(1881) Archives de neurologie [Tome 02, n° 05-06] : revue trimestrielle des maladies nerveuses et mentales
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(1881) Archives de neurologie [Tome 02, n° 05-06] : revue trimestrielle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

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ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

' REVUE TRIMESTRIELLE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE

J.-M. CHARCOT

A\ NC LA fOl.f.AIiONAPIO : Y DN

MM. AMIDON, BALLET, BITOT (P.-A.), BLANCHARD (R.), BOUCHEREAU,

IIRIAND (M.), BRISSAUD (E.), BROUARDEL (P.), COTARD, DEBOVE(M.), DELASIAUVE,

DURET, DUVAL (llIernIAS), FERE (Cit.), FERR1ER, GOMBAULT, GRASSET,

HERVÉ (G.), JOFFROY (A.), KERAVAL (P.), LANDOUZY, MAGNAN , MARIE,

MAYGRIER, MIERZEJEWSKY, NEUMANN, P1ERRET, PITRES, RAYMOND, REGNARD (P.),

RICHER (P.), SEGUIN (E. C.), STRAUS (L.),'TALAMON, TEINTURIER (E.),

THIILIÉ (H.), TROISIEIt (E.), VIGOUROUY (R.), VOISIN (J.)

Rédacteur en chef : BOURNEVILLE E

Secrétaire de la rédaction : CII. FÉRÉ

Dessinateur : LEUBA.

Tome II. 1881

Avec 13 planches noires et en couleur et 26 figures dans le texte.

PARIS

BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL

f, rue des Ecoles.

1881

Vol. II. Juillet 1881. N° 5

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOMIE

LA CAPSULE INTERNE ET LA COURONNE RAYONNANTE

D'APRÈS LA CÉRÉ13ROTO,)IIE MÉTHODIQUE (Suite) ' ;

Par le Dr P.-A. BITOT,

Professeur honoraire à la Faculté de médecine de Bordeaux.

B. Etude de la capsule interne dans les coupes sagittales

ou verticales ant6,i,o-l)ost6,'IieII2,es.

Ces coupes sont au nombre de cinq. La première est

pratiquée à un centimètre en dehors de la ligne mé-

diane. Elle passe par le genou de la capsule interne.

Des trois suivantes, la dernière passe par le bord

externe du noyau caudé ou du ventricule latéral. Or,

comme ce bord est distant de deux centimètres de la

ligne médiane, il est évident que les deux autres

coupes divisent un centimètre d'épaisseur cérébrale.

La cinquième zone traverse le putamen de Burdach

dans sa plus grande longueur.

1 Voir le N- 4, p. 521.

. 4

2 ANATOMIE.

Première coupe. La coupe sagittale pratiquée à

un centimètre de la ligne médiane tombe sur le genou

de la capsule interne. (PL. 1.) La capsule forme une

arcade dont l'ouverture regardant en bas mesure un

centimètre. La branche antérieure de cette arcade se

perd dans la masse caudo-lenticulaire. La circonvolu-

tion olfactive interne, adjacente à la scissure inter-hé-

misphérique, ne possède donc pas de connexions avec

la capsule. D'autre part, l'homogénéité de la substance

grise des noyaux lenticulaire et caudé, en bas et en

avant, ne permet pas de douter qu'elle ne soit com-

plètement privée de tout processus provenant des par-

ties cérébrales qui l'entourent. La branche postérieure

de la capsule est en rapport en arrière et en haut avec

la couche optique. A son pied, elle se continue avec

les trois étages du pédoncule cérébral, mais principale-

ment avec l'inférieur. Le locus niger de Soemmering

le noyau de Luys, le noyau rouge de Stilling lui en-

voient des fibres ; on ne voit que la partie externe de

la coque du noyau rouge. Si la coupe avait porté un

peu plus en dedans, le noyau lui-même aurait été

intéressé. Les fibres fines, qui traversent la couche

optique et se jettent dans la capsule interne, procèdent

en grande partie de la coque du noyau rouge, ainsi

que nous l'avons vu déjà dans les coupes frontales

(PL. V.), et comme nous le verrons bientôt dans les

coupes horizontales; la bandelette optique, véritable

partie du cerveau/lui en envoie également.

Deuxième coupe. (PL. II.) La section tombe à la

fois sur le tronc ou portidn verticale de la capsule et

sur une partie des faisceaux antérieurs qui séparent en

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 3

avant et en bas les deux noyaux, caudé et lenticulaire.

Comme dans la coupe précédente, la capsule constitue

une arcade ouverte en bas, mais avec cette différence

que la base de cette arcade mesure deux centimètres

et que l'extrémité de la branche antérieure, au lieu de

rester comme perdue dans la masse nucléaire, atteint la

partie inférieure du cerveau.

Troisième coupe. La plupart des faisceaux de la

capsule interne sont excisés, donc ils sont obliques.

Quelques-uns franchement sagittaux sont sectionnés

dans toute l'étendue de leur parcours. L'ouverture de

l'arcade est encore plus grande que précédemment et

la branche antérieure atteint la base du cerveau. Donc

à 15 millimètres environ en dehors de la ligne médiane,

la partie postérieure du lobule orbitaire reçoit des

faisceaux capsulaires.

Quatrième coupe. A deux centimètres en dehors

de la ligne médiane, la coupe tombe sur le trajet du

bord externe du noyau caudé, par conséquent sur ce

qu'on est convenu de désigner sous le nom de pied de

la couronne rayonnante. (PL. II.) Ici les fibres se por-

tent en avant en formant, non des rayons dirigés vers

les divers points de la périphérie cérébrale, mais des

courbes concaves en bas d'inégale grandeur; les plus

courtes en même temps que les plus nombreuses sont

intrinsèques dans toute l'étendue à la masse nucléaire ;

les autres, les plus longues, et par conséquent les plus

élevées, dépassent un peu les noyaux, et se dirigent

comme les premières vers les circonvolutions orbitaires

ou frontales inférieures. Ces derniers faisceaux consti-

t ANATOMIE.

tuent au-dessus du noyau caudé une sorte de trajet

médullaire, perpendiculaire à la direction des fibres

du corps calleux. Leurs terminaisons au lobule orbitaire

sont antérieures à celles des faisceaux précédents, elles

- se trouvent à la rencontre de deux plans, l'un trans-

versal, tangent au genou du corps calleux, l'autre

sagittal, à deux centimètres en dehors de la ligne

médiane. Ces faisceaux extrinsèques, qui passent par

les couches du centre ovale les plus rapprochées du

ventricule latéral, forment la partie la plus élevée du

segment supérieur capsulaire que nous avons étudié

dans les trois premières zones frontales. Ce sont donc

ces faisceaux, qui sont les plus voisins de la ligne

fornicato-syl vienne. On comprend maintenant pour-

quoi dans les coupes frontales les stries supérieures

de la capsule interne sont horizontales, au lieu d'être

obliques comme celles du segment inférieur.

Outre les fibres qui précèdent, la Planche III nous

permet encore de constater qu'il en existe d'autres diri-

gées, les unes dans le sens vertical, les autres en haut

et légèrement en arrière. Ces dernières sont coupées

à leur origine. Les verticales *s'engagent entre les fais-

ceaux du corps calleux où elles disparaissent. Nous

savons déjà, d'après la cinquième zone frontale, que les

fibres se rendent sous forme de courbes vers le lobule

paracentral.

Cinquième coupe. Mais il existe d'autres 'expan-

sions capsulaires. En effet, dans les coupes sagittales

qui traversent le putamen de Burdach (PL. IV.), on dis-

tingue un éventail de faisceaux, et, chose digne de

remarque, cet éventail n'occupe jamais la partie anté-

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 5

rieure du putamen. On ne sera pas surpris de cette

particularité, puisque les coupes frontales et sagittales

démontrent concurremment que les fibres les plus

externes du groupe antérieur des irradiations curvi-

lignes sont franchement antéro-postérieures et sur le

trajet du bord externe du ventricule latéral. D'après

leur situation et leurdirection, les faisceaux de cet

éventail paraissent destinés aux régions sus-jacentes

de la partie correspondante de l'insula. De même que

les faisceaux capsulaires antérieurs, ceux-ci traversent

la masse ganglionnaire de part en part pour se rendre

à leur destination. L'insula elle-même, sauf ses extré-

mités antérieure et postérieure, ne reçoit aucune

expansion de la capsule interne, témoins les rapports

de contiguïté simple entre le noyau lenticulaire et la

capsule externe.

C. Etude de la capsule interne dans les coupes

horizontales.

La hauteur de la capsule interne n'est autre que

celle des noyaux eux-mêmes. Elle mesure environ

3 centimètres. Pour l'étude que nous faisons, il nous

a paru convenable de sectionner cette hauteur sur

quatre points inégalement distants, dont deux sur les

couches les plus déclives, le troisième sur le milieu de

façon à diviser capsule et noyaux dans leur plus

grande longueur, le quatrième à la terminaison de la

capsule interne, c'est-à-dire sur le trajet du pied de la

couronne rayonnante.

ti ANATOMIE.

Première coupe. La section passe au-dessous de

l'aqueduc de Sylvius et par le milieu des noyaux

rouges de Stilling. (l. V.) Je ne signalerai sur la

Planche V que les points qui intéressent l'étude de

la capsule interne :

a) Le cône de fibres que le noyau rouge de Shilling

fournit dans ce sens au pied de la capsule (processus

conique), passe entre les parties réfléchie et directe du

pilier antérieur du trigone cérébral en dedans, et le

pédoncule cérébral en dehors, se réfléchit sur ce der-

nier et se superpose à la bandelette optique. Il n'est

pas indifférent de constater l'existence de ces fibres et

leur situation entre la bandelette optique (partie céré-

brale), et la substance innommée de Reil ou anse

pédonculaire de Gratiolet.

Quelle est leur destination ? Il n'est pas encore

possible de le dire.

b) Sur cette coupe, comme sur la deuxième zone

frontale, nous constatons que dans une certaine épais-

seur la partie nucléaire la plus rapprochée de la base

n'est pas traversée par les fibres capsulaires. Les deux

noyaux ne sont pas distincts; ils ne forment qu'une

masse. On y voit cependant des fragments de fibres

détachés par le couteau et y constituant comme un

témoignage de la direction courbe des fibres antérieures

de la capsule.

Deuxième coupe. La Planche VII représente une

coupe faite un peu au-dessus de la précédente. La

section ayant légèrement obliqué en bas et à gauche,

il en résulte un certain degré d'asymétrie très favo-

rable à la démonstration des différences que la cap-

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 7

suie interne présente au-dessous et au niveau du

pulvinar.

La capsule interne n'est constituée que par la subs-

tance blanche comprise entre le bord postérieur du

noyau lenticulaire et la queue réfléchie du noyau caudé.

Cette substance blanche est formée principalement par

les fibres qui viennent de la partie postérieure de la

couche optique (pulvinar et corps genouillés) et secon-

dairement par les faisceaux les plus reculés du pédon-

cule cérébral.

Gratiolet a le premier attiré l'attention sur les fibres

qui viennent du pulvinar et des corps genouillés.

Aussi les appelle-t-on à juste titre : fibres optiques de

Gratiolet. Moins bien inspiré pour les fibres fournies

par le pédoncule, Meynert les a désignées sous le nom

de faisceaux directs, par opposition à tous les autres

faisceaux capsulaires qui n'arriveraient au cerveau

qu'indirectement, c'est-à-dire après avoir subi une

interruption dans la masse ganglionnaire. Je fais

remarquer qu'en ne tenant compte que de leurs rap-

ports avec les noyaux, ces deux catégories de faisceaux

n'offrent qu'une différence trompeuse. La différence

consiste uniquement en ce que, en arrière les faisceaux

réunis en grand nombre divisent franchement la masse

grise en deux portions, tandis qu'en avant la disso-

ciation des faisceaux fait que cette masse est perforée

isolément par ces faisceaux, d'où les stries nombreuses

qui font communiquer les deux prétendus noyaux, c'est-

à-dire les parties indemnes de perforation fasciculaire.

Troisième coupe. Dans la Planche VII, la section

horizontale porte immédiatement au-dessus des tuber-

8 ANATOMIE.

cules quadrijumeaux ; la couche optique et la capsule

interne sont coupées dans leur plus grande lon-

gueur. Cette section donne lieu aux remarques sui-

vantes :

a) Ici le nom de double centre demi-circulaire est

réellement applicable à la capsule interne.

b) Chaque centre demi-circulaire forme un angle

de 110° environ.

c) Chaque bord (segment capsulaire) de cet angle

diverge également de la ligne médiane avec laquelle

il forme un angle de 40°.

Le sommet du centre demi-circulaire ou genou de

la capsule interne (Flechsig) correspond aux piliers

antérieurs du trigone cérébral au moment où ils sont

en rapport avec la portion apparente de la commissure

cérébrale antérieure, et en est séparé par une couche

de substance grise de quelques millimètres d'épaisseur,

substance grise servant à unir celles du septum luci-

dum et de la face interne de la couche optique.

e) Les bords ou segments de la capsule représentent

une bande dont la largeur augmente d'avant en arrière.

La longueur du segment antérieur est de 2 cen-

timètres, celle du segment postérieur de 4 cen-

timètres.

f) Dans le segment antérieur la section des fibres

indique qu'elles ont été coupées dans le sens de leur

direction : il en est de même dans le dernier quart du

segment postérieur, c'est-à-dire de la portion comprise

entre le bord postérieur du noyau lenticulaire et la

queue du noyau caudé.

Quant aux trois-quarts antérieurs de ce dernier

segment, il est évident que la section a été faite per-

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 9

pendiculairement à leur direction : aussi peut-on, pour

ainsi dire, en compter le nombre. Nous pouvons inférer

de cette disposition, surtout en mettant à contribution

les données fournies par l'étude des zones frontales,

que le segment antérieur de la capsule provient de la

partie antérieure du segment postérieur dont les fais-

ceaux se courbent en avant à des hauteurs d'autant

plus élevées qu'ils sont plus reculés. De là une gerbe à

laquelle donne lieu la section sagittale de ces faisceaux

et le grandissement progressif de cette gerbe au sur et

à mesure que la section s'éloigne de la ligne médiane.

Le tiers antérieur du segment postérieur ne constitue

donc en réalité que le commencement ou le pied de

toutes les fibres du segment antérieur formé par l'en-

semble de leurs portions terminales coupées dans une

étendue plus ou moins grande de leur trajet. Comme

ces portions terminales sont parallèles, il en résulte

que bien qu'elles soient courbes, leur section hori-

zontale donne lieu à une bande blanche à peu près

homogène. En réalité, le segment antérieur n'est

que l'expansion de la partie antérieure du segment

postérieur.

Quatrième coupe. Cette coupe doit passer par la

partie la plus élevée de la région ganglio-insulaire,

c'est-à-dire par le bord externe du ventricule latéral.

Ce que nous voyons ici vient corroborer ce que

nous savons déjà; à savoir : 1° que les faisceaux les

plus externes de la partie antérieure de la capsule

interne s'inclinent en avant, qu'ils constituent sur le

trajet du bord externe du ventricule latéral un en-

semble de fibres tranchant par leur direction sur celles

10 O ANATOMIE.

du corps calleux pour se comporter à partir de l'extré-

mité antérieure de ce bord, comme le démontre la

coupe sagittale X; 2° que les faisceaux postérieurs se

dirigent en arrière sous la forme d'une lame épaisse,

large de 4 à 5 millimètres, parallèle à la cavité digitale,

par conséquent au bord externe du ventricule latéral,

de même que les faisceaux précédents. Cette; lame

parallèle à la cavité 'digitale, courbe dans le même

sens,est limitée en dedans par le tapetum et la corne

postérieure du corps calleux, en dehors par les fibres

arciformes, intergyraires.

Entre les faisceaux antérieurs et postérieurs s'en

trouvent d'autres, de grosseur variable, sectionnés

perpendiculairement à leur directiom. L'ensemble de

ces faisceaux fait suite au tiers moyen environ du

segment postérieur de la capsule coupée dans sa plus

grande étendue horizontale. Ces faisceaux sont'des-

tinés surtout aux circonvolutions centrales (portion

moyenne de l'hémisphère). Ils constituent :

a) Le ruban courbe de la zone frontale (PL. XX, 1. 1),

ruban qui traverse le centre ovale et se termine au

lobule paracentral.

b) Les fibres en éventail de la zone sagittale (PL. IV)

destinées aux parties moyennes et inférieures des cir-

convolutions centrales, à l'origine du lobule pariétal

inférieur et à l'extrémité postérieure de l'insula.

La description qui précède nous permet de donner

une idée générale de la capsule interne et des expan-

sions qu'elle envoie dans les hémisphères, expansions

dont l'ensemble n'est autre que la couronne rayon-

nante de Reil.

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 1 1

La capsule interne est constituée par deux conques

d'inégale grandeur, placées à la suite l'une de l'autre

dans le sens antéro-postérieur et dont les creux regar-

dent en sens inverse. L'antérieure, qui est la plus petite,

a la forme d'une capsule dont le creux regardant en

dedans embrasse la tête du noyau caudé et dont le

fond répond au centre ovale.

La postérieure, qui est la plus grande, est conique;

elle représente une sorte de cornet dont le creux, re-

gardant en dehors, embrasse le noyau lenticulaire. Le

sommet de ce cornet ou genou de Flechsig répond à

la partie antérieure de la couche optique, et le bord de

la base se recroqueville légèrement en dedans pour

former une gouttière dans laquelle se moule dans toute

son étendue, mais dans une partie de son épaisseur

seulement, la queue du noyau caudé. Ici la capsule

interne et externe sont adjacentes mais non dis-

tinctes.

Dans les coupes frontales comme dans les coupes

horizontales la capsule interne a la forme d'une clavi-

cule, mais avec cette différence que l'inégalité de ses

deux branches est beaucoup plus prononcée dans les

premières que dans les secondes.

L'axe ou diamètre transversal de la capsule aug-

mente d'avant en arrière proportionnellement à l'aug-

mentation du volume de la masse ganglionaire elle-

même. Par conséquent, la région où il est le plus étendu

correspond au sommet de la capsule (genou de Flechsig)

c'est-à-dire au trou de Monro.

Le diamètre vertical de la base est représenté par la

hauteur de la base de l'insula et son diamètre horizon-

tal par la distance comprise entre l'extrémité antérieure

12 --), ANATOMIE.

du bord externe du ventricule latéral et la partie la

plus reculée de la queue du noyau caudé.

Au point de vue de ses rapports avec les ganglions,

la capsule interne dans les coupes frontales peut être

divisée d'avant en arrière en quatre portions :

1° Une portion caudale;

2° Une portion lenticulo-caudale;

3° Une portion optico-lenticulo-caudale;

4° Une portion optico-caudale.

IL COURONNE rayonnante.

On sait que sous ce nom on désigne l'ensemble des

faisceaux ou fibres dont on constate la présence sur le

le trajet du bord externe du noyau caudé. Nous avons

déjà dit que nos recherches nous avaient conduit à

nous faire de ces fibres une toute autre idée que celle

qui a cours dans les ouvrages classiques ou dans les

traités spéciaux les plus réputés.

Les ganglions sont des confluents où les conducteurs

de la force nerveuse cérébrale subiraient une in-

terruption (Meynert), ou, à la fois, une inter-

ruption et une réduction (Huguenin) avant de

correspondre à la capsule interne. Parla réduction, on

explique la différence énorme que présentent les pro-

portions de la capsule interne d'une part et de la

masse hémisphérique de l'autre. Les conducteurs de la

sensibilité font cependant exception. Ils vont d'un seul

trait, sans interruption ni réduction, du lobe postérieur

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 13

du cerveau au pédoncule cérébral : ils sont, comme on

dit, directs.

Or, pour nous ce ne sont pas seulement les faisceaux

sensitifs qui sont directs, mais encore tous les fais-

ceaux moteurs sans exception. De même que les fais-

ceaux sensitifs, les faisceaux moteurs ne subissent ni

interruption ni réduction dans les noyaux de la base.

Toutes les fibres de la couronne rayonnante ne sont

que les expansions, les prolongements, les irradiations

de la capsule interne. Les ganglions ne sont par rap-

port à ces expansions que des organes passifs, des

organes perforés. Mais ces prolongements, au lieu d'être

en nombre infini, comme on le croit, sont au contraire

restreints, au lieu de toute l'écorce cérébrale, ce n'est

que quelques-uns de ses districts qu'ils atteignent et

dès lors on s'explique naturellement la masse relative-

ment petite de la capsule interne.

De quelle façon se comportent ces expansions :

1° Dans la partie antérieure ou frontale du cerveau;

2° Dans la partie moyenne ou pariéto-sphénoïdale ;

3° Dans-la partie postérieure ou occipitale.

Telles sont les trois questions auxquelles il convient

de répondre pour être à même d'apprécier exactement

l'ensemble des faisceaux de la couronne rayonnante

elle-même, la constitution du tronc de la capsule in-

terne et celle du centre ovale de Vieussens ou masse

médullaire des hémisphères.

A. Groupe antérieur ou frontal des expansions cap-

M/aM. Ce groupe comprend toutes les expansions

capsulaires de la partie antérieure des hémisphères

ayant pour limite, en arrière, la face postérieure de la

1 \ ANATOMIE.

4° zone frontale. Dans les coupes frontales portant

sur cette partie, il est impossible de saisir aucune trace

de nature à nous faire admettre la moindre connexion

entre la périphérie cérébrale et la capsule. Cependant,

les auteurs y décrivent les feuillets caudé et lenticulaire

de la couronne rayonnante. Dans les figures dont ils

se servent pour expliquer les connexions dont il s'agit

nous voyons une infinité de rayons unissant l'écorce

cérébrale aux ganglions; mais, s'il existait réellement

des feuillets distincts, caudé et lenticulaire de la cou-

ronne rayonnante, c'est-à-dire si les ganglions étaient

le point d'arrivée des fibres hémisphériques, il faudrait

nécessairement qu'il y eût rapport direct entre le

nombre de ces fibres et les parties les plus volumineu-

ses des ganglions. Or, c'est le contraire qu'on observe.

La tête du noyau caudé et le putamen de Burdach ou

segment externe du noyau lenticulaire sont privés de

faisceaux et ne sont parcourus que par des filaments

blancs très déliés auxquels leur circonférence reste

étrangère. La tête du noyau caudé est, pour ainsi dire,

perdue sous forme de hernie dans le ventricule, et le

segment externe du noyau lenticulaire, segment qui

pourrait également, à cause de son volume, porter le

nom de tête ou partie la plus forte de ce noyau, re-

pousse la capsule externe, se loge dans la calotte qu'il

lui fait former et ne contracte avec elle que des rap-

ports de contiguïté. Voilà un fait anatomique qui n'a

échappé à l'observation de personne. Ces amas consi-

dérables de cellules protestaient, par leur isolement,

contre l'opinion qui faisait converger sur eux toutes

les fibres cérébrales environnantes. Néanmoins , on

enseigne que la première circonvolution frontale en-

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 15

voie dans toute son étendue des fibres au noyau caudé,

et on tient pour vraisemblable que, eu égard au plus

grand développemnt de la tête de ce noyau, la partie

qui provient du lobe frontal offre une épaisseur nota-

blement plus grande que les autres, et conséquem-

ment, doitrenfermer une plus grande quantité de fibres'.

Aux idées systématiques nous opposons des résultats

fournis par les coupes diverses méthodiquement faites

et reproduites par des photographies absolument intè-

gres, sans retouche aucune. La coupe la plus négligée

jusqu'à ce jour, pour la solution du problème qui

nous occupe, la coupe sagittale, est celle qui nous

rend le plus de services. D'après ces coupes, nous nous

croyons en droite d'affirmer que dans toute la partie

antérieure de l'hémisphère y compris les 4/7 antérieurs

de la portion meso-lobaire à peu près, la couronne

rayonnante n'est représentée que par les faisceaux

courbes, qui procédant de la capsule interne traversent

de part en part la masse ganglionnaire et aboutissent

à l'espace orbito-insulaire qui s'étend de la partie pos-

térieure de la 2e circonvolution olfactive à la partie

antérieure de l'insula. Sur ce trajet orbito-insulaire

les expérimentateurs et les cliniciens trouveront de

nouveaux centres psycho-moteurs.

B ? LM'e6 ? co ? ? o la couronne rayonnante

dans la portion moyenne du cerveau CM aTO ? e/ ! 0<-

clale. Groupe des faisceaux moyens ou verticaux. -Les

coupes sagittales et frontales permettent de s'en ren-

dre compte. Sur la coupe sagittale faite sur le trajet

' Huguenin, loc. cit., p. 106,107.

16 ANATOMIE.

du bord externe du noyau caudé il existe un véritable

mélange entre certains faisceaux de la capsule interne

et ceux du corps calleux. Sur quelques points il sem-

ble même qu'ils sont continus. Il est impossible de

poursuivre les faisceaux capsulaires au-dessus des

faisceaux transversaux du corps calleux, par consé-

quent dans le centre ovale. Cela vient de ce qu'un

grand nombre d'irradiations capsulaires abandonnent la

direction rectiligne. On le constate dans les coupes

frontales faites à ce niveau. En effet, l'aspect du centre

ovale y est caractéristique. Il se compose de deux

parties distinctes, l'une interne, l'autre externe, à peu

près d'égale largeur. On le remarque surtout sur la

coupe faite deux centimètres en avant du bourrelet du

corps calleux, c'est-à-dire à l'union du tiers antérieur

et des deux-tiers postérieurs du lobule paracentral.

Incontestablement, dans cette région le centre ovale de

Vieussens comprend des fibres ascendantes, et ces fibres

forment sur la section un ruban d'un centimètre de

largeur, courbe, convexe en dehors, concave en de-

dans. Ces fibres sont divisées en deux catégories : les

unes internes, les autres externes; les internes, abou-

tissant aux circonvolutions médianes, font suite aux

fibres capsulaires, qui, ici, comme sur la partie anté-

rieure du cerveau, perforent la masse ganglionnaire et

la divisent en noyau caudé et noyau lenticulaire. Les

externes, confondues dans le haut avec les internes,

s'en séparent au contraire nettement dans le bas. On

les voit pénétrer dans la substance médullaire ou cen-

tre ovale du pédicule sphéno-occipital. Je dois faire

remarquer que ces dernières fibres constituent pour

nous des fibres d'association verticales, destinées à

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. t7

relier les parties élevées et internes de l'hémisphère à

celles de la base. Elles complètent les autres fibres

d'association dont nous parlerons bientôt.

Mais la capsule fournit encore d'autres fibres dans

cette région, fibres invisibles dans les coupes fron-

tales, apparentes dans les coupes sagittales, traversant

le putamen de Burdach (Pl. VIII). Nous constatons

ici de nombreux faisceaux rayonnants paraissant des-

tinés à la moitié postérieure environ de la circonvolu-

tion qui circonscrit la scissure de Sylvius et aux parties

avoisinantes des circonvolutions anastomosées avec

elle. La partie antérieure du putamen est dépourvue

d'irradiations. Il ne faut pas en être surpris puisque la

section transversale qui passe par celles de ces irra-

diations qui se trouvent le plus en avant, passe égale-

ment sur l'extrémité antérieure de la couche optique.

Or, la coupe sagittale faite à 2 centimètres en dehors

de la ligne médiane (Pl. III) nous a démontré qu'à

ce niveau tous les faisceaux de la capsule se portent

en avant. D'autre part, les coupes frontales intéres-

sant les parties antérieures du noyau lenticulaire nous

ont démontré en fait l'indépendance d'origine des

faisceaux capsulaires et de ce noyau. Ici, il est évi-

dent que le noyau lenticulaire ne reçoit aucune ter-

minaison des faisceaux rayonnants; il est simplement

traversé par eux, ainsi que nous l'avons établi.

C. Manière dont se comporte la couronne rayon-

nante dans la partie postérieure ou occipitale.-Ce que l'on

appelle prolongement occipital de la capsule interne

constitue, pour ainsi dire, un système à part compris

entre le bord postérieur du noyau lenticulaire et la

18 ANATOMIE.

partie réfléchie de la queue nucléaire qui l'embrasse

en arrière à la façon d'une anse verticale. On peut

juger de l'importance de ce système en examinant les

coupes horizontales moyennes et la coupe frontale

passant par le bord postérieur du noyau lenticulaire.

(Face postérieure de la 5e zone mésolobaire.)

D'après Meynert et Iluguenin, la partie inférieure

chez le singe comprend de véritables expansions pé-

donculaires directes. Nos coupes le démontrent sur le

cerveau humain. Nous avons déjà eu occasion de faire

remarquer que ce caractère de directes donné à ces

fibres pour les différencier des antérieures et des mo-

yennes résultait uniquement de l'écartement considé-

rable qui existe normalement dans cette région entre

les deux noyaux lenticulaire et nucléaire.

Mais la plus grande partie des fibres de ce système

procède immédiatement du pulvinar et des corps ge-

nouillés, médiatement des tubercules quadriju-

meaux, en d'autres termes, de toute la portion de

l'appareil optique située en arrière d'un plan transver-

sal passant par le bord postérieur du noyau lenticu-

laire et la commissure cérébrale postérieure. Ce sont

les fibres optiques de Gratiolet. Les coupes horizon-

tales sus-mésolobaires ne présentent pas trace de

ces fibres : on ne les constate réellement que dans les

coupes qui intéressent le mésolobe et la couche optique.

Dans ces dernières, l'aspect lisse de ces libres prouve

qu'elles sont sectionnées parallèlement à leur direction.

Placées en dehors du tapetum, elles restent concen-

triques à la cavité digitale pour se terminer dans les

circonvolutions de la face interne de l'hémisphère.

Telle est la couronne rayonnante; sauf les fibres de

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 19 J

Gratiolet, elle n'est, comme nous l'avons affirmé et

démontré, que le prolongement des faisceaux capsu-

laires continus eux-mêmes à ceux de l'étage supérieur

du pédoncule cérébral. Contrairement à l'opinion gé-

nérale, cette couronne n'est donc pas formée par une

infinité de rayons rectilignes reliant toute la surface

du manteau aux ganglions de la base et à la capsule.

CONSTITUTION DU CENTRE OVALE.

Je n'ai pas l'intention de traiter ce point à fond. Je

veux seulement fixer l'attention sur la part que pren-

nent à la constitution du centre médullaire hémisphé-

rique les fibres dites d'association, les fibres de Gra-

tiolet, le faisceau unciforme et la capsule externe.

Les systèmes d'association ou systèmes de fibres des-

tinées à relier entre elles plusieurs parties d'un même

hémisphère sont très nombreux chez l'homme. Us

entrent pour une bonne part dans la constitution du

centre ovale de Vieussens. Les données que la science

possède à ce sujet sont fort restreintes. Elles concernent

surtout le cerveau de l'animal. Meynert qui a étudié

la structure de la substance blanche hémisphérique

avec non moins de soin que les autres difficultés des

centre nerveux, ne la démontre en réalité que sur le

cerveau du singe. Pour ma part, je ne me suis occupé

que de celui de l'homme. Je verrai plus tard, si la

difficulté est. plus grande à résoudre pour le cerveau de

l'animal.

Il est bon de se rappeler : 1° qu'après une immer-

20 ANATOMIE.

sion momentanée dans de l'eau froide, les fibres, pro-

bablement par le fait d'une simple hydrotomie, se

dessinent nettement suivant qu'elles ont été coupées

perpendiculairement ou parallèlement à leur direction.

Dans le premier cas, leur présence est rendue manifeste

par le contraste que présentent leur surface de section

ponctuée et celle du tissu névroglique qui les entoure :

on peut dire que cette surface est hétérogène. Dans le

deuxième cas, au contraire, la surface est unie, homo-

gène : la chose est patente dans les coupes frontales et

sagittales du corps calleux. D'où cette conséquence im-

portante, que, toutes les fois qu'un district de coupe

cérébrale sera d'aspect hétérogène, nous devrons le

considérer comme formé par des fibres coupées en

travers, avec cette remarque non moins majeure que

ces fibres se présenteront, soit sous la forme de points

ou taches plus ou moins arrondis, si elles sont isolées,

soit sous la forme de lignes ou lamelles plus ou moins

longues, si elles sont intimement associées.

II ne faudrait pourtant pas croire que le fait est dé-

montrable sur tout cerveau humain. Il en est qui sont

pour cela plus favorables que d'autres. Je me borne

à le constater, laissant à la clinique le soin de fournir

une explication satisfaisante.

Les propositions que je viens d'énoncer trouveront

de nombreuses applications dans ce qui suit. Pour fa-

ciliter la compréhension du sujet, nous adoptons l'or-

dre établi par Meynert et Huguenin dans la descrip-

tion des faisceaux d'association. Nous aurons soin de

noter ce que la cérébrotomie méthodique produit de

spécial.

Ces faisceaux d'association sont représentés par :

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 21

1° Le faisceau longitudinal sous-jacent au gyrus for-

nicatus. (Circonvolution du corps calleux ou de l'our-

let.)

2° Le faisceau longitudinal supérieur ou arqué.

3° Le faisceau unciforme. (Fasciculus uncinatus.)

4° Le faisceau longitudinal inférieur.

5° Le système très étendu des fibres propres (Fibrse

proprioe.) -

A ces cinq systèmes nous n'hésitons pas à en ajouter

un sixième :

6° Le système d'association verticale.

A. Faisceau longitudinal sous-jacent au gyrus forzzicq-

tus, appelé encore moelle de l'ourlet ou de la circonvo-

bilion du corps calleux . La coupe sagittale pratiquée à

un centimètre de la ligne médiane tombe sur ce fais-

ceau dans presque toute sa longueur (Pl. XX, t. I). Il

commence dans le lobule orbitaire, contourne l'extré-

mité antérieure du corps calleux, se dirige en arrière

au dessus de lui jusqu'à son bourrelet. Le faisceau lon-

gitudinal varie d'épaisseur sur divers points de son

parcours. Cette irrégularité d'épaisseur provient, ainsi

que le fait remarquer Meynert, de ce que des fibres

d'un autre ordre contribuent à le former. Epais en

avant du genou, mince en arrière du bourrelet du

corps calleux, Gratiolet a pu le suivre dans la circon-

volution de l'hippocampe et, selon Meynert, il irait se

terminer à la pointe du lobe temporal. De nombreuses

fibres provenant des parties avoisinantes de l'écorce

viennent rejoindre ce faisceau, pour le quitter après

un parcours plus ou moins long. De petits systèmes de

fibres arciformes se réunissent par conséquent aux

23 1-)

ANATOMIE.

fibres à long trajet; ces fibres me paraissent identiques

à celles que nous verrons bientôt sous le nom de fibres

propres ou de Gratiolet. On en voit provenir distincte-

ment, en avant, de la première frontale; en arrière, de

l'avant-coin ou lobule quadrilatère.

B. Faisceau longitudinal supérieur ou arqué. Ce

faisceau a-t-il été constaté sur le cerveau humain, je

l'ignore : voici le résultat que j'ai obtenu.

Pour avoir ce faisceau, la section doit porter à 3

centimètres en dehors de la ligne médiane.

Le faisceau longitudinal supérieur ou arqué devrait

être appelé faisceau longitudinal supérieur externe, par

rapport à la moelle de l'ourlet, qui devrait porter celui

de faisceau longitudinal supérieur interne. L'un ne mé-

rite pas plus que l'autre le nom d'arqué. Us ont tous

les deux une direction courbe qui s'harmonise avec la

direction de l'hémisphère.

Le faisceau longitudinal supérieur externe, sensible-

ment plus volumineux que l'interne, commence à l'é-

corce du lobe frontal et va se terminer dans le lobe

occipital, en traversant le centre ovale. Il est constitué

de la même façon que l'interne ; il est formé de fibres

longues et de fibres courtes, mais elles sont plus nom-

breuses les unes que les autres. Les fibres courtes ou de

Gratiolet, viennent des circonvolutions avoisinantes et

quittent le faisceau après un trajet plus ou moins

long suivant qu'elles enjambent un, deux, ou un plus

grand nombre de plis. Sur les centres lobulaires de la

substance blanche il semble que les fibres de Gratiolet

les plus longues s'entrecroisent les unes avec les

autres. On dirait également que, sur quelques points,

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 23

les faisceaux longitudinaux s'anastomosent et forment

une sorte de plexus.

C. Faisceau longitudinal inférieur. Meynert et

Huguenin placent ce faisceau après le faisceau unci-

forme ; il me parait plus naturel d'en parler avant. Il

va de la pointe du lobe occipital à celle du lobe tem-

poral. Sa structure est celle des faisceaux précédents.

Il renferme de longues fibres directes et surtout de

nombreuses fibres courtes qui viennent à lui des par-

ties avoisinantes et le quittent après un trajet assez

court. Qu'on veuille bien se reporter aux Pl. XVUI,

XIX, XX, dut. I, on reconnaîtra facilement la section

transversale des fibres d'association antéro - posté-

rieures. 1

D. Fibres propres ou fibres de Gratiolet. Ces fibres

sont en nombre considérable sous l'écorce. Les plus

petites, formant des courbes concentriques commen-

çant au sommet d'une circonvolution, embrassent dans

leur concavité l'anfractuosité comprise entre cette cir-

convolution et la circonvolution voisine et aboutissent

a cette dernière; les autres, plus longues, sautent

plusieurs circonvolutions.' Meynert et Huguenin pré-

tendent à tort, suivant nous, qu'elles présentent leur

plus grand développement dans l'insula de Reil. Le

contraire nous semble être prouvé.

E. Le faisceau unciforme et la capsule externe.

Pour se faire une idée complète de ces deux parties,

il faut les examiner dans les coupes frontales et hori-

zontales. Dans les coupes frontales, le faisceau unci-

forme est en rapport d'avant en arrière :

24 ANATOMIE.

En haut, avec les couches inférieures de la troisiè-

me frontale, avec la quatrième frontale, avec la parié-

tale ascendante, et le lobule pariétal inférieur;

En bas, avec les couches supérieures de la circon-

volution externe du lobule orbitaire, avec la deuxième

olfactive, avec la partie inférieure du claustrum, qu'il

traverse pour se mêler aux fibres de la commissure

cérébrale antérieure et venir former les couches les

plus élevées de la première temporale. (Voir successi-

vement Pl. XV à XX, du tome I.) En un mot, le fais-

ceau unciforme joue le rôle des fibres propres de Gra-

tiolet ; elle unit les parties gyraires qui couronnent

l'insula de Reil en haut, à celles qui la limitent en bas

sur la base cérébrale.

Aux connexions que Meynert lui attribue, avec le

faisceau longitudinal supérieur, il faut ajouter celles

qu'il possède avec le faisceau longitudinal inférieur.

Les coupes horizontales (Pl. VI et VII) confir-

ment pleinement les données fournies par les coupes

frontales au sujet du faisceau unciforme : elles démon-

trent surtout que ce faisceau n'est lui-même qu'une por-

tion du grand système des fibrespropres ou de Gratiolet.

Capsule externe.-D'après ces coupes, il est difficile

de ne pas assimiler la capsule externe aux fibres lon-

gues de Gratiolet, à celles qui embrassent un certain

nombre de circonvolutions. La structure fasciculée de

cette bande blanche n'est pas contestable.

En avant comme en arrière de l'insula, la capsule

externe après avoir dépassé le claustrum s'adjoint aux

petites fibres de Gratiolet pour se porter, avec les an-

térieures, dans le territoire de la troisième frontale,

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 25

avec les postérieures dans celui de la cinquième tem-

porale. Mais si ce point n'est pas contestable, il n'en

est pas moins vrai cependant que, dans sa partie anté-

rieure, la capsule externe est également formée par des

fibres appartenant au corps calleux. (Commissure inter-

hémisphérique.) Sur les coupes frontales I et II, cette

dépendance est palpable, d'abord avec la partie réfléchie

ducorps calleux (Pl. XV), ensuiteavec la lamelle blanche

du septum lucidum (Pl. XVI, t. I), qui lui est continu en

haut. Dans cette région, la capsule externe constitue

aux deux noyaux une véritable anse caudo-lenticulaire.

Cela revient à dire, qu'ici les fibres delà capsule externe

venant du corps calleux se recourbent en dedans.

Mais il est à remarquer que le nombre de ces fibres

diminue au sur et à mesure qu'on avance en arrière,

et qu'elles finissent par disparaître au moment où se

présente la commissure cérébrale antérieure destinée

à les remplacer pour l'union des deux lobes temporaux.

D'après cela, la capsule externe examinée d'avant en

arrière est donc formée de deux espèces de fibres

jusqu'à la rencontre de la commissure cérébrale anté-

rieure : les unes, venant du corps' calleux, se recourbent

en bas et en dedans; les autres, constituant des fibres

longues de Gratiolet, en partie verticales, en partie

horizontales, embrassent l'insula. Voilà pourquoi la

capsule externe, beaucoup plus épaisse en avant qu'en

arrière, n'existe plus qu'à l'état incomplet, est beaucoup

plus mince en bas qu'en haut, dans le sens vertical,

à 3 centimètres en arrière du genou du corps calleux,

c'est-à-dire au point où ses fibres commissurales vont

être remplacées par la commissure cérébrale antérieure

(Pl. XVII, t. I).

36 ANATOMIE.

*

F. Le système d'association verticale). Aux systèmes

d'association admis par Meynert et Huguenin, nous

n'hésitons pas à en ajouter un sixième qui doit être

désigné sous le nom de système d'association verticale.

Il est destiné à mettre en rapport la partie antérieure

du lobule paracentral et la partie externe du lobule

temporal.

J'ai déjà fait remarquer que sur la face postérieure

de la cinquième zone frontale, les irradiations capsu-

laires qui se rendent au lobule paracentral étaient

accompagnées en dehors par une traînée blanche de 1

à 2 millimètres de largeur, qui aboutissait en bas à la

première temporale, concentriquement au faisceau unci-

forme. Sur la pi. XX,1.1, ce système d'association a été

comme disséqué, surtout à droite, soit par le fait de

la macération, soit plutôt par un acte morbide. Du

reste, ce système n'existe pas seulement à ce niveau, il

se continue en arrière sur une étendue de deux centi-

mètres au moins, car, nous le retrouvons sur la face

postérieure de la septième zone frontale, où il limite en

dehors le prolongement occipital de la capsule interne

comme le tapetum le limite en dedans.

D'après cequi précède, il est aisé de comprendre que

les auteurs sont loind'être dans le vrai, en considérant

la substance corticale comme étendue à la façon d'une

coiffe au-dessus de la couronne radiée'.

Quel genre de coupes faut-il préférer ? Il n'est pas

indifférent de traiter une semblable question. Elle

intéresse les progrès de la science plus qu'on ne pour-

rait le supposer au premier abord. La preuve, c'est

' Bitot, Ion. cit.

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 27

que les cérébrologistes et les cliniciens sont encore

à ce sujet dans la période du tâtonnement. Bartholin,

Flechsig préconisent la coupe horizontale. Pitres '

cherche à faire prévaloir les sections parallèles aux

circonvolutions centrales. Néanmoins , Brissaud 5

se voit dans l'obligation de revenir à la coupe

horizontale, à laquelle, comme Flechsig, il reconnaît de

grands avantages. Pour lui, elle est la meilleure qu'on

puisse employer pour la topographie des lésions cen-

trales. Mais, au lieu de la faire de dehors en dedans, un

peu au dessus de la scissure de Sylvius, à l'instar de

l'auteur allemand, il conseille de sectionner le cerveau

par sa face interne, afin d'obtenir une coupe plus

parallèle. Il dirige le couteau un peu obliquement, en

bas et en arrière, en le faisant passer par le milieu de

la tête du corps strié et par le point de réunion du

tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs de la couche

optique (Brissaud, loc. cit., p. 25). En procédant ainsi,

on obtient la capsule interne sous la forme de centre

demi-circulaire. (Pl. VII.)

Supérieur à celui de M. Pitres, ce mode de section-

ner est pourtant loin d'être irréprochable.

Entre autres désavantages, je lui reconnais les sui-

vants : 10 Il laisse de côté une bonne partie de la cap-

sule, tant au-dessous qu'au-dessus de la coupe, cause

manifeste d'erreurs.

2° Il donne une idée incomplète' de la capsule, en

laissant supposer que le trajet qu'elle suit est formé

de fibres rectilignes brisées, formant un angle rentrant

' Pitres. Recherches sur les lésions du centre ovale. Paris, 1877.

2 Brissaud. Contracture permanente des hémiplégiques. Paris, 1880,

p. 20.

28 ANATOMIE.

alors que, d'une manière générale, elle a la forme

d'un cornet. Dans les coupes sagittales, les prétendus

segments ne constituent-ils pas un angle ouvert en bas

et non en dehors, comme dans les coupeshorizontales ?

Ce procédé fausse donc le jugement sur la véritable

direction des fibres capsulaires. Il laisse croire que ces

fibres ont la même direction que les segments, ce qui est

contraire à la réalité. En effet, ce ne sont pas des fibres,

mais bien des petites portions de fibres, des petits arcs

qui forment, par exemple, le segment antérieur. La

description que j'ai faite ne permet pas le doute à cet

égard. Les fibres capsulaires étant courbes, parallèles

entre elles, d'autant plus éloignées de la ligne médiane

qu'elles sont plus élevées, la section horizontale de

l'infundibulum qu'elles forment, doit donner lieu à

un centre demi-circulaire, ou plutôt à un angle saillant

en dedans. Par conséquent, les éléments de l'extrémité

antérieure du segment du même nom, loin de faire

suite aux éléments de son milieu et, à plus forte raison,

à ceux de son extrémité postérieure ne sont, au con-

traire, que des fragments de faisceaux dont le com-

mencement se trouve au pied même de la capsule ;

de telle façon, par exemple, que la continuation de

l'état scléreux de cette extrémité de la capsule doit se

rencontrer, non pas sur le trajet du segment anté-

rieur, mais bien sur un point du pied capsulaire.

Je me crois donc en droit de soutenir : que les coupes

frontales mésolobaires sont plus propres que les autres

à la précision des recherches anatomo-pathologiques.

Avec ces coupes, l'observateur peut suivre de proche en

proche tous les faisceaux quels qu'ils soient, supé-

rieurs ou inférieurs, courts ou longs. D'ailleurs, les

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 29

coupes frontales sont de beaucoup les plus faciles à

effectuer, puisque la surface de frottement que la subs-

tance cérébrale présente au couteau est notablement

moins étendue dans ce sens que dans un autre.

Objectera-t-on l'outillage spécial que j'emploie ? Je

répondrai, qu'il n'est indispensable qu'autant que l'on

veut procéder mathématiquement. On peut s'en passer

dans la pratique ordinaire, car une légère inégalité

dans l'épaisseur des tranches importe peu. Pour cela,

il suffit, après avoir mis de côté la portion prémésolo-

baire, d'appliquer la surface de section du bloc céré-

bral contre un plan vertical poli, tel qu'un carré de

verre, et de recommencer l'opération au sur et à

mesure que les zones sont recueillies.

EXPLICATION DES PLANCHES

PL.CH H 1

P. op., bandelette optique.

C. c., corps calleux.

F. 1. sup. int., faisceau longitudinal supérieur inteine.

/'...1 ? faisceau de Meynert.

C. i., genou de la capsule interne.

L. M. S., locus niger de Soennnering.

A', noyau de Luys. ? c., noyau caudé.

N, L, noyau lenticulaire.

l'L1\CtIE

C. i., capsule interne.

C. op., couche optique.

F. op., fibres optiques.

, N. c., noyau caudé.

N. I., noyau lenticulaire.

30 ANATOMIE.

PLANCHE III

C. c., corps calleux.

C. i., capsule interne.

C. i. f. cz., capsule interne; faisceaux antérieurs.

C. i. in. e., capsule interne; faisceaux moyens externes.

C. i. y. M. i., capsule interne; faisceaux moyens internes.

N, c, noyau caudé.

V. l., noyau lenticulaire.

P, c. oy., Pulvinar de la couche optique.

PLANCHE IV

C, claustrum ou avant-mur.

C. e, capsule externe.

C. i. f. M. e, capsule interne, faisceaux moyens externes.

1. Iiisula (le Reil.

P. B. Putamen de Burdach.

plan cm; \

/<.o ? bandelette optique.

C. claustrum ou avant-mur.

C. e, capsule externe. ? ? e, corps grenouillé externe.

F. U., fasciculus uncinatus.

/, insula de Reil.

i,. St., noyau rouge de Stilling.

P. c., pédoncule cérébral.

Il. r. conique, prolongement conique.

Tr. c. p. ·., tri;one céréLral, portion réfléchie.

Tr. c. p. d., trigone cérébral, portion directe.

PLANCHE VI

C. i., capsule interne ? op. Gr., fibres optiques de Gratiolet.

N. L., noyau de Luys; pulvinar de la couche optique.

N. c., noyau caudé.

V, v·. St., noyau rouge de Stilling.

P. c. f. s., pédoncule cérébral; faisceaux sensitifs.

DE LA CAPSULE INTERNE ET DE LA COURONNE RAYONNANTE. 3 1

l'L1\C1113 \'ll

C. e., capsule externe.

C. g. e., corps genouillé externe.

C. g. i., corps genouillé interne.

C. i. ? p., capsule interne; faisceaux postérieurs.

C. i. fl., capsule interne; genou. ,

C. i. s. u., capsule interne; segment antérieur.

C. i. s. p., capsule interne; segment postérieur.

f. l, s. e., faisceau longitudinal supérieur externe.

1. s. i., faisceau longitudinal supérieur interne.

N, c., noyau caudé.

viii il `

..

f C ? tiLres tlc Grutiolet.

f. l. i., faisceau longitudinal inférieur. '

f. l. s., faisceau longitudinal supérieur. ·

PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES

HYSTÉRIQUES; DU PHÉNOMÈNE DE L'IIYI'I : R1 : C1T1131LITL

\LURO-11USCUL.iIRE;

Par CII.IIICO,R et Pâli. ltIC111 : 1f.

L'état hypnotique que l'on obtient assez facilement

chez la plupart des malades hystériques par la mise

en oeuvre de procédés variés est caractérisé par l'ap-

parition d'un certain nombre de phénomènes soitsoma-

tiques, soit psychiques, dont l'étude est intéressante -ci

plus d'un titre. Non seulement l'observateur peut trou-

ver dans la constatation régulière de quelques-unes de

ces manifestations des signes diagnostiques certains qui

le mettent à l'abri de la supercherie et de la simulation ;

non seulement l'examen attentif des relations qu'af-

fectent entre eux tous ces phénomènes variés, leur

mode de groupement naturel, leurs affinités ou leurs op-

positions, peuvent conduire à la distinction de plusieurs

modes du sommeil nerveux, jusque là confondus

sous la dénomination générale d'hypnotisme; mais

l'étude approfondie de chacun de ces phénomènes en

particulier peut contribuer à la solution de quelques-

uns des problèmes les plus élevés de la physiologie et

même de la psychologie. Il n'est aucun d'eux en effet

qui ne puisse se rencontrer, à des degrés variables,

il est vrai, dans l'état de santé ou dans l'état de maladie.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 33

Et, d'après cette loi aujourd'hui bien établie, que les

manifestations pathologiques ne sauraient comporter

en elles-mêmes aucun élément nouveau, qu'elles ne

sont que des déviations, des modifications plus ou

moins profondes des conditions physiologiques, il arrive

que, pour qui sait y regarder, les phénomènes mor-

bides sont pleins d'enseignements au point de vue phy-

siologique et que la maladie nous révèle souvent les

secrets de l'état normal.

Entre le fonctionnement régulier de l'organisme et

les troubles spontanés qu'y apporte la maladie ,

l'hypnotisme devient comme une voie ouverte à l'ex-

périmentation. L'état hypnotique, en effet, n'est autre

chose qu'un état nerveux artificiel ou expérimental,

dont les manifestations multiples apparaissent ou

s'évanouissent, suivant les besoins de l'étude, au gré

de l'observateur.

Considéré de la sorte, l'hypnotisme devient une

mine précieuse à exploiter aussi bien pour le physio-

logiste et le psychologue que pour le médecin. Maisici

plus qu'ailleurs il importe de procéder avec méthode.

. L'expérience du passé montre dans quelle voie doivent

marcher les observateurs désireux de porter la lumière

sur ces faits qui, de près ou de loin, touchent à ce

qu'on appelle le magnétisme animal.

La difficulté même du sujet impose à quiconque dé-

sire aborder l'étude de ces questions, un esprit scien-

tifique essentiellement pratique, autant ennemi de la

spéculation hâtive que désireux de la réalité objective

des choses, se contentant d'abord de bien voir et de

bien constater avant de vouloir expliquer, et, dans

la recherche des faits, ne procédant jamais que du

3

3 ? If. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

simple au composé, du connu à l'inconnu, s'en tenant

d'abord aux faits les plus saillants et les plus positifs

pour n'aborder qu'ensuite ceux d'une appréciation

plus délicate et plus difficile.

Telle a été la méthode qui a présidé au début de

nos recherches sur ce sujet, entreprises à la Salpètrière

en 1878 '. Grâce à elles, un certain nombre de faits

paraissent aujourd'hui bien établis, entre autres :

l'influence d'un certain nombre d'agents sur la produc-

tion de l'état hypnotique : lumière vive (lampe

Hourbouxe, lumière de Drummond, lumière électrique,

flamme du magnésium...), vibrations d'un grand

diapason, bruit intense et inattendu (bruit du gong) ;

- le phénomène de l'hypei-excit(ibililt,, neuro-muscu-

1 Vers la lin de cette même année, l'un de nous (Charcot) fit de ces re-

cherches le sujet de plusieurs conférences cliniques, a l'hospice de la

5alpètrière, dont le compte rendu parut a cette époque dans plusieurs

journaux : Progrès médical, n° : J1, ISïS; Gazette des liôpitaux, n1" dus>

'il nov., 28 nov. et 5 iléc. 1878; Gazette médicale de l'crr·is, n9 t,(3, 47 et

iS, J8î8. L'année suivante, les mêmes faits d'hypnotisme tiennent une

place importante dans la thèse inaugurale de l'un de nous (P. Ricltcr),

(Élude descriptive de la grande attaque hystérique ci de ses principales

variétés, 1879), ainsi que dans une autre publication plus récente (Elle-

des cliniques sur l'hy.stéro-épilcp.sie ou grande hystérie, 185t.)

Le Dr Hegnard qui contribua aux premières recherches de 1878, dans

le service de l'un de nous(Charcot) à la Salpêtrivre, depuis fait paraître

plusieurs travaux sur ce sujet : Revue scientifique, n" 13, 188). Sommeil

et somnambulisme, conférence faite à la Sorbonne, et en collaboration

avec le Dr Bourneville, le 3e volume de V Iconographie photographique de

la Salpètrière (1879-1880), consacré pour la plus grande partie à l'étude

de l'hypnotisme et dont quelques extraits ont paru clans le Progrès médi-

cal, nos U et 15, 1881, et dans le journal la Nature, 1881.

Nos recherches de 1878 marquent le commencement du mouvement

actuel qui se poursuit en Al1et11a11C et en France, au sujet de l'étude de

l'hypnotisme. A l'époque où parurent les premiers travaux de la Salpè-

trière, le seul travail récent sur la matière était un mémoire de 11f. Cli.

lticltct sur le somnambulisme provoqué dans le Journal de 1tilialoeeiie et

de la physiologie de Cli. lOI)i", 1875. Antérieurement, il faut citer les tra-

vaux de Pau de Saint-Martin (1869), de Baillif (1868), de Lasègue (1865',

tle Jlesnet(1560), tJeDentartluay et firaud-Toulm (ISGS), d'Az,tttt (J8G0).

de Broc;l (1839); enfiii les (le Br-ti(l (Itii il été Il, %éi-ii;ll)le

cliiii ce uiit-c iliteiil (Il- 183.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 35

laire servant à caractériser une des phases du sommeil

hypnotique désignée par l'un de nous sous le nom de

léthargie hystérique 1)1-ovoqtiée Cliarcot); - les carac-

tères particuliers de Va catalepsie hystérique provoquée ;

le mode de succession chez un même sujet de ces

deux états nerveux : léthargie provoquée et catalepsie

provoquée ; -- leur .localisation possible à un seul

coté du corps : hémi-léthargie, etc., etc.

Nous nous proposons aujourd'hui, dans un mé-

moire spécial, de revenir avec quelques détails sur

un des phénomènes somatiques les plus intéressants de

l'état de sommation chez les hystériques, sur ce phéno-

mène qui consiste on une aptitude particulière du

muscle à la contracture sous l'influence de l'excita-

tion mécanique et qui a été désigné par l'un de nous

sous le nom d'li-1)ei,excitzibilité neuro-musculaire.

). DES DIFFERENTS MOMiNS DE METTRE EN RELIEF

LT1YPEREXC1TAR1LITÉ NEURO-MUSCULAIRE

Eu cherchant à pénétrer plus avant dans l'étude du

phénomène de V hyper excitabilité neuro-musculaire.

qu'une simple malavatiou des muscles de la face anté-

rieure de l'avant-bras, par exemple, met si facilement,

en relief, on arrive bientôt à se convaincre que la con-

tracture musculaire n'est pas due seulement à l'excita-

tion mécanique de la fibre musculaire elle-même,

mais qu'elle se montre également bien, due l'excita-

tion soit portée sur les libres tendineuses qui sont en

rapport de continuité avec la substance musculaire,

ou sur les rameaux nerv ew moteurs dont les fibres

viennent s'v terminer.

36 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

Nous étudierons donc successivement les résultats

que donne, au point de vue de l'hyperexcitabilité

neuro-musculaire, l'excitation mécanique localisée

soit au tendon, soit au rameau nerveux, soit au corps

du muscle lui-même '.

§ 1. EXCITATION DU TENDON. ÉTUDE DES RÉFLEXES

TENDINEUX DANS LA LÉTHARGIE HYSTÉRIQUE PROVOQUÉE.

L'exagération des réflexes tendineux est un fait

commun chez les malades atteintes de grande hys-

tésie. Elle accompagne le plus ordinairement l'anes-

thésie et l'amyosthénie qui font partie du tableau de

la maladie dans l'intervalle des crises, et, comme ces

dernières, se localise à un côté du corps, ou bien se

généralise, conservant alors, le plus souvent, dans

une des moitiés du corps une intensité plus grande.

Si l'on se rappelle la signification aujourd'hui bien

établie de ce phénomène, et les connexions intimes

qui font de l'exaltation des réflexes tendineux et de

la contracture musculaire des faits de même ordre, on

ne sera pas surpris de rencontrer dans la léthargie

hypnotique, dont nous parlons, une exagération mar-

quée de ces réflexes. En effet, sous l'influence des

pratiques de l'hypnotisme, les réflexes tendineux

1 Dans ces recherches sur la contracture provoquée pendant l'hypnotisme,

nous avons tenu à ne faire usage que de l'excitation purement mécani-

que, telle que le choc, la pression, lainalaxation, le massage. Nous avons

écarté il dessein la vibration du diapason, l'aimant, l'action électrique.

Nous savons en effet que ces derniers agents font souvent naître la contrac-

ture chez les hystériques sans qu'il soit nécessaire de les soumettre à

1'liypnotisation. Tandis que l'excitation purement mécanique n'acquiert

d'efficacité que pendant l'hypnotisme et demeure, au moins dans la

grande majorité des cas, sans action pendant la veille.

ÉTUDE DE L HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 37

subissent des modifications susceptibles de quelques

variations suivant les sujets, mais qui, malgré ces

variétés individuelles, nous ont paru un des caractères

les plus constants du sommeil artificiel.

Cette étude nous a permis de pénétrer quelque peu

la nature du curieux phénomène décrit par l'un de

nous sous le nom d'layperexcitabilité neziro-77111sezilaiî,e,

en le montrant intimement lié, pour une part, à l'exalta-

tion des réflexes tendineux, dont il devient, dans le

cas particulier où la contracture suit l'excitation du

tendon, comme une nouvelle manifestation d'un ordre

plus élevé.

Pour la production du réflexe tendineux de l'état

normal plusieurs conditions sont nécessaires. Elles ont

été nettement formulées par M. Westphal. En premier

lieu, le muscle sur lequel on veut agir doit être placé

dans un état de tension modérée. En second lieu, l'ex-

citation portée sur le tendon doit consister en un choc

brusque qui, par l'intermédiaire des fibres tendineuses,

détermine un ébranlement soudain de toute la masse

du muscle. La contraction musculaire réflexe ne peut

être produite par aucune excitation électrique ou

mécanique autre que la percussion.

Dans l'état hypnotique, les circonstances qui favo-

risent la production du phénomène sont quelque peu

changées. Le choc n'agit plus seul, la simple pression

produit des effets un peu différents, mais également re-

marquables. C'est pourquoi, dans l'étude qui va suivre,

nous considérerons successivement les effets de l'exci-

tation mécanique portée sur le tendon, soit au moyen

d'un choc brusque, soit au moyen de la pression.

38 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

A. E#els de la percussion. Suivant les procédés

habituels, nous nous sommes servis dans nos recher-

ches à ce sujet d'un marteau à percussion garni d'un

petit coussin en caoutchouc à son extrémité. D'ordi-

naire, pour faire naître le phénomène, il faut pratiquer

sur le tendon, à l'aide de ce petit instrument, un choc

brusque et assez énergique. La percussion du tendon

est suivie alors d'une contraction soudaine du muscle

qui soulève le segment du membre auquel il s'attache.

Il en résulte une secousse quelquefois dicrote, mais

toujours vive et très courte.

Dans l'état de santé, la contraction réflexe du tri-

ceps crural est facile à obtenir par la percussion du

tendon rotulien. Cette contraction d'intensité moyenne

s'exagère dans certains états morbides caractérisés par

un accroissement de l'activité réflexe de la moelle

épinière, comme dans les paraplégies spasmodiques.

De plus, en certains cas, elle se montre lu où elle

n'existe que rarement à l'état normal, comme au bras

par la percussion des tendons du triceps ou du biceps,

ou aux avant-bras par la percussion des tendons des

lléchisseurs ou des extenseurs au dessus du poignet.

D'autres affections nerveuses au contraire sont, on le

sait, marquées, dans la règle, par une abolition com-

plète des réflexes tendineux, l'ataxie locomotrice par

exemple.

Les différents états nerveux auxquels les pratiques

de l'hypnotisme donnent naissance peuvent également

se grouper en deux catégories.

Dans l'une, les réflexes tendineux subissent une

exagération marquée qui se traduit de diverses manières

suivant les malades ou suivant les différentes parties

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 39

du corps d'une même malade. On peut y ranger la

léthargie hystérique provoquée s'accompagnant d'hy-

perexcitabilité neuro-musculaire et dont nous nous

occupons plus particulièrement ici. Dans l'autre, les

réflexes tendineux sont complètement abolis comme

dans la catalepsie hystérique provoquée.

Toutes les modalités diverses auxquelles peut don-

ner lieu l'exaltation du réflexe tendineux dans l'hypno-

tisme, reposent sur deux points principaux : a) exten-

sion, diffusion de l'action réflexe; b) modifications

de la contraction musculaire qui en est la conséquence :

a) La contraction est -plus vive sans augmenter de

durée.

6) La contraction est plus longue, elle marche vers

le tétanisme et tend à se transformer en contracture.

y) La contraction devient permanente. Le choc a

provoqué la contracture. Rarement un seul choc

amène ce résultat; mais, le plus souvent, la contracture

est facilement obtenue à la suite de plusieurs chocs

successifs portés sur le tendon.

n) Diffusion du réflexe. Quelques malades sont à

peine endormies qu'on voit le réflexe tendineux non

seulement s'exagérer sur place et le choc sur le tendon

donner lieu à une contraction plus vive du muscle

directement intéressé, mais encore provoquer des

contractions réflexes dans les membres éloignés du

lieu de la percussion, soit d'un même côté du corps,

soit des deux côtés à la fois. Il suffit alors du moindre

choc pour provoquer le réflexe, et, à la suite de la

4O . PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

percussion du tendon rotulien, par exemple, on observe

un soubresaut dans le bras du même côté, ou dans les

deux bras à la fois, ou dans tout le corps.

Un choc sur la face externe du bras vers la partie

médiane, au niveau de l'insertion du deltoïde amène

une secousse violente de toute l'épaule et qui peut

même s'étendre au, tronc tout entier.

Une de nos anciennes malades, Bar..., sur laquelle

ont été faites les premières expériences de la Salpê-

trière et qui depuis a quitté le service, présentait cette

diffusion des réflexes d'une façon remarquable. Pen-

dant la veille, les réflexes rotuliens étaient peu exagérés,

surtout à la jambe gauche (la malade était hémianes-

thésique à droite). De plus, les bras comme le reste

du corps ne participaient en aucune façon aux mouve-

ments réflexes de la jambe sur laquelle portait l'excita-

tion. Mais à peine Bar... était-elle endormie que les

choses chan -aient. La percussion du tendon rotulien pro-

voquait un soubresaut de tout le corps, les deux bras,

et principalement le droit, étaient animés d'une secousse

qui suivait, avec un léger retard parfaitement appré-

ciable, le mouvement de la jambe.

Cail..., hystéro-épileptique, actuellement soumise à

notre observation, présente la même particularité. Nous

avons soumis ce phénomène à l'analyse par les pro-

cédés de la méthode graphique du professeur Marey,

et les tracés que nous avons obtenus permettront

de s'en rendre un compte exact. Cail.. est hémianes-

thésique à gauche. Les réflexes tendineux sont

exagérés, à l'état de veille, surtout dans tout le côté

gauche.

Un tambour myographique est appliqué sur le

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 41 1

biceps brachial gauche, un second tambour sur le tri-

ceps crural du même côté. Ces deux tambours sont

reliés par deux tubes en caoutchouc de même dia-

mètre à deux tambours enregistreurs, dont les leviers

inscrivent sur un cylindre recouvert de noir de fumée..

Nous n'insistons pas sur le dispositif de notre expé-

rience qui est classique. Le cylindre est animé d'une

vitesse uniforme au moyen d'un mouvement d'hor-

logerie muni d'un régulateur Foucault. Pour le cas

actuel, il est placé sur l'axe de mouvement moyen et

exécute un tour complet en six secondes'

On a soin de placer bien exactement les deux styles

inscripteurs sur la même verticale, parallèle à l'axe de

rotation du cylindre.

Chaque tracé obtenu dans ces conditions présente

deux lignes en courbes superposées. La ligne supé-

rieure correspond au tambour appliqué sur le biceps

brachial et traduit les modifications survenues dans

l'état de contraction de ce muscle. La ligne inférieure

offre la même signification relativement au triceps

crural du même côté.

Le tracé I (Fig. 1) obtenu pendant la veille démontre

l'existence du réflexe rotulien. Un choc brusque,

porté sur le tendon rotulien, provoque presqu'aussitôt

un mouvement assez étendu de la jambe et à oscillations

multiples. Ces oscillations paraissent produites par des

contractions alternatives des muscles extenseurs et des

muscles fléchisseurs. La courbe T. c. traduit les

contractions du muscle extenseur du triceps crural.

On remarque sur ce tracé, que le réflexe rotulien ne

retentit en aucune façon sur le bras. Le style supé-

42 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

rieur qui correspond au biceps brachial trace une ligne

droite (B. b.).

Fig. 1. Diffusion des réflexes tendineux pendant la M/ta)'y : 'e/tf7'M"

provoquée.

B b., Biceps brachial gauche.

T c., Triceps crural du même côté.

Tracé I. Pendant la veille, choc sur le tendon rotulien gauche.

Tracé Il. Pendant la léthargie, choc sur le même tendon rotulien.

Tracé III. Pendant la léthargie, choc sur le 'tendon rotulien droit

(côtéopposé de l'application des tambours;vitesse moyenne du cylindre).

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 43 3

Il n'en est pas de même pendant le sommeil provo-

qué, ainsi que le montre le tracé II (Fig. 1). Par la

fixité du regard en convergence supérieure, la malade

est rapidement endormie. Les membres sont dans la

résolusion la plus complète. Les caractères du réflexe

tendineux éprouvent aussitôt les modifications sui-

vantes. En outre que le réflexe rotulien paraît plus

intense, qu'il s'obtient a l'aide d'une excitation plus

légère, il retentit sur les bras et sur tout le corps..

On voit, en effet, sur le tracé II (Fig. 1) la contraction

du biceps brachial suivre celle du triceps crural obtenue

par la percussion directe de son tendon.

Le tracé III (Fig. 1) a été obtenu sans changer la dis-

position des appareils placés sur les membres du côté

gauche, mais en frappant sur le tendon rotulien du

côté droit.

L'on conçoit fort bien que cette diffusion des réflexes

tendineux se présente à des degrés variables suivant

les malades, et c'est ce qui a lieu en effet. Cette diffu-

sion s'opère-t-elle suivant des lois constantes, se rap-

prochant plus ou moins de celles posées par Pflïi'ger ?

Nous ne le pensons point, parce qu'elle est subor-

donnée au degré d'activité réflexe de la moelle et que

nos observations nous ont appris que, souvent, dans

l'hypnotisme cette activité nerveuse spéciale n'est pas

modifiée d'une façon uniforme dans tous les points

de l'axe médullaire. Les phénomènes, en effet, qui en

sont la traduction objective se montrent parfois loca-

lisés dans une partie du corps, ou bien, s'ils existent

partout, possèdent une intensité variable suivant les

régions.

41 le PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

C'est ainsi que nous avons pu observer, contradic-

toirement aux lois de Pflùger, que le réflexe rotulien

se propage d'abord aux membres supérieurs avant de

retentir sur l'autre jambe, ce qui est en opposition

avec la loi de la symétrie. D'un autre côté, voici qui

paraît conforme à la loi de l'irradiation : nous avons

vu souvent le réflexe rotulien retentir sur les membres

supérieurs; mais, nous n'avons pas observé la diffusion

du réflexe en sens inverse, c'est-à-dire du membre

supérieur au membre inférieur. D'ailleurs, cette dernière

loi de Pflùger qui veut que l'excitation réflexe se pro-

page dans la moelle, toujours de bas en haut et jamais

de haut en bas, a été vivement combattue par Cayrade

et par Vulpian. '

Enfin, il ne faut pas oublier que la classification de

Pflùger s'applique aux réflexes cutanés et qu'il s'agit

ici de phénomènes réflexes d'un ordre différent.

b) Modification de la contraction réflexe qui suit le choc

sur le tendon. En même temps que, sous l'influence de

l'hypnotisme, le réflexe tendineux tend à se généraliser,

il arrive souvent que la contraction musculaire à la-

quelle il donne lieu subit elle-même quelques modifi-

cations. La contraction devient plus longue, la courbe du

tracé myographique se transforme en plateau; c'est un

tétanos de courte durée, l'esquisse de la contracture.

Mais ces deux modes de l'exaltation des réflexes tendi-

neux irradiation du réflexe et tendance à la contrac-

ture qui, dans certains cas, se montrent à la fois

chez une même malade, peuvent exister séparément,

d'une façon indépendante l'un de l'autre.

Witt..., hystéro-épileptique, qui présente à un haut

degré, pendant la léthargie hypnotique, le phénomène

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. t5

de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, offre d'une

façon très nette ces modifications de la contraction mus-

culaire réflexe sans tendance à la généralisation. Les

nombreuses expériences faites sur elle, aussi bien sur

les muscles des bras que sur ceux des jambes, ont'

donné les résultats suivants :

a) Le choc tendineux modéré est suivi d'une con-

traction prolongée.

6) Un choc un -peu violent produit d'emblée la con-

tracture permanente.

y) La contracture permanente est également provo-

quée par la répétition de plusieurs chocs légers, et

elle se développe alors progressivement.

La contracture ainsi produite ne subit pas un accrois-

sement exactement proportionnel au nombre des chocs.

- il y a eu quelque sorte accumulation de force et

addition successive de chaque excitation partielle, de

telle façon que, tout en conservant une intensité égale,

les derniers chocs sont suivis d'effets beaucoup plus

considérables que les premiers.

Il y a donc deux modes de l'excitation par choc : ou

l'excitation est intense et unique, ou l'excitation est

faible et répétée. Tous deux conduisent au même résul-

tat qui est la contracture permanente, mais par des

procédés un peu différents.

Voici le récit de quelques expériences faites sur

Witt... :

7 janvier 1881. Le tambour myographique est placé sur

le corps du muscle extenseur commun des doigts (avant-bras

droit). '

L'avant-bras droit est placé dans la demi-flexion avec pro-

nation ; la malade est assise, le coude repose sur l'angle d'une

46

PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

table, et le poignet est soutenu par la main gauche de l'expéri-

mentateur. La main du sujet retombe inerte dans la flexion. La

percussion est pratiquée sur les tendons extenseurs environ au

niveau de la deuxième rangée des os du carpe. La percussion

donne lieu à un mouvement d'extension de la main et des doigts.

Le tracé I (h'a'g. 2) a été obtenu pendant l'état de veille. La

secousse musculaire réflexe n'est pas unique, comme il arrive

souvent, surtout en ce qui concerne les extenseurs. Elle est re-

présentée ici par une courbe qui présente plusieurs ondulations.

La malade une fois endormie, la même excitation portée sur

les mêmes tendons donne le tracé II dans lequel on voit la

première ondulation de la courbe suivie d'un plateau qui se

prolonge quelque peu. En effet, dans ce dernier cas, on voit la

main soulevée par la contraction réflexe des extenseurs s'arrê-

ter à mi-chemin dans son mouvement de rechute, pour retom-

ber ensuite d'elle-même complètement, au bout de quelques

instants.

1-'ig. ? .Ot ? ca<;oK, pendant la léthargie, de la contraction réflexe qui

suit le choc du tendon. Tendance 6 la contracture.

Tracé I. Pendant la veil'e, choc sur les tendons des extenseurs de l'o-

vant-bras.

Tracé Il. Pendant la léthargie, choc sur les mêmes tendons.

(Vitesse moyenne du cylindre.)

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],'i ! j. 3. C<w</'ne/)'<.' par cliof tendineux pendant la léthargie.

E. Extenseur des doigts de i'ant-hras droit.

s. Signal électrique indiquant le moment du choc tendineux.

Tracé 1. Pendant la veille, quatre chocs successifs portés sur les tendons extenseurs.

Tracé Il. Pendant la léthargie, deux chocs successifs 1)oi té,, sur les mêmes tendons.

(Vitesse moyenne du cylindre).

T.S 8 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

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Les tracés de la

1%j. 3 et de laHa. 4

ont été obtenus dans

les mêmes condi-

tions expérimenta-

les sur la même ma-

lade (Exp. du 16 fé-

vrier). Un signal

électrique Marcel

Desprctz marque le

moment du choc

sur le tendon. Le

tambour myogra-

phique est d'un vo-

lume plus considé-

rable que celui qui

nous a servi dans

l'expérience précé-

dente, aussi le tracé

de la courbe muscu-

laire présente-t-il

plus d'amplitude.

Dans cette expé-

rience nous trou-

vons la malade plus

excitable que le 7

février. La con-

tracture à peine pro-

duite devient du

même coup contrac-

ture permanente.

Un choc, même mo-

déré, produit d'em-

blée la contracture.

Pour obtenir une

simple contraction,

il faut user d'une

excitation fort lé-

gère.

En répétant ces

excitations trèslégè-

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 49

res, on arrive également très rapidemont à la contracture ainsi

que le prouvent les tracés de la Fig. 3 et 4.

L'excitation portée sur les muscles fléchisseurs de la main et

des doigts nous adonné des résultats analogues.

Dans ce cas, le tambour myographique est appliqué vers le

tiers supérieur de la face antérieure de l'avant-bras au niveau

du relief musculaire des fléchisseurs, et la percussion porte, à

quelques centimètres au-dessus du poignet, sur la saillie des

tendons des muscles palmaires. Comme dans l'expérience pré-

cédente, le coude de la malade repose sur l'angle d'une table,

l'avant-bras demi-fléchi est en supination et le poignet est

soutenu par la main gauche de l'expérimentateur. La main du

sujet retombe inerte en extension. Nous avons ainsi obtenu des

tracés que nous n'avons pas fait reproduire, parce qu'ils sont

absolument analogues aux précédents.

Dans des expériences faites sur le tendon rotulien, chez la

même malade, nous constatons qu'il n'y a pas d'irradiation du

réflexe au bras du même côté.

Deux tambours myographiques sont appliqués à la fois, l'un

sur le triceps crural gauche, l'autre sur le biceps brachial du

même côté. Le dispositif de l'appareil est le même que dans

les expériences rapportées plus haut, p. tt.

Sur le tracé I, Fig. 5, obtenu pendant la veille, on remarque

que le style qui correspond au biceps demeure immobile, pen-

dant que le style du triceps crural marque une série d'ondula-

tions qui suivent le choc porté sur le tendon rotulien.

Pendantla léthargie (tracé II, Fig. 5), le biceps demeure éga-

lement immobile, mais les caractères de la contraction réflexe

du triceps crural sont considérablement modifiés. Un premier

choc détermine une contraction prolongée qui se traduit par

une courbe à long plateau. Un deuxième choc donne naissance

immédiatement à la contraction permanente.

Chez les deux malades qui jusqu'ici nous ont servi

d'exemples, nous avons vu se montrer indépendam-

mentles deuxmodifications principales que subissentles

réflexes tendineux sous l'influence de l'hypnotisme :

a) irradiation du réflexe, chez Cail... ; b) tendance à la

4

Fi. ? Contracture par choc tendineux pendant la léthargie.

Ii b., ISicel5 br.mhi,tl gauche.

T c, Tiiceps crural du même côté.

Tracé I. Pendant la veille, deux chocs successifs portés sur le tendon rotulien gauche.

Tracé Il. Pendant la léthargie, deux chocs successifs portés sur le même tendon rotulien. (Vitesse moyenne)

ÉTUDE LL LHII'\OI'IIt. CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 51

contracture et contracture confirmée, chez Witt... Mais,

ainsi que nous l'avons déjà dit, ces deux caractères

peuvent se montrer à la fois, et, en même temps que le

réflexe irradié, on voit la contraction (du muscle

directement excité, de même que celle du muscle

éloigné du point d'excitation) tendre vers la contrac-

ture.

C'est ce que démontrent les tracés suivants obtenus

chez une autre malade, Parm..., également hystéro-

épileptique. Nous ne reviendrons pas sur la disposition

des appareils enregistreurs. Chez Parm... les réflexes

tendineux, pendant la veille, sont assez-développés,

mais le réflexe rotulien ne se propage pas au membre

supérieur du même côté. (Tracé I, Fig. 6.)

Pendant la léthargie hystérique provoquée, le réflexe

rotulien s'accuse encore davantage, et l'irradiation

au bras du même côté est très marquée. Les trois

excitations du tracé 11, 1'ig. 6, ont été portées succes-

sivement, et l'on remarque qu'à la troisième excitation

la contraction réflexe du biceps brachial, aussi bien

que celle du triceps crural, offre une tendance mani-

feste à la contracture. "

Dans une autre expérience, sur la nommée Cail... ,

nous avons vu, à la suite de chocs répétés sur le ten-

don rotulien, la contracture se confirmer peu à peu

et finalement, s'établir aussi bien au bras "correspon-

dant qu'à la jambe sur laquelle l'excitation avait été

directement portée. En même temps que le membre

inférieur se contracture dans l'extention forcée, on voit

le membre supérieur animé, à chaque choc rotulien,

de secousses réflexes, subir dans son attitude les

modifications suivantes : il s'élève légèrement, le poing

rig. 6- Diffusion du réflexe et tendance ii la contracture pendant la léthargie .

J9&.,Bice))S brachial gauche.

T c., Triceps crural gauche.

Tracé l. Pendant la veille, trois chocs successifs portés sur le tendon rotulien gauche.

Tracé Il. Pendant la léthargie, trois chocs successifs portés sur le même tendon rotulien. (Vitesse moyenne.)

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 53

se ferme, l'avant-brasse met en pronation et en légère

flexion, puis ramené sur les côtés du tronc, le membre

tout entier s'immobilise dans une attitude qui rappelle

celle du début de la grande attaque hystérique.

Dans le cas qui précède, la contracture qui a suivi

la percussion du tendon rotulien est demeurée localisée

à un seul côté du corps. Mais, la propagation de l'exci-

tation peut dépasser la ligue médiane et la contracture,

qui en est la conséquence, s'étendre aux quatre membres

et même à tout le corps. C'est ce que nous avons pu

constater chez plusieurs de nos malades et particu-

lièrement sur celles qui présentent peu développé le

phénomène de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire.

Nous rapporterons, à titre d'exemple, quelques

détails d'une expérience d'hypnotisme, tentée sur une

de nos malades hystéro-épileptique, récemment entrée

dans le service et qui n'avait jamais été soumise à ce

genre d'épreuve :

Del... est anesthésique totale et achromatopsique de l'oeil

droit seulement. Les réflexes tendineux sont exagérés aux deux

jambes, à droite surtout; aux coudes ils sont moins marqués ;

aux avant bras ils existent à un faible degré. Il n'y a point

d'extension du réflexe rotulien aux membres supérieurs.

La malade est placée en face d'une vive lumière (lampe au

magnésium) qu'on la prie de fixer du regard. Au bout de quel-

ques instants, les yeux se convulsent en haut, les pupilles se

cachent sous les paupières supérieures, la tête se renverse.

Del... est endormie, les membres sont dans la résolution. Le

cou est un peu gonflé et la respiration est laborieuse.

Nous pouvons observer une exaltation des réflexes tendineux

facilement appréciable aux poignets et aux coudes où ils exis-

taient peu accusés pendant la veille. Le réflexe rotulien produit

à la fois un mouvement dans les quatre membres et un sou-

bresaut de tout le corps accompagné d'une respiration con-

vulsive.

54 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

En répétant les chocs sur le tendon rotulien, la contracture

permanente de la jambe ne tarde pas à s'établir. On voit l'ex-

tension de la jambe s'accuser par degrés jusqu'à l'immobilisa-

tion dans l'extension complète.

Nous remarquons alors que la contracture n'est pas demeu-

rée localisée au seul membre directement intéressé; les deux

bras sont contracturés dans l'extension et la pronation, l'autre

jambe est également contracturée dans l'extension, le tronc

s'est redressé, la tête est maintenue renversée par une rigidité

des muscles de la nuque. En résumé, il s'est produit là une

sorte d'attaque de contracture généralisée.

Cette contracture disparait facilement par la friction des

parties contracturées qui retrouvent successivement leur sou-

plesse.

Dans une seconde expérience de généralisation de la con-

tracture à la suite du choc répété sur le tendon rotulien, nous

avons fait cesser la contracture d'un même coup partout à la

ibis, au moyen d'une pression légère de la région ovarienne

droite, sans pour cela amener la cessation du sommeil ; ce qui

eût été inévitable si la pression avait été énergique.

Un choc répété sur les tendons de la face palmaire du poi-

gnet amène la contracture des deux bras dans la demi-flexion.

Les membres inférieurs dans ce cas ne participent pas à la con-

tracture.

Les recherches faites au sujet de l'état des réflexes

tendineux pendant la léthargie hystérique provoquée,

peuvent être résumées dans les conclusions suivantes :

a) Pendant la léthargie hystérique provoquée, les

réflexes tendineux s'exaltent et s'irradient, parfois

même ils se généralisent. Cette irradiation ne saurait

être soumise à aucune loi précise en raison de l'excita-

bilité variable des diverses parties des centres nerveux.

Sous ce rapport, l'axe médullaire peut être divisé sui-

vant un plan vertical et médian-presque toujours en

effet un côté du corps est plus excitable que l'autre;

il peut être également divisé en sections transversales,

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 55

les membres inférieurs pouvant acquérir un degré d'ex-

citabititédinerentde celui des bras ou inversement. Nous

savons aussi qu'au point de vue de l'hyperexcitabilité

neuro-musculaire les muscles de la face et ceux des

membres sont soumis à un régime différent; et dans le

plus grand nombre des cas, ce phénomène manque à

la face, pendant qu'il existe très développé dans le

reste du corps. -

b) La contraction musculaire qui est la conséquence

du choc sur le tendon présente une tendance marquée

vers la contracture.

La contracturepermanente estle plus souvent obtenue

à la suite de plusieurs chocs successifs portés sur le

tendon. Lorsque l'excitabilité réflexe existe à un

haut degré, un seul choc suffit. Alors, la pression sur

le tendon conduit au même résultat, ainsi que nous le

verrons dans un instant.

c) Le degré de réflectivité médullaire varie non

seulement avec les malades ou chez une même malade,

suivant les diverses régions de la moelle, mais aussi

chez une même malade d'un jour à l'autre ou même

d'un moment à l'autre, sous des influences variées.

C'est ainsi qu'après nos expériences les réflexes tendi-

neux de l'état de veille sont toujours un peu plus exal-

tés qu'auparavant.

d) Au point de vue spécial des phénomènes de l'hyper-

excitabilité neuro-musculaire, c'est-à-dire de la con-

tracture musculaire obtenue à l'aide d'une simple

excitation mécanique, il existe une différence entre

les deux modalités de l'exaltation des réflexes tendi-

neux : diffusion du réflexe et tendance à la contracture.

La diffusion des réflexes se rencontre souvent chez

56 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

les sujets qui n'offrent pas très développé le phéno-

mène de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire. Il y a

là une sorte de contradiction qui s'explique facilement

de la façon suivante.

. Dans ces cas, le phénomène pour se développer exige

une excitation intense et répétée. L'ébranlement ner-

veux qui en est la conséquence tend à se propager

dans toute l'étendue des centres et la contraction réflexe,

de même que la contracture, se généralise. Au con-

traire, chez les malades qui présentent à un haut degré

l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, il suffit du plus

léger choc tendineux pour produire immédiatement la

contracture localisée, et dans ce cas l'excitation n'est

pas assez vive pour tendre vers la généralisation.

Au résumé, le choc est un mauvais procédé de loca-

lisation. La contracture suit également d'autres procédés

d'excitation mécanique du tendon, tels que la malaxa-

tion, la friction et la simple pression. Ces manoeuvres,

que nous allons étudier maintenant, ont pour résultat

de produire la contracture plus sûrement que l'excita-

tion par choc et d'éviter la généralisation.

B. Effets de l'excitation tendineuse par malaxation,

friction ou simple pression.

Chez les sujets peu sensibles nous avons vu parfois,

alors que le choc répété des tendons ne produisait

qu'une série de secousses musculaires, sans tendance

manifeste vers la contracture, la malaxation ou la

friction un peu prolongée de ces mêmes tendons, pro-

voquer assez facilement la contracture permanente.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 57

D'autre part, dans certains cas où le choc tendi-

neux était suivi de la généralisation de la contracture,

la malaxation du tendon a produit la contracture

locale. Mais c'est principalement sur les sujets qui

présentent à un haut degré l'hyperexcitabilité neuro-

musculaire que la simple pression du tendon fait mer-

veille, et est douée d'une efficacité bien plus grande

que le choc, au double point de vue de la précision et

de l'intensité de la contracture.

Chez ces sortes de malades on réussit à provoquer,

à l'aide d'un choc léger et rapide, une contraction

réflexe qui présente, à peu de chose près, les mêmes

caractères que celle, qui est obtenue par le même pro-

cédé pendant la veille, tandis qu'une pression, si peu

prolongée qu'elle soit, ne saurait produire autre chose

qu'une contracture. Il en résulte que, pour la pro-

duction de la contracture réflexe par excitation tendi-

neuse, non seulement le choc n'est pas nécessaire mais

la simple pression est beaucoup plus efficace. D'où il

suit également que le muscle sur le tendon duquel on

opère n'a pas besoin d'être placé dans l'état de demi

tension exigé pour la production du réflexe tendineux

de l'état normal.

Pour les tendons superficiels et facilement acces-

sibles comme ceux des deux palmaires au poignet, il

suffit d'appuyer légèrement avec l'extrémité mousse

d'un porte-plume, par exemple, pour voir la contrac-

ture se développer instantanément, les tendons faire

saillie et la main s'immobiliser dans la flexion.

Le tracé suivant, obtenu sur le corps Tilt..., traduit

le phénomène. Le tambour myographique est appliqué

sur le corps du grand palmaire. La pression sur le

58 . , PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

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tendon est très modé-

rée, et le signal Marcel

Despretz marque le

temps pendant lequel

elle Été maintenue.

On voit par la

courbe (I1'a. 7) que la

contracture met plus

de temps à se produire

que par le choc et

qu'elle débute moins

brusquement.

Au dos de la main,

l'expérience offre en-

core un caractère plus

saisissant. Il suffit de

toucher en un point

quelconque de son

parcours au niveau

de la tête des méta-

carpiens, par exemple

un des tendons de

l'extenseur des doigts

dont les reliefs sont

facilement apprécia-

bles sous la peau, pour

qu'aussitôt le doigt

correspondant et

celui-là seulement

s'étende, maintenu

dans cette situation

par une contracture

ÉTUDE DE ciilz LES HYSTÉRIQUES. -)9

permanente des fibres musculaires qui font suite aux

fibres tendineuses. Pour les tendons de la tabatière

anatomique, l'expérience réussit également.

En promenant légèrement l'extrémité du porte-

plume ou de tout autre objet sur le trajet du tendon,

l'effet est encore plus accusé, s'il est possible. Cette

sorte de friction peut être considérée comme une pres-

sion qui se déplace et s'exerce ainsi successivement sur

différents points de la longueur du tendon.

La pression peut être brusque ou graduelle.

Les effets de la pression graduelle sont démontrés

dans l'expérience citée plus haut et accompagnée du

tracé (Fig. 7). -

La pression brusque se rapproche du choc et tient,

en quelque sorte, le milieu entre les deux modes d'ex-

citation.

Le tracé suivant (Fig. 8) montre en effet que, dans ce

cas, sa contracture se produit plus rapidement et plus

brusquement. Il s'agit d'une pression brusque exercée

sur le tendon du grand palmaire. Le signal Marcel

Despretz indique la durée de la pression.

Nous pouvons conclure de ce qui précède que la

contracture qui suit le choc sur le tendon et celle qui

est obtenue par une simple pression exercée au même

point, sont des phénomènes de même ordre.

Nous avons montré que la contracture qui suit le

choc tendineux n'est qu'une modalité plus accentuée,

une exagération du phénomène connu sous le nom de

réflexe du tendon. Il suit donc tout naturellement que

cet autre phénomène de prime abord si singulier, qui

consiste à faire contracturer isolément un muscle en

touchant simplement son tendon, ne présente en défi-

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/'/(/. S.- Contracture par pression brusque sur le tendon, pendant la léthargie.

G Il., nrana palmaire.

S., Signal électrique indiquant le moment et la durée de la pression.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 61 I

nitive rien d'insolite et doit être rapproché des réflexes

tendineux dont il n'est, en quelque sorte, qu'une expres-

sion plus délicate et plus élevée. Nous verrons plus

loin les relations qui peuvent exister entre la contrac-

ture obtenue par l'excitation du tendon et celle qui

suit l'excitation des nerfs ou du corps du muscle lui-

même.

§ IL EXCITATION DES NERFS.

L'excitation mécanique des nerfs produit la contrac-

ture des muscles auxquels ils fournissent des rameaux.

Afin d'éviter toute cause d'erreur et pour isoler, autant

que possible, ce qui appartient à la seule excitation du

nerf, nous avons choisi, pour les soumettre à l'expéri-

mentation, des troncs nerveux assez volumineux et faci-

lement accessibles à l'excitation mécanique.

Griffe cubitale. Parmi les nerfs qui peuvent satis-

faire à ces conditions, le nerf cubital dans la région du

coude, est certainement un des plus favorablement si-

tués. Il se trouve en effet logé dans une gouttière que

lui fournissent l'olécrâne et l'épitrochlée, reposant sur

un plan osseux résistant, recouvert seulement par la

peau et éloigné de toute autre partie molle. Il est donc

facile de l'atteindre sûrement.

