(1906) Archives de neurologie [2ème série, tome 22, n° 127-132] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales
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(1906) Archives de neurologie [2ème série, tome 22, n° 127-132] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

Dr.

NEUROLOGIE

ARCHIVES

NEUROLOGI

REVUE MENSUELLE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

FONDÉE par J.-M. CHARCOT & BOURNEVILLE

PUBLIEE SOUS LA DIRECTION DE MM.

A.JOFFROY

Professeur de clinique

des

maladies mentales

à la Faculté Je médecine

de Paris.

V. MAGNAN

Membre de l'Académie

de médecine

Médecin de l'Asile clinique

| (Ste-Anne).

COLLAOaA7EUR5 PRINCIPAUX :

F. RAYMOND

Professeur de clinique

des maladies

du système neneux

la Faculté de médecine

de Paris.

JIDLADADIE(J ? ARNAUO, Al,5DIOLES, AUBRY, BADINS ? BALLET, BARBÉ (A.),

DLANCFIARD(lt ? D1,IN, 110lS : : >IER (F.), DONCOUR (P ? BONNE, DOURDIN,

BRIAND (M.), BRISSAUD (E.), BROUARDEL (P.), CAMUS (P.), CARRIER (G.),

CAUDRON, CESTAN, CH4RDI1\' CHARON, CHARPENTIER, CHRISTIAN, COLOLIAN,

COULONJOU, CULLERBE, DL13(,V £ (m.), DENY, DEVAY, DROMARD, DUBAR, DUBOS,

FÉRÉ (CH.), FENAYROU, FERIUEH, FRANCOTTE, GARNIER (5 ? GRASSET,

II4R1'EMBERO, KOUINDJY, KOVALESKY (P.), LADAME, LAGRIFFE, LANDOUZY,

LEGRAIN, LEROY, LEVASSORT, LIPINSKA, LUCIEN, HABILLE,

MAHANDON DE MONTYEL, MARIE (A.), )lrr° REINE MAUGERET, MEUS,

MIERZEJEWSKI, MIRALLIÉ, MOURATOFF (W. A.), MUSGRAVE-CLAY, NOICA,

PANSII : R, PARIS (A.), PELLETIER (L, PERRIN, PICQUÉ, PIERRET, PITRES,

RAVIART. RAYNEAU, RÉGIS, REGNARD (P.).REGNIER (P.),RENDU (A. J,nICHER (P.),

HODIET, ROLET (J.), RO'fIl(w.), SIMON, SÉGLAS, SERIEUX, SOLLIER, SOUKHANOFF,

SOUQUES, TCIIIRIEW, THULIÉ (il.), TISSOT, URRIOLA, VALLON, VIGOUROUX,

PILLARD, VOISIN (J ? VOISIN (R.), 1l'0\ (P.).

Rédacteur en chef : BOURNEVILLE

Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT ei J. NOIR

Deuxième série. tome XXII 1906.

Avec : 2 Iig'I11 ? ,1 : 111< 1.. 1 ? [".

PARIS

nUnEAUX DU PROGRÈS MÉDICAL

14, tue des Carmes

1 II 0 6

VoJ. XXII. Juillet 1906 NI, 127

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE

\>

Hospice de la S.LP>Jrltlialc : Dr G. DENY

De la folie maniaque-dépressive

Historique, critique et définition.

Messieurs,

Cette nouvelle série de conférences sera consacrée à

l'étude des états psychopathiques encore communé-

ment désignés sous les noms de folies intermittentes,

de psychoses périodiques, de folies à double forme,

alterne , circulaire , etc., états que l'on tend aujourd'hui,

à la suite des travaux de l'Ecole allemande, à grouper

sous le terme générique de folie maniaque-dépressive.

.le vous entretiendrai d'autant plus volontiers de cette

affection que, si elle a pu être individualisée sous le

nom qu'elle porte aujourd'hui, c'est à deux anciens mé-

decins de la Satpetrierc qu'elle le doit.

C'est ici même, en effet, dans cette division, qu'il a

dirigée pendant plus de 2;) ans,de 1841 à 1867, que

Jean-Pierre-Falrel a décrit pour la première fois la

Folie circulaire. C'esl dans une division voisine, et

presque en même temps, que Baillarger a puisé les

éléments de son célèbre mémoire sur la Folie ci double

forme. .

Les travaux de ces deux auteurs ayant servide hase

à la conception actuelle delà Folie MMU ! Mg-6 ? rg.s-

AncllIY¡ ? 2' série 19Ce, '. XXII 1

2 CLINIQUE MENTALE.

sive, je vous demande la permission, avant d'aborder

l'étude clinique decette affection,de vous exposer briè-

vement les diverses phases de son histoire.

Cette histoire peut se diviser en trois périodes :

La première s'étend depuis les âges les plus reculés

de la médecine jusqu'au milieu du siècle dernier; elle

a trait surtout aux rapports réciproques de la manie et

de la mélancolie ; on peut l'appeler période des temps

anciens prolongée ;

La 2" période comprend la seconde moitié du siècle

qui vient de finir ; elle correspond à la découverte de

la folie circulaire et de la folie à double forme ; c'est la

période française par excellence, celle où l'Ecole

psychiatrique de la Salpêtrière a brillé d'un si vif

éclat ;

La 3° période est caractérisée par la synthèse de tous

les états habituellementdécrits sous les termes de ma-

nie et de dépression mélancolique simples, intermitten-

tes,rcmittentes, périodiques, de folies alternes, ! double

forme,circulaires, etc. Née d'hier, puisqu'elle a com-

mencé en 1899, elle peut être désignée à bon droit sous

le nom de période contemporaine, ou. d'après les

travaux qu'elle compte jusqu'ici à son actif, sous celui

de période allemande.

I. Période ancienne (d'IIippocratc au milieu du

XIX0 siècle). Je ne m'appesantirai pas sur cette période

parce qu'elle n'a, en réalité, que des rapports très éloi-

gnés avec l'histoire de la folie maniaque-dépressive et

que vous trouverez facilement les renseignements qui

la concernent dans tous les Manuels de médecine men-

tale.

Qu'il vous suffise de savoir que dès la plus haute an-

tiquité, les médecins ont noté non seulement la répéti-

lion à des intervalles plus ou moins rapprochés chez

les mêmes malades d'accès de mania et de mélancolie,

mais encore l'alternance de ces mêmes accès et aussi

DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE 3

la transformation de la manie en mélancolie et réci-

proquement (Arétée, Boerhave, Cullen, \Villis, etc.).

Pinel et Esquirol n'ont fait à ce point de vue que con-

firmer les observations de leurs devanciers, et dans la

périodicité ou l'alternance des accès de manie et de mé-

lancolie, ils n'ont vu qu'un fait banal, accidentel, une

simple particularité de la marche delà folie. Dès cette

époque, cependant, plusieurs auteurs, Dubuisson, Fo-

déré, Anceaume, etc., avaient été frappés de la plus

grande gravité, comparée à celle des accès de manie

simple, des accès de manie périodique, intermittente os

compliquée de mélancolie.

Un peu plus tard,Guislain en 1833,Griesinger en 1845,

insistaient à leur tour sur la fréquence des alternances

de la manie avec la mélancolie, mais sans y attacher

non plus une importance particulière ; notons seule-

ment que Griesinger comparait dé,jà au point de vue

de sa gravité, la manie périodique une véritable épi-

lepsie psychique, opinion quia étéreprise et dévelop-

pée depuis, comme nous le verrons, par Morel et par

quelques auteurs modernes.

Le seul point intéressant à retenir de cette pre-

mière étape de l'histoire des rapports de la manie et de la

mélancolie,c'est que tous les aliénistes, aussi bien ceux

dont je viens de vous citer les noms, que ceux dont j'ai

volontairement omis de parlerions sans exception, ont

considéré la manie et la mélancolie comme deux en-

tités distintes, si étroites que fussent, par ailleurs, les

relations existantes entre les accès de l'une et ceux de

l'autre.

À la vérité, on ne saurait se montrer surpris qu'en

présence de deux étals en apparence aussi disparates,

aussi discordants, que les états maniaques et les états

mélancoliques, les anciens nmnigraphes, y compris ceux

delà première moitié du siècle dernier, n'aient pas un.

scul instan songea les rapprocher et à les fondre dans

une même espèce morbide.

4 Clinique mentale.

IL Période française (1831-1899). On peut faire

commencer cette période avec les leçons publiées en

1851, dans la Gazette des Hôpitaux, par Pierre Falret,

leçons dans lesquelles cet auteur mentionne à côté des

types intermittents de la manie « un autre élat d'in-

termittence qui s'observe entre la période d'affaisse-

ment et la période d'excitation de Informe circulaire

des maladies mentales cette forme consiste, non

comme on l'a dit fréquemment, dans l'alternative de.

la manie et de la mélancolie séparées par un inter-

valle lucide plus ou moins prolongé, mais dans le rou-

lement de l'exaltation maniaque,simple suraclivité des

facultés,avec la suspension de l'intelligence. Une pé-

riode d'excitation alterne avec une période d'affaisse-

ment, ordinairement plus longue ».

Bien que P. Falret ait assigné dès cette époque quel-

ques caractères particuliers à celte forme circulaire

et qu'il en ait signalé en particulier l'incurabilité,il ne

l'a véritablement décrite comme maladie distincte

qu'après la lecture faite par Baillarger à l'Académie

de médecine, en 1854, d'un mémoire intitulé : « Noie

sur un genre de folie dont les accès sont caractérisés

par deux période ? régulier es, l'une de dépression et

l'autre d' excitation ».

« En rapprochant et comparant un certain nombre

d'observations, dit Baillarger dans ce mémoire, on re-

connaît qu'il existe des cas assez nombreux dans les-

quels il est impossible de considérer isolément et comme

deux affections distinctes, l'excitation et la dépression

qui se succèdent chez le même malade. Cette succes-

sion, en effet, n'a pas lieu au hasard et j'ai pu m'assu-

rer qu'il existe des rapports entre la durée et l'intensité

des deux étals, qui ne sont évidemment que deux pé-

riodes d'un même accès ». La conséquence tirée par

Baillarger de cette constatation, « c'est que ces accès

n'appartiennent en propre ni à la mélancolie, ni àlanfa-

nie, mais qu'ils constituent un genre spécial d'aliénation,

DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 5

caractérisé par l'existence régulière, de deux pério-

des, l'une d'excitation, l'autre de dépression ».

C'est ce genre de folie que Baillarger désigna sous le

nom de folie et double forme.

Il montra en outre que les accès de cette affection

se présentent tantôt à 1"élcct isolé, tantôt se reprodui-

sent d'une manière intermittente et, dans d'autres

cas, peuvent se- succéder sans interruption.

La communication de Baillarger souleva une récla-

mation de priorité de la part de Pierre Falret, qui lut à

soniourù l'Académie, quelques jours après, un travail

ayant pour titre « Mémoire sur la folie circulaire,

forme de maladie mentale caractérisée parla repro--

duction successive et régulière de l'étal mania-

que, de Vêlai mélancolique et d'un intervalle lucide

plus ou moins prolongé. »

Les accès de cette forme se composaient donc de

trois stades juxtaposés dans l'urdre suivant : un stade

maniaque, un stade de dépression et un intervalle

lucide.

Cet intervalle lucide que P. Falret, dans'ses leçons de

1831, plaçait entre le stade maniaque et le stade mé-

lancolique est, dit-il, généralement plus court que les

périodes d'excitation et d'affaissement considérées iso-

lément.

Il résulte clairement de ces textes, qu'entre la folie à

double forme de Baillarger et la folie circulaire de P.

Falret, la seule différence consistait dans ce fait que ce

dernier auteur considérait comme faisant partie inté-

grante des accès un intervalle lucide que Baillarger

en excluait.

Or il est bien évident que cet intervalle lucide n'a-

vait pour P. Falret qu'une importance tout à fait ac-

cessoire dans la constitution de l'accès et qu'il ne l'y

avait introduit que pour justifier le terme de folie cir-

culaire, opposé par lui à celui de folie il double forme.

Ce qui prouve l'exactitude de celte interprétation, c'est

0 CLINIQUE MENTALE.

la phrase suivante extraite de son mémoire : « Les

dettx etats dont la succession constitue la folie circu-

laire, ne sont ni la manie, ni la mélancolie proprement

dites avec leurs caractères habituels : c'est en quelque

sorte le fond de ces deux espèces de maladie mentale

sans leur relief » (1).

En somme, par conséquent, on peut dire que Bail-

larger et P. Faire ! ont décrit presque simultanément

la même maladie, sous deux noms différents.

Ajoutons toutefois que c'est à P. Falret que revient

le mérite d'avoir mis en relief les principaux carac-

tères de cette nouvelle affection, notamment le rôle

important dévolu à l'hérédité dans sa production, sa plus

grande fréquence chez la femme que chez l'homme,

la gravité de son pronostic, etc., tous caractères qui

ont été reconnus exacts par les auteurs qui ont suivi et

qui sont encore aujourd'hui universellement admis.

La conclusion capilalequi se dégage de ce débat, c'est

que ce sont les travaux de Pierre Falret et de Bai1l111'-

gel' qui ont définitivement isolé delà manie et de la

mélancolie classiques une nouvelle entité clinique à

laquelle ces auteurs ont respectivement donné le nom

de folie circulaire et de folie à double forme ; mais

en réalité, il ne s'agissait là, comme on vient de le

voir, et comme la suite le démontrera plus encore, que

d'une seule maladie pouvant revêtir deux modalités

différentes.

Malgré la haute autorité de ses parrains, la nouvelle

entité morbide ne fu pas accueillie avec beaucoup d'en-

thousiasme par les aliénistes de l'époque.

Morel, qui était pourtant l'élève de Pierre Falret, ne

voulut pas accorder une place dans sa classification à la

folie à double forme ou circulaire : « Je ne puis, dit-il

un peu dédaigneusement, en parlant de cette affection,

accepter pour des formes distinctes, pour des genres

(1) J. l'. Falret. In Leçon* ''Uniques de médecine moniale, 1854,

p. 249.

DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 7

spéciaux, des situations pathologiques qui sont obser-

vées dans toutes les variétés de folie en général » (1).

Examinant ensuite comment il convient d'interpréter

les périodes' d'alternance, d'intermittence et de rémis-

sioncbez les aliénés, Morel déclare qu'il n'y a là au-

cune des conditions requises pour la création d'un genre

spécial, d'une variété particulière de folie ; et suivant

encore une fois les mêmes errements qui l'avaient déjà

empêché de considérer la démence précoce comme

une entité distincte, il iit rentrer les phénomènes d'al-

ternance, de périodicité et d'intermittence dans la prier

mière classe de ses Aliénations héréditaires .

Dagonet, en 1862 et plus tard en 187G, observa la

même attitude que Morel et n'accorda qu'une brève

mention à la folie à double forme dans son Traité des

maladies mentales, sans lui donner davantage droit de

cité dans sa classification.

Mieux inspiré, Marcélui fit,la même année, meilleur

accueil et mit d'accord Pierre Falret et Baillarger en

proposant de n'appliquer le nom de folie à double

forme qu'aux accès de manie-mélancolie qui sont sépa-

rés par un intervalle nettement accusé, et de réserver

celui de lolie circulaire aux mêmes accès lorsqu'ils se

succèdent sans interruption.

Cette subdivision fut généralement acceptée et se

trouve encore aujourd'hui reproduite dans la plupart

des traités de médecine mentale.

Malgré cela, la légitimité de la nouvelle entité psy-

chiatrique ne fut réellement consacrée qu'à la suite

d'abord des articles que rédigèrent séparément Foville

fils en 1872, Ritti en 1878, dans les deux dictionnaires

de médecine, ensuite du mémoire que fit paraître à la

même époque Jules Faire ! sur la folie circulaire ou

folie à formes alternes, et enfin, après la publica-

tion,en 1882,dela monographie, aujourd'hui classique,

de Ritti sur la folie à double forme.

(1)nI0lt>rr.. Traité des maladies mentales, 1868, p. 477.

S CLINIQUE MENTALE.

A partir de cette époque, tous les aliénistes français :

Magnan et Culloi,re en 1890, Régis en 1892, Gilbert

Ballet en 1894, etc., s'accordèrent pour ranger la folie

circulaire ou à double forme, à côté de la manie et de

la mélancolie récidivantes dans un groupe spécial, celui

des psychoses périodiques ou intermittentes.

A l'étranger, surtout en Allemagne, la plupart, des

auteurs s'étaient déjà ralliés aux idées défendues en

France par P. Falret et Baillarger. ,

Un des premiers, Griesinger insista sur la fré-

quence de la transformation de la' mélancolie en manie,

et le retour de celle-ci à la mélancolie. « La maladie,

dans. sa totalité, représente alors, dit cet auteur, un

cercle morbide dans lequel ces deux formes mentales

alternent souvent d'une façon régulière (c'est la folie

circulaire sur laquelle les Français ont discuté il y a

quelques années). D'autres observateurs et je suis du

nombre,ont vu des cas ou régulibiement à une saison,

par exemple en hiver, il survient une profonde mélan-

colie puis, au printemps, celle-ci fait place à la manie

qui, à son tour, en automne, dégénère peu à peu en

mélancolie » (1).

L. Meyer,en 1874, cherche à établir que la folie à dou-

ble forme est due iL des troubles trophiques. L. Kirs, en

1878, range la folie circulaire parmi les psychoses pé-

riodiques. Son exemple est suivi par Kraft-Ebing, par

Schule, etc.

Cette opinion est également adoptée par Kroepelin

qui,dans la 4° édition de son Traité de Psychiatrie, pa-

rue en 1893, classe dans les maladies constitutionnel-

les incurables marche chronique, à côté de la folie

systématisée, les folies périodiques dont il distingue

quatre groupes : les formes délirante*, les formeswa-

niaques, les formes circulaires et les formes dé-

pressives.

Sauf quelques légères variantes de terminologie, ce

(1) GtUESINf'.ER. Traité des.maladies mentales, 1873 p. 275.

DE LA FOLIE MANIAQUE DÉPRESSIVE. 9

classement, comme on le voit, est tout à fait compara-

hle à celui qui avait cours à la même époque dans la

psychiatrie française. H a pris fin en 1899, époque où

'commence la 3° période.

III. Période allemande (1899-1906). C'est en

1899 que Kroepclin proposa, dans la 6" édition de son

Traité de Psychiatrie, une nouvelle classification des

maladies mentales, complètement différente de celle qui

avait paru dans les éditions précédentes.

Je vous ai déjà signalé, l'année dernière, les princi-

paux avantages de cette classification qui permet de

réunir et de grouper en un certain nombre d'espèces

nosologiques bien définies, dont l'évolution peut

être annoncée et prédite à l'avance, la plupart des états

syndromiques, considérés jusqu'alors comme de véri-

tables entités. Je ne retiendrai donc aujourd'hui que

les changements apportés par le professeur de Munich

à sa conception du groupe des psychoses périodiques.

Kroepelin observa tout d'abord, comme l'avaientdéjà

fait Morel et Magnan, que la répétition plus ou moins

régulière ou J'alternance des accès de manie et de mé-

lancolie n'étaient pas des caractères assez importants

pour constituer des espèces distinctes.

Il montra, en outre, que les psychoses dites inter-

mittentes, périodiques, circulaires, à double forme,

alternes, etc., présentant toutes la même évolution, il

était plus logique de considérer tous ces états comme

les manifestations, les équivalents d'une seule maladie

fondamentale, à laquelle il donna le nom de folie ma-

niaque- dépressive .

Se basant ensuite sur le fait que, malgré le très grand

nombre de psychoses dontil avait suivi l'évolution, il

n'avait jamais observé un seul cas de manie qui n'ait

été suivi de récidive, et tenant compte de cet autre

fait que les cas de manie étiquetés simples par les au-

teurs sont et seront ioujoxirs impossibles à distinguer

des cas de manie récidivante ou intermittente, Ivre;-

10 CLINIQUE MENTALE.

pelin émit l'opinion que la manie classique, la manie

de Pinel et d'Esquirol, qui avait, du reste, été déjà

frappée d'ostracisme par les deux l'aire et par Morel,

devait être définitivement exclue du cadre des maladies

mentales, comme forme clinique indépendante, et que

tous les états d'excitation décrits sous ce nom relevaient

de la folie maniaque-dépressive.

Kroepelin fit remarquer enfin que, parmi les étals dé.

pl'essifs dits mélancoliques, il convenait de décrire à

part ceux qui, survenant à la période' d'involution et

dans la sénilité, ont d'autres causes, d'autres symp-

tômes et une autre terminaison que ceux qui se mon-

trent aux autres phases de la vie.

Les premiers seuls conslituent un groupe à part : ce-

lui de la mélancolie d'involution sénile ou présénile.

Quant aux états dépressifs de la jeunesse ou de l'âge

mur, qui toujours récidivenlou alternent avec des étals

d'excitation, ils doivent être rattachés à la folie mania-

que-dépressive, quand ils ne sont pas symptomatiques

de la démence précoce.

Telles sont les principales considérations qui ont con-

duit Kroepelin à réunir et à grouper sous une seule

étiquette, les états psychopathiques considérés avant

lui comme autant d'espèces morbides.

Alavérité, Magnan avait déjà fait remarquer en 1890,

au Congrès de médecine de Berlin, que les distinctions

établies par les auteurs entre les folies intermittentes,

les folies alternes, les folies circulaires, etc., reposaient

« sur des caractères assurément très apparents, très

saillants, mais néanmoins secondaires et limités à une

phase épisodique de la maladie (1) ». Aussi cetauteur

proposa-l-il de conserver seulement ladénomination

du reste impropre - de folies intermittentes ; mais il

écarta délibérément de ce groupe, en se basant sur de

(1) MAGNAN.- Recherches sur les centres nerveux, 2° série, 1893,

499.

DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 11

chimériques différences, une excitation maniaque et

une dépression mélancolique dégénératives en même

temps qu'une manie el une mélancolie simples.

Comme nous l'avons vu, c'est Kroepelin qui, quel-

ques années plus tard, devait compléter l'essai de re-

constitution tenté par Magnan. ,

Bien qu'cllesoil certainement appelée àjouer en psy-

chiatrie un rôle non moins considérable que celle de

la démence précoce, la synthèse de la folie maniaque-

dépressive n'a eu jusqu'ici que peu de retentissement

en France.

Sérieux a pourtant pris le soin,dans une série de pu-

blications du plus haut intérêt et dont on ne saurait

trop le louer, de mettre en valeur la nouvelle classifi-

cation des maladies mentales du professeur de Munich,

mais jusqu'à présent son appel n'a guère été entendu

que par son élève Rognes de Fursac, dont le Manuel-

de Psychiatrie, rédigé presque entièrement d'après les

idées allemandes, contient une description très exacte

de la folie maniaque-dépressive.

Les autres auteurs, ou gardent le silence sur.la nou-

velle entité, psychiatrique, ou n'en parlent que pour la

condamner.

C'estainsi que Régis, dans la3" édition de son Précis

de psychiatrie se borne à déclarer, au chapitre de la

« manie-mélancolie », qu'il ne croit pas « que les nou-

velles théories de Kroepelin aient apporté quelque chan-

gement à la physionomie clinique de la maladie ».

Gilbert Ballet, dans le Xc volume du Traité de méde-

cine qui vient de paraitre, n'a pas été moins sévère :

« Dans ces derniers temps, dit cet auteur, Kroepelin a

singulièrement étendu le domaine de la folie périodi-

que, en y comprenant tous les cas communément dé-

crits sous les noms de «manie simple» et tous les états

mélancoliques qui ne sont pas des mélancolies d'invo-

lution « Cette théorie unitaire peut sembler sédui-

12 CLINIQUE MENTALE

santé au premier abord ; cependant, elle nous paraît

trop absolue et parlant inadmissible ».

Pour Gilbert Ballet, la distinction entre la manie clla

mélancolie simples d'une part, la manie et la mélan-

colie périodiques ou intermittentes de l'autre, serait

justifiée par l'intensité plus grande des symptômes de

la manie et de la mélancolie simples, dont les accès se-

raient en outre précédés de quelques prodromes et pro-

voqués par une cause physique ou morale facilement

appréciable (chagrins, surmenage, maladies infectieu-

ses, etc).

Les accès de manie et de mélancolie périodiques, an

contraire, éclateraient en général brusquement, sans

cause occasionnelle bien nette et conserveraient tou-

jours des allures modérées.

La valeur de ces prétendus caractères différentiels,

déjà énoncés aulrefois par Magnan, sera discutée ulté-

rieurement, mais d'ores et déjà ils ne sauraient être

acceptés sans réserves, Gilbert Balle» ! lui-même ayant

pris la précaution de nous dire, dans un autre passage

de son chapitre sur les psychoses périodiques « qu'a

quelques particularités près, la manie et la mélancolie

intermittentes ne diffèrent ni delà manie et delamélan-

colie simples, ni de la manie et de la mélancolie dégé-

nératives » (1). On est d'autant plus tenté dose rallier

à cette dernière manière de voir que, dans l'ouvrage

cité plus haut, Régis n'hésite pas déclarer que hi ma-

nie et lamèlancolie cycliques, la manie et la 2%élaico-

lie intermittentes, etc.,ne sont pas des états spéciaux et

qu'elles ne diffèrent en rien de la manie et de la mélan-

colie simples. Et pour qu'il ne reste aucun doute sur sa

pensée, Régis ajoute : «11 n'y a donc pas lieu de dé-

crire a la folie à double forme une symplomatologie

spéciale; il suffit d'indiquerque l'accès qui la compose

est constitué par une période de manie et une période

(1) Gilbert Hau.f.t. In Tmit¿ de 111édecille,2,(.¡Jition,X'volume,

p. 893.

DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRLSS1VK. 13

de mélancolie, pour en connaître d'avance les symp-

tômes » (1).

Ce qui augmente singulièrement la valeur de cette

affirmation, c'est que négisn'est pas seulement un cli-

nicien émérite, mais un esprit pondéré qui n'a accueilli

jusqu'ici qu'assez froidement les spéculations de la

psychiatrie allemande. Ce n'est donc pas à la légère

qu'il s'est rallié sur ce point aux idées déjà exprimées,

à la suite de Kroepelin, par quelques auteurs étrangers

tcls du'Erl) Taalman (de Dordrecht), Otto Ilinrichin-

sen (de Zurich), Weygandt (de \Yurzbourg), Thomsen

(de Bonn), Glatis (de Bruxelles), etc.

Le premiercle ces au leurs a constaté que, sur 107 cas

diagnostiqués manie, l'évolution de l'affectionne per-

mit de maintenir ce diagnostic que fois.

Otto-Ilinrichinsen aégalement remarqué que la pro-

portion des guérisons dans les cas de manie datant de

plus de 20 ans n'était que de 4,7 "/&#x201e;.

Weygandt est encore plus catégorique : « On établit

souvent, dit cet auteur, une distinction entre la manie

simple et la manie périodique, comme entre la dépres-

sion simple et la dépression périodique. De même, on

distingue les cas dans lesquels il existe une alternance

régulière des étals de dépression et d'agitation, c'est-

à-dire la folie circulaire. Mais comme il n'est pas possi-

ble de reconnaître, d'après l'examen des diverses for-

mes isolées de ces états, si l'on se trouve en présence

d'une manie ou d'une dépression simples, ou bien d'une

manie ou d'une dépression circulaires ; comme d'autre

part, la nature congénitale et héréditaire de ces diffé-

rents types morbides permet de les ramener il un grand

groupe unique, il est préférable de les comprendre avec

Kroepelin sous une seule rubrique (2) ? »

Thomsen se redise également considérer la manie

simple comme une entité morbide : cet auteur va

(1)lR : cs. /)) Précis de psychiatrie 190G p. 2GQ.

(2) ? wG.wur-li0ci : wOt'ITCn ? Atlas manuel de t'·ychiat ie, l. 306.

il, CLINIQUE MENTALE.

même plus loin et met en doute l'existence de la ma-

nie périodique, au moins à l'étal de pureté,parce qu'elle

est toujours suivie, d'après lui, d'une phase de dépres-

sion plus ou moins accentuée (1). La manie périodique

seconfondraitdoncavec la folie à double forme, [opinion

qui avait, du reste, été déjà formulée par Griesinger, et

qui, comme on le verra plus loin, mérite d'être prise

en considération.

En Belgique, Claiis nous apprend qu'il s'est livré à

une enquête au sujet de tous les cas de manie et de

mélancolie qu'il avait inscrits comme tels à leur entrée

à.l'asile ? « Or, dit cet auteur, je dois déclarer que le

résultat de cette enquête a été désastreux pour la manie

et la mélancolie Les cas de manie et de mélan-

colie pures sont rares » (2).

De tous ces faits on peut conclure que la limite tra-

cée par les anciens auteurs, entre la manie et la mélan

colie simples d'une part, la manie et la mélancolie pé-

riodiques d'autre part, est purement conventionnelle ;

et que Kroepelin a eu raison de ranger la manie et la

dépression simples dans l'ancien groupe des psychoses

périodiques, devenu aujourd'hui celui de la folie ma-

niaque-dépressive .

Mais cette première question résolue, il nous faut

encore essayer de justifier le terme un peu rébarhalif

de folie maniaque-dépressive.

On ne manquera pas, en effet, de nous objecter que,

même s'il était démontré que tous les états d'excita-

tion et de dépression sont suivis de récidives plus on

moins nombreuses, et présentent, en même temps que

la même évolution, la même symptomatologie, il n'y

aurait qu'à rayer des classifications les rubriques de

manie et de mélancolie, en maintenant celles de psy-

(1) Thomsen Congrès des médecins aliénisles, session de

Bruxelles, 2° volume, p. 09.

(2) Claus. Catdtonie et stupe Il', Rapport au Cong't'ès des aliénis-

les. Bruxelles, )"03, p. 49.

EE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 15

choses périodiques ou de folies intermittentes générale-

ment usitées aujourd'hui. Nous n'y contredisons pas.

On comprend, en effet, à la rigueur, que l'on désigne

sous le nom de folie maniaque-dépressive les accès de

folie à double forme ou de folie circulaire, puisque

chacun de ces accès se compose en réalité de deux pha-

ses : une phase d'excitation et une phase de dépres-

sion;-mais il semble, au premier abord, que cette ex-

pression soit impropre pour désigner les formes inter-

mittentes ou périodiques qu'on distingue générale-

ment en maniaques et mélancoliques.

Nous ferons remarquer en premier lieu que, de l'avis

de tous les auteurs, les cas de manie périodique ou de

mélancolie périodique pures ou sans mélange sont

tout à fait exceptionnels. Le plus souvent on observe

deux, trois ou quatre accès de manie, puis un beau

jour, au lieu de l'accès d'excitation attendu, on se

trouve en présence d'un accès de dépression; on dit

alors qu'il s'agit d'une manie intermittente à type irré-

gulier (Arnaud).

Inversement, chez d'autres sujets, on voit la série des

accès de mélancolie être interrompus de temps en

temps par un accès d'excitation (mélancolie intermit-.

tenle à type irrégulier des auteurs français).

Par conséquent, en envisageant non plus chaque accès

isolément, mais l'ensemble des accès observés pendant

toute la vie du malade, on est déjà en droit de dire que

ces accès appartiennent au tableau de la folie mania-

que-dépressive, puisque les uns sont à forme mania-

que, les autres à forme dépressive. Mais il y a plus, et

commel'avait déjà faitobserver Griesinger, et à sa suite

différents auteurs, on peut affirmer que tous les accès

prétendus d'excitation ou de dépression sont en réalité

des accès a double forme frustes dans lesquels l'une des

phases morbides reste méconnue de l'entourage et

même du médecin parce qu'elle est trop effacée, surtout

li on la compare à l'autre.

16 CLINIQUE MENTALE.

En d'autres termes, les accès de manie intermittente

sont en réalité des accès maniaco-melallcoliques, mais

à prépondérance maniaque ; et les accès de mélanco-

lie intermittente, des accès dépressivo-maniaques à

prépondérance dépressive.

« Une observation attentive desmalades, dit à ce sujet

Rogues de Fursac, montre que la plupart des accès pré-

sentant le type maniaque ou le type dépressif sont, en

réalité, des accès à double forme. Il est à peu près cons-

tant, en effet, d'apprendre par une enquête soigneuse

que les symptômes d'excitation maniaque ont été pré-

cédés d'une période prodromique caractérisée par une

dépression plus ou moins accentuée ou de constater à

la suite d'un accès de dépression, un accès d'excitalion

que rien ne justifie ?

«Tout accès de manie ou de mélancolie contient donc

en germe les éléments de l'excitation et de la dépres-

sion. L'accès de folie circulaire devient ainsi le proto-

type dont dérivent tous les autres (1). » 1

Afranio Peixoto soutient la même opinion. Les pré-

tendues manies et mélancolies périodiques, dit cet au-

teur, sont des types d'accès maniaques -dépressifs com-

muns, à prédominance de manie ou de mélancolie

1,'observation montre,en effet, que les accès maniaques

et les'accès mélancoliques, comme on les appelle cou-

ramment, sont des crises d'excitation mêlées de phé-

nomènes dépressifs et vice versa : les uns et les autres

sont, par conséquent, des accès à prédominance ma-

niaque ou il prédominance dépressive » (2).

La dénomination de folie maniaque-dépressive est

donc encore, à ce nouveau point de vue, parfaitement

légitime. Elle est également à l'abri de la critique dans

les cas de folie à formes alternes (Délaye, Legrand du

Saulle), dans laquelle les accès maniaques alternent

régulièrement avec les accès mélancoliques.

(1) Rogues DE manuel de Psychiatrie, 1903, p. ? 6ti.

(2) Ai 1'I>I\OTü. - In A1lI1. r,éd. psychologiques, z p. 214.

DE LA FOLIE MANIAQUE-DEPRESSIVE. 17

11 suffit, du reste, de se rappeler que la maladie ne

crée rien, qu'ellc ne fait qu'exagérer des dispositions

naturelles pour reconnaître que les choses doivent se

passer comme nous venons de les exposer. On ne saurait

nier, en effet, que l'excitation du maniaque et la dé-

pression du mélancolique existent à l'état d'ébauche

chez tous les sujets.

Comme l'a très finement fait observer Gilbert Ballet :

« Le monde est plein de circulaires qu'on tient pour de

simples lunatiques parce qu'on les trouve tantôt plus

indifférents aux choses du monde et plus tristes qu'il

ne convient, tantôt plus exubérants et plus entrepre-

nants que de raison.

« Je me suis même demandé quelquefois, et je ne

vous livre cette téméraire hypothèse que pour ce qu'elle

vaut, si la circularité n'était pas une loi du fonctionne-

ment de notre système nerveux, si nous n'étions pas

tous, quelque degré, des circulaires, et si l'état patho-

logique qui constitue la folie périodique dans sa forme

la plus caractéristique, n'était pas simplement le gros-

sissement et l'énorme amplification d'une manière

d'être qui nous est à tous habituelle (1). »

L'hypothèse de Gilbert Ballet est certainement fondée.

Il n'est pas possible, en effet,de mettre en doute que la

périodicité ne soit une véritable loi des fonctions psy-

chiques comme des fonctions somatiques.il serait facile

d'en fournir de nombreux exemples : veille et sommeil,

fonctions digestives, rythmes respiratoire, cardiaque,

etc ? Ne voit-on pas d'ailleurs, chez toutes les person-

nes, pour peu qu'elles soient un peu émotives, des pé-

riodes de gaieté faire place à des périodes de dépression

sinon de tristesse et inversement ? ` ?

On pourrait faire valoir encore d'autres arguments

pour la justification du terme de manie-dépressive,mais

comme ces arguments trouveront leur développement

(1) ( ? I3vLLET. -La Mélancolie inLermitlcu6c,iu Presse Médicale,

1902, p. 4G2.

Archives 2- série, 190G, t. XXII. 1. 2

18 CLINIQUE MENTALE.

naturel ultérieurement, je me borne à les signaler : c'est

d'abord l'existence d'états maniaques-dépressifs nzix.

tes entrevus autrefois par Guislain,mais décrits pour la

première fois par Kraepelin, états dans lesquels les

phénomènes d' excitation et de dépression coexistent,

se mélangent et au lieu de se succéder'

comme flans la folie à double forme ; c'est ensuite ce

fait, corollaire du précédent, mais capital dans l'espèce,

que malgré des apparences opposées, les phénomènes

d'excitation et de dépression ont la même origine et

reconnaissent le même mécanisme pS,1)cho-patholo-

gique.

Mais en laissant de côté ces deux derniers arguments

sur lesquels nous reviendrons, on peut déjà conclure

des considérations précédentes, que l'expression de folie

maniaque-dépressive est doublement légitime puisque

l'association de l'excitation à la dépression est vraie

non seulement pour l'ensemble des accès qui consti-

tuent cette psychose, mais encore pour chacun de ses

accès envisagé isolément.

Ce qu'il importe, en outre, que vous reteniez de cet

exposé un pou aride,c'est que tous les étals d'excitation

et de dépression (réserve faite de ceux de ces derniers

qui appartiennent à la mélancolie d'involution), états

qui sont encore décrits séparément sous les rubriques

de manie et de mélancolie simples, intermittentes ou

périodiques, de folies ci double forme, circulaires,

etc., doivent être considérés désormais commodes

manifestations d'une seule et même maladie fondamen-

tale, la folie maniaque-dépressive, qui comporte seu-

lement trois groupes d'états différents, reliés, il est

vrai, entre eux, par de nombreuses formes intermé-

diaires : des états maniaques, des états dépressifs et

des étais mixtes.

Dès maintenant, cette affection peut être 'définie :

une psychose constitutionnelle, essentiellement 7aé°n-

ditair'e, caractérisée par la répétition, l'alternance, la

CRAMPE DES ÉCRIVAINS GUÉRIE PAR LA LIGATURE ÉLASTIQUE. 10

juxtaposition ou la coexistence d'états d'excitation

et de dépression.

Ainsi que l'indique cette définition, la folie maniaque-

dépressive n'est encore différenciée que par sa sympto-

matologie et son évolution ; il est impossible actuelle-

ment de lui assigner une étiologie spéciale et de la rat-"

tacher à des lésions anatomiques. Elle constitue donc

une simple entité clinique, dont la place naturelle est

à côté de la folie systématisée chronique, dans le

broupedesp.sc7cosesconstitzctiozzelles, comme la place

naturelle de la démence précoce semble être à côté de

la paralysie générale, dans le groupe des psychoses

accidentelles.

THERAPEUTIQUE

Crampe des écrivains guérie par la

ligature élastique ;

Par P. IIARTENBEI6.

J'ai appliqué systématiquement la méthode de la li-

gature élastique, préconisée par Bier contre les arthrites,

dans toute une catégorie de désordres musculaires

tels que contractures, spasmes, crampes, etc. Il ne m'est

pas possible encore de tirer de mes observations des

conclusions générales, mais dès maintenant, je tiens à

proclamer l'excellence de la méthode et, titre d'exem-

ple, je rapporte un cas de crampe des écrivains où elle

m'a procuré un résultat remarquable.

Je fus consulté en septembre 1905 par un homme,

abé de 37 ans, employé de commerce, qui me déclara

20 ' THÉRAPEUTIQUE.

être atteint depuis la années d'un trouble de l'écriture,

qu'un neurologiste diagnostiqua crampe des écrivains.

En effet, dès que le malade veut écrire, il est pris d'une

raideur des doigts qui l'empêche de former les lettres.

Plus particulièrement difficiles à tracer sont : les let-

tres bouclées et longues, telles que f, g, 1, h ; les let-

le1c'. 1.

très arrondies, telles que m, n, qui sont formées commc

des u ; enfin les traits de liaison entre deux lettres, de

sorte qu'il existe souvent plusieurs interruptions dans

le même mot. Cette raideur est d'intensité variable,

suivant les jours, mais toujours moins marquée le soit'

que le matin. Elle s'exagère par les émotions, et quand

CRAMPE DES ÉCRIVAINS GUÉRIE PAR LA LIGATURE ÉLASTIQUE. 21

le malade est fortement troublé, l'écriture est absolu-

ment impossible. A ces phénomènes spasmodiques, se

joint un léger tremblement nerveux, qui s'amplifie

également sous l'influence des émotions.

Tels sont les troubles dont le malade souffre depuis

15 années, avec des alternatives d'amélioration et d'ag-

gravation. Quant au reste,l'état général est satisfaisant,

le sujet est grand, fort, bien portant, quoique nerveux

et impressionnable.

Tous les traitements essayés jusqu'à ce jour ont

abouti à des insuccès. Il y a douze ans, une cure de

galvanisation procura une amélioration passagère, sui-

vie d'une rechute. Un autre médecin prescrivit une

abstention absolue d'écrire pendant 6 mois et l'inges-

tion de strychnine, en ne promettant qu'un résultat in-

certain. Plus récemment enfin, un confrère consulté

déclara l'affection incurable ou presque telle. Voici un

spécimen de l'écriture au moment où je fus moi-

même consulté (Fig. 1.)

Je conseillai le traitement par la ligature élastique

d'autant plus volontiers que le malade, habitant la pro-

vince,ne pouvait se soumettre à une intervention directe

et prolongée de ma part. Sans rien changer aux habi-

tudes de vie et de travail, ce traitement consiste ex-

clusivement à nouer autour du bras, au-dessus du bi-

ceps, un tube de caoutchouc laissé en place durant

vingt minutes, matin et soir. Les effets de cette cons-

triction, et en particulier la stase veineuse qu'elle

provoque, sont trop connus pour que j'y insiste. Les

résultats thérapeutiques seuls nous intéressent ici. Ils

furent remarquables. En effet, au bout de quinze jours

de traitement déjà, le malade m'écrivait la lettre sui-

vante, qui permet d'apprécier l'amélioration obtenue

(b'ig. 9. )

22 THÉRAPEUTIQUE.

Je n'eus plus de nouvelles, quand deux mois plus

tard.je reçus une seconde lettre m'annonçant la guéri-

Fig. 2.

son presque complète, ainsi qu'en témoigne le fac-si-

mile ci-joint (Fig. 3.) .

Je n'ai rien il. ajouter à cette preuve positive, plus

éloquente que tous les discours. Je veux seulement

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 23

faire remarquer que, dans le cas actuel, le mérite du

succès obtenu doit bien revenir la seule ligature élas-

tique, puis qu'aucun autre traitement n'a été suivi con-

curremment, et en particulier, que l'action de la sug-

gestion médicale doit être écartée, puisque je n'ai vu

Fic.3.

1

le malade qu'une seule fois et que, durant toute la cure,

il est resté soustrait à mon influence.

Je publierai ultérieurement d'autres résultats de cette

méthode, simple, pratique, efficace, inoffensive, à la

portée de tous les praticiens et de tous les malades.

REVUE DE THERAPEUTIQUE

I. La ponction lombaire en médecine mentale ; par le

D DEUOUnmx. (l3ull, cle la ,oc. de nu·tl. cle l3elgique, février

190.)

11 résulte de ce travail que la pression du liquide céphalo-

rachidien est généralement augmentée dans les états d'irritation,

dans les paralysies générales et chez les épileptiques. C'est dans

la paralysie générale que le liquide céphalo-rachidien se montre

le plus riche en albumine. Jamais on n'a trouvé 1 gr. d'albumine

24 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

pour mille dans les autres psychoses, tandis que c'est presque la

règle et au-delà dans la paralysie générale.

Constante également chez les paralytiques généraux, la lym-

phocytose n'a jamais été constatée chez les épileptique ? les

déments précoces, les confus. Il y aurait donc de la lymphocy-

lose dans les cérébropalhies interstitielles ou mésenchymateuses

et il n'y en aurait pas dans les cerebropathies uniquement

parenchymateuses. (.. Deny.

