ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
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ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
' REVUE TRIMESTRIELLE
DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE
J.-M. CHARCOT
A\ NC LA fOl.f.AIiONAPIO : Y DN
MM. AMIDON, BALLET, BITOT (P.-A.), BLANCHARD (R.), BOUCHEREAU,
IIRIAND (M.), BRISSAUD (E.), BROUARDEL (P.), COTARD, DEBOVE(M.), DELASIAUVE,
DURET, DUVAL (llIernIAS), FERE (Cit.), FERR1ER, GOMBAULT, GRASSET,
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MAYGRIER, MIERZEJEWSKY, NEUMANN, P1ERRET, PITRES, RAYMOND, REGNARD (P.),
RICHER (P.), SEGUIN (E. C.), STRAUS (L.),'TALAMON, TEINTURIER (E.),
THIILIÉ (H.), TROISIEIt (E.), VIGOUROUY (R.), VOISIN (J.)
Rédacteur en chef : BOURNEVILLE E
Secrétaire de la rédaction : CII. FÉRÉ
Dessinateur : LEUBA.
Tome II. 1881
Avec 13 planches noires et en couleur et 26 figures dans le texte.
PARIS
BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL
f, rue des Ecoles.
1881
Vol. II. Juillet 1881. N° 5
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
ANATOMIE
LA CAPSULE INTERNE ET LA COURONNE RAYONNANTE
D'APRÈS LA CÉRÉ13ROTO,)IIE MÉTHODIQUE (Suite) ' ;
Par le Dr P.-A. BITOT,
Professeur honoraire à la Faculté de médecine de Bordeaux.
B. Etude de la capsule interne dans les coupes sagittales
ou verticales ant6,i,o-l)ost6,'IieII2,es.
Ces coupes sont au nombre de cinq. La première est
pratiquée à un centimètre en dehors de la ligne mé-
diane. Elle passe par le genou de la capsule interne.
Des trois suivantes, la dernière passe par le bord
externe du noyau caudé ou du ventricule latéral. Or,
comme ce bord est distant de deux centimètres de la
ligne médiane, il est évident que les deux autres
coupes divisent un centimètre d'épaisseur cérébrale.
La cinquième zone traverse le putamen de Burdach
dans sa plus grande longueur.
1 Voir le N- 4, p. 521.
. 4
2 ANATOMIE.
Première coupe. La coupe sagittale pratiquée à
un centimètre de la ligne médiane tombe sur le genou
de la capsule interne. (PL. 1.) La capsule forme une
arcade dont l'ouverture regardant en bas mesure un
centimètre. La branche antérieure de cette arcade se
perd dans la masse caudo-lenticulaire. La circonvolu-
tion olfactive interne, adjacente à la scissure inter-hé-
misphérique, ne possède donc pas de connexions avec
la capsule. D'autre part, l'homogénéité de la substance
grise des noyaux lenticulaire et caudé, en bas et en
avant, ne permet pas de douter qu'elle ne soit com-
plètement privée de tout processus provenant des par-
ties cérébrales qui l'entourent. La branche postérieure
de la capsule est en rapport en arrière et en haut avec
la couche optique. A son pied, elle se continue avec
les trois étages du pédoncule cérébral, mais principale-
ment avec l'inférieur. Le locus niger de Soemmering
le noyau de Luys, le noyau rouge de Stilling lui en-
voient des fibres ; on ne voit que la partie externe de
la coque du noyau rouge. Si la coupe avait porté un
peu plus en dedans, le noyau lui-même aurait été
intéressé. Les fibres fines, qui traversent la couche
optique et se jettent dans la capsule interne, procèdent
en grande partie de la coque du noyau rouge, ainsi
que nous l'avons vu déjà dans les coupes frontales
(PL. V.), et comme nous le verrons bientôt dans les
coupes horizontales; la bandelette optique, véritable
partie du cerveau/lui en envoie également.
Deuxième coupe. (PL. II.) La section tombe à la
fois sur le tronc ou portidn verticale de la capsule et
sur une partie des faisceaux antérieurs qui séparent en
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 3
avant et en bas les deux noyaux, caudé et lenticulaire.
Comme dans la coupe précédente, la capsule constitue
une arcade ouverte en bas, mais avec cette différence
que la base de cette arcade mesure deux centimètres
et que l'extrémité de la branche antérieure, au lieu de
rester comme perdue dans la masse nucléaire, atteint la
partie inférieure du cerveau.
Troisième coupe. La plupart des faisceaux de la
capsule interne sont excisés, donc ils sont obliques.
Quelques-uns franchement sagittaux sont sectionnés
dans toute l'étendue de leur parcours. L'ouverture de
l'arcade est encore plus grande que précédemment et
la branche antérieure atteint la base du cerveau. Donc
à 15 millimètres environ en dehors de la ligne médiane,
la partie postérieure du lobule orbitaire reçoit des
faisceaux capsulaires.
Quatrième coupe. A deux centimètres en dehors
de la ligne médiane, la coupe tombe sur le trajet du
bord externe du noyau caudé, par conséquent sur ce
qu'on est convenu de désigner sous le nom de pied de
la couronne rayonnante. (PL. II.) Ici les fibres se por-
tent en avant en formant, non des rayons dirigés vers
les divers points de la périphérie cérébrale, mais des
courbes concaves en bas d'inégale grandeur; les plus
courtes en même temps que les plus nombreuses sont
intrinsèques dans toute l'étendue à la masse nucléaire ;
les autres, les plus longues, et par conséquent les plus
élevées, dépassent un peu les noyaux, et se dirigent
comme les premières vers les circonvolutions orbitaires
ou frontales inférieures. Ces derniers faisceaux consti-
t ANATOMIE.
tuent au-dessus du noyau caudé une sorte de trajet
médullaire, perpendiculaire à la direction des fibres
du corps calleux. Leurs terminaisons au lobule orbitaire
sont antérieures à celles des faisceaux précédents, elles
- se trouvent à la rencontre de deux plans, l'un trans-
versal, tangent au genou du corps calleux, l'autre
sagittal, à deux centimètres en dehors de la ligne
médiane. Ces faisceaux extrinsèques, qui passent par
les couches du centre ovale les plus rapprochées du
ventricule latéral, forment la partie la plus élevée du
segment supérieur capsulaire que nous avons étudié
dans les trois premières zones frontales. Ce sont donc
ces faisceaux, qui sont les plus voisins de la ligne
fornicato-syl vienne. On comprend maintenant pour-
quoi dans les coupes frontales les stries supérieures
de la capsule interne sont horizontales, au lieu d'être
obliques comme celles du segment inférieur.
Outre les fibres qui précèdent, la Planche III nous
permet encore de constater qu'il en existe d'autres diri-
gées, les unes dans le sens vertical, les autres en haut
et légèrement en arrière. Ces dernières sont coupées
à leur origine. Les verticales *s'engagent entre les fais-
ceaux du corps calleux où elles disparaissent. Nous
savons déjà, d'après la cinquième zone frontale, que les
fibres se rendent sous forme de courbes vers le lobule
paracentral.
Cinquième coupe. Mais il existe d'autres 'expan-
sions capsulaires. En effet, dans les coupes sagittales
qui traversent le putamen de Burdach (PL. IV.), on dis-
tingue un éventail de faisceaux, et, chose digne de
remarque, cet éventail n'occupe jamais la partie anté-
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 5
rieure du putamen. On ne sera pas surpris de cette
particularité, puisque les coupes frontales et sagittales
démontrent concurremment que les fibres les plus
externes du groupe antérieur des irradiations curvi-
lignes sont franchement antéro-postérieures et sur le
trajet du bord externe du ventricule latéral. D'après
leur situation et leurdirection, les faisceaux de cet
éventail paraissent destinés aux régions sus-jacentes
de la partie correspondante de l'insula. De même que
les faisceaux capsulaires antérieurs, ceux-ci traversent
la masse ganglionnaire de part en part pour se rendre
à leur destination. L'insula elle-même, sauf ses extré-
mités antérieure et postérieure, ne reçoit aucune
expansion de la capsule interne, témoins les rapports
de contiguïté simple entre le noyau lenticulaire et la
capsule externe.
C. Etude de la capsule interne dans les coupes
horizontales.
La hauteur de la capsule interne n'est autre que
celle des noyaux eux-mêmes. Elle mesure environ
3 centimètres. Pour l'étude que nous faisons, il nous
a paru convenable de sectionner cette hauteur sur
quatre points inégalement distants, dont deux sur les
couches les plus déclives, le troisième sur le milieu de
façon à diviser capsule et noyaux dans leur plus
grande longueur, le quatrième à la terminaison de la
capsule interne, c'est-à-dire sur le trajet du pied de la
couronne rayonnante.
ti ANATOMIE.
Première coupe. La section passe au-dessous de
l'aqueduc de Sylvius et par le milieu des noyaux
rouges de Stilling. (l. V.) Je ne signalerai sur la
Planche V que les points qui intéressent l'étude de
la capsule interne :
a) Le cône de fibres que le noyau rouge de Shilling
fournit dans ce sens au pied de la capsule (processus
conique), passe entre les parties réfléchie et directe du
pilier antérieur du trigone cérébral en dedans, et le
pédoncule cérébral en dehors, se réfléchit sur ce der-
nier et se superpose à la bandelette optique. Il n'est
pas indifférent de constater l'existence de ces fibres et
leur situation entre la bandelette optique (partie céré-
brale), et la substance innommée de Reil ou anse
pédonculaire de Gratiolet.
Quelle est leur destination ? Il n'est pas encore
possible de le dire.
b) Sur cette coupe, comme sur la deuxième zone
frontale, nous constatons que dans une certaine épais-
seur la partie nucléaire la plus rapprochée de la base
n'est pas traversée par les fibres capsulaires. Les deux
noyaux ne sont pas distincts; ils ne forment qu'une
masse. On y voit cependant des fragments de fibres
détachés par le couteau et y constituant comme un
témoignage de la direction courbe des fibres antérieures
de la capsule.
Deuxième coupe. La Planche VII représente une
coupe faite un peu au-dessus de la précédente. La
section ayant légèrement obliqué en bas et à gauche,
il en résulte un certain degré d'asymétrie très favo-
rable à la démonstration des différences que la cap-
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 7
suie interne présente au-dessous et au niveau du
pulvinar.
La capsule interne n'est constituée que par la subs-
tance blanche comprise entre le bord postérieur du
noyau lenticulaire et la queue réfléchie du noyau caudé.
Cette substance blanche est formée principalement par
les fibres qui viennent de la partie postérieure de la
couche optique (pulvinar et corps genouillés) et secon-
dairement par les faisceaux les plus reculés du pédon-
cule cérébral.
Gratiolet a le premier attiré l'attention sur les fibres
qui viennent du pulvinar et des corps genouillés.
Aussi les appelle-t-on à juste titre : fibres optiques de
Gratiolet. Moins bien inspiré pour les fibres fournies
par le pédoncule, Meynert les a désignées sous le nom
de faisceaux directs, par opposition à tous les autres
faisceaux capsulaires qui n'arriveraient au cerveau
qu'indirectement, c'est-à-dire après avoir subi une
interruption dans la masse ganglionnaire. Je fais
remarquer qu'en ne tenant compte que de leurs rap-
ports avec les noyaux, ces deux catégories de faisceaux
n'offrent qu'une différence trompeuse. La différence
consiste uniquement en ce que, en arrière les faisceaux
réunis en grand nombre divisent franchement la masse
grise en deux portions, tandis qu'en avant la disso-
ciation des faisceaux fait que cette masse est perforée
isolément par ces faisceaux, d'où les stries nombreuses
qui font communiquer les deux prétendus noyaux, c'est-
à-dire les parties indemnes de perforation fasciculaire.
Troisième coupe. Dans la Planche VII, la section
horizontale porte immédiatement au-dessus des tuber-
8 ANATOMIE.
cules quadrijumeaux ; la couche optique et la capsule
interne sont coupées dans leur plus grande lon-
gueur. Cette section donne lieu aux remarques sui-
vantes :
a) Ici le nom de double centre demi-circulaire est
réellement applicable à la capsule interne.
b) Chaque centre demi-circulaire forme un angle
de 110° environ.
c) Chaque bord (segment capsulaire) de cet angle
diverge également de la ligne médiane avec laquelle
il forme un angle de 40°.
Le sommet du centre demi-circulaire ou genou de
la capsule interne (Flechsig) correspond aux piliers
antérieurs du trigone cérébral au moment où ils sont
en rapport avec la portion apparente de la commissure
cérébrale antérieure, et en est séparé par une couche
de substance grise de quelques millimètres d'épaisseur,
substance grise servant à unir celles du septum luci-
dum et de la face interne de la couche optique.
e) Les bords ou segments de la capsule représentent
une bande dont la largeur augmente d'avant en arrière.
La longueur du segment antérieur est de 2 cen-
timètres, celle du segment postérieur de 4 cen-
timètres.
f) Dans le segment antérieur la section des fibres
indique qu'elles ont été coupées dans le sens de leur
direction : il en est de même dans le dernier quart du
segment postérieur, c'est-à-dire de la portion comprise
entre le bord postérieur du noyau lenticulaire et la
queue du noyau caudé.
Quant aux trois-quarts antérieurs de ce dernier
segment, il est évident que la section a été faite per-
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 9
pendiculairement à leur direction : aussi peut-on, pour
ainsi dire, en compter le nombre. Nous pouvons inférer
de cette disposition, surtout en mettant à contribution
les données fournies par l'étude des zones frontales,
que le segment antérieur de la capsule provient de la
partie antérieure du segment postérieur dont les fais-
ceaux se courbent en avant à des hauteurs d'autant
plus élevées qu'ils sont plus reculés. De là une gerbe à
laquelle donne lieu la section sagittale de ces faisceaux
et le grandissement progressif de cette gerbe au sur et
à mesure que la section s'éloigne de la ligne médiane.
Le tiers antérieur du segment postérieur ne constitue
donc en réalité que le commencement ou le pied de
toutes les fibres du segment antérieur formé par l'en-
semble de leurs portions terminales coupées dans une
étendue plus ou moins grande de leur trajet. Comme
ces portions terminales sont parallèles, il en résulte
que bien qu'elles soient courbes, leur section hori-
zontale donne lieu à une bande blanche à peu près
homogène. En réalité, le segment antérieur n'est
que l'expansion de la partie antérieure du segment
postérieur.
Quatrième coupe. Cette coupe doit passer par la
partie la plus élevée de la région ganglio-insulaire,
c'est-à-dire par le bord externe du ventricule latéral.
Ce que nous voyons ici vient corroborer ce que
nous savons déjà; à savoir : 1° que les faisceaux les
plus externes de la partie antérieure de la capsule
interne s'inclinent en avant, qu'ils constituent sur le
trajet du bord externe du ventricule latéral un en-
semble de fibres tranchant par leur direction sur celles
10 O ANATOMIE.
du corps calleux pour se comporter à partir de l'extré-
mité antérieure de ce bord, comme le démontre la
coupe sagittale X; 2° que les faisceaux postérieurs se
dirigent en arrière sous la forme d'une lame épaisse,
large de 4 à 5 millimètres, parallèle à la cavité digitale,
par conséquent au bord externe du ventricule latéral,
de même que les faisceaux précédents. Cette; lame
parallèle à la cavité 'digitale, courbe dans le même
sens,est limitée en dedans par le tapetum et la corne
postérieure du corps calleux, en dehors par les fibres
arciformes, intergyraires.
Entre les faisceaux antérieurs et postérieurs s'en
trouvent d'autres, de grosseur variable, sectionnés
perpendiculairement à leur directiom. L'ensemble de
ces faisceaux fait suite au tiers moyen environ du
segment postérieur de la capsule coupée dans sa plus
grande étendue horizontale. Ces faisceaux sont'des-
tinés surtout aux circonvolutions centrales (portion
moyenne de l'hémisphère). Ils constituent :
a) Le ruban courbe de la zone frontale (PL. XX, 1. 1),
ruban qui traverse le centre ovale et se termine au
lobule paracentral.
b) Les fibres en éventail de la zone sagittale (PL. IV)
destinées aux parties moyennes et inférieures des cir-
convolutions centrales, à l'origine du lobule pariétal
inférieur et à l'extrémité postérieure de l'insula.
La description qui précède nous permet de donner
une idée générale de la capsule interne et des expan-
sions qu'elle envoie dans les hémisphères, expansions
dont l'ensemble n'est autre que la couronne rayon-
nante de Reil.
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 1 1
La capsule interne est constituée par deux conques
d'inégale grandeur, placées à la suite l'une de l'autre
dans le sens antéro-postérieur et dont les creux regar-
dent en sens inverse. L'antérieure, qui est la plus petite,
a la forme d'une capsule dont le creux regardant en
dedans embrasse la tête du noyau caudé et dont le
fond répond au centre ovale.
La postérieure, qui est la plus grande, est conique;
elle représente une sorte de cornet dont le creux, re-
gardant en dehors, embrasse le noyau lenticulaire. Le
sommet de ce cornet ou genou de Flechsig répond à
la partie antérieure de la couche optique, et le bord de
la base se recroqueville légèrement en dedans pour
former une gouttière dans laquelle se moule dans toute
son étendue, mais dans une partie de son épaisseur
seulement, la queue du noyau caudé. Ici la capsule
interne et externe sont adjacentes mais non dis-
tinctes.
Dans les coupes frontales comme dans les coupes
horizontales la capsule interne a la forme d'une clavi-
cule, mais avec cette différence que l'inégalité de ses
deux branches est beaucoup plus prononcée dans les
premières que dans les secondes.
L'axe ou diamètre transversal de la capsule aug-
mente d'avant en arrière proportionnellement à l'aug-
mentation du volume de la masse ganglionaire elle-
même. Par conséquent, la région où il est le plus étendu
correspond au sommet de la capsule (genou de Flechsig)
c'est-à-dire au trou de Monro.
Le diamètre vertical de la base est représenté par la
hauteur de la base de l'insula et son diamètre horizon-
tal par la distance comprise entre l'extrémité antérieure
12 --), ANATOMIE.
du bord externe du ventricule latéral et la partie la
plus reculée de la queue du noyau caudé.
Au point de vue de ses rapports avec les ganglions,
la capsule interne dans les coupes frontales peut être
divisée d'avant en arrière en quatre portions :
1° Une portion caudale;
2° Une portion lenticulo-caudale;
3° Une portion optico-lenticulo-caudale;
4° Une portion optico-caudale.
IL COURONNE rayonnante.
On sait que sous ce nom on désigne l'ensemble des
faisceaux ou fibres dont on constate la présence sur le
le trajet du bord externe du noyau caudé. Nous avons
déjà dit que nos recherches nous avaient conduit à
nous faire de ces fibres une toute autre idée que celle
qui a cours dans les ouvrages classiques ou dans les
traités spéciaux les plus réputés.
Les ganglions sont des confluents où les conducteurs
de la force nerveuse cérébrale subiraient une in-
terruption (Meynert), ou, à la fois, une inter-
ruption et une réduction (Huguenin) avant de
correspondre à la capsule interne. Parla réduction, on
explique la différence énorme que présentent les pro-
portions de la capsule interne d'une part et de la
masse hémisphérique de l'autre. Les conducteurs de la
sensibilité font cependant exception. Ils vont d'un seul
trait, sans interruption ni réduction, du lobe postérieur
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 13
du cerveau au pédoncule cérébral : ils sont, comme on
dit, directs.
Or, pour nous ce ne sont pas seulement les faisceaux
sensitifs qui sont directs, mais encore tous les fais-
ceaux moteurs sans exception. De même que les fais-
ceaux sensitifs, les faisceaux moteurs ne subissent ni
interruption ni réduction dans les noyaux de la base.
Toutes les fibres de la couronne rayonnante ne sont
que les expansions, les prolongements, les irradiations
de la capsule interne. Les ganglions ne sont par rap-
port à ces expansions que des organes passifs, des
organes perforés. Mais ces prolongements, au lieu d'être
en nombre infini, comme on le croit, sont au contraire
restreints, au lieu de toute l'écorce cérébrale, ce n'est
que quelques-uns de ses districts qu'ils atteignent et
dès lors on s'explique naturellement la masse relative-
ment petite de la capsule interne.
De quelle façon se comportent ces expansions :
1° Dans la partie antérieure ou frontale du cerveau;
2° Dans la partie moyenne ou pariéto-sphénoïdale ;
3° Dans-la partie postérieure ou occipitale.
Telles sont les trois questions auxquelles il convient
de répondre pour être à même d'apprécier exactement
l'ensemble des faisceaux de la couronne rayonnante
elle-même, la constitution du tronc de la capsule in-
terne et celle du centre ovale de Vieussens ou masse
médullaire des hémisphères.
A. Groupe antérieur ou frontal des expansions cap-
M/aM. Ce groupe comprend toutes les expansions
capsulaires de la partie antérieure des hémisphères
ayant pour limite, en arrière, la face postérieure de la
1 \ ANATOMIE.
4° zone frontale. Dans les coupes frontales portant
sur cette partie, il est impossible de saisir aucune trace
de nature à nous faire admettre la moindre connexion
entre la périphérie cérébrale et la capsule. Cependant,
les auteurs y décrivent les feuillets caudé et lenticulaire
de la couronne rayonnante. Dans les figures dont ils
se servent pour expliquer les connexions dont il s'agit
nous voyons une infinité de rayons unissant l'écorce
cérébrale aux ganglions; mais, s'il existait réellement
des feuillets distincts, caudé et lenticulaire de la cou-
ronne rayonnante, c'est-à-dire si les ganglions étaient
le point d'arrivée des fibres hémisphériques, il faudrait
nécessairement qu'il y eût rapport direct entre le
nombre de ces fibres et les parties les plus volumineu-
ses des ganglions. Or, c'est le contraire qu'on observe.
La tête du noyau caudé et le putamen de Burdach ou
segment externe du noyau lenticulaire sont privés de
faisceaux et ne sont parcourus que par des filaments
blancs très déliés auxquels leur circonférence reste
étrangère. La tête du noyau caudé est, pour ainsi dire,
perdue sous forme de hernie dans le ventricule, et le
segment externe du noyau lenticulaire, segment qui
pourrait également, à cause de son volume, porter le
nom de tête ou partie la plus forte de ce noyau, re-
pousse la capsule externe, se loge dans la calotte qu'il
lui fait former et ne contracte avec elle que des rap-
ports de contiguïté. Voilà un fait anatomique qui n'a
échappé à l'observation de personne. Ces amas consi-
dérables de cellules protestaient, par leur isolement,
contre l'opinion qui faisait converger sur eux toutes
les fibres cérébrales environnantes. Néanmoins , on
enseigne que la première circonvolution frontale en-
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 15
voie dans toute son étendue des fibres au noyau caudé,
et on tient pour vraisemblable que, eu égard au plus
grand développemnt de la tête de ce noyau, la partie
qui provient du lobe frontal offre une épaisseur nota-
blement plus grande que les autres, et conséquem-
ment, doitrenfermer une plus grande quantité de fibres'.
Aux idées systématiques nous opposons des résultats
fournis par les coupes diverses méthodiquement faites
et reproduites par des photographies absolument intè-
gres, sans retouche aucune. La coupe la plus négligée
jusqu'à ce jour, pour la solution du problème qui
nous occupe, la coupe sagittale, est celle qui nous
rend le plus de services. D'après ces coupes, nous nous
croyons en droite d'affirmer que dans toute la partie
antérieure de l'hémisphère y compris les 4/7 antérieurs
de la portion meso-lobaire à peu près, la couronne
rayonnante n'est représentée que par les faisceaux
courbes, qui procédant de la capsule interne traversent
de part en part la masse ganglionnaire et aboutissent
à l'espace orbito-insulaire qui s'étend de la partie pos-
térieure de la 2e circonvolution olfactive à la partie
antérieure de l'insula. Sur ce trajet orbito-insulaire
les expérimentateurs et les cliniciens trouveront de
nouveaux centres psycho-moteurs.
B ? LM'e6 ? co ? ? o la couronne rayonnante
dans la portion moyenne du cerveau CM aTO ? e/ ! 0<-
clale. Groupe des faisceaux moyens ou verticaux. -Les
coupes sagittales et frontales permettent de s'en ren-
dre compte. Sur la coupe sagittale faite sur le trajet
' Huguenin, loc. cit., p. 106,107.
16 ANATOMIE.
du bord externe du noyau caudé il existe un véritable
mélange entre certains faisceaux de la capsule interne
et ceux du corps calleux. Sur quelques points il sem-
ble même qu'ils sont continus. Il est impossible de
poursuivre les faisceaux capsulaires au-dessus des
faisceaux transversaux du corps calleux, par consé-
quent dans le centre ovale. Cela vient de ce qu'un
grand nombre d'irradiations capsulaires abandonnent la
direction rectiligne. On le constate dans les coupes
frontales faites à ce niveau. En effet, l'aspect du centre
ovale y est caractéristique. Il se compose de deux
parties distinctes, l'une interne, l'autre externe, à peu
près d'égale largeur. On le remarque surtout sur la
coupe faite deux centimètres en avant du bourrelet du
corps calleux, c'est-à-dire à l'union du tiers antérieur
et des deux-tiers postérieurs du lobule paracentral.
Incontestablement, dans cette région le centre ovale de
Vieussens comprend des fibres ascendantes, et ces fibres
forment sur la section un ruban d'un centimètre de
largeur, courbe, convexe en dehors, concave en de-
dans. Ces fibres sont divisées en deux catégories : les
unes internes, les autres externes; les internes, abou-
tissant aux circonvolutions médianes, font suite aux
fibres capsulaires, qui, ici, comme sur la partie anté-
rieure du cerveau, perforent la masse ganglionnaire et
la divisent en noyau caudé et noyau lenticulaire. Les
externes, confondues dans le haut avec les internes,
s'en séparent au contraire nettement dans le bas. On
les voit pénétrer dans la substance médullaire ou cen-
tre ovale du pédicule sphéno-occipital. Je dois faire
remarquer que ces dernières fibres constituent pour
nous des fibres d'association verticales, destinées à
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. t7
relier les parties élevées et internes de l'hémisphère à
celles de la base. Elles complètent les autres fibres
d'association dont nous parlerons bientôt.
Mais la capsule fournit encore d'autres fibres dans
cette région, fibres invisibles dans les coupes fron-
tales, apparentes dans les coupes sagittales, traversant
le putamen de Burdach (Pl. VIII). Nous constatons
ici de nombreux faisceaux rayonnants paraissant des-
tinés à la moitié postérieure environ de la circonvolu-
tion qui circonscrit la scissure de Sylvius et aux parties
avoisinantes des circonvolutions anastomosées avec
elle. La partie antérieure du putamen est dépourvue
d'irradiations. Il ne faut pas en être surpris puisque la
section transversale qui passe par celles de ces irra-
diations qui se trouvent le plus en avant, passe égale-
ment sur l'extrémité antérieure de la couche optique.
Or, la coupe sagittale faite à 2 centimètres en dehors
de la ligne médiane (Pl. III) nous a démontré qu'à
ce niveau tous les faisceaux de la capsule se portent
en avant. D'autre part, les coupes frontales intéres-
sant les parties antérieures du noyau lenticulaire nous
ont démontré en fait l'indépendance d'origine des
faisceaux capsulaires et de ce noyau. Ici, il est évi-
dent que le noyau lenticulaire ne reçoit aucune ter-
minaison des faisceaux rayonnants; il est simplement
traversé par eux, ainsi que nous l'avons établi.
C. Manière dont se comporte la couronne rayon-
nante dans la partie postérieure ou occipitale.-Ce que l'on
appelle prolongement occipital de la capsule interne
constitue, pour ainsi dire, un système à part compris
entre le bord postérieur du noyau lenticulaire et la
18 ANATOMIE.
partie réfléchie de la queue nucléaire qui l'embrasse
en arrière à la façon d'une anse verticale. On peut
juger de l'importance de ce système en examinant les
coupes horizontales moyennes et la coupe frontale
passant par le bord postérieur du noyau lenticulaire.
(Face postérieure de la 5e zone mésolobaire.)
D'après Meynert et Iluguenin, la partie inférieure
chez le singe comprend de véritables expansions pé-
donculaires directes. Nos coupes le démontrent sur le
cerveau humain. Nous avons déjà eu occasion de faire
remarquer que ce caractère de directes donné à ces
fibres pour les différencier des antérieures et des mo-
yennes résultait uniquement de l'écartement considé-
rable qui existe normalement dans cette région entre
les deux noyaux lenticulaire et nucléaire.
Mais la plus grande partie des fibres de ce système
procède immédiatement du pulvinar et des corps ge-
nouillés, médiatement des tubercules quadriju-
meaux, en d'autres termes, de toute la portion de
l'appareil optique située en arrière d'un plan transver-
sal passant par le bord postérieur du noyau lenticu-
laire et la commissure cérébrale postérieure. Ce sont
les fibres optiques de Gratiolet. Les coupes horizon-
tales sus-mésolobaires ne présentent pas trace de
ces fibres : on ne les constate réellement que dans les
coupes qui intéressent le mésolobe et la couche optique.
Dans ces dernières, l'aspect lisse de ces libres prouve
qu'elles sont sectionnées parallèlement à leur direction.
Placées en dehors du tapetum, elles restent concen-
triques à la cavité digitale pour se terminer dans les
circonvolutions de la face interne de l'hémisphère.
Telle est la couronne rayonnante; sauf les fibres de
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 19 J
Gratiolet, elle n'est, comme nous l'avons affirmé et
démontré, que le prolongement des faisceaux capsu-
laires continus eux-mêmes à ceux de l'étage supérieur
du pédoncule cérébral. Contrairement à l'opinion gé-
nérale, cette couronne n'est donc pas formée par une
infinité de rayons rectilignes reliant toute la surface
du manteau aux ganglions de la base et à la capsule.
CONSTITUTION DU CENTRE OVALE.
Je n'ai pas l'intention de traiter ce point à fond. Je
veux seulement fixer l'attention sur la part que pren-
nent à la constitution du centre médullaire hémisphé-
rique les fibres dites d'association, les fibres de Gra-
tiolet, le faisceau unciforme et la capsule externe.
Les systèmes d'association ou systèmes de fibres des-
tinées à relier entre elles plusieurs parties d'un même
hémisphère sont très nombreux chez l'homme. Us
entrent pour une bonne part dans la constitution du
centre ovale de Vieussens. Les données que la science
possède à ce sujet sont fort restreintes. Elles concernent
surtout le cerveau de l'animal. Meynert qui a étudié
la structure de la substance blanche hémisphérique
avec non moins de soin que les autres difficultés des
centre nerveux, ne la démontre en réalité que sur le
cerveau du singe. Pour ma part, je ne me suis occupé
que de celui de l'homme. Je verrai plus tard, si la
difficulté est. plus grande à résoudre pour le cerveau de
l'animal.
Il est bon de se rappeler : 1° qu'après une immer-
20 ANATOMIE.
sion momentanée dans de l'eau froide, les fibres, pro-
bablement par le fait d'une simple hydrotomie, se
dessinent nettement suivant qu'elles ont été coupées
perpendiculairement ou parallèlement à leur direction.
Dans le premier cas, leur présence est rendue manifeste
par le contraste que présentent leur surface de section
ponctuée et celle du tissu névroglique qui les entoure :
on peut dire que cette surface est hétérogène. Dans le
deuxième cas, au contraire, la surface est unie, homo-
gène : la chose est patente dans les coupes frontales et
sagittales du corps calleux. D'où cette conséquence im-
portante, que, toutes les fois qu'un district de coupe
cérébrale sera d'aspect hétérogène, nous devrons le
considérer comme formé par des fibres coupées en
travers, avec cette remarque non moins majeure que
ces fibres se présenteront, soit sous la forme de points
ou taches plus ou moins arrondis, si elles sont isolées,
soit sous la forme de lignes ou lamelles plus ou moins
longues, si elles sont intimement associées.
II ne faudrait pourtant pas croire que le fait est dé-
montrable sur tout cerveau humain. Il en est qui sont
pour cela plus favorables que d'autres. Je me borne
à le constater, laissant à la clinique le soin de fournir
une explication satisfaisante.
Les propositions que je viens d'énoncer trouveront
de nombreuses applications dans ce qui suit. Pour fa-
ciliter la compréhension du sujet, nous adoptons l'or-
dre établi par Meynert et Huguenin dans la descrip-
tion des faisceaux d'association. Nous aurons soin de
noter ce que la cérébrotomie méthodique produit de
spécial.
Ces faisceaux d'association sont représentés par :
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 21
1° Le faisceau longitudinal sous-jacent au gyrus for-
nicatus. (Circonvolution du corps calleux ou de l'our-
let.)
2° Le faisceau longitudinal supérieur ou arqué.
3° Le faisceau unciforme. (Fasciculus uncinatus.)
4° Le faisceau longitudinal inférieur.
5° Le système très étendu des fibres propres (Fibrse
proprioe.) -
A ces cinq systèmes nous n'hésitons pas à en ajouter
un sixième :
6° Le système d'association verticale.
A. Faisceau longitudinal sous-jacent au gyrus forzzicq-
tus, appelé encore moelle de l'ourlet ou de la circonvo-
bilion du corps calleux . La coupe sagittale pratiquée à
un centimètre de la ligne médiane tombe sur ce fais-
ceau dans presque toute sa longueur (Pl. XX, t. I). Il
commence dans le lobule orbitaire, contourne l'extré-
mité antérieure du corps calleux, se dirige en arrière
au dessus de lui jusqu'à son bourrelet. Le faisceau lon-
gitudinal varie d'épaisseur sur divers points de son
parcours. Cette irrégularité d'épaisseur provient, ainsi
que le fait remarquer Meynert, de ce que des fibres
d'un autre ordre contribuent à le former. Epais en
avant du genou, mince en arrière du bourrelet du
corps calleux, Gratiolet a pu le suivre dans la circon-
volution de l'hippocampe et, selon Meynert, il irait se
terminer à la pointe du lobe temporal. De nombreuses
fibres provenant des parties avoisinantes de l'écorce
viennent rejoindre ce faisceau, pour le quitter après
un parcours plus ou moins long. De petits systèmes de
fibres arciformes se réunissent par conséquent aux
23 1-)
ANATOMIE.
fibres à long trajet; ces fibres me paraissent identiques
à celles que nous verrons bientôt sous le nom de fibres
propres ou de Gratiolet. On en voit provenir distincte-
ment, en avant, de la première frontale; en arrière, de
l'avant-coin ou lobule quadrilatère.
B. Faisceau longitudinal supérieur ou arqué. Ce
faisceau a-t-il été constaté sur le cerveau humain, je
l'ignore : voici le résultat que j'ai obtenu.
Pour avoir ce faisceau, la section doit porter à 3
centimètres en dehors de la ligne médiane.
Le faisceau longitudinal supérieur ou arqué devrait
être appelé faisceau longitudinal supérieur externe, par
rapport à la moelle de l'ourlet, qui devrait porter celui
de faisceau longitudinal supérieur interne. L'un ne mé-
rite pas plus que l'autre le nom d'arqué. Us ont tous
les deux une direction courbe qui s'harmonise avec la
direction de l'hémisphère.
Le faisceau longitudinal supérieur externe, sensible-
ment plus volumineux que l'interne, commence à l'é-
corce du lobe frontal et va se terminer dans le lobe
occipital, en traversant le centre ovale. Il est constitué
de la même façon que l'interne ; il est formé de fibres
longues et de fibres courtes, mais elles sont plus nom-
breuses les unes que les autres. Les fibres courtes ou de
Gratiolet, viennent des circonvolutions avoisinantes et
quittent le faisceau après un trajet plus ou moins
long suivant qu'elles enjambent un, deux, ou un plus
grand nombre de plis. Sur les centres lobulaires de la
substance blanche il semble que les fibres de Gratiolet
les plus longues s'entrecroisent les unes avec les
autres. On dirait également que, sur quelques points,
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 23
les faisceaux longitudinaux s'anastomosent et forment
une sorte de plexus.
C. Faisceau longitudinal inférieur. Meynert et
Huguenin placent ce faisceau après le faisceau unci-
forme ; il me parait plus naturel d'en parler avant. Il
va de la pointe du lobe occipital à celle du lobe tem-
poral. Sa structure est celle des faisceaux précédents.
Il renferme de longues fibres directes et surtout de
nombreuses fibres courtes qui viennent à lui des par-
ties avoisinantes et le quittent après un trajet assez
court. Qu'on veuille bien se reporter aux Pl. XVUI,
XIX, XX, dut. I, on reconnaîtra facilement la section
transversale des fibres d'association antéro - posté-
rieures. 1
D. Fibres propres ou fibres de Gratiolet. Ces fibres
sont en nombre considérable sous l'écorce. Les plus
petites, formant des courbes concentriques commen-
çant au sommet d'une circonvolution, embrassent dans
leur concavité l'anfractuosité comprise entre cette cir-
convolution et la circonvolution voisine et aboutissent
a cette dernière; les autres, plus longues, sautent
plusieurs circonvolutions.' Meynert et Huguenin pré-
tendent à tort, suivant nous, qu'elles présentent leur
plus grand développement dans l'insula de Reil. Le
contraire nous semble être prouvé.
E. Le faisceau unciforme et la capsule externe.
Pour se faire une idée complète de ces deux parties,
il faut les examiner dans les coupes frontales et hori-
zontales. Dans les coupes frontales, le faisceau unci-
forme est en rapport d'avant en arrière :
24 ANATOMIE.
En haut, avec les couches inférieures de la troisiè-
me frontale, avec la quatrième frontale, avec la parié-
tale ascendante, et le lobule pariétal inférieur;
En bas, avec les couches supérieures de la circon-
volution externe du lobule orbitaire, avec la deuxième
olfactive, avec la partie inférieure du claustrum, qu'il
traverse pour se mêler aux fibres de la commissure
cérébrale antérieure et venir former les couches les
plus élevées de la première temporale. (Voir successi-
vement Pl. XV à XX, du tome I.) En un mot, le fais-
ceau unciforme joue le rôle des fibres propres de Gra-
tiolet ; elle unit les parties gyraires qui couronnent
l'insula de Reil en haut, à celles qui la limitent en bas
sur la base cérébrale.
Aux connexions que Meynert lui attribue, avec le
faisceau longitudinal supérieur, il faut ajouter celles
qu'il possède avec le faisceau longitudinal inférieur.
Les coupes horizontales (Pl. VI et VII) confir-
ment pleinement les données fournies par les coupes
frontales au sujet du faisceau unciforme : elles démon-
trent surtout que ce faisceau n'est lui-même qu'une por-
tion du grand système des fibrespropres ou de Gratiolet.
Capsule externe.-D'après ces coupes, il est difficile
de ne pas assimiler la capsule externe aux fibres lon-
gues de Gratiolet, à celles qui embrassent un certain
nombre de circonvolutions. La structure fasciculée de
cette bande blanche n'est pas contestable.
En avant comme en arrière de l'insula, la capsule
externe après avoir dépassé le claustrum s'adjoint aux
petites fibres de Gratiolet pour se porter, avec les an-
térieures, dans le territoire de la troisième frontale,
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 25
avec les postérieures dans celui de la cinquième tem-
porale. Mais si ce point n'est pas contestable, il n'en
est pas moins vrai cependant que, dans sa partie anté-
rieure, la capsule externe est également formée par des
fibres appartenant au corps calleux. (Commissure inter-
hémisphérique.) Sur les coupes frontales I et II, cette
dépendance est palpable, d'abord avec la partie réfléchie
ducorps calleux (Pl. XV), ensuiteavec la lamelle blanche
du septum lucidum (Pl. XVI, t. I), qui lui est continu en
haut. Dans cette région, la capsule externe constitue
aux deux noyaux une véritable anse caudo-lenticulaire.
Cela revient à dire, qu'ici les fibres delà capsule externe
venant du corps calleux se recourbent en dedans.
Mais il est à remarquer que le nombre de ces fibres
diminue au sur et à mesure qu'on avance en arrière,
et qu'elles finissent par disparaître au moment où se
présente la commissure cérébrale antérieure destinée
à les remplacer pour l'union des deux lobes temporaux.
D'après cela, la capsule externe examinée d'avant en
arrière est donc formée de deux espèces de fibres
jusqu'à la rencontre de la commissure cérébrale anté-
rieure : les unes, venant du corps' calleux, se recourbent
en bas et en dedans; les autres, constituant des fibres
longues de Gratiolet, en partie verticales, en partie
horizontales, embrassent l'insula. Voilà pourquoi la
capsule externe, beaucoup plus épaisse en avant qu'en
arrière, n'existe plus qu'à l'état incomplet, est beaucoup
plus mince en bas qu'en haut, dans le sens vertical,
à 3 centimètres en arrière du genou du corps calleux,
c'est-à-dire au point où ses fibres commissurales vont
être remplacées par la commissure cérébrale antérieure
(Pl. XVII, t. I).
36 ANATOMIE.
*
F. Le système d'association verticale). Aux systèmes
d'association admis par Meynert et Huguenin, nous
n'hésitons pas à en ajouter un sixième qui doit être
désigné sous le nom de système d'association verticale.
Il est destiné à mettre en rapport la partie antérieure
du lobule paracentral et la partie externe du lobule
temporal.
J'ai déjà fait remarquer que sur la face postérieure
de la cinquième zone frontale, les irradiations capsu-
laires qui se rendent au lobule paracentral étaient
accompagnées en dehors par une traînée blanche de 1
à 2 millimètres de largeur, qui aboutissait en bas à la
première temporale, concentriquement au faisceau unci-
forme. Sur la pi. XX,1.1, ce système d'association a été
comme disséqué, surtout à droite, soit par le fait de
la macération, soit plutôt par un acte morbide. Du
reste, ce système n'existe pas seulement à ce niveau, il
se continue en arrière sur une étendue de deux centi-
mètres au moins, car, nous le retrouvons sur la face
postérieure de la septième zone frontale, où il limite en
dehors le prolongement occipital de la capsule interne
comme le tapetum le limite en dedans.
D'après cequi précède, il est aisé de comprendre que
les auteurs sont loind'être dans le vrai, en considérant
la substance corticale comme étendue à la façon d'une
coiffe au-dessus de la couronne radiée'.
Quel genre de coupes faut-il préférer ? Il n'est pas
indifférent de traiter une semblable question. Elle
intéresse les progrès de la science plus qu'on ne pour-
rait le supposer au premier abord. La preuve, c'est
' Bitot, Ion. cit.
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 27
que les cérébrologistes et les cliniciens sont encore
à ce sujet dans la période du tâtonnement. Bartholin,
Flechsig préconisent la coupe horizontale. Pitres '
cherche à faire prévaloir les sections parallèles aux
circonvolutions centrales. Néanmoins , Brissaud 5
se voit dans l'obligation de revenir à la coupe
horizontale, à laquelle, comme Flechsig, il reconnaît de
grands avantages. Pour lui, elle est la meilleure qu'on
puisse employer pour la topographie des lésions cen-
trales. Mais, au lieu de la faire de dehors en dedans, un
peu au dessus de la scissure de Sylvius, à l'instar de
l'auteur allemand, il conseille de sectionner le cerveau
par sa face interne, afin d'obtenir une coupe plus
parallèle. Il dirige le couteau un peu obliquement, en
bas et en arrière, en le faisant passer par le milieu de
la tête du corps strié et par le point de réunion du
tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs de la couche
optique (Brissaud, loc. cit., p. 25). En procédant ainsi,
on obtient la capsule interne sous la forme de centre
demi-circulaire. (Pl. VII.)
Supérieur à celui de M. Pitres, ce mode de section-
ner est pourtant loin d'être irréprochable.
Entre autres désavantages, je lui reconnais les sui-
vants : 10 Il laisse de côté une bonne partie de la cap-
sule, tant au-dessous qu'au-dessus de la coupe, cause
manifeste d'erreurs.
2° Il donne une idée incomplète' de la capsule, en
laissant supposer que le trajet qu'elle suit est formé
de fibres rectilignes brisées, formant un angle rentrant
' Pitres. Recherches sur les lésions du centre ovale. Paris, 1877.
2 Brissaud. Contracture permanente des hémiplégiques. Paris, 1880,
p. 20.
28 ANATOMIE.
alors que, d'une manière générale, elle a la forme
d'un cornet. Dans les coupes sagittales, les prétendus
segments ne constituent-ils pas un angle ouvert en bas
et non en dehors, comme dans les coupeshorizontales ?
Ce procédé fausse donc le jugement sur la véritable
direction des fibres capsulaires. Il laisse croire que ces
fibres ont la même direction que les segments, ce qui est
contraire à la réalité. En effet, ce ne sont pas des fibres,
mais bien des petites portions de fibres, des petits arcs
qui forment, par exemple, le segment antérieur. La
description que j'ai faite ne permet pas le doute à cet
égard. Les fibres capsulaires étant courbes, parallèles
entre elles, d'autant plus éloignées de la ligne médiane
qu'elles sont plus élevées, la section horizontale de
l'infundibulum qu'elles forment, doit donner lieu à
un centre demi-circulaire, ou plutôt à un angle saillant
en dedans. Par conséquent, les éléments de l'extrémité
antérieure du segment du même nom, loin de faire
suite aux éléments de son milieu et, à plus forte raison,
à ceux de son extrémité postérieure ne sont, au con-
traire, que des fragments de faisceaux dont le com-
mencement se trouve au pied même de la capsule ;
de telle façon, par exemple, que la continuation de
l'état scléreux de cette extrémité de la capsule doit se
rencontrer, non pas sur le trajet du segment anté-
rieur, mais bien sur un point du pied capsulaire.
Je me crois donc en droit de soutenir : que les coupes
frontales mésolobaires sont plus propres que les autres
à la précision des recherches anatomo-pathologiques.
Avec ces coupes, l'observateur peut suivre de proche en
proche tous les faisceaux quels qu'ils soient, supé-
rieurs ou inférieurs, courts ou longs. D'ailleurs, les
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 29
coupes frontales sont de beaucoup les plus faciles à
effectuer, puisque la surface de frottement que la subs-
tance cérébrale présente au couteau est notablement
moins étendue dans ce sens que dans un autre.
Objectera-t-on l'outillage spécial que j'emploie ? Je
répondrai, qu'il n'est indispensable qu'autant que l'on
veut procéder mathématiquement. On peut s'en passer
dans la pratique ordinaire, car une légère inégalité
dans l'épaisseur des tranches importe peu. Pour cela,
il suffit, après avoir mis de côté la portion prémésolo-
baire, d'appliquer la surface de section du bloc céré-
bral contre un plan vertical poli, tel qu'un carré de
verre, et de recommencer l'opération au sur et à
mesure que les zones sont recueillies.
EXPLICATION DES PLANCHES
PL.CH H 1
P. op., bandelette optique.
C. c., corps calleux.
F. 1. sup. int., faisceau longitudinal supérieur inteine.
/'...1 ? faisceau de Meynert.
C. i., genou de la capsule interne.
L. M. S., locus niger de Soennnering.
A', noyau de Luys. ? c., noyau caudé.
N, L, noyau lenticulaire.
l'L1\CtIE
C. i., capsule interne.
C. op., couche optique.
F. op., fibres optiques.
, N. c., noyau caudé.
N. I., noyau lenticulaire.
30 ANATOMIE.
PLANCHE III
C. c., corps calleux.
C. i., capsule interne.
C. i. f. cz., capsule interne; faisceaux antérieurs.
C. i. in. e., capsule interne; faisceaux moyens externes.
C. i. y. M. i., capsule interne; faisceaux moyens internes.
N, c, noyau caudé.
V. l., noyau lenticulaire.
P, c. oy., Pulvinar de la couche optique.
PLANCHE IV
C, claustrum ou avant-mur.
C. e, capsule externe.
C. i. f. M. e, capsule interne, faisceaux moyens externes.
1. Iiisula (le Reil.
P. B. Putamen de Burdach.
plan cm; \
/<.o ? bandelette optique.
C. claustrum ou avant-mur.
C. e, capsule externe. ? ? e, corps grenouillé externe.
F. U., fasciculus uncinatus.
/, insula de Reil.
i,. St., noyau rouge de Stilling.
P. c., pédoncule cérébral.
Il. r. conique, prolongement conique.
Tr. c. p. ·., tri;one céréLral, portion réfléchie.
Tr. c. p. d., trigone cérébral, portion directe.
PLANCHE VI
C. i., capsule interne ? op. Gr., fibres optiques de Gratiolet.
N. L., noyau de Luys; pulvinar de la couche optique.
N. c., noyau caudé.
V, v·. St., noyau rouge de Stilling.
P. c. f. s., pédoncule cérébral; faisceaux sensitifs.
DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 3 1
l'L1\C1113 \'ll
C. e., capsule externe.
C. g. e., corps genouillé externe.
C. g. i., corps genouillé interne.
C. i. ? p., capsule interne; faisceaux postérieurs.
C. i. fl., capsule interne; genou. ,
C. i. s. u., capsule interne; segment antérieur.
C. i. s. p., capsule interne; segment postérieur.
f. l, s. e., faisceau longitudinal supérieur externe.
1. s. i., faisceau longitudinal supérieur interne.
N, c., noyau caudé.
viii il `
..
f C ? tiLres tlc Grutiolet.
f. l. i., faisceau longitudinal inférieur. '
f. l. s., faisceau longitudinal supérieur. ·
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES
HYSTÉRIQUES; DU PHÉNOMÈNE DE L'IIYI'I : R1 : C1T1131LITL
\LURO-11USCUL.iIRE;
Par CII.IIICO,R et Pâli. ltIC111 : 1f.
L'état hypnotique que l'on obtient assez facilement
chez la plupart des malades hystériques par la mise
en oeuvre de procédés variés est caractérisé par l'ap-
parition d'un certain nombre de phénomènes soitsoma-
tiques, soit psychiques, dont l'étude est intéressante -ci
plus d'un titre. Non seulement l'observateur peut trou-
ver dans la constatation régulière de quelques-unes de
ces manifestations des signes diagnostiques certains qui
le mettent à l'abri de la supercherie et de la simulation ;
non seulement l'examen attentif des relations qu'af-
fectent entre eux tous ces phénomènes variés, leur
mode de groupement naturel, leurs affinités ou leurs op-
positions, peuvent conduire à la distinction de plusieurs
modes du sommeil nerveux, jusque là confondus
sous la dénomination générale d'hypnotisme; mais
l'étude approfondie de chacun de ces phénomènes en
particulier peut contribuer à la solution de quelques-
uns des problèmes les plus élevés de la physiologie et
même de la psychologie. Il n'est aucun d'eux en effet
qui ne puisse se rencontrer, à des degrés variables,
il est vrai, dans l'état de santé ou dans l'état de maladie.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 33
Et, d'après cette loi aujourd'hui bien établie, que les
manifestations pathologiques ne sauraient comporter
en elles-mêmes aucun élément nouveau, qu'elles ne
sont que des déviations, des modifications plus ou
moins profondes des conditions physiologiques, il arrive
que, pour qui sait y regarder, les phénomènes mor-
bides sont pleins d'enseignements au point de vue phy-
siologique et que la maladie nous révèle souvent les
secrets de l'état normal.
Entre le fonctionnement régulier de l'organisme et
les troubles spontanés qu'y apporte la maladie ,
l'hypnotisme devient comme une voie ouverte à l'ex-
périmentation. L'état hypnotique, en effet, n'est autre
chose qu'un état nerveux artificiel ou expérimental,
dont les manifestations multiples apparaissent ou
s'évanouissent, suivant les besoins de l'étude, au gré
de l'observateur.
Considéré de la sorte, l'hypnotisme devient une
mine précieuse à exploiter aussi bien pour le physio-
logiste et le psychologue que pour le médecin. Maisici
plus qu'ailleurs il importe de procéder avec méthode.
. L'expérience du passé montre dans quelle voie doivent
marcher les observateurs désireux de porter la lumière
sur ces faits qui, de près ou de loin, touchent à ce
qu'on appelle le magnétisme animal.
La difficulté même du sujet impose à quiconque dé-
sire aborder l'étude de ces questions, un esprit scien-
tifique essentiellement pratique, autant ennemi de la
spéculation hâtive que désireux de la réalité objective
des choses, se contentant d'abord de bien voir et de
bien constater avant de vouloir expliquer, et, dans
la recherche des faits, ne procédant jamais que du
3
3 ? If. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
simple au composé, du connu à l'inconnu, s'en tenant
d'abord aux faits les plus saillants et les plus positifs
pour n'aborder qu'ensuite ceux d'une appréciation
plus délicate et plus difficile.
Telle a été la méthode qui a présidé au début de
nos recherches sur ce sujet, entreprises à la Salpètrière
en 1878 '. Grâce à elles, un certain nombre de faits
paraissent aujourd'hui bien établis, entre autres :
l'influence d'un certain nombre d'agents sur la produc-
tion de l'état hypnotique : lumière vive (lampe
Hourbouxe, lumière de Drummond, lumière électrique,
flamme du magnésium...), vibrations d'un grand
diapason, bruit intense et inattendu (bruit du gong) ;
- le phénomène de l'hypei-excit(ibililt,, neuro-muscu-
1 Vers la lin de cette même année, l'un de nous (Charcot) fit de ces re-
cherches le sujet de plusieurs conférences cliniques, a l'hospice de la
5alpètrière, dont le compte rendu parut a cette époque dans plusieurs
journaux : Progrès médical, n° : J1, ISïS; Gazette des liôpitaux, n1" dus>
'il nov., 28 nov. et 5 iléc. 1878; Gazette médicale de l'crr·is, n9 t,(3, 47 et
iS, J8î8. L'année suivante, les mêmes faits d'hypnotisme tiennent une
place importante dans la thèse inaugurale de l'un de nous (P. Ricltcr),
(Élude descriptive de la grande attaque hystérique ci de ses principales
variétés, 1879), ainsi que dans une autre publication plus récente (Elle-
des cliniques sur l'hy.stéro-épilcp.sie ou grande hystérie, 185t.)
Le Dr Hegnard qui contribua aux premières recherches de 1878, dans
le service de l'un de nous(Charcot) à la Salpêtrivre, depuis fait paraître
plusieurs travaux sur ce sujet : Revue scientifique, n" 13, 188). Sommeil
et somnambulisme, conférence faite à la Sorbonne, et en collaboration
avec le Dr Bourneville, le 3e volume de V Iconographie photographique de
la Salpètrière (1879-1880), consacré pour la plus grande partie à l'étude
de l'hypnotisme et dont quelques extraits ont paru clans le Progrès médi-
cal, nos U et 15, 1881, et dans le journal la Nature, 1881.
Nos recherches de 1878 marquent le commencement du mouvement
actuel qui se poursuit en Al1et11a11C et en France, au sujet de l'étude de
l'hypnotisme. A l'époque où parurent les premiers travaux de la Salpè-
trière, le seul travail récent sur la matière était un mémoire de 11f. Cli.
lticltct sur le somnambulisme provoqué dans le Journal de 1tilialoeeiie et
de la physiologie de Cli. lOI)i", 1875. Antérieurement, il faut citer les tra-
vaux de Pau de Saint-Martin (1869), de Baillif (1868), de Lasègue (1865',
tle Jlesnet(1560), tJeDentartluay et firaud-Toulm (ISGS), d'Az,tttt (J8G0).
de Broc;l (1839); enfiii les (le Br-ti(l (Itii il été Il, %éi-ii;ll)le
cliiii ce uiit-c iliteiil (Il- 183.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 35
laire servant à caractériser une des phases du sommeil
hypnotique désignée par l'un de nous sous le nom de
léthargie hystérique 1)1-ovoqtiée Cliarcot); - les carac-
tères particuliers de Va catalepsie hystérique provoquée ;
le mode de succession chez un même sujet de ces
deux états nerveux : léthargie provoquée et catalepsie
provoquée ; -- leur .localisation possible à un seul
coté du corps : hémi-léthargie, etc., etc.
Nous nous proposons aujourd'hui, dans un mé-
moire spécial, de revenir avec quelques détails sur
un des phénomènes somatiques les plus intéressants de
l'état de sommation chez les hystériques, sur ce phéno-
mène qui consiste on une aptitude particulière du
muscle à la contracture sous l'influence de l'excita-
tion mécanique et qui a été désigné par l'un de nous
sous le nom d'li-1)ei,excitzibilité neuro-musculaire.
). DES DIFFERENTS MOMiNS DE METTRE EN RELIEF
LT1YPEREXC1TAR1LITÉ NEURO-MUSCULAIRE
Eu cherchant à pénétrer plus avant dans l'étude du
phénomène de V hyper excitabilité neuro-musculaire.
qu'une simple malavatiou des muscles de la face anté-
rieure de l'avant-bras, par exemple, met si facilement,
en relief, on arrive bientôt à se convaincre que la con-
tracture musculaire n'est pas due seulement à l'excita-
tion mécanique de la fibre musculaire elle-même,
mais qu'elle se montre également bien, due l'excita-
tion soit portée sur les libres tendineuses qui sont en
rapport de continuité avec la substance musculaire,
ou sur les rameaux nerv ew moteurs dont les fibres
viennent s'v terminer.
36 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
Nous étudierons donc successivement les résultats
que donne, au point de vue de l'hyperexcitabilité
neuro-musculaire, l'excitation mécanique localisée
soit au tendon, soit au rameau nerveux, soit au corps
du muscle lui-même '.
§ 1. EXCITATION DU TENDON. ÉTUDE DES RÉFLEXES
TENDINEUX DANS LA LÉTHARGIE HYSTÉRIQUE PROVOQUÉE.
L'exagération des réflexes tendineux est un fait
commun chez les malades atteintes de grande hys-
tésie. Elle accompagne le plus ordinairement l'anes-
thésie et l'amyosthénie qui font partie du tableau de
la maladie dans l'intervalle des crises, et, comme ces
dernières, se localise à un côté du corps, ou bien se
généralise, conservant alors, le plus souvent, dans
une des moitiés du corps une intensité plus grande.
Si l'on se rappelle la signification aujourd'hui bien
établie de ce phénomène, et les connexions intimes
qui font de l'exaltation des réflexes tendineux et de
la contracture musculaire des faits de même ordre, on
ne sera pas surpris de rencontrer dans la léthargie
hypnotique, dont nous parlons, une exagération mar-
quée de ces réflexes. En effet, sous l'influence des
pratiques de l'hypnotisme, les réflexes tendineux
1 Dans ces recherches sur la contracture provoquée pendant l'hypnotisme,
nous avons tenu à ne faire usage que de l'excitation purement mécani-
que, telle que le choc, la pression, lainalaxation, le massage. Nous avons
écarté il dessein la vibration du diapason, l'aimant, l'action électrique.
Nous savons en effet que ces derniers agents font souvent naître la contrac-
ture chez les hystériques sans qu'il soit nécessaire de les soumettre à
1'liypnotisation. Tandis que l'excitation purement mécanique n'acquiert
d'efficacité que pendant l'hypnotisme et demeure, au moins dans la
grande majorité des cas, sans action pendant la veille.
ÉTUDE DE L HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 37
subissent des modifications susceptibles de quelques
variations suivant les sujets, mais qui, malgré ces
variétés individuelles, nous ont paru un des caractères
les plus constants du sommeil artificiel.
Cette étude nous a permis de pénétrer quelque peu
la nature du curieux phénomène décrit par l'un de
nous sous le nom d'layperexcitabilité neziro-77111sezilaiî,e,
en le montrant intimement lié, pour une part, à l'exalta-
tion des réflexes tendineux, dont il devient, dans le
cas particulier où la contracture suit l'excitation du
tendon, comme une nouvelle manifestation d'un ordre
plus élevé.
Pour la production du réflexe tendineux de l'état
normal plusieurs conditions sont nécessaires. Elles ont
été nettement formulées par M. Westphal. En premier
lieu, le muscle sur lequel on veut agir doit être placé
dans un état de tension modérée. En second lieu, l'ex-
citation portée sur le tendon doit consister en un choc
brusque qui, par l'intermédiaire des fibres tendineuses,
détermine un ébranlement soudain de toute la masse
du muscle. La contraction musculaire réflexe ne peut
être produite par aucune excitation électrique ou
mécanique autre que la percussion.
Dans l'état hypnotique, les circonstances qui favo-
risent la production du phénomène sont quelque peu
changées. Le choc n'agit plus seul, la simple pression
produit des effets un peu différents, mais également re-
marquables. C'est pourquoi, dans l'étude qui va suivre,
nous considérerons successivement les effets de l'exci-
tation mécanique portée sur le tendon, soit au moyen
d'un choc brusque, soit au moyen de la pression.
38 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
A. E#els de la percussion. Suivant les procédés
habituels, nous nous sommes servis dans nos recher-
ches à ce sujet d'un marteau à percussion garni d'un
petit coussin en caoutchouc à son extrémité. D'ordi-
naire, pour faire naître le phénomène, il faut pratiquer
sur le tendon, à l'aide de ce petit instrument, un choc
brusque et assez énergique. La percussion du tendon
est suivie alors d'une contraction soudaine du muscle
qui soulève le segment du membre auquel il s'attache.
Il en résulte une secousse quelquefois dicrote, mais
toujours vive et très courte.
Dans l'état de santé, la contraction réflexe du tri-
ceps crural est facile à obtenir par la percussion du
tendon rotulien. Cette contraction d'intensité moyenne
s'exagère dans certains états morbides caractérisés par
un accroissement de l'activité réflexe de la moelle
épinière, comme dans les paraplégies spasmodiques.
De plus, en certains cas, elle se montre lu où elle
n'existe que rarement à l'état normal, comme au bras
par la percussion des tendons du triceps ou du biceps,
ou aux avant-bras par la percussion des tendons des
lléchisseurs ou des extenseurs au dessus du poignet.
D'autres affections nerveuses au contraire sont, on le
sait, marquées, dans la règle, par une abolition com-
plète des réflexes tendineux, l'ataxie locomotrice par
exemple.
Les différents états nerveux auxquels les pratiques
de l'hypnotisme donnent naissance peuvent également
se grouper en deux catégories.
Dans l'une, les réflexes tendineux subissent une
exagération marquée qui se traduit de diverses manières
suivant les malades ou suivant les différentes parties
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 39
du corps d'une même malade. On peut y ranger la
léthargie hystérique provoquée s'accompagnant d'hy-
perexcitabilité neuro-musculaire et dont nous nous
occupons plus particulièrement ici. Dans l'autre, les
réflexes tendineux sont complètement abolis comme
dans la catalepsie hystérique provoquée.
Toutes les modalités diverses auxquelles peut don-
ner lieu l'exaltation du réflexe tendineux dans l'hypno-
tisme, reposent sur deux points principaux : a) exten-
sion, diffusion de l'action réflexe; b) modifications
de la contraction musculaire qui en est la conséquence :
a) La contraction est -plus vive sans augmenter de
durée.
6) La contraction est plus longue, elle marche vers
le tétanisme et tend à se transformer en contracture.
y) La contraction devient permanente. Le choc a
provoqué la contracture. Rarement un seul choc
amène ce résultat; mais, le plus souvent, la contracture
est facilement obtenue à la suite de plusieurs chocs
successifs portés sur le tendon.
n) Diffusion du réflexe. Quelques malades sont à
peine endormies qu'on voit le réflexe tendineux non
seulement s'exagérer sur place et le choc sur le tendon
donner lieu à une contraction plus vive du muscle
directement intéressé, mais encore provoquer des
contractions réflexes dans les membres éloignés du
lieu de la percussion, soit d'un même côté du corps,
soit des deux côtés à la fois. Il suffit alors du moindre
choc pour provoquer le réflexe, et, à la suite de la
4O . PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
percussion du tendon rotulien, par exemple, on observe
un soubresaut dans le bras du même côté, ou dans les
deux bras à la fois, ou dans tout le corps.
Un choc sur la face externe du bras vers la partie
médiane, au niveau de l'insertion du deltoïde amène
une secousse violente de toute l'épaule et qui peut
même s'étendre au, tronc tout entier.
Une de nos anciennes malades, Bar..., sur laquelle
ont été faites les premières expériences de la Salpê-
trière et qui depuis a quitté le service, présentait cette
diffusion des réflexes d'une façon remarquable. Pen-
dant la veille, les réflexes rotuliens étaient peu exagérés,
surtout à la jambe gauche (la malade était hémianes-
thésique à droite). De plus, les bras comme le reste
du corps ne participaient en aucune façon aux mouve-
ments réflexes de la jambe sur laquelle portait l'excita-
tion. Mais à peine Bar... était-elle endormie que les
choses chan -aient. La percussion du tendon rotulien pro-
voquait un soubresaut de tout le corps, les deux bras,
et principalement le droit, étaient animés d'une secousse
qui suivait, avec un léger retard parfaitement appré-
ciable, le mouvement de la jambe.
Cail..., hystéro-épileptique, actuellement soumise à
notre observation, présente la même particularité. Nous
avons soumis ce phénomène à l'analyse par les pro-
cédés de la méthode graphique du professeur Marey,
et les tracés que nous avons obtenus permettront
de s'en rendre un compte exact. Cail.. est hémianes-
thésique à gauche. Les réflexes tendineux sont
exagérés, à l'état de veille, surtout dans tout le côté
gauche.
Un tambour myographique est appliqué sur le
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 41 1
biceps brachial gauche, un second tambour sur le tri-
ceps crural du même côté. Ces deux tambours sont
reliés par deux tubes en caoutchouc de même dia-
mètre à deux tambours enregistreurs, dont les leviers
inscrivent sur un cylindre recouvert de noir de fumée..
Nous n'insistons pas sur le dispositif de notre expé-
rience qui est classique. Le cylindre est animé d'une
vitesse uniforme au moyen d'un mouvement d'hor-
logerie muni d'un régulateur Foucault. Pour le cas
actuel, il est placé sur l'axe de mouvement moyen et
exécute un tour complet en six secondes'
On a soin de placer bien exactement les deux styles
inscripteurs sur la même verticale, parallèle à l'axe de
rotation du cylindre.
Chaque tracé obtenu dans ces conditions présente
deux lignes en courbes superposées. La ligne supé-
rieure correspond au tambour appliqué sur le biceps
brachial et traduit les modifications survenues dans
l'état de contraction de ce muscle. La ligne inférieure
offre la même signification relativement au triceps
crural du même côté.
Le tracé I (Fig. 1) obtenu pendant la veille démontre
l'existence du réflexe rotulien. Un choc brusque,
porté sur le tendon rotulien, provoque presqu'aussitôt
un mouvement assez étendu de la jambe et à oscillations
multiples. Ces oscillations paraissent produites par des
contractions alternatives des muscles extenseurs et des
muscles fléchisseurs. La courbe T. c. traduit les
contractions du muscle extenseur du triceps crural.
On remarque sur ce tracé, que le réflexe rotulien ne
retentit en aucune façon sur le bras. Le style supé-
42 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
rieur qui correspond au biceps brachial trace une ligne
droite (B. b.).
Fig. 1. Diffusion des réflexes tendineux pendant la M/ta)'y : 'e/tf7'M"
provoquée.
B b., Biceps brachial gauche.
T c., Triceps crural du même côté.
Tracé I. Pendant la veille, choc sur le tendon rotulien gauche.
Tracé Il. Pendant la léthargie, choc sur le même tendon rotulien.
Tracé III. Pendant la léthargie, choc sur le 'tendon rotulien droit
(côtéopposé de l'application des tambours;vitesse moyenne du cylindre).
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 43 3
Il n'en est pas de même pendant le sommeil provo-
qué, ainsi que le montre le tracé II (Fig. 1). Par la
fixité du regard en convergence supérieure, la malade
est rapidement endormie. Les membres sont dans la
résolusion la plus complète. Les caractères du réflexe
tendineux éprouvent aussitôt les modifications sui-
vantes. En outre que le réflexe rotulien paraît plus
intense, qu'il s'obtient a l'aide d'une excitation plus
légère, il retentit sur les bras et sur tout le corps..
On voit, en effet, sur le tracé II (Fig. 1) la contraction
du biceps brachial suivre celle du triceps crural obtenue
par la percussion directe de son tendon.
Le tracé III (Fig. 1) a été obtenu sans changer la dis-
position des appareils placés sur les membres du côté
gauche, mais en frappant sur le tendon rotulien du
côté droit.
L'on conçoit fort bien que cette diffusion des réflexes
tendineux se présente à des degrés variables suivant
les malades, et c'est ce qui a lieu en effet. Cette diffu-
sion s'opère-t-elle suivant des lois constantes, se rap-
prochant plus ou moins de celles posées par Pflïi'ger ?
Nous ne le pensons point, parce qu'elle est subor-
donnée au degré d'activité réflexe de la moelle et que
nos observations nous ont appris que, souvent, dans
l'hypnotisme cette activité nerveuse spéciale n'est pas
modifiée d'une façon uniforme dans tous les points
de l'axe médullaire. Les phénomènes, en effet, qui en
sont la traduction objective se montrent parfois loca-
lisés dans une partie du corps, ou bien, s'ils existent
partout, possèdent une intensité variable suivant les
régions.
41 le PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
C'est ainsi que nous avons pu observer, contradic-
toirement aux lois de Pflùger, que le réflexe rotulien
se propage d'abord aux membres supérieurs avant de
retentir sur l'autre jambe, ce qui est en opposition
avec la loi de la symétrie. D'un autre côté, voici qui
paraît conforme à la loi de l'irradiation : nous avons
vu souvent le réflexe rotulien retentir sur les membres
supérieurs; mais, nous n'avons pas observé la diffusion
du réflexe en sens inverse, c'est-à-dire du membre
supérieur au membre inférieur. D'ailleurs, cette dernière
loi de Pflùger qui veut que l'excitation réflexe se pro-
page dans la moelle, toujours de bas en haut et jamais
de haut en bas, a été vivement combattue par Cayrade
et par Vulpian. '
Enfin, il ne faut pas oublier que la classification de
Pflùger s'applique aux réflexes cutanés et qu'il s'agit
ici de phénomènes réflexes d'un ordre différent.
b) Modification de la contraction réflexe qui suit le choc
sur le tendon. En même temps que, sous l'influence de
l'hypnotisme, le réflexe tendineux tend à se généraliser,
il arrive souvent que la contraction musculaire à la-
quelle il donne lieu subit elle-même quelques modifi-
cations. La contraction devient plus longue, la courbe du
tracé myographique se transforme en plateau; c'est un
tétanos de courte durée, l'esquisse de la contracture.
Mais ces deux modes de l'exaltation des réflexes tendi-
neux irradiation du réflexe et tendance à la contrac-
ture qui, dans certains cas, se montrent à la fois
chez une même malade, peuvent exister séparément,
d'une façon indépendante l'un de l'autre.
Witt..., hystéro-épileptique, qui présente à un haut
degré, pendant la léthargie hypnotique, le phénomène
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. t5
de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, offre d'une
façon très nette ces modifications de la contraction mus-
culaire réflexe sans tendance à la généralisation. Les
nombreuses expériences faites sur elle, aussi bien sur
les muscles des bras que sur ceux des jambes, ont'
donné les résultats suivants :
a) Le choc tendineux modéré est suivi d'une con-
traction prolongée.
6) Un choc un -peu violent produit d'emblée la con-
tracture permanente.
y) La contracture permanente est également provo-
quée par la répétition de plusieurs chocs légers, et
elle se développe alors progressivement.
La contracture ainsi produite ne subit pas un accrois-
sement exactement proportionnel au nombre des chocs.
- il y a eu quelque sorte accumulation de force et
addition successive de chaque excitation partielle, de
telle façon que, tout en conservant une intensité égale,
les derniers chocs sont suivis d'effets beaucoup plus
considérables que les premiers.
Il y a donc deux modes de l'excitation par choc : ou
l'excitation est intense et unique, ou l'excitation est
faible et répétée. Tous deux conduisent au même résul-
tat qui est la contracture permanente, mais par des
procédés un peu différents.
Voici le récit de quelques expériences faites sur
Witt... :
7 janvier 1881. Le tambour myographique est placé sur
le corps du muscle extenseur commun des doigts (avant-bras
droit). '
L'avant-bras droit est placé dans la demi-flexion avec pro-
nation ; la malade est assise, le coude repose sur l'angle d'une
46
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
table, et le poignet est soutenu par la main gauche de l'expéri-
mentateur. La main du sujet retombe inerte dans la flexion. La
percussion est pratiquée sur les tendons extenseurs environ au
niveau de la deuxième rangée des os du carpe. La percussion
donne lieu à un mouvement d'extension de la main et des doigts.
Le tracé I (h'a'g. 2) a été obtenu pendant l'état de veille. La
secousse musculaire réflexe n'est pas unique, comme il arrive
souvent, surtout en ce qui concerne les extenseurs. Elle est re-
présentée ici par une courbe qui présente plusieurs ondulations.
La malade une fois endormie, la même excitation portée sur
les mêmes tendons donne le tracé II dans lequel on voit la
première ondulation de la courbe suivie d'un plateau qui se
prolonge quelque peu. En effet, dans ce dernier cas, on voit la
main soulevée par la contraction réflexe des extenseurs s'arrê-
ter à mi-chemin dans son mouvement de rechute, pour retom-
ber ensuite d'elle-même complètement, au bout de quelques
instants.
1-'ig. ? .Ot ? ca<;oK, pendant la léthargie, de la contraction réflexe qui
suit le choc du tendon. Tendance 6 la contracture.
Tracé I. Pendant la veil'e, choc sur les tendons des extenseurs de l'o-
vant-bras.
Tracé Il. Pendant la léthargie, choc sur les mêmes tendons.
(Vitesse moyenne du cylindre.)
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],'i ! j. 3. C<w</'ne/)'<.' par cliof tendineux pendant la léthargie.
E. Extenseur des doigts de i'ant-hras droit.
s. Signal électrique indiquant le moment du choc tendineux.
Tracé 1. Pendant la veille, quatre chocs successifs portés sur les tendons extenseurs.
Tracé Il. Pendant la léthargie, deux chocs successifs 1)oi té,, sur les mêmes tendons.
(Vitesse moyenne du cylindre).
T.S 8 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
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Les tracés de la
1%j. 3 et de laHa. 4
ont été obtenus dans
les mêmes condi-
tions expérimenta-
les sur la même ma-
lade (Exp. du 16 fé-
vrier). Un signal
électrique Marcel
Desprctz marque le
moment du choc
sur le tendon. Le
tambour myogra-
phique est d'un vo-
lume plus considé-
rable que celui qui
nous a servi dans
l'expérience précé-
dente, aussi le tracé
de la courbe muscu-
laire présente-t-il
plus d'amplitude.
Dans cette expé-
rience nous trou-
vons la malade plus
excitable que le 7
février. La con-
tracture à peine pro-
duite devient du
même coup contrac-
ture permanente.
Un choc, même mo-
déré, produit d'em-
blée la contracture.
Pour obtenir une
simple contraction,
il faut user d'une
excitation fort lé-
gère.
En répétant ces
excitations trèslégè-
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 49
res, on arrive également très rapidemont à la contracture ainsi
que le prouvent les tracés de la Fig. 3 et 4.
L'excitation portée sur les muscles fléchisseurs de la main et
des doigts nous adonné des résultats analogues.
Dans ce cas, le tambour myographique est appliqué vers le
tiers supérieur de la face antérieure de l'avant-bras au niveau
du relief musculaire des fléchisseurs, et la percussion porte, à
quelques centimètres au-dessus du poignet, sur la saillie des
tendons des muscles palmaires. Comme dans l'expérience pré-
cédente, le coude de la malade repose sur l'angle d'une table,
l'avant-bras demi-fléchi est en supination et le poignet est
soutenu par la main gauche de l'expérimentateur. La main du
sujet retombe inerte en extension. Nous avons ainsi obtenu des
tracés que nous n'avons pas fait reproduire, parce qu'ils sont
absolument analogues aux précédents.
Dans des expériences faites sur le tendon rotulien, chez la
même malade, nous constatons qu'il n'y a pas d'irradiation du
réflexe au bras du même côté.
Deux tambours myographiques sont appliqués à la fois, l'un
sur le triceps crural gauche, l'autre sur le biceps brachial du
même côté. Le dispositif de l'appareil est le même que dans
les expériences rapportées plus haut, p. tt.
Sur le tracé I, Fig. 5, obtenu pendant la veille, on remarque
que le style qui correspond au biceps demeure immobile, pen-
dant que le style du triceps crural marque une série d'ondula-
tions qui suivent le choc porté sur le tendon rotulien.
Pendantla léthargie (tracé II, Fig. 5), le biceps demeure éga-
lement immobile, mais les caractères de la contraction réflexe
du triceps crural sont considérablement modifiés. Un premier
choc détermine une contraction prolongée qui se traduit par
une courbe à long plateau. Un deuxième choc donne naissance
immédiatement à la contraction permanente.
Chez les deux malades qui jusqu'ici nous ont servi
d'exemples, nous avons vu se montrer indépendam-
mentles deuxmodifications principales que subissentles
réflexes tendineux sous l'influence de l'hypnotisme :
a) irradiation du réflexe, chez Cail... ; b) tendance à la
4
Fi. ? Contracture par choc tendineux pendant la léthargie.
Ii b., ISicel5 br.mhi,tl gauche.
T c, Tiiceps crural du même côté.
Tracé I. Pendant la veille, deux chocs successifs portés sur le tendon rotulien gauche.
Tracé Il. Pendant la léthargie, deux chocs successifs portés sur le même tendon rotulien. (Vitesse moyenne)
ÉTUDE LL LHII'\OI'IIt. CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 51
contracture et contracture confirmée, chez Witt... Mais,
ainsi que nous l'avons déjà dit, ces deux caractères
peuvent se montrer à la fois, et, en même temps que le
réflexe irradié, on voit la contraction (du muscle
directement excité, de même que celle du muscle
éloigné du point d'excitation) tendre vers la contrac-
ture.
C'est ce que démontrent les tracés suivants obtenus
chez une autre malade, Parm..., également hystéro-
épileptique. Nous ne reviendrons pas sur la disposition
des appareils enregistreurs. Chez Parm... les réflexes
tendineux, pendant la veille, sont assez-développés,
mais le réflexe rotulien ne se propage pas au membre
supérieur du même côté. (Tracé I, Fig. 6.)
Pendant la léthargie hystérique provoquée, le réflexe
rotulien s'accuse encore davantage, et l'irradiation
au bras du même côté est très marquée. Les trois
excitations du tracé 11, 1'ig. 6, ont été portées succes-
sivement, et l'on remarque qu'à la troisième excitation
la contraction réflexe du biceps brachial, aussi bien
que celle du triceps crural, offre une tendance mani-
feste à la contracture. "
Dans une autre expérience, sur la nommée Cail... ,
nous avons vu, à la suite de chocs répétés sur le ten-
don rotulien, la contracture se confirmer peu à peu
et finalement, s'établir aussi bien au bras "correspon-
dant qu'à la jambe sur laquelle l'excitation avait été
directement portée. En même temps que le membre
inférieur se contracture dans l'extention forcée, on voit
le membre supérieur animé, à chaque choc rotulien,
de secousses réflexes, subir dans son attitude les
modifications suivantes : il s'élève légèrement, le poing
rig. 6- Diffusion du réflexe et tendance ii la contracture pendant la léthargie .
J9&.,Bice))S brachial gauche.
T c., Triceps crural gauche.
Tracé l. Pendant la veille, trois chocs successifs portés sur le tendon rotulien gauche.
Tracé Il. Pendant la léthargie, trois chocs successifs portés sur le même tendon rotulien. (Vitesse moyenne.)
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 53
se ferme, l'avant-brasse met en pronation et en légère
flexion, puis ramené sur les côtés du tronc, le membre
tout entier s'immobilise dans une attitude qui rappelle
celle du début de la grande attaque hystérique.
Dans le cas qui précède, la contracture qui a suivi
la percussion du tendon rotulien est demeurée localisée
à un seul côté du corps. Mais, la propagation de l'exci-
tation peut dépasser la ligue médiane et la contracture,
qui en est la conséquence, s'étendre aux quatre membres
et même à tout le corps. C'est ce que nous avons pu
constater chez plusieurs de nos malades et particu-
lièrement sur celles qui présentent peu développé le
phénomène de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire.
Nous rapporterons, à titre d'exemple, quelques
détails d'une expérience d'hypnotisme, tentée sur une
de nos malades hystéro-épileptique, récemment entrée
dans le service et qui n'avait jamais été soumise à ce
genre d'épreuve :
Del... est anesthésique totale et achromatopsique de l'oeil
droit seulement. Les réflexes tendineux sont exagérés aux deux
jambes, à droite surtout; aux coudes ils sont moins marqués ;
aux avant bras ils existent à un faible degré. Il n'y a point
d'extension du réflexe rotulien aux membres supérieurs.
La malade est placée en face d'une vive lumière (lampe au
magnésium) qu'on la prie de fixer du regard. Au bout de quel-
ques instants, les yeux se convulsent en haut, les pupilles se
cachent sous les paupières supérieures, la tête se renverse.
Del... est endormie, les membres sont dans la résolution. Le
cou est un peu gonflé et la respiration est laborieuse.
Nous pouvons observer une exaltation des réflexes tendineux
facilement appréciable aux poignets et aux coudes où ils exis-
taient peu accusés pendant la veille. Le réflexe rotulien produit
à la fois un mouvement dans les quatre membres et un sou-
bresaut de tout le corps accompagné d'une respiration con-
vulsive.
54 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
En répétant les chocs sur le tendon rotulien, la contracture
permanente de la jambe ne tarde pas à s'établir. On voit l'ex-
tension de la jambe s'accuser par degrés jusqu'à l'immobilisa-
tion dans l'extension complète.
Nous remarquons alors que la contracture n'est pas demeu-
rée localisée au seul membre directement intéressé; les deux
bras sont contracturés dans l'extension et la pronation, l'autre
jambe est également contracturée dans l'extension, le tronc
s'est redressé, la tête est maintenue renversée par une rigidité
des muscles de la nuque. En résumé, il s'est produit là une
sorte d'attaque de contracture généralisée.
Cette contracture disparait facilement par la friction des
parties contracturées qui retrouvent successivement leur sou-
plesse.
Dans une seconde expérience de généralisation de la con-
tracture à la suite du choc répété sur le tendon rotulien, nous
avons fait cesser la contracture d'un même coup partout à la
ibis, au moyen d'une pression légère de la région ovarienne
droite, sans pour cela amener la cessation du sommeil ; ce qui
eût été inévitable si la pression avait été énergique.
Un choc répété sur les tendons de la face palmaire du poi-
gnet amène la contracture des deux bras dans la demi-flexion.
Les membres inférieurs dans ce cas ne participent pas à la con-
tracture.
Les recherches faites au sujet de l'état des réflexes
tendineux pendant la léthargie hystérique provoquée,
peuvent être résumées dans les conclusions suivantes :
a) Pendant la léthargie hystérique provoquée, les
réflexes tendineux s'exaltent et s'irradient, parfois
même ils se généralisent. Cette irradiation ne saurait
être soumise à aucune loi précise en raison de l'excita-
bilité variable des diverses parties des centres nerveux.
Sous ce rapport, l'axe médullaire peut être divisé sui-
vant un plan vertical et médian-presque toujours en
effet un côté du corps est plus excitable que l'autre;
il peut être également divisé en sections transversales,
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 55
les membres inférieurs pouvant acquérir un degré d'ex-
citabititédinerentde celui des bras ou inversement. Nous
savons aussi qu'au point de vue de l'hyperexcitabilité
neuro-musculaire les muscles de la face et ceux des
membres sont soumis à un régime différent; et dans le
plus grand nombre des cas, ce phénomène manque à
la face, pendant qu'il existe très développé dans le
reste du corps. -
b) La contraction musculaire qui est la conséquence
du choc sur le tendon présente une tendance marquée
vers la contracture.
La contracturepermanente estle plus souvent obtenue
à la suite de plusieurs chocs successifs portés sur le
tendon. Lorsque l'excitabilité réflexe existe à un
haut degré, un seul choc suffit. Alors, la pression sur
le tendon conduit au même résultat, ainsi que nous le
verrons dans un instant.
c) Le degré de réflectivité médullaire varie non
seulement avec les malades ou chez une même malade,
suivant les diverses régions de la moelle, mais aussi
chez une même malade d'un jour à l'autre ou même
d'un moment à l'autre, sous des influences variées.
C'est ainsi qu'après nos expériences les réflexes tendi-
neux de l'état de veille sont toujours un peu plus exal-
tés qu'auparavant.
d) Au point de vue spécial des phénomènes de l'hyper-
excitabilité neuro-musculaire, c'est-à-dire de la con-
tracture musculaire obtenue à l'aide d'une simple
excitation mécanique, il existe une différence entre
les deux modalités de l'exaltation des réflexes tendi-
neux : diffusion du réflexe et tendance à la contracture.
La diffusion des réflexes se rencontre souvent chez
56 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
les sujets qui n'offrent pas très développé le phéno-
mène de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire. Il y a
là une sorte de contradiction qui s'explique facilement
de la façon suivante.
. Dans ces cas, le phénomène pour se développer exige
une excitation intense et répétée. L'ébranlement ner-
veux qui en est la conséquence tend à se propager
dans toute l'étendue des centres et la contraction réflexe,
de même que la contracture, se généralise. Au con-
traire, chez les malades qui présentent à un haut degré
l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, il suffit du plus
léger choc tendineux pour produire immédiatement la
contracture localisée, et dans ce cas l'excitation n'est
pas assez vive pour tendre vers la généralisation.
Au résumé, le choc est un mauvais procédé de loca-
lisation. La contracture suit également d'autres procédés
d'excitation mécanique du tendon, tels que la malaxa-
tion, la friction et la simple pression. Ces manoeuvres,
que nous allons étudier maintenant, ont pour résultat
de produire la contracture plus sûrement que l'excita-
tion par choc et d'éviter la généralisation.
B. Effets de l'excitation tendineuse par malaxation,
friction ou simple pression.
Chez les sujets peu sensibles nous avons vu parfois,
alors que le choc répété des tendons ne produisait
qu'une série de secousses musculaires, sans tendance
manifeste vers la contracture, la malaxation ou la
friction un peu prolongée de ces mêmes tendons, pro-
voquer assez facilement la contracture permanente.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 57
D'autre part, dans certains cas où le choc tendi-
neux était suivi de la généralisation de la contracture,
la malaxation du tendon a produit la contracture
locale. Mais c'est principalement sur les sujets qui
présentent à un haut degré l'hyperexcitabilité neuro-
musculaire que la simple pression du tendon fait mer-
veille, et est douée d'une efficacité bien plus grande
que le choc, au double point de vue de la précision et
de l'intensité de la contracture.
Chez ces sortes de malades on réussit à provoquer,
à l'aide d'un choc léger et rapide, une contraction
réflexe qui présente, à peu de chose près, les mêmes
caractères que celle, qui est obtenue par le même pro-
cédé pendant la veille, tandis qu'une pression, si peu
prolongée qu'elle soit, ne saurait produire autre chose
qu'une contracture. Il en résulte que, pour la pro-
duction de la contracture réflexe par excitation tendi-
neuse, non seulement le choc n'est pas nécessaire mais
la simple pression est beaucoup plus efficace. D'où il
suit également que le muscle sur le tendon duquel on
opère n'a pas besoin d'être placé dans l'état de demi
tension exigé pour la production du réflexe tendineux
de l'état normal.
Pour les tendons superficiels et facilement acces-
sibles comme ceux des deux palmaires au poignet, il
suffit d'appuyer légèrement avec l'extrémité mousse
d'un porte-plume, par exemple, pour voir la contrac-
ture se développer instantanément, les tendons faire
saillie et la main s'immobiliser dans la flexion.
Le tracé suivant, obtenu sur le corps Tilt..., traduit
le phénomène. Le tambour myographique est appliqué
sur le corps du grand palmaire. La pression sur le
58 . , PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
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ii
tendon est très modé-
rée, et le signal Marcel
Despretz marque le
temps pendant lequel
elle Été maintenue.
On voit par la
courbe (I1'a. 7) que la
contracture met plus
de temps à se produire
que par le choc et
qu'elle débute moins
brusquement.
Au dos de la main,
l'expérience offre en-
core un caractère plus
saisissant. Il suffit de
toucher en un point
quelconque de son
parcours au niveau
de la tête des méta-
carpiens, par exemple
un des tendons de
l'extenseur des doigts
dont les reliefs sont
facilement apprécia-
bles sous la peau, pour
qu'aussitôt le doigt
correspondant et
celui-là seulement
s'étende, maintenu
dans cette situation
par une contracture
ÉTUDE DE ciilz LES HYSTÉRIQUES. -)9
permanente des fibres musculaires qui font suite aux
fibres tendineuses. Pour les tendons de la tabatière
anatomique, l'expérience réussit également.
En promenant légèrement l'extrémité du porte-
plume ou de tout autre objet sur le trajet du tendon,
l'effet est encore plus accusé, s'il est possible. Cette
sorte de friction peut être considérée comme une pres-
sion qui se déplace et s'exerce ainsi successivement sur
différents points de la longueur du tendon.
La pression peut être brusque ou graduelle.
Les effets de la pression graduelle sont démontrés
dans l'expérience citée plus haut et accompagnée du
tracé (Fig. 7). -
La pression brusque se rapproche du choc et tient,
en quelque sorte, le milieu entre les deux modes d'ex-
citation.
Le tracé suivant (Fig. 8) montre en effet que, dans ce
cas, sa contracture se produit plus rapidement et plus
brusquement. Il s'agit d'une pression brusque exercée
sur le tendon du grand palmaire. Le signal Marcel
Despretz indique la durée de la pression.
Nous pouvons conclure de ce qui précède que la
contracture qui suit le choc sur le tendon et celle qui
est obtenue par une simple pression exercée au même
point, sont des phénomènes de même ordre.
Nous avons montré que la contracture qui suit le
choc tendineux n'est qu'une modalité plus accentuée,
une exagération du phénomène connu sous le nom de
réflexe du tendon. Il suit donc tout naturellement que
cet autre phénomène de prime abord si singulier, qui
consiste à faire contracturer isolément un muscle en
touchant simplement son tendon, ne présente en défi-
Ct
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/'/(/. S.- Contracture par pression brusque sur le tendon, pendant la léthargie.
G Il., nrana palmaire.
S., Signal électrique indiquant le moment et la durée de la pression.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 61 I
nitive rien d'insolite et doit être rapproché des réflexes
tendineux dont il n'est, en quelque sorte, qu'une expres-
sion plus délicate et plus élevée. Nous verrons plus
loin les relations qui peuvent exister entre la contrac-
ture obtenue par l'excitation du tendon et celle qui
suit l'excitation des nerfs ou du corps du muscle lui-
même.
§ IL EXCITATION DES NERFS.
L'excitation mécanique des nerfs produit la contrac-
ture des muscles auxquels ils fournissent des rameaux.
Afin d'éviter toute cause d'erreur et pour isoler, autant
que possible, ce qui appartient à la seule excitation du
nerf, nous avons choisi, pour les soumettre à l'expéri-
mentation, des troncs nerveux assez volumineux et faci-
lement accessibles à l'excitation mécanique.
Griffe cubitale. Parmi les nerfs qui peuvent satis-
faire à ces conditions, le nerf cubital dans la région du
coude, est certainement un des plus favorablement si-
tués. Il se trouve en effet logé dans une gouttière que
lui fournissent l'olécrâne et l'épitrochlée, reposant sur
un plan osseux résistant, recouvert seulement par la
peau et éloigné de toute autre partie molle. Il est donc
facile de l'atteindre sûrement.
Son excitation mécanique au moyen d'une simple
pression faite avec le doigt, ou indifféremment avec
l'extrémité d'un petit bâton, a donné les résultats les
plus décisifs et les plus conformes aux données de
l'anatomie et de la physiologie.