Son excitation mécanique au moyen d'une simple

pression faite avec le doigt, ou indifféremment avec

l'extrémité d'un petit bâton, a donné les résultats les

plus décisifs et les plus conformes aux données de

l'anatomie et de la physiologie.

62 ?

PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

Sous l'influence de cette excitation, la main se con-

tracture dans une attitude spéciale, se rapprochant de

l'attitude hiératique et représentée par la Fig. 9. Le

poignet est légèrement fléchi et la main tout entière

un peu entraînée vers le bord cubital. Les deux der-

niers doigts sont complètement fléchis dans la paume

de la main ; le pouce, entraîné dans l'adduction, vient

appuyer contre eux sa face palmaire ; la phalangette

dans l'extension et l'articulation métacarpo-phalan-

gieune fléchie, pendant que les deux premiers doigts,

index et médius, sont dans l'extension. Cette extension

n'est pas toujours complète, le plus souvent l'articula-

tion métacarpo-phalangienne est fléchie; il existe aussi

parfois un très léger degré de flexion dans les autres

articulations des doigts et principalement sur le médius.

D'autrefois, au contraire, ces deux doigts se placent

dans une extension forcée. En tous cas, ils subissent

un mouvement latéral assez prononcé, en vertu duquel

1,'ig. 9. - Griffe cubitale.

ÉTUDE DE [.'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 63

ils s'écartent l'un de l'autre. Il arrive aussi quelquefois

que la dernière phalange du pouce se fléchit et qu'elle

se place dans la paume de la main recouverte alors

par les deux doigts en flexion (Fig. 10).

Au milieu de ces quelques variations qui peuvent

dépendre, soit de variétés anatomiques individuelles,

soit du degré d'intensité de l'excitation, soit de la dif-

fusion de l'excitation ou de sa propagation à d'autres

muscles par l'intermédiaire des anastomosesnerveuses,

il est facile de dégager les caractères fondamentaux de

la griffe cubitale : flexion des deux derniers doigts,

adduction du pouce, extension et écartement des deux

premiers doigts, index et médius.

Une attitude aussi caractéristique ne saurait être l'effet

du hasard ; elle trouve sa raison d'être dans la distri-

bution spéciale des rameaux du nerf cubital aux muscles

de l'avant-bras et de la main. 1

En effet, le nerf cubital fournit des rameaux aux

Fig. 10. - Griffe cubitale.

64 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

muscles suivants : cubital antérieur; fléchisseur pro-

fond des doigts (les deux faisceaux internes destinés

au petit doigt et à l'annulaire reçoivent seuls leurs

rameaux nerveux du nerf cubital, le nerf médian inner-

vant les deux faisceaux externes); interosseux dorsaux

et palmaires ; muscles de l'éminence hypothénar; les

deux derniers lombricaux; adducteur du pouce.

D'un autre côté, la physiologie nous fournit sur l'ac-

tion de chacun de ses muscles des données que nous

résumons dans le tableau suivant :

Action individuelle de chacun des muscles innervés

par le nerf cubital.

Cubital antérieur. Fléchisseur de la main sur l'avant-bras.

Fléchisseur profond des doigts (deux faisceaux int.). Fléchisseur

des dernières phalanges des doigts.

Interosseux. Adduction (palmaires) abduction (dorsaux) par

rapport à l'axe de la main. Flexion des premières phalanges.

Extension des deux dernières.

Muscles de l'éminence hypothénar (abducteur et court fléchisseur

du petit doigt) agissent comme les interosseux.

Opposant du petit doigt. Légère adduction du cinquième

métacarpien.

Lombricaux (deux derniers) agissent comme les interosseux.

Adducteur du pouce. Adduction du premier métacarpien.

Flexion de la phalange et extension de la phalangette.

Nous pouvons déduire de là l'attitude spéciale que

prendra la main, lorsque tous les muscles innervés

par le nerf cubital entreront simultanément eu action.

Nous verrons que cette attitude ne saurait être autre

que la griffe cubitale que nous avons décrite et qui

trouve ainsi son explication dans les lois connues de

la physiologie musculaire.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 65

La flexion de la main sur l'avant-bras est due à l'action

du cubital antérieur. Cette flexion n'est pas très éner-

gique, parce que les deux autres muscles fléchisseurs

du poignet grand palmaire et petit palmaire, dont

l'action est plus efficace, ne relèvent point du nerf

cubital. Le cubital antérieur n'est pas adducteur d'après

Duchenne (de Boulogne). Il ne se produit aucun mou-

vement de pronation ou de supination, les muscles

qui président à ces mouvements, ne recevant aucun

filet moteur du nerf cubital.

L'adduction du pouce avec flexion de la phalange et

extension de la phalangette est évidemment due au

muscle adducteur du pouce dont l'action peut s'effec-

tuer librement.

Les interosseux sont les seuls muscles innervés

par le nerf cubital, de tous ceux qui meuvent l'index

et le médius. Leur action ne saurait donc être gênée;

et en effet, nous voyons dans la griffe cubitale l'exten-

sion des deux dernières phalanges de l'index et du

médius exister avec un certain degré de flexion des

articulations métacaipo-phalangiennes. Le mouve-

ment d'adduction ou d'abduction des interosseux ne

peut se produire que lorsque la flexion des premières

phalanges est peu ou point accusé.

La flexion des deux derniers doigts, annulaire et

petit doigt, est le résultat d'actions musculaires plus

complexes. Les muscles innervés par le nerf cubital

et qui ont quelqu'action sur ces deux doigts sont nom-

breux. Parmi les muscles fléchisseurs, le fléchisseur

sublime est le seul qui doive demeurer étranger au

mouvement de flexion ; il reçoit ses filets moteurs du

nerf médian, et son action porte principalement sur

s

66 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

les phalangines. Par contre, les phalangettes sont flé-

chies par le fléchisseur profond, et les phalanges par

les interosseux, les lombricaux et deux des muscles de

l'éminence hypothénar (adducteur et court fléchisseur).

Le mouvement d'extension que ces derniers muscles

(interosseux, lombricaux) impriment aux deux der-

nières phalanges est combattu par le fléchisseur pro-

fond qui, vu sa masse, doit l'emporter.

C'est ainsi qu'il est possible de donner d'une

façon assez satisfaisante, pensons-nous, la raison phy-

siologique de l'attitude des doigts et de la main dans

la griffe cubitale.

D'ailleurs la faradisation, chez des sujets sains, du

nerf cubital au niveau de l'épitrochlée, ne nous a pas

donné des résultats plus précis. Bien au contraire,

nous pouvons dire qu'en ceci l'hyperexcitabilité neuro-

musculaire s'est montrée supérieure à la faradisation

localisée. Et cela, pour deux raisons principalement :

d'abord, la faradisation du nerf cubital demande une

assez grande intensité du courant pour que l'excitation

se transmette à tous les muscles innervés par lui ; ce

qui n'a pas lieu sans une assez vive douleur. L'action

électrique ne peut pour cette raison être maintenue au

delà de quelques instants. En second lieu, la faradisa-

tion ne détermine qu'une contraction qui cesse avec

elle, tandis que la contraction due à l'hyperexcitabilité

neuro-musculaire persiste après l'excitation, et imprime

delà sorteàla main une attitude qu'il est facile d'analyser.

La faradisation du nerf cubital en arrière de l'épi-

trochlée nous a donné des résultats variables suivant

les sujets et aussi suivant le point exact d'application

des électrodes. Après quelques tâtonnements, car il

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 67

n'est pas facile d'y arriver du premier coup, nous

avons pu obtenir l'attitude suivante, qui se rapproche

beaucoup de la griffe cubitale que nous avons décrite :

(N'oublions pas que nous opérons ici, non plus sur des

femmes hystériques, mais sur des hommes bien por-

tants, des infirmiers complètement ignorants en anato-

mie et qui d'ailleurs n'étaient nullement avertis de ce

que nous voulions obtenir.)

Les deux derniers doigts sont fléchis fortement dans

leur articulation métacarpe-phalangienne, et pha-

lango-phalanginienne;le médius et l'index fléchis seu-

lement dans leur articulation métacarpo-phalangienne

(le médius un peu plus que l'index) sont étendus dans

leurs deux autres articulations et écartés l'un de l'autre.

Cette flexion de la phalange de l'index et du médius est

presque toujours plus marquée que dans la griffe de

l'hyperexcitabilité; le pouce est fortement attiré dans

l'adduction et sa phalangette étendue vient appliquer

sa face palmaire contre le bord externe du médius ;

enfin, la main est légèrement fléchie et attirée vers le

bord cubital de l'avant-bras.

Cette attitude que nous venons de décrire est par-

faitement d'accord avec les connaissances anatomiques

et physiologiques exposées plus haut. Mais nous devons

ajouter que nous avons été loin de pouvoir la repro-

duire avec cette précision chez tous les sujets. Chez

quelques-uns, cela nous a été complètement impossible.

Le doigt médius, au lieu de rester dans l'extension, se

plaçait dans la flexion complète à côté de l'annulaire,

l'index lui-même se fléchissait mais à un moindre

degré. Cette anomalie pourrait s'expliquer par une dis-

tribution plus étendue du nerf cubital au muscle tié-

68 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

chisseur profond dont les deux faisceaux externes

habituellement innervés par le médian recevraient, en

cette hypothèse, des rameaux du nerf cubital qui in-

nerve déjà les deux faisceaux internes. On pourrait

admettre aussi qu'il existe dans l'intérieur du muscle

des anastomoses nombreuses entre les terminaisons du

nerf cubital et celles du médian, et que, par l'inter-

médiaire de ces anastomoses, l'excitation portée sur le

nerf cubital pourrait s'étendre plus ou moins aux ra-

mifications voisines du médian.

Griffe médiane. L'excitation du nerf médian un

peu au dessus du pli du coude donne des résultats ana-

logues à ceux de l'excitation du cubital. La main prend

alors une attitude qui trouve sa raison dans la distri-

bution du nerf médian et la physiologie des muscles

que ce nerf tient sous sa dépendance. Mais ici, la loca-

lisation est plus difficile; entouré de parties molles, le

nerf fuit l'excitation si elle n'est faite franchement et

au bon endroit. D'un autre côté, il est bien difficile de

ne pas exciter en même temps les parties voisines :

muscles ou tendons. L'expérience est donc assez déli-

cate, mais avec un peu d'habitude, ou arrive assez fa-

cilement à isoler l'action du nerf.

Nous rappellerons en quelques mots les notions ana

tomiques relatives à la distribution du nerf médian à

l'avant-bras et à la main.

Le nerf médian fournit des rameaux aux muscles

suivants : rond pronateur; grand palmaire; petit pal-

maire ; fléchisseur sublime ; fléchisseur propre du

pouce ; fléchisseur profond des doigts (les deux fais-

ceaux externes sont seuls innervés par le médian, les

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. G9

deux faisceaux internes étant innervés par le cubital) ;

les deux lombricaux externes; le carré pronateur; enfin

les muscles de l'éminence thénar moins l'adducteur du

pouce innervé par le nerf cubital.

Quelle est maintenant l'action partielle de chacun

de ces muscles ? Comme nous avons fait pour le nerf

cubital, nous résumerons ce que la physiologie nous

apprend à ce sujet dans le tableau suivant :

Action partielle de chacun des muscles innervés par le nerf

médian.

Rond pronateur. Pronateur et fléchisseur de l'avant-bras sur

le bras. (Le mouvement de flexion est assez énergique lorsque

l'avant-bras est maintenu en supination, mais lorsque le

mouvement de pronation est fortement accusé la flexion se

produit avec peu de force.)

Carré pronateur. Pronateur énergique.

Grand palmaire. Petit palmaire. Fléchisseurs de la main

sur l'avant-bras.

Fléchisseur superficiel des doigts. Fléchisseur des secondes

phalanges des doigts.

Fléchisseur propre du pouce. Fléchisseur de la phalangette

du pouce.

Fléchisseur profond des doigts (dont les deux faisceaux qui cor-

respondent à l'index et au médius sont seuls innervés par le

médian).- Fléchisseur des troisièmes phalanges des doigts.

Lombricaux (dont les deux premiers sont innervés seulement

par le médian). Extenseurs des deux dernières phalanges

et fléchisseurs de la première phalange.

Muscles de l'éminence thénar qui se rendent au côté externe de

la phalange du pouce (court abducteur et portion externe du

court fléchisseur). Métacarpien dirigé en avant et un peu

en dedans flexion de la première phalange en même

temps que inclinaison sur le côté externe et rotation de

dehors en dedans extension de la dernière phalange.

Opposant. Flexion et adduction du premier métacarpien

action nulle sur les phalanges.

70 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

Nous pouvons déduire de ce qui précède l'attitude que

prendra le membre sous l'influence de l'action com-

binée de tous les muscles innervés par le médian.

A priori, l'excitation du tronc nerveux lui-même pro-

duira les mouvements suivants :

Flexion de l'avant-bras sur le bras peu accusée, car un seul flé-

chisseur entre en action (rond pronateur) et encore est-il

peu fléchisseur lorsque le mouvement de pronation est éner-

gique comme nous le verrons tout à l'heure.

Pronation énergique. Aucun des muscles innervés par le

médian n'est supinateur, et ne peut par cela même contre-

balancer l'action des deux muscles pronateurs (rond pro-

nateur et carré pronateur).

Flexion de la main sur l'avant-bras. Sur trois muscles flé-

chisseurs de la main sur l'avant-bras (qui sont le grand

palmaire, le petit palmaire et le cubital antérieur) deux sont

innervés par le médian. Ce sont les deux palmaires.

Flexion des doigts. A un degré différent pour l'index et le

médius d'une part, et pour l'annulaire et le petit doigt d'une

autre part.

La flexion de l'annulaire et du petit doigt est légère, elle doit

porter exclusivement sur les deuxièmes phalanges et est due à

l'action du fléchisseur sublime. Les deux faisceaux du flé-

chisseur profond dont l'action porte sur les troisièmes pha-

langes sont innervés par le cubital. Il en est de même des

interosseux et des lombricaux qui fléchissent les premières

phalanges.

La flexion de l'index et du médius est complète et porte sur leur

trois segments. Les phalangettes sont fléchies par le flé-

chisseur profond, les phalangines par le fléchisseur sublime.

et les phalanges par les lombricaux qui suppléent les inter-

osseux innervés par le nerf cubital et dont l'action d'exten-

sion sur les deux dernières phalanges est largement annulée

par la puissance de flexion des deux fléchisseurs (sublime et

profond).

Opposition du pouce avec flexion de la première phalange et

peut-être de la deuxième. Le mouvement d'opposition est

exécuté par les faisceaux des muscles de l'éminence thénar

qui s'attachent au côté externe de la phalange. Ces mêmes

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 71 I

muscles à la manière des interosseux fléchissent la phalange

sur le métacarpien et étendent la deuxième phalange sur la

première. Ce mouvement de flexion de la première phalange

s'exécute avec d'autant plus d'énergie qu'il n'est contreba-

lancé par aucun des muscles extenseurs ; il n'en est pas de

même du mouvement d'extension de la deuxième phalange

sur la première qui peut se trouver annulé par l'action du

fléchisseur propre du pouce. Ce dernier muscle, en raison de

sa masse musculaire paraît même devoir l'emporter.

En résumé, l'excitation du médian doit donner lieu

aux mouvements suivants :

1° Pronation;

2° Flexion de la main sur l'avant-bras;

3° Flexion des doigts complète pour l'index et le mé-

dius, incomplète pour l'annulaire et le petit doigt;

4° Opposition du pouce avec flexion de la phalange

et peut-être aussi delà phalangette.

Voici maintenant l'attitude qu'a prise la main sous

l'influence de l'excitation mécanique du médian pen-

dant l'état d'hyperexcitabilité neuro-musculaire et que

nous désignerons sous le nom de griffe médiane,

Fig. 11. - Griffe médiane.

72 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

Nous verrons qu'elle est parfaitement d'accord avec

les données anatomiques et physiologiques que nous

venons d'exposer.

L'avant-bras se met en pronation forcée et ce mouve-

ment de pronation est tellement intense que la flexion

légère de l'avant-bras sur le bras ne saurait exister.

Le poignet est fléchi.

Le pouce, par un mouvement d'opposition, vient se

placer dans la paume de la main, mais la phalangette

est dans une situation intermédiaire entre l'extension

et la flexion.

Cette position du pouce s'oppose souvent à la flexion

complète de l'index et du médius, ainsi qu'on le voit sur

la figure(Fiq. 11). Les deux derniers doigts (annulaire

et petit doigt) sont incomplètement fléchis. Nous ayons vu

parfois la flexion des'doigts s'accuser bien davantage et

la main prendre complètement l'attitude du poing fermé

(Fig. 12) -

Si l'excitation a été intense ou prolongée, le mouve-

ment de pronation forcée de l'avant-bras tend à s'exa-

Fig. 12. Griffe médiane.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 73

gérer encore s'il est possible; on voit alors l'action

s'étendre à des muscles en dehors de la sphère du mé-

dian, aux muscles de l'épaule rotateurs de l'humérus,

et le mouvement de pronation est continué, pour ainsi

dire, par un mouvement de rotation du bras de dehors en

dedans, de telle façon que la main, ayant subi un tour

complet revient présenter en avantsa face palmaire.

Griffe radiale. Le nerf radial n'échappe pas à la

loi et son excitation au sortir de la gouttière de torsion

de l'humérus donne les résultats que la distribution de

ses rameaux peut facilement faire prévoir.

Le nerf radial innerve sans exception tous les mus-

cles de la région externe et de la région postérieure

de l'avant-bras. Ce sont les muscles :

Long supinateur;

Les deux radiaux externes ;

Court supinateur;

Anconé;

Cubital postérieur;

Extenseur propre du petit doigt;

Extenseur commun;

Extenseur propre de l'index ;

Long extenseur du pouce;

Court extenseur du pouce ;

Long abducteur du pouce.

De tous ces muscles un seul est fléchisseur et encore

dans de certaines limites : c'est le long supinateur qui

est d'abord demi-pronateur de l'avant-bras, puis flé-

chisseur de l'avant-bras sur le bras. L'action de ce

mus.cle doit être complètement annulée et par l'anconé

qui est extenseur énergique de l'avant-bras sur le bras,

74 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

et par le court supinateur qui seul préside efficace-

ment au mouvement de supination.

Les autres muscles innervés par le radial sont tous

extenseurs : les uns du poignet (cubital postérieur et

les deux , radiaux) , les autres des doigts (extenseur

commun et les deux extenseurs .propres : ces derniers

muscles, d'après Ducheune.(de Boulogne), étendent

énergiquement les premières phalanges et n'ont qu'une

action très faible sur les deux dernières).

Les trois muscles du pouce, agissant simultanément,

déterminent l'extension complète des différents seg-

ments de ce doigt et doivent le maintenir dans une

situation intermédiaire entre l'adduction et l'abduc-

tion.

L'expérience confirme pleinement ces données dé-

duites, par le raisonnement, de l'action physiologique

de chacun des muscles innervés par le nerf radial.

En effet, l'attitude que prend l'a main, sous l'influence

lir. 13. - l : ri/Jé radiale.

ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 75

de l'excitation mécanique du nerf radial au point in-

diqué, a pour caractères (Fig. 13) :

a) La supination de l'avant-bras;

b) L'extension du poignet; '

c) L'extension de tous les doigts. Cette extension

porte exclusivement sur les premières phalanges, les

deux dernières étant légèrement fléchies ;

d) Le pouce est dans l'extension et dans une situa-

tion intermédiaire entre l'adduction et l'abduction.

(d suivre.)

PATHOLOGIE NERVEUSE

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES

Par M. DEBOYE, agrégé de la Faculté, médecin de Bicêtre,

Nous avons pu maintes fois'dans notre service de

Bicêtre, où les ataxiques sont si nombreux, vérifier

l'exactitude de la description donnée par M. Charcot

des arthropathies tabétiques et notamment sur un ma-

lade, B..., atteint d'arthropathies multiples. Diverses

particularités de son observation sont intéressantes au

point de vue qui nous occupe, et nous paraissent mé-

76 PATHOLOGIE NERVEUSE.

riter une description minutieuse. L'examen de ce

malade nous a'conduit à diverses considérations géné-

rales qui ont, nous le croyons, une certaine impor-

tance dans l'histoire des arthropathies d'origine ataxi-

que. Le diagnostic de l'ataxie locomotrice ne. peut

soulever aucun doute dans le cas présent.

B... a depuis 1869 des douleurs fulgurantes dans les deux

jambes, revenant par crises ; à cette époque la marche devient

difficile; à partir de 1871, elle est tout à fait caractéristique,

les jambes sont lancées en avant et en dehors. Aujourd'hui,

l'incoordination est telle que la marche n'est possible que si

B... s'appuie sur le bras de deux infirmiers, ou bien à l'aide

d'un charriot spécial, très ingénieux, employé parles ataxiques

de Bicétre.

Aux membres supérieurs, les douleurs fulgurantes existent

depuis l'année 1876 ; elles reviennent encore actuellement par

crises rapprochées. Il n'y a pas d'incoordination des membres

supérieurs et ils exécutent tous les mouvements avec l'exacti-

tude que permettent les lésions articulaires dont ils sont le

siège.

Nous n'insisterons point sur les autres particularités

présentées par B..., nous voulons seulement montrer

qu'il s'agit d'une ataxie typique, qu'il n'y a pas de

méprise possible, et, ceci établi, insister sur les lésions

articulaires.

Un premier point à noter est la multiplicité des ar-

thropathies. Chez B..., elles siègent au coude, h Vépaule

gauche, à épaule droite.

Ces lésions articulaires ne sont pas d'une très grande

fréquence chez les ataxiques, et cependant, lorsqu'une

de leurs jointures a été envahie, il est fréquent d'ob-

server des accidents semblables dans d'autres régions.

Il semble que certains ataxiques soient spécialement

ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 77

prédisposés aux arthropathies. Les lésions présentent

chez B... une symétrie évidente; les deux épaules sont

prises, le coude est pris du côté gauche, et il est pro-

bable que s'il devait survenir de nouveaux accidents arti-

culaires l'articulation du coude droit en serait le siège.

Sur un autre malade de notre service, les deux genoux

offrent les lésions caractéristiques de l'arthropathie.

Nous nous souvenons avoir observé, il y a quelques

années, un malade dont les deux épaules étaient affec-

tées, et si nous relevons les observations consignées

dans la thèse de J. Michel, un des travaux les plus

dignes d'être consultés parmi ceux publiés sur la ma-

tière, nous trouvons sur 23 observations six cas d'ar-

thropathies multiples : Observation I, arthropathie du

genou gauche, puis du genou droit (I . Bail). Observa-

tion IV, arthropathie du genou droit, symptômes moins

accusés à gauche (Béhier). Observation XIV, arthro-

pathie des deux genoux avec hydarthrose énorme et

jambe de polichinelle des deux côtés. Observa-

tion XV, arthropathie du genou droit et de l'épaule

droite (Raymond). OI3SI : RV1TION XVIII, arthropathie

des deux hanches (Raymond). - OBSERVATION XX,

arthropathie des deux genoux (Joffroy et Bourneville).

Les deux particularités que nous relevions : multipli-

cité des arthropathies sur un même ataxique et symé-

trie des lésions, ressortent des cas rapportés par Michel

et réunis au hasard sans idée préconçue. Ainsi, sur

vingt-trois malades atteints d'accidents articulaires, six,

c'est-à-dire plus du quart, présentèrent des lésions

multiples. La fréquence des arthropathies est donc

plus grande chez les sujets qui ont déjà eu antérieu-

rement des accidents analogues dans d'autres jointu-

78 PATHOLOGIE NERVEUSE.

res. Ces observations montrent encore la symétrie

des lésions, car cinq fois elles furent symétriques et

une seule fois (OBs. XV) elles intéressèrent le genou

droit et l'épaule droite. ~

Les trois arthropathies de notre malade siègent aux

membres supérieurs, les membres inférieurs en sont

exempts, ce n'est pas un simple effet du hasard.

M. Charcot a fait observer que les lésions articulaires

surviennent à une époque peu avancée de la maladie.

« Si, dit-il, l'affection apparaît quelquefois à une

époque tardive, ce qui est parfaitement exact, c'est

toujours au membre supérieur qu'on l'observe. Or, la

sclérose spinale peut être tout à fait récente dans les

régions supérieures de la moelle, alors qu'elle était

déjà très ancienne- dans la région dorso-lombaire '. »

Aucun exemple n'est mieux fait que le nôtre pour

démontrer la vérité de l'opinion soutenue par notre

savant maître.

L'arthropathie du coude gauche est la première en

date, elle survint en 1874. Elle n'offrit rien dans son

évolution qui la fit différer des descriptions aujourd'hui

classiques, le seul point intéressant concerne les défor-

mations que nous 'constatons actuellement (février

1881).

Les muscles du bras et de l'avant-bras sont atro-

phiés. L'avant-bras étant dans la demi-flexion, on cons-

tate que l'extrémité inférieure de l'humérus est formée

par une portion rugueuse inégale faisant saillie sous la

chariot. Leçons sur les maladies du système nerveux, t. II, p. 59;

Paris, 1873.

ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 79

peau, toute l'extrémité articulaire a disparu. A la

partie externe de cette extrémité déformée, on trouve

une petite esquille mobile donnant lieu à de la crépi-

tation. L'olécrâne fait saillie en arrière du coude,

et, on la sent immédiatement sous le tégument, son

bord externe correspond au bord interne de l'humérus.

Le radius séparé du cubitus, mais placé sur le même

plan, est par la partie interne de son extrémité supé-

rieure en contact avec la face externe de l'humérus.

Voici dans quelles circonstances est survenue l'ar-

thropathie de l'épaule droite. En 1876, B... tomba à

la renverse, et l'on reconnut immédiatement qu'il avait

une luxation de l'épaule droite. Avant l'accident, l'ar-

ticulation paraissait saine, tous les mouvements en

étaient libres, le malade n'y avait pas ressenti de cra-

quements. M. Terrier réduisit la luxation sans aucune

difficulté. Au bout de deux mois, on enlève le ban-

dage, il subsiste une assez grande gêne des mouve-

ments et, six semaines plus tard, la luxation s'était

reproduite spontanément. Aujourd'hui le deltoïde est

complètement atrophié, la tête humérale s'est portée

en dedans et soulève la paroi antérieure de l'aisselle.

La tête humérale est rugueuse, mais peu déformée.

L'apophyse coracoïde a disparu; on ne sent pas de

surface articulaire du côté de l'omoplate. Ces explora-

tions sont faciles, grâce à l'atrophie complète du deltoïde

et à l'atrophie moins prononcée des autres muscles de

l'épaule.

Ainsi, le point de départ de l'arthropathie scapu-

laire droite a été un traumatisme; sans lui, elle n'au-

rait peut-être jamais existé, ou du moins n'eut apparu

80 PATHOLOGIE NERVEUSE.

que plus tard; le traumatisme a éveillé la manifesta-

tion articulaire delà maladie. A notre époque, un certain

nombre de travaux, parmi lesquels il faut citer en

~ première ligne ceux de M. Charcot et de M. Verneuil,

ont bien mis en lumière l'influence réciproque] des

maladies générales et des traumatismes, montré, par

exemple, que ces dernières peuvent éveiller le rhuma-

tisme, la scrofule, etc., devenir la cause occasionnelle

d'arthrites rhumatismales, scrofuleuses, etc.; de même

un traumatisme peut devenir l'occasion d'une arthrite

tabétique, c'est du moins ainsi que nous avons cru

devoir expliquer le développement de l'arthropathie

scapulaire droite chez notre malade.

Voici dans quelles circonstances sont survenues les

lésions de l'épaule gauche. Le 21 novembre 1880,

dans la nuit, B... ressentit une sorte de gêne dans l'é-

paule gauche ; le lendemain matin, il s'aperçut que

son épaule était tuméfiée, qu'elle était le siège de cra-

quements et qu'il levait le bras avec difficulté mais

sans douleur. Nous constatons une mobilité tout à fait

anormale de l'articulation, nous percevons au niveau

du deltoïde une fluctuation manifeste ; la région de

l'épaule est tuméfiée, la peau en est blanche, lisse, et

laisse voir de nombreux cordons bleuâtres anastomosés,

dus à une distension des veines. Le 13 décembre, le

malade nous fait remarquer que la tuméfaction s'est

étendue au sein gauche et cela depuis la veille seule-

ment. Nous constatons qu'il existe sous le grand pec-

toral une collection liquide ne faisant aucune saillie

dans l'aisselle et en communication manifeste avec la

tumeur liquide de l'épaule. Nous pratiquons une

ponction au niveau du sein gauche et nous extrayons

ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 81

30 grammes d'un liquide transparent citrin, visqueux

et filant, coagulable par l'acide acétique, contenant des

globules blancs et de grandes cellules analogues à celles

qu'on trouve dans le liquide provenant des arthrites

aiguës, des arthrites rhumatismales par exemple. Le

liquide évacué se reproduisit, puis finit par se résorber,

et au commencement de janvier, il n'y avait plus de

liquide sous le grand pectoral ; la tête de l'humérus

était mobile et pouvait être portée dans toutes les

directions, en avant ou en arrière, suivant qu'on por-

tait le corps de l'humérus en arrière ou en avant.

L'épaule reste tuméfiée parce qu'il existe tou-

jours une certaine quantité de liquide sous le del-

toïde ; mais, en tenant compte du peu d'épaisseur de

tissus qui sépare la tête humérale de la peau, il est

facile de reconnaître que le muscle deltoïde a déjà subi

une atrophie manifeste.

Le liquide que nous avons évacué par la ponction

est bien un liquide synovial, ses propriétés physiques

et microscopiques le démontrent suffisamment, et il

nous donne la clef de ce phénomène bizarre et inexpli-

qué : la tuméfaction du membre. Tous les auteurs,

depuis que M. Charcot l'a relevé, ont noté qu'elle sur-

venait brusquement, dès le début, qu'elle s'étendait

aux parties voisines de l'articulation, qu'elle était diffé-

rente de l'oedème, qu'elle s'accompagnait d'une dis-

tension des veines superficielles. Pour nous, cette

tuméfaction est due à un épanchement de synovie qui

s'infiltre dans les couches celluleuses profondes et

amène de la sorte la tuméfaction et la décoloration des

tissus ; il comprime les veines profondes, et développe la

circulation collatérale des veines superficielles. Le plus

«

82 PATHOLOGIE NERVEUSE.

souvent, la synovie fuse dans le tissu cellulaire, au

voisinage immédiat de l'articulation. Ainsi, dans un

cas que nous avons observé il y a quelques années, il

existait un épanchement limité au tissu cellulaire sous-

deltoïdien ; nous pratiquâmes une ponction et pûmes

extraire une trentaine de grammes d'un liquide filant.

Il y a de nombreuses observations dans lesquelles

la tuméfaction, c'est-à-dire l'épanchement synovial,

s'étendit jusqu'à l'articulation du coude. Dans notre

observation, il gagna la paroi thoracique et l'anatomie

chirurgicale de la région fait parfaitement comprendre

comment les choses se sont passées. Il existe, à la face

profonde du grand pectoral, du tissu celluleux en con-

tinuité avec le tissu celluleux sous-deltoïdien et ren-

fermé dans une loge limitée en avant par le grand

pectoral ; en dedans, par les insertions du grand pecto-

ral sur le sternum ; en arrière, par l'aponévrose de

Gerdy qui, comprenant dans son épaisseur le muscle

petit pectoral, va se confondre au bord inférieur du

grand pectoral, avec l'aponévrose antérieure de ce

muscle, et en ce point adhérant fortement à la peau,

forme le ligament suspenseur de l'aisselle. C'est dans

la loge ainsi circonscrite, en communication directe

avec le tissu celluleux sous-deltoïdien que s'est fait

l'épanchement dans le cas que nous rapportons.

Par quel mécanisme le liquide, sécrété dans l'articu-

lation, a-t-il pu passer dans les parties voisines ? La

rupture n'a pas été le fait d'une distension lente, sans

quoi on constaterait, à une première période, tous les

signes d'une arthrite, d'une hydarthrose tout au moins,

ce qui n'a pas lieu; d'emblée, la tuméfaction est éten-

due à la région. Il faut donc admettre que la rupture

ÉTUDE SUR. LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 83

et l'inflammation articulaire sont des faits contempo-

rains ou, plus vraisemblablement, que l'un est l'effet de

l'autre, que la rupture est la cause de l'inflammation.

Cette simultanéité de la rupture et de l'inflammation

nous explique un phénomène au premier abord assez

étrange : l'absence de douleur, relevée dans la descrip-

tion de M. Charcot; elle n'existe pas spontanément,

elle n'existe pas même lors des mouvements exagérés

que font les malades et qu'on imprime au membre en

les explorant. C'est un fait anomal dans les arthrites

aiguës. Nous pouvons l'expliquer par une comparaison.

Nous avons observé nombre de fois des sujets atteints

de rhumatisme aigu dont les genoux étaient tuméfiés,

distendus par un épanchement considérable, et dont

les souffrances, malgré la médication employée, étaient

telles que les moindres mouvements provoquaient des

douleurs atroces et que le sommeil devenait impossible.

Dans ces circonstances, il nous est arrivé, à diverses

reprises (en nous entourant de précautions que nous

n'avons pas à détailler ici), de pratiquer une ponction

aspiratrice et de retirer 20 ou 30 gr. de liquide syno-

vial. L'effet instantané était la disparition de la dou-

leur ; le malade pouvait immédiatement remuer son

membre endolori, et nous étions même obligé de re-

commander le calme à des sujets qui, en présence

d'une aussi brusque disparition de la douleur, se

croyaient guéris. Ces faits montrent que la douleur

n'est pas le fait de l'arthrite, mais de la pression du

liquide articulaire sur les tissus de l'articulation.

L'absence de pression intra-articulaire dans l'arthro-

pathies des ataxiques est donc une des causes qui

peuvent être invoquées pour expliquer leur indolence;

8t PATHOLOGIE NERVEUSE.

mais elle n'est pas la seule. M. Charcot (communication

orale) a vu des arthropathies dans lesquelles l'articu-

lation, seule, était distendue et qui n'avaient pas pro-

voqué de phénomènes douloureux.

Mais où et comment se fait cette rupture ? est-elle

due à une solution de continuité de la capsule fibreuse

ou de l'os ?

Il est peu probable que la capsule se rompe, du

moins au début. L'ataxie a peu de tendance à produire

des lésions du tissu fibreux. Il est, en outre, remarqua-

ble que, dans les diverses autopsies, la capsule fibreuse

était altérée, mais l'était incomparablement moins que

les extrémités osseuses appartenant à l'articulation.

Selon nous, la rupture tient très probablement à la

lésion du tissu osseux, à une sorte d'arrachement au

voisinage de la capsule, près de son point d'insertion,

arrachement qui s'opère presque sans effort, sans vio-

lence, comme se font les fractures des ataxiques, comme

s'est faite la fracture d'un ataxique que nous observions

récemment, il se cassa le fémur en changeant de posi-

tion dans le lit.-Dans les articulations superficielles,

l'arrachement des ligaments articulaires peut être direc-

tement observé. C'est ainsi que nous interprétons le

fait suivant dû à M. Lépine :

Il s'agit d'un homme, atteint d'ataxie, qui est tombé le 14

août, dans un escalier sur le genou gauche, il a pu se relever et

marcher avec beaucoup de peine. Le lendemain, le même genou

a été heurté violemment par la chute d'un meuble; à partir de

ce moment, il n'a pu faire usage de son membre; et à son entrée,

cinq jours après, on constate un gonflement énorme étendu de

la racine du membre aux malléoles. Ce gonflement est blanc

non douloureux, assez dur; il est surtout prononcé au niveau

du genou, qui n'est d'ailleurs le siège d'aucune ecchymose; par

ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 85

la palpation méthodique, on reconnaît que la rotule est soulevée

par un épanchement intra-articulaire médiocrement abondant.

Cet oedème a persisté, en diminuant dès la deuxième semaine,

pendant trois ou quatre semaines. Six semaines plus tard,

revoyant le malade qui avait été envoyé dans une salle de chi-

rurgie pour être sondé, j'ai constaté que le tendon du biceps

présentait une solution de continuité de plus de quatre centi-

mètres qui avait passé inaperçue tant que le gonflement avait

existé. Le bout supérieur du tendon parait adhérent aux parties

sus-jacentes et il y a de l'empâtement à ce niveau. Au-dessus

du bout supérieur, par la palpation, on explore facilement la

gouttière sus-condylienne du fémur, puis le bout supérieur de

la rotule, au niveau duquel s'est fait la rupture, enfin (recour-

bant les doigts), la face postérieure de la rotule.-Pas d'atro-

phie évidente des condyles fémoraux.

« Cette observation nous parait démontrer qu'il existait,

chez ce malade, un état morbide du tendon rotulien du côté

gauche. Il est, en effet, impossible que ce tendon, s'il avait été

dans des conditions de résistance normale, eùt été rompu par

le choc d'un meuble, n'ayant produit d'ailleurs aucune ecchy-

mose sous-cutanée '. »

Les altérations du tissu osseux dans les arthropathies

sont démontrées chimiquement par les recherches de

M. P. Regnard2, anatomiquement par celles de M. R.

Blanchard'. Le premier a trouvé que les os en pareille

circonstance renfermaient beaucoup de graisse et moins

de phosphate de chaux qu'à l'état normal. M. R.

Blanchard a trouvé une ostéite raréfiante.

Lorsque nous examinons les malades cliniquement,

nous trouvons encore des signes qui viennent à l'appui

de notre façon de voir. D'emblée, chez un malade qui

la veille n'avait pas de craquements articulaires ou

1 Lépiue. Société anatomique (novembre 1873.)

2 P. Regnard. De la composition chimique des os dans l'arthropathie

des ataxiques. (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 18 9.1

3 R. Blanchard. - Société de biologie, 1881.

86 PATHOLOGIE NERVEUSE.

n'en avait que de fort minimes, on lesperçoittrès évidents

pour le patient, très évidents pour le médecin qui ex-

plore ; notre avis, ce sont des crépitations de fractures,

mais de fractures produites vraisemblablement par de

petits arrachements. On ne saurait admettre qu'il se

produise dans les cartilages des processus ulcératifs avec

une rapidité telle que, dans l'espace de quelques heures,

pour ne pas dire instantanément, le frottement des

surfaces articulaires devenues rugueuses donne lieu à

des craquements ; généralement les autopsies se font à

une période éloignée du début des accidents et il est

difficile déjuger de ce qu'étaient alors les lésions. Dans

un cas de M. Bourceret', cependant, l'arthropathie se

produisit le 8 avril et l'autopsie fut faite le 6 mai. Dans

cette observation intéressante à différents rapports, nous

n'avons rien à noter au point de vue spécial qui nous

occupe, mais dans la discussion dont elle fut l'objet,

nous voyons l'opinion suivante exprimée par M. Després :

« L'existence de petits fragments osseux du voisinage

des surfaces articulaires, dit ce chirurgien, me semble

démontrer d'une façon évidente qu'il y a eu fracture

comminutive. » Nous ne partageons pas l'avis de M. Des-

prés, mais sa remarque n'en est pas moins instructive;

elle indique que, dans les arthropathies récentes, il y

a des fragments pouvant simuler une fracture commi-

nutive.

Dans la même discussion, M. Charcot a rapporté un

fait qui cadre admirablement avec les théories que nous

soutenons : « J'ai déjà cité bien des fois, dit-il, l'exemple de

cette femme quise trouvant depuis longtemps dans mon

' Bourcevet. Société anatomique (mai 1875),

ÉTUDE SUR LES ARTHROPATHIES TABÉTIQUES. 87

service pour une ataxie locomotrice fut prise sous nos

yeux, sans cause appréciable, de craquements dans

l'épaule droite; l'articulation se tuméfia presque immé-

diatement, se luxa et une dysenterie mit fin à sa vie.

Bien que le début des accidents remontât seulement à

trois mois, nous avons trouvé une usure complète de

l'humérus analogue à celle qu'on produirait par le frot-

tement d'une meule. »

Il est difficile de savoir exactement ce que sont les

lésions au début, à cause de la destruction très rapide

de l'os, mais cette destruction si rapide ne prouve-

t-elle pas que l'os est primitivement atteint. Un autre

argument est encore fourni par l'examen des pièces

d'arthropathies anciennes, c'est l'inégalité de lésions,

souvent observée des deux surfaces articulaires. Ainsi,

dernièrement, nous avions entre les mains une pièce,

recueillie à Bicêtre par notre collègue et ami M. Gil-

lette, dans laquelle les désordres de la surface articu-

laire de l'omoplate étaient considérables, ou plus exac-

tement cette surface avait disparu avec la portion de

l'os situé dans son voisinage ; les lésions de la tête

humérale étaient relativement peu considérables. Sur

notre malade dont l'épaule droite est si facile à explo-

rer, grâce à l'atrophie des muscles, quoique les lésions

remontent à une période ancienne, elles intéressent

surtout le scapulum et la tête humérale est peu dé-

formée. Dans une arthrite véritable, les choses ne se

passent pas ainsi et toute la surface de l'articulation

prend part au processus inflammatoire.

Si l'opinion que nous soutenons est exacte, les arthro-

pathies et les fractures des ataxiques reconnaissent une

88 PATHOLOGIE NERVEUSE.

même cause, une altération du tissu osseux', et les deux

accidents doivent coïncider fréquemment sur le même

sujet ; c'est, en effet, ce qui a lieu et nous n'en citerons

comme exemple que le titre de l'observation de M.Char-

cot, observation qui marque la découverte des fractures

de l'ataxie locomotrice : « Ataxie locomotrice progres-

sive.- Luxations et fractures spontanées consécutives.

Luxation ilio-pubienne complète de l'articulation

coxo-fémorale gauche. Fracture du col anatomique

du fémur gauche. - Luxation ilio-ischiatique complète

de l'articulation coxo-fémorale droite. Luxation

sous-coracoïdienre complète de l'articulation scapulo-

humérale gauche. - Fracture consolidée à cal difforme

et oblique des deux os de l'avant-bras gauche. Ar-

thrite chronique de l'articulation scapuio-humérale

droite. Fracture consolidée, à cal volumineux, des

deux os de l'avant-bras droit 2. »

' M. Charcot, dans ses conférences faites à la Salpêtrière (novembre

1880) a développé l'idée que fractures et arthropathies, dans l'ataxie

locomotrice, reconnaissent une même lésion anatomique disséminée par

foyers dans toute l'étendue d'un ou plusieurs os, occupant plus particu-

lièrement tantôt la diaphyse, tantôt l'épiphyse. Dans ce deuxième cas, qui

est le plus fréquent, surviennent l'usure de l'extrémité osseuse et par te

lait l'arthropathie; dans le premier cas, ce sont les fractures qui se pro-

duisent.

2 Charcot. Leçons sur les maladies du système nerveux. T. II.

RECUEIL DE FAITS

Asile Sainte-Anne. Service DE M. Magnan.

Impulsions bizarres chez UN mélancolique faible d'esprit;

par le Dr Paul Garnier.

La tendance irrésistible à l'accomplissement d'un acte se

rattachant à la satisfaction de quelque instinct morbide, cons-

titue ce que l'on est convenu d'appeler une impulsion. Volonté

absente, automatisme substitué à toute direction consciente,

telle est la condition maxima de la manifestation impulsive.

Mais ce caractère de fatalité et d'inconscience qui fait de l'im-

pulsion de l'épileptique le véritable type de ce phénomène

n'estpas absolu et exclusif. Il existe toute une catégorie de faits

où ce mode d'activité délirante se présente sous un aspect un

peu différent.

Là, il y a place encore pour la discussion, mais dans le con-

flit de motifs, la prépondérance est assurée d'avance, presqu'à

coup sûr, aux suggestions provoquées par le trouble moral ou

intellectuel, devant lesquels la volonté amoindrie ne placera

que des obstacles bien peu sérieux. Le malade a bien cons-

cience de l'acte, il en apprécie le plus souvent la portée, mais

il est impuissant à résister à l'appétit morbide. L'observation

que nous publions est un curieux exemple de l'influence d'un

état émotionnel sur la production d'actes impulsifs.

Observation. Grand-père ivrogne, mère arriérée; fièvre typhoïde ci

huit ans, angine couenneuse à dix; faiblesse intellectuelle, tendances

mélancoliques, hallucinations, impulsions ; répétition irrésistible par

le malade de certains actes accomplis devant lui.

P... (Etienne), jeune garçon de quatorze ans, est petit pour son

âge, bien qu'il présente, à part cette exiguité de la taille, un déve-

loppement physique suffisant. Aucune asymétrie n'est signaler

dans la conformation crânio-faciale. La physionomie, assez intelli-

90 RECUEIL DE faits.

gente, estparticulièrementchangeante, et trahit une grande mobilité

d'impressions. Comme antécédents héréditaires, il faut remarquer

l'ivrognerie notoire chez le grand-père, une intelligence très bor-

née chez la mère dont il estle seul enfant. Rien d'anormal du côté

du père.

La première enfance de P... ne semble pas avoir été autre-

ment maladive; il n'a jamais eu, au dire de la mère, de con-

vulsions, mais à l'âge de huit ans, fièvre typhoïde grave, et angine

couenneuse deux ans plus tard.

Dans sa famille, on lui a toujours trouvé un caractère triste : il

se montrait très impressionné pour des reproches insignifiants. Il

va un an, il entre à l'école Turgot, où il fait preuve d'une certaine

application au travail et obtient de bonnes notes. Mais, s'il est bon

élève, il est moins bon camarade; les jeux ne l'attirent pas. Se

tenant habituellement à l'écart, il semble n'éprouver de satisfac-

tion que dans l'étude. Bientôt, il s'imagine. que ses camarades le

tournent en ridicule, sa sauvagerie ne fait que s'accroître, et ses

nuits sont agitées. ·

Ses parents remarquent, en outre, qu'à certains moments, il

pâlit soudainement, parait comme étourdi. Quelquefois, il lui est

arrivé d'uriner au lit. (Epilepsie ? ) Dans ces derniers temps, l'in-

quiétude devient plus persistante chez P... ; il semble en proie à

des hallucinations, gesticule, prononce quelques phrases sans suite ;

la famille se décide alors à faire les démarches nécessaires pour

son placement à Sainte-Anne.

Au premier examen, P... a une attitude semi-maniaque; il ne

peut rester en place, va vers les portes, fait mine de bouclier les

fissures, exécute des gestes plus ou moins bizarres. Néanmoins il

est impossible d'attirer son attention et d'obtenir de lui des ré-

ponses et des explications. Depuis quelques mois, il lui semble qu'il

n'est plus le même, il trouve quelque chose de changé en lui ; il

présume qu'on lui en veut, et avoue ne pas vouloir manger de

crainte qu'on l'empoisonne. Dégoûté de la vie, il a songé à se jeter

à l'eau.

Son récit traduit une certaine recherche de l'étrangeté ; il pro-

nonce des phrases comme celle-ci : « Les animaux sauvages sont

avec moi, les animaux domestiques sont contre moi » ; il se rend

compte, du reste, du caractère énigmatique de ses propos, et se

plaint de ne pas trouver des termes exacts pour exprimer sa pensée.

Si, pendant qu'on l'interroge, on vient à lui toucher les mains,

on est surpris de voir qu'aussitôt il se trouble, parait en proie à

un malaise inexprimable, à une émotion intense, et dès lors, il n'a

plus qu'un objectif : répéter le contact; les mains à la recherche

des vôtres, il ne recouvre sa tranquillié relative que lorsqu'il y est

parvenu ? Essaie-t-on de l'y soustraire, P... devient visiblement

anxieux, angoissé, et ses traits expriment une tristesse profonde,

IMPULSIONS BIZARRES. 91

Dès qu'un oubli ou le désir de ne pas prolonger un tourment si

manifeste placent les mains à portée des siennes, l'appétit de ce

contact est immédiatement satisfait, et la physionomie révèle une

satisfaction réelle pour ce besoin assouvi. Le coeur témoigne du

trouble profond qui existe tant que P... ne s'est pas affranchi du

contact, par une fréquence plus grande des battements et surtout

par un choc précordial plus violent. A cela ne se bornent pas les

impulsions singulières que présente P... C'est ainsi qu'il se sent

irrésistiblement poussé a reproduire certains actes accomplis devant

lui : si l'on crache, il s'empresse d'en faire autant, et il répétera

cet acte le même nombre de fois qu'il l'observera autour de lui.

Il est curieux de le voir ainsi rivaliser de salivation avec un entou-

rage nombreux; souvent, il se prend de querelle avec les autres

malades qu'il accuse de cracher dans le seul but de le tourmenter,

et de le mettre dans l'impossibilité de conserver assez de salive

pour faire face à toutes les exigences. Ne pouvant toujours soutenir

cette lutte, il se met en repos avec lui-même en comptant le nom-

bre de fois, autant que possible, afin de s'exécuter plus tard, après

avoir fait provision de liquide salivaire, qu'il ménage du reste avec

grand soin, n'en dépensant que très peu à chaque expulsion.

Invité à s'expliquer sur l'importance qu'il attache à ces divers

actes, P... est quelquefois embarrassé et ne le fait qu'en termes

très confus. Quand on le touche, c'est une influence nuisible qu'on

exerce sur lui, on le prive ainsi d'une partie de sa liberté, et la

personne qui l'a touché est maîtresse de sa pensée. Afin de se

préserver, il doit s'empresser de toucher à son tour et des deux

mains; une seule ne conjurerait le danger qu'à demi.

Cracher devant lui, est une atteinte à sa personne, et une voix

secrète lui dit d'y répondre en reproduisant le même acte, l'invi-

tant à ne passe décourager devant le nombre, prête à lui reprocher

sa faiblesse, s'il essaie de se soustraire à cette obligation.

Il lui est arrivé aussi, dans les premiers jours qui ont suivi son

admission à Sainte-Anne, de se sentir poussé à mordre; un jour,

c'est le dossier de sa chaise qu'il saisit à pleines dents ; une autre

fois, c'est une serviette qu'il mâchonne furieusement éprouvant

comme un soulagement, un calme assez complet.

Depuis son entrée, P... n'a pas éprouvé de vertige, ou du moins

une surveillance très active, n'a permis de constater aucun phéno-

mène de ce genre. Quant à sa sortie, il ne s'y montre point très

désireux; dehors, on se moquera de lui, de « sa manie », com-

me il dit lui-même; il se croit incapable d'arriver à quoique ce

soit, car on ne manquera pas de lui reprocher partout son séjour i-

à Sainte-Anne.

Réflexions. L'intérêt de cette observation ne réside pas

seulement dans l'étrangeté des impulsions, Il n'y a pas, à dire

92 REVUE CRITIQUE.

vrai, besoin d'insister sur le fait del'épilepsiequi reste douteux;

d'ailleurs, l'existence de cette névrose, pour le dire en passant,

est loin d'exclure un trouble vésanique. La coexistence de deux

délires, l'un épileptique, l'autre vésanique, chez le même indi-

vidu, et cela sans qu'il-y ait combinaison entre eux, a été bien

mise en lumière récemment (Magnan).

P... est évidemment un prédisposé; c'est à des conditions

héréditaires fâcheuses qu'est dû le développement hâtif des

troubles particuliers qu'il présente. Faible d'esprit, quoique

susceptible d'une certaine culture intellectuelle, il conçoit

et s'exprime comme les débiles. En proie à ce malaise général

de la première période mélancolique, il sent qu'il perd pied,

redoute un malheur et réagit à sa manière. Les impulsions

auxquelles il cède, sortes de pratiques superstitieuses, ont

cela de caractéristique qu'elles révèlent bien, par leur nature

appréhensive, le trouble profond de la sensibilité morale. Il

est bon enfin de faire remarquer queP... a la conscience de

ce qu'il appelle « sa manie ». Dominé par une crainte vague,

il obéit néanmoins à cette voix maîtresse, l'impulsion.

REVUE CRITIQUE

MÉTALLOSCOPIE, \1ÉTALLOTH1 : RAPIG, ^ESTHÉSIOGÈNES

(Suite) ;

Par le D- R01(AfN V1GOU1t0Ux '.

THÉORIE DES PHÉNOMÈNES ESTIIÉSIOGLNIQUES.

Le lecteur ne s'attend certainement pas à trouver ici une

théorie, dans le sens rigoureux du mot, des faits qui viennent

'Voir t. I, p. 257, 413 et 561.

MÉTALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE .STHESIOGÉNES. 93

d'être exposés. L'état de nos connaissances soit en physique

soit en physiologie, ne nous permet pas de dire quelle est,

d'un côté, l'action de la plupart des oesthésiogenes sur l'orga-

nisme et, de l'autre, la nature intime et l'enchaînement des

modifications physiologiques qui résultent de cette action. On a

cependant essayé d'adapter à l'explication des phénomènes

sesthésiogéniques quelques hypothèses dont nous allons rendre

compte.

Scepticisme, expectant attention. Parmi les différentes

manièresde concevoir la question, nous ne citerons que pour

mémoire celle qui consiste dans la négation pure et simple

des faits. Lorsque furent publiées les premières recherches

faites à la Salpêtrière, il se produisit dans certains milieux

scientifiques, et surtout en Angleterre, un mouvement très

singulier d'opinion. A priori, on niait les faits annoncés et on

les expliquait par une erreur ou une supercherie des malades.

L'hystérie, d'après cette manière de voir, n'était guère autre

chose qu'une disposition de certaines jeunes filles à tromper

soi-même ou les autres. Les principaux symptômes étaient

révoqués en doute et leur existence démontrée inconciliable

avec les lois de la physiologie. Pour l'anesthésie, par exemple,

voici ce que l'on objectait : un spasme vasculaire assez intense

pour que les piqûres ne donnent pas de sang, ne saurait être

permanent, ou, s'il l'était, il entraînerait de tels troubles dans

la nutrition des membres, que la paralysie d'abord et bientôt le

sphacèle en seraient la conséquence. Et l'on concluait : si l'a-

nesthésie existe réellement, elle n'est que transitoire et se

produit au moment même où l'observateur se met en devoir

de la constater. Il est inutile à présent de nommer les auteurs

auxquels ces citations sont empruntées, d'autant qu'il y a tout

lieu de supposer que leur manière de voir s'est modifiée depuis.

Mais s'il est superflu de réfuter ces opinions, il est utile de

les rappeler pour montrer jusqu'où les préventions systémati-

ques peuvent entraîner les meilleurs esprits, et combien, dans

les sciences d'observation, il peut être difficile de rester sur le

terrain de l'observation pure et simple. D'ailleurs, à propos de

l'anesthésie hystérique ou autre, il faut reconnaître que, si

manifeste et saillant qu'il soit par lui-même, c'est le symptôme

qui passe le plus souvent inaperçu. On peut citer à l'appui de

cette remarque, le fait suivant relevé par M. Charcot : la plus

connue des hystériques de la Salpêtrière, la nommée Ler ? qui

91 le REVUE CRITIQUE.

offrait un exemple des plus complets et des plus intéressants

d'hystéro-épilepsie, a été de tout temps et est encore affectée

d'anesthésie bi-latérale; elle a été l'objet de bon nombre de

descriptions et son observation a été publiée à diverses époques,

mais ce n'est qu'à une date relativement récente que son

anesthésie a été mentionnée pour la première fois. Nous pour-

rions citer d'autres faits analogues. Ainsi la nommée Wend...

avant d'entrer à la Salpêtrière (qu'elle vient de quitter) a

voyagé et a été traitée à l'étranger. C'est seulement après avoir

été examinée à Paris qu'elle a connu son anesthésie et a pu

s'expliquer diverses particularités qui prouvaient bien l'ancien-

neté de ce symptôme chez elle. Ce serait d'ailleurs chose

superflue que nous arrêter maintenant à prouver la perma-

nence de l'anesthésie en dehors du moment de l'observation,

chez les hystériques et les autres malades qui en sont affectés,

et de rapporter en détail la foule d'accidents, parfois bizarres,

qui la mettent hors de doute.

Une autre forme de ce scepticisme, pour laquelle il a été fait

un peu plus de bruit est la théorie dite de Y expectant attention.

Elle repose sur le fait incontesté de l'influence de l'imagination

sur l'économie. Les exemples de cette influence sont innom-

brables et connus dans la science depuis longtemps. Ce sujet est

amplement traité dans l'ouvrage de M. Hake Tuke (Influence

of the mind on /<e Body, 1872), qui contient une énumération

et une discussion très complète de tous les cas, régulièrement

constatés, d'influence des différents actes psychiques sur les

diverses fonctions de l'organisme. C'est John Hunter qui,

parait-il, a appliqué le premier (1786) ces données à l'explication

de faits plus ou moins analogues à ceux qui nous occupent. Le

mesmérisme, alors à son origine, avait paru au grand chirurgien

anglais, pouvoir s'expliquer par un simple effet d'imagination.

Si, dit-il, on concentre son attention sur une partie quelconque

de son propre corps et qu'on imagine qu'on va y éprouver quel-

que sensation déterminée, telle qu'un chatouillement, une

chaleur, etc., cette sensation ne tarde pas à être perçue réel-

lement. Voilà l'exemple le plus simple à' expectant attention.

M. H. Tuke fait remarquer que quelques années avant J. Hunter

le fait de l'influence des représentations mentales, sur les actes

de la vie organique ou de relation, avait été nettement for-

mulé par A. Unzer dans ses Principes de physiologie, 1771.

Que l'explication de Hunter soit insuffisante pour le mesmé-

METALLOSCOPIE, : IÉT.1LLOTHÉRAPIE, STHÉSIOGËNES. 95

risme, cela devait ressortir amplement des travaux deBraidsur

l'hypnotisme; mais elle avait auparavant servi à ruiner sans

retour le perkinisme. Cette méthode de traitement, assez analo-

gue en apparence à la métallo-thérapie externe de M. Burq, a

joui d'une grande vogue en Angleterre au commencement du

siècle. Elle consistait à promener, à proximité des parties

malades, des pièces de métal (t ? ,acto2-s) ; l'effet dépendait du

métal employé. Le Dr Haygarth démontra, en se servant,

à l'insu des malades, de tîacloîs de bois ou d'os, qu'il suffisait

pour obtenir l'effet propre à tel ou tel métal, de laisser croire

au patient que le faux tî,acto2, était du métal en question. 11

opéra de cette manière un grand nombre de cures, dans les

affections les plus diverses. M. Tuke, tout en admettant, dans

ces remarquables résultats, l'influence de l'imagination, pense

qu'il ne faut pas négliger complètement la possibilité d'une

action mécanique des faux tracto2,s.

Quoi qu'il en soit, nous voyons quels souvenirs et quelles idées

préconçues devaient rencontrer, en Angleterre, lespremiers faits

venus de la Salpêtrière relativement aux métaux d'abord et en-

suite aux autres aestbésiogènes. Une certaine portion du public

médical anglais avait son siège tout fait et trouvait à la fois ex-

péditif et logique d'appliquer aux nouvelles recherches la for-

mule victorieuse de l'expectaiat attention. Une discussion en

règle sur ce point ne peut plus avoir qu'un intérêt rétrospectif,

maintenant qu'en Angleterre comme ailleurs la négation a

priori des premiers jours a fait place àl'observation et à la véri-

fication. Nous tenons cependant à rappeler, aussi brièvement

que possible, les arguments avancés de part et d'autre. Ainsi

quele disait M. Charcot dans une de ses conférences àla Salpe-

trière, il est utile de montrer combien est nuisible et peu scien-

tifiquecette tendance decertains esprits àremplacerl'observation

par la métaphysique et àtracerarbitrairementles limites dupos-

sibleenmédecine, au nom des principes étroits d'une physiologie

de manuel. Remarquons d'ailleurs, en passant, que l'opposition

la plus vive venait de ceux qui ne connaissaient que par ouï-

dire et, àla vérité, assez confusément, les nouvelles recherches.

L'argumentation despartisans de l'expectant, attention se ré-

duisait en somme à ceci : si les faits annoncés sont réels, ils

ne peuvent être que le produit de l'imagination des malades et

doivent s'expliquer de la manière suivante : les malades savent

à l'avance quels sont les effets attribués à telle ou telle opéra-

96 REVUE CRITIQUE.

tion et par suite, ou bien ils croient les éprouver, ou bien ils

les éprouvent réellement en vertu de l'action connue de <

l'imagination sur les diverses fonctions de l'organisme ; et la 1

preuve, c'est que le simulacre d'une expérience doit avoir exac- j

tement le même résultat que l'expérience elle-même.

Or, les malades ne pouvaient pas connaître à l'avance les

résultats attendus, pour une foule de raisons, dont l'une est que

souvent, les résultats étaient inconnus des expérimentateurs

eux-mêmes. Comprend-on d'ailleurs quelle étude approfondie

il aurait fallu aux malades pour connaître, par exemple, le

phénomène de l'achromatopsie et ses phases si compliquées, et

ensuite, quelle force d'imagination pour évoquer, dansleur ordre

précis, toutes ces modifications. Inutile d'insister là-dessus; un

pareil argument ne pouvait venir à la pensée que de critiques

absolument étrangers à ce genre de recherches. En pareille

matière, on a d'ailleurs fini par comprendre, qu'assister à une

expérience est plus instructif que toutes les dissertations.

C'est seulement de cette façon, en effet, que l'on peut apprécier

une foule de détails dont l'exposé serait fastidieusement long et

qui cependant donnent aux expériences leur signification et

leur valeur. Tels sont, par exemple, les degrés de culture et d'in-

telligence, les dispositions morales des malades, la spontanéité de

leurs déclarations, l'uniformité des phénomènes objectifs et

subjectifs et toutes les conditions matérielles dont quelques-unes

vont nous occuper.

Il est très vrai que si l'imagination seule est en jeu, le simu-

lacre d'une expérience doit produire le même résultat que l'expé-

rience elle-même. Il ne doit y avoir aucune différence entre les

deux cas et l'on doit obtenir tous les phénomènes sesthésiogé-

niques avec la même certitude et la même constance. Voilà le

point que les sceptiques auraient dû commencer par établir,

car toute la question est là. Or, l'observation de tous les jours

montre que, d'une part, les expériences réelles sont invariables

dans leurs résultats et que de l'autre les expériences simulées

ne produisent rien, quelle que soit la persuasion du patient.

Il ne sera pas inutile de dire en quoi consistaient à la Salpè-

trière, ces expériences et observations de contrôle.

Pour ce qui est des métaux, la sensibilité métallique de

chaque malade une fois déterminée, après un certain nombre

d'essais, ne se démentait plus, quelles que fussent les précau-

tions prises pour laisser ignorer à la malade le nom du métal

MÉTALLOSCOPIE, 111ÉT1LLOTHL : ItAPIE, ^ESTHÉSIOGÈNES. 97

appliqué ou même lui faire prendre le change. Souvent même

l'expérimentateur se trompait et n'était averti de son erreur

que par l'absence du résultat attendu; il est très facile en effet

de prendre l'un pour l'autre certains métaux lorsqu'ils sont

récemment polis, par exemple : l'or et le laiton, l'argent et le

platine, l'acier, l'étain, le zinc, l'aluminium, etc.

D'autres aesthésiogènes se prêtent encore mieux à des véri-

fications de ce genre. Ainsi, avec des courants galvaniques fai-

bles, il est absolument impossible à un malade de discerner

laquelle des électrodes, appliquées sur une région du corps

anesthésique, estlanégati-ve. Cependant, lasensibilité commence

invariablement à reparaître, et s'étend plus rapidement autour

de celle-ci. Mais voici des démonstrations plus directes : la pile

étant placée hors de la vue du patient, dans une salle voisine,

un aide est chargé d'établir ou d'interrompre à son gré le

courant, et cela, à l'insu de tout le monde; vérification

faite, on trouve que l'action sesthésiogénique coïncide tou-

jours avec le temps'où le circuit est fermé. Cette manière

d'interrompre le circuit et de fonctionner à blanc a été utilisée

de mille façons, d'abord pour étudier l'action du courant gal-

vanique lui-même, puis pour le courant destiné à actionner un

solénoïde ou un électro-aimant.

D'autres modes de vérification encore plus démonstratifs sont t

fournis par les piles sèches, l'aimant, les lames polarisées, la

machine statique ; ces contre-épreuves ont d'ailleurs été faites

ailleurs qu'à la Salpêtrièrc et toujours avec les mômes résultats.

Les seuls faits, en apparence contradictoires, sont ceux où on a

obtenu des effets par l'application de substances réputées inertes.

Il faut remarquerque ces substances comme le caoutchouc durci,

l'ivoire, la cire à cacheter, le bois, sont des corps isolants, corps

éminemment électriques et aptes à s'électriser par le frottement.

Des exemples en seront cités plus bas. Dans quelques autres

expériences, d'autres conditions pouvaient facilement rendre

compte des résultats. Ainsi, dans celles de Westphal, laçons-

triction prolongée et portée au point de produire l'oedème du

membre. Dans ces cas, il y avait une excitation mécanique que

l'on sait propre à faire disparaître l'anesthésie.

On ne peut donc invoquer Vexpectanl attention dans le sens

où l'entendait J. Hunter. Mais un autre écrivain anglais, Mor-

tiiner Granville, a proposé, sans insister d'ailleurs, une variante

de la même explication. Suivant lui, ce n'est pas que les malades

7

98 REVUE CRITIQUE.

se représentent en détail les effets qu'ils doivent éprouver ; il

reconnaît que la supposition est insuffisante, notamment pour

les phénomènes de l'achromatopsie ; mais, il pense que l'atten-

tion étant fixée, par le fait de l'application, sur un point du

corps, il se produit dans ce point une première modification qui,

en vertu d'un ordre préétabli, entraîne toutes les autres.

L'objection ainsi atténuée se réduit à néant. Il saute aux yeux

qu'elle est applicable à n'importe quelle action thérapeutique.

De plus, elle est passible de la même objection que la précé-

dente : pourquoi cette première modification survient-elle inva-

riablement dans certaines circonstances, et jamais dans les

autres ? Mais n'insistons pas sur cette explication plus que

l'auteur lui-même.

Après avoir montré le peu de fondement de cette objec-

tion de expectant attention, nous ne voudrions pas lais-

ser cependant le lecteur dans la croyance qu'à la Salpè-

trière on rejette absolument la possibilité d'une influence de ce

genre. Ce serait évidemment tomber dans un excès tout aussi

peu justifiable, que de prétendre que l'influence si connue de

l'imagination, ou pour employer le terme plus ancien et plus

général, du moral sur le physique, cesse de se montrer préci-

sément chez des sujets où tous les phénomènes psychiques pré-

sentent une mobilité exagérée.

Le luxe de précautions expérimentales, détaillé plus haut,

montre assez que cette préoccupation a toujours été présente à

notre esprit. Ces précautions nous ont permis de constater,

dans des occasions très rares, des velléités de mauvaise

foi de la part des malades. Un seul cas, sur la nature

duquel nous n'avons pas hésité une minute, aurait pu servir

d'argument aux partisans de expectant attention '.

1 Le père d'une jeune fille hystérique, après avoir suivi, avec l'intérêt

que l'on peut imaginer, les différentes circonstances du traitement et de

la guérison de sa tille (par les nouvelles méthodes), se présenta à nous

en accusant les symptômes de la crampe des écrivains et en même temps

une anesthésie du membre supérieur droit. L'approche d'un aimant, fai-

sait, en quelques minutes, disparaître l'anesthesie et diminuait la diffi-

culté d'écrire. En outre, il y avait transfert. Malheureusement, la contre-

épreuve habituelle, avec un faux aimant en bois, produisait exactement

le même effet. Après avoir pris le soin de répéter l'expérience devant plu-

sieurs témoins, nous laissâmes le prétendu malade, se faire lui-même des

applications d'aimant, autant qu'il voulutet finalement nous l'engageâmes

à essayer de tel autre traitement qui lui plairait. Ce qu'il fit, et avec suc-

cès, parait-il. Cet homme, qui paraissait de très bonne foi et n'avait d'ail-

1,1TALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, ^ESTHESIOGÈNES. 99

S'il fallait une autre preuve de l'absence de parti pris et de

l'impartialité d'observation qui sont de règle à la Salpêtrière,

on la trouverait dans le livre de M. Paul Richer [Etudes clini-

ques sur la grande hystérie). Cet observateur ne manque pas

de faire remarquer que les attaques de l'hystéro-épilepsie se

modifient dans le cours de la maladie, par le fait de la promis-

cuité des malades (à l'hôpital) par une sorte de contagion et

d'imitation inconsciente.

Nous nous sommes arrêtés à cette discussion, parce qu'elle

est connexe à cette autre, si souvent soulevée, même parmi

les médecins, sur la réalité nosologique de l'hystérie. Les

deux procèdent du même esprit ; il faudrait répéter ce que dit

dans ses leçons, M. Charcot, sur ce qu'il y a d'antiphilosophi-

que à considérer l'hystérie comme rebelle à toute analyse et

à toute systématisation, en un mot, comme n'étant pas une

maladie au même titre que n'importe quelle autre.

Ce qui achève, d'ailleurs, de mettre hors de doute la réalité

des phénomènes oesthésiogéniques, c'est qu'ils ont été constatés

chez les animaux (Vierordt, Maggiorani) et sur l'homme sain

(Rumpf) t.

Reste maintenant à les expliquer, c'est-à-dire à déterminer

par quoi ils se rattachent aux faits qui nous sont connus.

Avoir le nombre et la disparité dessesthésiogenes, on serait

enclin à supposer qu'une excitation quelconque est seule néces-

leurs aucun intérêt à nous tromper, réunissait manifestement les condi-

tions requises de l'expectant attention : connaissance préalable et nette

des effets à attendre, imagination vive, disposition hypochondriaque, etc.

Mais aussi, comme les cas de ce genre doivent être rares, et comme il

est facile de les reconnaître !

1 Dans de nombreuses expériences, Vierordt a Nui que l'application

d'un métal sur la peau, augmente notablement l'excitabilité réflexe chez

les grenouilles décapitées. Schiff a, par diverses lésions cérébrales,

déterminé une diminution unilatérale de la sensibilité tactile des

membres chez les chiens. En plaçant le membre modifié dans un solé-

notde. il a vu la sensibilité reparaître en quelques minutes avec transfert.

Les diverses particularités de l'expérience avaient la plus grande ressem-

blance avec celles qu'on observe chez l'homme. Rumpf, en faisant

des applications irritantes (sinapismes), a constaté chez l'homme sain,

non seulement le transfert, mais les oscillations consécutives. Il em-

ployait le compas de Weber, pour suivre les variations de la sensibilité.

Enfin, Maggiorani a mis hors de doute l'influence de l'aimant sur la

maturation d'oeuf d'oiseau placés dans une couveuse artificielle. Des

observations multipliées du même auteur attestent l'action de l'aimant

sur un très grand nombre d'animaux de tous les degrés.

100 REVUE CRITIQUE.

saire et que les autres conditions du phénomène sont unique-

ment subjectives. L'expérimentation la plus superficielle mon-

tre qu'il n'en est pas ainsi. Il nous faut dès lors rapprocher

les faits observés, des notions théoriques déjà établies.

Deux choses sont à distinguer : 1° l'action physique locale,

2° les modifications physiologiques locales et éloignées qui en

résultent.

Avant de chercher à caractériser la propriété physique

commune et essentielle auxaestbésiogènes, nous devons étudier

séparément, au point de vue physique, les diverses catégories

de ces agents. Nous aurons donc à considérer successivement,

les métaux et avec eux l'aimant et les agents électriques, puis

les vibrations mécaniques ou le diapason, enfin différents exci-

tants empruntés à la thérapeutique ordinaire. Nous ne parle-

rons que pour mémoire de l'hypnotisme dont l'étude nous

entraînerait bien au delà des limites de ce travail.

Métaux. - L'hypothèse d'une action électrique est celle qui

devait se présenter la première. M. Burq, dès l'origine de ses

recherches, avait essayé quelques expériences dans cette direc-

tion, et feu Ruhmkorff, auquel il avait demandé ses galvano-

mètres les plus sensibles, nous a raconté ces tentatives. Elles

restèrent forcément infructueuses, attendu l'état des connais-

sances courantes en électro-physiologie et l'imperfection rela-

tive des instruments, à l'époque où elles étaient faites.

Lorsque la question fut reprise par la commission de la

Société de biologie, les expériences de M. P. Regnard eurent

pour but de rechercher si l'application d'une plaque métallique

sur la peau détermine ou non un courant. Pour s'en assurer,

il relia la plaque de métal à un galvanomètre de du Bois-ltey-

mond et compléta le circuit en attachant le second fil du galva-

nomètre à une autre plaque du même métal que la première

et placée sur un point quelconque du corps. Les résultats géné-

raux furent que : un courant s'établit entre les deux plaques

et que la déviation galvanom6trique, donnée par un métal, est

généralement constante pour chaque sujet, mais variable

d'un sujet à l'autre.

L'existence d'un courant étant constatée, il y avait à déter-

miner le rôle de ce courant dans l'action des métaux

sur la sensibilité. En se servant de un ou de deux petits

éléments Daniell et en intercalant, au moyen d'un rhéostat à

MÉTALLOSCOPIE, MÙTALLOTHÉITAPIE, tESTHÉSIOGÈNES. 101

liquide, des résistances convenables, M. Regnard reproduisit

chez chaque malade le degré de courant observé dans l'appli-

cation du métal auquel elle était sensible. Il put ainsi cons-

tater que ce courant (transmis par deux électrodes de platine)

agissait sur la sensibilité exactement comme le métal. Quant

à la force réelle des courants de ce genre, elle est comprise

entre des limites qui peuvent être représentées par les courants

nerveux et musculaire de la grenouille.

M. Regnard observa d'autres faits intéressants ; ainsi chez

les différentes malades pour lesquelles il avait déterminé le

degré du courant correspondant au métal actif, il fit passer des

courants déplus en plus forts, en notant pour chaque augmen-

tation, l'effet produit sur la sensibilité. De cette façon, il put

constater que, dans la série ascendante des degrés, il y a alter-

nativement ceux où le courant agit sur la sensibilité et ceux

où il n'agit pas. M. Regnard nomme ces derniers points

neutres. Toutefois, 'dit-il, ces alternatives dans l'action du

courant n'ont lieu qu'autant que celui-ci ne dépasse pas un

Daniell.

Ces résultats sont du plus haut intérêt; mais leur étude aurait

besoin d'être entreprise à nouveau; car à l'époque à laquelle

ils étaient obtenus, on ne connaissait ni les oscillations, ni

même le transfert, qui auraient peut-être pu servir à les inter-

préter, sans parler de la polarisation des électrodes deplatine,

source notable de complication dans la galvanisation avec des

courants très faibles.

Ce qui reste bien établi, c'est qu'un courant galvanique,

même très faible, jouit des mêmes propriétés oesthésiogéniques

que les métaux. On a vu plus haut que le fait avait été cons-

taté antérieurement par M. Bourneville, d'une façon générale.

Mais les recherches de M. Regnard mettent en évidence l'ac-

tion, sur la sensibilité cutanée, de courants énormément plus

faibles que ceux usités en thérapeutique et que, a priori, on

aurait été porté à croire négligeables.

D'après ce qui précède, on croyait pouvoir conclure que l'ac-

tion fcsthésiogénique des métaux est due au courant électrique

résultant de leur contact avec la peau. Dans cette explication,

la force électro-motrice était produite par l'action chimique

des sécrétions cutanées sur le métal (Regnard, Rabuteau, Oni-

mus). Et, comme démonstration indirecte, on citait ce fait

qu'un métal inoxydable et chimiquement pur, tel que l'or

102 REVUE CRITIQUE.

déposé par la galvanoplastie, ne donnait lieu, par son contact

avec la peau, à aucun courant et, par suite, à aucune modifica-

tion sesthésiogénique. Nous verrons plus loin comment cela

peut s'expliquer sans faire intervenir l'action chimique.

C'est ici le lieu de remarquer, avecErb, que dans ces expé-

riences le courant s'établit, parce qu'on complète le circuit à

l'aide d'un fil métallique, mais que rien ne prouve qu'il existe

ou même puisse exister dans le cas où l'on applique une seule

plaque de métal. Les partisans des courants engendrés par

l'action chimique répondent que, même dans ce cas on peut

admettre que le métal n'étant pas homogène, il s'établit des

courants entre des points les plus attaqués et ceux qui le sont

le moins.

Quelques autres hypothèses ont encore été émises. M. Oni-

mus avait d'abord indiqué une action possible des plaques

métalliques sur les courants électro-capillaires de l'organisme ;

plus tard, il a rappelé les propriétés attribuées par Coudret à

ses appareils, il y a une quarantaine d'années. Coudret em-

ployait des pièces métalliques garnies de pointes, aptes à

provoquer la déperdition dans l'air de l'électricité du corps (qui,

selon lui, se trouve en excès dans l'inflammation, etc.). M. Oni-

mus se demandait si les plaques de métal ne pourraient pas

agir d'une manière analogue. Il est évident que la mise en

connexion de l'organisme avec une pièce métallique doit modi-

fier la distribution électrique à sa surface ; mais, si le métal

n'agissait là que simplement comme conducteur, la différence

d'action des métaux, suivant les sujets, serait-elle élucidée ?

Et c'est justement là qu'est la question.

Nous avons, dès le début des travaux de la commission, fait

nous-meme quelques expériences dont nous allons rendre

compte. Les hypothèses qui nous ont guidé seront toujours

assez faciles à apercevoir pour qu'il soit inutile de les indiquer

explicitement. Nous avons commencé par recouvrir d'un

enduit isolant (cire à cacheter, gomme laque, caoutchouc,

gutta-percha) les plaques métalliques qui avaient été recon-

nues pour agir chez certaines malades ; la couche isolante ne

recouvrait que la partie du métal qui ne touchait pas la peau.

Les plaques de cuivre, de laiton, de zinc, d'argent, ainsi pré-

parées, cessèrent de produire leurs effets habituels ; celles d'or

ne furent pas modifiées dans leur action aesthésiogénique. A ce

propos, M. Burq nous apprit (communication orale) qu'ayant

METALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, ^ESTHÉSIOGÈNES. 103

voulu, nombre d'années auparavant, fixer, au moyen de

gomme laque, des pièces de billon sur une bande de toile, il

avait constaté que ces pièces n'agissaient plus sur la malade à

laquelle, après essais préalables, elles étaient destinées.

Des plaques de laiton, munies de pointes, parurent agir

plus rapidement que les plaques ordinaires.

La plaque de métal actif, au lieu d'être enduite d'une couche

isolante, fut simplement recouverte d'une plaque d'un autre

métal. Dans ce cas, bien que le métal actif soit toujours en

contact avec la peau et que rien ne puisse modifier l'action chi-

mique considérée comme la source du développement d'élec-

tricité, les phénomènes habituels font défaut. Mais il y a

pour cela une condition essentielle, c'est que le métal sura-

jouté ne soit pas capable de produire, par lui-même, chez le

malade, des phénomènes métalloscopiques; en d'autres termes,

il faut que le malade ne soit pas sensible à ce second métal

que nous qualifions'en conséquence de neutre.

Cette condition étant remplie, on peut superposer alternati-

vement un certain nombre de plaques de ces deux métaux et

l'on constate toujours que l'action métalloscopique dépend de

la nature du dernier métal placé. Cette action est nulle si la

colonne ainsi formée se termine supérieurement par le métal

neutre ; si, au contraire, elle se termine par le métal actif, on a

exactement le même effet que si la plaque qui se trouve en

contact avec la peau avait été appliquée seule.

Disons-le en passant, ilne serait pas exact de considérer comme

nul l'effet de la plaque neutre. S'il ne se produit pas de nou-

veaux phénomènes, c'est que leur évolution est empêchée par

la seule présence de cette plaque ; il y a en somme un véri-

table arrêt, de telle sorte que les phénomènes déjà produits au

moment de l'application de la plaque neutre, sont comme

immobilisés dans le statu quo et persistent bien au delà de

l'expérience. Nous avons utilisé cette propriété au point de

vue thérapeutique.

Cette action réciproque des métaux nous a semblé ne pou-

voir se rapporter à aucune action électrique, autre que l'action

de contact telle que l'a définie Volta. Il est inutile de rappeler

dans tous ses détails l'expérience célèbre sur laquelle Volta a

fondé sa théorie. Elle établit que le fait seul de mettre en con-

tact deux métaux différents les constitue chacun dans un

état électrique opposé ; en d'autres termes, il y a dès lors.

104 REVUE CRITIQUE.

entre eux, une différence de niveau électrique et par suite une

tension. Si, au lieu de deux métaux, on en réunit plusieurs,

une tension s'établit de même à chacun des contacts et la

la tension totale, c'est-à-dire celle qui existe entre la première

et la dernière pièce de la série, est la somme algébrique des

tensions consécutives. En outre, cette tension totale est la

même que si les deux plaques en question (la première et la

dernière) étaient directement en contact. Or, dans notre expé-

rience des plaques superposées, nous ne pouvons imaginer

d'autre condition que celle qui résulte de cette loi des

tensions. Supposons que, chez un malade, l'or soit le métal

actif, c'est-à-dire que le malade soit sensible à l'or ; si l'on

applique une pièce de ce métal, on peut facilement se con-

vaincre, à l'aide d'un électroscope, qu'elle prend un état élec-

trique ou plus exactement un potentiel différent de celui de

la peau, en un mot, que la peau et le métal se comportent l'un

par rapport à l'autre exactement comme les disques zinc et

cuivre dans l'expérience fondamentale de Volta. Si on recouvre

la pièce d'or d'une pièce d'argent, métal qui n'agit pas chez

notre malade, la série des contacts est : peau, or, argent. En

vertu de la loi des tensions, c'est comme si l'argent était appli-

qué directement sur la peau, et en conséquence il n'y a pas

d'action métalloscopique. Ajoutons une pièce.d'or, le résultat

est de nouveau celui du contact : peau et or, et l'action métallos-

copique reparaît.

Notons en passant que cela nous fait comprendre pourquoi,

dans les expériences de la commission, l'or pur avait semblé

ne pas agir chez une malade pourtant sensible à l'or monétaire.

C'est que cet or avait été déposé par la pile sur une lame de

cuivre; on appliquait en réalité deux métaux et, de même que

dans notre expérience, le cuivre agissait comme s'il eut été

seul.

On peut faire à cette explication physique des phénomènes

métalloscopiques, quelques objections. La première consiste à

nier purement et simplement la théorie de Volta. Mais celle-ci

a été, croyons-nous, mise au-dessus de toute contestation par

les recherches modernes. Il suffit pour s'en convaincre de

parcourir les ouvrages de Mascart, de Fleeming Jenkins et de

toute l'école anglaise contemporaine.

Deuxième objection : la loi des tensions ne régit que le con-

tact des métaux, de quelques solides et d'un petit nombre de

MÉTALMSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, /ESTHÉSIOGÈNES. 105

liquides. Mais, parmi ceux-ci, se trouvent précisément les solu-

tions chlorurées qui abondent dans l'organisme. D'ailleurs

l'objection théorique ne saurait prévaloir contre des expériences

qui montrent que les tissus vivants se comportent à la façon

des métaux, dans cette circonstance et, nous le verrons plus

tard, aussi dans quelques autres.

Une troisième objection pourrait être celle-ci : dans l'expé-

rience de Volta, la netteté et le poli des surfaces en contact a

une grande importance ; tandis que, ainsi que nous l'avons sou-

vent remarqué, il n'en est pas de même dans les applications

métalloscopiques. Nous avons constaté en effet que des plaques

de zinc, par exemple, encrassées d'une couche épaisse d'oxyde,

n'avaient, pour cela, rien perdu de leurs propriétés oesthésiogé-

niques. Cette observation nous avait même conduit à changer

la direction de nos recherches. Mais dans des expériences toutes

récentes, publiées au moment même où nous écrivons, sir Wil-

liam Thomson a trouvé que l'interposition d'une couche d'oxyde

ne modifie pas la tension résultant du contact de deux métaux

hétérogènes; il ne s'agirait donc plus ici d'une objection, mais

bien d'une confirmation de notre hypothèse.

Pour l'instant, il nous semble donc établi que le seul phé-

nomène électrique qui joue un rôle essentiel dans les applica-

tions métalloscopiques est la polarité résultant du contact.

Nous avons d'après cela cherché à imiter l'action des métaux

en mettant la peau en communication avec des sources très

faible d'électricité de tension. Sans nous attarder à des détails

d'expérience, nous dirons que, un pôle d'une pile de quelques

éléments Daniell étant isolé, si l'autre est mis en rapport, au

moyen d'une électrode ordinaire (charbon recouvert de peau de

chamois humide) avec le corps, on obtient les mêmes effets que

d'une application métallique. De même en se servant d'une

pile sèche. Les pôles n'agissaient pas également : pour certaines

malades, le positif seul était actif, chez certaines autres, le

négatif.

Une lame de platine, après avoir été pendant quelque temps

traversée par un courant galvanique extrêmement faible (d'ordre

physiologique), acquiert également des propriétés oesthésiogé-

niques très nettes. Il est inutile de dire que, pour nous en assu-

rer, nous commencions par constater que la malade examinée

n'était pas sensible au platine ; ensuite, nous essayions compa-

rativement une lame de platine naturelle et une polarisée ; celle-

106 REVUE CRITIQUE.

ci produisait les mêmes effets que le métal particulier à la

malade, mais avec une énergie généralement moindre. Ainsi,

entre autres exemples, chez une malade hémianesthésique

sensible à l'or, on pouvait avec ce métal ramener la sensibilité

de deux manières : soit- directement, en faisant l'application

sur le côté malade, soit indirectement, en la faisant sur le côté

sain, où elle provoquait de l'anesthésie. Or, avec la plaque pola-

risée, ce dernier mode était seul efficace. Les lames de platine

ainsi préparées conservent leur propriété pendant un jour ou

deux, même lorsqu'on ne prend pas la précaution de les tenir

isolées. Cette propriété du platine (et d'autres métaux) d'emma-

gasiner l'électricité, comme les corps fluorescents emmagasinent

la lumière, est un des phénomènes physiques les moins

connus. Quoi qu'il en soit, cette expérience des lames pola-

risées nous paraît avoir une certaine importance théo-

rique.

Électricité statique. L'interprétation de l'action desmétaux

par la tension électrique nous a conduit à essayer, comme agent

oesthésiogène, l'électricité des machines. Nous avons dit dans

une autre partie de ce travail, comment l'électrisation statique

est, en effet, un des oestbésiogènes les plus puissants et dont

l'action est le plus générale, c'est-à-dire applicable au plus grand

nombre de cas, sans parler de ses propriétés thérapeutiques

d'ordre commun.

Diapason. -Mais, en examinant les différentes manières dont

on peut concevoir la condition essentielle dans l'action oesthé-

siogénique des métaux, et, entre autres choses, en tenant compte

de l'expérience susdite des lames polarisées, nous fûmes ame-

nés à essayer d'imiter cette action au moyen de vibrations

mécaniques.

Nous avons dit plus haut le résultat de nos essais avec

le diapason. Ces essais pouvaient-ils servir de base à une

théorie ? Nous ne l'avons pas pensé. M. Schiff en a jugé autre-

ment. Dans un travail postérieur de deux ans à notre première

publication sur ce sujet, il dit que l'action du diapason peut

suggérer une explication des phénomènes métalloscopiques. On

pourrait, selon lui admettre que les métaux agissent sur les

extrémités nerveuses en leur communiquant des vibrations;

que dès lors on conçoit que les différents métaux, ayant des

METALLOSCOPIE, METALLOTHERAPIE, ^ESTHESIOGÈNES. 107

nombres de vibrations différents coïncident ou non avec les vi-

brations des molécules nerveuses, d'où impulsion ou arrêt, etc.

On voit de suite qu'il y a dans cette explication deux choses

fort distinctes : d'abord une représentation schématique, très

satisfaisante en effet, et très propre à la description des phé-

nomènes sesthésiogéniques, ensuite la supposition, absolument

arbitraire, que ce schéma correspond à quelque chose de réel.

La représentation par des vibrations était, on peut le dire,

dans l'esprit de tout le monde, de même que celle par des

polarités moléculaires. Mais entre ces comparaisons et une

théorie la distance est grande. Dans l'état actuel de nos con-

naissances, est-ce préciser ou expliquer quelque chose, que dire

d'un corps qu'il agit par ses vibrations moléculaires ? Quel est

le phénomène physique qui ne soit présentement (y compris

l'électricité) attribué à des vibrations ? Les vibrations molécu-

laires d'un corps, ce sont ses propriétés physiques, c'est le

corps lui-même ; et la prétendue explication se réduit aune

simple tautologie.

Il faut du reste avouer que les spéculations de ce genre ris-

quent d'autant plus de se résoudre en banalités vagues, qu'elles

prétendent s'appuyer sur des notions plus générales et plus

élevées. Pour éviter ce danger, nous nous abstiendrons d'in-

sister davantage sur les hypothèses possibles. Mentionnons

seulement pour mémoire celles, forcément non soutenues, qui

attribuaient la différence d'action des métaux à leur poids ou

à leur calorique spécifiques.

Une expérience récente de M. Grocco mérite d'être retenue.

Cet observateur a constaté que l'action des métaux est trans-

missible du sujet sur lequel est placé le métal à un autre

simplement touché par le premier. Il y aurait à étudier les

conditions physiques de cette expérience.

En résumé, les métaux semblent devoir leurs qualités

d'aesthésiogénie à la polarité électrique résultant de leur con-

tact avec la peau.

Cette conclusion nous autorise à ranger à la suite des métaux

plusieurs agents électriques faibles. Telles sontles plaques d'ébo-

nite, de gutta-percha, de cire à cacheter, spath d'Islande, etc.,

susceptibles de prendre et de conserver longtemps un état. élec-

trique, par le frottement ou la pression. Il faut y joindre encore

l'ivoire, l'os, certains bois résineux (Jourdanis), le collodion en

feuilles (Seure), etc. Un voit, d'après cette énumération, que dans

108 REVUE CRITIQUE.

bien des circonstances on a appliqué, comme substance inerte,

en vue d'expériences de contrôle, des substances que leurs

propriétés électriques rendaient au contraire fort actives '.

Aimant. Au lieu d'exposer les diverses hypothèses sur la

manière dont le voisinage d'un aimant peut affecter l'état

électrique ou magnétique du corps chez l'homme et les ani-

maux, nous nous bornerons à dire qu'aucune d'elles n'a été

l'objet d'une étude physique suivie. Voici, cependant, un fait

de la plus haute importance à ce point de vue. M. Maggiorani

dit dans son ouvrage, la Magnete e i nervosi , que pour éviter

d'influencer la malade par la vue et l'application directe de

l'aimant, on peut procéder ainsi : d'une main l'observateur

touche un barreau aimanté caché dans sa poche, de l'autre il

tâte le pouls du malade. L'action de l'aimant, ainsi transmise

à travers le corps de l'observateur est, dit M. Maggiorani,

aussi évidente et aussi rapide que par le contact immédiat. Hâ-

tons-nous de dire que cette assertion, si étrange au premier

abord, est absolument conforme à la réalité. Tous les observa-

teurs l'ont vérifiée. On a même (Proust et Ballet) fait passer

l'action magnétique à travers une chaîne de malades. Nous

avons fait l'expérience suivante : d'une main nous touchons le

pôle d'un aimant et nous plongeons l'autre dans une large

bobine reliée à un galvanomètre placé à une distance de plu-

sieurs mètres. Nous n'avons pas constaté de déviation ; mais

l'expérience mériterait d'être reprise avec des instruments

plus délicats.