Il. - Les convulsivants dans l'épilepsie ; par M. F. Devay.

(Lyon médical, 8 au'il 1900. p. 715.)

Pour JI. I)evay,lcs états compulsifs ne seraient que des phéno-

mènes de rappel de scléroses cérébrales, ne se traduisant clini-

quement. par aucun symptôme. Dans ces états, on a cherché, le

Prof. Pierret entre autres, à régulariser l'écoulement do la force

nerveuse, de la canaliser. Pour obtenir ce résultat, il s'est

adressé aux médicaments convulsivants, la belladone, l'atropine,

la picro-luxine. L'auteur, qui s'est occupé de la question et a fait

des recherches expérimentales à ce sujet, pense que l'indication

générale de la médication convulsivante est de favoriser la dé-

charge brusque, chez les épileptiques à crises rares mais à équi-

v alents psychiques.

Elle sera donc indiquée chez ceux qui présentent des malaises

sensoriels et psychiques, dans les formes d'épilepsie déterminant

des troubles du caractère et de la conscience, sans crises convul-

sives. Tels sont : le petit mal comitial, les colères, les accès de

mauvaise humeur, de tristesse, les états crépusculaires comme

l'automatisme ambulatoire, l'absorption irrésistible de boissons

alcooliques, les crises de somnambulisme épileptique les dé-

lires transitoires parmi lesquels l'auteur range les accès de folie

périodique.

Le médicament qu'il emploie le plus souvent est l'extrait de

belladone à doses lentement et progressivement croissantes; il a

pu ainsi arriver à faire prendre jusqu'à 25 centigrammes par

jour de cette substance pour obtenir l'effet comulsivanl. On ob-

serve, avant d'arriver à cette forte dose, une modification dans

les états crépusculaires de la conscience. La médication conuil-

sive a donc des indications causales certaines, de même que la

médication hromurée a son utilité incontestable. G. Carrier.

III. Spina biflda occulta : intervention; M. ? v i ? s.

(Soc. rle chirurgie de Lyon, 1er février 1900. Lyon merl. 2 avril,

190G.)

Observation de spina hilhla occulta chez une jeune tille de 21

ans.

Au ni\eau du membre inférieur droit, il existait un éduinisme

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 25

trèsmarqué. Le picii était gros, Irapn, raccourci; la \oÚte plan-

laire exca\('e, Sur la plante, on voyait, au niveau de la racine du

3" et 4e orteil une ulcération de la dimension d'une pièce de

2 francs et affectant fous les caractères d'un mal perforant plan-

taire.

Au ni\eaude la région lombo-sacrée. cicatrice médiane, ombi-

liouee à son centre et pourvue de quelques poils à la périphérie.

La pression était douloureuse à ce niveau. mais sans irradiation.

Parla radiographie on put aflirmer qu'il manquait au moins

deux arcs vertébraux. Pas d'autre malformation congénitale. On

ne trouva jamais la moindre trace de systématisation.

Du côté de la motricité : contracture des extenseurs du pied,

pins marquée à droite qu'à gauche. Le réflexe rotulien était exa-

géré adroite, diminué à gauche. Le réflexe plantaire était dimi-

nué du côté droit.

Pas de troubles de la sensibilité, sauf au niveau du pied droit

où on constatait une aholition complète de la sensibilité à la cha-

leur.

Pas de troubles sphinctériens.

Atrophie très légère des muscles du memhre inférieur droit.

Intervention : Libération du sac méningien, cette libération

provoqua des mouvements convulsifs dans les membres infé-

rieurs.

Autoplastie : fermeture du canal médullaire par trois plans de

suture. Les suites furent bonnes.

Les fonctions médullaires furent d'abord assez troublées.incon-

tinence d'urine pendant une quinzaine de jours, la menstruation

fut avancée de quinze jours. Tous les désordres disparurent au

bout de quinze jours. L'altération plantaire était presque complè-

tement cicatrisée et amélioration dansla perception des sensations

thermiques. Ténotomie du tendon d'Achille pour donner au pied

droit un meilleur point d'appui. Persistance des modifications de

la sensibilité. Cicatrisation de l'ulcération plantaire. La malade

marche depuis trois semaines, sans présenter aucune nouvelle

ulcération. G. C.

IV. -Note sur les bons effets de la greffe thyroïdienne (mé-

thode de Cristiani) chez un enfant arriéré par défaut de

développement de la glande thyroïde, par les D1"' GAU-

TIER rt Kummer. (Pev. méd. de la Suisse Romande, 1905, no G.)

Il s'agit d'une fillette de 3 ans dont le développement

physique et mental était notablement retardé pour son âge,

mais qui ne presentait pas de myxoedème, bien que la pal-

pation du cou ne permît de sentir aucune trace de corps thy-

roïde. L'opoLhérapie thyroïdienne n'ayant pu être supportée

on inséra sous la peau de l'aisselle, d'après le procédé de

26 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Cristiani, quatre petits fragments de tissu thyroïdien,

reconnu normal au microscope, provenant d'une jeune fille

de 18 ans, à laquelle on enleva un goitre. Deux de ces

fragments furent pris à la surface du goitre, les deux autres

sur le lobe sain laissé en place.

A la suite de cette opération, l'enfant s'améliora très ra-

pidement au point de vue physique et intellectuel et trois

mois après elle était en tout semblable à la moyenne des

enfants de son âge. Neuf mois après l'intervention, on sen-

tait encore les petits fragments de glande greffés sous la

peau. Les auteurs pensent que les progrès obtenus chez cette

enfant se maintiendront et que, s'ils venaient à fléchir, il n'y

aurait aucun inconvénient à pratiquer une nouvelle greffe.

G. D. ? - Traitement de l'épilepsie; d'après A. Morgan et U. C.

lloDSStrts. (Boston med. surg. journ., 15 juin 1905.)

Les auteurs ont soigné l'état de mal par des injections hypoder-

miquescl'une solution stérilisée de bromure de sodium (r ! rKa,18r.

eaudist.. 300). Les injections sont faites asepticluement dans les

cuisses ou mieux dans le dos,juste au-dessous de l'angle de 1'01110-

plate. Quantité injectée 100 cc. il 180 ce. dès le début des convul-

Les accès cessent rapidement, et les auteurs n'ont pas

observe d'abcès. Une induration sensible subsiste pendant quel-

ques jours, mais cède aux cataplasmes glycérines. côte de l'ef-

fet antispasmodique, les auteurs ont noté une action diurétique

et stimulante. Presque dans tous les cas le résultat a été excel-

lent. l.

La ponction lombaire a été employée plus rarement. Suivant

la pression du liquide céphalo-rachidien, on retire 20 ce. de ce

liquide et on injecte 10 ce. de la solution bromurée dans le cul-

de-sac durai. Le résultat a été favorable également.

1'I. Sur les conditions légales de l'emploi des rayons

de Roentgen. Happort de 31. Chauffard ; discussion des 9 et

10 janvier 1906. (Bulletin de l'Académie de Médecine.)

La glorieuse découverte du physicien de Wurtzbourg (189-il a

permis à la médecine étala chirurgie de faire d'immenses progrès

dans le diagnostic, le pronostic et le traitement d'une foule d'affec-

tions ; la radiographie, bientôt remplacée dans l'immense majorité

des cas parla radioscopie infiniment moins dispendieuse, est de-

venue une méthode d'exploration d'une précision extrême pour

celui qui sait s'en servir : depuis, la radiothérapie, sastrur cadette,

est venue apporter il. la science mieux que des espérances : c'est

grâce à elle que l'école Laitier a pu être fermée, et que la feigne

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 27

tondante et la pelade, jadis si rebelles à tous les traitements,

guérissent aujourd'hui facilement depuis les travaux de Sabou-

raud : enfin nous rappellerons les tentatives de guérison du can-

cer par la rcentgénisation.

Mais ces méthodes, comme toutes celles dont l'action est vrai-

mentactive, n'est pas exempte de dangers : des brûlures plus ou

moins profondes, des radiodermites et même peut-être, si l'on

s'en rapporte à certaines expériences faites par différents auteurs

sur les animaux, la disparition de l'élément noble des glande*

sexuelles, peuvent se produire : il faut donc dans l'intérêt de la

santé publique réglementer l'usage d'un agent physique si puis-

sanL.ll est certain d'ailleurs que, pour interpréter une radioscopie,

pour lire un radiogramme, il faut des connaissances anatomiques

et cliniques qui ne sont point le fait du premier venu. Des igno-

rants et des charlatans sans aucune connaissance scientifique,

sans même la plus élémentaire bonne foi,ont vu là une exploita-

lion possible de la crédulité publique et on a cité dans le débat

académique des cas de véritables escroqueries commis dans cer-

tainesoflicines interlopes où l'on utilise les rayons Roentgen ; peut

être même ces rayons pourraient-ils servir à commettre de véri-

lahles crimes contre l'espèce. Sur ce dernier point. M. Pinard a

montré qu'il se peut que les craintes formulées soient exagérées.

Il a < rmntgéniso » un certain nombre de femmes enceintes à la

clinique Baudelocque sans avoir jamais vu d'accident ni dans le

présent, ni dans la suite : il donne d'ailleurs les indications les

plus précises sur sa façon d'opérer. -

M. Iteynier montre qu'on ne peut sans injustice déposséder les

physiciens d'une méthode qu'ils ont créée, il demande que : l°un

enseignement soit institué pour la pratique des rayons Roent-

gen ; 2° que nul ne puisse, sans un diplôme spécial et sans le

contrôle médicalfaire l'application de ces rayons ; 3° que les si-

tuations officielles acquises et justifiées par des travaux antérieurs

soient respectées.

Il insiste sur ce fait que, pour la pratique des méthodes roent-

génicnnes.il faut des connaissances en géométrie dans l'espace et

en physique que les médecins ne possèdent que rarement : et

que ces derniers causent souvent aux malades des brûlures par

leur maladresse et leur ignorance. A cela 31. Gariel répond qu'il

est plus facile à un médecin d'acquérir des notions de physique et

de géométrie, qu'à un physicien d'apprendre la clinique.

M. Lahbé et 31. Drouardel font remarquer qu'il peut arriver

des accidents aux opérateurs les plus soigneux et les plus ins-

truits. M. Le Dentu demande qu'on respecte les situations ac-

(luises.

M. Cornil rappelle que, pour l'emploi de la radiothérapie dans

le cancer, il faut suivre rigoureusement certaines règles indiquées

28 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

par liclot ; que l'intervention reste JUSqU'il présent la méthode

de choix ; dans les tumeurs très limities, l'eapectation pure eL

simple l'om eIHu1l ,eule à la période de généralisation. M. Debove

montre qu'actuellement, à l'Université de Paris, renseignement

radiothérapiquc est complet et que les élevés peuvent trouver

dans les ou\ rages classiques toutes les notions nécessaires. la

suite de celte très intéressante discussion, l'Académie vote les

conclusions suivantes proposées par 1. Chauffard.

1" L'emploi médical des rayons lloenlgen peut déterminer des

accillentsriravcs ; ? ° Certaines pratiques peuvent créer un danger social :

3° Seuls les docteurs en médecine, les officiers de santé et les

dentistes diplômés (dans leurspeciaiite) sont capables 11'inlerlnr-

ter les résultats obtenus au point de we du diagnostic et du trai-

tement des malades. En conséquence, l'Académie est d'avis (pie

l'application médicale des rayons Roentgen par une personne non

pourvue des diplômes ci-dessus désignés constitue un acte d'exer-

cice illégal de la médecine. ' ' L. Wahl.

VI). La crampe professionnelle et son traitement par

le massage méthodique et la rééducation ; par KOUINDIY.

(Xouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 1)05, n° 2.)

La crampe professionnelle, que l'auteur propose d'appeler

« ataxie professionnelle », est très analogue à l'ataxie du tabès :

celle-ci elle revêt des formes de même ordre (paralytique, spa«-

modique, tI'émulente); l'élément psychique y joue le même

rôle important, et l'évolution est à peu près identique. 11 était

donc indiqué de traiter les ataxies professionnelles par le mas-

sage et la rééducation, d'autant que fous les autres procédés

de cure sont restés jusqu'ici inefiicaces ou insuffisants. C'est na-

turellement contre la plus fréquente de ces crampes, celle des

écrivains, que s'est exercée la sagacité thérapeutique etc'est il son

propos que l'auteur expose sa méthode. Il débute parle massage,

mais celui-ci est réservé aux muscles extenseurs qui sont toujours

parésiés, tandis que les fléchisseurs sont en contracture : ce mas-

sage électif des seuls muscles hypotoniques rétablit l'équilibre

entre les deux groupes antagonistes. Des exercices variés viens

nent ensuite s'ajouter au massage : ils sont destinés à activer et à

mettre en évidence la récupération fonctionnelle des extenseurs.

Plus tard enfin, on procède à la rééducation de l'écriture, et pour

laisser en repos les fléchisseurs, l'auteur apprend à ses malades

l'ecritmo avec la main renversée, qui demande presque tout

l'effort aux extenseurs.

Lorsque le patient possède cette écriture, il entreprend une

clried'exercices avec la main en position ordinaire. La lenteur,

le rythme, une grande attention et une lionne position sont né-

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 29

cessairespour atteindre le but poursuivi, qui est de régulariser les

mouvements de l'écriture. L'élément psychique n'est point né-

gligeable et il faut tirer profit de la suggestionnabilité des ma-

lades. Le traitement ne doit pas être abandonné brusquement :

la guérison obtenue, est bon de prolonger le traitement par des

séances espacées de rééducation. F. Tissor.

VIII. Application du somniforme à la pratique de l'hyp-

notisme ; par 1. NV. VIASEMSKI. (Obo.m3niJ psichiatrit, IX 1\)04.)

.Mémoire il l'appui des travaux de Paul Farez sur ce sujet (Re-

we de l'hypnotisme 1903.)

1, Gymnastique médicale associée au bain ; par \V.

HECHTEREW. (Obowrnié psichiatrii VIII. Centralbl. ? Xer-

venlaeilh, XXV11, 1904.)

Les malades atteints de paralysies grades, ceux surtout qui

sont incapables ou presque de soulever leurs membres, se trou-

vent très bien de la kinésithérapie active et passive pratiquée dans

un bain à 28° IL Les contractures rétrocèdent en partie ; les pa-

ralysies spasmodiquess'cn'trou\ent fort atténuées. L'eau en ef-

fet diminue l'action de la pesanteur sur les membres. On se sert

de baignoires ordinaires pourvu qu'elles ne soient ni trop petites

ni trop profondes. P. Keraval.

X. Application de la photothérapie au torticolis d'ori-

gine fonctionnelle; par 31. K. JouKOWSKi.(0&fM)'<';tt'c psichia-

tü, \'lll.)

Ce n'est pas l'éclairage à l'arc \olLaiquc qui réussit dans les

deux observations en question ici ; ce fut la chaleur lumineuse

du bain de Kellog. P. KERAVAL.

XI. - Contribution à la question de l'utilisation de la rota-

tion centrifuge au diagnostic et à la thérapeutique ; par

ni. 1L1N ? (Qbozrénié psichiatrii \'1l1).. '

Invention d'un appareil spécial avec ligure à l'appui fort

claire. P. Keraval.

Ruz Nouvelles méthodes de traitement des paraplégies

spasmodiques par les exercices. Résultat de 40 cas;

par 31. FAURE (de Lamalou). (Rev. de 111';(/. février t90G.)

Tous les neurologistes connaissent les travaux de )Iauriee

Faure sur i- ii cil 1-e (le rééducation introduite dans la thérapeutique

parlraenkel; la méthode n'est applicable que lorsque les accidents

aigus sont calmés, que l'état est devenu stable : il faut d'abord

une première période d'exercices passifs de mobilisation,

pendant laquelle on vicnl à bout des contractures, même

30 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,

intenses et anciennes. Dans une seconde période onprovoquedes

mouvements volontaires avec aide ou résistance données par le

médecin. Les résultats sont satisfaisants, les traitements doivent

être interrompus par des périodes de repos pendant lesquelles le

malade ne doit pas se laisser immobiliser. Sur 40 malades,2 sont

restés impotents, 10 marchent seuls, mais péniblement; 13 mar-

chent facilement mais avec une démarche spasmodique ; 7 ont

peu ou pas de .spasmodicité, 4 ont la marche absolument nor-

male, 4 ont renoncé au traitement, Il est bien entendu que ce

traitement ne dispense pas de celui des causes de la maladie, el

que les syphilitiques par exemple restent justiciables du traite-

ment spécifique. L. WAHL.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

. PATHOLOGIQUES

I. Le rire et le pleurer spasmodiques ; par 31. 1)saou-

13AIX (Journal de neurologie, 1906; n 5.)

Des observations de deux malades qui présentaient le phéno-

mène du rire et du pleurer spasmodiques et dont une a été sui-

vie d'autopsie, l'auteur tire les conclusions suivantes :

La couche optique est le siège des mouvements automatiques

d'expression émotive ; le rire et le pleurer sont néanmoins sous

la dépendance de l'écorce par l'intermédiaire des fibres corticu-

thalamiques. Une lésion unilatérale de ces fibres suffit à provo-

quer l'exagération psycho-réflexe émotive, c'est-à-dire le rire et

le pleurer spasmodiques, soit isolés, soit associés, ce qui est dû,

sans doute, à l'existence des fibres croisées dans le faisceau tua-

lamo-facial.

La substitution du pleurer au rire dans une même convul-

sion émotive tend à prouver que la conduclion thalamo-lmtlltaire

du rire et du pleurer se fait par un faisceau unique dont les

fibres gouvernent des groupements musculaires antagonistes.

G. DENY.

Il. Nouvelle contribution à l'étude des localisations

dans les noyaux des nerfs craniens chez l'homme et

chez le chien ; par 3131. Parhon et 1\'aovt ? (.fou ? -n. de ne ?

1'olouie, 190G, no 7.)

Les lésions médullaires, bulbaires et protubémnlielles décl'iles

par les auteurs ont été constatées chez un homme qui a suc-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 31

combe iL un cancer de la langue ayant envahi la région sus-

hyoïdienne. avec le ventre antérieur du digastrique, le mylo-

hyoïdien, etc.

Les altérations médullaires étaient exactement localisées au

groupe central des cellules du 1 CI' et du 2e myélotomo cervical,

d'où l'on peut inférer que ce sont ces deux myélotomes qui

innervent le sternomastoïdien.

Le noyau de l'hypoglosse était également le siège d'altérations

Irès intenses surtout, au niveau du groupe cellulaire externe de

la partie supérieure du noyau, ce qui est en rapport avec le dé-

but de la tumeur par la base de la langue.

Au niveau du noyau du facial, les lésions siégeaient surtout

dans le second groupe ? entrai qui est en rapport avec le digas-

trique, le stylo-hyoïdien elle styloglosse détruits par la tumeur.

il existait enfin quelques altérations à la partie inférieure du

noyau du trijumeau, qui étaient la conséquence de la destruction

par le néoplasme du myélo-hyoidien et du digastrique pos-

térieur.

Ce travail se termine par la description des altérations trou-

vées du noyau au niveau du trijumeau chez deux chiens ayant

subi respectivement la résection du masséter et du Leiiipoi-al.

G. 1) l ? N Y.

111. Les lésions cérébrales dans les psychoses d'origi.-

ne toxique : par )1.)I. Gilbert Ballet et Laignel-Lavastinc

(Congrès de Lisbonne, section de neurologie.)

Les syndromes mentaux accompagnés de lésions macroscopi-

ques sont exclus du cadre des psychoses. Les progrès croissants, *

de l'aiiatoiiiie pathologique microscopique restreignent, d'année

en année, le groupe des accidents mentaux sans lésions d'aucune

sorte. Encore peut-on, sans crainte d'erreur, prédire que lorsque

nos investigations restent infructueuses, c'est parce que nos

techniques sont insuffisantes.

Parmi les lésions cérébrales microscopiques accompagnées de

troubles mentaux.il en est qui sont franchement inflammatoires,

c'est-à-dire surtout vasculaires, péri-vasculaires.ol interstitielles.

Nous n'étudierons pas ici ces lésions, afin de nous limiter aux

psychoses purement toxiques.

Les psychoses d'origine toxique sont les troubles mentaux pro-

duits par l'action du poison sur le fonctionnement des zones psy-

chiques ou sensorielles de l'encéphale. Certains de ces poisons

viennent du dehuis : l'alcool, le mercure, le plomb, par exemple.

D'autres sont fabriqués dans l'organisme même, lorsque ce-

lui.ci est infecté, lorsque la température s'élève, lorsque se pro-

duisent des fermentations digestives anormales, elc. D'autres

enlin résultent de la rétention dans l'organisme de produits nor-

32 REVUE D'ANA10MIE ET de PHYSIOLOGIE pathologiques

maux qui devraient être éliminés ou transformés par des or"a-

nes ad hoc devenus impuissants (rein, foie etc.). D'autres en-

core résultent d'empoisonnements mal connus, produits par l'al-

tération des fonctions secrétaires de certains organes chargés de

verser, dans l'organisme, des produits utiles à son bon fonction-

ment ( corps thyroïde, capsule surrénale, etc.)..Malgré la va-

riété de ces poisons, les mécanismes de leurs actions sont les mê-

mes : 1° ou bien ils agissent directement sur les cellules céré-

brales en altérant leur dynamisme ; - : 0 ou bien ils agissent sur

la circulation et la nutrition, et, secondairement, sur les cellules

cérébrales dont ils ont perturbé les moyens de réparation et de

dépuration. Dans les deux cas, c'est donc sur la cellule et ses pro-

longements qu'il faut rechercher la trace de l'action du poison.

Parfois l'action peut-être élective et la cellule peut révéler des lé-

sions alors que toute le reste de l'économie paraît intact. Parfois,

au contraire, la cellule cérébrale peut rester intacte en apparence

et une action majorathe du poison sur d'autres organes peut avoir

provoqué des lésions mortelles. Ainsi, dans les délires fébriles,

par exemple, qui sont des délires toxiques, il arrive souvent que

l'on ne révèle aucune lésion des cellules corticales (Faure et Des-

- % aulx). Dans les méningites, on peut trouver deux ordres de lé-

sions : les unes résultant du voisinage immédiat du processus mé-

ningé (foyer infectieux), les autres résultant de l'action à dis-

tance des poisons (Laignel-Layastine et Faure). Il n'est pas inu-

tile de faire remarquer que cette action à distance des poison" e"l

infiniment plus considérable dansla pathogénie des délires et des

psychoses, même infectieux, que l'action due à la présence du

microbe lui-même. C'est pourquoi, à l'examen du cerveau et du

liquide céphalo-rachidien d'un grand nombre d'individus ayant

présenté des affections diverses accompagnées de troubles men-

taux, Faure et Laignel-Lavasline n'ont pas trouvé de microbes.

Les méthodes les plus propres, actuellement, à mettre en évi- i-

dence les altérations des cellules nerveuses (substances chroma-

toltlmle et ncurolibrilles) sont les méthodes de Nissl et de Cajal.

Voici les objections qu'on leur a faites :

lu La cadavérisation provoque des altérations rapides qui ne

permettent pas de voir ensuite les i 1 léi-at ions patliogiioiiioil i(lue ?

Pour faire face à cette objection, 3131. Gitbert-ttallet, Maurice

Faure et Laignel-Lavastine ont recherché les altérations cada-

vériques dans lescellules nerveuses de l'homme et des animaux,

d'une à 200 heures après la mort, et il résulte de leurs recher-

ches que les altérations cadavériques décelées par la méthode de

Nissl sont trop tardives pour gêner l'examen, 24 heures après la

mort, dans les conditions ordinaires, et que les altérations déce-

lables par la méthode de Cajal, bien que plus précoces, permet-

tent encore des examens utiles des ncurolibrilles primaires, mais

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 33

que l'examen des neurofibrilles secondaires doit être négligé, ha-

bituellement, 24 heures après la mort.

La deuxième objection est que ces méthodes montrent de fré-

quentes altérations, sans rapport avec des causes définies et des

symptômes déterminés. On les appelle alors des lésions hanales.

Les auteurs pensent que celte objection n'a pas de valeur, parce

qu'on ne qualifie de « lésions banales » que les lésions dont ne ne

connaît pas la signification. C'est ce qui est arrivé lors que Dé-

jerine a décrit les névrites périphériques qui, comme les lésions

cellulaires, sont en rapport avec cles causes très diverses et des

svndrumes varies. Nul, cependant, ne contesterait aujourd'hui la

valeur des lésions des névrites périphériques. Il en sera de même

pour les lésions cellulaires.

Les auteurs rapportent un très grand nombre de lésions cellu-

laires de physionomie variée, décrites avec ces techniques etsur-

toutavec la méthode de \issu, par Agostini, Alessi et Pieri. An-

glade, Azoulay, P)elai ? a-y. Canizzo, Ceni, Colucci, Cramer, Do-

naggio, Donelti, Franca, Cabei et Antinosi,Cloldschlider et Flatau

Levi,Lugaro, Marchand et Yurpas, 31arinesco, 311chofle,Vageolle

N"eppi,Gimer, Philippe et de Gothard, Sabrazes et r.abannes,Tirelli,

etc., au cours de divers empoisonnements accompagnés ou non

de troubles mentaux appréciables. 11 ne paraît pas possible, ac-

tuellement, de classer tous ces types el d'établit' une relation cer-

taine entre tel d'entre eux, et tel toxique ou telle séméiologie

correspondant.

Notamment, les auteurs ne croient pas que la div ision établi'} par

llarineaco entre la chromatolyse dite primitive essecondaire et la

chromatolyse périphérique et centrale, soit exacte. Il est même

vraisemblable que beaucoup de toxiques divers peuvent créer la

même lésion et que heaucoupde lésions peuvent aboutir au même

symptôme, lien est, d'ailleurs, ainsi dans toute la pathologie :

beaucoup de toxiques variés peuvent produire des lésions analo-

gues dans les cellules hépatiques, et beaucoup de lésions hépati -

(lue" peuvent ahout il' à des symptômes analogues d'insuffisance

hépatique. Néanmoins, il est souhaitable que des recherches ul-

térieures puissent permettre de baser une classification, qui éta-

blirait des relations solides entre des catégories de poisons, des

catégories de lésions, et des catégories de symptômes. (,'et d'ail-

leurs, la traditionnelle méthode anatomo-clinique, qui a déjà

donné tant de résultais dans la pathologie nerveuse.

Pour obéir à ce desideratum, 3131. Gilbert Ballet, Maurice Faure

el Lalgnel-Layaslinp ont tenté, à plusieurs reprises, de fixer

les relations d'un type anafonio-palhologique cortical (chromato-

lyse a début central, forme globuleuse de la cellule, migration

périphérique du noyau) correspondant il une lésion cellulaire ré-

parallle, qui leur a paru liée, d'une parla a l'état cuto-toxiqne ré-

ARCIllVES,2- série, 1POG, L. XXII. 3

34 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

sullant d'une infection ou d'une intoxication prolongée (notam-

ment de l'alcoolisme avec altération hépatique et rénale), etd'au-

tre part au syndrome de la confusion mentale.

Toutefois, est utile défaire remarquer qu'une évolution de trou-

bles mentaux peut être foudroyante et dramatique, sans avoir le

temps d'installer des lésions cellulaires profondes, et qu'aueou-

traire, une longue maladie, avec troubles mentaux plus effacés,

peut aboutir insidieusement à des lésions cellulaires considéra-

bles : c'est précisément le cas de la confusion mentale, Il en ré-

sulle une certaine indépendance entre l'évolution du délire qui

peut être soudaine, bruyante, et celle de la lésion qui est insi-

dieuse. De même, le mode do réaction symptomatique de la rcl-

lule nerveuse est fonction de l'hérédité, de la prédisposition in-

dividuelle innée ou acquise, tout autant que de la nature du to-

xique, agent de l'irritation cellulaire. C'est pourquoi il ne faut

pas s'attendre à trouver, dans l'avenir de cette question, une

classification rigoureuse et des formules étroites. Mais déjà on

peut considérer comme acquis que les lésions cellulaires sont, au

même titre que la psychose elle-même, l'expression de l'injure

faite à la cellule parle poison.

VI. Crises gastriques tabétiques, élongation du plexus'

solaire; par MM. VALLAS et Cotte. (Soc. Nation, de médecine

de Lyon, 20 mars 1906, Lyon médical, 15 avril 1900.)

Homme de 41 ans, éthylique, souffrant de crises gastriques de-

puis cinq ou six ans. Leur fréquence augmenta progressive-

ment et depuis un an le malade les ressent tous les mois. Elles

s'accompagnent depuis deux ans de douleurs fulgurantes des

membres inférieurs. Leur origine tabétique est manifeste : Signe

d'Argyll Robertson, abolition des réflexes rotuliens, ataxie au dé-

but. Aucun médicament n'a pu le soulager. Elongation du plexus

solaire en dénudant le tronc c,clia(ll1e,

A la suite de cette intervention, le malade, opéré en pleine crise,

fut complètement soulagé et n'a pas souttert depuis. Le résultat

étant immédiat il faut attendre quelque temps pour juger delà

valeur de cette intervention. e. Cl.

V. Des lésions de la moelle dans la démence précoce ;

par IlLif'PE1. et LHERMITE. (L'Encéphale, 190(;, n° 2.)

Comme suite à des travaux antérieurs, les ailleurs étudient

dans trois nouvelles observations les lésions spinales de la dé-

mence précoce ; It comme dans le cerveau elles sont remarqua-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 35

bles par leur localisation exclusive au tissu neuro-épithélial

(neurones et névroglie) avec intégrité des formations vasculo-

conjonctives (méninges, vaisseaux) ; elles consistent en une dé-

génération systématique du système postérieur de la moelle, très

analogue à celle du tabès dont elle se distingue cependant par

l'existence dans les cordons postérieurs de petites lacunes de dé-

sintégration circonscrites par une zone de prolifération néxro-

tique intense. Les racines postérieures sont le siège d'un pro-

cessus atrophique et destructif. On trouve dans les ganglions ra-

chidiens la fragmentation cellulaire et la prolifération des cellu-

les de la capsule. Il y a (161-énéi-alion concomitante des systèmes s

d'association qui s'élagent dans les cordons latéraux. Dans la

substance grise on note l'atrophie avec, pigmentation des cellules

de la corne antérieure et de la colonne de Clarke, avec réaction

névroglique discrète. - Il est probable que le début de la lésion

qui aboutit à la sclérose et à la destruction de la voie sensitive

médullaire peut se faire en des points différents Le tableau

clinique révélateur de la lésion tabétique a passé inaperçu dans

les trois cas rapportés, soit que les signes subjectifs aient été

masqués par l'état démentiel, soit que les signes physiques aient

été très frustes. comme cela se voit pour le tabès juvénile. En

présence de ces constatations anatomiques et cliniques, il de-, ient

nécessaire de rechercher la série des troubles tabétiques dans

tous les cas de démence précoce. 1 ? . Tissot.

\'I. Sur un cas de tumeur cérébrale à forme psychi-

que ; asthénie générale sans paralysie ; pas d'oedème

de la papille ; par 3131. MouissET et Beutter. (Lyon médical,

'20 mai 1900, p. 1008.)

Cas de tumeur cérébrale chez une femme de 40 ans à hérédité

nerveuse.

Cliniqucment, la malade présenta des phénomènes psychiques

périodiques accompagnés de' dépression générale avec tendance

au sommeil, élévation de température, céphalée et quelques vo-

missements. Il n'y eut jamais ni phénomènes convulsifs, ni loca-

lisations motrices. L'oedème de la papille ne fut jamais constaté.

Entre les périodes d'asthénie, la malade présenta plusieurs fois

de véritables fugues. Dans les périodes d'accalmie, la température

revenait la normale. Les périodes d'asthénie et de dépression

s'aggravèrent progressivement et aboutirent au coma véritable,

avec une température de 3\)° : >.

A l'autopsie on trouva une nappe gliomateuse de la région spllé-

nntclale. Cette masse, suivant l'examen histologique, était uni-

forme, très riche en capillaires; on y voit des cellules de diverses

36 REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

formes, pyramidales,ovalaires, rondes, fusiformes, plongées dans

une substance granuleuse. Ces nappes ne sont interrompues que

par des traînées de fibres nerveuses en fascicules.

Cette observation concourt à l'étude de la forme psycho-mo-

trice des tumeurs cérébrales. Les phénomènes psychiques, comme

le font remarquer les auteurs, sont indépendants delà localisa-

tion de la tumeur. On ne peut faire que des hypothèses pour ex-

pliquer la périodicité des accidents et leur l'apport avec les modi-

fications de la température. Les tendances actuelles les ratta-

chent à des phénomènes d'auto-infection. C. Carrier.

1'll. - L'origine du sommeil. Sur les relations entre le

sommeil et le fonctionnement de la glande pituitaire ;

par le ]Jr ALBERTO SALMON L. KtcoLAi (Firenze).

Le sommeil physiologique, qu'on ne peut pas considérer comme

reflet d'un simple fait vasomotoire ou toxique, est cependant par-

faitement compréhensible si l'on attribue l'origine à une sécré-

tion interne physiologique.

La glande pituitaire ou hypophyse, entièrement liée par sa sé-

crétion interne à la nutrition des éléments nerveux, par son

siège spécial près des centres psychiques, par ses étroites rela-

tions physio-pathologiques avecle système nerveux central, est

sans doute la glande plus propre à l'accomplissement de celte

fonction si délicate. La présence du brome dans sa substance

glandulaire, constatée par Paderi, rend l'1.l.isemhlablel'hypothèse

que l'hypophyse ait aussi des propriétés hypnotiques sur les

centres nerveux, hypothèse d'ailleurs confirmée dans certains

cas par la somnolence produite par la cure pituitaire et par son

influence favorable sur l'insomnie. Les relations entre les trou-

hies du sommeil et les lésions de la glande pituitaire sont très in-

téressants. On observe la somnolence :

1" Dans les tumeurs de l'hypophyse, caractérisés par l'iy pertru-

phie glandulaire et dans les néoplasmes, pendant leur phase ini-

tiale, sans être atteints par des faits dégénératifs ; 2° dans la

phase initiale de l'acromégalie, généralement accompagnée d'une

simple lyperacLiviLé fonctionnelle de 1'liI)ol)liyse (Massalongo,

Tamburini) ; 3" dans le myxoedème, présentant presque ton-

jours l'hypertrophie de la glande pituitaire. 4" dans les infec-

tions où l'on asouent constaté l'hypertrophie ou la congestion

de l'hypophyse par exemple la maladie du sommeil (Manson),

l'Influenza, etc ; 5° dans quelques intoxications aiguës surtout si

elles causent une augmentation des phénomènes sécrétoires

comme par exemple dans les empoisonnements de pylocarpine

qui exagère toutes les sécrétions, y compris celle de la pituitaire

REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 37

(Guerrini) ; dans la phase initiale de l'intoxication par la mor-

phine ; (jo dans les auto-intoxications chroniques (hépatique,

intestinale, rénale, elc.,) qui produisirent expérimentalement

une hypersécrétion pituitaire (Guerrini) ; 7° dans l'obésité,

dont la pathogenèse est souvent liée à des troubles fonctionnels

de l'hypophyse (lrowUich-L'uchs/ ;8° dans tous les états mor-

bides susceptibles de produire l'hypérémie de la glande pitui-

taire par exemple dans les congestions cérébrales, dans l'alcoo-

lisme aigu, dans l'épilepsie où l'hypophyse a ('-Le trouvée très

congestionnée (Weurel), dans les traumatismes à la tête qui ont

souvent causé des lésions pituitaires et des graves narcolepsies.

L'auteur a observé par contre, l'insomnie dans les cas suivants :

1" Dans les tumeurs de l'hypophyse accompagnées des graves

faits ,légénératif ? surtout dans l'état de cachexie acromégalique

dans lequel la glande est généralement détruite par des faits né-

crotiques, dans les néoplasmes malins métastatiques, dans les

abcès de l'hypophyse. - z^ Dans la maladie de Casedow, clui très

vraisemblablement doit *-on origine à l'intoxication initiale des

centres nerveux par un pervertissement fonctionnel de l'hy po-

physe (Salmon), glande qui a été trouvée dans quelques autop-

sites, par Benilu, extrêmement petite et dure ; 3° dans l'inani-

tion, dans la vieillesse, où l'on a observé la diminution des cel-

lules dlromophiles de l'hypophyse c'est-à-dire les signes de son

insuffisance fonctionnelle ; '10 Dans la diminution de la pression

sanguine, par exemple dans la phase hyposystolique des car-

diopathies, dans la neurasthésie qui est caractérisée par l'abais-

sentent du ton nasal etpar une hyposécrétion générale.

Dans l'empoisonnement par l'atropine qui cause l'inhibition

fonctionnelle de toutes les sécrétions.

Noire hypothèse explique les troubles qui se vérifient pendant

le sommeil dans les maladies des glandes à 'sécrétion interne,

glandes liées entre elles par les relations physiologiques les plus

intimes, par exemple l'insomnie du diabète, dans lequel, outre

le pancréas d'autres glandes à sécrétion interne sont altérées

(llu ronle, etc). Pour les relations entre l'hypophyse et les

glandes génitales (Fichera) on pourra expliquer les troubles du

sommeil dus aux modifications de la ie sexuelle telles que la

somnolence danslagossesse, après la castration qui sont toujours

accompagnées par l'hypertrophie de l'hypophyse.

Les relations anatomiques et physiopathologiques des voies

nasales avec l'hypophyse (Lyon) expliquent enfin les troubles du

sommeil, jusqu'à présent inexpliquabtes, d'origine nasale. Ces

considérations permettent de hasarder l'hypothèse que le som-

meil physiologique soit essentiellement dû à la sécrétion interne

de la glande pituitaire, hypothèse qui répond parfaitement à son

action trophique antitoxique sur les centres nerveux.

38 REVUE d'anATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

11. - Un nouveau cas de myasthénia gravis. Asthénie

bulbo-spinale terminée par la mort brusque et suivie

d'autopsie. Dans l'état actuel de nos connaissances,

quelle place doit-on donner, en nosographie. à la ma-

ladie d'Erb Goldflam ? ; par LECLERC et S.1R'ON.1T. (Rev.

de médecine, 29 novembre l'.IOâ.)

Il s'agit d'une jeune fille qui ne présentait aucune crise con-

vulsive, mais qui peu il peu en vintà ne pouvoir se livrer il an-

cun travail tant elle était fatiguée la déglutition devint impos-

sible après quelques bouchées ; la parole, après quelques mots :

elle mourut dans le coma quelques jours après son entrée à l'hu-

pila. L'autopsie resta négative, l'examen histologique du bulbe

pratiqué par JI. Paviol montra les cellules des noyaux olivaies

atteintes de chromatolyse surtout diffuse, des corps cellulaires

re\ enus à l'état rond, d'autre'- surchargés de pigment jaune ; les

cellules normales sont l'exception.

Cette affection, à laquelle on ne peut parfois assigner aucune

cause, est parfois aussi sous la dépendance d'un surmenage physi-

que ou intellectuel, d'une infection ou d'une intoxication, d'une

maladie de llanti, d'une lésion des organes génitaux, d'une gros-

sesse ou delà puerpéralité ou encore d'une maladie de l1asedu\r

plus ou moius fruste (Brissaud et Bernard). On la trouve chez

les sujets porteurs de tumeurs médiaslines en relation avec les

débris du thymus, des kystes du rein, etc., elle est particulière-

ment fréquente chez les dégénérés présentant de nombreux stig-

mates physiques.

Il arrive parfois que même au microscope on ne puisse trouver

aucune altération du système nerveux de l'écorce, dos pédoncule

ou des faisceaux pyramidaux. On est donc en droit de se de-

mander si cet ensemble clinique n'est pas un simple syndrome

et non une maladie définie. Les muscles sont parfois altérés. On

y trouve (Lagner et Weigert) des amas de cellules lymphatiques

analogues à celles qui existent dans le thymus. Pour ( Illpenlreim

et Israël les lésions constatées seraient des troubles agoniques et

ils insistent sur la fragilité extraordinaire des neurones des sujets

tarés chez qui on rencontre colle maladie. Cette variété de para-

lysie bulbaire est pour Coldfram un coin plexus symptomatique

caractérisé par l'absence do lésions grossières attestées soit par la

guérison,soitpar le résultat de l'examen histologiques. On a distin-

gué des cas typiques et des cas atypiques ces derniers seraient les

plus nombreux ; ils rattacheraient insensiblement cet état à la

poliencéphalile et autres malades du bulbe. L. WAHL.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 39

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

1, - Contribution à l'étude des troubles physiques

particuliers dans l'état de stupeur ; par les 0" Sou-

KANOFF et PETROFF (Joum. de neurologie, 1906, n" 8.)

Il s'agit d'un homme de 38 ans qui fut atteint pendant qu'il

purgeait en prison une condamnation pour crime politique, de

troubles mentaux (hallucinations, idées de persécution, confu-

sion etc.) bientôt remplacés par un état de stupeur qui dura

18 mois. Pondant cette phase de stupeur on nota un ralentisse-

ment considérable des mouvements respiratoires (G à 8 par mi-

nute), une diminution des battements du coeur, du refroidisse-

ment des extrémités avec oedème des pieds, etc. Il existait en

outre de la toux, de la fièvre, des signes d'induration des pou-

mons et une dilatation du ventricule droit. G. DENY.

Il. Les formes' frustes de la démence précoce ; par

le ]> Crocq (Jourox. de neurologie, n° 7.)

On sait que (ïahlhaum a décrit sous le nom d'héboï<lophré-

nie une forme atténuée d'hébéphrénie qui ne s'accompagne

ni d'excitation, ni d'idées délirantes et qui se caractérise seule-

ment par un all'aiblissement rapide et délinitif des facultés intel-

lectuelles. En outre de cette forme bénigne de démence précoce

simple ou fruste, l'auteur en décrit deux autres : dans l'une, on

observerait, eu plus de l'affaiblissement intellectuel qui vient

d'être signalé, un état délirant vague, peu retentissant, mais pro-

voquant cependant dans certains cas des réactions assez violentes

pour nécessiter l'internement ; dans l'autre il existerait des ac-

cès délirants très nets, après la disparition desquels les malades

tombent tantôt dans une démence profonde et tantôt au contraire

sont encore capables de remplir leurs occupations habituelles,

pourvu que celles-ci soient devenues automatiques. Ce sont ces

derniers faits qui ont fait dire à quelques auteurs que la dé-

mence précoce était curable. Le terme de démence impliquant la

notion d'un déficit irrémédiable de l'intelligence, la démence

précoce ne saurait faire exception à cette règle. Mais la profon-

deur de la démence, le degré du déficit peut varier. Les formes

frustes de la démence précoce expliquent bien les cas, à pre-

mière vue étranges, dans lesquels un diagnostic, établi nette-

ment pendant la période délirante, semble contredit par une

restitution ayant, pour un observateur superficiel, l'apparence

d'une guérison, laquelle n'est du reste le plus souvent que tem-

poraire. C.. Deny.

40 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

111. - Autour d'une épidémie de démonopathie ; flloriine

1861-1865); par3lARGAiN. (\'o2eu.Icox, de la

IV. - Les symptômes du délire d'interprétation ; par

Sérieux et CAPGRAS. (L'Encéphale, 1900, n" 2.)

Le délire d'interprétation est une psychose systématisée chro-

nique à base d'interprétations délirantes, se développant pro-

agressivement chez des prédisposés sans intervention notable des

troublessensoriels, et, dont la longue évolution n'aboutit pas à la

démence. Trois traits essentiels les caractérisent : la multiplicité .

des interprétations et lour rôlel'ondamenLal,la rareté des halluci-

nations et leur contingence, la persistance de l'intégrité mentale.