62 ?
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
Sous l'influence de cette excitation, la main se con-
tracture dans une attitude spéciale, se rapprochant de
l'attitude hiératique et représentée par la Fig. 9. Le
poignet est légèrement fléchi et la main tout entière
un peu entraînée vers le bord cubital. Les deux der-
niers doigts sont complètement fléchis dans la paume
de la main ; le pouce, entraîné dans l'adduction, vient
appuyer contre eux sa face palmaire ; la phalangette
dans l'extension et l'articulation métacarpo-phalan-
gieune fléchie, pendant que les deux premiers doigts,
index et médius, sont dans l'extension. Cette extension
n'est pas toujours complète, le plus souvent l'articula-
tion métacarpo-phalangienne est fléchie; il existe aussi
parfois un très léger degré de flexion dans les autres
articulations des doigts et principalement sur le médius.
D'autrefois, au contraire, ces deux doigts se placent
dans une extension forcée. En tous cas, ils subissent
un mouvement latéral assez prononcé, en vertu duquel
1,'ig. 9. - Griffe cubitale.
ÉTUDE DE [.'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 63
ils s'écartent l'un de l'autre. Il arrive aussi quelquefois
que la dernière phalange du pouce se fléchit et qu'elle
se place dans la paume de la main recouverte alors
par les deux doigts en flexion (Fig. 10).
Au milieu de ces quelques variations qui peuvent
dépendre, soit de variétés anatomiques individuelles,
soit du degré d'intensité de l'excitation, soit de la dif-
fusion de l'excitation ou de sa propagation à d'autres
muscles par l'intermédiaire des anastomosesnerveuses,
il est facile de dégager les caractères fondamentaux de
la griffe cubitale : flexion des deux derniers doigts,
adduction du pouce, extension et écartement des deux
premiers doigts, index et médius.
Une attitude aussi caractéristique ne saurait être l'effet
du hasard ; elle trouve sa raison d'être dans la distri-
bution spéciale des rameaux du nerf cubital aux muscles
de l'avant-bras et de la main. 1
En effet, le nerf cubital fournit des rameaux aux
Fig. 10. - Griffe cubitale.
64 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
muscles suivants : cubital antérieur; fléchisseur pro-
fond des doigts (les deux faisceaux internes destinés
au petit doigt et à l'annulaire reçoivent seuls leurs
rameaux nerveux du nerf cubital, le nerf médian inner-
vant les deux faisceaux externes); interosseux dorsaux
et palmaires ; muscles de l'éminence hypothénar; les
deux derniers lombricaux; adducteur du pouce.
D'un autre côté, la physiologie nous fournit sur l'ac-
tion de chacun de ses muscles des données que nous
résumons dans le tableau suivant :
Action individuelle de chacun des muscles innervés
par le nerf cubital.
Cubital antérieur. Fléchisseur de la main sur l'avant-bras.
Fléchisseur profond des doigts (deux faisceaux int.). Fléchisseur
des dernières phalanges des doigts.
Interosseux. Adduction (palmaires) abduction (dorsaux) par
rapport à l'axe de la main. Flexion des premières phalanges.
Extension des deux dernières.
Muscles de l'éminence hypothénar (abducteur et court fléchisseur
du petit doigt) agissent comme les interosseux.
Opposant du petit doigt. Légère adduction du cinquième
métacarpien.
Lombricaux (deux derniers) agissent comme les interosseux.
Adducteur du pouce. Adduction du premier métacarpien.
Flexion de la phalange et extension de la phalangette.
Nous pouvons déduire de là l'attitude spéciale que
prendra la main, lorsque tous les muscles innervés
par le nerf cubital entreront simultanément eu action.
Nous verrons que cette attitude ne saurait être autre
que la griffe cubitale que nous avons décrite et qui
trouve ainsi son explication dans les lois connues de
la physiologie musculaire.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 65
La flexion de la main sur l'avant-bras est due à l'action
du cubital antérieur. Cette flexion n'est pas très éner-
gique, parce que les deux autres muscles fléchisseurs
du poignet grand palmaire et petit palmaire, dont
l'action est plus efficace, ne relèvent point du nerf
cubital. Le cubital antérieur n'est pas adducteur d'après
Duchenne (de Boulogne). Il ne se produit aucun mou-
vement de pronation ou de supination, les muscles
qui président à ces mouvements, ne recevant aucun
filet moteur du nerf cubital.
L'adduction du pouce avec flexion de la phalange et
extension de la phalangette est évidemment due au
muscle adducteur du pouce dont l'action peut s'effec-
tuer librement.
Les interosseux sont les seuls muscles innervés
par le nerf cubital, de tous ceux qui meuvent l'index
et le médius. Leur action ne saurait donc être gênée;
et en effet, nous voyons dans la griffe cubitale l'exten-
sion des deux dernières phalanges de l'index et du
médius exister avec un certain degré de flexion des
articulations métacaipo-phalangiennes. Le mouve-
ment d'adduction ou d'abduction des interosseux ne
peut se produire que lorsque la flexion des premières
phalanges est peu ou point accusé.
La flexion des deux derniers doigts, annulaire et
petit doigt, est le résultat d'actions musculaires plus
complexes. Les muscles innervés par le nerf cubital
et qui ont quelqu'action sur ces deux doigts sont nom-
breux. Parmi les muscles fléchisseurs, le fléchisseur
sublime est le seul qui doive demeurer étranger au
mouvement de flexion ; il reçoit ses filets moteurs du
nerf médian, et son action porte principalement sur
s
66 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
les phalangines. Par contre, les phalangettes sont flé-
chies par le fléchisseur profond, et les phalanges par
les interosseux, les lombricaux et deux des muscles de
l'éminence hypothénar (adducteur et court fléchisseur).
Le mouvement d'extension que ces derniers muscles
(interosseux, lombricaux) impriment aux deux der-
nières phalanges est combattu par le fléchisseur pro-
fond qui, vu sa masse, doit l'emporter.
C'est ainsi qu'il est possible de donner d'une
façon assez satisfaisante, pensons-nous, la raison phy-
siologique de l'attitude des doigts et de la main dans
la griffe cubitale.
D'ailleurs la faradisation, chez des sujets sains, du
nerf cubital au niveau de l'épitrochlée, ne nous a pas
donné des résultats plus précis. Bien au contraire,
nous pouvons dire qu'en ceci l'hyperexcitabilité neuro-
musculaire s'est montrée supérieure à la faradisation
localisée. Et cela, pour deux raisons principalement :
d'abord, la faradisation du nerf cubital demande une
assez grande intensité du courant pour que l'excitation
se transmette à tous les muscles innervés par lui ; ce
qui n'a pas lieu sans une assez vive douleur. L'action
électrique ne peut pour cette raison être maintenue au
delà de quelques instants. En second lieu, la faradisa-
tion ne détermine qu'une contraction qui cesse avec
elle, tandis que la contraction due à l'hyperexcitabilité
neuro-musculaire persiste après l'excitation, et imprime
delà sorteàla main une attitude qu'il est facile d'analyser.
La faradisation du nerf cubital en arrière de l'épi-
trochlée nous a donné des résultats variables suivant
les sujets et aussi suivant le point exact d'application
des électrodes. Après quelques tâtonnements, car il
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 67
n'est pas facile d'y arriver du premier coup, nous
avons pu obtenir l'attitude suivante, qui se rapproche
beaucoup de la griffe cubitale que nous avons décrite :
(N'oublions pas que nous opérons ici, non plus sur des
femmes hystériques, mais sur des hommes bien por-
tants, des infirmiers complètement ignorants en anato-
mie et qui d'ailleurs n'étaient nullement avertis de ce
que nous voulions obtenir.)
Les deux derniers doigts sont fléchis fortement dans
leur articulation métacarpe-phalangienne, et pha-
lango-phalanginienne;le médius et l'index fléchis seu-
lement dans leur articulation métacarpo-phalangienne
(le médius un peu plus que l'index) sont étendus dans
leurs deux autres articulations et écartés l'un de l'autre.
Cette flexion de la phalange de l'index et du médius est
presque toujours plus marquée que dans la griffe de
l'hyperexcitabilité; le pouce est fortement attiré dans
l'adduction et sa phalangette étendue vient appliquer
sa face palmaire contre le bord externe du médius ;
enfin, la main est légèrement fléchie et attirée vers le
bord cubital de l'avant-bras.
Cette attitude que nous venons de décrire est par-
faitement d'accord avec les connaissances anatomiques
et physiologiques exposées plus haut. Mais nous devons
ajouter que nous avons été loin de pouvoir la repro-
duire avec cette précision chez tous les sujets. Chez
quelques-uns, cela nous a été complètement impossible.
Le doigt médius, au lieu de rester dans l'extension, se
plaçait dans la flexion complète à côté de l'annulaire,
l'index lui-même se fléchissait mais à un moindre
degré. Cette anomalie pourrait s'expliquer par une dis-
tribution plus étendue du nerf cubital au muscle tié-
68 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
chisseur profond dont les deux faisceaux externes
habituellement innervés par le médian recevraient, en
cette hypothèse, des rameaux du nerf cubital qui in-
nerve déjà les deux faisceaux internes. On pourrait
admettre aussi qu'il existe dans l'intérieur du muscle
des anastomoses nombreuses entre les terminaisons du
nerf cubital et celles du médian, et que, par l'inter-
médiaire de ces anastomoses, l'excitation portée sur le
nerf cubital pourrait s'étendre plus ou moins aux ra-
mifications voisines du médian.
Griffe médiane. L'excitation du nerf médian un
peu au dessus du pli du coude donne des résultats ana-
logues à ceux de l'excitation du cubital. La main prend
alors une attitude qui trouve sa raison dans la distri-
bution du nerf médian et la physiologie des muscles
que ce nerf tient sous sa dépendance. Mais ici, la loca-
lisation est plus difficile; entouré de parties molles, le
nerf fuit l'excitation si elle n'est faite franchement et
au bon endroit. D'un autre côté, il est bien difficile de
ne pas exciter en même temps les parties voisines :
muscles ou tendons. L'expérience est donc assez déli-
cate, mais avec un peu d'habitude, ou arrive assez fa-
cilement à isoler l'action du nerf.
Nous rappellerons en quelques mots les notions ana
tomiques relatives à la distribution du nerf médian à
l'avant-bras et à la main.
Le nerf médian fournit des rameaux aux muscles
suivants : rond pronateur; grand palmaire; petit pal-
maire ; fléchisseur sublime ; fléchisseur propre du
pouce ; fléchisseur profond des doigts (les deux fais-
ceaux externes sont seuls innervés par le médian, les
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. G9
deux faisceaux internes étant innervés par le cubital) ;
les deux lombricaux externes; le carré pronateur; enfin
les muscles de l'éminence thénar moins l'adducteur du
pouce innervé par le nerf cubital.
Quelle est maintenant l'action partielle de chacun
de ces muscles ? Comme nous avons fait pour le nerf
cubital, nous résumerons ce que la physiologie nous
apprend à ce sujet dans le tableau suivant :
Action partielle de chacun des muscles innervés par le nerf
médian.
Rond pronateur. Pronateur et fléchisseur de l'avant-bras sur
le bras. (Le mouvement de flexion est assez énergique lorsque
l'avant-bras est maintenu en supination, mais lorsque le
mouvement de pronation est fortement accusé la flexion se
produit avec peu de force.)
Carré pronateur. Pronateur énergique.
Grand palmaire. Petit palmaire. Fléchisseurs de la main
sur l'avant-bras.
Fléchisseur superficiel des doigts. Fléchisseur des secondes
phalanges des doigts.
Fléchisseur propre du pouce. Fléchisseur de la phalangette
du pouce.
Fléchisseur profond des doigts (dont les deux faisceaux qui cor-
respondent à l'index et au médius sont seuls innervés par le
médian).- Fléchisseur des troisièmes phalanges des doigts.
Lombricaux (dont les deux premiers sont innervés seulement
par le médian). Extenseurs des deux dernières phalanges
et fléchisseurs de la première phalange.
Muscles de l'éminence thénar qui se rendent au côté externe de
la phalange du pouce (court abducteur et portion externe du
court fléchisseur). Métacarpien dirigé en avant et un peu
en dedans flexion de la première phalange en même
temps que inclinaison sur le côté externe et rotation de
dehors en dedans extension de la dernière phalange.
Opposant. Flexion et adduction du premier métacarpien
action nulle sur les phalanges.
70 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
Nous pouvons déduire de ce qui précède l'attitude que
prendra le membre sous l'influence de l'action com-
binée de tous les muscles innervés par le médian.
A priori, l'excitation du tronc nerveux lui-même pro-
duira les mouvements suivants :
Flexion de l'avant-bras sur le bras peu accusée, car un seul flé-
chisseur entre en action (rond pronateur) et encore est-il
peu fléchisseur lorsque le mouvement de pronation est éner-
gique comme nous le verrons tout à l'heure.
Pronation énergique. Aucun des muscles innervés par le
médian n'est supinateur, et ne peut par cela même contre-
balancer l'action des deux muscles pronateurs (rond pro-
nateur et carré pronateur).
Flexion de la main sur l'avant-bras. Sur trois muscles flé-
chisseurs de la main sur l'avant-bras (qui sont le grand
palmaire, le petit palmaire et le cubital antérieur) deux sont
innervés par le médian. Ce sont les deux palmaires.
Flexion des doigts. A un degré différent pour l'index et le
médius d'une part, et pour l'annulaire et le petit doigt d'une
autre part.
La flexion de l'annulaire et du petit doigt est légère, elle doit
porter exclusivement sur les deuxièmes phalanges et est due à
l'action du fléchisseur sublime. Les deux faisceaux du flé-
chisseur profond dont l'action porte sur les troisièmes pha-
langes sont innervés par le cubital. Il en est de même des
interosseux et des lombricaux qui fléchissent les premières
phalanges.
La flexion de l'index et du médius est complète et porte sur leur
trois segments. Les phalangettes sont fléchies par le flé-
chisseur profond, les phalangines par le fléchisseur sublime.
et les phalanges par les lombricaux qui suppléent les inter-
osseux innervés par le nerf cubital et dont l'action d'exten-
sion sur les deux dernières phalanges est largement annulée
par la puissance de flexion des deux fléchisseurs (sublime et
profond).
Opposition du pouce avec flexion de la première phalange et
peut-être de la deuxième. Le mouvement d'opposition est
exécuté par les faisceaux des muscles de l'éminence thénar
qui s'attachent au côté externe de la phalange. Ces mêmes
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 71 I
muscles à la manière des interosseux fléchissent la phalange
sur le métacarpien et étendent la deuxième phalange sur la
première. Ce mouvement de flexion de la première phalange
s'exécute avec d'autant plus d'énergie qu'il n'est contreba-
lancé par aucun des muscles extenseurs ; il n'en est pas de
même du mouvement d'extension de la deuxième phalange
sur la première qui peut se trouver annulé par l'action du
fléchisseur propre du pouce. Ce dernier muscle, en raison de
sa masse musculaire paraît même devoir l'emporter.
En résumé, l'excitation du médian doit donner lieu
aux mouvements suivants :
1° Pronation;
2° Flexion de la main sur l'avant-bras;
3° Flexion des doigts complète pour l'index et le mé-
dius, incomplète pour l'annulaire et le petit doigt;
4° Opposition du pouce avec flexion de la phalange
et peut-être aussi delà phalangette.
Voici maintenant l'attitude qu'a prise la main sous
l'influence de l'excitation mécanique du médian pen-
dant l'état d'hyperexcitabilité neuro-musculaire et que
nous désignerons sous le nom de griffe médiane,
Fig. 11. - Griffe médiane.
72 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
Nous verrons qu'elle est parfaitement d'accord avec
les données anatomiques et physiologiques que nous
venons d'exposer.
L'avant-bras se met en pronation forcée et ce mouve-
ment de pronation est tellement intense que la flexion
légère de l'avant-bras sur le bras ne saurait exister.
Le poignet est fléchi.
Le pouce, par un mouvement d'opposition, vient se
placer dans la paume de la main, mais la phalangette
est dans une situation intermédiaire entre l'extension
et la flexion.
Cette position du pouce s'oppose souvent à la flexion
complète de l'index et du médius, ainsi qu'on le voit sur
la figure(Fiq. 11). Les deux derniers doigts (annulaire
et petit doigt) sont incomplètement fléchis. Nous ayons vu
parfois la flexion des'doigts s'accuser bien davantage et
la main prendre complètement l'attitude du poing fermé
(Fig. 12) -
Si l'excitation a été intense ou prolongée, le mouve-
ment de pronation forcée de l'avant-bras tend à s'exa-
Fig. 12. Griffe médiane.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 73
gérer encore s'il est possible; on voit alors l'action
s'étendre à des muscles en dehors de la sphère du mé-
dian, aux muscles de l'épaule rotateurs de l'humérus,
et le mouvement de pronation est continué, pour ainsi
dire, par un mouvement de rotation du bras de dehors en
dedans, de telle façon que la main, ayant subi un tour
complet revient présenter en avantsa face palmaire.
Griffe radiale. Le nerf radial n'échappe pas à la
loi et son excitation au sortir de la gouttière de torsion
de l'humérus donne les résultats que la distribution de
ses rameaux peut facilement faire prévoir.
Le nerf radial innerve sans exception tous les mus-
cles de la région externe et de la région postérieure
de l'avant-bras. Ce sont les muscles :
Long supinateur;
Les deux radiaux externes ;
Court supinateur;
Anconé;
Cubital postérieur;
Extenseur propre du petit doigt;
Extenseur commun;
Extenseur propre de l'index ;
Long extenseur du pouce;
Court extenseur du pouce ;
Long abducteur du pouce.
De tous ces muscles un seul est fléchisseur et encore
dans de certaines limites : c'est le long supinateur qui
est d'abord demi-pronateur de l'avant-bras, puis flé-
chisseur de l'avant-bras sur le bras. L'action de ce
mus.cle doit être complètement annulée et par l'anconé
qui est extenseur énergique de l'avant-bras sur le bras,
74 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
et par le court supinateur qui seul préside efficace-
ment au mouvement de supination.
Les autres muscles innervés par le radial sont tous
extenseurs : les uns du poignet (cubital postérieur et
les deux , radiaux) , les autres des doigts (extenseur
commun et les deux extenseurs .propres : ces derniers
muscles, d'après Ducheune.(de Boulogne), étendent
énergiquement les premières phalanges et n'ont qu'une
action très faible sur les deux dernières).
Les trois muscles du pouce, agissant simultanément,
déterminent l'extension complète des différents seg-
ments de ce doigt et doivent le maintenir dans une
situation intermédiaire entre l'adduction et l'abduc-
tion.
L'expérience confirme pleinement ces données dé-
duites, par le raisonnement, de l'action physiologique
de chacun des muscles innervés par le nerf radial.
En effet, l'attitude que prend l'a main, sous l'influence
lir. 13. - l : ri/Jé radiale.
ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 75
de l'excitation mécanique du nerf radial au point in-
diqué, a pour caractères (Fig. 13) :
a) La supination de l'avant-bras;
b) L'extension du poignet; '
c) L'extension de tous les doigts. Cette extension
porte exclusivement sur les premières phalanges, les
deux dernières étant légèrement fléchies ;
d) Le pouce est dans l'extension et dans une situa-
tion intermédiaire entre l'adduction et l'abduction.
(d suivre.)
PATHOLOGIE NERVEUSE
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES
Par M. DEBOYE, agrégé de la Faculté, médecin de Bicêtre,
Nous avons pu maintes fois'dans notre service de
Bicêtre, où les ataxiques sont si nombreux, vérifier
l'exactitude de la description donnée par M. Charcot
des arthropathies tabétiques et notamment sur un ma-
lade, B..., atteint d'arthropathies multiples. Diverses
particularités de son observation sont intéressantes au
point de vue qui nous occupe, et nous paraissent mé-
76 PATHOLOGIE NERVEUSE.
riter une description minutieuse. L'examen de ce
malade nous a'conduit à diverses considérations géné-
rales qui ont, nous le croyons, une certaine impor-
tance dans l'histoire des arthropathies d'origine ataxi-
que. Le diagnostic de l'ataxie locomotrice ne. peut
soulever aucun doute dans le cas présent.
B... a depuis 1869 des douleurs fulgurantes dans les deux
jambes, revenant par crises ; à cette époque la marche devient
difficile; à partir de 1871, elle est tout à fait caractéristique,
les jambes sont lancées en avant et en dehors. Aujourd'hui,
l'incoordination est telle que la marche n'est possible que si
B... s'appuie sur le bras de deux infirmiers, ou bien à l'aide
d'un charriot spécial, très ingénieux, employé parles ataxiques
de Bicétre.
Aux membres supérieurs, les douleurs fulgurantes existent
depuis l'année 1876 ; elles reviennent encore actuellement par
crises rapprochées. Il n'y a pas d'incoordination des membres
supérieurs et ils exécutent tous les mouvements avec l'exacti-
tude que permettent les lésions articulaires dont ils sont le
siège.
Nous n'insisterons point sur les autres particularités
présentées par B..., nous voulons seulement montrer
qu'il s'agit d'une ataxie typique, qu'il n'y a pas de
méprise possible, et, ceci établi, insister sur les lésions
articulaires.
Un premier point à noter est la multiplicité des ar-
thropathies. Chez B..., elles siègent au coude, h Vépaule
gauche, à épaule droite.
Ces lésions articulaires ne sont pas d'une très grande
fréquence chez les ataxiques, et cependant, lorsqu'une
de leurs jointures a été envahie, il est fréquent d'ob-
server des accidents semblables dans d'autres régions.
Il semble que certains ataxiques soient spécialement
ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 77
prédisposés aux arthropathies. Les lésions présentent
chez B... une symétrie évidente; les deux épaules sont
prises, le coude est pris du côté gauche, et il est pro-
bable que s'il devait survenir de nouveaux accidents arti-
culaires l'articulation du coude droit en serait le siège.
Sur un autre malade de notre service, les deux genoux
offrent les lésions caractéristiques de l'arthropathie.
Nous nous souvenons avoir observé, il y a quelques
années, un malade dont les deux épaules étaient affec-
tées, et si nous relevons les observations consignées
dans la thèse de J. Michel, un des travaux les plus
dignes d'être consultés parmi ceux publiés sur la ma-
tière, nous trouvons sur 23 observations six cas d'ar-
thropathies multiples : Observation I, arthropathie du
genou gauche, puis du genou droit (I . Bail). Observa-
tion IV, arthropathie du genou droit, symptômes moins
accusés à gauche (Béhier). Observation XIV, arthro-
pathie des deux genoux avec hydarthrose énorme et
jambe de polichinelle des deux côtés. Observa-
tion XV, arthropathie du genou droit et de l'épaule
droite (Raymond). OI3SI : RV1TION XVIII, arthropathie
des deux hanches (Raymond). - OBSERVATION XX,
arthropathie des deux genoux (Joffroy et Bourneville).
Les deux particularités que nous relevions : multipli-
cité des arthropathies sur un même ataxique et symé-
trie des lésions, ressortent des cas rapportés par Michel
et réunis au hasard sans idée préconçue. Ainsi, sur
vingt-trois malades atteints d'accidents articulaires, six,
c'est-à-dire plus du quart, présentèrent des lésions
multiples. La fréquence des arthropathies est donc
plus grande chez les sujets qui ont déjà eu antérieu-
rement des accidents analogues dans d'autres jointu-
78 PATHOLOGIE NERVEUSE.
res. Ces observations montrent encore la symétrie
des lésions, car cinq fois elles furent symétriques et
une seule fois (OBs. XV) elles intéressèrent le genou
droit et l'épaule droite. ~
Les trois arthropathies de notre malade siègent aux
membres supérieurs, les membres inférieurs en sont
exempts, ce n'est pas un simple effet du hasard.
M. Charcot a fait observer que les lésions articulaires
surviennent à une époque peu avancée de la maladie.
« Si, dit-il, l'affection apparaît quelquefois à une
époque tardive, ce qui est parfaitement exact, c'est
toujours au membre supérieur qu'on l'observe. Or, la
sclérose spinale peut être tout à fait récente dans les
régions supérieures de la moelle, alors qu'elle était
déjà très ancienne- dans la région dorso-lombaire '. »
Aucun exemple n'est mieux fait que le nôtre pour
démontrer la vérité de l'opinion soutenue par notre
savant maître.
L'arthropathie du coude gauche est la première en
date, elle survint en 1874. Elle n'offrit rien dans son
évolution qui la fit différer des descriptions aujourd'hui
classiques, le seul point intéressant concerne les défor-
mations que nous 'constatons actuellement (février
1881).
Les muscles du bras et de l'avant-bras sont atro-
phiés. L'avant-bras étant dans la demi-flexion, on cons-
tate que l'extrémité inférieure de l'humérus est formée
par une portion rugueuse inégale faisant saillie sous la
chariot. Leçons sur les maladies du système nerveux, t. II, p. 59;
Paris, 1873.
ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 79
peau, toute l'extrémité articulaire a disparu. A la
partie externe de cette extrémité déformée, on trouve
une petite esquille mobile donnant lieu à de la crépi-
tation. L'olécrâne fait saillie en arrière du coude,
et, on la sent immédiatement sous le tégument, son
bord externe correspond au bord interne de l'humérus.
Le radius séparé du cubitus, mais placé sur le même
plan, est par la partie interne de son extrémité supé-
rieure en contact avec la face externe de l'humérus.
Voici dans quelles circonstances est survenue l'ar-
thropathie de l'épaule droite. En 1876, B... tomba à
la renverse, et l'on reconnut immédiatement qu'il avait
une luxation de l'épaule droite. Avant l'accident, l'ar-
ticulation paraissait saine, tous les mouvements en
étaient libres, le malade n'y avait pas ressenti de cra-
quements. M. Terrier réduisit la luxation sans aucune
difficulté. Au bout de deux mois, on enlève le ban-
dage, il subsiste une assez grande gêne des mouve-
ments et, six semaines plus tard, la luxation s'était
reproduite spontanément. Aujourd'hui le deltoïde est
complètement atrophié, la tête humérale s'est portée
en dedans et soulève la paroi antérieure de l'aisselle.
La tête humérale est rugueuse, mais peu déformée.
L'apophyse coracoïde a disparu; on ne sent pas de
surface articulaire du côté de l'omoplate. Ces explora-
tions sont faciles, grâce à l'atrophie complète du deltoïde
et à l'atrophie moins prononcée des autres muscles de
l'épaule.
Ainsi, le point de départ de l'arthropathie scapu-
laire droite a été un traumatisme; sans lui, elle n'au-
rait peut-être jamais existé, ou du moins n'eut apparu
80 PATHOLOGIE NERVEUSE.
que plus tard; le traumatisme a éveillé la manifesta-
tion articulaire delà maladie. A notre époque, un certain
nombre de travaux, parmi lesquels il faut citer en
~ première ligne ceux de M. Charcot et de M. Verneuil,
ont bien mis en lumière l'influence réciproque] des
maladies générales et des traumatismes, montré, par
exemple, que ces dernières peuvent éveiller le rhuma-
tisme, la scrofule, etc., devenir la cause occasionnelle
d'arthrites rhumatismales, scrofuleuses, etc.; de même
un traumatisme peut devenir l'occasion d'une arthrite
tabétique, c'est du moins ainsi que nous avons cru
devoir expliquer le développement de l'arthropathie
scapulaire droite chez notre malade.
Voici dans quelles circonstances sont survenues les
lésions de l'épaule gauche. Le 21 novembre 1880,
dans la nuit, B... ressentit une sorte de gêne dans l'é-
paule gauche ; le lendemain matin, il s'aperçut que
son épaule était tuméfiée, qu'elle était le siège de cra-
quements et qu'il levait le bras avec difficulté mais
sans douleur. Nous constatons une mobilité tout à fait
anormale de l'articulation, nous percevons au niveau
du deltoïde une fluctuation manifeste ; la région de
l'épaule est tuméfiée, la peau en est blanche, lisse, et
laisse voir de nombreux cordons bleuâtres anastomosés,
dus à une distension des veines. Le 13 décembre, le
malade nous fait remarquer que la tuméfaction s'est
étendue au sein gauche et cela depuis la veille seule-
ment. Nous constatons qu'il existe sous le grand pec-
toral une collection liquide ne faisant aucune saillie
dans l'aisselle et en communication manifeste avec la
tumeur liquide de l'épaule. Nous pratiquons une
ponction au niveau du sein gauche et nous extrayons
ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 81
30 grammes d'un liquide transparent citrin, visqueux
et filant, coagulable par l'acide acétique, contenant des
globules blancs et de grandes cellules analogues à celles
qu'on trouve dans le liquide provenant des arthrites
aiguës, des arthrites rhumatismales par exemple. Le
liquide évacué se reproduisit, puis finit par se résorber,
et au commencement de janvier, il n'y avait plus de
liquide sous le grand pectoral ; la tête de l'humérus
était mobile et pouvait être portée dans toutes les
directions, en avant ou en arrière, suivant qu'on por-
tait le corps de l'humérus en arrière ou en avant.
L'épaule reste tuméfiée parce qu'il existe tou-
jours une certaine quantité de liquide sous le del-
toïde ; mais, en tenant compte du peu d'épaisseur de
tissus qui sépare la tête humérale de la peau, il est
facile de reconnaître que le muscle deltoïde a déjà subi
une atrophie manifeste.
Le liquide que nous avons évacué par la ponction
est bien un liquide synovial, ses propriétés physiques
et microscopiques le démontrent suffisamment, et il
nous donne la clef de ce phénomène bizarre et inexpli-
qué : la tuméfaction du membre. Tous les auteurs,
depuis que M. Charcot l'a relevé, ont noté qu'elle sur-
venait brusquement, dès le début, qu'elle s'étendait
aux parties voisines de l'articulation, qu'elle était diffé-
rente de l'oedème, qu'elle s'accompagnait d'une dis-
tension des veines superficielles. Pour nous, cette
tuméfaction est due à un épanchement de synovie qui
s'infiltre dans les couches celluleuses profondes et
amène de la sorte la tuméfaction et la décoloration des
tissus ; il comprime les veines profondes, et développe la
circulation collatérale des veines superficielles. Le plus
«
82 PATHOLOGIE NERVEUSE.
souvent, la synovie fuse dans le tissu cellulaire, au
voisinage immédiat de l'articulation. Ainsi, dans un
cas que nous avons observé il y a quelques années, il
existait un épanchement limité au tissu cellulaire sous-
deltoïdien ; nous pratiquâmes une ponction et pûmes
extraire une trentaine de grammes d'un liquide filant.
Il y a de nombreuses observations dans lesquelles
la tuméfaction, c'est-à-dire l'épanchement synovial,
s'étendit jusqu'à l'articulation du coude. Dans notre
observation, il gagna la paroi thoracique et l'anatomie
chirurgicale de la région fait parfaitement comprendre
comment les choses se sont passées. Il existe, à la face
profonde du grand pectoral, du tissu celluleux en con-
tinuité avec le tissu celluleux sous-deltoïdien et ren-
fermé dans une loge limitée en avant par le grand
pectoral ; en dedans, par les insertions du grand pecto-
ral sur le sternum ; en arrière, par l'aponévrose de
Gerdy qui, comprenant dans son épaisseur le muscle
petit pectoral, va se confondre au bord inférieur du
grand pectoral, avec l'aponévrose antérieure de ce
muscle, et en ce point adhérant fortement à la peau,
forme le ligament suspenseur de l'aisselle. C'est dans
la loge ainsi circonscrite, en communication directe
avec le tissu celluleux sous-deltoïdien que s'est fait
l'épanchement dans le cas que nous rapportons.
Par quel mécanisme le liquide, sécrété dans l'articu-
lation, a-t-il pu passer dans les parties voisines ? La
rupture n'a pas été le fait d'une distension lente, sans
quoi on constaterait, à une première période, tous les
signes d'une arthrite, d'une hydarthrose tout au moins,
ce qui n'a pas lieu; d'emblée, la tuméfaction est éten-
due à la région. Il faut donc admettre que la rupture
ÉTUDE SUR. LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 83
et l'inflammation articulaire sont des faits contempo-
rains ou, plus vraisemblablement, que l'un est l'effet de
l'autre, que la rupture est la cause de l'inflammation.
Cette simultanéité de la rupture et de l'inflammation
nous explique un phénomène au premier abord assez
étrange : l'absence de douleur, relevée dans la descrip-
tion de M. Charcot; elle n'existe pas spontanément,
elle n'existe pas même lors des mouvements exagérés
que font les malades et qu'on imprime au membre en
les explorant. C'est un fait anomal dans les arthrites
aiguës. Nous pouvons l'expliquer par une comparaison.
Nous avons observé nombre de fois des sujets atteints
de rhumatisme aigu dont les genoux étaient tuméfiés,
distendus par un épanchement considérable, et dont
les souffrances, malgré la médication employée, étaient
telles que les moindres mouvements provoquaient des
douleurs atroces et que le sommeil devenait impossible.
Dans ces circonstances, il nous est arrivé, à diverses
reprises (en nous entourant de précautions que nous
n'avons pas à détailler ici), de pratiquer une ponction
aspiratrice et de retirer 20 ou 30 gr. de liquide syno-
vial. L'effet instantané était la disparition de la dou-
leur ; le malade pouvait immédiatement remuer son
membre endolori, et nous étions même obligé de re-
commander le calme à des sujets qui, en présence
d'une aussi brusque disparition de la douleur, se
croyaient guéris. Ces faits montrent que la douleur
n'est pas le fait de l'arthrite, mais de la pression du
liquide articulaire sur les tissus de l'articulation.
L'absence de pression intra-articulaire dans l'arthro-
pathies des ataxiques est donc une des causes qui
peuvent être invoquées pour expliquer leur indolence;
8t PATHOLOGIE NERVEUSE.
mais elle n'est pas la seule. M. Charcot (communication
orale) a vu des arthropathies dans lesquelles l'articu-
lation, seule, était distendue et qui n'avaient pas pro-
voqué de phénomènes douloureux.
Mais où et comment se fait cette rupture ? est-elle
due à une solution de continuité de la capsule fibreuse
ou de l'os ?
Il est peu probable que la capsule se rompe, du
moins au début. L'ataxie a peu de tendance à produire
des lésions du tissu fibreux. Il est, en outre, remarqua-
ble que, dans les diverses autopsies, la capsule fibreuse
était altérée, mais l'était incomparablement moins que
les extrémités osseuses appartenant à l'articulation.
Selon nous, la rupture tient très probablement à la
lésion du tissu osseux, à une sorte d'arrachement au
voisinage de la capsule, près de son point d'insertion,
arrachement qui s'opère presque sans effort, sans vio-
lence, comme se font les fractures des ataxiques, comme
s'est faite la fracture d'un ataxique que nous observions
récemment, il se cassa le fémur en changeant de posi-
tion dans le lit.-Dans les articulations superficielles,
l'arrachement des ligaments articulaires peut être direc-
tement observé. C'est ainsi que nous interprétons le
fait suivant dû à M. Lépine :
Il s'agit d'un homme, atteint d'ataxie, qui est tombé le 14
août, dans un escalier sur le genou gauche, il a pu se relever et
marcher avec beaucoup de peine. Le lendemain, le même genou
a été heurté violemment par la chute d'un meuble; à partir de
ce moment, il n'a pu faire usage de son membre; et à son entrée,
cinq jours après, on constate un gonflement énorme étendu de
la racine du membre aux malléoles. Ce gonflement est blanc
non douloureux, assez dur; il est surtout prononcé au niveau
du genou, qui n'est d'ailleurs le siège d'aucune ecchymose; par
ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 85
la palpation méthodique, on reconnaît que la rotule est soulevée
par un épanchement intra-articulaire médiocrement abondant.
Cet oedème a persisté, en diminuant dès la deuxième semaine,
pendant trois ou quatre semaines. Six semaines plus tard,
revoyant le malade qui avait été envoyé dans une salle de chi-
rurgie pour être sondé, j'ai constaté que le tendon du biceps
présentait une solution de continuité de plus de quatre centi-
mètres qui avait passé inaperçue tant que le gonflement avait
existé. Le bout supérieur du tendon parait adhérent aux parties
sus-jacentes et il y a de l'empâtement à ce niveau. Au-dessus
du bout supérieur, par la palpation, on explore facilement la
gouttière sus-condylienne du fémur, puis le bout supérieur de
la rotule, au niveau duquel s'est fait la rupture, enfin (recour-
bant les doigts), la face postérieure de la rotule.-Pas d'atro-
phie évidente des condyles fémoraux.
« Cette observation nous parait démontrer qu'il existait,
chez ce malade, un état morbide du tendon rotulien du côté
gauche. Il est, en effet, impossible que ce tendon, s'il avait été
dans des conditions de résistance normale, eùt été rompu par
le choc d'un meuble, n'ayant produit d'ailleurs aucune ecchy-
mose sous-cutanée '. »
Les altérations du tissu osseux dans les arthropathies
sont démontrées chimiquement par les recherches de
M. P. Regnard2, anatomiquement par celles de M. R.
Blanchard'. Le premier a trouvé que les os en pareille
circonstance renfermaient beaucoup de graisse et moins
de phosphate de chaux qu'à l'état normal. M. R.
Blanchard a trouvé une ostéite raréfiante.
Lorsque nous examinons les malades cliniquement,
nous trouvons encore des signes qui viennent à l'appui
de notre façon de voir. D'emblée, chez un malade qui
la veille n'avait pas de craquements articulaires ou
1 Lépiue. Société anatomique (novembre 1873.)
2 P. Regnard. De la composition chimique des os dans l'arthropathie
des ataxiques. (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 18 9.1
3 R. Blanchard. - Société de biologie, 1881.
86 PATHOLOGIE NERVEUSE.
n'en avait que de fort minimes, on lesperçoittrès évidents
pour le patient, très évidents pour le médecin qui ex-
plore ; notre avis, ce sont des crépitations de fractures,
mais de fractures produites vraisemblablement par de
petits arrachements. On ne saurait admettre qu'il se
produise dans les cartilages des processus ulcératifs avec
une rapidité telle que, dans l'espace de quelques heures,
pour ne pas dire instantanément, le frottement des
surfaces articulaires devenues rugueuses donne lieu à
des craquements ; généralement les autopsies se font à
une période éloignée du début des accidents et il est
difficile déjuger de ce qu'étaient alors les lésions. Dans
un cas de M. Bourceret', cependant, l'arthropathie se
produisit le 8 avril et l'autopsie fut faite le 6 mai. Dans
cette observation intéressante à différents rapports, nous
n'avons rien à noter au point de vue spécial qui nous
occupe, mais dans la discussion dont elle fut l'objet,
nous voyons l'opinion suivante exprimée par M. Després :
« L'existence de petits fragments osseux du voisinage
des surfaces articulaires, dit ce chirurgien, me semble
démontrer d'une façon évidente qu'il y a eu fracture
comminutive. » Nous ne partageons pas l'avis de M. Des-
prés, mais sa remarque n'en est pas moins instructive;
elle indique que, dans les arthropathies récentes, il y
a des fragments pouvant simuler une fracture commi-
nutive.
Dans la même discussion, M. Charcot a rapporté un
fait qui cadre admirablement avec les théories que nous
soutenons : « J'ai déjà cité bien des fois, dit-il, l'exemple de
cette femme quise trouvant depuis longtemps dans mon
' Bourcevet. Société anatomique (mai 1875),
ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 87
service pour une ataxie locomotrice fut prise sous nos
yeux, sans cause appréciable, de craquements dans
l'épaule droite; l'articulation se tuméfia presque immé-
diatement, se luxa et une dysenterie mit fin à sa vie.
Bien que le début des accidents remontât seulement à
trois mois, nous avons trouvé une usure complète de
l'humérus analogue à celle qu'on produirait par le frot-
tement d'une meule. »
Il est difficile de savoir exactement ce que sont les
lésions au début, à cause de la destruction très rapide
de l'os, mais cette destruction si rapide ne prouve-
t-elle pas que l'os est primitivement atteint. Un autre
argument est encore fourni par l'examen des pièces
d'arthropathies anciennes, c'est l'inégalité de lésions,
souvent observée des deux surfaces articulaires. Ainsi,
dernièrement, nous avions entre les mains une pièce,
recueillie à Bicêtre par notre collègue et ami M. Gil-
lette, dans laquelle les désordres de la surface articu-
laire de l'omoplate étaient considérables, ou plus exac-
tement cette surface avait disparu avec la portion de
l'os situé dans son voisinage ; les lésions de la tête
humérale étaient relativement peu considérables. Sur
notre malade dont l'épaule droite est si facile à explo-
rer, grâce à l'atrophie des muscles, quoique les lésions
remontent à une période ancienne, elles intéressent
surtout le scapulum et la tête humérale est peu dé-
formée. Dans une arthrite véritable, les choses ne se
passent pas ainsi et toute la surface de l'articulation
prend part au processus inflammatoire.
Si l'opinion que nous soutenons est exacte, les arthro-
pathies et les fractures des ataxiques reconnaissent une
88 PATHOLOGIE NERVEUSE.
même cause, une altération du tissu osseux', et les deux
accidents doivent coïncider fréquemment sur le même
sujet ; c'est, en effet, ce qui a lieu et nous n'en citerons
comme exemple que le titre de l'observation de M.Char-
cot, observation qui marque la découverte des fractures
de l'ataxie locomotrice : « Ataxie locomotrice progres-
sive.- Luxations et fractures spontanées consécutives.
Luxation ilio-pubienne complète de l'articulation
coxo-fémorale gauche. Fracture du col anatomique
du fémur gauche. - Luxation ilio-ischiatique complète
de l'articulation coxo-fémorale droite. Luxation
sous-coracoïdienre complète de l'articulation scapulo-
humérale gauche. - Fracture consolidée à cal difforme
et oblique des deux os de l'avant-bras gauche. Ar-
thrite chronique de l'articulation scapuio-humérale
droite. Fracture consolidée, à cal volumineux, des
deux os de l'avant-bras droit 2. »
' M. Charcot, dans ses conférences faites à la Salpêtrière (novembre
1880) a développé l'idée que fractures et arthropathies, dans l'ataxie
locomotrice, reconnaissent une même lésion anatomique disséminée par
foyers dans toute l'étendue d'un ou plusieurs os, occupant plus particu-
lièrement tantôt la diaphyse, tantôt l'épiphyse. Dans ce deuxième cas, qui
est le plus fréquent, surviennent l'usure de l'extrémité osseuse et par te
lait l'arthropathie; dans le premier cas, ce sont les fractures qui se pro-
duisent.
2 Charcot. Leçons sur les maladies du système nerveux. T. II.
RECUEIL DE FAITS
Asile Sainte-Anne. Service DE M. Magnan.
Impulsions bizarres chez UN mélancolique faible d'esprit;
par le Dr Paul Garnier.
La tendance irrésistible à l'accomplissement d'un acte se
rattachant à la satisfaction de quelque instinct morbide, cons-
titue ce que l'on est convenu d'appeler une impulsion. Volonté
absente, automatisme substitué à toute direction consciente,
telle est la condition maxima de la manifestation impulsive.
Mais ce caractère de fatalité et d'inconscience qui fait de l'im-
pulsion de l'épileptique le véritable type de ce phénomène
n'estpas absolu et exclusif. Il existe toute une catégorie de faits
où ce mode d'activité délirante se présente sous un aspect un
peu différent.
Là, il y a place encore pour la discussion, mais dans le con-
flit de motifs, la prépondérance est assurée d'avance, presqu'à
coup sûr, aux suggestions provoquées par le trouble moral ou
intellectuel, devant lesquels la volonté amoindrie ne placera
que des obstacles bien peu sérieux. Le malade a bien cons-
cience de l'acte, il en apprécie le plus souvent la portée, mais
il est impuissant à résister à l'appétit morbide. L'observation
que nous publions est un curieux exemple de l'influence d'un
état émotionnel sur la production d'actes impulsifs.
Observation. Grand-père ivrogne, mère arriérée; fièvre typhoïde ci
huit ans, angine couenneuse à dix; faiblesse intellectuelle, tendances
mélancoliques, hallucinations, impulsions ; répétition irrésistible par
le malade de certains actes accomplis devant lui.
P... (Etienne), jeune garçon de quatorze ans, est petit pour son
âge, bien qu'il présente, à part cette exiguité de la taille, un déve-
loppement physique suffisant. Aucune asymétrie n'est signaler
dans la conformation crânio-faciale. La physionomie, assez intelli-
90 RECUEIL DE faits.
gente, estparticulièrementchangeante, et trahit une grande mobilité
d'impressions. Comme antécédents héréditaires, il faut remarquer
l'ivrognerie notoire chez le grand-père, une intelligence très bor-
née chez la mère dont il estle seul enfant. Rien d'anormal du côté
du père.
La première enfance de P... ne semble pas avoir été autre-
ment maladive; il n'a jamais eu, au dire de la mère, de con-
vulsions, mais à l'âge de huit ans, fièvre typhoïde grave, et angine
couenneuse deux ans plus tard.
Dans sa famille, on lui a toujours trouvé un caractère triste : il
se montrait très impressionné pour des reproches insignifiants. Il
va un an, il entre à l'école Turgot, où il fait preuve d'une certaine
application au travail et obtient de bonnes notes. Mais, s'il est bon
élève, il est moins bon camarade; les jeux ne l'attirent pas. Se
tenant habituellement à l'écart, il semble n'éprouver de satisfac-
tion que dans l'étude. Bientôt, il s'imagine. que ses camarades le
tournent en ridicule, sa sauvagerie ne fait que s'accroître, et ses
nuits sont agitées. ·
Ses parents remarquent, en outre, qu'à certains moments, il
pâlit soudainement, parait comme étourdi. Quelquefois, il lui est
arrivé d'uriner au lit. (Epilepsie ? ) Dans ces derniers temps, l'in-
quiétude devient plus persistante chez P... ; il semble en proie à
des hallucinations, gesticule, prononce quelques phrases sans suite ;
la famille se décide alors à faire les démarches nécessaires pour
son placement à Sainte-Anne.
Au premier examen, P... a une attitude semi-maniaque; il ne
peut rester en place, va vers les portes, fait mine de bouclier les
fissures, exécute des gestes plus ou moins bizarres. Néanmoins il
est impossible d'attirer son attention et d'obtenir de lui des ré-
ponses et des explications. Depuis quelques mois, il lui semble qu'il
n'est plus le même, il trouve quelque chose de changé en lui ; il
présume qu'on lui en veut, et avoue ne pas vouloir manger de
crainte qu'on l'empoisonne. Dégoûté de la vie, il a songé à se jeter
à l'eau.
Son récit traduit une certaine recherche de l'étrangeté ; il pro-
nonce des phrases comme celle-ci : « Les animaux sauvages sont
avec moi, les animaux domestiques sont contre moi » ; il se rend
compte, du reste, du caractère énigmatique de ses propos, et se
plaint de ne pas trouver des termes exacts pour exprimer sa pensée.
Si, pendant qu'on l'interroge, on vient à lui toucher les mains,
on est surpris de voir qu'aussitôt il se trouble, parait en proie à
un malaise inexprimable, à une émotion intense, et dès lors, il n'a
plus qu'un objectif : répéter le contact; les mains à la recherche
des vôtres, il ne recouvre sa tranquillié relative que lorsqu'il y est
parvenu ? Essaie-t-on de l'y soustraire, P... devient visiblement
anxieux, angoissé, et ses traits expriment une tristesse profonde,
IMPULSIONS BIZARRES. 91
Dès qu'un oubli ou le désir de ne pas prolonger un tourment si
manifeste placent les mains à portée des siennes, l'appétit de ce
contact est immédiatement satisfait, et la physionomie révèle une
satisfaction réelle pour ce besoin assouvi. Le coeur témoigne du
trouble profond qui existe tant que P... ne s'est pas affranchi du
contact, par une fréquence plus grande des battements et surtout
par un choc précordial plus violent. A cela ne se bornent pas les
impulsions singulières que présente P... C'est ainsi qu'il se sent
irrésistiblement poussé a reproduire certains actes accomplis devant
lui : si l'on crache, il s'empresse d'en faire autant, et il répétera
cet acte le même nombre de fois qu'il l'observera autour de lui.
Il est curieux de le voir ainsi rivaliser de salivation avec un entou-
rage nombreux; souvent, il se prend de querelle avec les autres
malades qu'il accuse de cracher dans le seul but de le tourmenter,
et de le mettre dans l'impossibilité de conserver assez de salive
pour faire face à toutes les exigences. Ne pouvant toujours soutenir
cette lutte, il se met en repos avec lui-même en comptant le nom-
bre de fois, autant que possible, afin de s'exécuter plus tard, après
avoir fait provision de liquide salivaire, qu'il ménage du reste avec
grand soin, n'en dépensant que très peu à chaque expulsion.
Invité à s'expliquer sur l'importance qu'il attache à ces divers
actes, P... est quelquefois embarrassé et ne le fait qu'en termes
très confus. Quand on le touche, c'est une influence nuisible qu'on
exerce sur lui, on le prive ainsi d'une partie de sa liberté, et la
personne qui l'a touché est maîtresse de sa pensée. Afin de se
préserver, il doit s'empresser de toucher à son tour et des deux
mains; une seule ne conjurerait le danger qu'à demi.
Cracher devant lui, est une atteinte à sa personne, et une voix
secrète lui dit d'y répondre en reproduisant le même acte, l'invi-
tant à ne passe décourager devant le nombre, prête à lui reprocher
sa faiblesse, s'il essaie de se soustraire à cette obligation.
Il lui est arrivé aussi, dans les premiers jours qui ont suivi son
admission à Sainte-Anne, de se sentir poussé à mordre; un jour,
c'est le dossier de sa chaise qu'il saisit à pleines dents ; une autre
fois, c'est une serviette qu'il mâchonne furieusement éprouvant
comme un soulagement, un calme assez complet.
Depuis son entrée, P... n'a pas éprouvé de vertige, ou du moins
une surveillance très active, n'a permis de constater aucun phéno-
mène de ce genre. Quant à sa sortie, il ne s'y montre point très
désireux; dehors, on se moquera de lui, de « sa manie », com-
me il dit lui-même; il se croit incapable d'arriver à quoique ce
soit, car on ne manquera pas de lui reprocher partout son séjour i-
à Sainte-Anne.
Réflexions. L'intérêt de cette observation ne réside pas
seulement dans l'étrangeté des impulsions, Il n'y a pas, à dire
92 REVUE CRITIQUE.
vrai, besoin d'insister sur le fait del'épilepsiequi reste douteux;
d'ailleurs, l'existence de cette névrose, pour le dire en passant,
est loin d'exclure un trouble vésanique. La coexistence de deux
délires, l'un épileptique, l'autre vésanique, chez le même indi-
vidu, et cela sans qu'il-y ait combinaison entre eux, a été bien
mise en lumière récemment (Magnan).
P... est évidemment un prédisposé; c'est à des conditions
héréditaires fâcheuses qu'est dû le développement hâtif des
troubles particuliers qu'il présente. Faible d'esprit, quoique
susceptible d'une certaine culture intellectuelle, il conçoit
et s'exprime comme les débiles. En proie à ce malaise général
de la première période mélancolique, il sent qu'il perd pied,
redoute un malheur et réagit à sa manière. Les impulsions
auxquelles il cède, sortes de pratiques superstitieuses, ont
cela de caractéristique qu'elles révèlent bien, par leur nature
appréhensive, le trouble profond de la sensibilité morale. Il
est bon enfin de faire remarquer queP... a la conscience de
ce qu'il appelle « sa manie ». Dominé par une crainte vague,
il obéit néanmoins à cette voix maîtresse, l'impulsion.
REVUE CRITIQUE
MÉTALLOSCOPIE, \1ÉTALLOTH1 : RAPIG, ^ESTHÉSIOGÈNES
(Suite) ;
Par le D- R01(AfN V1GOU1t0Ux '.
THÉORIE DES PHÉNOMÈNES ESTIIÉSIOGLNIQUES.
Le lecteur ne s'attend certainement pas à trouver ici une
théorie, dans le sens rigoureux du mot, des faits qui viennent
'Voir t. I, p. 257, 413 et 561.
MÉTALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE .STHESIOGÉNES. 93
d'être exposés. L'état de nos connaissances soit en physique
soit en physiologie, ne nous permet pas de dire quelle est,
d'un côté, l'action de la plupart des oesthésiogenes sur l'orga-
nisme et, de l'autre, la nature intime et l'enchaînement des
modifications physiologiques qui résultent de cette action. On a
cependant essayé d'adapter à l'explication des phénomènes
sesthésiogéniques quelques hypothèses dont nous allons rendre
compte.
Scepticisme, expectant attention. Parmi les différentes
manièresde concevoir la question, nous ne citerons que pour
mémoire celle qui consiste dans la négation pure et simple
des faits. Lorsque furent publiées les premières recherches
faites à la Salpêtrière, il se produisit dans certains milieux
scientifiques, et surtout en Angleterre, un mouvement très
singulier d'opinion. A priori, on niait les faits annoncés et on
les expliquait par une erreur ou une supercherie des malades.
L'hystérie, d'après cette manière de voir, n'était guère autre
chose qu'une disposition de certaines jeunes filles à tromper
soi-même ou les autres. Les principaux symptômes étaient
révoqués en doute et leur existence démontrée inconciliable
avec les lois de la physiologie. Pour l'anesthésie, par exemple,
voici ce que l'on objectait : un spasme vasculaire assez intense
pour que les piqûres ne donnent pas de sang, ne saurait être
permanent, ou, s'il l'était, il entraînerait de tels troubles dans
la nutrition des membres, que la paralysie d'abord et bientôt le
sphacèle en seraient la conséquence. Et l'on concluait : si l'a-
nesthésie existe réellement, elle n'est que transitoire et se
produit au moment même où l'observateur se met en devoir
de la constater. Il est inutile à présent de nommer les auteurs
auxquels ces citations sont empruntées, d'autant qu'il y a tout
lieu de supposer que leur manière de voir s'est modifiée depuis.
Mais s'il est superflu de réfuter ces opinions, il est utile de
les rappeler pour montrer jusqu'où les préventions systémati-
ques peuvent entraîner les meilleurs esprits, et combien, dans
les sciences d'observation, il peut être difficile de rester sur le
terrain de l'observation pure et simple. D'ailleurs, à propos de
l'anesthésie hystérique ou autre, il faut reconnaître que, si
manifeste et saillant qu'il soit par lui-même, c'est le symptôme
qui passe le plus souvent inaperçu. On peut citer à l'appui de
cette remarque, le fait suivant relevé par M. Charcot : la plus
connue des hystériques de la Salpêtrière, la nommée Ler ? qui
91 le REVUE CRITIQUE.
offrait un exemple des plus complets et des plus intéressants
d'hystéro-épilepsie, a été de tout temps et est encore affectée
d'anesthésie bi-latérale; elle a été l'objet de bon nombre de
descriptions et son observation a été publiée à diverses époques,
mais ce n'est qu'à une date relativement récente que son
anesthésie a été mentionnée pour la première fois. Nous pour-
rions citer d'autres faits analogues. Ainsi la nommée Wend...
avant d'entrer à la Salpêtrière (qu'elle vient de quitter) a
voyagé et a été traitée à l'étranger. C'est seulement après avoir
été examinée à Paris qu'elle a connu son anesthésie et a pu
s'expliquer diverses particularités qui prouvaient bien l'ancien-
neté de ce symptôme chez elle. Ce serait d'ailleurs chose
superflue que nous arrêter maintenant à prouver la perma-
nence de l'anesthésie en dehors du moment de l'observation,
chez les hystériques et les autres malades qui en sont affectés,
et de rapporter en détail la foule d'accidents, parfois bizarres,
qui la mettent hors de doute.
Une autre forme de ce scepticisme, pour laquelle il a été fait
un peu plus de bruit est la théorie dite de Y expectant attention.
Elle repose sur le fait incontesté de l'influence de l'imagination
sur l'économie. Les exemples de cette influence sont innom-
brables et connus dans la science depuis longtemps. Ce sujet est
amplement traité dans l'ouvrage de M. Hake Tuke (Influence
of the mind on /<e Body, 1872), qui contient une énumération
et une discussion très complète de tous les cas, régulièrement
constatés, d'influence des différents actes psychiques sur les
diverses fonctions de l'organisme. C'est John Hunter qui,
parait-il, a appliqué le premier (1786) ces données à l'explication
de faits plus ou moins analogues à ceux qui nous occupent. Le
mesmérisme, alors à son origine, avait paru au grand chirurgien
anglais, pouvoir s'expliquer par un simple effet d'imagination.
Si, dit-il, on concentre son attention sur une partie quelconque
de son propre corps et qu'on imagine qu'on va y éprouver quel-
que sensation déterminée, telle qu'un chatouillement, une
chaleur, etc., cette sensation ne tarde pas à être perçue réel-
lement. Voilà l'exemple le plus simple à' expectant attention.
M. H. Tuke fait remarquer que quelques années avant J. Hunter
le fait de l'influence des représentations mentales, sur les actes
de la vie organique ou de relation, avait été nettement for-
mulé par A. Unzer dans ses Principes de physiologie, 1771.
Que l'explication de Hunter soit insuffisante pour le mesmé-
METALLOSCOPIE, : IÉT.1LLOTHÉRAPIE, STHÉSIOGËNES. 95
risme, cela devait ressortir amplement des travaux deBraidsur
l'hypnotisme; mais elle avait auparavant servi à ruiner sans
retour le perkinisme. Cette méthode de traitement, assez analo-
gue en apparence à la métallo-thérapie externe de M. Burq, a
joui d'une grande vogue en Angleterre au commencement du
siècle. Elle consistait à promener, à proximité des parties
malades, des pièces de métal (t ? ,acto2-s) ; l'effet dépendait du
métal employé. Le Dr Haygarth démontra, en se servant,
à l'insu des malades, de tîacloîs de bois ou d'os, qu'il suffisait
pour obtenir l'effet propre à tel ou tel métal, de laisser croire
au patient que le faux tî,acto2, était du métal en question. 11
opéra de cette manière un grand nombre de cures, dans les
affections les plus diverses. M. Tuke, tout en admettant, dans
ces remarquables résultats, l'influence de l'imagination, pense
qu'il ne faut pas négliger complètement la possibilité d'une
action mécanique des faux tracto2,s.
Quoi qu'il en soit, nous voyons quels souvenirs et quelles idées
préconçues devaient rencontrer, en Angleterre, lespremiers faits
venus de la Salpêtrière relativement aux métaux d'abord et en-
suite aux autres aestbésiogènes. Une certaine portion du public
médical anglais avait son siège tout fait et trouvait à la fois ex-
péditif et logique d'appliquer aux nouvelles recherches la for-
mule victorieuse de l'expectaiat attention. Une discussion en
règle sur ce point ne peut plus avoir qu'un intérêt rétrospectif,
maintenant qu'en Angleterre comme ailleurs la négation a
priori des premiers jours a fait place àl'observation et à la véri-
fication. Nous tenons cependant à rappeler, aussi brièvement
que possible, les arguments avancés de part et d'autre. Ainsi
quele disait M. Charcot dans une de ses conférences àla Salpe-
trière, il est utile de montrer combien est nuisible et peu scien-
tifiquecette tendance decertains esprits àremplacerl'observation
par la métaphysique et àtracerarbitrairementles limites dupos-
sibleenmédecine, au nom des principes étroits d'une physiologie
de manuel. Remarquons d'ailleurs, en passant, que l'opposition
la plus vive venait de ceux qui ne connaissaient que par ouï-
dire et, àla vérité, assez confusément, les nouvelles recherches.
L'argumentation despartisans de l'expectant, attention se ré-
duisait en somme à ceci : si les faits annoncés sont réels, ils
ne peuvent être que le produit de l'imagination des malades et
doivent s'expliquer de la manière suivante : les malades savent
à l'avance quels sont les effets attribués à telle ou telle opéra-
96 REVUE CRITIQUE.
tion et par suite, ou bien ils croient les éprouver, ou bien ils
les éprouvent réellement en vertu de l'action connue de <
l'imagination sur les diverses fonctions de l'organisme ; et la 1
preuve, c'est que le simulacre d'une expérience doit avoir exac- j
tement le même résultat que l'expérience elle-même.
Or, les malades ne pouvaient pas connaître à l'avance les
résultats attendus, pour une foule de raisons, dont l'une est que
souvent, les résultats étaient inconnus des expérimentateurs
eux-mêmes. Comprend-on d'ailleurs quelle étude approfondie
il aurait fallu aux malades pour connaître, par exemple, le
phénomène de l'achromatopsie et ses phases si compliquées, et
ensuite, quelle force d'imagination pour évoquer, dansleur ordre
précis, toutes ces modifications. Inutile d'insister là-dessus; un
pareil argument ne pouvait venir à la pensée que de critiques
absolument étrangers à ce genre de recherches. En pareille
matière, on a d'ailleurs fini par comprendre, qu'assister à une
expérience est plus instructif que toutes les dissertations.
C'est seulement de cette façon, en effet, que l'on peut apprécier
une foule de détails dont l'exposé serait fastidieusement long et
qui cependant donnent aux expériences leur signification et
leur valeur. Tels sont, par exemple, les degrés de culture et d'in-
telligence, les dispositions morales des malades, la spontanéité de
leurs déclarations, l'uniformité des phénomènes objectifs et
subjectifs et toutes les conditions matérielles dont quelques-unes
vont nous occuper.
Il est très vrai que si l'imagination seule est en jeu, le simu-
lacre d'une expérience doit produire le même résultat que l'expé-
rience elle-même. Il ne doit y avoir aucune différence entre les
deux cas et l'on doit obtenir tous les phénomènes sesthésiogé-
niques avec la même certitude et la même constance. Voilà le
point que les sceptiques auraient dû commencer par établir,
car toute la question est là. Or, l'observation de tous les jours
montre que, d'une part, les expériences réelles sont invariables
dans leurs résultats et que de l'autre les expériences simulées
ne produisent rien, quelle que soit la persuasion du patient.
Il ne sera pas inutile de dire en quoi consistaient à la Salpè-
trière, ces expériences et observations de contrôle.
Pour ce qui est des métaux, la sensibilité métallique de
chaque malade une fois déterminée, après un certain nombre
d'essais, ne se démentait plus, quelles que fussent les précau-
tions prises pour laisser ignorer à la malade le nom du métal
MÉTALLOSCOPIE, 111ÉT1LLOTHL : ItAPIE, ^ESTHÉSIOGÈNES. 97
appliqué ou même lui faire prendre le change. Souvent même
l'expérimentateur se trompait et n'était averti de son erreur
que par l'absence du résultat attendu; il est très facile en effet
de prendre l'un pour l'autre certains métaux lorsqu'ils sont
récemment polis, par exemple : l'or et le laiton, l'argent et le
platine, l'acier, l'étain, le zinc, l'aluminium, etc.
D'autres aesthésiogènes se prêtent encore mieux à des véri-
fications de ce genre. Ainsi, avec des courants galvaniques fai-
bles, il est absolument impossible à un malade de discerner
laquelle des électrodes, appliquées sur une région du corps
anesthésique, estlanégati-ve. Cependant, lasensibilité commence
invariablement à reparaître, et s'étend plus rapidement autour
de celle-ci. Mais voici des démonstrations plus directes : la pile
étant placée hors de la vue du patient, dans une salle voisine,
un aide est chargé d'établir ou d'interrompre à son gré le
courant, et cela, à l'insu de tout le monde; vérification
faite, on trouve que l'action sesthésiogénique coïncide tou-
jours avec le temps'où le circuit est fermé. Cette manière
d'interrompre le circuit et de fonctionner à blanc a été utilisée
de mille façons, d'abord pour étudier l'action du courant gal-
vanique lui-même, puis pour le courant destiné à actionner un
solénoïde ou un électro-aimant.
D'autres modes de vérification encore plus démonstratifs sont t
fournis par les piles sèches, l'aimant, les lames polarisées, la
machine statique ; ces contre-épreuves ont d'ailleurs été faites
ailleurs qu'à la Salpêtrièrc et toujours avec les mômes résultats.
Les seuls faits, en apparence contradictoires, sont ceux où on a
obtenu des effets par l'application de substances réputées inertes.
Il faut remarquerque ces substances comme le caoutchouc durci,
l'ivoire, la cire à cacheter, le bois, sont des corps isolants, corps
éminemment électriques et aptes à s'électriser par le frottement.
Des exemples en seront cités plus bas. Dans quelques autres
expériences, d'autres conditions pouvaient facilement rendre
compte des résultats. Ainsi, dans celles de Westphal, laçons-
triction prolongée et portée au point de produire l'oedème du
membre. Dans ces cas, il y avait une excitation mécanique que
l'on sait propre à faire disparaître l'anesthésie.
On ne peut donc invoquer Vexpectanl attention dans le sens
où l'entendait J. Hunter. Mais un autre écrivain anglais, Mor-
tiiner Granville, a proposé, sans insister d'ailleurs, une variante
de la même explication. Suivant lui, ce n'est pas que les malades
7
98 REVUE CRITIQUE.
se représentent en détail les effets qu'ils doivent éprouver ; il
reconnaît que la supposition est insuffisante, notamment pour
les phénomènes de l'achromatopsie ; mais, il pense que l'atten-
tion étant fixée, par le fait de l'application, sur un point du
corps, il se produit dans ce point une première modification qui,
en vertu d'un ordre préétabli, entraîne toutes les autres.
L'objection ainsi atténuée se réduit à néant. Il saute aux yeux
qu'elle est applicable à n'importe quelle action thérapeutique.
De plus, elle est passible de la même objection que la précé-
dente : pourquoi cette première modification survient-elle inva-
riablement dans certaines circonstances, et jamais dans les
autres ? Mais n'insistons pas sur cette explication plus que
l'auteur lui-même.
Après avoir montré le peu de fondement de cette objec-
tion de expectant attention, nous ne voudrions pas lais-
ser cependant le lecteur dans la croyance qu'à la Salpè-
trière on rejette absolument la possibilité d'une influence de ce
genre. Ce serait évidemment tomber dans un excès tout aussi
peu justifiable, que de prétendre que l'influence si connue de
l'imagination, ou pour employer le terme plus ancien et plus
général, du moral sur le physique, cesse de se montrer préci-
sément chez des sujets où tous les phénomènes psychiques pré-
sentent une mobilité exagérée.
Le luxe de précautions expérimentales, détaillé plus haut,
montre assez que cette préoccupation a toujours été présente à
notre esprit. Ces précautions nous ont permis de constater,
dans des occasions très rares, des velléités de mauvaise
foi de la part des malades. Un seul cas, sur la nature
duquel nous n'avons pas hésité une minute, aurait pu servir
d'argument aux partisans de expectant attention '.
1 Le père d'une jeune fille hystérique, après avoir suivi, avec l'intérêt
que l'on peut imaginer, les différentes circonstances du traitement et de
la guérison de sa tille (par les nouvelles méthodes), se présenta à nous
en accusant les symptômes de la crampe des écrivains et en même temps
une anesthésie du membre supérieur droit. L'approche d'un aimant, fai-
sait, en quelques minutes, disparaître l'anesthesie et diminuait la diffi-
culté d'écrire. En outre, il y avait transfert. Malheureusement, la contre-
épreuve habituelle, avec un faux aimant en bois, produisait exactement
le même effet. Après avoir pris le soin de répéter l'expérience devant plu-
sieurs témoins, nous laissâmes le prétendu malade, se faire lui-même des
applications d'aimant, autant qu'il voulutet finalement nous l'engageâmes
à essayer de tel autre traitement qui lui plairait. Ce qu'il fit, et avec suc-
cès, parait-il. Cet homme, qui paraissait de très bonne foi et n'avait d'ail-
1,1TALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, ^ESTHESIOGÈNES. 99
S'il fallait une autre preuve de l'absence de parti pris et de
l'impartialité d'observation qui sont de règle à la Salpêtrière,
on la trouverait dans le livre de M. Paul Richer [Etudes clini-
ques sur la grande hystérie). Cet observateur ne manque pas
de faire remarquer que les attaques de l'hystéro-épilepsie se
modifient dans le cours de la maladie, par le fait de la promis-
cuité des malades (à l'hôpital) par une sorte de contagion et
d'imitation inconsciente.
Nous nous sommes arrêtés à cette discussion, parce qu'elle
est connexe à cette autre, si souvent soulevée, même parmi
les médecins, sur la réalité nosologique de l'hystérie. Les
deux procèdent du même esprit ; il faudrait répéter ce que dit
dans ses leçons, M. Charcot, sur ce qu'il y a d'antiphilosophi-
que à considérer l'hystérie comme rebelle à toute analyse et
à toute systématisation, en un mot, comme n'étant pas une
maladie au même titre que n'importe quelle autre.
Ce qui achève, d'ailleurs, de mettre hors de doute la réalité
des phénomènes oesthésiogéniques, c'est qu'ils ont été constatés
chez les animaux (Vierordt, Maggiorani) et sur l'homme sain
(Rumpf) t.
Reste maintenant à les expliquer, c'est-à-dire à déterminer
par quoi ils se rattachent aux faits qui nous sont connus.
Avoir le nombre et la disparité dessesthésiogenes, on serait
enclin à supposer qu'une excitation quelconque est seule néces-
leurs aucun intérêt à nous tromper, réunissait manifestement les condi-
tions requises de l'expectant attention : connaissance préalable et nette
des effets à attendre, imagination vive, disposition hypochondriaque, etc.
Mais aussi, comme les cas de ce genre doivent être rares, et comme il
est facile de les reconnaître !
1 Dans de nombreuses expériences, Vierordt a Nui que l'application
d'un métal sur la peau, augmente notablement l'excitabilité réflexe chez
les grenouilles décapitées. Schiff a, par diverses lésions cérébrales,
déterminé une diminution unilatérale de la sensibilité tactile des
membres chez les chiens. En plaçant le membre modifié dans un solé-
notde. il a vu la sensibilité reparaître en quelques minutes avec transfert.
Les diverses particularités de l'expérience avaient la plus grande ressem-
blance avec celles qu'on observe chez l'homme. Rumpf, en faisant
des applications irritantes (sinapismes), a constaté chez l'homme sain,
non seulement le transfert, mais les oscillations consécutives. Il em-
ployait le compas de Weber, pour suivre les variations de la sensibilité.
Enfin, Maggiorani a mis hors de doute l'influence de l'aimant sur la
maturation d'oeuf d'oiseau placés dans une couveuse artificielle. Des
observations multipliées du même auteur attestent l'action de l'aimant
sur un très grand nombre d'animaux de tous les degrés.
100 REVUE CRITIQUE.
saire et que les autres conditions du phénomène sont unique-
ment subjectives. L'expérimentation la plus superficielle mon-
tre qu'il n'en est pas ainsi. Il nous faut dès lors rapprocher
les faits observés, des notions théoriques déjà établies.
Deux choses sont à distinguer : 1° l'action physique locale,
2° les modifications physiologiques locales et éloignées qui en
résultent.
Avant de chercher à caractériser la propriété physique
commune et essentielle auxaestbésiogènes, nous devons étudier
séparément, au point de vue physique, les diverses catégories
de ces agents. Nous aurons donc à considérer successivement,
les métaux et avec eux l'aimant et les agents électriques, puis
les vibrations mécaniques ou le diapason, enfin différents exci-
tants empruntés à la thérapeutique ordinaire. Nous ne parle-
rons que pour mémoire de l'hypnotisme dont l'étude nous
entraînerait bien au delà des limites de ce travail.
Métaux. - L'hypothèse d'une action électrique est celle qui
devait se présenter la première. M. Burq, dès l'origine de ses
recherches, avait essayé quelques expériences dans cette direc-
tion, et feu Ruhmkorff, auquel il avait demandé ses galvano-
mètres les plus sensibles, nous a raconté ces tentatives. Elles
restèrent forcément infructueuses, attendu l'état des connais-
sances courantes en électro-physiologie et l'imperfection rela-
tive des instruments, à l'époque où elles étaient faites.
Lorsque la question fut reprise par la commission de la
Société de biologie, les expériences de M. P. Regnard eurent
pour but de rechercher si l'application d'une plaque métallique
sur la peau détermine ou non un courant. Pour s'en assurer,
il relia la plaque de métal à un galvanomètre de du Bois-ltey-
mond et compléta le circuit en attachant le second fil du galva-
nomètre à une autre plaque du même métal que la première
et placée sur un point quelconque du corps. Les résultats géné-
raux furent que : un courant s'établit entre les deux plaques
et que la déviation galvanom6trique, donnée par un métal, est
généralement constante pour chaque sujet, mais variable
d'un sujet à l'autre.
L'existence d'un courant étant constatée, il y avait à déter-
miner le rôle de ce courant dans l'action des métaux
sur la sensibilité. En se servant de un ou de deux petits
éléments Daniell et en intercalant, au moyen d'un rhéostat à
MÉTALLOSCOPIE, MÙTALLOTHÉITAPIE, tESTHÉSIOGÈNES. 101
liquide, des résistances convenables, M. Regnard reproduisit
chez chaque malade le degré de courant observé dans l'appli-
cation du métal auquel elle était sensible. Il put ainsi cons-
tater que ce courant (transmis par deux électrodes de platine)
agissait sur la sensibilité exactement comme le métal. Quant
à la force réelle des courants de ce genre, elle est comprise
entre des limites qui peuvent être représentées par les courants
nerveux et musculaire de la grenouille.
M. Regnard observa d'autres faits intéressants ; ainsi chez
les différentes malades pour lesquelles il avait déterminé le
degré du courant correspondant au métal actif, il fit passer des
courants déplus en plus forts, en notant pour chaque augmen-
tation, l'effet produit sur la sensibilité. De cette façon, il put
constater que, dans la série ascendante des degrés, il y a alter-
nativement ceux où le courant agit sur la sensibilité et ceux
où il n'agit pas. M. Regnard nomme ces derniers points
neutres. Toutefois, 'dit-il, ces alternatives dans l'action du
courant n'ont lieu qu'autant que celui-ci ne dépasse pas un
Daniell.
Ces résultats sont du plus haut intérêt; mais leur étude aurait
besoin d'être entreprise à nouveau; car à l'époque à laquelle
ils étaient obtenus, on ne connaissait ni les oscillations, ni
même le transfert, qui auraient peut-être pu servir à les inter-
préter, sans parler de la polarisation des électrodes deplatine,
source notable de complication dans la galvanisation avec des
courants très faibles.
Ce qui reste bien établi, c'est qu'un courant galvanique,
même très faible, jouit des mêmes propriétés oesthésiogéniques
que les métaux. On a vu plus haut que le fait avait été cons-
taté antérieurement par M. Bourneville, d'une façon générale.
Mais les recherches de M. Regnard mettent en évidence l'ac-
tion, sur la sensibilité cutanée, de courants énormément plus
faibles que ceux usités en thérapeutique et que, a priori, on
aurait été porté à croire négligeables.
D'après ce qui précède, on croyait pouvoir conclure que l'ac-
tion fcsthésiogénique des métaux est due au courant électrique
résultant de leur contact avec la peau. Dans cette explication,
la force électro-motrice était produite par l'action chimique
des sécrétions cutanées sur le métal (Regnard, Rabuteau, Oni-
mus). Et, comme démonstration indirecte, on citait ce fait
qu'un métal inoxydable et chimiquement pur, tel que l'or
102 REVUE CRITIQUE.
déposé par la galvanoplastie, ne donnait lieu, par son contact
avec la peau, à aucun courant et, par suite, à aucune modifica-
tion sesthésiogénique. Nous verrons plus loin comment cela
peut s'expliquer sans faire intervenir l'action chimique.
C'est ici le lieu de remarquer, avecErb, que dans ces expé-
riences le courant s'établit, parce qu'on complète le circuit à
l'aide d'un fil métallique, mais que rien ne prouve qu'il existe
ou même puisse exister dans le cas où l'on applique une seule
plaque de métal. Les partisans des courants engendrés par
l'action chimique répondent que, même dans ce cas on peut
admettre que le métal n'étant pas homogène, il s'établit des
courants entre des points les plus attaqués et ceux qui le sont
le moins.
Quelques autres hypothèses ont encore été émises. M. Oni-
mus avait d'abord indiqué une action possible des plaques
métalliques sur les courants électro-capillaires de l'organisme ;
plus tard, il a rappelé les propriétés attribuées par Coudret à
ses appareils, il y a une quarantaine d'années. Coudret em-
ployait des pièces métalliques garnies de pointes, aptes à
provoquer la déperdition dans l'air de l'électricité du corps (qui,
selon lui, se trouve en excès dans l'inflammation, etc.). M. Oni-
mus se demandait si les plaques de métal ne pourraient pas
agir d'une manière analogue. Il est évident que la mise en
connexion de l'organisme avec une pièce métallique doit modi-
fier la distribution électrique à sa surface ; mais, si le métal
n'agissait là que simplement comme conducteur, la différence
d'action des métaux, suivant les sujets, serait-elle élucidée ?
Et c'est justement là qu'est la question.
Nous avons, dès le début des travaux de la commission, fait
nous-meme quelques expériences dont nous allons rendre
compte. Les hypothèses qui nous ont guidé seront toujours
assez faciles à apercevoir pour qu'il soit inutile de les indiquer
explicitement. Nous avons commencé par recouvrir d'un
enduit isolant (cire à cacheter, gomme laque, caoutchouc,
gutta-percha) les plaques métalliques qui avaient été recon-
nues pour agir chez certaines malades ; la couche isolante ne
recouvrait que la partie du métal qui ne touchait pas la peau.
Les plaques de cuivre, de laiton, de zinc, d'argent, ainsi pré-
parées, cessèrent de produire leurs effets habituels ; celles d'or
ne furent pas modifiées dans leur action aesthésiogénique. A ce
propos, M. Burq nous apprit (communication orale) qu'ayant
METALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, ^ESTHÉSIOGÈNES. 103
voulu, nombre d'années auparavant, fixer, au moyen de
gomme laque, des pièces de billon sur une bande de toile, il
avait constaté que ces pièces n'agissaient plus sur la malade à
laquelle, après essais préalables, elles étaient destinées.
Des plaques de laiton, munies de pointes, parurent agir
plus rapidement que les plaques ordinaires.
La plaque de métal actif, au lieu d'être enduite d'une couche
isolante, fut simplement recouverte d'une plaque d'un autre
métal. Dans ce cas, bien que le métal actif soit toujours en
contact avec la peau et que rien ne puisse modifier l'action chi-
mique considérée comme la source du développement d'élec-
tricité, les phénomènes habituels font défaut. Mais il y a
pour cela une condition essentielle, c'est que le métal sura-
jouté ne soit pas capable de produire, par lui-même, chez le
malade, des phénomènes métalloscopiques; en d'autres termes,
il faut que le malade ne soit pas sensible à ce second métal
que nous qualifions'en conséquence de neutre.
Cette condition étant remplie, on peut superposer alternati-
vement un certain nombre de plaques de ces deux métaux et
l'on constate toujours que l'action métalloscopique dépend de
la nature du dernier métal placé. Cette action est nulle si la
colonne ainsi formée se termine supérieurement par le métal
neutre ; si, au contraire, elle se termine par le métal actif, on a
exactement le même effet que si la plaque qui se trouve en
contact avec la peau avait été appliquée seule.
Disons-le en passant, ilne serait pas exact de considérer comme
nul l'effet de la plaque neutre. S'il ne se produit pas de nou-
veaux phénomènes, c'est que leur évolution est empêchée par
la seule présence de cette plaque ; il y a en somme un véri-
table arrêt, de telle sorte que les phénomènes déjà produits au
moment de l'application de la plaque neutre, sont comme
immobilisés dans le statu quo et persistent bien au delà de
l'expérience. Nous avons utilisé cette propriété au point de
vue thérapeutique.
Cette action réciproque des métaux nous a semblé ne pou-
voir se rapporter à aucune action électrique, autre que l'action
de contact telle que l'a définie Volta. Il est inutile de rappeler
dans tous ses détails l'expérience célèbre sur laquelle Volta a
fondé sa théorie. Elle établit que le fait seul de mettre en con-
tact deux métaux différents les constitue chacun dans un
état électrique opposé ; en d'autres termes, il y a dès lors.
104 REVUE CRITIQUE.
entre eux, une différence de niveau électrique et par suite une
tension. Si, au lieu de deux métaux, on en réunit plusieurs,
une tension s'établit de même à chacun des contacts et la
la tension totale, c'est-à-dire celle qui existe entre la première
et la dernière pièce de la série, est la somme algébrique des
tensions consécutives. En outre, cette tension totale est la
même que si les deux plaques en question (la première et la
dernière) étaient directement en contact. Or, dans notre expé-
rience des plaques superposées, nous ne pouvons imaginer
d'autre condition que celle qui résulte de cette loi des
tensions. Supposons que, chez un malade, l'or soit le métal
actif, c'est-à-dire que le malade soit sensible à l'or ; si l'on
applique une pièce de ce métal, on peut facilement se con-
vaincre, à l'aide d'un électroscope, qu'elle prend un état élec-
trique ou plus exactement un potentiel différent de celui de
la peau, en un mot, que la peau et le métal se comportent l'un
par rapport à l'autre exactement comme les disques zinc et
cuivre dans l'expérience fondamentale de Volta. Si on recouvre
la pièce d'or d'une pièce d'argent, métal qui n'agit pas chez
notre malade, la série des contacts est : peau, or, argent. En
vertu de la loi des tensions, c'est comme si l'argent était appli-
qué directement sur la peau, et en conséquence il n'y a pas
d'action métalloscopique. Ajoutons une pièce.d'or, le résultat
est de nouveau celui du contact : peau et or, et l'action métallos-
copique reparaît.
Notons en passant que cela nous fait comprendre pourquoi,
dans les expériences de la commission, l'or pur avait semblé
ne pas agir chez une malade pourtant sensible à l'or monétaire.
C'est que cet or avait été déposé par la pile sur une lame de
cuivre; on appliquait en réalité deux métaux et, de même que
dans notre expérience, le cuivre agissait comme s'il eut été
seul.
On peut faire à cette explication physique des phénomènes
métalloscopiques, quelques objections. La première consiste à
nier purement et simplement la théorie de Volta. Mais celle-ci
a été, croyons-nous, mise au-dessus de toute contestation par
les recherches modernes. Il suffit pour s'en convaincre de
parcourir les ouvrages de Mascart, de Fleeming Jenkins et de
toute l'école anglaise contemporaine.
Deuxième objection : la loi des tensions ne régit que le con-
tact des métaux, de quelques solides et d'un petit nombre de
MÉTALMSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, /ESTHÉSIOGÈNES. 105
liquides. Mais, parmi ceux-ci, se trouvent précisément les solu-
tions chlorurées qui abondent dans l'organisme. D'ailleurs
l'objection théorique ne saurait prévaloir contre des expériences
qui montrent que les tissus vivants se comportent à la façon
des métaux, dans cette circonstance et, nous le verrons plus
tard, aussi dans quelques autres.
Une troisième objection pourrait être celle-ci : dans l'expé-
rience de Volta, la netteté et le poli des surfaces en contact a
une grande importance ; tandis que, ainsi que nous l'avons sou-
vent remarqué, il n'en est pas de même dans les applications
métalloscopiques. Nous avons constaté en effet que des plaques
de zinc, par exemple, encrassées d'une couche épaisse d'oxyde,
n'avaient, pour cela, rien perdu de leurs propriétés oesthésiogé-
niques. Cette observation nous avait même conduit à changer
la direction de nos recherches. Mais dans des expériences toutes
récentes, publiées au moment même où nous écrivons, sir Wil-
liam Thomson a trouvé que l'interposition d'une couche d'oxyde
ne modifie pas la tension résultant du contact de deux métaux
hétérogènes; il ne s'agirait donc plus ici d'une objection, mais
bien d'une confirmation de notre hypothèse.
Pour l'instant, il nous semble donc établi que le seul phé-
nomène électrique qui joue un rôle essentiel dans les applica-
tions métalloscopiques est la polarité résultant du contact.
Nous avons d'après cela cherché à imiter l'action des métaux
en mettant la peau en communication avec des sources très
faible d'électricité de tension. Sans nous attarder à des détails
d'expérience, nous dirons que, un pôle d'une pile de quelques
éléments Daniell étant isolé, si l'autre est mis en rapport, au
moyen d'une électrode ordinaire (charbon recouvert de peau de
chamois humide) avec le corps, on obtient les mêmes effets que
d'une application métallique. De même en se servant d'une
pile sèche. Les pôles n'agissaient pas également : pour certaines
malades, le positif seul était actif, chez certaines autres, le
négatif.
Une lame de platine, après avoir été pendant quelque temps
traversée par un courant galvanique extrêmement faible (d'ordre
physiologique), acquiert également des propriétés oesthésiogé-
niques très nettes. Il est inutile de dire que, pour nous en assu-
rer, nous commencions par constater que la malade examinée
n'était pas sensible au platine ; ensuite, nous essayions compa-
rativement une lame de platine naturelle et une polarisée ; celle-
106 REVUE CRITIQUE.
ci produisait les mêmes effets que le métal particulier à la
malade, mais avec une énergie généralement moindre. Ainsi,
entre autres exemples, chez une malade hémianesthésique
sensible à l'or, on pouvait avec ce métal ramener la sensibilité
de deux manières : soit- directement, en faisant l'application
sur le côté malade, soit indirectement, en la faisant sur le côté
sain, où elle provoquait de l'anesthésie. Or, avec la plaque pola-
risée, ce dernier mode était seul efficace. Les lames de platine
ainsi préparées conservent leur propriété pendant un jour ou
deux, même lorsqu'on ne prend pas la précaution de les tenir
isolées. Cette propriété du platine (et d'autres métaux) d'emma-
gasiner l'électricité, comme les corps fluorescents emmagasinent
la lumière, est un des phénomènes physiques les moins
connus. Quoi qu'il en soit, cette expérience des lames pola-
risées nous paraît avoir une certaine importance théo-
rique.
Électricité statique. L'interprétation de l'action desmétaux
par la tension électrique nous a conduit à essayer, comme agent
oesthésiogène, l'électricité des machines. Nous avons dit dans
une autre partie de ce travail, comment l'électrisation statique
est, en effet, un des oestbésiogènes les plus puissants et dont
l'action est le plus générale, c'est-à-dire applicable au plus grand
nombre de cas, sans parler de ses propriétés thérapeutiques
d'ordre commun.
Diapason. -Mais, en examinant les différentes manières dont
on peut concevoir la condition essentielle dans l'action oesthé-
siogénique des métaux, et, entre autres choses, en tenant compte
de l'expérience susdite des lames polarisées, nous fûmes ame-
nés à essayer d'imiter cette action au moyen de vibrations
mécaniques.
Nous avons dit plus haut le résultat de nos essais avec
le diapason. Ces essais pouvaient-ils servir de base à une
théorie ? Nous ne l'avons pas pensé. M. Schiff en a jugé autre-
ment. Dans un travail postérieur de deux ans à notre première
publication sur ce sujet, il dit que l'action du diapason peut
suggérer une explication des phénomènes métalloscopiques. On
pourrait, selon lui admettre que les métaux agissent sur les
extrémités nerveuses en leur communiquant des vibrations;
que dès lors on conçoit que les différents métaux, ayant des
METALLOSCOPIE, METALLOTHERAPIE, ^ESTHESIOGÈNES. 107
nombres de vibrations différents coïncident ou non avec les vi-
brations des molécules nerveuses, d'où impulsion ou arrêt, etc.
On voit de suite qu'il y a dans cette explication deux choses
fort distinctes : d'abord une représentation schématique, très
satisfaisante en effet, et très propre à la description des phé-
nomènes sesthésiogéniques, ensuite la supposition, absolument
arbitraire, que ce schéma correspond à quelque chose de réel.
La représentation par des vibrations était, on peut le dire,
dans l'esprit de tout le monde, de même que celle par des
polarités moléculaires. Mais entre ces comparaisons et une
théorie la distance est grande. Dans l'état actuel de nos con-
naissances, est-ce préciser ou expliquer quelque chose, que dire
d'un corps qu'il agit par ses vibrations moléculaires ? Quel est
le phénomène physique qui ne soit présentement (y compris
l'électricité) attribué à des vibrations ? Les vibrations molécu-
laires d'un corps, ce sont ses propriétés physiques, c'est le
corps lui-même ; et la prétendue explication se réduit aune
simple tautologie.
Il faut du reste avouer que les spéculations de ce genre ris-
quent d'autant plus de se résoudre en banalités vagues, qu'elles
prétendent s'appuyer sur des notions plus générales et plus
élevées. Pour éviter ce danger, nous nous abstiendrons d'in-
sister davantage sur les hypothèses possibles. Mentionnons
seulement pour mémoire celles, forcément non soutenues, qui
attribuaient la différence d'action des métaux à leur poids ou
à leur calorique spécifiques.
Une expérience récente de M. Grocco mérite d'être retenue.
Cet observateur a constaté que l'action des métaux est trans-
missible du sujet sur lequel est placé le métal à un autre
simplement touché par le premier. Il y aurait à étudier les
conditions physiques de cette expérience.
En résumé, les métaux semblent devoir leurs qualités
d'aesthésiogénie à la polarité électrique résultant de leur con-
tact avec la peau.
Cette conclusion nous autorise à ranger à la suite des métaux
plusieurs agents électriques faibles. Telles sontles plaques d'ébo-
nite, de gutta-percha, de cire à cacheter, spath d'Islande, etc.,
susceptibles de prendre et de conserver longtemps un état. élec-
trique, par le frottement ou la pression. Il faut y joindre encore
l'ivoire, l'os, certains bois résineux (Jourdanis), le collodion en
feuilles (Seure), etc. Un voit, d'après cette énumération, que dans
108 REVUE CRITIQUE.
bien des circonstances on a appliqué, comme substance inerte,
en vue d'expériences de contrôle, des substances que leurs
propriétés électriques rendaient au contraire fort actives '.
Aimant. Au lieu d'exposer les diverses hypothèses sur la
manière dont le voisinage d'un aimant peut affecter l'état
électrique ou magnétique du corps chez l'homme et les ani-
maux, nous nous bornerons à dire qu'aucune d'elles n'a été
l'objet d'une étude physique suivie. Voici, cependant, un fait
de la plus haute importance à ce point de vue. M. Maggiorani
dit dans son ouvrage, la Magnete e i nervosi , que pour éviter
d'influencer la malade par la vue et l'application directe de
l'aimant, on peut procéder ainsi : d'une main l'observateur
touche un barreau aimanté caché dans sa poche, de l'autre il
tâte le pouls du malade. L'action de l'aimant, ainsi transmise
à travers le corps de l'observateur est, dit M. Maggiorani,
aussi évidente et aussi rapide que par le contact immédiat. Hâ-
tons-nous de dire que cette assertion, si étrange au premier
abord, est absolument conforme à la réalité. Tous les observa-
teurs l'ont vérifiée. On a même (Proust et Ballet) fait passer
l'action magnétique à travers une chaîne de malades. Nous
avons fait l'expérience suivante : d'une main nous touchons le
pôle d'un aimant et nous plongeons l'autre dans une large
bobine reliée à un galvanomètre placé à une distance de plu-
sieurs mètres. Nous n'avons pas constaté de déviation ; mais
l'expérience mériterait d'être reprise avec des instruments
plus délicats.