Il a été dit plus haut que l'action physiologique de l'aimant

n'est nullement en rapport avec son degré de force magné-

tique. Il suffit de quantités extrêmement faibles de magné-

tisme pour obtenir exactement le même résultat qu'avec l'élec-

1 Nous avons, ces jours-ci même, examiné l'effet, sur l'anesthésie

hystérique, de badigeonnages très peu étendus (deux ou trois centimètres

de diamètre) de collodion. Sur quatre malades, dont trois présentaient

une anesthésie totale et la quatrième une liémianesthésie, l'application

sur l'avant-bras fut suivie, en quelques minutes, du retour de la sensibi-

lité dans une zone d'étendue variable. Chez l'hémianesthésique il y eut

transfert. Cela nous a frappé d'autant plus que, chez deux de ces ma-

lades, l'anesthésie s'était montrée jusqu'alors extrêmement tenace. Ces

faits viennent confirmer les prévisions de M. Seure. L'évaporation de

l'éther, sur la peau, ne suffit pas a elle seule à produire des effets

analogues. Nous avons employé le collodion riciné des hôpitaux.

111&TALLOSCOPIE, METALLOTHÉRAP1E, STHËSMGÉNES. 109

tro-aimant le plus puissant. Cela est à rapprocher du fait

analogue constaté pour les courants galvaniques.

Quelques observateurs ont parlé d'une différence d'action

des pôles, le pôle sud étant, disent-ils, plusactif. Nous n'avons

pu trouver cette différence ; elle n'a, du reste, pas été constatée

par Maggiorani.

Voici un moyen d'abréger considérablement (des neuf dixiè-

mes) la durée d'une application magnétique et, en même

temps, d'augmenter l'action de l'aimant sur l'organisme.

M. Maggiorani communique aubarreau aimanté un mouvement

rapide de rotation, par un mécanisme très simple, de sorte

que les deux pôles se présentent alternativement devant le

même point du corps. Nous nous sommes assurés de laréalité du

fait; il est rare qu'avec l'aimant rotateur l'action oesthésiogènc

se fasse attendre plus de deux minutes. Maggiorani se sert

de ce petit appareil, qui mériterait d'être plus répandu '.

On sait que l'aimant peut être remplacé par un solénoïde

(Charcot et Regnard); le fait physiologique vient ici confirmer

les théories physiques sur la constitution électrique de l'aimant.

Nous avons, jusqu'ici, parlé exclusivement des oesthésio-ènes

types : métaux, aimant, actions électriques de toute sorte,

diapason. En voici d'autres, moins énergiques, mais dont

1 L'aimant rotateur a servi, pendant quelque temps. aux expériences

de contrôle de M. Charcot. La manière dont les choses étaient disposées

vaut lapeine qu'on l'explique; elle montrera une fois de plus combien

peu fondé était le reproche, de ne pas tenir compte, à la Salpetriere,

des causes d'erreur provenant des malades. Un support, solide-

ment fixé sur le bord d'une table, soutient un axe horizontal ;

celui-ci est en connexion d'un côté avec une manivelle et un système de

roues dentées qui lui communiquent un mouvement très rapide, de l'autre

avec une sorte de mâchoire à vis, propre à recevoir, par son milieu,

l'aimant en fer à cheval que l'on veut faire tourner. Toute cette partie

est recouverte d'une enveloppe de bois; les pôles de l'aimant tournent

à proximité d'une planchette fermant la paroi antérieure de l'appareil.

Au-devant de cette paroi, un coussin reçoit le bras du patient, qui se

trouve ainsi séparé des pôles de l'aimant par l'épaisseur de la plan-

chette. Or, on peut faire des comparaisons très démonstratives en subs-

tituant, dans la boîte fermée, de faux aimants (en zinc, cuivre ou bois)

aux véritables, dont ils ont du reste l'apparence extérieure. On peut

même laisser tourner la manivelle d vide. Nous avons cependant renoncé

à cet appareil, au moins pour ce but spécial, parce que nous nous

sommes assurés que l'ébranlement vibratoire occasionné par l'engre-

nage était de nature à troubler les résultats, en agissant à la manière du

diapason.

110 REVUE CRITIQUE.

l'énumération ne saurait pourtant être omise. La liste en est

des plus disparates.

Les variations locales de température, soit en plus, soit en

moins, peuvent avoir l'effet d'une application aesthésiogénique.

C'est ainsi que le contact, pendant un certain temps, de la

peau avec de l'eau plus chaude ou plus froide qu'elle, agit d'une

manière évidente dans l'anesthésie hystérique, produit le trans-

fert, etc. Toutefois, cette influence de la température, trans-

mise par un liquide, constitue, on le comprend, un phéno-

mène complexe qui n'a pas été suffisamment étudié jusqu'à

présent.

Il a été question au début de ce travail, des injections hypo-

dermiques, des solutions métalliques, employées par M. Burq

comme succédané de ses plaques. Or, une injection hypodermi-

que d'eau distillée a souvent (en dehors de l'hystérie) un effet

oesthésiogénique incontestable. Ici encore, l'action est complexe;

on en discerne trop facilement les éléments pour qu'il soit

utile d'insister.

Outre les solutions de sels métalliques et l'eau distillée,

certaines substances médicamenteuses et au premier rang la

pilocarpine, administrées en injections sous-cutanées ont

aussi rétabli la sensibilité dans des régions anesthésiées.

Des applications de sinapismes, de vésicatoires, donnent

des résultats analogues. A propos de ces derniers, M. Grasset

(de Montpellier) a fait des observations importantes que nous

aurons à rappeler plus loin.

En général, l'efficacité aisthésiogène de tous ces agents, que

l'on peut qualifier d'irréguliers, est faible, locale, non constante

et surtout sans relation directe avec leurs propriétés irritantes

(mécaniques ou chimiques).

Essayons maintenant de rassembler les quelques notions que

nous pouvons posséder sur les caractères physiologiques essen-

tiels de l'action des oesthésiogenes. Nous savons qu'à la suite de

l'application sur le tégument de certains agents physiques, il

se produit dans l'organisme des modifications considérables

de la sensibilité générale et spéciale, de la circulation, de la

tonicité musculaire, etc., en un mot des phénomènes oesthésiogé-

niques. Nous avons vu que, pour quelques-uns des agents

oesthésiogenes, tels que les métaux, l'aimant, la modification

physique qu'ils impriment à l'organisme est à peu près inex-

pliquée ; pour d'autres, au contraire, électricité, diapason, cha-

MÉTALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, .-ESTHÉSIOGÈNES. 111 i

leur et froid, elle est évidente. La première et la seule chose

à inférer de cette variété, est que cette action physiologique

n'est pas la simple propagation de l'action physique extérieure.

Aller plus loin, serait tomber dans les pseudo-explications

moléculaires.

Ceci dit, essayons de placer quelques jalons. D'abord, le

mode de propagation de l'action oesthésiogénique après une

application locale. Il est extrêmement remarquable de voir la

sensibilité, par exemple, reparaître de proche en proche, en

superficie et en profondeur, avec la même régularité qu'une

substance poreuse homogène selaisserait imbiber par un liquide.

Et cela, sans que les conditions anatomiques des parties sem-

blent avoir la moindre influence. Aucune distribution vascu-

laire ou nerveuse n'est suivie ; la sensibilité s'étend comme

une tache d'huile, c'est tout ce que l'on peut dire. Ainsi on

fait une application métallique sur la région cervicale d'une

malade affectée d'anesthésie totale; la sensibilité commence

bientôt à reparaître au niveau des plaques ; lorsqu'elle s'étend

sur une zone de quelques centimètres de largeur, on constate

que le doigt introduit dans l'arrière-bouche, détermine des

réflexes violents, tandis qu'avant l'application, on pouvait,

sans provoquer la moindre réaction ou sensation, promener le

doigt dans toute l'arrière gorge et toucher longuement l'ouver-

ture supérieure du larynx. Mais il n'y a de sensible que les

portions de muqueuse qui se trouvent directement au dessous

de l'application. La partie antérieure de la bouche et de la

langue sontrestées insensibles.

Dans les cas d'achromatopsie (avec anesthésie cutanée), une

application faite sur la tempe ou le front, donne lieu à des

observations analogues. En effet, ce n'est qu'après que la sen-

sibilité est revenue au pourtour de l'orbite, que, comme si elle

s'était propagée également dans l'épaisseur de la région, on

constate le commencement de la disparition de l'achromatop-

sic. Il est tout à fait remarquable que l'action oesthésiogéniquc

ne se fasse en rien sentir, sur les organes importants qu'elle

doit traverser dans les deux exemples ci-dessus, tels que le

cerveau dans l'un, le sympathique cervical, le pneumogastri-

que dans l'autre. Il semble qu'elle se limite, par une sorte

d'élection, aux extrémités nerveuses, tandis que les troncs et

centres nerveux lui sont indifférents.

Outre cette action locale si caractéristique, il est impossible

10 ' REVUE CRITIQUE.

de méconnaître une action à distance, qui ne peut s'exercer

que par l'intermédiaire des centres nerveux. Plusieurs circons-

tances la démontrent. D'abord, les phénomènes de transfert

et autres analogues sur lesquels il est inutile de revenir;

ensuite deux observations intéressantes. La première, due à

M. Dumontpallier, est que, dans les expériences d'arrêt, au

moyen d'un métal neutre, dont il a été question plus haut, lors-

qu'on place la pièce neutre sur la peau, le résultat dépend de

sa position par rapport à la pièce active.

La seconde observation est de M. Regnard. On connait

la loi physiologique des couleurs complémentaires. Si l'on fait

tourner rapidement un disque de carton blanc portant quel-

ques traits d'une couleur principale, l'oeil perçoit, outre cette

couleur, une teinte pâlede la couleur complémentaire, sur la

portion blanche du disque. Or, l'expérience réussit également L

lorsque le sujet est achromatrope; il ne perçoit pas la couleur

principale, le vert, par exemple, tandis qu'il accuse très bien

la teinte rouge complémentaire. (On se rappelle que, pour une

catégorie très nombreuse de malades, la couleur rouge reste

seule en dehors de l'achromatopsie). Cela prouve à la fois le

siège central de l'achromatopsie et l'action centrale des oesthé-

siogènes.

Les changements dans la force musculaire parlent dans le

même sens. Il faut joindre à ces données les modifications du

tracé du pouls à la suite d'une application périphérique, signa-

lées par M. Grocco.

Sans chercher à pénétrer le mécanisme intime de l'action

des oesthésiogènes, on a voulu déterminer l'importance relative

des changements physiologiques observés. Ainsi, on a supposé

que le retour de la sensibilité dans une partie anesthésique, est

subordonné à un certain degré d'hypérémie de la peau, ou du

moins à la disparition du spasme vasculaire du réseau cutané,

habituellement concomitant de l'anesthésie. Cette manière de

voir tend à'expliquer l'action des oesthésiogènes par une simple

irritation. Il est très vrai que, suivant l'observation faite il y a

plus de trente ans par Gubler, l'application d'un sinapisme

ramène, le plus souvent, la sensibilité dans une région affectée

d'anesthésie hystérique.

Des vésicatoires donnent le même résultat. Mais il ne fau-

drait passe hâter d'en conclure que tout le processus Tstliésio-

génique a pour condition essentielle une diminution de la toni-

31TALLOSCOPIE, METALLOTHERAPIE, ESTHÙSIOGÈNE ? 113

cité vasculaire du tégument. En effet, ainsi que cela a été

déjà dit dans le cours de ce travail, les différents changements

de tonicité vasculaire, de sensibilité, de force musculaire, etc.,

sont indépendants les uns des autres et peuvent se grouper

de toutes les façons, ou se manifester isolément. Un seul

exemple suffira; il a été fréquemment constaté que l'anes-

thésie provoquée (c'est-à-dire produite'par l'action directe d'un

oesthésiogène sur une partie sensible) peut s'accompagner de

phénomènes d'hypérémie, identiques à ceux qui accompagnent

la réapparition de la sensibilité. Claude Bernard, dans une

visite faite, peu de jours avant sa mort, au service de M. Char-

cot, avait été rendu témoin de ce fait, dont il s'était montré très

frappé. Au surplus, les irritants proprement dits (chimiques ou

autres) n'ont qu'une action incertaine, faible et surtout étroi-

tement localisée. Une exception doit cependant être faite, au

moins dans une certaine mesure pour les vésicants. M. Grasset

a vu deux fois l'application d'un petit vésicatoire rétablir la

sensibilité dans toute l'étendue d'un membre (chez des malades

non hystériques) ; il a constaté de plus une élévation de tem-

pérature de tout le membre. Pour l'instant, on ne peut que

prendre note de ces faits.

Le phénomène du transfert a aussi été l'objet de quelques

tentatives d'explication. On a pu voir, dans une autre partie

de ce recueil, l'ingénieux schéma par lequel M. Debove repré-

sente, pour le transfert, la voie des impressions sensitives

dans les hémisphères cérébraux.

De son côté, M. Adamkiewicz voit, dans le transfert de la

sensibilité, un exemple de ce qu'il appelle symétrie bilatérale.

On sait qu'il partage les fonctions en deux catégories, suivant

que leur exercice simultané dans les deux moitiés du corps est

synergique ou antagoniste. La sensibilité appartiendrait à cette

seconde classe.

Il serait facile, nous l'avons déjà dit, de donnerdes schémas

explicatifs, assez satisfaisants, de tous les phénomènes de

I'oestliésio-6nie, en prenant pour éléments des traits dont les

extrémités seraient dans des états de polarité ou dans des pha-

ses d'oscillation opposés.

Arrivé au terme de cette revue, nous avons le regret de

reconnaître que bien des détails ont été négligés, bien des

côtés de la question sont restés dans l'ombre. Essayons au

moins de préciser en quelques mots quelle place occupe actuel-

8

il le REVUE CRITIQUE.

lement, dans la science, la question des aesthésiogènes, quels

résultats positifs lui sont dus et quelle direction semble assi-

gnée à son développement.

Nés de la métallothérapie, les oesthésio-ènes représentent

d'abord une extension presque indéfinie des procédés de

M. Burq. Mais, en même temps que les procédés, se sont mul-

tipliés aussi les phénomènes qu'ils étaient destinés à produire.

Nous avons donc deux choses corrélatives : 1° une classe

nouvelle de manifestations qui relèvent de la physiologie et de

la pathologie ; 2° les procédés qui servent à les obtenir.

En ce qui concerne les premières, l'aesthésiogénie a fait dé-

couvrir des faits physiologiques fondamentaux : le transfert,

les oscillations, qui ont servi de base à de nouvelles méthodes

thérapeutiques (déplacement des paralysies, des contractures,

etc.). Elle a permis d'étendre considérablement une classe peu

connue d'hémiplégies ou d'affections posthémiplégiques faci-

lement curables. C'est aux recherches sur les oesthésiogènes

que l'on doit la réintégration dans la pratique ordinaire de l'ai-

mant, de la machine électrique et l'introduction d'instruments

nouveaux tels que le diapason. Grâce à ces nouveaux moyens,

le traitement de l'hystérie et de ses accidents, et d'autres né-

vroses est devenu plus simple et plus efficace.

Bien que les oesthésiogènes soient capables d'agir chez tous

les sujets, leurs effets sont, comme on le sait, plus faciles à

observer chez les hystériques. De ce chef, ils sont précieux

pour l'expérimentation clinique que M. Charcot conseille de

pratiquer de préférence sur des malades de cette catégorie ;

expérimentation inoffensive et qui, suivant ce professeur, sup-

plée celles des laboratoires de vivisection pour les points déli-

cats de la physiologie du système nerveux.

En effet, et c'est ce qui constitue l'importance des oesthésio-

gènes, les résultats qu'ils donnent chez les hystériques n'ont

rien d'exceptionnel ni d'anormal, sinon le degré. Ce n'est que

parle degré qu'ils diffèrent de ce qu'on peut obtenir en dehors

de l'hystérie ; c'est dire qu'ils ont l'avantage de présenter à l'état

typique des phénomènes qui, se retrouvent sous une forme

atténuée chez tous les individus malades ou sains.

Les phénomènes wstliésiogéniques peuvent être provoqués

de deux manières, par une action périphérique (applications

diverses) ou par une action centrale (imagination, expectant

attention et surtout hypnotisme) ; cela permet de faire des

METALLOSCOPIE, MÉTALLOTHÉRAPIE, rES'rHÉSIOGÉNES. 115

rapprochements utiles pour l'édification future d'une théorie

de l'hypnotisme.

Quant aux procédés, nous avons vu que l'explication de

leur mécanisme immédiat est loin d'être trouvée. En ce qui

concerne les métaux notamment, on a proposé les interpréta-

tions les plus diverses. Peut-être en arrivera-t-on à voir qu'il

s'agit là d'une de ces forces qui seraient intermédiaires à la

lumière, à la chaleur, à l'électricité et dont la théorie, main-

tenant acceptée do l'unité des forces physiques, permet de

supposer l'existence. Rien, en effet, ne nous interdit de suppo-

ser, entre les formes connues des agents physiques, des variétés

de mouvement de la matière, éthérée ou pondérable, qui

n'entrent pas dans les cadres actuels.

Ne nous arrêtons pas davantage à ces vues de l'imagination.

Il est pourtant des spéculations plus soutenables. Ainsi, nous

avons proposé de rapporter à l'électricité l'action des métaux et

nous avons constaté que l'électricité, sous toutes ses formes,

est un des oesthésiogènes les plus efficaces. On devra, d'après

cela, faire passer dans l'électrothérapie générale tous les

procédés électriques (et, parmi ceux-ci, nous rangerons provi-

soirement les applications métalliques) de l'aesthésiogénie ;

ensuite on devra les soumettre, comme on le fait déjà en élec-

trothérapie, à l'évaluation en mesure absolue, c'est-à-dire ex-

primée au moyen des trois unités fondamentales de longueur,

de masse et de temps.

Ce n'est pas tout, les autres agents, oesthésiogènes (ther-

miques, mécaniques et autres) devront être réduits à la même

mesure absolue; alors seulement on aura les éléments ration-

nels d'une thérapeutique physique.

La métallothérapie interne, elle-même, quelle que puisse

être sa valeur pratique, doit être étudiée aussi à ce point de

vue; son mérite principal, à nos yeux, est d'appeler l'attention

sur les propriétés physiques, jusqu'à présent négligées, des

médicaments destinés à l'usage interne.

En un mot, les recherches faites sur les oesthésiogènes ne sont

peut-être que le simple préambule de la réforme en thérapeu-

tique et en physiologie dans le sens de l'unité de force ; et, ce

n'est pas leur moindre mérite.

Nous avons dit, au début de ce travail, que c'est à M. Burq

que l'on doit les faits qui ont servi de base à l'oesthésiogénie.

Avant de terminer, nous désirons mieux préciser la part qui

116 ô REVUE CRITIQUE.

revient réellement à M. Burq. Elle est considérable, comme on

va le voir, bien que peut-être moins grande qu'il le pense.

M. Burq a découvert l'action des métaux sur l'anesthésie, et

en même temps sur la circulation, la température et la force

musculaire des membres anesthésiés. Il a reconnu les idiosyn-

'crasies métalliques. Il a eu sur les névroses des vues,

hypothétiques certainement, mais desquelles il subsiste

quelque chose de réel à savoir : la connexion de l'anes-

thésie et de l'amyosthénie avec les névroses, leur impor-

tance et la nécessité de diriger contre elles le traitement; le

mot et la notion même d'amyosthénie sont de lui. Il a inventé,

pour mesurer ces phénomènes, des instruments ingénieux.

Enfin, nous ne parlons pas de ses travaux sur le choléra, qui

ne se rattachent qu'indirectement à notre sujet. Voilà ce qui

appartient à M. Burq. On ne l'a pas oublié à la Salpêtrière et,

dans aucune occasion, on n'a manqué de proclamer ses droits.

Mais ce qui n'appartient absolument pas à M. Burq, c'est le

transfert, les oscillations, les phénomènes provoqués, l'in-

fluence réciproque des métaux, et la série des oesthésiogènes,

nouveaux ou restaurés.

Relativement aux nombreux aesthésiogènes qui sont venus

s'ajouter aux métaux, M. Burq s'est exprimé dans ses récentes

publications de diverses manières, assez difficiles à accorder.

Nous ne pouvons guère discerner s'il voit d'un mauvais oeil

cette extension de la métallothérapie, ou s'il l'approuve, mais

en en reclamant la paternité.

Dans cette seconde supposition, nous dirons simplement que

la prétention de M. Burq est mal fondée, ou, pour mieux dire,

ne l'est pas du tout. 11 parle vaguement et, en méconnaissant

leur action véritable, des appareils magnétiques, galvaniques

électriques, ou simplement métalliques (p. 32 d'une brochure

publiée en 1853); il croyait à cette époque et encore en 1867

(Nlétallotlcérapaé du cuivre) que la plupart de ces appareils

n'agissent qu'en tant qu'ils représentent une application mé-

tallique. Il ne croyait pas non plus, nous l'avons dit en com-

mençant, à l'action de l'aimant. Il reconnaît, dans sa communi-

cation à l'Académie de médecine, n'avoir jamais expérimenté

l'électricité statique. Il ne nomme même pas le diapason ; il n'a

jamais essayé non plus le courant galvanique. Comment peut

donc M. Burq, après cela, imaginer, que les faits, relatifs à ces

divers sesthésiogènes, lui étaient connus antérieurement aux

MÉTALLOSCOPIE, 111TALLOTHERAPIE, OESTHÉSIOGÈNES. 117

recherches de la Salpêtrière. Mais, s'il les avait connus, il les

aurait étudiés et n'aurait pas consacré tant de persévérance à la

propagation de la métallothérapie. Car ce qui fait la force d'un

inventeur, c'est la délimitation et la fixité de l'idée. M. Burq,

comparant entre eux les effets des oesthésiogènes, n'eut pas eu

la conviction absolue, la foi dans les métaux, qu'il a conservée

si vive. D'autre part, il aurait sans doute porté sa prédilection

sur un oesthésiogène plus actif.

En somme, M. Burq, en est maintenant, comme en 1849,

(ceci n'est pas un reproche) à la métallothérapie interne, avec

la métalloscopie pour base. A la Salpêtrière, au contraire, on

fait peu ou point de métalloscopie : on n'attache qu'une impor-

tance secondaire à la métallothérapie interne, dont la preuve

n'est d'ailleurs pas encore faite. En un mot, sous la pression

des faits nouveaux, le point de vue s'est déplacé, le cercle des

études s'est élargi ; il ne pouvait en être autrement. Mais le

progrès réalisé n'empêche pas qu'on y rende justice à l'ingé-

nieux observateur qui a ouvert la voie.

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REVUE DE PHYSIOLOGIE

I. SUR la contraction musculaire paradoxale; par M. Men-

DEL530HN. (SL-Pétersbnrger medicinische zcochenschrisft ,

9881, n° 90.)

Les Archives de Neurologie ' ont déjà rendu compte de

l'étude que Westphal a consacrée à ce phénomène patholo-

gique bizarre de la contraction musculaire dite paradoxale,

qui consiste en un spasme permanent du muscle tibial anté-

rieur, à la suite d'une brusque flexion dorsale du pied. Ce

spasme tonique n'a lieu d'ailleurs que dans des circonstances

relativement assez rares et encore mal déterminées. On a pu

' ? 3, p. 435.

120 REVUE DE PHYSIOLOGIE.

voir, à la lecture du compte rendu auquel nous faisons allu-

sion, que Westphal considère le relâchement du muscle comme

agissant à la manière d'une excitation ; or, il est constant que

la tension du même muscle détermine un spasme analogue ;

et c'est en raison de cette sorte de contradiction entre les deux

conditions pathogéniques du phénomène que l'auteur a quali-

fié de paradoxale cette variété de contracture provoquée.

Erlenmeyer ' n'admet pas que le relâchement d'un muscle

puisse jamais être une cause de contraction ou de contracture.

Il croit que dans le cas particulier de la contracture du tibial

antérieur, l'excitation réside dans la tension passive du groupe

musculaire antagoniste, c'est-à-dire des jumeaux et du soléaire.

Il invoque, à l'appui de son opinion, le fait que la contraction

paradoxale ne peut se produire, lorsque, la jambe étant flé-

chie sur la cuisse, on rapproche avec la main les muscles du

mollet de leur insertion calcanéenne. En pareille circonstance,

si l'on fléchit fortement le pied sur la jambe quel que soit le

degré de cette flexion, les muscles du mollet ne peuvent pas

être distendus et le tibial antérieur ne se contracte pas.

A cette objection Westphal répond2 que ce n'est pas le relâ-

chement du mollet qui met obstacle à la contraction du tibial

antérieur, mais bien la pression que la main exerce sur les

jumeaux et le soléaire.

Mendelssohn a constaté la même chose, et il se range à l'avis

de Westphal ; mais il pense qu'il serait prématuré de préciser,

dès aujourd'hui, les conditions physiologiques du phénomène.

Tout ce qu'il a pu observer, c'est que la contraction paradoxale

affecte, dans ses caractères graphiques, une grande analogie

avec la contraction d'un muscle empoisonné par la vératrine.

Quant à définir les conditions cliniques qui seraient le plus

favorables à l'apparition du symptôme, rien n'est encore plus

malaisé. Westphal a vu se produire la contraction paradoxale

dans le tabes dorsal, dans la sclérose en plaques, dans la para-

lysie agitante; tantôt le réflexe tendineux était aboli, tantôt il

subsistait ; tantôt la sensibilité était conservée, tantôt elle

avait diminué ou même complètement disparu. Le mécanisme

de ce phénomène est donc, selon toute vraisemblance, absolu-

ment original et diffère de ce qui s'observe dans les autres

modifications fonctionnelles des muscles.

1 Centralbl. f. llei-ve7zheilkit71de, 1880, n- 17, p. 345.

Ibd" n" 20, p. 117.

REVUE DE PHYSIOLOGIE. 121

Enfin, Mendelssohn a déterminé la contraction paradoxale

chez deux ataxiques sur dix, chez une hystérique sur trois,

chez quatre hémiplégiques, chez un sujet atteint de sclérose en

plaques et chez cinq alcooliques affectés de tremblement et de

rigidité musculaire.

L'auteur, sans se prononcer catégoriquement, exprime l'opi-

nion que la contraction paradoxale consiste en une perte de

l'équilibre du tonus dans certains groupes musculaires et dans

leurs antagonistes. 11 admet aussi qu'il existe un rapport

pathogénique entre ce phénomène et le tremblement, et que

ces deux symptômes appartiennent, avec les réflexes tendi-

neux et la contracture, à une catégorie de manifestations

morbides imputables à une perturbation de la tonicité des

muscles. E. B.

II. RECHERCHES graphiques SUR LES mouvements DU cerveau

chez l'homme ; par L. RAGosiNet M. MENDELSSOHN. (<9<-Pe<M'S-

burger medicinische Wochenschrift, 1880, n° 37.)

Comme dans tous les cas où il a été possible de recueillir

des inscriptions graphiques des mouvements du cerveau chez

l'homme vivant, il s'agissait dans les expériences entreprises

par Ragosin et Mendelssohn, d'un homme atteint d'une large

dénudation de la région pariétale. Ces expériences ont démon-

tré, conformément à celles de Salathé, Brissaud et François-

Franck, Mosso et Jiacomini, que les mouvements d'expansion

et de retrait de la surface encéphalique, observés dans le cas

de perte de substance de la boîte crânienne, s'effectuent sous

l'influence de la circulation et de la respiration. Mais elles

paraissent prouver, en outre, qu'il existe une troisième sorte

de mouvements cérébraux, complètement indépendants de

toute action respiratoire et circulatoire et s'accomplissant par

le seul fait des variations spontanées que subit le calibre des

vaisseaux.

Ces variations se produisent trois, quatre, cinq, six fois dans

l'espace d'une minute. Elles correspondent tout à fait à celles

que les physiologistes ont étudiées et décrites sous le nom de

mouvements rhythmiques des artères, et dont Schiff le premier

a signalé l'existence sans en fournir la raison. Il est certain,

en tout cas, qu'elles sont indépendantes de l'intensité delà

pression sanguine. E. B.

122 REVUE DE PHYSIOLOGIE.

III. Localisation du CENTBE visuel d'après DE toutes récentes

expériences DE FERRIER; par R.-H. PlERSON. (Centialblait

f. ile2,venheik-. Psych. gerichtl Psychopath., 1880.)

1° L'ablation des lobes occipitaux des deux côtés sans inté-

resser les plis courbes, c'est-à-dire en arrière du sillon pariéto-

occipital, n'entraîna aucun trouble de la vue.

2° La destruction complète du pli courbe d'un seul côté dé-

termina une cécité totale de l'oeil du côté opposé, qui d'ailleurs

ne dura que quelques secondes; c'est en vain que quelques

semaines plus tard on détruisait cette circonvolution sur l'autre

hémisphère, l'animal ainsi mutilé n'ayant presque aucun

trouble visuel, ou n'étant tout au moins affecté que de pertur-

bations passagères. La destruction simultanée des deux plis

courbes produisit une cécité de trois jours laissant derrière

elle une amblyopie évidente.

3° L'ablation à la fois du pli courbe et du lobe occipital d'un

hémisphère entraîne l'hémiopie des deux yeux, du côté opposé

à la lésion. Ainsi, un animal auquel on enlève d'abord le pli

courbe gauche et après un temps assez long le pli courbe et le

lobe occipal droits présente une hémiopie gauche de quatorze

jours et reprend ensuite toute sa puissance visuelle. Un ani-

mal chez qui l'on détruit en une séance les deux lobes occipi-

taux (absence de trouble visuel) et dans une autre le pli courbe

du côté gauche, est atteint de cécité temporaire de l'oeil droit,

mais très rapidement on constate l'amélioration de la fonction.

4° C'est par la destruction des plis courbes et des lobes occi-

pitaux des deux hémisphères en même temps qu'on obtint une

cécité complète et persistante pendant un mois sans que la

motilité, la sensibilité, ni aucun des autres sens spéciaux

fussent intéressés. - Les expériences dont il s'agit ont été

pratiquées sur des singes, en commun avec le docteur Yeo.

P. K.

IV. Des réflexes; par le Dr Rumpf, de Düsseldorff. (Congrès

de Bade, 1880. Arch. f. Psychiatrie.)

Après avoir exposé l'influence des courants faradiques

faibles et moyens sur la dilatation des capillaires du côté

opposé à l'excitation, tandis que l'inverse se produisait par des

courants très forts, l'auteur émet l'opinion que les manifes-

REVUE DE PHYSIOLOGIE. 123

tations hypnotiques ne seraient elles-mêmes aussi que des

phénomènes de transfert en rapport avec les réflexes vascu-

laires. En effet, il a observé que les excitations cutanées du

même agent électrique déterminaient l'hypérémie de l'hémis-

phère cérébral de l'autre côté, et vice versa. P. K.

V. NOUVELLE série d'expériences SUR la détermination DES

fonctions du cerveau; par le professeur GOLTZ. (Congrès de

Bade, 1880. Arch. f. Psychiatrie.)

M. Goltz, en se servant du perforateur de White, muni d'une

petite scie spirale, a pu enlever chez le chien de fortes éten-

dues des couches corticales dans les lobes cérébraux sans dé-

terminer de paralysie ni d'anesthésie persistantes : l'idiotie

seule et l'obtusion des sens furent la conséquence de ces muti-

lations. La destruction de la substance blanche et son excita-

tion dans les zones motrices produisirent les manifestations

bien connues, tandis que la substance grise des mêmes régions

était incapable de réaction. P. K.

VI. Les manifestations DE l'hypnotisme ; par le professeur

WILLE. (Co2,responde7tzbl. f. Schzvéz'z. Aerzt., 1880.)

M. Wille est d'avis qu'il est du devoir de chacun de s'occuper

de cette question, de serrer de près les rapports qu'elle affecte

avec la physiologie et la pathologie et d'instituer des recher-

ches scientifiques précises à son sujet. Étant en état, selon

lui, de mieux déterminer les conditions des phénomènes qu'il

y a cinquante ou cent ans à raison de nos contrôles expérimen-

taux, des études plus complètes que nous possédons sur la phy-

siologie et la pathologie du système nerveux, de la sûreté de

nos méthodes, nous pouvons aborder de front ces problèmes

ressortissant au magnétisme vital, et en tous cas profiter de

l'occasion unique qui nous soit offerte d'instaurer des expé-

riences sur l'homme : la comparaison avec les résultats obte-

nus chez l'animal ne laissera pas que d'offrir le plus vif intérêt.

Bien armés, nous nous garderons plus facilement des erreurs

et nous ne manquerons pas, grâce aux connaissances acquises,

de combattre les superstitions grossières concernant les his-

toiresde revenants ou de spirites. P. K.

13t REVUE DE PHYSIOLOGIE.

VIL Tracés graphiques DE la marche ; par le Dl VIERORDT,

de Tûbingen. (Congrès de Bade, 1880. Arch. f. Psychî'a-

trie.)

- Le mécanisme et le système des appareils adoptés ont permis

au docteur Vierordt d'enregistrer le pas même de lapersonne qui

marche; les oscillations de la jambe qui quitte le sol ainsi que

l'amplitude de l'enjambée au moment de l'application de la

plante du pied sur le terrain se trouvent inscrites. Les premiers 's

résultats nous apprennent que dans le tabes, ordinaire ou

spasmodique, l'écart des jambes est plus prononcé qu'à l'état

normal, celle des extrémités qui perd pied étant animée

d'oscillations irrégulières; les pas, surtout dans le tabes spas-

modique, sont aussi de longueur inégale c'est à dire en somme

que le malade fera un plus grand nombre de pas pour une

même longueur de chemin à divers moments. Il existe d'ailleurs

d'autres tracés pour les oscillations du tronc, pour celles des

bras pendant la marche, pour la mobilité de chaque partie des

extrémités pendant la progression. P. K.

VIII. On MUSCULAR SPAMS KNOWN AS tendon reflex. (Des

spasmes musculaires désignés sous le nom de réflexes tendi-

neiix); par AUGUSTUS WALLER. (Tlie l3raan, III, p. 179-192,

1880.)

On sait qu'en percutant le tendon rotulien on obtient une

extension brusque de la jambe sur la cuisse, plus ou moins

complète, suivant les sujets et aussi suivant l'état des centres

nerveux. C'est « le phénomène du genou », dont l'étude a pris

une grande importance dans ces dernières années. Un phéno-

mène analogue peut se produire dans différents points du

corps : ainsi en fléchissant brusquement le pied, on obtient

une série de petites trémulations que M. Waller désigne sous

le nom de « clonus de la cheville». M. Waller a fait des

recherches nouvelles portant principalement sur la nature

intime de ce phénomène.

Tout d'abord, M. Waller remarque que la secousse est

unique au genou, multiple au contraire à la cheville. Mais,

malgré cette dissemblance apparente, les deux réflexes tendi-

neux du genou et de la cheville, se produisent par le même

mécanisme : ainsi, en fixant la jambe dont on percute le tendon

REVUE DE PHYSIOLOGIE. 125

rotulien, on obtient, non plus une secousse unique, mais une

série de contractions ; de même, on peut n'avoir à la cheville

qu'une secousse musculaire en ayant soin d'abandonner le

pied à son propre poids.

Dans tous ces phénomènes, il y a un élément commun :

c'est une contraction provoquée par l'extension de la fibre

musculaire et on peut affirmer que la contraction sera d'autant

plus forte que l'excitabilité musculaire sera plus facilement

mise en jeu. M. Waller donne, à l'appui de cette assertion un

tableau où l'état des réflexes tendineux et leur durée ont été

notés chez des sujets sains et chez les malades atteints d'affec-

tions diverses des centres nerveux. Dans tous ces cas, le réflexe

est d'autant plus accentué que l'influence cérébrale se fait

moins sentir. De plus, la durée moyenne des réflexes du genou

et de la cheville a été sensiblement la même dans tous les cas,

soit de trois à quatre centièmes de seconde. Mais la contrac-

tion observée est-elle d'origine purement périphérique, ou bien

est-elle réflexe ? Il y a, en faveur de la seconde opinion, de

fortes présomptions, à la fois d'ordre expérimental et d'ordre

clinique. L'auteur cependant ne s'y rallie pas. Il fait remarquer

que le temps perdu est trop court pour qu'un réflexe ait le

temps de se produire. En outre, le temps perdu devrait être

de longueur inégale pour des muscles situés à des distances

inégales de la moelle. Or, il n'en est rien.

Enfin, on peut produire le même phénomène dans le même

temps en percutant, au lieu du tendon, soit le muscle lui-même,

soit l'os sur lequel il s'insère; c'est-à-dire que les choses se

passent comme si une onde vibratoire se propageait d'un bout

à l'autre du muscle. On peut aussi déterminer le phénomène

en percutant un point éloigné du corps ; mais il faut pour

cela que l'irritabilité musculaire soit au maximum ; c'est d'ail-

leurs cette différence dans l'irritabilité du muscle qui règle ses

réactions en présence des excitants. M. Waller classe ces der-

niers comme suit, par ordre de puissance décroissante : 10 cou-

rant continu ; 2° courant interrompu ; 3° percussion du muscle ;

4° percussion du tendon ; 5° percussion de l'os ; 6° percussion

d'un point éloigné.

M. Waller ne se croit pas autorisé à se prononcer définitive-

ment ; il est porté à croire que le phénomène est surtout péri-

phérique, et que le rôle de la moelle se borne à entretenir la

tonicité réflexe, sans laquelle il n'y a pas de contraction

126 revue DE physiologie.

possible. Mais son opinionn'est pas encore suffisamment faite,

et il se promet de reprendre plus tard cette question.

R. BLANCHARD et J.PIGNOL.

IX ANATOMY AND PHYSIOLOGY OF THE CHORDA TYMPANI NERVE

(Anatomie et physiologie du nerf de la corde du <yH ! caK); par

HORATIO B. BIGELOw. (Tlae Bra2t, III, p. 43-48, 1880.)

La corde du tympan est distincte et isolable dans tout son

parcours, à la condition d'employer de bons réactifs et de forts

grossissements. Elle fait suite au nerf de Wrisberg, qui se con-

tinue avec elle sans interruption, à travers le ganglion géniculé.

Enfin le nerf de Wrisberg naît d'un amas gris, mal délimité,

situé au voisinage du noyau acoustique supérieur, sur le pro-

longement de la colonne grise des nerfs sensitifs. Ce dernier

point a été établi par Spitzka.

Si l'anatomie de la corde du tympan est sujette à des discus-

sions, ses fonctions ne sont pas moins controversées tandis

que Lussana et Schiff s'accordent pour y voir^un nerf de sensi-

bilité spéciale, M. Vulpian, répétant sur les filets linguaux delà

corde du tympan les expériences de Cl. Bernard sur ses filets

sous-maxillaires, la réduit au rôle de vaso-dilatateur. Les expé-

riences de M. Bigelow nous ramènent à l'opinion de Lussana.

D'aprèslui, 9° la section du lingual n'abolit que la sensibilité

générale dans les deux tiers antérieurs de la langue ; celle de la

corde du tympan abolit les sens du goût dans les mêmes points ;

la contre-épreuve, consistant à n'atteindre que le lingual, n'en-

traîne qu'une très légère modification du goût, imputable à la

lésion de quelques filets de la corde.

2° La section du facial en arrière du ganglion géniculé,

amènerait, contrairement à l'opinion de Schiff, de Davaine,

etc., l'abolition du goût, au bout de quelque temps seulement ;

ce phénomène ne serait nullement attribuable à la présence de

fibres gustatives dans le facial ; il n'y aurait là qu'une influence

de voisinage.

3° La section de la corde du tympan ou celle du nerf de

Wrisberg, entraînent l'abolition immédiate du goût.

La sensibilité spéciale de la corde du tympan lui serait donnée

par le ganglion géniculé. L'auteur reconnaît que les expé-

riences nécessaires sont très délicates et ne lui permettent de

rien affirmer d'une manière absolue. R. BL. et J. P.

REVUE DE PHYSIOLOGIE. 127 î

X. NOTE on THE LErT-IIANDEDNESS (Note sur l'usage de la

main gauche); par W. Ireland. (The j9)'a<K, III, p. 207-289,

1880.)

L'auteur démontre par des statistiques dont il a puisé les élé-

ments dans les éco'.es publiques et dans les asiles d'aliénés et

d'idiots, que l'habitude de se servir de la main gauche préférable-

ment àladroiten'expliquenullementune infériorité physique ou

morale. S'appliquant sur de nombreuses mensurations de crâne,

il se rallie à l'opinion de M. Luys, et admet comme lui que l'hé-

misphère cérébral gauche se développe le premier, d'où la

prédominance du côté droit. Il a trouvé presque constamment

un développement plus grand du côté gauche du crâne, même

chez les gauchers. La prépondérance du côté droit du

corps serait donc toute naturelle. Mais il ne voit pas qu'il y

ait là un motif suffisant pour proscrire l'usage de la main gauche,

surtout quand cet usage est la conséquence d'une habitude

prise de longue date. R. BL. et J. P.

XI. Un nouveau centre cortical; par GRnME M. HAMMOND.

(The médical Record, New-York, 1881, mars 19, p. 309.)

M. Hammond, en examinant des coupes pratiquées sur le

cerveau d'un chat, a trouvé que les cellules géantes ne sont pas

confinées exclusivement dans les zones signalées par Betz. On

peut en trouver des groupes dans les régions postérieures et

même vers la base. Il en a trouvé surtout un groupe important

sur le premier gyrus arciforme entre la scissure de Sylvius et

les fissures sylviennes antérieures. Le centre moteur le plus pro-

che de ce groupe cellulaire est celui dans lequel Ferrier à

localisé un mouvement d'écartement des lèvres et une ouver-

ture partielle de la bouche. M. Hammond conclut de là : 1° que

les plus grandes cellules géantes ont été trouvées dans le cer-

veau des carnivores, là où aucun centre moteur n'a été clairement

démontré, et auprès des zones d'où de petits muscles seuls sont

supposés tirer leur innervation corticale ; 2° qu'après tout, il

s'agit là d'un centre moteur que l'électrisation localisée était

incapable de découvrir. CH. FÉRÉ.

128 REVUE DE PHYSIOLOGIE.

XII. CENTRES DE la vision dans LES HÉMISPHÈRES cérébraux ; par

J.-C. DALTON. (Tlte médical Record, New-York, march 26,

p. 337.)

Reprenant les expériences de Ferrier sur le gyrus angulaire

du chien correspondant au pli courbe du singe et de l'homme,

M. Dalton a enlevé cette partie de l'écorce cérébrale sur deux

chiens, une fois à droite et une fois à gauche, avec des résultats

concordants, dont il tire les conclusions suivantes : 1° l'extir-

pation de la circonvolution angulaire cause la perte de la per-

ception visuelle du côté opposé ; 2° cette opération n'est suivie

d'aucun trouble de l'intelligence de la locomotion ou de la sen-

sibilité générale ; 3° elle n'a aucune influence sur la sensibilité

locale de la rétine ou de la conjonctive, sur la réaction de la

pupille à la lumière ou sur les mouvements de clignement.

CH. FkR.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

I. Contribution A L'ÉTUDE DE la folie A deux; par M. MA-

RANDON DE 1VIONTHIEL. (Ann. méd. psych. Janvier 1881.)

Les quatre observations personnelles de M. Marandon sont

des plus curieuses : elles montrent bien, deux au moins d'entre

elles, la différence qui sépare deux genres de folie à deux :

celui où l'aliénation éclate en même temps chez deux malades

sous l'influence de causes communes (folie simultanée) et celui

où la folie se produit chez le second malade sous l'influence du

premier (folie communiquée). Quant aux deux autres, très

intéressantes d'ailleurs, elles sont, pour l'auteur, des exemples

de folie imposée. Il nous parait impossible d'admettre ce troi-

sième genre de folie à deux où il n'y aurait qu'un seul aliéné,

' REVUE DE PATHOLOGIE PALE. 129

sans forcer outre mesure le sens des mots. Le mari et le fils

qui acceptent les idées délirantes, l'un de sa femme, l'autre de

sa mère, agissent en conséquence, sont des faibles d'esprit et

non pas des aliénés. M. Marandon de Montyel a soin de le faire

remarquer lui-même, après MM. Baillarger et Lunier; dans le

premier groupe de sa classification, dit-il, il n'y a qu'un aliéné :

l'autre individu est entraîné par l'erreur, n'est pas dominé par

la maladie. Mais s'il n'y a qu'un aliéné, peut-on encore parler

de folie à deux ? N'est-ce pas là une contradiction dans les

termes ?

II. Cas DE contagion DES illusions ; par GEO.-H. SAVAGE. (Ilte

journal of mental science, n° de janvier 1881, p. 563.)

Le plus habituellement dans la folie à deux, la personne qui

arrive à partager les illusions de l'aliéné souffre de mélancolie

simple, et accepte pour expliquer son malheur les suggestions

même les moins raisonnables. Les cas suivants sont intéressants,

d'abord parce que les cas de folie communiquée sont assez

rares pour mériter toujours d'être rapportés, ensuite parce

qu'ils s'écartent notablement de la règle précédente :

1 ° Dans le premier cas, il s'agit d'un forgeron, âgé de soixante-

six ans, veuf, qui croit avoir été couronné comme étant Guil-

laume le Conquérant et posséder des mines importantes,

d'immenses propriétés et de l'argent à n'en savoir que faire.

Son fils, lorsqu'il vient le voir à l'asile, confirme à cet égard les

déclarations de son père, qu'il affirme être possesseur des deux

tiers de l'Angleterre; enfin, la femme du fils est d'accord

avec son mari pour croire à l'immense fortune du forgeron.

(Cette femme est tout à fait ignorante et d'aspect très inintelli-

gent).

2° Le deuxième cas est relatif à une femme âgée de vingt-neuf

ans, non mariée, dont la grand'mère maternelle était aliénée,

et qui, après avoir été tourmentée par des névralgies violentes

et des insomnies, avait tenté de se suicider : elle sentait quel-

que chose qui la poussait à se tuer ou à tuer des enfants.

Hallucinations de l'ouïe et de la vue. Santé assez bonne,

fonctions régulières. Peu à peu, elle devient moins mélan-

colique, prend soin de sa toilette, et s'attache à l'un des méde-

cins qu'elle prend pour le Sauveur, et dont elle se déclare la

fiancée.

9

130 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

Telle est dans ce cas la folie génératrice ; la folie engendrée

chez une femme de trente-six ans, mariée, sans antécédents

héréditaires, ayant été hystérique toute sa vie ; cette femme, qui

paraît assez faible d'esprit, a été malheureuse en ménage. Lors

de son entrée, elle croit voir Jésus, et lui parle : elle refuse de

manger, pleure sans motif, se plaint d'avoir perdu son âme et

veut se noyer. Elle obéit facilement à toutes les suggestions.

Placée dans la même salle que la malade précédente, elle par-

tage bientôt son idée délirante, désigne le médecin comme

étant « le Rédempteur » et prétend être sa femme, bien que son

mari vienne souvent la voir, et quelle le reçoive fort bien.

L'auteur cite, sans en donner l'observation détaillée, trois

autres cas. Dans l'un, une folle qui se donnait pour la prin-

cesse de Galles, voyait sa prétention énergiquement soutenue

par une autre aliénée (également mégalomane) qui se basait

sur ce fait que la princesse de Galles devait savoir mieux que

personne qui elle était.-Dans le second, une jeune fille croyant

être Jésus, son père se donnait pour le père de Jésus. Enfin,

dans le troisième, il s'agissait d'un oncle et d'une nièce, atteints

tous deux du délire de persécution avec craintes d'empoison-

nement. R. DE M. C.

III. QUELQUES réflexions pratiques A PROPOS DE L'ALIfEN-

TATION forcée; par M. E. Régis. (Aniz. méd. I)sych., janvier

1881.)

Communiqué d'abord à la Société médico-psychologique, le

travail de M. Régis comporte deux points originaux : la propo-

sition de l'emploi des peptones dans l'alimentation artificielle

des sitiophobes et l'invention d'une nouvelle sonde oesopha-

gienne, sonde d'épreuve, destinée à diagnostiquer la fausse

route. Cette sonde est munie à son tiers inférieur d'une am-

poule qui peut se gonfler au moyen d'un mince tuyau courant

dans la paroi de la sonde. Gonflée, cette ampoule obstrue le

conduit où elle se trouve et, si c'est la trachée, amène des

phénomènes asphyxiques indiquant la fausse route. L'expé-

rience seule peut éclairer sur la valeur de ce procédé; cepen-

dant, a priori, il nous semble susceptible de donner lieu à

deux erreurs opposées : même dans l'oesophage, l'ampoule

déterminera, peut-être, dans certains cas, des signes d'asphyxie

et fera croire à une fausse route qui n'existera pas ; d'autre

part, il se peut que parfois l'obstruction, dans la trachée,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 131

étant insuffisante à produire l'asphyxie, l'opérateur soit le

jouet et le malade la victime d'une trompeuse sécurité. Mais,

nous le répétons, c'est à l'expérience à décider. Quant à l'in-

troduction des peptones dans l'alimentation, en cas de diges-

tion insuffisante ou laborieuse, on ne peut que l'approuver,

tout en préférant l'ingestion d'une bonne tranche de boeuf

quand la sitiophobie ne dépend pas de troubles gastriques.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ 111ÉDICO-PSYCHOL.OGLQUG

Séance du 28 février 1881 . Présidence de M. Luys.

M. Delasiauve remet en question la pseudoi ? zonoinaizie ou délire

partiel diffus et l'envisage au point de vue de la responsabilité

morale et sociale. Plusieurs exemples sont rapportés pour déter-

miner la physionomie morbide de l'affection, ses rémissions, ses

paroxysmes, la responsabilité du sujet pour ses actions dans les

intervalles favorables, l'immunité complète qui doit la couvrir si

les faits se sont passés durant les crises. Comme lemonomane agit

sous l'empire d'une fatalité logique, le pseudomonomane obéit à

une fatalité automatique, et là est la véritable explication de bien

des crimes dont le mobile échappe, de nombreux suicides dont

l'énigme est insaisissable. Il pouvait suffire d'une brusque interrup-

tion pour les conjurer. Le sujet, après l'acte, manifeste non des

remords qu'il ne saurait avoir, mais une stupéfaction douloureuse

et significative.

M. BILLOD demande à la Société quelques éclaircissements au

sujet des placements volontaires dans les asiles. Peut-on recevoir

un malade qui demande lui-même son internement ?

M. Lunier fait observer que cette question a été plusieurs fois

discutée. Il est d'avis qu'on tourne la difficulté en conseillant au

malade de se faire délivrer un certificat par son médecin ordinaire :

c'est plus régulier, mais il vaudrait mieux encore que la famille

132 SOCIÉTÉS SAVANTES.

elle-même lit les demandes d'admission. Le préfet peut aussi

donner l'ordre de recevoir le malade d'office.

AI. rtpp0l'LP, l'histoire d'un homme qui s'était placé

à Clermont. Plus tard, il quittait l'asile pour fuir des persécuteurs

, qui le tourmentaient, et venait à Charenton implorer un refuge

et demander une protection contre ces individus. Comme on ne

pouvait le recevoir, le préfet, informé de cet état de choses, fit

examinerle malade par un médecin et ordonna ensuite un place-

ment d'office. Quelques jours après, sous l'influence des mêmes

idées délirantes, le malade réclamait sa sortie qui lui fut refusée,

et il est encore en traitement à Charenton. ,

M. FALRET. Des faits de ce genre s'observent assez fréquem-

ment. Je pense qu'on doit toujours demander un certificat médical

avant de recevoir un malade, autrement on s'exposerait, le malade

venant à changer d'avis avant d'être guéri, à rendre la liberté à

un individu dangereux ou un de ces aliénés qui n'obtiennent leur

guérison qu'à la condition de rester à l'asile.

M. LUNIER. Il existe en Angleterre des établissements où les

ivrognes sont reçus sur leur simple demande, dès qu'ils se sentent

malades, à la condition toutefois, qu'ils s'engagent à prolonger

leur séjour pendant un temps qu'ils fixent eux-mêmes à l'avance.

Cette pratique n'est pas rationnelle, car le malade ne peut pas

préjuger du temps nécessaire a sa guérison.

M. Billod suppose le cas d'un aliéné impulsif luttant en quelque

sorte contre son impulsion et venant dire au médecin : « Recevez-

moi ou je tuerai quelqu'un. » Ne vaut-il pas mieux retenir d'abord

le malade et régulariser ensuite son admission ?

M. LOLLIOT. Dans un asile public, le directeur peut, avec l'or-

dre du maire, retenir même pendant vingt-quatre heures ; mais,

dans un asile privé, on ne peut guère agir de la sorte.

M. Lunier rapporte l'observation d'un malade sur l'état mental

duquel il a eu à se prononcer, trois mois après l'époque où il avait

commis des détournements qui avaient motivé son arrestation.

C'est avec de nombreux renseignements sur les antécédents du

malade que M. Lunier a pu établir son irresponsabilité.

Ce fait montre une fois de plus de quelles difficultés une exper-

tise médico-légale est parfois hérissée.

Séance du 28 mars 1881. Présidence de M. Luys.

M. le Dr. RENAUD, médecin adjoint des asiles, est nommé membre

correspondant.

M. le Président demande que les membres qui assisteront au

congrès d'Alger, veuillent bien représenter officiellement Lc

Société.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 133

IL Lasègue fait ensuite une communication anecdotique sur les

mensonges des hystériques. On a beaucoup écrit sur la folie hysté-

rique sans qu'il soit possible de déterminer ce qu'on entend par là,

d'abord, à cause delà folie qu'il est difficile de définir, et aussi de

l'hystérie qui est encore un terme très vague. Toute hystérique est

une femme composée de deux êtres, l'un fou, l'autre raisonnable ;

elle a donc en elle tout ce qu'il faut pour mentir et en faire

accroire. La moitié folle inventera le mensonge, la moitié raison-

nable l'arrangera pour le raconter et le rendre vraisemblable.

Cet état peut être comparé à la folie à deux, où l'on voit l'organe

actif inventer le délire, et l'organe passif le donner.

Suivant que, chez l'hystérique, l'une ou l'autre des deux ten-

dances prédomine, la femme se rapproche de la folie ou de la

raison. Le romancier, qui écrit, ne fait aussi que raconter des faits

fournis pas son imagination, en les présentant sous une forme qui

les rende acceptables, et souvent même, comme l'hystérique, il

finit par se persuader d'avoir assisté aux scènes qu'il raconte. Un

homme peut donc se dédoubler et créer des histoires où l'invention

se marie à la réalité.

Certaines conditions de la vie humaine se prêtent particulière-

ment à ce compromis : les hystériques et les enfants les remplis-

sent à peu près toutes. En effet, chez ceux-ci, on rencontre plu-

sieurs espèces d'arrêtpartiel de développement à côté de développe-

ments partiels exagérés tant au point de vue physique qu'au point

de vue moral. Quand ces perturbations portent sur l'intelligence,

elles ont pour résultat de rendre ces enfants moitié raisonnables,

moitié déraisonnables.

Quelquefois l'imagination n'a inventé qu'un mensonge très sim-

ple, qui est aussitôt raconté et chacune des demandes de rensei-

gnements qu'on adresse à ces êtres, suffit à tous les frais d'inven-

tion : ils n'ont plus qu'à répondre affirmativement à toutes les ques-

tions de détail qu'on leur pose sur leur histoire, pour créer petit à

petit un roman, auquel ils finissent par s'arrêter et qu'ils répètent

ensuite par coeur sans jamais varier dans leur dire.

Cette uniformité frappe les esprits crédules comme un témoi-

gnage indéniable de véracité, alors qu'elle est au contraire le carac-

tère d'une histoire, composée de toutes pièces. Vous comprenez faci-

lement quelles conséquences fatales peuvent avoir ces inventions.

Un jour un enfant revenant de l'école, s'attarde à jouer avec ses

camarades au lieu de rentrer chez ses parents. Un dialogue à peu

près semblable à celui-ci s'établit entre sa mère et lui : D. D'où

viens-tu ? R. (l'enfant ne répond pas). D. Tu as donc fait du

mal, que tu ne dis rien ?

L'enfant invente alors son premier mensonge et répond : Oui,

maman. - D. Tu n'es pas allé à l'école ? il. Non maman.

D. Tu es allé te promener, rue Richelieu, peut-être ? R. Oui,

134 SOCIÉTÉS SAVANTES.

maman. - D. Mais, tu as l'air embarrassé, tu es peut-être allé

chez quelqu'un ? R. Oui, maman. D. Chez qui ? Et la mère passe

en revue les maisons qui l'ont le plus frappée, sans attendre la

,éponse de l'enfant et s'arrête par hasard dans son énumération à

celle- de M. X., chemisier. A ce moment l'enfant, qui attendait que

sa mère se tut pour parler, répond : Oui D. C'est lui qui t'a

emmené ? L'enfant, voyant toujours qu'on ne le gronde pas alors

qu'il n'eût certainement pas manqué de l'être s'il avait avoué s'être

attardé à jouer, continue ses réponses affirmatives à tout ce que

demande sa mère, et cette dernière finit ainsi par lui faire avouer

une tentative de viol dont il aurait été la victime. A l'arrivée du père,

la mère narre de bonne foi tout ce drame et, à partir de ce moment,

l'enfant qui en connaît tous les termes par coeur, mot pour mot, sans

aucune variante, le répète à toutes les personnes qui lui demandent

des renseignements. Le père dépose une plainte au parquet, une

instruction est faite contre le chemisier, qui fut assez heureux pour

établir très nettement sa parfaite honorabilité, mais qui, ne se trou-

vant pas satisfait par l'ordonnance de non lieu rendue en sa faveur,

résolut de faire lui-même une contre-enquête pour établir l'emploi

du temps de l'enfant le jour du crime dont il avait été accusé d'être

l'auteur. Il y parvint non sans peine et l'écolier, pressé de questions

et convaincu de mensonge, finit par avouer qu'il n'avait menti d'a-

bord que dans la craints d'être battu, en racontant qu'il avait joué

et n'avait maintenu ensuite son dire que pour ne pas avoir l'air

d'avoir faitun mensonge.

Les jeunes filles ont encore plus d'habileté pour inventer ces

,)mans. L'une d'elles, par exemple, rentre chez sa mère après une

absence de huit jours. Pour expliquer cette absence, elle fabrique un

petit roman qui avait en outre l'avantage de la rendre très intéres-

sante : « J'ai été arrêtée, dit-elle, dans la rue par un monsieur, qui

m'a offert une très belle position si je consentais à aller remplacer

près d'un vieillard sa fille morte à laquelle je ressemble beaucoup.

J'ai accepté : on m'a conduit les yeux bandés dans un magnifique

appartement où se trouvait un prêtre, » etc., etc... Il y a toujours

des prêtres dans ces sortes d'histoires.

La justice fait une enquête et on découvre quoi ? qu'elle avait

simplement fait une fugue avec un jeune galant de son choix.

Une autre fois, c'est un maître d'étude qui divulgue Un complot

tramé contre l'empire : c'est caché dans le boîtier d'une pendule

d'auberge qu'il a assisté à une réunion de conspirateurs ; il

s'était même chargé de se mettre à leur poursuite pour les faire

arrêter.

Victor-Emmanuel a été autrefois victime d'une malade de ce

genre qui se prétendait sa nièce. L'histoire qu'elle racontait et le

prétendu abandon dont elle se disait la victime fit tant de bruit

que le roi envoya un général pour prendre des renseigne-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 135

ments sur cette affaire, avec ordre de ramener sa parente, si ses

réclamations paraissaient fondées. Cette femme donna sur sa nais-

sance mystérieuse des détails tellement vraisemblables qu'elle fut

installée à la cour d'Italie, et ce n'est que plus tard qu'on apprit

qu'elle était tout simplement la femme d'un coiffeur.

M. BILLOD rapproche de ces faits les miracles en général aux-

quels des gens prétendent avoir assisté et ceux de la Sallette en

particulier.

Séance du 25 avril 1881. Présidence de M. Luys.

M. Bigot est nommé membre de la Société médico-psychologique.

M. Voisin, rapporteur du prix Esquirol, conclut à ce que cette

récompense soit accordée à M. d'Olier qui vient de mourir derniè-

rement, victime d'une fièvre typhoïde contractée dans son service.

Son mémoire a pour titre : De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-

lepsie chez l'homme comme chez la femme. Ce travail est divisé en

cinq paragraphes : dans le premier, l'auteur étudie l'hystérie sur-

venant chez un épileptique ; dans le second l'épilepsie survenant

chez les hystériques; dans le troisième, l'hystérie convulsive coexis-

tant avec des vertiges épileptiques ; le quatrième et le cinquième

sont consacrés à des cas où les crises sont mixtes et dans lesquels les

deux névroses ne sont pas étroitement confondues. Ce travail, dit

le rapporteur, émane d'un homme consciencieux et travailleur.

Puisse cette dernière distinction être un adoucissement à la

douleur de son malheureux père ! ,

M. COTARD, membre de la famille de d'Olier, remercie la Société

au nom de son père et en son propre nom.

M. L.1SLGU demande qu'à cause de ce cas particulier, non pré u

par le règlement, on ajoute à la médaille la somme consacrée ordi-

nairement à l'achat des livres.

M. COT.1RD préfère que cette somme d'argent soit plutôt consa-

crée à l'achat de livres pour la bibliothèque des hôpitaux où son

neveu avait été interne.

M. CHIiISTIAN, rapporteur de la commission du prix Aubanel, con-

clut à ce qu'il ne soit pas décerné cette année à cause de l'insuffi-

sance des mémoires qui ont été présentés, et que dorénavant on

mette au concours une question déterminée.

M. LEGRAND du SAULLE estime que les conditions de legs de

M. Aubanel sont formelles et qu'on ne peut apporter de change-

ments à cette fondation que dans des limites très restreintes.

Une commission, composée de 11111. BILLOD, DIGONET, DALLY,

CHRISTIAIS et FOVILLE, rapporteur, est chargée de revoir le pro-

gramme de ce concours.

136 SOCIÉTÉS SAVANTES.

11. Lasègue demande l'opinion de ses collègues sur la question

médico-légale suivante : - Un homme, qui a tous les dehors d'un

pédant d'école primaire, dont le seul talent consiste à très bien

écrire, est arrêté il y a quelques années, pour avoir volé dix pale-

tots dans un café. Un an après, il commet le même vol et est con-

damné à huit mois de prison. Il se marie au mois de janvier ; en

février, il vole encore dix paletots. Il les a uniformément engagés

au Mont-de-Piété pour une somme de six francs ; il a été chaque fois

arrêté dans les mêmes conditions, en revenant dans un café où il

avait volé la première fois. Pas d'antécédents héréditaires fâcheux.

Peut-on de la répétition d'un même acte dans les mêmes lieux

conclure à un trouble mental intermittent ? Cet homme n'avait

nullement besoin de ces vols pour vivre.

M. Voisin a connu une dame qui, pendant quinze ans, allant aux

bains de mer, volait des couverts dans les hôtels où elle descen-

dait. Plus tard son petit-fils se mit également à voler, et volait tout

ce qui lui tombait sous la main. Il étiquetait chacun des objets

volés, les enfermait dans des tiroirs avec la date des jours où il les

avait dérobés. En outre, ce jeune homme est somnambule et, de

plus, sujet à des accès de violente colère : un jour il traversait d'un

coup de couteau le bras de son domestique et une autre fois il cas-

sait à coups de revolver les vitres d'une serre.

Séance du 30 mai 1881. --Présidence de 1,UYS.

Le procès-verbal delà dernière séance est lu et adopté.

M. DALLY prend ensuite la parole pour faire à la Société une in-

téressante communication sur la dégénérescence des races humaines.

La dégénérescence est constituée par une série d'états de dégrada-

tions organiques successives, qui aboutissent à la stérilité. Ce n'est

pas, comme on l'a cru, la transformation d'un état organique en

un autre état organique. Il n'y a pas de rapport entre cet état et

ce qu'on désigne du nom de dégénérescence dans les tissus, comme

par exemple la dégénérescence graisseuse. Les tissus ne dégé-

nèrent point, ils se transforment. Les procédés généraux de la dé-

générescence se divisent, suivant les causes en quatre classes.

La première, dite pathologique, comprend les affections diathé-

siques, en première ligne la syphilis, la scrofuluse, la tuberculose,

et différentes formes de lèpres. La seconde classe, celle des poisons

ethniques, dont les principaux sont l'opium et l'alcool, comprend

les maladies qui s'y rattachent. La troisième classe est composée des

causes climatériques et géographiques : elle renferme les affections

dues aux altitudes élevées, au mauvais état des eaux, au voisinage

des marais, telles que le goitre, le crétinisme, l'impaludisme, etc.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 137

Les causes sociologiques forment la quatrième et dernière

classe. Elles ont pour résultat l'extrême division du travail dont

l'effet est de donner à un même individu la même occupation,

et de ne mettre ainsi en jeu qu'un seul organe, comme par

exemple, le cerveau, ce qui occasionne toutes les phrénopathies,

dues aux excès intellectuels. C'est aux causes sociologiques qu'il

faut attribuer les agglomérations urbaines qui tendent à augmen-

ter et aussi la sélection militaire.

Un certain nombre d'auteurs ont remarqué que la destruction

des nations tenait surtout aux agglomérations dans les villes.

M. Dally, étudiant ensuite les procédés à l'aide desquels les dé-

générants aboutissent à un type final de dégénéré stérile, rappelle

les faits généralement admis des diathésiques dont les enfants

meurent en bas âge ; des opiophages dont beaucoup sont stériles,

quelques-uns d'entre eux ne fumant même l'opium que pour arri-

ver 1 ce résultat; des alcooliques qui sont souvent aphrodisiaques ;

des malades des asiles qui le sont aussi généralement ; des goi-

treux et des crétins qui n'ont le plus souvent pas d'enfants ; des

individus non encore acclimatés à un pays et qui n'ont que peu

d'enfants; enfin, il cite ce fait que, dans les grandes villes, les

naissances sont moindres que dans les campagnes.

Passant ensuite à l'étude de la part que doivent avoir les dégé-

nérescences dans l'aliénation mentale, l'orateur fait justement

observer que si elles n'aboutissaient pas à la stérilité, fatalement

toute la race serait vouée à la folie. La stérilité est donc une porte

de sortie qu'il ne faut point chercher à fermer. Elle a cependant

un inconvénient : c'est la diminution de population dans les races.

La population en France n'augmente pas et diminue même com-

parativement à celles des autres nations. Si l'on peut atténuer

ce grand mal, ce n'est qu'en faisant disparaître les causes qu'il est

en notre pouvoir de supprimer, telles que, par exemple, les agglo-

mérations urbaines. En France nous ne dégénérons que par le

nombre. Si l'on prend un individu isolé, on ne le trouve ni moins

intelligent, ni moins beau, ni moins fort qu'un autre individu des

siècles passés : si de nos jours nous ne rencontrons pas d'Aristote,

par exemple, cela tient uniquement à ce que la moyenne du

niveau intellectuel est plus élevée que du temps d'Aristote et qu'il

est par conséquent plus difficile de s'élever au-dessus du vulgaire.

M. Bourdin comprend que, lorsqu'un organe est altéré, il ne

puisse plus donner un produit absolument sain, mais il pense

qu'avant de discuter sur la diminution ou l'augmentation des in-

dividus d'une race, il faudrait connaître sa population à différentes

époques. Or, avant 1817, on n'avait jamais fait de statistique ayant

même quelque apparence de vérité : une statistique est chose

si difficile à faire qu'actuellement encore on ne peut arriver à

connaître en France le nombre des élèves qui fréquentent les écoles.

138 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Suivant lui, les populations urbaines ne seraient pas moins fécondes

que celles des campagnes : si les premières n'augmentent pas,

c'est que dans les villes la mortalité est plus grande. Si l'onprend,

par exemple, dix enfants nés à la campagne et autant nés à la ville

et qu'on les suive pendant vingt ans, on constatera qu'à cet

age il y aura plus de morts parmi les derniers. D'un autre

côté, la natalité est moindre dans certaines provinces. Cette

stérilité relative existe particulièrement dans les pays riches, et

notamment en Normandie. Somme toute, la population française

augmente, moins vite que certaines autres nations; cependant,

chez nous, la vitalité étant plus grande , elle compense avan-

tageusement la natalité, car ce qui fait la force d'une nation

n'est pas tant le nombre des enfants qui lui naissent que celui des

hommes mûrs qui lui restent.

M. Doutrebente préfère la définition des dégénérés de M. Morel

à celle de M. Dally, parce que, suivant lui, leur caractère principal

n'est pas la stérilité. Les dégénérants ne sont pas inféconds, au

contraire ; les dégénérés ne le sont que parce qu'ils meurent en.

bas âge.

M. Falret. Morel avait pour ainsi dire prévu cette discussion.

Pour lui, les alcooliques et autres dégénérants ont ce qu'il appelait

une fécondité bornée c'est-à-dire qu'ils ont des enfants qui meurent

en bas âge.

M. Christian pense bien que les dégénérés finissent par être

stériles, mais il ne s'explique pas cette persistance des goitreux de

certains pays qui se marient et ont des enfants.

M. DALLY croit qu'avant 1817 les statistiques étaient déjà assez

sérieuses pour qu'on puisse faire un certain fonds sur elles, et il

insiste sur ce fait que si nous accroissons en apparence, en somme

nous n'accroissons pas par rapport aux autres nations dont la nata-

lité est beaucoup plus grande que la nôtre et qu'au demeurant

l'accroissement natif étant le seul important, nous allons être de

beaucoup dépassés en Europe.

Pour lui, le critérium de la dégénérescence, c'est la tendance à

la stérilité, sinon la stérilité complète d'emblée. Le résultat final

est le même. La porte de sortie reste ouverte et la nation échappe

ainsi à l'envahissement de la folie. Il ajoute que si les crétins

persistent dans certains pays, cela tient à un apport nouveau qui

leur arrive par des mariages avec des types ne vivant pas dans les

mêmes conditions climatériques, et si, en Normandie, les naissances

sont moindres que dans d'autres départements, il n'en faut chercher

la cause que dans les habitudes du Normand qui veut, autant que

possible, assurer la transmission de son bien indivis.

A l'unanimité, le De Charpentier est nommé membre de la

Société médico-psychologique. MARCEL BRIAND.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 139

ASSOCIATION MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE ANGLAISE

Rézcazioaz trimesta·ielle : lr décenaba·e 4880.

En tète de l'ordre du jour figure une communication du

Dr. SAVAGE sur la nomenclature des maladies mentales : l'ora-

teuraété chargé,deconcertaveeM.BucKNiLL, derévisercetteno-

menclature pour la prochaine édition de la «Nomenclature

des maladies » que va publier le Collège Royal des médecins de

Londres. La terminologie actuellement en usage dans ce recueil

est à la fois peu correcte et peu complète ; c'est ainsi que les

seules maladies mentales qui y soient mentionnées sont la

manie, la mélancolie, la démence, la paralysie générale, l'idiotie

et l'imbécillité. Beaucoup de formes d'aliénation sont entière-

ment passées sous silence ; d'autre part, la folie puerpérale figure

parmi les maladies des organes de la génération. Pour l'accom-

plissement de la tâche qui lui est confiée, le D'Savagefait appel

aux lumières de ses confrères; il croit, d'autre part, qu'il sera

difficile, en psychiatrie, de se conformer au désir du Collège Royal

et d'établir la classification nouvelle sur des bases anatomiques.

Le Dl HERBERT Major, lit une note intitulée : « Projet pour

assurer l'uniformité de classification et d'enregistrement des causes

de la folie dans les comptes rendus des Asiles. » La discussion à

laquelle le mémoire donne lieu porte principalement sur la

difficulté, admise par tous les orateurs, de déterminer les

causes parfois très complexes de l'aliénation mentale, et sur

les voies et moyens, d'ordre surtout administratif, qu'il con-

vient d'adopter pour obtenir des comptes rendus plus exacts et

plus complets au point de vue étiologique.

Le De Fletcher BE.1CI lit un mémoire sur Y «Hypertrophie du

cerveau chez les imbéciles ». A propos de cette lecture, le Dl Sa-

VAGE rappelle qu'il y a des cas où cette hypertrophie n'est ni

générale, ni uniforme ; il demande, en outre, quelle différence

l'auteur établit entre la sclérose pure et l'hypertrophie pure du

cerveau

M. Major dit que l'étude comparée des différentes couches

corticales dans l'état sain et dans l'état d'imbécillité ou

d'idiotie ouvre un vaste champ de recherches. Il a étudié des cer-

140 BIBLIOGRAPHIE.

veaux de singes à cet égard, et a trouvé dans les espèces supé-

rieures le même nombre de couches que chez l'homme.

Le De HACK TuiiE demande au Dr BEAcn s'il a trouvé chez les

idiots l'hypertrophie de la substance grise qu'a signalée Mierze-

jewsid. ,

Répondant à ces diverses questions, le Dr BEACH dit : 1° qu'il

n'a que rarement rencontré l'hypertrophie cérébrale limitée ;

et que, d'accord sur ce point avec Brunet, contrairement à l'opi-

nion de d'Espine et Picot, il a constaté chez les imbéciles l'hy-

pertrophie sans sclérose, et jamais l'hypertrophie avec sclérose.

- 2° Il a trouvé certaines différences assez marquées dans les

couches corticales des imbéciles et des personnes saines d'es-

prit : les seconde, troisième et quatrième couches avaient des

cellules rondes et d'autres pyramidales avec deux, ou, au plus,

trois prolongements ; pas de cellules tripolaires. Dans les cel-

lules rondes, le noyau était souvent excentrique, entouré d'une

zone dégénérée, au delà de laquelle était un espace clair. -3°Il

a trouvé la substance grise atrophiée, mais jamais hypertrophiée.

Le DJuLIUS Mickle lit une «Note sur un cas de lésion du

cerveau » .

L'heure avancée ne permet pas au De SAVAGE de lire un mé-

moire « Sur quelques cas de paralysie générale » qui figurait à

l'ordre du jour. (7'yo : M'Ho/'Men<ac<eHce, janvier 1881,

p. 636.) R. de M. C.

BIBLIOGRAPHIE

I. Le béribéri ou le kakké du Japon; parD.-B. SimmoNs. (Chti2a

impérial maritime customs; médical 7< ? /jor<sll. Spécial

séries, no -1, 1880, Shanghaï.)

Le kakké est une maladie qui se développe pendant l'été,

spécialement dans les ports des côtes est et sud des îles du

Japon ; elle a une marche chronique, mais elle est sujette à des

exacerbations d'une gravité variable. Les symptômes caracté-

ristiques sont : l'anesthésie de la peau, l'hyperesthésie et la

paralysie des muscles, l'anasarque, les palpitations, des mur-

mures liquidiens dans le coeur et les artères, l'oppression pré-

ÎSIBLIOGRAPHIE. lit t

cordiale et qui reconnaît pour cause une exhalation miasmati-

que ou spécifique du sol. Elle se présente sous deux formes :

une forme humide (béribéri hydropique), et une forme sèche

(bériberi atroleaque). Les deux formes peuvent se rencontrer

dans la même localité. La première serait surtout fréquente

dans les étés humides, la seconde dans les étés secs. La forme

humide a une marche fatale, rapide, et défie tout traitement;

la forme sèche est au contraire rarement mortelle.

L'expression du « kakké », employée par les médecins japo-

nais indigènes, signifie une sensation de pesanteur et de fatigue

dans les jambes; elle désigne une affection qui ne peut être

distinguée du béribéri. M. Simmons pense aussi que le bar-

biers n'est autre chose qu'une forme sèche du béribéri. Il a

dressé une carte de la distribution de la maladie que l'on voit

surtout au Japon, à Java, à Sumatra, à Bornéo, à Banka, aux

Célébes, aux Moluques, à Ceylan, sur la côte occidentale de

l'Indoustan, sur la côte occidentale de la Mer Rouge et sur la

côte du Brésil. Le kakké du Japon a été étudié par divers

médecins indigènes, notamment Osada Tokuhou en 1562,

Machibana Nanké en 1715, et Katô Séito à la fin du dernier

siècle. Hoffmann, Wernich et William Anderson sont les seuls

Européens qui s'en soient occupés précédemment.

La cause principale est un miasme tellurique, dont les effets

peuvent être favorisés par certaines circonstances et par une

prédisposition individuelle.

Le kakké est une maladie des villes du littoral, quoiqu'il

puisse quelquefois se développer dans l'intérieur des terres. A

l'état endémique, il prédomine pendant l'été, et dans les sai-

sons très pluvieuses, il devient plus grave et épidémique.

Pendant l'hiver, il ne survient pas de cas nouveaux, et les

anciens guérissent souvent. Les anciens habitants d'un pays à

endémie sont beaucoup moins sujets à l'affection que les indi-

gènes venant du dehors ; il y a une grande proportion de sol-

dats, de marins, de policemens, d'étudiants nouvellement

arrivés de campagne, qui sont atteints au bout d'un certain

temps. La débilité et l'anémie ne sont pas des causes prédispo-

santes, ce sont plutôt les sujets étant dans de bonnes condi-

tions hygiéniques et forts qui sont atteints. L'anémie est extrê-

mement fréquente au Japon ; il faut la considérer comme une

simple coïncidence. Les vieillards et les enfants sont presque

exempts de la maladie, qui se développe surtout de vingt à

i 42 BIBLIOGRAPHIE.

trente ans. Il en est de môme des femmes, sauf dans l'état

puerpéral. Une première atteinte prédispose à une autre. Les

professions sédentaires la favorisent. Les marins sont fréquem-

ment atteints, et quelquefois quelque temps après être rentrés

d'un long voyage, lorsqu'ils ont pu manger librement des ali-

ments frais; les marins japonais qui en souffrent sont dans de

bonnes conditions hygiéniques, ce qui prouve que la maladie

n'a aucun rapport d'étiologie avec le scorbut. L'air confiné

parait être une cause prédisposante ; le kakké est rare dans

les prisons du Japon, qui sont des espèces de cages trop venti-

lées, tandis que le béribéri est fréquent dans celles de l'Inde,

qui. sont construites en pierre et mal aérées. Aucun des Euro-

péens de Yokohama n'a été atteint ; du reste, Praeger a déjà

noté que les Européens ne prennent qu'exceptionnellement

le béribéri dans l'Inde. Pour appuyer l'origine tellurique de la

maladie, M. Simmons s'appuie : 1 sur son mode d'apparition

à Yokohama (on ne l'a vue survenir qu'à partir du moment

où la ville s'est étendue le long du rivage) ; 2° on la rencontre

presque exclusivement dans la ville basse ; 3° elle se développe

plus fréquemment chez les sujets non acclimatés ; 4° elle peut

guérir par le changement de pays.

Il faut ordinairement plusieurs semaines de séjour dans

une localité infectée, pour que la maladie se déclare; l'incu-

bation serait plus longue dans les mois les moins chauds de

l'été. Les prodromes sont constitués par un état de malaise,

une inaptitude intellectuelle et une sensation de fatigue dans

les membres inférieurs. Cette période de début est progressive,

mais avec intermittences, le patient a quelquefois deux ou trois

jours pendant lesquels il paraît bien. Il est rare qu'au Japon

on voie survenir la forme aiguë ou pernicieuse; immédiatement

après la période prodromique, on observe ordinairement une

période d'une durée variable, constituant un stade subaigu

pendant lequel les symptômes caractéristiques apparaissent.

Le premier symptôme est généralement l'anesthésie cutanée

qui apparaît successivement sur le muscle tibial antérieur,

à l'extrémité des doigts et autour de la bouche. La paralysie

occupe, à des degrés variables, certains groupes de muscles,

souvent ceux qui sont sous-jacents aux plaques d'anesthésie

cutanée. Aussi, la pointe du pied est pendante, et lorsque le

malade marche, il lève le pied très haut, ce qui lui donne une

démarche spéciale; il existe en même temps une sorte de

BIBLIOGRAPHIE. 143

rétraction avec induration des muscles du mollet, et une ten-

sion du tendon d'Achille, qui augmentent encore la difficulté

de lever les orteils. Certains groupes musculaires sont hyper-

esthésiés. En même temps, il existe une certaine gêne de la

respiration, duc probablement àla paralysie des muscles du tho-

rax, et des palpitations, quand le malade se livre à un exercice

un peu violent.

Tous ces symptômes sont communs aux deux formes sèche

et humide, de la maladie. Dans la forme humide, on voit

l'infiltration du tissu cellulaire apparaître à la partie anté-

rieure de la jambe; puis l'oedème se généralise et la peau,

principalement, à la face, prend une teinte livide. Dans

les cas simples, la température et le pouls sont normaux;

toutefois, dans la forme humide, le pouls est ordinairement

plus large et dépressible, indiquant une diminution de la ten-

sion artérielle, tandis que, dans la forme sèche, il présenterait

des caractères opposés.

Au Japon, on n'observe guère que la forme subaiguë. Il n'y

a guère que la forme humide qui ait une marche pernicieuse ;

la forme sèche est rarement fatale. Dans la forme humide

pernicieuse, on voit I'oedème des membres inférieurs et du

tronc, la bouffissure de la face se développer rapidement, avec

des signes d'hydro-thorax et d'oedème pulmonaire : des vomis-

sements d'une forme verdâtre indiquent bientôt une termi-

naison fatale. Quand la forme sèche affecte une marche aiguë,

elle se caractérise, au contraire, par une diminution rapide des

liquides de l'économie et par l'augmentation de la paralysie

et de l'atrophie musculaires.

Le béribéri peut quelquefois offrir des formes frustes, avec

atténuation de la paralysie, par exemple, et être caractérisé

presque exclusivement par l'anesthésie cutanée. Il peut se

compliquer accidentellement de diarrhées, de dysenterie, de

fièvres palustres, de fièvre typhoïde. Au Japon, on a vu, suivant

les circonstances et les saisons, la mortalité varier de 5 à 5, 8,

à 17, 65, à 22, 13 pour 100. Le traitement est surtout hygiéni-

que et symptomatique.

Quant à l'anatomie pathologique, elle est encore à faire ;

les lésions qu'on a signalées du côté du système nerveux, telles

que hyperhémie, infiltration séreuse ou sanguine des enve-

loppes de la moelle et du cerveau, les soi-disant ramollissements

de la moelle, ne présentent pas des caractères suffisamment

144 BIBLIOGRAPHIE.

traiicliéb et constants pour qu'on puisse faire fond sur elles.

C'est là une question qui mérite d'appeler l'attention des

médecins de la marine qui seront appelés à observer ces mala-

dies. Ch. Féré.

Il. Du délire aigu; par le Dr MARTEL BRIAND. Thèse de Paris,

1881. (Librairie A. Delahaye et Lecrosnier.)

De toutes les perturbations qui peuvent assaillir une intelli-

gence égarée, la plus intense quoique l'une des plus courtes,

est le délire aigu. Ce n'est pas un écart, une fausse route, c'est

une chute vertigineuse dans les abîmes de la folie, chute pleine

d'angoisses pour celui qui tombe, chute navrante pour celui

qui assiste, spectateur souvent impuissant, à ce bouleversement

tragique de la raison humaine. Cette grave affection se termine

du reste le plus ordinairement par la mort.

Pendant son internat à Sainte-Anne dans le service de M. Ma-

gnan, l'auteur ayant eu la bonne fortune d'observer un

grand nombre de ces cas, en a fait l'objet de sa thèse inaugurale

et discute la place qu'ils doivent occuper dans la pathologie

mentale.

Un historique développé fait ressortir à la fois et la com-

plexité de la maladie en question et les divergences d'apprécia-

tions dont elle est l'objet : entité pour les uns, pur symptôme

pour les autres; pour plusieurs enfin incident ou épiphénomène

surajouté au cours d'une vésanie.

En présence d'affirmations si contraires et parfois si absolues,

il était difficile de choisir. Cependant, l'auteur, dont l'opinion

intime perce d'un bout du travail à l'autre, considère le délire

aigu comme une entité morbide susceptible d'être nettement

déterminée. L'anatomie pathologique est ensuite étudiée avec

soin et, en premier lieu, il décrit une lésion àpeu près constante,

non encore signalée de l'aorte au niveau de sa grande courbure,

consistant en une injection d'étendue variable qui recouvre la

tunique interne de ce vaisseau et figure assez exactement l'effet

que produirait un pinceau de 2 à 3 centimètres d'épaisseur,

chargé d'encre rouge, promené de bas en haut pendant 5 à 6

centimètres à partir des valvules sigmoïdes. Cette coloration

très accusée s'accompagne quelquefois d'épaississement, est

rigoureusement limitée à la tunique interne du vaisseau, de

plus indépendante des plaques athéromateuses qui peuvent

BIBLIOGRAPHIE. H5

, exister et que, parfois même, elle enveloppe par places. On la

' rencontre chez les sujets de tout âge, sobres ou non.

) C'est quelquefois plus qu'une simple injection, et, dans

quelques cas, on se trouve en présence d'une véritable néo-

membrane tapissantlaparoi interne de l'aorte. Suivant l'auteur,

,ce serait là une étape plus avancée du processus pathologique.

L'existence de cette lésion est pour beaucoup dans la présomp -

tion, qui le porte à chercher dans des modifications du liquide ! sanguin la cause de la gravité du délire aigu. L'aspect typhiquc

de ces malades semble, en effet, lui donner raison.

' Le diagnostic différentiel par rapport à la manie, la mélan-

colie, la méningite, la fièvre typhoïde, l'encéphalite, le délirium

tremens fébrile, la folie puerpérale, l'état de mal épileptique

achève de dégager le délire aigu de ses similaires, et d'en parfaire

l'individualité. Comme étiologie, la prédisposition héréditaire

et les excès de tous genres, que commettent les prédisposés,

constituent le principal élément avec les mauvaises conditions

hygiéniques. -

Les observations, choisies par l'auteur parmi les cas les plus

simples, le prouvent surabondamment. Ony trouve entre autres

celle d'un compositeur de musique, célèbre par le succès de popu-

larité qu'a obtenue une de ses oeuvres; la nommer seraitle dési-

giier trop clairement. La maladie s'est terminée par la mort, et

l'exactitude du diagnostic a pu être confirmée.

Quand la guérison s'opère, c'est à l'absence de camisole ou

de tout moyen de contention que l'auteur attribue laplusgrande

part. Ce n'est que depuis la suppression de cet engin qu'on

compte des cas de guérison. Mention est également faite au

chapitre du traitement des bons résultats donnés parle salicylate

de soude et les toniques, et l'enveloppement dans le drap

mouillé. En somme, on doit considérer ce travail comme une

monographie du délire aigu à laquelle l'auteur a apporté le con-

,tingent de ses recherches personnelles. H. de BOYER.

10

VARIA

LES « SAUTEURS » DU MAINE (Etals-Unis) :

r2r c. lsrnRn.

Il y a environ deux ans, un de mes amis m'apprit que dans le

Maine du Nord et en particulier dans la région de Moosehead Lakc,

il avait une certaine classe d'individus présentant les phénomène»

nerveux les plus incroyables.

Dans le langage de paysan, on les appelait «Sauteurs» ou « Fran-

çais sauteurs », car il était d'opinion courante que tous descendaient L

de Français ou de Canadiens. Après m'être muni de tous les ren-

seignements nécessaires auprès des personnes les ayant déjà ob-

servés, je partis visiter Moosehead Lake en compagnie du Dl E.

Stewe. Deux « sauteurs » étaient employés à l'hôtel où je descendis.

Voici les expériences que je fis sur l'un d'eux, jeune homme de

vingt-sept ans :

1 Pendant qu'assis sur une chaise il coupait son tabac, je m'ap-

prochai de lui et le frappant subitement sur l'épaule, Je lui dis :

« Jette-le ». Aussitôt il lança son couteau qui alla se planter dans

une porte vis-à-vis et en même temps répéta mon ordre a Jette-le »

avec une expression particulière de terreur et d'alarme.

2° Un moment après, pendant qu'il bourrait sa pipe, je lui tou-

chai légèrement l'épaule en lui disant « Jette-la ». Aussitôt il jeta

au loin pipe et tabac.

' 3° 11 se tenait auprès d'un des employés de l'hôtel. « Frappe-le» »

lui fut-il commandé, et aussitôt il le frappa violemment au visage.

Je le fis venir dans une chambre, et là, dans le silence du cabinet,

,je lui exposai l'objet de ma visite. Je l'interrogeai en outre sur ses

antécédents et sur ce que sa propre expérience de lui-même pou-

vait lui avoir appris. Pendant notre conversation, je le touchai légè-

rement sans qu'il s'en aperçut et chaque fois il fit des mouvements

d'épaule ou lança le bras en avant; et, bien que je l'eusse averti que

j'étais l'auteur de ces tracasseries, il ne put éviter à chaque fois

de faire ces mouvements assez accentués.

4° Il tenait un vase à la main. « Jette-le » lui dis-je. Il le lança

par terre avec la plus grande violence et se mit ensuite à en ra-

VARIA. 1 47

masser patiemment les morceaux. Je le frappai, doucement, leu-

tenient, de façon qu'il vit parfaitement que je le frappais : il n'eut

alors qu'un léger soubresaut ; mais le frappait-on sans qu'il s'y

attendit, alors il bondissait et criait ou non en ce moment.

'io Une personne qui marchait sans bruit derrière lui, lui plaça

soudainement un mouchoir devant les yeux. 11 bondit aussi haut

que si on l'eût frappé. - Un jeune garçon de seize ans, qui se trou-

vait dans la maison, présentait en petit tous les mêmes phéno-

mènes.

6° Un jour, il jouait avec un de ses camarades, et l'avait renversé

sur le gazon. Quelqu'un s'approche et lui dit : « Frappe-le ». Il le

frappe à poings fermés.

7° Il était à une fenêtre peu élevée, on lui cria : « Saute », et il

sauta en répétant brièvement l'ordre qu'on venait de lui donner.

8° Les deux « sauteurs » étaient-ils ensemble « Frappez-vous »

commandait-on, et en même temps ils se portaient des coups fort

violents. Lorsque le commandement était fait d'une voix brève et

claire, le « sauteur » répétait de suite l'ordre et l'exécutait en

même temps. «Frappe», « frappe», disait-il, et il frappait;

« Jette », « jette » disait- il, et il jetait tout ce qu'il avait à la main.

Peu importait la langue employée : il répétait aussi bien du grec

que du latin, pourvu que l'ordre fut donné bref etsec et en quelques

mots. Il y avait là un véritable réflexe.

Je répétai ces expériences à loisir, de façon à me mettre à l'abri

de toute source d'erreur et à réunir un faisceau de résultats abso-

lument satisfaisants.

Tout était étrange chez ces « sauteurs ». L'un d'eux faillit bien se

couper la gorge : étant à se raser on ouvrit subitement la porto

derrière lui; il bondit et, si le rasoir ne s'était échappé de ses mains,

il se serait grièvement blessé. Un « sauteur », surpris par l'ordre

de « Frappe-le», alors qu'il était devant une fenêtre, passa son poing

à trawrs le carreau, et se coupa profondément. On les avuMrap-

per à coups de poings un poêle rouge ; sauter dans le feu ou da.is

l'eau; ne tenir compte d'aucun danger. Ils ont aussi peu de puis-

sance sur eux-mêmes queles hystériques et les apoplectiques, sinon

moins, et sont esclaves absolus des ordres qu'on leur donne ou des

farces qu'on leur joue ; ils font ce qu'on leur dit, dussent-ils se

tuer ou tuer d'autres personnes. Un bruit, quel qu'il soit, fort et

soudain, les fait bondir ou crier, la chute inattendue d'un arbre

dans le bois, produit sur eux des effets absolument semblables ; le

sifflet d'une machine à vapeur leur est, ainsi que j'ai pu l'observer,

particulièrement désagréable. Lorsqu'ils sont sur le qui-vive, l'effet

produit est considérablement atténué.