Le contenu du délire est variable, pouvant s'adresser à toutes les

idées délirantes ; l'intérêt en réside dans celle constatation qui) il

porte tout entiersur des faits réels, actuels ou passés, empruntés

au domaine des perceptions sensorielles ou cenesthetiques, que

le malade interprète (tans le sens de son orientation psychique

et. de ses préoccupations, en exagérant ou en déformant leur si-

gnification ou leur portée. Les hallucinations ne sont pas

constantes ; dans tous les cas, elles n'ont aucune influence dans

l'éclosion de la psychose et qu'un rôle bien accessoire dans son

développement. Il est intéressant de constater l'absence d'a-

faihlissemcnt intellectuel et la logique apparente (dans la forme

mais non au fond) des raisonnements ; il n'existe pas de dill'é-

rence fondamentale entre les cas où l'interprétation est fonction

d'une tournure d'esprit spéciale et ceux où elle est délirante jus-

qu'à l'invraisemblable ou à l'absurde. Le délire d'interprétation

n'est pas un état démentiel : les erreurs de jugement ne sont

pas la conséquence du déficit intellectuel, mais Lien d'un délicit

partiel ; dans lésons critique. F. '1'[SSOT.

V. Confusion hallucinatoire aiguë et insuffisance hé-

patique ; par Deny et Renaud. (L'Encéphale, 19011, n° 2.)

La confusion aiguë n'est pas une maladie, c'est un symptôme

qui est l'expression d'une intoxication exogène ou endogène el

qu'il faut toujours rattacher à une affection organique. Témoin le

cas rapporté : il s'agit d'une femme jeune sans prédisposition cons-

titutionnelle, sans tare acquise, qui fut prise brusquement, au cours

de (roubles gastriques habituels, d'un délire diffus, à caractère pa-

nnphohiquo et onirique, avec hallucinations et illusions, confu-

sion mentale, refus d'aliments, et entrecoupé de périodes d'exci-

tation et de dépression; morte au bout de six semaines. L'exa-

men histologique montra, en outre d'une destruction partielle de

la muqueuse intestinale, la dégénérescence graissseuse du foieet

du rein, la clroniatolyse des cellules nerveuses, lésions habi-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 41

fuelles des intoxications. La marche des phénomènes aurait été

la suivante : affection gastro-intestinale, cirrhose du foie, délire

secondaire à l'insuffisance hépatique, a laquelle viennent se join-

drelesinsuflisances rénale et cérébrale. F. TISSOT.

'1. - Formes atypiques de la paralysie générale (hémi-

' plégique et aphasique). Prédominances régionales des

lésions dans les méningo-encéphalites diffuses ; par Pas-

CAL. (L'Encéphale, 190G, n° 2.)

Ces formes sont celles qui se compliquent d'un syndrome en

lover au cours de leur évolution ; elles tirent leur physionomie

spéciale du siège de la lésion bien plus que desa nature. L'auteur

les divise en trois groupes : le premier comprend les paralysies

générales avec prédominance ou exagération localisée en certains

points des lésions de méningo-encéphalite ; deuxième groupe :

paralysies générales compliquées de lésions en foyer, juxtapo-

sées, à évolution indépendante (hémorrhagies, ramollissement) ;

troisième groupe : absence de lésions en foyer mais atropliie élec-

tive d'un hémisphère. L'atrophie prédominante d'un hémisphère

est fonction de la répétition et de la fréquence des ictus dans cet

hémisphères Les expressions cliniques les plus intéressantes

de ces diverses lésions sont l'hémiplégie et l'aphasie. Parmi les

formes hémiplégiques l'auteur retient celle qui relève de l'atro-

phie en masse d'un hémisphère ; c'est une hémiplégie durable,

qui s'accompagne de contracture, respecte ordinairement la face,

et qui provoque la dégénération secondaire du faisceau pyrami-

dal. Dans les paralysies générales ah piques aphasiques, l'au-

teur distingue une forme aphasique à prédominance motrice et

une à prédominance sensorielle, suivant la localisai ion de la lé-

sion dans la zone du langage. F. 1'tssor.

1'll. Paralysie par épuisement post-épileptique (ex-

haustion paralysis dans l'épilepsie. -- Revue générale du

sujet; p. L. PirRcF. (Clinical studies, Archives of Neurol. and

l'sclcopat)col., vol. 11, 1899.)

- Un cas de délire systématisé avec artérite céré-

brale .hypertrophique progressive ; par Klippel et AN-

THEAUME. (L'Encéphale, 1900, n° 1.)

Observation d'un homme qui présenta un délire systématique

de persécution il évolution chronique, au cours duquel survint

une hémiplégie gauche, et qui mourut après dix-huit ans d'inter-

nement d'un ictus apoplectique; à l'autopsie on trouva des lésions

d'arterite hypertrophique généralisée avec rétrécissement con-

sidérable de la lumière des vaisseaux, sans thrombose ni ecta-

sie ; il n'y avait aucune trace d'hémorrhagie en. foyer, mais une

42 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

dégénérescence systématique du faisceau pyramidal gauche.

Il est rare de trouvera cette forme mentale un substratum ana.

fornique. Dans le cas particulier, l'artérito constatée n'est pas, en

raison de sa précocité et de ses caractères spéciaux, une mani-

festation involulive, mais bien une forme distincte qu'on rencon-

re avec, prédilection il la suite des maladies infectieuses. sem-

ble rationnel de lui rapporter toute l'histoire clinique de ce cas :

elle est la cause de la rupture artérielle qui a amené la mort par

hémorrhagie méningée ; quelques années auparavant, c'estaetie

qu'il faut attribuer l'ischémie productrice d'hémiplégie cérébrale

et de la dégénérescence secondaire ; plus avant encore on doit

voir dans le délire à évolution progressive l'expression de lésions

dues à l'arLéri le. F. Tissot.

IX. Le délirium tremens chloralique et son traite-

tement (Delirium tremens et syndrome paralytique fu-

gace) ; par Antheaume et PARROT. (L'Encéphale 190fi, n" 1.)

Troubles mentaux survenus chez un psychopathe constitution-

nel chlol'1llomane à la suite d'ahstinence et qui ont

rappelé de tous points les accidents épisodiques de l'alcoolisme

chronique : accès de délirium tremens (a potu 8l(81)('1180), coma

de l'ivresse, délire hallucinatoire avec idées de persécution et de

jalousie. A deux reprises.le sujet a présenté un « syndrome para-

lytique fugace » (Klippel), qu'on rencontre fréquemment chez

les alcooliques et les auto-intoxiqués.

En ce qui touche le traitement, il y a ici, comme dans les au-

tres toxicomanies, une distinction à faire entre les grands elles

petits cllloralomanes : ceux-ci peuvent sans inconvénient sup-

porter la suppression brusque, il en est autrement des autres :

pour ceux-là ce qu'ilconvient défaire c'est de supprimer au grand

chloralomane sa ration de luxe pour ne lui laisser que la ration

d'entretien, c'est-à-dire la dose minima pour éviter les grands ac-

cidenLs de l'abstinence ; d'instituer un traitement préventif du

collapsus et de ne pratiquer la (Iéchlomlisalion definitivequelors-

que le malade a été mis ainsi en état de la supporter. P. Tissot.

X. Les ivresses délirantes transitoires d'origine alcoo-

lique ; par DUPRÉ et Charpentier. (L'Encéphale, 190G, 11- 1.)

Deux observations d'ivresse délirante passagère dont l'une, for-

fuite et involontaire, est survenue chez un jeune sujet, indemnecle

tout alcoolisme antérieur; l'autre s'est développée chez un alcooli-

que chronique. Si, au point de vue pénal, les actes commis dans

un état d'ivresse volontaire excluant l'imputabililé doivent être

considérés non comme actes dolosifs et intentionnels mais com-

me actes attribuables à la négligence et à l'imprévoyance et pu-

nis comme tels, par contre les victimes d'une ivresse fortuite

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 43

et non volontaire doivent être considérées comme pénalement

irresponsables des suites d'un état délirant dont elles n'ont en

rien déterminé ou favorisé l'apparition. T. T.

Xr. - La démence précoce est un syndrome mental

toxi-infectieux subaigu ou chronique ; par Maurice DIDF.

Les recherches anntomo-pathologiques faites chez les déments

précoces ne permettent pas de connaître encore la pathogénie de

ce syndrome. M. Dide, dans les autopsies qu'il a pratiquées, a

noté dune part la constance delà dégénérescence graisseuse du

foie dans les formes catatoniques, l'autre pari la fréquence de la

tuberculose dans les formes hébéphréno-cafatoniques. lien con-

clut que la démence précoce doit être considérée comme une

psychose toxi-infectieaso subaiguë ou chronique, primitive pour

la forme hébéphréno-catatonique, secondaire pour la forme pa-

ranoide. Dans tous les cas la dégénérescence, dans le sens large

que lui a dévolu le professeur Jolfroy, est nécessaire comme ter-

rain. (Revue neurologique, avril 1905.) E. Il.

XII. - Paralysie générale tuberculeuse ; par Flippez,

31. Klippel publie l'observation d'un malade ayant présenté, de

la façon la plus évidente et la plus incontestable, le syndrome

paralytique. Ce diagnostic a été affirmé, dans des certificats médi-

pas, plusieurs aliénistes de profession.

A l'autopsie on rencontrait, disséminés dans le cerveau, le cer-

velet et le méscncéphale, de gros tubercules caséeux, avec encé-

phalite et méningite, de voisinage seulement. Au point de vue

liistologiquo, il pari, ces régions circonscrites, il n'y avait nulle

part de diapédèse dans l'encéphale, mais seulement dos lésions

eus diffuses.

La conclusion qui se dégage du rapprochement de ce cas avec

d'autres observations est que la paralysie générale la plus incon-

testable par l'ensemble de ses symptômes et par son évolution,

peut répondre à dos lésions de nature différente.

La paralysie générale n'est pas l'aboutissant de toute maladie

mentale, comme le voulait Esquirol; elle n'est pas non plus une

enfile morbide dont la cause et la lésion sont toujours les mê-

mes, comme le voulait Bayle, dont les observations ne semblent

comprendre que des formes inflammatoires (infections micro-

bipennes.;

)1. Klippel conclut en définissant la paralysie générale : « un

s5mlrome clinique, caractérisé par un ensemble de signes et une

évolution qui sont les mêmes sous l'influence d'agents pathogè-

]les divers, en aclion sur l'encéphale sous un certain mode et en-

deçà et au-delà duquel ces mêmes agents pathogènes produisent

d'aulres symptômes. » (IiCitl(',Ieill·0107gue, avril 1905). E. H.

44 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

XIII. - La pseudo-paralysie générale progressive, pal

Joseph Ingegnieros.

L'auteur public une observation de pseudo-paralysie générale

progressive et fait suivre cette observation des conclusions sui-

vantes. Le diabète produit des accidents nerveux et mentaux.

Tous les symptômes qui constituent le syndrome paralysie gé-

nérale, ont été isolement observés et décrits comme étant le ré-

sultat du diabète. Une auto-intoxication diabétique siégeant simul-

tanément sur les diverses régions des centres nerveux, qui peu-

vent produire les svmptômes 'de la paralysie générale, doit se

manifester par ce syndrome. c

Cette paralysie générale diabétique peut se manifester sous di-

verses formes : lu être accidentelle et disparaître rapidement; 2°

être fixe, mais non progressive, et curable par le traitement

étiologique ; 3° être progressive et incurable.

La psellùo-paral) sie générale diabétique est un fait clinique réel

et on doit l'ajouter aux autres formes de « pseudo-parahsie »

(syphilitique, arthritique, alcoolique et saturnine.) (Reçue 1¿eUI'O-

logique, juillet 150 ? ) 1. 11).

NI\'. Sur la forme stationnaire de la démence para-

lytique ; par Serge Soukhanoff.

Si la paralysie générale présente d'ordinaire une marche pro-

gressive, il est des cas où l'évolution subit un temps d'arrêt qui

peut atteindre dix, quinze ans et plus : il s'agit bien alors d'une

forme stationnaire de la démence paralytique. L'auteur rapporte

l'observation d'un malade chez qui les premiers troubles se mon-

trèrent en décembre 1887. A ce moment.on constata des troubles

mentaux (excitation maniaque, affaiblissement intellectuel, idées

de grandeur) et des signes physiques (dysarthrie, tremblement de

la langue, troubles de l'écriture). L'état maniaque a disparu,

mais les autres troubles ont persisté ; le malade a pu néan-

moins se marier. En novembre 1904, la dys.lrth1'Íc et les troubles

de l'écriture se sont accentués, il y a de l'inégalité pupillaire et

des modifications des réflexes palellaires.

Le diagnostic de paralysie générale ne paraît pas douteux pour

l'auteur, bien qu'il ne fasse mention ni de l'existence d'une

syphilis, ni de la présence d'une lymphocytose rachidienne. Il

termine, pour expliquer ces formes stationnaires de la démence

paralytique, par celle hypothèse : « n'est-il pas possible d'admet-

tre que dans le même organisme où a commencé le processus

destructif dans le système nerveux central, des conditions par-

ticulières inconnues de nous ont fait qu'il s'est formé, de pair

avec les toxines, des antitoxines ». (Reoue neurologique, oct. 1905).

E. B.

, REVUE DE PATOLOGIE MENTALE. 45

XY. Les causes morbides prédisposantes en patholo-

gie mentale ; par M. MARANDON de OIONTYEL. (Rev. de )1t<'(<.,

janvier \ ! 10G.)

Dans toute maladie, il est doux éléments primordiaux, on les

désigne volontiers aujourd'hui sous les noms de « graine » et de

« terrain » de cause primordiale et de cause occasionnelle la

cause la plus générale de la folie est la prédisposition le plus sou-

vent liée à la dégénérescence, qui peut. elle-même. être congéni-

tale ou acquise ; mais cette tendance peut rester virtuelle, s'il

n'intervient pas une cause occasionnelle capable de faire passer

de la puissance à l'acte les possibilités délirantes. Pour Maran-

don de Montyel, ces causes efficientes de la folie peuvent être

rattachées a trois groupes distincts : a) groupe infectieux, fièvre

typhotde,impaludisme; b) groupe toxique,alcool,plomb ;c) groupe

physique, traumatisme direct ou par contre-coup, insolation.

Nous avons été très étonné que le savant auteur de l'article

n'insiste par sur la S) philis parmi les causes du premier groupe,

Il est possible que certains aient fait jouer à cette infection un

rôle trop considérable dans la genèse des maladies mentales ;

mais même réduit le plus possible, le rôle de l'infection fracas-

torienne reste important comme cause de folie.

Pour la fièvre typhoïde, Marandon de 31ontyel insiste sur la

différence entre le délire fébrile proprement dit, qui ne se caracté-

rise que par des troubles intellectuels, une confusion simple des

idées sans autres phénomènes et les délires des prédisposés pen-

dant ou après la dothiénentérie; cette dernière folie est générale-

ment peu curable et se termine fréquemment par un étal dé-

mentiel définitif. La fièvre typhoïde serait,pour certains auteurs,

une cause de paralysie générale, mais en toutcas celte cause de la

maladie do 11av1ecsLexceptionnelle. L'impaludisme n'occasionne

des troubles délirants que dans ses formes chroniques et pour

ainsi dire jamais dans ses formes aiguës : il n'y a d'ailleurs au-

cune relation entre le délire et la gravité de l'infection palustre ;

celte formelle folie rappelle les modalités si diverses de l'alcoo-

lisme ; le diagnostic différentiel est des plus difficiles à étahlir.C'est

une question de savoir s'il existe une pseudo-paralysie générale

falarique et quel rôle joue la lièvre « de pays » dans l'éclosion

de la 13, (;,

Le saturnisme chronique prédispose d'une façon spéciale aux

troubles psychiques éthyliques. On admet assez généralament

aujourd'hui avec NI. Vallon que la pseudo-paralysie générale sa-

turnine aboutit le plus souvent à la P. G. confirmée.

Le traumatisme crânien est une cause fréquente de la folie sous

toutes ses formes, surtout des troubles iL caractère démentiel et

46 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

en particulier d'une P. e. marche assez spéciale lente au début

très rapide il la fin. '

L'insolation dans les pays chauds semble causer fréquemment

des troubles intellectuels il semble y avoir de nombreuses cau-

ses d'erreur dues à l'hérédité et peut-être la syphilis.

Cet article de Jlal'anÜon de llunlyel donne l'opinion de ce sa-

vaut clinicien sur une foule de points très obscurs de l'l-tiolo"ic

des folies; il insiste sur une foule de points de pathologie géné-

ralequi montrent l'étroite relation des maladies mentales avecles

autres affections de l'organisme. L. WAUL.

XV -Psychose de l'état puerpéral ; par M. Georges CAR-

RIER. (Soc. Méd. des lIop, de Lyon 11 avril 1905.)

Observation d'un cas de psychose de l'état puerpéral, chez une

femme de 38 ans. Les phénomènes délirants apparurent le 0e jour

après l'accouclremenl. L'intérêt de ce cas réside :

1° Dans la netteté de la cause prediposante qui est ici l'épuise-

ment. On ne relève, en elfet chez la malade, ni antécédents ner-

veux héréditaires ou personnels qui ont été recherchés soigneuse-

ment, ni antécédents organiques.

2° Dans une évolution clinique qui frappe par sa très grande

simplicité et qui peut se diviser en trois phases :

a) Uncpèriode d'épuisement comprenant une grossesse dépri-

mante (vomissements et insomnies presque continus) et un ac-

couchement laborieux.

6) Une phase prodromique d'une durée de trois jours, caracté-

risée par de l'excitation intellectuelle et motrice.

c) Une période délirante de 20 jours, dont la fOl'll1ediniljlWCOil-

fusion mentale hallucinatoire caractérise les états anlitoxiques.

3° Dans une terminaison qui corrobore la pureté de la notion

étiolugique.

Les phénomènes délirants aigus ayant cessé l'ilJ11dclI1entcL sans

amener l'apparition d'aucun attire trouble mental, comme cela

se voit souvent lorsqu'il y a un élément dégénératif.

Au point de vue de la pathogénie de ce cas de psychose de l'état

puerpéral, l'auteur pense que l'élément essentiel est ici l'épuise-

ment qui a créé dans l'organisme un état anliloxique spécial, dé-

terminé suivant Kraepelinpar des troubles dans les échanges nu-

tritifs, pouvant réaliser à lui seul une confusion mentale printi-

tite.

Discussion. JJ. Carrier père signale une particularité qui

s'est montrée dans le cours de cette observation ; le défaut de pa-

rallélisme entre la courbe thermique et celle du pouls. Celle-ci,

en effet, pendant la période d'état delà maladie a montré le tracé

d'une véritable tachycardie lorsque la courbe thermique s'abais-

sait.

Sociétés SAVANTES. 47

Il 11 ObSCI'\"l) tl'ès SOUyeIÜ ce phénomi) ! le dll'Z les délimnts et par-

ticulièrement dans le délire aigu. Sans en donner une explication

purement hypothétique, il pense que c'est un point de clinique

qui révèle peut-être un signe important dans le diagnosticoüle le

pronostic des affections dans lesquelles il se rencontre et <lui sol-

licite des recherches nouvelles.

Au sujet des délires puerpéraux semblables au cas présenté, il

reprend l'opinion qu'il a émise déjà depuis longtemps et d'après

laquelle ces malades ne doivent pas être considérés comme des

aliénés et internés comme tels. Si l'isolement leur est utile, on

peut le réaliser sans que pour cela on soit obligé de faire un in-

ternement, ce qui est tout différent. G. C.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.

Séance du 0 juillet. Présidence de 31. Ballet.

Hémiplégie avec paralysie du moteur oculaire commun du même

côté et troubles splainctériens.

11. Cantonnet. Homme, trente ans, syphilitique, pris, sans

ictus, de paralysie des membres, du facial inférieur etde la 3° paire

lclout à gauche et sans désordres de l'intelligence ; ponction lom-

baire négative : amélioration rapide par traitement mercuricl.

La localisation de la lésion reste imprécise.

\Téurite ascendante.

MM. LIONNE et CHART1ER.-lenune,nrite ascendante con-

sécutive à un traumatismo infecté du doigt. Le caractère intéres-

sant du cas est une arthrite mélacarpo-phalangienne ayant tous

les attributs cliniques et radiographiques du rhumatisme chroni-

que ;cas en faveur de l'origine infectieuse et névrilique du rhu-

matisme chronique.

Dystrophie d'origine pulmonaire.

31M. Lejonne, Chartier. .leune fille, 20 ans et 1 m. 28 seule-

ment do stature, pas infantile mais dyslrophique (végétations adé-

noïdes et, bronchite chronique avec asthme datant de l'enlance).

Veux cas d'hemianopsie bitemporale,

11. Galezovvski : 1° Femme, ménopause, oedème particulier

des mains et dos jambes, élargissement de la seUe turcique à la

radioscopie.

2° Femme talotiyuc,'nténopnusc, Hypertrophie probable de

48 SOCIÉTÉS SAVANTES.

l'hypophyse chez les deux sujets, coïncidant avec la ménopause

et comprimant le chiasma.

Alcoolisation locale des troncs nerveux.

)1.)I. Brissaud, Picard et'fAHON ont pratiqué des injections

d'alcool stovainé au contactdes troncs nerveux pour névralgie du

trijumeau et pour spasme facial selon les méthodes respectifs de

Lé, Baudoin et Scltltrsser étalée heureux résultats. Ils ont

aussi injecté le tronc sciatique dans certains cas de contracture,

tremblement et spasme avec résultats encourageants, sauf dans

les cas de vieille hémiplégie.

.lmyotrophie A ran-Duchenne.

)1)1. Raymond et Lejonne montrent un malade atteint depuis

neuf ans d'une amyolrophie qui semble essentielle, et non s5-mp-

tomatique d'une affection du système nerveux.

Cependant un début d'atrophie de la langue laisserait penser

àunesclérose latérale amyotrophique commençante.

Sclérose latérale amyotrophique.

31. 110JESVNIICOFF rapporte un cas et deux autopsies de cette

allection avec localisation musculaire diffuse, montrant qu'on a

attribué trop de valeur diagnostique à la distribution radiculaire.

Fonctions du cervelet.

31. Babinski. Cesfonctionsconsistentà veillera lasynergiedes

mouvements et à lutter contre l'inertie. Certains signes cliniques

se rapportent à cette dernière fonction : ainsi sont la diadocociné-

sie, la parole scandée, la brusquerie des mouvements, la catalep-

sie cérébelleuse.

Surdité cerbale pure.

M.LAMY. Femme atteinte à la suite d'un ictus, attribuable à

une lésion du lohe temporal.

Localisations motrices médullaires .

Mme 1)ar : atNr : présente à ce sujet un long mémoire à connaît-

tre in extenso, un résumé bref ne pouvant en donner aucune

idée.

Tumeur comprimant la région psychomotrice.

31. Bvbinski a fait extirper celle tumeur qu'il avait diagnosti-

quée comme comprimant sans détruire la zone psycho-motrice,

en raison d'une hémiparésie avec aphasie sans exagération des

réflexes et sans extension des orteils malgré une certaine railleur

des membres à droite. Chose surprenante : pas de céphalée pen-

dant les deux an,'¡p 1'("lolulion de la tumeur.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 49

Les transformations du tube nerveux.

11. ])URANTE. -Tandis que la théorie du neuroneassimilela fi-

bre nerveuse à une cellule mésodermique perforée par le cylindre-

axe, la docLrine uniciste l'assimile à un neuroblaste segmentaire

se différenciant en son milieu pour former la fibrille. A l'état

pathologique, la différenciation disparaît, mais peut reparaître

lorsque les cellules devenues indifférentes sont de nouveau mises

en contact avec un nerf quelconque par la suture. C'est le fonc-

tionnement qui provoque la différenciation. D'autres fois, les neu-

roblastes redevenus indifférents subissent diverses transforma-

tions, conjonctive, myxomateuse, graisseuse, etc.

Fréquence des maladies nerveuses chez les Arabes.

M. Dumollard rapporte des statistiques pour prouver que les

maladies nerveuses, sauf peut-être la P. G., sont aussi fréquentes

chez les Arabes que chez les Européens.

Hémianopsie double corticale.

MM. RAYMOND et G,%LEZON'SKI. -Homme, pseudobulbaire, ayant

eu plusieurs ictus ; à la suite de l'un d'eux, cécité par double hé-

mianopsie, mais avec conservation de la vision au point de fixa-

lion. F. BOISSIER.

SOCIÉTÉ D11YPXOLOGLE ET DE PSYCHOLOGIE

Séance, annuelle du 19 juin 1906.

Pérsidence de 3131. G. Rocher et Jules VOISIN.

Rapport médico-légal sur l'exercice

illégal de la médecine par une voyante.

JI. Paul MAGNIN lit un rapport sur les cas de la voyante de

Saint-Quentin. Sa conclusion est qu'il s'agit d'une vulgaire hysté-

rique hypnotisable, ne présentant aucune clairvovance spéciale ;

le sommeil réel de cette femme est simplement le principal élé-

ment de son succès auprès de ceux qui viennent la trouver : on

voit là un nouvel exemple de la foi qui guérit.

31. Paul Farez cite le cas d'une de ses malades atteinte de ma-

nie aiguë et placée dans une maison de santé. A l'aide d'une mè-

che de cheveux envoyée en cachette par le mari, la voyante fit

en fermés amphigouriques et contradictoires un diagnostic tout

à fait erroné, auquel elle ajoutait, pour cette agitée, une ordon-

nance de sept produits toniques et stimulants ?

M. Rocher. Userait temps de protéger le public contre sa pro-

pre crédulité ; des sociétés compétentes commela vôtre devraient

faire connaître directement aux pouvoirs publics que la préten-

due clairvoyance est dénuée de toute valeur scientifique.

l. Louis I ? Aj3Rir. - le ne suis pas d'avis que l'on rende cet

Archives, 2° série 1906 t. XXII. 4

50 SOCIÉTÉS SAVANTES.

arrêt définitif, j'estime qu'on devrait faire des expériences nom-

breuses avec chacune de ces voyantes et se prononcer sur son cas

personnel et non sur clairvoyance en général : d'ailleurs, les

expériences négatives ont aussi leur valeur.

M. BÉRiLLON. - Depuis de nombreuses années nous avons eu

l'occasion d'étudier un certain nombre de somnambules ou pré-

tendues telles qui ont été produites à Paris et présentées comme

douées de dons tout à fait exceptionnels. En présence de gens

ignorants et crédules, dépourvus de l'esprit de contrôle, les ex-

périences ont souvent l'air de réussir ; faites avec des garanties

scientifiques, elles échouent chaque fois. Actuellement, la ques-

tion est jugée et plus n'est besoin de perdre notrc temps à des ex-

périences qui, toujours, dans le passé, ont prouvé que la prétendue

lucidité n'existe pas et ne repose que sur des illusions.

M. Félix Rpgnault. Il y a quelques années un prétendu

liseur de pensées a été étudié à l'École de psychologie. 11. Paul

Farez a nettement montré qu'il s'agissait non pas d'un liseur de

pensées, mais d'un liseur de muscles.

M. Bérillon. - A la stupéfaction générale du monde médi-

cal, les juges de Saint-Quentin ont, dans une certaine mesure ad-

mis la lucidité de cette voyante, en ce qui concerne la pratique de

l'art médical. Mais si, sans avoir étudié l'anatomie, la physiolo-

gie, la pathologie, la matière médicale ou la thérapeutique, cette

voyante est capable de se prononcer avec exactitude sur le dia-

gnostic etle traitement des maladies, elle devraitbien aussi, sans

avoirétudié le code, les lois ou la jurisprudence, posséder la com-

pétence et l'expérience d'un magistrat de carrière ; aussi nous ne

désespérons pas de voir les juges de Saint-Quentin conséquents avec

eux-mêmes, recourir à la dite voyante pour rédiger certains at-

tendus ou solutionner des cas épineux soumis a leur juridiction.

Il y aurait là un moyen aussi d'éviter les erreurs judiciaires et

peut-être d'accélérer la rapidité du fonctionnement de la justice

qui, comme chacun sait, est, plus que jamais, atteinte de claudi-

cation.

M..Iules VOISIN. - Il est bien évident que, si un hypnotisé re-

cevait la suggestion qu'il est devenu président du Tribunal, il

n'aurait pas, par ce seul fait ; acquis l'aptitude à rédiger des juge-

ments en harmonie avec le code et à connaître les dispositions

pénales applicables à chaque espèce. Aussi, pour clore celte dis-

cussion, je vous propose de voter la rédaction suivante, qui répond

auweu formulé tout à l'heure par M. Rocher.

La production de l'état hypnotique permet d'oblenirla réalisa-

tion d'actes déterminés, l'apparition d'émotions, de sentiments,

d'opinions, la modification de certaines modalités du caractère;

mais, en aucun cas, elle ne dole le sujet hypnotisé des aptitudes

et de la compétence que peuvent seules donner la science et l'ex-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 51

périence. En particulier, pour ce qui concerne l'art médical, la

prétendu clairvoyance relativement au diagnostic et au traite-

ment est contraire aux faits bien observés et doit être considérée

comme inexistante. (Cette proposition est adopté à l'unanimité.)

Méthode hypno-pédagogique, chez les enfants du patronage

Rocher (premier résultats statistiques).

M. René Pamart. Depuis octobre 1905, parmi les enfants

et jeunes gens dont j'ai eu à m'occuper au Patronage de l'Enfan-

ce et de l'Adolescence (Patronage Rocher), 24 étaient susceptibles

de profiter des bienfaits de la méthode hypno-pédagogique. Les

ressources de l'oeuvre étant trop limitées, 7 sujets seulement ont

pu être conservés au Patronage le temps voulu pour un traite-

ment sérieux. C'étaient 5 voleurs, dont 4 récidivistes. 1 somnam-

bule et unonaniste onychophage, ayant fui le domicile paternel

à deux reprises, enfermé à la petite Roquette. ,1'ai obtenu 5 guéri-

sons compte tes, dont le maintien a été confirmé. Un G" sujet

(voleur récidiviste), replacé dans le milieu où il avait commis la

première faute, a rechuté après 5 mois de conduite exemplaire.

Le 7° cas a été un insuccès complet, insuccès en rapport avec une

absence totale du désir de guérir.

l. Jacques Bertillon. Je regrette que M, Pamart n'aitpoint

donné plus de détails, sur le nombre et la durée des séances, la

technique employée, les suggestions faites, etc.

31. Bérillon. Il ne s'agit ici que de statistiques. On ne peut, à

propos de chaque cas rapporté ici, répéter un enseignement qui

a déjà été fait un nombre considérable de fois et qu'il convient

déconsidérer comme suffisamment vulgarisé. La méthode qui

permet d'arriver à des résultats positifs est celle que nous avons

proposée progressivement perfectionnée, nous lui avons donné

le nom de méthode hypno-pédagogiquo afin de bien marquer que

la production de l'étal d'hypnotisme est la condition fondamen-

tale de son succès.

M. Rocher. Tels qu'ils sont, les résultats obtenus par 31.

Pamart sont très encourageants et je le prie de bien vouloir con-

tinuer à me seconder dans cette voie qui s'annonce comme de-

vant être socialement très fructueuse.

31. Jules Voisin. Elle sera d'autant plus féconde qu'on agira

sur des sujets plus intelligents et, par conséquent, plus aptes à

profiter de la méthode.

La technique de la suggestion hypnotique à échéance.

M. PaulJotRE (de Lille). - Les règles delà suggestion à éché-

ance sont les suivantes : 1° placer le sujet dans de bonnes condi-

tions pour être mis en état d'hypnose : "° bien l'hypnotiser en

choisissant le procédé qui lui convient le mieux : 3° prendre les

52 SOCIÉTÉS SAVANTES.

précautions voulues pour bien amener le passage à l'état d'hy-

pnose et le passage de l'état d'hypnose à l'état de veille : 4° laire

les suggestions courtes, précises el. progressives.

Un nouveau cas de sommeil hystérique.

lI. Witry (de Trêves). M. K. est née en 1889. En août 1900,

elle souffre de troubles stomacaux, de douleurs de tête et de ven-

tre. Quinze jours après, surviennent des changements de carac-

tère, des pertes de connaissance,des crises hystériques.En octobre

1900 elle s'endort : l'immobilité et l'anesthésie sont complètes ;

les muscles sont en résolution, à l'exception de ceux des mâchoi-

res et des paupières ; on la nourrit par lavements. Le 18 juillet

1901, l'autorité la fait entrer dans un asile. Le 20, elle se met à

remuer les membres ; les jours suivants elle a quelques crises,

puis apparaissent des mouvements de déglutition ; petit à petit.

elle ouvre d'elle-même la bouche, les yeux, elle sourit, puis elle

se remet à manger, à marcher, à écrire, à parler. Ce réveil est

complet et définitif en janvier 1902.

M. FARBz. De cette observation ressortent plusieurs pointsin-

t3ressants. D'abord le sommeil, au lieu de s'installer d'emblée, a

été précédé et préparé par divers troubles somatiques et psychi-

ques, ce qui est le cas le plus fréquent. Mais, contrairement à ce

qu'on enseigne, la résolution musculaire a été presque générale,

comme par exemple, chez Gésine et chez Argentina. En outre,

le réveil n'est pas survenu brusquement ; la restauration des di-

verses fonctions aété lente, progressive et successive, comme

chez Argentina ; le retour à la pleine conscience totale même,

ici, nécessité six mois. Enfin dès le surlendemain du transport

dans un asile commencèrent à se manifester les divers signes pré-

monitoires du réveil ;c'est un nouvel argument propre ànousfaire

regretter que Marguerite B. (de Tliénelles) soit demeurée vingt

ans endormie à côté des siens, sans qu'aucune autorité soit in-

tervenue pour provoquer son transfert dans un milieu approprié.

La kleptomanie et son traitement par la suggestion hypnotique.

31. Bérillon. Certains auteurs ont essayé de traiter des

kleptomanes parla suggestion hypnotique ; n'ayant pu réussir

dans tous les cas, ils ont exprimé l'opinion que le traitement par

la suggestion hypnotique n'avait pas toute l'efficacité que nous lui

avions attribuée. Or il faut distinguer. Ces auteurs ont eu à soi-

gner des dégénérés impulsifs, adultes, chez lesquels la kleptoma-

nie revêt le caractère d'une maladie mentale nettement caracté-

risée. Par contre, l'hypnotisme triomphe habituellement et bril-

lammentquand il s'attaque aces kleptomanes, jeunes, extrême-

ment suggestibles, que les mauvaises fréquentations, les mau-

vais exemples, le goût de la dépense, la passion des voyages et

BIBLIOGRAPHIE. 53

le défaut de discernement ont amenés à s'emparer du bien d'au-

trui. Le traitement psychothérapique réveille ou exalte le sens

moral, la réflexion, la maîtrise de soi et la volonté. Pour appré-

cier l'efficacité d'une méthode, il ne faut pas l'appliquer seulement

aux cas désespérés où l'insuccès est inévitable ; il faut au con-

traire y recourir avec discernement et ne pas incriminer la mé-

thode vu que l'incompétence de l'expérimentateur est le plus

souvent la seule cause de l'inefficacité du traitement. La preuve

en est que nous avons souvent réussi là où d'autres, avant nous,

avaient totalement échoué dans l'application de la suggestion hy-

pnotique.

La psychopathologie du vomissement.

M. Paul FARFZ. - Le vomissement, sous ses différentes formes

est, dans son étiologie. sa pathogénie ou sa curation, plus ou

moins conditionné par l'immixtion des phénomènes psychologi-

ques. Même quand il dépendd'une cause uniquement somatique,

il est justiciable de la psychothérapie, qui permet au malade de

résister énergiquement à la sollicitation nauséeuse. La psycho-

thérapie, est tout indiquée et a déjà remporté de brillants succès

dans les diverses variétés cliniques du vomissement, en particu-

lier les vomissements naupathiques, gravidiques et post anes-

thésiques.

BIBLIOGRAPHIE

l. - La mélancolie, étude médicale et psychologique ; par IL r

MASSELON, médecin-adjoint de l'asile de Clermont (Oise), ou- 1

vrage couronné par l'Académie de médecine. (F. A lcan, ¿dÜe¿t7".)

Nous possédions déjà, de 111. lasselon,uiie excellente monogra-

phie : à l'époque où les tentatives d'introduction de la démence

précoce dans le cadre psychiatrique provoquaient d'après discus-

sions dans les milieux aliénistes, il avait su faire de la nouvelle

entité morbide une lumineuse mise au point. Aujourd'hui ses

qualités de psychologue et de scrupuleux observateur s'affirment

de nom eau en une consciencieuse analyse de l'obscur syndrome

mélancolique ; et le jugement de l'Académie, qui a couronné ce

travaillera ratifié par tous les psychiatres. J'essaierai d'en donner

ici une analyse sommaire ; mais la lecture seule permettra d'ap-

précier la profondeur des pages de psychologie.

L'histoire de la mélancolie est retracée rapidement avec ses

étapes successives, si confuses jusqu'à nos jours. 11 s'en dégage

54 BIBLIOGRAPHIE.

l'imprécision des doctrines, qui restent encore en désaccord ; dé-

saccord apparent, dit Massclon, car elles ne divergent que sur le

point de savoir quelle place on doitattribuer,dans une classifica-

tion aux états mélancoliques qui ne peuvent rentrer dans aucune

affection déterminée. Constituent-ils une forme morbide spéciale

ou sont-ils symptomatiques d'états organiques mal connus pour

lesquels le terme « mélancolie » n'est qu'une étiquette provisoire ?

Mais ce sont les mêmes malades que les auteurs ont en vue, qu'ils

parlent de mélancolie pure ou d'état mélancolique dans lequel

le syndrome mélancolie constitue le phénomène le plus saillant ;

c'est l'opinion de 1l..foiTroy, ardent défenseur de la mélancolie-

syndrome. Et 11. Massclon signale la tentative de ]Üoepe]in, dé-

fendue en France par Sérieux et Capgras, pour rattacher la mé-

lancolie à un état organique déterminé, l'involution sénile, dont

elle serait la conscience qu'en prennent certains sujets.

Pour la description des symptômes, les états mélancoliques

sont réduits à deux formes : sans délire ou avec délire, l'anxiété

se rattachant le plus souvent à la première, et la stupeur étant

la forme extrême de toutes les variétés ; mais ces formes ne doi-

vent pas être conservées comme des réalités morbides. La des-

cription s'appuie sur des observations ; on trouve un exemple de

chaque idée délirante : auto-accusation, idées de ruine, de persé-

cution, hypocondriaques, de transformation,aboutissant aux idées

de négation, décrites par Cotard à tort comme un délire spécial ;

les idées de négation portent sur le malade lui-môme ou sur le

monde extérieur (2 cas) ou bien coexistent. Les hallucinations

sont envisagées comme des modes de réaction engendrés par la

douleur morale ; elles sont surtout auditives et très rares chez

les mélancoliques ; il s'agit souvent de mots, d'idées qui surgis-

sent dans l'esprit et que le malade croit suggérés par des étran-

gers ; mais il n'y a pas extériorisation de l'image mentale ; ce

senties « idées autochtones » de Werniele, - état faible, -qu'il il

fautséparer de l'hallucination, état fort. Les signes physiques

sont ensuite passés en revue ; au sujet de la toxicité des urines,

il est inexact de dire qu'elle est augmentée (Anglade) ; aucune

notion ne se dégage encore de leur étude. Les troubles pupillaires

sont fréquents, mais variables plignotl.

Le chapitre 111 est consacré la psychologie des mélancoliques.

Après avoir fait entrevoir que la mélancolie essentielle des an-

ciens auteurs doit apparaître aussi comme un syndrome,) ! . Mas-

selon analyse les troubles élémentaires de l'esprit communs à

tous les états mélancoliques. Il s'adresse pour cela il des mélan-

coliques « purs ", de façon à avoir des éléments morbides aussi

isolés que possible ; mais les résultats sont valables pour tous les

cas, le mode de constitution d'un symptôme se retrouvant par-

tout où se trouve le symptôme. Ces troubles de l'esprit sont dhi-

BIBLIOGRAPHIE. 55

ses en i groupes : 1° troubles intellectuels ; 2° troubles volon-

taires ; 3° réactions affectives : 4° délire.

la Dans les troubles intellectuels, le phénomène le plus appa-

rent est le ralentissement psychique, qui se manifeste par la diffi-

cullé de compréhension et d'expl'ession des idl'es, La compréhension

est étudiée chez malades à l'aide d'un test (reproduction d'une

phrase lue); la synthèse s'effectue mal,mais elle est possible lorsque

le malade est capable d'effort mental. Les troubles de la synthèse

se réduisent aux troubles de l'évocation des idées : l'application

de nouveaux tests très intéressants à l'étude de l'évocation des

idées permet de conclure dans ce sens, et aussi que « l'évocation

très pénible ou impossible hors de la disposition affective, est en-

core pauvre dans son sein ». Reste à savoir si le trouble del'évo-

cation est primitif ou le résultat d'une inhibition due à la dou-

leur morale ' ? Les tests ont déterminé sa direction ; mais elle

s'accompagne aussi d'effort mental, d'attention. Il faut donc étu-

dier l'attention qui favorise l'évocation, en créant lemonoidéisme,

et les éléments simples de celle-ci, les images mentales. L'atten- x

tion est spontanée ou volontaire. Les troubles de la première ne

se différencient pas des troubles généraux de l'activité intellec-

tuelle : elle est nulle lorsque l'activité est nulle (stuporeux) ; et

l'activité parfois permet encore un effort qui supplée à l'attention.

L'attention volontaire offre à étudier sa fixation et sa continuité.

Le pouvoir de fixation est évalué à l'aide d'un test : examen

d'une gravure pendant 2 minutes et description écrite des re-

marques suggérées. Les résultats montrent un affaiblissement

parallèle de la faculté de remarque et de l'attention ; la fixation

est d'autant plus faible que la dépression est plus grande et plus

proche de la stupeur. La continuité est appréciée par une série

de calculs de tête : l'attention n'est soutenue que pendant un

temps très court. Mais le mélancolique offre ceci de particulier,

qu'il cherche à fixer son attention, sauf dans la stupeur ; d'où la

nécessité d'admettre, au-dessus de l'attention, certains phéno-

mènes qui la déterminent, les tendances. La tendance directrice

paraît à Masselon intacte ou à peu près chez les mélancoliques ;

l'impulsion motrice seule reste faible ; et le malade, qui peut

comparer le résultat obtenu à celui qu'il aurait dû obtenir, en

souffre. Suit une fine analyse des tendances, forme d'activité in-

termédiaire entre l'instinct et le désir, qui conduit à définir l'ef-

fort pénible du mélancolique : le sentiment de l'obstacle que les

phénomènes dépressifs opposent aux tendances motrices renais-

santes. Les images mentales forment des groupes susceptibles de

reproduction (souvenirs) ou de désagrégation puis de reconstruc-

tion (imagination). Les souvenirs du mélancolique sont conser-

vés en séries, mais le malade ne peut guère dissocier ces séries

pour en extraire un souvenir isolé ; il y a effacement des images

56 BIBLIOGRAPHIE.

mentales et difficulté de reviviscence. En résumé, le ralentisse-

ment psychique des mélancoliques se ramène à un trouble d'évo-

cation des idées. Ce trouble ne paraît pas toujours, comme pré-

tend Schule, la conséquence d'une inhibition créée par la douleur

morale (2 observations). Comme troubles intellectuels, il y a en-

core les troubles de la sensation et de la perception. La sensibi-

lité est presque toujours affectée ; mais il s'agit d'un trouble cen-

tral plutôt que périphérique, trouble de la perception de l'im-

pression ; les troubles de la perception (imprécision vague, im-

possibilité de synthétiser) sont la conséquence des précédents

(sensation, attention et images).