Il a été dit plus haut que l'action physiologique de l'aimant
n'est nullement en rapport avec son degré de force magné-
tique. Il suffit de quantités extrêmement faibles de magné-
tisme pour obtenir exactement le même résultat qu'avec l'élec-
1 Nous avons, ces jours-ci même, examiné l'effet, sur l'anesthésie
hystérique, de badigeonnages très peu étendus (deux ou trois centimètres
de diamètre) de collodion. Sur quatre malades, dont trois présentaient
une anesthésie totale et la quatrième une liémianesthésie, l'application
sur l'avant-bras fut suivie, en quelques minutes, du retour de la sensibi-
lité dans une zone d'étendue variable. Chez l'hémianesthésique il y eut
transfert. Cela nous a frappé d'autant plus que, chez deux de ces ma-
lades, l'anesthésie s'était montrée jusqu'alors extrêmement tenace. Ces
faits viennent confirmer les prévisions de M. Seure. L'évaporation de
l'éther, sur la peau, ne suffit pas a elle seule à produire des effets
analogues. Nous avons employé le collodion riciné des hôpitaux.
111&TALLOSCOPIE, METALLOTHÉRAP1E, STHËSMGÉNES. 109
tro-aimant le plus puissant. Cela est à rapprocher du fait
analogue constaté pour les courants galvaniques.
Quelques observateurs ont parlé d'une différence d'action
des pôles, le pôle sud étant, disent-ils, plusactif. Nous n'avons
pu trouver cette différence ; elle n'a, du reste, pas été constatée
par Maggiorani.
Voici un moyen d'abréger considérablement (des neuf dixiè-
mes) la durée d'une application magnétique et, en même
temps, d'augmenter l'action de l'aimant sur l'organisme.
M. Maggiorani communique aubarreau aimanté un mouvement
rapide de rotation, par un mécanisme très simple, de sorte
que les deux pôles se présentent alternativement devant le
même point du corps. Nous nous sommes assurés de laréalité du
fait; il est rare qu'avec l'aimant rotateur l'action oesthésiogènc
se fasse attendre plus de deux minutes. Maggiorani se sert
de ce petit appareil, qui mériterait d'être plus répandu '.
On sait que l'aimant peut être remplacé par un solénoïde
(Charcot et Regnard); le fait physiologique vient ici confirmer
les théories physiques sur la constitution électrique de l'aimant.
Nous avons, jusqu'ici, parlé exclusivement des oesthésio-ènes
types : métaux, aimant, actions électriques de toute sorte,
diapason. En voici d'autres, moins énergiques, mais dont
1 L'aimant rotateur a servi, pendant quelque temps. aux expériences
de contrôle de M. Charcot. La manière dont les choses étaient disposées
vaut lapeine qu'on l'explique; elle montrera une fois de plus combien
peu fondé était le reproche, de ne pas tenir compte, à la Salpetriere,
des causes d'erreur provenant des malades. Un support, solide-
ment fixé sur le bord d'une table, soutient un axe horizontal ;
celui-ci est en connexion d'un côté avec une manivelle et un système de
roues dentées qui lui communiquent un mouvement très rapide, de l'autre
avec une sorte de mâchoire à vis, propre à recevoir, par son milieu,
l'aimant en fer à cheval que l'on veut faire tourner. Toute cette partie
est recouverte d'une enveloppe de bois; les pôles de l'aimant tournent
à proximité d'une planchette fermant la paroi antérieure de l'appareil.
Au-devant de cette paroi, un coussin reçoit le bras du patient, qui se
trouve ainsi séparé des pôles de l'aimant par l'épaisseur de la plan-
chette. Or, on peut faire des comparaisons très démonstratives en subs-
tituant, dans la boîte fermée, de faux aimants (en zinc, cuivre ou bois)
aux véritables, dont ils ont du reste l'apparence extérieure. On peut
même laisser tourner la manivelle d vide. Nous avons cependant renoncé
à cet appareil, au moins pour ce but spécial, parce que nous nous
sommes assurés que l'ébranlement vibratoire occasionné par l'engre-
nage était de nature à troubler les résultats, en agissant à la manière du
diapason.
110 REVUE CRITIQUE.
l'énumération ne saurait pourtant être omise. La liste en est
des plus disparates.
Les variations locales de température, soit en plus, soit en
moins, peuvent avoir l'effet d'une application aesthésiogénique.
C'est ainsi que le contact, pendant un certain temps, de la
peau avec de l'eau plus chaude ou plus froide qu'elle, agit d'une
manière évidente dans l'anesthésie hystérique, produit le trans-
fert, etc. Toutefois, cette influence de la température, trans-
mise par un liquide, constitue, on le comprend, un phéno-
mène complexe qui n'a pas été suffisamment étudié jusqu'à
présent.
Il a été question au début de ce travail, des injections hypo-
dermiques, des solutions métalliques, employées par M. Burq
comme succédané de ses plaques. Or, une injection hypodermi-
que d'eau distillée a souvent (en dehors de l'hystérie) un effet
oesthésiogénique incontestable. Ici encore, l'action est complexe;
on en discerne trop facilement les éléments pour qu'il soit
utile d'insister.
Outre les solutions de sels métalliques et l'eau distillée,
certaines substances médicamenteuses et au premier rang la
pilocarpine, administrées en injections sous-cutanées ont
aussi rétabli la sensibilité dans des régions anesthésiées.
Des applications de sinapismes, de vésicatoires, donnent
des résultats analogues. A propos de ces derniers, M. Grasset
(de Montpellier) a fait des observations importantes que nous
aurons à rappeler plus loin.
En général, l'efficacité aisthésiogène de tous ces agents, que
l'on peut qualifier d'irréguliers, est faible, locale, non constante
et surtout sans relation directe avec leurs propriétés irritantes
(mécaniques ou chimiques).
Essayons maintenant de rassembler les quelques notions que
nous pouvons posséder sur les caractères physiologiques essen-
tiels de l'action des oesthésiogenes. Nous savons qu'à la suite de
l'application sur le tégument de certains agents physiques, il
se produit dans l'organisme des modifications considérables
de la sensibilité générale et spéciale, de la circulation, de la
tonicité musculaire, etc., en un mot des phénomènes oesthésiogé-
niques. Nous avons vu que, pour quelques-uns des agents
oesthésiogenes, tels que les métaux, l'aimant, la modification
physique qu'ils impriment à l'organisme est à peu près inex-
pliquée ; pour d'autres, au contraire, électricité, diapason, cha-
MÉTALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, .-ESTHÉSIOGÈNES. 111 i
leur et froid, elle est évidente. La première et la seule chose
à inférer de cette variété, est que cette action physiologique
n'est pas la simple propagation de l'action physique extérieure.
Aller plus loin, serait tomber dans les pseudo-explications
moléculaires.
Ceci dit, essayons de placer quelques jalons. D'abord, le
mode de propagation de l'action oesthésiogénique après une
application locale. Il est extrêmement remarquable de voir la
sensibilité, par exemple, reparaître de proche en proche, en
superficie et en profondeur, avec la même régularité qu'une
substance poreuse homogène selaisserait imbiber par un liquide.
Et cela, sans que les conditions anatomiques des parties sem-
blent avoir la moindre influence. Aucune distribution vascu-
laire ou nerveuse n'est suivie ; la sensibilité s'étend comme
une tache d'huile, c'est tout ce que l'on peut dire. Ainsi on
fait une application métallique sur la région cervicale d'une
malade affectée d'anesthésie totale; la sensibilité commence
bientôt à reparaître au niveau des plaques ; lorsqu'elle s'étend
sur une zone de quelques centimètres de largeur, on constate
que le doigt introduit dans l'arrière-bouche, détermine des
réflexes violents, tandis qu'avant l'application, on pouvait,
sans provoquer la moindre réaction ou sensation, promener le
doigt dans toute l'arrière gorge et toucher longuement l'ouver-
ture supérieure du larynx. Mais il n'y a de sensible que les
portions de muqueuse qui se trouvent directement au dessous
de l'application. La partie antérieure de la bouche et de la
langue sontrestées insensibles.
Dans les cas d'achromatopsie (avec anesthésie cutanée), une
application faite sur la tempe ou le front, donne lieu à des
observations analogues. En effet, ce n'est qu'après que la sen-
sibilité est revenue au pourtour de l'orbite, que, comme si elle
s'était propagée également dans l'épaisseur de la région, on
constate le commencement de la disparition de l'achromatop-
sic. Il est tout à fait remarquable que l'action oesthésiogéniquc
ne se fasse en rien sentir, sur les organes importants qu'elle
doit traverser dans les deux exemples ci-dessus, tels que le
cerveau dans l'un, le sympathique cervical, le pneumogastri-
que dans l'autre. Il semble qu'elle se limite, par une sorte
d'élection, aux extrémités nerveuses, tandis que les troncs et
centres nerveux lui sont indifférents.
Outre cette action locale si caractéristique, il est impossible
10 ' REVUE CRITIQUE.
de méconnaître une action à distance, qui ne peut s'exercer
que par l'intermédiaire des centres nerveux. Plusieurs circons-
tances la démontrent. D'abord, les phénomènes de transfert
et autres analogues sur lesquels il est inutile de revenir;
ensuite deux observations intéressantes. La première, due à
M. Dumontpallier, est que, dans les expériences d'arrêt, au
moyen d'un métal neutre, dont il a été question plus haut, lors-
qu'on place la pièce neutre sur la peau, le résultat dépend de
sa position par rapport à la pièce active.
La seconde observation est de M. Regnard. On connait
la loi physiologique des couleurs complémentaires. Si l'on fait
tourner rapidement un disque de carton blanc portant quel-
ques traits d'une couleur principale, l'oeil perçoit, outre cette
couleur, une teinte pâlede la couleur complémentaire, sur la
portion blanche du disque. Or, l'expérience réussit également L
lorsque le sujet est achromatrope; il ne perçoit pas la couleur
principale, le vert, par exemple, tandis qu'il accuse très bien
la teinte rouge complémentaire. (On se rappelle que, pour une
catégorie très nombreuse de malades, la couleur rouge reste
seule en dehors de l'achromatopsie). Cela prouve à la fois le
siège central de l'achromatopsie et l'action centrale des oesthé-
siogènes.
Les changements dans la force musculaire parlent dans le
même sens. Il faut joindre à ces données les modifications du
tracé du pouls à la suite d'une application périphérique, signa-
lées par M. Grocco.
Sans chercher à pénétrer le mécanisme intime de l'action
des oesthésiogènes, on a voulu déterminer l'importance relative
des changements physiologiques observés. Ainsi, on a supposé
que le retour de la sensibilité dans une partie anesthésique, est
subordonné à un certain degré d'hypérémie de la peau, ou du
moins à la disparition du spasme vasculaire du réseau cutané,
habituellement concomitant de l'anesthésie. Cette manière de
voir tend à'expliquer l'action des oesthésiogènes par une simple
irritation. Il est très vrai que, suivant l'observation faite il y a
plus de trente ans par Gubler, l'application d'un sinapisme
ramène, le plus souvent, la sensibilité dans une région affectée
d'anesthésie hystérique.
Des vésicatoires donnent le même résultat. Mais il ne fau-
drait passe hâter d'en conclure que tout le processus Tstliésio-
génique a pour condition essentielle une diminution de la toni-
31TALLOSCOPIE, METALLOTHERAPIE, ESTHÙSIOGÈNE ? 113
cité vasculaire du tégument. En effet, ainsi que cela a été
déjà dit dans le cours de ce travail, les différents changements
de tonicité vasculaire, de sensibilité, de force musculaire, etc.,
sont indépendants les uns des autres et peuvent se grouper
de toutes les façons, ou se manifester isolément. Un seul
exemple suffira; il a été fréquemment constaté que l'anes-
thésie provoquée (c'est-à-dire produite'par l'action directe d'un
oesthésiogène sur une partie sensible) peut s'accompagner de
phénomènes d'hypérémie, identiques à ceux qui accompagnent
la réapparition de la sensibilité. Claude Bernard, dans une
visite faite, peu de jours avant sa mort, au service de M. Char-
cot, avait été rendu témoin de ce fait, dont il s'était montré très
frappé. Au surplus, les irritants proprement dits (chimiques ou
autres) n'ont qu'une action incertaine, faible et surtout étroi-
tement localisée. Une exception doit cependant être faite, au
moins dans une certaine mesure pour les vésicants. M. Grasset
a vu deux fois l'application d'un petit vésicatoire rétablir la
sensibilité dans toute l'étendue d'un membre (chez des malades
non hystériques) ; il a constaté de plus une élévation de tem-
pérature de tout le membre. Pour l'instant, on ne peut que
prendre note de ces faits.
Le phénomène du transfert a aussi été l'objet de quelques
tentatives d'explication. On a pu voir, dans une autre partie
de ce recueil, l'ingénieux schéma par lequel M. Debove repré-
sente, pour le transfert, la voie des impressions sensitives
dans les hémisphères cérébraux.
De son côté, M. Adamkiewicz voit, dans le transfert de la
sensibilité, un exemple de ce qu'il appelle symétrie bilatérale.
On sait qu'il partage les fonctions en deux catégories, suivant
que leur exercice simultané dans les deux moitiés du corps est
synergique ou antagoniste. La sensibilité appartiendrait à cette
seconde classe.
Il serait facile, nous l'avons déjà dit, de donnerdes schémas
explicatifs, assez satisfaisants, de tous les phénomènes de
I'oestliésio-6nie, en prenant pour éléments des traits dont les
extrémités seraient dans des états de polarité ou dans des pha-
ses d'oscillation opposés.
Arrivé au terme de cette revue, nous avons le regret de
reconnaître que bien des détails ont été négligés, bien des
côtés de la question sont restés dans l'ombre. Essayons au
moins de préciser en quelques mots quelle place occupe actuel-
8
il le REVUE CRITIQUE.
lement, dans la science, la question des aesthésiogènes, quels
résultats positifs lui sont dus et quelle direction semble assi-
gnée à son développement.
Nés de la métallothérapie, les oesthésio-ènes représentent
d'abord une extension presque indéfinie des procédés de
M. Burq. Mais, en même temps que les procédés, se sont mul-
tipliés aussi les phénomènes qu'ils étaient destinés à produire.
Nous avons donc deux choses corrélatives : 1° une classe
nouvelle de manifestations qui relèvent de la physiologie et de
la pathologie ; 2° les procédés qui servent à les obtenir.
En ce qui concerne les premières, l'aesthésiogénie a fait dé-
couvrir des faits physiologiques fondamentaux : le transfert,
les oscillations, qui ont servi de base à de nouvelles méthodes
thérapeutiques (déplacement des paralysies, des contractures,
etc.). Elle a permis d'étendre considérablement une classe peu
connue d'hémiplégies ou d'affections posthémiplégiques faci-
lement curables. C'est aux recherches sur les oesthésiogènes
que l'on doit la réintégration dans la pratique ordinaire de l'ai-
mant, de la machine électrique et l'introduction d'instruments
nouveaux tels que le diapason. Grâce à ces nouveaux moyens,
le traitement de l'hystérie et de ses accidents, et d'autres né-
vroses est devenu plus simple et plus efficace.
Bien que les oesthésiogènes soient capables d'agir chez tous
les sujets, leurs effets sont, comme on le sait, plus faciles à
observer chez les hystériques. De ce chef, ils sont précieux
pour l'expérimentation clinique que M. Charcot conseille de
pratiquer de préférence sur des malades de cette catégorie ;
expérimentation inoffensive et qui, suivant ce professeur, sup-
plée celles des laboratoires de vivisection pour les points déli-
cats de la physiologie du système nerveux.
En effet, et c'est ce qui constitue l'importance des oesthésio-
gènes, les résultats qu'ils donnent chez les hystériques n'ont
rien d'exceptionnel ni d'anormal, sinon le degré. Ce n'est que
parle degré qu'ils diffèrent de ce qu'on peut obtenir en dehors
de l'hystérie ; c'est dire qu'ils ont l'avantage de présenter à l'état
typique des phénomènes qui, se retrouvent sous une forme
atténuée chez tous les individus malades ou sains.
Les phénomènes wstliésiogéniques peuvent être provoqués
de deux manières, par une action périphérique (applications
diverses) ou par une action centrale (imagination, expectant
attention et surtout hypnotisme) ; cela permet de faire des
METALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, rES'rHÉSIOGÉNES. 115
rapprochements utiles pour l'édification future d'une théorie
de l'hypnotisme.
Quant aux procédés, nous avons vu que l'explication de
leur mécanisme immédiat est loin d'être trouvée. En ce qui
concerne les métaux notamment, on a proposé les interpréta-
tions les plus diverses. Peut-être en arrivera-t-on à voir qu'il
s'agit là d'une de ces forces qui seraient intermédiaires à la
lumière, à la chaleur, à l'électricité et dont la théorie, main-
tenant acceptée do l'unité des forces physiques, permet de
supposer l'existence. Rien, en effet, ne nous interdit de suppo-
ser, entre les formes connues des agents physiques, des variétés
de mouvement de la matière, éthérée ou pondérable, qui
n'entrent pas dans les cadres actuels.
Ne nous arrêtons pas davantage à ces vues de l'imagination.
Il est pourtant des spéculations plus soutenables. Ainsi, nous
avons proposé de rapporter à l'électricité l'action des métaux et
nous avons constaté que l'électricité, sous toutes ses formes,
est un des oesthésiogènes les plus efficaces. On devra, d'après
cela, faire passer dans l'électrothérapie générale tous les
procédés électriques (et, parmi ceux-ci, nous rangerons provi-
soirement les applications métalliques) de l'aesthésiogénie ;
ensuite on devra les soumettre, comme on le fait déjà en élec-
trothérapie, à l'évaluation en mesure absolue, c'est-à-dire ex-
primée au moyen des trois unités fondamentales de longueur,
de masse et de temps.
Ce n'est pas tout, les autres agents, oesthésiogènes (ther-
miques, mécaniques et autres) devront être réduits à la même
mesure absolue; alors seulement on aura les éléments ration-
nels d'une thérapeutique physique.
La métallothérapie interne, elle-même, quelle que puisse
être sa valeur pratique, doit être étudiée aussi à ce point de
vue; son mérite principal, à nos yeux, est d'appeler l'attention
sur les propriétés physiques, jusqu'à présent négligées, des
médicaments destinés à l'usage interne.
En un mot, les recherches faites sur les oesthésiogènes ne sont
peut-être que le simple préambule de la réforme en thérapeu-
tique et en physiologie dans le sens de l'unité de force ; et, ce
n'est pas leur moindre mérite.
Nous avons dit, au début de ce travail, que c'est à M. Burq
que l'on doit les faits qui ont servi de base à l'oesthésiogénie.
Avant de terminer, nous désirons mieux préciser la part qui
116 ô REVUE CRITIQUE.
revient réellement à M. Burq. Elle est considérable, comme on
va le voir, bien que peut-être moins grande qu'il le pense.
M. Burq a découvert l'action des métaux sur l'anesthésie, et
en même temps sur la circulation, la température et la force
musculaire des membres anesthésiés. Il a reconnu les idiosyn-
'crasies métalliques. Il a eu sur les névroses des vues,
hypothétiques certainement, mais desquelles il subsiste
quelque chose de réel à savoir : la connexion de l'anes-
thésie et de l'amyosthénie avec les névroses, leur impor-
tance et la nécessité de diriger contre elles le traitement; le
mot et la notion même d'amyosthénie sont de lui. Il a inventé,
pour mesurer ces phénomènes, des instruments ingénieux.
Enfin, nous ne parlons pas de ses travaux sur le choléra, qui
ne se rattachent qu'indirectement à notre sujet. Voilà ce qui
appartient à M. Burq. On ne l'a pas oublié à la Salpêtrière et,
dans aucune occasion, on n'a manqué de proclamer ses droits.
Mais ce qui n'appartient absolument pas à M. Burq, c'est le
transfert, les oscillations, les phénomènes provoqués, l'in-
fluence réciproque des métaux, et la série des oesthésiogènes,
nouveaux ou restaurés.
Relativement aux nombreux aesthésiogènes qui sont venus
s'ajouter aux métaux, M. Burq s'est exprimé dans ses récentes
publications de diverses manières, assez difficiles à accorder.
Nous ne pouvons guère discerner s'il voit d'un mauvais oeil
cette extension de la métallothérapie, ou s'il l'approuve, mais
en en reclamant la paternité.
Dans cette seconde supposition, nous dirons simplement que
la prétention de M. Burq est mal fondée, ou, pour mieux dire,
ne l'est pas du tout. 11 parle vaguement et, en méconnaissant
leur action véritable, des appareils magnétiques, galvaniques
électriques, ou simplement métalliques (p. 32 d'une brochure
publiée en 1853); il croyait à cette époque et encore en 1867
(Nlétallotlcérapaé du cuivre) que la plupart de ces appareils
n'agissent qu'en tant qu'ils représentent une application mé-
tallique. Il ne croyait pas non plus, nous l'avons dit en com-
mençant, à l'action de l'aimant. Il reconnaît, dans sa communi-
cation à l'Académie de médecine, n'avoir jamais expérimenté
l'électricité statique. Il ne nomme même pas le diapason ; il n'a
jamais essayé non plus le courant galvanique. Comment peut
donc M. Burq, après cela, imaginer, que les faits, relatifs à ces
divers sesthésiogènes, lui étaient connus antérieurement aux
MÉTALLOSCOPIE, 111TALLOTHERAPIE, OESTHÉSIOGÈNES. 117
recherches de la Salpêtrière. Mais, s'il les avait connus, il les
aurait étudiés et n'aurait pas consacré tant de persévérance à la
propagation de la métallothérapie. Car ce qui fait la force d'un
inventeur, c'est la délimitation et la fixité de l'idée. M. Burq,
comparant entre eux les effets des oesthésiogènes, n'eut pas eu
la conviction absolue, la foi dans les métaux, qu'il a conservée
si vive. D'autre part, il aurait sans doute porté sa prédilection
sur un oesthésiogène plus actif.
En somme, M. Burq, en est maintenant, comme en 1849,
(ceci n'est pas un reproche) à la métallothérapie interne, avec
la métalloscopie pour base. A la Salpêtrière, au contraire, on
fait peu ou point de métalloscopie : on n'attache qu'une impor-
tance secondaire à la métallothérapie interne, dont la preuve
n'est d'ailleurs pas encore faite. En un mot, sous la pression
des faits nouveaux, le point de vue s'est déplacé, le cercle des
études s'est élargi ; il ne pouvait en être autrement. Mais le
progrès réalisé n'empêche pas qu'on y rende justice à l'ingé-
nieux observateur qui a ouvert la voie.
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REVUE DE PHYSIOLOGIE
I. SUR la contraction musculaire paradoxale; par M. Men-
DEL530HN. (SL-Pétersbnrger medicinische zcochenschrisft ,
9881, n° 90.)
Les Archives de Neurologie ' ont déjà rendu compte de
l'étude que Westphal a consacrée à ce phénomène patholo-
gique bizarre de la contraction musculaire dite paradoxale,
qui consiste en un spasme permanent du muscle tibial anté-
rieur, à la suite d'une brusque flexion dorsale du pied. Ce
spasme tonique n'a lieu d'ailleurs que dans des circonstances
relativement assez rares et encore mal déterminées. On a pu
' ? 3, p. 435.
120 REVUE DE PHYSIOLOGIE.
voir, à la lecture du compte rendu auquel nous faisons allu-
sion, que Westphal considère le relâchement du muscle comme
agissant à la manière d'une excitation ; or, il est constant que
la tension du même muscle détermine un spasme analogue ;
et c'est en raison de cette sorte de contradiction entre les deux
conditions pathogéniques du phénomène que l'auteur a quali-
fié de paradoxale cette variété de contracture provoquée.
Erlenmeyer ' n'admet pas que le relâchement d'un muscle
puisse jamais être une cause de contraction ou de contracture.
Il croit que dans le cas particulier de la contracture du tibial
antérieur, l'excitation réside dans la tension passive du groupe
musculaire antagoniste, c'est-à-dire des jumeaux et du soléaire.
Il invoque, à l'appui de son opinion, le fait que la contraction
paradoxale ne peut se produire, lorsque, la jambe étant flé-
chie sur la cuisse, on rapproche avec la main les muscles du
mollet de leur insertion calcanéenne. En pareille circonstance,
si l'on fléchit fortement le pied sur la jambe quel que soit le
degré de cette flexion, les muscles du mollet ne peuvent pas
être distendus et le tibial antérieur ne se contracte pas.
A cette objection Westphal répond2 que ce n'est pas le relâ-
chement du mollet qui met obstacle à la contraction du tibial
antérieur, mais bien la pression que la main exerce sur les
jumeaux et le soléaire.
Mendelssohn a constaté la même chose, et il se range à l'avis
de Westphal ; mais il pense qu'il serait prématuré de préciser,
dès aujourd'hui, les conditions physiologiques du phénomène.
Tout ce qu'il a pu observer, c'est que la contraction paradoxale
affecte, dans ses caractères graphiques, une grande analogie
avec la contraction d'un muscle empoisonné par la vératrine.
Quant à définir les conditions cliniques qui seraient le plus
favorables à l'apparition du symptôme, rien n'est encore plus
malaisé. Westphal a vu se produire la contraction paradoxale
dans le tabes dorsal, dans la sclérose en plaques, dans la para-
lysie agitante; tantôt le réflexe tendineux était aboli, tantôt il
subsistait ; tantôt la sensibilité était conservée, tantôt elle
avait diminué ou même complètement disparu. Le mécanisme
de ce phénomène est donc, selon toute vraisemblance, absolu-
ment original et diffère de ce qui s'observe dans les autres
modifications fonctionnelles des muscles.
1 Centralbl. f. llei-ve7zheilkit71de, 1880, n- 17, p. 345.
Ibd" n" 20, p. 117.
REVUE DE PHYSIOLOGIE. 121
Enfin, Mendelssohn a déterminé la contraction paradoxale
chez deux ataxiques sur dix, chez une hystérique sur trois,
chez quatre hémiplégiques, chez un sujet atteint de sclérose en
plaques et chez cinq alcooliques affectés de tremblement et de
rigidité musculaire.
L'auteur, sans se prononcer catégoriquement, exprime l'opi-
nion que la contraction paradoxale consiste en une perte de
l'équilibre du tonus dans certains groupes musculaires et dans
leurs antagonistes. 11 admet aussi qu'il existe un rapport
pathogénique entre ce phénomène et le tremblement, et que
ces deux symptômes appartiennent, avec les réflexes tendi-
neux et la contracture, à une catégorie de manifestations
morbides imputables à une perturbation de la tonicité des
muscles. E. B.
II. RECHERCHES graphiques SUR LES mouvements DU cerveau
chez l'homme ; par L. RAGosiNet M. MENDELSSOHN. (<9<-Pe<M'S-
burger medicinische Wochenschrift, 1880, n° 37.)
Comme dans tous les cas où il a été possible de recueillir
des inscriptions graphiques des mouvements du cerveau chez
l'homme vivant, il s'agissait dans les expériences entreprises
par Ragosin et Mendelssohn, d'un homme atteint d'une large
dénudation de la région pariétale. Ces expériences ont démon-
tré, conformément à celles de Salathé, Brissaud et François-
Franck, Mosso et Jiacomini, que les mouvements d'expansion
et de retrait de la surface encéphalique, observés dans le cas
de perte de substance de la boîte crânienne, s'effectuent sous
l'influence de la circulation et de la respiration. Mais elles
paraissent prouver, en outre, qu'il existe une troisième sorte
de mouvements cérébraux, complètement indépendants de
toute action respiratoire et circulatoire et s'accomplissant par
le seul fait des variations spontanées que subit le calibre des
vaisseaux.
Ces variations se produisent trois, quatre, cinq, six fois dans
l'espace d'une minute. Elles correspondent tout à fait à celles
que les physiologistes ont étudiées et décrites sous le nom de
mouvements rhythmiques des artères, et dont Schiff le premier
a signalé l'existence sans en fournir la raison. Il est certain,
en tout cas, qu'elles sont indépendantes de l'intensité delà
pression sanguine. E. B.
122 REVUE DE PHYSIOLOGIE.
III. Localisation du CENTBE visuel d'après DE toutes récentes
expériences DE FERRIER; par R.-H. PlERSON. (Centialblait
f. ile2,venheik-. Psych. gerichtl Psychopath., 1880.)
1° L'ablation des lobes occipitaux des deux côtés sans inté-
resser les plis courbes, c'est-à-dire en arrière du sillon pariéto-
occipital, n'entraîna aucun trouble de la vue.
2° La destruction complète du pli courbe d'un seul côté dé-
termina une cécité totale de l'oeil du côté opposé, qui d'ailleurs
ne dura que quelques secondes; c'est en vain que quelques
semaines plus tard on détruisait cette circonvolution sur l'autre
hémisphère, l'animal ainsi mutilé n'ayant presque aucun
trouble visuel, ou n'étant tout au moins affecté que de pertur-
bations passagères. La destruction simultanée des deux plis
courbes produisit une cécité de trois jours laissant derrière
elle une amblyopie évidente.
3° L'ablation à la fois du pli courbe et du lobe occipital d'un
hémisphère entraîne l'hémiopie des deux yeux, du côté opposé
à la lésion. Ainsi, un animal auquel on enlève d'abord le pli
courbe gauche et après un temps assez long le pli courbe et le
lobe occipal droits présente une hémiopie gauche de quatorze
jours et reprend ensuite toute sa puissance visuelle. Un ani-
mal chez qui l'on détruit en une séance les deux lobes occipi-
taux (absence de trouble visuel) et dans une autre le pli courbe
du côté gauche, est atteint de cécité temporaire de l'oeil droit,
mais très rapidement on constate l'amélioration de la fonction.
4° C'est par la destruction des plis courbes et des lobes occi-
pitaux des deux hémisphères en même temps qu'on obtint une
cécité complète et persistante pendant un mois sans que la
motilité, la sensibilité, ni aucun des autres sens spéciaux
fussent intéressés. - Les expériences dont il s'agit ont été
pratiquées sur des singes, en commun avec le docteur Yeo.
P. K.
IV. Des réflexes; par le Dr Rumpf, de Düsseldorff. (Congrès
de Bade, 1880. Arch. f. Psychiatrie.)
Après avoir exposé l'influence des courants faradiques
faibles et moyens sur la dilatation des capillaires du côté
opposé à l'excitation, tandis que l'inverse se produisait par des
courants très forts, l'auteur émet l'opinion que les manifes-
REVUE DE PHYSIOLOGIE. 123
tations hypnotiques ne seraient elles-mêmes aussi que des
phénomènes de transfert en rapport avec les réflexes vascu-
laires. En effet, il a observé que les excitations cutanées du
même agent électrique déterminaient l'hypérémie de l'hémis-
phère cérébral de l'autre côté, et vice versa. P. K.
V. NOUVELLE série d'expériences SUR la détermination DES
fonctions du cerveau; par le professeur GOLTZ. (Congrès de
Bade, 1880. Arch. f. Psychiatrie.)
M. Goltz, en se servant du perforateur de White, muni d'une
petite scie spirale, a pu enlever chez le chien de fortes éten-
dues des couches corticales dans les lobes cérébraux sans dé-
terminer de paralysie ni d'anesthésie persistantes : l'idiotie
seule et l'obtusion des sens furent la conséquence de ces muti-
lations. La destruction de la substance blanche et son excita-
tion dans les zones motrices produisirent les manifestations
bien connues, tandis que la substance grise des mêmes régions
était incapable de réaction. P. K.
VI. Les manifestations DE l'hypnotisme ; par le professeur
WILLE. (Co2,responde7tzbl. f. Schzvéz'z. Aerzt., 1880.)
M. Wille est d'avis qu'il est du devoir de chacun de s'occuper
de cette question, de serrer de près les rapports qu'elle affecte
avec la physiologie et la pathologie et d'instituer des recher-
ches scientifiques précises à son sujet. Étant en état, selon
lui, de mieux déterminer les conditions des phénomènes qu'il
y a cinquante ou cent ans à raison de nos contrôles expérimen-
taux, des études plus complètes que nous possédons sur la phy-
siologie et la pathologie du système nerveux, de la sûreté de
nos méthodes, nous pouvons aborder de front ces problèmes
ressortissant au magnétisme vital, et en tous cas profiter de
l'occasion unique qui nous soit offerte d'instaurer des expé-
riences sur l'homme : la comparaison avec les résultats obte-
nus chez l'animal ne laissera pas que d'offrir le plus vif intérêt.
Bien armés, nous nous garderons plus facilement des erreurs
et nous ne manquerons pas, grâce aux connaissances acquises,
de combattre les superstitions grossières concernant les his-
toiresde revenants ou de spirites. P. K.
13t REVUE DE PHYSIOLOGIE.
VIL Tracés graphiques DE la marche ; par le Dl VIERORDT,
de Tûbingen. (Congrès de Bade, 1880. Arch. f. Psychî'a-
trie.)
- Le mécanisme et le système des appareils adoptés ont permis
au docteur Vierordt d'enregistrer le pas même de lapersonne qui
marche; les oscillations de la jambe qui quitte le sol ainsi que
l'amplitude de l'enjambée au moment de l'application de la
plante du pied sur le terrain se trouvent inscrites. Les premiers 's
résultats nous apprennent que dans le tabes, ordinaire ou
spasmodique, l'écart des jambes est plus prononcé qu'à l'état
normal, celle des extrémités qui perd pied étant animée
d'oscillations irrégulières; les pas, surtout dans le tabes spas-
modique, sont aussi de longueur inégale c'est à dire en somme
que le malade fera un plus grand nombre de pas pour une
même longueur de chemin à divers moments. Il existe d'ailleurs
d'autres tracés pour les oscillations du tronc, pour celles des
bras pendant la marche, pour la mobilité de chaque partie des
extrémités pendant la progression. P. K.
VIII. On MUSCULAR SPAMS KNOWN AS tendon reflex. (Des
spasmes musculaires désignés sous le nom de réflexes tendi-
neiix); par AUGUSTUS WALLER. (Tlie l3raan, III, p. 179-192,
1880.)
On sait qu'en percutant le tendon rotulien on obtient une
extension brusque de la jambe sur la cuisse, plus ou moins
complète, suivant les sujets et aussi suivant l'état des centres
nerveux. C'est « le phénomène du genou », dont l'étude a pris
une grande importance dans ces dernières années. Un phéno-
mène analogue peut se produire dans différents points du
corps : ainsi en fléchissant brusquement le pied, on obtient
une série de petites trémulations que M. Waller désigne sous
le nom de « clonus de la cheville». M. Waller a fait des
recherches nouvelles portant principalement sur la nature
intime de ce phénomène.
Tout d'abord, M. Waller remarque que la secousse est
unique au genou, multiple au contraire à la cheville. Mais,
malgré cette dissemblance apparente, les deux réflexes tendi-
neux du genou et de la cheville, se produisent par le même
mécanisme : ainsi, en fixant la jambe dont on percute le tendon
REVUE DE PHYSIOLOGIE. 125
rotulien, on obtient, non plus une secousse unique, mais une
série de contractions ; de même, on peut n'avoir à la cheville
qu'une secousse musculaire en ayant soin d'abandonner le
pied à son propre poids.
Dans tous ces phénomènes, il y a un élément commun :
c'est une contraction provoquée par l'extension de la fibre
musculaire et on peut affirmer que la contraction sera d'autant
plus forte que l'excitabilité musculaire sera plus facilement
mise en jeu. M. Waller donne, à l'appui de cette assertion un
tableau où l'état des réflexes tendineux et leur durée ont été
notés chez des sujets sains et chez les malades atteints d'affec-
tions diverses des centres nerveux. Dans tous ces cas, le réflexe
est d'autant plus accentué que l'influence cérébrale se fait
moins sentir. De plus, la durée moyenne des réflexes du genou
et de la cheville a été sensiblement la même dans tous les cas,
soit de trois à quatre centièmes de seconde. Mais la contrac-
tion observée est-elle d'origine purement périphérique, ou bien
est-elle réflexe ? Il y a, en faveur de la seconde opinion, de
fortes présomptions, à la fois d'ordre expérimental et d'ordre
clinique. L'auteur cependant ne s'y rallie pas. Il fait remarquer
que le temps perdu est trop court pour qu'un réflexe ait le
temps de se produire. En outre, le temps perdu devrait être
de longueur inégale pour des muscles situés à des distances
inégales de la moelle. Or, il n'en est rien.
Enfin, on peut produire le même phénomène dans le même
temps en percutant, au lieu du tendon, soit le muscle lui-même,
soit l'os sur lequel il s'insère; c'est-à-dire que les choses se
passent comme si une onde vibratoire se propageait d'un bout
à l'autre du muscle. On peut aussi déterminer le phénomène
en percutant un point éloigné du corps ; mais il faut pour
cela que l'irritabilité musculaire soit au maximum ; c'est d'ail-
leurs cette différence dans l'irritabilité du muscle qui règle ses
réactions en présence des excitants. M. Waller classe ces der-
niers comme suit, par ordre de puissance décroissante : 10 cou-
rant continu ; 2° courant interrompu ; 3° percussion du muscle ;
4° percussion du tendon ; 5° percussion de l'os ; 6° percussion
d'un point éloigné.
M. Waller ne se croit pas autorisé à se prononcer définitive-
ment ; il est porté à croire que le phénomène est surtout péri-
phérique, et que le rôle de la moelle se borne à entretenir la
tonicité réflexe, sans laquelle il n'y a pas de contraction
126 revue DE physiologie.
possible. Mais son opinionn'est pas encore suffisamment faite,
et il se promet de reprendre plus tard cette question.
R. BLANCHARD et J.PIGNOL.
IX ANATOMY AND PHYSIOLOGY OF THE CHORDA TYMPANI NERVE
(Anatomie et physiologie du nerf de la corde du <yH ! caK); par
HORATIO B. BIGELOw. (Tlae Bra2t, III, p. 43-48, 1880.)
La corde du tympan est distincte et isolable dans tout son
parcours, à la condition d'employer de bons réactifs et de forts
grossissements. Elle fait suite au nerf de Wrisberg, qui se con-
tinue avec elle sans interruption, à travers le ganglion géniculé.
Enfin le nerf de Wrisberg naît d'un amas gris, mal délimité,
situé au voisinage du noyau acoustique supérieur, sur le pro-
longement de la colonne grise des nerfs sensitifs. Ce dernier
point a été établi par Spitzka.
Si l'anatomie de la corde du tympan est sujette à des discus-
sions, ses fonctions ne sont pas moins controversées tandis
que Lussana et Schiff s'accordent pour y voir^un nerf de sensi-
bilité spéciale, M. Vulpian, répétant sur les filets linguaux delà
corde du tympan les expériences de Cl. Bernard sur ses filets
sous-maxillaires, la réduit au rôle de vaso-dilatateur. Les expé-
riences de M. Bigelow nous ramènent à l'opinion de Lussana.
D'aprèslui, 9° la section du lingual n'abolit que la sensibilité
générale dans les deux tiers antérieurs de la langue ; celle de la
corde du tympan abolit les sens du goût dans les mêmes points ;
la contre-épreuve, consistant à n'atteindre que le lingual, n'en-
traîne qu'une très légère modification du goût, imputable à la
lésion de quelques filets de la corde.
2° La section du facial en arrière du ganglion géniculé,
amènerait, contrairement à l'opinion de Schiff, de Davaine,
etc., l'abolition du goût, au bout de quelque temps seulement ;
ce phénomène ne serait nullement attribuable à la présence de
fibres gustatives dans le facial ; il n'y aurait là qu'une influence
de voisinage.
3° La section de la corde du tympan ou celle du nerf de
Wrisberg, entraînent l'abolition immédiate du goût.
La sensibilité spéciale de la corde du tympan lui serait donnée
par le ganglion géniculé. L'auteur reconnaît que les expé-
riences nécessaires sont très délicates et ne lui permettent de
rien affirmer d'une manière absolue. R. BL. et J. P.
REVUE DE PHYSIOLOGIE. 127 î
X. NOTE on THE LErT-IIANDEDNESS (Note sur l'usage de la
main gauche); par W. Ireland. (The j9)'a<K, III, p. 207-289,
1880.)
L'auteur démontre par des statistiques dont il a puisé les élé-
ments dans les éco'.es publiques et dans les asiles d'aliénés et
d'idiots, que l'habitude de se servir de la main gauche préférable-
ment àladroiten'expliquenullementune infériorité physique ou
morale. S'appliquant sur de nombreuses mensurations de crâne,
il se rallie à l'opinion de M. Luys, et admet comme lui que l'hé-
misphère cérébral gauche se développe le premier, d'où la
prédominance du côté droit. Il a trouvé presque constamment
un développement plus grand du côté gauche du crâne, même
chez les gauchers. La prépondérance du côté droit du
corps serait donc toute naturelle. Mais il ne voit pas qu'il y
ait là un motif suffisant pour proscrire l'usage de la main gauche,
surtout quand cet usage est la conséquence d'une habitude
prise de longue date. R. BL. et J. P.
XI. Un nouveau centre cortical; par GRnME M. HAMMOND.
(The médical Record, New-York, 1881, mars 19, p. 309.)
M. Hammond, en examinant des coupes pratiquées sur le
cerveau d'un chat, a trouvé que les cellules géantes ne sont pas
confinées exclusivement dans les zones signalées par Betz. On
peut en trouver des groupes dans les régions postérieures et
même vers la base. Il en a trouvé surtout un groupe important
sur le premier gyrus arciforme entre la scissure de Sylvius et
les fissures sylviennes antérieures. Le centre moteur le plus pro-
che de ce groupe cellulaire est celui dans lequel Ferrier à
localisé un mouvement d'écartement des lèvres et une ouver-
ture partielle de la bouche. M. Hammond conclut de là : 1° que
les plus grandes cellules géantes ont été trouvées dans le cer-
veau des carnivores, là où aucun centre moteur n'a été clairement
démontré, et auprès des zones d'où de petits muscles seuls sont
supposés tirer leur innervation corticale ; 2° qu'après tout, il
s'agit là d'un centre moteur que l'électrisation localisée était
incapable de découvrir. CH. FÉRÉ.
128 REVUE DE PHYSIOLOGIE.
XII. CENTRES DE la vision dans LES HÉMISPHÈRES cérébraux ; par
J.-C. DALTON. (Tlte médical Record, New-York, march 26,
p. 337.)
Reprenant les expériences de Ferrier sur le gyrus angulaire
du chien correspondant au pli courbe du singe et de l'homme,
M. Dalton a enlevé cette partie de l'écorce cérébrale sur deux
chiens, une fois à droite et une fois à gauche, avec des résultats
concordants, dont il tire les conclusions suivantes : 1° l'extir-
pation de la circonvolution angulaire cause la perte de la per-
ception visuelle du côté opposé ; 2° cette opération n'est suivie
d'aucun trouble de l'intelligence de la locomotion ou de la sen-
sibilité générale ; 3° elle n'a aucune influence sur la sensibilité
locale de la rétine ou de la conjonctive, sur la réaction de la
pupille à la lumière ou sur les mouvements de clignement.
CH. FkR.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
I. Contribution A L'ÉTUDE DE la folie A deux; par M. MA-
RANDON DE 1VIONTHIEL. (Ann. méd. psych. Janvier 1881.)
Les quatre observations personnelles de M. Marandon sont
des plus curieuses : elles montrent bien, deux au moins d'entre
elles, la différence qui sépare deux genres de folie à deux :
celui où l'aliénation éclate en même temps chez deux malades
sous l'influence de causes communes (folie simultanée) et celui
où la folie se produit chez le second malade sous l'influence du
premier (folie communiquée). Quant aux deux autres, très
intéressantes d'ailleurs, elles sont, pour l'auteur, des exemples
de folie imposée. Il nous parait impossible d'admettre ce troi-
sième genre de folie à deux où il n'y aurait qu'un seul aliéné,
' REVUE DE PATHOLOGIE PALE. 129
sans forcer outre mesure le sens des mots. Le mari et le fils
qui acceptent les idées délirantes, l'un de sa femme, l'autre de
sa mère, agissent en conséquence, sont des faibles d'esprit et
non pas des aliénés. M. Marandon de Montyel a soin de le faire
remarquer lui-même, après MM. Baillarger et Lunier; dans le
premier groupe de sa classification, dit-il, il n'y a qu'un aliéné :
l'autre individu est entraîné par l'erreur, n'est pas dominé par
la maladie. Mais s'il n'y a qu'un aliéné, peut-on encore parler
de folie à deux ? N'est-ce pas là une contradiction dans les
termes ?
II. Cas DE contagion DES illusions ; par GEO.-H. SAVAGE. (Ilte
journal of mental science, n° de janvier 1881, p. 563.)
Le plus habituellement dans la folie à deux, la personne qui
arrive à partager les illusions de l'aliéné souffre de mélancolie
simple, et accepte pour expliquer son malheur les suggestions
même les moins raisonnables. Les cas suivants sont intéressants,
d'abord parce que les cas de folie communiquée sont assez
rares pour mériter toujours d'être rapportés, ensuite parce
qu'ils s'écartent notablement de la règle précédente :
1 ° Dans le premier cas, il s'agit d'un forgeron, âgé de soixante-
six ans, veuf, qui croit avoir été couronné comme étant Guil-
laume le Conquérant et posséder des mines importantes,
d'immenses propriétés et de l'argent à n'en savoir que faire.
Son fils, lorsqu'il vient le voir à l'asile, confirme à cet égard les
déclarations de son père, qu'il affirme être possesseur des deux
tiers de l'Angleterre; enfin, la femme du fils est d'accord
avec son mari pour croire à l'immense fortune du forgeron.
(Cette femme est tout à fait ignorante et d'aspect très inintelli-
gent).
2° Le deuxième cas est relatif à une femme âgée de vingt-neuf
ans, non mariée, dont la grand'mère maternelle était aliénée,
et qui, après avoir été tourmentée par des névralgies violentes
et des insomnies, avait tenté de se suicider : elle sentait quel-
que chose qui la poussait à se tuer ou à tuer des enfants.
Hallucinations de l'ouïe et de la vue. Santé assez bonne,
fonctions régulières. Peu à peu, elle devient moins mélan-
colique, prend soin de sa toilette, et s'attache à l'un des méde-
cins qu'elle prend pour le Sauveur, et dont elle se déclare la
fiancée.
9
130 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
Telle est dans ce cas la folie génératrice ; la folie engendrée
chez une femme de trente-six ans, mariée, sans antécédents
héréditaires, ayant été hystérique toute sa vie ; cette femme, qui
paraît assez faible d'esprit, a été malheureuse en ménage. Lors
de son entrée, elle croit voir Jésus, et lui parle : elle refuse de
manger, pleure sans motif, se plaint d'avoir perdu son âme et
veut se noyer. Elle obéit facilement à toutes les suggestions.
Placée dans la même salle que la malade précédente, elle par-
tage bientôt son idée délirante, désigne le médecin comme
étant « le Rédempteur » et prétend être sa femme, bien que son
mari vienne souvent la voir, et quelle le reçoive fort bien.
L'auteur cite, sans en donner l'observation détaillée, trois
autres cas. Dans l'un, une folle qui se donnait pour la prin-
cesse de Galles, voyait sa prétention énergiquement soutenue
par une autre aliénée (également mégalomane) qui se basait
sur ce fait que la princesse de Galles devait savoir mieux que
personne qui elle était.-Dans le second, une jeune fille croyant
être Jésus, son père se donnait pour le père de Jésus. Enfin,
dans le troisième, il s'agissait d'un oncle et d'une nièce, atteints
tous deux du délire de persécution avec craintes d'empoison-
nement. R. DE M. C.
III. QUELQUES réflexions pratiques A PROPOS DE L'ALIfEN-
TATION forcée; par M. E. Régis. (Aniz. méd. I)sych., janvier
1881.)
Communiqué d'abord à la Société médico-psychologique, le
travail de M. Régis comporte deux points originaux : la propo-
sition de l'emploi des peptones dans l'alimentation artificielle
des sitiophobes et l'invention d'une nouvelle sonde oesopha-
gienne, sonde d'épreuve, destinée à diagnostiquer la fausse
route. Cette sonde est munie à son tiers inférieur d'une am-
poule qui peut se gonfler au moyen d'un mince tuyau courant
dans la paroi de la sonde. Gonflée, cette ampoule obstrue le
conduit où elle se trouve et, si c'est la trachée, amène des
phénomènes asphyxiques indiquant la fausse route. L'expé-
rience seule peut éclairer sur la valeur de ce procédé; cepen-
dant, a priori, il nous semble susceptible de donner lieu à
deux erreurs opposées : même dans l'oesophage, l'ampoule
déterminera, peut-être, dans certains cas, des signes d'asphyxie
et fera croire à une fausse route qui n'existera pas ; d'autre
part, il se peut que parfois l'obstruction, dans la trachée,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 131
étant insuffisante à produire l'asphyxie, l'opérateur soit le
jouet et le malade la victime d'une trompeuse sécurité. Mais,
nous le répétons, c'est à l'expérience à décider. Quant à l'in-
troduction des peptones dans l'alimentation, en cas de diges-
tion insuffisante ou laborieuse, on ne peut que l'approuver,
tout en préférant l'ingestion d'une bonne tranche de boeuf
quand la sitiophobie ne dépend pas de troubles gastriques.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ 111ÉDICO-PSYCHOL.OGLQUG
Séance du 28 février 1881 . Présidence de M. Luys.
M. Delasiauve remet en question la pseudoi ? zonoinaizie ou délire
partiel diffus et l'envisage au point de vue de la responsabilité
morale et sociale. Plusieurs exemples sont rapportés pour déter-
miner la physionomie morbide de l'affection, ses rémissions, ses
paroxysmes, la responsabilité du sujet pour ses actions dans les
intervalles favorables, l'immunité complète qui doit la couvrir si
les faits se sont passés durant les crises. Comme lemonomane agit
sous l'empire d'une fatalité logique, le pseudomonomane obéit à
une fatalité automatique, et là est la véritable explication de bien
des crimes dont le mobile échappe, de nombreux suicides dont
l'énigme est insaisissable. Il pouvait suffire d'une brusque interrup-
tion pour les conjurer. Le sujet, après l'acte, manifeste non des
remords qu'il ne saurait avoir, mais une stupéfaction douloureuse
et significative.
M. BILLOD demande à la Société quelques éclaircissements au
sujet des placements volontaires dans les asiles. Peut-on recevoir
un malade qui demande lui-même son internement ?
M. Lunier fait observer que cette question a été plusieurs fois
discutée. Il est d'avis qu'on tourne la difficulté en conseillant au
malade de se faire délivrer un certificat par son médecin ordinaire :
c'est plus régulier, mais il vaudrait mieux encore que la famille
132 SOCIÉTÉS SAVANTES.
elle-même lit les demandes d'admission. Le préfet peut aussi
donner l'ordre de recevoir le malade d'office.
AI. rtpp0l'LP, l'histoire d'un homme qui s'était placé
à Clermont. Plus tard, il quittait l'asile pour fuir des persécuteurs
, qui le tourmentaient, et venait à Charenton implorer un refuge
et demander une protection contre ces individus. Comme on ne
pouvait le recevoir, le préfet, informé de cet état de choses, fit
examinerle malade par un médecin et ordonna ensuite un place-
ment d'office. Quelques jours après, sous l'influence des mêmes
idées délirantes, le malade réclamait sa sortie qui lui fut refusée,
et il est encore en traitement à Charenton. ,
M. FALRET. Des faits de ce genre s'observent assez fréquem-
ment. Je pense qu'on doit toujours demander un certificat médical
avant de recevoir un malade, autrement on s'exposerait, le malade
venant à changer d'avis avant d'être guéri, à rendre la liberté à
un individu dangereux ou un de ces aliénés qui n'obtiennent leur
guérison qu'à la condition de rester à l'asile.
M. LUNIER. Il existe en Angleterre des établissements où les
ivrognes sont reçus sur leur simple demande, dès qu'ils se sentent
malades, à la condition toutefois, qu'ils s'engagent à prolonger
leur séjour pendant un temps qu'ils fixent eux-mêmes à l'avance.
Cette pratique n'est pas rationnelle, car le malade ne peut pas
préjuger du temps nécessaire a sa guérison.
M. Billod suppose le cas d'un aliéné impulsif luttant en quelque
sorte contre son impulsion et venant dire au médecin : « Recevez-
moi ou je tuerai quelqu'un. » Ne vaut-il pas mieux retenir d'abord
le malade et régulariser ensuite son admission ?
M. LOLLIOT. Dans un asile public, le directeur peut, avec l'or-
dre du maire, retenir même pendant vingt-quatre heures ; mais,
dans un asile privé, on ne peut guère agir de la sorte.
M. Lunier rapporte l'observation d'un malade sur l'état mental
duquel il a eu à se prononcer, trois mois après l'époque où il avait
commis des détournements qui avaient motivé son arrestation.
C'est avec de nombreux renseignements sur les antécédents du
malade que M. Lunier a pu établir son irresponsabilité.
Ce fait montre une fois de plus de quelles difficultés une exper-
tise médico-légale est parfois hérissée.
Séance du 28 mars 1881. Présidence de M. Luys.
M. le Dr. RENAUD, médecin adjoint des asiles, est nommé membre
correspondant.
M. le Président demande que les membres qui assisteront au
congrès d'Alger, veuillent bien représenter officiellement Lc
Société.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 133
IL Lasègue fait ensuite une communication anecdotique sur les
mensonges des hystériques. On a beaucoup écrit sur la folie hysté-
rique sans qu'il soit possible de déterminer ce qu'on entend par là,
d'abord, à cause delà folie qu'il est difficile de définir, et aussi de
l'hystérie qui est encore un terme très vague. Toute hystérique est
une femme composée de deux êtres, l'un fou, l'autre raisonnable ;
elle a donc en elle tout ce qu'il faut pour mentir et en faire
accroire. La moitié folle inventera le mensonge, la moitié raison-
nable l'arrangera pour le raconter et le rendre vraisemblable.
Cet état peut être comparé à la folie à deux, où l'on voit l'organe
actif inventer le délire, et l'organe passif le donner.
Suivant que, chez l'hystérique, l'une ou l'autre des deux ten-
dances prédomine, la femme se rapproche de la folie ou de la
raison. Le romancier, qui écrit, ne fait aussi que raconter des faits
fournis pas son imagination, en les présentant sous une forme qui
les rende acceptables, et souvent même, comme l'hystérique, il
finit par se persuader d'avoir assisté aux scènes qu'il raconte. Un
homme peut donc se dédoubler et créer des histoires où l'invention
se marie à la réalité.
Certaines conditions de la vie humaine se prêtent particulière-
ment à ce compromis : les hystériques et les enfants les remplis-
sent à peu près toutes. En effet, chez ceux-ci, on rencontre plu-
sieurs espèces d'arrêtpartiel de développement à côté de développe-
ments partiels exagérés tant au point de vue physique qu'au point
de vue moral. Quand ces perturbations portent sur l'intelligence,
elles ont pour résultat de rendre ces enfants moitié raisonnables,
moitié déraisonnables.
Quelquefois l'imagination n'a inventé qu'un mensonge très sim-
ple, qui est aussitôt raconté et chacune des demandes de rensei-
gnements qu'on adresse à ces êtres, suffit à tous les frais d'inven-
tion : ils n'ont plus qu'à répondre affirmativement à toutes les ques-
tions de détail qu'on leur pose sur leur histoire, pour créer petit à
petit un roman, auquel ils finissent par s'arrêter et qu'ils répètent
ensuite par coeur sans jamais varier dans leur dire.
Cette uniformité frappe les esprits crédules comme un témoi-
gnage indéniable de véracité, alors qu'elle est au contraire le carac-
tère d'une histoire, composée de toutes pièces. Vous comprenez faci-
lement quelles conséquences fatales peuvent avoir ces inventions.
Un jour un enfant revenant de l'école, s'attarde à jouer avec ses
camarades au lieu de rentrer chez ses parents. Un dialogue à peu
près semblable à celui-ci s'établit entre sa mère et lui : D. D'où
viens-tu ? R. (l'enfant ne répond pas). D. Tu as donc fait du
mal, que tu ne dis rien ?
L'enfant invente alors son premier mensonge et répond : Oui,
maman. - D. Tu n'es pas allé à l'école ? il. Non maman.
D. Tu es allé te promener, rue Richelieu, peut-être ? R. Oui,
134 SOCIÉTÉS SAVANTES.
maman. - D. Mais, tu as l'air embarrassé, tu es peut-être allé
chez quelqu'un ? R. Oui, maman. D. Chez qui ? Et la mère passe
en revue les maisons qui l'ont le plus frappée, sans attendre la
,éponse de l'enfant et s'arrête par hasard dans son énumération à
celle- de M. X., chemisier. A ce moment l'enfant, qui attendait que
sa mère se tut pour parler, répond : Oui D. C'est lui qui t'a
emmené ? L'enfant, voyant toujours qu'on ne le gronde pas alors
qu'il n'eût certainement pas manqué de l'être s'il avait avoué s'être
attardé à jouer, continue ses réponses affirmatives à tout ce que
demande sa mère, et cette dernière finit ainsi par lui faire avouer
une tentative de viol dont il aurait été la victime. A l'arrivée du père,
la mère narre de bonne foi tout ce drame et, à partir de ce moment,
l'enfant qui en connaît tous les termes par coeur, mot pour mot, sans
aucune variante, le répète à toutes les personnes qui lui demandent
des renseignements. Le père dépose une plainte au parquet, une
instruction est faite contre le chemisier, qui fut assez heureux pour
établir très nettement sa parfaite honorabilité, mais qui, ne se trou-
vant pas satisfait par l'ordonnance de non lieu rendue en sa faveur,
résolut de faire lui-même une contre-enquête pour établir l'emploi
du temps de l'enfant le jour du crime dont il avait été accusé d'être
l'auteur. Il y parvint non sans peine et l'écolier, pressé de questions
et convaincu de mensonge, finit par avouer qu'il n'avait menti d'a-
bord que dans la craints d'être battu, en racontant qu'il avait joué
et n'avait maintenu ensuite son dire que pour ne pas avoir l'air
d'avoir faitun mensonge.
Les jeunes filles ont encore plus d'habileté pour inventer ces
,)mans. L'une d'elles, par exemple, rentre chez sa mère après une
absence de huit jours. Pour expliquer cette absence, elle fabrique un
petit roman qui avait en outre l'avantage de la rendre très intéres-
sante : « J'ai été arrêtée, dit-elle, dans la rue par un monsieur, qui
m'a offert une très belle position si je consentais à aller remplacer
près d'un vieillard sa fille morte à laquelle je ressemble beaucoup.
J'ai accepté : on m'a conduit les yeux bandés dans un magnifique
appartement où se trouvait un prêtre, » etc., etc... Il y a toujours
des prêtres dans ces sortes d'histoires.
La justice fait une enquête et on découvre quoi ? qu'elle avait
simplement fait une fugue avec un jeune galant de son choix.
Une autre fois, c'est un maître d'étude qui divulgue Un complot
tramé contre l'empire : c'est caché dans le boîtier d'une pendule
d'auberge qu'il a assisté à une réunion de conspirateurs ; il
s'était même chargé de se mettre à leur poursuite pour les faire
arrêter.
Victor-Emmanuel a été autrefois victime d'une malade de ce
genre qui se prétendait sa nièce. L'histoire qu'elle racontait et le
prétendu abandon dont elle se disait la victime fit tant de bruit
que le roi envoya un général pour prendre des renseigne-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 135
ments sur cette affaire, avec ordre de ramener sa parente, si ses
réclamations paraissaient fondées. Cette femme donna sur sa nais-
sance mystérieuse des détails tellement vraisemblables qu'elle fut
installée à la cour d'Italie, et ce n'est que plus tard qu'on apprit
qu'elle était tout simplement la femme d'un coiffeur.
M. BILLOD rapproche de ces faits les miracles en général aux-
quels des gens prétendent avoir assisté et ceux de la Sallette en
particulier.
Séance du 25 avril 1881. Présidence de M. Luys.
M. Bigot est nommé membre de la Société médico-psychologique.
M. Voisin, rapporteur du prix Esquirol, conclut à ce que cette
récompense soit accordée à M. d'Olier qui vient de mourir derniè-
rement, victime d'une fièvre typhoïde contractée dans son service.
Son mémoire a pour titre : De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-
lepsie chez l'homme comme chez la femme. Ce travail est divisé en
cinq paragraphes : dans le premier, l'auteur étudie l'hystérie sur-
venant chez un épileptique ; dans le second l'épilepsie survenant
chez les hystériques; dans le troisième, l'hystérie convulsive coexis-
tant avec des vertiges épileptiques ; le quatrième et le cinquième
sont consacrés à des cas où les crises sont mixtes et dans lesquels les
deux névroses ne sont pas étroitement confondues. Ce travail, dit
le rapporteur, émane d'un homme consciencieux et travailleur.
Puisse cette dernière distinction être un adoucissement à la
douleur de son malheureux père ! ,
M. COTARD, membre de la famille de d'Olier, remercie la Société
au nom de son père et en son propre nom.
M. L.1SLGU demande qu'à cause de ce cas particulier, non pré u
par le règlement, on ajoute à la médaille la somme consacrée ordi-
nairement à l'achat des livres.
M. COT.1RD préfère que cette somme d'argent soit plutôt consa-
crée à l'achat de livres pour la bibliothèque des hôpitaux où son
neveu avait été interne.
M. CHIiISTIAN, rapporteur de la commission du prix Aubanel, con-
clut à ce qu'il ne soit pas décerné cette année à cause de l'insuffi-
sance des mémoires qui ont été présentés, et que dorénavant on
mette au concours une question déterminée.
M. LEGRAND du SAULLE estime que les conditions de legs de
M. Aubanel sont formelles et qu'on ne peut apporter de change-
ments à cette fondation que dans des limites très restreintes.
Une commission, composée de 11111. BILLOD, DIGONET, DALLY,
CHRISTIAIS et FOVILLE, rapporteur, est chargée de revoir le pro-
gramme de ce concours.
136 SOCIÉTÉS SAVANTES.
11. Lasègue demande l'opinion de ses collègues sur la question
médico-légale suivante : - Un homme, qui a tous les dehors d'un
pédant d'école primaire, dont le seul talent consiste à très bien
écrire, est arrêté il y a quelques années, pour avoir volé dix pale-
tots dans un café. Un an après, il commet le même vol et est con-
damné à huit mois de prison. Il se marie au mois de janvier ; en
février, il vole encore dix paletots. Il les a uniformément engagés
au Mont-de-Piété pour une somme de six francs ; il a été chaque fois
arrêté dans les mêmes conditions, en revenant dans un café où il
avait volé la première fois. Pas d'antécédents héréditaires fâcheux.
Peut-on de la répétition d'un même acte dans les mêmes lieux
conclure à un trouble mental intermittent ? Cet homme n'avait
nullement besoin de ces vols pour vivre.
M. Voisin a connu une dame qui, pendant quinze ans, allant aux
bains de mer, volait des couverts dans les hôtels où elle descen-
dait. Plus tard son petit-fils se mit également à voler, et volait tout
ce qui lui tombait sous la main. Il étiquetait chacun des objets
volés, les enfermait dans des tiroirs avec la date des jours où il les
avait dérobés. En outre, ce jeune homme est somnambule et, de
plus, sujet à des accès de violente colère : un jour il traversait d'un
coup de couteau le bras de son domestique et une autre fois il cas-
sait à coups de revolver les vitres d'une serre.
Séance du 30 mai 1881. --Présidence de 1,UYS.
Le procès-verbal delà dernière séance est lu et adopté.
M. DALLY prend ensuite la parole pour faire à la Société une in-
téressante communication sur la dégénérescence des races humaines.
La dégénérescence est constituée par une série d'états de dégrada-
tions organiques successives, qui aboutissent à la stérilité. Ce n'est
pas, comme on l'a cru, la transformation d'un état organique en
un autre état organique. Il n'y a pas de rapport entre cet état et
ce qu'on désigne du nom de dégénérescence dans les tissus, comme
par exemple la dégénérescence graisseuse. Les tissus ne dégé-
nèrent point, ils se transforment. Les procédés généraux de la dé-
générescence se divisent, suivant les causes en quatre classes.
La première, dite pathologique, comprend les affections diathé-
siques, en première ligne la syphilis, la scrofuluse, la tuberculose,
et différentes formes de lèpres. La seconde classe, celle des poisons
ethniques, dont les principaux sont l'opium et l'alcool, comprend
les maladies qui s'y rattachent. La troisième classe est composée des
causes climatériques et géographiques : elle renferme les affections
dues aux altitudes élevées, au mauvais état des eaux, au voisinage
des marais, telles que le goitre, le crétinisme, l'impaludisme, etc.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 137
Les causes sociologiques forment la quatrième et dernière
classe. Elles ont pour résultat l'extrême division du travail dont
l'effet est de donner à un même individu la même occupation,
et de ne mettre ainsi en jeu qu'un seul organe, comme par
exemple, le cerveau, ce qui occasionne toutes les phrénopathies,
dues aux excès intellectuels. C'est aux causes sociologiques qu'il
faut attribuer les agglomérations urbaines qui tendent à augmen-
ter et aussi la sélection militaire.
Un certain nombre d'auteurs ont remarqué que la destruction
des nations tenait surtout aux agglomérations dans les villes.
M. Dally, étudiant ensuite les procédés à l'aide desquels les dé-
générants aboutissent à un type final de dégénéré stérile, rappelle
les faits généralement admis des diathésiques dont les enfants
meurent en bas âge ; des opiophages dont beaucoup sont stériles,
quelques-uns d'entre eux ne fumant même l'opium que pour arri-
ver 1 ce résultat; des alcooliques qui sont souvent aphrodisiaques ;
des malades des asiles qui le sont aussi généralement ; des goi-
treux et des crétins qui n'ont le plus souvent pas d'enfants ; des
individus non encore acclimatés à un pays et qui n'ont que peu
d'enfants; enfin, il cite ce fait que, dans les grandes villes, les
naissances sont moindres que dans les campagnes.
Passant ensuite à l'étude de la part que doivent avoir les dégé-
nérescences dans l'aliénation mentale, l'orateur fait justement
observer que si elles n'aboutissaient pas à la stérilité, fatalement
toute la race serait vouée à la folie. La stérilité est donc une porte
de sortie qu'il ne faut point chercher à fermer. Elle a cependant
un inconvénient : c'est la diminution de population dans les races.
La population en France n'augmente pas et diminue même com-
parativement à celles des autres nations. Si l'on peut atténuer
ce grand mal, ce n'est qu'en faisant disparaître les causes qu'il est
en notre pouvoir de supprimer, telles que, par exemple, les agglo-
mérations urbaines. En France nous ne dégénérons que par le
nombre. Si l'on prend un individu isolé, on ne le trouve ni moins
intelligent, ni moins beau, ni moins fort qu'un autre individu des
siècles passés : si de nos jours nous ne rencontrons pas d'Aristote,
par exemple, cela tient uniquement à ce que la moyenne du
niveau intellectuel est plus élevée que du temps d'Aristote et qu'il
est par conséquent plus difficile de s'élever au-dessus du vulgaire.
M. Bourdin comprend que, lorsqu'un organe est altéré, il ne
puisse plus donner un produit absolument sain, mais il pense
qu'avant de discuter sur la diminution ou l'augmentation des in-
dividus d'une race, il faudrait connaître sa population à différentes
époques. Or, avant 1817, on n'avait jamais fait de statistique ayant
même quelque apparence de vérité : une statistique est chose
si difficile à faire qu'actuellement encore on ne peut arriver à
connaître en France le nombre des élèves qui fréquentent les écoles.
138 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Suivant lui, les populations urbaines ne seraient pas moins fécondes
que celles des campagnes : si les premières n'augmentent pas,
c'est que dans les villes la mortalité est plus grande. Si l'onprend,
par exemple, dix enfants nés à la campagne et autant nés à la ville
et qu'on les suive pendant vingt ans, on constatera qu'à cet
age il y aura plus de morts parmi les derniers. D'un autre
côté, la natalité est moindre dans certaines provinces. Cette
stérilité relative existe particulièrement dans les pays riches, et
notamment en Normandie. Somme toute, la population française
augmente, moins vite que certaines autres nations; cependant,
chez nous, la vitalité étant plus grande , elle compense avan-
tageusement la natalité, car ce qui fait la force d'une nation
n'est pas tant le nombre des enfants qui lui naissent que celui des
hommes mûrs qui lui restent.
M. Doutrebente préfère la définition des dégénérés de M. Morel
à celle de M. Dally, parce que, suivant lui, leur caractère principal
n'est pas la stérilité. Les dégénérants ne sont pas inféconds, au
contraire ; les dégénérés ne le sont que parce qu'ils meurent en.
bas âge.
M. Falret. Morel avait pour ainsi dire prévu cette discussion.
Pour lui, les alcooliques et autres dégénérants ont ce qu'il appelait
une fécondité bornée c'est-à-dire qu'ils ont des enfants qui meurent
en bas âge.
M. Christian pense bien que les dégénérés finissent par être
stériles, mais il ne s'explique pas cette persistance des goitreux de
certains pays qui se marient et ont des enfants.
M. DALLY croit qu'avant 1817 les statistiques étaient déjà assez
sérieuses pour qu'on puisse faire un certain fonds sur elles, et il
insiste sur ce fait que si nous accroissons en apparence, en somme
nous n'accroissons pas par rapport aux autres nations dont la nata-
lité est beaucoup plus grande que la nôtre et qu'au demeurant
l'accroissement natif étant le seul important, nous allons être de
beaucoup dépassés en Europe.
Pour lui, le critérium de la dégénérescence, c'est la tendance à
la stérilité, sinon la stérilité complète d'emblée. Le résultat final
est le même. La porte de sortie reste ouverte et la nation échappe
ainsi à l'envahissement de la folie. Il ajoute que si les crétins
persistent dans certains pays, cela tient à un apport nouveau qui
leur arrive par des mariages avec des types ne vivant pas dans les
mêmes conditions climatériques, et si, en Normandie, les naissances
sont moindres que dans d'autres départements, il n'en faut chercher
la cause que dans les habitudes du Normand qui veut, autant que
possible, assurer la transmission de son bien indivis.
A l'unanimité, le De Charpentier est nommé membre de la
Société médico-psychologique. MARCEL BRIAND.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 139
ASSOCIATION MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE ANGLAISE
Rézcazioaz trimesta·ielle : lr décenaba·e 4880.
En tète de l'ordre du jour figure une communication du
Dr. SAVAGE sur la nomenclature des maladies mentales : l'ora-
teuraété chargé,deconcertaveeM.BucKNiLL, derévisercetteno-
menclature pour la prochaine édition de la «Nomenclature
des maladies » que va publier le Collège Royal des médecins de
Londres. La terminologie actuellement en usage dans ce recueil
est à la fois peu correcte et peu complète ; c'est ainsi que les
seules maladies mentales qui y soient mentionnées sont la
manie, la mélancolie, la démence, la paralysie générale, l'idiotie
et l'imbécillité. Beaucoup de formes d'aliénation sont entière-
ment passées sous silence ; d'autre part, la folie puerpérale figure
parmi les maladies des organes de la génération. Pour l'accom-
plissement de la tâche qui lui est confiée, le D'Savagefait appel
aux lumières de ses confrères; il croit, d'autre part, qu'il sera
difficile, en psychiatrie, de se conformer au désir du Collège Royal
et d'établir la classification nouvelle sur des bases anatomiques.
Le Dl HERBERT Major, lit une note intitulée : « Projet pour
assurer l'uniformité de classification et d'enregistrement des causes
de la folie dans les comptes rendus des Asiles. » La discussion à
laquelle le mémoire donne lieu porte principalement sur la
difficulté, admise par tous les orateurs, de déterminer les
causes parfois très complexes de l'aliénation mentale, et sur
les voies et moyens, d'ordre surtout administratif, qu'il con-
vient d'adopter pour obtenir des comptes rendus plus exacts et
plus complets au point de vue étiologique.
Le De Fletcher BE.1CI lit un mémoire sur Y «Hypertrophie du
cerveau chez les imbéciles ». A propos de cette lecture, le Dl Sa-
VAGE rappelle qu'il y a des cas où cette hypertrophie n'est ni
générale, ni uniforme ; il demande, en outre, quelle différence
l'auteur établit entre la sclérose pure et l'hypertrophie pure du
cerveau
M. Major dit que l'étude comparée des différentes couches
corticales dans l'état sain et dans l'état d'imbécillité ou
d'idiotie ouvre un vaste champ de recherches. Il a étudié des cer-
140 BIBLIOGRAPHIE.
veaux de singes à cet égard, et a trouvé dans les espèces supé-
rieures le même nombre de couches que chez l'homme.
Le De HACK TuiiE demande au Dr BEAcn s'il a trouvé chez les
idiots l'hypertrophie de la substance grise qu'a signalée Mierze-
jewsid. ,
Répondant à ces diverses questions, le Dr BEACH dit : 1° qu'il
n'a que rarement rencontré l'hypertrophie cérébrale limitée ;
et que, d'accord sur ce point avec Brunet, contrairement à l'opi-
nion de d'Espine et Picot, il a constaté chez les imbéciles l'hy-
pertrophie sans sclérose, et jamais l'hypertrophie avec sclérose.
- 2° Il a trouvé certaines différences assez marquées dans les
couches corticales des imbéciles et des personnes saines d'es-
prit : les seconde, troisième et quatrième couches avaient des
cellules rondes et d'autres pyramidales avec deux, ou, au plus,
trois prolongements ; pas de cellules tripolaires. Dans les cel-
lules rondes, le noyau était souvent excentrique, entouré d'une
zone dégénérée, au delà de laquelle était un espace clair. -3°Il
a trouvé la substance grise atrophiée, mais jamais hypertrophiée.
Le DJuLIUS Mickle lit une «Note sur un cas de lésion du
cerveau » .
L'heure avancée ne permet pas au De SAVAGE de lire un mé-
moire « Sur quelques cas de paralysie générale » qui figurait à
l'ordre du jour. (7'yo : M'Ho/'Men<ac<eHce, janvier 1881,
p. 636.) R. de M. C.
BIBLIOGRAPHIE
I. Le béribéri ou le kakké du Japon; parD.-B. SimmoNs. (Chti2a
impérial maritime customs; médical 7< ? /jor<sll. Spécial
séries, no -1, 1880, Shanghaï.)
Le kakké est une maladie qui se développe pendant l'été,
spécialement dans les ports des côtes est et sud des îles du
Japon ; elle a une marche chronique, mais elle est sujette à des
exacerbations d'une gravité variable. Les symptômes caracté-
ristiques sont : l'anesthésie de la peau, l'hyperesthésie et la
paralysie des muscles, l'anasarque, les palpitations, des mur-
mures liquidiens dans le coeur et les artères, l'oppression pré-
ÎSIBLIOGRAPHIE. lit t
cordiale et qui reconnaît pour cause une exhalation miasmati-
que ou spécifique du sol. Elle se présente sous deux formes :
une forme humide (béribéri hydropique), et une forme sèche
(bériberi atroleaque). Les deux formes peuvent se rencontrer
dans la même localité. La première serait surtout fréquente
dans les étés humides, la seconde dans les étés secs. La forme
humide a une marche fatale, rapide, et défie tout traitement;
la forme sèche est au contraire rarement mortelle.
L'expression du « kakké », employée par les médecins japo-
nais indigènes, signifie une sensation de pesanteur et de fatigue
dans les jambes; elle désigne une affection qui ne peut être
distinguée du béribéri. M. Simmons pense aussi que le bar-
biers n'est autre chose qu'une forme sèche du béribéri. Il a
dressé une carte de la distribution de la maladie que l'on voit
surtout au Japon, à Java, à Sumatra, à Bornéo, à Banka, aux
Célébes, aux Moluques, à Ceylan, sur la côte occidentale de
l'Indoustan, sur la côte occidentale de la Mer Rouge et sur la
côte du Brésil. Le kakké du Japon a été étudié par divers
médecins indigènes, notamment Osada Tokuhou en 1562,
Machibana Nanké en 1715, et Katô Séito à la fin du dernier
siècle. Hoffmann, Wernich et William Anderson sont les seuls
Européens qui s'en soient occupés précédemment.
La cause principale est un miasme tellurique, dont les effets
peuvent être favorisés par certaines circonstances et par une
prédisposition individuelle.
Le kakké est une maladie des villes du littoral, quoiqu'il
puisse quelquefois se développer dans l'intérieur des terres. A
l'état endémique, il prédomine pendant l'été, et dans les sai-
sons très pluvieuses, il devient plus grave et épidémique.
Pendant l'hiver, il ne survient pas de cas nouveaux, et les
anciens guérissent souvent. Les anciens habitants d'un pays à
endémie sont beaucoup moins sujets à l'affection que les indi-
gènes venant du dehors ; il y a une grande proportion de sol-
dats, de marins, de policemens, d'étudiants nouvellement
arrivés de campagne, qui sont atteints au bout d'un certain
temps. La débilité et l'anémie ne sont pas des causes prédispo-
santes, ce sont plutôt les sujets étant dans de bonnes condi-
tions hygiéniques et forts qui sont atteints. L'anémie est extrê-
mement fréquente au Japon ; il faut la considérer comme une
simple coïncidence. Les vieillards et les enfants sont presque
exempts de la maladie, qui se développe surtout de vingt à
i 42 BIBLIOGRAPHIE.
trente ans. Il en est de môme des femmes, sauf dans l'état
puerpéral. Une première atteinte prédispose à une autre. Les
professions sédentaires la favorisent. Les marins sont fréquem-
ment atteints, et quelquefois quelque temps après être rentrés
d'un long voyage, lorsqu'ils ont pu manger librement des ali-
ments frais; les marins japonais qui en souffrent sont dans de
bonnes conditions hygiéniques, ce qui prouve que la maladie
n'a aucun rapport d'étiologie avec le scorbut. L'air confiné
parait être une cause prédisposante ; le kakké est rare dans
les prisons du Japon, qui sont des espèces de cages trop venti-
lées, tandis que le béribéri est fréquent dans celles de l'Inde,
qui. sont construites en pierre et mal aérées. Aucun des Euro-
péens de Yokohama n'a été atteint ; du reste, Praeger a déjà
noté que les Européens ne prennent qu'exceptionnellement
le béribéri dans l'Inde. Pour appuyer l'origine tellurique de la
maladie, M. Simmons s'appuie : 1 sur son mode d'apparition
à Yokohama (on ne l'a vue survenir qu'à partir du moment
où la ville s'est étendue le long du rivage) ; 2° on la rencontre
presque exclusivement dans la ville basse ; 3° elle se développe
plus fréquemment chez les sujets non acclimatés ; 4° elle peut
guérir par le changement de pays.
Il faut ordinairement plusieurs semaines de séjour dans
une localité infectée, pour que la maladie se déclare; l'incu-
bation serait plus longue dans les mois les moins chauds de
l'été. Les prodromes sont constitués par un état de malaise,
une inaptitude intellectuelle et une sensation de fatigue dans
les membres inférieurs. Cette période de début est progressive,
mais avec intermittences, le patient a quelquefois deux ou trois
jours pendant lesquels il paraît bien. Il est rare qu'au Japon
on voie survenir la forme aiguë ou pernicieuse; immédiatement
après la période prodromique, on observe ordinairement une
période d'une durée variable, constituant un stade subaigu
pendant lequel les symptômes caractéristiques apparaissent.
Le premier symptôme est généralement l'anesthésie cutanée
qui apparaît successivement sur le muscle tibial antérieur,
à l'extrémité des doigts et autour de la bouche. La paralysie
occupe, à des degrés variables, certains groupes de muscles,
souvent ceux qui sont sous-jacents aux plaques d'anesthésie
cutanée. Aussi, la pointe du pied est pendante, et lorsque le
malade marche, il lève le pied très haut, ce qui lui donne une
démarche spéciale; il existe en même temps une sorte de
BIBLIOGRAPHIE. 143
rétraction avec induration des muscles du mollet, et une ten-
sion du tendon d'Achille, qui augmentent encore la difficulté
de lever les orteils. Certains groupes musculaires sont hyper-
esthésiés. En même temps, il existe une certaine gêne de la
respiration, duc probablement àla paralysie des muscles du tho-
rax, et des palpitations, quand le malade se livre à un exercice
un peu violent.
Tous ces symptômes sont communs aux deux formes sèche
et humide, de la maladie. Dans la forme humide, on voit
l'infiltration du tissu cellulaire apparaître à la partie anté-
rieure de la jambe; puis l'oedème se généralise et la peau,
principalement, à la face, prend une teinte livide. Dans
les cas simples, la température et le pouls sont normaux;
toutefois, dans la forme humide, le pouls est ordinairement
plus large et dépressible, indiquant une diminution de la ten-
sion artérielle, tandis que, dans la forme sèche, il présenterait
des caractères opposés.
Au Japon, on n'observe guère que la forme subaiguë. Il n'y
a guère que la forme humide qui ait une marche pernicieuse ;
la forme sèche est rarement fatale. Dans la forme humide
pernicieuse, on voit I'oedème des membres inférieurs et du
tronc, la bouffissure de la face se développer rapidement, avec
des signes d'hydro-thorax et d'oedème pulmonaire : des vomis-
sements d'une forme verdâtre indiquent bientôt une termi-
naison fatale. Quand la forme sèche affecte une marche aiguë,
elle se caractérise, au contraire, par une diminution rapide des
liquides de l'économie et par l'augmentation de la paralysie
et de l'atrophie musculaires.
Le béribéri peut quelquefois offrir des formes frustes, avec
atténuation de la paralysie, par exemple, et être caractérisé
presque exclusivement par l'anesthésie cutanée. Il peut se
compliquer accidentellement de diarrhées, de dysenterie, de
fièvres palustres, de fièvre typhoïde. Au Japon, on a vu, suivant
les circonstances et les saisons, la mortalité varier de 5 à 5, 8,
à 17, 65, à 22, 13 pour 100. Le traitement est surtout hygiéni-
que et symptomatique.
Quant à l'anatomie pathologique, elle est encore à faire ;
les lésions qu'on a signalées du côté du système nerveux, telles
que hyperhémie, infiltration séreuse ou sanguine des enve-
loppes de la moelle et du cerveau, les soi-disant ramollissements
de la moelle, ne présentent pas des caractères suffisamment
144 BIBLIOGRAPHIE.
traiicliéb et constants pour qu'on puisse faire fond sur elles.
C'est là une question qui mérite d'appeler l'attention des
médecins de la marine qui seront appelés à observer ces mala-
dies. Ch. Féré.
Il. Du délire aigu; par le Dr MARTEL BRIAND. Thèse de Paris,
1881. (Librairie A. Delahaye et Lecrosnier.)
De toutes les perturbations qui peuvent assaillir une intelli-
gence égarée, la plus intense quoique l'une des plus courtes,
est le délire aigu. Ce n'est pas un écart, une fausse route, c'est
une chute vertigineuse dans les abîmes de la folie, chute pleine
d'angoisses pour celui qui tombe, chute navrante pour celui
qui assiste, spectateur souvent impuissant, à ce bouleversement
tragique de la raison humaine. Cette grave affection se termine
du reste le plus ordinairement par la mort.
Pendant son internat à Sainte-Anne dans le service de M. Ma-
gnan, l'auteur ayant eu la bonne fortune d'observer un
grand nombre de ces cas, en a fait l'objet de sa thèse inaugurale
et discute la place qu'ils doivent occuper dans la pathologie
mentale.
Un historique développé fait ressortir à la fois et la com-
plexité de la maladie en question et les divergences d'apprécia-
tions dont elle est l'objet : entité pour les uns, pur symptôme
pour les autres; pour plusieurs enfin incident ou épiphénomène
surajouté au cours d'une vésanie.
En présence d'affirmations si contraires et parfois si absolues,
il était difficile de choisir. Cependant, l'auteur, dont l'opinion
intime perce d'un bout du travail à l'autre, considère le délire
aigu comme une entité morbide susceptible d'être nettement
déterminée. L'anatomie pathologique est ensuite étudiée avec
soin et, en premier lieu, il décrit une lésion àpeu près constante,
non encore signalée de l'aorte au niveau de sa grande courbure,
consistant en une injection d'étendue variable qui recouvre la
tunique interne de ce vaisseau et figure assez exactement l'effet
que produirait un pinceau de 2 à 3 centimètres d'épaisseur,
chargé d'encre rouge, promené de bas en haut pendant 5 à 6
centimètres à partir des valvules sigmoïdes. Cette coloration
très accusée s'accompagne quelquefois d'épaississement, est
rigoureusement limitée à la tunique interne du vaisseau, de
plus indépendante des plaques athéromateuses qui peuvent
BIBLIOGRAPHIE. H5
, exister et que, parfois même, elle enveloppe par places. On la
' rencontre chez les sujets de tout âge, sobres ou non.
) C'est quelquefois plus qu'une simple injection, et, dans
quelques cas, on se trouve en présence d'une véritable néo-
membrane tapissantlaparoi interne de l'aorte. Suivant l'auteur,
,ce serait là une étape plus avancée du processus pathologique.
L'existence de cette lésion est pour beaucoup dans la présomp -
tion, qui le porte à chercher dans des modifications du liquide ! sanguin la cause de la gravité du délire aigu. L'aspect typhiquc
de ces malades semble, en effet, lui donner raison.
' Le diagnostic différentiel par rapport à la manie, la mélan-
colie, la méningite, la fièvre typhoïde, l'encéphalite, le délirium
tremens fébrile, la folie puerpérale, l'état de mal épileptique
achève de dégager le délire aigu de ses similaires, et d'en parfaire
l'individualité. Comme étiologie, la prédisposition héréditaire
et les excès de tous genres, que commettent les prédisposés,
constituent le principal élément avec les mauvaises conditions
hygiéniques. -
Les observations, choisies par l'auteur parmi les cas les plus
simples, le prouvent surabondamment. Ony trouve entre autres
celle d'un compositeur de musique, célèbre par le succès de popu-
larité qu'a obtenue une de ses oeuvres; la nommer seraitle dési-
giier trop clairement. La maladie s'est terminée par la mort, et
l'exactitude du diagnostic a pu être confirmée.
Quand la guérison s'opère, c'est à l'absence de camisole ou
de tout moyen de contention que l'auteur attribue laplusgrande
part. Ce n'est que depuis la suppression de cet engin qu'on
compte des cas de guérison. Mention est également faite au
chapitre du traitement des bons résultats donnés parle salicylate
de soude et les toniques, et l'enveloppement dans le drap
mouillé. En somme, on doit considérer ce travail comme une
monographie du délire aigu à laquelle l'auteur a apporté le con-
,tingent de ses recherches personnelles. H. de BOYER.
10
VARIA
LES « SAUTEURS » DU MAINE (Etals-Unis) :
r2r c. lsrnRn.
Il y a environ deux ans, un de mes amis m'apprit que dans le
Maine du Nord et en particulier dans la région de Moosehead Lakc,
il avait une certaine classe d'individus présentant les phénomène»
nerveux les plus incroyables.
Dans le langage de paysan, on les appelait «Sauteurs» ou « Fran-
çais sauteurs », car il était d'opinion courante que tous descendaient L
de Français ou de Canadiens. Après m'être muni de tous les ren-
seignements nécessaires auprès des personnes les ayant déjà ob-
servés, je partis visiter Moosehead Lake en compagnie du Dl E.
Stewe. Deux « sauteurs » étaient employés à l'hôtel où je descendis.
Voici les expériences que je fis sur l'un d'eux, jeune homme de
vingt-sept ans :
1 Pendant qu'assis sur une chaise il coupait son tabac, je m'ap-
prochai de lui et le frappant subitement sur l'épaule, Je lui dis :
« Jette-le ». Aussitôt il lança son couteau qui alla se planter dans
une porte vis-à-vis et en même temps répéta mon ordre a Jette-le »
avec une expression particulière de terreur et d'alarme.
2° Un moment après, pendant qu'il bourrait sa pipe, je lui tou-
chai légèrement l'épaule en lui disant « Jette-la ». Aussitôt il jeta
au loin pipe et tabac.
' 3° 11 se tenait auprès d'un des employés de l'hôtel. « Frappe-le» »
lui fut-il commandé, et aussitôt il le frappa violemment au visage.
Je le fis venir dans une chambre, et là, dans le silence du cabinet,
,je lui exposai l'objet de ma visite. Je l'interrogeai en outre sur ses
antécédents et sur ce que sa propre expérience de lui-même pou-
vait lui avoir appris. Pendant notre conversation, je le touchai légè-
rement sans qu'il s'en aperçut et chaque fois il fit des mouvements
d'épaule ou lança le bras en avant; et, bien que je l'eusse averti que
j'étais l'auteur de ces tracasseries, il ne put éviter à chaque fois
de faire ces mouvements assez accentués.
4° Il tenait un vase à la main. « Jette-le » lui dis-je. Il le lança
par terre avec la plus grande violence et se mit ensuite à en ra-
VARIA. 1 47
masser patiemment les morceaux. Je le frappai, doucement, leu-
tenient, de façon qu'il vit parfaitement que je le frappais : il n'eut
alors qu'un léger soubresaut ; mais le frappait-on sans qu'il s'y
attendit, alors il bondissait et criait ou non en ce moment.
'io Une personne qui marchait sans bruit derrière lui, lui plaça
soudainement un mouchoir devant les yeux. 11 bondit aussi haut
que si on l'eût frappé. - Un jeune garçon de seize ans, qui se trou-
vait dans la maison, présentait en petit tous les mêmes phéno-
mènes.
6° Un jour, il jouait avec un de ses camarades, et l'avait renversé
sur le gazon. Quelqu'un s'approche et lui dit : « Frappe-le ». Il le
frappe à poings fermés.
7° Il était à une fenêtre peu élevée, on lui cria : « Saute », et il
sauta en répétant brièvement l'ordre qu'on venait de lui donner.
8° Les deux « sauteurs » étaient-ils ensemble « Frappez-vous »
commandait-on, et en même temps ils se portaient des coups fort
violents. Lorsque le commandement était fait d'une voix brève et
claire, le « sauteur » répétait de suite l'ordre et l'exécutait en
même temps. «Frappe», « frappe», disait-il, et il frappait;
« Jette », « jette » disait- il, et il jetait tout ce qu'il avait à la main.
Peu importait la langue employée : il répétait aussi bien du grec
que du latin, pourvu que l'ordre fut donné bref etsec et en quelques
mots. Il y avait là un véritable réflexe.
Je répétai ces expériences à loisir, de façon à me mettre à l'abri
de toute source d'erreur et à réunir un faisceau de résultats abso-
lument satisfaisants.
Tout était étrange chez ces « sauteurs ». L'un d'eux faillit bien se
couper la gorge : étant à se raser on ouvrit subitement la porto
derrière lui; il bondit et, si le rasoir ne s'était échappé de ses mains,
il se serait grièvement blessé. Un « sauteur », surpris par l'ordre
de « Frappe-le», alors qu'il était devant une fenêtre, passa son poing
à trawrs le carreau, et se coupa profondément. On les avuMrap-
per à coups de poings un poêle rouge ; sauter dans le feu ou da.is
l'eau; ne tenir compte d'aucun danger. Ils ont aussi peu de puis-
sance sur eux-mêmes queles hystériques et les apoplectiques, sinon
moins, et sont esclaves absolus des ordres qu'on leur donne ou des
farces qu'on leur joue ; ils font ce qu'on leur dit, dussent-ils se
tuer ou tuer d'autres personnes. Un bruit, quel qu'il soit, fort et
soudain, les fait bondir ou crier, la chute inattendue d'un arbre
dans le bois, produit sur eux des effets absolument semblables ; le
sifflet d'une machine à vapeur leur est, ainsi que j'ai pu l'observer,
particulièrement désagréable. Lorsqu'ils sont sur le qui-vive, l'effet
produit est considérablement atténué.