Le caractère explosif, pour ainsi-dire de ces phénomènes, et la

soudaineté du cri font penser à l'épilepsie. 11 est fort difficile de

faire de sang-froid les mouvements violents qu'ils exécutent. C'est

148 VARIA.

une pièce de machine enntouvemeut; c'est l'explosion d'un canon;

et le cri nous rappelle ce que l'on entend dans l'épilepsie ou dans

l'hystérie. Le visage reste calme, mais parfois il est le siège de

rougeurs et pâleurs alternatives. Tous disent que cela les fatigue de

sauter beaucoup; qu'ils se-trouvent après ces séances, mal à leur

aise, épuisés et nerveux : aussi évitent-ils avec soin toutes les

causes d'irritation; et, après une longue période de calme, sont

mieux portants et réagissent beaucoup moins, étant alors moins

excitables.

Nature de cette affection. Quel est maintenant l'état pathologique

du « sauteur » ? Comment classer ces phénomènes parmi les né-

vroses physiques ou psychiques ? La réponse est fort claire : Le

« jumping » (action et état de celui qui bondit) est une sorte de

maladie nerveuse psychique ou mentale , d'ordre fonctionnel.

L'affection qui s'en rapproche le plus n'est autre que l'hystérie

mentale appelée de nos jours «hystérie desservantes», et qui

parait avoir existé à l'état épidémique au Moyen Age. Comme

l'hystérie mentale ou psychique, le « jumping » ne survient pas chez

ceux qui sont faibles, nerveux ou anémiques, mais bien au contraire

il atteint les individus d'une bonne santé habituelle, tels que les

«sauteurs», qui sont tous fort vigoureux. Et si quelques-uns d'entre

eux à la suite d'accès successifs se trouvent fatigués, il ne m'a pas

été donné d'observer que cette névrose, bien moins que n'importe

quelle autre, abrégeât sensiblement la durée de leur existence. Ce

n'est donc nullement une maladie « d'épuisement nerveux ». Ceux

qui en souffrent le plus sont l'opposé des névrosthésiques ou des

anémiques; ils n'ont aucun des signes de la consomption ner-

veuse ; ils sont sanguins, capables de travailler dur et fort au service

le plus fatigant, et peuvent rivaliser à leur avantage avec les gens

les plus vigoureux de tous pays. Comme « l'hystérie desservantes» »

ou comme certaines formes de convulsions, ainsi qu'on les appelle,

qui existent ou ont existé dans certains ordres religieux, les « saints

rouleurs », par exemple, ces « sauteurs » ressortissent plus à la psy-

chologie qu'a la pathologie. Peut-être ces troubles sont ils produits

par des altérations moléculaires qui échappent ou échapperont

sans doute toujours à nos sens, même aidés des instruments les

plus piécieux, le microscope ou le spectroscope, par exemple : ce

qu'il y a de certain, c'est que, pour le moment, l'étude de cette

affection, ne peut être que psychique. Ceux qui reconnaissent nette-

ment les divers types distincts d'hystérie, la forme névrosthésique

ou anémique ((p/M/StM/M/s<6)'M)), et la forme mentale ou psychique,

« psychicul hysteria », peuvent seuls comprendre la nature de cette

affection si singulière, et lui assigner la place qu'elle doit occuper

parmi les névroses. Quelques-uns des cas d'hysteria major, dans

lesquels Charcot a expérimenté l'action des métaux et de l'aimant,

relèvent bien plutôt d'affections mentales que de maladies physiques.

VARIA. 1 49

Au reste je n'ai jamais trouvé dans les familles des « sauteurs »

aucune trace d'affections nerveuses fonctionnelles ou organiques.

Le «jumping » est donc un état de mal, trancoidnl condition (du

France : accès) présentant une partie des phénomènes de l'attaque,

et touchant à celle-ci, comme certains états épileptoïdes touchent

à l'épilepsie. Quoique les phénomènes présentés par les « sauteurs»

soient du même ordre que ceux que l'on trouve dans l'hystérie, que

ceux que présentent les « convulsionnaires » ou certains ordres reli-

gieux connus sous le nom de « saints rouleurs », ils en diffèrent

de ceux-ci et des phénomènes connexes pour les deux raisons sui-

vantes :

1° Ces manifestations ont un- : caractère instantané. De plus,

après avoir sauté, crié ou s'être livré à d'autres actes de même

nature, le « sauteur » revient aussitôt à l'état normal. Son explosion,

comme celle du revolver, pour ainsi dire, est soudaine et comme un

revolver aussi, le « sauteur» est tout prêt pour une nouvelle explo-

sion, sous l'influence d'une excitation appropriée. Si nous examinons

un « sauteur» cinq secondes après le «jumping», nous ne trouvons

chez lui aucun, signe, aucune indication de ce qu'il vient de faire,

et rien ne nous annonce ce qu'il est à même d'exécuter.

D'autre part, les phénomènes observés dans l'hystérie mentale,

chez les convulsionnaires ou chez les « saints rouleurs », ne peuvent-

ils pas dans certains cas durer de quelques minutes à plusieurs

journées. En Allemagne , par une coïncidence intéressante , de

récentes recherches ont démontré que dans le sommeil mesmérien

les individus en expérience jouissaient du pouvoir de répéter auto-

matiquement les paroles qui leur étaient adressées. Berger produit

ces phénomènes en plaçant sa main, préalablement échauffée, sur

la nuque du sujet hypnotisé.

2° Dans la permanence et la persistance de la passibilité de l'ex-

citation. Une fois que l'habitude du « jumping » est acquise, le sujet

dont la susceptibilité varie suivant le moment, est toujours capable

de produire ces mêmes phénomènes avec une intensité plus ou

moins grande. Une fois « sauteur », on est toujours « sauteur », dit

le pronostic. Les épidémies de « convulsionnaires » ou de « rou-

leurs », sont au contraire parquées dans leur temps et dans leur

sphère, elles disparaissent et meurent complètement avecles causes

d'excitation qui leur avaient donné naissance, de même qu'elles

peuvent subir des recrudescences.

Psychiquement, ces « sauteurs» sont modestes, tranquilles et sou-

cieux de leur dignité. On m'avait dit qu'ils étaient de basse extraction,

mâtinés de Français et d'Anglais, mais j'avais été mal informé ;

ils sont intelligents, savent pour la plupart lire et écrire, soutiennent

très bien une conversation en anglais; et ont plus d'esprit qu'on

ne pourrait peut-être en attendre de personnes de leur âge et de

leur condition. Mais tous sont fort émotifs, et auraient fourni un

150 VARIA.

contingent sérieux aux épidémies de chorée du Moyen Age, s'ils

avaient vécu à cette époque.

Hérédité. Cette affection est aussi héréditaire que la folie ou

l'épilepsie, bien qu'il n'y ait aucune relation entre elle et ces diverses

maladies. Dans la famille sur laquelle j'expérimentais, il y avait cinq

« sauteurs » : le père, le fils, et deux petits-fils âgés de quatre et sept

ans. Dans une autre, trois frères étaient atteints. Le nombre de cas

sur lesquels mes études ont porté, s'élève à plus de cinquante.

Endémicité et contagion. Cet état paraît endémique, limité aux

bois de la partie nord du Maine, etsévissant sur les individus d'ori-

gine française. Il est psycho-contagieux, ce qui veut dire qu'il peut

être engendré par le contact personnel comme la' chorée et l'hys-

térie. Peu de temps après le commencement de ces recherches, je

trouvai relatée dans le « London médical Record », l'histoire de

phénomènes analogues observés chez les Malais. On m'a affirmé,

en outre, qu'il existait dans le nord du Michigan des individus pré-

sentant la même affection, mais je n'ai pu sur ce point me faire

une conviction suffisante. Ce qui rendrait probable cette assertion,

c'est que les « sauteurs » du Maine, émigrent quelquefois, bien

moins toutefois que les Anglais et les Américains.

Origine et mécanisme de la maladie. -Le « jumping » est proba-

blement un dérivé de chatouillement. Quelques-uns, si ce n'est tous,

sont excessivement sensibles à ce point de vue. Il paraîtrait du

reste, que le soir, dans les bois, après les travaux du jour, les

bûcherons auraient pris plaisir à se pincer, à se chatouiller en

jouant, à effrayer les peureux, jusqu'au point de développer le

« jumping », qui, soit par contagion mentale, soit par hérédité, se

serait établi à l'état d'affection telle que nous l'observons aujour-

d'hui. Cette théorie est en rapport avec les données physiologiques,

et est beaucoup plus rationnelle que toutes les autres explications

plus ou moins ultra-scientifiques qu'on pourrait et qu'on a pu lui

opposer. Dans un certain sens, nous sommes tous « jnmpers »,sous

l'influence d'une excitation soudaine, d'une détonnation violente et

inattendue ; il n'est aucun de nous, et je parle des moins nerveux,

qui ne puisse sauter ou crier, à l'instar de ces «sauteurs», sans que,

pour cela, il doive produire tous les phénomènes que nous avons

obseivé chez eux. Les femmes hystériques ne 'sautent-elles pas, ne

crient-elles pas pour un rien ? Du reste, tout dans ce sujet est in-

croyable, et j'espère que l'on daignera m'accorder quelque créance

lorsqu'on saura que j'ai fait toucher du doigt tous ces phénomènes,

à des propriétaires du Maine, à des médecins de l'endroit qui, après

avoir convenu de la réalité, m'assurèrent qu'ils n'avaient jamais

soupçonné que si près d'eux se passaient des faits aussi étonnants

et auxquels ils n'avaient jamais prêté la moindre attention. (The

Popular SctCHCeO ! : «/t ? ) G. Gilles de la Touheïte.

VARIA. 151 i

LÉGISLATION SUR LES ALIÉNÉS EN AUTRICHE.

Un arrêté du 4 juillet 4878, des ministres de l'intérieur et de la

justice, inséré au Bulletin des Lois, apporte des modificatipns à l'ar-

licle 8 de l'arrêté ministériel du 14 mai 1874, sur les aliénés. D'après

le nouvel arrêté, l'admission d'un malade dans un établissement

privé d'aliénés, ne peut avoir lieu que sur le certificat d'un médecin.

Quand le malade a déjà été traité, le médecin qui l'a soigné doit

faire l'historique de la maladie. Le certificat doit être délivré par

le médecin du district ou de la commune de la résidence dumalade.

ou, s'il émane d'un autre médecin, être confirmé par le médecin

du district ou de la commune de la résidence du malade, et ne pas

avoir une date de quinze jours antérieure à la demande d'admission.

Pour les personnes appartenant à l'armée, le certificat d'un mé-

decin militaire suffit. Pour les personnes qui passent d'un asile

public dans un asile privé, il suffit d'un certificat émanant de la

direction du premier établissement.

Lorsque, dans l'intérêt de la sécurité publique, un aliéné doit être

placé immédiatement dans un asile et qu'on ne peut pas obtenir

un certificat médical avec la promptitude nécessaire, ou que l'aliéné

arrive d'un pays étranger, et qu'on ne produit pas un certificat

délivré par un médecin public et dûment légalisé, le médecin en

chef de l'asile peut, sous sa responsabilité, admettre provisoi-

rement l'aliéné ; seulement il doit en donner avis dans un délai de

vingt-quatre heures au plus à l'autorité administrative de laquelle

l'asile dépend, afin qu'une enquête médicale officielle permette de

constater s'il y a lieu de conserver dans l'établissement la personne

dont il s'agit.

Les malades que l'autorité, pour protéger la sécurité publique, est

amenée à faire entrer dans un asile privé, y sont admis sur la pro-

duction du certificat d'un médecin public. (Annuaire de législation

comparée, ')880.)

Empire D'ALLEMAGNE. Maisons DE santé.

En vertu de l'article 7 de la loi du 23 juil ! et 4 879, modifiant quel-

ques dispositions de la loi sur l'industrie, les établissements privés

destinés à recevoir des aliénés ne peuvent être fondés qu'en vertu

de l'autorisation administrative supérieure. La concession ne peut

être refusée que dans les cas suivants :

A. Si les circonstances prouvent que le requérant ne présente pas

le« garanties nécessaires pour diriger ou administrer l'établissement.

lt. Si, d'après les justifications et les plans qu'il doit produire, la

construction et les autres aménagements techniques de la maison,

ne satisfont pas aux prescriptions de.la police sanitaire. (Annales

7nédif. psyt-h., mars 1881.)

152 VARIA.

Jurisprudence.

Décret supprimant en recette et en dépense du budget rectifi-

.-catif d'un département une somme provenant des fonds libres car

l'Asile départemental d'aliénés. Annulation. Doit être an-

nulé comme ayant été rendu en violation des articles 46 et 47 de

la loi du 40 août 1871, le décret supprimant en recette et en dépense

une somme provenant des fonds libres d'un asile départemental

d'aliénés, que le conseil général, en statuant sur les recettes et le~

dépenses de cet asile, avait supprimé du budget dudit asile et

affecté à des travaux d'utilité départementale. Lorsqu'il est établi

que les délibérations par lesquelles le conseil général a pris la

décision ci-dessus n'ont été l'objet d'aucun recours dans les forme»

et délais prévus par la loi, ces délibérations sont ainsi devenue»

définitives et exécutoires, et il n'appartient pas à l'administration

supérieure de mettre obstacle par un décret à l'exécution que les

délibérations précitées ont reçue. (Pourvoi du tlél)ai-le ? ) ? ent de loi

Côte-d'Or. Arrêté du~ mars 4880.)

Pensions civiles sur fonds départementaux. Médecin-directeur

d'un asile d'aliénés. 2 juillet 1880 Les directeurs d'asile pu-

blics d'aliénés sont dans une situation d'une nature toute spéciale;

ils relèvent, quant à la nomination, de l'autorité centrale, et ils

peuvent être déplacés de leur résidence par les nécessités du ser-

vice ; nous avons rapporté, dans la livraison de la Revue du mois

de juin dernier, un arrêt du Conseil d'Etat, décidant que le Conseil

général n'avait même pas le droit de fixer les conditions du con-

cours pour les employés des asiles d'aliénés. D'un autre côté, il»

sont payés sur les fonds des asiles et ils ne peuvent obtenir de pen-

sions de retraite que sur les caisses de retraite des employés de

préfecture auxquels ils ont été adjoints. Si on exigeait pour un

fonctionnaire de cette nature qu'il remplit dans un département

les conditions de résidence, exigées des employés à poste fixe, tels

que les employés de bureau de préfecture, on arrivait en réalité à

leur dénier le droit à la pension de retraite.

Les règlements des caisses départementales de retraites se sont

préoccupés de cette situation, et on trouve dans le règlement de la

caisse de retraite de l'Orne, du 1"' février 1862, une disposition

spéciale qui a été reproduite, dans la plupart des règlements de

cette nature. L'article 5 de ce règlement exige, pour le droit à

pension, trente ans de service, dont douze au moins dans le dépar-

tement, à la condition, dans ces cas, de verser les retenues affé-

rentes aux années de service passées en dehors du département;

l'article 9 réduit les conditions de résidence de douze à dix ans.

pour les veuves des employés décédés subitement à leur poste.

Enfin, l'article 13 porte que en cas de changement de résidence du

VARIA. 153

directeur ou des médecins de l'asile des aliénés, le montant de.»

retenues opérées sur leur traitement au profit de la caisse de»

retraites sera versé à la caisse des retraites du département où

ils seront appelés.

Le sieur Védie a été successivement attaché comme médecin à

divers asiles d'aliénés ; il n'a résidé dans le département de l'Orne

quependant quatre ans. Avait-il le droit à la pension dans l'Orne ' ?

Le Conseil d'Etat a décidé la question affirmativement par la dé-

cision suivante :

Le Conseil d'Etat ; etc. Vu la requête sommaire et le mémoire am-

pliatif, présentés pour le département de l'Orne..., tendant à ce qu'il

plaise au Conseil annuler un décret en date du 4 septembre 1878, qui a

accordé une pension de 1,063 fr. sur les fonds de la caisse départemen-

tale des retraites de l'Orne, à la dame veuve Védie dont le mari est

décédé dans l'exercice de ses fonctions de directeur-médecin de l'asile

des aliénés d'Alençon;

Vu le décret du 1er février 1862, portant règlement de la caisse des

retraites instituées en faveur des employés de la préfecture, du directeur-

médecin de l'asile, public d'aliénés et d'autres employés du dépar-

tement de l'Orne ;

Considérant que l'article 9, § 3, du règlement de la caisse départe-

mentale des retraites de l'Orne reconnaît un droit à obtenir pension aux

veuves et orphelins des employés décèdes subitement iL leur poste ou 1

la suite d'une maladie survenue dans l'exercice de leurs fonctions, après

dix ans de service ;

Considérant que si le sieur Védie, directeur-médecin de l'asile d'aliénés

d'Alençon, ne comptait pas dix ans de services rendus dans le département

de l'Orne dt l'époque où il est décédé à la suite d'une maladie survenue

dans l'exercice de ses fonctions, il résulte de l'article 13 dudit règlement

que le département était en droit d'exiger le versement à la caisse des

retraites du montant des retenues afférentes il ses années de service.»

rendus dans d'autres départements et que ce transfert de retenues auto-

risait le sieur Védie il se prévaloir desdits services et aies ajoutera ceux

qu'il a rendus dans l'Orne, pour établir ses droits à une pension sur la

caisse des retraites dudit département ;

Considérant que le sieur Védie, qui comptait au moment de sa mort

plus de vingt-quatre ans de service, s'est conformé aux prescriptions du-

dit article 13 et que sa veuve se déclare prête à verser à la caisse des

retraites le montant des retenues arriérées dont le sieur Védie était dé-

biteur à son décès,; que, dans ces circonstances, le département de l'Orne

n'est pas fondé à demander l'annulation du décret qui a accordé à la

dame veuve Védie une pension à la charge de la caisse départementale

des retraites de l'Orne,

Décrète : La requête du département de l'Orne est rejetée.

Toute la question portait sur l'interprétation de l'art. 4 3 du règle-

ment de la caisse des retraites. Suivant le département, cet article

avait tout simplement pour but de dispenser le médecin de l'asile

d'aliénés de rapporter des retenues déjà versées dans d'autres dépar-

tements, et qui devaient être reversées par les caisses de ces dépar-

154 FAITS DIVERS.

Lements. Le Conseil d'État a pensé que l'article avait un sens plus

large : il crée une fiction, et fait en quelque sorte voyager le droit

à pension avec les retenues. Le département de l'Orne est en pos-

session de toutes les retenues versées par le sieur Védie. Il doit

payer la pension. S'il en était autrement, pour quel motif priverait-

on la caisse de retraites de Loir-et-Cher, par exemple, des retenues

qu'elle avait touchées du sieur Védie et qu'elle a versées dans la

caisse des retraites de l'Orne lorsque le sieur Védie a été appelé

dans ce département. Le ministre de l'intérieur faisait d'ailleurs

connaître que presque tous les départements ayant des règlements

semblables, les avaient interprêtés dans le sens le plus large.

La question a un réel intérêt pour les fonctionnaires des asiles

d'aliénés, qui sont exposés à être souvent déplacés et qui perdraient

leur droit à pension en changeant de département, si on admettait

la thèse juridique soutenue par le département de l'Orne. Mais,

depuis la loi du 10 août 1871, les garanties que ces fonctionnaires

trouvaient dans les règlements des caisses départementales et que

le Conseil d'État a définitivement consacrées, se trouvent malheu-

reusement diminuées, l'article 46 de la loi donnant au Conseil géné-

ral le droit de statuer définitivement sur l'organisation des caisses

de retraites des agents salariés sur les fonds départementaux et, par

conséquent, de modifier les dispositions qui assuraient aux direc-

teurs et aux médecins le bénéfice de leurs services dans les autres

départements. II serait donc à désirer qu'une nouvelle loi vint con-

cilier les intérêts de ces fonctionnaires et ceux des départements,

suit en constituant une caisse de retraites spéciales pour tous les

directeurs et médecins des asiles publics d'aliénés, soit en les adjoi-

gnant à la caisse générale des pensions civiles. Signé : S. Le Vavas-

seur de Précourt, maître des requêtes au Conseil d'État (Revue d'ad-

rainistration, avril 1880.)

FAITS DIVERS

Association neurologique américaine. Prix Hammond. L'Asso-

ciation neurologique de New-York propose un prix de 2,500 francs

à décerner, au mois de juin 1882, à l'auteur du meilleur travail

relatif aux fonctions de la couche optique chez l'homme.

Les conditions du concours sont les suivantes : Il le concours est

FAITS DIVERS. 155

ouvert à toutes les nations ; 2° les mémoires doivent s'appuyer sur

des observations et des expériences originales recueillies sur l'homme

et sur des animaux inférieurs; 3° les mémoires doivent être écrits

en anglais, en français ou en allemand (dans ce dernier cas, ils

doivent être en caractères italiens) ; 4° les mémoires doivent être

adressés, affranchis, avant le 1" février 1882, au Dr E.-C. Seguin,

il, West-street, n° 0, cité deiNew-Yorlz. Chaque mémoire portera une

devise, qui devra être répétée dans une enveloppe cachetée, conte-

nant la carte de visite de l'auteur; 5° le mémoire couronné sera

la propriété de l'Association, qui se chargera de le publier.

Académie DES sciences, arts ET BELLES-LETTRES DE CAEN.FfM ?

Cette Académie vient de mettre au concours le sujet suivant pour

1883. Prix Le Sauvage (d'une valeur de 1,300 francs) : De lamydriasc,

de ses caractères, de ses causes et de son traitement.

Académie royale de médecine de Belgique. Prix 1 879-82 . Déter-

miner la nature DE l'influence DE l'innervation sur la nutrition des

miner la nature de l'influence de l'innervation sur la nutrition des

tissus. Prix : une médaille de 1,000 francs. Clôture du concours :

1 ? janvier 1882.

Prix 1881-82 (fondé par un anonyme).-Elucider par des faits

cliniques et au besoin par des expériences, la pathogénie et la thé-

rapeutique des centres nerveux et principalement de l'épilepsie.

Prix : 8,000 franc ? . Clôture du concours : 31 décembre 4883.-Des

encouragements, de 300 à 1,000 francs, pourront être décernés à

des auteurs qui n'auraient pas mérité le prix, mais dont les tra-

vaux seraient jugés dignes de récompense. Une somme de z,000

francs pourra être donnée, en outre du prix de 8.000, à l'auteur qui

aurait réalisé un progrès capital dans la thérapeutique des maladies

des centres nerveux, telle que serait, par exemple, la découverte

d'un remède curatif de l'épilepsie.

Conditions des concours. Les mémoires, lisiblement écrits en

latin, en français ou en flamand doivent être adressés, francs déport,

au secrétaire de l'Académie, à Bruxelles.

Seront exclus du concours : 1° les mémoires qui ne rempliront

pas les conditions précitées; 1° ceux, dont les auteurs se seront fait

connaître directement ou indirectement; 3° ceux qui auront été

publiés, en tout ou en partie, ou présentés à un autre corps savant :

4° ceux qui parviendront au secrétariat de la compagnie après l'é-

poque fixée.

L'Académie exigeant la plus grande exactitude dans les citations,

les concurrents sont tenus d'indiquer les éditions et les pages des

livres auxquelles ils les emprunteront. Les mémoires doi-

vent être revêtus d'une épigraphe répétée sur un pli cacheté

renfermant le nom et l'adresse des auteurs. Le pli annexé à un tra-

vail couronné est ouvert en séance publique, par le président, qui

proclame immédiatement le lauréat. Lorsqu'une récompense seule-

15(5 FAITS DIVERS.

ment est accordée à un mémoire de concours, le pli qui y est joint

n'est ouvert qu'à la demande de l'auteur, faite dans le délai d'un

an. Après l'expiration de ce délai, la récompense ne sera plus ac-

cordée.

- Le manuscrit envoyé au concours ne peut être réclamé ; il est

déposé aux archives de. l'Académie. Toutefois, l'auteur pourra

toujours, après la proclamation du résultat du concours, en faire

prendre copie à ses frais, en fournissant au secrétaire de la com-

pagnie la preuve que ce mémoire est son oeuvre. L'Académie ac-

corde gratuitement, aux auteurs des mémoires dont elle a ordonné

l'impression, cinquante exemplaires de ces travaux tirés à part et

la faculté d'en obtenir un plus grand nombre à leurs frais.

Y. B.-Les membres titulaires et honoraires de l'Académie ne

peuvent prendre part au concours.

Commission DE réforme du service des aliénés. Cette commission,

dont nous avons indiqué la composition à la page 6M du tome I,

s'est réunie, sous la présidence de M. Constans, ministre de l'inté-

rieur. M. Constans a rappelé les nombreuses raisons qui avaient

motivé la nomination d'une commission et les points principaux qui

devaient plus spécialement attirer son attention : Etat des Lâ tinieiits;

encombrement des asiles; situation du personnel et en particulier

du personnel inférieur; aliénés criminels; recrutement du person-

nel médical, etc.

M. Camescasse, sous-secrétaire d'Etal, a développé les raisons qui

nécessitaient la division de la commission en deux sous-commissions.

La première devra s'occuper plus spécialement de la législation

(examen de la loi de 1838, application de cette loi, réformes, etc.);

elle devra voir s'il convient de laisser aux Conseils généraux la libre

administration des asiles, comme cela existe actuellement; exa-

miner si les asiles privés présentent toutes les garanties que l'on

doit exiger pour prévenir les abus ; étudier les régimes des aliénés

dits criminels, et, dans le même ordre d'idées, rechercher ce qu'il il

y aurait à faire à l'égard des alcooliques et des épileptiques; enfin,

et c'est là une des questions les plus importantes, elle devra étudier

la protection des biens des aliénés.

La deuxième sous-commission s'occupera de l'administration des

asiles; de l'état des bâtiments; de l'état du personnel médical et de

celui des infirmiers et infirmières ; du meilleur mode de recrute-

ment des médecins ; elle devra étudier les différents modes de

traitement employés soit en France, soit à l'étranger ; signaler les

améliorations à apporter dans les asiles, enfin, voir s'il ne serait

pas préférable d'établir pour les aliénés un patronage analogue à

celui qui existe pour les détenus, etc.

- La sous-commission des réformes administratives et médicales

s'est réunie au Ministère de l'intérieur. Elle a entendu la lecture

FAITS DIVERS. 157 i

du programme des questions qu'elle devait examiner et qui avait

été dressé par son secrétaire, M. Pilon.

La sous-commission a décidé que ces questions seraient divisées

en cinq groupes : 4°r grozcpe : Constitution matérielle des asiles,

construction, services généraux, bains, ateliers, cellules, colo-

nies, etc.). Commissaires : MM. Camparon, A. Dubost, Lunier,

Roussel, Vergniaud.

2" Groupe : Pensionnats et établissements privés. Commissaires :

MM. Baillarger, Béelard, Loiseau, Maze, Roussel.

3e Groupe : Système de traitement (classement, transfert des

alinés, traitement dans les asiles privés, les maisons de santé, les

les colonies ; dépôtde la Préfecture de police ; maintien des malades

en observation dans les hôpitaux ou hospices, etc.). Commissaires :

MM. Bail, Camhon, Dedébat, Loiseau, Lunier.

4° Groupe : Contrôle et surveillance (commission de surveillance,

inspection générale et départementale). Commissaires : MM. An-

drieux, Béclard, Camescasse, Foville, Maze, Pilon.

5° Groupe : Personnel médical et administratif à tous les degrés

(directeurs-médecins, pharmaciens, internes, mode de nomination

et traitement, dans les asiles et les quartiers d'hospice ; personnel

secondaire, surveillants, chefs d'ateliers, infirmières, mode de re-

crutement ; caisses de retraite; emploi des laïques ou des religieuses,

aumôniers). Commissaires : MM. Bail, Bourneville, Foville, Herold,

Pilon.

Asiles d'aliénés de la SLUt.. à la suite du dernier concours de

l'internat en médecine des asiles d'aliénés de la Seine, le jury a

appelé l'attention de l'administration sur la nécessité d'une plus

grande publicité pour faire connaître aux étudiants les avantages

matériels inhérents au titre d'interne des asiles; sur les inconvé-

nients qu'il y avait a exiger des candidats seize inscriptions et la

preuve qu'un ou plusieurs examens avaient été passés, condi-

tions qui éloignaient des candidats. Ces remarques ont paru justes

à M. Herold, qui vient de constituer une commission chargée de les

examiner et de lui proposer des modifications qu'elle jugera néces-

sairea. Cette commission est composée de MM. Béclard, liourneville,

Ch. Loiseau, Level, Bigot, directeur-médecin de l'asile de Vaucluse ;

Espiau de Lamaestre, directeur-médecin de l'asile de Ville-Evrard :

Dagonel, Magnan, médecins de l'Asile Sainte-Anne; Pozzi, chirur-

gien des asiles de la Seine.

Programme d'mn -concours entre les internes en médecine des Asiles

d'aliénés de la Seine, pour une bourse de voyage. - Le sénateur préfet

de la Seine ; Vu la délibération du Conseil général de la Seine.

en date du 30 novembre 1880 ; Vu le rapport du sous-directeur des

affaires départementales, en date du il mars 1881 ; Sur la propo-

sition du secrétaire général de la préfecture, Arrête :

158 FAITS DIVERS.

Article premier. -Une commission est instituée à l'effet de don-

ner son avis sur le programme et les conditions du concours ai ouvrir

entre les internes en médecine des asiles publics d'aliénés delà

Seine pour l'obtention d'une bourse de voyage.

ART. 2. Cette commission est composée ainsi qu'il suit : M. le

secrétaire général de la préfecture, président; M..te De Béclard,

professeur à la Faculté de médecine, membre de la commission de

surveillance des Asiles; 1VJ. le Dr Bail, professeur à la Faculté de

médecine ; M. le Dr Bourneville, membre du Conseil général de

la Seine; M. le De Espiau de Lamaëstre, directeur-médecin de l'a-

sile public d'aliénés de Ville-Evrard; M. le Dr Bigot,directeur-médecin roi

de l'asile public d'aliénés de Vaucluse; M. le Dr Dagonot, médecin

chef de service à l'asile Sainte-Anne; M. le Dr Bouchereau, médecin

chef de service à l'asile Sainte-Anne; M. le Dr Magnan, médecin

répartiteur à l'asile Sainte-Anne ; M. le De Pozzi, chirurgien des

asiles publics d'aliénés de la Seine.

Art. 3. Le secrétaire général de la préfecture et le direc-

teur des affaires départementales sont chargés, chacun en ce qui

le concerne, de l'exécution du présent arrêté.

Asile DE SAINTE-ANNE. M. le De Régis est nommé médecin-

adjoint de l'asile Sainte-Anne, et chargé du service de la clinique,

comme chef de clinique des maladies mentales.

Asile DE VAUCLUSE. M. le Dr BOUDRIE, médecin-adjoint de l'asile

d'Evreux, est nommé médecin adjoint de l'asile de Vaucluse.

Les Infirmières dans les Asiles d'aliénés. Le Dr Mactaran.

directeur de l'asile du district de Stirling, fait remarquer dans son

rapport annuel sur l'état de l'établissement que le défaut d'une

éducation première appropriée se fait tristement sentir chez les

infirmières et les domestiques des services d'aliénés. Au strict point

de vue de la garde, ces personnes rendent d'excellents service» :

mais, qu'on exige d'elles quelque chose de plus, qu'on leur demande

d'assister les malades et de contribuer à leur bien-être, d'aider

enfin au traitement moral, la plupart en seront incapables. On sait

que ce traitement moral se trouve spécialement indiqué à une

certaine période de la folie circulaire, alors que le malade est dans

un état de profonde dépression, et aussi dans la mélancolie. Le trai-

tement moral peut, dans ces conditions, rendre les plus grands

services. Beaucoup de domestiques sont pleins de bonne volonté,

mais manquent absolument de la délicatesse indispensable pour

manier ces malades difficiles. On doit, à ce propos, organiser un

vaste programme d'éducation pour les hommes et les femmes qui

désirent se consacrer aux services hospitaliers (Médical Tinaes une(

Gazelle, 2 octobre 1880)-

L'insuffisance de l'instruction du personnel d'infirmiers et in-

firmières des asiles existe aussi en France. Le Conseil séné-

faits divers.. 1 59

rai de la Seine s'en est déjà préoccupé à maintes reprises, et, si

l'Administration était plus pressée de tenir compte des votes des

conseils élus, d'importantes améliorations auraient déjà été réali-

sées. La réforme se réduit à ceci : améliorer la situation matérielle

et intellectuelle des infirmiers et infirmières.

Asile d'Armentières. M. le Dr ADAM, médecin adjoint de l'asile

de Bailleul, est nommé médecin-adjoint de l'asile d'Armentières.

Asile DE BAILLEUL. M. le Dr REYNAUD, interne de l'asile de la

Roche-sur-Yon, est nommé médecin-adjoint de l'asile de Bailleul.

Asile DE LAFOND. - M. le Dr 11LABILLE, médecin adjoint de l'asile

de Vaucluse, est nommé directeur-médecin de l'asile de Lafond, en

remplacement de M. le De Arnozan, décédé.

Nécrologie. Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. le

D1' R. ARNOZAN, directeur-médecin de l'asile de laRoclielle, décédé

à l'âge de 69 ans. Dès 4814, M. Arnozan était interne à l'asile d'alié-

nés de Bordeaux; il poursuivit la carrière spéciale et fut successi-

vement attaché comme médecin-adjoint, puis en qualité de médecin

en chef et de directeur-médecin aux asiles de Bordeaux, Mayenne

Breuty, Châlons, et enfin de Lafond, près la Rochelle, où il est

mort, en laissant les regrets les plus vifs dans l'administration et le

corps médical.

- Nous avons aussi le regret d'annoncer lamort de 111. le Dr Gérard

MARCHANT, directeur-médecin de l'asile public d'aliénés de Toulouse,

ancien professeur de médecine légale à l'Ecole de médecine de

Toulouse, membre de la Société médico-psychologique de Paris, de

la Société des médecins aliénistes de France, etc.

Cette perte sera ressentie vivement non seulement par le corps

des médecins aliénistes, mais encore par la profession médicale

tout entière, et par les nombreux amis de son fils, le Dr G. Mar-

chant, prosecteur à la Faculté de médecine de Paris. Un aliéné du

service de M. Gérard Marchant lui avait tiré un coup de revolver,

lors de sa visite, et c'est aux suites de cette blessure que M. Mar-

chant a succombé. Victime du devoir professionnel, au moment

même où son âge lui assurait bientôt un repos mérité, après une

vie de labeur, M. Marchant a laissé dans la mémoire de tous de»

souvenirs sympathiques auxquels les Archives de Neurologie s'asso-

cientpteinement.

M. Marchant avait commencé ses études médicales à Toulouse,

puis il s'était spécialisé à SainL-Joseph-de-la-Croix et à Charenton :

sa thèse inaugurale (Paris 1842) portait sur les « Causes du oréti-

niaute dans les Pyrézzées. » Nous lui devons aussi une noie sur l'Ét(it

îles aliénés en Portugal, à Madère et à Ténériffe; un programme pour

la construction de l'asile d'aliénés de Totilotise, des lettres sur l'hys-

2éuèe, et un travuil sur l'llimezttatiolz tbz·cée.

t HO BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Nouveau Journal. Sous le titre de ['Encéphale, 1111. Ball et

Luys, secondés par M. Chambard,comme secrétaire de la rédaction,

viennent de fonder un nouveau journal de maladies mentales et,

nerveuses. Ce journal parait par cahiers trimestriels, à partir du 2'i

mars 1881, dans le format in-8".

Ecole pour les Enfants IDIOTS ET arriérés. M11e E.-W. Rose et

ouvert chez elle, à Colchester (Conuecticut), uue école d'enfants

idiots et arriérés qui fonctionne bien depuis un an. Le besoin

de cette école se faisait sentir depuis longtemps dans cet Etat de

l'Union. (Anzeric. Journal of Insanity , avril 1881.) .)

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

llnt ? ru (11.). - Du délire aigu. Vol. in-8" de 102 pages, prix : 3 fr.

Paris, 1881. ·

Güt9LAtl; (J.). Leçons orales sur les phrénopathies ou traité théorique et

pratique des maladies mentales. Vol. in-8" de 546 pages; avec 54 figures

intercalées dans le texte, un plan général et le plan de l'hospice Guislain

actuel, tomes 1 et Il. 2e édition. Paris, 1880. Librairie J.-B Baillère, 19,

rue Hautefeuille.

Hublé (Martial). Recherches cliniques el thérapeutiques sur l'épi-

lepsie. Vol. in-S de 492 pages. Paris 1881. Prix 3 ir., aux bureaux des

Archives de Neurologie.

Luis (J.).T'ra ! /e clinique el pratique des maladies mentales. Vol. in-8"

de 692 pages, avec 27 figures intercalées dans le texte et 10 planches co-

luriees. Prix : 17 fr. broché, 18 fr. cartonné. Paris, 1881. A. Delaliave et

E. Lecrosnier, éditeurs, place de l'Ecole-de -Médecine.

MtCKLE (.1.). Geize-al paralysis of the insane. Vol. in-8", cartonné de

216 pages. London 1880. H. K. Lewis, 136, Gower street, W. C.

Seguin (E.-C.). The z of specialities in médecine. Brochure

z li pages. New-York, G. P. l'utnam's sons, 182, Pifth avenue, à

z

- A feclure on lhe localisation of Diseuses ut the spinal cord. Bro-

chure in-8« de 20 paôcs, Brooklyn. N. Y. 1880.

Le rédacteur-gérant, BouRrevzm.K.

Ecreax Qi. littllss £ (nW. - 781

Archives de Neurologie . -' - T. Il PL 1

Archives de Neurologie. T. II . PL. II.

Archives de Neurologie

T.11. PL III.

- . Archives de Neurologie

T. II PL IV.

Archives de Neurologie

TU PL V.

Archives de Neurologie

THPL VI

Archives de Neurologie T.ILPL VII.

Archives de Neurologie

T.II PL VIII.

Imp Becquet,Paris

Vol. II. Septembre 1881. N° 6

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOMIE

LA CORNE D'AMMON (Morphologie ET embryologie) ;

Par MATIIIAs DUVAL.

De toutes les régions de l'écorce cérébrale, il en est

peu qui, par leur disposition particulière et par la netteté

de leur circonscription, méritent autant de fixer l'at-

tention des anatomistes que la région de l'hippocampe,

c'est-à-dire de l'ensemble formé par la corne d'Ammon

et le corps godronné (avec le corps bordant). Cepen-

dant, cette partie des hémisphères cérébraux n'a encore

été en France l'objet d'aucune monographie spéciale ;

dans les mémoires consacrés à l'étude des circonvo-

lutions, on décrit bien, à la région inféro-interne du

lobe temporal, une circonvolution de l'hippocampe, dite

seconde circonvolution temporo-occipitale, mais on ne

suit pas la surface de cette circonvolution en haut et en

dehors, vers le ventricule, de sorte que, de la corne d'Am-

mon, la partie la plus insignifiante trouve seule place dans

ces descriptions, le reste (corps godronné) étant volon-

162 2 ANATOMIE.

tiers considéré comme une partie étrangère à l'écorce

cérébrale, placée dans l'intérieur des ventricules. En

Allemagne, au contraire, de nombreuses études ont été

publiées sur ce sujet, mais elles ont abouti à des con-

ceptions si peu nettes et si compliquées, que, même

en recourant aux excellents articles de vulgarisation où

ces vues ont été résumées (voy. art. Cerveau, par Ber-

ger, in Dict. encyclopéd. des Sciences médicales) et à la

traduction française de Huguenin1, il est difficile de se

faire une idée exacte des rapports morphologiques entre

l'ensemble de la corne d'Ammon et le reste des cir-

convolutions cérébrales. C'est pourquoi, ayant repris,

à l'aide de nombreuses préparations empruntées à

l'homme, aux mammifères et enfin aux encéphales

d'embryons, l'examen de ces parties, nous nous pro-

posons d'en donner une étude qui sera, d'une part, plus

complète que ce qu'on trouve à ce sujet dans les ou-

vrages français, et. peut-être, d'autre part, moins com-

plexe, c'est-à-dire plus claire que les désespérantes

descriptions de quelques anatomistes allemands.

Nos notions classiques sur la partie en question peu-

vent facilement se résumer de la manière suivante,

soit qu'on considère une dissection du cerveau, soit

qu'on en examine une coupe transversale.

1° Dans une dissection du cerveau, c'est-à-dire en

procédant par ouverture des ventricules latéraux en

allant du haut en bas, puis, par ouverture, dans les

mêmes sens, de la corne sphénoïde de ces ventricules,

on découvre sur la paroi inférieure de cette corne une

saillie blanche, antéro-postérieure, dite corne d'Ammon

1 G. Huguenin. Anatomie des centres nerveux. Traduc. franc. Paris,

1879.

LA CORNE D'AMMON. 163

(Cornu Ammonis; Hippocampus; Corne de bélier;

Protubérance cylindroïde, de Chaussier);lebord interne

de cette saillie est parcouru par une bandelette blanche,

dite corps bordant (mbria), qui présente un bord externe

adhérent (à l'hippocampe) et un bord interne libre; en

soulevant ce bord libre, on trouve sous le corps bordant

une épaisse bande de substance grise présentant des

alternatives de saillies et de dépressions et dite corps

godronné. Ce corps godronné et le corps bordant for-

ment la limite externe de la fente (partie latérale de

la grande fente de Bichat) par laquelle la pie-mère

de la face inférieure du cerveau pénètre , sous le nom

de plexus choroïdes, dans la corne sphénoïdale des

ventricules latéraux.

2° En lisant les descriptions données par les auteurs

d'après des coupes verticales et transversales du cer-

veau, on retrouve indiquées les mêmes manières de

voir relativement aux points sur lesquels nous vou-

lons particulièrement attirer l'attention; à savoir, que

le corps bordant présente un bord interne libre, que ce

bord, ainsi que le bord correspondant du corps go-

dronné, forme la lèvre externe de la fente donnant

accès dans le diverticulum sphénoïdal du ventricule ;

de sorte qu'on n'est nullement fixé sur la position de

ces parties (corps bordant et corps godronné) par rapport

à la cavité ventriculaire. Si ces parties contribuent

à former un orifice faisant communiquer la surface

du cerveau avec la cavité du ventricule, elles n'ap-

partiennent ni à la surface, ni à la cavité, mais

sont sur la limite des deux. Or, en cherchant à pénétrer

la pensée des auteurs, on arrive à cette conviction

(nous le verrons plus tard en faisant l'exposé critique

,164 ANATOMIE.

des descriptions en question) qu'ils placent en défini-

tive le corps bordant et le corps godronné complète-

ment dans la cavité ventriculaire, comme la saillie de

la corne d'Ammon elle-même, et ne font commencer

la région de la surface cérébrale qu'au delà (en dedans,

par rapport à l'axe médian) du corps godronné. C'est

l'opinion, et, disons-le de suite, l'erreur que nous-

même, bien pénétré alors des idées classiques, avons

formulée et figurée à la page 474 de l'article Système

nerveux du XXXIIP volume du Dict. de Méd. et de

Chirur,q. pratiques. De plus, par ce fait même qu'ils

considèrent le corps godronné et le corps bordant

comme placés dans le ventricule, et qu'ils font cesser

la surface corticale de l'hémisphère vers le bord interne

de la circonvolution de l'hippocampe (seconde circonvo-

lution temporo-occipitale), les auteurs sont amenés à

décrire la substance grise de la corne d'Ammon, en

partie, comme une circonvolution retournée, c'est-à-

dire dont la substance grise pénètre dans l'intérieur

de l'hémisphère (substance grise de la corne d'Ammon),

et en partie comme une formation nouvelle et sur-

ajoutée (substance grise du corps godronné).

Les principaux points que le présent mémoire a pour

objet de mettre en évidence, comme absolument con-

traires aux conceptions précédentes, sont les suivants :

1° Le bord interne du corps bordant n'est pas libre;

il se continue avec une fine lamelle (paroi ventriculaire

chez le foetus, simple épithélium épendymaire chez

l'adulte) qui, refoulée par les vaisseaux de la pie-mère

(plexus choroïde), renferme les plexus choroïdes dans

une sorte de repli mésentérique et ferme les ventri-

cules latéraux.

LA CORNE D'AMMON. 165

2° Les plexus choroïdes ne sont donc pas libres

dans la cavité ventriculaire : ils affectent avec cette

cavité les mêmes rapports que les vaisseaux mésen-

tériques, compris entre deux lames péritonéales, affec-

tent avec la cavité du péritoine. -

3° Il n'y a pas de fente faisant communiquer la

cavité ventriculaire avec la surface cérébrale; la cavité

ventriculaire cesse au niveau du bord interne, ou, pour

mieux dire, supérieur du corps bordant. Tout ce qui

(en considérant une coupe, par exemple les lîg. 1 et 2

de la Planche I du tome III) est en dehors (par rapport

au plan médian du cerveau) de ce bord du corps bor-

dant, est situé dans l'intérieur du ventricule ; la saillie

blanche, dite corne d'Ammon, est donc la seule partie,

dans l'ensemble de la formation ammonique, qui soit

située dans le ventricule; tout ce qui est en dedans (vers

le plan médian) du corps bordant appartient à la surface

de l'hémisphère, fait partie de la région corticale ; tel est

le cas de la plus grande partie du corps bordant lui-

même, de tout le corps godronné et du sillon qui

sépare le corps godronné d'avec la circonvolution de

l'hippocampe (deuxième circonvolution temporo-occi-

pitale).

4° Il n'y a plus à parler de circonvolution retournée,

mais bien de deux circonvolutions, placées côte à côte,

l'une représentée par la circonvolution de l'hippo-

campe (deuxième circonvolution temporo-occipitale) ,

l'autre représentée par le corps godronné (nous l'ap-

pellerons circonvolution godronnée) et séparées par un

sillon ; c'est le fond de ce sillon (sillon de l'hippo-

campe) qui, comme cela arrive toutes les fois que le man-

teau de l'hémisphère est mince (hémisphères foetaux,

166 ANATOMIE.

région occipitale et ergot de Morand chez l'adulte), se

traduit dans l'intérieur du ventricule par une saillie

blanche (corne d'Ammon des auteurs).

5° De ces deux circonvolutions, l'inférieure, ou cir-

convolution de l'hippocampe, ne diffère du type général

des circonvolutions que par une proportion autre dans

la répartition et les dimensions de ses éléments anato-

miques (grandes cellules pyramidales en épaisse cou-

che) ; la supérieure, au contraire, ou circonvolution

godronnée, présente de plus une couche toute spéciale,

caractéristique de cette circonvolution dans la série

animale, et formée de noyaux ou petites cellules rondes

étroitement serrées les unes contre les autres (stratum

granulosum des auteurs allemands, dont nous analy-

serons plus loin les descriptions).

6° Le sillon qui sépare ces deux circonvolutions

diffère des autres sillons de la région corticale par sa

profondeur, par un léger enroulement en haut et en

dedans, et surtout par l'abondance et la disposition des

vaisseaux qu'il renferme, lesquels sont très serrés,

empiètent dans la substance des couches les plus super-

ficielles des deux circonvolutions adjacentes , et pro-

duisent entre ces deux circonvolutions une adhérence

plus ou moins intime, parfois une véritable soudure

(lapin et rongeurs en général), dispositions quiont amené

quelques auteurs (G. Kupfer, entre autres) à considérer

l'ensemble de ces deux circonvolutions comme un tout,

dans lequel ils distinguent seulement deux feuillets

superposés, l'un supérieur (notre circonvolution go-

dronnée), l'autre inférieur (la circonvolution de l'hip-

pocampe).

Nous avons tenu à formuler d'avance ces conclu-.

LA CORNE D'AMMON. 167

sions, qui ne sont qu'une partie de celles auxquelles

nous serons amenés dans la suite de ce travail; mais,

il nous importait, pour fixer le lecteur, de bien définir

les points essentiels d'une étude de morphologie dont

les détails descriptifs seront toujours singulièrement

arides. Pour nombre de ces points, un rapide coup d'oeil

sur les planches qui accompagnent ce mémoire suf-

fira pour fournir au lecteur préparé la démonstration

demandée.

Cette démonstration, nous allons du reste la donner

explicitement par l'étude de la corne d'Ammon :

1° chez l'homme et quelques singes, ce qui répondra

rigoureusement aux prémisses sus-énoncées ; 2° chez

les mammifères (mouton et chien) où la formation am-

monique se présente comme plus étendue, se prolon-

geant en haut jusque sous le corps calleux , ce qui

élargira singulièrement la question en. montrant les

rapports de la formation ammonique avec le trigône,

c'est-à-dire avec tout l'ensemble de la paroi interne de

l'hémisphère; 3° chez les' rongeurs, où elle présente un

développement énorme, et chez la taupe ou la chauve-

souris, où ce développement, comparé à l'uniformité

du reste de l'écorce, nous permettra d'arriver à cette

conclusion que, toute circonvolution disparaissant de

la surface des hémisphères, il reste encore chez les

lissencéphales un seul gyrus cérébral, la circonvolution

godronnée, reconnaissable aux traits particuliers de

sa structure, et qui, par suite, est évidemment désignée

comme un organe cortical d'une nature toute particu-

lière ; 4° enfin, l'examen de cet organe aux diverses

phases de son développement viendra confirmer les

diverses conclusions résultant des études précédentes.

168 ANATOMIE.

I. Procédé d'étude.

- Ces recherches ont été faites essentiellement sur des

coupes des hémisphères; mais notre intention n'est

pas de nous arrêter ici, soit sur les procédés bien con-

nus *de durcissement (acide chromique et alcool), soit

sur l'emploi indispensable des microtomes. Nous devons

seulement indiquer par quel moyen on peut facile-

ment obtenir des coupes dans lesquelles soient con-

servées, dans leurs rapports, les parties les plus ténues

et les plus fragiles, telles que les plexus choroïdes

avec le repli mésentériforme qui les contient, comme on

le voit dans les figures et 2 (PL. I du t. III), qui n'ont

rien de schématique; car, ne l'oublions pas, ces rap-

ports des plexus choroïdes, c'est-à-dire la détermi-

nation de la limite réelle de la cavité ventriculaire,

sont ici une question de première importance.

C'est par le collodion qu'est obtenue cette fixation

mécanique des parties, permettant d'obtenir des coupes

sans dislocation et de manier impunément ces coupes

fines, c'est-à-dire de les colorer et de les monter en

préparations permanentes ; pour la section des encé-

phales d'embryon, ces résultats deviennent encore plus

précieux. A cet effet, la pièce, ou le fragment de pièce,

retiré de l'alcool où s'est achevé son durcissement, est

placée quelques instants dans un mélange d'alcool et

d'éther (1 d'alcool pour 10 d'éther); puis, elle est

déposée dans du collodion normal, c'est-à-dire dans

une dissolution simple de fulmi-coton (par l'alcool et

l'éther, sans ricin ni aucune autre substance); son

LA CORNE D'AMMON. 169

séjour dans ce collodion bien liquide (non sirupeux)

doit être au moins de 24 heures, et peut se prolonger

sans aucun inconvénient pendant un temps presque

indéfini (le flacon ou vase étant bien clos). Retirée du

collodion, la pièce est laissée à l'air libre pendant une

minute au plus, le temps de donner une très légère

consistance à la surface du collodion qui la revêt et

l'imbibe, puis elle est plongée dans de l'alcool à 36°.

Au bout de 6 à 10 heures de séjour dans ce bain

d'alcool, le collodion, ayant laissé diffuser tout l'éther

qu'il renfermait, forme une masse solide, mais nulle-

ment sèche,'c'est-à-dire qu'il ne s'est nullement rétracté,

ainsi qu'il arrive lorsqu'il se durcit à l'air libre. La

pièce est ainsi incluse dans une substance résistante,

mais élastique, facile à couper, présentant au rasoir

les mêmes caractères mécaniques que la moelle de

sureau ; cette substance a pénétré dans toutes les an-

fractuosités, dans toutes les cavités ayant un orifice

à la surface de la pièce, et maintient ainsi toutes les

parties dans leurs rapports naturels. On aurait obtenu

un résultat semblable par l'usage, aujourd'hui classique,

de la solution de gomme arabique coagulée ensuite

par l'alcool, avec cette différence cependant que la

gomme devient souvent friable, ce qui n'arrive jamais

au collodion; et avec cette autre différence bien plus

importante, que la gomme n'est que peu ou pas trans-

parente, qu'il faut en débarrasser ultérieurement les

coupes, et que, par suite, on ne peut plus manipuler

impunément celles-ci, tandis que le collodion, grâce

à sa transparence absolue, peut et doit rester avec

la coupe obtenue; en effet, celle-ci une fois montée

dans la glycérine, il est presque impossible de voir

170 ANATOMIE.

au microscope le collodion qui en englobe les par-

ties '.

Nous avons dit que, pendant le séjour de la pièce

dans le collodion liquide, celui-ci pénètre dans toutes

les cavités qui sont ouvertes à la surface; cependant,

comme il peut rester des bulles d'air dans ces cavités,

comme, d'autre part, celles qui ne sont ouvertes que lors

de la pratique des coupes peuvent ne pas renfermer de

collodion, et, par suite, présenter des parties mal fixées,

comme enfin il peut être nécessaire de fixer plus par-

faitement encore les parties fragiles que doit com-

prendre une coupe, nous ne saurions trop insister sur

les avantages du procédé suivant, que nous désignons

sous le nom de collodionage des surfaces de section : il

consiste, en effet, lorsque vient d'être pratiquée avec

le microtome, une coupe quelconque, simplement des-

tinée à aviver la pièce, à donner une surface de sec-

tion nette pour les coupes suivantes, ce procédé con-

siste, disons-nous, à faire couler sur cette surface de

section une légère nappe de collodion, qui, comme

lorsque le photographe prépare une plaque, s'y étale

en une mince couche adhérente : on laisse alors (quel-

ques fractions de minutes suffisent, selon la température

extérieure) se produire une très légère dessiccation à

l'air libre, puis, on se hâte d'arroser d'alcool, pour

empêcher le retrait du collodion (ce qui amènerait un

enroulement de la coupe ultérieurement pratiquée). On

1 Pour la technique du collodion en histologie, voyez, du reste, nos

notes antérieures : in De l'emploi du Collodion humide pour la pratique

des coupes microscopiques (Journal de l'Analonie, 1879).- 2° Des naatiè-

res à inclusion en histologie (Revue des sciences naturelles; Montpellier,

1879). 3° De quelques perfectionnements à l'emploi du Collodion en

technique histologique (Société de biologie, 1880).

LA CORNE D'AMMON. 171

peut dès lors faire tourner la vis du microtome de la

quantité correspondant à l'épaisseur qu'on veut donner

à la coupe, puis pratiquer celle-ci, comme d'ordinaire,

avec le rasoir chargé d'alcool.

Les coupes ainsi obtenues, même après collodionage

de la surface de section, peuvent être colorées par le

carmin ; si l'on procède en plaçant simplement la pré-

paration dans une solution aqueuse de picrocarminate,

on a l'ennui de voir la lamelle de collodion se colorer

presque avec la même intensité que la coupe de tissu

nerveux quelle inclut, et, quoique l'addition de glycé-

rine (pour conserver la pièce) décolore ensuite partiel-

lement le collodion, on se trouve en présence d'une pré-

paration peu satisfaisante, quoique encore propre pour

l'étude; mais on évite cet inconvénient en procédant

de la manière suivante : la coupe est placée sur la

lame de verre, où on la fait baigner dans une mince

couche de glycérine colorée au picrocarmin (moitié

glycérine très sirupeuse et moitié solution aqueuse de

picrocarmin) ; dans ces conditions, la coloration se fait

en 24 heures environ et de telle sorte que la préparation

même fixe très fortement le carmin, tandis que le col-

lodion n'en prend que des traces qui sont facilement

enlevées par un léger lavage à l'eau sur la plaque

même, puis par l'addition de glycérine.

Ce n'est pas seulement dans la glycérine, mais

même dans le baume du Canada qu'on peut monter

les coupes obtenues à l'aide du collodion; ce montage,

qui donne une telle transparence aux préparations, est

surtout nécessaire pour les coupes de cerveau d'em-

bryon, mais il demande a être pratiqué d'une ma-

nière spéciale : il faut s'abstenir d'employer l'es-

172 ' ANATOMIE.

sence de térébenthine, qui produit avec le collodion

des taches et magmas blancs , et substituer à cette

essence l'huile de girofle. A cet effet, la coupe, tou-

jours maintenue' sur la lame porte-objet, où elle

doit être montée, est rapidement lavée à l'eau puis

à l'alcool à 36°, puis elle est arrosée à plusieurs re-

prises d'alcool absolu qu'on enlève au sur et à mesure

avec une pipette; une dernière fois, elle est arrosée

d'alcool absolu bien pur, et aussitôt recouverte de la

lamelle couvre-objet. On a ainsi, pour le moment, une

préparation dans l'alcool absolu, entre lame et lamelle;

mais on se hâte aussitôt de substituer à cet alcool de

l'essence de girofle, en déposant une goutte de cette

essence contre l'un des côtés de la lamelle, tandis

qu'on place un fragment de papier à filtrer contre le

côté opposé; le papier pompe l'alcool, qui est graduel-

lement remplacé par l'huile essentielle, de nouvelles

gouttes de celles-ci étant successivement additionnées

sur le point qui en a déjà reçu. Au bout de 24 heures,

la préparation est parfaitement imprégnée d'essence,

à laquelle on substitue définitivement, en procédant

comme ci-dessus, du canada en dissolution dans le

chloroforme. Si, pendant chacune de ces petites opé-

rations, on évite d'amener la vapeur de l'air expiré sur

la pièce en manipulation, et, si, pour plus de précau-

tion, on fait reposer la lame porte-objet sur un corps

légèrement chauffé (une plaque de métal, une brique,

un godet de porcelaine), on ne voit se produire dans la

préparation ni magma, ni nuage blanc, ni tache quel-

conque, ce qui arriverait fatalement si une buée de

vapeur d'eau était amenée à se condenser sur la

plaque de verre, au contact des bords de la couche

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 173

d'huile de girofle. Enfin, les préparations faites avec les

soins que nous venons d'indiquer ne souffrent d'aucune

dislocation dans leurs parties, même les plus fragiles,

et c'est là le résultat essentiel pour l'étude et pour la

démonstration. (A suivre.)

PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES S

HYSTÉRIQUES; DU PHÉNOMÈNE DE L'HYPEREXCITABILITÉ

NEURO-MUSCULAIRE (Suite) « ;

Par MM. CHARCOT et Paul RICHER.

§ III. EXCITATION DES MUSCLES.

L'expérience a montré que la malaxation ou la

simple pression des masses musculaires amenait la

contracture des muscles excités. Mais, dans ce cas, la

contracture est-elle la conséquence de l'excitation di-

recte de la fibre musculaire elle-même, ou bien suit-

elle l'excitation des petits rameaux nerveux et de leurs

terminaisons dans la substance du muscle ? La solu-

tion de ce problème ne saurait être demandée aux

'Voir le ? 5, p. 31.

174 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE

seules données de l'expérimentation. Pour un certain

nombre de raisons que nous exposerons plus loin,

nous inclinons .à penser que la contracture est ici,

comme ailleurs, le résultat d'une excitation nerveuse

de nature réflexe.

. Quoi qu'il en soit, la contracture qui suit l'excitation

mécanique du muscle est facile à démontrer chez les

sujets hypnotisés qui se trouvent dans les conditions

requises d'hyperexcitabilité neuro-musculaire.

La Fig. (PL. IX) est la représentation d'une expé-

rience tentée avec succès dès le début de nos re-

cherches (en 1878), et depuis répétée bien des fois sur

un grand nombre de sujets. Il suffit d'exercer une fric-

tion sur le corps du sterno-mastoïdien, ou une simple

pression sur un point de ses fibres, pour que ce muscle

entre en contracture, imprimant à la tête le mouve-

ment de rotation prévu d'après les données de la phy-

siologie musculaire, et l'immobilisant au terme de son

mouvement dans l'attitude figurée ci-contre (PL. IX,

fig. 1). - On distingue parfaitement, sur cette photo-

graphie, la corde saillante formée par le muscle con-

tracture dont les deux extrémités, en se rapprochant,

tendent à se placer sur la même verticale. Il en résulte

que la tête subit un mouvement de rotation, en vertu

duquel la face se trouve dirigée latéralement du côté

opposé au muscle directement excité.

Pour faire cesser cette contracture, il suffit de porter

une semblable excitation sur le sterno-mastoïdien du

côté opposé, et la tête est ramenée dans la situation

droite. En excitant à la fois les deux sterno-mastoïdiens,

la tête se renverse et est immobilisée bientôt dans l'ex-

tension forcée, le cou saillant. Tous les muscles qui,

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 175

par leur situation superficielle, permettent à l'excitation

mécanique de les atteindre facilement, se compor-

tent de la même façon. Par exemple, l'excitation por-

tée sur le trapèze sur les côtés du cou, amène l'élé-

vation en masse de tout le moignon de l'épaule ; le

deltoïde élève le bras en dehors, le biceps fléchit l'a-

vant-bras, etc

Il résulte des expériences faites sur les muscles larges

et fasciculés, tels que le deltoïde, que :

a). L'excitation portée sur un point, même limité,

du muscle produit sa contracture en masse (tandis

qu'à l'aide de la faradisation il est facile de faire con-

tracter isolément les différents faisceaux d'un même

muscle).

b). La contracture d'un muscle, provoquée dans ces

conditions, entraîne presque toujours l'action simulta-

née des muscles qui lui sont synergiques. Ce qui se

passe lors de l'excitation portée sur le deltoïde en

est un exemple concluant. Nous savons, d'après les

recherches de Duchenne (de Boulogne) que, physio-

logiquement, le deltoïde ne se contracte jamais seul.

Son action élévatrice de l'humérus est toujours accom-

pagnée d'une action synergique du grand dentelé et

du trapèze, qui a pour but de maintenir l'omoplate so-

lidement appliquée au thorax et qui lui fait subir un

mouvement de bascule, en vertu duquel son angle in-

férieur est porté en dehors.

La contraction isolée du deltoïde au moyen de la,

faradisation démontre l'importance de cette action sy- e

nergique. Dans ce cas, en effet, en même temps que'

l'humérus est élevé, le deltoïde abaisse la partie de l'o-

moplate sur laquelle il prend insertion, de façon que le

176 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

bord spinal de cet os s'éloigne du thorax et que son

angle inférieur se rapproche de la colonne vertébrale.

Cette attitude vicieuse de l'omoplate, qui ne manque

jamais alors que la faradisation est localisée au deltoïde,

ne se produit pas lorsque ce même muscle est contrac-

ture par l'excitation mécanique dans l'état de l'hyperex-

citabilité neuro-musculaire. L'omoplate, au contraire,

prend alors l'attitude physiologique, trahissant ainsi

la contracture simultanée des muscles synergiques,

trapèze et grand dentelé, bien que ces derniers muscles

n'aient subi aucune excitation directe.

Nous reviendrons plus loin sur ces faits de synergie

musculaire, mais il était nécessaire de les signaler dès

maintenant.

L'expérimentation sur les muscles de l'avant-bras et

de la main est plus complexe, et cela pour plusieurs

raisons faciles à saisir : les muscles sont de petit vo-

lume, et réunis en grand nombre dans un petit espace;

en plusieurs points, il y a superposition de plusieurs

muscles, de sorte qu'il est difficile que la pression d'un

muscle superficiel ne retentisse pas sur les muscles

profonds; les actions synergiques y sont multiples;

enfin, il existe de nombreuses ramifications nerveuses

qu'il est difficile d'éviter.

Néanmoins, nos expériences nous ont donné des

résultats forts précis. Lorsque, par la simple pression

avec l'extrémité mousse d'un petit bâton, on cherche à

mettre en action isolément les différents muscles de

l'avant-bras d'une hystérique hypnotisée et présentant

l'état nerveux spécial favorable à ce genre de re-

cherches, on arrive bientôt à délimiter un certain

nombre de zones parfaitement circonscrites, dont l'ex-

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTERIQUES. 177

citation, amène, avec le plus de précision et de sûreté,

le résultat voulu. Ces zones se confondent avec ce que

l'on désigne en électro-physiologie sous le nom de

points d'élection pour l'excitation partielle des muscles. -

Instruit par une longue pratique, Duchenne (de Bou-

logne) possédait à fond cette science de localiser exac-

tement l'action électrique sur un muscle ou sur un

faisceau musculaire. Il put ainsi démontrer clairement

l'action partielle, jusque-là inconnue, d'un certain

nombre de muscles et doter la physiologie des mouve-

ments d'importantes découvertes. Mais, ces points d'é-

lection ne sont pas toujours faciles à trouver et une

règle fixe manque à cet égard. Il est vrai, ainsi que

l'ont fait remarquer Remak et Ziemssen que, souvent,

le siège de ces points possède une raison anatomique

et qu'ils correspondent aux points d'immergence ou

d'émergence des nerfs musculaires ; et Duchenne n'i-

gnorait point cette relation. Mais, ce rapport, indiqué

par l'auatomie, n'est pas constant, et il existe, en outre,

des points d'élection que les relations anatomiques ne

suffisent pas à expliquer, où les rhéophores doivent

être placés et qu'il faut avoir cherchés empiriquement

pour les bien connaître. Nous ajouterons qu'au sujet

des points d'élection dont le siège paraît indiqué

d'avance par la topographie nerveuse de la région, il

faut encore compter avec les variations individuelles

fréquentes dans la distribution des rameaux nerveux.

La localisation de l'excitation mécanique dans les

cas d'hyperexcitabilité neuro-musculaire n'échappe

pas aux difficultés que nous venons de signaler, et l'on

ne saurait exiger plus de précision de ce nouveau mode

de recherches qu'on ne fait d'ordinaire pour la fara-

42

178 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

disation localisée. Nous avons, d'ailleurs, cherché dans

l'emploi de la faradisation d'après le procédé de Du-

chenne (de Boulogne), un moyen de contrôle.

. Tantôt nous avons déterminé, sur l'avant-bras d'une

hystérique, par exemple, un certain nombre de points

dont l'excitation électrique produisait une action bien

limitée ; ces points étaient marqués. Puis, immédiate-

ment ou le lendemain, quelques jours après même,

alors que la malade avait certainement perdu le sou-

venir de nos recherches, nous l'endormions et nous

pouvions constater, alors, que l'excitation mécanique

des mêmes points moteurs amenait des résultats sem- '

blables à ceux que produisaient, pendant la veille, l'élec-

trisation, avec cette différence toutefois que la contrac-

tion était remplacée par une contracture.

Tantôt, nous faisions l'expérience inverse, et, après

avoir marqué les points dont l'action nous avait été

révélée dans l'hypnotisme par l'hyperexcitabilité neuro-

musculaire, nous constations ensuite, pendant la veille,

avec l'excitation électrique, que l'action de ces mêmes

points était bien celle qui avait été observée.

Nous avons naturellement cherché sur l'avant-bras,

pour répéter ces expériences, les points moteurs dont

l'existence, d'après les électropathes, était le moins

susceptible de variations et qui possédaient une action

bien caractéristique, facilement appréciable.

Nous les avons représentés sur les schémas ci-joints :

(F. 14 et Fig. 15.)

A la face antérieure : le rond pronateur ; le grand pal-

maire ; le cubital antérieur ; les fléchisseurs communs ;

le fléchisseur propre du pouce. A la région externe :

le long supinateur ; les radiaux externes.

ETUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 179

A la région pos-

térieure : l'exten-

seur commun;

l'extenseur pro-

pre de l'index;

l'extenseur pro-

pre du petit doigt;

le cubital posté-

rieur.

Des trois mus-

cles du pouce,

le long extenseur

nous a donné les

résultats les plus

précis. Le point

d'excitation com-

mun à l'extenseur

du pouce et à

celui de l'index

a été facilement

trouvé.

L'action par-

tielle de ces diffé-

rents muscles est

trop connue de-

puis les recher-

ches de Duchenne

(de Boulogne)

pour que nous y

insistions ici. A

la main, l'excita-

tion des muscles

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180 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

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de l'éminence

thénar produit,

suivant le point

d'application,

l'adduction ou

l'opposition du

pouce, mais, il s'y

ajoute souvent

un mouvement

de flexion de la

phalangette dû

vraisemblable-

ment à l'excita-

tion communi-

quée au tendon

du long fléchis-

seur du pouce qui

passe sous ces

muscles. Quanta à

l'éminence hy-

pothénar, l'exci-

tation portée sur

la face palmaire

amène la flexion

du petit doigt,

dont les deux

dernières pha-

langes restent

étendues, et au

bord cubital, le

mouvement de

l'abduction.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 181

Les interosseux ne sont accessibles à l'excitation mé-

canique qu'à la face dorsale de la main. A la face pal-

maire, ils sont complètement recouverts par les ten-

dons des fléchisseurs qui reçoivent l'excitation avant

eux. Nous avons vu plus haut que les tendons sont

également sensibles à l'excitation mécanique. A la face

dorsale de la main, l'excitation des interosseux présente

quelques particularités sur lesquelles nous insisterons

dans un instant.

§ IV. PARALLÈLE ENTRE L'EXCITATION MÉCANIQUE DE L'HY-

PEREXCITABILITË NEURO-MUSCULAIRE ET LA FARADISATION

LOCALISÉE.

Il nous est facile, après ce qui précède, de faire res-

sortir les différences et les analogies qui existent entre

les résultats de l'électrisation localisée et ceux de l'ex-

citation mécanique dans l'hyperexcitabilité neuro-mus-

culaire des hypnotisées.

Les analogies résultent : '

a) Delà possibilité de localiser l'excitation à un

muscle ou à un groupe de muscles;

b) De la possibilité d'exciter un muscle, soit directe-

ment, en portant l'excitation sur sa fibre elle-même,

soit indirectement, en portant l'excitation sur le rameau

nerveux qui lui est destiné, en quelque point que ce

soit de son parcours.

Les différences proviennent :

a) De la non-similitude du résultat obtenu : contrac-

tion avec l'électricité, contracture dans les cas d'hyper-

excitabilité. Mais, ceci n'est vrai que pour les muscles

182 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

des membres. Nous savons en effet que, pour ce qui est

des muscles de la face, l'excitation mécanique, pen-

dant l'état d'hyperexcitabilité, ne donne lieu qu'à une

contraction et non plus à une contracture ;

b) Du degré de localisation de l'excitant dans les

différents faisceaux d'un même muscle. Il est facile

de localiser l'excitation électrique dans une partie seu-

lement d'un muscle large et fasciculé, tandis que, dans

l'état d'hyperexcitabilité, la contraction totale de ce

même muscle suit toujours l'excitation mécanique par-

tielle d'un seul de ses faisceaux ;

c) De la propagation de l'excitation. Dans l'état

d'hyperexcitabilité, le mouvement d'un muscle s'accom-

pagne ordinairement de l'action des muscles qui lui sont

synergiques, sans que l'excitation ait été portée sur ces

derniers ; ce qui n'a pas lieu dans l'électrisation lo-

calisée ;

d) De l'excitabilité tendineuse spéciale sur laquelle

nous avons insisté en commençant et qui n'existe que

dans l'état d'hyperexcitabilité.

Il résulte de tout cela que la localisation est plus

difficile'à obtenir, dans l'état d'hyperexcitabilité neuro-

musculaire, par l'excitation mécanique, que, pendant

la veille, par la faradisation. Elle n'est possible que

pour les muscles superficiels, elle n'est réellement fa-

cile que pour ceux dont les tendons ou le corps charnu

sont suffisamment isolés, c'est-à-dire éloignés de toute

autre partie également excitable par les mêmes pro-

cédés. Quelques exemples feront bien comprendre :

En comprimant un muscle superficiel, la pression, pour-

vu qu'elle soit un peu intense, se communiquera aux

organes sous-jacents qui pourront, par suite, participer

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 183

à la même excitation, que ce soit un autre muscle, un

nerf ou un tendon. Ainsi, en comprimant le tendon du

grand palmaire, le poignet commence par se fléchir seul,

mais, si l'on insiste un peu, à mesure que la flexion du

poignet augmente, les doigts se ferment par degrés,

ce qu'il est facile d'expliquer par la compression des

tendons des muscles fléchisseurs qui sont au-dessous.

Lorsqu'on cherche à exciter les muscles interosseux

en comprimant sur le dos de la main, au niveau des

espaces interosseux, au point d'élection marqué pour

l'excitation électrique, le résultat obtenu paraît, de

prime abord, en opposition avec les données dela phy-

siologie. En effet, on observe bien un écartement des

deux doigts correspondants, mais l'extension des doigts

est complète et porte aussi bien sur l'articulation méta-

carpo-phalangienne que sur les deux autres , tandis

que l'électrisation localisée nous a appris que les

muscles interosseux, en même temps qu'ils étendent

la phalangine et la phalangette, sont fléchisseurs de la

phalange sur le métacarpien.

Cette anomalie apparente nous paraît s'expliquer

assez facilement par la présence, sur le dos de la main,

des tendons extenseurs et des brides aponévrotiques

qui les relient. Il est impossible, lorsqu'une pression

assez forte est exercée au niveau des espaces interos-

seux, de ne pas exciter mécaniquement en même temps

les organes tendineux voisins.

Mais, si l'on peut éviter les causes d'erreur dont nous

parlons, si l'organe à exciter, tendon, nerf ou muscle,

se trouve parfaitement seul intéressé, l'hyperexcitabilité

neuro-musculaire peut nous rendre témoins de phéno-.

mènes de localisation d'une précision qui ne laisse rien

184 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

à désirer. Il va sans dire qu'il faut toujours compter

avec les actions synergiques; mais, loin de nuire au

mouvement que l'on cherche à obtenir, ces actions,

dans la plupart des cas, ne font que l'accuser davan-

tage.

En résumé, il existe pour la localisation de l'excita-

tion mécanique dans l'état d'hyperexcitabilité neuro-

musculaire et pour la faradisation localisée, des diffi-

cultés communes.

Ces difficultés résultent :

a) Des variétés individuelles dans la distribution

des nerfs moteurs;

b) Des variations que subissent, suivant les individus,

les points d'élection pour l'excitation partielle des

muscles; .

c) De la diffusion de l'excitant qui, lorsque son inten-

sité n'est pas exactement mesurée, peut gagner les or-

ganes voisins, nerfs ou muscles.

A ces difficultés s'ajoutent, au sujet de l'hyperexci-

tabilité neuro-musculaire, celles qui résultent de l'ex-

citabilité spéciale des fibres tendineuses et de la sy-

nergie musculaire.

Mais, ces circonstances, une fois connues et parfai-

tement définies, n'enlèvent rien au degré de certitude

de nos recherches, pas plus que les difficultés signalées

plus haut n'infirment les résultats qu'a fournis, entre

les mains de Duchenne (de Boulogne), la faradisation

localisée.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 185

§ V. DE L'IIYPEREXCITABILITÉ NEURO-AIUSCULAIRE DE LA

FACE.

A la face, les conditions de l'expérimentation sont

un peu moins complexes. Les muscles sont superfi-

ciels, disposés le plus souvent en une seule couche,

et, par là même, facilement accessibles à l'excitation

mécanique. De plus, il n'existe pas de tendons dont l'ex-

citation de voisinage puisse contrarier, masquer ou

même empêcher complètement le résultat cherché.

. Ainsi que nous l'avons déjà dit, les muscles de la

face, pendant la phase d'hyperexcitabilité neuro-mus-

culaire, se comportent d'une autre manière que les

muscles du corps. Ils sont également susceptibles

d'être excités mécaniquement. Une simple pression,

exercée directement sur le muscle lui-même ou sur le

rameau nerveux qui l'innerve, met les fibres muscu-

laires en action, mais, la contraction ainsi provoquée

ne persiste pas d'ordinaire après l'excitation et ne se

transforme jamais en contracture permanente.

Ce mode de réaction des muscles de la face à l'exci-

tant mécanique est une analogie de plus avec ce qui

se passe dans l'emploi de la faradisation localisée. Ce

rapprochement nous a remis en mémoire les belles

expériences de Duchenne (de Boulogne) sur l'action

partielle des muscles de la face, et la part qui revient

à chacun d'eux dans l'expression des passions; et, sans

appareil faradique, remplaçant les électrodes par de

simples petites baguettes, nous avons pu les reproduire

en partie avec une grande précision.

Nous avons cherché à produire la contraction isolée

186 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

de chaque muscle par l'excitation des points d'élection

indiqués par Duchenne (de Boulogne). Nous nous

sommes heurtés aux mêmes difficultés que lui, et, avec

quelque soin, nous avons pu les surmonter. Ces diffi-

cultés résultent, suivant Duchenne, : , : 1° Des variations

individuelles dans la distribution des nerfs de la face, qui

peuvent faire rencontrer une branche nerveuse destinée

à mettre en mouvement un Plus ou moins grand nombre

de muscles, ce que l'on reconnaît à leur contraction

simultanée. Il suffit, dans ce cas, de déplacer le rhéo-

phore d'un ou deux millimètres pour éviter cette con-

traction complexe;

2° De l'emploi d'un courant trop intense et qui pé-

nètre trop profondément. La figure 6 de l'ouvrage de

Duchenne représente un exemple de non localisation

dans l'emploi du courant faradique. « Le rhéophore,

dit Duchenne, placé au niveau du grand zygomatique,

aurait dû produire la contraction isolée de ce muscle,

ainsi qu'on l'observera dans la figure 30 ; mais, le cou-

rant trop intense, ayant pénétré profondément jusqu'à

la branche temporo-faciale de la septième paire, a pro-

voqué la contraction en masse des muscles innervés par

ce tronc nerveux et n'a pu* produire qu'une grimace. »

La même chose arrive avec l'excitant mécanique,

dans les cas d'hyperexcitabilité neuro-nlusculaire,

lorsque la pression exercée dépasse certaines limites

qui varient suivant les malades et que l'habitude seule

permet d'apprécier.

Il existe cependant quelques différences entre les

résultats que nous avons obtenus et ceux que donne

la faradisation localisée. Elles ressortiront clairement

des quelques propositions dans lesquelles nous allons

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 187

résumer les nombreuses expériences que nous avons

faites à ce sujet :

1° La localisation la plus exacte est obtenue à l'aide

d'une pression modérée, pratiquée avec l'extrémité ar-

rondie d'un petit bâton. Si l'excitation est trop légère,

de façon à ne consister qu'en un grattement superficiel

de la peau, elle retentit presque toujours sur un plus

ou moins grand nombre de muscles voisins de la région

excitée, et parfois sur quelques muscles éloignés. Dans

ce cas, la contraction musculaire est fugace et peu ac-

cusée, c'est un simple frémissement musculaire, ou bien

une série de petites convulsions cloniques qui se rap-

prochent du tremblement. -Une excitation trop forte

se propage souvent à quelques muscles voisins ;

2° La contraction du muscle cesse le.plus souvent en.

même temps que la pression. Elle persiste quelquefois

très peu de temps après que l'excitation a cessé, sur-

tout si l'on a un peu insisté, mais elle ne se transforme

jamais en contracture. Le muscle peaussier est celui

dont la contraction se maintient le plus longtemps,

tenant en quelque sorte le milieu entre les muscles

des membres et ceux de la face;'

3° Malgré la persistance de l'excitation, l'action pro-

duite ne tarde pas à s'épuiser. Tout en maintenant

la pression à un degré égal sur le point qui a provoqué

la contraction du muscle, on ne tarde pas à voir celle-

ci s'effacer peu à peu et finir par disparaître complè-

tement ;

4° L'excitation unilatérale d'un muscle pair s'obtient

le plus souvent fort aisément ; mais, il arrive parfois

que l'excitation retentit sur le muscle homologue du

côté opposé, qui se contracte alors toujours plus faible-

188 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

ment. C'est ce qu'on peut constater sur la Figure 1 de

la Planche X, où l'excitation du muscle orbiculaire

palpébral supérieur n'a été portée que d'un seul côté.

Il nous a semblé que cette loi de synergie des muscles

pairs se manifestait d'autant plus facilement que ces

muscles étaient situés plus près de la ligne médiane.

En tout cas, nous avons bien des fois remarqué

qu'une double excitation, portée à la fois sur les deux

muscles pairs, donnait lieu à une exagération du mou-

vement obtenu avec l'excitation unilatérale ;

5° Il est possible de faire contracter à la fois plusieurs

muscles, de façon à reproduire les contractions com-

binées expressives ou les contractions combinées inex-

pressives, pour nous servir des dénominations employées

par Duchenne.

Toutes les malades susceptibles d'être hypnotisées

sont loin de présenter à un même degré l'hyperexci-

tabilité neuro-musculaire de la face. Chez le plus grand

nombre même, elle n'existe pas, pendant qu'elle se

montre très développée aux membres. Depuis que nous

poursuivons ces études, nous pouvons cependant citer

plusieurs sujets (quatre au moins sur vingt environ)

qui ont présenté ce phénomène à un haut degré de

développement, et avec des caractères absolument

identiques.

En ce moment, parmi les malades soumises à notre

observation, Witt... est celle qui présente l'hyperexci-

tabilité neuro-musculaire de la face au plus haut degré

de développement, et la plupart des expériences que

nous allons rapporter ont été faites sur elle.

Nous suivrons pas à pas Duchenne (de Boulogne) dans

ses expériences électro-physiologiques sur l'action des

' ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. N$',y} ' ? / r, .

muscles de la face, et nous mettrons en regard, d'un

côté, les résultats qu'a donnés, entre ses mains, la fara-

disation localisée, et, d'un autre côté, ceux auxquels

nous sommes arrivés par l'emploi de la seule excitation

mécanique pendant la léthargie provoquée chez nos

malades.

Nous avons fait photographier un grand nombre de

nos expériences; mais nous n'avons fait reproduire ici

que les plus saillantes.

D'après les recherches de Duchenne (de Boulogne),

quatre muscles de la face ont le privilège de peindre

complètement, par leur action isolée, une expression

qui leur est propre. Ces muscles occupent la partie su-

périeure du visage et impriment tous au sourcil un

mouvement particulier. Ce sont : le frontal, l'orbicu-

laire palpébral supérieur, le sourcillier et le pyrami-

dal du nez. Les points d'élection sur lesquels Duchenne

appliquait l'électrode pour amener la contraction par-

tielle de chacun de ces muscles sont indiqués sur le

schéma (Fig. 16).

Fig. 16.

Fig. 16. Points > moteurs des

principaux muscles de la face.

1, frontal; 2, sourcillier; 3,.or-

bieulaire palpébral supérieur; 4,

pyramidal du nez; S, palpébral

inférieur; 6, grand z5gomatidue;

7, petit zygomatique; 8, élévateur'

commun de l'aile du nez et de la

lèvre supérieure; 9, traiisverse

du nez; 10, triangulaire des

lèvres.

190 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

Leur action individuelle sur les traits de la face est

résumée dans les schémas suivants :

1° Frontal Muscle de l'attention. (Fird. 17). Sa

contraction produit sur les traits de la face les modifi-

cations suivantes : Lignes fondamentales : élévation et

courbe du sourcil : Lignes secondaires : plis frontaux

curviliques et concentriques à l'arc du sourcil;

2° Orbiculaire palpébral supérieur : Muscle de la

réflexion (Fig. 18). - Abaissement du sourcil en masse

et effacement des rides frontales. Le sourcil devient

rectiligne; plis verticaux sur le front; redressement

des poils du sourcil; f

3" SOURCILLIER : lVI2lSGZB de la douleur (Fig. 19). -

La tête du sourcil, gonflée, s'élève en formant un re-

lief qui se prolonge un peu sur le front. Le sourcil

prend une direction oblique de haut en bas et de de-

dans en dehors. Il affecte la forme d'une ligne si-

Fig. 17.

Contraction du muscle frontal.

Muscle de l'attention, de Du-

clicnne.

Fig. 18.

Contraction du muscle orbiculaire

palpébral supérieur.

Muscle de la réflexion, de Du-

cheniie.

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 191

nueuse composée de deux courbes : l'une interne à

concavité supérieure, l'autre externe à concavité infé-

rieure. Plis transversaux de la partie médiane du

front qui devient lisse au-dessus de la moitié externe

du sourcil.-Au-dessous des sourcils, la peau est ten-

due au niveau de la tête et dans l'espace intersour-

cillier, tandis qu'elle est refoulée en bas dans la partie

qui correspond à leurs deux tiers externes;

.1 1 q , 1

4° Pyramidal du NEZ : Muscle de l'agression (Fig. 20).

La tête du sourcil est tirée en bas, la moitié interne

du sourcil dirigée de haut en bas et de dehors en de-

dans ; la peau de la partie médiane du front est

lisse et tendue; plis transversaux à la racine du nez.

Chez notre malade hypnotisée, l'excitation de ces

mêmes muscles, par une simple pression exercée sur

les points d'élection, nous a donné les résultats sui-

vants : ,

rrg. 1 s.

Contraction du muscle sottrcillier.

Muscle de la douleur, de Du-

uhenne.

Fig. 20.

Contraction du pyramidal du izez.

Muscle de l'agression, de Du-

chennc.

192 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

La contraction isolée du Frontal est très facile à obte-

nir parla pression du point (Fig. 16, 1) qui correspond

au nerf frontal, ou par la pression portée sur un point

quelconque du muscle (PL. IX, Fig. 3).

L'orbiculaire palpébral supérieur se contracte aussi

très facilement et d'une façon absolument conforme

à la description de Duchenne. L'excitation sur la

Figure 4 de la Planche IX et la Figure de la Plan-

che X est portée près de la queue du sourcil au

point figuré en 3 sur le schéma (1'ig. 16). Lorsque

l'excitation porte sur un point plus rapproché de la

tête du sourcil ou lorsqu'elle est un peu intense, la

contraction du pyramidal du nez se joint à celle de

l'orbiculaire palpébral supérieur (Fig. 2, PL. X). Nous

n'avons pu obtenir complètement isolée la contraction

du pyramidal du NEZ. En cherchant à l'exciter aux

points indiqués par Duchenne, de Boulogne(Fig. 16,4)

le pyramidal s'est, il est vrai, contracté énergiquement,

mais l'orbiculaire palpébral supérieur s'est toujours

contracté en même temps.

Quant au SOURCILLIFR, dont l'action isolée est si sai-

sissante, nous n'avons pu d'une façon nette en obtenir

la contraction. Nous devons ajouter que des recherches

faites avec la faradisation pendant la veille, nous ont

donné des résultats aussi peu précis. Il nous faut donc

compter ici avec les variations individuelles que si-

gnale d'ailleurs Duchenne (de Boulogne).

Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer, avec

Duchenne, que les muscles « moteurs du sourcil sont,

de tous les muscles expressifs, ceux qui obéissent le

moins à la volonté; en général, l'émotion de l'âme

seule a le pouvoir de les mettre partiellement en mou-

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTERIQUES. 193

vement'). (Duchenne, Mécanisme de la physionomie...,

page 8).

Parmi les muscles qui sont situés au-dessous du

sourcil, les uns sont les agents d'une expression pro-

pre, mais incomplète, en ce sens que l'expression n'est

parfaitement rendue que par la contraction simultanée

d'un autre muscle, les autres n'expriment absolument

rien par eux-mêmes, bien qu'ils acquièrent la propriété

de représenter spécialement des passions en se combi-

nant avec d'autres muscles.

Ces données, qui sont le résultat des expériences

électro-physiologiques de Duchenne, reçoivent une

nouvelle confirmation des recherches auxquelles nous

nous sommes livrés.

Le grand zygomatique est le muscle de la joie. Il

est le seul qui puisse exprimer le rire à tous ses de-

grés ; mais, pour que l'expression soit complète, il est

13

Fig. 21. L.

Contraction du muscle grand

zygomatique.

Muscle du rire, de Duchenne,

rire faux.

Fig. 22.

Contraction simultanée du grand

zygomatique et du muscle orbi-

culaire palpébral inférieur.

Expression du rire franc, d'a-

près Duchenne.

194 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

nécessaire qu'un autre muscle intervienne en même

temps et imprime à la paupière inférieure un mouve-

ment particulier, c'est le muscle orbiculaire palpébral

inférieur, appelé par Duchenne muscle de la bien-

veillance. , 1

L'action partielle de ces deux muscles est résumée

.dans les schémas suivants : , ,

Grand zygomatique : Muscle du rire (Fig. 31).

Lignes fondamentales : mouvement oblique en haut

et en dehors de la commissure labiale ? courbe lé-

gère de la ligne naso-labiale; gonflement delà pom-

mette ; - élévation légère de, la( paupière inférieure.

Lignes secondaires : rides rayonnantes de l'angle

extérieur de l'oeii.

Orbiculaire palpébral INFÉRIEUR Muscle de la

bienveillance (Fig. 22). Relief de la paupière infé-

rieure, au-dessous de laquelle se dessine une dépres-

sion transversale, à concavité supérieure. Lorsque le

grand zygomatique se contracte seul, le rire a un carac-

tère faux et menteur. Sous l'influence d'une émotion

vraie, il ne se contracte jamais isolément. D'un autre

côté, l'orbiculaire palpébral inférieur, qui est son com-

plémentaire pour l'expression du rire franc, n'obéit pas

à la volonté; il n'est mis en jeu que par une émotion

agréable de l'âme.

La faradisation localisée du grand zygomatique

n'imprime donc à la physionomie qu'une expression

fausse. Cette expérience, d'après Duchenne, ne serait

pas facile à reproduire : « II m'est arrivé quelquefois,

dit-il, de localiser exactement l'excitation dans ce

muscle... Cette localisation est assez difficile; carie

courant électrique rencontre souvent un ou deux filets

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 195

moteurs qui se rendent à un faisceau musculaire voi-

sin, lorsqu'il est' un' peu'' intense ou qu'il'existe une

anomalie, ce qui n'est pas rare. » (Page 59.)

Dans nos expériences 'd'hyperexcitabilité neuro-

musculaire, la contraction isolée du grand zygomati-

que n'est pas sans présenter quelques 'difficultés. Il

arrive souvent que les muscles situés en dedans de

lui (petit zygomatique, élévateur propre de la lèvre

supérieure , ' élévateur commun de la lèvre supé-

rieure et de ''l'aile^du " nez, ' q41"'reçoi 'vent' leurs

filets moteurs 'd'un même' rameau nerveux qui passe

sous l'extrémité supérieure du grand zygomatique) en-

trent également en contraction.' ''

Cependant, après quelques tâtonnements et si l'on a

soin de se servir d'un excitateur'1 à extrémité un peu

fine sans 'cesser d'être mousse^il est'possible d'isoler

assez bien l'action de ce' muscle, ainsi que le montre

les Figures l'et'3 de la Planche XI ? 1' '

Le petit ZYGOMATIQUE''possède'une action bien

différente ' de celle' du grand' zygomatique. C'est un

muscle du pleurer. Le "schéma'suivant résume son

action (Fig ? 3) ? Il'attire" en" hàut'et' en' dehors la

portion moyenne de'Ia'moitié'de la lèvre'snpérieure,

d'où résulte : 'une courbe à'concavité inférieure du

bord libre de la lèvre supérieure et'' du sillon naso-

labial, un gonflement de la' pommette 'et une légère

élévation de la paupière inférieure. ' '

La contraction tisolé6'du petit zygomatique peut éga-

lement être obte'nue"chez notre' malade', mais elle se

confond avec celle de l'élévateur propre de la lèvre

supérieure, dont il est difficile de la distinguer; il arrive

fréquemment' que l'élévateur commun de la lèvre su-

196 - PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

périeure et de l'aile du nez participe à l'excitation.