2° Dans les troubles volontaires, les phénomènes moteurs sont

caractérisés par la faiblesse des impulsions motrices, décelée par

le dynamomètre, l'écriture, etc. Tous relèvent de l'aboulie et,

comme les précédents, sont d'origine centrale (affaiblissement des

images motrices). L'aboulie est conditionnée par le trouble des

éléments psychiques qui concourent aux actes ; la synthèse men-

tale est affaiblie.

3° Les réactions affectives constituent le caractère même de la

mélancolie : le malade soutire. Mais il faut considérer dans cet

état deux choses : l'anxiété,paroxystique,et la dépression, continue.

Comme 1\1. Dumas, Massolon étudie séparément ces deux étals :

1° la tristesse passive est constituée par les sentiments liés aux

modifications organiques et par la conscience du déficit psychi-

que ; 2°lesétatsaigus sont la douleur morale et l'anxiété. La pre-

mière est composée d'une série de sentiments plus simples, in-

quiétude, crainte, dégoût, etc., et atteint son paroxysme dans

l'anxiété. Celle-ci se manifeste par un sentiment d'oppression,de

gêne extrême, l'angoisse. L'anxiété est-elle secondaire à des idées

délirantes ' ? Bien souvent,au contraire, la douleur est antérieure

au délire ; elle a pour origines les troubles de la coenebthésie et

l'arrêt psychique (Séglas). C'est le sentiment d'incapacité qui fait

souffrir le malade ; et Masselon explique l'inquiétude par la ré-

sistance aux tendances (analysées plus haut) ; les mélancoliques

souffrent à cause du relèvement de leurs tendances, en raison

donc de leur activité même, en face de leur arrêt mental. Cer-

taines crises anxieuses cependant naissent spontanément et échap-

pent à cette explication.

4° Le délire mélancolique est toujours secondaire à la douleur

morale, dit Masselon avec Dumas. 11 est très pauvre, monotone ;

'son analyse, basée sur des observations, conduit à le considérer

comme un délire affectif plutôt qu'idéatif ; c'est un délire d'at-

tente, a-t-on dit. 11 ne doit pas s'expliquer par la théorie de la

justification, qui n'intervient qu'à titre d'explication secondaire ;

il ne s'agit pas d'un raisonnement logique, mais affectif. Et si

certains mélancoliques délirent et d'autres non, c'est parce que

BIBLIOGRAPHIE. b7

le délire croît d'autant plus que l'état affectif est plus puissant ;

il apparaît lorsque l'état affectif accapare toute la personnalité.

Ce qui le caractérise, c'est, d'une part, l'extension de l'élément

affectif, et, d'autre part, l'obscurcissement des représentations

adéquates à la réalité. Suit l'étude psychologique détaillée des

principales idées délirantes : 1- de transformation ; 2° de néga-

tion ; 3° de domination et de possession ; 4° d'indignité et de cul-

pabilité ; 5e d'expiation et de damnation ; 6° de persécution ; ces

dernières sont rares. Elles naissent toutes de l'état affectif ; l'es-

prit relie ces conceptions secondairement, et secondairement le

délire vient renforcer et justifier l'état affectif.

Le chapitre IV traite du diagnostic. Le caractère primordial de

la mélancolie, c'est le ralentissement psychique, la difficulté

d'évocation spontanée des représentations, un sentiment pénible

d'impuissance et de la douleur morale, fonds sur lequel se gref-

fent des idées délirantes auxquelles le malade se résigne ou réa-

git par lesuicide. L'auteur passe en revue les états qui simulent

la mélancolie : par la dépression ou la stupeur, par l'anxiété,

parles idées délirantes.

Au point de vue il il convient d'envisager : 1° les

états mélancoliques liés à des affections mentales ; 2° la mélan-

colie pure de certains auteurs, que 31asselon appelle,avec de Fur-

sac, mélancolie affective. Les premiers se rencontrent surtout

dans : la dégénérescence mentale, la démence précoce, la folie

périodique, la neurasthénie, la paralysie générale, et les psycho-

pathies organiques ; leur description réciproque est passée rapide-

ment en revue. Quant à la mélancolie alfeclive, essentielle des

anciens auteurs, elle constitue le gros problème : est-elle vrai-

ment essentielle. ou n'est-elle pas plutôt un syndrome à ratta-

cher à d'autres cadres morbides ? C'est ce problème que Masse-

lon essaie de résoudre, par la description minutieuse de l'afrec-

tion et la recherche de ses causes et de sa nature. Il expose la

théorie de Krrepelin-Sérieux et Capgras (imolution sénile) et bien

que cette conception rentre à bien des égards dans la sienne, elle

ne lui semble pas résoudre toutes les questions. Pour Kroepelin,

toutes les mélancolies qui ne relèvent pas de l'insénescence ap-

partiennent à la folie maniaque-dépressive,à la démence précoce,

à la folie des dégénérés, ou à l'hystérie. Masselon est conduit à

admettre au contraire une mélancolie affective axant l'âge de

45 ans et ne relevant d'aucune de ces formes ; et, dans les mélan-

colies d'involution, il en est qui ne sont que des modalités de la

démence sénile, tandis que les autres sont des cas de cette mé-

lancolie allective qui se produit aussi à un âge moins avancé et

qui ne peuvent en être différenciés. De plus, les phénomènes

d'involution ne sont pas le seul facteur ; il y a des causes mo-

rales, des causes pathologiques (infections, ménopause, maladies

58 VARIA.

du foie). De sorte que la conception de 31. Jonroy paraît la plus

réelle : la mélancolie affective ou essentielle est un syndrome,

qui n'est fonction d'aucune de ces causes, mais hien le résultat

de 2 facteurs : un cerveau prédisposé et un état organique réa-

lisé à la suite des causes énumérées et d'autres inconnues,toutes

causes déprimantes et créatrices d'épuisement cérébral. Et ces

troubles somatiques peuvent engendrer un état psychique, ce n'est

pas seulement parce qu'ils produisent « l'état coenesthésique pé-

nihlo" ; la possibilité du délire oblige il penser à un nouvel en-

semble de causes, que l'on peut désigner sous le nom de prédis-

position, sans préjuger de sa nature : c'est grâce à elle que la dé-

pression pourra engendrer un délire. La mélancolie apparaît

comme le retentissement sur un cerveau prédisposé de certains

(roubles organiques caractérisés par le ralentissement des fonc-

tions physiologiques normales. Cette conception permet de ne

plus voir dans la mélancolie une entité morbide, mais un état

dû à de nombreux facteurs et réalisable dans des affections dif-

férentes. Il n'y a que des élats mélancoliques, les uns rattachés à

des groupes morbides connus, les autres encore isolés, parce que

la pathologie mentale est encore une terre fort peu connue. Un

dernier chapitre décrit les traitements.

Tel est le nouveau travail de 31. 31asselon ; j'aurais voulu être

plus concis dans son analyse ; mais il est si documenté et capti-

vant, qu'on ne saurait en donner une idée en peu de mots; en-

core ce compte-rendu est-il fort imparfait et l'ouvrage doit être

lu. Il vient à son heure ; il était nécessaire. E. Coui.onjou.

VARIA

Condamnés atteints d'aliénation mentale et d'epilepsik PLA-

CES DANS LES ÉTABLISSEMENTS D'ALIENES.

Le Ministre de l'Intérieur,

à Messieurs les Préfets,

La fermeture prochaine du quartier de Gaillon, réservé aux

condamnés atteints d'aliénation mentale ou d'épilepsie, me fait

un devoir d'appeler votre attention sur les mesures que vous

devrez prendre, à l'avenir, lorsque vous serez appelé à pronon-

cer l'admission dans les établissements d'aliénés de malades rele-

vant du service pénitentiaire.

Dès que vous serez saisi d'une demande de cette nature, vous

devrez faire visiter l'aliéné détenu par un spécialiste désigné par

vos soins, et c'est sur le rapport formel qui vous sera présenté

par ce praticien que votre arrêté de placement pourra être pris.

VARIA. 59

Le médecin spécialiste à qui vous aurez confié cette mission

délicate devra s'entourer de toutes les garanties, en vue d'éviter

le placement de condamnés qui simulent la folie pour échapper

au régime rigoureux de la prison, et surtout dans l'espoir de

recouvrer leur liberté, l'évasion étant plus facile d'un asile que

d'une prison.

Aussi 'voire mandataire devra-t-il exiger, s'il le juge utile, le

maintien en observation dans l'étahlissement pénitentiaire de

tout aliéné pour lequel quelques doutes subsisteraient, et vous

devrez vous refuser également à prendre un arrêté de placement

qni ne vous semblerait pas absolument justifié.

D'autre part, dès que votre décision sera, intervenue, en vue

du placement du condamné aliéné, il est indispensable que vous

fassiez- connaître la situation exacte du malade au Directeur de

l'établissement, et que vous l'invitiez à le mettre en observation

pendant un certain temps, en lui recommandant de prendre des

mesures spéciales pour éviter une évasion, et empêcher le nouvel

interné de nuire aux autres malades.

Le Directeur de l'établissement d'aliénés ne devra pas oublier

qu'au point de vue médical et humanitaire, il ne se trouve pas

en présence d'un condamné mais d'un malade et qu'il doit l'en-

(le soins ; mais, d'un autre côté, il faut qu'il sache égale-

ment que ce malheureux, dès qu'il le croira guéri, ne peut être

maintenu à l'asile et doit être réintégré immédiatement à l'éta-

blissement pénitentiaire pour y subir le reste de sa peine.

Il est important que vous soyez renseigné très fréquemment

sur celle catégorie spéciale de malades et il est indispensable, en

outre, que M. le Procureur de la République, lors de sa visite

réglementaire, soit toujours tenu au courant de tous les con-

damnés qui y sont hospitalisés afin qu'il puisse leur faire subir,

s'il le juge utile, un interrogatoire spécial.

Vous voudrez bien veiller à l'exécution des présentes instruc-

tions et m'en accuser réception.

Pour le Ministre de l'Intérieur :

Le Directeur de l'assistance et de l'hygiène publiques,

FIRMAN.

Congrès International POUR l'Assistance DES Aliénés

(Milan, 26-30 septembre 1906.)

Première séance, 26 septembre 1906

Proposition de M. le Dr FRANCK, de Zurich.

Appel en faveur de /0)tt<< ! ttOKt{'U)tMt4 ? f<ttt'Ma<iO)M ? /a) ! <

le but d'établir el de combattre les causes des maladies

mentales.

Le progrès considérable qui s'est vérifié récemment dans le do-

60 VARIA.

maine des études de psychiatrie a été extrêmement avantageux

à la connaissance des tableaux cliniques des maladies mentales

et des méthodes pour les soigner ; mais nous sommes presque

entièrement dans l'obscurité à l'égard de leur origine et des

causes de leur diffusion.

Ce désaccord est dû, en partie au moins, au fait que, tanllisque

toute la série de questions importantes qui se rapportent à la

diagnostique et à la thérapie des maladies mentales peut être

analysée et développée grâce aux éludes de savants possédant

chacun de son côté les moyens spéciaux de se dédier aux problè-

mes dont ils poursuivent la solution : : - la clarté scientiliqueà il

l'égard de la prophylaxie et de l'étiologie des maladies mentales

ne peut naître, au contraire, que delà coopération consciente d'un

grand nombre de chercheurs se vouant de conserve à dévelop-

per les différentes parties de ce problème si compliqué.

Nous, médecins aliénistes, qui observons de jour en jour la mi-

sère des plus malheureux d'entre nos semblables, nous sentons

bien que nos asiles ne sont pas tout à fait de nature à satisfaire

les exigences de notre conscience. Même si l'on y pourvoit de

la manièrela plus humaine aux aliénés, le sort de ces malheu-

reux privés de la liberté personnelle, exclus du reste de la so-

ciété, reste bien dur, malgré les asiles monumentaux, malgré

l'intimité de l'assistance familiale, malgré les soins assidus des

spécialistes les plus distingués. Et cette condition qui leur est

faite, ne se bornant pas à leur personne, jette bien souvent une

ombre sur les familles mêmes des malades. Or, ce quinouspréoc-

cupe c'est la considération que les sommes d'argent, en accrois-

sement continuel, que l'on dépense à l'aveugle tous les ans pour-

raient être bien plus avantageusement consacrées à la recherche

des véritables causes de ces maladies.

Des catastrophes comme celle deCourrières, des paysvésuviens.

de San Francisco de Californie, font trembler le monde dllOl-

reur pendant un instant ; ensuite bien peu de gens y pensent en-

core, car vis-à-vis d'elles nous sommes consciemsde l'impuissance

absolue de l'homme. Mais de même, l'on s'accoutume trop fa-

cilement à l'inexprimable misère produite parles maladies men-

tales ; et l'on paye sans hésiter et sans réfléchir les contributions

toujours plus lourdes au moyen desquelles le reste du monde

veut être garanti que les aliénés seront renfermés dans le ? Ins-

tituts créés dans ce but. Pourtant ces malheurs nesontpas compa-

rables à ceux de San Francisco ou de Courrières, aussi bien pourle

nombre des victimes, que parce que les voies de la recherche scien-

silique sont ouvertes pour combattre les maladies en question, et

les efforts de tant de chercheurs qui, isolés ou en groupes, travail-

lent avec audace, peuvent nous rapprocher toujours d'avantage

du but idéal de délivrer l'humanité du plus terrible do ces fléau),.

VARIA. 61

Ces efforts techniques des savants ne sauraient, toutefois, at-

teindre leur but sans la coopération de personnes généreuses à

l'âme compatissante, disposées à favoriser la conquête des buts

si élevés de notre recherche.

Notre devoir le plus immédiat. en effet, est celui de recueillir

la plus grande quantité possible de matériel à étudier, ensuite de

le ranger selon des critériums scientifiques qui nous permettent

de l'utiliser au point de vue de la prophylaxie. C'est alors, nous

en sommes bien sûrs, que même les Gouvernements des différents

pays pourront prendre en toute connaissance de cause des me-

sures qui rapprocheront l'humanité d'une destinée plus heureuse.

Que cet idéal soit proche à être atteint est un espoir légitime,

d'abord parce que toutes les méthodes scientifiques modernes

nous poussent dans la direction de la prophylaxie ; puis parce

que cette conviction est entrée désormais dans la conscience de

tout homme d'Etat, que la santé d'un peuple est la condition

première de son activité et de son progrès économique. Dans la

lutte économique entre les Nations,celle-là gagnera la partie qui

aura mieux su pourvoir à la conservation, à l'augmentation et au

rétablissement de la santé de chacun des individus,aussibien que

de la population dans son ensemble.

Le Programme ci-joint, tout en gardant comme but final

la fondation d'un Institut International pour établir et combattre

les causes des maladies mentales, - se propose d'indiquer l'ordre

des travaux auxquels il faut s'appliquer dès l'abord mais déjà

il laisse entrevoir la nécessité de toute une série de recherches

supplémentaires dirigées contre les autres causes de tout genre

de maladies mentales.

Le Congrès nommera un Comité international qui tâchera d'as-

surer à l'oeuvre commune la coopération des Gouvernements des

différents ELats, et ce comité s'adressera, soit directement, soit

par l'intermédiaire de sous-comités, aux savants de toutes les

Nations, pour leur indiquer quelle partie du travailleur est assi-

gnée, et pour coordonner le travail qu'ils auront accompli.

Par intervalles réguliers, enfin, que l'on pourrait faire coïnci-

der avec les successifs Congrès internationaux pour l'Assistance

desaliénés, chaque Comité fera son rapport sur le progrès des tra-

vaux et sur leurs résultats, et l'on délibérera suivant quelles rè-

gles les travaux devront être continués.

Docteur Frank.

(Zurich).

. PROGRAMME

1. Généralités. lu Recherches sur la progression numérique des

maladies mentales, et aussi de certaines formes spéciales de ma-

ladies moniales chez les différents peuples. 2° Recherches sur la

62 VARIA.

présence ou l'absence de telle ou telle autre forme d'aliénation

chez tel peuple civilisé ou non. 3° Recherches des causes de ces

phénomènes. 4° Recueil et choix du matériel regardant l'appad-

tionde forme d'aliénation mentale chez les animaux.

IL Hérédité. -- 1° Il faudra recueillir et classifier tout le maté-

riel existant ayant trait aux questions d'hérédité des maladies

mentales ou nerveuses : ce matériel sera ensuite complété par sa

libre comparaison avec tout nouveau matériel de ce genre regar-

dant les peuples civilisés ou non. De même pour le matériel rela-

tif à l'hérédité chez les animaux.

2". Lois do l'hérédité. Cette étude ne sera possible que moyen-

nant l'examen du vaste matériel offert par l'histoire clinique d'en-

tières descendances de famille. Une partie de ce matériel peut-

être se trouverait dansles archives des plus anciens asiles de pe-

tites villes et l'on pourrait le compléter par des recherches

successives, pratiquées avec l'aide de médecins, d'ecclésiastiques

d'autorités municipales, etc., dans le but de tirer de ces recher-

ches un résultat utile pour les générations à venir. Puisque

la vie d'un seul chercheur est trop courte pour qu'il arrive à sui-

vre personnellement les transformations héréditaires de plusieurs

générations. - il faudrait que l'état civil des gens, qui à l'heure

actuelle revêt un caractère presque exclusivemenlstalislique, fis-

cal et policier,fût organisé selon des principes scientifiques et res-

tât sous la prudente surveillance d'un médecin. Ce ne seraitqu'a-

près avoir obtenu, par cette méthode, des résultats nettement

scientifiques que l'on pourrait établir une prophylaxie sani-

taire populaire, capable d'être réglée par des normes législatives.

3° Conditions héréditaires de certaines formes spéciales d'alié-

nation sur la base d'un très vaste matériel. 4o Conditions de

la régénération. 5° Effets des combinaisons de dispositions

psychopathiques héritées. -a) directement, par des toxiques ou

non (syphilis, tuberculose, fièvre thyphoïde, vérole, etc., troubles,

alcool, morphine, opium haschich, etc.) b) indirecte-

ment, par suite de l'intoxication des cellules germinales par des

toxiques organiques ou non. Il faut remarquer qu'on est juste-

ment en train de rédiger desstatistirlues comparatives qui établis-

sent l'importance du germe héréditaire des psychopathiques en

rapport avec celui qui existe chez les personnes normales. (Cfr.

les travaux de Iioller et de Diem). ! Il. Alcoolisme. - 1. a) Recueil et classification de tout le ma-

tériel scientifique existant ayant rapport à l'influence perturba-

trice de l'alcool sur le plasma organique, 1. ú) Etude de cette

influence dans les familles et les communautés des peuples civi-

lisés ou non,et chez les animaux. z 2. lt) Prédisposition aux ma-

ladies, et surtout aux maladies mentales et à l'imbécillité, chez les

individus directement ou indirectement atteints par l'alcoolisme.

VARIA. 63

2. b) Rapport entre l'alcoolisme et le crime. 2. c) Rapports

entre l'alcoolisme et la pauvreté. 3. Comparaison des domma-

ges causés par l'alcoolisme dans les différents Etats-avec la valeur

produite parle trafic de l'alcool. - 4. Diminution de la force

productive à cause des ravages produits par l'alcoolisme. L'ha'

bitude déboire des alcooliques chez les peuples civilises et non

civilisés et l'apparition des maladies en général et en particu-

lier, différence entre les formes de ces maladies chez les gens qui

boivent et chez les gens qui ne boivent pas.-o. Effets de l'opium

et des autres poisons sociaux. Effets analogues en Chine et aux

Indes dus à l'empoisonnement par l'opium, en Orient, à l'empoi-

sonnement par le haschich, et chez nous par la morphine.

IV. Syphilis. 1. Recherche des effets diroctset indirects de la

syphilis sur le système nerv eux central. 2. Organisation du ma-

tériel concernant les aliénations mentales causées parla syphilis.

3° «(.Effets delà contagion syphilitique chez les individus, les famil-

les,les communautés et les Etats.- 3 b). Apparition et conséquen-

ces de la contagion syphilitique chez les peuples non civilisés.

4. Apparition et conséquences de la contagion syphilitique chez

les peuples adonnés à l'alcool. 5. Etudes sur le nombre des

victimes annuelles de la syphilis dans les différentes communes

et les différents Etats. - 6. Comparaison entre les différents ef-

fets de la syphilis sur le cerveau, ayant trait à la capacité de tra-

vail plus ou moins grande de cet organe permise par cette infec-

tion, en rapport surtout avec la paralysie progressive.

D'après le règlement, les séances du Congrès ne sont accessi-

bles qu'aux membres adhérents au Congrès et aux représentants

des divers Gouvernements. Le droit d'admission au Congrès est

fixé à 20 francs, qui devront être envoyés au Secrétaire Trésorier

D' Piero Gonzales, 14,yia Leopardi Milan.Les souscripteurs devien-

dront Membres adhérents et recevront gratuitement le volume

des Comptes rendus du Congrès, ainsi que les Rapports imprimés

qui seront distribués avant l'ouverture du Congrès. A l'exception

des Rapporteurs, aucun orateur ne pourra occuper la tribune

pendant plus de dix minutes ou, avec; l'agrément du Président,

pendantun quart d'heure. Aucun des membres du Congrès ne

pourra prendre la parole plus de deux fois dans la même discus-

sion ; toutefois le Rapporteur d'une question aura toujours le

droit de prendre la parole le dernier. Quatre langues sont officiel-

les pour le Congrès, l'italien, l'allemand, l'anglais et le français.Le

Comité pourtant aimerait voir adopter la langue française pour

les discussions.

Second Congrès BELGE de Neurologie ET DE Psychiatrie.

(Bruxelles, 29 au 31 août 1906)

Le prix de la cotisation est de 10 francs. Envoyer les adhésions

61 FAITS DIVERS.

à 1\1. le Dr 31assaut, secrétaire général, médecin directeur de la

colonie d'aliénés de Lierneux. Les praticiens de toutes nationa-

lités peuvent faire partie de ce Congrès ; la seule restriction im-

posée est l'usage d'une des langues usitées en Belgique. (Voirie

programme détaillé, n° de juin, page 511.)

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. Mouvement de juin 190G. Par voie de

régularisation (décret du 14 août 1905), le traitement de 31. le

])1' Coulonjou, médecin-adjoint de l'asile d'aliénés cl'.llençon, est

élevé de 3.000 fr. à 3.500 fr. à dater du 1" avril 1906. M. le le

Dr Gourdin, médecin en chef à l'asile d'aliénés du Mans (Sartlre)

est promu à la 2° classe du cadre. )1. le ])1' L)voff, médecin en

chef de l'asile de Maison-Blanche, promu à la Déclasse du cadre.

Mouvement de juillet. - 31. le Dr Chardon, médecin en chef à

Armentières (Nord), promu à ia lr0 classe ; 31. le Dr. Chocraux,

médecin en chef à Bailleul, promu à la 2° classe ; - li. leDr31au-

paté, directeur médecin à la Charité (fièvre), nommé médecin en

chef à Bailleul (Nord), poste créé ; ;- M. leD'Levet. médecin en

chef àAia (13.-du-llhûne), nommé directeur médecin à la Charité

(Nièvre) ; M. le Dr Lalanne, nommé médecin en chef à Mare-

ville (,leurtlie-eL-iloselle), poste créé ; z 31. le ])1' Toy, médecin-

adjoint à Braqueville (Ille-Garonne), nommé médecin en chef à

Aix (Gourhes-du-lUuine).

Revue philosophique ; Sommaire, du nez de juillet l'JOG. (31e

année). Lévy-Bruhl. La morale et la science úes moeUl's.- SA-

geret. La commodité scientifique etscs conséquences. - DurRAT.

Contre l'intellectualisme en psychologie. - L. D,\URIAC. Un his-

torien de la philosophie grecque : Th. Gompcrz. - Analyses et

comptes rendus. Revue des périodiques étrangers. - Livre

nouveaux. Abonnements du 1er janvier : Un an, Paris, 30 fr. ;

départements et étranger, 33 fr. La livraison : 3 fr. Félix

Alcan, éditeur, 108, boulevard Saint-Germain, Paris (6c).

AVIS A NOS ABONNÉS. - Un accident nous

oblige à 1le mettre que quatre feuilles dans ce

numéro. Le numéro d'août aura six feuilles.

Le rédacteur-gérant : 13oun;'¡EVILLE.

Clermout (Oise). Imprimerie Daix lrères et Thiron.

Vol. XXII. Août 1906 Ne 128

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOMIE PATHOLOGIQUE

Hémiagénésie cérébelleuse ; agénésie partielle du '

corps calleux et du lobe limbique ; anomalies

des circonvolutions cérébrales ;

Par Cl. bonne

Médecin adjoint à l'asile de Braquevine.

Les cas d'atrophie d'un des hémisphères cérébelleux

sont relativement assez rares. Celui que nous rappor-

tons ici nous a paru digne d'être publié malgré l'absence

d'examen microscopique,car l'agénésie, strictement limi-

tée à l'hémisphère gauche, respectait totalement le floc-

culus ; il existait en outre des arrêts de développement

de diverses portions du télencéphale, en apparence in-

dépendants, du moins dans l'état actuel de la science,

de la malformation du cervelet.

Des., Georges-Joseph, garçon boucher, entra à l'âge de 26 ans

dans un asile de la Seine pour « épilepsie avec, attaques rares et

débilité mentale ». Il savait lire et écrire. Quelques mois après

l'entrée, il présenta du « délire inconscient », des « troubles in-

tellectuels ». Interné ultérieurement à l'asile de Braqueville, il

ne manifesta pas d'idée délirante; il s'y montra docile,tranquille,

et prenait volontiers sa part de toutes les corvées du quartier.

Les crises convulsives devinrent peu à peu plus rares, mais il

avait assez fréquemment des vertiges non accompagnés de chute.

Il présentait souvent des sueurs profuses, généralisées, mais par-

ticulièrement nettes à la face où elles survenaient à la moindre

émotion, et, pour ainsi dire, au commandement.

Jamais le moindre symptôme de lésion cérébelleuse ; nul trou-

ble de l'équilibre ou de l'orientation. Le crâne était asymétrique

Archives, 2' série, 11 : 'C6, t. XXII. 5

6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

mais l'asymétrie n'était pas plus prononcée dans la région frontale

que dans la région occipitale. En 1904, le malade offrit quelques

symptômes de tuberculose pulmonaire qui s'amendèrent au bout

de deux à trois mois. L'année suivante, les crises devinrentplus

fréquentes; les chutes se produisaient indifféremment d'un côté

ou de l'autre. Mort le 2 septembre 1905, en état de mal. 11 z-asanas

dire qu'aucune des .multiples lésions constatées à l'autopsie n'a-

vait été diagnostiquée.

Etude anatomique. L'hémisphère cérébelleux droit

(fig. 4 à 7) est normal : à l'oeil nu, les lamelles présen-

ientleur épaisseur, leur consistance, leur stratification

Fin. 4. Face gauche du cervelet ; j1,nocculus ; ol,olivc bulbaire ;

1-, trijumeau ; v, vermis.

habituelles : les sillons qui les séparent sont réduits à

des fentes très difficiles à distinguer. On reconnaît faci-

lement le grand sillon circonférenciel et les deux grands

sillons supérieur et inférieur. Le bord supéro-interne

est oblique en avant et en dedans. Sur la face interne,

vaguement quadrilatère, on distingue les lobules di-

gastrique elsemilunuire, dont les lamelles se continuent

sur la face supérieure. Le vermis est en grande partie

fusionné avec l'hémisphère droit, dont il est difficile à

distinguer sur l'organe entier; ses diamètres vertical et

antéro-postcriour sont de plus très réduits.

HÉMIAGENESIE CÉRÉBELLEUSE.

67

L'hémisphère cérébelleux gauche est réduit à un

petit lobule (fl., fig. 4) du volume d'un pois, à. lamelles

bien distinctes, implanté sur la face latérale gauche de

la protubérance, au-dessous et en arrière du trijumeau,

au-dessus et en arrière du facial et de l'auditif. On voit

sur la figure 4 la face externe de la protubérance, limi-

tée en bas par un bord oblique en arrière et en haut,

à l'extrémité postérieure duquel est situé le petit lobule

respecté par l'agénésie de l'hémisphère gauche, et qui

Fw, 5. Face inférieure du iiiéteiicépliile.

n'est autre ! que le flocculus. De la partie postérieure de

la base de ce dernier, part un volumineux faisceau

blanc (fig. 4 et 5), concave en bas et dont le bord su-

périeur soutient quelques lamelles situées entre le floc-

culus et le vermis ; son bord inférieur, libre sur toute,

son étendue, forme la limite supérieure d'une vaste-

anfractuosité largement ouverte à gauche et au fond

de laquelle on aperçoit la face postérieure, régulière-

ment conformée, du bulbe et de la protubérance. Ce

6S

A1';ATm[lJ PATHOLOGIQUE.

faisceau blanc, qui remplace les trois pédoncules

cérébelleux gauches, est recouvert d'une membrane

épaisse continue avec la pie-mère cérébelleuse et mas-

quant le plancher du quatrième ventricule. La cavité

du cerveau postérieur est en outre beaucoup plus éten-

due d'avant en arrière qu'à l'état normal ; sa paroi su-

périeure est formée, en dedans du faisceau blanc qui

aboutit au ilocculus gauche, par le vermis, très aplati

de haut en bas.

L'olive bulbaire gauche est normale ; la saillie de

l'olive droite est totalement absente. Les deux pyrami-

FI(;, 6. - Coupe de la protubérance et du cervelet, intéressant, sur

toute sa longueur, le faisceau blanc étencîu en arrière du (locculus

gauche.

des bulbaires présentent à peu près les mêmes dimen-

sions : pourtant, dans la protubérance, la région du

pied est beaucoup moins développée adroite qu'à gau-

che (fig. 6 à 8). Sur coupes, l'olive gauche présente

sa configuration ordinaire ; l'olive droite est réduite à

une petite strie claire, courte et non festonnée, à peine

visible à' l'oeil nu ; le pied du pédoncule cérébral droit

ne représente guère en étendue que la moitié ou le

tiers du pédoncule gauche. Le noyau rouge droit est

difficile à distinguer il l'oeil nu, et paraît, en fout cas,

1-11(tAGI;NÉSII's CÉRÉBELLEUSE. 69

beaucoup moins développé que le gauche. Dans le cer-

velet, le noyau denté (droit) est normal ; le vermis se

montre formé de cinq lames caractérisées par leur

direction transversale (fig. 4, 6 et 7, v) ; il ne

semble présenter que des connexions de contiguïté avec

le large faisceau blanc qui est visible sur la face gau-

che du cervelet et dont l'extrémité postérieure se perd

dans l'épaisseur de l'hémisphère droit (fig. 4).

Fin. 7. Coupe intéressant la protubérance à 5 mm. environ au-

dessous de la précedente. Le faisceiu blanc est interrompu ; on

voit en dedans de lui le plancher du 4, ventricule ; n d, noyau

denté.

Les hémisphères cérébraux (fig. 8 à 13) présentent,

outre de multiples anomalies asymétriques des circon-

volutions, une déformation de leurs extrémités posté-

rieures (fig. 8) en rapport avec l'asymétrie du cer-

veau postérieur. L'hémisphère droit pèse 420 gr. (après

durcissement au Millier et ablation des méninges) et a

70 ANATOMIE PATHOLOGIQUE-

145 mm. de longueur ; le gauche pèse 450 gr. et me-

sure 152 mm. A droite, le lobe temporal présente une

réduction notable ; le pôle occipital est situé à un cen-

timètre en avant de celui du cùté gauche ; le bord

FiG. 8. Déformation de la face inférieure du cerveau due 1 l'asv-

métrie du métencéphale, Le lobe temporal droit est fortement

déprimé et forme une sorte de calotte coiffant 1'liéniispliii-,3 céré-

bulleux ; le lobe temporal gauche est au contraire régulièrement

arrondi de dedans en delat'si

On remarque en outre sur celte figure l'anfraoluosité sulciforme

(A) décrite sur la face interne de l'hémisphère droit et l'asymétrie

des pédoncules cérébraux, dont le pied est beaucoup plus déve-

loppé à gauche qu'à droite.

inféro-interne du lobe occipital est remplacé par un

plan oblique et la partie inférieure de ce lobe est plus

élevée qu'à gauche : l'hémisphère droit présente ainsi

une vaste dépression qui loge en partie la masse cér-

HÉhfI9GÉNÎ.SIE CÉRÉBELLEUSE. il

belleuse, c'est-à-dire l'hémisphère cérébelleux unique

(droit), assez fortement déjeté à gauche grâce à l'obli-

quitéde l'axe du mésencéphale et du métencéphale.

Le corps calleux est représenté par une lame blan-

che, de 1 mm. à 1.5 environ d'épaisseur (fig. 10, 12 et 13)

dans sa moitié antérieure, qui s'amincit graduelle-

ment dans sa moitié postérieure ; au niveau du point

le plus élevé du relief formé sur lé thalamus par les

stries habénulaires, cette lame se bifurque à angle très

aigu, et les deux lames divergentes qui lui font suite,

laissant à nu les pulvinars, se perdent bientôt dans le

sinus calleux correspondant : on distingue à leur face

supérieure de légères saillies longitudinales représen-

tant les nerfs de Lancisi. Le trigone est normal ; à la

place du septum lucidum, dans la courbe formée en

avant du trigone par la lame blanche représentant le

corps calleux, est une masse épaisse, formée de fibres

(fibres calleuses ? ) et dont l'ablation permet de voir la

face interne de la tête du noyau caudé. La commissure

blanche antérieure (c.o.a, fig. 10, 12 et 13) est normale

pt facile à suivre par la dissection jusque dans la capsulé

sous-lenticulaire. La commissure blanche postérieure

est normale.

Les malformations des circo;avolaitio2s cérébrales

sont si nombreuses et si complexes qu'il est irhpos-

sible de saisir leurs rapports génétiques réciproques

et de les rattacher toutes à un même processus, même

en faisant appel aux données de la morphogénese et en

s'aidant des vues originales de Brissaud (Anal, du cer-

veau de l'homme, texte, p. LXXIII), sur les suppléan-

ces réciproques des plis et des sillons.

Hémisphère droit. Face externe (fig. 9). A la

limite des tiers antérieur et moyen est une ahfractuo-

sité à peu près verticale qui échancre profondément le

bord supérieur de l'hémisphère. La situation de cette

anfractuosité, sa direction, sà configuration, sont évi-

demment tout autres que celles de là scissure de Rolando,

72 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

de plus, elle se continue sur la face interne jusqu'au

corps calleux : malgré les anomalies de la scissure de Syl-

vius, on est porté de prime-abord à considérer comme

étantla scissure rolandique le sillon marqué p. o. r. sur

la figure 9, d'autant plus que l'absence du segment obli-

que ascendant du sillon calloso-marginal prive d'un

des points de repère les plus utiles pour la détermina-

tion de la scissure centrale (Brissaud, Anal, du ce¡'-

2ecczcde l'homme, texte, p. LXXV). Mais le sillon situé

en arrière de la grande anfractuosité (marquée R ? sur

la fig. 9), quoique plus éloigné du pôle antérieur de

l'hémisphère, ne peut cependant être considéré comme

la scissure de Rolando à cause de ses rapports topogra-

phiques avec la région de l'insula. L'hypothèse la plus

simple paraît donc être celle qui est indiquée par la

notation de la figure 9. On remarquera que les sillons

pré-et post-rolandiques (pr, prs, p°i et por) s'abou-

chent dans la scissure de Sylvius, dont le dernier pa-

rait même continuer directement l'extrémité posté-

rieure ; de plus, ces sillons sont chacun indivis sur

toute sa longueur, anomalie, il est vrai, très fréquente,

et le prérolandique est en outre déformé par un pro-

cessus de rétraction qui intéresse et défigure complè-

tement les trois frontales antérieures ; on voit aussi

que F2 est dédoublée sur presque toute sa longueur.

La conformation des lobes pariétal et occipital est

également d'une interprétation délicate en l'absence

des points de repère habituellement fournis par la ré-

gion rolandique, l'extrémité postérieure de la scissure

de Sylvius, la pariéto occipitale; celle-ci n'atteint pas le

bord supérieur de l'hémisphère (feg.9 et 10).On pourrait

à la rigueur considérer la portion postérieure de la scis-

sure de Sylvius (portion non ombrée sur la figure 9)

comme étant le sillon que Brissaud (l. c., p. LXXIII il

LXXV) appelle 1' « incisure du lobule pariétal infé-

rieur » et qui est fourni, tantôt par le sillon parallèle

(111cl., schéma 42,ï). tantôt par le sillon interpariétal

HliJiIAGI : \1 : SII : CÉRÉBELLEUSE

73

(schéma43). Le sillon marqué port ? représenterait alors

l'extrémité postérieure de la scissure de Sylvius ; le

gyrus supra-marginal serait naturellement plus étendu

d'arrière en avant. Mais cette manière de voir cadre

difficilement avec la continuité parfaite de la scissure

de Sylvius (S) avec le sillon, à la vérité peu profond,

marqué Sp dans la fig. 9 ; elle soulèverait en outre di-

verses objections secondaires.

Le pli courbe (Pc) élant repéré à l'extrémité posté-

Pic. 9. Face externe de l'hémisphère droit. Nomenclature de

Déjerine, comme pour les figures suivantes.

rieure du sillon parallèle (tl), on peut fixer aux points

marqués G mu et op 1'' ? , le lobule du pli courbe (gyrus

supra-marginal) et l'opercule pariétal. Mais, dans cette

hypothèse, qui paraît pourtant la plus plausible, le

pli courbe ne présente pas ses rapports habituels avec

la pariéto-occipitale(laquelle, d'ailleurs, n'atteint pas la

face externe) et l'on cherche vainement les plis verticaux

deGromier sur le trajet du sillon inlerpariétal (1t G ? ).

Le lobe temporal (légèrement endommagé pendant

le durcissement au point occupé par des hachures) ne

74 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

présente pas d'anomalie notable sur là face externe. Il

est très aplati de haut en bas, et, sur l'hémisphère en

place, son diamètre vertical dépasse à peine l'épaisseur

de Tl. La face supérieure de celle-ci présente une par-

tie antérieure horizontale et une partie postérieure à

peu près verticale ; l'une et l'autre se continuent direc-

tement en dedans avec les portions correspondantes des

lobes frontal el pariélal : l'insula n'est'donc pas diffé-

renciée en lobe distinct, mais la partie antérieure de

la face supérieure de Tl offre deux sillons antéro-

postérieurs très profonds, et sa partie postérieure pré-

sente deux sillons dont l'un part de la profondeur de

la région insulaire et vient émerger en Sp' et dont l'au-

tre (Sp ? ), beaucoup plus superficiel, vient, sur la face

externe, se terminer dans le gyrus supra-marginal.

Face interne (fig. 10) ? La circonvolution du corps

calleux (lui) n'est différenciée que dans son tiers anté-

rieur environ : elle cesse de l'être au niveau d'un

sillon profond (fig. 10, en arrière de Parc) qui se con-

tinue en bas presque jusqu'au corps calleux, aune petite

distance duquel il se bifurque. Un pli de passage volu-

mineux l'unit à la circonvolution frontale interne ( ? .F7). ).

En avant de ce pli, un sillon compliqué et très pro-

fond peut être considéré comme le grand sillon

métopique (g m) pour lequel Déjerine n'emploie pas de

notation spéciale (voir Dé,jerine, Anatomie des centres

nerveux, I, fig. 180, p. 294 et 181, p. 299), et qui se

continue en bas avec le sillon sus-orbitaire. En arrière

du sillon qui continue R ? (fig. 9), les sillons de la face

interne se continuent radiairement jusqu'au corps

calleux et, en arrière de celui-ci, jusqu'au trigone laissé

à nu par sa face supérieure. Leur disposition est tout

û. fait semblable à celle que Forel et Onufrowicz (Ibid.,

Iiâ. 378, p. 759) ont rencontrée dans un cas d'agénésie

du corps calleux. On ne saurait la confondre, malgré

certaines analogies (plus étroites encore dans l'hémi-

phère gauche) avec celle que Brissaud (schéma 26, p.

HEMIAGENESIE CEREBELLEUSE.

75

LV), a représentée dans son Anatomie du cerveau

de l'homme, où il donne aux plicatures de la première

limbique correspondant au lobule paracentral et au

lobe carré les noms de pentagone antérieur et penta-

76 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

gone sous-ovalaire et celui de pentagone du lobe carré.

On a vu, au cours de la description de la face interne,

que la limite antérieure du précuneus ne peut être

exactement déterminée, vu l'absence de la portion as-

cendante de la scissure calloso-marginale (cz' ? ) et les

profondes déformations de toute la région rolandique :

la région tout entière comprise entre le sillon continuant

R' et la scissure pariéto-occipilale (p. o.) ne peut donc

être l'objet d'aucune détermination formelle : c'est seu-

lement d'après quelques analogies avec le cas de Forel

et Onufrowicz (Déjerine, 1, fig. 378, cm) que nous in-

diquons dubitativement la situation du sillon calloso-

marginal ( ? )

Lascissure pariéto-occipitale (p. u.) est relativement

élevée : malgré la situation très antérieure que nous

avons proposé d'attribuer à la scissure de Holando. le

lobule paracentral n'est guère plus éloigné que d'ha-

bitude de la scissure pariéto-occipitale. Celle-ci est très

profonde vers son extrémité antérieure, au niveau de

laquelle il n'existe pas de pli de passage pariéto-occi-

pital, etqui se continue ainsi directement avec la cal-

canne. En arrière, la pariéto-occipitale n'atteint pas le

bord de l'hémisphère : elle se divise en 2 branches qui

limitent en avant un pli très large et fortement con-

tourné : celui-ci (¡¡ po), situé sur le bord de l'hémis-

phère, unit P' à 01 : on ne saurait cependant l'homo-

loguer au pli pariéto-occipital interne et supérieur de

Gratiole. La calcarine (lui) est normale. Les plis de

passage cunéo-limbiques font naturellement défaut; il

existe un pli de passage cunéo-lingual à peiné saillant sur

le fond de la scissure, dont il occupe la partie moyenne.

De l'extrémité antérieure de la scissure I> ? p o part

une anfractuosité sulciforme profonde (fig. 10) qui

se dirige il peu près transversalement en bas et se perd

sur la troisième temporale. Sa lèvre antérieure est

formée en haut par le pulvinar et le trigone et plus bas

parla deuxième limbique (L 2). Il n'existe pas, même

HÓUAGÉNÉSIE CÉRÉBELLEUSE. 77

dans sa profondeur, de pli de passage rétrolimbique ;

elle isole donc complètement la deuxième limbique des

circonvolutions situées en arrière. Celles-ci sont très

complexes. Le lobule lingual ne fait qu'un avec le lo-

bule fusiforme. De plus, la région qui leur correspond

est considérablement déformée et très aplatie, compara-

tivement à la région homologue de l'hémisphère gau-

che, grâce à l'hémialrophie du cervelet.

