scléreuse sénile de ses
racines, la perte de pigment des cellules (Hutchinson et 0-le),
la déchirure traumatique des filets à travers les trous ethmoï-
daux (contusion sur l'occiput, action par contre-coup), l'exagé-
ration des excitations (odeurs trop fortes) qui enchaînent pro-
bablement l'hémorrhagie capillaire (épistaxis des chasseurs qui
respirent le sac de musc du chevrotin), constituent autant de
causes d'anosmie passagère ou définitive. La névrite est très
rare : M. Althaus en décrit un cas aigu chez un tabétique; ce
malade se plaignit d'être poursuivi en permanence par une
forte odeur de phosphore durant six semaines au bout des-
quelles l'anosmie devint complète; à ce moment, par exemple,
le vin de Porto lui semblait de l'eau-de-vie à raison de l'excita-
tion développée par ce liquide sur le palais (intégrité de la cin-
quième paire). Constatation nécroscopique de la lésion, du
moins à 1'oeil nu. Du même ordre d'altérations par des tumeurs
de la base du crâne irritant et détruisant la première paire un
fait est emprunté à Locliemann : il s'agit d'un malade qui après
avoir accusé des odeurs abominables en même temps que des
étourdissements, des vertiges, et présenté des convulsions, était
anosmique quelque temps après. L'autopsie démontra la des-
truction par une tumeur du lobe frontal gauche (cancer) de
l'olfactif du même côté. Quant aux maladies du centre olfactif,
1'liéiiiianosinie des hystériques, compagne de l'hémiauesthésie,
et l'hyperosmie précurseur de l'accès d'épilepsie (propagation
de l'irritation aux circonvolutions rolandiques) parait en témoi-
gner ; mais il importerait de contrôler les expériences de Ferrier
sur le subiculum delà corne d'Ammon, auxquellesmunk parait
opposé. La thérapeutique ne possède que deux médicaments
9Ï re REVUE DU PATHOLOGIE NERVEUSE.
agissant immédiatement sur l'odorat, la strychnine qui l'ai-
guise, la morphine qui l'affaiblit, qu'on les emploie en prises
ou en injections sous-cutanées. Tous les autres, atropine ou
daturine et pilocarpine produisent des effets parallèles, chacun
à chacun, par l'intermédiaire de la muqueuse nasale : cinquième
paire. L'électrisation qui exige de forts courants n'est suppor-
table que lorsqu'il existe de l'anesthésie comme chez l'hysté-
rique.
Signalons, pour être complet, un essai de séméiotique basé
sur l'oll'action du médecin et la valeur curative ou toxique des
odeurs par lequel M. Althaus termine son mémoire. P. K.
111. DE QUELQUES ARRÊTS DE DÉVELOPPEMENT PRODUITS SUR LE
CERVEAU DU LAPIN PAR L'EXTIRPATION DE ZONES CORTICALES
circonscrites ; par C. YON MONAKOW. (A)'cA. f. Psych, u.
1\'c·veuh., 111, 1.)
La méthode est celle de Gudden, consistant à rechercher les
atrésies des faisceaux infracorticaux qui succèdent à des mu-
tilations de l'écorce pratiquées chez des nouveau-nés, pour
conclure de là à la direction des tractus sensitivo-moteurs du
cerveau. Seulement au lieu de déterminer par avance la zone
des circonvolutions qu'il lèse, M. 111onahow résèque une région
correspondant a priori, sans plus ample examen,- avec des cen-
tres déjà délimités : si l'ensemble des arrêts de développements
consécutifs s'accorde avec les résultats obtenus par les expéri-
mentateurs qui l'ont précédé dans cette voie, c'est qu'évidem-
ment la région touchée est bien exactement un centre et bien
le même centre, sinon il y a lieu de décider à son sens, que le
surplus d'atrésie ou d'inégalité de développement de tel ou tel
ganglion ou système appelle une nouvelle induction physiolo-
gique à soupeser dans ses rapports avec les connaissances déjà
acquises.
Dans une première expérience, il enlève une portion de l'é-
corce à un lapin de un jour, du côté droit, près du bregma, dans
une étendue et suivant une orientation devant, selon toutes
probabilités, répondre au gyrus pariétal supérieur et d'une
façon générale aux circonvolutions pariétales. Les dégénéres-
cences consécutives indiquent la lésion du foyer locomoteur
de l'extrémité postérieure du côté opposé, de la sphère sensible
pour les organes protecteurs de l'031l et de la région visuelle de
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 95 -)
Munk (atrophie secondaire du corps genouillé externe, aussi
complète qu'après l'énucléation du globe de l'oeil par Gudden),
ou en un mot des trois centres G. F. A. de Munk. Or ces régions
représentent seulement le segment antérieur et le segment
postérieur de l'aire réséquée. Comme on rencontre d'autres
dégénérations imprévues qui vont jusque dans la moelle, l'ex-
périmentateur croit que la partie moyenne de la zone atteinte
constitue une sphère physiologique spéciale; elle ne pourrait
être psycho-motrice puisque ces fonctions sont toutes contenues
dans le segment antérieur, mais correspondrait à un départe-
ment sensible indépendant du district de perception senso-
rielle de Munk. Hypothèse trouvant des arguments provisoires
dans la parenté apparente entre la situation de ces circonvo-
lutions et celle des circonvolutions pariétales de l'homme et
dans l'opinion de Meynert que la portion externe du pédoncule
est douée de facultés sensibles. Le nouveau centre aurait no-
tamment sous sa dépendance le noyau externe de la couche
optique droite, puisque ce noyau ne s'atrophie ni après l'énu-
cléation du globe de l'mil, ni après l'extirpation du centre
visuel de Munk et qu'il n'a rien à faire avec le segment anté-
rieur de l'ensemble.
Une seconde expérience, faite dans des conditions analogues,
met en évidence la fonction motrice réflexe du tubercule bi ju-
meau antérieur, les relations avec les ganglions de la sphère
visuelle corticale du corps genouillé externe qui doit en outre
condenser les impressions issues du district de sensibilité. Une
petite partie de ce dernier organe survivant à l'extirpation de
la zone visuelle devrait être considérée comme noyau purement
optique. Les faisceaux de la couronne rayonnante et de la cap-
sule interne atrophiés, représentant en réalité ceux qui, chez
l'homme et les mammifères supérieurs, relient le pulvinar et
le corps genouillé externe à la région occipitale (fibres de Gra-
tiolet). Il semblerait que le lapin a un rudiment de pulvinar
(opinion opposée de Forel) peut-être bien constitué par la
couche latérale du noyau externe de la couche optique, l'indé-
pendance physiologique étant expérimentalement démontrée
pour ces deux systèmes.
Enfin l'intégrité persistante du corps genouillé interne dans
cette double expérience, exactement comme à la suite de l'énu-
cléation du globe oculaire, prouve la réalité des assertions do
Gudden et Forel qu'il est étranger à la rétine.
9G REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
M. Monakow insiste en manière de conclusion sur la recti-
tude do l'opinion qui considère la couche optique comme
formée de plusieurs noyaux (Burdach, Luys, Ganser), ses
études venant de démontrer jusqu'à l'évidence un noyau
externe, expérimentalement relié au pulvinar chez le lapin,
bien qu'ayant une importance physiologique toute différente,
un noyau postérieur, un noyau moyen. Il ne serait au reste pas
impossible, ajoute-t-il, que tel noyau quiparait unique se prêtât
à la segmentation aux termes de nouvelles expériences d'ailleurs
nécessaires pour affirmer et développer de pareils détails déjà
entrevus par Luys en 186b. P. K.
IV. Des rapports des zones corticales motrices avec les
voies pyramidales ; par O1'1'O 1311\S1VA1\GER. (/1C ? f. Psych.
il. ll'cnuctl ? TI. 3.)
Les trois observations recueillies par l'auteur le mènent à
cette conclusion que : les foyers de l'écorce et de la substance
blanche qui n'atteignent pas le pied de la couronne rayonnante
n'entraînent pas régulièrement de dégénérescence secondaire,
même quand ils appartiennent exclusivement aux zones mo-
trices. En voici le sommaire :
Observation L-Il s'agit d'un gliome à petites cellules occu-
pant, dans l'hémisphère droit, le segment postérieur des circonvo-
lutions frontales supérieure et moyenne, ainsi que le tiers supé-
rieur de la frontale ascendante : ramollissement de la substance
blanche sous-jacente. Seconde tumeur de même nature occu-
pant presque toute l'étendue de la couche médullaire, en dehors
du corps strié, mais bien isolée de l'écorce et du territoire des
ganglions de la base sains. Intégrité de l'insula, de la capsule
interne et de la moelle : absence de dégénérescence secondaire.
Observation II. Généralisation d'un cancer médullaire à
grandes cellules avec gros noyaux siégeant à gauche au milieu du
sillon de Rolando et intéressant les deux circonvolutions ascen-
dantes dans leur tiers supérieur sans empiéter. La substance
blanche du territoire de la capsule interne et du lobe pariétal est
oedématiée. Intégrité microscopique delà capsule interne, de l'in-
sula, des corps optû-striés et delà région sublllalamique, des pé-
doncules cérébraux, de la moelle allongée, du faisceau pyra-
midal.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 97
Observation III. - Foyer de ramollissement au point de
réunion de la deuxième frontale et de la frontale ascendante
ayant réduit en bouillie le tiers supérieur de cette dernière. In-
tégrité de la pariétale ascendante et du sillon de Rolando, de
l'insula. Second.foyer ancien sous-jacent, kystique, séparé du
premier par un centimètre de substance blanche, normale et
parfaitement isolé également par du tissu médullaire sain
des ganglions de la base. Nulle dégénérescence dans les organes
déjà cités.
L'auteur appelle l'attention sur la caractéristique de lasymp-
tomatologie propre aux localisations corticales notée dans ces
trois faits, sur l'atteinte simultanée du centre ovale et la diffi-
culté d'assigner exactement en pareils cas un rôle aux fibres
blanches tandis qu'en revanche l'aphasie constatée dans les
deux dernières observations témoigne de l'action conductrice
des faisceaux blancs émanés de la région de Broca, celle-ci
étant demeurée saine dans son écorce, alors que la substance
blanche en est lésée. Non moins concluante serait, à ses yeux,
l'absence de dégénérescence médullaire, surtout si l'on remar-
que qu'il s'agit de lésions anciennes datant de bien plus de
six semaines. P. K.
V. DE la formation DE cavernes dans la moelle épinière
par suite DE stase sanguine; par LANG11ANS. (19'CILLU. de
Virclaow, 1801.)
L'auteur a observé quatre cas de formation de cavernes dans
la moelle épinière (région cervicale et dorsale). Ces cavernes
étaient situées postérieurement au canal central, dans la com-
missure grise, dans les cornes postérieures, entre les cordons
postérieurs. Au point de vue topographique, ces observations
répondent aux cas que l'on a décrits sous le nom de syringo-
myélie. Les différentes vues que l'on a fait valoir à propos de
la genèse de cette maladie sont connues (Leyden). Ces cavernes
ont pu tantôt passer pour des élargissements du canal central,
à cause de leur situation et de leurs cellules épithéliales;
d'autres fois on n'a trouvé aucune communication avec le canal
central. On les a considérées comme des foyers de ramollisse-
ment de néoplasies inflammatoires : Leyden, au contraire, les
regarde comme une suite d'hydromyélie congénitale.
Dans les cas observés par l'auteur, l'existence des cavernes
Archives, l. V. 7
98 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
coïncidait avec d'autres modifications du système nerveux cen-
tral, notamment de l'excavation cérébelleuse, qui devaient en-
traver sensiblement la circulation. (Sarcomes du quatrième
ventricule, du plexus choroïde, d'où pression dans l'excavation
cérébelleuse, aplatissement du pont de Varole.) Y a-t-il là com-
binaison fortuite de deux séries de lésions, ou bien sont-ce les
manifestations d'une même cause morbide ? Si oui, on ne peut
songer qu'à des perturbations circulatoires. La pression exercée
dans la cavité cérébelleuse entravera le cours du sang. Ces
faits s'expliquent par l'hypothèse suivante, à savoir que le sang
de la portion cervicale et dorsale supérieure de la moelle, trouve
son débouché par en haut, vers la cavité crânienne (sinus vei-
neux qui se trouvent sur la surface supérieure du corps de l'os
basilaire). Les voies collatérales ne suffisent pas à empêcher
une stase croissante.
Voici les principales observations de l'auteur : Les cavernes
siègent dans la région cervicale et une partie minime de la
région dorsale. La plupart des cavernes communiquent avec le
canal central, soit dans toute leur longueur, soit par leur partie
supérieure.
Il faut distinguer entre les simples évasements du canal cen-
tral et les diverticules sacciformes ; les replis se trouvent plutôt
dans la commissure grise et les cornes postérieures, les diver-
ticules sont à la partie antérieure des cordons postérieurs ou
dans l'intervalle qui les sépare. Pourquoi cette dilatation de
côté et en arrière ? La cause en est à la consistance des parties
voisines, notamment de la commissure blanche. Les diverti-
cules s'étendent presque toujours de côté; ce n'est que rare-
ment que l'on trouve un court prolongement par en haut ; et
au point où commence le diverticule, le canal central gagne de
côté sa largeur normale.
On explique très bien par la théorie de la stase sanguine le
rapport constant que présente la caverne avec le canal central
par son extrémité supérieure; car les cavernes commencent à
se former là où cesse la pression croissante déterminée dans
l'excavation cérébelleuse; un diverticule ne pourra donc
s'étendre que par en bas, où la pression sera moindre.
Mais pourquoi un diverticule ? et non une simple dilatation
du canal central ? C'est qu'il y a moins d'obstacle à l'extension
d'un diverticule dans les cordons postérieurs qu'à la simple
dilatation du canal central en son siège normal.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 99
On a attribué une grande importance dans la syringomyélie
à la paroi des cavernes. Simon considère les éléments de la
paroi comme le siège de la néoplasie primitive.
Dans ce domaine aussi les faits confirment notre hypothèse.
Ainsi l'épithélium cylindroïde' ne se trouve que dans les
cavernes qui siègent dans la substance grise et la commissure,
jamais dans les cavernes des cordons postérieurs.
La paroi résulte de l'épaississement de la névroglie, comme
on peut s'en convaincre d'après leur surface extérieure.
Il n'y a pas de néoplasie. Les cavernes se forment par le
déplacement d'une masse homogène et gélatineuse à travers
les éléments constitutifs qui sont disséminés et se détruisent.
C'est un degré élevé, voire même une forme particulière
d'oedème, avec tous ses signes distinctifs. On est en présence
d'une modification spéciale du transsudat d'hémostasie, d'au-
tant plus accentuée que l'arrêt du sang est plus notable.
Lorsque la masse gélatineuse devient considérable, il se forme
des replis. Dans un des cas observés, la partie postérieure de
la commissure est remplie par la gélatine : nous avons donc là
un repli, indépendant du canal central, produit par le même
processus que les dilatations du canal et identique au fond.
Voici, en résumé, les raisons en faveur de notre hypothèse,
ce sont : la constitution des diverticules qui s'abouchent avec
le canal à leur extrémité supérieure, la présence d'oedôme,
la présence de replis, degré supérieur d'oedème. P. K.
VI. Sur la question DE la curabilité DU tabès ; par Friedrich
Schultze, d'IIeidelberg. (Archiv. f. Psych. u. llervenl ?
XII, 1.)
Il s'agit d'un cas classique; signalons les douleurs lancinantes.
l'incontinence nocturne d'urine, l'incertitude de la démarche,
le signe do Romber- et la sensation d'engourdissement dans
le nerf cubital gauche. L'usage du nitrate d'argent et des cou-
rants galvaniques fait disparaître l'ensemble symptomatique
et la guérison se maintient pendant douze ans. En effet l'exa-
men effectué après ce laps de temps révèle : une démarche nor-
male, absence de troubles du côté delà sensibilité, et de réflexes
patellaires ; une paralysie vésicale modérée avec incontinence
nocturne et suintement diurne (catarrhe sans alcalinité), de la
rétraction pupillaire, l'organe réagissant à peine à la lumière.
100 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Une mort accidentelle survenue sur ces entrefaites permet la
constatation microscopique presque immédiate. On rencontre
une dégénérescence diffuse de moyenne intensité des cordons
postérieurs à la région lombaire ; les segments les plus externes
des faisceaux cunéiformes, et les cordons postérieurs à la ré-
gion dorsale, sont partiellement altérés ; la lésion gagne en
étendue à mesure qu'elle atteint le segment cervical ; à ce ni-
veau les cordons de Goll participent faiblement au processus.
L'étendue de ces lésions, au regard de la rétrocession des
symptômes fait supposer, comme le pense M. Schultze que, dès
les premiers stades de la maladie, il existe déjà une accentuation
anatomique prononcée. Mais aussi leur caractère d'immobilité,
l'absence de cellules granuleuses (avant-coureurs de l'atrophie
des éléments nerveux) témoigneraient que, dès la régression
clinique, il ne s'est point effectué de nouvelle destruction et
que le tableau perçu représenterait celui de la dégénérescence
première demeurée stàtionnaire.
Le professeur Schultze rapproche l'absence de réflexe patel-
laire de la dégénérescence des cordons postérieurs dans la ré-
gion lombaires (intégrité des cordons latéraux). Il appelle l'at-
tention : sur la non-persistance de l'ataxie malgré la lésion du
trousseau externe des faisceaux cunéiformes, tendant à admet-
tre que, si le substratum anatomique est la cause occasionnelle
du symptôme en question, il existe d'autres influences d'arrêt
ou de renforcement, sur la disparition des anesthésics ou
paresthésies en rapport avec le degré moyen d'altération des
cordons postérieurs en la région lombaire, sur les paresthé-
sies dans la sphère du cubital gauche, en corrélation probable
avec la forte atteinte du faisceau cunéiforme cervical du même
côté, - sur l'absence de dégénérescence secondaire ascendante
malgré la notable diminution des fibres de tout le système pos-
térieur du renflement lombaire, sur la non-existence de mé-
ningite chronique postérieure, malgré la sclérose postérieure.
Il remarque que, malgré la précision des localisations anatomi-
ques et la délimitation concurrente des manifestations patholo-
giques, ce fait ne prête aucun argument à la solution de la
double question : Quel est, du tissu conjonctif ou de l'élément
nerveux, le premier atteint dans l'espèce ? De combien de sys-
tèmes de second ordre se compose le domaine des cordons pos-
térieurs ? L'atrophie générale de la région dorso-lombaire qui
est loin d'être la règle dans le tabès ne permet qu'une série
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. lût
d'hypothèses pendantes'qui sont : ou avant la maladie le sujet
avait une moelle trop petite comme dans les cas d'ataxie hérédi-
taire deFriedreich,-ou la diminution de volume s'est produite
au cours de l'affection,- ou la réduction de l'organe déjà pro-
noncée n'a fait que s,'accentuer pendant l'ataxie locomotrice
(atrophie par inactivité ou par les processus atrophiques).
L'auteur termine enfin par la critique des observations de
guérison du tabes publiées par Schüssler (Centralblatt f. Ner-
veiiheilk., 9 S8 t , n° 10) et rattachées par lui à l'élongatioa du scia-
lique. La réalité de pareilles assertions ne saurait résulter que
de la persistance définitive de l'amélioration obtenue, de la vé-
rification anatomique, alors que tant d'autres procédés peu-
vent produire les mêmes résultats souvent aussi spontanés.
L'élongation détermine-t-elle la régénération des faisceaux atro-
phiés dans les organes centraux ? pour M. Schultze, les faits
connus de régénération de nerfs périphériques contredisent à
l'affirmative : le nerf optique, si souvent atteint dans le tabes
du même ordre de lésions que la moelle, constituerait un terrain
fécond d'expérimentation décisive. P. K.
VII. CONTRIBUTION AL'ETUDE DE la névrite; par Karst, de Fri-
bourg. (Sixième Congrès des neurologistes et aliénistes de
l'Allemagne du Sud-Ouest. Archlv. f. Psych. M. Aleî,ve2zk.,
XII. 1
Un homme de cinquante-deux ans, à la suite d'un rhuma-
tisme articulaire aigu, est sous le coup d'une paralysie des
extenseurs de l'avant-bras gauche, et de troubles considérables
dans la motilité de la jambe droite. L'examen démontre que
le radial gauche est atteint, y compris le court supinateur, le
triceps restant indemne tandis que le biceps et le brachial ne
sont qu'affaiblis. Atrophie des muscles affectés; atrophie des
muscles des mains, surtout du côté droit qui n'est pas paralysé.
Dépression des espaces intercostaux ; aplatissement du galbe
thoracique. Emaciation générale des extrémités inférieures,
dont les fonctions motrices sont demeurées excellentes, excepté
à droite, où il existe une paralysie presque absolue du jambier
antérieur, ainsi qu'un état'parétique de l'extenseur propre du
gros orteil, de l'extenseur commun des doigts et des péroniers.
Asymétrie des muscles vaste interne et vaste externe con-
sidérablement aplatis à droite. Formication et sensation vel-
103 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
vétique sur les avant-bras et les mains. Deux zones d'hypoes-
thésie au tact et à la température : l'une au tiers moyen de la
face dorsale de l'avant-bras gauche ; l'autre sur la jambe droite
formant un triangle depuis les phalangettes jusqu'à quinze
centimètres au-dessus de l'articulation du pied. Sensibilité à la
douleur et sens musculaire partout normaux. Le radial gauche
forme en outre une tuméfaction f uni forme entre le ventre du
brachial antérieur et le vaste externe du triceps, de la grosseur
d'un fort tuyau de plume d'oie, douloureuse à la pression.
Réflexes tendineux : faibles à droite, nuls à gauche ; -r. cuta-
nés : normaux. Modification de l'excitabilité mécanique des
vaste interne gauche et vastes externes des deux' côtés
(type Erb-Hitzig). Intégrité de la moelle et du cerveau. Exci-
tabilité électrique d'abord normale aux courants faradiques, à
part le radial gauche et le sciatique poplité externe droit
(épuisement), dans le même temps où les courants galvaniques
fournissent la réaction dégénérative dans les extenseurs de
l'avant-bras gauche, dans les deux éminences thénar, sur le
trajet du sciatique poplité externe droit : au bout de huit
jours la réaction dégénérative est complète dans le départe-
ment du radial gauche, dans celui du sciatique proplité externe,
et s'étend à tous les muscles qui ne la possédaient que partiel-
lement. Puis en cinq mois, l'amélioration devient telle que le
malade peut reprendre son travail. Des phénomènes moteurs
rapprochés des troubles de la sensibilité, l'auteur tire le diag-
nostic de névrite 'périphérique. Il termine par un résumé de
ses expériences sur la névrite migratrice (Institut de Cohnheim
à Leipzig) ; les résultats négatifs obtenus par lui comme par
Roscnbach auraient leur explication dans l'emploi des pro-
cédés antiseptiques qui, en localisant l'inflammation cicatri-
cielle, suppriment les phlegmons ascendants du tissu conjonc-
tif périnévritique. P. K.
VIII. Cas d'affection combinée des cordons DE la moelle
AVEC ALTÉRATION DE LA SUBSTANCE GRISE par SIOL1. (lrClc. f.
Psych. te. Nervènk ; XI, 3.)
Voici le résumé de l'observation :
Chute grave d'une hauteur de trois étages sur le siège en
1874. Perte de connaissance, paralysie passagère des bras, pa-
raplégie pendant trois mois. Durant quelques semaines para-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 103
lysie de la sensibilité des quatre membres. Entrée en convales-
cence et capacité de travail suffisante jusqu'en 1879 : il ne
reste au malade qu'une légère fatigue des jambes. Depuis le
début de 1879, faiblesse croissante des extrémités inférieures.
De temps à autre, fourmillements dans les orteils, mais point
d'anesthésie. Admission à l'hôpital en novembre. Folie systé-
matique chronique typique. Amaigrissement. Paralysie pres-
que complète. Ilyperesthésie des jambes. Absence du phéno-
mène du genou. Faiblesse des bras : parésie du bras et de la
jambe du côté droit plus accentuée. Catarrhe vésical. Mort le
16 novembre 1879 de pneumonie. -L'autopsie décèle une dé-
générescence grise des cordons latéraux de la moelle cervicale ;
de la pachyméuingitc pseudo-membraneuse partielle du cer-
veau ; une cystite chronique ulcéreuse, de la pyélonéphritemé-
tastatique double, de l'induration hépatique et rénale, l'hyper-
plasie récente de la rate, de la bronchite et de la pneumonie
hypostatique du lobe inférieur droit. On trouve au microscope
des lésions des cordons de Goll, depuis leur origine jusqu'en
bas, avec empiétement irrégulicr sur les cordons de Burdach ;
les cordons latéraux sont pris, depuis la moelle lombaire jus-
qu'au point où ils contournent les racines antérieures ascen-
dantes du trijumeau dans le corps restiforme ; atteinte du fais-
ceau pyramidal de la moelle lombaire, jusqu'à la deuxième
paire cervicale ; diffusion de ces altérations aux autres cordons
dans la moelle dorsale supérieure. Disparition du groupe
moyen de cellules des cornes antérieures, depuis la quatrième
paire cervicale, jusqu'au bas de la moelle sacrée ; l'ensemble de
la substance grise des cornes antérieures est lésé dans la partie
moyenne de la région dorsale : on note dans tout ce segment
la disparition des colonnes de Glarke. Caractérisant la
forme des altérations du nom de myélite celltilo-g2,aiiiileuse,
M. Sioli fait ressortir la multiplicité des systèmes atteints, no-
tamment la coïncidence des lésions dans les faisceaux posté-
rieurs et latéraux (Westphal) et en même temps la proliféra-
tion de la substance intermédiaire, ainsi que les lésions des
parties nettement différenciées de la substance grise. Il relie la
dégénérescence des colonnes de Clarke et de la substance grise
des cornes antérieures à l'envahissement des cordons latéraux
et du faisceau pyramidal, l'une étant pour lui le point de départ
de l'autre. P. K.
IX. Paralysie BULBAIRE apoplectique avec anesthésie AL-
TERNE ; par le professeur H. SENATOR. (Arcla. f. PSYCH. ZI.
l'e2,veîik; XI. 3.)
Il s'agit d'un homme de 56 ans qui, en dehors de toute in-
- fluence prédisposante ou diathésiquc, était pris le lendemain
d'un banquet (excès de boisson) de vertiges nécessitant un re-
pos de plusieurs jours. Récidive des accidents neuf jours après,
avec tendance à tomber à gauche : sensation de froid dans la
moitié gauche de la face, déviation de la langue, et micropll-
thalmie de ce côté. Bientôt ces manifestations sont rem-
placées par de la dysphagie ; le malade ne peut avaler que des
liquides et penche toujours à gauche. Voix rauque, marmottée,
nasonnée, puis sans tonalité : rougeur de l'épiglotte, fermeture
incomplète de la glotte pendant la phonation ; sentiment
d'oppression, sans dyspnée. Pouls fréquent sans fièvre. La sen-
sibilité est presque complètement disparue dans la moitié
gauche de la face, y compris les paupières, la conjonctive, la
cornée, le côté gauche delà langue et de la muqueuse pharyn-
gienne, la cavité nasale gauche, et dans la moitié droite du
tronc y compris les deux extrémités du même côté. Réflexes
cutanés des deux jambes normaux ; absence de réflexe patel-
laire des deux côtés. Sensibilité électro-cutanée des régions
anesthésiées éteinte outrés diminuée. Pas deparalysie motrice.
L'alimentation par la sonde devient indispensable. Mort de
broncho-pneumonie putride, par introduction de parcelles ali-
mentaires, après quatorze jours de maladie.
L'anesthésie croisée dans la sphère du trijumeau à gauche,
du spinal et des paires cervicales supérieures à droite, et
l'atteinte du pneumo-gastrique faisaient diagnostiquer à M. Se-
nator l'existence d'une lésion supra-médullaire et infra-céré-
brale, à raison de l'intégrité des sens spéciaux, du trijumeau
du côté droit, etc. La non-participation des nerfs originaires
de la protubérance permettant d'éliminer cet organe, l'auteur
pense à la moitié gauche de la moelle allongée (anesthésie droite
en rapport avec l'entrecroisement des fibres sensitives des nerfs
médullaires ), localisant plus spécialement la lésion près du
calamus, endroit où les racines ascendantes sensitives du tri-
jumeau et les fibres radiculaires, peut-être aussi le noyau du
nerf vague se trouvent voisins, et à une certaine distance de la
ligne médiane (intégrité de l'hypoglosse). Tenant compte de
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 105
l'acuité continue du processus, de l'excellence de la santé anté-
rieure, de l'état d'induration de certaines artères périphériques,
M. S. formule ainsi la nature de la lésion : foyer de ramollisse-
ment aigu, par obstruction vasculaire (thrombose) ou inflamma-
tion aiguë. L'autopsie démontra la réalité de ces assertions : il
existait une thrombose de ï artère vertébrale gauche, thrombose
autochtone. L'altération avait atteint jusqu'au corps restiforme,
ce qui expliquerait pour M. Senator la propension à tombera
gauche. (V. Expér. de Curschmann, Deutsch. Ai-eh. f. Klin.
Yledic.; XII, p. 356.) P. K.
X. ÉTUDE générale DE la localisation dans LES CENTRES
NERVEUX, SUIVIE D'UNE ÉTUDE CRITIQUE SUR LES RECHERCHES
DE LA PHYSIOLOGIE DES LOCALISATIONS EN ALLEMAGNE ; par
le Dr H. DURET.
Dans ce travail couronné par l'Académie des sciences de
Caen, M. Duret a fait un exposé clair et précis de l'état de la
science sur la question des localisations dans les centres ner-
veux ; c'est dire assez combien l'auteur a dû condenser son su-
jet pour ne lui consacrer que 200 pages.
Aussi ne pouvons-nous analyser ici ce travail et croyons-
nous préférable de nous borner à en indiquer les têtes de cha-
pitres. C'est à l'anatomie que M. Duret demande les premières
bases d'une doctrine qui se fonde sur les réactions diverses des
différentes parties des centres nerveux, envisageant toutes
l'échelle animale. M. Duret montre comment le système ner-
veux des vertébrés supérieurs est comparable à celui des anné-
lides et formé sur un plan élémentaire tout à fait analogue.
M. Duret examine alors les localisations anatomiques et histo-
logiques dans la moelle, le bulbe, les hémisphères cérébraux ;
il rappelle la topographie si importante des bassins artériels
qu'il a le premier nettement déterminés, et dont il a fait res-
sortir toute l'importance tant au point de vue physiologique
qu'au point de vue anatomique.
Puis, après l'étude de la localisation anatomique, l'auteur
arrive à celle de la localisation physiologique dans la moelle
et le bulbe, et passe en revue les nombreux centres des
membres de la respiration et de la circulation, cilio-spinal,
génito-spinal, etc. ; puis les différents conducteurs excito-mo-
teurs, sensitifs, fibres d'association.
106 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Il mentionne l'état de nos connaissances au sujet du cerve-
let et de la protubérance, et aborde l'exposé des faits acquis
sur les localisations cérébrales.
Passant ensuite aux localisations pathologiques, M. Duret
expose rapidement sous les yeux du lecteur, avec leurs princi-
cipaux signes et leurs lésions caractéristiques, toutes les myé-
lytes systématisées, amyotrophies aiguës et chroniques, pri-
mitives et secondaires, ataxie locomotrice, tabes dorsal spas-
modique, etc. Puis viennent les lésions du bulbe, celles de la pro-
tubérance, avec les paralysies alternes et celles des pédoncules.
M. Duret termine son mémoire par l'élude des lésions des
hémisphères, tant dans la substance blanche produisant l'hé-
miplégie, 1'liémiaiiestliésie, l'hémichorée, l'athétose, que dans
la substance corticale, avec tout leur cortège de troubles si
divers et si caractéristiques.
Les faits ainsi puisés dans le vaste domaine de la patholo-
gie nerveuse tout entière, acquièrent une nouvelle force par
le groupement logique et fécond, et M. Duret vient de prouver
une fois de plus que, s'il sait localiser à merveille, il s'entend
non moins bien à généraliser.
Comme appendice à ce mémoire, l'auteur a joint une étude
sur la doctrine des localisations en Allemagne. On y trouve
un exposé critique très judicieux de M. Hermann Munk sur
les troubles consécutifs aux lésions corticales.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE
Séance du 30 octobre 1882, Présidence DE M. DALLY.
Il. LE Président, se faisant l'interprète des sentiments de la Société,
exprime les regrets que ses collègues et lui ont éprouvé en appre-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 107
nant l'attentat dont M. Espiau de Lamaëstre a été victime de la
part d'un aliéné 1.
M. de Laïiakstre, remercie la Société de cette marque de sympa-
thie, et donne de sa blessure des nouvelles rassurantes; la plaie de
l'oeil droit qui lui avait causé d'abord des inquiétudes, est en bonne
voie de guérison.
M. Cotard dépose un mémoire sur le Délire des négations, qui
serait selon lui le couronnement de certaines formes mélancoliques.
Discussion sur la création d'asiles spéciaux pour les aliénés crimi-
atels (suite). M. Dally propose de clore la discussion sur la création
d'un asile spécial pour les aliénés criminels. Cette discussion semble
désormais inutile, puisqu'une commission extra-parlementaire
désignée pour élaborer un projet de loi en remplacement de la loi
de juin 1838, a conclu à la nécessité de cette création, qui s'impose
désormais.
M. FAMET insiste pour que la discussion continue à figurer à
l'ordre du jour ; la Société médico-psychologique peut encore se
prononcer, avant que le- projet ne soit présenté aux Chambres.
Nous n'avons, dit-il, éclairé qu'un seul point, à savoir qu'il y a lieu
d'établir des asiles spéciaux; mais il nous reste encore bien des
questions à examiner. Il faudra faire un choix parmi les aliénés
criminels ou dangereux qu'on y internera. Quels malades recevrez-
vous ? quel sera votre critérium pour les admettre ou les refuser ? k
quelle commission aurez-vous recours pour faire ce choix ? comment
sera-t-elle composée ? Ce sont autant de questions importantes que
notre Société a presque le devoir d'aborder.
M. Motet. J'avais prévu la réclamation de M. Falret, et je vous
ai apporté le projet de loi que la commission extra-parlementaire
vient d'élaborer. Les travaux de cette commission ont été poussés
un peu trop activement dans ces temps derniers, le ministre ayant
été prévenu qu'un projet de loi sur le même sujet serait déposé
prochainement à la Chambre, avant celui de la grande commission
extra-parlementaire, si celle-ci ne se hâtait de conclure. Il a été
cependant décidé qu'il y avait lieu de créer pour les aliénés criminels
ou dangereux soit un asile d'État, soit des quartiers spéciaux qui
seraient annexés aux asiles départementaux.
M. Motet donne ensuite lecture des principaux articles du nouveau
projet de loi. Cette lecture donne à la Société une idée des modi-
fications apportées à la loi de 1838. Nous avons, dit-il, admis
dans l'asile d'État, plusieurs catégories d'individus : aux aliénés
criminels on adjoindra les aliénés dangereux ou évadezii-s, qui com-
1 Nos lecteurs se rappellent que le 11 octobre dernier un persécuté de
Ville-Evrard se précipitant sur M. de Lamaëstre, au moment de la visite,
avait essayé de lui crever les yeux avec les doigts.
108 SOCIÉTÉS SAVANTES.
promettent la discipline dans les quartiers et créent des difficultés
perpétuelles aux médecins. Pour répondre à l'objection qu'on nous
faisait, au sujet de l'encombrement qui ne tarderait pas à être le
résultat de cette mesure, nous avons décidé de laisser revenir les
paralytiques ou déments dans les quartiers ordinaires, sur le simple
avis du médecin traitant, quand ils cesseraient d'être dangereux.
M. de L.M.ëSTRE demande si cette mesure s'appliquera aux pen-
sionnaires.
M. Motet. Évidemment oui.
M. Billod voudrait savoir comment les malades sortiront de
l'établissement.
M. Motet. Toute réclamation adressée par un aliéné, au sujet de
sa sortie, sera envoyée au procureur de la République et le tribunal
statuera d'après le rapport d'une commission compétente; si cette
commission n'est pas d'avis de laisser sortir le malade, elle s'ajour-
nera à six mois ; si, après ce délai, elle persiste dans ses conclusions,
au bout d'un an elle procédera à un nouvel examen.
M. Dalle. Puisque la commission extra-parlementaire donne
satisfaction à ceux qui demandent la création d'un asile d'État, je
consulte la Société pour savoir si la question des aliénés criminels
doit continuer à figurer à l'ordre du jour.
Après une réplique de M. Falret, qui rappelle que M. Magnan
et plusieurs autres membres ont promis leur avis, on procède à
un vote.
A la majorité il est décidé que la discussion sur les aliénés cri-
minels sera continuée.
M. Falret. Les étapes successivement parcourues par la législation
anglaise doivent nous servir d'enseignements : elles nous montrent
les difficultés pratiques rencontrées à chaque pas par nos voisins
d'outre-Manche, dans l'application d'une loi que nous devrions bien
ne pas leur emprunter.
Les impulsions chez les enfants. M. Dally demande à M. Le-
grand du Saulle de vouloir bien lui donner des renseignements
sur un enfant de cinq ans, dont les actes ont été appréciés
d'une façon si bizarre par la presse politique. Nous avons, dit-il,
une tendance fâcheuse à accepter comme paroles d'évangile les
racontages des malades. Surtout quand il s'agit d'enfants, nous
devons nous montrer très circonspects; c'est l'âge du mensonge. Ce
besoin de mentir me semble devoir être rattaché à ce que j'ai
désigné du nom d'état malicieux. Pour ma part, il m'est impossible
d'ajouter foi aux articles des journaux; car je ne crois pas qu'il
puisse exister un délire chez un enfant de cinq ans. N'est-ce pas
plutôt un jeune éveillé qui a imaginé après de mauvaises lectures,
un petit roman pour attirer l'attention sur sa petite personne.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 109
M. Legrand du SAULLE. Règle générale, n'ajoutez jamais foi aux
faits divers des journaux politiques, en ce qui concerne les
aliénés; ces faits sont, le plus souvent, enjolivés ou même inventés
de toutes pièces par une catégorie de déclassés, de buveurs d'ab-
sinthe, qui les rédigent chaque soir à cinq heures au café de Madrid.
Une fois, par hasard, ils ont dit à peu près la vérité sur le petit
cérébral dont nous parle M. Dally. J'ai en effet reçu, un jour à la
Salpêtrière une mère éplorée, accompagnée de son fils âgé de cinq
ans et demi, qui avait tenté de tuer son petit frère ; la presse a eu
connaissance du fait, l'a commenté en donnant force détails, et
j'avais appris par les journaux l'arrivée de l'enfant dans mon ser-
vice, à la préfecture de police, avant de l'y avoir vu moi-même ; il
m'a déclaré qu'il se sentait poussé à tuer son petit frère, pour voir
couler du sang. Le fond de cette histoire, qui a fait tant de bruit, est
donc absolument vrai ; mais je ne saurais trop déplorer les ten-
dances de certains journaux à dévoiler les secrets des familles et à
donner même les noms propres, comme dans ce cas particulier.
M. DCLASL1U\'E demande depuis combien de temps les impulsions
homicides se sont manifestées.
M. Legrand du Saulle. Depuis six mois environ.
M. Christian. L'enfant a-t-il été sérieusement corrigé par ses pa-
rents, la première fois qu'il a parlé de tuer son frère ?
M. Legrand du Saulle. La famille a fait, sans résultat, son possible
pour le corriger de ses mauvais penchants. Quelque invraisemblable
que soit le fait, il est rigoureusement authentique ; du reste
M. Marcel Briand pourra vous donner des renseignements sur le
malade qu'il a eu et a encore je crois dans son service.
M. Briand. J'ai en effet observé ce petit malade, qui est entré
à Sainte-Anne alors que, pendant les vacances, je remplaçais
M. Magnan dans son service. Pris à l'improviste, je ne puis vous
donner que des renseignements très peu détaillés sur cet enfant
dont l'histoire est cependant assez peu ordinaire pour être facile-
ment remarquée, parmi celles des nombreux malades qui entrent
quotidiennement à l'Admission. Les renseignements complets
manquent sur ses antécédents héréditaires. Le père était un origi-
nal ; la mère ne vit, peu du reste, avec son fils que depuis environ
six mois. Avant cette époque, l'enfant était en nourrice dans une
ferme, où il avait constamment sous les yeux les plus mauvais
exemples : à trois ans et demi, il commençait déjà à se livrer à
l'onanisme et aucun des nombreux moyens mis en pratique pour le
corriger, ne le firent renoncer à cette pernicieuse habitude ; sournois
et méchant, il s'ingéniait à maltraiter de mille façons les enfants
plus jeunes que lui et prenait surtout un malin plaisir à voir saigner
les poulets et autres animaux de basse-cour. Sa nourrice en avait
fait souvent la remarque. Comme on le voit, les impulsions homi-
110 SOCIÉTÉS SAVANTES.
cides sur lesquelles M. Legrand du Saulle vient d'attirer votre
attention, ne sont pas les seules'bizarreries présentées par ce petit
être particulièrement instinctif. Je passe sur une fièvre typhoïde,
avec complications méningitiques, qu'il eut à quatre ans, et dont la
convalescence coïncida avec les débuts d'une coxalgie, pour en arriver
aux impulsions bizarres qu'il a présentées depuis que sa mère l'a
repris avec elle. D'une attitude habituellement triste et hébétée, si
cet enfant déployait quelque intelligence, c'était seulement pour faire
des méchancetés : il volait les petits ustensiles qui lui tombaient sous
la main, les clefs, les objets de toilette, etc., pour les jeter ensuite
dans les cabinets; il brisaitles jouets de son frère plus jeune que lui,
le taquinait ou le tourmentait de toutes manières. Pour faire, sui-
vant son expression, « enrager sa maman », il s'est un jour caché
dans le salon, où il barbouillait le tapis de matières fécales. Ayant
par hasard remarqué qu'à la suite d'une chute, son jeune frère
avait été pris d'un saignement de nez, il se sentit attiré par le
désir de voir encore couler du sang, et profitant de l'absence de sa
mère, il renversa violemment l'enfant du haut d'une grande chaise,
sur laquelle il l'avait préalablement monté. La face porta contre
terre et une épistaxis assez abondante se produisit, le jeune malade
se sentit poussé à aller ramasser le sang pour s'en frotter les
mains. « Je veux tuerie petit », disait-il souvent à sa mère. Celle-ci
justement effrayée se décida à prendre les mesures qui amenèrent
l'enfant à Sainte-Anne.
C'est avec la plus complète indifférence qu'il répondit à toutes les
questions posées à son arrivée. « Je veux voir couler du sang, répé-
tait-il sans cesse, il n'y a que cela qui m'amuse. » Tu ^n'aimes
donc pas ta mère pour chercher à lui faire ainsi de la peine ?
Comment voulez-vous que je l'aime, je ne m'aime pas moi-même;
je veux la tuer pour avoir ses sous; si je ne peux pas maintenant,
j'attendrai d'être plus grand. '"
Son visage s'éclaira d'une étrange façon quand je lui demandai
s'il serait heureux de voir quelqu'un l'aider dans cette circonstance.
Cette idée semblait lui ouvrir des horizons nouveaux auxquels il
n'avait pas encore pensé. Son âge peu avancé rendrait difficile
l'appréciation exacte de son degré d'intelligence ; je crois néan-
moins qu'on doit classer ce malade dans cette catégorie sinon d'im-
béciles, du moins de débiles, d'irréguliers, entrant dans le;domaine
de l'aliénation mentale par la porte de la folie inorale et présentant
non pas telle ou telle monomanie impulsive déterminée, mais toutes
sortes d'impulsions, variant avec le milieu dans lequel ils vivent et
aussi l'époque de leur existence à laquelle on les observe. Pour
caractériser enfin d'un mot l'état de cet enfant, on peut dire de
lui que c'est un M : s<M : cM ?
Je pourrais rapprocher de ce cas celui d'une petite fille de onze
ans, mais en paraissant à peine sept ou huit, et entrée vers la
SOCIETES SAVANTES 1 Il 1
même époque dans le service ; elle volait les bijoux de sa mère, lui
cachait son argent, maltraitait sa petite soeur et chercha même une
fois à l'empoisonner, en lui faisant boire de force une solution de
Barèges. Un autre jour elle tentait de se suicider en buvant de cette
même solution. Chez elle, ce sont encore les sentiments instinctifs
qui prédominent.
Ces faits ne sont pas isolés, j'en ai observé beaucoup d'autres
semblables pendant mon internat dans le service de M. Magnan.
M. le Président remercie M. Briand des intéressants renseigne-
ments qu'il vient de fournir.
M. Motet propose démettre à l'ordre du jour de la Société, l'état
mental des enfants et s'engage à développer lui-même plusieurs
observations de sa propre pratique.
De la médication par l'alcool dans certaines affections.-M. Legrand
du Saulle est préoccupé depuis trois ans du rôle que joue l'alcool
dans la thérapeutique. On en use souvent et on en abuse parfois,
notamment pour les nouvelles accouchées ; il a connu des femmes
à qui pendant dix à quinze jours on avait donné de l'eau-de-vie.
Cette hygiène ne tarde pas à les faire délirer, elles ont des hallu-
cinations terrifiantes et le médecin traitant, pensant déjà à la folie
puerpérale, fait appeler en consultation un confrère aliéniste qui
suspend l'administration de l'alcool et les accidents toxiques cessent.
Mais voici qui est plus grave : j'ai été consulté un certain nombre de
fois pour de nouvelles opérées, soumises parle chirurgien à des doses
relativement élevées d'alcool ; ces femmes mouraient dans le delr
rium trceiens. Comment pouvait-il en être autrement, on donnait
à à l'une elles jusqu'à une cuillerée de rhum de quart d'heure en
quart d'heure. C'est la méthode anglaise, répondent les chirurgiens,
quand on leur parle du rôle dangereux de l'alcool. Je ne crois pas
que le traumatisme, dont l'influence est souvent mise enjeu pour
expliquer le délire, doive être seul rendu responsable de la mort
de ces malades. 1
M. Voisin a observé des faits analogues.
M. Delasiauve reconnaît l'importance des réllexions de M. Legrand
du Saulle, il a été aussi bien des fois appelé à constater l'abus que
l'on fait de l'alcool.
M. Bouchereau. Ces faits sont très intéressants; mais ce n'est pas
exclusivement chez les nouvelles accouchées et les opérées que l'al-
cool prescrit par le médecin, ou administré intempestivement par
la garde-malade, détermine des complications dangereuses. J'ai
bien des fois reçu dans mon service à Sainte-Anne, des malades
atteints d'affections différentes, mais surtout de fièvres typhoïdes
ou de pneumonies et qui étaient en plein délire alcoolique avec
turbulence, excitation, surtout nocturne, présentant tout le cor-
tège des hallucinations terrifiantes, spéciales à l'alcoolisme aigu.
112 SOCIÉTÉS SAVANTES
Je ne parle pas des vieux buveurs chez lesquels l'affection inflamma-
toire a été la cause occasionnelle du développement du délire, je
fais allusion à des individus sobres, par habitude, et soumis dans
le cours de leur maladie à un traitement où l'alcool joue un trop
grand rôle. ,
M. Bourdin rappelle que si l'alcool administré à l'intérieur est le
plus souvent la cause des accidents, celui qu'on applique sur cer-
taines plaies peut aussi être absorbé et déterminer des troubles
intellectuels. M. B.
Séance du 13 novembre 1882. Présidence de M. Delasiauve.
M. Falret. M. Colard a déposé sur le bureau, à la dernière
séance, un mémoire intitulé : Délire des négations. Je vous demande
la permission d'en dire quelques mots. On distingue plusieurs formes
dans la mélancolie : la mélancolie avec conscience d'ls'squirol ; la
mélancolie avec stupeur dont M. Baillarger a fait une espèce parti-
culière et enfin le délire des persécutions. Cette dernière firme,
avant d'aboutir la démence, traverse, quand elle arrive à la
chronicité, une phase délirante, où prédominent des idées de
grandeurs, comme l'a si bien indiqué M. Foville. Dans le délire
des persécutions, les malades rapportent et attribuent au monde
extérieur tous les tourments dont ils se croient l'objet. Le mélanco-
lique anxieux, au contraire, recherche dans lui seul la cause de ses
souffrances : il s'avoue indigne, coupable et accepte avec résignation
le sort qu'il croit mériter par ses propres fautes. C'est là une pre-
mière distinction que M. Cotard a très nettement établie dans son
travail entre ces deux formes mélancoliques. Poursuivant plus loin
la comparaison, il démontre que le délire des négations est, à la
mélancolie anxieuse, ce que le délire des grandeurs est au délire
des persécutions.
On n'observe le délire des négations que lorsque les idées en
sont à la période de chronicité ; il se continue jusqu'à la démence.
Le délire des négations n'est donc pas, comme on pourrait le croire,
une monomanie comparable à celles, si nombreuses, dont Guislain
et certains aliénistes modernes cherchent encore à démontrer
l'existence ; c'est tout simplement une phase chronique non encore
décrite de la mélancolie anxieuse.
Le signe caractéristique de cet état est dans le titre même sous
lequel M. Cotard l'a décrit : les aliénés répondent négativement à
toutes les questions qu'on leur pose et en arrivent même jusqu'à
nier leur propre existence.
M. Cotard remercie M. Faire[ des explications si claires qu'il vient
de donner du délire des négations.
SOCIETES SAVANTES. 113
M. Bounnm lit un mémoire sur le Mensonge chez les enfants.
M. Legrand du Saulle demande l'avis de la Société au sujet d'un
individu Z..., autrefois enfermé à Sainte-Anne, et qui vient de com-
mettre sciemment une tentative de parricide. Ce jeune homme,
remarquablement intelligent mais très pervers, a fréquenté pendant
sept ans l'école primaire, a beaucoup travaillé et a pu obtenir un
certificat d'études. Depuis il a toujours lu. Plus tard, apprenti, ou
employé de commerce, il n'a pu conserver aucune place, se plaignait
de trop peu gagner et changeait à chaque instant de patron.
Sobre et menant une vie régulière, il demeurait habituellement
chez son père ; mais comme il se trouvait trop intelligent pour la
situation qui lui était faite, il prit le parti de se soustraire à ce
qu'il appelle « les angoisses des mercenaires » et sortir de la servi-
tude.
Pour résoudre ce problème il n'avait, dit-il, que deux moyens :
le travail persévérant ou le vol. Continuer à travailler dans les
mêmes conditions lui était désormais impossible, et n'est pas voleur
qui veut.
Z... réfléchit longuement aux différents vols qu'il pourra com-
mettre : coffre-fort brisé chez son patron, vol d'un changeur, vol
d'un garçon de recettes, attaque nocturne, vol d'un concierge
le jour du terme, vol d'un riche voyageur, etc..., tous ces moyens
lui passent dans l'esprit, sans que Z... s'arrête à aucun, à cause de
trop grandes difficultés dans leur exécution. Et pourtant, s'il avait
une première mise de fonds, la fortune ne tarderait pas à lui sou-
rire ! N'est-il pas, en effet, l'inventeur d'un système d'imprimerie
qui doit lui rapporter beaucoup d'argent ? Il pourrait vivre « seul,
indépendant, dans un logement à lui», car « le plus grand sup-
plice de sa vie a été d'avoir son existence rivée à celle d'une honnête
femme»..., sa mère ! Mais comment se procurer le premier argent ?
Son père et sa mère ont un petit bien qui lui reviendra un jour,
mais ils sont encores jeunes ; s'il les tuait, il en deviendrait de suite
le propriétaire. Cette idée poursuit Z... pendant plusieurs années,
et il se décide un jour à la mettre à exécution.
Il prépare d'abord la défense qu'il opposera dans le cas où il
serait pris, achète de l'acier brut, donne la première façon à un
couperet qu'il fait terminer par un taillandier ; mais pris ensuite
d'un peu d'hésitation, il demande à la boisson l'appoint nécessaire
pour commettre le crime, puis finit par donner à sa mère deux
violents coups de couperet sur la nuque. Lanière appelle au secours ;
les voisins interviennent; on arrête le criminel. Z... se laisse
emmener sans résistance, demande pardon en disant a1 sa mère :
« Je voulais te tuer et le père ensuite, pardonne-moi. »
Depuis le crime, il a pesé sa responsabilité et cherche à démon-
trer, par de nombreux écrits, que ses juges ne doivent pas être plus
impitoyables pour lui que ne le fut la victime qui demande sa grâce.
Archives, t. V. 8
1 t le SOCIÉTÉS SAVANTES.
11 mérite une punition qu'il fixe lui-même à douze années de réclu-
sion : c'est tout ce qu'il peut subir raisonnablement.
En somme, dans cette affaire, on trouve partout la perversité et
l'on rencontre bien peu la folie. Que Z... ait été malade il y a un
an, le fait reste acquis et doit même conduire à une atténuation
de responsabilité, mais fauteur d'un aussi odieux attentat est loin
d'offrir une intelligence vulgaire et nul ne sait mieux que lui dis-
cerner le juste de l'injuste. Cela est si vrai que si, par impossible,
il venait à être dirigé sur une maison d'aliénés, pas un seul chef
de service ne consentirait certainement à le garder. On ne jette
point par complaisance la livrée du délire sur les épaules de l'as-
sassin. A notre époque les grandes et subites élévations grisent
certains hommes, et leur inspirent d'immenses ambitions d'argent,
d'honneurs et de célébrité. Z... qui, avec un peu d'argent, se sen-
tait « capable d'atteindre tous les sommets», avait rêvé le succès,
une existence matérielle heureuse, luxueuse, la réforme de la
société, la liberté sans limites, la suppression de tous les jougs,
l'abolition de tous les privilèges et l'affranchissement de tous
les liens : il n'a réussi qu'involontairement à ne pas tuer sa
mère.
Tel est, en raccourci le fait clinique et médico-légal qui me
préoccupe en ce moment. Je serais heureux qu'il pût m'attirer
quelques conseils.
M. Magnan. D'après les détails de cette observation, il paraît évi-
dent que la guérison n'a jamais été bien complète : Z... semble
être resté le même qu'il était avant le premier accès qui a motivé
sa séquestration ; il me paraît appartenir à cette catégorie si nom-
breuse d'êtres mal équilibrés, n'obéissant qu'à leurs instincts.
M. Motet. Quels sont les antécédents héréditaires ?
M. Legrand du SAULLE. Il y a des tares dans la famille, mais je
vous avouerai qu'il est très difficile d'aborder cette question en cour
d'assises, car l'expert se trouve souvent en présence de jurés ou de
magistrats, qui sont eux-mêmes fils d'aliénés et ne veulent jamais
admettre l'influence de l'hérédité.
M. Magnan. On doit tout au moins, en employant beaucoup de
ménagements, parler aux juges des manifestations maladives
remontant à l'enfance, dont l'influence peut se faire sentir plus tard
dans la vie, manifestations maladives par lesquelles l'individu s'an-
nonce déjà comme un incorrect, etc.. C'est souvent par la réunion
de phénomènes, en apparence accessoires, qu'on parvient à cons-
tituer devant le juré une histoire clinique où tout s'enchaîne. Dans
ces conditions le jury comprend fort bien. Vous trouverez peut-être
dans les antécédents propres de Z..., une série de bizarreries peu
importantes au premier abord, qui venant se grouper autour du
fait principal, la tentative de parricide, vous éclaireront sur la res-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 115 J
ponsabilitédu sujet, beaucoup mieux que l'interprétation du crime
donnée par l'individu lui-même.
M. Christian ne croit pas, tout en admettant la déviation intel-
lectuelle, qu'on puisse, dans ce cas, conclure à l'irresponsabilité.
M. Legrand du Saulle. Je me suis, en effet, prononcé pour la
responsabilité, mais pour une responsabilité atténuée. L'examen
de cette affaire m'a' causé de grandes perplexités, à cause des
difficultés d'appréciation qu'elle présentait.
M. Christian. Savez-vous si, dans l'accès de folie traversé par le
malade, celui-ci avait eu des impulsions ou avait commis des actes,
en quelques points comparables à son crime ?
1f. I,EGIl.1\D du Saulle. La longue préméditation qui a précédé le
crime exclut l'idée d'impulsions.
M. Magnan. S'il n'y a pas eu d'impulsions dans le sens le plus
ordinaire du mot, il y a eu des obsessions qui ont bien aussi leur
valeur clinique.
M. Falret. Au point de vue scientifique, nous ne pouvons discuter
que le cas particulier de Z..., et non pas une thèse générale ; aussi
faudrait-il avoir le malade sous les yeux pour donner un avis
motivé ; cependant on doit se souvenir que, quelque intelligent que
soit un criminel, s'il y a dans son esprit un certain nombre de
lacunes, il est irresponsable.
M. Motet. M. Falret est allé au-devant de ma pensée et l'a for-
mulée en partie, quant à la conviction à laquelle est arrivée
M. Legrand du Saulle, elle est tout à la fois humaine et scienti-
fique : Il nous a fait part de ses scrupules au sujet de la mise en
valeur des antécédents héréditaires. Je crois qu'il n'a pas à s'in-
quiéter s'il y a des fils d'aliénés dans le jury : au surplus, au cours
du jugement, la question de cette hérédité lui sera certainement
posée et dès lors il pourra répondre en toute liberté. Maintenant
j'admets que celte question soit tranchée, que ses antécédents mor-
bides soient reconnus, cela changera-t-il beaucoup les termes du
procès ? Si M. Legrand du Saulle a conclu, ainsi qu'il l'a fait, c'est
qu'il avait des motifs suffisants. Pour moi, je vous l'avoue, que je
ne suis pas porté à faire entrer le crime accompli dans le but de
se procurer de l'argent, parmi ceux qui puissent reconnaître un
mobile pathologique. Dans cet ordre de faits, je rappellerai une
affaire analogue, relativement récente, où j'eus la grave mission de
me prononcer sur la responsabilité légale ; c'est celle du jeune
Lemairc, être assez singulier et bizarre, qui fut condamné.
Marcel Briand.
116 SOCIÉTÉS SAVANTES.
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE AMÉRICAINE
Séance du 21 juin 1882.
La Société de Neurologie américaine a tenu sa huitième session
annuelle i\1ew-l'orlc les 21, 22 et 23 juin 1882 ; le lieu de réunion
était la salle des séances de l'Académie de médecine.
Le mercredi 21 juin, le Congrès s'est ouvert par un discours du
Président provisoire le Dl liainmoild, de New-York. Après avoir féli-
cité les membres de la Société du succès croissant de leur Associa-
tion et des progrès accomplis en Neurologie, il les engage a
persévérer et recommande dans ce but la fondation de sociétés
locales affiliées à la grande Association et qui en deviendront le
noyau. Le bureau définitif est ensuite constitué ; sont nommés :
Président, M. Edes ; T%ice-présiclezt, 111. MonroN ; Secrétaire-trésorier,
M. Seguin ; Membres du conseil, MAI. MiLEs et SiiAw. Le bureau est
chargé de désigner la ville où se tiendra la prochaine session.
Le comité du prix Hammond (500 livres sterlings) avait proposé
pour sujet : Fonctions de la couche optique chez l'homme. Un seul
mémoire a concouru ; le prix n'est pas décerné et le sujet est main-
tenu pour l'année prochaine.
Le Dr Amidon lit un mémoire sur les Variations du tracémijogra-
p/HMedttMsft dégénérescence des nerfs. Après avoir décrit l'ap-
pareil dont il s'est servi (c'est l'appareil de llarey simplifié), il
appelle l'attention sur trois points : 1° l'accélération à la suite des
contractions musculaires; 2° leur amplitude; 3° l'accélération à la
suite des excitations. Les tracés sont identiques chez l'homme et
chez la grenouille, dans l'état de santé et dans l'état de maladie ;
mais quand le muscle est atteint de lésions trophiques, on observe
de notables changements.
Le Dr Bard fait une communication sous ce titre : Des symp-
tômes de l'état de santé intellectuelle el de son diagnostic avec la folie.
Il recherche les signes auxquels on peut reconnaître non un fou,
mais un homme sain d'esprit ; car pour étudier les modifications
de fonction d'un organe, il faut d'abord en connaître l'état normal,
11 en énumère quatre : 1° l'instinct de la conservation ; 2" la faculté
de s'accommoder au milieu dans lequel on vit; 3° des habitudes
conformes à 1'tt"e et à la position; 40 la conscience des actes. L'au-
teur termine par des considérations tendant à prouver que l'homme
de génie et le fou doivent être classés dans la même catégorie, car
tous deux sortent de l'état intellectuel ordinaire.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 117
Contribution à l'étude de la myélite centrale, par M. PUTNAM. Le
sujet de l'observation était une femme de vingt-deux ans entrée à
l'hôpital général du Massaehusets dans le service du D, Shaw. A
l'autopsie, on trouva sous la plèvre des foyers hémorrhagiques nom-
hreux; les plaques de Peyer étaient épaissies et la muqueuse du
rectum présentait une large ulcération (la malade avait eu dans les
derniers jours des symptômes de dysenterie) ; les méninges rachi-
diennes étaient intactes, mais la moelle présentait plusieurs foyers
de ramollissement. L'examen microscopique montra que la lésion
occupait le centre de la corne antérieure dans toute sa hauteur;
mais qu'en plusieurs points l'inflammation avait dépassé la corne
et s'était propagée aux parties voisines.
Séance du soir.- Elle débute par une communication du Dr Il.m-
MOND sur YAtaxie locomotrice héréditaire. L'auteur cherche d'abord
à démontrer que toutes les observations publiées sur ce point d'é-
tiologie par Friedrcicb et Carre, ne doivent pas être rapportées à
l'ataxie locomotrice. 11 donne ensuite le résumé de vingt-deux cas
recueillis par lui ; presque toujours les symptômes étaient iden-
tiques : Affaiblissement graduel des membres inférieurs, absence
de douleur, pupilles égales et contractiles ; mais les traits caracté-
ristiques de l'ataxie faisaient défaut. M. Hammond serait porté à
faire de cette forme une maladie à part et la localiserait, soit dans
le cervelet, soit dans la moelle allongée.
La discussion s'engage : M. Seguin a vu quelques cas analogues
et serait disposé aies ranger dans la sclérose en plaques ; maison
n'a jamais noté le tremblement. Cependant ce symptôme ne serait
peut-être pas absolument constant dans la sclérose en plaques.
Ainsi le Dl Weber dit avoir observé un exemple très net de cette
affection, où le diagnostic fut confirmé par l'autopsie et dans lequel
le tremblement avait manqué. Comme de plus les symptômes de la
sclérose en plaques sont forcément très variables à cause de la dis-
sémination des lésions, l'opinion du Dr Seguin parait fort plausible.
Le Dr 13.wosvrn (de Chicago) lit ensuite une note sur la manie
produite par le bromure de jiotassium; c'est un appendice à son
mémoire de l'année dernière sur le même sujet ; il décrit les acci-
dents observés à la suite de l'administration du bromure, et insiste
sur le développement de la manie aiguë ; il termine en discutant
les effets* attribués par Stark à la suppression des accès d'épi-
lepsie.
Étude clinique sur la myélite arsenicale, par AI. Seguin. Ce tra-
vail est basé sur trois observations où les malades ayant pris du
vert de Paris, on vit se manifester des symptômes de myélite avec
de l'anestliésie ; les trois cas étaient subaigus et furent guéris par
l'électricité et le massage.
Dans la discussion qui s'engage sur cette communication, M. Edes
118 SOCIÉTÉS SAVANTES.
émet l'opinion que l'empoisonnement était peut-être produit par
le cuivre, et il cite à l'appui une observation d'empoisonnement
par le sulfate de cuivre ammoniacal, où les symptômes étaient
exactement semblables à ceux rapportés plus haut. En somme, la
question n'est pas élucidée.
Jeudi 22 juin. Séance de jour.
De la paralysie saturnine, par le D1' Weber (de Boston). On sait
combien la pathogénie de cette affection est discutée ; l'auteur,
examinant les diverses théories émises successivement, repousse
l'hypothèse d'une lésion médullaire et s'arrête à l'idée d'une névrite
primitive, mais pouvant amener consécutivement des lésions
centrales. Le pronostic doit être regardé comme favorable dans
les cas récents ; à l'appui de cette opinion le Dr Weber cite sept
observations dont une surtout semble intéressante, carie début
ressemblait à celui d'une myélite et ce fut même sous ce diagnostic
que le malade fut admis à. l'hôpital. L'examen de l'urine a toujours
révélé la présence du plomb ; le liséré des gencives était cependant
peu apparent.
M. Putnam a vu un cas où la paralysie saturnine simulait la
myélite ; la guérison fut obtenue par l'emploi de l'iodure de potas-
sium. M. Seguin a observé le même fait et il croit que souvent le
diagnostic est impossible entre la paralysie saturnine et l'inflam-
mation des cornes grises; mais contrairement au Dr Weber, il loca-
lise la lésion de la paralysie saturnine dans la moelle. M. Edes était
autrefois partisan de cette localisation, mais il serait porté à croire
maintenant l'affection produite par le contact direct du métal sur
la fibre nerveuse. 11 est bien connu aujourd'hui, ajoute-t-il, que.
le plomb n'apparaît dans les urines que lorsque le malade prend
de l'iodure de potassium.
Mémoire sur les tumeurs cérébrales, par M. Mills. Ce travail
contient douze observations et étudie surtout la question du dia-
gnostic. La céphalalgie n'a jamais manqué, elle était continuelle,
souvent très intense, mais avec des exacerbations. La percussion du
crâne, faite dans trois cas, a augmenté la douleur au niveau de
la tumeur ; l'auteur croit ce moyen excellent pour la localisation.
Les vomissements ont manqué huit fois sur douze ; ils man-
quaient quand la tumeur occupait la région frontale. Dix fois on a
observé le vertige et les tournements de tête, au moment du pas-
sage de la position horizontale à la position verticale. Les troubles
intellectuels étaient constants, mais d'une intensité variable. L'a-
nesthésie a été trouvée sept fois ; l'oedème de la papille, cinq fois;
la névrite descendante, trois fois ; la température du crâne, prise
dans cinq cas, était toujours élevée.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 119
L'auteur conclut : 1° que le diagnostic des tumeurs inlra-crâ-
niennes est plus facile que celui des autres affections cérébrales et
qu'il doit être fait en se basant sur les symptômes énumérés plus
haut ; 2" que la localisation, toujours possible par l'étude attentive
des symptômes, est surtout facile quand la tumeur occupe les par-
ties corticales ; 3° que le diagnostic des tumeurs du lobe frontal ne
peut se faire que par exclusion, tandis que celles du lobe occipito-
pariétal peuvent être soupçonnées par les troubles de la sensibilité ;
4° que les tumeurs volumineuses de la protubérance peuvent être
reconnues ; enfin que le diagnostic des tumeurs du cervelet est
ordinairement facile.
La discussion s'engage : M. Putnam attribue l'oedème de la
papille observé à la première période, à une inflammation du nerf
optique. M. Rockwell rapporte une observation où, pendant la vie,
tous les symptômes des tumeurs cérébrales s'étaient montrés, mais
où l'autopsie ne vint révéler aucune lésion de cette nature. M. Seguin
ne nie pas l'importance de la céphalalgie pour le diagnostic, mais
il croit qu'elle manque souvent ; quant à l'oedème de la papille, il
ne l'a trouvé qu'une fois sur huit ou neuf, mais il existe toujours
quand la néoplasie occupe la base du cerveau ou le cervelet ; du
reste, l'absence de ce symptôme ne suffit pas pour éloigner le dia-
gnostic de tumeur cérébrale. Il signale chez les sujets atteints de
cette maladie une'susceptihilité au chloral parfois très grande et
qui force à abandonner ce médicament et à employer la morphine
pour combattre la douleur.
Chorée I)ost-1)(iî,alytiqztc, par le De Rockwell. La guérison a été
obtenue par des pulvérisations d'éther sur la région rachidienne,
par l'usage interne d'extrait de ciguë et par les électrisations. Les
pulvérisations d'éther ne paraissent pas avoir produit un grand
résultat ; la ciguë a agi plus efficacement, quoique son utilité soit
encore contestable; la faradisation semble le plus puissant des
agents thérapeutiques employés dans cette maladie.
Une discussion s'engage : M. Morton croit à la curabilité de la
chorée après un traitement approprié ; il a obtenu de bons résul-
tats par l'emploi de douches froides sur le rachis. M. Edes pense
que la ciguë, pour produire des effets, doit être donnée à doses
massives ; il a obtenu de meilleurs résultats par l'arsenic.
Un cas d'athétose améliorée par l'èlongation des nerfs, par le
Dr Hammond. Quoiqu'on s'accorde en général à considérer l'athé-
tose comme incurable, on a essayé récemment de la traiter par
l'élongation des nerfs. La première tentative a été faite parllorton,
puis est venue celle de Hammond dont le malade est le sujet de
l'observation publiée antérieurement dans le Traité des mala-
rlies du système nerveux. Le 27 mai 1882, assisté par le Dr Osborne,
M. IIammond pratiqua l'élongation du médian, mais en n'exerçant
que des tractions légères. Le résultat a été assez satisfaisant ; le
J20 SOCIÉTÉS SAVANTES.
malade peut maintenant ouvrir et fermer sa main, ôter son habit,
écrire son nom et son adresse, choses qui lui étaient devenues com-
plètement impossibles depuis vingt-trois ans. La jambe est encore
agitée de secousses pendant la nuit, mais la main et le bras ne le
sont plus ; et le patient n'a eu que deux attaques d'épilepsie depuis
l'opération. M. Hammond pense que la maladie était produite par
une lésion du corps strié ; dans cette hypothèse, le succès de l'opé-
ration sérail dû à ce que le médian aurait été rendu impropre à
transmettre les impressions.
Vendredi 23 juin. Séance de. jour.
M. D wa est nommé membre titulaire ; AU"LiSte Ollivier, de
Paris, et Mierzejewski, membres correspondants.
Observation de myélite des cornes grises (paralysie spinale), par
M. GinEY.Après avoir fait l'historique du malade, l'auteur décrit
les lésions trouvées i l'autopsie. Des coupes furent pratiquées au
niveau du renflement brachial et à la région lombaire ; dans le
premier point, la corne antérieure gauche était notablement atro-
phiée et'ne contenait plus qu'une ou deux cellules en bon état ;
mais à droite les groupes de cellules étaient sains. A la région lom-
baire, les cornes antérieures des deux côtés étaient atrophiées ; les
mêmes altérations existaient à la région cervicale, mais limitées
aux cordons de 1·ürcl : .
Dans un second mémoire, M. Gibney cite deux cas de com-
pression de la moelle par l'apophyse odonloîdc ; le premier a déjà
été présenté la Société de chirurgie de New-York, par le Dr Yole
(Médical Record, t. XVIII, p. Dans le second, la compression
avait duré quatre mois ; à l'autopsie, les lésions intéressaient sur-
tout la partie des cordons latéraux qui aoisine les cornes posté-
rieures de la moelle, mais atteignaient aussi la région des fibres
pyramidales. Au-dessus du point de compression, les lésions étaient
peu marquées.
M. Morton mentionne à ce sujet un cas semblable observé par
Dariing à l'amphithéâtre du Médical Collège; il y avait eu fracture
de l'odontoïde ; le patient avait survécu pendant quelque temps,
car il existait un commencement de consolidation.
De la maladie des Scythes, ou morbus feminarum, par M. IIAU-
Moxu. Cette affection a été signalée par Hérodote et par Hippo-
crate : 11 est fréquent, dit le père de la médecine, de rencontrer
parmi les Scythes des personnes dont l'aspect extérieur, le timbre
de la voix, les moeurs, les habitudes rappellent complètement la
femme; on faisait de cette maladie une vengeance des dieux, mais
il est bien plus porté a lui reconnaître une origine humaine et il
l'attribue à l'usage immodéré de l'équitation qui trouble la circula-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 131
tion dans les veines auriculaires et par suite dans les organes
sexuels avec lesquels ces veines étaient alors supposées en con-
nexion intime.
De l'étude à laquelle le D1' Hammond s'est livré, il résulte qu'il
n'était pas rare de rencontrer chez les anciens Scythes et chez les
Tartares actuels, des malades atteints d'impuissance et finissant par
acquérir et le timbre de voix et les habitudes des femmes. Il s'est
d'autant plus occupé de cette question qu'il a eu l'occasion de voir
deux cas de ce genre ; le premier, observé au Mexique il y a une
trentaine d'années, était un homme véritablement changé en
femme ; les mamelles avaient pris un développement extraordi-
naire et il avait, parait-il, servi de nourrice à plusieurs enfants.
Le mont de Vénus était presque imberbe ; le jpénis était atrophié
au point que le gland offrait à peine le volume d'un dé à coudre ;
le scrotum, long et pendant, contenait deux testicules à peine gros
comme une noisette. L'individu était alors dans sa trente-cinquième
année ; il avait été élevé dans une institution de femmes, et toutes
ses habitudes étaient celles du sexe féminin. Le second sujet res-
semblait à celui-ci; mais le développement des glandes mammaires
n'était pas aussi considérable.
Après de longues recherches sur ce point, l'auteur en est arrivé
a croire que les anomalies de ce genre sont produites par l'équita-
tion prolongée et la masturbation ; au bout d'un certain temps, la
puissance génitale s'affaiblit, l'homme prend les goûts et les habi-
tudes du sexe opposé et la transformation s'accomplit.
Hémorrhagie de la protubérance. Mort onze mois après l'attaque,
par M. Miles. La malade, âgée de quarante ans, fut paralysée
subitement en juin 188 ! ; perle de connaissance, hémiplégie, pan-
nus dans l'oeil gauche, surdité absolue de l'oreille du même côté. Le
moteur oculaire externe échappa à la lésion, mais l'ophtlialmique
fut paralysé et la perte de l'oeil arriva très rapidement; dans les
derniers jours survint une hémiplégie droite, difficile à expliquer,
car 1'liémorrhagie était trop loin du faisceau pyramidal pour en
rendre compte.
Élongation de la moelle épiizièî,e, par M. DANA. - Ce travail sera
analysé ultérieurement. -
Sécczcc dzc soi·. -111. Morton lit un travail sur les améliorations
apportées dans l'emploi de l'électricité statique. 11 résume d'abord
les progrès apportés dans la construction des instruments ; puis il
énumère les affections où il a eu à se louer de cette méthode cura-
tive ; il en recommande l'emploi quand le galvanisme a échoué ou
a cessé d'agir, et il recommande de traiter par ce moyen l'anesthésie
quelle que soit son origine, la névrite, l'atrophie musculaire pro-
gressive, l'angine de poitrine, la maladie de Bell, la paralysie
diphthérique, etc. 11 a échoué dans la chorée ; et dans l'ataxie, il a pu
122 SOCIÉTÉS SAVANTES.
combattre efficacement quelques symptômes, mais il n'a pas
obtenu d'amélioration sérieuse.
M. Amidon, qui prend la parole à ce sujet, refuse à l'électricité
statique toute supériorité sur le galvanisme ; tout au plus son
emploi pourrait-il agir sur l'imagination du malade. M. Hammond
.cite cependant quelques cas d'atrophie où l'on 'pouvait obtenir des
contractions avec l'électricité statique quand toute autre excitation
était infructueuse.
M. Birdsall lit au nom du Dr Bachelder une note sur la maladie
du sommeil chez les Africains, avec des recherches bibliographiques
sur ce sujet. Cette affection, particulière aux nègres d'Afrique, est
caractérisée par une tendance invincible au sommeil, pouvant
durer jusqu'à deux mois et amenant souvent une terminaison fu-
neste ; l'appétit n'est jamais troublé. D'après Guérin qui en a vu
cent-vingt-cinq cas et fait trente-deux autopsies, elle reconnaîtrait
des causes variées, mais très souvent une congestion passive de
l'encéphale et de ses enveloppes. Clarl; appelle l'attention sur l'en-
rorgement des ganglions cervicaux profonds, et il parait que les
médecins du pays, en enlevant ces glandes, peuvent guérir la ma-
ladie. Pour le Dr Baclielder, la cause serait une lésion idiopathique
de la muqueuse nasale.
M. Seguin dit avoir vu un cas de ce genre chez un nègre de New-
York ; sans cause apparente et sans affection concomitante, le
patient éprouvait un besoin de dormir invincible. Mais il ignore
quelle a été la terminaison.
Observation de cancer vertébral avec paraplégie, par M. Seguin
La malade avait eu un cancer du sein dont elle avait été opérée
deux fois. Quelque temps après, elle fut atteinte d'une paraplégie
excessivement douloureuse, en même temps qu'apparaissait une
tumeur à la partie inférieure de la région lombaire. A l'autopsie,
on trouva dans le canal vertébral, entre la huitième et la neuvième
vertèbre dorsale, une tumeur assez volumineuse et qui comprimait
la moelle. Les corps des vertèbres étaient envahis par des masses
cancéreuses, principalement au niveau de la onzième dorsale et de
la région lombaire. La séance est levée et le Congrès ajourné
en juin 1883. Dauce.
XV= CONGRÈS DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DES MÉDECINS
ALIÉNISTES DE LA BASSE-SAXE ET DE WESTPHALIE.
Séance du mai 1881.
La séance est ouverte à quatre heures de l'après-midi.
L'assemblée choisit pour président le D SNELL et comme secré-
taire le Dr TAPINE\.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 123
Quelques paroles sont consacrées par le président à la mémoire
duU'Brandes. Obermedieinalrath, un des plus ardents collabora-
teurs de la Société, mort le la décembre dernier à Hanovre. C'é-
tait un homme d'une instruction étendue et du plus noble carac-
tère qui avait fait de la psychiatrie ses plus chères études. Outre
les nombreuses observations qui, recueillies par lui tant dans son
service hospitalier que dans l'exercice de ses fonctions comme Stadt-
Physicus, constituent autant de modèles d'érudition scientifique et
de précision judicieuse, le D Brandes a laissé un ouvrage, paru en
1865, intitulé : « Les colonies d'aliénés dans leurs rapports avec une
organisation semblable pour les indigents et les orphelins. »
Le Dr Snell prend la parole sur la question du surnaenuge intellee-
iiiel des élèves dans les hauts établissements d'instruction. S'appuyant
sur trois observations d'aliénation mentale développée chez de
jeunes sujets au cours de leurs études, l'orateur fait remarquer l'in-
iluence extrêmement nocive sur la santé mentale des travaux que
les élèves emportent à faire chez eux. Une première communication
du Dr Snell à l'une des séances générales de la Réunion des natura-
listes et médecins à Wiesbaden (f873) ', une brochure de liasse2 et
enfin le travail récent du directeur scolaire Petermann concluent
L la nécessité urgente de 'réformer les méthodes d'enseignement.
Surcharger l'élève de devoirs à faire chez lui à une époque de la
vie, où le corps et l'intelligence ont pour leur développement le plus
grand besoin de ménagement, c'estlui imposer un double effort; aussi
la plupart du temps n'y peut-il suffire. A ce propos M. Petermann
montre la proportion des jeunes gens qui échouent pendant leur
période de scolarité. Ceux qui n'échouent point ressortissent à deux
catégories. Les uns savent par un système finement combiné, en
trompant leurs professeurs, se préserver de l'excès de travail ; les
autres, élèves consciencieux, sont écrasés par le poids de la tâche.
D'où la surexcitation neuro-cérébrale entraînant les perversions
sexuelles, les excentricités et les excès. Toute autre est l'influence d'un
enseignement simple, clair, pondéré, reposant sur de sains prin-
cipes de psychologie ; il moralise et éduque la jeunesse. Les fonde-
ments doivent en être .attribués uniquement aux heures de classe
sans prolonger l'activité de l'élève en dehors de l'école. Il faut en-
fin s'occuper des intérêts physiques des corps en formation et leur
réserver un moment dans la période de l'éducation. M. Snell se ral-
lie entièrement aux idées exprimées par M. Petermann ; médecins
1 Aperçus scientifiques et médicaux diriges contre l'enseignement de
notre temps.
1 Le surmenage de notre jeunesse dans les hauts établissements d'izzs-
truclion.
1 Les dommages causés par notre éducation scolaire actuelle; 'o/i<M ! -
tiojis pour y renzédier. Brunswick, chez Friedrich Viëweget fils, 1880.
124 SOCIÉTÉS SAVANTES.
et professeurs poursuivant le même but doivent s'entendre sur le
choix des moyens capables d'assurer le renforcement véritable des
facultés mentales : or il s'agit moins d'obtenir des résultats de cul-
turc instantanés que de semer dans l'intelligence de l'élève un
germe susceptible d'épanouissement fécond. Puissent ces efforts de
réforme qui s'accentuent de plus en plus parmi les cercles médi-
- eaux, dissipant tout malentendu, trouver un écho à l'unisson de
l'importance du sujet dans les réunions de professeurs. Une vive
discussion s'engage sur ce thème.
Le Dr Wahrendorff fait remonter aux professeurs la responsabi-
lité de ce surmenage; ceux-ci poussant leurs élèves aussi loin que
possible dans les connaissances qu'ils leur inculquent et les dé-
taillant à l'excès. C'est au directeur de l'école qu'il appartient d'in-
tervenir.
Le Dr Buugiiard a observé des psychoses du même chef chez deux
élèves entachés primordialement d'hérédité. Quant au nervosisme
et à la dépression mentale qui succèdent à l'exagération de travail
intellectuel ; il les a vus souvent chez les garçons et chez les filles et
particulièrement chez celles qui préparaient leur examen d'institu-
trice.
Le Dr HU.NDÔGGER craint de rabaisser le niveau des études en di-
minuant le travail. Pour lui les inconvénients proviennent des
élèves qui, dans les grandes villes par exemple, hantant les cabarets
pendant le jour, sont obligés de consacrer une partie de la nuit à
la rédaction de leurs lâches.
Le Dr LORFNT rappelle que cette question du surmenage intellec-
tuel appartient à tous les pays cultivés de l'Europe; la constatation
de troubles nerveux à l'époque des examens est générale en Suède,
en France, en Angleterre. Tel était du moins l'accord des médecins
sur ce point au congrès international de Bruxelles. La décision qui
sembla alors convenable à plusieurs d'entre eux fut de faire précé-
der le passage des élèves dans les classes élevées par un examen
gradué, à l'aide duquel on arrivât à déterminer les intelligences
susceptibles d'une haute culture scientifique. L'élimination des su-
jets mal doués, qui devrait être complétée pour le Dr Burghard de
celle des élèves présentant une prédisposition pathologique, pré-
serverait peut-être des accidents en question.
Le Dr Burghard rejette les tensions d'esprit prématurées, recom-
mandant en revanche de fortifier le corps par des exercices récréa-
tifs sous la conduite et la surveillance des maîtres.
La discussion étant close sur ce point, le Dl Wahrendorff pré-
sente à l'assemblée une sonde oesophagienne construite sur le modèle
du cathéter de Nétaton. Sa mollesse, sa flexibilité en permettent
l'introduction par le nez avec facilité. Incomparablement plus so-
lide que fous les instruments de cette sorte usités jusqu'ici, elle est
, SOCIÉTÉS SAVANTES. 125
plus aisée à introduire; son élasticité la préserve de toute lésion
sur les muqueuses. Elle sert et à l'alimentation forcée et au la-
vage de l'estomac. À ce dernier effet on adapte à son embouchure
un tube de verre tenant lui-même à un long tuyau de caoutchouc ;
au moyen d'un entonnoir de verre introduit dans cette canule, on
remplit ou désemplit l'estomac par le procédé du siphon. Les attes-
tations orales des Dr Dittmar et Hundôgger confirment l'excellence
de l'instrument. A ce sujet le Dr Dittmar communique à la So-
ciété un moyen simple de se convaincre que la sonde a pénétré
dans l'estomac; appliquant l'oreille sur la région épigastrique
il fait souffler dans le pavillon de l'instrument et perçoit ou non le
bruit produit par l'onde aérienne dans la poche. Le D Hundügger
rappelle en même temps que dans les cas où il s'agit d'évacuer
promptement de l'estomac des substances toxiques, il suffit d'in-
gérer une grande quantité d'eau chaude et aussitôt après une
petite portion d'eau froide. La contraction de l'estomac qui en
résulte est tellement irrésistible que l'organe se vide complète-
ment.
. Le Dr Waurendorif termine la séance par une communication
sur les soins de famille que reçoivent actuellement les aliénés ci Ilten.
11 s'agit d'une annexe complétant les établissements déjà installés
par l'auteur. L'organisation du traitement des aliénés dans les fa-
milles constitue la mise à exécution du projet communiqué par lui
à la Société il y deux ans. Ce genre de traitement regarderait ceux
des malades pour lesquels la privation de la liberté, désormais inu-
tile, offrirait des inconvénients. Malheureusement l'existence dans
leur propre famille est loin de répondre aux desiderata que l'alié-
niste doit encore souhaiter pour compléter leur guérison ou affer-
mir leur amélioration relative ; à fortiori se gardc-t-on d'accorder
l'exeat quand il s'agit des formes de dépression chronique, de folie
systématique à tendances paisibles ou des déments, parce que bien
que la mise en liberté soit indiquée, les bénéfices de la vie sociale
dépendent beaucoup de l'unité de direction, et du traitement mo-
ral invariable. Mais leur dispenser la liberté et la vie de famille à
deux pas de l'asile en leur prodiguant les avantages cherchés, c'est
leur continuer à leur insu, les bienfaits du contrôle psychiatrique
et du traitement. Tel est ce plan qui diffère absolument de celui
de la colonie de (jhee ! puisqu'il consiste essentiellement dans l'ex-
tension de la surveillance de l'établissement et dans le choix par
l'aliéniste des malades qu'il compte soumettre au traitement dans
la famille. Aussi l'exclusion de ce mode de traitement est formelle
pour les psychoses récentes, pour les cas d'idiotie et de démence
profonde, pour ceux d'infirmité somatique grave, pour les paraly-
sés généraux, ainsi que, d'une façon générale, pour tous les aliénés
qui exigent des soins continuels, ou font redouter des dangers pour
eux, ou leur entourage. LeDrN'ahrendorff fit en sorte qu'engagées par
126 SOCIÉTÉS SAVANTES.
la publicité de ses premières conférences un certain nombre d'excel-
lentes familles s'offrissent spontanément pour tenter l'expérience
de l'idée à l'aide, de un ou deux malades installés dans chacune
d'elles. De cette façon, le choix de la famille étant aisé, il fut fa-
cile d'obtenir pour les aliénés confiés à ses soins les conditions
voulues et de styler, pour ainsi parler, chaque chef de famille. Jus-
qu'à ce jour il existe à Ilten sept familles qui s'occupent de douze
malades, dix hommes et deux femmes; la répartition ne comporte
pas plus de trois aliénés dans une même famille. Quatre malades
vont être au premier jour transférés dans deux nouvelles fa-
milles. La sphère sociale à laquelle ces familles ressortissent est
celle des paysans ou des artisans; la participation de classes plus
élevées serait d'ailleurs également acquise aux termes des proposi-
tions que M. Wahrendorff entre les mains et qui porteront gra-
duellement à trente ou quarante le nombre des familles recevant
des aliénés. Un règlement dont M. Wahrendorff donne une lecture
abrégée prévoit les relations administratives, économiques et mé-
dicales du directeur de l'asile avec les chefs de familles et les obli-
gations de ceux-ci à l'égard des aliénés mis en pension chez eux.
Nous y relevons le paiement d'une somme annuelle de 270 marks
(337 fr. 50), que s'engage à leur verser le directeur par mois', tri-
mestres, ou semestres, ad /<6<<Mm. Le traitement médical relève,
y compris la fourniture des médicaments, du directeur, qu'il y
procède lui-même ou par l'intermédiaire de ses médecins adjoints.
De même il incombe au directeur de faire administrer un bain au
moins une fois par mois, à l'asile même, à chaque malade. Les
curateurs sont soumis à un contrôle continu de la part du direc-
teur ; les malades leur sont immédiatement retirés, quand ils ne
remplissent pas fidèlement les conventions; tandis que d'autre part
le directeur s'engage sur leur souhait, à les débarrasser sans délai
de leur pensionnaire à quelque époque que ce soit. Le retour à
l'asile est de rigueur quand l'aliéné ne s'accommode pas des soins
de la famille. Une famille ne peut entreprendre la cure de plus
de deux malades, et encore ceux-ci ne doivent-ils pas appartenir à
des sexes différents. Les compétences accordées aux Landes-
Directorium dans le traité du 9 mai 1878, relatives à la surveil-
lance de l'asile privé, ont également cours à propos des soins dans
les familles. S'étendent particulièrement aux familles les inspec-
tions trimestrielles que doit pratiquer le directeur de l'asile d'Hil-
desheim. Toute modification à intervenir dans les présentes
conditions demeure réservée, à toute heure, au Landes-Direc-
torium.
La discussion qui a eu lieu dans une séance antérieure sur ce su-
jet dispense l'assemblée de tout nouveau commentaire. En consé-
quence la séance est levée.
La prochaine réunion des membres de la Société aura lieu le
BIBLIOGRAPHIE. 127
le, mai 1882, à Hanovre, au Kasten's Hôtel, à quatre heures de
l'après-midi. (Allg Zeitssch. f Psych. u. psych. gerichtl. illeoic.
XXXVIII; M et 3.) p, g,
BIBLIOGRAPHIE
Du traitement de l'épilepsie (hydrothérapie, arsenicaux, magnétisme
minéral, sels de pilocarpine) ; par le Dl Paul Bricon. (Thèse de
Paris, 1882).
Ce travail est le fruit d'un an de laborieuses recherches faites à Bi-
cêtre dans le service et sous la direction de M. Bourneville. Il contient
un grand nombre d'observations, la plupart inédites et très com-
plètes ; à chaque observation est annexé un tableau dans lequel est
relevé, mois par mois, le nombre des accès et des vertiges, pendant la
durée du traitement, et la période correspondante des années précé«
dentés. Le nombre des vertiges n'étant pas relevé avant l'arrivée de
M. Bourneville dans le service, les résultats comparatifs ne portent
dans la plupart des cas, que sur le chiffre des accès. Nous nous
bornerons à signaler ici les résultats qu'a obtenus M. Bricon avec
chacun des agents qu'il a expérimentés. Ces agents sont au nombre
de quatre, d'où la division naturelle de l'ouvrage en quatre parties.
La première est consacrée à l'hydrothérapie. Après avoir donné
des renseignements intéressants sur l'installation et les procédés
hydrothérapiques du service de M. Bourneville, M. Bricon rapporte
54 observations d'épileptiques, enfants ou adultes, parmi eux 45
étaient atteints d'épilepsie idiopathique ou apoplectiforme : 27 ont
été améliorés, les uns notablement (40), les autres légèrement.
Dix-sept de ces malades améliorés n'avaient pas d'autre traitement,
les autres (10) suivaient un traitement mixte. Il y a eu 18 insuccès.
Neuf autres malades étaient atteints d'épilepsie hémiplégique, cinq
ont été améliorés, chez un malade le résultat a été douteux, chez
les trois autres la marche de la maladie n'a pas été modifiée.
La deuxième partie traite de l'emploi de arsenicaux et particu-
lièrement du bromure d'arsenic. Ce médicament, comme le fait
remarquer l'auteur, n'est qu'une solution arsenicale d'acide; broni-
hydrique ; il a été administré aux épileptiques de Bicêtre à la dose
de un à dix centigrammes ; sur dix malades ainsi traités, deux
seulement ont été améliorés et l'un d'eux prenait des douches ; chez
128 BIBLIOGRAPHIE.
les huit autres l'épilepsie est restée stationnaire ou a suivi une
marche ascendante. L'emploi des arsenicaux semble devoir être
réservé aux épileptiques atteints d'une affection cutanée conco-
mitante.
Dans la troisième partie l'auteur s'est proposé d'étudier l'action
du magnétisme minéral. Nous signalerons ici un historique infères- *
sant contenant plusieurs observations curieuses empruntées au
rapport lu, en 1780, par Andry et Thourct la Société royale de
chirurgie. Ce rapport avait été provoqué par le bruit qui s'était
fait autour des expériences de l'abbé Le Noble. Notre arsenal
magnétique diffère peu de celui du siècle dernier et nos procédés
d'application des aimants sont également empruntés à cette
époque. Les pièces magnétiques employées par M. Bricon étaient
des aimants en fer à cheval d'une force portante de 35 à 40 liil.
et des armures magnétiques de diverses formes (collier, bracelet,
jarretière, etc.). Les aimants en fer ont été appliquée chez 16 G
malades dont 15 épileptiques (7 enfants, 8 adultes). Chez tous les
malades les applications ont été quotidiennes et duraient au moins
une heure. La durée du traitement a varié de trois à six mois. A la
suite de ces applications, M. Bricon n'a pu noter aucune modifica-
tion du pouls, de la température, delà respiration, de la sensibilité,
ni de la force musculaire, contrairement aux assertions de M. Mag-
giorani. En somme, d'après l'auteur, l'action physiologique et thé-
rapeutique des aimants serait nulle, au moins pour ce qui concerne
les aimants en fer à cheval ; pour les armures de nouvelles expé-
riences seraient nécessaires avant de prononcer un jugement défi-
nitif.
La dernière partie de l'ouvrage est réservée à l'étude des sels de
pilocarpine. On y trouve des indications très complètes sur l'action
physiologique de ces sels comparée à celle du jaborandi. L'auteur
s'est servi du nitrate et du chlorhydate de pilocarpine en injections
sous-cutanées ou en potions à la dose de cinq milligr. à cinq centigr.
Sur quatorze malades, il y a eu sept cas favorables, deux cas dou-
teux, et cinq insuccès.
Telles sont, brièvement résumées, les principales conclusions de
cette thèse. Parmi les agents expérimentés, il en est deux qui
paraissent manifestement impuissants à modifier la marche de
l'épilepsie (arsenicaux, magnétisme minéral,) les deux autres
(hydrothérapie, sels de pilocarpine) ont donné des résultats
assez satisfaisants pour encourager M. Bricon à continuer ses re-
cherches.
Signalons en terminant une note additionnelle, située à la fin de
l'ouvrage, qui a pour but de déjiiontrer l'intluence des maladies
intercurrentes sur la marche de l'épilepsie. 11 ressort de cette note
que dans les différentes pyrexies qui ont atteint les épileptiques du
service de M. Bourneville, les accès ont tantôt été suspendus com-
VARIA. 129
plètement, tantôt simplement diminués, ou bien n'ont subi aucune
modification. 11 ne paraît y avoir aucune relation entre le nombre
des accès et la marche de la température. Deny.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Contribution ci l'étude du mal perforant dans l'ataxie locomotrice
progressive ; par Fayard. Thèse de Paris 1882.
Praclical trcalise on clectro-diagnostic in diseuses of the nervous
system ; by A. IluGHEs 13EN-.\ETT, l,ondon, 4882.
A Regiao psychomotriz aponlamcntos para conlribtcir ao estctdo da
sua anatontica; par ? NTO-.\10 de Sous.v Mugaliiaes e Lemos, Porto 1882.
De la marche du Délire chronique; par P. Castang. Thèse de Paris,
1882.
De l'ataxie héréditaire (Maladie de Fricdncicic) ; par A. Brousse.
Paris 1882.
Éloge de Dl. ftt'cë; par A. RITTt, Paris 1882.
VARIA
Avant-projet DE LOI sur LES aliénés modifiant LA LOI
du 30 juin 1838.
Titre le ? Etablissements d'aliénés.
Atit. 1er. Les établissements destinés à recevoir et à soigner les
aliénés sont de deux sortes : les établissements publics et les établisse-
ments privés; ils sont exclusivement consacrés au traitement des
maladies mentales.
AM. 2. Les établissements publics comprennent les asiles pro-
prement dits et les quartiers d'hospice spécialement affectés à ce
service. Us sont placés sous la direction de l'autorité publique.
Art. 3. Les asiles privés sont placés sous la surveillance de
l'autorité publique. Est assimilée, sous ce rapport, aux asiles privés,
foute maison où un aliéné est traité, même seul, à moins que le tu-
teur, le conjoint, l'un des ascendants, l'un des descendants ou l'un
des collatéraux jusqu'au 4° degré inclusivement du malade n'ait
son domicile dans la môme maison et ne préside personnellement
aux soins qui lui sont donnés.
AncnwES, t. V. 9
130 varia.
ART. 4. Chaque département est tenu d'avoir un asile public
destiné à recevoir et à soigner les aliénés, ou de traiter à cet effet
avec un asile public ou un quartier d'hospice spécial, soit de ce dé-
partement, soit d'un autre département. Deux ou plusieurs pourront
créer et entretenir, à frais communs, un asile public d'aliénés. Les
conditions de leur association seront réglées par les délibérations
des conseils généraux intéressés, conformément aux articles 89 et
90 de la loi du 10 août 1871. Il sera statué, par un décret rendu en
conseil d'État sur le mode d'administration de l'établissement.
ART. 5. Les asiles publics sont administrés sous l'autorité du
Ministre de l'intérieur et des Préfets des départements, et sous la
surveillance de Commissions gratuites, par un Directeur respon-
sable. Les commissions de surveillance des asiles publics appartenant
à des départements seront composés de cinq membres dont deux
conseillers généraux élus par l'assemblée départementale et trois
membres choisis par le préfet. Elles se renouvelleront chaque année
par cinquième. Leur dissolution ne pourra être prononcée que par
une décision du ministre de l'inférieur. Lorsqu'un département
possédera plusieurs asiles, un décret du Président delà République
pourra instituer une commission de surveillance unique, qui sera
composée de 7, 9 ou Il membres. Le même décret indiquera la
proportion des membres élus par le conseil général dans son sein
et de ceux qui seront à la disposition du préfet; il déterminera éga-
lement les conditions du roulement.
ART. 6. Les quartiers d'aliénés annexés aux hôpitaux ou hos-
pices civils, sont administrés par les commissions administrative ?
de ces établissements : ces commissions sont tenues de faire agréer
par le Préfet un préposé responsable, qui est soumis à toutes les obli-
gations imposées par la présente loi.
ART. 7. Les directeurs, les médecins en chef et adjoints, les
secrétaires en chef, les receveurs et les économes des asiles pu-
blics, les médecins en chef et adjoints des quartiers d'hospices
affectés aux aliénés, sont nommés par le Ministre de l'intérieur.
ART. 8. Le Ministre de l'intérieur pourra toujours ordonner la
réunion des fonctions de directeur ou de préposé responsable avec
celles de médecin (et la réunion des fonctions de receveur avec celle
d'économe).
ART. 9. Les devoirs et attributions des Commissions de surveil-
lance, des directeurs, des directeurs-médecins, des préposés respon-
sables, des médecins en chef et adjoints, des secrétaires, des re-
ceveurs et des économes, seront déterminés par un règlement
d'Administration publique.
ART. 10. - Nul ne peut diriger ni former un établissement privé
consacré aux aliénés sans l'autorisation du Gouvernement et sans
avoir déposé un cautionnement. Nul ne peut soigner un aliéné sans
les conditions prévues par le § 2 de l'article 3 de la présente loi,
VARIA. 131 i
sans qu'il en ait fait la déclaration, dans le délai d'un mois, au
maire de la commune.
Anr. 11. Des règlements d'administration publique détermine-
ront les conditions auxquelles seront accordées les autorisations
énoncées en l'article précédent, les cas où elles pourront être retirées,
et les obligations auxquelles seront soumis les établissements au-
torisés et les bases sur lesquelles sera calculé le montant du cau-
tionnement.
Ans. 12. Les inspecteurs généraux du Ministère de l'intérieur,
le Préfet et les personnes déléguées par lui à cet effet, le Président
du tribunal, le Procureur de la République, le Juge de paix, le
Maire de la commune, sont chargés de visiter les établissements
publics ou privés consacrés aux aliénés et les maisons visées par
l'article 3. Ils recevront les réclamations des personnes qui y seront
placées et prendront à leur égard tous renseignements propres à
faire connaître leur position.
Les établissements publics ou privés seront visités à des jours in-
déterminés, une fois au moins chaque année, par les inspecteurs gé-
néraux du Ministère de l'intérieur, une fois au moins chaque semes-
tre par le Préfet ou ses délégués, une fois au moins chaque trimestre
par le juge de paix du canton et par le procureur delà République
de l'arrondissement; ce dernier magistrat pourra toujours se faire
accompagner par un médecin de son choix.
Le maire de la commune pourra chaque fois qu'il le jugera con-
venable procéder aux visites dont il est ci-dessus parlé.
.lnT. 13. - Les règlements intérieurs des établissements publics
et privés consacrés aux aliénés, seront soumis il l'approbation du
ministre de l'intérieur.
Titre II. Des placements faits dans les établissements
d'aliénés.
See/<o) : p)cmt(')'c. Des placements volontaires.
ART. 11. Les chefs ou préposés responsables des établissements
publics et privés consacrés aux aliénés, ne pourront recevoir une
personne atteinte d'aliénation mentale, s'il ne leur est remis : 1 une
demande d'admission contenant les nom, profession, âge et domi-
cile, tant de la personne qui la formera, que de celle dont le place-
ment sera réclamé, et l'indication du degré de parenté, ou à défaut,
de la nature des relations qui existent entre elles.
La demande sera signée et écrite par celui qui la formera, et,
s'il ne sait pas écrire, elle sera reçue par le maire ou le commissaire
de police qui en donnera acte. Les chefs, ou directeurs, devront
s'assurer, sous leur responsabilité, de l'individualité de la personne
qui aura formé la demande, lorsque cette demande n'aura pas été
reçue par le maire ou le commissaire de police. Si la demande est
1M VARIA.
formée par le tuteur de l'interdit, il devra fournir à l'appui un ex-
trait du jugement de l'interdiction.
2- Un rapport signé de deux médecins ou deux rapports distincts
au procureur de la République sur l'état mental de la personne à
placer. Ces rapports seront circonstanciés ; ils indiqueront notam-
ment : la date de la dernière visite faite un malade par le signataire,
lesymptOmes et les phases de la maladie, ainsi que les raisons
d'où résulte la nécessité de faire traiter le malade dans un établis-
sement d'aliénés et de l'y tenir enfermé. Ces rapports ne pour-
ront être admis s'ils ont été dressés plus de quinze jours avant
la remise au directeur, s'il est l'oeuvre d'un médecin attaché à l'é-
tablissement, ou si son tuteur est parent ou allié au second degré
inclusivement du directeur de rétablissement ou de la personne qui
fera effectuer le placement de la personne à placer.
3° L'acte de naissance ou de mariage (ou toute autre pièce propre
à constater l'identité de la personne à placer.)
Azur. 15.- Les personnes admises dans les établissements d'alié-
nés, sur la production des pièces mentionnées dans les paragraphes
.qui précèdent, ne le sont qu'a titre provisoire, et doivent, en consé-
quence, être placées dans les quartiers d'observation, séparés des
autres parties de l'établissement. Dans les 24 heures qui suivent
un placement fait à titre provisoire, le directeur de l'établissement
transmet une copie des pièces mentionnées dans les paragraphes
1 et 2 du précédent article, et un certificat du médecin de l'établis-
sement, dit certificat de 84- heures : 4 au préfet du département où
l'établissement est situé ; 2° au procureur de la République de l'ar-
rondissement du domicile de la personne placée ; 3° au procureur
de la République de l'arrondissement où l'établissement est situé.
Dans les trois jours de la réception des pièces, ce dernier magis-
trat est tenu de se rendre dans l'établissement, assisté d'un doc-
teur en médecine choisi par lui, et d'y interroger la personne
placée.
S'il le juge nécessaire, il procède ou fait procéder, au lieu du
domicile de cette personne, à une enquête sur sa situation de fa-
mille et ses antécédents, ainsi que sur les circonstances d'où est
résultée la nécessité du placement. Le procureur de la République
adresse ensuite, à bref délai, ses réquisitions écrites à la chambre
du conseil, qui statue d'urgence sur le maintien à Litre définitif ou
la sortie de la personne placée. La décision de la chambre du con-
seil est notifiée sur-le-champ au préfet ou au directeur de l'établis-
sement. Cette notification aura lieu, dans tous les cas, avant l'expi-
ration d'un mois, à partir du placement provisoire.
Art. 16. En cas de maintien définitif de l'aliéné, et un mois
après la notification de la décision de la chambre du conseil, il sera
adressé au préfet un rapport du médecin de l'établissement qui con-
firmera ou rectifiera, s'il y a lieu, les observations contenues dans
VARIA. 1 33
le certificat de vingt-quatre heures, en indiquant le retour plus ou
moins fréquent des accès) ou des actes de démence.
ART. 1 î. Il y aura, dans chaque établissement, un registre coté
et parafé par le maire, sur lequel seront immédiatement inscrits les
noms, profession, âge et domicile des personnes' placées dans les
établissements, la mention du jugement d'interdiction si elle a été
prononcée et le nom de leur tuteur ; la date de leur placement, les
noms, profession et la demeure de la personne parente ou non pa-
rente qui l'aura demandé. Seront également transcrits sur ce re-
gistre : 111 la demande d'admission; 2° les rapports médico-légaux
prescrits par l'article 14 : 3" le certificat de vingt-quatre heures
4° la décision de la chambre du conseil ; 5° le rapport de fin de mois
que le médecin de l'établissement devra adresser à l'autorité, con-
formément à l'article 16.
Le médecin sera tenu de consigner sur ce registre les change-
ments survenus dans l'état mental de chaque malade, au moins
chaque semaine pendant le premier mois de séjour, au moins chaque
mois pendant le reste de l'année, et ultérieurement au moins cha-
que trimestre. Le médecin constatera également sur ce registre la
date de lasortie eti'état'mentaldu'malade au moment où elle aura
lieu, la date et les causes du décès. Ce registre sera exclusivement
communiqué aux personnes qui, d'après l'article 12, ont le droit de
visiter l'établissement; après chacune de leurs visites, elles appose-
ront sur le registre leur visa, leur signature et leurs observations
s'il y a lieu.
Art. 18. -Toute personne placée dans un établissement d'aliénés
en vertu des articles précédents, cessera d'y être retenue aussitôt que
les médecins de l'établissement auront déclaré surle registre énoncé
plus haut que la guérison est obtenue. S'il s'agit d'un mineur ou
d'un interdit, il sera donné immédiatement avis de la déclaration
des médecins aux personnes auxquelles il devra être remis et au
procureur de la République.
ART. 19. -Avant même que les médecins aient déclaré la guérison,
toute personne placée dans un établissement d'aliénés cessera éga-
lement d'y être retenue, dès que la sortie sera requise par l'une
des personnes ci-après désignées, savoir :
1° Le curateur nommé en exécution des articles 47 et 51 de la
présente loi ; 2° l'époux ou l'épouse ; 3° s'il n'y a pas d'époux ou
d'épouse, les ascendants; 4" s'il n'y a pas d'ascendants, les descen-
dants ; 50 la personne qui aura signé la demande d'admission à
moins qu'un parent n'ait déclaré s'opposer à ce qu'elle use de cette
faculté sans l'assentiment du conseil de famille ; 6° toute personne
à ce autorisé par le conseil de famille.
S'il résulte d'une opposition notifiée au chef de l'établissement
par un ayant-droit, qu'il y ait dissentiment soit entre les ascen-
dants, soit entre les descendants, le conseil de famille prononcera.
I 3 \ VARIA.
Néanmoins, si le médecin de l'établissement est d'avis que l'état
mental du malade pourrait compromettre l'ordre ou la décence
publics, la sûreté des personnes ou sa propre sûreté, il en sera
immédiatement donné avis au préfet, et il sera provisoirement
sursis à sa sortie.
Ce sursis provisoire cessera de plein droit à l'expiration de la
quinzaine, si le préfet n'a pas, dans ce délai, donné d'ordre con-
traire, conformément à l'article 26 ci-après. En cas de minorité ou
d'interdiction, le tuteur seul pourra requérir la sortie.
ART. 20. - Dans les vingt-quatre heures delà sortie, les chefs
préposés ou directeurs en donneront avis aux fonctionnaires aux-
quels la notification du placement a été faite conformément à l'ar-
ticle 15, et leur feront connaître le nom et la résidence des personnes
qui auront retiré le malade, son état mental au moment de la sortie,
et, autant que possible, l'indication du lieu où il aura été conduit.
Art. 21. Le préfet pourra toujours, après avoir pris l'avis du
médecin traitant, ordonner la sortie immédiate des personnes pla-
cées dans les asiles d'aliénés.
AnT. 22 En aucun cas, l'interdit ne pourra être remis qu'à son
tuteur, et le mineur qu'à ceux sous l'autorité desquels il est placé
par la loi.
Section IL Des placements ordonnés par t'aidoritc publique.
Part. 23. - A Paris, le Préfet de police, et, dans les départements
'les Préfets, ordonneront d'office le placement provisoire dans un
établissement d'aliénés, de toute personne interdite ou non inter-
dite dont l'état d'aliénation compromettrait l'ordre ou la décence
publics, la sûreté des personnes ou sa propre sûreté.
Les ordres des Préfets seront motivés et devront énoncer les cir-
constances qui les auront rendus nécessaires. Ces ordres, ainsi que
ceux qui seront donnés conformément aux articles 24 et 20, seront
inscrits sur le registre prescrit par l'art. 17 ci-dessus, dont toutes
les dispositions sont applicables aux individus placés d'office.
Les arrêtés des Préfets qui n'auront pas reçu leur exécution dans
un délai de quinze jours, cesseront d'être exécutoires.
Anar. 24. En cas de danger imminent, attesté par le certificat
d'un médecin ou par la notoriété publique, les Commissaires de
police à Paris et les Maires dans les autres communes ordonneront
à l'égard des personnes atteintes d'aliénation, toutes les mesures
provisoires nécessaires, à la condition d'en référer dans les vingt-
quatre heures au Préfet, qui statuera sans délai.
Ces personnes devront être envoyées directement dans l'asile qui
reçoit les aliénés du département, foutes les fois que le transport
pourra s'effectuer dans la même journée.
ART. 25 Les admissions prononcés en vertu des deux articles
précédents ne sont que provisoires ; les dispositions de l'art. 15 leur
VARIA. 135
sont applicables, et le Préfetstatue définitivement sur le placement
après avoirreçu notification de la décision delà chambre duconseil.
ART. 20. Les chefs, directeurs et préposés responsables des
établissements seront tenus d'adresser aux préfets, dans le premier
mois de chaque semestre, un rapport rédigé par le médecin de
l'établissement sur l'état de chaque personne qui y sera retenue,
sur la nature de sa maladie, et les résultats du traitement. Le pré-
fet prononcera sur chacune individuellement, ordonnera sa main-
tenue dans l'établissement ou sa sortie.
ART. 27. A l'égard des personnes dont le placement aura été
volontaire et dans le cas où leur état mental pourrait compromettre
l'ordre public, la sûreté des personnes ou leur propre sûreté, le
Préfet pourra, dans les formes tracées par l'art. 23, décerner un
ordre spécial à l'effet d'empêcher qu'elles ne sortent de l'établisse-
ment, sans son autorisation, si ce n'est pour être placées dans un
autre établissement. Les chefs, directeurs ou préposés responsables
seront tenus de se conformer à cet ordre.
ART. 28. Les ordres donnés en vertu des articles 23, 24 et 26
seront notifiés dans un délai de trois jours au Maire du domicile
des personnes soumises au placement, qui en donnera immédiate-
ment avis aux familles.
ART. 29.- Les prescriptions de l'article 17 sont applicables aux
personnes placées d'office. Aussitôt que les médecins auront dé-
claré sur le registre tenu en exécution de l'article 17, que la sortie
peut être ordonnée, les chefs, directeurs ou préposés responsables
des établissements seront tenus, sous peine d'être poursuivis con-
formément à l'article ;i4 ci-après, d'en référer aussitôt au préfet qui
statuera sans délai.
Art. 30.- Dans aucun cas, les aliénés dirigés sur un asile ne pour-
ront être, ni conduits avec des condamnés ou des prévenus, ni déposés
dans une prison. Lorsque pendant le voyage de transport un arrêt
sera indispensable, le malade sera déposé dansun hospice ou hôpital
civil, ou, à défaut, dans une hôtellerie ou un local loué à cet effet.
Anar. 31. Les aliénés ne devront être retenus dans les hôpitanx
et hospices ordinaires que le temps nécessaire pour constater leur
état d'aliénation mentale et pourvoir à leur transfèrement dans
l'asile destiné à les recevoir. Jamais ils ne pourront être conservés
en observation dans un établissement qui n'est pas spécialement
consacré à leur traitement pendant plus de quinze jours, à moins
d'une autorisation spéciale et motivée du préfet.
Section III. Des condamnés devenus aliénés et des aliénés
' dits criminels.
ART. 32. Les condamnés à des peines afflictives et infamantes
qui deviennent aliénés pendant qu'ils subissent leur peine, sont
1 : 16 VARIA.
conduits dans des quartiers spéciaux d'aliénés, annexés à des éta-
hlsssements pénitentiaires, et y sont retenus jusqu'à leur guérison,
ou jusqu'à l'expiration de leur peine.
ART. 33. Sera mis à la disposition de l'autorité administrative
qui, après les vérifications nécessaires, le fera placer, s'il y a lieu,
dans un établissement d'aliénés :
10 Tout accusé que la chambre des mises en accusation n'aura
pas renvoyé devant la cour d'assises parce qu'elle l'aura considéré
comme irresponsable par suite de son état mental;
2° Tout inculpé poursuivi pour délit qui aura été relaxé ou qui
aura été l'objet d'une ordonnance de non-lieu comme irrespon-
sable, à raison de son état mental.
Si la sortie d'un de ces internés est demandée à une époque
quelconque, la demande sera déférée de droit à la chambre du
conseil, conformément à l'article /il ci-après.
Art. 34. L'Etat fera construire un asile spécial ou plusieurs
asiles spéciaux pour les aliénés dits criminels.
Pourront y être condutis et retenus, en vertu d'une décision du
ministre de l'intérieur :
I ° Les accusés de crimes et les inculpés de délits reconnus aliénés
et mis à la disposition de l'autorité administrative, en exécution de
l'article précédent; .
2° Les aliénés qui, placés dans un asile, y auront commis un
acte qualifié crime ou délit contre les personnes ;
3° Les condamnés devenus aliénés dont il a été parlé a l'ar-
ticle 32, lorsque, à l'expiration de leur peine, le ministre de l'inté-
rieur aura reconnu dangereux, soit de les remettre en liberté, soit
de les transférer dans l'asile de leur département.
Tout aliéné traité dans l'asile ou les asiles spéciaux créés en
vertu du présent article pourra être transféré dans l'asile de son
département en vertu d'une décision du ministre de l'intérieur,
rendue sur la proposition du médecin traitant.
Section IV. Dépenses du service des aliénés.
AnT. 35. Seronts conduits dans l'établissement appartenant au
département ou avec lequel il aura traité, les aliénés dont le place-
ment aura été ordonné par le préfet, à moins que la famille ne
demande son admission dans un établissement privé.
Y seront également admis par arrêté du préfet, aux conditions
qui seront réglées par le conseil général et avec les formalités pres-
crites par l'article 15, les aliénés indigents dont l'état mental ne
compromettrait pas l'ordre public, la sûreté des personnes ou leur
propre sûreté.
Art. 30. La dépense du transport des personnes dirigées par
VARIA. 137
l'administration sur les établissements d'aliénés sera arrêtée parle
préfet, sur le mémoire des agents préposés à ce transport.