Le caractère explosif, pour ainsi-dire de ces phénomènes, et la
soudaineté du cri font penser à l'épilepsie. 11 est fort difficile de
faire de sang-froid les mouvements violents qu'ils exécutent. C'est
148 VARIA.
une pièce de machine enntouvemeut; c'est l'explosion d'un canon;
et le cri nous rappelle ce que l'on entend dans l'épilepsie ou dans
l'hystérie. Le visage reste calme, mais parfois il est le siège de
rougeurs et pâleurs alternatives. Tous disent que cela les fatigue de
sauter beaucoup; qu'ils se-trouvent après ces séances, mal à leur
aise, épuisés et nerveux : aussi évitent-ils avec soin toutes les
causes d'irritation; et, après une longue période de calme, sont
mieux portants et réagissent beaucoup moins, étant alors moins
excitables.
Nature de cette affection. Quel est maintenant l'état pathologique
du « sauteur » ? Comment classer ces phénomènes parmi les né-
vroses physiques ou psychiques ? La réponse est fort claire : Le
« jumping » (action et état de celui qui bondit) est une sorte de
maladie nerveuse psychique ou mentale , d'ordre fonctionnel.
L'affection qui s'en rapproche le plus n'est autre que l'hystérie
mentale appelée de nos jours «hystérie desservantes», et qui
parait avoir existé à l'état épidémique au Moyen Age. Comme
l'hystérie mentale ou psychique, le « jumping » ne survient pas chez
ceux qui sont faibles, nerveux ou anémiques, mais bien au contraire
il atteint les individus d'une bonne santé habituelle, tels que les
«sauteurs», qui sont tous fort vigoureux. Et si quelques-uns d'entre
eux à la suite d'accès successifs se trouvent fatigués, il ne m'a pas
été donné d'observer que cette névrose, bien moins que n'importe
quelle autre, abrégeât sensiblement la durée de leur existence. Ce
n'est donc nullement une maladie « d'épuisement nerveux ». Ceux
qui en souffrent le plus sont l'opposé des névrosthésiques ou des
anémiques; ils n'ont aucun des signes de la consomption ner-
veuse ; ils sont sanguins, capables de travailler dur et fort au service
le plus fatigant, et peuvent rivaliser à leur avantage avec les gens
les plus vigoureux de tous pays. Comme « l'hystérie desservantes» »
ou comme certaines formes de convulsions, ainsi qu'on les appelle,
qui existent ou ont existé dans certains ordres religieux, les « saints
rouleurs », par exemple, ces « sauteurs » ressortissent plus à la psy-
chologie qu'a la pathologie. Peut-être ces troubles sont ils produits
par des altérations moléculaires qui échappent ou échapperont
sans doute toujours à nos sens, même aidés des instruments les
plus piécieux, le microscope ou le spectroscope, par exemple : ce
qu'il y a de certain, c'est que, pour le moment, l'étude de cette
affection, ne peut être que psychique. Ceux qui reconnaissent nette-
ment les divers types distincts d'hystérie, la forme névrosthésique
ou anémique ((p/M/StM/M/s<6)'M)), et la forme mentale ou psychique,
« psychicul hysteria », peuvent seuls comprendre la nature de cette
affection si singulière, et lui assigner la place qu'elle doit occuper
parmi les névroses. Quelques-uns des cas d'hysteria major, dans
lesquels Charcot a expérimenté l'action des métaux et de l'aimant,
relèvent bien plutôt d'affections mentales que de maladies physiques.
VARIA. 1 49
Au reste je n'ai jamais trouvé dans les familles des « sauteurs »
aucune trace d'affections nerveuses fonctionnelles ou organiques.
Le «jumping » est donc un état de mal, trancoidnl condition (du
France : accès) présentant une partie des phénomènes de l'attaque,
et touchant à celle-ci, comme certains états épileptoïdes touchent
à l'épilepsie. Quoique les phénomènes présentés par les « sauteurs»
soient du même ordre que ceux que l'on trouve dans l'hystérie, que
ceux que présentent les « convulsionnaires » ou certains ordres reli-
gieux connus sous le nom de « saints rouleurs », ils en diffèrent
de ceux-ci et des phénomènes connexes pour les deux raisons sui-
vantes :
1° Ces manifestations ont un- : caractère instantané. De plus,
après avoir sauté, crié ou s'être livré à d'autres actes de même
nature, le « sauteur » revient aussitôt à l'état normal. Son explosion,
comme celle du revolver, pour ainsi dire, est soudaine et comme un
revolver aussi, le « sauteur» est tout prêt pour une nouvelle explo-
sion, sous l'influence d'une excitation appropriée. Si nous examinons
un « sauteur» cinq secondes après le «jumping», nous ne trouvons
chez lui aucun, signe, aucune indication de ce qu'il vient de faire,
et rien ne nous annonce ce qu'il est à même d'exécuter.
D'autre part, les phénomènes observés dans l'hystérie mentale,
chez les convulsionnaires ou chez les « saints rouleurs », ne peuvent-
ils pas dans certains cas durer de quelques minutes à plusieurs
journées. En Allemagne , par une coïncidence intéressante , de
récentes recherches ont démontré que dans le sommeil mesmérien
les individus en expérience jouissaient du pouvoir de répéter auto-
matiquement les paroles qui leur étaient adressées. Berger produit
ces phénomènes en plaçant sa main, préalablement échauffée, sur
la nuque du sujet hypnotisé.
2° Dans la permanence et la persistance de la passibilité de l'ex-
citation. Une fois que l'habitude du « jumping » est acquise, le sujet
dont la susceptibilité varie suivant le moment, est toujours capable
de produire ces mêmes phénomènes avec une intensité plus ou
moins grande. Une fois « sauteur », on est toujours « sauteur », dit
le pronostic. Les épidémies de « convulsionnaires » ou de « rou-
leurs », sont au contraire parquées dans leur temps et dans leur
sphère, elles disparaissent et meurent complètement avecles causes
d'excitation qui leur avaient donné naissance, de même qu'elles
peuvent subir des recrudescences.
Psychiquement, ces « sauteurs» sont modestes, tranquilles et sou-
cieux de leur dignité. On m'avait dit qu'ils étaient de basse extraction,
mâtinés de Français et d'Anglais, mais j'avais été mal informé ;
ils sont intelligents, savent pour la plupart lire et écrire, soutiennent
très bien une conversation en anglais; et ont plus d'esprit qu'on
ne pourrait peut-être en attendre de personnes de leur âge et de
leur condition. Mais tous sont fort émotifs, et auraient fourni un
150 VARIA.
contingent sérieux aux épidémies de chorée du Moyen Age, s'ils
avaient vécu à cette époque.
Hérédité. Cette affection est aussi héréditaire que la folie ou
l'épilepsie, bien qu'il n'y ait aucune relation entre elle et ces diverses
maladies. Dans la famille sur laquelle j'expérimentais, il y avait cinq
« sauteurs » : le père, le fils, et deux petits-fils âgés de quatre et sept
ans. Dans une autre, trois frères étaient atteints. Le nombre de cas
sur lesquels mes études ont porté, s'élève à plus de cinquante.
Endémicité et contagion. Cet état paraît endémique, limité aux
bois de la partie nord du Maine, etsévissant sur les individus d'ori-
gine française. Il est psycho-contagieux, ce qui veut dire qu'il peut
être engendré par le contact personnel comme la' chorée et l'hys-
térie. Peu de temps après le commencement de ces recherches, je
trouvai relatée dans le « London médical Record », l'histoire de
phénomènes analogues observés chez les Malais. On m'a affirmé,
en outre, qu'il existait dans le nord du Michigan des individus pré-
sentant la même affection, mais je n'ai pu sur ce point me faire
une conviction suffisante. Ce qui rendrait probable cette assertion,
c'est que les « sauteurs » du Maine, émigrent quelquefois, bien
moins toutefois que les Anglais et les Américains.
Origine et mécanisme de la maladie. -Le « jumping » est proba-
blement un dérivé de chatouillement. Quelques-uns, si ce n'est tous,
sont excessivement sensibles à ce point de vue. Il paraîtrait du
reste, que le soir, dans les bois, après les travaux du jour, les
bûcherons auraient pris plaisir à se pincer, à se chatouiller en
jouant, à effrayer les peureux, jusqu'au point de développer le
« jumping », qui, soit par contagion mentale, soit par hérédité, se
serait établi à l'état d'affection telle que nous l'observons aujour-
d'hui. Cette théorie est en rapport avec les données physiologiques,
et est beaucoup plus rationnelle que toutes les autres explications
plus ou moins ultra-scientifiques qu'on pourrait et qu'on a pu lui
opposer. Dans un certain sens, nous sommes tous « jnmpers »,sous
l'influence d'une excitation soudaine, d'une détonnation violente et
inattendue ; il n'est aucun de nous, et je parle des moins nerveux,
qui ne puisse sauter ou crier, à l'instar de ces «sauteurs», sans que,
pour cela, il doive produire tous les phénomènes que nous avons
obseivé chez eux. Les femmes hystériques ne 'sautent-elles pas, ne
crient-elles pas pour un rien ? Du reste, tout dans ce sujet est in-
croyable, et j'espère que l'on daignera m'accorder quelque créance
lorsqu'on saura que j'ai fait toucher du doigt tous ces phénomènes,
à des propriétaires du Maine, à des médecins de l'endroit qui, après
avoir convenu de la réalité, m'assurèrent qu'ils n'avaient jamais
soupçonné que si près d'eux se passaient des faits aussi étonnants
et auxquels ils n'avaient jamais prêté la moindre attention. (The
Popular SctCHCeO ! : «/t ? ) G. Gilles de la Touheïte.
VARIA. 151 i
LÉGISLATION SUR LES ALIÉNÉS EN AUTRICHE.
Un arrêté du 4 juillet 4878, des ministres de l'intérieur et de la
justice, inséré au Bulletin des Lois, apporte des modificatipns à l'ar-
licle 8 de l'arrêté ministériel du 14 mai 1874, sur les aliénés. D'après
le nouvel arrêté, l'admission d'un malade dans un établissement
privé d'aliénés, ne peut avoir lieu que sur le certificat d'un médecin.
Quand le malade a déjà été traité, le médecin qui l'a soigné doit
faire l'historique de la maladie. Le certificat doit être délivré par
le médecin du district ou de la commune de la résidence dumalade.
ou, s'il émane d'un autre médecin, être confirmé par le médecin
du district ou de la commune de la résidence du malade, et ne pas
avoir une date de quinze jours antérieure à la demande d'admission.
Pour les personnes appartenant à l'armée, le certificat d'un mé-
decin militaire suffit. Pour les personnes qui passent d'un asile
public dans un asile privé, il suffit d'un certificat émanant de la
direction du premier établissement.
Lorsque, dans l'intérêt de la sécurité publique, un aliéné doit être
placé immédiatement dans un asile et qu'on ne peut pas obtenir
un certificat médical avec la promptitude nécessaire, ou que l'aliéné
arrive d'un pays étranger, et qu'on ne produit pas un certificat
délivré par un médecin public et dûment légalisé, le médecin en
chef de l'asile peut, sous sa responsabilité, admettre provisoi-
rement l'aliéné ; seulement il doit en donner avis dans un délai de
vingt-quatre heures au plus à l'autorité administrative de laquelle
l'asile dépend, afin qu'une enquête médicale officielle permette de
constater s'il y a lieu de conserver dans l'établissement la personne
dont il s'agit.
Les malades que l'autorité, pour protéger la sécurité publique, est
amenée à faire entrer dans un asile privé, y sont admis sur la pro-
duction du certificat d'un médecin public. (Annuaire de législation
comparée, ')880.)
Empire D'ALLEMAGNE. Maisons DE santé.
En vertu de l'article 7 de la loi du 23 juil ! et 4 879, modifiant quel-
ques dispositions de la loi sur l'industrie, les établissements privés
destinés à recevoir des aliénés ne peuvent être fondés qu'en vertu
de l'autorisation administrative supérieure. La concession ne peut
être refusée que dans les cas suivants :
A. Si les circonstances prouvent que le requérant ne présente pas
le« garanties nécessaires pour diriger ou administrer l'établissement.
lt. Si, d'après les justifications et les plans qu'il doit produire, la
construction et les autres aménagements techniques de la maison,
ne satisfont pas aux prescriptions de.la police sanitaire. (Annales
7nédif. psyt-h., mars 1881.)
152 VARIA.
Jurisprudence.
Décret supprimant en recette et en dépense du budget rectifi-
.-catif d'un département une somme provenant des fonds libres car
l'Asile départemental d'aliénés. Annulation. Doit être an-
nulé comme ayant été rendu en violation des articles 46 et 47 de
la loi du 40 août 1871, le décret supprimant en recette et en dépense
une somme provenant des fonds libres d'un asile départemental
d'aliénés, que le conseil général, en statuant sur les recettes et le~
dépenses de cet asile, avait supprimé du budget dudit asile et
affecté à des travaux d'utilité départementale. Lorsqu'il est établi
que les délibérations par lesquelles le conseil général a pris la
décision ci-dessus n'ont été l'objet d'aucun recours dans les forme»
et délais prévus par la loi, ces délibérations sont ainsi devenue»
définitives et exécutoires, et il n'appartient pas à l'administration
supérieure de mettre obstacle par un décret à l'exécution que les
délibérations précitées ont reçue. (Pourvoi du tlél)ai-le ? ) ? ent de loi
Côte-d'Or. Arrêté du~ mars 4880.)
Pensions civiles sur fonds départementaux. Médecin-directeur
d'un asile d'aliénés. 2 juillet 1880 Les directeurs d'asile pu-
blics d'aliénés sont dans une situation d'une nature toute spéciale;
ils relèvent, quant à la nomination, de l'autorité centrale, et ils
peuvent être déplacés de leur résidence par les nécessités du ser-
vice ; nous avons rapporté, dans la livraison de la Revue du mois
de juin dernier, un arrêt du Conseil d'Etat, décidant que le Conseil
général n'avait même pas le droit de fixer les conditions du con-
cours pour les employés des asiles d'aliénés. D'un autre côté, il»
sont payés sur les fonds des asiles et ils ne peuvent obtenir de pen-
sions de retraite que sur les caisses de retraite des employés de
préfecture auxquels ils ont été adjoints. Si on exigeait pour un
fonctionnaire de cette nature qu'il remplit dans un département
les conditions de résidence, exigées des employés à poste fixe, tels
que les employés de bureau de préfecture, on arrivait en réalité à
leur dénier le droit à la pension de retraite.
Les règlements des caisses départementales de retraites se sont
préoccupés de cette situation, et on trouve dans le règlement de la
caisse de retraite de l'Orne, du 1"' février 1862, une disposition
spéciale qui a été reproduite, dans la plupart des règlements de
cette nature. L'article 5 de ce règlement exige, pour le droit à
pension, trente ans de service, dont douze au moins dans le dépar-
tement, à la condition, dans ces cas, de verser les retenues affé-
rentes aux années de service passées en dehors du département;
l'article 9 réduit les conditions de résidence de douze à dix ans.
pour les veuves des employés décédés subitement à leur poste.
Enfin, l'article 13 porte que en cas de changement de résidence du
VARIA. 153
directeur ou des médecins de l'asile des aliénés, le montant de.»
retenues opérées sur leur traitement au profit de la caisse de»
retraites sera versé à la caisse des retraites du département où
ils seront appelés.
Le sieur Védie a été successivement attaché comme médecin à
divers asiles d'aliénés ; il n'a résidé dans le département de l'Orne
quependant quatre ans. Avait-il le droit à la pension dans l'Orne ' ?
Le Conseil d'Etat a décidé la question affirmativement par la dé-
cision suivante :
Le Conseil d'Etat ; etc. Vu la requête sommaire et le mémoire am-
pliatif, présentés pour le département de l'Orne..., tendant à ce qu'il
plaise au Conseil annuler un décret en date du 4 septembre 1878, qui a
accordé une pension de 1,063 fr. sur les fonds de la caisse départemen-
tale des retraites de l'Orne, à la dame veuve Védie dont le mari est
décédé dans l'exercice de ses fonctions de directeur-médecin de l'asile
des aliénés d'Alençon;
Vu le décret du 1er février 1862, portant règlement de la caisse des
retraites instituées en faveur des employés de la préfecture, du directeur-
médecin de l'asile, public d'aliénés et d'autres employés du dépar-
tement de l'Orne ;
Considérant que l'article 9, § 3, du règlement de la caisse départe-
mentale des retraites de l'Orne reconnaît un droit à obtenir pension aux
veuves et orphelins des employés décèdes subitement iL leur poste ou 1
la suite d'une maladie survenue dans l'exercice de leurs fonctions, après
dix ans de service ;
Considérant que si le sieur Védie, directeur-médecin de l'asile d'aliénés
d'Alençon, ne comptait pas dix ans de services rendus dans le département
de l'Orne dt l'époque où il est décédé à la suite d'une maladie survenue
dans l'exercice de ses fonctions, il résulte de l'article 13 dudit règlement
que le département était en droit d'exiger le versement à la caisse des
retraites du montant des retenues afférentes il ses années de service.»
rendus dans d'autres départements et que ce transfert de retenues auto-
risait le sieur Védie il se prévaloir desdits services et aies ajoutera ceux
qu'il a rendus dans l'Orne, pour établir ses droits à une pension sur la
caisse des retraites dudit département ;
Considérant que le sieur Védie, qui comptait au moment de sa mort
plus de vingt-quatre ans de service, s'est conformé aux prescriptions du-
dit article 13 et que sa veuve se déclare prête à verser à la caisse des
retraites le montant des retenues arriérées dont le sieur Védie était dé-
biteur à son décès,; que, dans ces circonstances, le département de l'Orne
n'est pas fondé à demander l'annulation du décret qui a accordé à la
dame veuve Védie une pension à la charge de la caisse départementale
des retraites de l'Orne,
Décrète : La requête du département de l'Orne est rejetée.
Toute la question portait sur l'interprétation de l'art. 4 3 du règle-
ment de la caisse des retraites. Suivant le département, cet article
avait tout simplement pour but de dispenser le médecin de l'asile
d'aliénés de rapporter des retenues déjà versées dans d'autres dépar-
tements, et qui devaient être reversées par les caisses de ces dépar-
154 FAITS DIVERS.
Lements. Le Conseil d'État a pensé que l'article avait un sens plus
large : il crée une fiction, et fait en quelque sorte voyager le droit
à pension avec les retenues. Le département de l'Orne est en pos-
session de toutes les retenues versées par le sieur Védie. Il doit
payer la pension. S'il en était autrement, pour quel motif priverait-
on la caisse de retraites de Loir-et-Cher, par exemple, des retenues
qu'elle avait touchées du sieur Védie et qu'elle a versées dans la
caisse des retraites de l'Orne lorsque le sieur Védie a été appelé
dans ce département. Le ministre de l'intérieur faisait d'ailleurs
connaître que presque tous les départements ayant des règlements
semblables, les avaient interprêtés dans le sens le plus large.
La question a un réel intérêt pour les fonctionnaires des asiles
d'aliénés, qui sont exposés à être souvent déplacés et qui perdraient
leur droit à pension en changeant de département, si on admettait
la thèse juridique soutenue par le département de l'Orne. Mais,
depuis la loi du 10 août 1871, les garanties que ces fonctionnaires
trouvaient dans les règlements des caisses départementales et que
le Conseil d'État a définitivement consacrées, se trouvent malheu-
reusement diminuées, l'article 46 de la loi donnant au Conseil géné-
ral le droit de statuer définitivement sur l'organisation des caisses
de retraites des agents salariés sur les fonds départementaux et, par
conséquent, de modifier les dispositions qui assuraient aux direc-
teurs et aux médecins le bénéfice de leurs services dans les autres
départements. II serait donc à désirer qu'une nouvelle loi vint con-
cilier les intérêts de ces fonctionnaires et ceux des départements,
suit en constituant une caisse de retraites spéciales pour tous les
directeurs et médecins des asiles publics d'aliénés, soit en les adjoi-
gnant à la caisse générale des pensions civiles. Signé : S. Le Vavas-
seur de Précourt, maître des requêtes au Conseil d'État (Revue d'ad-
rainistration, avril 1880.)
FAITS DIVERS
Association neurologique américaine. Prix Hammond. L'Asso-
ciation neurologique de New-York propose un prix de 2,500 francs
à décerner, au mois de juin 1882, à l'auteur du meilleur travail
relatif aux fonctions de la couche optique chez l'homme.
Les conditions du concours sont les suivantes : Il le concours est
FAITS DIVERS. 155
ouvert à toutes les nations ; 2° les mémoires doivent s'appuyer sur
des observations et des expériences originales recueillies sur l'homme
et sur des animaux inférieurs; 3° les mémoires doivent être écrits
en anglais, en français ou en allemand (dans ce dernier cas, ils
doivent être en caractères italiens) ; 4° les mémoires doivent être
adressés, affranchis, avant le 1" février 1882, au Dr E.-C. Seguin,
il, West-street, n° 0, cité deiNew-Yorlz. Chaque mémoire portera une
devise, qui devra être répétée dans une enveloppe cachetée, conte-
nant la carte de visite de l'auteur; 5° le mémoire couronné sera
la propriété de l'Association, qui se chargera de le publier.
Académie DES sciences, arts ET BELLES-LETTRES DE CAEN.FfM ?
Cette Académie vient de mettre au concours le sujet suivant pour
1883. Prix Le Sauvage (d'une valeur de 1,300 francs) : De lamydriasc,
de ses caractères, de ses causes et de son traitement.
Académie royale de médecine de Belgique. Prix 1 879-82 . Déter-
miner la nature DE l'influence DE l'innervation sur la nutrition des
miner la nature de l'influence de l'innervation sur la nutrition des
tissus. Prix : une médaille de 1,000 francs. Clôture du concours :
1 ? janvier 1882.
Prix 1881-82 (fondé par un anonyme).-Elucider par des faits
cliniques et au besoin par des expériences, la pathogénie et la thé-
rapeutique des centres nerveux et principalement de l'épilepsie.
Prix : 8,000 franc ? . Clôture du concours : 31 décembre 4883.-Des
encouragements, de 300 à 1,000 francs, pourront être décernés à
des auteurs qui n'auraient pas mérité le prix, mais dont les tra-
vaux seraient jugés dignes de récompense. Une somme de z,000
francs pourra être donnée, en outre du prix de 8.000, à l'auteur qui
aurait réalisé un progrès capital dans la thérapeutique des maladies
des centres nerveux, telle que serait, par exemple, la découverte
d'un remède curatif de l'épilepsie.
Conditions des concours. Les mémoires, lisiblement écrits en
latin, en français ou en flamand doivent être adressés, francs déport,
au secrétaire de l'Académie, à Bruxelles.
Seront exclus du concours : 1° les mémoires qui ne rempliront
pas les conditions précitées; 1° ceux, dont les auteurs se seront fait
connaître directement ou indirectement; 3° ceux qui auront été
publiés, en tout ou en partie, ou présentés à un autre corps savant :
4° ceux qui parviendront au secrétariat de la compagnie après l'é-
poque fixée.
L'Académie exigeant la plus grande exactitude dans les citations,
les concurrents sont tenus d'indiquer les éditions et les pages des
livres auxquelles ils les emprunteront. Les mémoires doi-
vent être revêtus d'une épigraphe répétée sur un pli cacheté
renfermant le nom et l'adresse des auteurs. Le pli annexé à un tra-
vail couronné est ouvert en séance publique, par le président, qui
proclame immédiatement le lauréat. Lorsqu'une récompense seule-
15(5 FAITS DIVERS.
ment est accordée à un mémoire de concours, le pli qui y est joint
n'est ouvert qu'à la demande de l'auteur, faite dans le délai d'un
an. Après l'expiration de ce délai, la récompense ne sera plus ac-
cordée.
- Le manuscrit envoyé au concours ne peut être réclamé ; il est
déposé aux archives de. l'Académie. Toutefois, l'auteur pourra
toujours, après la proclamation du résultat du concours, en faire
prendre copie à ses frais, en fournissant au secrétaire de la com-
pagnie la preuve que ce mémoire est son oeuvre. L'Académie ac-
corde gratuitement, aux auteurs des mémoires dont elle a ordonné
l'impression, cinquante exemplaires de ces travaux tirés à part et
la faculté d'en obtenir un plus grand nombre à leurs frais.
Y. B.-Les membres titulaires et honoraires de l'Académie ne
peuvent prendre part au concours.
Commission DE réforme du service des aliénés. Cette commission,
dont nous avons indiqué la composition à la page 6M du tome I,
s'est réunie, sous la présidence de M. Constans, ministre de l'inté-
rieur. M. Constans a rappelé les nombreuses raisons qui avaient
motivé la nomination d'une commission et les points principaux qui
devaient plus spécialement attirer son attention : Etat des Lâ tinieiits;
encombrement des asiles; situation du personnel et en particulier
du personnel inférieur; aliénés criminels; recrutement du person-
nel médical, etc.
M. Camescasse, sous-secrétaire d'Etal, a développé les raisons qui
nécessitaient la division de la commission en deux sous-commissions.
La première devra s'occuper plus spécialement de la législation
(examen de la loi de 1838, application de cette loi, réformes, etc.);
elle devra voir s'il convient de laisser aux Conseils généraux la libre
administration des asiles, comme cela existe actuellement; exa-
miner si les asiles privés présentent toutes les garanties que l'on
doit exiger pour prévenir les abus ; étudier les régimes des aliénés
dits criminels, et, dans le même ordre d'idées, rechercher ce qu'il il
y aurait à faire à l'égard des alcooliques et des épileptiques; enfin,
et c'est là une des questions les plus importantes, elle devra étudier
la protection des biens des aliénés.
La deuxième sous-commission s'occupera de l'administration des
asiles; de l'état des bâtiments; de l'état du personnel médical et de
celui des infirmiers et infirmières ; du meilleur mode de recrute-
ment des médecins ; elle devra étudier les différents modes de
traitement employés soit en France, soit à l'étranger ; signaler les
améliorations à apporter dans les asiles, enfin, voir s'il ne serait
pas préférable d'établir pour les aliénés un patronage analogue à
celui qui existe pour les détenus, etc.
- La sous-commission des réformes administratives et médicales
s'est réunie au Ministère de l'intérieur. Elle a entendu la lecture
FAITS DIVERS. 157 i
du programme des questions qu'elle devait examiner et qui avait
été dressé par son secrétaire, M. Pilon.
La sous-commission a décidé que ces questions seraient divisées
en cinq groupes : 4°r grozcpe : Constitution matérielle des asiles,
construction, services généraux, bains, ateliers, cellules, colo-
nies, etc.). Commissaires : MM. Camparon, A. Dubost, Lunier,
Roussel, Vergniaud.
2" Groupe : Pensionnats et établissements privés. Commissaires :
MM. Baillarger, Béelard, Loiseau, Maze, Roussel.
3e Groupe : Système de traitement (classement, transfert des
alinés, traitement dans les asiles privés, les maisons de santé, les
les colonies ; dépôtde la Préfecture de police ; maintien des malades
en observation dans les hôpitaux ou hospices, etc.). Commissaires :
MM. Bail, Camhon, Dedébat, Loiseau, Lunier.
4° Groupe : Contrôle et surveillance (commission de surveillance,
inspection générale et départementale). Commissaires : MM. An-
drieux, Béclard, Camescasse, Foville, Maze, Pilon.
5° Groupe : Personnel médical et administratif à tous les degrés
(directeurs-médecins, pharmaciens, internes, mode de nomination
et traitement, dans les asiles et les quartiers d'hospice ; personnel
secondaire, surveillants, chefs d'ateliers, infirmières, mode de re-
crutement ; caisses de retraite; emploi des laïques ou des religieuses,
aumôniers). Commissaires : MM. Bail, Bourneville, Foville, Herold,
Pilon.
Asiles d'aliénés de la SLUt.. à la suite du dernier concours de
l'internat en médecine des asiles d'aliénés de la Seine, le jury a
appelé l'attention de l'administration sur la nécessité d'une plus
grande publicité pour faire connaître aux étudiants les avantages
matériels inhérents au titre d'interne des asiles; sur les inconvé-
nients qu'il y avait a exiger des candidats seize inscriptions et la
preuve qu'un ou plusieurs examens avaient été passés, condi-
tions qui éloignaient des candidats. Ces remarques ont paru justes
à M. Herold, qui vient de constituer une commission chargée de les
examiner et de lui proposer des modifications qu'elle jugera néces-
sairea. Cette commission est composée de MM. Béclard, liourneville,
Ch. Loiseau, Level, Bigot, directeur-médecin de l'asile de Vaucluse ;
Espiau de Lamaestre, directeur-médecin de l'asile de Ville-Evrard :
Dagonel, Magnan, médecins de l'Asile Sainte-Anne; Pozzi, chirur-
gien des asiles de la Seine.
Programme d'mn -concours entre les internes en médecine des Asiles
d'aliénés de la Seine, pour une bourse de voyage. - Le sénateur préfet
de la Seine ; Vu la délibération du Conseil général de la Seine.
en date du 30 novembre 1880 ; Vu le rapport du sous-directeur des
affaires départementales, en date du il mars 1881 ; Sur la propo-
sition du secrétaire général de la préfecture, Arrête :
158 FAITS DIVERS.
Article premier. -Une commission est instituée à l'effet de don-
ner son avis sur le programme et les conditions du concours ai ouvrir
entre les internes en médecine des asiles publics d'aliénés delà
Seine pour l'obtention d'une bourse de voyage.
ART. 2. Cette commission est composée ainsi qu'il suit : M. le
secrétaire général de la préfecture, président; M..te De Béclard,
professeur à la Faculté de médecine, membre de la commission de
surveillance des Asiles; 1VJ. le Dr Bail, professeur à la Faculté de
médecine ; M. le Dr Bourneville, membre du Conseil général de
la Seine; M. le De Espiau de Lamaëstre, directeur-médecin de l'a-
sile public d'aliénés de Ville-Evrard; M. le Dr Bigot,directeur-médecin roi
de l'asile public d'aliénés de Vaucluse; M. le Dr Dagonot, médecin
chef de service à l'asile Sainte-Anne; M. le Dr Bouchereau, médecin
chef de service à l'asile Sainte-Anne; M. le Dr Magnan, médecin
répartiteur à l'asile Sainte-Anne ; M. le De Pozzi, chirurgien des
asiles publics d'aliénés de la Seine.
Art. 3. Le secrétaire général de la préfecture et le direc-
teur des affaires départementales sont chargés, chacun en ce qui
le concerne, de l'exécution du présent arrêté.
Asile DE SAINTE-ANNE. M. le De Régis est nommé médecin-
adjoint de l'asile Sainte-Anne, et chargé du service de la clinique,
comme chef de clinique des maladies mentales.
Asile DE VAUCLUSE. M. le Dr BOUDRIE, médecin-adjoint de l'asile
d'Evreux, est nommé médecin adjoint de l'asile de Vaucluse.
Les Infirmières dans les Asiles d'aliénés. Le Dr Mactaran.
directeur de l'asile du district de Stirling, fait remarquer dans son
rapport annuel sur l'état de l'établissement que le défaut d'une
éducation première appropriée se fait tristement sentir chez les
infirmières et les domestiques des services d'aliénés. Au strict point
de vue de la garde, ces personnes rendent d'excellents service» :
mais, qu'on exige d'elles quelque chose de plus, qu'on leur demande
d'assister les malades et de contribuer à leur bien-être, d'aider
enfin au traitement moral, la plupart en seront incapables. On sait
que ce traitement moral se trouve spécialement indiqué à une
certaine période de la folie circulaire, alors que le malade est dans
un état de profonde dépression, et aussi dans la mélancolie. Le trai-
tement moral peut, dans ces conditions, rendre les plus grands
services. Beaucoup de domestiques sont pleins de bonne volonté,
mais manquent absolument de la délicatesse indispensable pour
manier ces malades difficiles. On doit, à ce propos, organiser un
vaste programme d'éducation pour les hommes et les femmes qui
désirent se consacrer aux services hospitaliers (Médical Tinaes une(
Gazelle, 2 octobre 1880)-
L'insuffisance de l'instruction du personnel d'infirmiers et in-
firmières des asiles existe aussi en France. Le Conseil séné-
faits divers.. 1 59
rai de la Seine s'en est déjà préoccupé à maintes reprises, et, si
l'Administration était plus pressée de tenir compte des votes des
conseils élus, d'importantes améliorations auraient déjà été réali-
sées. La réforme se réduit à ceci : améliorer la situation matérielle
et intellectuelle des infirmiers et infirmières.
Asile d'Armentières. M. le Dr ADAM, médecin adjoint de l'asile
de Bailleul, est nommé médecin-adjoint de l'asile d'Armentières.
Asile DE BAILLEUL. M. le Dr REYNAUD, interne de l'asile de la
Roche-sur-Yon, est nommé médecin-adjoint de l'asile de Bailleul.
Asile DE LAFOND. - M. le Dr 11LABILLE, médecin adjoint de l'asile
de Vaucluse, est nommé directeur-médecin de l'asile de Lafond, en
remplacement de M. le De Arnozan, décédé.
Nécrologie. Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. le
D1' R. ARNOZAN, directeur-médecin de l'asile de laRoclielle, décédé
à l'âge de 69 ans. Dès 4814, M. Arnozan était interne à l'asile d'alié-
nés de Bordeaux; il poursuivit la carrière spéciale et fut successi-
vement attaché comme médecin-adjoint, puis en qualité de médecin
en chef et de directeur-médecin aux asiles de Bordeaux, Mayenne
Breuty, Châlons, et enfin de Lafond, près la Rochelle, où il est
mort, en laissant les regrets les plus vifs dans l'administration et le
corps médical.
- Nous avons aussi le regret d'annoncer lamort de 111. le Dr Gérard
MARCHANT, directeur-médecin de l'asile public d'aliénés de Toulouse,
ancien professeur de médecine légale à l'Ecole de médecine de
Toulouse, membre de la Société médico-psychologique de Paris, de
la Société des médecins aliénistes de France, etc.
Cette perte sera ressentie vivement non seulement par le corps
des médecins aliénistes, mais encore par la profession médicale
tout entière, et par les nombreux amis de son fils, le Dr G. Mar-
chant, prosecteur à la Faculté de médecine de Paris. Un aliéné du
service de M. Gérard Marchant lui avait tiré un coup de revolver,
lors de sa visite, et c'est aux suites de cette blessure que M. Mar-
chant a succombé. Victime du devoir professionnel, au moment
même où son âge lui assurait bientôt un repos mérité, après une
vie de labeur, M. Marchant a laissé dans la mémoire de tous de»
souvenirs sympathiques auxquels les Archives de Neurologie s'asso-
cientpteinement.
M. Marchant avait commencé ses études médicales à Toulouse,
puis il s'était spécialisé à SainL-Joseph-de-la-Croix et à Charenton :
sa thèse inaugurale (Paris 1842) portait sur les « Causes du oréti-
niaute dans les Pyrézzées. » Nous lui devons aussi une noie sur l'Ét(it
îles aliénés en Portugal, à Madère et à Ténériffe; un programme pour
la construction de l'asile d'aliénés de Totilotise, des lettres sur l'hys-
2éuèe, et un travuil sur l'llimezttatiolz tbz·cée.
t HO BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Nouveau Journal. Sous le titre de ['Encéphale, 1111. Ball et
Luys, secondés par M. Chambard,comme secrétaire de la rédaction,
viennent de fonder un nouveau journal de maladies mentales et,
nerveuses. Ce journal parait par cahiers trimestriels, à partir du 2'i
mars 1881, dans le format in-8".
Ecole pour les Enfants IDIOTS ET arriérés. M11e E.-W. Rose et
ouvert chez elle, à Colchester (Conuecticut), uue école d'enfants
idiots et arriérés qui fonctionne bien depuis un an. Le besoin
de cette école se faisait sentir depuis longtemps dans cet Etat de
l'Union. (Anzeric. Journal of Insanity , avril 1881.) .)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
llnt ? ru (11.). - Du délire aigu. Vol. in-8" de 102 pages, prix : 3 fr.
Paris, 1881. ·
Güt9LAtl; (J.). Leçons orales sur les phrénopathies ou traité théorique et
pratique des maladies mentales. Vol. in-8" de 546 pages; avec 54 figures
intercalées dans le texte, un plan général et le plan de l'hospice Guislain
actuel, tomes 1 et Il. 2e édition. Paris, 1880. Librairie J.-B Baillère, 19,
rue Hautefeuille.
Hublé (Martial). Recherches cliniques el thérapeutiques sur l'épi-
lepsie. Vol. in-S de 492 pages. Paris 1881. Prix 3 ir., aux bureaux des
Archives de Neurologie.
Luis (J.).T'ra ! /e clinique el pratique des maladies mentales. Vol. in-8"
de 692 pages, avec 27 figures intercalées dans le texte et 10 planches co-
luriees. Prix : 17 fr. broché, 18 fr. cartonné. Paris, 1881. A. Delaliave et
E. Lecrosnier, éditeurs, place de l'Ecole-de -Médecine.
MtCKLE (.1.). Geize-al paralysis of the insane. Vol. in-8", cartonné de
216 pages. London 1880. H. K. Lewis, 136, Gower street, W. C.
Seguin (E.-C.). The z of specialities in médecine. Brochure
z li pages. New-York, G. P. l'utnam's sons, 182, Pifth avenue, à
z
- A feclure on lhe localisation of Diseuses ut the spinal cord. Bro-
chure in-8« de 20 paôcs, Brooklyn. N. Y. 1880.
Le rédacteur-gérant, BouRrevzm.K.
Ecreax Qi. littllss £ (nW. - 781
Archives de Neurologie . -' - T. Il PL 1
Archives de Neurologie. T. II . PL. II.
Archives de Neurologie
T.11. PL III.
- . Archives de Neurologie
T. II PL IV.
Archives de Neurologie
TU PL V.
Archives de Neurologie
THPL VI
Archives de Neurologie T.ILPL VII.
Archives de Neurologie
T.II PL VIII.
Imp Becquet,Paris
Vol. II. Septembre 1881. N° 6
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
ANATOMIE
LA CORNE D'AMMON (Morphologie ET embryologie) ;
Par MATIIIAs DUVAL.
De toutes les régions de l'écorce cérébrale, il en est
peu qui, par leur disposition particulière et par la netteté
de leur circonscription, méritent autant de fixer l'at-
tention des anatomistes que la région de l'hippocampe,
c'est-à-dire de l'ensemble formé par la corne d'Ammon
et le corps godronné (avec le corps bordant). Cepen-
dant, cette partie des hémisphères cérébraux n'a encore
été en France l'objet d'aucune monographie spéciale ;
dans les mémoires consacrés à l'étude des circonvo-
lutions, on décrit bien, à la région inféro-interne du
lobe temporal, une circonvolution de l'hippocampe, dite
seconde circonvolution temporo-occipitale, mais on ne
suit pas la surface de cette circonvolution en haut et en
dehors, vers le ventricule, de sorte que, de la corne d'Am-
mon, la partie la plus insignifiante trouve seule place dans
ces descriptions, le reste (corps godronné) étant volon-
162 2 ANATOMIE.
tiers considéré comme une partie étrangère à l'écorce
cérébrale, placée dans l'intérieur des ventricules. En
Allemagne, au contraire, de nombreuses études ont été
publiées sur ce sujet, mais elles ont abouti à des con-
ceptions si peu nettes et si compliquées, que, même
en recourant aux excellents articles de vulgarisation où
ces vues ont été résumées (voy. art. Cerveau, par Ber-
ger, in Dict. encyclopéd. des Sciences médicales) et à la
traduction française de Huguenin1, il est difficile de se
faire une idée exacte des rapports morphologiques entre
l'ensemble de la corne d'Ammon et le reste des cir-
convolutions cérébrales. C'est pourquoi, ayant repris,
à l'aide de nombreuses préparations empruntées à
l'homme, aux mammifères et enfin aux encéphales
d'embryons, l'examen de ces parties, nous nous pro-
posons d'en donner une étude qui sera, d'une part, plus
complète que ce qu'on trouve à ce sujet dans les ou-
vrages français, et. peut-être, d'autre part, moins com-
plexe, c'est-à-dire plus claire que les désespérantes
descriptions de quelques anatomistes allemands.
Nos notions classiques sur la partie en question peu-
vent facilement se résumer de la manière suivante,
soit qu'on considère une dissection du cerveau, soit
qu'on en examine une coupe transversale.
1° Dans une dissection du cerveau, c'est-à-dire en
procédant par ouverture des ventricules latéraux en
allant du haut en bas, puis, par ouverture, dans les
mêmes sens, de la corne sphénoïde de ces ventricules,
on découvre sur la paroi inférieure de cette corne une
saillie blanche, antéro-postérieure, dite corne d'Ammon
1 G. Huguenin. Anatomie des centres nerveux. Traduc. franc. Paris,
1879.
LA CORNE D'AMMON. 163
(Cornu Ammonis; Hippocampus; Corne de bélier;
Protubérance cylindroïde, de Chaussier);lebord interne
de cette saillie est parcouru par une bandelette blanche,
dite corps bordant (mbria), qui présente un bord externe
adhérent (à l'hippocampe) et un bord interne libre; en
soulevant ce bord libre, on trouve sous le corps bordant
une épaisse bande de substance grise présentant des
alternatives de saillies et de dépressions et dite corps
godronné. Ce corps godronné et le corps bordant for-
ment la limite externe de la fente (partie latérale de
la grande fente de Bichat) par laquelle la pie-mère
de la face inférieure du cerveau pénètre , sous le nom
de plexus choroïdes, dans la corne sphénoïdale des
ventricules latéraux.
2° En lisant les descriptions données par les auteurs
d'après des coupes verticales et transversales du cer-
veau, on retrouve indiquées les mêmes manières de
voir relativement aux points sur lesquels nous vou-
lons particulièrement attirer l'attention; à savoir, que
le corps bordant présente un bord interne libre, que ce
bord, ainsi que le bord correspondant du corps go-
dronné, forme la lèvre externe de la fente donnant
accès dans le diverticulum sphénoïdal du ventricule ;
de sorte qu'on n'est nullement fixé sur la position de
ces parties (corps bordant et corps godronné) par rapport
à la cavité ventriculaire. Si ces parties contribuent
à former un orifice faisant communiquer la surface
du cerveau avec la cavité du ventricule, elles n'ap-
partiennent ni à la surface, ni à la cavité, mais
sont sur la limite des deux. Or, en cherchant à pénétrer
la pensée des auteurs, on arrive à cette conviction
(nous le verrons plus tard en faisant l'exposé critique
,164 ANATOMIE.
des descriptions en question) qu'ils placent en défini-
tive le corps bordant et le corps godronné complète-
ment dans la cavité ventriculaire, comme la saillie de
la corne d'Ammon elle-même, et ne font commencer
la région de la surface cérébrale qu'au delà (en dedans,
par rapport à l'axe médian) du corps godronné. C'est
l'opinion, et, disons-le de suite, l'erreur que nous-
même, bien pénétré alors des idées classiques, avons
formulée et figurée à la page 474 de l'article Système
nerveux du XXXIIP volume du Dict. de Méd. et de
Chirur,q. pratiques. De plus, par ce fait même qu'ils
considèrent le corps godronné et le corps bordant
comme placés dans le ventricule, et qu'ils font cesser
la surface corticale de l'hémisphère vers le bord interne
de la circonvolution de l'hippocampe (seconde circonvo-
lution temporo-occipitale), les auteurs sont amenés à
décrire la substance grise de la corne d'Ammon, en
partie, comme une circonvolution retournée, c'est-à-
dire dont la substance grise pénètre dans l'intérieur
de l'hémisphère (substance grise de la corne d'Ammon),
et en partie comme une formation nouvelle et sur-
ajoutée (substance grise du corps godronné).
Les principaux points que le présent mémoire a pour
objet de mettre en évidence, comme absolument con-
traires aux conceptions précédentes, sont les suivants :
1° Le bord interne du corps bordant n'est pas libre;
il se continue avec une fine lamelle (paroi ventriculaire
chez le foetus, simple épithélium épendymaire chez
l'adulte) qui, refoulée par les vaisseaux de la pie-mère
(plexus choroïde), renferme les plexus choroïdes dans
une sorte de repli mésentérique et ferme les ventri-
cules latéraux.
LA CORNE D'AMMON. 165
2° Les plexus choroïdes ne sont donc pas libres
dans la cavité ventriculaire : ils affectent avec cette
cavité les mêmes rapports que les vaisseaux mésen-
tériques, compris entre deux lames péritonéales, affec-
tent avec la cavité du péritoine. -
3° Il n'y a pas de fente faisant communiquer la
cavité ventriculaire avec la surface cérébrale; la cavité
ventriculaire cesse au niveau du bord interne, ou, pour
mieux dire, supérieur du corps bordant. Tout ce qui
(en considérant une coupe, par exemple les lîg. 1 et 2
de la Planche I du tome III) est en dehors (par rapport
au plan médian du cerveau) de ce bord du corps bor-
dant, est situé dans l'intérieur du ventricule ; la saillie
blanche, dite corne d'Ammon, est donc la seule partie,
dans l'ensemble de la formation ammonique, qui soit
située dans le ventricule; tout ce qui est en dedans (vers
le plan médian) du corps bordant appartient à la surface
de l'hémisphère, fait partie de la région corticale ; tel est
le cas de la plus grande partie du corps bordant lui-
même, de tout le corps godronné et du sillon qui
sépare le corps godronné d'avec la circonvolution de
l'hippocampe (deuxième circonvolution temporo-occi-
pitale).
4° Il n'y a plus à parler de circonvolution retournée,
mais bien de deux circonvolutions, placées côte à côte,
l'une représentée par la circonvolution de l'hippo-
campe (deuxième circonvolution temporo-occipitale) ,
l'autre représentée par le corps godronné (nous l'ap-
pellerons circonvolution godronnée) et séparées par un
sillon ; c'est le fond de ce sillon (sillon de l'hippo-
campe) qui, comme cela arrive toutes les fois que le man-
teau de l'hémisphère est mince (hémisphères foetaux,
166 ANATOMIE.
région occipitale et ergot de Morand chez l'adulte), se
traduit dans l'intérieur du ventricule par une saillie
blanche (corne d'Ammon des auteurs).
5° De ces deux circonvolutions, l'inférieure, ou cir-
convolution de l'hippocampe, ne diffère du type général
des circonvolutions que par une proportion autre dans
la répartition et les dimensions de ses éléments anato-
miques (grandes cellules pyramidales en épaisse cou-
che) ; la supérieure, au contraire, ou circonvolution
godronnée, présente de plus une couche toute spéciale,
caractéristique de cette circonvolution dans la série
animale, et formée de noyaux ou petites cellules rondes
étroitement serrées les unes contre les autres (stratum
granulosum des auteurs allemands, dont nous analy-
serons plus loin les descriptions).
6° Le sillon qui sépare ces deux circonvolutions
diffère des autres sillons de la région corticale par sa
profondeur, par un léger enroulement en haut et en
dedans, et surtout par l'abondance et la disposition des
vaisseaux qu'il renferme, lesquels sont très serrés,
empiètent dans la substance des couches les plus super-
ficielles des deux circonvolutions adjacentes , et pro-
duisent entre ces deux circonvolutions une adhérence
plus ou moins intime, parfois une véritable soudure
(lapin et rongeurs en général), dispositions quiont amené
quelques auteurs (G. Kupfer, entre autres) à considérer
l'ensemble de ces deux circonvolutions comme un tout,
dans lequel ils distinguent seulement deux feuillets
superposés, l'un supérieur (notre circonvolution go-
dronnée), l'autre inférieur (la circonvolution de l'hip-
pocampe).
Nous avons tenu à formuler d'avance ces conclu-.
LA CORNE D'AMMON. 167
sions, qui ne sont qu'une partie de celles auxquelles
nous serons amenés dans la suite de ce travail; mais,
il nous importait, pour fixer le lecteur, de bien définir
les points essentiels d'une étude de morphologie dont
les détails descriptifs seront toujours singulièrement
arides. Pour nombre de ces points, un rapide coup d'oeil
sur les planches qui accompagnent ce mémoire suf-
fira pour fournir au lecteur préparé la démonstration
demandée.
Cette démonstration, nous allons du reste la donner
explicitement par l'étude de la corne d'Ammon :
1° chez l'homme et quelques singes, ce qui répondra
rigoureusement aux prémisses sus-énoncées ; 2° chez
les mammifères (mouton et chien) où la formation am-
monique se présente comme plus étendue, se prolon-
geant en haut jusque sous le corps calleux , ce qui
élargira singulièrement la question en. montrant les
rapports de la formation ammonique avec le trigône,
c'est-à-dire avec tout l'ensemble de la paroi interne de
l'hémisphère; 3° chez les' rongeurs, où elle présente un
développement énorme, et chez la taupe ou la chauve-
souris, où ce développement, comparé à l'uniformité
du reste de l'écorce, nous permettra d'arriver à cette
conclusion que, toute circonvolution disparaissant de
la surface des hémisphères, il reste encore chez les
lissencéphales un seul gyrus cérébral, la circonvolution
godronnée, reconnaissable aux traits particuliers de
sa structure, et qui, par suite, est évidemment désignée
comme un organe cortical d'une nature toute particu-
lière ; 4° enfin, l'examen de cet organe aux diverses
phases de son développement viendra confirmer les
diverses conclusions résultant des études précédentes.
168 ANATOMIE.
I. Procédé d'étude.
- Ces recherches ont été faites essentiellement sur des
coupes des hémisphères; mais notre intention n'est
pas de nous arrêter ici, soit sur les procédés bien con-
nus *de durcissement (acide chromique et alcool), soit
sur l'emploi indispensable des microtomes. Nous devons
seulement indiquer par quel moyen on peut facile-
ment obtenir des coupes dans lesquelles soient con-
servées, dans leurs rapports, les parties les plus ténues
et les plus fragiles, telles que les plexus choroïdes
avec le repli mésentériforme qui les contient, comme on
le voit dans les figures et 2 (PL. I du t. III), qui n'ont
rien de schématique; car, ne l'oublions pas, ces rap-
ports des plexus choroïdes, c'est-à-dire la détermi-
nation de la limite réelle de la cavité ventriculaire,
sont ici une question de première importance.
C'est par le collodion qu'est obtenue cette fixation
mécanique des parties, permettant d'obtenir des coupes
sans dislocation et de manier impunément ces coupes
fines, c'est-à-dire de les colorer et de les monter en
préparations permanentes ; pour la section des encé-
phales d'embryon, ces résultats deviennent encore plus
précieux. A cet effet, la pièce, ou le fragment de pièce,
retiré de l'alcool où s'est achevé son durcissement, est
placée quelques instants dans un mélange d'alcool et
d'éther (1 d'alcool pour 10 d'éther); puis, elle est
déposée dans du collodion normal, c'est-à-dire dans
une dissolution simple de fulmi-coton (par l'alcool et
l'éther, sans ricin ni aucune autre substance); son
LA CORNE D'AMMON. 169
séjour dans ce collodion bien liquide (non sirupeux)
doit être au moins de 24 heures, et peut se prolonger
sans aucun inconvénient pendant un temps presque
indéfini (le flacon ou vase étant bien clos). Retirée du
collodion, la pièce est laissée à l'air libre pendant une
minute au plus, le temps de donner une très légère
consistance à la surface du collodion qui la revêt et
l'imbibe, puis elle est plongée dans de l'alcool à 36°.
Au bout de 6 à 10 heures de séjour dans ce bain
d'alcool, le collodion, ayant laissé diffuser tout l'éther
qu'il renfermait, forme une masse solide, mais nulle-
ment sèche,'c'est-à-dire qu'il ne s'est nullement rétracté,
ainsi qu'il arrive lorsqu'il se durcit à l'air libre. La
pièce est ainsi incluse dans une substance résistante,
mais élastique, facile à couper, présentant au rasoir
les mêmes caractères mécaniques que la moelle de
sureau ; cette substance a pénétré dans toutes les an-
fractuosités, dans toutes les cavités ayant un orifice
à la surface de la pièce, et maintient ainsi toutes les
parties dans leurs rapports naturels. On aurait obtenu
un résultat semblable par l'usage, aujourd'hui classique,
de la solution de gomme arabique coagulée ensuite
par l'alcool, avec cette différence cependant que la
gomme devient souvent friable, ce qui n'arrive jamais
au collodion; et avec cette autre différence bien plus
importante, que la gomme n'est que peu ou pas trans-
parente, qu'il faut en débarrasser ultérieurement les
coupes, et que, par suite, on ne peut plus manipuler
impunément celles-ci, tandis que le collodion, grâce
à sa transparence absolue, peut et doit rester avec
la coupe obtenue; en effet, celle-ci une fois montée
dans la glycérine, il est presque impossible de voir
170 ANATOMIE.
au microscope le collodion qui en englobe les par-
ties '.
Nous avons dit que, pendant le séjour de la pièce
dans le collodion liquide, celui-ci pénètre dans toutes
les cavités qui sont ouvertes à la surface; cependant,
comme il peut rester des bulles d'air dans ces cavités,
comme, d'autre part, celles qui ne sont ouvertes que lors
de la pratique des coupes peuvent ne pas renfermer de
collodion, et, par suite, présenter des parties mal fixées,
comme enfin il peut être nécessaire de fixer plus par-
faitement encore les parties fragiles que doit com-
prendre une coupe, nous ne saurions trop insister sur
les avantages du procédé suivant, que nous désignons
sous le nom de collodionage des surfaces de section : il
consiste, en effet, lorsque vient d'être pratiquée avec
le microtome, une coupe quelconque, simplement des-
tinée à aviver la pièce, à donner une surface de sec-
tion nette pour les coupes suivantes, ce procédé con-
siste, disons-nous, à faire couler sur cette surface de
section une légère nappe de collodion, qui, comme
lorsque le photographe prépare une plaque, s'y étale
en une mince couche adhérente : on laisse alors (quel-
ques fractions de minutes suffisent, selon la température
extérieure) se produire une très légère dessiccation à
l'air libre, puis, on se hâte d'arroser d'alcool, pour
empêcher le retrait du collodion (ce qui amènerait un
enroulement de la coupe ultérieurement pratiquée). On
1 Pour la technique du collodion en histologie, voyez, du reste, nos
notes antérieures : in De l'emploi du Collodion humide pour la pratique
des coupes microscopiques (Journal de l'Analonie, 1879).- 2° Des naatiè-
res à inclusion en histologie (Revue des sciences naturelles; Montpellier,
1879). 3° De quelques perfectionnements à l'emploi du Collodion en
technique histologique (Société de biologie, 1880).
LA CORNE D'AMMON. 171
peut dès lors faire tourner la vis du microtome de la
quantité correspondant à l'épaisseur qu'on veut donner
à la coupe, puis pratiquer celle-ci, comme d'ordinaire,
avec le rasoir chargé d'alcool.
Les coupes ainsi obtenues, même après collodionage
de la surface de section, peuvent être colorées par le
carmin ; si l'on procède en plaçant simplement la pré-
paration dans une solution aqueuse de picrocarminate,
on a l'ennui de voir la lamelle de collodion se colorer
presque avec la même intensité que la coupe de tissu
nerveux quelle inclut, et, quoique l'addition de glycé-
rine (pour conserver la pièce) décolore ensuite partiel-
lement le collodion, on se trouve en présence d'une pré-
paration peu satisfaisante, quoique encore propre pour
l'étude; mais on évite cet inconvénient en procédant
de la manière suivante : la coupe est placée sur la
lame de verre, où on la fait baigner dans une mince
couche de glycérine colorée au picrocarmin (moitié
glycérine très sirupeuse et moitié solution aqueuse de
picrocarmin) ; dans ces conditions, la coloration se fait
en 24 heures environ et de telle sorte que la préparation
même fixe très fortement le carmin, tandis que le col-
lodion n'en prend que des traces qui sont facilement
enlevées par un léger lavage à l'eau sur la plaque
même, puis par l'addition de glycérine.
Ce n'est pas seulement dans la glycérine, mais
même dans le baume du Canada qu'on peut monter
les coupes obtenues à l'aide du collodion; ce montage,
qui donne une telle transparence aux préparations, est
surtout nécessaire pour les coupes de cerveau d'em-
bryon, mais il demande a être pratiqué d'une ma-
nière spéciale : il faut s'abstenir d'employer l'es-
172 ' ANATOMIE.
sence de térébenthine, qui produit avec le collodion
des taches et magmas blancs , et substituer à cette
essence l'huile de girofle. A cet effet, la coupe, tou-
jours maintenue' sur la lame porte-objet, où elle
doit être montée, est rapidement lavée à l'eau puis
à l'alcool à 36°, puis elle est arrosée à plusieurs re-
prises d'alcool absolu qu'on enlève au sur et à mesure
avec une pipette; une dernière fois, elle est arrosée
d'alcool absolu bien pur, et aussitôt recouverte de la
lamelle couvre-objet. On a ainsi, pour le moment, une
préparation dans l'alcool absolu, entre lame et lamelle;
mais on se hâte aussitôt de substituer à cet alcool de
l'essence de girofle, en déposant une goutte de cette
essence contre l'un des côtés de la lamelle, tandis
qu'on place un fragment de papier à filtrer contre le
côté opposé; le papier pompe l'alcool, qui est graduel-
lement remplacé par l'huile essentielle, de nouvelles
gouttes de celles-ci étant successivement additionnées
sur le point qui en a déjà reçu. Au bout de 24 heures,
la préparation est parfaitement imprégnée d'essence,
à laquelle on substitue définitivement, en procédant
comme ci-dessus, du canada en dissolution dans le
chloroforme. Si, pendant chacune de ces petites opé-
rations, on évite d'amener la vapeur de l'air expiré sur
la pièce en manipulation, et, si, pour plus de précau-
tion, on fait reposer la lame porte-objet sur un corps
légèrement chauffé (une plaque de métal, une brique,
un godet de porcelaine), on ne voit se produire dans la
préparation ni magma, ni nuage blanc, ni tache quel-
conque, ce qui arriverait fatalement si une buée de
vapeur d'eau était amenée à se condenser sur la
plaque de verre, au contact des bords de la couche
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 173
d'huile de girofle. Enfin, les préparations faites avec les
soins que nous venons d'indiquer ne souffrent d'aucune
dislocation dans leurs parties, même les plus fragiles,
et c'est là le résultat essentiel pour l'étude et pour la
démonstration. (A suivre.)
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES S
HYSTÉRIQUES; DU PHÉNOMÈNE DE L'HYPEREXCITABILITÉ
NEURO-MUSCULAIRE (Suite) « ;
Par MM. CHARCOT et Paul RICHER.
§ III. EXCITATION DES MUSCLES.
L'expérience a montré que la malaxation ou la
simple pression des masses musculaires amenait la
contracture des muscles excités. Mais, dans ce cas, la
contracture est-elle la conséquence de l'excitation di-
recte de la fibre musculaire elle-même, ou bien suit-
elle l'excitation des petits rameaux nerveux et de leurs
terminaisons dans la substance du muscle ? La solu-
tion de ce problème ne saurait être demandée aux
'Voir le ? 5, p. 31.
174 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE
seules données de l'expérimentation. Pour un certain
nombre de raisons que nous exposerons plus loin,
nous inclinons .à penser que la contracture est ici,
comme ailleurs, le résultat d'une excitation nerveuse
de nature réflexe.
. Quoi qu'il en soit, la contracture qui suit l'excitation
mécanique du muscle est facile à démontrer chez les
sujets hypnotisés qui se trouvent dans les conditions
requises d'hyperexcitabilité neuro-musculaire.
La Fig. (PL. IX) est la représentation d'une expé-
rience tentée avec succès dès le début de nos re-
cherches (en 1878), et depuis répétée bien des fois sur
un grand nombre de sujets. Il suffit d'exercer une fric-
tion sur le corps du sterno-mastoïdien, ou une simple
pression sur un point de ses fibres, pour que ce muscle
entre en contracture, imprimant à la tête le mouve-
ment de rotation prévu d'après les données de la phy-
siologie musculaire, et l'immobilisant au terme de son
mouvement dans l'attitude figurée ci-contre (PL. IX,
fig. 1). - On distingue parfaitement, sur cette photo-
graphie, la corde saillante formée par le muscle con-
tracture dont les deux extrémités, en se rapprochant,
tendent à se placer sur la même verticale. Il en résulte
que la tête subit un mouvement de rotation, en vertu
duquel la face se trouve dirigée latéralement du côté
opposé au muscle directement excité.
Pour faire cesser cette contracture, il suffit de porter
une semblable excitation sur le sterno-mastoïdien du
côté opposé, et la tête est ramenée dans la situation
droite. En excitant à la fois les deux sterno-mastoïdiens,
la tête se renverse et est immobilisée bientôt dans l'ex-
tension forcée, le cou saillant. Tous les muscles qui,
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 175
par leur situation superficielle, permettent à l'excitation
mécanique de les atteindre facilement, se compor-
tent de la même façon. Par exemple, l'excitation por-
tée sur le trapèze sur les côtés du cou, amène l'élé-
vation en masse de tout le moignon de l'épaule ; le
deltoïde élève le bras en dehors, le biceps fléchit l'a-
vant-bras, etc
Il résulte des expériences faites sur les muscles larges
et fasciculés, tels que le deltoïde, que :
a). L'excitation portée sur un point, même limité,
du muscle produit sa contracture en masse (tandis
qu'à l'aide de la faradisation il est facile de faire con-
tracter isolément les différents faisceaux d'un même
muscle).
b). La contracture d'un muscle, provoquée dans ces
conditions, entraîne presque toujours l'action simulta-
née des muscles qui lui sont synergiques. Ce qui se
passe lors de l'excitation portée sur le deltoïde en
est un exemple concluant. Nous savons, d'après les
recherches de Duchenne (de Boulogne) que, physio-
logiquement, le deltoïde ne se contracte jamais seul.
Son action élévatrice de l'humérus est toujours accom-
pagnée d'une action synergique du grand dentelé et
du trapèze, qui a pour but de maintenir l'omoplate so-
lidement appliquée au thorax et qui lui fait subir un
mouvement de bascule, en vertu duquel son angle in-
férieur est porté en dehors.
La contraction isolée du deltoïde au moyen de la,
faradisation démontre l'importance de cette action sy- e
nergique. Dans ce cas, en effet, en même temps que'
l'humérus est élevé, le deltoïde abaisse la partie de l'o-
moplate sur laquelle il prend insertion, de façon que le
176 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
bord spinal de cet os s'éloigne du thorax et que son
angle inférieur se rapproche de la colonne vertébrale.
Cette attitude vicieuse de l'omoplate, qui ne manque
jamais alors que la faradisation est localisée au deltoïde,
ne se produit pas lorsque ce même muscle est contrac-
ture par l'excitation mécanique dans l'état de l'hyperex-
citabilité neuro-musculaire. L'omoplate, au contraire,
prend alors l'attitude physiologique, trahissant ainsi
la contracture simultanée des muscles synergiques,
trapèze et grand dentelé, bien que ces derniers muscles
n'aient subi aucune excitation directe.
Nous reviendrons plus loin sur ces faits de synergie
musculaire, mais il était nécessaire de les signaler dès
maintenant.
L'expérimentation sur les muscles de l'avant-bras et
de la main est plus complexe, et cela pour plusieurs
raisons faciles à saisir : les muscles sont de petit vo-
lume, et réunis en grand nombre dans un petit espace;
en plusieurs points, il y a superposition de plusieurs
muscles, de sorte qu'il est difficile que la pression d'un
muscle superficiel ne retentisse pas sur les muscles
profonds; les actions synergiques y sont multiples;
enfin, il existe de nombreuses ramifications nerveuses
qu'il est difficile d'éviter.
Néanmoins, nos expériences nous ont donné des
résultats forts précis. Lorsque, par la simple pression
avec l'extrémité mousse d'un petit bâton, on cherche à
mettre en action isolément les différents muscles de
l'avant-bras d'une hystérique hypnotisée et présentant
l'état nerveux spécial favorable à ce genre de re-
cherches, on arrive bientôt à délimiter un certain
nombre de zones parfaitement circonscrites, dont l'ex-
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTERIQUES. 177
citation, amène, avec le plus de précision et de sûreté,
le résultat voulu. Ces zones se confondent avec ce que
l'on désigne en électro-physiologie sous le nom de
points d'élection pour l'excitation partielle des muscles. -
Instruit par une longue pratique, Duchenne (de Bou-
logne) possédait à fond cette science de localiser exac-
tement l'action électrique sur un muscle ou sur un
faisceau musculaire. Il put ainsi démontrer clairement
l'action partielle, jusque-là inconnue, d'un certain
nombre de muscles et doter la physiologie des mouve-
ments d'importantes découvertes. Mais, ces points d'é-
lection ne sont pas toujours faciles à trouver et une
règle fixe manque à cet égard. Il est vrai, ainsi que
l'ont fait remarquer Remak et Ziemssen que, souvent,
le siège de ces points possède une raison anatomique
et qu'ils correspondent aux points d'immergence ou
d'émergence des nerfs musculaires ; et Duchenne n'i-
gnorait point cette relation. Mais, ce rapport, indiqué
par l'auatomie, n'est pas constant, et il existe, en outre,
des points d'élection que les relations anatomiques ne
suffisent pas à expliquer, où les rhéophores doivent
être placés et qu'il faut avoir cherchés empiriquement
pour les bien connaître. Nous ajouterons qu'au sujet
des points d'élection dont le siège paraît indiqué
d'avance par la topographie nerveuse de la région, il
faut encore compter avec les variations individuelles
fréquentes dans la distribution des rameaux nerveux.
La localisation de l'excitation mécanique dans les
cas d'hyperexcitabilité neuro-musculaire n'échappe
pas aux difficultés que nous venons de signaler, et l'on
ne saurait exiger plus de précision de ce nouveau mode
de recherches qu'on ne fait d'ordinaire pour la fara-
42
178 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
disation localisée. Nous avons, d'ailleurs, cherché dans
l'emploi de la faradisation d'après le procédé de Du-
chenne (de Boulogne), un moyen de contrôle.
. Tantôt nous avons déterminé, sur l'avant-bras d'une
hystérique, par exemple, un certain nombre de points
dont l'excitation électrique produisait une action bien
limitée ; ces points étaient marqués. Puis, immédiate-
ment ou le lendemain, quelques jours après même,
alors que la malade avait certainement perdu le sou-
venir de nos recherches, nous l'endormions et nous
pouvions constater, alors, que l'excitation mécanique
des mêmes points moteurs amenait des résultats sem- '
blables à ceux que produisaient, pendant la veille, l'élec-
trisation, avec cette différence toutefois que la contrac-
tion était remplacée par une contracture.
Tantôt, nous faisions l'expérience inverse, et, après
avoir marqué les points dont l'action nous avait été
révélée dans l'hypnotisme par l'hyperexcitabilité neuro-
musculaire, nous constations ensuite, pendant la veille,
avec l'excitation électrique, que l'action de ces mêmes
points était bien celle qui avait été observée.
Nous avons naturellement cherché sur l'avant-bras,
pour répéter ces expériences, les points moteurs dont
l'existence, d'après les électropathes, était le moins
susceptible de variations et qui possédaient une action
bien caractéristique, facilement appréciable.
Nous les avons représentés sur les schémas ci-joints :
(F. 14 et Fig. 15.)
A la face antérieure : le rond pronateur ; le grand pal-
maire ; le cubital antérieur ; les fléchisseurs communs ;
le fléchisseur propre du pouce. A la région externe :
le long supinateur ; les radiaux externes.
ETUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 179
A la région pos-
térieure : l'exten-
seur commun;
l'extenseur pro-
pre de l'index;
l'extenseur pro-
pre du petit doigt;
le cubital posté-
rieur.
Des trois mus-
cles du pouce,
le long extenseur
nous a donné les
résultats les plus
précis. Le point
d'excitation com-
mun à l'extenseur
du pouce et à
celui de l'index
a été facilement
trouvé.
L'action par-
tielle de ces diffé-
rents muscles est
trop connue de-
puis les recher-
ches de Duchenne
(de Boulogne)
pour que nous y
insistions ici. A
la main, l'excita-
tion des muscles
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de l'éminence
thénar produit,
suivant le point
d'application,
l'adduction ou
l'opposition du
pouce, mais, il s'y
ajoute souvent
un mouvement
de flexion de la
phalangette dû
vraisemblable-
ment à l'excita-
tion communi-
quée au tendon
du long fléchis-
seur du pouce qui
passe sous ces
muscles. Quanta à
l'éminence hy-
pothénar, l'exci-
tation portée sur
la face palmaire
amène la flexion
du petit doigt,
dont les deux
dernières pha-
langes restent
étendues, et au
bord cubital, le
mouvement de
l'abduction.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 181
Les interosseux ne sont accessibles à l'excitation mé-
canique qu'à la face dorsale de la main. A la face pal-
maire, ils sont complètement recouverts par les ten-
dons des fléchisseurs qui reçoivent l'excitation avant
eux. Nous avons vu plus haut que les tendons sont
également sensibles à l'excitation mécanique. A la face
dorsale de la main, l'excitation des interosseux présente
quelques particularités sur lesquelles nous insisterons
dans un instant.
§ IV. PARALLÈLE ENTRE L'EXCITATION MÉCANIQUE DE L'HY-
PEREXCITABILITË NEURO-MUSCULAIRE ET LA FARADISATION
LOCALISÉE.
Il nous est facile, après ce qui précède, de faire res-
sortir les différences et les analogies qui existent entre
les résultats de l'électrisation localisée et ceux de l'ex-
citation mécanique dans l'hyperexcitabilité neuro-mus-
culaire des hypnotisées.
Les analogies résultent : '
a) Delà possibilité de localiser l'excitation à un
muscle ou à un groupe de muscles;
b) De la possibilité d'exciter un muscle, soit directe-
ment, en portant l'excitation sur sa fibre elle-même,
soit indirectement, en portant l'excitation sur le rameau
nerveux qui lui est destiné, en quelque point que ce
soit de son parcours.
Les différences proviennent :
a) De la non-similitude du résultat obtenu : contrac-
tion avec l'électricité, contracture dans les cas d'hyper-
excitabilité. Mais, ceci n'est vrai que pour les muscles
182 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
des membres. Nous savons en effet que, pour ce qui est
des muscles de la face, l'excitation mécanique, pen-
dant l'état d'hyperexcitabilité, ne donne lieu qu'à une
contraction et non plus à une contracture ;
b) Du degré de localisation de l'excitant dans les
différents faisceaux d'un même muscle. Il est facile
de localiser l'excitation électrique dans une partie seu-
lement d'un muscle large et fasciculé, tandis que, dans
l'état d'hyperexcitabilité, la contraction totale de ce
même muscle suit toujours l'excitation mécanique par-
tielle d'un seul de ses faisceaux ;
c) De la propagation de l'excitation. Dans l'état
d'hyperexcitabilité, le mouvement d'un muscle s'accom-
pagne ordinairement de l'action des muscles qui lui sont
synergiques, sans que l'excitation ait été portée sur ces
derniers ; ce qui n'a pas lieu dans l'électrisation lo-
calisée ;
d) De l'excitabilité tendineuse spéciale sur laquelle
nous avons insisté en commençant et qui n'existe que
dans l'état d'hyperexcitabilité.
Il résulte de tout cela que la localisation est plus
difficile'à obtenir, dans l'état d'hyperexcitabilité neuro-
musculaire, par l'excitation mécanique, que, pendant
la veille, par la faradisation. Elle n'est possible que
pour les muscles superficiels, elle n'est réellement fa-
cile que pour ceux dont les tendons ou le corps charnu
sont suffisamment isolés, c'est-à-dire éloignés de toute
autre partie également excitable par les mêmes pro-
cédés. Quelques exemples feront bien comprendre :
En comprimant un muscle superficiel, la pression, pour-
vu qu'elle soit un peu intense, se communiquera aux
organes sous-jacents qui pourront, par suite, participer
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 183
à la même excitation, que ce soit un autre muscle, un
nerf ou un tendon. Ainsi, en comprimant le tendon du
grand palmaire, le poignet commence par se fléchir seul,
mais, si l'on insiste un peu, à mesure que la flexion du
poignet augmente, les doigts se ferment par degrés,
ce qu'il est facile d'expliquer par la compression des
tendons des muscles fléchisseurs qui sont au-dessous.
Lorsqu'on cherche à exciter les muscles interosseux
en comprimant sur le dos de la main, au niveau des
espaces interosseux, au point d'élection marqué pour
l'excitation électrique, le résultat obtenu paraît, de
prime abord, en opposition avec les données dela phy-
siologie. En effet, on observe bien un écartement des
deux doigts correspondants, mais l'extension des doigts
est complète et porte aussi bien sur l'articulation méta-
carpo-phalangienne que sur les deux autres , tandis
que l'électrisation localisée nous a appris que les
muscles interosseux, en même temps qu'ils étendent
la phalangine et la phalangette, sont fléchisseurs de la
phalange sur le métacarpien.
Cette anomalie apparente nous paraît s'expliquer
assez facilement par la présence, sur le dos de la main,
des tendons extenseurs et des brides aponévrotiques
qui les relient. Il est impossible, lorsqu'une pression
assez forte est exercée au niveau des espaces interos-
seux, de ne pas exciter mécaniquement en même temps
les organes tendineux voisins.
Mais, si l'on peut éviter les causes d'erreur dont nous
parlons, si l'organe à exciter, tendon, nerf ou muscle,
se trouve parfaitement seul intéressé, l'hyperexcitabilité
neuro-musculaire peut nous rendre témoins de phéno-.
mènes de localisation d'une précision qui ne laisse rien
184 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
à désirer. Il va sans dire qu'il faut toujours compter
avec les actions synergiques; mais, loin de nuire au
mouvement que l'on cherche à obtenir, ces actions,
dans la plupart des cas, ne font que l'accuser davan-
tage.
En résumé, il existe pour la localisation de l'excita-
tion mécanique dans l'état d'hyperexcitabilité neuro-
musculaire et pour la faradisation localisée, des diffi-
cultés communes.
Ces difficultés résultent :
a) Des variétés individuelles dans la distribution
des nerfs moteurs;
b) Des variations que subissent, suivant les individus,
les points d'élection pour l'excitation partielle des
muscles; .
c) De la diffusion de l'excitant qui, lorsque son inten-
sité n'est pas exactement mesurée, peut gagner les or-
ganes voisins, nerfs ou muscles.
A ces difficultés s'ajoutent, au sujet de l'hyperexci-
tabilité neuro-musculaire, celles qui résultent de l'ex-
citabilité spéciale des fibres tendineuses et de la sy-
nergie musculaire.
Mais, ces circonstances, une fois connues et parfai-
tement définies, n'enlèvent rien au degré de certitude
de nos recherches, pas plus que les difficultés signalées
plus haut n'infirment les résultats qu'a fournis, entre
les mains de Duchenne (de Boulogne), la faradisation
localisée.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 185
§ V. DE L'IIYPEREXCITABILITÉ NEURO-AIUSCULAIRE DE LA
FACE.
A la face, les conditions de l'expérimentation sont
un peu moins complexes. Les muscles sont superfi-
ciels, disposés le plus souvent en une seule couche,
et, par là même, facilement accessibles à l'excitation
mécanique. De plus, il n'existe pas de tendons dont l'ex-
citation de voisinage puisse contrarier, masquer ou
même empêcher complètement le résultat cherché.
. Ainsi que nous l'avons déjà dit, les muscles de la
face, pendant la phase d'hyperexcitabilité neuro-mus-
culaire, se comportent d'une autre manière que les
muscles du corps. Ils sont également susceptibles
d'être excités mécaniquement. Une simple pression,
exercée directement sur le muscle lui-même ou sur le
rameau nerveux qui l'innerve, met les fibres muscu-
laires en action, mais, la contraction ainsi provoquée
ne persiste pas d'ordinaire après l'excitation et ne se
transforme jamais en contracture permanente.
Ce mode de réaction des muscles de la face à l'exci-
tant mécanique est une analogie de plus avec ce qui
se passe dans l'emploi de la faradisation localisée. Ce
rapprochement nous a remis en mémoire les belles
expériences de Duchenne (de Boulogne) sur l'action
partielle des muscles de la face, et la part qui revient
à chacun d'eux dans l'expression des passions; et, sans
appareil faradique, remplaçant les électrodes par de
simples petites baguettes, nous avons pu les reproduire
en partie avec une grande précision.
Nous avons cherché à produire la contraction isolée
186 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
de chaque muscle par l'excitation des points d'élection
indiqués par Duchenne (de Boulogne). Nous nous
sommes heurtés aux mêmes difficultés que lui, et, avec
quelque soin, nous avons pu les surmonter. Ces diffi-
cultés résultent, suivant Duchenne, : , : 1° Des variations
individuelles dans la distribution des nerfs de la face, qui
peuvent faire rencontrer une branche nerveuse destinée
à mettre en mouvement un Plus ou moins grand nombre
de muscles, ce que l'on reconnaît à leur contraction
simultanée. Il suffit, dans ce cas, de déplacer le rhéo-
phore d'un ou deux millimètres pour éviter cette con-
traction complexe;
2° De l'emploi d'un courant trop intense et qui pé-
nètre trop profondément. La figure 6 de l'ouvrage de
Duchenne représente un exemple de non localisation
dans l'emploi du courant faradique. « Le rhéophore,
dit Duchenne, placé au niveau du grand zygomatique,
aurait dû produire la contraction isolée de ce muscle,
ainsi qu'on l'observera dans la figure 30 ; mais, le cou-
rant trop intense, ayant pénétré profondément jusqu'à
la branche temporo-faciale de la septième paire, a pro-
voqué la contraction en masse des muscles innervés par
ce tronc nerveux et n'a pu* produire qu'une grimace. »
La même chose arrive avec l'excitant mécanique,
dans les cas d'hyperexcitabilité neuro-nlusculaire,
lorsque la pression exercée dépasse certaines limites
qui varient suivant les malades et que l'habitude seule
permet d'apprécier.
Il existe cependant quelques différences entre les
résultats que nous avons obtenus et ceux que donne
la faradisation localisée. Elles ressortiront clairement
des quelques propositions dans lesquelles nous allons
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 187
résumer les nombreuses expériences que nous avons
faites à ce sujet :
1° La localisation la plus exacte est obtenue à l'aide
d'une pression modérée, pratiquée avec l'extrémité ar-
rondie d'un petit bâton. Si l'excitation est trop légère,
de façon à ne consister qu'en un grattement superficiel
de la peau, elle retentit presque toujours sur un plus
ou moins grand nombre de muscles voisins de la région
excitée, et parfois sur quelques muscles éloignés. Dans
ce cas, la contraction musculaire est fugace et peu ac-
cusée, c'est un simple frémissement musculaire, ou bien
une série de petites convulsions cloniques qui se rap-
prochent du tremblement. -Une excitation trop forte
se propage souvent à quelques muscles voisins ;
2° La contraction du muscle cesse le.plus souvent en.
même temps que la pression. Elle persiste quelquefois
très peu de temps après que l'excitation a cessé, sur-
tout si l'on a un peu insisté, mais elle ne se transforme
jamais en contracture. Le muscle peaussier est celui
dont la contraction se maintient le plus longtemps,
tenant en quelque sorte le milieu entre les muscles
des membres et ceux de la face;'
3° Malgré la persistance de l'excitation, l'action pro-
duite ne tarde pas à s'épuiser. Tout en maintenant
la pression à un degré égal sur le point qui a provoqué
la contraction du muscle, on ne tarde pas à voir celle-
ci s'effacer peu à peu et finir par disparaître complè-
tement ;
4° L'excitation unilatérale d'un muscle pair s'obtient
le plus souvent fort aisément ; mais, il arrive parfois
que l'excitation retentit sur le muscle homologue du
côté opposé, qui se contracte alors toujours plus faible-
188 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
ment. C'est ce qu'on peut constater sur la Figure 1 de
la Planche X, où l'excitation du muscle orbiculaire
palpébral supérieur n'a été portée que d'un seul côté.
Il nous a semblé que cette loi de synergie des muscles
pairs se manifestait d'autant plus facilement que ces
muscles étaient situés plus près de la ligne médiane.
En tout cas, nous avons bien des fois remarqué
qu'une double excitation, portée à la fois sur les deux
muscles pairs, donnait lieu à une exagération du mou-
vement obtenu avec l'excitation unilatérale ;
5° Il est possible de faire contracter à la fois plusieurs
muscles, de façon à reproduire les contractions com-
binées expressives ou les contractions combinées inex-
pressives, pour nous servir des dénominations employées
par Duchenne.
Toutes les malades susceptibles d'être hypnotisées
sont loin de présenter à un même degré l'hyperexci-
tabilité neuro-musculaire de la face. Chez le plus grand
nombre même, elle n'existe pas, pendant qu'elle se
montre très développée aux membres. Depuis que nous
poursuivons ces études, nous pouvons cependant citer
plusieurs sujets (quatre au moins sur vingt environ)
qui ont présenté ce phénomène à un haut degré de
développement, et avec des caractères absolument
identiques.
En ce moment, parmi les malades soumises à notre
observation, Witt... est celle qui présente l'hyperexci-
tabilité neuro-musculaire de la face au plus haut degré
de développement, et la plupart des expériences que
nous allons rapporter ont été faites sur elle.
Nous suivrons pas à pas Duchenne (de Boulogne) dans
ses expériences électro-physiologiques sur l'action des
' ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. N$',y} ' ? / r, .
muscles de la face, et nous mettrons en regard, d'un
côté, les résultats qu'a donnés, entre ses mains, la fara-
disation localisée, et, d'un autre côté, ceux auxquels
nous sommes arrivés par l'emploi de la seule excitation
mécanique pendant la léthargie provoquée chez nos
malades.
Nous avons fait photographier un grand nombre de
nos expériences; mais nous n'avons fait reproduire ici
que les plus saillantes.
D'après les recherches de Duchenne (de Boulogne),
quatre muscles de la face ont le privilège de peindre
complètement, par leur action isolée, une expression
qui leur est propre. Ces muscles occupent la partie su-
périeure du visage et impriment tous au sourcil un
mouvement particulier. Ce sont : le frontal, l'orbicu-
laire palpébral supérieur, le sourcillier et le pyrami-
dal du nez. Les points d'élection sur lesquels Duchenne
appliquait l'électrode pour amener la contraction par-
tielle de chacun de ces muscles sont indiqués sur le
schéma (Fig. 16).
Fig. 16.
Fig. 16. Points > moteurs des
principaux muscles de la face.
1, frontal; 2, sourcillier; 3,.or-
bieulaire palpébral supérieur; 4,
pyramidal du nez; S, palpébral
inférieur; 6, grand z5gomatidue;
7, petit zygomatique; 8, élévateur'
commun de l'aile du nez et de la
lèvre supérieure; 9, traiisverse
du nez; 10, triangulaire des
lèvres.
190 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
Leur action individuelle sur les traits de la face est
résumée dans les schémas suivants :
1° Frontal Muscle de l'attention. (Fird. 17). Sa
contraction produit sur les traits de la face les modifi-
cations suivantes : Lignes fondamentales : élévation et
courbe du sourcil : Lignes secondaires : plis frontaux
curviliques et concentriques à l'arc du sourcil;
2° Orbiculaire palpébral supérieur : Muscle de la
réflexion (Fig. 18). - Abaissement du sourcil en masse
et effacement des rides frontales. Le sourcil devient
rectiligne; plis verticaux sur le front; redressement
des poils du sourcil; f
3" SOURCILLIER : lVI2lSGZB de la douleur (Fig. 19). -
La tête du sourcil, gonflée, s'élève en formant un re-
lief qui se prolonge un peu sur le front. Le sourcil
prend une direction oblique de haut en bas et de de-
dans en dehors. Il affecte la forme d'une ligne si-
Fig. 17.
Contraction du muscle frontal.
Muscle de l'attention, de Du-
clicnne.
Fig. 18.
Contraction du muscle orbiculaire
palpébral supérieur.
Muscle de la réflexion, de Du-
cheniie.
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 191
nueuse composée de deux courbes : l'une interne à
concavité supérieure, l'autre externe à concavité infé-
rieure. Plis transversaux de la partie médiane du
front qui devient lisse au-dessus de la moitié externe
du sourcil.-Au-dessous des sourcils, la peau est ten-
due au niveau de la tête et dans l'espace intersour-
cillier, tandis qu'elle est refoulée en bas dans la partie
qui correspond à leurs deux tiers externes;
.1 1 q , 1
4° Pyramidal du NEZ : Muscle de l'agression (Fig. 20).
La tête du sourcil est tirée en bas, la moitié interne
du sourcil dirigée de haut en bas et de dehors en de-
dans ; la peau de la partie médiane du front est
lisse et tendue; plis transversaux à la racine du nez.
Chez notre malade hypnotisée, l'excitation de ces
mêmes muscles, par une simple pression exercée sur
les points d'élection, nous a donné les résultats sui-
vants : ,
rrg. 1 s.
Contraction du muscle sottrcillier.
Muscle de la douleur, de Du-
uhenne.
Fig. 20.
Contraction du pyramidal du izez.
Muscle de l'agression, de Du-
chennc.
192 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
La contraction isolée du Frontal est très facile à obte-
nir parla pression du point (Fig. 16, 1) qui correspond
au nerf frontal, ou par la pression portée sur un point
quelconque du muscle (PL. IX, Fig. 3).
L'orbiculaire palpébral supérieur se contracte aussi
très facilement et d'une façon absolument conforme
à la description de Duchenne. L'excitation sur la
Figure 4 de la Planche IX et la Figure de la Plan-
che X est portée près de la queue du sourcil au
point figuré en 3 sur le schéma (1'ig. 16). Lorsque
l'excitation porte sur un point plus rapproché de la
tête du sourcil ou lorsqu'elle est un peu intense, la
contraction du pyramidal du nez se joint à celle de
l'orbiculaire palpébral supérieur (Fig. 2, PL. X). Nous
n'avons pu obtenir complètement isolée la contraction
du pyramidal du NEZ. En cherchant à l'exciter aux
points indiqués par Duchenne, de Boulogne(Fig. 16,4)
le pyramidal s'est, il est vrai, contracté énergiquement,
mais l'orbiculaire palpébral supérieur s'est toujours
contracté en même temps.
Quant au SOURCILLIFR, dont l'action isolée est si sai-
sissante, nous n'avons pu d'une façon nette en obtenir
la contraction. Nous devons ajouter que des recherches
faites avec la faradisation pendant la veille, nous ont
donné des résultats aussi peu précis. Il nous faut donc
compter ici avec les variations individuelles que si-
gnale d'ailleurs Duchenne (de Boulogne).
Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer, avec
Duchenne, que les muscles « moteurs du sourcil sont,
de tous les muscles expressifs, ceux qui obéissent le
moins à la volonté; en général, l'émotion de l'âme
seule a le pouvoir de les mettre partiellement en mou-
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTERIQUES. 193
vement'). (Duchenne, Mécanisme de la physionomie...,
page 8).
Parmi les muscles qui sont situés au-dessous du
sourcil, les uns sont les agents d'une expression pro-
pre, mais incomplète, en ce sens que l'expression n'est
parfaitement rendue que par la contraction simultanée
d'un autre muscle, les autres n'expriment absolument
rien par eux-mêmes, bien qu'ils acquièrent la propriété
de représenter spécialement des passions en se combi-
nant avec d'autres muscles.
Ces données, qui sont le résultat des expériences
électro-physiologiques de Duchenne, reçoivent une
nouvelle confirmation des recherches auxquelles nous
nous sommes livrés.
Le grand zygomatique est le muscle de la joie. Il
est le seul qui puisse exprimer le rire à tous ses de-
grés ; mais, pour que l'expression soit complète, il est
13
Fig. 21. L.
Contraction du muscle grand
zygomatique.
Muscle du rire, de Duchenne,
rire faux.
Fig. 22.
Contraction simultanée du grand
zygomatique et du muscle orbi-
culaire palpébral inférieur.
Expression du rire franc, d'a-
près Duchenne.
194 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
nécessaire qu'un autre muscle intervienne en même
temps et imprime à la paupière inférieure un mouve-
ment particulier, c'est le muscle orbiculaire palpébral
inférieur, appelé par Duchenne muscle de la bien-
veillance. , 1
L'action partielle de ces deux muscles est résumée
.dans les schémas suivants : , ,
Grand zygomatique : Muscle du rire (Fig. 31).
Lignes fondamentales : mouvement oblique en haut
et en dehors de la commissure labiale ? courbe lé-
gère de la ligne naso-labiale; gonflement delà pom-
mette ; - élévation légère de, la( paupière inférieure.
Lignes secondaires : rides rayonnantes de l'angle
extérieur de l'oeii.
Orbiculaire palpébral INFÉRIEUR Muscle de la
bienveillance (Fig. 22). Relief de la paupière infé-
rieure, au-dessous de laquelle se dessine une dépres-
sion transversale, à concavité supérieure. Lorsque le
grand zygomatique se contracte seul, le rire a un carac-
tère faux et menteur. Sous l'influence d'une émotion
vraie, il ne se contracte jamais isolément. D'un autre
côté, l'orbiculaire palpébral inférieur, qui est son com-
plémentaire pour l'expression du rire franc, n'obéit pas
à la volonté; il n'est mis en jeu que par une émotion
agréable de l'âme.
La faradisation localisée du grand zygomatique
n'imprime donc à la physionomie qu'une expression
fausse. Cette expérience, d'après Duchenne, ne serait
pas facile à reproduire : « II m'est arrivé quelquefois,
dit-il, de localiser exactement l'excitation dans ce
muscle... Cette localisation est assez difficile; carie
courant électrique rencontre souvent un ou deux filets
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 195
moteurs qui se rendent à un faisceau musculaire voi-
sin, lorsqu'il est' un' peu'' intense ou qu'il'existe une
anomalie, ce qui n'est pas rare. » (Page 59.)
Dans nos expériences 'd'hyperexcitabilité neuro-
musculaire, la contraction isolée du grand zygomati-
que n'est pas sans présenter quelques 'difficultés. Il
arrive souvent que les muscles situés en dedans de
lui (petit zygomatique, élévateur propre de la lèvre
supérieure , ' élévateur commun de la lèvre supé-
rieure et de ''l'aile^du " nez, ' q41"'reçoi 'vent' leurs
filets moteurs 'd'un même' rameau nerveux qui passe
sous l'extrémité supérieure du grand zygomatique) en-
trent également en contraction.' ''
Cependant, après quelques tâtonnements et si l'on a
soin de se servir d'un excitateur'1 à extrémité un peu
fine sans 'cesser d'être mousse^il est'possible d'isoler
assez bien l'action de ce' muscle, ainsi que le montre
les Figures l'et'3 de la Planche XI ? 1' '
Le petit ZYGOMATIQUE''possède'une action bien
différente ' de celle' du grand' zygomatique. C'est un
muscle du pleurer. Le "schéma'suivant résume son
action (Fig ? 3) ? Il'attire" en" hàut'et' en' dehors la
portion moyenne de'Ia'moitié'de la lèvre'snpérieure,
d'où résulte : 'une courbe à'concavité inférieure du
bord libre de la lèvre supérieure et'' du sillon naso-
labial, un gonflement de la' pommette 'et une légère
élévation de la paupière inférieure. ' '
La contraction tisolé6'du petit zygomatique peut éga-
lement être obte'nue"chez notre' malade', mais elle se
confond avec celle de l'élévateur propre de la lèvre
supérieure, dont il est difficile de la distinguer; il arrive
fréquemment' que l'élévateur commun de la lèvre su-
196 - PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
périeure et de l'aile du nez participe à l'excitation.