La circonvolution de l'hippocampe est large et aplatie

dans sa partie antérieure. Immédiatement en arrière

de l'uncus, très allongé d'avant en arrière, elle devient

brusquement ascendante, s'unit en dehors à la cir-

convolution sous-jacente par un pli de passage li-

mité pas l'anfractuosité sulciforme, puis s'effile en ac-

compagnant le pilier postérieur du trigone et se perd

en avant de l'anfractuosité. Le sillon de l'hippocampe

proprement dit est ainsi à peu près vertical sur toute sa

longueur. Il est très profond, ainsi que le sillon de

l'uncus auquel il fait suite ; sa profondeur est encore

augmentée par la grande largeur de la fimbria dont le

bord libre déborde en dedans le corps godronné et

estcouché sur le subiculum. La fimbria présente ses

rapports habituels de continuité avec le pilier posié-

rieur du trigone. Le corps godronné est mince, très

court, froncé seulement au voisinage de l'uncus ; son

extrémité postérieure semble se perdre sur l'hippo-

campe, sans qu'on puisse saisir son passage sur la face

supérieure de la lame représentant le corps calleux, ni

déceler la moindre formation rappelant la fasciola ci-

nirea. La bandelette de l'uncus est également indis-

tincte.

Vers le pôle temporal, T1 est fortement aplatie de

haut en bas; nettement séparée en ce point de la cir-

convolution de l'uncus par l'incisure temporale (il), elle

se continue à ce niveau avec T 4 (nomenclature de Bris-

Mud). Celle-ci est limitée plus en arrière par un sil-

lon superficiel (l3 ? ) très court.

78 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Le grand sillon occipito-temporal de Pansch n'existe

pas. L'incisure temporale (il) qui, au-dessus et en ar-

rière du pôle temporal, forme la limite inférieure de la

circonvolution de l'hippocampe devientrapidementsu-

perficielle ; le sillon obliquer ? ? ),quel'on voit plus en

arrière, a à peine un millimètre de profondeur et ne

détermine donc pas de saillie dans la cavité du ventri-

cule sphénoïdal ; de plus, il n'existe pas, dans la région

des lobules lingual et fusiforme, de sillon que l'on

puisse considérer comme le continuant au-delà de l'an-

fractuosité sulciforme. La partie inférieure de cette der-

nière (ot. ? ) peut à la rigueur être considérée comme

représentant o t.

Quant au sillon marqué t3, il est très court, se

termine en arrière en dehors de la région du lobule fu-

siforme et ne détermine pas de saillie dans le ventri-

cule : on ne peut donc, lui non plus, le considérer

comme étant le grand sillon occipito-temporal de Pansch

et Brissaud, quelque signification qu'on admette pour

la circonvolution qu'il limite en bas, par exemple celle

d'un simple pli de passage temporo-limbique (- tl).

Hémisphère gauche. Faceea ? ? (fig. 11). Al'u-

nion des deux quarts antérieurs est une anfractuosité

large et profonde, un peu oblique en arrière et en bas,

qui s'ouvreen bas dans la fosse de Sylvius et se conti-

nue sur la face interne. Elle rappelle le grand sillon

anormal de l'hémisphère droit (Il ? ' ? fig. 9), mais elle est

plus profonde et beaucoup plus rapprochée de l'extré-

mité antérieure de l'hémisphère. Elle reçoit et défigure

les deux sillons frontaux externes ; les circonvolutions

frontales situées en arrière convergent vers la partie

moyenne de sa lèvre postérieure ; on distingue dans sa

profondeur plusieurs saillies arrondies et des plis de

passage. Le sillon très oblique (R ? ) qui est situé en ar-

rière ne peut, il première vue, être considéré comme

représentant la scissure de Rolando, à cause de la grande

distance qui sépare son extrémité inférieure de la scis-

HÉMIAGÉNÉSIE CEREBELLEUSE. 79

sure de Sylvius et à cause de sa concavité en avant qui

rapproche son extrémité supérieure de l'extrémité

antérieure de l'hémisphère ; mais on ne peut le consi-

dérer comme le sillon prérolandique, lequel, d'après

Déjerine (.4. des Centres nerveux, 1 p. 252), « n'at-

teint qu'exceptionnellement la scissure interhémis-

phérique » : il échancre, en effet, le bord supérieur de

l'hémisphère et se continue sur la face interne. D'autre

part, la circonvolution que le sillon R ? limite en ar-

1,'ic,. 11. - Face externe de l'hémisphère gauche.

rière, s'oppose, il est vrai, par sa direction, aux trois au-

tres frontales, mais elle est difficile à identifier, sur-

tout vers son extrémité inférieure, au milieu de toutes

les anomalies, liées probablement à la présence de

l'anfractuosité anormale, qui déforment la région com-

prise entre l'èxtrémité inférieure du sillon marqué

R' ? et la scissure de Sylvius : il semble qu'une ré-

traction, secondaire ou primitive, ait attiré les cir-

convolutions frontales, déjà formées ou simplement

ébauchées, vers le centre de la dépression frontale

80 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

(ombrée sur la fi-. 11) en relevant les extrémités in-

férieures de Fa, R et por suivant la direction des flèches,

et en bouleversant du même coup la disposition,des

opercules sylviens. La notation adoptée pour la figure

11 semble ainsi la plus plausible, même en l'absence du

point de repère précieux fourni par le sillon calloso-

marginal (voir la description de la face interne) : il pa-

raît aussi préférable de fixer l'extrémité inférieure du

sillon central à une dislance anormale de la scissure de

Sylvius, au lieu de considérer ce sillon comme se conti-

nuant plus bas, après interruption par un pli de passage

(marqué 11) unissant, indirectement, Fa à Pa. L'oper-

cule qui occupe à peu près la situation de l'opercule

rolandique devient donc l'opercule pariétal (op P'2 ? )

et l'opercule rolandique(op Il ? ) appartient ainsi à la

lèvre postérieure de la grande dépression. Vers son ex-

trémité supérieure, R est interrompue par un pli de

passage mi-profond, invisible sur la figure 11, situé

dans la région marquée de deux croix; un peu au-des-

sous, R envoie un sillon qui traverse P a et s'unit à

p 0 1- 8.

Le grand nombre des anomalies de ce territoire du

cortex permettrait peutclre déconsidérer comme étant

la scissure de Rolando, interrompue en en R ? , le sil-

lon manqué p o r i, pour, p o r s : P1 et P2 seraient

alors moins étendus en avant ; l'opercule rolandique

serait en op P2, et l'opercule pariétal serait représenté

par le pli situé entre le précédent et le gyrus supra-

marginal (G. s ni) ; mais cetle interprétation serait

infirmée par la différenciation relativement assez nette

des deux circonvolutions centrales.

L'insula présente essentiellement la môme configu-

ration que dans l'hémisphère droit.

Les anomalies du reste de la face externe sont beau-

coup moins accusées : continuité de lapariélo-occipi-

tale et de l'incism e de Jensen (J ? ); indépendance et

com plexi té des sillons du pli courbe (Pc) qui ne dépendent

HEMtAGKNÉSIE CÉRÉBELLEUSE. SI

ni de ip ni de t 1 ; - profondeur et longueur de o2 qu'on

serait tenté de prendre pour o a, n'étaient sa direction

et la règle de nomenclature d'après laquelle Pc s'anas-

tomose avec 0 ? ;- extrême minceur de TI et fusion de

t avec t 9 2 au-dessous du pli courbe.

Face interne (fig,12 et 13). Comme sur la face externe

les anomalies sont beaucoup moins nombreuses que cel-

les de l'hémisphère droit. La premièl e] imbique est mieux

différenciée. De son extrémité antérieure part un sillon

Inc. 12. Face interne de l'hémisphère touche.

profond qui va rejoindre, sur le bord de l'hémisphère,

l'anfractuosité profonde signalée sur la face externe.

Cette anfractuosité se continue en outre çiir la face in-

terne par un sillon assez large, mais superficiel, qui

disparaît avant d'atteindre la circonvolulion du corps

calleux. La délimitation du lobule paracentral et du

précun6us roste douteuse en l'absence du point de repère

fourni par la branche oblique ascendante du sillon cal-

loso-marginal (c m ? ). Il en est de même pour le pli

pariéto-limbique antérieur ( -p la). Quant au pli oc-

ARCHIVES, 2° série 1906 t. XXII. 6

82 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

cupant la situation du pli pariéto-limbique postérieur,

sa détermination est naturellement purement conven-

tionnelle, de même que celle des plis cunéo-limbiquc

et rétro-limbique. La scissure pariéto-occipitale ne pré-

sente qu'un on deux plis de passage très profonds, à

peine visibles ; son extrémité antérieure ne se confond

pas avec celle de la calcarine (fig. 13) ; 'celle-ci

est bifurquée en arrière. Le lobule lingual est large et

pourvu de sillons complexes. Il s'unit directement à

la deuxième limbiquc par deux plis très contournés.

Le lobule fusiforme, nettement séparé du précédent

par le grand sillon-occipito temporal de Pansch (0 t),

présente en outre une conformation plus simple : il

n'est pourvu que de quelques sillons superficiels : il se

continue en avant avec T '. Le sillon de Pansch n'est

interrompu que par un pli de passage très mince mais

absolument superficiel ; il est bien distinct de l'iu-

cisure temporale, et contourné en avant par la qua-

trième temporale qui vient s'unir a, '1' au niveau du

pôle temporal. A ce niveau, le lobe temporal est fortement

aplati de haut en bas. La quatrième temporale est par-

faitement dislincle et séparée delà troisième par un

sillon profond et ininterrompu qui suit les inflexions

du sillon de Pansch. La troisième temporale s'unit au

contraire v 1' 2 par un large pli situé vers le tiers

moyen du lobe.

La circonvolution de l'hippocampe esta peu près nor-

male (lig. 13), mais saface supérieure, recouverte d'une

forte couche blanche, est plus large et plus plate que

normalement. Le sillon de l'hippocampe est distant du

bord du hilc de l'hémisphère de 15 mm. environ. Sur

presque toute sa longueur, le fascia dentata, finement

godronné, dépasse en dedans le bord libre de la fimbria;

celle-ci, après une légère courbure en dehors (invisible

sur la figure 13) vient s'aboucher dans un petit tuber-

cule lenticulaire qu'un sillon curviligne profond sépare,

en arrière, en dedans et en avant )de la deuxième limbique.

HKMIAGUNESIE CÉRÉBELLEUSE.

83

Ce sillon peut être considéré comme l'extrémité posté-

rieure, seule représentée ici, du sillon de l'uncus : on

pourrait rapprocher l'absence de différenciation de

l'uncus, ou du moins sa différenciation incomplète

(si on le considère comme représenté seulement par le

tubercule lenticulaire), du fort développement de la cir-

84 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

convolution de l'hippocampe à son extrémité anté-

rieure. On voit, sur- la figure 13, la fimbria se continuer

directement avec le pilier postérieur du trigone ; quant

au corps godronné, il ne se sépare de la précédente qu'à

son extrémité supérieure pour se perdre sur la face

supérieure de la mince lame transversale, à extré-

mité postérieure, bifurquée en queue d'hirondelle,

qui représente à ce niveau le corps calleux ; il est con-

tinué par une saillie à peine visible (nerf de Lan-

cisi ? enfouie dans la profondeur du sinus du corps cal-

leux.

Dans la plupart des cas publiés ! l'agénésie partielle du cervelet,

la lésion avait été latente ou du moins ne s'était traduite, ainsi

qu'on le verra plus loin, que par des symptômes trop vagues pour

permettre un diagnostic précis. Les trois premières observations

sont rapportées plus au long par Thomas (Le cervelet, thèse de

Paris 1897) ; la quatrième est indiquée parïollemer dans son inté-

ressant article du traité de Pouclia[,(1-1')i-issau(l (t. IX, p. 408

414, 1904).

Dans le cas d'Amiral (Clinique médicale, t. V, p. 713, 4e édit.

cité d'après Thomas), il existait à la place de l'hémisphère gauche

« une sorte de moignon ou tubercule » où aboutissaient trois fais-

ceaux correspondant aux trois pédoncules cérébelleux. « Ce tu-

bercule avait la forme d'une amande, sa surface était cannelée

de manière àprésentor en miniature la surface de l'autre hémis-

phère [ ? ]. »

Dans le cas de LallemenL fSoc. anat., 186 ? cité d'après Thomas),

l'hémisphère gauche « visible seulement quand on examine la

face inférieure du cervelet, est réduit il une petite masse du vo-

lume d'une grosse noisette, appendue à la partie latérale de la

protubérance, continue avec le pédoncule cérébelleux moyen,

et divisée par un sillon en doux parties qui répondent, l'anté-

rieure au lobule du pneumogastrique, la postérieure à l'amyg-

dale ». Outre l'atrophie secondaire du noyau rouge et de l'olive

bulbaire du côté opposé, il existait encore de t'atrophie croisée du

corps strié. ,

Dans le cas de Ililzig (8° Congrès des neurol. et aliénistes de l'.Il-

lenxagne du Sud-Ouest, 1884 ; cité d'après Thomas), l'hémisphère

droit était réduit à deux lobules, l'un, du volume d'un haricot,

adjacent au bord médian de l'hémisphère gauche ; l'autre, gros

comme un noyau de cerise, était séparé du précédent par un pro-

longement méninge et par le pédoncule cérébelleux moyen. Le-

HI : JIIGÉN1 : SIG CEREBELLEUSE. li5

lui.ci « prend naissance dans ces deux lobules de sorte qu'ils re-

présentent les moitiés supérieure et inférieure de l'hémisphère. «

Le vermis était atrophié en partie ; « le vermis supérieur est

enterré dans sa plus forte part dans l'hémisphère gauche et sous

le rudiment du lobe supérieur droit. » Le vermis inférieur était

représenté probablement par un lobe anormal de la base de

l'hémisphère gaucho, en arrière de l'amygdale. Il existait en

outre de l'atrophie de l'olive bulbaire du côté opposé et des

racines du trijumeau droit et de l'acoustique gauche ; la protu-

bérance paraissait extraordinairement réduite dans ses dimen-

,

sions.

« Le lobe postérieur du cerveau était très manifestement plus

volumineux à droite qu'à gauche et plus gros que normale-

ment. »

Dans lecas de Neuburger et Edinger (t), l'atrophie presque to-

tale d'une moitié du cervelet ne se traduisit par aucun symp-

lûme. Le vermis et l'hémisphère gauche étaient normaux ; l'hé-

misphère droit était représenté par une masse du volume d'une

noisette « ayant absolumenLl'aspectd'une formation cérébelleuse

normale, adhérente l'extrémité antérieure du vermis. L'amyg-

dale gauche était « tout il fait normale ». Les pédoncules céré-

hcllcw supérieur et inférieur étaient reconnaissables mais con-

sidérablement atrophiés. 11 y avait en outre de l'atrophie de l'o-

live bulbaire gaucho, et un amincissement considérable de la

moitié droite du pont : « 11 n'existe clue quelques minces fais-

ceaux que l'on voit émerger de dessous l'hémisphère atrophié,

entourer le pédoncule cérébral puis se perdre sur la face interne

de celui-ci ? L'origine du trijumeau droit se trouve ainsi miseànu,

de môme que la pénétration du pédoncule cérébelleux supérieur

dans l'hémisphère droitatrophié. » L'examen microscopique, lon-

guement rapporté par les auteurs, du cerveau postérieur et des

pédoncules cérébraux, dénota de plus l'atrophie (les noyaux et des

racines de plusieurs nerfs crâniens, acoustique et surtout noyaux

du pneumogastrique droit et de l'accessoire. C'est la lésion de

ces derniers centres que les auteurs rattachent les troubles car-

diaques qui ont entraîné la mort.

Les ligures annexées au mémoire, et notamment celle (fig. 5)

qui représente la face latérale droite du tronc cérébral et du cer-

velet, montrent une grande analogie entre ce cas et celui de Des. ;

mais le large faisceau blanc qui borde en haut et il droite la cavité

du quatrième ventricule est moins long que chez 1)., et est recou-

vert en grande partie par des lamelles cérébelleuses; l'atrophie

(1) Einseitiger fast totaler Mangel des Cerebellums. Varix oblon-

galie. Herxtod durch Vagusreizung. Berl. Llirt. Voc/f.,XXV.n'"4,

p, 09 à 72, el 5, p. 100 103, 1898.

SG ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

considérable delà moitié droite du pontet l'existence de lamelles

ou lobules sur toute la longueur du faisceau blanc en question

rendent la persistance du flocculus beaucoup moins frappante.

On peut rapprocher des observations précédentes, celle de

\Icn2e1 (rapportée par Thomas, 1. c, p. 185 à 190) intéressante

par ce fait que l'atrophie a peu près généralisée à tout le cerve-

let était moins accusée au niveau du flocculus : « Les lamelles

sont minces; colles de l'amygdale, du vermis, (lu ilocculus sont

plus épaisses ? D'une façon générale les parties les plus proches

du Ilocculus sont les moins altérées (p. 190). »

Cause et époque probables des arrêts de développe-

ment. Si, dans notre cas, comme dans ceux d'Andral,

Lallement, Neuburger, etc., on peut en toute certitude

exclure l'hypothèse d'une destruction d'origine inllam-

matoire d'organes ou parties d'organes déjà constitués,

la cause procliaine de l'agénésie ne peut être précisée.

Les méninges étaient absolument normales iL l'oeil nu ;

l'examen macroscopique du cerveau rhomboïdal, sur

des coupes espacées de quelques millimètres faites après

durcissement au llüller, ne dénota aucune lésion in-

flammatoire ou dégénérative. D'autre part, l'agénésie fut

absolument latente : on sait que les connexions de cha-

cune des masses grises (corticales et centrales) du cer-

velet sont bilatérales, et que les voies qui en partent et

y aboutissent, les unes surtout directes, d'autres sur-

tout croisées, sont, par rapport a chaque hémisphère

cérébelleux, beaucoup moins inégalement réparties

entre les deux moitiés du corps que les voies longues

dépendant des hémisphères cérébraux. On comprend

donc que les impressions reçues au cours de l'évolution

aient pu être recueillies à peu près comme chez un

individu normal et que celles qui sontltt base du fonc-

tionnement du cervelet aient pu s'organiser d'une façon

suffisante dans l'hémisphère unique.

Pourtant, dans le cas d'rlndrltl, oit le cerveau et les

méninges ne présentaient rien d'anormal, il existait

certains symptômes qui se rattachent probablement à

la malformation cérébelleuse : tremblement intention-

HI;DII : 1GLNL;SII : CÉRÉBELLEUSE. 87

nel, strabisme bilatéral, maladresse, incertitude delà

marche, due probablement « à une disposition conti-

nuelle à la frayeur. » Le malade de Lallement, mort 11

53 ansd'hémorrhagie méningée, n'avait présenté que

de la lenteur de la marche. L'observation de Hitzig per-

met de saisir le mécanisme delà latence en montrant

comment la compensation put devenir insuffisante :

jusqu'à l'age de 32 ans la malade n'avait été , qat'« une ar-

riérée et une inhabile »; puis, sous l'influence d'un pro-

cessus surajouté (paralysie générale), on vit apparaître

de nombreux troubles de la coordination, surtout du

côté droit. On a vu plus haut que l'atrophie portait ex-

clusivement sur l'hémisphère cérébelleux droit ; on

connaît d'autre part la prédilection des lésions de la péri-

encéphalite pour les hémisphères cérébraux : ce serait

donc l'intervention de ces derniers, du droit en parti-

culier, qui aurait assuré pour un temps très long le

fonctionnement normal du névraxe.

Mais dans les cas d'atrophie acquise (sclérose, etc.),

unilatérale, et d'ailleurs limitée, rapportés par Thomas,

les symptômes cérébelleux furent presque toujours

multiples et bien caractérisés : obs. de Meschede : mou-

vements de manège et de rotation sur axe longitudi-

nal ; obs. de Kirchoff : démarche chancelante, ataxie

des quatre membres; obs. de Lévèque : incertitude de

la marche, rétropulsion, impossibilité de la station. Par

contre, la malade de Mayor, atteinte d'idiotie et d'épi-

lepsie congénitales, ne présentait pas de troubles de la

locomotion, et, dans les attaques, la chute avait lieu en

avant « sans qu'on eût observé de rotation ».

S'il estimpossible de préciser la cause, on peut fixer

approximativement l'époque do l'arrêt de développe-

ment. On sait que le vermis, partie du cervelet a

plus ancienne ontégéniquement (t phylogéniquement,

présente déjà quelques sillons transversaux vers le

troisième mois (Mihalkovicz, Déjerine) et que, à cette

époque, le (locciiltis est déjà représenté par une saillie

S8 .1N\TODIfI : PATHOLOGIQUE.

bien distincte sur la face inférieure de la portion de la

lame alaire qui formera plus tard l'hémisphère céré-

belleux. Celui-ci ne commence à prendre sa forme défi-

nitive que dans le courant du quatrième mois. Il man-

que complètement chez Des ? C'est donc il la fin du

troisième mois qu'aurait agi le processus inconnu qui

en aarrêlé l'évolution. A en juger par analogie, c'est

également vers la même époque qu'il aurait agi dans

les cas, cités plus haut,d'Andral,de Lallement et d'IIit-

zig. Il est d'ailleurs probable, malgré l'absence d'exa-

men microscopique de l'encéphale, que le flocculus,

en connexion immédiate avec le volumineux faisceau

blanc remplaçant les pédoncules cérébelleux du côté

gauche présentait ses connexions normales, soit avec

les noyaux du nerf vestibulaire (Stscherbach) et de

l'abducens (Bruce), soit avec le noyau dentelé (Thomas,

p. 150) du côté opposé : son pédoncule, à myélinisation

très précoce, pénètre directement dans la protubérance

où il se distingue nettement des autres voies cérébel-

leuses, pour se diriger, en contournant en dehors les

fibres du corps restiforme, vers le plancher du qua-

trième ventricule.

Les lésions, consécutives à l'absence de développe-

ment de l'hémisphère cérébelleux gauche sont l'atro-

phie presque complète de l'olive bulbaire du côté op-

posé (droit), et le faible développement des noyaux gris

de la moitié droite de la protubérance dans la région

du pied : les deux pyramides bulbaires étant de volume

sensiblement égal, il est probable que la différence

entre les deux côtés du pont est due à l'agénésie des

noyaux gris du côté droit intercalés aux fibres trans-

versales venues des pédoncules cérébelleux moyens et

difficiles à distinguer à l'oeil nu des faisceaux de fibres

pyramidales coupés transversalement. On sait d'ailleurs

que l'atrophie croisée de la protubérance est de règle

dans les lésions cérébelleuses unilatérales, expérimen-

tales ou pathologiques, et l'on admet généralement,

HI : fLaGI;NliSl1 ? CEREBELLEUSE. 89

avec Thomas que « le pédoncule cérébelleux moyen

prend sa principale origine dans la substance grise du

pont, du côté opposé à l'hémisphère cérébelleux auquel

il se rend, mais contient aussi des fibres dont l'origine

se trouve dans la substance grise du pont du même

côté (l. c., p. 100). »

De même que celle de l'olive et de la protubérance,

l'atrophie croisée du noyau rouge se présentait avec

ses caractères ordinaires. Quant aux malformations

des hémisphères, elles sont en majeure partie indé-

pendantes de celles du cervelet : telles sont l'atrophie

du corps calleux, les nombreuses anomalies des circon-

volutions. On sait, d'autre part, que les lésions éten-

dues d'un hémisphère cérébral entraînent une atrophie

croisée du cervelet, mais la réciproque ne se rencon-

tre pas, et c'est en vain que l'on chercherait dans les

observations de lésion unilatérale de ce dernier organe

une atrophie même légère des régions corticales eu rap-

port direct avec le noyau rouge. Le poids de chacun des

hémisphères cérébraux ne peut d'ailleurs pas donner à

ce sujet des indications précises : chez Des., en effet,

l'hémisphère gauche est plus lourd que l'hémisphère

droit ; mais celui-ci présente sur sa face inférieure une

dépression notable où se logeait l'hémisphère cérébel-

leux droit, du moins en grande partie, car la forte dé-

viation à gauche de l'axe du cerveau postérieur corri-

geait en partie l'asymétrie de développement : un

espace plus considérable qu'a l'état normal était ainsi

réservé à l'hémisphère gauche, plus long que son con-

génère de 7 millimètres.

D'ailleurs l'asymétrie compensatrice des hémisphè-

res cérébraux est impossible à évaluer, grâce aux mal-

formations surajoutées des circonvolutions.

Ces malformations, très différentes d'un hémisphère

à l'autre, ne dépendent qu'en partie de l'agénésie par-

tielle du corps calleux et du lobe limbique. Les pre-

mières scissure ? (calcarine,limbique, etc.),apparaissent

90 CLINIQUE MENTALE.

vers le milieu du quatrième mois ; peut-être le proces-

sus qui a créé les anomalies des hémisphères n'a-l-il

agi qu'à partir de ce stade pour se continuer jusqu'au

moment de la différenciation des lobes frontaux et des

régions rolandiques.Mais dans l'état actuel de la science

on ne peut pas affirmer qu'il ait été, sinon indépen-

dant du processus qui a entraîné l'hémiagénésie céré-

belleuse, du moins d'une origine postérieure.

CLINIQUE MENTALE

Les symptômes oculaires de la

Paralysie générale ;

par

¡\, ¡WnmT

Médecin adjoint (le l'asile

de Monl<lc,"cl'gnc8,

el

IHJB 0 S

Interne de l'Asile de

Monlilevergttes

P. PANSIER

Ancien chef de clinique ophtalmologique

de la Faculté de Médecine de

Montpellier.

Pour établir une revue d'ensemble des troubles oculo-

pupillaires de la paralysie générale, il faut observer

ces symptômes oculaires aux trois périodes de la Para-

lysie générale,et, à chacune de ces périodes, étudier suc-

cessivement. : 1° les troubles pupillaires; 2° les trou-

bles visuels ;- 3° les symptômes qui dépendent des

rapports vasculaires de l'oeil et de l'encéphale; - 4°

les altérations du fond de l'oeil; 5° les symptômes

oculaires accessoires.

Première période, TROUBLES PUPILL 11RES. -y

L'inégalité des pupilles est le signe le plus fréquemment

observé au début de la paralysie générale. Ce symplû-

LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE. 91

me n'a aucune signification si les réflexes pupillaires

sont normaux,car l'inégalité pupillaire avec intégrité

parfaite des mouvements de la pupille se rencontre

non seulement dans toutes les psychoses, mais encore

dans l'anémie, la tuberculose ganglionnaire, le goitre

exophtalmique, les excitations douloureuses des nerfs

sensitifs, etc., et même chez des individus auxquels

il est impossible de trouver une tare quelconque. On a

exagéré l'importance du symptôme isolé : l'inégalité

pupillaire, dans la paralysie générale. Ce signe n'a de

valeur que parce qu'il s'accompagne, chez les paralyti-

ques généraux, d'altération des réflexes soit 11 la lumièl'e,

soitàl'accommodationou même d'immobilité pupillaire

complète. C'est' en cela que l'inégalité du paralytique

général est toujours pathologique, et révèle l'existence

dutrouble oculaire essentiel de la maladie : fo2latalnzo-

plégie interne à. développement graduel et progressif.

Le Myosis dans la paralysie générale, c'est-à-dire le

resserrement exagéré de la pupille,peut être simple ou

double, suivant qu'il y'a ou non inégalité pupillaire; c'est

un trouble paralytique et non spasmodique. En effet,

l'instillation d'atropine ou d'ésérine agit sur la pu-

pille du paralytique général, et n'agitp.as, au contraire,

sur le myosis spasmodique des névroses. Le même pro-

cédé sert à démontrer que la mydriase qu'on observe

encore plus souvent que le myosis dans la méninge

encéphalite diffuse est aussi paralytique. Toutefois, la

réaction de la pupille dilatée à l'instillation d'atropine

est faible et s'accompagne de troubles du réflexe con-

sensuel. En revanche, ainsi que Toulouse et Yurpas (1)

l'ont démontré, l'effet de l'atropine se fait sentir plus

longtemps (parfois huit ou dix jours) chez les paralyti-

ques généraux que chez les individus non paralytiques

généraux soumis aux mêmes instillations.

Le signe d'A 1'g,ljll-Robe1'tson : perte de la réaction à

la lumière avec conservation des mouvements 1l l'ac-

(1) TOULOUSE et UIlPA3. ? Journal de Neurologie, n° 3, 1904.

92 CLINIQUE MENTALE

commodation, est rarement pur, mais se présente avec

des combinaisons diverses de lenteur de la réaction pu-

pillaire à la lumière et de paresse il l'accommodation,

soit d'une seule pupille, soit des deux pupilles. Car si,

d'ordinaire, l'ophtalmoplégie interne suit une marche

progressive : parésic du réflexe pupiliaire à la lumière,

puis paralysie de ce même réflexe : parésie de l'accom-

ll1odation,puis paralysie de ce réflexe accommodateur,

très souvent aussi le trouble oculaire suit une marche

irrégulière et les deux yeux ne sont pas atteints égale-

ment. En sorte que le signe d'Argyll-ltobertson peut

être unilatéral ; mais qu'il soit simple ou double, il est

presque toujours immuable, lorsqu'il s'est définitive-

ment constitué.

Le fazcx.l°gllRobettson,qui se caractérise par l'ab-

sence du réflexe à la lumière en même temps qu'il y a

parésie du réflexe àl'accommodation, estun symptôme

encore plus fréquemment observé que le vrai Argyll-

Robertson, surtout à la période d'état.

Les déformations et irrégularités pupillaires sont

fréquentes, et Joffroy (1) et Shrameck ont insisté avec

raison sur l'intérêt de ces troubles pupillaires. Du reste,

ces signes se retrouvent dans toufes les psychoses aussi

bien que dans le tabes et la syphilis, et même chez l'in-

dividu sain. Toutefois on peut s'étonner que les autenrs

n'aient pas insisté jusqu'ici sur l'excentl '¡cite pitpit-

iaire, c'est-à-dire la situation anormale de la pupille

qui n'est plus au centre de l'iris, mais empiète soit sur

le bord interne, soit sur le bord externe. C'est une con-

séquence des déformations et des irrégularités.

1,'airopitie particulière de l'iris décrite par Dupuy-

Dutemps(2) se rattache à la fois à la déformation pupil-

laire et au signe d' Argyll- Hobertson. Cet amincisse-

ment de l'iris avec perle de ses reliefs existe aussi

(1) Jowhoy. Journal de médecine et de chirurgie, 10 juin 18S,

.lor.rnov. Des signes oculaires dans la la paralysie générale.

i)-ciiii,es de Neurologie, mai 1904.),

(2) DupUY-nuTEps. Annales d'oculistique, septembre 1905.

LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE. 93

bien dans la paralysie générale que dans le tabès et

lasyphilis. Ainsi que dit Dupuy-Dutemps,ce symptôme

est d'une grande valeur, aussi bien en médecine légale

que pour les contrats d'assurance.

Dès la première période il faut signaler aussi : la per-

te de la dilatation réflexe aux excitants périphéri-

ques qui résulte, de la disparition des sensations cons-

cientes ; la2-éactio2zpay-adoxale de lapupille qui consiste

dans la dilatation de la pupille sous l'influence d'une

vive lumière (ce signe, décrit par lloukhine, n'a de

valeur que s'il s'accompagne de l'Argyll-Robertson) ;

l'hippus ou alternatives de contraction et de dilatation

de l'orifice pupillaire sans qu'il y ait aucun changement

dans l'éclairage ; la disparition dit réflexe à la dou-

leur qui est souvent très précoce ; les altérations du

réflexe de Galassi ou rétrécissement de la pupille

quand la paupière se ferme ; le réflexe de Piltz ou

rétrécissement pupillaire et momentané quand on s'op-

pose avec le doigt à l'occlusion des yeux, qui n'existe

que dans la paralysie générale, le tabès, la syphilis et

la catatonic.

Tous ces symptômes, les uns très rares, les autres

plus fréquents, prennent en s'associant l'importance

qu'il n'y aurait pas lieu d'attacher à l'un d'eux isolé-

ment.

Il faut noter encore : L'abolition du réflexe consen-

suel qui indique une lésion périphérique de l'appareil

innervateur de la pupille. Ce signe accompagne d'or-

dinaire la mydriase paralytique.

Les paralysies de la musculature externe de l'oeil

avec exophtalmie légère et réductible non douloureuse

peuvent être lapremière manifestation de la Paralysie

générale ou apparaître brusquement à la suite d'un ic-

M. Ces paralysies sont : 1° passagè1'es,2° incomplètes,

3° récidivantes . D'ordinaire, le moteur oculaire com-

mun est atteint le premier. Ces caractères donnent aux

paralysies qui se présentent au cours de la paralysie

94 CLINIQUE MENTALE.

générale leur valeur diagnostique spéciale. Il en est de

môme du nystagmus qui est rare, quelquefois observé

au début, plus souvent pendant un ictus ou il la suite

d'un ictus, et dès lors s'accompagne de troubles hémi-

plégiques et aussi du blépharospasme et de la paralysie

de l'01'biculaire des paupières.

La déviation conjuguée de la tête et des yeux, est

un symptôme important pendant l'ictus, d'après des

phénomènes différents qu'il faut étudier : 1° au point

de vue de la lésion encéphalique elle-même ; 2° au

point de vue du siège de cette lésion.

Lorsque l'ictus du début s'accompagne d'ltcJJlio]Jie,

elle est fugace et il est très difficile de se rendre compte

de l'existence de ce trouble visuel à cause de l'état

du malade. La isolé, sans ictus, au début de la

Paralysie gé nérale, indique l'existence de la syphilis (1).

Lorsque l'anestlièsie corneen ? le existe au début de

la paralysie générale, elle n'est pas accompagnée de

troubles vasculaircset nutritifs (il on est de même dans

l'hystérie) mais, caractère distinctif, se présente sous

forme d'ltémianestl/( ! sie et est due à l'alcoolisme

qu'on retrouve dans les antécédents du malade.

l'ar suite, l'anesthésie cornéenne est une indication

pour le diagnostic rétrospectif ou ctiologique. Lors-

que ce signe se présente au moment des ictus, il persiste

très peu de temps. Le zona ophtalmique (2) est, dans

ccrîains cas, un signe très précoce du début de la pa-

ralysie générale.

Troubles de la vision. Ils sont très difficiles à étu-

dier et, d'ordinaire, très lents à s'établi1'.LorsCll1cl'af-

faiblissement de la vue existe, le malade met long-

temps à s'en apercevoir contrairement à l'opinion de

Robin (3). Sauf des cas rares (horloger obligé de cesser

(1) HUUN c6 iltott.vs. Troubles de la vision et Traité de palholo-

gie générale, 1904.

(2) 1)ornu. Thèse de Paris, 1898.

(3) HoniN. Thèse d'agrégation, 1880.

LLS SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE. Or)

son travail) et peut-être alors faut-il invoquer l'influence

de la syphilis, la vue est conservée presque intacte

jusqu'à la fin (1).

Les troubles visuels du paralytique général, lors-

qu'ils existent, s'accentuent à la suite d'un ictus, s'at-

ténuent pendant les rémissions, et atteignent les deux

yeux inégalement .

Lorsque le paralytique général est en même temps

fumeur et alcoolique, ou même diabétique ou albumi-

nurique, il est très difficile de faire la part de l'alcool,

du tabac, du sucre, et de la lésion cérébrale, car toules

ces causes contribuent à l'affaiblissement de la vue. 11

faut donc signaler, pour la mise en valeur du symptôme

amblyopie, l'importance de l'étude des antécédents et

l'examen des urines.

Le rétrécissement du champ visuel est rare à la pre-

mière période el alors qu'il n'y a aucune lésion visible

à 1'opltt.almoscope.

Lorsque le champ visuel est rétréci chez les paralyti-

ques généraux, les caractères du rétrécissement sont en

général : d'être régulier ; d'être un t¡'oltble passager

intermittent ; depe1'mett1'e de pronostiquer l'atrophie

prochaine. D'ordinaire, le champ visuel est normal.

Lorsqu'il y a 7tc;ntiopie, il faut penser à la syphilis,

La migraine ophtalmique , qu'elle soit simple (sco-

tome scintillant, céphalée sus-orbitairc, vomissements),

ou accompagnée (mêmes symptômes avec troubles

passagers d'Itr : nZio21e ou d'aphasie ou d'épilepsie par-

tielle), est un excellent symptôme du début qui (toit faire

rechercher les autres signes de la paralysie générale.

De même, l'importance du scotome ou lacunes du

champ visuel consiste en ce que ce trouble est fréquent

surtout chez les intoxiqués par le tabac et l'alcool. Sa

présence au début de, la paralysie générale sert au dia-

gnostic ÏO/OMg.

La dyschromatopsie qui survient sans lésions ophtal-

;I) Jean Gai.I'.zoxyski. Thèse de l'nris, Juin 1901. 1.

96 CLINIQUE MENTALE.

moscopiques est liée à thémianestluisie, et dès lors il

faut rechercher l'influence du tabac, de l'alcool ou du

sucre ; ou bien c'est un symptôme qui accompagne l'ic-

tus, et dans ce cas, d'après lraiTL-Ebin ? (1), le rétrécisse-

ment est très mai 'que pour le blanc. Quelquefois même

la vision est seulement centrale. Cependant, même

à ce degré, ni lira(T't-l;bin7, ni Kornfeld, n'ont trouvé

des lésions ophtalmoscopiques expliquant ce fait. Quel-

quefois, à la première période, le malade souffre de né-

m'algie oculaire.

Les aberrations visuelles (micropsie, érythropsie,

etc.), sont rares. Les hallucinations visuelles ne sont pas

toujours dues à l'alcoolisme, mais elles sont plus fré-

quentes chez les paralytiques généraux alcooliques,

plus rares toutefois que dans les délires toxiques et

n'ayant pas les mêmes caractères.

Symptômes qui dépendent des.rapports VASCULAI-

RES de L'&#x152;ILETDHL'ENCÉPHA.LH. L'examen ophtal-

moscopique permet de reconnaître dans l'oeil des para-

lytiques généraux, dès la première période, certains

signes qui n'ont d'importance qu'à la condition de les

associeraux symptômes pupillaires et généraux, soit : la

congestion papillaire et l'A ? /pJrgMMe totale ou par-

tielle de la papille ; les flecluosités des veines de la

rétine ; l'anémie neuro-rétinienne avec décoloration

de la papille qu'on trouve au début de la forme mélan-

colique, de même qu'elle existe chez les mélancoli-

ques et les maniaques, aussi bien du reste que dans

certains cas où il n'y a aucune lare ; la dilatation et les

/lexuo.sités variqueuses des veines rétiniennes.

Ces signes se retrouvent aussi chez les déments, les

imbéciles et même chez des individus sains. Leur valeur

pour le diagnostic est donc discutable. Cependant, il

faut les signaler.L'es dème papillaire pMp/so'ë,

les anévrismes miliaires de la rétine et surtout la scié-

(1) KnAFI"T.EHING, Festrchrift Illeman Heidelberg, 1892.

LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GENERALE. 97

rose périvasculaire des vaisseaux neuro-rétiniens

prennent déjà une signification plus haute, parce qu'ils

sont le point de départ du processus atrophique qui

frappe le nerf optique.

La choroïdite et la Ch01'io-¡-ètinite sont des symptô-

mes de grande valeur puisque, d'après Brun et lIoraa (1),

qui en ont fait une étude spéciale pour le diagnos-

ticétiologique, elles résultent presque toujours de la

syphilis qui a laissé sur la rétine et la choroïde, sa

membrane nourricière, des exsudats blanchâtres, jau-

nes, rouges et surtout noirs. Du reste, les taches sont

une indication pour la recherche de l'albumine et du

sucre, car albuminurie et diabète s'accompagnent de

taches blanches et d'hémorrhagies multiples et dissé-

minées de la rétine.

Deuxième période. - Tandis qu'à la première, les

troubles oculaires présentent une intermittence et une

variabilité qui dépendent d'influences toxiques, elles-

mêmes intermittentes, et des ictus plus ou moins fré-

quents, à la deuxième période, les troubles pupillaires

deviennent presque toujours définitifs.

A l'ophtalmoscope, ou bien on trouve un fond d'oeil

normal, ou bien les symptômes peu accusés et varia-

bles de la papille signalés à la première période : liséré

2)é-iuctsculai;-e, oedème pé1'ipapillaire, hyperémie

papillaire allant jusqu'à l'1uimor¡-hagie rétinienne

après plusieurs ictus épileptiformes ; ce serait même là

un excellent symptôme pour le diagnostic rétrospec-

tif dans le cas d'un malade entrant à l'hôpital après

une attaque; ou bien encore, mais plus rarement que

dans le tabe ? , on se trouve en présence de l'évolution

de la névrite optique et de l'atrophie papillaire.

Les caractères de l'atrophie papillaire du paralyti-

que général sont d'être : 1° Primitive, comme dans le

tabes et la sclérose en plaques ; 2' Incomplète, et c'est

(1) Baux et Morax. - Troubles de la vision, in Traite de patho-

logie générale, 1904.

Archives, 2' série, 190f, t. XXII. 7 .

98 CLINIQUE MENTALE.

là encore un clément précieux de diagnostic. La déco-

loration commence par le côté temporal. Lorsque ces

troubles débutent, l'aspect trouble et louche de la papille

lui a fait donner le nom de papille lavée. (Raviart) (1).

La trame du tissu conjonctif est plus visible que dans

le tabes, et l'excavation centrale plus marquée. Les

vaisseaux conservent leur calibre normal. En somme,

l'atrophie du nerf optique est moins étendue ; 3° Elle

est bilatérale, le plus souvent, mais les lésions ne

sont pas les mêmes dans l'un et l'autre oeil : elles sont

plus accusées d'un côté ; 4° Elle est lente; 5° Les trou-

bles de la vision ne sont pas parallèles au développe-

ment de l'atrophie. C'est là le symptôme le plus essen-

tiel pour le diagnostic, et i^faut considérer avec Klein (2)

que ce seul caractère permet de différencier l'airopitie

duparalytique général, lorsqu'elle existe, de l'atro-

phie du tabéliqite et des troubles visuels dans l'alcoo-

lisme chronique . En même temps que l'atrophie évolue,

il y a conservation de la vue. (Jean Gazelowski.)

Lorsque l'atrophie s'accompagne, ce qui est rare, de

rétrécissement du champ visuel, ce rétrécissement

n'est pas concentrique (3) . Lorsqu'il y a, en même temps

qu'atrophie, dyschromatopsie, le rétrécissement pour

les couleurs est concentrique au rétrécissement pour

le blanc. Ce sont les couleurs rouge et verte dont le

champ de vision se rétrécit en premier lieu comme chez

l'alcoolique.

Comme à la première période, les Iésionsdec7zoTOï-

dite, de clWJ"io-Î"etinite ,Je sGlàochor'oïdite posté1'ieuJ'e

avec taches pigmentaires sont probablement dues à

un processus sgp7tilititiqice ayant évolué antérieure-

ment etprennent,de ce fait, une signification importante

pour le diagnostic étiologique.

De même aussi, les hémorrhagies en flammèches

(1) et I)n\J.1N. - Archives de Neurologie, mars 1904;

KÍ : IlAYAL et Raviaiit. - Arclr. de Neurologie, août 1 904.

12 KLEIN. - Wien Médical Presse, 1887, Il' 3.

(3) Jean e) : ? ca/ Prec, Paris, 1904.

(3) JEAN GALEXOWK). y/;MË dcft ? 1904.

LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE 99

autour de la papille, ou bien les granulations volumi-

ne uses et réfringentes existant sur la surface de la

rétine peuvent aider au diagnostic rétrospectif (ictus)

ou de complications (albuminurie), soit que la paraly-

sie générale survienne chez un albuminurique, soit que

le mal deBright évolue chez un paralytique général.

D'où la nécessité de l'examen des urines du malade

en traitement. 1. ,

Troisième période. A la fin de l'évolution de la

paralysie générale, se vérifie en général cette loi que,

« si les troubles de la vision ne suivent pas une marche

parallèle aux lésions oculaires, les lésions du fond de

l'oeil évoluent parallèlement aux lésions du cerveau.» ·>

Les troubles pupillaires sont très nets et immuables ,

qu'ils se présentent sous la forme de : Signe d'A7gyll

Robertson ou de pseudo-Argyll Robertson. Et beau-

coup plus rarement, l'immobilité à la lumière et à

l'accommodation est complète.