La dépense de l'entretien, du séjour et du traitement des aliénés
placés dans les établissements publics sera réglée d'après un prix
de journée arrêté chaque année par le ministre de l'intérieur
'pour les asiles de l'État et pour ceux qui constituent une personne
civile, par les conseils généraux pour les asiles départementaux,
par les commissions administratives pour les quartiers d'hospice.
Dans aucun cas, les conseils généraux ne pourront disposer des
.réserves ou des excédents de recettes des asiles pour lesappliquerà à
un autre service qu'à celui des établissements qui les auront réalisés.
AnT. 37. Les dépenses énoncées en l'article 36 seront à la charge
des personnes placées : à défaut, à la charge de ceux auxquels il
peut être demandé des aliments aux termes des articles 20j et sui-
vants du code civil.
. S'il y a contestation sur l'obligation de fournir des aliments ou
sur leur quotité, il sera statué parle tribunal compétent a la dili-
gence de l'administrateur désigné, en exécution des articles 45 et 46.
Le recouvrement des sommes dues sera poursuivi et opéré à la
diligence de l'Administration de l'enregistrement et des domaines.
Art. 38. A défaut ou en cas d'insuffisance des ressources
énoncées en l'article précédent, il y sera pourvu par le départe-
ment, sans préjudice du concours de la commune du domicile de
J'aliène, d'après un tarif arrêté par le Conseil général sur les pro-
. positions du préfet.
Les hospices seront tenus à une indemnité proportionnée au
nombre des aliénés dont le traitement ou l'entretien était il leur
charge et qui seraient placés dans un établissement spécial d'alié-
nés. En cas de contestation, il sera statué par le Conseil de préfec-
ture.
ART. 39. Seront payés par l'Etat : les traitements et pensions
de retraite des directeurs, directeurs-médecins, médecins en chef
et adjoints, secrétaires en chef, receveurs et économes des asiles
spéciaux et des médecins en chef et adjoints des quartiers d'hospice
affectés aux aliénés.
Toutefois les asiles rembourseront au Trésor la dépense corres-
pondante au traitement des fonctionnaires ci-dessus énumérés.
ri cet effet la loi de finances déterminera chaque année le
nombre de centimes qui seront prélevés sur les prix de journée et
les pensions payées soit par les départements, soit par les familles
pour les aliénés à leur charge.
Art. 40. La dépense d'entretien des aliénés traités dans l'asile
spécial ou les asiles spéciaux construits par l'Etat, en exécution de
l'article 34, sera supportée par les départements auxquels ces
aliénés appartiennent jusqu'à concurrence du prix de journée payé
par chacun de ces départements, pour ses aliénés ordinaires.
138 VARIA.
Le surplus de la dépense d'entretien, s'il y en a, et les dépenses
de transfèrement seront à la charge de l'Etat.
Section V. Dispositions communes et toutes les personnes placées
dans les établissements d'aliénés.
ART. 41. Toute personne placée ou retenue dans un établisse-
ment d'aliénés, son tuteur, si elle est mineure, son curateur, tout
parent ou ami, pourront, à quelque époque que ce soit, se pourvoir
devant le tribunal du lieu de la situation de l'établissement, qui,
après les vérifications nécessaires, ordonnera s'il y a lieu, la sortie
immédiate. Il suffit à cet effet que le réclamant adresse une demande
sur papier libre au procureur delà République qui doit sans retard
saisir la chambre du conseil.
Les personnes qui auront demandé le placement et le procureur
de la République, d'office, pourront se pourvoir aux mêmes fins.
Dans le cas d'interdiction, cette demande ne pourra être formée
que par le tuteur ou le curateur de l'interdit ou le procureur de la
République. La décision sera rendue sans aucun frais en chambre
du conseil et sans délai; elle ne sera point motivée.
La requête, le jugement et les autres actes auxquels la réclama-
tion pourrait donner lieu, seront visés pour timbre et enregistrés
en débat.
Aucunes requêtes, aucunes réclamations adressées soit à l'auto-
rité judiciaire, soit à l'autorité administrative, ne pourront êtresup-
primées ou retenues par les chefs d'établissements, sous les peines
portées au titre 111 ci-après.
ART. 42. Les médecins des établissements peuvent, à titre
d'essai, autoriser la sortie des malades pour une durée d'un mois.
Les sorties de plus d'un mois devront être autorisées par le préfet.
Mention' de ces mesures sera faite sur le registre prescrit par
l'article 17 et notification en sera adressée au préfet, au procureur
de la République et au maire de la commune.
ART. 43. Les chefs, directeurs ou préposés responsables, ne
pourront, sous les peines portées par l'article 120 du code pénal,
retenir une personne placée dans un établisement d'aliénés, dès
que sa sortie aura été ordonnée par le préfet, aux termes des
articles 21 et 27, ou par le tribunal, aux termes de l'article 41, ni
lorsque cette personne se trouvera dans les cas énoncés aux ar-
ticles 18 et 49.
ART. 44. Lorsqu'un aliéné se sera évadé d'un asile public ou
privé, sa réintégration pourra s'accomplir sans formalités, si elle a
lieu dans un délai de quinze jours. Passé ce délai, il ne pourra
être réadmis dans un asile qu'à la condition qu'il soit procédé à son
placement, soit volontaire, soit d'office, conformément aux pres-
criptions de la présente loi.
VARIA. 139
ART. 43. Les Commissions administratives ou de surveillance
des établissements publics d'aliénés exerceront, à l'égard des per-
sonnes non interdites qui y seront placées, les fonctions d'admins-
tratcur provisoire. Elles désigneront pour les remplir un de leurs
membres.
Cet administrateur ainsi désigné aura les mêmes pouvoirs que le
tuteur du mineur, quant aux biens de l'aliéné ; l'autorisation de la
Commission administrative ou de surveillance remplacera celle du
conseil de famille pour les actes pour lesquels le code exige cette
autorisation.
L'administrateur procédera au recouvrement des sommes dues à
la personne placée dans l'établissement et à l'acquittement des
dettes, passera des baux qui ne pourront excéder trois ans, à moins
qu'il ne soit autorisé spécialement par le président du tribunal à
consentir un bail dont la durée ne sera pas supérieure à neuf ans.
Avec la même autorisation, précédée de l'avis du médecin
traitant, il pourra vendre le mobilier de l'aliéné.
S'il s'agit d'une succession à lui échue, l'administrateur devra,
pour l'accepter ou la répudier, conformément à l'article 4G1 du
code civil, obtenir, outre l'autorisation de la Commission adminis-
trative ou de surveillance, celle du président du tribunal.
ART. 16. Si l'aliéné est placé dans un établissement privé, l'ad-
ministration légale de ses biens sera confiée, à défaut de Commis-
sion de surveillance, à une personne désignée d'avance par le pré-
sident du tribunal du lieu où se trouve l'établissement.
Cet administrateur, dont les fonctions ne seront pas gratuites,
aura les mêmes pouvoirs que le délégué d'une Commission adminis-
trative ou de surveillance, mais seulement pour les recouvrements,
les baux, le payement des dettes et la vente du mobilier.
Ses honoraires seront prélevés sur les biens de l'aliéné, d'après
un tarif arrêté par un règlement d'administration publique.
Les sommes provenant, soit delà vente du mobilier, soit des re-
couvrements opérés pour le compte de l'aliéné, placé dans un asile
public, seront versées à la caisse de l'établissement, et le caution-
nement du receveur sera affecté à la garantie desdits deniers, par
préférence aux créances de toute autre nature.
Quant aux sommes recouvrées par l'administrateur légal pour le
compte d'un aliéné placé dans un établissement privé, ou trouvées
sur sa personne, le président du tribunal pourra, par une ordon-
nance rendue sur requête, en régler l'emploi de la manière la plus
utile, ou en ordonner le dépôt à la Caisse des dépôts et consigna-
tions.'
ART. 47.- L'administrateur provisoire membre d'une commission
administrative ou de surveillance d'un asile public, l'administrateur
légal institué près d'un asile privé, pourront agir comme admi-
nistrateurs provisoires des biens d'un aliéné dès le moment de
140 VA1,1.
son admission provisoire et sans attendre que la chambre du
conseil ait statué sur son maintien définitif.
ART. 48. Dans le mois qui suivra l'année écoulée depuis l'in-
ternement, l'administrateur légal devra soumettre au procureur de
la République un état sur la situation financière de l'aliéné.
ART. 49. Si l'aliéné est commerçant, le président du tribunal,
statuant en référé, pourra, sur la demande du conjoint et de l'as-
socié et après avoir entendu l'administrateur légal, conserver soit
au conjoint, soit à l'associé, la direction des affaires commerciales
ou sociales.
Dans ce cas, le conjoint ou l'associé devront communiquer à l'ad-
ministrateur, un an après l'internement, un état sur la situation de
l'aliéné.
ART. 50.-Les parents, l'époux, l'associé de l'aliéné, les Commis-
sions administratives ou de surveillance des établissements publics,
l'administrateur légal des établissements privés, le procureur de la
République, pourront toujours provoquer la nomination d'un admi-
nistrateur judiciaire. Cette nomination sera faite en chambre du
conseil par le tribunal civil ; elle ne sera pas sujette 1 l'appel.
Elle devra être précédée de l'avis du conseil de famille, mais seule-
ment lorsqu'elle sera demandée par les parents, les conjoints et
l'associé.
Dans les autres cas, cet avis ne sera pas nécessaire.
Anar. ;il. Au moment où il procédera à la nomination d'un
administrateur judiciaire, le tribunal sera tenu de désigner en
même temps, dans les mêmes formes, un curateur à la personne
de l'aliéné. Ce curateur devra veiller :
1° A ce que les revenus de l'aliéné soient employés à adoucir
son sort et à accélérer sa guérison ;
2° Ace que l'aliéné soit rendu à l'exercice de ses droits, aussitôt
que sa situation le permettra.
Ce curateur ne pourra être choisi parmi les héritiers présomptifs
de la personne placée dans un établissement d'aliénés.
ART. 52. Les pouvoirs de l'administration judiciaire, quant
aux biens, seront les mêmes que ceux du tuteur, du mineur ou de
l'interdit; ils seront régis par les mômes règles et soumis aux
mêmes conditions.
Il sera tenu de présenter tous les trois ans au curateur, un état
de la situation de fortune de l'aliéné.
ART. ;i3. Les dispositions du code civil sur les causes qui dis-
pensent de la tutelle, sur les incapacités, les exclusions ou les
destitutions des tuteurs, sont applicables aux administrateurs judi-
ciaires nommés par le tribunal. Sur la demande des parties inté-
ressées ou sur celle du procureur de la République, le jugement
qui nommera l'administrateur judiciaire pourra en même temps
constituer sur ses biens une hypothèque générale ou spéciale, jusqu'à
VARIA. 1 i, I
concurrence d'une somme déterminée par le jugement. Le procu-
reur de la République devra, dans le délai de quinzaine, faire ins-
crire cette hypothèque au bureau de la conservation ; elle ne datera
que dujour de l'inscription.
ART. H4. Les significations à faire à la personne placée dans
un établissement d'aliénés devront être faites à l'administrateur
provisoire, légal ou judiciaire, suivant les cas.
Il n'est point dérogé aux dispositions de l'article 173 du code de
commerce.
AnT. 55. Les pouvoirs des commissions administrative et de
surveillance, en ce qui concerne l'administration des biens des alié-
nés non interdits traités dans les établissements publics, ceux de
l'adminstrateur légal, désigné pour l'administration des biens des
aliénés non interdits, placés dans les établissements privés, cesse-
ront de plein droit dès que la personne placée sera sortie définiti-
vement de l'établissement; ils subsisteront pendant les sorties pro-
visoires et les congés à titre d'essai.
Les pouvoirs de l'administrateur judiciaire nommé en vertu de
l'article 50 ne cesseront, lors même que la personne placée sera défi-
nitivement sortie de l'asile, qu'à la suite d'une main-levée pronon-
cée par le tribunal, en chambre du conseil; le retrait des sommes
qui auraient été déposées à la caisse des dépôts et consignations
sera opéré sur la production d'une expédition du jugement pronon-
çant la main-levée.
Les pouvoirs de l'administrateur judiciaire cesseront de plein
droit à l'expiration d'un délai de trois ans; il ? nepomront être re-
nouvelés qu'après que ledit administrateur aura fourni au curateur
l'état de situation prescrit par l'article 52.
AnT. 5G. - Les actes passés par un aliéné non interdit seront
annulables par cela seul qu'ils ont été faits pendant son séjour dans
l'établissement, à moins que les parties intéressées ne prouvent qu'ils
ont été accomplis pendant un intervalle lucide. L'action en nullité
est soumise aux règles de l'article 1304 du code civil.
Les dix ans courront, à l'égard de l'aliéné, à dater de la signifi-
cation qui lui aura été faite ou de la connaissance qu'il en aura eue
après sa sortie définitive ; et, à l'égard de ses héritiers, à dater de
la signification qui leur a été faite ou de la connaissance qu'ils en
ont eue depuis sa mort. Lorsque les dix ans auront commencé à
courir contre lui, ils continueront de courir contre les héritiers.
Art. 57. Le ministère public sera entendu dans toutes les
affaires qui intéresseront les personnes placées dans un établisse-
ment d'aliénés, lors même qu'elles ne seraient pas interdites.
TITRE III. Pénalités.
Art. 58. Les contraventions aux dispositions des articles 8, 42
14 et 15 du second paragraphe de l'article 10, des articles 18, 2'), 2),
1 fil) VARIA.
23, 24 et du dernier paragraphe de l'article 16, de la présente loi,
et aux règlements rendus en vertu de l'article 9, qui seront com-
mises par des chefs, directeurs ou préposés responsables des éta-
blissements publics ou privés d'aliénés, et par les médecins employés
dans ces établissements serontpunios d'un emprisonnement decinq
jours à un an, et d'une amende de 50 fr. à 3,000 fr., ou de l'une
ou l'autre de ces peines. -
11 pourra être fait application de l'article 463 du code pénal.
TITR, IV. Dispositions GHKÉR\LES et transitoires.
ART. 59. La loi du 30 juin 1838 est abrogée.
Toutefois, celles de ses dispositions visées par l'ordonnance du
4 8 décembre l 839 resteront en vigueur jusqu'à la promulgation du
règlement d'administration publique qui sera ultérieurement rendu
pour l'exécution de la présente loi.
AIIT. 60. Les départements qui ont passé des traités avec des
établissements privés, pour le traitement de leurs aliénés, seront
tenus dans un délai de huit ans, à partir de la promulgation de la
présente loi, de constituer un asile leur appartenaut ou de traiter
avec un établissement public.
ART. 6 1. Pendant ce délai, les asiles privés qui continueront à
faire fonction d'asiles publics seront soumis à toutes les prescrip-
tions de la présente loi. Les directeurs de ces asiles seront passibles
des pénalités portées par l'article 59, non seulement pour les con-
traventions prévues par cet article, mais aussi pour la non exécution
des clauses du règlement d'administration publique dont il sera
parlé à l'article 60 ci-après.
AnT. 62. Dans un délai de trois mois, à partir de la promul-
gation de la présente loi, il sera constitué, auprès des asiles privés
qui continueront à faire fonction d'asiles- publics, une commission
de surveillance chargée de la stricte exécution des règlements rela-
tifs à ces asiles, et des traités passés entre eux et les départements.
Cette commission exercera, à l'égard des personnes non interdites,
placées au compte des départements, les fonctions d'administrateur
provisoire dans les conditions prévues par l'article 45 ci-dessus.
ART. 63. -- En ce qui concerne l'administration des biens des
personnes placées danslesdits établissements, comme pensionnaires
au compte de leur famille, le président du tribunal désignera d'a-
vance un administrateur légal, dans les conditions prévues par
l'article 46 ci-dessus.
ART. 64. Dans tous les cas prévus par l'ai Lie] 31 de l'ordon-
nance du 18 septembre 1839, un décret du Président de la Répu-
blique pourra suspendre le directeur d'un asile privé continuant de
faire fonction d'asile public, et instituer un régisseur provisoire qui
administrera l'asile, au lieu et place du directeur suspendu, fera
FAITS DIVERS. 143
observer les lois et règlements, et exécutera les traités existants.
Cette régie provisoire ne pourra avoir une durée de plus de six mois.
ART. 65. Un règlement d'administration publique déterminera
les conditions de fonctionnement, de retrait des autorisations et de
mise en régie des asiles privés faisant fonction d'asiles publics ; le
mode de nomination et les attributions des commissions de surveil-
lance instituées par l'article 5 ci-dessus ; les conditions de retrait
d'autorisation et de mise en régie de ces établissements. En atten-
dant ce règlement d'administration publique, les dispositions do
l'ordonnance du 18 décembre 1839, qui ne sont pas contraires à
la présente loi, continueront d'être exécutoires.
ART. 66. Les fonctionnaires et employés désignés en l'article 7
de la présente loi, qui seront choisis pour remplir les fonctions de
directeur, de médecin ou de régisseur provisoire dans un asile
privé continuant à faire fonction d'asile public, conserveront tous
leurs droits à l'avancement et à la retraite.
FAITS DIVERS
Asiles d'aliénés de la seine. Concours pour l'internat en médecine.
L'épreuve orale a eu lieu le 4 décembre, à midi, à l'asile Sainte-
Anne. Le jury se composait de MM. Bail, Dagonet, Falret, Hallo-
peau, Legrand du Saulle, Magnan et Nicaise. Ce concours vient de
se terminer par la nomination de MM. Doyen, Duhamel, Dericque
et Gaudry, internes titulaires ; Ladoucette, Manière, Dupin et Gre-
nier, internes provisoires.
Concours pour l'internat en pharmacie. Ce concours s'est ter-
miné par la nomination de MM. Bouland, Maréchal, Coillot, internes
titulaires; Morin, interne provisoire.
Concours pour la bourse de voyage. Ce concours s'est terminé par
la nomination de notre collaborateur et ami M. le Dr Marcel Briand.
Une FÊTE A Bicètre. La distribution annuelle des prix à l'école
des enfants idiots ou arriérés de Bicêtre a eu lieu le mercredi 19 no-
vembre, sous la présidence de M. Quentin, directeur de l'Assistance
publique. Après une allocution toute paternelle et familière du pré-
sident, qui a chaleureusement félicité les professeurs de l'école de
leur dévouement et de leur zèle, M. le Dol Bourneville, médecin de
l'hospice de Bicêtre, a parlé de l'instruction chez les enfants idiots
1 Il 1· FAITS DIVERS.
ou arriérés, et indiqué combien il y avait encore à faire pour être de
pair avec l'Angleterre, l'Amérique, etc. Puis des récompenses con-
sistant en prix,etsurtout en jouets,ont été distribuées à ces enfants.
A ce propos, M. Bourneville a exprimé le désir suivant : « Vous
voyez, a-t-il dit, quel bonheur, quel contentement ces jouets procu-
rent à ces malheureux. Autrefois, Paris-journal avait eu l'heureuse
idée d'en donner chaque année-aux enfants idiots de Bicêtre et de
la Salpêtrière. 11 n'a pas continué. Permettez-moi de profiter de la
présence ici de plusieurs représentants de la Prer-se pour les prier
de demandera à leurs lecteurs de se défaire des vieux jouets de leurs
enfants au profit de l'Assistance publique; quoique défraîchis, ces
jouets feront encore bien des heureux dans nos hospices. L'Adminis-
tration sera certainement reconnaissante à la Presse de rappeler
au public qu'il peut encore exercer sa bienfaisance de cette ma-
nière. » Nous sommes certains que cet appel sera entendu.
Asile d'aliénés de Cvdillac. Concours. Le concours pour une
place d'interne résidant à l'asile d'aliénés de Cadillac s'est terminé
par la nomination de M. Puech.
Société d'anthropologie. - 13u'eccu pour 1883. Les élections on
donné les résultats qui suivent : Président : M. Proust; Vice-
présidents : MM. Hamy et Dureau ; Secrétaire général : M. To-
pinard ; Secrétaire général adjoint : M. Girard de Rialle ; Sco't ?
taires annuels : 11\I. PratetIssaurat;-Cozseruutezcrdescollectiozts :
M. Collineau; Archiviste : M. Vinson ; Trésorier : M. Leguay.
MM. de Quatrefages, Parrot et Auburtin ont été réélus membres
de la commission de publication.
' Société T1ÉDICO-PS1CIIULOGIQUG. Le bureau de la Société mé-
dico-psychologique a été, après élections, constitué ainsi qu'il suit,
pour l'année 883 : Président : M. Motet; vice-Président : AI. Foville;
Secrétaire général : M. Ritti ; Secrétaires annuels : MM. Charpentier
et Garnier, Trésorier : M. Au-. Voisin.
Conseil de Famille : MM. Luys et Dally sont adjoints aux mem-
bres du bureau pour le Conseil de famille. Comité de publication :
MM. Dagonet, Dumesnil et Falret.
Nécrologie. On annonce la mort de M. le Dr Ancré, médecin-
adjoint à l'asile des aliénés de Fains, près Bar-le-Duc. 11 avait sou-
tenu, en 1879, une thèse sur le Chloral, propriétés et application au
traitement des maladies mentales.
Nominations. M. le Dr Briand est nommé médecin du service
des bains à l'asile Sainte-Anne.
Le rédacteur-gérant, Bourneville.
Evreux ci,. Ilr.mssE. imp. 183.
Vol. V. Mars 1883.
N" 14.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE NERVEUSE
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX;
Par M. Il. PARINAUD.
Dans l'élude des paralysies motrices de l'oeil, on
semble admettre que la lésion est toujours périphé-
rique, qu'elle n'intéresse que le cordon nerveux ou tout
au moins un noyau qui lui est exclusivement affecté.
Dès lors, les symptômes doivent se déduire de la
distribution de chaque nerf et de l'action de chaque
muscle. Sur ces données, et d'après les caractères de la
diplopie, on a tracé un tableau symptomatique qui peut
être considéré comme un modèle du genre; mais qui ne
répond que d'une manière imparfaite à la réalité cli-
nique.
Lorsque la lésion est réellement périphérique, il n'est
déjà pas très exact de supposer qu'un muscle étant
paralysé, les autres conservent leur intégrité fonction-
nelle. Mais, le plus souvent, la lésion est centrale, et si,
dans ces conditions, elle peut intéresser encore le cor-
Archives, t. V. 10
146 CLINIQUE NERVEUSE.
don nerveux dans son trajet intra-cérébral, fréquem-
ment elle atteint soit les noyaux d'origine groupés au
niveau de la protubérance, soit les expansions de ces
noyaux dans les autres parties de l'encéphale.
Les paralysies d'origine centrale revêtent deux formes
particulièrement intéressantes. Ce sont les paralysies
partielles ou dissociées de la troisième paire, sur les-
quelles j'ai déjà appelé l'attention (Société de Biologie,
1880), et les paralysies des mouvements associés des
yeux qui font l'objet de ce travail.
Les mouvements de l'oeil, comme la plupart de ceux
qui sont soumis à la volonté, nécessitent l'action si-
multanée, positive ou modératrice de plusieurs muscles,
et impliquent l'existence d'un système de coordination
qui mette en jeu plusieurs forces et les fasse concourir
au même effet. Ces centres de coordination deviennent
surtout nécessaires dans les mouvements associés des
deux yeux, qui se font à l'aide de muscles tantôt homo-
nymes, tantôt de nom contraire, et offrent cependant
une précision si remarquable. Ce que le raisonnement
nous fait entrevoir comme une nécessité, la pathologie
le confirme, en nous montrant des formes cliniques qui
répondent à la lésion de ces centres de coordination;
et l'anatomie, pour quelques-uns de ces faits, a déjà
signalé les connexions qui les expliquent.
- La paralysie conjuguée des mouvements de latéralité
peut nous servir d'exemple. C'est, à vrai dire, la seule
qui soit bien connue ; mais les travaux dont elle a été
l'objet montrent tout ce qu'il y a à faire dans cette voie
et combien la clinique, l'anatomie et la physiologie
sont appelées à bénéficier de ces recherches. Il n'est
pae sans intérêt de rappeler que le point de départ de
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 147
ces travaux a été dans l'observation clinique. En 1858,
la paralysie conjuguée latérale a été bien décrite par
M. Foville fils qui, remarquant ses rapports avec la
paralysie alterne que MM. MiHard et Gubler venaient
de faire connaître, soupçonna que la lésion devait sié-
ger dans la protubérance. Une observation avec autop-
sie de M. Féréol, bientôt suivie de plusieurs autres,
vint confirmer ses prévisions et démontrer que cette
forme de paralysie relève d'une lésion siégeant au ni-
veau de l'eminentia teres, et intéressant le noyau de la
6° paire. Puis les recherches de MM. Duval, Laborde
et Graux ont établi qu'il existe un filet nerveux qui,
du noyau de la sixième paire, va se joindre aux racines
de la troisième paire du côté opposé. Cette disposition
n'a été observée que sur le chat; mais elle rend si bien
compte des faits cliniques, qu'il n'est point douteux
qu'elle soit la même chez l'homme. Enfin M. Landouzy
a élargi la question en signalant les rapports que la
déviation conjuguée peut avoir avec les lésions des
hémisphères. Son mémoire est rempli de considéra-
tions ingénieuses et de déductions pratiques.
L'association des mouvements de latéralité ne cons-
titue, on le conçoit, qu'un des côtés de la question.
C'est, il est vrai, un des plus importants, et son expli-
cation résout une difficulté qui a beaucoup préoccupé
les physiologistes, celle de l'association dans un même
mouvement de deux muscles, le droit interne d'un côté
et le droit externe de l'autre, innervés par des nerfs
différents. Il est plus que probable que c'est par une
disposition analogue que l'association des autres mou-
vements a lieu. Déjà M. Duval (Société de Biologie,
28 juin 1879) a signalé un nouveau filet nerveux, qui
148 CLINIQUE NERVEUSE.
du noyau de la sixième paire va se rendre au pathétique
du même côté, en subissant un double entrecroisement.
Le noyau, dit de la sixième paire, donne donc en réalité
des filets aux trois nerfs moteurs de l'oeil, et nous
voyons par cet exemple qu'il ne faut pas considérer
chacun de ces nerfs comme ayant son origine dans un
noyau qui lui est exclusivement affecté. Un même nerf
est en rapport avec des centres multiples; il peut trans-
mettre des excitations partant de points différents et
répondant à des actions particulières des muscles. C'est
ainsi que, d'une manière générale, il faut envisager la
disposition anatomique des nerfs moteurs de ]'oei), pour
se rendre compte de l'innervation des mouvements
associés.
Les physiologistes ont regardé comme plus naturelle
l'association des mouvements qui relèvent de muscles
innervés par un même nerf dans les deux yeux. La
difficulté au fond est la même : ces mouvements suppo-
sent, entre les noyaux de la troisième paire qui intervient
surtout dans ce cas, des connexions analogues à celles
qui unissent des nerfs d'origine différente. Sur ce point
on est à peu près réduit à des hypothèses. Je ferai
remarquer cependant que la voie est préparée pour
des recherches ultérieures par les expériences de
Hensen et Welkers, d'après lesquelles le noyau volu-
mineux de la troisième paire, étendu du troisième au
quatrième ventricule en longeant l'aqueduc de Sylvius,
serait en réalité composé de noyaux distincts en rap-
port avec les différents muscles innervés par ce nerf;
par celles de Vulpian qui démontrent que l'association
des mouvements réflexes des paupières se fait par des
fibres commissurantes; car une incision, même super-
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 149
ficielle, pratiquée sur la ligne médiane du plancher du
quatrième ventricule détruit cette association.
Etant admis que l'on connaisse les rapports qui
unissent les différents noyaux d'origine des nerfs mo-
teurs des yeux et que l'on possède l'explication du
mécanisme immédiat des mouvements associés binocu-
laires, la question ne sera pas encore résolue. Ces
mouvements se produisent par influence réflexe ou
volontaire, ils supposent donc de nouvelles connexions
des noyaux avec les nerfs optiques et les centres cor-
ticaux. Ce sont les tubercules quadrijumeaux anté-
rieurs qui paraissent être le point de réflexion des im-
pressions lumineuses sur le système moteur, d'après
les expériences de Flourens, Gudden, Ferrier, etc. L'in-
fluence des couches corticales sur les mouvements ocu-
laires est établie par les expériences de Carville et Du-
ret, de Hitzig, Ferrier, Munck, ainsi que par les obser-
vations cliniques de Landouzy et Grasset; mais on ne
sait rien de bien positif à ce sujet. Signalons encore les
expériences de Duval et Laborde qui mettent en évi-
dence le rôle du cervelet, et en particulier du vermis
inférieur, sur les mouvements associés des yeux.
On voit par cette énumération combien le problème
est complexe. Les inconnues et les contradictions qui
règnent encore eu la matière imposent une grande
prudence dans l'interprétation des faits ; aussi me
bornerai-je à citer des exemples de paralysie des prin-
cipales formes de mouvements associés binoculaires,
en signalant seulement les particularités qui me paraî-
tront assez positives pour servir à leur étude anato-
mique. Lorsque les types de ces paralysies seront bien
connus, on distinguera plus facilement les formes atté-
150 CLINIQUE NERVEUSE.
nuées ou plus complexes. Le diagnostic des affections
cérébrales semble devoir trouver de précieux éléments
dans cet ordre de symptômes.
Ces paralysies sont loin d'être rares, et il est sin-
gulier que les ouvrages spéciaux d'ophthalmologie en
fassent à peine mention. Cela tient sans doute à l'habi-
tude que nous avons en oculistique de déterminer les
troubles moteurs des yeux par les caractères de la
diplopie. Or, on méconnaîtra forcément les paralysies
associées, si l'on se borne à l'étude de la diplopie;
parce qu'elle fait souvent défaut et que, lorsqu'elle
existe, elle n'offre généralement rien de caractéris-
tique. Les paralysies de ce genre seront surtout re-
connues par l'exploration objective des mouvements
oculaires.
Les faits de paralysie des mouvements conjugués
latéraux commencent d'ailleurs à se multiplier depuis
qu'ils ont été signalés en France. Outre ceux qui ont
été publiés à l'étranger, je signalerai deux observations
récentes, avec autopsie, recueillies à Lyon, l'une par
M. Quioc (Lyon médical, 1881), l'autre par M. Gare),
(Revue mensuelle de médecine, 1882). Priestley Schmidt
(Oplathalmic hospilal Reports, 1876) en a rapporté plu-
sieurs exemples, sans paraître avoir connaissance des
travaux français antérieurs ; il a en outre remarqué
qu'il y a d'autres formes de paralysies associées, dont il
cite des exemples, et que j'aurai l'occasion de rappeler
en les rapprochant de mes propres observations.
Les' mouvements associés des yeux sont de plusieurs
espèces; ils sont parallèles ou non parallèles. Dans
les mouvements parallèles, les yeux se déplacent dans
le même sens, par rapport à l'axe du corps. Ils sont
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 151
très nombreux, les pupilles pouvant prendre un grand
nombre de positions correspondant aux différents mé-
ridiens ; mais il y en a quatre principaux, dits mouve-
ments cardinaux, correspondant à l'action principale
des quatres muscles droits, et qui, envisagés dans les
deux yeux, donnent les mouvements horizontaux à
gauche et à droite, verticaux en haut et en bas.
Les mouvements non parallèles ont pour but de
modifier les rapports des axes entre eux, de manière à
produire leur rencontre sur des objets fixés à des dis-
tances différentes. Il y en a deux, celui de la conver-
gence et celui de la divergence, ou plus exactement du
retour à l'état parallèle. Le second pourrait être con-
sidéré comme l'effet du seul relâchement des muscles
qui produisent le premier, mais les faits pathologiques
tendent à le faire considérer comme un mouvement ac-
tif, ayant une innervation spéciale.
Il y a encore les mouvements de rotation autour de
l'axe antéro-postérieur que l'on trouve souvent modi-
fiés dans les paralysies musculaires. Je les signalerai
dans les observations sans trop y insister, désirant
surtout montrer des types simples autour desquels il
sera ensuite facile de grouper les formes plus com-
plexes.
J'étudierai donc les paralysies des mouvements sui-
vants :
a) Mouvements parallèles horizontaux ;
b) Mouvements parallèles verticaux ,
c) Mouvements de convergence ;
. c Mouvements de divergence.
152 CLINIQUE NERVEUSE.
A. Mouvements parallèles horizontaux.
Observation I. - Paralysie conjuguée latérale gauche. Parésie
du côté droit du corps intéressant le facial. Crises laryngées.
M. Lap ? trente-sept ans'. Aucune maladie grave antérieure,
pas de syphilis, un frère aliéné. Après plusieurs mois de cépha-
lalgie s'exagérant par les mouvements, le malade est pris subi-
tement, dans les derniers jours d'avril 1882, d'un trouble de
la vue, qui depuis a persisté. C'est surtout quand il regarde à
gauche que la vision est confuse,; il n'a jamais vu double. Le
début des accidents oculaires n'a été accompagné d'aucun
autre symptôme céphalique.
Le 25 mai je constate l'état suivant : Le malade éprouve
toujours de la difficulté à regarder du côté gauche ; il a de la
tendance à suppléer aux mouvements oculaires par un dépla-
cement;de la tête, qu'il tient d'ailleurs habituellement tournée
à gauche ; mais cette déviation est toute instinctive, elle n'est
occasionnée ni par la contracture,niparla paralysie des muscles
du cou. La paralysie oculaire intéresse à la fois le droit externe
de l'oeil gauche et le droit interne de l'ceil droit, mais elle est
plus prononcée pour le premier que pour le second. Elle existe
lorsque chaque oeil est examiné séparément, aussi bien que
dans la vision binoculaire. Le droit interne, paralysé pour les
mouvements parallèles, exécute au contraire assez bien le
mouvement de convergence.
Tous les autres mouvements ont leur amplitude normale.
La paralysie conjuguée est d'ailleurs incomplète, elle n'occa-
sionne pas de déviation sensible, les yeux étant au repos; mais
je constate que, après un examen qui a un peu fatigué le ma-
lade, elle est beaucoup plus prononcée : les pupilles s'écar-
tent à peine de la ligne médiane.
A l'aide d'un verre coloré, on fait apparaître la diplopie, qui
présente tous les caractères de la paralysie de la sixième paire
gauche (Images homonymes sans différence de hauteur, s'écar-
tant à gauche, se fusionnant à droite au-delà de la ligne mé-
'Une partie des renseignements relatifs i ce malade m'ont été fournis
par son médecin M. le Dur Girou.
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 153
diane.) Les pupilles sont égales et réagissent assez bien.
L'acuité visuelle est égale dans chaque oeil examiné séparé-
ment. Il n'y a pas de lésion au fond de l'oeil. Je ne constate à
ce moment aucune modification de la sensibilité ou du mouve-
ment dans les autres parties du corps. Le malade qui est très
émotif, présente un peu de tremblement général et d'incerti-
tude de la parole. Les réflexes tendineux sont conservés, sans
exagération.
Je n'ai revu le malade que deux mois après. Voici les ren-
seignements recueillis sur la marche de l'affection dans cet
intervalle. Peu de jours après mon premier examen, le malade
est pris de vomissements, d'abord nocturnes et alimentaires,
puis se produisant le matin dès qu'il est debout ; ils s'accom-
pagnent de vertiges et d'une '-céphalalgie violente prédominant
à droite. La marche devient embarrassée avec une tendance
marquée à tomber du côté droit.
Le 20 juin, apparition d'un hoquet tenace durant jusqu'à
quarante-huit heures sans interruption. Peu de temps après,
spasmes laryngés ne durant que quelques minutes et se répé-
tant jusqu'à cinq ou six fois dans la nuit. Quelques-unes de
ces crises ont été assez violentes pour faire redouter une ter-
minaison fatale.
Au commencement de juillet, fourmillement et faiblesse
assez marquée dans tout le côté droit. '
Le 17 juillet la voix est nasonnée.
Le 19, le Dl Girou trouve que l'état dynamométrique est de
28 kilog. à droite, de 48 kilog. à gauche.
Le 2-2 juillet, je constate l'état suivant : la paralysie conju-
guée est plus prononcée; elle s'accompagne d'une déviation des
yeux à droite. Le mouvement de convergence s'exécute encore
assez facilement; les autres sont normaux. La diplopie con-
serve toujours les caractères de la paralysie de la sixième paire
gauche. Les pupilles sont égales et réagissent assez bien. Pas
de lésions ophthalmoscopiques. L'acuité visuelle est normale.
Hémiparésie droite, intéressant le facial du même côté. Pas
de modification de la sensibilité. Tendance marquée à tomber
à droite, dès que le malade essaie de marcher. La paralysie de
la face est très peu prononcée ; on constate seulement une légère
déviation delà commissure à gauche, et lorsque l'on fait gri-
macer les deux côtés de la face, on remarque que les plis cutanés
sont moins prononcés à droite, et que la contraction des muscles
15le CLINIQUE NERVEUSE.
s'accompagne de tressaillements qui n'existent pas à gauchp.
C'est surtout le voile du palais qui est intéressé ; il est forte-
ment dévié à gauche. Les mouvements de la langue s'exécutent
régulièrement.
Le 28, les liquides refluent par les narines. Le pouls est
presque toujours au voisinage de 900. La constipation est
opiniâtre. Aggravation des symptômes. Mort le 10 août. L'au-
topsie n'a pu être faite.
Je signalerai dans cette observation les particularités
suivantes : pendant plusieurs mois les symptômes pa-
ralytiques ont été limités aux muscles de l'oeil. Cette
forme de paralysie, qui me fit porter dès le début le
diagnostic de lésion de la protubérance, aurait été
infailliblement méconnue, si l'on s'était borné à la
recherche de la diplopie, laquelle signifiait simple-
ment : paralysie incomplète de la sixième paire gauche.
Lorsqu'une lésion de la protubérance produit le
syndrome paralysie conjugée des yeux, hémiplégie, et
paralysie faciale, cette dernière est ordinairement du
même côté que la paralysie oculaire, qui est également
celui de la lésion cérébrale, tandis que l'hémiplégie
occupe le côté opposé. L'observation que je viens de
rapporter fait exception à cette règle, qui n'est pas
absolue ; elle est du même type que celle de M. Des-
nos (Société médicale des hôpitaux, 1873).
Le malade présentait habituellement, surtout dans
les derniers temps, une déviation de la tête à gauche;
mais j'ai fait remarquer qu'elle n'était le résultat ni
d'une paralysie, ni d'une contracture des muscles du
cou, que l'on observe assez souvent dans les cas de ce
genre. Il portait instinctivement la tête à gauche pour
ramener sur la ligne médiane la moitié droite du champ
visuel où la vision était meilleure. Ces attitudes sont
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 155
fréquentes dans les paralysies oculaires. La déviation,
du reste, serait dans ce cas, en contradiction avec la
loi de Prévost. Dans les affections de la protubérance,
elle a lieu du côté de la déviation des yeux et du côté
opposé à la lésion.
Observation II. Paralysie conjuguée congénitale droite.
Nystagmus dans la direction du regard à gauche.
Joseph Del..., onze ans. (Consultation de M. Charcot).
Enfant mal développé. Microcéphalie. Agitation choréiforme.
L'enfant était presque complètement amaurotique à la nais-
sance. La vue s'est améliorée avec l'âge, mais reste très défec-
tueuse. 0 G. S = 5 0 D. S = Champ visuel irrégulière-
ment rétréci, vision chromatique normale. Décoloration atro-
phique des deux papilles.
Mouvements associés : Impossibilité de porter le regard à
droite ; les pupilles ne dépassent pas la ligne médiane. L'am-
plitude des mouvements du côté gauche ne semble pas très
réduite ; mais la direction du regard de ce côté développe un
nystagmus très prononcé.
Tous les autres mouvements, élévation, abaissement, con-
vergence, et fixation à distance se font assez régulièrement.
Vision unioculaire. Mêmes résultats sous le rapport de
l'amplitude des mouvements : l'oeil gauche et l'oeil droit ne
peuvent se porter à droite.
Nystagmus. Dans la vision associée il est très prononcé
dans le regard à gauche, tandis qu'il disparait dans les autres
directions du regard, et en particulier dans la convergence ou
la fixation à distance sur la ligne médiane.
L'occlusion d'un oeil développe dans l'autre un nystagmus
très prononcé, qui rend la fixation impossible dans aucune
direction.
Observation III. Sclérose en plaques. Paralysie conjuguée
latérale droite. Nystagmus. Paralysie de l'hypoglosse avec
atrophie de la langue du côté droit.
M-1 Rob.... cinquante-quatre ans. Service de M. Raymond
(hospice d'Ivry).
156 CLINIQUE NERVEUSE.
Symptômes oculaires. Impossibilité de porter le regard à
droite. La paralysie intéresse le muscle droit externe droit et
le droit interne gauche. Le mouvement est plus complètement
aboli dans le premier que dans le second, suivant la règle.
Le mouvement de convergence s'exécute d'une manière rela-
tivement facile, mais irrégulière en ce sens qu'il est beaucoup
plus prononcé pour l'oeil droit, où il est même exagéré du fait
de la paralysie à peu près complète de l'abducteur.
Le regard à gauche est beaucoup plus facile, bien qu'il n'ait
pas cependant son amplitude normale. Il développe du nys-
tagmus surtout prononcé dans l'oeil gauche.
Les mouvements d'élévation et d'abaissement sont ceux qui
s'exécutent le plus facilement. Ils ne provoquent pas de nys-
tagmus.
La malade n'a jamais éprouvé de diplopie et l'on n'en cons-
tate pas actuellement.
A l'état de repos il n'y a pas de déviation des yeux, ni de la
face. La malade a seulement une tendance marquée à suppléer
aux mouvements des yeux par un déplacement de la tète quand
on la fait regarder à droite. '
Les pupilles sont égales et se contractent normalement.,
Pas de lésions du fond de l'oeil. L'examen de la sensibilité
rétinienne n'a pas été fait.
Parmi les autres symptômes présentés par cette malade, je
signalerai la déviation de la langue à gauche en rapport avec
la paralysie de l'hypoglosse et l'atrophie de l'organe du côté
droit. Le facial n'est pas intéressé.
Les paralysies associées sont fréquentes dans la
sclérose en plaques ; mais elles sont ordinairement
incomplètes; il est rare que la lésion soit aussi pro-
noncée que chez la malade de l'observation précédente..
Elles passent d'autant plus facilement inaperçues que
la diplopie fait très souvent défaut et qu'elle n'existe
pour ainsi dire jamais quand la paralysie est ancienne.
Dans la sclérose en plaques, la paralysie conjuguée
est presque toujours accompagnée de nystagmus.
Cette coïncidence n'est pas propre à cette affection,
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIES DES YEUX. 157
et nous la retrouvons non seulement dans l'Observa-
tion 111, mais dans l'Observation II, où la paralysie
conjuguée et le nystagmus sont d'origine congénitale.
Pour bien des raisons que je ne puis développer ici,
je crois que le nystagmus, dans la majorité des cas,
même celui qui est lié à l'amblyopie de la première
enfance, est causé par une lésion des noyaux de
substance grise préposés aux mouvements associés
binoculaires. Il n'y a pas lieu dès lors de s'étonner
qu'il coïncide avec la paralysie de ces mouvements.
Lorsque la paralysie conjuguée latérale est peu
prononcée, son diagnostic est quelquefois difficile. La
diplopie n'offre rien de caractéristique, et les mouve-
ments oculaires sont parfois si peu modifiés que l'es-
prit reste dans le doute. On arrivera à préciser le dia-
gnostic en tenant compte des particularités suivantes :
D'abord on aura soin dans l'examen des mouvements,
de tenir l'objet fixé à une certaine distance du malade,
de manière à faire intervenir le moins possible ce
mouvement de convergence.
Dans les cas douteux, le diagnostic se pose entre
une paralysie de la sixième paire, c'est-à-dire du
muscle droit externe, et la paralysie conjuguée. Or,
dans le cas de paralysie du droit externe de cause
périphérique, le droit interne de l'oeil opposé, loin
d'être atteint d'inaction conjuguée est au contraire
le siège d'une contraction exagérée. Il y a même des
cas que j'ai signalés (Spasnze et paralysie des muscles
de Poeil, Gazette hebdomadaire, 1877), où il se déve-
loppe dans le muscle associé un véritable spasme, de
telle sorte que le droit externe gauche étant paralysé,
par exemple, lorsque l'on fait regarder à gauche,
158 CLINIQUE NERVEUSE.
l'oeil droit sain se dévie brusquement en dedans, et la
fixation se fait avec l'oeil malade. Ce signe différentiel
rendra presque toujours le diagnostic facile.
On tiendra compte encore de la coïncidence du
nystagmus. Les oscillations n'ont pas grande significa-
cation, quand elles se développent dans le sens de
l'action, des muscles paralysés; mais lorsqu'elles exis-
tent dans la direction opposée du regard, comme dans
les Observations II et 111, elles sont plus siginificatives.
Enfin la présence d'une hémiparésie des muscles du
côté opposé et surtout d'une paralysie alterne de la
face et des membres appellera l'attention sur la para-
lysie conjuguée.
B. Mouvements parallèles verticaux.
Observation IV. Paralysie de l'élévation et de l'abaissement
dans les deux yeux avec conservation des mouvements de laté-
ralité. Paralysie de la convergence.
Sey..., 67 ans. Pas de maladies graves antérieures, ni de
syphilis. Il y a six ans, rétention d'urine qui a cessé après un
seul cathétérisme et ne s'est pas reproduite. Depuis dix-huit
mois, le malade éprouve de la polyurie qui revient par crises et
s'accompagne de lourdeur de tête.
Dans la nuit du 8 février 1881, il éprouve une crise sem-
blable : il urine plusieurs fois, et outre la lourdeur de tète habi-
tuelle, il éprouve de la difficulté à se tenir sur ses jambes, il
est obligé de chercher des points d'appui sur les meubles envi-
ronnants. Le matin, il remarque que la vue est trouble. Ces
accidents persistent les jours suivants. Le malade a de la ten-
dance à tomber du côté gauche. Il a même fait plusieurs
chutes.
Il vient me consulter le 8 février. Je constate comme phé-
nomènes oculaires une paralysie à peu près absolue de l'éléva-
lion et de l' abaissement dans les deux yeux. L'impotence fonc-
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 1 .}'J
tionnelle est la même quand on fait fixer les deux yeux simul-
tanément ou séparément. Tandis que la paralysie est complète
et égale dans les deux yeux pour rabaissement, dans l'éléva-
tion, l'oeil droit exécute un léger mouvement qu'il importe de
noter pour se rendre compte des caractères de la diplopie.
Quand on insiste pour porter l'oeil en haut, il a de la tendance
à se dévier à gauche ou à droite dans les directions diagonales.
Par un contraste remarquable les mouvements de latéralité
a gauche ou à droite ont leur amplitude normale dans les deux
yeux. On remarque seulement quand le regard se porte à
gauche, un mouvement de torsion des globes autour de l'axe
antéro-postérieur, en sens inverse de celui des aiguilles d'une
montre.
Bien que les droits internes conservent leur intégrité fonc-
tionnelle dans ces mouvements associés de latéralité, le mou-
vement de convergence est nul. Le mouvement des paupières
n'est pas intéressé. La diplopie n'est pas en rapport avec un
trouble aussi profond des mouvements; elle n'offre rien de ca-
ractéristique. Elle est tantôt croisée, tantôt homonyme suivant
les positions de la bougie, mais l'écartcment latéral est très
peu prononcé. Le caractère dominant est 1 écartement vertical
des images, celle de l'oeil droit étant toujours plus basse.
Les pupilles sont modérément contractées et un peu inégales.
Celle de droite est plus grande. Les réflexes sont abolis pour
la lumière et la convergence qui, d'ailleurs, ainsi que nous
l'avons dit, est impossible.
Le champ visuel est normal ainsi que la vision centrale
pour la perception des formes, de la lumière et des couleurs.
II - + 1,75 Diopt. dans les doux yeux. L'amplitude d'accom-
modation est à peu près nulle.
En dehors des symptômes oculaires, le plus remarquable est
cette tendance à tomber du côté gauche, qui persiste depuis le
début des accidents. J'insiste sur ce fait, qu'elle n'est pas le
produit d'un vertige, mais d'une sorte d'impulsion ; qu'elle ne
s'accompagne pas d'ailleurs de paralysie appréciable des mem-
bres. La sensibilité cutanée est également normale. Le malade
n'accuse pas de céphalalgie; à aucun moment il n'a éprouvé
de perte de connaissance, ni de vomissement.
Une autre particularité importante est un ralentissement du
pouls, dont les pulsations, d'ailleurs régulières, ne dépassent
pas cinquante-deux ou cinquante-quatre à la minute. Il existe
160 CLINIQUE NERVEUSE.
un peu d'albumine dans les urines; pas de sucre. Souffle rude
systolique à la base. Pas d'athérome des radiales.
Le 12 février, je pratique un nouvel examen des yeux qui
donne sensiblement les mêmes résultats. J'ai observé le ma-
lade pendant un mois et demi environ, sans que son état se
soit modifié.
Le traitement a consisté en une application de sangsues au
début, en dérivatifs joints à l'usage de l'iodure de potassium.
Je relèverai dans cette observation les particularités
suivantes : La polyurie revenant par crises et associée à
un léger degré d'albuminurie doit être rapprochée des
expériences de Claude Bernard et est très vraisembla-
blement en rapport avec une lésion du plancher du
quatrième ventricule, ou tout au moins avec des
irradiations d'une lésion voisine.
La tendance à tomber du côté gauche, sans paralysie
appréciable des membres, plaide également dans le
sens d'une lésion bulbo-protubérantielle. Nous avons
retrouvé ce symptôme dans l'Observation I, où la lésion
occupait manifestement ce siège.
Quant au mécanisme de la paralysie associée dans
les deux yeux, je ne tenterai pas de l'expliquer. Je
ferai seulement remarquer que cette paralysie n'est
pas aussi complexe qu'elle semble l'être au premier
abord. Si elle n'occupait qu'un seul oeil, elle pourrait
s'expliquer par une lésion partielle du noyau de la
troisième paire, intéressant tous les muscles du globe
innervés par ce nerf, en respectant le releveur de la
paupière et l'iris. D'après les expériences de Hensen
et Welkers, cette lésion devrait siéger à la partie pos-
térieure du noyau, vers l'angle supérieur du quatrième
ventricule. L'absence de paralysie du droit interne
pour les mouvements de latéralité s'explique très bien
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 161
par le filet que le noyau de la sixième paire envoie à
ce muscle, et nous trouvons dans ce fait la confirma-
tion de la double innervation du droit interne (sixième
paire pour les mouvements de latéralité, troisième paire
pour les mouvements de convergence) sur lesquels
11111T. Duval, Laborde et Graux ont insisté.
L'observation suivante nous offre le même type de
paralysie moins complet.
Observation V. Paralysie du mouvement de convergence et
d'élévation dans les deux yeux.
M-1 Jéof..., vingt ans (Consultation de M. Charcot à la Sal-
pètrière). Après avoir souffert pendant un mois de céphalalgie
plus spécialement localisée au côté gauche, cette malade
éprouve subitement de la diplopie, sans autre trouble fonc-
tionnel. Un mois après, je constate les symptômes suivants :
11 n'y a pas de strabisme appréciable dans la fixation à dis-
tance ; mais la fixation d'un objet rapproché développe un
strabisme divergent du fait de la paralysie complète du mou-
vement de convergence.
Les mouvements parallèles horizontaux ont leur amplitude
normale. L'abaissement des pupilles s'exécute également assez
bien, tandis que le mouvement d'élévation est à peu près nul
dans les deux yeux. Quand on invite la malade à regarder dans
cette direction, elle accuse une douleur frontale, du vertige et
un état nauséeux.
Diplopie croisée, persistant dans toutes les directions du
regard. L'écartement des images est variable, mais reste toujours
peu prononcé. Pas de lésion du fond de l'cpil, ni d'amblyopie.
M. le Dr Ballet, qui a examiné avec soin la malade au point
de vue des symptômes nerveux généraux, suppose l'existence
d'une lésion en foyer de nature syphilitique. Nous savons,
d'après les considérations qui précèdent, que cette lésion siège
très probablement dans la protubérance.
Je relèverai entre autres symptômes un engourdissement du
membre inférieur gauche, qui s'est reproduit plusieurs fois
Archives, t. V. 11
162 CLINIQUE NERVEUSE.
depuis huit jours et a laissé un certain degré de parésie mirs-
culaire. Nous avons signalé des troubles analogues des
membres dans les Observations I et IV.
Si nous rapprochons des deux faits précédents une
observation de Priestl6î Schmidt (loco citato), nous
aurons trois variétés d'une même forme de paralysie
ainsi constituées :
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 163
peut, lire plus facilement en fermant un oeil. Plus tard la di-
plopie se caractérise. Une violente céphalalgie s'est déclarée en
même temps que les accidents oculaires.
Dans le mois de mars, le malade est pris subitement de
tremblement du bras gauche qui a persisté depuis et cesse pen-
dant le sommeil.
Le 15 juin, je constate les symptômes oculaires suivants :
L'amplitude des mouvements examinés dans chaque oeil
séparément, est normale.
Dans la vision associée, les mouvements parallèles conservent
également toute leur amplitude, mais le mouvement de con-
vergence est nul. La fixation rapprochée développe du stra-
bisme. Si l'on couvre alternativement chacun des yeux, celui
que l'on découvre exécute un mouvement de redressement
très prononcé pour fixer l'objet.
La diplopie que le malade a éprouvée pendant assez long-
temps a progressivement disparu, ce qui s'explique en partie
par l'ancienneté de l'affection, en partie par le développement
de l'amblyopie. On la fait difficilement apparaître, même avec
un verre coloré.
Il existe en outre une paralysie à peu près complète de l'ac-
commodation sans mydriase. Les pupilles sont égales, en état
de contraction modérée. La réaction est faible pour la lumière,
nulle quand on cherche à faire exécuter le mouvement de con-
vergence.
Amblyopie surtout caractérisée par un rétrécissement irré-
gulier du champ visuel dans les deux yeux, plus prononcé dans
l'oeil droit du côté nasal. La vision centrale est relativement
peu altérée. Avec un verre convexe de + 4 Dioptries, le punc-
tum proximum est à 30 centimètres, S = ; dans les deux yeux
qui sont emmétropes. La sensibilité pour la lumière est légère-
ment affaiblie à la vision centrale. Pas de dyschromatopsie.
Pas de lésions ophthalmoscopiques notables.
Le 8 août, deux mois environ après le premier examen, le
malade, admis dans le service de M. Charcot, est dans un état
qui ne permet pas de pratiquer l'examen fonctionnel. Il tient
habituellement la tête déviée à droite et les yeux ont également
de la tendance à se porter de ce côté. Tous les mouvements
oculaires s'exécutent lentement et incomplètement; mais il est
difficile de faire la part de ce qui revient à l'affaissement in-
tellectuel et à l'impotence fonctionnelle des muscles.
164 CLINIQUE NERVEUSE.
L'ophthalmoscope révèle l'existence d'une névrite double,
avec stase des veines de la rétine. 1
Depuis six semaines le malade a des crises épileptiformes
qui, actuellement, se renouvellent jusqu'à quatre et cinq fois
par jour. Le tremblement du bras persiste, il existe également
un peu dans la lèvre et toute la mâchoire inférieure.
Le diagnostic de tumeur cérébrale porté dès le début par
M. Charcot se confirme par cet ensemble de symptômes.
Ce diagnostic a été légitimé par l'autopsie dont le résultat
nous est communiqué par M. Féré.
« Autopsie faite le 2 novembre 1882. -Quand on examine
l'encéphale par sa face inférieure, on voit que le pédoncule cé-
rébral droit est fortement aplati et que sa largeur est au moins
doublée. La bandelette optique de ce côté, dans sa moitié
externe faisant suite au corps genouillé est aplatie, dissociée et
méconnaissable : sa partie périphérique parait intacte à l'neil
nu, il en est de même du chiasma et des nerfs optiques.
« Sur le bord externe du pédoncule cérébral, depuis l'inser-
tion cérébrale jusqu'à l'insertion protubérantielle, il existe un
néoplasme plissé à sa surface et rappelant l'aspect du cervelet,
d'une coloration rougeàtre, d'une consistance sarcomateuse.
Cette tumeur, qui a à peu près le volume d'une noix, semble
avoir distendu le pédoncule et débordé sur sa partie externe.
En arrière, elle soulève les tubercules quadrijumeaux, les deux
tubercules droits sont tout à fait aplatis et méconnaissables.
On ne peut plus reconnaître les corps genouillés. Toute la
masse pédonculaire cérébelleuse droite est comprimée en tota-
lité, mais le néoplasme n'y a pas pénétré. La lésion ne parait
guère dépasser l'aqueduc de Sylvius dont la paroi supérieure
est cependant épaissie.
« Tout à fait en haut et à droite la partie externe du plancher
du quatrième ventricule est soulevée par la' tumeur. Le nerf
auditif qui ne parait pas altéré a dû être comprimé à ce niveau.
Le nerf pathétique droit est aplati et dissocié au niveau de sou
origine, sa partie périphérique parait saine à l'oeil nu. Quant
au nerf moteur oculaire commun, en raison de l'élargissement et
de l'aplatissement de la face inférieure du pédoncule, son
émergence se trouve déplacée ; au lieu de naître tout à fait sur
le bord interne du pédoncule, au lieu de paraître sortir de
l'espace interpédonculaire, il naît en réalité sur la face anté-
rieure du pédoncule. Il est aplati à son origine et divisé en
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 165
quatre 'ou cinq faisceaux ; son tronc ne paraît du reste nulle-
ment dégénéré à l'oeil nu.
« (L'examen histologique n'a pas encore été fait.) >
Cette lésion volumineuse qui a produit dans les der-
niers jours de la vie une symptomatologie oculaire
complexe, ne peut guère être utilisée pour une locali-
sation précise telle que la comporte la paralysie du
mouvement de convergence. Nous devons cependant
signaler à ce point de vue l'expansion de la tumeur
jusqu'au pédoncule cérébelleux, au quatrième ven-
tricule et à l'aqueduc de Sylvius où elle intéressait les
noyaux d'origine de la troisième paire. Ce malade a
offert au début de son affection un exemple de para-
lysie bien circonscrite du mouvement de convergence
et de l'accommodation.
Donders a démontré que, dans l'état normal, le mou-
vement de convergence et l'effort accommodatif se pro-
duisent d'une manière synergique. L'observation pré-
cédente nous montre cette double action abolie ; mais
il ne faudrait pas en conclure que l'accommodation
sera toujours paralysée quand la convergence est défec-
tueuse. On voit journellement le contraire dans le
strabisme et lorsqu'il s'agit d'une inaction de nature
paralytique des droits internes, l'accommodation peut
encore fonctionner, surtout lorsque l'affection s'établit
progressivement et lorsqu'elle est ancienne. C'est ce
qui a lieu dans l'observation suivante.
Observation VII. Sclérose en plaques. Paralysie
du mouvement de convergence.
11-e Ane.... cinquante ans (Service de M. CHARCOT., salle
Duchenne, de Boulogne).
166 CLINIQUE NERVEUSE.
Symptômes oculaires. Diplopie pendant trois mois environ
au début de la maladie (7 février t88L». Léger nystagmus
dans la direction du regard à droite. Les mouvements associés
parallèles ont leur amplitude à peu près normale.
Le mouvement de convergence se fait très incomplètement;
au delà de trente centimètres la vision associée n'existe plus,
elle développe du strabisme, et l'on constate tous les signes
d'une insuflisance prononcée des droits internes, en couvrant
alternativement chaque oeil. Il est manifeste d'ailleurs, que
cette insuffisance n'est pas de cause optique, car les yeux, au
lieu d'être myopes sont hypermétropes. L'hypermétropie ma-
nifeste = + 1, 75 Diopt. Avec + 4 Diopt. le punctum proxi-
mum est à trente centimètres, le punctum remotum à soixante-
quinze centimètres. Etant donné l'âge de la malade, l'ampli-
tude d'accommodation n'est pas très réduite.
La malade qui a eu de la diplopie au début n'en éprouve pas
actuellement, mais elle se montre (croisée) avec l'emploi d'un
verre coloré. Pupilles égales réagissant normalement. Acuité
visuelle normale dans les deux yeux.
D. - Mouvement de divergence.
Les .observations suivantes appartiennent à une
forme de paralysie caractérisée par l'impossibilité de
ramener les axes visuels dans le parallélisme. Le trou-
ble moteur ne peut pas s'expliquer par une paralysie
partielle de l'un des muscles abducteurs droit externe
ou pathétique. Il semble répondre à la perte de la fa-
culté que nous avons de diminuer progressivement le
degré de convergence dans la fixation d'objets de plus
en plus éloignés, ce qui supposerait que le retour au
parallélisme n'est pas l'effet du simple relâchement de
convergence. Je donne l'explication pour ce qu'elle
vaut, et je tiens à établir qu'en désignant les faits de ce
genre du nom un peu incorrect de paralysie du mouve-
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 167 Î
ment de divergence, j'ai surtout pour but de les oppo-
ser aux cas de paralysie de la convergence, dont ils
forment assez exactement la contre-partie, et de les sé-
parer des lésions unilatérales des mouvements d'abduc-
tion.
Cette forme de paralysie est essentiellement caracté-
risée par une diplopie homonyme peu prononcée, persis-
tant dans toutes les directions du regard, sans modification
bien notable de l'écartement des images pour une même
distance. Il s'y joint quelquefois une légère différence de
hauteur des images qui présente le même caractère de
fixité. Pour comprendre la signification decette diplopie,
il faut se rappeler combien les images ont de la ten-
dance à s'écarter, dans la paralysie même très légère
d'un muscle, quand on porte la bougie, dans le sens
du mouvement qui est intéressé.
OBSERVATION VIII. M. Tenth., cinquante-huit ans.
Depuis deux ans, ce malade éprouve des vertiges qui s'accom-
pagnent de nausées et d'une sorte d'engourdissement doulou-
reux du membre inférieur droit. Jamais de perte de connais-
sance ; céphalalgie fréquente; sensation de pression sur la
tête. La marche est un peu incertaine ; elle est possible les
yeux étant fermés, tandis que dans ces mêmes conditions, la
station, les pieds étant rapprochés, est difficile. Les réflexes
tendineux sont abolis, pas de douleurs fulgurantes, ni d'autres
signes d'ataxie.
Symptômes oculaires. Le malade a commencé à voir double
il y a dix-huit mois. Au début, la diplopie ne s'est montrée qu'à
certains moments, après la fatigue ou sous l'influence d'une
émotion, mais surtout pendant les crises de vertige. Actuelle-
ment elle est plus persistante, mais toujours moins prononcée
le matin.
Le 12 avril je constate l'état suivant :
Les mouvements des yeux se font avec un peu d'incertitude
et s'accompagnent de quelques saccades ; mais leur amplitude
168 CLINIQUE NERVEUSE.
est normale dans toutes les directions du regard, et ne déve-
loppe pas de strabisme appréciable. Le symptôme le plus re-
marquable est une diplopie homonyme existant dans toutes
les directions du regard avec peu d'écartement des images.
Sur la ligne médiane, la diplopie n'apparaît qu'à un mètre
cinquante environ et s'exagère comme toute diplopie à mesure
que l'on éloigne la bougie du malade. L'écartement augmente
un peu quand le regard se porte à gauche ou à droite et d'une
manière égale des deux côtés. La diplopie existe dans la partie
supérieure du champ visuel, aussi bien que dans l'inférieure,
mais l'écartement, suivant la règle de toute diplopie homonyme,
est un peu plus prononcé en bas. -
Il n'y a pas de différence de hauteur ni d'obliquité des
images bien notable; cependant, dans les directions extrêmes
du regard à gauche et à droite, l'image de l'oeil droit est un
peu plus haute (deux centimètres pour une distance de trois
mètres). Les pupilles se contractent bien par la lumière et la
convergence, l'acuité visuelle est normale et le fond de l'oeil
ne présente pas de lésions.
J'ai pratiqué l'examen quatre fois dans l'espace de cinq mois,
sans que les résultats soient sensiblement modifiés.
Observation IX. -i4lm° Pied..., cinquante ans.
Pas de syphilis ni d'antécédents héréditaires avoués. Depuis
plusieurs années, vertiges revenant par crises d'une durée va-
riable sans perte de connaissance ni vomissements. Tremble-
ment des membres plus prononcé à certaines époques, ne
s'exagérant pas quand les mouvements se précisent pour un
but déterminé. Les réflexes tendineux persistent sans exagéra-
tion, pas de modification de la sensibilité. Ptosis congénital
double. Forte myopie avec insuffisance des droits internes.
Pendant que je soignais cette malade pour une affection des
voies lacrymales (août 1881), elle éprouve tout d'un coup de la
diplopie qui, un an après, persistait encore. Dans plusieurs
examens pratiqués pendant cet intervalle, elle a toujours pré-
senté les mêmes caractères qui sont les suivants :
Diplopie homonyme avec peu d'écartement des images, celle
de gauche étant un peu plus haute, persistant, sans modifications
bien notables, dans toutes les directions du regard.
Cette diplopie, imputable à la paralysie du mouvement de
divergence, est ici d'autant plus remarquable qu'elle est asso-
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. IG9
ciée à une insuffisance des droits internes, (défaut de conver-
gence), dépendant d'une forte myopie. Quand on approche la
bougie de la malade, les images homonymes se fusionnent à
trente centimètres pour devenir croisés au delà.
L'amplitude des mouvements parallèles n'est pas modifiée,
mais on remarque dans les directions extrêmes du regard des
oscillations nystagmiques qui se développent surtout lorsque
les yeux arrivent dans cette position ou lorsqu'ils la quittent,
tandis qu'ils se maintiennent immobiles pendant la fixation.
Les pupilles égales réagissent faiblement par la lumière et
la convergence.
Observation X. M"0 Woid..., vingt-trois ans, atteinte
de sclérose en plaques (Consultation de M. Charcot).
Symptômes oculaires. Un poudenystagmus dans les directions
extrêmes du regard à gauche et à droite. Ces deux mouve-
ments s'accompagnent de rotation associée des deux globes
qui se font dans le sens des aiguilles d'une montre, à gauche ;
dans le sens opposé, à droite. Les mouvements parallèles ont
d'ailleurs leur amplitude normale dans toutes les directions ;
mais le regard en haut développe dans les deux sourcils des
oscillations verticales qui rappellent tout à fait celles du nys-
tagmns, tandis que les globes, dans cette direction, ne présen-
tent pas de mouvements semblables.
Diplopie honvmyne avec peu d'écartement des images perse's-
tant sans modification dans toutes les directions du regard.
Cette diplopie, qui accuse un excès de convergence pour une
certaine distance, est associée à une insuffisance de conver-
gence pour la vision rapprochée, qui semble être en rapport
avec la myopie delà malade. M = 2,25 Diopt. avec staphy-
lome postérieur.
Les pupilles, assez dilatées, se contractent normalement.
La persistance de la diplopie dans toutes les parties
du champ visuel, et en particulier dans sa moitié supé-
rieure, l'absence d'obliquité des images ne permettent
pas, dans les faits de ce genre, de s'arrêter au dia-
gnostic de paralysie de la quatrième paire, bien que
l'erreur soit probablement fréquente. Je l'ai moi-même
170 CLINIQUE NERVEUSE.
commise, ainsi que j'ai pu m'en convaincre en consul-
tant d'anciennes observations.
Dans la paralysie conjuguée latérale, double et incom-
plète, comme la produit parfois la sclérose en plaques,
on peut observer cette-forinè de diplopie, mais non
plus avec ses caractères typiques. L'écartement des
images est plus prononcé et il s'exagère dans les direc-
tions extrêmes du regard à gauche et à droite, quoique
d'une manière infiniment moins accusée que dans les
lésions périphériques.
Dans son étiologie il faudra donc faire entrer en
ligne de compte la lésion des deux noyaux de la sixième
paire, mais je ne crois pas que ce soit là le cas le plus
fréquent.
Le développement quelquefois subit du trouble
visuel, sa disparition momentanée et son retour avec
des caractères identiques, ne sont pas favorables à
l'hypothèse de la lésion simultanée de deux centres
d'innervation. La fixité pendant des années de la diplo-
pie sans exagération de l'écartement, ne s'accorde guère
avec l'existence d'une lésion des deux noyaux de la
sixième paire, lésion qui devrait rester indéfiniment
stationnaire et légère. J'ajouterai que, lorsqu'on a une
certaine expérience de l'étude de la diplopie, on n'est
pas satisfait d'une interprétation qui explique celle que
je viens de décrire par une paralysie des mouvements
parallèles, lesquels ayant une grande amplitude dans
l'état physiologique, produisent toujours, dans leur
paralysie, un écartement plus ou moins prononcé des
images, s'exagérant d'une manière manifeste quand on
porte la bougie dans le sens du mouvement intéressé.
On se rend très bien compte au contraire de cette
PARALYSIE DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DES YEUX. 171
forme de diplopie par la lésion d'un centre qui serait
préposé à l'adaptation de la convergence des axes pour
la fixation aux différentes distances. Il y a quelques
raisons de croire que ce centre siège dans le cervelet.
Les voici :
Depuis que j'ai remis ce mémoire à la rédaction des
Archives de Neurologie, j'ai observé trois nouveaux
cas, identiques à ceux que je viens de rapporter.
L'un des malades a fait l'objet d'une leçon de M. le
professeur Charcot. Il présentait tous les symptômes
d'une tumeur cérébelleuse, entre autres une titubation
spéciale et des accès de vertiges semblables à celui de
Ménière.
Le second, soigné par MM. Charcot et Magnan, pré-
sentait également de la titubation vertigineuse qui
n'était nullement occasionnée par son trouble visuel.
La troisième, qui me fut adressée par le Dr Devillers,
avait, comme les deux autres, du vertige revenant par
accès durant jusqu'à quarante-huit heures, avec sensa-
tion de tournoiement des objets, que l'occlusion des
yeux ne faisait pas cesser, et des vomissements.
Nous remarquons enfin que les malades des Observa-
tions VIII et IX ont eu des vertiges d'une certaine
intensité qui n'étaient pas occasionnés par la diplopie
puisqu'ils l'ont précédée de plusieurs années.
Cette forme de diplopie parait donc habituellement
liée à l'état vertigineux. Je n'ai pas besoin de rappeler
le rôle que l'on fait jouer au cervelet dans les accidents
de cette nature et eu particulier dans le vertige avec
sensation de translation, du type de celui de Ménière.
Des travaux récents rendent à peu près certaine
l'existence d'un nerf spécial dit aer'de l'espace, annexé
172 CLINIQUE NERVEUSE.
au nerf auditif, dont la lésion produit le vertige de
Ménière. Mais il n'y a pas que les lésions périphériques
qui l'occasionnent; celles du cervelet, auquel il abou-
tit, peuvent reproduire exactement les mêmes symp-
tômes vertigineux que les affections auriculaires.
Nous n'avons pas seulement la notion de l'espace
par l'ouïe, mais aussi et surtout par la vue. Or, c'est
précisément par les mouvements de convergence des
yeux que nous acquerrons la notion de la troisième
dimension à laquelle est essentiellement liée celle de
l'espace. Ces considérations d'ordre physiologique plai-
dent, on le voit, en faveur d'un centre de coordination
des mouvements oculaires pour la convergence des
axes ayant son siège dans le cervelet.
Je rappellerai enfin que les expériences de Duval et
Laborde (loco citato) ont nettement établi l'influence du
cervelet sur la coordination des mouvements oculaires,
et, fait important au point de vue qui nous occupe,
cette influence parait porter exclusivement sur les
rapports des axes oculaires entre eux. Tandis que les
lésions du bulbe et de la protubérance produisent cons-
tamment des déviations conjuguées des yeux, celles du
cervelet et en particulier du vermis inférieur produi-
sent ce que ces expérimentateurs appellent des dévia-
tions dissociées dans lesquelles les axes des deux yeux,
au lieu de se déplacer parallèlement, sont modifiés dans
leurs rapports, de manière à produire du strabisme.
ÉTUDE CLINIQUE DU VERTIGE DE \II : NIIaiI : D 1\S SES
RAPPORTS AVEC LES LÉSIONS DES FENÊTRES OVALE ET
RONDE (Suite)';
Pai- le D, GELLL.
Quand on n'obtient ni vertige, ni extinction du son
par les pressions et qu'elle ne causent aucune modifi-
cation du son transmis, on est en droit de conclure
que la platine de l'étrier n'obéit pas aux pressions, et
qu'elle est immobile. Nous avons vu par les détails
d'une autopsie donnés plus haut que cette immobi-
lisation de l'étrier peut reconnaître pour cause une
enfonçure externe de tout l'appareil de transmission,
due le plus souvent à une altération ancienne des
trompes coïncidant avec le relâchement de la cloison
tympanique. C'est un fait fréquemment observé dans
le vertige de Ménière, mais surtout dans l'état verti-
gineux. L'absence complète de variation dans l'inten-
sité du son transmis à l'oreille ne coïncide pas néces-
sairement avec une.immobilisation de l'étrier. La lésion
scléreuse peut être bornée au tympan ; la poussée
s'arrête là, et ne peut aller plus loin; si une bride
unit les (êtes des osselets à la paroi supérieure de la
caisse, et s'oppose aux mouvements en dedans de la
cloison, l'effet est le même : le son peut passer, mais
les variations de pression n'ont pas lieu; l'étrier ce-
pendant est libre. On le sait, la membrane du tympan
peut jusqu'à un certain point se mouvoir en dehors
1 Voir les Archives de Neurologie, no 12, p. 273, et 13, 1). 24.
17'l- CLINIQUE NERVEUSE.
sans que le reste de la chaîne des osselets la suive. Ces
conditions se trouvent réalisées à la suite d'inflamma-
tion du tympan soit primitive soit consécutive à l'otite
externe. On trouve alors l'audition osseuse conservée
et l'audition par la voie de l'air fort amoindrie. Dans
cet état anatomo-pathologique, on n'observe ni vertige
ni bourdonnement.
C'est l'indication la plus nette de la perforation du
tympan. Si cette sclérose tympanique coïncide avec
un ramollissement profond, la douche de Politzer pro-
voque le vertige et le bourdonnement, et ne modifie
en rien la surdité. Je possède plusieurs faits de cet
ordre, et l'on a vu cet accident se produire dans l'otite
traumatique décrite plus haut.
Observation XV. H..., trente-quatre ans, ouvrier en ins-
truments de chirurgie, grand, fort, n'est jamais malade, et
parait affaissé.
Le 16 février dernier, après un grand refroidissement (il a
dormi la fenêtre ouverte en plein hiver), il a été pris soudain
d'un choc dans les reins, puis il s'est affaissé, est tombé à terre
sans perdre connaissance, sans tournoiement. On l'a soigné
depuis lors pour une congestion cérébrale (saignées répétées,
purgatifs chaque jour, etc.). Depuis cet accident, le sujet est
resté sourd et abasourdi, étourdi, incapable de travail ; la tête
lourde, serrée; avec constriction des tempes et de la gorge; ni
écoulement d'oreilles, ni battements, ni bourdonnement. La
seule sensation qui tourmente le sujet, c'est la surdité, il n'en-
tend pas la voix articulée, même sous ses yeux, à vingt centi-
mètres de ses oreilles ; il semble qu'il a du coton dans les
oreilles; sa voix à lui-même sonne comme dans le lointain;
depuis vingt jours, une extinction de voix est advenue, pour
laquelle il est allé consulter M. le Dl Rondeau, qui, frappé
de l'état de l'audition, m'envoie le malade à examiner. Le
malade fait répéter les questions, même voyant parler, paraît
affaissé, démoralisé. Il n'a pas eu de nouvel accès à tomber,
mais il est constamment dans un état vertigineux, qui l'em-
DU VERTIGE DM MÉNIÈRE. 175
pèche d'aller travailler; il est dans la situation d'un homme
qui a bu et ressent la tète lourde, les tempes serrées, et l'inca-
pacité de faire quoi que ce soit.
Il tousse de la gorge, a la voix très basse et enrouée, cassée.
Pharynx, type d'engorgement catarrhal, rouge, plissé,
humide; amygdales volumineuses rouges, et palais coloré. Ni
granulations, ni ulcérations; rien de spécifique.
Le méat droit offre un assez fort bouchon de cire jaune molle.
Le tympan droit, net, lisse, bleuté, très sombre sans triangle,
manche extrêmement oblique, enfonçure énorme; pas de vais-
seaux. lue, tympan gauche, au contraire, mat, gonflé, ballonné,
gris sale, opaque en arrière surtout, manche vu de face; jumbo
crayeux, ni triangle, ni vaisseaux.
Audition delà montre : bonne au front (bosse frontale gauche),
non sur l'apophyse mastoïde ; à vingt-cinq centimètres.
Audition de la montre à droite à quarante centimètres : bonne
au front et à l'apophyse mastoïde.
Epreuve des pressions centripètes. Le diapason est placé sur
la bosse frontale gauche ; à chaque pression douce de la poire :
extinction du son nette, brusque, annoncée aussitôt par le
sujet, sans que je le questionne. Ni bourdonnement ni vertige
à la suite. Rien à l'auscultation par l'épreuve de Valsalva ou
par la déglutition. Avec la douche de Politzer, ça éclate, dit-il,
dans l'oreille ; et aussitôt soulagement dans la tète.
Observation XVI (résumée).-Dame 1..., trente-sept ans,
amaigrie ; catarrhe pulmonaire habituel ; bien réglée. Soeur
asthmatique.
11 y a deux ans, sans cause, elle a éprouvé un violent siffle-
ment à l'oreille droite; en même temps elle était étourdie, au
point d'être forcée de se mettre au lit, tout tournait autour
d'elle; elle était comme en état de syncope, assourdie, hébétée,
vomissant au moindre mouvement. Cela dura quatre à cinq
heures : premier accès de vertige de Ménière type. Depuis
elle a conservé un embarras dans toute la tête; elle se sent
onduler, tourner, si elle lève les yeux ; et se sent évanouir si
elle lève la tête. La'malade a noté qu'une diarrhée légère pré-
cédait l'accès, puis la tête se prenait, et le sifflement et le ver-
tige arrivaient. Crises, une par mois, sans rapport avec les
règles. En général, elle a des séries de huit à douze jours
pendant lesquelles le vertige ne la quitte pas. Chose curieuse,
176 CLINIQUE NERVEUSE.
elle a remarqué qu'au plus fort de sa crise le bourdonnement
cesse. L'action de tousser, de se moucher, de se pencher, amène
des étourdissements. Accès d'asthme nocturnes; appétit réglé.
Incapacité de travail depuis deux ans.
Oreille droite : audition de la montre à trois centimètres;
par les os, rien. Oreille gauche, vingt centimètres, et bien
par le crâne.
Rien à l'otoscope, parla déglutition ni par valsalva-épreuve.
Epreuve des pressions centripètes à gauche : belles rémittences
ad libitum du son recueilli avec l'otoscope.
A droite : au premier coup, choc extrême, pâleur de la
face, état demi-syncopal, la face se porte du côté opposé;
angoisse et sensation de rotation. Enfonçure énorme et
opacité du tympan droit. Obstruction des trompes ; pha-
ryngite glanduleuse très intense, avec plis accusés et sécré-
tion abondante.
Dans ce mode d'investigation du fonctionnement de
l'appareil de transmission et d'accommodation de
l'oreille, le médecin récolte les dires du malade et note
les modifications des sensations auditives que le sujet
a éprouvées. J'ai cherché à les rendre perceptibles à
l'oreille de l'observateur : je voulais contrôler les asser-
tions du patient. Voici à quoi je suis arrivé.
B. Zreuve cl'auscultation transauriculaire, pendant la
pression centripète, le diapason vibrant est posé sur la bosse
frontale. L'observateur, armé de l'otoscope ausculte
l'oreille. Si l'on place sur le front du sujet le diapason en
vibration, le son passe à travers l'organe et est perçu :
c'est l'auscultation transauriculaire. Enfin, si l'on écoute
le son qui s'écoule ainsi, pendant qu'on le modifie au
moyen des pressions sur la poire à air, comme dans la
première de nos épreuves, on pratique la seconde série
d'expériences diagnostiques dont j'ai parlé.
DU VERTIGE DE MÉNIËRE. 1 77
Le son qui s'écoule par le tube otoscopique vers
l'oreille du médecin, a traversé le rocher, la caisse et la
membrane du tympan : si celle-ci obéit bien à l'action
des pressions centripètes, le son entendu par l'obser-
vateur sera modifié. Les modifications du son du dia-
pason frontal que celui-ci perçoit, sont donc en rap-
port avec l'état de mobilité et de conductibilité du
tympan. D'un autre côté, le son du diapason frontal,
pour impressionner l'oreille du patient, a traversé le
rocher, la caisse tympanique et la platine de l'étrier.
Si, pendant les pressions centripètes, le sujet perçoit
des variations dans l'intensité de ce son crânien, c'est
que l'étrier a subi l'effet des pressions, et qu'il est
mobile ; s'il y a silence brusque à chaque poussée, c'est
qu'il arrive facilement à la limite extrême de sa course;
enfin s'il n'y a aucune modification du son perçu, c'est
que l'étrier n'a pas bougé, qu'il n'obéit plus aux mouve-
ments communiqués par la pression centripète à tout
l'appareil de transmission.
Supposons que le son soit perçu par le sujet sans être
modifié en rien, tandis que l'observateur sent les varia-
tions concorder avec chaque poussée ; il y a désac-
cord entre les sensations éprouvées par le sujet et par
l'opérateur.
Et l'on voit aussitôt l'importance de cette analyse du
fonctionnement de ces parties profondes de l'oreille
dont la mobilité peut désormais être étudiée et appré-
ciée. A l'état normal, il y a concordance complète entre
ce que sent le sujet et ce qu'ausculte le médecin. Dans
certains cas, celui-ci sent le son s'éteindre, pendant
que le sujet n'éprouve aucune variation ; d'autres fois,
c'est celui-ci qui perçoit l'extinction brusque du son
ARCHIVES, t. V. 12 )
178 CLINIQUE NERVEUSE.
crânien tandis que l'observateur constate l'existence
de variations marquées dans l'intensité.
Si l'on pouvait douter encore de l'action des pressions
sur la base de l'étrier et du rôle des déplacements que
cet osselet subit dans l'extinction du son crânien et
dans les autres modifications perçues, j'ajouterais que
j'ai pu assez fréquemment, dans certains cas où le
tympan était absent et totalement détruit, mais où
l'étrier était en place et visible, j'ai pu, dis-je, cons-
tater que les pressions centripètes, qui ne causaient pas le
vertige comme dans le cas que j'ai cité plus haut, dé-
terminaient l'extinction brusque du son du diapason
posé sur le crâne, et nettement perçu par le sujet au-
paravant. A mon sens, perception crânienne et mo-
bilité des fenêtres ovale et ronde sont phénomènes
solidaires.
Dans ces diverses observations qui montrent la paroi
labyrinthique à nu, et dans des conditions quelque peu
différentes cependant l'observateur a donc pu produire
à volonté toute la série des effets que les pressions
centripètes, plus haut décrites, ont la faculté de faire
naître, c'est-à-dire tantôt l'assourdissement et l'extinc-
tion du son transmis par les os, tantôt le bourdonne-
ment, tantôt le vertige; dans ce dernier cas, le sujet
avait eu des vertiges spontanés ; l'audition par la voie
crânienne n'existait plus, et la fenêtre ronde était in-
trouvable.
Observation XVII (résumée). H..., quarante ans, vertige
subit de Ménière, avec chute à terre ; sueurs froides ; sifflements
atroces et surdité gauche totale aujourd'hui. L'oreille droite
est excellente. Ce sont les vertiges qui amènent le malade à
l'hospice.
DU VERTIGE DE 1%1NIÙRE. 179
Induration du tympan manifeste dans l'incision avec exci-
sion et lambeau ; pas d'amélioration de l'ouïe après cette opé-
ration.
Epreuve des pressions. A chaque pression sur la poire à air,
le son du diapason frontal cesse d'être perçu, et aussitôt une
sensation de vertige traverse la tête du sujet, et le rend
hébété et étourdi. Cette sensation se répète à volonté ; et l'exa-
men en ce sens est nécessairement arrêté par cet accident
démonstratif.
Epreuve de l'auscultation pendant les pressions centripètes, le
diapason vibrant sur la bosse frontale gauche. Cette expérience
n'a pu être faite que bien plus tard ; déjà le tympan avait été
incisé et cautérisé au cautère électrique, mais il était rede-
venu normal, et déjà les vertiges spontanés devenaient plus
rares, quand j'ai étudié l'oreille du sujet au moyen de cette
nouvelle combinaison expérimentale. Le sujet ne perçoit pas
ou seulement d'une façon fort vague et très douteuse (il est
intelligent) les variations légères imprimées au son du diapason
par le fait des pressions, mais de plus je ne lui provoque plus de
vertige, ni de bourdonnement, ni d'extinction du son. L'obser-
vateur constate facilement les modifications imprimées au son
transmis au moment de chaque pression d'air.
L'opposition est évidente : elle indique à coup sûr
que si le tympan est encore élastique et mobile, l'étrier
a cessé de l'être au contraire, ou tout au moins ne l'est
plus assez pour que les pressions centripètes de
notre expérience le mettent en jeu, et pour qu'à la
suite, le son du diapason frontal arrive au nerf audi-
tif du sujet, modifié comme l'est celui qui vient frap-
per l'oreille de l'observateur, parce qu'il a traversé
le tympan, alternativement tendu et détendu dans
l'épreuve indiquée.
C'est le cas d'opposer ce résultat expérimental récent,
à ceux qu'on a obtenus au début de l'observation du
malade, alors que la moindre poussée d'air par le méat
auditif causait immédiatement l'extinction de l'audi-
180 Clinique nerveuse.
tion du son du diapason frontal, et aussitôt le vertige.
De ce parallèle, on doit conclure que l'état de la
paroi labyrinthique du sujet, et de l'articulation de
l'étrier dans la fenêtre ovale a dû changer totalement.
Si on est conduit à admettre dans le premier cas, qu'il
y a eu laxité de cette articulation et relâchement per-
mettant le choc labyrinthique, il y a lieu de penser
qu'actuellement les conditions sont autres, et qu'il y
a plutôt au contraire tendance à la raideur, à la fixité,
à l'immobilité de la platine de l'étrier, ce qui expli-
querait, mieux que toute autre raison, la disparition
du vertige, mais aussi l'absolue disparition de l'ouïe,
ce phénomène concomitant.
OBSERVATION XVIII (résumée). H..., instituteur, surdité
extrême, vertige de Ménière, bourdonnements agaçants, à
paroxysme, pharyngite chronique congestive. Oblitération des
trompes.
Montre, audition nulle à gauche, rien au front, ni au mastos,
à peine collée au méat.
A droite, cinq centimètres, rien au front, et à l'apophyse
mastoïde nulle ; épreuve objective nette à droite et à gauche.
Epreuve de Gellé (pressions centripètes pendant que le
diapason vibrant est posé sur le front). Le sujet annonce ne
sentir ni intermittences, ni variations du son du diapason :
le ton va décroissant sans secousses.
Epreuve de l'auscultation pendant qu'on exécute les pressions
centripètes, le diapason étant en vib·atioa sur la bosse frontale du
côté qu'on observe. L'observateur perçoit les rémittences fran-
ches quoique faibles du son transmis, et bien concordantes
avec les pressions de la poire à air ; mais le sujet ne perçoit rien
de tel; il reste étranger à ce phénomène qui se passe en lui.
Arrêt très court d'accommodation ; enfonçure extrême et relâ-
chement tympanique des deux côtés; légère opalescence. Cir-
culation d'air possible avec la poire de Politzer, avec léger
soulagement au point de vue du bourdonnement et pas d'amé-
lioration de la surdité. Diagnostic : épaississement général des
tissus et raideur scléreuse des fenêtres.
DU VERTIGE DE MÉNIHRN. 181 I
Observation XIX. Dame X..., vingt ans, scrofuleuse,
taies sur les yeux, pharyngite chronique, otorrhées dans l'en-
fance ; elle n'entend la voix qu'à gauche et de très près (dix
centimètres) ; ne perçoit pas le tic-tac de la montre ni collée
au méat, ni appliquée au front. Le diapason est entendu un
peu au vertex, et peu sur la bosse frontale gauche. Il est
entendu à cinq centimètres à gauche. Claquement net, ample,
large, à volonté, par l'épreuve de Valsalva avec léger assour-
dissement et obnubilation si l'effort a été brusque.
Le traitement a guéri la gorge, ouvert les trompes, et la
circulation de l'air est facile bien qu'artificiellement (Valsalva,
épreuve ou douche de Politzer). Maintenant il y a améliora-
tion évidente de l'ouïe par détente de la cloison. Mais on ne
peut, quoi qu'on fasse, accroître la portée de l'ouïe davantage;
au moindre accident du côté de la gorge, la surdité reparait avec
ténacité.
Epreuve de Gellé, pressions centripètes au moyen de la
poire de caoutchouc, le diapason sonnant appliqué à la bosse
frontale gauche. Au premier coup, bourdonnement extrême,
extinction presque totale du son du diapason perçu faiblement
mais sûrement; puis léger vertige avec pâleur de la face, légère
hébétude ; tout cela léger et très fugace.
Epreuve de l'auscultation du son du diapason appliqué à la
bosse frontale sous l'influence des pressions centripètes. Les
variations d'intensité perçues par l'observateur sont très fran-
ches et très nettes, et pendant ce temps, le sujet est abasourdi
par le bourdonnement et un léger éblouissement passager. Il
y a donc ici opposition extrême avec les deux résultats de l'ob-
servation.
Si l'observateur reçoit l'impression variée suivant les pres-
sions effectuées, le sujet n'éprouve rien de tel, ou tout au moins
des sensations particulières, nées de l'ébranlement labyrin-
thique naissent à chaque poussée et font cesser l'épreuve.
Observation XX. H..., cinquante-trois ans, à la suite
d'un fort coryza, bourdonnement d'oreilles, douleurs et surdité
grave, depuis six mois. Subitement, il y a un mois et demi,
pris de nausées, de vomissements bilieux répétés, et de vertige
à tomber, qui a duré cinq à six heures. Il a été obligé de rester
immobile, mouillé de sueurs froides, se tenant aux meubles, et
incapable de faire un pas; assourdi par le bourdonnement en
182 CLINIQUE NERVEUSE.
jet de vapeur. S'il bouge, il se sent tourner; il lui semble qu'il
va tomber en avant.
Quinze jours après ce premier accès de vertige de Ménière,
nouvel accès bien plus lent, sans chute. Mais la surdité va
croissant rapidement, et il n'entend plus son interlocuteur,
répond tout de travers, et est menacé de perdre sa place.
Son oreille gauche siffle continuellement comme une loco-
motive arrêtée en gare. Il semble croire que l'oreille gauche
seule est prise ; cependant il est assourdi des deux côtés ; quand
on l'interroge, il hésite et fait répéter.
Pharynx. Très congestionné, gros plis latéraux perpen-
diculaires, rouge vif, qui remplissent et comblent la cavité..
M. audition bonne au front à droite ; rien sur l'apophyse
mastoïde.
A gauche, M. rien au front; rien à l'apophyse mastoïde; par
l'air la montre entendue à cinq centimètres, à droite et à
gauche. Par Valvalva et déglutition, rien à l'otoscope.
Epreuve de l'auscultation du son du diapason frontal pendant
qu'on effectue les pressions centripètes, sur le tympan, au moyen
de la poire à air ; pas de variations senties à gauche, et à peine
à droite par le sujet; tandis que l'observateur les perçoit en-
tièrement nettes, et tout à fait concordantes avec les pressions
sur la poire de caoutchouc, à droite et à gauche.
Ce vertige spontané coïncide avec les signes de la
fixité de la platine de l'étrier, avec l'imperméabilité
des trompes , et avec l'absence de conduction du
son du diapason par la voie crânienne, enfin avec un
état fluxionnaire très accusé de la muqueuse de la
gorge et du nez. Ce sont là les circonstances étiolo-
giques de la production du vertige auriculaire.
J'espère avoir montré suffisamment par ces exem-
ples les services que peuvent rendre les deux épreuves
pour le diagnostic des lésions qui siègent au niveau des
fenêtres ovales et rondes.
Dans la plupart des cas de vertige observés, on a
DU VERTIGE DE MENIÉRE. 183
pu, grâce a ces nouvelles méthodes d'exploration, cons-
tater des altérations de l'oreille moyenne, sur la paroi
labyrinthique, et expliquer le mécanisme du vertige;
le provoquer même; le labyrinthe a pu être exclu
d'une façon plus sûre, et son rôle mieux précisé.
On a pu voir signalés dans les observations, trois élé-
ments anatomo-pathologiques dont la réunion semble
assurer la production du vertige; ce sont : le relâche-
ment tympanique, l'obstruction des trompes, et un état
(luxionnaire congestif, subiuflammatoire, du pharynx,
étendu à l'oreille.
Cependant le mécanisme du vertige est aussi aisé à
comprendre étant donné que le tympan est ramolli, et
les tissus de la caisse sans tonicité, quand la trompe est
ouverte; l'acte de la déglutition, le nez pincé amène,
on le sait, une enfonçure extrême du tympan; l'enchi-
frènement habituel de certains sujets les place dans des
conditions expérimentales analogues; l'acte de se
moucher également. La déglutition simple peut avoir
le même effet d'aspiration sur un tympan inerte et
sans ressort, et le choc sur le labyrinthe a lieu.
J'ai observé le vertige de Ménière et l'état verti-
gineux, quarante-six fois. Dans ces quarante-six cas,
quinze fois le vertige était à la fois spontané et facile
à provoquer par les pressions centripètes. Dans trente
et un cas, le vertige naissait spontanément et ne pou-
vait être éveillé par les pressions. Dans sept autres cas,
le vertige n'existait pas à moins d'être provoqué; dans
cinq cas par les pressions, et deux fois par la douche
d'air de Politzer. Le phénomène vertigineux a donc
été observé cinquante-trois fois ; et il a pu être provoqué
artificiellement vingt-deux fois sur ces cinquante-trois
184 le CLINIQUE NERVEUSE.
malades. Sur les trente et un cas, où le vertige n'a pas
été produit parles pressions centripètes, onze fois celles-
ci ont amené l'extinction brusque de la sensation du
son du diapason posé sur le front (bosse frontale).
La poussée causait immédiatement un silence ; le son
passait aussitôt qu'on cessait de presser la poire à air.
Vingt fois, dans cette série de trente et un cas, on a
pu observer l'absence totale de modifications du son
crânien sous l'influence des pressions : épreuve néga-
tive. Dans les cas où les pressions ont causé des varia-
tions dans la sensation sonore ou éveillé le vertige;
souvent aussi le bourdonnement prenait naissance.
Je place à part cinq cas où les variations normales
ont été annoncées par l'action des pressions, et où le
vertige semblait lié à des poussées congestives soit
arthritiques, soit dues à la ménopause (deux cas), ou
était guéri depuis longtemps (trois cas). On a donc
pu diagnostiquer un état pathologique des fenêtres
ovale et ronde, et de la base de l'étrier dans la grande
majorité des observations.
Dans quelques-uns de ces cas, unehyperesthésiemala-
dive,une sensibilité excessive au bruit accompagnaient,
et deux fois au moins provoquaient le vertige.
Cette sensibilité indique sans doute qu'il y a autre
chose que la lésion de l'oreille moyenne dans ces cas
de vertige, et qu'une affection du labyrinthe coexiste
peut-être.
Toutes les fois que les rémittences franches, nettes
et concordantes, avec des pressions centripètes très-
douces, ont été notées, l'affection compliquée ou non
de vertige a marché rapidement vers la guérison. Au
point de vue du pronostic, ce signe me semble avoir
DU VERTIGE DE MBNIMRE. 185
une valeur précieuse ; celle-ci éclate aux yeux quand
on se trouve en face de lésions d'apparence grave,
telles que certains aspects du tympan. L'épreuve des
pressions permet de voir au delà, pour ainsi dire ; et
l'importance du rôle des parties profondes donne la
mesure de la valeur des renseignements qu'elle fournit.
Huit fois sur cent vingt-six cas de surdité, l'arrêt
de l'accommodation, c'est-à-dire le retard de la sen-
sation sonore, quand deux sons d'intensités différentes
se succèdent rapidement, a été constaté; et, fait cu-
rieux, cela n'a été observé sur aucun des cas de
vertige de Ménière.
En défalquant les cinquante-trois cas de vertige
des cent vingt-six observations où les épreuves des
pressions ont été employées, il reste soixante-treize
faits de pathologie auriculaire commune, comprenant
des lésions de tout ordre et de toutes sortes. Il est cu-
rieux de mettre en regard des données des épreuves
par les pressions centripètes dans le cas de vertige,
celles qu'on a pu constater par les mêmes moyens
d'observation, alors que cet élément symptomatique
faisait défaut. Or, j'ai pu noter trente et une fois sur
soixante-treize cas les signes de lésions au niveau des
fenêtres ovale et ronde de la platine de l'étrier, tels
que je les ai exposés dans ce travail : extinction du
son, épreuve négative. Ainsi d'un côté, avec le ver-
tige, quarante-six fois sur cinquante et un cas, les
troubles spéciaux caractéristiques des lésions des fe-
nêtres ont existé; mais sur soixante-treize cas où le
vertige n'a pas été observé, trente et une fois seulement
les mêmes troubles de l'audition pendant l'action des
pressions centripètes ont pu être enregistrés.
186 CLINIQUE NERVEUSE.
On doit conclure, malgré l'énorme différence dans
les proportions, que les signes d'une altération des fe-
nêtres labyrinthiques existent indépendamment des
manifestations vertigineuses, et que les lésions ne sont
point la cause unique de la production du vertige,
mais peut-être plutôt qu'elles jouent le rôle principal
au point de vue de la détermination du phénomène.
Nous avons vu, en effet, que j'ai pu provoquer l'ap-
parition du vertige par l'action des pressions centri-
pètes non seulement chez des sujets vertigineux,
mais aussi chez quelques malades qui n'avaient jamais
éprouvé de vertige spontané. Quel élément manquait
ici pour que le vertige apparût ? Il y a là, dans cette
pathogénie, affaire de proportions entre les états
anatomo-pathologiques et les causes d'ébranlement,
leur force et le moment de leur application. Toujours
est-il qu'on peut logiquement comparer aux pressions
que fait l'observateur, les effets de la déglutition, de
l'éternûment, de la toux et de l'action de se moucher
fort. Les conditions du développement du vertige
réflexe, celui que cause le bruit, les cris violents chez
un sujet d'ailleurs atteint d'une lésion auriculaire
tiennent déjà davantage à l'idiosyncrasie du sujet, à
son tempérament spécial. Il en est aussi de même, si
le vertige, ainsi qu'il ressort de l'étude de la plupart
des faits, est dû à des congestions céphaliques, à des
subinflammations de la gorge et des fosses nasales.
Quand le terrain est préparé, on l'a vu, une faible
pression détermine la réaction vertigineuse. Cette pres-
sion labyrinthique s'observe aux époques menstruelles,
au moment de la ménopause.
Le vertige est un accident dans les affections auri-
DU VERTIGE DE MÉNIËRE. 187
culaires, mais non un phénomène nécessaire. D'un
autre côté, le caractère névrosique de l'affection indique
déjà que l'idiosyncrasie, le tempérament, l'étal nerveux
constitutionnel ou acquis du sujet, toutes ces condi-
tions individuelles doivent jouer un rôle important
dans la genèse et dans la répétition de l'accident
vertigineux.
L'hyperesthésie acoustique, l'ouïe douloureuse que
nous avons notées plusieurs fois dans nos observa-
tions avec ou sans vertige, annoncent déjà que l'élé-
ment nerveux entre pour quelque chose dans cette
évolution morbide. Il en est de la sensibilité réflexe
comme de la sensibilité acoustique : certains sujets
la possèdent plus développée, et le vertige serait de
même ordre que la douleur, ou que le bourdonnement
d'oreille, c'est-à-dire le produit d'une excitabilité
particulière ou maladive.
Certains âges sont plus sujets au vertige spontané
ab aure Icesa; c'est passé quarante ans pour les hommes,
et à ! 'âge de la ménopause pour les femmes que ce
symptôme s'observe surtout.
Certaines diathèses y prédisposent aussi ; le rhuma-
tisme et la goutte surtout. J'ai vu assez fréquemment
le vertige cesser spontanément, dès qu'une jointure
se prend; et la lésion auriculaire gardait son caractère
de chronicité.
C'est ici qu'il faut rappeler que les phénomènes
vertigineux coïncident alors le plus souvent avec une
congestion extrême de la gorge et de toute la tête.
La cavité close qui constitue le labyrinthe qui ne peut
en définitive recevoir qu'une certaine somme de liquide
sanguin à l'état sain, se trouve dans l'impossibilité
188 CLINIQUE NERVEUSE.
de se prêter à en recevoir un surcroît si les fenêtres
sont raidies ou le jeu de l'appareil conducteur limité :
il s'ensuit une compression fatale du nerf labyrin-
thique. C'est là en effet l'origine probable des vertiges,
du bourdonnement liés aux affections cardio-pulmo-
naires, aux anévrismes des gros vaisseaux du cou ; de
ceux dont se plaignent certains asthmatiques et gout-
teux. L'examen du pharynx et des trompes éclaire
vivement toute cette pathogénie du vertige. Le laby-
rinthe dont les fenêtres sont raidies ou immobilisées
se trouve transformé en une sorte de manomètre de la
pression sanguine : le vertige est le signe indiquant
une tension exagérée, la commotion ou l'excitation
anormale des nerfs des canaux semi-circulaires. La
lésion auriculaire moyenne constitue la prédisposition.
En résumé, au moyen des deux épreuves nouvelles
associées, cela va sans dire, aux autres procédés d'in-
vestigation connus, il est possible de reconnaître les
lésions cachées de la base de l'étrier et des fenêtres.
L'analyse des causes du vertige de Ménière est ainsi
poussée beaucoup plus loin; le rôle et le diagnostic
des lésions de l'étrier et des fenêtres ovale et ronde
sont élucidés. Dans la grande majorité des faits de ver-
tige, il y a une grave lésion au niveau des fenêtres et
de l'étrier, combinée ou non avec d'autres siégeant dans
l'oreille moyenne. Cette lésion est rendue évidente par
les deux épreuves décrites. La plus habituelle de ces
lésions estl'enfonçure de la platine etson immobilisation
en ce point..Mais souvent aussi c'est la fenêtre ronde
qui est raidie ou immobilisée, et les mouvements
transmis à l'étrier, compriment le labyrinthe et cau-
sent le vertige.
DU VERTIGE DE 11 : NIBLt. 189
Les faits qui montrent l'étrier à nu et dans lesquels
le vertige ou l'extinction du son crânien sont produits
pendant les pressions, prouvent que c'est bien sur
l'étrier que les pressions agissent dans les expériences
instituées.
L'auscultation transauriculaire, pendant les pressions
centripètes, permet d'étudier à la fois la mobilité du
tympan et celle de l'étrier, et de comparer les résul-
tats de l'épreuve.
A l'état sain il y a concordance complète entre les
sensations variées soit du sujet, soit de l'observateur.
Tous les cas de vertige ne fournissent pas le même
résultat sous l'influence des pressions, de même que
celles-ci rendent manifestes (extinction, épreuve néga-
tive, et même vertige provoqué) peuvent se rencontrer
sans qu'il y ait de vertige spontané chez le sujet.
Le vertige reconnaît plusieurs causes : on a vu le
vertige traumatique; puis le vertige provoqué ou ex-
périmental ; puis celui qui naît de certains actes
physiologiques ou pathologiques (éternument, toux,
moucher, déglutition), plus ou moins mécaniques;
il y a aussi une forme névrosique, et une forme con-
gestive, dans lesquelles la lésion de l'oreille moyenne
agit comme prédisposition surtout. L'analyse des faits
montre qu'il y a des organismes plus disposés aux
excitations réflexes (tabétiques), d'autres à la douleur
(hypéresthésies, algies), d'autres enfin sont sensibles aux
bruits et sont tourmentés par une hyperexcitabilité
sensorielle, (ouïe douloureuse).
Cette analyse explique jusqu'à un certain point les
succès des divers traitements, et les récidives de
certains vertiges. Aux congestifs, j'ai donné avec suc-
190 CLINIQUE NERVEUSE.
ces la médication émétique; à la plupart des vertige-
neux arthritiques le salicylate de soude réussit dans
les mains de M. Charcot. Le médicament par excellence
des formes névrosiques, est certainement le sulfate de
quinine, administré suivant la méthode du maître.
Dans les formes douloureuses l'extrait de jusquiame
à l'intérieur, et l'atropine en instillations auriculaires
m'ont paru aider au bien-être du malade.
Le traitement local peut suffire à la guérison. Si
l'obstruction temporaire d'une trompe est la cause ma-
jeure du trouble d'équilibration : on conçoit qu'il est
toujours indiqué de replacer l'étrier et le tympan
dans la position normale, et de traiter l'otite moyenne
concomitante pour soulager le labyrinthe ; c'est ce que
font la douche d'air et le catéthérisme. Dans le cas
de ramolissement tympanique manifesté sur l'endo-
toscope, la cautérisation répétée de la cloison avec
le cautère électrique, facile et peu douloureuse, est
très souvent suivie de soulagement, tant à cause de
la perforation plus ou moins durable, que par suite
des modifications apportées à la tension par la cica-
trice.
Il faudra insister sur le traitement local et général
de la congestion pharyngée, et des pharyngites chro-
niques catarrhales ou rhumatismales qui accompagnent
si souvent le vertige de Ménière. On ordonne dans ce
but les fumigations nasales et de la gorge, les garga-
rismes. Les laxatifs, les pédiluves, sont très utiles.
L'iodure de potassium ouvre les trompes d'Eustache.
Le bromure de potassium soulage les névrosiques.
Les affusions froides et l'hydrothérapie achèvent cer-
taines guérisons. Certains sujets hyperesthésiés, impres-
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON t'HAUMA'i'UjUKS. 191 I
sionnables, doivent fuir loin du bruit et des tracas, et se
trouvent bien d'un séjour à la campagne, ou des
stations minérales. Mais, fait curieux, beaucoup de
ces malades entendent moins leur bourdonnement au
milieu du bruit de la ville. '
PATHOLOGIE NERVEUSE
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES NÉVRITES PËR ! PHÉRIQUES
NON TRAUMAT1QUES.
Par A. PITRES, professeur à la faculté de médecine de Bordeaux,
et. L. V.11LL\BD, médecin-major de seconde classe.
L'étude synthétique des névrites périphériques est
à peine ébauchée. Il existe à la vérité, dans la science,
un nombre déjà considérable d'observations isolées,
de documents épars, dont plusieurs ont une incontes-
table valeur. Mais ces faits, intéressants par eux-
mêmes, n'ont pas encore été réunis dans une description
d'ensemble. Les ouvrages classiques les plus modernes
et les plus estimés consacrent à peine quelques pages
à l'étude des névrites périphériques, et encore leur
description s'applique-t-elle presque exclusivement à
la névrite traumatique.
La névrite spontanée, non traumatique, est cependant
une affection commune. Elle peut naître sous l'influence
192 PATHOLOGIE NERVEUSE.
du froid, de l'intoxication saturnine, des maladies
infectieuses (variole, diphthérie, typhus pétéchial),
de la tuberculose, de l'alcoolisme. Elle se montre à
titre de complication dans le cours de plusieurs états
morbides des centres nerveux. Elle provoque, selon la
fonction du nerf qu'elle affecte, tantôt des troubles
graves de la sensibilité, tantôt des troubles trophiques
variés, des éruptions vésiculeuses ou bulleuses, des
oedèmes durs, des maux perforants. D'après les recher-
ches récentes de MM. Déjerineet Leloir, elle paraît être
la condition immédiate du développement des eschares
rapides et de certaines dermatoses. Son domaine
s'étend tous les jours et on peut être certain que dans
peu de temps son histoire prendra un développement
et une importance considérables.
Diverses causes ont contribué à rendre l'étude de
ces névrites lente et difficile. D'une part, on a cru pen-
nant longtemps que la nutrition des nerfs était subor-
donnée à des centres trophiques, et beaucoup de per-
sonnes se refusaient dès lors à admettre qu'une
inflammation puisse se développer dans un nerf, in-
dépendamment d'une altération primitive siégeant dans
la moelle ou dans les ganglions rachidiens. Les névrites
traumatiques et les dégénérations wallériennes devaient
constituer à elles seules toute l'histoire de la névrite.
D'autre part, les imperfections de la technique his-
tologique n'ont permis de reconnaître jusque dans ces
derniers temps que les lésions grossières des nerfs, celles
qui s'accompagnent de modifications appréciables à
l'oeil nu, de rougeur évidente ou de suppuration. Or,
il faut bien le dire, dans la plupart des cas la névrite
spontanée n'altère pas sensiblement l'aspect luacrosco-
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 193
pique du nerf malade. Pour constater les lésions des
tubes nerveux et à plus forte raison pour en apprécier
le degré, il est indispensable d'avoir recours à l'exa-
men microscopique après avoir soumis le nerf à
l'action préalable de certains réactifs dont le mode
d'emploi n'est réglé que depuis un petit nombre d'an-
nées.
Débarrassée de toute idée préconçue, munie de
procédés d'investigation précis, la génération actuelle
semble devoir reprendre par la base l'étude des névrites
périphériques, et déjà les travaux de 111AI. Charcot,
Joffroy, Cotard, Gombault , Westphal, Bernhardt,
Pierret, Lancereaux, Déjerine, Leloir, etc., ont révélé
plusieurs particularités anatomiques et cliniques du
plus haut intérêt. Mais il est évident qu'il reste
encore beaucoup à faire. Les hasards de la clinique
nous ayant permis de recueillir dans le courant de
l'année dernière un certain, nombre d'observations
de névrites périphériques non traumatiques, nous
avons pensé qu'il ne serait peut-être pas inutile de
les réunir et de faire connaître à la fois les symp-
tômes observés du vivant des malades et les lésions
rencontrées après la mort dans les troncs nerveux
altérés. C'est donc une simple série de faits relatifs
à l'histoire des névrites périphériques que nous nous
proposons de publier aujourd'hui. Toutefois pour éviter
des répétitions fastidieuses, nous indiquerons, avant de
donner les détails de nos observations, les différents
types d'altération des tubes nerveux que nous avons
rencontrés.
Archives, t. V 13
19t . PATHOLOGIE NERVEUSE.
I
Dans tous les cas de névrite spontanée non trau-
matique que nous avons observés jusqu'à présent, les
nerfs ne présentaient aucune altération macroscopique
appréciable. Ils avaient leur coloration normale, leur
aspect brillant et chatoyant; ils n'étaient ni ramollis,
ni indurés, ni rouges, ni oedémateux. Rien à l'oeil nu
n'indiquait qu'ils fussent malades. Le microscope seul
pouvait révéler l'existence et la nature des altérations
dont ils étaient le siège.
Pour l'examen microscopique, nous avons toujours
préparé les nerfs d'après les procédés indiqués par
M. Ranvier. Recueillis au moment de l'autopsie, les
nerfs dans lesquels nous soupçonnions l'existence d'al-
térations étaient aussitôt sectionnés en petits segments
de un centimètre et demi de longueur, tendus et fixés
à leurs deux extrémités sur des tiges de bois et plon-
gés pendant vingt-quatre heures dans quelques centi-
mètres cubes de solution d'acide osmique à 1 pour 150.
Puis ils étaient lavés à l'eau distillée, dissociés grossière-
ment et immergés pendant quarante-huit heures au
moins dans une solution de picro-carminate d'ammo-
niaque à 1 p. 100. Alors seulement ils étaient dissociés
sous l'eau et montés en préparations persistantes dans
de la glycérine picro-carminatée.
Lorsque nous voulions pratiquer des coupes, les
fragments de nerfs étaient immergés pendant huit à
dix jours dans une solution de bichromate de potasse
à 2 p : 100, puis lavés et traités successivement par
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 195
la gomme et l'alcool. Les coupes, après coloration
étaient également montées dans la glycérine picro-car-
minatée. ·
Les altérations histologiques des nerfs dans la névrite
spontanée ressemblent beaucoup à celles qui se pro-
duisent dans le segment périphérique des nerfs sec-
tionnés. Dans les deux cas, on observe au début le gon-
flement du noyau des fibres nerveuses et la segmen-
tation de la myéline, à la fin la destruction complète
du cylindre-axe et de la gaîne myélinique. Dans les
deux cas aussi les fibres détruites peuvent se régénérer,
ou tout au moins être remplacées par des fibres de
nouvelle formation., Mais de ce que les deux processus
présentent d'étroites analogies, il ne faudrait pas con-
clure qu'ils sont identiquement semblables. Les névrites
parenchymateuses spontanées n'ont pas l'évolution
régulière, uniforme, des dégénérations wallériennes.
Elles marchent quelquefois avec une extrême lenteur
et d'autres fois avec une surprenante rapidité.,De plus,
tandis qu'on n'observe jamais d'altérations ascendantes
dans le segment central des nerfs sectionnés, il semble
que, dans certains cas du moins, les névrites spontanées
puissent se propager de la périphérie vers le centre, et
atteindre par une migration centripète les ganglions
rachidiens et la moelle elle-même. ,
Les altérations des fibres nerveuses, dans les névrites
spontanées . que nous avons étudiées, se présentent
avec des aspects très différents selon l'âge et probable-
ment aussi selon la nature de la cause de la névrite.
Après avoir comparé entre elles un grand nombre de
préparations, nous croyons qu'on peut y distinguer
cinq phases ou types d'altération.
196 PATHOLOGIE NERVEUSE.
ilr Type. Fragmentation de la myéline en blocs.
(Pl. II, F'ig. 1, , 3, 4.)
A ce premier degré de l'altération, la gaine de
myéline cesse d'être continue, sans que pour cela le
diamètre du tube soit modifié. La myéline est inter-
rompue de distance en distance par des sections trans-
versales ou obliques, qui divisent chaque segment en
tronçons plus ou moins nombreux. Les blocs ainsi
produits diffèrent de forme et de longueur : tantôt ils
sont courts, cylindriques et restent exactement moulés
sur la gaine de Schwann; d'autres fois ils sont allongés,
amincis, comme usés, ou bien leurs bords présentent
des sinuosités, des encoches, de façon à laisser entre
eux et la membrane anhiste un espace rempli par du
protoplasma ou des gouttelettes de myéline. Leurs
extrémités, ordinairement arrondies ou un peu effilées,
sont séparées des tronçons contigus par de fines gra-
nulations de protoplasma ou de myéline.
La myéline qui entre dans la composition de ces
blocs n'a pas toujours son aspect normal. Au lieu
d'être homogène, uniformément nuancée, elle est sou-
vent terne, comme granuleuse, de teintes variées allant
du gris clair au noir foncé ; elle contient parfois dans
son intérieur des boules isolées, d'une couleur plus
foncée ou plus claire que celle du reste du bloc.
Les noyaux des segments tubulaires sont gonflés,
et plus nombreux qu'à l'état normal. Le proto-
plasma a végété, etse montre partout plus apparent; c'est
.autour du noyau du segment qu'il semble s'amplifier
d'abord, et c'est aussi à ce niveau que l'on peut voir
se produire le premier fractionnement de la myéline.