C'est ce qu'on peut remarquer sur la Figure 3, Plan-
ciie XI. Le mouvement' de la lèvre supérieure repré-
sente assez bien, l'action du'-petit zygomatique, mais
. on remarquera^ en même -temps, que l'aile du,nez du
-même côté [est* un peu-relevée. ' En comparant cette
figure à la suivante, (qui représente i l'action isolée du
muscle élévateur commun del1 lèvre supérieure et de
l'aile du nez, ibesl facile de se'rendre compte' de la
part qui, dansée mouvement expressif de. la première,
doit être attribuée au- petit zygomatique. , , - ur
' L'élévateur commun 1 DE 1 LA PLÈVRE' supérieure ET DE
l'aile DU NEZ imprime- à ces parties de la physionomie
un mouvement. bien caractéristique, que. la Figure 4
t de la Planche XI et la Figure de la Planche XII
mettent parfaitement en lumière. La contraction par-
tielle de ce muscle est très facilement obtenue chez
notre malade. Dans la Figure 4 de la Planche XI, la
, ' Fig. 3. t, î 1 19
Contraction du petit' zygomatique.' ' '
Muscle du pleurer, de Duchenne.' - T t
d''f<i 1 ) i, t Fig. 4. ! ,r-t 1
Contraction ' du muscle élévateur
,t commun , de l'aile du nez. et de
la lèvre sicérieiü·re. ' '
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 197
contraction du muscle suit l'excitation du rameau ner-
veux qui lui est destiné. Dans la Figure' 1 de la Plan-
CHE XII,- l'excitation est portée sur le corps du muscle
- lui-même. Duchenne résume ainsi l'action partielle de
ce muscle (Fq. 2-4). L'aile du (nez'est attirée en
haut, le sillon naso-labial allongé et moins oblique, la
portion externe de ladèvre supérieure attirée en haut.
LE transverse du NEZ; que' Duchenne appelle le
muscle' de- la lubricité, fait subir,t,par sa,contraction,
à la forme 'générale du nez, '.les principales modifica-
tions suivantes : l'aile du nez est attirée obliquement
en haut et en avant, et la peau des parties latérales du
nez se marquer de plis parallèles à- la direction de
l'épine nasale. Ce muscle est susceptible de" grandes
variations, suivant les individus. /La Figure 4 de la
PLnNCnE'X montre, d'une façon fort, nette, l'excitation
du trànsverse'du nez'chez la nommée Cait)...', tandis
que chezWitt... l'excitation isolée de ce même muscle
n'a pu être'obtenue. t^~A /
Par contre, chez cette dernière ma)ade,')es muscles
dilatateurs, des narines peuvent êtèetrès-facilement
excités. Il suffit de toucher le bord d'une narine ou sa
face externe pour que le mouvement de dilatation
s'accuse aussitôt avec énergie; et, le plus souvent,
l'autre narine participe au mouvement (mais à un degré
moindre)/ bien que l'excitation ait été''unilatérale.
C'est un nouvel exemple de la synergie musculaire des
muscles pairs de la' face, dont nous avons déjà parlé.
Si l'excitation,' tout en demeurant' unique, se rap-
proche de la ligne médiane, comme sur la Figure de
la Planche X, le mouvement de dilatation est à peu
près égal des deux côtés et non moins énergique. La
198 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
dilatation une fois produite ne persiste pas uniformé-
ment, bien que l'excitation soit maintenue égale; il se'
produit une sorte de palpitation' 'des narines, qui a
rendu encore'' plus difficile' la' reproduction' photogra-
phique'de cette expérience déjà délicate. Néanmoins,
nous pensons que ce mouvement des narines s'est '
inscrit assez nettement sur'notre figure pour en méri-
ter la reproduction» ici, et la particularité intéressante
qu'elle est destinée à mettre 'en 'lumière ressortira'
d'autant mieux qu'on la comparera aux figures voisines'
(1 et, 2 de la même planche),' sur lesquelles le nez est à'
l'état, de repos., jr ? ' ' "' '
L'orbiculaire, des lèvres répond'aussi fort nette-
ment à l'excitation mécanique' portée sur' différents'
points de ses fibres. En excitant sur la lèvre inférieure'
un point médian,, situé à peu de distance de l'ouverture
buccale, on voit les deux lèvres'se froncer et l'orbicu-
laire tout entier entrer en contraction.' L'action est
encore bien plus vive1, lorsqu'on porte l'excitation' sur
le bord libre des lèvres'; il' suffit pour cela d'introduire'
l'extrémité du petit bâton' entre les deux lèvres et de'
frotter légèrement ! L'orifice ' buccal se 'resserre 'alors
avec énergie en enserrant l'extrémité de l'excitateur.
Le triangulaire DES LÈVRES est le muscle, de la tris-
tesse. Sous l'influence de la contraction, les commis-
sures des lèvres'sont tirées'en bas et 'en' dehors, le
sillon intér-tabial décrit une courbe à'concavité infé-
rieure, la lèvre inférieure est un peu attirée en avant,
la ligne naso-labiaile allongée tend à devenir réctiligne,
la lèvre supérieure ' est attirée obliquement en bas et
en dehors, la narine est abaissée et moins ouverte.-
(Fig. 25). ' '
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 199
La contraction partielle des muscles du menton et
de la lèvre inférieure est assez difficile à obtenir, à
cause de la superposition de ces différents muscles en
certains points et de l'intrication d'une partie de leurs
fibres.. De plus, un même rameau nerveux les innerve. -
Il y a donc à craindre de
toucher avec l'excitateur .une
portion .du rameau nerveux, ,
dont les fibres se distribuent.
à plusieurs muscles à la fois.,
En beaucoup de points égale- ,,
ment, l'excitateur rencontrera
à la fois des .fibres muscu-
laires appartenant à plusieurs
muscles soit, superposés, ,soit,
juxtaposés.* ,I, , z ; " ,
Pour, obtenir, chez nos ma-
lades, la contraction isolée du
triangulaire .des lèvres, il faut porter l'excitation
un peu en- dehors ,et( en bas de,la, commissure des
lèvres, comme,il,,est indiqué sur notre Figure 3 de
la Planche XIL"Si l'excitation, est faite plus bas, en,
se rapprochant du^maxillaire, inférieur et du, point
d'élection indiqué par l'électrisation localisée (7. 16),
on obtient un mouvement complexe de ladèvre résul-
tant de la. contraction simultanée. du triangulaire et
du carré du menton, qui, en ce point, sont superposés.
La contraction isolée du carré, du, menton, qui, d'a-
près Duchenne, tire la. lèvre , .inférieure en bas et en .
dehors en la renversant, succède à l'excitation mécani-
que portée à un centimètre et demi environ en dedans
du point d'excitation du triangulaire, et à peu près à la
Fig. ? 5.
1 p p i i
du MtMc/e <)' ! a7 : -
'y ! ti'a;M'ed'esMt))'e ? 1
, t f ? ,
200 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
même hauteur (Fig. 2, PL. XII). C'est à ce niveau que
le carré du menton se dégage de dessous le triangu7
1 T ' t.*tl%;. Il 1 * '
laire, pour devenir superficiel. , ,
Sur la 1 Figiire-4 q 4 t de . 1 la Planche XII, l'excitation por-
tée sur le milieu du menton met en jeu les muscles DE
.. ->n, i -I . ? / . ...
LA houppe du menton. Ces muscles impriment aux tégu-
tg - 11 t l 1 - . 14 11 t1 ? 1 el ? , , -
ments du menton un mouvement d élévation, et les
' . t . ! ' lfllv(,tl 'el 1111l'q y, t' ' ' ,v, - .. zip
appliquent contre la symphyse de la mâchoire.. Ils
élèvent ainsi mécaniquement la lèvre inférieure en la
renversant un peu en dehors. , . , .
Le PEAUSSIER, dont les fibres se terminent dans cette
région, est également très facilement excitable. Le
peaucier est le muscle de la frayeur et de .l'effroi.. Il
tire en bas et en dehors la lèvre inférieure,, les tissus
de la réeion inférieure, des joues et les ailes du nez.
Il ne possède qu'une action très faible sur la mâchoire
'' n(1 lit f ? ? ? .. '
inférieure.. -
prieure ? ,), .j , . lf =y «, ? -
Suivant Duchenne, la contraction partielle du.peaus-
n 11 , ..«Il < te ; M ? t ' 1 . 'Il ' ' ··
sier est inexpressive et., ne produit qu'une grimace.
..1; 411- 'Il '1) 1 &i "t ...." '" ?
Mais, si au mouvement des traits occasionnés par le
peaucier vient s'ajouter l'action d'un des muscles mo-
t, ." i ? , ,1 ' 1 ' ' 1 .. 1 l
teurs du sourcil, le. frontal par, exemple, on voit aussi-
- 'llj ' r '. -' «"M H tn ? l f " ' ' 1
tôt se peindre sur la physionomie une expression sai-
sissante de frayeur. , ,1,, ? . , ,
Nous avons cherché à \t reproduire,, chez notre ma-
lade hypnotisée, l'action simultanée de ces deux mus-
clés et les Figures 1 et 2 de, la PLANCIIEXIII sont pleine-
ment - confirmatives des expériences de Duchenne.
Malgré l'occlusion des yeux, dont le regard n'anime
point la physionomie de la Figure 1, l'expression de
frayeur y est assez' bien représentée. Sur la Figure 2,
nous avons essayé de compléter l'expression de ter-
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 201
reur en faisant ouvrir les yeux de la malade par un
aide, au moment où la contraction était obtenue par
l'excitation mécanique des points moteurs musculaires.
La malade a été ainsi fendue cataleptique, sans nuire
à l'expression de la physionomie. Nous savons d'ailleurs
que la contracture des muscles des membres obtenue
par les mêmes procédés persiste pendant l'état cata-
leptique'. " ' z
Pour compléter nos recherches sur l'hyperexcitabnité
neuro-musculaire de la face ! nous avons cherché à pro-
voquer,- t'exempte de D'ucheiine, la contraction simul-
tanée de plusieurs muscles, que ces muscles concourent
à l'expression d'un même sentiment (contractions com-
binées expressives'de Duchenne)ou bien, au contraire,
qu'ils expriment des sentiments complètement opposés
(contractions combinées inexpressives du même auteur).
Dans le premier cas, chaque pli de la physionomie
concourt à l'expression 'd'un sentiment unique, dans
le second, le résultat ne saurait être qu'une grimace.
Nos expériences sur notre malade hypnotisée ont
donné des résultats absolument identiques à ceux de
Duchenne. C'est ainsi qu'en faisant contracter simul-
tanément les peaussiers et les orbiculaires palpébraux
supérieurs, nous avons obtenu le masque de la frayeur
avec la nuance indiquée par Duchenne.
La contraction simultanée du triangulaire des lèvres
et de l'orbiculaire palpébral supérieur, donne à la
4 La production de la catalepsie permet aussi de fixer, pour ainsi dire,
l'expression de la physionomie, et, la malade- étant rendue cataleptique
pendant l'excitation d'un muscle, la contraction de ce muscle persiste
parfois un certain temps après l'excitation, de façon à rappeler la con-
tracture des membres; mais, le plus souvent, les plis de [la physionomie
ne tardent pas à se détendre et a s'effacer peu à peu.
202 ' PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
physionomie une expression de méditation mêlée de
tristesse ou de dégoût, suivant le degré de contraction
du triangulaire. ' i
Au contraire, la contraction du grand zygomatique,
associée à l'orbiculaire palpébral supérieur, ne donne
lieu qu'à une grimace (Fiq. 3 de la PL. XIII). Il nous a
été possible de représenter, sur chaque côté de la face,
une expression opposée en faisant contracter des
muscles différents. Par exemple, le grand zygomatique
d'un côté et l'élévateur commun de l'aile du nez et de
la lèvre supérieure de -l'autre, le grand zygomatique
d'une part et le triangulaire des, lèvres ouïe peaussier
d'autre part, etc, etc.. (Mais, l'excitation est alors
assez difficile à-localiser exactement. La tendance que
possède l'excitation d'un seul muscle- à 'retentir sur
le muscle homologue' du' côté opposé,' gêne l'action
locale. Il faut alors insister davantage,' et> il y a parfois
un peu- de diffusion de, l'excitation dans les muscles
voisins. -Néanmoins ? s'ilnse produit alors' de chaque
côté, de la physionomie un mouvement un peu com-
plexe, la contraction unilatérale» n'en nconserve pas
moins les. caractèresrprincipaux de d'expression cher-
chée, et le contraste ' que présentent les deux moitiés
de la'facen'en est pas moins frappant, 1 ' i" ' - i
Nous savons que, la malade étant en léthargie hyp-
notique, l'hémicatalepsie produite dans- tout un côté
du corps par l'ouverture d'un seul oeil, fait disparaître-
instantanément toute trace d'hyperexcitabilité neuro-
musculaire de ce -même côté.' Cette* expérience' est
facile à répéter sur la face 'et les résultats que repré-
sente la Figure 4 de la Planche XIII en' sont vraiment»
saisissants. L'excitation du muscle.-élévateur commun
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 203
de l'aile du nez et de la lèvre supérieure- est pratiquée
des deux côtés* à ,1a fois, pendant que la malade est
léthargique totale, et le mouvement d'ensemble qui en
est la conséquence et représenté plus haut (Fiq. 1 de
la PL. XII) se produit avec une égale énergie des deux
côtés. Mais, il suffit; ainsi que le', représente la Figure 4
de la Planche XIII, de soulever la paupière gauche, par
exemple, pour que tout mouvement- cesse de ce côté,
malgré la persistance ! de l'excitation au même point.
Nous avons reconnu,- dans le cours des expériences
que nous venons de rapporter, que les troncs nerveux
comme les muscles- eux-mêmes'étaient aussi bien exci-
tables à la face qu'ils le sontaux membres. En résumé,
l'excitation- du muscle- est directe'ou indirecte. (Quel-
ques expériences sur des rameaux -nerveux, isolés et i
éloignés des muscles qu'ils -innervent, le. prouvent pé-t
remptoiremenf. Le tronc de''la'septième paire est ac- ' i
cessible. à l'excitation*1 électrique par le procédé suri-
vant : « On peut, dit'Duchenne,t atteindre le tronctde
ce nerfàsa sortie du tronc stylo-mastoïdien, enlipla-
çantdans le conduit auditif, externe un rhéophore col. 1
nique coiffé d'une peau humide- et, en appuyant sur- le .
cartilage inférieur; dans ce point,' son. tronc-1 nerveux
. n'est séparé du rhéophore que.de trois à quatre milli-
mètres » ? nl , - 1, e-t , ! ,inr,· ,3 lif - [;, 0
On conçoit qu'en ce même point ? ce tronc nerveux
protégé par les os et les cartilages,- soit' difficilement
accessible) l'excitation* mécanique. ^Mais, il»,n'en-,est
pas de-même^de ses rameaux qui,"à leurs points d'é-'
mergence de la parotide; s'offrent d'eux-mêmes à l'exci-,
Ration. Dans- l'état i d'hyperexcitabilité neuro-muscu-
laire, la contraction ! des muscles qui . sont sous la
20't- le PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
dépendance de ces rameaux est l'indice certain de leur
excitation-mécanique. On voit alors, sous l'influence
de cette excitation,- tout un côté de la physionomie se
contracter, ! et, suivant le point de l'excitation, la con-
traction s'accuser, davantage dans les muscles de l'oeil,
du nez ou des lèvres et du menton. -Dans l'expérience
représentée Figure 2, PLANCIIE IY, l'excitation porte sur
le -tronc nerveux- lui-même, en avant du lobule de
l'oreille; 'il est. facile de constater, en effet, que tous
les muscles de cette moitié du visage sont entrés en
contraction ? «o u u»/- 't ' " '" . ' .
. Cette expérience de l'excitation mécanique du facial,
pendant la léthargie hystérique provoquée; est une des
premières qui aient été tentées au début de'nos recher-
ches sur ce : sujet, dès. 1878. '-"
La malade^sur laquellewous avons répété la plupart
des expériences rapportées plus haut présente, au point
de vue de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, une
particularité intéressante que, jusqu'ici, nous n'avons
rencontrée que sur elle seule., n . , 1 1
- Il s'agit dei l'extension de cette hyperexcitabilité jus-
qu'aux muscles de l'oreille, circonstance assurément
fort intéressante au point de vue du diagnostic, puis-
que ces'muscles échappent, dans le plus grand nombre'
des,cas;à l'action volontaire. A l'état de-veille, > notre
malade est totalement)- incapable d'imprimer'à'ses
oreilles les- mouvements que, dans le sommeil provo-
qué, l'excitation mécanique provoque facilement ? Nous
trouverons là un exemple de plus de l'excitation d'un
muscle, directement1, ! en agissant sur les fibres muscu-
laires elles-mêmes, ou, indirectement,* par l'intermé-
diaire du nerf moteur qui lui est destiné. t
ÉTUDE DE HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 205
Il existe chez notre malade, à deux centimètres en-
viron de l'oreille, à la hauteur du tragus, une zone fort
limitée dont l'excitation amène infailliblement un mou-
vement brusque et assez accusé (du pa-vil [on, de l'o-
reille, qui se trouve attiré en haut et un peu en arrière;
Aucun mouvement ne se produit si l'excitation n'est
pas exactement portée au point voulu. D'autre -part,-
il' existe au-dessus de l'oreille une zone assez étendue
dont l'excitation produit le même-résultat, et qui cor-
respond bien certainement -au muscle auriculaire su-
périeur. Que conclure de ce fait d'observation, si ce
n'est que, dans ce cas,- nous excitons directement' la
fibre musculaire dans la zone située. au : dessus- de l'o-
reille, , tandis, que) l'excitation -portée au, devant du
tragus intéresse le rameau nerveux- qui iva donner le
mouvement au muscle auriculaire supérieur, et , qui 'ne
sauraitiêtre autre que le rameau' temporal du facial ? 1
. 11 in Irt),1 '. ! ttili-lw VYl -i, il' .1. >.' z
> .(,<' t> intltl if..{ ? ) . ry.. IJ'iw i'1 r,i w(I,LÎ1 ? i.}
Il. DE QUELQUES CARACTÈRES ' DE L'A CONTRACTURE 'PRO-
YUQUÉE DANS' L'ÉTAT >D'HYPEREXCITABIL1TÉ' NEURO-MUS-
J,,CULA.IRE ? 1-1 1- "1) , il., -1( 1 Il -Hl ,·,rn , fnts wfr
111 r ! i ? 1,11''3(,ni It· 1., 1 it UIIy ,1 1, *1 '1 111, J''
. La contracture musculaire -provoquée par l'excita-
tion mécanique pendant la,léthargie i hypnotique ) pré-
sente toujours. ! les mêmes, caractères, : qu'elle ait.'été
produite par i(I'excitation des tendons, t> des» nerfs ou
des.muscles'eux-mêmes;') · lplm : 'l'ir,1 1",ri· n . 1 .vi
t Nous;ne ferons''que' rappeler' ici quelques-uns,de
ces-caractères,-)déjà connus d'ailleurs; » en- n'insistant
que-sur quelques; particularités de détail. ' ? '
a) La contracture cède à l'excitation des antagonistes.
206 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. ! '
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La contracture ainsi pro-
voquée pendant l'état hyp-
notique; cèdetrèsfacilement
par la friction ou la ma-
laxation des muscles anta-
agonistes. Cette excitation,
'que l'on* pourrait qualifier
4 d'excitation d'arrêt, n'exige
) pas une localisation précise.
Portée sur la masse des
extenseurs, elle fait cesser
nia contracture partielle de
n'importe quel muscle né-
chisseur et inversement. Si
l'action est très locale et ne
^ s'adresse' pas directement
au,hmuscle antagoniste du
muscle contracture, au lieu
de -faire cesser la'contrac-
ture première ? elle peut don-
iiernaissancelà une seconde
' contracture localisée.' ''
Cette ' action - d'arrêt de ! l'excitation des antagonis-
tes n'a lieu que-pendant la
' léthargie, elle''est'impuis-
i santé' contre la contracture
.qui persiste 'pendant l'état
i cataleptiquemou j après le
réveil : 1 " 1
- La Figure 26 représente
l'inscription de'ce phéno-
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 207
mène par les procédés de la méthode graphique. Le
tambour explorateur est placé sur la saillie des mus-
cles fléchisseurs du poignet. Onze chocs portés succes-
sivement sur les tendons de la face antérieure du
poignet amènent la flexion forcée de ce segment du
membre, avec contracture permanente des muscles
excités. En F,, friction des muscles antagonistes, la
contracture cède, rapidement, et le membre reprend
l'attitude qu'il avait au début de l'expérience.
b) La contracture persiste après le réveil. Trois
cas peuvent se montrer :
1° La contracture provoquée persiste tant que dure
le sommeil, elle persiste également pendant l'état ca-
taleptique, mais, aussitôt qu'on provoque le réveil, elle
s'évanouit; , ,. s i ,
2° Si la malade est' réveillée pendant l'état léthar-
gique, la contracture disparaît aussitôt. Mais, si avant
de réveiller la malade, on a-soin de la rendre catalep-
tique, la contracture persiste pendant l'état de veille,
avec la même forme et le même degré d'intensité;
3° Cette dernière précaution n'est pas nécessaire.
Réveillée, même pendant l'état léthargique, la malade
garde sa- contracture. - .. 1
Les contractures artificielles ainsi provoquées, pré-
sentent la plus grande analogie avec la contracture
permanente 'hystérique. Elles pourraient, persister,
pensons-nous, fort longtemps. Nous n'avons pas pro-
longé l'expérience au-delà de quelques heures. Pour
faire disparate t ces contractures, il faut endormir de
nouveau le sujet, et, pendant l'état léthargique, procé-
der à l'excitation des muscles antagonistes dont l'effet
est instantané. * ?
208 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
c) Transfert par l'aimant de la contracture localisée.
La malade une fois endormie et ses membres étant
en complète résolution, nous touchons avec précau-
tion le nerf cubital droit, en arrière de l'épitrochlée, et,
comme dans l'expérience décrite plus haut, la main,
sous l'influence de cette excitation, se contracture,
immobilisée dans une attitude caractéristique que
nous avons désignée sous le nom de griffe cubitale
(Fig. 9).
Nous approchons alors de l'avant-bras gauche, dont
les muscles sont demeurés dans le relâchement,
l'extrémité ouverte d'un aimant en forme de fer à
cheval. La malade toujours endormie est assise près
d'une table ; son bras droit contracturé pend sur le
côté; nous avons soin, une fois la griffe cubitale pro-
duite avec les précautions indiquées, de n'y plus tou-
cher afin d'éviter les complications que de nouvelles
excitations musculaires, même fortuites, ne manque-
raient pas de susciter. Le bras gauche repose inerte
sur la table à proximité de l'aimant. Au bout de peu
de temps, deux à trois minutes au plus, voici le cu-
rieux phénomène que nous observons pour la pre-
mière fois. Dans les deux mains de petits mouvements
fort légers s'opèrent à la fois ; mais, bientôt, ces mou-
vements s'accusent dans un sens différent à chaque
main. A la main contracturée, les doigts quittent peu
à peu, et comme par degrés, l'attitude spéciale que leur
avait imprimée la contracture, le pouce s'écarte, l'an-
nulaire et le petit doigt se défléchissent.
Les mêmes doigts de l'autre main subissent au
même moment un mouvement inverse, l'annulaire et
le petit doigt entrent en flexion, le pouce se rapproche
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 209
pendant que l'index et le médius demeurent étendus.
Bientôt, le transfert s'est opéré, la contracture mus-
culaire a cédé à droite pour envahir le côté gauche,-
mais, avec ceci de particulier qu'elle n'est point sortie
de la même région et qu'elle s'est exactement locali-
sée au même groupe musculaire, à celui qui reçoit les
rameaux du nerf cubital. En un mot, la main droite
est redevenue flaccide, et la main gauche, entrant en
contracture, a pris l'attitude de la griffe cubitale, telle
qu'elle existait d'abord à droite. Nous essayons
alors de répéter la même expérience, mais en sens in-
verse en quelque sorte, et après avoir fait passer la
contracture de la main droite à la main gauche, nous
plaçons l'aimant à proximité de la main droite dans le
but d'y ramener la contracture en délivrant la main
gauche. Ce retour s'opère avec plus de lenteur. Il faut
bien cinq à six minutes; et encore s'est-il effectué in-
complètement. Au bout de ce temps, en effet, la main
gauche est redevenue complètement molle, pendant
que la main droite rigide esquisse fort nettement l'atti-
tude de la griffe cubitale, mais il. semble que le mou-
vement se soit arrêté en chemin, il demeure ina-
chevé.
La malade, toujours endormie, est assise devant une
table sur laquelle on place ses deux avant-bras en
pronation, de façon que le dos de la main regarde en
haut. Les muscles sont dans la résolution. En touchant
sur l'avant-bras droit le point d'élection indiqué sur la
figure 15, 7, l'index seul s'élève et demeure immobilisé
par la contracture en extension forcée. L'attitude
demi-fléchie des autres doigts de la main n'est pas mo-
difiée. Nous appliquons alors un aimant près de l'avant-
44
210 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
bras gauche, qui est demeuré jusqu'ici complètement
indifférent, à ce qui s'est passé à droite. Et presqu'aus-
sitôt on observe dans les deux index un léger trem-
blement, composé' de petites oscillations brèves, sac-
cadées et irrégulières. Puis, un mouvement d'ensemble
se produit, l'index gauche qui, demi-fléchi reposait
par son extrémité sur la table, s'étend et s'élève peu à
peu pendant que l'index droit quitte par degrés l'atti-
tude que la contracture lui avait imprimée et finit par
retomber flaccide. En résumé, la contracture localisée,
en vertu de laquelle l'index droit était maintenu dans
l'extension, s'est transférée exactement à l'avant-bras
gauche, et l'index gauche a pris, sous cette influence,
une, attitude semblable à celle- qui existait d'abord à
droite. ' 41 z
La même expérience peut être répétée avec un égal
succès pour les différents muscles extenseurs. En
voici un autre exemple : le petit doigt de la main
droite est placé dans l'extension par la pression sur le
point, moteur désigné sur la figure 15, 6. L'aimant est
appliqué près de la main gauche. Cette main repose sur
lavable, par sa face palmaire et les doigts à demi-fléchis,
dételle sorte que le petit doigt disparaît presque com-
plètement recouvert par les autres. Au bout de peu
d'instants, nous voyons un mouvement se produire
exclusivement dans le petit doigt qui se dégage peu à
peu, se redresse, s'étend, puis s'élève en extension
forcée. En même temps, le petit doigt du côté droit est
retombé peu à peu et a repris l'attitude normale du
relâchement musculaire.
, La pression sur la masse des muscles de la région
postérieure de l'avant-bras amène l'extension des
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 21 t
doigts et de la main. Cette attitude, maintenue par
la contracture simultanée d'un certain - nombre de
muscles, se déplace de la même façon que dans les
expériences précédentes, et la contracture' plus côm- "
plexe est transférée sans rien perdre de ses' carac-
tères et de la précision de sa localisation. - 1
Nous venons de constater le transfert par l'aimant
de la contracture localisée due à l'excitation mécani-
que du nerf ou du corps musculaire lui-même. Il en
est de même lorsque la contracture a été la consé-
quence d'une excitation tendineuse. , 1
La malade endormie est placée dans la- même asti-
tude que pour les expériences précédentes, les' mains
reposant sur une table, la face dorsale regardant* en'
haut.. 1 - . 3
La pression légère du tendon du médius de la main
droite au-dessus de la tête du troisième métacarpien
détermine, ainsi que nous l'avons déjà vu, l'extension
isolée du médius qui s'élève au-dessus du niveau- des
autres doigts et se maintient en cette situation d'exten-
sion forcée. L'aimant est appliqué près de' la'màin'
gauche., Le transfert de la contracture s'opère très*ra
pidement. La main gauche est immobile dans une
demi-flexion ; on voit d'abord dans les tendons du dos
de la main, tendons de l'index et du médius, se pro-
duire un léger tremblement. Puis, le médius seul se
soulève un peu, il est agité de petits mouvements, 'et
frappe la table de petits coups répétés. Peu à peu, ce
tremblement diminue d'amplitude à mesure1' quelle"
doigt s'élève et bientôt le médius se trouve immobilisé
en extension forcée. - u > . ' 1, <>.<"<" 1,; p t
En même temps que le médius gauche subissait un
212 ? PHYSIOLOGIE 'PATHOLOGIQUE.
mouvement ascensionnel, le médius droit, par un mou-
vement inverse, s'abaissait peu à peu, et au moment
où l'extension à droite était complète, le relâchement
à gauche ne laissait plus rien à désirer.
' d) Contracture localisée latente. Transfert de la
contracture latente. MM. Brissaud et Ch. Richet ont
déjà montré, dans des recherches sur la contracture
provoquée chez les hystériques, que l'anémie d'un mem-
bre produite par l'application de la bande d'Esmarch,
comme on a coutume de le faire dans la pratique chi-
rurgicale, faisait disparaître dans ce membre toute dis-
position du muscle à se contracturer sous l'influence
des excitants ordinaires.
' La malaxation d'un membre ainsi anémié ne déter-
mine plus aucune contracture; mais, si l'on enlève la
bande qui comprimait la racine du membre, on voit
aussitôt la contracture se produire d'elle-même, sans
'nouvelle excitation, au sur et à mesure que la circu-
lation se rétablit. ' '
' ''Cette expérience est importante au point de vue de
là nature de ces sortes de contractures, et nous y re-
viendrons plus loin. Pour le moment, nous constatons
que l'excitation mécanique portée sur un muscle ané-
mié ne saurait y provoquer de contracture, mais n'en
détermine pas moins dans ce muscle une disposition
''spéciale à la contracture, que MM. Brissaud etCh. Richet
"désignent sous le nom de contracture latente, et qui ne
'demande pour se manifester que la disparition de l'a-
"'némie'et le retour avec la circulation de l'aptitude du
muscle à la contracture. · '
-y.j '4 » - , , .. ,1 1
' Proyrès tv Médical, nOs 19, 2 23 et 24, 1 1880. , ,. , , Hiin .,i
ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 213
On connaît l'action spéciale de l'aimant sur les
contractures, unilatérales et le déplacement de ces
contractures, connu sous le nom de transfert. Bris-
saud et Ch. Richet, ont observé, sur le membre.
anémié et en état de contracture latente, les mêmes
phénomènes que sur le membre contracturé. On voit,
par exemple, la contracture latente du bras droit
transférée, par l'application de l'aimant, au bras
gauche. Nous avons répété ces expériences au sujet de
la contracture localisée et nous sommes arrivés à des
résultats qui, pour être prévus, n'en sont pas moins
intéressants. , 1
Voici le récit de quelques-unes de nos expériences( :
1° Witt.... est endormie par la fixation du regard.
Elle tombe aussitôt dans l'état de léthargie avec hyper-
excitabilité neuro-musculaire; les yeux sont, fermés,
et il suffit de soulever les paupières pour faire cesser
aussitôt l'aptitude des muscles à se contracturer et
faire naître la catalepsie. Inversement, l'occlusion nou-
velle des yeux ramène au même instant l'hyperexcita-
bilité en faisant disparaître la catalepsie. Tout ceci est
bien connu, et ces phénomènes ont été décrits, ailleurs.
Nous les rappelons ici à cause des précautions par-
ticulières que nous avons prises lors de l'application de
la bande d'Esmarch. Nous savons que, dans l'état d'hy-
perexcitabilité, il suffit du plus léger attouchement pour
faire apparaître la contracture. Dans la recherche de
la contracture latente localisée, c'est là une cause d'er-
reur que nous avons évitée en appliquant la bande
d'Esmarch pendant l'état cataleptique. il , 1".j .,
Une fois la bande de caoutchouc appliquée de l'ex-
trémité vers la racine du membre supérieur, et la li-
214 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
gature étant maintenue au bras pour empêcher le.re-
tour du sang, les paupières sont fermées et la malade
de nouveau plongée dans le sommeil léthargique dont le
phénomène de l'hyperexcitabilité est un des principaux
caractères, Alors, en ayant bien soin de ne porter, au-
cune autre excitation sur le membre anémié, nous frois-
sons avec le doigt, à plusieurs reprises, Je nerf cubital
en arrière de l'épitrochlée.
Il ne se produit immédiatement aucune modification
dans l'attitude du membre qui est dans la résolution la
plus complète. Mais,' il n'en est plus de même lorsque
quelques instants après nous envelons la ligature. L'obs-
tacle levé, le sang reprend son cours et la coloration
du membre augmente peu à peu. Successivement aussi,
et comme : par degrés, on voit les deux derniers doigts
de la main se fermer, le pouce se rapprocher, et bien-
tôt l'attitude caractéristique de la griffe cubitale est
manifeste et maintenue par une contracture muscu-
laiêintéise ? ' "' " , ,fJ .
, Comme dans les expériences précédentes (page 208),
(Cette griffe cubitale est facilement transférée à l'autre
main par l'application de l'aimant.
2° La bande d'Esmarch est appliquée sur l'avant-
bras droit, avec les mêmes précautions que tout à l'heure,
c'est-à'dire pendant l'état cataleptique... n ? La malade est "replongée ''dans l'état léthargique
. et l'excitation mécanique portée au nerf cubital du
i membre anémié, à la région, du. coude. Nulle modifica-
tion de l'état'des' muscles. " ' 'r
L'aimant est' appliqué près de l'avant-bras gauche.
Au bout de quarante secondes environ, on voit la main
gauche se contracturer dans l'attitude de la griffe' eu-
REVUE CRITIQUE. 1 215
bitale. En un mot, la griffe cubitale latente- de droite
s'est transférée à gauche. Dans ce transfert, elle est de-
venue manifeste, parce que du côté gauche les muscles
ne sont pas anémiés et n'ont pas, par là même, perdu
l'aptitude à la contracture. (A suivre.)
"t ?
REVUE CRITIQUE
1 , 1 . 1
DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS;-
' Il i
Par le Dr Narine SIiWORTZOrr. ,
La pensée humaine peut être exprimée non-seulement par
la parole, mais encore par l'écriture, le calcul, le dessin, le
geste, la musique, etc. On comprend* sous le nom d'aphasie un
trouble de ces diverses manifestations de la pensée sans lésion
générale de l'intelligence, ni des organes,de la phonation. Cha-
cun de ces modes de manifestation peut être atteint, à diffé-
rents degrés, d'où résulte un grand nombre devariétés d'apha-
sie. Ces différents troubles peuvent aussi se combiner les-uns
avec les autres et donner ainsi naissance à une foule'de cas, va-
riés des plus intéressants, des plus compliqués et d'un diagnos-
tic parfois très délicat. ? >, -,t ? '>
Parmi les phénomènes qui se rencontrent dans l'aphasie,' les
plus curieux et les moins connus sont sans contredit ceux 'qui
ont été décrits sous les noms de cécité et.de surdité des mots.
Nous allons passer en revue ce qui a été écrit sur chacun de
ces deux derniers troubles. ' ' ')'' m,
.' , ? ' .i /
A. De la cécité des mots. On entend par cécité des. mots le
216 ,, , , , REVUE CRITIQUE.. , t -n
défaut de compréhension des signes de la pensée représentée
par l'écriture. Ce' trouble précède, accompagne -ou suit les dé-
sordres de la parole, de nature aphasique. Lorsque ces désor-
dres sont peu appréciables, le phénomène si curieux de la cé-
cité des mots apparaît dans toute sa netteté.
Qu'on se figure une personne qui exprime assez bien ses
idées, n'ayant aucun trouble du côté de la vision, qui parle de
tout ce qu'elle voit, qui peut copier les dessins et même l'écri-
ture, qui devine des rébus, qui écrit des notes et des lettres
très sensées et qui, ne peut lire ce qu'elle vient d'écrire elle-
même, parce que le. nom des lettres, la signification des mots
qu'elles forment en se combinant lui échappent ; et on aura
alors l'idée de ce que la cécité présente de frappant et de carac-
téristique ? , ,
Ajoutons que, certains de ces malades peuvent reconnaître
leur nom, soit imprimé, soit écrit, sans pouvoir distinguer au-
cune des lettres qui le composent. Il se produit chez eux quel-
que chose d'analogue à ce que l'on observe chez les sourds-
muets auxquels on apprend à lire en leur dessinant un objet
qu'ils connaissent,, une maison par exemple, et en mettant en
lettres au-dessous du dessin le nom,de cet objet « maison ».
Après quelque temps d'exercice, le dessin ou la vue d'une mai-
son réveillera dans leur esprit un autre dessin : ce qui a été
écrit' au-dessous, le mot maison. D'un autre côté, le mot écrit z
maison sollicitera le souvenir du dessin qui se trouvait au-des-
sus"de ce mot. De même, -chez les. malades atteints.de cécité
des'mots, le'dessin, la configuration de leur nom réveille une ,
image d'un autre genre, l'image tonale de leur nom, comme
le dessin d'un objet quelconque réveillerait l'image tonale ou.
le nom de 'cet objet.
"On trouve dans la littérature médicale des cas de cécité des
mots qui remontent assez loin, ainsi, le cas du Dr Spalding
date de' 1772. .
Devenu subitement aphasique, le Dr Spalding put écrire *
quelques lignes avec des traits aussi bien formés qu'il n'avait
jamais fait de sa vie, mais il ne put les lire pendant quelques ►
heures. C'est un cas de cécité des mots de très courte
durée. ,-i
L'observation si connue du professeur Lordat nous offre un
cas complexe ; la perte de la paro'e y est accompagnée de l'a- '
graphie ainsi que de la cécité et de la surdité, des mots. 1 Quant "
DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 217
à la cécité des mots qui, seule, nous occupe pour' le moment,
voici comment Lordat décrit son état : « Je me trouvais privé
de la valeur de tous les mots. En perdant le souvenir des mots
entendus, j'avais perdu celui de leurs signes visibles. La syn-
taxe avait disparu avec les mots ; l'alphabet seul m'était resté,
mais la jonction des lettres pour la formation des mots était
une étude à faire. Lorsque je voulus jeter un coup d'oeil sur le
livre que je lisais, quand ma maladie m'avait atteint, je me vis
dans l'impossibilité d'en lire le titre, etc. » On comprend plus
facilement ce cas complexe après avoir étudié les cas-types.
Dans le travail de ); orbes Winslow, on trouve deux cas de
cécité des mots. Les deux observations sont très incom-
plètes ; dans le tableau clinique qu'elles présentent il n'y a
que le fait frappant de la cécité des mots qui se trouve men-
tionné. '
a) Un homme âgé de soixante-cinq ans, à la suite d'une
attaque d'apoplexie, fut dans l'impossibilité de lire et même de
distinguer une lettre d'une autre; mais, si un nom ou une
phrase étaient prononcés devant lui, il pouvait les écrire immé-
diatement et avec la plus grande exactitude. Néanmoins, il était
incapable de lire ou de distinguer ce qu'il avait écrit. ''
b) Un homme, à la suite d'une blessure à la tête,' était inca-
pable de lire, mais il était cependant en état d'écrire très cou-
ramment et très correctement. ' '
Trousseau, dans son discours prononcé à l'Académie de mé-
decine en 1865, cite le cas d'un malade dont « l'intelligence
était frappée d'une façon singulière ». ? "
Cet homme devient aphasique et hémiplégique,' droit à la (
suite d'une attaque. Il ne peut plus lire ce qu'il vient,[d'écrire ,
très correctement lui-même, comme la phrase suivante : « Je
suis bien heureux, Monsieur,' d'être 'venu vous voir, j'espère
m'en retourner guéri. » Il n'est pourtant pas amblyopique,.
ainsi qu'on s'en assure facilement en lui faisant ramasser à
terre une épingle, etc. ' ' ' i ' u
La même année, M. Van den Abeele publie une observation "
« d'amnésie de l'écriture avec conservation de la parole » qui t
est un cas très net de cécité des mots, persistant quelque'temps'
après la disparition de tout trouble de la parole. ' °
M-6 X..., âgée de quarante-six ans/devenue hémiplégique
droite et aphasique après une attaque, recouvre la parole au J
bout de'quelque temps.- Elle peut écrire, mais elle' est inca1'"
2)8- ? '' 'REVUE CRITIQUE. ' "'
pàblé de reconnaître une seule lettre soit imprimée, soit écrite
par elle-même. « Elle' voyait l'écriture, mais elle était inca-
pable de traduire les lettres en mots et en idées. » Cependant,
elle reconnaît les dessins et explique la signification des
rébus.' '" l '
' Une'observation prise 'avec beaucoup de soin, quant aux
troubles' delnature aphasique et qui est due à M. Broadbent,
parut en 1872. '
En voici le résumé, fait par l'auteur lui-même.
Après une attaque cérébrale aiguë, impossibilité absolue de
lire les mots écrits ou imprimés (excepté le propre nom du
patient) ; le malade pouvait pourtant écrire correctement sous
la dictée,' composer et écrire les lettres lorsqu'on l'y aidait un
peu. Impossibilité de se rappeler le nom des objets même les
plus familiers, même lorsqu'on les' lui montrait ; toutefois, il
causait d'une façon intelligente, employant un vocabulaire
étendu et varié, faisant peu de fautes, mais oubliant de temps
à autre lés noms des rues, des personnes et des objets. Mort
par apoplexie, athérome étendu des vaisseaux cérébraux. An-
ciens caillots dans l'hémisphère gauche avec ramollissement
'de la substance cérébrale siégeant en dehors du ventricule laté-
ral, à son union avec'le prolongement sphénoïdal. Hémorrha-
gie récente au même endroit.
' En 1874, M. Westphal a présenté à la Société d'Anthropolo-
gie de Berlin un aphasique qui n'arrivait à lire ce qu'il écrivait
lui-même qu'au moyen d'un artifice. Il traçait avec son doigt
,les lettres des mots qu'il venait d'écrire et lisait ces derniers
tout en les traçant. M. Kùssmaul croit que ce malade, homme
intelligent, pouvait transformer les images des lettres écrites
en images tonales et combiner ces dernières en images ver-
bales. Nous pouvons admettre que c'est par l'impression tac-
tileque 'ce malade réveillait dans son esprit le nom des lettres
qu'il traçait avec son, doigt. ' , ,
Dans, la thèse d'agrégation de M. Legroux (1875), nous trou-
vons un cas de cécité des mots cité comme cas rare et curieux
à étudier. Malheureusement, l'observation est très incomplète ;
,1'examen de l'écriture n'a pas été fait.
Enfin, en,1876, parait le mémoire de M. Kùssmaul « sur les
troubles de la parole » ; l'auteur a consacré à la description de
la. cécité et de la surdité des mots, un chapitre, dans le-
quel il a réuni quatre cas de cécité des mots déjà publiés et
DE LA CÉCITÉ ET DE. LA SURDITÉ DES MOTS. 2
dont nous avons déjà parlé : ce sont les cas de MM. Broadbent,
von den Abeele, Westphal et Lordat 1. Mais, c'est à M. Kuss-.
maul que revient le mérite d'avoir décrit le premier ce trouble
et de lui avoir donné un nom (cécité des mots, cecitas verbale's,
Wortblindheit). Jusqu'alors, les cas de cécité des mots avaient
été décrits comme des phénomènes curieux de la nature, une
singulière forme d'aphasie, et nous les voyons pour la plupart
isolés, non classés ou bien encore à côté des cas qui en diffè-
rent notablement. - M. Küssmaul insiste beaucoup sur la
possibilité de confusion entre la, cécité des mots et l'aphasie
accompagnée d'hémiopie bilatérale, confusion que nous verrons
pourtant se faire encore plus tard. , Ail
M. Galezowsky,, dans son étude, sur les amblyopies et les
amouroses aphasiques, parue la même année, fait une distinct
tion très nette entre ce qu'il nomme amblyopie aphasique sans
lésion ou amblyopie amnésique, et l'aphasie accompagnée d'hé-
miopie. Dans la première catégorie, il range quelques, cas cités
par Trousseau. Ces malades, tout en' voyant les lettres . et les
mots, n'en comprenaient pas bien le sens ou la valeur. Tous,
ils étaient agraphiques., . I
, L'auteur passe sous silence le cas de Trousseau que nous
avons déjà cité, où la cécité des mots apparaît dans toute, sa
netteté. i
Trois années plus .tard (1879), M. N. Guéneau de Mussy pu-
blie un cas de cécité des mots, où ce trouble a précédé de douze
jours les désordres de la parole. ' . \ , "·,
M. L..., âgé de soixante-huit ans, écrivait correctement sous
la dictée et pouvait bien rédiger les lettres d'affairés, mais il
lui était impossible dé lire. Il voyait nettement les lettres,
mais il en avait oublié la signification. Il pouvait en" même
temps lire l'heure sur un cadran. L'auteur ajoute, et avec rai-
. son, selon nous, que le malade pouvait deviner l'heure par
habitude, L'exanee opllaalmoscopzqece, pratiqué par Galezowslip,
ne révéla aucune lésion. Pendant plus de douze jours, le malade
a pu s'exprimer avec facilité et même avec élégance, l'aphasie
n'est survenue qu'après ce temps. , ?
Voici comment l'auteur comprend ce fait : « Le malade écri-
vait, dit-il, correctement, mais c'était tellement une action
automatique, instinctive, qu'il ne pouvait pas lire les ' mots
112. Hormis a donné, en 1877,' un résumé de ce chapitre dans sa' thèse :
« Essai sur les troubles de' la parole, n ' m ' ' 1
22 J . REVUE CRITIQUE.
qu'il avait écrits. L'aphasie n'est probablement qu'un épisode
d'un trouble psychique plus général, l'oubli de la valeur des
signes, qu'on pourrait appeler l'anidie ou mieux asématomné-
sie. Y a-t-il une mémoire distincte pour les signes fournis par
la vue et pour ceux'qui sont fournis par l'oreille ? Je crois qu'il
ya plutôt là,une question de degré qu'une question de locali-
sation. ,
,En janvier 1880, M. Magnan a fait une communication à la
Société de Biologie sur deux cas de cécité des mots, et a pré-
senté à cette Société le second de ses malades.
Le premier de ces malades, M. X..., âgé de soixante-cinq ans,
négociant, devient hémiplégique droit et aphasique à la suite
d'une attaque avec chute et .perte de connaissance. Pendant
plus d'un mois, il ne peut prononcer que quelques mots. Une
légère amélioration survient peu à peu. Le malade s'exprime
plus facilement, mais les noms des objets et des personnes lui
manquent encore dix mois après l'attaque. Il peut suivre une
conversation, s'y intéresser et paraît comprendre tout ce qui se
dit. Il peut écrire soit spontanément, soit sous la dictée, mais
lentement et avec peine. Chaque fois qu'il vient voir M. Magnan,
il rédige une note relative à son état. Invité à la lire, il s'en
montre absolument incapable. Le malade ne reconnaissait
jamais une lettre quelle qu'en soit la dimension. Il n'était pas
amblyopique.
Ce cas et celui de Trousseau, qui lui est analogue, sont les
plus beaux exemples de cécité des mots, qu'on connaît. On
pourrait y rapprocher les deux cas de Winslow, si le tableau
clinique en était plus complet.
Le second malade de M. Magnan, M. C..., âgé de soixante-
quatre ans, hémiplégique droit et aphasique, pouvait écrire soit
spontanément, soit sous la dictée. Les premiers jours de son
entrée à l'asile, il reconnaissait, non sans peine, certains mots,
entre autres : n je ne puis » ; quelques jours après il ne distin-
gue plus aucune lettre. Il sait compter jusqu'à cent, mais il
écrit mal les chiffres et est incapable d'en reconnaître un seul.
Il voit tous les objets qu'on lui présente, il voit les lettres, mais
ne comprend pas leur signification.
Voici ce qu'on trouva à l'autopsie de ce malade, mort dix-
huit mois après, et qui fera le sujet d'une communication pro-
chaine de M. Magnan à la Société de biologie. Dans l'hémis-
phère gauche, un foyer de ramollissement occupant le lobe
DE LA CÉCITÉ ET' DE1 LA SURDITÉ DES MOTS. 231
occipital et sphénoïdal et se terminant a la racine'des lobules
pariétaux supérieur et inférieur. Un petit foyer de ramollis-
sement au pied de la deuxième circonvolution frontale ; tout
le pédicule de la troisième frontale est criblé de très' petits
foyers de ramollissement. Dans l'hémisphère droit, un petit
foyer de ramollissement sur la face inférieure du lobe frontal/
Un autre point ramolli au pied de la deuxième circonvolution
frontale. Une plaque (jaune) de ramollissement à la partie pos-
térieure du lobule pariétal supérieur. ' ' ' ' *" ""
M. Magnan a terminé sa communication par la description
du schéma dont il se sert à son cours, et qu'il à imaginé pour
expliquer les différents phénomènes dans l'aphasie. '" ' 1 " ?
Ce schéma s'appuie, d'une part, sur la localisation des diffé-
rents centres sensitifs dans l'écorce cérébrale, et, d'autre' part,1
sur l'acquisition à l'aide de nos sens de toutes les notions' que
nous avons sur le monde extérieur. ' " ` I
Les centres sensitifs sont indiqués sur ce schéma d'après,les
recherches de MM. Ferrier et Munck. 1-
C'est Pannizza (1855) qui fut le premier à établir que
« toutes les circonvolutions des lobes postérieurs du cerveau
concourent à la fonction visuelle s. Il a, fait de nombreuses
recherches physiologiques et a cité deux cas de cécité avec
lésion du lobe occipital. En 1874, Hitzig admettait qu'une
lésion destructive du lobe occipital produisait la cécité du côté
opposé. Ensuite, MM. Ferrier,, Munck, Nothnagel, Luciani et
Tamburini ont étudié la question tant au point de vue expert
mental que sous le rapport de l'anatomie pathologique. Ces
observations, tout en différant quant au' siège précis du centre
visuel, admettent tous que ce centre se trouve dans la partie
postérieure du cerveau et'qu'il ne dépasse pas en avant le pli
courbe ; le centre auditif serait placé dans les circonvolutions
sphéno-temporales.
De nouvelles et nombreuses recherches sont encore néces-
saires pour résoudre la question. Cependant, ces faits cliniques
rassemblés par Panizza, MM. Ferrier, Huguenin, Nothnagel,
Luciani et Tamburini indiquent déjà que'la localisation des cen-
très sensitifs n'est pas une hypothèse gratuite, mais qu'elle a
un fond scientifique. Les cas de cécité et de surdité des mots,
avec lésion siégeant dans les points indiqués, viennent à l'appui
de cette manière de voir : ' ' ' '
Quant à l'acquisition de nos' notions sur les' objets 'qui nous
232 REVUE CRITIQUE.
entourent, il est connu que les notions les plus simples en ap-
parence sont très complètes en réalité. Tout objet frappe plu-
sieurs de nos sens à la fois et fait naître autant d'images sen-
sitivés dont l'ensemble constitue l'idée que nous nous sommes
faite' de cet objet à l'aide de nos sens. Ajoutons que l'impres-
sion se forme dans un premier centre en sensation et celle-ci
dans un second centre (ce serait le centre cortical) en image,
« sensation qui garde son aptitude à renaître » (Taine)., Ces
différentes images sensitives sont transmises vers le centre de
la formation des mots (pied de la troisième circonvolution avec
les parties qui l'entourent), où l'ensemble de ces images prend
sa'formule, son nom. Ce nom, à l'aide de fibres de transmis-
sion, atteint le bulbe, d'où les fibres nerveuses qui animent
les diverses parties de l'appareil de la phonation vont le pro-
jeter au dehors. Donc, l'impression produite par un objet,
avant que le nom de cet objet soit prononcé par nous, parcourt
les- trois étapes suivantes : 1° de la périphérie vers le centre de
la formation des mots ; 2° de ce centre au bulbe ; et, 3° du bulbe
au dehors.
Les troubles de l'aphasie se produisent suivant la partie de
ce trajet qui est atteinte. Si c'est le centre de la formation des
mots qui est lésé, on aura l'amnésie verbale : le nom de l'objet
est non avenu pour le malade.' '- Si la lésion siège dans l'ap-
pareil'de transmission, on aura la logoplégie ; le malade a le
nom et la notion de l'objet, mais il est incapable d'approprier
le nom à l'objet qu'il sert à désigner.-Si c'est la voie de trans- .
mission entre le centre visuel et le centre de la formation des
mots qui est atteinte, nous aurons la cécité des mots. Le ma-
lade a l'image visuelle de tous les objets ainsi que des lettrés;
mais il ne sait pas rapporter le vrai nom à la lettre qu'il voit.-
Si c'est dans les fibres conductrices qui vont du centre auditif
au centre de la formation des mots, que siège la lésion : nous
aurons la surdité des mots. Le malade entend le bruit pro-
duit par l'énonciation des mots, il a la notion de ces mots, car
il comprend les mots écrits, mais il ne sait pas approprier le
mot au son que ce mot sert à désigner.
Après la communication de M. Magnan, qui attira l'attention
sur ce sujet, nous voyons paraître dans le courant de la même
année une observation publiée par M. Maurice Valentin et une
communication faite par M. Déjerine à la Société de Biologie.
Le malade de M. Maurice Valentin sait copier et écrire quoi
DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. ' 233
que ce soit sous la dictée. Il articule nettement les mots impri-
més, mais sans comprendre leur signification, comme s'il lisait
dans une langue étrangère dont il ne connaît que les règles de
prononciation, sans comprendre la valeur des mots. Dès que la
même phrase est prononcée à haute voix par une autre personne,
il témoigne par ses actes qu'il l'a comprise.
Ce cas prête à discussion, d'autant plus que l'auteur ne cite
qu'une seule phrase qui lui a servi pour poser le diagnostic de
cécité des mots.
La malade de M. Déjerine, M-, R.... âgée de trente-neuf
ans, est atteinte d'aphasie et de cécité des mots incomplètes,
elle peut prononcer des phrases entières et nommer certains
objets. La malade reconnaît son nom écrit, et elle ne peut lire
que quelques mots, « Pont-Neuf», par exemple, mais sans les
comprendre. Elle écrit spontanément et peut copier; elle peut
lire un nombre de trois chiffres sans comprendre la valeur de
ce nombre, et elle écrit correctement plusieurs chiffres sous la
dictée. A l'autopsie, on trouve un sarcome névroglique dans
le lobule pariétal inférieur gauche. ,, ,,
La même année,M.Robin, dans sa thèse d'agrégation, a con-
sacré un chapitre à la cécité des mots. L'auteur cite les cas de
M. Magnan et de M. N. Guéneau de Mussy, et, à côté de ces cas
types de cécité des mots, il en place d'autres qu'une connais-
sance superficielle de la question eût suffi pour éloigner et
séparer complètement : le cas de M. Dor (cas d'hémiopie), celui
de Delacroix (de Reims) (cas d'aphasie dite ataxique) et enfin
ceux de MM. Fùrstner et Reinhard (cas de paralysie générale
avec hémiopie).
M. Kùssmaul a attiré l'attention, comme nous l'avons déjà t
vu, sur le diagnostic différentiel entre la cécité des mots et l'a-
phasie avec hémiopie bilatétale. Nous avons signalé dans notre
thèse la possibilité de confusion entre la cécité des mots et cette
forme d'aphasie, qui porte le nom d'aphasie ataxique. Les ma-
lades atteints de cette dernière forme d'aphasie, tout en ayant
conservé la lecture mentale, tout en comprenant ce qu'ils
lisent, ce dont il est facile de s'assurer, sont en même temps
incapables de lire à haute voix, parce qu'ils ont perdu la mé-
moire de l'articulation des mots. Nous avons vu plus d'une fois
le cas de Martinet, cité par Bouillaud dans son Traité de l'encé-
phalite et qui appartient à cette forme d'aphasie, placé à côté
des cas de cécité des mots. ( , 1 J
224 ' REVUE CRITIQUE.
Nous avons réuni dans notre thèse, parue en 1881, les obser-
vations de tous les cas que nous avons déjà cités en y ajoutant
une observation qui nous est personnelle. C'est sur cette
malade que nous avons obtenu un résultat positif en cher-
chant, selon le conseil de M. Magnan, à réveiller chez elle la
signification des lettres par l'intermédiaire des impressions
tactiles; en d'autres termes, cette malade, qui ne connaissait
plus les lettres à la vue, a appris à les distinguer de nouveau
par le toucher (lettres en relief). A notre connaissance, les
recherches de ce genre n'avaient pas encore été faites.
Voici le résumé de cette observation :
1-11 Ch..., âgée de trente-trois ans, fleuriste, devient subitement
aphasique et hémiplégique droite. Six mois après, elle cause assez
bien en s'arrêtant par moments pour chercher un mot. De la main
gauche et d'une écriture « en miroir » qu'on peut lire par transpa-
rence (écriture décrite par Erlenmeyer) elle écrit son nom, quelques
lettres, comme A, 0, E, J, L, M, et les chiffres 5, 3, 7, 8, 2, 0, 10,
etc. Elle peut copier des mots entiers, mais lentement, difficilement,
comme un dessin. Quant à la lecture, la malade ne reconnaît au-
cune lettre sans toutefois avoir oublié le nom des lettres en géné-
ral, car elle peut nommer quelquefois au hasard plusieurs lettres.
Elle reconnaît son nom manuscrit, mais non lorsqu'il est imprimé,
sans pouvoir distinguer aucune lettre dans ce mot. Quelque temps
après son entrée à l'asile, nous lui présentons à toucher de gros
caractères mobiles en relief ; elle ne peut reconnaître une seule
lettre, ni son nom fait avec ces caractères. Ce n'est qu'au bout d'un
mois, en s'exerçant tous les jours, les yeux fermés et ouverts, qu'elle
apprend à bien toucher ces caractères. Puis, elle parvient à recon-
naître au toucher la lettre 0. Si le nom de la lettre se faisait
attendre, elle la nommait parfois « zéro. » Après plusieurs mois
d'exercice, elle ne se trompait plus pour la lettre 0. La seconde
lettre qu'elle apprit à connaître fut la lettre C ; lorsqu'elle ne
pouvait se rappeler le nom, elle disait en la touchant : « C'est
mon nom, c'est moi, c'est Ch. » La troisième lettre fut I. C'est
un 1 (chiffre un) ou « un point sur » disait-elle en cas d'oubli
momentané du nom de la lettre. Ensuite, elle put reconnaître les
lettres L, F, N, H, etc., mais elle se trompait assez souvent. En gé-
néral, elle apprenait très difficilement les nouvelles lettres, mais
elle réunissait facilement en syllabes et mots les lettres qu'elle con-
naissait déjà. En cherchant quelquefois le nom d'une lettre déjà
connue, elle nommait au hasard plusieurs lettres et même quelques
lettres qu'elle ne distinguait pas encore au loucher et dont on ne
lui avait pas dit encore le nom. Ce n'est donc pas le nom qui lui
manquait, mais la possibilité d'approprier le signe tonal à la figure
DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 225 5
qu'il devait exprimer. Parfois, la malade reconnaissait les lettres en
les traçant avec son doigt. Nous pouvons rapprocher de ce cas le cas
de M. Westphal, dont le malade ne pouvait lire qu'en traçant ainsi
les lettres avec son doigt.
Pour expliquer le cas de notre malade, revenons au schéma
de M. Magnan, dont nous avons donné une description com-
plète dans notre thèse, et rappelons que l'exercice, l'éducation
font naître entre les différents centres où se forment les images
sensitives d'un objet quelconque des associations secondaires. *'
C'est grâce à ces nouveaux liens organiques qu'une seule image
d'un objet peut réveiller une autre image de cet objet et même
l'idée entière, c'est-à-dire toutes les images de cet objet;
comme au timbre de la voix, par exemple, nous reconnaissons
une personne sans la voir. Ceci explique pourquoi M-0 Ch.
pouvait réapprendre les lettres à l'aide du toucher. C'est l'image
tactile qui remplaçait chez elle l'image visuelle pour réveiller
le nom de la lettre.
La connaissance de la cécité des mots, intéressante sous bien
des points de vue pour tout médecin, est d'une importance ca-
pitale pour le médecin légiste. Qu'on se figure un aphasique
atteint de cécité des mots complète, mais non agraphique, qui
fait son testament, le date, etc. Que dire, comme le fait remar-
quer M. Magnan, de ce testament si bien écrit par une personne,
ne pouvant pas lire, si l'on est dans l'ignorance de ces faits qui
seuls peuvent le faire comprendre ?
Ajoutons encore que, si l'on considère avec M. Kùssmaul le
cas de Lordat comme un exemple de la cécité des mots, on
pourra et on devra classer dans la même catégorie tous les
aphasiques qui perdent en même temps la parole, l'écriture et
la lecture (mentale). Ainsi comprise, la cécité des mots devient
un fait commun.
B. De la surdité des mots. On désigne sous le nom de sur-
dité des mots, le défaut de compréhension des mots sans qu'il y
ait lésion de l'organe de l'ouïe, l'état intellectuel étant suffisam-
ment conservé pour que le malade soit à même de comprendre
ces mots écrits ou expliqués à l'aide de gestes. Ce trouble
accompagne ordinairement l'altération du langage articulé.
Au premier aspect, ces malades se présentent comme sourds
ou aliénés, bien qu'ils ne soient en réalité ni l'un ni l'autre. Des
erreurs de ce genre ont été souvent commises. En bon clinicien
15 5
226 REVUE CRITIQUE.
qu'il était, Baillarger a déjà fait cette remarque; mais il ne s'y
` est pas arrêté et n'a pas publié l'observation de sa malade.
. Les réponses de ces malades ne sont pas conformes aux ques-
tions qu'on leur adresse à haute voix, si, toutefois, on a eu la
précaution de ne pas accompagner les questions de gestes ex-
pressifs ; les troubles de la parole qui coexistent avec la surdité
des mots rendent leurs réponses encore plus singulières. En
- même temps, si l'altération de la parole n'est pas très accusée,
i ces malades peuvent très bien répondre aux questions qui leur
sont posées par écrit ou à l'aide de gestes.
L'examen plus attentif fait exclure toute idée de surdité, car
ces malades entendent les moindres bruits. Le tic-tac d'une
montre, le bruissement des feuilles d'arbres, le bruit de paroles,
, etc., leur font, tourner la tête du côté d'où vient le bruit. Ils
peuvent distinguer au timbre différentes sonnettes. Ils peuvent
' apprendre à chanter une mélodie, sans paroles, cela s'entend.
- Lorsqu'on leur parle, ils n'entendent qu'un bruit confus, sans
pouvoir distinguer les syllabes et sans saisir la signification
des mots. Quelques-uns de ces malades répondent à l'appel de
leur nom. Ils le perçoivent comme un bruit connu dont ils ne
distinguent aucune des parties constituantes ; il est probable
,,que c'est là un acte réflexe.
«- En 1871, M. Schmidt publie un cas de surdité des mots, dont
voici le résumé :
M-11 X ? âgée de vingt-cinq ans, devint aphasique à la ? suite d'une attaque non suivie de paralysie. Les premiers jours
3 après l'attaque, elle ne comprenait pas un seul mot, et, pour se
f faire comprendre d'elle, on se servait de l'écriture. Elle lisait et
écrivait facilement. Elle entendait le tic-tac d'une montre, dis-
zinguait au timbre deux sonnettes. Quelques jours après, on
« remarquait déjà une légère amélioration, qui fut du reste suivie
de guérison, la malade entendait lorsqu'on prononçait les
. voyelles séparément et elle les répétait.
r Comme la malade l'expliqua plus tard, elle entendait par-
faitement lorsqu'on parlait, mais ne percevait les mots que
, comme un bruit confus.
En 1874, M. Wernicke présente deux cas de surdité des mots
^' qu'il a décrits sous le nom d'aphasie sensorielle. - Il émet
cette hypothèse que l'insula contient des arcs psycho-réflexes
b' qui réunissent la partie sensitive (temporale) à la partie mo-
Mrice (frontale) des circonvolutions qui bordent le sillon de
DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 227
Rolando. Il considère la troisième circonvolution frontale
comme le point où aboutissent les nerfs qui animent les
muscles de l'appareil de la phonation. Cette hypothèse ne
trouve aucun, appui dans les faits cliniques. Ces observations
n'en ont pas moins un grand intérêt. , - 1
i -
M-1 S. A..., sujet de sa première observation, est atteinte d'aphasie
incomplète. Elle emploie parfois des mots défigurés, cependant, la
signification de ses phrases, que l'on comprend en général, esl-tou-
jours logique. Il n'y a aucune trace de pertes d'idées ;' mais elle
ne comprend absolument rien de ce qu'on lui dit, et répond'' tout
de travers aux questions qui lui sont adressées. Cependant ? 1 on" doit
avoir soin de ne pas se trahir par des gestes,' qu'elle comprend par-
faitement. En effet, on pourrait croire qu'elle comprend les mots en
, l'entendant répondre exactement aux questions qu'on lui aadressées
Elle est de plus agraphique. A l'hôpital, elle a appris à chanter, une
, mélodie qu'elle avait entendu chanter par une autre·malade. =
^ Guérison. - - , . ' tSM
" La'seconde malade de M. Wernicke, M-1 R..., âgée de soixante-
quinze ans, aphasique, répondait de travers à toutes les questions
non accompagnées de gestes. Les phrases qu'elle prononçait étaient
correctes. u"
A l'autopsie, on trouve un foyer de ramollissement siégeant dans
la première circonvolution temporo-sphénoïdale et dans une grande
partie de la deuxième. : ... ' in.
. - . X "
En 1876, M. Küssmaul a réuni, dans le mémoire que nous
avons déjà cité, quatre observations de surdité des mots : celles
t de MM. Wernicke, Schmidt etLordat, et c'est à lui que ce trou-
ble doit son nom de surdité des mots (surditas verbalis, Wort-
taubheit). Nous avons déjà donné le résumé des observations de
MM. Wernicke et Schmidt. Quant à celle de Lordat, la surdité
des mots se manifestait en ce que « les mots résonnaient à son
oreille sans qu'il pût les comprendre». Répétons que c'est un
cas très complexe, qu'on ne comprend qu'après avoir étudié à
, part, dans d'autres cas types, chacun des troubles qu'on y
rencontre. En 1878, M. Broadbent publie une observation avec
autopsie. , 1
Son malade, aphasique incomplet, ne comprenait pasrce
qu'on lui disait; lui demandait-on de donner la main, il tirait
la langue, etc. ; une ou deux fois, l'acte exécuté parut d'accord
avec l'ordre donné, mais seulement lorsqu'il était accompagné
de gestes expressifs. Le malade ne pouvait pas lire.
228 . REVUE CRITIQUE.
A l'autopsie, on trouva un vaste foyer de ramollissement
'occupant la moitié postérieure de la surface convexe de l'hémis-
phère gauche. Le ramollissement englobait le lobe temporal
plus complètement que le lobe pariétal.
- L'année suivante; MM. Kahler et Pick font paraître plusieurs
publications sur la surdité des mots, où ils citent quelques obser-
vations nouvelles de ce trouble.
, Leur, première malade, âgée de quarante-deux ans, ne com-
. prend pas les questions qu'on lui pose, cependant, elle les en-
tend et remue la tête chaque fois qu'on lui adresse la parole
ou qu'elle entend un bruit. A l'autopsie, on trouva les cir-
convolutions du lobe temporal ainsi que la troisième frontale
gauche ramollies. , i
Dans le second cas, il s'agit d'un aphasique qui ne comprend
pas les mots, bien qu'il entende parler; il n'exécute les ordres
qu'on lui, donne que lorsqu'on les traduit par des gestes expres-
sifs et ne présente en même temps aucune lésion de l'appareil
auditif. A l'autopsie, on trouva une pachyméningite et un
caillot comprimant le lobe temporal et la troisième circonvo-
lution, frontale du côté gauche.
Le troisième malade, aphasique avec des troubles de la parole
très accusés, entend tout les sons ainsi que le bruit des paroles,
mais sans les comprendre. Il saisit bien les gestes et même les
mouvements de la bouche et des lèvres. Il ne sait écrire
spontanément que son nom qu'il sait lire. Il peut copier ; si
,on liai donne à lire quelque chose, il émet toute une série de
syllabes qui ont quelque rapport avec ce qui est écrit, mais il
estropie les terminaisons. Les questions écrites restent incom-
,préhensibles pour lui.
Le tableau clinique de ce cas n'est pas assez complet. On ne
saisit pas pourquoi le malade ne comprend pas les questions
écrites. Est-ce parce qu'on n'insiste pas assez pour qu'il y prête
'toute son attention, ou parce qu'il est atteint aussi de la cécité
,es Mot ? Pu
,9, Sa manière de lire, très défectueuse, il est vrai, mais où l'on
saisii quelque rapport avec ce qui est écrit (cas si fréquent dans
l'aphasie dite ataxique), fait rejeter l'idée de l'existence de la cé-
' cité des mots dans ce cas.
Les autres observations citées par MM. Kahler et Pick, inté-
ressàntes quant au siège de la lésion, ne sont pas très com-
clinique ne fait pas assez ressortir les signé
DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 229
qui permettraient de poser sûrement le diagnostic de surdité des
mots. ( ` '"
En 1880, deux cas ont été observés dans le service de
M. Meynert, à Vienne. Le premier est publié par M. J. Fritsch.
- Mme X..., aphasique sans présenter aucun phénomène' de
paralysie, entend les moindres bruits, mais ses réponses ne
sont jamais conformes aux questions qu'on lui adresse. A,I'au-
topsie, on trouve un foyer de ramollissement occupant'toute
la première circonvolution temporo-sphénoïdale et la partie
postérieure de la deuxième temporo-sphénoïdale. ' ' il, '
Le second cas appartient à M. Pasternatzky. La malade,
âgée de vingt-trois ans, aphasique, entend bien tous les sons
et les bruits, mais répond de travers aux questions qui ne sont
pas accompagnées de gestes expressifs. >
Dans notre thèse, nous avons réuni toutes les observations
citées plus haut. Voici le résumé de l'observation qui nous est
personnelle.
M. G..., âgé de cinquante-quatre ans, menuisier en voitures, de-
vient aphasique il y a cinq ans. Deux ans après, on commence à
s'apercevoir qu'il ne répond plus ou répond de travers aux ques-
tioe qui lui sont faites à haute voix et qui ne sont pas accompa-
gnées de gestes; il comprend pourtant les questions écrites. Trois
ans plus tard,- attaque d'apoplexie avec perte de connaissance,
chute dans la rue, mais sans paralysie à la suite. Amené à l'asile,
il répond à toutes les questions par la même phrase : « Boulevard
de Grenelle, 131 ». Sa fille vient demander de ses nouvelles ; il
la reconnaît, l'embrasse, mais à tout ce qu'elle lui dit, il répond
invariablement par la phrase citée.-11 lit, articule très nettement,
comprend ce qu'il lit, copie et écrit spontanément, dessine et fait
bien un calcul, mais il ne peut rien écrire sous la dictée.. 1
Il entend bien les sons et les bruits. Le son d'une cloche, le bruis-
sement de feuilles d'arbres secouées par le vent, une épingle qui
tombe sur la table placée derrière lui, le bruit de paroles, etc. lui
font tourner la tête et toujours dans la direction d'où part le bruit.
La phrase la plus simple, mais non accompagnée de gestes, n'est
jamais comprise par lui. Ainsi, par exemple, ennuyé de l'examen
qu'il subissait, il prend sa casquette et fait plusieurs tentatives pour
se retirer. Lorsqu'on l'en empêche, il ne se rassied que très irrité.
Si on lui dit alors : « Maintenant vous pouvez vous retirer », sans
accompagner cette phrase d'aucun geste, il ne bouge pas; mais au
moindre geste lui indiquant la porte, il était hors de la salle.
Il répondait toutefois à l'appel de son nom qu'il percevait comme
un bruit connu, sans pouvoir distinguer les parties qui le composent ;
230 1, T-. , REVUE CRITIQUE. j 'f
c'était un acte de réflexe pour lui, nous le répétons. L'examen
de l'ouïe, pratiqué par M. le docteur Gellé, n'a relevé aucune lésion
dé l'appareil auditif.
Il'est facile de ne pas confondre, comme le fait remarquer
M. Küssmaul, la surdité des mots avec l'aphasie accompagnée
de surdité (Banks), cas extrêmement rare. Il faut ajouter qu'il
est moins aisé de faire le diagnostic différentiel entre la surdité
des mots et l'amnésie verbale. Si l'amnésie verbale est incom-
plète et n'atteint que les substantifs, on ne la confondra pas
avec la surdité des mots, pour peu qu'on apporte la moindre
attention. Mais, dans les cas complexes, lorsque l'agraphie et
la cécité des' mots viennent s'ajouter à l'amnésie verbale com-
plète, ou bien lorsqu'un aphasique de ce genre n'a appris ni à
lire' ni N'écrire, le diagnostic différentiel entre l'amnésie ver-'
balé'et la surdité des mots devient impossible. Nous ne voyons
rien, au moins quant à présent, qui puisse nous conduire à
faire cette distinction.
' Tout dernièrement, M. Mathieu vient de faire paraître dans
les' Archives générales de Médecine (mai 1881) un article sur la'
surdité verbale. L'auteur donne comme exemples de surdité
des mots « les plus caractéristiques et les plus démonstratifs »
les 'observations de MM. Wernicke, Kahler et Pick ainsi que
l'observation de Broadbent, non pas celle que nous avons citée
avec les 'autres cas de surdité des mots et qui fut publiée en
1878, mais un cas qui est un exemple très net de surdité des
mots et qui date de 1872. Il mentionne enfin l'observation de
de M. Küssmaul, qui n'est pas rangée par cet auteur lui-même
parmi les 'cas' de surdité des mots. Du reste, le résumé de cette
dernière,'observation n'est pas complet; certains détails, d'une
grande importance pour des cas d'un diagnostic si délicat, n'y
sont pas mentionnés. ' ' '"
Si nous laissons de côté la question de la localisation des centres
sensitifs et si nous ne nous occupons que de la clinique, nous
voyons qu'après avoir passé en revue ces observations, M. Ma-
thieu arrive à cette conclusion que la surdité des mots n'existe
pas, comme une variété à part. « C'est une question de plus
ou de moins et rien d'autre », dit-il. Et si les malades ne com-
prennent pas ce qu'on leur dit, c'est l'effet d'un très grand
affaiblissement, de l'intelligence, des aphasiques atteints de
surdité, des mots en particulier. La plupart de ces malades,
ajoute-t-il,;ont été étudiés dans les asiles d'aliénés. Mais,- com-
DE LA CÉCITÉ ET DE "LA'SURDITÉ DES MOTS. z
merit expliquer alors le fait : que ces malades comprennent les É>
questions écrites, y répondent par écrit ou autrement, tandis
qu'ils ne peuvent comprendre les mêmes questions faites à
haute voix. Il est bien entendu, que ces malades ne présentent
aucune lésion de l'oreille. *ï
Quant à l'argument que la plupart de ces malades ont été
observés dans des asiles d'aliénés, nous n'en comprenons pas
bien la valeur. Le lieu où l'on rencontre le sujet à étudier
peut-il entrer en ligne de compte pour établir un diagnostic,
diagnostic qui, dans ces cas de surdité des mots, demande une'
analyse si fine et si délicate de son malade ? 1 Pl11" L . -r ,
On pourrait toutefois remarquer que le fait même que cette ,
étude se fait dans un asile d'aliénés est plutôt une condition
favorable, car l'on peut avoir sous les yeux une foule de sujets f
de comparaison et toutes les gradations dans l'affaiblissement, i
intellectuel. , , .. ,
Pour expliquer le fait que les individus atteints de surdité,
des mots comprennent les, questions accompagnées, de gestes
expressifs et ne répondent qu'à celles-là, M. Mathieu dit que
les aphasiques sont en général, très impulsifs dans leurs ré- ?
ponses. , ,, 1
, Mais, pourquoi deviendraient-ils plus impulsifs chaque fois
que la question est accompagnée de gestes ? , -d'
Si nous nous sommes arrêté si longtemps à réfuter les argu-
ments fournis par M. Mathieu, c'est qu'il est le seul en France
qui soit venu contester l'existence de ces troubles positifs,
quoique encore peu connus et peu étudiés, il est vrai. ? ,, , 1
Pour terminer, nous répéterons avec M. Mathieu que ce n'est
pas supprimer l'inconnu que de le nier, mais nous ajouteron "
que le seul moyen de supprimer cet inconnu, c'est de l'étudié^
avec une scrupuleuse attention et sans parti pris. ., ' ,, u ^
, n .}, > .1 . - ! .(.1 . r,
, BIBLIOGRAPHIE...^ 1, ,
. 1 1 ,If i il -
1. SPALDING. 1772 (Dr Cheyne, de Dublin, 1843), Essays on partial
dérangement of the mina, dans le troisième volume du journal The'
Hygeia; Lordat. Recueil périodique de la Société de médecine de
Paris, 'décembre 1820, p. 347;-FoasES WirrsLOw. Obscure diséases
o ? e'Brst ? ? Trousseau.' De l'aphasie, leçons cliniques recueillie ?
233 RECUEIL DE FAITS.
par M. Peter. Archives générales de médecine, 1 865 ; VAN DFN Abeele
Observation d'amnésie de l'écriture avec conservation de la parole.
Bulletin de l'Académie de médecine de Belgique, 1865, t. vin, p. 64 ;
Broadbent. Cérébral mechanis mof thought and speech, in Med. chir.
Trans. t. LV, au ; WESTPHAL. Zeitschrift fùr Ethnologie, 1874,
Verhandlungeiz der Berliner Gesellschaft sur Anthropologie (Séance
du 4 mai 1874, p. 94) ; LEGROUX. De l'aphasie. Thèse d'agrégation
4 875 ; - KùssMAUL. Die Storungen der Sprache, 4876 ; -1 GALE-
ÏowsKy. Sur les amblyopies et les amauroses aphasiques. Archives
générales de médecine, \ 87 '6, p. 642 Hornus. Essai sur les troubles
de la 'parole. Thèse de Paris 4877; - Noël Guéneau de AIUSSY.
Contribution à l'étude pathologique et physiologique de l'aznblyopie
aphasique (Recueil d'ophthulmologie, 1879, p. 129 ; Magnan.
Communication à la Société de Biologie. (Janvier 4880); Maurice
Valentin. Sur un cas d'aphasie d'origine traumatique (Revue médicale
de l'Est, t. grr. N. 6, 45 mars 1880); Déjerine. Comm. à la So-
ciété de Biologie. (Juillet 1880) ; Robin (A). Des troubles oculaires
dans les maladies de l'encéphale. Thèse d'agr. 1880 ; M110 NADiNE
Skwortzoff. De la cécité et de la surdité des mots dans l'aphasie.
Thèse de Paris, 1881 ; Schmidt. Allg. Zeitschrift f. Psychiatrie,
1871 ; NVERNICKE. Der aphasische Symptonzencoznple, -1784 ; -
Broadbent. The Lancet, mars 4878, p. 312 ; KAHLE et Pick.
Leitrage zur Lehre von der Localisation der llirnfunctionen. Viertel-
jahrsclae. f. d. prakt. Keilkunde. Prag. 1879. Heft. 1. 51. Ein Fall
von Worttaubheit. Yierteljalarschr. f. d. pr. Heilk. 4 879, t. gglv ;
Zur Localisation der Worttaubheit. (Vierteljahrschr. f. d. pr. H. 1879,
Bd. 11. p. 97) ; J. Fritsch. Wiener Medicinische Presse, 1880;
J. Pasternatzky. Journal russe. Wi,atsch. 1880, n° .'<8 ; Mathieu.
Archives générales de médecine, 4 879, et Archives générales de méde-
cine, mai 1 8 .
RECUEIL DE FAITS
Observations pour SERVIR A L'HISTOIRE DE l'atrophie MUSCU-
1 LAIRE.. Accès CONVULSIFS ET comateux. CRISES gastriques ;
- par A. JOFFROY. 1
Il est incontestable que, depuis dix ou douze ans, les notions
que nous possédons sur. l'atrophie, musculaire sont devenues
atrophie musculaire. 233 3
plus nombreuses etplus précises ; mais, il est à remarquer. que
presque tous les renseignements nouveaux dont s'est enrichie
la pathologie nerveuse sont relatifs aux altérations de* la
moelle, des méninges spinales et des nerfs, et aux manifesta-
tions qui les traduisent. L'encéphale, et le cerveau en particu-
lier, ont été en quelque sorte délaissés dans cette question,
ainsi que les méninges cérébrales, comme si des symptômes
cérébraux ne pouvaient pas exister dans quelques formes d'a-
trophie musculaire, et, même, comme nous allons le montrer
par un exemple remarquable, jouer un grand rôle dans l'his-
toire clinique de certaines formes spéciales.
C'est donc dans le but d'attirer l'attention des pathologistes,
sur les symptômes anormaux, et en particulier sur les symp-
tômes cérébraux qui se montrent parfois dans l'atrophie mus-
culaire, que nous publions l'observation suivante, sur laquelle
nous ne saurions trop attirer l'attention du lecteur. ;
Observation. Convulsions générales avec perte de connaissance a
seize ans; accès comateux répétés, suivis de paralysies partielles';
crises gastriques; paraplégie ; atrophie musculaire. ^ r ;
' rt .
Il n'y a aucun antécédent héréditaire à noter. X ? aujourd'hui
âgé'de vingt-quatre ans, est fils unique; son père est bien portant;
il y a lieu cependant de remarquer que sa mère est nerveuse et fort
impressionnable.
A l'âge de seize ans, en 1872, X... était au collège chez les
jésuites. Sans cause connue, il fut pris un jour subitement de ma-
laises, puis de convulsions généralisées avec perte de connaissance.
, Ces convulsions furent suivies d'un sommeil comateux qui persista
pendant trois jours. Quand le malade revint à lui, il ne se rappelait
de rien et ne savait pas combien de temps les accidents avaient
duré. Il ressentait une fatigue générale très marquée, mais ne pré-
sentait aucun trouble intellectuel. Le rétablissement complet de la
santé fut assez rapide.
Après la fin de son internat, X... alla en Allemagne et vécut dans
diverses Universités d'une vie irrégulière, mais dont il n'est pas pos-
sible de connaître les détails, X... se contredisant complètement
quand on l'interroge sur ce point à des époques éloignées. Mais, il
semble résulter d'interrogations multiples que le malade prolon-
geait souvent ses nuits et s'enivrait très fréquemment d'une manière
absolue. Y avait-il également des excès vénériens ? Le malade, ré-
pugne à donner le moindre renseignement sur ce point, mais sans
mettre la' même discrétion à parler de ses camarades'. '' " 'J> r
234' RECUEIL de faits. 't
C'est dans ces conditions,'1 qu'en 4 876, le malade passa à Verviers '
les fêtes du mardi-gras, qui furent pour lui l'occasion de fatigues
nouvelles. Fort tard dans la nuit, il sortit, tout en sueur, d'un
endroit surchauffé et rentra à la maison, horriblement fatigué, par
un temps excessivement froid. La nuit fut calme ; mais, le lende-
main matin à sept heures, il fut pris de vertiges, puis de perte de
connaissance. (Y eut-il des convulsions ? On ne sait pas bien.) Le
malade eut ensuite un sommeil comateux dont il sortit peu à peu,
en quelques heures, sans trouble de l'intelligence. On gagna ainsi
la nuit suivante, qui semblait ne devoir amener aucun accident,
lorsque le malade se réveilla vers les deux ou trois heures du
matin et fut surpris de trouver ses mains impuissantes et complè-
tement inertes. Les mains étaient tombantes, comme entraînées
uniquement par leur propre poids ; les doigts étaient faibles et à
demi fléchis, et presque complètement paralysés. A peine y avait-il
un léger mouvement volontaire d'extension dans l'articulation du
poignet. Il n'y avait pas de paralysie des muscles des bras ou des
épaules ; il n'y avait non plus aucun phénomène paralytique des
membres inférieurs, aucune altération de la sensibilité, aucun affai-
blissement de la vessie et du rectum.
Le malade était resté dans cet état, il y avait même une légère
amélioration, lorsque, un mois plus tard, il ressentit quelque ma-
laise, un peu d'inappétence et de faiblesse.' Quelques jours après, il
fut pris de crises gastriques , caractérisées par des douleurs exacer-
bantes au creux épigastrique, avec irradiations douloureuses dans
le tronc et les membres et une sensation très pénible de faiblesse
musculaire. Il y avait aussi un certain degré d'hyperesthésie
cutanée. Enfin, à chaque instant, les douleurs stomacales deve-
naient plus intenses et s'accompagnaient de nausées ou de vomis-
sements bilieux. Ces accidents ne prirent fin qu'après deux jours, et
alors le malade, se trouva plus affaibli et se servant moins bien de
ses bras. En outre, pendant quelque temps, il présenta une teinte
jaunâtre- des sclérotiques. En résumé, après cette crise, il y eut non
seulement perte de l'amélioration qui s'était produite, mais on
constata une aggravation manifeste des symptômes paralytiques.
Trois ou quatre crises semblables, séparées par un intervalle de
deux ou trois semaines, se produisirent successivement, détruisant
chaque fois l'amélioration produite dans la période de repos et
toujours augmentant l'impuissance musculaire. Entre deux crises,
il y eut au plus une période de deux mois de calme.
. Au mois de juin 4 876 (trois mois après le début), le malade, ayant
les mains pendantes et les doigts en griffe, alla à Spa. Là, il fut
soumis à un traitement hydrothérapique consistant en deux douches
froides par.jour, d'une durée de une minute, avec un jet excessi-
vement i iolent. - ' - - '
Au bout de quinze jours, survint une crise (la cinquième environ)
atrophie MUSCULAIRE. 235'
analogue aux précédentes, mais beaucoup plus forte. Cette crise,
précédée d'un affaiblissement progressif des membres inférieurs, i
ne consista qu'en douleurs excessivement vives avec vomissements ?
sans convulsions, ni délire, ni perte de connaissance..Après deux
ou trois jours, la crise cessa, et le malade put retourner chez lui, r,
marchant très , difficilement, traînant les pieds et buttant, au ,
moindre obstacle. C'est ainsi que, plusieurs fois, le malade est
tombé dans la rue. A partir de ce moment, X... a eu environ une
crise tous les mois, caractérisée essentiellement par les douleurs
stomacales excessives, avec nausées et vomissements se répétant
fréquemment pendant deux jours, disparaissant ensuite petit à.
petit le troisième ou le quatrième jour, et le laissant chaque fois,
avec un affaiblissement plus grand qu'auparavant. - * '
En février 1877, il y eut'une'crise très violente, après laquelle le
malade ne marcha plus qu'avec une extrême difficulté. Il soulevait
péniblement les cuisses, et la jambe pendait directement sans pou-j
voir être portée en avant par, la contraction des triceps cruraux; le,
malade était obligé de s'appuyer aux meubles. On ne se rappelle'
pas si, pendant cette crise, il a eu perte de connaissance; mais,,
ce qui est certain, c'est qu'à partir de ce moment il y eut une fai-'
blesse générale très accusée, des lypothimies fréquentes et même
des syncopes survenant à la suite de causes légères, par exemple
après une course en voiture trop prolongée. 1 1.
En mars, une crise -nouvelle survint, à la suite de laquelle-les'
épaules furent affaiblies, et c'est alors que le malade vint à Paris'
consulter M. Charcot, qui voulut bien confier ce malade à' mes ' 1
soins. Le traitement consista en deux douches quotidiennes, très'
courtes, et des applications méthodiques d'électricité (faradisation >
et galvanisation trois fois par semaine). ' '
Voici quel était alors l'état du système musculaire : les deltoïdes'
sont affaiblis, mais peu atrophiés. On constate dans ces muscles une
diminution peu considérable de la contractilité faradique, et la'
contractilité galvanique donne manifestement la réaction de dégé-l
nérescence. Ce n'est que très lentement et avec effort que le malade
parvient à "lever ses bras en haut ; mais, alors, il arrive presque à'
lever l'épaule aussi haut que possible. Il n'y a, en somme, qu'un
affaiblissement assez accusé et une atrophie peu considérable des''
deux deltoïdes. Les muscles des bras ne présentent rien de particu-
lier à noter. t -( ? ' t
. A l'avant-bras, au contraire, il y a une atrophie peu marquée des
fléchisseurs et des radiaux ; mais la diminution de volume est très
accentuée pour les muscles de la région postérieure. Cette lésion'
correspond à la chute de la main, qui est habituellement en flexion
légère sur le poignet, et à l'impossibilité où se trouve le malade de'
mettre cette articulation en extension. Les extenseurs de la main
et des doigts répondent très peu à la faradisation, mais ' répondent
236 RECUEIL DE faits.
à la galvanisation, et donnent très nettement la réaction de dégé-
nérescence.
A la main, les muscles interosseux et de l'éminence thénar sont
très atrophiés et présentent la même sorte de réaction électrique
que les précédents, la contractilité faradique étant à peu près nulle.
Du reste, l'atrophie de l'éminence thénar est tellement marquée,
que tous les muscles paraissent avoir complètement disparu à ce
niveau. La main est en griffe, flasque, mobile sur le poignet, et
constituant une vraie main de polichinelle. Le malade peut seule-
ment augmenter un peu le mouvement de flexion, et sa main ne lui
sert guère que comme un crochet ; elle lui est plus utile par sa dé-
formation en griffe que par la force musculaire très affaiblie qui
fait encore mouvoir les doigts dans des limites très restreintes.
,Aux membresn inférieurs, il y a un affaiblissement général du
système musculaire et, en particulier, une parésie très notable des
psoas-iliaques. A la cuisse, ce sont particulièrement les triceps cru-
raux qui sont affaiblis et atrophiés. A la jambe, les muscles les plus
atrophiés sont ceux de la partie antéro-externe, surtout du côté
gauche; et, taudis que tous les autres muscles des membres infé-
rieurs répondent normalement ou presque normalement à l'élec-
tricité, ces derniers ne répondent plus à la faradisation. Ici encore,
on note la réaction de dégénérescence.
.l'Eu résumé, le malade ne faisait que difficilement les mouve-
ments des épaules, ne se servait presque pas de ses mains; la
marche était lente et fort pénible. Voilà quelle était la situation de
X.. au mois d'avril 1877, lorsqu'il commença son traitement par
l'hydrothérapie et l'électricité. Au mois d'octobre, on constatait
des progrès considérables; la marche paraissait naturelle, et il fal-
lait être prévenu pour remarquer un peu de paresse de la jambe
gauche, due à la faiblesse encore persistante dans les muscles an-
téro-externes. Les muscles des épaules étaient revenus à leur état
normal, et il y avait dans ceux de l'avant-bras et de la main une
amélioration telle, que le malade pouvait même jouer du piano.
En particulier, l'éminence thénar, naguère remplacée par une
dépression, formait aujourd'hui un relief appréciable. Toutefois,
quand le malade faisait le mouvement d'extension du poignet sur
l'avant-bras, il ne pouvait pas encore étendre en même temps les
doigts, qui restaient à-demi fléchis. Pour le dire en un mot, l'amé-
lioration avait permis au malade de reprendre la vie commune,
alors que,, quelques mois auparavant, il avait besoin d'un aide pour
manger, pour s'habiller, etc.
. C'esL dans ces conditions que le malade retourna chez lui, en
Belgique, au commencement de novembre 1877. A partir de ce
moment, il mena de nouveau une vie irrégulière et fatigante.
Chaque jour, à son déjeuner,, il buvait au moins une bouteille de
vin de Bourgogne, chaque jour il dînait en ville et ne rentrait à la
atrophie musculaire. 237
maison qu'à une heure avancée de la nuit; quelquefois la soirée
était suivie d'un souper entre jeunes gens. Il est certain qu'il y eut,
à cette époque, des excès vénériens. Quoi qu'il en soit, le malade
ressentit bientôt une fatigue persistante, et, après sept semaines, le
malaise augmentant, des vomissements étant survenus, X..., en
prévision d'une nouvelle crise, revint à Paris (16 décembre 1877).