C'est ce qu'on peut remarquer sur la Figure 3, Plan-

ciie XI. Le mouvement' de la lèvre supérieure repré-

sente assez bien, l'action du'-petit zygomatique, mais

. on remarquera^ en même -temps, que l'aile du,nez du

-même côté [est* un peu-relevée. ' En comparant cette

figure à la suivante, (qui représente i l'action isolée du

muscle élévateur commun del1 lèvre supérieure et de

l'aile du nez, ibesl facile de se'rendre compte' de la

part qui, dansée mouvement expressif de. la première,

doit être attribuée au- petit zygomatique. , , - ur

' L'élévateur commun 1 DE 1 LA PLÈVRE' supérieure ET DE

l'aile DU NEZ imprime- à ces parties de la physionomie

un mouvement. bien caractéristique, que. la Figure 4

t de la Planche XI et la Figure de la Planche XII

mettent parfaitement en lumière. La contraction par-

tielle de ce muscle est très facilement obtenue chez

notre malade. Dans la Figure 4 de la Planche XI, la

, ' Fig. 3. t, î 1 19

Contraction du petit' zygomatique.' ' '

Muscle du pleurer, de Duchenne.' - T t

d''f<i 1 ) i, t Fig. 4. ! ,r-t 1

Contraction ' du muscle élévateur

,t commun , de l'aile du nez. et de

la lèvre sicérieiü·re. ' '

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 197

contraction du muscle suit l'excitation du rameau ner-

veux qui lui est destiné. Dans la Figure' 1 de la Plan-

CHE XII,- l'excitation est portée sur le corps du muscle

- lui-même. Duchenne résume ainsi l'action partielle de

ce muscle (Fq. 2-4). L'aile du (nez'est attirée en

haut, le sillon naso-labial allongé et moins oblique, la

portion externe de ladèvre supérieure attirée en haut.

LE transverse du NEZ; que' Duchenne appelle le

muscle' de- la lubricité, fait subir,t,par sa,contraction,

à la forme 'générale du nez, '.les principales modifica-

tions suivantes : l'aile du nez est attirée obliquement

en haut et en avant, et la peau des parties latérales du

nez se marquer de plis parallèles à- la direction de

l'épine nasale. Ce muscle est susceptible de" grandes

variations, suivant les individus. /La Figure 4 de la

PLnNCnE'X montre, d'une façon fort, nette, l'excitation

du trànsverse'du nez'chez la nommée Cait)...', tandis

que chezWitt... l'excitation isolée de ce même muscle

n'a pu être'obtenue. t^~A /

Par contre, chez cette dernière ma)ade,')es muscles

dilatateurs, des narines peuvent êtèetrès-facilement

excités. Il suffit de toucher le bord d'une narine ou sa

face externe pour que le mouvement de dilatation

s'accuse aussitôt avec énergie; et, le plus souvent,

l'autre narine participe au mouvement (mais à un degré

moindre)/ bien que l'excitation ait été''unilatérale.

C'est un nouvel exemple de la synergie musculaire des

muscles pairs de la' face, dont nous avons déjà parlé.

Si l'excitation,' tout en demeurant' unique, se rap-

proche de la ligne médiane, comme sur la Figure de

la Planche X, le mouvement de dilatation est à peu

près égal des deux côtés et non moins énergique. La

198 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

dilatation une fois produite ne persiste pas uniformé-

ment, bien que l'excitation soit maintenue égale; il se'

produit une sorte de palpitation' 'des narines, qui a

rendu encore'' plus difficile' la' reproduction' photogra-

phique'de cette expérience déjà délicate. Néanmoins,

nous pensons que ce mouvement des narines s'est '

inscrit assez nettement sur'notre figure pour en méri-

ter la reproduction» ici, et la particularité intéressante

qu'elle est destinée à mettre 'en 'lumière ressortira'

d'autant mieux qu'on la comparera aux figures voisines'

(1 et, 2 de la même planche),' sur lesquelles le nez est à'

l'état, de repos., jr ? ' ' "' '

L'orbiculaire, des lèvres répond'aussi fort nette-

ment à l'excitation mécanique' portée sur' différents'

points de ses fibres. En excitant sur la lèvre inférieure'

un point médian,, situé à peu de distance de l'ouverture

buccale, on voit les deux lèvres'se froncer et l'orbicu-

laire tout entier entrer en contraction.' L'action est

encore bien plus vive1, lorsqu'on porte l'excitation' sur

le bord libre des lèvres'; il' suffit pour cela d'introduire'

l'extrémité du petit bâton' entre les deux lèvres et de'

frotter légèrement ! L'orifice ' buccal se 'resserre 'alors

avec énergie en enserrant l'extrémité de l'excitateur.

Le triangulaire DES LÈVRES est le muscle, de la tris-

tesse. Sous l'influence de la contraction, les commis-

sures des lèvres'sont tirées'en bas et 'en' dehors, le

sillon intér-tabial décrit une courbe à'concavité infé-

rieure, la lèvre inférieure est un peu attirée en avant,

la ligne naso-labiaile allongée tend à devenir réctiligne,

la lèvre supérieure ' est attirée obliquement en bas et

en dehors, la narine est abaissée et moins ouverte.-

(Fig. 25). ' '

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 199

La contraction partielle des muscles du menton et

de la lèvre inférieure est assez difficile à obtenir, à

cause de la superposition de ces différents muscles en

certains points et de l'intrication d'une partie de leurs

fibres.. De plus, un même rameau nerveux les innerve. -

Il y a donc à craindre de

toucher avec l'excitateur .une

portion .du rameau nerveux, ,

dont les fibres se distribuent.

à plusieurs muscles à la fois.,

En beaucoup de points égale- ,,

ment, l'excitateur rencontrera

à la fois des .fibres muscu-

laires appartenant à plusieurs

muscles soit, superposés, ,soit,

juxtaposés.* ,I, , z ; " ,

Pour, obtenir, chez nos ma-

lades, la contraction isolée du

triangulaire .des lèvres, il faut porter l'excitation

un peu en- dehors ,et( en bas de,la, commissure des

lèvres, comme,il,,est indiqué sur notre Figure 3 de

la Planche XIL"Si l'excitation, est faite plus bas, en,

se rapprochant du^maxillaire, inférieur et du, point

d'élection indiqué par l'électrisation localisée (7. 16),

on obtient un mouvement complexe de ladèvre résul-

tant de la. contraction simultanée. du triangulaire et

du carré du menton, qui, en ce point, sont superposés.

La contraction isolée du carré, du, menton, qui, d'a-

près Duchenne, tire la. lèvre , .inférieure en bas et en .

dehors en la renversant, succède à l'excitation mécani-

que portée à un centimètre et demi environ en dedans

du point d'excitation du triangulaire, et à peu près à la

Fig. ? 5.

1 p p i i

du MtMc/e <)' ! a7 : -

'y ! ti'a;M'ed'esMt))'e ? 1

, t f ? ,

200 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

même hauteur (Fig. 2, PL. XII). C'est à ce niveau que

le carré du menton se dégage de dessous le triangu7

1 T ' t.*tl%;. Il 1 * '

laire, pour devenir superficiel. , ,

Sur la 1 Figiire-4 q 4 t de . 1 la Planche XII, l'excitation por-

tée sur le milieu du menton met en jeu les muscles DE

.. ->n, i -I . ? / . ...

LA houppe du menton. Ces muscles impriment aux tégu-

tg - 11 t l 1 - . 14 11 t1 ? 1 el ? , , -

ments du menton un mouvement d élévation, et les

' . t . ! ' lfllv(,tl 'el 1111l'q y, t' ' ' ,v, - .. zip

appliquent contre la symphyse de la mâchoire.. Ils

élèvent ainsi mécaniquement la lèvre inférieure en la

renversant un peu en dehors. , . , .

Le PEAUSSIER, dont les fibres se terminent dans cette

région, est également très facilement excitable. Le

peaucier est le muscle de la frayeur et de .l'effroi.. Il

tire en bas et en dehors la lèvre inférieure,, les tissus

de la réeion inférieure, des joues et les ailes du nez.

Il ne possède qu'une action très faible sur la mâchoire

'' n(1 lit f ? ? ? .. '

inférieure.. -

prieure ? ,), .j , . lf =y «, ? -

Suivant Duchenne, la contraction partielle du.peaus-

n 11 , ..«Il < te ; M ? t ' 1 . 'Il ' ' ··

sier est inexpressive et., ne produit qu'une grimace.

..1; 411- 'Il '1) 1 &i "t ...." '" ?

Mais, si au mouvement des traits occasionnés par le

peaucier vient s'ajouter l'action d'un des muscles mo-

t, ." i ? , ,1 ' 1 ' ' 1 .. 1 l

teurs du sourcil, le. frontal par, exemple, on voit aussi-

- 'llj ' r '. -' «"M H tn ? l f " ' ' 1

tôt se peindre sur la physionomie une expression sai-

sissante de frayeur. , ,1,, ? . , ,

Nous avons cherché à \t reproduire,, chez notre ma-

lade hypnotisée, l'action simultanée de ces deux mus-

clés et les Figures 1 et 2 de, la PLANCIIEXIII sont pleine-

ment - confirmatives des expériences de Duchenne.

Malgré l'occlusion des yeux, dont le regard n'anime

point la physionomie de la Figure 1, l'expression de

frayeur y est assez' bien représentée. Sur la Figure 2,

nous avons essayé de compléter l'expression de ter-

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 201

reur en faisant ouvrir les yeux de la malade par un

aide, au moment où la contraction était obtenue par

l'excitation mécanique des points moteurs musculaires.

La malade a été ainsi fendue cataleptique, sans nuire

à l'expression de la physionomie. Nous savons d'ailleurs

que la contracture des muscles des membres obtenue

par les mêmes procédés persiste pendant l'état cata-

leptique'. " ' z

Pour compléter nos recherches sur l'hyperexcitabnité

neuro-musculaire de la face ! nous avons cherché à pro-

voquer,- t'exempte de D'ucheiine, la contraction simul-

tanée de plusieurs muscles, que ces muscles concourent

à l'expression d'un même sentiment (contractions com-

binées expressives'de Duchenne)ou bien, au contraire,

qu'ils expriment des sentiments complètement opposés

(contractions combinées inexpressives du même auteur).

Dans le premier cas, chaque pli de la physionomie

concourt à l'expression 'd'un sentiment unique, dans

le second, le résultat ne saurait être qu'une grimace.

Nos expériences sur notre malade hypnotisée ont

donné des résultats absolument identiques à ceux de

Duchenne. C'est ainsi qu'en faisant contracter simul-

tanément les peaussiers et les orbiculaires palpébraux

supérieurs, nous avons obtenu le masque de la frayeur

avec la nuance indiquée par Duchenne.

La contraction simultanée du triangulaire des lèvres

et de l'orbiculaire palpébral supérieur, donne à la

4 La production de la catalepsie permet aussi de fixer, pour ainsi dire,

l'expression de la physionomie, et, la malade- étant rendue cataleptique

pendant l'excitation d'un muscle, la contraction de ce muscle persiste

parfois un certain temps après l'excitation, de façon à rappeler la con-

tracture des membres; mais, le plus souvent, les plis de [la physionomie

ne tardent pas à se détendre et a s'effacer peu à peu.

202 ' PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

physionomie une expression de méditation mêlée de

tristesse ou de dégoût, suivant le degré de contraction

du triangulaire. ' i

Au contraire, la contraction du grand zygomatique,

associée à l'orbiculaire palpébral supérieur, ne donne

lieu qu'à une grimace (Fiq. 3 de la PL. XIII). Il nous a

été possible de représenter, sur chaque côté de la face,

une expression opposée en faisant contracter des

muscles différents. Par exemple, le grand zygomatique

d'un côté et l'élévateur commun de l'aile du nez et de

la lèvre supérieure de -l'autre, le grand zygomatique

d'une part et le triangulaire des, lèvres ouïe peaussier

d'autre part, etc, etc.. (Mais, l'excitation est alors

assez difficile à-localiser exactement. La tendance que

possède l'excitation d'un seul muscle- à 'retentir sur

le muscle homologue' du' côté opposé,' gêne l'action

locale. Il faut alors insister davantage,' et> il y a parfois

un peu- de diffusion de, l'excitation dans les muscles

voisins. -Néanmoins ? s'ilnse produit alors' de chaque

côté, de la physionomie un mouvement un peu com-

plexe, la contraction unilatérale» n'en nconserve pas

moins les. caractèresrprincipaux de d'expression cher-

chée, et le contraste ' que présentent les deux moitiés

de la'facen'en est pas moins frappant, 1 ' i" ' - i

Nous savons que, la malade étant en léthargie hyp-

notique, l'hémicatalepsie produite dans- tout un côté

du corps par l'ouverture d'un seul oeil, fait disparaître-

instantanément toute trace d'hyperexcitabilité neuro-

musculaire de ce -même côté.' Cette* expérience' est

facile à répéter sur la face 'et les résultats que repré-

sente la Figure 4 de la Planche XIII en' sont vraiment»

saisissants. L'excitation du muscle.-élévateur commun

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 203

de l'aile du nez et de la lèvre supérieure- est pratiquée

des deux côtés* à ,1a fois, pendant que la malade est

léthargique totale, et le mouvement d'ensemble qui en

est la conséquence et représenté plus haut (Fiq. 1 de

la PL. XII) se produit avec une égale énergie des deux

côtés. Mais, il suffit; ainsi que le', représente la Figure 4

de la Planche XIII, de soulever la paupière gauche, par

exemple, pour que tout mouvement- cesse de ce côté,

malgré la persistance ! de l'excitation au même point.

Nous avons reconnu,- dans le cours des expériences

que nous venons de rapporter, que les troncs nerveux

comme les muscles- eux-mêmes'étaient aussi bien exci-

tables à la face qu'ils le sontaux membres. En résumé,

l'excitation- du muscle- est directe'ou indirecte. (Quel-

ques expériences sur des rameaux -nerveux, isolés et i

éloignés des muscles qu'ils -innervent, le. prouvent pé-t

remptoiremenf. Le tronc de''la'septième paire est ac- ' i

cessible. à l'excitation*1 électrique par le procédé suri-

vant : « On peut, dit'Duchenne,t atteindre le tronctde

ce nerfàsa sortie du tronc stylo-mastoïdien, enlipla-

çantdans le conduit auditif, externe un rhéophore col. 1

nique coiffé d'une peau humide- et, en appuyant sur- le .

cartilage inférieur; dans ce point,' son. tronc-1 nerveux

. n'est séparé du rhéophore que.de trois à quatre milli-

mètres » ? nl , - 1, e-t , ! ,inr,· ,3 lif - [;, 0

On conçoit qu'en ce même point ? ce tronc nerveux

protégé par les os et les cartilages,- soit' difficilement

accessible) l'excitation* mécanique. ^Mais, il»,n'en-,est

pas de-même^de ses rameaux qui,"à leurs points d'é-'

mergence de la parotide; s'offrent d'eux-mêmes à l'exci-,

Ration. Dans- l'état i d'hyperexcitabilité neuro-muscu-

laire, la contraction ! des muscles qui . sont sous la

20't- le PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

dépendance de ces rameaux est l'indice certain de leur

excitation-mécanique. On voit alors, sous l'influence

de cette excitation,- tout un côté de la physionomie se

contracter, ! et, suivant le point de l'excitation, la con-

traction s'accuser, davantage dans les muscles de l'oeil,

du nez ou des lèvres et du menton. -Dans l'expérience

représentée Figure 2, PLANCIIE IY, l'excitation porte sur

le -tronc nerveux- lui-même, en avant du lobule de

l'oreille; 'il est. facile de constater, en effet, que tous

les muscles de cette moitié du visage sont entrés en

contraction ? «o u u»/- 't ' " '" . ' .

. Cette expérience de l'excitation mécanique du facial,

pendant la léthargie hystérique provoquée; est une des

premières qui aient été tentées au début de'nos recher-

ches sur ce : sujet, dès. 1878. '-"

La malade^sur laquellewous avons répété la plupart

des expériences rapportées plus haut présente, au point

de vue de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, une

particularité intéressante que, jusqu'ici, nous n'avons

rencontrée que sur elle seule., n . , 1 1

- Il s'agit dei l'extension de cette hyperexcitabilité jus-

qu'aux muscles de l'oreille, circonstance assurément

fort intéressante au point de vue du diagnostic, puis-

que ces'muscles échappent, dans le plus grand nombre'

des,cas;à l'action volontaire. A l'état de-veille, > notre

malade est totalement)- incapable d'imprimer'à'ses

oreilles les- mouvements que, dans le sommeil provo-

qué, l'excitation mécanique provoque facilement ? Nous

trouverons là un exemple de plus de l'excitation d'un

muscle, directement1, ! en agissant sur les fibres muscu-

laires elles-mêmes, ou, indirectement,* par l'intermé-

diaire du nerf moteur qui lui est destiné. t

ÉTUDE DE HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 205

Il existe chez notre malade, à deux centimètres en-

viron de l'oreille, à la hauteur du tragus, une zone fort

limitée dont l'excitation amène infailliblement un mou-

vement brusque et assez accusé (du pa-vil [on, de l'o-

reille, qui se trouve attiré en haut et un peu en arrière;

Aucun mouvement ne se produit si l'excitation n'est

pas exactement portée au point voulu. D'autre -part,-

il' existe au-dessus de l'oreille une zone assez étendue

dont l'excitation produit le même-résultat, et qui cor-

respond bien certainement -au muscle auriculaire su-

périeur. Que conclure de ce fait d'observation, si ce

n'est que, dans ce cas,- nous excitons directement' la

fibre musculaire dans la zone située. au : dessus- de l'o-

reille, , tandis, que) l'excitation -portée au, devant du

tragus intéresse le rameau nerveux- qui iva donner le

mouvement au muscle auriculaire supérieur, et , qui 'ne

sauraitiêtre autre que le rameau' temporal du facial ? 1

. 11 in Irt),1 '. ! ttili-lw VYl -i, il' .1. >.' z

> .(,<' t> intltl if..{ ? ) . ry.. IJ'iw i'1 r,i w(I,LÎ1 ? i.}

Il. DE QUELQUES CARACTÈRES ' DE L'A CONTRACTURE 'PRO-

YUQUÉE DANS' L'ÉTAT >D'HYPEREXCITABIL1TÉ' NEURO-MUS-

J,,CULA.IRE ? 1-1 1- "1) , il., -1( 1 Il -Hl ,·,rn , fnts wfr

111 r ! i ? 1,11''3(,ni It· 1., 1 it UIIy ,1 1, *1 '1 111, J''

. La contracture musculaire -provoquée par l'excita-

tion mécanique pendant la,léthargie i hypnotique ) pré-

sente toujours. ! les mêmes, caractères, : qu'elle ait.'été

produite par i(I'excitation des tendons, t> des» nerfs ou

des.muscles'eux-mêmes;') · lplm : 'l'ir,1 1",ri· n . 1 .vi

t Nous;ne ferons''que' rappeler' ici quelques-uns,de

ces-caractères,-)déjà connus d'ailleurs; » en- n'insistant

que-sur quelques; particularités de détail. ' ? '

a) La contracture cède à l'excitation des antagonistes.

206 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. ! '

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La contracture ainsi pro-

voquée pendant l'état hyp-

notique; cèdetrèsfacilement

par la friction ou la ma-

laxation des muscles anta-

agonistes. Cette excitation,

'que l'on* pourrait qualifier

4 d'excitation d'arrêt, n'exige

) pas une localisation précise.

Portée sur la masse des

extenseurs, elle fait cesser

nia contracture partielle de

n'importe quel muscle né-

chisseur et inversement. Si

l'action est très locale et ne

^ s'adresse' pas directement

au,hmuscle antagoniste du

muscle contracture, au lieu

de -faire cesser la'contrac-

ture première ? elle peut don-

iiernaissancelà une seconde

' contracture localisée.' ''

Cette ' action - d'arrêt de ! l'excitation des antagonis-

tes n'a lieu que-pendant la

' léthargie, elle''est'impuis-

i santé' contre la contracture

.qui persiste 'pendant l'état

i cataleptiquemou j après le

réveil : 1 " 1

- La Figure 26 représente

l'inscription de'ce phéno-

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 207

mène par les procédés de la méthode graphique. Le

tambour explorateur est placé sur la saillie des mus-

cles fléchisseurs du poignet. Onze chocs portés succes-

sivement sur les tendons de la face antérieure du

poignet amènent la flexion forcée de ce segment du

membre, avec contracture permanente des muscles

excités. En F,, friction des muscles antagonistes, la

contracture cède, rapidement, et le membre reprend

l'attitude qu'il avait au début de l'expérience.

b) La contracture persiste après le réveil. Trois

cas peuvent se montrer :

1° La contracture provoquée persiste tant que dure

le sommeil, elle persiste également pendant l'état ca-

taleptique, mais, aussitôt qu'on provoque le réveil, elle

s'évanouit; , ,. s i ,

2° Si la malade est' réveillée pendant l'état léthar-

gique, la contracture disparaît aussitôt. Mais, si avant

de réveiller la malade, on a-soin de la rendre catalep-

tique, la contracture persiste pendant l'état de veille,

avec la même forme et le même degré d'intensité;

3° Cette dernière précaution n'est pas nécessaire.

Réveillée, même pendant l'état léthargique, la malade

garde sa- contracture. - .. 1

Les contractures artificielles ainsi provoquées, pré-

sentent la plus grande analogie avec la contracture

permanente 'hystérique. Elles pourraient, persister,

pensons-nous, fort longtemps. Nous n'avons pas pro-

longé l'expérience au-delà de quelques heures. Pour

faire disparate t ces contractures, il faut endormir de

nouveau le sujet, et, pendant l'état léthargique, procé-

der à l'excitation des muscles antagonistes dont l'effet

est instantané. * ?

208 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

c) Transfert par l'aimant de la contracture localisée.

La malade une fois endormie et ses membres étant

en complète résolution, nous touchons avec précau-

tion le nerf cubital droit, en arrière de l'épitrochlée, et,

comme dans l'expérience décrite plus haut, la main,

sous l'influence de cette excitation, se contracture,

immobilisée dans une attitude caractéristique que

nous avons désignée sous le nom de griffe cubitale

(Fig. 9).

Nous approchons alors de l'avant-bras gauche, dont

les muscles sont demeurés dans le relâchement,

l'extrémité ouverte d'un aimant en forme de fer à

cheval. La malade toujours endormie est assise près

d'une table ; son bras droit contracturé pend sur le

côté; nous avons soin, une fois la griffe cubitale pro-

duite avec les précautions indiquées, de n'y plus tou-

cher afin d'éviter les complications que de nouvelles

excitations musculaires, même fortuites, ne manque-

raient pas de susciter. Le bras gauche repose inerte

sur la table à proximité de l'aimant. Au bout de peu

de temps, deux à trois minutes au plus, voici le cu-

rieux phénomène que nous observons pour la pre-

mière fois. Dans les deux mains de petits mouvements

fort légers s'opèrent à la fois ; mais, bientôt, ces mou-

vements s'accusent dans un sens différent à chaque

main. A la main contracturée, les doigts quittent peu

à peu, et comme par degrés, l'attitude spéciale que leur

avait imprimée la contracture, le pouce s'écarte, l'an-

nulaire et le petit doigt se défléchissent.

Les mêmes doigts de l'autre main subissent au

même moment un mouvement inverse, l'annulaire et

le petit doigt entrent en flexion, le pouce se rapproche

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 209

pendant que l'index et le médius demeurent étendus.

Bientôt, le transfert s'est opéré, la contracture mus-

culaire a cédé à droite pour envahir le côté gauche,-

mais, avec ceci de particulier qu'elle n'est point sortie

de la même région et qu'elle s'est exactement locali-

sée au même groupe musculaire, à celui qui reçoit les

rameaux du nerf cubital. En un mot, la main droite

est redevenue flaccide, et la main gauche, entrant en

contracture, a pris l'attitude de la griffe cubitale, telle

qu'elle existait d'abord à droite. Nous essayons

alors de répéter la même expérience, mais en sens in-

verse en quelque sorte, et après avoir fait passer la

contracture de la main droite à la main gauche, nous

plaçons l'aimant à proximité de la main droite dans le

but d'y ramener la contracture en délivrant la main

gauche. Ce retour s'opère avec plus de lenteur. Il faut

bien cinq à six minutes; et encore s'est-il effectué in-

complètement. Au bout de ce temps, en effet, la main

gauche est redevenue complètement molle, pendant

que la main droite rigide esquisse fort nettement l'atti-

tude de la griffe cubitale, mais il. semble que le mou-

vement se soit arrêté en chemin, il demeure ina-

chevé.

La malade, toujours endormie, est assise devant une

table sur laquelle on place ses deux avant-bras en

pronation, de façon que le dos de la main regarde en

haut. Les muscles sont dans la résolution. En touchant

sur l'avant-bras droit le point d'élection indiqué sur la

figure 15, 7, l'index seul s'élève et demeure immobilisé

par la contracture en extension forcée. L'attitude

demi-fléchie des autres doigts de la main n'est pas mo-

difiée. Nous appliquons alors un aimant près de l'avant-

44

210 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

bras gauche, qui est demeuré jusqu'ici complètement

indifférent, à ce qui s'est passé à droite. Et presqu'aus-

sitôt on observe dans les deux index un léger trem-

blement, composé' de petites oscillations brèves, sac-

cadées et irrégulières. Puis, un mouvement d'ensemble

se produit, l'index gauche qui, demi-fléchi reposait

par son extrémité sur la table, s'étend et s'élève peu à

peu pendant que l'index droit quitte par degrés l'atti-

tude que la contracture lui avait imprimée et finit par

retomber flaccide. En résumé, la contracture localisée,

en vertu de laquelle l'index droit était maintenu dans

l'extension, s'est transférée exactement à l'avant-bras

gauche, et l'index gauche a pris, sous cette influence,

une, attitude semblable à celle- qui existait d'abord à

droite. ' 41 z

La même expérience peut être répétée avec un égal

succès pour les différents muscles extenseurs. En

voici un autre exemple : le petit doigt de la main

droite est placé dans l'extension par la pression sur le

point, moteur désigné sur la figure 15, 6. L'aimant est

appliqué près de la main gauche. Cette main repose sur

lavable, par sa face palmaire et les doigts à demi-fléchis,

dételle sorte que le petit doigt disparaît presque com-

plètement recouvert par les autres. Au bout de peu

d'instants, nous voyons un mouvement se produire

exclusivement dans le petit doigt qui se dégage peu à

peu, se redresse, s'étend, puis s'élève en extension

forcée. En même temps, le petit doigt du côté droit est

retombé peu à peu et a repris l'attitude normale du

relâchement musculaire.

, La pression sur la masse des muscles de la région

postérieure de l'avant-bras amène l'extension des

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 21 t

doigts et de la main. Cette attitude, maintenue par

la contracture simultanée d'un certain - nombre de

muscles, se déplace de la même façon que dans les

expériences précédentes, et la contracture' plus côm- "

plexe est transférée sans rien perdre de ses' carac-

tères et de la précision de sa localisation. - 1

Nous venons de constater le transfert par l'aimant

de la contracture localisée due à l'excitation mécani-

que du nerf ou du corps musculaire lui-même. Il en

est de même lorsque la contracture a été la consé-

quence d'une excitation tendineuse. , 1

La malade endormie est placée dans la- même asti-

tude que pour les expériences précédentes, les' mains

reposant sur une table, la face dorsale regardant* en'

haut.. 1 - . 3

La pression légère du tendon du médius de la main

droite au-dessus de la tête du troisième métacarpien

détermine, ainsi que nous l'avons déjà vu, l'extension

isolée du médius qui s'élève au-dessus du niveau- des

autres doigts et se maintient en cette situation d'exten-

sion forcée. L'aimant est appliqué près de' la'màin'

gauche., Le transfert de la contracture s'opère très*ra

pidement. La main gauche est immobile dans une

demi-flexion ; on voit d'abord dans les tendons du dos

de la main, tendons de l'index et du médius, se pro-

duire un léger tremblement. Puis, le médius seul se

soulève un peu, il est agité de petits mouvements, 'et

frappe la table de petits coups répétés. Peu à peu, ce

tremblement diminue d'amplitude à mesure1' quelle"

doigt s'élève et bientôt le médius se trouve immobilisé

en extension forcée. - u > . ' 1, <>.<"<" 1,; p t

En même temps que le médius gauche subissait un

212 ? PHYSIOLOGIE 'PATHOLOGIQUE.

mouvement ascensionnel, le médius droit, par un mou-

vement inverse, s'abaissait peu à peu, et au moment

où l'extension à droite était complète, le relâchement

à gauche ne laissait plus rien à désirer.

' d) Contracture localisée latente. Transfert de la

contracture latente. MM. Brissaud et Ch. Richet ont

déjà montré, dans des recherches sur la contracture

provoquée chez les hystériques, que l'anémie d'un mem-

bre produite par l'application de la bande d'Esmarch,

comme on a coutume de le faire dans la pratique chi-

rurgicale, faisait disparaître dans ce membre toute dis-

position du muscle à se contracturer sous l'influence

des excitants ordinaires.

' La malaxation d'un membre ainsi anémié ne déter-

mine plus aucune contracture; mais, si l'on enlève la

bande qui comprimait la racine du membre, on voit

aussitôt la contracture se produire d'elle-même, sans

'nouvelle excitation, au sur et à mesure que la circu-

lation se rétablit. ' '

' ''Cette expérience est importante au point de vue de

là nature de ces sortes de contractures, et nous y re-

viendrons plus loin. Pour le moment, nous constatons

que l'excitation mécanique portée sur un muscle ané-

mié ne saurait y provoquer de contracture, mais n'en

détermine pas moins dans ce muscle une disposition

''spéciale à la contracture, que MM. Brissaud etCh. Richet

"désignent sous le nom de contracture latente, et qui ne

'demande pour se manifester que la disparition de l'a-

"'némie'et le retour avec la circulation de l'aptitude du

muscle à la contracture. · '

-y.j '4 » - , , .. ,1 1

' Proyrès tv Médical, nOs 19, 2 23 et 24, 1 1880. , ,. , , Hiin .,i

ÉTUDE DE L'HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES. 213

On connaît l'action spéciale de l'aimant sur les

contractures, unilatérales et le déplacement de ces

contractures, connu sous le nom de transfert. Bris-

saud et Ch. Richet, ont observé, sur le membre.

anémié et en état de contracture latente, les mêmes

phénomènes que sur le membre contracturé. On voit,

par exemple, la contracture latente du bras droit

transférée, par l'application de l'aimant, au bras

gauche. Nous avons répété ces expériences au sujet de

la contracture localisée et nous sommes arrivés à des

résultats qui, pour être prévus, n'en sont pas moins

intéressants. , 1

Voici le récit de quelques-unes de nos expériences( :

1° Witt.... est endormie par la fixation du regard.

Elle tombe aussitôt dans l'état de léthargie avec hyper-

excitabilité neuro-musculaire; les yeux sont, fermés,

et il suffit de soulever les paupières pour faire cesser

aussitôt l'aptitude des muscles à se contracturer et

faire naître la catalepsie. Inversement, l'occlusion nou-

velle des yeux ramène au même instant l'hyperexcita-

bilité en faisant disparaître la catalepsie. Tout ceci est

bien connu, et ces phénomènes ont été décrits, ailleurs.

Nous les rappelons ici à cause des précautions par-

ticulières que nous avons prises lors de l'application de

la bande d'Esmarch. Nous savons que, dans l'état d'hy-

perexcitabilité, il suffit du plus léger attouchement pour

faire apparaître la contracture. Dans la recherche de

la contracture latente localisée, c'est là une cause d'er-

reur que nous avons évitée en appliquant la bande

d'Esmarch pendant l'état cataleptique. il , 1".j .,

Une fois la bande de caoutchouc appliquée de l'ex-

trémité vers la racine du membre supérieur, et la li-

214 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

gature étant maintenue au bras pour empêcher le.re-

tour du sang, les paupières sont fermées et la malade

de nouveau plongée dans le sommeil léthargique dont le

phénomène de l'hyperexcitabilité est un des principaux

caractères, Alors, en ayant bien soin de ne porter, au-

cune autre excitation sur le membre anémié, nous frois-

sons avec le doigt, à plusieurs reprises, Je nerf cubital

en arrière de l'épitrochlée.

Il ne se produit immédiatement aucune modification

dans l'attitude du membre qui est dans la résolution la

plus complète. Mais,' il n'en est plus de même lorsque

quelques instants après nous envelons la ligature. L'obs-

tacle levé, le sang reprend son cours et la coloration

du membre augmente peu à peu. Successivement aussi,

et comme : par degrés, on voit les deux derniers doigts

de la main se fermer, le pouce se rapprocher, et bien-

tôt l'attitude caractéristique de la griffe cubitale est

manifeste et maintenue par une contracture muscu-

laiêintéise ? ' "' " , ,fJ .

, Comme dans les expériences précédentes (page 208),

(Cette griffe cubitale est facilement transférée à l'autre

main par l'application de l'aimant.

2° La bande d'Esmarch est appliquée sur l'avant-

bras droit, avec les mêmes précautions que tout à l'heure,

c'est-à'dire pendant l'état cataleptique... n ? La malade est "replongée ''dans l'état léthargique

. et l'excitation mécanique portée au nerf cubital du

i membre anémié, à la région, du. coude. Nulle modifica-

tion de l'état'des' muscles. " ' 'r

L'aimant est' appliqué près de l'avant-bras gauche.

Au bout de quarante secondes environ, on voit la main

gauche se contracturer dans l'attitude de la griffe' eu-

REVUE CRITIQUE. 1 215

bitale. En un mot, la griffe cubitale latente- de droite

s'est transférée à gauche. Dans ce transfert, elle est de-

venue manifeste, parce que du côté gauche les muscles

ne sont pas anémiés et n'ont pas, par là même, perdu

l'aptitude à la contracture. (A suivre.)

"t ?

REVUE CRITIQUE

1 , 1 . 1

DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS;-

' Il i

Par le Dr Narine SIiWORTZOrr. ,

La pensée humaine peut être exprimée non-seulement par

la parole, mais encore par l'écriture, le calcul, le dessin, le

geste, la musique, etc. On comprend* sous le nom d'aphasie un

trouble de ces diverses manifestations de la pensée sans lésion

générale de l'intelligence, ni des organes,de la phonation. Cha-

cun de ces modes de manifestation peut être atteint, à diffé-

rents degrés, d'où résulte un grand nombre devariétés d'apha-

sie. Ces différents troubles peuvent aussi se combiner les-uns

avec les autres et donner ainsi naissance à une foule'de cas, va-

riés des plus intéressants, des plus compliqués et d'un diagnos-

tic parfois très délicat. ? >, -,t ? '>

Parmi les phénomènes qui se rencontrent dans l'aphasie,' les

plus curieux et les moins connus sont sans contredit ceux 'qui

ont été décrits sous les noms de cécité et.de surdité des mots.

Nous allons passer en revue ce qui a été écrit sur chacun de

ces deux derniers troubles. ' ' ')'' m,

.' , ? ' .i /

A. De la cécité des mots. On entend par cécité des. mots le

216 ,, , , , REVUE CRITIQUE.. , t -n

défaut de compréhension des signes de la pensée représentée

par l'écriture. Ce' trouble précède, accompagne -ou suit les dé-

sordres de la parole, de nature aphasique. Lorsque ces désor-

dres sont peu appréciables, le phénomène si curieux de la cé-

cité des mots apparaît dans toute sa netteté.

Qu'on se figure une personne qui exprime assez bien ses

idées, n'ayant aucun trouble du côté de la vision, qui parle de

tout ce qu'elle voit, qui peut copier les dessins et même l'écri-

ture, qui devine des rébus, qui écrit des notes et des lettres

très sensées et qui, ne peut lire ce qu'elle vient d'écrire elle-

même, parce que le. nom des lettres, la signification des mots

qu'elles forment en se combinant lui échappent ; et on aura

alors l'idée de ce que la cécité présente de frappant et de carac-

téristique ? , ,

Ajoutons que, certains de ces malades peuvent reconnaître

leur nom, soit imprimé, soit écrit, sans pouvoir distinguer au-

cune des lettres qui le composent. Il se produit chez eux quel-

que chose d'analogue à ce que l'on observe chez les sourds-

muets auxquels on apprend à lire en leur dessinant un objet

qu'ils connaissent,, une maison par exemple, et en mettant en

lettres au-dessous du dessin le nom,de cet objet « maison ».

Après quelque temps d'exercice, le dessin ou la vue d'une mai-

son réveillera dans leur esprit un autre dessin : ce qui a été

écrit' au-dessous, le mot maison. D'un autre côté, le mot écrit z

maison sollicitera le souvenir du dessin qui se trouvait au-des-

sus"de ce mot. De même, -chez les. malades atteints.de cécité

des'mots, le'dessin, la configuration de leur nom réveille une ,

image d'un autre genre, l'image tonale de leur nom, comme

le dessin d'un objet quelconque réveillerait l'image tonale ou.

le nom de 'cet objet.

"On trouve dans la littérature médicale des cas de cécité des

mots qui remontent assez loin, ainsi, le cas du Dr Spalding

date de' 1772. .

Devenu subitement aphasique, le Dr Spalding put écrire *

quelques lignes avec des traits aussi bien formés qu'il n'avait

jamais fait de sa vie, mais il ne put les lire pendant quelques ►

heures. C'est un cas de cécité des mots de très courte

durée. ,-i

L'observation si connue du professeur Lordat nous offre un

cas complexe ; la perte de la paro'e y est accompagnée de l'a- '

graphie ainsi que de la cécité et de la surdité, des mots. 1 Quant "

DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 217

à la cécité des mots qui, seule, nous occupe pour' le moment,

voici comment Lordat décrit son état : « Je me trouvais privé

de la valeur de tous les mots. En perdant le souvenir des mots

entendus, j'avais perdu celui de leurs signes visibles. La syn-

taxe avait disparu avec les mots ; l'alphabet seul m'était resté,

mais la jonction des lettres pour la formation des mots était

une étude à faire. Lorsque je voulus jeter un coup d'oeil sur le

livre que je lisais, quand ma maladie m'avait atteint, je me vis

dans l'impossibilité d'en lire le titre, etc. » On comprend plus

facilement ce cas complexe après avoir étudié les cas-types.

Dans le travail de ); orbes Winslow, on trouve deux cas de

cécité des mots. Les deux observations sont très incom-

plètes ; dans le tableau clinique qu'elles présentent il n'y a

que le fait frappant de la cécité des mots qui se trouve men-

tionné. '

a) Un homme âgé de soixante-cinq ans, à la suite d'une

attaque d'apoplexie, fut dans l'impossibilité de lire et même de

distinguer une lettre d'une autre; mais, si un nom ou une

phrase étaient prononcés devant lui, il pouvait les écrire immé-

diatement et avec la plus grande exactitude. Néanmoins, il était

incapable de lire ou de distinguer ce qu'il avait écrit. ''

b) Un homme, à la suite d'une blessure à la tête,' était inca-

pable de lire, mais il était cependant en état d'écrire très cou-

ramment et très correctement. ' '

Trousseau, dans son discours prononcé à l'Académie de mé-

decine en 1865, cite le cas d'un malade dont « l'intelligence

était frappée d'une façon singulière ». ? "

Cet homme devient aphasique et hémiplégique,' droit à la (

suite d'une attaque. Il ne peut plus lire ce qu'il vient,[d'écrire ,

très correctement lui-même, comme la phrase suivante : « Je

suis bien heureux, Monsieur,' d'être 'venu vous voir, j'espère

m'en retourner guéri. » Il n'est pourtant pas amblyopique,.

ainsi qu'on s'en assure facilement en lui faisant ramasser à

terre une épingle, etc. ' ' ' i ' u

La même année, M. Van den Abeele publie une observation "

« d'amnésie de l'écriture avec conservation de la parole » qui t

est un cas très net de cécité des mots, persistant quelque'temps'

après la disparition de tout trouble de la parole. ' °

M-6 X..., âgée de quarante-six ans/devenue hémiplégique

droite et aphasique après une attaque, recouvre la parole au J

bout de'quelque temps.- Elle peut écrire, mais elle' est inca1'"

2)8- ? '' 'REVUE CRITIQUE. ' "'

pàblé de reconnaître une seule lettre soit imprimée, soit écrite

par elle-même. « Elle' voyait l'écriture, mais elle était inca-

pable de traduire les lettres en mots et en idées. » Cependant,

elle reconnaît les dessins et explique la signification des

rébus.' '" l '

' Une'observation prise 'avec beaucoup de soin, quant aux

troubles' delnature aphasique et qui est due à M. Broadbent,

parut en 1872. '

En voici le résumé, fait par l'auteur lui-même.

Après une attaque cérébrale aiguë, impossibilité absolue de

lire les mots écrits ou imprimés (excepté le propre nom du

patient) ; le malade pouvait pourtant écrire correctement sous

la dictée,' composer et écrire les lettres lorsqu'on l'y aidait un

peu. Impossibilité de se rappeler le nom des objets même les

plus familiers, même lorsqu'on les' lui montrait ; toutefois, il

causait d'une façon intelligente, employant un vocabulaire

étendu et varié, faisant peu de fautes, mais oubliant de temps

à autre lés noms des rues, des personnes et des objets. Mort

par apoplexie, athérome étendu des vaisseaux cérébraux. An-

ciens caillots dans l'hémisphère gauche avec ramollissement

'de la substance cérébrale siégeant en dehors du ventricule laté-

ral, à son union avec'le prolongement sphénoïdal. Hémorrha-

gie récente au même endroit.

' En 1874, M. Westphal a présenté à la Société d'Anthropolo-

gie de Berlin un aphasique qui n'arrivait à lire ce qu'il écrivait

lui-même qu'au moyen d'un artifice. Il traçait avec son doigt

,les lettres des mots qu'il venait d'écrire et lisait ces derniers

tout en les traçant. M. Kùssmaul croit que ce malade, homme

intelligent, pouvait transformer les images des lettres écrites

en images tonales et combiner ces dernières en images ver-

bales. Nous pouvons admettre que c'est par l'impression tac-

tileque 'ce malade réveillait dans son esprit le nom des lettres

qu'il traçait avec son, doigt. ' , ,

Dans, la thèse d'agrégation de M. Legroux (1875), nous trou-

vons un cas de cécité des mots cité comme cas rare et curieux

à étudier. Malheureusement, l'observation est très incomplète ;

,1'examen de l'écriture n'a pas été fait.

Enfin, en,1876, parait le mémoire de M. Kùssmaul « sur les

troubles de la parole » ; l'auteur a consacré à la description de

la. cécité et de la surdité des mots, un chapitre, dans le-

quel il a réuni quatre cas de cécité des mots déjà publiés et

DE LA CÉCITÉ ET DE. LA SURDITÉ DES MOTS. 2

dont nous avons déjà parlé : ce sont les cas de MM. Broadbent,

von den Abeele, Westphal et Lordat 1. Mais, c'est à M. Kuss-.

maul que revient le mérite d'avoir décrit le premier ce trouble

et de lui avoir donné un nom (cécité des mots, cecitas verbale's,

Wortblindheit). Jusqu'alors, les cas de cécité des mots avaient

été décrits comme des phénomènes curieux de la nature, une

singulière forme d'aphasie, et nous les voyons pour la plupart

isolés, non classés ou bien encore à côté des cas qui en diffè-

rent notablement. - M. Küssmaul insiste beaucoup sur la

possibilité de confusion entre la, cécité des mots et l'aphasie

accompagnée d'hémiopie bilatérale, confusion que nous verrons

pourtant se faire encore plus tard. , Ail

M. Galezowsky,, dans son étude, sur les amblyopies et les

amouroses aphasiques, parue la même année, fait une distinct

tion très nette entre ce qu'il nomme amblyopie aphasique sans

lésion ou amblyopie amnésique, et l'aphasie accompagnée d'hé-

miopie. Dans la première catégorie, il range quelques, cas cités

par Trousseau. Ces malades, tout en' voyant les lettres . et les

mots, n'en comprenaient pas bien le sens ou la valeur. Tous,

ils étaient agraphiques., . I

, L'auteur passe sous silence le cas de Trousseau que nous

avons déjà cité, où la cécité des mots apparaît dans toute, sa

netteté. i

Trois années plus .tard (1879), M. N. Guéneau de Mussy pu-

blie un cas de cécité des mots, où ce trouble a précédé de douze

jours les désordres de la parole. ' . \ , "·,

M. L..., âgé de soixante-huit ans, écrivait correctement sous

la dictée et pouvait bien rédiger les lettres d'affairés, mais il

lui était impossible dé lire. Il voyait nettement les lettres,

mais il en avait oublié la signification. Il pouvait en" même

temps lire l'heure sur un cadran. L'auteur ajoute, et avec rai-

. son, selon nous, que le malade pouvait deviner l'heure par

habitude, L'exanee opllaalmoscopzqece, pratiqué par Galezowslip,

ne révéla aucune lésion. Pendant plus de douze jours, le malade

a pu s'exprimer avec facilité et même avec élégance, l'aphasie

n'est survenue qu'après ce temps. , ?

Voici comment l'auteur comprend ce fait : « Le malade écri-

vait, dit-il, correctement, mais c'était tellement une action

automatique, instinctive, qu'il ne pouvait pas lire les ' mots

112. Hormis a donné, en 1877,' un résumé de ce chapitre dans sa' thèse :

« Essai sur les troubles de' la parole, n ' m ' ' 1

22 J . REVUE CRITIQUE.

qu'il avait écrits. L'aphasie n'est probablement qu'un épisode

d'un trouble psychique plus général, l'oubli de la valeur des

signes, qu'on pourrait appeler l'anidie ou mieux asématomné-

sie. Y a-t-il une mémoire distincte pour les signes fournis par

la vue et pour ceux'qui sont fournis par l'oreille ? Je crois qu'il

ya plutôt là,une question de degré qu'une question de locali-

sation. ,

,En janvier 1880, M. Magnan a fait une communication à la

Société de Biologie sur deux cas de cécité des mots, et a pré-

senté à cette Société le second de ses malades.

Le premier de ces malades, M. X..., âgé de soixante-cinq ans,

négociant, devient hémiplégique droit et aphasique à la suite

d'une attaque avec chute et .perte de connaissance. Pendant

plus d'un mois, il ne peut prononcer que quelques mots. Une

légère amélioration survient peu à peu. Le malade s'exprime

plus facilement, mais les noms des objets et des personnes lui

manquent encore dix mois après l'attaque. Il peut suivre une

conversation, s'y intéresser et paraît comprendre tout ce qui se

dit. Il peut écrire soit spontanément, soit sous la dictée, mais

lentement et avec peine. Chaque fois qu'il vient voir M. Magnan,

il rédige une note relative à son état. Invité à la lire, il s'en

montre absolument incapable. Le malade ne reconnaissait

jamais une lettre quelle qu'en soit la dimension. Il n'était pas

amblyopique.

Ce cas et celui de Trousseau, qui lui est analogue, sont les

plus beaux exemples de cécité des mots, qu'on connaît. On

pourrait y rapprocher les deux cas de Winslow, si le tableau

clinique en était plus complet.

Le second malade de M. Magnan, M. C..., âgé de soixante-

quatre ans, hémiplégique droit et aphasique, pouvait écrire soit

spontanément, soit sous la dictée. Les premiers jours de son

entrée à l'asile, il reconnaissait, non sans peine, certains mots,

entre autres : n je ne puis » ; quelques jours après il ne distin-

gue plus aucune lettre. Il sait compter jusqu'à cent, mais il

écrit mal les chiffres et est incapable d'en reconnaître un seul.

Il voit tous les objets qu'on lui présente, il voit les lettres, mais

ne comprend pas leur signification.

Voici ce qu'on trouva à l'autopsie de ce malade, mort dix-

huit mois après, et qui fera le sujet d'une communication pro-

chaine de M. Magnan à la Société de biologie. Dans l'hémis-

phère gauche, un foyer de ramollissement occupant le lobe

DE LA CÉCITÉ ET' DE1 LA SURDITÉ DES MOTS. 231

occipital et sphénoïdal et se terminant a la racine'des lobules

pariétaux supérieur et inférieur. Un petit foyer de ramollis-

sement au pied de la deuxième circonvolution frontale ; tout

le pédicule de la troisième frontale est criblé de très' petits

foyers de ramollissement. Dans l'hémisphère droit, un petit

foyer de ramollissement sur la face inférieure du lobe frontal/

Un autre point ramolli au pied de la deuxième circonvolution

frontale. Une plaque (jaune) de ramollissement à la partie pos-

térieure du lobule pariétal supérieur. ' ' ' ' *" ""

M. Magnan a terminé sa communication par la description

du schéma dont il se sert à son cours, et qu'il à imaginé pour

expliquer les différents phénomènes dans l'aphasie. '" ' 1 " ?

Ce schéma s'appuie, d'une part, sur la localisation des diffé-

rents centres sensitifs dans l'écorce cérébrale, et, d'autre' part,1

sur l'acquisition à l'aide de nos sens de toutes les notions' que

nous avons sur le monde extérieur. ' " ` I

Les centres sensitifs sont indiqués sur ce schéma d'après,les

recherches de MM. Ferrier et Munck. 1-

C'est Pannizza (1855) qui fut le premier à établir que

« toutes les circonvolutions des lobes postérieurs du cerveau

concourent à la fonction visuelle s. Il a, fait de nombreuses

recherches physiologiques et a cité deux cas de cécité avec

lésion du lobe occipital. En 1874, Hitzig admettait qu'une

lésion destructive du lobe occipital produisait la cécité du côté

opposé. Ensuite, MM. Ferrier,, Munck, Nothnagel, Luciani et

Tamburini ont étudié la question tant au point de vue expert

mental que sous le rapport de l'anatomie pathologique. Ces

observations, tout en différant quant au' siège précis du centre

visuel, admettent tous que ce centre se trouve dans la partie

postérieure du cerveau et'qu'il ne dépasse pas en avant le pli

courbe ; le centre auditif serait placé dans les circonvolutions

sphéno-temporales.

De nouvelles et nombreuses recherches sont encore néces-

saires pour résoudre la question. Cependant, ces faits cliniques

rassemblés par Panizza, MM. Ferrier, Huguenin, Nothnagel,

Luciani et Tamburini indiquent déjà que'la localisation des cen-

très sensitifs n'est pas une hypothèse gratuite, mais qu'elle a

un fond scientifique. Les cas de cécité et de surdité des mots,

avec lésion siégeant dans les points indiqués, viennent à l'appui

de cette manière de voir : ' ' ' '

Quant à l'acquisition de nos' notions sur les' objets 'qui nous

232 REVUE CRITIQUE.

entourent, il est connu que les notions les plus simples en ap-

parence sont très complètes en réalité. Tout objet frappe plu-

sieurs de nos sens à la fois et fait naître autant d'images sen-

sitivés dont l'ensemble constitue l'idée que nous nous sommes

faite' de cet objet à l'aide de nos sens. Ajoutons que l'impres-

sion se forme dans un premier centre en sensation et celle-ci

dans un second centre (ce serait le centre cortical) en image,

« sensation qui garde son aptitude à renaître » (Taine)., Ces

différentes images sensitives sont transmises vers le centre de

la formation des mots (pied de la troisième circonvolution avec

les parties qui l'entourent), où l'ensemble de ces images prend

sa'formule, son nom. Ce nom, à l'aide de fibres de transmis-

sion, atteint le bulbe, d'où les fibres nerveuses qui animent

les diverses parties de l'appareil de la phonation vont le pro-

jeter au dehors. Donc, l'impression produite par un objet,

avant que le nom de cet objet soit prononcé par nous, parcourt

les- trois étapes suivantes : 1° de la périphérie vers le centre de

la formation des mots ; 2° de ce centre au bulbe ; et, 3° du bulbe

au dehors.

Les troubles de l'aphasie se produisent suivant la partie de

ce trajet qui est atteinte. Si c'est le centre de la formation des

mots qui est lésé, on aura l'amnésie verbale : le nom de l'objet

est non avenu pour le malade.' '- Si la lésion siège dans l'ap-

pareil'de transmission, on aura la logoplégie ; le malade a le

nom et la notion de l'objet, mais il est incapable d'approprier

le nom à l'objet qu'il sert à désigner.-Si c'est la voie de trans- .

mission entre le centre visuel et le centre de la formation des

mots qui est atteinte, nous aurons la cécité des mots. Le ma-

lade a l'image visuelle de tous les objets ainsi que des lettrés;

mais il ne sait pas rapporter le vrai nom à la lettre qu'il voit.-

Si c'est dans les fibres conductrices qui vont du centre auditif

au centre de la formation des mots, que siège la lésion : nous

aurons la surdité des mots. Le malade entend le bruit pro-

duit par l'énonciation des mots, il a la notion de ces mots, car

il comprend les mots écrits, mais il ne sait pas approprier le

mot au son que ce mot sert à désigner.

Après la communication de M. Magnan, qui attira l'attention

sur ce sujet, nous voyons paraître dans le courant de la même

année une observation publiée par M. Maurice Valentin et une

communication faite par M. Déjerine à la Société de Biologie.

Le malade de M. Maurice Valentin sait copier et écrire quoi

DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. ' 233

que ce soit sous la dictée. Il articule nettement les mots impri-

més, mais sans comprendre leur signification, comme s'il lisait

dans une langue étrangère dont il ne connaît que les règles de

prononciation, sans comprendre la valeur des mots. Dès que la

même phrase est prononcée à haute voix par une autre personne,

il témoigne par ses actes qu'il l'a comprise.

Ce cas prête à discussion, d'autant plus que l'auteur ne cite

qu'une seule phrase qui lui a servi pour poser le diagnostic de

cécité des mots.

La malade de M. Déjerine, M-, R.... âgée de trente-neuf

ans, est atteinte d'aphasie et de cécité des mots incomplètes,

elle peut prononcer des phrases entières et nommer certains

objets. La malade reconnaît son nom écrit, et elle ne peut lire

que quelques mots, « Pont-Neuf», par exemple, mais sans les

comprendre. Elle écrit spontanément et peut copier; elle peut

lire un nombre de trois chiffres sans comprendre la valeur de

ce nombre, et elle écrit correctement plusieurs chiffres sous la

dictée. A l'autopsie, on trouve un sarcome névroglique dans

le lobule pariétal inférieur gauche. ,, ,,

La même année,M.Robin, dans sa thèse d'agrégation, a con-

sacré un chapitre à la cécité des mots. L'auteur cite les cas de

M. Magnan et de M. N. Guéneau de Mussy, et, à côté de ces cas

types de cécité des mots, il en place d'autres qu'une connais-

sance superficielle de la question eût suffi pour éloigner et

séparer complètement : le cas de M. Dor (cas d'hémiopie), celui

de Delacroix (de Reims) (cas d'aphasie dite ataxique) et enfin

ceux de MM. Fùrstner et Reinhard (cas de paralysie générale

avec hémiopie).

M. Kùssmaul a attiré l'attention, comme nous l'avons déjà t

vu, sur le diagnostic différentiel entre la cécité des mots et l'a-

phasie avec hémiopie bilatétale. Nous avons signalé dans notre

thèse la possibilité de confusion entre la cécité des mots et cette

forme d'aphasie, qui porte le nom d'aphasie ataxique. Les ma-

lades atteints de cette dernière forme d'aphasie, tout en ayant

conservé la lecture mentale, tout en comprenant ce qu'ils

lisent, ce dont il est facile de s'assurer, sont en même temps

incapables de lire à haute voix, parce qu'ils ont perdu la mé-

moire de l'articulation des mots. Nous avons vu plus d'une fois

le cas de Martinet, cité par Bouillaud dans son Traité de l'encé-

phalite et qui appartient à cette forme d'aphasie, placé à côté

des cas de cécité des mots. ( , 1 J

224 ' REVUE CRITIQUE.

Nous avons réuni dans notre thèse, parue en 1881, les obser-

vations de tous les cas que nous avons déjà cités en y ajoutant

une observation qui nous est personnelle. C'est sur cette

malade que nous avons obtenu un résultat positif en cher-

chant, selon le conseil de M. Magnan, à réveiller chez elle la

signification des lettres par l'intermédiaire des impressions

tactiles; en d'autres termes, cette malade, qui ne connaissait

plus les lettres à la vue, a appris à les distinguer de nouveau

par le toucher (lettres en relief). A notre connaissance, les

recherches de ce genre n'avaient pas encore été faites.

Voici le résumé de cette observation :

1-11 Ch..., âgée de trente-trois ans, fleuriste, devient subitement

aphasique et hémiplégique droite. Six mois après, elle cause assez

bien en s'arrêtant par moments pour chercher un mot. De la main

gauche et d'une écriture « en miroir » qu'on peut lire par transpa-

rence (écriture décrite par Erlenmeyer) elle écrit son nom, quelques

lettres, comme A, 0, E, J, L, M, et les chiffres 5, 3, 7, 8, 2, 0, 10,

etc. Elle peut copier des mots entiers, mais lentement, difficilement,

comme un dessin. Quant à la lecture, la malade ne reconnaît au-

cune lettre sans toutefois avoir oublié le nom des lettres en géné-

ral, car elle peut nommer quelquefois au hasard plusieurs lettres.

Elle reconnaît son nom manuscrit, mais non lorsqu'il est imprimé,

sans pouvoir distinguer aucune lettre dans ce mot. Quelque temps

après son entrée à l'asile, nous lui présentons à toucher de gros

caractères mobiles en relief ; elle ne peut reconnaître une seule

lettre, ni son nom fait avec ces caractères. Ce n'est qu'au bout d'un

mois, en s'exerçant tous les jours, les yeux fermés et ouverts, qu'elle

apprend à bien toucher ces caractères. Puis, elle parvient à recon-

naître au toucher la lettre 0. Si le nom de la lettre se faisait

attendre, elle la nommait parfois « zéro. » Après plusieurs mois

d'exercice, elle ne se trompait plus pour la lettre 0. La seconde

lettre qu'elle apprit à connaître fut la lettre C ; lorsqu'elle ne

pouvait se rappeler le nom, elle disait en la touchant : « C'est

mon nom, c'est moi, c'est Ch. » La troisième lettre fut I. C'est

un 1 (chiffre un) ou « un point sur » disait-elle en cas d'oubli

momentané du nom de la lettre. Ensuite, elle put reconnaître les

lettres L, F, N, H, etc., mais elle se trompait assez souvent. En gé-

néral, elle apprenait très difficilement les nouvelles lettres, mais

elle réunissait facilement en syllabes et mots les lettres qu'elle con-

naissait déjà. En cherchant quelquefois le nom d'une lettre déjà

connue, elle nommait au hasard plusieurs lettres et même quelques

lettres qu'elle ne distinguait pas encore au loucher et dont on ne

lui avait pas dit encore le nom. Ce n'est donc pas le nom qui lui

manquait, mais la possibilité d'approprier le signe tonal à la figure

DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 225 5

qu'il devait exprimer. Parfois, la malade reconnaissait les lettres en

les traçant avec son doigt. Nous pouvons rapprocher de ce cas le cas

de M. Westphal, dont le malade ne pouvait lire qu'en traçant ainsi

les lettres avec son doigt.

Pour expliquer le cas de notre malade, revenons au schéma

de M. Magnan, dont nous avons donné une description com-

plète dans notre thèse, et rappelons que l'exercice, l'éducation

font naître entre les différents centres où se forment les images

sensitives d'un objet quelconque des associations secondaires. *'

C'est grâce à ces nouveaux liens organiques qu'une seule image

d'un objet peut réveiller une autre image de cet objet et même

l'idée entière, c'est-à-dire toutes les images de cet objet;

comme au timbre de la voix, par exemple, nous reconnaissons

une personne sans la voir. Ceci explique pourquoi M-0 Ch.

pouvait réapprendre les lettres à l'aide du toucher. C'est l'image

tactile qui remplaçait chez elle l'image visuelle pour réveiller

le nom de la lettre.

La connaissance de la cécité des mots, intéressante sous bien

des points de vue pour tout médecin, est d'une importance ca-

pitale pour le médecin légiste. Qu'on se figure un aphasique

atteint de cécité des mots complète, mais non agraphique, qui

fait son testament, le date, etc. Que dire, comme le fait remar-

quer M. Magnan, de ce testament si bien écrit par une personne,

ne pouvant pas lire, si l'on est dans l'ignorance de ces faits qui

seuls peuvent le faire comprendre ?

Ajoutons encore que, si l'on considère avec M. Kùssmaul le

cas de Lordat comme un exemple de la cécité des mots, on

pourra et on devra classer dans la même catégorie tous les

aphasiques qui perdent en même temps la parole, l'écriture et

la lecture (mentale). Ainsi comprise, la cécité des mots devient

un fait commun.

B. De la surdité des mots. On désigne sous le nom de sur-

dité des mots, le défaut de compréhension des mots sans qu'il y

ait lésion de l'organe de l'ouïe, l'état intellectuel étant suffisam-

ment conservé pour que le malade soit à même de comprendre

ces mots écrits ou expliqués à l'aide de gestes. Ce trouble

accompagne ordinairement l'altération du langage articulé.

Au premier aspect, ces malades se présentent comme sourds

ou aliénés, bien qu'ils ne soient en réalité ni l'un ni l'autre. Des

erreurs de ce genre ont été souvent commises. En bon clinicien

15 5

226 REVUE CRITIQUE.

qu'il était, Baillarger a déjà fait cette remarque; mais il ne s'y

` est pas arrêté et n'a pas publié l'observation de sa malade.

. Les réponses de ces malades ne sont pas conformes aux ques-

tions qu'on leur adresse à haute voix, si, toutefois, on a eu la

précaution de ne pas accompagner les questions de gestes ex-

pressifs ; les troubles de la parole qui coexistent avec la surdité

des mots rendent leurs réponses encore plus singulières. En

- même temps, si l'altération de la parole n'est pas très accusée,

i ces malades peuvent très bien répondre aux questions qui leur

sont posées par écrit ou à l'aide de gestes.

L'examen plus attentif fait exclure toute idée de surdité, car

ces malades entendent les moindres bruits. Le tic-tac d'une

montre, le bruissement des feuilles d'arbres, le bruit de paroles,

, etc., leur font, tourner la tête du côté d'où vient le bruit. Ils

peuvent distinguer au timbre différentes sonnettes. Ils peuvent

' apprendre à chanter une mélodie, sans paroles, cela s'entend.

- Lorsqu'on leur parle, ils n'entendent qu'un bruit confus, sans

pouvoir distinguer les syllabes et sans saisir la signification

des mots. Quelques-uns de ces malades répondent à l'appel de

leur nom. Ils le perçoivent comme un bruit connu dont ils ne

distinguent aucune des parties constituantes ; il est probable

,,que c'est là un acte réflexe.

«- En 1871, M. Schmidt publie un cas de surdité des mots, dont

voici le résumé :

M-11 X ? âgée de vingt-cinq ans, devint aphasique à la ? suite d'une attaque non suivie de paralysie. Les premiers jours

3 après l'attaque, elle ne comprenait pas un seul mot, et, pour se

f faire comprendre d'elle, on se servait de l'écriture. Elle lisait et

écrivait facilement. Elle entendait le tic-tac d'une montre, dis-

zinguait au timbre deux sonnettes. Quelques jours après, on

« remarquait déjà une légère amélioration, qui fut du reste suivie

de guérison, la malade entendait lorsqu'on prononçait les

. voyelles séparément et elle les répétait.

r Comme la malade l'expliqua plus tard, elle entendait par-

faitement lorsqu'on parlait, mais ne percevait les mots que

, comme un bruit confus.

En 1874, M. Wernicke présente deux cas de surdité des mots

^' qu'il a décrits sous le nom d'aphasie sensorielle. - Il émet

cette hypothèse que l'insula contient des arcs psycho-réflexes

b' qui réunissent la partie sensitive (temporale) à la partie mo-

Mrice (frontale) des circonvolutions qui bordent le sillon de

DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 227

Rolando. Il considère la troisième circonvolution frontale

comme le point où aboutissent les nerfs qui animent les

muscles de l'appareil de la phonation. Cette hypothèse ne

trouve aucun, appui dans les faits cliniques. Ces observations

n'en ont pas moins un grand intérêt. , - 1

i -

M-1 S. A..., sujet de sa première observation, est atteinte d'aphasie

incomplète. Elle emploie parfois des mots défigurés, cependant, la

signification de ses phrases, que l'on comprend en général, esl-tou-

jours logique. Il n'y a aucune trace de pertes d'idées ;' mais elle

ne comprend absolument rien de ce qu'on lui dit, et répond'' tout

de travers aux questions qui lui sont adressées. Cependant ? 1 on" doit

avoir soin de ne pas se trahir par des gestes,' qu'elle comprend par-

faitement. En effet, on pourrait croire qu'elle comprend les mots en

, l'entendant répondre exactement aux questions qu'on lui aadressées

Elle est de plus agraphique. A l'hôpital, elle a appris à chanter, une

, mélodie qu'elle avait entendu chanter par une autre·malade. =

^ Guérison. - - , . ' tSM

" La'seconde malade de M. Wernicke, M-1 R..., âgée de soixante-

quinze ans, aphasique, répondait de travers à toutes les questions

non accompagnées de gestes. Les phrases qu'elle prononçait étaient

correctes. u"

A l'autopsie, on trouve un foyer de ramollissement siégeant dans

la première circonvolution temporo-sphénoïdale et dans une grande

partie de la deuxième. : ... ' in.

. - . X "

En 1876, M. Küssmaul a réuni, dans le mémoire que nous

avons déjà cité, quatre observations de surdité des mots : celles

t de MM. Wernicke, Schmidt etLordat, et c'est à lui que ce trou-

ble doit son nom de surdité des mots (surditas verbalis, Wort-

taubheit). Nous avons déjà donné le résumé des observations de

MM. Wernicke et Schmidt. Quant à celle de Lordat, la surdité

des mots se manifestait en ce que « les mots résonnaient à son

oreille sans qu'il pût les comprendre». Répétons que c'est un

cas très complexe, qu'on ne comprend qu'après avoir étudié à

, part, dans d'autres cas types, chacun des troubles qu'on y

rencontre. En 1878, M. Broadbent publie une observation avec

autopsie. , 1

Son malade, aphasique incomplet, ne comprenait pasrce

qu'on lui disait; lui demandait-on de donner la main, il tirait

la langue, etc. ; une ou deux fois, l'acte exécuté parut d'accord

avec l'ordre donné, mais seulement lorsqu'il était accompagné

de gestes expressifs. Le malade ne pouvait pas lire.

228 . REVUE CRITIQUE.

A l'autopsie, on trouva un vaste foyer de ramollissement

'occupant la moitié postérieure de la surface convexe de l'hémis-

phère gauche. Le ramollissement englobait le lobe temporal

plus complètement que le lobe pariétal.

- L'année suivante; MM. Kahler et Pick font paraître plusieurs

publications sur la surdité des mots, où ils citent quelques obser-

vations nouvelles de ce trouble.

, Leur, première malade, âgée de quarante-deux ans, ne com-

. prend pas les questions qu'on lui pose, cependant, elle les en-

tend et remue la tête chaque fois qu'on lui adresse la parole

ou qu'elle entend un bruit. A l'autopsie, on trouva les cir-

convolutions du lobe temporal ainsi que la troisième frontale

gauche ramollies. , i

Dans le second cas, il s'agit d'un aphasique qui ne comprend

pas les mots, bien qu'il entende parler; il n'exécute les ordres

qu'on lui, donne que lorsqu'on les traduit par des gestes expres-

sifs et ne présente en même temps aucune lésion de l'appareil

auditif. A l'autopsie, on trouva une pachyméningite et un

caillot comprimant le lobe temporal et la troisième circonvo-

lution, frontale du côté gauche.

Le troisième malade, aphasique avec des troubles de la parole

très accusés, entend tout les sons ainsi que le bruit des paroles,

mais sans les comprendre. Il saisit bien les gestes et même les

mouvements de la bouche et des lèvres. Il ne sait écrire

spontanément que son nom qu'il sait lire. Il peut copier ; si

,on liai donne à lire quelque chose, il émet toute une série de

syllabes qui ont quelque rapport avec ce qui est écrit, mais il

estropie les terminaisons. Les questions écrites restent incom-

,préhensibles pour lui.

Le tableau clinique de ce cas n'est pas assez complet. On ne

saisit pas pourquoi le malade ne comprend pas les questions

écrites. Est-ce parce qu'on n'insiste pas assez pour qu'il y prête

'toute son attention, ou parce qu'il est atteint aussi de la cécité

,es Mot ? Pu

,9, Sa manière de lire, très défectueuse, il est vrai, mais où l'on

saisii quelque rapport avec ce qui est écrit (cas si fréquent dans

l'aphasie dite ataxique), fait rejeter l'idée de l'existence de la cé-

' cité des mots dans ce cas.

Les autres observations citées par MM. Kahler et Pick, inté-

ressàntes quant au siège de la lésion, ne sont pas très com-

clinique ne fait pas assez ressortir les signé

DE LA CÉCITÉ ET DE LA SURDITÉ DES MOTS. 229

qui permettraient de poser sûrement le diagnostic de surdité des

mots. ( ` '"

En 1880, deux cas ont été observés dans le service de

M. Meynert, à Vienne. Le premier est publié par M. J. Fritsch.

- Mme X..., aphasique sans présenter aucun phénomène' de

paralysie, entend les moindres bruits, mais ses réponses ne

sont jamais conformes aux questions qu'on lui adresse. A,I'au-

topsie, on trouve un foyer de ramollissement occupant'toute

la première circonvolution temporo-sphénoïdale et la partie

postérieure de la deuxième temporo-sphénoïdale. ' ' il, '

Le second cas appartient à M. Pasternatzky. La malade,

âgée de vingt-trois ans, aphasique, entend bien tous les sons

et les bruits, mais répond de travers aux questions qui ne sont

pas accompagnées de gestes expressifs. >

Dans notre thèse, nous avons réuni toutes les observations

citées plus haut. Voici le résumé de l'observation qui nous est

personnelle.

M. G..., âgé de cinquante-quatre ans, menuisier en voitures, de-

vient aphasique il y a cinq ans. Deux ans après, on commence à

s'apercevoir qu'il ne répond plus ou répond de travers aux ques-

tioe qui lui sont faites à haute voix et qui ne sont pas accompa-

gnées de gestes; il comprend pourtant les questions écrites. Trois

ans plus tard,- attaque d'apoplexie avec perte de connaissance,

chute dans la rue, mais sans paralysie à la suite. Amené à l'asile,

il répond à toutes les questions par la même phrase : « Boulevard

de Grenelle, 131 ». Sa fille vient demander de ses nouvelles ; il

la reconnaît, l'embrasse, mais à tout ce qu'elle lui dit, il répond

invariablement par la phrase citée.-11 lit, articule très nettement,

comprend ce qu'il lit, copie et écrit spontanément, dessine et fait

bien un calcul, mais il ne peut rien écrire sous la dictée.. 1

Il entend bien les sons et les bruits. Le son d'une cloche, le bruis-

sement de feuilles d'arbres secouées par le vent, une épingle qui

tombe sur la table placée derrière lui, le bruit de paroles, etc. lui

font tourner la tête et toujours dans la direction d'où part le bruit.

La phrase la plus simple, mais non accompagnée de gestes, n'est

jamais comprise par lui. Ainsi, par exemple, ennuyé de l'examen

qu'il subissait, il prend sa casquette et fait plusieurs tentatives pour

se retirer. Lorsqu'on l'en empêche, il ne se rassied que très irrité.

Si on lui dit alors : « Maintenant vous pouvez vous retirer », sans

accompagner cette phrase d'aucun geste, il ne bouge pas; mais au

moindre geste lui indiquant la porte, il était hors de la salle.

Il répondait toutefois à l'appel de son nom qu'il percevait comme

un bruit connu, sans pouvoir distinguer les parties qui le composent ;

230 1, T-. , REVUE CRITIQUE. j 'f

c'était un acte de réflexe pour lui, nous le répétons. L'examen

de l'ouïe, pratiqué par M. le docteur Gellé, n'a relevé aucune lésion

dé l'appareil auditif.

Il'est facile de ne pas confondre, comme le fait remarquer

M. Küssmaul, la surdité des mots avec l'aphasie accompagnée

de surdité (Banks), cas extrêmement rare. Il faut ajouter qu'il

est moins aisé de faire le diagnostic différentiel entre la surdité

des mots et l'amnésie verbale. Si l'amnésie verbale est incom-

plète et n'atteint que les substantifs, on ne la confondra pas

avec la surdité des mots, pour peu qu'on apporte la moindre

attention. Mais, dans les cas complexes, lorsque l'agraphie et

la cécité des' mots viennent s'ajouter à l'amnésie verbale com-

plète, ou bien lorsqu'un aphasique de ce genre n'a appris ni à

lire' ni N'écrire, le diagnostic différentiel entre l'amnésie ver-'

balé'et la surdité des mots devient impossible. Nous ne voyons

rien, au moins quant à présent, qui puisse nous conduire à

faire cette distinction.

' Tout dernièrement, M. Mathieu vient de faire paraître dans

les' Archives générales de Médecine (mai 1881) un article sur la'

surdité verbale. L'auteur donne comme exemples de surdité

des mots « les plus caractéristiques et les plus démonstratifs »

les 'observations de MM. Wernicke, Kahler et Pick ainsi que

l'observation de Broadbent, non pas celle que nous avons citée

avec les 'autres cas de surdité des mots et qui fut publiée en

1878, mais un cas qui est un exemple très net de surdité des

mots et qui date de 1872. Il mentionne enfin l'observation de

de M. Küssmaul, qui n'est pas rangée par cet auteur lui-même

parmi les 'cas' de surdité des mots. Du reste, le résumé de cette

dernière,'observation n'est pas complet; certains détails, d'une

grande importance pour des cas d'un diagnostic si délicat, n'y

sont pas mentionnés. ' ' '"

Si nous laissons de côté la question de la localisation des centres

sensitifs et si nous ne nous occupons que de la clinique, nous

voyons qu'après avoir passé en revue ces observations, M. Ma-

thieu arrive à cette conclusion que la surdité des mots n'existe

pas, comme une variété à part. « C'est une question de plus

ou de moins et rien d'autre », dit-il. Et si les malades ne com-

prennent pas ce qu'on leur dit, c'est l'effet d'un très grand

affaiblissement, de l'intelligence, des aphasiques atteints de

surdité, des mots en particulier. La plupart de ces malades,

ajoute-t-il,;ont été étudiés dans les asiles d'aliénés. Mais,- com-

DE LA CÉCITÉ ET DE "LA'SURDITÉ DES MOTS. z

merit expliquer alors le fait : que ces malades comprennent les É>

questions écrites, y répondent par écrit ou autrement, tandis

qu'ils ne peuvent comprendre les mêmes questions faites à

haute voix. Il est bien entendu, que ces malades ne présentent

aucune lésion de l'oreille. *ï

Quant à l'argument que la plupart de ces malades ont été

observés dans des asiles d'aliénés, nous n'en comprenons pas

bien la valeur. Le lieu où l'on rencontre le sujet à étudier

peut-il entrer en ligne de compte pour établir un diagnostic,

diagnostic qui, dans ces cas de surdité des mots, demande une'

analyse si fine et si délicate de son malade ? 1 Pl11" L . -r ,

On pourrait toutefois remarquer que le fait même que cette ,

étude se fait dans un asile d'aliénés est plutôt une condition

favorable, car l'on peut avoir sous les yeux une foule de sujets f

de comparaison et toutes les gradations dans l'affaiblissement, i

intellectuel. , , .. ,

Pour expliquer le fait que les individus atteints de surdité,

des mots comprennent les, questions accompagnées, de gestes

expressifs et ne répondent qu'à celles-là, M. Mathieu dit que

les aphasiques sont en général, très impulsifs dans leurs ré- ?

ponses. , ,, 1

, Mais, pourquoi deviendraient-ils plus impulsifs chaque fois

que la question est accompagnée de gestes ? , -d'

Si nous nous sommes arrêté si longtemps à réfuter les argu-

ments fournis par M. Mathieu, c'est qu'il est le seul en France

qui soit venu contester l'existence de ces troubles positifs,

quoique encore peu connus et peu étudiés, il est vrai. ? ,, , 1

Pour terminer, nous répéterons avec M. Mathieu que ce n'est

pas supprimer l'inconnu que de le nier, mais nous ajouteron "

que le seul moyen de supprimer cet inconnu, c'est de l'étudié^

avec une scrupuleuse attention et sans parti pris. ., ' ,, u ^

, n .}, > .1 . - ! .(.1 . r,

, BIBLIOGRAPHIE...^ 1, ,

. 1 1 ,If i il -

1. SPALDING. 1772 (Dr Cheyne, de Dublin, 1843), Essays on partial

dérangement of the mina, dans le troisième volume du journal The'

Hygeia; Lordat. Recueil périodique de la Société de médecine de

Paris, 'décembre 1820, p. 347;-FoasES WirrsLOw. Obscure diséases

o ? e'Brst ? ? Trousseau.' De l'aphasie, leçons cliniques recueillie ?

233 RECUEIL DE FAITS.

par M. Peter. Archives générales de médecine, 1 865 ; VAN DFN Abeele

Observation d'amnésie de l'écriture avec conservation de la parole.

Bulletin de l'Académie de médecine de Belgique, 1865, t. vin, p. 64 ;

Broadbent. Cérébral mechanis mof thought and speech, in Med. chir.

Trans. t. LV, au ; WESTPHAL. Zeitschrift fùr Ethnologie, 1874,

Verhandlungeiz der Berliner Gesellschaft sur Anthropologie (Séance

du 4 mai 1874, p. 94) ; LEGROUX. De l'aphasie. Thèse d'agrégation

4 875 ; - KùssMAUL. Die Storungen der Sprache, 4876 ; -1 GALE-

ÏowsKy. Sur les amblyopies et les amauroses aphasiques. Archives

générales de médecine, \ 87 '6, p. 642 Hornus. Essai sur les troubles

de la 'parole. Thèse de Paris 4877; - Noël Guéneau de AIUSSY.

Contribution à l'étude pathologique et physiologique de l'aznblyopie

aphasique (Recueil d'ophthulmologie, 1879, p. 129 ; Magnan.

Communication à la Société de Biologie. (Janvier 4880); Maurice

Valentin. Sur un cas d'aphasie d'origine traumatique (Revue médicale

de l'Est, t. grr. N. 6, 45 mars 1880); Déjerine. Comm. à la So-

ciété de Biologie. (Juillet 1880) ; Robin (A). Des troubles oculaires

dans les maladies de l'encéphale. Thèse d'agr. 1880 ; M110 NADiNE

Skwortzoff. De la cécité et de la surdité des mots dans l'aphasie.

Thèse de Paris, 1881 ; Schmidt. Allg. Zeitschrift f. Psychiatrie,

1871 ; NVERNICKE. Der aphasische Symptonzencoznple, -1784 ; -

Broadbent. The Lancet, mars 4878, p. 312 ; KAHLE et Pick.

Leitrage zur Lehre von der Localisation der llirnfunctionen. Viertel-

jahrsclae. f. d. prakt. Keilkunde. Prag. 1879. Heft. 1. 51. Ein Fall

von Worttaubheit. Yierteljalarschr. f. d. pr. Heilk. 4 879, t. gglv ;

Zur Localisation der Worttaubheit. (Vierteljahrschr. f. d. pr. H. 1879,

Bd. 11. p. 97) ; J. Fritsch. Wiener Medicinische Presse, 1880;

J. Pasternatzky. Journal russe. Wi,atsch. 1880, n° .'<8 ; Mathieu.

Archives générales de médecine, 4 879, et Archives générales de méde-

cine, mai 1 8 .

RECUEIL DE FAITS

Observations pour SERVIR A L'HISTOIRE DE l'atrophie MUSCU-

1 LAIRE.. Accès CONVULSIFS ET comateux. CRISES gastriques ;

- par A. JOFFROY. 1

Il est incontestable que, depuis dix ou douze ans, les notions

que nous possédons sur. l'atrophie, musculaire sont devenues

atrophie musculaire. 233 3

plus nombreuses etplus précises ; mais, il est à remarquer. que

presque tous les renseignements nouveaux dont s'est enrichie

la pathologie nerveuse sont relatifs aux altérations de* la

moelle, des méninges spinales et des nerfs, et aux manifesta-

tions qui les traduisent. L'encéphale, et le cerveau en particu-

lier, ont été en quelque sorte délaissés dans cette question,

ainsi que les méninges cérébrales, comme si des symptômes

cérébraux ne pouvaient pas exister dans quelques formes d'a-

trophie musculaire, et, même, comme nous allons le montrer

par un exemple remarquable, jouer un grand rôle dans l'his-

toire clinique de certaines formes spéciales.

C'est donc dans le but d'attirer l'attention des pathologistes,

sur les symptômes anormaux, et en particulier sur les symp-

tômes cérébraux qui se montrent parfois dans l'atrophie mus-

culaire, que nous publions l'observation suivante, sur laquelle

nous ne saurions trop attirer l'attention du lecteur. ;

Observation. Convulsions générales avec perte de connaissance a

seize ans; accès comateux répétés, suivis de paralysies partielles';

crises gastriques; paraplégie ; atrophie musculaire. ^ r ;

' rt .

Il n'y a aucun antécédent héréditaire à noter. X ? aujourd'hui

âgé'de vingt-quatre ans, est fils unique; son père est bien portant;

il y a lieu cependant de remarquer que sa mère est nerveuse et fort

impressionnable.

A l'âge de seize ans, en 1872, X... était au collège chez les

jésuites. Sans cause connue, il fut pris un jour subitement de ma-

laises, puis de convulsions généralisées avec perte de connaissance.

, Ces convulsions furent suivies d'un sommeil comateux qui persista

pendant trois jours. Quand le malade revint à lui, il ne se rappelait

de rien et ne savait pas combien de temps les accidents avaient

duré. Il ressentait une fatigue générale très marquée, mais ne pré-

sentait aucun trouble intellectuel. Le rétablissement complet de la

santé fut assez rapide.

Après la fin de son internat, X... alla en Allemagne et vécut dans

diverses Universités d'une vie irrégulière, mais dont il n'est pas pos-

sible de connaître les détails, X... se contredisant complètement

quand on l'interroge sur ce point à des époques éloignées. Mais, il

semble résulter d'interrogations multiples que le malade prolon-

geait souvent ses nuits et s'enivrait très fréquemment d'une manière

absolue. Y avait-il également des excès vénériens ? Le malade, ré-

pugne à donner le moindre renseignement sur ce point, mais sans

mettre la' même discrétion à parler de ses camarades'. '' " 'J> r

234' RECUEIL de faits. 't

C'est dans ces conditions,'1 qu'en 4 876, le malade passa à Verviers '

les fêtes du mardi-gras, qui furent pour lui l'occasion de fatigues

nouvelles. Fort tard dans la nuit, il sortit, tout en sueur, d'un

endroit surchauffé et rentra à la maison, horriblement fatigué, par

un temps excessivement froid. La nuit fut calme ; mais, le lende-

main matin à sept heures, il fut pris de vertiges, puis de perte de

connaissance. (Y eut-il des convulsions ? On ne sait pas bien.) Le

malade eut ensuite un sommeil comateux dont il sortit peu à peu,

en quelques heures, sans trouble de l'intelligence. On gagna ainsi

la nuit suivante, qui semblait ne devoir amener aucun accident,

lorsque le malade se réveilla vers les deux ou trois heures du

matin et fut surpris de trouver ses mains impuissantes et complè-

tement inertes. Les mains étaient tombantes, comme entraînées

uniquement par leur propre poids ; les doigts étaient faibles et à

demi fléchis, et presque complètement paralysés. A peine y avait-il

un léger mouvement volontaire d'extension dans l'articulation du

poignet. Il n'y avait pas de paralysie des muscles des bras ou des

épaules ; il n'y avait non plus aucun phénomène paralytique des

membres inférieurs, aucune altération de la sensibilité, aucun affai-

blissement de la vessie et du rectum.

Le malade était resté dans cet état, il y avait même une légère

amélioration, lorsque, un mois plus tard, il ressentit quelque ma-

laise, un peu d'inappétence et de faiblesse.' Quelques jours après, il

fut pris de crises gastriques , caractérisées par des douleurs exacer-

bantes au creux épigastrique, avec irradiations douloureuses dans

le tronc et les membres et une sensation très pénible de faiblesse

musculaire. Il y avait aussi un certain degré d'hyperesthésie

cutanée. Enfin, à chaque instant, les douleurs stomacales deve-

naient plus intenses et s'accompagnaient de nausées ou de vomis-

sements bilieux. Ces accidents ne prirent fin qu'après deux jours, et

alors le malade, se trouva plus affaibli et se servant moins bien de

ses bras. En outre, pendant quelque temps, il présenta une teinte

jaunâtre- des sclérotiques. En résumé, après cette crise, il y eut non

seulement perte de l'amélioration qui s'était produite, mais on

constata une aggravation manifeste des symptômes paralytiques.

Trois ou quatre crises semblables, séparées par un intervalle de

deux ou trois semaines, se produisirent successivement, détruisant

chaque fois l'amélioration produite dans la période de repos et

toujours augmentant l'impuissance musculaire. Entre deux crises,

il y eut au plus une période de deux mois de calme.

. Au mois de juin 4 876 (trois mois après le début), le malade, ayant

les mains pendantes et les doigts en griffe, alla à Spa. Là, il fut

soumis à un traitement hydrothérapique consistant en deux douches

froides par.jour, d'une durée de une minute, avec un jet excessi-

vement i iolent. - ' - - '

Au bout de quinze jours, survint une crise (la cinquième environ)

atrophie MUSCULAIRE. 235'

analogue aux précédentes, mais beaucoup plus forte. Cette crise,

précédée d'un affaiblissement progressif des membres inférieurs, i

ne consista qu'en douleurs excessivement vives avec vomissements ?

sans convulsions, ni délire, ni perte de connaissance..Après deux

ou trois jours, la crise cessa, et le malade put retourner chez lui, r,

marchant très , difficilement, traînant les pieds et buttant, au ,

moindre obstacle. C'est ainsi que, plusieurs fois, le malade est

tombé dans la rue. A partir de ce moment, X... a eu environ une

crise tous les mois, caractérisée essentiellement par les douleurs

stomacales excessives, avec nausées et vomissements se répétant

fréquemment pendant deux jours, disparaissant ensuite petit à.

petit le troisième ou le quatrième jour, et le laissant chaque fois,

avec un affaiblissement plus grand qu'auparavant. - * '

En février 1877, il y eut'une'crise très violente, après laquelle le

malade ne marcha plus qu'avec une extrême difficulté. Il soulevait

péniblement les cuisses, et la jambe pendait directement sans pou-j

voir être portée en avant par, la contraction des triceps cruraux; le,

malade était obligé de s'appuyer aux meubles. On ne se rappelle'

pas si, pendant cette crise, il a eu perte de connaissance; mais,,

ce qui est certain, c'est qu'à partir de ce moment il y eut une fai-'

blesse générale très accusée, des lypothimies fréquentes et même

des syncopes survenant à la suite de causes légères, par exemple

après une course en voiture trop prolongée. 1 1.

En mars, une crise -nouvelle survint, à la suite de laquelle-les'

épaules furent affaiblies, et c'est alors que le malade vint à Paris'

consulter M. Charcot, qui voulut bien confier ce malade à' mes ' 1

soins. Le traitement consista en deux douches quotidiennes, très'

courtes, et des applications méthodiques d'électricité (faradisation >

et galvanisation trois fois par semaine). ' '

Voici quel était alors l'état du système musculaire : les deltoïdes'

sont affaiblis, mais peu atrophiés. On constate dans ces muscles une

diminution peu considérable de la contractilité faradique, et la'

contractilité galvanique donne manifestement la réaction de dégé-l

nérescence. Ce n'est que très lentement et avec effort que le malade

parvient à "lever ses bras en haut ; mais, alors, il arrive presque à'

lever l'épaule aussi haut que possible. Il n'y a, en somme, qu'un

affaiblissement assez accusé et une atrophie peu considérable des''

deux deltoïdes. Les muscles des bras ne présentent rien de particu-

lier à noter. t -( ? ' t

. A l'avant-bras, au contraire, il y a une atrophie peu marquée des

fléchisseurs et des radiaux ; mais la diminution de volume est très

accentuée pour les muscles de la région postérieure. Cette lésion'

correspond à la chute de la main, qui est habituellement en flexion

légère sur le poignet, et à l'impossibilité où se trouve le malade de'

mettre cette articulation en extension. Les extenseurs de la main

et des doigts répondent très peu à la faradisation, mais ' répondent

236 RECUEIL DE faits.

à la galvanisation, et donnent très nettement la réaction de dégé-

nérescence.

A la main, les muscles interosseux et de l'éminence thénar sont

très atrophiés et présentent la même sorte de réaction électrique

que les précédents, la contractilité faradique étant à peu près nulle.

Du reste, l'atrophie de l'éminence thénar est tellement marquée,

que tous les muscles paraissent avoir complètement disparu à ce

niveau. La main est en griffe, flasque, mobile sur le poignet, et

constituant une vraie main de polichinelle. Le malade peut seule-

ment augmenter un peu le mouvement de flexion, et sa main ne lui

sert guère que comme un crochet ; elle lui est plus utile par sa dé-

formation en griffe que par la force musculaire très affaiblie qui

fait encore mouvoir les doigts dans des limites très restreintes.

,Aux membresn inférieurs, il y a un affaiblissement général du

système musculaire et, en particulier, une parésie très notable des

psoas-iliaques. A la cuisse, ce sont particulièrement les triceps cru-

raux qui sont affaiblis et atrophiés. A la jambe, les muscles les plus

atrophiés sont ceux de la partie antéro-externe, surtout du côté

gauche; et, taudis que tous les autres muscles des membres infé-

rieurs répondent normalement ou presque normalement à l'élec-

tricité, ces derniers ne répondent plus à la faradisation. Ici encore,

on note la réaction de dégénérescence.

.l'Eu résumé, le malade ne faisait que difficilement les mouve-

ments des épaules, ne se servait presque pas de ses mains; la

marche était lente et fort pénible. Voilà quelle était la situation de

X.. au mois d'avril 1877, lorsqu'il commença son traitement par

l'hydrothérapie et l'électricité. Au mois d'octobre, on constatait

des progrès considérables; la marche paraissait naturelle, et il fal-

lait être prévenu pour remarquer un peu de paresse de la jambe

gauche, due à la faiblesse encore persistante dans les muscles an-

téro-externes. Les muscles des épaules étaient revenus à leur état

normal, et il y avait dans ceux de l'avant-bras et de la main une

amélioration telle, que le malade pouvait même jouer du piano.

En particulier, l'éminence thénar, naguère remplacée par une

dépression, formait aujourd'hui un relief appréciable. Toutefois,

quand le malade faisait le mouvement d'extension du poignet sur

l'avant-bras, il ne pouvait pas encore étendre en même temps les

doigts, qui restaient à-demi fléchis. Pour le dire en un mot, l'amé-

lioration avait permis au malade de reprendre la vie commune,

alors que,, quelques mois auparavant, il avait besoin d'un aide pour

manger, pour s'habiller, etc.