Ensuite le protoplasma envahit toute la longueur
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 197
du segment, sectionne la myéline sur plusieurs points
et s'insinue entre les traits de rupture ; ailleurs, il
pénètre à travers la myéline entre les lèvres des inci-
sures de Schmidt, et sur certaines préparations, il est
aisé de constater que c'est souvent par cette brèche
nprmalement ouverte que s'opère la fragmentation.
Le cylindre-axe est interrompu sur tous les points qui
correspondent aux sections de la myéline ; car on n'en
trouve plus trace dans les traits de séparation des
blocs.
Les détails précédents nous semblent établir avec
netteté qu'il ne s'agit point là d'une fragmentation
accidentelle de la myéline résultant de la dissociation.
Les cassures occasionnées par les aiguilles ont un
aspect tout différent et sont facilement reconnais-
sables.
2e Type. Fragmentation de la myéline en boules.
(Pl. II, Fig. 5, 6 et 7.)
A ce degré un peu plus avancé de la lésion le tube
nerveux garde encore un diamètre sensiblement égal,
mais la myéline s'y montre plus morcelée et divisée en
fragments de forme sphérique. Ce sont des boules plus
ou moins volumineuses, inégales, sphériques ou ova-
laires ; on dirait un chapelet à grains tantôt serrés et
tassés, tantôt espacés et entourés par un protoplasma
granuleux. Ces boules de myéline peuvent présenter
d'ailleurs dans leur composition moléculaire des modi-
fications semblables à celles qui ont été indiquées pré-
cédemment.
Le protoplasma devenu plus abondant et plus gra-
nuleux comble tous les points de la gaîne qui ne sont
198 . PATHOLOGIE NERVEUSE.'
pas occupés par les boules myéliniques. Les noyaux
sont manifestement multipliés. Le cylindre axile n'est
nulle part reconnaissable.
3e Type. Fragmentation de la myéline en fines
granulations avec atrophie discontinue de la fibre nerveuse.
Etat variqueux, monilifornie. Renflements fusi-
formes. (PI. II, Fig. 8, 9, 10.)
La myéline finement divisée et déjà en cours de
résorption a disparu sur certains points d'un même
tube, tandis qu'elle persiste dans d'autres. De là des iné-
galités du calibre, des dilatations pleines de myéline
séparées par des rétrécissements, au niveau desquels
la gaîne de Schwann, plus ou moins vide, s'est
affaissée.
Les renflements affectent les aspects et les dimen-
sions les plus variés; ils peuvent être courts ou
allongés, larges ou minces, fusiformes ou sphériques,
très rapprochés ou éloignés les uns des autres. Ils sont
constitués par un amas de boules ténues, de fines
gouttelettes ou de poussières myéliniques variant du
gris clair au noir brillant et noyées dans un proto-
plasma abondant, au milieu duquel on trouve de deux
à cinq noyaux. Quelques-unes . de ces dilatations ne
contiennent même plus de myéline colorée en noir
par l'osmium; on n'y voit qu'une masse de proto-
plasma cohérent, d'aspect gélatineux, jaune cendré et
dans lequel semblent figés 5 ou 6 noyaux à peine
colorés.
Les parties rétrécies correspondent à la membrane de
Schwann affaissée. Elles ne renferment plus qu'une
petite quantité de matière protoplasmique grenue,
DES NEVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 199
jaunâtre, dont les granulations peuvent se disposer en
stries longitudinales, et des noyaux ovoïdes allongés
dans le sens de l'axe. D'autres fois ces points affaissés
semblent absolument vides et sont réduits à un filament
pâle sur lequel les noyaux font encore une légère
saillie. Nulle part sur les fibres ainsi altérées on ne
découvre trace du cylindre axe.
je Type. Atrophie des tubes avec granulations
ambrées dans l'intérieur des gaines. (PI. III, Fig. 11, 12
et 13.)
Les tubes nerveux présentant cette altération se
caractérisent facilement par la nature de leur contenu,
les granulations ambrées.
Ils sont atrophiés sans interruption, grêles, pâles.
Tout débris de myéline colorée en noir a disparu de
leur intérieur ; on ne trouve plus alors dans la gaine
de Schwann ratatinée que des noyaux ovoïdes peu
colorés, et surtout, au milieu d'un fin protoplasma à
peine apparent, des granulations brunes ou ambrées
semblables à celles qui infiltrent normalement les cel-
lules de la moelle et des ganglions. Ces granulations,
qui mesurent en moyenne de 1 à 2 millièmes de milli-
mètre marquent vraisemblablement une des phases
régressives de la myéline. Tantôt elles se disséminent
en traînées linéaires, discontinues, suivant la longueur
de la gaine, tantôt elles se groupent en petits amas de
façon à former des dilatations et des renflements sur
la minceur générale de la fibre atrophiée. Entre les
traînées et les amas de grains jaunes existent des
points où la gaine est claire, transparente, plissée
longitudinalement et paraît absolument vide.
200 PATHOLOGIE NERVEUSE.
5e Type. Atrophie complète des tubes nerveux ;
vacuité des g aînés. (PI. 111, 7. 14, 15, 16, 17.)
Ce type correspond à la disparition complète des
produits transformés de la myéline. Le tube nerveux
se trouve alors réduit à l'enveloppe de Schwann pres-
que incolore, à peine calibrée, ne renfermant plus
que des noyaux et se présentant comme un filament
ondulé de 2 à 5 millièmes de millimètre. Les fila-
ments voisins ne sont point anastomosés entre eux.
En général, ils montrent à leur surface des stries diver-
sement orientées qui paraissent dues à des plissements
de la membrane; en outre, ils sont comme bosselés de
loin en loin par la présence de noyaux pâles, allongés,
dépourvus d'auréole protoplasmique appréciable. Ces
noyaux sont bien nettement contenus dans l'intérieur
de la gaine et non pas appliqués à sa surface, à la
façon des cellules plates du tissu conjonctif.
Évidemment il ne s'agit point là de fibres de Re-
mak ou de fibrilles conjonctives; l'erreur n'est point
possible et d'ailleurs certains points de ces tubes offrent
quelquefois une vérification facile en montrant encore
dans les tronçons incomplètement évacués des traces
de granulations ambrées ou même quelques goutte-
lettes myéliniques.
Ces gaînes vides, ainsi décrites à l'état isolé, se dis-
socient mal d'ordinaire et restent groupées en faisceaux
ondulés et cohérents. Alors elles apparaissent sous
deux aspects un peu dissemblables qui peuvent être
donnés comme deux variétés du même type d'alté-
ration sans qu'il soit possible de dire la raison de cette
différence.
Tantôt les groupes de gaînes vides ont dans leur
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 201
ensemble une coloration jaune sale ou sépia sur
laquelle se détachent en rose pâle les noyaux propres
à chaque tube ; ce sera l'atrophie complète avec colo-
ration jaune des gaines. D'autres fois, ils présentent une
teinte rosée ou rouge brun, tandis que les noyaux ont
pris une teinte plus vive. Cette apparence rappelle
jusqu'à un certain point celle des faisceaux conjonctifs;
aussi peut-on dénommer cette variété : atrophie coin-
plète avec aspect conjozacti f des cM.
Les diverses altérations que nous venons de décrire
se présentent rarement à l'état d'isolement absolu. Il
peut arriver que toutes les fibres d'un même nerf soient
exactement au même degré d'altération, mais cela est
rare et bien plus souvent elles sont inégalement alté-
rées. Alors, à côté de tubes nerveux dont la myéline est
fragmentée en blocs volumineux (type 1), on verra des
fibres partiellement atrophiées, variqueuses (type 3) et
des groupes de gaines vides (type 5); ou bien les tubes
variqueux (type 3) seront mélangés à des tubes atro-
phiés ne contenant plus que des granulations ambrées
(type 4). On peut même sur une seule fibre, consi-
dérée isolément, rencontrer une association de types
différents; à des segments fragmentés en blocs irré-
gilliers ou en boules, succèdent, par exemple, des tron-
çons partiellement atrophiés et variqueux, ou encore
à ces derniers viennent s'ajouter des granulations
ambrées.
Dans un certain nombre de cas, nous avons trouvé
à côté de fibres profondément dégénérées, réduites à
l'état de gaînes vides, des fibres nerveuses grêles, à con-
ton ! 'sgi' ! sAh\'s, llf)Iltle.i t;tl'i11171C.I11Cl7tS étaient plusrap-
303 PATHOLOGIE NERVEUSE.
proches les uns des autres qu'ils ne le sont dans les
fibres nerveuses adultes. Selon toute vraisemblance,
il s'agit là de fibres régénérées et présentant les
caractères de l'état embryonnaire. On observe du
reste des fibres tout fait semblables dans le bout péri-
phérique des nerfs sectionnés, quand on l'étudié trois
ou quatre mois après la section. '
Dans la plupart des cas, le tissucoujonctif intra-fas-
ciculaire isolé par la dissociation des nerfs a présenté
quelques modifications portant, non pas sur les fibrilles,
mais sur les éléments cellulaires. Ces derniers ont paru
quelquefois plus nombreux que de coutume ; le plus
ordinairement, sans être augmentés de nombre, ils
étaient gonflés, arrondis, munis d'un noyau volumi-
neux, et leur protoplasma était infiltré de granulations
colorées, variant du noir jaunâtre au gris clair ou bien
au jaune ombré.
Dans la paroi des capillaires les noyaux ont semblé
plus nombreux; le protoplasma qui les entoure était
gonflé plus sombre qu'à l'état normal et parsemé des
mêmes granulations.
Telles sont les principales altérations que nous avons
observés dans les cas de névrite dont nous allons main-
tenant rapporter les observations.
II
Observation I. Hémiplégie gauche. Eschare fessière
gauche ayant débuté le troisième jour après l'ictus apoplectique.
Eschare fessière droite moins étendue ayant débuté le qua-
trième jour. Mort le sixième jour. Altération des nerfs
cutanés correspondant aux eschares.
Morlat (Marie), âgée de soixante-dix ans, a été transportée à
DES NÉVRITES PERIPHERIQUES NON TRAUMATIQUES. 203
l'hôpital Saint-André, salle VIT, lit 13, service de M. Pitres, le
23 mai 1882. On ne peut obtenir sur son compte que des ren-
seignements incomplets et peu précis. Les personnes qui
l'accompagnent racontent qu'elle est épileptique et que, depuis
1873, elle a une attaque environ chaque mois. Elles racontent
en outre que le 22 mai dans la soirée, on a entendu dans la
chambre de la malade le bruit de la chute d'un corps pesant,
que le lendemain, ne la voyant pas sortir on est entré chez elle,
et qu'on l'a trouvée étendue sans connaissance au pied de son
lit.
Quelques heures après son entrée à l'hôpital la malade pré-
sente les symptômes suivants : elle est couchée dans le décu-
bitus dorsal, et plongée dans un coma profond, dont aucune
excitation ne peut la faire sortir. Elle fume la pipe du côté
gauche. Rotation de la tête et déviation conjuguée des yeux
vers la droite. Inertie et perte absolue de tonicité des mem-
bres supérieur et inférieur du côté gauche.
Le 25 mai l'intelligence est un peu revenue. Il y a encore
une grande torpeur, mais on peut cependant obtenir quelques
réponses. La parole est lente et difficile. La rotation de la tête
et la déviation conjuguée des yeux persistent; les pupilles sont
égales et contractées. La face est asymétrique; sa moitié gauche
est moins mobile que la droite. La langue est sèche, grillée et
sa pointe est déviée vers la gauche. Hémiplégie gauche flaccide,
les membres du côté gauche sont inertes, et si on les soulève,
ils retombent sur le lit sans la moindre tonicité; ils sont en
outre, sensiblement plus chauds que les membres du côté droit.
La température prise comparativement sur, deux points symé-
triques des jambes donne, à droite 33°, et à gauche 34°, 2.
Etat des forces au dynamomètre :
201 le PATHOLOGIE NERVEUSE.
une phlyctène de la grosseur d'une noisette qui se crève sous
nos yeux pendant qu'on en pratique l'examen. Le soir, le
centre de la plaque rouge est dépouillé d'épiderme sur une
surface arrondie de trois centimètres. La fesse du côté opposé'
ne présente rien d'anormal.
26 mai. L'état de la malade s'est aggravé. Il est impos-
sible de la faire parler ; plus de rotation de la tête , la déviation
des yeux persiste toujours. L'hémiplégie gauche est toujours
flaccide. L'eschare fessière gauche présente les dimensions
d'une pièce de cinq francs en argent. En outre, sur la fesse
droite, on aperçoit une plaque rouge, large comme la paume
de la main, sans décollement épidermique.
27 mai. Même état général. L'eschare fessière gauche
mesure sept centimètres dans le sens vertical et cinq centi-
mètres dans le sens transversal. Elle se compose de zones
d'aspect différent. Au centre existe une tache noirâtre de tissus
sphacélés mesurant environ trois centimètres de diamètre.
Cette tache est entourée d'un large liseré violacé, qui s'étend
presque jusqu'à la limite du décollement épidermique. Enfin
à plusieurs centimètres au delà de l'eschare proprement dite,
c'est-à-dire de la portion de peau dépouillée d'épiderme, existe
une rougeur diffuse avec un peu de gonflement oedémateux.
Sur cette portion rouge périphérique on remarque plusieurs
phlyctènes remplies de liquide séreux, jaunâtre.
Sur la fesse droite l'épiderme est décollé sur une surface de
trois centimètres de diamètre.
. Mort le 28 mai dans la nuit.
Autopsie le 30. Dure-mère saine. Artères de la base non
athéromateuses. Cervelet mou, fortement pigmenté, sans lésions
en foyer. Pas d'altération appréciable des pédoncules.
Hémisphère gauche. Décortication facile de la pie-mère.
Les trois digitations antérieures de l'insula de Reil sont
détruites par une lésion évidemment ancienne et remplacée
par une plaque jaune. Cette plaque jaune est tout à fait super-
ficielle ; elle ne dépasse pas eu profondeur les limites de la
substance corticale. Masses centrales saines.
Hémisphère droit. En essayant de séparer la pie-mère du
cerveau, on voit qu'au niveau de la région fronto-pariétale elle
entraîne de gros fragments de substance cérébrale ramollie. Il
existe, en effet, un large foyer de ramollissement récent qui
occupe les deux circonvolutions ascendantes dans toute leur
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 205
étendue, la moitié antérieure du lobule paracentral et la moitié
postérieure de la première frontale interne. Le ramollissement
s'enfonce assez profondément dans le centre ovale, mais il
n'atteint pas les masses centrales qui paraissent tout à fait
normales. Le lobe occipital est sain.
Les nerfs cutanés correspondant à chacune des eschares ont
été recueillis vingt-quatre heures après la mort, non seulement
dans les parties sous-jacentes aux régions sphacélées, mais
aussi dans les portions périphériques de peau saine et sur une
étendue de quatre centimètres ; tous paraissaient sains àl'oeil nu.
Examen histologique. Les filets aboutissant à chaque
eschare ont été examinés séparément, mais les lésions qu'ils
présentent sont tellement identiques qu'il y a lieu de les con-
fondre dans une description commune.
Toutes les fibres sans exception sont altérées. La plupart
sont complètement atrophiées, pâles, ondulées avec l'aspect
conjonctif (type 5). Les figures 16 et 17 ont été dessinées sur
les préparations provenant de ces nerfs. De loin en loin, on ren-
contre quelques tubes renfermant encore des blocs ou des
boules de myéline (types 1 et 2) ; mais ces tubes sont relative-
ment rares. 11 n'y a pas une seule fibre présentant les apparences
de l'état normal. Les racines et les nerfs autres que les filets
cutanés au voisinage des eschares n'ont pas été examinés.
Réflexions. Cette observation est intéressante à
divers points de vue.
Elle confirme les rapports découverts par MM. Dé-
jerine et Leloir entre les eschares rapides de la peau
et les altérations des nerfs périphériques correspon-
dants. Elle démoutre de plus que ces altérations peu-
vent évoluer avec une extrêmerapidité. Bien que notre
malade, en effet, n'ait survécu que six jours aux acci-
dents apoplectiques qui ont déterminé la mort, les
nerfs au voisinage des eschares fessières étaient pro-
fondément altérés puisque déjà presque toutes leurs
fibres étaient complètement atrophiées. Il y a là une
différence importante à signaler entre cette forme de
206 PATHOLOGIE NERVEUSE.
névrite spontanée et les dégénératious wallériennes con-
sécutives à la section des nerfs. Jamais la dégénération
wallérienne n'évolue avec une aussi grande rapidité.
Jamais elle ne provoque eu un aussi petit nombre de
jours une atrophie complète des tubes nerveux..
Notons incidemment que, contrairement aux idées dé-
veloppées par M. Joffroy, la production des eschares
rapides n'est pas en rapport nécessaire avec les lésions
destructives des lobes occipitaux, puisque ces lobes
étaient intacts chez notre malade.
Observation II. Hémiplégie gauche. Eschare fessiers
gauche ayant débuté quarante-huit heures après l'ictus initial.
- lllort le trente et unième jour. Altération des nerfs
cutanés correspondants à l'eschare.
Renz (Jean), âgé de soixante-six ans, ébéniste, d'une consti-
tution vigoureuse, obèse, jouissait d'une bonne santé habituelle
bien qu'il fit assez fréquemment des excès alcooliques.
Le t avril 1882, sans aucun trouble prémonitoire, Renz
étant occupé à travailler dans son atelier eut tout à coup un
étourdissement assez fort pour le faire tomber. Il ne perdit
pourtant pas connaissance ; mais, quand on le releva, il avait
une faiblesse telle de tout le côté gauche du corps qu'il fut
obligé de rester au lit. Les jours suivants cette faiblesse aug-
menta progressivement et devint une véritable paralysie ren-
dant impossibles tous les mouvements volontaires des membres
du côté gauche. De plus, dès le 19 avril, c'est-à-dire quarante-
huit heures après le début de la maladie, on remarqua une
rougeur très notable de la fesse gauche ; le lendemain l'épi-
derme se souleva, et dès lors il se développa une eschare peu
profonde, mais assez large, occupant le milieu de la fesse
gauche.
Le malade entra à l'hôpital Saint-André, salle XVI, lit 16,
service de M. Pitres, le 24 avril 1882.
État actuel (25 avril). Renz est couché dans le décubitus
dorsal. Il répond bien aux questions qu'on lui pose; il n'est pas
aphasique. Son intelligence et sa mémoire paraissent bien
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 307
conservées. Il présente une hémiplégie gauche totale et com-
plète. Les muscles du côté gauche de la face sont affaiblis, la
bouche est entraînée vers la droite, la pointe de la langue est
déviée vers la gauche ; la paupière gauche est un peu moins
largement ouverte que la droite, mais elle exécute assez bien
les mouvements volontaires et les mouvements de clignement.
Il n'y a pas de rotation de la tète, ni de déviation des yeux.
Les deux membres du côté gauche sont inertes, flaccides, et
soulevés au-dessus du lit ils retombent lourdement : pas de
contracture primitive. Le malade ne peut exécuter aucun mou-
vement volontaire avec les membres du côté gauche. Pas d'hé-
mianesthésie. Le réflexe rotulien est exagéré du côté gauche.
Il existe un peu d'oedème dans les membres du côté paralysé.
État des forces au dynamomètre :
208 PATHOLOGIE NERVEUSE.
de la première circonvolution sphénoïdale et du lobule pariétal
inférieur. Le lobe occipital est sain.
Ces foyers de ramollissement pénètrent profondément dans
le centre de l'hémisphère, où ils détruisent presque complète-
ment l'avant-mur, le noyau lenticulaire, la capsule interne et
même le noyau caudé dont le tiers moyen présente sur le ven-
tricule latéral une dépression profonde, jaunâtre et ramollie.
La couche optique est saine. Les noyaux striés et la capsule
sont détruits sur les coupes préfrontale, frontale et pariétale ;
sur la coupe pédiculo-pariétale les masses centrales sont saines.
Les pédoncules ne présentent pas de dégénération appré-
ciable. La moelle est molle, presque diffluente, au point qu'elle
n'a pu être conservée pour l'examen histologique.
Des filets nerveux cutanés ont été disséqués vingt-quatre
heures après la mort sur le pourtour de l'eschare fessière et
dans un rayon de quatre centimètres environ.
Examen histologique. Toutes les branches recueillies,
d'apparence normale à l'oeil nu, sont profondément altérées,
et toutes les fibres qui les composent présentent des lésions
évidentes de névrite parenchymateuse. Nulle part on ne ren-
contre une seule fibre saine, et même n'en existe-t-il qu'un
très petit nombre ayant encore conservé des débris de myéline.
Ce qui frappe, en effet, c'est l'extrême prédominance des gaines
vides (type 5), quelquefois de couleur jaune, mais plus géné-
ralement avec l'aspect conjonctif. Dans les rares tubes où la
lésion est moins avancée, la myéline est fragmentée en blocs
(type 1), en boules (type 2), ou bien en granulations avec atro-
phie partielle de la fibre et renflements fusiformes (type 3).
Les racines et les ganglions n'ont pas été examinés.
Réflexions. Mêmes remarques à faire que pour
l'observation précédente. Des altérations des nerfs cu-
tanés de la région fessière coexistent avec une eschare
rapide de cette région. Il y a très vraisemblablement
entre les lésions nerveuses et la nécrobiose de la peau
une relation directe de cause à effet.
Les altérations des nerfs cutanés au voisinage de
de l'eschare ressemblent à celles que provoque la dé-
génération wallérienne ; mais elles paraissent évoluer
DES NÉVRITES PERIPHERIQUES NON TRAUMATIQUES. 209
avec une plus grande rapidité, cardans les expériences
pratiquées sur les animaux, les fibres des bouts péri-
phériques d'un nerf sectionné renferment encore une
quantité assez notable de myéline après quatre ou cinq
semaines, tandis que chez notre malade la grande
majorité des fibres sont complètement atrophiées après
31 jours.
Ou peut encore noter dans cette observation l'inté-
grité des lobes occipitaux malgré le développement
d'une eschare rapide.
Observation III. Fracture du crâne; épanchement sanguin
abondant entre la dure-mère et la voûte osseuse. Hémi-
/j ? e droite. Large plaque érylhémateuse de la région fes-
siere droite, avec ulcérations superficielles survenues quatre
jours après le traumatisme ; plaque éîythéiîtateitse identique
sur la fesse gauche au huitième jour. Mort au dix-huitième
jour. .'të)'a<to ? t des nerfs cutanés correspondant aux lésions
de la peau ' . 1.
Jolfre, maçon, âgé de soixante-quatre ans, a fait une chute
d'un deuxième étage et est porté le 22 juin 1882 à l'hôpital
Saint-André, salle 10, service de M. Démons. Cet homme est
dans un état de coma absolu ; la respiration est stertoreuse, les
pupilles sont insensibles, contractées et les membres en réso-
lution complète. Il n'existe d'autre traumatisme qu'une petite
plaie contuse au niveau de la partie 'moyenne du bord posté-
rieur du pariétal gauche et quelques contusions aux membres
inférieurs, particulièrement du côté droit.
23 jiiiiî. Le malade est encore dans le coma. On constate
nettement l'existence d'une hémiplégie droite. Réflexe rotulien
aboli à droite, considérablement diminué à gauche. Le réflexe
au chatouillement de la plante du pied est exagéré à droite.
Relâchement des sphincters.
24. Même état. Le malade exécute cependant quelques
mouvements volontaires du côté droit. Le 25 il semble sortir
Renseignements cliniques communiqués par M. Doche, interne du
service.
.iiciiivns, t. V. 11 i
2t0 PATHOLOGIE NERVEUSE.
un peu du coma et comprend les questions qu'on lui pose, mais
il répond par des paroles inintelligibles. La sensibilité est abolie
du côté droit et considérablement diminuée à gauche.
26. Une plaque érythémateuse, absolument insensible,
large comme une pièce de cinq francs en argent et parsemée de
-petites phlyctènes sanguinolentes existe sur la partie moyenne
de la fesse droite. Les jours suivants cette rougeur s'étale len-
tement, progressivement, en se recouvrant de petites vésicules
et arrive, au moment de la mort, à gagner presque toute
l'étendue de la fesse. L'épiderme s'est exfolié par larges écailles
et le derme est à nu dans toute l'étendue de la plaque; les
phlyctènes qui en parsèment la surface ont donné lieu à de
petites ulcérations superficielles de la dimension d'une len-
tille ou d'un pois, ne dépassant pas l'épaisseur du derme.
Le 30 juin une seconde plaque érythémateuse se produit sur
la fesse gauche, et suit une marche identique à la précédente,
dont elle présente d'ailleurs tous les caractères.
Dès ce jour, la température s'est élevée, pour osciller entre
38° et 39°; les phénomènes antérieurs ne se modifient en rien,
le malade présente une légère contracture du côté droit et
retombe dans un coma absolu, au milieu duquel il succombe le
10 juillet.
Autopsie. Fracture du crâne, sans enfoncement, com-
mençant à la partie postérieure de la région pariétale gauche,
à trois centimètres au-dessous de la suture bi-pariétale et se
dirigeant en bas et en avant; le trait de fracture croise, eu
descendant, la suture fronto-pariétale, traverse obliquement la
partie la plus externe de l'étage supérieur de la base et passe à
l'étage moyen, immédiatement en dehors de l'apophyse d'In-
grasias. Puis il se dirige en dedans en se bifurquant; l'une
des branches vient aboutir à deux millimètres du trou ovale,
l'autre, postérieure, se termine à six millimètres du trou dé-
chiré antérieur.
Après l'ablation de la calotte crânienne, on découvre, au
niveau de l'hémisphère gauche, un énorme caillot hémorrha-
gique provenant d'une déchirure de l'artère méningée moyenne
et placé au-dessus de la dure-mère. Ce caillot presque régulière-
ment arrondi, n'adhérant à l'os ou à la membrane fibreuse que
vers ses limites périphériques, présente un diamètre de six
centimètres, et, à sou centre, une épaisseur de trois centi-
mètres.
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 211
Par sa face profonde, il répond exactement à la circonvolu-
tion pariétale ascendante, au lobule pariétal inférieur, à la
moitié inférieure du lobule pariétal supérieur et à la moitié
postérieure des première et deuxième sphénoïdales. Toutes ces
parties de l'écorce portent l'empreinte de la compression
qu'elles ont subie.
Le plancher du quatrième ventricule ne présente à signaler
que quelques points hémorrhagiques dans les gaines vascu-
laires. Dans le bulbe, entre l'olive et le corps restiforme gauches,
existe un petit noyau hémorrhagique de la grosseur d'un grain
de blé.
Les régions fessières droite et gauche sont recouvertes par
une vaste plaque d'un rouge violacé, s'étendant en largeur
depuis le sillon interfessier jusqu'aux grands trochanters. A ce
niveau l'épiderme est enlevé, le derme est à nu, mais à peine
atteint dans ses parties superficielles. La couche profonde et le
tissu cellulaire sous-dermique paraissent absolument sains. Sur
cette étendue existent, de chaque côté, sept ou huit petites
ulcérations isolées, arrondies, de la grosseur d'une lentille ou
d'un pois, intéressant toute l'épaisseur du derme, et dont
quelques-unes semblent en voie de cicatrisation.
Des filets nerveux cutanés ont été recueillis quelques heures
après la mort dans le tissu cellulaire sous-jacent aux deux
plaques érythémateuses.
Examen histologique. 1° Nerfs de la plaque fessière droite.
Dans chaque préparation, existe un mélange en proportions
inégales de fibres dissemblables par leur aspect, leur diamètre,
et paraissant répondre à des états bien différents.
Les unes, les plus nombreuses, sont en cours d'altération ;
ce sont des fibres de gros diamètre, dont la myéline, plus ou
moins désagrégée, est fortement colorée en noir par l'osmium.
Presque toutes marquent encore les premières phases de la
névrite ; la forme dominante, en effet, est la fragmentation en
blocs ou en boules (types 1 et 2) dont les caractères sont repro-
duits par les figures 1, 4 et 5 empruntées à ce cas; quelques
fibres cependant présentent le type 3 ou sont réduites à l'état
de gaines vides (type 5).
Les autres sont des fibres minces, grêles, d'un diamètre trois
fois moindre environ, et leur myéline constituée en cylindre
continu est pâle, à peine teintée en gris; en outre, elles sont
formées par des segments très courts, très rapprochés, conte-
212 PATHOLOGIE NERVEUSE.
nant parfois deux noyaux ovoïdes colorés en rose. Ces der-
nières représentent exactement des fibres régénérées.
En résumé, les nerfs aboutissant à la plaque fessière droite
sont uniquement composés de tubes altérés et de tubes en voie
de régénération. Tous ont donc été atteints, non pas simulta-
nément, mais à des moments différents, de telle sorte que les
uns subissent les phases d'une lésion destructive, tandis que
les autres tendent à reconstituer leur structure normale.
2° Nerfs de la plaque /eM ? 'e gauche. Les filets nerveux
recueillis à ce niveau ne semblent pas avoir été, comme ceux
du côté droit, frappés dans la totalité de leurs fibres ; ils con-
servent en effet une notable quantité de tubes absolument
normaux. Toutefois la grande majorité des fibres est altérée
et leur myéline est fragmentée en gros blocs (la figure 4 repro-
duit l'une d'elles); de loin en loin existent aussi des faisceaux
de gaines vides (type 5) avec apparence conjonctive.
On rencontre également quelques éléments régénérés, c'est-
à-dire des tubes pâles, minces, à myéline continue et à seg-
ments courts.
Réflexions. Tandis que dans les observations
précédentes, il s'agissait de névritesàmarche suraiguë,
atrophiant rapidement la presque totalité des fibres,
ici au contraire, la névrite semble affecter une évolution
plus lente, ainsi que l'indique la moindre gravité des
lésions. De plus, le processus destructif s'est arrêté sur
quelques tubes, pour faire place à un travail de restau-
ration. Aussi existait-il sur chaque branche nerveuse
un certain nombre de fibres susceptibles d'un fonction-
nement régulier, soit qu'elles n'aient pas été atteintes,
(plaque fessière gauche), soient qu'elles aient été
régénérées. De là sans doute la marche lente des
lésions cutanées , leur caractère superficiel et la
tendance à la cicatrisation, sur les points où le derme
avait été plus profondément altéré. Celte allure plus
modérée de la névrite serait-elle liée à la nature
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 21.1
différente de la lésion cérébrale qui, au lieu de
détruire, se bornait à comprimer ? Tout au moins, il
ressort de ce fait que les lésions destructives de l'en-
céphale ne sont pas seules à produire des névrites ; la
compression d'un point déterminé des hémisphères
peut également les provoquer.
Il convient de signaler encore dans cette observation
cette particularité intéressante, à savoir qu'une lésion
unilatérale du cerveau peut être la cause de la for-
mation rapide d'eschares sur les deux régions fessières.
La bilatéralité de l'eschare est exceptionnelle ; elle a ce-
pendant été notée par M. Charcot dans le travail où
il a décrit pour la première fois les eschares rapides
des hémiplégiques.- Après avoir indiqué le mode de
formation de l'eschare, M. Charcot ajoute : « Pendant
que ces divers phénomènes se produisent du côté
correspondant à l'hémiplégie, la fesse du côté opposé
reste en général parfaitement indemne. Il peut arriver
cependant qu'elle s'affecte à son tour, de la même
manière, mais toujours plus tardivement et à un
moindre degré. Je n'ai du moins rencontré jusqu'ici
qu'un seul cas dans lequel le travail de mortification
ait envahi les deux fesses simultanément et à peu près
avec la même intensité '. »
Observation IV. - Zona double occupant le sixième et le
onzième espace intercostal droits. Altération des nerfs, des
ganglions et des racines postérieures.
Un hasard d'autopsie nous a fait rencontrer sur une femme
âgée de trente ans, morte le 15 juin 1882 d'une pleuro-pneu-
' Charcot. -Note sur la formation rapide des eschares à la fesse du
côté paralysé dans l'hémiplégie récente de cause cérébrale. (Archives de
Physiologie normale et pathologique; 1868, p. 308).
214 pathologie NERVEUSE.
monie droite, deux éruptions de zona de siège et d'âge diffé-
rents, mais sur l'évolution clinique desquelles nous ne possé-
dons aucun renseignement.
L'une de ces éruptions occupe le sixième espace intercostal
droit. Elle est représentée .par des cicatrices blanches, légère-
ment déprimées au centre, un peu pigmentées à la périphérie
et formant deux plaques confluentes de 4 centimètres de
diamètre au niveau du tiers antérieur et du tiers postérieur de
l'espace.
La seconde éruption occupe le onzième espace intercostal
du même côt. Elle comprend trois plaques éruptives, dont les
éléments sont groupés de façon à former un ovoïde allongé
dans le sens de l'espace. Ces plaques sont séparées par des
intervalles de peau saine. Les éléments qui les constituent
semblent être de date relativement récente ; ce sont des vési-
cules petites, serrées, déjà un peu flétries, affaissées et reposant
sur un fond violacé d'aspect pétéchial. En piquant celles qui
contiennent encore un peu de liquide on fait écouler une petite
gouttelette de sérosité sanguinolente, et si on enlève l'épi-
derme, le derme apparaît d'un violet noir.
A l'ouverture du thorax, on constate un épanchement peu
abondant (300 gr.) de sérosité un peu hématique dans la plèvre
droite. Le poumon droit présente les lésions d'une pneumonie
lobaire; au sommet existe un noyau d'hépatisation grise, tandis
que les lobes moyen et inférieur sont encore en hépatisation
rouge.
Sur la plèvre pariétale droite, on remarque une ecchymose
sous-pleurale siégeant dans le fond de la gouttière costale et
s'étendant de la cinquième à la septième côte ; à ce niveau la
séreuse est un peu épaisse et adhère à la face externe du
poumon.
Les quatrième, cinquième, sixième, 'dixième et onzième
nerfs- intercostaux ont été disséqués et enlevés dans toute leur
étendue pour être soumis à l'examen histologique. Ces nerfs
ne présentent entre eux absolument aucune différence macros-
copique, et particulièrement les sixième et onzième ne montrent
aucune modification dans leur volume, leur consistance et
leur coloration.
Les ganglions, les racines et les portions de moelle corres-
pondant à ces nerfs ont été également enlevés ; sur aucun de
ces organes, on ne découvre de lésions appréciables à l'oeil nu.
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMAT1QUES. 215
Examen histologique. Les quatrième , cinquième et
dixième nerfs intercostaux sont absolument sains.
Sixième nerf intercostal. La dissociation de ce nerf a été
laborieuse en raison de la résistance insolite du tissu conjonc-
tif constituant et en raison de l'adhérence plus intime des fais-
ceaux et des fibres.
Dans les nombreuses préparations faites, soit des filets cuta-
nés, soit du tronc lui-même, il n'existe plus une seule fibre
saine ; toutes sont altérées à des degrés divers variant de l'une
à l'autre. Sur certains tubes la myéline est fragmentée en blocs
(type 1) ou en boules (type 2), ainsi que le représentent les
figures 2, 3, 7, empruntées aux préparations de ce nerf ;
plus communément elle est divisée en fines gouttelettes avec
formation de varicosités (type 3), ou bien encore la fibre est
atrophiée et ne contient plus que des granulations ambrées
(type 4). Sur une même fibre isolée dans une grande longueur,
on peut rencontrer plusieurs types d'altération associés; mais
nulle part il n'existe de portions parfaitement saines faisant
suite à des segments altérés.
Quelquefois au milieu des fibres les plus altérées, on dis-
tingue un tube de très petit diamètre, pâle, constitué par des
étranglements annulaires très rapprochés, et représentant tout
à fait l'aspect d'un élément en voie de régénération après la
section expérimentale des nerfs.
Les coupes transversales du nerf après durcissement par le
bichromate de potasse, la gomme et l'alcool, décèlent, indé-
pendamment de la lésion parenchymateuse, l'existence d'une
sclérose diffuse. De la gaine lamelleuse se détachent des travées
conjonctives épaissies qui sillonnent le nerf en tout sens et
circonscrivent les faisceaux altérés. De ces travées partent des
cloisons secondaires également hypertrophiées, infiltrées de
petits noyaux rouges et formant un réseau très apparent dont
les mailles de grandeur variable entourent les débris des tubes
nerveux. Ces derniers ne possèdent plus de cylindre-axe. Les
uns sont réduits à la gaine de Schwann, dont la cavité parait
absolument vide; les autres, parfois très dilatés, renferment un
petit amas de myéline jaunâtre, amorphe, au milieu duquel on
peut rencontrer un noyau irrégulier et vivement coloré par le
carmin.
Sixième ganglion dorsal. Ce ganglion a été étudié au moyen
de coupes perpendiculaires à son grand axe, faites après action
216 PATHOLOGIE NERVEUSE.
de l'acide osmique à 1 p. 150 et durcissement par l'alcool
absolu, puis colorées durant vingt-quatre heures dans une
solution de picro-carminate d'ammoniaque. Sur les prépa-
rations ainsi obtenues les fibres de la racine sensitive, qui
traversent le ganglion, sont intéressées transversalement à leur
direction et représentées par une série de sections circulaires.
- Si, à l'aide d'un faible grossissement, (obj. 2 de Verick) on
compare ces coupes à celles d'un ganglion normal, on est
immédiatement frappé par la diminution très évidente du
nombre des tubes nerveux ; les points noirs qui résultent de la
coloration de la myéline étant bien moins abondants dans le
ganglion correspondant au zona que dans l'autre. A un plus
fort grossissement (obj. 6), on constate alors que beaucoup de
fibres ont disparu, laissant à leur place une logette vide, un
espace clair limité par la gaîne de Schwann, dans laquelle
on trouve parfois un noyau accolé à la paroi ou quelques fines
granulations ambrées. Mais là ne se bornent pas les altérations
existantes. Parmi les fibres qui contiennent encore de la
myéline, c'est à peine si, dans certains faisceaux, on en peut
trouver trois ou quatre présentant leurs caractères normaux.
Presque toutes, en effet, sont gravement lésées ; leur myéline,
au^lieu d'être homogène, est fragmentée en gouttelettes ou en
granulations entourant parfois un ou deux noyaux. Quelques-
unes présentent une large section, comme si la coupe les avait
intéressées au niveau d'une varicosité ; d'autres sont très
petites et semblent en voie d'atrophie.
La trame conjonctive et les cellules nerveuses ne présentent
aucune modification appréciable.
Racines correspondantes au sixième ganglion droit. Les
racines antérieure et postérieure qui paraissaient absolument
semblables à l'oeil nu, diffèrent considérablement lorsqu'on les
examine au microscope. Tandis en effet que, dans la racine
antérieure, les tubes nerveux ont gardé leur structure normale,
dans la racine postérieure, au contraire, il est impossible de
découvrir une seule fibre intacte. Toutes sont lésées; tantôt la
myéline y est fragmentée en boules (type 2) ; tantôt, et c'est
le cas le plus fréquent, elle est segmentée en granulations et
forme des varicosités (type 3) ; ou bien elle a totalement disparu
et les tubes atrophiés présentent l'aspect conjonctif décrit dans
le type 5.
Onzième nerf intercostal. Ce nerf, difficile à dissocier
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 217 ï
comme le précédent, a été examiné sur différents points de sa
longueur et partout il montre des altérations identiques. Toutes
les fibres y sont lésées à des degrés différents qui varient depuis
le premier type jusqu'au dernier. Ainsi, dans quelques tubes, la
myéline est segmentée en blocs ou en boules (types 1 et 3) ;
plus commune est sa fragmentation en granulations avec
atrophie partielle et varicosités (type 3). Mais l'altération domi-
nante est constituée par l'atrophie complète des tubes ; les uns
renferment encore des granulations ambrées (type 4), comme
le montrent les figures 11, 12, 13, 1 et 15 empruntées à ce
nerf; les autres sont absolument vides et se présentent avec
la coloration sépia ou l'aspect conjonctif qui caractérisent le
type 5.
Sur les parcelles de tissu conjonctif dissociées en même
temps que les fibres nerveuses, les cellules plates ont paru plus
nombreuses, plus volumineuses qu'à l'état normal et gonflées
par la présence de granulations brunes formant une petite
auréole autour du noyau. Dans la paroi des capillaires, on dis-
tingue également une grande quantité de noyaux et aussi des
granulations brunâtres qui paraissent résider surtout dans les
cellules du périthélium.
Les coupes transversales du nerf après durcissement par le
bichromate de potasse, la gomme et l'alcool montrent une
sclérose diffuse analogue à celle du sixième nerf intercostal. La
figure 18 représente l'aspect d'une de ces coupes après colora-
tion au picro-carmin. Elle montre que les travées conjonctives
intra-fasciculaires sont épaissies, que les cylindres-axes ont dis-
paru et que la myéline, profondément modifiée dans son aspect,
est devenue jaunâtre et finement granuleuse.
Onzième ganglion dorsal droit. Ce ganglion, étudié comme
le précédent, après action de l'acide osmique, et sur des coupes
perpendiculaires à son grand axa, ne présente aucune altération
appréciable de ses fibres, de ses cellules ou du tissu conjonctif.
Racines. La racine postérieure et la racine antérieure
sont absolument normales.
Moelle. La moelle dorsale, durcie dans une solution de bi-
chromate d'ammoniaque à 2 p. 100, a été examinée à diverses
hauteurs et particulièrement dans les points correspondants aux
sixième et onzième nerfs intercostaux : elle n'a présenté aucune
lésion appréciable.
En résumé, sur le cadavre d'un sujet dont l'histoire clinique
218 pathologie nerveuse.
J0
nous est malheureusement très incomplètement connue, nous
trouvons deux zonas : l'un ancien correspondant au trajet du
sixième nerf intercostal, l'autre plus .récent suivant la distri-
bution du onzième nerf intercostal. A l'examen histologique,
nous trouvons des altérations dégénératives profondes dans toute
l'étendue du sixième nerf intercostal, dans les fibres nerveuses
qui traversent le sixième ganglion rachidien et dans la racine
postérieure attenante à ce ganglion. Le onzième nerf intercostal
est aussi profondément altéré, mais son ganglion et les racines
qui s'y rendent sont normaux. Les autres ganglions et les
autres nerfs intercostaux sont sains.
RÉFLEXIONS. - Il existe dans la science un certain
nombre d'observations de zona dans lesquelles on a
trouvé à l'autopsie des altérations nerveuses périphé-
riques. Mais ces observations sont loin d'être précises,
complètes et concordantes. (A suivre.)
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE II.
Figures 1, 2, 3, 4. Fragmentation en blocs des tubes nerveux. Fig. 1
et 4, nerfs cutanés an voisinage, de l'eschare fessière droite (Obs. iI1);
fig. 2 et 3, sixième nerf intercostal (Obs. IV).
Fig. 5, 6, 7. Fragmentation en boules. Fig. 5, nerf cutané an voisi-
nage de l'eschare fessière droite (Obs. III) ; fiq. 6, nerf mentonnipr
(Obs. V); ? y. 7, sixième nerf intercostal (Obs. IV).
Fig. 8, 9, 10. Fragmentation en gouttelettes avec varicosités ou renfle-
ments fusiformes, fibres provenant du nerf mentonnier (Obs. V).
planche III.
Fig. il, 12, 13. Atrophie avec granulations ambrées fibres provenant du
1 le nerf intercostal (Obs. IV).
Fig. 14, 15, 16, 17. Atrophie complète des tubes nerveux. Fig. 14
et 15, atrophie avec coloration jaune provenant du Me nerf intercostal
(Obs. IV); fig. 16 et 17, atrophie avec aspect conjonctif provenant des
nerfs du voisinage de l'escliare fessière (Obs. I); fig. 16, faisceau de
fibres non dissociées; / : y. 17, fibres isolées par la dissociation.
Fig. 18. Coupe transversale du ne nerf intercostal (Obs. IV). Névrite
mixte : destruction des tubes nerveux et épaississement conjonctif intra-
fasciculaire.
RECUEIL DE FAITS
MÉNINGITE TUBERCULEUSE CÉRÉBRO-SPfNALE AVEC PACIIYMÉNIK-
GITE héjiorrhagique ; par M. Philippe REY, interne à l'asile
Sainte-Anne.
Observation. Homme 2 1 ans ; antécédents inconnus ; affai-
blissement de l'intelligence et de la mémoire, délire hypochon-
(lî,2*aque, idées de persécution, état cachectique. Phtlaaisie
pulmonaire avancée. - Agitation, stupeur consécutive ; signes
de méningite, vomissements , contracture des membres supé-
rieurs et de la nuque, mort.
AuTOPSiE ? eH ! on'/taye méningée; injection et fausse
membrane de la dure-mère cérébrale et rachidienne. Exsudais
purulents et granulations tuberculeuses dans les méninges de
la convexité et delà base du cerveau et de la portion cervicale
antérieure de la moelle. '
Pipa... (Ernest), âgé de 21 ans. Entré le 19 mars 1874 à l'asile
Sainte-Anne (service de M. D.GO ? ET). Les certificats qui l'accompa-
gnent notent principalement de l'affaiblissement des facultés
intellectuelles et de la mémoire, de la confusion dans les idées, du
délire hypochondriaque, de la faiblesse musculaire, et un état
cachectique. Nous ne pouvons nous procurer aucun renseignement
sur les antécédents héréditaires et individuels de ce malade. Piga...
présente tous les symptômes de la démence avec dépression mélan-
colique et prédominance d'idées hypochondriaques. Il n'a aucune
conscience de sa situation, il ignore le cours du temps, son âge; il
se plaint d'avoir un bouchon dans l'estomac; il dit en gémissant
qu'il a pris un autre corps. Aucun soin de propreté. Pâleur, amai-
grissement, faiblesse musculaire. Les pupilles sont dilatées. A l'aus-
cultation, nous trouvons des râles humides, aux deux sommets et
du souffle sous la clavicule gauche. Souffle anémique à la région
précordiale et dans les carotides. Toux rare, expectoration à peu
près nulle. Les fonctions digestives se font assez régulièrement.
2o avril. Les digestions se font mal, ce malade vomit quelque-
fois, après les repas; il a de la diarrhée; il accuse des douleurs
intestinales. T. ax. 37°,5 et 380 ; P. 100.
220 RECUEIL DE FAITS.
si mai. Agitation ; Pipa... veut quitter son lit ; rejette constam-
ment ses couvertures; saisit d'une façon inconsciente tout ce qui se
trouve à sa portée ; il crie son propre nom et répond Présent; dit
qu'on veut le faire mourir. Cet état persiste jusqu'à la fin du mois
avec quelques intervalles de calme. Pas de changement appréciable
dans l'état général.
J;i ! 'H. Stupeur. Le malade gémit, il pousse quelques cris
plaintifs; il reste étranger à ce qui se fait autour de lui, ne répond
pas aux questions; il chiffonne. Vomissements fréquents. Lalangue
est sèche, escarres au sacrum,T. ax. 33° et 33 ? ; P. 92. IL survient
bientôt de la contracture des membres supérieurs et des muscles
du cou, avec déviation des globes oculaires.
Mort le 4 ? juin. OEdème delà main gauche quelques heures avant
la mort.
Autopsie faite 3( heures après la mort. Rien au crâne. La dure-
mère est tendue; à sa partie occipitale, on perçoit de la fluc-
tuation. Les incisions pourdécouvrirle cerveau donnent issue à une
quantité de sang qu'on peut évaluer à près desdeux tiers d'un verre
ordinaire. La face interne de la dure-mère est d'un rouge vif ; en
y promenant la pince, on détache des lambeaux de fausse mem-
brane très fine, au niveau des lobes frontaux et de la région
pariétale, sur les deux hémisphères. On trouve quelques caillots sur
les lobes occipitaux et dans les fosses sp lié ii oïdal es; ils'nesoiilniille-
ment adhérents. Les méninges ont un aspect gélatineux ; on trouve
du pus concret sous l'arachnoïde, sous forme d'îlots et de traînées
le long des vaisseaux, sur les circonvolutions frontales, sur les
cornes sphénoïdales, et des granulations tuberculeuses sur le
trajet de l'artère méningée moyenne, plus nombreuses à gauche, à
l'entrée de la scissure deSylvius. La pie-mère est injectée et adhé-
rente à la substance cérébrale, sur plusieurs points des circonvo-
lutions frontalesetpariétaleset sur les lobes sphénoïdaux. Alabase,
l'arachnoïde est notablement épaissie et opaque. Au niveau des
chiasma, on trouve des dépôts purulents et quelques granulations
tuberculeuses sur les artères de l'hexagone. Rien à signaler dans
l'épaisseur de la substance cérébrale. Rien au cervelet, ni dans le
bulbe.
Moelle. La moelle parait volumineuse; la dure-mère est
injectée; sa partie correspondante aux cordons antérieurs est
tapissée par une fausse membrane très fine. 11 existe quelques
tubercules miliaires dans les méninges de cette même région; on
n'en trouve pas au delà de la portion cervicale.
Poumons. Le poumon gauche est adhérent en arrière et en
haut; une caverne occupe le sommet; tubercules nombreux et à
différents degrés d'évolution dans tout le lobe supérieur. Pas de
caverne à droite; tubercules ramollis au sommet, état granuleux
MÉNINGITE TUBERCULEUSE CERÉ13RO-Sl'lNALE. 221
dans toute l'étendue. Liquide dans le péricarde. Le coeur est
petit et flasque.
Rien à noter dans le foie, la iate et les reins. Pas de tubercules
dans les ganglions mésentériques, seulement un peu volumineux.
Rien dans le péri toi ne. Injection par place de l'intestin grêle, surtout
dans sa première portion, pas de tubercules.
Réflexions. Nous avons cru devoir publier cette obser-
vation, malgré ses nombreuses lacunes. C'est, du reste, princi-
palement la partie anatomo-pathologique que nous avons
voulu faire connaître. Depuis les travaux de MM. Liouville,
Ilayem et Magnan, plusieurs observateurs ont cité des exemples
de méningite tuberculeuse cérébro-spinale ; mais nos recher-
ches bibliographiques, au sujet du cas que nous publions, ont
été jusqu'à présent infructueuses. Nous n'avons vu nulle part
la description d'un fait analogue. Nous savons cependant que
l'hémorrhagie méningée est citée comme complication, rare il
est vrai, de la méningite tuberculeuse (Jaccond, Pathologie
interne, t. I, p. 239), et, selon Hawe, il ne serait pas rare de
rencontrer la pachy-méningite dans la dernière période des
maladies chroniques, telles que le mal deBright et la tuberez-
lose. [Dictionnaire de Jaccoud, art. Méningite, p. 129.)
Nous ne rechercherons pas les rapports que présentent entre
elles les différentes lésions que nous avons trouvées réunies; il
nous suffit d'avoir signalé un fait assurément très rare.
Ajoutons que la pachyméningite rachidienne est elle-même
notée comme peu fréquente, par les auteurs qui se sont
occupés de cette question (Grisolle, Valleix, Calmeil, Hasse,
Cliristian, etc.).
Au point de vue purement clinique, il s'agit évidemment ici
d'une méningite tuberculeuse développée pendant le cours
d'une phthisie pulmonaire. Le sujet, déjà porteur de lésions
avancées, a d'abord présenté l'état mental qu'on observe fré-
quemment chez les individus atteints de cette même affection.
La période d'excitation nous parait marquer le début de la
maladie secondaire.
Quant aux symptômes que celui-ci a présentés, et quant à
sa marche, elle ne s'est pas éloignée sensiblement de ce qu'on
observe dans les cas de méningite tuberculeuse simple. Il était
par conséquent difficile de faire la part de la complication que
l'autopsie nous a révélée.
REVUE CRITIQUE
NOTES ET OBSERVATIONS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE
L'HI'S'fLRO-1 : 1'1LL.PSIG OU GRANDE HYSTÉRIE. [Identité de lu
nature des phénomènes qui composent la grande attaque hystérique
et de leur mode de succession chez, des malades de nationalité diffé-
rente). (Suite)';
Par le Dur P. 111CIIE11.
III. L'lastéo-épilepsie en province.
J'ai déjà publié°-une observation fort remarquable de grande
hystérie développée en province, à Carmaux (Tarn), sous les
yeux du Dr Calmels, qui avait eu l'obligeance de me la com-
muniquer. Les attaques, que la prédominance des phénomènes
de la deuxième période rapprochait du type démoniaque,
offraient de grandes analogies avec celles que nous avions pu
observer chez une des hystériques les plus fameuses de la
Salpêtrière, lanomméeLer... D'un autre point delà province, de
Chauffailles(Seine-et-Oise), a été adressée depuis à M. Charcotune
autre observation de grande hystérie non moins remarquable et
que je puis relater ici, grâce àl obligeance duDrLaurentFaucon,
qui a soigné la malade et en a rédigé l'histoire avec tout le soin
désirable. Dans ce cas, les grandes attaques offraient une pré-
dominance marquée de la troisième période ou période des at-
titudes passionnelles ; par contre la deuxième période, ou période
des contorsions ou des grands mouvements, a toujours fait dé-
faut. La malade présentait en outre des attaques de catalepsie
sur lesquelles je n'insisterai pas ici, me réservant de revenir
ailleurs sur cette si intéressante observation.
Observation du Dr Luu·enl-1'uitcort, de Chauffâmes.Ju ! ia B...,
âgée de vingt-deux ans, brune, pâle, maigre ; d'un caractère très
'Voir les Archives de Neurologie, n" 13, p. 66.
2 Etudes cliniques sur l'hystéro-épilepsie, p. 212.
' D L'tII3TGIt0-CLILEPàI. 223
impressionnable. Elle a reçu une assez bonne éducation. Elle est
assez coquette, de moeurs régulières et n'est point adonnée aux
pratiques de la dévotion. Elle aime beaucoup les fleurs et surtout
les enfants blonds. Elle affectionne particulièrement un enfant de
deux ans, fils d'une dame sa voisine. Nous verrons plus loin cet
enfant blond et les fleurs jouer un rôle dans ses attaques. Dès l'âge
de trois ans ses parents l'ont laissée à la garde d'un oncle et d'une
tante, qui l'ont élevée en enfant gâtée. Pas de maladies antérieures
graves ; elle a eu la coqueluche, la rougeole, la variole dans le
cours de son enfance. Ces maladies ont revêtu la forme bénigne.
Une de ses soeurs, plus âgée qu'elle, est mariée et sujette à des
accidents nerveux, se manifestant surtout sous forme de gastralgie.
Sa tante maternelle, qui l'a élevée, aurait eu, parait-il, il y a plu-
sieurs années, certains accidents encéphaliques.
A treize ans, les règles sont apparues, sans aucune particularité.
Jusqu'au début de l'affection nerveuse actuelle, cette jeune fille
s'est toujours assez bien portée. Ses parents disent qu'elle n'était
pas cependant d'un « gros tempérament». L'appétit était un peu
capricieux.
La première manifestation de l'affection nerveuse s'est produite
il y a trois ans (1878), sans aucune cause appréciable, et a consisté
en une « crise d'estomac ». A cette époque déjà la malade se plai-
gnait d'étouffements, de palpitations cardiaques et éprouvait la
sensation d'une boule remontant à la gorge. A partir de ce jour,
l'état général s'est sensiblement modifié. L'anémie s'est accentuée;
les règles ont toujours été normales ; elles étaient abondantes.
Les palpitations sont devenues de plus en plus fréquentes ; l'appétit,
tout en étant conservé, était néanmoins diminué ; la salade, les
fruits verts étaient les aliments préférés. Cet état dura près de deux
ans.
Il y a environ un an (1880), Julia B... s'éprit d'un jeunehomme ;
elle le voyait assez souvent en cachette de ses parents, et devait se
marier avec lui. Ce jeune homme vint à mourir subitement. Elle
en éprouva un si violent chagrin qu'elle resta près de quatre jours
au lit. Les crises gastralgiques fort rares au début devinrent de
plus en plus fréquentes. Elle devint très impressionnable, la
moindre contrariété, la moindre émotion lui arrachait des larmes.
(Je passe sous silence le récit détaillé de ces crises gastralgiques
évidemment de nature hystérique, et qui se renouvelaient environ
toutes les trois ou quatre semaines, pour aborder la partie de cette
observation qui nous intéresse plus particulièrement.)
Vers la fin du moisdejuin 1881,ellefitun voyage de quelques jours
pour se distraire ; elle eut au retour une très vive frayeur. Les che-
vaux de la diligence où elle se trouvait s'emportèrent et les voya-
geurs faillirent être précipités. Le lendemain éclata une crise de
gastralgie. Ces accès douloureux, bien qu'avec des périodes dorépit
22 t REVUE CRITIQUE.
assez longues, augmentèrent de violence jusqu'au 16 août, jour où
se montrent des accidents nouveaux.
Tout à coup, au plus fort de l'agitation d'une crise de gastralgie,
J... perd subitement l'usage de ses sens, les yeux sont fixes, les
membres roidis. On ne peut obtenir aucune réponse. Cet état dure
environ deux minutes ; après quoiJ... nous regarde d'un air effaré,
puis sourit vaguement et demande à partir pour la promenade,
elle veut aller à la pêche.
Elle venait de tomber presque instantanément dans un état
semi-cataleptique. Ses membres conservent la position qu'on leur
imprime, il y a de l'anesthésie généralisée. Des hallucinations se
développent. La malade voit surtout de l'eau, beaucoup d'eau.
Une demi-heure plus tard éclate la première attaque d'hystéro-
épilepsie, attaque encore mal dessinée, et caractérisée surtout par
une période épileptoïde avec attitude tétanique du corps. La ligure
pâlit d'abord, puis se congestionne. Les traits se contractent, un
peu d'écume paraît aux lèvres. Les mains se ferment, les bras se
roidissent. Des inhalations d'étlier, et de l'eau froide projetée sur
le visage font disparaître cet état qui a duré environ quinze mi-
nutes. La malade revient à l'état cataleptique d'avant l'attaque :
réapparition des hallucinations de la vue, visions sombres.
,18 aoùt. - La nuit s'est passée dans cet état, la malade n'a pu
dormir. Elle a prononcé quelques paroles incohérentes, a eu une
attaque dans le genre de celle de la journée. Les hallucinations
continuent. J. veut partir absolument : son médecin le lui a bien
défendu, mais il est mort. Elle a vu passer son enterrement ; il ne peut
plus s'opposer à son départ. Elle n'oppose aucune résistance, quand
on la retientdansson lit. Je suis auprès d'elle, mais elleneme recon-
naît pas. Elle me prend pour une dame étrangère. Mon vêtement
noir se transforme à ses yeux en une belle robe bleue. Elle veut
en faire confectionner une pareille. Elle me répète que son mé-
decin est mort et qu'elle peut partir. Elle ne reconnaît pas les
lieux où elle se trouve, se croit à Lyon, dans un hôtel, et prend sa
tante pour la maîtresse d'hôtel. Sa parole est lente, entrecoupée,
par monosyllabes; sa respiration est très accélérée. Les mouvements
se font lentement et par secousses successives. Elle ne veut rien
accepter à manger, car, dit-elle, on veut l'empoisonner. Je réussis
pourtant à lui faire prendre un potage, dans lequel elle a cru voir
constamment « de gros grains de poison ».
A peine a-t-elle fini ce potage, qu'elle se plaint de violentes dou-
leurs d'estomac. C'est le commencement de l'aura. Je vais décrire
avec quelques détails cette troisième attaque d'hystéro-épilepsie.
C'est une des plus complètes qu'ait eue la malade.
Phase de l'aura. Avec les douleurs épigastriques, surviennent
de violentes douleurs frontales, marquées surtout au niveau de la
tempe droite (sensations de coups de marteau); c'est à ce niveau
de L'HYSTGRO-PILRP31E. 225
que J... porte constamment la main. La parole devient déplus en
plus difficile et entrecoupée. Sensation de boule à la gorge et fré-
quents mouvements de déglutition. Au bout de trois à quatre
minutes, les oreilles commencent à bourdonner, puis les bourdon-
nements se transforment en bruits de cloches, lointaines d'abord,
et qui ne tardent pas à se rapprocher et à devenir plus intenses.
sonnent dans la tête ». Enfin, comme dernier phénomène de
l'aura, il se produit une angoisse précordiale : « Ces cloches... ces
cloches... Elles me donnent au coeur » (ter). La durée totale de
l'aura est d'environ sept à huit minutes.
Période épileptoïde. Durée totale deux à trois minutes. Les
yeux deviennent fixes, sont dirigés en haut. La face pâlit, puis se
congestionne. Quelques bulles de mousse s'échappent des lèvres.
Arrêt de la respiration. En même temps, les mains se fermeiitpal.
un mouvement lent. Les poignets se renversent légèrement en
dehors. Le pouce est fortement appuyé sur l'index fléchi. Les
membres supérieurs sont dans la supination et un peu dans l'ab-
duction. L'avant-bras forme avec le bras un angle très ouvert d'en-
viron H0° à 150". Les membres inférieurs sont dans l'extension,
et très rapprochés l'un de l'autre. Telle est la phase tonique. La
phase elorzique n'est représentée que par un très léger tremble-
ment des avant-bras à oscillations lentes et très peu étendues,
d'une durée de deux à trois secondes. La phase de résolution'
s'annonce par un soupir et par le défléchissement lent et progressif
des doigts.
La période des contorsions et des grands mouvements fait abso-
lument défaut et la malade entre immédiatement dans la période
des attitudes passionnelles d'une durée totale de huit à dix mi-
nutes.
Les globes oculaires se mettent en mouvement, puis se dirigent
lentement en haut et à droite. La tête sent le mouvement des yeux.
La physionomie exprime la terreur. Le tronc se soulève lentement,
la malade se met sur son séant. En même temps les bras se sont
élevés progressivement, les mains se joignent dans l'attitude de la
supplication. La tête se renverse légèrement en arrière. La physio-
nomie devient suppliante et la malade garde cette attitude environ
trente à quarante secondes. Les mains se séparent ensuite et, sans
s'abaisser, opèrent un mouvement de croisement. Elles sont rame-
nées ainsi croisées vers la poitrine, où elles s'appuient fortement. La
malade semble serrer contre elle un objet chéri et vouloir lepro-
tàjcr. Les traits de la face expriment toujours la terreur, la suppli-
cation; mais il se mélangea ce jeu de physionomie une expression
de résolution énergique. La scène change une troisième fois, ses
bras quittent sa poitrine, se décroisent, le gauche s'arrondit au
devant du tronc comme pour soutenir l'objet qu'elle serrait tout
Archives, t. V. 1
6 revue critique.
à l'heure, taudis que le droit est porté en avant, le poing fermé,
dans l'attitude de la menace , la face exprime énergiquement cette
passion.
Viennent ensuite les tableaux gais, la figure s'éclaire et sourit,
la tête se penche légèrement en avant, et les deux mains ramenées
au devant du corps, s'abaissent sur les couvertures où elles sein-
' blent ramasser des objets qui doivent être bien délicats et bien
légers, à en juger avec la précaution qu'elle met à les tenir entre
le pouce et l'index ; ses mains se relèvent chargées de leur fardeau
imaginaire, et la malade heureuse, gaie, souriante, contemple avec
ravissement ce qu'elle tient entre ses doigts.
Les bras s'allongent ensuite sur le lit et J... garde, pendant
environ une minute, une complète immobilité. Après quoi, la pé-
riode des attitudes passionnelles recommence de la même façon.
Une seule fois j'ai constaté le retour de la période épileptoide du
début de l'attaque. Dans toutes les autres attaques, cette période ne
s'est produite qu'au début, tandis que la période des attitudes pas-
sionnelles revenait deux on trois fois, Elle se reproduisaitexactement
de la même façon ; néanmoins on pouvait remarquer une différence
dans l'accentuation des gestes et du jeu de la physionomie.
Période terminale. Pendant toute la durée de l'attaque la ma-
lade n'a pas prononcé un seul mot. Il existe un spasme laryngé
très violent et les mâchoires sont fortement contractées. Quand
l'accès se termine, J... parait reconnaître les personnes qui l'en-
tourent; mais aux questions qu'on lui pose elle ne répond que par
gestes. La parole est revenue au bout d'environ cinq à six minutes.
La malade n'en reste pas moins dans l'état semi-cataleptique qui
avait précédé la crise. Les attaques d'hystéro-épilepsie se sont donc
développées au milieu d'une attaque de catalepsie, qui ne s'est ter-
minée que quelques jours après, le 23 août.
La raison des attitudes passionnelles qui se sont montrées dans
les attaques précédentes se trouve dans la présence d'hallucina-
tions sur lesquelles la malade, en dehors des crises, a pu donner
quelques détails.
J... raconte ainsi la vision terrible qui apparaît en haut et adroite,
« des hommes noirs montés sur des chevaux noirs ; il,, ont des ailes
de feu. Ils sont trois, armés de longs couteaux, qu'ils tiennent
comme des sabres. L'un deux marche en avant, portant une ban-
nière blanche, sur laquelle sont inscrils ces mots en lettres de
sang : Joie, honneurs, richesse. Ils s'avancent vers moi ».
Ces hommes noirs en veulent à un petit enfant blond qu'elle
cherche à préserver de leurs coups. Lorsque les hommes noirs
s'éloignent, elle leur montre le poing.
Le danger écarté, la voyante se trouve transportée dans un beau
jardin où elle cueille des fleurs rouges et bleues, qu'ello contemple
avec plaisir.
DE L13YSTRO-ÉPILEPSIE. 227
En cherchant à me renseigner sur les causes qui ont pu faire
naître l'idée des hommes noirs, j'ai appris de la malade elle-même
qu'elle avait lu un livre qui l'avait vivement impressionnée. Ce livre
intitulé : le Martyre d'une jeune fille, porte à sa première page une
gravure représentant précisément les trois hommes armés de leur
bannière blanche. A leurs pieds est une jeune fille dans l'attitude
de la supplication.
(Je passe sur les intéressants détails de l'examen de la malade
dans l'intervalle des attaques, et qui ont traita cet état cataleptique
singulier, pour arriver au récit d'une autre série de crises hystéro-
épileptiques, un peu différente de la précédente.)
5 octobre. -Apparition des règles de quatre heures du soir à sept
heures, la malade entre en crise. Première attaque. Phase de
l'aura, d'une durée d'environ une heure, présente les phénomènes
déjà décrits. Période épileptoide avec phase tonique et phase clo-
nique. (Oscillations sensibles seulement à la main. On ne voit pas
de mouvements, mais on perçoit une trépidation légère, une sorte
de frémissement vibratoire qui est comme le rudiment des secousses
cloniques de cette période). La période épileptoïde dure environ
quarante secondes. La période des grands mouvements fait tou-
jours défaut. Le tétanisme est immédiatement suivi par la période
des (ttl itudes passionnelles.
La malade ouvre lentement les mains et commence une série
de gestes, très difficiles à analyser. Néanmoins je finis par com-
prendre qu'elle s'entretient avec un muet. Mais comme elle ne con-
naît pas le langage par signes, elle l'imite en donnant à ses doigts
des attitudes bizarres, où l'on ne retrouve rien des signes précis de
l'alphabet des muets. Je note que dans lajournée elle a eu à s'entre-
tenir avec un muet venu pour affaires.
Elle prend ensuite un objet, et plaçant sa main droite comme
pour écrire, elle fait le geste de tracer quelques mots accompa-
gnés de points et de virgules bien accentués. Cela fait, elle plie la
lettre imaginaire, la remet à quelqu'un en désignant du doigt une
direction. Elle revient ensuite à ses gestes de muet. La physio-
nomie exprime une sorte de satisfaction méchante, comme une
petite vengeance satisfaite. Les mains font de temps en temps des
gestes qu'on peut, avec l'aide du jeu de la physionomie, exprimer
par un « C'est comme cet » un peu sec. Elle reprend sa plume imagi-
naire qu'elle a eu soin de placer derrière l'oreille, et écrit. Elle
recommence ainsi de suite les mêmes gestes à deux ou trois reprises
différentes, puis la période tétanique revient, et quand elle en
sort ce n'est pas pour recommencer ses attitudes, mais pour entrer
dans une période de délire doux, avec hallucinations et discours
monologué. Elle est à Lyon, monte à Notre-Dame de Fourvières,
décrit tout ce qu'elle voit, prie la Vierge, visite le sanctuaire. Puis
elle redescend la colline, arrive dans l'intérieur de la ville, se consulte
228 REVUE critique.
un instant pour savoir où elle dirigera ses pas. Elle veut consulter tous
les médecins sur sa maladie, et commence par aller chez un dentiste
dont elle a entendu parler. Il est dentiste, dit-elle, mais il doit aussi
connaître la médecine. Chez le Dr P. elle trouve le cabinet encombré,
ne veut pas attendre, et va trouver un grand chirurgien, le Dr 0...
La figure sévère de l'illustre personnage l'impressionne vivement,
néanmoins elle reprend courage et lui parle avec hardiesse. Le trai-
tement ordonné est le même que celui qu'elle suit; elle en est
enchantée. La voilà de retour dans son pays. Elle ne renonce pas il
son projet de consulter tous les médecins ; elle va dans les environs
consulter le De C... Elle hésite, car c'est l'ami de son médecin
ordinaire ; mais elle commencera par lui en faire l'aveu. Encore
le même traitement. « C'est fini, dit-elle, je suis renseignée, je vais
continuer mon traitement. »
Le délire continue ainsi pendant plus d'une heure. ElleesttantôL
à Lyon, tantôt dans son pays, et les mêmes faits, les mêmes paroles
reviennent à plusieurs reprises. L'attaque se termine, l'intelligence
redevient nette, mais il persiste de l'anesthésie, et aussitôt le délire
dissipé, les phénomènes de l'aura réapparaissent.
Je note que pendant celle longue attaque il n'y a pas eu trace de
catalepsie. Les mouvements sont restés libres. La parole n'était
plus saccadée et lente ; c'était une sorte de murmure continu et il
fallait rapprocher l'oreille très près pour saisir les mots qui étaient
d'ailleurs fort nets et très bien articulés.
Après la crise, la malade se souvient parfaitement du rêve qu'elle
a eu, et le relate dans tous ses détails.
Jusqu'à onze heures du soir, les phénomènes de l'aura, ainsi que
l'anesthésie ont persisté, et à partir de ce moment la malade entre
dans un état de mal absolument analogue à celui qui a existé du
17 au 23 août ; c'est-à-dire que l'état cataleptique persiste non seu-
lement pendant les attaques, mais dans leur intervalle. Celles-ci
surviennent à des instants plus ou moins éloignés et sont tantôt
isolées, tantôt subintrantes. Cet état de mal a persisté depuis le
5 octobre à onze heures du soir jusqu'au 8 octobre à dix heures
du matin.
Pendant cette période, la malade a eu quatre séries d'attaques
absolument analogues à l'attaque du 16 août, précédemment
décrite, avec des différences, toutefois, dans la phase des attitudes
passionnelles et dans la période de délire, que nous voyons appa-
raitre et que nous n'avions jamais observée dans les premières
attaques. Cette phase de délire a tantôt suivi les gesticulations,
tantôt s'est montrée immédiatement après la période épilep-
tolde.
Dans l'attaque qui s'est produite le 5 octobre, à onze heures du
soir, les tableaux religieux ont remplacé les tableaux tristes.
Avant d'entrer dans la description de l'attaque, il est utile de rap-
DE L'IIYSTÉRO-ÙPILr,,PSIE. 229
porter quelques faits qui l'ont précédée et qui ont eu de l'influence
sur la forme des attitudes passionnelles.
La veille, c'est-à-dire le 4 août, Alma ..., amie de la malade, est
partie pour Lyon, où elle devait conduire sa fille en pension. Julie
B... a chargé cette dame de faire le pèlerinage de Fourvières et de
lui rapporter un souvenir. Son désir était grand d'accompagner
son amie, et c'est sous cette impression qu'est survenue la crise.
Comme d'ordinaire, l'attaque commence par la période épilep-
toide, période d'assez courte durée, y compris les deux phases,
phase tonique et phase clonique ; elle ne se prolonge pas au delà
de vingt secondes.
Puis la malade fixe les yeux vers une apparition située en haut
et à gauche. Elle porte ses deux mains au devant de sa poitrine, et
au milieu d'un trousseau de médailles, en prend une représentant
Fourvières, joint les mains et offre sa médaille à l'apparition qui
n'est autre que la Vierge. Puis elle cueille des fleurs dont elle com-
pose un bouquet. Elle l'arrange, l'attache soigneusement et l'offre
également à la Vierge. C'est le tour ensuite d'un second bouquet
qu'elle offre à une seconde apparition qui se trouve du côté opposé,
elle cherche une médaille du saint, qui est saint Joseph, mais elle
n'en trouve pas.
Dans une autre scène, elle se croit transportée dans le couvent,
où son amie vient de conduire sa fille. Elle entend le piano et ses
mains s'agitent comme sur un clavier. Elle bat la mesure de la tête,
tourne la page du morceau qu'elle a devant les yeux. (Je ferai
remarquer ici qu'elle ignore l'art de toucher du piano, mais elle
l'imite, comme elle imitait le langage des muets dans une attaque
précédente.) Cette scène se continue quelques instants, puis peu à
peu survient sur celle idée de la musique, la période de délire. On
la prie de chanter, elle sourit, est émotionnée, fait un geste de
refus, puis cède et chante :
« Chers enfants, pensez aux abeilles,
« N'effeuillez pas toutes les fleurs. »
« Je ne peux plus. » Elle reprend son jeu de piano, semble faire
des exercices, et suivre les leçons d'un maître; elle regrette de ne
pouvoir s'accompagner, elle ne regrette la fortune que pour la
musique, elle y aurait eu plus de goût que pour l'arithmétique. Le
doigté lui semble plus agréable à apprendre que la division,
quoique plus difficile ; elle continue ses exercices, fait le geste de
tourner la feuille, et reprend à diverses reprises les mêmes gestes,
répète les mêmes paroles.
Deux autres attaques du même genre se succèdent sans inter-
ruption, l'une n'attend pas la fin de l'autre, elles sont subintrantes.
Enfin elle entre dans une période de calme et passe la nuit dans
230 REVUE CRITIQUE. -
cet état que j'ai précédemment décrit ; elle a des hallucinations et
les hommes noirs reparaissent avec leurs ailes de feu et leur ban-
nière blanche. Ils font leur apparition toujours dans le coin à
droite.
Dans les deux attaques du lendemain les hommes noirs reviennent
prendre leur place à la période des attitudes passionnelles. Au
milieu de ses supplications et de ses offrandes, elle fait un geste
d'effroi ; ce sont les hommes noirs qui veulent piller et saccager le
sanctuaire. Dans son délire, à la fin des attaques, ils apparaissent
aussi et à leur vue, elle prononce invariablement celte phrase : « Tou-
jours là ! Quelle épouvantable rencontre ! »
Dans laseconde attaque du 6, l'enfant blond est aussi venu jouer
son petit rôle, elle l'appelle, fait le geste de le moucher, le gronde,
le renvoie, le rappelle, puis passe aux scènes religieuses. Dans l'in-
tervalle des attaques les hallucinations ont persisté.
. 7 octobre. Deux séries d'attaques : une de neuf heures à onze
heures, l'autre de huit heures à minuit.
Dans ces attaques les attitudes passionnelles ont varié, les hallu-
cinations religieuses ont disparu, la malade est au théâtre et assiste
à la représentation des Huguenots, elle sourit, fait le geste de
porter une jumelle à ses yeux, applaudit ; puis tout à coup, effroi ! 1
Ce sont les hommes noirs qui troublent le spectacle, assassinent
le chef d'orchestre, néanmoins la représentation continue, puisque
la physionomie redevient souriante et que les applaudissements
reprennent. Mais voilà qu'une expression de mépris se dessine sur
son visage, elle tend la main et fait les cornes. Ce geste s'adresse
à un personnage qu'elle a reconnu dans la salle et qui ne lui est
pas sympathique. Puis le sourire revient, avec les applaudissements.
Enfin les hommes noirs font une nouvelle irruption, etc.
En reliant entre elles toutes les attaques de ces derniers jours,
on peutsuivre, au travers de péripéties diverses, une même action.
La malade commence son voyage imaginaire, par une visite à
Fourvières avec la première attaque ; elle le termine avec la der-
nière par une soirée au spectacle.
Le 8 octobre, à dix heures du matin, la malade s'est réveillée
comme en sursaut, elle a ressenti des fourmillements dans tous les
points anesthésiés et tout s'est terminé par le retour complet à
l'état normal.
Pendant toutes les attaques la 'compression ovarienne a toujours
amené la cessation immédiate de la crise, qui, sitôt la compression
suspendue, reprenait au point où elle avait été interrompue.
Il est inutile d'entrer dans de longs commentaires pour faire
ressortir les analogies qui existent entre cette observation et
.revue DE PHYSIOLOGIE. 231
cellesquel'on peut lire dans Y Iconographie photographique delà
Salpêtrière de MM. Bourneville et Regnard ou dans mes Etudes
cliniques sur V hystéro-épilepsie. L'intérêt capital que présente le
cas du D''Laurent Faucon vient des circonstances d'isolement
dans lesquels il s'est produit. Il montre bien que dans l'évolution
d'une attaque de grande hystérie, la part de l'imagination du
sujet est restreinte. La malade puise dans les impressions qui
ont précédé le début des crises ou dans celles qui surviennent
au cours de la maladie, la forme et le motif des hallucinations
et du délire. Mais elle n'imagine point le mode d'évolution des
diverses périodes qui composent une attaque. Elle n'invente
point la façon dont s'enchevêtrent les hallucinations de la
troisième période, l'espèce d'opiniâtreté maligne avec laquelle
les hallucinations terribles viennent interrompre les hallu-
cinations d'un caractère gai ou agréable. Une période de
l'attaque peut faire défaut, mais l'ordre général n'est point
renversé pour cela. Dans l'exemple précédent, les contorsions et
les grands mouvements qui caractérisent la deuxième période
ne se montrent pas, et la raison pourrait en être trouvée dans
l'adjonction de certains phénomènes cataleptiques persistant
même dans l'intervalle des crises. Mais chaque attaque débute
par une période épileptoïde nettement caractérisée.
Sous des dehors qui peuvent varier dans une certaine mesure
et avec des différences d'intensité ou d'intégrité plus ou moins
grandes, le type de la grande attaque d'hystéro-épilepsie est
donc toujours le même. La maladie, quel que soit le degré d'ins-
tructiondupatient,quellequesoit sa nationalité, suit une mar-
che, connue d'avance, conforme àdes lois dont M. le professeur
Charcot a indiqué les grandes lignes et les principaux traits.
REVUE DE PHYSIOLOGIE
I. Physiologie du pourpre rétinien ; par WILLIAIIiS-C. AYRES.
(Tlae 1'ezv-I'orlc médical journal, mai 1881, p. 552-558.)
M. Ayres avait déjà publié deux articles sur le même sujet
dans les numéros de décembre 1880 et mars 1881. Il s'efforce
232 REVUE DE PHYSIOLOGIE.
dans celui-ci de déterminer l'origine et la nature du pourpre.
Il l'a traité sans résultat par l'eau chaude seule et par la ptya-
line ;'mais il a vu que la trypsine le décolore et le détruit. Ce
serait donc une matière albuminoïde. Pour découvrir son ori-
gine, M. Ayres s'est d'abord adressé au système nerveux. La
section du nerf optique et du trijumeau; l'excitation du mo-
teur oculaire commun, la section et l'excitation du grand
sympathique du cou, sont restés sans effet. Il a étudié alors
l'influence de la circulation, d'abord en rendant l'oeil exsangue
par compression, puis par la ligature des gros vaisseaux delà
base du cou; les résultats ne l'ayant pas pleinement satisfait
cette fois encore, il s'est demandé s'il n'était pas en présence
d'un « produitde sécrétion », et il a expérimenté les substances
qui agissent sur les sécrétions. L'atropine à forte dose (il opé-
rait sur un lapin) et la nicotine n'ont pas paru exercer d'actions.
Au contraire, la pilocarpine et surtout la muscarine ont
amené très rapidement la régénération complète du pourpre
détruit. Nous ne pouvons malheureusement entrer dans le dé-
tail des expériences instituées dans tous ces cas.
L'auteur se rattache à l'opinion de Kuhne, d'après laquelle
le pourpre serait un produit des cellules pigmentaires de la
rétine. Il pense en outre qu'il doit exister dans l'oeil des
centres nerveux particuliers, analogues aux ganglions intra-car-
diaques. La putréfaction détruit le pourpre rétinien comme
toutes les substances albuminoïdes ; son action peut être en-
rayée en traitant la rétine par une solution de chlorure de so-
dium. Pour extraire le pourpre, on peut employer la bile, qui
détruit les éléments cellullaires sans agir sur lui.
De ses recherches précédentes et de celles qu'il vient d'ex-
poser, M. Ayres tire les conclusions suivantes : le pourpre est
une substance albuminoïde, formée par les cellules de revête-
ment de la rétine et dont la production n'est pas influencée par
les gros troncs nerveux de l'oeil. Nous ne connaissons pas de
substance capable de la ralentir ou de l'arrêter, mais la pilo-
carpine et la muscarine l'augmentent notablement. Enfin, il
considère le pourpre comme une sorte de revêtement protec-
teur et n'admet en aucune façon les espérances que quelques
auteurs avaient fondées sur le rôle des optogrammes en méde-
cine légale. R. Bi,. et J. P.
REVUE DE PHYSIOLOGIE. 233
II. Sur le MÉLANGE des couleurs par l'action seule du SE\SOR)U\f;
par John Gorham. (Titt,, Brain, t. IV, p. 467.)
M. Gorham, conclut d'une série d'expériences que, si une rétine
est saturée d'une couleur, taudis que l'autre reçoit de la lumière
blanche, il se produit à travers le cerveau un « courant de couleur »
allant de l'oeil qui reçoit le plus de rayons colorés à celui qui en
reçoit le moins. C'est d'abord la couleur complémentaire qui est
perçue, puis la couleur elle-même.
Pour le démontrer, il place devant les yeux des tubes dont l'un
est largement ouvert, l'autre muni d'un diaphragme percé d'un
très petit trou; si l'on dispose dans le premier un disque de géla-
tine colorée en vert, par exemple, en laissant passer la lumière
blanche par le second, et que l'on fixe une feuille de papier blanc,
on aperçoit une tache verte par le tube large, et une tache rose par
le diaphragme. En mettant dans un des tubes un disque bleu, dans
l'autre un disque rouge, et en retirant brusquement ce dernier, on
voit une tache violette, qui passe par toutes les nuances du violet
jusqu'au violet rouge. ' R. BL11\cunnD et J. Pignol.
III. Sur la cause DES mouvements DHH respiration ordinaire. Ces
mouvements sont-ils RÉFLEXES ? par AUSTIQ Flint. (The Bi-aii ? ,
t. IV, p. 43.)
L'auteur de ce travail combat l'opinion généralement acceptée sur
l'origine des mouvements respiratoires ordinaires. Prenant un
chien étliéris6 et soumis à la respiration artificielle, il dispose des
ligatures d'attente sur les sous-clavières et l'artère pulmonaire. La
respiration artificielle est alors suspendue, et les mouvementsspon-
tanés reparaissent. Si on la reprend, et qu'on serre les ligatures, on
voit l'animal s'agiter et faire des efforts pour respirer, bien que
l'air continue d'arriver à ses poumons en quantité suffisante. De
cette expérience et d'une série d'autres analogues, M. A. Flint tire
les conclusions suivantes :
1° Le besoin de respirer, c'est-à-dire le stimulus qui est le point
de départ des mouvements respiratoires, est dû purement et
simplement au défaut d'oxygène clans le sang qui arrose le bulbe;
2° dans la respiration normale, calme, il part du bulbe une série
d'excitations qui produisent à intervalles réguliers, les mouvements
inspiratoires. Ces mouvements ne sont pas des réflexes au vrai sens
dumot; 3° la théorie du réflexe empruntant la voie des pneumo-gas-
triques n'est applicable qu'aux cas où la respiration augmente de
fréquence et d'amplitude. R. Bol. et J. P.
23 i REVUE DE PIIISIOL031l;.
IV.SLJR L\ situation des centres IrOTF.URS D.1NS L'PNCISPH\LE, P.\R RAP-
port AUX FONCTIONS DE NUTRITION ET DE RELATION; par T. 1, \.NDrit
Brunton. (The Brttirz, t. IV, p. li3l.)
Quand un animal mange, on peut reconnaître dans cet acte
deux éléments distincts- : d'abord, le fait de se nourrir, qui est
d'ordre purement végétatif, et ensuite les moyens que l'animal
emploie pour satisfaire son appétit. Le premier a son centre dans la
.moelle allongée; en effet, un foetus anencéphale peut téter, un
pigeon privé de son cerveau peut broyer des graines ; mais il faut
que la nourriture vienne, pour ainsi dire, les trouver, et ils seraient
incapables de la chercher eux-mêmes; il est indispensable pour
cela que le cerveau intervienne.
Tous les centres moteurs de Ferrier sont groupés autour du sillon
de Rolaudo (singe), ou du sillon cruciforme (chien), dans un ordre
qui est précisément l'ordre de succession des mouvements que
l'animal exécute pour chercher sa nourriture. Aussi, chez le singe,
on trouve d'avant, en arrière et de haut en bas une quinzaine de
centres qui s'échelonnent régulièrement autour de la scissure de
Rolando. Le premiei- (1 2c de Ferrier) préside aux mouvements des
yeux et de la tête; le second, l'extension du bras qui se dirige
vers la proie signalée par l'oeil; le troisième, aux mouvements qui
doivent porter la nourriture à la bouche, le quatrième, aux mouve-
ments de mastication, etc.
Chez les carnassiers, les centres sont groupés autour du sillon
cruciforme ; mais il n'y a dans son voisinage immédiat que les
centres qui président aux mouvements des yeux et aux mouvements
de course. Le centre des mouvements des mâchoires est comme
relégué dans une autre circonvolution. Ces différences trouventleur
explication dans ce fait que le singe a la nourriture à sa portée, et
peut la dévorer, pour ainsi dire, dès qu'il l'aperçoit, tandis que le
chacal et le chien doivent avant tout courir pour saisir leur proie ;
la mastication n'est chez eux que le dernier terme de la série. Chez
le chat, le centre des yeux est éloigné des autres; en effet, le tou-
cher et l'ouïe lui sont plus utiles que la vue, M. Brunton termine
son travail en concluant modestement qu'à défaut de vérité, il y a
du moins dans son hypothèse un moyen de retenir aisément la
position des centres moteurs. R. BL. et J. P.
V. Ll TUÉORtE DU CENTRE DES RÉFLEXES 17vInu7TOtRCS; par ALEXAKDER
. James. (T/te B)'c[M : . t. IV, p. 378.)
L'auteur a été conduit par ses expériences à nier l'existence de
centres d'inhibition. D'après lui, quand on retranche les centres
nerveux supérieurs, ou quand on sectionne un nerf, l'augmentalion
REVUE DE PHYSIOLOGIE. 235
de l'excitabilité réflexe qui s'observe au-dessous de la section n'est
pas due à la suppression d'un centre modérateur, mais à une con-
centration de l'activité nerveuse.
Au lieu d'employer la méthode de Setsehenow, qui comparait les
durées d'un réflexe avant et après la décapitation, il emploie la
méthode graphique, et évalue les variations de force de la contrac-
tion d'un muscle.
Après avoir sectionné le tendon d'Achille d'une grenouille, et
l'avoir mis en communication avec un levier enregistreur chargé
d'un léger poids, il provoque la contraction par une série de
secousses électriques qu'il lance en plaçant les conducteurs, soit sur
les deux bras, soit à un bras et à la jambe du côté opposé à la
section. Il décapite ensuite l'animal, et recommence l'expérience,
après l'avoir laissé reposer. L'excitabilité réflexe se conserve pendant
un temps qui varie de six à trente-six heures.
Sauf dans quelques cas exceptionnels, il a toujours noté une aug-
mentation dans l'énergie des contractions après l'ablation du
cerveau. D'après lui, cette augmentation est due en partie l'in-
terruption du courant nerveux, en partie à l'influence de la section
sur les régions inférieures du névraxe. Mais la première de ces
causes est seule permanente. Quant aux lésions dégénératives qui
sont la conséquence du traumatisme, elles ne sauraient expliquer
l'accroissement des réflexes, attendu que cet accroissement s'observe
dans des cas d'hémiplégies de cause corticale qui guérissent vile et
sans laisser de traces. Il est plus probable que, dans ce dernier cas,
l'écorce cérébrale n'étant plus apte à percevoir, la force nerveuse
se concentre dans les parties situées au-dessous. Une particularité
des expériences de M. James vient à l'appui de cette opinion ; il a
toujours obtenu des contractions plus fortes en excitant la moelle
entière qu'en localisant son excitation sur un point.
Une autre conséquence de ses recherches pourrait être la déter-
mination de ce qu'il nomme « l'équivalent mécanique de l'action
des centres supérieurs », qui ne serait autre chose que la différence
d'énergie des contractions avant et après la décapitation. Toutefois,
il y a de nombreuses causes d'erreur, une en particulier à peu près
inévitable : c'est la diffusion de l'excitation produite par les centres,
excitation qui produitla contraction simultanée de plusieurs muscles
alors qu'on enregistre que la contraction d'un seul. Il faudrait
aussi tenir compte des interférences nerveuses.
En dernière analyse, l'augmentation de l'excitabilité réflexe, ou,
si l'on veut, la concentration de la force nerveuse qui lui donne
naissance est due à l'interruption des cordons nerveux.
R. BL. etJ. P.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
XI. DES rapports DE l'hystérie ET DE CERTAINS SYMPTOMES
nerveux avec la GYNÉCOLOGIE; par HOLST. (A ? ,ch. f. Psych. u.
Neî,ve ? ik, XI, 3.)
Trois questions sont traitées par l'auteur, à ce point de
vue.
1° Dans quelle mesure peut-on admettre les dépendances de
l'hystérie qu'elle qu'en soit la forme, à l'égard des maladies des
organes sexuels de la femme ? Tenant compte, d'une part, de
l'existence de l'hystérie chez l'homme et l'enfant, de l'autre
des relations évidentes qui existent entre le système nerveux
et les fonctions génitales (grossesse, lactation, menstruation),
l'auteur arrive à cette, conclusion que ce ne sont pas les mala-
dies utéro-ovariennes qui engendrent spontanément l'hystérie.
Celle-ci résulte d'un état d'irritation particulier de certains
départements nerveux de la sphère génitale, indépendant de
toute affection utéro-ovarienne, prédisposition physiologique,
qui peut être d'ailleurs aggravée ou même occasionnellement
développée par la maladie. C'est cette irritation qui engendre
d'abord des manifestations réflexes d'ordre vaso-moteur, puis
des troubles de nutrition persistants dans l'ensemble du sys-
tème nerveux, c'est-à-dire l'hystérie. Que l'irritation génitale
existe en dehors de lésions utérines (hystérie autonome) ou
concurremment avec elles, la dystrophie nerveuse qu'elle
détermine, désignée par nous sous le nom d'hystérie, acquiert
tôt ou tard sa franchise nosologique, elle brise en quelque sorte
tous ses rapports étiologiques et devient une. On ne se préoc-
cupera pas moins pour le traitement et de l'excitabilité du sys-
tème nerveux utéro-ovarien et de l'état local des organes sexuels,
en ayant soin d'associer les actions thérapeutiques, de telle
sorte que les réactions provoquées ne se puissent nuire.
2° De l'hyperesthésie ovarienne. M. Holst accepte la des-
cription magistrale de notre savant maître. Ses recherches lui
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 237 7
ont permis de trouver très fréquemment ce symptôme, qui
n'étant pas toujours lié à une douleur spontanée de la région
doit être cherché. Il rapporte que la pression n'a chez aucun
de ces malades déterminé l'aura, tandis que la môme manoeuvre
arrêtait l'attaque développée spontanément. En deux cas, où il
existait des symptômes subjectifs d'irritation spéciale, en com-
primant une des apophyses épineuses des vertèbres doulou-
reuses, il a réussi à déterminer une sorte d'accès ressemblant à
une lypothymie. Les manifestations par lesquelles les patientes
exprimaient la sensibilité ovarienne étant loin de correspondre
à une origine inflammatoire, l'auteur ne croit pas dans ces faits
à l'existence d'une oophorite ou périophorite, surtout alors que
l'exagération de la pression coupe un accès. La nature pure-
ment nerveuse de l'hyperesthésie ovarienne aurait au reste en
sa faveur les thérapeutiques auxquels il est parvenu à l'aide
de la galvanisation vertébro-ovarienne selon la méthode de
Neftel (V. les Archives de Neurologie, II, p. ? 42). Dans les trois
cas où il l'a employée, l'hyperesthésie a complètement dis-
paru.
3° De la dysménorrhée. Une partie des dysménorrhées
doivent être considérées comme des névralgies utéro-ova-
riennes et traitées comme telles. (V. Neftel, loc. cilato). P. K.
XII. Blessure par arme A FEU DES GROS nerfs DU bras, avec
atrophie consécutive DE l'extrémité ; par ISRAEL. (A ? 'Ch.
de Virchow, 1881.)
En octobre 1880, on a fait à l'Institut pathologique de Berlin
l'autopsie d'un invalide de cinquante-deux ans, victime du
18 mars 1848, qui avait reçu une balle dans la région de
l'épaule gauche : elle était entrée au niveau du bord externe du
grand pectoral et sortie au tiers inférieur de l'omoplate, en
blessant gravement le plexus brachial. Le nerf radial passe à
côté de la région cicatricielle, tandis que le cubital et le médian
s'y terminent en formant un névrome d'amputation et s'unis-
sant l'un à l'autre de façon à constituer un lien. Ces nerfs ont
l'épaisseur d'un crayon ordinaire. Leurs bouts périphériques,
de l'épaisseur d'une aiguille à tricoter, rejoignent le brachial
cutané interne, après avoir perforé l'aponévrose brachiale.
L'atrophie du bras gauche est générale, quoique de valeur
différente suivant les régions. La main et les doigts sont ré-
238 REVUE DE pathologie nerveuse.
tractés à un degré tel que l'on aurait pu croire à une anomalie
d'origine.
Tandis que le nerf radial était resté intact avec ses fonctions,
on observait une suspension complète de la fonction motrice
du médian et du cubital, et la sensibilité des deux nerfs, bien
qu'affaiblie, était conservée. Cette circonstance inattendue s'ex-
plique par les connexions contractées par le bout périphérique
du cubital avec le bout central du brachial cutané, également
intéressé dans la blessure; le reliquat des filets du médian péri-
phérique s'étaient aussi rattachés à ce même tronc. Avec le
rétablissement de la continuité, la fonction avait reparu, bien
qu'imparfaitement. Cette observation rappelle l'expérience de
Paul Bert relative à la sensibilité des nerfs de la queue du rat.
D'où ce fait intéressant que les impressions transmises à
l'organe central étaient localisées comme venant du domaine
du cubital, malgré le détour qu'elles faisaient par le brachial
cutané interne.
De cette observation ressort ce fait remarquable, que le lieu
anatomique assigné à la transmission d'irritation sensible aux
organes centraux a été susceptible de changer dans les condi-
tions données, tandisque pour l'acte volontaire, pour la fonction
centrifuge des nerfs, cette compensation ne s'est pas produite.
XIII. Cas DE tumeur tériméningée ayant par la pression
entraîné la complète disparition DE la RÉGION cervicale
INFÉRIEURE DE LA MOELLE par FRIEDRICH SCHULTZE. (A9'CIt2U.
f. Psych. u. 1)'ei,veizk, XI. 3.)
Un homme de vingt-neuf ans, solide et bien constitué, ayante
pour tout anamnestique un rhumatisme articulaire à l'âge de dix-
neuf ans, accuse ou présente successivement de la parésie delà
main droite, de la jambe de ce côté (douleurs podaliquesconcomi-
tantes), de la jambe gauche, enfin de la main gauche. On ne tarde
pas àconstater dans l'extrémité supérieure droite : parésie du tri-
ceps et des muscles de l'avant-bras, paralysie absolue des flé-
chisseurs des doigts, atrophie considérable de l'avant-bras, de
l'éminence thénar et des interosseux. Mêmes phénomènes au
bras gauche, mais moins prononcées, car il n'y a que les muscles
de l'éminence thénar qui soient complètement paralysés.
Toute la jambe droite, y compris les orteils, est impotente, mais
non atrophiée; la jambe gauche, très faible, ne présente pas
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 3')
non plus d'atrophie. L'anesthésie, totale dans l'extrémité infé-
rieure droite, est considérable à gauche : on note des paresthé-
sies (formications, etc.). Cette anesthésie remonte adroite
jusqu'à la troisième côte, à gauche jusqu'à l'ombilic. Exagéra-
tion des réflexes cutanés. La sensibilité électrique est partout
normale, excepté quand on interroge les muscles atrophiés, et
cependant absence de réaction dégénérative. Après une série
de mieux et de plus mal, de crises doiloureuses dans le tronc
et les extrémités, le malade, dépourvu de toute sensibilité aux
membres inférieurs, en proie à une paralysie motrice géné-
ralisée, et présentant dans une étendue formidable les acci-
dents du décubitus, succombe à la complication de troubles
respiratoires après huit années de maladie. L'autopsie vient
confirmer le diagnostic de lésion cervicale interrompant inté-
gralement la conductibilité. Elle décèle, outre la stéatose (dégé-
nérescence graisseuse) de tout le système musculaire du tronc,
du bassin, des extrémités inférieures, du coeur et du bras, l'exis-
tence en plein canal vertébral d'un sarcome à cellules fusi-
formes, péridure-mérien qui, implanté sur la face antérieure du
canal vertébral, dut comprimer graduellement les racines anté-
rieures et toute la moelle (de la troisième à la sixième vertèbre
cervicale) avant d'atteindre les racines postérieures : d'où les
crises névralgiques reléguées au dernier stade et passagères,
puisqu'en effet, à ce moment, la destruction de l'organe s'op-
posait à la conductibilité des impressions. M. le professeur
Schultze fait remarquer, comme une anomalie, l'absence de
phénomènes d'irritation (convulsions ou tressaillements) des
masses musculaires au début de la compression antérieure. Il
attribue la dégénérescence atrophique des muscles dans les
membres inférieurs à une longue impotence (pas d'altération
correspondante des cellules antérieures de la moelle), tandis
que celle des muscles de la main, remontant aux premières
phases de l'affection, provient de l'écrasement des paires ra-
diculàires inférieures du renflement cervical et de la portion
inférieure des cornes grises antérieures. P. K.
XIV. Note sur un cas DE surdité cérébrale [surdité psychique)
PAR LÉSIONS DES DEUX PREMIÈRES CIRCONVOLUTIONS TEMPORO-
sphénoïdales gauches ; par C. GIRAUDEAU. [Revue de médecine,
n°5, 1882.)
Après avoir montré que pour trancher la question si ditréreiii-
2tf) REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
ment comprise en Allemagne et en France, de l'aphasie senso-
rielle, il faut ne tenir compte que des cas simples, de ceux où
à une lésion anatomique unique et circonscrite auront répondu
durant la vie des symptômes indépendants de tout état coma-
teux, l'auteur rapporte une observation qu'on peut ainsi
résumer. Femme'de 46 ans, depuis trois mois céphalalgie bila-
térale continue, exacerbée la nuit, sans vomissements ni perte
de connaissance, ni attaques épileptiformes. Depuis un mois,
sans acte déraisonnable, elle ne comprend plus ce qu'on lui dit,
ne répond plus quand on lui parle.
A l'entrée à l'hôpital pas de fièvre, sensibilité et motilité
intactes, urines normales, mydriase 0 D. Interpellée, elle lève
la tête et dit ne pas comprendre. A force de répéter la même
question, on parvient parfois à lui faire dire son nom, son âge;
mais aussitôt elle revient à quelque idée fixe, sans rapport avec
la question. Tout bruit léger autour d'elle provoque des mou-
vements de la tète. Elle lit les imprimés et répond oralement
ou par écrit aux questions qu'on lui présente par écrit. Mort
rapide dans le coma.
A l'autopsie, sarcome névroglique de la grosseur d'une noix,
à cheval sur la scissure parallèle, atteignant en haut celle de
Sylvius, en bas le tiers inférieur de la seconde circonvolution
temporale. Son extrémité antérieure est à 3 centimètres de la
pointe du lobe sphénoïdal et la postérieure à 1 centimètre de
l'extrémité correspondante de la scissure de Sylvius. A son
niveau, destruction de la substance cérébrale, réduite en masse
rosée, avec petit foyer hémorrhagique au centre. C'est là le siège
du centre auditif d'après Ferrier et Munck : la suppléance du
côté opposé expliquerait la surdité incomplète. N'y aurait-il
pas entre les symptômes observés et le siège de la lésion pure
coïncidence ? et des lésions d'autres points de l'écorce ne don-
neraient-elles pas les mêmes symptômes ? Telle est la question
assez inattendue que se pose en terminant l'auteur. D. B.
XV. CONTRIBUZIONE ALLO STUDIO SPERIMENTALE DELL'IP\OTIS110
NULLE 13TERICHE. Seconda communicazione preventiva dei
D'" A.1A111BURINI E G. SEPPILLI, fatta al Il. Istituto Lombardo,
nella seduta del 22 giugno 1882. '
Les auteurs confirment les recherches de M. Charcot qui
dans l'hypnotisme distingue trois lormes principales. Ils ont
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 2H
pu sur leurs sujets reproduire expérimentalement l'état léthar-
gique, l'état cataleptique et l'état somnambulique. Les carac-
tères vraiment distinctifs de ces trois états nerveux différents
consistent dans des modifications delà motilité. Ainsi lapériode
léthargique est caractérisée par le phénomène de l'hyperexci-
tabilité neuro-musculaire (contraction ou contracture des
muscles par simple excitation mécanique), la période catalep-
tique par la flexibilité plastique des membres, qui gardent long-
temps les positions communiquées, enfin l'état somnambulique,
d'après eux, parun état de rigidité générale de tous les muscles.
Les auteurs se demandent alors si cette distinction n'est pas
plus apparente que réelle, et si les différences signalées dans
le fonctionnement de -l'appareil neuro-musculaire, ne pour-
raient pas être considérées comme des manifestations variées
d'une même condition pathogénique.
L'étude des phénomènes en eux-mêmes et des moyens
variés sous l'influence desquels se développent, soit primitive-
ment, soit secondairement les différentes phases de l'hypno-
tisme, les ont conduits aux conclusions suivantes. Les modifi-
cations musculaires qui caractérisent l'état léthargique, l'état
cataleptique et l'état somnambulique ne diffèrent en somme
que sous le rapport de la durée et de l'intensité. Au fond, il
s'agit toujours là d'une augmentation de l'excitabilité de
l'appareil neuro-musculaire. Dans l'état léthargique, cette
augmentation de l'excitabilité est en quelque sorte latente, il
faut une excitation mécanique des muscles ou des nerfs pour
la rendre manifeste; la contracture produite cède très facile-
ment à l'excitation des antagonistes. La catalepsie n'est qu'une
contraction modérée, mais prolongée ; c'est de la contracture
permanente à un faible degré. Enfin, la rigidité somnambu-
lique est une contracture très forte qui ne cède plus sous
l'influence de l'excitation des antagonistes.
En étudiant les procédés variés qui permettent de faire
naître ces diverses manifestations de la tonicité musculaire, on
reconnaît qu'elles sont en rapport direct avec l'intensité et la
durée des excitants qui sont capables de les produire. (Excitation
mécanique rapide pour la contraction, plus forte et plus pro-
longée pour la contracture; excitation sensorielle, visuelle,
auditive, etc., faible, mais prolongée pour la catalepsie, etc.)
Il en résulte que ces divers phénomènes neuro-musculaires
qui sont donnés comme caractéristiques des divers stades de
Archives, t. V. ·) (i
2V2 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
l'hypnotisme, ne doivent être considérés que comme des moda-
lités différentes d'un seul fait vraiment spécial à l'état hypno-
tique et qui consiste dans une augmentation de l'excitabilité
neuro-musculaire, excitabilité dont le degré varie avec l'inten-
sité et la durée des stimulants qui la mettent en jeu.
- - PAUL Richer.
XVI. Etude MYOGRAPHIQU-E SUR la dégénération des nerfs
chez LES animaux ET chez l'homme ; par R.-W. Amidon.
(A ? -e/ueso ? eCM ? e, Vol. VIII); août 1882, p. 1., New- York.)
Le but que s'est proposé l'auteur estmultiple; d'unepart, il a,
comme l'indique le titre même de son mémoire, étudié les
phénomènes qui accompagnent, par rapport à la contraction
électrique des muscles, la dégénération des nerfs après leur
section; d'autre part, et c'est là certainement le point capital
de son travail, il a voulu vulgariser une méthode d'exploration
appelée sans nul doute à donner de précieux renseignements.
Voici en quoi consiste cette méthode : Étant données les
réactions musculaires différentes obtenues par le passage du
courant galvanique, suivant que ce courant entre dans le
muscle ou le nerf par tel ou tel pôle, suivant aussi le moment
considéré (ouverture ou fermeture du courant), il y a tout
avantage à enregistrer ces réactions, au moyen de la myogra-
phie ; on a ainsi sur l'état du muscle des renseignements bien
autrement sérieux et probants que ceux que peut fournir un
simple examen des contractions ou des mouvements produits
par l'excitation électrique.
Quoiqu'il en soit nous allons indiquer rapidement les
résultats obtenus par M. Amidon, résultats qu'il est facile de
contrôler, grâce aux nombreux tracés qui sont joints à ce mé-
moire. Dans une première série d'expériences, l'auteuraenregis-
tré les contractions des bastrocuémiens de grenouilles, dont les
nerfs n'avaient subi aucun traumatisme antérieur, de façon à
avoir les secousses normales par l'excitation du sciatique avec
Kas, A ? zs, .9ao; on sait qu'il n'y a pas de secousse avec ICAO.
Puis, il a recommencé les mêmes expériences chez des gre-
nouilles, dont les nerfs sciatiques avaient été coupés depuis un
ou plusieurs jours, et qu'il avait eu soin de laisser dans une
chambre suffisamment chaude, de façon que la dégénération
n'en fut que plus prompte à le montrer. Il vit alors que déjà, au
REVUE de pathologie nerveuse. 2 li 3
bout de 'i.8 heures, la hauteur des secousses obtenues par le
courant galvanique avait diminué des 2/3, tandis que celles '
provoquées par le courant faradique avaient diminué de 1/3
environ; le quatrième jour, les secousses s'élevaient à peine
au-dessus de la ligne de niveau, et le cinquième jour, il n'y avait
plus de secousse ni avec le courant galvanique, ni avec la fara-
dique.
Puis M. Amidon a repris les mômes études sur les muscles
dont le nerf avait été sectionné ; mais, cette fois, l'excitation
électrique était portée non plus sur le nerf mais sur les muscles
eux-mêmes; et, l'on peut vérifier sur ses tracés les résultats
déjà connus antérieurement : augmentation du temps perdu,
prolongement de la contraction et même tétanisme par le
simple courant galvanique faible.
En dernier lieu l'auteur étudie les secousses de fermeture et
d'ouverture de l'anode et du kathode dans différentes maladies
(paralysie faciale de Bell, section nerveuse ancienne, atrophie
musculaire progressive). Dans toutes ces affections, les tracés
sont à peu près analogues à ceux obtenus par les sections
nerveuses chez les animaux, paralysie pseudo-hypertrophique;
les formules normales y sont conservées, mais avec des
formes spéciales des secousses musculaires.
Après avoir rendu compte de l'intéressant mémoire de
M. Amidon, qu'il nous soit permis d'y signaler une tendance
fâcheuse. Cela nous sera d'autant plus facile qu'elle n'est pas
absolument personnelle à cet auteur, nous voulons parler
de la tendance à employer une notation électrique spéciale, au
lieu de celle généralement usitée. C'est ainsi que M. Amidon
écrit cacc, aiice pour Kasz, A21sz, etc. ; sans doute le principe de
la notation est le môme, les mots seuls sont changés ; mais
quelle complication ne serait-ce pas si chaque pays voulait
transformer ces formules pour les adapter à sa langue, et s'il
fallait changer de symboles avec chaque auteur de nationalité
différente ? Certes nous ne tenons pas outre mesure à la nota-
tion allemande, quoiqu'elle ait un mérite, celui d'être la pre-
mière en date et d'avoir été suivie dans nombre de travaux
importants; tout ce que nous désirons, c'est qu'on adopte une
notation et rien qu'une. D'ailleurs les formules américaines
sont loin d'être satisfaisantes, tant par suite de la répétition
d'une même lettre (cacc), que par suite de la ressemblance de
deux des lettres entre elles c et a, ce qui ne peut que favoriser
34t "9 REVUE de pathologie nerveuse.
des fautes d'impression toujours fâcheuses en ces matières :
Ajoutons que si nous faisons ces remarques à propos du
mémoire de M. Amidon, ce n'est pas, nous le répétons, quenous
le mettions personnellement en cause, mais nous avons été
d'autant plus frappé de cette tendance séparatiste que le rédac-
teur en chef du recueil dans lequel a paru ce travail est
M. Seguin dont le nom est synonyme d'internationalisme le
plus large dans les choses de la science. P. M.
XVII. Le TREHXLEMKNT sénile et ses nwrouus avec la paralysie
AG ! T.1N'fF.; parE. Démange. [Revue de médecine, 1882, n° 1).
Sur une population de trois cents vieillards, à l'hospice Saint-
Julien, l'auteur n'a pu trouver que trois hommes et trois fem-nes
atteints de cette affection, regardée par quelques-uns comme
l'apanage obligé de la vieillesse.
A début lent, longtemps inaperçu, le tremblement sénile cesse
durant le repos des parties atteintes, le sommeil, s'exagère sous
l'influence des émotions, delà fatigue, de la faim. Simple infirmité,
il ne compromet ni la santé, ni la vie de relation. Aucune diminu-
tion de la force musculaire, comparativement aux gens du même
âge. L'hérédité est la seule cause démontrée.
L'anatomie pathologique du tremblement sénile est à faire.
Le tremblement débute par la tête, qu'agitent verticalement,
horizontalement ou obliquement des mouvements rhythmiques,
isochrones. 11 peut frapper, simultanément ou isolément, la
mâchoire inférieure, la langue, les divers muscles de la face. La
parole se trouble alors. Jamais de nystagmus.
Presque aussi fréquent aux membres supérieurs, il consiste en des
mouvements de flexion et d'extension, peu étendus, réguliers, non
simultanés dans les diverses articulations. Ces mouvements ne sont
pas comparables a des mouvements de métier. Ils ne cessent pas
quand le sujet saisit un objet, augmentent d'un coup proportion-
nellement à l'effort tenté, mais non progressivement àmesure que
la partie en mouvement approche du but. Le polygraphe enregis-
treur de Marin a été utilisé pour celte étude. <
Rare aux membres inférieurs, le tremblement sénile ne s'y
montre que lorsqu'on les prive de tout point d'appui. Le mouve-
ment automatique de la marche ne saurait le provoquer, car la
marche incertaine et chancelante du vieillard dépend seulement de
l'affaiblissement nerveux et musculaire.
Quant à la nature de l'affection, l'auteur, se basant sur l'existence
de paralysies agitantes frustes si différentes des cas ordinaires, en
fait une modalité de celle névrose. 11 les réunirait volontiers sous la
dénomination de tremblement rhgthmiquc uàcilltituii-c. D. li.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 245
XVIII. De. LA DISLOCATION DES OS DU f.R1\Ts DANS LA MÉNINGITE
cnEZLEs enfants; par M. Pamtor. [Revue de médecine, 1 S3 ? .)
Celle lésion, dont 11. le professeur Parrot donne pour la première
fois une description, n'est visible qu'après dépouillement des parties
molles du crâne, etconsiste en une disjonction de sespièces osseuses
au niveau des sutures sagittale et coronale, au niveau du bregma
surtout, avec épanchement sanguin entre leurs bords désunis.
A sa production sont nécessaires l'augmentation rapide du volume
de la masse encéphalique et un état tel des sutures qu'elles ne se
laissent plus distendre, mais disjoindre en leurs liens fibro-vascu-
laires. Les sujets observés appartiennent a la seconde enfance,
époque où les sutures ont cessé d'être membraneuses. C'est de bas
en haut, vers cette région que se fait aussi l'épanouissement phy-
siologique du cerveau. D. B.
XIX. Hydrocéphale chronique consécutive A une attaque de ménin-
GITE aiguë. - 1 : \IPLOf des courants continus. (Note lue à la Société
de médecine de Paris, dans la séance du 2G novembre 1881, et
publiée dans l'Union médicale, du 8 avril et du 13 avril 1882);
par M. 11L1Tn1.Ll\.
L'emploi des courants fut continu et prolongé; il s'agit de cou-
rants aussi faibles que possible ; sous celle influence, les convulsions,
les vomissements, les contractures diminuèrent sensiblement pen-
dant tout un mois, au bout duquel l'enfant succomba brusquement.
pendant que sa garde le levait ; la lecture de l'observation fait
constater que, cinq mois auparavant, les mômes symptômes avaient
disparu également, mais sans l'emploi des courants. Ciurpentier.
XX. Observation d'un cas d'hémiplégie avec intégrité des MOUYE-
ments Du pouce; par M. BoYER. (Lyoiz médical, n° 12, t882.)
Un homme de cinquante-cinq ans, bien portant, est brusquement
frappé d'hémiplégie au moment de se mettre au travail, sans
vertiges, ni perte de connaissance. Contracture rapide la suite
d'un traitement électrique, amenant la flexion des trois derniers
doigts et l'extension de l'index. Le pouce n'est pas plus contracture
qu'il n'avait été paralysé et joue comme une pince avec le
reste de la main. La contracture se dissipe peu à peu eu commen-
çant par l'index, qui demeure plus faible que les autres doigts.
Ce fait vient 1 l'appui d'observations analogues du professeu
Lépine qui croit à l'indépendance du centre moteur et peut être
sensitif du pouce et de celui des autres doigts. ' Il. IL
246 REVUE DE pathologie NERVEUSE.
XXI. Tremblement observé au cours d'une fièvre typhoïde ET
RAPPELANT LE TREMBLEMENT DE L\ \. SCLÉROSE EN PLAQUES; par M. BoU-
VERET (Lyoit inéclical, n° 4 â, 1882).
Fille de 22 ans. Au dixième jour d'une fièvre typhoïde avec
hyperthermie, la malade est prise à chaque mouvement qu'elle
tente d'un tremblement pareil à celui de la sclérose en plaques. Les
membres inférieurs et supérieurs exécutent, au-dessus et au-dessous
de la trajectoire du mouvement, des oscillations d'autant plus mar-
quées que le mouvement approche de son terme. Aucun symptôme
adynamique. Pas de soubresauts tendineux. Nul trouble sensitif.
Diminution de la force musculaire. Pas d'albuminurie. Pas de
nystagmus, ni de troubles de la parole. Cependant la langue
tirée hors de la bouche est agitée de secousses d'autant plus vives
qu'elle demeure plus longtemps dans cette position.
Ce tremblement s'accuse d'autant plus que les autres symptômes
s'amendent. Il diminue durant une recrudescence de la pyrexie et
réapparaît avec la température normale pour diminuer encore
quand survient une rechute et disparaître enfin peu à peu avec la
maladie qui a duré deux mois et demi. D. B.
XXII. MAL perforant du pied dans la paralysie générale. (Note
communiquée à la Société de médecine de Paris, dans la séance
du 22 octobre 1881; publiée dans l'Union médicale du 4 février
4882, n" 10); par M. J. Christian, médecin de la maison nationale
de Charenton.