Le jour même de son arrivée, il eut, comme au début de sa ma-
ladie, une attaque convulsive avec contraction de tous les membres,
surtout à gauche ; perte de connaissance et coma prolongé. Je vis
alors le malade. 11 y avait perte absolue du sentiment et l'on ne
parvenait qu'à tirer très incomplètement le malade de sa torpeur ;
alors il entr'ouvrait les yeux, regardait un moment dans le vidé et
marmottait des paroles incompréhensibles. La peau était brûlante
et le pouls petit et très rapide, la respiration était très irrégulièré
(Cheine-Stokes) ; la sensibilité fortement émoussée, presque nulle.
Il n'y avait d'incontinence ni de l'urine, ni des matières fécales,
mais constipation opiniâtre. ''
Le lendemain, le malade revint à lui progressivement. Il put
d'abord se lever, mais l'intelligence était encore abolie ainsi que la
mémoire. X... ne reconnaissait pas ses parents et ne se souvenait
de rien. Peu à peu, le malade alla mieux; mais, le soir même, une
nouvelle attaque (semblable à la précédente) se produisit, et, après
la période convulsive, X... resta plongé dans un coma profond jus-
qu'au lendemain dans la matinée. Pendant quelques heures, il y eut,
comme la veille, abolition et ensuite obnubilation de l'intelligence;
puis, peu à peu, le malade revint à son état normal. Le lendemain;
il n'y avait plus de troubles de la mémoire et de l'intelligence.
Les jours suivants, le made ressentit une fatigue considérable; on
remarqua un amaigrissement assez marqué, malgré ' l'appétit
excessif et le besoin fréquent de manger qui se manifesta. Il y eut
là une véritable convalescence; comme à la suite 'd'une affection
aiguë. - 1 1 ·.h
Il y eut une faiblesse un peu plus marquée dans les mains et dans
les jambes, mais sans nouvelle'1 poussée d'atrophie. En somme,
ces derniers accès, très violents, ne paraissent avoir causé qu'une
aggravation peu marquée dans l'état antérieur du malade. '' ""
Après quelques semaines d'un traitement régulier par l'électricité
et l'hydrothérapie, le malade revint de nouveau à un état fort satis-
faisant, qui alla en s'améliorant jusqu'en mars 4880, où l'on note
l'état suivant : n . - " r
XI.. marche régulièrement et peut faire plusieurs kilomètres sans
fatigue appréciable ; cependant, les triceps cruraux, et surtout lé
groupe antéro-externe des muscles de la jambe gauche ? présentent
encore une diminution'notable de la contractilité faradique.1 Aux
membres supérieurs, il existe aussi un certain degré de faiblesse
des muscles de l'avant-brâs, surtout des muscles de la région posté-
L , ? a -* 1
238 RECUEIL DE FAITS.
rieure. Aux mains, on remarque encore l'amaigrissement des émi-
nences thénars et même des espaces interosseux, mais tous les
mouvements sont exécutés par X..., et, en somme, il a recouvré
l'usage de ses mains.
Il n'y a pas guérison, mais il y a une amélioration considérable
et qui est voisine de la guérison.
Depuis le mois de mars 1880, je n'ai pas revu le malade, et
j'ignore ce qui a pu se passer depuis cette époque.
Quels sont, en résumé, les traits principaux de l'observation
qu'on vient de lire ? En 1872, à l'âge de seize ans, première
crise caractérisée par des convulsions généralisées, avec perte
de connaissance et sommeil comateux pendant trois jours.
Au commencement de l'année 1876, vers l'âge de vingt ans,
à la suite d'excès, de surmenage et de refroidissement, nouvelle
crise s'accompagnant de perte de connaissance, prolongée par
un sommeil comateux et compliquée, cette fois, d'une para-
lysie presque absolue des mains, constatée moins de vingt-
quatre heures après le début des accidents.
A partir de ce moment, on assiste tous les mois environ à
une véritable crise gastrique, avec atteinte de la puissance mus-
culaire et exagération manifeste de la sensibilité cutanée.
C'est à la suite d'une crise de ce genre, plus violente que les
précédentes, que la paralysie se manifesta dans les membres
inférieurs. Cette parésie va en augmentant à chaque nouvelle
crise, et'devient bientôt une véritable paraplégie.. En outre, le
malade, très anémié, très amaigri, a des syncopes fréquentes.
En même temps que se produit cette série de symptômes alar-
mants, les muscles atteints diminuaient de volume et subis-
saient une atrophie dégénérative.
On assiste ensuite à une amélioration rapide du malade, au
rétablissement de son état général, à la réapparition des
masses musculaires et des mouvements volontaires, sous l'in-
fluence évidente du repos, d'une vie régulière, de l'hydrothé-
rapie et de l'électrothérapie. '
' Puis, le malade ayant repris une vie de fatigues et de désor-
dres, les accidents reparaissent cette fois d'une façon formi-
dable, avec perte de connaissance, convulsions, contracture et
troubles passagers de l 'intelligence et de la mémoire. Nou-
velle application du traitement, nouvelle amélioration allant
.presque, comme on l'a vu, jusqu'à la guérison. Est-ce là la
terminaison de cette singulière maladie, ou bien n'assistons-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 239
nous encore qu'à une rémission trompeuse ? C'est ce que je ne
saurais dire.
Je ne chercherai pas non plus à préciser les altérations ner-
veuses qui ont donné lieu à l'assemblage bizarre des symp-
tômes que je viens de décrire. S'agit-il d'une lésion plus spé-
cialement localisée sur les méninges, ou bien d'une lésion
portant atteinte, plus profondément; dans la substance ner-
veuse ? Je crois qu'il serait téméraire de faire aujourd'hui une
réponse à cette question, et tel n'a pas été mon but.
J'ai voulu tout simplement rapporter un fait clinique, donner
une idée de la marche irrégulière des accidents, et surtout
montrer l'association peu vulgaire de l'atrophie musculaire
d'une part, des accès comateux et des crises gastriques de
l'autre. "
L'attention une fois éveillée, de nouvelles observations se
produiront peut-être et permettront alors de grouper à part ces
atrophies musculaires avec symptômes cérébraux et bul-
baires '.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
I. CONTRIBUTION A la STRUCTURE ET A L'HISTOIRE CLINIQUE DU
névrôme MULTIPLE, d'après le laboratoire pathologique de
l'Association fraternelle du Collège des médecins et chirur-
giens de New-York; par T. MITCHEL PRUDDEN, M.-D. de
New-York. (In The Amer. Journ. ofthemed. se. July, 1880.)
L'auteur applique ce terme général de névrôme multiple à
ces cas dans lesquels un plus ou moins grand nombre de
1 M. Charcot nous apprend qu'il a observé chez un malade que lui a
fait voir M. le D, Duret, des symptômes analogues et une marche géné-
rale des accidents permettant de rapprocher les deux faits.
240 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
tumeurs existent sur plus d'un tronc nerveux principal ou sur
ses branches. L'article contient quarante et une observations,
dont une inédite. Nous.ne pouvons les analyser séparément.
Dans trente-deux cas, le sexe est désigné. Vingt-quatre
hommes et huit femmes. L'âge moyen, à l'époque de la mort,
est trente-quatre ans.'La'durée'de la maladie est difficile à dé-
terminer, 'car les symptômes n'éclatent pas vite, mais quelque-
fois la maladie était, sans aucun doute, congénitale. Il est
digne de remarque que ces lésions nerveuses coïncident souvent
'avec' des névroses ou des malformations : -deux malades étaient
idiots'; un crétin ; deux peu intelligents ;'un était cryptorchide ;
un ' avait ( un -pénis extrêmement petit,' sans désir' sexuel; un
autre' présentait, une. lobulatioli .3 anormale' des'poumons ; un
dernier'avait un épispadias. Chez deux malades, la lésiow s'ac-
compagnait'd'éléphantiasis ! L'histoire clinique est encore plus
remarquable 'par la variété des symptômes, et, dans la'plupart
des cas,' par la'différehce entré ces symptômes et la lésion' ana-
tomique. Sur les vingt-six cas dans lesquels on a recueilli une
observation complète, douze n'ont présenté aucun symptôme qui
pût faire soupçonner une lésion du système nerveux.' Des qua-
torze autres ? huit ont 'présentera un'1 degré quelconque,' de la
paralysie ? treize de' la douleur,"et celle-ci était du caractère le
plus varié.' Dans 'quatre cas, il y'avait'de la -diminution de la
'sensibilité cutanée,, dans quatre aussi des mouvements convul-
sifs ;'quatre'cas' encore'de respiration 'anormale ; palpitations
dans un cas. -' ^
' 'La céphalalgie fut un'symptôme capital dans deux cas, dans
l'un' desquels il y avait1 urié lésion' cérébrale ! La leucocytose
fut observée 'dans 'deux cas ; une altération des muscles dans
trois. Dix-huit malades moururent de'maladies diverses n'ayant
pas'de rapport- avec u affection nerveuse ; les autres succom-
bèrent par' épuisement ou par fièvre hectique. Dans deux cas
on'trouva des tumeurs cérébrales; dans quatre des tumeurs
dans le canal'rachidien. Les 'nerfs périphériques étaient pris
dans vingt-sept cas. Le sympathique fut'trouvé malade'dans
quatorze cas ; les pneumogastriques dans dix-sept; et quatorze
malades seulement présentaient des troubles en rapport avec
la lésion"' '; ' ' r ' '
Le diagnostic est souvent difficile. La douleur si fréquente
dans le névrôme unique, est loin d'être ici de règle. Ce qui peut
seulement donner, la certitude, c'est' là présence sur,le trajet
.' '. ju. : <.n m r - \u* ; . j
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 241
d'un tronc nerveux de petites tumeurs fusiformes, non adhé-
rentes à la peau, mobiles transversalement et non longitudma-
lement, qu'elles soient ou non douloureuses. Cri. Férue.
II. HÉMIATROPHIE FACIALE progressive ; parle prof. MARAGLIANO.
[The alienist and neurologist, avril 1881, p. 145.)
Jeune fille de dix ans, née de parents robustes et sains. A
la fin de sa première année, elle fit unechutesur le côté gauche
de la face ; une tuméfaction circonscrite apparut à l'angle
externe de l'oeil gauche, puis disparut en quelques jours. Mais,
après un temps qui ne peut être précisé, la nourrice remarqua
que le côté gauche de la face était plus petit que le droit. Avec
l'âge, cette atrophie faciale devint de plus en plus marquée,
plusieurs médecins consultés ne firent aucun traitement ,
attribuant le fait à une anomalie de développement des os.
L'enfant se présente dans les conditions suivantes : elle est
bien constituée ; son squelette est normal ; les masses muscu-
laires sont bien développées. La joue gauche, surtout dans sa
partie supérieure, est notablement atrophiée ; les éminences
osseuses font une saillie très apparente sous les tissus, qui ont
l'aspect d'un parchemin appliqué sur l'os. De là résulte, vers
le centre de la joue, une dépression marquée qui correspond
exactement au point où les deux maxillaires viennent au
contact.
La commissure labiale gauche est un peu plus élevée que la
droite, et cette asymétrie est rendue plus visible quand la ma-
lade parle ou sourit, même chose pour le sillon naso-labial.
Les parties molles de la moitié gauche du front semblent
aussi atrophiées et moins développées que du côté droit. En
prenant la joue entre le pouce et l'index, on constate qu'elle
est extraordinairement amincie, en comparaison avec le côté
droit, au point que la peau et la muqueuse paraissent appliquées
l'une contre l'autre sans tissu interposé. 11 est impossiblede faire
un pli à la peau, tant elle est mince et exactement adhérente àl'os.
Les mouvements de la face sont moins libres du côté gauche ;
les muscles pourtant répondent avec énergie au courant élec-
trique. La sensibilité à la douleur, thermique et électrique,
est normale. L'examen du squelette osseux ne montre
aucune différence entre les deux côtés. La joue droite, bien
développée, suffisamment fournie de tissu adipeux, normale
' 16
243 REVUE DE pathologie NERVEUSE.
dans ses lignes et dans ses mouvements, fait un singulier con-
traste avec la joue gauche. La langue est également dévelop-
pée des deux côtés, la déglutition se fait bien. -Jamais la
malade, à aucun moment, n'a éprouvé aucune douleur dans la
partie affectée. -
Les détails de l'observation éliminent l'idée d'une asymétrie
faciale congénitale. D'autre part, l'absence de toute déviation
de la colonne vertébrale ne permet pas de croire à une de ces
asymétries faciales secondaires, qui ne sont pas rares dans le
torticolis, comme conséquence d'une incurvation compensa-
trice. Il ne peut s'agir non plus ici d'une paralysie faciale ni
d'une atrophie musculaire de l'enfance au début. On ne peut
songer qu'à l'affection décrite par Eulenburg sous le nom
d'hémzatrophie faciale progressive, trophonévrose faciale de
Romberg, atrophie unilatérale de la face deMoore, aplasie la ? ni-
neuse de Lande, prosopodismorphie de Bergson.
Localisation de l'atrophie du côté gauche de la face, déve-
loppement à la suite d'un traumatisme chez un enfant du sexe
féminin, ces différentes particularités rentrent dans le cadre
des observations déjà publiées. L'auteur rappelle les diverses
théories proposées ; lésion du trijumeau ou des fibres sympa-
thiques contenues dans le tronc nerveux (Eulenburg) ; trouble
vaso-moteur de la région (Stilline) ; lésion du ganglion sphéno-
palatin déterminant une constriction des petits vaisseaux de
la face (Barwinkel) ; irritation permanente du grand sympa-
thique (Brunnes) ; lésion des cellules trophiques du facial
(Hammond) ; névrite du nerf facial (Rosc-nthal) ; atrophie pri-
mitive du tissu cellulo-adipeux (Lande et Bergson). Quant
au traitement, le courant faradique semble, dans le cas parti-
culier, avoirproduit une légère amélioration. C. T.
III. CONTRIBUTION A la connaissance ET au traitement DES
névralgies viscérales; par W. NERTEL (de New-York).
(Arch. f. Psych. zt. Ne2venic., 1880.)
I. Il s'agit ici de ces viscéralgies idiopathiques souvent con-
fondues avec des lésions organiques, et, d'autant plus volontiers
traitées comme telles, qu'il n'est pas rare qu'elles en soient
accompagnées; en ce dernier .cas, leur nature névrosique est
indiquée par le fait qu'elles survivent aux opérations dirigées
contre le corps du délit. Telles les névralgies rectales et reclo-vé-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 243
sa'cales qui se montrent chez des individus souffrant dès long-
temps d'affections stomacales et intestinales et presque toujours
cachectisés par la fièvre intermittente. Elles apparaissent au
moment de la défécation ; les selles normales et moulées pro-
voquent en effet, au passage, une douleur rectale qui, s'irradiant-
dans l'abdomen et les lombes, réduit pour le reste de la
journée, tant elle est opiniâtre, le sujet à l'impuissance. C'est
en vain que les patients diffèrent le plus possible l'instant de
l'évacuation, se faisant alors l'artisan de leur constipation ;
c'est en vain, qu'inversement, ils s'imposent une diarrhée factice
par des évacuants de toutes sortes. Toujours, à l'occasion de
l'expulsion physiologique (excréments, urines) l'organe trop
sensible (rectum, vessie) sous l'influence de cette excitabilité
réflexe entre en contracture (tunique musculeuse) ; la douleur
est ultérieurement entretenue pour un laps de temps assez
long par l'hyperexcitabilité de l'appareil central (région lom-
baire de la moelle). La névralgie utérine procède de la même
pathogénie (passage du sang pendant les règles, etc.), seule-
ment elle coïncide plus souvent avec des affections utérines
(métrites, etc.) ; le mécanisme en tout cas est identique et les
lésions, comme plus haut, ne joueraient le rôle que de causes
occasionnelles, si l'on en croit les observations dans lesquelles
la dysménorrhée douloureuse aurait cédé au traitement avant
les altérations pathologiques. Dans tous ces faits, M. Neftel pense
qu'il convient de combattre la dystrophie du système nerveux
central, quel qu'en soit le fauteur pathologique (hyperémie,
anémie, chlorose, cachexie paludéenne) ; notamment, dans
l'espèce, on fera porter le modificateur thérapeutique sur le
centre lombaire génilo-spinal qui préside aux fonctions envisa-
gées (Goltz, Budge).
II. M. Neftel dirigerait toujours avec succès contre les né-
vralgies viscérales et particulièrement la dysménorrhée, contre
les congestions et inflammations chroniques des organes pel-
viens, contre les états d'hyperémie opiniâtre du système ner-
veux central, les courants continus, la galvanisation du centre
géîii*to-spi2zal et du nerf splanclmique. Pendant les plus violentes
douleurs (période menstruelle), il faitpasser de la région lom-
baire au pubis le circuit de 15 à 20, puis de 20 à 30, voire au
besoin de 30 à 40 éléments de Siemen en une même séance ;
l'anode étant maintenue sur la colonne vertébrale, la cathode
est alternativement amenée sur l'hypogastre (ligne médiane)
244 REVUE .DE PATHOLOGIE, NERVEUSE,
étales deux régions ! inguinales;, on, pratique à ces diverses
phases de l'électrisation Restrictions vertébrales avec 1 anode,
et l'on introduit de temps à autre lés interruptions et intervé'r-
sions voltaïques : tel,est.l'ensemble du procédé connu sous, le
nom de,mutatz's,,mûtandz. Onôbtiéndrait une amélioration
immédiate à la condition d'agir^ pendant la, durée de la crisé
(une séance par jour), d'ordonner de l'exercice après la,séance;
et; d'employer, conjointement le régime^tonique, 'réparateur,
qui convient., L'auteur,, de ce,travail attribue le, mérite de la
méthode aux effets qu'exerce sur la, circulation et la nutrition
des organes le splanchnique, la moelle lombaire agissant, elle,
comme excito-motricè (Goltz , Roehrig) . Les preuves de l'interven-
tion de ce vaso-moteur,qu'il relate sont les pâleurs syncopales,
les hyperémies;faciales, les liypersécrétions Ld,'une, urin, clàie
observées durant,les applications, des courants, et, ^d'un .autre
côté, la disparition de céphalalgies opiniâtres, l'amélioration de
maladies, cérébrales chroniques, dès le début, consécutivement
à l'institution de semblable^ thérapeutique. ,Au reste, pour.les
faits quine, relèvent pas, des affections pelviennes,, il peut être
indiqué, de. s'adresser fà la .région, dorsale inférieure, précisé-
ment à propos des. hystériques qui supportent,mal les circuits
de M.NeFtel. u[,.rlr x H · tif / (,,t). P.' K ? fl'^"M
c 1 orle", Qtie le 1 1 f ... ->( iT ? ti4(4,nii"- f/
IV. CONTRIBUTION A'LA'PATHOLOGIE"DE'LA'MOBLLE''ËPINiÈRE';
par Adôlf STR11111PELL'(Arch'irv ! ' f ? Psÿcl. û.<<J'Veraetl;ianlc,
t ? X'ë*'ali' 3, 1880.) ? «""l `a 3 ! »"r^-.l ,«.,r^M^-Hi'
fI9· ", 4 fpy2t ly -mi, 1 1 tr7lt`r ir '1 ? lui crii 1f131 : [C
r[Ir ,.r)it nF · r rrr, t... ? , . ? f, r < . - .
. La première portion du mémoire, celle dont il s agit ici,
porte·.lé'titré'de Parâlsaésf'spasmodiques : L'âutëur, en effet,
convaincu que la' dégénérescence symétrique primitive des cor-
dons'' latéraux ne saurait élucider co'nstam'ment"los''obscurités
du syndrome,'en question, se propose de l'étudier presque au
hasard de la clinique; aussi, nous en décrit'il des exemples
*r'n rrn r." ...ac;
tantôt en un cas'de'myélite'd8rsàlo, tantôt 'chez un1 malade
'atteint d'hvdromyélie et" de 'dégénérescence ' systématique des
côrdôns lâtérâux; soit dàns'les affections vertébrales ayant lésé
secondairement la' moelle, soit parmi les' tumeurs de cet or-
gane ; la sclérose multiloculaire'des centres nerveux et l'hydro-
cé' h'l "' ' " " "" ' limitée au' cerveau 'ont'' aussi ' fourni leur
,,p -. a,ii-e.elironique imitée au' au ss foùrni leur
contingent du cornpleiùs symptomatique'1 envisagé ! ' M. Strù'm'-
pell arrive à cette conclusion que lâ dénoinination'spééialemelit
REVUE 'DE' PATHOLOGIE' NERVEUSE'. 245 ? iTc ? ac.t. -rmrt'.nt : l. .r ? j ,,t- . z
adoptée convient parfaitement a 1 ensemble-* des phénomènes
cliniques qu'elle' fixé/' l'expression spasmodique différenciant
"d'emblée la1 variété ' dé' paralysie'' én qûêstionrdés'pàraly'siës
flasques/ Elle désigne, en effet,' la'caractéristique)'du0 groupe
symptôinàtqûe ? toût'entlère' dails l'éxagézatzbn`pz·ononcéerdes-
da ? zs 1 lâ catégorie des' réflexes tendineux. C'est
la perturbation apportée dans les'tensions musculaires réflexes
(tonicité) "qui constitué le*corps du "délit'men'plus que ! la'para-
lysie. Celk-ci'peutl'aû .resté,1 manqùerabsolumenfou^n'ètre
que faible (pseudo-paralysies). L'inconstance dans la coexistence
des deax`élémêntsTspaslrié et paralysie', sert même à'M ? Strüm-
pell d'argument contre l'identité de lâ cause anatomlque' S'ap-
pûyânt1' sûr 'l'intégrité 'dés cord6nsf'latéraux'rdans le fait' de
Schultz {DeutsctiArïh'.yrKlinTA/éd : 1 XXIII,' 351)' et l'atteinte
simultanée yde'bien`'d'antï·esrsystèmés'dansttousfles9cas;i1
dénie'au'x' coidons'latéÏà711k"dè, Ia"moeltë 'ià"Ë-ath76'énie'des
réflexes ? C'est ? suivant" lui ? à la 'lésion des" faisceaux 'latéraux
dans lés pyrami d es '6'iiiêdé d'an's@ le 'cervelet qu'il faudrait
rattacher les troublés spasmodiqùespar suite de l'interruption
descelles dés' fibres 'centrifuges'qui partent des foyers cérébraux
modérateurs''du' système'réflexe''(observation 'à"l'appui) ? 11
semble, au surplus, qu'il y ait lieu de distinguer,11' d'après
M. Strümpell, au sein des manifestations en apparence de
même, ordre; ainsi, parmi, les., contractions musculaires et les
contractures , qui accompagnent, souvent, l'exagération- des ré-
flexes tendineux, les unes,' passives, réflexes ordinaires, s'éta-
blissent graduellement et affectent la forme plastique exten-
sive les autres, imprimant aux, membres, l'attitude de flexion,
émanent de processus exoito-moteurs actifs, et, directes, résul-
tent, probablement, d'une localisation primitive ou secondaire
sur. les cordons latéraux des pyramides. La pathogénie ^serait
bien,plus large, en ce qui a trait à certaines convulsions isolées
qui hantent parfois les paralysies spasmodiques; rarement
justiciables des réflexes tendineux, elles se lieraient, ou bien'à
une irritation motrice directe, ou bien à des actions réflexes
issues des racines sensibles (dans ces cas-là on observe concur-
remment des douleurs fulgurantes dans l'extrémité correspon-
dante : ;myélite par,compression, tabes). Aussi,*chaque ait. de
dante : ; myélite par., compression, tabès). Aussi, chaque fait, de
paralysie,spasmodique devra-t-il toujours mériter^une analyse
détaillée tendant à découvrir, les causes anatomiques de chacune
des manifestations,, suscitées, si', à l'exemple de M.Strüinpéll
, .. | ,, ? l ? uiu ? ll, m,. i ? r,jii'.» ? iiij ?
216 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
on se propose comme objectif de déterminer avec précision :
« Quelles sont les parties des cordons latéraux qui doivent
être affectées pour produire l'ensemble symptomatique qui
vient de nous occuper '. » P. K.
V. DES relations étiologiques ENTRE LES lésions DE la CORNE
D'AMMON ET l'épilepsie ; par Wilhelm Sommer. (Arch.
Psych. u. Neivenk., t. X, c. 3.)
1
Cette étude porte sur l'analyse de 90 cas d'épilepsie, réunis
en un tableau qui embrasse toutes les indications de sexe, d'âge,
de prédisposition morbide, d'étiologie, de symptomatologie,
tant au point de vue de l'épilepsie qu'à celui de l'état mental,
des, causes de la mort, de la nécroscopie, et mentionne les
sources bibliographiques.
La fréquence des lésions de la corne d'Ammon chez les épi-
leptiques n'est, au dire de l'auteur, que de 10 p. 100; mais'elle
atteindrait probablement en réalité 30 p. 100 si l'on tenait
compte dès altérations microscopiques présentées par des cornes
d'Ammon, en apparence normales. Soixante-seize d'entre les
faits colligés concernent une atrophie avec induration calleuse
ou cartilagineuse de l'ensemble de la région ; dans les quatorze
autres cas, il s'agissait d'un ramollissement rouge et d'hémor-
rhagies punctiformes ou d'une destruction par compression ou
absorption dans une tumeur (cancer médullaire; sarcome
télangectiasique). L'âge moyen serait, pour les hommes en puis-
sance de l'affection classique, de 17,1 ; les femmes auraient,
toutes choses égales d'ailleurs, 23,1. Les renseignements con-
cernant l'état du cerveau, bien que laissant encore énormément
à désirer à l'égard des anamnestiques et des pesées, ne per-
mettent pas de supposer cependant l'antériorité d'une affection
aiguë. Il faut mentionner la bilatéralité du processus ; les diffé-
rences proviennent du degré dont la lésion a progressé suivant
le côté que l'on examine. On n'a d'ailleurs pas encore exacte-
ment saisi l'évolution des phénomènes histologiques ; aux
termes des allégations de M. Sommer, ils consisteraient peut-
- être, dans un premier degré, en une prolifération nucléaire
1 Nous reproduisons le Compte-rendu analytique du travail de M. Strum-
pell, sans pour celanous associer iL sa. manière d'envisager les para[)16-
gies spasmodiques. On remarquera les divergences qu'il y a entre cette
doctrine et celle de la Salpêtricre ;/te(<< ! e<tOH.)
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 247 ' :
aboutissant à la dégénérescence stéato-pigmentaire, à, l'atro ?
phie, et finalement à la disparition des cellules nerveuses pyra-
midales (Obs. n° 90 du tableau); concurremment, atrophie et
sclérose des fibres nerveuses correspondantes, épaississement et
infiltration granulo-graisseuse des parois vasculaires. De pa-
reilles altérations, prononcées au maximum dans le fasciaden-
tata de la corne, peuvent exister non seulement dans le lieu
indiqué, mais encore dans le subiculum et dans les circonvolu-
tions temporales et sphéno-occipitales avoisinantes. La destruc-
tion de la série alternante des couches médullaires et corticales
qui composent la'corné, rapprochée de cette extension peu éten-
due de la dégénérescence, 'suffit pour faire comprendre^sans
qu'il soit besoin d'avoir recours à une encéphalite; comment' le
processus anatomique qui, au début ne détermine que de l'épi-
lepsie, entraîne, lorsqu'il désorganise les zones grises, la perte
de l'intelligence consécutive à la maladie. `
' ' " ! j , ,
Reste à expliquer le mécanisme de l'accès épileptique.
11. Sommer, refusant à l'épilepsie toute autonomie comme
entité morbide, la regarde, dans tous les cas connus, comme ? un symptôme qui se manifeste dès qu'une excitation conti-
- nueliement grandissante a violenté le centre vaso-moteur du
cerveau. Considérant la corne d'Ammon comme le centre de
la sensibilité pour la moitié opposée du corps, il admet que
toute maladie de cette région engendrera des excitations cen-
trales incessantes ; celles-ci, excentriquement projetées à me-
. sure de leur production, sous la forme d'hallucinations senso-
rielles, par exemple,'agiront à la manière des excitations
périphériques (cicatrices irritées ou autres lésions extérieures)
pour déterminer l'accès, y compris le stade d'aura indicateur
du trajet de l'incitation. Il en appelle à la, fréquence extrême
des troubles sensitifs dans l'intervalle des accès ou à la période
prodromique chez les épileptiques dont on constata la corne
d'Ammon malade, sans que jamais on pût, admettre que la
lésion, ainsi localisée, fût secondaire à une altération périphé-
rique. En effet, 38 des malades étudiés présentèrent des modi-
fications séméiologiques du côté de la sensibilité générale ou
spéciale (hypéresthésies ; anesthésies ; paresthésies ; four-
millements ; engourdissements ; hallucinations visuelles).
L'anesthésie que Ferrier réussit à déterminer du côté opposé
en détruisant une corne d'Ammon, et la démonstration que
cet expérimentateur fit de la localisation des quatre autres
248 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. '
sens, goût, odorat, ouïe, vue en des régions assez circonvoisines/
militent également en,,faveur dune.pareille opinion : - L'auteur
n'hésite pas à adapter Jesimêmesi théories -fonctionnelles^ à
l'homme; il se base sur le trajet des fibres nerveuses. L'arrivée
dans la corne d'Aminon' oïl'dàiïs 1 l'écordé du lobe occipital' de
conducteurs d'ordre 'sensoriel 'général par lès faisceaux posté-'
rieurs de la moelle (perception sensorielle'consciente) et par la'
moelle allongée (nerf vagué et' trijumeau)1, lui parait démontrée
par les études de Meynert; il en est de même pour lés relations '
établies entre'la corne'etle lobe occipital, la substance blanche^
du lobe sphénoïdal; l'écorcé grise dû cerveau,' 'là ligné médiane
des hémisphères (rôle de la' substance' réticulée d'Arnold et du
corps bordant)'. Quoiqu'il'en soit ? au reste,' de la corne' comme
foyer de 'sensibilité, l'incitation1 qu'elle déchaîne; parvenue au''
lieuiépileptogène,1 aujourd'hui classique, agit comme, dans tous
les autres cas; Mf Sommer cite'surtout à ce propos'les obser-
vations'dè'Chvostek ( Wieïnt 1léd i YVôchërisch. 1871; n° 37-39)"
Clâüs (Allg 'Zéitscla. f ? ? sych."1878, p. 335);Charcot (lèçTclin.
187fe, n°y73 de son tableau);Sne'voulant`pas'âbildonnér le'1
sujet' sans' faire remarquer- qu'il serait3 possible"quev Ton 'pût
tirer^des conclusions identiques a l'aide des « recherches » de
notre maître 'sur l'hémi-anesthésie cérébrale et hystérique. `
> f, r' z r p .-irf r-Ml/j n ,-[ ,j(' i' ' ' P K ' ?
" . . v , . 11. 1 t '| ; , f .
. r .) , H h 1 f ' ' ; '
VI. CÉPHALALGIE OCCIPITALE COMME SYMPTÔME'DE L'UREMIE; par i
E.-C. SEGUIN. (Arch : o f. med.'Nevv-Yôrlt, âût 1880,` p·. 98.) ·
' T ? i 1 1 , î 1 ... n f C'LT( Pli.) i'ijli-'iï' ? 6r Wt
L'auteur rapporte Meux-1 observations, 'où une céphalalgie ?
occipitale existait si bien localisée et si persistante, qu'elle don-
nait l'idée d'ùne-affectiôri organique du^cervelet. Dans un cas,
la douleùr's'étendait le longdel'épinecervicale, etétaitaggravée
par les' mouvements; dans l'autre; il y'eut de la raideur, de la
nuque. Cette 'céphalalgie 'était' nettement paroxystique, mais
nullene'n t"périodique; "elle "s'é"c66"' "' ' " ' ' de 'nausées. Les
symptômes rénaux étaient peu marqués; peu ou pas d'oedème;
pas de troubles dyspeptiques; aucun des deux malades n'avait
le faciès urémique ; mais l'urine contenait'de l'albumine. L'au-
topsie hefùt faite que dans un cas; le cerveau était sain; les
reins étaient indurés et granuleux ? ' ' C. T.
-i , T 1` 'y ^J t 1(1 t P . "''' a "
REVUE'DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 249
VII. SUR le1 priapisme persistant 'et ' non attribuable A
UNE LÉSION DU'SYSTÈME NERVEUX CENTRAL; paru. PEABODY.
7VeM-ybyAm. Journ. Mai, 1880, p."463.) ( ' '
L'existence du priapisme dans le cours de la leucocythémie
est un fait assez bizarre, dont plusieurs^ observations ont été
publiées par différents auteurs, mais dont les Traités classiques-
ne font,pas mention. C'est un cas de ce genre que rapporte- le
docteur Peabody.'Le malade,. 'présentant .tous les symptômes
de la leucocythémie ganglionnaire et splénique, fut pris,,sans
cause, occasionnelle, appréciable, t d'une, érection persistante,-
qui dura six semaines sans la moindre atténuation. La rigidité.
du, pénis commença alors à décroître ;, il y eut encore une
demi érection pendant deux semaines et/la verge.. revint gra-
duellement à'son volume,normal. Le priapisme ne s'accompa-
gnait d'ailleurs ni de désirs sexuels, .ni d'émission de sperme..
Les cas analogues trouvés par l'auteur,, sont au nombre de, six : z
0bserv. de , Klemme., I ? z.,Schinidt's Jahrbucher ., 1866 ,
p.,173;). De Longuet. (Prog., méd. ;1876.) De.Neidhart.
(Allg ? méd. central ? Zeitung, 1876, n,55.) De, Matthias.
7M. 176, n° 97et98.) ? De Salzer. (l3erlan,. Kliiz. Woch,
mars t879.)- De,Carpenter.,(Lanéet. Janv. 1880.) ? .
Ce priapisme a été attribué par Klemme à une hémorrha-
gie dans les corps caverneux; par Longuet à la thrombose des
petits vaisseaux du pénis par des amas de globules blancs, et
cette hypothèse est, acceptée par Mathias et par, Neidhart qui
fait jouer pourtant un certain rôle à l'irritation nerveuse ; enfin
par Salzer à des modifications anatomiques dans la structure
des nerfs, érecteurs ou à leur^ compression par, des ganglions
hypertrophiés. ? » ? ,. ? , , ? h .. 1 1111 ') 'n,la ? )U " t ,1,1 1 1 ' W .'
L auteur conclut en ces termes : le priapisme peut être re-
garde comme un symptôme de la leucocythémie ; il peut^sur-
venir sans cause appréciable, parfois.à^la suite d'un, rapport
sexuel. Il' peut durer depuis quelques jours jusqu'à deux mois,
rarement plus. Il est, extrêmement douloureux,,causant de l'in-
somnie, un épuisement nerveux et , une prostration physique
générale 1 If, 1 . ? 1 ... ?
Il a cédé parfois à une, saignée profonde ; ,mais ce traitement
ne peut être, recommandé, sauf chez., des sujets .robustes., Le
traitement médical est sans action. Des applications ^locales
camphrées et autres calment la douleur. Le corps spongieux
n'est pas habituellement affecté, C. T.
250 REVUE.DE pathologie NERVEUSE.
VIII. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE la paralysie spinale SPASMO-
DIQUE, par le Dr Richard SCHULZ. (Centralb. f. NereaheaZlv.
psycâ. u. gera'chtla'cJa. Psyclao-pathol. 1880.), , , ,
Pour le Dr Schulz, il n'existerait dans la science qu'un seul
fait de sclérosé latérale'primitive symétrique justifiant l'entité
clinique (Detttsch. " A2eli. f. ? Clin. Med., t. XXIII.)'; tous les
autres cas, y compris deux nouvelles observations qu'il apporte,
et celles deM. M. Stoffel et Aufrecht (Deutsch.médie. Wochensch.
1880) témoignent encore de l'extension des lésions à plusieurs
systêmés de la moelle. A L'éXelripléde Léÿden, il croit que la pa-
ralysie spasmodique n'est qu'un' symptôme, mais dont la rela-
tion avec les altérations des( cordons latéraux est indéniable.
Dans certaines cas, un simple trouble fonctionnel de'ces régions
(Erb.)'orrait engendrer les mêmes, effets 'et expliquer l'inté-
grité, à l'autopsier des éléments en question (hydrocéphalie,
tumeur de la moelle 'allongée); 'pour beaucoup d'autres', on y
rencontre des dégénératiôns secondaires. P. K.
,5.. . " ( 1 . .` nt7 ' 2m , ,1 ,
IX. HÉMIOPIE DU MÊME CÔTÉ TERMINÉE PAR LA GUÉRISON par le z
Dr FUCKEL, de Schmalkalden : ' (Deutsch. Arch. F. Klin lVleda'z : ,
1880.) n ' " ? *< I - " '
1 - rt tV ,.). f - -"î
Ce 'diagnostic concerne une'-femme' de cinquante-six ans,
ayant présenté des accidents cardiaques (insuffisance) aggra-
- vés du fait d'un catarrhe bronchique et d'un' rhumatisme arti-
culaire'aigu consécutifs ; après, une' série d'accidents d'une
durée de six semaines, la malade accusait, en pleine récidive,
des douleurs soudaines dans les deux yeux et une légère photo-
phobie. On constatait, à ce moment, de l'engourdissement dans
la mobilité des globes oculaires, une légère tuméfaction des
paupières accompagnés d'hémiparésie faciale (côté gauche) et
de déviation de la langue à droite ; le lendemain, diplopie, am-
blyopie, hémiopie, des deux moitiés droites des yeux, strabisme
externe droit, myosis, difficultés extrêmes pour la vision en
haut ; intégrité de la sensibilité rétinienne, et, d'ailleurs, pas de
lésions à l'ophthalmoscope. Guérison en quinze jours. Le doc-
teur Fuckel pense qu'il s'agit d'une embolie cardiaque parve-
nue dans l'artère sylvienne ayant déterminé des lésions dans le
noyau lenticulaire, le pédoncule cérébral et les portions
avoisinantes de l'hémisphère droit, de la paralysie des nerfs
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 351 1
optiques oculo-moteurs hypoglosse à droite et du facial gauche.
Une circulation 'collatérale suffisante aurait ' bientôt suppléé à
l'anémie des régions citées. P. K.
X. DE l'augmentation DE la fibrine dans LA·1PERICERÉBRITE ; .
par M. D..BRUNET. (Annales médico-psychologiques. Janvier,
'881.) , " - , · 1 4 .. y i ,, <, ,
. A M ,* . . , ' H I - ,.
Il résulte du travail de M. Brunet, résumé malheureusement
trop concis de recherches déjà( anciennes, que les phlegmasies
du système nerveux ne dérogent pas, sous le rapport de l'aug-
mentation de la fibrine du sang, à la règle générale des phleg-
msi e' Pour elles, 1 les autrés, la proportion de la
masios. Pour elles, comme pour les autres, la proportion delà
fibrine s'élève seulement quand les ' phénomènes inflamma-
toires prennent un caractère d'acuité. Pour la paralysie géné-
rale, notamment, les quatre observationspubliéesparM.Brunet
montrent un accroissement notable, de la fibrine (4,05; 4,85 ;
5,90) après des attaques épileptiformes ou ^comateuses. Il
est regrettable, seulement, qu'on ne puisse comparer en poids
, avec, ceux qu'auraient donnés des saignées -faites pendant les
périodes d'excitation antérieures, aux, autres, chez, les mêmes
individus. Plus regrettable encore est la cause qui a, de-
puis trop longtemps, empêché M. Brunet de poursuivre ses
intéressantes recherches ? les fonctions, administratives ont
absorbé tous ses instants..La faute en est à l'organisation vi-
cieuse de nos asiles qui sacrifie le médecin à l'administrateur,
et, fait passer les intérêts de la science après les besoins maté-
riels du service. , . , r ...
XI. SUR la pathogénie DE l'hémorrhagie cérébrale dans LES
formes précoces DE la' syphilis; par Cari LECHNER. (Vienne,
1881.) '' ' ? ' ÏM *< l'I" '. b ir ,
Les hémorrhagies du- cerveau' étant causées soit par une
augmentation de la pression intravasculaire, soit par une alté-
-ration des parois, l'auteur s'attache à démontrer ~ que, dans la
syphilis, ces deux conditions se trouvent réalisées. Pour démon-
trer l'augmentation de pression intravas cul aire, t il admet' que
l'hyperémie en est un signe certain, et il rappelle que, dans la
syphylis, on trouve dans la période de début l'hyperémie de la
peau (roséole, érythème),'des muqueuses (angine, bronchite,
252 revue' de'pathologie*nerveuse.'
vulvo-vaginite ? balanoposthite) ; ,`dans les viscères; `dans la'
cavité crânienne (céphalie, douleurs dans' les membres, assou-'
pissemént; énumérationi'dërcas'd'apohlexie'oudeparalÿsie
survenant dans les,p'remières'isemainesi de, la syphilis'dispar
raissant par le traitement ? et rapportées par les' auteurs à'ia'
congestion cérébrale).'1 Quant'aux altérations vasculaires dans'
les stades de'début de la'syphilis; 1'auteur rappelle l'existence
de l'endartérite oblitérante aiguë,1 portant'hon seulement sur
les- artères et les veines ? mais'encore sur les petits'vaisseaux et
sur les capillaires. Il signale les altérations vasculaires dans les
affections syphilitiques de la peau; des muqueuses, des viscères,'
puis'rappelle'que, dans'tous ces ^points; on peut' observer-des
hémorrhagies, surtout chez les enfants et dans"les''premiers'
stades-de'la'syphilis ? el 'b <\r.,\, . ji^ ? h T])pJ
Sui joo" observations1 suivies''d'autopsie, tant- personnelles
qu'empruntées à'différents auteurs/'dans lesquelles on a observé
de l'apoplexie ou'des1 accidents a'poplectiformes, il n'en'trouve
que 69, 'c'est-à-dire'23 p. 100, dans' 'lesquels' oh"'ait Constaté
un foyerhémorrhamque ? s61t dans'' le cerveau soit dans la'
moelle.' ; ' ' "" -, ·, ,··· 11 v r·"j, , ? m ' ·
n. mot 6j ? th ? 111 i .1 )i"i ? i(> -1, qmli> - u 1 i| .... hui. t->
,,Dans un certain nombre de tableaux,,qu'il nousest,impos-
sible de reproduire,ici, l'auteur étudie la fréquence des hémor-
rhagies cérébrales aux différents, mois qui, suivent l'infection,
il arrive à cette conclusion, que, dans, la grande majorité, des
cas, c'est pendant, la période"d'éouptioy qu'on les, observe.
..1 MI'
Puis, il reprend assez longuement,, mais sans rien ajouter ,de
nouveau, les déductions tirées par, MM. Charcot et Duret de. la
disposition de la circulationtartérielle du cerveau et applicables -1
à la fréquence des hémorrhagies dans telle ou telle partie de,
cet organe; il ne, connaît aucun cas d'hémorrhagie cérébrale
syphilitique dans l'épaisseur déjà ? couche optique, et,, quant
aux dans le cervelet, elles sont tout; fait rares.
Considérant comme démontrée l'existence constante des lésions
artérielles dans les hémorrhagies cérébrales des premières
périodes de la syphilis, Lechner recherche quelles sont ces
lésions et surtout-quel est leur mode de début ; après'avoir cité*
et examiné 1'es,opinioiisideiHeubner'; Baumgarten, Bisch-
Hirschfeld, Cornil et Ranvier, Iôster,, Lancereaux, etc., il
admet que les lésions initiales siègent non pas dans la tunique
externe, .'au niveau de l'endothélium ou de la couche immédia-
tement sous-jacente,1 mais dans les tuniques externe et moyenne
REVUE DE,PATHOLOGIE3NERVEUSE. 253
et; qu'elles;Sont sous la»dépendance,de[troubles.dans le fonc-,
tionnement,des,vasa-vasorum.yrrnf, ,SIIi,(fffvTJ 4r -m il; " ''R"
`, Puis, il arrive aux anéyrysmesmiliairesetexamineles diverses
théories proposées pour- expliquer, leur,, développement, ! sans
admettre complètement celle de Arndt,; qui- veut que l'anévrysmer
miliaire soit la lésion, primitive, et,il'athérome des artérioles.et
des, artères seulementf·une lésion secondaire, produitei par la
premiàre,l il, est porté à croire que, les (lésions débutent [par les-
capillaires, pour n'apparaître que plus tard sur, les,, artères; : et,r f
même,, il suppose que, l'hémorrhagie ne : survient que chez des
individus ayant -, déjà, une disposition générale aux,anévrysmes,
miliaires,.et chez lesquels lewirus syphilitique ne fait que déve-j
lopper cette, disposition.tn,éln5 8t S9jrfi JxrolTira .aaj[)T'(.mà1 1
L'hémorrhagie cérébrale de la période des accidents secon-;
daires survient dans les premiers temps de cette période (du ? t ' ," '1t)- t-ttt "fh ' tr.'ttt W 't ft ' ib ? l i 'c ? rc n . ' z
quatrième au douzième, mois .après 1 infection),, et, devient de
plus en plus rare/à mesure, que, le ( malade avance dans cette,
période secondaire; plus tard, il est vrai, on pourra voir dans la
période des ace id e t iair s 1 'l orr i* iaoie cérébrale se mon-,
trer de nouveau, mais, alors, ce n'est'plus dans les ganglions,
cérébraux qu'est son siège de prédilection, c'est dans la couche
corticale' (42;56 p ! 100). Les'récidivës'd'hémorrhagie'cérébrale
sont'très "aresl'dansl la' périôdé'sëéôndaire`(9'p ? 100),`tandis
qu'elles sont très fréquentes dans là'période tertiaire (32 p. 100).'
'Le maximum dé'fréquence deThémorrhagie cérébrale'dans'
la1' période' des ' accidents secôndâiréscorréspond;' d'après les'
rêlevés'dél'âizteùr,5en`rrioyénné"à"27'âris'et démi`1`Lhémis='
phère 'cérébral -'gauche se 'trouvé plus souvent atteint (4.'4;f45'
p'100)1 que le,droit"(1'6,6'7"p ? 1-100)-;fjl'aLlé'sio'n' siege'sur''les'
2 hémisphères alla fois'(38;88 p 100). - Enfiu, tout en Venant
compte de la plus grande fréüeÎ6'de la'-sy"pliilii'cez 1'liomme,
l'auteur trouve que Diémorrhagie "cérébrale est' sensiblement
plus fréquente'chez1 l'homme (73,33 p.e10Ô)j que' chez la'femme'
(26 , 6ï p . "100)rr r2rtu" 5 r t : r,tnx 1 s`t ? cc.W "u rmurap" 'j^nfin'-tn.'
r;3j'.t.)''t<f ? % "t't.4'tV ! ? 0[.HdtT ? t&J .nI ·s6,e 91t IrIytT,
·,v .ill·- If î p i-ivxlw 'r,mlm,l ? f'.fY' ? qf «k"1'»)
XII. Observation de..tumeurs MÉTASTATIQUES1A^LA BASE'DU'
. crâne; par Albert ROSENTHAL (de ? ,Warschau). (Zee'tsclarzf't
, fïir Ifl. IlTed., T. II', fasc. 3 : ) igivi , îl 1- hni-0 il
Mm nu b' il ' h(( .1 't9 ? ? r,id.tll 2r1 in Il 9tly '' 'j
r Chez un jeune homme · deldlx-huit ans; : portant, à la partie
supérieure du péroné gauche,, une tumeur de la grosseur d'une
g54 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
pomme, on trouva àl'autopsie, sur la base du crâne, une tumeur
de la grosseur d'un haricot près de la partie latérale gauche de
la protubérance, au niveau d'émergence du trijumeau; une
autre tumeur de la grosseur d'une prune sur le rocher, englo-
bant le ganglion de Gasser et le trijumeau, et comprimant le
sinus caverneux ainsi que l'oculo-moteur commun, du côté
gauche; une troisième tumeur de la grosseur d'un pois siégeait
au niveau.de l'orifice interne du conduit auditif, comprimant
les nerfs acoustique et facial.- Enfin, un nombre assez consi-
dérable de petites tumeurs analogues siégeaient dans la région
dorsale du rachis, et comprimaient plus ou moins fortement la
moelle, à ce niveau. . L'examen microscopique démontra que
toutes ces tumeurs étaient de nature sarcomateuse. Les symp-
tômes répondaient exactement à la compression des différents
nerfs. Ptosis, strabisme, paralysie et anesthésie faciale, altéra-
tions,de la papille, fonte purulente de la cornée, rougeur éry-
sipélateuse de la paupière et du front, etc...
L'auteur insiste sur ce point que les faits où la nature secon-
daire des tumeurs basilaires est bien authentique sont extrême-
ment rares, il en est de même pour les tumeurs développées
dans le tissu cellulaire périméningé du canal médullaire. Le
diagnostic avait pu être fait pendant la vie, grâce aux phéno-
mènes très nets de compression nerveuse. Ces tumeurs sont
survenues chez un jeune sujet, tous les autres cas observés
l'ont été sur'des malades d'un âge plus avancé. L'évolution des
néoplasmes (y compris celui du péroné) a été très rapide (deux
mois environ), elle s'est toujours accompagnée de poussées
inflammatoires. Enfin, l'auteur se demande si les troubles du
goût doivent être rapportés à la compression du trijumeau ou
à celle du facial, car la tumeur qui siégeait à l'orifice interne
du conduit auditif s'étendait peut-être jusqu'au niveau de
l'aqueduc de Fallope. P. M.
XIII. Note POUR SERVIR A L'ÉTIOLOGIE DES abcès DU cerveau ;
par Rudolf GNAUCK. (Arch. f. PSYCII. 2c. llTervezlc, 1880.)
^'observation qui fait l'objet de cette note concerne un offi-
cier supérieur, de cinquante ans,, indemne de tout antécédent
héréditaire ou pathologique ; chute de cheval il y a vingt ans,
n'ayant déterminé, nul accident immédiat ou consécutif. Les
premiers mois de la maladie qui nous occupe ne sont marqués
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 255
que par une perte notable dans l'activité du patient, qui se
désintéresse des questions qui le touchent de près et devient
en même temps plus absorbé. Bientôt, s'y joignent des oublis
impardonnables, des distractions choquantes, des fautes de
savoir-vivre inattendues, des accès fébriles accompagnés de
céphalalgie, toux, coryza, de l'incoordination dans les idées,
des illusions sensorielles, de l'incontinence d'urine, de la con-
fusion des personnes' qui lui sont chères, de l'amnésie totale
de ces événements personnels qui font époque dans la vie, de
la lenteur des mouvements, de l'incertitude dans la démarche,
de la gloutonnerie et des excitations sexuelles sans érection.
La parole devient traînante, bredouillante ; il se manifeste des
tremblements fibrillaires de la langue, et le malade prend l'as-
pect d'un homme étourdi et plongé dans l'apathie ; on constate
chez lui le signe de Romberg, sa démarche est oscillante. Peu
après, phénomènes de parésie gauche, vomissements spontanés
sans causes, difficultés de la déglutition, impossibilité de se
tenir debout. L'hébétude ne fait que croître. Enfin, à la suite
d'une paralysie complète du côté gauche accompagnée de con-
tracture de la tète à gauche et en haut, de parésie droite, d'in-
continence des matières, d'irrégularité du pouls, d'amaigrisse-
ment et de marasme, la mort arrive dans le sopor au milieu de
convulsions du tronc, répétées. Durée de l'affection : neuf mois.
Le diagnostic n'avait à hésiter qu'entre la paralysie progres-
sive des aliénés et une lésion cérébrale localisée. Si la première
trouvait ses arguments dans un stade prodromique de six mois
caractérisé par un affaiblissement psychique latent, dans son
début par des absences, de l'amnésie, des modifications du
caractère, dans des troubles de la parole et des attaques apo-
plectiformes, la rapidité de la marche (trois mois de période
d'état), l'absence de rémissions, l'apparition prompte de trou-
bles de la déglutition et de symptômes vésicaux, l'entrée en
scène brusque de l'apathie et de l'hébétude précédant les accès
apoplectiformes, l'intensité delà céphalalgie, la démarche bien
différente de celle des paralytiques, la paralysie se généralisant
à tout le côté gauche, y compris le cou, la bouche, la paupière
supérieure, le frontal, constituaient autant de signes en faveur
de l'existence d'un foyer dans d'hémisphère droit. L'autopsie
démontra la réalité des deux hypothèses : en même temps
qu'une méningite chronique de la pie-mère (épaissie et adhérente
à l'écorce), on constata un foyer purulent du lobe frontal droit,
356 REVUE DE''PATHOLOGIE'NERVEUSE'
de' dâfè'récéntë; ainsi`qû'eis'télriôiglïâient le ramollissement
corticallrouge-- péri-àmbian t'-et' l'itittr-ation'tïru'le-nté'd'el l'e-1
semble de la méninge (fusée). Il en résulte que les prodromes
signalés devaient être rapportés à l'inflammation chronique de
la pie-mère (tableau clinique de la démence paralytique du début) ;
sur celle-ci, sans cause appréciable ? s'était- greffée une" poussée
aiguë purulente de l'écorce cérébrale, expliquant les modifications
séméiologiques et l'exacerbation fébrile des trois derniers mois.
dIIGta%n'Tq ; 1 1 u' .8'-t n, 1 T, : I , i i P ? X.F J
rl 9'rl tnlli qij I· IJJ>ym ' ni. y, -li J,1 (j&1· '9`rrlYrt'
Ltt'uup il uf|i- -.J tu ? tur. ? ? fit /'ii8d' f· a9 Pd'q^f
XIV.' PARALYSIE LABIO-GLOSSO-PHARYNGÉE d'origine cérébrale
53'A1FOYER unilatéral'; par Kirchhoff. ATClt2v. "Psych : u
I lVervenkrank...' 1880.) ? i'1'1"^' ' ' · t r ''r r ' ? lïti-j t l
afil. 7'I(J.f,3 qu si h. W w ' 3^ t ? ruz r t if'4 li, tif
Un jeune menuisier,"de vingt-quatre ans, 'prenant un bain
froid le corps couvert de sueur ,'se sent soudain' en proie des
vertiges accompagnés d'une violente douleur dans la moitié
droitedu front, demouvements convulsifs desbrasetdesjambes,
erP même temps qu'il "perd la parole : déglutition ^impossible,
déviation de la face à gauche, salivation incessante. Ces plié-
nomènes s'amendent, puis disparaissent; mais, huit jours plus
tard, nouvel ictus vertigineux, nouveaux' troubles de la déglu-
tition'et de la parole. Cette fois* le'malade ne se relève pas et
présente' successivement une épiphorèse prononcée, surtout à
droite, de l'écoulement de salive, des signes de parésie buccale
des deux côtés,'de là paralysie 'de la 'langue et du voile, dû
palais, de l'orbiculaire des paupières'; l'articulation des labiales
et'des gutturales' est difficile; la déglutition n'est possible que
par la'flexion en arrière de la tête, les bras tremblent; inté-
grité de la sensibilité. De plus, il existe de l'insuffisance et du
rétrécissement mitral. Enfin, la'mort survient dans lecollapsus,
à la suite d'un dernier ictus ayant laissé après lui une hémi-
plégie gauche comprenant aussi la face. L'autopsie décèle un
foyer'de ramollissement ancien dans la capsule externe et le
noyau lenticulaire du côté droit auquel M. Kirchhoff attribue
la paralysie labio-glosso-pharyngée et la bilatéralité des symp-
tômes ; les fibres émanées d'un seul hémisphère étant, par un
hasard de développement ou de perfectionnement, chargées
dans l'espèce de la conductibilité physiologique et comman-
dant aux deux côtés'du corps. On rencontre- également un foyer
n
revue de, pathologie, nerveuse. 257 i
récent dans le corps strié droit en rapport avec l'oblitération
de l'artère sylvienne, ces, altérations expliquant l'hémiplégie
ultime. (... , , d P. K. < <
- . ,.a . , 7 , . , - T1
XV. DES phénomènes DE vertige dans LES lésions DE l'oreille ;
par,B. Baginsky. {Séance de l'Académie- des sciences de
. Berlaa, du 13 janvier 1881.)' w *> -^ -- " ,l '.
.t. ' ., ..i/ I ? 31 'uJJ)..i, . ? .. j 'O ? '
L'auteur a injecté différents liquides, sous des pressions
diverses, dans la caisse du tympan d'un grand nombre de
lapins, et a observé les faits suivants : Lorsque la quantité de
liquide.injecté.et la pression . sont suffisantes, il survient/du
nystagmus, et,une rotation, de] la tête, du côté où a,été,faite
l'injection, souvent aussi des mouvements de roulement et de
manège. Plus la pression est forte, plus la température des
liquides injectés est basse, plus leur action chimique est irri-
tante, plus aussi on voit les troubles nerveux qu'ils déterminent
prendre, de gi : vité. Lorsque 1 'injection est(faite dans les deux
oreilles, la mort survient le plus souvent. 1 1 . ?
L'auteur' admet que les liquides injectés parviennent au con-
tact immédiat du cerveau ; dans toutes les autopsiés, on trouve
la membrane de la fenêtre ronde déchirée, et, si on injecte des
liquides colorés, on peut les retrouver dans l'aqueduc du lima-
çon qui'lés conduit jusque dans la fosse jugulaire, au contact
du 'corps restiforrrié, tout près de la racine ascendante de la cin-
quième paire ; on sait que les excitations portées directement
sur cette région donnent lieu à des phénomènes analogues de
vertige. L'auteur refuse, absolument aux canaux demi-circu-
laires la' faculté qui leur est attribuée, par un grand nombre
d'auteurs, dé présider au sens de l'équilibre, et il rapporte tous
les troubles statiques observés à la suite de leur lésion à une
blessure concomitante du cerveau dans le point que nous avons
indiqué plus haut. · P. M.
XVI. DE l'influence DES VASO-MOTEURS SUR la PRODUCTION DE
CERTAINS TROUBLES FONCTIONNELS, AVEC QUELQUES REMARQUES
sur LE traitement; par F.-C. Atkinson (The Fractitioner,
février 1881, p. 81.) ? - 1
Certaines personnes sont'sujettes à une faiblesse naturelle
du système vaso-moteur, dont le docteur Hume a décrit, dans
17
258 REVUE de pathologie, nerveuse.
1- a zl, .2 Lrlntl W 11c'V.1u111 . ., J ·,uW
le Practitioner de juillet 1879, les traits caractéristiques. «, Ces
1 U Y1h ' 1 Y ·f'zL 11 l. ' IVyrL 1. ! 1
personnes, dit-il,,ont le regard humide et doux, la pupille dila-
"<Éiris"bleû,' la paüplèré sûperlëûré L systéme
tee, 1 iris bleu, la paupière supérieure tombante. Le système
nerveux est facilement troublé. Le système vasculaire est fai-
ble, atonique,, comme le, prouve l'irrégularité de leur sujet à
des palpitations et à une action tumultueuse à la moindre émo-
tion, le pouls petit et irrégulier, la tendance aux dilatations et
aux varicosités des veines, la congestion rapide aux'capillaires
à la suite d'exercices ou d'injections d'alcool. » D'après l'auteur,
les individus qui présentent ! cette, constitution sont;facilement
bouleversés par l'usage de l'alcool, par le tabac, par le] séjour
dans un climat chaud et humide et surtout par, le coït.
Le principal symptôme qu'ils accusent est une sensation dévide
au creux de l'estomac, delà céphalalgie, du vertige, une grande
irritabilité. Le sommeil est lourd et interrompu par, de fréquents
soubresauts, des spasmes musculaires. Au lever, le malade se
plaint de vertige et, d'étourdissement;^ la bouche est, sèche, et
mauvaise. Dans les cas graves, il lui semble qu'il est incapable de
prononcer correctement les mots quand il lit à haute voix,' ou
de, diriger ses doigts quand il. écrit, ou ses jambes quandilmar-
ché. Dans des, cas très graves, l'auteur a observé la perte com-
plète de la parole, dont la durée variait de une heure à deux ou
trois jours, d'autres fois, l'impotence, des bras, ou des jambes..
- Le traitement doit avoir pour but de régulariser la circulation
cérébrale ; l'auteur emploie .l'acide, cyanhydrique, le sirop de
lactophosphate de fer ? de petites doses de digitale ,et de noix
.vomique, le phosphore.- j,,t, - ? , CF., ^ 1
H»Mi- I . I il. ,1 , ». .
'T' ? t , ) i
XVII. UN cas DE PERTE complète ET prolongée DES sens DU GOUT
ET DE L'ODORAT; GUÉRISON RAPIDE PAR LE GALVANISME; par
r,A.-D. ROCIiWELL. (7'Ae)Ke'eaeco ? janv. 1881, p : 120.)
- V 1 %j41 · , ,l . 1 n ' > - ,
Une jeune femme avait perdu complètement le sens du pouls
depuis dix mois, à la suite d'une grippe ; deux nuits après, une
nouvelle attaque de grippe se termina par la perte de l'odorat.
'-Le courant galvanique était à'peine senti par la malade. Après
deux ou trois séances, le point métallique est distinctement perçu,
'et, 1 au , bout de 'quinze jours, les fonctions perdues étaient
- complètement' rétablies. ' ? o - - i ? C. T. <-
",qli .-it, 1. PJCT fil.1,tll Fb,i i ' PI.. ..i il
,t5 `1J'IU'It' yl9tqlfft4Fl ' LtUJ lClt i 1m kil- i si » .p FI
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 259
VT ? mrm" rj ' ' ? '. ' '-* ir*.a4>- 4. ^""),i «H ! " ol i««n>\<^T --\<\ ' i
AV111. jlRAITEMENTj DE L BEMIPLEGIE PAR LES AIMANTS ; par
m. 1 1. 1, e - t. · al Record. -New-York-" ·j n. ,
M..J. MORTON. (Thé médical Record.-New-York, janv. 18t31 ? 'jq'j \J t'I.t ? i "u 'ngi/' r m, i- ...,j ;.i (1 i W
°i J` G,.it;Il'J1'V 'l 1 ? J° if 44dii.i 111 lli 1t' II 1 71jv- i
£ Une femme, âgée' de ving-deux ans, avait eu une attaque
d'hémorragie cérébrale deux ans auparavant.1 Il était resté, une
grande' gêne des mouvements et'-ilne perte'presqilelcolnplète
de la'sensibilité du côté gauche. Le bras et la main gauche étaient
fléchis et n'étaient capables que de quelques petits mouvements.
Les orteils se fléchissaient en marchant' et elle ne pouvait' poser
le talon à terre. Un aimant fut placé sur la jambe et' un autre sur
le'bras. Ils furent'retirés au bout d'une heure. Il y éutun retour
rapide delà sensibilité qui; en' peu de temps, était complètement
rétablie. Les aimants'n'eurent'aucune-'action-sur lés'mouve-
ments; qui' furent améliorés par l'électricité ? G; T : JI-1-1 ? ? M'i4nm n 7 ? 't , j 1 ,J -1 niflr,c.ylf<rm
XIX. CAS' DE CHORËE LIMITEETCERTAINS GROUPES "DE MUSCLES';
XlX.J'Cis' DE CHOREE CERTAINS GROUPES DE MUSCLES;
q'pârFr : WARNER.'(iYled : 'Tzines arid Gazêttè,188t; t. I;p.`265 : )`
jtjtf n p r- n- - i.i . >'p ? Tr ? Momq
-"^L'auteur "rapporte trois'cas 'détériorée' partielle.-1 Dans lepre-
mier ? le spasme'est'limité aux muscles de' la face'/des oreilles
et "du1 voile1 'du' palais, * avec' troubles 'de `la- parole dans' le
second/5 les' secousses n'occupent que les muscles'du"tronc ! des
'épaules* et quelques muscles de la face; dans le troisième enfin,
'le spasme est localisé' à' la langue et' 'aux élévateurs et abais-
"seurs'de la mâchoire inférieure.'f bi : ` Vv'arner pense' que' l'on
peut déterminer des localisations cérébrales par les paralysies
limitées ; on peut également rechercher le siège de la lésion,
dans les cas de spasme limité, dans la chorée. Il est donc im-
portant de décrire en détail ces spasmes partiels. CH.TF.
- 'f,; 1 '4 )( lu
XX' HÉMIPLÉGIE ACCOMPAGNÉE D'APHASIE ET SUIVIE DE GUÉRISON;
par A. HEUsyE, de Saint-Louis. (The Alienist and Neurolo-
sU'gist.H Avril '1880.)"- "`f ,% 'rr ? ? 4 TP" ri inj
s"i- .- n . -o f f t i tf o ? .t "foq-jb
1 p-L interèt de cette observation,. que l'auteur rapporte. ! ? ! ex-
,.tenso, a surtout trait aux phénomènes prémonitoires de, l'attaque
apoplectique , , quit. ont pu être observés avec c détail pendant
june période de 13 jours, (céphalalgie persistante, (sensation de
pesanteur dans le côté droit, taches dans le champ,vistiel,-ten-
dance continuelle au sommeil, puis, tintements d'oreilles, nau-
sées, incohérence, pleurs et enfin coma). Hémiplégie droite et
260 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
aphasie (amnésie verbale). Deux mois et demi plus tard, retour
de la sensibilité puis de la motilité dans les membres paraly-
sés ; la malade qui, depuis le jour où elle est sortie du coma,
comprend parfaitement ce qu'on lui dit, commence à prononcer
quelques mots; au cinquième mois après l'attaque, elle parle
couramment; L'état mental est', satisfaisante sauf, une^extrême
facilité aux pleurs. .m J z n a >. d. : H. D 0. '
XXI. UN CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AIYOTROPHIQUE; par C. MOELI
(Archiv. ficr Psychiatrie uzzd lervezzkrankheiten , fasc. 3, 1880.)
...Observation avec autopsie. La, durée, de la maladie fut d'environ
trois ans, et demi, pas de phénomènes bulbaires; l'auteur fait, à pro-
pos de ce cas, une revue rapide des cas publiés antérieurement et des
opinions des auteur 1s 1s.u1r1ce.s'ujét. A(1 ? OfTi "™ ' 1 «a^-M.'101'
\., `· ? 1;W1 3-\ . AT/iy/OHtl viOTTT'iTtfjJ l 1 tit| 33 U ^5"-IK f-KIO
,nmy2 w>'/x vecvr`rtt·v' wlrt4y i^.c, 4r.c·,t\· ,r.. W.m... ,\ ? .
XXII. Mort subite par rupture d'un^vaisseau dans la région
cervicale DE la moelle; par Fred. PAYE.'(Tlae'Lancet, mars 1880,
+ -p. 445.) )fi f'r 'fi IV 'il, ! Jt ri 1 4-111J riz. -)I, tf'i a
Iau m 17 f 1' w.-ii, ? (, rr i 9ff1 4;,i|. ,t,y tfqati ? jmp L
,9-Une ! petite , fillei d'une, dizaine i- d'années, ayant toujours eu une
santé délicate, était sujette, des indispositions fréquentes,, pendant
lesquelles elle se plaignait,, de raideur,delalnuque,.dé ? louleurs,
parfois violentes, occupant la partie^ supérieure de l'épine et gênant t
les mouvements du bras gauche. Jamais elle n'avait vomi, n'avait
eu de convulsions ou d'attaques d'aucune sorte. JJn samedi, elle1 fit
une longue promenade,' le lendemain elle était soûffânte : ' Le lundi,
elle se'plaignit''dérouleur et dé`'râidëùr'dâns la'nuque' et- dans
l'épaule gauche; elle'refuse de manger;' Même état le mardi' et'le
mercredi ! Le'jeudi .matin,'elle semblait aller mieux ; à quatre heures,
après avoir été à la selle; elle mourut subitement. 1 1 '' 1
4oAutôpsie ? Pâsrdê trâce's7dê blessui·es ? rien dans l'abdomen, jta
'poitrine ? le' crâne',1 qui pût 'expliquer la mort : -Dans. la, moelle,' à la
►partie inférieure de la région cervicale, ion t trouve, une infiltration
(considérable-'de sang, et ? l, lalçoupe,i un"çaillotde,,la grosseur
d'une fève, la moelle tout autour, était ramollie -les enveloppes et
, était atteinte d'une maladie, chronique delà moelle qui donnait lieu
aux crises ériodi üés'dôrit ellë sëufiait;ét que la cause immédiate
i ,-«.' i j-.ii .[> ? ' ^-Tinin.in'rp.T rp rr rt, q ? t. t ? ....
de la mort a été la paralysie des muscles respiratoires par com-
pression brusque des origines des"nerfs ? phréniques'et'autres;'Le
'sang'prôvénait'd'uri'vaisseâulde`la moelle' rompu 'probablement
'dans un' effort pour'aller à la selle.' '>-"i< ? )m t. ; t ? C.,T. ,(l
t tl'fujf, 9 1 Itiol nlll'(frT4Jf)m)>91(r94rW 1fT fTv'1·y i nnl.i'- m i»
3* pl7yil rff9nn, j 'tt lflrfrTy9fnqq Ci <1 ! .it)i.ttr ? i< ? fT ? -,
.L`LtJ'3'JFr.IJ ! 170,IOIiTAY un '3,T7$I (
'tiJO,t9'I .btfit irl(1 tinsb te f<'ir xnsd (dkdrw 912dr1r11b' 912bitqb
-ifu.if.q "^idiTniri 3' .flr6 -jjihJon et 6 hirrq 53llrd'en.7a, .et &b
r.6tI100 ni. 9rf'IOé tas ili.t ne Tjjoj ei einqah mi> alvWii si bas
laonocro-rq s alIT6(17117`n .1 tif) uo irp 93 fiI9`P9JISt'IBf baaïqfnoa
91"bq J119 £ >npjsljj5 1 29'I`f R[0t" 8CII9(II(Ir : irj5 zaom C7LpIlIrp
$'REVUE4'DEf'PATHOLOGIE 3bMENTALEtQ3
u si « .8Yuat(] xub 3L11J8Ï 'i
LÎCIoM 3 tBq gBq,qORTOŸIar, iJiMt&I SBOHàjtlK 30 SA3 KU .Ii.Â
(088) 'J2ri ` Sf93595`3rt(0'C : rS(91P'7;1y1 SJStJr jSi)a1î39,,f2g. "ISJ -(f3S9'fl
1- o`F, tf't .f.ffr "t ? ? p.. T ? tf ? ? r- - ? rrh
IV. ETUDE de la PSYCHOLOGIE médicale ; les différents CBR ? CLES DE TROUBLES INTELLECTUELS ; - LES MALADIES NERVEUSES
MODERNES ; - L'ÉDUCATION DANS SES RAPPORTS AVEC LES MALA-
' ? ufc.iju ? eo.. ein.l. 01 ,
dies mentales ; par J. Grichton-drowne. (Ihe journal 0/
psycholoqical medicine and mental patholoqy. New séries, ? vol Vi, pârt 2,`p; 169). ,a ? ,8 *" ? m E.IeTYA3
,U81 . .... ' t" %M. >.^ i <* ' * t ? » T8l| , CJ.I30M j n B3 ! Vm3
La seule complexité de ce titre fait déjà prévoir qu'il ne s'agit
pas d'un mémoire 'ayant fia prétention rde'jtraitersàjfond; ! ces
Jdivers~sujets; cetravail n'est autre chose - en i effet -1 que.lle dis-
'côilrs, prononcé' paT'1 auteùr,r l'ouverture de la` section de
Jpsÿétologié`'dé31'Associ,tiôn`'fm'édicalë britanniqùé,I'àz Carri-
.t ? tt , f. " Ix u ')t.j slorlib6 *'ti''i<R's 'ii- ni> 'tû^rnivirom EOf ? a b t;9`'n c tT t 9^ ! 71 ITt1` - F. 9n v '1r. '1 afy '`r.·, rt * .,
,h,M. Cnchton-Browne sefehcite d abord de ce que le Conseil
iSuperieur^deducation, médicale, âitrepoLissé7lâ,rdem,aridéqûl : lui était faite .d'introduire, dans .les, examens p'oiir jles^djvers
grades médicaux.une épreuve, portantf.sur la. pathologie men-
tale ; la matière des examens est déjà bien assez vaste; la part
ique l'on .ferait à la patllologieamentale, serait, forcément^ trop
«.restreinte ; ..pour ce qui trait, à, la spécialité,; que constitue
^incontestablement la- médecine psychologique,'il.ne'faut-.pas
1 oublier que la spécialisation, quelle que soit la voie choisie, me
- ''doit' être qu'une différenciation' tardive,' et qu'elle' a tout- inté-
J rêt'à à s'appuyer *sur une solide et complète éducation' médicale
^ préalable. En revanche,' l'orateur applaudit'de tout'^coeur à la
création récente d'une section de psychologie au sein'dé l'Asso-
ociation médicale britannique. .p ? nun, .n ,,I,,aun : ) fl0lî f-a
iu^En effet, (les troubles, intellectuels et nerveux,prennent,çha-
que jour plus d'importance et de-fréquence ^l'auteur, les répar-
tirait volontiers entre trois cercles concentriques dont l'intérieur
comprendrait les aliénés proprement dits ; le moyen, les sujets
262 REVUE' DE ' PATHOLOGIE --MENTALE.
que l'on appelle' communément excentriques} tandis' ne
rieur'renfermerait les diverses névroses.1- Il s'en ' faut-' de ? beau-
coup1 'que cette délimitation' sôit rigoureuse, et'IVI. Crichton-
Browne estimé1 que le'sriûâiîces'qui les séparent'i'essemblent
plutôt/a des dégradations 'de tous'qu'à des oppositions'1 de cou-
lBurs',1' sàhs'^ compter 'que1 beaucoup 'de' sujets passent'aisé-
Atif , ,r ? t , , .
ment' d un cerclè à 1 autre, soit progressivement; soit régressi-
rveméht^' Il faut' reconnaître, -en outre,' que,' même.en dehors
'du'"cercle extérieur', 'du^'cercle' des 'névroses, nous-'voyons
's'augmenter le nombre des maladies indirectement nerveuses,
'c'est-à-dire' dé1 celles qui,' sans avoir leur siège dans'ie système
nervéûx,, sontcepëndânt placées d'une façon plus^ou moins
directe sous- sa dépendance fonctionnelle.
La cause de cet accroissement de fréquence n'est guère diffi-
2 cile, à : trouver; -elle réside, tout entière dans les conditions céré-
brales où nous place la viesociale de notre époque. L'intelli-
gence, dit Herbert Spencer, est ^adaptation .,( des ^ relations
externes; or, les relations externes se multiplient, se compli-
quent; dailutte.npour , Fexis tence0 devient,, de ? plus, en .plus
s aiguë; d'où l'augmentation et l'excès^des^appel^faits à l'activité
nerveuse,- et comme conséquence logique, les troubles nerveux
oprésents ou éventuels. »,i ,,q. /f ? ,r tir.,nJj(îqriif,o-ij.' In-ho-i
- "Celâ étalit; on conçoit que l'éducation,' qui n'est autre chose
qu'une-'préparation' à cette lutte pour l'existence, à cette adap-
tation'laborieuse et multiple des relations intérieures aux rela-
tions extérieures,' puisse .devenir ? au point., des vue,, qui ^nous
r' occûpe,` un danger ou une sauvegarde. Elle est un dangers
' le' fait* est' plus facile à signaler qu'à prévenir ? lorsqu'elle
'91 aboutitq au), surmenage, dû cerveau ? lorsqu'elle,, ne rtientlpas
ncpmpte'de l'harmonie' nécessaire' entre le développement intel-
nléctuel et'le développement-.physique ? rharmonie qui : net se
hromptjàmais sans 'qu'il ,en,, résulte, ides désordres : apprécia-
Ibles,'et à la réalisation,de laquelle,il faut sacrifier), toute, autre
2eonsidératiôn : IRfn .()n) q Te") le (li .1- an nl·Irlllr.qrl tg[ t
L'une des voies qui conduira'peut-être le -plus' sûrement à
9 cette' hàrmonie'noûs'est révélée par la' découverte récente des
Oceht'res''moteûrs1ët les recherches dont'ils ont été l'objet.'L'ora-
téûr entre Icldari's quelques"considérations sur 'le rôle''de ces
u cérit érs'dâns l'édücâtiôn'e sur la : dualité d'activité des-centres
nérveux,,actmté"defôiiction et '"activité1 de1 nutritiont» Le (fait
que ces centres , Idi4u'bri6 n6l les, e xecepas lû oveàa*blement,
REVUE, DE, PATHOLOGIE, .MENTALE. 263
1 1 IJ ? ' ' tus
ne-se développent.pas ;.le fait encore, plus, digne de remarque,
f- ,)j. ) i ' - ' ' ' 1 , À , 01,L)u 1b ilti 1 iïf.
qu'unefois développés ? ils-, ne, s atrophient pas. alors même
qu'ils sont soustraits à l'activité qui a assuré leur développe-
ment, ! ces faits, dit l'auteur, doiventjnous pénétrer, de la' néces-
sité, de faire l'éducation de chaque centre à la période naissante
de ce centre,, et le danger d'attendre que cette période soit pas-
sée. Ils donnent en même, temps^à l'éducation,.physique. une
signification, toute, nouvelle, et, à l'idée, ancienne, et d'ailleurs
-parfaitement exacte, que l'activité ? musculaire,,est une. source
de-i vigueur, et r de. santé physique, .il faut, désormais joindre
; l'idée nouvelle et. féconde que cette activité contribue, dans une
i-large mesure, au développement du cerveau et à ^'évolution de
l'intelligence. ? t'.r.). . ? 'R.^M/g",^
fi'td. c>t iii^i i^'n < ni-.rrj ? I .j. nimiM^», .m,, , , ,, vl ti (
Vj INFLUENCE DES maladies' aiguës SUR la genèse DES maladies
- I II MENTALES ; ;' par' le Dr 1 Emile KRAPELIN. (A ? Cltl*V. f.' Psych.
zr( ? tNer'vënlc ? t : XI;'1880.)'. ™ ' > ki* d"4p Il) ,Ha0j
-llqtllO'i 9K 'fTHlIquIlMT' 9. >H.-r,9Jy, t.).h') ? loi 2611Tn1X`a
su 'Voici ûri'lonâ'mémoire qui l'aide' d'une analyse critique
'basée principalement sur la' statistique^' dresse 1 le bilan de
* l'ensemble'1 des' questions'se'rattachant aux' délires i qui, pré-
cèdent, accompagnent ou suivent les affections aiguës-gvaste
"plan qui comprend' la totalité » des .accidents [cérébraux jpassa-
- 1gers ou persistants'en rapport avec telle ou telle maladie. rrp
- 1,,IbUn premier'fcliapitre,, qui devrait i porter le titre I'del,6 ? é-
ralités,' établit que,^.parmi cesfmanifestations, les,,unes, appar-
-tiennent à-l'évolution dui processus(et,;méritent,(qu'eÿles,se
^montrent à la période prodromique'ou durant,la * phase,pyré-
2 tique ? le nom-Ide, délires fébriles, bien. que beaucoup,,d'entre
'elles'émanent directement d'une infection.cLatprédisposition ? (hérédité, tempérament nerveux ? anémie -préalable, émotion ? violente 'antérieure),' le- sexei (masculin) et : l'âge,,(inférieur à
s'30 ans); joueraient bien un' certain rôle dans leur, genèse', dans
les proportions de 30 et 67 p. 100, mais les , deux éléments
b fièvre ou- infection en sont,, pour, M. |Kra3pelin,,les, agents, pro-
.-.vocateurs. L'hyperthermie, par,.l'excitationnbientôtrsüivié, : de
- dépression, qu'elle détermine-) dans les^centres, l'accélération
«(cardiaque (pouls fébrile) parjrhyperémie qu'elle, en gendre aux
mêmes lieux (témoins les sensations,- subjectives ? l'examen du
31,fond de l'oeil,,le') bienfait des saignées,,lla,,sÿmptomâtolôgio
,t,générale), l'action, irritante du,sang lsurchargéJ t dyiréé; 9çôn-
264-Ç, £ REVUE.- DE PATHOLOGIE MENTALE. ! .1
courent au même,résultat : ajoutons-y les stases- sanguines de'
la. période d'anergie cardiaque, bientôt, réalisée par.fla haute
température. A ce.moment, l'hypertrophie, l'anémie et l'oedème
du. cerveau, l'hyperustion.du tissu ? neryeux, et-1'adynamie
qui en,dérivefatalement(expériences,de,Wundt), contribuent)
à produire les .variétés psychopathiques. L'influence -spécifique
désinfection dépendrait peut- être, à, la fois de la,dyserasierdu-,
liquide sanguin (son oeuvre), à la fois de l'action, irritative du-,
ferment sur les cellules cérébrales et médullaires, à la fois de
la' localisation f directerdua poison9Jmorbide sùT les "orgânêset
leurs enveloppes (altérations* anatomiques) ? Quant aux-,CO"M ?
plications organiques telleslqu'éndocardites, péricarditès^etc ? 1
qûèj'de1 primé abord," l'auteur déclare incapablede produire'
seules 4lés manifestations psychiques ? leur' étude1 sera mieux'
côïnprisé aüx taiclésspééiâüx'`deTnôsôgrâplüe.`CëTtziris"sÿn='
drômes'vésaniques'apparaissent non'plus'à'1'acmé'des entités'
morbides;rmâis pendant là'Èhàsede4«lrémisioiÏ"du' co-m-plé-xui'
fébrile (chute souvent brusque de la température) ? de là ? les1 déno-
minations de déliieg'd'inaiiition',ld6èbllasüs qu'on leur a réàér-'
vées; ét l'expression dêschôses àsthénzques cye M. Kroepelin pro-'
pose ! Il pense;e'en`J efiet;'tqùè''lëür "pâthôgéniè'1 résidé" dans' dès'
troubles de lanutrition générale d'ordre anémique, dâns l'épuise'
ment' général du1 système* nerveùx'consécûtif à 1'llyperthriiê'l
et à-laccélération fébrile des échanges moléculaires,' sans' oublier'
lés propriétés (irritantes oûhécfobiôtiqùës ? ) dû poison zymotiqûe1
sur, l'élémetl histolocique." La 1 p'rédisposition occupe/pour ces'
dernières;'un'plus large cadre (36'p : 900);'pi'êsqüë tbut'entièrë' 1
dans' l'hérédité (80 p7 100) élle permét;'én`uné certaine mesurer
de concevoir là-plus grande' richesse des modalités psychiques'
de-' cette 'catégorie^ et''leûr'autono`mie' plus accentuée' qui les'
rapproché Fdes psychoses idiopathiques." Aussi,'1 ont-elles' 'une1
évolution' plus 'longue et deviennent-elles''parfois'* incurables,1
par suite de"là ésistancè "de Ild[dysti6pllié.' Quant à admettre
que cette causé puisse encore agir, comme agent névropâthiqué;'
des années après '-l'épuisement de' la maladie,'on ! hé''1 sàu-"
rait/'dit l'auteur," étendre son'infiuéncè au'delà de" quelques'
semaines,'de,quelques'mois au plus. irii il , ' '" Ut. ? i"c
ifr.m."1 ? ,'iin'ili|.T ? <-' ^ni.rl -1911,1 n o ">/> i bi r- , nit --tl-j
* A. Fièvre intermittente, , Elle (est la source, de symptômes,
psychiques de trois ordres, suivant la nature pernicieuse, larvée,
cachectique^ de l'élément,étiologique, qu'elle dégage. Dans toutes,
les formes, au reste, la répétition des accès semble, pour, ! 40 p.100;
REVUE 'DE PATHOLOGIE MENTALE ? 265"
des faits,' exercer la'plus forte influence, l'apparition et, l'inteni
site' du délirelétantl en rapport avec l'intoxication et non avec
l'ascension thermique.» La courbe de mortalité égale à peu près
celle'de `lamàladie génératrice et révèle le même âge moyen-1
(20 à 38 ans) chez 74'p ? 100 des patients ; elle nous apprend, en'
même temps'que si les accidents nerveux de la maladie recher-
chent'de'préférence l'enfance ? les 'psychoses yjsont'plus rares ·
que chez l'adulte. ,f r ? ? 4.' B à ' c'-i f ' c.,rwm- alur"
4 -')0< LI R ? I''llï9' ta 6 -il de 9') i i 9 Z9 'lip Trl9rT··(
t Les, formes pernicieuses, que l'auteur,considère comme, relent
vant de l'action commune, de, la, fièvre, et du poison, ne, sont)
autres que les, trois types de Colin,, Hertz, Griesinger, ( type,co;q
mateu'x ? j.cpnvulif ? délira.nt) auxquels, se rattachent en*
fait-, de lésions, jl'hyperémieetl'oedëme,,des centres (typerez,
mie,,rétin'ejie ? raremet ? n'év'ror611nite, constatées par Bou-j
clin 1,g.t chreiber pendant l'accès), les foyers pigmentaires de-,
l'écorce cérébrale,' etc., pârfois même, des.exsudats plastiques^
surlesinéninges.y : ,De la dernièreentité,,M.Irapelin rapproche-
la6'ycAoM, ? ? ! a/d; ? eMHe,classique, qui, ,pour tous, représente,
une, fièvre 1 intèrmitte 1n'te,, larvée.. Elle\ diffère, pour^lui, de 2 la.
formel é1é lirante, par, son, apyrexieycomplète · ou quasi, complète, f
par, sa marche, non plus continue ? mais périodique, cyclique,1
par la pureté,de ses^ intermittences totales, par, l'absence inva-;
riable de toute propension au,oollapsus;,unertelle séméiologie,
milite en, faveur de l'opinion toxhémique.VComposant,les, ? /3
des faitscolleétz,s ? elle.sévirait un peu moins sur, l'homme que
les formes pernicieuses(et appartiendrait aux types, quotidiens
(8P'.ioo),iere,s(4p. IOO)ou quartes (Hp. 100). La moitié des.
exemples présente le tableau d'une lypémanie exsultante, assez
semblable par les violences qu'elle déchaine aux périodes d'agi-,
tation,des .épileptiques^.d'ailleurs ? souventc(1 : ,3) précédé^
d'aura (Griffith,Çremer, ,Van Mons), elle est quelquefois asso-,
ci6e, à, des, crises ? tét.aniques, épilepiformes, (Hôsteriaiin). La
manie (mégalomanie avec, démence), la mélancolie,calme sont
signalées pour les, autres,, faits. Quant à.Ja stupeur, l'auteur-la
range dans la cachexie malarienne.. Le, diagnostic ne peut se
poser qu'en sachant que la.yésanie accompagne, suit ou, rem-
place un accès de fièvre, en recherchant les symptômes somati-
ques; associés en tenant compte de l'endémicité ;'en découvrant
les trois stades'autant que possible^ La durée ordinaire est de 4uâc
tre semaines ; pronostic presque absolument favorable ;'guérison
par la quinine. ou quelquefois'' spontanément;' ni la méningo-
266 REVUE9DE.·.PATHOLOGIE : IIiENTALE.
encéphalite du'lobe'frontal) (Strahl) ni la transformation de la
psychose étf. aliénation cohtinue'(Schrôder,, v. d. Kolk, et Gre-
singer) n'ont été observées par M : Kraepelin.-La cachexie mala-
rienne ne, serait) responsable que, d'un. très petit nombre de
troubles : psychiques; : lorrapport étiologique. allégué paroles
auteurs; ne- paraissant pas démontré- à M. Kroepelin ? A),Ia dys-
trophie il faudrait, selon-lui,- joindrelcomme' a-enti morbifique
une cause occasionelle, malheureusement inconnue; car sur six
guérisons'ou n'enregistre que deux cas imputables) la quinine
seule. La'marche est- toujours .continue; généralement absence
de prédisposition. Eclatant pendant la convalescence, ellenn'a
guère de type clinique favori ; l'analyse des cas épars, y com-
pris'les 'dix rassemblés paru l'auteur,r démontre 1 que le cadre
'entier de la'nosographie psychique'y, e-st. ièpésent6., Apyrexie
complète.' Toutes les lésions alléguées constituent autant d'hy-
'pthèsesPâthôgéillé indétérininablér'L'dürée;`oscillant`entre
n'uatre'semaines'et des années,' implique un pronostic assez
1- mim,ll IYI h bl Il ? 1, 1 t,t nln. I,.·' , n;v
,défavorable d'autant que la quinine n a, plus .une, action thera-
- peutique aussi fidèle, (deux cas de démence aiguë et de paralysie
,(générale.de longue, dûrée2malgréason, ingestion) ? On;, devra
néanmoins intervenir comme si l'on attendait du traitement
les effets ordinaires; tout emparant aux indications de l'anémie.
- Bjnno 3f ze`rD, rc,s n oo : , 1 Jf'i'jq -n. "' ul 4 ? , 'P.'K ? lB1
79f1Vt F 7a t 1 : .11" h 1 1 11 (i>«· U nr,·i n y.. u- ? ! -np - n L;flrlly
yn'1.r11D01 F ar , r. r. °.1>(. JibHo n-r.'i.-J . '1 IBIC- 91
,V][. Mysophobie; par ,W. r HAMhioND ? (Neurologaçal,. Contr bu-
SiBKRq )ft']'-))JR ? m- tions, -1879,' n ? I, p. 40.). q "l .ihlA-ii 6 je
,t4 8«.n-sioq ">s t-'VoJJt1 8 )'' nnim.,1 ? moi ^upbi'-i ae>'iU6rt T'ab
, Hammond décrit sous le nom de misô kôbzé uQOç, souillure
Bi''t ? «,l à ? 0 Allili r emu ? bt ? j) ? ht ? e.1.141 ? il 1
teta)o6o;crainte)un trouble mental qui aune grandeanalogieavec
u et epoboç crainte) un trouble mental qui aune grande analogie avec
Z1'afiection,,étûdiée,par,LégTând,du,,Sulë ' sous, le 1 nom de folie
- ,du doute avec délire, du toucher, ^mais qui en, diffère, par ce fait
- qu'il n'y a pas de ] sentiment) de .doute dans l'esprit du malade
-ni nécessairement une altération des sens du toucher : Ce n'est
as'unè'entit6 pathologique; c'est une simple variété du'groupe
qd'âffections'a.üquel appartiénnent' la pyromanié; la,' kleptomanie,
etc. Ce n est pas non plus une forme complète de folie, car les
(fin ? 011. nr\ L i : n iitoi'i ttft -il , Pr -y I)t Ilr; qn" 11, r 119-
malades conservent un certain degré de contrôle sur leurs ? j tt.un ' t r.l )n t. ! .. , v1 m ? 17 < b . Sm .mJ -...t...
Lactes, et,ont conscience de la fausseté de, leurs .conceptions. n
4a, crainte d'une, souillure imaginaire, est, levait caractéris-
-,tique de cet,étatl,morbide"tandisque"dans les observations
ède-Legrand(du Saule;.la,crainte de;toucher certains objets,' le
REVUE%DE,L PATHOLOGIE,- MENTALE. 267
besoin delse,laver.les- mains;lsont.seulementudestincidents
qu'explique le'doute continuel quildQminer l'esprit duimalade,
et ne' sont nullement en f, rapport ! avec .']'idée d'une . souillure.
fib Les dix cas sur lesquels ! - est fondéeuladescription^ de Ham-
mond ont été observés ' chez desfemlries.· Dans plusieurs;·la
mala.die'duraitl depuis : deuxvou trois ans, et- il, ne. semblait- y
avoir' aucune tendance au développement. d'un type plus grave
de dérangement mental. L'intelligence n'est nullement affaiblie
et les malades sont toujours en'état de reconnaître.l'absurdité
des idées qui les do minent : Voici une des observations.de Ham-
inonde ,·o,r ? rotrmrr ? s ,rbnsd .iitii+Llo3 noiJr.goqfibe'iq 9h
rnoo <tËq9 ? <)j haï ')<'Lpn ? t rrovr;t 'npinih iqv.t eh 9-i9n^
nMademoiselle F..., âgée de dix-huit s ans, (, vint . me consulter, au
1 de janvier. 1879. Dix-huit mois (auparavant, elle, avait passé
.une huit dans une ferme. -De retour, chez,, elle; elle.prit un bain et
.en coiffant sa chevelure .qu'elle .avait très longue, et très fournie,
, elle ,s'aperçut avec surprise et dégoût "qu'elle était pleine de poux.