. C'esL dans ces conditions que le malade retourna chez lui, en

Belgique, au commencement de novembre 1877. A partir de ce

moment, il mena de nouveau une vie irrégulière et fatigante.

Chaque jour, à son déjeuner,, il buvait au moins une bouteille de

vin de Bourgogne, chaque jour il dînait en ville et ne rentrait à la

atrophie musculaire. 237

maison qu'à une heure avancée de la nuit; quelquefois la soirée

était suivie d'un souper entre jeunes gens. Il est certain qu'il y eut,

à cette époque, des excès vénériens. Quoi qu'il en soit, le malade

ressentit bientôt une fatigue persistante, et, après sept semaines, le

malaise augmentant, des vomissements étant survenus, X..., en

prévision d'une nouvelle crise, revint à Paris (16 décembre 1877).

Le jour même de son arrivée, il eut, comme au début de sa ma-

ladie, une attaque convulsive avec contraction de tous les membres,

surtout à gauche ; perte de connaissance et coma prolongé. Je vis

alors le malade. 11 y avait perte absolue du sentiment et l'on ne

parvenait qu'à tirer très incomplètement le malade de sa torpeur ;

alors il entr'ouvrait les yeux, regardait un moment dans le vidé et

marmottait des paroles incompréhensibles. La peau était brûlante

et le pouls petit et très rapide, la respiration était très irrégulièré

(Cheine-Stokes) ; la sensibilité fortement émoussée, presque nulle.

Il n'y avait d'incontinence ni de l'urine, ni des matières fécales,

mais constipation opiniâtre. ''

Le lendemain, le malade revint à lui progressivement. Il put

d'abord se lever, mais l'intelligence était encore abolie ainsi que la

mémoire. X... ne reconnaissait pas ses parents et ne se souvenait

de rien. Peu à peu, le malade alla mieux; mais, le soir même, une

nouvelle attaque (semblable à la précédente) se produisit, et, après

la période convulsive, X... resta plongé dans un coma profond jus-

qu'au lendemain dans la matinée. Pendant quelques heures, il y eut,

comme la veille, abolition et ensuite obnubilation de l'intelligence;

puis, peu à peu, le malade revint à son état normal. Le lendemain;

il n'y avait plus de troubles de la mémoire et de l'intelligence.

Les jours suivants, le made ressentit une fatigue considérable; on

remarqua un amaigrissement assez marqué, malgré ' l'appétit

excessif et le besoin fréquent de manger qui se manifesta. Il y eut

là une véritable convalescence; comme à la suite 'd'une affection

aiguë. - 1 1 ·.h

Il y eut une faiblesse un peu plus marquée dans les mains et dans

les jambes, mais sans nouvelle'1 poussée d'atrophie. En somme,

ces derniers accès, très violents, ne paraissent avoir causé qu'une

aggravation peu marquée dans l'état antérieur du malade. '' ""

Après quelques semaines d'un traitement régulier par l'électricité

et l'hydrothérapie, le malade revint de nouveau à un état fort satis-

faisant, qui alla en s'améliorant jusqu'en mars 4880, où l'on note

l'état suivant : n . - " r

XI.. marche régulièrement et peut faire plusieurs kilomètres sans

fatigue appréciable ; cependant, les triceps cruraux, et surtout lé

groupe antéro-externe des muscles de la jambe gauche ? présentent

encore une diminution'notable de la contractilité faradique.1 Aux

membres supérieurs, il existe aussi un certain degré de faiblesse

des muscles de l'avant-brâs, surtout des muscles de la région posté-

L , ? a -* 1

238 RECUEIL DE FAITS.

rieure. Aux mains, on remarque encore l'amaigrissement des émi-

nences thénars et même des espaces interosseux, mais tous les

mouvements sont exécutés par X..., et, en somme, il a recouvré

l'usage de ses mains.

Il n'y a pas guérison, mais il y a une amélioration considérable

et qui est voisine de la guérison.

Depuis le mois de mars 1880, je n'ai pas revu le malade, et

j'ignore ce qui a pu se passer depuis cette époque.

Quels sont, en résumé, les traits principaux de l'observation

qu'on vient de lire ? En 1872, à l'âge de seize ans, première

crise caractérisée par des convulsions généralisées, avec perte

de connaissance et sommeil comateux pendant trois jours.

Au commencement de l'année 1876, vers l'âge de vingt ans,

à la suite d'excès, de surmenage et de refroidissement, nouvelle

crise s'accompagnant de perte de connaissance, prolongée par

un sommeil comateux et compliquée, cette fois, d'une para-

lysie presque absolue des mains, constatée moins de vingt-

quatre heures après le début des accidents.

A partir de ce moment, on assiste tous les mois environ à

une véritable crise gastrique, avec atteinte de la puissance mus-

culaire et exagération manifeste de la sensibilité cutanée.

C'est à la suite d'une crise de ce genre, plus violente que les

précédentes, que la paralysie se manifesta dans les membres

inférieurs. Cette parésie va en augmentant à chaque nouvelle

crise, et'devient bientôt une véritable paraplégie.. En outre, le

malade, très anémié, très amaigri, a des syncopes fréquentes.

En même temps que se produit cette série de symptômes alar-

mants, les muscles atteints diminuaient de volume et subis-

saient une atrophie dégénérative.

On assiste ensuite à une amélioration rapide du malade, au

rétablissement de son état général, à la réapparition des

masses musculaires et des mouvements volontaires, sous l'in-

fluence évidente du repos, d'une vie régulière, de l'hydrothé-

rapie et de l'électrothérapie. '

' Puis, le malade ayant repris une vie de fatigues et de désor-

dres, les accidents reparaissent cette fois d'une façon formi-

dable, avec perte de connaissance, convulsions, contracture et

troubles passagers de l 'intelligence et de la mémoire. Nou-

velle application du traitement, nouvelle amélioration allant

.presque, comme on l'a vu, jusqu'à la guérison. Est-ce là la

terminaison de cette singulière maladie, ou bien n'assistons-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 239

nous encore qu'à une rémission trompeuse ? C'est ce que je ne

saurais dire.

Je ne chercherai pas non plus à préciser les altérations ner-

veuses qui ont donné lieu à l'assemblage bizarre des symp-

tômes que je viens de décrire. S'agit-il d'une lésion plus spé-

cialement localisée sur les méninges, ou bien d'une lésion

portant atteinte, plus profondément; dans la substance ner-

veuse ? Je crois qu'il serait téméraire de faire aujourd'hui une

réponse à cette question, et tel n'a pas été mon but.

J'ai voulu tout simplement rapporter un fait clinique, donner

une idée de la marche irrégulière des accidents, et surtout

montrer l'association peu vulgaire de l'atrophie musculaire

d'une part, des accès comateux et des crises gastriques de

l'autre. "

L'attention une fois éveillée, de nouvelles observations se

produiront peut-être et permettront alors de grouper à part ces

atrophies musculaires avec symptômes cérébraux et bul-

baires '.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

I. CONTRIBUTION A la STRUCTURE ET A L'HISTOIRE CLINIQUE DU

névrôme MULTIPLE, d'après le laboratoire pathologique de

l'Association fraternelle du Collège des médecins et chirur-

giens de New-York; par T. MITCHEL PRUDDEN, M.-D. de

New-York. (In The Amer. Journ. ofthemed. se. July, 1880.)

L'auteur applique ce terme général de névrôme multiple à

ces cas dans lesquels un plus ou moins grand nombre de

1 M. Charcot nous apprend qu'il a observé chez un malade que lui a

fait voir M. le D, Duret, des symptômes analogues et une marche géné-

rale des accidents permettant de rapprocher les deux faits.

240 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

tumeurs existent sur plus d'un tronc nerveux principal ou sur

ses branches. L'article contient quarante et une observations,

dont une inédite. Nous.ne pouvons les analyser séparément.

Dans trente-deux cas, le sexe est désigné. Vingt-quatre

hommes et huit femmes. L'âge moyen, à l'époque de la mort,

est trente-quatre ans.'La'durée'de la maladie est difficile à dé-

terminer, 'car les symptômes n'éclatent pas vite, mais quelque-

fois la maladie était, sans aucun doute, congénitale. Il est

digne de remarque que ces lésions nerveuses coïncident souvent

'avec' des névroses ou des malformations : -deux malades étaient

idiots'; un crétin ; deux peu intelligents ;'un était cryptorchide ;

un ' avait ( un -pénis extrêmement petit,' sans désir' sexuel; un

autre' présentait, une. lobulatioli .3 anormale' des'poumons ; un

dernier'avait un épispadias. Chez deux malades, la lésiow s'ac-

compagnait'd'éléphantiasis ! L'histoire clinique est encore plus

remarquable 'par la variété des symptômes, et, dans la'plupart

des cas,' par la'différehce entré ces symptômes et la lésion' ana-

tomique. Sur les vingt-six cas dans lesquels on a recueilli une

observation complète, douze n'ont présenté aucun symptôme qui

pût faire soupçonner une lésion du système nerveux.' Des qua-

torze autres ? huit ont 'présentera un'1 degré quelconque,' de la

paralysie ? treize de' la douleur,"et celle-ci était du caractère le

plus varié.' Dans 'quatre cas, il y'avait'de la -diminution de la

'sensibilité cutanée,, dans quatre aussi des mouvements convul-

sifs ;'quatre'cas' encore'de respiration 'anormale ; palpitations

dans un cas. -' ^

' 'La céphalalgie fut un'symptôme capital dans deux cas, dans

l'un' desquels il y avait1 urié lésion' cérébrale ! La leucocytose

fut observée 'dans 'deux cas ; une altération des muscles dans

trois. Dix-huit malades moururent de'maladies diverses n'ayant

pas'de rapport- avec u affection nerveuse ; les autres succom-

bèrent par' épuisement ou par fièvre hectique. Dans deux cas

on'trouva des tumeurs cérébrales; dans quatre des tumeurs

dans le canal'rachidien. Les 'nerfs périphériques étaient pris

dans vingt-sept cas. Le sympathique fut'trouvé malade'dans

quatorze cas ; les pneumogastriques dans dix-sept; et quatorze

malades seulement présentaient des troubles en rapport avec

la lésion"' '; ' ' r ' '

Le diagnostic est souvent difficile. La douleur si fréquente

dans le névrôme unique, est loin d'être ici de règle. Ce qui peut

seulement donner, la certitude, c'est' là présence sur,le trajet

.' '. ju. : <.n m r - \u* ; . j

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 241

d'un tronc nerveux de petites tumeurs fusiformes, non adhé-

rentes à la peau, mobiles transversalement et non longitudma-

lement, qu'elles soient ou non douloureuses. Cri. Férue.

II. HÉMIATROPHIE FACIALE progressive ; parle prof. MARAGLIANO.

[The alienist and neurologist, avril 1881, p. 145.)

Jeune fille de dix ans, née de parents robustes et sains. A

la fin de sa première année, elle fit unechutesur le côté gauche

de la face ; une tuméfaction circonscrite apparut à l'angle

externe de l'oeil gauche, puis disparut en quelques jours. Mais,

après un temps qui ne peut être précisé, la nourrice remarqua

que le côté gauche de la face était plus petit que le droit. Avec

l'âge, cette atrophie faciale devint de plus en plus marquée,

plusieurs médecins consultés ne firent aucun traitement ,

attribuant le fait à une anomalie de développement des os.

L'enfant se présente dans les conditions suivantes : elle est

bien constituée ; son squelette est normal ; les masses muscu-

laires sont bien développées. La joue gauche, surtout dans sa

partie supérieure, est notablement atrophiée ; les éminences

osseuses font une saillie très apparente sous les tissus, qui ont

l'aspect d'un parchemin appliqué sur l'os. De là résulte, vers

le centre de la joue, une dépression marquée qui correspond

exactement au point où les deux maxillaires viennent au

contact.

La commissure labiale gauche est un peu plus élevée que la

droite, et cette asymétrie est rendue plus visible quand la ma-

lade parle ou sourit, même chose pour le sillon naso-labial.

Les parties molles de la moitié gauche du front semblent

aussi atrophiées et moins développées que du côté droit. En

prenant la joue entre le pouce et l'index, on constate qu'elle

est extraordinairement amincie, en comparaison avec le côté

droit, au point que la peau et la muqueuse paraissent appliquées

l'une contre l'autre sans tissu interposé. 11 est impossiblede faire

un pli à la peau, tant elle est mince et exactement adhérente àl'os.

Les mouvements de la face sont moins libres du côté gauche ;

les muscles pourtant répondent avec énergie au courant élec-

trique. La sensibilité à la douleur, thermique et électrique,

est normale. L'examen du squelette osseux ne montre

aucune différence entre les deux côtés. La joue droite, bien

développée, suffisamment fournie de tissu adipeux, normale

' 16

243 REVUE DE pathologie NERVEUSE.

dans ses lignes et dans ses mouvements, fait un singulier con-

traste avec la joue gauche. La langue est également dévelop-

pée des deux côtés, la déglutition se fait bien. -Jamais la

malade, à aucun moment, n'a éprouvé aucune douleur dans la

partie affectée. -

Les détails de l'observation éliminent l'idée d'une asymétrie

faciale congénitale. D'autre part, l'absence de toute déviation

de la colonne vertébrale ne permet pas de croire à une de ces

asymétries faciales secondaires, qui ne sont pas rares dans le

torticolis, comme conséquence d'une incurvation compensa-

trice. Il ne peut s'agir non plus ici d'une paralysie faciale ni

d'une atrophie musculaire de l'enfance au début. On ne peut

songer qu'à l'affection décrite par Eulenburg sous le nom

d'hémzatrophie faciale progressive, trophonévrose faciale de

Romberg, atrophie unilatérale de la face deMoore, aplasie la ? ni-

neuse de Lande, prosopodismorphie de Bergson.

Localisation de l'atrophie du côté gauche de la face, déve-

loppement à la suite d'un traumatisme chez un enfant du sexe

féminin, ces différentes particularités rentrent dans le cadre

des observations déjà publiées. L'auteur rappelle les diverses

théories proposées ; lésion du trijumeau ou des fibres sympa-

thiques contenues dans le tronc nerveux (Eulenburg) ; trouble

vaso-moteur de la région (Stilline) ; lésion du ganglion sphéno-

palatin déterminant une constriction des petits vaisseaux de

la face (Barwinkel) ; irritation permanente du grand sympa-

thique (Brunnes) ; lésion des cellules trophiques du facial

(Hammond) ; névrite du nerf facial (Rosc-nthal) ; atrophie pri-

mitive du tissu cellulo-adipeux (Lande et Bergson). Quant

au traitement, le courant faradique semble, dans le cas parti-

culier, avoirproduit une légère amélioration. C. T.

III. CONTRIBUTION A la connaissance ET au traitement DES

névralgies viscérales; par W. NERTEL (de New-York).

(Arch. f. Psych. zt. Ne2venic., 1880.)

I. Il s'agit ici de ces viscéralgies idiopathiques souvent con-

fondues avec des lésions organiques, et, d'autant plus volontiers

traitées comme telles, qu'il n'est pas rare qu'elles en soient

accompagnées; en ce dernier .cas, leur nature névrosique est

indiquée par le fait qu'elles survivent aux opérations dirigées

contre le corps du délit. Telles les névralgies rectales et reclo-vé-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 243

sa'cales qui se montrent chez des individus souffrant dès long-

temps d'affections stomacales et intestinales et presque toujours

cachectisés par la fièvre intermittente. Elles apparaissent au

moment de la défécation ; les selles normales et moulées pro-

voquent en effet, au passage, une douleur rectale qui, s'irradiant-

dans l'abdomen et les lombes, réduit pour le reste de la

journée, tant elle est opiniâtre, le sujet à l'impuissance. C'est

en vain que les patients diffèrent le plus possible l'instant de

l'évacuation, se faisant alors l'artisan de leur constipation ;

c'est en vain, qu'inversement, ils s'imposent une diarrhée factice

par des évacuants de toutes sortes. Toujours, à l'occasion de

l'expulsion physiologique (excréments, urines) l'organe trop

sensible (rectum, vessie) sous l'influence de cette excitabilité

réflexe entre en contracture (tunique musculeuse) ; la douleur

est ultérieurement entretenue pour un laps de temps assez

long par l'hyperexcitabilité de l'appareil central (région lom-

baire de la moelle). La névralgie utérine procède de la même

pathogénie (passage du sang pendant les règles, etc.), seule-

ment elle coïncide plus souvent avec des affections utérines

(métrites, etc.) ; le mécanisme en tout cas est identique et les

lésions, comme plus haut, ne joueraient le rôle que de causes

occasionnelles, si l'on en croit les observations dans lesquelles

la dysménorrhée douloureuse aurait cédé au traitement avant

les altérations pathologiques. Dans tous ces faits, M. Neftel pense

qu'il convient de combattre la dystrophie du système nerveux

central, quel qu'en soit le fauteur pathologique (hyperémie,

anémie, chlorose, cachexie paludéenne) ; notamment, dans

l'espèce, on fera porter le modificateur thérapeutique sur le

centre lombaire génilo-spinal qui préside aux fonctions envisa-

gées (Goltz, Budge).

II. M. Neftel dirigerait toujours avec succès contre les né-

vralgies viscérales et particulièrement la dysménorrhée, contre

les congestions et inflammations chroniques des organes pel-

viens, contre les états d'hyperémie opiniâtre du système ner-

veux central, les courants continus, la galvanisation du centre

géîii*to-spi2zal et du nerf splanclmique. Pendant les plus violentes

douleurs (période menstruelle), il faitpasser de la région lom-

baire au pubis le circuit de 15 à 20, puis de 20 à 30, voire au

besoin de 30 à 40 éléments de Siemen en une même séance ;

l'anode étant maintenue sur la colonne vertébrale, la cathode

est alternativement amenée sur l'hypogastre (ligne médiane)

244 REVUE .DE PATHOLOGIE, NERVEUSE,

étales deux régions ! inguinales;, on, pratique à ces diverses

phases de l'électrisation Restrictions vertébrales avec 1 anode,

et l'on introduit de temps à autre lés interruptions et intervé'r-

sions voltaïques : tel,est.l'ensemble du procédé connu sous, le

nom de,mutatz's,,mûtandz. Onôbtiéndrait une amélioration

immédiate à la condition d'agir^ pendant la, durée de la crisé

(une séance par jour), d'ordonner de l'exercice après la,séance;

et; d'employer, conjointement le régime^tonique, 'réparateur,

qui convient., L'auteur,, de ce,travail attribue le, mérite de la

méthode aux effets qu'exerce sur la, circulation et la nutrition

des organes le splanchnique, la moelle lombaire agissant, elle,

comme excito-motricè (Goltz , Roehrig) . Les preuves de l'interven-

tion de ce vaso-moteur,qu'il relate sont les pâleurs syncopales,

les hyperémies;faciales, les liypersécrétions Ld,'une, urin, clàie

observées durant,les applications, des courants, et, ^d'un .autre

côté, la disparition de céphalalgies opiniâtres, l'amélioration de

maladies, cérébrales chroniques, dès le début, consécutivement

à l'institution de semblable^ thérapeutique. ,Au reste, pour.les

faits quine, relèvent pas, des affections pelviennes,, il peut être

indiqué, de. s'adresser fà la .région, dorsale inférieure, précisé-

ment à propos des. hystériques qui supportent,mal les circuits

de M.NeFtel. u[,.rlr x H · tif / (,,t). P.' K ? fl'^"M

c 1 orle", Qtie le 1 1 f ... ->( iT ? ti4(4,nii"- f/

IV. CONTRIBUTION A'LA'PATHOLOGIE"DE'LA'MOBLLE''ËPINiÈRE';

par Adôlf STR11111PELL'(Arch'irv ! ' f ? Psÿcl. û.<<J'Veraetl;ianlc,

t ? X'ë*'ali' 3, 1880.) ? «""l `a 3 ! »"r^-.l ,«.,r^M^-Hi'

fI9· ", 4 fpy2t ly -mi, 1 1 tr7lt`r ir '1 ? lui crii 1f131 : [C

r[Ir ,.r)it nF · r rrr, t... ? , . ? f, r < . - .

. La première portion du mémoire, celle dont il s agit ici,

porte·.lé'titré'de Parâlsaésf'spasmodiques : L'âutëur, en effet,

convaincu que la' dégénérescence symétrique primitive des cor-

dons'' latéraux ne saurait élucider co'nstam'ment"los''obscurités

du syndrome,'en question, se propose de l'étudier presque au

hasard de la clinique; aussi, nous en décrit'il des exemples

*r'n rrn r." ...ac;

tantôt en un cas'de'myélite'd8rsàlo, tantôt 'chez un1 malade

'atteint d'hvdromyélie et" de 'dégénérescence ' systématique des

côrdôns lâtérâux; soit dàns'les affections vertébrales ayant lésé

secondairement la' moelle, soit parmi les' tumeurs de cet or-

gane ; la sclérose multiloculaire'des centres nerveux et l'hydro-

cé' h'l "' ' " " "" ' limitée au' cerveau 'ont'' aussi ' fourni leur

,,p -. a,ii-e.elironique imitée au' au ss foùrni leur

contingent du cornpleiùs symptomatique'1 envisagé ! ' M. Strù'm'-

pell arrive à cette conclusion que lâ dénoinination'spééialemelit

REVUE 'DE' PATHOLOGIE' NERVEUSE'. 245 ? iTc ? ac.t. -rmrt'.nt : l. .r ? j ,,t- . z

adoptée convient parfaitement a 1 ensemble-* des phénomènes

cliniques qu'elle' fixé/' l'expression spasmodique différenciant

"d'emblée la1 variété ' dé' paralysie'' én qûêstionrdés'pàraly'siës

flasques/ Elle désigne, en effet,' la'caractéristique)'du0 groupe

symptôinàtqûe ? toût'entlère' dails l'éxagézatzbn`pz·ononcéerdes-

da ? zs 1 lâ catégorie des' réflexes tendineux. C'est

la perturbation apportée dans les'tensions musculaires réflexes

(tonicité) "qui constitué le*corps du "délit'men'plus que ! la'para-

lysie. Celk-ci'peutl'aû .resté,1 manqùerabsolumenfou^n'ètre

que faible (pseudo-paralysies). L'inconstance dans la coexistence

des deax`élémêntsTspaslrié et paralysie', sert même à'M ? Strüm-

pell d'argument contre l'identité de lâ cause anatomlque' S'ap-

pûyânt1' sûr 'l'intégrité 'dés cord6nsf'latéraux'rdans le fait' de

Schultz {DeutsctiArïh'.yrKlinTA/éd : 1 XXIII,' 351)' et l'atteinte

simultanée yde'bien`'d'antï·esrsystèmés'dansttousfles9cas;i1

dénie'au'x' coidons'latéÏà711k"dè, Ia"moeltë 'ià"Ë-ath76'énie'des

réflexes ? C'est ? suivant" lui ? à la 'lésion des" faisceaux 'latéraux

dans lés pyrami d es '6'iiiêdé d'an's@ le 'cervelet qu'il faudrait

rattacher les troublés spasmodiqùespar suite de l'interruption

descelles dés' fibres 'centrifuges'qui partent des foyers cérébraux

modérateurs''du' système'réflexe''(observation 'à"l'appui) ? 11

semble, au surplus, qu'il y ait lieu de distinguer,11' d'après

M. Strümpell, au sein des manifestations en apparence de

même, ordre; ainsi, parmi, les., contractions musculaires et les

contractures , qui accompagnent, souvent, l'exagération- des ré-

flexes tendineux, les unes,' passives, réflexes ordinaires, s'éta-

blissent graduellement et affectent la forme plastique exten-

sive les autres, imprimant aux, membres, l'attitude de flexion,

émanent de processus exoito-moteurs actifs, et, directes, résul-

tent, probablement, d'une localisation primitive ou secondaire

sur. les cordons latéraux des pyramides. La pathogénie ^serait

bien,plus large, en ce qui a trait à certaines convulsions isolées

qui hantent parfois les paralysies spasmodiques; rarement

justiciables des réflexes tendineux, elles se lieraient, ou bien'à

une irritation motrice directe, ou bien à des actions réflexes

issues des racines sensibles (dans ces cas-là on observe concur-

remment des douleurs fulgurantes dans l'extrémité correspon-

dante : ;myélite par,compression, tabes). Aussi,*chaque ait. de

dante : ; myélite par., compression, tabès). Aussi, chaque fait, de

paralysie,spasmodique devra-t-il toujours mériter^une analyse

détaillée tendant à découvrir, les causes anatomiques de chacune

des manifestations,, suscitées, si', à l'exemple de M.Strüinpéll

, .. | ,, ? l ? uiu ? ll, m,. i ? r,jii'.» ? iiij ?

216 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

on se propose comme objectif de déterminer avec précision :

« Quelles sont les parties des cordons latéraux qui doivent

être affectées pour produire l'ensemble symptomatique qui

vient de nous occuper '. » P. K.

V. DES relations étiologiques ENTRE LES lésions DE la CORNE

D'AMMON ET l'épilepsie ; par Wilhelm Sommer. (Arch.

Psych. u. Neivenk., t. X, c. 3.)

1

Cette étude porte sur l'analyse de 90 cas d'épilepsie, réunis

en un tableau qui embrasse toutes les indications de sexe, d'âge,

de prédisposition morbide, d'étiologie, de symptomatologie,

tant au point de vue de l'épilepsie qu'à celui de l'état mental,

des, causes de la mort, de la nécroscopie, et mentionne les

sources bibliographiques.

La fréquence des lésions de la corne d'Ammon chez les épi-

leptiques n'est, au dire de l'auteur, que de 10 p. 100; mais'elle

atteindrait probablement en réalité 30 p. 100 si l'on tenait

compte dès altérations microscopiques présentées par des cornes

d'Ammon, en apparence normales. Soixante-seize d'entre les

faits colligés concernent une atrophie avec induration calleuse

ou cartilagineuse de l'ensemble de la région ; dans les quatorze

autres cas, il s'agissait d'un ramollissement rouge et d'hémor-

rhagies punctiformes ou d'une destruction par compression ou

absorption dans une tumeur (cancer médullaire; sarcome

télangectiasique). L'âge moyen serait, pour les hommes en puis-

sance de l'affection classique, de 17,1 ; les femmes auraient,

toutes choses égales d'ailleurs, 23,1. Les renseignements con-

cernant l'état du cerveau, bien que laissant encore énormément

à désirer à l'égard des anamnestiques et des pesées, ne per-

mettent pas de supposer cependant l'antériorité d'une affection

aiguë. Il faut mentionner la bilatéralité du processus ; les diffé-

rences proviennent du degré dont la lésion a progressé suivant

le côté que l'on examine. On n'a d'ailleurs pas encore exacte-

ment saisi l'évolution des phénomènes histologiques ; aux

termes des allégations de M. Sommer, ils consisteraient peut-

- être, dans un premier degré, en une prolifération nucléaire

1 Nous reproduisons le Compte-rendu analytique du travail de M. Strum-

pell, sans pour celanous associer iL sa. manière d'envisager les para[)16-

gies spasmodiques. On remarquera les divergences qu'il y a entre cette

doctrine et celle de la Salpêtricre ;/te(<< ! e<tOH.)

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 247 ' :

aboutissant à la dégénérescence stéato-pigmentaire, à, l'atro ?

phie, et finalement à la disparition des cellules nerveuses pyra-

midales (Obs. n° 90 du tableau); concurremment, atrophie et

sclérose des fibres nerveuses correspondantes, épaississement et

infiltration granulo-graisseuse des parois vasculaires. De pa-

reilles altérations, prononcées au maximum dans le fasciaden-

tata de la corne, peuvent exister non seulement dans le lieu

indiqué, mais encore dans le subiculum et dans les circonvolu-

tions temporales et sphéno-occipitales avoisinantes. La destruc-

tion de la série alternante des couches médullaires et corticales

qui composent la'corné, rapprochée de cette extension peu éten-

due de la dégénérescence, 'suffit pour faire comprendre^sans

qu'il soit besoin d'avoir recours à une encéphalite; comment' le

processus anatomique qui, au début ne détermine que de l'épi-

lepsie, entraîne, lorsqu'il désorganise les zones grises, la perte

de l'intelligence consécutive à la maladie. `

' ' " ! j , ,

Reste à expliquer le mécanisme de l'accès épileptique.

11. Sommer, refusant à l'épilepsie toute autonomie comme

entité morbide, la regarde, dans tous les cas connus, comme ? un symptôme qui se manifeste dès qu'une excitation conti-

- nueliement grandissante a violenté le centre vaso-moteur du

cerveau. Considérant la corne d'Ammon comme le centre de

la sensibilité pour la moitié opposée du corps, il admet que

toute maladie de cette région engendrera des excitations cen-

trales incessantes ; celles-ci, excentriquement projetées à me-

. sure de leur production, sous la forme d'hallucinations senso-

rielles, par exemple,'agiront à la manière des excitations

périphériques (cicatrices irritées ou autres lésions extérieures)

pour déterminer l'accès, y compris le stade d'aura indicateur

du trajet de l'incitation. Il en appelle à la, fréquence extrême

des troubles sensitifs dans l'intervalle des accès ou à la période

prodromique chez les épileptiques dont on constata la corne

d'Ammon malade, sans que jamais on pût, admettre que la

lésion, ainsi localisée, fût secondaire à une altération périphé-

rique. En effet, 38 des malades étudiés présentèrent des modi-

fications séméiologiques du côté de la sensibilité générale ou

spéciale (hypéresthésies ; anesthésies ; paresthésies ; four-

millements ; engourdissements ; hallucinations visuelles).

L'anesthésie que Ferrier réussit à déterminer du côté opposé

en détruisant une corne d'Ammon, et la démonstration que

cet expérimentateur fit de la localisation des quatre autres

248 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. '

sens, goût, odorat, ouïe, vue en des régions assez circonvoisines/

militent également en,,faveur dune.pareille opinion : - L'auteur

n'hésite pas à adapter Jesimêmesi théories -fonctionnelles^ à

l'homme; il se base sur le trajet des fibres nerveuses. L'arrivée

dans la corne d'Aminon' oïl'dàiïs 1 l'écordé du lobe occipital' de

conducteurs d'ordre 'sensoriel 'général par lès faisceaux posté-'

rieurs de la moelle (perception sensorielle'consciente) et par la'

moelle allongée (nerf vagué et' trijumeau)1, lui parait démontrée

par les études de Meynert; il en est de même pour lés relations '

établies entre'la corne'etle lobe occipital, la substance blanche^

du lobe sphénoïdal; l'écorcé grise dû cerveau,' 'là ligné médiane

des hémisphères (rôle de la' substance' réticulée d'Arnold et du

corps bordant)'. Quoiqu'il'en soit ? au reste,' de la corne' comme

foyer de 'sensibilité, l'incitation1 qu'elle déchaîne; parvenue au''

lieuiépileptogène,1 aujourd'hui classique, agit comme, dans tous

les autres cas; Mf Sommer cite'surtout à ce propos'les obser-

vations'dè'Chvostek ( Wieïnt 1léd i YVôchërisch. 1871; n° 37-39)"

Clâüs (Allg 'Zéitscla. f ? ? sych."1878, p. 335);Charcot (lèçTclin.

187fe, n°y73 de son tableau);Sne'voulant`pas'âbildonnér le'1

sujet' sans' faire remarquer- qu'il serait3 possible"quev Ton 'pût

tirer^des conclusions identiques a l'aide des « recherches » de

notre maître 'sur l'hémi-anesthésie cérébrale et hystérique. `

> f, r' z r p .-irf r-Ml/j n ,-[ ,j(' i' ' ' P K ' ?

" . . v , . 11. 1 t '| ; , f .

. r .) , H h 1 f ' ' ; '

VI. CÉPHALALGIE OCCIPITALE COMME SYMPTÔME'DE L'UREMIE; par i

E.-C. SEGUIN. (Arch : o f. med.'Nevv-Yôrlt, âût 1880,` p·. 98.) ·

' T ? i 1 1 , î 1 ... n f C'LT( Pli.) i'ijli-'iï' ? 6r Wt

L'auteur rapporte Meux-1 observations, 'où une céphalalgie ?

occipitale existait si bien localisée et si persistante, qu'elle don-

nait l'idée d'ùne-affectiôri organique du^cervelet. Dans un cas,

la douleùr's'étendait le longdel'épinecervicale, etétaitaggravée

par les' mouvements; dans l'autre; il y'eut de la raideur, de la

nuque. Cette 'céphalalgie 'était' nettement paroxystique, mais

nullene'n t"périodique; "elle "s'é"c66"' "' ' " ' ' de 'nausées. Les

symptômes rénaux étaient peu marqués; peu ou pas d'oedème;

pas de troubles dyspeptiques; aucun des deux malades n'avait

le faciès urémique ; mais l'urine contenait'de l'albumine. L'au-

topsie hefùt faite que dans un cas; le cerveau était sain; les

reins étaient indurés et granuleux ? ' ' C. T.

-i , T 1` 'y ^J t 1(1 t P . "''' a "

REVUE'DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 249

VII. SUR le1 priapisme persistant 'et ' non attribuable A

UNE LÉSION DU'SYSTÈME NERVEUX CENTRAL; paru. PEABODY.

7VeM-ybyAm. Journ. Mai, 1880, p."463.) ( ' '

L'existence du priapisme dans le cours de la leucocythémie

est un fait assez bizarre, dont plusieurs^ observations ont été

publiées par différents auteurs, mais dont les Traités classiques-

ne font,pas mention. C'est un cas de ce genre que rapporte- le

docteur Peabody.'Le malade,. 'présentant .tous les symptômes

de la leucocythémie ganglionnaire et splénique, fut pris,,sans

cause, occasionnelle, appréciable, t d'une, érection persistante,-

qui dura six semaines sans la moindre atténuation. La rigidité.

du, pénis commença alors à décroître ;, il y eut encore une

demi érection pendant deux semaines et/la verge.. revint gra-

duellement à'son volume,normal. Le priapisme ne s'accompa-

gnait d'ailleurs ni de désirs sexuels, .ni d'émission de sperme..

Les cas analogues trouvés par l'auteur,, sont au nombre de, six : z

0bserv. de , Klemme., I ? z.,Schinidt's Jahrbucher ., 1866 ,

p.,173;). De Longuet. (Prog., méd. ;1876.) De.Neidhart.

(Allg ? méd. central ? Zeitung, 1876, n,55.) De, Matthias.

7M. 176, n° 97et98.) ? De Salzer. (l3erlan,. Kliiz. Woch,

mars t879.)- De,Carpenter.,(Lanéet. Janv. 1880.) ? .

Ce priapisme a été attribué par Klemme à une hémorrha-

gie dans les corps caverneux; par Longuet à la thrombose des

petits vaisseaux du pénis par des amas de globules blancs, et

cette hypothèse est, acceptée par Mathias et par, Neidhart qui

fait jouer pourtant un certain rôle à l'irritation nerveuse ; enfin

par Salzer à des modifications anatomiques dans la structure

des nerfs, érecteurs ou à leur^ compression par, des ganglions

hypertrophiés. ? » ? ,. ? , , ? h .. 1 1111 ') 'n,la ? )U " t ,1,1 1 1 ' W .'

L auteur conclut en ces termes : le priapisme peut être re-

garde comme un symptôme de la leucocythémie ; il peut^sur-

venir sans cause appréciable, parfois.à^la suite d'un, rapport

sexuel. Il' peut durer depuis quelques jours jusqu'à deux mois,

rarement plus. Il est, extrêmement douloureux,,causant de l'in-

somnie, un épuisement nerveux et , une prostration physique

générale 1 If, 1 . ? 1 ... ?

Il a cédé parfois à une, saignée profonde ; ,mais ce traitement

ne peut être, recommandé, sauf chez., des sujets .robustes., Le

traitement médical est sans action. Des applications ^locales

camphrées et autres calment la douleur. Le corps spongieux

n'est pas habituellement affecté, C. T.

250 REVUE.DE pathologie NERVEUSE.

VIII. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE la paralysie spinale SPASMO-

DIQUE, par le Dr Richard SCHULZ. (Centralb. f. NereaheaZlv.

psycâ. u. gera'chtla'cJa. Psyclao-pathol. 1880.), , , ,

Pour le Dr Schulz, il n'existerait dans la science qu'un seul

fait de sclérosé latérale'primitive symétrique justifiant l'entité

clinique (Detttsch. " A2eli. f. ? Clin. Med., t. XXIII.)'; tous les

autres cas, y compris deux nouvelles observations qu'il apporte,

et celles deM. M. Stoffel et Aufrecht (Deutsch.médie. Wochensch.

1880) témoignent encore de l'extension des lésions à plusieurs

systêmés de la moelle. A L'éXelripléde Léÿden, il croit que la pa-

ralysie spasmodique n'est qu'un' symptôme, mais dont la rela-

tion avec les altérations des( cordons latéraux est indéniable.

Dans certaines cas, un simple trouble fonctionnel de'ces régions

(Erb.)'orrait engendrer les mêmes, effets 'et expliquer l'inté-

grité, à l'autopsier des éléments en question (hydrocéphalie,

tumeur de la moelle 'allongée); 'pour beaucoup d'autres', on y

rencontre des dégénératiôns secondaires. P. K.

,5.. . " ( 1 . .` nt7 ' 2m , ,1 ,

IX. HÉMIOPIE DU MÊME CÔTÉ TERMINÉE PAR LA GUÉRISON par le z

Dr FUCKEL, de Schmalkalden : ' (Deutsch. Arch. F. Klin lVleda'z : ,

1880.) n ' " ? *< I - " '

1 - rt tV ,.). f - -"î

Ce 'diagnostic concerne une'-femme' de cinquante-six ans,

ayant présenté des accidents cardiaques (insuffisance) aggra-

- vés du fait d'un catarrhe bronchique et d'un' rhumatisme arti-

culaire'aigu consécutifs ; après, une' série d'accidents d'une

durée de six semaines, la malade accusait, en pleine récidive,

des douleurs soudaines dans les deux yeux et une légère photo-

phobie. On constatait, à ce moment, de l'engourdissement dans

la mobilité des globes oculaires, une légère tuméfaction des

paupières accompagnés d'hémiparésie faciale (côté gauche) et

de déviation de la langue à droite ; le lendemain, diplopie, am-

blyopie, hémiopie, des deux moitiés droites des yeux, strabisme

externe droit, myosis, difficultés extrêmes pour la vision en

haut ; intégrité de la sensibilité rétinienne, et, d'ailleurs, pas de

lésions à l'ophthalmoscope. Guérison en quinze jours. Le doc-

teur Fuckel pense qu'il s'agit d'une embolie cardiaque parve-

nue dans l'artère sylvienne ayant déterminé des lésions dans le

noyau lenticulaire, le pédoncule cérébral et les portions

avoisinantes de l'hémisphère droit, de la paralysie des nerfs

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 351 1

optiques oculo-moteurs hypoglosse à droite et du facial gauche.

Une circulation 'collatérale suffisante aurait ' bientôt suppléé à

l'anémie des régions citées. P. K.

X. DE l'augmentation DE la fibrine dans LA·1PERICERÉBRITE ; .

par M. D..BRUNET. (Annales médico-psychologiques. Janvier,

'881.) , " - , · 1 4 .. y i ,, <, ,

. A M ,* . . , ' H I - ,.

Il résulte du travail de M. Brunet, résumé malheureusement

trop concis de recherches déjà( anciennes, que les phlegmasies

du système nerveux ne dérogent pas, sous le rapport de l'aug-

mentation de la fibrine du sang, à la règle générale des phleg-

msi e' Pour elles, 1 les autrés, la proportion de la

masios. Pour elles, comme pour les autres, la proportion delà

fibrine s'élève seulement quand les ' phénomènes inflamma-

toires prennent un caractère d'acuité. Pour la paralysie géné-

rale, notamment, les quatre observationspubliéesparM.Brunet

montrent un accroissement notable, de la fibrine (4,05; 4,85 ;

5,90) après des attaques épileptiformes ou ^comateuses. Il

est regrettable, seulement, qu'on ne puisse comparer en poids

, avec, ceux qu'auraient donnés des saignées -faites pendant les

périodes d'excitation antérieures, aux, autres, chez, les mêmes

individus. Plus regrettable encore est la cause qui a, de-

puis trop longtemps, empêché M. Brunet de poursuivre ses

intéressantes recherches ? les fonctions, administratives ont

absorbé tous ses instants..La faute en est à l'organisation vi-

cieuse de nos asiles qui sacrifie le médecin à l'administrateur,

et, fait passer les intérêts de la science après les besoins maté-

riels du service. , . , r ...

XI. SUR la pathogénie DE l'hémorrhagie cérébrale dans LES

formes précoces DE la' syphilis; par Cari LECHNER. (Vienne,

1881.) '' ' ? ' ÏM *< l'I" '. b ir ,

Les hémorrhagies du- cerveau' étant causées soit par une

augmentation de la pression intravasculaire, soit par une alté-

-ration des parois, l'auteur s'attache à démontrer ~ que, dans la

syphilis, ces deux conditions se trouvent réalisées. Pour démon-

trer l'augmentation de pression intravas cul aire, t il admet' que

l'hyperémie en est un signe certain, et il rappelle que, dans la

syphylis, on trouve dans la période de début l'hyperémie de la

peau (roséole, érythème),'des muqueuses (angine, bronchite,

252 revue' de'pathologie*nerveuse.'

vulvo-vaginite ? balanoposthite) ; ,`dans les viscères; `dans la'

cavité crânienne (céphalie, douleurs dans' les membres, assou-'

pissemént; énumérationi'dërcas'd'apohlexie'oudeparalÿsie

survenant dans les,p'remières'isemainesi de, la syphilis'dispar

raissant par le traitement ? et rapportées par les' auteurs à'ia'

congestion cérébrale).'1 Quant'aux altérations vasculaires dans'

les stades de'début de la'syphilis; 1'auteur rappelle l'existence

de l'endartérite oblitérante aiguë,1 portant'hon seulement sur

les- artères et les veines ? mais'encore sur les petits'vaisseaux et

sur les capillaires. Il signale les altérations vasculaires dans les

affections syphilitiques de la peau; des muqueuses, des viscères,'

puis'rappelle'que, dans'tous ces ^points; on peut' observer-des

hémorrhagies, surtout chez les enfants et dans"les''premiers'

stades-de'la'syphilis ? el 'b <\r.,\, . ji^ ? h T])pJ

Sui joo" observations1 suivies''d'autopsie, tant- personnelles

qu'empruntées à'différents auteurs/'dans lesquelles on a observé

de l'apoplexie ou'des1 accidents a'poplectiformes, il n'en'trouve

que 69, 'c'est-à-dire'23 p. 100, dans' 'lesquels' oh"'ait Constaté

un foyerhémorrhamque ? s61t dans'' le cerveau soit dans la'

moelle.' ; ' ' "" -, ·, ,··· 11 v r·"j, , ? m ' ·

n. mot 6j ? th ? 111 i .1 )i"i ? i(> -1, qmli> - u 1 i| .... hui. t->

,,Dans un certain nombre de tableaux,,qu'il nousest,impos-

sible de reproduire,ici, l'auteur étudie la fréquence des hémor-

rhagies cérébrales aux différents, mois qui, suivent l'infection,

il arrive à cette conclusion, que, dans, la grande majorité, des

cas, c'est pendant, la période"d'éouptioy qu'on les, observe.

..1 MI'

Puis, il reprend assez longuement,, mais sans rien ajouter ,de

nouveau, les déductions tirées par, MM. Charcot et Duret de. la

disposition de la circulationtartérielle du cerveau et applicables -1

à la fréquence des hémorrhagies dans telle ou telle partie de,

cet organe; il ne, connaît aucun cas d'hémorrhagie cérébrale

syphilitique dans l'épaisseur déjà ? couche optique, et,, quant

aux dans le cervelet, elles sont tout; fait rares.

Considérant comme démontrée l'existence constante des lésions

artérielles dans les hémorrhagies cérébrales des premières

périodes de la syphilis, Lechner recherche quelles sont ces

lésions et surtout-quel est leur mode de début ; après'avoir cité*

et examiné 1'es,opinioiisideiHeubner'; Baumgarten, Bisch-

Hirschfeld, Cornil et Ranvier, Iôster,, Lancereaux, etc., il

admet que les lésions initiales siègent non pas dans la tunique

externe, .'au niveau de l'endothélium ou de la couche immédia-

tement sous-jacente,1 mais dans les tuniques externe et moyenne

REVUE DE,PATHOLOGIE3NERVEUSE. 253

et; qu'elles;Sont sous la»dépendance,de[troubles.dans le fonc-,

tionnement,des,vasa-vasorum.yrrnf, ,SIIi,(fffvTJ 4r -m il; " ''R"

`, Puis, il arrive aux anéyrysmesmiliairesetexamineles diverses

théories proposées pour- expliquer, leur,, développement, ! sans

admettre complètement celle de Arndt,; qui- veut que l'anévrysmer

miliaire soit la lésion, primitive, et,il'athérome des artérioles.et

des, artères seulementf·une lésion secondaire, produitei par la

premiàre,l il, est porté à croire que, les (lésions débutent [par les-

capillaires, pour n'apparaître que plus tard sur, les,, artères; : et,r f

même,, il suppose que, l'hémorrhagie ne : survient que chez des

individus ayant -, déjà, une disposition générale aux,anévrysmes,

miliaires,.et chez lesquels lewirus syphilitique ne fait que déve-j

lopper cette, disposition.tn,éln5 8t S9jrfi JxrolTira .aaj[)T'(.mà1 1

L'hémorrhagie cérébrale de la période des accidents secon-;

daires survient dans les premiers temps de cette période (du ? t ' ," '1t)- t-ttt "fh ' tr.'ttt W 't ft ' ib ? l i 'c ? rc n . ' z

quatrième au douzième, mois .après 1 infection),, et, devient de

plus en plus rare/à mesure, que, le ( malade avance dans cette,

période secondaire; plus tard, il est vrai, on pourra voir dans la

période des ace id e t iair s 1 'l orr i* iaoie cérébrale se mon-,

trer de nouveau, mais, alors, ce n'est'plus dans les ganglions,

cérébraux qu'est son siège de prédilection, c'est dans la couche

corticale' (42;56 p ! 100). Les'récidivës'd'hémorrhagie'cérébrale

sont'très "aresl'dansl la' périôdé'sëéôndaire`(9'p ? 100),`tandis

qu'elles sont très fréquentes dans là'période tertiaire (32 p. 100).'

'Le maximum dé'fréquence deThémorrhagie cérébrale'dans'

la1' période' des ' accidents secôndâiréscorréspond;' d'après les'

rêlevés'dél'âizteùr,5en`rrioyénné"à"27'âris'et démi`1`Lhémis='

phère 'cérébral -'gauche se 'trouvé plus souvent atteint (4.'4;f45'

p'100)1 que le,droit"(1'6,6'7"p ? 1-100)-;fjl'aLlé'sio'n' siege'sur''les'

2 hémisphères alla fois'(38;88 p 100). - Enfiu, tout en Venant

compte de la plus grande fréüeÎ6'de la'-sy"pliilii'cez 1'liomme,

l'auteur trouve que Diémorrhagie "cérébrale est' sensiblement

plus fréquente'chez1 l'homme (73,33 p.e10Ô)j que' chez la'femme'

(26 , 6ï p . "100)rr r2rtu" 5 r t : r,tnx 1 s`t ? cc.W "u rmurap" 'j^nfin'-tn.'

r;3j'.t.)''t<f ? % "t't.4'tV ! ? 0[.HdtT ? t&J .nI ·s6,e 91t IrIytT,

·,v .ill·- If î p i-ivxlw 'r,mlm,l ? f'.fY' ? qf «k"1'»)

XII. Observation de..tumeurs MÉTASTATIQUES1A^LA BASE'DU'

. crâne; par Albert ROSENTHAL (de ? ,Warschau). (Zee'tsclarzf't

, fïir Ifl. IlTed., T. II', fasc. 3 : ) igivi , îl 1- hni-0 il

Mm nu b' il ' h(( .1 't9 ? ? r,id.tll 2r1 in Il 9tly '' 'j

r Chez un jeune homme · deldlx-huit ans; : portant, à la partie

supérieure du péroné gauche,, une tumeur de la grosseur d'une

g54 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

pomme, on trouva àl'autopsie, sur la base du crâne, une tumeur

de la grosseur d'un haricot près de la partie latérale gauche de

la protubérance, au niveau d'émergence du trijumeau; une

autre tumeur de la grosseur d'une prune sur le rocher, englo-

bant le ganglion de Gasser et le trijumeau, et comprimant le

sinus caverneux ainsi que l'oculo-moteur commun, du côté

gauche; une troisième tumeur de la grosseur d'un pois siégeait

au niveau.de l'orifice interne du conduit auditif, comprimant

les nerfs acoustique et facial.- Enfin, un nombre assez consi-

dérable de petites tumeurs analogues siégeaient dans la région

dorsale du rachis, et comprimaient plus ou moins fortement la

moelle, à ce niveau. . L'examen microscopique démontra que

toutes ces tumeurs étaient de nature sarcomateuse. Les symp-

tômes répondaient exactement à la compression des différents

nerfs. Ptosis, strabisme, paralysie et anesthésie faciale, altéra-

tions,de la papille, fonte purulente de la cornée, rougeur éry-

sipélateuse de la paupière et du front, etc...

L'auteur insiste sur ce point que les faits où la nature secon-

daire des tumeurs basilaires est bien authentique sont extrême-

ment rares, il en est de même pour les tumeurs développées

dans le tissu cellulaire périméningé du canal médullaire. Le

diagnostic avait pu être fait pendant la vie, grâce aux phéno-

mènes très nets de compression nerveuse. Ces tumeurs sont

survenues chez un jeune sujet, tous les autres cas observés

l'ont été sur'des malades d'un âge plus avancé. L'évolution des

néoplasmes (y compris celui du péroné) a été très rapide (deux

mois environ), elle s'est toujours accompagnée de poussées

inflammatoires. Enfin, l'auteur se demande si les troubles du

goût doivent être rapportés à la compression du trijumeau ou

à celle du facial, car la tumeur qui siégeait à l'orifice interne

du conduit auditif s'étendait peut-être jusqu'au niveau de

l'aqueduc de Fallope. P. M.

XIII. Note POUR SERVIR A L'ÉTIOLOGIE DES abcès DU cerveau ;

par Rudolf GNAUCK. (Arch. f. PSYCII. 2c. llTervezlc, 1880.)

^'observation qui fait l'objet de cette note concerne un offi-

cier supérieur, de cinquante ans,, indemne de tout antécédent

héréditaire ou pathologique ; chute de cheval il y a vingt ans,

n'ayant déterminé, nul accident immédiat ou consécutif. Les

premiers mois de la maladie qui nous occupe ne sont marqués

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 255

que par une perte notable dans l'activité du patient, qui se

désintéresse des questions qui le touchent de près et devient

en même temps plus absorbé. Bientôt, s'y joignent des oublis

impardonnables, des distractions choquantes, des fautes de

savoir-vivre inattendues, des accès fébriles accompagnés de

céphalalgie, toux, coryza, de l'incoordination dans les idées,

des illusions sensorielles, de l'incontinence d'urine, de la con-

fusion des personnes' qui lui sont chères, de l'amnésie totale

de ces événements personnels qui font époque dans la vie, de

la lenteur des mouvements, de l'incertitude dans la démarche,

de la gloutonnerie et des excitations sexuelles sans érection.

La parole devient traînante, bredouillante ; il se manifeste des

tremblements fibrillaires de la langue, et le malade prend l'as-

pect d'un homme étourdi et plongé dans l'apathie ; on constate

chez lui le signe de Romberg, sa démarche est oscillante. Peu

après, phénomènes de parésie gauche, vomissements spontanés

sans causes, difficultés de la déglutition, impossibilité de se

tenir debout. L'hébétude ne fait que croître. Enfin, à la suite

d'une paralysie complète du côté gauche accompagnée de con-

tracture de la tète à gauche et en haut, de parésie droite, d'in-

continence des matières, d'irrégularité du pouls, d'amaigrisse-

ment et de marasme, la mort arrive dans le sopor au milieu de

convulsions du tronc, répétées. Durée de l'affection : neuf mois.

Le diagnostic n'avait à hésiter qu'entre la paralysie progres-

sive des aliénés et une lésion cérébrale localisée. Si la première

trouvait ses arguments dans un stade prodromique de six mois

caractérisé par un affaiblissement psychique latent, dans son

début par des absences, de l'amnésie, des modifications du

caractère, dans des troubles de la parole et des attaques apo-

plectiformes, la rapidité de la marche (trois mois de période

d'état), l'absence de rémissions, l'apparition prompte de trou-

bles de la déglutition et de symptômes vésicaux, l'entrée en

scène brusque de l'apathie et de l'hébétude précédant les accès

apoplectiformes, l'intensité delà céphalalgie, la démarche bien

différente de celle des paralytiques, la paralysie se généralisant

à tout le côté gauche, y compris le cou, la bouche, la paupière

supérieure, le frontal, constituaient autant de signes en faveur

de l'existence d'un foyer dans d'hémisphère droit. L'autopsie

démontra la réalité des deux hypothèses : en même temps

qu'une méningite chronique de la pie-mère (épaissie et adhérente

à l'écorce), on constata un foyer purulent du lobe frontal droit,

356 REVUE DE''PATHOLOGIE'NERVEUSE'

de' dâfè'récéntë; ainsi`qû'eis'télriôiglïâient le ramollissement

corticallrouge-- péri-àmbian t'-et' l'itittr-ation'tïru'le-nté'd'el l'e-1

semble de la méninge (fusée). Il en résulte que les prodromes

signalés devaient être rapportés à l'inflammation chronique de

la pie-mère (tableau clinique de la démence paralytique du début) ;

sur celle-ci, sans cause appréciable ? s'était- greffée une" poussée

aiguë purulente de l'écorce cérébrale, expliquant les modifications

séméiologiques et l'exacerbation fébrile des trois derniers mois.

dIIGta%n'Tq ; 1 1 u' .8'-t n, 1 T, : I , i i P ? X.F J

rl 9'rl tnlli qij I· IJJ>ym ' ni. y, -li J,1 (j&1· '9`rrlYrt'

Ltt'uup il uf|i- -.J tu ? tur. ? ? fit /'ii8d' f· a9 Pd'q^f

XIV.' PARALYSIE LABIO-GLOSSO-PHARYNGÉE d'origine cérébrale

53'A1FOYER unilatéral'; par Kirchhoff. ATClt2v. "Psych : u

I lVervenkrank...' 1880.) ? i'1'1"^' ' ' · t r ''r r ' ? lïti-j t l

afil. 7'I(J.f,3 qu si h. W w ' 3^ t ? ruz r t if'4 li, tif

Un jeune menuisier,"de vingt-quatre ans, 'prenant un bain

froid le corps couvert de sueur ,'se sent soudain' en proie des

vertiges accompagnés d'une violente douleur dans la moitié

droitedu front, demouvements convulsifs desbrasetdesjambes,

erP même temps qu'il "perd la parole : déglutition ^impossible,

déviation de la face à gauche, salivation incessante. Ces plié-

nomènes s'amendent, puis disparaissent; mais, huit jours plus

tard, nouvel ictus vertigineux, nouveaux' troubles de la déglu-

tition'et de la parole. Cette fois* le'malade ne se relève pas et

présente' successivement une épiphorèse prononcée, surtout à

droite, de l'écoulement de salive, des signes de parésie buccale

des deux côtés,'de là paralysie 'de la 'langue et du voile, dû

palais, de l'orbiculaire des paupières'; l'articulation des labiales

et'des gutturales' est difficile; la déglutition n'est possible que

par la'flexion en arrière de la tête, les bras tremblent; inté-

grité de la sensibilité. De plus, il existe de l'insuffisance et du

rétrécissement mitral. Enfin, la'mort survient dans lecollapsus,

à la suite d'un dernier ictus ayant laissé après lui une hémi-

plégie gauche comprenant aussi la face. L'autopsie décèle un

foyer'de ramollissement ancien dans la capsule externe et le

noyau lenticulaire du côté droit auquel M. Kirchhoff attribue

la paralysie labio-glosso-pharyngée et la bilatéralité des symp-

tômes ; les fibres émanées d'un seul hémisphère étant, par un

hasard de développement ou de perfectionnement, chargées

dans l'espèce de la conductibilité physiologique et comman-

dant aux deux côtés'du corps. On rencontre- également un foyer

n

revue de, pathologie, nerveuse. 257 i

récent dans le corps strié droit en rapport avec l'oblitération

de l'artère sylvienne, ces, altérations expliquant l'hémiplégie

ultime. (... , , d P. K. < <

- . ,.a . , 7 , . , - T1

XV. DES phénomènes DE vertige dans LES lésions DE l'oreille ;

par,B. Baginsky. {Séance de l'Académie- des sciences de

. Berlaa, du 13 janvier 1881.)' w *> -^ -- " ,l '.

.t. ' ., ..i/ I ? 31 'uJJ)..i, . ? .. j 'O ? '

L'auteur a injecté différents liquides, sous des pressions

diverses, dans la caisse du tympan d'un grand nombre de

lapins, et a observé les faits suivants : Lorsque la quantité de

liquide.injecté.et la pression . sont suffisantes, il survient/du

nystagmus, et,une rotation, de] la tête, du côté où a,été,faite

l'injection, souvent aussi des mouvements de roulement et de

manège. Plus la pression est forte, plus la température des

liquides injectés est basse, plus leur action chimique est irri-

tante, plus aussi on voit les troubles nerveux qu'ils déterminent

prendre, de gi : vité. Lorsque 1 'injection est(faite dans les deux

oreilles, la mort survient le plus souvent. 1 1 . ?

L'auteur' admet que les liquides injectés parviennent au con-

tact immédiat du cerveau ; dans toutes les autopsiés, on trouve

la membrane de la fenêtre ronde déchirée, et, si on injecte des

liquides colorés, on peut les retrouver dans l'aqueduc du lima-

çon qui'lés conduit jusque dans la fosse jugulaire, au contact

du 'corps restiforrrié, tout près de la racine ascendante de la cin-

quième paire ; on sait que les excitations portées directement

sur cette région donnent lieu à des phénomènes analogues de

vertige. L'auteur refuse, absolument aux canaux demi-circu-

laires la' faculté qui leur est attribuée, par un grand nombre

d'auteurs, dé présider au sens de l'équilibre, et il rapporte tous

les troubles statiques observés à la suite de leur lésion à une

blessure concomitante du cerveau dans le point que nous avons

indiqué plus haut. · P. M.

XVI. DE l'influence DES VASO-MOTEURS SUR la PRODUCTION DE

CERTAINS TROUBLES FONCTIONNELS, AVEC QUELQUES REMARQUES

sur LE traitement; par F.-C. Atkinson (The Fractitioner,

février 1881, p. 81.) ? - 1

Certaines personnes sont'sujettes à une faiblesse naturelle

du système vaso-moteur, dont le docteur Hume a décrit, dans

17

258 REVUE de pathologie, nerveuse.

1- a zl, .2 Lrlntl W 11c'V.1u111 . ., J ·,uW

le Practitioner de juillet 1879, les traits caractéristiques. «, Ces

1 U Y1h ' 1 Y ·f'zL 11 l. ' IVyrL 1. ! 1

personnes, dit-il,,ont le regard humide et doux, la pupille dila-

"<Éiris"bleû,' la paüplèré sûperlëûré L systéme

tee, 1 iris bleu, la paupière supérieure tombante. Le système

nerveux est facilement troublé. Le système vasculaire est fai-

ble, atonique,, comme le, prouve l'irrégularité de leur sujet à

des palpitations et à une action tumultueuse à la moindre émo-

tion, le pouls petit et irrégulier, la tendance aux dilatations et

aux varicosités des veines, la congestion rapide aux'capillaires

à la suite d'exercices ou d'injections d'alcool. » D'après l'auteur,

les individus qui présentent ! cette, constitution sont;facilement

bouleversés par l'usage de l'alcool, par le tabac, par le] séjour

dans un climat chaud et humide et surtout par, le coït.

Le principal symptôme qu'ils accusent est une sensation dévide

au creux de l'estomac, delà céphalalgie, du vertige, une grande

irritabilité. Le sommeil est lourd et interrompu par, de fréquents

soubresauts, des spasmes musculaires. Au lever, le malade se

plaint de vertige et, d'étourdissement;^ la bouche est, sèche, et

mauvaise. Dans les cas graves, il lui semble qu'il est incapable de

prononcer correctement les mots quand il lit à haute voix,' ou

de, diriger ses doigts quand il. écrit, ou ses jambes quandilmar-

ché. Dans des, cas très graves, l'auteur a observé la perte com-

plète de la parole, dont la durée variait de une heure à deux ou

trois jours, d'autres fois, l'impotence, des bras, ou des jambes..

- Le traitement doit avoir pour but de régulariser la circulation

cérébrale ; l'auteur emploie .l'acide, cyanhydrique, le sirop de

lactophosphate de fer ? de petites doses de digitale ,et de noix

.vomique, le phosphore.- j,,t, - ? , CF., ^ 1

H»Mi- I . I il. ,1 , ». .

'T' ? t , ) i

XVII. UN cas DE PERTE complète ET prolongée DES sens DU GOUT

ET DE L'ODORAT; GUÉRISON RAPIDE PAR LE GALVANISME; par

r,A.-D. ROCIiWELL. (7'Ae)Ke'eaeco ? janv. 1881, p : 120.)

- V 1 %j41 · , ,l . 1 n ' > - ,

Une jeune femme avait perdu complètement le sens du pouls

depuis dix mois, à la suite d'une grippe ; deux nuits après, une

nouvelle attaque de grippe se termina par la perte de l'odorat.

'-Le courant galvanique était à'peine senti par la malade. Après

deux ou trois séances, le point métallique est distinctement perçu,

'et, 1 au , bout de 'quinze jours, les fonctions perdues étaient

- complètement' rétablies. ' ? o - - i ? C. T. <-

",qli .-it, 1. PJCT fil.1,tll Fb,i i ' PI.. ..i il

,t5 `1J'IU'It' yl9tqlfft4Fl ' LtUJ lClt i 1m kil- i si » .p FI

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 259

VT ? mrm" rj ' ' ? '. ' '-* ir*.a4>- 4. ^""),i «H ! " ol i««n>\<^T --\<\ ' i

AV111. jlRAITEMENTj DE L BEMIPLEGIE PAR LES AIMANTS ; par

m. 1 1. 1, e - t. · al Record. -New-York-" ·j n. ,

M..J. MORTON. (Thé médical Record.-New-York, janv. 18t31 ? 'jq'j \J t'I.t ? i "u 'ngi/' r m, i- ...,j ;.i (1 i W

°i J` G,.it;Il'J1'V 'l 1 ? J° if 44dii.i 111 lli 1t' II 1 71jv- i

£ Une femme, âgée' de ving-deux ans, avait eu une attaque

d'hémorragie cérébrale deux ans auparavant.1 Il était resté, une

grande' gêne des mouvements et'-ilne perte'presqilelcolnplète

de la'sensibilité du côté gauche. Le bras et la main gauche étaient

fléchis et n'étaient capables que de quelques petits mouvements.

Les orteils se fléchissaient en marchant' et elle ne pouvait' poser

le talon à terre. Un aimant fut placé sur la jambe et' un autre sur

le'bras. Ils furent'retirés au bout d'une heure. Il y éutun retour

rapide delà sensibilité qui; en' peu de temps, était complètement

rétablie. Les aimants'n'eurent'aucune-'action-sur lés'mouve-

ments; qui' furent améliorés par l'électricité ? G; T : JI-1-1 ? ? M'i4nm n 7 ? 't , j 1 ,J -1 niflr,c.ylf<rm

XIX. CAS' DE CHORËE LIMITEETCERTAINS GROUPES "DE MUSCLES';

XlX.J'Cis' DE CHOREE CERTAINS GROUPES DE MUSCLES;

q'pârFr : WARNER.'(iYled : 'Tzines arid Gazêttè,188t; t. I;p.`265 : )`

jtjtf n p r- n- - i.i . >'p ? Tr ? Momq

-"^L'auteur "rapporte trois'cas 'détériorée' partielle.-1 Dans lepre-

mier ? le spasme'est'limité aux muscles de' la face'/des oreilles

et "du1 voile1 'du' palais, * avec' troubles 'de `la- parole dans' le

second/5 les' secousses n'occupent que les muscles'du"tronc ! des

'épaules* et quelques muscles de la face; dans le troisième enfin,

'le spasme est localisé' à' la langue et' 'aux élévateurs et abais-

"seurs'de la mâchoire inférieure.'f bi : ` Vv'arner pense' que' l'on

peut déterminer des localisations cérébrales par les paralysies

limitées ; on peut également rechercher le siège de la lésion,

dans les cas de spasme limité, dans la chorée. Il est donc im-

portant de décrire en détail ces spasmes partiels. CH.TF.

- 'f,; 1 '4 )( lu

XX' HÉMIPLÉGIE ACCOMPAGNÉE D'APHASIE ET SUIVIE DE GUÉRISON;

par A. HEUsyE, de Saint-Louis. (The Alienist and Neurolo-

sU'gist.H Avril '1880.)"- "`f ,% 'rr ? ? 4 TP" ri inj

s"i- .- n . -o f f t i tf o ? .t "foq-jb

1 p-L interèt de cette observation,. que l'auteur rapporte. ! ? ! ex-

,.tenso, a surtout trait aux phénomènes prémonitoires de, l'attaque

apoplectique , , quit. ont pu être observés avec c détail pendant

june période de 13 jours, (céphalalgie persistante, (sensation de

pesanteur dans le côté droit, taches dans le champ,vistiel,-ten-

dance continuelle au sommeil, puis, tintements d'oreilles, nau-

sées, incohérence, pleurs et enfin coma). Hémiplégie droite et

260 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

aphasie (amnésie verbale). Deux mois et demi plus tard, retour

de la sensibilité puis de la motilité dans les membres paraly-

sés ; la malade qui, depuis le jour où elle est sortie du coma,

comprend parfaitement ce qu'on lui dit, commence à prononcer

quelques mots; au cinquième mois après l'attaque, elle parle

couramment; L'état mental est', satisfaisante sauf, une^extrême

facilité aux pleurs. .m J z n a >. d. : H. D 0. '

XXI. UN CAS DE SCLÉROSE LATÉRALE AIYOTROPHIQUE; par C. MOELI

(Archiv. ficr Psychiatrie uzzd lervezzkrankheiten , fasc. 3, 1880.)

...Observation avec autopsie. La, durée, de la maladie fut d'environ

trois ans, et demi, pas de phénomènes bulbaires; l'auteur fait, à pro-

pos de ce cas, une revue rapide des cas publiés antérieurement et des

opinions des auteur 1s 1s.u1r1ce.s'ujét. A(1 ? OfTi "™ ' 1 «a^-M.'101'

\., `· ? 1;W1 3-\ . AT/iy/OHtl viOTTT'iTtfjJ l 1 tit| 33 U ^5"-IK f-KIO

,nmy2 w>'/x vecvr`rtt·v' wlrt4y i^.c, 4r.c·,t\· ,r.. W.m... ,\ ? .

XXII. Mort subite par rupture d'un^vaisseau dans la région

cervicale DE la moelle; par Fred. PAYE.'(Tlae'Lancet, mars 1880,

+ -p. 445.) )fi f'r 'fi IV 'il, ! Jt ri 1 4-111J riz. -)I, tf'i a

Iau m 17 f 1' w.-ii, ? (, rr i 9ff1 4;,i|. ,t,y tfqati ? jmp L

,9-Une ! petite , fillei d'une, dizaine i- d'années, ayant toujours eu une

santé délicate, était sujette, des indispositions fréquentes,, pendant

lesquelles elle se plaignait,, de raideur,delalnuque,.dé ? louleurs,

parfois violentes, occupant la partie^ supérieure de l'épine et gênant t

les mouvements du bras gauche. Jamais elle n'avait vomi, n'avait

eu de convulsions ou d'attaques d'aucune sorte. JJn samedi, elle1 fit

une longue promenade,' le lendemain elle était soûffânte : ' Le lundi,

elle se'plaignit''dérouleur et dé`'râidëùr'dâns la'nuque' et- dans

l'épaule gauche; elle'refuse de manger;' Même état le mardi' et'le

mercredi ! Le'jeudi .matin,'elle semblait aller mieux ; à quatre heures,

après avoir été à la selle; elle mourut subitement. 1 1 '' 1

4oAutôpsie ? Pâsrdê trâce's7dê blessui·es ? rien dans l'abdomen, jta

'poitrine ? le' crâne',1 qui pût 'expliquer la mort : -Dans. la, moelle,' à la

►partie inférieure de la région cervicale, ion t trouve, une infiltration

(considérable-'de sang, et ? l, lalçoupe,i un"çaillotde,,la grosseur

d'une fève, la moelle tout autour, était ramollie -les enveloppes et

, était atteinte d'une maladie, chronique delà moelle qui donnait lieu

aux crises ériodi üés'dôrit ellë sëufiait;ét que la cause immédiate

i ,-«.' i j-.ii .[> ? ' ^-Tinin.in'rp.T rp rr rt, q ? t. t ? ....

de la mort a été la paralysie des muscles respiratoires par com-

pression brusque des origines des"nerfs ? phréniques'et'autres;'Le

'sang'prôvénait'd'uri'vaisseâulde`la moelle' rompu 'probablement

'dans un' effort pour'aller à la selle.' '>-"i< ? )m t. ; t ? C.,T. ,(l

t tl'fujf, 9 1 Itiol nlll'(frT4Jf)m)>91(r94rW 1fT fTv'1·y i nnl.i'- m i»

3* pl7yil rff9nn, j 'tt lflrfrTy9fnqq Ci <1 ! .it)i.ttr ? i< ? fT ? -,

.L`LtJ'3'JFr.IJ ! 170,IOIiTAY un '3,T7$I (

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-ifu.if.q "^idiTniri 3' .flr6 -jjihJon et 6 hirrq 53llrd'en.7a, .et &b

r.6tI100 ni. 9rf'IOé tas ili.t ne Tjjoj ei einqah mi> alvWii si bas

laonocro-rq s alIT6(17117`n .1 tif) uo irp 93 fiI9`P9JISt'IBf baaïqfnoa

91"bq J119 £ >npjsljj5 1 29'I`f R[0t" 8CII9(II(Ir : irj5 zaom C7LpIlIrp

$'REVUE4'DEf'PATHOLOGIE 3bMENTALEtQ3

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LÎCIoM 3 tBq gBq,qORTOŸIar, iJiMt&I SBOHàjtlK 30 SA3 KU .Ii.Â

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1- o`F, tf't .f.ffr "t ? ? p.. T ? tf ? ? r- - ? rrh

IV. ETUDE de la PSYCHOLOGIE médicale ; les différents CBR ? CLES DE TROUBLES INTELLECTUELS ; - LES MALADIES NERVEUSES

MODERNES ; - L'ÉDUCATION DANS SES RAPPORTS AVEC LES MALA-

' ? ufc.iju ? eo.. ein.l. 01 ,

dies mentales ; par J. Grichton-drowne. (Ihe journal 0/

psycholoqical medicine and mental patholoqy. New séries, ? vol Vi, pârt 2,`p; 169). ,a ? ,8 *" ? m E.IeTYA3

,U81 . .... ' t" %M. >.^ i <* ' * t ? » T8l| , CJ.I30M j n B3 ! Vm3

La seule complexité de ce titre fait déjà prévoir qu'il ne s'agit

pas d'un mémoire 'ayant fia prétention rde'jtraitersàjfond; ! ces

Jdivers~sujets; cetravail n'est autre chose - en i effet -1 que.lle dis-

'côilrs, prononcé' paT'1 auteùr,r l'ouverture de la` section de

Jpsÿétologié`'dé31'Associ,tiôn`'fm'édicalë britanniqùé,I'àz Carri-

.t ? tt , f. " Ix u ')t.j slorlib6 *'ti''i<R's 'ii- ni> 'tû^rnivirom EOf ? a b t;9`'n c tT t 9^ ! 71 ITt1` - F. 9n v '1r. '1 afy '`r.·, rt * .,

,h,M. Cnchton-Browne sefehcite d abord de ce que le Conseil

iSuperieur^deducation, médicale, âitrepoLissé7lâ,rdem,aridéqûl : lui était faite .d'introduire, dans .les, examens p'oiir jles^djvers

grades médicaux.une épreuve, portantf.sur la. pathologie men-

tale ; la matière des examens est déjà bien assez vaste; la part

ique l'on .ferait à la patllologieamentale, serait, forcément^ trop

«.restreinte ; ..pour ce qui trait, à, la spécialité,; que constitue

^incontestablement la- médecine psychologique,'il.ne'faut-.pas

1 oublier que la spécialisation, quelle que soit la voie choisie, me

- ''doit' être qu'une différenciation' tardive,' et qu'elle' a tout- inté-

J rêt'à à s'appuyer *sur une solide et complète éducation' médicale

^ préalable. En revanche,' l'orateur applaudit'de tout'^coeur à la

création récente d'une section de psychologie au sein'dé l'Asso-

ociation médicale britannique. .p ? nun, .n ,,I,,aun : ) fl0lî f-a

iu^En effet, (les troubles, intellectuels et nerveux,prennent,çha-

que jour plus d'importance et de-fréquence ^l'auteur, les répar-

tirait volontiers entre trois cercles concentriques dont l'intérieur

comprendrait les aliénés proprement dits ; le moyen, les sujets

262 REVUE' DE ' PATHOLOGIE --MENTALE.

que l'on appelle' communément excentriques} tandis' ne

rieur'renfermerait les diverses névroses.1- Il s'en ' faut-' de ? beau-

coup1 'que cette délimitation' sôit rigoureuse, et'IVI. Crichton-

Browne estimé1 que le'sriûâiîces'qui les séparent'i'essemblent

plutôt/a des dégradations 'de tous'qu'à des oppositions'1 de cou-

lBurs',1' sàhs'^ compter 'que1 beaucoup 'de' sujets passent'aisé-

Atif , ,r ? t , , .

ment' d un cerclè à 1 autre, soit progressivement; soit régressi-

rveméht^' Il faut' reconnaître, -en outre,' que,' même.en dehors

'du'"cercle extérieur', 'du^'cercle' des 'névroses, nous-'voyons

's'augmenter le nombre des maladies indirectement nerveuses,

'c'est-à-dire' dé1 celles qui,' sans avoir leur siège dans'ie système

nervéûx,, sontcepëndânt placées d'une façon plus^ou moins

directe sous- sa dépendance fonctionnelle.

La cause de cet accroissement de fréquence n'est guère diffi-

2 cile, à : trouver; -elle réside, tout entière dans les conditions céré-

brales où nous place la viesociale de notre époque. L'intelli-

gence, dit Herbert Spencer, est ^adaptation .,( des ^ relations

externes; or, les relations externes se multiplient, se compli-

quent; dailutte.npour , Fexis tence0 devient,, de ? plus, en .plus

s aiguë; d'où l'augmentation et l'excès^des^appel^faits à l'activité

nerveuse,- et comme conséquence logique, les troubles nerveux

oprésents ou éventuels. »,i ,,q. /f ? ,r tir.,nJj(îqriif,o-ij.' In-ho-i

- "Celâ étalit; on conçoit que l'éducation,' qui n'est autre chose

qu'une-'préparation' à cette lutte pour l'existence, à cette adap-

tation'laborieuse et multiple des relations intérieures aux rela-

tions extérieures,' puisse .devenir ? au point., des vue,, qui ^nous

r' occûpe,` un danger ou une sauvegarde. Elle est un dangers

' le' fait* est' plus facile à signaler qu'à prévenir ? lorsqu'elle

'91 aboutitq au), surmenage, dû cerveau ? lorsqu'elle,, ne rtientlpas

ncpmpte'de l'harmonie' nécessaire' entre le développement intel-

nléctuel et'le développement-.physique ? rharmonie qui : net se

hromptjàmais sans 'qu'il ,en,, résulte, ides désordres : apprécia-

Ibles,'et à la réalisation,de laquelle,il faut sacrifier), toute, autre

2eonsidératiôn : IRfn .()n) q Te") le (li .1- an nl·Irlllr.qrl tg[ t

L'une des voies qui conduira'peut-être le -plus' sûrement à

9 cette' hàrmonie'noûs'est révélée par la' découverte récente des

Oceht'res''moteûrs1ët les recherches dont'ils ont été l'objet.'L'ora-

téûr entre Icldari's quelques"considérations sur 'le rôle''de ces

u cérit érs'dâns l'édücâtiôn'e sur la : dualité d'activité des-centres

nérveux,,actmté"defôiiction et '"activité1 de1 nutritiont» Le (fait

que ces centres , Idi4u'bri6 n6l les, e xecepas lû oveàa*blement,

REVUE, DE, PATHOLOGIE, .MENTALE. 263

1 1 IJ ? ' ' tus

ne-se développent.pas ;.le fait encore, plus, digne de remarque,

f- ,)j. ) i ' - ' ' ' 1 , À , 01,L)u 1b ilti 1 iïf.

qu'unefois développés ? ils-, ne, s atrophient pas. alors même

qu'ils sont soustraits à l'activité qui a assuré leur développe-

ment, ! ces faits, dit l'auteur, doiventjnous pénétrer, de la' néces-

sité, de faire l'éducation de chaque centre à la période naissante

de ce centre,, et le danger d'attendre que cette période soit pas-

sée. Ils donnent en même, temps^à l'éducation,.physique. une

signification, toute, nouvelle, et, à l'idée, ancienne, et d'ailleurs

-parfaitement exacte, que l'activité ? musculaire,,est une. source

de-i vigueur, et r de. santé physique, .il faut, désormais joindre

; l'idée nouvelle et. féconde que cette activité contribue, dans une

i-large mesure, au développement du cerveau et à ^'évolution de

l'intelligence. ? t'.r.). . ? 'R.^M/g",^

fi'td. c>t iii^i i^'n < ni-.rrj ? I .j. nimiM^», .m,, , , ,, vl ti (

Vj INFLUENCE DES maladies' aiguës SUR la genèse DES maladies

- I II MENTALES ; ;' par' le Dr 1 Emile KRAPELIN. (A ? Cltl*V. f.' Psych.

zr( ? tNer'vënlc ? t : XI;'1880.)'. ™ ' > ki* d"4p Il) ,Ha0j

-llqtllO'i 9K 'fTHlIquIlMT' 9. >H.-r,9Jy, t.).h') ? loi 2611Tn1X`a

su 'Voici ûri'lonâ'mémoire qui l'aide' d'une analyse critique

'basée principalement sur la' statistique^' dresse 1 le bilan de

* l'ensemble'1 des' questions'se'rattachant aux' délires i qui, pré-

cèdent, accompagnent ou suivent les affections aiguës-gvaste

"plan qui comprend' la totalité » des .accidents [cérébraux jpassa-

- 1gers ou persistants'en rapport avec telle ou telle maladie. rrp

- 1,,IbUn premier'fcliapitre,, qui devrait i porter le titre I'del,6 ? é-

ralités,' établit que,^.parmi cesfmanifestations, les,,unes, appar-

-tiennent à-l'évolution dui processus(et,;méritent,(qu'eÿles,se

^montrent à la période prodromique'ou durant,la * phase,pyré-

2 tique ? le nom-Ide, délires fébriles, bien. que beaucoup,,d'entre

'elles'émanent directement d'une infection.cLatprédisposition ? (hérédité, tempérament nerveux ? anémie -préalable, émotion ? violente 'antérieure),' le- sexei (masculin) et : l'âge,,(inférieur à

s'30 ans); joueraient bien un' certain rôle dans leur, genèse', dans

les proportions de 30 et 67 p. 100, mais les , deux éléments

b fièvre ou- infection en sont,, pour, M. |Kra3pelin,,les, agents, pro-

.-.vocateurs. L'hyperthermie, par,.l'excitationnbientôtrsüivié, : de

- dépression, qu'elle détermine-) dans les^centres, l'accélération

«(cardiaque (pouls fébrile) parjrhyperémie qu'elle, en gendre aux

mêmes lieux (témoins les sensations,- subjectives ? l'examen du

31,fond de l'oeil,,le') bienfait des saignées,,lla,,sÿmptomâtolôgio

,t,générale), l'action, irritante du,sang lsurchargéJ t dyiréé; 9çôn-

264-Ç, £ REVUE.- DE PATHOLOGIE MENTALE. ! .1

courent au même,résultat : ajoutons-y les stases- sanguines de'

la. période d'anergie cardiaque, bientôt, réalisée par.fla haute

température. A ce.moment, l'hypertrophie, l'anémie et l'oedème

du. cerveau, l'hyperustion.du tissu ? neryeux, et-1'adynamie

qui en,dérivefatalement(expériences,de,Wundt), contribuent)

à produire les .variétés psychopathiques. L'influence -spécifique

désinfection dépendrait peut- être, à, la fois de la,dyserasierdu-,

liquide sanguin (son oeuvre), à la fois de l'action, irritative du-,

ferment sur les cellules cérébrales et médullaires, à la fois de

la' localisation f directerdua poison9Jmorbide sùT les "orgânêset

leurs enveloppes (altérations* anatomiques) ? Quant aux-,CO"M ?

plications organiques telleslqu'éndocardites, péricarditès^etc ? 1

qûèj'de1 primé abord," l'auteur déclare incapablede produire'

seules 4lés manifestations psychiques ? leur' étude1 sera mieux'

côïnprisé aüx taiclésspééiâüx'`deTnôsôgrâplüe.`CëTtziris"sÿn='

drômes'vésaniques'apparaissent non'plus'à'1'acmé'des entités'

morbides;rmâis pendant là'Èhàsede4«lrémisioiÏ"du' co-m-plé-xui'

fébrile (chute souvent brusque de la température) ? de là ? les1 déno-

minations de déliieg'd'inaiiition',ld6èbllasüs qu'on leur a réàér-'

vées; ét l'expression dêschôses àsthénzques cye M. Kroepelin pro-'

pose ! Il pense;e'en`J efiet;'tqùè''lëür "pâthôgéniè'1 résidé" dans' dès'

troubles de lanutrition générale d'ordre anémique, dâns l'épuise'

ment' général du1 système* nerveùx'consécûtif à 1'llyperthriiê'l

et à-laccélération fébrile des échanges moléculaires,' sans' oublier'

lés propriétés (irritantes oûhécfobiôtiqùës ? ) dû poison zymotiqûe1

sur, l'élémetl histolocique." La 1 p'rédisposition occupe/pour ces'

dernières;'un'plus large cadre (36'p : 900);'pi'êsqüë tbut'entièrë' 1

dans' l'hérédité (80 p7 100) élle permét;'én`uné certaine mesurer

de concevoir là-plus grande' richesse des modalités psychiques'

de-' cette 'catégorie^ et''leûr'autono`mie' plus accentuée' qui les'

rapproché Fdes psychoses idiopathiques." Aussi,'1 ont-elles' 'une1

évolution' plus 'longue et deviennent-elles''parfois'* incurables,1

par suite de"là ésistancè "de Ild[dysti6pllié.' Quant à admettre

que cette causé puisse encore agir, comme agent névropâthiqué;'

des années après '-l'épuisement de' la maladie,'on ! hé''1 sàu-"

rait/'dit l'auteur," étendre son'infiuéncè au'delà de" quelques'

semaines,'de,quelques'mois au plus. irii il , ' '" Ut. ? i"c

ifr.m."1 ? ,'iin'ili|.T ? <-' ^ni.rl -1911,1 n o ">/> i bi r- , nit --tl-j

* A. Fièvre intermittente, , Elle (est la source, de symptômes,

psychiques de trois ordres, suivant la nature pernicieuse, larvée,

cachectique^ de l'élément,étiologique, qu'elle dégage. Dans toutes,

les formes, au reste, la répétition des accès semble, pour, ! 40 p.100;

REVUE 'DE PATHOLOGIE MENTALE ? 265"

des faits,' exercer la'plus forte influence, l'apparition et, l'inteni

site' du délirelétantl en rapport avec l'intoxication et non avec

l'ascension thermique.» La courbe de mortalité égale à peu près

celle'de `lamàladie génératrice et révèle le même âge moyen-1

(20 à 38 ans) chez 74'p ? 100 des patients ; elle nous apprend, en'

même temps'que si les accidents nerveux de la maladie recher-

chent'de'préférence l'enfance ? les 'psychoses yjsont'plus rares ·

que chez l'adulte. ,f r ? ? 4.' B à ' c'-i f ' c.,rwm- alur"

4 -')0< LI R ? I''llï9' ta 6 -il de 9') i i 9 Z9 'lip Trl9rT··(

t Les, formes pernicieuses, que l'auteur,considère comme, relent

vant de l'action commune, de, la, fièvre, et du poison, ne, sont)

autres que les, trois types de Colin,, Hertz, Griesinger, ( type,co;q

mateu'x ? j.cpnvulif ? délira.nt) auxquels, se rattachent en*

fait-, de lésions, jl'hyperémieetl'oedëme,,des centres (typerez,

mie,,rétin'ejie ? raremet ? n'év'ror611nite, constatées par Bou-j

clin 1,g.t chreiber pendant l'accès), les foyers pigmentaires de-,

l'écorce cérébrale,' etc., pârfois même, des.exsudats plastiques^

surlesinéninges.y : ,De la dernièreentité,,M.Irapelin rapproche-

la6'ycAoM, ? ? ! a/d; ? eMHe,classique, qui, ,pour tous, représente,

une, fièvre 1 intèrmitte 1n'te,, larvée.. Elle\ diffère, pour^lui, de 2 la.

formel é1é lirante, par, son, apyrexieycomplète · ou quasi, complète, f

par, sa marche, non plus continue ? mais périodique, cyclique,1

par la pureté,de ses^ intermittences totales, par, l'absence inva-;

riable de toute propension au,oollapsus;,unertelle séméiologie,

milite en, faveur de l'opinion toxhémique.VComposant,les, ? /3

des faitscolleétz,s ? elle.sévirait un peu moins sur, l'homme que

les formes pernicieuses(et appartiendrait aux types, quotidiens

(8P'.ioo),iere,s(4p. IOO)ou quartes (Hp. 100). La moitié des.

exemples présente le tableau d'une lypémanie exsultante, assez

semblable par les violences qu'elle déchaine aux périodes d'agi-,

tation,des .épileptiques^.d'ailleurs ? souventc(1 : ,3) précédé^

d'aura (Griffith,Çremer, ,Van Mons), elle est quelquefois asso-,

ci6e, à, des, crises ? tét.aniques, épilepiformes, (Hôsteriaiin). La

manie (mégalomanie avec, démence), la mélancolie,calme sont

signalées pour les, autres,, faits. Quant à.Ja stupeur, l'auteur-la

range dans la cachexie malarienne.. Le, diagnostic ne peut se

poser qu'en sachant que la.yésanie accompagne, suit ou, rem-

place un accès de fièvre, en recherchant les symptômes somati-

ques; associés en tenant compte de l'endémicité ;'en découvrant

les trois stades'autant que possible^ La durée ordinaire est de 4uâc

tre semaines ; pronostic presque absolument favorable ;'guérison

par la quinine. ou quelquefois'' spontanément;' ni la méningo-

266 REVUE9DE.·.PATHOLOGIE : IIiENTALE.

encéphalite du'lobe'frontal) (Strahl) ni la transformation de la

psychose étf. aliénation cohtinue'(Schrôder,, v. d. Kolk, et Gre-

singer) n'ont été observées par M : Kraepelin.-La cachexie mala-

rienne ne, serait) responsable que, d'un. très petit nombre de

troubles : psychiques; : lorrapport étiologique. allégué paroles

auteurs; ne- paraissant pas démontré- à M. Kroepelin ? A),Ia dys-

trophie il faudrait, selon-lui,- joindrelcomme' a-enti morbifique

une cause occasionelle, malheureusement inconnue; car sur six

guérisons'ou n'enregistre que deux cas imputables) la quinine

seule. La'marche est- toujours .continue; généralement absence

de prédisposition. Eclatant pendant la convalescence, ellenn'a

guère de type clinique favori ; l'analyse des cas épars, y com-

pris'les 'dix rassemblés paru l'auteur,r démontre 1 que le cadre

'entier de la'nosographie psychique'y, e-st. ièpésent6., Apyrexie

complète.' Toutes les lésions alléguées constituent autant d'hy-

'pthèsesPâthôgéillé indétérininablér'L'dürée;`oscillant`entre

n'uatre'semaines'et des années,' implique un pronostic assez

1- mim,ll IYI h bl Il ? 1, 1 t,t nln. I,.·' , n;v

,défavorable d'autant que la quinine n a, plus .une, action thera-

- peutique aussi fidèle, (deux cas de démence aiguë et de paralysie

,(générale.de longue, dûrée2malgréason, ingestion) ? On;, devra

néanmoins intervenir comme si l'on attendait du traitement

les effets ordinaires; tout emparant aux indications de l'anémie.

- Bjnno 3f ze`rD, rc,s n oo : , 1 Jf'i'jq -n. "' ul 4 ? , 'P.'K ? lB1

79f1Vt F 7a t 1 : .11" h 1 1 11 (i>«· U nr,·i n y.. u- ? ! -np - n L;flrlly

yn'1.r11D01 F ar , r. r. °.1>(. JibHo n-r.'i.-J . '1 IBIC- 91

,V][. Mysophobie; par ,W. r HAMhioND ? (Neurologaçal,. Contr bu-

SiBKRq )ft']'-))JR ? m- tions, -1879,' n ? I, p. 40.). q "l .ihlA-ii 6 je

,t4 8«.n-sioq ">s t-'VoJJt1 8 )'' nnim.,1 ? moi ^upbi'-i ae>'iU6rt T'ab

, Hammond décrit sous le nom de misô kôbzé uQOç, souillure

Bi''t ? «,l à ? 0 Allili r emu ? bt ? j) ? ht ? e.1.141 ? il 1

teta)o6o;crainte)un trouble mental qui aune grandeanalogieavec

u et epoboç crainte) un trouble mental qui aune grande analogie avec

Z1'afiection,,étûdiée,par,LégTând,du,,Sulë ' sous, le 1 nom de folie

- ,du doute avec délire, du toucher, ^mais qui en, diffère, par ce fait

- qu'il n'y a pas de ] sentiment) de .doute dans l'esprit du malade

-ni nécessairement une altération des sens du toucher : Ce n'est

as'unè'entit6 pathologique; c'est une simple variété du'groupe

qd'âffections'a.üquel appartiénnent' la pyromanié; la,' kleptomanie,

etc. Ce n est pas non plus une forme complète de folie, car les

(fin ? 011. nr\ L i : n iitoi'i ttft -il , Pr -y I)t Ilr; qn" 11, r 119-

malades conservent un certain degré de contrôle sur leurs ? j tt.un ' t r.l )n t. ! .. , v1 m ? 17 < b . Sm .mJ -...t...