Cette note comprend l'histoire détaillée de deux malades atteints
de paralysie générale chez lesquels s'est développé un mal perfo-
rant simple chez l'un, double chez l'autre.
M. Christian, tient compte de la rareté relative du mal perforant
dans la paralysie générale, car il ne connaît pas d'autres cas que
celui rapporté par AI. Lancereaux dans sonTraité d'anatomie patho-
logique ; il se demande si cette lésion ne pourrait pas être consi-
dérée comme une lésion trophique d'origine centrale, au même
titre que le mal perforant dans l'ataxie locomotrice, étudiée par
Duplay, Bail et Hanoi, d'autant que chez les paralytiques généraux,
ce n'est pas le cerveau seul qui est atteint, mais souvent tout le
système cérébro-spinal; d'autant surtout que l'un de ses malades à
présenté des symptômes pouvant être rapportés a l'ataxio locomo-
trice. Insistant sur la rémission qu'ont présentée les deux malades,
M. Christian fait ressortir, d'une part, que les affections chirurgi-
cales intercurrentes des paralytiques généraux n'ont pas toujours la
gravité qu'on voutleuraccorder et d'autre part, queles rémissions des
paralytiques généraux sontsouvent consécutives à des suppurations
prolongées, ce qui est le cas de ses deux Ci[
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 247
XXIII. PÉRIMÉNINGITE SPINALE AIGUË par G. LEMOINE et
M. LANNOis. [Revue de médecine, 1882, n° 6.)
Sous ce nom, emprunté à Albers (1883), les auteurs désignent
l'inflammation primitivement et spontanément localisée au tissu
cellulaire périméningé du rachis, arrivant à suppuration et
déterminant la mort, sans participation de la dure-mère. Ils
distinguent cet état de la péripachy méningite spinale de Traube
et Lcyden, dans laquelle la suppuration de ce même tissu est
consécutive à celle du rachis ou des parties environnantes, et
s'accompagne constamment de méningite.
Voici résumée l'observation qui sert de base à ce travail :
Après une chute insignifiante, un soldat robuste est pris de
malaise, d'une douleur dorsale fixe, de dyspnée et, trois jours
après, brusquement, de paraplégie flasque avec abolition des
réflexes, contractions fibrillaires, rétention urinaire et fécale,
et anesthésie remontant jusqu'au niveau des mamelons. Le
diaphragme seul concourt à l'acte respiratoire très difficile.
Congestion de la face et de la conjonctive, myosis, strabisme et
ptosis du côté droit. Douleurs et amyosthénie dans les bras.
Deux jours après, phlyctènes aux gros orteils, rougeur des
talons, des fesses et du sacrum. Au quatrième jour, les deux
bras sont paralysés, la face congestionnée des deux côtés, le
myosis égal et double ; disparition du ptosis et du strabisme.
L'atropine n'a pas provoqué une dilatation suffisante pour
l'examen ophthalmoscopique. Cyanose, congestion pulmo-
naire. Mort au sixième jour.
Progressivement le pouls était tombé de 90 à 48, la tempéra-
ture rectale de 140°,6 à 310,,1,. Celle des membres paralysés
d'abord augmentée était finalement si basse que le thermomètre e
employé ne put l'évaluer. '
A l'autopsie, épanchement purulent en dehors des méninges,
étendu de la septième cervicale à la huitième dorsale, sans
trace d'inflammation méningée. Moelle ramollie, en bouillie au
niveau des trois premières dorsales. Nulle lésion du rachis, de
ses articulations, des parties périphériques. Suit une obser-
vation identique empruntée à Lewitzlcy (de Varsovie). Les
auteurs insistent sur les difficultés du diagnostic. Ils avaient
songé à une fracture, malgré l'apparition tardive des symp-
tômes ; à l'affaissement d'une vertèbre malade, malgré
l'absence de gibbosité. L'hyperthermie, l'anesthésie, la douleur
218 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
raciiidienne, les troubles rectaux et vésicaux avaient fait
écarter la paralysie ascendante aiguë. D. B.
XXIV. THE NERVOUS SYMPTOME Or \IYxDE\fA; by W.-B. HADDEN
('a/H, juillet 1882, p. 188.)
L'auteur fait une rapide énumération des principaux symp-
tômes nerveux observés dans cette affection, notamment les
phénomènes d'ataxie décrits par Hammond : ataxie des mem-
bres supérieurs et inférieurs; double névrite optique; diplopic
transitoire ; surdité ; il n'est pas fait mention des réflexes ten-
dineux que pour sa part IIadden a toujours trouvés normaux,
dans les cas qu'il a pu observer. Quelquefois on observe dans
le myxoedème des douleurs ayant tous les caractères des douleurs
fulgurantes. '
Quelquefois on a noté de l'exophtlialmie. Chez quelques
malades, à l'autopsie, le corps thyroïde a été trouve diminué de
volume.
Au point de vue cérébral : lenteur de l'intelligence, perte de
la mémoire; émotivité, ou même dans le cas de Ord agora-
phobie ; dans le cas de Semon, impulsions sollicitant la malade
à se jeter par la fenêtre. Dans plusieurs observations, aliénation
mentale avec hallucinations de la vue et de l'ouïe ; tantôt la
malade s'entend injurier, ou est maltraitée par des hommes
acharnés après elle; tantôt sous le costume des infirmières, elle
reconnaît des hommes venus pour la persécuter, etc.... On a
même décrit des hallucinations du sens de l'odorat (voir la
très intéressante observation de M. Biaise dans nos Archives,
vol. ni, n«$7 7 et 8). M. Ord attribue ces hallucinations à ce que.
dans le myxoedème, les extrémités nerveuses sont tellement
isolées et comme capitonnées qu'elles ne peuvent recevoir et
transmettre convenablement les impressions extérieures.
M. Iladden termine son travail par les conclusions sui-
vantes :
1° Dans la période initiale, le myxaedèmc est essentiellement
sous la dépendance d'un trouble de nutrition dû probablement
à un spasme vasculaire (ce trouble de nutrition se révèle assez
par l'abaissement de la quantité d'urée signalé par M. IIad-
den dans leProyoèsméclical(1880), et parallèlement par l'abais-
sement de la température ; '
2° L'état oedémateux, solide, de la peau et du tissu con-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 2 i 9
jonctif est dû à une forme d'obstruction lymphatique qui peut
être rapportée aussi à l'influence vaso-motrice et que les
produits accumulés dans ces vaisseaux subissent des transfor-
mations qui aboutissent à la production de mucine;
3° La diminution de volune du corps thyroïde peut être
expliquée par l'hypothèse vaso-motrice ;
4° Les troubles mentaux les plus accusés, tels que l'aliénation
survenant dans les périodes de l'affection, sont dus à des lésions
du cerveau ;
5° Quoique le myxoedème soit une entité morbide distincte,
il est probablement lié intimement à certains autres désordres,
tels que le crétinismo sporadique et la sclérodermie;
6- L'oedème solide généralisé dans le myxoedème peut être
localisé dans différentes parties du corps (langue, extrémi-
tés) ;
7° Il est probable que la lésion primitive et essentielle existe
dans le système périphérique du grand sympathique et peut-
être aussi dans les centres supérieurs du bulbe, ainsi que peu-
vent le faire supposer les symptômes bulbaires qu'on a quelque-
fois observés (cas de Ord). P. M. ! 1`V. Contribution A l'étude DES lésions CÉRI : DB.1LES LOC.1LIS1 : ES au
LOBULE DE l'insula ; par Il.\Ill0\D et Brodeur. [Revue de Méde-
cine, 1 û ? , n° 7).
De trois observations, l'une de ramollissement, les deux autres
d'liémorrltabie, lésions siégeant à droite et exactement limitées à
la substance grise du lobule et à la substance blanche la séparant
de l'avant-mur, les auteurs concluent que les lésions rares de cette
partie du cerveau se traduisent par une hémiplégie flasque, plus
marquée au bras, épargnant la face et le tronc, sans aucun trouble de
la sensibilité, ni des réflexes, avec les réactions électriques de l'hé-
miplégie cérébrale. Aucun de ces malades n'eut d'attaque apoplec-
tique et tous succombèrent rapidement sous l'influence d'affections
rénales et pulmonaires. Le malade atteint de ramollissement
offrit à trois reprises un embarras de la parole. Contrairement
aux conclusions de ce mémoire, cette dernière observation et la
seconde portent que les traits étaient déviés ci droite [avec jttosis et
déviation de la langue à gauche dans celle-ci) et que la sensibilité
générale était obtuse dans les membres paralysés. Il ne parait pas en
outre que des coupes méthodiques du cerveau aient été pratiquées.
D. B.
250 SOCIÉTÉS SAVANTES.
SUR les accidents apoplectiformes QUI peuvent compliquer LE
DÉBUT, LE COURS, LA FIN DE L'ATAXIE LOCOMOTRICE ; par LECOQ.
(Reuuc de llédeeine, 1853, n 6.)
Dans ce long travail, riche d'observations et de citations exactes,
l'auteur a voulu montrer qu'à l'instar de la paralysie générale et de
la sclérose en plaques, l'ataxie locomotrice peut offrir des attaques
apoplectiformes consistant en vertiges, étourdissements légers ou
graves, en troubles paralytiques divers, fugaces plutôt que perma-
nents. Des crises laryngées, des attaques épileptiformes peuvent
simultanément survenir. Ces accidents relèvent de l'ataxie même.
L'hémiplégie et l'aphasie permanentes dépendent vraisemblable-
ment d'une complication ou de la cause première de la maladie
(Syphilis). L'auteur croirait volontiers, avec Grasset, que le tabès
dorsal est plutôt une lésion cérébro-spinale diffuse qu'une myélite
systématique. D. B
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ lII : DICO-PS5'CIIOLOG1QU1 :
Séance du 27 novembre 1882. Présidence DE M. DALLY.
L'ordre du jour appelle la suite de la lecture de M. Bourdin sur
le mensonge chez les enfants.
Après cette communication M. D.1LL1 développe une thèse
d'après laquelle les sociétés naissantes et les enfants pourraient être
rapprochés au point de vue du mensonge; il sérail plus rare chez
les enfants anglais.
M. Foville s'élève contre l'assertion de M. Dally; il ne voit
aucune raison pour que les enfants anglais soient moins sujets au
mensonge que ne le sont les autres enfants. M. 13.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 251
Séance du 11 décembre 1882. Présidence de M. DALLY.
Elections. Après élection, le Bureau est ainsi composé pour
l'année 1883 :
Président, 1L llIoTCT; Vice-président, lI. l omLLl ? Scct·étuit·e-7énc'ral,
M. R rTT r ; Sr,r,rétaires untttcels,11\I. Charpentier ET Trésorier,
M. A Voisin; Conseil de famille, 1111. Luos et 1).%LLY sont adjoints aux
membres du Bureau pour former le. conseil de famille. Comité de
publication, MM. Dauonet, Dumesnil et Falret.
M. le Président annonce el la Société que le concours pour la
médaille d'or de l'internat des asiles de la Seine vient de se ter-
miner. La bourse de voyage de 2000 fr., créée par le Conseil général,
a été attribuée au lauréat M. Marcel Briand, ancien interne de
Sainte-Anne et membre de la Société.
Suite de la discussion sur la création d'asiles spéciaux pour les
aliénés, dits criminels. M. Foville. Les partisans et les
adversaires de la création d'un asile d'État pour les aliénés dits
criminels, ne sont pas près de s'entendre, et la discussion est loin
d'être épuisée. Les adversaires du projet ont fait valoir un argument
d'une certaine importance, quand ils ont dit qu'une foule d'aliénés
criminels au point de vue du droitslricl, mais i iioffensifs, et n'offrant
aucun délire qui leur constituât une individualité dangereuse, en-
combreraient l'asile d'État.
Malgré cette objection plusieurs membres considèrent cette inno-
vation comme heureuse; mais d'autre part, il existe des aliénés
impulsifs, n'ayant jamais commis de crimes, mais dont la pré-
sence au milieu des malades tranquilles constitue un danger
permanent, qui continueront à mettre le désordre dans les asiles
départementaux, où ils sont en ce moment séquestrés.
La question a été à peu près résolue par la commission instituée
pour réformer la -loi de 1838, et l'on a décidé que les aliénés
dangereux seraient traités comme les criminels. Mais les difficultés
pratiques, dont on ne tardera pas à s'apercevoir, après la mise en
vigueur de la nouvelle loi, ont été négligées; c'est ce point de
vue que je vais développer devant vous.
Si la question scientifique est capitale, la question budgétaire a
bien aussi sa valeur, comme vous allez vous en convaincre. On a
établi en principe que le nouvel asile serait L la charge de l'État. Si
les choses se règlent delà sorte, le département qui fera transférer
un de ses malades n'aura rien à payer, et, comme il n'y a pas de
petites économies, la tentation sera bien forte pour les départe-
ments qui auront tout intérêt à trouver, parmi les malades à leur
charge, le plus grand nombre possible de criminels ou de dangereux.
Si, dans une commune, on signaie la présence d'un aliéné, il se
253 sociétés savantes.
trouvera toujours quelqu'un pour empêcher, par économie, de
prendre vis-à-vis de l'individu, les précautions commandées par la
plus élémentaire prudence et l'on attendra, pour le faire traiter,
qu'il ait commis quelque méfait, car alors il sera jugé, acquitté
pour cause de folie et enfermé, aux frais de l'Étal, comme criminel.
En peu de temps, l'asile d'Etat sera de la sorte peuplé d'individus
n'ayant en réalité aucune raison d'y être séquestrés : des dangereux
par complaisance et des criminels inoffensifs.
Si, pour obvier à cet abus, on laisse à la charge des départe-
ments les aliénés qu'ils enverront a l'asile de l'Étal, comme dans ce
dernier, le prix de la journée sera plus élevé, par suite de la plus
grande surveillance qu'il sera nécessaire d'y exercer, les départe-
ments, toujours pour restreinre leurs dépenses, se garderont bien de
signaler leurs aliénés dangereux qu'ils continueront à traiter eux-
mêmes, et auront une grande tendance à faire considérer leurs
criminels comme inoffensifs. Dans l'un et l'autre cas, l'asile de l'Etat
n'aurait plus alors sa raison d'être. Autant vaudrait rester dans le
statu quo.
Il faut donc trouver une combinaison pour tourner la difficulté,
et ne pas laisser aux départements le soin de décider si, oui ou non,
un aliéné doit être traité dans l'asile spécial ou dans les asiles
ordinaires. L'Angleterre peut nous servir d'exemple. C'est le « bon
plaisir de la Reine », qui intervient chaque fois qu'il s'agit de faire
entrer un malade à l3roadmoor ou de l'en laisser sortir. Si l'on
institue un semblable établissement eu France, pourquoi ne laisse-
rait-on pas le ministre de l'intérieur toujours libre d'y séquestrer
tel individu criminel, ou d'en faire sortir pour revenir dans son
département tout malade qui n'est plus dangereux ? On placerait
ainsi, à l'entrée et à la sortie, le droit discrétionnaire du ministre,
qui s'entourerait de renseignements. Il n'interviendrait pas, cela va
sans dire, dans la mise en liberté définitive, mais seulement dans
le transferement du criminel de l'asile départemental dans celui de
l'Etat,et réciproquement.
De cette façon, la difficulté (Iiieje vous signalais serait tournée en
partie ; mais, pour éviter les réclamations des départements inté-
ressés qui se plaindront toujours de payer plus cher l'Etat, il
faudrait que, dans le nouvel asile, où le prix de journée sera plus
élevé, les malades fussent traités d'après les prix do journée de leurs
départements respectifs, le surplus restant à la charge de l'Etat.
Reste maintenant à régler la sortie définitive : Les médecins qui,
comme le croit bien a tort un certain public, ne font entrer ni
sortir les aliénés, mais donnent simplement leur avis, comme
experts, conserveraient la même autorité morale etcontinueraient
à dire si l'individu est aliéné ou ne l'est pas. Ensuite, le tribunal,
sous la forme impersonnelle et irresponsable, jugerait en chambre
du conseil, par un arrêt non motivé, s'il y a lieu de maintenir ou
sociétés savantes. 353 3
de faire sortir le sujet, comme cela se fait déjà dans certains cas,
d'après les instructions de la loi de 1838.
M. MoTEf. Je remercie M. Foville de l'appui qu'il apporte à la
thèse que je soutiens : ses observations prouvent implicitement
qu'il reconnaît connue moi la nécessité de créer un asile d'Elal;
mais je ne partage pas sa manière de voir, quand il veut laisser au
médecin seul la lourde responsabilité de la sorlie d'un aliéné
criminel qui peut commettre de nouveaux crimes. Sans diminuer
les prérogatives du médecin, je voudrais décharger en partie sa
responsabilité et la lui faire partager avec des magistrats et des
administrateurs. Je crois que, pour répondre aux réclamations de
tout malade dangereux se croyant guéri et réclamant sa mise en
liberté, il serait nécessaire de nommer une commission ayant ses
attaches au ministère de l'intérieur qui déciderait chaque année
sur les demandes des intéressés : le médecin traitant serait l'inter-
médiaire naturel entre le malade et les membres de la commis-
sion, dont il ferait partie, et à laquelle il fournirait tous les rensei-
gnements désirables.
Au sein de la commission extra-parlementaire de réforme, on a
pensé qu'un intervalle d'un an serait trop long entre chaque session
et nous avons décidé que, tous les six mois, il serait statué sur les
réclamations : celte mesure est vraiment sage. Une commission
qui présenterait le plus de garanties serait la suivante : le médecin
de l'asile, un des inspecteurs généraux, un magistrat de la cour
dans le ressort de laquelle l'asile serait situé, un avocat nommé à
l'élection par ses confrères, et un notaire. Ainsi composée, une
semblable commission serait préférable à la chambre du conseil
proposée par M. Foville.
M. Blanche. M. Motet fait trop petite la part de responsabilité
du médecin qui, seul, est compétent pour dire si un individu est
aliéné ou non. Véritablement je ne trouve pas qu'une semblable
commission offre beaucoup de garanties à la Société qui a le droit
de se protéger contre les criminels; nous connaissons trop la
manière de voir des gens du monde pour ne pas être certain que,
si ce n'est dans les cas simples, grossiers et à la portée du public,
les trois membres non médecins de la commission l'emporteront
sur les deux médecins et rendront à la Société des aliénés d'autant
plus dangereux, que leur délire sera moins apparent et plus
dissimulé. L'autorité judiciaire, s'il s'agit de malades, doit prendre
conseil près de l'autorité médicale seule, et, je dois l'avouer, bien
que nous rencontrions parfois des résistances inattendues, les
représentants de la magistialure le sentent fort bien et, surtout
depuis ces dernières années, se montrent de plus en plus confiants
dans nos conclusions qu'ils savent toujours être motivées par des
données scientifiques. Quel est l'expert qui peut affirmer qu'un
54 f e sociétés savantes.
homme est aliéné ou non ? Le médecin. Eh bien ! alors, pour-
quoi soumettre son jugement à l'appréciation d'hommes fort
honorables, du reste, mais incompétents en clinique médicale ?
M. Motet. Je ne me plaindrai jamais de l'adjonction d'un trop
grand nombre de médecins, mais il faut tenir compte de l'opinion
publique et c'est pour donner plus de garanties à la liberté indivi-
duelle, dont on parle a'tout propos que la commission d'examen a
été constituée avec des membres appartenant à différentes catégories
de la société. Rien n'empêche la commission de charger un ou
plusieurs médecins spécialistes de faire des expertises dont elle
pourra tenir compte ; mais le médecin en chef de l'asile, d'où
dépendra le malade, sera toujours entendu et l'avis de l'homme qui
connaît un aliéné depuis un certain nombre d'années, sera toujours
très écoulé. Peut-il en être autrement ? Cette commission est
préférable à la chambre du conseil qui constitue un pouvoir occulte.
M. Blanche. Ne pensez-vous pas que pour le médecin en chef,
ayant le malheur de traiter dans son service de ces individus, il
serait préférable de ne pas avoir voix car les malades
sauront très bien de quel poids sera sa déclaration et la lui re-
procheront toujours ? Sa situation pourra même devenir terrible
vis-à-vis de certains aliénés lucides, très dangereux qui, chaque
matin, réclament leur sortie avec menaces.
M. Foville. M Motet pense que la chambre du conseil constitue
un pouvoir occulte n'entrant pas en relation avecle malade. Il parait
qu'à Paris les choses ne se passent pas comme en province, où le
malade, à moins qu'il ne soit pas transportable, comparait toujours
devant les magistrats.
Quant a la grande commission qui, vraisemblablement, siégerait
à Paris, je la trouve bien loin des asiles de province, où seront
formulées les réclamations. Sera-t-il facile de faire voyager le
médecin en chef dont l'avis sera nécessaire ? C'est déjà bien assez
de l'obliger à se rendre au tribunal le plus voisin. En outre, la
chambre du conseil, qui intervient déjà dans certains cas, aurait
l'avantage de ne rien innover, puisqu'elle est déjà dans nos moeurs.
11 suffirait, pour la faire fonctionner, de rendre obligatoire celte
procédure actuellement facultative.
M. Charpentier demande pourquoi l'arrêt de la chambre du
conseil ne serait pas motivé ?
M. Foville. La loi le veut ainsi ; c'est ce qui fait sa force.
M. BILLOD. Comment sortirez-vous delà difficulté suivante ? ...
Un aliéné homicide est guéri et réclame sa sortie, mais le médecin
en chef ne peut prendre sur lui de répondre, devant l'autorité
administrative, qu'après la mise en liberté il n'y aura pas de rechute.
M. Blanche. C'est pour surmonter cette difficulté que les
Anglais a\aient inventé « le bon plaisir de la Reine ».
sociétés savantes. 255
M. Motet. - Nous arriverons au même résultat que nos voisins
en copiant leur système. Le ministre de l'intérieur décidera
après avoir consulté la grande commission. M. Foville n'a pas à se
préoccuper des difficultés de déplacement ; l'inspecteur général qui
en fera partie de droit comme médecin d'asile, se déplacera
seul; on trouvera toujours sur place les autres membres, le magis-
trat, l'avocat et le notaire.
M. Foville. Nous nous sommes tous trouvés en face de la
difficulté soulevée par M. Billod, dont je comprends les scrupules.
Je m'en suis pour ma part toujours tiré en conseillant au malade
d'écrire au procureur de la République. Le tribunal, saisi de l'affaire,
rendait un jugement dégageant ma responsabilité.
Mais voici l'exemple d'un cas qui, je l'avoue, m'embarrasse fort.
Le 17 octobre 1876, un nommé Martin, rencontrant sur le quai, à
Moulins, un vieillard, se retourne, lui tire par derrière cinq coups
de revolver, va se constituer prisonnier, demande une plume pour
écrire à sa protectrice une lettre, où se déroule le tableau patho-
logique d'un délire de persécution des plus significatifs. A quatorze
ans, il aurait été, suivant son dire, victime d'une tentative de
pédérastie de la part d'un domestique. Un peu plus tard, des
hallucinations de l'ouïe sont venues lui désigner un nommé Michel,
comme étant l'auteur de l'attentat. Se sentant nuit et jour pour-
suivi par des insultes, s'entendant appeler « l'eue... du père Michel »,
il résolut de s'en venger, et, rencontrant un jour ce vieillard, il le
tua dans les circonstances que vous savez. Martin bénéficia d'une
ordonnance de non-lieu et fut envoyé dans un asile, sans que
l'instruction ait pu établir si, oui ou non, la tentative de pédérastie,
dont il se plaignait, était exacte ou imaginaire. Depuis sa séquesta-
tion les hallucinations ont disparu progressivement, et, il y a
quelque temps, Martin a fait une demande de mise en liberté. Le
médecin traitant, consulté par le préfet, affirme que l'individu ne
délire plus, mais ne peut prendre sur lui de répondre qu'après la
sortie les hallucinations ne reparaîtront pas, et qu'un nouveau crime
n'en sera pas la conséquence. Le préfet, très embarrassé, s'est
adressé au ministère, et j'ai été délégué pour examiner le sujet. 11
n'offre aucune trace de délire, n'a plus d'hallucinations, se comporte
très régulièrement à la maison, où il jouit d'une liberté absolue.
« J'ai été aliéné, dit-il, autrefois, c'est possible; mais aujourd'hui je
« suis guéri et veux reprendre ma place dans la société. » Tel est
son état actuel.
Evidemment, on ne peut baser sa maintenue que sur les présomp-
tions d'une rechute suivie de conséquences funestes; mais le délire
ne visait qu'un seul individu, le père Michel. Celui-ci supprimé, le-
délire, dira-t-on, ne reparaîtra peut-être plus et Martin n'a aucune
raison d'avoir de nouvelles impulsions à l'homicide. Que faire ?
256 - sociétés savantes.
M. Blanche rappelle l'affaire Sandon : tous les aliénistes l'avaient
considéré comme très dangereux ; il n'avait aussi qu'un objectif sur
Billaut. Quand celui-ci fut mort, on a pensé que rien n'était plus à
craindre .et on remit Sandon en liberté, malgré les rapports.
Peu de temps après, le délire reparaissait et se tournait contre
M. Boulier chez lequel Sandon s'est rendu, armé d'un revolver,
avec l'idée très arrêtée de commettre un meurtre. Arrêté de nou-
veau, M. de Persigny et le prince Napoléon ont tellement épou-
vanté l'Empereur, que non seulement Sandon fut remis en liberté,
mais encore la cassette impériale lui fit une pension viagère.
Le 4 septembre l'a retrouvé à la maison Dubois, où il était entré
pour des attaques épileptiformes; enfin il mourait tout d'un coup
d'apoplexie cérébrale, sur les marches du palais de justice, où il
allait porter une plainte contre ses nouveaux persécuteurs.
Transporté à l'II6te1-Dieu, on fit son aulopsie et on trouva dans
le cerveau d'énormes lésions.
Voilà ma réponse, à M. Foville. Que l'affaire Sandon lui serve
d'exemple. Sandon était un persécuté dont la vengeance n'eut ja-
mais été complète, et qui trouvait toujours en lui-même les éléments
d'un délire impulsif.
M. BICOT. - Il me semble que Sandon et Martin ne se ressemblent
pas absolument; le délire de l'un ne reposait sur rien; Martin, au
contraire, semble avoir été réellement victime d'une violence de la
part du père Michel.
M. FOVILLE. - Ce dernier point n'a pu être éclairé par l'instruction.
M. A. Voisin. - AI. Bigot nous dit que, Michel mort, Martin ne
tuera plus personne ; l'affaire s'est présentée dans les mêmes con-
ditions pour Sandon, que M. Billaut avait réellement contribué à
faire rayer de l'Ordre des avocals. Après la mort de M. Billaut, il
n'en a pas moins continué à poursuivre son délire des persécutions.
J'ai vu bien fréquemment des malades dont les hallucinations
cessaient aussitôt après l'entrée à l'asile, pour reparaître dès la mise
en liberté.
M. Bigot. L'argument de M. Voisin est spécieux, mais ce n'est
pas seulement, grâce aux influences de M. Billaut, que Sandon a
dû quitter.l'Ordre des avocals; il cédait aussi surtout aux conseils
de sa famille qui avait déjà remarqué chez lui de légers dérange-
ments d'esprit. Marcel Briand.
SOCIÉTÉS savantes. 257
VU" CONGRÈS DES NEUROLOGUES ET ALIÉNISTES
DE L'ALLEMAGNE DU SUD-OUEST
Sb : SSIO\ DG B.1DE
Séance du 10 juin 1882.
A la suite des paroles de bienvenue adressées à l'Assemblée par
le premier curateur, M. Fùrstner, professeur à Heidelberg, la pré-
sidence est décernée par acclamation à M. de Ri ? FcKER (de Wurz-
I;ou,i,g), doyen d'âge. Secrétaires, 1111. : llüLr.lz (de Strasbourg), et
Gun : u : F (d'Heilelberâ). On procède enfin aux communications qui
suivent.
M. II;SSIt.IUL (deStt'ashout·â), sous le titre : De la régularisation du
langage phonétique par le sens du toucher, vient amender la troisième
conclusion du chapitre XV du livre publié par lui sur la parole, il
y a cinq ans, à la lumière du fait que voici : Il s'agit d'un aveugle
sourd-muet, actuellement à l'asile des aveugles de Lausanne,
Edouard Meystre qui, grâce à l'incomparable activité de son pro-
fesseur M. Hirzel, a atteint le degré de perfectionnement que nous
allons exposer. Né en 1836 en état de surdité complète, il était,
sept ans plus tard, privé des deux yeux par suite d'un coup de feu.
C'est à l'âge de 18 ans, totalement inculte à tous égards qu'il
entrait à l'asile. M. Ilirzel lui apprit au moyen des caractères en
relief perceptibles au tact, et le langage mimé de l'abbé de l'Épée,
et le langage français écrit. Pour arriver à lui faire produire des
sons laryngiens et à le lui faire articuler dans cette langue le pro-
fesseur introduisait dans la bouche de son élève ses doigts, des
prismes et des anneaux de diverses grandeurs, à l'aide desquels il
imprimait aux organes les positions nécessaires à l'émission des
différentes voyelles et consonnes. Puis, à titre d'exemple, il prome-
nait dans sa propre bouche les doigts du disciple, afin de lui faire
palper les positions et mouvements indispensables aux articulations
voulues. Ces séancés qui duraient de longues heures ne laissèrent
pas que d'écoeurer Meystre jusqu'au jour où il réussit a prononcer
le premier mot proposé à dessein par le maître, le mot : ami.
Ainsi se nommait un jeune aveugle cher à Meystre. En reconnais-
sant que celui-ci accourait à son appel, Meystre comprit que la
parole articulée lui ouvrait des horizons plus vastes que le loucher'
et la mimique des doigts ; aussi se soumit-il ultérieurement aux
exercices d'articulation. Aujourd'hui, ce sauvage instruit etéduqué,
habile dans l'état de tourneur en bois, communique constamment
ARCIIIVEB, 1. V. 17
258 sociétés payantes.
ses pensées son entourage quoique la prononciation, notamment
pour les palatales soit parfois indistincte à qui n'y est pas habitué.
En conséquence, voici la rédaction modifiée de sa troisième con-
clusion que propose M. Kussmaui : « L'ouïe est le seul sens par
« lequel l'homme soit incité à imiter le langage phonétique perfec-
« tionné (langage vulgaire), le seul qui le rende en même temps
« capable d'apprendre dèsl'enfane sans autre effort. Lorsquel'ouïe
« fait défaut, la vue ne suffit pas il pousser le muet à parler en imi-
« tant la mimique des sons; le sourd-muet, bien qu'il possède l'ins-
« tinct d'émettre des sons, ne devient que par un enseignement
« spécial, capable d'exécuter les mouvements nécessaires à l'arti-
« culation. L'absence de l'ouïe et de la vue n'exclut pourtant
« pas l'apprentissage du langage phonétique ; un enseignement,
« d'ailleurs extrêmement laborieux, peut inculquer au sourd-muct-
« aveugle le langage phonétique articulé; exclusivement aidé du
« sens du toucher et du sens musculaire, l'infirme s'exerce aux
« mouvements exigés pour la parole et apprend il les exécuter cons-
« tamment au point de se rendre intelligible aux autres. » M. Kuss-
maul montre des photographies représentant M. Meystre, son
maître, M. Il. Hirzei, ainsi qu'une poire tournée en bois, travail
très fin du sourd-muet-aveugle.
M. WALDEYKR (de Strasbourg) : Des terminaisons nerveuses dans les
muscles. Il s'agit de recherches faites par le Dr Brenner (de
l'Illinois) sur les muscles striés de la grenouille et du lézard. Signa-
lons-en les résultais : Io Il est fréquent d'observer que les plaques
terminales motrices reçoivent de fines fibres amyéliniques. Ces
fibres sans myéline sont du même genre que celles qui innervent les
parois, vasculaires; elles ont un si long trajctsaus changer de cons-
titution qu'on no put savoir si elles proviennent do fibres à myé-
line. On a cependant pu voir plusieurs fois un seul et même trous-
seau fournir des fibres amyéiiniquesa à une plaque terminale et à
un vaisseau sanguin; parfois une seule et même fibre se divisait en
un rameau destiné au muscle et en un second destiné au vaisseau.
D'ailleurs, ou bien la fibre amyéiique se rend dans la même plaque
terminale, formée d'une fibre amyélique ordinaire, ou bien la fibre
amyélique constitue elle-même un appareil de terminaison situé
sous le sarcolemme. Dans les deux cas, les appareils terminaux sont
ombelliformes (ombelle terminale de Brenner.) 2° On constate
fréquemment l'anastomose de diverses plaques terminales tant du
même muscle que de divers muscles voisins. 3° Deux fibres ntyéli-
niques peuvent aboutir à une seule et même plaque terminale. 4° Il
existe de nombreuses formes de transition entre les appareils termi-
naux moteurs de la grenouille et ceux des vertébrés supérieurs. La
scission rigoureuse de Kuhne ne saurait être maintenue.
Le Dr Stilling, privat-docent de Strasbourg, fait passer sous les
yeux de l'Assemblée des préparations par dissociation relatives à
SOCIETES SAVANTES. 259
la structure des tubercules quadrijumeaux; elles mettent en lumière
le trajet des fibres à l'intérieur de ces organes et leurs connexions
avec les bras conjonctifs, les corps genouillés, le ruban de Reil,
et les pédoncules cérébelleux supérieurs.
Deux observations servent de base à la communication de
M. FÙRSTNER, intitulée : Contribution aux 2zel°tnbntions psychiques,
éjiileptiques. La première offre à mentionner : pendant la jeunesse,
un noctambulisine reparaissant plus tard dans l'intervalle des accès;
pendant les années qui suivent des auras périodiques, des crises
convulsives nocturnes, d'abord incomplètes, puis classiques, ulté-
rieurement, des accès de troubles psychiques, précédés de sensations
spéciales, durant plusieurs jours, se présentant à leur plus faible
degré sous la forme du grand mal de Faire, mais laissant derrière
eux le souvenir complet et subsistant bien au-delà : par conséquent,
nul trouble de la connaissance. A une époque plus avancée, accès
de petit mal, suivis d'états de sommation d'une durée de quinze
à vingt minutes, pendant lesquelles le malade fournit des réponses
correctes et se rappelle à plusieurs reprises les conceptions enre-
gistrées par lui peu de temps avant l'accès; seulement amnésie
complète pour ces crises de sommation. En conséquence, dit l'ora-
teur, dans la plupart des états épileptoïdes, il ne saurait être ques-
tion de perte de connaissance; l'intensité de la conscience est
seule diminuée, ce qui explique l'amnésie ultérieure et des percep-
tions sensorielles, et des conceptions. La seconde observation vient
à l'appui de celte conclusion. Elle concerne, en effet, des accès d'in-
conscience partielle, suivie d'amnésie partielle, pendant lesquels le
sujet exécutait des actes complexes et certaines pratiquesobscenes
les crises d'épilepsio classique ne se montrèrent que plus fard.
La discussion qui s'engage à cet égard, à laquelle prennent part
1111. Joly, Von Rineker, Eurstner, confirme tout particulièremen
Toccurenco encore assez fréquente delà conservation complète ou
partielle de la connaissance, à la suite de perturbation mentale
épileptique sous forme d'accès.
Des vertiges el vomissements considérés 'comme prodromes d'une
nécrose des canaux par M. Moos (d'IIcidelberg).
Quelques auteurs ont avancé que les vertiges et vomissements
observés après la lésion expérimentale des canaux semi-circulaires
dépendent de l'atteinte involontaire du cervelet.' Or, le cervelet est
bien l'organe central de l'équilibre; mais'1'appareitvestibulaire
affecte une certaine connexion avec lui ; c'est plutôt indirectement
que les vertiges etc., se produisent quand le vestibule est lésé.
Voici, en effet, un jeune homme affecté depuis des années d'une
otite moyenne purulente; à la suite d'un traitement de polypes de
l'oreille correspondante par la gatvanocaustique ; subitement il
éprouve des vertiges qui le rendent incapable et de se relever et de
260 SOCIÉTÉS SAVANTES.
se tenir debout, vomissements. Température, pouls, pupilles, nor-
maux, mais dépression morale, apathie; quand le malade fixe les
objets, il lui semble qu'ils se meuvent de bas en haut. Quelques
jours plus tard, amélioration brusque : l'examen démontre alors
dans le conduit auditif externe la présence d'un corps ayant la
forme d'un bracelet; c'est un canal semi-circulaire. M. Moos le pré-
sente à l'assistance. Les os du crâne ne conduisent plus les ondes
sonores, mais le malade est tout à fait rétabli.
De la dégénérescence secondaire, par M. SCIIUL'r7C (d'IIeidelberb).
A la suite d'une contusion traumatique de la queue du cheval,
comme après la destruction de même cause de la portion inférieure
de la moelle lombaire limitée aux fibres du sciatique, on trouve
une dégénérescence secondaire descordons postérieurs de la moelle.
Cette dégénérescence remontait, dans le second cas, jusqu'à la
moelle allongée, n'intéressant que les segments les plus postérieurs
des faisceaux de Goll. On est, par conséquent, en droit de supposer
que ce système renferme des fibres en rapport avec le sciatique.
Dans une observation d'atrophie complète de la moelle cervicale
inférieure, il existe une dégénérescence ascendante des cordons
postérieurs qui atteint une partie bien plus étendue de ces organes que
les faisceaux de Goll.Par suite, laportion interne des cordons posté-
rieurs représente, dans l'ensemble de la moelle, de longues lignes
dont le diamètre transversal augmenterait chaque fois que s'y amas-
sent de nouvelles fibres également accompagnées de courts tractus.
Il faut remarquer que la dégénérescence stricte des faisceaux de Goll
n'entraîne en apparence aucun symptôme. Il existe aussi une dégé-
nérescence descendante régulière des cordons postérieurs qui occupe
une étendue d'environ six centimètres au-dessous de la région
primitivement lésée de trousseaux postérieurs fondamentaux. Elle
ressortit peut-être à celles des fibres des racines postérieures qui,
après leur arrivée dans la moelle, s'infléchissent en bas. La dégé-
nérescence ascendante des cordons latéraux occupe généralement
non pas seulement les faisceaux latéraux cérébelleux de Fleclisig,
mais encore une zone placée en avant d'eux à la périphérie dans
la moitié antérieure. On se demande si c'est une zone sensible, car
on la trouve aussi dégénérée dans la sclérose latérale amyotro-
phique. Il y, existe en tout cas des faisceaux mixtes. Quelques
fibres disséminées des cordons latéraux dégénèrent aussi en bas en
dehors des faisceaux pyramidaux.
Séance du 4 juin 1882.
La communication de 111..luLt1· (de Strasbourg), sur les irrégula-
rités de la loi des contractions musculaires chez l'homme vivant, apporte
un contrôle expérimental à la formule de Brenner relative à l'exci-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 261
Lal31lité électrique des muscles. L'examen a porté sur quinze indi-
vidus jeunes (dix hommes et cinq femmes) à système musculaire
normal, la plupart épileptiques, quelques-uns mélancoliques ou
intellectuellement affaiblis. L'arsenal comportait la batterie de
Siemens pourvue de tous les accessoires de Brenner; la force du
courant était déterminée à l'aide du galvanomètre à graduation
millimétrique de Gaiffe. L'observateur a reconnu l'exactitude des
données de Brenner, quant aux troncs nerveux moteurs. D'une
manière générale, la formule se montra également rigoureuse dans
les diverses conditions de l'expérimentation relative aux muscles
premier interosseux, biceps brachial, deltoïde.l.es quelques excep-
tions méthodiquement exposées trouvent leurs explications dans
les remarques de Krb et de Walteville d'une part, et dans celles de
Doring. On sait que les premiers considèrent que, dans l'excitation
unipolaire d'un nerf moteur, il faut admettre l'existence d'un
second pute virtuel qui occuperait un point voisin du lieu d'inser-
tion, pôle virtuel qui est d'un signe contraire à celui qui est
appliqué. Pour le muscle, dit Hering, il peut y avoir plusieurs lieux
d'entrée et de sortie du courant et par conséquent l'action des
pôles virtuels doit être encore beaucoup plus complexe ; ainsi l'exci-
tation d'une étendue de muscle pauvre en filets nerveux par l'anode
provoquera une forte contraction à la fermeture du courant à cause
de la kathode virtuelle, sise au lieu de sortie du courant en dehors
du nerf moteur voisin. C'est ce qui explique en partie les anomalies
à la loi, en ce qui concerne le plus ou moins de force, le plus ou
moins de rapidité des contractions provoquées par l'anode ou par la
kathode. Ces anomalies, tant qu'il n'existe pas d'autres nludifica-
tions de la réaction électrique, ne doivent pas être tenues pour le
signe d'un état pathologique du muscle, et par suite, elles ne
suffisent pas pour démontrer l'existence de la réaction dégénéra-
tive.
Contribution ci la physiologie de l'écriture, par M. R. Berlin (de
Stuttgart.) Les recherches faites par l'auteur en commun avec le
))'' Benllrold sur l'inlluence qu'exerce l'écriture obliquée à droite sur
l'oei) et la situation du corps des écoliers, lui ont appris qu'il règne
un rapport absolument constant, quelle que soit la position du
cahier, entre les lignes et le trait d'union des deux points moyens
des yeux (ligne fondamentale). Le plan de visée coupe toujours les
lignes du cahier sous un angle très considérable. Il s'ensuit que la
tête de l'écrivain est contrainte en tous les cas à une situation déter-
minée. Lorsque le cahier est incliné à droite, l'a;il gauche est plus
près du bord antérieur de la table que le droit, et le bassin se tourne
droite. En somme, les lignes du regard qui vise se meuvent seu-
lement dans la direction verticale ou horizontale, presque
jamais selon des diagonales. C'est une loi : on a beau imposer une
inclinaison du cahier, on ne peut empêcher l'inclinaison céphalique
262 SOCIÉTÉS SAVANTES.
naturelle; delà, les accidents de la myopie et de la scoliose; de là,
l'inopportunité de l'inclinaison du cahier à droite. '
Sollicité parla discussion qui s'engage à ce sujet entre MM. Manx,
SLilliug, Waldeyer et Jolly, M. Berlin adopte l'écriture oblique z
droite, mais le cahier étant modérément penché. Il se réserve
d'ailleurs d'autres communications sur ce point.
Des affections syphilitiques de la moelle, par M. de li 1,N-ECKLR (de
Wurzbourg) ? asypl]iiisatfecte-t-e))o une relation étiologique'avec
le tabès ? Cette question ne saurait être examinée qu'à la lumière
de l'anatomie pathologique. La syphilis exerçant son action sur le
tissu conjonctif et l'appareil vasculaire, commentcomprendre qu'elle
se limite aux cordons postérieurs, surtout quand on remarque qu'à
l'époque de son évolution, où elle s'adresse à la moelle, elle est
loin d'être aussi systématique dans son expansion qu'elle l'était
peut-être au début. Les lésions systématiques du système nerveux
de par le seigle ergoté et le plomb ne constituent pas des argu-
ments favorables, car le virus syphilitique est de nature parasitaire :
or, pourquoi ces micro-organismes iraient-ils se fixer exclusivement
en certaines régions de l'organe central. 11 faudrait plutôt penser,
dans l'espèce, à z héréditaire aggravée par la
syphilis.
Les discussions que soulève le problème, à laquelle prennent
part MM. Furstner, Stark, Joly, met particulièrement en lumière
les résultats peu encourageants du traitement antisyphililique el
spécialement du Kt pour les lésions spécifiques du système nerveux
central 1.
M. BAuiLFn (deFiil)otir- , montre quelques photographies concer-
nant un nouveau fait de paralysie isolée du muscle grand dentelé,
survenue chez un épileptique de soixante-trois ans, à la suite d'un
accès. On voit que, le bras pendant un repos, l'omoplate du côté
malade est un peu élevée; son angle inférieur s'écarte de la paroi
thoracique, tandis que le bord spinal de l'us demeure appliqué à
la colonne vertébrale : saillie prononcée du bord inférieur du
rhomboïde. Intégrité du trapèze. Même z du reste à pro-
pos d'un antre cas témoignant eu même temps d'altérations d'un
autre ordre dans le bras correspondant.
De la dégénérescence endothéliale du nerf optique, par M. (de
Fribourg). Les préparations proviennent d'un aliéné amauro-
1 Dans ses leçons de la Sallétrière, JI. Charcot insiste souvent sur le
rôle de la syphilis dans le développement de certaines affections du sys-
tème nerveux et en particulier du l'ataxie locomotrice. Pour lui, lu sylli-
lis n'est qu'une cause occasionnelle, un agent provocateur, qui déter-
mine l'invasion de la maladie chez un prédisposé héréditairement :
la syphilis provoque l'ataxie locomotrice comme le traumatisme pro-
voque la goutte. Cu. F.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 263
tique ayant présenté à l'autopsie un exsudât assez volumineux, géla-
tiniforme, étendu à toute la base du cerveau. Pie-mère de la surface
cérébrale légèrement trouble; nulle part de tubercules. Les deux
nerfs optiques sont atteints : on y constate, dans le segment supé-
rieur, une prolifération accentuée des endothéliums de -la gaine et
des cloisons; ces cellules d'abord considérablement hypertrophiées
se sont transformées en cubes pourvus de noyaux gros et ronds; on
peut admettre aussi une multiplication des éléments. Les altéra-
tions très prononcées dans la gaine araclinoïdiciinc du nerf, dimi-
nuent dans la gaine de la pie-mère et sont simplement esquissées
dans la gaine dure-ultrienne; elles occupent le voisinage des trous
optiques, ainsi que leur côté supéro-interne. Tout cesse à quelques
distance de là, soit en avant, soit en arrière. 11 n'existe pas de
névrite, ni d'hydropisie de la gaine, malgré une hydropisie ventri-
culaire notable. Là où l'hypertrophie cellulaire est au maximum,
elle se prolonge le long des cloisons conjonctives dans la profon-
deur du nerf entourant d'abord les faisceaux, puis les comprimant
et finalement les atrophiant au point de réduire maints d'entr'eux
à presque rien, et de déterminer les disparitions de maints autres
(mailles vides), ou de les remplacer par des conglomérats de cellules,
ondothéliaies. Dans les parties moyennes, on trouve une simple aug-
mentation de volume des endothéliums, témoignant que normale-
ment la charpente du névrilemne en est revêtue. 11 est enfin des
endroits où l'atrophie ayant détruit les cloisons conjonctives, on
observe de larges mailles vides. Lésions analogues surle revêtement
endothélial des tractus arachnoïdiens : grosses cellules rondes, à
gros noyaux ronds, conglomérées parfois en petits groupes. Cette
description prouve la connexion anatonto-patbolonique du nerf
optique a\ec le tissu cellulaire de la base; elle montre la dégénéres-
cence descendante du nerf optique de par une affection' intra-cra-
nienne, sous une forme encore inconnue.
Contribution ci l'hislor.hiulie des cellules ganglionnaires, par M. Wrr-
kowski (de Strasbourg). Les granulations de l'écorce du cervelet
présentent toutes ou la plupart la réaction évidente de la nucléine
de Miescher, c'est-à-dire que parles acides faibles el le suc gastrique,
elles deviennent plus petites et plus brillantes, plus granuleuses, et
se dissolvent assez rapidement dans les alcalis étendus (il n'en reste
bientôt plus que des débris d'enveloppe pâles, mais distincts). Les
grosses cellules ganglionnaires nerveuses, de quelque centre qu'elles
proviennent chez l'homme et l'animal (chat, lapin, grenouille), sont
moins accessibles à cette réaction qui s'effectue pour un très petit
nombre dans leur noyau, pour un nombre un peu plus élevé dans
leur nucléole. Généralement le noyau résiste au suc gastrique qui
lui donne un aspect pâle et légèrement tuméfié; une action plusou
moins longue de cet agent peut cependant en rendre le contour
indistinct, puis nul : dans ce cas, le nucléole se comporte d'une façon
264 le SOCIÉTÉS SAVANTES.
analogue, si bien qu'il ne peut n'en rester qu'un pâle vestige ou que
facilement il présente la réaction de lanucléine. Les cellules elles-
mêmes se comportent diversement à l'égard dclapepsine; d'abord,
elles semblent augmenter de volume, devenir plus claires ou même
se tuméfier nettement, surtout quand le noyau a acquis une plus
grande réfringence ; alors aussi il n'est pas rare d'observer un
recoquevillement du protoplasma, qui apparaît en même temps
brillant et parsemé de raies obscures : à cette période, on en obtient
une très bonne coloration à l'aide de la safranine. L'action des
alcalis étendus fait d'ailleurs disparaître et les rayures et la colora-
lion obtenue; il suffit souvent d'une solution de 1 p. 100 de phos-
phate disodique : l'effet est plus lent et partiel pour la soude à
10 p. 100. La différence des résultais avec la soude a fait distinguer
une nucléine soluble et une nucléine insoluble; cette dernière serait
identique avec la plastine dû protoplasma végétal de Reinke. Il est
en tout cas probable qu'il y .1 ries différences à cet égard selon les
régions. Du moins le recoquevilicmcntet la rayure sont-ils spéciaux
aux cellules de l'écorce cérébrale et cérébelleuse, sans toutefois se
montrer constants. D'autres éléments (noyaux du cerveau, cellules
de la corne antérieure de la moelle) présentent assez souvent par
le même traitement l'éclat hyalin, qui cède aussi généralement
promptement devant les alcalis. Un certain nombre de cellules
contiennent des substances réfractaires, car en dépit de la pepsine
et des alcalis, il reste encore des amas pâles, très faiblement gra-
nuleux, arrondis : ainsi en est-il pour les cellules fortement pig-
mentées du corps rbombuidai du cervelet. En conséquence, la
nucléine ou une substance semblable (composée comme elle
d'acide pliosplioi-iqtie, d'albumine, dexantbine oud'liypoxanthinc ? )
se rencontre tantôt dans le nécléole ou dans le noyau, tantôt de
préférence dans le protoplasma. Il est supposable qu'il s'agit de
différences d'âge de ces éléments et que les variations dans les
cellules d'une substance à structure moléculaire complexe sont en
rapport avec la fonction des cellules.
C'est, du reste, ce qu'ont confirmédes recherches embryologiques
ultérieures. Bien avant l'époque où s'accentue la différence d'action
entre les éléments nerveux et conjonctifs, on trouve exclusivement
ou presque exclusivement des noyaux fortement chargés de nucléine;
c'est donc d'eux que proviennent les éléments qui se montrent plus
tard pauvres en nucléine. Parsuite, conformément aux expériences
de Kossel, la nucléine (comme le noyau) est en relation étroite avec
la formation de la cellule. En existe-L-il une pour les cellules ner-
veuses adultes, développées : cela est encore très douteux.
En ce qui concerne la pathologie, Strickeret Ungcronl découvert
dans les cellules nerveuses enflammées des altérations particulières
qui peuvent parfaitement se rattacher à une augmentation de la
nucléine. D'autres recherches sont indispensables.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 265
Après avoir choisi Bade comme lieu de sa prochaine réunion et
avoir délégué ses pouvoirs pour l'organisation du congrès suivant à
MM. Jolly (de Strashourâ) et Fischer (de Pforzheim), l'assemblée clôt
la séance à midi. (trchiu. f. Psych. ft. Nenuenlc., XIII. 3.)
P. KÉRAVAL.
XVI- CONGRÈS DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DES ALIÉNÂTES
DE LA BASSE-SAXE ET DE WESTPIIAL1E
SESSION DE 11,NO%'RI ?
Séance (ltl I°' 971tti 185.
La présidence est décernée à M. SNELL.
M. Snell ouvre la séance par la lecture d'un travail ayant pour
titre : Rapports de la démence paralytique avec la syphilis. Ce mé-
moire publié in-extenso sera l'objet d'une analyse.
La discussion s'engage sur ce sujet.
M. Wahrendorff constate que parmi ses paralytiques généraux
il a également très souventohservé la syphilis précédant l'affection
mentale. 11 croit être en mesured'affirmerque l'infection syphilitique
à devancé la méning-o-périencéphatitc dans plus de la moitié des
cas. -,1111. Hundoegger et Sciimalfuss n'ont point eu à enregistrer
une aussi forte proportion.
M. GEMPT pense, en ce qui concerne les hommes, que l'on ren-
contre bien plus de syphilitiques dans la paralysie générale que
dans toute autre forme de psychose.
M. Hundoegger attaque la question de la latence de la syphilis.
Il rapporte à ce propos l'observation d'un homme ayant eu la
syphilis vingt-cinq ans auparavant, ayant engendré d.'s enfants
indemnes, et mourant de syphilis cérébrale. Il n'3- avait pas lieu
dans l'espèce de soupçonner une nouvelle infection.
11. SGnLLr.ttss raconte l'histoire d'un paralysé général syphili-
tique, chez lequel la maladie cérébrale avait impitoyablement pro-
gressé, après la disparition des accidents de la vérole.
La question des rapports des excès alcooliques avec la paralysie
générale provoque les observations de M. Grurr. Les faits qu'il a
recueillis l'entraînent à conclure que la paralysie générale d'ori-
gine alcoolique se différencie de la paralysie générale ordinaire.
La première se fait.effectivement remarquer par des phéno-
mènes paralytiques accompagnés d'idées délirantes avec exagéra-
266 SOCIÉTÉS SAVANTES.
tion de la personnalité ; mais les symptômes d'ordre paralytique,
loin de progresser, s'améliorent souvent, alors que la démence s'ac-
centue et persiste.
M. DtEKCMANx.DM ? 'C)n;Otd<jo,f;Hës criminels guéris. Quelle conduite
doivent tenir les directeurs d'asiles à l'égard des aliénés guéris qui,
avant leur admission dans l'établissement, ont commis un meurtre
pendant l'évolution de la folie. Voici un exemple emprunté à l'asile
d'Osnahrücl : . Pendant l'été de 1881, un journalier, frappé d'aliéna-
tion mentale, entend une voix qui lui ordonne de tuer le premier
enfant qui se présentera à lui. Pour obéir à cette hallucination, il
commet ce meurtre en plein champ. Au moment de son arrivée à
l'asile, il est en proie à une grande agitation, à des angoisses qui
suscitent chez lui des violences telles, qu'il mord un gardien assez
cruellement pour nécessiter l'amputation du doigt. Puis le calme
et la raison reviennent. A partir de ce moment, on ne constate
qu'une fois, en janvier 1882, une sensation d'oppression pénible à
la région précordiale. La commune demandant sa sortie, dans un
but d'économie probablement, le directeur consulte l'autorité
judiciaire qui, à la suite de deux rapports spéciaux, ne s'oppose
point à sa libération, à la condition qu'avant d'y procéder, on lui
nomme un tuteur. Sur ces entrefaites, l'autorité administrative
supérieure, représentée par le directeur régional, décide qu'en cas
de guérison la sortie ait lieu sur le champ. Ce qui fut fait dans ces
derniers temps.
M. Snell est partisan de la plus grande prudence en pareille occur-
rence. Sans vouloir appliquer la loi anglaise qui n'attribue la sortie
qu'au droit de grâce de la reine et condamne ces malades à la
détention perpétuelle dans l'asile, il faut d'autant plus se tenir sur
ses gardes que, à son avis, la guérison de tels malades est rare.
Il n'en a vu qu'un seul cas. Il s'agissait d'une mélancolique ayant
tué son enfant : on ne la mit en liberté, bien que guérie, qu'après
plusieurs années d'observation; et encore ne la rendit-on à sa
famille qu'après l'avoir placée en observation continue dans un
milieu étranger. Bien des années se sont écoulées depuis lors, sans
qu'il se soit effectué de rechute.
M. l3uncu.wo mentionne, en terminant, la discussion de la Société
médico-psycbologique de Paris sur cette question.
M. Wahrendorff. De l'étal actuel des soins prodigués aux aliénés
dans les familles à Ilten. L'auteur apporte, un simple complément
à sa dernière communication '. Le projet qu'il a conçu et exposé
est en pleine voie de développement. Le nombre de psychopathes
confiés aux familles est aujourd'hui de trente-deux. La progression
' Voir le XV° Congrès de la Société. (Archives de Neurologie, t. V,
p. 125.) '
SOCIÉTÉS SAVANTES. 267
estlente, et c'est dessein, parce qu'il importe de choisir les malades
qui se prêtent le mieux au succès, de choisir les familles qui puissent t
consacrer leur temps au traitement, à l'observation, au bien-être
des aliénés et qui soient en mesure de leur procurer l'aisance. Les
résultats obtenus jusqu'ici sont satisfaisants. Les rapports entre les
malades et leurs familles d'adoption ne laissent rien à désirer, la
nutrition de ces derniers est excellente; il en est de même pour le
vêtement, le linge; l'ordre et la propreté sont parfaits. Une
seule exception a en traîné le retrait de l'aliéné; cette mesure immé-
diate a produit une profonde et salutaire impression. L'action bien-
faisante de la famille est manifeste chez la plupart des aliénés : ils
se sont admirablement prêtés à la vie de famille, ils se sont iden-
tifiés avec elle et, de bon gré, ont accepté le travail qui a réveillé
leurs activités chez ceux mcmedonton n'avait guère à attendre. Peu
d'entre eux ont manifesté la propension de réintégrer l'asile.
En conséquence M. Wahrendorff est plus que jamais décidé à
persévérer dans sa méthode. Il en appelle à l'appréciation du
Président, ainsi qu'à l'opinion manifestée par le Dl ItoLertson dans
son discours d'ouverture de la section de Psychiatrie au Congrès de
Londres, quand il dit : « Le traitement des aliénés dans les familles
est totalement organisé'en Ecosse, à ce point que I 1,7 p. 100 des
malades y reçoivent ses bienfaits. » Tels sont ses avantages, à l'ap-
préciation du savant anglais, qu'il en souhaite la réalisation en
Angleterre, où il est insuffisamment établi et qu'il ajoute que un
tiers des aliénés maintenus dans les asiles pourraient y être soumis.
Celte dernière assertion paraît au reste trop exclusive en pratique
à M. Wahrendorff.
Discussion. -- M. Snell, confirme la réalité des effets favorables
annoncés par l'orateur. Il s'est convaincu par lui-même des avan-
tages que procure à Itten cette réception de psychopathes dans les
familles. Il reste une exccttenff impression à qui a observé le malade
identifié avec son milieu, s'occupant comme les propriétaires qui
l'ont recueilli, vivant en un mot de leur vie. On ne saurait trop
souhaiter d'imitation dans celte nouvelle voie, tant en Allemagne
qu'a l'étranger.
L'Assemblée ayant décidé que la prochaine réunion aurait lieu
à Hanovre le l'r mai 1883, la séance est close. (Allg. Zeitschr. f.
Psych. ? i. psch. gerichtl. Jledic. XXXIX; 2 et 3). P. 1
BIBLIOGRAPHIE
De la manie chronique à forme rémittente; par S. Marit.
Thèse de Paris, chez Doin, éditeur, 1883.
L'auteur de cet intéressant travail, ancien interne de M. l3oucnL-
lOEA.u, à l'asile Sainte-Anne, passe en revue les caractères communs
aux différentes formes de manies revenant par accès et désignées
'indifféremment, depuis Fine), sous les dénominations de manie
intermittente, manie rémittente ou manie périodique. Il en
arrive à la conclusion que l'intervalle lucide qui sépare chaque
accès ne se manifeste pas toujours par un état intellectuel parfai-
tement satisfaisant. Chez un grand nombre de malades, ayant
des accès de manie pendant plusieurs années, les périodes de
rémission sont caractérisées par un état psychique anormal, mais
sans manifestations délirantes; c'est la manie chronique à forme
rémittente. Les accès reviennent à des époques irrégulières après
une rémission pouvant varier de quinze jours à deux ans. Les accès
se rapprochent à mesure que la maladie se prolonge. La marche de
cette affection est essentiellement chronique; l'incurabililé est la
règle; la démence n'arrive que tardivement. M. B.
INDEX
Papers t'ead before the medico-legnl Society of z from ils
organisation. (Second série). New-York, 1882.
JVe)'(;6-t) : '6t'u<M ? : and excitation as agents in the treatment of func-
tional disorders and z diseases; by J. Mortimer Granville.
London, 1883.
The systematic treatment of neree prostration and z by \V.
S. Plavfaiii. London, 1883.
Recherches expérimentales et cliniques sur les atrophies des membres
dans les affections chirurgicales (système musculaire* et osseux); par
G. Valeiice, 1882.
Contribution ri l'étude de quelques troubles trophiquesde l'ataxie loco-
motrice (chute spontanée des dents et des ongles); par ÏÏAY Margi-
randière. Thèse de Paris, 1883.
Contribution à l'étude de la paralysie bilatérale des dilatateurs de la
glotte ; ,- par ')'ou; ! L\. Thèse de Paris, 1882,
FAITS DIVERS. 269
De l'albuminurie consécutive aux excitations cutanées; par Hcmlan-
jian Thèse de Paris, 1882.
Des cystalgies et de leur traitement chirurgical ; par 6 ERIG UD. Thèse
de Paris, 1882.
Contribution à l'étude clinique des tumeurs de la région temporale;
par Bottez. Thèse de Paris, 1883.
De la suppuration en général et des parotidites suppurées en parti-
culier au point de vue de l'évolution de certaines maladies mentales ;
par Rabec Thèse de Paris, 1881.
Etude clinique et physiologique de l'opportunité de contracture ; par
Brun et. Thèse de Paris, 1883.
Des symptômes laryngés d'origine nerveuse dans le cancer de 1'oeso-
phage; par Genty. Thèse de Paris, 1883.
Ilecherches sur les troubles fonctionnels des nerfs vaso-moteurs dans
l'évolution du tabes sensitif; par C.-E.PuTNAM. Thèse de Paris, 1882.
Du traitement du mal sous-occipital à l'aide d'un appareil plâtré; par
Lemanski. Thèse de Paris, 1883.
De l'hystérie gastrique; par Deniau. Thèse de Paris, 1883.
De la paralysie du nerf radial par compression temporaire; par
13oy : a. Thèse de Paris, 1863.
Contribution à l'étude des sueurs locales; par BEAUDÈRE. Thèse de
Paris, 1883.
FAITS DIVERS
Asiles d'aliénés DE 1L.1R1 : \'ILLG. - Le concours pour l'internat
qui vient d'avoir lieu pour la première fois, vient de se terminer
par la nomination do M. Georges.
Asile interdépartemental. Une commission administrative
étudie un projet de construction d'un asile public d'aliénés élevé à
frais communs par le département de la Seine, de l'Oise, de la
Seine-et-Oise, de la Somme, de la Seine-et-Marne. C'est là une
déplorable idée.
La statue de 131tOC ? M. le préfet de la Seine a averti la Société
d'anthropologie qu'il a décidé l'érection de la statue de Broca sur
le terrain qui fait l'angle du boulevard Saint-Germain et delà rue
de l'Ecole de médecine.
Asile PUBLIC d'aliénés du Var. Un asile départemental sera
construit dans un domaine de 28 hectares, situé à douze kilomètres
270 FAITS DIVERS. '
d'Hyères, dans la commune de l'ierrefeu qui en a fait don au dépar-
tement.
Asile puunc d'aliénés du Moruuiwn. On travail activement a
cet asile qui sera terminé avant la fin de 1885. Il est situé à quatre
kilomètres au sud de Vannes, au lieu dit Lesvellec, commune de
Saint-avé ; il contiendra ;i00 lits, pensionnatcompris. Les dépenses
de construction sont évaluées à un million.
Asile de Niort. ,Cet asile comprend, pour le quartier des alié-
nés, 6;i4 malades, dont 306 femmes. Il y a en outre six enfants,
placés dans un quartier séparé, et venant de l'hospice des Enfants-
Assistés de Kiort. Les moyens de coercition consistent dans la ca-
misole de force et le système cellulaire. A certains malades, on
\erse une arrosoir d'eau fraîche sur la tête.
Parmi ces malades, se trouvent deux cents travailleurs environ,
que l'on emploie soit à la cuisine, soit à des travaux de terrasse-
ment, de jardinage, de menuiserie ou de charronnage. Il existe
un quartier pour les malades payants (installation il part). L'asile
d'aliénés se trouve annexé à l'hôpital de la ville où sont soignés
toutes sortes de malades. Il existe un quartier pour les militaires.
Il y a quatoize baignoires dans le quartier des aliénés. Les
douches sont données dans le quartier payant : leur installation
ne laisse rien à désirer. Le malade est placé dans une salle suffisam-
ment vaste. Le baigneur se tient dans le corridor devant une
fenêtre qui lui permet de surveiller le malade. A sa portée se
trouve un véritable clavier composé de manivelles ouvrant soit la
douche en pluie, soit la douche en jet, ou la douche de vapeur, la
douche filiforme à haute pression, etc.
Le service de surveillants et surveillantes est confié à des frères
et à des soeurs. Il y a un médecin en chef, le Dr Qoiuemant, et un
médecin-adjoint. La surveillance est confiée à un conseil d'admi-
nistration.
Nominations. M. le Dr Vallon chef de clinique de la chaire des
maladies mentales à la Faculté de Paris, est nommé médecin
adjoint de l'asile Sainte-Anne, en remplacement de M. Régis mis
en disponabilité. - NI. le v I(LL1 : 1' est nommé médecin adjoint de
l'asile de Prémontré (Aisne), en remplacement de M. Bouiula, nom-
mé médecin eu chef de l'asile de Marseille.
Nécrologie. Mort, à l'apode soixante-dix-neuf ans, du Dr
Francis Ker Fox, médecin et propriétaire du 13rislin;Lou IIouse
Asylum. 11. le D Fox fit son éducation médicale a Edimbourg,
Goëttingue et Paris et prit ses degrés à Cambridge. Son grand tact
et son bon coeur, lui firent adopter le système de traitement de Ilill,
Conolly, Tuke de York, consistant à laisser les aliénés aussi libres
que possible. Il ne tarda pas à devenir un aliénisto non seulement
1·' \ L'l' D11'f'slt. -271
distingué, mais encore estimé de tous (The Luucet, 20 janvier 1883).
On annonce la mort de M. le Dr Louis Mongeri, médecin aliéniste,
décédé à Constantinople à l'âge de soixante-sept ans.
Prix Hammomd. L'Asoe<u<to neurologique américaine offre sous
le nom de « prix Ilammond » un prix de cinq cents dollars, qui
sera décerné, au congrès de juin 1881, à l'auteur du meilleur
mémoire sur les fondions de la couche optique chez l'homme. Les
conditions du concours sont les suivantes : 1° Les concurrents de
toutes les nationalités y sont admis ; 2° Ces mémoires doivent être
basés sur des observations originales et sur des expériences faites
sur l'homme et sur les animaux ; 3° Ils doivent être écrits en Anglais,
en Français ou en Allemand (dans ce dernier cas, le manuscrit
sera en caractères italiens) ; 4" Ils devront être envoyés affranchis
au secrétaire de la commission du prix. M. E. C. Seguin, 41, West
20 th. Streot, New-York City, avant le premier février 1884. Chaque
mémoire devra porter une devise qui sera répétée dans un pli
cacheté contenant la carte de visite de l'auteur ; 5° Le mémoire
couronné deviendra la propriété de l'association qui se chargera de
sa publication ; 6° Toute tentative dans le but de révéler le nom de
l'auteur à la commission ou à l'un de ses membres, ferait exclure
le mémoire du concours ; 7" Le résultai du concours sera annoncé
par la commission, et proclamé par le président de l'association au
congrès de juin 1884 ; 8° Le montant du prix sera remis au lauréat
en monnaie d'or des États-Unis, ou, s'il le préfère, sous forme
d'une médaille avec inscription et devise.
Société française DE tempérance. Celte Société, réunie en
Assemblée générale, le 24 décembre 1882, a formé son Bureau
comme il suit pour l'année 1883 : Président : M. Jules Bergeron, de
l'Académie de médecine. Vice-Présidents : MM. Duverger, Levas-
seur, Bouchardat et Fauvel. Secrétaire général : Dr L. Limier.
Secrétaires généraux adjoints : MM. les Dra Decaisue et Vidal.
Secrétaires des séances : MM. Guignard et Audigé. Bibliothéettit-c-
archiviste : Dr A. Motet. Trésorier : M. Jules Robyns.
Nous croyons devoir rappeler que la Société décerne chaque
année, dans sa séance solennelle du mois de mars, un certain
nombre de médailles et de livrets de Caisse d'épargne aux insti-
tuteurs, chefs d'atelier, contre-maîtres, ouvriers, serviteurs et toutes
autres personnes qui lui sont signalés comme s'étant fait remarquer
par leur sobriété exemplaire et leur propagande en faveur de la
tempérance. Toutes les demandes de récompenses, avec pièces à
l'appui, doivent être adressées, avant le 1 er février 1883, au secré-
tariat général de l'oeuvre, rue de l'Université, 6, où sont également L
reçues les adhésions.
Société DE médecine légale. Le Bureau de la Société, pour
l'année 1883, est ainsi composé : Président : 111. Brouardel.
272 faits divers.
Vice-Présidents : MM. Blanche, Baudet. Secrétaire général, M. Gal-
lard. Secrétaires des séances, MAL Leblond, Lutaud. Archiuiste,
M. Ladreit de Lacbarrière. Trésorier, M. Mayet. Membres de
la Commission permanente : MM. Chaude, Gallard, Descoust, de
Villiers, Pinard, d'IIerbelot, Motet, Polaillon, Legraud du Saulle,
Gram. Membres du conseil de famille : MM. Chaude, Chopin
d'Arnouville, -de Villiers, Le Fort, Luuier. - Membres du Comité
de publication : MM. Gattard, secrétaire général, Rocher, Démange,
Descoust, Leblond, Lutaud. 1
Une soirée A SuKf-RonERT. Depuis Jongtemps le service médical
de l'asile des aliénés demandait que les réformes intelligentes, ap-
pliquées dans de nombreux établissements d'aliénés, le fussent
aussi à l'établissement de Saint-Robert. Le conseil général avait été
saisi de la question, grâce à l'initiative de MAI. Gâché et Sorrel, et
avait émis un avis favorable. L'administration a voulu seconder le
service médical dans ses généreuses revendications, et hier soir,
à huit heures, l'asile Saint-Robert était transformé en lieu de
plaisance. Les infortunés pensionnaires allaient goûter le charme
d'une soirée-concert, destinée à apporter quelque diversion dans la
monotonie de leur existence. M. le préfet, dont la sollicitude'est
bien connue, avait tenu à l'honneur de rehausser par sa présence
l'éclat de celle fête inspirée par un sentiment de généreuse philo-
sophie. La salle où avait lieu le concert était admirablement décorée
et les aliénés s'étaient mis en frais d'imagination pour recevoir leurs
invités. Le personnel dirigeant de la maison faisait les honneurs
avec une grâce charmante. Il était représenté par M. Pinot, direc-
teur, les docteurs Dufuur et Berthollet, MM. Hergeand, économe,
Galland et Tacussel, internes. Cent malades environ des deux sexes
assistaient au spectacle, divisé en trois parties distinctes. Rien dans
leur altitude ne trahissait la folie, le calme le plus profond et une
attention soutenue caractérisaient leur disposition d'esprit. Le
concert était alterné de séances de prestidigitation par M. Mario,
qui a su égayer son auditoire par ses tours vraiment surprenants.
Les organisateurs et les artistes amateurs de cette belle fête ont
droit aux éloges les plus mérités et ils doivent être fiers de la bonne
oeuvre qu'ils ont accomplie. Des illuminations générales dans les
jardins de l'asile, et des feux de Bengale, ont clos cettejournée que
nous sommes d'avis, avec le service médical, de renouveler
fréquemment. (Républicain de /'L<e)'e.)
Le rédacteur-gérant, BuuMXEVtLLE.
wreuc Ch. ilhitibbbi, luip. 3s3.
Vol. V. Mai 1883. N" 15.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
PATHOLOGIE NERVEUSE
CONTRIBUTION A' L'ÉTUDE DES LOCALISATIONS MOTRICES
DANS L'ÉCORCE DU CERVEAU. (Relation des monoplégies des
membres inférieurs avec les lésions du lobule paracentral.)
Par le. D' Gilbert BALLET,
Chef de clinique à la Faculté de médecine.
Lors de la publication de leur premier mémoire sur
les Localisations corticales', MM. Charcot et Pitres, ré-
sumant en quelques propositions nettes et concises les
enseignements qui se dégageaient de l'analyse attentive
des faits, écrivaient : « Une lésion destructive siégeant
sur le lobule paracentral, sur le tiers supérieur de la
circonvolution frontale ascendante ou sur les deux tiers
supérieurs de la circonvolution pariétale ascendante,
détermine une paralysie des deux membres (supérieur
et inférieur) du côté opposé, sans paralysie de la face H.
Et plus loin, ils ajoutaient : « Pour le moment il ne
nous paraît pas possible de préciser davantage. Nous
Revue mensuelle, 1877.
Archives, L. V. 18
274 zon PATHOLOGIE NERVEUSE.
ne pensons pas que l'on puisse dire, par exemple,
quelle est la limite exacte 'et le siège 'précis du centre
pour les mouvements isoles du membre inférieur ».
Cette limite exacte et ce siège précis, il n'est guère
plus aisé actuellement qu'en 1877 de les déterminer
avec rigueur. Mais si, pas plus aujourd'hui qu'hier, l'on
n'est en droit. délimiter dans l'écorce céré-
brale des territoires moteurs géométriquement circons-
crits, il n'en est' pas''moins'vrai que l'observation
anatomo-clinique ,vient, de, jour en jour vérifier et
mettre en pleine lumière la justesse de l'opinion
si nettement' formulée' 'par MM. Charcot et Pitres, qu'à
des lésions de sièges divers correspondent des symp-
tomatologies différentes et, comme corollaire, qu'il est
permis'd'inférer, de la localisation de certains troubles
moteurs, le siège de l'altération qui les produit.
Nous nous proposons ici de montrer par quelques
exemples que la monoplégie de l'un des membres in-
férieurs correspond anatomiquement à des lésions du
lobule paracentral et de la partie la plus élevée des
circonvolutions frontales et pariétales ascendantes.
11 n'est pas très fréquent en clinique d'observer des
monoplégies des membres inférieurs. Si celles du bras
sont relativement communes, celles de la jambe sont,
par contre, fort rares. Aussi tous les cas de cet ordre,
surtout ceux suivis de nécropsie, sont précieux à re-
cueillir et à analyser.
Les deux observations fondamentales qui font l'objet
de cette note, ont été recueillies dans le service de
notre maître, M. Charcot, qui, frappé de l'évidente
analogie qu'elles présentent l'une avec l'autre, nous a
engagé à les publier. Nous avons cru de ces deux prc-
DES LOCALISATIONS MOTRICES DU CERVEAU. 275 S
inières devoir en rapprocher deux autres, que nous
avons trouvées dans les Bulletins de la' Société anato-
mique et qui, tant par les détails de la symptomatolo-
gic que par le siège des lésions constatées à l'autopsie,
rappellent les nôtres. 7 .
Observation I.-11102101)légiC du membre aü fére'etc' gauclze. ltla-
q(es d'épilepsie partielle. Extension de la paralysie au membre
supérieur gauche. Plaque de méningite tuberculeuse loca-
lisée au voisinage du lobule paracentral'.
Cos..., âgée de trente-cinq ans, lingère. Entrée le 8 mars
1882, salle Ducbenne (de Boulogne), service de M. Chariot,
à la Salpètrière. Pas d'antécédents héréditaires connus.
Bonne santé habituelle pendant l'adolescence et la jeunesse.
L'affection pour laquelle la malade vient à l'hôpital a débuté,
il y a trois mois, par un engourdissement de la jambe gauche,
qui n'entrava pas complètement la marche, mais rendit néces-
saire l'usage d'une canne.
Quinze jours après ce début, survint inopinément une at-
taque convulsive, qui, d'après les renseignements que nous
recueillons, a bien certainement revêtu les caractères d'un accès
d'épilepsie partielle : la jambe, le membre supérieur et les
muscles de la face du côté gauche ont été agités par les con-
vulsions. La tète était déviée à gauche. Il n'y a eu aucun mou-
vement spasmodiquc à droite. A la suite do cette première
attaque les choses sont restées dans le même état où elles se
trouvaient antérieurement, c'est-à-dire, engourdissement avec
parésie du membre inférieur gauche, sans aucun trouble para !
lytique du membre supérieur de ce côté. 1
Huit jours après, deuxième attaque ayant les mêmes carac-
tères que la première. Quatre jours après, troisième attaque
identique aux précédentes, mais à la suite de laquelle le bras
gauche resta paralysé. '
État actuel (9 mars). Il existe une paralysie flaccide du
membre supérieur et du membre inférieur gauches.
1 Les pièces antomiuos relatives it ce cas ont été présentées à la So-
cictc anatomique, claiisja séance du 21 mars 1882. Voir i Bulletins de lit
Société, IS82, p. 192.
)7(i ' PATHOLOGIE NERVEUSE.
' Au membre inférieur, la paralysie est absolue. Tout au plus
la malade peut-elle exécuter^ quelques légers mouvements de
flexion avec l'articulation du genou. Les 'autres mouvements,
ceux de'la cuisse sur le bassin; : de''la"jambe sur la cuisse, du
pied sur la jambe, sont' totalement 'abolis ? 1- Le' membre su-
périeur est aussi ? fortement atteint' : lés''mouvements du bras
sont nuls, toutefois' la ! malade' peut 'fléchir légèrement l'avant-
bras sur le bras, 'et la main sur l'avant-bras ? ?
1 Sensibilité. a) Générale : 'Intacte" dans' tous' ses modes;
froid, chaud,» contact, ·presslôn; pôidsz 1.e pltis léger contact,
notamment est parfaitement' senti à la pointelrles. doigts. Il n'y
a pas de sensation1 de fourmillement ? ? z ? rl 1 n
b) Spéciale : L'odorat, le goût, l'ouïe, la vue, sont intacts.
Le champ visuel mesuré pair' AI ! ' Parinaud' rie présente rien
d'anormal. 1 . '
Rêflexesitendoieux : Nùis'du côté paralysé ; 'comme du côté
sain.. »i» g-i'i- » - il /un ' ? ( -i1 >di il -v 1
Outre les -symptômes nerveux qui précèdent, on constate
que la malade est pâle,' émaciée, qu'elle a' de la fièvre (T. vag.
39",5, matin). L'auscultation du' poumon fait percevoir au som-
met droit, dans la fosse sous-épineuse en arrière, et sous-clavi-
culaire en avant du souffle et des râles sous-crépitants.
Le diagnostic, porté d'après cet ensemble symptomatique est
le suivant : tuberculose'pulmonaire, tuberculose méningée. Et
se fondant sur )la localisation de la paralysie au membre infé-
rieur dans les premiers, temps de l'affection, M. Charcot ajoute :
tuberculose méningée localisée au niveau du lobule paracentral .
2 mars. -,Même état de la motilité~et de la sensibilité.
Les réflexes tendineux absents deux jours auparavant ont re-
paru au coude à gauche, où ils sont plus forts qu'à droite. Ils
manquent toujours au membre inférieur.
Nous constatons, en outre, un symptôme qui n'existait pas
la veille, c'est un léger oedème au pourtour des malléoles de la
jambe gauche. ' 1
12 na·s. Motilité, sensibilité, réflexes comme la veille.
Mais l'oedëme limité hier au pourtour de l'articulation tibio-
tarsienne remonte maintenant jusqu'à la cuisse, et nous cons-
tatons l'existence sur le trajet de la veine fémorale d'un cordon
dur, roulant sous le doigt, peu douloureux.
13 3 ma·s.-La malade a mal passé la nuit. Légère céphalalgie
sans localisation précise. Dyspnée intense. R. 59; P. 120.
DES LOCALISATIONS MOTRICES PU CERVEAU. 277
La paralysie motrice est toujours absolue. Le membre infé-
rieur gauche très.oedématié, et sur lequel on constate un com-
mencement de circulation collatérale, est incapable de tout
mouvement.. Il semble qu'il, y a commeiune subluxation para-
lytique de l'articulation- tibio-tarsienne., Le pied est dans l'ex-
tension forcée et légèrement déjeté en dehors.')'
' Le membre supérieur est inerte. Cependant la malade exécute
quelques mouvements peu étendus d'adduction, d'abduction et
de flexion de la main sur l'avant-bras. L'extension est impos-
sible. - Les muscles de ce,, membre supérieur, surtout ceux
du bras, sont flasques et comme légèrement atrophiés. La main
est violette et froide. , ? .^0 ,j.-... >
La sensibilité est toujours intacte. li;il '
Morte le 14 mars. ,, il
Autopsie. Les poiiiiioiis, particulièrement le.poumon droit,
sont le siège de lésions tuberculeuses aux divers degrés de leur
développement suivant les points que l'on considère. Au som-
met droit, par exemple, il existe de petites cavernules, tandis'
qu'à gauche et dans la partie inférieure du poumomdroit les
tubercules n'ont pas encore atteint lapériode de ramollissement.
Mais les lésions, sur lesquelles nous devons spécialement
insister, sont celles qu'on observe du côté du cerveau.* ,.
Elles sont limitées à la superficie de l'organe, et parfaite- z
ment circonscrites à sa région moyenne au niveau et un peu au
voisinage du lobule paracentral. (PL. IV, fig. 1 et 2.)
En effet, au niveau de ce lobule, sur la face interne de l'hé-
misphère, et à la partie supérieure des circonvolutions frontale
et pariétale ascendantes dans une très faible étendue, la pie-
mère, saine sur les autres points, est très adhérente. Elle est
épaisse, jaunâtre, manifestement infiltrée par de petites agglo-
mérations tuberculeuses baignées elles-mêmes dans un peu de
pus. Lorsqu'on cherche à la détacher, on constate qu'elle
adhère fortement à la substance cérébrale, qui se laisse désa-
gréger.
Une coupe transversale (coupe pédicule frontale) montre
que l'infiltration tuberculeuse pénètre profondément la subs-
tance grise et un peu la substance blanche, au niveau du
lobule paracentral qui est pour ainsi dire réduit à l'état de'
masse tuberculeuse.
Il est très remarquable qu'en dehors des lésions très pro-,
' ' '" ' I . , n.r I - ! 1 me I
278 8 pathologie nerveuse.
.·IwU; ,t r' m, )'lf ? 7 li « i , * m ? f ? ^ih- ,. , ,...,.
noncées dont. nous venons de parler, iapie-mcro et le tissu
cérébral sont'sains/L'es lésions'sont parfaitement circonscrites
aIi'riivéaüdu lobule.paracentral.et'de'la partie' la; plus;.élevée
des frontale.et pariétale ase ndantes. - Pour nous assurer du
fait, nous, ne nous sommes pas contenté de 1 exploration ma-
croscopique. Nous avons soigneusement examine par dissociation'
les'substahcës grise et'blanche'des diverses régions- cérébrales
au voisinage et à,une'certaine distance, du,.foyer tuberculeux,
et, nous avons pu nous convaincre que ces deux substances
étaient saines et ne renfermaient pas de corps granuleux, sauf
sur'l'étendue'de quelques millimètrosâu;pourtoür de la néo-
plasie'tubcrculeuse.'I) ·,a .. n ., ^ ,, A , , ,
Caillot fibrineux dans la veine fémorale du côté gauche.
, ! 12`t) .1 . (. t r yt¢Ilymtt .rfl I 1 '· rn .i,l. I ..
En résumé, dans lé cas précédent, nous avons eu
affaire à une. paralysie limitée tout d'abord au membre
. ues, o ·m i y. ,i . 7 .n»'"> '(.t"t ? .. .
intérieur gauche, et^qui a gagne le membre supérieur ? ,D. ) ? ? ? 0 . o r41 . , i
correspondant seulement au bout de plusieurs jours :
.-le . 1 ' (Min ,it s « " 1 " . ? ( t n t 111 , jout,s
quant à,)a lésion qui avait déterminé les symptômes,
1 a. I. yn ..fj ! .)tt ? < ? 1'f·'ir 11 1
elle consistait, on vient de le voir, en un foyer de mé- ? t ? 1... 11 , - .le
nineo-encéphatite tuberculeuse exactement limité, au
niveau du lobule paracentral et de la partie supérieure
'des deux circonvolutions dont ce lobule est, pour ainsi
dire, l'épanouissement ultime. Nous insisterons dans
un instant sur l'intérêt du cas au point de vue de la
question des localisations motrices. Mais, avant d'aller
plus loin, nous devons relever accessoirement et en
passant l'une destparticularités de l'observation, qui
mérite de fixer l'attention. Il s'agit de Y intégrité absolue,
rigoureusement constatée, de la sensibilité dans tous
ses modes (sensibilité générale et spéciale) avec une
lésion profonde d'une partie de la zone motrice. Ce
fait vient à l'encontre des idées trop exclusives émises
par quelques auteurs (Munie, Tripier), relativement
au rôle supposé que joueraient les circonvolutions trou-
DES LOCALISATIONS MOTRICES DU CERVEAU. 279
'' ' i Il z·'1- Y 1 -14 - il >( 1, 1-, ' ;j~
laie et pariétale ascendantes, à l'égard des sensations
de contact. Pour Munk et, Tripier, .en effet, la zone
sensitive, serait exactement ! superposée ! à,,la,zoye,po--
trice, r et ,;·l·c yf auraitTtoatoztz's dans lés lésions» ! démette
dernière, abolition ou.au moins affaiblissement de la
sensibilité : tuous -nous ! sommes attaché-r ailleurs,,1, .'en
nous'appuyant surfun"assez grand''nombre de'faits, à
montrer que cette opinion ''n'était1 pa's"fondée;'1nous
avons cherché à établ irl queil la- zone. motrice, était 1 iii-
« * " i - Il 1 ? . ) ,
cluse dans la zone sensitive, mais qu'e)tebn'était'pas
toute la zone sensitive ? et que, par'suite,lies'
de la sensibilité, positifs dans quelques cas de lésions
des circonvolutions frontale et pariétale ascendantes,
' '' If J ? )< ? <'( r,t ! .' ? : 7)f-i : ,i mn r , n 'a
sont légers quant a leur degré, et inconstants quant' a
n T 1 , , t . 1 1) e -- .1 si Ir', 1 1 " 1
leur fréquence. Nous ne pouvons revenir' ici 'sur les
développements' dans lesquels nous sommes entré rèla-
tivement a cette question. Mais 1 on nous permettra de
remarquer que les détails de l'observation qui précède
viennent à l'appui de, l'opinion formulée 'autrefois* par
M. Charcot, qui considérait'1'absehce des troubles sen-
sitifs comme un des caractères habituels des altérations
corticales de la zone motrice, et des idées que nous
avons émises, contrairement à celles de -Scliiff;"ilIunlt
et R. Tripier-. v et, - ·ry, (J ·1'r 1 rr i 1r ' 1 1 '
La deuxième observation qui, -comme on va le voir,
est calquée sur la précédente,- a été recueillie, l'année
'r lt ') 1 ' 1 1 t 4 à
1 Recherches analomiques et cliniques sur le faisceau sensilif et les
troubles de la sensibilité dans les lésions du cerveau. (Thèse'de Paris 1880),
et Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, ( article :
Sensibilité. ,
2 R. Tripier. De 1'(t ? iesthésie 1»otlitile pcii, les lésions des circonvolu-
tions cérébrales. (Revue mensuelle de médecine et de chirurgie; il ? 1 et 2,
1880,)
280 PATHOLOGIE NERVEUSE.
I 1 . i 't1 , , l,il u - / ' i ' " " ' ' i
dernière, à la Salpétrière ar ? notrëi, ami, Féré, qui .ai r
,, i , i''nil''i-i 1 ? i ' mlr <> l... ? 1 j ...il i
bien voulu nous la, communiquer. -ilirt, l'iim" i-i" . z
,,jj , , f[ , oin'y r ( '·I '·wn',r, ,'1W ·nlZC,l il l .11,
, t(I : , 1 ,, t >$<* ..it''41r v.t'ino -ih - ef) )t.lt> itil 1, -1 Il vil ' .
Observation 11. Monpplégie^ du membre-inférieur gauche. l : , - ! ttr,Ramollissémettt,çlcs,loGulearaéetttral.nc ; ". ,. uc(o ? >
rr r. r , n't,llt q Kl 1 ! ? n' ? ny l(1 l 'l'IV h ,I1 f'T ' '
Lar ... (Rose) est .entrée à l'hospice delà Salpétrièrepour son
âge ; n'accuse aucune maladie ! antérieure de quelque gravité :
elle n'a jamais eu de rhumatismes, ^et elle affirme que\ c'est la
première fo *'S"' " " el 1 éi)'o Li-é il trouble t qelcon q Li o ? u .1 eô té
de la mdtilité ou de lasensibité ? ., , .,^.,u.,i 1 f ...
Depuis ,quinze jours environ, elle^se,. plaint, de douleurs,
vagues dans les lombes et d'une certaine g6nomal définie dans
les mo'(iverierits,·di., iriémbre inférieur gauche, : . de,. temps en,,
temps, elle r'es'sentaitdanscettejambedesspubresauts quis'ac-
compagnaient d'une douleur assez vive partant du , talon et
s'irradiant dans le mollet., ( ? 111, 1 lî n % , t
Le 2 avril 1881, 'au soir, en sortant de dîner,, elle ressentit
une sorte d'engourdissement, avec fourmillements dans toute
l'étendue du membre inférieur gauche; ces, troubles de la sen-
sibilité paraissent avoir débuté par.la partie supers-interne de
là cuisse. A' cë 'môrïiént elle pouvait encore ' marcher, bien
qu'elle sentit un notable affaiblissement\lans la jambe gauche.
-Le 3, l'affaiblissement du membre avait encore augmenté,
et' il Iiii'fallut 1 aidède deux'personnes pour pouvoir.se traîner
dans. son dortoir ! Elle entre a l'infirmerie .(service de M. Char-
co'r), salle Saint Jacques, ri°5. ` ` ` ? , , ,
Etat actuel (4 avril). Son intelligence, est parfaitement
intacte, et elle raconte le début 'de son affection avec la 'plus
grande netteté. Il n'existe aucun trouble de la parole. Les traits
du visage né sont nullement déviés, pas plus que la langue. Le
membre supérieur gauche est complètement indemne. Il fait tous
les mouvements ? ' . , ' ,
Elle se plaint d'une sensation d'engourdissement s'étendant
à tout le membre inférieur gauche qui est tout à fait impotent.
Il n'existe plus aucun mouvement volontaire d'aucun segment
du membre, qui est complètement flasque. Il y existe une exagé-
ration notablo du' réflexe patollaire. , ou
La sensibilité est intacte comme la motilité à la face, au
membre supérieur et au, tronc. Au membre inférieur, la sensi-
t i / i >y i i il 1·N
DES LOCALISATIONS MOTRICES DU CERVEAU. 281 ? , ? > « "' ."i 1 , fl , -,Il 11 , , , ! 't.1 ! (1 'ii !
bilité au contact est diminiiée'dâns toute 1 éteridué : Mais elle
est complètement nulle sur leidos du pied ? autour dèlllai che=
villc, autour delà partie inférieure delà jambe, jusqu'au gras
du mollet ; il y a une sorte de guêtre^ anesthésique. La plante
du pied,,>It, part ie'up 6.rièui-e, d%' la j'a fii bèet- ]a' CUisse, ou la
sensibilité au contact1' est» seulém'r : nt"'dimiriüéè ? s nt le siège
d'un certain degré d'hyperesthésie à la piqûre et au froid ;
tandis que la sensibilité à'daJ douleur et1 à( laHemp'ératurê e'st
abolie dansiles points où'Ia"sensibiiité'au contact est
in.m'ir ? ,.nf;)frf;r< ! .ttt . 1 , IftM I CI p U 1 .
5 avril ? 1 ? - Même1 état.' La iaco est toujours indemne, quant
aux troübles'dé'la`rübtilité : ' 11 eii'ést'dô"Iiynèfhotii,la sensi-7
bilité générale; les sens spéciaux semblent aussi intacts, mais
nous'nous sommes'tcontenté d'un 'examen 'grossier ? le' champ lez,
visuel n a point été mesure : On ne peut obtenir de la malade,
qu'elle tienne ses bras dans le relâchement complet, de sorte
qu'il est impossible' d'apprécier cxacte'ment"l'étaf"'des"rénexes
tendineux ? ' ? ' "" ' T|fa,001f 911U ," 1) -K.
..., .... , ))(tu'.) ! , ' '.tt ? h...''
6 avril.-Il existe sur la fesse gauche, au heud élection, une
plaque violacée, grande comme une pièce de deux francs., Rien
de nouveau du' côté des membres et 'de la face. .4 " ' ., i
, ". i. .if'1 " -w,.y '<n `Ir) intil'.n '
7 a ? La malade se plaint d'avoir éprouve pendant toute,
la nuit, dans la jambe gaucher dos; douleurs assez/vives,pour,
l'avoir empêchée de dormir. Elle accuse aussi des. : fourmille-,
ments dans le'côté gauche de l'abdomen et du thorax, etun
engourdissement1 de tout le bras gauche. Mais malgré un exa-
men niiiiutieux, il est impossible de'constater'un trouble quel-
conque de la sensibilité. L'état de la sensibilité du membre
inférieur est le même qu'au début ? , '.
8 avraZ. = Elle se plaint d'une sensation, du brûlure dans
toute la jambe' gauche ! Elle' souffre 'dans le, talon, 'dans la
partie* postérieure de' la ja'mbe. dc ? li ,cvissé",dan les reins.
L'engourdissement du bras gauche a augmenté ; sans qu'on
puisse observer de troubles bien nets de la sensibilité. La mo-
î 'U< » i -'iii'ii. »
tilité du bras est altérée ; les, doigts et la main se meuvent
bien, l'avant-bras se fléchit bien sur le bras, mais les mouve-
1 o T 1-i Je ai..) 1
ments du bras sont nuls, la malade ne peut pas porter la main
wauche à la bouche. î,, i j i i.i m i L >i 'i' z
gauche à la bouche., .. , ? z, '' I
Pas de déviation' des traits du visage,' cependant, la narine
droite est un peu plus large et n'est pas pulvérulente commela
gauche. La langue est un peu déviée à gauche. Aucun trouble
de la sensibilité, ni subjectif, ni objectif du côte de la face.
282 4t ? 11 PATHOLOGIE 1\ItVEUS ? , p ", 1
Toujours la même guêtre anestllésique,à 1;L jambe,, et rien de
plus qu'au1 début. La plaque fossieroj a doublé, et, il commence
à se faire quelques vésic-tilez... ,ii j).,j.,t 't.uj'Hi/i.f-u ,f.
9 avril. Elle n'a pas dormi de la nuit, cause.des,doulçurs
dans la jambe : La paralysie dulmembro. inférieur gauche., est
complète : 'le bras est étendu ! flasClllC,le,l;nb,du corps et(il net
s'y passe plus' aucun mouvement, i même, daris-lestdoigts. Rien
de nouveau* à'lai'face. Sur leFeôté âauché,du corps, et ,sur, le
membre supérieur;da sensibilité au contact, parait un peu plus
obtuse qu'à'droite; mais il faut noter que l'état intellectuel de,
la malade's'obnulüleysérieusementlet.tcetteconstatatianne
peut pas être comparée à celle du début.» ,1, ",o" , ... > t
Commencement d'escarre fessière. T. R. 38".
.. Jusqu'au 13, il n'y a rien à noter, sauf l'évolution de l'es-
' -)) ? H % l NI % , , i 111 ? t,(t<)
carre.,\ . v; \ ..Am\,,\ v\ \, "I'à%e, »\ ,-».,V , 1 1
13 avril.. Quelque soit le point du membre supérieur que
l'on pique ou que 1 on touche, la malade rapporte 1 excitation a
la face interne du bras, mais son état intellectuel ne nousparait t
pas permettre d'accorder, une grande confiance à ses déclara-
tions. EUeest, en effet, dans un état de prostration considérable :
la face cyanosée toute couverte de sueur, la bouche sèche, con-
gestion pulmonaire, aux deux bras, escarre profonde. T. R. 3 9; 5.
Elle meurt le 14, .sans avoir présenté rien de particulier du
· , 1 11 1, i=,1 t tl i - n1 ft
côté de la face. , , ,/ ., 1 ? , , ? ? n11 w 1 n , 'vit, 476
Autopsie. - Encéphale, f, 120 gr.1 Il émi sphère droit, 470 gr.
Hémisphère gauche, ,4.5Ggr. flaques, athéromateuses dissémi-
nées sur les artères de la base de l'encéphale. ( ,
L'hémisphère gauche du cerveau est absolument sain dans
toute son étendue, aussi bien à la périphérie que dans la pro-
fondeur.
A droite,' l'artère. cérébrale antérieure, vers, Impartie posté-
rieure du sillon calloso-marginal, en un point (où sa tunique
externe offre une coloration-nettement opaque,, est ? distendue
par un caillot adhérent, qui forme une sorte de tube,fibrineux
décoloré dont. le, centre est encore noir, et rouge. , " .
Le lobule paracentral a conservé sa forme, mais sa substance
offre un aspect spongieux, un, peu rougeâtre, et elle a une con-
sistance comme gélatineuse. Celte altération dépasse un peu
en arrière le sillon de séparation d'avec le lobe carré et, sur
la convexité, les deux, circonvolutions ascendantes sont égale-
ment altérées dans l'étendue de deux centimètres environ a
DES LOCALISATIONS MOTRICES DU CERVEAU, 283
partir de la scissure inlerhémisphérique. Les autres circonvo-j
lutions n'offrent aucune altération. Sur la coupe de,llecshsig, 1
on ne trouve aucune lésion. Rien de grossier dans,la protu-
bérance, ni dans le bulbe', n z m i >n -i ), j, ,, ,,(, I . , ,
Poumons : congestion très intense) de deux, bases. Çoeuru
425 gr. ; sclérose cardiaque ? sans lésion- do canalisation, maui-,
foste.' 70te/ 1520 gr. ; aspect macroscopique de,la cirrhose,
cardiaque. Rate] 355'gr. ;-diffluente. ^Estomac sain ?
Reins, droit', 130 gr. ; gauche,' 165 gr.; granuleux,, avec de nom-
I)reux '1ystes séreux ? (lui' expliquent le poids relativement,
considérable. Utérus sain, kyste à liquide eau de roche, du
volume du poing, dans le ligament large droit. , .,
;t M i . r . -li. ? ,
Observation III. Monoplégie gauche, puis hémiplégie du
même côté, survenue dans le cours de la iiibei-citlisatioil prclmo-
711111.e. 'yMe 'de méningite tuberculeuse' recouvrant les cir-
convolutions frontale et 'pariétale ascendantes du côté droit,
avec prolongement sur' toute l'étendue du lobt'ile paî,ace2 ? li,al;
lrar\1VI. E. 13.mc, chef de clinique de lafarulté et Du Castel,
chef des travaux anatomiques' de'1'iiôpital'Necker. (Extrait
des Bulletins de la Société analoiuique, juin 1881.) <'> ' '
wa 'If ii "r ? ·n , ..f) i , ,.
Robert Th...., âgé de vingt-sept ans,'conducteur d'omnibus,
entre à la clinique médicale de l'hôpital Nccker, salle Saint-Luc,
n° 16, le 8 mai. Cet homme ? dont 'le père et la mère sont
atteints d'une bronchite chronique/est lui-même malade delà
même affection depuis trois ans; il a beaucoup maigri, .et n dû
interrompre plusieurs fois son travail. Jamais il n'a eud'lIé-
moptysic, mais, depuis six mois, il est- atteint d'une aphonie
complète. i !
Depuis vingt'jours environ, la toux a considérablement aug-
menté, et le malade, perdant de plus en plus ses .forces, re-
marqua déplus qu'il avait do l'oedème des membres inférieurs,
il dut cesser tout à fait son travail; mais pouvait encore faire
quelques courses. Il y a six jours, en traversant une rue, il fut
pris d'étourdissement, sinon de perte complète \ de connais-
sance, il tombau terre, et, en revenant à lui; il était paralysé de
la jambe gauche.. ' . " ' u -
Transporté à l'hôpital quelques jours après -cet accident,
nous constatons chez le malade une paralysie motrice complète,
occupant tout le membre inférieur gauche, avec crampes dou-
û4 . W '' %'1 'I'.W'lIOLOGIE NERVEUSE.' a '
a t i ' IW ' ' 'f' ' - t'fi J·iw
loureusesii fréquentés dans le mollet" et Hvperesthésie cutanée,
tres'manneste ? e)Hp7/<'esMNe)eM ? 'aM ? AeaeHA'e ? 'ue/amo ? e,
cependant depuis avaiit-Itidr'16111'alààè accuse des picotements,^
etun peu d'engourdissement \ . ? 01 Du côte
du poumon; nous trouvons 'tous les' signes d'une tuberculisation
I,f rtm ffl,flt .,(." . -
au 3° degré : souffle' caverneux intense ? craquements humides,
matité complète au sommet "droit, 'en arriérée^ en avant. Bien.,
dans les autres oranes ? Teîrï `p' : I38° ;rpd'li,ls;8 ? Diarrhée, et
aspect cachectique. Le surlendemain, la paralysie s'étendait au
bras gauche ; d'abord simple parésie, mais bientôt paralysie to-
tale avec sensation de, froid aux extrémité^ des doigts en'même
temps, le malade était pris d'une. somnolence, continuelle] avec*
T.' ? Tri d'.1, Il J, , i' à i i '<.
délire 'tranquille ? les pupilles se dilataient, le pouls devenait
irrégulier et'à peine le malade,
ainsi frappé{Jd'lymipléjie -auclie,-Ià face exceptée,' succombait
dansée 'çoina.ri/i{1 ! u ,)f(i ,, ,nrrmi"mll» 9)) a>;>
Autopsie du CLRVE1U.-Le sillon (le I,olando du côté;droit est. i
coifTé par une plaque de méningite fibrino-purulsnte, de deux 1
....n- ? i...- ,10 1 f trif, 1 , tt 1.1
a trois. : millimètres épaisseur, a J'ai face , externe du cerveau;
cette, ! plaque recouvre toute.ilâi largeur- des 'circonvolutions*
frontale et pariétale ascendante dans leur} partie) supérieure ; ? f tl 1 1"t)11J 1 1) I) .Ju 1 1 .
elle a une forme triangulaire a sommet intérieur,. le sommet ,
se trouvant à trois centimètres environ de la partie la plus
élevée ? de da<scissure ? En écartanMesJèvres\Io la scissure,
on voit que, la , plaque de,) méningite ? qui n'est'plus visible'
extérieurement, descend dans la profondeur , de .la^ scissure
jusqu'à 1 uniô'n de la moltle inférieure' et de'la moitié supé-
rieure du, sillon ? En" d6tacliant"Ia plaqùe'Iilélüîiâitiqlié, on
arrache un.peu de.substance céréb-rale.-)jfiiiii)p f-4 'li^ ?
A la face interne du cerveau, la.plaque se continue jusqu'au
niveau 'de la circonvolution du corps calleux où.elle se termine
en pointe; elle recouvre'donc'le lobule paracentral. A\la sur-
face ,du lobe carré, existe également-une pstite'plaque 'do nîé='
ningite. Sur la face. externe du \cerveau ? on voit ^quelques
granulations disséminées, sans trace de méningite. A la face
inférieure,dubull)e-, les'' méninges sont légèrement épaissies.
A la base du cerveau, il n'y a pas@de lésions'méningitiques. '
, ' . J -'17, Jl» <'l r i' 1
Observation IV. Ce quatrième fait a, été communiqué à
la Société anatomique par M. Jean, dans la séance du 17 mars
i ' * i 1 ni ? il .111 l t Il -
1882. La noterelative au cas n a malheureusement pas été re-
DES LOCALISATIONS, MOTRICES DU, CERVEAU. 285
mise par l'auteur, et ma point été puHiée.;VoicHa mention, de,
1 nlise vattoli,, tellëi clans les-Bulletins de la So-,
cicte : « M. Jean montre le cerveau d'un'homme qui avait pré-'
sente les'simiies.'<l'IUïé monoplégie du, membrei inférieur droit. t
sente les si ? iies. (1 mie 2noiiolléqz*c ii,inei-nl)ref inférieur, droit.
On avait cru' à une lésion, de. la moelle.,L<L moelle était saine; il''
existait seulement une. plaque de méningite* tuberculeuse avec»
...<tf ? <ht)i j.l.t<. ,. t. 0,
adhérence au niveau, du ZoGe pclrace)alral gccuclee.' On' trouva ?
en outre, une tuberculose urinaire, ancienne,- et unef granuliot'
ai,c,ruë'des cieux poumons.1» 1 Il ? i-.j'il- i > «r-o-
t t')"rm
.t -i- * '««1 rnin4ul s'fiiu . )19trq 41 ! «* bioiu t- mf un ^f . P
Les observations qui- précècleiit"p-rés'etntënt'e'ntreelle ? '
,, ... , . ? ,( ? -mi <il«'l 11KJ-I H'I-'j ? ? . t ,
on la 'remarque, une analogie, frappante. Voici un
r Wa · If ( 11T`)It>JWtif W lyJ , oici un z
complelus ctintque.peu commun ? une paralysie limitée
11 1,1 i' .«Ullljl.il' i I -' 1 1 J
d'abord- à J'un< des «membres' *>inférieûi's'(monoplégie)i ?
qui gagne ultérieurement le membre thoracique cor-
respondant : ' quatre1 fois* oh' l'observe et' quatre fois la ?
,, ... t, ,.l. t. ? nui ? 1 r- "'t jlMJ'U'Hll -m ,-U ? ^ ' ., ' ? '
lésion z le même siei2 : e,,le
r ),n ;)")./j ,... ? tj 1 0 '
lobule paracentral : , 'p'asi Iki un ensei-neiiiciit
lobule paracentrah. N'y, a-t-il ipasilà un enseignement ? -* '
Enseignement d'autant' plus net',1 d'autant plus démons-
tratif ! ' que ''si' nous'1 rapprochons..des. faits que- nous.,
. (i1,l'-lCH til Jp ilr-iMli -il ? iT .. " -1 . '
pubuons ceux;ana)ogues.que nous trouvons épars dans' ' r
la- science ? nous constatons' entré tous lune4 parfaite "
, ? i ? »., -r / fui. j, 1 r,9) ? t'q 41JJ sy IF
concordance, si bien que nous pouvons établir, comme , ,
r.t 'U J. w7 w ? '" J . '
une loi rigoureusement conforme aux observations,
. p.. Oui'. j ^. j-* -i - ' '
la proposition suivante : lorsqueiv clinique' on'- trouve ''
. ,, 7 . , -. ? <., - ? ' 1 ' -.1 1 ? t
isolée ou secondairement associée a a autres paralysies la ?
. a 1 iy ,l ? "') ? "*>;" ? a,y ? ^ /rki.' '
monoplegie de, l un des s 2
ci une lésion du lobule paracentral- ou 'c la partie la plus '
élevée>des\ frontale et pariétale' ascendantes du côté opposé...
Nous ne rappellerons pas les détails des cas rappor-t
tés autérieurement aux ;Iôt'e ? on pourra les- liiediiis `
tés antérieurement aux nôtres, : on pourra les' lire dans
toutes les monographies relatives aux localisations cé-
rébrales (Ferrier, Grasset, CI. de ,l3ôyer)f ,\Toûs nous
contenterons de mentionner lès faits dont il s'agitez
386 m 1 ? ' PATHOLOGIE NERVEUSE., .
"I)s sont de deux-ordres, dans] ceux .d'une^ première
catégorie, comme dans les nôtres, il y, a eulmonoplégie
primitive de l'un,des membres] pelviens et plus tard ex-
tension de- la paralysie, au, memhre"supérieur,,corr es-
pondant ; dans ceux de la seconde, la; paralysie, jusqu'à
la fin, est Testée limitée.à la jambe. sans jamais se gé-
néraliser. r , ; n- yi'^ni f >n ' t ^f \'> ? mh i) la. ;'
Les faits de- cette dernière. classe^ ne sont,,pas très
communs. C'est que, -.par- suite du voisinage des terri-
toires, préposés à. la motilité.de.-chaque membre, les
lésions qui intéressent l'un d'eux retentissent aisément
sur le. second..Néanmoins, quelques cas de cet ordre
ont été observés, qui,àla vérité, seraient-peu démons-
tratifs s'ils fussent restés isolés, mais qui deviennent fort
instructifs lorsqu'on les rapproche d'autres analogues,
tels que ceux par nous réunis. ,) ? n,
M. Landouzy ' a rapporté, d'après Becquerel, l'obser-
vation d'un garçon de. six ans, fils d'un père mort phthi-
sique, qui, après avoir présenté lui-même les premiers
symptômes de la tuberculose, fut pris d'une paralysie
avec lnjpcresthésie du membre inférieur \ gauche. L'autop-
sie montra à la partie supérieure de l' hémisphère droit
des granulations méningées au milieu d'un tissu jaune,
opaque et épaissi. L'altération s'étendait- sur la, face
interne, 'et' les prolongements épaissist de la pie-mère
constituaient une sorte de'noyau qui semblait plonger
aumilieude la substance cérébrale devenue, adhérente,
ramollie et ^pigmentée de rouge., 11L, Rendu a cité
le -cas d'une monoplégie du membre' inférieur gauche
consécutive à une lésion du lobule pariétal supérieur
1 Thèse de Paris, -1870, p. 211.
DES LOCALISATIONS MOTRICES DU CERVEAU. 287
droit ! ' a relaté, une i observation qui,
bien' ! qùé"non 'suivie" d'autopsie1,'1 n'en '.présente.pas
noüi`sûlirtrès`vif iutérêt : `rlle'est relative' àuneipara
lysien des 'deux'jambesj''consécutive à' un traumatisme
qui'avait'- déterminé' une' fracture des deux 'pariétaux' et
une^lépression1 de 'la' suture- sagittale en;arrière. f
Rappelons aussi le fait très intéressant communiqué
par M. Dérignac àeCI.1de Broyer ' et.'qui-.tient en-quel-
que sorte le'milieu entre les'cas demonop ! égie. pro-
prement dite quifp'réegdent'et ceux de monoplégie du
membre inférieur 'consécutivement=combinéeàla,pa-
ralysie'- du membre supérieur : Ils'ait'd'un homme de
cinquante et un ans,'ayaht eu une. paralysie dé-la jambe
droite complète, incurable,3- accompagnée au- début
d'une paralysie partielle et rapidement guérie du bras
droit, à l'autopsie duquel on- trouva un foyer de ramol-
lissement qui avait' détruit le haut de. la pariétale ascen-
dante, comprimé et- ramolli sans les détruire complè-
tement le tiers supérieur de la frontale ascendante et
du lobule paracentral.' . .. % im - # h , z 'q, .1 ,
On voit donc que, dans tous ces faits de monoplégie
du membre 'inférieur, les, lésions· ont été trouvées
localisées et circonscrites.au ni veau, ou au voisinage
immédiat du lobule paracentral. 1 - . Il si
Il en est de même de-ceux dans lesquels .la mono-
plegie7 s'est' associée- à un' moment- de, sa durée a.des
troubles, permaiieiits cle'lamotilité.,du membre supé-
rieur : tels les cas publiés par 'Landouzy ciel.,
01)s. XXIV), Gouguenheim [Société médicale des Iaôpi-
1 General beritcht illiei, tlei Gèsundheilsdienst im Fcldzug gegen Daite-
mark, 186-j.
2 Eludes cliniques sur les localisations corticales. Thèse de Paris, 1879.
288 PATHOLOGIE NERVEUSE.
taux, 1878), Haddon (Biaiii, p. 11, 1878), Ferrier
(Baiii, 1880), dont nous devons rapprocher l'une des
observations de Loelïler (Loc. cil.) : Il est question dans
cette dernière d'un individu qui s'était fait une blessure
à l'angle supérieur et antérieur du pariétal gauche , près
de la suture sagittale, et chez qui on observa une pa-
ralysie complète de la jambe droite, puis, au septième
jour, une paralysie du bras droit. A la suite de la tré-
panation, il se produisit une amélioration rapide, le
bras droit recouvra tout d'abord ses fonctions, et le
membre inférieur resta paralysé le dernier'.
Nous pourrions, en outre des faits qui précèdent,
invoquer encore en faveur de la localisation dont nous
cherchons à mettre en relief la réalité, certaines pré-
tendues atrophies du lobule paracentral observées chez
des individus depuis longtemps amputés de l'un des
membres inférieurs. Mais la réalité de ces atrophies
n'est pas suffisamment bien établie, pour. que nous
soyions en droit de les considérer comme un solide
argument à l'appui de notre thèse.
Aussi bien tenions-nous à n'apporter ici que des
faits dont la valeur et la signification fussent à l'abri
de toute critique. Nous jugeons tels qu'on nous
passe cette prétention ceux qui figurent dans cette
note. Nous considérons que l'étroite subordination qui
relie la monoplégie crurale aux lésions du lobule para-
i Ce mémoire était composé lorsqit'it été communiqué do la Société
anatomique, par M. Brodeur, et publiée quelques jours après dans la
Gazette médicale, une très curieuse observation due à \1\I. Baynoml et
Dérignae. Il s'agit dans ce fait d'une tumeur très exactement cir-
conscrite au lobule paracentral et qui s'était traduite ciiniquement par'
une paralysie localisée au membre inférieur du coté opposé. Nouveau
l'ait, aussi typique que possible, à ajouter à ceux que nous venons de
relater.
DES LOCALISATIONS MOTRICES DU CERVEAU. 289
central et delà partie supérieure des frontale et parié-
tale ascendantes est suffisamment établie par les obser-
vations que nous possédons aujourd'hui. On pourra,
sans doute, discuter tant et plus sur le mécanisme en
vertu duquel pareille lésion engendre pareil symp-
tôme; on pourra opposer hypothèses à hypothèses,
théories à théories ! Nous serions tenté de dire que,
pour l'heure, peu nous importe ! car les théories
passent et les faits restent.
EXPLICATION DU LA PLANCHE 1\7.
Figure 1. - Face externe de l'hémisphère cérébral droit.
F, Circonvolution frontale ascendante.
}', pariétale ascendante.
(i, Plaque de méningite tuberculeuse.
Figure 2. Face interne du même hémisphère.
F, I, Circonvolution frontale interne.
L P, Lobule paraceutral. ·
a, Plaque de méningite tuberculeuse.
Anciuvrs, t. V. il
Il f t.f . , ,
' ivii ? 1'' If.lf ? >,. |i > . ( t. ? <(., ! ' ,
CO\TRII3U'l'IO\''t1 L'ÉTUDE DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES
pyryrl yn`j\0\' fl.1U11r1'fIIUIS,(SttilC ? tt7 - ? K ,(v
Par1 MU. A." PITRES, 'prufesseur à la Faculté de médecine de 'Bordeaux,
rf fty « et, L. L.,1'rllLL : IBD,nodcçin,tlajor,·Ic, seconde, classe. z ?
Il tU' H - .l| - .) ,<'j .. , ? t
' V'(|i| 11 ! t t'it) | -1. , ?
..rlllll. 13eerensprun ? Charcot 6et-Cotard ? ,Satt)er ?