C'est le terme final de lor7atalnzoplégic interne

progressive, qui, lorsqu'elle est bilatérale, signifierait

pour le diagnostic : « une lésion nucléaire entraînant la

paralysie du muscle ciliaire quelque temps après celle

du sphincter de la pupille (Déjerine), ce qui s'explique

par ce fait que les noyaux sont très rapprochés.

A ces signes s'ajoutent quelques symptômes de moin-

dre importance comme Venophtalmie qui accompagne

les états cachectiques. Même it ce moment, les r,énzis-

sions, déplus en plus rares, les ictus, de plus en plus

fréquents, influencent les unes favorablement, les au-

tres défavorablement, la marche des symptômes ocu-

lo-pupillaires.

En général, les lésions ophtalmoscopiques progres-

sent, mais le malade conserve la vue presque intacte.

Il meurt avant d'être aveugle (1). Tel est le tableau

(1) Jean GAL ! : XOSKt. Le fond de l'oeil dans les affections du

système nerveux. Thèse de Paris, juin 1904.

100 , CLINIQUE MENTALE.

complet des yeux du paralytique général aux divers

stades de sa maladie.

Cette revue d'ensemble des troubles oculo-pupillai-

res dans la paralysie générale ne peut s'établir que par

l'observation, non pas d'un très grand nombre de ma-

lades, pris à un moment quelconque de l'évolution de

la maladie, mais de paralytiques généraux suivis de-

puis le début de leur affection jusqu'à la terminaison (1).

Il semble que la cause de certaines divergences entre les

auteurs au sujet de l'importance de l'inégalité pupillai-

res, par exemple, ou des contradictions des statistiques

en ce qui concerne la fréquence des altérations du fond

de l'oeil, tienne à plusieurs raisons :

1° Les malades n'ont pas été examinés à la même pé-

riode de leur affection.

2" Les statistiques portent d'ordinaire sur des para-

lytiques généraux au début, c'est-à-dire au moment

où ces malades se laissent le plus facilement examiner.

3° En effet, à la période la plus avancée de la maladie,

alors que les lésions sont très apparentes, cet examen de-

vient très difficile à cause de l'indocilité fréquente du

malade. Ici intervient la forme : ou cxpansive, ou dé-

pressive, ou tabétiforme de la paralysie générale qui in-

primeau caractère du malade une tournure spéciale.

Dès lors aussi entre en jeu la patience de l'observateur,

non moins que son habileté à manier l'ophtalmoscope.

4° Enfin, il faut se garder de se laisser suggestionner

et se méfier de soi-même. Aussi, tout examen de l'oeil

doit-il être fait par plusieurs observateurs qui se con-

trôleront réciproquement L'aide d'un ophtalmologiste

est indispensable, en même temps qu'il est indispensa-

ble aussi d'examiner des yeux sains, afin de ne pas con-

fondre les altérations sans importance diagnostique et

qui se rencontrent à l'état normal, avec les états patholo-

giques. Il n'est pas moins nécessaire de répéter l'examen

(1) A. HODIET, P. CAUS, P. PAUSIER. - De la valeur diagnostique

des symptômes oculaires aux trois périodes de la paralysie générale.

(Dupuy, éditeur, Montpellier 1906).

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 101

àplusieurs jours d'intervalle, etpendant plusieurs mois.

Telle est la méthode qui donne les garanties les plus

rigoureuses pour une étude aussi délicate et sujette à

des résultats aussi contradictoires de la part des obser-

vateurs qui ont traité cette question. D'autant plus que

la division classique en trois stades se succédant régu-

lièrement : début, état, terminaison, division que nous

avons adoptée pour la clarté du sujet, ne s'applique

pas d'une façon absolue à la description des yeux des

paralytiques généraux. Aussi bien à cause des ictus qu'à

cause des rémissions, certains symptômes oculaires

s'accusent, tantôt dès la première période, tantôt au

contraire ne surviennent qu'à la fin. De sorte que le ta-

bleau clinique des troubles visuels du paralytique géné-

ral est complet quelquefois dès le début; d'autres fois,

les signes observés sont très peu manifestes, alors que

la cachexie est déjà survenue.

CONGRÈS

DES

MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES

SESSION DE LILLE ; ler-7 août 1906

La séance d'ouverture du XVP Congrès des médecins

aliénistes et neurologistes de France et des pays de lan-

gue française s'est tenue, mercredi matin, salle du Con-

servatoire, sous la présidence de M. Charles DELESALLE,

maire de Lille, entouré de MM. l'Inspecteur général de

l'Assistance publique, le Dr Drouineau, représentant M.

le Ministre de l'intérieur ; le professeur Grasset,deMont-

pellier, président du Congrès ; Lyon, recteur de l'Acadé-

mie de Lille; de M. l'Inspecteur du 1" corps d'armée; de

M. Combemale, doyen de la Faculté de Médecine et de

M. Chocreaux, médecin en chef de l'asile public d'aliénés

de Bailleul, secrétaire général.

1\1. le Maire a ouvert le Congres par une allocution

charmante, dans laquelle il se félicite de l'honneur qui

102 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

lui échoit de présider la première séance et du plaisir de

souhaiter la bienvenue aux médecins aliénistes.

M. DELASSALLE souhaite que ses concitoyens offrent

aux congressistes une hospitalité digne d'eux. Il croit que

les médecins aliénistes ont choisi un champ très favo-

rable à leurs travaux. Il fait l'éloge de M. Vincent, préfet

du Nord, dont les questions d'hygiène sociale et d'assis-

tance sont les constantes préoccupations et souhaite

finalement aux congressistes de faire progresser leurs

méthodes. L'allocution de M. Delessalle a été longue-

ment applaudie.

M. le Maire a donné ensuite la parole au Délégué de M.

le Ministre. M. l'Inspecteur Drouineauespëreque la nou-

vel session, qui s'ouvre sous les meilleurs auspices, ne

sera pas moins féconde queles précédentes.Il fait l'éloge

de M. le professeur Grasset, l'éminent neurologiste, ap-

pelé à diriger les travaux du Congrès; de la ville de Lille,

où la vie industrielle ne le cède enrien à la vie intellec-

tuelle, et de la région du Nord, où les oeuvres d'assistance,

d'hygiène, sont nombreuses et intéressantes et ou les asi-

les d'aliénés ont acquis une importance et une notoriété

indiscutables.

M. l'Inspecteur se félicite, pour l'humanité, de la va-

leur de l'école psychiatrique française. Le Conseil supé-

rieur del'Assistancepubliqueest, dit-il, saisi de plusieurs

questions nées des travaux des Congrès ; l'unification

des retraites et le mode d'hospitalisation qu'il fautappli-

quer aux délirants aigus, la réglementation nouvelle dont

le service médical des asiles doit être doté afin de rendre

plus efficace le traitement des aliénés. Ces questions

vont occuper une grande partie de la prochaine session

du Conseil supérieur de l'Assistance publique (1).

M. l'Inspecteur met en lumière l'importance de cet

acte et ses conséquences. Il estime que la considération

d'un corps grandit avec la valeur personnelle de ceux

qui le composent, et le soin qu'on apporte à son recrute-

ment. Il termine en rappelant qu'il semble qu'il y a, en ce

(1) Nos lecteurs savent la part importante qui revient dans ces

réformes au Progrès Médical, aux Archivés de Neurologie et il leur

Rédacteur eli chef.

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 103

qui touche le milieu aliéniste, quelque chose de changé.

L'opinion publique, dit-il, s'émeut plus que par le passé

des choses qui touchent de près ou de loin à l'aliénation

mentale. On sent que les réformes sont nécessaires, on a

le désir manifeste d'y travailler, et déjà les faits en don-

nent la preuve. Persévérez donc, Messieurs, dans la voie

que vous vous êtes tracée, puisqu'elle ne vous promet

pas seulement des résultats pour l'avenir, mais qu'elle

vous en apporte de réels et de certains dans le présent.

L'allocution de M. l'Inspecteur, si logique et si raison-

née, a été particulièrement goûtée.

M. le professeur CiR 4 SSET, à qui M. le maire donne la

parole, prononce alors un remarquable discours sur la

psychiatrie et la neurologie, dont nous reproduisons le

préambule.

Une oeuvre, qui affirme sa vitalité par seize congrès succes-

sifs, et dans chacun de ses congrès, par les importants rap-

ports et travaux que vous connaissez, répond nécessairement

aune idée juste et occupe certainement une place importante

dans l'évolution contemporaine de la science médicale.

Pour être utile et fécond, un congrès doit assurément grou-

per les hommes qui s'occupent spécialement d'une branche

donnée de la médecine. Mais il doit surtout ne pas exagérer

cette spécialisation étroite, qui trop souvent aboutirait à un

émiettement faux et dangereux.

La principale cause du succès constant et croissant de notre

oeuvre est certainement ce fait que, loin d'exagérer la spé-

cialisation, notre Congrès a toujours compris qu'il devait

grouper en un seul faisceau et faire utilement collaborer les

aliénistes et les aiezcroLoistes,c'est-à-dire tous ceux qui aiment

et étudient le système nerveux de l'homme.

Trop longtemps les médecins, raisonnant comme le public,

ont séparé les maladies de l'esprit et les maladies du corps et

parqué les aliénistes et les neurologistes dans des domaines

isolés, séparés par une haute muraille, sans autre ouverture

que quelques meurtrières, et par un large fossé , sur lequel

aucun pont ne permettait le rapprochement et la collabora-

tion de ces voisins méfiants, qui étaient presque tentés de se

considérer comme des rivaux.

Aujourd'hui, tout cela est bien et heureusement changé.

On a renversé les murailles et comblé les fossés et, avec une

émulation féconde, tous travaillent ensemble,s'entr'aident et

se complètent pour mener à bien la difficile muvrecohmurie.

104 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

Aujourd'hui tout le monde sait que les aliénistes, comme

les neurologistes, étudient les maladies du corps. Quelleque

soit leur opinion personnelle sur l'âme des philosophes, ils

ne poursuivent qu'un but et n'ont tous qu'un désir : appro-

fondir le plus possible le fonctionnement normal et morbide

du systeme nerveux, garantir leplus possible la société contre

l'envahissement progressif par les systèmes nerveux anor-

maux, guérir ou tout au moins soulager le plus possible les

malades du système nerveux.

Ce n'est pas trop de l'effort combiné de tous pour obtenir

ces graves et difficiles résultats.

Pinel et Charcot, rapprochés aujourd'hui sur le parvis de la

Salpêtrière, sont comme le symbole de cette union féconde,

que les aliénistes etles neurologistes réalisent magnifique-

ment à l'intérieur de ce même temple, glorieusement élevé à

la science neurologique française.

Voilà l'idée mère de notre oeuvre, qui donne à nos Congrès

une place à pari, au milieu de tous les autres Congrès, qui

sont, pour la plupart, trop larges ou trop étroits. Notre Con-

grès exprime l'union de tous les travailleurs du système ner-

veux basée sur l'unité même de ce système nerveux.

Il m'a paru utile d'affirmer et de développer cette pensée,

quiestbanale pour vous, mes chers Collègues, mais qui ne

l'est peut-être pas encore pour tous nos confrères, pour l'en-

semble du monde scientifique et pour tous ceux,si nombreux,

qui s'intéressent aux choses de la science et plus spécialement

aux questions, si éminemment sociales, du système nerveux.

Et, comme votre Président est condamné par l'inexorable

tradition à payer par un discours l'honneur que vous lui avez

fait en le désignant, il m'a paru bon d'essayer de démontrer

une fois de plus devant vous 1 unité de la science du système

nerveux de l'homme, étudié à l'état normal et pathologique,

l'unité de la neurobiologie humaine.

On peut ranger sous trois chefs les preuves de cette unité.

La science des aliénistes et la science des neurologistes ne

lorment qu'une seule et même science, puisque l'une et l'au-

tre étudient le même objet, appliquent les mêmes méthodes,

poursuivent le même but.

Son discours terminé etles applaudissements qui l'ont

accueilli ayant cessé, M. Grasset déclare ouverte la XVI'

session du Congrès des médecins aliénistes et neurolo-

gistes.

Après quelques mots de M. le Dr Giraud, président du

XVe Congrès, et la lecture du rapport de 1\1.le Dr Sizaret,

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 105

secrétaire général du XVe Congrès, M. le prof. Grasset,

président, met aux voix l'élection des présidents d'hon-

neur, vice-présidents et secrétaires du Congrès. Sont

nommés :

Président d'honneur : M. Drouineau, inspecteur géné-

ral, représentant M. le ministre de l'intérieur ; M. le pré-

fet du Nord ; M. le maire de Lille ; M. le doyen de la Fa-

culté de Lille ; M. Régis, ancien président; M. Lemoine,

l'un des fondateurs du Congrès ; M. Crocq, représentant

du gouvernement belge ; M. Ballet, président de la So-

ciété de neurologie ; M. Briand, président de la Société

médico-psychologique. Vice présidents : MM. Antheau-

me, Chardon et Sicard. Secrétaires des séances : IZiI.

Meige, Baruk, Pochon et René Charpentier.

La parole est à M. Maurice DIDE pour l'exposé de son

rapport.

Le sang chez les aliénés.

Dans un préambule net et conçis, lI. DmE expose les traits

généraux de son travail :

Le poids spécifique du sang est légèrement augmenté dans

les états démentiels. Dans l'épilepsie,on note,au contraire, un

abaissement qui précède la crise ; la densité revient d'ailleurs

très vite à la normale. L'alcalacence du sang s'abaisse dans

les états toxi-infectieux el dans l'épilepsie au moment de

l'attaque. Les variations des éléments minéraux ont été peu

étudiés, on sait seulement que, dans l'épilepsie, pendant les

intervalles,l'urée est légèrement augmentée et pendant l'accès

très notablement. D'autre part, les sels dépotasse, qui dans

l'intervalle des crises se dosent dans des proportions norma-

les, sont manifestement augmentés pendant les accès.Puis il

étudie les éléments figurés du sang : 1° L'hypoglobulie avec

abaissement de la valeur globulaire, en psychiatrie,est géné-

ralement symptomatique d'une intoxication ou d'une infec-

tion ; 2° L'hyperglobulie est la traduction d'un état de con-

centration moléculaire du sang ; 3" Il est intéressant de voir

l'abaissement de la résistance globulaire coïncider souvent

avec la diminution de l'alcalesccnce du sang ; 4° La polynu-

cléose avec hyperleucocytose s'observe au début des psychoses

toxi-infectieuses et dans les états d'agitation ; 5° La mono-

nucléose avec augmentation des grands mono,et légère hypo-

leucocytose, est un fait d'autant plus important à retenir

qu'il est plus rarement constaté en pathologie ; 6° l'éosino-

philie est l'indice de phénomènes critiques ; 7° les altérations

106 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

cycliques des globules rouges et des globules blancs dans

l'épilepsie sont la traduction de l'auto-intoxication cyclique

de cette affection.

Puis M. Dide aborde l'étude bactériologique :

Dans les maladies mentales toxi-infectieuses, l'hémoculture

est souvent positive sans qu'aucun des germes trouvés puisse

être considéré comme spécifique.

Les germes retirés du sang en dehors des périodes hyper-

thermiques peuvent être considérés comme saprophytes en

ce sens qu'ils ne sont pas naturellement nocifs pour les ani-

maux, et qu'ils ne se manilestent par aucun symptôme cli-

nique permettant d'affirmer leur existence, ce qui n'implique

pas d'ailleurs que leurprésence soit négligeable,car le passage

de bactéries dans le sang est un fait anormal. Ces germes

acquièrent une grande importance par ce fait qu'ils peuvent

voir leur virulence s'exagérer et devenir des facteurs impor-

tants dans la production des phénomènes pathologiques.

Des germes habituellement pathogènes peuvent circuler

dans le sang des aliénés à l'état de saprophytes. C'est un fait

nouveau sur lequel a insisté M. Dide, puisque l'on peut

affirmer que des bactéries ayant des caractères morpholo-

giques et de culture identiques peuvent être trouvés dans le

sang des aliénés soit à l'état de saprophytes, soit à l'état

d'agents pathogènes,en sorte qu'on en arrive à concevoir que

ce qui fait la spécificité pathologique d'une bactérie est un

caractère d'emprunt qui peut être conservé ou abandonné

par cet organisme mono-cellulaire sans altérer ses caractères

biologiques généraux.

Les recherches de CHARRIN et Guignard, de Roux et CHAM-

$FaLND avaient démontré qu'on peut provoquer le polymor-

phisme par les modifications des milieux de culture des

germes.

Enfin, vu les réactions histo-chimiques, ni l'aspect mor-

phologique ni les réactions bio-pathologiques ne sont spéci-

fiques chez les bactéries.

Le rapporteur fait part alors de ses études sérologiques :

On est amené à désirer une simplification dans la nomen-

clature des substances à allures diastasiques dont le nombre

se multiplie d'unefaçon inquiétante. On peut admettre l'unité

del'alexine, agent dissolvant de toutes les cellules à élimi-

ner. Plus on ira et plus deviendront fréquentes les analogies

entre les alexines et les toxines albuminoïdes. La destruction

de cellules provoque deux réactions l'une, très forte, aboutit

à la production d'une substance agissant sur les cellules dé-

truites ; l'autre produit une substance agissant d'une façon

diffuse sur un grand nombre de cellules. Cette façon de voir

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 107

prend une importance doctrinale, car la spécificité des réac-

tions diastasiques perd son absolutisme et ne doit plus être

considérée que comme une adaptation d'une aptitude la-

tente qui comprend probablement la fonction sensibilisa-

trice et la fonction antitoxique.

Cette conception simple limite autant que possible le droit

de cité d'agents dont l'individualisation n'est parfois que

logique et rationnelle, sans démonstration expérimentale,

mais encore elle montre qu'une même fonction, orientée par

des facteurs différents produit des effets très dissemblables.

Enfin la fonction de défense est troublée chez les aliénés par

ordre d'intensité dans les psychoses -confusionnelles aiguës

ou suraiguës.

31. Dide en arrive alors aux conclusions psychiatriques :

L'hématologie entraînera dans l'avenir un remaniement

profond dans la psychiatrie. L'étude de l'hérédité gagnera

quand les altérations du germe seront plus complètement

connues au point de vue expérimental ; or, dès maintenant,

les méthodes existent ; il suffit de multiplier et de coordon-

ner les résultats. Les maladies du foetus fourniront d'impor-

tants documents au point de vue de l'héritage que l'in-

dividu apporte en naissant.

Le rapport de M. Dide est de nature àsimplifier beaucoup

la nosologie mentale ; d'abord les constatations de labora-

toire ont confirmé ce qu'avait fait prévoir la clinique ; le dé-

lire des infections et des intoxications aiguës doit désormais

ne comporter qu'une description : il est la traduction d'une

atteinte directe de la cellule pensante par des toxiques char-

riés par le sang. Les psychoses toxi-infectieuses subaiguës

sont la traduction d'une atteinte plus ou moins diffuse des

cellules noblesdu cortex par des toxiques complexes. On est

en présence de ce qu'on peut appeler les manifestations mé-

tatoxi-in/'ectieuses.

Dans les états mentaux chroniques de ce groupe, la même

pathogénie intervient, mais ici, entrent en jeu les altérations

des tissus de soutien (accidents pczra-toi-iaJ'ectieu). Ainsi

la démence précoce se place à côté de la paralysie générale,

ces deux entités morbides se caractérisant par des délires va-

riables conditionnés par la méta-toxi-infection et par des

troubles physiques progressifs régis par altérations para-toxi-

infectieuses.

La démence précoce n'englobe pas tous les délires halluci-

natoires chroniques, comme pour la paralysie générale,

c'est beaucoup plus les signes physiques que le délire qui

donnent à cette affection sa valeur d'entité clinique.

Les connaissances sur la physiologie pathologique de l'épi-

,108 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

lepsie sont également précisées et la preuve d'une toxémie

cyclique nous est fournie par l'hématologie.

Pour les psychoses d'involution, leur substratum anatomi-

que s'édifie lentement et on conçoit que ce sont des états

mentaux dépendant non seulement de la sénilité du cerveau

mais encore d'altérations hépatiques et surtout thyroïdien-

nes et agissant sur le cerveau par l'intermédiaire de la cir-

culation.

Le point capital que M. Dide a très bien mis en lumière est

que les modificateurs puissants de la fonction de défense

amènent la disparition des phénomènes délirants hallucina-

toires et peuvent même provoquer des guérisons durables de

psychopathies réputées incurables. ,

Si une thérapeutique rationnelle de la folie est créée, ce

sera en partant de ces faits si bien exposés par M. Dide.

M. TATY félicite M. Dide de ce travail appelé à prendre

place désormais dans tous les laboratoires de médecine men-

tale. Il le remercie de l'allusion faite dans son rapport aux

travaux de l'Ecole lyonnaise sur la typho-psychose, travaux

sur lesquels il reviendra d'ailleurs en communiquant au Con-

grès-quelques expériences sur ce sujet. Il demande à M, Dide

s'il a eu l'occasion de rechercher dans le sang le spirochaete

pallida. Trois examens de foie qu'il a faits lui-même dans ce

but ne lui ont donné que des résultats négatifs. L'un de ces

examens fut fait dans des conditions très favorables, M. Taty

ayant suivi la malade depuis les accidents syphilitiques se-

condaires jusqu'à l'éclosion d'une paralysie générale qui né-

cessita l'internement cinq ans après les premiers accidents

syphilitiques et se termina par la mort après cinq ans d'in-

ternement. Aucun spirochète ne put être mis en évidence

dans le foie.

M. DIDE ne peut que confirmer ces constatations négatives.

Toutes les recherches hématologiques qu'il entreprit à ce su-

jet avec M. Bodin furent négatives et cela confirme, déclare

M. Dide, la possibilité de la guérison de la paralysie générale

par le traitement habituel de la syphilis.

M. MAURICE FAURE rappelle les travaux qu'il fit dans le la-

boratoire de il. Gilbert Ballet, de 1898à 1901, avec la collabo-

ration de Laignel-Lavastine et Rosenthal, en cherchant, dans

le sang et dans les humeurs, une explication des troubles

mentaux. La recherche des microbes porta sur 206 cas que

l'on peut diviser en trois séries : une première série comprend

les recherches faites sur le cadavre dans les centres nerveux

eux-mêmes, dans environ 100cas oùlamortavaitétédue à des

maladies infectieuses variées accompagnées d'accidents men-

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 109

taux. Il ne trouva que dans cinq cas des éléments microbiens

dus certainement à des fautes de technique : les microbes se

trouvaient dans les vaisseaux, par conséquent dans le sang,

et présentaient les mêmes caractères que des microbes précé-

demment décrits comme pathognomoniques. La deuxième

série porte sur 64 cas d'affections diverses des centres ner-

veux ; le liquide céphalo-rachidien, examiné pendant la vie,

présenta, dans quelques cas, des colonies microbiennes dues,

là encore, à des fautes de technique. Enfin, dans une troi-

sième série de 46 cas d'examens de sang de malades, présen-

tant des maladies aiguës diverses avec délire, une seule fois

on mit en évidence un élément microbien, c'était le bacille

d'Eberth dans un cas de fièvre typhoïde.

M. Maurice Faure est frappé de la différence qui existe en-

tre ces résultats et les résultats contenus dans le rapport.dont t

l'auteur décrit une vingtaine d'espèces microbiennes banales

trouvées dans le sang de ses opérés. 11 est d'accord avec M.'

Dide sur l'influence des toxines charriées par le sang, alté-

rant les fonctions et la morphologie des éléments cellulaires

centraux et c'était, d'ailleurs, par cetteconclusion que s'étaient t

terminés, en 1901, les travaux de l'auteur.

11. Sasaazès (de$ordeaux). -J'ai fait, avec MM. Régis et

Laurès, des recherches très complètes sur la composition et

les réactions du sang d'un certain nombre de sujets atteints

d'affections du système nerveux (méningite chronique, con-

fusion mentale, démence précoce, stupeur mélancolique, dé-

générescence hystériforme, paralysie générale juvénile, etc.)

Ce qui est le plus remarquable dans les résultats que nous

avons obtenus, c'est leur discordance : nous avons noté tantôt

de l'hyperglobulie, tantôt une légère anémie, tantôt dela leuco-

cytose, tantôt un chiffre normal de leucocytes, ainsi que des

variations de sens contraire des rapports réciproques des glo-

bules blancs, un retard ouune accélération delà coagulation,

etc., etc.

J'ai toujours été frappé, d'autre part, de l'insignifiance des

modifications du sang par rapport à l'énormité de la tare

nerveuse et à l'intensité des lésions et des troubles fonction-

nels du système nerveux.

Sans doute, les causes morbigènes qui peuvent être à l'ori-

gine de la vésanie, causes qui sont parfois infectieuses ou to-

xiques, exercent leur influence et sur les centres nerveux et

sur la crase sanguine ; aussi n'est-il pas surprenant que ledé-

but d'une telle vésanie s'accompagne de modifications du

sang, imputables il ces causes plutôt qu'à la tare nerveuse

contemporaine, et variables avec elles (paludisme, fièvre ty-

phoïde, tuberculose, alcoolisme, syphilis, puerpéralité, etc..)

110 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIKNtSTt ! : S ET NEUROLOGISTES.

Mais les modifications des organes hématopoiétiques et du

sang sont purement transitoires. Il est vrai quelestaresner-

veuses surviventsouventaux causes morbigènes et continuent

à se répercuter de neurone à neurone sans influencer nota-

blement le milieu sanguin. Aussi, à l'acné des vésanies, le

sang peut-il se révéler cytologiquement normal, bien entendu

s'il n'existe pas d'autres tares organiques susceptibles d'agir

pour leur propre compte sur sa composition, plus puissam-

ment que la tare nerveuse (cardiopathies, brightisme, tuber-

culose, etc.). Bien d'autres facteurs, étrangers a la vésanie ou

dans une certaine dépendance vis à-vis d'elle, influent sur le

sang des aliénés : les agents médicamenteux, la thérapeuti-

que physique, les conditions de vie au grand air ou claustrée,

le jeûne et la digestion, le repos ou l'exercice, le régime lacté

ou mixte, les troubles vasomoteurs (états émotifs, hallucina-

tions), etc. Il faudra tenir compte de tous ces éléments dans

les déterminations et aussi dans les interprétations hémato-

logiques futures. Encore faut-il ne pas oublier que, actuelle-

ment, des variations très grandes dans les résultats sont im-

putables à la technique et à l'équation personnelle.

En somme, je crois que bien des tares nerveuses une fois

acquises ne troublent pas d'une façon sensible la composi-

tion morphologique du sang, lequel subit par contre, chez

les aliénés comme chez d'autres sujets, des influences autre-

ment puissantes. Il semble, en outre, contrairement à l'opi-

nion soutenue par M. Dide, que les centres nerveux se suffi-

sent à eux-mêmes dans la défense contre les toxi-infections.

Les globules blancs du sang n'y interviennent que dans cer-

taines infections suraiguës, méningites suppurées, abcès, etc.

Dans les inflammations chroniques ce sont, soit les cellules

dérivées des libroblasies, des parois vasculaires et des endo-

théliums qui réagissent au cours des processus méningés et

vasculaires, soit les cellules névrogliques qui interviennent

quand la substance nerveuse est impliquée dans des inflam-

mations lentes ou dans desnécrobioses.

M. Régis (de Bordeaux). Je regrette que M, Dide n'aitpas

mis en valeur, dans son rapport, la courbe urologique de

ses délirants intoxiqués, en la comparant à leur courbe ou à

leur formule hématologique. En ce qui meconcerne, j'ai tou-

jours constaté qu'aux modifications en plus ou en moins des

éléments figurés du sang correspondaient toujours des mo-

difications de même sens dans la composition des urines. 'e

Par contre, je partage complètement l'opinion de M. Dide-

opinion qui a du reste été souvent émise relativement à

l'influence heureuse de certaines infections sur l'évolution de

quelques maladies mentales. Dans ces derniers temps, des

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 111

améliorations et même des guérisons ont été obtenues par

différents auteurs, qui n'ont pas craint d'injecter à des aliénés

des virus atténués.

31. Sicard (de Paris). - Je puis rappeler à ce propos les re-

cherches infructueuses du tréponème, faites par M. Queyrat

et par moi, dans les centres nerveux et dans les méninges de

plusieurs paralytiques généraux et tabétiques.

31. LÉaI (de Paris). -J'ai recherché également, sansle moin-

dre succès, le tréponème pâle dans le sang et au niveau des

centres nerveux d'un sujet qui a succombé à une méningo-

myélite ascendante aigué développée au cours d'une syphilis

récente.

M. DIDE. Succombant sous le poids des éloges, qui me

payent,et bien au-delà, de mon effort.j'essaierai cependant de

répondre aux objections que vous avez bien voulu formuler.

Je suis tout à fait d'accord avec i\l \1. Taty et Sicard, et la

recherche du spirochæte pallida est toujours négative dans le

sang et les organes des paralytiques généraux.

Les constatations de \l. Sabrazès sont incontestables, mais

je pense qn'il faut, pour édifier une formule leucocytaire

d'un état psychopatique, étant donné les contingences, les

difficultés pratiques, un très grand nombre d'examens pour

conclure et quelques résultats discordants s'annulent dans de

longues séries.

Quant à la question des variétés leucocytaires, j'y ai con-

sacré des développements suffisants, je pense, pour queje

n'aie pas besoin d'insister ; je ne me suis pas étendu sur ce

point dans mon exposé oral pour ne pas fatiguer l'attention

des congressistes quine se sont pas spécialisés dans l'hémato-

logie. Les altérations des para-thyroïdes n'ont jamais, que je

sache. été signalées chez les aliénés.

Les constatations négatives de M. \Iaurice Faure viennent

de ce qu'il a ensemencé à une époque où la technique ' était

mal réglée; il s'est servi de tubes et, actuellement, on emploie

des ballons contenant 250 gr. de bouillon qui sont indispen-

sables pour arriver à des résultats positifs.

Enfin, le reproche de \I. Régis de n'avoir pas parlé des

rapports de l'hématologie et de l'urologie m'a été d'autant

plus sensible queje possède un grand nombre de documents

sur la question, je ne les ai pas publiés craignant d'allonger

à l'excès mon rapport, dont le cadre m'était fixé.

Le cerveau sénile ;

Rapport présenté par nI. le Dr Léri.

I. Vieillesse et sénilité ne sont pas synonymes. La

112 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

vieillesse est la dernière période de la vie, on peut lui

fixer un début conventionnel, l'âge de 60 ans par exem-

ple ; la sénilité indique un état pathologique, que l'on

rencontre presque toujours chez les vieillards, mais qui,

n'étant pas fonction de l'âge, peut s'observer soit beau-

coup plus tard, soit beaucoup plus tôt que le début de la

vieillesse. Cet état peut aussi se constater à un degré

très variable dans les différents organes d'un même

individu,voire même dans les différentes parties d'un

même organe. Aussi il est justifié de décrire une sénilité

tardive et une sénilité précoce, une sénilité générale et

des sénilités locales.

Dans tous les cas, il n'existe pas d'organe sénile et no-

tamment de cerveau sénile, sans lésions'. Les lésions de

tout organe sénile peuvent être essentiellement diffuses,

macroscopiques ou seulement microscopiques , sans

foyer. Elles consistent en : atrophie, simple oudégénéra-

tive, des éléments parenchymateux ; en prolifération

plus ou moins modérée ou localisée des éléments intersti-

tiels ; en lésions scléreuses des vaisseaux. Ces trois sortes

de lésions ne paraissent pas, en général, dépendre l'une

de l'autre, mais toutes trois dépendent de l'ensemble des

intoxications exogènes et endogènes accumulées pendant

toute l'existence, et souvent multipliées dans un âge

avancé, par suite de certaines insuffisances organiques.

II. Etude anatomique. Dans l'étude anatomique

du cerveau sénile, nous avons étudié d'abord le cerveau

en lui-même, dans son aspect extérieur et intérieur, et

dans ses trois sortes de lésions diffuses : lésions du tissu

nerveux, lésions du tissu névroglique, lésions des vais-

seaux. Nous avons réservé, un peu artificiellement, pour

les étudiera part, les lésions en foyer du cerveau sénile

qui sont le résultat fréquent, mais non constant, des

lésions diffuses, spécialement des lésions vasculaires.

1° Le cerveau sénile ATROPHIQUE.- A) Etude macrosco-

pique. - Le cerveau sénile est presque toujours un cer-

veau petit et atrophié, son poids et son volume sonttrès

diminués. L'atrophie ne porte pas de façon uniforme sur

tout le cerveau, mais de façon très prédominante sur les

parties antérieures. (1/3 ou plus souvent 2/3 antérieurs).

La méninge est souvent épaissie, mais, d'autres fois, par-

ticipe à l'atrophie du cerveau. Les cavités ventriculaires

sont très dilatées par suite de l'atrophie de la substance

cérébrale, les parois ventriculaires présentent des modi-

fications variables. Le corps calleux est souvent très

congrès DES médecins- ALlÉN1S ers ET neurologistes. 113

aminci : le septum lucidum est ou mince et transparent,

ou, ordinairement, dur et sclérosé.

La couronne rayonnante et les noyaux centraux parti-

cipent à l'atrophie. D'une façon générale, la substance

blanche de chaque circonvolution paraît beaucoup plus

diminuée que la substance grise. Des dilatations périvascu-

laires (état criblé ou dilatations isolées) paraissent tenir

au retrait du parenchyme cérébral atrophié autour des

gaines vasculaires.

Le cervelet prend parfois part à l'atrophie du cerveau,

mais son atrophie n'atteint pas le même degré.

B) Etude histologique. 1° Tissu nerveux, a) Les

cellules nerveuses s'atrophient et disparaissent : le nom-

bredes cellules atrophiées n'estpasproportionnelà l'âge,

il reste très souvent des cellules saines chez les sujets les

plus âgés. L'atrophie cellulaire peut être simple, avec

raréfaction des corpuscules de Nissl (fausse chromatolyse

centrale) ou avec surcharge pigmentaire. Les diffé-

rentes variétés de granulations pigmentaires qui ont

été décrites sous le nom de « pigment jaune » paraissent

dériver l'une de l'autre et représenter les phases succes-

sives d'un produit de dégénérescence. Aucune de ces al-

térations cellulaires ne diffère essentiellement de certai-

nes altérations que l'on observe en dehors de la sénilité

en particulier à la suite de certaines intoxications pro-

longées (alcoolisme chronique, urémie, etc.).

b) Les fibres nerveuses peuvent être toutes très dimi-

nuées de nombre. Les fibres radiées sont très diminuées

dans la substance blanche et dans là substance grise des

circonvolutions ; les fibres transversales sont également

très diminuées, et notamment les fibres tangentielles de

Tuczek : cette dernière lésion est celle qui paraît avoir

été surtout constatée dans les démences, en particulier

les démences sénile et paralytique ; elle existe aussi

dans les cerveaux de séniles non déments. La dégéné-

rescence des fibres myéliniques se faitgénéralementpar

atrophie simple, quelquefois avec colorabilité anormale,

rarement avec formation de corps granuleux. Des corps

amyloïdes sont assez fréquents et paraissent résulter de

la segmentation de cylindraxes variqueux.

La disparition des fibres myéliniques explique pour-

quoi l'atrophie de la substance blanche paraît beaucoup

plus considérable que celle de la substance grise : la par-

tie périphérique de la substance blanche devient grise

par suite delà disparition des gaines de myéline ; la cou-

nRCIIWES 2- série, 1900, t. XXII. 8

114 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

che grise augmente aux dépens de la couche blanche sous-

jacente.

2° 1 issu névroglique. a) Les cellules névrogliques parais-

sent augmenter de nombre ; mais l'augmentation est sans

doute plus apparente que réelle, elle est surtout relative

et résulte de la diminution des éléments nerveux.

Les noyaux qui entourent certaines cellules nerveuses

en voie de destruction ne jouent nullement le rôle de

neuronoplages ; leur accumulation, toujours modérée,

est due peut-être aune réaction inflammatoire, pluspro-

bablementà une irritation toxique ; peut-être n'y a-t il

qu'une multiplication apparente et, en réalité, un simple

tassement du tissu dans les espaces laissés vides par

l'atrophie des cellules nerveuses.

b) La prolifération des fibriles névrogliques détermine

des scléroses. ,La sclérose sénile est toujours modérée; elle

est diffuse, mais non uniforme et présente des sièges de

prédilection; on observe surtout la sclérose souspie-mé-

rienne, la sclérose périvasculaire.Onvoit quelquefois une

sclérose miliaire de l'écorce cérébrale qui parait être en

rapport avec des crises d'épilepsie sénile, peut-être avec

la démence (5 cas,dont un personnel). Les mêmes lésions

des cellules et des fibres, nerveuses et névrogliques,

peuvent être observées dans l'écorce et dans les noyaux

gris centraux.

3° Vaisseaux. Les lésions artério-scléreuses des vais-

seaux intra-cérébraux ne sont pas toujours proportion-

nées aux lésions athéromateuses des vaisseaux de la

base ; elles ne sont pas non plus analogues dans les dif-

férentes parties d'un- même cerveau, ni même dans les

vaisseaux les plus voisins. La lésion est une artérite le

plus souvent totale ; plus rarement on constate l'endarté-

rite, la périartérite, la mésartérite. La dégénérescence

colloïde, la dégénérescence fibro-hyaline, la dégénéres-

cence calcaire sont plus rares. Les lésions des capillaires

sont peu connues ; la dégénérescence graisseuse ne

semble ni très fréquente ni proportionnée à la sclérose

des petites artères.

4° Toutes les lésions en foyer paraissent déterminées

surtout par les altérations vasculaires ; l'altération du

parenchyme est peut-être une cause prédisposante. Ces

lésions sont :

1. Des scléroses périvasculaires et « paravasculaires » ;

cette dernière variété, rare, aurait une disposition en

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 115 J

rapport avec la distribution des vaisseaux, mais se loca-

liserait non à leur pourtour, mais à distance, dans les

parties sans doute les plus mal irriguées ; 2. des hémor-

rhagies miliaires qui sont très fréquentes dans les cer-

veaux séniles et sont tout à fait indépendantes de tout

anévrysme miliaire ; 3. des petits foyers multiples de

« ramollissement incomplet », tel que ceux de 1' « atrophie

artério-scléreuse du cerveau »,de l' « encéphalite chro-

nique sous-corticale », de la « destruction corticale

sénile » ; 4. des foyers de désintégration lacunaire.

5. des foyers d'état vermoulu ; 6. de gros foyers de

ramollissement et à'hémorrhagie cérébrale.

5° Les lésions diffuses ne paraissent, au contraire, pas

être sous la dépendance directe des altérations des vais-

seaux. Les scléroses diffuses et les atrophies nerveuses

de la sénilité sont dues sans doute à l'action directe, sur

ces tissus, des mêmes toxiques qui, de façon indépen-

dante, produisent l'altération des vaisseaux.

L'atrophie des cellules,et des fibres nerveuses en par-

ticulier, semble être l'aboutissant directeur ces éléments,

de toutes les intoxications de l'existence ; la sénilité et

la dégénérescence atrophique des cellules nerveuses

seraient ainsi la conséquence de multiples états patholo-

giques plutôt que l' « involution » physiologique de cel-

lules non susceptibles de reproduction. La démence

sénile serait probablement le terme, plus prononcé que

normalement, du processus anatomique commun, d'ori-

gine toxique, de désintégration et d'atrophie des cellules

et des fibres nerveuses. '

2° Les petites lésions en FOYER DU cerveau sénile.

Deux variétés de petites lésions en foyer semblent à peu

près exclusives à la sénilité : les lacunes de désintégra-

tion et l'état vermoulu. ZD

Les lacunes ont toujours une origine vasculaire ; elles

peuvent reconnaître pour cause non seulement une

« encéphalite destructive avec corrosion excentrique du

tissu nerveux », mais aussi la résorption d'une hémor-

rhagie miliaire ou un véritable ramollissement par

oblitération artério-scléreuse ou fibro-liyaline d'un

vaisseau.

L'état vermoulu est une ulcération corticale, qui s'en-

fonce en coin surtout dans l'extrémité libre des circon-

volutions et ne dépasse guère la substance grise. Il re-

connaît pour cause la prédominance d'une désintégra-

tion progressive du tissu nerveux avec prolifération né-

110 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

vroglique dans le territoire de certaines artères nourri-

cières courtes, lésées par l'artério-sclérose, mais non

oblitérées. L'intensité de la désintégration nerveuse sur-

tout des fibres tangentielles et de la prolifération névro-

glique dans ces cas explique pourquoi l'état vermoulu

coïncide d'ordinaire avec un état démentiel assez pro-

noncé et parfois avec l'épilepsie sénile.

3° Les grosses LÉSIONS en foyer dans la sénilité. Les

ramollissements et hémorrhagies cérébrales, assez fré-

quentes dans la sénilité, ne diffèrent pas sensiblement à

un âge avancé de ce qu'elles sont à l'âge adulte.

III. Aperçu clinique. - A. NEUROLOGIE. - L'arté-

rio-sclérose cérébrale. L'artério-sclérose est rare-

ment purement cérébrale, on en trouve ailleurs des si-

gnes somatiques.

Les signes de l'artério-sclérose cérébrale ne sont pas

proportionnés à l'intensité des lésions vasculaires. Les

signes de l'artériosclérose cérébrale présentent le ca-

ractère intermittent ou paroxystique de véritables «clau-

dications intermittentes du cerveau ». Ce sont surtout le

vertige,des céphalalgies, bourdonnements d'oreille, som-

nolences ou insomnies, troubles du caractère, fatigue

physique et mentale rapide ; amnésie, embarras de là pa-

role, aphasie transitoire, hémiparésie, courtes attaques

apoplectiques non suivies d'hémiplégie. On trouve tous

les termes de passage entre ces accidents fugitifs et les

« ictus» lacunaires.

L'artério-sclérose cérébrale peut prendre, au début,

l'aspect de la neurasthénie. Les lésions en foyers multi-

ples peuvent simuler des ramollissements circonscrits,

mais ils se caractérisent par la lenteur progressive du

début et la rapidité des modifications.

Les hémiplégies. Les hémiplégies brusques et com-

plètes, analogues à celles de l'adulte et dues au ramollis-

sement ou à l'hémorrhagie cérébrale, ne sont pas les

plus fréquentes chez le vieillard; elles se terminent rapi-

dement par la mort dans la plupart des cas sans avoir

le temps d'aboutir à la contracture.Les grosses hémiplé-

gies avec contracture des vieillards sont rares et datent

presque toujours de l'âge adulte.

Les véritables hémiplégies des vieillards reconnais-

sent le plus souvent pour cause les lacunes de désinté-

gration.

L'hémiplégie débute généralement par un ictus très

léger, très incomplet et très passager. Les symptômes

CONGRÈS des médecins aliénistes ET NEUROLOGISTES. 117

de cette hémiplégie sont essentiellement transitoires,

incomplets et. sinon partiels, du moins très prédomi-

nants au membre inférieur ; il n'en reste bientôt que la

marche à petits pas, parfois la marche, en traînant les

pieds,parfois une légère maladresse du membre supé-

rieur dans les mouvements délicats. Quelquefois on cons-

tate une tendance tomber en arrière avec orteil en

griffe.