Lactes, et,ont conscience de la fausseté de, leurs .conceptions. n

4a, crainte d'une, souillure imaginaire, est, levait caractéris-

-,tique de cet,étatl,morbide"tandisque"dans les observations

ède-Legrand(du Saule;.la,crainte de;toucher certains objets,' le

REVUE%DE,L PATHOLOGIE,- MENTALE. 267

besoin delse,laver.les- mains;lsont.seulementudestincidents

qu'explique le'doute continuel quildQminer l'esprit duimalade,

et ne' sont nullement en f, rapport ! avec .']'idée d'une . souillure.

fib Les dix cas sur lesquels ! - est fondéeuladescription^ de Ham-

mond ont été observés ' chez desfemlries.· Dans plusieurs;·la

mala.die'duraitl depuis : deuxvou trois ans, et- il, ne. semblait- y

avoir' aucune tendance au développement. d'un type plus grave

de dérangement mental. L'intelligence n'est nullement affaiblie

et les malades sont toujours en'état de reconnaître.l'absurdité

des idées qui les do minent : Voici une des observations.de Ham-

inonde ,·o,r ? rotrmrr ? s ,rbnsd .iitii+Llo3 noiJr.goqfibe'iq 9h

rnoo <tËq9 ? <)j haï ')<'Lpn ? t rrovr;t 'npinih iqv.t eh 9-i9n^

nMademoiselle F..., âgée de dix-huit s ans, (, vint . me consulter, au

1 de janvier. 1879. Dix-huit mois (auparavant, elle, avait passé

.une huit dans une ferme. -De retour, chez,, elle; elle.prit un bain et

.en coiffant sa chevelure .qu'elle .avait très longue, et très fournie,

, elle ,s'aperçut avec surprise et dégoût "qu'elle était pleine de poux.

'Elle avait toujours été ti ès soigneuse cle sa personne et -l'émotion

que eeprouvaà avue ces insectes4 fut des plus vives ? Malgré

aes'lavage's i-épétés5au'rsavon; à'1 l'aciderrphéhique et'àutrës' subs-

tances 'désinfectantes,' elle ne fut' pas<convaincue de lai destruction

'complète de la vermine, nn't ji- arnmoti rmtei anfûfrnj'.nn

,.Ce fut là le; point. de départ delà maladie.Peu'à peu,; ; l'idée s'en-

racina chez elle qu'elle ne pouvait échapper aux sources de conta-

mination qui l'entouraient. Elle prenait un soin particulier à éviter

les enfants, et ne permettait pas à^un enfant de la toucher ou

' rohe-d'ell. D - ? la iiie 7'èllè évitait -dvëc ? oiù)que p-e'reso'né

d'approcher d'elle. ans la 1 évitait avec soin 'que personne

ne la frôlât, de peurd : unlcontact'qui l'aurait salie. Elle passait

des heures chaque jour à examiner et à nettoyer ses peignes et

ses.brosses et n'était.point satisfaite qu'ils ne fussent parfaitement

^propres.' Elle se lavait les' mains plus de deux cents fois dans la

. p t t , r. " " 'J' , ,, , ? o..c ? i-tibl' ...,

`journée. Ellè ne touchait rien 'sans3 se''sentira irrésistiblement

'-poussée à ies'frottér ëtàlesJ sâvônnerGradùellénient;·l'idéë des

'poux s'était'éffàcée,'et, depuis] plusieurs' m'ois,')a crainte de'se salir

avait pris une plus large 5 extensionf Elle J ne-. pouvait d éfiùir'exac-

9tementlemaLeriesipollutionis; mais,elles'imaginaitqu'illexistait

; quelque chose, qui, 1 absorbé par les mains,ouipar uneautrejpartie

du, corps, pouvait lui être nuisible. L'idée gue ses vêtements, étaient

lavés et blanchis avec ceux d'autres personnes, était. pour elle, une

.cause'de grande anxiété ; mais elle ne voyait pas, de moyen pra-

tique d'éviter cette fâcheuse circonstance; cela ne là rendait'pas

moins' très malheureuse. Quand elle iie se'lâvâit, pas' les maiüs ou

- ii'examiiiaiL'p'as'se'biosseset',ses peignes,3 elle'passait'ie'reste du

Etemps à'inspecter ' chaque] pièce" de 'l'ameublement 'et' àll'épous-

sseter àlplusieurs reprises ? Sâ·vie n'était plus ! que trouMe;T anxiété

p : f .IfTY'·.11. aiuoaomAn aa ')a

268 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

t. jJ'. L, il . rm' yl· r, , £ » -il Bjff.pt = .Tl-r- ? MI)llTÎ'»1 rC 'a

et crainte perpétuelle. Son caractère avait changé ; toute, personne

et'tut'ééhoe'lui- étaiét'sàectes. fElle jétait deven1ue sujette à

l'insommie, à de fréquents maux de tête, à de l'inappétence. Elle

avait desbruits dans les oreilles; des flammes 'devant les yeux ; elle e

était incapable déconcentrer' son ? attentiou'sur'tout'autretobjet

que celui qui la dominait si complètement. En causant ave 1el é-,

je n'eus p%de. peine l'amener i- reconnaître) l'absurdité 'de ses

idées., Elle convenait 4u, lorsqu'elle réfléchissait, elle était convain-

cue de leur fausseté, mais qu'elle ne, pouvait cependant s'empêcher

d'agir comme' elle le faisait^car aussitôt qu'elle s'exposait ^quel-

que' cause'7dé, 'contamination ses idées' revenaient avec toute leur

force.t9 8` xsli^ J 't)01 q ie

sb alaJut noditiffmd bcur aliiiob '"t- au »0(>t .q SS dll

Hammonda traité tous ses malades de la même. façon,- par

les, purgatifs, .le bromure.de sodium,, de potassium, ou ,de cal-

ciulri. Chez tous la guérison's'est faite en, trois ou quatre mois :

M Vt f- -ist .i u `t·, s ? rtq,·.y(J'1rJ 11 (ltrl ( .`4 G : T. -,sI t1.··

s"4 s'»d 0)01 m 0" L'' Of itioq anus-t - mi-ç « -t ? p'u- J

,Y11. L'ÉPILEPSIE ALCOOLIQUE;.par'M : G : EcHEVERRIA.(7%eyOMr'-

eb )ji'jb ? < ? ` 12 sa m1' Xt) ,b ' y) · IU n -'i > ui< ^..J .iii ''"

Dans ce mémoire important, dont l'analyse est, bien;loin.de

remplacer la lecture, Fauteur, s'efforce de préciser, mieux qu'on

ne l'a fait jusqu'à)présent,les rapports, de l'alcoolisme avec

l'épilepsie; celle-ci, en effet, peut être,, soit, le résultat, soit la

cause des excès alcooliques ; enferrant de plus près le problème

étiologiqïïe, oh trouve que, l'alcoolisme ,mème quand il, agit

comme cause, est souvent favorisé par des circonstances adju-

vantes. Ne pouvant suivre M. Echeverria pas à pas dans ses

études et ses déductions statistiques, nous relevons seulement

,ici les données numériques lès,plus importantes ,. ? '

^ Lés recherches ont porté sur 572 malades, dont 307 hommes

et 265 femmes. On peut diviser ces malades( en trois, classes :

la première comprend 257 cas ( 1 li.0 liom mes, t 117 femmes),

dans lesquels l'épilepsie, été.manifestement consécutive à

l'alcoolisme; la secondé comprend 136 cas dans lesquels

l'épilepsie a été, lé résultat d'excès alcooliques associés taux

. ' ' *, lit# 1- di . 'i ... , 1 - ' ' si*- i L<

causes adjuvantes qui suivent : syphilis dans 67 cas (39 hommes

et 28 femmes) ; lésions traumatiques de la tête dans 42, cas, (31

hommes et 11 femmes); fièvre intermittente dans 2 cas (2

hommes); insolation dans 9 cas (7 hommes et 2 femmes); abus

1 tiloi ,. , - lit, Il 1 ., ., z

de la chique ? dans 1 cas (t homme)'; inquiétudes morales dans

l'hl. ? 1 , ,, , . , . il,le 1 6't ? ?

. 5 cas (5 hommes) ; la troisième comprend 189 cas ( ! '2 hommes

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 269

- 147 Xi

et 97 femmes) dans lesquels les excès de boisson ont été la

conséquence de l'épilépsieF qu'ils "ônt°d'ailleüi's`â leur tour con*-

tribué'àaMraver ? Jf`I ^zyJJ9f/8JJ2 rfIyIJ : JY LU ·1·Ufi'1 y tlU, ·'

,91* 1 - nl (T- . 1 f B ? f nit y 'SffT . t7· U'^`9t Evh si af·SSflU2Cm i

Lesrcherches faites, au point de,vue,de, l'hérédité et portant

toujours surlelmême nombre, de malades (572), ont-donné,les

résultats suivants : 3 jr^rneiMlqrrioo te ,rsnunub 61 up illi '" jup

as1° Chezz122 hommes (39,73=pIç100) et'cliéz'103rfémmês.

(38,18 p : '100);soit une prépôrtion'totale dé,(39=33 p'l'100); lâ

tare héréditaire a été rëcué'dirëctement''dês parents. ' 1l *'u JUÎ

- ! r ? l ? h-tf-.rr w4 1 7 , t .mt- 'lt;J .7W , t ,m , ·nff70', F9B j1 ? 2° intempérance des parents a produitjaj prédisposition à

l'épilepsie chez' 56 hommes (Ïg,2'p. 100),"e chez~43 femmes

(16,22 p. 100), ce qui donne une proportion totale de

17,30p ? t100 : ^nT ai .en eb.slsm sas auoj ,jlg.1j r banmmsH

' ' 3° L'intempéranèeldes parents,' associera l'épilepsie" où'à'la

foliée a<'été notée-chézc4.9 hôliimés'(15,96' p&100); etrchez15Ï

femmes (19,'24 p. 100); d'où une proportion totale de 17-48.

L'épilepsie des parents figure pour 39 (12,70 p. 100) chez les

hommes, , et pour, 42 ( 15,8+hp : r 100)f chez, les femmes;r ce . qui

donne, sur ce,point une proportion totale.de 15;73rp. 100.

4° En classant ensemble les deux catégories précédentes de

cas d'intempérance chez les'pâreiltst"ôm ôbtiéiltnüê proportion

de (0;10,p. 100)-pour les'hommes ! et'de (35;4.7 p 100)pôür

les femmes : (Proportion totale : 36,53 p."100. 4jp fi11L r1 ; pur

.ci 5° La folie'ou l'épilepsie 'des parents,1 en dehors de io'ûs"a'nté !

éédèrità' alcooliques;, a été'ntép ? liez""17'h'o"'m'm'e's'(3',53 p. 100)

Wf1 yÎt : I 4.f ryv·t .;ft) ,W 1

et'chez 9 ferrimes'(3,99fp. 100), ce qui'donne'comme pr'oporti'on

totale : ,5'N p ? 100. '

e,, I;e7l résültat"géiléral , de 1 énquêtet,étiologque, deM : c e-

verrià molitre que (1 intempérance a été la 'cause unique de

l'épilepsie alcoolique' dans 30,80·p.,100,des âs, mais que, "dans

le nombre bien plus considérable des autres cas, lés excès alcoo-

iiques ont été puissamment aidés par 1 hérédité ou d autres

causes'adjuvantes âècidéiitellès. ^^l'" . "™T -', 2

tj' W 1 m . Lrt1 T 4T1 ? r.'thn ? nff ? : 1 ? 1

Ces'divérsités étiologiques ne modifient pas d ailleurs le tvpe

clinique : dans la plupart des cas,, on rencontre, en- -- "âint à

clinique : dans la plupart des cas,on rencontre, en étudiant a

'mal.,ide, des'troubles cérébraux profonds ,dus soit'à à

1 héiédité; sôit à `dés lésitiii's encépliâliques âcéldëntellés (çëre-

braux de Lasègue) ' niais ! qu'il s'agisse d'unë épilepsie post-alcoo-

,. t r" r, i.l til'nt 1 7 . II rH ! ! W 1 t `rLL1111W 11

tique ou d un alcoolisme post-épileptique, les symptômes soma- ? ? ..w ? mnl ? l. ? "' ^ ,' V ' Iliil IIO'Jl 'l rH ( ? 1111n ? U -,Il

tiques et psychiques sont les mêmes. , ? r i ri, 1 1 ni .

Les lésions anatomiques se résument ainsi : : 'dégénères-

'fjmroT.ii KCi^bnHKt Dn9'u,inoo31noign>iJiu . ? jin-niii°l.f-'i' .

270' REVUEI : DÉ PATHOLOGIE MENTALE ?

cence graisseuse de' la névroglie, 1 dés cellules' et dêâ' vais~seaux

dans les couches corticales'etf la 'moelle allongée,"pouvant se

développer simultanément ? avec dépôts pigmentaires' dans' le'

sympathique, etparfoisTjusque dans les viscères thoraciquëset

abdominaux ; quelquefois, corpuscules amyloïdes abondants

dans les centres'- nerveux; 'héo'-membrahes''étëndùes''dè*Ia

dure-mère; dans la majorité des cas, lésions 'primitives des

méninges(-et troubles de la circulation cérébrale' donnant lieu

à- des infarctus locaux'et à1 des plaques ischémiquedues'à ? la

dégénérescence athéromateuse et'à l'obstruction des artères/

Les' sinus- et les veines du cerveau/1 et principalement lé sinus

longitudinal sont d'ordinaire épaissis, non pcrméables'et irrégu-

lièrement distendus. jj 1

Au point de vue séméiologique, les crises convulsives n'ont

rien de caractéristique ; on ne -peut pas, dire.non; plus que les

accès soient généralement uniques ; car, chez les malades atteints

de delirium tremens ou d'alcoolisme sub-aigu, ils sont multi-

ples et quelquefois sub-intrants. Les vertiges revêtent une

forme dangereuse, et les actes quelquefois, sauvages, dout-iils

s accompagnent ? paraissent- acomplisn âvec une, perversité

froide; le malade eni conserve, très souvent ? unr souvenir net :

Ces .vertiges raccompagnent toujours de troubles visuels, ! et

souvent d'une^, angoisse précordiale qui peut aller jusqu'à'revê-

tir les caractères de l'angine de poitrine.,t'. imun j,-t < z

,If Le fond'de l'oeil`peut,être normal,=ou présenter des' lésions

qui ne sont pas, toujours égales des deux côtés; ces lésions sont

habituellement de la congestion ou de l'oedème péri papillaire ;

plus tard, de l'atrophie du nerf optique. Les pupilles,- qui, au

moment des.vertiges, présentent souvent des alternatives très

brusqueside contraction et de dilatation, deviennent souvent

punctiformes chez les malades qui-se sont alcoolisés méthodi-

quement, sans habituellement atteindre l'ivresse. ' ..

et La tendance au suicide et1 à l'homicide est assurément plus

fréquente dans l'épilepsie' alcoolique que'dans l'épilepsie ordi-

naire ; mais ce caractère n'a, pas toute' la valeur diagnostique

que- kù attribue Legrand du' Saulle. 'L'excitation maniaque* et la

fureur qui succèdent aux attaqués convulsives sont analogues

à ce que l'on' observe-daus le' delirium' tremens. Le pouls est

mou,,rapideet dicrote ; dans la majorité des cas, la température

s'élève, et-lessueurs sont plus .ou moins abondantes;' l'urine

est rare, sa 'densité augmente' ; elle'est rarement albumineuse.

REVUE, DE PATHOLOGIE MENTALE. 271^

quelle ;que,soit sa nature,, est rarement, cura-,

ble; on, conçoit donc sans peine que, associera unetendancet

soit vicieuse, soit morbide, aussi difficile à détruire que l'intem..

perance,.elledéjque tout , traitement,. , Les rémissions ne, sont-

pas très rares;, mais, à peine en liberté, le malade reprend ses

habitudes alcooliques et les phénomènes, morbides reprennent,

toute leur intensité ? L'auteur s'est .efforcé de montrer que,)

dans la majorité des cas, une ! dégénérescence ou , un- trauma-

tisme du cerveau,, dans le sens le, plus large,de ces;mots, cons-

tituent les éléments essentiels^ de, l'épilepsie alcoolique ;, cela

étant, il n,'y, pas à s'étonner, que cette. forme de la .névrose

convulsive soit l'une des, plus dangereuses et. des moins-eu-

rables. ? tfl,k.R. DE M..C.n31l

,t(j. n r < ( ? h ,. - i' 3(mBLi.vqiiiqs. '< ifnniiA

VIII : Cas DE folie systématique 'aiguë primitive' WESPHAL ) ;

at par Max. BUCH' D'ISC'HFWSK. ('Az·ch ? f.r"Psÿcfa : M ? 7Ve ? 'ueKA.

~(-t XI) '' ,- ( il) anal 7r,1, f. vf^ -' yf«9'r ? tl`' 1°F, ql !

41.,i f ? , ^ t,a. 291 trns"'i·1 ir° 'olH ? T'lflif|- t9 a9tq

sI'L'observation longuement'détaillée du Dr Bùch'concerne'un

homme de vingt-sept ansj'scrofuleux1 (cicatrices),1 "sô'ûffrà'nt'dès'

longtemps de palpitations cardiaques', et ? depuis la'deuxième'ou

la troisième année'de la*vie;'d'une suppuration'de ille Gau-

che : Les (antécédents décèlent ne'lié7rédité'n'évro'p"athiq'üe"éi

psychopathique extrêmement accusée' du côté paternel et mater-

nel ; de huit à quatorze ans accès 6ë-cpi'7eM'e débutant' par

le bras, droit et n'entraînant la perte- de -connaissance'qu'au

moment où la. jambe se trouvé à son tour'prise'paroles côn-'

vulsions. Dans ces deux dernières années dyspnée datant d'une

pneumonie -et' parfois hallucinations,'notamment à la' suite

d'orgies, rares d'ailleurs ; il y a deux mois, oedème abdominal

et facial s'accompagnant d'une dyspnée pénible et 'de dépres-

sion morale. Impuissance;` spermatorrhée ! sans érections'ni

orgasme. C'est sur ce fond de mélancolie, i n'ayant i rien Jde

l'hypochondrie, et du reste assez habituelle au malade hanté

parties 1 soucis,, et les fatigues d'un-lolig; sûrnumérariat, que

vient brusquement, agir l'émotion d'une nomination imprévue;

le, surmenage du déplacement, de nuits d'insomnie, et d'une

installation nouvelle.ia ce. moment se produisent des hallu-

cinations de la vue, d'abord, agréables, qui ne tardent pas à se

transformer i en tableaux, désagréables,. accompagnés bientôt

de voix menaçantes et inquiétantes.. L'examen décèle une.per-'

i - ^ll/-1 X*-T1A t .rl tnm·r r -r .r., -r , ra'1 ',

272 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

yi 9h .-f.inn ? n *.j ? ) ? Ji'Ti ? 7 ? T ? t"i''j

foljrrAtti'o4hn tyllipanique 'o'nls'id61r$ab leld#eT-l' folreille gauche écoul1-1

1· 1 tympanique considérable de 1 oreille gauche (écorne-.

1*1 *. -iu...f,.l ? 11. ., ,, .ia.ll -' . "t

ment,, bourdonnements, etc.. il il démontre en outre que c est ,t1

, ? M.i'iin-iii.. .. ir'i ..i , m , > i- . I - .. i'i j- ? .. " j -C- ? l

cet o7,gane seut qui perçoit les hallucinations de 1 ouïe ; de plus,

Uti --1J ? t j il n ·1 vü I fiT . i· · i ? f nrW t v4, i 1 .

par instants, leqeres contractions fibrulaires et convulsions dans

les doiqts et le bras droits : Tout en ayant un peu conscience de

· n ', J fIW I · 1 Jn,n ? n·ylll; I f· -v 1 : 11'fIl) il·1 In viv · ,...ill 7'

son état, le malade, qui est parvenu, a prendre assez d'empire

-Ml- ? i i . -i- l a >>t' ->.. "'r > ,. " «I .1r(lj-iri"»'01. - "1- '"1", /j i

sur lui-même'pour'continuer Fexercice'de ses'fonctions'(de

sur lui-même pour continuer 1 exercice de ses lonctions (de

.ii.Hl. ? . il....x,' ,Rvli ? ' ...' ? .. -....... ',....

juger d instruction;, explique ces. phénomènes par une relation ? r)t i ' 't'' I,i "I ii,etf 4 ? tf ' 'l 1 ? ' ')il 1 ' - li

électrique établie entre ses cordes vocales et les agents' qui le

.li t , q·iiüf 'i 11..11 tt'tl ? 1 / : · ? " '. J, I<"4 'l ? rtr·

poursuivent (voix);, ceux-ci connaîtraient par ce moyen

..y[11/T ? 1f1 4 In v111'1 4t il 1) '4 Il 1

(téléphone, microphone, phonographe), sa pensée avant qu elle

ne fût'exprimée : ' il'avouer malgré'son - - -. -4t

ne fut exprimée : il avoue, maigre son expérience judiciaire, ? t'f't' ? TO ? 1' i .) ? '0 1, ? , . ")J TT ? . ,,

n avoir point pense au diagnostic d hallucinations. Un traite-

ment convenable de l'oreille (lavages astringents) ,'J l'ingestion

d'agents somnifères, l'électrisation galvanique lombo-pubienne

(symphyse)" 'dearrappareill génitàljri concurremment avec >le

traitement moral ! (explication dessymptômes, promenades,

travaux mécaniques déterminèrent une première amélioration.

Celle-ci fut complétée.par) l'application de;- courants continus

faibles*(deux.éléments de Stôhrer),-d'unercourte durée, (quel-

ques ; secondes), dirigés-td''abord,d'une'apopbyse.tmastoïde.ja.

l'autre (cathodeià gauche) ? puis de I;apoph yse imastoïd'gauch

àl,tub6rositéfroInD talc 4 opposée (anode )i ? le 1 Inalader recou-

vra l lel calme mental et physique pour la plus, grandei partie

des jours, et,des nuits. If)1 4lif ? 1, 'jivk 1TW'(111 (I ! 3

2tI ' ifl -tn- 11' k 1 .Fr '1' ? n'< ? ''rïi,' .1, ". rlmW ttf)ftnrt ?

Le Dr Buch rend l'otite moyenne diathesique responsable

l-Aix .r ? . \> .u-\. f un li,

ous es accidpntssigri Ne serait-ce pas elle, qui, chez

l'enfant, aurait entraîné une lésion de l'écorce cerébrale, hémi-

111 F4.1 f 1111ti,% ) il,') 1- ·' 1 ·W I ·1

,épllepsŸeçaractéristique)Idontlâ pSsychoserAn'ést,açtûellëîri'én

Il r 1. .11 Ct ? )) ? I ? \/.) ? -il 1,.t-

qu'un rappel ( convulsions fibnllaires du, coté droite hémi-

crânie fréquente gauche, - sensibilité du tact plus 'étendue' à

( 'lfr. l[1 4" vlli·.iW 'l' 11 lit - !

.droite, qu a gauche et même que normalement). L existence de

\'1 ? , ? i , ? "1 .11-11 111 t', , l 4, . 1. ff#

la dyspnée et celle des palpitations rapprochées des hallucina-

tiens seraient pour lui un garant de la lésion du nerf acoustique

pour ui un garan 1 wlm ... h ill·. W i. 1 1

(voisinage des noyaux de l'auditif, du centre respiratoire, du

centre' 'd'arrêt cardiaque dans le quatrième' ventricule). Les

- 'J % 1 1 : 4'I II ,il' . ? t ? ,"))) ? j ? tH, 1 rm ....'t' `

auteurs ayant déjà noté les relations' des affections auriculaires,

avec des hallucinations du même côté, 1VI. Bûclï crôit,quelqû en

,, -. , t; li. 11-1 lr ,I,i, 111,.IJ 1">- ? in - , . i,

soit le, mécanisme dans 1 espèce, que 1 otite gauche, ainsi que ? t ? t)i ? )'t ? i ? i) ? j''i ? f "

1 altération de 1 hémisphère cérébral qu elle a déterminée, a

Il, l'hémi-sp." cere ra lâ

transforme 1 évolution aiguë de la folie'systématique"en pro-

St h

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 273

...m. zu .txzm,turtny nu ; 1 ·,1. ! 1^ vi; L'

cessus chronique; -il en appelle à la disparition rapide de tous

les symptômes à l'exclusion des hallucinations unilatérales et

homonymes. L'amélioration'produite parle traitement local

et l'électrothérapie de 1 oreille malade démontrerait cette patbo-

genieM.Buch fait,en même tëlrips ressortir .que 'l'action

favorable doit être attribuée à" l'application et l'ouverture de

.j0.t\ ? - m 1 11f 't n. ? »'» ? .t-, "i y 11.'

la cathode ( obtenue par de très courtes séances ) du coté ma-

lâdé; i voilâ pour les hallucinations. La galvanisation céphalique

(cathode sur 1 âpopysé mastoïde;'gauche-ét anode sur le `frônt)

' r, ' r; , p pyse ? 41 ? T"Q... ... .........

aurait, elle, une influence hypnotique, puisque dans le cas

particulier à une période où le chloral'et la morphine étaient

in ...hV ? -,r iL ? ? h t H..H' ? IW 1. »- .,» ? 0'-i.. ,. . I

devenus impuissants , elle aurait provoque le sommeil ; celui-ci a

persisté depuis maigre- des crises parfois encore très-violentes

·WrJ.W' JA1 ? · i) jc.t.t.tt tf6 W IP. K. . ,

dhallucinations ? ,, , . P. K.

te "r) 1 ·I ' », ? ' 'ni t'1 h rl1 91 . t n I ,t u (lr · . (1., v ,( ! '1s

n 11...n1 ff ? 1 1 l1J111 tytly ,1 , .<'I,IJJt i --viot (i-t[(.p 3J,, i-r b

IX.1- Du délire aigu ;- par 1 le prof.1' FùRSTNER'(d'Heidelberg) : ? oni, )8ta'(, (Arch : f.t Psych. U. 1 ile ? ,vk., t : XL1) 'f) ? ) i

oi.jcii i.1 1 i- >1 tIt n t, In t,t It It,WyJHI) ? i» ! - j..n'/< ?

a Chez trois aliénés .atteints de manie et de mélancolie à formé

systématique, l'auteur a vu survenir du délire aigulcaractérisé

par l'hyperthernie, de 'l'agitation -musculaire avec incoordina-

tion (folie musculaire) et. des 1 crises (de convulsions toniques

et- cloniques; un collapsus mortel ^constitua en 1 deuxtcasi le

dénoument. Les altérations cadavériques frappantes ou spéciales

en rapport avec la gravité du syndrôme 1 sel résument'en' la

coloration sombre du sang rempli de filaments et de réticulums

ubrineux et la d 1é'g',é7'zeî-esce2cel cireuse (vitreuse) des muscles;

celle-ci était prononcée surtout dans les adducteurs,' le triceps

fémoral/ les droits de'l'abd omen, lé biceps,'le 'diaphragmé,' les

intercostaux, les muscles du 'cou. : infiltration du périm'ysium

par des cellules rondes. Intégrité du coeur. L'examen 'du tissu

musculaire de la troisième malade put être pratiqué dé' son

vivant à deux époques différentes ; lui ayant sectionné d'abord

un morceau du biceps' gauche (en plein ventre' du muscle), on

constatait que la période des contractions et raideurs tétaniques

excessives et prolongées coïncide avec l'altération granuleuse

'typique ('grosses' granulations) des fibres musculaires (dy's-

trophie) : un second examen pratiqué, par le même moyen,' un

mois plus tard, sur le muscle droit interne de' la cuisse,

'démontre la, même dégénérescence, mais plus étendue. A raison

'i îu' "" 1 "i ' rl 1 ? i 14 1, 1 Il...., 1 '.

de 1 hyperthermie brusque a courbes 'abruptes,, nui souvent

q . "}> > iiî.ji t.» -il- ..j au >...ijj-mv ;l ii»n11>»au,.\j

18

274 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

croît et décroît avec les exacerbation psychiques , de la réaction

spéciale du système musculaire, de, la, constitution du sang, de

la'tendance aux accidents du décubitus, de l'albuminurie égale-

ment notée, de lâ mârclïépernicieuse"le,professeur, Fürstner

conclut à l'entité du délire aigu, mais, comme syndrome.- lui

11-i --Il tLi )il - ' , n

refuse,' comme, aux, psychoses , d'ailleurs, même); aux plus

intenses,"un'substratum anatomique quelconque et n'admet

point son autonomie. L'intégrité absolue des centres, nerveux

danssebservations/rapprochée de l'inconstance des lésions

dans les autres faits, liridérnontre que, le délz"2,e (az*gu est, un

trouble fonctionnel pouvant survenir, en4quelqueyvésanie que ce

soit;1 qu'il' représente « un^mode, pathologique^ déterminé. de

la`'vâz : iâtion des , symptômes dans, les., Il affections, - centrales,)y

4éfiition' ! dé" chüle, i.1et Jelin ',Mais sa , symptomatologie

enseigner qu'à l'exemple de l'état de mal épileptique plus grave

qu'un' accès' isolé, il est plus sérieux que tout autre psychopa-

thle. ? 1. »r,M»- 7.^1..v,-Pr..i*;m.MJl,.ri si ? 9..t °.l.'

Il Quant aux lestons musculaires qui n ont été jusqu ici rencon-

trées que ' dans des maladies somatiques graves ( typhoïdes,,

infectieuses,' etc ? ), avant 'de rien spécifier sur leur origine, leur

valeur,1 leur pathogénie, M. b. pense 'èo. : nvi6ndrait de IA,

ft . r ? - ,* ? -*>,> ? , , .1111 UIJ . >ij\.i

rechercher en d'autres maladies mentales ou névroses capables

d'engendrer'comme ici des phénomènes convulsifs.et, de l'agi-

tation`mùsculaire étendns ? ? 1 " ? T))'T7'

tation'musculaire étendus. 1, ? P. K.f fJ 9b

triitici9ff4b JIIj· olW , (,11lI`'tull'n ILI 'Jl iln ItIlGlll ? 1 s-4-i ".a

XtIDELA,TH&ORIE,DES,HAILUCINATIONS;IparVlctor Kandinskt'

7"' de 'M " - '- (Arch. ? ycA. M/'7VeeH& ? t.'XI'.<) eIJ`uo

/ , ne-,de Moscou f.-tPsych. . «inuoJ

1 1c- 'r'l' "I n' ."»f.. ? 1· 5 1 » "W- -M. il-» ? i no».

, A- l'exemple . du professeur Lordat, (de Montpellier) t et du+

Dr Spàldin,- (de Berlin) pour l'aphasie, l'auteur relate les obsér=a

vatlonsLqû eut l'occasion de noter sur lui-même pendant une'

atteinte de monomanie exallée, accompagnée'd'hallucinations de',

la vue, du tact et de la sensibilité générale. il divise son affection

en deux périodes : la première, caractérisée par du délire intel-'k

lectuel'constituant une sorte de mélancolie raisonnée; '- la-' t

seconde', toute, dans l'apparition d'hallucinations, n'ayant au ? 1

cun rapport , représentatif avec, les conceptions -délirantes 78

D'abord convaincu de la. réalité de ses sensations pathologiques"

qu'il explique' par l'induction psychique (transmission en' son

cerveau des( manifestations-, intellectuelles et sensorielles des v

voisins), M. 1 ... ar-r" à peu à peu à les dominer au point'de

- lftl)JJ'tf1291· ! m ·JiWty 1 r`tOf'iiiCl l nY 'v ? 9rr ? 1°t.

l.It1'rSâ21 IJO.IUH'IA9 3u 3J1331 -fVi.

. a-, &1 517 , REVUE .DE.PATHOLOGIE^MENTALE. SIO'I : lyb J9 7n Î5

lI011Oii91 £ 1 in . eji-jj.iw. -q ^ ? ~~-~- <- tn.y

ne s'en servir que'cbmme distractions c'est à cet-effort sur lui-

même qu'il attribue la-persistance dé là vie mentale et sa guéri-

son ? au' moyen1' d'occupations 'intellectuelles ! A' mesure"que

rénaissaitt- l'activité (psycliique ? disp'a"raiss"aie'n't les ' hallucina-

tions. zVoiciiles'conclusions1 qui "résument" l'ensemble'de ses

remarqués : oupH"'>l ? P 'Jirpiu ? JiiU'Jb f11tf1F712U11c" llL .G4cl11df1

^,^-t ! , . v . ,, ? 4.hi 1 .mi MiuiiiB .-lu- ? 'r;> »q

1°'Les-° hallucinàtioris''ne sont'jamais 1 expression dune

suractivité de Jart sphère mentale ; elles proviennent au con-

traire de l'épuisement de ce département, c'est-à-dire de f"ééo"rëe

du' cerveau ? 3 La" période"61 de1 délire intellectuel" né"'coïncidé -,

pas,, en Il effet) avec -celle ''des3 hallucinations.0" Au "'moment "'du

réveil de l'activité'1 psychique,^ les ^ hallucinations^pâlissent et

disparaissent. Des 'occupations17 proportionnées, aux' forces du

* , y ? ' , J p i 1 ·I1"I4 t A.11) .JU" JG1J

malade', 'contril)'Liet 1 pndant la convalescence a supprimer

les hallucinations ? "* `'uT' gt'st j' ? uk» '*M " W"A ^ I

2° Les hallucinations se différencient des images nées/ du ? tn`. r rn gW .1J·, ·ovt uww· D a. ?

souvenir'-et tde'.l 1 imagination, si vives que -puissent être

ces dermèresf par leur caractère propre d objectivité. )pUqtto3'ni

I 3° Ce' souvenir et' la substance du délire intellectuel i n'exer ;

6entl qu'une très-faible influence , sur l'hallucination. ,-Bien-

. -*k . 1 1 l'i'^TArr ? c ., insu- ' Il I i ,. o ',*- - ' -

Pl s, chez- les, monomaiiiaques ou les aliénés, la représentation !

' 1 A . -1- 1 >i- *"" ? 411" r ,» - . L .

idéale qui émane de 1 imagination est loin.de pouvoir, toujours î

se transformer en hallucination.

4° Les hallucinations périphériques, celles qui dépendent de,

l'excitation Ides nerfs sensoriels') (tels les'éblouissements'tin

touins, photopsies, accompagnés d'hyperesthésie dés' organes)

sont plus simples que les hallucinations centrale dues à l'irri-

tation.des centres de perception ('hallucinations propres); Les

premières, quand elles .ont l'oeil, pour originee"ont souvent en

outre la propriété de décrire des cercles'et de suivre les mouve

ments,du globe oculaire (diagnostic différentiel ).' `` "' '"J'*1" k

i L'auteur a, de'plus,'depuis sa guérison, conservé là faculté de"

provoqueiwdes hallucinations visuelles; periphériqués ? oii`cén-

trales, en travaillant tard dans la nuit. Ëllesse'm6ntrent''au 1

moment précis où le somMe ? tarde' à venir réparer la fatigue du 2

système nerveux.' Mais,* pas plus'qu'aux spontanées, IrlŸ.i`n'âQ

réussi à leur imprimer- un-cachet, une formé en rapport avec le

modèle qu'il, se .proposait ; 'il peut simplement a son g ? é''diriger **

vers elles son attention'ou'au' contraire,1'én idétdùrner. De là--

cette dernière conclusion ` w uoq u ? 4 ' il, A «.' ,ibw<-.k>-

5° Le mécanisme et les conditions de production des hallucina-

276 REVUE3DE -^PATHOLOGIE MENTALE.

tions liÿpnôtiqûes sont les mêmes que pour celles de la frionoma-

rnié"exaltée.'5' I 911 9VrtSqt ? fI0ftlJf ! inimoo ^ T4'I311(21Tf1 IB'rpq n0

£ \ Lapathbgénie'qu'iP adopte est*» celle deq Meynert,Ipourfqui'

'les'c'6uches'corticales 'du cerveautolït : pour·fonction,Itouteen

rréprodnisantf'ë âssociantlles'conceptions,nd'arréteroles- exci-

"tâtidns^sans' objet1 des centres sensoriels'infracorticaux ()tuber-

hles'q'uadriju'iùeaux'en ce-qui concerne la,vue),ainsi3que les

iîritatiôris'subjeeti'vés'des autresiparties@dp ? l' écorce., 1 Cette, pro-

£ priété'3 étant' suppriiriée">par l'épui-gmentf, physiolooique,lèles 0

- perceptions issues de l'excitation spontanée des centres parvien-

' nent à la'connaissance; commences sensatiohsjne se différen-

7 cient'éri rien' de- celles d ? ori-,ihe'exteri-i ? le malade, voit'et croit

- à lâ réalité`de'cë qu'il voit. Désireux'de tenir compte de la décou-

verte des''centres corticaûx; M.sKandinskyaintroduit une modi-

s'fi.catibn.r,'A-[son0sens ? k m6canismende l'hallucination),, réside

id'ràllèl&în611t"da'nsllw diminution-dé l'activité cérébrale et. dans

''l'irritation' des 'centres sensôrielsr corticaux'I ouünfracorticaûx.

^L'influence morbide ('fluctuations 'circulatoires ! , oui- nutritives )

'éXCité' le centrel infracortical et' cette : dncitàtion' remonte, dans

1 ! k^' centre "- cortical dont'l'activité m'est plus r-régulariséet par

créco"rce ? L'excitation première'peut aussiprovenir,du;nerfelui-

s.linêrrie''oommér'da>ls`1'halluéinationl périphérique 1(1 hyperes-

ez tli'ésié ) : Maison aucun 'cas on, ne» saurait supposer l'inverse,

c'est-à-dire un courant centrifuge par excitation spontanée 'des

centres supérieurs^descendant aux foyers inférieurs. 1P K.

stnofijot .21 1 : 1 119 yl7qv(lq` t. 29196 1161 ni- af-runirn

9b `zJm3 2A6 9r ? TIIIq sl tt .ft1«. ( S'idiJtl ,IV01" cille, ? f.fR')

XI. DE l'albuminurie considérée, comme symptôme DE l'accès

i - lmm Jilll i

- qBfIID'I;PILEPSIE;,parrKLEUDGEN.,(AL'ÇIt. f ? Psye7t ? u. à i -) Né ? ,veelk., 1, f,

8ari3lt.,XL)rori q-'JWi t ? tq > udqin qh lirtntts qfjpij

r4·,u rro d at"r. n1 j., -rj)|f '[rnff

- sib Une séries de} recherches , instituées dans le double but de

.n$7 contrôlerj les méthodes d'analyse,, chimique, applicables à ce

- fucas, particulier, ? et gd'q' Side ? de, la..véracité,.d'allégations

cliniques contradictoires,.ont,permis`à, 1 auteur de ^ mettre en

évidence un procédé fidèle pour rechercher l'albumine. Il con-

a.rsiste-à à faire,subir, à l'urine les traitements suivants ? rT

.'\ .Apporter, à l'ébullition la liqueur,. préalablement filtrée après

un refroidissement de quelques] instants, ajouter un fort excès

d'acide nitrique (6 à 8 gouttes). n,,s ? ajouter un

" 1s JAu ! rîoût d'un' court repos; âdditiorid'unvblume.à`peu près

BIT`éâ'al d"iÏ;è'Ïbl'uti511'cérièentréé'd'e sulfato'de soude.na ? 8np

REVUE3DE : PATHOLOGIEMENTALB. 2T.7

- P ? Chauffe dé,nô'uveau et- laisser» reposer, de 16 à24,Ilieures;r

On devrait considérer comme démonstrative de la présence, de

il'albumine toute' opalescence.se manifestant sous, l'action de la

'chaleur. à,la suite de, ce, dernier, repos; à -fortiori, eh -serait-il de

même -pour, un'trouble évident dû au précipi6 dup ? §bsta,n,ce

- aniorphe ? ? '- C'est armé de ce mode d'examen, quel

s prit Jjses i observations » sur t. 57. épileptiques,;atteintssde2ette

- (n6vroe7depuis, des, années,et; sujets ài de très-fréquents,,accès

8 généralement cdmplets.\Touj,es causes.d'erreurs étant, écartées

'ou'.à'peu'jprès en- ce qui- concerne ; le, recueiL des t urines, d'im-

-'mixtion de liquides ou produits.vaginaux ou glanduleux f (hérria-

tities/ï leucocytes, aépithéliums) , rle,i moment de0 la ;rnktiqncpar

-^rapport au dernier accès ! (réactions .toujours .identiques, elles-

- iinêmes) Ill'auÉeur,est arrivé aux conclusions. suivantes, : {, 9,tT9r

9biR îojOn peut constater en toute urine des-traces d'albumine^dès

^queicette humeur possède un certain degré, de, concentration,.

.xm2° Il'n'estjpas rare ! du) tout) d'observer,. de,. faibleslau-menta-

(·tionsspériodiques duucontenualbumineux"bienqu;il,ln,ese

si manifeste pas) d'accroissement 1 concomitant,)« dulrpoids ? spé-

Gi6quede l'urine. Onnn'estfjpointffen droit, de ,considérer

- Lcettefhyperalbuminurie comme,,un.signe;d'affection,r,gnale.

- 21"( 3° L'urine évacuée à la suite d'un accès d'épilepsie ne présente

-9 aucune particularité i ni dans sesjréaçtiojis ni, dans son^degré

3 ? de concentration.tfon'rBq 9uîrTttloa tnj[.uf< 00 9TIU,é·,tav·.

24° Il est i très rarel de constater, une exagération, de.I l'albu-

minurie du fait d'un accès d'épilepsie. En ce cas, toujours

faible, elle provient chez l'homme, dans la pluralité des faits, de

, ascrIITmixtlôn a 1 u;in'e, de,spérme.foo afinumi-TtiaiA jaOE IX

' 5°Je n'ai observé^ de cylindres urinifères que chezunépilep-

tique atteint de néphrite; pareille excrétion n'eutld'ailleurs

9b jamais lieu à la suite d'un accès.

"'6° Par conséquent il est imp6ssible'de''fairesservir'aù dia-

9` gnosticmedical ou'médico-légal l'augmentation d'albumine ren-

8Û' contrée dans l'urine J lâ,sûitérdés accès épileptiqùes; à 1'en-

n9 contré dé 'ce qu'on' plusieurs fois prétendu7fîr ? (1- "51 P., K,

- noj li .NIIIf(7ritl t i .rfi-iHrb-ir r >tH)t1 91')1)rt 91 mi/j un H`rtI9111V

XII. DE DE L HYOSCYAriINErCHEZ;LES

ALIL et'les11 épileptiqùes; par- C ? REiNHARD.1'(.ArcA. f.

&3m I^cl'ï ù ? Weïvenk.\H3 : 'XL) ! ,V-f>»l' ' «Ioa ? zrhtoüaT au

.tdSJtu' 8 9' iinuiiia ahnr. b ? 9nt[ li L'essaii embrasse 27 malades,.dont 15, aliénés et,1121pilepti-

qùes en proie, eux. aussi, à l'aliénation caractéristique. Leprin-

278' REVUE 'DE PATHOLOGIE MENTALE. !

cipe actif,. amorphe,' solubkf dans l'eau-, injectérsous carpeau à»

la doser,de-uhimillig ? paLchaque'intervention (0,05.par.5fgr.'

d'eau), déterminait, toujours au bout de-deux ou trois minutes

de la- fréquence du pouls et de la mydriase. Deux ou.jt.rois injec-t

tions produisaient réguligreinent de la sécheresse bûçcqpliaryï'1

gienne,,de l'hypérémie faciale et; cutanée, jde la, conjonctivite,

desjpurmillements etjde.l'engourdissement;'dans .les pieds, et(

les mains. Les effets les plus. tenaces comme, durée furent, par,

ordre- de -.décroissance, la, mydriase,, ks,troubks moteurs, les

troubles sensitifs, .les symptômes circulatoires ? les .manifesta-

tatiMis, psychp-jcerébrales. Une statistique t des, phénomène^

. z .r, , ? .

pharmaco,-dynamiques et thérapeutiques énumère d'ailleurs les

résultats obtenus; -.retenon^en ? pour,, ce quiestfdu ^derniej,

point, qu'enK8, 8 ça d'aliéna,tion dediYers.ordres( paralysie

7...

générak , démençe^énikj manie) péripdiquepT ? foliesys.

tématique,r,dej, l'adolescence ), , Jjhyoscyamine ^calma^'agita^

tion et abrégea. la marche du svmptôme ? même. observation à

l'égard de la fureur, maniaque de cinqépikptique^chez qui, elle

diminua le, nombre et Untensité des accès. 3-Faut-il attribuer,

ces .bienfaits aux, modifications que,.s%mbIe)éprpuYer Je.pguls

sous l'influence de l'hyoscyamihe^ concentration augmenta-

tion de tension, ) M. R... parait incliner appareille explication;

Quoiqu'il en <,soit, , l'ensemble j des-effets,, produits parl'hyos- :

cyamine implique son, rej.et dans le. cas d'affectionsjiardiaques,

vasculaires, pulmonaires. a ej, ,1l>q .,t.,j. J)q' , )P ? K-ja

83rhB((rItOJ3A J11311TW 6;4 lrrr71 tl6rrl t'tiq» w^^-uvr aJ°H

7TTTT' T. nTTr\*)rlonrl 4. in .. -M 1 o 4c.«--... ' . ^ -(,-^rr ->» -.+» ? ? t.

XIII. DU PCIDS DES ÉPILEPTIQUES EN 'TANT QUE'SIGNE OBJECTIF

DE LA maladie paT Pânl'KôwâiW vsKŸ.r(ArCh. f. PSyCh9ru^

suNetven7c ? zt ? XI : )'° IT nu rr5 ttq9ox9 ,rr«namtl,a 4h ? avri e

.atsqauqa Lt ? ? s-tvi ! e T9f'.)Mno'j jub uo ,zÎ'JLJ9cnoa payais

Les conclusions, qui vont suivre ont eu pour base cinq ob- ? "> : . rriii|-<t ," il ? 7(40(1 .Tr.it, , T-}rf ? h r .7nl)Trrr rc l -».,i-, ^,ir.,^

servations relatées au cours de ce mémoire. Les malades^en

»fl» ? I I»- oi ? ril. 1 n'. tr. tn 1 · `r 4 ? "1 -,♦ ?

question menaient un genre de vie identique : mêmes 'heures

et riiêlrié dûréé dû sInmeil,·'règlementrdë'1 alimentatiôn exâte=

ment pondérée en, quantités égales pour chacun, suppression

pour tous de travaux de torées, défécation aux mêmes instants

de la journée ? On les pesaitchaque jour trois heures^'àprès1 là

collation'du matin1, ce'qiii 'mettait a'us'si' un' intervalle' 'de 'trois

heures avant le repas suivant. Tout malade qui venait''d'avoir

un accès était de nouveau pesé quand cet accident se .produisait

peu de- temps"- après ;qu'on"veiiait. de prendre < sompoidsl' C'est

REVUE'DE PATHOLOGIE MENTALE ? 37.9.

en se; conformant à de semblables errements que M. K. se croit,

en droit d'émettre'(numération décimale) ces' conclusions ? 7;I

""là Chez tous les' épileptiques/ quelle, que 'solfia ' forme de'

1'61lepsie, 1 e 1 poids -, (1 du corps décroit'a-près chaque accès ?

2° ette perte de poids n'est'point uniforme'dans tous les cas;'

ellé'dépend'de la''durée'de la' maladie 'et 'de ll'intensité1"' de

l'âccès ? 3° Lésfaits' d'épilépsie de longue date- dans lesquels'

l'organisme 'est 'déjà'parvenu 'à1 s'adapter aux-J accès d'ailleurs'

très- requents ? bé iiiâniféstentqà'ulïe diminution de poids très=

liïnitéé`( là 2 livres le, Les- malades dônt'l'épilepsié' est'

récente,'1 chez qui le'début des accès encore'assez rares ne '-date'

pp-s 'de'loin, presentent u-'n-e ? ê-rte-'dè- poids' assez --considérable'

(3 à'13 livres).' ='S° Uné'série'd'accès entraine'une diminuez

t 'd ? oids prononcée; mais c'est a la'suite'du premier accès'

que' celle-ci est le plus forte; la déchéance pondérale qui succède;

au ^second n'étant'-pasvaccentuéé. 6° L'état1 de- mal," cara'-i

ctérisé'par la.'succession'de 5là 20 accèsl'daris les'vingt-quatre

heures.'1 ént'raîne'Taù1 total'une perte de' poidstrèsconsidérablé'

(elle'pëut atteindre 15 livres), j mais* qui n'est que -"minime par

rapport à àhaque accès en particulier.1' Si l'état'de mal persiste'

deux jours, la perte- de^ poids est'moindre le second jour'; elle

varié entremet'5'livres'dan's les vingt-quatre heures ? 7° Les

convulsions épileptiquesj'(grand Inal), qui représentent' toutes

les formes d'épilépsie motrice Fét1'so*màtiqùes') ''sont ' celles qui

entraînent la plus grande perte de poids : on à noté- 12 livres.'

8° Les vertiges (petit mal) sont également accompagnes

d'uneperte de,, poids : seulement,elle,y est beaucoup moindre

nue, dans les cas précédents : , d'habitude,. oh ne note que 2 à à

que,dans 1 s cas précédents : ,d'habitude ? on'ne note que 2 a

5 livres de diminution, excepté en un fait où, àla suite de deux

accès consécutifs, on dut consigner 9 livres. 9° L'épilepsie,

quand, elle , entrainedes, manifestations,, mentales, (épilepsie

psychique), produit( une déperdition,, pondérale, toujours très

forte qui.dépend .de, l'intensité et, de, la durée, de , l'accès.'

Cette déchéance, comporte. ,parfq : LS 1e', .quarto du ? pids total

dû · côrDs. - 10° La, restitution .pondérale^ se,, montre ,très-

W·lér : LI1.1 Ilu .1 J ' ? ...tt. -r " Jji.u V . ,V. i ,.41..., 41..il

promptement"après"l'accès.l, j, 1l;iLa ? lémonstratôn,`des

oscillations' pondérales , ne^ peut, émaner, que, de,, la, notation

quotidienne des pesées et pendant l'accès et dans, les intervalles

des'accè 1 ? -I- "Il «4.1 J." ? 1" ? là -1 |J.,I11J j

,119J l111· 71W ILIlI JilUl miLtlfll9 2JCf 7'f 9l,`117,vf'Pl9ff

Ju Supposant queda pathogénieide ce genre de phénomènes est

probablement en rapport avec.un excès- de désassimilation au;

280 RÉvÛe°De'T PATHOLOGIE7 MENTALE .

quel doivëntco'nc({urir''l'ih'somhiel'ina'Dpétence et toutes les

Ifr-HTÏ ? .f'"T«,<.n- ? tT /1t ? <r. ? ,. ,) t

' ? neqcrQitpoint ! qu'ôn puîssëlba'serRsufr,'eux*Jk'5 diagnostic'1"- délia

*-r'éalité''ou',déflà simulation''de 1`a maladie.3- RienR de- plus facile

- ' n éffét3qûé él'ilifliâër at'sohr"économie'-luné perte'de' poids^au

8mo^nrdu;défaTit'dènoùrrituféf d'un excès" d'excrétions provo-

quées, lé 1`exââerattoît des`fatïguës`ÿ"èomprislles contractions

'muscula.ires°simulées ? On ne saurait d'ailleurs spécifier le méca-

Hnisme ? ni' le 'système organiquc'pa.r la vôie''desquels's'é5'ectue-

^rait-ce'surménage1.™01 set P 1 tfiemp)K ?

2191rp291 -iiroq f4 aiioitibnoi se» anjr.h rvvT9zrln 2ft1n1rr9rl;11J0006 f,

JII91sfàzzoq gàn-URQvuon zob ,szns5rrc,b zsq Ji619 n WrnieJBq 6)

r.XI'V.U PRÉDISPOSITION, HÉRÉDITAIRE ETh PARALYSIE^ PROPRESSIVE

jb ! : -des aliénés ? parj E^MENDELy (A ? ^/«.i ? ^î/ç/iy u : Ner.venk.,

1880 : )' z31S3 seb a91d jijsnnoo rr9 no ,siipi,tYk'i £ q animal

La statistique sur laquelle argumente le Mendel semble

démontrer que'dans la'paralysie, progressive' 1 hérédité' ne'joue

pas un'rôle aussi iconsidéràblé)'q'uè ? dàns,ks\psycliopathies pri-

maires considérées ensemble (mélancolie, manie, monomanie);

la proportion qui, pour 'le- premier groupe,"atteint 34 8 p .1100,

' fldépas's'e15'6rp ? 11po')à"régard du' second-/ Signalons- sur 6 '("cas-de

dêlliénce paralvtlque, héréditaire' "laK mention ;,dé l'apoplexie

eb éerélrrale^ 1jG',fd,is , p'àrmP'lés' parents;' l'influence maternelle,

9 sans être Vissi^ëlevée "qûe'lé'veukrit^Ullriclfet 'Jung (Zeitsch.

zu f : 6Psyéh ? Iit9î3 ? 18ï8);r`'sâns s"é'clliffrér' par' le'rrappôrt,vde

' 39'p.lo8'est'Mle'véë'14;fois,'et,'l'apoplexie chez 'la'mère'iigure

pour 6 ? cas ? IjÉT paralysi'é'geiiêfàk'1 dë'ê ' individus' éiita'chés''d'hé-

rédïté' présente' lés' formes 'lés plus diverses exàctement comme

n'chez^lés,tsujéts'I'in'dèmnes "de ^'transmission ''ataviqùe.k-'Le

Dr`IVTendel a`aüssi trouvé dës éxéïriples7de`'marché rapide : dans

'lesas'uiou6'ccupent ? il rapporte précisément une obser-

( vation de ménmgo-periencephalite duhise,"caractérisee-par'de

la mélancolie, hypochondriaque, qui aboutit à la''mort'eri-neuf

mois; deux autres malades 'succombèrent 'i un1 en- deux* ans,

^l'autre én'trois1 'ans et' demi ? ' Ce^soht'1 là' trois types^cliniques

f »1t`.p rl nfr'nn ? n ? )itmT,FT ? 1 ruz

aussiremarquables par 1 action de'l hérédité'que par l'absence

absoî'ue"de rémission au 'cours 'de'là vésanie.'Et''cependant les

V remissions paraissent de- beaucoup plusMiréquentesT dans' la

paralysie générale héréditaire ; 'sur 16 'cas' de disparition' des

-

'zrphénomeriesrmôrbides pendant" un' laps déHemps considérable,

M.12 ? râ nté 10 foi's 1 héréditév`dé=la psychbse ? "tandis que la

z

,·REVUEyDEIPATHOLOGIE;DZENTALE. u21

c proportion des. rémissions «par, rapport.au, nombre, .total des

1 4 ? I ? . 41....K. Il, .1ml , j.u'/lin IWIIII

i paralytiques; serait de,3fi·,8 : p ? 100,;rI11 sém)3lérâit,,egâlé mént

, découler àe, es études que la paralysie générale héréditaire, si

, elle dure longtemps, atteint de bonne heure les, individus mie-

iinacés (au-dessous de 30, ans). Lauteur faitjressprtiren.termi-

- nant, combien- il, serait ,à, désirer, qu ! on se .rendit compte de

s révolution de |la, progéniture engendrée par les pères paraly-

,tiques pendant la période d'état,de, l'afFection ? é serâitlvidéy-

mentik-véritable moyeni d'apprécier kj mode, de transmission

de l'élément névropathique et les formes qu'il, revête. Sur

5 accouchements observés dans ces conditions et pour lesquels

la paternité n'était pas douteuse, 4.des nouveau-nés possédaient

d dês3a-p'p-ârén-c-e-s--n'oi-r-nalés ? onrùe" lès a'(pas@ suivis; plus-/ loin.

- Quant à là conception,^ à' la1 grossesse, a la parturition chez la

femme paralytique, on en connaît bien des faits. P.1);K

ldrne2 l9hn^1J °Q-af 9tn9rcrtln·IS slleirpr- ".= nr»,jrrRi ? hj

, 1 XV., LA philosophie de l'absurde ; parB. F. C. COSTELLOE. (The

- ? q ,'q)r<otH'MoH : eH<aJxe ! 6Hce, janyiel881, p. 520) ? 1)

-i-'q p^iti* journal of mental sczeŸZCe, janvierf,1881, p. 520) ? i.q

afrrrnDrTr f,mr.,n )ilooiriil;irn> aidm'iar^ >9âif» ? f-Huo; pr iem

OUt L'auteur part de ce point de vue que, l'absurde,, soit dans. la

.tierce; soit dans dans la Jolie, consiste(simplement

rti dans, une bizarre, association des idées. Une idçe quelconque en

)6veillen.une,in6nité) d'autres, créant ainsi des associations qui

sont parfois, de pur hasard. L'homme sain d'esprit.et à l'état de

il,veille exerce un contrôle. sur ce monde de suggestions ;. il a sur

elles unpouvoli,d'inbibition ? ou,,inléux d'attentloq, 61 tive,

'.grâce auquel iliécartaksjidées inutilés ? suppriiné, les ? ssocla-

,, tions déraisonnables et marche sans entraves vers son but,men-

,jtal. Les. gens , qui, ! ou par organisation, s'aban-

des excentriques ; ceux qui par suite de, lésions, ou de vices orga-

- 1 niques sont dépourvus du pouvoir d'exercer 1 attention sélective,

X , x x j.^. j |jju-jw u i-mii m 'U il<Mit<V

'tlnsont dessous. , r, ilr.Tll, ? ·ylJTlfil'Iinr(rrllW llVlr r,lrl, 'Tr : lfT1

Les différences, toutefois, sont nombreuses ; il y a des hommes

acquêt certaines associations inusitées ? d'idéés frâppënt avec, une ? force particulière; tels sont les hommes de génie,, les, poètes, et

. c'est en,ce sens au on pu.dire,que le génie, est voisin de, la

i folie ; mais. la, différence reste, capitale, puisque, dans^ un cas,

-J'équilibre mental subsiste, tandis que dans l'autre, il est détruit.

9 : =, Dans un autre ordre d'idées, un.calembour, un trait esprit,

1 ne sont autres que des associations bizarres et imprévues d idées.

282. REVUE --DE' PATHOLOGIE, MENTALE. !

rLes enfants associent, volontiers desjidées disparates, sans en ! t

ôtre,.choqués;,et cela-itient'à ce que l'expérience ne' : leur a''pas

suffisamment appris. à différencier, l'extraordinaire) de l'ordi-1

naire. A ce propos l'auteur entre dans des considérations psycho-t

lo-iquesiingénieuses.i suri les,premi6rs livres, ! contes de, fées,1

histoires, fantastiques, ? etc.7que l'on met entre les) mains des'

enfants ; en dépit de ses réserves;'il reste-peut être un peu trop

indulgentipour ce genre,de,i littérature.) quilbrolülleLd ans· uni

jeune cerveau le possible; et; conduit l'enfant plus tard; à'accep ?

ter : avec l'impossible sans discussion et sans effort ,"la ! croyancel

au, merveilleux et la notion dusurnaturel.fmoq nos j; ] ri,)virof

irle rêve offrede type le} plus facile à étudier des associations,

d'idées non- contrôlées ;- dans.le- sommeil, 'en effet,' le pouvoir'

d'exercer l'attention sélective est, suspendu; mais ! comme alors'

nous- ne ramenons,' plus, nos idées, pour (les lui -comparer; à : la

réalité comme type ? leur absurdité, rie' nous étonne pas ! .Dans

ce^chaos^du'rêve, pourtant,-»il y a un lien entre)les'idées; et ce,

lien peut. quelquefois être découvert, quand le rêve a laissé uni

souvenir précis; bien plus, vers le moment du réveil, l'atten-

tion sélective peut reprendre tout ou. partie de ses droits, et c'est'

ainsi,qu;en songe nous ^tirons, parfois des conclusions parfaite-

mëntloglqûesd'unedonnéeparfaitementabsûrde ? R. DE M." C.

.91'T9n31 9h fI01t61lF'ItfJO Fl 41` Dit '( nf;i· ilioq

VI. n LE1 RBSTRAINT 1 »(PHARMACEUTIQUE ET · L'ALC00L ; i par

,9 ! F»PRITCHARD Daviers. (The journal of mental science,^ janvier.

- '11881,-P.; 526.)-til;ff, Et 9h P91u>.iP*-»w d > - ii-i-ii-oiq oh ibu-t. 1

291 Z9J71O1 9 ! )fj(jte J2 ) f C(I21s(InAu'((1 `I up ii·Wti^ 1 H^ "l· t(If

n,On sait]que la plupart des-aliénistes anglais- ont adopté les

idées,deConolly etrenoncé, à peu près complètement; àl'égard

deS7aliénés,;àLl'emploi ? desi moyens de) contention même les'

plus bénins. Le,Dl,lPritçhard Davies approuve 1 cet abandon,-

mais iljregrettetquesie « restraint «^mécanique, n'ait 'disparu'

que pour.être remplacé par let« restraint » pharmaceutique : lit

dénonce- -la( morphine, 1 le, chloral,irhyoscyàmine,' comme . des,

moyens de contention dont la douceur n'est qu'apparente; cha-'

que période : de repos, ainsi obtenue est;'à' ses yeux ? un coup.'de

plus porté à, l'organisme,- un pas» de plus ! vers sa destruction

finale ? dans les cas-aigus, les stupéfiants prolongent la mala-

die; dans,les cas chroniques, ils écartent tout ce qui peut' rester

d'espoir-de guérison. lynlhp «au b 6ft<qni''a < uoij^^'Il'iî'pi-i

.[Dans l'important- asile qu'il dirige,-] celui du- comte dee Kent;

REVUE '-DE' PATHOLOGIE. MENTALES 283-

l'auteur, a'complètémeilt rerioncé à i 1 emploi des' calmants; : ;' il' a

faiticette réforme àl'insu1- des' gardiens ? qui ? fortamis;de` : leur

propre repos, i i réclam en t. "ton] 0 ursrdés narcotiques 'pour' les'

malades confiés à leurs soins;'aux divers hypnotiques,' il asubs-'

tituét des médicaments'indifférents télsique;1'eaulde menthe ? !

la- macération de quassia; et ses malades sont'demeurés calmes : 1

7111ais, s'ila pu'ainsi suspendre' l'emploi de.restraintH'phar-

maceutique,"c'est, que,- parallèlemént'àcelle-ci; il introduisait»

dans son asile une autre réformer lar suppression'absolue dans[ L

le régime alimentaire des boissons alcooliques] dont l'usage est;* t

souvent, à son point defvue.'iavéritablef cause de l'excitation'

chez les aliénés; dujourroù il'a remplacé,* la ? » bière, pourtant

légères que buvaient les malades,, [par, de l'eau ? il- ai vu le calme'1

s'établir dans l'asile, sàns le.secours des agents hypnotiques : 0 h b

b Cette ' substitutions peut» - être) faite ' -sans détriment 1 pourl'laT

santé : des malades : `MoPritchard Dâvies fs'en- est 'assuré' en' lest

pesant frégulièrcmentfavantr et Yaprès ! l'adoption3'dubnouv'eau'

régüne.cl h 9V;f'I SI 1)JIf;IIP .JIVIJ009b'9'I,f R ? DEIM ! ,C,.r soif

- fl9;l,il, I ,ll)V1 Ili,fll(>Il &1 xinv 2tllq TOfti ,8W5'1tl T1J1JVIJ02

XVII fiLA centralisation, de «l'énergie; 'par EDWINIWO'OTON.1 J

- : (The journahof psychological medicine and mental patlaologd >

..Nèvv.seriés,.vol : JVI;part : 2; p ? 01.)Inbcur'hasuluuln;Jm

Pour établir les lois de la contralisation de l'énergie ,

M.-E. Wooton s'est aidé'de l'étude'comparative'du développé ?

ment,,du système» nervëuxïdans la'érie aniin- ale ? et[ au's'silde

l'étude des propriétés élémentaires de la matière vivante'. 'Par-

tant de ce principe que le protoplasma est doué de toutes les

forictio in à.,vitales,;fénideliors't méme-f dei toute f transformation

absolue,,en tissus distincts,'IilJpense que les systémes nerveli ?

musculaires; etc -,ne sont autre choselque'le'résultat de proces-

suspar lesquels .certaines cellules s'approprient- les' fonctions

communes dont'jouit le. protoplasma ? c'est-1 une spécialisation'

fonctionnelle; ! grâce à laquelle'*lei tissu' s'approprie' à la, fonc-

tioh, qui provoque la spécialisation ! des' tissus ? et ? comme le dit

l'auteur «la vie est la cause de l'organisation «/non il- 2nw Y

)'Les - conclusions; du' mémoire, ! en ce qui»touche; à'propre-

mont,parler la centralisation de l'énergie,' sont les suivantes : lq

jll.y a dans, toute la série animale une centralisation graduel-

lement'croissante d'énergie dans certains~points du corps. Cette

centralisation s'accompagne d'une différenciation' de structuré

des'tissus. En même temps-; que séJréalisent7ces) deuxfcohdi-

284 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

tions, il se produit une spécialisation des propriétés, primitive-

ment combinées, du protoplasma, lesquelles passent à l'état de

fonctions distinctes et plus parfaites.

La perception et la volition sont des propriétés du proto-

plasma le plus simula; elles trouvent d'abord ,un siège spécia-

lisé dans un ou'plusieurs ganglions elles acquièrent ensuite

plus de perfection dans un ganglion, le ganglion céphalique. Ce

ganglion envoie en arrière une expansion, avec laquelle il

forme l'axe cérébro-spinal, lequel revêt alors la totalité de cer-

taines propriétés, qu ? ),antérieurement .étaignt : collmunes aux

ganglions. Graduellement, l'axe centralise ces propriétés dans

extrémité antérieure et dans-le ganglion céphalique. En même

temps que s'opère cette centralisation, la fonction réflexe des

ganglions nbn" éplialiqueà, îe propage dans" la ? moelle] et, avec

cette propagation coïncide un perfectionnement de structure du

a,syst;ème nerveux,tout entier. Par conséqent"dans toute l'échelle

des invertébrés,ettdesJyertébr.é. infzrieurs,7a,peception, et la

,.volition[ne sontpasconfinéesldans,,le ganglion céphalique ou

ficerveau.2B igdmoiius eb Jnstv iup ,,lablssTUIr9 -rusi-I ? DElyLC.&1

129ÈPti;LTi aga eb un 1fq .&[9nnoia ? 3q Pjiovgb sa ? sb eaïa-iaxs afftfq

f XVIII : ` L'INSPECTION DES asiles ; par Nathan» Allen (de Lowell,

"" 2Mâ'srsâéliusétts.)'(Tlaé jou·ncil o f psychologa'calf mèdicine-and

^WentâPpâlh'oloqyméw séfiés,;vol.'Vl}pa'rt.n2;lp' ? 189.) l'1

omu) uL,,lDUb sl ,insmsczlsrrotJ nu sna asloq GuIrW Irfv 2ss

M. Nathan Allen se plaint de l'insuffisance du système d'ins-

- ipection'de§l asiles 1 publics d'aliénés aux i États-Unisi et; iltfaut

--bien reconnaître que,d'aprèsles : renséignements : quildonne à

l'appui de son opinion,1 ce système'parait à pourpres illusoire.

Ifilli entre' dans des' considérations 'plus ? 2 étendues; qu'originales,

sur la nécessité d'une' surveillance' réghlièrèa et' consciencieuse

des asiles dans le quadruple intérêt des asiles eux-mêmes, des

aliénés, de leurs parents ou amis, ettenfinde la prophylaxie ou

de la, guérison de la folie. La nomination dans chaque^État

''d'inspecteurs peu 'nombreux ? mais, compétents', .'consciencieux

P , 't)..<ti;if '"uu L . im mrm 1 lu

b,et suffisamment rémunérés, lui paraît 1 meilléu ? Eql4p au

lu fâcheux état de choses qu'il signale. ig i,li ii.4 ras R.-DE M.-C. [ni

ne ,9111J9JJj)&71â 9b slls't 4n mmosmb si 'iuff) h mqnsïil yb insiv

üIJ,YIX ? OBSERVATION DE délire 'épileptique;1 coexistence CHEZ UNI,ÉPI-

LEPTIQUE D'UN DOUBLE DÉLIRE : l'un, chronique avec IDÉE·r DE''PER-

Hul t,-tlP-,fC vr·. 4 n QrfT>.^in.rtl4 ? i9fY n n· T.1 ...... «n-- ... o 4 ? 4 , 4

2n8b SUTÿON L AUTRE, DE nature mystique, passager ET consécutif aux

enfin 1- , 1 Iv si 0vin, i ... 1 : 14 II 11 ,i,i ? i, : ' ,.

ATTAQUES; Pa  IER; (da hebdomad. de, méd. et de chirurgie,

97'f " ' loon \"' Il ? ""t- 0' -J""Oin*i....Ujiîiji *jjj*i. ?

-m in-'iIevnei;|IpBU.j|r(tnC|r/f, n;l·rr ·wlnr·rqr4'b yvzsoqms·m )-, ·o·lmu2

.suATi-iaM IrI.IUHTl : 9 sa 3'lVSi JHS'

- 9'7(J(arl'Iq .aàtônqoiq aob nUIJf211G(9;3q2 liubo-rq as si r2rI011

oh Jsté`1 B inaseaq satteupaal ,j3m311lqoloiq ,339nidmoo jnam

.zstJS3'ISq anlq ie 2eJoa(J2rb ano.tno'i

-oloiq ub z'91é(Tqo'rq 39b Jnoz noitilov si te noitq93-iaq bu

J uzns9ns'(surST·IET f,SJrISAVA,IVTESuiir £ m8Blq

.j-uizng tQaIfJ ? a[{'A ? o un atinb 38ff

aD ajJpiLsftqàa noif^nns ef ,nojhnB9riu arnsb nwliU91'I9q eb Kuiq

si 915LI1fiI i)9`71. < nolznaql9 9nü 9'I9r'ITC na 9tU5as nUllaGT1

-iso sb àliktol si 3-ioIb tev91 lsupsl ,lr>niqB-oidàïào 9xb'J srlmo3

r.uh asniirrsoCIÉTÉ'MÉDICO'-PSYCHOLOGIQUEJiq sam

7nsb zdt9r'rqn'tq «m s.(Is'rta9o sas`1 .3nsmsII4Lbsr .enoitnB

arnom na 9DjrlIBflq9n n0(I ? i.m w mlib ta 9'IIJ91T9Jn$9JIa791JX9

89b tFE11Î99 noit-.tnol al ,1(Ultfi2tlb'tJ((90 8Ji9U 9'I9r(U`î aup sqma.t

aavjs ,J5 Séance du %1-<juin 4881 .w Présidence de M. LUYS.OfhfIR

ub 9'(I(t9ri'I,tg 9b ln9mannoite9ÎT9q nu 9hionion no[lRgnqmq gjteu

ûJ' ? Après le 'dépouillement de là"correspbndaricë,le1président'se lève

eet annonce à'peuprès'en ces' termes' la mortde'111 : 11fâréhant : 39b

u0 lï.'L'inrs. J'ai )â',di5ulôuréuse'missionf,de'vous annoncer^messieurs,

la mort du docteur Marchant, qui vient de succomber assassiné^ en

plein exercice de ses devoirs professionnels, par un de ses malades.

, (Ancien élève>vd'Esquirol,.il -était; depuis.Lvmgti ans- : membreJde/.la

\\société-médico-psychologique;oetvmor^ sur/, la brêélŸe; il`laisse un

fils qui déjà marqué^ sa voie danss unejautre direction. Puissent

ces quelques paroles être un adoucissement à'1 douleur légitime

ni» 9-jnG ? ifln3ni'I ^b JniBlq *)3 asffA nsti.tsVl M

Iub'IM.' LuNiER.TM.-Foville, extournée d'inspection' à l'asile- de Tou-

« louse,'a bien-voulu- se; charger^de* représenter la» Société -imédico-

yPs3'éhologiqueaux obsèques de M. Marchand. tlq0 nos 9b uqqa'1

,zal M." SIotet, ! secrétaire ! général, (donne.l lecture, du discours jsuivant

a*-qui a.été,prononcé'sur,la tombe par, M.jFoville : ahzseioèn fil iug

3''b <z·3marn xna saliau 39b teTolin alquibanp sl anab 3oli3 aab

(ro 9lg.sYlqo'Iq sI -Messieurs^ `2(rTib uo ttiuolab ,3ènàik

Jijià quntda sfrBb a"ijf,ftimnrf rJ mlo'. nl «I» nr·r7dtrr of ab ? C'est à bien des titres que m'incombe le,- douloureux devoir -d'adresser

un dernier adiéti d6c\eur'Mirchant.-lJaului,J". ' 6UI^IU J

'ihspe'ctèuf' général' du' service ! des aliénés ? je5 dois- dire 'combien l'ad-

ministration se 'sent péniblement émuel pari la catastrophe sanglante 'qui

vient de frapper à mort le directeur de l'asile de Braqueville, au

-i-<-milieiK de, son serYice·d.h8pital,, o'est-d-lie au champ ? d'iipnneur/ du

fl-.médecm.j, a^v» T7o»»'»«u3 ">u'j ? 0 Mutina "n'i : anmT··1 ? Le bureau de, la Société, médico-psychologique cle^Paris^aussitôt qu'il

- a ,c6n.uu la. fatale,npiivélle ? Ja' ! rraâriifestéi,l le dehir'd'être représenté dans

1 cette1 funèbre" cé'rémo'nie,i'et,u1ayânt' )'tf6nneurdefairS païtie ? cle1- cette

Société, je m'empresse d'exprimer ici la sympathiè'unaninie'dc ses'inem-

T286 SOCIETES SAVANTES.

, -. ., .r, ", o rm· m tr4t mn ym 1> 2nosbaru z-t ! aup

'brès pour un dé leurs collègues les plus anciens et les plus appréciés : Je

dois aussi lui rendre le même hommage au nom, de l'association confra-

ternelle'des'médecins'alit'nistes'de gh t,u,zsd Jnu 2hJ st

]" Etiûn ? ami''personnel du"d6cteur.iMarchant,, j'apporte sur) sa i tombe

le tribut'de tousïnes'rèi·èts,rde'tôûtëin ? s5·mpathie pour, un Lomme qui

m'a côitnu'dèsîria3plcis tendre enfance, dont j'ai eu l'honneur, de devenir

le confrère et le collègue," et qui' ne m'a jamais ménagé les marques de

son estime et de son a8ection. E,T ? y ? ,ub -tusl tm.ri.nRl4

x''Au moment' où''sa laborieuse carrière,, se, termine par- un- coup -aussi

imprévu et,àîisi lamentable, comment ne pas se rappeler que le docteur

111archântln'é`st-qû'une des victünés,·màlhecireusement trop nombreuses,

de la profession à laquelle il avait consacré sa vie.

Il y a vingt-cinq ans, le docteur Geoffroy, médecin en chef de l'asile

d'Avignon ? mouraitr subitement, immolé par ' 1 uilépilèpti'qtlë ? auquel il

n'avait .cessé de, donner, dessoins,assidus : Depiris,=l'(talie, l'Angletene,'

peut-être" d'autres pays encore, ont eu à déplorer des malheurs'sem-

blables. 1 ., , -"ou lit rotV,D 1 ? r1 si

-,Vous le-voyez,l messieurs, le martyrologe de la médecine aiiéniste était

déjà bien rempli; il compte aujourd'hui une 'page de' plus/ et;- il' est' bien

à craindre Llue ce ne soit pasila dernière ? ? 4 Injj i^isinioi' -.>

,,Que de choses dans.la funeste.'catastrophe qui nous'réunit'àu bôi·d'de'

cette tombe, sous les murs même de. l'asile,-dont 141 : Marchant a'été'en"1

grande partie le créateur, dont, il n'a jamais cessé d'être le chef pleinlde

dévouement 'et 'd'activité. ? 1 Knoau ? ? -))o ? tt'h

1 C'est'd'abord une' perte, irréparable , pour^son, jeune fils-,que tout le.j

monde' aimait' et estimait' déjà, que' tout, le`moiide armera'davantage,en-.

core;.apr6sun pareil malireuf.'Qûé1'poù-vons-nous' faire aujourd'hui pour,

lui ? Partager sa'douleur, car iiou ? savons"4tie'iioù' sèri'Oli'S impuissants

aie consolcr.l" ,I omL9u· 9J·upu;` '.m'tj b jJl ? rr ic .r·mp, ""...,.

C'est ensuite, un deuil profond pour, la famille médicale1 et,ven particu ?

lier, 'pour la corporation des médecins des asiles -des aliénés ? ' Quel cha- Il

grin pour eux' de' voir se terminer,, ainsi la' carrière ! de''leur ! 'doyen,' du-1

dernier 'dès élèves d*EsquiroI quifut,ericore,en,exercice ! m un Jrmr'r9nn

'Mais' c'est surtout un enseignement pour, tout le monde, et, a.,ce(titre,'fi

le'retentissement de la triste'cérémonie 1 laquelle, nous assistons, devrait 9

s'étendre bien au- delà'de' cette ènceinte'et'de cette. ville., , ,,^,.1,1 <ff ? );<

Quoi de,plus frappant que'de voir démontrés', par une éloquente expé ?

rience, les dangers- journaliers, 'peu'connus'du public,1' et pourtant bien

réels, auxquels ne,,cessent d'être exposés les médecins voués' au' traite-13'

nient des maladies mentales ^Personne .n'hésite ! airendre hommage'au "

courage 'médical, qui se déploie sur le champ, de bataille ou au-coeur des-^

épidémies*" 1 - 'respect n'est-il pas. légitimement dû au courages

modeste et' obscur du médecin'd'asile, qui, chaque matin, sans , paraître.^

se douter qu'il y à une sorte 'd'héroïsme à agir ainsi, commence, la visite, j

denses malades, et- ne sait pas s'il' est bien certain d'en revenir vivant ?

Et.,parfois, vous le voyez,' il n'en revient pas 1 ' ' " ,, * P

Y a-t-il beaucoup de manières plus nobles ' d'accomplir son devoir,' et'

le danger est-il, moindre parce, qu'il esti de tous les jours et' de tous les '4

instants ! ' -"

Ne croyez pas cependant, messieurs, rque 1 personne," dansé ce)*groupe

trop souvent méconnu d'hommes, studieux, et dévoués, se laissée, inti- <r>

midér par' le lunèbre exemple' que nous déplorons tous aujourd'hui. Ce

· SOCIÉTÉS SAVANTES. ;287

.y'*iTV/w4t ? - ? îi.aiij'j,-

que les médecins d'asile ont fait jusqu'à ce jour, ils continueront à le faire

sans- défaillance et sans, hésitatio.t4 etl 6 ? ml wu& a.ob

- r-Ils savent, que les infortunés malades dont la raison égarée peut armer

le bras ont besoin de leurs soinsF,et de lëur'.zèlë, ils, savent qu'ils, sont

le bras ont besoin de leurs soin's^et -1 ? le, 'ilsT savent qu'ils, sont

presque seuls à comprendre, j'allais dire a' aimer, les ali'éliés.,111 ? isaveiit

enfin, que c'est'à la fois leur dèvoir,léuc'lionneurde tout , sacrifier aux

malades. qui leur sont confiés;- et ils continueront, à'accomplir ce devoir,

dussent-ils aussi : enfmourir.™1 ! 6 111 '11 '"' ? »" - , ? i,^. ?

, , , , , , . W i r,.Îi, ltu )11 J ',11fi1ry (1OG

Marchant leur aura ouvert la voie. La terre, ,va iecouvrir à nos,yeux

ses, derniers restes, mais sa mémoire vivrâ i : egëettée et honoréefSonnom

ne sera oublié, ni'de nous'qui'l'avohs"c6nnu,'ni de ceux auxquels nous

apprendrons à, le connaître.,1 ? Q'Br" "'" ? 'J " ? ''"' ? 1n ? qh

^ ;,w B;. yvwnm nevh li 4t"P"' H ioi^9lmq hi 30

,j ., î4rl <r· i·,·,t W s o ilnSCJ rmu n E 41 ' 1 pn'n yuv ,6 y( il

i el, discours ? esta,accueilli. parc d'unanimes ' applaudissements/et

le président remercie le secrétaire général d'en avoir'donne lecture

à la Société, u 9b A Ils me .avait» 2lJif 'i'1JLJ.11 1) ? ? i

"iidalcl

M. Lunier. Je puis,vous donner, les renseignements complémen-

taires1 que je' viens 'de recevoi r, surlce .i douloureux accident. Je ? vous

Ips donnerai d'autant plus volontiers ? que. laipresse ''intransigeante

s'est plu à travestir Jes faits et à dénaturer la vérité)' et qu'il est''bon

de protester, contre ses allégations : ' 'IT1'*rT '"tI1 ? ?

s'il y,a sept ou huit mois un capitaine fut mis en disponibilité pour,,

différentes raisons. Quelques mois après, à la sûiLé`'dè menaces qu'il

avait' adressées ' 'àu'général'l'autorité'militaire,jle fituarrêleroeti

mettre dans une prison ou on lui laissa ses^armes, qui se composaient»

de deux ou trois, revolvers, dont un.de très petit calibre ? ', "J -j,,q ' 'u'

' Un mois après,' la suite d'une enquête médico-légale, ce capi-,

taine fut envoyé à l'asile de Braqueville, où il arriva encore''armé.

On le fouilla, sans toutefois le faire deshabiller et on lui enleva les

revolvers qu'il portait dans les poches," sans s'apercevoir qu'il en-

conservait un autre très petit ? dissimulé dans un'repli, de sa paroi

abdominale.' C'est ainsi que' pendant vingt jours, il put conserver,'

cette arme-sur lui. Le'^ 8 au matin, à une, visite particulière' que lui» >

faisait Marchant accompagné, de, son surveillant, le malade récla-

ma'sa.sortie avec plus 'd'insistance, qu'à, l'oi,diiiaire.1 Le médecin"

lui jépondit par, ces, paroles, d'espérance >- et d'encouragement^ que '

nous donnons à ces malheureux,' et --sortait de'la chambre en lui'1,1

promettant de.revenir le voir/ lorsque' le capitaine, proftilt düm ?

ment- où Marchant'se retournait, lui'mit'familièrement une main,t,

sur l'épaule et de l'autre lui tira un coup de revolver à bout portant.^

La balle fractura l'occipital et détermina des accidents i cérébraux-t

qui en trois jours enlevèrent notre malheureux confrère. J'insiste ?

sur ces faits, parce qu'unrjournal politique ! qui raconte- l'accident

prétend que la. victime a succombé à la suite d'une' venge'ance"mé'- 31

ritée. '" ' ' , .lUt>J.

Pour bien comprendre ce langage,'1 il' faut- savoir' que cet .officier,. ,

après sa mise en disponibilité s'était- retiré"dans une petite .'eam ?

y) a ? 1),JJOr m , mJ ·nooqNn uuu uel, " e

288 SOCIÉTÉS SAVANTES.

ee, , - --i n -

pagne des environs de Toulouse, où il s'occupait de politique; il était

devenui rapidement le chef du parti intransigeant'. C'est sur ces

entrefaites qu'il fut séquestré. Aussi ne manqua-t-on pas de dire qu'il

n'était- pas aliéné, et qu'il avait été arrêté pour des raisons poli-

tiques. ' ' ' " ' 1, 1".

' J'ajouterai en terminant que je viens de recevoir une lettre d'un

confrère, le docteur Bonnet, de Châlons, qui lui aussi, vous le savez,

a failli mourir dans des circonstances analogues : Il propose'- qu'on

fasse une souscription pour élever un' monument à la mémoire de

Marchant', et s'inscrit pour une somme de cinq cents francs. ' '

il Cette idée est évidemment bonne, mais elle est aussi d'une exécu-

tion difficile,' et je crois qu'il faudrait mieux que la Société trouvât

un autre moyen de rendre un dernier hommage au membre qu'elle

vient de perdreJMarchant'a demandé à être enterré dans l'asile

qu'il'dirigeàit dépuis de longues années, peut-être pourrions-nous

en nous entendant avec la famille contribuer par un moyen quel-

conque au tombeau qui lui'sera élevé.' ' t il... W

(Une commission composée de MM. Lunier, Foville, Dagron, Bou- 1-

chereàà ek Cliristian est chargée d'étudier ce projet.) '

j ? ' . r. .. , i ? tl>» I

i Prix Aubanel. M. Motet rapporteur de la commission du prix

Aubanel, propose de'modifier pour cette année le programme du

concours. Après une courte discussion, la rédaction suivante est

adoptée : - ', 1 ''

c) La, Société médico-psychologique décernera, en avril 4882, un

prix d'une valeur de trois mille francs, au meilleur travail imprimé

ou manuscrit sur un sujet de médecine mentale.

- 'Les ouvrages imprimés ne devront pas avoir été publiés depuis

plus de trois ans et devront être adressés au secrétaire général avant

le 31 1 décembre l 88 1. En cas de doute sur le jour de l'impression, on

prendra, comme date officielle, celle du jour du dépôt de l'ouvrage

à l'Imprimerie nationale. Les manuscrits ne seront pas tenus au

secret du nom. Les membres titulaires de la Société sont exclus

du concours. '

4 M. DOUTREBENTE donne lecture de son rapport sur la candidature

du Dr Régis, qui est nommé à l'unanimité membre correspondant.

2 M. Motet. J'ai à vous entretenir d'un fait clinique que je viens

d'observer, qui me parait assez intéressant pour attirer votre atten-

tion, et qui présente en outre de l'actualité, car il touche par un de

ses côtés l'affaire de 1-0 Eyben dont on parle beaucoup en ce mo-

ment. Il s'agit du gardien du passage des Panoramas où fût arrêtée

cette dame. Cet individu' dans son état de santé habituel exerçait

ses fonctions avec régularité, sans avoir jamais donné lieu à aucune

plainte.» Voyant un jour une femme dont les allures lui paraissaient

suspectes, et jaloux de conserver au passage dont il avait la surveil-

lance une réputation sans tache, au point de vue de la moralité, il

Llr f » iu : ... ' i - t t i. ' » ' I ' '

2 ? i·Yf JA ? 89TRi')Or ? : :

sociétés savantes. 289

I U-4 h ''fmdj ! uq oh IF 04) .92tJUlJttll 9J- fLYTI'W f »b tuq

signala cette femme aux agents des moeurs, et c'est surjsestindiea-'

tions qu'elle fut arrêtée. Or,, cette femmo'jétait M-0,Eybeii.,Le lende-

main grand émoi,dans les,journaux, politiques. Notre homme,, est.

assailli de reporters qui lui demandent des détails exacts sur I ! inci-

dent,; quelques*-uns même, parait-il, le menacent, d'une,, .révocation

et lui font des prédictions, sinistres; sur, la, responsabilité, .qu'ilt en ?

ôurt f ' me' lautoritéiadministra-;

cour ? d'avoir, désigne jjne femme, honnête à.-J'auLorit61 administra-;

tive. Sous ces influences, il est pris tout à coup d'un, accès de délire :

que je caractériserai, tout à, l'heure, et .doit, f iii tiiorpre so Il 1 sel,vlc( ?

pendant quelques jours.'A,son retour, dansl,lepassace"ftout3lui

semble, changé, le,s ^boutiquiers ? l'évitent, les ,f ures Sdes"pagants

s'assombrissent, on chuchotessur son compte et en somme ,il|,croit

s'apercevp,ir,que les gens , qu'il fréquentait,, habituellement, ont; été

prévenus contre lui, pendant son absence. iLe, soir, il rentre chez lui,,

la nuit sans sommeil et le lendemain matin,wient, reprendre,

son service ; mais s'apercevant encore du phan ? ement 4es,esprit§,,à,

son égard, il se rend/chez son collègue,, qui, notait pas, encorealevé

et demande à lüi;pârlerâveé insistance..ll.ést rgçu ? parla, fille, de,

l'autre gardien qui l'accompagne dans la chambre de son père. A

peine entréfil la. repousse et s'avance,vers son collègue» uns revolver

à la main, en. lui criant : « Tu m'as trahi cette nuit : » Le père' et la

fille purent, heureusement, le désarmer et 1 la' tentative ! ' de meurtre

n'a pas abouti, il fut arrêté aussitôt et conduit à Mazas, où le ! juge

d'instructions trouvant quelque chose d'insolite dans » l'exécution'» de

ce crime, me pria d'en examinernl'aùteur. Cet individu me'raconta'

son affaire, à la façon; délirante-habituelle'des 'persécutés ;<> mais,'

comme uni persécuté n'en arrive pas'd'emblée' àl êtres persécuteur,

il fallait évidemment qu'il fût intervenu un» ( éléiient>j nouveau,] pour,

hâter, l'éclosion de ce délire. J'ai retrouvé cet élément dans les' ahté-'

cédents du malade. Il avait, en effet les' habitudes' des''gardiehsi de

passage et,- chaque matin, il se laissait' inviter par. les domestiques

qui ouvraient leurs magasins à aller boire le vin blanc et -la' ! goutte

avec eux..2zunaaoa ah

o C'est ainsi qu'il s'imbibait lentement sans avoir; jamais' présenté

aucun signe d'alcoolisme, avant le jour de l'affaire Eyben. Mais' ce

jour là les inquiétudes que, lui, ça>,rsèrentt çette,yarrgstation"etlles

émotions morales qui en furent la conséquence, déterminèrent; ce

que j'appellerai une sorte, de, traumatisinemoral, qui, agissant à la

façon d'une pneumonie, par exemple ou d'un, traumatisme,- quel ?

conque, développa de toutes pièces un a,ççès de,délire alcoolique.

3, Quand, à la, suite de l'arrestation de AIm°, Eyben,,cet .homme dut-

interrompre son service,, il présentait tous les signes, de,, ce * délire,*

voyait des .figures grimaçantes sur les murs, des, taches de sailgisur,

le parquet, entendait des menaces : « Faut qu'il y passe ! » lui criait-on

dans les,oreilles., Le jour, où il, reprit son- service,, .il était.loin,d'être

guéri, il notait un changement dans l'attitude des boutiquiers du

19

290 SOCIÉTÉS SAVANTES.

il1- cl / 1 1 1 , 1 .( .

passage; il pensait, suivant son expression, que la franchise d'autre-

f ? ii.7tï était plusl et se demandant alors quel pouvait bien être l'au-

teur de'cette malveillance, il soupçonna son collègue. Des soupçons

à la vengeance, il n'y â qu'un pas ; il le franchit, et s'armant d'un

revolver il en arriva' rapidement à la tentative de 'meurtre pour

laquelle'il a été'arrBLé.'Aiusi donc nous nous trouvons en présence

d'un homme habitué à une'mauvaise hygiène,1 chez lequel il' a' suffi

d'une émotion morale pour rompre son équilibre intellectuel et'' le

faire entrer dans un délire actif.' " '" ? 11, '' 1 '' ' "'

''J'ai cru devoir conclure la séquestration à cause de la1 marche

vers la chronicité des accidents que présentait ce malade ? 1 ''

M. Lolliot demande si cet individu n'aurait pas par hasard pré-

senté''déjà'* quelques'accidents alcooliques ' avant l'arrestation de

M-0 Eyben. ? ' - ? i *,r> ' 1 tri 1 ? ' ' 1 "" ar; . , ;

M;Motet. Il faisait bien son service, mais il était sous l'imminence

du délire dans lequel il est entré par ce que l'on pourrait appeler la

« porte de l'anxiété ». J'ai vu souvent à Mazas des ivrognes pré-

senter quelques jours après l'arrestation du délirium tremens sous

l'influencé dc la séquestration et de leurs préoccupations légitimes au

sujet des délits qui l'avaient motivée. 'L

M. LuNiER a vu un exemple semblable chez un individu qui pre-

nait tous les jours un quart de litre de rhum ; il a présenté un jour

du délire alcoolique sous l'influence d'une émotion morale.

L'impaludisme prédispose également des accidents comparables ;

ils se développent sous l'influence d'une blessure comme l'a fait res-

sortir M. Verneuil dans une' de ss'tcômirùûnications au congrès

d'Alger. te - , ,, «, , ? tr .I ?