Chandelux,5,- ont .décrit des altérations interstitielles des
ganglions rachidiens correspondant a Jât distribution
du zona,- et quelques, iuteurs apl)u, aiiti sur 1 ces lol)i,
servations rattachent l'éruption cutanée aux altérations
des ganglions rachidiens. ,«, C'est [surtout, dit,Boercns-;
prung ? sinon .exclusivement , à j l'inflammation,, des
gaiiglioits ? à,.I,'irrit-,ttioti destl,çel lules ganglionnaires,
qu'il, faut rapporter la, lésion ..cutanée » ;et, , celte, 011.1
nion estaencore soutenue' par^un. certain ^nombre, de
personnes. Cependant', en examinant javec attention les
faits sur lesquels, elle est, fondée,, on ne peut se défendre,
d'une .certaine défiance.l ? ";tl i. il - tilt t#l 4'
t,DanS(].es observations, relativement anciennes de
Boerensprung et de MM..Charçpt et Cotard, les ganglions
présentaient., un.,certain degré) de prolifération con-,
joilctive, interstitielle, de,, sclérose. Mats;) l'examen, des
nerfs ne paraît pas; avoretéfait dans ces/} cas, avec,
toute la, rigueur, désirable, fà,tel,poiut du'illest impos,
sible de, savoir, exactement, d'après les descriptions des
auteurs, .quel .était.lederé,d;altératioii des nbres ner-
veuses périphériques. llMêye dans,l;obser,vatiou7récentc,
^h7oicles\A)hive^'de Neurologie, n f14, 1).' 19 ? t' 'J"»iJ *'
=Boerewhrunâ ? ttytlcrt det;Gliat·ité,vo1.;111,;Burlin. t8U8.)'( . )
3 Clrarcot et Cotartl. - Soeiélé tle l31oloic, t&G. ,
1 SattléV. Vie'rteljahr. sur Dcrmat.'und Sy'ph.' 1873.' * "l "1 , ,
e,,cjiândeltlX.)L-i,Ai-ch.'delllhlf.iolor/ie,'1879'1). (;g ? ii >\ j ? i 'ih .
DES NÉVRITES PERIPHERIQUES NON TRAUMATIQUES. 291
de M. Chandelux, le nerf intercostal correspondant au
ganglion i, altéré n'a. pas été suffisamment étudié- : il
n'a pas été dissocié'après'raction1 de7 l'acide osmique.,
il a été simplement examiné sur des coupes après
immersion dans l'alcool'absolu et il n'est pas faitmen-
tion de l'état des racines.
L'opinion 1 qui' 'rattache;, le 1 zonai, à, des altérations
primitives' des ganglions rachidiens1' ne" repose' donc
pas 'encore* sur des basés solides.' Mi'L'eloir1 fait rémar-
qûer'avec'juste raisoiique*dans'certains cas le zona
est précédé'ou accompagné 'de 'paralysie 'et d'atrophie
musculaires, qui''sont`difficilement explicables par une'
lésioiiis6léé dés 'ganglions' rachidiens; car si l'on;peut
admettre une f a'etioii' tiophiqüe`'du ? aulionr'sur'les
fibres" 'sensitives correspondantes, 'il '"est ! malaisé ' de'
supposer que' l'altération', des'ganglions »puisse agir
sur lé"filbts 1 niôtèüg 'd'ufi" iierf, 1 iiii,te l'pour ' provo-
quer des paralysies 'ou''des"amyotrophies. 'En'fait;1
l'hypothèse émise par Boerensprung'est restée jusqu'à
pése-ntil à "l'étati"d ? hylôthèsel'p'ure;18'ét dans l'état
actuel'de la'science,' on ne'serait pas* autorisé" à con- z
dure de'1'existence` d'un ' zona^cutané à l'existence
d'une' lésion drihiganglionJrachidien'3'correspondànt.'
Certains 'faits tendent'1 même "à1 prouver que 'le zona
peutl'êté'@là, conséquence d'altérations f primitivès'cles'
nerfs périphériques, enrdehors de toute altération' gan-
glionnaire1 (`Yerdnér ? Ka"6si Charcot ? Rouget J1 Mit-
cliell ? etc.), ! 'Noûs' sérions même très''disposés à"ad-
mettre que l'altération des nerfs est plus importante
et plus Constante1' que celle des ganglions -rachidiens :
A ce point de vuespéeial, l'observation^ que nous ve-
nons de rapporter présente un certain intérêt. Dans
*'e- ? .SIWiV1/Sn icr arrst ? rrsii'I s-WWlts 'TU
.292 , PATHOLOGIE NERVEUSE.
tLuy,.ll1 k' ? M\ igilillt 9-t 4' yiiaa. 1 2r >derrn,r·. ayi ,4.· t
ce : casf.particulier, deux ? éruption s.'tde ? zoya,iélal;'és
difféée'ats'l-lex itei;t, sur, t,,Ie 1 même ! côté ! dut thorix.,Le
- n');)-. >P>(l ! , · · I r,n 2 ItJ'i n °tr F 1 ?
sixième nerf intercostal, correspondant1 a l'éruption
. , - , 21lrf;n7n9 3.t rr gril-,[ t
tanctenne,,est,ie,s]ea'e,dune névrite mixte, avec des-
. ' " .Jl ? il ? u Oui ii.r-iu-»Ci nia J-JC'JMtU'JU ? fi.1
truc lion 'de* la, té'des, fibres üer,véuses, et épaissÿsse-
ment' du tissu conionctif intérstitiel : `·Lat'lésion;des tubes
114 IIb ? 1151 ([il n Il. ··t·tnm rcnr·1 4- ., 1 . .,tif
..nerveux s étend aux fibres qui traversent -le sixième
- -j-ot c.,m.u .a., oji clfLU rgijAiiHoo yjoin'iifi 41 'I3VIfW `l.t
'ganglionïrachidienûet^àvlajracine ? postérieurej9cor^s-
'pôndâiité Sur' le trajet de l 'éruption-récente,' le. onzième
r., su· : 11 t rlfft9frr -Iliftc>lt Il 1, 'tifif 1 nr , ?
t nerfr,Lynterÿostaltet.lflausyrtplrofondé'nën ? lâ2tél;c ? nais
I ? .i/04 ..i,^ A jUBijjirKh.J ( ( ? Jt)-;tJHad ') ? 3tt' ! f -.2 Mill.|ji.f,^
.tlcranlioyc.et lestlraçyés correspondantes sont nor-
a maux ? L'altératioil ? coilstântérir dans' les : deux cas, est
i.l 9rCltl 9(,1`) m : iT 7 irf ' r,l ..t, r ? M r ., t - fM
.laoyç,llatnéityte,p,eriplaeriquêf ? ellétseûlefasufGàdé-
1 Il -q t1 ` ` ' £ OaéA qi-01çtri, ? f 4c Fi, j4 c ?
terminer le trouble trophique cutané puisqu elle existe
r`seületdaus'.le zona';réoent : <Il;;se,,piourr,aityfôrt,bjenqtue
'dans la`' lésion - ' 1 ' tibdf;aiicieiine,-3lesalté-
tluly3lTU Ulfi '9'/tp"'f(P 1/ mi/ « ? < ., ? n...... . , ..
.rations, des ganglions et,de la racine postérieure fussent
t ? o ? o nllC`Ji pn9t1r4. )lilf`JIt^hf( : l lit.il ..
'secondaires, wconsecutives3a,f linflammation 4u nert
11 périphérique] et'que ? liar)conséqûeut;. elles n,e se,pro-
S.rT ËOj ! t1f)')fRm,r 1 1t sntn Jrfn.tf.t ? ...., ?
udmsssevtLJqueltlâJjs3lesréasjlo la1maladie"a8dure1un
- J;1(11.1 g'amf" 1 h ,rt
certain temps. Quoi qu il en soit, il ressort de 1 étude
' ' '1J11yt
5t.du' faitt)précédent que,le,,zona n'est pas;nécessairement
lie â^dés'1 lésions5 des ganglions rachtdiens;f·étqu'ilapeut
'tf m'cl`tlllttUJll4tlf é1'f3ff ? H 1·mlTt'r,·r : '·rr.viyny or ? - ' .
J"être,la,ucoys,é,quençe Jci'lr,eçtçtJd ajtératopJtdérsïiërf péri- ? - j ? jL. '.ijjuj u ili U»11,i LI J, aiU8« ! .iUlimuV
" phériques,i avec- ou,saiisi altratioiis.,coiiconiitaiites des
ganglions et des racines correspondants. au ùili.i
Jaa 1193 tnii'J - (l9ÿjdvt p.) 91·i3.t. ? '1 ? % uw 1 '`·
-t.i Observation V ? eMCoevMe ? ? ;ie, aHMMps<e </o ! </OMreMxc dumen-
911,q Ion,, déjà v ? ,eetila ge7ecl'L' i ? lfé ? ,I*eiii,es jet d une partie de la
1;,o ;,muqrceusi;,GrcçFae; ulcération de <a (pure ? /c)'<eH ? 'e.7l t/erao
u . n .. . Il 1 y 1y nitl r I 1`Jf 4ntfr .r,,·n ? jjItH ? OHC c<i/<e,<cH : a ! MM deux nerfs menlonniers'.
- ? J' ? J : i ,L<ut, ,;jmj.) -].t .n-tjsuu ! ys'.
'»onÉ^ : Y : L ? 9<f.t jE' -.n-.U ib tunl-if, ,.n^t 1... t r
nut,tr,tf 11;1;PL ? Grégoire, âge de litii ûmt bqlaie,trûutûuiu ? ter a
fiotui t. u^l^j^n^u, - ! it-]il')fjot p;h ii/i ? i0o(|Jol. )t)')[t !
' renseignements cliniques fournis par M. Priolcau, interne du service.
DES NÉVR1TESJPÉR1PHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 293
.21- ;IieaY fl r-rn
.bord des paquebots, est entré le 15 juillet 1882 à l'hôpital
rS int=André; sall 9 ? ;Ilit 17[(sêrvicede M.- DE ht,t;ui ? ) SD'une
'constitution robuste, 'il a, jouit d'une, excellente^ santé, j vsqli'eii
11880;r·.pas ,d'autépélleursl.rlrédiaGs`y,sgnal ? tpasildjÎl ? -
lisme, ni de syphilis ? ' ? T joon -l ? ' ? ' "l'il'l'ifllilf'îl >"»(.. nt .1 ? .
En 1880, il contracte au Séné-al'iiiiefièv'reintrràitt7eîitê'qui
- ilispârâltiaû bout-de deux mois,Iiharl'usâge,de;sulfate,deaqui-
·niile : Dépuis;cette,jélooqueet jusqu'aiimos de juillet 1882,
513,liilippi s'est,bien porté et a pu continuer ses voyages sans'en
éprouver le moindre dommage. Dans les premiers 'jours' de
juillet et pendant-lelréf6tir d'un'voyage'au : Sénégal il éprouve
ù"nouveaû troisaccès,tfébriles,le3,11et,4.aet,leA5;JNJaxmoin il
2ço,ntinue.sc;n servi ce, 1 tavaiil même plus que de
°^ '' f -*''- » ? UiJiJii<Jloil| Irirtiif ? U 'f.jfr ? li ? t~ .
coutume, se fatigue beaucoup en fabriquant dupainpour'tout
, j. 5n ! iT ? ,.^7,n-P ? rr -- "* .. f ., r .. -
1 équipage, puis étant en sueur/monte sur 1 é P'ontl,,il se lotionne
lrlé c'é"îpsé'àri41er,à t l'eaurfi·oide.t.Qulquesihep,r,es,aprQs, il est pris
- subitement et sans nevre, de douleurs très vives dans toute, la
- Il , 1, 17 ili - lili 1 1 )Iillj'j-ii .1 Pl - rT( 1->
d'une raellialgie assez violente pour 1 empêcher de dor-
°mir7]urantlia ? iuit.6Slt;,0 : ) 911pulrlo·yJ ulduoif 91 isaxami
`uFL`é`lçrnd`ëmânïll'hilïppi`resentüencore'rles mémesjdoùleurs
''avec une grande- lassitude- dans, les, membres..Toutefois il con-
. D ? i ,/ \t';^xu 'ii'it.Ji in cii.ii
Jr,tillu,e,solyseryçeraYeÿrpeyl,e;,llVlais91l éprouve alors une dou-
« ? < ? ic ? èm 1 'e'n"t" ) a : d ë u 1 e fL) oc yp t s dùx ? n&if ? me h-
1 leur plus particulièrement aiguë le long des deux nerfs men-
tôimiers ét aûssl desfoürnlillerrienîsaùlniveau de làdèvreinfé-
'Prieure qu'il" dit avoir,,dt-jà-resseiitis la^veille, mais sans y,avoir
tllprèté grande attention; de, plus, il remarque sur la partie me-
..diane de la muqueuse labiale intérieure une bulle sanguino-
lente1. '411 l 1 ô m 1[ ^P iôuye2a9t rurJz4o
9f'F6hdâÏit leTrësté delâttraverséeltet jus4Li'autmoment ? de
jijl,'(3nti,éq-,àtl'liôpital, : Ips,iii'n-lesl-svmptÔl-nes généraux persistent,
.' . i , '/ ? < ? <piUt ?
. ? ainsi/ que les douleurs sur le trajet des nerfs mentonniers et les
fourmillements' a la lèvre itiÉdrieLire; t utef ? ta)bLilljà'était
2.)tl ,r, f@^te l@ f6r ulcérationsà)jfondf;noi-
ràtre..2Jtrri7tQ2·1`I0 aonioin zoh U, 8noil^riG<j
, . Etat au moment de l'entrée (15 iuillet). L'état générai est
... mauvais, d apparence cachectique, pas- d infiltration' oedema-
111 w : fv4 \Iy SW t t., . t ? r.· v rt m v, t .. , , .,
teuse du tissu cellulaire ? la peaû`ëst ? sèclie,9mùlnnôurriè, pâle
r,a,ve,une·teyte llonibéë4ll,é'ùialïde;d'aillelirsapyrétique, est
amaigri, très `faiLlé, abattü ; 11'ùccuse'de violentes* douleurs
j. -dans les lombes, .mais. surtout dans la tète avec des élance-
...y i 'i"" ''Jwi'i ? ljui jlJhlil) ? 19K , ! V|hit>.it,| urn.hr'U
ments douloureux et des lourmillements au niveau du menton ? t ? n.))f) ? )uh1.i<'j...,...,n ? [ ?
29t ' ' PATHOLOGIE NERVEUSE. ' '
et de la lèvre inférieure. Ces derniers symptômes s'accentuent
toujours pendant la' nuit- et empêchent le sommeil. La douleur
de la face n'est pas exclusivement' limitée aux'nerfs menton-
niers, elle s'irradie,1 mais avec moins 'd'intensité, dans toute
la sphère' des trijumeaux ? Cette* douleur1 s'accompagne < d'une
insensibilité absolue de toutes les,parties, où se'produisent les
- fourmillements, le menton, le bord, libre et les deux faces de
la lèvre inférieure, la gencive inférieure et aussi la partie anté-
rieure de la muqueuse des joues. Les mouvements de la lèvre
et des muscles du menton sont intacts. , 't, , .,1 w.xn-<
' Il existe sur le bord interne de la lèvre inférieure une. ulcé-
'ratibn superficielle,' arrondie; de'la-'dimension-, d'une pièce de
20 centimes, à fond noirâtre, saignant au moindre contact et
totalement' insensible auxnpiqùres les, plus, profondes ; toute-
fois elle est le siège de douleurs spontanées assez .vives qui
se produisent par intermittence. La muqueuse .qui l'envi-
ronne saigne facilement ( et .longtemps a.'la moindre piqûre
d'épingle. ; 'r, ? ' ;v . ? (;,1,,1'7 ? ,, ,\
Inappétence complète, la langue, est blanche. Les gencives
sont rouges, un peu tuméfiées, non ulcérées, et par la pression
laissent'éeouler'un peu ciel'sa'ii'-T"a'u"iii\,eau 1 de la sertissure des
dents. L'estomac est ballonné,' non douloureux. ' ' ' " ' '' '"
t··r m , . 1 1, "n' ". , -il f r» ? ? 3,
Foie augmente de. volume, dépasse de trois travers de doigt
le rebord, des lausses cotes ; sa' surface parait régulière, lisse et
la pression n'y développe aucune douleur. ? t '' ?
.' .Jrilfill ? W i J' i.il-, t ,, o.,»f I' , l > y I ! , 1
La rate mesure 16 centimètres sur 10. ' ' ' u i
Les poumons et le coeur ne présentent rien d'anormal1.'1'^
Les urines sont "peu 2bondântes;'tivilblés,"sédimentcûses,
salis albumné ni sucrë. ^ ? 1 » '« * ' "' z
(1 Les jours suivants les mêmes symptômes persistent^' mais
, avec une accentuation progressive; la fatigue et rabattement
du malade deviennent plus grands, les douleurs' de tetc'ct'dcs
, lombes augmentent, surtout par les mouvements. L'ulcération
labiale reste stauonnaire; il se fait au niveau de la 'gencive
inférieure, à la base des dents, un suintement incessant' de
' sang noirâtre ! La' lingue est 'épaisse,' peu- mobile,1 recouverte
d'une croute'desang altéré et ? le 23, on remarque qu'elle est
"'légèremènt'déviée'a gauche.' ' - -1) n'i ? i "-> ! In ? r Il,r
27 juillet L'I'nl 1 de, jours apyrétiq[ue, 'est-,encore
plus affaissé que les'jours précédents'et peut à peine''s'asseoir
sur son lit ; les douleurs de tête et dès reins sont excessives et
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 295
rendues plus vives encore par le moindre mouvement. L'écou-
lement du sang par le bord libre des .gencives est incessant;
des.pétéehies'larges et. nombreuses se,sont montrées, sur la
muqueuse des joues, des deux lèvres, de la gencive inférieure,
de la face inférieure de la langue; de-la voûte palatine. ? i
i La lèvre inférieure et' le 1 menton,, restent% totalement anes-
thésiés, et des douleurs spontanées assez;vives continuent à s'y
produire. 1 1 t , q-fu it9'ullr 9u' Jlty· ni : v ? « n`v· : 111 `9·· e 1 ? La* surface eutaiiée, est, àèchp, 'réeiilleusc,l d'une teinte1, ter-
reuse ; elle est parsemée'1 d'unea éruptionr'pétéchiale» discrète,
devenant confluente en certains' points ? à,-la base du ,thorax,
dans,le dos, au' niveau des plis. articulaires.des'jambes.et-des
r brastllyr iii- trtd-7(W ti2 `r'JtI ? r7.lI - t,l : ) 9)-
'''Pas d'albumine' ni/de'sucrel(lansles-urines : 'l'empérature
"normale,pouls â·1 ? 0 ? 1` 'zlt ? t.'t, ,1. ? yr ,1 ^> .... ; '
. 28. - Au niveau de 'quelques -unes des pétéchies'de la bou-
Che, 1 a e u h e a e muqueuse" s'est détachée;' lais-
sant à nu de petites ulcérations noirâtres, par lesquelles
suintè-sans cesse' un peu' de sang. f'·t9tn,>'` ·''mm-'(tr1h111
,,ltrl· ? tI 1, 4c.1 Iv ·W. 'lt 1f'·Iï ? ft ? [.) ? Im , ' W
211,9;t=, Le malade est, toujours abattu et tourmente par les
mêmes douleurs. Les .ulcérations, buccales sont stationnaires,
mais une 7a ? e tache pétéchiale s est produite sur la muqueuse
, de la lèvre, supérieure, dont'elle occupe toute la 'moitié droite.
Urines il' cures 900 grammes, contenant 22 grammes
d'urée; elles sont troubles'sédimentcu'se's'/sans albumine ni
' ui f u- Cvl-1111111`·' tl( 17lt'tl ·t.;n ?
sucre mi-r », 11*11 ·· >"[ ? I lu/'i'1 41 v W t1n17a ? f .
. L'examen, microscopique., du, sang montre une modification
'V i J. i-ij^L^j 'faJUJ',U'.llMl ti M Ml t. Il 1 'Il '.il »" <
*» très évidente du rapport numérique entre les globules rouges
et les globules blancs; ces derniers 'apparaissent bien plus
,I nômhieûi qu a-l'étaiEjnôrmal, ôri en comptent ^sur le champ
' du'mic'roscope (oculaire 1, objectif 7'deVerick) La'numération
exacte ,au moyen du compte : globules n a pu être laite. Les
globules "routes' n'ont point paru a teres. lempératuie nor-
t°.i,- a,l ? 11p Illlt 1· 11 ;filtllllw ? t-.p·W .tuh.) , a
malC.' 1)O111S - tJ. Il lli ' 11 >9,,(| · ^ r,,u ?
m al , ? · 1 150. mli(1J- vlrl -lui('11· ? 1, ,9t'r 1 .. Ru·l- ! y'Ir.
.,·'1·' 30. Le malade,est dalisuii état,(1'affaissement et, de,.fai-
t, blesser eYtre",mes; il ,peine peut-il,.parler,'ou faire,le,, moindre
mouvement; les téguments sont très-paies..L'hémorrhagie par ? les, gencives, et; les,ul·çérations,buccales, (lui,n'a jamais,cessé, est
t,rplus abondante qué les,joürs prëé(lelits ? le maldéllà rempli
de sang plusieurs crachoirs.' T.37j°,2; pouls, ti.J·,1 r ! ·,- 1' ! r.
296 PATHOLOGIE NERVEUSE. -. -
'-Dans 1 après-midi la température s'élève pour la première
fois et.monte à 39 ? · le pouls est à 140 ; puis survient un, coma,
absolu au milieu duquel le malade succombe dans la nuitsan
avoir jamais présente ni épistaxis ni héinoptyslés, ni héma-
turie, nihémorrhagies par le tube digestif ? '' i,1 ? îi'" - OJ~* J ? " ' ' "7 . ...... ? la illt)'] fb IL(11(;tli'`(()r.11t11
AUTOPSIE. retrouve sur le cadavre les ecchymoses sous-
cutanées et sous-muqueuses observées êntlant la vie ? 11 ,9'IstF-
. ' 1 ! ' '.111. "UT ? 1-U. M ? ) i ... ? , 1 .)
Lamle Ihoracique.^Legev épancli em ent sali (riiiii 61 t ? ii dans 1
les' deux1 plèvres ; nombreuses ecchymoses sous-pleùrales Pou ?
t . liti &, 1 1 u rôuges; i crépitant' ceperi-
mons tres-congestionnés, rouges, joedematies, crépitant'cepen-
dant encore. J J n 1 r ·.. 1\ · i 1 l Wvt·, . t,%Ib1 /l
.Epanchement séro-saniuin dans le péricarde. Le coeur est t,
normal comme'volume, mais' ses parois sont amincies, molles, ^
friables,)de couleur feuille 'm'or*té ? et'ne, rougissent. pas, par ?
,, . ? .. ,, ,o 1 T" -r> ? ,111 JaL·1 . 1
l'exposition à I'air ? Sur' Ia"'paroi''p'6stérieure es,ventriculés,,t
existent des nodules isolés ! blançs;'a91`onli;s ? le la, dimensionll,
i.' i i-ii i . ,; -i(; .5 ih.i ? iiiiicu-H ? 1
dune-lentille,places au-dessous de la séreuse "et j pénétrant m
légèrement le inyoarde ! r(1 ? r'ttllr»l'`s(1 ,a"' ; ^'l'1 ? >'- ?
legeremenUe myocarde. ( ^ ^ ^ wl,mi9n9 , 71,^,8 , M.
Cavité abdominale. LargeSj.ecchymQsesisous-péritonéales1' '
occupant la 'face liosterléilre dü.musçle,;graud droitrache,*1'6">
occupànt'ia'fàce ti'lrlll ? I 1- '. ? U - ° droit, gaucher ? <
mésentère, le coecum toutentier.,Lxtrai asation sanguine' aboli=""
danté"dans 1 atmosplnèré,éellûlûse.,du.rern droit.s,tnoh la tinihiq
Les reins sont de consistance lar(lacée, trèswolumineua stir,,
tout le ? àueliel Ils piésént(3lit leur surface une série de -raliu ? il,
lations, dont1 Ua- grosseur varie de celle 1 d'une, lentille,* àicellct^'
d'un'poist'Cës saillies sont d')*me'coloration ])Iané jaun;ttref otU ?
séparées par des intervalles déprimes, au niveau desquels existe."^
une congestion veineuse intense. La capsule se détaclie faciler,4>
ment au niveau des dépressions', mais' adhère aux granulations
et C;t,a*in e ? a,vec , elle,,un 'partie' du'tissu sous-iacent. Sur. les ? 1.
coupes la structure iiormalel'dtr rein's"diiiii'-iie difficilement, ...-t
l'aspect tubuleux a disparu, et'ilç`st-ù péùprès yilissivled,l ?
délimiter la substance corticale de -la'' substance, médullaire. [ ? (
Toute la tranche est. hérissée' de'bosselûYesr'blahc jaunâtre, iso7, , ,t
i. " r ? ? )t . ) 1- ? f ? ) ? 19 -tJ ?
lés ou [fusionnées entrei elles, et absolument analogues a celles ?
de la,surface qui, du reste,' leur correspondent.. , , , ? nui
La. foie,; très. hypertrophié,- mesure 9 centlmetres sur, ? 3;sa,t .)I,
consistance est mollasse et sa coloration d'un jaune chamois ; r
il est dans,un étatlde putréfaction'si avancé que des fragments ? ,, ,
1 1 , ' L .4 ' 1 - l'n.illMHïl ? Il ° . »* ' T ' ' "
de sa substance 11 ont pu être- pris pour 1 çiamen llistologiduc ? (, , 1
1 1 'Itib' -1 mi- i·,it;l1 t· , .1 -·W O'1 Wn . 1
.» ia ? 3'" ? -i01 ! 'rf,ï Jpp
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TR.1U\L1TIQUI ? RI9 Î
l ml o r .m z umsthlmlm , Lf L.m. - ...1... , 1
3 La raté est volumineuse j 2t centimètt'es-de'fonaûélir'siil· 25
de largeur,' de consistance, très, ferme, Iprosquesdureétuel'û'nG
rouge linifornÿe, plüsj`clàirqu'à,l.étatnormal.zé'iq Eii>iflJH'I10/B
0 mi il, . ttlli ? u - . 1 1 'Tilt
Les ganglions lymphatiqueshnej présentent1 nu ! )e' part'uno
augmentation de volume ou de nombre appréciable. 1 ib
° , , , z 1 1 lui, ^ 'un1 L,i fl*~ di"^u» j-^-
-La moelle des"os'longs'(tibia) est d'un blanc léjèrementyri-'j
satre, presque exsangue-*et plus consistante qu a 1 état normal. z
Le spongieuxisonf également moins rouges, mais n ly ? 1
sentent p ? d'aü,trelaltéra(ion appréciable a 1 oeil nu. . ? ...
. i . i.*a. "i ? «-M- ^( .H ! ,ii3n-jdiio3 «"'il ? noyai
JjC.cerveauiest'sahi'dans tout es"ser's'pa'r« titef l1) '' * 0 ?
JjC.cerveauiestisain dans toutes ses parties. -woon'i liwb
ExAMEN histologique. jl Ii2UtS.,«, l.eS saillies d'un blanc ou
d'un jaune mat qui parsèment la surface desjreinsictien infil-u
trent'la'1 1)rôl'ôiidéilrlsôntësséntieilement ? cQnstituées'pardesTt
'Ir o -tibli : W, à .u.. ,. z
aiiai ( 6 ? eil lyiiil)liatiques.accuniulées dans la trame con-
jonctivo-vascuiaire de i et forniaiit ? pir ? Ienrjrétiiiionl"
uri'î'ôèèàïï1 'épais qui ëiitûre iéstûbes étI glomqrulcs ! Ces éli;=11 ''
I p. ' r ? fl "tn i -l|i|'lMd iil 'JU ! *u . ? ' u a 1 .
merits lymphatiques sont i particulièremeii 'iii t, al)o.iid aiitsiatito u 'r,91
des vaisseaux, encombrent la cavité des fines artérioles oudcs
capillaires, et remplissent liâ> ? fois2lés tubes ui'iniféiéts ? ils sqntoe ? ? , t ? f ? ) ? t ? ti ? t't ? i,'i'1 ?
serrés, adllérents'entre'euzletdit'ficlles à déplaçerp'rlolun-,ni
ceau,,aussi n'avons-nou pu constater que cl une manière;, un ? »,
( a , ·.y. ,q a^ n1. 1Llb f c.a.L altilJ
parfatte et douteuse' ! existence d'un tissu réticule. , *
, . + 7,rt,`lr 4`tt ! kl ? tlm ? Jh 3tT022f119'I aaa
/ta/e. -^-" Los-1 Corpuscules de tripiQSe.tqua ? ot
druplésde ? olume3et'îêriptlis',lé` é)tules , lymphatiques ,qui,i6[
vers le centre, L prennent 'en' ceiieral très faibleiiien4,la-coloru'h L
sense.i9 zls baaltllf : iâulsLl ailii;eLe esçençeDranuloi3raisr ?
- arI'PiJlI1 92 1f12C[B9'r,.l 92a9f111 J211RI11JV fICll2Q ? ty4 ? ti;
7de</e o.Me<Me ? L'çxaiiieiii,a porte, particuherementîsur lâ9.f1 -" i
moe ! [e'de ? a'diaphyse.du tibia.\CoUe-ci après`ime'llllèl's1a0119 j ,'
i Il 1 j 'lit,, ? ? .r') ! tn-) '
dans l'alcool absolu a pns.une.cQns'staneessuihsante pdur'nn )t'' y
lut possible d y pratiquer desj. coupes. On;m'.5 reéQnn : i ? lilûs2
trace de$a structure normale les cellules adipeûsèsfiitës nlVé ?
i , 1 , e.1 1 l 141l 1, Ilii ? ? 1 -r , l, ? 0--1 -
loplaies,lés,éllulés`,a ôyaû,vou;eon : Iant.ônt-disparu;"ét ilio
n'eai'stéyplus,slalisôliun`entT,qy'une3accumulatiomdelcéllillé's'' 1
lymll5atulues, dëlises ? éïrées;laprèsle,=battcge des coupe an ?
pinceau, on voit un réticulum très net, formé, en certains points1
de fibrilles épaisses. t9 yafIL121zt1v
Les 'deux nerfs mentonniers, 0-114,tùimisii litljdè puis, 1 - etii ll
émergence du "4" in-'f" leur.)teriiiinhig'ôii ? "l'
T ° M> Li ili"IXI ,1'iiiui, > i ip-"i . -iJ i . z
Leur tronc et les branches terminales qui rampent sous la
298 | ' ' PATHOLOGIE-. NERVEUSE. ·
muqueuse de la lèvre inférieure, ont l'aspect nacré normal .ils
ne présentent aucune modification macroscopique appréciable
dans le volume, la consistance ni la coloration. " ? " -*il
Une même description est applicable aux lésions histologiques
de ces diverses1 branches; cari toutes sont'altérées d'une'ma-
nière identique. ,| ,1^(1 Ijm. i ,1. Jt1 ilrl, In iJIA , lnlj· ! l'l'1`1 ? En .aucun, des. points examinés, il n'existe .une, seule, fibre
saine;.partout lâ mÿéliné est'dlmseë en gouttelettes ou en gra-
nulations, et les tubes," partiellement atrophiés/ sont déformés
par des varicosités (type 3). Les -figures G,$,.9 et 10. ont été
dessinées,; de ce ,nérf.y.Queltlues,yflorës
ii - pii..i>i'imii ' il j ( ? j,- 1 t. -4 t i ? 'l Il. »I il .il-
plus complètement atrophiées ne contiennent à leur intérieur
1111 ? iiii,1; i vr ·r ry i. 111',> 'tu ? ? ? 11, 'rt'w -j.<.) ,ia,, - .
que des granulations ambrées parsemées de noyaux (type le).
(PL.'II ? ? "' 'r ? (hj ? j ? )/')() 'irii« ! 1 ii'utrtii'jqi I
'1 ! Mil ? f8) » it^î-llo « II* n 'lltÎi,i/ 111 vltJ IllJ 1 !
RÉFLEXIONS.La névrite, dans le cas que nous venons
de rapporter, s'est manifestée durant la vie du malade
par dès symptômes assez caractéristiques pour en déce-
ler, l'existence. Ce furent au début des fourmillements ? ? ... 1 .s .y ., 1.11 ' W11 W \wW ., W 11W ,.
-dans,. la .'lèvre,, inférieure,et,le,,menton ? immédia-
tement suivis de violentes douleurs lancinantes le long
,des .deux, nerfs nientoniiiers ? qès,le leiidemain,,appa-
' deux, ! .. ,-il 1, Il ..... -, t - " J. plM-^.1
raissait;sur, la muqueuserlabiale ;une2ùulÎe, sariguino-
1 lente, qui' doit être' considérée`comme'uriltroubléltro-
rf1 W 91 ! n/i " ` w. 111 nt 1 1 - < ? .. n. 1...t 1
plaque en raison de son évolution ultérieure.' Puis, a
1'. >>. l < ili ? i. .j / i.'il 1 mv.m.ylt, ! ^ mi *m pi-' 1 1» MU ? H.' W 1
une époque", difficile, .à .préciser ? mais., rapprochée
cependant du début - des t.'accidents, ' une t anesthésie
abolù"è ? établit s'ürl'é's"ré'g'ions . iiin ,ervées p .a1r lès, nerfs
- 1 ., r(Irlf t,7ll ·T'1 I· z -(14 si -;() 114
atteints, ceûx-ci ,ne.,çessant,pas Id'être, spontanément
douloureul.>çL'auesthésie douloureuse». constatée, au
''moment de l'eütréé'dû''niâlade'a'l'hopital, c'est-à-dire
- '« p ? ") ? I 11M-.M. 111M-. in ? H (| . -([Il ' Mil' ? z
neuf ours après,1 apparition des premiers symptômes,
,a.persisté'jusqu , àlla·mort ? ! ! y .'onh ? ...).(t)...
L'invasion de cette névrite a été brusque, sou-
daine, et l'apparition' précoce de I aue'st[ésiè cue 1 on
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON' TRAUMATIQUES. 299
peut rattacher à la destruction du cylindre-axe dans
les"fibrès atteintes témoigné de la rapidité 'de sa
,marche. 1> V. If i ft f - 1 1 114 . , [Ili q ; 1, ., , ' 1 ? i/ , r .
marche. ,lj( . ,t . , |It Mjj . , (. · r , , ,
(Il est 'regrettable que nous 'n'ayons pas'eu l'idée de
recueillir, au moment de l'autopsie, le trijumeau' en
tbtaHté/où'du moins' de suivre la branche mentonnière ? 1 ff;vt..j- ini- l'.I. . H ? i' 11· . , .1 , , .,n.
jusqu a ses origines centrales. Il aurait été. intéressant
" i '" 1 ' ,........1, ,, '" ' -I' l-'IMI
de savoir si la névrite était. le résultat d'une altération
locale' du' nerf '"par le fait d'un' ymplhadénpme ? Noûs ? I *r,| 1 - W ? lt(iM'.o r. ! flJ,i r, ? ? ? s Yh ? t( ? ? (f ? ))t ? t ? .....
ne pouvons actuettementnen dire a ce suiet. Néanmoins
, ..i . , .i .. , , ,( . , ttt ,,... ,,...,,.... ,,
l'apparition d'une névrite périphérique dans le j cours
d'une ieucocythémie bien constatée présente un cer-
'tain intérêt. if/P *' , ! ' ' ! l'1`i r » 1, I ? /,>./ i , z
'')'< ? a' ni MM t..tJt'th-i)-/) ? ttr( îr 0 ? 1'))...))
OBSERVATioN.yi.t ? jd/a.y/e peo;Ho ? eeM'oyt'eM6 ? 6SWp ? ? ! e
tnchronique, du, membre inférieur gauche. Arthronalhie du
genou gauche. Mort. A ulopsie : Sclérose des cordons
1,1 poster ieurs^ dè''la(,moelk'épinière ;' altération' des 'branches
;n;j6/j/ie)'MMM ! He ? ? c<'aMeyaMe/; -,I, ? i-jc J)i')f(t'))
lîCé" 1 jJVÏpl.iT vi 1 ·· t, ,-t ? IIOv1."t,'1 ,>>"- /' r t .1
Souq... (Marguerite), couturière, âgée de trcnte-ncui ans, est
entrée' leJ ? ''mârs' 18g1;' àtl l'hôpital Samt,-Andr6'(ser\'ice de
\I : PITIiES) : tD'une,constitution,assez, chétive,,Souq... a emà
l'âge de quinze ans une fièvre typhoïde assez grave et trois ans
' 1 ? ? 'iut ? 4"" 41' t Oit ? )) ?
plus tard une attaque de rhumatisme polyarticulaue ayu.
'Réglée 'depuis l'âgé de douze ans, elle n'a jamais' eu de troubles
' sérieux de la menstruation.. Pas de syphilis. Il toi, l"rny ?
.. Les premiers symptômes, tabétiques se sont montrés, il a a
onze ans. Ils consistaient en sensations douloureuses aiguës,
'au"niveau dé- la réâiôn'dorsô-lômbaire et de la'colonne verté-
t brale : tC'étaient surtout'des : sensations de-i-oiîgeïi2ent qui surve-
, liaient par crises desrintervalles variables et .persistaient
tantôt quelques moments seulement, tantôt plusieurs heures
1$#fi# ? W y.u z ' · , n n t..
consécutives.Tjës''crisesn'étaiëht provoquées ni par les'chan-
gements de température, ni par le retour, dosrègles : -Presquc
', Observation communiquée par l'un de nous 1 la Société d'anatomie
et dé'hysiôlie'<lë l3ôr,leaw, le 7 mai îssa ? 1 ? t' ' ' 'v ' ' f
300 -,1 " lrrre rts P.lTiIOLOGrC'NrItVI;USE. TISJ J ? C·1tI
a lâ'irièiîië''épqïié;'llâ iiiâlâde;°qué sôn3 iiiétierlde- couturière
obligeait à rester longtemps assise; s'aperçut'Ique` ses jambes
eliiiicélaient'(lorsqu'elle voulait se lever; fia marchelétait. alors
incertaine'ètullésitè,lrte.Les`membres inférieurs j.étaient^aussi
1 douleurs-fulgurantes ou',de louleurs,constrictiv,es,
'qui.'partant dp,(lal-colo«iiiic3 ? ertébrale,,étrei-naientqà ? Iaifqis
la base de la poitrine, l'abdomen et les.cuisses. Pendant, trois
'ans'; la'm'aladie' fit,peu`r de progrès,- mais,aulbout de, ce temps,
-les douleurs, devinrent} plus, fréquentes r plus T i;es, t et, les
- troubles de la'marche.s'accentuèrçnt ;.la5malaiJer futj alors, cibli-
g'écde'se priver d'aller travailler, hors de chez elle.)% '* ? p 1 e'l i 3 si ? De1 18731 1 8 1 ;, elle, fitp sans; auciiiii succès (,toutes, sortes, de
traitements ? hydrothérapie,' applications- de poin tes. dë,f6u sur
`-lâr`çolonliel`vertébrale ? élèctriçité;l etc. 1) Lors> de, son I"qlitéo
'à l'lnpital,'lle 2 ? mars t881,`IOn constateles ssymptqméssui- ? ints : pqlfltilrq -il ')nt M\o>. y[)jsn"qa ? ne» ? aj zs`H4q
, , Les troubles de la locomotion1 ontl'des, plus 6 - idents ? r,,La
'malade peut 'à ? peine "'faire quelques pas,imèmè en s.appuyant
sur un bâton. Quënd'éllé'veutrmanclier,ises jambes; entraînées
'IW1, linj)u 1 l'Il - nt'projetées,brusqueine;it
par desilmpulsions dé'sôrdomïée"s,`sont`-projett ? es'brusqueinent
"lu a Il du I)ut'0laiteincite. -'l Si'oùl-luirdit'de fermer, lesuycux,
elle cliançelle aussit,oE'ét'pêrd 1 equilihr'e'"Sa iforce musculaire
.'est cependant' encore' bien' corisefvod,0 'car si'on'lui dit'devenir
' 'la' jambe'en'extënsiôn iPfaiit' exercer 'un1 'eiTort < considérable
pour vaincre la résistance'quelle oppose a la presibif,qui tend
rnalléclirr'srja·mliè'rlAûcüii'tnOlllJle de"Ia"motilité' dans-3les
meimbresrsûperleursrrol' rlrn.,1 el frym,tnmrrr ni]. 9tJpfnjB<t
17't- n f;t';t ? .qt )). t.t ? r, , . ? ... ? U. ,' . ,,1 , ..
- 17 Le membre intérieur gauche est depuis n
dune tuméfaction étendue depuis la1 partie1, supérieure 'delà
- h.'ii Ji ? ii..>';lr>" 'il ? =]-, n *.r r.- ,- ? . î,r ? , ' ,
cuisse iusquaux malléoles. La peau est `pùle;'elle' a,censer-é
4, 1 si 1- Il tri, r"r.)f... ' <'* nt ' > ,U .
.ses.plis et ses sillons epidermiques,1- mais elle1 cst^epaisso'in-
, 1 IIW 11 A1 r, i , rir - 'f ·
'durec, et le doi-t il v forme' pas empreinte 'comme/dans les
Mil ? l ? i-;o''f1."nï;°n Un ? =.-' -pr ,' i 7 ? 7 ,1 , ' , ,
.'oedëmes%'rdinaires ? Lette tumetaclion du1 membre- s csDpro-
.duite lentement. Elle plèrsi''s Le 1 toujours, elle fau"tnent(,
lj-1 lu ? II..11 il > «l.i'fMl' n ! "' (T - ', . ,, .1™, ,, .. -7
14 ? ll, lit, diminue parfois sans causes J appreciablesl'JLllei'coincide
r t ri ! ltl-flf4"1.p.,l nr ? 11 ' 1 i ' . ," 1 ,
avec une légère arthropathie du genou^gauche ; l'articulation
fémoro-tibiale est volumineuse, la rotule soulevée paroineipe-
i.titequaytité' de liqwde, et on lieut imprimer 'à'Ila jambe des
mouvements de latéralité'et'dé rotation'beaucoup plus'étendus ? jû'â'1'étâtrriiorl`n'ât ? Cés înrouvèinéritsrpet : prdvoquent pas'de
3'bruit'dér`> ? aléiriént os'éiii'`rils , s'oritindolenis. Le ! )genou droit
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES, NON .TRAUMATIQUES. 301
mesure trente-trois ( centimètres de circonférence,, tandis que le
gauche en : mesurej trente-sept. ? (. ? ? ? f ? ,l\, ' ts l,,a,lifr,
&'l0Trbublesi de' lai sensibilité'. Toutes les. trois puj quatre, se-
'maines'la'maladc a des accès' de douleurs fulgurantes, siégeant
d'6'rdinaire''dans]es't jambes -et les), cuisses,) quelquefois.. aussi,
rniais rarement; dans lebfasigauche.tElle compare ses)doulours
''à(des coups dé couteau, ail f z riInubdr; 1 .'lontmq ri m ? «sud z
atlLcs divers hTodësde'ia' sensibihtéicutanecssont,. relativement
'peu*'aIt6res/Le'chat.ouil)e)ueiit de'la plante«les pieds') est trqs
nettemcntrcu ? Ijes'sen'sations 'de contact^ dertempérature,
de piqûre se produisent normalement'sans retard.' appréciable.
'Il n'y a5 nulle part de plaques^anesthésiqucs.^Lo sens; muscu-
''làiré ? eh1' revanche;1 'est notablement émoussé : ,Les yeux fermas,
''la'malaUe'no'Jsc.rend pas comptede la position quç l'on .donne
"'à.'sa^jambQ.; elle ne peut saisir son talon-du'après, desl tentatives
répétées. Les sens spéciaux sont intacts ; les pupilles sontlircs
i.étroitesî.maisd^ vision ,est nette.j(K,^ 0j ^ n\*-w.\ ? j"
Ju^Leiréflexe tendineux rotuienjie f.peut.etre, explore, du'; cô Lé
auclio7à cause. de,1 ? ârtliropailiie. vu çôtéylrt iL.aété recher-
t ché9trcsrs.ouven,t,,avcc.des rtSu]tats,variables.)Tantôt la per-
, l t' ? , 1G- >., , ,c "1" ^M'i >-,,
..cussionl nejprovoqueF aucun soulèvement de-.la ïambe, tantôt,
rau contraireaQliejdetermmcune, contraction brusque ou légère
TiselonJes moments. Quelquetois, la, contraction retlexe se pro-
'iiduit avec un retard normal, quelquctois au contraire lereiiexe est
mi. ï.....j i - -. ,i , , , ,, , >,n, , , ,,
Litres notablement exagéré. Aplusieursrcprises, la percussion du
i U 1 ? I ,m, l y` r. .jt) ; y 'Ur,"
a5tendon a..provoquefunc secousse très .brusque suivie d,un. état
tétanique qui maintenait la jambe étendue pendant. deux pu
·3trois,econaes,Soyyent, au début de l'exploration, le réflexe
lÎc tait, très violentet après quelques .minutes d examen il cessait
"* ' 1 " A *- J-' "Jt i " -Un. il .. n.i.'T ).tt"ttrï ' r, f
wrçle.selorodulre ? 0y,pguyill alors percuter violemment le ten-
îidon. sans, délenniner.,aucun. mouvement delà ïambe. ,
îv( fL application. d une,, éponge imbibée d eau. cliaude ou ironie
11 .1 ,- iii.^.ijl ? -.O | .'Ui.U' /Il l ! M..II Ml l'i MM'1,,1-
- 1 surola.facelantériettré"de la lcujsse, et ela genou, provoque un
al/mouvement, hrusque, d'eŸtéusi,ôn yë la-ïambe; et ce rellexe
. ' .- , ' 1 a ', ' 1 ? mvj'I'H -m, J 'il'Ji'.lMjITMl MPI ?
oL à ongnolçutanecf.peuLse produire, alors quace moment la
o itln ? {»J'ii< .. 'fii'M' <îlAj I/iO î.iliiinii' ?
uopercussion dUitondpn njdomlieaau mouvement de la
1
-Mijambc-.îiq 97)(LLOcrv9lfltrr'1 fil ,9°fr : rCIIIIIJfm'l t ? i iiMilit-oii-Mn ?
fe'iL Lesugrandcsi-fonctious, organiques s'accomplissent rcguliè-
%'f'rementi : rien.d'anormal, di^cotej des .appareils ^respiratoire et
d. circulatoi're./L'appétit .est bpnjes ^digestiQns0sont Régulières,
tu-bien qu'iky ait.inij,peu1,de4pn^imc^nà"nlâ1cônstip^tion^Lcs
302 PATHOLOGIE NERVEUSE.
urines sont normales ; mais la malade urine lentement, et
quand la malade en éprouve le besoin, il faut qu'elle le satis-
fasse aussitôt, sous peine de mouiller son linge. '
Après être restée dans le service jusqu'au mois d'août 1881,
Souq ? demanda à sortir et pendant six mois on ne sait point
ce qu'elle est devenue. Elle est rentrée dans le service à la fin
de février t882, avec de la fièvre,, de l'inappétence, de l'oppres-
sion, des sueurs nocturnes, de l'ascite, de l'oedème des deux
membres inférieurs, de l'incontinence d'urine, c'est-à-dire
dans un état qui rendait l'examen difficile et ne laissait aucun
doute sur l'imminence .d'une fin prochaine. Elle est morte en,
effet, le 3 mars 1882.. it- " m t i - rv . ", , 1
L'autopsie est pratiquée le 5 mars. ' 1
Cavité thoraciquej Dans la cavité -pleurale gauche se
trouve-un litre environ de liquide , séro-purulent. Les deux'
poumons sont congestionnés et'parsemées de granulations
miliaires. En outre, au sommet du poumon gauche existe un-
noyau induré de pneumonie fibreuse au contre duquel la coupe' i
révèle l'existence de petites'cavernules à parois caséeuses.
Le coeur est petit, sa coloration est normale; ses appareils-
valvulaires sont sains. L'aorte est flexible,'sans athérome. '
Cavité abdominale. 'Un peu d'épanchement ascitique se ?
reux. La rate est'molle et volumineuse. Le foie est jaunâtre,'
sec, un peu graisseux. ' ' ' ' ' ' ' .
Les reins sont normaux. La muqueuse vésicale est épaisse',
tomenteuse, avec ''des arborisations' rouges sans ulcération.'
Dans le bassin'on trouve un kyste'de l'ovaire, uniloculaire,' Lt' t
contenu séreux, liquide, du volume d'une tête de foetus/ ' " "1"'
- L'oedème'récent dés''membres'inférieurs's'explique par 'la
présence dans' les artères' fémorales 'et 'iliaques interncs'de"
caillots fibrine-globulaires, adhérents' aux parois veineuses ? '"
,L'articulation tibic iarsienn'e gauche renferme une 'quantité' F
de synovie plus considérable qu'a l'état'normal.' Les ligaments'
croiséssont conservés ! 'La synoviale' est- rouge et très notable'-1'
ment épaissie. Les surfaces articulaires du fémur paraissent 1
normales. Le cartilage'articulaire'de la'rotule est ramolli,
velvétiqlle, mais nulle part il ? é'st-détuit.' Le plateau dû tibia i
est déformé ? s'on' tiers 'postérieur' est affaissé. Nulle part, ce-'
pendant, on-ne voit'de surface osseuse éburnée dans la cavité
articulaire. Le cartilage du plateau, au niveau de l'affaissement, z
est très aminci; mou,"comme gélatineux;- mais' nulle part l'os'
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON TRAUMATIQUES. 303
n'est directement.à nu. Quelques néoformations osseuses peu
importantes existent au point d'insertion de la synoviale sur le
tibia. Pas de corps étrangers intra-articulaires. Les muscles de
la cuisse et de la jambe ne sont pas sensiblement atrophiés ; ils
ont le même .volume et la même coloration que du côté opposé.-
Système nerveux. = L'encéphale est sain; l'examen des mé-
ninges, des'circonvolutions,'des'masses centrales,- ne 'révèle
aucune altération appréciable. ' ' '' - '
'Après avoir enlevé' la moelle et-incisé' longitudinalement la
dure-mère, on remarque 'qu'il'existe des traces non douteuses
de méningite rachidiénne postérieure. -Tout le long de la face
postérieure de la moelle, l'arachnoïde est louche, épaisse, fi'-
hroïdc, adhérente à la face interne ' de la dure-mère, d'une
part,"et. à la .face i externe de la pie-mère, d'autre part. Ces
lésions sel montreiil surtout dans lesdetix tiers inférieurs de la
moelle; elles sont moins profondes que le tiers supérieur, et.
cessent d'être appréciables à'quelques centimètres au-dessus du
bulbe. Rien de pareil n'existe sur la'face antérieure de lamelle. z
La moelle elle-même est ou- général molle- et, pâle. Sur des'
coupes transversales,- on constate -une teinte grisâtre translu-
cide, des cordons de Golf, depuis le' milieu de la région dorsale
jusqu'à l'extrémité inférieure du renflement lombaire, la même
teinte grisâtre translucide, existe, dans toute l'aire des cordons
postérieurs (zone radiculaire interne et cordons de Goll).
Elle occupe par, conséquent unejSurface quadrilatère limitée
en ayant, par la commissuré postérieure, en arrière par la sur-
face-postérieure de la moelle et latéralement par les deux,
cornes postérieures. ,, 11J 1 ? , , t .') ruz
,Les deux nerfs sciatiques, droit- et gauche, ont été disséqués
depuis, le bassin jusqu'au milieu de la jambe. Au, niveau des.
muscles fessiers, 'ils, étaient tous les deux rougeâtres et mani-
festement oedémateux; dans,la cuisse,, ils paraissaient tout'à
1liina-Lix.,Divers's 1) 'neli- mysculaires, et.les branclles
fait, normaux. ^Diverses branches musculaires, et. les branches
articulaires postérieures^isolées avec Lsoin, ne présentaient à
l'oeil.nu aucune altération, appréciable ? 1
De petits fragments du.tronc des deux nerfs sciatiques, de la .
lranclie,articulairéidücôtéâauche,et,,d'im,Jdes,nerfs muscu-
laires voisins ont été recueillis, pour, l'étude histologique
Examen histologique. r Sciatique droit. Les fibres pro-
venant du. nerf sciatique droit ,ne présentent'rien.d'anormal.'
Sur plusieurs, préparations les tubes nerveux paraissent avoir
30 ' ' ' PATHOLOGIE NERVEUSE.
leurs' caractères normaux ; on'ne'trouvo aucune fibre 'dégénérée.
), Sciatique gauche, rrr Il|n'en| estipas. de- même.du sciatique
gauche. On aperçoit distinctement, au milieu des . faisceaux
nerveux, un certain nombre de libres altérées et présentant les
carâctèrés'de ladégéhérationwallériennc ancienne. Leur myé-
line est divisée en'gouttelettes fortement colorées par l'osmium'
et formant desi petits amas, séparées, par des .longueurs, très
espacées entre lesquels le tube est atrophié (type 3 ; la figure J 5
à 'été dessinée 'sur'' une1 dé' ces fibres) ? Certaines fibres ne sont
plus représentées que parla gaine dc'Schvvann,' coritériant-dé'
loin en loin, .autour des, noyaux,; quelques, granulations am-)
brees'(tvpé'4) ! '(PL.'lII.) ? ' , ' , , .,
i V\V'm/-I.V H. i, IMll.l.lUÎ, 1. , ( , ` , 11 t w -' '1 ",f il
On ne trouve pas dans ces préparations de tubes nerveux de
nouvelle formation.twlr (1·1 ? m ? l' i. i/i.i : . i '»( - -<'| «W
\{Nerfi,\ai;liculqire. ? .\Les,i,fibves\idu.'neTb articulaire .posté--
rieur gauche ,etcelles musculaire, du même(1côté pré;,
sentent 'des lésions tout^ à fait semblables' à celles qui se
rencontrent dans' le ! tronc (Ju sciatique' gaucher avec cette par-'
ticularité ! toutefois qu'il, y existe un nombre appréciable detubos'
complètement atrophiés (type 5), .de, coloration jaune ou sépia. { ? 1 ' *< MM I I tl 11 / ' I ' L ' " ' M ^ ^ L I -"Il /I H.' I» ' ». ' '" " M- * ' ' *
D'ailleurs, même intégrité d'un certain nombre do fibres,
mêmes altérations 9, y . rr rrr t i e 1 1 dcsp'rc' I
mieres.' Bien que la chose' soit difficilc'à apprécier exactement,'1
le, nombre des fibres altérées semble ! proportionnellement plus,
considérable dans le rameau musculaire que dans le rameau
articulaire ? 1 'i,1'1 1tt) w ·11t pmtl ·alt`1 . tl ? ? '"
)`14`11 > 11 )tt ? It tlll a t'Ifti` -a'((lt> ,ri illl·tn, : . ·i t 11· >
"iHèflexions.' A part Ies-quelques 'particularités qui'
ont élé 'notées relativement'aux car'actèresferaux1 val-
riations dulréllexe'rotulien; cette' observation clinique1
a par elle-même peii'd'intérèt.>lIIt s'agit' en'somme1 d'un"
cas* d'ataxie1 vulgaire'.1" Mais 'ce qui 'est' moins1 connu' et'
plus^digue'lde»' fixer l'attention ? c'est'* la coéiis(ei1`ce'
d'une arthropathiè alax7ué 'avec'des 'altérations1' ner- ' `
vetscs péri7aéricies. J">1 ' |i'i ' 1 . z
iBien ! obscure est .encore la pathogénie' des' troubles
trohhiqüeslqui peuvent' se produire" dans' le" cours de
l'alaxieflLes' arlhropalhies ? les1 fractures spontanées, '
DES NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES NON, TRAUMATIQUES. 305
les mliux,,pci ? 9l ? §, la chute, des ongles,, les éruptions !
les,, plus variées, l'oedème- dur de la peau,' etc,' 1"sdiit
loin' d'être rares chez' )estabetiqu'ës. i 1 époque ou ces
- >l 4 ? nJri VM'l.J J l --M si '[\i, f> 1111M '" 'lUUl.iH ,IW. W r1 .t,r ,d, ,,r
accidents commencèrent, a; ,etret,connus ? iC'est-;a;dire,
lorsque ? I.,I Charcot clécrivit,pou'r. la, première fois les
arlhropâthicscl'Ies1 fractures'sp6ntauees"des'a'taxiques'
1 '>lfl ? Ml'j If V/'oUJ ? "I 'l ? l" I .1 1,91- 1
erin,iii ? les 1,al)por,Ls qui
uuissent,1'illtéritét de la-,nutritiol des .muscles- avec
1'l iité- ri téï;'(Ies 1 cel lui e§ljdes" cornes' antérieures' de' ''la1
moelle,, et on .chercha,. a rattacher, les trou )les' tro-
)i>. /ii-j,- m ? t j f Il mien (il 4 . 1-l'i Il., .l Il 1
phiques de t'ataxie à des lésions médullaires siégeant
dans des cornes' antérieures : \ Quelques fails,3semblôrént
t t 1 J'' ? MC". -ih pT,f-lni5,f,r 'i-ri.. , , . m`l4. t' ..(1-, - ·^ si r y
tout d abord confirmer cette idée- mais bientôt des
y )m' ? ;)))'). f. ^ ii.ii;i'iu.«'- JUii ti uj A ".» - - > ..s ?
observations contradictoires, furent r publiées s -1; te t i ? ] ë'ui r -
nombre est- devenu ! aujourd'hui 'assez' considérable : 1
L'un; de nous; a' eu'deux -'fois, l'occasion d'examiner' lés
7·i'T irt Il n , '1f( : W t1 fWÜT .il il -lil, -1111 '·1t 1,1 -uj'Ht' 'J
inoelles d'iitaxiques peiidallt,leur,rvie,
des .troubles. trophiques-osseux ou articulaires.1 11 s'a-
gissait'la première fois d'une arthropathie''dû''gehbu]a'
lu mm .1 1 `f .·lt.ar niT ,·VTV;livrltr· l.i ? i,i ,' t rl.f·I s1t'7 ih ·t '
seconde d une fracture spontanée du bras. Les moelles
ont été examinées, après durcissement, sur des coupes
mincesjreguHèrementr 1 prép;i,ées ? et, malgré^la 4 plus
gTande)atlcntion ? dj a été.;impossible| de. découvrir da.
mo,uçlrealtératiol tlesjçornes, an té r i eur es. T Les lés io n s i
ordipaire,s,de,l;ataxie étaient évidentes ; les cordons pots- ;
terieurstaient Cjsiège'ujie,sç)érQse,manifeste ? ma is) i
cette,,sçlérose,;restait limitée, aux cordons; postérieurs}
et les cornes antérieures^étaient, pu du moinsvont parti
être, tout à fait normales. >.>« ow'vy; -M, »w\n-
^ En, présence, ,deces, faits- on;ne peut.s'empêcher;de
concevoir, des,» doutes,, suri, l'exactitude de la nlhéoriei
des ? dçLutesl ? url( 1 ,Ia,,itl 1
médullaire des troubles trophidues; de]);'ataxie.' D'autres ! 1
Aucun i : s, t. V. 20
306 PATHOLOGIE NERVEUSE.
raisons rendent les doutes plus légitimes. Si les arthro-
pathies et les fractures spontanées étaient réellement
sous la dépendance d'altérations des cellules des cornes
ai bilé, F-- e eti 1 tk 1 J 1 M < > 1 1 « i *' /il A
antérieures, comment ne se produiraient-elles pas plus
fréquemment dans le cours- de la paralysie spinale
infantile ou de l'atrophie musculaire progressive, dont
les, lésions initiales siègent précisément dans,, les cornes
iJ u).' HK'iivinPi <r "Hht.' / 1 itioliolà
antérieures de, la môel le ? , lans. çette .hypothèse,encore,
comment expliquer une arthropathien'snr atrophie
musculaire concomitante, quand on sait pertinemment
que les cellules antérieures de la moelle jouent vis-à-vis
des muscles correspondants le rôle de centres tro-
phiques, dont Jajdestructtqnjjentraîne constamment à
sa suite l'atrophie de ces muscles ? L'hypothèse de l'ori-
gme cqntralejdgs troubles,
est donc ttçès.-peu (jvra.isembkJ3le.01l3<esJ'j ,bien| plus,pro-
bable,,que ) 1 ey, cause; réside; dan ? ,cl,es, altcn,aüoy,s,, docaes
de$, ? ierfs,périléri2ccs. .f ? Idmon no 1 <)np goibnlè
119 0111 sait,dépuis, longtemp,s ? que certains, nerssjsensi-
tifs, le). nerf,, optique, -.par ieyple,; ,sont, fréduen,ment
altérés -chez (les tout
récemment t,des, lés ionsi dégéméra t ives desjnerssjsensj ti fs
de la peau au niveau des plaques d'anesthésie.cutanée
dans ,1'ataxie., L'observation--précédenterdémontre ,que
l/.ii t»w.fi vi,i,.u»in </'ii n|fil i 't ! JH('On")1 *
les nerfs e.ar i ? ,loti 'il )1, 1111 )1* -i i. suhir
les nerfs des.articulations.et des muscles. peu vent subir
% il) i 01,Jè bi .I )111 11 W ly -, 4' 1 <
des, itérations analogues : ,et]a,localisation, de ces alté-
't<J;)- u ? n ')< : c.tt0)f;t)n) ? ft m ;IY Jtl)J). ,·1 v
rations nerveuses périphériques dans le;membre affecté
soe, n A ? t- 't y ·..rn n·. Ym W ititm tH tttj'
d'arthropathie et d'oedème chronique, permette sup- -
poser, l'existence,. d'un,. rapport .de cause a, effet entre
Ltjjj ^i>i ? > j^v- i'li.. à- ilU'< ,1 un .r ' jn.tl 'tf .
la lésion décénérative des, nerfs, et,, 1 es % troubles tro^
.fj' )Jt' ' 1 'Àjià ? J ? , J".l i. > ! Illj*
phiques observés dans le membre correspondant,
'>'► n .. I,t i ,n -, ' 1 · .. ( suivre.\
' . -I
m''t1J PI ,. , ryfïrll i/ `I 111 : n·nsf117 ? I ,llt Il(i·i'1 tLn'.11 r
ilf il(I · 1`),·J tl.t yll.1 * f-iubtiinq.- -oit }M. ji -`31 .1'r 9fti1 t
"7" ' PHYSIOLOGIE ' PATHOLOGIQUE^1 d|M" : .tr% 1 ri.ri =.jti i 1 ' < ? IIliI,T,·iry )3 li ,I ? ) ! tv t1'i r ? `r·LIJ31'1 'ttin
rlr)ll"ytal'llf"1 : ,l 1 " -ii -,n. jn9[ ! )fn"t<p ? t')
lnnfi 'l-gn'"f,"Tl 9`Ilbl : l'lItIT I;Ittl ? I Sh Jtt` '311-I(`t;itiJ
Util,') ." I. 3(",f) 1|7r - ? «" ! " tl« l,|n>.l. : s ,lf ' (Mr., ? o. ,f ; . »
CONTRIBUTION A L'ETUDE DE ' L'HYPNOTISME CHEZ LES
. HYSTÉRIQUES DUI'IILN011VE`DEtI;'HYPERE\ClTAf31LIT$
rt NEURO-DIUSCUL11RE(Suitc) ; ? au ,1· i"Itl`r ' z
' ' il rf'7 ·l 1 ! i» 11O 011>Ir)· P i)1LJ)O(Tlmü`tl')' . ' r-1J·,
.. , , .Par MM. CHAnCOT uLPALL RICHER.,
-1- h"-i/ ? Pvr`1111.iIIIiCOT;iPéiuiitC,'H ? l.`7.i1 ;)rtl
Cl -JlJlt'jD ')I1 lloi `JI ? t(·i.jtlVlla ? l10'l 2`rt WltLli 'Il
Jinifl i»j'«-.J.1Vê ? aNeITURE(DU1'HÉV0111 : VI : I«tl ,< .'jrpul.,
mt` 1 0) u ? jllJmltl s' T-trtt5 -k`v ? `nirjo'JI), 1 ·Jlttia, t;r
'"Ncltie' intentioü'n'estlpa'si d'élitt·eprënarélici7l'epli-
catioiï'physiolôgique^p'our'le^moins' prématurée; des
phénomènes si ' complexWet 'encore ''incomplètement
étudiés que l'on comprend sous^la'^ dénomination
d'hypnolisme."N6us chercherons'à ! établir, au moyen
des' données' actuelles 'de -la physiologie,' les trois pro-
positions 'suivantes relativement au phénomène neurb-
musculairequi a fait't'objet''de l'étude' clinique' pré-
'cédénte a- t` '· I f e )Lltr.lll a'n lifi tlr(1 Itb Ilb : rt `' >
"à) L'e''phénomène''dèurhy'péréxcitâbilité' neuro-mus-
culaire est un phénomène de nature renexe"° " ' '" c01
) La nature 'dé' ses manifestations'a'sa'raisoh''d'étre
dans une''m6dificati6nspécia)è'de l'activité1 dû 'centre
nerveux* I .11 . vlle)itt il` t crlll u1't1 1J : , rl7tlnm'IO' t : , y
e) La voie 'centripète de 31 arc réfléae ést âutre que
Celle dë5''Iiërfs·``sèri'sitifs'ëntâliés.' `'tG'I iu"r '' '
''t 'q ? n , iJi.lllll i · ill.ii -. ! 1 '·.tl i 2 ry`lilr
vOÎI' le n° 5;'p. 139; Il° 6, tJ. tÎ9; `7° S, ]). 1R9; 11° 9, I). 310.
308 , r, , , PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
» ? ).. ? Tl-l. j .,1 . ! ? ) ;> > ? " ! ' '1,,1 " T,I
A. Le phénomène de l ' hijperexcilabilité 'néuro-'1
,...,.j ? <6'CM ? < ? est- nm phénomène de nature réflexe Jl) ! -,qv,n >. -M- ^iLtilï - 'i ''«. ! } " " '" »' t)Ij ? ,I"i ! i
Les faits,, qui plaident en.faveur,,de.la nature réflexe
du phénomène, de, ,1'hyperexcitabilitén neuro-muscu-
laire sont nombreux. Ledecteur, asdéjà-pu' en pénétrer.
il) « ? u ......... - 1 1
la, signification en, parcourantdes. descriptions qui. pré-,
cèdent. Il, nous, suffira. demies rappelerici.-iquoi. -mi '. ? ? t.»» ? 1 ? il.1V ? M » ? il · (rll,mi 1 Ili : ' Itl II`tll
''a) La production d une contracture musculaire con-
' i .d.. , ? t ..fff«.i. - .Mit .f ? tn<v. kI l-it »-, lu; JilMilj .'(1
sécutive a'une excitation mécanique portée a la péri- ? ? . i,,... m, , ? (. ,-h.ii.li r.-A >-'H.V-.itl ? «li eoiVi'i»
phene'd un 'membre 'est une des conséquences de ? ... ? t ? ,.1 tift trtil I.Y t ? IJt . 1 '1
1 hyperexcitabihte neuro-musculaire., Le simple lait de
, f) ? t i'"i- "il ? -,»'> ft ^l'iil-lb /tt'in *'ih - 1 1 1 » i»
la'production, en pareil cas, dune contracture, et non
- ? r , r varm v i·vit '11t't[rtfll ? 1`II . "rr 'rtllr'l'1lJ f`
d une contraction, montre que, entre 1 excitation et son
- WiHi. ? «^.If,. 't.'™l ^"V ]fW./tt)' "îVi- V ' 1
résultat, ! 1 action spéciale du centre nerveux a du luter-
- ti t Mm a- ? » ' r rl' 11`1 '-(,ir71 ? 4 ,.y., p' ! 1
venir ! 1 La1 théorie, au ourdhui bien établie, qui fait
, .>,> ? ,.t ? l utr,o,,n7Vf .rf(W `lnrl'i.·yttihfn,
dune certaine forme de la contracture musculaire une
1" ? r ? · 1 .( f . r nn : r,a IIK-. /-l'-O Jl ? Tilt"/ ,ii>
Exaltation du tonus phvsiolosique, vient a 1 appui de
· r. ,ny ·v·,rt t 'f1J li'f I ,IIJ.Itlf .1 rJJmI fI1((f·
cette'mamere'de voir. ! t ? 1 ? ? ..i.'ii" -IN ii.in-M.l "in ! '1'i;*vita iii'D
Il'n v a d exception que pour les muscles de la face,
,...) ? ), ttr, r/ rry ·, ,rr,. i·.r .m,J, n`t11 rl'i911 '.91. `ifll; :
ou -' nous 'avons vu' la contraction remplacer la con-
y r r,a v r ( t(IW t r c,llrt 11(1 . s'it-inij .*noni''l
tracture; mais il existe bien d autres raisons qui nous
,n,M ? i t.iK^.jli-rfdi y.iv- ln'^txiM'i ? » vm ^"rm «"il»
font penser que la, comme dans le reste du corps, le
, ... t- ? (- ....,l,i>|»m ! ? f";n'iim Ot)lllJ.l'»D '31j1JH .1 -\
phénomène est de nature réflexe., ,
J')uupi')o)6/d yigiMiUil ul itiiibiioq /ii'unbn-u
« ^),Lî\ contracture, ain,si1pblenue.,lcèdëàila, friction des t
antagonistes., ce qui ,s'exp)ique'trës.. tacitement,' sijt'ont
admet ^quo IJexpitatiojijpprléejsur Ieslanta7onistes'dé ;r
termine, dans .laimoelle,, par. la.voiei-des, nersstCentri-' r
pètes, une sorte d'action d'arrêt qui détruit la modi-
iication spéciale du centre, nerveux, .premièrement
ÉTUDE DE L'HYPNOTISEE CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 309
produite et en vertu de laquelle la contracture était
maintenue ? ^ ., % >,<> > Il ` ' 1
On. n'ignore,. pas les.- connexions' qui existent dans
l'intérieur de la moelle entre les différents groupes de
cellules nerveuses qui correspondent'aux'groupes mus-
culaires antagonistes ? fléchisseurs et' extenseurs,'1 par
exemple. 1<L'eacitâtionfclest'antaonistés;"dit'111. Vu)-'
pian,dans.IleslcasdeW iôuvements`ivololitairestdë'ëci
tains groupes' de niuscles,·nieparaîttâvoir ! sonpoüitldé'
départ dans la moelle. Il est probable,, en- effet, qu'au ? '1 'l'ill.l'l ) ? U.Il t^w wW wW 1 1' m-'l .j.|l> > i > 1
moment où se fait la contraction/volontaire, celle des
, |Mf« |,l i»'If"l 11 PMI' ''I' HiHlMi i/ ,·,1 ? .-
muscles fléchisseurs des doigts, par exemple, une.cer-,
1. , , 111 Itlt, ),lit, , " >i ? a," ? ;\ ? ' 1 '
laine excitation se transmet du,foyer médull,ai.re,d ? ori-,
' st ,1 : ·Otmm ..·f tm,m ? mn-w ii.iU">i' - ?
sine des nerfs '- destinés a ces .muscles, au, foyer)
i j.b \>\\\\\*\\>> M -/IIH II ,-(>'» " Ill'H *1 * ,l.'»l. ...
d'origine des nerfs moteurs des muscles extenseurs ;,et,
fii- Vi no'iiiii i/ i il Il . i'i'iumu >">> > ? >
c'est ainsi, suivant toute .vraisemblance, que,) ces,
1 mu 1't te i L,>i 1 lit lit" a Ili ii" )-> (1 ?
muscles entrent en action, , » ? C est,, un, mécanisme,
1,1,1 ,1 W(1 ·Iltl ('1 1 In U"l iTlUilIlh -ii> n- > " '
analogue, que nous invoquons, ici. L'excitation, au,lieu
de venir du. cerveau, comme dans l'action,,volontaire
i, idllil' I ' "' ? ,1lU"'J"«' l''ii'| - i '»«» » »" "' *
dont parle M. Vulpian, vient de la .périphérie,, (excita-,
lion mécanique, friction). Elle gagne ,les, foyers d'ori-
.«,. (,1 ll ,)il l'el ''*<. "f ? i"" J- » '.
one des nerfs, des muscles, sur lesquels elle, est, direct ,
Il(, 1 1;1 ·t ·,tn .,mt #11ll'ié 9 1,1 -je 1. 1
tement portée, d ou elle retentit sur les foyers.d onginei
jibti 1 'Il -1 ''ni"1 " le 9 )J,Ié z m .m.l ...5 -'
des nerfs qui se rendent aux muscles antagonistes. 4 ?
c) L'étude détaillée quetylousl ? qyslfite du réflexe,
tendineux pendant la léthargie hystérique et la con-
clusion à" laquelle'1 nous i sommes' n arrives ? 'qui' fait 'de
t'exagération'du réflexe tendineux 1 lé, premier 'degré
de'L'hyperexcitabilité neuro-musculaire' et réunit 'dans
uiiel nièiiielcaté ? orie, les deux' ordres''de'phénomènes ? t
·nll I t [ ? t"t> ' j' l' Mi o lit > i- "' '' bit
Vu ! a'n ? A'r) ? 6e//t-/i'OK-< ? c ? I`f' ' y, S , n !
310 ? IJvfa-ptiYSIOLOGIEPATHOLOGIQUE ? 1 1 l' :
conduisent néèessaireinent àiilèur, attribuer. le.,méiiie
mécanismes L'opinion' ! Je'M. Westphal; qui,persiste'à
considérer la contraction musculaire ! consécutive/ au
choc du tendon'comme'directement'produite par l'ex-
citation" mécaniquei dei ! a ! fibre3-muscuIaire[J en j conti-
nuit6@a-ec- lâufibrertendineuse, neparaîtupas.devoir
prévàloirfcontre celle de M. Erb'et ! de'la) plupart ! des
observateurs' quie énl, font )*Un)i phénomène de nature
réflex'e ? tr9l 1)-ti Il "r3a. tt9ra '.t ? f')f' 1#1 bjel r i
d) L'excitation mécanique,1 qui produittia contracture
dans ! es' cas'd'hyperexcitabilite neuro-muscutaire, ne
resté pasl toujours ? éxactement,ulocaliséel dan2( le
muscle^ou lé groupe1 musculaire- sur lequeltporte'l' ex t
citation;1 Cette» propagation de't'excitation n'estipaswo
s*iài'Pleifaitde)voisiiiage ? Elle,tn'a,'ridii,d6 coinparabie
à1' la"' diffusion ' detil'eXitaritlélectrique trop' intense'.
En étudiantlrleslphénômènesl°aveciatténtion; ronlre-
connaît[ faci 1 ement que-i l'excitation- ne - setpropage'que
suivant certaines lois physiologiques'/ ? Par. J exemple1,
la} contracture^ du') de.1toïdel,tn'èkigté-)jaiïiaiI.-ii§olée.
Et ! e''est"toujburs' 1 cbmplétéelpart,la,tcontracttire,idu
grandi dèntelé,4(ii,()IÙil) estisÿnerique : u(Yoy : ut : liIl;
p.r475 ! )imi`ei « nuMi/1 1;1 '>b ? <uq n&q t'noq n
·L'eXCitation`duinerf2 médian'.produit"ta' griG'ejmé-
y 1 68 : )`Enririsistnt; une fois)la griffe
médiane^ produite ? l'excitation -,sort 'dérha.'sphèrea'du
rliédian ? Cersôntl.lès muscles, rotateurs duf<bras;oen
dedns, qu 1 - 'se 1, contr"ac turent, et iliestufacile detvoir
que 'ces .musclés ne fônt;s en somme,' que continuer.au
bras le inouvemeiit'comménc6-à ? I'-avaiit-brà'S' par les
muscles pronateurs qui relèvent directement du
médian.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME 1 CIIEZ, LES '(HYSTÉRIQUES. 311 1
A,i 1 ai, face, til'excitation. ser propage^très facilement
d'umimusctep au'muscle homologue( du jcôté oppose,.
(Voy : t : rII ? p : 187)u;aum uoiloBiinoa s ! ie-'6Lf<'t)nt i
- y Là 'rasonde'cpttej propagation, de l'excitation) duu
muscleià'umautremusclel plus où moins .éloigné,) mais
rattachée aulîpremier ( paraides.itdiensliiphysiologiques.
faéi 1 esg,à.j recon n .aitre;frfé sâurait(lse trouver,, ailleurs
que cdans les commun icationsj'etr ! es ]anastomoses, qui
existent dans la moelle entre les différents ? foyers
d'oriinedesfnerfs;nuséulairgs.,b;r9rrT noisstm9`I ?
9û~e)}LeLtransfert.par 1'airîânt;et, aur resajents sesthéj
siogènes de : lafcontracture,localisée (vo : Lt : II,. p. 208), ! es'diverses ! expériences faites avec lajbande d;)Jsmarçh
(production tardive de' la/contragtur.eyj contracture^ la;
tènte, transfert de"I a `contractur.e;1 latente, lyoy : l 1).( , 2 12)
nespeuvent'is'exnhquerquen faisan trouer) aux scentres
nerveucumrôle;important',9Eet,jetteiit : aiysiEsur,la nçir
ture dja..Lphénomèneûquijnous"occupe1unejviye lumière;
Il(esbinutile`l'yinsister : i2-rlcl sic ! 8»mb]i9j hiû^iui
- jf»E411fi'n;l,'eicitabilité-éleétriqiie dtf)musciet-n ? estjp45
sénsibtement'cmodifiee'jpendànttJ'étatjjd[hyperexcitar
bilité ! neurô;nusgulaire ou en dhors,lelui 7Le muscle
répond à peu près de la même façon à J'excitaiit ? leci
' triquesqitpendant(JajveiHe,'soit.jpe)idaij ! a')éthargie
hypnotique', e soit}upendant,3)'état .,cata)eptique ,jssoit
niêmejalprscquj'il esten'(;é.tatade'{cpntracture ? tCej.qui
nous'r paraît indiquer quejtces. diversl,troubfesl.do,la
fonction musculaire'ont, leunraisoznen dehoys2d;une
modification) déniai (fibre* musculaire elle-même^dans
uiie-moclificâtionyspëcialeiduisystèmejnerveux. t ! c;s'iJ
ub Jiiônnjj'vnb àn5 ? (s`c iup 8`fr3;àtGlio'itl aelaauirn
u«ibàm
312 '' ' ' ' PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
' ')' ,1 ' ? .1 il-' , , , ' Il) `it 'I Il 1- )t(..)t,) i i
"5 ? des manifestations de ï hyperexcila-
,. ' "bilité 2eüo=zusctilâiré'cc sâ raison'' d'être dans' une
' modification 'spéciale- de"l 'activité' du" centre' nerveux.
- m ,n ....' / 1. 'j -If l\) 1)( ?
Un phénomène' réflexe normal exige, ;pour sethro-
'duire ? l'iiltégrité dés1 'trois 'parties constitutives- de' ce
u on a appelé' 1-arcldiastalticfue ? l ? le chémin'd'air-
rivée ou nerfs sensitifs ;h2° le,, lieu, de réception,' ou
centre' nerveux; '3° le1 chemin 'de -retotir -oui iierfs mo-
'teu. rstL "0 il cônçoitltrèsbienqû'unelésl011'p01'tallt'sur il
Furie 'quelconque de ces trois' parties suffise 'pour- 'en-
traîner une'modificatiori'du'réflexe normal ;'et,- suivant
"la'nature'de là lilly'aura'abolitio'ii ou-exaltation
'du' réflexe. Dans't'ataxie locomotrice, -par exemple ? les
racines sensitives so7nt'`sclérosées;i`ellesne'permettent
'plûs' à'1 l'iinpéessi'on se ilsit*ve(Ide-1-fiéiiétrer 1 -jusqu'au
'"centre1 et -1 es-réflexes sont abolis le-'ptùs' souvent : < Dans ? la'paràlysie infantile,' 'c'est lé,ceiiireliierveuxilui-mêiiie
"qui' est 'atteint.'1 Les 'cellules motrices, des- cornes anté-
'rieures'so'nt'détruites et, eartàiit,, abo 1 i t l.dii des réflexes.
'-Dans'testrychnisme au 'contraire;' l'excitabilité'; du
centre moteur estlexaltée ; d'oùH'suit que les réflexes
sont exagérés. '} rt(m t ! y/n rlJ· y j'}'1·I 'f 1 U /
Dans l'hypnotisme, et particulièrement dans la phase
désignée sous' le; nom' dé ! éthargiéj'i)'"seinb)e sé;ùsser
* . ,;... ? 'i'.r ; .lui 1 1 1 ;D il bf, 1 . ? ?
, du cote, du, centre médullaire, quelque chose dana-
logue à ce qui a lieu dans le stryclinisiiie., Les preuves
' ' sont' nombreuses' qui' font penser1 à une 'modification
fonctionnelle du centre' 'nerveux lui-même', 'mddifica-
· ? . . V ' > I )J''t | /t ? f)t.h ? i i ( | z
tion dynamique qui, dans le cas de. l'état léthargique,
se traduirait par une exaératioll ·denfonction; une
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ -LES HYSTÉRIQUES. 313 3
excitabilité plus grande qu'à l'état normal. La plupart
des raisons que nous» avons invoquées plus haut en ? ' » x .. >W . '.il.. |l ,-^J. n
«faveur, de. la nature .réflexe, du. phénomène, pourraient t
1 . 1 1 , 1 1 ? el % Il z
être.reproduites.ici'à, l'appui, du siège central.de la lé-
sion dynamique qui y donné naissance.
-oifiMais-nous avons chercl1eiUne.contre7epreu.ve. Si le
*, phénomène] de"1'hyperelcitauilité, neuro-musculaire
'dépend[d'une exagération fonctionnelle,) du, centre mé-
'' ; - .. J -li ....' wl !
Idullaire,, les agentsjqui ont pour, propriété le,,
.disparaître l'excitabilitéidu centre nerveux doivent.né-
t cessairem.ent.Je faire.disparaître,aussi.,Le chloroforme,
jpar exemple; a.uueclaction direcfe : ,sirL,lesylléyents
11 IlervotlX qti-, i 1, stupéciet et, dont. il arrête Je, fonctionne-
z Suivant,Flourens, il porterait. son action d'abord
>'sur. le ! cerveau,, puis )SuccesstyementQSur le cervelet,
)(SurjiampeHeet ! enf]n suivie, bulbe. wumn
l'GL'Nous avons, donc : soumis aux itibilatioiis ide. chloro-
', ' ? iJ .
w forme uuemaladehypuotisée : et,,en;létâtde,létharie e
iravechypetexcilabilité neuro-musculaire : et-nous avons
,vu, après- une ? première plla,s,e d',elaltati·on,le,.plyno-
del, I'Iiyperexcitabi '1 ilé ' ileuro -- i*nu'seul aiej dispi-
z sous, l'influence. de ? l'ab-
sorption)'desj)vapeurs,chtoroformiques.
Voici le récit de cette expérience :
. 't%hll(l <jf au<,L Jnetno'i-idi'OiftBq .t t ,1)IIlrllUtl(j ftt ? lt ? 1 ?
r.(,^jNyilt, ? [,e ? t endormieparlle p·>ïjçélléordilaire, ç`3nlir ?
sont dans la résolution et l'Ilv i t ,i b i 1 i t neuimusctdai.cc
Il. y · 1 : f· ·)f)twyt111 J1W1 11l1 ? ( .itiH-n r ? XJr *5V»*r
existe a la face et am membres avec les caractere5 ctu`nous
ses avons' décrits7'n2111rî j /'il- et ? lllv l'^il tup 11 u oncid !
HOU La, malade étant, dans, cet ctat,,nûus ! ui faispnS)i'esprer,du
..chloroforme.. Nous avons soin de procéder par petites doses,
- b.i....i yl')lit-ltJ : - et lit) ? th')) ? h
par ce que nous avons vu partois chez ces sortes de malades
une'snsceptifji ! itespucia ! c aux agents anestllésiclues,hientfaüto
ilipour nou,lmêttrè : en garde,contre les accidents, ) ! )y,l ? t -,
311 1· " T'Ill ? PIiTSIOLOGI)JIP.ITIfOLOGIlUl;. 11 ,ISI l' t
' Apres quelques inhalations ! nous constatons une exagération
manifeste de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire. 't ht
z portée sur urr membre
en amène lâ coiltrlcturé ? d'uné façonibrtisqûe. et·6riergiqne ! 11
est possible ie6pé'n'claiit'de'l'ocàlisèr'lalco'ntra ! e,ure,.eiïltoucliant
avec précaution'et'iégèrement un'point limité' du'membre'qii'e
ce' point' corresponde'' à 'un tendon ? à'un'muscle'ou'à. un' nerf.'
Mais si l'excit'a'tioij'mèm6 limitée' est un peu iliténselil'ale 1ontrac ! I
ture'se généralise aussitôt au membre* tout entier. ''^'"l -11"J'
Nous cohtihùons'Ies inhalations dé'chl6rofo'rmê : et les mêmes'
signes s'accùsentencoredavantages'iI'Gst possible ? Le moindre
i ? ""1 ! ''« ? i ,, ">r, >">irrr.i <... D ? nl x...il'. " ,r.-r..., ,,l ..» ? l !
attouchement d un bras provoque une' vive 'secousse suivie de
contracture' de^out^ lemembre.' 1 L,a secousse 'retentit' sur le
membre du1' côté opposé,' mais la contracture "reste toujours
lôcalisée'âu s'eûrmembreJdire'ctemënt excité. Ces' contractures
très' intenses cèdent pVf l'excitation1 dés'antagbnistés aussi' faci-
lement qu'elles sont provoquées.A1'lâ`fâéé ? l'lilipb'réiçitâlülüé é
nèùi-yi- m-uslcui.àj'r"e"#p'réseiit'e' une exaltation analogue. En toit-
t ? i fp ? t ? rtf ? ti)'f ? frr)rrtj ? T'n'Jtt i ?
chant le nerf facial' en avant do 1 oreille, on provoque dans
I ? , ',1 ". ? f ? l c| lilf, I. I,- . J . I, f r, , .1 ? ..... J , ,' or. -.
tout ce côte de la'face'une grimace beaucoup plus'vive et plus
accusée que dans l'état léthargique ordinaire. Les muscles''d'u'
front,' du riézfde là bouche et' du méntoirréporidérit 'a'Té'xci-
, .*V,' ' - , ni... '1l.) ? t( ? lrr .rty f.t,.m ? » , I., I ... ni ? tm .1. t . »...
tant mécanique avec une promptitude et une énergie vraiment f ? < ? f rr . t ? T ? T", R ? ` 1", f
extraordinaires. De plus, la grimace persiste quelques instants.
r ! r.p.7nIW ·v ? ) ·. W rin 1`w rr 1 W ny , W )r | llli i^rr,7'' 1
Contrairement a tout ce qui se passe d habitude, les muscles de
la face se contracturent. Il est'vrai'que cette' contracture 'ne'
duré'pas longtemps'et cède biëntôt'd'ellé-'mêmë ? ? 7ti "'"'l^
''ï ? t'i' 'i'"h cède 1, 'r t. I l-i e 6-111 nie
Les, inhalations de clllorôformé sont continuées et nous ob-
servôns ? 0, 1 -jb 'U iiuiimi..ihili.fil
servons les modifications suivantes : "' ' ' ?
Il se produit par instants dans les membres secolisses spoîl
taoées.
,La,i4qlade s'agite,'un\peu, (balbutie ;, .maisA ceJ^e7», £ yieilurej
que peu d'instants ; il revient à plusieurs reprises.
Lors de la production \lu'phénomène de 1 hyperexcitabilite
neuro-musculaire, il se produit un retard très appréciable de
plilsiéurs'secridesl(3;3;=.N)i entre l'excitation ët'Icrniôuvéinnt t
réflexe ? t'.t) ')14 lllu dn'i'i iJIm- %' ! hhr")'toqqtnë 2vue
Par instants 1'llyperexcital)ilité,iipLiro-muscuJail-P, cesse tout
,, J L' 'JC.r f . t"t '. 't j't 1, je, -.1.1. ' tt 1
d'un coup dans un membre supérieur, seulement ou dans
1
les deux mèmbrès a la fols, pour l ** ivir.v i-i'iii'< ,Tï
les deux membres a la fois, pour reparaître quelques
moments après ! Il Se produit ainsi un certain nombre defluctua-
ETUDE DE L HYPNOTISME [CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 315 j
tions, d'alternatives de perte et de retour de l'hyperexcita-
1)lllte..yf[197'y'f' '[O^ ? j,,) ·, t ? y^., ,l .1 ! 1 , : .[Puis,, sousf l'influence,, des inhalations de, chloroforme qui
sont, continuées, tjtpute. trace, d'hvpereteitabilité.,disparalt de
tout le corps. La malade, est. dans. la résolution la plus cor-
plète, la respiration, est, légèrement stertoreuse, le sommeil *i
chloroformique parait profond. ? L'excitation mécanique aussi
bien à la face gu;ausame,miorçs"d,emeure,sarls"effet;<<, [ ri,;td
Nous laissons la la,compresse de chlo-
roforme est enlevée, et nous observons ce qui va se passer ?
Au bout de quelques minutes une contracture généralisée se
déclare, le corps s'étend, les, bras se contournent, latétcse ren-
verse, il vient de 1 écume aux lèvres. Nous assistons, en somme,
aune ébauche de la,période épileptoïde.de la. grande attaque
hystérique. Cette phase convulsive est suivie. d'un stentor avec
résolution, pendant le,qûel nns conetatôlis lé,réto,ur;tlet l'byper-
excitabilité n eÙo-rtiseu 1 aire. , . i , ? a '|
l, , . r 1 z , a 'l'.lJ[f ! '1 r"C ! 1"(Y ? ? liq ,I 1-1 yJn t
.Mais bientôt une agitation excessive se.déclare, c'est la pé-
rode des grands mouvementsidelagrandeattaque. Nousayons
peine, à maintenir la malade et il. faut la coucher à terre sur des
. ' , . u . n ,. i..i . j,ji .... ? t 1 1 . %,/1 V
oreillers. ? 1 1 m[·vI`rtlll n 1f''r 1 irm,l '·r ? ., irp· f.
lrestlu'alussitôt, les, convulsions font place au délire, a la
suite duquel la malade, réouvre spontanément connaissance.
Pendant, cette attaque,, nous nous sommes bornés a'maintenir
la malade et iiotis n avons rien ait pour enrayer les convulsions
qui. se, sont arrêtées d elles-mêmes, n . ? , , ,
qtit se,sont arrètées il elles-m,ms. l 1 v u'r[it ,t·'1111m' n" ? it.f r 1
Apres avoir repris connaissance la malade demeure dans un
t ,n · f - 1, "' ·11 '1 -J ti I 1
état d'ébriété dû à ·1 action chloroformique. Elle tutoie tout, le
> . -'H.* .. - > , ....... livre à -'»' 'I. zou
monde, demande de l'éther, etc., se livre à des prestes plus ou
moins . , ? t ? n)'<n ? <'.tni, ? r
moins extravagants. , , t2'ILl..yy.,·nly'T ll irtm`yl wl) ,
t >'>^n*
Cl']"Le* ^phénomène- '7'ya< ? ? e neùrôlmùs-
, , , , czclaare est-il un réflexe cutané ? ', . .'
h'')t'h ? )'j ? ' lit, 1 ? 'i'l' il, v ' ij
.. \it nt \ \> "' - ' et '1,, li, If -f ,, 'n -i> ? rnll n1t
t,,Des,faits plus, ou moins, analoues. à,,ceux,.·que,, nous
avons rapportés dans cette étude ont été signalés depuis
longtemps déjà par les physiôloistes ? ' ' '" "'
HerbertMaYO et Caluieil'avaient remarqué ce premier
fait : que les- contractions réflexes, lorsque l'excitation
31 G PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
qui porte sur un, point du tégument cutané -n'est, pas-
très fortement,une tendance remarquable à.se produire
exclusivement dans. les muscles,. qui. meuvent la partie
excitée. , »«i* i . * u - »»>n «.im' - »np.«>iL ? i'«- = ! ,»->u
, La, cinquième, loi de Pflü-ersurjles réflexes,, dit que.
les mouvements ,réflexes sont locaux .ou généraux : et,
que ceux, qui, sont locaux,out[lieu par l'intermédiaire;
des racines motrices situées au môme niveau queles. ra-i
cilles sensitives excitées.. ,-m ? .Oi- ? <il, ril-f >
' - i
Sanders-Ezn, dans des expériences sur les mouve-
iiietitsi,éflexes,d : ttii.meiiibrepstérieur deila grenouille,
a .indiqué .des régions dénia,peau donti ljexcitation-
,n." ».. li .i .» « O doi,la peau doiiti »
donne, lieu à des, mouvements .réflexes, soit d'extension-
soit de, flexion,; de telle, on, telle jointureidut-membrel
inférieur. Et Schrodervan der. Kolk avait dit;ewl 817 ?
que lorsquun,uerflmiye"donne,des branches motrices !
1 1 . 1; 1 I. 1 1, ? Il 1 " ? ^1 1 distribuent à, la-
à des, muscles, ses, rameaux sensitifs, se,distribuent àila-
1 1.) 'p- - J. 1 Il...,, 1
partie de"la,peau.qui,e5t,en"rapport,,avçc,cesmêmes
musçles; 11Î. ? Y,ulpianp,ésumc ainsi.l'état cle la question : '
« Il est.probable, àit7.il ,,que,,Ies fibres, sensitives, et les i
fibres, motrices, d'un nerf mixte ont leur,oriine·à,,pcu
près au,même,niveau.dans la moelle, et' que, les, fibresi
sont reliées les unes,,aux,autres, dansr,cet,oranetpar.
des éléments intermédiaires. En admettant ces,relations.
anatomiques qui. sont si vraisemblables, onts'exp)iqùe
aisément pourquoi les excitations faites surflesjextré-' i
mités d'un nerf sensitif tendent tout d'abord à'mettre'
en jeu les fibres, motrices de ce nerf..));[) ..i<>1» l- »
, liusi,doucl'excitation.cutanée'hourrait;jusqu'à.un'
certain. point, rendre complexe la. localisation' de i la''
. ll'l.lll >
1 Vulpian, loc.c'd. * | ,t ,i , ,i '<)t' t> c ' ? i ' 0(
ÉTUDE DE 1,'HYPNOTI.)[C CHEZ LES 'HYSTERIQUES. 317
contracture (dans les "expériences sur" lesquel 1 è"iidus'
avons* insisté. Il est bien encore 'cependant' nombre de
faits d'une localisation tellement 'précise que'* lés 'don-
nées physiologiques que nous avons rappelées sont vrai-'
ment irop'-vagues pour' eiiifou'V'irl'e,plié'citidii'.11llais il
est une expérience^qui1 juge la'qûestiôti'd'ùiië' façon
péremptoire"et qui ne'permet'pas de'faire entrer "le'
phénomènederiiyperexcitabiliténeurd-musculairédans1
le cadre des réflexes cutanés.- Cette expérienc'e"est']a'
suivante ? ni- lit «1^4 - >l» ? u i tt, --t «b'" -*
Une excitation mécanique qui'n'intéressé'que a peau
comme le pincement ? )a piqûre," en ayant bien soin
de n'exercer dans ces manoeuvres aucune pression même
légère surj]es''parties profondes K n'ont' qu'un' effet"
ahsôlumeut'liéatif : Uûèteléitatioli plus'légère, 'comme'
le frôlement; une'pressionmôdérée; hônivu'èluè l'on ait'
soin d'isoler) le point excité dés'^païtiés' soûs=éiitaliéést'
eu` faisant un; pliàflarpeau ? dëméure'éale`riéiit --ails
résultats [Tandis' qu'au'1 môme ? pbint ? une excitation"
mécanique' 'quelconque qui 'intéressé ; 'au'travers du
tér,-timent', cutané ? 1 uii('ogaii*e 1*1ôug-'jcicéi'it" "tèl qu'un
muscle,tuh tendon jà, -un nerf,I\létè'rminerihîiiîédiale~'
ment la production'de la 'contracture' localisée ''d'après'
les r f ? - » ? éi "t t , t.
les ]ois ! que'nous'àvons fait connaître ? ^"' ? ? ' " '
i'Le '.système sei'sitifr'cutané'e'st·donc 'iuexcitablé'
mécaniquëmentrdans la' période de létlîârië'liÿpilci ?
tique dont .il.s'agit ici'.»' in »b<ni ? n'n ? i un t' ? Imt
C'est donc dans'lesllartiés=sous'-jacentesqu`e nous''
devrons) trouver les'iierfs cèntripètes'qni 1 entrent enjeu
dans- let phénomène de Thyperexcitabililé neuro-iriûs ?
culaire.
Nous savons depuis les recherches de Sachs,Tschiriew
318 1 ! I'PllYqIOLOCIE PATHOLOGIQUE. «' 1 1 ' 1 1
et autres qu'il existe'dansles tèndons'et les- aponévroses
d'enveloppe'des" musc)es ! 'des nerfs ceiitri pètes qui
jouent un»rôle ! spécial dans le tonus musculaire et'dans
le fonctionnement de tout l'appareil inusculairef'Il,uous
semble rationnel d'admettre que, dans nos.expériences.;
ce sont'ces nersssensitifs spéciaux'qui'sont intéressés :
Le rapprochement que;nous avons'fait aupointdë vue
clinique''eütrèlles'rélleXéstendineuxét ],iphénomèné
de l'hypereXitabilité'neûrô-musculaire;' légitime cette
manière de'.vdir : '» - Àinsil donc3, b lorsque l'excitation
mécanique porte' sur un : tendon, ce' sontj ! es''nerfs'du
tendon qui' seraient' directement "intéressés ? si,ll'ëxci-
tatiowporte sur le'corpsïdû muscle,- ce sont alors»" les
nerfs' sensitifs r'de,x>l7aponévroseM d'enveloppe)-- out dru
corps musculairéïlui-même;^s'il''en1'existe. EtJèmtroir
sième Iieu'Iorsque'1'excitation porte'sur le'tronc'd''un
iierf mixte,F : lés nérsssensitifs Iquil viennéntidut'mûscle
olidultenddn, au Heu'd'être' intéressés partiellement à
leur'périphériè, le I sont'colléctivetilentosur =unupoittt t
de leur parcours dans leûr'chémintversllecenfreW er
veux ? `b r.c .'11)ltioi").).l b Ilm ? tol (>-) Il 1 I
' ` Lôrsqû'à°la'suite de 'la pression- du '"nerf «cubital ! au
coudé,' par'» éxempleio Ja contracture''se0 produit'a )a
main èt'à l'avant-bras^dans lé'domaine'du nerficubital
seulement}' le - phénomène 'doit 8'exp ! iquer,d'après la a
théorie; 'de1 la 'façon* suivante : Il -ne 's'agit 'pas d'une
excitation'mécanique directe ;des filets-moteurs du'nerf
cubital , maisbiende ses si lets sensitifs par l'intermédiaire
dèsquels=l'ecitatioîi est transmise au centré médullaire
d'ouelle est réfléchie» par la voie des filets rriôteurs sur
lesiliuscles'tribütaires -dül nérf ? `i ° tl' ` rt`tJlltl i 'w
' 't9f liltpt ! I un I )%;r ? jy Zf;'11 1 lli, ,'t.)/ % qiuo nn b
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME, CHEZ, LES (HYSTÉRIQUES. 319
,9,11 importe, en terminantce travail, de. faire remarquer
que nous n'avons eu en vue qu'un point particulier.dans
laJpngueJihistoi.çeudeî1l.'hypnotisme. Notre ! attention ! ne
s'est.portée que;sur la.phase(létharique,et,parmi,les
symptômes quilla,caractérisent.sur,lesmodifications du
système)'neuro;muscu)aire.j;L'importance[ ? tantj au
ppintdelyue,nosoraphique qu'au pqi-iit,de,yi4e physio-
logique ni» du phénomène,de.l'hyperescitabilité,neuro-
musculaire.nous1a;paru,mériteriuneHétiide.à part :
Les, deux, autres-phasesfo phase cataleptique, emphase
somnambulique ,-> qui, , jointes, à, la,phase. léthargique,
constituent rles- trois formes, fondamentales de.l'hypno-
tisme hystérique, ainsi que l'un.de nouS'Ta montré dans
une .récente communicatiom,à;l Aéadémie,dessciences;
présentent encore,à;l;étude bien,dçs ! phénomènes;d'un
grand intérêt. -Nous trouverons, là matière à de nouvelles
publications. (Pour le moment, sans entrer-dansile détail,
il nous faut dire quelques.mots des, modifications neuro-
musculaires ? que,(li'on i observeldaiis, l'état somnambu-
lique.,Eii dehors,delétat,lélharique-dont,nous,avons
parlé, est possible de provoquer, par des moyens
appropriés,)-des contracturesJ,plus ou moins localisées
dui,s ra pprochent;de,ce qu'on obser ? e,dans, le phéno-
mène décrit par.nous sous) leiiioiii d'hyperexcitabilité
liettilo ? aiusculaire. Sans faire de ces contractures ! ! objet
d'une étude .spéciale, ;nous .voulons au, moins .indiquer
icitjesfcaractères pari Iesquelse ! ies. se^distinguent-de
celles, que, iiousi velions, d'étudier. , )1,11 ",( ? n, ,.izi h ?
si Lorsque la jinalade est iptongée, dans l'état somnam-
bulique,t,lespropriétés d'excitabilité neuro-musculaire
sous l'influence des eicitations mécaniques cessent.tout
d'un coup. Vous avez beau presser ou malaxer le
320 . PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
1 LI (,. ' O,IStl1- lt i t t 1 tfi 5 rv(r-tr1 ! ·1 rn v t "' '
membre qui, tout à l'heure -7 pendant l'état léthargique
0 ? 1rt`m `(t in'Rt'nt sf/poi-p» pq-1 li 1
se contracturait avec force sous l'action de ces mêmes
soi 1 t nt : ioi'3onr,.s : -j i, Il "1('h 8«j,Mû ? f>" TMtaitn-tl»
manoeuvres, la flaccidité .musculaire nest aucunement : t(j"IJirR ? <n<ia n'lli*,)fill 11) '^'l'r'1(' if`1 i l' ' ! m r9ll'fl(
modifiée, le membre reste inerte.et dans la résolution.
- ? f;' t t ,te ^'(rfN)I;`t1(ill'1 (at rtt rT('t`t[ltlfl'1`T i t rrtl !
Mais il est autres moyens de mettre en jeu 1 exci-
Il a ? ? 9'Y'f[f ? 2'il '" t1-1
tabihtédu muscle. Il suffit alors de l'excitation cutanée
tin ÇIO) trn)f'KTfn ? tRi ? )'n ? Il Ir ? r;'y)
la'plus légère : comme le frôlement, ou des manoeuvres
,,7. anyrsatr'1,= : rrl : iit7r, ^1 : 12 ? ? ItTr trrft finit ? f,'Rtn
que les magnétiseurs ont désignées sous le nom de
son nrrn||ina«nr : nrno3 ? ^ ? <i,«' ! f) ,vl r`,7n;'rtrtlti
« passes », pour produire immédiatement ou le plus
·.nfirt[j`1 9ttllrtRr. 19 ah '1`lf1'lIJ )rit ? 't;n. ! ? : ri1 trf'm (t ? ,
souvent progressivement, une contracture intense de
,-^71,'r.fM n ! t. 'rfa7fr r .n , f< : ;tt : ? pio;r} ! arrrrr a t(
tout le membre intéresse. L action du doigt ,pro-
arf(,,r( i aP1 rn ? t· 'rr pnti .fuRtrrM ? ? r' ! `)I5 n'ujt
mené a la surface du membre, même à distiiice pro-,
, . - . , ....s41r;siHoni 1'T'm;>.'ît»i»
duit le même résultat, Nous avions reconnu ces laits
7^",V> - tnp rrnitr,mir ? t -11,)Ul) rl, Jrr e«rnvl; ;>fini
des le début de nos recherches,-mais nous ne. nous y
irrrhrrfl 'tfJtlY·`rrrtt`t ! r;to 1 ? `r'Trrtr9tfr(t' rl «y fin 00 wi',
sommes que peu arrêtes préférant nous attacher pour
, 'ariPtfti ',t : 5 I l 'llrt'1 `rtftfi`t f : t f'nt'fmj.Ufp ? t(,trr (
1 instant a 1 étude de cet autre phénomène , ,irfl;liypej ? 1
.. ? 0-nlfflom nrr tf,nt -bli't
excitabititë neuro-musculaire - plus grossier, et plus
,.tf.7" /n"irihn'.t ? ? i1"1lto,J '"n* , ? r.T>j : >iRnYjl V" ? h ? i'w : H
facilement appréciable, caractéristique de l'état de le-
rt riltl(,rj t.rty r : ;f'r i ``31 'tI ? )ftffa ? t i·y a·il t.I`1
thara-ie, et qui a fait 1 objet du présent mémoire. Ces
171' P-,j ntrnilir(ifil ftffl(-" i-'>l t ? (tf;It `1'Srt')(i'ltirrt )
faits de contracture pendant 1 état somnambuhque ont
lçrnftrtf5rv '1tt 'it.rr;fT %`vttli ! '4 tnrn ? .<no3 7vr.`llllt5 (r3,
été cependant signales en passant dans un, ouvrage de
,, de nous sur ZD la grande 't ! 'hr : 'f ! 00 m <4 noil 2u;mn|
1 un de nous sur la grande hystérie . et Js , ..
ij nn`r.,a` -il r)nt ? )dt')) .frt'r ) T ; : tc'ttftn : r r1 njtn ?
Depuis le commencement de 1 impression de ce
'tn ? Rl4fn,uoft ? i i t rrrl, ? ? 0'<n t.r ? tr.n ,r17
mémoire, M. Dumonlpallier a tout particulièrement'
tizoq r ? 11-t iltcilit - a.^`rtj ? r;r«r; ? ImJf7 3) ? r' ')-H)' !
attire 1 attention sur des phénomènes, de contracture '
rtrt P . n«5lrP"(yi atmp ttr)'t ! t rttrlr : f[frrf : rrfrrna 'J7rJi' r;7J J
hypnotique qui nous paraissent devoir rentrer dans la ? n..).t. 1 1, qi(n ippr e «llltr;td r ! r-111r1'lI" l3
catégorie des contractures de 1 éta somnambuli ue; il
, i»J>T ? ir1 : |(ij> ; r .nQt'nn' 'ifiiPp- np3 °9fza ^,Iri' , rt1
les obtient pari excitation cutanée la plus légère, 1 action»
du doigt a distance, du regard (sic); d un, rayon lumi-
f,.p 'a,I '-) ? th ? r;)jt ! ? i rlt : 11()7ri P9r;W I"r BJris%
neux,'duvent d un soufflet capillaire, etc.,1 etc. ? .fity
'rnpf')jJl1 n -`t'IYIJ`Tl(161(1 > ! > roiqiif) t H.q ooldirr.) b ->npov
* Jillide&V( ? £ /yîtirQ7spiJpPfiÇ,'Vf\rf)k D''tPuuhKio))cr, ? p.t(2p : /i08/i-
note.
ali b IIVla7(l1V y»l H'IOII'1 fund uo r`iflr`)1`t il13ft1llnu
11" ' J , t nn 5r5t
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTERIQUES. 32 ! 1
Cliniquement ces sortes de contractures doivent se
j i. ? 11 ? i u. z
distinguer de celles dont il a été question ici, et les
principaux caractères distinctifs sont les suivants :
1 l, - - , t, -» |, . I .. , , ' ? . i ' '. '
Pour la production de la contracture de l'état léthar-
, i , ' . < ' ' t ' / - 11 ' ' % 1 ' 1 . ' ' I '
gique, les excitations cutanées seules demeurent inef-
° . -in I ,vw ? il t ). t ni' u W ,m ? ' «' *
ficaces, il faut une excitation mécanique, pression ou
- 1 y t .. 11 t ' t t .' i- i < -i ? 1 ? . xi ? ,
malaxation, qui intéresse les parties sous-cutanées. Au
'·7 )( tt '. ïï J ' 11 «i.l, . - , , ,am·t ? t'i |
contraire, la contracture de l'état somnambulique ne
-MI' ! Il t m > ? if "'1 "t t . , , 1 1
survient que sous l'influence des excitations cutanées
t. ·,1 t ( iii ' ? i, ...
les plus légères; dans ce cas, la pression ou la malaxa- .t
tion des masses musculaires, des nerfs ou des tendons ?
, j ; O l ? ( Il t)' '.H «'Il ' , w -. , ! , , '('
demeurent inefficaces. , .
Nous avons vu de quelle localisation précise était
la 't' ? t . lit .il - ? l.. ,IL] * ) 0 '« ' Il rit 9 0
susceptible la contracture de l'état léthargique. Pendant
agit-4 ,tt ...l, , 1 £ , . . ? , 1 .ni ? - ,
l'état somnambulique, la contracture est plus diffuse, ,
elle envahit habituellement tout un membre..
,.ltl 1 , ? »* ...' · I ' ni . - 't I...' ? ll.JI w
Dans l'état léthargique, les réflexes tendineux sont
.' y <) ; ' .t , t v 1 . - Il I Il,- ) -l' il ,, , · · ! 1 ,·v z
exaltés, et le choc sur les tendons produit bientôt la
- . t ! Il' i : » - . . , .. , i ? . ' - "I
contracture., Dans l'état somnambulique, les réflexes.
I 1 i 1 " i i ? ... - f f <tt' 4. ) t t 11 ·1 i-'1· , t t I">1
tendineux sont également exaltés, mais ils ne donnent
1 ! ' /. - . w .7 . j, . ? y i ? n ? i .lit.» ...j .
jamais lieu à la contracture. ( ., 1 1 1 . . , l . .
Enfin la contracture de l'état léthargique ne se résout
,. ! > Hl La )-Il#, - , ,. , .1 ' ......i à
que par un seul procédé, qui est l'excitation mécanique
fi' 1 |i ri'ii|. , il 41 ? ' > ' e iil.,Ol,ft il 1 q-1 t Ir " xi '"
portée sur les muscles antagonistes; tandis quclacon-
, mn H l'il'l ? T ? <-> . ' . - t * . I ?
tracture somnambulique cède sous l'influence d'une ,
t,l r,cn.f. , '1 1 ^ -1 1 ! ", ? '. U'' '- -'Il ? ll· Oi; 1- zt,i t
nouvelle excitation cutanée aussi légère que la première,
1 , i j ) t ! ,· m n ii -i. «-" i .. * ' ?
quel que soit son point d'application à la surface du
membre contracture. , , . t t .. , . !
1,11' | ,1 ., 1 ., ' , t " I ' - I . ' ' . M - 1 I !
Nous rappellerons que l'état léthargique est . pro ?
voqué d'emblée par l'emploi de manoeuvres en quelque
sorte violentes, comme' la fixation d'une lumière vive
subitement éteinte, on bien encore les vibrations d'un
Archives, t. V. 21
'322 ^PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
,.mui, ,. r.h .7'ii.pl,nn,ihi>.' \ . rr,»..., r ? ,'(ii'-^ '.
grand diapason brusquement suspendues. Quellé suc-
f 1 ,··1 f n n¢ r ·' ! wenin , rr i- vrfi rr 1. r.l,··
cède a 1 état cataleptique pari occlusion des'paupieres,
où qù«elle'surVierïhê4'pâr suite dë''lanxati6n"du'rëgard
sur un 'objet q ' ue 16Ô711 qu su a a m 'étwd(l e '(dëB r 'àid,
le début en est subit, en quelque sorte apoplectiforme.
Il est marqué le plus- souvent- par un bruit laryngé
spécial et par la montée d'un peu d'écume aux lèvres.
L'état somnambulique, au contraire, est provoqué
d'emblée par des moyens plus doux, tels que les passes
dites magnétiques/la pression sur lslt" pes, la pres-
sion ou friction doucesur les globes oculaires. Son in-
vasion est d'ordinaire lente, et le début n'en est marqué
par aucun phénomène convulsif. Tel paraît être le but
, , "i) ? < ? j..Ui)H ! '0'( , ? z
cherche.par des magnétiseurs, dont la règle est d'éviter
toute secousse, toute action brusque.
De plüs ? l'étâtléthàriqûéclîèré'séntè que des phéno-
- jt' ! f ? T ? t ? < ? )f) : .t<)' 1 .
menés psychiques nuls ou très incomplets, tandis que
l'état somnambulique, en outre des faits de contracture
-n^i IfU191 ',If °ilWljf 1 > i rfilf ''11"If; ^1CV 1 ? lr7tttF 1(1( 1 ? ? ! 1
, musculaire,, offre la,plupart, des,phénomènes, attribues
i ? î - 1 in. ' , jjli c n«| lie iii 1.ts .Il
r'=nusomineilrdit magnétique.$.,)Il fil (fi r ? 7<i) .a -.h nl>
Alïlp,o'i"n'tlde'vii6 4. fj dii'iiiéë-ânisiliel"Ph'ysi,clo ? iqùel f ? les
) ,[ ! 9tt ! j ? t ? ? 1J ! 'I f. n;< ri ny'i 1-=., r ? t)).i ? ft.mf- .
. deux sortes, de, contracture dont lt, est question rentrent
t ? si ? juoUrUh& ?
ii.dans la catégorietdes phénomènes réflexes; mais, .malgré
` 4les `difficiiltést qui`e : istëntr'elcore''au'sujetdû·Jnocie''de
71 t, ',n : rrnfri 'y' ° nnn rrr ·,. v·,ywn" vf , Ifi rfrr pllm·f
tt.IOÇIüt101f,,Ç ? t lattfço,ilraturéiso,mnanilüi,liquè,t(tnous
,.ai . cli.iii.f nlo.j i.fi'f e, --jiifi.K-.il .raïuhii- i|i 'i(71rii-i'i
p'r serions assez'tentésd'admettre,idu"moins7provisoire-
'"ïnerit'le'sdifiérencé suivàntes : fL" cozzt·acture"létlaccc'-
Uh illrl't 1 ! r tr;a ? m : r r : t .1- rrl K »r,(r,, f, r,, r ? .(r ? |
- nique, celle qui mérite de conserver le nom de pheno-
-1 '' - - M" * ".U. ;.< ? ? )'t)ttft)'t.i'j,... ? )-n<rntt1
-, .mène </& ? e.cc7e neuroynusculaire, aurait pour
chemin l'arc diastaltique musculaire, ainsi que nous
- 1-lili , ",). ,, , Il' ,i ,1,. ' 1 .. I ... ? il, ? 1 ? n. ,.> iifl ,'
,avonsf essaye-, de J.ejipro,uverJl.plus1haut, tandis que, la ? avonsfessaye..de 1 y .- "' taudis 'e que, la
contracture somnambulique suivrait- la voie dell'arc
OTORRHEE,, PSEUDOMÉNINGITE. 323'
diastilltique cutané. L'indépendance, de ..ces. deux
' ^ . ' '" l-M ? »,L- u. f . a s m`mlritt· rl3tr.,
arcs.diastaltiques,tdémo,ntréespart l'étude des affections
, - ,i T-- i'Ii , , , , ? 1 . i-li> 9 1 4, , j,j 1 e tt 1 >
1 nerveuses organiques, n'est pas sans .donner .quelque
t ? t.t .Ot.T..." Il. 1 .1 1 0 ,a ttt) y
.vraisemblance, à. l'interprétation, que, nous. proposons. ? ? ? ? l . " 1, . , ÀJ
'71n'r<r1rt'Jillt, 9t'zn 9rrltlnn rn . lidna- )=c> nu Jndsb, 'J ? a'7fi îund fin -»i-1 ...... ? ^-.If onpicm .îg«3 11
^)i/-s ! /m; 4rn· ? t`t non nnb-osjnom J ffjq ff ? j'jq ?