'Elle avait toujours été ti ès soigneuse cle sa personne et -l'émotion
que eeprouvaà avue ces insectes4 fut des plus vives ? Malgré
aes'lavage's i-épétés5au'rsavon; à'1 l'aciderrphéhique et'àutrës' subs-
tances 'désinfectantes,' elle ne fut' pas<convaincue de lai destruction
'complète de la vermine, nn't ji- arnmoti rmtei anfûfrnj'.nn
,.Ce fut là le; point. de départ delà maladie.Peu'à peu,; ; l'idée s'en-
racina chez elle qu'elle ne pouvait échapper aux sources de conta-
mination qui l'entouraient. Elle prenait un soin particulier à éviter
les enfants, et ne permettait pas à^un enfant de la toucher ou
' rohe-d'ell. D - ? la iiie 7'èllè évitait -dvëc ? oiù)que p-e'reso'né
d'approcher d'elle. ans la 1 évitait avec soin 'que personne
ne la frôlât, de peurd : unlcontact'qui l'aurait salie. Elle passait
des heures chaque jour à examiner et à nettoyer ses peignes et
ses.brosses et n'était.point satisfaite qu'ils ne fussent parfaitement
^propres.' Elle se lavait les' mains plus de deux cents fois dans la
. p t t , r. " " 'J' , ,, , ? o..c ? i-tibl' ...,
`journée. Ellè ne touchait rien 'sans3 se''sentira irrésistiblement
'-poussée à ies'frottér ëtàlesJ sâvônnerGradùellénient;·l'idéë des
'poux s'était'éffàcée,'et, depuis] plusieurs' m'ois,')a crainte de'se salir
avait pris une plus large 5 extensionf Elle J ne-. pouvait d éfiùir'exac-
9tementlemaLeriesipollutionis; mais,elles'imaginaitqu'illexistait
; quelque chose, qui, 1 absorbé par les mains,ouipar uneautrejpartie
du, corps, pouvait lui être nuisible. L'idée gue ses vêtements, étaient
lavés et blanchis avec ceux d'autres personnes, était. pour elle, une
.cause'de grande anxiété ; mais elle ne voyait pas, de moyen pra-
tique d'éviter cette fâcheuse circonstance; cela ne là rendait'pas
moins' très malheureuse. Quand elle iie se'lâvâit, pas' les maiüs ou
- ii'examiiiaiL'p'as'se'biosseset',ses peignes,3 elle'passait'ie'reste du
Etemps à'inspecter ' chaque] pièce" de 'l'ameublement 'et' àll'épous-
sseter àlplusieurs reprises ? Sâ·vie n'était plus ! que trouMe;T anxiété
p : f .IfTY'·.11. aiuoaomAn aa ')a
268 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
t. jJ'. L, il . rm' yl· r, , £ » -il Bjff.pt = .Tl-r- ? MI)llTÎ'»1 rC 'a
et crainte perpétuelle. Son caractère avait changé ; toute, personne
et'tut'ééhoe'lui- étaiét'sàectes. fElle jétait deven1ue sujette à
l'insommie, à de fréquents maux de tête, à de l'inappétence. Elle
avait desbruits dans les oreilles; des flammes 'devant les yeux ; elle e
était incapable déconcentrer' son ? attentiou'sur'tout'autretobjet
que celui qui la dominait si complètement. En causant ave 1el é-,
je n'eus p%de. peine l'amener i- reconnaître) l'absurdité 'de ses
idées., Elle convenait 4u, lorsqu'elle réfléchissait, elle était convain-
cue de leur fausseté, mais qu'elle ne, pouvait cependant s'empêcher
d'agir comme' elle le faisait^car aussitôt qu'elle s'exposait ^quel-
que' cause'7dé, 'contamination ses idées' revenaient avec toute leur
force.t9 8` xsli^ J 't)01 q ie
sb alaJut noditiffmd bcur aliiiob '"t- au »0(>t .q SS dll
Hammonda traité tous ses malades de la même. façon,- par
les, purgatifs, .le bromure.de sodium,, de potassium, ou ,de cal-
ciulri. Chez tous la guérison's'est faite en, trois ou quatre mois :
M Vt f- -ist .i u `t·, s ? rtq,·.y(J'1rJ 11 (ltrl ( .`4 G : T. -,sI t1.··
s"4 s'»d 0)01 m 0" L'' Of itioq anus-t - mi-ç « -t ? p'u- J
,Y11. L'ÉPILEPSIE ALCOOLIQUE;.par'M : G : EcHEVERRIA.(7%eyOMr'-
eb )ji'jb ? < ? ` 12 sa m1' Xt) ,b ' y) · IU n -'i > ui< ^..J .iii ''"
Dans ce mémoire important, dont l'analyse est, bien;loin.de
remplacer la lecture, Fauteur, s'efforce de préciser, mieux qu'on
ne l'a fait jusqu'à)présent,les rapports, de l'alcoolisme avec
l'épilepsie; celle-ci, en effet, peut être,, soit, le résultat, soit la
cause des excès alcooliques ; enferrant de plus près le problème
étiologiqïïe, oh trouve que, l'alcoolisme ,mème quand il, agit
comme cause, est souvent favorisé par des circonstances adju-
vantes. Ne pouvant suivre M. Echeverria pas à pas dans ses
études et ses déductions statistiques, nous relevons seulement
,ici les données numériques lès,plus importantes ,. ? '
^ Lés recherches ont porté sur 572 malades, dont 307 hommes
et 265 femmes. On peut diviser ces malades( en trois, classes :
la première comprend 257 cas ( 1 li.0 liom mes, t 117 femmes),
dans lesquels l'épilepsie, été.manifestement consécutive à
l'alcoolisme; la secondé comprend 136 cas dans lesquels
l'épilepsie a été, lé résultat d'excès alcooliques associés taux
. ' ' *, lit# 1- di . 'i ... , 1 - ' ' si*- i L<
causes adjuvantes qui suivent : syphilis dans 67 cas (39 hommes
et 28 femmes) ; lésions traumatiques de la tête dans 42, cas, (31
hommes et 11 femmes); fièvre intermittente dans 2 cas (2
hommes); insolation dans 9 cas (7 hommes et 2 femmes); abus
1 tiloi ,. , - lit, Il 1 ., ., z
de la chique ? dans 1 cas (t homme)'; inquiétudes morales dans
l'hl. ? 1 , ,, , . , . il,le 1 6't ? ?
. 5 cas (5 hommes) ; la troisième comprend 189 cas ( ! '2 hommes
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 269
- 147 Xi
et 97 femmes) dans lesquels les excès de boisson ont été la
conséquence de l'épilépsieF qu'ils "ônt°d'ailleüi's`â leur tour con*-
tribué'àaMraver ? Jf`I ^zyJJ9f/8JJ2 rfIyIJ : JY LU ·1·Ufi'1 y tlU, ·'
,91* 1 - nl (T- . 1 f B ? f nit y 'SffT . t7· U'^`9t Evh si af·SSflU2Cm i
Lesrcherches faites, au point de,vue,de, l'hérédité et portant
toujours surlelmême nombre, de malades (572), ont-donné,les
résultats suivants : 3 jr^rneiMlqrrioo te ,rsnunub 61 up illi '" jup
as1° Chezz122 hommes (39,73=pIç100) et'cliéz'103rfémmês.
(38,18 p : '100);soit une prépôrtion'totale dé,(39=33 p'l'100); lâ
tare héréditaire a été rëcué'dirëctement''dês parents. ' 1l *'u JUÎ
- ! r ? l ? h-tf-.rr w4 1 7 , t .mt- 'lt;J .7W , t ,m , ·nff70', F9B j1 ? 2° intempérance des parents a produitjaj prédisposition à
l'épilepsie chez' 56 hommes (Ïg,2'p. 100),"e chez~43 femmes
(16,22 p. 100), ce qui donne une proportion totale de
17,30p ? t100 : ^nT ai .en eb.slsm sas auoj ,jlg.1j r banmmsH
' ' 3° L'intempéranèeldes parents,' associera l'épilepsie" où'à'la
foliée a<'été notée-chézc4.9 hôliimés'(15,96' p&100); etrchez15Ï
femmes (19,'24 p. 100); d'où une proportion totale de 17-48.
L'épilepsie des parents figure pour 39 (12,70 p. 100) chez les
hommes, , et pour, 42 ( 15,8+hp : r 100)f chez, les femmes;r ce . qui
donne, sur ce,point une proportion totale.de 15;73rp. 100.
4° En classant ensemble les deux catégories précédentes de
cas d'intempérance chez les'pâreiltst"ôm ôbtiéiltnüê proportion
de (0;10,p. 100)-pour les'hommes ! et'de (35;4.7 p 100)pôür
les femmes : (Proportion totale : 36,53 p."100. 4jp fi11L r1 ; pur
.ci 5° La folie'ou l'épilepsie 'des parents,1 en dehors de io'ûs"a'nté !
éédèrità' alcooliques;, a été'ntép ? liez""17'h'o"'m'm'e's'(3',53 p. 100)
Wf1 yÎt : I 4.f ryv·t .;ft) ,W 1
et'chez 9 ferrimes'(3,99fp. 100), ce qui'donne'comme pr'oporti'on
totale : ,5'N p ? 100. '
e,, I;e7l résültat"géiléral , de 1 énquêtet,étiologque, deM : c e-
verrià molitre que (1 intempérance a été la 'cause unique de
l'épilepsie alcoolique' dans 30,80·p.,100,des âs, mais que, "dans
le nombre bien plus considérable des autres cas, lés excès alcoo-
iiques ont été puissamment aidés par 1 hérédité ou d autres
causes'adjuvantes âècidéiitellès. ^^l'" . "™T -', 2
tj' W 1 m . Lrt1 T 4T1 ? r.'thn ? nff ? : 1 ? 1
Ces'divérsités étiologiques ne modifient pas d ailleurs le tvpe
clinique : dans la plupart des cas,, on rencontre, en- -- "âint à
clinique : dans la plupart des cas,on rencontre, en étudiant a
'mal.,ide, des'troubles cérébraux profonds ,dus soit'à à
1 héiédité; sôit à `dés lésitiii's encépliâliques âcéldëntellés (çëre-
braux de Lasègue) ' niais ! qu'il s'agisse d'unë épilepsie post-alcoo-
,. t r" r, i.l til'nt 1 7 . II rH ! ! W 1 t `rLL1111W 11
tique ou d un alcoolisme post-épileptique, les symptômes soma- ? ? ..w ? mnl ? l. ? "' ^ ,' V ' Iliil IIO'Jl 'l rH ( ? 1111n ? U -,Il
tiques et psychiques sont les mêmes. , ? r i ri, 1 1 ni .
Les lésions anatomiques se résument ainsi : : 'dégénères-
'fjmroT.ii KCi^bnHKt Dn9'u,inoo31noign>iJiu . ? jin-niii°l.f-'i' .
270' REVUEI : DÉ PATHOLOGIE MENTALE ?
cence graisseuse de' la névroglie, 1 dés cellules' et dêâ' vais~seaux
dans les couches corticales'etf la 'moelle allongée,"pouvant se
développer simultanément ? avec dépôts pigmentaires' dans' le'
sympathique, etparfoisTjusque dans les viscères thoraciquëset
abdominaux ; quelquefois, corpuscules amyloïdes abondants
dans les centres'- nerveux; 'héo'-membrahes''étëndùes''dè*Ia
dure-mère; dans la majorité des cas, lésions 'primitives des
méninges(-et troubles de la circulation cérébrale' donnant lieu
à- des infarctus locaux'et à1 des plaques ischémiquedues'à ? la
dégénérescence athéromateuse et'à l'obstruction des artères/
Les' sinus- et les veines du cerveau/1 et principalement lé sinus
longitudinal sont d'ordinaire épaissis, non pcrméables'et irrégu-
lièrement distendus. jj 1
Au point de vue séméiologique, les crises convulsives n'ont
rien de caractéristique ; on ne -peut pas, dire.non; plus que les
accès soient généralement uniques ; car, chez les malades atteints
de delirium tremens ou d'alcoolisme sub-aigu, ils sont multi-
ples et quelquefois sub-intrants. Les vertiges revêtent une
forme dangereuse, et les actes quelquefois, sauvages, dout-iils
s accompagnent ? paraissent- acomplisn âvec une, perversité
froide; le malade eni conserve, très souvent ? unr souvenir net :
Ces .vertiges raccompagnent toujours de troubles visuels, ! et
souvent d'une^, angoisse précordiale qui peut aller jusqu'à'revê-
tir les caractères de l'angine de poitrine.,t'. imun j,-t < z
,If Le fond'de l'oeil`peut,être normal,=ou présenter des' lésions
qui ne sont pas, toujours égales des deux côtés; ces lésions sont
habituellement de la congestion ou de l'oedème péri papillaire ;
plus tard, de l'atrophie du nerf optique. Les pupilles,- qui, au
moment des.vertiges, présentent souvent des alternatives très
brusqueside contraction et de dilatation, deviennent souvent
punctiformes chez les malades qui-se sont alcoolisés méthodi-
quement, sans habituellement atteindre l'ivresse. ' ..
et La tendance au suicide et1 à l'homicide est assurément plus
fréquente dans l'épilepsie' alcoolique que'dans l'épilepsie ordi-
naire ; mais ce caractère n'a, pas toute' la valeur diagnostique
que- kù attribue Legrand du' Saulle. 'L'excitation maniaque* et la
fureur qui succèdent aux attaqués convulsives sont analogues
à ce que l'on' observe-daus le' delirium' tremens. Le pouls est
mou,,rapideet dicrote ; dans la majorité des cas, la température
s'élève, et-lessueurs sont plus .ou moins abondantes;' l'urine
est rare, sa 'densité augmente' ; elle'est rarement albumineuse.
REVUE, DE PATHOLOGIE MENTALE. 271^
quelle ;que,soit sa nature,, est rarement, cura-,
ble; on, conçoit donc sans peine que, associera unetendancet
soit vicieuse, soit morbide, aussi difficile à détruire que l'intem..
perance,.elledéjque tout , traitement,. , Les rémissions ne, sont-
pas très rares;, mais, à peine en liberté, le malade reprend ses
habitudes alcooliques et les phénomènes, morbides reprennent,
toute leur intensité ? L'auteur s'est .efforcé de montrer que,)
dans la majorité des cas, une ! dégénérescence ou , un- trauma-
tisme du cerveau,, dans le sens le, plus large,de ces;mots, cons-
tituent les éléments essentiels^ de, l'épilepsie alcoolique ;, cela
étant, il n,'y, pas à s'étonner, que cette. forme de la .névrose
convulsive soit l'une des, plus dangereuses et. des moins-eu-
rables. ? tfl,k.R. DE M..C.n31l
,t(j. n r < ( ? h ,. - i' 3(mBLi.vqiiiqs. '< ifnniiA
VIII : Cas DE folie systématique 'aiguë primitive' WESPHAL ) ;
at par Max. BUCH' D'ISC'HFWSK. ('Az·ch ? f.r"Psÿcfa : M ? 7Ve ? 'ueKA.
~(-t XI) '' ,- ( il) anal 7r,1, f. vf^ -' yf«9'r ? tl`' 1°F, ql !
41.,i f ? , ^ t,a. 291 trns"'i·1 ir° 'olH ? T'lflif|- t9 a9tq
sI'L'observation longuement'détaillée du Dr Bùch'concerne'un
homme de vingt-sept ansj'scrofuleux1 (cicatrices),1 "sô'ûffrà'nt'dès'
longtemps de palpitations cardiaques', et ? depuis la'deuxième'ou
la troisième année'de la*vie;'d'une suppuration'de ille Gau-
che : Les (antécédents décèlent ne'lié7rédité'n'évro'p"athiq'üe"éi
psychopathique extrêmement accusée' du côté paternel et mater-
nel ; de huit à quatorze ans accès 6ë-cpi'7eM'e débutant' par
le bras, droit et n'entraînant la perte- de -connaissance'qu'au
moment où la. jambe se trouvé à son tour'prise'paroles côn-'
vulsions. Dans ces deux dernières années dyspnée datant d'une
pneumonie -et' parfois hallucinations,'notamment à la' suite
d'orgies, rares d'ailleurs ; il y a deux mois, oedème abdominal
et facial s'accompagnant d'une dyspnée pénible et 'de dépres-
sion morale. Impuissance;` spermatorrhée ! sans érections'ni
orgasme. C'est sur ce fond de mélancolie, i n'ayant i rien Jde
l'hypochondrie, et du reste assez habituelle au malade hanté
parties 1 soucis,, et les fatigues d'un-lolig; sûrnumérariat, que
vient brusquement, agir l'émotion d'une nomination imprévue;
le, surmenage du déplacement, de nuits d'insomnie, et d'une
installation nouvelle.ia ce. moment se produisent des hallu-
cinations de la vue, d'abord, agréables, qui ne tardent pas à se
transformer i en tableaux, désagréables,. accompagnés bientôt
de voix menaçantes et inquiétantes.. L'examen décèle une.per-'
i - ^ll/-1 X*-T1A t .rl tnm·r r -r .r., -r , ra'1 ',
272 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
yi 9h .-f.inn ? n *.j ? ) ? Ji'Ti ? 7 ? T ? t"i''j
foljrrAtti'o4hn tyllipanique 'o'nls'id61r$ab leld#eT-l' folreille gauche écoul1-1
1· 1 tympanique considérable de 1 oreille gauche (écorne-.
1*1 *. -iu...f,.l ? 11. ., ,, .ia.ll -' . "t
ment,, bourdonnements, etc.. il il démontre en outre que c est ,t1
, ? M.i'iin-iii.. .. ir'i ..i , m , > i- . I - .. i'i j- ? .. " j -C- ? l
cet o7,gane seut qui perçoit les hallucinations de 1 ouïe ; de plus,
Uti --1J ? t j il n ·1 vü I fiT . i· · i ? f nrW t v4, i 1 .
par instants, leqeres contractions fibrulaires et convulsions dans
les doiqts et le bras droits : Tout en ayant un peu conscience de
· n ', J fIW I · 1 Jn,n ? n·ylll; I f· -v 1 : 11'fIl) il·1 In viv · ,...ill 7'
son état, le malade, qui est parvenu, a prendre assez d'empire
-Ml- ? i i . -i- l a >>t' ->.. "'r > ,. " «I .1r(lj-iri"»'01. - "1- '"1", /j i
sur lui-même'pour'continuer Fexercice'de ses'fonctions'(de
sur lui-même pour continuer 1 exercice de ses lonctions (de
.ii.Hl. ? . il....x,' ,Rvli ? ' ...' ? .. -....... ',....
juger d instruction;, explique ces. phénomènes par une relation ? r)t i ' 't'' I,i "I ii,etf 4 ? tf ' 'l 1 ? ' ')il 1 ' - li
électrique établie entre ses cordes vocales et les agents' qui le
.li t , q·iiüf 'i 11..11 tt'tl ? 1 / : · ? " '. J, I<"4 'l ? rtr·
poursuivent (voix);, ceux-ci connaîtraient par ce moyen
..y[11/T ? 1f1 4 In v111'1 4t il 1) '4 Il 1
(téléphone, microphone, phonographe), sa pensée avant qu elle
ne fût'exprimée : ' il'avouer malgré'son - - -. -4t
ne fut exprimée : il avoue, maigre son expérience judiciaire, ? t'f't' ? TO ? 1' i .) ? '0 1, ? , . ")J TT ? . ,,
n avoir point pense au diagnostic d hallucinations. Un traite-
ment convenable de l'oreille (lavages astringents) ,'J l'ingestion
d'agents somnifères, l'électrisation galvanique lombo-pubienne
(symphyse)" 'dearrappareill génitàljri concurremment avec >le
traitement moral ! (explication dessymptômes, promenades,
travaux mécaniques déterminèrent une première amélioration.
Celle-ci fut complétée.par) l'application de;- courants continus
faibles*(deux.éléments de Stôhrer),-d'unercourte durée, (quel-
ques ; secondes), dirigés-td''abord,d'une'apopbyse.tmastoïde.ja.
l'autre (cathodeià gauche) ? puis de I;apoph yse imastoïd'gauch
àl,tub6rositéfroInD talc 4 opposée (anode )i ? le 1 Inalader recou-
vra l lel calme mental et physique pour la plus, grandei partie
des jours, et,des nuits. If)1 4lif ? 1, 'jivk 1TW'(111 (I ! 3
2tI ' ifl -tn- 11' k 1 .Fr '1' ? n'< ? ''rïi,' .1, ". rlmW ttf)ftnrt ?
Le Dr Buch rend l'otite moyenne diathesique responsable
l-Aix .r ? . \> .u-\. f un li,
ous es accidpntssigri Ne serait-ce pas elle, qui, chez
l'enfant, aurait entraîné une lésion de l'écorce cerébrale, hémi-
111 F4.1 f 1111ti,% ) il,') 1- ·' 1 ·W I ·1
,épllepsŸeçaractéristique)Idontlâ pSsychoserAn'ést,açtûellëîri'én
Il r 1. .11 Ct ? )) ? I ? \/.) ? -il 1,.t-
qu'un rappel ( convulsions fibnllaires du, coté droite hémi-
crânie fréquente gauche, - sensibilité du tact plus 'étendue' à
( 'lfr. l[1 4" vlli·.iW 'l' 11 lit - !
.droite, qu a gauche et même que normalement). L existence de
\'1 ? , ? i , ? "1 .11-11 111 t', , l 4, . 1. ff#
la dyspnée et celle des palpitations rapprochées des hallucina-
tiens seraient pour lui un garant de la lésion du nerf acoustique
pour ui un garan 1 wlm ... h ill·. W i. 1 1
(voisinage des noyaux de l'auditif, du centre respiratoire, du
centre' 'd'arrêt cardiaque dans le quatrième' ventricule). Les
- 'J % 1 1 : 4'I II ,il' . ? t ? ,"))) ? j ? tH, 1 rm ....'t' `
auteurs ayant déjà noté les relations' des affections auriculaires,
avec des hallucinations du même côté, 1VI. Bûclï crôit,quelqû en
,, -. , t; li. 11-1 lr ,I,i, 111,.IJ 1">- ? in - , . i,
soit le, mécanisme dans 1 espèce, que 1 otite gauche, ainsi que ? t ? t)i ? )'t ? i ? i) ? j''i ? f "
1 altération de 1 hémisphère cérébral qu elle a déterminée, a
Il, l'hémi-sp." cere ra lâ
transforme 1 évolution aiguë de la folie'systématique"en pro-
St h
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 273
...m. zu .txzm,turtny nu ; 1 ·,1. ! 1^ vi; L'
cessus chronique; -il en appelle à la disparition rapide de tous
les symptômes à l'exclusion des hallucinations unilatérales et
homonymes. L'amélioration'produite parle traitement local
et l'électrothérapie de 1 oreille malade démontrerait cette patbo-
genieM.Buch fait,en même tëlrips ressortir .que 'l'action
favorable doit être attribuée à" l'application et l'ouverture de
.j0.t\ ? - m 1 11f 't n. ? »'» ? .t-, "i y 11.'
la cathode ( obtenue par de très courtes séances ) du coté ma-
lâdé; i voilâ pour les hallucinations. La galvanisation céphalique
(cathode sur 1 âpopysé mastoïde;'gauche-ét anode sur le `frônt)
' r, ' r; , p pyse ? 41 ? T"Q... ... .........
aurait, elle, une influence hypnotique, puisque dans le cas
particulier à une période où le chloral'et la morphine étaient
in ...hV ? -,r iL ? ? h t H..H' ? IW 1. »- .,» ? 0'-i.. ,. . I
devenus impuissants , elle aurait provoque le sommeil ; celui-ci a
persisté depuis maigre- des crises parfois encore très-violentes
·WrJ.W' JA1 ? · i) jc.t.t.tt tf6 W IP. K. . ,
dhallucinations ? ,, , . P. K.
te "r) 1 ·I ' », ? ' 'ni t'1 h rl1 91 . t n I ,t u (lr · . (1., v ,( ! '1s
n 11...n1 ff ? 1 1 l1J111 tytly ,1 , .<'I,IJJt i --viot (i-t[(.p 3J,, i-r b
IX.1- Du délire aigu ;- par 1 le prof.1' FùRSTNER'(d'Heidelberg) : ? oni, )8ta'(, (Arch : f.t Psych. U. 1 ile ? ,vk., t : XL1) 'f) ? ) i
oi.jcii i.1 1 i- >1 tIt n t, In t,t It It,WyJHI) ? i» ! - j..n'/< ?
a Chez trois aliénés .atteints de manie et de mélancolie à formé
systématique, l'auteur a vu survenir du délire aigulcaractérisé
par l'hyperthernie, de 'l'agitation -musculaire avec incoordina-
tion (folie musculaire) et. des 1 crises (de convulsions toniques
et- cloniques; un collapsus mortel ^constitua en 1 deuxtcasi le
dénoument. Les altérations cadavériques frappantes ou spéciales
en rapport avec la gravité du syndrôme 1 sel résument'en' la
coloration sombre du sang rempli de filaments et de réticulums
ubrineux et la d 1é'g',é7'zeî-esce2cel cireuse (vitreuse) des muscles;
celle-ci était prononcée surtout dans les adducteurs,' le triceps
fémoral/ les droits de'l'abd omen, lé biceps,'le 'diaphragmé,' les
intercostaux, les muscles du 'cou. : infiltration du périm'ysium
par des cellules rondes. Intégrité du coeur. L'examen 'du tissu
musculaire de la troisième malade put être pratiqué dé' son
vivant à deux époques différentes ; lui ayant sectionné d'abord
un morceau du biceps' gauche (en plein ventre' du muscle), on
constatait que la période des contractions et raideurs tétaniques
excessives et prolongées coïncide avec l'altération granuleuse
'typique ('grosses' granulations) des fibres musculaires (dy's-
trophie) : un second examen pratiqué, par le même moyen,' un
mois plus tard, sur le muscle droit interne de' la cuisse,
'démontre la, même dégénérescence, mais plus étendue. A raison
'i îu' "" 1 "i ' rl 1 ? i 14 1, 1 Il...., 1 '.
de 1 hyperthermie brusque a courbes 'abruptes,, nui souvent
q . "}> > iiî.ji t.» -il- ..j au >...ijj-mv ;l ii»n11>»au,.\j
18
274 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
croît et décroît avec les exacerbation psychiques , de la réaction
spéciale du système musculaire, de, la, constitution du sang, de
la'tendance aux accidents du décubitus, de l'albuminurie égale-
ment notée, de lâ mârclïépernicieuse"le,professeur, Fürstner
conclut à l'entité du délire aigu, mais, comme syndrome.- lui
11-i --Il tLi )il - ' , n
refuse,' comme, aux, psychoses , d'ailleurs, même); aux plus
intenses,"un'substratum anatomique quelconque et n'admet
point son autonomie. L'intégrité absolue des centres, nerveux
danssebservations/rapprochée de l'inconstance des lésions
dans les autres faits, liridérnontre que, le délz"2,e (az*gu est, un
trouble fonctionnel pouvant survenir, en4quelqueyvésanie que ce
soit;1 qu'il' représente « un^mode, pathologique^ déterminé. de
la`'vâz : iâtion des , symptômes dans, les., Il affections, - centrales,)y
4éfiition' ! dé" chüle, i.1et Jelin ',Mais sa , symptomatologie
enseigner qu'à l'exemple de l'état de mal épileptique plus grave
qu'un' accès' isolé, il est plus sérieux que tout autre psychopa-
thle. ? 1. »r,M»- 7.^1..v,-Pr..i*;m.MJl,.ri si ? 9..t °.l.'
Il Quant aux lestons musculaires qui n ont été jusqu ici rencon-
trées que ' dans des maladies somatiques graves ( typhoïdes,,
infectieuses,' etc ? ), avant 'de rien spécifier sur leur origine, leur
valeur,1 leur pathogénie, M. b. pense 'èo. : nvi6ndrait de IA,
ft . r ? - ,* ? -*>,> ? , , .1111 UIJ . >ij\.i
rechercher en d'autres maladies mentales ou névroses capables
d'engendrer'comme ici des phénomènes convulsifs.et, de l'agi-
tation`mùsculaire étendns ? ? 1 " ? T))'T7'
tation'musculaire étendus. 1, ? P. K.f fJ 9b
triitici9ff4b JIIj· olW , (,11lI`'tull'n ILI 'Jl iln ItIlGlll ? 1 s-4-i ".a
XtIDELA,TH&ORIE,DES,HAILUCINATIONS;IparVlctor Kandinskt'
7"' de 'M " - '- (Arch. ? ycA. M/'7VeeH& ? t.'XI'.<) eIJ`uo
/ , ne-,de Moscou f.-tPsych. . «inuoJ
1 1c- 'r'l' "I n' ."»f.. ? 1· 5 1 » "W- -M. il-» ? i no».
, A- l'exemple . du professeur Lordat, (de Montpellier) t et du+
Dr Spàldin,- (de Berlin) pour l'aphasie, l'auteur relate les obsér=a
vatlonsLqû eut l'occasion de noter sur lui-même pendant une'
atteinte de monomanie exallée, accompagnée'd'hallucinations de',
la vue, du tact et de la sensibilité générale. il divise son affection
en deux périodes : la première, caractérisée par du délire intel-'k
lectuel'constituant une sorte de mélancolie raisonnée; '- la-' t
seconde', toute, dans l'apparition d'hallucinations, n'ayant au ? 1
cun rapport , représentatif avec, les conceptions -délirantes 78
D'abord convaincu de la. réalité de ses sensations pathologiques"
qu'il explique' par l'induction psychique (transmission en' son
cerveau des( manifestations-, intellectuelles et sensorielles des v
voisins), M. 1 ... ar-r" à peu à peu à les dominer au point'de
- lftl)JJ'tf1291· ! m ·JiWty 1 r`tOf'iiiCl l nY 'v ? 9rr ? 1°t.
l.It1'rSâ21 IJO.IUH'IA9 3u 3J1331 -fVi.
. a-, &1 517 , REVUE .DE.PATHOLOGIE^MENTALE. SIO'I : lyb J9 7n Î5
lI011Oii91 £ 1 in . eji-jj.iw. -q ^ ? ~~-~- <- tn.y
ne s'en servir que'cbmme distractions c'est à cet-effort sur lui-
même qu'il attribue la-persistance dé là vie mentale et sa guéri-
son ? au' moyen1' d'occupations 'intellectuelles ! A' mesure"que
rénaissaitt- l'activité (psycliique ? disp'a"raiss"aie'n't les ' hallucina-
tions. zVoiciiles'conclusions1 qui "résument" l'ensemble'de ses
remarqués : oupH"'>l ? P 'Jirpiu ? JiiU'Jb f11tf1F712U11c" llL .G4cl11df1
^,^-t ! , . v . ,, ? 4.hi 1 .mi MiuiiiB .-lu- ? 'r;> »q
1°'Les-° hallucinàtioris''ne sont'jamais 1 expression dune
suractivité de Jart sphère mentale ; elles proviennent au con-
traire de l'épuisement de ce département, c'est-à-dire de f"ééo"rëe
du' cerveau ? 3 La" période"61 de1 délire intellectuel" né"'coïncidé -,
pas,, en Il effet) avec -celle ''des3 hallucinations.0" Au "'moment "'du
réveil de l'activité'1 psychique,^ les ^ hallucinations^pâlissent et
disparaissent. Des 'occupations17 proportionnées, aux' forces du
* , y ? ' , J p i 1 ·I1"I4 t A.11) .JU" JG1J
malade', 'contril)'Liet 1 pndant la convalescence a supprimer
les hallucinations ? "* `'uT' gt'st j' ? uk» '*M " W"A ^ I
2° Les hallucinations se différencient des images nées/ du ? tn`. r rn gW .1J·, ·ovt uww· D a. ?
souvenir'-et tde'.l 1 imagination, si vives que -puissent être
ces dermèresf par leur caractère propre d objectivité. )pUqtto3'ni
I 3° Ce' souvenir et' la substance du délire intellectuel i n'exer ;
6entl qu'une très-faible influence , sur l'hallucination. ,-Bien-
. -*k . 1 1 l'i'^TArr ? c ., insu- ' Il I i ,. o ',*- - ' -
Pl s, chez- les, monomaiiiaques ou les aliénés, la représentation !
' 1 A . -1- 1 >i- *"" ? 411" r ,» - . L .
idéale qui émane de 1 imagination est loin.de pouvoir, toujours î
se transformer en hallucination.
4° Les hallucinations périphériques, celles qui dépendent de,
l'excitation Ides nerfs sensoriels') (tels les'éblouissements'tin
touins, photopsies, accompagnés d'hyperesthésie dés' organes)
sont plus simples que les hallucinations centrale dues à l'irri-
tation.des centres de perception ('hallucinations propres); Les
premières, quand elles .ont l'oeil, pour originee"ont souvent en
outre la propriété de décrire des cercles'et de suivre les mouve
ments,du globe oculaire (diagnostic différentiel ).' `` "' '"J'*1" k
i L'auteur a, de'plus,'depuis sa guérison, conservé là faculté de"
provoqueiwdes hallucinations visuelles; periphériqués ? oii`cén-
trales, en travaillant tard dans la nuit. Ëllesse'm6ntrent''au 1
moment précis où le somMe ? tarde' à venir réparer la fatigue du 2
système nerveux.' Mais,* pas plus'qu'aux spontanées, IrlŸ.i`n'âQ
réussi à leur imprimer- un-cachet, une formé en rapport avec le
modèle qu'il, se .proposait ; 'il peut simplement a son g ? é''diriger **
vers elles son attention'ou'au' contraire,1'én idétdùrner. De là--
cette dernière conclusion ` w uoq u ? 4 ' il, A «.' ,ibw<-.k>-
5° Le mécanisme et les conditions de production des hallucina-
276 REVUE3DE -^PATHOLOGIE MENTALE.
tions liÿpnôtiqûes sont les mêmes que pour celles de la frionoma-
rnié"exaltée.'5' I 911 9VrtSqt ? fI0ftlJf ! inimoo ^ T4'I311(21Tf1 IB'rpq n0
£ \ Lapathbgénie'qu'iP adopte est*» celle deq Meynert,Ipourfqui'
'les'c'6uches'corticales 'du cerveautolït : pour·fonction,Itouteen
rréprodnisantf'ë âssociantlles'conceptions,nd'arréteroles- exci-
"tâtidns^sans' objet1 des centres sensoriels'infracorticaux ()tuber-
hles'q'uadriju'iùeaux'en ce-qui concerne la,vue),ainsi3que les
iîritatiôris'subjeeti'vés'des autresiparties@dp ? l' écorce., 1 Cette, pro-
£ priété'3 étant' suppriiriée">par l'épui-gmentf, physiolooique,lèles 0
- perceptions issues de l'excitation spontanée des centres parvien-
' nent à la'connaissance; commences sensatiohsjne se différen-
7 cient'éri rien' de- celles d ? ori-,ihe'exteri-i ? le malade, voit'et croit
- à lâ réalité`de'cë qu'il voit. Désireux'de tenir compte de la décou-
verte des''centres corticaûx; M.sKandinskyaintroduit une modi-
s'fi.catibn.r,'A-[son0sens ? k m6canismende l'hallucination),, réside
id'ràllèl&în611t"da'nsllw diminution-dé l'activité cérébrale et. dans
''l'irritation' des 'centres sensôrielsr corticaux'I ouünfracorticaûx.
^L'influence morbide ('fluctuations 'circulatoires ! , oui- nutritives )
'éXCité' le centrel infracortical et' cette : dncitàtion' remonte, dans
1 ! k^' centre "- cortical dont'l'activité m'est plus r-régulariséet par
créco"rce ? L'excitation première'peut aussiprovenir,du;nerfelui-
s.linêrrie''oommér'da>ls`1'halluéinationl périphérique 1(1 hyperes-
ez tli'ésié ) : Maison aucun 'cas on, ne» saurait supposer l'inverse,
c'est-à-dire un courant centrifuge par excitation spontanée 'des
centres supérieurs^descendant aux foyers inférieurs. 1P K.
stnofijot .21 1 : 1 119 yl7qv(lq` t. 29196 1161 ni- af-runirn
9b `zJm3 2A6 9r ? TIIIq sl tt .ft1«. ( S'idiJtl ,IV01" cille, ? f.fR')
XI. DE l'albuminurie considérée, comme symptôme DE l'accès
i - lmm Jilll i
- qBfIID'I;PILEPSIE;,parrKLEUDGEN.,(AL'ÇIt. f ? Psye7t ? u. à i -) Né ? ,veelk., 1, f,
8ari3lt.,XL)rori q-'JWi t ? tq > udqin qh lirtntts qfjpij
r4·,u rro d at"r. n1 j., -rj)|f '[rnff
- sib Une séries de} recherches , instituées dans le double but de
.n$7 contrôlerj les méthodes d'analyse,, chimique, applicables à ce
- fucas, particulier, ? et gd'q' Side ? de, la..véracité,.d'allégations
cliniques contradictoires,.ont,permis`à, 1 auteur de ^ mettre en
évidence un procédé fidèle pour rechercher l'albumine. Il con-
a.rsiste-à à faire,subir, à l'urine les traitements suivants ? rT
.'\ .Apporter, à l'ébullition la liqueur,. préalablement filtrée après
un refroidissement de quelques] instants, ajouter un fort excès
d'acide nitrique (6 à 8 gouttes). n,,s ? ajouter un
" 1s JAu ! rîoût d'un' court repos; âdditiorid'unvblume.à`peu près
BIT`éâ'al d"iÏ;è'Ïbl'uti511'cérièentréé'd'e sulfato'de soude.na ? 8np
REVUE3DE : PATHOLOGIEMENTALB. 2T.7
- P ? Chauffe dé,nô'uveau et- laisser» reposer, de 16 à24,Ilieures;r
On devrait considérer comme démonstrative de la présence, de
il'albumine toute' opalescence.se manifestant sous, l'action de la
'chaleur. à,la suite de, ce, dernier, repos; à -fortiori, eh -serait-il de
même -pour, un'trouble évident dû au précipi6 dup ? §bsta,n,ce
- aniorphe ? ? '- C'est armé de ce mode d'examen, quel
s prit Jjses i observations » sur t. 57. épileptiques,;atteintssde2ette
- (n6vroe7depuis, des, années,et; sujets ài de très-fréquents,,accès
8 généralement cdmplets.\Touj,es causes.d'erreurs étant, écartées
'ou'.à'peu'jprès en- ce qui- concerne ; le, recueiL des t urines, d'im-
-'mixtion de liquides ou produits.vaginaux ou glanduleux f (hérria-
tities/ï leucocytes, aépithéliums) , rle,i moment de0 la ;rnktiqncpar
-^rapport au dernier accès ! (réactions .toujours .identiques, elles-
- iinêmes) Ill'auÉeur,est arrivé aux conclusions. suivantes, : {, 9,tT9r
9biR îojOn peut constater en toute urine des-traces d'albumine^dès
^queicette humeur possède un certain degré, de, concentration,.
.xm2° Il'n'estjpas rare ! du) tout) d'observer,. de,. faibleslau-menta-
(·tionsspériodiques duucontenualbumineux"bienqu;il,ln,ese
si manifeste pas) d'accroissement 1 concomitant,)« dulrpoids ? spé-
Gi6quede l'urine. Onnn'estfjpointffen droit, de ,considérer
- Lcettefhyperalbuminurie comme,,un.signe;d'affection,r,gnale.
- 21"( 3° L'urine évacuée à la suite d'un accès d'épilepsie ne présente
-9 aucune particularité i ni dans sesjréaçtiojis ni, dans son^degré
3 ? de concentration.tfon'rBq 9uîrTttloa tnj[.uf< 00 9TIU,é·,tav·.
24° Il est i très rarel de constater, une exagération, de.I l'albu-
minurie du fait d'un accès d'épilepsie. En ce cas, toujours
faible, elle provient chez l'homme, dans la pluralité des faits, de
, ascrIITmixtlôn a 1 u;in'e, de,spérme.foo afinumi-TtiaiA jaOE IX
' 5°Je n'ai observé^ de cylindres urinifères que chezunépilep-
tique atteint de néphrite; pareille excrétion n'eutld'ailleurs
9b jamais lieu à la suite d'un accès.
"'6° Par conséquent il est imp6ssible'de''fairesservir'aù dia-
9` gnosticmedical ou'médico-légal l'augmentation d'albumine ren-
8Û' contrée dans l'urine J lâ,sûitérdés accès épileptiqùes; à 1'en-
n9 contré dé 'ce qu'on' plusieurs fois prétendu7fîr ? (1- "51 P., K,
- noj li .NIIIf(7ritl t i .rfi-iHrb-ir r >tH)t1 91')1)rt 91 mi/j un H`rtI9111V
XII. DE DE L HYOSCYAriINErCHEZ;LES
ALIL et'les11 épileptiqùes; par- C ? REiNHARD.1'(.ArcA. f.
&3m I^cl'ï ù ? Weïvenk.\H3 : 'XL) ! ,V-f>»l' ' «Ioa ? zrhtoüaT au
.tdSJtu' 8 9' iinuiiia ahnr. b ? 9nt[ li L'essaii embrasse 27 malades,.dont 15, aliénés et,1121pilepti-
qùes en proie, eux. aussi, à l'aliénation caractéristique. Leprin-
278' REVUE 'DE PATHOLOGIE MENTALE. !
cipe actif,. amorphe,' solubkf dans l'eau-, injectérsous carpeau à»
la doser,de-uhimillig ? paLchaque'intervention (0,05.par.5fgr.'
d'eau), déterminait, toujours au bout de-deux ou trois minutes
de la- fréquence du pouls et de la mydriase. Deux ou.jt.rois injec-t
tions produisaient réguligreinent de la sécheresse bûçcqpliaryï'1
gienne,,de l'hypérémie faciale et; cutanée, jde la, conjonctivite,
desjpurmillements etjde.l'engourdissement;'dans .les pieds, et(
les mains. Les effets les plus. tenaces comme, durée furent, par,
ordre- de -.décroissance, la, mydriase,, ks,troubks moteurs, les
troubles sensitifs, .les symptômes circulatoires ? les .manifesta-
tatiMis, psychp-jcerébrales. Une statistique t des, phénomène^
. z .r, , ? .
pharmaco,-dynamiques et thérapeutiques énumère d'ailleurs les
résultats obtenus; -.retenon^en ? pour,, ce quiestfdu ^derniej,
point, qu'enK8, 8 ça d'aliéna,tion dediYers.ordres( paralysie
7...
générak , démençe^énikj manie) péripdiquepT ? foliesys.
tématique,r,dej, l'adolescence ), , Jjhyoscyamine ^calma^'agita^
tion et abrégea. la marche du svmptôme ? même. observation à
l'égard de la fureur, maniaque de cinqépikptique^chez qui, elle
diminua le, nombre et Untensité des accès. 3-Faut-il attribuer,
ces .bienfaits aux, modifications que,.s%mbIe)éprpuYer Je.pguls
sous l'influence de l'hyoscyamihe^ concentration augmenta-
tion de tension, ) M. R... parait incliner appareille explication;
Quoiqu'il en <,soit, , l'ensemble j des-effets,, produits parl'hyos- :
cyamine implique son, rej.et dans le. cas d'affectionsjiardiaques,
vasculaires, pulmonaires. a ej, ,1l>q .,t.,j. J)q' , )P ? K-ja
83rhB((rItOJ3A J11311TW 6;4 lrrr71 tl6rrl t'tiq» w^^-uvr aJ°H
7TTTT' T. nTTr\*)rlonrl 4. in .. -M 1 o 4c.«--... ' . ^ -(,-^rr ->» -.+» ? ? t.
XIII. DU PCIDS DES ÉPILEPTIQUES EN 'TANT QUE'SIGNE OBJECTIF
DE LA maladie paT Pânl'KôwâiW vsKŸ.r(ArCh. f. PSyCh9ru^
suNetven7c ? zt ? XI : )'° IT nu rr5 ttq9ox9 ,rr«namtl,a 4h ? avri e
.atsqauqa Lt ? ? s-tvi ! e T9f'.)Mno'j jub uo ,zÎ'JLJ9cnoa payais
Les conclusions, qui vont suivre ont eu pour base cinq ob- ? "> : . rriii|-<t ," il ? 7(40(1 .Tr.it, , T-}rf ? h r .7nl)Trrr rc l -».,i-, ^,ir.,^
servations relatées au cours de ce mémoire. Les malades^en
»fl» ? I I»- oi ? ril. 1 n'. tr. tn 1 · `r 4 ? "1 -,♦ ?
question menaient un genre de vie identique : mêmes 'heures
et riiêlrié dûréé dû sInmeil,·'règlementrdë'1 alimentatiôn exâte=
ment pondérée en, quantités égales pour chacun, suppression
pour tous de travaux de torées, défécation aux mêmes instants
de la journée ? On les pesaitchaque jour trois heures^'àprès1 là
collation'du matin1, ce'qiii 'mettait a'us'si' un' intervalle' 'de 'trois
heures avant le repas suivant. Tout malade qui venait''d'avoir
un accès était de nouveau pesé quand cet accident se .produisait
peu de- temps"- après ;qu'on"veiiait. de prendre < sompoidsl' C'est
REVUE'DE PATHOLOGIE MENTALE ? 37.9.
en se; conformant à de semblables errements que M. K. se croit,
en droit d'émettre'(numération décimale) ces' conclusions ? 7;I
""là Chez tous les' épileptiques/ quelle, que 'solfia ' forme de'
1'61lepsie, 1 e 1 poids -, (1 du corps décroit'a-près chaque accès ?
2° ette perte de poids n'est'point uniforme'dans tous les cas;'
ellé'dépend'de la''durée'de la' maladie 'et 'de ll'intensité1"' de
l'âccès ? 3° Lésfaits' d'épilépsie de longue date- dans lesquels'
l'organisme 'est 'déjà'parvenu 'à1 s'adapter aux-J accès d'ailleurs'
très- requents ? bé iiiâniféstentqà'ulïe diminution de poids très=
liïnitéé`( là 2 livres le, Les- malades dônt'l'épilepsié' est'
récente,'1 chez qui le'début des accès encore'assez rares ne '-date'
pp-s 'de'loin, presentent u-'n-e ? ê-rte-'dè- poids' assez --considérable'
(3 à'13 livres).' ='S° Uné'série'd'accès entraine'une diminuez
t 'd ? oids prononcée; mais c'est a la'suite'du premier accès'
que' celle-ci est le plus forte; la déchéance pondérale qui succède;
au ^second n'étant'-pasvaccentuéé. 6° L'état1 de- mal," cara'-i
ctérisé'par la.'succession'de 5là 20 accèsl'daris les'vingt-quatre
heures.'1 ént'raîne'Taù1 total'une perte de' poidstrèsconsidérablé'
(elle'pëut atteindre 15 livres), j mais* qui n'est que -"minime par
rapport à àhaque accès en particulier.1' Si l'état'de mal persiste'
deux jours, la perte- de^ poids est'moindre le second jour'; elle
varié entremet'5'livres'dan's les vingt-quatre heures ? 7° Les
convulsions épileptiquesj'(grand Inal), qui représentent' toutes
les formes d'épilépsie motrice Fét1'so*màtiqùes') ''sont ' celles qui
entraînent la plus grande perte de poids : on à noté- 12 livres.'
8° Les vertiges (petit mal) sont également accompagnes
d'uneperte de,, poids : seulement,elle,y est beaucoup moindre
nue, dans les cas précédents : , d'habitude,. oh ne note que 2 à à
que,dans 1 s cas précédents : ,d'habitude ? on'ne note que 2 a
5 livres de diminution, excepté en un fait où, àla suite de deux
accès consécutifs, on dut consigner 9 livres. 9° L'épilepsie,
quand, elle , entrainedes, manifestations,, mentales, (épilepsie
psychique), produit( une déperdition,, pondérale, toujours très
forte qui.dépend .de, l'intensité et, de, la durée, de , l'accès.'
Cette déchéance, comporte. ,parfq : LS 1e', .quarto du ? pids total
dû · côrDs. - 10° La, restitution .pondérale^ se,, montre ,très-
W·lér : LI1.1 Ilu .1 J ' ? ...tt. -r " Jji.u V . ,V. i ,.41..., 41..il
promptement"après"l'accès.l, j, 1l;iLa ? lémonstratôn,`des
oscillations' pondérales , ne^ peut, émaner, que, de,, la, notation
quotidienne des pesées et pendant l'accès et dans, les intervalles
des'accè 1 ? -I- "Il «4.1 J." ? 1" ? là -1 |J.,I11J j
,119J l111· 71W ILIlI JilUl miLtlfll9 2JCf 7'f 9l,`117,vf'Pl9ff
Ju Supposant queda pathogénieide ce genre de phénomènes est
probablement en rapport avec.un excès- de désassimilation au;
280 RÉvÛe°De'T PATHOLOGIE7 MENTALE .
quel doivëntco'nc({urir''l'ih'somhiel'ina'Dpétence et toutes les
Ifr-HTÏ ? .f'"T«,<.n- ? tT /1t ? <r. ? ,. ,) t
' ? neqcrQitpoint ! qu'ôn puîssëlba'serRsufr,'eux*Jk'5 diagnostic'1"- délia
*-r'éalité''ou',déflà simulation''de 1`a maladie.3- RienR de- plus facile
- ' n éffét3qûé él'ilifliâër at'sohr"économie'-luné perte'de' poids^au
8mo^nrdu;défaTit'dènoùrrituféf d'un excès" d'excrétions provo-
quées, lé 1`exââerattoît des`fatïguës`ÿ"èomprislles contractions
'muscula.ires°simulées ? On ne saurait d'ailleurs spécifier le méca-
Hnisme ? ni' le 'système organiquc'pa.r la vôie''desquels's'é5'ectue-
^rait-ce'surménage1.™01 set P 1 tfiemp)K ?
2191rp291 -iiroq f4 aiioitibnoi se» anjr.h rvvT9zrln 2ft1n1rr9rl;11J0006 f,
JII91sfàzzoq gàn-URQvuon zob ,szns5rrc,b zsq Ji619 n WrnieJBq 6)
r.XI'V.U PRÉDISPOSITION, HÉRÉDITAIRE ETh PARALYSIE^ PROPRESSIVE
jb ! : -des aliénés ? parj E^MENDELy (A ? ^/«.i ? ^î/ç/iy u : Ner.venk.,
1880 : )' z31S3 seb a91d jijsnnoo rr9 no ,siipi,tYk'i £ q animal
La statistique sur laquelle argumente le Mendel semble
démontrer que'dans la'paralysie, progressive' 1 hérédité' ne'joue
pas un'rôle aussi iconsidéràblé)'q'uè ? dàns,ks\psycliopathies pri-
maires considérées ensemble (mélancolie, manie, monomanie);
la proportion qui, pour 'le- premier groupe,"atteint 34 8 p .1100,
' fldépas's'e15'6rp ? 11po')à"régard du' second-/ Signalons- sur 6 '("cas-de
dêlliénce paralvtlque, héréditaire' "laK mention ;,dé l'apoplexie
eb éerélrrale^ 1jG',fd,is , p'àrmP'lés' parents;' l'influence maternelle,
9 sans être Vissi^ëlevée "qûe'lé'veukrit^Ullriclfet 'Jung (Zeitsch.
zu f : 6Psyéh ? Iit9î3 ? 18ï8);r`'sâns s"é'clliffrér' par' le'rrappôrt,vde
' 39'p.lo8'est'Mle'véë'14;fois,'et,'l'apoplexie chez 'la'mère'iigure
pour 6 ? cas ? IjÉT paralysi'é'geiiêfàk'1 dë'ê ' individus' éiita'chés''d'hé-
rédïté' présente' lés' formes 'lés plus diverses exàctement comme
n'chez^lés,tsujéts'I'in'dèmnes "de ^'transmission ''ataviqùe.k-'Le
Dr`IVTendel a`aüssi trouvé dës éxéïriples7de`'marché rapide : dans
'lesas'uiou6'ccupent ? il rapporte précisément une obser-
( vation de ménmgo-periencephalite duhise,"caractérisee-par'de
la mélancolie, hypochondriaque, qui aboutit à la''mort'eri-neuf
mois; deux autres malades 'succombèrent 'i un1 en- deux* ans,
^l'autre én'trois1 'ans et' demi ? ' Ce^soht'1 là' trois types^cliniques
f »1t`.p rl nfr'nn ? n ? )itmT,FT ? 1 ruz
aussiremarquables par 1 action de'l hérédité'que par l'absence
absoî'ue"de rémission au 'cours 'de'là vésanie.'Et''cependant les
V remissions paraissent de- beaucoup plusMiréquentesT dans' la
paralysie générale héréditaire ; 'sur 16 'cas' de disparition' des
-
'zrphénomeriesrmôrbides pendant" un' laps déHemps considérable,
M.12 ? râ nté 10 foi's 1 héréditév`dé=la psychbse ? "tandis que la
z
,·REVUEyDEIPATHOLOGIE;DZENTALE. u21
c proportion des. rémissions «par, rapport.au, nombre, .total des
1 4 ? I ? . 41....K. Il, .1ml , j.u'/lin IWIIII
i paralytiques; serait de,3fi·,8 : p ? 100,;rI11 sém)3lérâit,,egâlé mént
, découler àe, es études que la paralysie générale héréditaire, si
, elle dure longtemps, atteint de bonne heure les, individus mie-
iinacés (au-dessous de 30, ans). Lauteur faitjressprtiren.termi-
- nant, combien- il, serait ,à, désirer, qu ! on se .rendit compte de
s révolution de |la, progéniture engendrée par les pères paraly-
,tiques pendant la période d'état,de, l'afFection ? é serâitlvidéy-
mentik-véritable moyeni d'apprécier kj mode, de transmission
de l'élément névropathique et les formes qu'il, revête. Sur
5 accouchements observés dans ces conditions et pour lesquels
la paternité n'était pas douteuse, 4.des nouveau-nés possédaient
d dês3a-p'p-ârén-c-e-s--n'oi-r-nalés ? onrùe" lès a'(pas@ suivis; plus-/ loin.
- Quant à là conception,^ à' la1 grossesse, a la parturition chez la
femme paralytique, on en connaît bien des faits. P.1);K
ldrne2 l9hn^1J °Q-af 9tn9rcrtln·IS slleirpr- ".= nr»,jrrRi ? hj
, 1 XV., LA philosophie de l'absurde ; parB. F. C. COSTELLOE. (The
- ? q ,'q)r<otH'MoH : eH<aJxe ! 6Hce, janyiel881, p. 520) ? 1)
-i-'q p^iti* journal of mental sczeŸZCe, janvierf,1881, p. 520) ? i.q
afrrrnDrTr f,mr.,n )ilooiriil;irn> aidm'iar^ >9âif» ? f-Huo; pr iem
OUt L'auteur part de ce point de vue que, l'absurde,, soit dans. la
.tierce; soit dans dans la Jolie, consiste(simplement
rti dans, une bizarre, association des idées. Une idçe quelconque en
)6veillen.une,in6nité) d'autres, créant ainsi des associations qui
sont parfois, de pur hasard. L'homme sain d'esprit.et à l'état de
il,veille exerce un contrôle. sur ce monde de suggestions ;. il a sur
elles unpouvoli,d'inbibition ? ou,,inléux d'attentloq, 61 tive,
'.grâce auquel iliécartaksjidées inutilés ? suppriiné, les ? ssocla-
,, tions déraisonnables et marche sans entraves vers son but,men-
,jtal. Les. gens , qui, ! ou par organisation, s'aban-
des excentriques ; ceux qui par suite de, lésions, ou de vices orga-
- 1 niques sont dépourvus du pouvoir d'exercer 1 attention sélective,
X , x x j.^. j |jju-jw u i-mii m 'U il<Mit<V
'tlnsont dessous. , r, ilr.Tll, ? ·ylJTlfil'Iinr(rrllW llVlr r,lrl, 'Tr : lfT1
Les différences, toutefois, sont nombreuses ; il y a des hommes
acquêt certaines associations inusitées ? d'idéés frâppënt avec, une ? force particulière; tels sont les hommes de génie,, les, poètes, et
. c'est en,ce sens au on pu.dire,que le génie, est voisin de, la
i folie ; mais. la, différence reste, capitale, puisque, dans^ un cas,
-J'équilibre mental subsiste, tandis que dans l'autre, il est détruit.
9 : =, Dans un autre ordre d'idées, un.calembour, un trait esprit,
1 ne sont autres que des associations bizarres et imprévues d idées.
282. REVUE --DE' PATHOLOGIE, MENTALE. !
rLes enfants associent, volontiers desjidées disparates, sans en ! t
ôtre,.choqués;,et cela-itient'à ce que l'expérience ne' : leur a''pas
suffisamment appris. à différencier, l'extraordinaire) de l'ordi-1
naire. A ce propos l'auteur entre dans des considérations psycho-t
lo-iquesiingénieuses.i suri les,premi6rs livres, ! contes de, fées,1
histoires, fantastiques, ? etc.7que l'on met entre les) mains des'
enfants ; en dépit de ses réserves;'il reste-peut être un peu trop
indulgentipour ce genre,de,i littérature.) quilbrolülleLd ans· uni
jeune cerveau le possible; et; conduit l'enfant plus tard; à'accep ?
ter : avec l'impossible sans discussion et sans effort ,"la ! croyancel
au, merveilleux et la notion dusurnaturel.fmoq nos j; ] ri,)virof
irle rêve offrede type le} plus facile à étudier des associations,
d'idées non- contrôlées ;- dans.le- sommeil, 'en effet,' le pouvoir'
d'exercer l'attention sélective est, suspendu; mais ! comme alors'
nous- ne ramenons,' plus, nos idées, pour (les lui -comparer; à : la
réalité comme type ? leur absurdité, rie' nous étonne pas ! .Dans
ce^chaos^du'rêve, pourtant,-»il y a un lien entre)les'idées; et ce,
lien peut. quelquefois être découvert, quand le rêve a laissé uni
souvenir précis; bien plus, vers le moment du réveil, l'atten-
tion sélective peut reprendre tout ou. partie de ses droits, et c'est'
ainsi,qu;en songe nous ^tirons, parfois des conclusions parfaite-
mëntloglqûesd'unedonnéeparfaitementabsûrde ? R. DE M." C.
.91'T9n31 9h fI01t61lF'ItfJO Fl 41` Dit '( nf;i· ilioq
VI. n LE1 RBSTRAINT 1 »(PHARMACEUTIQUE ET · L'ALC00L ; i par
,9 ! F»PRITCHARD Daviers. (The journal of mental science,^ janvier.
- '11881,-P.; 526.)-til;ff, Et 9h P91u>.iP*-»w d > - ii-i-ii-oiq oh ibu-t. 1
291 Z9J71O1 9 ! )fj(jte J2 ) f C(I21s(InAu'((1 `I up ii·Wti^ 1 H^ "l· t(If
n,On sait]que la plupart des-aliénistes anglais- ont adopté les
idées,deConolly etrenoncé, à peu près complètement; àl'égard
deS7aliénés,;àLl'emploi ? desi moyens de) contention même les'
plus bénins. Le,Dl,lPritçhard Davies approuve 1 cet abandon,-
mais iljregrettetquesie « restraint «^mécanique, n'ait 'disparu'
que pour.être remplacé par let« restraint » pharmaceutique : lit
dénonce- -la( morphine, 1 le, chloral,irhyoscyàmine,' comme . des,
moyens de contention dont la douceur n'est qu'apparente; cha-'
que période : de repos, ainsi obtenue est;'à' ses yeux ? un coup.'de
plus porté à, l'organisme,- un pas» de plus ! vers sa destruction
finale ? dans les cas-aigus, les stupéfiants prolongent la mala-
die; dans,les cas chroniques, ils écartent tout ce qui peut' rester
d'espoir-de guérison. lynlhp «au b 6ft<qni''a < uoij^^'Il'iî'pi-i
.[Dans l'important- asile qu'il dirige,-] celui du- comte dee Kent;
REVUE '-DE' PATHOLOGIE. MENTALES 283-
l'auteur, a'complètémeilt rerioncé à i 1 emploi des' calmants; : ;' il' a
faiticette réforme àl'insu1- des' gardiens ? qui ? fortamis;de` : leur
propre repos, i i réclam en t. "ton] 0 ursrdés narcotiques 'pour' les'
malades confiés à leurs soins;'aux divers hypnotiques,' il asubs-'
tituét des médicaments'indifférents télsique;1'eaulde menthe ? !
la- macération de quassia; et ses malades sont'demeurés calmes : 1
7111ais, s'ila pu'ainsi suspendre' l'emploi de.restraintH'phar-
maceutique,"c'est, que,- parallèlemént'àcelle-ci; il introduisait»
dans son asile une autre réformer lar suppression'absolue dans[ L
le régime alimentaire des boissons alcooliques] dont l'usage est;* t
souvent, à son point defvue.'iavéritablef cause de l'excitation'
chez les aliénés; dujourroù il'a remplacé,* la ? » bière, pourtant
légères que buvaient les malades,, [par, de l'eau ? il- ai vu le calme'1
s'établir dans l'asile, sàns le.secours des agents hypnotiques : 0 h b
b Cette ' substitutions peut» - être) faite ' -sans détriment 1 pourl'laT
santé : des malades : `MoPritchard Dâvies fs'en- est 'assuré' en' lest
pesant frégulièrcmentfavantr et Yaprès ! l'adoption3'dubnouv'eau'
régüne.cl h 9V;f'I SI 1)JIf;IIP .JIVIJ009b'9'I,f R ? DEIM ! ,C,.r soif
- fl9;l,il, I ,ll)V1 Ili,fll(>Il &1 xinv 2tllq TOfti ,8W5'1tl T1J1JVIJ02
XVII fiLA centralisation, de «l'énergie; 'par EDWINIWO'OTON.1 J
- : (The journahof psychological medicine and mental patlaologd >
..Nèvv.seriés,.vol : JVI;part : 2; p ? 01.)Inbcur'hasuluuln;Jm
Pour établir les lois de la contralisation de l'énergie ,
M.-E. Wooton s'est aidé'de l'étude'comparative'du développé ?
ment,,du système» nervëuxïdans la'érie aniin- ale ? et[ au's'silde
l'étude des propriétés élémentaires de la matière vivante'. 'Par-
tant de ce principe que le protoplasma est doué de toutes les
forictio in à.,vitales,;fénideliors't méme-f dei toute f transformation
absolue,,en tissus distincts,'IilJpense que les systémes nerveli ?
musculaires; etc -,ne sont autre choselque'le'résultat de proces-
suspar lesquels .certaines cellules s'approprient- les' fonctions
communes dont'jouit le. protoplasma ? c'est-1 une spécialisation'
fonctionnelle; ! grâce à laquelle'*lei tissu' s'approprie' à la, fonc-
tioh, qui provoque la spécialisation ! des' tissus ? et ? comme le dit
l'auteur «la vie est la cause de l'organisation «/non il- 2nw Y
)'Les - conclusions; du' mémoire, ! en ce qui»touche; à'propre-
mont,parler la centralisation de l'énergie,' sont les suivantes : lq
jll.y a dans, toute la série animale une centralisation graduel-
lement'croissante d'énergie dans certains~points du corps. Cette
centralisation s'accompagne d'une différenciation' de structuré
des'tissus. En même temps-; que séJréalisent7ces) deuxfcohdi-
284 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
tions, il se produit une spécialisation des propriétés, primitive-
ment combinées, du protoplasma, lesquelles passent à l'état de
fonctions distinctes et plus parfaites.
La perception et la volition sont des propriétés du proto-
plasma le plus simula; elles trouvent d'abord ,un siège spécia-
lisé dans un ou'plusieurs ganglions elles acquièrent ensuite
plus de perfection dans un ganglion, le ganglion céphalique. Ce
ganglion envoie en arrière une expansion, avec laquelle il
forme l'axe cérébro-spinal, lequel revêt alors la totalité de cer-
taines propriétés, qu ? ),antérieurement .étaignt : collmunes aux
ganglions. Graduellement, l'axe centralise ces propriétés dans
extrémité antérieure et dans-le ganglion céphalique. En même
temps que s'opère cette centralisation, la fonction réflexe des
ganglions nbn" éplialiqueà, îe propage dans" la ? moelle] et, avec
cette propagation coïncide un perfectionnement de structure du
a,syst;ème nerveux,tout entier. Par conséqent"dans toute l'échelle
des invertébrés,ettdesJyertébr.é. infzrieurs,7a,peception, et la
,.volition[ne sontpasconfinéesldans,,le ganglion céphalique ou
ficerveau.2B igdmoiius eb Jnstv iup ,,lablssTUIr9 -rusi-I ? DElyLC.&1
129ÈPti;LTi aga eb un 1fq .&[9nnoia ? 3q Pjiovgb sa ? sb eaïa-iaxs afftfq
f XVIII : ` L'INSPECTION DES asiles ; par Nathan» Allen (de Lowell,
"" 2Mâ'srsâéliusétts.)'(Tlaé jou·ncil o f psychologa'calf mèdicine-and
^WentâPpâlh'oloqyméw séfiés,;vol.'Vl}pa'rt.n2;lp' ? 189.) l'1
omu) uL,,lDUb sl ,insmsczlsrrotJ nu sna asloq GuIrW Irfv 2ss
M. Nathan Allen se plaint de l'insuffisance du système d'ins-
- ipection'de§l asiles 1 publics d'aliénés aux i États-Unisi et; iltfaut
--bien reconnaître que,d'aprèsles : renséignements : quildonne à
l'appui de son opinion,1 ce système'parait à pourpres illusoire.
Ifilli entre' dans des' considérations 'plus ? 2 étendues; qu'originales,
sur la nécessité d'une' surveillance' réghlièrèa et' consciencieuse
des asiles dans le quadruple intérêt des asiles eux-mêmes, des
aliénés, de leurs parents ou amis, ettenfinde la prophylaxie ou
de la, guérison de la folie. La nomination dans chaque^État
''d'inspecteurs peu 'nombreux ? mais, compétents', .'consciencieux
P , 't)..<ti;if '"uu L . im mrm 1 lu
b,et suffisamment rémunérés, lui paraît 1 meilléu ? Eql4p au
lu fâcheux état de choses qu'il signale. ig i,li ii.4 ras R.-DE M.-C. [ni
ne ,9111J9JJj)&71â 9b slls't 4n mmosmb si 'iuff) h mqnsïil yb insiv
üIJ,YIX ? OBSERVATION DE délire 'épileptique;1 coexistence CHEZ UNI,ÉPI-
LEPTIQUE D'UN DOUBLE DÉLIRE : l'un, chronique avec IDÉE·r DE''PER-
Hul t,-tlP-,fC vr·. 4 n QrfT>.^in.rtl4 ? i9fY n n· T.1 ...... «n-- ... o 4 ? 4 , 4
2n8b SUTÿON L AUTRE, DE nature mystique, passager ET consécutif aux
enfin 1- , 1 Iv si 0vin, i ... 1 : 14 II 11 ,i,i ? i, : ' ,.
ATTAQUES; Pa  IER; (da hebdomad. de, méd. et de chirurgie,
97'f " ' loon \"' Il ? ""t- 0' -J""Oin*i....Ujiîiji *jjj*i. ?
-m in-'iIevnei;|IpBU.j|r(tnC|r/f, n;l·rr ·wlnr·rqr4'b yvzsoqms·m )-, ·o·lmu2
.suATi-iaM IrI.IUHTl : 9 sa 3'lVSi JHS'
- 9'7(J(arl'Iq .aàtônqoiq aob nUIJf211G(9;3q2 liubo-rq as si r2rI011
oh Jsté`1 B inaseaq satteupaal ,j3m311lqoloiq ,339nidmoo jnam
.zstJS3'ISq anlq ie 2eJoa(J2rb ano.tno'i
-oloiq ub z'91é(Tqo'rq 39b Jnoz noitilov si te noitq93-iaq bu
J uzns9ns'(surST·IET f,SJrISAVA,IVTESuiir £ m8Blq
.j-uizng tQaIfJ ? a[{'A ? o un atinb 38ff
aD ajJpiLsftqàa noif^nns ef ,nojhnB9riu arnsb nwliU91'I9q eb Kuiq
si 915LI1fiI i)9`71. < nolznaql9 9nü 9'I9r'ITC na 9tU5as nUllaGT1
-iso sb àliktol si 3-ioIb tev91 lsupsl ,lr>niqB-oidàïào 9xb'J srlmo3
r.uh asniirrsoCIÉTÉ'MÉDICO'-PSYCHOLOGIQUEJiq sam
7nsb zdt9r'rqn'tq «m s.(Is'rta9o sas`1 .3nsmsII4Lbsr .enoitnB
arnom na 9DjrlIBflq9n n0(I ? i.m w mlib ta 9'IIJ91T9Jn$9JIa791JX9
89b tFE11Î99 noit-.tnol al ,1(Ultfi2tlb'tJ((90 8Ji9U 9'I9r(U`î aup sqma.t
aavjs ,J5 Séance du %1-<juin 4881 .w Présidence de M. LUYS.OfhfIR
ub 9'(I(t9ri'I,tg 9b ln9mannoite9ÎT9q nu 9hionion no[lRgnqmq gjteu
ûJ' ? Après le 'dépouillement de là"correspbndaricë,le1président'se lève
eet annonce à'peuprès'en ces' termes' la mortde'111 : 11fâréhant : 39b
u0 lï.'L'inrs. J'ai )â',di5ulôuréuse'missionf,de'vous annoncer^messieurs,
la mort du docteur Marchant, qui vient de succomber assassiné^ en
plein exercice de ses devoirs professionnels, par un de ses malades.
, (Ancien élève>vd'Esquirol,.il -était; depuis.Lvmgti ans- : membreJde/.la
\\société-médico-psychologique;oetvmor^ sur/, la brêélŸe; il`laisse un
fils qui déjà marqué^ sa voie danss unejautre direction. Puissent
ces quelques paroles être un adoucissement à'1 douleur légitime
ni» 9-jnG ? ifln3ni'I ^b JniBlq *)3 asffA nsti.tsVl M
Iub'IM.' LuNiER.TM.-Foville, extournée d'inspection' à l'asile- de Tou-
« louse,'a bien-voulu- se; charger^de* représenter la» Société -imédico-
yPs3'éhologiqueaux obsèques de M. Marchand. tlq0 nos 9b uqqa'1
,zal M." SIotet, ! secrétaire ! général, (donne.l lecture, du discours jsuivant
a*-qui a.été,prononcé'sur,la tombe par, M.jFoville : ahzseioèn fil iug
3''b <z·3marn xna saliau 39b teTolin alquibanp sl anab 3oli3 aab
(ro 9lg.sYlqo'Iq sI -Messieurs^ `2(rTib uo ttiuolab ,3ènàik
Jijià quntda sfrBb a"ijf,ftimnrf rJ mlo'. nl «I» nr·r7dtrr of ab ? C'est à bien des titres que m'incombe le,- douloureux devoir -d'adresser
un dernier adiéti d6c\eur'Mirchant.-lJaului,J". ' 6UI^IU J
'ihspe'ctèuf' général' du' service ! des aliénés ? je5 dois- dire 'combien l'ad-
ministration se 'sent péniblement émuel pari la catastrophe sanglante 'qui
vient de frapper à mort le directeur de l'asile de Braqueville, au
-i-<-milieiK de, son serYice·d.h8pital,, o'est-d-lie au champ ? d'iipnneur/ du
fl-.médecm.j, a^v» T7o»»'»«u3 ">u'j ? 0 Mutina "n'i : anmT··1 ? Le bureau de, la Société, médico-psychologique cle^Paris^aussitôt qu'il
- a ,c6n.uu la. fatale,npiivélle ? Ja' ! rraâriifestéi,l le dehir'd'être représenté dans
1 cette1 funèbre" cé'rémo'nie,i'et,u1ayânt' )'tf6nneurdefairS païtie ? cle1- cette
Société, je m'empresse d'exprimer ici la sympathiè'unaninie'dc ses'inem-
T286 SOCIETES SAVANTES.
, -. ., .r, ", o rm· m tr4t mn ym 1> 2nosbaru z-t ! aup
'brès pour un dé leurs collègues les plus anciens et les plus appréciés : Je
dois aussi lui rendre le même hommage au nom, de l'association confra-
ternelle'des'médecins'alit'nistes'de gh t,u,zsd Jnu 2hJ st
]" Etiûn ? ami''personnel du"d6cteur.iMarchant,, j'apporte sur) sa i tombe
le tribut'de tousïnes'rèi·èts,rde'tôûtëin ? s5·mpathie pour, un Lomme qui
m'a côitnu'dèsîria3plcis tendre enfance, dont j'ai eu l'honneur, de devenir
le confrère et le collègue," et qui' ne m'a jamais ménagé les marques de
son estime et de son a8ection. E,T ? y ? ,ub -tusl tm.ri.nRl4
x''Au moment' où''sa laborieuse carrière,, se, termine par- un- coup -aussi
imprévu et,àîisi lamentable, comment ne pas se rappeler que le docteur
111archântln'é`st-qû'une des victünés,·màlhecireusement trop nombreuses,
de la profession à laquelle il avait consacré sa vie.
Il y a vingt-cinq ans, le docteur Geoffroy, médecin en chef de l'asile
d'Avignon ? mouraitr subitement, immolé par ' 1 uilépilèpti'qtlë ? auquel il
n'avait .cessé de, donner, dessoins,assidus : Depiris,=l'(talie, l'Angletene,'
peut-être" d'autres pays encore, ont eu à déplorer des malheurs'sem-
blables. 1 ., , -"ou lit rotV,D 1 ? r1 si
-,Vous le-voyez,l messieurs, le martyrologe de la médecine aiiéniste était
déjà bien rempli; il compte aujourd'hui une 'page de' plus/ et;- il' est' bien
à craindre Llue ce ne soit pasila dernière ? ? 4 Injj i^isinioi' -.>
,,Que de choses dans.la funeste.'catastrophe qui nous'réunit'àu bôi·d'de'
cette tombe, sous les murs même de. l'asile,-dont 141 : Marchant a'été'en"1
grande partie le créateur, dont, il n'a jamais cessé d'être le chef pleinlde
dévouement 'et 'd'activité. ? 1 Knoau ? ? -))o ? tt'h
1 C'est'd'abord une' perte, irréparable , pour^son, jeune fils-,que tout le.j
monde' aimait' et estimait' déjà, que' tout, le`moiide armera'davantage,en-.
core;.apr6sun pareil malireuf.'Qûé1'poù-vons-nous' faire aujourd'hui pour,
lui ? Partager sa'douleur, car iiou ? savons"4tie'iioù' sèri'Oli'S impuissants
aie consolcr.l" ,I omL9u· 9J·upu;` '.m'tj b jJl ? rr ic .r·mp, ""...,.
C'est ensuite, un deuil profond pour, la famille médicale1 et,ven particu ?
lier, 'pour la corporation des médecins des asiles -des aliénés ? ' Quel cha- Il
grin pour eux' de' voir se terminer,, ainsi la' carrière ! de''leur ! 'doyen,' du-1
dernier 'dès élèves d*EsquiroI quifut,ericore,en,exercice ! m un Jrmr'r9nn
'Mais' c'est surtout un enseignement pour, tout le monde, et, a.,ce(titre,'fi
le'retentissement de la triste'cérémonie 1 laquelle, nous assistons, devrait 9
s'étendre bien au- delà'de' cette ènceinte'et'de cette. ville., , ,,^,.1,1 <ff ? );<
Quoi de,plus frappant que'de voir démontrés', par une éloquente expé ?
rience, les dangers- journaliers, 'peu'connus'du public,1' et pourtant bien
réels, auxquels ne,,cessent d'être exposés les médecins voués' au' traite-13'
nient des maladies mentales ^Personne .n'hésite ! airendre hommage'au "
courage 'médical, qui se déploie sur le champ, de bataille ou au-coeur des-^
épidémies*" 1 - 'respect n'est-il pas. légitimement dû au courages
modeste et' obscur du médecin'd'asile, qui, chaque matin, sans , paraître.^
se douter qu'il y à une sorte 'd'héroïsme à agir ainsi, commence, la visite, j
denses malades, et- ne sait pas s'il' est bien certain d'en revenir vivant ?
Et.,parfois, vous le voyez,' il n'en revient pas 1 ' ' " ,, * P
Y a-t-il beaucoup de manières plus nobles ' d'accomplir son devoir,' et'
le danger est-il, moindre parce, qu'il esti de tous les jours et' de tous les '4
instants ! ' -"
Ne croyez pas cependant, messieurs, rque 1 personne," dansé ce)*groupe
trop souvent méconnu d'hommes, studieux, et dévoués, se laissée, inti- <r>
midér par' le lunèbre exemple' que nous déplorons tous aujourd'hui. Ce
· SOCIÉTÉS SAVANTES. ;287
.y'*iTV/w4t ? - ? îi.aiij'j,-
que les médecins d'asile ont fait jusqu'à ce jour, ils continueront à le faire
sans- défaillance et sans, hésitatio.t4 etl 6 ? ml wu& a.ob
- r-Ils savent, que les infortunés malades dont la raison égarée peut armer
le bras ont besoin de leurs soinsF,et de lëur'.zèlë, ils, savent qu'ils, sont
le bras ont besoin de leurs soin's^et -1 ? le, 'ilsT savent qu'ils, sont
presque seuls à comprendre, j'allais dire a' aimer, les ali'éliés.,111 ? isaveiit
enfin, que c'est'à la fois leur dèvoir,léuc'lionneurde tout , sacrifier aux
malades. qui leur sont confiés;- et ils continueront, à'accomplir ce devoir,
dussent-ils aussi : enfmourir.™1 ! 6 111 '11 '"' ? »" - , ? i,^. ?
, , , , , , . W i r,.Îi, ltu )11 J ',11fi1ry (1OG
Marchant leur aura ouvert la voie. La terre, ,va iecouvrir à nos,yeux
ses, derniers restes, mais sa mémoire vivrâ i : egëettée et honoréefSonnom
ne sera oublié, ni'de nous'qui'l'avohs"c6nnu,'ni de ceux auxquels nous
apprendrons à, le connaître.,1 ? Q'Br" "'" ? 'J " ? ''"' ? 1n ? qh
^ ;,w B;. yvwnm nevh li 4t"P"' H ioi^9lmq hi 30
,j ., î4rl <r· i·,·,t W s o ilnSCJ rmu n E 41 ' 1 pn'n yuv ,6 y( il
i el, discours ? esta,accueilli. parc d'unanimes ' applaudissements/et
le président remercie le secrétaire général d'en avoir'donne lecture
à la Société, u 9b A Ils me .avait» 2lJif 'i'1JLJ.11 1) ? ? i
"iidalcl
M. Lunier. Je puis,vous donner, les renseignements complémen-
taires1 que je' viens 'de recevoi r, surlce .i douloureux accident. Je ? vous
Ips donnerai d'autant plus volontiers ? que. laipresse ''intransigeante
s'est plu à travestir Jes faits et à dénaturer la vérité)' et qu'il est''bon
de protester, contre ses allégations : ' 'IT1'*rT '"tI1 ? ?
s'il y,a sept ou huit mois un capitaine fut mis en disponibilité pour,,
différentes raisons. Quelques mois après, à la sûiLé`'dè menaces qu'il
avait' adressées ' 'àu'général'l'autorité'militaire,jle fituarrêleroeti
mettre dans une prison ou on lui laissa ses^armes, qui se composaient»
de deux ou trois, revolvers, dont un.de très petit calibre ? ', "J -j,,q ' 'u'
' Un mois après,' la suite d'une enquête médico-légale, ce capi-,
taine fut envoyé à l'asile de Braqueville, où il arriva encore''armé.
On le fouilla, sans toutefois le faire deshabiller et on lui enleva les
revolvers qu'il portait dans les poches," sans s'apercevoir qu'il en-
conservait un autre très petit ? dissimulé dans un'repli, de sa paroi
abdominale.' C'est ainsi que' pendant vingt jours, il put conserver,'
cette arme-sur lui. Le'^ 8 au matin, à une, visite particulière' que lui» >
faisait Marchant accompagné, de, son surveillant, le malade récla-
ma'sa.sortie avec plus 'd'insistance, qu'à, l'oi,diiiaire.1 Le médecin"
lui jépondit par, ces, paroles, d'espérance >- et d'encouragement^ que '
nous donnons à ces malheureux,' et --sortait de'la chambre en lui'1,1
promettant de.revenir le voir/ lorsque' le capitaine, proftilt düm ?
ment- où Marchant'se retournait, lui'mit'familièrement une main,t,
sur l'épaule et de l'autre lui tira un coup de revolver à bout portant.^
La balle fractura l'occipital et détermina des accidents i cérébraux-t
qui en trois jours enlevèrent notre malheureux confrère. J'insiste ?
sur ces faits, parce qu'unrjournal politique ! qui raconte- l'accident
prétend que la. victime a succombé à la suite d'une' venge'ance"mé'- 31
ritée. '" ' ' , .lUt>J.
Pour bien comprendre ce langage,'1 il' faut- savoir' que cet .officier,. ,
après sa mise en disponibilité s'était- retiré"dans une petite .'eam ?
y) a ? 1),JJOr m , mJ ·nooqNn uuu uel, " e
288 SOCIÉTÉS SAVANTES.
ee, , - --i n -
pagne des environs de Toulouse, où il s'occupait de politique; il était
devenui rapidement le chef du parti intransigeant'. C'est sur ces
entrefaites qu'il fut séquestré. Aussi ne manqua-t-on pas de dire qu'il
n'était- pas aliéné, et qu'il avait été arrêté pour des raisons poli-
tiques. ' ' ' " ' 1, 1".
' J'ajouterai en terminant que je viens de recevoir une lettre d'un
confrère, le docteur Bonnet, de Châlons, qui lui aussi, vous le savez,
a failli mourir dans des circonstances analogues : Il propose'- qu'on
fasse une souscription pour élever un' monument à la mémoire de
Marchant', et s'inscrit pour une somme de cinq cents francs. ' '
il Cette idée est évidemment bonne, mais elle est aussi d'une exécu-
tion difficile,' et je crois qu'il faudrait mieux que la Société trouvât
un autre moyen de rendre un dernier hommage au membre qu'elle
vient de perdreJMarchant'a demandé à être enterré dans l'asile
qu'il'dirigeàit dépuis de longues années, peut-être pourrions-nous
en nous entendant avec la famille contribuer par un moyen quel-
conque au tombeau qui lui'sera élevé.' ' t il... W
(Une commission composée de MM. Lunier, Foville, Dagron, Bou- 1-
chereàà ek Cliristian est chargée d'étudier ce projet.) '
j ? ' . r. .. , i ? tl>» I
i Prix Aubanel. M. Motet rapporteur de la commission du prix
Aubanel, propose de'modifier pour cette année le programme du
concours. Après une courte discussion, la rédaction suivante est
adoptée : - ', 1 ''
c) La, Société médico-psychologique décernera, en avril 4882, un
prix d'une valeur de trois mille francs, au meilleur travail imprimé
ou manuscrit sur un sujet de médecine mentale.
- 'Les ouvrages imprimés ne devront pas avoir été publiés depuis
plus de trois ans et devront être adressés au secrétaire général avant
le 31 1 décembre l 88 1. En cas de doute sur le jour de l'impression, on
prendra, comme date officielle, celle du jour du dépôt de l'ouvrage
à l'Imprimerie nationale. Les manuscrits ne seront pas tenus au
secret du nom. Les membres titulaires de la Société sont exclus
du concours. '
4 M. DOUTREBENTE donne lecture de son rapport sur la candidature
du Dr Régis, qui est nommé à l'unanimité membre correspondant.
2 M. Motet. J'ai à vous entretenir d'un fait clinique que je viens
d'observer, qui me parait assez intéressant pour attirer votre atten-
tion, et qui présente en outre de l'actualité, car il touche par un de
ses côtés l'affaire de 1-0 Eyben dont on parle beaucoup en ce mo-
ment. Il s'agit du gardien du passage des Panoramas où fût arrêtée
cette dame. Cet individu' dans son état de santé habituel exerçait
ses fonctions avec régularité, sans avoir jamais donné lieu à aucune
plainte.» Voyant un jour une femme dont les allures lui paraissaient
suspectes, et jaloux de conserver au passage dont il avait la surveil-
lance une réputation sans tache, au point de vue de la moralité, il
Llr f » iu : ... ' i - t t i. ' » ' I ' '
2 ? i·Yf JA ? 89TRi')Or ? : :
sociétés savantes. 289
I U-4 h ''fmdj ! uq oh IF 04) .92tJUlJttll 9J- fLYTI'W f »b tuq
signala cette femme aux agents des moeurs, et c'est surjsestindiea-'
tions qu'elle fut arrêtée. Or,, cette femmo'jétait M-0,Eybeii.,Le lende-
main grand émoi,dans les,journaux, politiques. Notre homme,, est.
assailli de reporters qui lui demandent des détails exacts sur I ! inci-
dent,; quelques*-uns même, parait-il, le menacent, d'une,, .révocation
et lui font des prédictions, sinistres; sur, la, responsabilité, .qu'ilt en ?
ôurt f ' me' lautoritéiadministra-;
cour ? d'avoir, désigne jjne femme, honnête à.-J'auLorit61 administra-;
tive. Sous ces influences, il est pris tout à coup d'un, accès de délire :
que je caractériserai, tout à, l'heure, et .doit, f iii tiiorpre so Il 1 sel,vlc( ?
pendant quelques jours.'A,son retour, dansl,lepassace"ftout3lui
semble, changé, le,s ^boutiquiers ? l'évitent, les ,f ures Sdes"pagants
s'assombrissent, on chuchotessur son compte et en somme ,il|,croit
s'apercevp,ir,que les gens , qu'il fréquentait,, habituellement, ont; été
prévenus contre lui, pendant son absence. iLe, soir, il rentre chez lui,,
la nuit sans sommeil et le lendemain matin,wient, reprendre,
son service ; mais s'apercevant encore du phan ? ement 4es,esprit§,,à,
son égard, il se rend/chez son collègue,, qui, notait pas, encorealevé
et demande à lüi;pârlerâveé insistance..ll.ést rgçu ? parla, fille, de,
l'autre gardien qui l'accompagne dans la chambre de son père. A
peine entréfil la. repousse et s'avance,vers son collègue» uns revolver
à la main, en. lui criant : « Tu m'as trahi cette nuit : » Le père' et la
fille purent, heureusement, le désarmer et 1 la' tentative ! ' de meurtre
n'a pas abouti, il fut arrêté aussitôt et conduit à Mazas, où le ! juge
d'instructions trouvant quelque chose d'insolite dans » l'exécution'» de
ce crime, me pria d'en examinernl'aùteur. Cet individu me'raconta'
son affaire, à la façon; délirante-habituelle'des 'persécutés ;<> mais,'
comme uni persécuté n'en arrive pas'd'emblée' àl êtres persécuteur,
il fallait évidemment qu'il fût intervenu un» ( éléiient>j nouveau,] pour,
hâter, l'éclosion de ce délire. J'ai retrouvé cet élément dans les' ahté-'
cédents du malade. Il avait, en effet les' habitudes' des''gardiehsi de
passage et,- chaque matin, il se laissait' inviter par. les domestiques
qui ouvraient leurs magasins à aller boire le vin blanc et -la' ! goutte
avec eux..2zunaaoa ah
o C'est ainsi qu'il s'imbibait lentement sans avoir; jamais' présenté
aucun signe d'alcoolisme, avant le jour de l'affaire Eyben. Mais' ce
jour là les inquiétudes que, lui, ça>,rsèrentt çette,yarrgstation"etlles
émotions morales qui en furent la conséquence, déterminèrent; ce
que j'appellerai une sorte, de, traumatisinemoral, qui, agissant à la
façon d'une pneumonie, par exemple ou d'un, traumatisme,- quel ?
conque, développa de toutes pièces un a,ççès de,délire alcoolique.
3, Quand, à la, suite de l'arrestation de AIm°, Eyben,,cet .homme dut-
interrompre son service,, il présentait tous les signes, de,, ce * délire,*
voyait des .figures grimaçantes sur les murs, des, taches de sailgisur,
le parquet, entendait des menaces : « Faut qu'il y passe ! » lui criait-on
dans les,oreilles., Le jour, où il, reprit son- service,, .il était.loin,d'être
guéri, il notait un changement dans l'attitude des boutiquiers du
19
290 SOCIÉTÉS SAVANTES.
il1- cl / 1 1 1 , 1 .( .
passage; il pensait, suivant son expression, que la franchise d'autre-
f ? ii.7tï était plusl et se demandant alors quel pouvait bien être l'au-
teur de'cette malveillance, il soupçonna son collègue. Des soupçons
à la vengeance, il n'y â qu'un pas ; il le franchit, et s'armant d'un
revolver il en arriva' rapidement à la tentative de 'meurtre pour
laquelle'il a été'arrBLé.'Aiusi donc nous nous trouvons en présence
d'un homme habitué à une'mauvaise hygiène,1 chez lequel il' a' suffi
d'une émotion morale pour rompre son équilibre intellectuel et'' le
faire entrer dans un délire actif.' " '" ? 11, '' 1 '' ' "'
''J'ai cru devoir conclure la séquestration à cause de la1 marche
vers la chronicité des accidents que présentait ce malade ? 1 ''
M. Lolliot demande si cet individu n'aurait pas par hasard pré-
senté''déjà'* quelques'accidents alcooliques ' avant l'arrestation de
M-0 Eyben. ? ' - ? i *,r> ' 1 tri 1 ? ' ' 1 "" ar; . , ;
M;Motet. Il faisait bien son service, mais il était sous l'imminence
du délire dans lequel il est entré par ce que l'on pourrait appeler la
« porte de l'anxiété ». J'ai vu souvent à Mazas des ivrognes pré-
senter quelques jours après l'arrestation du délirium tremens sous
l'influencé dc la séquestration et de leurs préoccupations légitimes au
sujet des délits qui l'avaient motivée. 'L
M. LuNiER a vu un exemple semblable chez un individu qui pre-
nait tous les jours un quart de litre de rhum ; il a présenté un jour
du délire alcoolique sous l'influence d'une émotion morale.
L'impaludisme prédispose également des accidents comparables ;
ils se développent sous l'influence d'une blessure comme l'a fait res-
sortir M. Verneuil dans une' de ss'tcômirùûnications au congrès
d'Alger. te - , ,, «, , ? tr .I ?
9 M ? i ! uys fait passer sous les yeux delà Société quelques pièces ana-
tomiques durcies destinées^ prouver unei fois, de plus que le langage
est'bien localisé dans la troisième circonvolution frontale du côté
gauche et qu'une lésion siégeant en ce point détermine l'aphasie
tandis qu'une lésion de la région .correspondante à droite ne s'ac-
conipagne d'aucun trouble du langage. t' , ., ' '
1 MAGNAN. Je vois bien sur une de ces pièces que le pied de la
circonvolution de la troisième frontale est atteint, mais j'y vois
aussi que.la lésion s'étend plus loin et enveloppe t'insula ; de sorte
'q"àe"si ce cerveau localise le langage dans l'hémisphère gauche, il
ne prouve pas la localisation dans la troisième circonvolution fron-
tale, j'insiste sur ce fait parce que j'ai observé maintes fois des apha-
siques ne présentant que des lésions rigoureusement limitées à l'in-
sula et dont la troisième frontale était saine.