9 M ? i ! uys fait passer sous les yeux delà Société quelques pièces ana-

tomiques durcies destinées^ prouver unei fois, de plus que le langage

est'bien localisé dans la troisième circonvolution frontale du côté

gauche et qu'une lésion siégeant en ce point détermine l'aphasie

tandis qu'une lésion de la région .correspondante à droite ne s'ac-

conipagne d'aucun trouble du langage. t' , ., ' '

1 MAGNAN. Je vois bien sur une de ces pièces que le pied de la

circonvolution de la troisième frontale est atteint, mais j'y vois

aussi que.la lésion s'étend plus loin et enveloppe t'insula ; de sorte

'q"àe"si ce cerveau localise le langage dans l'hémisphère gauche, il

ne prouve pas la localisation dans la troisième circonvolution fron-

tale, j'insiste sur ce fait parce que j'ai observé maintes fois des apha-

siques ne présentant que des lésions rigoureusement limitées à l'in-

sula et dont la troisième frontale était saine.

- 9. M., Luys. Je m'associe à cette manière de voir, et je dois même

ajouter que les cerveaux qui ont servi à Broca de base pour ses

recherches n'ont pas été sectionnés, de sorte qu'il se peut très bien

qu'on puisse les ranger dans la catégorie des faits que signale

SOCIÉTÉS SAVANTES. 291

^'itu* )<, ! ' r ? "l1 , 1,, ? J., 1 "1 ., t f 1")(1 1 ! ·y ? , (j

M. Magnan, parce que Broca s'est contenté de constater, une,,des-

truction de la troisième circonvolution frontale, sans s'assurer de

Fêtât de la région voisine et en particulier de l'insula. . ? , 9

Je, vous fais passer sous les yeux d'autres pièces anatomiques qui

tendent à prouver, que les impressions acoustiques, ont pour locali- -

sation les lobes postérieurs et plus rigoureusement le lobule triangu-

laire. Ce cerveau est celui d'une femme sourde pendant de ,très

longues années qui présente une lésion en ce point. Je fais, depuis

longtemps, les mêmes recherches sur les aveugles sans avoir trouvé

rien de précis; Je ne crois cependant pas, que le pli, courbe soit,

comme Ferrier l'a indiqué, le siège des impressions visuelles.. 1

, M. DELASIAUVE. J'ai vu une fois la destruction de tout le lobe occi-

pital chez un individu qui entendait très bien. , ,. n ' 1, ? f.. ? t ? r .h .... nIARCRL·BRL1ND.

I t'irt 1 llTjl f "> r 1 I 1 . 'I 1' 1. <r ^ . L .. 1..Il

BI f' n ,.I, i> < . , , i , . i .1 ri,

. ? > ? - t f ' ? t)

XIII- CONGRÈS DES ALIÉNISTES DE L'ALLEAIAGINE, ,

' DU SUD-OUEST. , , , , , , , ',

u-i |Fin )' i ui r i ? )..r" -i, ' .ff I'

HIC l <<< '" ' ' ' I "|J II i <- i l'< I f f

. , SESSION DE KARLSRUHE,11", n t , . r ,i ,, n , , f

5 1 fi, 1 , 1, 1 ' ! » >' ("i.l,. , '1. , .I , -II

- r , Séance du 1G octobre 1880. j , , .

.. h

M. le curateur, Fischer aîné, ouvre la séance à trois heures de

l'après-midi par 'des paroles de bienvenue. Sa première pensée

appartient à la mémoire de MM. Dick, Binswanger et Çrailsheim,

qui ont succombé depuis la dernière réunion : l'assistance se lève

en masse. en leur honneur. La présidence est décernée par accla-

mations à M. Fischer aîné ; , Kreuser et Zacher sont désignés

comme secrétaires. M. Furstner commence la série des communi-

cations par la lecture d'un mémoire sur le Délire aigu '. "

M. Jolly présente un travail sur la Prévoyance de l'Etat à l'égard

,des épileptiques. Voici le système qu'il recommande : 1° faciliter

par des policliniques gratuites le traitement des épileptiques pau-

vres encore capables de gagner leur vie;- 3° adjoindre à tous les .

grands hôpitaux des divisions spéciales où l'on recevrait ceux

d'entre eux pour le moment incapables de travail/mais qui, à défaut

du rétablissement complet, pourront peut-être reprendre des occu-

'pations ; 3° admettre les épileptiques aliénés dans les établisse-

ments d'aliénés; 4° installer les'épileptiques incurables et

t, t, n ? 1" h. , <"' f '. u

1 Nous'en présentons l'analyse clans ce numéro, p. 273.

K<'r 1 - .

292 SOCIÉTÉS'SAVANTES.

'U['nc ? f'' 'v"f; il , 1, 1 . ?

incapables de travail, selon les conditions locales,' dans les'établis-

sements d'infirmes ou hospices, qui devront' posséder des divisions

"adaptées à'' ce but. Les, épileptiques déments'et imbéciles qui* ne

sont point agités pourraient être également reçus dans ces établis-

,e fiints ; "- 50 l'épilepsie' de d'enfance nécessite l'institution de

"sections spéciales annexées aux asiles d'idiots actuels. \vn^<> ? z

La discussion qui s'engage à propos de. ces conclusions décèle

deux'courants' d'idées. Les' uns; avec,M. Kirn, admettent dans'les

asiles mixtes les épileptiques incurables psychopathiques OU) non ;

les' autres, avec MM. Fischer, Furstner, Stark, se rallient aux pro-

positions faites, tout en.faisant remarquer que la plupart des asiles

- possèdent déjà des locaux disposés pour, les, épileptiques (M. Stark),

«qu'on n'a pas besoin de préparatifs spéciaux pour.disposera au rez-

' de-chaussée des services d'épileptiques avec les chambres d'isole-

- ment'habituelles (M., Jolly), .et qu'enfin cette ,'section doit être

.confiée au chef de la division des aliénés de l'hôpital (MM. Jolly et

Fürstner).u,n , m . , 1 , o., P, ? ? u , , ,M ? ?

*" A propos du traitement,' M. Fischer demande' qu'on expérimente

- le bromure d'ammonium, dont il aurait, avec de faibles doses, obtenu

'de meilleurs résultats qu'à l'aide du bromure de potassium : ce mé-

dicament affranchit des sensations désagréables imputées au K. Br.

M. Kir(N fait une communication concernant les perturbations

mentales observées dans les établissements pénitenciers '. ' La

séance est levée à six heures du soir. ' ' '

, * Séance du 17 octobre 4880. Présidence DE M.'JOLLY. ;

t'"f f 111 1 ? J ! .1 \I ...,v , i , m v' nlt m 1v w -.

' i*xe( filv -Ij / . > , .,» ... ,,

M. FuRSTNER moutre des préparations microscopiques concernant

les altérations musculaires rencontrées par lui dans le délire aigu.

M. SCHULE communique une Etude sur le traitement des aliénés

malpropres. (V. l'Allg. Zeit., t. XXXVI.) La discussion s'engage.

M. Furstner, ayant observé que les maniaques au début ne

gâtent généralement que la nuit, a fait des essais d'éclairage bril-

lant des dortoirs sans résultats. La suppression de l'isolement est

un moyen plus sûr. La constipation est d'ailleurs souvent une

cause de malpropreté chez les monomaniaques et principalement

chez les femmes atteintes de folie sexuelle, parce qu'elles cherchent,

à l'aide des doigts, à se débarrasser des matières (indication tran-

chée). Les appareils mécaniques ne sont utiles que pour arriver

à permettre le maintien des malades dans la société. ? fz.AL STAETE, après un essai en'pure perte de l'hyo'scyaminè (quatre

'cas), se rallié également' l'existence en commun."1* ",fi z

Il t ? l'1 , 1 , ? ,, 1 ? '" ? '<"< ' ? "

5111,jrçn 1 1 il Fi .,il , "")- . il . 1 z p : int 1 ' t1' c K

1 Nous en donnerons bient8t l'analysv. 3 °9t ;U ? < f3

SOCIÉTÉS, SAVANTES. ' 293

- i-></" "îli ni Sy

"M. JOLLY, moins sévère à l'égard des moyens de coercition que

M. Fürstner, redoute moins que lui les narcotiques. ' `'1 `'qw`I'

- -' ' l * il.. , ., ... , . | ! .)ffff).j

wlli : FURSTNEn'maintientson opinion contre toutes les objections

qu'on lui oppose. , , ., , . 1 y. ) 1 1 .

- L'ordre du jour. appelle la description du plan agrandi de l'asile

de Stépharzsfeld et duiptoi de l'asile de Hordt, par M. STARK, qui y

'ajoute des développements historiques et matériels. Il il, . 1

'Le mémoire de M. ROLLER sur les Racines. spinales des jierfs jen-

soriels cérébraux sera analysé, irai ? r ,. «jt/. , ,"r r· ? 111. Jolly présente au Congrès une électrode', destinée' aux1 applica-

tions céhàliqûés,'inventée' par le Dr Witkowski, dei Strasbourg.

Aplatie,' elle' mesure'1 10 0 'centimètres de long'sur 5' de large et est

revêtue' d'une- éponge.' En' somme,' elle' n'est qu'une modification

dé' l'électrode 'qu'Erb a recommandée pour la moelle, seulement

'elle a reçu une incurvation longitudinale qui correspond'à peu près

à la convexité dû' front'. Composée1 d'une-lame de fer-blanc mince

et flexible, elle s'adapte en outre à toutes les courbures,' de' sorte

-que''son usage 'est 'compatible avec toutes, les .régions, telles les

'articulations- Elle a permisi de constater, que l'électrothérapie

'céphalique chez les aliénés, réussit ! surtout quand on emploie, des

courants faradiques;ils constitueraient fréquemment un palliatif

,très remarquable contre les douleurs ou autres sensations pénibles,

cj L'assemblée choisit de , nouveau Karisruhe pour lieu de sa'pro-

chaine réunion et désigne encore MM. Fischer aîné et cadet comme

organisateurs-curateurs. Elle propose comme sujets de sa prochaine

session : 1° la question des cellules capitonnées : rapporteur,

M. Fischer aîné ? 20 le traitement des états d'agitation par les

enveloppements hydropathiques : rapporteur, M. Furstner. (Allg.

j Zcitsch. f. Psych. u. pc/t. GeneM. medic, @t.,XXXVIII, 1881

- .... ? ........<. i .,m,, 4

"' '" « ? "' " , ......... P. ? IC. . ,i ? ,t, .c , , « ^ ! v -^ : , , , ,, ,7 iP

.Mi- mn t , . ! /</> i \ ; , , 4]jK(

" ' 1 1 ' i , =, '* \f

t l , SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE 'DE Berline 1 't ? " ' ' * M - J. , ,, , i

, ? , ? , i ' Séance dit 15 décembre 1881. ' ' I ' ? *

"" ' ' r n 't ' t y . ' v r

' J t. , l ,1 ,1 .'] 1· I t t

em La séance est ouverte à deux heures de l'après-midi. « ^ v

A la suite de ses communications d'ordre administratif, M. le pré-

sident Laun invite le Dr Dorrcnberg à rédiger le procès-verbal' de

la séance aux lieu et place du D* Schoefer, empêché par la maladie.

294 - SOCIÉTÉS SAVANTES.

''La Société reçoit comme membres titulaires les Drs, Reinhardt,

Stenger et Schmidt. i u, ' . il 1 - - 1, 1 - 0, . ,c. ï, ùi

"' Le Dr 0.'Afur.r,En communique à la Société un cas de gynécophobie.

'A côté* des craintes'ou angoisses psychiques qui"se'montrent

comme' épiphénomènes dans les psychoses d'ordres divers (mélan-

colie', monomanie' exaltée, paralysie progressive), il en est qui

constituent la'manifestation principale, voire la seule'de'1'aliéna-

tiori : exemple,' l'agoraphobie. 'Ainsi; l'observation en 'question

concerne un homme de soixante-trois'ans appartenant à une classe

sociale élevée, entaché d'hérédité névropathique, mais jouissant,' à

part quelques perturbations digestives, d'une bonne santé : Récem-

ment, en même temps que s'exagéraient les phénomènes gas-

triques,'se''montraient de l'insomnie et- une hypochondrie crois-

sahte."Bientôt des. accès d'agitation, violente,. suivis de fatigue et de

dépression, faisaient place au symptôme caractéristique., La vue ou

simplement l'ouïe d'une, personne du,, sexe féminin 4 fait . entrer le

malade en Ia,plus,vive agitation. Bien que conservant pour sa

propre femme les sentiments d'affection et de respect les plus vifs,

, il a dû s'en séparer; d'ailleurs, elle est la seule à laquelle il pense

et dont on puisse lui parler sans provoquer ses crises, qui consistent

en palpitations cardiaques, émotion, rott-e faciale, .sécheresse

linguale, borborygmes abdominaux, nausées, vomituritions, pro-

pension" à 'la diarrliéé' : teis'absolument les effets d'une peur

' effroyable^ brutale. Grande excitabilité sensorielle : le malade vit

dans un milieu sombre; en proie à l'insomnie ainsi qu'aux phéno-

' mènes d'inappétence' progressifs', il devient de plus en plus agité et

casanier. C'est là le quatrième des accès depuis l'âge de vingt-cinq

ans ; tous semblables,' ils ne l'empêchèrent pas, tant la guérison fut

'complète, de se marier deux fois, à trente et cinquante-huit ans.

L'analyse clinique révèle l'intégrité de l'entendement,' une' hypo-

(choi)drie 1. exeinfte' de mélancolie'et d'idées monomaniaques; il

'existé un catarrhe gastro-duodénal chronique dont- l'exacerbation a

précédé l'état hypochondriaque Insistant sur les palpitations car-

diâqües, les crises émotives; l'érythème persistant' de la région cer-

' vicale, la' fréquence de la miction, les tremblements musculaires

'des extrémités inférieures qui se montrent souvent la suite de

longues prôineriades;les vomissements^1 les nausées, la diaphorè'se

observés^ lé' Dr Millier rattache^l'ensemble de ces phénomènes ! à

des anomalies du'système vasomoteur et probablement aussi à'de

la dyscrasie hématique. Pour lui, le cerveau et la moelle sont affec-

tés sympathiquement, par action réflexe ; mais, en outre, il faudrait

'tenir compte du vice de nutrition engendré par,l'état. des organes

. digestifs. Les intervalles de santé complète, somatique et psychique,

,)Iquilse chiffrent par des années, concourent' à pareille interpréta-

t-Lion; ainsi qu'à'l'admission d'un pronostic, favorable Rapprochant

''enfin la symptomatologie présente dejcelle de l'hydrophobie, il se

SOCIÉTÉS. SAVANTES. 295

demande isi les deux r affectionsan'auraient,,pasaune gentse com-

mune, toute dans des troubles de l'hémopoièse, daiis la dystrophie

du système nerveux, dont nous ignorons autant la nature que nous

les dénommions ainsi. ou sous, le titre de dyscrasie vasculaire spéj

civique. Seulement, ajoute-t-il,, il reste, à , expliquer , eommëntr un

homme bien doué, cultivé, bien développé, jouissant d'une vigou-

reuse complexion, peut être, affecté passagèrement.d'une névropa-

thie si particulière et qui constitue pour, lui un cruel tourment en

même temps qu'une indéchiffrable énigme. Le seul enchaînement

seméïologique qu'il faille considérer comme fondamental, c'est, la

greffe du syndrome gynécophobie y sur, un élément t hypochon-

driaque. ,i . , ,| ? ^, , ,Jt ,.... , \i ? ?

Le débat auquel la lecture de'ce travail donne,lieu. roule -avant

tout sur la classe nosogràphique dans laquelle la gynéoophobie

peut ou non rentrer ? <"> fil, 1 i-li - j, n<') ? ) .1 .11 1 qui

MM. Edel, 111"C, Jastrowitz, la considèrent comme'une concep-

tion irrésistible' Ils se basent : le premier, sur une observation d'un

côl>,ègüe;,de 13e'i-lin'daiis laquelle la psychophbbie alternait avec'des

conceptions iri,esislibles; le second,' sur ce fait" que la 'vue 'des

femmes troublé le malade (conception monomaniaque) ; NI ! Jastro-

witz la compare au '«mal de toucher».. '" ' L"" ' ? » "-I » 1 ''y

i , 1 ,i, , , v ,| .) ,u ti

1 , Ces assertions sont combattues par M. Muller, qui invoque que,

, chez ce malade, c'est une sensation générale, qui domine l'idée du

sexe,, sensation d'anxiété semblable à celle que des gens, d| ailleurs

courageux, éprouvent au moment d'un examen; en, outre, il suffit

(de citer un nom de femme pour provoquer le Çmême, syndrome.

.Enfin, toutes les formes de psychophobie, qu'elles^' appellent ago-

raphobie, mal, de touher,j gynécophobie, sont caractérisées par

cette particularité que les malades n'en sont pas constamment sâ-

1 turés, qu'ils n'en parlent pas toujours..Ceci- permet déjà, d'établir

un groupement, quoique,, comme le fait ressortir M.. lllendèl,1'éa-

plication nous,en soit encore interdite. Quant,'au rejet parlée,col-

lè-ue, de la comparaison avec*, l'hydrophobie, M. 111üller prétend

- non pas avoir, en vue la genèse; virulente, mais simplement baser

son,parallèle sur la généralisation de l'angoisse dans les. deux ma-

ladies, de même que dans les intoxications. par( l'oxyde ,de carbone,

, La bénignité du pronostic, démontrée pap, les évôlutions , âiiLé-

1 Heures,, lui 1 fournit un, autre argument contre l'opinion de la con-

ception irrésistible mise en avant. Il ),,1,1 1 . 'ta ? 1. ! 1, : ;

z 1.1 AIONDEL' COIIII)AL ]l théorie pathogénétique des, troubles vaso-

moteurs ; il fait ressortir qu'à ce compte,"la psychopbobie devrait

être produite par bien des maladies : citons la maladie de Basedow.

'A ce ''propos, 1 M. Muller rappelle' que la pression 1 épigastrique

1 engendre,1 ellei aussi, deilégers' états d'anxiété,' et M. Jastrowitz met

* en évidence que' les' sensations, anormales'de' lairégion stomacale

296(. SOCIÉTÉS .SAVANTES.

sont, communes aux affections, de, ce groupe ? il, rappelle les sympa

tomes psychiques,qui surviennent dans les gastropathies. i 6'ir ·"·,·1

M.1 Gocs. i'A-t-onr dirigé' des . essais@ thérapeutiques ' contré 'les '

troubles vasomoteurs ? 1 ? Sur la réponse négative de 1li : Alüller, 11T'

rappelle que l'atropine, employée en un cas semblable' par M.'de'i

professeur .Wagner,, cas considéré [par ce maître comme une hys-

térie chez l'homme, avait plutôt aggravé l'état du malade. .C'est 7

précisément, ce qui, est arrivé ici, ile 'malade ayant été traité par .

M ? Wagner ? ne, serai L-cel,'pas la : mGmé observation que^celle-

qu"évoquem. pock, ? ]) okmou l-i ^110 .1» »»- ". W-1 ri ? itm hrr rioe 1 S;Ilv

'La, communication présentée par le.D'' Richter sur les'Alalformcc='1

tions dans les maladies 'mentales sera publiée in extenso ! Ci, travail, ^

qui ne comprend pas les idiots, entraîne la conclusion' que c'est

dans la paralysie générale que l'on rencontre le moins de malfornza-

tions, par comparaison avec les autres psychoses ? y ,4 . v ? s,c, n,.t

, Le Dr.D01tItENDERG' expose à la Société) le résultat-de[ ses observa-

ti6ns.suriles Effets d.e,l'hyosoyamine chez les aliénés. Ces essais con-i

cernent dix malades, se décomposant en : une manie primitive

récente, deux manies périodiques, quatre agitations dans des cas

de perturbation mentale chronique- et secondaire, une mélancolie

avec agitation, une katatonie de Kahlbaum, une hyperkinésie

alcoolique. L'injection hypodermique de 2 milligrammes d'hyoscya-

mine amorphe diminue d'abord la fréquence du pouls (de huit pul-

sations par minute), abaissant la température de 0°,3; trois quarts

d'heure à une heure et demie après* 'les phénomènes remontent au

pair ou même s'accélèrent. Quand on a pratiqué cette injection

matin et soir pendant huit jours, on remarque que la chute du pouls

et de la température, de moins en moins accentuée, cède la place à

une élévation. L'injection de doses élevées à d'assez grands inter-

valles (dose^ de 10 milligrammes par jour) exerce.une influence se-,

datidé'd'aûtaât plus prononcée que l'âgitâtiori â moms envahi la

sphère 'mentale' (psychoses propres); Le résultat est' très prompt sur

l'agitation motrice dénature alcoolique;. ')0 milligrammes amenèrent

une sédation en un quart d'heure ou une demi heure; l'injection ne

dut être répétée que le second' jour : le calme était complet par

l'absorption de semblables doses itous les, deux jours, si, bien

qu après un traitement de, huit jours, on obtenait un calme de e

quatre jours; à la'suite d'un traitement de quatorze jours, le repos

durait' cinq'jburs. Dans le'cas'de katatonie, '10 milligrammes ont

déterminé constipation ' et ' rétention ' d'urine opiniâtres (paralysie

des sphincters par intoxication). ? m ' ;l '' ? Il -

-Discussion1 : [ ' "» 'r1' " * ? "J ' ' "' ,n, ·i T

M.RICâien,ltrouvantqûel'hyôscyâininé'estdangereusé'(action sur'

le coeur et collapsus à 3 milligrammes), préfère l'associer à la mor-

phine : S milligrammes de chaque produisent une narcose plus pro-

bibliographie.' (- 297

fonde que celle du chloroforma. Confirmation'de M. SciiitâTER' (lui

pense que la morphine est peu fidèle. Toutefois, M : Richter emploie-"^

rait l'hyoscyamine dans les cas où la morphinen'agit plus, et alors

que le chloral est rejeté, parce,que l'assuétude-à l'hyoscyamine se'J

montre moins facilement. f, 1 .1,... ? , 'li

MM. Dorrenberg etMENDEL n'en' ont pas remarqué de fâcheux rl

résultats. Ce dernier fait observer ! qu'il faudrait," en ' de pareils.1 `

cas,' tenir compte de l'impureté de la préparation et' du mauvais' !

état de la'nutrition des malades. Il constate;' comme un fait'nou-M

veau, son action sur les évacuations et pense que son usage' s'ap-P

plique aux' plus violentes agitations, .puisqu'elle, a agi'à des,doses

de 6 et 7 milligrammes, , tandis, que la, morphine* et' le > chlorahS

avaient, échoué. , m,^ , > - ? m p ., , 1 ? yTn '1 ;ilT Itll1

Le Br. Harts LOEHR clôt la séance par la lecture d'un travail sur les1-'

Co,anulatioiis de Pacchioni 1. 1 >-"[) °9 lu 1 " ? c( ? lf;q zmn's

La prochaine séance est fixée au 15 mars 188'). (Allg : 'Zèitsh ? f.

Psych. M. ' psych. -Gericht. medic ? t.* XXXVIII, 1881.)"1 -'» P.' K ? ™" ? ) ? j i u i , ' ? ,rr,··r · ? rr r ! i. , , Ar, "tpMiT' ? t. , r h i "h,' cnii tu ,r l ,n i" ? t ! Wn W ·,

, ,, , w , , . -I -. t 1 ? t , n -'I O'IftP

, ,i.. , , BIBLIOGRAPHIE ? .i 4'riir'n

. i i : , -i i ..i ,i i ? m, 7o.d

, ... . , 0 1 : r5 juin

. , , . ,,ii ? I ' 1>1 J9

.. , , , ? , . ' '- i I < ËfM : j oii'i

III. Za Fièvre ; Etude de physiologie normale et pathologique;

par H.-C. WOOD. [Bibliothèque MAsoK ! 'eHKe, n° 357. Phila-

delphie et Londres, Lippincott et G10,, novembre 1880), in-40,

de 258 pages avec figures et 5 planches noires. ''r\..< ,,

, , , 1 ... 1 VU' t

L'important travail de M. Wood, sur la fièvre et sur r sà* ph y7

siologie pathologique, contient la relation d'un grand nombre

d'expériences; la plupart ont trait à des lésions .cérébrales qu>

médullaires provoquées chez des animaux, et rentrent à ce titre

dans le cadre de la neuro-patholo-ie. i ? fh'h n

L'auteur a divisé son mémoire en quatre chapitres princi-

étudie successivement : , les, symptômes, de la fièvre,

il 1 ? - ? ) ·lo » ..u i ;g 1 V. , 1 U'ybr)n tC Trr9 '1 )J

Ce travail se trouvera dans i l'une des revues analytiques ? ru ' 'mirlq

298 bibliographie.

les moyens à l'aide' desquels l'organisme animal établit l'équi-

libre entre 'l'accroissement' et la diminution de la calorification ; ;'

les 'phénomènes thermiques 'de' la fièvre et la théorie de la

fièvre constituent les' deux derniers'chapitres. ' " · '

a ttl . drJ%1 (" 17 , ,r 'Ti el ( )" 1 . 1 Wy t- r ·t,r r7

IL'élévation de la' température extérieure peut amener là

mort par suite 'de troubles cérébraux," c'est ! le cas" du' coup de

chaleur (Ch'. VALLIN ? A ? 'Ch2*VéS gén : de Méd., 1871) : ' M. Wood'a

commencé 'par confirmer' ces* recherches dans les deux séries

d'expériences suivantes' : dans'le premier cas, on mettait l'ani-

mal'dans une'case'de verre'' exposée 'aux, rayons1 solaires 'où

chauffée par 'des, briques brûlantes;'dans Iesecond''cas/on

coiffait'les animauxid'une'poche del'càouichoue 'dans] laquelle

circulait un courant'd'eau chaude.' '-' 'i'i 1'l il ''' r "*< t

'4j i ? e)t ! 'i<" dh *-" ! il »*» - U -.iqi.in- iiii/iid'ii ' pt

tlDanst lai première série, on ? eut,les.résultats suivants Expé-

riencg 4 .. Lapin, l mort eti , une,; hellr, et ,demie., T. R. r,= r 46°, C ?

,T..dela,serre= 49 ? , expérience$. | Lapin mortceniunelieure et

demie. T.,R. rt44,7., '1'. , de la 'serre, =,44°,7; expérience 3.

Lapin mort en un quart d'heure ? 43°,9. 'l' de, la

.m 1 f-t" 'q ... Il 1 t , ,, , I rri n r i - - il .

serre = 9°; - xpéricicé 4. Chien mort en quarante' minutes.

T : R : '43°l ? rexprience '5 ? Pig'eo'n mort 'en une 'heure un1 quart.

'f ` R.' ? 49° au' moins1.' T ! 1 de la serre' =` 99°, ' ' expériezce' 4 0.

Chat mort en''un' quarto d'IicureJ T.' de la serre ,590'; dans'la

deuxième série, (celle de l'échauffement limité au crâne) on eut :

expérience 11. 'Lapin; eau = cï0°. T : R. ? 40°3, mort'en une heure

vingt. 'l ? intra-cérélJrale= 47°; expérience 12.' Lapin, eau = 60

à 80° : T. R., 4·1 ° I ? durée 'une' heure1 et demie;' l'animal' a sur-

vécu;' expérience 13. Chat, eau'= 60 à 70° mort en une demi-

heure. T. 'ihtra-cér6bra]e = 45°; '- expérience 14 ? Gros chat,

eau = 70.à 80 ? mort en deux heures. T. intra-cérébrale = 46°

111 : ' 1'Vood'`conclut de ces-expérieilces'que : 1° une température

intra-céiélmale de4p à'47°'est suffisante si elle est prolongée, pour

amener rapidement la mort des mammifères par arrêt de la respi-

ration ? 2c'les symptômes principaux sont 'de l'insensibilité et des

.convulsions,'précédées'd'une augmentation marquée du1 nombre

de respiration et des battements du coeur, sans qu'il y'ait d'éléva-

tion thermique généralisée; 3° « les symptômes sont rapides,

quelquefois foudroyants » (p. 7). Ces accidents nerveux sont» sou-

- tagés parles hains froids; c'est- une conclusion déjà connue et qui

.trouve son application,clinique chaque jour. , . ,

.J lllllr n . p || (P ' , . ! -t'il 1 l' t' ' ' ' ' '" "

t r, Les températures indiquées par M. Wood sont en, degrés Fahrenheit,

ius lés'çônvéitü : ons`én e s1d', . la table de Seguin (lledical

nous tes'convertirons'en centigrades' d'après la table de Segum (Médical

BIBLIOGRAPHIE. 399

(IL, Dans le chapitre suivant,[M. ? ,Wood étudie les. causes de,

l'élévation de, la' température après la section de lajmoelle'épi-

nière ; il rappelle les faits signalés. depuis Brodief (1837), ! Ber-

nard(1853), Schiff(1855),,Chossat(1832)"Tscheschichin (1$G6);

Naunyn et Quincke (1869), Rosenthal (1869), Binz (1870),

I'arinaudr (4877),,·;et rcite quelques, expériences,, personnelles

[expérience 21 à 24., p. '17). , IL résulte de ces faits que,, le ,plus

ordinairement ? chez,\un^ animal, vigoureux, r la température

s'élève après la section de la moelle épinière, à la condition de

tenir, l'anima^dans un, milieu chaud. Un ! calorimètre partiez,-

lier a.été employé par, l'auteur. dans.,ces, exp6riencestet) dans

celles, quljsuivent (pMj17 à26).ûDansllesnombreuses;expé;

riencesqui suivent; l'auteur s'attachera déterminer expérimen-

talement le point précis della;rlioelleftou ? du;,hulbe,ldans

lequel se trouvent compris les centres de calorification. Ces

expériences sont données avec les plus grands 'détails,1 il's'agit

'd'une" 1 véritableT équation) dans Il laquelle -chaque' phénomène

phYsique'0'u'chimique'de'l'organisme vivant/est introduit avec

sa valeur absolue et modifiée selon' les conditions expérimen-

tales. De nombreux, calculs permettent' au lecteur,, de ^vérifier

lui-même les, résultats,. de, M ? Wood,, d'assister ! en ...quelque 1

sàrte à,ses-C'Xéri ? es. Voici les conclusions principales aux-

quelles M : Wood s'est' arrêté pour cette partie.de son travail : ? j 1 f , I "l»'l <1 1 yr f't.t.J ? t I ,) ? nr f1f141r11mkn ? « La section de, la moelle, au-dessus de l'origine des nerfs splan7

chniques, est ordinairement accompagnée'), d'un accroissement

immédiat,, et prononcé t de la quantité de chaleur perdue par; le

corps; elle s'accompagne déjà diminution marquée de la-chaleur

produite dans l'organisme. » [Expériences 25 à 33, p., 45.)1' . "n;,r.

«, Il semble y avoir, après la section de la moelle épinière, la

mise-en liberté de deux forces distinctes et même opposées ? l'une

qui, paralyse, l'autre qui accélérera production de, la chaleur ani-

male. [Expériences 33 à 38); ce résultat ! paraît dû à une paralysie

vaso-motrice». Cette action dépend d'un centre; que AL1\'ood place

;« dans la partie inférieure du plancher du4e,ventricule ? près du

bec du calamus,». (P.rSâ,'Expériences 39 à 43.), 1 , j ? c j

- , il- il () . ! ° . lit m( t" ' - " in' 1

Ce centre est donc placé là où l'avaient déjà décrit Dittmar,

J : Owsjannikow et Heidenhain'. Il s'agissait'de déterminer

quelles seraient les conditions' de 'la calorification après une

section intra-crânienne du bulbe, aussi haut que possible au-

dessus du centre vaso-moteur thermique. Ces expériences sont

'difficiles à réussir.à cause de la, profondeur s des parties, a. sec-

300 BIBLIOGRAPHIE.

1 t)4- 'Il 1, ^ * ^^W .1-1

tionner et de 1\hémorrhaie,quise produit souvent, car, il, est

presque impossible de ne pas intéresser les ^aisseaux de la,base

de l'encéphale, quel que soit le.procédé employé. M. Wood

parait cependant avoir surmonte ces difficultés dans un certain

111 zip.11 ·III' 'fil`III II'n. W If v Iltés d ? · f11, Il

nombre d expériences [Expériences 46 à 53)et donne un procède

opératoire spécial pour ces sections (p.,56-57). Selon cet obser- ? i ? tjijjj ? i ? i ? t"'4' ? m ,.

vateur : M .1 .MlH*S

ai« ! Les blessures.de la 'moelle 'allongée placées de'façon'à para-

lyser les centres : bulbairés vaso-moteurs,l,sont )accompagnées'd'un

abaissement de la chaleur, animale; ^ les blessures, du, bulbe, au

niveau de son point de jonction avec la protubérance, chyle chien,

ontcausé une augmentation de la'température rectale, à la condi-

tiôytoutéfoisplûél;lés éeytrés,vâso-môteürs bulbaires ne^ soient ni

I joli

lésés directement par la section, ni comprimées par le sang épanché

àütôur"dn' bûlbé`(p : 6)a =' D'àutrés' ézpériencés'' [Expériences*^

et'T 55) montrent' quel les' blessures' du -bulbe1 qui intéressent ^ces

centres vaso-moteurs causent une diminution de la chaleur produite

d'une 1 façon i absolue, et que- cet abaissement'de température est

encore augmenté par lai perte de calorique qu'éprouve-l'animal',

au début de l'expérience (p : 65). » I ! j - .- Il «

aw",Ir ? 1 . i ., t, 11) qr, "; ' P ? >'w -t

Plus loin, par de nouvelles expériences [Expériences 56 à 59),

M. Wood reconnaît que : iiim'.i '" H * u "Wi >'' >

91 ? inl | , U ? f')'' v, m j^ 'iiif in ? (f ? r ) I

1< La section du bulbe, au niveau de la, partie inférieure de la

protubérance, est suivie d'une augmentation de la chaleur produite

et 'aussi" d'une perte plus' -raiide'de" calorique, sans qu'il y ait un

rapport d'équilibre entré' cette augmentation'et celte perte^ mais

dé façon à ce'que'la température' du'corps se trouve 'plus 'élevée

après qu'avant cette section. » *i *>f r a' '< ' bf'' ^ ' ' ""

9> n.l 1 ? (' I S"l , fr" ,' : r " t 1 - ' ' ' ']>''

.11 Cette perte de calorique pourrait s'expliquer parle.rayonne-

- ment. Un corps plus chaud perd plus de chaleur qu'un corps

dont la température est moins élevée., Si l'on songe d'autre

part que, dans ces expériences, le 'système vaso-moteur, est

absolument respecté, ont peut comprendre que les moyens de

réfrigération de l'organisme - ,tels que les évaporations

.peuvent se trouver accrus en raison.même de l'accroissement

.anormal de la. température animale. M.'Wood paraît disposé à

.admettretun.centre modérateur dont il détruirait, l'influence

par ses sections; et en effet on, remarque dans ses expériences

que l'élévation de, la, température rectale n'est complète que

quelques, heures après l'opération, alors, que les phénomènes

7T"ao 7-nTTqT, rt0*

BIBLIOGRAPHIE. 301

- ? i ? , - .. m t^ ? n ' , l'.i'i'.rn ii-îLih^o.T'.rriT *

irritatifs paraissent calmés. Deux expériences, [Expériences 60

,f ? l il, -y ? »" ? " ! T- ,-i .llnr » ? ,1 HU M'i'A'.l.'ll.l ? II' .l'UI

et' 61) montrent qu'il ne`s'agit pas seulement dune, irritation'

car au début la température se trouvait abaissée et elle ne s est

accrue* que peu à péû : ' Il faut"donc'admettre' une' influence

paralytique]' que 141 : Wodd compare aux actions trophiques, en

rappelant a propos de ces dernières les travaux de l'école'de la

Salpêtrière. z

-De même, l'irritation d'un .nerf sensitif s'accompagne d'un

abaissement de température ,'malgré,l'élévation de' la' pression

artérielle,' malgré même l'interruption de la circulation locale

(faits dé Heidenhain) c'est ce que'lés recherches plus'récéntes

de'Redard (Arch. gén'. dejiliéà ! 6"série; 'XIX ? 35) ont`aussi

démontré ? l'àlgidité' est `un üés' facteurs nécessaires du choc

traumatique.' Les expériences 6î., 65, 66 deM*,e à ne ,font

que confirmer ces faits et'montrent bien^qu'à la suite de l,irri

tation, prolongée d'un nerf sensitif, l'abaissement; de la tempé-

rature n'a (pas de rapport-avec;les modifications variables'de

la pression- artérielle. Si maintenant on vient à exciter un nerf

sensitif après avoir séparé le bulbe'de)la protubérarice'(Expe-

rieizees, 68, 69, 70, 71), on s'aperçoit que l'irritation sensitive

ne, cause plus la chute de la; température. (Résultat contradic-

toire avec ceux de Heidenhain.) frl, tcruc .·nnl ·r ? l M

Il semblait donc établi que ce centre thermique inhibitoire

était situé'dans la protubérance où au-dessus d'elle'. Malgré les

difficultés dé là détermination de ce' entre, ,M. Wôod â entréi

pris de le, circonscrire ,à l'aide,d'injec ons ? austiques..(Exp.

72 à 75) ;,les résultats obtenus ont été douteux,, il ne fallait du

reste s'attendre à rien de mieux; l'action d'un caustique'est

trop diffuse, et l'on s'adressait à un organe trop complexe

- , pour pouvoir espérer autre chose que''des manifestations.

variables et confuses. E ! l,r r' · ? fr,r ? -> ? (' z 1 i-F . , -

Ces centres thermiques peuvent' du reste dépendre du' cer-

veau, 'on sait qu'Eulenburg 'et` Landois' ( Vzrchôw'sArcha'v.

T. LXVIII, p. p+5) ont cru trouver dans l'écorce cérébrale du chien

des centres' modérateurs de la colorification, dont la'destruction

unilatérale s'accompagnerait d'une élévation de'la température

du membre inférieur du/côté opposé.' Il'y avait une hyperther-

mie croisée, correspondant à l'hémiplégie croisée ! ' M Wood a

consacré de nombreuses-'expériences à'la vérification de ces

'faits,' eti c'est là le point capital de son travail. Dix-neuf'expé-

riences sont relatées dans'tous'leurs"détailscet''aec6mpagnées

302 BiBLIOGRAPHI

des schèmes'des lésions cérébrales produites. Expériences' 76

à'95) : On peut'en conclure 'avec l'auteur' que' : ' " ? *

ii iqi iir, nu' il' 'm 1,1 mit) ri i.iii-i 11 -y..r(t T (l ii - '>"] v

/. « Quatorze de ces expériences ont porté' sur l'une' des premières

circonvolutions ouisuiftoutes deux, en arrière' du sillon 'crucial, et

dans six, expériences les lésions ont été produites dans d'autres par-

lies du cerveau. Dans aucune de ces dernières on n'a remarqué une

production sensible de chaleur, sitôli la blessure, cérébrale effectuée,

tandis que dans treize des premières expériences ,qui- intéressaient

la.'région de7ft<z ? il y avait une.augmentation considérable de la

coloriMcation. 'Celle des quatorze' expériences), (lui semble faire

exception,' peut s'expliquer par un' accident opératoire' Un' grand

sinus s'est'trouvé blessé,' le sang'a fusé autour'de l'encéphale et a

causé une compression qui s'est traduité'pa'r des''phénomènes vaso-1 `

moteurs et respiratoires. Cette élévation thermique est aussi ^en ray-

port avec l'étendue, de la, lésion- et-' sonj siège, car l'augmentation

de chaleur a été plus prononcée quand les deux, circonvolutions ont

été intéressées à la fois. Sur les. treize expériences,' sept} ont, porté

sur une seule circonvolution et l'on a eu.une augmentation, de, cha-

leur de 4 0, 20', 4 l ? 4 3; 30, 4 2 p.' 100 '; six expériences ont atteint les

deux circonvolutions à la fois)' elles ont donné 35, 74, 36, 27, 65,

47 p. 400'd'élévatidn hérmiqûe : Si un'séul' des côtés du cerveau

étaitatteint ou obtenait'une moyenne de 7 p. 100, si' les deux côtés

étaient lésés, 47 p : 4 00 d'élévation thermique étaient accusés. 11 faut

donc admettre que : la, destruction' de1 la région cérébrale connue

comme la première circonvolution cérébrale postérieure am sillon cru-

cial, effectuée près de ce sillon, s'accompagne d'une augmentation de la

chaleur produite. Par contre, les lésions produites à une certaine

distance de ce centre abaissent la ( chaleur animale; on-peut donc

s'imposer qu'elles excitent le ' centre modérateur contenu dans la

région de Hitzig. »

- .r i-/5 < ' t 1 . ' . ' ' ' 1

''Il fallait'donc irriter, sans le détruire, ce centre modérateur,

c'est-à-dire modérer directement la température animale par

l'excitation de la zone de Hitzig. M. Wood a eu recours (Ex-

périences 96 et 97) au sel marin ; dans ce ' but, il perforait le

crâne par une couronne de trépan, incisait la dure-mère, déta-

chait avec précaution la pie-mère et plaçait un peu de sel sur

le' cerveau.- Un bandage contentif maintenait l'excitant en

place.

« Dans les deux expériences, on a observé une chute de la tempé-

rature générale d'environ 22 p. 100 : on peut donc dire que l'exci-

tation d'un des centres modérateurs de calorification est accompa-

gnée'd'une diminution de la chaleur animale produite (p. 143). »

BIBLIOGRAPHIE. 303

, Les expériences .de M. Wood, ont été de,,trop.. courte,, durée

pour lui permettre de reconnaître si ces effets thermiques sont

temporaires ou permanents; il croit cependant devoir supposer

qu'il s'agit là d'un effet temporaire et que; ces centres corticaux

ne sont pas, eux-mêmes, les vrais centres thermo-modérateurs ;

ceux-ci devant probablement être ? contenus dans le pont de

Varole., i . , t j ' u'uji. - < i'i '' i ^>J

.'Les expériences qui suivent, et dans'le' détail desquelles nous'

ne pouvons entrer, indiquent que l'irritation légère de la zone

de Hitzig,·après'sectin',dés nersswagués,,n'a'pas d'influence

sur la pression artérielle,,et que , la ^destruction^ totale,, de,,ces

de1s ' ' " '; , la, nsion artérielle ; : par

zones, des deux côtés, n'abaisse-pas la, tension artérielle ;= par

contre, en séparant le bulbe de la protubérance ? et en coupant

les nerfs splanchniques,,on voit la pression ! artérielle - s'élever

quand l'asphyxie se produit ou si l'on irrite un'1 nerf sensitif :

(Expériences 98 à 109.) ' h > ? "'< ` ' 'h z,

'J L'existence des centres thermiques chez l'homme est loin

d'être démontrée' par la' clinique, on ne connaît guère,, que les

cas dé Bastiau (Paralysis / ? 'o ? K &ra ! M scae, p. 220), et celui

dé Rémÿ (Soc. anat. deParzs,,18î5"p.,158),dans lesquels des

lésions des ganglions intra-cérébraux ou du pont de Varole aient

été accompagnées d'hyperthermie croisée; cependant M. Wood

cite un certain nombre d'observations dans lesquelles il y a

eu une élévation locale de la température à la suite de lésions

du mésocéphale (p. 158). ' ' ' '

r , f ), ,/ mi 71 > ' -'i' ' > '" «

ici. Nous ne ferons que' signaler la troisième partie du ml

moire de,M"Woo -d;'ell'traitë'dèi'plié0-'M'ènes calorifiques de,

la fièvre et de la production artificielle de la fièvre chez les

animaux, au moyen d'injections intra-vasculaires, de, produits

putrides. .. , r . , " - - ,

IV. Le dernier chapitre du travail que nous analysons porte

sur la théorie de la fièvre. L'auteur discute, son origine,héma-

tique ou nerveuse. M. Wood semble, supposer que les produits

septiques du sang n'élèveraient la température qu'en irritant

localement les centres nerveux. ,

« La fièvre, dit-il (p. 3t8), même quand elle paraît d'origine irri-

tative, est produite par une action,exercée sur le système nerveux.

La fièvre'qui survient après l'altération du sang par des produits

septiques est souvent, et probablement toujours, le, .résultat d'une

304 BIBLIOGRAPHIE.

action directe ou indirecte du poison sur le système nerveux cen-

tral, c'est donc/de par cela même, une névrose. Dans la fièvre le

centre thermo-modérateur n'est pas paralysé, mais il est moins ca-

pable de réagir vite et puissamment, comme dans l'état de santé.

' Cet état s'accompagne d'un trouble des centres vaso-moteurs qui

ne' réagissent plus assez pour causer des phénomènes vasculaires et

sudorifiques suffisants pour annuler l'effet de l'élévation générale de

la' température ; on comprend donc comment certains états

fébriles excessifs et subits, comme le rhumatisme cérébral, peuvent

'être dus à une paralysie complète des centres nerveux qui président

tant à la production de la chaleur animale qu'aux moyens que l'or-

ganisme emploie pour se débarrasser de cet excès de calorique

(P 55). »

)7 " ' t

On voit quelle ' est en somme 'l'idée directrice qui a guidé

M. Wood dans ses intéressantes recherches. Il fallait examiner

successivement l'action de la, chaleur extérieure sur les phéno-

mènes, de 'calorification et,, sur les symptômes cérébraux de

l'hyperthermie, puis s'assurer de la part qui revenait à la

moelle,, au bulbe,, au cerveau, dans, la production de chaleur

animale et dans le développement des influences vaso-motrices

par lesquelles l'organisme tend à rétablir l'équilibre thermique,

compromis par ces lésions nerveuses. Enfin, il était néces-

saire 'de voir si les altérations du sang agissaient directement

sur, les organes pour élever la température générale, ou si, au

contraire, toute augmentation de température devait avoir,

directement ou indirectement, une origine nerveuse. Ces re-

cherches ont conduit M. Wood à opposer aux centres médul-

laires de calorification et d'actions. vaso-motrices, un véritable

centre d'arrêt régulateur, qu'il croit devoir placer dans le mé-

sbcéphale, au-dessus du bulbe, et dont il croit avoir expéri-

mentalement démontré les irradiations corticales dans les

couches superficielles du manteau cérébral. H. DE BOYER.

f, IV. Marche de la paz·alysie générale chez les alcooliques ;

'' par E. Moreaux. (Thèse de Paris, 1881.) .)

Dans un certain nombre de cas, les accidents de l'alcoolisme

chronique offrent une grande ressemblance avec ceux de la para-

lysie générale, comme l'ont montré les travaux de Magnus Huss,

de Lasègue. Ces accidents n'ont pas, dit Falret, la même gravité et

ne sont pas fatalement incurables. Nasse a décrit une pseudo-para-

lysie e potu. 1 ' '

BIBLIOGRAPHIE. 305

La paralysie générale se manifeste un peu plus tôt chez les alcoo-

liques que chez les autres sujets. Chez eux, la marche diffère aussi

de la forme classique, dont elle se distingue par l'absence habi-

tuelle des prodromes ordinaires ; elle est, toutefois, souvent, pré-

cédée d'accès de manie alcoolique. L'invasion brusque est souvent

marquée chez les alcooliques par une excitation maniaque intense,

par un embarras de la parole extrêmement prononcé. , En^outre,

dans la paralysie générale des alcooliques, les rémissions sont plus

fréquentes, plus complètes et plus, franches que dans les cas ordi-

naires.' C'est dans cette catégorie de faits qu'on observe surtout ces

longues rémissions qui peuvent faire, croire à une guérison. f

t < v E I ,

V. Étude sur l'état mental et les troubles psychiques des cardiaques ;

bno orp Pal L. n'AsTaos. (ThBse ,de Paris,, 4884.) 1, ,r ,v ·· 1

> ? ? I'ï'1 Ij ? <'«>»'.' W. ^

L auteur pense qu'au point de vue des trouble^ psychiques il y a

une' différence bien tranchée entre les aortiques et les mitraux. Les

premiers, qui sont'des'anémiques1,' ont dés phénomènes d'excita-

tion, sont facilement irritables ; les seconds, qui sont des "conges-

tionnés, sont plutôt mornes' et taciturnes. Les aortiques'sont''aiséz

ment, atteints de fatigue intellectuelle avec diminution de ^aimé-

moire,, quelquefois, avec, des accès d'aphasie; leur 1 affaiblissement

intellectuel va parfois jusqu'à se l'approcher de la démence sébile.

L'état mental et moral des, .aortiques pourrait dégénérer en véri-

table hystérie cardiaque. , ?

Les mitraux sont mélancoliques ou violents et souvent ces deux

caractères s'associent.' il " à '' ' , il , 't' ' ''\ ' )'

Les affections du'coeùr peuvent,' chez les sujets prédisposés, déter-

minera une forme spéciale de' folie, folie cardiaque, tantôt dépres-

sive, tantôt délirante et pouvant mener au suicide : 1 La folie cardia-

que subit l'influence delamaladiecausale, elle offre des oscillations

plus ou moins brusques; mais l'intensité,des troubles intellectuels

ne correspond pas nécessairement à une recrudescence des troubles

cardiaques/ n" t', , . l 1 t(, . ? ? v ,Li ? -,

Dans l'asystolie, on observe souvent des hallucinations, princi-

palement de la vue, se produisant surtout la nuit, d'autres fois un

délire lypémaniaque ou maniaque, plus ou moins systématisé.

Dans les derniers jours, survient souvent, un délire vulgaire, surtout

nocturne. " Cii. FÉRÉ.

, , . r . ' . i|i| 'I , il ''

VI. Contribution à l'étude de quelques troubles nerveux qui surviennent

, chez les diabétiques; par E. 51ARY. (Thèse de Paris, 1881.) , -,

. . r . ? () 1 .L,

L'auteur rapporte les faits de/névralgies symétriques, signalés par

M. Worms, un fait de paralysie du bras droit et quelques obser-

20

306 BIBLIOGRAPHIE.

vations de coma diabétique, qui lui servent de base pour ses des-

criptions. Le coma diabétique peut survenir sans causes appa-

rentes, mais il est souvent déterminé par un excès quelconque,

par une promenade fatigante.-Il offre, deux phases distinctes. Dans

la première, le malade éprouve une sensation d'affaiblissement gé-

néral, d'endolorissement à l'épigastre, à l'hypochondre, puis des

nausées, des vomissements ; il est- pris d'une agitation, quelquefois

d'une loquacité extraordinaires ; et enfin surviennent les phénomènes

de dyspnée et de parésie cardiaque; la peau est livide et non cya-

nosée, les extrémités sont froides, le malade, anxieux, sent sa fin

prochaine.'Peu à peu le malade perd plus-au moins complètement

les fonctions de relations, et le coma est constitué. Ch. FÉRÉ. ? q, il 1 : n' , f) si ti u t u , - Il h 1 ' J.iq . -

VII. Lésion du nerf sciatique poplité externe dans les fractures de la*

., tête du péroné ; par P.-L. Couette. (Thèse de Paris, 1881.) *»-"

811ti li"1 '' . z - . ,v '.

« La fracture de la tête du péroné, soit.par arrachement,' soit par

choc direct, est une lésion rare. Les rapports du' sciatique poplité,

externe avec cette partie de l'os, expliquent les lésions de ce nerf, !

tantôt contusion, tantôt tiraillement immédiat; tantôt périnévritel

ou, névrite consécutives/ soit à l'emprisonnement', soit à la com-

pression du nerf par le cal. Les troubles de. la sensibilité et de la

motilité sont très variables suivant la gravité de la lésion : ils sont

souvent définitifs. Le traitement par l'électrisation n'est que pal-'

Hâtif.. , - - Cil. Féré. '

xlsv'" ' ' i . ? , , « INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

Contribution à l'étude de la rage ; par M. DARGET. (Thèse de Paris,'

881.) .. ,-

Contribution à l'étude de l'épilepsie d'origine syphilitique; par, A.'

PÉRIER.'(Thèse de Paris, 1881.) ' , 1

Du tremblement mercuriel ; par E. SCHOBLL. (Thèse de Paris, 4884.)

Trois observations personnelles.

1 Contribution à l'étude de l'hémorrhagie spontanée de la moelle ou

/tëma<07Kt/ee;parA.-M.-L. BOPPE. (Thèse de Paris, 1881.) Une obser-

vation. '

1 Contribution à l'étude du traitement du tétanos a a frigore ; par

J.-B.-Ch. LAMEREUx. (Thèse de Paris, 188).) . j

Des complications cérébrales des affections cardiaques ; par M. BAGOT

(Thèse' de Paris, 1881.)

Contribution historique à l'étude du zona; par J. Planchais. (Thèse

de Paris, 1 881 .)

I'4-a^at ^xi-'h. "u.

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aitp HENRY CLOZEL DE BOYER t', ? .

àt, , .1-3 ... i. " *- ., f 'U &. "t "a. .t ? tc..u. >,. 631

La diphthérie a fait une victime de plus. Depuis bien des années,

nous avons perdu l'habitude de voir la mort se montrer clémenter

envers la jeune génération médicale; mais la Rédaction des Ar-

chives de Neurologie a été frappée dans ces derniers temps d'une

façon particulièrement douloureuse; il semble que c'est hier que

nous avons perdu Henri d'Olier, et voilà qu'aujourd'hui nous voyons^»

périr en pleine jeunesse, en pleine victoire dans un laborieux con-

cours, Henry CLOZEL DE BOYER. '

. C'est à l'hospice des Enfants-Assistés, en remplissant ses fonctions

de chef,de clinique de M., le professeur Parrot que notre malheu-i 1

reux ami a contracté la maladie qui en quelques'jours l'a enlevé à'

notre affection. Les obsèques ont eu lieu le 3 juillet. Derrière son

cercueil se pressaient un grand nombre de médecins ayant appai1'-1

tenu à des titres divers aux hôpitaux. Les internes, parmi lesquels

il n'avait que des amis, y étaient largement représentés. Au cime-

tière du Père-Lachaise, oùs'est faite l'inhumation, M. Ch. Quentin,

directeur général de l'Assistance publique, au nom de l'Administra-

tion ; M. le professeur,Parrot, son dernier, maître ; M. G.' Ballet,

au nom de la Société Anatomique, et M. Bourneville,Fau nom du'

Progrès médical et des Archives de Neurologie, ont rendu un deï-a

nier hommage à Clozel de Boyer. ' '

' Sur cette tombe qui s'ouvrait'avant l'heure pour engloutir tant,

d'espérances, et mieux encore que des espérances, l'émotion

nous contraint de nous taire; des voix tout à la fois autorisées et

amies se sont d'ailleurs fait entendre, et Henry de Boyer a été digne- '

ment loué; mais l'amitié de dix années qui nous unissait à lui.

nous donnait le droit et nous remercions ici notre cher Rédac-1-

teur en chef de l'avoir pensé comme nous de dire une fois de plus

à cette place toute l'étendue de la perte que nous avons faite.

'-Henry DE BoYER n'avait pas encore trente ans : après, de sérieuses^

études, il avait tourné vers la chimie les premiers 'efforts de son

activité ; élève de l'Ecole des Hautes Etudes, attaché au laboratoire

de M. Frémy, au Muséum, il se distingua là, comme il devait plus

tard se distinguer ailleurs ; et il puisa dans ses travaux laborieux et

308 NÉCROLOGIE.

précis ce culte de la rigueur scientifique, cette méthode exacte sans

laquelle il n'y a pas de science. ? Attiré alors vers l'étude de la médecine, il s'y adonna avec une

véritable ferveur ; mais non sans garder encore quelques attaches

avec la science qu'il avait aimée la première. Reçu externe des

hôpitaux, il associa la chimie à la médecine dans un travail qu'il

présenta au concours du prix Corvisart, mémoire dans lequel il

traitait des épanchements pleurétiques, et auquel la Faculté décerna

l'une de ses récompenses.

; Il aborda sans tarder le concours, chaque année plus difficile

pour tous et plus honorable pour les vainqueurs, de l'internat;

reçu, en ,4 874 interne provisoire, et en 187S interne titulaire, il ne

laissa rien perdre, c'est une justice que, ses chefs lui rendaient

volontiers, des immenses ressources que l'internat offre à ceux

qui ont su le conquérir. , ,

Non seulement, durant les quatre années qu'il fut attaché aux

services de MM. Legrand du Saulle, Bouchut, Bouchard, Broca et

Moissenet, il recueillit pour son instruction personnelle de précieux

documents, ainsi que l'attestent ses nombreuses communications à

la Société Anatomique, notamment sur les Localisations cérébrales,

et sur {'Etat des nerfs et des os dans les moignons d'amputés, et les

récompenses nouvelles qui lui arrivaient à la fin de chacune de ses

années d'internat, mais il tenait encore au service de ses amis les

inépuisables richesses que contenaient ses cartons.

,. Arrivé- au terme de son internat, Henry de Boyer quitta l'hôpital

avec regret, mais non sans esprit de retour : il-avait déjà résolu

td'y rentrer par les voies de plus en plus difficiles du clinicat et du

Bureau central. Une thèse très travaillée, très estimée en France

et à l'étranger, inspirée par les magnifiques travaux de MM. Char-

cot et Ferrier sur les localisations cérébrales, avait, été dignement

récompensée par la Faculté, et, ce qui vaut mieux encore, elle avait

montré ce qu'on pouvait attendre de l'auteur, à la fois rigoureux

et sagace, qui l'avait composée. Les premiers concours ne lui

furent pas favorables ; qui donc s'en étonnerait parmi ceux qui en

connaissent les multiples et difficiles étapes ? Mais l'activité du

jeune et intelligent travailleur ne se lassait ni se décourageait et,

au lendemain d'une défaite, il se remettait à l'oeuvre, et cela, on

l'a dit avec justice sur sa tombe, sans que jamais on ait entendu

sortir de ses lèvres une parole amère, soit pour ses juges, soit pour

ses concurrents-heureux.

Il semblerait qu'une telle vie ait dû suffire même à une activité

1 peu'eommune : il n'en était rien pourtant. Tous les lecteurs du

1 Progrès médical savent combien sa collaboration était active et

assidue,' et avec quelle compétence il traitait les questions les plus,

''diverses : c'est qu'il était doué de -cette remarquable et rapide

puissance d'assimilation, qui est le privilège de ceux qui travaillent

NÉCROLOGIE. 309

beaucoup et surtout qui ont beaucoup travaillé; une autre qualité,

qui ne pouvait guère être connue que de' ses collaborateurs, c'est

l'obligeance exacte et consciencieuse avec laquelle il remplaçait' au

besoin ceux qui se trouvaient momentanément empêchés de-rem-

plir leur mission. Il fut également le collaborateur utile et dévoué

de l'Année médicale, où il a publié les articles relatifs au système'ner-

veux et à la thérapeutique. ' '' ' - .se m4

Dans ces derniers temps un nouveau champ s'était ouvert à l'in

fatigable activité de de Boyer ; lorsque MM. Charcot et Bournévillé

résolurent de fonder les Archives de Neurologie,' ils n'hésitèrent

pas à lui confier le poste de secrétaire de' la rédaction ? et- ses

collaborateurs ont pu apprécier le dévouement qu'il apportait' à sa

tâche. Il a déjà rendu de grands services à ce-recueil dans lequel il

avait publié une Note sur un cas de méningite cérébro-spinalc aiguë,

une revue critique sur la thermométrie cérébrale, fort utile à' con-

sulter, et justement estimée, un grand nombre d'analyses de tra-

vaux tant français'qu'étrangers. ' i.n»iee

Enfin, appelé de bonne heure par Huguier comme prosecteur ' à à

l'Ecole des Beaux-Arts, il rendit en cette qualité' d'importants ser-

vices ; non seulement le successeur de Huguier, M. Alatliias'Duval,

ne voulut pas se priver d'un' aussi précieux collaborateur, mais il

lui ouvrit les portes de l'atelier de Bonnat, où Henry de Boyer fit

durant plusieurs années un cours d'anatomie appliquée aux Beaux-

Arts, dans lequel tout en suivant les traditions de ses maîtres, il' a

mis sa note personnelle, et dont le texte autographié par les soins

et l'intérêt de ses élèves, est malheureusement devenu fort rare.

Ce n'est pas tout : comme tous ceux qui savent vraiment bien, il

excellait à vulgariser la science ; ayant depuis' longtemps souhaité

et prévu la laïcisation des hôpitaux, il prêta, dès la première heure

à l'institution des Ecoles d'infirmières laïques un concours intelli-

gent, dévoué, ardent, désintéressé, que peuvent seuls apprécier

ceux qui ont collaboré à cette oeuvre utile, ou qui en ont bénéficié.

Deux autres institutions d'un caractère éminemment démocratique,

vouées toutes deux à l'instruction des ouvriers, l'Association philo-

technique et l'Union Française de la Jeunesse, ont eu l'heureuse

fortune et l'honneur de le compter parmi leurs professeurs, u

Cette vie, faite de travail, de dignité, et de dévouement, allait

enfin recevoir sa première récompense, et non la moins enviée ;

un brillant concours, bien qu'encore inachevé, ouvrait sans con-

teste à H. de Boyer les portes du clinicat; mais, entre les épreuves,

il avait pris la diphthérie aux Enfants-Assistés, dans le service de

M. le professeur Parrot, dont il était le chef de clinique adjoint, et

notre pauvre ami était déjà presque aphone, déjà infecté et étran-

glé par ce mal implacable lorsqu'il s'est traîné à la Charité pour y

subir la dernière épreuve de ce concours, sur lequel il avait fondé

tant d'espérances. , . , . miij

'3t0 -T, iti FAITS; DIVERS., 1 1 ii

j^b 11 est mort en·trois,jours, en libre-penseur comme il avait vécu.

- ? Datis le discours ému qu'il a prononcé sur la tombe de de, Boyer,

,AI. le directeur général de. l'Assistance publique avait promis que le

,nom de notre ami serait donné à une des salles des hôpitaux : cette

-^promesse a déjà reçu son exécution et une des salles du service de

M. le professeur Charcot à la Salpêtrière porte le nom de CLOZEL

de Boyer. Nous remercions bien vivement M. Quentin de cette

, bonne pensée; ce n'est pas seulement le plus digne des hommages,

t c'est aussi le plus salutaire des exemples ; et bien que sur ce point,

'les médecins soient, il faut le dire à leur honneur, plus enclins à

, se dévouer qu'à faillir, il est bon qu'un signe tangible vienne

- rappeler à ceux qui sont chaque jour sur, la brèche, qu'un, peu de

(terre .jetée sur la tombe d'un vaillant de trente ans ne saurait

teBacer) pour.toujours somnomiel son souvenir lorsqu'il est mort

pour ces choses, les seules à nos yeux vraiment grandes et vraiment

saintes : la science, l'humanité, le progrès.

3,1 r ' ., ? > e - r Br'DE AlUSGR9VE-CLAY. r . , ;r

fUi-fl i(l 1* 7. i . 3· , i ' i il - ' fiS.

g, h » . , ; ,. ,..., . , ,, i "9

9f cff't · n.l l z ti p 1 " . 1 . 14 4 e f 1 1, , - .. -

2f1 : , i 1 m ? "'FAÏTC : nïVRQ ' · iW ? 1 fj

rJJj ? /"FAITS DIVERS,' c . Il 'rt i, t i .,>,, l (1 ,

gs^y 1 2 ? 3r : \ ' ? , \ "» - t, -. , ' ''t i '<R '. f. , ,y

Asile d'aliénés DE VILLE EVRARD. - Il est créé, par décret en date

du 25 juin, une seconde place de médecin-adjoint à l'asile de Ville-

Evrard ; ;` 11L1 D Philippe RE est nommé à ce poste.) aï

Alcoolisme aigu simulant l'hydrophodie. Etant donné la fré-

.quencedes cas nombreux d'hydrophobie qui sont rapportés^ et

dont quelques-uns paraissent légèrement douteux, le Dr W.-B. Ha-

sard publie"1 dans 'le Su,izt-Louis Cli21ccd Record, un-cas méritant

considération. Le malade soutirait depuis quelques jours d'un

spasme laryngien et pharyngien, et il lui avait été impossible d'a- ? i ? aler'aucun 3 liquide. Il possédait toute son intelligence et n'était

agité par aucun tremblement. En peu de temps, néanmoins, se

.développa une manie furieuse qui se termina par des convulsions

cloniques et laimort. Aucune lésion ne fut constatée'a l'autopsie.

Les antécédents du malade démontrèrent nettement qu'on avait eu

Vaffaire d un vieux et très fort buveur. [Médical Record, jùly, 2,81.)

ejilst,l ` ... yl' . il 1, 1,l t- n 1 recto ? , > j , / ) i /

14'> STTISTIQUI de" l'ivrognerie' A DERLIN EN'1880. Nous avons parlé

récemment du projet de loi, déposé au Reichstag, par le chancelier,

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. '311

tendant à une répression plus rigoureuse de l'ivrognerie ; il n'est

pas sans intérêt de mentionner les résultats publiés par la préfec-

ture de police de Berlin, au sujet du nombre des individus arrêtés

dans cette ville pendant l'année 1880. Le nombre des personnes

arrêtées pour cause d'ivresse, s'est élevé à 7,893 (7,313 hommes et

- et 382 femmes). 6,267 ont été mis en liberté aussitôt que leur ivresse

était dissipée, 980 ont été mis sous la surveillance de la police pour

cause de mendicité et de vagabondage, 648 ont été renvoyés devant

la juridiction correctionnelle, et condamnés à raison de délits ou

de contraventions. Parmi les hommes arrêtés, 407 étaient âgés de

moins de 18 ans, 2,575 avaient de 18 à 20 ans, 2,801 de 30 à 40 ans,

4,364 de 40 à 50 ans, 766 avaient plus de 50 ans. Quant aux fem-

mes, 12 étaient âgées de moins de t8 ans, 1 10 avaient de 18 à 30

ans, 174 de 30 à 40 ans, 161 de 40 à 50 ans, 123 avaient plus de 50

'ans. (Revue générale d'administration.) w

Nécrologie. M. le D 1ZEBOUTTEVILLE, ancien directeur de l'asile

Saint-Yon, vient de mourir à Rouen à l'âge de 77 ans. M. Debout-

teville était non seulement un savant, mais un administrateur dis-

tingué, qui avait pris une-part-importante dans l'organisation de

l'asile, qui fut confié à sa direction.

Un des médecins aliénistes les plus connus des Etats-Unis, le

Dl lS-4Ac RAY, est mort à Philadelphie, le 3 mars, à l'âge de 74 ans.

Il s'est surtout occupé des aliénés au point'de vue de la médecine

légale ; son ouvrage le plus distingué, la Jurisprudence dans l'insa-

nité, a eu plusieurs éditions.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE"

, · .

1 SPITZRA (E. C. The functional and morphological relations of the

cerebellunz, broch. in-Se de 15 pages. , , , , 1

SEGUIN (E. C.) - A clinical contribution to the sludy z

chorea broch. in-8- de 40 pages, avec gravures dans le texte. New-York,

1877. G. P. Putuam's sons 183, Fifth avenue, à New-York, Etats-Unis.

On the Eal'lil diagnôsis of some oi-ga2zic Diseases of the nervous

si/stem, broch. in-8- de 20 pages. New-Yorlc 1881. 1'row's printing and

Bookbindung Co. tiOt-303 East 12 th Street, à New-York. 1

GUISRPPE Seppilli. Gli sludeli regeni s ? tl cosi detto magnetismo ani-

nzale. Vol. in-8- de 70 pages, 1881. Tipographia de Stefano Calderini e

Figlio, à Beggio, Vell'Emi'ia. , ,

- dix D E ? ,le2anzeyer's Anstalten sur Gemütlzs und Neruenkranke , zu

Lundorf bei Coblenz, vol. in-8" de 60 pages, avec 3 planches en chromo-

lithographie et 9 1 tableaux. Leipzig, 1881. Verlag von, Georg Bohme, Leipzig.

.. t. 'Je Le rédacleur-gérant,BouRnsvLi.s ?

TABLE DES MATIÈRES

Abcès (étiologie des) du cerveau,

254.

Absurde (philosophie de l'), par

Costelloe, 281.

Accès convulsif et comateux, 232.

tEstbésioènes, par Vigoureux, 92.

Aimants (traitement de l'hémiplé-

gie par les aimants), par Mor-

ton,2S9.

Albuminurie (considérée comme

symptôme de l'accès d'épilepsie)

par Kleudgen, 27G.

Alcool (restraint pharmaceutique

et), par Davies, 282.

Alcoolique (épilepsie), 268.

Alcooliques (marche de la paralysie

générale chez les), 304.

Alcoolisme aigu simulant l'hydro-

phobie.

Aliénés (de l'emploi et de l'action

de l'Hyoseyainiiie clie7 les), lai,

Reinhard, 277, 29G; (prédisposi-

tion héréditaire, et paralysie pro-

gressive des, parliendel, 250; -

(Étude sur le traitement des);

malpropres, 292; (Législation

des) en Autriche 151 ; - (Coiii-

mission de réforme du service

des), 156.

Alimentation forcée (quelques ré-

flexions pratiques à propos de

l'), par Régis, 130.

Aphasie (hémiplégie accompagnée

il') et suivie de guérison, par

Heuslce, 259, 291.

Arthropathies tabétiques, par De-

bove, 75.

Asiles (Inspection des), par Allen,

28<; (deStepliansfeIdetdo

Hardt), 293; (placements vo-

lontaires dans les), 131 ; juris-

prudence), 152;- Asiles des Alié-

nés de la Seine (Concours des

internes), 157.

Association médico-psychologique

anglaise, 139.

Atrophie musculaire (observations

pour servir à l'histoire de l'), ac-

cès convulsifs et comateux, crises

gastriques, par Joffroy, 232.

Base du crâne (observation de tu-

meurs métastatiques à la), par

Rosenthal, 253.

Béribéri ou kakké du Japon, par

D. B. Simmons, 140.

Bibliographique (Index), 306;

(Bulletin), 160, 311.

Bromure d ammonium, 292.

Capsule interne, par Bitot, 1.

Cardiaques (étude sur l'état mental

et les troubles psychiques des), par

d'Astros, 305.

Cécité et surdité des mois, par

Skwortzoff, 215.

Centralisation de l'énergie, par

Wooton, 283.

Centre (visuel), 122 (Un nou-

veau) cortical, par G.-H. Ham-

mond, 127 ; de la vision dans

les hémisphères, par J.-C. Dalton,

128.

Céphalagie occipitale comme sym-

ptôme de l'urémie, pat Séguin,

248.

Cercles (différents de troubles intel-

lectuls), 261.

Cérébrotomie méthodique, par Bi-

tot, 1.

Cerveau (mouvement du) par Ra-

gosin et Mendeissohn, 191.

Cerveau (nouvelle série d'expérien-

ces sur les fonctions du), par

Goltz, 123 ; (étiologie des ab-

cès du), 254. 0

Chorée (limitée à certains groupes

de muscles), par Warner, 259.

314

table 'des matières.

Congrès aliéniste de l'Allemagne du

(, sud-ouest ? tenu à Karlsrluhe

291. 1, s

Contagion '(cas de contagion des

illusions), par Morandon de Mon-

.4 theil, 128 ? ^ 9"ni'j' ? ut ^

Contraction musculaire paradoxale,

npar \lendelssohn, 149, " 'a

Corde du tympan (anatomie et phy-

siologie du nerf de la), par H.-B.

'll BigelOV,` 126. yUi "u · . Il

Corne d'Ammon ' (morphologie et

-ai embryologie)' par M.'Uuval, 162;

Relations étiologiques entre

les lésions de la;=et l'epilepsie,

''t.par Sommer, 246. 1 P ? l'

Couronnerrayonnante,'parBitot, 2.

Crises gastriques,' 232 : »'" (Il 14

am5)cy tn s.·r, ol rr 'hf'f*

Dégénérescence, des races humai-

nes, 136. W<t i. - -A /"il

Délire aigu, par llLaBriand,' 144;-

par Furstnei,, 273. 4 ? 1 ?

Délire'de pésécution, 288.,1 il r'1

Délire partiel diffus, 131. * ^

Diabétiques,' (contributions' à@ l'é-

tude de quelques troubles nerveux

. qui surviennent chez les) , par

- n Mary, 305. y^rufi rp .f't'ittf

"M 9allg ? i -, ;i. 1.n417

Education dans ses , rapports avec

les maladies mentales," 201. -ri

.Electroderlpourls les applications

céphaliques, 293, ts ? r,nr - n

Energie (centralisation de l'), par

F@l on, 283 : 1 1 1 (p f 4nintriv ?

Epilepsie (relations étiologiques ? n entre tles i lésions f de - la corne

sl. d'Ammon 1 et, l'), ? parr, Sommer,

246 ; - (alcooli ue), . par Eclie-

,,)Iverria, 268- : (de l'albuminu-

rie considérée comme symptôme ? de l'accès d'), parKleudgen; 276.

Epileptiques de l'emploi de l'hyos-

in cyamine t chez les ? par 1 1 Rein-

hard, 277 ; Du poids, des), en

oh tant que^signei objectif de la ma-

aalladie, pars Kowalewski,, 278. -

ïjpi (Délire), par Garnier, 284 ; (Pré-

voyance de l'état à,1'6-ard des),

291.

'Etablissements pénitenciers (per-

turbations mentales, observées

2ddans les),rl292. ' -i -'u'I

I r .il

Faciale (hémiatrophie progressive),

a), par Maragliano, 241, .iV^.li

Fièvre, par Wood, 297. 8'fnoa

Folié (à deux), par Morandon de

eMontheil; 198 ; (Systématique

aiguë primitive) par Buch, 271.

', . i ' -i-

Galvanisme (V. Goût). - ,"

Goût (perte complète et prolongée

'du goût et de l'odorat ; guérison

par le galvanisme), par Bock-

v vvell, 358. ' - ' ' ' ' ,1/1

Graphiques (tracés ? de' la mar-

clie), par Vierordt, 14' : 1' ici

Gynécophobie, par Muller, 294;

., t'"r o' ",Il 1 11(i

Hallucinations (de la théorie des)

par Kaudinslcy, 74 : *' ? ,

Hémiatrophie faciale progressive,

par Maragliano, 241. ' 'l

Hémiopie'du même côté guérie°,par

Fuicliel, 250.

Hémiplégie (traitement par les ai- ? nants); 259. (Accompagnée

S'd'aphasie' et suivie de guérison),

'"2S9. ' o £ V ? " -^

Hémorrhagie cérébrale (pathogénie

de la) dans les périodes précoces

r,lee la syphilis, par Lechner, 251.

Héréditaire (prédisposition" et pa-

ralysie'progi,essive des aliénés),

280. )L- , ) 1 1- R)1

Hyoscyamine ( de l'emploi et'' de

'action de l') chez les aliénés et

1,1 les épileptiques,' par Kowaiews-

ki, 477 ; par Dôrremberg, 296.

Hyperexcitabilité neuro-musculaire,

1 par Charcot' et Richer. 32, 173.

Hypnotisme (chez les hystériques)

par Charcot et'Richer, 32, 173 ;

- '(Les 'manifestations 'de'I'),

''a par Wille,123. - Il r 4

Hystériques ' (hypnotisme et hype-

rexcitabilité yneuro - musculaire

chez )es),'par Charcot et' Richer,

32,173; (Mensonges chez les),

-l 433 : ° ? rt.t, "i... , ''

rf-il) 'il, I ,J1 10 .il 'J.1 1,1

Illusions (cas de contagion des)

" 128 ? ,i .41 - ) - - - »"

Inspection des asiles, par Allen, 284.

Ivrognerie à Berlin, en 1880, 310.

0, il' 1, 1 il 1 a

Kakké du Japon, par D.-B. Sim-

mons, 140 : '

Labio-glosso-pharyngée (,paralysie

il, d'origine cérébrale à,foyer uni-

-* latéral), par Kerchoff, 256.

Localisation du centre visuel d'a-

,9 près, de toutes" récentes' expé-

- s nences de Ferrier; par, Pierson,

122. ot ,'^'K. i'

TABLEiDES MATIERES.

315

Main (note sur- l'usage de la gau-

che), par Ireland 127.. gr ? r

Maisons de santé (empire d'Alle-

magne), 151. ,, ,"

Maladies (influence des maladies ? algues sur les maladies men-

talés), `261. ? r

Maladies'mentales (influence des)

.^maladies . aiguës sur les 263.

*Ma) formations dans les mala-

dies, 296. , . i

Maladies nerveuses (modernes) ,

,,261 ;. ,t (l'éducation dans les

'rapports avec les)" 2G t.y >1

Marche, (tracés graphiques de la),

par Vierordt, 124. il

Mensonges chez les , hystériques,

133. - 1

Mentale (psychologie), 261., n

Métalloscopie, par Vigouroux, 92.

Métallothérapie, par Vigouroux, 92.

Métastatiques (observation de tu-

,, meurs) à la base du crâne, par ? Rosenthal, 255.

Moelle épinière (contribution à la

pathologie de la), 244 ; (Mort

subite ' rupture d'un vaisseau

' dans la région cervicale de la),

par Paye, 260. '1', 1

Mort subite (par rupture d'un

vaisseau dans la région cervicale

. de la moelle),, 260. -11" 1

Mouvements,(reeherc])es.graplu-

F ques sur les) du, cerveau, par

Ragosinet 111endelssohn, 42t., i

Musculaire (contraction) paradoxa-

, le, par,, lllendelssohn, .119 ;

' spasmes (désignés sous / le nom

,, des réflexes tendineux), par A.

- Waller, 124 ? ' 1%J , ,' '

Mysp phobie, par Hammond, 266.

, - 'll*~ >~ its -il' 4'S8, .r par-

Nécrologie, Marchant 158, 285; Ar-

nozan, 159, Deboutteville,-Rey,

207.doBoyer,367.- w " t

Névralgi es viscérales,parNefte1,242.

Névrome multiple , (contribution à

la structure et à l'histoire clinique

du), par Mitchell Prudden, 139.

Nominations : MM. Adam, >i;Rey-

naud, Mabille, 159, Rey. ?

Odorat (perte complète et prolon-

gée du.goût et de l') ; guérison

par. le galvanisme. par Rock-

yell, 258. " ", ,, Il,l 1 , , . t

Oreille (des phénomènes de vertiges

"dans les lésions de l'),, pansa-

giiisky,'267. - .191

Paralysies progressive des aliénés

j (prédisposition m héréditaire et)

' 280. f. il

.Paralysie générale (marche défila)

, chez les alcooliques, 304.. z

Paralysie spinale et spasmodique,

4 parSchultz, 250. · ' .3

Péricérébrite ( de l'augmentation

de la fibrine dans la), par.Bru-

fl net, 26 1. f , 1 m

Pharmaceutique (restraint) et l'al-

· cool, par Davies, 282. , t f)3

Philosophie de l'absurde, par Cos-

, telloe, ? 81. , , q

.Planches (explication des), 319.-I f

Poids des épileptiques en tant que

» signe objectif de la maladie, 278.

Priapisme (persistant et non attri-

buable à une lésion du système ? nerveux), parjPeabody, 249. 1(1

Prix Aubanel, 288. ,.

- Esquirol, 135.' . -, - l'id

Lesauvage, 15, a f

Prix de l'Académie de Belgique,

155. 1 , '" ttj

-Pseudo-monomanie, 131. tu

'.Psychologie (mentale), 961., ,il

1- 11 . , IL . n i f,

Réflexes, par Rumpf, 122; (teli-

dineux), par A. Waller, 124.

'Revues'critiques : ; (in6talloscol)ie,

métallothérapie , oesthésigènes ,

92 ? De la cécité et de lasurdité-

des mots, 315.

fj; , . iO''>"ili j il 3

Sauteurs (les) du Maine, par Beard,

Sciatique Poplité externe (lésions

' : du) dans les fractures de la tête

ri du péroné, 306. ? 1 l ,

Sclérose latérale^ amyotrophique,

9" par Moëli,· 260. y · ii -m

Société médiéo-psychologique,131,

°t 391. f1 foiqf ! yr 4u p, ( q3

Surdité (cécité et) des mots, par

ni Skwortzoff, 215. ·

S),pliilis '(sui ? Ia 'patliogénie de

1'liémori,ha,-ie cérébrale dans les

- ? formes- précoces 1 de la), ''par

., Lechner, 251. -i '

t »

Tabétiques (arthropathies) ,tipâr

ou-Debove, 75..n« i » un

Tumeurs métastatiques à la' base

du crâne, 253.

,(-» ' -Hifqn " ' j »*

Urémie ( céphalalgies occipitale

comme symptôme de l') ; par

s6 Séguin, s48 ·· 1 . t a

316

TABLE DES MATIÈRES.

Vertige (dans les lésions de

l'oreille), par Bagmsky, 257.

Viscérales (névralgies), parNeftel,

243.

Vaso-moteurs (de l'influence des)

sur la production de certains

troubles fonctionnels avec quelques

remarques sur le traitement, par

Atkinsoii, 257.

,l 1 `I

rUT ? l ? SS..tO ? TM tiLl'(TtTA 8 ?

TABLE

DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

Allen, 284.

Astros (L. d'), 305.

Atkinson, 257.

Bagot, 306.

Beard (G. 946.

Bigelow (11.-B.) 426.

Billod, 131.

Bitot, 1.

Blanchard (R.), 126, 127.

Boppe, 306.

Boyer (fI. Cl. de), 144.

Briand (M.) 138, 144, 291.

Brissau , 121.

Brunet, 251.

Buch, 271.

Charcot, 32, 173.

Costelloe, 281.

Crichton-Browne, 261.

Daily, 136.

Dalton (J.-C.), 128.

Darget,306.

Davies (Pritchard), 282.

Debove, 75.

Delasiauve, 131.

Dôrremberg, 296.

Duval (Matiiias), 162.

Echeverria, 268.

Féré (Ch.) 127, 128, 144, 241, 258,

259, 305, 306.

Fischer, 292.

Fuckel, 250.

Furstner, 273.

Garnier, 284.

Gilles de la Tourette, 150.

Gnauck, 254.

Goltz, 123.

Hammond (G.-H.) 127.

Hammond (W.), 266.

Heuske, 259.

Ireland (W.), 47.

.Joffroy, 232.

Jolly, 291.

Kandinsky, 374.

Kéraval P.), 41, 13, 14, 244,

246, 248, 250, 251, 256, 257, 266,

273, 274, 276, 277, 278, 280, 281,

293.

Kirchhoff, 256.

Kirn, 292.

Kleudgen, 276.

Kovalewsky, 278.

KroepeUn, 2b3.

Lamereux, 306.

Lasègue, 133.

Lechner, 251.

Lunier, 131. ,

Marie, 253, 254, 257, 260.

Mary, 305.

Mendel, 280.

Mendeissohn, 119, 121.

Moëli, 260.

Morandon de Montheil, 128.

Moreaux, 304.

Morton, 259.

llfottet, 988.

Muller, 294.

Afusgrave-Clay (R. de), 430, 140.

263, 271, 282, 283, 284, 310.

318

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.

Neftel, 242.

Olier (H. d'), 260.

Paye, 260.

Peabody,249.

Perier, 306.

Pierson (R.-H), 122.

Pignol (J.), 126, 127.

Planchais, 306.

Prudden, 239.

Ragosin, 121.

Régis (E.), 130.

Reinhard, 278.

Richer, 32, 173.

Richter, 296

Rockwell, 258.

Rosenthal, 253.

Rumpf, 122.

Schoull, 306.

Schule, 292.

Schulz, 250.

Séguin, 248.

Simmons,(D.-B.),14U.

Skwortzofï, 215.

Sommer, 246.

Struppel, 244.

Talamon, 242, 248, 249, 258, 259,

260, 268.

Vierordt, 124.

Vigouroux (R.), 92.

Waller (A.), 124.

Warner, 259.

Wille, 123.

Witkowslci, 293.

Wood, 297.

Wooton (Edwin), 283.

83HDYIAJq 83Q UtT ? L9X3

EXPLICATION DES PLANCHES

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCHE PREMIÈRE

P. op., bandelette optique.

C. c., corps calleux.

F. sur. int., faisceau longitudinal supérieur interne.

f. 31., faisceau de Meynert.

g. C. i., genou de la capsule interne.

L. n. S., locus niger de Scemmering.

N, noyau de Luys.

N. c., noyau caudé.

N. I., noyau lenticulaire.

21 4

32 : EXPLICATION DES PLANCHES.

p l'anche' Il -1

C. i., capsule interne ? '"

C. op., couche optique. j ''T '

F. op., fibres optiques.' ? ' '

A', c, noyaû'caudé. ' ' " ' ` -J' ' '' ? j ·

N. I., noyau lenticulaire.' ? ' . '' >[ >- ,

Mil J 'U *l< ?

t

> > ' »' *i ? ,î

EXPLICATION DES PLANCHES. 323 3

PLANCHE-111

C. c., corps calleux. ( ! .a4 u , ,

C ? capsule-interne. ,^,1 ^..^ . w

C i. f. a., capsule interne; faisceaux antérieurs. ? rvv\t J0 vs

C. i. f. m. e., capsule interne; faisceaux moyens extei'nes.

C. i. f. m. i., capsule interne; faisceaux moyens intemeg.'1., , ^ .

N. c., noyau caudé.

N, I., noyau lenticulaire.

P. c. op., Pulvinar de la couche optique.

324 EXPLICATION ' DES ' PLANCHES.

PLIN-CHEji'

C, claustrum ou avant-mur. ? 31 ? s` r

C. e, capsule externe. '"M'h'Zt. T, ? ?

C. i. f. M. e., capsule interne; faisceaux moyens externes. Clé" *

l. Insula de Reil. .«««»-'...... m* *pc p

P. B. Putamen de )3urdaeh. f-uJ-n. ini - < <

1 .fl -f, »

miliJ2 ei` Aun s* in m

F Q4n r r >,«G'

°(yrfn^ Ir4rr, ro ,jQ ·

ld;v ! 189. nOn"nq ,6^ ^ i ? 7ms,

"urn'lt1" nnn-nq |-io«n^- irn-g ,

EXPLICATION , DES YL;1\CIIP : S. 325

1 . , t -W IÏ ! l'Y/'1

.PLANCHE, V

B. op., bandelette optique. ? 3vs M ,

C. claustrnm ou avant-mur...

r, ' capsule eaterne. atT ? i ? 9

C. e., capsule externe. ,. ? ? .. , . "

C. g. e., corps grenouillé externe. 1 < 5n'9JnJ SI,

F. zi., fascicultis uneinatus. 3b (.9t1 si, , s

L, insula de Reil. - Flb.su3 sb nsarsm i

N. r. St., noyau rouge de Stilling.

P. c., pédoncule cérébral.

P. r. conique, prolongement conique.

Tr. c. p. r., trigone cérébral, portion réfléchie.

Tr. c. p. d., trigone cérébral, portion directe.

326 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE VI

C. i., capsule interne 1 , ,,fi ,

f. op. Gr., fibres optiques de Gratiolet. r v , , ,. ,, J

N. L. , noyau de Ltiys. 1, 1 , , , . 1, , ,

N c., noyau caudé. " 1111- h t ,

N. ·. It., noyau rouge de Stilling. 1 -

P. c. f. s., pédoncule cérébral; faisceaux sensitifs.. ,

""Iltz-1 i, n. j uhi t, 'ii, m i t ,

r, f., ? f ? Alf - ? flll4rr(" ,n

EXPLICATION DES PLANCHES. 327

PLANCHE VII

C. e., capsule externe.

C. g. e., corps genouillé externe. ? v ..

C. g. i., corps genouillé interne. f ' ♦ »

C. i. f. p., capsule interne; faisceaux postérieurs.

C. i. g., capsule interne ; genou. , .

C. i. s. a., capsule interne; segment antérieur. , , , ?

C. i. s. p., capsule interne; segment postérieur ? ,

1. s. e., faisceau longitudinal supérieur externe.

/. /. s. i., faisceau longitudinal supérieur interne.

N. c., noyau caudé.

li11'LIC ? l'lU\ lll : i l'i..1\( llli.

PLANCHE VIII

f G., fibres de Gratiolet. ? 1. i., faisceau longitudinal intérieur.

f. 1. s., faisceau longitudinal supérieur

Archives de Neurologie T. II. Pl. IX.

Fig. 1. Fia. 2.

rig. 0. fig. 4.

EXPLICATION DES PLANCHES. ; ! 2'J

PLANCHE IX

. Excitation mécanique des muscles de la face pendant la léthargie

hypnotique.

(Nous devons cette collection de photographies au concours habile de

M. Loreau, modeleur du musée anatomo-patholojique de la Salpêtrière.)

Fig. 1. Excitation du muscle sterno-mastoidien du côté gauche.

Contraction du muscle.

Fig. 12. - Excitation du nerf facial en avant de l'oreille du côté droit.

Contraction simultanée des muscles de l'mil, du nez et de la bouche.

Fig. 3. Excitation bilatérale du muscle frontal.

Fig. 4. Excitation bilatérale du muscle nrbiculaire palpébral supé-

1 leti Il.

33H EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE X

Fig. t. Excitation unilatérale du muscle palpébral supérieur. On peut

constater dans le même muscle du côté opposé à l'excitation, un léger

degré de contraction.

Fig. 2. Dans crtte figure, à la contraction des deux muscles orbicu-

laires palpébraux supérieurs excités directement, s'est ajoutée celle des

pyramidaux du nez.

Fig. 3. Excitation unique et médiane des deux muscles dilatateurs

des narines.

Fig 4. Excitation du transverse du nez du côté gauche.

Archives de Neurologie T. II. Pl.1.

1 ! '19. 1.

' Il il 2.

Fig. 3. Fig. 4.

Archives de Neurologie T il. PI. xi.

Fig. 1.

Fig. 3.

Fig. 3.

Fig. 4.

EXPLICATION DES PLANCHES. 331 1

PLANCHE XI

Fig. I. Excitation bilatérale du grand zygomatique.

Fi.q. 2. Excitation unilatérale du grand zygomatique.

Fig. 3. Excitation unilatérale du petit zygomatique. Il s'y joint un

léger degré de contraction du muscle élévateur de l'aile du nez et de la

lèvre supérieure.

Fig. 4. Excitation unilatérale du muscle élévateur commun du nez

et de la lèvre supérieure. L'excitation, parfaitement localisée, porte sur

le rameau nerveux destiné à ce muscle.

132 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE XII

Fig. 1. Excitation bilatérale du muscle élévateur commun de l'aile

du nez et de la lèvre supérieure. L'excitation porte sur le corps même

du muscle.

Fig. 2. Excitation bilatérale du carré du menton.

Fig. 3. Excitation bilatérale du triangulaire des lèvres.

Fig. 4. Excitation de la houppe du menton.

Archives de Neurologie T. II. PI XII.

Fig. 1.

Fig. 2.

Fig. 3.

Fig. 4.

Archives de Neurologie T. 11. l'I XIII.

Fig. 1.

Fig. 2.

Fig. 3.

Fig. 4.

EXPLICATION DES PLANCHES. 33 : !

PLANCHE XIII

Fig. 1. Excitation simultanée des muscles frontaux et peaussiers.

Masque de l'effroi, d'après Duchenne (de Boulogne).

Fig. 2. Même expérience que la précédente, pendant laquelle on a

ouvert les yeux de la malade pour compléter l'expression de terreur. La

malade a été ainsi rendue cataleptique, sans que l'expression de la phy-

sionomie ait été modifiée pour cela.

Fig. 3. Excitation simulatanée des muscles orbiculaires palpébraux

supérieurs et des grands zygomatiques.

Fig. 4. -La malade est rendue cataleptique du côté gauche par l'ou-

verture de l'oeil gauche. Excitation bilatérale du muscle élévateur

commun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez. Le muscle droit du

côté léthargique se contracte seul. Du côté cataleptique, une excitation

semblable demeure sans effet.

1'.h. Hemsser. mp. 9S I