De la dysarthrie, de ladysphagie, durire et des pleurs

spasmodiques, des troubles psychiques, donnent assez

souvent aux hémiplégiques lacunaires l'aspect de « pe-

tits » pseudo-bulbaires. L'hémiplégie lacunaire est vo-

lontiers récidivante : elle prédispose aux hémorrhagies

et aux ramollissements rapidement mortels. Les artério-

scléreux lacunaires meurent plus souvent par le cerveau

que par les reins ou par le coeur.

Les paraplégies. La paraplégie ^peut être simulée

dans la vieillesse par l'affaiblissement musculaire prédo-

minant aux membres inférieurs, par une sorte d'astasie-

abasie tenant à la crainte qu'éprouve le vieillard de ne

plus pouvoir marcher à la suite d'une lésion minime, cé-

rébrale ou non, enfin et surtout par une hémiplégie lacu-

naire bilatérale.

Les véritables paraplégies lacunaires paraissent rares ;

elles restent généralement plus ou moins flasques. Les

paraplégies médullaires spasmodiques vraies s'observent

soit dans la sclérose combinée sénile, soit peut-être dans

quelques cas de sclérose plus ou moins diffuse, d'origine

vasculaire ou non.

Epilepsie sénile. L'épilepsie sénile peut présenter

toutes les variétés cliniques de l'épilepsie juvénile, avec

ou sans quelques modifications symptomatiques ; les

troubles mentaux seraient plus constants et plus rapides.

Onlui reconnaît surtout deux causes : la syphilis,par l'in-

termédiaire de plaques de méningite scléro-gommeu-

se et l'artério-sclérose, soit par ses lésions diffuses, soit

par des foyers de désintégration non lacunaire ou par la

cérébro-sclérose lacunaire. Elle paraît pouvoir recon-

naître aussi pour cause déterminante l'état vermoulu ou

surtout la sclérose miliaire de l'écorce cérébrale : dans les

5 cas jusqu'ici signalés de cette dernière lésion, il y a tou-

jours eu de l'épilepsie sénile.

L'épilepsie sénile paraît donc plus fréquemment sym-

ptomatique que l'épilepsie juvénile ; pourtant la connais-

sance de plus en plus approfondie des causes déterminan-

118 congrès DES médecins aliénistes ET NEUROLOGISTES.

tes n'élimine pas la nécessité possible d'une cause prédis-

posante, héréditaire ou acquise,d'une aptitude convulsive.

B. Psychiatrie. - 1° L'état mental des vieillards. -

On trouve toute une série d'états de transition entre la

conservation parfaite de l'intelligence et la démence sé-

nile. Les vieillards les mieux conservés au point de vue

mental ont une diminution de la mémoire des faits ré-

cents et une diminution de l'imagination créatrice : ils

sont toujours en baisse par rapporta eux-mêmes. La plu-

part des vieillards sont plus notablement affaiblis : dimi-

nution plus marquée de la mémoire allant du nouveau à

l'ancien et du complexe au simple ; modification du ca-

ractère, perte des sentiments affectifs, égoïsme, avarice,

indifférence pour les faits graves, émotivité excessive

pour les petits faits les concernant personnellement ; ten-

dance aux idées hypochondriaques et de persécution ;

diminution du raisonnement, dujugement, des associa-

tions d'idées, de l'attention, de la volonté. La démence

simple est l'exagération de la déchéance de toutes les fa-

cultés intellectuelles, le retour à l'instinct avec conser-

vation d'actes automatiques plus ou moins compliqués.

Des idées délirantes inconsistantes et non systématisées

peuvent être la conséquence de la démence avec illusion

ou hallucinations. Elle déterminedeux sortes de réaction :

l'excitation ou l'apathie.

Des actes délictueux : exhibitionnisme, attentats à la

pudeur, vol, impulsions homicides ou suicides, peuvent

être accomplis avec inconscience par les vieillards affai-

blis ou déments ; l'irresponsabilité est évidente chez les

déments, elle peut paraître douteuse ou limitée chez les

simples affaiblis, d'autant plus que, dans les actes « mé-

dico-légaux » des affaiblis séniles, on peut retrouver les

marques, considérablement exagérées d'une tendance

vicieuse déjà manifeste dansl'âge adulte.

A la démence simple ou avec idées délirantes peuvent

se joindre des épisodes délirants, prenant surtout la for-

me de la confusion mentale et de la mélancolie anxieuse.

L'affaiblissement sénile et la démence simple, avec ou

sans idées délirantes vagues et isolées, paraissent devoir

s'expliquer par l'atrophie et la dégénérescence des cellu-

les cérébrales et des fibres nerveuses ils peuvent appa-

raître précocement, commme la sénilité cérébrale anato-

mique, chez des intoxiqués chroniques, notamment des

alcooliques. Les épisodes délirants paraissent résulter

d'une intoxication ou toxi-infection sur un cerveau déjà

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 119

en imminence d'insuffisance fonctionnelle par le fait de

l'athérome.

2° Les troubles mentaux de l'artério-sclérosL'\ spéciale-

ment étudiés dans ces derniers temps, représentent une

des formes de la « claudication intermittente du cerveau »

et se font surtout remarquer par leur caractère intermit-

tent ou paroxystique. La forme légère se révèle par la

fatigue mentale rapide, la faiblesse de l'idéation et des

conceptions. Les formes graves se manifesteraient par

des troubles mentaux sérieux ayant pour caractère do-

minant la rapidité des aggravations et des améliorations

plus que le déficit intellectuel véritable ; la démence est

souvent moins profonde qu'elle n'en a l'air au premier

abord, certaines parties de la personnalité sont conservées

et le malade garde très longtemps conscience de son état.

Ces diverses variétés de troubles mentaux de l'artério -

sclérose s'accompagnent d'un plus ou moins grand nom-

bre de signes somatiques de l'artério sclérose cérébrale

ou généralisée (cardiaque, aortique, rénale, périphéri-

que, etc.)

Certaines formes simulent la paralysie générale ; les

rémissions et les guérisons, la longue durée, les caracté-

riseraient surtout.

B) Les psychoses des vieillards. Il faut distinguer les

psychoses de la vieillesse (vieillards-aliénés) et les psy-

choses dans la vieillesse (aliénés-vieillards). M. Ritti les a

récemment étudiées les unes et les autres.

Ive Dans L'étude anatomique comme dans l'étude cli-

nique, nous avons été amené constamment à rapprocher

les altérations séniles des altérations par intoxications

prolongées ; cette étude nous paraît être un argument

en faveur delà théorie qui fait de la sénilité, dans le cer-

veau comme dans les autres organes, l'aboutissant de

toutes les intoxications de l'existence.

M. Anglade (de Bordeaux).- Il y aurait eu, à mon -avis,

une manière bien séduisante d'envisager,dans son ensemble,

la question complexe du cerveau sénile. C'était de considérer

d'abord les troubles psychiques qui, lorsqu'il s'agit du cer-

veau, doivent toujours garder la préséance, ensuite les trou-

bles moteurs, sensitifs, sensoriels, réflexes, etc., et, cela fait,

d'envisager les lésions multiples du cerveau sénile,pour ten-

ter enfin une superposition des données cliniques aux alté-

rations anatomiques.

Il est vrai que le rapporteur, s'il a mis les troubles psychi-

120 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

ques au dernier plan, ne les a pas moins bien décrits : il nous

a montré le vieillard toujours quelque peu sénile psychique-

ment, et le sénile toujours mentalement affaibli, souvent dé-

lirant, excité, déprimé, etc., etc. J'ajoute que le radotage sénile

est fréquemment associé à un degré d'aphasie sensorielle

(jargonaphasie, paraphasie, aphasie amnésique), etc., etc., et

enfin que la démence sénile réalise, quand elle se complique

d'un appoint méningé, le syndrome complet de la paralysie

générale. La paralysie générale sénile est bien une réalité cli-

nique.

Au point de vue neurologique, il y a également quelques

lacunes dans l'exposé clinique de M. Léri. Le cerveau sénile

traduit sa sénilité non seulement par des hémiplégies, des

paraplégies,des accidents convulsifs, mais encore par des trem-

blements, des troubles delà réflectivité, de la sensibilité gé-

nérale et spéciale, etc. Il est vrai qu'il y a dans le rapport une

brève indication sur l'état de la réflectivité : le réflexe des or-

teils serait ordinairement en extension dans les hémiplégies et

paraplégies lacunaires.De mon observation il résulte,au con-

traire,que le réflexe de Babinski se produit, habituellement,

en flexion. Les tremblements, les troubles sensoriels et sen-

sitifs, etc., ont été passés sous silence. Pourtant, les troubles

de l'olfaction, de la vision et de l'audition sont fréquents

dans la sénilité.et s'agit d'organes qui sont des émanations

cérébrales,que la sclérose frappe au même titre que le cer-

veau et parfois de bonne heure.

Ces regrets exprimés, j'arrive au fond de la question, à l'é-

tude des lésions de la sénilité cérébrale. La lésion des cellu-

les cérébrales est indiscutable. Les éléments nerveux sont

altérés qualitativement et quanti ta Li vemen t. L'altération quan-

titative a ici plus de valeur encore que l'altération qualita-

tive. Les vaiseaux sont souvent lésés ; pas toujours de la

même façon ni au même degré. Il est manifeste qu'on a exa-

géré considérablement le rôle des lésions vasculaires. En réa-

lité, l'atrophie sénile, les formations lacunaires ne sont pas

le résultat d'une nécrose pure et simple résultant d'une obli-

tération artérielle. Dans tout le cerveau d'un dément sénile,

au niveau des foyers chez les lacunaires, ce qui frappe sur-

tout c'est l'importance de la réaction encéphalitique intersti-

tielle inflammatoire. On peut différer d'avis sur la significa-

cation de cette réaction, soutenir avec de bons arguments

qu'elle est primitive ou seulement secondaire ; ce que tout

le monde reconnaîtra après examen de mes préparations,c'est L

la réalité de cette réaction névroglique toujours intense.

La sclérose des séniles se présente sous deux aspects très dif-

férents. Elle est diffuse, englobe tout le cerveau ; cette diffu-

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 121

sion souffre pourtant des prédominances régionales. Un sénile

jargonaphasique, par exemple, a toujours une temporale

gauche plus scléreuse. Le caractère essentiel de cette sclérose

diffuse est de ne pas aboutir à la formation lacunaire. Au

contraire, dans une catégorie de cerveaux séniles, celles qui

a été plus spécialement visée dans le rapport,la sclérose n'est

pas aussi diffuse ; elle s'organise par plaques et aboutit à la

lacune. Voici comment : c'est d'abord la réunion, en un point

qui n'est pas toujours le voisinage d'un vaisseau, d'arthrocy-

tes géants et néoformés, multinucléés,à protoplasma visible,

à gros prolongements formés de groupements fibrillaires. A

cet aspect caractéristique succède celui du tassement fibril-

laire avec effacement des figures arthrocytaires. disparition

des noyaux. La plaque de sclérose est mûre ; elle va s'effri-

ter et la lacune commencera. Le processus inflammatoire

gagne au pourtour de cette lacune et par la transformation

successive des éléments, la lacune s'agrandit, lorsque toute-

fois, comme ilarrivesurtout chez un sujet jeune, il n'y a pas

une tendance à la limitation cicatricielle. Les diverses étapes

de cette formation lacunaire peuvent être aisément suivies

sur de bonnes préparations et particulièrement sur des cou-

pesde cervelets lacunaires.G'est par un processus identique,

mais superficiel,que se réalise l'état vermoulu, qu'il faut rap-

procher d'une lésion identique,selon moi, au niveau de l'é-

pendyme. On y voit se former des plaques de sclérose sous-

épendymaire qui se détachent et tombent dans le ventricule,

laissant à la paroi un aspect rugueux.

Si j'essaie maintenant de faire une tentative de superposi-

tion, je dirai que la sclérose diffuse correspond à la démence

sénile avec excitation maniaque, mélancolique, paranoïaque,

etc., avec jargonaphasie-paraphasie intermittente ; à la para-

lysie générale sénile. Tandis qu'aux états lacunaires corres-

pondent plus particulièrement les troubles de la motilité, de

la sensibilité, de la réflectivité. Ce qui ne veut pas dire que

l'état lacunaire n'occasionne pas la démence. Je crois pou-

voir faire, à ce propos, une distinction : pour qu'il y ait une

démence dans les états lacunaires il faut que l'écorce soit

atteinte. Cette règle souffrequelques exceptions. Les lacunes

des étages inférieurs avec intégrité corticale peuvent être très

importantes sans entraîner une déchéance intellectuelle no-

table. J'ajoute qu'avant d'interpréter les diverses formes pa-

raplégiques par ces lacunes, il faudra s'enquérir de l'état du

cervelet. 11 n'a rien été dit de ce cervelet chez les lacunaires

et pourtant il est toujours intéressé à un degré qui pour être

microscopique, n'en est pas moins très accusé. On ne peut

interpréter correctement ces troubles de la marche des séniles

122 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

où les désordres de l'équilibration semblent bien cliniquc-

mentjouer un rôle tant qu'on méconnaîtrales lésions cérébel-

leuses dont je signale l'extrême fréquence.

Je devrais me borner à vous présenter des faits. Il me sera

permis cependant de faire une incursion dans le domaine

des considérations hypothétiques. Il m'a semblé, en regar-

dant de nombreuses préparations provenant de maladies

cérébrales très différentes, que l'on pouvait considérer la cel-

lule nerveuse et la cellule névrogliqùo comme des soeurs en-

nemies s'observant tout le long de l'existence,,toujours prêtes

à se combattre à la première occasion morbide. La maladie

diminue la résistance de la cellule nerveuse, exalte, au con-

traire, l'activité de la cellule névroglique. L'une réagit par la

mort, l'autre par la prolifération. Il est frappant de constater

qu'en fin de compte la névroglie triomphe avec le secours

de toutes les causes de la sénilité. Dans le cerveau qui suc-

combe, un élément semble doué d'une puissante vitalité,

c'est la névroglie.

M. RAYMOND (de Paris). Je désire rappeler que MiM.Lejonne

et Lhermitte ont publié sous ma direction différents travaux

sur les paraplégies des vieillards et montré que parmi ces

paraplégies certaines sont d'origine cérébrale, d'autres d'ori-

gine médullaire, d'autres enfin d'origine musculaire.

Les paraplégies cérébrales sont bien dues aux lacunes de

désintégration, mais à côlé de l'hémiplégie décrite par 1111.

Pierre Marie, Ferrand, etc., hémiplégie-qui peut se terminer

par une pseudo-paraplégie, il existe des paraplégies vraies

d'emblée, qui forment un type clinique parfaitement dis-

tinct.

Les paraplégies myélopathiques reconnaissent pour cause

la sclérose polyfasciculaire de la moelle. MM. Lejonne el

Llrermile., en examinant d'une façon systématique, chez plu-

sieurs malades, la moelle et le cerveau sur de nombreuses

coupes microscopiques, ont établi solidement l'existence

anatomique de cette forme de paraplégie.

11 peut évidemment exister chez les vieillards des scléroses

médullaires polyfasciculaires sans paraplégie, de même qu'il

existe chez eux des lacunes cérébrales sans hémi ni paraplé-

gie : ce n'est pas là un argument pour refuser à la sclérose

polyfasciculaire, pas plus qu'on ne la dénie aux lacunes, la

faculté d'être, dans certains cas, l'origine des troubles mo-

teurs, et dans l'espèce de paraplégies.

AI. Grasset (de Iiontpellicr). - J'appelle l'attention sur un

détail curieux de certaines formes de paralysie cérébrale chez

les scléreux qui marchent à petits pas et en raclant lesol :

c'est la conservation de la force du mouvement volontaire.

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 123

Quand on dit à ce malade, qui soulève à peine les pieds et

trébuche à la moindre irrégularité du sol, de marcher en

fléchissant la cuisse très haut, en steppant, il exécute par-

faitement ce mouvement à son grand étonnement.Demême,

si l'on prend chaque articulation l'une après l'autre, et si on

lutte contre le malade pour chaque mouvement successive-

ment, on constate qu'il aconservé une grande force. Si les

particularités que je signale étaient confirmées, on pourrait

conclure qu'il s'agit d'un trouble de l'automatisme moteur,

de la marche inconsciente, delà coordination cérébrale plu-

tôt que de la marche volontaire et consciente de la volonté

motrice, et ceci distinguerait symptomatiquement les faits

dont je parle des faits de paraplégie médullaireet d'hémiplé-

gie cérébrale bilatérale.

M. àlEIGE (de Paris). La distinction que 31. Grasset vient

d'établir entre les mouvements spontanés et les mouvements s

après commandement, dans certains cas d'hémi ou de para-

plégie cérébrale, est très utile à connaître, car elle permet

d'obtenir de très réelles améliorations au point de vue de la

motricité en apprenant à des malades comment ils peuvent

agir plus, en voulant plus et mieux. .

,\1 : Léri répond à 111. Anglade qu'il a fait, dès le début, une

tentative de superposition des lésions anatomiques et des syn-

dromes cliniques ; en dehors d'un petit nombre de faits, cette

superposition, très tentante au premier abord, ne lui a pas

paru réalisable pour l'ensemble de l'étude du cerveau sénile;

c'est encore un idéal vers lequel doit tendre l'avenir et,actuel-

lement, il a été obligé de se contenter de faire de fréquentes

incursions dans la clinique à propos de l'étude anatomique 3t

dans l'anatomie à propos de l'étude clinique.S'il n'a pas com-

mencé l'étude du cerveau sénile par la description de la

déchéance mentale, c'est que le cerveau est, non seulement

l'organe de la pensée, mais aussi l'organe central du mouve-

ment, de la sensibilité et le rapporteur ne pouvait perdre

de vue qu'il avait à traiter une question de neurologie.

12. Léri s'incline devant la haute compétence de M. Anglade

en matière de névroglie, mais il se demande pourtant si l'im-

portance de la prolifération névroglique est aussi grande ;

peut-être n'est-elle pas primitive et, en tous cas, il insiste sur

ce fait qu'elle ne lui paraît pas être la cause constante des

lacunes de désintégration.

A M. Grasset, il répond que l'intégrité des mouvements

volontaires isolés des membres chez les hémiplégiques lacu-

naires forme, en effet, un contraste frappant avec les troubles

de la marche ; il était très intéressant de signaler, comme l'a

121 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

fait M. Grasset, l'intégrité de la « marche volontaire » avec une

altération prononcée de la « marche automatique ».

M. Léri, répondant à M. Raymond à propos des importantes

recherches de Lejonne et Lhermitte sur les paraplégies des

vieillards, rappelle la distinction qu'il a faite dans son rappoit

entre les « pseudo-paraplégies » par hémiplégie bilatérale

lacunaire, des paraplégies vraies, soit lacunaires, soit myélo-

pathiques. Comme le fait remarquer M. Raymond, ces para-

plégies lacunaires seraient peut-être dues surtout à des

lésions bilatérales des lobules paracentraux. D'un autre

côté, dans certains cas où les lésions des faisceaux pyrami.

daux dépendent manifestement des lacunes cérébrales, d'une

lacune de la capsule interne, par exemple, ces lésions pyra-

midales sont pourtant beaucoup plus nettes dans la région

dorsale dans la région cervicale. : cela tient, sans doute, à

une sorte de condensation des fibres du faisceau pyramidal

dans les régions inférieures, plus ou moins analogues il la

condensation des fibres radiculaires postérieures dans le cor-

don de Goll la région cervicale.

Séance du 4 aoÛt. - Présidence de M. Grasset.

La responsabilité des hystériques. '

M. LFROY(de Ville-Evrard), rapporteur. - Lorsque l'expert

est commis pour examiner un hystérique délinquant, son pre-

mier soin doit être de s'assurer que l'inculpé ressortit bien à

la névrose. Son diagnostic doit être basé sur les symptômes

somatiques et psychiques de l'hystérie constatés par lui ou

mentionnés dans les antécédents : attaque dans ses différen-

Les variétés, paralysies etcontractures, troubles sensitifs, mu-

tisme, accidents viscéraux, somnambulisme, état crépuscu-

laire, etc.

Le diagnostic posé, le médecin légiste a deux points essen-

tiels à envisager : le sujet en lui-même et les caractères par-

ticuliers de l'acte incriminé, ainsi que des circonstances qui

l'ont accompagné.

Je n'ai pas besoin d'insister sur l'importance primordiale

de l'étude de l'inculpé, de ses antécédents, de son niveau

mental, des particularités de son caractère, des incidents par

lesquels se manifeste le plus souvent chez lui la névrose,etc.

Un inculpé ayant présenté des attaques d'hystérie moyen-

ne, voire même de petites attaques vulgaires, du somnambu-

lisme, des paralysies ou des contractures, a certainement un

système nerveux plus touché que la jeune fille chez laquelle

on constate des crises syncopales avec une sensation plus ou

moins nette de constriction cervicale.

CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 125

On peut admettre aussi que la constatation d'une grande

anesthésie ou d'un rétrécissement énorme du champ visuel

implique l'existence dune grave perturbation des centres

psychiques. L'anesthésie hystérique, d'origine auto-suggesti-

ve, est une insensibilité par inconscience, par désagrégation

mentale, une insensibilité psychique indiquantun dédouble-

ment de la personnalité. Il est bien évident, d'autre part, que

l'examen des stigmates mentaux, le degré de suggestibilité,

d'aboulie, d'amnésie, d'anorexie, doit entrer en ligne de

compte dans l'appréciation médico-légale. Il en est de même

de la mentalité du sujet, révélée par sa vie entière.

Ces considérations générales suffisent à montrer que la

responsabilité varie nécessairement t avec chaque sujet et qu'on

ne peut guère appliquer à l'un les règles qui seront de mise

pour l'autre. Si la maladie est légère, ce n'est pas sa consta-

tation qui pourra à elle seule innocenter le délit, il faut d'au-

tres éléments. L'hystérie est-elle,au contraire,grave, s'accom-

pagne-t-elle de crises nombreuses, de délire hallucinatoire,

de somnambulisme,d'importants symptômes physiques,nous

croyons que l'expert doit tendre vers l'irresponsabilité, quand

bien même l'acte n'aurait aucun caractère hystérique et pa-

raîtrait avoir été inspiré par les mobiles les plus pervers. La

plupart des experts concluent actuellement, dans ce cas, à

la responsabilité atténuée. Je crois, au contraire, qu'on doit

considérer le délinquant comme un malade et conclure à l'ir-

responsabilité complète. Lanévrose a, en effet, toujours pour

conséquence une véritable infériorité psychique ; les senti-

ments altruistes ou sociaux disparaissent en même temps que

,se retrécit le champ de la conscience. La place de l'hystérique

est à l'asile et non à la prison ; c'est un malade qui relève

des médecins.

Cette notion de l'irresponsabilité de l'hystérique avec trou-

bles graves du système nerveux est déjà pratiquement recon-

nue. Lorsqu'un détenu d'une maison centrale présente des

attaques d'hystérie avérée, on ne le garde pas en prison ; jus-

qu'à cette année on avait l'habitude de le transférer à l'asile

des aliénés criminels de Gaillon. Par suite de la fermeture

provisoire de cet établissement on le place désormais à l'asile

départemental le plus voisin.

Si importante qu'elle soit, l'étude de l'inculpé, de ses an-

técédents, de ses manifestations morbides est secondaire par

rapport à celle de l'acte lui-même. Un hystérique, en effet,

peut très bien être responsable de certains actes et irrespon-

sable d'autres, cela dépend du moment et des circonstances.

Etendre trop loin l'irresponsabilite de tels individus serait

leur donner, au détriment de l'ordre public, un véritable bill

120 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES,

d'indemnité. Cette conclusion a été admise par tous les au-

tcurs - au premier rang desquels il faut citer Legrand du

Saulle - qui se sont occupés de la responsabilité des hysté-

riques. 1

Quels que soient les actes commis pendant les troubles men-

taux associés aux attaques : hallucinations, idées délirantes,

agitation, états extatiques, etc., il est évident que l'expert doit

conclure à une irresponsabilité totale.ll en est de même pour

les actes accomplis pendant les délires transitoires, plus ou

moins frustes, qui sont les seuls délires hystériques vrais et

qui doivent être considérés comme les équivalents de la crise

convulsive. -

La même irresponsabilité totale doit être acquise aux actes

quels qu'ils soient, vols, homicides, fugues, etc., commispen-

dant le somnambulisme. C'est dans ces cas que l'on peut dire

que le malade est un pur automate devenu le jouet de son

idée fixe. Les mêmes considérations s'appliquent à l'état se-

cond qui n'est qu'un état somnambulique prolongé. Danscette

double vie, du reste, les phases de l'existence sont assez dis-

tinctes pour quele patient puisse présenter et présente souvent

dans chacune d'elles une mentalité différente. Une hystéri-

que timide à l'excès, à l'état normal, peut se montrer bruyante,

hardie et téméraire dans l'état second. L'inculpé ne sera, en

tous cas, déclaré irresponsable que si le délit a été réellement

commis pendant l'état somnambulique.

Plus délicate est la recherche de la responsabilité dans les

actes accomplis en état de subconscience. Ces « états cré-

pusculaires » marquent parfois le prélude ou la fin d'une

attaque convulsive; quelquefois aussi ils alternent avec celle-

ci ou se présentent spontanément sans aucune connexité avec

les accidents convulsifs, réalisant ainsi un équivalent psychi-

quede l'attaque. Ces états de subconscience avec ou sans trou-

bles sensoriels, avec ou sans désorientation, s'accompagnent

d'amnésie. Leur caractère morbide ne peut pas être mis en

doute et l'irresponsabilité doit être acquise à tous les actes,

vols ou homicides,exécutés pendant ces états.

Si, comme cela est assez fréquent, l'expert ne peut arriver

à démontrer l'existence de cet état de subconscience au mo-

ment del'acte, le problème devient très délicat. Voici habi-

tuellement comment les choses se présentent un sujet de

conduite correcte, complètement lucide, commet un crime

puis, l'acte accompli, prétend n'en avoir gardé aucun souve-

nir, ne pas connaître le premier mot de la chose dont on lui

parle, etc., etc. Comment dépister ici le mensonge, la super-

cherie ? Si l'on peut démontrer l'existence d'une hystérie

grave, l'amnésie du crime peut être réelle en dépit de nom-

CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 127

breux mensonges portant sur d'autres faits : dans ces condi-

tions il est au moins prudent de ne jamais rejeter d'emblée

l'hypothèse d'une folie transitoire, alors même qu'elle est en

l'espèce improbable.

11 a été question, jusqu'ici, de la responsabilité des hysté-

riques pendant les crises ou pendant les équivalents

psychiques ; voyons maintenant dans quelle mesure

peut être invoquée l'irresponsabilité pour les. actes com-

mis dans l'intervalle des crises. Dans l'impossibilité où

nous sommes de répondre à cette question par une

formule unique, nous nous bornerons à étudier la res-

ponsabilité dans quelques cas particuliers choisis parmi les

plus fréquents. Un fait primordial peut'd'abord être envisagé,

c'est l'acte en lui-même. On voit souvent des délits ou des

crimes tellement absurdes que leur caractère pathologique

ne peut être mis en doute par personne ; l'irresponsabilité

de ceux qui les ont commis en découle alors tout naturelle-

ment. ,

La profonde suggestibilité de l'hystérique explique l'in-

fluence si grande du rêve, d'une hallucination, d'une idée

fixe, d'une suggestion intrinsèque ou extrinsèque. Plus en-

core que la suggestibilité, l'impulsivité est une cause impor-

tante d'actes médico-légaux hystériques : homicide, de vio-

lence, suicide et surtout actes passionnels provoqués par la

haine, la jalousie, la vengeance. Leur émotivité, leur irrita-

bilité, empêchent ces malades de se contenir ; ils passent pres-

que instantanément de l'idée à l'acte.

La plupart des auteurs, dans ces cas, concluent à une res-

ponsabilité limitée. D'après eux, le criminel hystérique n'op-

pose, aux mobiles de son acte, qu'une résistance affaiblie. A

l'impulsivité des hystériques se rattache un grand nombre

de vols, surtout de vols commis dans les grands magasins.

Lorsque l'expert se trouve en présence de dégénérés hystéri-

ques, de kleptomanes, l'irresponsabilité ne saurait être mise

en doute. La solution est bien plus délicale si l'impulsion ne

s'accompagne pas d'obsession proprement dite, de lutte an-

goissante. Le médecin réglera sa conduite d'après le carac-

tère plus ou moins pathologique de l'acte et les circonstances

qui l'ont précédé ou suivi.

Mais il reste, bien entendu que ce sont seulement les actes

pathologiques de l'hystérique qui entraînent l'irresponsabi-

lité. En présence d'un délinquant ne présentant que des ma-

nifestations anciennes ou atténuées de la névrose et dont

l'acte n'a aucun caractère pathologique, l'expert doit conclure

à la responsabilité. Le rapport devra, toutefois, contenir un

examen approfondi du sujet (antécédents héréditaires et per-

128 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

sonnels, niveau mental, degré de la maladie) afin d'éclairer

le tribunal. Si celui-ci croit juste d'appliquer les circonstan-

ces atténuantes, il le fera sans que le médecin intervienne.

L'appréciation de la maladie seule est d'ordre médical.

Il me faut dire, maintenant, quelques mots de la respon-

sabilité des sujets chez lesquels l'hystérie est associée à

d'autres facteurs pathologiques. Parmi ces facteurs, le plus

habituel est incontestablement la dégénérescence. Nous ne

pouvons encore ici fournir aucune règle fixe, la responsabi-

lité étant variable chez les dégénérés. La vie entière du sujet

indique le degré de son déséquilibre, et ce déséquilibre per-

met d'arriver à déterminer la responsabilité. A chaque cas

correspond une solution différente. Lorsque la dégénéres-

cence s'affirme par une débilité mentale avérée, l'expert de-

vra naturellement faire entrer en ligne de compte ce nou-

veau facteur. Chez un hystérique présentant en même temps

des manifestations épileptiques, il est fréquent de rencon-

trer simultanément un état de débilité ou de dégénérescence

mentale plus ou moins accusé. Dans cette triple association,

l'acte médico-légal emprunte ses caractères à l'un des fac-

teurs, quelquefois à deux, et la responsabilité est générale-

ment nulle. Il faut, cependant, arriver à cette conclusion, que

le délit ait une note pathologique.

Lorsque l'hystérie s'associe avec les intoxications, la ques-

tion de la responsabilité devientencore plus complexe. Cette

associationest assez fréquente, car on sait combien les désé-

quilibrés ont une appétence singulière pour tous les toxi-

ques, principalement l'alcool, la morphine et l'éther. L'in-

toxication réagit sur l'état mental du malade, mais il est tou-

jours possiblede retrouver dans le tableau clinique la part de

chacun des fadeurs surajoutés. La responsabilité dépend na-

turellement du degré d'hystérie et de l'importance de l'in-

toxication. De tous ces poisons, l'alcool est le plus fréquent et

aussi le plus nocif. L'alcoolisme chronique augmente le

nombre des crimes qu'il aggrave. L'ivresse accroît singuliè-

rement l'impulsivité, l'automatisme des malades,et l'hystéri-

que devient criminel par suite d'impulsions déréglées, sans

qu'on puisse parler de troubles mentaux proprement dits.

Quelquefois l'automatisme ambulatoire hystérique succède

à une intoxication éthylique. La morphine a, au contraire,

cette action particulière qu'elle diminue un peu la fréquence

des attaques, mais l'état mental n'en demeure pas moins ag-

gravé. L'expert devra s'attacher à démontrer dans quelle me-

sure l'acte délictueux dépend de l'hystérie ou de l'intoxica-

tion surajoutée. Cette notion a plus d'importance que la gra-

vité de la maladie elle-même.

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 129

En terminant, je crois nécessaire de poser devant le Con-

grès le problème de la responsabilité limitée qui est, comme

on l'a vu, la solution souvent adoptée par les experts lors-

qu'il n'y a pas de trouble pathologique évident au moment

de l'acte. La loi pénale ne reconnaît pas cette responsabilité

limitée ; il n'y a pour elle que des responsables et des irres-

ponsables. La plupart des médecins légistes et des juriscon-

sultes admettent qu'il existe des gens à tares insuffisantes

pour faire disparaître leur volonté, mais suffisantes pour obs-

curcir leur intelligence et diminuer leur volonté. Est-ce une

chose juste ou simplement utile ? D'aucuns font remarquer

que l'idée de responsabilité limitée, avec la peine divisée

comme en petits morceaux est une absurdité. D'autres ajou-

tent, avec M. Forel, que responsabilité limitée veut dire, les

trois quarts du temps, danger social augmenté.

A mon tour, je déclare que la responsabilité limitée est une

notion non seulement inutile, mais irrationnelle et dange-

reuse : irrationnelle parce que les hystériques considérés

comme partiellement responsables sont des anormaux sur

lesquels pèsent de véritables tares, des influences d'ordre in-

trinsèque ; dangereuse parce qu'elle conduit les juridictions

répressives à l'indulgence, à la courte peine, et qu'on remet

ainsi dans la circulation un individu peut-être plus dange-

reux que le criminel conscient. Il serait fâcheux, à mon sens,

que le Congrès donnât l'appui de son autorité à la reconnais-

sance officielle de la responsabilité limitée.

M. Grasset. ' Conclure comme l'a fait M. Leroy, au rejet t

absolu de la responsabilité limitée est une grave condamna-

tion de la plupart des experts qui adoptent cette formule.

Pour ma part, je rejette complètement semblable conclusion

et j'estime qu'il faut envisager séparément la doctrine scien-

tifique de la responsabilité atténuée et ses conséquences juri-

diques dans la législation actuelle.

En d'autres termes, il ne fautpas assimiler les notions très

distinctes de responsabilité atténuée et de peine atténuée.

Dans la législation actuelle, la déclaration de responsabilité

atténuée aboutit à la multiplication des courtes peines, ce

qui est reconnu mauvais : mais cela ne prouve pas que,scien-

tifiquement, la responsabilité atténuée n'existe pas. Si elle

existe, il ne faut pas cesser de la proclamer, sauf à demander

en même temps une modification correspondante de la loi.

Or, scientifiquement, la chose ne paraît pas douteuse. Quelle

est actuellement la base médicale delà responsabilité ? La

normalité des neurones psychiques. Dès lors, il me paraît

impossible de se borner à classer l'humanité en deux blocs :

Archives, 2' série, 1906, t. XXII. 9

130 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

celui des normaux responsables et celui des anormaux com-

plètement irresponsables.

Entre les deux, il y a place pour, une vaste catégorie de

sujets, chez lesquels le fonctionnement psychique est inférieur

à la normale, c'est-à-dire qui ne sont pas doués d'une résis-

tance suffisante aux suggestions malsaines, et qui, par consé-

quent, ne peuvent être considérés ni comme irresponsables

au sens absolu du mot, ni comme responsables.

Prenons un épileptique; tout le monde est d'accord pour

reconnaître que le crime commis en état de crise entraîne fir·

responsabilité ; mais si le même crime a été accompli dans

une phase interparoxystique, irez-vous soutenir que ce crime

ne mérite aucune indulgence, qu'il a été accompli par un

sujet dont l'intégrité psychique est absolue ? Il en est de

même pour les actes des hystériques. Vous voulez que ceux-

ci soient toujours responsables ou irresponsables. Pour moi,

l'immense majorité de ces malades est responsable, mais

dans une mesure limitée qu'il appartient à l'expert d'appré-

cier.

Loin d'être irrationnelle, cette conception me semble au

contraire, la raison même. Si vous n'admettez pas la respon-

sabilité atténuée, vous êtes obligé d'étendre outre mesure

tantôt le domaine de la responsabilité, tantôt celui de l'irres-

ponsabilité.

En quoi le sujet à responsabilité atténuée diffi;re-t-il donc

du responsable et de l'irresponsable ? Du responsable il dit-

fère en ce qu'il n'est pas entier dans la lutte psychique et ne

doit pas être mis dans la prison des normaux. De l'irrespon-

sable il diffère en ce qu'il « comprend» le gendarme et la pri-

son etnedoit pas être mis dans l'asile des fous. Et alors, de

ce qu'il ne peut être ni dans la prison ordinaire ni dans l'asile

ordinaire, il ne faut pas conclure qu'il n'existe pas. Il faut

conclure à la création urgente, indispensable de l'asile-pri-

son. Tout danger disparaît ainsi. La société se garantira con-

tre ce demi-fou plus longtemps parfois que contre certains

fous,mais elle le traitera en même temps.Elle l'isolera comme

un cholérique ou un pestiféré ets'en préservera tout en le soi-

gnant.

Toutes les objections sur l'absurdité de la « peine divisée» Il

tombent. On ne peut plus dire, avec M. Forel, que responsa-

bilité limitée égale danger social augmenté. Il n'en est rien. Si

vous classez les hystériques en responsables et irresponsables,

vous vous exposez terriblement, au contraire, mettre en pri-

son des malades et à enfermer dans les asiles des sujets dont

ce n'est pas la place.

Le rapporteur parle enfin de sujets partiellement responsa-

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 131

bles ; c'est une confusion des plus fâcheuses que commettent

encore un certain nombre d'auteurs : responsabilité partielle

et responsabilité atténuée sont deux choses absolument dis-

tinctes.

La responsabilité atténuée n'est donc ni irrationnelle, ni

dangereuse, ce n'est pas davantage, comme on l'a dit, une

cote mal taillée, une lâcheté ou une erreur ; c'est une vérité

scientifique, à laquelle un jour ou l'autre il faudra bien que

la législation se conforme.

31. BRIAND (de Villejuif). - Le terrain sur lequel évolue

l'hystérie joue un rôle primordial dans le déterminisme et la

forme des délits divers que peut commettre l'hystérique.

M. Dupré (de Paris). Le problème de la responsabilité

des hystériques associe deux questions dont l'étude séparée

est déjà des plus difficiles. A mon avis, lorsque l'hystérique

devient délinquant, ce n'est pas de par sa névrose, mais bien

de par les tares intellectuelles, morales, ou volontaires qui

s'associent à l'hystérie sur le terrain dégénératif, dont la né-

vrose elle-même n'est qu'une expression. ,

Parmi ces tares, la vanité, la malignité et la perversité dans

le domaine moral, la débilité mentale dans le domaine in-

tellectuel, l'impulsivité dans le domaine volontaire, et enfin

d'autres états morbides, toxiques, obsédants, etc., etc., re-

présentent les principaux facteurs qui, associés à la névrose,

entraînent les hystériques à la délinquance et sont les mobi-

les non hystériques du délit chez les hystériques. Je ne vois

guère de spéciale à l'hystérie que la suggestibilité, comme

élément psychologique intéressant à considérer en médecine

légale : et encore une suggestibilité particulière, aboutissant

surtout à l'organisation de crises ou de syndromes somati-

ques, accessoirement à la création d'états psychiques qui

n'ont guère de conséquences médico-légales, en dehors de

l'association des tares morales plus haut signalées.

La mythomanie telle queje l'ai définie, c'est-à-dire la ten-

dance constitutionnelle au mensonge, à la fabulation et à la

simulation, est très fréquemment associée à l'hystérie, mais

elle ne se confond pas avec elle, car on peut être mythomane

sans être hystérique. Le diagnostic différentiel entre la my-

thomanie et l'hystérie repose le plus souvent sur la notion de

la présence ou de l'absence, dans le processus morbide, de la

conscience et de la volonté. Cette distinction est des plus dif-

ficiles à établir, car nous ne possédons aucun moyen sûr de

mesurer chez le sujet suspect la valeur des constatations de

la conscience et des efforts de la volonté.La cliniquemédico-lé-

gale et pénitentiaire fourmille de ces cas hybrides, où il est im-

possible de faire dans la psychogenèse des accidents le dé-

132 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

part de l'hystérie et de la simulation. Il me paraît difficile de

distinguer, à cet égard, le rôle respectif des deux psychis-

mes ; le problème reste dans le domaine des faits subjectifs et

ne comporte aucun élément objectif, aucun critère expéri-

mental de solution.

Au point de vue de la responsabilité atténuée, je me rallie

complètement à l'opinion de M. Grasset.

Communications diverses :

Du scorbut chez les aliénés.

TouLOUSE et DAMAYE.- Il s'agit de deux malades de l'Asile

de Villejuif, sitiophobes, qui, sous l'influence du régime {acle

absolu, ont présenté un scorbut atténué.

La première malade, jeune femme de 27 ans, était une con-

fuse, alternativement excitée maniaque et déprimée et pour

laquelle on aurait pu porter le diagnostic de démence pré-

coce. D'énormes ecchymoses apparurent, après trois mois

environ de régime lacté, aux jambes, aux malléoles et au

creux poplité gauche. Masses musculaires et téguments de

ces régions douloureux au palper, et donnant une sensation

de dureté cireuse. Liseré hémorragique aux gencives. Urines

rouge-orangé contenant du sang et de l'urobiline. Teinte li-

vide des téguments du tronc et surtout de la face. Sang noi-

râtre, très fluide, et donnantrapidementun caillot rétractile.

La seconde malade, femme de 41 ans, était une mélancoli-

que avec dépression assez voisine de la stupeur. Quinze jours

environ après guérison d'une affection dysentériforme, appa-

rition aux jambes de larges ecchymoses très douloureuses à

la palpation, avec oedème, mais sans consistance cireuse des

muscles. Gencives saignant très facilement. Teinte livide des

téguments, surtout marquée à la face. Sang noir, poisseux,

très coagulable, caillot rétractile.

L'affection scorbutique de ces deux malades guérit sous

l'influence de l'ingestion de légumes verts et de fruits. On

doit incriminer ici, dans l'apparition du scorbut, l'alimenta-

tion de ces malades avec du lait bouilli, mais il faut faire en-

trer aussi en ligne de compte, comme cause prédisposante,

l'affection mentale dépressive elle-même (cedèmes, cyanoses,

purpuras des déments précoces étudiésparKraepelin, Sérieux.

Dide et Chénais). Il semblerait donc utile, lorsque le régime

lacté absolu doit être imposé longtemps à ces malades,d'évi-

ter le lait bouilli ou de s'efforcer de leur faire ingérer de

temps à autre des fruits ou des légumes verts.

Une troisième malade, G3 ans, observée à l'asile de Bassens

par les D ? Dumaz et Damaye, s'alimentait d'une façon très

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 133

défectueuse, refusant, par crainte d'empoisonnement et sous

l'influence d'hallucinations, une grande partie de la nourri-

turc et particulièrement les légumes.Une véritable expérience

de laboratoire s'ensuivit, inconsciemment dirigée par la ma-

lade. Apparition aux membres inférieurs de larges ecchymo-

ses avec oedème, et consistance cireuse. Palpation très dou-

loureuse. Liseré hémorragique à la gencive inférieure. Teinte

jaune-paille des téguments. Ce cas, traité aussitôt, s'est len-

tement amélioré par ingestion de fruits.

De l'Etal mental des Hystériques.

M. Joinre, professeur de l'Institut PsychoPhysiologique

de Paris, Président de la Société Universelle d'Etudes Psy-

chiques. Ce qui fait le fond de l'hystérie, c'est un trou-

ble de l'équilibre du système nerveux. On trouve toujours,en

effet, chez elle des diminutions de la sensibilité sous forme

d'anesthésie ; d'autre part des exagérations de la sensibilité

sous forme d'hyperesthésie. Des diminutions et des exagéra-

tions de la force : contractures et paralysies,etc. De même leur

état mental a toujours pour cause un manque d'équilibre

cérébral. Ce manque d'équilibre est la cause de la mobilité

excessive de leur esprit, de leur passage facile de l'état nor-

mal dans, les états seconds ; enfin de leur extrême sugges-

tibilité.

L'hystérique a une émotivité spéciale ; elle est moins sensi-

ble que la plupart des autres personnes ; par contre, son ca-

price lui donne un excès de sensiblerie pour des choses insi-

gnifiantes.