9'IfP'l,lffOa IfR .sirpdii(frnf,nino< 1r1s ,1
'"wu'i 3 -vp '-ta.T >"ijnb sxdq arlrr·ri)ff1 `ry'iJ.(1 Irm h
r'r'r0 ht ? qHiE G U i 1LDE fFA 1-T fil
(tt (it . ? M-)(f;iif>n 9<jijf,fr. poi nrrn g· ! 1l` Î1 noil'uol 1'i n'»-;
np'L'.fft n 3 .In`ff lt.nl%z1 39 ,oJu^ ! o'ur.fiibio'b lzo .R.jgr
,IIJû 9f ? fi%t lÎrlt;n f·; r· jll/rrr,`r rr 'lrY1 tffnrt(1 -(IfJ'J·1h 1«< !
, . , OîORItHCE, PSEUD0.11G\I\Gt1'E l '
et - 1 -·rlr`W rl.rf7T11 ft1 ? f,l rr·rt t yr`i11`)
(GUERISON SUBITE PENDANT UN VOYAGE 'A LOURDES);
4rrh>Jr'tl iioll, - ),; t ? 3lJOj .92dIJDJ `SItt1
-iHTjifiï Pof.Par.LABADIE-LAGRAyE,rimédecin,des hôpitaux,™ , n
, et DERIGNAC, interne clos hôpitaux.. '
juj> mlurr.l ? 1=,yrn ? rlr yx1 rm *sii,jfi a<mpirbf ? .q --ofroni
'.u, ! .1,-iino-j <>[> >iir1 aot, <,i|rt-> (t...«irrdnd ? ifc'.ij'' ? ? *f.J', I
S'il est une affection variable dans son mode de début, dans
r) 1W·nt;· rl, · jrnn` Ir· 'rr · r.r1 ,r v it 1n 'r n
la manière de se- présenter, dans 1 enchaînement, dans la mar-
che de ses diverses manifestations)' s'il. est une'affections qui ? impose, Irs, plus grandes; réserve
. z est plus, actuellement, à
1 Irt r crsttt·an·T ·t r o`J·rr ·rr r
compter les cas dans lesquels on a vu disparaître, subitement,
`r'tsôüs`'la=sêitlè influenèe5d'unerémotion''morale'de joie' ou de
,il frayeur, z autre, manifestation' hysté-
nque,qui avaient été considérées un peu légèrement, peut-être, : ,te z , - -t ! , P,w z · r
'comme incurable5,·destinées a tenir pour jamais''ceux'qui'en ? étaient'portours ? infir'mes'ou'pour tout' le reste'de leurs'jours
- v>confinés.aUï lit.t,Les,, cas sont nombreux ? d'autre-, part, ,dans
lesquelsrdres,,symptômes, dth3stérie apparaissent rau cours du
rhumatisme, de la ditliienienterie, de la tuberculose, etc., etc.'1.
w Simulant, en'parëil ? cas; les' c'omplicationscérébr'o-spinales
.W ren 4ylr r.,tf.lr .>> ! ,\v i ? r " rrtJ'"lÎtrtrr.ltr nrt 1 uini"-11 1
, 'On consultera avec, fruit, cet égiild, le Traité des névroses, cl'Axeli-
' feïd,1 'augmenté pâivHenri''lluchànl ? ='`l'acis,j18S3,T=p ? 1047tetr`sui· ? .vantes. -((t/ ,,( J|r ? iv,,T ? nrpiludinnuainc 9JjJ ? if'("
324 RECUEIL DE FAITS ? ? ) 1'I' .fJr ·Jtr", 1,- ., ·11N JTr
toujours inquiétantes, qui sont de l'essence même de .ces ma-
, 1. n ! v · - r'· 'i. · ,.r.nl , 111. J.3 -^, : <i ! j' "1",vi ? r1;i' ;
ladies; ce n est quelquefois, que par une étude, détaillée, des
syip,ôm,es ? d es,,antécédoiits, que,le médecin jera5qonduitAa
les reconnaître, et prévenu, exercé, il pourra porter .unupro-
nostic bénin ou relativemeiit,3tel ? Ià,où lesiapparenccsicom-
mandaient de laisserai très sombre l'avenir ? y i *»<>» 11·JUIfJ : I û ? A ces titres. déjà', le. cas que'nous avons observé' est des plus-
instructif ? mais) nous tenons, àle reprodüireltëut''d'abôrd';l le*
lecteur suivra' mieux; ensuite,' lës'-rélléxions1 qu'il nous a su ?
gérées ? '= ? "rf''1 n4 fnl;ltrbuul s1 noijl.041qr iuii rlcn<J·J
.D ! ) -l-ij t-' .9'))v't'3 al cinib -ih-iKi" no ? ob 9bLIBlit ni 1JJJn·f·f·Jy
loJ-iooqri J 9( sb snonav raun
Observation ? , j1 s'a«it d'uup fP 11t ylAe ,,âgée, de,, quarante-cinq
ait,- m1191( iab rlab 91,J ; 'f'Jttl).c.ii am.U... J·lu.. ". 1 ? 1 1
ans, domestique, que nous pûmes, observer, dans le service, de notre ! ,
e7cellentlyiâitée,Jlf.lledfôctéûr, ll,onlaFa,yllartin,ial ? spnL : .par.,Çyn$.,
^Les antécédents héréditaires, ! ou, personiiels.de|1cettesrnaladej,ncJ
laissent percevoir absolument auculoe,t¢âc,dellne5,ossJn"e ? e a"
toute sa vie, montré une" immeur'égajenu jamaig,, eu, .etLt,rgntlés
de l senilJilitf, ni dear,alysie,s, lt'a. ja3alsudrisecopvçJlyes
etc., etc. On ne retrouve chez, elle aucune, trace de syphilis,, llgn'¢1
. ni'-ht.u J `l1 J t ? jt. m. J . i W ..r 'i' ,..... -.n 'H J.i ? ? Et
jamais .11. ( eu ( de^ m q.lad if/ . in se c tie i^çe , , , p p^tj , r o^p t4 , ft l^çp^l.Kj uq t , rtr De c
constitution moyenne, elle, est, lis
déiiiné de rhumatisme, (de scrpfujq,. de1lubercuJ1os,e,.eJic.,je,t,q) nous
u' .,...,k , i 111, 1, prw,rt'il;JtfU ? rerldu ? r,$ : .R;1 RI ? l4rle.J°ul
rénalé. C'est là, du rpte, un 2oiti ? F..1, ? i<Iu>el nous..aurons ir
dans lé cours detng|rç|iobseryaljon.;) ? o't.Innm ol lf,v«lij ? .o-iuebin
dans le cours de d'ka Ji 1 lm , tv JJJ`ltli 91 19V(1Ju ? o,i"291n
En mars 1880, sans, pause ! appré,çiablp,J,san ? xnalJ le, gqr,ç,lsans
ta]' âàië" -t", eure..CVIÇ[ell.tç> larJJ7là,de ët un, .écoulement,, de,
. ". · y, W 1 : 1 v .m W.i .nJi ,' 1 n T r .1J.1 ... V ' '
l'oreille di-OiLé et ieiitôt, un écot
'étté ütô;;IJYé ? îloyhll'e71tytya pe;9dePui,qûglqtFJl=.e.Pi tI4Je.J
la malade fliliiPWSid,% miaJLx j40 ? iiifc-Xip.lÇiri.i ? -.«lf.\ HMH'.iH's i
tii·èvé elyajleÿJîlyLi,Perted,eoyayia;J.çGJlI111 duu4.P1us3gt ? a ? f9J
vnt-luare lieureslet, : fyt,rapp'qrtl;elarj,un médéin;Jep,J,ülel,à,
ulie fièyr çéyeUy;ilé;Jç ést latdih ? mu;)<Fc ? â propreJ,éx(lçsslon.,
Sortie de son état., d'inconscience, elle, conserva, u.nc.,pa''ab'siC)
la Ill. 1111 IL " " ""> ? ? -.« ? 'Tv. "JI -j
flasque de tout le cote droit au corps; ne pouvait mouvoir^. lçs,|
membres de ce côté; si on les soulevait, Hs.retombaientjnei'tes, elle
ne ! .1 ' r J11W r 13 In J h : , W J.1L J n ol f 1 ` u IG J · Su,,
ne pouvait serrer, de la nia)n drote, trainattsur ie, soson p)ed,.en,.
i/.r.,iii v r'i.iii ,'jjh. il'.i.i ? ui ->'i« ? J i^ ? i,' ,j.. j.n ? JiiJ -i. r r.ijE3
marchant et sa face, était, en masse attirée,, du côte gauche avec,, ? <Kt ? i ? <J ? 6U|i -.fl.llil . il iwi II i.i iiî» p, .j^j ,-<i '1
tendance d9-,1jlr-F0mn ? il ? S,U\'F.-fi ^TBi^.V-Jfi. 1,0l;A1, ? I^Ç J.VrÇil^Mflii b
t,"i ? ? '' ? ? à ? B ? j ? n < ,s, restait eti,c t ét u b
La malade, en dépit de toutes les médications, 1 restait en,çpt,étt" i
lorsque, trois mois environ après, le début 'des .accidents,, .elle qiit
une attaque aiiticiguelà la,à ? rqi'n 1 , avq p,Qite de.eoniyssây,cl,gt,,r
cette fois, le cote, gauche du corps, moins la.face, fut pris a 5011 1
tr1·n·w· rlyvl r 11..111 , 1, n Iff lï 1 1tn ,.mï ; u .
de paralysie; la face restait, tirée à gauche, la malade, était, dans la ,
Il ) .4 -11 Il 1 -1 1 ai, 1 , iù 1 , ,
résulûtion complète des quatre membres. 6<u)..q tel, j ? ^
, . , , >1 't ( gg 1 , . 1 st i ,
OTORRHEE, PSEUDOMENINGITE. 323
f 'I ^^ ^f, ^,rrn.( '1 2 ^ ! ^f. °nrW ·nn f ! · ·rrpwo n91t ! ry
A quelque temps de la, huit, quinze jours,. trois semaines, de la
raideur se manifesta dans lé's deux`cbtés'dû'corpâ, plü's accusée peut-
être à droitef- et c'est en'cet ét'at' qu'eU'ë'se 'décida à entrer à I'Iiôpital,
enfjuillet 4880.,fl r7'ttsocl fi,9aT9Y' ,nn') ? nq ? if f rl 41( -)a ? -
- Depuis cette dernière date ^jusqu'au 'mois dé janvier 1881,' époque t-
à laquelle nous l'examinâmes poitr,lla prémièrel fois, la'-malade
aurait eu à.plusieurs reprises des- attaques apoplectiques avec crises
épilelpisoi Fn Inisseiii6nts, j etc ?
etc ? tous .accidents qui persistaient quelques lourspour.disparaltre'
ensuite, leur apparition ne modifiant en rien les symptôme^ que.
présentait la malade lors de son entrée dans le service, et tels que'
nous venons de les rapporter. il" r r - .i n Tr
l' Lorsque nous éxamin'onsla malade,1 elle â ûli air peiné, souffreteux, ? j ? t"Q)'f"f ? t ? tt'of'r,rt ? ttl'jt ? "f
paraît inquiète de son état ? contrairement aux hystériques que
nélp'éucerïtllél nô û ir lès'lsv niptbliies 1 déepaiâlysie flâsqué eôüqde' 1
nepeuventfemouvon" tes'symptômes de paralysie ilasque ou de
cb'ntracturéstes plus accusées'l'otorrtiée'do ubie'persisto et lé liquide,
qui Yéco"ùlè'dëfl'ôrèillé1rië rnoritré',Mâ'u microscope, autre 'chose que, 1
des'g)obu)è d< ? sa'n'ët de p3s. s' '1JJf ^ 9^l,n0t.%^Z,T, ' f ?
'"Hex'ist'eunec'ohtrà6tùre très accusée'dumembre'inférie'u'r gauche';
la jambe est' fortement fléçlüëvsiüvlx"cûissë ét'céllé=ci'sur'le bassin ?
A droit'é"'au membre inférieur en'eoré ? illexiste''de la'contractuïè ? f·
mais -1*cil I)é,âüeou moins^ accusée,' beaucoup moins torte^que du
côté 'gauche p',n.i-( n(1 .ti tl. u, yl rr., , ,.F ...... il
cûtë'gauche ? on'peutavec'u ? peudeforce,mat'gré'a raideur,
fair0ée.1fté quelques' mouvements a la ïambe, qui reste dans
1 extension sur la cuisse ,enrin, la malade peut, dans une certaine,
mesure, soulever le membre au-dessus du plan du lit" , ?
"L'e'mémbre' superieurrgaiiché'est"ùn peu1" mais conserve
encore une' certaine' force; il peût ? nialèré'lâ ? raidéù'r ? s6uteriir un !
o bi e p- i-ésente
dans 1 execulion'des mouvements un léger tremblement; analogue,
au tremblement pbst-)J6miptégiqueët qui's'étoigne"par beaucoup
au tiSéhiblemënE p'st-lrérrilplegüiue; 1 u brëâüçoup,l
d6'caràctèl.'és"destremb]f'ments deiaparai\'sie'a"itante,dë)a'sctérosc
en plaques/ de 1 ataxie 6âde'l'a choree. Le membre supérieur droit
est 'ilasqe s8uiev'é', il retombe absolument inerte lorsqu on cesse
de' 'le' soutenir'; là'de ? pe,âe1t] imprimer ]e moindre mouve-
mentez" Jtr,,iiir,q on v2y'lu a1L il il) -il Jncj ub fup-'j.X
iVa j. < ? ' 4 ri 'j : ,Lr ? -I ? tf ? f ? 7 ? 0f ? ) ? ï ? t ' !
'La face ? lors de la première attaque, était, avons-nous dit, tirée a
gauche ? actuellement; elle, est déviée vers la droite, mais la joue de
ceVûlé'sèmblé1Juh'peu>ràide;atandis''qu'àu"gauche, il n'existe rien .
pe Ira d is
d'anormal' La malade contracte très bien les muscles ce ce côté lors-
(lu elle ve 1 soufilei; f ? t,"Ili eC* esl ey1a01 oL iiq-) na ''T"1 B ^ ,
qu'e'ne'ut'soufHe'r.ctcctc ? ' n· .. "" ? ' ' ,
II," l'JI >">', "l-\ ? =,». ? rt ', «I ? "»1U-r|j -"i,l«. -I .-» ? '.l'-IOl
'La langue reste pelotonnée derrière 1 arcadedenlaire intérieure, c,
se'mâ'ssë' vérs'ré'i'coté'' gauche ? Il9 est1 impossible1'^' là 'malade' de^ la
fâï ës;ilüiyâu delioîs, de lui';ünprini tyelypôtil,di·ërmôu;ëniént ?
elle ne à ? pl, , forte râisn, relëss ltpt- " eii haut, la i ) ,
elle ne peut, a plus forte pbiiile en haut, la diriger
du côté du palais. ? -9 ? ? P "M ? 1"1 ? ""»"*/ r
! f 1TI m ItI a.. I 1 - .t.jr'1,
326 . RECUEIL DE FAITS. ·
L i Lyf t | ..Il - , si : r 1 ? tjf 1 ? .a '); ·° ,t a m r i
, La luette est peut-être déviée .vers la droite et c'est là le seul
s,ymptûirie,dueprésenl,,e, lé vuilé du palâis : -I1'n'ëxisLelpâslilereflu
des aliments par leslosses nasales pas de "difficulté à prononcer les
consonnes 6 et ? les labiales, , les .dentales, seules' sont mal pro-'
uonçées;, il,, n'existe point d'autres, troubles de,la phonation;'pas
de ,trou111es,dë la déglutition; rien du côté' du diüpbaaajmëi' 1 I ? lt
,j .Nous constatons ,un retard notable,. de, la sensibilité à la douleui'j
dans tout le iôté gauche du corps, y compris la face, et une aboli-
tion-absolue;de ce,mode,de,sensibilité.dalos,tout,le côté^ droit. La
sensibilité au tact, à. la pression, à la température, est. abolie des
deux côtés. , ,a. 11
La langue pelotonnée, derrière; les arcades deiitaires et tordue
selon. sa grandeur de façon que son, dos soit tourné à gauche,, il est
difficile de porter sur.elle, alternativement a droite et a gauche,' un
corps sapide; cependant, ta sensibilité gustativea droite parait nulle
ou affaiblie.,( ? ,· .,1·,J o 1 ? r· i 1· I ? ) ? ? Par la narine gauche, la malade distingue, très bien de l'assa foe-
tida, du camphre; tandis que ces corps, d droite, aussi bien que de e
l'acide acétique et de l'ammoniaque, restent sans déterminer aucune
· " , ' UJJ^ir'jll ilU ? ljVlll ? «tlLlill.lJj, ,IJI ? I
sensation. f; ,jnJJifl l"fll '1 . L l 1 in ·J J'iJE f . '1 tl'1 m 1't.Sll` nlJl Il
L'oeil' gauche perçoit très bien les couleurs; du côte droit, le vert
9 ? , .i ? ..au flU.u I.I.ï Iln i Ilill· ' 1,1
et le violet sont vus indistinctement en, gris;, au contraire, 1 orange,
le,jaune ? I%bl 1 U' S. i Il t , peiçus. "' 1 Il 1 . illli li' fil r `1>n ,-fin
il Lexamen.de 1 oeil continue avec le concours bienveillant de nos
excelleti'Ls collègues et 'T"ii ? r ! 'Do ? i"i l'jl" I'dte" (Ml I
excellents collègues et amis Labbé Donatien et de Lapersonne
donne les résultats suivants, : pupille normale, les vaisseaux'du fond
- , · ... ... ...JW1.. Jv ! i CJO. lnJl. I 1 llln Il ,
,de loeil sont, un peu sinueux, mais ,ne, paraissent point, augmentés
de,diamre; ils sont peut-être,, un peu plus tortueux a'gauche.
Opacité du cristallin a droite. Paralysie des deux moteurs oculaires
externes ? strabisme,et diplopie homonymes.. ,, , : 1 1 y;l f ,,
Une montre, placée près de 1 oreille et éloignée ensuite graduelle-
ment, est, entendue ! également, des, deux cotes, , peut-être un peu
mieux . .tt0. ? t'f,.i.uj,t.') ? cn'ja 1*
mieuxja gauche * ,·m. nt JIJfn 1·t11f111L1,· ? r` jati,'l111'nl
Le voile du palais reste insensible au chatouillement avec les
^barbes (d'une, plume. ? Les réflexes tendineux sont.exagerés ?
Point d'épilepsie spinale.- Point de troubles trophiques ? " Rien
,,du côté, de la. vessie; rien du côté du l'ectum ? " ',iHiijl4liii,i'J
L'intelli ence est intacte, la,malade répond nettement, aux ques-
," i , ? ? ) ? J ? tu'junij[.)'juiu9tnuj
1t1011S qtf'on lül poSe;,l J· ? yl(q ,tll1(,nH1 ? . , ? // ? 1, Les poumons, le. coeur, le, foie les reins sont, nous 1 avons dit delà,
absolument sains; la malade ne porte sur aucun point^du .corps
.trace de -tu 1,, . -. ? , À' , ""I * " les sses /J" "' iiasales, - . le
.trace de tumeur ? la voûte crânienne, l'orbite, les fosses nasales, le
, pharynx ont ete, soigneusement.examines a ce, point de vue. Rien
,.du côte, du sein, .pas, de tumeur du rectum; nulle part, en un mot; de
^tumeur, susceptible ^de se généraliser; j la, colonne vertébrale n'est
point douloureuse, nulle part ellcne porté traces'd'inMëxi6n ? " '
OT0RRIIÉE, Z 337 ! . (.
,, En présence des pareils symptômes, le diagnostic fut quelque peu
hésitant et., après mûr examen, nous restâmes indécis rapportant
tourna tour les pliério(ûèlies'difemôus observions à'"1 des 'manifesta-
Li-' ililtil
tions meninfees à loeatisations niultiple's;'ouvl'liystérie.\éanmoins;
- n
q ? il'tioiqu'elle 1 loi lie comme' ces accidents
a ... <iA |i ? lr. l-l. à",i ,1 ' >' 1,, comnie rien dans
avaient été consécutifs a un on comme rien dans
l'habitude de ? cette'matade'6u dans'ses'antécédents'ne trahissait
l'IiSstéiie;;iious(ivésolfime`s·dé dü·içér le traitement contre l'affection
id'plus gravé, comme 'si1 nous avions affaire il desitcomplicatioiis
méningées; nous ordonnâmes trois grammes d'iodure de potassium
par j6ur,aet un vésicatoirb de chaque'côtéj en arrière' do l'apophyse
mastoïde. irr , rr·J6
/g.Le'ïi janvier/ 1' écoulement d'ôreillé§"s'ârr`êtb ! oJul'9 ™S«i-l .1
Le )7, la,maladevéut ? a" l'aidé"de' béquilles,' faire'1 quelques pas
dans 'la 'salle ; aprJs,v ir,°L.ill,ttjlltesa9 tt7rrtus"deief rie;iLcI'ly
intënses. ? B' ' d 1 ·
Le 18, crise épileptiforme, le matin, et qui dure environ' mie ou ? J1 1. 1 ? Il t - i Il - " - ''i i , ! l7 , ' 7- - - ' 1
deux minutes; la contracture semble, le soir, avoir diminue quelque
peu'c'épèndant'.1" : lluii' " <"' Poa ;'9a ? P 2111111.J : : «j1'|ihb3 ui> .jjjmj
peu'c'ependant ? ;' ? " ? P ub ,f
JXJ'iii'l*-t'(M ? 1 ? ? t j i »» .r-, t r
e ? 4 's éjJileptiformes localisées. s'urtoué dans
Le 19, "attaques épiteptiformosfi'équente's;']oca]isécs.surt,outdaus
le membre, supérieur gauche et qui continuent à se reproduire
'fréquemment le lendemain ! "1'' f ' "M^' lit,. I
,J'Lé'2l, attaque épileptiforme très viblenteù la' visite',1 et' qui reparaît
plusieurs fois dans le jour. 1·riûs lesririëmbrestc`ontrâturé'le'-sout ? .
'à un degré bien' supérieur a oelui des'jours'précédents ? sut'tout* le
a iiii cle-i I)i*eii , - ? i l', 1(j t poliii ilp-s joiirs JJ r9u llu : 1 le
liiiçnii ÿ iupeii,ea,âlilc11.1 °;l,dl'J '->ulSi Ja *ùu* ,(ltJ ' 'J '-U ? »
Les troubles sensitifs.restent la photo-
phobie ; elle ne peut absolument point supporter; le1 jour, tient les
pâûprrés-çloi3sÉ$riW ënt cÎôsës; iii.earjùé"en"ét<it'de btépharospasme,
'et,'idôs ? qû'on'Jclierclie'à
dirifiro la pupille en haut1 pour ' la ., 1 ? 1, 1 . . *ù "
dirige la pupitie en haut,' pHuF'ta masquer sous'')a ? paupiere''su-
rjérf.eiré,ryv(tûu 1 ainst l ëul eé dësrüâ.3-ôns lumineux dans'l oeiUIJ J
Séclielessé dé la" langue" vomissements'1 faciles,^ presque par- ré-
gurgitation et qui se continuent tout le jour. Potion de'Rivière.
='r rJ Jl·nu9tllunll.Jt : f '1Ul ? KI" ji'"n 2lLlr.tl nL idiot i,l
Le'2'2,J'mêmc ? état;f,'cmislipatiori'' depuis deux ? jours; cinquante
r·f(ff ? "il' ii,-i ,Itif)olj 1)1) Juru`l .9lJ,nr(lr urrflsliy : J'u .Ir(iu'I
' ceiltigram^è's'c'aToViëi ? ^- : 1; f ^isli^'usjùo't (
Le 23, les voiiiisseitients ont cessé; l'a' Jnalâde est z
-C-Oll,l liii, 19 I» (Itl'lf. , 1 1 ? 1 1 t. f ? .r ' l
torpeur delaquelle on ne la tire que lorsqu on 1 interpelle vivement.
Alors,, si elle. cherche, à répondre^ elle est prise1 d'un bégayemeht
7niliteALylÎé; cëéydâârE,éll'parviehtrà'nous faire'comprendre
qu'enë.'époe'uvede/vives''dou)'M'rsdan)e';c&té'gauho ? face.
1(L Jjil,ys'slôn fâtlépo(ivél Llerti·ès lvës do(ileurs atixllpoitltsi ! d'élii6r-
ube'yéé désdivet'sesl; iicliésadu'trijâiiïeaû,'1es 'points ' douloureux
'et sotï -oi·1)itâire inalaire nasô-loliâiie; iiîentoi 1
"én"avantudii'c6ndùit' auditif 'externël1 gingivaux,1' labiaux supérieur
"Àdigitil il -jjt 1' -·J 10l yllui- n, J6lÏUJ.J
328 -t..^.RECUEIL^DE FAITS. J0T,,
et inférieur sont excessivement nets. Les, bulbes .des, cheveux sont
très sensibles; par moments les muscles de, la, face du côté, droit en-
la'
trént en contraction tonique pour donner^ àJa physionomie
les. aspects les plus·divers. ,11 existe^une^douleur.àla pression ,très
nette sur.iétrajetjdu pneumo-gastnque gaucho a son point d'émer-
/gen'c'0j'enarriôre..de l'apphyse'mastode etquon ? eveiHe[.en-
'coreà la pression dans tout le trajet cervtcat.du nerf ? OTI, ? ? i, a
, Les battements duoef;rsont.'regutiGrs, .égaux, bien frappés. j
La' respiration'pre'd'parmtervat)es,iejrhythme) de Çbejncs-
, ? .tQrS ? l- y ? 17 lllT).J;7 'ifcn-j ? i-ii; c11(i',(t'Im,llU'1 9lfyLJl6.9'1f't `'I't >
La contracture djÇjS, orbiculaires, le l^lepharospasme qui, depuis l.a
veille^ etaientbi.epiujic'qués* à.-gaughejont, Je, 24,layec les con-
tractions, passagères chas muscles ^e, l'a, face,, entièrement disparu.
La*1 pupille est ? fortement 'dilatée, et^ reste'.insensible à-,la lumière,
;màis"eilé',est' égâlèJdes',deux"c'ôtés,;^tous.lés, objetsr apparaissent, a
la inalâde`cLirin'ié efiv·élppesd'ün lJrôuill2rd.l ).. r ? rT
ai, Apparition, d'une plaque grisâtyp de^consis.tançc un peu, ligneuse
et^un.cên^imôtrè'enyirqn'd'éUîndue aumjyeaudu bord libre déjà
lèvre, inférieure,, gâuçhé.,^^., 3rLln,l r n <,nr-td>r ! i.> Il giiiqjnofrui'ii
La langue est sèche, noire, inajsjiç porte point ainsi que la gorge
de lésions analogues. à celle que1nous.,venons1de,1signale,riidu ,côté
de la lèvre. ' )n9n ? ? -j JM (bi311""4 ? »' I : isummib 'ddmaa
2o, même état. Cependant la,lé51on trophŸquesignalée la.veille
semble avoir grandi.quelque.peu. Le.soir;. apparition .djimej bulle
surjla^èvre^supérieure.près.de . la commissure, t., huJioo'nr.-iJ ne
' Le 6, ia pa,qûeoççûpe,loutll.e,,uord Îibre'della lvre,à gauclie; la
bulle constatée IaYt}e.surJalÈYreupér)cue gaucbp s'e.st aifaissée ;
,1'iH>j Cil ] IIiiIIm ' »n 'l»n > ' uiL
le derme au-dessous d'elle estbianc.jaunatre.un peu dur, présentant
en un mot les caractères de la lésion sur la lèvre inférieure.
Le soir les lésions trophiques de la lèvre supérieure, et celles de
la Ièvreülfériéürésétsont réûniés'eâ éontôùïwant 11â commissure.
"il Le 27;- apparition sûrila'Iigné,,quiJprolongp' horizontalement' là
fente ]abiaie'àttrois centimètres) environ' de"'la commissuré'gauebe
d'une bulle'quijdéjà,. le soir, se 'crève ! et' laisse, àï nu de'dermeiblanc
jaunitresind41'é : l jI0 ? qg 9 ! i'f)p ipm'ni'h ''f)<'riao'n auoir jnt : L
i,Lésl8, âu matw"esçhar,e de,la face interne de la lèvre inférieure'.
Apparition'de quatre bulles, larges,remplies d'un liquide clair;[dans
une zone limitée par la ligne, médiane, le, bord inférieur delà jnaj-
choe et une ligne qui, partant' de 1 aile du'nez, tombe sur le milieu
du'maxillaire inférieur. Le soir même, ces bulles se sont auaissees,
répiderme'sé'détachei'-toûlê'Iâ11 surface cutanée, 'dans'Ja'zone'que
uousivenons d'indiquer est'le siège'd'unééscharevgrisâtret ? indurée.'
\ .La, lésion trophique, sur. to'us'sesvpoints, est le siège d'une"douleur
excessive au moindre attouchement, oiu dans- les- mouvements1' des
lèvres, de la face, de telle sorte que, dans la crainte.de réveiller sa
souffrance, la malade refuse, toute alimentation,' ét;,luisse.sa salive
- ? ?
OTORRHEE, PSEUDOMENING1TE. 329
s'écouler en dehors ? T6ute la face à'gauche'est,' le "Siège (I'llypeles-
tliésie', les points'douloureux sur' le trijumeau'sbnl1 réveillés'par'la
-plus'légôre pression ? 1 ? 1' ,u Il 9ulrm1 noal : nwnt`r n-t .n-i'u ? Le' 29,' lés symptômes persistent} à peu' de'chose près, les'mûmes
que la veille. Z lâ mâÎade
semble ''cependant se 'dissipe' ? . U 'Ijsill "n se ' creuse ' sur' la' lèvre
inférieure pour séparer' la lésion' trophiquerdes parties iai'ne's.5'l ? )
Le' 30,' ]ë'siHoh'c6'mme d 'éliii 1 iààti, së creuse'en'pro-
fondeur, étciréônsérit'toulëlâlésiônl ? 1 u ? 1 ? I1"" ^
1er février, attaque épileptiforme peu intense et qui dure peu de
'Ceilips,'11'éLàt dë la'Iiiiala'dè*'iié's'eii"tio'u-ve""p'o'intm.odifié'll" J-1
ucLe 3, même état ? La : %a)ade,nia)g'r6 les'dangers que pe'ut'd-
casionnér son transport" quitte l'hôpital sur' sa''dem : u']de'N6us' la
. I,-1 -'... , ? T. r' ? 1.1. «r..TWlt'i ? ? ? R ' >
-revoyons^ en ville le 3 mars; Le begayement semble avon^quelque
'peu diminué ! Les «lésions trophiques de la face1 sont absolument1 ré-
parées et sans trace aucune dc'ciiti'iéç,°l'otôrrliéé'â'·81sprù; les
points I douloureux',1 à la' pression 'du é'aù,'p'é'l" ! 31stënt'(Ioique
imoins nets; les points dbuloureûx sûr le trajet du pnëumb-gastrique
n'existent plus; lestrabisme n'a point cessé ;'les troubles moteurs et
sensitifà',des'me - nibres7 s' ont; les mvmes; `cepeâdlff; 3piés`applitCa- -
tion pendant1' quelques jours' de' courants continus," la1 contracture
semble diminuer; l'état général est excellent. ,'1 ? 1' L' <1"
z en' cet'étatrque latnialade''éstfèilvoyëeld Lôili·'dé's'v'·l'éaü'ne e
l'avait-point tou'chée'qu'elle polivaitîquitler lé brancard''sur']etpfel
on la transportait et reprenait la'libre'exécutiôri de' t5us'ss môuvé- i
rhents ? De retour àipàris,l s'o'ilprémie*r'Èo'ih'ft"dë"iÏ6ù's faire cons-
tafeal'heûreux ré-sultat qnè "nôu5 i·eiiôns de s)gnalei lés : tioùblé'
sensitissietmoteursr'avaient disparue' `'il' n,'uo'-w'ti-'m-`ÿr ?
9nu91TSia1 81/01 £ lue liolebi ni '1t7 E : 1·ItiJ'lW/iJ ;^J ysxii inca
'A, ^i- ! li t n 'r'11f`U'ln`f ? 4')'7lit.f.t ilr 29mvtlll)w`t nn0123e ? uu^-J'
n face une ,0 -uérison si iibité, 1, 1 'liyprtliùsq quepusYlons.
soûlegé vau t * ? Il 1 1 ,se 1 ? sufÏfiÿ
AYëiMt ? i ? cidentj.hysteriques, .se ,trpuyaiit- ? suÇ(iÇ
sammen,vérif)ép, l'eau eut certes, ét'ilini
paraître, sifrapidementi desmanifestationst méni 'géc5lli='
dant, nous n'oserions affirmer qu'il ne se soit ho au'dé-`
but quelque- localisation" |du côté 'des' méniiiijes ; vflfài's`céljes ci
si '-biles z *toutof61s ? sont restées' li e les,
fil t '. .-T-'Alfi' Ii-ttI t ,, ? 1.1-071 ? it ? ilililll ynu
marnfestations nerveuses, multiples, que nous avons, vues se
, ? 1'" ? r ? v·rf r1O ·Ilr, . r -W r n, , > eeW w 1 Jmu J ... -n
dé'rouler sous nos yeu, tle,aiet ! 91tes,'comp ter, i
t.t.tt) ! )''U ? )< ? c''3' mm u t.t.),.)ji... ? n..1.H ?
grande part, au nombre des,, manifestations Sle, hvsttu'ie ? Z,a
pliiqzieçléné ? tzityité, )dans. cetteliypothèse,.auraittjoué, dansda
bp)te. çrniennele.rôle d ! M;caKej /a. M<aHce'') ? e ? 'eKM )e<
poo<y.Mp. e;7a)M ? '<e rapparilioniid'aecidentshhyslé/iqites ^us-
qu'î'ci,2»eslés,late;its ? ) et -n«b .'))'}' -'J' ! L)% sIIy1 96 "351't Li ob .1 ?
'"Les lésions'de' l'breille,ll'si',Iaii'débtitl,'elles' se1' sont accompa-
330. 7·r1 RECUEIL , DE, FAITS. ^^
nées, de fièvre, auraient pu à vrai dire, du fait seul de la fièvre,
° ? ' ? ? -1 . 1.. 11, 1 % ,te 1% %%, ,1Hmi ? l
éveiller, les manifestations hystériques, comme cela s observe*
si souvent dans les maladies'aiguës.dans les maladies fébriles ?
, . , ? 7 ° \r·W 1W W"·W1 v vlv1 ·. 9\v·f
contrairement au célèbre adage d iiippocrato : l'ebris spasmos
*" ? 1 . 'ii P"Jll ,, .1 z111- - " erre." -§ 9
solvit; enfin,, 1 on , peut.se .demander s'il n a point existe un
. ', , i ' , 11 ? .-l.li.-IM >|. VHI-, |... ? J. t. 1jh| ,nhi, ,. "h
petit abcès dans la substance nerveuse, une zone de congestion, ' ? .r .I1 11 ? H ? ))lin.1 ? f,.
toutaujmoms,, qui, mettant en jeu 1 activité de, 1 élément ner-
veux aurait provoque 1 apparition des phénomènes d'hystérie"
1 ...". 1 1. 4. 1 . ? n<) ? )r ? t")t,h,f ? f ? r<t"t
Mais quelle.que soit,l hypothèse que 1 on adopte, un tait res- ? ? I. l' ' 7.-i '7 1 J1 ? VMrirr.vn,) * = ? 01 '= ï.ffr-T-1
sort clairement de l'étude (le notre malade : , que le processus
· v,ym- y J1111'1 llf WJvlrl 7n.m rW rtJi r17 f 1
Ic7 sh o ène n été que nassaqer, peu intense, a[ele surpassê'ae
J'... f.i ? ,1 . r I -1 : ./rn IT Irlr,7 ? rl , rtrr 1 r ,
beaucoup en durée,, en intensité par les manifestations hystériques
· pyW rucil, J11..1 f 7 1 i,G'· Ji.f 1111. · j 4n .r',1 ? ft.<-T.\f.;r.) f
qu il avait.pu, susciter ? Il est passe ici un phénomène, sur
,i ii.iltll.o-l^ \J - j t, ! ,J,-l.,r nr,i ? ? M I,, .
leauel l'attention'r.des'medecins'de 1 école de la Salpétriëre ? dc
itf ? t ? 1 ? ? )']'< ') ? ,, q'ITe) fT"= ? ,T)t),'ff't
11Z12 ? GliarGôt,et,Vulpiâri,ést depuis longtemps attirée, pheno-
mené sur lequel insistait notre excellent inaltre, Mï le pro-
.4', r P ,t -1, ( , a
fesseur Germain Sée, dans ses belles études sur 1 améliorée1,'
fl;ir·,' n n 111 v.,y·y : jl nl·rrl( p,tfrn ? i + r,, , J . , , , r,
lorsqu iL dit que ces névroses, lorsqu elles' se ? maûifestëntlau
cours 'd'une maladie (le fh'umatisihersurtbut'rpourf'ce^quior6c-
U ? t '4)<t') ? <h<f'wt ;pll.,rt i ? ,.( ,(,» ? r|, ? ne .- f
cupe) masquent'prcsque toujours les symptômes'de'1 atrection
...11 1 ? f l(YIr- , , r ? t . 'M t.' 'j 1 i
principale, laquelle ne se traduit au dehors que'par des'symp-1
tôiries 1, b cmllj ? fl.l fniop, De) V.G 9 LI
mes peu marques 1 . nô ? ™f aoum\q>.vi &t .si^-iy
Du reste l'on trouve déiàdans la science, des faits' -'analogues
- . 1;4 m Hr/, , ? ,, ? a ? ,, r 7 0 r
ou identiques a celui que nous venons de rapporter' : lesyacci-
dents h `'stéri ues;'cbez'la'mlâdë don t'M.'Ravliaudi a' rapporté
i,il'istdire 2 trduvaientsans ''douté leur gravité ? 1 1 <IMH II -III ,li . m ? ''Tf'1ï'rT.\f.<TTT ! 7 7 « .7 ? 7
dans une, méningite spino-uulbaire ef 111 Il-. IIicliard 9 dit qu il
il -ttli'.fri ! ? airr.. ii'Trr, , r.o <>-,< . , , ti n ? f ? -, ? ... f
a vu chez une hystérique un « tabès dôrsal(5o' qui`avait'été mG-
,110;lt 1-lil-f et (1 1- li.1 Il ' 1 , Il .,
connu, tabès dont « les accidents avaient etorpbur ainsi dire, ? il H'iM'll.il.'ipn'jl, ? l.î.M .-n, ? ,i < ? Lt < ...tff
obscurcis par. la prédominance des troubles névrosiques1» ? ->'
Un fait essentiel fesrsort'idonc des'obsërvatidhs'de VIVI ? làv-
naud' 1 Iltieliard 1. il* et,de Il Itil, celle Il que '-7 noirs , " , publions ici' : lque les`11é- ? t.(.t't ? jftf ? [ t 4.1 )
z nerveux, les lésions 'de ses enveloppes ou des
organes avoisinants sont susceptibles, même peu'éééusées; d-iIü-
,. W ·> ·r tp W >nn.fl 1, ·y, T ? r.' . , r
pressionner la z provoquer des-maniles-
ta^ionVhysténcfîTes 'jusqu'ici'1 restées' latentes et-qui' n'eussent t
iéüt-c ? tré'lioiilt'ap'p'érü si l'individu'fut'resté sain ;'et ces H : an/-
,J11')''tf`J(I iIbiUj'i'ui-i 1 }noiii>i(./f, inj, fJm ,·'IllyiyJ0îl1 ? .(t.f.r'Im
L'1 13'ulleliis`dé'l'Acar.lémie nationale de médecine; 1830, pi, 34 4, -Mémoires
de'cat/cMte.'t : I : XV.11 'iiinob "1) tilHO'I
1·.·"Société médicale des'Ilûpitauoe.^ Paris, 1881., |, «nim-i 'ri[f,1 i-;)i,|
'3 Loco cifalo. nim.r ,jjr;jn . ` J( ? 1, '.Iiji'iii un -Iii-ibnij;
OTORRHÉE, PSEUDOMÉNINGITE. 33 il ? I ' i , . *
festalions une fois développées peuvent masquer la lésion primi-
live, en obscurcir la marche, /a'm<omoo ? e/)01 absorbera'
elll lit i ;, 1. ? ? '' ""' -
,, Dans, un cas semblable ou analogue a celui que nous venons
de rapporter, les antécédents devront être examinés avec soin;'
s'ils sont insuffisants pour dicter le diagnostic," le pronostic ? *
une étude détaillée ^des, symptômes, de leur marche, de 'leur
enctialiiiiiie'nt, dé 1 ? i évolutiôn, ' ? 1 1 d'rin'
enchaînement, de leur évolution pourra être quelquefois d'un'
grand secours., Chez notre malade,'c'est l'alternance, la varia-
0'. "à, .i Im 1..i i.i . 4 ... ? i., i- . ? . ,
bible des symptômes qui nous permit de supposer, des les
premiers jours, a que -( nous pourrions bien 'avoir affaire''a' une
hystérique, qui, de(ce seul fàit'qu'elle était liystérique,1' exagé-
rait les manifestations cérébrales susceptibles d'apparaître soifs
l'ilifl'uèllè'(1 de"soi'i'otite ? o'üq'ui"en'é'o'r"é'fa'isait"dé's'ace d'eiiis' livs
toriques a;,propos de sa lésion de 1 oreille, et pour les raisons
que nous avons signalées.... r ), ' ?
1.I...I, ....- -D ? ~ - .lU -lll' i > -'il ? .T' -.
",Ce,ne,sont,point là les seules particularités que présente
l'observation que nous .venons, de signaler : la paralysie faciale,
la lésion trophique.de la face à bulles Demphigoïdes, les'doù ?
leurs dans le. domaine, du jrijumeau simulant une véritable né-
vialcie, la respiration avec son r iyt ime. Clieynes-Stolcés
. ° ' 'il; ) -J .. , r'.[ ! tt ? ....u ,rr . .mit'
]e,bégavementla douleur ,sur,le trajet du pneumo-gastnque,
l'exagération des, contractures lors de la chute que fit.la.ma-
lade Ie.7nanvier,)Ies vomissements, la fièvre, la fièvre disso-
ciée, des rapports, numériques du pouls' de, la température, dès
respirations, celles-ci suivant à, peu- près les modifications du
pouls comme,, fréquence devraient encore nous arrêter; mais
nous nous exposerions, ainsi à une incursion tro 1011 ? Lle dans
le domaine de l'hystérie. Nôuslnéfaisons quesiânalér.es faité
saillants;-renvoyant, pour, leur étude, leur pliysio ogie patiiq o
gique ou,,leur. comparaison avec les pli-noinèi s du ' môme
.ordre. aux, travaux qui. ont ete iusqu ici, publiés sur la matière
e Uipx, ci a, . 2 À 111 -1(114 1 t b t >
'- ay-clas,slques"(l3ournevill ? jL,asèüe, Grasset, Ilueliard, Ili-
cher, l3riquet,Landouz5·,,Jacéqûa,Hardy,et,Bëlrér, etc., etc.).
11T·Nous avonsjtenu surtout à.attirer, l'atteiitioii stir,ce, fait que
des lésions même peu importantes, des, centres, nerveux ? des
organes protecteurs, ou qui avoisinent l'encéphale peuvent,
chez des sujets hystériques, s développer ,des accidents d'appa-
rence formidable susceptibles de donner le 'change, 'suscepti-
bles défaire croire, dans,les cas par exemple comme le nôtre a
des accidents de méningite lorsque somme toute, ils. relèvent,
332' »A/I*I.'REVUE CRITIQUE.1'1' yl ''
pour là'plus-grande'part'4 ou même pour ! etbut,"dëThystHrie.
Nous avohs'tenuà' placer "notre"casrau' nombre1 de ceux dans'
lesquels'le médecin' peut hésiter quelquefois dans'so'n'5diagnbs- !
tic et son pronostic ; nou's'âvon's'ten'u'à'le rapprocher 'de ! ceux'
dans lesquels 1 on'ai vu' une- vivl'e'i nipression- dej o i é'll'dé frayeur ? '
la'foi en un médicament Oiïjla' seule 'influencé "dé6 là 'J volonté'
opérer'des cures merveilleuses ? A' ce "propos", nous nréh voyons1
aux articles;ci=dessus`si'riülé êtpiirüilëe"curîeusé"61)servâtiôti
récenté de 1411 : Lândoûzy,étBallét;t dbsérvütibri 'dans laquelle !
une contracture bystriqu`e anéleunetgnéritzsübitement''apres'
l'administration d'une'pi )u ! e°domië''de ',pain,' déeorée"*du nomi
deipilul© fulminante1 ! ' rosira 110 ,911«Hub-im sslIST9nl;r ftrlr n
f' 3f ? z7u : nz,r(rI ! ? ilf'iom ti 9b zs.II91'rfrrr, aomoi 39b iiisl
h ! ')7t)OB zuu`·wlu2 n3n;ri .lf. 3( xnoo ammna 894ailnool oigvljBiJsq
rrllom un anli] ^n(uu9t' x '- ;* °^nlznr,rrrusz3j sb sJmz rA .6 ? a-munili. `rt5 ,ta9'JU .rj .sll>d'sasn srrnrfeo cI .tnmi)301)b
- 'I`I7 incq oau b q'1n`) ? I91r1'1 9b IIB9VIf1 B 3111333915 1101391 pnu
.9 ? ri 9'I
-jlr.qi-mnq ,2`,ylr : x°Jyrl oh o-idrrmn nihhaa nu ,j-ii>q attui.'d
-hi--i Ut -Ei,,C RIT IQU Eua qidfu9f[l ubJnom
taurrli;7 "tu. ? It'l9uNIsUp zrsrrr ,a.91lmll znmnl tfi «nfq aannoib
''i'Xt uW1 him«mA '<M\f ? '«i» ? '\o no«ïiy^inos««,<(\ ,111 i' £
.lFk1 , K>i .îl . -MmVu . W jyu«V«n\ ? winci™ k<-iimvA'\ ? ttdfff'l)
ÉTUDE ANATOMIQUE' ET -CRITIQUE SUR'LES "PLEXUS ?
\t ? i-M\o v9t np~ NFR^c'cp'ivi'riV ? ^ ^ ^ "* - o,r4
uttwt\·· s\c·c9 wgsV·",ncs .. .,mu, , t, ,.v i vvt> sci s·vv ti·i ?
.i<.>ï>'>ii\ >« rtm '\ «i\->Vi^ l-c81 >bnii\ .k-i[..^iieril csly·sstass,r·· ?
Par Ch. FÉRÉ. '" 'I " bfI - !
·cst' al.ren,l·,ysx·sWr 3 Snlsssscs'ctta : 3 su,ra wzsnV,ts·s : l ·.sissst\·s·.I ,;f·r,trT ? Vuii«h-'»\">«R smiV«wi"» vntt ? 1·u "1 ? litsvicass ! tssntl tvts tyssss5atlssss s;
r,, W m ? 't , >v 11 m- .a /r y hm : l1 -.\,-\ .Vi .;\i> '.«T ? m\ ? i'i-7/
L étude des plexus nerveux lormés parles paires spinales,
et^qui, donnent naissançeux.neris.,desmembres ? a.) de.,tout
temps préoccupé les anatomistes,' avant-mêmequa la patfo-y
logie.des. nerfs .fut assez avancée-pour\pouvoir -profiter- de la
solution d'un problème dont on comprend mieux aujourd'hui
tout`l'intérètl ? ? 9 t", l"'u *,DVJ '»^H ;^ - »«'«» ' /.
.1 1 ii-i'Ï r .··,'t·sitp·c9lt,stl·, ·."l. 1",ss ,s"y,·\ tct·tW .9v'vl\ ·mjt r,·wst9sClctss tt H ? w·W ' tlyrtls,·v·1 tt
1 /tenue rfe médecine, septembre>U88î ? vM V 'w'K) .lss·s.l 'I-.t.
' A. Scarpa. Anatomicarunv annoialiomtnV liber primus; 'tfeie)'
no>·una yanylüs et ple.zibus; Ticini`179 ? 4 ? s\'s "' '<3 ' r
J.-AV'Schmiilt. 'Cohimentaritts de nervis loinbalibus eorumquè plexus
anatomico-pathologicus ; 4°. Vinslobronm, 1794. '*
SUR LES PLL,1LSIDCS NERFS, SPINAUX. 333;
' .Si O11,C.Yal111ne,a,veCSOlll CBltaines,né'ralgl5 soi-disant loca-j
lisées aux nerfs ,qui| leur, donnent leur^nom, on,arrive,bien vite^
à se,.conaingre que, dans .bon nombre de cas, le nerf incriminé)
n'e%t,point excitisi,ement,,6,,Ierr de : la, est sur ?
tout .vrai poul,ésnerssldes ? llembres,loù,on,,voit : sôuvent,lar
douleur, envahir une partie d^domaine de. plusieurs, nerfs, tan : ,t
dis,qu'aucun,n;'est pris. dans toutel;étendue de sa- distributions. i
Certaines;paralysisutraiimatiqugsy,dp;nemUreLsupérieur; en : ;
particulier,lng plus; sexpliquerjparjuno lésion t
due,,sq.ill trqncl liprveux.,Fut-,il,elicrélier, la ilésigii ? daiis une i
Pâjr.e, ngryçus^à soja.pasjsagendans Jejitro.utdei.conjugaison.1,'1
à son émergence médullaire, ou encoré dansrun. g.roupe,cellu ;,
laire des cornes antérieures de la moelle ? Plusieurs cas de
paralysie localisées, comme ceux de M. Erb, survenus souvent
à la suite de [traumatismes-ayant-pu-atteindre plus ou moins
directement la colonne vertébrale, peuvent être attribués à
une lésion siégeant au niveau de l'émergence d'une paire ner-
veuse.
D'autre part, un certain nombre de névralgies, principale-
ment du membre sup.61eur,'s'acco- p- 7 ilciïfd& douleurs rachi-
diennes plus ou moins limitées, mais quelquefois sans rapport
Z Démonstration of lhe zzerves of the humait body, 1832.
Kronenberjï. Plexuum nervorum structura etvirtutes; Berol., 1836.
DLorton i ofjiyç.(qmt/ , ISJ,9..UQM0'U /J : IU,1'f 3
Payer. - Ueber die peripherischen Endigungen der molorischen und
sensiblen 7*'ft ! em in clert pté.ti bnâchielis' 'der kaninchens eintreteurlcn
Nervenwurzetn (tnaug-. diss. Zurick, 1853. Zeitclir. f. ration. Medicin.
N. F. Bd. IV, p. 52) ? BS' .H3 it;4
Turc] : . Yerlarifiye Ergebnisse von Expérimental Untersuchungen z17-
Ei,2 ? zitteliiiig der Haut Sezaibilitalsbe : .irke der einzelnm / ! «e/te7)) ? ! C[ ? M-
Kervenpaare (Silz. d. k. k. Alcad. d. 1;@iss. zu ll'iep. 1856, p., 586) ? T
,r.i ? ,...'- 19`1 t °°i r y 1Tr vite 'r< ' : 1`,t -dt
Kaufmann. Die varielilten des Plexus brachiahs; Gieseil, 1861..
' t -,b - .<ff* TT ? "'< ? ? f'' ,9tft', tr'tf/<''t-) t '
c'lé Lit c.1-ts ? L'Po normal arrangement on the plexus of nerves
(6M ? <o.) : liep,; 3's);ne ! l875, t ? XX', p ? 539).'i ? 9) àqu3j091q 2üCf1 l
.,\.ViLLsli.·i=iThe.anatomg)of^tlcesibrachialplexus-(.9»xei·, JoM) ? o ? n ! ed;<)
sc.;ilS7, U.1J, lt ? 3S7). {,n9t.;f ? o j11{) 9t1191 ? )'U't jîollfll
A. Ralivu.- Der plexus brachialis seine Beielturageri4u(dentl
Haztl)171ce-veit der Oberextremitâten urtcl des Schultcrgzïrtèls; STPëtersli.,
1881 (Cerztralb. f. Nerveuh., 1882, p. 3 ? ).
A.-P. Lent. Anomalies of the brachial rplcxus ,- (Thc'.> Amer vjour7z.
of 1'ezsrologr/ and sllçlsialrr/, 18S ? , t;. P...,2SJ ? - ec m W t r
1\V. Erb. Ueber eine ete ? t</tMmc/teiijC.oca/Ma< : OM-tt)Ott ? < ! /iMiM ? tyo ? t-
inz, Z (Fe)'/taH6f ? de) ? 7e ! deM.A's<M ? tM<. Med. 1 éreins,
N. S., 1. 8/1874.)' ? 1 -Mji,umr "' '. '»> ..\..i..iMt.i4o^.^\0^n r
3 3 se , REVUE , CRITIQUE. 1 · ,
avec l'origine du nerf qui est le siège principal de la douleur.
i C'est ainsi qu'une, névralgie portant d'une manière .prédomi-
nante sur, le médian, peut s'accompagner, par exemple, d'une
douleur 1 ' " 1 : l il PIPSI , , plus accen-
. tuée, à la .partie intérieure de la région dorsale. Dans ces cas,
, ne. pourrait-on, pas attribuer les troubles, fonctionnels' a une e
' ailection plus ou 'moinsrpasséâeré 'de' la,moelle ou des me-
...l.i t v.). ' ° . 1 ? H."lli-ir t . .'tn<' ff
.. nmges,. prédominant au niveau, des noyaux ,d origine de cer-
..gaines fibres nerveuses ou au niveau de, leur; émergence Une
t paire nerveuse peut, donc être affectée soit dans' le'canal rriépln-
,, gien, soit au niveau du trou de conjugaison, et en imposer pour
une lésion d'un tronc nerveux périphérique; ce, sont des faits
qui,ont, été mis hors de doute par 1 examen anatomique : on
X `1 I , i * 0 i J- ' si ' * ' ' - v Ir 1 1 I ^ rt ' . ' ,
voit des sciatiques doubles déterminées : 1° par la compression
..au niveau, des .trous 'de .conjugaison dans le cancer vertébral ;
1,1 . 1 1 .. 1 se ? » 10 , -il VU ? v
., 2°, par les exsudats ménmgiens, dans la paralysie générale des
' '. f , ' L' 'I "'D : U ? IIIUOII'.1 - Jll.j'l J. ? ll î-ll <ill.ll
aliénés. , , f, ., p ? 1 ? ,, ,
, , Si on peut soupçonner 1 origine centrale pu médullaire de quel-
., ' crues névralgies d'apparence périphérique, , lé, même doute peut
s'élever à propos de la paralysie saturnine du membre supérieur
-.«par exemple, qui occupe un certain nombre de muscles, toujours
.les mêmes, sans que le. domaine, d'un. tronc nerveux soit, tout
-, entier ou exclusivement pris-^En raison du, mode ? dos troubles, folactionels et'de'la ? r6tie dé ,là,.paralsie, il
parait pluslégitime d'admettre une lésion symétrique des cornes
, antérieures de lamoelle qu'une double altération des paires ncr-
' ' ? ' . tf. J j i ' t t i Jf 'f f ))t ) t ) '< ) 1 lier
. ' -i- ' . i.. ,.i ii u i lit Pl 1 Il i
veuses. . I ? , ? ,, ? . ,( ,r ,. ? ? . )X ! 1j , , ? ,,t 111 191'1 ? Mais, à défaut, d'autopsies, l'·origine,·Ide ces névralgies et.de
' , . , l V , . ' 1 ? 1 1 t. Mil, -J. , »
t cesparalysiescomplexesnepeutétre déterminée qu'autantau'on
aura pu préciser, la relatioii qui, existe entrp ciiaqiie ,tr 1 o1n \c 'n'èr-
,,veux, et, les paires, rachidiennes,, c'est-à-dire, qu'autant, qu'on
. 1 . , t or., i. Il , , l'it 1, l' * 'i- il" Ili ,il II· W .-1 il
aura dissocié anatomiquement oupliysiologiquemeiitles plexus.
rrLc r'o,le,rl,es nérfs et des paires nerveuses étant connu, il (levicii-
,i drait plus facile de.limitcr.ce qui appartient aux lésions i
.t drait plus facUc de.limitcr.ce qui appartient aux lésions intra- ? 1-acliid.i.ennes. ? ... ,, ? , '= ? ? r ·, , I ? n ? I I
Trois ordres de faits tirés de l'anatomic, de la physiologie
expérimentale, de la pathologie, peuvent.être invoqués, pour
arriver à la solution de la question., ? , ( ?
'' `'I. Les faits les plus nets, en apparence du moins, sont ceux
qui sont fournis par 1), Les expé-
SUR LES PLEXUS DES NERFS SPINAUX. r 33J
rienccs de MM/Ferrier et Yeo sont' celles' qui doivent surtout
fràpper.râttentiôn,'nori s'eulement'à'cause du' sbin'àvëc lequel
frapper attention, non seulement cause du avec lequél
elles ont été conduites ; mais surtout parce qu elles ont été pra-
r'. r, ^iii'i . n; in . s ? n'ili,i ? Hi zon,7 ? r ? i, -. ,h .« . i .ïr.. i. .
tiquees sur des animaux plus voisins de 1 homme, sur des singes.
Il ressort de ces recherches, que les mouvements'qui 'suivent ? rlnt 1Wt tiW I t·n · ·tr,rt t·jt s « rn a ,
1 excitation des différentes racines du plexus brachial et crural
n, 1, m iiiinii ? 1 '.i.. ? -> ? =s , - rr 1 n
ne donne pas seulement lieu a des contractions de dilierents
't't'' w w111T t.t y ri' : V.W ? >,. fin*» ? » "I' *rfr ? f-r't,"Tf , 17
muscles, mais détermine une synergie coordonnée; comme le
Ili ? ? ^il W ? n'{rf ff° )'r" ? f I t v
croit lien'al ? ien que certains muscles puissent être, comme
IIII vill 1.1 il 1, . - j'nt, 7"...... ? .
cela a déjà été démontre depuis longtemps, mis en action'par
,1 excitation de racines différentes. Les muscles mis en action
'.jn.)"n tllit, 't*l ? Hi, ,'i ? , 4" .vrr-tvToif 1 rr - ...
par une seule racine sont le plus souvent innerves par plusieurs
neris ; aussi il semble que les diverses combinaisons des diff6ren-
.11-b f t r;r1 "t *-j',ii7 ? i.h -ft.r..). j t ? ... , ).)...,
tes racines ont pour but de transmettre par les troncs nerveux
,il " ? t , ? . nécessalres am muscles - It " " 1 .
des fibres motrices nécessaires aux muscles pour entrer en action ! i ·ft; ·tll IJ· ! 1,·f1;11 Ht rrw,. f) ? ...ft< ? n . ? '.1
dans les différentes' combinaisons fonctionnelles. La section do
, chaque racine nerveuse détermine la paralvsie d'un'môuve-
1·tfiti 't`tt1' I ih ·ITtt« tntrqtr 19 .I ? v rv r" - i
ment combine correspondant, mais non pas nécessairement la
paralysie de'chaque muscle' qui entre`en action' Le' degré''de
71 7't 1%.·'( ,itro(rt i|, i,j.,T|ftPsi. r»'r.r-r ,~ ...1, , .,..... r : j
paralysie dun muscle innerve par plusieurs racines dépendra
dû Iiomloré d'éléüiëitsl fotirms par lâ`üâiïve'sèctiônnéé;'et ce
IIrW tr r ? T)n )t<.ft n ? ....'p.tnt. 'Il " w . - r
muscle, plus ou moins anaibli pourra continuer a agir dans
, d autres combinaisons fonctionnel les. Cela explique le résultat
de 1 expérience de Panizza, qui n a obtenu 1 immobilité du
membre qu après avoir sectionne toutes les racines. "1 "'
Les expériences dé A4Vf : P. l3ei't et 21,'faites 'sur des
chiens et des chats arrivent à un résultat concordant aveclescon-
-ï|l 7 'l ^orr.|i. ';1r,ri 117, .1 .inir.' -.r - - ,-rn ? i , aussi que,
cl usions de MM. b erner^et lco, et tendent à'montrer aussi que,
chez ces animaux, lespaires du plexus lomho-sacre se distribuent
T;(f tt..·rt ir P, 1 , <'rt.t ? <t/ ,i't. fil . - , i .tf ? . , , ,
a dea muscles synergiques, et qu il existe une véritable syste-
"'maUsatio'n'des fibres neWeuà'éii)iiériqÏiê ? dbs'Irer origine.
ny ti' ' ' ' fï ? ' " ? T'trr rt ... )f".<") f ? < ? ' r -,
En résumé, ces diverses expériences semblent montrer-que
1 lorsque sur . -. ? . 1 chat) on' coupe ou'on
.t;'rW t. If, ti 1 .1 f tlt.r "fi. siii-e, e 1 lien, c 1 la t)'on'cotipe ou'on
excite électriquement une paire nerveuse;on paralyse ou on excite
un groupe de muscles concourant à produire iifil'n6uN,iiiént
.) "Ol H- ! i| fil ! 'i'H"3l Ht- f Ai - 'li.l C,, 1 -.b - ''\ 'f I
'1-oiTiei' et Yeo.D<e7''t<) : e<M'e/Mt-'e)'/t«</M ! 'Me (ici, motorischen ll·'ttr-
zelii der plexus brachialis 211d plerit (Ce ? il,tïlllcill sur
Psych. u. gcr. l'sychopathologic, 1SS1, P. 163.)
/i", * P. Bert et Marçiicci. , Elude sur la distributiontdes racines motrices
du plexus /o/;t&6[t)'e/n ? M ? t ! Mc/cs du membre inférieur. (Société de
Biologie,1 29 juïIluL^1381 ^ - : Gazette médicale de 'Paris, 1881, 'p. 512.)
336 j. , ,, , REVUE CRITIQUE. - , j
synergivluç"çt f 11o11.certains, muscles,isolés fonctionnellement : 1
On voit, d'après les recherches moins, complètes de Krausc 1, 11
que, chez, le lapin, des muscles antagonistes sont animés par, la /
même paire; .mais ce ne, serait, pas là une objection à la gêné- "
ralité des^cpnclusions^des physiologistesiqueiiious. venons i de il
citer; car.on.sait que, la, contraction, d'un- -roupeidp, muscles -l
ne peut avoir un effet utile, que lorsque ces antagonistes' sont il
maintenus,à,uii certain degré de.tension.u ,m.t ? ·t -mp j.(9<.i.
Quoi qu'il en soit, en admettant les plus récents résultats de la q
physiologip expérimentale cpmmebien acquis chez les,animaux ti
étudiés, en résulte-t-il,qu'on,doive,les. déclarer applicables-; an
l'hômrii; 2,Nous ne le pensons. pas., On,a,dû enregistrer chez le >
singe, et chez, l'hammendes difTérencesinotabIcs dans l'qriginevi
des nerfs.qui naissentïdu"Plexus.brachial,·notamment en''cet ! 1
quionernéllnerf phrénique, dont les origines, seraient- plus, t
élevées^' une paire.chez Je.s,singes : )f-tt;(t ? rt) ' > si» ilmiri 'u ? t
L'expérimentation a été tentée,sur;l'homme, au moyen de ?
l'électrisation localisée des, paires, cervicales au;niveautdes sca-
lènes ; mais cosexpénences.manquent nécessairement de.préci ? 1
sion, puisqu'on n,e"péut,padéterniyer.eâctementquelle paircip il
on excite,,ni. si pn, excite seule. Dans le même but, ! nous avons, c
cherché àiutiliser lhyperexcitabiitté neuro7muscu]aire quel'onze
observe chez quelques hystériques .dans le sommeil hypnotique; 1-1
mais nou ? vons,trqgy6 la même difficulté pourlpcaliser,l'excita : .r.
tion mécanique, pt nous n'avons jamais,obtenu des mouvements ri
parfaitement, semblables dans /les diverses, expériences surile 1 1
même. sujet., Jusqu'à présent la pliy§iologie ne permet pas d'af-, te,
firmer que chez l'homme, l'excitation, ou-.la. destruction d'une ci
paire nerveuse,, détermine, la-, contraction ;,ou» la .paralysie de
groupes musculaires agissant jynergiquement. rvn 'nrnq onpi .1 >
^1llVl-*11"9|-ll|l| .b'I- '3l'»T)il 'll'l.iîll »M'C ' ' 'fllll9t t nf· ! 7"t)
II, Si,)maintenant nous, considérons la question au point do -il
vu*dc l'a ,z'a'to ? zie,1noiis dirons, tout do,suite·qu'on ne peut)pas il(
admettre un seul instant que chez l'homme, les paires nerveuses on
aient toujours,une même constitution identique chez les divers'frr
individus, ou-symétrique chez lermeme sujet, -et qu'elles'' ?
donnent toujours une même proportion de fibres aux mêmes 1
troncs nerveux.
Quand on, examine la moelle, , il est facile do se convaincre
S·^t 1 ! i ? %9,S7tlCx7JI117flf *»><» '' « o *
1 \V., Krausc. -7Jeitrct,e,ur,Vetcrologie der obérai exlnentildl. Leipxig
unfl Ileitlelllcrg,l8G ? ·« . A
r i ... ,j - - £
' SUR LES PLEXUS DES NERFS SPINAUX. ' 337 '
que lesracines soit antérieures, soit postérieures qui' constituent'
une paire' nerveuse,' sont' souvent en'nombre différent et de
volume variable' des déuY'côtés.'De "plus,' les paires nerveuses'' `'
ont un.volume relatif très variable' suivant les sujets. 'Il résulte ' `
même des recherches "de M-1-Adamkiewicz''1 ! qùe,' lâ'plup'àrt'du""
temps,ril manque une ou'plusieurs paires1 nerveuses,' principe'
lement dans larégion'dorsale. En outre, tous les"ahatom'istes ?
notent que certains nerfs'quinaissent'directement'd'un plexus"*
partent tantôt'd'une paire',]tantôt d'une autre ? il n'est pâs'dôli- z
teux; par exemple,-que1es nerfs de I'angulaire'etdu''rhomb'oïd6
naissehf tantôt de"*lâ">quatrième;1 tantôt'de la'cinqûième paire "
cericale.l Ces, raisonâtnoùs'pai-aissentl'déjà'de711atù'ere'-à' faire' "
croire à priori,que,' chez'riiomme'au m-'oins,' 1 Iles'oiiduéteÙis'dé ?
l'excitation'des' mouvements ? synër'giquës né'sônt pôilitl'ëôils ?
tamment'groupés'dans les ! paires nerveuses, et qu'au contraire'1^
leur mode de combinaison est variable au moment dé leur pas-
sage dans le trou'de conjugaison *n*t 4t' 1 Inra.sJrrsrnr uj/ j .<
La- description* anatomique" des plexus tellè'4uIld'est donnée ;'
dans 'les'ilivres classiques,' ne-peut; rien 'pour la"soluti6n"dé' la ?
question ! 1 Scarpa,`tProchasliâ`,t Seeminerül; 13alléz : ; Iïlint;' Krô='"
nenberg; Walsh;Iahân ? étc ? ânt'ehercliéàîrlissociërttle plexus1' "
brachial'pour'déterminér'1'origine'des tonésinlervelu'xtjdt, mf 4ê I'D '- f
bre'stipérieur.1 Selimidt- s'est livré ! à'des'recliëréhës analogues'
sur le-plextis-lmaire ! 'QLiaiitlau plexus lombo-sacré, il n'avait P1
jusqu'à nous2 tenté personne ? quenous sachions. Cês rëchércliés ?
laborieuses',ne peuvent guère servir àCrésôûdr : e'là'qûestiôn`dë ^
savor9si;.chezll'homme; il existe une'SYstématisation fonction- ' -f
nellei dans chaque 'paire, nerveuse.- <niin ? ? - '
Le seul ! point 'qui soif'établi par "esl'dissetions ? c'ëst' que
chaque paire nerveuse fournit' plusieurs nerfs;'dâns'jdesprô= '
portions variables, et que chaque nerf reçoit de plusieurs paires
nerveûses'un1 nombre de, file ts"V' ari able. "Suivàii t i l's"S tij é ts ? 0 ln'
peut se' faire une idée de'ces' variétés individuelles" en 'èxaiiii-10.
nant'comparativement'ies' résultats foùrfü'sâtix Idider'sJanëto ? t"
mistes qui se sont occupés de, lar'question,- e not 1a,in1nient en' ce ?
qui concerne le plexus brachial,- et-que l'on'tTÔÛVera : rréstirüéé'sl''nt
dallS 1C talllCauaui'v`ant : `r`r'l`ItG.slé ? î 1'If ? 1 ? t *<> mnob
- · ) ? 7'4[t - <<t')tt t
'A[]amk ! ewic ? Ue&e)'*de)t haiifigen ullângël So)'M) ? ? c/fCMMa) ? I
evurzela Geinz Menschen. (Vî2,chow' Arch., Aclitundaclitzigster, Bd. 1882.)
2 Cet. Féré. Note sur un point de l'aztatoiaaie du, nerf sciatique. (BM. : oc. Anat., 1879, p. 110.) . r " ? "<-
Archives, t. V 22
DISTRIBUTION DES PAIRES NERVEUSES QUI CONSTITUENT LE PLEXUS BRACHIAL
SUR LES PLEXUS DES NERFS SPINAUX. 339
Les différenccsrdo combinaison.- sont nombreuses.On-remar-
Il - quera toutefois que les discordances ne sontjpasfondamen-
' llîg. 2. - des pnuc[pates)jranc ! )es nerveuses fourmespar les ! huit paires cervicales et')a.*preuiiero paire dorsale. ë -t 4
j 1, 2, 3, 4, S, 6, 7, 8, 1. Les huit paires cervicales et la première paire
' ilorsale. PDL, nerf du petit droit ] : tt.eral;PDA, nerf du petit
droit antérieur; GDA,LdC ? ne ! f du grand droit antérieur et du
long ducou, fourni par la première et )nseeondepim'esçer\icale&;
340 -/«// REVUE' CRITIQUE.
D A, 'branches'' anastoinotiques- à -l'hypoglosse, .au j pneumogastrique, au
ganglion cervical supérieur; M S, branche mastoïdienne superficielle;
DI, branche descendante interne fournie parles deuxième et troisième
paires; Cerv. sup., branche cervicale superficielle ou transverse;
Aur., branche auriculaire; StM, branc))estprnojmast0)dienne fournie
tpar lesdeuxjèmeetJroisième paires ;-^JT^bî'an"che diutrapèzé; SCs,
,. branche susrclâviculaire; SArbrandiels'us-acroifnale ^'Ph.phréniuuc :
SC, nerf du sous-clavier ? Au,=nerfde l'angulaiFeVi^-R^nerf du
Mrhombcude ? SSBusscapuIaire ? S Ssous-scapuiu'ire'supHrieur ; ;
Ax~ axillaire fournjLpar.lj;Sîéihqiiièmi^ej.sixième^pâires; MC, mus-
culo-cutané-fournrpnrles inêjrips;pjm21^ju^lj>médian fourni par les
sixième, septièinej^uitièrnpjîpâires cep i ca rèssjfcj.a p rem ière^d ors a (e ;
GR)ri ! ei' £ - puigrâlKFriînu fourjihpaivle's^cihriuièrne" pf~sfxïeme paires
cErWicâles ? GDe, neredu-grânrŸcl-entélé = GDo nerf du grand dor-
sal; GP,graiurcr/ £ ^râir TPJtJioraciqùc^ postérieur; H, radial
fourni. parjus'sixîèmc, septième et huitième paires cifrvi^les ; ^G, Çu-
biiaPfouïni par l^s,septiîurie et huitième cejviw]ejietJa|i)iwnièrerdorsa]e;
ACI, accessoire du cutané interne-^H'GI^braclnâl eutanë*interne, ;
I, intercostal ; - PP, petit popim-ai Jj^^j^ ^^>
tales ; toutes lesdj.ssecti5ns=a^accordent'Sur plusieurs points.
Certains nerfs,%comme lenu c lô c`utâné=et.l'axillaire, par
exenp trouvent touj`u,rs jàître des pairupr eures,
tandia. ue d'autres, comme le eubital,-I-e.-brachiâi7-ciitàn in-
terne et son accessoire prennent toujqursfnaissance dans les
paires inférieuressans,cu il y ait,jaiciàis d'interveréia : mais
les filets d oriü;eide cliaqu'érspeuventuper nne'plus ou
gamins grandetend3e'M-'nuteur,jeam ? nerF ? eceant tan-
tôt de deux ou trois pairesup,erposees, ^ant^dejrbisgu quatre.
.Nous a$9nreprésentélc ans la gu2;`l'oriâine-vpl `ordi-
Inaire des-tirincipaux nerfs fournipar le pfe`us cervicale bra-
chial entous qsant surt û =sür-n p pressections.
Au niveau de'la : fusion de la racine'<sensitm ét : dela racine
in les fibres présentent une combinaison inextricable/ et
iltest en1 général impossible de dire dans quel ordre de superposi-
tiômnaissent les fibres qui en partent pour : constitù'e^~r.l roncs
neü'eû ? Cependant nous avons trouvé sur ùn7sujoraillaire
naissant exclusivement de la cinquième paire cervicale, -tandis
11 cjilo-cutaiié, fournipresqtlc en entier par la sixième,
ne recevait que quelques filets de la partie inférieure de la cin-
quième. Dans un- autre cas, le musculo-cutané était exclusive-
ment fourni par la sixième. On peut donc supposer'que l'ori-
- ll 11 n'y a guère qu'un cas anormal de Wiush qui fasse exception n cette
règle, et nous manquons d'éléments pour en discuter la valeur.
SUR LES PLEXUS DES NERFS SPINAUX. 3H 1
gine médullaire du musculo-cutané est inférieure à .celle de
l'axillaire : t , , i n nnu1 rl mi · In v ;» · 4,
I'iy : 3. ocnema'despnnetpntes branches nerveuses tourel ! estpar,les
paires lombaires et sacrées. ? ,.it ? , . 1 ? 1 , , . i
1> a, 3, 4, a, 1, 9, 3, 4, 5. 6. Les cinq paires lombaires et les cinq paires
sacrées. (On a réuni à la quatrième lombaire la cinquième qui fournit
exclusivement au lombo-sacré, t; 2,, pour montrer, qu'il est.impossible de
dissocier ce nerf jusqu'à ses origines.)GAG', grande abdomino-génitale;
. t ' ' . 1 I
3t2 ' REVUE CRITIQUE. '
PAG, petite abdomino-génita)e;FCE,, fémorale cutanée externe;
GC, génito-crurale; C, crural fourni par les deuxième, troisième et
quatrième paires lombaires ; 0, obturateur fourni par les mêmes paires ;
- -m ? 01, obturateur interne; FS, fessier supérieur; 1, 2, les deux'
faisceaux du iombo-sacre'a.Dant, l'un au sciatique poplité, externe, S PE
(fourni par les quatrième et cinquième paires lombaires et les première,
et deuxième sacrées), l'autre au sciatique poplité internes ? ! (fourni par
les'quatrième et cinquième paires lombaires et les première, deuxième et
troisième paires sacrées), qui constituent par leur réunion, le nrvml sia=
tique GSÇ; PS, petit sciatique fourni par les trois premières paires
sacrées; HI, honteux interne; AC, anal cutané; PU, nerfs du
plexus hypogastrique; ]{A,re ! e\'eurde i'anus; IC, iscliio-coccygieil
- 'SA, sphincter anal.' -'-> , - .. i
Les remarques que notislavous faites relativement aux varié-
tés de distribution des paires nerveuses du plexus brachial aux»
nerfs qui en émanent, nous pourrions les répéter pour les paires
lombaires et sacrées : les faisceaux qui.se rendent aux différents
nerfs offrent des volumes très différents suivant les sujets, mais
il existe pour les origines de chaque nerf un ordre de superpo-
sition, quine parait. pas souffrir, d'exception ? t) <) i , ' 'j ?
Nous avons représenté dansiai/ ? <7c<re 3,, les origines des prin-
cipaux nerfs qui ? prennent naissance dans les paires lombaires
et sacrées. 1., '♦uiîlm>iifji *t»ilil - ,1 A u [,- i -nui, .d-iMi-mt/ini
l : Les' données qui précèdent ne font qu'indiquer approximati-
vement sur quel segment de la moelle tel nerf prend son origine;
elles montrent que les fibres qui, constituent chaque, nerf sont
fournies en. proportions variables par chaque racine. Elles ne sont
pas de nature à faire admettre qu'il existe un groupement sys-
tématique dans les trous de conjugaison-; des fibres nerveuses
se rendent aux muscles,, à la peau qui les recouvre et aux arti-
culationst qu'ils meuvent (Hilton); mais il est vraisemblable
qu'il existe ailleurs '...Toutefois, il est bon de, remarquer que
certains muscles, dont l'action, se fait sentir dans divers mou-
vements coordonnés, comme le petit pectoral, le grand pectoral,
le grand dentelé, etc. (Fig. 2, PP, GP, GDe), reçoivent 'des
fibres-de plusieurs paires : cette circonstance pourrait , faire
présumer que la multiplicité des sources d'innervation est en
rapport,avec la multiplicité des fonctions. ...
On peut se demander si le groupement systématique.que les
variétés anatomiques démontrent ne pas exister dans les paires
nerveuses, n'existe pas, au contraire, dans la moelle; mais ce
lliltn. - On t'esl cmcl yotiu, » élit.. Lmnlon, IR77, l. 111. z' "m
SUR LES PLEXUS DES NERFS SPINAUX. : 1 Il li
groupement dans la moelle ne peut être établi que par d'autres
méthodes de recherches. La dissection des plexus peut être
d'une grande utilité, mais elle doit être comprise autrement :
il ne s'agit plus de chercher à quel nerf se distribue telle paire
nerveuse ou de quelles paires nerveuses tel nerf tire son origine,
il faudrait étant donné un nerf musculaire, celui du long supi-
nateur par exemple, le dissocier de la périphérie vers le centre,
dans tout son trajet le long du tronc nerveux. dont il émane, et
le suivre à travers le plexus jusqu'à la paire nerveuse. Enrépé-
tant cette opération pour chaque nerf musculaire, on arriverait
a. s'assurer si les origines de ces diverses filets nerveux sont
toujours, à leur origine, superposés régulièrement, soit dans la
même racine, soit dans les racines successives.'C'est cette mé-
thode que'nous avons essayé de mettre en pratique, t ± ~ . >t
, Certains troncs nerveux sont bien nettement constitués part
des cordons secondaires qui ne sont qu'accolés -et. facilement s
dissociables; cela est facile à constater, notamment sur le nerf;
sciatique. Mais les filets musculaires sont-ils -isolables dans,
toute leur longueur ? C'est un point qui avait déjà fait le sujet-
des recherches de Krause, d'où il résulte qu'il existe, dans les
troncs nerveux eux-mêmes de véritables .plexus, à-<peu près,
inextricables, dans lesquels les filets musculaires cutanés, arti-.
culaires, s'anastomosent d'une façon complexe, de sorte qu'ilest
en général impossible de suivre un filet nerveux de son extré-,
mité périphérique à la paire nerveuse qui lui donne naissance.-
- Nous avons cherché à contrôler ces résultats; mais; au lieu de
faire nos dissections surdes sujetsadultes,commecelaatuujours
été- fait pour l'étude des nerfs et des' plexus, nous nous sommes
servi de nouveau-nés et de foetus chez lesquels les troncs ner-
veux, sans aucune préparation préalable,' se prêtent beaucoup
mieux aux dissociations, en raison de la densité plus faible du
tissu conjonctif. A la suite de dissections multipliées, nous
avons obtenu des préparations ' tout à fait confirmatives. des
recherches de Krause. Si on suit un nerf musculaire par exemple,
on voit que dès qu'il contient plusieurs filets, ces filets-se cqn-
-. i.I - . "ii-Tiq
1 La dissection est facilitée par la série de préparations suivantes :
le hydrotomie sous pression uniforme pendant vingt-quatre heures;
3" hydrotomie avec trois litres (pour un nouveau-né) d'éther ou de sul-
fure de carbone; 3" après vingt-quatre heures, hydrotomie avec dix litres
d'une solution d'acide nitrique au dixième; 4° macération dans une solu-
tion étendue d'acide nitrique. ·
3 H REVUE'CRITIQUE. ,
dc, .. - 1. ' ' ' .
fondent pour se séparer bientôt, puis se réunissent en formant
de nouvelles combinaisons absolument inextricables;, et quand,
on considère à'la loupe'un tronc nerveux bien dépouillé, de, sa,
gaine ! conjonctive,"on' le voit constitué pârlun, laçis de fibres)
fusionnées* à maillés allongées, tout à fait comparable, à ceux-
que forment les vaisseaux dans un plexus veineux : il faut renon ? ;,
cer à suivre un filet nerveux dans cette intrication., Cependant,
il faut dire qu'il existe quelquefois, des anomalies, dans les-
quelles' la dissociation 'est toute faite ; et, ce sont [ ces faits qui i
pourront, en se multipliant', contribuer à donner. la solution do ?
la question qui ''nous 'occupé. Ainsi, sur.un, sujet, nous,avons,t
trouvé un tronc commun fourni par lé nerf dugong snpmateurq
et la branche superficielle du radial simplement accolé au tronc
de ce nerf, se laissant nettement dissocier dans le plexus bra-
chial jusqu'à'la sixième paire, qui ne fournissait rien de,plusaul
nerf radial.' Cette* disposition peut iaire comprendre commeiitile p
long supinateur peut échapper au sôrt,commun , à la plupart ,
des muscles animes par' le " radial dans ? la0 paralysie saturl7
nine;'pat : exelpplé;ou`'côniinerit il peut, être seul .atteint, dans; *
d'autres circonstances 'l'Mais ces anomalies sont rares et .on nor)
peut guère compter sur elles pour obtenir une solution prompte ,j
de la b question. il i -i- ? i ? »"" '' L- P",
de la question ? I. ( . JitMi#M,t u, ? > ? ? ? <>t t
Sur quelques sujets, le médian ne recevait rien de la sixième 1,
paire',1 mais une forte anastomose du musculo-cutané venant ? i
de cette paire. Les anomalies de ce genre sont, de.nature^à
faire admettre," comme la' superposition systématique des.'ra-.q
cines'des différents,nerfs, que les filets nerveux naissent de-laiq
moelle dans' un ordre constant : a partir de son origine spi-
nale, un filet nerveux peut sortir soit par un trou de comparai-
son, soit par' celui' qui est au-dessus, ou par celui qui est au--»»
dessous ? s'anastonloser"de différentes .façons dans un plexus,
mais il finit' toujours '.par arriver, à, la.même destination. EnlI'
somme, dans'.le trajet des fibres nerveuses, il ne parait y avoir"' ·
que deux points constants : le point de départ de la moelle, et
le point d'arrivée à la périphérie'.
. Bernhardt. Ueber eine isoliî16- alrophische Làhi ? 2ti ? ig der linken
M. Supinator longus. (Cenlralblatt fiir Nervenheilkunde, v. Erleiimeyer.
V. Jahrg, no 15 ; 1882.) -
- z Férue. Contribution à l'étude des troubles fonctionnels de la vi-
sion par lésions cérébrales, 1882, p. 236. '
SUR LES PLEXUS DES NERFS SPINAUX. 3 lt5
, .. . »- j,, 1 ' trW ! ( l,l.p·i 9 ? wrr,tl 11Ji1(5v·,
If 111 ? Là systématisation de l'innervation musculaire dans la
moelle pourrait encore être éclairée par l'étude des lésions me-,
dullaires dans1 certains cas'd'arrèt 'dé'déyeloppement.limité des,
meilibres ? inais"da ? là'fàits ol)servés ! jusqti ? t,peseiiti(Troi7,'
sier-1; Ediiï ? er2), il s'à", i ài d'arrêts, de développement cons-
dérabies'avec atropine de plusieurs racines etjdes. cornes grises,
, ., ,t,1 pm, . 11 . j ^.11 u 11) "iJll ' -I» »" "o
dans une 'étendue correspondante.^, |( 3 ? <s j, ? 81t1 n'D" n
- Les -lésion's, limitées 'de la moelle dans, des cas'de paralysie,.
, . n tn , r SI W· JtutJ6t.W ? aa -. 1 1)
infantile, ou des muscles isoles ou des petits groupes de muscles*
sont-pris isolement, seraient surtout utiles pour. établir, ces) 1
localisations médullaires; mais cette étude toposraphique n'est i
... ? «",. H l-IMll U '11.1, ill ? ... ? 1'0-^-1,
7nrrll IJw,tu»L jaetnslqn'v- : 1 (11, a-bruqu. IlmiFt ! t-Jr,
, , . j - - .,r J, *(1 yn·iws' 7vlG ? IJiÎ 3'r 19W1 `J '
' En résumé : 1° si des expériences, faites sur les animaux 5
permettent d'admettre chez eux l'existerice, 1 un.rouloement,l
, l, § f Ji tA.W 4'1 . 1.
svstématiftue des fibres nerveuses- incitatrices .des mouvements,
" ,. v,n ? ,, t'If , tfï litijlàu ) , J. '41 ? - 1,
combines'dans lesTtaires nerveuses,1 ces, résultats quiequivau-jb
draient àuiieldissocialiv, 1 philsioloqi, Il e ! , des, ple. 'ont
etoi'obtenus1 chez 1 homme ! 11 n est point .vraisemblable- que b
, .. ,, ,,11'ito ? 5-M ? r -'jjr",j-i..j^j.. -.... i. -. *
cette'systématisation puisse, être établie pr : l'ânatoruie ? Sansq
tenir' compte 'de' l'im'possibi ! ité de la dissociation des plexus" ptirb
les seuls procédés de dissection actuels, il, est bien, démontré
que les paires nerveuses n ont pasf otujoüszmnéônstitution,,I
Mentioue'-M ? ? 4b
identique. , .... i. '...u.,t.)o) ? J -.10 a1 I J yL
2° 'Si' cette*' systématisation existe dans la,,moelle, .elle, neri
peut être établie que par I étûdé dè' lâ localisation1.de,s1ajnyotro71|-J
phiés limitées études lésions médullaires qui leur correspondent. ?
... ,-r ? rw «1 i'â 21o'e" ... ? i ? i- », - -- ca8 ^,
' Troisier. Note sur l'état de la moelle épinière dfins,un\cas d'Jiémi^.0'^
22élie tinitho)-aciqit. (Arch.'de /)y. non ? et ycilli., 1871,tp. ? ? It ? rstl,
'Edinger ? Ruckenmark ! M e/< ? ? t'i)t e/)i€H : Folle ! 'oM ? jj;&o ? m
Manqcl e\nesYorderarms : (Arch\ /. /<< ? a ! tn ? M'7Kf7 ? \&n Viust'Mw, ?
1882, p. egnesl.o(slz·a`trzic..çuauI '911z,z'ltllztzyl,t 1LZ ? t ? b ? y ? iriy,t ?
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
XXVII. RECHERCHES ET observations SUR l'hystérie ET LE
transfert ; par M. ROSENTHAL. (f19'Chtv. f. PS7Clt. u. Nez
.venls., X11, t.) .
Ce travail' doit être envisagé comme le compendium des phé-
nomènes mis en lumière par l'étude scientifique des malades
que M. Rosenthal a examinés. Il résume les observations et
communications déjà publiées par lui, avec tous les développe-
ments que comportent les découvertes récentes des maîtres des
divers pays, et la bibliographie fort riche depuis ces dernières
années. Il se divise en sept paragraphes.
Le premier, relatif à l'héînzaiîesthésie et à la torpeur cérébrale
hémilalérale, établit que l'hallucination ne peut être absolue,
complète, que lorsque l'insensibilité porte à la fois sur la peau
et les muscles, par exemple quand une puissante excitation
galvanique des plexus et des troncs nerveux engendre des
mouvements convulsifs inconscients. Elle s'étend à toute la
moitié du corps, y compris le trajet du trijumeau et la moitié
correspondante du cerveau. Telle est la torpeur cérébrale qui
explique l'inexcitabilité des nerfs optique, acoustique, olfactif,
et du sens du goût du même côté, et se reconnaît à l'absence
totale des tressaillements, douleurs, vertiges, tintouins, éblouis-
sements, goût métallique pendant la galvanisation même forte
(10 à 45 Elém. Siemens) occipito-frontale, tandis qu'il suffit
d'un petit nombre d'éléments pour produire une réaction du
côté opposé. Inversement, qu'une zone céphalique ait échappé
peu ou point à l'anesthésie, l'application des courants en cet
endroit engendrera tous les phénomènes d'excitation cérébrale
accoutumés, même après l'insensibilisation artificielle du point
en question. La torpeur cérébrale, loin de dépendre de l'anes-
thésie du trijumeau, en serait la cause; témoins deux cas
dans lesquels l'amélioration s'était traduite par les réactions
électriques habituelles du cerveau, l'inexcitabilité du trijumeau
revue DE pathologie nerveuse. 317
étant demeurée entière. A raison de la non-alternance del'anes-
thésie cérébrale et somatique, et du transfert obtenu simulta-
nément sur les deux symptômes par l'application de l'aimant ou
l'inhalation 'de nitrite d'myle,frejpl>tantl'expliiationll;à ? uhe
lésion dans la partie postérieure de la capsule interne, M. Rosen-
thal rattache l'hémianesthésie et la torpeur cérébrale concomi-
tante fronto-latérale à une excitation des nerfs vaso-moteurs du
côté du corps stimulé. Il cite à l'appui l'observation de Déje-
rine {Progrès médical, 1880, nO 41), concernant une hystérique
qui était, hémiplégique, hémianesthési,que,l attëinte également'
dans ses sens spéciaux, ethémichoréiquedu même côté, ne pré-
sentait aucune lésion de lacapsule interne en nulledesesparties.
Sous le titre' de Complications psychiques de l'hémianesthésie
hystérique (52) ? l'auteur traite ensuite des, céphalalgies temporales
qui, sous la' forme de migraine,- précèdent, dans les cas invé-
térés ! des accès précurseurs eux-mêmes' d'une aggravation dans
l'état ànesthésique' de l'achromatopsie : tels après un temps
aseZI1611o, le changement 'd'humeur et l'amnésie prononcée
constatés. Ce seraient des céphalalgies angiospastiques. Passant
aux vertiges qui surviennent aussi sous forme de crises, - prin-
cipalement'l'après-i-nidi, en's'accompagnant de céphalalgies,
nausées, tintouins, M. Rosenthal remarque- que la chute a lieu.
lorsqu'on ferme l'oeil sain, ' du côté de cet oeil, tandis qu'il n'y
a'pas'de chute par l'oblitération de l'oeil achromatopsique. La
'fermeture des deux yeux' entraîne, dans ces conditions, ! de
même que la fixation d'un objet brillant, une phase d'hypno-
tisme ^caractérisée par l'anesthésie totale, l'insensibilité à la
lumière' des globes oculaires projetés directement en haut,et
en dedans; l'hyperexcitabilité mécanique des muscles : réveil
par le choc du souffle, un appel, l'action du froid. Au même
ordre de faits appartient le cas d'Eulenberg qui-provoqua.des
accès de léthargie semblables à ceux qu'avait antérieurement
éprouvés sa malade (hémianesthésie hystérique eti(ovarie
gauclies) par 'l'électrisation transversale de laitête : anode-, à
l'apophyse 'mastoïde;1 cathode (à la-nuque.. Le nitrite d'amyle
en inhalation; décrois à'cinq'gouttes, aurait progressivement
raison de tout le cortège des accidents en question, emprovo-
quant le transfert d'un côté à l'autre. A ce proposai. Rosenthal
mentionne que l'application d'un 'sinapisme sur le côté atteint
a"donné lieu au même transport, y compris l'hypothermie loca-
lisée'au'creux de la main (5°), après avoir provoqué un accès de
! H8 REVUE -DE PATHOLOGIE' NERVEUSE.
rage (Adafïhievicz) : 'II"adopte l'explication- suivante' : L'exci1
tation ? morbide'des N,asomoteurs,, en rétrécissant les vaisseaux
artériels"1 der'la' pie-mère'et'du cerveau; anémie l'ensemble 'des
régions envisagées du côté pris; d'où céphalalgie, achromatopsie;
refroidissement'dè-la'peaii,"ol)nubilatiori'du sensoriunilidimi2
nution de l'activité psychique (mémoire, etc.); troubles'de coor-
dination'et`de 'l'équilibration ' (vertiges) ? Le1 'nitrite7 d'amyle;
dilatant les artères'(Schüller);'faitcesserles'perturliations")Ja
sinipi'satiôn;'en hyperémiant un côté du cerveau; anémie l'autre
(expériences 'de1 Schûller] ? d'où'1 l'explôsion ? de l'excitation
psychique'et le'tralisfert' des' phénomènes3 pathologiques ? 1'11'*
f''7ff('t>)t)'')) ? ) ? It,rc.irmt .·1 y Wy·w, li«> 1 "Il
,. Les, troubles . de, , l'acuité visuelle , forment-la,suhstayce du
troisième paragraphe., L'amblyopie" lyhémianopie temporale
prédominant du côté hémianesthésique, le rétrécissement coii-
centrique du champ des couleurs, conformément aux travaux ? t : 1^.111 r·'ftljW 1 · . 1 ry.r Ilr n n1 · 1 * ,1-r ? > ? i
déjà connus, sont tour a tour examinés. Signalons les éléments
- ,.J'. t lit .<»,....' /i.- .i ? - 1 i, ' ..n n ." ''.'...,« ? ,,n,
cliniques suivants. Les accès exerceraient par leur répétition et
,1111 ... ? i-iii ? i , 11, 1 , I r, Il - ? ,1.1 .. ,-r'i . I 1" p 1·,
leur intensité la plus grande influence sur le développement
de 1 achromatopsie; il serait rare d observer., 1 amaurose heilii
n ? ;, ii,iHJi -H 'n -.IH'i'i' i-i n uni ,l.i i il ', ,i , , n', 'fm'1
qu la-latérale sans paroxysmes convulsifs antécédents, tant
d'ailleurs que persiste' 1 a perception des couleurs'centrales
(violet et vert), on peut être, assure que- 1 oeil, .utilisable a'ia a
lecture, n'est pas encore directement menacé ? Etant donné
'oui ? . ? i1 ,, v» . i> <> fin -- ? »*" .' f ', t si v ii, -'·'·1·1 TI G 1f
une. hémianesthésique, amblyopique et hemianopsique du
même côté, l'examen démontre la lenteur des réactions pupil-
laires, l'absence de lidspliènes'rétinielis' 4k'i "lL - pression' et à la
galvanisation ? En constatant "les effets du transfert à l'aimant
dans l'ordre 'des couleurs et' avec les oscillations' signalées par
M : Charcot ? M.' Rosenthal' fait ressortir le déplacement' coiico1
mitant' de la'torpeur cérébrale.' Le nitrite' d'amyle''en inhala-
ii611s rafraîchit aussi temporairement' la perception des couleurs
centrales et moyennes, et détermine les ôscillations'positives
ët'hégàtives identiques' cellcs'quisuivont'ie transfert; avec
son absorption la zone rétinienn (nasale);insensibleàl'impi'es
sion photogène électro-galvanique, reprend son ? et
l'eéil devient capable de lire du'petittextei'Ces résultats théra-
zutiques, nuls pour' les èasiiivétéréi, nuls quand l'uclroma-
topsie est quasi totale, sont inégaux et variables chez le'même
individu suivant l'intensité, la marche progressive et/par con-
séquente la marche de l'hystérie. La faute en seraitauspasmède
l'appareil» musculaire des 'petits vaisseaux du'centre'optiquc
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. ;t i J
cortical (région occipito-postérieure)j anémié, de ce. fait./Toutc
aggravation) de cette anémie d'origine vaso-motrice par une
émotion, morale, un accès de céphalalgie angiospastique,yune
convulsion hysténv-épileptiquo entraîne en, effet l'augmentation
de 1; mblyopie etl'acUroniatopsie, pendant queilehitrite d'amyle
(vaso-dilatateur) améliore. les troubles, visuels..L'auteur ajoute
comme'argument : les allures identiquesde la torpeur cérébrale
et[lesconstatationsophthalmoscopiquesdeIIuguenin,Seppilliet
Marigliano, Jàger, Klein. Ce dernier ayant notamment, pendant
un accès de plus; d'une heure, observé un- rétrécissement con-
sidérable des artères.et, des, veines et de 1,'ohnulilation,ayfqnd
de l'aeil (ischémie rétinienne), en même temps que des convul-
s3ons''clôniquesrdes pupilles;'alors,du'une·demi-liéure aupara-
vant'et' pendant 'lés pauses,' le 'fond de 1 aell rëprésentait l'état
normal" ·1 1 ? r ? n'fn ' ,nt . r tt ? n ,'1, cl ,r 1 ,1 'o'h
11' ft't : ' v, Y111n vlfl i n·· .-i'. I-. - i j'ih '. ii.i'.» iif- ,, ;.nin i»
. Le même genre de descriptions nosographiques, thérapeu-
tiques "et pathogénétiques" a trait'aux troubles' dé l'acuité
auditive et quslalive. C est, toujours un défaut de perception ? ? ? . correspondant ' au'"côté r ? i f m-.» ? ,0 ? nij.'iii-. t i ? , .'l ' 'n.... n '- , n . , ? ? ? ? -i.1, ' ' 1
cédant au transfert obtenu par aimant et le nitrite d amyle,
et présentant une'série de particularités propres à l'innervation
-' ? l,.l ? JU'II '.I ' X ' I 1 -t," I I , ? I ,.l >l ? 'I" "I U', H
spéciale qui est en jen, conformément aux dispositions anato-
,1- . ni ? 1, . r m , " ? ? -j ' . , ! '....)>> l,i , ?
miques et physiologiques de chaque organe. Les règles étant
les mêmes que dans les paragraphes précédents, nous n intis-
m.... nW .11 . l ? l, , - . UM , ... ? |. - ..l-'ll' "1 1 'i.J
ferons pas. y ? , 1 l r' l 11'ill r, n r 'frtlmlfl·r 5 It·mhl. , . ', ;Ift ' 1 s ; If
-illlluf ? l 'r- ' - lit 'lll-l'll il . I ''llKlild'ilt n-;if»t . 'i I )'- 'i .'jfi'-nfï
Sous le nom 'oM/csa6'o-M ! o<eMrx (chapitre 6),, nous/voyons
décrit, : la fièvre. des hystériques caractérisée par une dilatation
aiguë, des, vaisseaux sanguins delà peau, en état d'hyperthermie,
contrastant avec, une .température axillaire normale; l'hyper;
esthésie musculo-cutanée^ accompagnée )d'abord de chaleur,
érythème, transpiration, puis d'une sensation defroidsubjective
ayeCjCyanosp et état blafard des extrémités, qui précède l'accès^
,Jes abaissements, de température hémilatéraux chiffrés, par
0,,8,àj.1; k Ces. manifestations, de môme que ,toute,s les autres,
sont .modifiées, heureusement,, par, les , mêmes .agents qui en
déterminent, également, le,, transfert. A ce,propos,est relatée
l'expérience. de. Schûller. qui, ayant rétracté les vaisseaux par
une. injection sousycutanée , d'crgotine, fit cesser, le spasme
angiotonique, parrinlnrlatip.il de nitrite d'amyle. ? ? (, ,"1}
.t Enfin une dernière section est consacrée à la physiologie et à
la pathologie du transfert. Telle est, en effet,' la rubrique, sous
' 350 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
laquelle M. Rosenthal expose l'historique de la découverte de
ce genre'de'phénomènes par Mi,1 ? Cliarcot, Dumontpallicr,
Luys; l'action des plaques, de l'aimant, de l'électricité statique,
des corps non métalliques, des sinapismes ; les théories électro-
chimiquetet électro-dynamiduelde Regnard, Onimus, Vigou-
roux, Eulemburg; les théories del'incitationproduitelocalement
par la déperdition de chaleur, du corps , variant avec diffé-
rence de conductibilité des métaux pour, cet agent (série .dé-
croissante de Au, Pt, Ag, Fe, Cu, Zn, Sn, PL, suivant Despretz),
tandis que le même effet résulterait de la rétention du calorique
par les corps non métalliques; l'opinion de Schiff, qui mesurant
l'action électrique produite dans l'espèce ( ? d'élém /Daniel I)
adopte l'hypothèse des oscillations continues dans les molécules
de tous les corps. (Clausius). Aucune de ces explications ne
satisfaisant l'esprit, l'auteur cherche dans la multiplicité 'des
investigations . une généralisation fructueuse. Ce sont : lés
expériences de.Rumpf (13elai. Klaiz. lf7ocheiise, 1879, n° 36,
etA ? MoraM/eH, 1879, 9° cahier) à l'aide de, lames métalliques
chaudes ou froides, delà compression d'un tronc artériel,.d'es-
sence de moutarde appliquée ayant et. après la section du scia-
tique, déjà faradisation cutanée ' ; celles de Rosenthal (jV,àën. ? aeclic. presse, nos,18,, 25, 1879) au moyen dé pulvérisation d'é-
trier, de frictions au pinceau faradique pu galvanique, des
injections, hypodermiques d'eau ,ou de morphine; finalement
,les mêmes .inversions, et translations obtenues récemment
grâce aux inhalations de, nitrite d'amyle (v. suprà), à,l'emploi
du .commutateur, et des alternances voltaïques, à l'aimant ;
l'antagonisme de. ce dernier et. des vapeurs amyliques; la pro-
duction du transfert par de violentes émotions, la vision àtra-
vers un prisme et un stéréoscope, des applications d'eau a 55°
et 5G° ; le déplacement de la torpeur cérébrale par l'électrisa-
tion galvanique, source parfois, d'hypnotisme (Eulenburg)'ëtde
catalepsie (Stùbing) au courant des accès (Regnard) ; '; l'étude'du
transfert par embolie cérébrale (anesthésie du côté hémiplé-
gique, hyperesthésie du côté de l'a lésion). De cet ensemble'de
constatations rapprochant les vivisections de'Brown-Sequard
(transfert d'une anesthésie' cutanée, consécutive à la section
latérale du pont de Varole, obtenu par hémisection dé la moelle
chez le' même les troubles fonctionnels du'grand
' ' ' , » , »*.
1 Congres cles'âliénistes et neurologistes de l'Allemagne du Sud-Ouest.
(Archives de- Neurologie] t. 11, p. 1'2'2.) -1 ' .. 1 . - .
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. -3jl
sympathique après lésion cérébrale clinique (Nothnagel in Vir-
claow's Archiv, t. LXVIII) et expérimentale (Brown-Sequard)
les observations de Dastre et Morat (Laborat. de Marey, IV,
1878-79) suit la marche et le rôle des fibres de ce nerf qui
influencent, quel que soit leur but (vaso-constricteur ou vaso-
dilatateur), les vaisseaux du cerveau directement en traversant
le canal carotidien ou par les ganglions et plexus centraux,
M. Rosenthal imagine la conception que voici :
Normalement, toute excitation périphérique' de la peau agit
sur le centre vaso-moteur (moelle allongée), gagnant ensuite le
foyer qui préside à une moitié du cerveau : d'où le rétrécisse-
ment vasculaire de tout un hémisphère, entraînant la compensa-
tion dilatatrice du système de vaisseaux de l'autre (voy. Rumpf,
faradisation cutanée). Bientôt les vaso-constricteurs s'épuisant,
l'entrée en jeu des vaso-dilatateurs détermine l'hyperémie du
segment tout à' l'heure anémié, et inversement l'anémie de
l'autre. L'excitabilité pathologique des centres de l'hystérique
fait que la moindre excitation partie d'un nerf sensitif, ou d'un
nerf vasculaire, lorsque l'anesthésie est complète, agit vivement
sur le centre transformant l'anémie angiospastique de la moi-
tié du cerveau anesthésiée (torpide) en une hyperémie angio-
dilatatrice qui, par compensation, produit le rétrécissement
des vaisseaux de l'autre côté. Comme à l'anémie correspond
l'anesthésie sensitive et sensorielle (marche parallèle des fi-
bres de ces divers ordres dans la calotte jusqu'à l'écorce), on
conçoit le déplacement des phénomènes anormaux d'un côté à
l'autre. Puis les centres d'innervation vasculaire récupérant
leur état pathologique primitif graduellement, le transfert dis-
parait par oscillation, comme il était apparu.' '
Ces assertions expliquent la concomitance de la torpeur
cérébrale et de l'hémianesthésie du même côté, la codisparition
de ces troubles par(l'inhalation amylique (qui calme le spasme
vasculaire central), la production du transfert par violente
émotion, surexcitation psychique, et l'action du même médica-
ment (compensation), l'action sur les vaso-moteurs du cerveau
pouvant indifféremment émaner d'excitations périphériques ou
primitivement centrales. i r r
L'hystérie n est, conclut le mémoire, qu'une faiblesse de résis-
tance congénitale ou acquise des centres vaso-moteurs. Tout ce
qui trouble l'autorégularisation de l'appareil d'innervation cen-
trale angiomusculaire, par la dépression des ganglions centraux
352' REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
vaso-dilatateurs (prédominance des vaso-constricteurs), esthys-
térogèné : ainsi en est-il des émotions, affections génitales, ano-
malies sexuelles. L'excitation s'étend-elle à des centres voisins
delà moelle allongée, on observe des palpitations, anhélations,
aphonies, convulsions diaphragmatiques ; le plus ou moins de
vaisseaux atteints fait les hystéries partielles ou les hystéro-
épilepsies graves ; la variété dans l'acuité des troubles et la mo-
dalité réactionnelle de l'individu causent la brusquerie des phé-
nomènes, les hystéries aiguës ouïes formes chroniques. C'est
pourquoi les climats, les peuples, les races, les villes four-
nissent selon les caractères (excitabilités différentes), selon
l'éducation qui'transforme l'impressionnabilité par l'imagina-
tion), un nombre variable et des genres divers d'hystérie : nous
renvoyons, sur ce point, à l'énumération du travail. Le seul
traitement auquel M. Rosenthal ait confiance, c'est l'hydrothé-
rapie scientifique : elle désemplit les vaisseaux du cerveau
(expériences de Schûller), relève le tonus vasculaire et géné-
ral, et aguerrit les malades contre les excitants extérieurs. ,
P. K.
XXVIII. Traitement DE l'hyperémie cérébrale ET méningée
par la révulsion cutanée; par Max BucH (d'Helsingfors).
(Aclaiv. f. Psych. u. VerueM ? XII, 1.)
La méthode employée fut celle de Baunscheidt, consistant
en une scarification à l'aide d'un appareil spécial qui n'entame
presque 'que l'épiderme,' suivie' de l'application d'un remède
huileux secret, lequel, aux termes des essais de M. Buch, pour7|
rait être remplacé par un mélange à parties égales d'essence
de térébenthine et d'huile de croton (effets identiques). L'au-
teur aurait, par ce procédé, obtenu la guérison, en sept cas
caractéristiques, des étourdissements, céphalalgies, photopsies,
dont cinq probablement d'origine malarienne (hyperémie avec
oedème cérébro-spinal de Bergmann). En une observation de
méningite chronique consécutive à une double otite moyenne
(phénomènes congressifs compliqués d'accès vertigineux et
épileptiformes), il relate même une amélioration considérable.
L'examen critique des travaux et expériences de Heidenhain,
Owsjaniliow, et Tschirjew, Naumaun, Schüller, Nowitzky,
conduit M. Buch à penser que les excitations cutanées d'une
intensité et d'une étendue suffisantes, mais non exagérées, dé-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 353
. .- J .
terminent une Iivpertbermie de la peau qui abaisse d'autant
la température interné; en même temps ^les vaisseaux, pic-
mériens,tôtit·l'âloô`rd dilates'sous cette innuence, subissent une
rétraction' durable et vigoureuse. De cette' double, action péri-
pliériqûé et centrale résulte une accélération du courant circu-
latoire dans toute l'économie, y compris la cavité crânienne,
/#i 1 il, .a. , . z " ,
qui relève les combustions interstitielles en'souffrance dû fait,
dé la stase, tandis qu'a lieu la déplétion directe du cerveau par
la congestion cutanée : compensation entre les sinus de la
1 ' '» > V 'if ,t ,j - l i'" ? 1, - ,1W Fi - , 1, r ., -
dure-mèré ct les vaisseaux de la peau par 1 ensemble du,s5's- ? 'i ? y-tir/ "il , -'11' ! '' 4"1, 41 . 1 . 1, , z. 1 .
terne nerveux vaso-moteur et des plexus spinaux, communi-
cation entre les espaces lymphatiques pen-vasculaires et pen- ,
. tl ? ( il · t lit -. ,1 > ? T- , ,lj , ? ? I , ,ll , I
nerveux du derme et la cavité sous-arachhoidienne branches.,
f 41.1 z.. , . "r. ,.u ? t . , "" .I
et anastomoses dé l'artère wertébrale - 1 artère carotide,
lu i-* ? .tu -. 1lit ill. < ,... , If m o ► ..»i
source d'irrigation commune des téguments .céphaliques et des ,
1,131 "i ? r a- ' ' llljilii'v 1 il- m, D ' ? Il t'. Mi'l h ? im-" . I'
organes mtracrâniens. , 1 , , , . P. K. , ,
Il il / Il , ? / -'' i l<l ' 9 £ 11 u . - .
Ji t ·v,ItW-t, "ut)'') vl : . ,(,q f u ? <)' ? f .t ? ( ? »i
XXIX. Des DE S ? «G; pâr'A'.7biii'vt;v. (zii,ch. d ol) li'th( 't'iiii 0 in'g ·
1882, 110 5.)
rappelle >les, observations de lartnes sau`lauteslrdli-
portées jusqu'au travaille M.' l'arrot (Etude sur, la sueur de sang et
les IECf)20t't'IL(IJZCS RCUI'Ol)rltlt jttgsc Gaz. 1(ebil., 185 ? ).,Avant ]ni,
surtout dans ce phénomène une déviation du flux menstruel. Il
établit leur caractère n6\ropalliique. Les nouveaux faits qu'expose
11a D·ain`alivle rallient a cette opinion. - '
'; ? i'* j "f w , Il t v·t I· ? , ! L : t 1 . m· ,il 1, r
Une malade, observée par lui a la clinique de nI. le professeur
Panas et bien/connue des neuropathologisles de la capitale, fait le
sujet'de là i, éiiiièi-e 1ol)ser,at io»ii. " ' '
Kn 18/7, a la suite d une violente émotion, I... est prise de crache- I
iliciits' fde"s .atizd 11, qu-otidicii, de photophobie,' de rougeur et de' I
larmoiement' de^sang,' accidents qui' disparaissent'au bout' de huit
mois ot'1'éapparaissent en 1879,' 1880 et[ 1881. On constate 'alors,' z
outre les symptômes précédents, un léger strabisme, .de la diplopie
et'tin;lhlépltarospasme qui oblige à chloroformer la- malade pour
constater l'intégrité. des membranes internes et, externes de l'oeil.
Lei 19 août, en.s'essuyant les yeux, T..., s'aperçoit de la rougeur de
ses larmes. De ce jour, la dacryorrhée sanglante revient quotidienne-
ment à heure fixe, comme jadis les hémoptvsies. Hémianesthésie' ,'
total" 't' 1" , - ? d , " " ' ? * "<iii 4,i i i , , )
totale a gauche. , , ,,
13 février 1882. Elongation du neif sus-orbilaire gauche qui pro-
voffuc le retour de^la sensibilité dans la main correspondante. 'Les
.k1 .1', · ? F Il,,[% "tfrr'ftlii'' -«l'hn '-» "un h ' 'l y m ''
ISCIll1'CS, t. V. 23
35 si REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
larmes, après deux nouvelles attaques, cessent d'être sanglantes.
Le blépliarospasnie persiste '.
Chez une malade de Hasncr et Trautre, âgée de treize ans, et
seulement anémique, les larmes sanglantes reviennent cinq à six
fois par jour et ne cessent qu'après l'établissement des règles.
' Desprès et Brun, en 1877, constatent la présence d'hématies dans
les larmes sanglantes d'une hystérique.
On ne saurait confondre ces cas avec des héntorrhagies traumati-
ques. Hasner allait porter ce diagnostic quand, retournant la pau-
pière de son malade, il découvrit dans le cul-de-sac conjonctival
une végétation pédiculée, dont l'ablation supprima complètement
l'écoulement sanglant. La dacryorrhéc sanglante n'a jamais été
signalée dans les dégénérescences de la glande lacrymale.
Avec ce symptôme essentiellement intermittent, et exceptionelle-
ment isolé, on constate soit des hémorrhagies partielles du côté de
la peau et des muqueuses, soit d'autres manifestations de la grande
névrose. Parfois il est annoncé par divers prodromes, douleurs
frontales, sourcilières, de la racine du nez, chaleur et picotement
des paupières qui se terminent avec l'apparition de la sécrétion
sanglante..... , D. BERNARD.
XXX. SUK une forme particulière ET curable DE myélite
centrale diffuse chronique (/MC/0;)a//«C ayant des symp-
tôiiies analogues d ceux de la myélite centrale diffuse chronique
4 et se terminant par la guérison); par J. DÉJERI ? 1,. {Revue de
' médecine, 1882, nOm 3 et 4.)
L'auteur avait observé sur deux malades les symptômes
essentiels de cette affection dont l'incurabilité est bien démon-
trée, alors même qu'elle frappe un syphilitique. Un résumé de
leur histoire montrera les bases solides du premier diagnostic
et l'importance delà découverte de cette entité morbide : atro-
phie musculaire diffuse n'épargnant que la face; para-
lysie diffuse également, mais bien plus marquée que n'aurait
permis de le penser l'atrophie, s'accompagnant d'une contrac-
ture légère, exacerbeeparlos mouvements, decontractions fibril-
laires et fascictilaires. Exagération des réflexes tendineux, delà
'T... a été revue à la clinique du professeur Panas, qui a pu, le 20
novembre 1882, assister enfin, avec ses élèves, a l'écoulement des
lames sanglantes et constater, grâce l'amendement du blépliarospnsnie,
l'injection de la conjonctive à ce moment. La dacryorrhéc a reparu
depuis longtemps et a lieu régulièrement chaque matin pour les deux
yeux. D. li.
revue de pathologie nerveuse. 355
contraction idio-musculairc. Trépidation réflexe. Nul chan-
gement cependant dans la contractilité galvanique et fara-
dique, à part le phénomène de la contraction secondaire com-
mun à toutes les atrophies musculaires.
La sensibilité générale est aussi profondément frappée dans
ses divers modes, si bien que la vue devient, indispensable à
l'exécution des moindres actes. Les sensibilités articulaire, mus-
culaire et spéciale sont parfaitement intactes. Aucun signe
d'ataxie. Intégrité des sphincters, de la nutrition de la peau.
Santé généralement bonne. Ni syphilis, ni saturnisme.
Au bout de deux ans pour l'un' des malades, de dix mois
pour l'autre, une complète guérison, survient à la suite de l'ad-
ministration de l'iodure de potassium et de l'emploi des cou-
rants faradiques. Il fallut changer le diagnostic.
Les contractures, les troubles de la sensibilité, l'intégrité de
la contractilité électrique excluaient la paralysie générale spi-
nale antérieure subaiguë de Duchenne. Quant à la"paralysie
spinale générale diffuse subaiguë du môme auteur, elle n'est
autre que la myélite centrale diffuse elle-même (Vulpian).