- 9. M., Luys. Je m'associe à cette manière de voir, et je dois même
ajouter que les cerveaux qui ont servi à Broca de base pour ses
recherches n'ont pas été sectionnés, de sorte qu'il se peut très bien
qu'on puisse les ranger dans la catégorie des faits que signale
SOCIÉTÉS SAVANTES. 291
^'itu* )<, ! ' r ? "l1 , 1,, ? J., 1 "1 ., t f 1")(1 1 ! ·y ? , (j
M. Magnan, parce que Broca s'est contenté de constater, une,,des-
truction de la troisième circonvolution frontale, sans s'assurer de
Fêtât de la région voisine et en particulier de l'insula. . ? , 9
Je, vous fais passer sous les yeux d'autres pièces anatomiques qui
tendent à prouver, que les impressions acoustiques, ont pour locali- -
sation les lobes postérieurs et plus rigoureusement le lobule triangu-
laire. Ce cerveau est celui d'une femme sourde pendant de ,très
longues années qui présente une lésion en ce point. Je fais, depuis
longtemps, les mêmes recherches sur les aveugles sans avoir trouvé
rien de précis; Je ne crois cependant pas, que le pli, courbe soit,
comme Ferrier l'a indiqué, le siège des impressions visuelles.. 1
, M. DELASIAUVE. J'ai vu une fois la destruction de tout le lobe occi-
pital chez un individu qui entendait très bien. , ,. n ' 1, ? f.. ? t ? r .h .... nIARCRL·BRL1ND.
I t'irt 1 llTjl f "> r 1 I 1 . 'I 1' 1. <r ^ . L .. 1..Il
BI f' n ,.I, i> < . , , i , . i .1 ri,
. ? > ? - t f ' ? t)
XIII- CONGRÈS DES ALIÉNISTES DE L'ALLEAIAGINE, ,
' DU SUD-OUEST. , , , , , , , ',
u-i |Fin )' i ui r i ? )..r" -i, ' .ff I'
HIC l <<< '" ' ' ' I "|J II i <- i l'< I f f
. , SESSION DE KARLSRUHE,11", n t , . r ,i ,, n , , f
5 1 fi, 1 , 1, 1 ' ! » >' ("i.l,. , '1. , .I , -II
- r , Séance du 1G octobre 1880. j , , .
.. h
M. le curateur, Fischer aîné, ouvre la séance à trois heures de
l'après-midi par 'des paroles de bienvenue. Sa première pensée
appartient à la mémoire de MM. Dick, Binswanger et Çrailsheim,
qui ont succombé depuis la dernière réunion : l'assistance se lève
en masse. en leur honneur. La présidence est décernée par accla-
mations à M. Fischer aîné ; , Kreuser et Zacher sont désignés
comme secrétaires. M. Furstner commence la série des communi-
cations par la lecture d'un mémoire sur le Délire aigu '. "
M. Jolly présente un travail sur la Prévoyance de l'Etat à l'égard
,des épileptiques. Voici le système qu'il recommande : 1° faciliter
par des policliniques gratuites le traitement des épileptiques pau-
vres encore capables de gagner leur vie;- 3° adjoindre à tous les .
grands hôpitaux des divisions spéciales où l'on recevrait ceux
d'entre eux pour le moment incapables de travail/mais qui, à défaut
du rétablissement complet, pourront peut-être reprendre des occu-
'pations ; 3° admettre les épileptiques aliénés dans les établisse-
ments d'aliénés; 4° installer les'épileptiques incurables et
t, t, n ? 1" h. , <"' f '. u
1 Nous'en présentons l'analyse clans ce numéro, p. 273.
K<'r 1 - .
292 SOCIÉTÉS'SAVANTES.
'U['nc ? f'' 'v"f; il , 1, 1 . ?
incapables de travail, selon les conditions locales,' dans les'établis-
sements d'infirmes ou hospices, qui devront' posséder des divisions
"adaptées à'' ce but. Les, épileptiques déments'et imbéciles qui* ne
sont point agités pourraient être également reçus dans ces établis-
,e fiints ; "- 50 l'épilepsie' de d'enfance nécessite l'institution de
"sections spéciales annexées aux asiles d'idiots actuels. \vn^<> ? z
La discussion qui s'engage à propos de. ces conclusions décèle
deux'courants' d'idées. Les' uns; avec,M. Kirn, admettent dans'les
asiles mixtes les épileptiques incurables psychopathiques OU) non ;
les' autres, avec MM. Fischer, Furstner, Stark, se rallient aux pro-
positions faites, tout en.faisant remarquer que la plupart des asiles
- possèdent déjà des locaux disposés pour, les, épileptiques (M. Stark),
«qu'on n'a pas besoin de préparatifs spéciaux pour.disposera au rez-
' de-chaussée des services d'épileptiques avec les chambres d'isole-
- ment'habituelles (M., Jolly), .et qu'enfin cette ,'section doit être
.confiée au chef de la division des aliénés de l'hôpital (MM. Jolly et
Fürstner).u,n , m . , 1 , o., P, ? ? u , , ,M ? ?
*" A propos du traitement,' M. Fischer demande' qu'on expérimente
- le bromure d'ammonium, dont il aurait, avec de faibles doses, obtenu
'de meilleurs résultats qu'à l'aide du bromure de potassium : ce mé-
dicament affranchit des sensations désagréables imputées au K. Br.
M. Kir(N fait une communication concernant les perturbations
mentales observées dans les établissements pénitenciers '. ' La
séance est levée à six heures du soir. ' ' '
, * Séance du 17 octobre 4880. Présidence DE M.'JOLLY. ;
t'"f f 111 1 ? J ! .1 \I ...,v , i , m v' nlt m 1v w -.
' i*xe( filv -Ij / . > , .,» ... ,,
M. FuRSTNER moutre des préparations microscopiques concernant
les altérations musculaires rencontrées par lui dans le délire aigu.
M. SCHULE communique une Etude sur le traitement des aliénés
malpropres. (V. l'Allg. Zeit., t. XXXVI.) La discussion s'engage.
M. Furstner, ayant observé que les maniaques au début ne
gâtent généralement que la nuit, a fait des essais d'éclairage bril-
lant des dortoirs sans résultats. La suppression de l'isolement est
un moyen plus sûr. La constipation est d'ailleurs souvent une
cause de malpropreté chez les monomaniaques et principalement
chez les femmes atteintes de folie sexuelle, parce qu'elles cherchent,
à l'aide des doigts, à se débarrasser des matières (indication tran-
chée). Les appareils mécaniques ne sont utiles que pour arriver
à permettre le maintien des malades dans la société. ? fz.AL STAETE, après un essai en'pure perte de l'hyo'scyaminè (quatre
'cas), se rallié également' l'existence en commun."1* ",fi z
Il t ? l'1 , 1 , ? ,, 1 ? '" ? '<"< ' ? "
5111,jrçn 1 1 il Fi .,il , "")- . il . 1 z p : int 1 ' t1' c K
1 Nous en donnerons bient8t l'analysv. 3 °9t ;U ? < f3
SOCIÉTÉS, SAVANTES. ' 293
- i-></" "îli ni Sy
"M. JOLLY, moins sévère à l'égard des moyens de coercition que
M. Fürstner, redoute moins que lui les narcotiques. ' `'1 `'qw`I'
- -' ' l * il.. , ., ... , . | ! .)ffff).j
wlli : FURSTNEn'maintientson opinion contre toutes les objections
qu'on lui oppose. , , ., , . 1 y. ) 1 1 .
- L'ordre du jour. appelle la description du plan agrandi de l'asile
de Stépharzsfeld et duiptoi de l'asile de Hordt, par M. STARK, qui y
'ajoute des développements historiques et matériels. Il il, . 1
'Le mémoire de M. ROLLER sur les Racines. spinales des jierfs jen-
soriels cérébraux sera analysé, irai ? r ,. «jt/. , ,"r r· ? 111. Jolly présente au Congrès une électrode', destinée' aux1 applica-
tions céhàliqûés,'inventée' par le Dr Witkowski, dei Strasbourg.
Aplatie,' elle' mesure'1 10 0 'centimètres de long'sur 5' de large et est
revêtue' d'une- éponge.' En' somme,' elle' n'est qu'une modification
dé' l'électrode 'qu'Erb a recommandée pour la moelle, seulement
'elle a reçu une incurvation longitudinale qui correspond'à peu près
à la convexité dû' front'. Composée1 d'une-lame de fer-blanc mince
et flexible, elle s'adapte en outre à toutes les courbures,' de' sorte
-que''son usage 'est 'compatible avec toutes, les .régions, telles les
'articulations- Elle a permisi de constater, que l'électrothérapie
'céphalique chez les aliénés, réussit ! surtout quand on emploie, des
courants faradiques;ils constitueraient fréquemment un palliatif
,très remarquable contre les douleurs ou autres sensations pénibles,
cj L'assemblée choisit de , nouveau Karisruhe pour lieu de sa'pro-
chaine réunion et désigne encore MM. Fischer aîné et cadet comme
organisateurs-curateurs. Elle propose comme sujets de sa prochaine
session : 1° la question des cellules capitonnées : rapporteur,
M. Fischer aîné ? 20 le traitement des états d'agitation par les
enveloppements hydropathiques : rapporteur, M. Furstner. (Allg.
j Zcitsch. f. Psych. u. pc/t. GeneM. medic, @t.,XXXVIII, 1881
- .... ? ........<. i .,m,, 4
"' '" « ? "' " , ......... P. ? IC. . ,i ? ,t, .c , , « ^ ! v -^ : , , , ,, ,7 iP
.Mi- mn t , . ! /</> i \ ; , , 4]jK(
" ' 1 1 ' i , =, '* \f
t l , SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE 'DE Berline 1 't ? " ' ' * M - J. , ,, , i
, ? , ? , i ' Séance dit 15 décembre 1881. ' ' I ' ? *
"" ' ' r n 't ' t y . ' v r
' J t. , l ,1 ,1 .'] 1· I t t
em La séance est ouverte à deux heures de l'après-midi. « ^ v
A la suite de ses communications d'ordre administratif, M. le pré-
sident Laun invite le Dr Dorrcnberg à rédiger le procès-verbal' de
la séance aux lieu et place du D* Schoefer, empêché par la maladie.
294 - SOCIÉTÉS SAVANTES.
''La Société reçoit comme membres titulaires les Drs, Reinhardt,
Stenger et Schmidt. i u, ' . il 1 - - 1, 1 - 0, . ,c. ï, ùi
"' Le Dr 0.'Afur.r,En communique à la Société un cas de gynécophobie.
'A côté* des craintes'ou angoisses psychiques qui"se'montrent
comme' épiphénomènes dans les psychoses d'ordres divers (mélan-
colie', monomanie' exaltée, paralysie progressive), il en est qui
constituent la'manifestation principale, voire la seule'de'1'aliéna-
tiori : exemple,' l'agoraphobie. 'Ainsi; l'observation en 'question
concerne un homme de soixante-trois'ans appartenant à une classe
sociale élevée, entaché d'hérédité névropathique, mais jouissant,' à
part quelques perturbations digestives, d'une bonne santé : Récem-
ment, en même temps que s'exagéraient les phénomènes gas-
triques,'se''montraient de l'insomnie et- une hypochondrie crois-
sahte."Bientôt des. accès d'agitation, violente,. suivis de fatigue et de
dépression, faisaient place au symptôme caractéristique., La vue ou
simplement l'ouïe d'une, personne du,, sexe féminin 4 fait . entrer le
malade en Ia,plus,vive agitation. Bien que conservant pour sa
propre femme les sentiments d'affection et de respect les plus vifs,
, il a dû s'en séparer; d'ailleurs, elle est la seule à laquelle il pense
et dont on puisse lui parler sans provoquer ses crises, qui consistent
en palpitations cardiaques, émotion, rott-e faciale, .sécheresse
linguale, borborygmes abdominaux, nausées, vomituritions, pro-
pension" à 'la diarrliéé' : teis'absolument les effets d'une peur
' effroyable^ brutale. Grande excitabilité sensorielle : le malade vit
dans un milieu sombre; en proie à l'insomnie ainsi qu'aux phéno-
' mènes d'inappétence' progressifs', il devient de plus en plus agité et
casanier. C'est là le quatrième des accès depuis l'âge de vingt-cinq
ans ; tous semblables,' ils ne l'empêchèrent pas, tant la guérison fut
'complète, de se marier deux fois, à trente et cinquante-huit ans.
L'analyse clinique révèle l'intégrité de l'entendement,' une' hypo-
(choi)drie 1. exeinfte' de mélancolie'et d'idées monomaniaques; il
'existé un catarrhe gastro-duodénal chronique dont- l'exacerbation a
précédé l'état hypochondriaque Insistant sur les palpitations car-
diâqües, les crises émotives; l'érythème persistant' de la région cer-
' vicale, la' fréquence de la miction, les tremblements musculaires
'des extrémités inférieures qui se montrent souvent la suite de
longues prôineriades;les vomissements^1 les nausées, la diaphorè'se
observés^ lé' Dr Millier rattache^l'ensemble de ces phénomènes ! à
des anomalies du'système vasomoteur et probablement aussi à'de
la dyscrasie hématique. Pour lui, le cerveau et la moelle sont affec-
tés sympathiquement, par action réflexe ; mais, en outre, il faudrait
'tenir compte du vice de nutrition engendré par,l'état. des organes
. digestifs. Les intervalles de santé complète, somatique et psychique,
,)Iquilse chiffrent par des années, concourent' à pareille interpréta-
t-Lion; ainsi qu'à'l'admission d'un pronostic, favorable Rapprochant
''enfin la symptomatologie présente dejcelle de l'hydrophobie, il se
SOCIÉTÉS. SAVANTES. 295
demande isi les deux r affectionsan'auraient,,pasaune gentse com-
mune, toute dans des troubles de l'hémopoièse, daiis la dystrophie
du système nerveux, dont nous ignorons autant la nature que nous
les dénommions ainsi. ou sous, le titre de dyscrasie vasculaire spéj
civique. Seulement, ajoute-t-il,, il reste, à , expliquer , eommëntr un
homme bien doué, cultivé, bien développé, jouissant d'une vigou-
reuse complexion, peut être, affecté passagèrement.d'une névropa-
thie si particulière et qui constitue pour, lui un cruel tourment en
même temps qu'une indéchiffrable énigme. Le seul enchaînement
seméïologique qu'il faille considérer comme fondamental, c'est, la
greffe du syndrome gynécophobie y sur, un élément t hypochon-
driaque. ,i . , ,| ? ^, , ,Jt ,.... , \i ? ?
Le débat auquel la lecture de'ce travail donne,lieu. roule -avant
tout sur la classe nosogràphique dans laquelle la gynéoophobie
peut ou non rentrer ? <"> fil, 1 i-li - j, n<') ? ) .1 .11 1 qui
MM. Edel, 111"C, Jastrowitz, la considèrent comme'une concep-
tion irrésistible' Ils se basent : le premier, sur une observation d'un
côl>,ègüe;,de 13e'i-lin'daiis laquelle la psychophbbie alternait avec'des
conceptions iri,esislibles; le second,' sur ce fait" que la 'vue 'des
femmes troublé le malade (conception monomaniaque) ; NI ! Jastro-
witz la compare au '«mal de toucher».. '" ' L"" ' ? » "-I » 1 ''y
i , 1 ,i, , , v ,| .) ,u ti
1 , Ces assertions sont combattues par M. Muller, qui invoque que,
, chez ce malade, c'est une sensation générale, qui domine l'idée du
sexe,, sensation d'anxiété semblable à celle que des gens, d| ailleurs
courageux, éprouvent au moment d'un examen; en, outre, il suffit
(de citer un nom de femme pour provoquer le Çmême, syndrome.
.Enfin, toutes les formes de psychophobie, qu'elles^' appellent ago-
raphobie, mal, de touher,j gynécophobie, sont caractérisées par
cette particularité que les malades n'en sont pas constamment sâ-
1 turés, qu'ils n'en parlent pas toujours..Ceci- permet déjà, d'établir
un groupement, quoique,, comme le fait ressortir M.. lllendèl,1'éa-
plication nous,en soit encore interdite. Quant,'au rejet parlée,col-
lè-ue, de la comparaison avec*, l'hydrophobie, M. 111üller prétend
- non pas avoir, en vue la genèse; virulente, mais simplement baser
son,parallèle sur la généralisation de l'angoisse dans les. deux ma-
ladies, de même que dans les intoxications. par( l'oxyde ,de carbone,
, La bénignité du pronostic, démontrée pap, les évôlutions , âiiLé-
1 Heures,, lui 1 fournit un, autre argument contre l'opinion de la con-
ception irrésistible mise en avant. Il ),,1,1 1 . 'ta ? 1. ! 1, : ;
z 1.1 AIONDEL' COIIII)AL ]l théorie pathogénétique des, troubles vaso-
moteurs ; il fait ressortir qu'à ce compte,"la psychopbobie devrait
être produite par bien des maladies : citons la maladie de Basedow.
'A ce ''propos, 1 M. Muller rappelle' que la pression 1 épigastrique
1 engendre,1 ellei aussi, deilégers' états d'anxiété,' et M. Jastrowitz met
* en évidence que' les' sensations, anormales'de' lairégion stomacale
296(. SOCIÉTÉS .SAVANTES.
sont, communes aux affections, de, ce groupe ? il, rappelle les sympa
tomes psychiques,qui surviennent dans les gastropathies. i 6'ir ·"·,·1
M.1 Gocs. i'A-t-onr dirigé' des . essais@ thérapeutiques ' contré 'les '
troubles vasomoteurs ? 1 ? Sur la réponse négative de 1li : Alüller, 11T'
rappelle que l'atropine, employée en un cas semblable' par M.'de'i
professeur .Wagner,, cas considéré [par ce maître comme une hys-
térie chez l'homme, avait plutôt aggravé l'état du malade. .C'est 7
précisément, ce qui, est arrivé ici, ile 'malade ayant été traité par .
M ? Wagner ? ne, serai L-cel,'pas la : mGmé observation que^celle-
qu"évoquem. pock, ? ]) okmou l-i ^110 .1» »»- ". W-1 ri ? itm hrr rioe 1 S;Ilv
'La, communication présentée par le.D'' Richter sur les'Alalformcc='1
tions dans les maladies 'mentales sera publiée in extenso ! Ci, travail, ^
qui ne comprend pas les idiots, entraîne la conclusion' que c'est
dans la paralysie générale que l'on rencontre le moins de malfornza-
tions, par comparaison avec les autres psychoses ? y ,4 . v ? s,c, n,.t
, Le Dr.D01tItENDERG' expose à la Société) le résultat-de[ ses observa-
ti6ns.suriles Effets d.e,l'hyosoyamine chez les aliénés. Ces essais con-i
cernent dix malades, se décomposant en : une manie primitive
récente, deux manies périodiques, quatre agitations dans des cas
de perturbation mentale chronique- et secondaire, une mélancolie
avec agitation, une katatonie de Kahlbaum, une hyperkinésie
alcoolique. L'injection hypodermique de 2 milligrammes d'hyoscya-
mine amorphe diminue d'abord la fréquence du pouls (de huit pul-
sations par minute), abaissant la température de 0°,3; trois quarts
d'heure à une heure et demie après* 'les phénomènes remontent au
pair ou même s'accélèrent. Quand on a pratiqué cette injection
matin et soir pendant huit jours, on remarque que la chute du pouls
et de la température, de moins en moins accentuée, cède la place à
une élévation. L'injection de doses élevées à d'assez grands inter-
valles (dose^ de 10 milligrammes par jour) exerce.une influence se-,
datidé'd'aûtaât plus prononcée que l'âgitâtiori â moms envahi la
sphère 'mentale' (psychoses propres); Le résultat est' très prompt sur
l'agitation motrice dénature alcoolique;. ')0 milligrammes amenèrent
une sédation en un quart d'heure ou une demi heure; l'injection ne
dut être répétée que le second' jour : le calme était complet par
l'absorption de semblables doses itous les, deux jours, si, bien
qu après un traitement de, huit jours, on obtenait un calme de e
quatre jours; à la'suite d'un traitement de quatorze jours, le repos
durait' cinq'jburs. Dans le'cas'de katatonie, '10 milligrammes ont
déterminé constipation ' et ' rétention ' d'urine opiniâtres (paralysie
des sphincters par intoxication). ? m ' ;l '' ? Il -
-Discussion1 : [ ' "» 'r1' " * ? "J ' ' "' ,n, ·i T
M.RICâien,ltrouvantqûel'hyôscyâininé'estdangereusé'(action sur'
le coeur et collapsus à 3 milligrammes), préfère l'associer à la mor-
phine : S milligrammes de chaque produisent une narcose plus pro-
bibliographie.' (- 297
fonde que celle du chloroforma. Confirmation'de M. SciiitâTER' (lui
pense que la morphine est peu fidèle. Toutefois, M : Richter emploie-"^
rait l'hyoscyamine dans les cas où la morphinen'agit plus, et alors
que le chloral est rejeté, parce,que l'assuétude-à l'hyoscyamine se'J
montre moins facilement. f, 1 .1,... ? , 'li
MM. Dorrenberg etMENDEL n'en' ont pas remarqué de fâcheux rl
résultats. Ce dernier fait observer ! qu'il faudrait," en ' de pareils.1 `
cas,' tenir compte de l'impureté de la préparation et' du mauvais' !
état de la'nutrition des malades. Il constate;' comme un fait'nou-M
veau, son action sur les évacuations et pense que son usage' s'ap-P
plique aux' plus violentes agitations, .puisqu'elle, a agi'à des,doses
de 6 et 7 milligrammes, , tandis, que la, morphine* et' le > chlorahS
avaient, échoué. , m,^ , > - ? m p ., , 1 ? yTn '1 ;ilT Itll1
Le Br. Harts LOEHR clôt la séance par la lecture d'un travail sur les1-'
Co,anulatioiis de Pacchioni 1. 1 >-"[) °9 lu 1 " ? c( ? lf;q zmn's
La prochaine séance est fixée au 15 mars 188'). (Allg : 'Zèitsh ? f.
Psych. M. ' psych. -Gericht. medic ? t.* XXXVIII, 1881.)"1 -'» P.' K ? ™" ? ) ? j i u i , ' ? ,rr,··r · ? rr r ! i. , , Ar, "tpMiT' ? t. , r h i "h,' cnii tu ,r l ,n i" ? t ! Wn W ·,
, ,, , w , , . -I -. t 1 ? t , n -'I O'IftP
, ,i.. , , BIBLIOGRAPHIE ? .i 4'riir'n
. i i : , -i i ..i ,i i ? m, 7o.d
, ... . , 0 1 : r5 juin
. , , . ,,ii ? I ' 1>1 J9
.. , , , ? , . ' '- i I < ËfM : j oii'i
III. Za Fièvre ; Etude de physiologie normale et pathologique;
par H.-C. WOOD. [Bibliothèque MAsoK ! 'eHKe, n° 357. Phila-
delphie et Londres, Lippincott et G10,, novembre 1880), in-40,
de 258 pages avec figures et 5 planches noires. ''r\..< ,,
, , , 1 ... 1 VU' t
L'important travail de M. Wood, sur la fièvre et sur r sà* ph y7
siologie pathologique, contient la relation d'un grand nombre
d'expériences; la plupart ont trait à des lésions .cérébrales qu>
médullaires provoquées chez des animaux, et rentrent à ce titre
dans le cadre de la neuro-patholo-ie. i ? fh'h n
L'auteur a divisé son mémoire en quatre chapitres princi-
étudie successivement : , les, symptômes, de la fièvre,
il 1 ? - ? ) ·lo » ..u i ;g 1 V. , 1 U'ybr)n tC Trr9 '1 )J
Ce travail se trouvera dans i l'une des revues analytiques ? ru ' 'mirlq
298 bibliographie.
les moyens à l'aide' desquels l'organisme animal établit l'équi-
libre entre 'l'accroissement' et la diminution de la calorification ; ;'
les 'phénomènes thermiques 'de' la fièvre et la théorie de la
fièvre constituent les' deux derniers'chapitres. ' " · '
a ttl . drJ%1 (" 17 , ,r 'Ti el ( )" 1 . 1 Wy t- r ·t,r r7
IL'élévation de la' température extérieure peut amener là
mort par suite 'de troubles cérébraux," c'est ! le cas" du' coup de
chaleur (Ch'. VALLIN ? A ? 'Ch2*VéS gén : de Méd., 1871) : ' M. Wood'a
commencé 'par confirmer' ces* recherches dans les deux séries
d'expériences suivantes' : dans'le premier cas, on mettait l'ani-
mal'dans une'case'de verre'' exposée 'aux, rayons1 solaires 'où
chauffée par 'des, briques brûlantes;'dans Iesecond''cas/on
coiffait'les animauxid'une'poche del'càouichoue 'dans] laquelle
circulait un courant'd'eau chaude.' '-' 'i'i 1'l il ''' r "*< t
'4j i ? e)t ! 'i<" dh *-" ! il »*» - U -.iqi.in- iiii/iid'ii ' pt
tlDanst lai première série, on ? eut,les.résultats suivants Expé-
riencg 4 .. Lapin, l mort eti , une,; hellr, et ,demie., T. R. r,= r 46°, C ?
,T..dela,serre= 49 ? , expérience$. | Lapin mortceniunelieure et
demie. T.,R. rt44,7., '1'. , de la 'serre, =,44°,7; expérience 3.
Lapin mort en un quart d'heure ? 43°,9. 'l' de, la
.m 1 f-t" 'q ... Il 1 t , ,, , I rri n r i - - il .
serre = 9°; - xpéricicé 4. Chien mort en quarante' minutes.
T : R : '43°l ? rexprience '5 ? Pig'eo'n mort 'en une 'heure un1 quart.
'f ` R.' ? 49° au' moins1.' T ! 1 de la serre' =` 99°, ' ' expériezce' 4 0.
Chat mort en''un' quarto d'IicureJ T.' de la serre ,590'; dans'la
deuxième série, (celle de l'échauffement limité au crâne) on eut :
expérience 11. 'Lapin; eau = cï0°. T : R. ? 40°3, mort'en une heure
vingt. 'l ? intra-cérélJrale= 47°; expérience 12.' Lapin, eau = 60
à 80° : T. R., 4·1 ° I ? durée 'une' heure1 et demie;' l'animal' a sur-
vécu;' expérience 13. Chat, eau'= 60 à 70° mort en une demi-
heure. T. 'ihtra-cér6bra]e = 45°; '- expérience 14 ? Gros chat,
eau = 70.à 80 ? mort en deux heures. T. intra-cérébrale = 46°
111 : ' 1'Vood'`conclut de ces-expérieilces'que : 1° une température
intra-céiélmale de4p à'47°'est suffisante si elle est prolongée, pour
amener rapidement la mort des mammifères par arrêt de la respi-
ration ? 2c'les symptômes principaux sont 'de l'insensibilité et des
.convulsions,'précédées'd'une augmentation marquée du1 nombre
de respiration et des battements du coeur, sans qu'il y'ait d'éléva-
tion thermique généralisée; 3° « les symptômes sont rapides,
quelquefois foudroyants » (p. 7). Ces accidents nerveux sont» sou-
- tagés parles hains froids; c'est- une conclusion déjà connue et qui
.trouve son application,clinique chaque jour. , . ,
.J lllllr n . p || (P ' , . ! -t'il 1 l' t' ' ' ' ' '" "
t r, Les températures indiquées par M. Wood sont en, degrés Fahrenheit,
ius lés'çônvéitü : ons`én e s1d', . la table de Seguin (lledical
nous tes'convertirons'en centigrades' d'après la table de Segum (Médical
BIBLIOGRAPHIE. 399
(IL, Dans le chapitre suivant,[M. ? ,Wood étudie les. causes de,
l'élévation de, la' température après la section de lajmoelle'épi-
nière ; il rappelle les faits signalés. depuis Brodief (1837), ! Ber-
nard(1853), Schiff(1855),,Chossat(1832)"Tscheschichin (1$G6);
Naunyn et Quincke (1869), Rosenthal (1869), Binz (1870),
I'arinaudr (4877),,·;et rcite quelques, expériences,, personnelles
[expérience 21 à 24., p. '17). , IL résulte de ces faits que,, le ,plus
ordinairement ? chez,\un^ animal, vigoureux, r la température
s'élève après la section de la moelle épinière, à la condition de
tenir, l'anima^dans un, milieu chaud. Un ! calorimètre partiez,-
lier a.été employé par, l'auteur. dans.,ces, exp6riencestet) dans
celles, quljsuivent (pMj17 à26).ûDansllesnombreuses;expé;
riencesqui suivent; l'auteur s'attachera déterminer expérimen-
talement le point précis della;rlioelleftou ? du;,hulbe,ldans
lequel se trouvent compris les centres de calorification. Ces
expériences sont données avec les plus grands 'détails,1 il's'agit
'd'une" 1 véritableT équation) dans Il laquelle -chaque' phénomène
phYsique'0'u'chimique'de'l'organisme vivant/est introduit avec
sa valeur absolue et modifiée selon' les conditions expérimen-
tales. De nombreux, calculs permettent' au lecteur,, de ^vérifier
lui-même les, résultats,. de, M ? Wood,, d'assister ! en ...quelque 1
sàrte à,ses-C'Xéri ? es. Voici les conclusions principales aux-
quelles M : Wood s'est' arrêté pour cette partie.de son travail : ? j 1 f , I "l»'l <1 1 yr f't.t.J ? t I ,) ? nr f1f141r11mkn ? « La section de, la moelle, au-dessus de l'origine des nerfs splan7
chniques, est ordinairement accompagnée'), d'un accroissement
immédiat,, et prononcé t de la quantité de chaleur perdue par; le
corps; elle s'accompagne déjà diminution marquée de la-chaleur
produite dans l'organisme. » [Expériences 25 à 33, p., 45.)1' . "n;,r.
«, Il semble y avoir, après la section de la moelle épinière, la
mise-en liberté de deux forces distinctes et même opposées ? l'une
qui, paralyse, l'autre qui accélérera production de, la chaleur ani-
male. [Expériences 33 à 38); ce résultat ! paraît dû à une paralysie
vaso-motrice». Cette action dépend d'un centre; que AL1\'ood place
;« dans la partie inférieure du plancher du4e,ventricule ? près du
bec du calamus,». (P.rSâ,'Expériences 39 à 43.), 1 , j ? c j
- , il- il () . ! ° . lit m( t" ' - " in' 1
Ce centre est donc placé là où l'avaient déjà décrit Dittmar,
J : Owsjannikow et Heidenhain'. Il s'agissait'de déterminer
quelles seraient les conditions' de 'la calorification après une
section intra-crânienne du bulbe, aussi haut que possible au-
dessus du centre vaso-moteur thermique. Ces expériences sont
'difficiles à réussir.à cause de la, profondeur s des parties, a. sec-
300 BIBLIOGRAPHIE.
1 t)4- 'Il 1, ^ * ^^W .1-1
tionner et de 1\hémorrhaie,quise produit souvent, car, il, est
presque impossible de ne pas intéresser les ^aisseaux de la,base
de l'encéphale, quel que soit le.procédé employé. M. Wood
parait cependant avoir surmonte ces difficultés dans un certain
111 zip.11 ·III' 'fil`III II'n. W If v Iltés d ? · f11, Il
nombre d expériences [Expériences 46 à 53)et donne un procède
opératoire spécial pour ces sections (p.,56-57). Selon cet obser- ? i ? tjijjj ? i ? i ? t"'4' ? m ,.
vateur : M .1 .MlH*S
ai« ! Les blessures.de la 'moelle 'allongée placées de'façon'à para-
lyser les centres : bulbairés vaso-moteurs,l,sont )accompagnées'd'un
abaissement de la chaleur, animale; ^ les blessures, du, bulbe, au
niveau de son point de jonction avec la protubérance, chyle chien,
ontcausé une augmentation de la'température rectale, à la condi-
tiôytoutéfoisplûél;lés éeytrés,vâso-môteürs bulbaires ne^ soient ni
I joli
lésés directement par la section, ni comprimées par le sang épanché
àütôur"dn' bûlbé`(p : 6)a =' D'àutrés' ézpériencés'' [Expériences*^
et'T 55) montrent' quel les' blessures' du -bulbe1 qui intéressent ^ces
centres vaso-moteurs causent une diminution de la chaleur produite
d'une 1 façon i absolue, et que- cet abaissement'de température est
encore augmenté par lai perte de calorique qu'éprouve-l'animal',
au début de l'expérience (p : 65). » I ! j - .- Il «
aw",Ir ? 1 . i ., t, 11) qr, "; ' P ? >'w -t
Plus loin, par de nouvelles expériences [Expériences 56 à 59),
M. Wood reconnaît que : iiim'.i '" H * u "Wi >'' >
91 ? inl | , U ? f')'' v, m j^ 'iiif in ? (f ? r ) I
1< La section du bulbe, au niveau de la, partie inférieure de la
protubérance, est suivie d'une augmentation de la chaleur produite
et 'aussi" d'une perte plus' -raiide'de" calorique, sans qu'il y ait un
rapport d'équilibre entré' cette augmentation'et celte perte^ mais
dé façon à ce'que'la température' du'corps se trouve 'plus 'élevée
après qu'avant cette section. » *i *>f r a' '< ' bf'' ^ ' ' ""
9> n.l 1 ? (' I S"l , fr" ,' : r " t 1 - ' ' ' ']>''
.11 Cette perte de calorique pourrait s'expliquer parle.rayonne-
- ment. Un corps plus chaud perd plus de chaleur qu'un corps
dont la température est moins élevée., Si l'on songe d'autre
part que, dans ces expériences, le 'système vaso-moteur, est
absolument respecté, ont peut comprendre que les moyens de
réfrigération de l'organisme - ,tels que les évaporations
.peuvent se trouver accrus en raison.même de l'accroissement
.anormal de la. température animale. M.'Wood paraît disposé à
.admettretun.centre modérateur dont il détruirait, l'influence
par ses sections; et en effet on, remarque dans ses expériences
que l'élévation de, la, température rectale n'est complète que
quelques, heures après l'opération, alors, que les phénomènes
7T"ao 7-nTTqT, rt0*
BIBLIOGRAPHIE. 301
- ? i ? , - .. m t^ ? n ' , l'.i'i'.rn ii-îLih^o.T'.rriT *
irritatifs paraissent calmés. Deux expériences, [Expériences 60
,f ? l il, -y ? »" ? " ! T- ,-i .llnr » ? ,1 HU M'i'A'.l.'ll.l ? II' .l'UI
et' 61) montrent qu'il ne`s'agit pas seulement dune, irritation'
car au début la température se trouvait abaissée et elle ne s est
accrue* que peu à péû : ' Il faut"donc'admettre' une' influence
paralytique]' que 141 : Wodd compare aux actions trophiques, en
rappelant a propos de ces dernières les travaux de l'école'de la
Salpêtrière. z
-De même, l'irritation d'un .nerf sensitif s'accompagne d'un
abaissement de température ,'malgré,l'élévation de' la' pression
artérielle,' malgré même l'interruption de la circulation locale
(faits dé Heidenhain) c'est ce que'lés recherches plus'récéntes
de'Redard (Arch. gén'. dejiliéà ! 6"série; 'XIX ? 35) ont`aussi
démontré ? l'àlgidité' est `un üés' facteurs nécessaires du choc
traumatique.' Les expériences 6î., 65, 66 deM*,e à ne ,font
que confirmer ces faits et'montrent bien^qu'à la suite de l,irri
tation, prolongée d'un nerf sensitif, l'abaissement; de la tempé-
rature n'a (pas de rapport-avec;les modifications variables'de
la pression- artérielle. Si maintenant on vient à exciter un nerf
sensitif après avoir séparé le bulbe'de)la protubérarice'(Expe-
rieizees, 68, 69, 70, 71), on s'aperçoit que l'irritation sensitive
ne, cause plus la chute de la; température. (Résultat contradic-
toire avec ceux de Heidenhain.) frl, tcruc .·nnl ·r ? l M
Il semblait donc établi que ce centre thermique inhibitoire
était situé'dans la protubérance où au-dessus d'elle'. Malgré les
difficultés dé là détermination de ce' entre, ,M. Wôod â entréi
pris de le, circonscrire ,à l'aide,d'injec ons ? austiques..(Exp.
72 à 75) ;,les résultats obtenus ont été douteux,, il ne fallait du
reste s'attendre à rien de mieux; l'action d'un caustique'est
trop diffuse, et l'on s'adressait à un organe trop complexe
- , pour pouvoir espérer autre chose que''des manifestations.
variables et confuses. E ! l,r r' · ? fr,r ? -> ? (' z 1 i-F . , -
Ces centres thermiques peuvent' du reste dépendre du' cer-
veau, 'on sait qu'Eulenburg 'et` Landois' ( Vzrchôw'sArcha'v.
T. LXVIII, p. p+5) ont cru trouver dans l'écorce cérébrale du chien
des centres' modérateurs de la colorification, dont la'destruction
unilatérale s'accompagnerait d'une élévation de'la température
du membre inférieur du/côté opposé.' Il'y avait une hyperther-
mie croisée, correspondant à l'hémiplégie croisée ! ' M Wood a
consacré de nombreuses-'expériences à'la vérification de ces
'faits,' eti c'est là le point capital de son travail. Dix-neuf'expé-
riences sont relatées dans'tous'leurs"détailscet''aec6mpagnées
302 BiBLIOGRAPHI
des schèmes'des lésions cérébrales produites. Expériences' 76
à'95) : On peut'en conclure 'avec l'auteur' que' : ' " ? *
ii iqi iir, nu' il' 'm 1,1 mit) ri i.iii-i 11 -y..r(t T (l ii - '>"] v
/. « Quatorze de ces expériences ont porté' sur l'une' des premières
circonvolutions ouisuiftoutes deux, en arrière' du sillon 'crucial, et
dans six, expériences les lésions ont été produites dans d'autres par-
lies du cerveau. Dans aucune de ces dernières on n'a remarqué une
production sensible de chaleur, sitôli la blessure, cérébrale effectuée,
tandis que dans treize des premières expériences ,qui- intéressaient
la.'région de7ft<z ? il y avait une.augmentation considérable de la
coloriMcation. 'Celle des quatorze' expériences), (lui semble faire
exception,' peut s'expliquer par un' accident opératoire' Un' grand
sinus s'est'trouvé blessé,' le sang'a fusé autour'de l'encéphale et a
causé une compression qui s'est traduité'pa'r des''phénomènes vaso-1 `
moteurs et respiratoires. Cette élévation thermique est aussi ^en ray-
port avec l'étendue, de la, lésion- et-' sonj siège, car l'augmentation
de chaleur a été plus prononcée quand les deux, circonvolutions ont
été intéressées à la fois. Sur les. treize expériences,' sept} ont, porté
sur une seule circonvolution et l'on a eu.une augmentation, de, cha-
leur de 4 0, 20', 4 l ? 4 3; 30, 4 2 p.' 100 '; six expériences ont atteint les
deux circonvolutions à la fois)' elles ont donné 35, 74, 36, 27, 65,
47 p. 400'd'élévatidn hérmiqûe : Si un'séul' des côtés du cerveau
étaitatteint ou obtenait'une moyenne de 7 p. 100, si' les deux côtés
étaient lésés, 47 p : 4 00 d'élévation thermique étaient accusés. 11 faut
donc admettre que : la, destruction' de1 la région cérébrale connue
comme la première circonvolution cérébrale postérieure am sillon cru-
cial, effectuée près de ce sillon, s'accompagne d'une augmentation de la
chaleur produite. Par contre, les lésions produites à une certaine
distance de ce centre abaissent la ( chaleur animale; on-peut donc
s'imposer qu'elles excitent le ' centre modérateur contenu dans la
région de Hitzig. »
- .r i-/5 < ' t 1 . ' . ' ' ' 1
''Il fallait'donc irriter, sans le détruire, ce centre modérateur,
c'est-à-dire modérer directement la température animale par
l'excitation de la zone de Hitzig. M. Wood a eu recours (Ex-
périences 96 et 97) au sel marin ; dans ce ' but, il perforait le
crâne par une couronne de trépan, incisait la dure-mère, déta-
chait avec précaution la pie-mère et plaçait un peu de sel sur
le' cerveau.- Un bandage contentif maintenait l'excitant en
place.
« Dans les deux expériences, on a observé une chute de la tempé-
rature générale d'environ 22 p. 100 : on peut donc dire que l'exci-
tation d'un des centres modérateurs de calorification est accompa-
gnée'd'une diminution de la chaleur animale produite (p. 143). »
BIBLIOGRAPHIE. 303
, Les expériences .de M. Wood, ont été de,,trop.. courte,, durée
pour lui permettre de reconnaître si ces effets thermiques sont
temporaires ou permanents; il croit cependant devoir supposer
qu'il s'agit là d'un effet temporaire et que; ces centres corticaux
ne sont pas, eux-mêmes, les vrais centres thermo-modérateurs ;
ceux-ci devant probablement être ? contenus dans le pont de
Varole., i . , t j ' u'uji. - < i'i '' i ^>J
.'Les expériences qui suivent, et dans'le' détail desquelles nous'
ne pouvons entrer, indiquent que l'irritation légère de la zone
de Hitzig,·après'sectin',dés nersswagués,,n'a'pas d'influence
sur la pression artérielle,,et que , la ^destruction^ totale,, de,,ces
de1s ' ' " '; , la, nsion artérielle ; : par
zones, des deux côtés, n'abaisse-pas la, tension artérielle ;= par
contre, en séparant le bulbe de la protubérance ? et en coupant
les nerfs splanchniques,,on voit la pression ! artérielle - s'élever
quand l'asphyxie se produit ou si l'on irrite un'1 nerf sensitif :
(Expériences 98 à 109.) ' h > ? "'< ` ' 'h z,
'J L'existence des centres thermiques chez l'homme est loin
d'être démontrée' par la' clinique, on ne connaît guère,, que les
cas dé Bastiau (Paralysis / ? 'o ? K &ra ! M scae, p. 220), et celui
dé Rémÿ (Soc. anat. deParzs,,18î5"p.,158),dans lesquels des
lésions des ganglions intra-cérébraux ou du pont de Varole aient
été accompagnées d'hyperthermie croisée; cependant M. Wood
cite un certain nombre d'observations dans lesquelles il y a
eu une élévation locale de la température à la suite de lésions
du mésocéphale (p. 158). ' ' ' '
r , f ), ,/ mi 71 > ' -'i' ' > '" «
ici. Nous ne ferons que' signaler la troisième partie du ml
moire de,M"Woo -d;'ell'traitë'dèi'plié0-'M'ènes calorifiques de,
la fièvre et de la production artificielle de la fièvre chez les
animaux, au moyen d'injections intra-vasculaires, de, produits
putrides. .. , r . , " - - ,
IV. Le dernier chapitre du travail que nous analysons porte
sur la théorie de la fièvre. L'auteur discute, son origine,héma-
tique ou nerveuse. M. Wood semble, supposer que les produits
septiques du sang n'élèveraient la température qu'en irritant
localement les centres nerveux. ,
« La fièvre, dit-il (p. 3t8), même quand elle paraît d'origine irri-
tative, est produite par une action,exercée sur le système nerveux.
La fièvre'qui survient après l'altération du sang par des produits
septiques est souvent, et probablement toujours, le, .résultat d'une
304 BIBLIOGRAPHIE.
action directe ou indirecte du poison sur le système nerveux cen-
tral, c'est donc/de par cela même, une névrose. Dans la fièvre le
centre thermo-modérateur n'est pas paralysé, mais il est moins ca-
pable de réagir vite et puissamment, comme dans l'état de santé.
' Cet état s'accompagne d'un trouble des centres vaso-moteurs qui
ne' réagissent plus assez pour causer des phénomènes vasculaires et
sudorifiques suffisants pour annuler l'effet de l'élévation générale de
la' température ; on comprend donc comment certains états
fébriles excessifs et subits, comme le rhumatisme cérébral, peuvent
'être dus à une paralysie complète des centres nerveux qui président
tant à la production de la chaleur animale qu'aux moyens que l'or-
ganisme emploie pour se débarrasser de cet excès de calorique
(P 55). »
)7 " ' t
On voit quelle ' est en somme 'l'idée directrice qui a guidé
M. Wood dans ses intéressantes recherches. Il fallait examiner
successivement l'action de la, chaleur extérieure sur les phéno-
mènes, de 'calorification et,, sur les symptômes cérébraux de
l'hyperthermie, puis s'assurer de la part qui revenait à la
moelle,, au bulbe,, au cerveau, dans, la production de chaleur
animale et dans le développement des influences vaso-motrices
par lesquelles l'organisme tend à rétablir l'équilibre thermique,
compromis par ces lésions nerveuses. Enfin, il était néces-
saire 'de voir si les altérations du sang agissaient directement
sur, les organes pour élever la température générale, ou si, au
contraire, toute augmentation de température devait avoir,
directement ou indirectement, une origine nerveuse. Ces re-
cherches ont conduit M. Wood à opposer aux centres médul-
laires de calorification et d'actions. vaso-motrices, un véritable
centre d'arrêt régulateur, qu'il croit devoir placer dans le mé-
sbcéphale, au-dessus du bulbe, et dont il croit avoir expéri-
mentalement démontré les irradiations corticales dans les
couches superficielles du manteau cérébral. H. DE BOYER.
f, IV. Marche de la paz·alysie générale chez les alcooliques ;
'' par E. Moreaux. (Thèse de Paris, 1881.) .)
Dans un certain nombre de cas, les accidents de l'alcoolisme
chronique offrent une grande ressemblance avec ceux de la para-
lysie générale, comme l'ont montré les travaux de Magnus Huss,
de Lasègue. Ces accidents n'ont pas, dit Falret, la même gravité et
ne sont pas fatalement incurables. Nasse a décrit une pseudo-para-
lysie e potu. 1 ' '
BIBLIOGRAPHIE. 305
La paralysie générale se manifeste un peu plus tôt chez les alcoo-
liques que chez les autres sujets. Chez eux, la marche diffère aussi
de la forme classique, dont elle se distingue par l'absence habi-
tuelle des prodromes ordinaires ; elle est, toutefois, souvent, pré-
cédée d'accès de manie alcoolique. L'invasion brusque est souvent
marquée chez les alcooliques par une excitation maniaque intense,
par un embarras de la parole extrêmement prononcé. , En^outre,
dans la paralysie générale des alcooliques, les rémissions sont plus
fréquentes, plus complètes et plus, franches que dans les cas ordi-
naires.' C'est dans cette catégorie de faits qu'on observe surtout ces
longues rémissions qui peuvent faire, croire à une guérison. f
t < v E I ,
V. Étude sur l'état mental et les troubles psychiques des cardiaques ;
bno orp Pal L. n'AsTaos. (ThBse ,de Paris,, 4884.) 1, ,r ,v ·· 1
> ? ? I'ï'1 Ij ? <'«>»'.' W. ^
L auteur pense qu'au point de vue des trouble^ psychiques il y a
une' différence bien tranchée entre les aortiques et les mitraux. Les
premiers, qui sont'des'anémiques1,' ont dés phénomènes d'excita-
tion, sont facilement irritables ; les seconds, qui sont des "conges-
tionnés, sont plutôt mornes' et taciturnes. Les aortiques'sont''aiséz
ment, atteints de fatigue intellectuelle avec diminution de ^aimé-
moire,, quelquefois, avec, des accès d'aphasie; leur 1 affaiblissement
intellectuel va parfois jusqu'à se l'approcher de la démence sébile.
L'état mental et moral des, .aortiques pourrait dégénérer en véri-
table hystérie cardiaque. , ?
Les mitraux sont mélancoliques ou violents et souvent ces deux
caractères s'associent.' il " à '' ' , il , 't' ' ''\ ' )'
Les affections du'coeùr peuvent,' chez les sujets prédisposés, déter-
minera une forme spéciale de' folie, folie cardiaque, tantôt dépres-
sive, tantôt délirante et pouvant mener au suicide : 1 La folie cardia-
que subit l'influence delamaladiecausale, elle offre des oscillations
plus ou moins brusques; mais l'intensité,des troubles intellectuels
ne correspond pas nécessairement à une recrudescence des troubles
cardiaques/ n" t', , . l 1 t(, . ? ? v ,Li ? -,
Dans l'asystolie, on observe souvent des hallucinations, princi-
palement de la vue, se produisant surtout la nuit, d'autres fois un
délire lypémaniaque ou maniaque, plus ou moins systématisé.
Dans les derniers jours, survient souvent, un délire vulgaire, surtout
nocturne. " Cii. FÉRÉ.
, , . r . ' . i|i| 'I , il ''
VI. Contribution à l'étude de quelques troubles nerveux qui surviennent
, chez les diabétiques; par E. 51ARY. (Thèse de Paris, 1881.) , -,
. . r . ? () 1 .L,
L'auteur rapporte les faits de/névralgies symétriques, signalés par
M. Worms, un fait de paralysie du bras droit et quelques obser-
20
306 BIBLIOGRAPHIE.
vations de coma diabétique, qui lui servent de base pour ses des-
criptions. Le coma diabétique peut survenir sans causes appa-
rentes, mais il est souvent déterminé par un excès quelconque,
par une promenade fatigante.-Il offre, deux phases distinctes. Dans
la première, le malade éprouve une sensation d'affaiblissement gé-
néral, d'endolorissement à l'épigastre, à l'hypochondre, puis des
nausées, des vomissements ; il est- pris d'une agitation, quelquefois
d'une loquacité extraordinaires ; et enfin surviennent les phénomènes
de dyspnée et de parésie cardiaque; la peau est livide et non cya-
nosée, les extrémités sont froides, le malade, anxieux, sent sa fin
prochaine.'Peu à peu le malade perd plus-au moins complètement
les fonctions de relations, et le coma est constitué. Ch. FÉRÉ. ? q, il 1 : n' , f) si ti u t u , - Il h 1 ' J.iq . -
VII. Lésion du nerf sciatique poplité externe dans les fractures de la*
., tête du péroné ; par P.-L. Couette. (Thèse de Paris, 1881.) *»-"
811ti li"1 '' . z - . ,v '.
« La fracture de la tête du péroné, soit.par arrachement,' soit par
choc direct, est une lésion rare. Les rapports du' sciatique poplité,
externe avec cette partie de l'os, expliquent les lésions de ce nerf, !
tantôt contusion, tantôt tiraillement immédiat; tantôt périnévritel
ou, névrite consécutives/ soit à l'emprisonnement', soit à la com-
pression du nerf par le cal. Les troubles de. la sensibilité et de la
motilité sont très variables suivant la gravité de la lésion : ils sont
souvent définitifs. Le traitement par l'électrisation n'est que pal-'
Hâtif.. , - - Cil. Féré. '
xlsv'" ' ' i . ? , , « INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Contribution à l'étude de la rage ; par M. DARGET. (Thèse de Paris,'
881.) .. ,-
Contribution à l'étude de l'épilepsie d'origine syphilitique; par, A.'
PÉRIER.'(Thèse de Paris, 1881.) ' , 1
Du tremblement mercuriel ; par E. SCHOBLL. (Thèse de Paris, 4884.)
Trois observations personnelles.
1 Contribution à l'étude de l'hémorrhagie spontanée de la moelle ou
/tëma<07Kt/ee;parA.-M.-L. BOPPE. (Thèse de Paris, 1881.) Une obser-
vation. '
1 Contribution à l'étude du traitement du tétanos a a frigore ; par
J.-B.-Ch. LAMEREUx. (Thèse de Paris, 188).) . j
Des complications cérébrales des affections cardiaques ; par M. BAGOT
(Thèse' de Paris, 1881.)
Contribution historique à l'étude du zona; par J. Planchais. (Thèse
de Paris, 1 881 .)
I'4-a^at ^xi-'h. "u.
°ZJ11 JG )' vti 7f.aW1 "i ? ' m j'hitJ, li ^mu.- < ? *,
- sq9S ! .tt,sa7j6S'n-L<iJ% h 4"l ="- "' xil ? >J 1 lu ? 1
.5J-).) ? t". -x uu ? >> i ? tua-,
-&8 i.â "- r NECROLOGIE, * 4 z
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gu*91T ? -" ? F a u ? - . ? - 1 . h11
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^ " 11,0 >c- 31» i '' 1 -
aitp HENRY CLOZEL DE BOYER t', ? .
àt, , .1-3 ... i. " *- ., f 'U &. "t "a. .t ? tc..u. >,. 631
La diphthérie a fait une victime de plus. Depuis bien des années,
nous avons perdu l'habitude de voir la mort se montrer clémenter
envers la jeune génération médicale; mais la Rédaction des Ar-
chives de Neurologie a été frappée dans ces derniers temps d'une
façon particulièrement douloureuse; il semble que c'est hier que
nous avons perdu Henri d'Olier, et voilà qu'aujourd'hui nous voyons^»
périr en pleine jeunesse, en pleine victoire dans un laborieux con-
cours, Henry CLOZEL DE BOYER. '
. C'est à l'hospice des Enfants-Assistés, en remplissant ses fonctions
de chef,de clinique de M., le professeur Parrot que notre malheu-i 1
reux ami a contracté la maladie qui en quelques'jours l'a enlevé à'
notre affection. Les obsèques ont eu lieu le 3 juillet. Derrière son
cercueil se pressaient un grand nombre de médecins ayant appai1'-1
tenu à des titres divers aux hôpitaux. Les internes, parmi lesquels
il n'avait que des amis, y étaient largement représentés. Au cime-
tière du Père-Lachaise, oùs'est faite l'inhumation, M. Ch. Quentin,
directeur général de l'Assistance publique, au nom de l'Administra-
tion ; M. le professeur,Parrot, son dernier, maître ; M. G.' Ballet,
au nom de la Société Anatomique, et M. Bourneville,Fau nom du'
Progrès médical et des Archives de Neurologie, ont rendu un deï-a
nier hommage à Clozel de Boyer. ' '
' Sur cette tombe qui s'ouvrait'avant l'heure pour engloutir tant,
d'espérances, et mieux encore que des espérances, l'émotion
nous contraint de nous taire; des voix tout à la fois autorisées et
amies se sont d'ailleurs fait entendre, et Henry de Boyer a été digne- '
ment loué; mais l'amitié de dix années qui nous unissait à lui.
nous donnait le droit et nous remercions ici notre cher Rédac-1-
teur en chef de l'avoir pensé comme nous de dire une fois de plus
à cette place toute l'étendue de la perte que nous avons faite.
'-Henry DE BoYER n'avait pas encore trente ans : après, de sérieuses^
études, il avait tourné vers la chimie les premiers 'efforts de son
activité ; élève de l'Ecole des Hautes Etudes, attaché au laboratoire
de M. Frémy, au Muséum, il se distingua là, comme il devait plus
tard se distinguer ailleurs ; et il puisa dans ses travaux laborieux et
308 NÉCROLOGIE.
précis ce culte de la rigueur scientifique, cette méthode exacte sans
laquelle il n'y a pas de science. ? Attiré alors vers l'étude de la médecine, il s'y adonna avec une
véritable ferveur ; mais non sans garder encore quelques attaches
avec la science qu'il avait aimée la première. Reçu externe des
hôpitaux, il associa la chimie à la médecine dans un travail qu'il
présenta au concours du prix Corvisart, mémoire dans lequel il
traitait des épanchements pleurétiques, et auquel la Faculté décerna
l'une de ses récompenses.
; Il aborda sans tarder le concours, chaque année plus difficile
pour tous et plus honorable pour les vainqueurs, de l'internat;
reçu, en ,4 874 interne provisoire, et en 187S interne titulaire, il ne
laissa rien perdre, c'est une justice que, ses chefs lui rendaient
volontiers, des immenses ressources que l'internat offre à ceux
qui ont su le conquérir. , ,
Non seulement, durant les quatre années qu'il fut attaché aux
services de MM. Legrand du Saulle, Bouchut, Bouchard, Broca et
Moissenet, il recueillit pour son instruction personnelle de précieux
documents, ainsi que l'attestent ses nombreuses communications à
la Société Anatomique, notamment sur les Localisations cérébrales,
et sur {'Etat des nerfs et des os dans les moignons d'amputés, et les
récompenses nouvelles qui lui arrivaient à la fin de chacune de ses
années d'internat, mais il tenait encore au service de ses amis les
inépuisables richesses que contenaient ses cartons.
,. Arrivé- au terme de son internat, Henry de Boyer quitta l'hôpital
avec regret, mais non sans esprit de retour : il-avait déjà résolu
td'y rentrer par les voies de plus en plus difficiles du clinicat et du
Bureau central. Une thèse très travaillée, très estimée en France
et à l'étranger, inspirée par les magnifiques travaux de MM. Char-
cot et Ferrier sur les localisations cérébrales, avait, été dignement
récompensée par la Faculté, et, ce qui vaut mieux encore, elle avait
montré ce qu'on pouvait attendre de l'auteur, à la fois rigoureux
et sagace, qui l'avait composée. Les premiers concours ne lui
furent pas favorables ; qui donc s'en étonnerait parmi ceux qui en
connaissent les multiples et difficiles étapes ? Mais l'activité du
jeune et intelligent travailleur ne se lassait ni se décourageait et,
au lendemain d'une défaite, il se remettait à l'oeuvre, et cela, on
l'a dit avec justice sur sa tombe, sans que jamais on ait entendu
sortir de ses lèvres une parole amère, soit pour ses juges, soit pour
ses concurrents-heureux.
Il semblerait qu'une telle vie ait dû suffire même à une activité
1 peu'eommune : il n'en était rien pourtant. Tous les lecteurs du
1 Progrès médical savent combien sa collaboration était active et
assidue,' et avec quelle compétence il traitait les questions les plus,
''diverses : c'est qu'il était doué de -cette remarquable et rapide
puissance d'assimilation, qui est le privilège de ceux qui travaillent
NÉCROLOGIE. 309
beaucoup et surtout qui ont beaucoup travaillé; une autre qualité,
qui ne pouvait guère être connue que de' ses collaborateurs, c'est
l'obligeance exacte et consciencieuse avec laquelle il remplaçait' au
besoin ceux qui se trouvaient momentanément empêchés de-rem-
plir leur mission. Il fut également le collaborateur utile et dévoué
de l'Année médicale, où il a publié les articles relatifs au système'ner-
veux et à la thérapeutique. ' '' ' - .se m4
Dans ces derniers temps un nouveau champ s'était ouvert à l'in
fatigable activité de de Boyer ; lorsque MM. Charcot et Bournévillé
résolurent de fonder les Archives de Neurologie,' ils n'hésitèrent
pas à lui confier le poste de secrétaire de' la rédaction ? et- ses
collaborateurs ont pu apprécier le dévouement qu'il apportait' à sa
tâche. Il a déjà rendu de grands services à ce-recueil dans lequel il
avait publié une Note sur un cas de méningite cérébro-spinalc aiguë,
une revue critique sur la thermométrie cérébrale, fort utile à' con-
sulter, et justement estimée, un grand nombre d'analyses de tra-
vaux tant français'qu'étrangers. ' i.n»iee
Enfin, appelé de bonne heure par Huguier comme prosecteur ' à à
l'Ecole des Beaux-Arts, il rendit en cette qualité' d'importants ser-
vices ; non seulement le successeur de Huguier, M. Alatliias'Duval,
ne voulut pas se priver d'un' aussi précieux collaborateur, mais il
lui ouvrit les portes de l'atelier de Bonnat, où Henry de Boyer fit
durant plusieurs années un cours d'anatomie appliquée aux Beaux-
Arts, dans lequel tout en suivant les traditions de ses maîtres, il' a
mis sa note personnelle, et dont le texte autographié par les soins
et l'intérêt de ses élèves, est malheureusement devenu fort rare.
Ce n'est pas tout : comme tous ceux qui savent vraiment bien, il
excellait à vulgariser la science ; ayant depuis' longtemps souhaité
et prévu la laïcisation des hôpitaux, il prêta, dès la première heure
à l'institution des Ecoles d'infirmières laïques un concours intelli-
gent, dévoué, ardent, désintéressé, que peuvent seuls apprécier
ceux qui ont collaboré à cette oeuvre utile, ou qui en ont bénéficié.
Deux autres institutions d'un caractère éminemment démocratique,
vouées toutes deux à l'instruction des ouvriers, l'Association philo-
technique et l'Union Française de la Jeunesse, ont eu l'heureuse
fortune et l'honneur de le compter parmi leurs professeurs, u
Cette vie, faite de travail, de dignité, et de dévouement, allait
enfin recevoir sa première récompense, et non la moins enviée ;
un brillant concours, bien qu'encore inachevé, ouvrait sans con-
teste à H. de Boyer les portes du clinicat; mais, entre les épreuves,
il avait pris la diphthérie aux Enfants-Assistés, dans le service de
M. le professeur Parrot, dont il était le chef de clinique adjoint, et
notre pauvre ami était déjà presque aphone, déjà infecté et étran-
glé par ce mal implacable lorsqu'il s'est traîné à la Charité pour y
subir la dernière épreuve de ce concours, sur lequel il avait fondé
tant d'espérances. , . , . miij
'3t0 -T, iti FAITS; DIVERS., 1 1 ii
j^b 11 est mort en·trois,jours, en libre-penseur comme il avait vécu.
- ? Datis le discours ému qu'il a prononcé sur la tombe de de, Boyer,
,AI. le directeur général de. l'Assistance publique avait promis que le
,nom de notre ami serait donné à une des salles des hôpitaux : cette
-^promesse a déjà reçu son exécution et une des salles du service de
M. le professeur Charcot à la Salpêtrière porte le nom de CLOZEL
de Boyer. Nous remercions bien vivement M. Quentin de cette
, bonne pensée; ce n'est pas seulement le plus digne des hommages,
t c'est aussi le plus salutaire des exemples ; et bien que sur ce point,
'les médecins soient, il faut le dire à leur honneur, plus enclins à
, se dévouer qu'à faillir, il est bon qu'un signe tangible vienne
- rappeler à ceux qui sont chaque jour sur, la brèche, qu'un, peu de
(terre .jetée sur la tombe d'un vaillant de trente ans ne saurait
teBacer) pour.toujours somnomiel son souvenir lorsqu'il est mort
pour ces choses, les seules à nos yeux vraiment grandes et vraiment
saintes : la science, l'humanité, le progrès.
3,1 r ' ., ? > e - r Br'DE AlUSGR9VE-CLAY. r . , ;r
fUi-fl i(l 1* 7. i . 3· , i ' i il - ' fiS.
g, h » . , ; ,. ,..., . , ,, i "9
9f cff't · n.l l z ti p 1 " . 1 . 14 4 e f 1 1, , - .. -
2f1 : , i 1 m ? "'FAÏTC : nïVRQ ' · iW ? 1 fj
rJJj ? /"FAITS DIVERS,' c . Il 'rt i, t i .,>,, l (1 ,
gs^y 1 2 ? 3r : \ ' ? , \ "» - t, -. , ' ''t i '<R '. f. , ,y
Asile d'aliénés DE VILLE EVRARD. - Il est créé, par décret en date
du 25 juin, une seconde place de médecin-adjoint à l'asile de Ville-
Evrard ; ;` 11L1 D Philippe RE est nommé à ce poste.) aï
Alcoolisme aigu simulant l'hydrophodie. Etant donné la fré-
.quencedes cas nombreux d'hydrophobie qui sont rapportés^ et
dont quelques-uns paraissent légèrement douteux, le Dr W.-B. Ha-
sard publie"1 dans 'le Su,izt-Louis Cli21ccd Record, un-cas méritant
considération. Le malade soutirait depuis quelques jours d'un
spasme laryngien et pharyngien, et il lui avait été impossible d'a- ? i ? aler'aucun 3 liquide. Il possédait toute son intelligence et n'était
agité par aucun tremblement. En peu de temps, néanmoins, se
.développa une manie furieuse qui se termina par des convulsions
cloniques et laimort. Aucune lésion ne fut constatée'a l'autopsie.
Les antécédents du malade démontrèrent nettement qu'on avait eu
Vaffaire d un vieux et très fort buveur. [Médical Record, jùly, 2,81.)
ejilst,l ` ... yl' . il 1, 1,l t- n 1 recto ? , > j , / ) i /
14'> STTISTIQUI de" l'ivrognerie' A DERLIN EN'1880. Nous avons parlé
récemment du projet de loi, déposé au Reichstag, par le chancelier,
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. '311
tendant à une répression plus rigoureuse de l'ivrognerie ; il n'est
pas sans intérêt de mentionner les résultats publiés par la préfec-
ture de police de Berlin, au sujet du nombre des individus arrêtés
dans cette ville pendant l'année 1880. Le nombre des personnes
arrêtées pour cause d'ivresse, s'est élevé à 7,893 (7,313 hommes et
- et 382 femmes). 6,267 ont été mis en liberté aussitôt que leur ivresse
était dissipée, 980 ont été mis sous la surveillance de la police pour
cause de mendicité et de vagabondage, 648 ont été renvoyés devant
la juridiction correctionnelle, et condamnés à raison de délits ou
de contraventions. Parmi les hommes arrêtés, 407 étaient âgés de
moins de 18 ans, 2,575 avaient de 18 à 20 ans, 2,801 de 30 à 40 ans,
4,364 de 40 à 50 ans, 766 avaient plus de 50 ans. Quant aux fem-
mes, 12 étaient âgées de moins de t8 ans, 1 10 avaient de 18 à 30
ans, 174 de 30 à 40 ans, 161 de 40 à 50 ans, 123 avaient plus de 50
'ans. (Revue générale d'administration.) w
Nécrologie. M. le D 1ZEBOUTTEVILLE, ancien directeur de l'asile
Saint-Yon, vient de mourir à Rouen à l'âge de 77 ans. M. Debout-
teville était non seulement un savant, mais un administrateur dis-
tingué, qui avait pris une-part-importante dans l'organisation de
l'asile, qui fut confié à sa direction.
Un des médecins aliénistes les plus connus des Etats-Unis, le
Dl lS-4Ac RAY, est mort à Philadelphie, le 3 mars, à l'âge de 74 ans.
Il s'est surtout occupé des aliénés au point'de vue de la médecine
légale ; son ouvrage le plus distingué, la Jurisprudence dans l'insa-
nité, a eu plusieurs éditions.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE"
, · .
1 SPITZRA (E. C. The functional and morphological relations of the
cerebellunz, broch. in-Se de 15 pages. , , , , 1
SEGUIN (E. C.) - A clinical contribution to the sludy z
chorea broch. in-8- de 40 pages, avec gravures dans le texte. New-York,
1877. G. P. Putuam's sons 183, Fifth avenue, à New-York, Etats-Unis.
On the Eal'lil diagnôsis of some oi-ga2zic Diseases of the nervous
si/stem, broch. in-8- de 20 pages. New-Yorlc 1881. 1'row's printing and
Bookbindung Co. tiOt-303 East 12 th Street, à New-York. 1
GUISRPPE Seppilli. Gli sludeli regeni s ? tl cosi detto magnetismo ani-
nzale. Vol. in-8- de 70 pages, 1881. Tipographia de Stefano Calderini e
Figlio, à Beggio, Vell'Emi'ia. , ,
- dix D E ? ,le2anzeyer's Anstalten sur Gemütlzs und Neruenkranke , zu
Lundorf bei Coblenz, vol. in-8" de 60 pages, avec 3 planches en chromo-
lithographie et 9 1 tableaux. Leipzig, 1881. Verlag von, Georg Bohme, Leipzig.
.. t. 'Je Le rédacleur-gérant,BouRnsvLi.s ?
TABLE DES MATIÈRES
Abcès (étiologie des) du cerveau,
254.
Absurde (philosophie de l'), par
Costelloe, 281.
Accès convulsif et comateux, 232.
tEstbésioènes, par Vigoureux, 92.
Aimants (traitement de l'hémiplé-
gie par les aimants), par Mor-
ton,2S9.
Albuminurie (considérée comme
symptôme de l'accès d'épilepsie)
par Kleudgen, 27G.
Alcool (restraint pharmaceutique
et), par Davies, 282.
Alcoolique (épilepsie), 268.
Alcooliques (marche de la paralysie
générale chez les), 304.
Alcoolisme aigu simulant l'hydro-
phobie.
Aliénés (de l'emploi et de l'action
de l'Hyoseyainiiie clie7 les), lai,
Reinhard, 277, 29G; (prédisposi-
tion héréditaire, et paralysie pro-
gressive des, parliendel, 250; -
(Étude sur le traitement des);
malpropres, 292; (Législation
des) en Autriche 151 ; - (Coiii-
mission de réforme du service
des), 156.
Alimentation forcée (quelques ré-
flexions pratiques à propos de
l'), par Régis, 130.
Aphasie (hémiplégie accompagnée
il') et suivie de guérison, par
Heuslce, 259, 291.
Arthropathies tabétiques, par De-
bove, 75.
Asiles (Inspection des), par Allen,
28<; (deStepliansfeIdetdo
Hardt), 293; (placements vo-
lontaires dans les), 131 ; juris-
prudence), 152;- Asiles des Alié-
nés de la Seine (Concours des
internes), 157.
Association médico-psychologique
anglaise, 139.
Atrophie musculaire (observations
pour servir à l'histoire de l'), ac-
cès convulsifs et comateux, crises
gastriques, par Joffroy, 232.
Base du crâne (observation de tu-
meurs métastatiques à la), par
Rosenthal, 253.
Béribéri ou kakké du Japon, par
D. B. Simmons, 140.
Bibliographique (Index), 306;
(Bulletin), 160, 311.
Bromure d ammonium, 292.
Capsule interne, par Bitot, 1.
Cardiaques (étude sur l'état mental
et les troubles psychiques des), par
d'Astros, 305.
Cécité et surdité des mois, par
Skwortzoff, 215.
Centralisation de l'énergie, par
Wooton, 283.
Centre (visuel), 122 (Un nou-
veau) cortical, par G.-H. Ham-
mond, 127 ; de la vision dans
les hémisphères, par J.-C. Dalton,
128.
Céphalagie occipitale comme sym-
ptôme de l'urémie, pat Séguin,
248.
Cercles (différents de troubles intel-
lectuls), 261.
Cérébrotomie méthodique, par Bi-
tot, 1.
Cerveau (mouvement du) par Ra-
gosin et Mendeissohn, 191.
Cerveau (nouvelle série d'expérien-
ces sur les fonctions du), par
Goltz, 123 ; (étiologie des ab-
cès du), 254. 0
Chorée (limitée à certains groupes
de muscles), par Warner, 259.
314
table 'des matières.
Congrès aliéniste de l'Allemagne du
(, sud-ouest ? tenu à Karlsrluhe
291. 1, s
Contagion '(cas de contagion des
illusions), par Morandon de Mon-
.4 theil, 128 ? ^ 9"ni'j' ? ut ^
Contraction musculaire paradoxale,
npar \lendelssohn, 149, " 'a
Corde du tympan (anatomie et phy-
siologie du nerf de la), par H.-B.
'll BigelOV,` 126. yUi "u · . Il
Corne d'Ammon ' (morphologie et
-ai embryologie)' par M.'Uuval, 162;
Relations étiologiques entre
les lésions de la;=et l'epilepsie,
''t.par Sommer, 246. 1 P ? l'
Couronnerrayonnante,'parBitot, 2.
Crises gastriques,' 232 : »'" (Il 14
am5)cy tn s.·r, ol rr 'hf'f*
Dégénérescence, des races humai-
nes, 136. W<t i. - -A /"il
Délire aigu, par llLaBriand,' 144;-
par Furstnei,, 273. 4 ? 1 ?
Délire'de pésécution, 288.,1 il r'1
Délire partiel diffus, 131. * ^
Diabétiques,' (contributions' à@ l'é-
tude de quelques troubles nerveux
. qui surviennent chez les) , par
- n Mary, 305. y^rufi rp .f't'ittf
"M 9allg ? i -, ;i. 1.n417
Education dans ses , rapports avec
les maladies mentales," 201. -ri
.Electroderlpourls les applications
céphaliques, 293, ts ? r,nr - n
Energie (centralisation de l'), par
F@l on, 283 : 1 1 1 (p f 4nintriv ?
Epilepsie (relations étiologiques ? n entre tles i lésions f de - la corne
sl. d'Ammon 1 et, l'), ? parr, Sommer,
246 ; - (alcooli ue), . par Eclie-
,,)Iverria, 268- : (de l'albuminu-
rie considérée comme symptôme ? de l'accès d'), parKleudgen; 276.
Epileptiques de l'emploi de l'hyos-
in cyamine t chez les ? par 1 1 Rein-
hard, 277 ; Du poids, des), en
oh tant que^signei objectif de la ma-
aalladie, pars Kowalewski,, 278. -
ïjpi (Délire), par Garnier, 284 ; (Pré-
voyance de l'état à,1'6-ard des),
291.
'Etablissements pénitenciers (per-
turbations mentales, observées
2ddans les),rl292. ' -i -'u'I
I r .il
Faciale (hémiatrophie progressive),
a), par Maragliano, 241, .iV^.li
Fièvre, par Wood, 297. 8'fnoa
Folié (à deux), par Morandon de
eMontheil; 198 ; (Systématique
aiguë primitive) par Buch, 271.
', . i ' -i-
Galvanisme (V. Goût). - ,"
Goût (perte complète et prolongée
'du goût et de l'odorat ; guérison
par le galvanisme), par Bock-
v vvell, 358. ' - ' ' ' ' ,1/1
Graphiques (tracés ? de' la mar-
clie), par Vierordt, 14' : 1' ici
Gynécophobie, par Muller, 294;
., t'"r o' ",Il 1 11(i
Hallucinations (de la théorie des)
par Kaudinslcy, 74 : *' ? ,
Hémiatrophie faciale progressive,
par Maragliano, 241. ' 'l
Hémiopie'du même côté guérie°,par
Fuicliel, 250.
Hémiplégie (traitement par les ai- ? nants); 259. (Accompagnée
S'd'aphasie' et suivie de guérison),
'"2S9. ' o £ V ? " -^
Hémorrhagie cérébrale (pathogénie
de la) dans les périodes précoces
r,lee la syphilis, par Lechner, 251.
Héréditaire (prédisposition" et pa-
ralysie'progi,essive des aliénés),
280. )L- , ) 1 1- R)1
Hyoscyamine ( de l'emploi et'' de
'action de l') chez les aliénés et
1,1 les épileptiques,' par Kowaiews-
ki, 477 ; par Dôrremberg, 296.
Hyperexcitabilité neuro-musculaire,
1 par Charcot' et Richer. 32, 173.
Hypnotisme (chez les hystériques)
par Charcot et'Richer, 32, 173 ;
- '(Les 'manifestations 'de'I'),
''a par Wille,123. - Il r 4
Hystériques ' (hypnotisme et hype-
rexcitabilité yneuro - musculaire
chez )es),'par Charcot et' Richer,
32,173; (Mensonges chez les),
-l 433 : ° ? rt.t, "i... , ''
rf-il) 'il, I ,J1 10 .il 'J.1 1,1
Illusions (cas de contagion des)
" 128 ? ,i .41 - ) - - - »"
Inspection des asiles, par Allen, 284.
Ivrognerie à Berlin, en 1880, 310.
0, il' 1, 1 il 1 a
Kakké du Japon, par D.-B. Sim-
mons, 140 : '
Labio-glosso-pharyngée (,paralysie
il, d'origine cérébrale à,foyer uni-
-* latéral), par Kerchoff, 256.
Localisation du centre visuel d'a-
,9 près, de toutes" récentes' expé-
- s nences de Ferrier; par, Pierson,
122. ot ,'^'K. i'
TABLEiDES MATIERES.
315
Main (note sur- l'usage de la gau-
che), par Ireland 127.. gr ? r
Maisons de santé (empire d'Alle-
magne), 151. ,, ,"
Maladies (influence des maladies ? algues sur les maladies men-
talés), `261. ? r
Maladies'mentales (influence des)
.^maladies . aiguës sur les 263.
*Ma) formations dans les mala-
dies, 296. , . i
Maladies nerveuses (modernes) ,
,,261 ;. ,t (l'éducation dans les
'rapports avec les)" 2G t.y >1
Marche, (tracés graphiques de la),
par Vierordt, 124. il
Mensonges chez les , hystériques,
133. - 1
Mentale (psychologie), 261., n
Métalloscopie, par Vigouroux, 92.
Métallothérapie, par Vigouroux, 92.
Métastatiques (observation de tu-
,, meurs) à la base du crâne, par ? Rosenthal, 255.
Moelle épinière (contribution à la
pathologie de la), 244 ; (Mort
subite ' rupture d'un vaisseau
' dans la région cervicale de la),
par Paye, 260. '1', 1
Mort subite (par rupture d'un
vaisseau dans la région cervicale
. de la moelle),, 260. -11" 1
Mouvements,(reeherc])es.graplu-
F ques sur les) du, cerveau, par
Ragosinet 111endelssohn, 42t., i
Musculaire (contraction) paradoxa-
, le, par,, lllendelssohn, .119 ;
' spasmes (désignés sous / le nom
,, des réflexes tendineux), par A.
- Waller, 124 ? ' 1%J , ,' '
Mysp phobie, par Hammond, 266.
, - 'll*~ >~ its -il' 4'S8, .r par-
Nécrologie, Marchant 158, 285; Ar-
nozan, 159, Deboutteville,-Rey,
207.doBoyer,367.- w " t
Névralgi es viscérales,parNefte1,242.
Névrome multiple , (contribution à
la structure et à l'histoire clinique
du), par Mitchell Prudden, 139.
Nominations : MM. Adam, >i;Rey-
naud, Mabille, 159, Rey. ?
Odorat (perte complète et prolon-
gée du.goût et de l') ; guérison
par. le galvanisme. par Rock-
yell, 258. " ", ,, Il,l 1 , , . t
Oreille (des phénomènes de vertiges
"dans les lésions de l'),, pansa-
giiisky,'267. - .191
Paralysies progressive des aliénés
j (prédisposition m héréditaire et)
' 280. f. il
.Paralysie générale (marche défila)
, chez les alcooliques, 304.. z
Paralysie spinale et spasmodique,
4 parSchultz, 250. · ' .3
Péricérébrite ( de l'augmentation
de la fibrine dans la), par.Bru-
fl net, 26 1. f , 1 m
Pharmaceutique (restraint) et l'al-
· cool, par Davies, 282. , t f)3
Philosophie de l'absurde, par Cos-
, telloe, ? 81. , , q
.Planches (explication des), 319.-I f
Poids des épileptiques en tant que
» signe objectif de la maladie, 278.
Priapisme (persistant et non attri-
buable à une lésion du système ? nerveux), parjPeabody, 249. 1(1
Prix Aubanel, 288. ,.
- Esquirol, 135.' . -, - l'id
Lesauvage, 15, a f
Prix de l'Académie de Belgique,
155. 1 , '" ttj
-Pseudo-monomanie, 131. tu
'.Psychologie (mentale), 961., ,il
1- 11 . , IL . n i f,
Réflexes, par Rumpf, 122; (teli-
dineux), par A. Waller, 124.
'Revues'critiques : ; (in6talloscol)ie,
métallothérapie , oesthésigènes ,
92 ? De la cécité et de lasurdité-
des mots, 315.
fj; , . iO''>"ili j il 3
Sauteurs (les) du Maine, par Beard,
Sciatique Poplité externe (lésions
' : du) dans les fractures de la tête
ri du péroné, 306. ? 1 l ,
Sclérose latérale^ amyotrophique,
9" par Moëli,· 260. y · ii -m
Société médiéo-psychologique,131,
°t 391. f1 foiqf ! yr 4u p, ( q3
Surdité (cécité et) des mots, par
ni Skwortzoff, 215. ·
S),pliilis '(sui ? Ia 'patliogénie de
1'liémori,ha,-ie cérébrale dans les
- ? formes- précoces 1 de la), ''par
., Lechner, 251. -i '
t »
Tabétiques (arthropathies) ,tipâr
ou-Debove, 75..n« i » un
Tumeurs métastatiques à la' base
du crâne, 253.
,(-» ' -Hifqn " ' j »*
Urémie ( céphalalgies occipitale
comme symptôme de l') ; par
s6 Séguin, s48 ·· 1 . t a
316
TABLE DES MATIÈRES.
Vertige (dans les lésions de
l'oreille), par Bagmsky, 257.
Viscérales (névralgies), parNeftel,
243.
Vaso-moteurs (de l'influence des)
sur la production de certains
troubles fonctionnels avec quelques
remarques sur le traitement, par
Atkinsoii, 257.
,l 1 `I
rUT ? l ? SS..tO ? TM tiLl'(TtTA 8 ?
TABLE
DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS
Allen, 284.
Astros (L. d'), 305.
Atkinson, 257.
Bagot, 306.
Beard (G. 946.
Bigelow (11.-B.) 426.
Billod, 131.
Bitot, 1.
Blanchard (R.), 126, 127.
Boppe, 306.
Boyer (fI. Cl. de), 144.
Briand (M.) 138, 144, 291.
Brissau , 121.
Brunet, 251.
Buch, 271.
Charcot, 32, 173.
Costelloe, 281.
Crichton-Browne, 261.
Daily, 136.
Dalton (J.-C.), 128.
Darget,306.
Davies (Pritchard), 282.
Debove, 75.
Delasiauve, 131.
Dôrremberg, 296.
Duval (Matiiias), 162.
Echeverria, 268.
Féré (Ch.) 127, 128, 144, 241, 258,
259, 305, 306.
Fischer, 292.
Fuckel, 250.
Furstner, 273.
Garnier, 284.
Gilles de la Tourette, 150.
Gnauck, 254.
Goltz, 123.
Hammond (G.-H.) 127.
Hammond (W.), 266.
Heuske, 259.
Ireland (W.), 47.
.Joffroy, 232.
Jolly, 291.
Kandinsky, 374.
Kéraval P.), 41, 13, 14, 244,
246, 248, 250, 251, 256, 257, 266,
273, 274, 276, 277, 278, 280, 281,
293.
Kirchhoff, 256.
Kirn, 292.
Kleudgen, 276.
Kovalewsky, 278.
KroepeUn, 2b3.
Lamereux, 306.
Lasègue, 133.
Lechner, 251.
Lunier, 131. ,
Marie, 253, 254, 257, 260.
Mary, 305.
Mendel, 280.
Mendeissohn, 119, 121.
Moëli, 260.
Morandon de Montheil, 128.
Moreaux, 304.
Morton, 259.
llfottet, 988.
Muller, 294.
Afusgrave-Clay (R. de), 430, 140.
263, 271, 282, 283, 284, 310.
318
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.
Neftel, 242.
Olier (H. d'), 260.
Paye, 260.
Peabody,249.
Perier, 306.
Pierson (R.-H), 122.
Pignol (J.), 126, 127.
Planchais, 306.
Prudden, 239.
Ragosin, 121.
Régis (E.), 130.
Reinhard, 278.
Richer, 32, 173.
Richter, 296
Rockwell, 258.
Rosenthal, 253.
Rumpf, 122.
Schoull, 306.
Schule, 292.
Schulz, 250.
Séguin, 248.
Simmons,(D.-B.),14U.
Skwortzofï, 215.
Sommer, 246.
Struppel, 244.
Talamon, 242, 248, 249, 258, 259,
260, 268.
Vierordt, 124.
Vigouroux (R.), 92.
Waller (A.), 124.
Warner, 259.
Wille, 123.
Witkowslci, 293.
Wood, 297.
Wooton (Edwin), 283.
83HDYIAJq 83Q UtT ? L9X3
EXPLICATION DES PLANCHES
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE PREMIÈRE
P. op., bandelette optique.
C. c., corps calleux.
F. sur. int., faisceau longitudinal supérieur interne.
f. 31., faisceau de Meynert.
g. C. i., genou de la capsule interne.
L. n. S., locus niger de Scemmering.
N, noyau de Luys.
N. c., noyau caudé.
N. I., noyau lenticulaire.
21 4
32 : EXPLICATION DES PLANCHES.
p l'anche' Il -1
C. i., capsule interne ? '"
C. op., couche optique. j ''T '
F. op., fibres optiques.' ? ' '
A', c, noyaû'caudé. ' ' " ' ` -J' ' '' ? j ·
N. I., noyau lenticulaire.' ? ' . '' >[ >- ,
Mil J 'U *l< ?
t
> > ' »' *i ? ,î
EXPLICATION DES PLANCHES. 323 3
PLANCHE-111
C. c., corps calleux. ( ! .a4 u , ,
C ? capsule-interne. ,^,1 ^..^ . w
C i. f. a., capsule interne; faisceaux antérieurs. ? rvv\t J0 vs
C. i. f. m. e., capsule interne; faisceaux moyens extei'nes.
C. i. f. m. i., capsule interne; faisceaux moyens intemeg.'1., , ^ .
N. c., noyau caudé.
N, I., noyau lenticulaire.
P. c. op., Pulvinar de la couche optique.
324 EXPLICATION ' DES ' PLANCHES.
PLIN-CHEji'
C, claustrum ou avant-mur. ? 31 ? s` r
C. e, capsule externe. '"M'h'Zt. T, ? ?
C. i. f. M. e., capsule interne; faisceaux moyens externes. Clé" *
l. Insula de Reil. .«««»-'...... m* *pc p
P. B. Putamen de )3urdaeh. f-uJ-n. ini - < <
1 .fl -f, »
miliJ2 ei` Aun s* in m
F Q4n r r >,«G'
°(yrfn^ Ir4rr, ro ,jQ ·
ld;v ! 189. nOn"nq ,6^ ^ i ? 7ms,
"urn'lt1" nnn-nq |-io«n^- irn-g ,
EXPLICATION , DES YL;1\CIIP : S. 325
1 . , t -W IÏ ! l'Y/'1
.PLANCHE, V
B. op., bandelette optique. ? 3vs M ,
C. claustrnm ou avant-mur...
r, ' capsule eaterne. atT ? i ? 9
C. e., capsule externe. ,. ? ? .. , . "
C. g. e., corps grenouillé externe. 1 < 5n'9JnJ SI,
F. zi., fascicultis uneinatus. 3b (.9t1 si, , s
L, insula de Reil. - Flb.su3 sb nsarsm i
N. r. St., noyau rouge de Stilling.
P. c., pédoncule cérébral.
P. r. conique, prolongement conique.
Tr. c. p. r., trigone cérébral, portion réfléchie.
Tr. c. p. d., trigone cérébral, portion directe.
326 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE VI
C. i., capsule interne 1 , ,,fi ,
f. op. Gr., fibres optiques de Gratiolet. r v , , ,. ,, J
N. L. , noyau de Ltiys. 1, 1 , , , . 1, , ,
N c., noyau caudé. " 1111- h t ,
N. ·. It., noyau rouge de Stilling. 1 -
P. c. f. s., pédoncule cérébral; faisceaux sensitifs.. ,
""Iltz-1 i, n. j uhi t, 'ii, m i t ,
r, f., ? f ? Alf - ? flll4rr(" ,n
EXPLICATION DES PLANCHES. 327
PLANCHE VII
C. e., capsule externe.
C. g. e., corps genouillé externe. ? v ..
C. g. i., corps genouillé interne. f ' ♦ »
C. i. f. p., capsule interne; faisceaux postérieurs.
C. i. g., capsule interne ; genou. , .
C. i. s. a., capsule interne; segment antérieur. , , , ?
C. i. s. p., capsule interne; segment postérieur ? ,
1. s. e., faisceau longitudinal supérieur externe.
/. /. s. i., faisceau longitudinal supérieur interne.
N. c., noyau caudé.
li11'LIC ? l'lU\ lll : i l'i..1\( llli.
PLANCHE VIII
f G., fibres de Gratiolet. ? 1. i., faisceau longitudinal intérieur.
f. 1. s., faisceau longitudinal supérieur
Archives de Neurologie T. II. Pl. IX.
Fig. 1. Fia. 2.
rig. 0. fig. 4.
EXPLICATION DES PLANCHES. ; ! 2'J
PLANCHE IX
. Excitation mécanique des muscles de la face pendant la léthargie
hypnotique.
(Nous devons cette collection de photographies au concours habile de
M. Loreau, modeleur du musée anatomo-patholojique de la Salpêtrière.)
Fig. 1. Excitation du muscle sterno-mastoidien du côté gauche.
Contraction du muscle.
Fig. 12. - Excitation du nerf facial en avant de l'oreille du côté droit.
Contraction simultanée des muscles de l'mil, du nez et de la bouche.
Fig. 3. Excitation bilatérale du muscle frontal.
Fig. 4. Excitation bilatérale du muscle nrbiculaire palpébral supé-
1 leti Il.
33H EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE X
Fig. t. Excitation unilatérale du muscle palpébral supérieur. On peut
constater dans le même muscle du côté opposé à l'excitation, un léger
degré de contraction.
Fig. 2. Dans crtte figure, à la contraction des deux muscles orbicu-
laires palpébraux supérieurs excités directement, s'est ajoutée celle des
pyramidaux du nez.
Fig. 3. Excitation unique et médiane des deux muscles dilatateurs
des narines.
Fig 4. Excitation du transverse du nez du côté gauche.
Archives de Neurologie T. II. Pl.1.
1 ! '19. 1.
' Il il 2.
Fig. 3. Fig. 4.
Archives de Neurologie T il. PI. xi.
Fig. 1.
Fig. 3.
Fig. 3.
Fig. 4.
EXPLICATION DES PLANCHES. 331 1
PLANCHE XI
Fig. I. Excitation bilatérale du grand zygomatique.
Fi.q. 2. Excitation unilatérale du grand zygomatique.
Fig. 3. Excitation unilatérale du petit zygomatique. Il s'y joint un
léger degré de contraction du muscle élévateur de l'aile du nez et de la
lèvre supérieure.
Fig. 4. Excitation unilatérale du muscle élévateur commun du nez
et de la lèvre supérieure. L'excitation, parfaitement localisée, porte sur
le rameau nerveux destiné à ce muscle.
132 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE XII
Fig. 1. Excitation bilatérale du muscle élévateur commun de l'aile
du nez et de la lèvre supérieure. L'excitation porte sur le corps même
du muscle.
Fig. 2. Excitation bilatérale du carré du menton.
Fig. 3. Excitation bilatérale du triangulaire des lèvres.
Fig. 4. Excitation de la houppe du menton.
Archives de Neurologie T. II. PI XII.
Fig. 1.
Fig. 2.
Fig. 3.
Fig. 4.
Archives de Neurologie T. 11. l'I XIII.
Fig. 1.
Fig. 2.
Fig. 3.
Fig. 4.
EXPLICATION DES PLANCHES. 33 : !
PLANCHE XIII
Fig. 1. Excitation simultanée des muscles frontaux et peaussiers.
Masque de l'effroi, d'après Duchenne (de Boulogne).
Fig. 2. Même expérience que la précédente, pendant laquelle on a
ouvert les yeux de la malade pour compléter l'expression de terreur. La
malade a été ainsi rendue cataleptique, sans que l'expression de la phy-
sionomie ait été modifiée pour cela.
Fig. 3. Excitation simulatanée des muscles orbiculaires palpébraux
supérieurs et des grands zygomatiques.
Fig. 4. -La malade est rendue cataleptique du côté gauche par l'ou-
verture de l'oeil gauche. Excitation bilatérale du muscle élévateur
commun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez. Le muscle droit du
côté léthargique se contracte seul. Du côté cataleptique, une excitation
semblable demeure sans effet.
1'.h. Hemsser. mp. 9S I