11 s'agissait donc d'une forme nouvelle de myélopathie généra-
lisée et chronique curable, sous la dépendance non d'une inflam-
.mation interstitielle ou parenchymateuse, lésion définitive et
» incompatible avec la 7,esllli(lio ad inlegnecnt, mais vraisembla-
blement d'une modification des éléments médullaires, pareille
à celle qui permet la guérison des paralysies et des amyotro-
phies réflexes, la guérison de la paralysie générale spinale an-
térieure subaiguë., Gomment la reconnaître avant l'amende-
ment caractéristique des symptômes ? Jusqu'à présent, cette
.distinction ne saurait être fondée .que sur l'intégrité de la
contractilité électrique, l'absence de troubles trophiques cuta-
nés et l'état normal des sphincters, qu'on ne saurait retrouver *
dans une myélite diffuse aussi étendue que le feraient suppo-
ser les symptômes observés. , ? ,. D. B. ,
.YlL'SU12 une forme particulière de crises gastriques non
gastralgiques dans l'ataxie locomotrice progressive ; par
R. Lépine. (Got zzéclcal, n° 38, 1882.)
A côté des crises gastralgiques, s'accompagnant souvent de
vomissements, il faut désormais décrire chez les tabétiques une
forme beaucoup plus rare de crises gastriques, caractérisées
356 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
essentiellement par des vomissements non douloureux, incoer-
cibles, résistant à toute thérapeutique et pouvant souvent,
par leur durée, mettre la vie du malade en danger.
Chez le malade de M. Lapine, la moindre goutte d'eau in-
gérée provoquait les vomissements, presque toujours bilieux.
Après quatorze jours d'inanition, ils cessèrent brusquement, au
moment où un amaigrissement et-un affaiblissement extrêmes
donnaient les plus vives inquiétudes sur l'issue de la crise.
Les vomissements non douloureux surviennent plus fréquem-
ment à l'état isolé ou par petites crises, alors que leur indé-
pendance de l'alimentation et le phénomène du genou peuvent
seuls empêcher d'en méconnaître la nature. , ,
M.,Lépinc fait remarquer qu'en même temps qu'il appelait
l'attention sur ces faits, M. Fournier les signalait dans son
récent ouvrage {De l'alaxie locomotrice, Paris, 1882). D. B.
XXXII. Altérations des cellules nerveuses D1NS'L'IN1L : lvi-
' TIrl1'ION de la moelle épinière ; par Luis BARAQUER. (Gacela
meclica catalana, t. II, n° 12, 30 juin 1882.)
1 1
L'auteur passe successivement en revue la plupart des alté-
rations que subissent les cellules nerveuses dans'les différentes
variétés de myélite, à'savoir : 1° l'hypertrophie; 2° la mul-
tiplication des noyaux intracellulaires ; 3° l'état vacuolaire ;
4° l'altération pigmentaire et l'atrophie pigmentaire. '
' 1° Hpertroplué.'=Aprèsavoirrappelé Ie mé'moire de \I. CUar-
cot, et le résultat des expériences de MM. Dujardin-Beaumetz z
etGrancher (myélite expérimentale),' l'auteur' fait connaître
son opinion sur la nature de cette hypertrophie. Ce qu'il a.
observé, c'est une augmentation de volume de, la cellule, dont
le protoplasma est plus clair, plus réfringent qu'à l'état nor-
mal. Les prolongements sont conservés ainsi que le noyau, qui
a lui-même augmenté de volume. A en juger parles caractères
du protoplasma, il s'agirait d'une hydropisie de la cellule, bien
plutôt que d'une hypertrophie véritable. En effet, si on l'exa-
mine à l'état frais, on constate que son contenu se colore fai-
blement, et que les granulations pigmentaires qu'elle renferme
sontséparées les unes des autres, de tellcmanière qu'ellesparais-
sent raréfiées ; d'autre part, cette même hypertrophie ne se
retrouve pas lorsqu'on examine la moelle'après durcissement,
c'est-à-dire après qu'on lui a soustrait une quantité plus ou
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 357
moins considérable de liquide. Tout au contraire, l'hypertrophie
du noyau serait bien réelle; il se colore vivement par le car-
min ; il possède parfois deux nucléoles.
3° Multiplication intracellulaire des noyaux. L'auteur
confirme à cet égard les observations de Jolly et de Leyden.
Dans deux cas de myélite aiguë diffuse, il a observé le phéno-
mène de la division du noyau; mais cette division est un fait
rare. Ce qu'il est beaucoup plus commun de constater, c'est la
présence dans le même noyau de deux ou trois nucléoles, avec
tendance à la segmentation du noyau (noyaux en bissac).
3° Altération vacuolaire. C'est le chapitre le plus original
du mémoire, c'est aussi celui auquel l'auteur a donné le plus
de développement. 1
Si la description très soignée qu'il donne de l'altération va-
cuolaire est conforme à celle des autres auteurs, il en est tout
autrement des conclusions auxquelles il arrive touchant la
nature de cette altération. Pour lui, ce qu'on a décrit comme
étant une vacuole, c'est-à-dire une cavité creusée aux dépens du
protoplasma cellulaire, est en réalité un corpuscule véritable,
indépendant du protoplasma, venu du dehors, et pénétrant dans
son intérieur par effraction. Voici les raisons qu'il fait valoir à
l'appui de cette opinion : l°Acôté des cellules qui ne contiennent
que des corpuscules profonds, on en voit d'autres qui présentent
des corpuscules à moitié engagés dans leur protaplasma et fai-
sant saillie à l'extérieur ; il est clair que s'il s'agissait d'une va-
cuole, on n'observerait rien entre la cellule et le tissu am-
biant. 2° Dans l'espace libre réservé entre la cellule et le
tissu voisin, se voient des corpuscules libres, ayant les mêmes
caractères, comme forme et comme dimension, que ceux qui
sont contenus dans l'intérieur de la cellule. Quand cet espace est
plus grand que les dimensions du corpuscule blanc, celui-ci y
est complètement libre; quand l'espace est plus petit, le corpus-
cule se loge d'un côté dans le protaplasma de la cellule, de l'autre
côté dans le tissu nerveux voisin. 31 Ces mêmes corpuscules
se retrouvent loin des cellules, en plein tissu nerveux, et cela
aussi bien dans la substance blanche que dans la substance
grise. 4° Enfin, en présence de l'acide osmique, ils se com-
portent comme des corps solides et non comme des cavités;
celui-ci les fixe dans leur forme et les colore en brun.
' Quelles sont maintenant la nature et l'origine de ces cor-
puscules ? A l'intérieur des cellules nerveuses fortement colo-
35S REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
rées par le carmin, ils restent blancs ; donc ce ne sont ni des
particules protoplasmiqu(s, ni des noyaux jeunes ou vieux-, car,
dans ce cas, ils seraient colorés. L'acide osmique les colore en
noir ou en gris et fait apparaître' un double contour ; c'est'là
une réaction qui appartient à la graisse et à la myéline. Pour
différents motifs et en'particulier en se fondant sur la teinte
bistre et non pas noire que présentent alors les corpuscules,
l'auteur pense qu'ils sont formés par la myéline.
Les corpuscules blancs (c'est le nom que leur donne M. Bar-
r.iquer) ne seraientidone autre chose que des boules de myé-
line, provenant d'une sorte do'désintégrationdes tissus enflam-
més, désintégration qui reconnaîtrait pour causes principales'
la gène circulatoire et l'imbibition, conséquence du processus
inflammatoire. Ces boules de myéline seraient incorporées par
les cellules nerveuses, lorsque celles-ci ont été modifiées par
l'inflammation. Aussi M. Barraquer propose-t-il de substituer au
terme « altération vacuolaire » ! celui d'infiltration médullaire
des cellules nerveuses ? 1, ' ' " ' ' ' 1
4° Altération pigmentaire et atrophie pigmentaire. L auteur
pense que le pigment des cellules nerveuses est de provenance
hématique. On le'verrait augmenter dans des proportions con-
sidérables sous l'ifluenée'does'6n-etio'ns soit actives, soit pas-
sives. Il augmente également de quantité' mesure'que l'indi-'
vidu avance en âge. Tel est le préambule de ce dernier'chapitre'
qui,contient une étude bien faite des'différentes phases de l'al-
tération et de'l'atrophie pigmentaires des cellules nerveuses.'
En résume, le mémoire de M. Barraquer soulevé .un certain
nombre de questions intéressantes.. Il appelle des recherches de
contrôle qui, nous le souhaitons, Rendront confirmer les con-,
clusions de Fauteur. ( (Une planche facilite l'intelligence du
texte.) .l/Lu ? l ? H ? î,i,,n1".Mi iVllôil- t CTUII3AULT ? ,,
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
I. DES maladies DES reins considérées comme causes
d'aliénation mentale; par le professeur HAGEN (d'Erlan-
gen). (fllly. Geitsclro. f'. Psyeb. zc. psych. gerichtl. Medicin.
XXXVIII, 1.)
Basé sur deux séries d'observations, ce mémoire envisage : ,
1° les néphrites englobées sous le nom générique de mal de
Bright plus ou moins aigu; 2° les dégénérescences rénales chro-
niques ou défectuosités de la substance des reins. Parmi
les premières nous trouvons douze faits publiés par Leidesdorf,
Jolly, Wilks, Sehulz, Clouston, Grainger Stewart, Hasland,
Scbüle; ils concernent généralement des mélancoliques (déliré
des persécutions, violences), souvent en proie à des accès d'agi-
tation, alternant avec des phases de dépression et d'hébétude,
chez lesquels on note aussi des hallucinations de la vue et de
l'ouïe, ainsi que des convulsions épileptiformes soit au début,
soit au cours, soit à la fin de la maladie (sopor). Tous les
malades; manifestement auparavant brightiques, présentèrent
avant le dénouement fatal (un seul cas de guérison complète et
durable) des rémissions et intermittences, mais sans qu'on pût'
découvrir chez eux d'autre cause 'de vésanie ? Le second
groupe d'altérations rénales comprend la dégénérescence kys-
tique avec atrophie des deux organes,' l'hydronéphrose'et
l'atrophie granuleuse, l'atrophie par malformation congénitale; '
les pesées fournissent un maximum de 67 à 82 grammes. Les
quatre cas en question, personnels au professeur IIagen, sont
relatifs à un délire aigu et à trois formes de mélancolie. Ces
trois dernières , complexes à raison des lésions multiples
(pneumonie et gangrène pulmonaire, alcoolisme;- hémorrhagie
cérébrale et méningée; - petitesse congénitale du coeur, des
reins, du cerveau), exigent la lecture des considérations cliniques
par lesquelles l'auteur rattache la série des accidents, y compris
l'aphasie et la polydipsie, à l'état général engendré par l'insuffi-
sance rénale. De cette étude il se dégage que, de même que
360 REVUE DE pathologie mentale.
les manifestations comateuses et convulsives connues sous le
nom d'urémiques, le changement d'humeur et- des psychoses,
appartenant à la même période et au même appareil (nerveux),
doivent être reliés à l'état des reins. Ces psychoses seraient à
l'urémie cérébrale ce que les vésanies épileptiques et hysté-
riques sont aux convulsions et troubles sensitifs de ces affections.
Un premier degré de l'apathie, de l'anxiété mentale passe
souvent inaperçu, l'équilibre, physiologique étant maintenu
parla suractivité du coeur hypertrophié, et, la, suppléance des
excrétions muqueuses, et cutanées. Que la compensation soit
rompue par une émotion brusque (dépression cardiaque),1 un
refroidissement (arrêt des fonctions de la peau), une- maladie
aiguë (déchets s'accumulant dans une économie déjà urémiée),
les progrès de la lésion, ou l'âge du malade, on verra se déve-
lopper, selon la rapidité et l'intensité des processus, un délire
aigu ou l'équivalent des convulsions urémiques, sous la -forme
de lypémanie et manie actives, accompagnées d'hallucinations
menaçantes, imprimant à la psychose, un'cachet'propre. Quant
à établir le rapport exact qui lie ces vésanies à l'urémie, le
mécanisme .précis de leur évolution, le pourquoi de leur sé-
lection chez tel sujet, ou de leur alternance chez certains indi-
vidus avec les convulsions urémiques, autant faudrait élucider
d'abord l'essence de l'urémie et les causes pour lesquelles elle
affecte tel ou tel aspect. Ces inconnues n'infirment pas la
valeur-des faits et leur enchaînement dûment constaté. F. K.
l 1 1 , 1 1 1
- , S ,t·., Ir ? ·1/ it a -m i v fI,'ft,l;1·Mr
II. Anomalie DE formation chez^les aliénés;, , hal'·, RICIITER
(dé Dalldorf). (Allg. Geilsclt. f. Psych. M.j.)/c/< ? cM.
, 111ecllctn, XXXVIII, I'.) , , a ? t 1 , i H ^ .T'il).')
M. Richter, analyse minutieusement, ! les particularités) phy-
siques que peuvent présenter dans leur construction' deux cents
aliénés, pour laplupart atteints de, folie systématique, au point
de vue, spécial des, malformations. Sa statistique, comporte
depuis .la pigmentation des cheveux,, la symétrie') de disposi-
tion des poils, la coloration,de.l'iris, jusqu'à l'état deslanneaux
aponévrotidues,(hernie) ? des,,orifices,oardio.vasculairés (val-
v·ules) ? etc. Aussi,n'a-t-il, pu rencontrer, que.vingt-quatrcr mà-
lâdes.·indemnes de, toute anomalie... ·, n - .» .i- / 'h n «
· )" P ? 111() W if,ty · 't'W (' II · , t'17,·,il 1 IfUI9t1'I i`aI
Voir Archives de Neurologie, t. Il, p. 9G.Iwy li" 4tljil Mit >
REVUE DE PATHOLOGE MENTALE. 361
Un long paragraphe est consacré à la petitesse du squelette
de la face en tous ses os, d'un seul côté, observée à des degrés
divers quatorze fois : cette anomalie résulte d'un arrêt'de dé-
veloppement des sutures et synostoses cranio-façiales, dont
l'ostéo-énèse, pour une cause inconnue, n'a pas progressé.
Assez souvent accompagnée de la même malformation crâ-
nienne (ici ce sont, surtout les sutures crâniennes qui sont
atteintes), cette asymétrie pourrait être confondue avec une
défectuosité -unilatérale des dents, ou avec des traumatismes
anciens. Jusqu'ici, l'auteur n'a pas 'd'autopsies. 'Il fournit une '
observation détaillée à l'appui; en faisant remarquer en ce cas
l'absence de toute maladie ou lésion de l'ensemble du système
osseux. - ' ' ? '
Dans l'impossibilité où se, trouvait 11. Richter d'établir une
proportion entre les anomalies de ces 'deux cents aliénés et les
mêmes chez autant d'individus sains d'esprit;' il a choisi comme
- terme de- comparaison la paralysie générale qui ''constitue, à
- ,son sens, unei maladie sui generis peu en rapport' avec les
autres psychoses, car elle affecte, pour lui'principalement, les
sujets résistants, exempts 'de prédispositions. Toutes choses
étant égales d'ailleurs, sa' conclusion' est que les anomalies en
question sont moins fréquentes chez les paralytiques et proba-
'blemcnt, par extension, chez les gens'sains d'esprit. P. K.
;. c...j ) ' ! n 1'u Il jj, lie '"« ' i · '" ,.
Y ". L ? lm'J 11 ' ? " ' . '
iil. DE L EXCITABILITE ELECTRIQUE DANS LES LESIONS DE LA
MOELLE CHEZ LES DÉMENTS PARALYTIQUES ; par FiSCIIER jeune.
-1-T- Etude complétée P.\RQUELQU1;S aperçus' sur 'l'anatomie
S p,TIIOLbGIQUP ? ET'La' PATHOLOGIE DE CETTE DERNIERE MALADIE ;
par FRIEDIt.^SCHULTZE.(9'CJtIU. f. Psych.i{i./Nervèhk]^'X\, 3.)
d Les'trois observatiôn§avec'autôpsiéTqui'for : lëlitlâ''basé de
ce, travail (concernent en",effet'des trouble's'dé fâ iliôtilité'éf'de
i la, sensibilité .témoignant de-lésioii-,z"médiill'a'ié's ? 1 ! 6's'iiilriiifès-
tations spasmodiques enregistrées 'permettent, concurremment t
avec- 'la p'araplégie;-l'ânestbésie, la''dimihutioh''ou l'abolition
- des, réflexosli cutanés,-1 lf exagération "des"réflexésl0p'atèllairès,
d'établir, le diagnostic de dégénérescence "dès1' cordons' 'latéraux.
L'examen. microscopique démontré ultérieurement, au moins
en deux de ces faits, l'atteinte'des'faisceaux'pyramidaux" dans
les cordons latéraux, en même temps que les cordons posté-
rieurs participent partiellement aux altérations.' Or ? bihnf que
362 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
celles-ci occupassent toute la région dorsale et une petite éten-
due de la région lombaire dans l'observation I (parésie et rigi-
dité des extrémités supérieures, malgré l'intégrité du segment
cervical) ; bien que, dans l'observation II, les deux cordons de
Türclc, le faisceau pyramidal dans les cordons latéraux, la
portion interne des faisceaux cunéiformes à la région cervicale
supérieure, le faisceau pyramidal et les deux cordons posté-
rieurs à la région dorsale eussent été envahis (intégrité des py-
ramides du bulbe et du renflement lombaire), on ne peut noter
de modification importante dans l'excitabilité faradique ou gal-
vanique des districts correspondants. Il y avait un peu d'hypo-
cxeitabilité aux courants continus entraînant des réactions iné-
gales en des régions symétriques ou homolatérales sans altéra-
tion qualitative, et c'était tout. D'où cette conclusion que,
quelqu'importantc que soit une lésion de la moelle, se produisit-
elle chez les paralysés généraux, on n'observe que de faibles mo-
difications dansl'excitabilité électrique des nerfs tant que la subs-
tance grise et les racines antérieures demeurent indemnes . P. K.
IV. Considérations touchant la théorie de RICII,R7 relative
A la génération et A l'hérédité ; par LA. Kocii. (A lly.
Zeilscle. f. Psych. 21. psych gerichtl. Medicin, XXXVIII, 1.)
La théorie de Richarz peut être formulée dans les apho-
rismes suivants :
1° Le sexe dépend non des qualités transmissibles adhérentes
aux générateurs, mais de l'état dynamique de la puissance con-
ceptuelle de la mère. Cette puissance est-elle faible, le produit
générique sera une fille et vice versa; le sexe masculin repré-
sentant le maximum de développement du germe ;
2° Le sperme a pour fonction d'exciter le mouvement de
ce développement propre à l'oeuf, en même temps qu'il lui con-
fère les qualités transmissibles du générateur mâle ;
3° L'ovule possède aussi de par son organisation originelle,
une certaine disposition à tel ou tel sexe ; sa décision dépen-
dra du degré d'organisation du' sperme, qui, chez le même
homme, peut varier suivant les moments de constitution et
tendre à des sexes différents. Lutte croisée entre les matériaux
générateurs ;
4° IL'hérédité physiologique est croisée. Ainsi une mère douée
d'une puissance génératrice excessive produira un garçon pos-
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 363
sédant les qualités transmissibles de sa nature ; est-elle douée
d'une force conceptuelle médiocre, elle engendrera une fille
possédant les qualités du père, parce qu'alors la semence mâle
peut agir sans entraves qualificativement sur I'oeuf. Tel est le
développement enizoîiziqiie;
5° L'hérédité non croisée, toute différente, favorise l'hérédité
et la production des maladies : développement paranomique ;
60 Enfin la dissemblance complète des descendants d'avec
le type somatique des générateurs (développement aittoi2o ? î21que)
esttoutà fait dégénératrice; elle constitue psychopathiquement
la manifestation dégénératrice la plus importante.
Il est facile de rendre compte des incompatibilités inexpli-
cables auxquelles ces idées poussées à l'extrême donneraient
naissance, en ce qui concerne la génération des garçons et des
filles. Nous n'insisterons pas sur ces contradictions relevées
avec à-propos par M. Koch dans ce mémoire, le point capital
résidant, à notre sens, dans la question de l'hérédité.
Croyant à la, véracité de l'assertion n° t, M. Koch avait tenté
de la démontrer statistiquement; mais il s'est heurté en bien
des cas à des questions d'appréciation subjective, tantil y avait
mélange de traits des parents sur l'enfant examiné, ou si l'on
préfère, tant était' faible sa ressemblance avec l'un des deux.
Il en infère que la transmission des caractères somatiques ou
psychiques n'est pas aussi fréquente, ni aussi régulière que le
veut la théorie ; que les enfants ressemblant également aux
deux générateurs (hérédité mêlée), ne sont pas tellement me-
nacés ni'affectés, mais que l'hérédité croisée appartient en effet'
aux' santés et valeurs psychiques et somatiques au-dessus de la
moyenne. Ainsi dans les familles dont le système nerveux est
atteint, l'hérédité non croisée (mêlée ou unilatérale) est beau-
coup plus fréquente que dans les familles bien portantes : un
vingtième de ces faits concernent le développement autono-
mique typique : ' ' P. KI.
V. 0))PF.RVATION D'O't'UËMATOMK chez un enfant SYt')nHT)Qrn (Note
lue à la Société de médecine de Paris dans la séance du 10 no-
vembre' 1881, publiée'dans l'Union médicale du 6 mai -I 382, n° fil);
par TIiônFas. ,
Il s'agit d'un enfant conçu pendant que le père avait une poussée
de psoriasis syphilitique.' Cet enfant, âge de cinq ans, rachi-
tique,,sans troubles intellectuels, présente sur les fesses des cica-
364 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
triée ? syphilitiques spécifiques. Sans être llémolllilicluc , Imi-
qu'il ne perd jtiiittis de en Se COLIIItIlIt Ou en S'éCOI-CI1,111t, il
otfre fréquemment des ecchymoses sous-cutanée ? colorées, par la
moindre violence extérieure.
Cet enfant a eu un otitematomode la face antérieure du pavillon
de l'oreille gauche," allant jusqu'à recouvrir l'orifice du conduit
auditif externe; la tumeur fut vidée par une ponction exploratrice,
et guérit; la veille de l'apparition de la tumeur l'enfant, eu jouant,
avait passé la tête entre les barreaux de son lit en fer et n'avait pu
la retirer qu'avec peine.
Rejetant la théorie du siège profond do l'olllématome sous le
périchondre, l'auteur admet comme siège le tissu coujonetif vuscu-
laire extérieur à la lame élastique du périchondre, dépendance du
périchondre (Vallon) ou du tissu cellulaire sous-cutané Il Il
l'appelle ]'6t.io)oi : io traumatique de l'olhémafomc défendue par
Hroca, Gubler, Magnan, tient compte néanmoins des opinions de
Foville, Bonnet. et Poinearré qui le rattachent à des lésions du
ganglion cervical du grand sympathique, et termine en citant des
cas d'otllématome sans lésion nerveuse centrale (G uéniot et l,odentu,
Heyfolder, l3aslien).
Rappelant que testions atluromatcuses des vaisseaux de l'oreille
chez les aliénés atteints d'othematome ont été constatées (Mabille),
rappelant aussi la constatation 'des 'altérations vasculaires dans la
syphilis (Lancereaux et Parrot), éliminant l'hémophilie chez son
malade, M. Thorcns se demande si (lu'il a observé
ne reconnaîtrait pas comme cause la diathèsi liéiiiorrliagiquo,
symptôme de la syphilis, de, son malade, favorisée occasionnelle-
ment par l'accident, les efforts et l'émotion qui en sont résultés.
' C ! fAnpr : XTH : n.
VI. Contribution A L\ pathologie et A l'anatomie pathologique
DE LA PARALYSIE PROGRESSIVE; par Vacher. (AL'clv. f. l'srll. ît.
11'crvenl ? \llf, f.)
,Io ° L'auteur relate une observation complète de paralysie générale
ayant en oliti e 1)1'éSelzté 1c syndrome clinique de la paralysie spinale
spasmodique, sans que l'examen microscopique de la moelle ail décelé
d'altération dans les cordons latéraux. Intégrité du faisceau pyramidal
jusque dans les tractus intraccrebraux. Lésions de iameningo-perien-
cépllalite chronique diffuse. Sans vouloir tirer une conclusion
prématurée, M. Zaclier insiste surles dégénéiescenccspigmenlaires
localisées dans- l'espèce aux grandes cellules (pyramidales de la
zone corticale motrice.
2° Voici le cas décrit sous la rubrique : Une forme mixte, cotis/t-
tuant la transition de la paralysie progressive, ci la sclérose multilocu-
Liire en foyers. Un homme de cinquante ans, entaché d'hérédité et
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 365
sujet à des excès alcooliques et vénériens, fait en 18 î une chute
d'une très grande hauteur. Dès lors, douleurs céphaliques et spinales.
En 1879, excitabilité, amnésie, démence. On note de lablépliaroptose
bilatérale, de l'inégalité pupillaire, de la parésie droite du facial
inférieur, du tremblement de la langue; parole trébuchante, tremble-
ment des doigts, démarche incertaine à pas écartés; affaiblisse-
ment dynamométriquc, démence, délire des grandeurs. Use mani-
feste ultérieurement des tremblements intentionnels dans les
extrémités supérieures et inférieures, du ralentissement dans l'ai ti-
culation des mots (parole traînée, convulsive, chevrotante), de
l'exagération dans les réflexes tendineux. Pachyméningite hémor-
rbagique, atrophie- corticale surtout dans les lobes frontaux, tel est
le bilan macroscopique. L'étude microscopique révèle, dans la
moelle, de la sclérose multiloculaire diffuse; dans le cerveau, de la
congestion corticale et des lésions de la paralysie générale sans
foyers scléreux nulle part. Intégrité, du bulbe. On rencontre, en
outre, dans les oculo-motcurs communs de nombreux cylindres-axes
tuméfiés, au début de leur destruction, un certain épaississement des
gaines de Schwann etdescloisons marginales interfasciculaires; ces
lésions seraient analogues à celles de la méningite spinale. P. K.
VII. Cio\TRI13U'l'IO\ A l'étude de, la folie, qui se produit Pilon-
,,f dant l'enfance ; par F. MOELLER. {Arch. ? /'SC/<. Il. Ner-
,n. z·enl ? lIII, 1.) i i .. , 'i . i " I m ,,
. v .i...
Nous renverrons à la statistique fort intéressante par laquelle
l'auteur inaugure son mémoire, pour.ne nous occuper que des
trois observations qui en constituent l'essence.
I. Un garçon de quinze ans, issu d'une famille d'aliénés ou
suicidés, bien doué et travailleur quoique' d'un naturel colère,
ballotté entre les mauvais traitements de son beau-père et la faiblesse
maternelle, quitte un beau jour sa profession' etnsa commune.
Quarante-huit heures plus tard, le voilà en proie à de l'agitation
avec fureur, délire des grandeurs, afilux exagéré d'idées, insomnie;
peut-être est-il en même temps le jouet d'hallucinations de la vue.
~et de l'ouïe. A son entrée à l'asile, on se trouve en présence d'un
enfant dans toute l'acception somatique du mot, quoiqu'il ne pré-
senteiaucun signe de dégénérescence : exaltation- maniaque Quel-
ques jours après, phase de dépression Li]Lé-
rieurement avec des périodes dé manie. Peu à1 peu se montrent des
intervalles-dé calme et de lucidité, dont la durée progressive aboutit
à la guérison. Durée moyenne : dix-huit mois. Pendant ce laps de
temps, le, jeune sujet a grandi de cinq centimètres et'a gagné en
poids dix kilogrammes; il n'est point encore pubère'... · - » .
366 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
il. Ici, c'est d'une fille de treize ans qu'il s'agit; on ne mentionne e
du fait d'hérédité qu'une grand'tanto aliénée. Cette' enfant turbu-
lente, mais très intelligente et fort ambitieuse, est en proie depuis
l'âge de douze ans à des tremblements convulsifs dans les mains et
les jambes. La psychose débute soudain, la nuit, par un délire de
persécutions, grotte sur des hallucinations de l'ouïe; puis de la vue
et de la sensibilité générale; plus tard, accès de somnolence. Six
mois après, le délire des persécutions qui s'est systématisé cesse
brusquement, et se transforme en de la mégalomanie des mieux
organisée; enfin, les accès de sommeil s'acctoissentctscprolongent.
Tel est son état à son arrivée. Les crises d'hypnotisme ne se res-
semblent pas foutes : les unes ne sunivenf pas à une incitation
légère; les autres exigent, pour le réveil de la malade, des bruits
violents et des excitations tactiles intenses; d'autres enfin sont carac-
térisées par la rigidité dans la station debout, les yeux ouverts, ou
par l'exécution automatique d'un acte quelconque pendant lequel
la jeune fille sourit légèrement. Sommation imagée dans le sens
des idées délirantes. L'interprétation que l'enfant attribue à cci
accès ressortit à des idées de persécution. La préoccupation- de
certaines pensées, par exemple, l'espoir de sa sortie, diminue pen-
dant quelques jours la propension au somnambulisme ; celui-ci se
montre plus fréquent et plus prolongé pendant les règles. Les
facultés intellectuelles n'ont, au reste, subi aucune perturbation
qualitative. L'état général est celui d'une chlorotiquc. L'évolution
de l'affection mentale n'est pas encore terminée.
,111. Ce dernier fait a frai a une psychose consécutive à la
scarlatine chez une fillette de huit ans. Les anamnestiques n'offrent
à enregistrer que des accès convulsifs nocturnes chez la mère, sans
période connaissance. Enfant taciturne montrant de l'antipathie, à
l'égard des personnes qui l'entourent, et présentant des accès d'an-
goisse avec des hallucinations delà uic : tentatives de suicide pour
échapper, dit-elle, à cette persécution. Intervalles de calme pen-
dant lesquels elle cause avec enjouement. En dehors d'eux elle
demeure craintive et conserve son mutisme; on constate les mani-
festations d'angoisse lors des visites de sa mère. Peu à peu cepen-
dant, elle devient plus accessible et s'occupe. Sortie après quatre
mois de maladie. Les renseignements postérieurs ont appris que
l'état mental était redevenu normal bien que la fillette conservai
un peu de faiblesse psychique et de la sensiblerie exagérée. P. la.
VIll. Mouins li 1 ? OTIq : US : ll 1,.NOTIS.%IE spontané autonome; par
V.-J. 1)nuauow. (Arch. f. Vsych. n. IYeruenk., 1111, I.)
11 existe, dit l'auteur, deux sortes d'hypnotisme; l'une peut être
artificiellement provoquée; l'autre se manifeste spontanément chez
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 367
des sujets jusqu'alors bien portants. C'est a cette dernière forme
que M. Drosdow applique le nom de morbus Ilypnoticus. Il fournit
à l'appui de sa thèse trois observations.
La première, décrile sous le litre de : Morbus hypnoticus avec
perle des fonctions intellectuelles et psychiques, concerne un jeune
homme de seize ans pris d'accès d'hypnotisme à la suite de dif-
férends avec sa mère : fuite en plein hiver et refroidissement.
Anéantissement des perceptions sensorielles; raideur cataleptique
des muscles acquérant sous l'inlluencu des applications métalliques
(or et argent) la llexibililé de la cire : conservation des positions
qu'on leur imprime. Les courants induits tirent le malade de cette
apathie. En effleurant légèrement son visage, on provoque un
nouvel état d'hypnotisme profond. Puis la guérison s'effectue.
Dix mois plus tard, retour des accidents qui persistent à peu près
aussi longtemps que la première série (trois mois environ). En
somme, disparition de la molilité et delà sensibilité, ? a;tMtKfS eerca
et rigidité totale du système musculaire, dont l'excitabilité est
augmentée jusqu'au tétanisme, manifestation des réflexes associés,
tel est le bilan du somnambulisme en question. Intégrité des
poumons et du coeur. -Guérison. - Les phénomènes généraux furent
moins accentués dans la seconde observation intitulée : Morbus
h2uzotie2rs avec aphasie. Il s'agit d'un homme de \ingt-trois ans, issu
de dipsomancs (mère épileptique), atteint consécutivement à un
'excès de boisson de plusieurs accès d'hypnotisme. La parole et l'ouïe
sont abolies pendant la durée de cet état; ces fonctions ne se
rétablissent point dans l'intervalle des crises, mais le malade
s'exprime parfaitement par écrit. On note également chez lui la
diminution de la sensibilité et l'hypcrexcitabilité neuro-musculaire
(rigidité provoquée). Guérison au bout de cinq semaines. Le
dernier fait traita une étudiante de vingt-quatre ans suivant les
cours supérieurs de femmes. Ses accès auraient débuté à la suite de
deux séances d'inpnotisme provoqué auxquelles clic assistait. Ils se
produisent à tout moment n'intporte oil, vuirehemlant ses examens,
et sont précédés d'une sensation de malaise général souvent ac-
compagné de battements de cceur. La malade sent l'approche de
ses crises; pendant leur durée clic entend et comprend sans pou-
voir remuer aucun membre. Disparition des phénomènes pendant
un congé que la patiente ni passer dans son pays ; récidive alors
qu'elle reprend le cours de ses études. C'est ]-IL un cas, selon M. Dros-
dow, de morbus /)) ? 0'CM. ! avec conscience et conservation des facultés
psychiques, sans hérédité proprement dite, ni hystérie : menstrua-
tion irrégulière. Signalons la dilatation pupillairo pendant l'état
de sommeil dans ces trois observations.
L'auteur résume dans les conclusions suivantes les considérations
qui l'engagent à constituer à l'hypnotisme spontané une autonomie
z REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
qui le distingue et de 1 hypnotisme artificiel et des phénomènes
aiialogues,.ressortissant à la r;randq,h3;s4rie ? uJrtr,J ·11 Il i-i i '.Ttnnil
11 r L'Itypttotis,mé·, ftvec, l'ensemble (lui z r
partiennqn tf peu t|s' observer ^eiiu tant,, qp'entité| z
travailleurs; i ptBIrT ytgnlip,, 'ryywl IJII rT`IJr'r7JtJ· 1 l. ·)I) . WLIp ! iS7tillts
.2tfa.ut.rangei'(,p.at'miles .,eaus,es prédispoqaii 1 p 3 eds nées
d'hypnotisme provoqué, l'excitation chronique prolo1,1 u Lèllle,;[
nerycux .(disspnsiois]testines ? contretemps;ifroid prolongé) ; iii,itgi
· ? 1.'aifectum peuaHeindrO) certains déparLoment-s.) du s3'tiattn
nerveux central dprmit : ro.impot.ancc;;t,cmoinsqIes,sympL()mco
observés parfois;y ? rl7ralrrtn·I y·Idr1 Rot am;lt o ? i IuIkiu nof) 'or'j.nct
4° L('hypnotisme.7çs|,1 plulôl,Iune[,maladie-,des ? cenlresinerveux,yp
quoique ses manifestations puissent être produites aussi par une
hyperexcilabilité périphérique temporaire;
;) ? Jùsqu'a"ce nous s6mmes°point'è'n-'pbsséssion de
connaissance ? sreriti0liues sufrisah'tes*p61ïr'' édifier-une hléorie des
phénomènes hypnotiques et justifier de nouvelles dénominations.
ml r·rripiirt·ly· I ! ? t·r ? Jr; 3·tJr.up ,'r(Ini. If Jur,iu .p,.·h Il
a·wsllJ : b vir.c rtLr nBh inuurno rJm'1 -.ntl Jrtrr· ! 'rt
nhriTr"'iJr'" °nr ? d ? fenrf='f ? i<)f.f) ? ft'T ! r)vr ? t ? )j ? f) ?
1\. 'E U CERN'I ? y 1);tL' (1J'rlt. f. Psych.
- : l4t·ilvyi «on ? i ? r'] ? z W Itf.JevaClr 1 lnec ? y v%'
IIIbJi : l1 °v«tt-Itn·ltt0f1.111 ? lUTitl «jua'/Kof 5)341 J«Bclrll01 on igep un
')'[ ! j ? t' ! iJ ? r-un'ft ? t't ? ï-)tti ? i)J ? î't ?
U s agit d une icune fille de vmgl-quaire ans entachée d hérédité,
i n j- . i. i 1 ? ht ? j ? cb ? n ? f li
psychopatlnque directe, atteinte depuepsie msqua. 1 âge de. sept
- ''hn ? r ? t ? Tf""J ? ft't ? 1 ? r ? ) ? )f ? ? ? i ?
ti r, il Il ? ' q , , ? let, iuénfile'jiisÎu'au
aiis. Dè'cetté époque; bonne saule physique et mentaiemsquau.
l.t ? y,l 1r - · 1 nr Imnl .r · t· / y · n· r· ·1 ' r I . In·t 1··
tour ou, a la suite d unciembtion violente, elle devient le jouet il,,
c i ? T'T ' te -» . -I-.T'.T j ? <;' Il ? 5'i'T 1 . IIV-. 'I" '» ! ( il .T ,, n,. Il ? »ll ,, |.
folie systématique : délire des persécutions avec, hallucinations.
.. f .1» .r ».(ii ? . v.'l. ,'b" , ,, .-if.j" ro rin ? (I iâ'-Hî' m, -il -O ? l.|i»-i
Atortstxans'p]ustardde pitthistc 'pulmonaire. On trouve à 1 au-
, ? i I ? »., i.»l ,'in.^ ? 'J ? ...'.i i ? ili ? i o( ? -.t .u..^ .'itR'.imil -»l
topsie . la niante du pied droit un peu plus étroite et plus longue ,
il t i t 'fr' i '. 'l'-llnulnnn l ? MI il
que celle du pied gauche, une différence de poids de 20 grammes
au ? délri'iriéiit,'du'rèih'ldfoit',l lobule (al6u'minendans' lés'ùrincrpcii- , ? n ? \'t'' '.f ? f'L' t'i ? ih.'i ·1 I a 1 ? r'" ! r r·-h ? tnt
dant ]a vie); un crâne plagiocephale, sans malformation ni oss)f)ca-
il l : ét'éi ? veaülpèsti : l ! 1;f501;oâimiiés;I,'llflbliéjpcêl3lit`ll'
tH<cA2royeo : n'f,(u'ss ? (MUC ? M ? t'ësr( ! Ht<c
défectuosité1 de' ^'cplilimèlïfë '
côte paraît hu-nîûin'è0ûii'pc'i/,plus,ïoiirl ! lct ? fii iis"ôl'roit'' q'ûe,fccluf da'
l'autre côté. La seconde circonvo ! uti6n'bccipitotehipôra)eou ! %rtts Icrifjttales yùèhè est réduitè'ï1 un étroit' cordon selui-eux, 'mais
renfermant^1 encore dcs''cct)u)es'pyramida)es' 1 tis" pe es
qu'ailleurs. 'Atrophie de la bandelette optique et'icgëi'e diminution"
de volume du chiasma et du tubercule mamillaire de ce côté. La
couche optique gauche, contient, u il q Sayi Lé, iit,sli i;i ? 4,1 1, longueur i
1 centimètre i ? enJargcur et .C)p ? oj'odeut2 a.3,miUmict)'es,
revêtue d'une fine membrane dont la face externe renferme des
amas de li`nlcnt.rltrophil;ilatrate c's4ycrcyles rluadri,jltmcal.
Âtrophip, gauc)ie.dUjC.OL'scaUeux prineipalementaccusée'dans, Ip
''nu ,·«rr,Jrtoo lu- lui» ,·rt·,Jlv2rttmrrt »"> <>'>n'i-
t t / 1 . a'·Innr
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 369
bourrelet et le tapetum. Rien d'anormal au trigone ni dans la
commissure antérieure. Légère réduction du pédoncule cérébral
à gauche. M. Kirchhoff estime que l'atrophie scléreuse du lobtile
lingual a succédé à l'altération du corps calleux, mais elle ne se
serait produite que pendantla vie extra-utérine ainsi qu'en témoigne
la présence des cellules pyramidales bien développées, et probable-
ment du fait d'un trouble dans l'apport sanguin, à l'époque même
où, par le même mécanisme, se formait le kyste de la couche
optique. L'origine première devait en être imputée à un défaut de
conjonction unilatérale dans les fibres commissurales; conjonction
qui, comme on sait, progresse d'avant en arrière. P. K.
DE H. sollicitude DE l'état A l'égard DES épileptiques;
par F..IOLL1'. (Archiv. f. : Psclc. it. Ncracn>i., XIII, 2.)
Il existe, suivant M. Jolly, quatre catégories d'épileptiques qui
n'exigent pas l'internement dans un asile d'aliénés :
1° Ceuxqui, sans avoir besoin de soins hospitaliers, ne sauraient
se passer d'assistance publique. Tels les épileptiques non aliénés
ou qui, ne tombant pas trop souvent, peuvent fournir une certaine
fournie de travail. Il leur faut une policlinique où on leur délivre
des médicaments gratuits ;
20 Ceux dont l'état nécessite l'admission temporaire dans des
établissements spéciaux. Tels les épileptiques passagèrement atteints
d'aliénation mentale, ou qui, à raison d'accès répétés, sont inca-
pal)le de travailler. Qu'on organise pour eux des quartiers dans
les hôpitaux généraux; le traitement policlinique leur serait éga-
lement applicable ;
3° Ceux auxquels doit échoir la réception permanente ou pro-
longée dans un hospice. Tels, en dehors des aliénés de cet ordre
qui ressortissent aux asiles, les épileptiques réduits à l'impuissance
du fait d'accès répétés, d'infirmités chroniques ou d'un certain
degré d'affaiblissement psychique. On leur assignerait des établis-
sements hospitaliers particuliers, ou certains services dans les éta-
blissements hospitaliers généraux ;
4° Les enfants épileptiques, jusqu'à l'âge de seize ans, pourraient
avoir leurs quartiers réservés, par exemple dans les asiles d'idiots,
voire dans les hôpitaux. P. K.
1
XI. DE l'influence Dl, l'aphasie sur la capacité de tester; par
F. JOLLY. (Archiv. f. Psych. 2. Nervcok., \111, 2.)
Nous reproduisons les conclusions de l'auteur :
C'est' dans l'aphasie motrice (ataxie phonétique), que l'intelli-
gence est la moins altérée; les facultés ont, au contraire, subi une
Archives, t. V. 24
370 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
atteinte plus ou moins profonde dans l'aphasie qui procède de l'am-
nésie verbale : leur déchéance est encore plus grande quand il
existe en même temps delà surdité verbale. L'influence de la sur-
dité verbale n'a pas été jusqu'alors nettement établie. M. Jolly dis-
tingue les troubles psychiques dépendant de l'aphasie et ceux res-
sortissant à l'affection cérébrale ou à ses conséquences. Celle-ci
entraînerait tous les degrés intermédiaires à la diminution de la
tonicité mentale et à l'affaiblissement intellectuel proprement dit '
au milieu duquel l'aphasie'n'est plus que l'accessoire. P. K.
XII. Incidents CIIIRI;IIGIC.Il;1 chez les aliénés; par Sciiùle. (Allg.
' Zcitschi-. f. Psych. u. psych. gerichtl. Medic, XXXIX, 1.),, ,
M. Scliüle a dressé le bilan des accidents traumatiques et des
blessures dont les aliénés se sont faits les artisans sur leurs personnes,
à l'exclusion du cas de suicide et des lésions osseuses. Nous n'avons (
rien à ajouter à l'analyse présentée par nous dans le compte rendu
du quatorzième congrès des aliénistes de l'Allemagne du Sud-
Ouest '. ? (, , ... ? z , , , P. K.
i
XIII. Des modifications pondérales qui suivent LES accès d'épilepsie ;
par Schuchardt. (Allgein. Zeilschi-. f. Psych. M. psych. gerichtl'
Diedic., XXXIX, 2 et 3).'W ' il >
' /
Les recherches instituées sur ce point par l'auteur l'entraînent
aux conclusions textuelles que voici : ' 1-
« Il est hors' de doute que la perte de poids qui suit,les accès ne
constitue nullement un signe certain de maladie, que les oscil-
« latious pondérales qui succèdent aux accès des épileptiques sont
« généralement minimes; qu'il est même fréquent d'observer de
« l'augmentation de poids;' enfin, que tout homme sain peut faire
« les frais des mêmes variations en 'des proportions qui n'ont, du
« reste,' rien d'anormale »' .... t » K. .
'" 1>, ...I , si i , ,, ? T
XIV. LÉSION.DES cordons postérieurs dans la PARALYSIE GÉNÉRALE ?
, par C.,\1'ESTrIIAL.I(.lrclv. f. Psych. M. vlerueulc ? aII, 3.) .. ,
Les deux observations publiées ont ceci de particulier que
seule des réflexes tendineux a permis le diagnostic de l'altéralioni
et de l'atteinte de la région lombaire, à une période où .il n'exis-
tait encore ni trouble de, la sensibilité; ni ataxie; ni modification
,le . , 1 1 Il . e
1 Archives de Neurologie, t. IV, p. 13 i. '
* Archives de Neurologie, ti' 111, p. 236. '
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 371
de la démarche. M. Westphal ajoute : « L'examen de la moelle
d'un grand nombre de paralytiques démontre, au reste, que très
fréquemment il y a dégénérescence , des cordons postérieurs, même
de leurs segments, externes, sans ataxie. La pathogénie du symp-
tôme en question exige probablement le concours d'une lésion
atrophique assez intense, et d'une irradiation anatomo-patllolo-
gique sur les racines. Or, les malades chez lesquels l'affection
tabétique évolue parallèlement à la meningo-périencéphalite, ou
même après cette dernière, meurent avant que la lésion médullaire
ait progressé et se soit étendue. C'est pourquoi, chez eux, l'ataxie
est rare malgré la localisation des cordons postérieurs. Il n'en est
pas de même chez les tabétiques ordinaires, ou chez ceux devenant
plus tard paralysés généraux : ici le processus très prononcé'a for-
tement endommagé les racines postérieures. L'ataxie doit ne se
manifester que lorsqu'une somme considérable de tubes' nerveux
ou de racines a subi la destruction. » Quoi qu'il en soit des
phénomènes cliniques, la 'lésion des cordons postérieurs,' palpable,
est en soi généralement beaucoup plus fréquente qu'on ne le pense;
il suffit de la rechercher pour s'en convaincre, puisqu'en vertu
des raisons'alléguées, les symptômes peuvent manquer pendant la '
vie. P. K.
i ' , .i..., .r ') nt !
XV. Sur LES relations A établir 'entre, les maladies des -femmes
et les psychoses ; par Ripping. (2111g. Zeilsch.11 i 'f : Psych.,
XXXIX, 1 .)
, 1 -. 1 " , t 1 1 1,1 , "'
Les affections de l'appareil générateur de la femme occasionnent'
elles beaucoup de psychoses ? , Sur cent-. trois autopsies pratiquées
en dix ans aux asiles de Siegburg. et de Dürren, l'auteur a trouvé
trente-quatre faits de lésions, utérines, utéro-ovariennes, nova-
riennes ou tubaires, sans que l'étude clinique, défaits consciencieu-
sement analysés lui aitirévélé de relation étiologique entre l'aliéna-
tion mentale et les maladies, des. organes sexuels en question. En
conséquence, sans nier l'influence de la vie sexuelle sur la santé
mentale, M. Ripping est d'avis que la psychose coïncidente n'est
que la conséquence de l'élément pathogénétique qui produit lui-
même l'affection utéro-ovarienne; ou de la dystrophie générale duc
à la localisation morbide sur ces organes, chez des sujets prédispo-
sés, mais qu'en aucun cas, la folie ne procède sympathiquement,
paraction réflexe, delà lésion génitale. On trouve toujours d'autres
facteurs de premier ordre : tels l'hérédité (dix-huit fois), un pre- '-
mier accès indépendant (onze fois), des dystrophies en rapport avec
d'autres altcrations (diathèses) : C'est tout au plus si les phénomènes
généraux rattachés à l'atteinte de l'utérus, du fait, par exemple, de
métrorrhagies considérables, devraient être considérées comme
causes de vésanies. M. Ripping fait remarquer enfin, que nulle affecz
, ? -Tl ? 11.» ? I < I î | ' "
372 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE !
tion génitale, succédât-elle à la; puerperaHteou.se developpât-oiie
pendant la convatescence d'une folie puerpérale ? n]entrave.1ni,ne
retarde 'la guérison'd'une'psychose U n/ est pas dé ps chopalhie
qui-ne guérisse par un traitement général approprié, et tic demeure
guérie en dépit de l'affection sexuelle et de sa réaction sur l'écono-
1;' P ? ......,,1,
mie." L'intervention f- gynécologique" n'a l'donc,'d'aulre ''raison 'que
^indication même de son oppbrtunité'au pbint*'devuc de'Lisante
génçrale; maisUinterêt psychiatrique n'autorise aucune 'opération.
131en,pl,us,.le,mode,ld'eaamen,rleslmanauvres; l'instrumentation;
qu'exige le traitement des maladies des femmes, exercent une action
nocive sur l'état mental.des aliénées, même quand-ils n'engendrent
pas 'des' lésions traumatiques,,et la clUoroformisation, ,qui,suppn;
ni'erait'ces'in'convénientsest loin .d'être inoffensiye|, dans. l'espèce.
Lé'rëpos'b't'lâ prophylaxie' seraient bien, préférables. , ,1 P. Iv.
ut/i/r' 9r,1n1;oply-` bi , "' "i '»» ' Ah u- ? "" m '«r»q
iKluoil JIf9f(1 ? o j' f^ui l In7111% -i^lI TLt ! I`i 9tfTS9l
XVI.,DU'DÉV'ÉL0PPEMENT DES 'PSYCHOSES DU FAIT'DE l'ëPILEPSÏe \
tpar.RudoIf ! Gx.\.ucK'/(/b'-c ? M.YJ ? X[P,'3 ! )'
ilUrioa't' 11r71ftJ1t ? ffu'll fil on î lilll> ? 111 ? IIG : ) 9%>9flmTf`1
llPeut-on rattachera l'épilepsie'j'sous quelque'"modalite qu'elle
voirot sous l'aspect'de folie 'épileptique ? d'autres
entitéspsScllopâthiques2 'l'èllefestslizliquestiôn que s'e'po'so'
11 : , Gnaticlcillnreleve' 'cinq1 bbservàtions0sôigrïées l'et 'comme'
descriptiomt et »i comme l'étude Mcritiquel ^constituant" ^autant*
d'exemplesi de folie' systématique' greffée suèdes "malades' épi-'
leptiques depuis des 'années ? Dans' le 'premier fait,rrï6us'Voyôns'
te), délire succéder.immediatcment'a uue'"séri'é'rd'âccès"côlivul ?
sifs;laipatiente;ientre' autres'idés'ae4`'pèraécutiôn; prétend'
qu'onuaj abusés d'ellel u de'itémp's à''autré"ët-parfois'J,cohime
épipliénornènes ou',prôdromés d'accès' cônvùlsifsî'sé8 montrent'1
des exacerbations- dans 'ceslnlanifestàtiôhs'p'éTmânéntes'}'.Le,
second cas .concerne une'folic'systématique stupidc durant dès'
mois,iquLsu>'vint àla''suitetdeslaccèsf.TM'. Gnauck signale chez1
doux hliénés'là concordance ? qûant'aùtfond ? de; leurs' lialluei-'
nations et' doj leurs' conceptions 'délirantes'1 persistantes,1' avec'
cellesiamquellestils étaient sujetsTpendant'les 'p'êrturbatioîîs"
mentatesià'forme d'accès (commerce avec Dieu, etc : )''et 'dont1 ils1
ne conservaient' nul- souvenir. 11 en^cônclut'qiré'^selôP'touYé's1-- t
probabilités,- les troubles duidonnént nalssanéë'àlfoliesysté-1
matique et à la folie' épilepliqué'sont1,1 dans']'éspècc,\lë même'
nature; la seule différence' résidérait darisl'ahomalie'dë lac'on-J
naissance pendantl'accès de'folie'épileitiqué ? 3'a''J ? P : IIi ?
.. , I, I t. >H''Wi- -ni" i «op is'i" mn t41('1 nliml
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 373
iVII : ' IALFOR\fATION PARTICUI,1LRE du cerveau UT DE la ? 11f0ELLE ? L1.SI0\S '·SECO\DAIRES des ''deux organes; par ? FuRSTNER et , , ., ,, CArch\ ? XII, 2.),.
r' l'im 'li .n j'» ? i-' |i>-n|i|> iim-iIi » 'i ? J .i ,J . i ' 7"
r...... I iip i.r.il'ir .» > -,it> 1° .it-ay v> '.i"i' ' »->îii- i .i 1 y , i ' .
Après avoir constaté pendant la.,vie, la, symptomatologie et
révolution de, la,démence paralytique, y compris un trouble de
la, parole, prononcé, des convulsionsi répétées' du -côté droit et
des phénomènes parétiques du. côté gauche,' les' observateurs'
relevaient ià 1'autopsieeurlejiauômâlie miaiZifestémënt congé-'
nitaleidans l'hémisphère1 uaiiclie"'(Iti -cèreàu""dtie a près ?
sions exercée'sur lobé'fro"fit- 0 ? t, r.. , t - ' ' " - l'l
siont exercée 'sur le1. lobé' frontal al par'une pocl-e intermédiaire
u 11 dûre-mèré'et à la 'pië iT>,èré,i.ëmplié jd : üiiliquidé trans-,
parent. On trouve, en eilet, de ce cote, la scissure de Sylvius
béante en un large sillon, tandis que le segment frontal a
subi, l'aplatissement latéral y. compris la. portion, orbitaire' : car
sêul(le1|gyrus.,ri3efus a conservé sa, direction ; amincissement,
étroitesse considérables de la circonvolution frontale infé-
rieur^; réduction^ excessive de;l'opercule.I'Lm sillon'frontal
supérieur se"jétteldans,ly,silloliidel Rolande' extrêmement
sinueux. ^Le lobe ? . occipital,, gauche possède, i dqs il replis,, plus,
petits et plus nom eux, 1 qu , ,t roite , i -oais, circonvolution du'
érp allent,ÿçst,de beaucoup plus développée. Granulations-
élie`nd5,niaires dans le erikricul,e ? L,, La moelle épinière,- elle,'»
dans, lairé-io 1 il,tlo r sal'e(inférieureet lombaire' snpé-'
riéare,del'épaississement des.méninges dans une -étendue de'
quatre a cinq,centimètres. Asymétrie. de la- substance grise sur
les,,coupes, du seâment,4lorsalinférieur. Laréjion,lômbairedu
côiél roitsé iiib11 r , grdtiellemen t un, second bourgeon -
organique, de,sorte,qu'au)nivcau,dela portion : , supérieure du»
renflement lombaire, ,,la .section ? transverse indique > l'exis--
tence de deux moelles complètement-développées, de diamètres
peu.prësegau, et dont les systèmes son purfaitement'dessi-1'
nés ? unc,çouhe, é rpite,ae,substance,nervcuse sépare ce double'
appareil. Buis le tronc originel, fond, brusquement 1)Ollrdispa-.
leii.1 li. Alti ' ' ? '"" Il .. paire lombaire,, tandis que i la,
raître'au niveau de, la quatrième, paire lombaire,- tandis que 'la'
jeune,pousse,continue) et termine dans/des conditions topogra-'
phiques normales.'le centre, ner ? çm.lLesthuit. cornes'de'snbs-t
tancé7ai'ISé,foyrl,issqnt, des , libres, radiculaires.; Cette moelle'
est t 1 e s iège de, li aiit 1 en. b i s d, u n e 1 dé-éiiéresceidee - --ri se-i des
cordons^ postérieur.^ et ,des, faisceaux- pyramidaux dans les.cor-'
dons latéraux, ainsi que d'une myélite de fraîche date par-
374 REVUE DE pathologie mentale.
ticulièrement localisée à la périphérie des cordons antéro-laté-
raux dans la région-cervicaleet,tliôraique : , , ,,P. K.
XVin : Observations DE démence paralytique A marche atypique,
compliquée de Lésions en I·O1R12` DA\St l'écorce; par H. HiCKHOLT
(de Grafenberg) : <(ii.rc7t. f. Psyc)c : M. Neovcmlc : ; XI1, 2.) ? -- '
- - l' , ·'I 1 i in n Ili if i ... 1 Il, - i Ï 1 (If, ,. ,). ,'
t Les=deux cas de paralysie générale progressive, dont il s'agit ici,
sont' caractérisés : le -premier, par un stade de mélancolie avec
stupeur suivi, après une rémission assez. complète, par l'apparition,
au bout de trente 'mois de maladie, de manifestations, maniaques;
le second, par une lésion diffuse,- avec ramollissement de la zone
péri-insulique du côté gauche ;,cliniquement on y put) aussi noter
une pause de rémission de quinze mois/- - » ? I I/P. K. r,r ,
t ' 0, t. --Il - 1 .1 n, vu ' · rt ? , i t t -, ni 1 i .
X1X. SUB L1 folie systématique; par Jung. (11lig. Zeitsch. f.'Psyrh.
·' zc : psélc ? erlcletl : 'rlledi ? XIXVIII, 5 ei 6.)'t"'·· ' '
I» - '' y , 1 W , m' ......)n. ! w ,i,) ? ( ,
L'auteur piétendrqûë'la psychiatrie toute·'entière pivote^ de nos
jours, 'autour dé' la' folie systématique. Cette'forme 'de psychose
aurait progressera l'asile' de 'Leulius1' dans ''des 'proportions' gi-
gantesques en'ces dernières années.' Uiie telle augmentation dans
ce genre d'entités 'morbides dén'iofiti-e,"Ià' soh'sens; la transfor-
mation des manifestations de la folie. C'est à la dégénérescence
'soinâtidlié'étps3clriclüé de l'humanité]' dégénérescence qui 'gagne
dej6urenjour,"qu'il faut. attribuer les formes de la folie systématique
empruntant ? su (161)Lit, . Il le Il masque . "d , la'nianie et de. la mélancolie, ? 1, ? l' · ... " 1 11, t ' nL'ib'uà'lctir vérital)le
pour 'se* dévoiler plus''ou moins promptement sous' leur véritable
aspect'; moine interprétation à propos 'de ces sortes de' mélancolie
et de manié 'qui empiètent très rapidement sur 'le domaine des
facultés intellectuelles, se combinant d'abord avec la folie'systéma-
tique, puis lui cédant la place et`se'confondant avec'elle.'Les vésa-
nle purés dui nous occupent demeurent,' au1 contraire', curables,
quelles que .soient lés conceptions'délirantes ou systématiques) les
hallucinations,' les'impulsions'irréfléchies cjùi les hantent ! 'Parlant
de ces idées'^ M. Jung s'attache à caractériser la folie''s3-stématique
,en soi et dans ses relations ou immixtions avec les autres syn-
dronies vesaniques. 311l ll>.l * " ' f imt raltttpt h. lié , / ! - s ' -"» V,v' Jl '' -ni fl/J W ·1 .i-JJ ' u1Q ·rt, ? )' r : rfl ,.i,
t.' i. ,111 ? t·'x1b \\\V-. , ,y (,'\1c·y s .V/«-\ '
XX. 1)E l'importance clinico-légale de la perversion de l'instinct
4SEXL'EL; par Ludwig Kirn. (Allg. Zeitschr. f. Psyçlc.,XX\IX ? et3.)
Pour M. Kirn, un grand nombre de délinquants en matière de
moralité sont des aliénés. C'est ce que lui à démontré l'examen
des détenus de ce genre à l'établissement pénitencier de Friliourb;
revue DE pathologie mentale. 375
la cause de leurs délits résiderait, pour la plupart, dans la perversion
de l'instinct sexuel. Les hommes dont il s'agit s'étaient livrés, les
uns' à des attentats sur des fillettes impubères, les autres à des
actes d'immoralité sur des individus du même sexe. Le premier
groupe comprend des vieillards entre soixante et quatre-vingts ans,
présentant tous les signes delà décrépitude, somatique el psychique,
et souvent déjà .atteints de démence sénile. Généralement, avant
leur action criminelle, leur honorabilité était parfaite, et l'exis-
tenca sexuelle était, chez eux, dès Ion 0 -temps éteinte. La seconde caté-
gorie a trait à des-actes dont on conçoit difficilement le mobile chez
des gens sains d'esprit. D'oùla nécessité, pour l'auteur, de procéder à
un examen méticuleux, tant des fonctions que des facultés. Une
description exacte démontrerait incontestablement à 'l'autorité
judiciaire l'irresponsabilité, au moins partielle des sujets en ques-
tion. M. Kirn consacre- enfin quelques pages à la sensation
sexuelle inverse ', dont il apporte deux nouvelles observations. La
première ressemble à toutes celles publiées et analysées jusqu'ici.
La seconde offre celle particularité que l'homme de trente et un
ans, parfaitement constitué, affecté de la maladie qui nous occupe
.(hérédité), qui provoquait chez lui l'orgasme vénérien en caressant
la région fessière de petits garçons de moins de 'quatorze ans.
. Nous, reproduisons les quatre conclusions terminales : : '
40 Tous les cas douteux ressortissant à une accusation de délit
sexuel contre nature imposent l'obligation d'une expertise médico-
légale; , . " . ' '"
2° Le rapport doit avant tout, approfondir si la perversion date
de l'enfance, est congénitale, s'il s'agit en un mot de l'inversion du
sens génital, ou si, acquise, elle n'est apparue que plus tard ; ? 3° En cas d'affirmative, on se livrera à une étude anthropologique
minutieuse; , on dressera, l'arbre généalogique de l'individu; on
décrira, ses propriétés psychiques et morales; on' recherchera les
signes de la,, démence ? les tendances pathologiques et'les autres
manifestations de la dégénérescence mentale ;
4° Le résultat de cet examen décidera de l'état névropathiquo
particulier de , l'inculpé ou, du diagnostic ; aliénation mentale. Il
faudrait conclure dans le premier cas à l'irresponsabilité plus ou
moins limitée, à l'irresponsabilité complète dans le second. P. K.
XXI. Contribution A la sensation sexuelle contraire AU
point DE vue \IliDICO-LI;G.1L; par Krafft-Ebing 4 ? </.Z ? M-
chr. f. Psych. M. psych. gerr'clatl.. Ited., XXXVIII, 2 et 3.)
Il s'agit noii de la perversion'des instincts génésiques, mais
1 Archives de Neurologie, t. III, p.' 53, et t. IV; p. 132.
* Voyez : Inversion du sens génital (Archives de Neurologie, t.111, p. 53).
376 REVUE/DE PATHOLOGIE MENTALE ;
de l'inversion., des attractions) sexuelles i et-' des 1`proéessus c ps5 ?
chiques en-rapport-avec elles : Leslindividus'se sententiattirés'
par le même sexeique celui auquel ils appartiennent]' souvent-
dès leur jeune làge,' en1 tous des cas,i bieii' avant l'établissement'
de.la.puberté. Les trois* nouvelles observations'publiées'ici en'
détail concernent' des hommes instruits; d'excellenté·édûtioii;
appartenanti aux^hautes classes dè-> la ! société ; ! ils" repoussent
avec horreur les pratiques de la' sodomie et'dé^la'pédérastieyse1
contentant de) contacts etid'embrassements1 simples qui, sufci-l
saienttpoilr,tprovoquer ! chez eux d'orgasme 'v61ùptueux ? Tous
racontent en'termes'precis et imagés les sentiments," psions,>
satisfactions;'réves'ér6tiques' que foiitf, n'aitrelenteuk,le'stol)j*etsl
aimés, de leur sexe P Net pouvant, entrerJ'dâns flesl détails1 nous''
résumerons les particularités : cliniques que`J111 ? Krafft=1 ! Jbinbâr
relevées.dans l'ensemble des faitshubliésl(Caspér;tWetpbal; !
Rosenbaum;ii Tard ieù 1-1., Hofmdnn). 1 L'anomaliffl se montre- chez'
des sujets ne présentant rien d'irré-ulier, dans les=orââries'g ?
nitaux,ini dans.,le;tspelsetuel',cnidansledéveloppemeritdeMa
puberté ! Elle consiste en .une attraction- invincible de l'homme'
vers.l'hommé, : de la3 fémuie'.vers' lai femme; 'en'sa-'répulsion a.'
l'égarddu sexe qui lui est opposé'; l'attraction est telle que l'indi-
vidu éprouve les pensées, sensations, aspirations du sexé'-qu'il1
devrait, avoir,aurreâard de çelui.qu'il, désire. : jl'llommesé sent
femme, vis; à-yisde1s.on^rn.antrnas.çuJinyla- femme se sent homme
pour sa maîtresse féminine. Cette transmutationjpsychique' se
révèle dans les.moeurs, coutumes,,et souvent jusque.. dans des
formes plastiques. Du reste, il en existerait tojsdegrés 1,'attrac-
..vhii... i ? » ? » ' ;"* y"»-» ? ? <»* J t t i " '
fil 1 ..)l . ii 1 É , , t 1, ? i, i " 1 U, 1 psychiques cor-
tion simple, 1 attraction avec les modifications, psvchiques cor-
p ' lI : If,t 1 ` Illl t` /IJ ï 1a '.W R.lu. c'1... m . to
respondantes, 1 inversion jusque dans la tendance des tonnes a
- 1, . ,.ra 1 4 'l,él' il )b JIP t la : Jml ? *
se rapprocher de celles du. sexe lacticement senti : jamaild,her
.f 1 1 .5-i, iq>flf vf ' ntlJ.rft W If W u ytJWc cm s. ? t
maphrodisme. Ces caractères mdiquentque la cause réside .dans ? <A'<,f. 1,.y I »( ? ··Jfl tf tw 1^ W·.·) 11111111 Ji, -1- 4 i
1 organisation spéciale des centres cérébraux ; deux.varieles a
' ? no. ? r.i i ^^."in-i t ,-ui'iiii-iiii ? i'-ir»-i "i'n» j'j"i.iJjjrj'i"[oj
cet égard'. 1° cas cul individu a conscience et souffre morale-
- 'r ? t ? 211. : tWtt;' .·,1 ? )'t"i ? untt.uj : W 41
ment de cette anomalie; 2° cas, ou inconscience absolue,, 1 in- ? ', ,.m t""r ? < i .,t ,'vn.v. )f'nit - ! tjn tUt< ? u uiuij.i jti j-t >»;' .< .>J<
dividu" regrettant la rigueur des conventions sociales et des lois,
t. ^11 ? 1 · II ..J<iiili0.p ? JI',r.T r'i- · W1 ? Jf .H ? nu..jjnt.1 ? a
et'eprouvant les mamtestations physiques et psychiques : , de
1J , ' r.-o .-rn r r,l,1l.l«-- »llfll» ? )). 1 1
1 amour (caricature de I. amour avec toute 1 exaltation. quejCiOm-
,...' -i71 »'* '* ? «* i"»"frI>il'>'iTt1^'» -j ? t'.)'<' J^'i.uinii ? 1'» i-3 «" ?
porte 'l'exagération de cette attraction .qui seule le satisfait
r~.. , "H- ? T ? v ? 01Tj ? 'll blisei " -'«m.'nJl'A. ltu ,,Ji 1111..1,'
iiientalembnt.'(Obs. l' 9 e ( 'Il). - Se manifestant dans la, pluralité
j ,' ? in' , 1 'L 9'"i i "f>'J «' o'iiii'i.-i 1 t t. il yll; Ill. 1 i W J»
des cas ! dès 1 entance, cette inversion appartient aux constitue
,. , ... nt " -i IF ) it)i- 1 *
tions nevropathiques ; elle s accuse sous 1 influence de la fai-
u1111 il Miiji-iiiiiuni 'Min m niJ,tl ? 211(l : l t" lIUliltJ(11111 'JJ' 1,0.
REVUE '-DE PATHOLOGIE MENTALE ? 377-
blesse irritablelduSVStèlllessnerveux causéeparaumonanisine
duasilfatal;vu : la : raret; des rapprochements1 de pareille sorte) : )
aussi,l'orgasme·,voluptueuY n'a-t-il besoin que''de : peu.de'ma-{
noeuvres pour se, manifestér, : àl'encontre de'l'insui'ûsancefdes'
relations seuelles,ordinaires,=cluand·l'étatl mental 'les* permet)
(Obs.' III). L'anzlyse,clinirlue entralne : lf : Lliràfft : );hing à cousit
llrerla,çatégorie.des anomalies'del'attractidnrsexuelle.primi,l.
tives3Comme,.constituant;des symptômes : foiiet 11oniiels de dé-à ?
nérçsçenc,e4çhez.des.individus entachés d'hérédité,; cette» caté-2
gQriq'comprend l'absence,, la précocité,- l'exagération;'la pervers
sion,ct l'inversion du; sens génital, .la profanation;lescadarres,L
laJVqlup.é; dL meurtre,llanthropophajie de même origine ! Ihest :
rara)Lrestû,que,l'in.diyidu.qui nous occupe'se contenté d'amour;
pjatoyigue,;Ed4butant,par,la'·masturbation,ifautocde mieuy,tilL
pase,)qu.andj'aventure se;lioue, ! aux. embrassements)simple's;')
aux caresses » avec ou.sans.attouchements de's`pai'tiesssexnellos;l
suffisantàrsoni systèmellnerveu.Yfdélabré;npourl arriver» à *da>
masturbatioll,loarla.hersonneaimée; à'l'onani'sme illutuel;roul
à,l.imitation letl'açteICOnjuâalt.aboutissant : au ! mèrrieibutjlLa;
pétlérastie,.est`rare çbez ! to.usces3 dégénérés;'elle, les ! dégoûte à
l',O,al d uorLnal : lYo,ici lesl conclusiorsladoptées pâl
l'égal j[d.l'hoim§ normal.1 jVqici lesj conclusions) adoptées par
1,'auteurcj ul. anoiiLiiqaB ^noilmmz af)l evuu'l'y idov
.)n1 ? La sensatitin `sexuellôiébntralre·ésttune manifestation pa-
thologique. d'ordre vital et particulièremeWiïn symptômé"d'hé-
réditélneuro;psychique;aE'13 ;t33 f)fllfliml Mfim B31u
i 4,, r, ar,r nrr, ? 1 -, r(1 91319`f
8 ! -2 Sa con'statatïdîi'ëiâe urieréŸpertise mé'dicô-léâale, ?
no "c1 ? trf-7 r ? B ? (J ? r'fitf.) ? [7"
3'=Sôn"évisteiicêlisôléé;cc'est=à"-dïr'è'éiil'âb'séiiceh't`d'â rës ? ? U.rvi , .r»o> » ? » , "' 5' 1 , I ·1(InN'I,)1. f ry (llle UOiJ
anomalies1 psychiques; mente plus ample examen; , ',
L ut t ...)...')rff ? i f : l 9fi1" '1R : f.f ? 7t" ) s afLEtILrOCl ? ` ? 'I
4 L, nestion dé res onsau lite dépendra, dans l'espèce,, de
if-1 ,Itr9· (Y1,1 ·vll', , 9Y pL c-l °1 ,m lli o·lNylil Le
1 étendue des sviiiptôtne psvello,4-it] iques observés. La olita-,
.t.')-, qh] r-à' T"- 1 'iïrT,i ^i'Uli-m ? i1- 11-«'-i» ? ? i/i<"J«n'»«p,-» ?
tat'oif de vides intellectuels' et éthiques dans I, état, mental ? ...'.PV v W , yiii ? 11 .a·,·y J41111 , b - ? a'i'i^ 1 tlu Jl.2raim,.il, . .
constitueront des renseignements a décharge, parce que,, en de
lir r 99,i , ! J ? r,v 1, 1 1 ! .a t h 1) 1 <' z
pareilles conditions, 1 impulsion organique, a des actes.sexuels
r.T, trlnyto 1`1(rall·y f1·1 llt li : l . ! l ? lil r . J1 J J l ?
anormaux'ne.trouve devant elle aucun correctif mo4a.1 cap,abe, ? i =«^1» (ti( GI1,·m nPL(v···yl, l'INII··11 t t.J" · ' lmuyvaJ
dl'àr5r'àtè'r."On""d'it, en outre, se rendre compte quel attraction
t .-r ? ^ ! » ! ! ,") >MU'lr '"if ! 'l1>;iliîi«tillllii.,I-1 ? i1 JlliilJljlqy IJ
invincible pour le même sexe, qui nous. semble perverses nous
.m ? ),.™ .tra tSYy L fJ(I(li ·n, l'I1W Il'W L.>l muln , 1, .1 .
dont 1 organisation est normale, est réellement sentiepar ? iU- ? r ? - iMr"v, 'fn ? ) ? ^j»1» ? »;. 1lw..l. 1, i » .
cividu avec tous les attributs d une sensation naturelle ? puis7, ? .», ? i, ,.i fiRii ? ).[') niii3 i.;ui." m lal,l"1 ?
qu elle lui apparaît comme le seul .mode possible» de relation
-n-». t ,, m ? ,, H.-iil-r'.llilJ, ilOieiu'ii. ! wjjj ? M ? ic ? -i.-
e ît'dè'vol,tité; 19fib
l L znuc oz ? sol z 11 1 ; 8..opilii«.,oV«, £ i .««i..i*
5° Cette impulsion ne constitue ni une immoralité, ni une
378 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
passion, mais un instinct naturel, un besoin organique dont
la violence est souvent telle,, qu'on peut la ranger parmi, les
impulsions organiques (érections en présence de l'objet aimé,
etc.). L'individu ainsi anormalement organisé, loin d'avoir
conscience- de la répréhension que ses actes méritent, les,con-
sidère comme naturels. Tout concourt à faire penserqu'il ne
saurait être question ici de fourberie. P. K.
WTT <-1 ? m m 1 ' 1 »....il . 1 I tl ! '") ? ? ..
XXII. CAS DE PSYCHOSE EN APPARENCE REFLEXE; par,VVESTPII : 1L :
XXII. Cas de psychose en apparence réflexe; parWESTPiiAL :
Société de psychiatrie et des maladies nerveuses de 7 ?
(A'cle. f. Psych. u. lYei,veiiki,a71k., XII, 2.) , ,
, 1 1 , , 1 1 K l'titis I
L'aliénation sympathique paraît dans cette, observation. sue-
céder à une plaie sus-surcilière. De la cicatrice, qui demeure
extrêmement' sensible , rayonnent des douleurs céphaliques
pendant cinq semaines; puis agitation, angoisse, hallucinations
de l'ouïe (ronflements comme ceux d'une machine du côté
atteint),, combinées avec les symptômes de là paralysie géné-
rale. On note également des tremblements des jambes dans la
station debout, de l'exagération du réflexe, rotulien (sans.ataxie,
ni adynamie), de la précipitation et des tremblements dans les
mouvements. Crises alternant avec des rémissions et inter-
vallesllacides (conscience) : Le calme n'est obtenuique par-l'en-
veloppement dans le drap mouillé. Mort subite à la- suite d'une
sédation. L'autopsie révèle simplement'sur le tronc du nerf
sus-orbi taire du côté lésé' un renflement fusiforme dé là1 gros-
seur d'un pois ; légère rougeur, mais intégrité du rameau sus-
trochléaire du frontal interne. , i \léningo : érlericéphâlité dés
lobes frontaux du cerveau. Myélite éhrônique"dû faisçëâu, pyra-
midal dans les cordons latéraux (cellules granuleuses) ? ?
Ainsi, malgré touteslesapparencescliniquesdelapropagalion
d'une névrite à l'organe central, rien ne, saurait établir que les
lésions de la'paralysie, générale émanent,de, l'excitation péri-
phérique, même de celle en rapport avec lenévrômctraumatique.
C'est tout au plus si l'on pourrait arguer de l'influence de la
' commotion cérébrale. 'Il- n'y aipoint eu continuité dans les alté-
rations. Les troubles psychiques se rapportent à l'entité mor-
bide ct'n'ontrien àvoiravec les. manifestations cicatricielles.
Il s'agit là'd'une'coïncidence fortuite. M. Westphal fait
remarquer les allures cliniques des symptômes; c'est bien là du
» ' . ' . /
1 Archives de Neurologie, t. Il[, p. 9,1 ? i /
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 379
délire aigu relevant de la paralysie générale. « Il est certain,
ajoute-t-il, que bien des cas, décrits sous le titre de délire aigu,
ressortissént comme celui-ci à la paralysie générale. » P. K.
XXIII. SUIt LI ? l'R.\ITEllRNT DES ALIÉNÉS 'MALPROPRES ; par SCHULE1.
|(A%. Zeitssclar. f. Psych. u. psyc)c., enichtl. Jledic., X\ ! V11, . G.)
Les malades gâtent par inconscience, démence ou insuffisance du
système moteur (idiotie, stupeur aiguë, manie), par parli.pris (folie
morale), par angoisse et, sensations irrésistibles (lypémanie),par
motif psychique et conception délirante (folie systématique, para-
lysie générale). Quelles que soient'la genèse et l'importance de ce
symptôme, il faut 3- remédier tant au point de vue hygiénique que
pour hâter par sa suppression la convalescence mentale. Le traite-
ment'moral et l'éducation des habitudes, les appareils ,de gâteux
(lits, etc.), l'hydrothérapie, la faradisation, les moyens de coercition
conviennent aux idiots et aux maniaques, dont la faiblesse psychique
est évidente. L'agitation réclame les narcotiques et les moyens
usuels; l'opium et les.lavements ont leurs indications tirées de l'état
local de l'intestin. La maniaque qui'manipule ses excréments est
en proie a une excitabilité réflexe du cerveau qui réclame la fois
un régime tonique, des'bains', des opiacés et de la'morphine, du
/cillerai; 1'li-oseyaiiiine, lui convient .pendant l'agitation à des
doses graduellement croissantes de 0,002 0,0') 5 - 0,02 ; bien que
M. Scliüle connaisse un seul cas concluant par sa réussite (médica-
ment vaso-moteur dangereux, mais ne s'accumulant pas). Dans les
1 ps),cliosesi,sexuelles, (masturbation, affections, utérines), on inter-
viendra par le traitement génital qui convient. Le gâtisme des folies
systématiques procède pu de la réflexion (délire), ou des hallucina-
tions, ou ne sensations pénibles (action réflexe); 'en' tout cas) il' faut
combattre les processus'd'excitation organique, dériver l'esprit par
tios'odtipaLi'o'iis,1]6s"réunioiis, s'adresser aux nervins (opium,IC. Br,
llyoscyamine) : \'e' jamais exagérer le no-restraint. - - IP. K.
t , ? I el t 1 ; 't j 1 - .. , , Il ., /
XXIV'. COURTES' communications SUR LES psychoses DES PRI-
' 'sons ; par Ld ? ic ? KiRNI. (Allg. Zci(scht f.·Pscla. 2c. psych. ? éickll. Vleclic : , YlÎYII;'6 : )'t'" ' '' ·' . ·" 1
, I L ». ! .j.ft" ' h ? l> Ir, , ? II.. t,f. · 1
' Ce'sont les' résultats- d'une observation.de deux années à la
prison de Fribourg. Cet établissement, construitsur le principe
de'l'isolement; comporte toutes les-installations hygiéniques et
humanitaires voulues par la médecine; des règlements sont
i i.i ,.f ...r1 ,. . , z
1 Voyez les Archives de Neurologie, t. II, p. 21.12.
t Voyez les Archives de Neurologie, 1.11, h. 29 ? .
380 REVUE DE pathologie mentale.
f ? t ? 3 ! 3).).t)r'( 1']'t ? ) ! ) q
établis conformément aux principes de même ordre. Aussi, sur
quatre cents prisonniers,1 M'. lirn'n'ob'serà-tlil'qiié'si.x'm'alti(fis'
devenus fous 1)lris'olemeîit;'rétrencore faut-il tenir' "compté dés'
circonstances sl)eclal`cs`à'chüqùelncldent ? telles^que 1 émotiôri
d°uiie,'côiidàliinatiôü;l,iûoralle'de'lalânâuérdu pavs nuisant'
a'ia distraction*' les' 'Preoccup ât i'oii d 6 famille;1 lé remords ^la*
pemaiiie avec u s 1 hallucinations sensorielles^ le'déliré'
clé's pers futlonsIlïl`fôlié sÿ'stéïnâtidGe'liriâiâre;'la,iliélalicôliè
stùpidé constituèrent1 lès vésahiés''è'n',quéstioh'.1 Efi'un seul cas"
l'étiôllôjië`ïëssdititïliiiqüêniëpt a Iardétenti6n ? il' s'agit"d'une'
lylemahlerlÿioclôndriâqliéa·éc, faiblesse mentale' 'q'ui ? dé2
eloppeeau côurs des'·ânnées, s améliorâltpr'des toniclues et
lavie en commun>(troublés0de'1 nutrition1 cérébrale). "Toiis'Tés1
- ? ? ',i'i»*>(i > n-, ,i- »,( ? -i ? t ? i» ? i ? ? vy, M
autres aliènes, au nombre de quarante; avaient à, etiractif des- ? )fTnttr.)frtn ? r.t)t f ? rt ? r ? Tt. r ar.f
influences pathogenetiques autrcs'que 1 emprisonnement'cellu-- i
laireMKirn note, en ou Li-e; cn ces faits'viht-tr"oIS fôis 1-eYls-
ft ? t') ? f'.i ? ? i ? n ? t't ? f.. 0 r;s
tencede crimes aigus et dix-sept lois la colis`tatâtioTi r de`rcrvyŸrés`r
c/uHHe'(cIassincationdeGutscb)etrappr'6clië'cëttei'en ? arq
dn genre d évolution de 1 entité psÿchopathlque plus`raplâe' étl
p[us'béni"'ne dans'Ia''n ? emierecate'oi'ie : il'ajoùtëq71e,surce' n
plus bénigne dans -la' première catégorie : : +Ilrajoute\que,'sû cè
nombre, seize ne présentaient aucune anomalie psychique à-1 e- .
rft"1w''t ? )fff"=.'rrf'r't''tf ? tf ? ïtt ?
poque do 1 incarcération, quinze nérpossedâirent guèue lassante e'
mentale normale (deviationspar défaut ou exces'd'iricitabilité);
tl rt ·1..··n ? i ? rt ? f.r'i t I -nl r r 1 rrrm r·rrrr...
neuf avaient ete condamnes maigre 1 évidence de ta psychose au
moment de 1 acte incriminé.`IJn résumé, la fôrme âeriéralé elé 1 a
,. ,1.-P ,.llM|l|"T, . )'f' ->,-(l«'l,- I, ? l>'~< ? r.o, .l-i....°tr"t, . Ii ? 1 "q
lienation par isolement est la mélancolie ou la folie systématique Î
aiguë; les hallucinationsde 1 ouïe ou de tous les sens on un
'- ? ïtï'.)fDi ? Fpr3 ? tt'ïi ? ) r ( / ni t 1 t ...rrrmt·1r
caractère stable quitransforme complètement la connaissance et
portent empreinte des préoccupations du prisonnier qui, daiisi
pn tr.'1'Tr1'. rlrn7'lrrn W.r 1· yrr.. rrrr) IVu ! 'r f nr rv ? 1 r- tf· In.
retraite ou il se trouve, au milieu des obstacles que rencontre ? It' 11· 4r ! . 1r1 uni ? tr nfr tr'ni r·i i 1
sa volonté, attribue graduellement unéplus grande importance^
nomoi. ? ? Uffiflin ? 11. -Iliffiif ,1 o-r/,9.n ? ? )).rt) 1
ses sensations propres d origine'' locale ou excentrique; I)atgo- 1) ? r.-tY ? r..<,t t ( ? 1't r C) ? t ? j ·9 r ! '91 , 'i-'T-'f ? f
génie d autant plus immédiate que le terrain psychique est-
0 . si . par rt,,rt il 1 , - .1 - -i Il lip rsl llquct li
mieux préparé par une prédisposition. '< h 1JP e"P/ Kr""o> ?
XXV. DES lésions DE la moelle dans la démence paralytique
ET DE leurs relations avec LE phénomène du genou, ainsi
QU'AVEC LES P11EN0\II.\I.S DE lli ? %IE-ORDRE ; par CLAUS (de
Sachsenberg). (4. Zeitsschr. f. Psych. M. psych. gerichtl.
Jledi*c., XXXV111, 2 et 3.)
M. Claus s'est donné la tâche de contrôler l'assertion de
3.tt ' r ETt dl " IfIJii E5 71f a 1 ? ' ? )
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 381
il 1- l'11J10 bf1191T1 9t' 9yQI,`11119t( ijfy llfA/1. üYl`f',TlIm;1 11'1 t.,
Westphall auyatgrmes de laquelle chez. tout( paralysé. généra^
présentant.,des,troubles de, la. marché. et concurremment i l'ab-
qnce,de ,rétlee,patellaire (rotulien,; par exemple), il existerait
des cordons, pos téri eurs de la moelle,, des-
c,e,nd,a,yjisqûPdans la;r4bion,lomloairç.,L`adescriptiônet l'âlia-
lyse.des dix.neuf, observations,qui, forment la,base du travail
confirme,én,somme cetteoinion,ldlanioinsslorsqiie la lésion,
..lm n' 9 t il,ctractérisée, porte,sqr toit t 1J Yal - 'J
pruTiivp et,franchement,caraterjsee,portosur toute,lalllau-
primitive et.franclmmtent,caraj^ u ? "
tour,du cordon. 11, semble que sa, systématisation minutieuse et
.9 a Ite ,,ou tel .ordre de,,faisceaux,,(de Goll, ,Ldté LBur;
dach, etc..) s'oppose à la disparition des réflexes tendineux; on
concoi tf (j Li' i 1, tv,, aiine, série ,d'in" connue 's a. dégager, quoique
14Î;CIaus sg,rallie au thèyé de `Vëstl)ltal ui âttrivûé(la,dispa'-
ri ? Ln, 9mèlip du genou à,Jl'altération,des,p,Qrtios,;éx,ll -
ternes des cordons postérieurs, de la moelle, lombaire. ,. La dege
^.. > g- ^ ' e 1 tf uJ 1 G'·l '.JW 1. J -'Ji' ''<YJ ? 3jl J
nération des, cortlons latéraux exagère, elle, le;Jréflezclroltülien
(faiscea.ylpyramilla,ux). Il en est de, même. des attaques apo-
plectiformes.-épileptiformes ou mixtes dont, sont coutumiers les
i-'Jiji ? c ? b ? t'-ttj.jt..tj ? tj'')tj ? J ? t'J<Uj. <t ? m
démentsqpŸrâlytiqüés;l,aliatômié,ptatli,ologiqng ^Li,W\ ? 8,
sortel d'accidents dans lep ZODES MOIiCeS du cerveau
.J sorte,, c.l. .....ufla. tl,L, WfI.aJL(W cJm l 3.1, W ,.tlJll1·111
Qx j'Ji - , ? -1 ee matérielle de i organe
explique ici du môme coup.l impuissance matérielle.de 1 organe
', J- , ij.l ? J|l|,^ J ? i,U",&«'| Mil «v.4 il. I ,ii«^< ,JJ J .1.- 'il , ~ .1' .1 T ' "|
cent dans- sa, fonction normale d'arrêter les réflexes.' La,
, "Il Il <... j^^ ..14, i;,.........In i.'ll .ijh'i-'itl
comparaison entre du phénomène du genou et. du
n;i ? i)<7e ? n.<t ? i'<bi<t'T'îiiif;tnH)tH ? .. ° ...iij.ij ni "1 1
plii inômi n,du locdl dalis f,lûs tniü niés 1 çâs I patliôlogiqiies,tmetl
C1JŸLC111CfljtoûieslcliôsésJléales,d,ailleûrtsi léui parallélisme ;,
. .')]<« . ol . ; ; ? i - Diiiji. 'u i...r. j jit'-t.'iniù JJ,1 mu .m..1 e
les, particularités, d.exception-.demeurent, inexpliquées (voir
ifij iiiO / -i ? '.al ? i ; ' «lu Jim. i '.i.' aii,l.iii'i1.î.i» »., ' n V'' 'L
notamment, 1 1" Obs. yI). Les réfleaes cutanés et lés`pliénomèpes
. 1·G ? fLllW 1 n 1 *" 1. yv lfJ · ·r .. ..Il .'»- J 1 W J'tlvh'1
71u illaile,s . son loiy (l'affgcigr ûne évolution en, rapport avec
i.. Il ,»i/) 4 iii tJlr 'Ciijiri.fioii.'ii-5 ? rii, ,i i J J·W ijij
celle des phénomènes tendineux;.ainsi les, premiers seront cqn-.
' lai.UJiil-i Jiil.1 c »' l . £ ,. - 'i, i. '.Iljli -J-jj . jiH-^i i . i- i. 1 .' .- ,.l ' M
servés alors qtiq , 1, 1 e p ieiio,@ mèlip,,tlui genou, est, nul, absente^
(1uaud çelui-i s'e.\ aôèr 'la, u )illg se trouvant généralement
lerïyc, qtie lesréflexes tendinéu3 soient ou abous ou exces-
g·.J SJ.II u 11 c 'liJULi )i ,, ? Jj ? jL..LMi ? tj'ft-ttt ? itiL
sifs, toutes les fpis qu'il y a tabes p/osi i`euL.,Iyq ^^.P^ 1 ?
'JJ1T " ' 9 1 1 1 %%r Q : J.I 1.101t i aa ? V(1 ? , ? ? f--i(I riz
i'vi/ ,'J03.) ni : I/.IIG(1YI1`I ai )3/ 3Xt'tT7.I3H tji sa sa
- .1 fj ? jO T>3q 3jiaao""ai/ u ili ·lr'lllm r 1111 -31 Mt ? 1y
\uV)W\> tayïq 11 «Aiyf^ \.'<i\'y ? \ .p11 'Biodin»'ihLs>
f lit ni ? : ,i,lt
J fl(Iltn`12 ! 'T'ill'TSfIW 'tl 911'll.t 1,1 'tlfttit. t'i r Ut.ir"· 11
SOCIÉTÉS SAVANTES
; 14 , i t , ' 1 1 1 . >" '
1 , .il , , , 1 j. n
"SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE
1 . 1 'l i ,
Séance du 29 janvier 1883. .Présidence de M. Motet. , .,
.... , , .... , ) ..... ,i t . t '' E
M. DALLY, avant de céder le fauteuil de la Présidence à 11. nlotet,
passe en revue les différents travaux entrepris par la Société pen-
dant le cours de l'année 1882, en' insistant sur deux questions'prin-
cipales qui ont eu un grand retentissement : le divorce pour cause
d'aliénation mentale et la question des aliénés dits criminels.. Il
rappelle en quelques mots les nombreuses et intéressantes discus-
sions qui se sont élevées autour de, ces, deux points; il rappelle,
également la divergence d'opinions qu'ils ont fait naître.
Quelle que soit la confiance que l'on puisse avoir dans la science,
fait remarquer en terminant M. Dally, les corps savants formulent
rarement leurs opinions à l'unanimité ; leurs- conclusions, ne sont
jamais que l'expression d'une majorité plus ou moins importante,
car un conflit entre le sentiment et la raison se .manifeste dès
qu'il s'agit de toucher, fut-ce au nom de la Société, à une institution
quelconque. < t < ! " ,, , '
Grâce à la persévérance de ses membres, la Société verra bientôt
la statue du bienfaiteur Pinel s'élever sur une des places de Paris.
M.'MoTET remercie ses collègues du grand honneur qu'il lui ont
fait en l'appelant à la présidence : D'autres, dit-il, en eussent été
plus dignes, mais personne n'eût attaché un plus haut prix -à cette
distinction que je dois à votre bienveillance. En prenant place -au
fauteuil où m'ont précédé des maîtres illustres à divers- titres, jeu
n'ai pas la prétention de les égaler ; mon ambition est plus modeste.
Je ne veux que stimuler votre zèle, demander à chacun de vous de
nous faire profiter tous de son expérience et de ses travaux. Plu- .
sieurs questions d'ailleurs nous sollicitent. Les pouvoirs publics ont.
mis à l'étude un projet' de réforme de la loi de juin 1838 sur les
aliénés. Cette loi si sage, si consciencieusement élaborée, a été
l'objet de bien des attaques. La commission, dont j'ai du l'honneur
SOCIÉTÉS SAVANTES. 383
de faire partie parce que j'étais l'un des vôtres, ne s'est pas laissé
troubler par des revendications injustes et passionnées; elle a
cherché à combler les lacunes que l'expérience avait démontrées.
Vous voudrez sans doute examiner ce projettnouveau; personne
ne saurait apporter dans ces questions une compétence, une auto-
rité égales aux vôtres.
La médecine mentale est entrée depuis quelque temps dans une
voie nouvelle : sans répudier le concours de la psychologie à laquelle
elle doit tant, elle a introduit dans les éludes des procédés d'ana-
lyse plus sérieux, une méthode plus sûre, et des progrès importants
ont été réalisés. C'est à la continuer queje vous convie, mes chers
collègues, vous demandant de nous apporter le fruit de vos médi-
tations, de nous faire profiter tous de votre expérience personnelle,
mise en commun pour le plus grand bien de la science. Vous serez
ainsi fidèles à vous-mêmes, et vous montrerez une fois de plus que
vous n'avez pas d'autres soucis que d'être utile aux aliénés.
Pour ma part, je m'efforcerai de diriger vos travaux de manière
à ce que'nos séances soient toujours utilement remplies. Ma [tâche
sera d'autant plus facile queje trouverai près de vous cette bien-
veillances laquelle vous m'avez depuis longtemps accoutumé. Teli
est, en substance, le discours prononcé par M. Motet... n
'De la conduite ci tenir pour le médecin, quand il est consulté par un ' ·
sujet qui se 'croit menacé de folie parce qu'il est' issu de parents
aliénés ! M. L;1LLOD. Lorsqu'un' fils d'aliénés nous demande notre'
avis sur les chances qu'il a de verser dans la folie, tout'le'monde
comprend que, si l'on répond au nom de la science, sans entourer
sa réponse de certaines précatitioiisebratoires, le questionneur est
fondé à conclure qu'il est sous le coup de cette terrible loi d'héré-
dité, et il peut n'en falloir pas davantage pour provoquer chez lui
l'explosion du mal ; car on place une cause déterminante à côté de
ce qui n'est encore qu'une prédisposition. Si l'on' répond par un de
ces mensonges, dont le devoir pour le médecin estsouventde charger
sa conscience,' on peut se heurter à deux' écueils ! ou ne pas con-
vaincre lé'su,jet;'ou'lui faire négliger certaines précautions hygié-
niques nécessaires à la conservation de son intelligence. En thèse
générale} nous ne devons dire la vérité toute entière à un malade,
qu'autant que cette vérité ne peut exercer une influence funesle sur
le mal; mais jamais on n'a agité semblable question à l'égard des
descendants du malade. N '' - '. lit <
« Mentir est toujours laid, dit M. Lelient (de Nice), dans une bro-
chure qu'il a publiée pour démontrer que l'individu atteint d'une'
maladie incurable se fait bien vite à l'idée- de sa mort prochaine et
que, par conséquent, son médecin n'a aucune raison pour lui cacher
une partie de la vérité. M. Dechambre, dans son, article « Déonto-
logie » du Dictionnaire des sciences médicales, combat les 'conclu-
sions de notre confrère, de Nice ; ne pas faire illusion aux mourants,
38t ' SOCIÉTÉS SAVANTES.
« ce serait, écrit-il, ne'vouloir pas compter avec cet amour instinctif
de la vie, cette horreur du néant, ce frisson de mort qui contracte
la chair sur le coeur du plus fort, ce serait retrancher à la douleur
ce baume sans cesse renouvela de l'espérance qui aide à la sup-
porter; il est, au contraire, du devoir du médecin d'appeler au chevet'
de l'homme souffrant la troupe de ces vaines images que les an-
ciens fesaient sortir d'un palais d'ivoire, la troupe des illusions et
des songes et aussi du mensonge, puisque cette si laide chose est,
le mot le dit, un songe de l'esprit. »
De même, le devoir du médecin interrogé par un fils d'aliéné est
de le rassurer à tout prix sur son sort futur; mais comme l'obligation
de dire la vérité n'incombe pas moins au médecin qu'aux autres
hommes, il importe que dans l'interprétation de la loi d'hérédité,
nous nous écartions le moins possible de la vérité. Il s'agit, on le voit,
d'une question d'interprétation pour laquelle, ne relevant de noire
propre conscience, nous ne devons prendre conseil que de nous-
mêmes. La pratique individuelle pour laquelle l'imagination de
chacun a le champ libre dictera les réponses, dont il est impossible
de tracer à l'avance les règles précises.
Sous ces réserves, je vais vous exposer de quelle façon je réponds
ordinairement aux préoccupations qui me sont soumises. Il est
bien vrai, ai-je l'habitude de dire, que la folie est une maladie hé-
réditaire, mais elle ne l'est pas nécessairemeut, absolument; elle
est héréditaire en ce sens que, si un cas de folie éclate dans une
famille, on finit, en remontant plus ou moins haut dans les rami-
lications de l'arbre généalogique, par découvrir qu'il y en a déjà
eu, soit chez les ascendants, soit chez les collatéraux ; mais cela ne
veut pas dire qu'un membre d'une famille étant atteint d'aliéna-
tion mentale les autres membres doivent l'être fatalement à leur
tour. L'hérédité n'est qu'une cause prédisposante, c'est-à-dire
qu'elle n'agit, quand elle agit, qu'en créant une prédisposition ; or,
il ne suffit pas d'avoir une prédisposition à une maladie pour que
celle-ci éclate nécessairement ; il faut encore le concours d'une
cause déterminante de l'ordre physique ou moral ; à défaut de ce
dernier facteur, la vie la plus longue peut s'écouler dans les con-
ditions de la santé la plus entière. Je ne manque pas non plus
d'ajouter cette autre considération : Il y a pour la folie deux sortes
d'hérédité, l'hérédité paternelle et l'hérédité maternelle qui se
présentent par des signes faciles à reconnaître pour un médecin
expérimenté. Et je ne crains pas, après avoir pour les besoins de
la cause, posé certaines questions dans le but apparent d'élucider
ce point spécial, de déclarer hardiment, que je ne trouve pas les
signes de l'hérédité soit paternelle, soit maternelle, suivant que
c'est le fils d'un aliéné ou d'une aliénée qui m'interrogent. Dans la
plupart des cas, je ne suis rien moins que sûr de ce que j'avance, mais
comme je ne suis pas plus sûr du contraire, je crois mon interpré-
ke PqT-11.rk ept
SOCIETES SAVANTES. 38.i
talion suffisamment légitimée.'J'ai, d ailleurs, remarque quelles
tendances à s'inquiéter sont pour les fils d'aliénésën raison inverse
'du'degre'de la'prédisposition M..BiHodterminesa communication
en rapportant des exemples et montrant que cette coût
duite lui a été d un grand secours dans la pratique. ? ,,ii t.
o' · t 9ty r`(,ml,n tJlnf i ·,n ·w blé -»|»i'» i ..i ? ii>i-.i' unitmU ?
,"11L, Ln : nasn,ütr,tSIJLL ! 's Dans, .quelles proportions, nl : ,Billotl croit-
f ! ^"9l^lHiSi ? i°i''^J'^i'W ? q .ono"tW( ub tr ? nr, n ! p"T.nf. 'h
M. BILLOD. Je me suis placé. au ppint de- vue della déontologie
médicale, et. non(au. point de vue propre'de l'hérédité de,lanfulic ;
cette, dernière , (laeslio 111 m'etili entrainé trop loin : 'oi j ? 7 ? ?
, ,llrfLlst;lt1ND DU'S.\ULLF : · Lamoyennt;tde,toitteslles'stlLitiiluc5
donne 4fii0Q.I 1;1 0ll nlmfr,Ja't ! t'"Itm 1 -ttl,f wl ? 10 mn l, r ? mmll
JiM.-Ll'nikr. Ce chiffre s'éloigne' à'peu près'de moitic'de la Vérité' :
il est' établi 'sur desidoiii)écsl inebiiipl*etès'; if ! y"a lieu 'dé faire à'son
sujot-degrandesrÉserves ? ) 11U1''ll ? rflmft ? rmr ? )q
il,Aii,n' <<-''. i ? ^rl si ? ilij.n'.i/ lr.[ï.-»r.'i ? 71 i. I - fil
' lI. Billod croit qui ! y aurait du danger a introduire un cliiflly
lans"sa'é'dmiimmëation, qum'éîtL plus eu lé même caractère- ... i.
X ,r -il-l ? h il- Il , ..it.7 ? 0 . ü1 t'
M. Legoand du, S1ULLG,yuüitient qu'en tenant compte des, erreurs
qui'se glissent forcément' dans tôuléystaLisLielti, sur,, cent a))én6b,
entrant 'dans les asiles, d'après les moyennes , de chaque, pays, qua-
i, 'ih ? iu.i ? > ! i ? i'V ? ? j ? 'nt ? n..j) ? i, <i.j.< J- -
rante-stx sont frappes d hérédité mentale.. l .,tt 111·> >t ! rn ? ), i,^-,
il'i ,l|i'i|Ttti ? »i11rl.Jllf'-M -'V ? 1.' ? V'i i pu W'I '.I'.mi /Ml UI'P'
M. Bigot estime que M. Billôdyentde, soulever, une, intéressante
question; niats,tllprŸüse,jiyvântudé laire]uncp.,rupons,e1au,,iiIs- d'un
aliéné, quand, il e><itsudyéler,pré,dü,médecin des chances qu'il
1,1 I» 1 1 , 1 II II , 1 / »l t V . , ? ». ? »
a de devenirà s,otiL,ôyiyal,içté,,iltestlniportan,Lde)1)as,er,sat'épollsC
sur l'état' actuel des deux- ascendants, car, si, l'un, des conjoints ! est
iridçninië dé toute tare,- 1 ,peut.)controbalancer,,dans' une, certaine
III "»1 I. IU ? ll ? »-J"f J" ' -' ,7">I, ''»'' . ? '
mesure, linfluence.. pernicieuse de 1 autre conjoint. 41.1, ,-i ,,1 .1 -tnel
li.'l . -lf.it 1 .-JW .· yuan, ? ......1^ J - 3111» >i .' ..
M. lyqnylnej,Pal,4acçtPasçptjéremçnL,la manière,ïdevoir de)
ALI31od; : àlSpiÂ,aviS",quoillu'il,çniçc>îtte an médecin, celui-ci doiti
toujours dire.la véi,itq,93,igée science, .tout, en cherchant en--
suitltl abtéyuer 1 l'iiiil)i@,qssign,, fâclieuso,,de ea) paroles , par-, son.
iutluçnéë përcinnellç ? LgLnt,éélçyin, n'estlpas tenu à;dii,ci,toute. la,
vérité, maisrdans, aucun cas il 110, doit, nipplit ? .,J ? il 1> «iwiliii
r\(., l.crwn.-Alcûté de la- question 'de; déontologie;1 il y'a'aussi une'
question de pronostic, ! à laquelle nous ne'sommes'pas toujours en'
mesure,detrépoudre; mais si-nous pensons qu'un'mensonge puisse'
donnerjun bon résultat] en-rassurant un''individu prédispose la'
folie, qui vient nous, faire part de ses craintes,' nous devons mentir ; ' 1
c'est, de la bonne) thérapeutique. libn-il 9b .lm-i-> j' Juloq >'
"I11. Bot;nmv. L'hérédité de'la folié n'étant que probable, sans être"
certaine', donne toute latitude pour répondre aux intéressés. ' ? '
- ,..., c .' · , ? ? n : r noc't · n rl `vt ? v nh 1-m;tintrl
F.1,LRLeT.'Potir résoudre la question soulevée, on peut se placer
adeuxp61nt.s''do"vue : le cote scientifique qui est loin d'être résolu,
ARD ! tYr.S,t.V. 2,i
386 SOCIÉTÉS SAVANTES.
et le côté professionnel que j'envisage comme M. Billod, et qui
nous conduit à un autre problème, dont l'importance pratique n'é-
chappe à personne : Que convient-il, en effet, de répondre à un
étranger qui vient nous trouver avec les parents d'une de nos ma-
lades pour nous demander s'il peut l'épouser ?
M. 13]LLOD n'a pas abordé ce côté de la question, car son impor-
tance est trop capitale pour être étudiée accessoirement. L.
M. CIIRISTIAIN. Il faut se comporter vis-à-vis la folie comme pour
les autres maladies héréditaires. On doit toujours tranquilliser
^intéressé, qui d'ailleurs ne demande pas mieux que d'emporter
une réponse rassurante. Si c'est pour un mariage qu'on nous con-
sulte, nous ne devons pas oublier que notre réponse ne changera
rien aux décisions prises ; mais quand on peut faire intervenir le
secret médical, il faut toujours s'abriter derrière lui, et en profiler
pour s'abstenir de toute réponse.
M. 13t.wcuH : . J'ai été bien souvent interrogé pour des mariages,
et voici comment je m'ensuis tiré : avant toute explication, je
demande à ce qu'on ne me donne aucun nom, ni celui de la per-
sonne qui me demande un avis, ni celui du malade, et je prie
ensuite qu'on se maintienne sur le terrain des généralités; libre
alors de toute personnalité, je dis toute la vérité; le plus souvent
mon avis ne change rien aux résolutions prises d'avance. Parfois
les deux familles se présentent ensemble, ces cas deviennent alors
très embarrassants. Voici un exemple :
Il y a vingt ans j'ai reçu la visite du beau-frère d'un paralytique
général que je soignais ; il amenait avec lui les parents d'un jeune
homme sur le point d'épouser la fille de mon malade. Interrogé
par les deux familles en présence, j'ai dit ce queje pensais de l'hé-
rédité, dont l'influence dans ce cas était possible, mais non certaine.
Après quelques explications échangées, les parents du jeune homme
déclarèrent ne plus donner suite au projet de mariage, et tous se
retiraient de mon cabinet, quand, tout à coup, le beau-frère de
mon malade reprocha à l'autre groupe d'appartenir lui-même à
une famille d'aliénés, où les fous, les imbéciles et les idiots foison-
naient. Cette invective n'était pas faite, vous le pensez, pourrenouor
les négociations interrompues. Le fiancé, apprenant le fâcheux
résultat des démarches, fut pris le lendemain d'un accès de mélan-
colie. Il resta un an en Italie, guérit à peu près complètement, de-
manda à son retour la main de la jeune fille et l'épousa. 'Jusqu'à
présent les enfants n'ont encore présenté aucun symptôme de
troubles intellectuels.
M. FoUI1,NET. Surtout quand il s'agit de mariage, le médecin doit
toujours se rappeler que la responsabilité morale de ce qu'il aura
dit lui incombe toute entière.
Commission du prix Esquirol. La commission qui doit examiner
SOCIÉTÉS savantes. 387
les mémoires déposés cette année pour le prix Esquirol est ainsi
composée : MM. Baillarger, Métivier, Lunier, Foville, et Cotard,
rapporteur. M. 8.
Séance du z février 1883. Présidente de M. Motet.
Après un échange d'observations entre 11\f. Dar,r,r, Motet et
LEGRAND du SAULLE au sujet des aliénés placés volontairement,
M. Ball rapporte un cas d'anémie cérébrale : il s'agit d'un médecin
de campagne atteint autrefois de syphilis, qui, après avoir joui d'une
longue période de bonne santé, fut frappé tout à coup d'aphasie
le 20 avril 1880. C'esten voulant demander sa roule à des passants
qu'il s'aperçût de cet accident. Quelques minutes auparavant, il
avait ressenti, étant en voiture, un fourmillement dans le côté droit
du corps, puis de petites secousses convulsives. Très alarmé, il prit
dans la main gauche les guides de son cheval et rentra chez lui.
Arrivé à la maison, il ne put tout d'abord se faire comprendre,
mais, après maints tâtonnements, il finit par prononcer le mot
« sang ». Sa femme pensa qu'il s'agissait d'une saignée et lui mit
des sangsues aux apophyses mastoïdes ; le malade eût encore
quelques secousses dans les muscles du côté droit, et tomba ensuite
dans le coma. Après vingt-quatre heures, il commença à trouver
quelques mois. Dans la soirée, il était complètement rétabli etn'of-
frait aucune trace de paralysie. Le 17 mai, les mêmes phénomènes,
moins les convulsions et le coma, reparurent pendant une demi-
heure.
Depuis cet époque, presque tous les mois, de semblables accidents
se reproduisent, et, suivant l'expression du malade qui a pris lui-
même sa propre observation, il attend aujourd'hui sa trentième
attaque. On doit attribuer ces accidents à une ischémie cérébrale
fonctionnelle, sans altération organique qui déterminerait des
troubles circulatoires par un spasme artériel. Ce n'est pas la pre-
mière fois que M. Ball constate des faits semblables. Dans un cas
l'individu a même commis un crime dont il n'a pas gardé le sou-
venir.
M. )).1LL1. L'épilepsie larvée ne se manifeste-t-elle pas souvent
par des symptômes analogues ? 2
M. Ball. Foville a en effet édifié une théorie de l'épilepsie sur
l'anémie cérébrale ; cette théorie a beaucoup de partisans, mais je
ne crois pas qu'elle soit applicable à mon malade.
M. 1 0 ILLI : . Je demanderai à M. Ball quels sont, à son avis, les
symptômes différentiels qui sépareraient des accidents épileptiques
incomplets de ceux qu'il vient de décrire ? P
388 .SOCIÉTÉS savantes.
M. Ball. Noire confrère est d'abord remarquablement intelligent,
ou ne peut. donc guère le croire épileptique; de plus, il ne suffit
pas de dire qu'il puisse être épileptique, il faudrait en donner de-,
preuves. Les convulsions se rencontrent dans plusieurs états diffé-
rents de l'épilepsie; d'ailleurs le malade n'a ni aura, ni hallucina-
tions, et conserve la conscience des troubles intellectuels qu'il offre
périodiquement.
M. Foville. Cependant vous nous avez parlé aussi d'un homme
qui, pendant un accès d'ischémie cérébrale, avait commis un crime
inconscient. Un acte inconscient est bien fréquent dans l'épilepsie
à forme larvée ou vertigineuse.
M. B1LL01). Certaines formes de paralysie générale se manifestent
aussi par des symptômes comparables.
M. DEL.\SL1U\ts. Nous sommes accoutumés à rencontrer des faits
analogues, sinon identiques. l'sst-il possihlc d'en déterminer le
caractère et la nature ? 1-t-on all : tire à une menace d'hémiplégie,
à une variété de mal caduc, ou aune aphasie en puissance ? Les
phénomènes observés répondent-ils à une lésion purement fonc-
tionnelle ou à une altération caractérisée ? M. Ball, se fondant sur
une étude antérieure, les rapporte à une anémie. L'embarras de la
prononciation a aussi fait penser à la possibilité d'une paralysie
générale. Ce ne sont là que de simples conjectures. Pour mon
compte, j'ai longtemps réfléchi il ce sujet, et je me suis convaincu
de l'impossibilité de lixet, en pareil cas un diagnostic certain. Ou
les autopsies, qui seules pourraient nous éclairer, sont muettes, ou
elles révèlent des lésions qu'on était loin de soupçonner. Que con-
clure de ces diversités ? Il se peut qu'un même mécanisme préside
à la manifestation des accès, mais ce qui n'est pas moins probable,
c'est que la mise en jeu soit déterminée par des incitations bien
diverses. Envisagé ce point de vue, le cas de M. Ball demeure
mystérieux, comme la plupart des accidents de même nature.
M. Ball penche pour l'anémie, sans donner de preuves. Cette expli-
cation me semble (i priori incompatible avec des intermittences
prolongées. Tout au plus pourrait-elle s'appliquer à des rémissions
oscillatoires, eu raison de l'impression constante d'une circulation
appauvrie. Au contraire, s'en rapportant à l'analyse, on concevrait
mieux l'effet provenant d'une altération circonscrite, induration
des parois artérielles, points ossifiés, petits noyaux hémorrhagiques,
etc., qui troubleraient momentanément la circulation capillaire
.par des influences accidentelles. llvacsr. Briand.
CONGRÈS ANNUEL DE LA SOCIÉTÉ DES MÉDECINS
ALTI.\1STES ALLEMANDS.
SESSION de I·R.lvCfoRT-SUR-Ll : -\IFIV.
Séancc dzc 8 aotit 4881.
La Lable présidentielle est occupée par MM. Loehr, Nasse, von
ïiineckcr, Westphal. M. Zinn s'est excusé de son absence.
M. Nasse, président, ouvre la séance par des paroles amicales.
Après avoir motivé le choix du local qu'il s'agissait de rendre indé-
pendant de celui du congrès des naturalistes, il remercie la Société
médicale de Francfort de la peine qu'elle s'est donnée pour installer
ce lieu de réunion dans l'institut de Senkenberg.
1111. VON DRN Stelnen (de Berlin) et Scnucmiiuï (d'Andcrnaell)sont
choisis comme secrétaires.
Avant d'aborder les sujets scientifiques portés à l'ordre du jour,
le président consacre quelques paroles émues il la mémoire des
collègues morts pendant l'année qui vient de s'écouler. Ce sont :
11JL. l31nsv-an,er, Fischer, Engelken, Stolzner, ClioiiitnLoç-sl3-,
Salomon. L'assistance se lève en leur honneur. On procède ensuite
à l'appel nominal, qui doit tenir lieu de présentation mutuelle.-
M. le conseiller intime, Dr Houmann (de Francfort), souhaite la
bienvenue à l'assemblée au nom de la Société médicale de Franc-
fort.
Le président annonce que quelques communications supplémen-
taires ont été indiquées après coup. Telles celles du professeur Sie-
hert (de Iéna) : sur la valeur diagnostique et pronostique des courbes du
pouls : présentation d'un sphygmographe, et de M. Furstner (d'Ileidel-
lier-) sur les blessures de télé et les psychoses. Le professeur Furstner
a notamment demandé d'être entendu aujourd'hui même, le temps
lui manquant pour '.demain ; en conséquence, M. le professeur
Westphal a offert de remettre sa communication à la séance -
suivante. Adopté. Le détail des comptes, présenté par le président,
se résume en : recettes, 691 marks; dépenses, 38 marks, pour
Fexereice 1880-1881. MM. Jehn et 13rosius sont désignés comme
vérificateurs.
Le n° I de l'ordre du jour actuel comporte une communication
du président, au nom du Bureau, sur la question des asiles pour
buveurs devant l'autorité et les pouvoirs législatifs du gouvernement
prussien. Celle question remonte à la séance de 1877 tenue a
390 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Nuremherg, dans laquelle la Société adoptait des conclusions, aux
termes desquelles l'installation d'asiles spéciaux et l'internement
hospitalier des buveurs avérés étaient considérés comme néces-
saires. La Société décidait, en outre, d'agir sur le corps législatif et
de soulever l'opinion publique, en faveur de la loi à rédiger dans ce
sens, au moyen de documents statistiques suffisants. Le même
courant d'idées développé dans les réunions de Cassel et d'IIeidel-
berg aboutissait à faire conférer par la Société au Bureau pleins
pouvoirs pour pousser la question selon les circonstances. S'étant
abouché avec les départements ministériels que pareille affaire
concerne, celui-ci fut assez heureux de voir présenter au Reiclistag,
malgré le peu d'enthousiasme témoigné pour ses idées, un projet de
loi concernant la répression pénale de l'ivresse publique ( : ! 3 mars
dernier). On y rencontre la notification précise que l'on pourra
interner les individus adonnés habituellement à la boisson en des
asiles destinés à la guérison ou -la détention de dipsomanes. Sai-
sissant l'occasion au vol, le Bureau s'empressait d'informer le con-
seil de la conviction des psychiatres allemands qu'il est nécessaire
et d'établir des asiles spéciaux, et de décréter une loi permettant la
détention en ces établissements contre leur volonté des dipsomanes
par habitude, tout le temps nécessaire à la guérison, selon la déci-
sion des autorités, en dehors même de toute répression pénale
préalable et sur la simple motion des parents, exactement comme
dans les procédés de l'interdiction (pétition du 2) mars, présentée
par le Dr Zinn, député). La commission, ultérieurement saisie de la
totalité des propositions résumées ici, ajoutait à l'adoption de la
pénalité concernant l'état d'ivresse publique : « Dans les cas où
« l'inculpé s'adonne habituellement à la boisson, le § 302 du code
« pénal trouve son application en ce sens qu'au lieu d'interner le
« sujet en une maison de correction, on peutle faire entrer en un asile
« destiné à la guérison ou à la garde des dipsomanes. » Même dis-
position, que l'ivrogne soit condamné à une simple amende ou à
la prison du fait de l'ivresse. La commission s'en remet pour les
questions de finance et de législation, que la création d'asiles spé-
ciaux et l'internement d'office et par la force embrassent, à la
sagesse des gouvernements confédérés et du chancelier. Voilà donc
la question des asiles pour buveurs entrée dans le domaine public;
le Bureau attend que le lteichstag s'occupe, en dernier ressort, du
projet de loi. '
La Société décide l'insertion au procès-verbal de la pétition
adressée par le Bureau au Reichstag. Une discussion longue et
nourrie s'engage ensuite entre le président et MM. Mendel, Slark,
Pelman, Holfmann, Reissner, Westphal ; à la suite, l'assemblée
appuie la motion suivante de Mendel : Le Bureau est autorisé, au
cas où le prochain Reichstttg devrait être saisi d'une ébauche de loi
sur la pénalité de l'ivresse, à faire ressortir, sous la forme de pétition
SOCIÉTÉS SAVANTES. 391 1
adressée ci cette assemblée législative, les points qui lui paraissent, au
point de vue psychiatrique, devoir être nécessairement modifiés.
Le président lit ensuite le Rapport du Bureau relatif aux conclu-
sions de la Société sur la question du surmenage dans les Écoles supé-
rieunes. La Société avait, à la séance d'Eisenach, voté les décisions
suivantes : « Le Bureau est investi de toute la confiance de la
Société pour prendre en main la question du surmenage de la
jeunesse dans les gymnases et autres écoles, et lui apporter les
avantages d'une coopération active. Il fournira sur ce sujet à la
Société un rapport, autant que possible lors de la prochaine réu-
nion annuelle. » L'étude a, depuis lors, fait surgir deux interroga-
tions qui dominent le problème tout entier. Y a-t-il réellement un
surmenage intellectuel ? Quelle est la fréquence statistique des
troubles .mentaux parmi les élèves dans les établissements d'ins-
truction supérieure ? A raison de la diversité des opinions, de la
faible majorité que l'affirmation avait obtenue au sein de la Société
(une seule voix), de l'absence de documents statistiques, le Bureau,
d'accord avec Siiell, Pelmati, liasse qu'il s'est adjoints, a dû
poser les bases de l'information complète. Voici des feuilles statis-
tiques dressées par M. Guttstadt (de Berlin), conformément aux côtés
envisagés, qu'il propose d'adresser non seulement aux cosociélaires,
mais encore aux médecins des établissements privés de neuro-
psychiatrie, des maisons de santé, des établissements publics d'hydro-
logie et d'hydrothérapie, parce qu'il lui semble avéré que les méde-
cins des asiles publics d'aliénés n'ont affaire qu'à une faible partie
des cas envisagés ici. Ces feuilles contiennent les rubriques :
1° Nombre des personnesobservées.
302 -) SOCIÉTÉS SAVANTES.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 393
la question de savoir si la Société doit tenter de réunir des docu-
ments statistiques : Adopté... Sur le mode de faire, on vote, après
quelques paroles échangées entre '1111. Iloffmann, Runge, Sander,
les conclusions du bureau.
La discussion roule enfin sur la forme des questions. On remet
sur le tapis le questionnaire de liasse. Mille idées surgissent ; faut-
il se servir des observations antérieures ou non ? faut-il adopter les
titres de maladies individuelles afférentes à chaque cas particulier,
ou ne demander que des dénominations générales. Le président et
MU. Sander, Furstner, Monde], von Hinecker, liasse, Pelman Sie-
bert, ayant émis leurs avis respectifs, on décide d'attendre la com-
munication de Westphal qui doit avoir lieu à la séance suivante
(modifications des cartes de recensement psychopathique officielles),
et l'assemblée se range à la proposition de Rineelzer, modifiée par
Sander ; savoir : ajournement à 1883 de ce sujet, et présentation
à cette époque des documents nosographiques et statistiques que
les observations recueillies d'ici là prépareront, en s'occupant spé-
cialement de l'étiologie et du surmenage intellectuel.
La séance est suspendue pendant le temps nécessaire à l'élection
de deux membres du Bureau. MM. Nasse et Westphal sont réélus.
M. le président communique, en outre, que la révision des comptes
qui vient d'être effectuée sur ces entrefaites n'entraîne aucune
objection.
La parole e>t donnée à M. Furstner pour présenter son mémoire
sur les Lésions céphaliques et les psychoses. Le rapport qui lie les
traumatismes céphaliques aux vésanies est loin d'être déterminé ;
l'anatomie pathologique elle-même se trouve généralement en
défaut dans les cas de psychopathie succédant aux blessures de la
lêle. L'observation clinique permet seule d'établir des groupes.
M. Furstner en distingue provisoirement trois, selon le degré de rapi-
dité qu'affecte la perturbation mentale, consécutive à la lésion chij
rurgicale, le genre des symptômes notés, ou la probabilité plus ou
moins grande dans l'existence des altérations anatomiques du cer-
veau. En attendant qu'un champ d'études pathologiques plus vaste
permette de mieux préciser, le professeur Furstner apporte son con-
tingent de travail au complexas symptomatique décrit par Kceppe
sous le nom de psychose tî,(iiii211tiqtte iéflexe. 11 s'agit ici de blessures
de tête légères, sans grands accidents psychiques immédiats ; les ma-
nifestations vésaniques se montrent une fois la cicatrisation opérée,
le tibsu cicatriciel, dès lors douloureux, devenant le point de départ
graduel de symptômes nerveux, d'abord irritatifs, puis psychopa-
thiques (agitations, crises épileptoïdes, amnésie). L'extirpation de
la cicatrice aurait donné des résultats brillants. C'est ce que s'est
proposé de contrôler M. Furstner. Les trois cas qu'il décrit à la
Société confirment les assertions de Koeppe; comme dans les faits
de celui-ci, la prédisposition était évidente du moins en deux cas-
39 î- SOCIÉTÉS SAVANTES.
L'orateur fait remarquer que si la prolongation de l'observation est
indispensable pour la démonstration du succès, il n'en appert pas
moins que de faibles récidives consécutives à l'ablation cicatricielle
ont désormais cédé il l'administration du bromure de potassium ;
ce qui met en évidence la progression graduelle des résultats thé-
rapeutiques par l'action combinée de l'opération chirurgicale, des
médicaments et du régime. Quant aux observations en elles-mêmes,
elles méritent l'attention des psychiatres comme représentant fidèle-
ment les multiples transitions qui existent entre l'épilepsie, les était.
épileptoïdes et la psychose épileptique propre, nettement ac-
centuée.
PCCT7 rapporte un cas analogue, dans lequel il n'opéra pas, à
raison et de la réaction excessive que déterminait chez le malade le
contact de la cicatrice (accès d'angoisse mélancolique instantanés),
et de l'adhérence intime des tissus au crâne. Des injections de mor-
phine et le traitement à l'asile d'AIL-Sclierhitz déterminèrent la
guérison.
M. Mendel affirme que la pauvreté des documents bibliogra-
phiques dont se plaint M. Furstner provient de l'inanité des essais
thérapeutiques par l'extirpation cicatricielle. Il estime que quelques
mois sont nécessaires avant que le succès soit corroboré, puisque
l'amélioration ne date en définitive, pour l'observation première de
M. Furstner, que du mois de mai, et que de juin pour le second fait.
M. Westphal allègue que le rapport entre la cicatrice elles symp-
tômes est souvent tout apparent. 11 invoque à cet égard le cas com-
muniqué par lui à la Société de psychiatrie et maladies nerveuses
de Berlin', dans lequel l'autopsie décelait les lésions de la paralysie
générale. Or, malgré l'existence d'un névrome fusiforme du nerf
sus-orbitaire, il ne croit pas qu'en pareille circonstance on puisso
soutenir l'opinion de la psychose réflexe.
M. Furstner objecte à 11. \Iendel que ses insuccès personnels
n'impliquent pas les mêmes résultats de la part d'autres opérateurs.
Il ajoute qu'ayant précisé les dates, qu'ayant souligné les récidives
notées, qu'ayant reconnu l'urgence d'un traitement ultérieur, il ne
saurait être taxé d'enthousiaste. Ce que reconnaît à son tour
M. Mendel.
La séance est levée à 8 heures du soir.
Séance du 9 août.
Le président ouvre la séance par quelques communications d'in-
térêt social. Il communique ensuite les adresses qui lui sont par-
.1 Voyez les Archives de Neurologie, t. III, p. 234. ,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 395
venues de quelques-uns des membres absents et annonce que
M. Reissiger (d'Erlangen) montrera, avec explications à l'appui, le
mécanisme de ses appareils électro-thérapiques pendant la pause,
vers onze heures
M. le président propose de s'occuper d'abord de la question des
idiots et du rapport présenté par la commission chargée de la
traiter. On procéderait immédiatement à la discussion du rapport.
La discussion relative aux feuilles de recensement serait renvoyée
à la seconde moitié de la séance.
La Société se rangeant à cet avis, M. liwin prend la parole sur la
Question des Idiots, au nom d'une commission composée de 1111. Cra-
mer, Guttstadt, Ideler, Koeh, Koehler. Voici les décisions adoptées
par elle, avec les modifications proposées par chacun des membres :
1° Sont appelés idiots tous les psychopathes privés partiellement
ou complètement d'intelligence ou de raison dès l'accouchement ou
dans la première enfance. La description nosographique de l'idiotie
appartient au médecin, et particulièrement au psychiatre.
n) Modification proposée par Guttstadt, Cramer, Ideler : Sont
appelés idiots tous les psychopathes qui, à la suite d'une affection
cérébrale congénitale ou acquise dès les premières années de la
vie, ne sont pas complètement susceptibles d'éducation.
b) M. Kind, après avoir critiqué l'exclusion des crétins de cette
définition, considère que les altérations cérébrales sont souvent
absentes et que le patient est souvent rebelle à toute espèce d'édu-
cation. Il propose : Sont appelés idiots tous les psychopathes dont
le développement mental est entravé ou arrêté par une affection
cérébrale congénitale ou acquise dès les premières années de la
vie.
2o L'idiotie complète est incurable. Mais, cet état, se rapportent L
maintes/ormes d'épuisement nerveux, nombre d'affections intercur-
rentes de diverses sortes, guérissables. Curables aussi se montrent
en général diverses formes d'aliénation infantile liée à de la fai-
blesse.
Critiques. -Bien des formes d'idiotie s'améliorent parle traite-
ment médical et l'instruction pédagogique. La curabilité est sur-
tout vraie pour les manifestations mentales émanant du surmenage
psychique, de l'onanisme, des troubles du développement, de cer-
taines affections cérébrales, de maladies fébriles.
3° Pour arriver à des résultats pratiques en pareille matière, il
faut se laisser conduire et surveiller par les préceptes et méthodes
psychiatriques,, tout en empruntant aux connaissances médicales
et pédagogiques.
4° Il faut que l'Etat s'occupe plus que jadis des idiots, et leur
accorde la même attention, le même appui qu'aux aliénés. C'est à
lui qu'il appartient ;
396 SOCIÉTÉS SAVANTES.
(1) De relever le nombre, l'état, les conditions de ces malheureux
par les soins de l'autorité communale (rapports annuels) et de
veiller, pour arriver à ce but, à fournir au public les instructions
suffisantes ;
b) De surveiller le traitement convenable à donner aux idiots en
leur patrie ; la construction d'asiles spéciaux relevant de l'admi-
nistration est donc urgente pour interner, éduquer et soigner
les idiots.
M. Guttstadt désire qu'on fasse une place à l'idiotie dans les
feuilles de statistique générale qui se remplissent tout les dix ans ;
les médecins seraient ensuite chargés de calculer les éléments qui
les intéressent. La construction d'établissements s'impose pour
l'idiot, puisque celui-ci est à la fois un aliéné et un infirme, par
conséquent, un invalide, incapable de lutter pour la vie sociale. : ;0 L'action de l'État ne doit pas exclure l'activité bienfaisante des
particuliers. Celle-ci sera même encouragée et stimulée. On pourrait
notamment provoquer la formation de sociétés annexées à celles
déjà existantes qui s'occupassent de ceux des idiots congédiés des
établissements.
Les documents que fournit à la commission et à la Société
M. Koebler sur l'établissement de Colditz, à l'appui du § b de l'ar-
ticle 4 et de l'article li, engagent M. le rapporteur à spécifier que
tout asile d'idiots comprenne, outre l'établissement pour les idiots
accessibles a l'éducation, une section qui permette le travail à ces
déshérités, voire une colonie. M. Loehr insiste pour que l'article 4
commence par ces mots : C'est pour l'Etat une obligation immédiate.
Le président remercie M. le rapporteur d'un travail qui place des
jalons dans le champ d'une question étendue. L'assemblée, par son
organe, se rallie à la généralité des idées émises, invitant la com-
mission à continuer ses travaux, dont elle voudra bien présenter le
résultat dans quelques années.
AL Pl-.L)[,%,N demande, à ce propos, que dorénavant les résolutions
et propositions de toute commission soient, avant la lecture, impri-
mées et distribuées aux membres de la Société. Le président
rappelle que semblable observation fut faite à la réunion de
Munich, mais que MM. les rapporteurs n'ont jamais pu terminer
leurs mémoires assez à temps pour qu'on en agit ainsi.
M. l3rcF : n. De la crdniomélrie et de sa valeur en psychiatrie. Sous
ce titre, M. Riegor décrit une nouvelle méthode de mensuration de
la tête sur le vivant. Laissant de côté le plan horizontal post mor-
tem des anthropologues, il s'inquiète de saisir en sa situation nor-
male le plan qui réellement sépare la cage cérébrale du squelette
facial. Il détermine sur le sujet l'élévation respective des extrémi-
tés des diamètres longitudinaux et transverses et, notamment, de
l'axe qui joint le milieu de la région inter-soureilièrc à la protuhé :
SOCIETES SAVANTES. 397
ranco occipitale postérieure ; il pense de la sorte, en tenant compte
des revêtements et de la boite osseuse, arriver à stéréotyper un
plan qui se rapproche sensiblement du plancher de la cavité céré-
brale. Dans ce but, il marque ce plan sur la tête du patient à
l'aide d'une bande de caoutchouc placée autour de la tête ; un sys-
tème d'ordonnées géométriques étant ensuite construit, il obtient les
courbes céphaliques qui doivent y abouti]' par un fil de plomb, et le
tout est porté sur le papier. Cette mensuration précise permet, par
projection, de tailler sur-le-champ, un modèle exact. Les détails
que fournit M. Rieger exigent quelques figures qui feront les frais
d'une publication ultérieure Les exemples cités a l'appui du pro-
cédé démontreraient qu'il existe un rapport direct entre les mal-
formations du crâne et les psychoses.
M. le Président. Nous étions d'avis de ne faire suivre cette pré-
sentation d'aucune discussion, mais M. Koehler désirant montrer
quelques préparations, je me permets de proposer une exception
en sa faveur.
M. Koehleu. Ce sont des dessins que j'ai obtenus par le même
système. Nous sommes arrivés, M. Hieger et moi, sans le savoir,
parallèlement au même procédé. J'avais d'abord commencé à me
servir du fil de plomb, mais, l'ayant reconnu infidèle dans la repré-
sentation plastique, je lui ai substitué un fort fil de zinc que je
modèle sur le crâne. On doit tendre à représenter le crâne eu sa
configuration plastique; les instruments démesure ordinaire ne
suffisent pas il cette besogne. Courbes exactes, inégalités de divers
enfants, physionomies et topographies crâniennes avec l'indication
des hauteurs, comparaisons graphiques des formes réduites au
pantographe, tels sont les résultats que démontrent les tableaux.
Malgré la réclamation de M. lfendel sur l'opportunité d'engager
les discussions que chaque communication susciterait, l'assemblée
passe à l'ordre du jour.
M. Bnosics. Les maisons de santé ouvertes. L'idée de se servir
pour les aliénés du même genre d'établissements que pour les
névropathes, ou d'accorder aux aliénés une grande liberté a engagé
les médecins dans une mauvaise voie, en ce sens que, beaucoup
d'entre eux, pour complaire aux familles, leur masquer une vérité
pénible, les débarrasser des formalités d'usage, ont fait admettre
en des maisons de santé consacrées aux affections du système ner-
veux de véritables aliénés. Or, dit M. Brosius, toute anomalie qua-
litative et quantitative d'une des facultés mentales ressorti ! il l'alié-
nation mentale, au même titre qu'une entité psychopathique bien
nette. Ce ne serait guère qu'aux formes désormais stables (démence
légère, grand nombre de monomanies) qu'on pourrait accorder la
1 Nous y consacrerons une analyse plus ample à ce niouicni.
398 SOCIÉTÉS SAVANTES.
liberté de la maison de santé. En tout cas, jusqu'à nouvel ordre, le
trouble psychique réclame l'asile, et la délimitation du rôle et du
but de la maison de santé s'impose. M. Brosius pense, du reste, con-
trairement à son opinion d'il y a 20 ans, que les établissements
ouverts constituent non un progrès, mais une rétrogradation dans la
pratique de la psychiatrie.
M. ScuuoiARD. Des accès épileptiformes dans les affections de l'estomac.
L'observation, par laquelle l'au Leur commence sa communication,
concerne un alcoolique aliéné chez qui des symptômes excessifs de
catarrhe chronique de l'estomac nécessitèrent des lavages de l'or-
gane. Plusieurs séances avaient considérablement amélioré l'état
du malade, et l'on avait résolu d'employer désormais la solution
de résorcine au centième. Deux litres et demi environ du liquide
avaient été ingérés en cette nouvelle séance, quand brusquement
se montra l'accès; amnésie pendant le reste du jour; mais le len-
demain le patient raconte qu'il a soudain ressenti une contraction
convulsive dans la région épigastrique avant de perdre connaissance.
La cessation des iavagesafaitdispaiaitrotoutautre attaque. Cefaita a
de particulier qu'il n'excitait ni la dilatation de l'estomac, ni la
lésion pylorique des cas de Kussmaul, Neumann, Gassner (thèse).
Aussi M. Schuchardt admet-il simplement comme pathogénie une
excitation des éléments nerveux de lamuqueuse stomacale du fait de
la prolongation de la gastrite catarrhale. Qu'il y ait dégagement
brusque de la poche par le vomissement ou le lavage , d'où
relâchement brutal et contraction réflexe violente de ses parois,
ou bien réplétion énorme et soudaine de l'estomac affecté de
catarrhe chronique par l'ingestion de liquide, les accès ont en tous
les cas, pour l'auteur, une origine mécanique. Le traitement a
pour effet de rendre aux éléments nerveux leur vigueur et leur
résistance; de là, la disparition des troubles convulsifs.
M. F. Siemens. CoKS ! dc/'<tOHSp)'ag'e; ! e/ycaatsu;e<decuo6 ! OH
des aliénés hors de l'asile. Ces incidents, que nul directeur ne peut
se targuer d'éviter, soulèvent une foule de questions délicates,
comme le montre M. Siemens, tant au point de vue des intérêts du
malade qu'à l'égard des dangers que courent les gardiens aux
prises avec lui. Il ne s'agit rien moins que d'abuser de la force,
souvent en face de spectateurs indifférents ou hostiles; trauma-
Lismes de ce fait chez l'aliéné ou chez l'employé. Aussi, M. Sie-
mens a-t-il donné comme règle de conduite, à ses administrés,
d'essayer de ramener l'aliéné avec toute la prudence voulue, tant
qu'il n'a pas dépassé le domaine, ou le voisinage de l'établissement.
Que s'il se trouve en des régions étrangères, ils se borneront à
le suivre et à tenter la persuasion, n'engageant jamais de luttes.
Requérir l'autorité dans les cas extrêmes, et laisser aux agents le
soin d'user de la force. Quoi qu'il en soit, qui paiera les dépenses
SOCIÉTÉS SAVANTES. 399
delà réintégration : l'asile, le malade, la police ? La création d'une
caisse spéciale à ces éventualités mérite-t-elle l'imitation ?
Opinions variables des jurisconsultes sur l'ensemble de ces articles.
Ils nécessitent évidemment une décision de la part des aliénistes.
Voici les deux points que M. Siemens soumet au jugement éclairé
de ses collègues :
in L'asile a-t-il le droit d'user de moyens de violence envers ses
malades en dehors du territoire de l'établissement ?
2° A qui incombe, en cas d'évasion, les dépenses de la réinté-
gration ? ` ?
Après une pause d'une demi-heure, M. le président déclare la
séance ouverte à nouveau. Il signale à l'assemblée les locaux
destinés à la fraternisation et invite les orateurs inscrits à limiter
leurs communications.
M. WESTDHL prend la parole sur ce thème : Propositions de ilzodi-
fications ci faire subir aux cartes de recensement officielles des asiles
d'aliénés. Après avoir insisté surles inconvénients des dénomina-
tions adoptées, les lacunes qu'elles entraînent, etles divers sens que
souvent elles comportent, M. Westphal, simplifiant encore le cadre
tracé par la commission internationale de 1867 (Société médico-
psychologique de Paris), propose les désignations suivantes :
Io Trouble psychique simple;
2° Trouble psychique paralytique;
3° Trouble psychique accompagné d'épilepsie ou d'hystérie ;
i" Delirium tremens ;
5, Idiotie, crétinisme;
6o Imbécillité (faiblesse intellectuelle congénitale).
Le diagnostic de la forme psychopathique importe moins que la
considération de l'élément méningo-encéphalitique et sa proportion,
par rapport aux mêmes entités simples ou épileptiques, hystériques.
Les épithètes ne laissent du reste prise à aucune erreur; on ne
demande pas davantage de spécifier si l'origine de la vésanie est
la paralysie générale, l'hystérie ou l'épilepsie, mais uniquement si
ces éléments morbides sont observés concurremment avec la mé-
lancolie, l'hypochondrie, la folie systématique laissées dans l'ombre.
De même l'expression « delii-iliiii tremens » élimine toute psychose
causée par l'alcoolisme; ce dernier genre trouve sa place dans la
notification étiologie qui suit les titres iio, 1 et 2 à l'inscription
alcoolisme, de sorte qu'on pourra toujours comparer les nombres
de psychoses simples dues à l'alcool et de psychoses paralytiques
de semblable origine sans rien enlever au dclirium tremens fort
important pour les grandes villes. L'utilité du terme « imbécillité o
ne paraîtrait pas démontrée à M. Westphal. '
Avant qu'il soit procédé à la discussion, M. le président Nasse
prie M. Loehrde le remplacer au fauteuil, parce qu'il désire parti-
ciper aux débats.
ÏOO SOCIÉTÉS SUANTE- ? .
MM. l'elman, Nasse, Sandur, lleudel, Hoffmann prennentsucccbsi-
veinent part à la discussion qui se résume ainsi : Faufil exiger le
diagnostic de la forme morbide (Sander) ? Couvieut-ild'adoltur le
tableau de Westphal avec ou sans la conciliation de Hoffmann
(colonne dans laquelle le médecin puisse inscrire son diagnostic) ?
L'assemblée adopte le texte de Westphal sans changement.
Quant aux autres déterminations à prendre a l'égard du reste de ces
cartes, la Société se contente d'approuver les conclusions déjà
formulées à Cassel (1873) sur l'avis et conformément au résumé de
M. Nasse. Tels la suppression des questions qui concernent les
enfants des aliénés, l'addition aux causes de la puerpéralilé,
des blessures céphaliques, de l'ivrognerie ? la radiation des
questions sur les enfants malades du patient, de la question 12
(conflit avec le code pénal), de la question Il (complication de
maladies constitutionnelles), de la question 17 (frais du traitement),
le remplacement des indications sur le nombre des admissions,
par ces mots : Première admission ; admission répétée, la guérison
ayant déjà eu lieu ou non. On laissera : Durée de la maladie
avant l'admission (Jehn, Sander). On bornera l'étiologie en
adoptant une colonne de généralisation sous la rubrique : Autres
causes, sans subdivisions (Westplial); la surmenage intellectuel, l'ona-
nisme, la syphilis héréditaire ne seront pas représentés.
M. Nasse, reprenant la présidence, fait remarquer que l'heure
avancée a forcé pl-ieurs membres à retirer leurs communications.
Il soumet en conséquence à la Société la motion de Jebn d'accorder
désormais un temps limité aux orateurs. Discussion à ce sujet entre
MM. Jehn, Loehr, l'elman, 111endel, Scbwaab. On décide à l'unani-
mité que les communications orales dureront vingt minutes; il ne
sera laissé que cinq minutes à chaque orateur pour la discussion.
Le président, après avoir formulé ses remerciments aux adminis-
- Lt'ateurs de l'Institut de Senkenberg, lève la séance en souhaitant
que l'année prochaine réserve à la Société une réunion aussi
empreinte de cordialité que celle qu'il a eu à présider. (Allg.
Zeitsschi,. f. l'sycleiut. ii. psych. gerichll. medic, XXXVIII, et 6.)
P. K.
SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE MERLIN
Séance du I décembre 4 881. Présidence de M. L,E)[n.
L'ordre du jour appelle la communication de M. KECfii', inti-
Lulée : De la sollicitude de l'Angleterre ci l'égard des criminels aliénés.
SOCIÉTÉS SAVANTES. zou
Cette communication est le fruit, soit de visites que l'auteur a
faites dans les divers établissements spéciaux, soit des rapports
officiels qu'il a pu se procurer. L'historique de la question met
successivement en lumière : les premières remarques d'il y a cent
ans sur les inconvénients de garder dans les prisons des aliénés et
des insuffisants ; la première loi prescrivant un placement con-
forme à l'état mental du criminel (1800) ; la loi de 1816 ordon-
nant le transfert du criminel malade dans un asile d'aliénés;
l'adaptation à cet effet d'une, puis de deux ailes de l'asile de
Betlileem(Londres); la création d'une section ad /f0c à l'asile privé
de Fisherton-House, enfin les inconvénients de l'immixtion des
criminels devenus aliénés avec des aliénés criminels. L'asile de
Broadmoor était en effet destiné à recevoir ces deux catégories de
malades (1803); mais on ne tarda pas à comprendre que le crime
commis [par un aliéné n'est que la résultante de l'évolution pro-
gressive du délire, tandis que le criminel aliéné est, avant tout, un
coupable chez lequel la folie intervient à titre de complication et
se surajoute aux instincts pervers non morbides. Aussi, alors que
l'aliéné criminel ne réclame pas d'autres soins que l'aliéné ordi-
naire, le criminel aliéné devenu intraitable, de par sa perversion
que surexcite la folie, impose l'obligation de constructions agencées
et construites de façon à assurer une rigoureuse surveillance, un
isolement méthodique, notamment au cours de la nuit. Tel l'asile de
Woking (18riz), telle la section de Parkhurst, près Newport. Actuel-
lement avant de diriger sur ces établissements les criminels
aliénés on les soumet à une observation continue à la maison de
correction de llillhanl : ; la simulation une fois écartée, ils sont
internés en ces asiles spéciaux jusqu'à l'expiration de leur peine.
Les femmes sont transférées à Broadmoor.
Milibank est une vieille prison cellulaire, située dans la région
ouest de Londres, sur la rive gauche de la Tamise. 17 hommes
peuvent y être maintenus en observation. Les dispositions ne dif-
fèrent pas de celles que l'on connaît être les meilleures pour
assurer l'isolement et l'observation constante. Des salles communes
peuvent être, dans l'infirmerie, affectées aux malades tranquilles.
L'observation dure de trois à six mois, pendant lesquels le malade
n'est généralement ni occupé, ni laissé libre (précautions contre la
simulation). Si la guérison a lieu dans ce laps de temps, le pri-
sonnier regagne l'établissement d'où il vient, sinon il est dirigé
sur Woking ou Parkburst. La statistique montre que sur GO hommes,
dénombrés à Millhank en l'exercice 1879-80, H8 furent expédiés à
Woliing, 4 Parkhurst, 1 à Perth (Ecosse). Des 6 femmes admises,
1 guérit et les 3 autres furent transférées à Broadmoor.
' Woking, à trente-huit milles anglais S.-O. de Londres (comté de
Surrey), occupe une colline. Cet établissement, entouré de jardins,
comprend deux sections : l'une réservée aux hommes, l'autre pour
Archives, t. V. 2
·40 SOCIÉTÉS SAVANTES.
les femmes. Celle dos. hommes se compose d'un bâtiment principal
flanqué de quelques ailes, chaque construction étant en définitive
circonscrite par des cours ou des promenades. C'est un asile destiné
en principe aux criminels invalides qu'on y envoie pour les occuper
à des travaux faciles, soit dans les salles, soit à l'infirmerie, selon
leurs infirmités ou le genre de leurs affections chroniques. Sur
711 prisonniers qu'il contenait au 31 mars 1SS0, on comptait :
99 aliénés, insuffisants, épileptiques ; ')27 malades par affections
pulmonaires ; 81 cardiaques; 94 impotents ; 84 affaiblis; 48 vieil-
lards ; 96 autres malades; 79 valides. Le bâtiment réservé aux
aliénés renferme 190 cellules, tant au rez-de-chaussée qu'au pre-
mier étage, disposées de chaque côté d'un corridor médian. L'ins-
tallation offre à signaler particulièrement : l'usage de lits en bois
pour les agités et les malades violents, de vases de nuit en caout-
chouc, de cellules capitonnées et caoutchoutées ; un agencement
réservé aux gâteux. Chaque cellule est munie d'un système de
signal électrique. L'isolement est complet pendant la nuit. Six
salles de jour sont destinées aux aliénés calmes, soit au rez-de-
chaussée, soit au premier. On n'y met en usage que le traitement
psychiatrique et l'on se garde le plus possible des moyens de con-
tention ; on évite ainsi que l'agitation ne revête ce caractère malin
propre aux criminels. Les malades s'occupent qui à la ferme, qui à
la buanderie, qui au ménage, qui aux travaux faciles. Les agités,
consignés au rez-de-chaussée, sont visités avant d'entrer en cellules ;
celles-ci sont explorées dès qu'ils en sortent. On dispose d'un gar-
dien par 7 malades.
Parkhurst, également situé sur une hauteur, à la côte Nord de
l'ile de Wight (rive gauche de la rivière Médina), se trouve non
loin de Newport. C'est aussi un établissement d'invalides, parmi
lesquels, au début de 1879-80, on comptait 99 aliénés. Les malades y
sont divisés en trois classes : 1 0 les aliénés dangereux, à tendances
suicides ou agressives qui exigent une surveillance spéciale (cellules
du rez-de-chaussée); 2° les épileptiques et ceux dont l'intelligence
est affaiblie ; ils occupent des cellules en partie capitonnées, au rez-
de-chaussée ; 3° les insuffisants et les déments inoffensifs. Le mé-
decin et le directeur de l'établissement s'avouent très satisfaits de
cette répartition et du mode de traitement par la douceur et les
sentiments humanitaires.
Broadmoor constitue la dernière station des criminels aliénés.
On ne les y envoie maintenant qu'après l'expiration de leur peine.
C'est là qu'il est décidé de leur transfert dans un asile public ou de
leur maintien à l'établissement. Sis dans le comté de Berkshire, à
cinquante-deux milles anglais 0. de Londres, il se compose du
bâtiment de l'administration, de quatre corps de construction à
deux étages pour les hommes et d'un pour les femmes. Le rez-de-
chaussée et le premier étage en partie sont occupés, dans le service
SOCIÉTÉS SAVANTES. " 403
des hommes, par des cellules (plus de deux cents) de chaque côté
d'un corridor médian; chaque fenêtre éclaire deux cellules. Aux
extrémités du corridor existent des salles de jour communes. Les
étages supérieurs contiennent des dortoirs de dix à douze lits. L'as-
pect riant du pays (terrasses), l'abolition des moyens de coercition,
le traitement psychiatrique ordinaire, les occupations, les prome-
nades, l'admission d'un petit nombre de malades, depuis qu'on a
ouvert Woking et Parkhurst (surveillance et séparation plus aisées),
ont fait complètement disparaître, dans ces dernières années, les
voies de fait enregistrées jadis. On dispose d'un gardien par cinq
malades.
A ces établissements destinés aux criminels aliénés, que
M. Kneuht trouve d'ailleurs excellents, ou peut, ajoute-t-il, opposer
le desideratum suivant. Tandis que les aliénés qui ont commis un
crime restent à Broadmoor, les criminels devenus aliénés viennent,
après l'expiration de leur peine, peupler les asiles publics ; on
envoie aussi dans ces derniers tous les délinquants malades, con-
damnés à moins de cinq ans. On étudie, du reste, en ce moment,
le moyen d'assurer un séjour permanent à tous les condamnés.
En terminant, l'orateur montre qu'il importe de s'occuper en
Allemagne et des criminels aliénés, et des aliénés criminels. La
faible proportion de ces malades, accusée par la statistique alle-
mande, provient de l'insuffisance des médecins de prisons en ma-
tière de psychiatrie. 11 insiste sur l'association des sections d'aliénés
en question aux prisons d'invalides, l'asile formant ainsi un annexe
utile qui fournit des travailleurs à un établissement qui manque de
bras vigoureux. Ce serait au contraire une mauvaise combinaison
que d'établir une division d'aliénés près de la prison proprement
dite.
La discussion fait jaillir deux courants d'opinions.
MM. J.ISTROWIT7, SciiROETER (de Dalldorf), Richter (de Pankow),
Tigges, doutant qu'il y ait beaucoup de criminels aliénés, penchent
pour leur répartition auprès de l'établissement pénitencier, alors
surtout qu'on aurait inculqué des connaissances spéciales aux mé-
decins de prisons.
111. Iiarctrr répond en maintenant son opinion de séparatiste
absolu ; il y a danger de laisser les aliénés auprès du pénitencier.
Et il faut avant tout en confier le traitement à des spécialistes ; on
ne saurait improviser le traitement moral.
M. La : un, rappelant l'unanimité des aliénistes allemands, anglais,
français sur la nécessité d'asiles spéciaux pour les criminels aliénés
et une partie des aliénés criminels, s'affirme séparatiste. Toutefois,
on pourrait peut-être adopter une opinion mixte et, tenant compte
des communications qui viennent de se faire jour, remanier la
question quant à l'annexion des asiles de ce genre, soit aux prisons,
soit aux infirmeries pénitentiaires.
401 le SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. Jasthowitz prend la parole sur Indétermination de l'insuffisance
intellectuelle et de l'idiotie en général et tout spécialement en justice.
Quand il s'agit de se prononcer sur l'irresponsabilité, on doit
examiner s'il est possible que l'acte ait été raisonné, réfléchi, si le
sujet a pu poursuivre un mode d'action sensé, et se livrer à quel-
ques actes raisonnables, voire à beaucoup. 11 faut faire saisir, en
médecine légale, si l'individu que l'on étudie est en état de réflé-
Cllir sur les suites de ses actions, s'il jouit de la capacité de com-
prendre la criminalité de l'acte. On déterminera ensuite si sur l'in-
suffisance psychique s'est greffée quelque modalité pathologique
d'ordre vésanique. M. J... appuie ses assertions sur une obser-
vation. Il s'agit d'un imbécile de noble extraction que de fins
escrocs avaient poussé à des combinaisons aussi raffinées que cou-
pables. Condamné, alors que ses conseillers demeuraient en
'liberté, le voilà atteint en prison de mélancolie avec désordre dans
les idées, si bien qu'on doit le transférer dans un asile d'aliénés ;
'aussitôt cesse l'état aigu et apparaît l'imbécillité congénitale.
' Sur cette question, AI11. lticliter (de Pankow) et Tic"es sont
d'avis que la détermination pure et simple de l'état mental suffit,
sans qu'on soit obligé de pénétrer si avant dans l'enchaînement
des phénomènes psychologiques et de rechercher si l'inculpé a pu
se rendre compte de la conséquence de ses actes.
M. FALK adopte la manière de voir de M. Jastrowitz, au moins en
matière civile.
M. lilcaTen. Sur un néoplasme de la base du cemeaee. La pièce
est présentée et décrite à la Société. Le diagnostic de la tumeur
avait été établi pendant la vie. La publication de ce fait sera effec-
tuée, nous l'analyserons alors. (Allg. Zcilscler. f. Psych. v. psych.
periclatl. Medic, XXXIX, 2 et 3.) P. K.
Séance du 4;i mars 1882. Présidence de M. L.run.
M. Edel, sous le titre de : Cas 31e),Iozv, décrit une observation de
démence sénile sur laquelle, de par des hallucinations de l'ouïe,
«'était greffée un délire des persécutions. Il s'agit, comme le fait
remarquer M. Edel, d'un cas simple ayant donné lieu, à la suite
d'un certificat contradictoire émané d'un confrère ignorant la pa-
thologie mentale, à six assignations judiciaires, ainsi qu'à sept
expertises et contre-expertises, de la part d'autorités en matière de
psychiatrie. Force heureusement demeura à la science. Il faut en
conclure à l'enseignement obligatoire de la psychopathologie dans
les Universités.
' La discussion, à laquelle prennent part AI11. 1 alh, Ideler, Jas-
trowitz, Edel et Gock, confirme la justesse des idées émises et
SOCIÉTÉS SAVANTES. 405
montre combien un seul examen peut tromper un magistrat,
quand il a affaire à un malade qui dissimule avec habileté.
La communication suivante de M. Behnuard, intitulée : Altéra-
tion pathologique insolite du cerveau, mérite une description presque
textuelle. Le cerveau, durci dans l'alcool absolu, présente à la con-
vexité de l'hémisphère gauche une dépression hémisphérique ; il
semble qu'on ait enfoncé dans la matière nerveuse une bille de
billard de petit calibre. Cette dépression mesure d'avant en arrière
cinq centimètres, de droite à gauche quatre centimètres. Limitée
en avant par le sillon de Rolando, dont elle est séparée par une
bandelette encore intacte, de la pariétale ascendante, elle soulève
profondément la circonvolution du corps calleux et se trouve cir-
conscrite en arrière et en dehors par la scissure interpariétale. On
aperçoit au fond de ce cratère la surface même du cerveau, avec
ses caractères ordinaires et son revêtement pie-mérien; il est aisé
d'y reconnaître les circonvolutions et les sillons de l'organe, ainsi
que ses vaisseaux dont les branches plongent dans la cavité après
en avoir franchi les bords. Une membrane fine et transparente est
encore appendue sur ce pourtour. Il s'agit incontestablement d'une
compression du cerveau ayant porté sur la plus grande partie de
la pariétale ascendante, du lobule quadrilatère, du lobule pariétal
inférieur, qui ont été refoulés de plus de deux centimètres. La
cause ne saurait en être attribuée qu'à une vésicule kystique, sise
au-dessous de la dure-mère, adhérente à cette membrane, de la
grosseur d'un oeuf de poule ; le liquide séreux qui la remplissait ne
contenait aucun débri d'entozoaire. L'autopsie révélait, en outre,
chez la malade âgée de soixante-trois ans, la raréfaction du diploé
et des os du crâne, une friabilité très prononcée du système osseux,
de l'athéromasie artérielle, de l'hydrocéphalie interne et externe,
une atrophie modérée des circonvolutions, de la caséification pul-
monaire bilatérale (cavernules), de vieilles adhérences pleurales,
l'hypertrophie du ventricule gauche avec stéatose cardiaque, des
altérations dans l'écorce des reins (dépôts blancs et granulations).
L'étude clinique avait permis de noter une insuffisance intellec-
tuelle de par l'hérédité paternelle, des accouchements fréquents et
difficiles, enfin une aliénation mentale débutant dans la jeunesse
et aboutissant graduellement à des accès de dépression mélanco-
lique, avec angoisses et insomnie. Jamais de convulsions, ni de pa-
ralysies. De mars en décembre 1878, on note une aggravation de
l'anxiété, allant jusqu'à des tentatives de suicide ; la malade prétend
qu'elle a une bête dans le corps, etc.. En janvier 4879, dénutrition
somatique, lypocliondric a\ec affaiblissement des facultés intellec-
tuelles, gâtisme et malpropreté, plaintes réitérées, douleurs accusées
du côté gauche. En juin 1881, ictus passager sans phénomènes
ultérieurs; la malade veut essayer de voler et dans ce but monte
sur les sièges. Plusieurs ictus en septembre ; elle se plaint d'être
406 SOCIÉTÉS SAVANTES.
paralysée du côté droit et en réalité elle se sert surtout' de la main
gauche et marche avec maladresse. Depuis, presque toujours au lit,
gâteuse, elle devient méchante et décheoif graduellement. En fé-
vrier 1882, oedème, hydropisie,ascite,hyperthermie vespérale (30"),
albuminurie abondante; mortle 19.
Aucun des symptômes observés n'eût permis évidemment de
conclure à une lésion aussi grossière de l'organe central. C'est à
l'intégrité de l'écorce et au développement lent du kyste que nous
devons, termine M. B..., l'absence de phénomènes caractéristiques.
Discussion :
M. Wernicke pense que le kyste s'est développé dans un sillon. Il
serait possible que ce fût un kyste par rétention. La compression
d'une tumeur dépend en partie de sa consistance ; c'est aux tu-
meurs dures qu'appartiennent les manifestations d'ordre local ,
tandis que les tumeurs molles engendrent des phénomènes géné-
raux. Ainsi en a-t-il été dans l'espèce. L'hypochondrie constatée
correspond à la lésion du lobule pariétal supérieur; Bisch-
Ilirschfeld a décrit un cas de ramollissement en foyer de cette cir-
convolution avec hypochondrie.
M. FALK se rappelle un fait décrit par lui jadis dans lequel, chez
un homme n'ayant rien présenté d'anormal pendant la vie, on
trouva un kyste à échinocoques, stérile d'ailleurs, dans le lobe
antérieur. Il avait également pris naissance dans un sillon ; la
membrane d'enveloppe ne présentait non plus aucune structure.
M. L.v;un estime qu'il y a eu chez la malade en question des
troubles vagues de la sensibilité etjdo la motilité. 11 insiste aussi
sur ce fait, que ce sont les symptômes de la folie morale qui ont
dominé la scène, tandis que la faiblesse intellectuelle s'est princi-
palement fait remarquer dans les derniers temps.
M. Gock communique à l'assemblée une observation de : Corps
étranger dans l'intestin chez un aliéné. Le malade, entaché d'héré-
dité, avait été en proie dès l'âge de seize ans, à la suite d'une fièvre
typhoïde, à de l'excitation maniaque. Peu de temps après, on note
deux accès d'épilepsie, suivis d'hémiplégie faciale gauche et de ma-
iiifeslalioiis paralytiques du même côté, sur le voile du palais et la
langue ; ces phénomènes disparaissent en quelques semaines. Deux
ans après environ, séries d'agitations, laissant après elles de l'affai-
blissement de l'intelligence et de la mémoire, et de la dépression
des forces. Bientôt apparaissent quelques hallucinations de l'ouïe,
pour céder la place à plusieurs accès épileptiques ou épileptiformes.
Le 22 novembre lSî7, on constate des vomissements passagers ; fin
avril 1878, du catarrhe stomacal avec vomissements et douleurs
dans l'hypochondrie gauche. Les douleurs s'étendent peu après aux
régions épigasfriques et iléo-coecales pour irradier dans tout l'abdo-
men. A la fin de juillet, le malade éprouve de la douleur en uri-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 407
nant. Urine saine. Enfin, dans les derniers jours d'octobre, il existe
à huit centimètres de la symphyse pubienne. une tuméfaction
extrêmement douloureuse, occupant l'étendue de trois travers de
doigts sur le flanc droit, et, d'ailleurs, mal limitée ; la résonnanco
en est tympanique et l'on produit du gargouillement en pressant
sur la peau rouge et amincie. Température = 38° à 39°. Le 4 no-
vembre il en sort spontanément un pus très fétide séreux ; la sonde
décèle l'existence d'une cavité qui se prolonge jusqu'au dessous de
la symphyse ; la fièvre tombe. Malgré l'agitation du malade, qui,
durant ce laps de temps, est arrivé à la démence et a subi l'atteinte
de la tuberculose, le trajet fistuleux se ferme au milieu de jan-
vier 1879, pour se rouvrir quatorze jours après; une série d'inci-
sions, le drainage et le pansement antiseptiques semblent avoir
déterminé l'occlusion cicatricielle sans cependant avoir supprimé
la tumeur, quand le 25 février 1880 la fistule évacue des matières
fécales. Les mêmes alternatives de guérison et de poussées intlam-
matoires marquent le cours de l'année. Au début de 1881, la dé-
menée est complète, et, le calme ne se démentant plus, les fistules
sont totalement fermées, quoique la phthisie pulmonaire soit par-
venue à une phase avancée. Le 33 juin reprise de la suppuration,
fièvre hectique, coma. Mort le 26. C'est alors, sans que l'examen
clinique ait pu le faire prévoir, que l'autopsie démontre dans le
coecum la présence d'une fourchette de fer, mesurant dix-sept cen-
timètres de long et pesant Su grammes. A l'ouverture de la cavité
abdominale on se trouve, en effet, en face d'une péritonite adhésive
le long du ligament de Poupart droit, et d'une gangrène de l'épi-
ploon en l'endroit correspondant à la fistule cutanée, à peu près
entre l'ombilic et la symphyse. Le coecum n'a pas dévié de sa
situation normale, mais le' côlon ascendant, en cette portion voi-
sine, est devenu presque horizontal, comme si on l'avait attiré de
droite à gauche. Au milieu de ce segment transversal, les fausses
membranes péritoniliques ont formé une petite cavité remplie
d'un pus fétide et séreux, au fond de laquelle baye une bouton-
nière du diamètre d'une pièce de un franc. Le doigt y sent un
corps dur et allongé, enclavé dans les matières fécales, qui aboutit
à la vahule ilêo-coecalo ; c'est le manche delà fourchette qui est
adjacent à cette ouverture tandis que les dents, courtes d'ailleurs,
reposent sur la valvule. M. Goch pense que le malade avala ce
corps étranger peu de temps avant le 22 novembre 1877, jour où il
vomit pour la première fois ; l'instrument devait occuper l'hypo-
chondre gauche en mai 1878, en juin la région iléo-coecàle. Les dou-
leurs ressenties dès lors jusqu'en juillet témoignent de la réaction
du péritoine, l'inflammation de la séreuse se localisant en octobre.
L'orateur suppose que la perforation de l'intestin ne s'effectua
qu'en février 1880 (premières évacuations fécales par le trajet ris-
tuleux). La mort devrait, selon lui, être attribuée à l'affection pul-
408 ' BIBLIOGRAPHIE.
monaire. En réalité, l'aliéné conserva la fourchette trois ans et
sept mois.
Après avoir jeté un coup d'oeil sur les cas du même genre, si-
gnalés dans la bibliographie et notamment sur l'observation de
van Andel (Zeitsch. f. Psych., 1866) et sur celle de Sonderland,
M. Gock fait remarquer qu'une fois qu'ils ont franchi l'estomac, les
corps étrangers circulent sans encombre et sans entrainer de phé-
nomènes sérieux dans l'intestin grêle, tandis que le gros intestin
s'oppose à leur migration, peut-être à cause de la largeur de ses
diamètres. (Allg. Zeilsch. f. Psych. u, psych. gerichtl. medic., XXXIX,
2 et 3.) P. K.
BIBLIOGRAPHIE
Les hystériques. Etat physique et mental; actes insolites, (lélie-
tueux et criminels ; par le Dr LEGRA\D du Saulle, médecin de la
Salpêtrière. (Librairie J.-B. Baillière, 1883.)
C'est un traité complet de l'hystérie, mise en rapport avec les
progrès de la science et les idées nouvelles sur ce sujet. La lecture
de la table des matières qui se trouve en tête de l'ouvrage et du
sommaire analytique qui précède les observations aussi nombreuses
qu'intéressantes suffit pour montrer qu'aucun point touchant l'hys-
térie n'a été omis par l'auteur. La nature spéciale de ses fonctions
a fourni à M. Legrand du Saulle l'occasion d'examiner un très
grand nombre d'hystériques, et de les envisager au point de vue
particulier de leur responsabilité, en rapport avec les étrangetés
psychiques qui les caractérisent ; et c'est là l'esprit et le but dans
lesquels l'ouvrage a été conçu et écrit. Non pas que l'hystérie,
au point de vue médical ait été négligée. Les deux cents premières
pages sont consacrées, y compris les observations pour chaque cas
particulier, à l'étude des causes prédisposantes et déterminantes,
et à l'étude des manifestations somatiques de l'hystérie ; suit un
chapitre spécial sur l'hypnotisme chez les hystériques. Observateur
au courant de la science autant qu'écrivain impartial, l'auteur
expose, dans un style sobre, clair et précis, tous les travaux scien-
tifiques qui ont mis en lumière les différents côtés de ces questions,
BIBLIOGRAPHIE. 409 9
en rendant justice exacte pour la part qui revient à chacun d'eux.
Un autre chapitre est exclusivement consacré au traitement de
l'hystérie, et résume complètement le rôle important que rem-
plissent les agents esthésiogènes dans la thérapeutique de cette
maladie.
Mais la partie la plus grosse, la plus importante du livre et celle,
d'ailleurs, où l'auteur a mis son oeuvre, la vigueur de son style et
la valeur personnelle de ses convictions, est celle qui traite des ma-
nifestations intellectuelles de l'hystérie, de la folie hystérique, de
la clinique médico-légale de cet état morbide, et de son diagnostic,
sans oublier un appendice très important sur les nymphomanes.
C'est dans ces pages que se retrouvent toute la compétence et toute
l'énergie morale de l'auteur lorsqu'il examine l'hystérique dans ses
rapports avec la famille, la société, la loi.
Et tout d'abord, M. Legrand du Saulle bat vigoureusement en
brèche un préjugé qui a trop longtemps régné, et qui prétend
ériger les hystériques en esclaves d'un sens génésique surexcité ou
dépravé, ou de passions amoureuses incomprises, perverties ou
comprimées. Il établit combien fréquentes sont les hystériques
qui n'ont présenté aucun phénomène de cet ordre, et d'un autre
côté, dans son appendice si curieux sur la nymphomanie, il exa-
mine les nymphomanes, les érotomanes, fait ressortir leurs carac-
tères différentiels d'avec les hystériques, tout en citant certains cas
où hystérie et nymphomanie ont pu se trouver réunies sur un même
sujet. Ici prennent place des observations intéressantes sur l'inter-
diction, la séquestration et la responsabilité des nymphomanes.
Les manifestations intellectuelles de l'hystérie exposées dans le
chapitre iv sont groupées en trois degrés : 40 troubles légers des
facultés affectives; 2° état mental envisagé dans l'enfance, à l'âge
adulte et à l'âge de la ménopause ; c'est là que l'on voit se débattre
l'hystérique dans l'intérieur'dela famille, et lesméprisescontinuelles
de celle-ci, au point de vue de l'éducation, du mariage, ou de la di-
rection d'esprit à imprimer; un troisième degré comprend l'hystérie
grave; ici sont consignées les observations toujours si intéressantes
d'attaques de sommeil, de somnambulisme provoqué, d'anomalies de
la mémoire, de dédoublement de la personnalité, de double cons-
cience. Ici se trouvent complètement résumées la théorie d'inhibi-
tion et de dynamogénie qui, pourtant, ne nous paraissent pas
encore bien démontrées. '
Le chapitre v, sur la folie hystérique, avec ses hallucinations des
sens. son incoordination maniaque, ses impulsions et menaces de
suicide, la persistance si fréquente de la conscience, la route si
grande de la démence, l'analogie avec le délire alcoolique, cause
commune d'erreurs de diagnostic, mérite d'être lu pour quiconque
veut se familiariser avec ce genre d'aliénation. Notons encore une
relation sommaire des] folies hystériques épidémiques. Le chapitre
410 O BIBLIOGRAPHIE.
dont nous n'avons pas encore parlé est le chapitre vi, le plus im
portant du volume. Il suffit d'en avoir parcouru les premières pages
pour qu'il ne soit plus nécessaire d'en recommander la lecture qui,
facile et entraînante, fait que le lecteur dévore deux cents pages
sans s'en douter. Ce chapitre ne s'analyse pas; il contient soixante-
seize observations détaillées, consacrées aux actes insolites, délic-
tueux ou criminels commis par les hystériques.
Les actes insolites comprennent l'excentricité en général, l'attitude
incorrecte et fâcheuse des hystériques, leurs écrits, leurs simulations
et mystifications, leurs tentatives de suicide, leurs fugues demi-
conscientes suivies d'aventures étranges; et, chose toute particulière,
leurs actes vertueux, traits de courage, dévouements exeplion-
nels, philanthropie dont le mobile vrai est l'ostentation ; c'est là,
ainsi que dans les actes qui suivent, qu'apparaît l'hystérique dans ses
rapports non seulement avec la famille, mais aussi avec la société.
Les actes délictueux comprennent les séquestrations prétendues
arbitraires, les fausses imputations et dénonciations contre autrui,
les vols dans les grands magasins.
Les actes criminels comprennent les rapts d'enfants, les attentats
aux moeurs, les impulsions homicides, les menaces de mort, les
empoisonnements, les infanticides.
L'idée neuve d'avoir pris le délit commis et de l'avoir mis en rap-
port avec la malade qui l'a commis, ne pouvait venir qu'a l'homme
expérimenté en pareille matière, est la caractéristique du chapitre
et presque de l'oeuvre entière ; car, là encore, l'auteur apporte sa note
personnelle lorsqu'après avoir examiné l'hystérique dans ses rap-
ports avec la famille, le monde, la société, il l'examine au point de
vue de la responsabilité, en étudiant successivement les questions
relatives à la séparation de corps, à la garde des enfants, au divorce,
a la nullité du mariage. Nous terminons en résumant peut-être
trop brièvement l'opinion de M. Legrand du Saulle sur la res-
ponsabilité des hystériques. En clinique, trois degrés d'hystérie :
hystérie légère, hystérie grave, hystérie avec folie; au point de vue
de la responsabilité légale, trois catégories d'hystériques : les unes
responsables, les secondes partiellement responsables, les dernières
entièrement irresponsables. Et enfin, c'est l'opinion qui ressort de
l'ouvrage tout entier, en hystérie, l'appréciation médico-légale est
essentiellement et avant tout une question d'espèce ; et ce qui prouve
que c'est bien l'opinion de l'auteur, c'est la multiplicité et le choix
réfléchi des observations que contient l'ouvrage que nous venons
d'essayer d'analyser. Cn.uo'ETOEn.
Étude clinique sur le tremblement sénile ; par CIL-L-l. 'fllnr.lULT.
Thèse de Paris, 1882.
Le tremblement sénije n'est-pas une affection fréquente, tant s'en
BIBLIOGRAPHIE. 411 1
faut. M. Charcot, faisant une leçon sur ce sujet, n'en a trouvé que
cinq cas à l'hospice de la Sulpûtrière. M. Thébcault n'en a pu
découvrir que six à Bicetre. Cette rareté explique comment le trem-
blement dit sénile a été peu étudié. Cette névrose n'est du reste
pas l'apanage exclusif de la vieillesse; on peut la rencontrer chez
des individus d'une cinquantaine d'années. Il n'a été publié jusqu'à
présent qu'un très petit nombre d'observations sur ce sujet; aussi
est-il permis de faire quelques réserves sur les conclusions du tra-
vail de M. Thébeault. D'après ces quelques faits, il serait fréquent
de trouver des antécédents héréditaires, soit sous forme de trem-
blement sénile, soit sous forme de toute autre maladie nerveuse,
l'hystérie par exemple. La fréquence serait la même chez l'homme
et chez la femme. Dans certains cas, les accès de tremblement
sénile se sont produits il la suite d'un traumatisme. En général,
le début est lent et insidieux, et rarement rapide. Le tremblement
commence le plus souvent par la tête, quelquefois par les membres
supérieurs, souvent par la tête et les bras simultanément, très
rarement par les membres inférieurs. La maladie est surtout caraco
tériséc par des trémulations rhythmiques survenant sous la forme
d'accès, à propos d'un mouvement intentionnel ou d'une émotion
morale. Ch. F.
De la démence paralytique dans ses rapports avec l'athérunze artériel
et le ramollissement jaune; par M. Cullerre, directeur-médecin
de l'asile de la Roche-sur-Yon.
M. le Dr Cullerre a fixé son attention sur certains aliénés chro-
niques déments, âgés environ de soixante ans, M'autopsie desquels
on constate à la fois des lésions de paralysie générale (adhérences,
épaississement des méninges, ramollissement de substance grise,
induration de substance blanche et des lésions athéromateuses
(athérome, anévrysmes miliaires des capillaires cérébraux, foyers
de ramollissement jaune).
Il fournit neuf observations tendant à faire admettre une forme
particulière de démence mixte, distincte de la démence paralytique
et de la démence athéromateuse simple; cette forme cliniquement
se traduirait par des symptômes psychiques et somatiques mixtes,
relevant les uns de la paralysie générale, les autres de l'athérome
plus ou moins généralisé; à l'autopsie, on constaterait les lésions
ci-dessus mentionnées.
Les observations à l'appui, -neuf observations, dont quatre sans
autopsie (observations 3, 4, 'li, 6), et sur les cinq autres, trois (obser-
vations 1, 2, 7) dans lesquelles les symptômes psychiques ou soma-
tiques sont moins que dessinés, ne suffisent pas pour faire ad-
mettre l'opinion de l'auteur. M. Cullerre n'admet pas la paralysie
générale sénile de M. A. Voisin, qui, dans les autopsies de cette
412 BIBLIOGRAPHIE.
forme, a constaté une prédominance des lésions athéromateuses sur
les lésions de la paralysie générale, rares ou partielles ; parce que
l'admission de cette forme de paralysie générale sénile subordonnée
presque uniquement à l'athérome généralisé, porterait atteinte à
l'unité de la paralysie générale.
L'auteur, dans ses conclusions, dit que sa forme mixte peut être
diagnostiquée pendant la vie à l'aide du sphygmographe et par
l'auscultation, qui révélerait la présence de lésions artérielles athé-
romateuses ; mais les cinq observations, qui sont suivies d'autopsie, ',
sontjahsolument muettes sur ces symptômes, qui n'ont été constatés
que chez des sujets dont l'autopsie n'est pas rapportée.
Charpentier.
Traité clinique de la folie à double forme (folie circulaire, délire ci
formes alternes) ; par A. BITTI (ouvrage couronné par l'Académie
de médecine. Prix Falret 1880). 0. Doin, édit. 1883.
La folie ci double (Baillai--or), folie circulaire (Falrc[), folie
ti double 2)hase (Billod), folie à formes alternes (Délaye), délire «
formes altei,izes (Le-riiid du Sau])e),pc/tOsec ! /c ? fe(Kirn), admise
comme espèce morbide spécial par la plupart des auteurs, est cons-
tituée par des accès, caractérisés par la succession régulière de
deux phases, l'une de dépression, l'autre d'excitation ou réciproque-
ment.
La longue série de dénominations qui lui ont été appliquées,
indique suffisamment que cette espèce pathologique, de création
récente, a déjà fait l'objet d'un grand nombre de travaux. Nous
n'insisterons pas sur l'historique de la question, que M. Ritti a exposé
avec soin et en détail, et nous résumerons brièvement l'étude cli-
nique qui repose sur un grand nombre d'observations, dont une
bonne partie sontpersonnelles à l'auteur.
I. -Dans le plus grand nombre des cas, la maladie débute par
la période de dépression. Cette phase peut se présenter avec des
degrés très divers : 10 tantôt c'est un simple état de dépression
mélancolique; 2° tantôt il existe un véritable délire mélancolique
d'intensité variable; a, c'est quelquefois un sentiment'de lassitude
'de la vie, pouvant aller jusqu'au suicide; d'autres fois, il existe
des conceptions délirantes tristes, de la panophobie ; c, ou bien
encore, le malade est attcintdu délire des persécutions, avec hallu-
cinations de l'ouïe, d'idées d'empoisonnement, ayant pour consé-
quence le refus des aliments ; 3° tantôt enfin c'est une véritable
mélancolie avec stupeur : (t) soit simple; b) soit avec hallucinations,
c) soit avec crises d'excitation, soit avec une tendance spéciale à
l'onanisme (Ki,airL-11)iiig).
A ces troubles mentaux s'ajoutent des symptômes d'ordre phy-
'BIBLIOGRAPHIE. 413
sique. Cette phase de dépression s'accompagne généralement d'un
amaigrissement notable, qui tient à ce que les malades mangent
peu, ont des digestions pénibles, et que leur nutrition se fait mal.
Les sécrétions sont diminuées, la peau est sèche, etc. Il y a ralen-
tissement de la respiration et de la circulation, les extrémités sont
froides; la face et les extrémités sont cyanosées ; on observe quel-
quefois la syncope ou l'asphyxie locale des doigts et des orteils. Il
existe souvent des troubles menstruels variables. On observe quel-
quefois de l'anesthésie, mais plus souvent de l'hyperesthésie : les
malades se plaignent de sensations douloureuses internes; ils ont
une aversion spéciale pour la lumière, recherchent l'obscurité.
L'obnubilation des sens, qui persiste pendant toute la période de
dépression, .disparaît avec elle, et elle est souvent remplacée pen-
dant la période d'excitation par un certain degré d'hyperesthésie.
Pendant cette période le sommeil est généralement bon.
Il. - 1,,L I)éi,iode d'excitation offre aussi des degrés différents.
4° Ce peut-être un état de simple exaltation mentale; 2° d'autres fois
c'est une agitation maniaque avec incohérence; 3° ou encore une
véritable mania avec délire des grandeurs. L'exaltation mentale
caractérisée par une surexcitation physique et morale, se traduit
dans certains caspar ces accès de kleptomanie, dipsomanie, érotomanic.
A ces troubles psychiques, opposés à ceux de la période de dépres-
sion, [répondent des symptômes physiques aussi en opposition avec
ceux de la première phase. Les malades éprouvent une sensation
de bien-être général; ils ont de l'appétit, prennent de l'embon-
point, etc. L'insommie est de règle. Cette période est remarquable
par l'existence d'accidents cérébraux, en particulier de phénomènes
congestifs, qui ne sont pas sans analogie avec ceux qu'on observe
dans la paralysie générale : quelques malades présentent de l'em-
barras de la parole, l'inégalité pupillaire, des attaques épilepti-
formes. Dans les accès à courte période, l'agitation survient sou-
vent d'emblée : un malade qui était mélancolique la veille, se ré-
veille maniaque. Dans les accès à longue période, [l'excitation se
développe au contraire lentement et progressivement.
L'évolution de l'accès présente toujours une grande ressemblance
chez le même malade ; mais elle offre des variétés considérables
d'un malade à l'autre. Ordinairement il débute par le stade
mélancolique; mais il peut arriver que ce soit par le stade d'exci-
tation. On observe divers modes de passage d'une période à l'autre :
1° tantôt la transition se fait brusquement, ordinairement pendant
le sommeil ; c'est ce qu'on voit surtout quand les accès sont courts ;
2° tantôt elle se produit lentement, insensiblement, quand les
accès sont longs, ont une durée de cinq à six mois par exemple ;
3° ou bien, elle est marquée par des oscillations successives, des
alternatives rapprochés de dépression et d'excitation (ialret);
414 le BIBLIOGRAPHIE.
4° ou bien encore, les deux phases sont séparées par un intervalle
lucide (l'alreL). Pour M. Ritti, ce dernier mode d'évolution carac-
térise une forme d'aliénation périodique, une folie périodique ci
formes alternes, qui doit être séparée de la folie à double forme.
Quel que soit son mode d'évolution, l'accès se présente dans ses
deux phases 'avec une intensité variable : 1° état mélancolique et
simple exaltation mentale; 2° mélancolie anxieuse ou avec stupeur
et simple exaltation mentale ; 3° simple état mélancolique et manie
aiguë ; 4° mélancolie avec délire ou avec stupeur et manie aiguë
avec conceptions délirantes et incohérence.
La durée de l'accès peut varier de un jour à six mois pour chaque
phase. La durée des deux phases tend d'autant plus à s'équilibrer,
que les accès sont'plus courts (Baillarger). Les saisons ont quelque-
fois une influence sur la succession des phases : certains malades
sont mélancoliques l'hiver, excités au printemps. Souvent la
phase mélancolique est la plus longue.
L'évolution de la maladie n'est pas non plus constante. Tantôt
elle débute d'emblée ; tantôt elle est précédée d'accès mélancolique
et maniaques plus ou moins régulièrement espacés. Quant à sa
marche, elle se présente sous deux formes : Io folie ci double forme
à type périodique (folie à double forme de Marcé), caractérisée soit
par des accès isolés, soit par des accès combinés; mais formant des
séries séparées les unes des autres par un intervalle lucide ; 2° folie
ci double forme ci type continu (folie circulaire de larcé), sans
rémission.
. Le diagnostic est souvent difficile, car suivant la phase pendant
laquelle on examine le malade, on peut le prendre pour un mélan-
colique ou un maniaque simple. Quandl'équilibre semble se rétablir
avant la période d'excitation, on peut croire à la fin d'un accès de
mélancolie. En outre, dans certains cas, il peut y avoir confusion
avec la paralysie générale ; la distinction est d'autant plus difficile
que la paralysie générale peut affecter la forme circulaire (Espiau de
la llac'stre, Fabre, etc.) et que la folie à double forme peut comme
la paralysie générale se développer concurremment avec l'ataxie
(Millier). Les troubles psychiques et somatiques sont souvent inca-
pables il eux seuls de faire la distinction, il n'y a que la succession
de plusieurs accès alternants qui peut donner sûrement ce dia-
gnostic.
Le pronostic est toujours grave. 11 n'y a guère que le type
périodique qui puisse guérir ; mais il y a quelquefois de longs
intervalles lucides. Le type circulaire ne guérit jamais; il est rare
qu'il se termine par la démence. Quelquefois, la maladie se ter-
mine en se transformant sous une autre forme de folie, mélancolie
ou manie. Quand la mort arrive, c'est du fait d'un accident ou d'une
congestion céphalique, attaque épileptiforme, etc.
On n'a guère tenté qu'un traitement symptomatique, cependant
BIBLIOGRAPHIE. 415 J
le sulfate de quinine à haute dose (2 gr. par jour) a donné quelques
succès, notamment dans un cas de M. Legrand du Saulle.
Cette élude, qui se recommande par une grande clarté d'exposi-
tion, se termine par un chapitre de médecine légale et un index
bibliographique. Le programme posé par l'Académie ne comprenait
point l'anatomie pathologique, qui d'ailleurs n'a guère pu encore
être étudiée. Cil. F.
Leçons cliniques sur l'Épilepsie; par SI. V. Magnan, recueillies et
publiées par SI. le DrII. Briand, 18S2. Aux bureaux du progrès
médical.
Ces leçons, au nombre de six, contiennent un exposé clinique
très complet de l'épilepsie; mais elles sont plus particulièrement
destinées a montrer l'importance de l'étude des actes commis par
les épileptiques au point de vue médico-légal.
La première leçon est consacrée aux phénomènes avant-coureurs
de l'attaque, aux modifications du caractère et principalement à
l'aura, « cette manifestation extérieure du malaise de la région
cérébrale sur laquelle va tout d'abord se porter la décharge épilep-
tique ». SI. Magnan distingue l'aura motrice, sensitive, sensorielle et
intellectuelle. L'observation attentive de ce phénomène est des plus
importantes; elle permet de prévoir à coup sûr l'attaque, puisqu'il
se manifeste toujours d'une façon identique chez le même malade.
Ce symptôme peut encore être la source d'indications précieuses
au point de vue de la recherche des localisations cérébrales. Enfin
les hallucinations (h. sensorielle), ou le délire précurseur de l'attaque
(A. intellectuelle), peuvent être le point de départ d'actes inconcients
de la plus haute gravité. Cette leçon se termine par l'exposition
d'un cas remarquable d'épilepsie consécutive à une blessure du
talon. Le malade est prévenu de ses attaques par une aura sensi-
tive et motrice.
La deuxième leçon contient une description très complète des
différentes formes de l'épilepsie : grande attaque, vertige, absence,
épilepsie larvée. On y trouve également la physiologie pathologique
des principaux phénomènes de l'attaque : cri initial, pâleur du
visage, déviation de la tête, mousse buccale, évacuations alvines, etc.
L'examen du fond de l'oeil et l'expérimentation chez les ani-
maux démontrent l'existence d'une congestion cérébrale au
début de l'attaque. Des tracés placés à la fin de l'ouvrage établis-
sent qu'au stade tonique correspond une augmentation des batte-
ments du coeur et de la tension artérielle et au stade clonique une
diminution des mêmes phénomènes; de là deux mécanismes de
mort subite pendant l'attaque.
La troisième et la quatrième leçon sont consacrées aux troubles
'il G BIBLIOGRAPHIE.
intellectuels des épileptiques. Après s'être élevé contre l'application
à tous les épileptiques d'une formule générale limitant la durée de
l'irresponsabilité, M. Magnan, distingue les troubles intellectuels
passagers (folie momentanée) ou durables (folie éhilcptique). La folie
momentanée précède ou suit la crise, quelquefois même la remplace
(ëptpsfe larvée); la folie épileptique ne diffère de la précédente que
par sa durée (io à 20 jours), consécutive en général à une série
d'attaques, elle ressemble beaucoup à un accès de manie. Les
hallucinations qui accompagnent ces périodes délirantes peuvent
être le point de départ d'actes dangereux, qui affectent le caractère
de véritables réflexes, et excluent toute idée de responsabilité.
A propos de la durée de la séquestration des épileptiques homi-
cides, SI. Magnati se prononce, avec lllht. ralret, Legrand du
Saulle, etc., contre la création d'asiles spéciaux pour les aliénés
dangereux.
La cinquième leçon est réservée aux rapports de l'épilepsie avec"
la démence, l'idiotie et les vésanies. L'antagonisme de l'épilepsie
avec la paralysie générale est nettement affirmé; par contre, iacoin-
cidence du morbus sacer et d'un délire vésanique est de nouveau
mise en lumière : ces deux états morbides conservent chacun leur
évolution spéciale, et sont habituellement le fruit d'une hérédité
double.
Le traitement fait l'objet de la sixième leçon. SI. Magnan donne
la préférence au bromure de potassium administré à hautes doses
pendant plusieurs années et à l'hydrothérapie (Charcot et Bournc-
ville) comme moyen adjuvant.
Les nombreuses observations rapportées dansle coursde ce travail
contribuent à lui donner un caractère éminemment clinique et
rendent sa lecture des plus attachantes. DE'Y.
Alcoolisme et strychnine; -par SI. Lécuyé. Thèse de Paris, 1882.
La strychnine, préconisée par SI. LuLon (de Reims), serait l'agent
dont le succès contre les diverses manifestations de l'alcoolisme
aigu et chronique, est le mieux assuré. Le mode d'emploi le plus
favorable est l'injection hypodermique; il ne faut pas craindre les
doses élevées, pourvu qu'elle soient fractionnées et qu'on surveille
l'action du médicament. On prescrit de préférence le sulfate de
strychnine à la dose de 0,01 centigramme par jour, mais on a pu
aller jusqu'à 0,07 centigrammes sans accident ; la tolérance pour
ce médicament parait considérable chez les alcooliques. Il est bon
de mettre les malades à un régime tonique, de les bien nourrir, et
de leur conserver tout d'abord une certaine dose d'alcool qu'on
diminue ensuite peu à peu. Cii. F.
gli3LIOGRAE'Hi. 417 Î
Traitement simple et efficace de là crampe des écrivains ;
par iNussi3.um. (Munich, 1883.)
Nussijauni fait remarquer que la crampe des écrivains n'est
guérie d'une façon constante par aucun des procédés thérapeutiques
mis actuellement en usage contre elle. Le massage et l'électricité
ne donnent de bons résultats que dans certains cas. La méthode de
SI. Wolff, suivie fréquemment de véritables succès, lorsqu'elle est
appliquée par son inventeur, échoue le plus souvent entre les mains
des médecins. Or, une méthode de traitement ne peut être consi-
dérée comme réellement utile, que lorsqu'elle peut être exposée
assez clairement, pour que tout médecin instruit puisse, en l'appli-
quant, obtenir les mêmes résultats que son promoteur. Il fallait
donc trouver quelque chose de plus pratique que la méthode de
Wolii. Nussbaum a cherché un appareil avec lequel on puisse
écrire sans mettre, en jeu les muscles qu'atteint la contracture dans
la crampe des écrivains, et en se servant, au contraire, de leurs
antagonistes, lesquels sont manifestement affaiblis dans cette
maladie. Dans ce bût, il a fait construire une sorte de bracelet en
caoutchouc durci, assez large pour embrasser les cinq doigts à leur
racine, et moulé grossièrement sur la forme de la main, de façon
que le pouce y puisse occuper sa place à côté de l'index, mais sur
un plan un peu antérieur. Pour écrire, le malade ne doit introduire
que les quatre premiers doigts dans cet anneau. Celui-ci, trop large
dès lors, tomberait, si le patient n'écartait les doigts pour le fixer.
Dans cette position, le bracelet répond à la première phalange de
l'annulaire et à la phalangette du pouce. La plume, fixée sur lafacc
dorsale du bracelet, vient affleurer le papier en passant entre le
médius et l'index écartés. La main est posée sur le papier de
façon qu'elle s'y appuie par les éminences thénar et hypothénar, et
par l'extrémité des doigts. On conçoit que, pour maintenir solide-
ment l'anneau sur lequel est fixé, la plume, le malade doive mettre
en jeu tout justement les antagonistes' des muscles qui agissent dans
l'écriture par le procédé habituel. Le pouce, l'index, le médius, au
lieu de se rapprocher, tendront à s'éloigner. Leurs muscles
abducteurs et extenseurs entreront en jeu en place de leurs fléchis-
seurs et adducteurs. Les muscles atteints de contracture se re-
poseront. Leurs antagonistes, au contraire, qui sont affaiblis dans
la crampe des écrivains, travailleront et reprendront leurs forces.
En quelques heures, dit Nussbaum, les malades apprennent à
écrire avec les extenseurs. La crampe ne reparait plus. Les malades
peuvent môme assez promptement revenir au mode habituel d'écrire ;
mais il est prudent de leur faire continuer pendant un certain
temps l'usage du bracelet.
Nussbaum ne donne pas, malheureusement, d'observations indi-
Arciiives, t. V. 27
41S j BIBLIOGRAPHIE.
quant exactement si la guérison persiste définitivement, lorsque le
patient ne reprend pas trop tôt le procédé ordinaire d'écriture. Du
reste, s'il n'arrive jamais que les muscles nouvellement mis en jeu
soient atteints à leur tour de contracture, on conçoit que les rechutes,
traitées par le simple appareil de Nussbaum, ne doivent pas inspirer
grand effroi. 111e1TOR.
Contribution à l'étude du goitre exol)ztlculmiyue; par H. Bénard.
Thèse de Paris, 1882.
Un historique plus personnel eut permis à l'auteur de rappeler
que les véritables premiers travaux sur cette affection sont dus à des
opbtlialmologistes français. Il ne mentionne pas le récent mémoire
du professeur Panas dans lequel il eut pu glaner beaucoup. Après
avoir exposé les diverses théories émises sur la pathogénie du goitre
exophthalmique, M. Bénard se trouve ramené par l'étude de quatre
faits nouveaux à la théorie mécanique de Piorry. Il ne pense pas
qu'on la puisse appliquer à tous les cas, mais à un plus grand nombre
qu'on ne l'a fait. Dans nos observations, dit-il, le goitre parait être
primitif, les autres symptômes ne se montrent qu'après lui et tous
disparaissent après l'intervention chirurgicale. Un bref relevé de
ces observations montrera combien peu elles remplissent ces trois
conditions et dispensera de rééditer les objections capitales qui, dès
l'origine, ont enlevé tout crédit à cette théorie. Sans exoplilhalniie,
avec des troubles oculaires indéterminés, la première malade offre
surtout des symptômes de compression : dysphagie, dyspnée. La
trachée est déviée; pas de traitement médical; l'opération sup-
prime le» accès nocturnes d'étouffement; mais le pouls demeure pres-
que aussi fréquent. Trois ans avant l'apparition de la tumeur thyroi-
diezze, la seconde malade est affectée de troubles de la vue, de con-
gestion céphalique, revenant par accès, et de palpitations; mêmes
symptômes de compression que la précédente; ces symptômes dis-
paraissent après l'opération ; mais la généralisation du néoplasme
ne tarde pas à emporter la malade. De la troisième malade opérée
par le caustique, il est dit que la tumeur au bout d'une année avait
à peu près disparu, ainsi que la plupart des symptômes généraux :
l'exophthalmio persistait pourtant deux années après. Le kyste de
la dernière fut drainé, un traitement médical rationnel administré :
au bout de deux années, il n'y avait qu'amélioration ; aucun détail
sur la succession des symptômes. La tumeur agirait, d'ailleurs, en
paralysant le sympathique, en comprimant les jugulaires. L'exo-
phthalmie dépendrait surtout de cette dernière compression. Mal-
heureusement, ces conditions si simples n'ont pu être expérimenta-
lement réalisées dans les faits mêmes de SI. Bénard et le myosis,
symptôme principal de la paralysie du sympathique, n'est jamais
VARIA. 419
signalé. Contre la dyspnée, la thyroïdectomie n'est pas plus dan-
gereuse que la trachéotomie et est autrement efficace. L'auteur
rejette cette dernière comme opération préliminaire. D. B.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
De la démence mélancolique (contribution à l'étude de la périeu-
céplialite chronique localisée et à l'étude des localisations céré-
brales d'ordre psychique) ; par A. Mairet. (Masson, art. Paris, 1883).
De l'exercice musculaire insuffisant, son influence sur le déve-
loppenzent d'un certain nombre de maladies ; par BOUCHET. Thèse de
Paris, 1883.
Des manifestations hystériques simulant le rhumatisme cérébral;
par Repéré. Thèse de Paris, 1883.
Des lésions ( ! 0)'<tf/Mes chez les ataxiqucs ; par Balacakis. Thèse de
Paris, 1883.
Etude des réflexes tendineux tluiis la fièvre typhoïde; par PLUYAUD.
Thèse de Paris, 1883.
VARIA
DU DELIRE AIGU
Un de nos collaborateurs, Martel Briand, a déposé à la Société
médico-psychologique une Étude sur l'Altération du sang dans le
délire aigu qui lui a valu une récompense. Nous ne saurions mieux
faire pour donner l'analyse de ce travail que de l'emprunter au
rapport de SI. Charpentier, membre de la commission du prix Au-
1);Illel :
« Dans un historique très complet, dit-il, l'auteur fait ressortir
nettement les trois courants qui se partagent encore l'opinion sur
le délire aigu, envisagé soit comme une entité morbide nettement
définie, avec ou sans lésions et devant à ce titre ouvrir un chapitre
nouveau dans le cadre des maladies mentales, ou bien considéré
comme un symptôme d'une maladie inflammatoire du cerveau ou
de ses enveloppes, ou encore comme un phénomène ou un inci-
dent se surajoutant dans le cours d'une vésanie.
« SI. Briand, dans le deuxième chapitre sur la nature du délire
420 VARIA.
aigu, se rattache a la première de ces opinions ; il va plus loin, il
tend à l'envisager comme un empoisonnement.
« Le chapitre anatomie pathologique ne laisse rien à désirer.
Certains délires aigus ne présentent aucune lésion à l'autopsie;
mais ces formes sont rares, et, sans les nier, l'auteur étudie surtout
les cas dans lesquels il pu retrouver des lésions anatomiques qui
sont les suivantes :
« Une injectionplusou moiusvive des méninges, surtout auniveau
delà scissure de Sylvius, n'allant jamais jusqu'à la suppuration ; un
changement de coloration de la substance grise due à l'empilement
des globules rouges dans les capillaires, sans prolifération des glo-
bules blancs ; une disposition particulière de cette hypérémie non
encore décrite dans le délire aigu, consistant en ce qu'elle débute
par la couche moyenne, s'irradie vers la couche profonde et ensuite
vers la couche superficielle. Cette irradiation fait éliminer l'irrita-
tion méningitiquecomme cause de l'injection de la substance grise,
comme cause du délire ; après avoir examiné l'étiologie, la
marche, la durée, la terminaison, l'auteur aborde dans le chapitre VI
l'importante question du diagnostic.
« Ici, l'auteurne laisse échapper aucun des déliressymptomatiques
qu'il oppose très habillement au délire aigu, au point de vue de
leur marche, de leurs enchaînements, de leur caractère réciproque.
Il élimine ainsi les diverses maladies qui offrent quelque analogie
avec le délire aigu et arrive ainsi avec certitude au diagnostic. Il
ne néglige aucune des affections cérébrales ou mentales dont le
délire, parfois très actif, peut causer des difficultés de diagnostic;
il aborde également les difficultés résultant de l'association d'une
vésanie avec une phlegmanie difficile à constater à cause de l'exci-
tation du sujet. A chaque chapitre est annexée une observation à
l'appui.
« Enfin, dans le cours de sa thèse, SI. l3riaud, inclinant vers des
altérations hématiques, ajoute qu'il a fait dans ce sens des re-
cherches infructueuses; toutefois ses recherches n'ont pasété assez
multipliées, ni assez longtemps poursuivies pour infirmer sa con-
viction que la cause de la gravité du délire aigu réside dans des
modifications du liquide sanguin.
« C'est à cette question que le même ire manuscrit du même auteur
est exclusivement consacré; il peut donc être considéré comme la
poursuite d'une idée déjà en germe, quand il soutenait avec hon-
neur sa thèse inaugurale.
« Tout d'abord l'auteur expose les motifs qui l'ont amené à penser
à un état infectieux du sang ; ils sont puisés dans l'analyse des
symptômes analogues et communs au délire aigu et aux états
typhoïdes.
« Cette analogie dans les symptômes a conduit le candidat a re-
chercher si, dans l'une de ces affections, on pourrait rencontrer
VA111A. 42t 1
ces altérations hématiques qui ont pu être démontrées dans l'autre.
L'examen des modifications qualitatives du sang précède celui de
leur cause. L'auteur expose ses recherches sur le sang au point de
vue de la diminution de nombre des globules qui de 5,000,000
tombent à 2,000,000, au point de vue de leur diminution, de
volume de l'apparition des globules de Hayem; au point de
vue de la résistance des globules à l'action dissolvante du sérum
de Trancher, résistance qui diminuerait considérablement dans le
délire aigu, enfin au point de vue du pouvoir oxydant de l'hémo-
globine, pouvoir qui irait également en décroissant dans cette
affection. L'auteur nous décrit les procédés qu'il a employés ; ses
recherches ont été faites jour par jour et leurs résultats contrôlés,
sous la direction (le Quinquaud et Malassez ; il a toujours tenu
compte de l'état elilorolique et anémique antérieurs et des autres
états morbides capables d'engendrer des causes d'erreur possibles.
« Ces modifications se rencontrent au maximun dans l'état de
col lapsus, d'où cette première conclusion que c'est dans les phases
d'affaiblissement que se rencontrent surtout ces lésions qualitatives s
du sang.
« Quelle est la cause de ces altérations ? C'est à cette occasion
que l'auteur, dans un historique condensé, rappelle les découvertes
d'Eberck, Mecklinghausen, Klein, Sokaloff, riscbel, Klebs et Letze-
rich, les microzoaires, les bacilli, les bâtonnets constatés chez des
sujets morts de fièvre typhoïde dans les plaques de Peyer, dans le tissu
conjonctif de l'intestin dans les infarctus du rein, dans le sang des
vaisseaux de la main, dans les capillaires de la pie-mère, et, dans un
autre ordre d'idées, rappelle aussi les recherches de Pasteur établis-
sant qu'aucun de ces organismes parasitaires ne se rencontrent
dans le sang à l'état normal. L'auteur, sur sept cas de délire aigu, a
constaté trois fois ces parasites; il n'en a trouvé dans aucune autre
folie, excepté dans la folie puerpérale, de nature infectieuse par
excellence. '
« Les procédés techniques, l'application des derniers perfection-
nements sont étudiés dans un chapitre spécial.
« Une observation complète et minutieuse d'un cas de délire
aigu, avec autopsie et examen micrographique qui fait constater un
nombre considérable de bâtonnets effilés, des zoglecas et des cor-
puscules punctiformes, est suivie d'un chapitre, où jour par jour les
résultats de l'analyse qualitative et micrographique du sang sont
opposés aux symptômes. Le candidat ne s'est pas borné là; il nous
décrit ses procédés de culture de ces organismes, conformément
aux préceptes dc Pasteur, puisses essais d'inoculation de ces li-
quides à neuf animaux, chiens, lapins et cobayes ; deux de ces
animaux sont morts, trois ont éprouvé des malaises passagers, les'
quatre autres n'ont rien éprouvé.
« Quant au rôle des microbes dans le délire ai;u,11L l3riand observe
422 FAITS DIVERS.
une prudente réserve. Il se borne à rappeler les expériences faites
sur le surmenage chez les animaux dans le sang desquels les mi-
crobes ont été constamment constatés, et il rapproche l'état de
surexcitation du délire aigu, l'état du surmenage cérébral de l'état
du surmenage des hôpitaux. Enfin il insiste sur ce fait qu'en même
temps qu'il constatait .ces microbes sur les malades atteints de
délire aigu, il ne pouvait constater leur présence dans le sang des
autres aliénés placés à la même époque dans la même salle.
« En résumé, ce travail nous présente un fait absolument nou-
veau. La méthode avec laquelle il a été poursuivi indique avec quel
esprit de rigueur scientifique l'auteur a dirigé ses recherches. Les
réserves constantes qu'il fait à l'égard des entraînements de déduc-
tions trop hâtives nous sont un sûr garant que son auteur n'a d'autre
but que la constatation d'un fait vrai. » ,
FAITS DIVERS
Asiles d'aliénés DE la Seine. Pharmaciens. Par arrêté du pré-
fet de la Seine, en date du 30 mars 1883, ayant son effet du Ier
janvier 1883, le traitement des pharmaciens des asiles d'aliénés de
la Seine est fixé ainsi qu'il suit : Sainte-Anne : minimum, 4,000 fr. ;
maximum, 5,500 fr. Ville-Evrard : minimum, 3,000 fr.; maxi-
mum, 4,500 fr. Vaucluse : minimum, 3,000 fr.; maximum,
4,500 fr. Le passage du minimum au maximum aura lieu par
période de 500 fr. tous les trois ans.
Le conseil général, en votant ces nouveaux traitements, a expres-
sément indiqué que l'on tiendrait compte aux pharmaciens actuels
de la durée de leurs services antérieurs. Or, nous sommes très
étonnés que, contrairement au voeu du conseil général, les bureaux
de la préfecture aient cru pouvoir, de leur propre autorité, aug-
menter le nombre des périodes que les pharmaciens actuels doivent
parcourir. C'est ainsi que le pharmacien de Ville-Evrard, qui a le
maximum de traitement depuis 9 ans, ne pourra toucher son nou-
veau maximum que dans trois ans. De même, pour celui de Sainte-
Anne, une nouvelle période a été arbitrairement créée. Nous espé-
rons que le conseil général, dans sa nouvelle session, saura faire
exécuter sa délibération.
FAITS DIVERS. 423
Par arrêté, en date du 15 février 4883, SI. B1 : R.UD, interne en
médecine à l'asile public d'aliénés de Vaucluse, est attaché en la
même qualité à l'asile public d'aliénés de Sainte-Anne, en rempla-
cement de SI. Millet, appelé à un autre emploi. SI. Ladoucette,
désigné à la suite du concours du 4 décembre 4 882 pour exercer,
pendant l'année 4882, les fonctions d'interne provisoire en méde-
cine dans les asiles publics d'aliénés de la Seine, remplace à l'asile
public d'aliénés de Vaucluse SI. Béraud, qui passe à Sainte-Anne.
Par arrêtés ministériels, en date du 6 mars 4883, sont promus delà
deuxième à la première classe : SI. le Dr Bouchereau, médecin en
chef de la section des femmes à l'asile Sainte-Anne ; SI. le
Dr Magnan, médecin en chef du bureau d'admission à l'asile
Sainte-Anne.
CeRTAMEN DE médecine mentale. Une réunion aura lieu les 25,
26, 27 et 28 septembre 1883 à Nuova-Belen (Saint-Gervais, près
Barcelone), dans le but de discuter un certain nombre de ques-
tions relatives à la médecine mentale. Le nom de Certamen est
substitué à celui de Congrès, parce qu'il ne s'agit pas d'une assem-
blée internationale ouverte à tous, mais d'une réunion restreinte,
à laquelle sont invités, par lettre de MM. les organisateurs du Con-
grès, un certain nombre de médecins étrangers.
Inspection des asiles d'aliénés. Par arrêté ministériel, en date
du 5 avril 4883, M. le De Regnard a été nommé inspecteur général
des services administratifs (asiles d'aliénés), en remplacement de
SI. le Dr Lunier.
Prix DE l'Académie des SC1ENCES. ^ Prix Lullemnml, à 1111. Bourne-
ville et Regnard pour leur ouvrage intitulé : Iconographie photogra-
phique de la Salpêtriére. Mentions honorables, à MM. Liégeois
pour son mémoire sur la névropathie du coeur et de l'appareil res-
piratoire, et Lamarre pour son ouvrage intitulé : Sur le rôle du sys-
tème nerveux dans les affections du CCE2l>'.
Protection DES aliénés. Nous trouvons dans « Tite Boston me-
(lical ai2d surgical journal » le compte rendu d'une session tenue à
Philadelphie, au mois de janvier dernier, par l'Association améri-
caine pour la protection des aliénés. L'attention de la Société s'est
portée sur ce fait, démontré depuis longtemps par la statistique,
que, d'une part, le nombre de fous croît plus vite que le chiffre de
la population et, d'autre part, que le nombre des sorties par gué-
rison diminue chaque année dans les asiles; les raisons en sont
multiples : la fausse idée d'économie qui règne dans l'établisse-
ment et la gestion des asiles, ce préjugé que la folie chronique est
incurable et, par conséquent, doit être abandonnée à elle-même, la
propension à interner certaines malades, comme les hystériques
qui ne devraient jamais être enfermées, enfin l'augmentation tou-
jours croissante de l'alcoolisme, telles sont les causes principales.
43t le FAITS DIVERS.
Le D Fothergilt (de Londres) croit en outre qu'on doit attribuer
aux troubles de nutrition une certaine part dans la production de
la folie; sans aller trop loin dans cette voie, la Société pense que le
désordre des fonctions digestives peut jouer un rôle. Plusieurs ré-
solutions sont adoptées; on réclame l'institution d'un gynécologis'.e e
attaché spécialement à chaque asile et de préférence une femme;
on renouvelle le voeu que, dans toutes les écoles de médecine, une
plus large part soit faite désormais à l'étude des maladies men-
tales ; on demande que partout les aliénés soient occupés cons-
tamment ; enfin on réclame des peines sévères contre les méde-
cins qui délivrent à la légère des certificats d'aliénation mentale.
Infirmerie spécule des aliénés de la préfecture de police. --
Par suite du décès de SI. Lasègue, sont nommés : médecin en chef,
SI. Legrand du Saulle; médecins adjoints, MM. P. Garnier et Ch.
Féré.
NÉCROLOGIE.M. L.\.sÈGUE(Ch.-E.),né à Paris le 5 septembre 1816,
est décédé le 20 mars 1883, à l'âge de soixante-sept ans. Professeur
de clinique médicale à la Faculté et médecin en chef del'infirmerie
des aliénés de la préfecture de police, il a publié de nombreux tra-
vaux relatifs à la neuropathologie cta la psychiatrie, parmi lesquels
nous citerons un rapport sur les Asiles d'aliénés de Itussie (1848), sa
thèse d'agrégation (1853) sur la paralysie générale progressive, des
mémoires variés dans les Archives générales de médecine, ou dans
les Ai2111tles ? nédico-I)sychologirlites, l'Union iîiétlicitle, etc., sur l'ana-
tomie pathologique du erétinisme, la trophonévrose faciale, les
accidents cérébraux dans le mal de Bright, l'alcoolisme chronique,
l'alcoolisme 6'M«t{/M, la toux hystérique, l'anesthésie et 1'(tlitxie hys-
M) ? <yMM, l'hystérie périphérique, l'anorexie hystérique, la responsabilité
légale des aliénés, la sciatique, l'action thérapeutique du brome et de
ses composés, les catalepsies partielles et passagères, l'hydrothérapie,
la migraine, le délire par accès avec impulsion homicide, les exhi-
bitionnistes, les hémiplégies, la méningite cérébro-spinale a frigora,
l'épilepsie par malformation du crâne, la folie à deux, la tétanie, les
troubles visuels de l'alcoolisme, la pathogénie de l'épilepsie, le vol aux
étalages, la mélancolie perplexe, les cérébraux, le délire alcoolique
n'est pas un délire mais un rêve, etc., etc. SI. Lasègue avait été
chargé en 1862 d'un cours complémentaire sur les maladies men-
tales qui avait eu le plus grand succès.
George-MillerBEArtD est mort à New-York le 3 janvier 1883.
Né en 1839, il était membre du collège des médecins et des chirur-
giens de New-York depuis 1866. Il se spécialisa dans la pratique
de l'électrothérapie et des maladies nerveuses. Son premier travail
(1866) a pour titre : Electi-icity us a Tonie ; depuis il a publié avec
SI. Rockwell (1875) un Traité d'Electricité médicale et chirurgicale.
Parmi ses principaux travaux, nous citerons une série de mémoires
FAITS DIVERS. 425 5
sur l'hypnotisme et le somnambulisme dans lesquels il n'a pas
toujours montré une critique sévère. Citons encore ses études sur
la Neurasthénie, l'épuisement nerveux (lmca·icaz nervousness) : si
Beard n'a pas été le premier à décrire cet état qui avait déjà fait
l'objet de plusieurs travaux, notamment de la part de SI. Boucbut,
il a plus que personne contribué à dégager cet étal nerveux de ses
complications, et à montrer qu'à lui seul il constitue une véritable
maladie et des plus fréquentes. Beard n'était pas seulement un in-
vestigateur, il a publié plusieurs travaux de vulgarisation, notant-.
ment sur des questions d'hygiène.
M. le Dr BERTILLON, chef des travaux de la statistique munici-
pale de la ville de Paris, professeur de démographie à l'Ecole d'an-
thropologie, vient de mourir à l'âge de soixante et un ans.
SI. le Ur Arthaud, professeur de clinique des maladies men-
tales à la Faculté de médecine de Lyon, est décédé le 4 7 mars 1883,
à l'âge de soixante-neuf ans, des suites d'une affection cardio-pulmo-
naire. Parmi ses travaux les plus importants, nous citerons ceux re-
latifs à l'épidémie de démonopathie de Morzine, à l'affaire Jobard,
au degré de responsabilité des épileptiques, aux indications du bro-
mure de potassium dans le mal comitial.
SI. le D, KmsHAUER vient de mourir à l'âge de quarante-sept
ans. Il avait fait en 4 864 une thèse sur le Développement de l'encé-
ph(ile; depuis cette époque il avait publié un certain nombre de
travaux sur les maladies nerveuses, parmi lesquels nous citerons des
articles sur la pathologie cérébrale et le crétinisme, sur la maladie
cérébro-cardiaque, et plusieurs mémoires sur les troubles laryngés
dus à des affections nerveuses.
Le rédacteur-gérant, 130UIvNEV'ILI E.
TABLE DES MATIÈRES
Alcool (médication par 1'), 111. t.
Alcoolisme et stryclinisme, par Le-
cuyé, 416.
Aliénation mentale (des maladies
des reins considérées comme
cause d'), par Ilagen, 359.
Aliénés (anomalie de formation
chez les), par Hic ! )ter,360.
Aliénés criminels, 107, 251,260, 400.
Aliénés (soins de famille que re-
çoivent actuellement les Ilten),
d25,26( ! .
Aliénés (avant-projet de loi sur les
modifiant la loi du 30 juin 1878),
13 ?
Aliénés (111C1dC11tS CIllrlll'âiCalIX Che%
les,370;-sur le traitement des
malpropres, par ScliC.1e, 379.
Aliénés (protection des), 423.
Anémie cérébrale, 387.
Aphasie (de l'influence de l'- sur
la capacité de tester), par Jolly,
369.
Asiles d'aliénés, 269, 270, 422, 423.
Ataxie locomotrice héréditaire, 117.
Ataxie locomotrice (accidents apo-
plectiformes qui peuvent compli-
quer le début, le cours et la fin
de l'), pal' Lecoq, 250.
Ataxie locomotrice (forme particu-
lière de crisesgatriques, non -as-
tralgiques dans 1'), par Lapine,
355.
Athétose améliorée par l'élongation
des nerfs, 119.
Bromure de potassium (manie pro-
duite par le), 117.
Buveurs (asiles pour les), 389.
Cellules ganglionnaires(histochimie
des), 263.
Centres moteurs (sur la situation des
dans l'encéphale, par rapport
aux fonctions de nutrition et de
relation), par Brunton, 234.
Cérébrales (tumeurs), 118.
Cerveau du lapin (de quelques ar-
rêts de développement produits
sur le-par l'extirpation de zones
corticales circonscrites), par Mo-
ttalcotv, 91.
Cerveau (altération insolite du), 40».
Cerveau (des rapports des zones
corticales motrices avec les voies
pyramidales), par Binswanger,
96.
Cerveau (note sur un cas d'ano-
malie asymétrique du), par Ch.
Féré, 59,
Cerveau (malformation du), par
Kirchhoff, 368.
Chorée post-paralytique, 119.
Congrès des membres de la Société
des médecins aliénistes de la
Basse-Saxe et de la Westphalie,
1 ? q, 9G5; des neurologues et
des aliénistes de l'Allemagne du
sud-ouest, 257; Congrès de la
Société des médecins aliénistes
allemands, 389.
Contractions musculaires chez
l'homme vivant (irrégularités de
la loi des), 260. 0
Corps calleux (manque partiel du),
88.
Corps étranger de l'intestin, 406.
Couleurs (mélange des , par l'ac-
tion seule du sensorium, par
Gorham, 233.
Crampe des écrivains (traitement
de la), par Nussbaum, 417.
Grailioinét'rie, 396.
Dégénérescence secondaire, 260.
Délire aigu (altérations du sang-
daits le;, par Briand, .ii9.
Délire des négations, 112.
le8 TADLE DES MATIÈRES.
Démence paralytique, par Schutze,
361.
Démence paralytique et svpintis,
265.
Démence paralytique marche aty-
pique compliquée de lésions en
foyer dans l'écorce, par Eicl,liolt,
37'i ; - lésions de la moelle dans
la - et de leurs relations avec
le phénomène du genou, ainsi
qu'avecles phénomènes du même
ordre, par Claus, 380.
Démence paralytique, par Cullerre,
411.
Ecriture (physiologie de 1'), 261.
Electricité statique, 121.
Epilepsie (du traitement de l' ;
hydrothérapie, arsenicaux, ma-
gnétisme minéral, sels de pilo-
carpine), parBricon, 127.
Epilepsie (des modifications pondé-
rales qui suivent les accès d').
par Seliiieliardt, 370; - et mala-
dies de l'estomac, 398.
Epilepsie (leçons cliniques sur l'),
par Slagnan, 415.
Epileptiques (sollicitude de l'État à
l'éarV les), par Jolly, 3G9.
Evasion des aliénés, 398.
Folie avec conscience (recherches
snrla), par Alaraudon de Slontvel,
40.
Folie chez les enfants, par illoeller,
365.
Folie à double forme, par Ritti, 4 ! 2.
Folie systématique, par Juna, 374.
Goitre exophthalmique, par Be-
nard, 418.
Hémiplégie avec intégrité des mou-
vements du pouce, par Boyer,
245.
Hérédité, 387.
Hérédité (considérations touchant
la théorie de lticliarz relative à
la génération et l 1'), par Koch,
362.
Hydrocéphale chronique consécu-
tive à une attaque de méningite
aiguë, par lliathelin, 245. 0
llyperlrémie cérébrale et méningée
traitée par la révulsion cutanée,
par Buctr, 352.
Hypnotisme chez les hystériques ;
du phénomène de l'hyperexcita-
bilité neuro-111LISCIIIiIIt'C, par
Charcot et Iliclier, 307.
Hypnotisme spontané, autonome,
ltar Drosdow, 3fiG.
Hypnotisme chez les hystériques,
par Tamburmi et Seltpili, 250.
Hystérie et transfert, par Rosen-
thal, 310.
Hystérie (des rapports de 1' et de
certains symptômes nerveux et
de la gynécologie), par 1 lolst, 230.
Hystériques (les), par Lpgra ! Kl du
Saillie, 1108.
Hystéro-épilepsie en province et à
l'étranger, par Hicher, 6C, 222.
Idiots. 395.
Impulsions chez les enfants, 108.
Instinct sexuel (importance clmico-
légale delà perversion do 1'), par i-
Kirn, 374.
Instinct sexuel contraire au point
de vue médico-légal, par Krallt-
Ebing, 375.
Langage (régularisation du', pho-
nétique par le sens du toucher),
257.
Larmes de sang, par Damalix 353.
Localisation dans les centres ner-
veux (étude générale sur la), sui-
vie d'une étude critique sur les
recherches de la physiologie des
localisations en Allemagne, par
Duret, 105.
Localisations motrices dans l'écorce
du cerveau (contribution il l'é-
tude des) ; relation des illoiloi)]-
gies des membres inférieurs avec
les lésions du lobule paracentral ,
par Ballet, 273.
Maisons de santé ouvertes, 397.
Malformation particulière du cer-
veau et de la moelle; lésions se-
condaires des deux organes, par
Fiii-stitei- et Zacher, 373.
Manie chronique a forme rémittente,
par 268. '
Méningite tuberculeuse cérébro-spi-
nale avec pacbymemngitobemor-
rhaniclue, par ltey, 219.
Méningite des enfants (dislocation
des os du crâne dans la), par
Parrot, 2'E3.
Méningite (pseudo), guérie pendant
un voyage a Lourdes, par Labadie-
Lanrave et Dériânac, 323.
Mensonge chez les enfants 113 20.
Migraine ophtalmique au début
d'une paralysie générale, par Pa-
rinaud, 57.
TABLE beys MATIÈRES. le.-)9
ACoclle 3llinitre (vaisseaux de la),
par Addinlviewicz et Duret, 81.
3loelle éllinü;re (formation de ca-
vernes dans la -1111' suite de la
stase sanguine), 1111' IWI1n113115,
t17 ; - (Cas d'affection combinée
des cordons de la - avec altéra-
tion de la substance grise, par
Sioli), 102 ; - (Compression de
la par l'apophyse odontoide),
120; (élongation de la), 121;
(alïeclions syphilitiques de la),
962.
.Moelle épinièrc (altérations des cel-
lllles nerveuses dans l'inflamma-
tion de la), par Barraqucr, 350.
Myélite centrale, 117,
Myélite arsenicale, 117.
Myélite des cornes grises, 120.
.Myélite centrale iiiiitise chronique
(forme particulière et curable),
par Déjelinc, 3311.
Myxoedème (symptômes nerveux
du), par Ilatlllcu, 953.
Nécrologie : Fox, 270; - Mongeii, i,
27 1 Lasègue, Beard. il 21 -
Bertillon, Artli-tu(l , lviïshabcr,
il t ? . 5.
Nerfs (variations du tracé myogra-
phique dans la dégénérescence
des), 116.
Nerfs (athétose améliorée par l'élon-
gatioii (les), 1 19.
Nerfs du bras (blessure par arme à
feu des avec atrophie consécu-
tive de l'extrémité), par Isi-aèl,
37.
Nerfs (étude myograpbique de la
dégénération des chez les
animaux et chez l'homme), par
Amidon, 2'i2.
Nerveuses (terminaisons dans les
muscles), 258.
Né\ rite (contribution à l'étude de la\
par Kast, 101.
Névrites périphériques non trauma-
tiques (contribution à l'étude des),
par Pitres et Vaillard, 191, 290.
Olfactif (physiologie et pathologie
du nerf), par Altllaus, 91.
Optique (dégénérescence endothe-
liale du nerf), 202.
Othematome chez un enfant syphili-
tique, par l'horcus, 363.
Paralysiebulbaire apoplectique avec
anesthésie alterne, par Senator,
10 ! 1.
Paralysie des mouvements associés
des yeux, par l'arinaud, 145.
Paralysie isolée du grand dentelé,
360.
Paralysie saturnine, US.
Paralysie générale (mal perforant
du [lied dans la), par Christian,
2'iG.
Paralysie générale, 36'i.
Paralysie générale (migraine oph-
Par" 1 ïSi e au (inigi,aiiie opli-
thalmique au début d'une), 57.
Paralysie générale (lésions des cor-
dons postérieurs dans la), par
Westphal, 370.
Parricide (tentative de), 113.
Perimeningite spinale aiguë, par
l,eii4oine et Lannois, 2l17.
Plexus des nerfs spinaux (étude
anotomique et critique sur les),
par Cli. Féré, 332.
Pouls, 389.
Pourpre rétinien (physiologie du),
231.
Prix Ifammoncl, 971.
Protubérance z
121.
Psychoses épileptiques, 29.
Psychoses (sur les relations à éta-
blir entre les maladies des fem-
mes et les), Par Ripping, 371 ; -
du développement (1(,'S - (lui fait
de l'épilepsie, par Guauck, 372;
- des prisons, par lürn, 379 ; -
psychose en apparence réflexe,
parVestphaI.378.
Psychoses et blessures de tète, 389,
393.
Recensement des aliénés, 399.
Réflexes inhibitoires (centres des),
par James, 234.
Respiration ordinaire (cause des
mouvements de la), par Flint,
233.
Santé intellectuelle (des symptômes
de l'état de et de son diagnostic
avec la folie), 116. Z>
Sclérose en plaques fruste (un cas
de), par Bomcli, 51.
Scythes (maladies des), 120.
Société m6dico-psycliologiyue, 106.
251, 353; - de neurologie améri-
caine, 116; de tempérance, 271;
- de médecine légale, 271;
psychiatrique de Berlin, 400.
Sommeil (maladie du chez les
Africains), 122.
Sonde oesophagienne, 124.
430 TABLE DES MATIÈRES.
Spasme musculaire au début des
mouvements volontaires, par Bal-
let et Marie, 1 .
Surdité cérébrale par lésion des
deux premières circonvolutions
temporo-sphénoïdates gauches,
par Giraudeau, 289.
Surmenage intellectuel, 123.
Système nerveux (sclérose multi-
loculaire du), 88.
Tabès (sur la question de la cura-
bilitc du), par Schu[tze, 99.
Topographie cranio-cérébrale (nou-
veties recherches sur la), par Ch.
Féré, 86.
Tremblement sénile, par Thébeault,
41n; dans ses rapports avec la
paralysie agitante par Démange,
2 ?
Tremblemeutobservé au coursd'une
fièvre typhoïde et rappelant le
tremblementcle la sclérose en pla-
ques, par Bouveret, 246.
Tubercules quadrijumeaux (struc-
ture des), 258.
Tumeur néri-méningée a5-antclétruit
la moelle, par Schultze, 238.
Vertébral (cancer avec para-
plégie), 122.
Vertiges et vomissements considé-
rés comme prodromes d'une né-
crose des canaux semi-circulaires,
239.
Vertige de Meniere (étude clinique
du) dans ses rapports avec les
lésions des fenêtres ovale et ron-
de), par Gellé, 2 ? 173.
TABLE
DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS
adaukiemici, 8t.
Althaus, 91.
Amidon, 242.
A re, 231.
Bachelder, 122.
Bail, 387.
Ballet, 1,273.
Banuister, t17.
Baraquer, 350.
Baumler, 262.
Beard, 110.
Bénard, 418.
Merlin, 261.
Bernard, 88, 240, 244, 245, 24(i,3'.8.
249, 250, 254, 35, 356, 419.
Bernhai'dt, 405.
Blanchard, 232, 233, 234, t).33.
Blanche, 253, 254, 256,386.
Bigot, 236, 380.
Billotl, 254, 383, 385, 386.
Binswanger, 96.
Bouchereau, 111.
Bouicli, 51.
Bourtlin, 112, 113, t).50,385.
Bouveret, 246.
1oyet-, 215.
Brandes, 123.
Briztiid, 108. 115, 2 : ;U, 56, `ltiS, 35.
388, n 19.
Bricon, 127.
Brodeur, 249.
Brosius, 397.
Brunton, 234.
Illicli, 352.
Burghard, 12li, 266.
Charcot, 307.
Charpentier, 245, L)i6, 304, '110, si 12.
Christian, 108, 115, nli, 38G.
Clans, 380.
Cullerre, 411.
Ually, 107, 108, ? 0.
Damalix, 353.
Dana, 121.
Dejerine, 354.
Delasiauve, 108, 111, 388.
Démange, 244.
Deny, 429, 415.
Dérignac, 323.
Diekmann, 2GG.
Drosdow, 366.
Duret, 81, 105.
Eickholt, 374.
Faire, 107, 108, 112, 385.
léré (CL.), 59, 86, 1` ? 9, 332, ili,
415, 410.
Flint, 233.
Foville, 250, 251, 2.) ? `JJ, 256.
Fournet, 385, 380.
Furstner, 3o9, 373, 389, 393.
Gellé, 24, 173.
Gibney, 120.
Giraudeau, 239.
Gnauck. 372.
Gock, 401.
Gombault, 3 : i8.
Gorham, 233.
Hadden, 248.
Hagen, 359.
Ilamrnoud, 127, 119, 110.
Holst, 236.
Hundogger, 124
Israël, 237.
Jantes, ! 34.
Jolly, 2GO,3G9.
11111, 374.
432 2 TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.
Karst, 101. 1 -
léi,aval (P.), 91, 94, 96, 97, 101,102,
103, 10.'i, 127, 237, 239, 265, 267,
352, 3 : i3, 3G0, 3fil, 302, 363, 305,
z 3G8, 369,370, 371,372, 373,
374, 375, 378, 3 19, 380, 381, 400,
505.
]ii-clilioff, 308. -`
374, 379.
llieclit, 40.
Koch, 302.
Krafft-Ebing, 375.
Kussmaul, 257.
Labadie-Lagrave, 323.
Lannois, 957.
Lecoq, 230.
Lccuvé, 410.
Legrând du Saulle, 109, fil, 913,
Il ? 115, 385, 408.
Lemoine, 247.
Lunier, 385.
liaâllall, Il ? 113, li 15.
Slarandonde Aloiitvel, 40.
Jlarie, 1, W ? zSJ.
Slanz, 262.
Mathe]in,2o,
Slayor, 418. '
Miles, 121. '
Mills, 11S.
Ioettei',36 ?
Slonakow, 91.
SIoos, 259.
Morton, 121.
Slotet, 107, 108, Il,, 115, 2 : i3, `3ï'i,
255.
Nussbaum, 417.
P.lrillaull, : i7, 1 i : i.
Pari'ot, 245.
Pigiiol, ).32, 233, 234, 235.
Pitres, 191, 290.
Pollak, 88.
Putnam, 117,. 118, 119.
Ravinond, 249.
Rey, 19.
Richer, (iG, 222, 242, 307.
Ilicliter (de Dalldorf), 300.
Rinecker, 202.
Ripping, 371.
Ritti, 414.
Hockwe)),1)9.
ltosenthal, 347.
Schmallfuss, 203.
Schuchardt, 370, 398.
Scinde, 379,
Sclltilt7C, 99, 238, 260, 361.
Seguin, 117, 122.
Senator, 104. '
Se;)piU.240.
Snell, 123, 263, 266, 267.
Sievert, 359.
Siemens, 398.
Sioli, 102.
Stilling, 258.
Taroburiui, 250.
Thébeault, 410.
Thorens, 363.
Vuillartl, 191, 290.
Voisin, 11 I, `1G.
Wahrendorfï, 124, Il-)5, 265, 266.
Waldeyer, 258.
Weber, US.
Westphal, 370, 378, 399.
Witkowski, 263.
Zaclicr, 361, 373.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE PREMIÈRE
Face externe de l'hémisphère droit.
F", Première circonvolution frontale.
F", Deuxième circonvolution frontale bifurquée : 1 et 2, branches de
bifurcation.
F ? Troisième circonvolution frontale coupée par la dépression anor-
male DD.
RR', Les deux extrémités du sillon de Rolando, interrompu par trois
plis de passage, 3, 4, 5. 1
FA, FA', Circonvolution frontale ascendante, coupée par deux incisures
profondes, 6 et 7.
PA, Pd', Circonvolution pariétale ascendante, coupée par une incisure
profonde, 8, et une superficielle, 9.
SIP, Scissure interpariétale, coupée par un pli de passage, tO.
LPS, Lobule pariétal supérieur.
SS, S' S', Branches de bifurcation de la scissure de Sylvius.
L P 1, Lobule pariétal inférieur, constitué par trois plis, 11, 12 et 43..
S 0 E, Scissure occipitaleexterne. "'
ARCgIYE3, t. V. 28
434 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE II
Figures 1, 2, 3, 4. Fragmentation en blocs des tubes nerveux. Fig. 1
et 4, nerfs cutanés au voisinage de l'eschare fessière droite (Obs. III);
fig. 2 et 3, sixième nerf intercostal (Obs. IV).
Fig. 5, 6, 7. Fragmentation en boules. Fig. 5, nerf cutané au voisi-
nage de l'eschare fessière droite (Obs. III) ; fig. 6, nerf mentonnier
(Obs. V); fig. 7, sixième nerf intercostal (Obs. IV).
Fig. 8, 9, 10. Fragmentation en gouttelettes avec varicosités ou renfle-
ments fusiformes, fibres provenant du nerf mentonnier (Obs. V).
EXPLICATION DES PLANCHES. 435
PLANCHE III
Fig. il, 12, 13. Atrophie avec granulations ambrées fibres provenant du
lie nerf intercostal (Obs. IV).
Fig. 14, 15, 16, 17. Atrophie complète des tubes nerveux. - Fig. 14
et 15, atrophie avec coloration jaune provenant du lie nerf intercostal
(Obs. IV); fig. 16 et 17, atrophie avec aspect conjonctif provenant des
nerfs du voisinage de l'eschare fessière (Obs. I) ; fig. 16, faisceau de
fibres non dissociées; fig. 17, fibres isolées par la dissociation.
Fig. 18. Coupe transversale du il» nerf intercostal (Obs. IV). Névrite
mixte : destruction des tubes nerveux et épaississement conjonctif intra-
fasciculaire.
43C EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE IV
Figure 1. Face externe de l'hémisphère cérébral droit.
F, Circonvolution frontale ascendante.
P, pariétale ascendante.
a, Plaque de méningite tuberculeuse.
Figure 2. Face interne du même hémisphère.
FI, Circonvolution frontale interne.
L P, Lobule paracentral.
a, Plaque de méningite tuberculeuse.
Ëvrem, Ch. Iiécuasss, inip. S83