Loin d'être passionnée comme on le dit souvent, l'hystéri-

que est plutôt froide et les sentiments affectifs sont obnubi-

lés chez elle ; mais elle exagère les sentiments passagers

qu'elle éprouve et pousse surtout leur expression avec une

mise en scène qui n'a aucun rapport avec la profondeur.

L'hystérique se suggestionne elle-même, c'est pourquoi

elle trompe les autres, mais souvent elle le fait inconsciem- .

ment. L'amour de la mise en scène pousse souvent les hysté-

riques à se mêler aux affaires des tribunaux, les suggestions

qu'elles se font et les hallucinations auxquelles elles sont su-

jettes les exposent à tromper la justice d'une manière très

grave.

Les impulsions qui résultent,pour les hystériques,des états

seconds dans lesquels elles se trouvent, les portent quelque-

fois à accomplir des actes répréhensibles ou coupables dans

lesquels elles ont une responsabilité très limitée. x

Quand les individus que l'on peut soupçonner d'être hys-

tériques se trouvent appelés devant les tribunaux, soit comme

134 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

plaignants, soit comme témoins, soit comme prévenus, il est

indispensable de faire examiner leur état mental par un

médecin spécialiste.

De l'emploi d'un nouvel appareil, sthcnomètre

pottr le diagnostic, Le pronostic et le traitement de cer<a'ne

maladies du système nerveux.

11, P. Joire, professeur à l'Institut Psycho -Physiologique

de Paris, président de la Société Universelle d'Etudes Psy-

chiques. -Le sthénomètre est un instrument qui permet de

constater et de mesurer les troubles du système nerveux

dans un certain nombre de maladies,

Quand on approche la main de l'appareil,on voit que l'ai-

guille se déplace d'une quantité qui varie chez l'homme sain

et dans les diverses maladies du système nerveux.

M. Joire a démontré que ni la chaleur, ni la lumière, ni

l'électricité ne pourraient expliquer ce déplacement de l'ai-

guille qui se produit constamment au bout de 3 ou 4 minu-

tes après qu'on en a approché la main.

Ces expériences ont été reproduites à la Société d'hypnolo-

gie et de Psychologie, à l'Institut psycho-physiologique du

Dr Bérillon, et, dans le service de M. Huchard, à Necker. Les

résultats se sont montrés parfaitement concluants.

L'angle de déplacement de l'aiguille, observé successive-

ment avec la main droite et avec la main gauche est variable

suivant que l'on a affaire à des sujets dont le système nerveux

est déprimé, ou à des neurasthéniques, à des hystériques, à

des épileptiques, des choréiques, etc. '

Chacune de ces maladies s'inscrit au moyen du sthénomè-

tre par une formule qui est spéciale.

De plus, chez un malade en traitement, on peut suivre les

progrès vers la guérison, par le changement des déplace-

ments de l'aiguille que l'on constate à mesure que l'état du

malade s'améliore. Les nombreuses formules indiquées

dans les communications de 31. Joire sont absolument dé-

monstratives.

Ces observations montrent l'emploi utile que l'on peut

faire du sthénomètre pour le diagnostic, le pronostic et le

traitement d'un grand nombre de maladies du système ner-

veux.

Les ictus dans la démence précoce.

Mlle le Dr PASCAL. - Les ictus survenant au début et au

cours de l'évolution de la démence précoce peuvent relever

de nombreuses causes. 1. Dans les cas avérés d'hystérie ou

d'épilepsie où les attaques datent depuis très longtemps,sou-

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 135

vent depuis l'enfance (Morel,Kraplin, Claus) on peut conclure

à une association de la névrose avec la démence précoce.

2. Mais il y a des faits qui nous autorisent à croire qu'il existe

des ictus appartenant à la démence précoce et non au terrain

hystérique ou épileptique sur lequel peut germer cette affec-

tion. Dans ce cadre restreint : 1° les cas isolés de convulsions

sur lesquels insistait Kalbaum ; 2° les cas de démence rapide

survenant après une seule attaque convulsive décrits par

Schule ; 3° les ictus qui apparaissent à une période tardive

où toute trace de névrose est ellacée comme dans les cas de

Massin et nos observations personnelles. Tous les cas d'ictus

survenant chez des jeunes sujets en l'absence de toutes autres

manifestations morbides : stigmates mentaux hystériques,

stigmates mentaux épileptiques, symptômes en foyer (dans

les cas de tumeurs cérébrales) et en l'absence de symptômes

physiques de paralysie générale, doivent être considérés comme

suspects et faire penser e4 la démence précoce. En somme, ces

ictus par leur précoce apparition annoncent le début de la

maladie, au même titre que les ictus de la période initiale de

la paralysie générale.

Leur pathogénie est différente suivant la période à laquelle

ils apparaissent. Leur rareté au cours de l'évolution du pro-

cessus morbide est due à plusieurs causes, absence de lésions

vasculaires, fréquence des hallucinations, etc.

H. Marie a poursuivi ses recherches antérieures publiées

avec MM.Duflot et Viollet sur les ponctions lombaires en sé-

rie dans la paralysie générale. Par des examens microbiolo-

giques du liquide céphalo-rachidien parallèlement à l'albu-

mo-diagnostic et l'examen du sang et des urines, il a cherché

à reconnaître la présence et la nature d'éléments figurés pou-

vant concorder avec les lymphocytoses polynucléaires.

Ces recherches,non encore terminées tendraient à confirmer

celles de 3131. Brousse et Robertson et de M. l\1etchnikoff,sur

les diffusions infectieuses finales dans les démences,

Physiologie des crises laryngées des tabétiques.

1'1. Maurice FAURE (de La Malou). Sans contester le rôle

des paralysies ou des parésies des cordes vocales dans la pa-

thogénie des crises laryngées,sans nier la possibilité de spasmes

dont la réalité ne semble pas,d'ailleurs, avoir jamais été bien

établie, il nous a semblé que,dans la maiorité des cas, le mé-

canisme physiologique de la crise laryngée du tabétique était

le suivant : chez un homme normal, lorsqu'ascensionne, de

la trachée dans le larynx,un grumeau de mucus ou de muco-

pus, la présence de ce corps étranger sur la muqueuse laryn-

gée détermine une sensation spéciale, aussitôt suivie d'un ré-

130 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

flexe de toux, ou d'un léger effort expiratoire sonore, quel'on

caractérise par la syllabe « hem ». Cet effort est renouvelé s'il

est insuffisant et, par le passage d'une colonne d'air soufflant

avec violence dans le larynx, chasse la mucosité dans le pha-

rynx où elle est aussitôt crachée ou déglutie. Chez le tabéti-

que, cette succession de phénomènes sensitifs et moteurs est

perturbée : 1° parce que la muqueuse laryngée peut être hy-

peresthésique ou hypoesthésique ; 2° parce que le réflexe d'ex-

pulsion que détermine le chatouillement de la muqueuse la-

ryngée est troublé ; 3° parce que les muscles de la respira-

tion sont atteints d'incoordination. Lorsqu'un corps étranger

se présente dans le larynx d'un tabétiquc (soit parce qu'il y a

été introduit par l'infiltration pharyngée dans une glotte mal

fermée, soit parce qu'il y aboutit, venant de la trachée), il ne

détermine pas la sensation normale ; mais une sensation exa-

gérée, ou diminuée, ou ralentie, le réflexe qui en résulte sur-

vient en retard, ou mal à propos, ou avec trop de violence,ou

avec trop de faiblesse. Enfin, les muscles glottiques, thora-

ciques. abdominaux, qui concourent à la respiration et à la

toux. font des efforts désordonnés et qui se contrarient mu-

tuellement, au lieu d'être synergiques et coordonnés. C'est

ainsi que l'on voit, par exemple, le diaphragme relâché être

aspiré dans la cavité thoracique, au moment même où les

muscles inspirateurs dilatent celle-ci, et l'effort respiratoire

annulé pour cette raison. Réciproquement, le diaphragme

peut être brusquement refoulé dans l'abdomen, au moment

où le thorax revient sur lui-même, et le volume de la cage

thoracique n'étant point changé, l'effort expiratoire ne se pro-

duit pas. Ou bien, la glotte se ferme, au moment où un cou-

rant d'air chassé à travers le larynx va expulser le corps étran-

ger, ou lorsqu'un effort de dilatation thoracique exigerait la

pénétration d'un supplément d'air inspiré. Très généralement,

on voit leréllexede la toux déterminer une série d'expirations

courtes et saccadées qui, n'ayant pas été précédées d'inspira-

tions destinées à remplir d'air le thorax, ne peuvent aboutir à

la formation de la colonne d'air nécessaire au balayage du

larynx, et restent sans effet.

La crise laryngée est donc composée des symptômes que

voici, qui ne sont pas toujours réunis, et dont la violence et

le nombre plus ou moins grand créent des variétés dans la

durée, l'importance et la gravité de ces crises. Le malade per-

çoit, d'abord, un picotement, un chatouillement violent, au

niveau du larynx, déterminant l'envie impérieuse de tousser.

Ce picotement est hors de proportion avec la cause qui le

provoque et son intensité doit être mise sur le compte des

troubles de sensibilité de la muqueuse. Les efforts de toux

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 137

qui le suivent, au lieu d'être constitués par une inspiration

large et silencieuse, suivie d'une expiration forte, bruyante,

et saccadée, sont formés d'une série de petites expirations

courtes que n'interrompent point des efforts d'inspiration

angoissants et sans résultat. La glotte, au lieu de rester

ouverte pour l'inspiration et l'expiration nécessaires à la toux,

se ferme comme dans l'effort, ou ne s'ouvre que mal à propos,

et le malade, n'inspirant pas, ne faisant que des expirations

insuffisantes pour se débarrasser, continuant de percevoir le

chatouillement paroxystique du larynx, s'agite, devient pâle,

se cyanose, et peut courir de graves dangers. Quelquefois (et

ce ne sont pas les cas les moins graves), tout se réduit à de

l'incoordination et de l'anesthésie du larynx lui-même. Les

muscles glottiques, en l'état où sont les muscles des jambes

chez un grand ataxique, sont incapables de maintenir les dif-

férentes pièces du larynx dans leur position régulière. Et

celles-ci, mues par des secousses désordonnées, prenant des

attitudes anormales, que l'anesthésie de la muqueuse et des

parties profondes ne permet plus de contrôler, ne savent

plus maintenir la glotte ouverte pour la respiration, fer-

mée pour l'effort ou la déglutition. De là, une respiration

sifflante, rauque, difficultueuse, comme celle du croup,

et dont le moindre incident peut compromettre le jeu pré-

caire. -

La pathogénie de tous ces accidents s'éclaire, si on la com-

pare aux autres symptômes du tabès.A côté de 1 hyperesthésie

laryngée, il faut rappeler l'hyperesthésie du col vésical ou du

rectum déterminant des besoins incessants d'aller à la selle

ou d'uriner. Parfois, ces sensations anormales se produisent

d'elles-mêmes, sans aucun objet qui les explique. Telle est

cette gêne insupportable provenant de la sensation de corps

étranger dans le rectum et déterminant des efforts incessants

d'aller à la selle, que rien ne légitime. La peau n'est, d'ailleurs,

pas plus à l'abri que les muqueuses de cette hyperesthésie

et de ces sensations anormales. A certains moments, dans

certaines régions, le contact d'un vêtement, d'un drap,

un effleurement aussi léger que possible sont insupportables.

Chez presque tous les tabétiques, le contact d'un tampon

d'ouate imbibe d'éther qui, chez unhommenormal, provoque

une simple sensation de froid,amène unesensation extrême-

ment désagréable, qui peut aller jusqu'à une douleur insup-

portable, etc., etc. L'est là une catégorie de symptômes des

plus constants et des plus caractéristiques dans le tabès : il

est naturel que le larynx n'échappe point à la règle commune.

La perturbation du réflexe de la toux s'explique aussi par la

perturbation générale des réflexes dans le tabès. Le réflexe

138 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

patellaire, la plupart des réflexes tendineux sont abolis, les

réflexes pupillaires sont troublés, etc.

Enfin, les muscles du larynx, du thorax, du diaphragme,

ne sont pas plus à l'abri de l'incoordination que les autres

muscles du tronc et des membres. Au précédent Congrès de

Neurologie (Rennes, août 1905), nous avons décrit et expliqué

les troubles respiratoires des tabétiques, précisément par l'in-

coordination des muscles du cou et du tronc. Les troubles de

la miction et de la défécation s'expliquent de la même ma-

nière, au moins en grande partie. Si l'incoordination des

muscles des membres inférieurs produit le trouble de la

marche, si l'incoordination des muscles des membres su-

périeurs produit le trouble de l'écriture et de la préhension,

- il n'est pas moins explicable quel'incoordination des mus-

cles du bassin et du périnée se traduise par les troubles de

la miction et de la défécation, - que l'incoordination des

muscles thoraciques se traduise par le trouble de la respira-

tion, et que l'incoordination des muscles du larynx se tra-

duise par des crises laryngées.

Il peut exister aussi des parésies et même des paralysies

ou des atrophies des muscles laryngés, comme il existe des

parésies, des paralysies ou des atrophies d'un groupe de mus-

cles des membres ou du tronc chez les ataxiques. Cet acci-

dent est imputable, tantôt à des névrites périphériques, tan-

tôt à des altérations des cellules spinales des cornes antérieu-

res coexistant avec la sclérose des cordons postérieurs, tan-

tôt à l'exagération et laprolongation inusitées d'une incoordi-

nation et d'une atonie très accentuées, ayant amené l'immo-

bilisation indéfinie et la dénutrition du groupe musculaire

atteint. Mais ce sont là des faits rares.

Les spasmes musculaires sont exceptionnels dans le tabes

et ils sont rapides, bénins et transitoires. C'est pourquoi le

terme de spasme laryngé, employé pour désigner l'ensemble

des phénomènes de la crise laryngée, est certainement mal

choisi. Rien n'est plus éloigné de la séméiologie ordinaire du

tabétique que l'élément spasmodique : l'incoordination, l'a-

tonie, le relâchement, l'abolition des réflexes sont, précisé-

ment, le contraire du spasme, Si donc il existe de véritables

spasmes laryngés (ce qui, d'ailleurs, n'est pas démontré.), ce

sont certainement des faits exceptionnels.

Il noqs paraît donc que, sous le nom de « crise laryngée »,

ont été compris des accidents complexes pouvant ressortir

de la paralysie ou du spasme glottique, mais s'expliquant

beaucoup plus souvent par la dysestliésie, l'incoordination

et la perturbation des réflexes, qui se produisent dans cette

région, comme dans toutes les autres régions, çhez le tilbéti-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES 139

que. - La thérapeutique de ces accidents résulte de leur mé-

canisme physiologique. Au moment même de la crise, il faut

recommander de grands efforts volontaires d'inspiration pour

détruire l'effort expiratoire instinctif ; - la prononciation de

voyelles ouvertes ( « a », par exemple). Les mouvements pas-

sifs de respiration pourront également rendre des services.

Mais c'est surtout dans l'intervalle des crises que la théra-

peutique pourra être efficace ; on fera l'apprentissage de la

coordination respiratoire, généralement détruite, des exer-

cices vocaux,- l'examen et le traitement de la muqueuse

glottique, parfois, la faradisation des muscles laryngés,

enfin, tout ce qui pourra contribuer à rétablir la synergie et

la tonicité des muscles dularynx, du cou, du thorax, et de

l'abdomen, à diminuer l'hyperexcitabilité de la muqueuse, à

régulariser le réflexe normal de la respiration et de la toux.

Tout cela est possible dans une large mesure, les muscles qui

interviennent dans le mécanisme de ce réflexe étant soumis

à l'action de l'intelligence et de la volonté, et, par conséquent

de l'éducation.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

IX. Observation histologique de glio-endothéliome

kystique du lobe occipital droit ; par Ettore RA.VENNA.

(ln Rivista sperimentale di frenialria,19U1. Vol. XXX, fasc. 1.)

. Après avoir rapporté l'examen histologique détaillé dans un

cas de cette nature, l'auteur en recherche l'origine. Ce n'est pas,

dit-il, une production des méninges, puisque cotte tumeur en était

complètement isolée et indépendante ; ce n'est pas le résultat

d'une porte de substance puisqu'elle est bien limitée par une pa-

roi propre ; celle paroi circonscrit une cavité creuse occupée par

un liquide, et n'a aucun rapport de continuité avec les tissus en-

vironnants. 11 reslo donc à admettre, comme cause probable,

qu'elle représente le résultat d'une dilatation progressive d'un

espace lymphatique. J. S.

X.- Recherches histologiques sur l'origine et le mode

de formation de la cellule nerveuse dans la moelle épi-

nière et dans la protubérance du poulet ; par Carlo

PESTA. (ln Rivista sperimentale di freaiatriia, 1904. Vol. XXX,

fascicule 1.)

Pour ces recherches, l'auteur a employé le sublimé comme

140 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

fixateur ; les coupes, déshydratées, ont été colorées par l'héma-

toxyline, le carmin,' la safranine et la thionine en solution

aqueuse.

Les résultats obtenus lui ont montré qu'il n'était pas possible,

chez l'embryon de poulet, avec les méthodes dont il s'est servi,

de faire pendant les premières phases du développement une

distinction entre les éléments nerveux elles éléments de soutien :

tousles éléments de la moelle ont une forme 'bipolaire identiques

et sont produits par kariokinèse des cellules germinatives placées

autour du canal central. Grâce à la méthode de Cajal, on peut

voir la structure fibrillaire dans de nombreux neuroblastes, entre

la 60° et la 65° heure.

Les fibres nerveuses périphériques sont dues à la transforma-

tion des chaînes des éléments migrateurs de la moelle.

Il se fait dans la moelle une migration des éléments dans une

direction bien déterminée, et parallèlement à cette migration, a

lieu l'apparition des fibrilles nerveuses dans la moelle et dans la

protubérance. Les rapports entre les éléments nerveux s'établis-

sent à la suite de la formation des cellules nerveuses.

La cellule nerveuse se développe aux dépens d'un neuroblaste

unique.

La substance chromatique commence à se former vers le 10e

jour et apparaît en« principe à la périphérie de la cellule. -

J. SL3GLAS.

XI. Action du calcium sur l'écorce cérébrale ; par

IloucoROrrr. lIn Rivista sperimentale di freniatria, 1904. Vol.

XXX, fascicule 1.)

L'auteur a expérimenté sur des chiens les sels suivants : chlo-

rure de calcium, bromure de calcium, iodure de calcium, azo-

tate de calcium, acétate de calcium, et lactate de calcium. Tous

ces sels de calcium ont déterminé un notable abaissement de l'ex-

citabilité corticale. Le phosphate bisodique, substance qui préci-

pite le calcium, a une action antagoniste de celle de l'acétate, du

lactate et du nitrate de calcium. L'antagonisme entre le bromure

et l'iodure de calcium n'est pas nettement démontré ; l'action

dépressive du bromure sur l'écorce cérébrale a été bien mise en

lumière par les recherches d'AlberLoni. Enfin l'iodure de calcium

peut produire un phénomène qui trouble l'expérience, en provo-

quant une congestion de toute la région cérébrale..1. Séglas.

XII. - Le mode de formation de.la cellule nerveuse dans

les ganglions spinaux du poulet ; par CARI.0 BESTA. (In

Rivista sperimentale di freniatria, 1904. Vol. XXX, fascicule 1.)

Ces recherches constituent le complément de travaux anté-

rieurs sur le mode de formation de la cellule nerveuse dans la

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 141

moelle et dans la protubérance des embryons de poulet. L'étude

de laformation de la cellule nerveuse dans les ganglions spinaux

a été faite sur les poulets à la 60e heure de l'incubation, avec les

méthodes déjà usitées pour les recherches précédentes, et en plus

la méthode de Ramon y Cajal pour les fibrilles.

La formation des ganglions spinaux est due à la migration des

neuroblastes de la partie postérieure du tube neural et à l'ultime

phase du processus migrateur qui a donné précédemment les

chaînes cellulaires des nerfs sensitifs. A la fin du 3'jour, les neu-

roblastes des ganglions sont bipolaires, ont une forme en fuseau,

et sont identiques à ceux de la moelle et des nerfs. Au début du

4° jour, par suite de l'éloignement du tube médullaire, on observe

la formation d'un prolongement fibrillaire dont le noyau devient

rond, plus clair et brillant ; le corps cellulaire correspondant

aux deux pôles s'allonge et forme comme un capuchon au noyau.

Les autres parties du corps cellulaire et lasubstance chromatique

apparaissent plus tard. Le résultat indiscutable est que la cellule

des ganglions est due à l'évolution et au perfectionnement pro-

gressif d'un neuroblaste unique..1. Séglas.

XIII. Dégénérations secondaires expérimentales par

arrachement du sciatique étudiées avec la méthode

de Donaggio pour les dégénérations; par LUIGI LUGIATO.

(In Rivista sperimentale di faeniatria., 190t Vol. XXX, fasci-

cule 1.)

La méthode de Donaggio est basée sur ce fait que les fibres

nerveuses, dans la première phase de la dégénération primaire et

sClondaire, fixées par fragments dans le bichromate de potasse,

acquièrent la propriété de résister beaucoup plus que les fibres

normales, au processus de décoloration. Ayant utilisé ce procédé,

parallèlement à la méthode de Marchi, l'auteur a vu que dans

quelques cas, consécutivement à l'arrachement unilatéral du

sciatique, on peut observer des lésions bilatérales des cordons

postérieurs. On ne peut encore attribuer ce phénomène à un pro-

cessus connu, et on ne peut également connaître à l'heure ac-

tuelle le mode spécial de disposition des lésions ; aussi l'auteur

se réserve-t-il d'étudier plus tard cette question..1. SÉGLAS.

Fiv, - Etudes et recherches expérimentales sur la mé-

moire des images acoustiques et usuelles de la parole ;

par le Dr LÉONARDO GRAssr. (M Rivista sperimentale di Ivre-

niatria, 1904. Vol. XXX, fascicule 1.)

Les résultats obtenus par ses recherches ont amené l'auteur à

penser que : 1° le pouvoir de reproduction des images acoustiques

et visuelles est en proportion directe avec la durée de l'excitation ; -,

2° le pouvoir de reproduction pour une série d'images acous-

142 REVUE d'anatomie et de PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

tiques et usuelles de la parole est plus grand si ces images sont

simples et courtes, et plus faible si ces images sont longues et

complexes ; 3° dans une série acoustique, les paroles apprises au

début et à la fin sont mieux retenues que celles qui sont au mi-

lieu de la série ; 4° le pouvoir de reproduction d'une série d'images

acoustiques et usuelles de la parole est en raison inverse du temps

écoulé entre la perception et la reproduction ; 5° le nomhre des

paroles qui peuvent être répétées après l'audition où la lecture

d'une série, ne peut guère avoir d'influence sur les éléments de

cette série, dont toutes les parties sont également liées entre

elles ; 6° si dans une série visuelle s'intercale une parole citée

d'une autre personne, c'est toujours le milieu de la série qui est

retenu ; 7° le pouvoir de reproduction d'une série d'images vi- i-

suelles de la parole est fortement affaibli quand il y a une dis-

traction provoquée pendant la perception de ces images, qu'il y

ait distraction musculaire, vocale où mentale. L'auteur termine

son article par quelques considérations sur les erreurs de mé-

moire..1. S.

XV. Le développement des fibres nerveuses périphé-

riques et centrales dans les ganglions épinaux et dans

les ganglions céphaliques de l'embryon du poulet : par

Giacome Pighini. (In Rivista sperimentale di Freniatria, HJOt.

Vol. XXX, fasc. 1.)

Après avoir cité les travaux antérieurs de Ilis, de Beard, de

Galforw, d'Apathy,de Schwannet de Gegenbaur,l'auteur aboutit

aux conclusions suivantes :

1° Les cellules du feuillet ectodermique ont une forme allon-

gée et présentent à leurs deux pôles deux prolongements (prolon-

gements bipolaires) grâce auxquels chaque cellule entre en con-

nexion avec les cellules voisines.

2° Les neuroblastes de la région médullaire sont, au début de

leur formation, en rapport, par leurs prolongements, avec les

prolongements à forme stellaire des éléments mésodermiques

avoisinants ;

3° Au début du second jour de l'incubation, on observe seule-

ment quatre connexions distinctes entre le tube médullaire et le le

mésodermo : deux ventrales et deux dorsales. Ces connexions

constitueront les points d'origine des racines motrices et sensi-

tives.

4° Les nerfs moteurs se forment par l'accroissement des chaînes

ventrales qui se réunissent au point d'union du tube médullaire

avec le mésoderme (plaques musculaires).

5° Les rameaux cutanés des nerfs céphaliques se forment grâce

au départ de l'ectoderme de gros cordons cellulaires réunis d'une

part avec le cerveau postérieur, et d'autre part avec un prolon-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 143

gementeclodcrmique (plaque latérale céphalique) qui se dirige la-

téralement en bas. Les rameaux mésodermiques s'échappent par

les racines latérales, selon un processus de formation analogue à

«lui des nerfs moteurs de la moelle.

6° La plaque latérale céphalique, arrivée dans la région bran-

chiale, s'identifie avec l'organe latéral du sens ;

7° Les nerfs périphériques, sensitifs et moteurs, sont d'ori-

gine cellulaire. Dans toute chaîne cellulaire, partir du quatrième

jour, se différencie une structure grossièrement fibrillaire,qui est

le début de la structure fibrillaire de la fibre adulte. Les noyaux

des chaînes cellulaires se transforment vraisemblablement en

noyaux de Schwann ;

8° Les ganglions spinaux et céphaliques se différencient dans

les chaînes nerveuses et sensitives seulement vers la fin du troi-

sième jour. C'est alors que la cellule ganglionnaire se différencie,

en se recouvrant d'un manteau fibrillaire ;

9° Les libres nerveuses centrales dérivent des prolongements

ncuroblasLi(IUeS ;

10° Les rapports de continuité qui s'établissent entre le revête-

ment médullaire à sa première formation, et les autres éléments

primordiaux ne sont pas interrompus : tous les organes sont. dès

l'origine, réunis matériellement avec le système nerveux central.

Ce travail, extrêmement intéressant, est accompagnée de figures

qui aident à la clarté du texte. J. Séglas.

Y'I. - Recherches sur la coloration des fibres nerveuses

fit la phase initiale de dégénération primaire et secon-

daire, systématique où diffuse du système nerveux cen-

tral ; par ARTURO Donaggio. (In Rivista spe1'imentale di fre-

taiatria, 1904. Vol. XXX, fasc. 1.)

De nombreuses recherches expérimentales ont amené les au-

teurs à considérer la dégénération primaire des fibres nerveuses

comme d'origine toxique. Les lésions systématiques des faisceaux

pyramidaux et des cordons postérieurs sont produites expérimen-

talement par l'auto-intoxication, l'action de poisons chimiques,

ou encore de toxines microbiennes. Après avoir rappelé ce que

l'on obtient avec les méthodes de Marchi, de Veigert-Pal, l'au-

teur ayant exposé sa méthode au bichromate de potasse, émet

l'opinion que les fibres nerveuses, dans la première phase de la

dégénération primaire et secondaire, se fixent avec le bichro-

mate dépotasse ; elles peuvent ensuite se colorer par l'hcmatoxy-

line et subir l'action des sels métalliques variés, parmi lesquels

il convient de citer les sels de fer, d'étain,de cuivre, d'alumi-

nium ; ces méthodes donnent aux libres dégénérées la propriété

de ésister plus que les fibres normales aux procédés de décolora-

tion.

144 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

L'auteur expose ensuite en détail les diverses manipulations né

cessaires et ajoute des figures à l'appui de. son travail. En termi-

nant, il dit que par la constance des résultats de la coloration

positive, par son application possible à des pièces non fraîches,

par la possibilité de mettre en évidence des lésions qui échap-

paient aux autres méthodes de recherche, et de localiser les

libres en dégénération initiale, est permis de supposer que celle

méthode pourra être non seulement utile dans les recherches ex-

périmentales, mais encore être d'un grand secours dans l'anato-

mie pathologique des maladies nerveuses et mentales.

J. Séglas.

- Atrophie cérébrale expérimentale et atrophie cra-

nienne concomitante ; par D'ABUNDO. (In Rivista di neurolo-

gia, Naples 1905, fascicule 6.)

L'auteur rappelle d'abord que, dans un premier travail publié

en 1901, il avait établi qu'à l'hémiatrophie cérébrale s'associe

toujours une hémiatrophie crânienne. Une nouvelle série d'expé-

riences l'amena ensuite à formuler les conclusions suivantes :

quand l'ablation de l'écorce cérébrale est limitée et superficielle,

on n'observe aucune modification dans la conformation du crâne.

Si l'ablation corticale est profonde et atteint la substance blanche,

on a une atrophie de l'hémisphère cérébral correspondant, plus

ou moins marqué selon l'intensité de la lésion, et donnant la

classique manifestation hémiatrophique. Dans tous ces cas, le

développement du crâne s'adapte toujours à la lésion cérébrale

et il en résulte une hémiatrophie crânienne de la voûte et de la

base. ,

L'auteur procéda ensuite à une nouvelle série d'expériences

pour rechercher l'origine exacte de cette hémiatrophie crânienne :

Dans une première série d'expériences, il pratiqua l'ablation plus

ou moins étendue de la voûte crânienne, sans léser en aucune

laçon la substance corticale sous-jacente. Le résultat fut qu'il n'y

eut de processus hémiatrophique ni cortical, ni crânien. Il prali-

qua ensuite l'ablation d'une portion limitée de la voûte crânienne,

enlevant une partie correspondante de l'écorce, et tâchant de res-

pecter la substance blanche sous-jacente ; il obtint ainsi une hé-

miatrophie cérébrale et crânienne.

Enfin, dans une troisième série, il pratiqua l'ablation de la

voûte sur une plus grande étendue, en enlevant une portion

d'écorce cérébrale de même étendue : le résultat fut une hémia-

trophie cérébrale associée à une hémiatrophie crânienne corres-

pondante. En somme, de toutes ces recherches se dégage la con-

clusion suivante : l'hémiatrophie crânienne est due exclusive-

ment à la lésion de l'hémisphère cérébral correspondant.

En somme, tous ces faits expérimentaux mettent en évidence

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 145

ceci : une cause morbide qui influe en enlevant une zone corti-

cale à la fonction normale dans les premiers temps de la vie ex-

tra-utérine, quand le cerveau est en voie de rapide développe-

ment, limite la puissance évolutive non seulement de l'hémis-

phère cérébral correspondant à la localisation morbide, mais en-

core du cerveau tout entier..1. SKGLAS.

XV111. La toxicité du sang des aliénés. (Contribution à la

pathogénie des psychoses aiguës) ; par DI<AGOTTI,' [n Rivista di

neurologie, tapies, 1905, fascicule VL)

L'examen du sang des malades atteints de psychoses aiguës a

fait depuis quelques années le sujet d'un assez grand nombre de

recherches : parmi les principaux auteurs qui s'en sont occupé»,

il convient de signaler Mairet et Rose, Rumeno et Rordini, Vires.

Cololian, Fini et Alherti. L'auteur, sous la direction du profes-

seur Blanchi, a cherché à déterminer le pouvoir toxique du sé-

rum du sang dans les psychoses aiguës, comment ce pouvoir

'augmente ou diminue, et parquets troubles somatiques il est ac-

compagné. Les recherches ont porté sur 10 cas (contusion men-

tale, catatonie, psychose polyné\ rilique, confusion mental", mé-

lancolie, manie, paralysie générale) et le coefficient de toxicité

du sang a varié de 5 0/00 à 11 0 00 : l'examen bactériologique a

toujours été négatif. En terminant, l'auteur rappelle les recher-

ches de Sandri qui a trouvé que la formule hémo-leucocytaire,

dans les formes hébéphrénique et paranoïde de la démencç pré-

coce de lirmpelin, est altérée en rapport avec les désordres psy-

chiques, tandis qu'elle ne présente plus rien d'anormal dans les

périodes avancées de cette maladie, .t. Séglas.

XIX. L'association médiate dans la mémoire émotive ;

parErroRH P\TINI. fin liViSta di ¡wvl'ologia. tapies, 1J0 ?

fasc. VI.)

Cette élude, basée, sur plusieurs observations, amène son au-

leur à formuler ceci : quand les émotions reproduites sont ac-

compagnées clairement de facteurs somatiques, on doit dire que

l'émotion reproduite est de tous points semblable à l'émotion

primitive. Quand ces facteurs manquent, on ne peut pas dire si

l'émotion repioduito est une répétition de l'émotion primitive, ou

s'il y a eu intervention d'un nouvel état mental. Dans le pre-

mier cas, on trouve une notahle différence entre la mémoire

émotive et la mémoire des impressions sensorielles. Une telle

différence est naturelle puisqu'elle montre que le souvenir sen-

soriel est toujours différent de l'impression sensorielle à laquelle

il se rapporte ; le souvenir émotif contient la reproduction inté-

grale de l'émotion primitive.

Il n'existe pas une genèse autonome des émotions. Les cas qui

.li;cntvr,2° cérie. Il 1906. L XXII. 10

1<J(> REVUE D'.\i\A1'Oj[1E ET DU PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

paraissent naître de cette façon se réduisent à une association

médiate entre une idée et une émotion, entre une impression

sensorielle et une émotion. ],'émoLh ité des hémiplégiques,

apparemment sans motifs psychiques, en dehors de l'inhibition

corticale plus faillie sur les centres mimiques, peut encore se

réduire à une association médiate entre une impression senso-

rielle et une l'molion. ,1. ÉGLAS,

\ \. - La première apparition des neuro-flbrilles dans

les cellules spinales des vertébrés ; par HRAG1;1T0. lin

Rivista di neurologia. Nappes, 190 ? fascicule \'1.)

L'auteur, ayant utilisé dans ses recherches les méthodes de Ca-

jal et de Donaggio, a u qu'il y a un rapport identique dans le

tissu nerveux des animaux adultes, entre le nombre des fibrilles

apparentes et le mince réseau de la cellule colorée. La substance

chromatique non éliminée donne naissance à une partie de la

fibrille longue et du réseau. Mais les images des cellules ganglion-

naires, par lu contraste qui existe entre la couleur bleuâtre des

grains et la couleur violette des fibrilles, sont d'une rare élé-

gance, et rendent jusqu'à un certain point possible l'étude com-

parée de ces doux substances..1. Séglas.

XXI. Les méthodes de psychométrie pédagogique en

rapport avec la crainte du surmenage mental à l'école;

par ETTOL&#x152; (111 Kioista di xxcurolopia. Naples, 190Ô,

fascicule \'1.) .

Le surmenage intellectuel est une question importante et d'une

solution difficile.il s'agit en somme de répondre à cette question :

» GaisLe-t-il vraiment une proportion entre la somme de travail

exigée à l'école et la capacité mentale des élèves ? » L'auteur a

employé les méthodes de la sensibilité tactile, du la sensibilité

douloureuse, crcographirluc, dynamométrique, de l'attention,

ch/'onoscopi(lue, de la dictée, du calcul, de la mémoire des chil-

fres, de la combinaison. Puis il cite les diverses opinions des au-

teurs qui se sont occupés de celle question, et ne se faisant au-

cune illusion sur la dilliculté qu'il y a à résoudre un semblable

problème, il préconise la suspension du travail aussitôt qu'il y a a

des signe» manifestes de fatigue intellectuelle. J. Séglas.

XXII. Les altérations de la moelle épinière dans un cas

d'acromégalie ; par GfovANNt-CAGNETTO. (In Rivista di Frc-

niatra, 1904. Vol. XXX, fascicule Il, 111.)

Les altérations du système nerveux dans l'acromégalie ont

attiré l'attention des anatomistes, depuis que Marie a réuni dans

une entité nosologique les manifestations caractéristiques exté-

rieuresdfretf maladie. Plus lard, les travaux (le Heehlinghau-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 147

son, de Klehs,de Ca' agonis, et de Broca, ont élucidé divers points.

L'auteur, ayant eu l'occasion d'étudier une moelle d'acroméga-

lique, a a trouvé, comme données macroscopiques caractéris-

tiques : une augmentation générale du volume de la moelle,

avec exagération principale du volume dans la portion cervicale;

une altération partielle dans le rapport entre la substance blan-

che et la substance grise ; enfin, une dissémination néoplasique

sous-méningée le long de l'axe spinal et des nerfs delà queue de

du cheval par métastase de la tumeur de l'hypophyse.

Les pièces ont {'Il- fixées par le .Millier, le formol. l'acide chromi-

que, et traitées par les méthodes de Weigerl-Pol, de llarclii, de

Van Giesen. Les altérations veineuses liisto-patliologiques obser-

xées ont amené l'auteur à ne considérer ces lésions que comme

des modifications secondaires et n'ayant aucune influence sur les

manifestations fondamentales et caractéristiques de la maladie.

Pour lui, on doit penser que la plus grande partie des altérations

de la moelle épinière sont survenues dans le cours del'acroméga-

lie, contrairement à l'opinion des auteurs qui veulent leur faire

jouer un rôle étiologique..1. SI : GLAS.

XXIII. Leptomyélite a forme tabétique. Hétérotopie de

la moelle épinière ; par tUIOp-Li.41tI31Nt. (ln Rivista spel'illlen-

htMt7'')-<'KtC[t)-t'c[, 1904. Vol. XXX, fasc. Il, 111.)

L'observation rapportée par l'autour est intéressante en ce

qu'il s'agit d'une hétérotopie complète, comprenant de la suh-

stance blanche et de la substance grise. Ceci pourrait avoir une

explication embryologique puisque il un moment donné du dé-

veloppement des parois du canal médullaire il y a des éléments

cellulaires émigrés qui vont former un amas : cet amas ne reste

pas indépendant du canal médullaire, mats reste en connexion

avec lui. Les éléments ysubiront les mêmes différenciations que

dans le restant du canal médullaire.

Un fait est également digne d'intérêt : la présence d'un fais-

ceau radiculaire dans l'épaisseur de 1'li,téi-otopie. Ce développe-

ment doit se faire au moment où les ganglions nerveux entrent

en connexion avec les parois du canal médullaire au milieu des

Prolongements centripètes de leurs cellules. z Séglas.

XXIV. Les oscillations périodiques mensuelles de la

température, du pouls, et de la respiration chez les

aliénées menstruées et aménorrhéiques ; par Allardo

ALERNI. (In Rivista di Freniatria, 1 ! 1OL roI. XXX, fascicule ?

Il,111.1 '

Pendant la période qui précède les règles, et pendant la pé-

l'inde même des règles, on observe chez les femmes normales

148 revue d'anatomie ET de PHYSIOLOGIE Pathologiques,

une légère augmentation de la température, du pouls, et de la

respiration. Ces modifications se retrouvent encore à un degré

plus accentué chez les aliénées,qu'il s'agisse de démence paralyti-

que ou de démence catatonique. Ces changements peuvent être

d'un grand secours pour établir le pronostic, car l'apparition ou

la disparition des règles, les conséquences qu'elles peuvent avoir

sur l'évolution de l'affection mentale sont connues depuis long-

temps : à plus forte raison, leur retentissement sur l'état général

doit-il intéresser l'aliéniste..1. Séglas.

XXV. Recherches sur le réticulum fibrillaire endo-cel,

lulaire et sur le cylindraxe de la cellule nerveuse des

vertébrés ; les différentes méthodes de coloration élec-

tive du réticulum endo-cellulaire et du réticulum péri-

phérique basées sur l'action de la piridine sur le tissu

nerveux ; par ARTltRO Donaggio. (In Rivista sperimentale di

Freniatria, 1904. Vol. XXX, fasc. Il, 111.)

Ce travail est divisé en trois parties, qu'il convient d'étudier

séparément.

1. - Action de la piridine sur le tissu nervelt.v et résumé des

détails de structure min en évidence par ce produit. - On obtient

ainsi la démonstration des anastomoses entre le réticulum luni- i-

phérique et le tissu avoisinant. Les recherches de Donaggio, de

Golgi, Cajal et Bethe, tendent à le considérer comme de nature

névrogliqùe. Plus tard, Cajal, loinde considérer comme nerveux

les filets du réticulum péricellulaire, les considère commodes

produits de coagulation.

Les travaux de Donaggio, confirmés par ceux de Hel<), ont

abouti à la preuve de l'existence, au milieu de chaque maille du

réticulum péricellulaire, d'appareils de très fines fibrilles dispo-

sées en réseau et irradiant d'une zone centrale. ? . Description des méthodes de coloration. - Il y a six mé-

thodes de coloration :

A : COLORATION du RETICUI UM bl3ltILLAIRE ENDOCELLULAIl&#x152;

ET des fibres longues : deux méthodes accessoires et deux mé-

thodes principales :

.Méthodes accessoires : sont au nombre de deux.

1° Action de la piridine pendant 48 heures, coloration par une

solution aqueuse de thionine, action d'une solution aqueuse de

molybdate ; et inclusion à la paraffine.

2" Après l'action de la piridine, immersion directe dans la so-

lution de rnolylldate.

.Méthodes principales : également au nombre de deux :

1° Fixation des pièces par la piridine pendant à à 6 jours, la-

vages l'eau, passage dans une solution aqueuse de 11101)'dhalc

d'ammoniaque, lavage àl'eau, inclusion à la paraffine et colol'a-

revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 140

lion. Après la coloration, on a le choix entre le curettage direct

au Baume et l'action du molybdate avant de monter au Baume.

2" Méthode surtout utilisable pour le cerveau et le cervelet.

Action de la piridinependant3o heures, et traitement variable des

corps suivant le point du système nerveux dont on s'occupe.

B. Coloration DU réticulum fibrillaire ENDOCELLULAIRE

DES fibrilles LOVGUES et des GRANUUTtONS. Fixation par

le sublimé, passage à la piridine, coloration dans une solution de

thionine à 1 pour 10,000. Celte méthode sert principalement pour

la moelle épinière, le bulbe, la protubérance, les noyaux gris du

cervelet et les ganglions.

C, Coloration DU réticulum péricellulaire. Fixation

par le sublimé, passage 'dans la piridine pendant 36 à 8 heures,

immersion dans une solution de molyhdate, lavage à l'eau distil-

lée,coloration dans une solution aqueuse de thionine à 1 pour 10

ou In.000tendanL 48 heures, passage dans une solution de molyb

date pendant 24 heures, lavageà l'eau distillée, et inclusion à la

paraffine.

U. (.OLOR\TIO\ SIMULTANÉE DU RÉTICULUM FIBRILLAIRE ENDO-

CELLULAIRE DES FIBRES LONGUES DU RETICULUM PÉRICELLULAIRE :

- )lèl1le façon d'opérer que dans la méthode précédente ; mais

avant l'inclusion, immersion de nouveau dans la piridine et ac-

lion de la solution de thionine qui colore le réticulum péricellu-

laire.

E. Coloration DES cylindraxes DES fibres NERVEUSES CEN-

TRALES et PÉRIPHÉRIQUES. - Mêmes procédés que ceux qui sont

utilisés pour mettre en évidence le reticulum fibrillaire endo-

cellulaire.

3.- R2plolts entre le réticulum fibricellulaire endocellulaire

et les fibrilles de prolongement cylindraxile. - Le prolongement z

nylinclravile de la cellule nerveuse des vertébrés vient du reticu-

lum fibrillaire endocellulaire. Ce travail est accompagné de 16

li·uces qui ajoutent à l'intérêt du texte..1. SÉGLAS.

.\\\'1. - Recherches expérimentales sur l'influence de

l'alcoolisme sur le pouvoir de procréer et sur les descen-

dants ; par CAR1.0-CENI. (In Rivista sperimentale di Freniatria,

190'1. Vol. XXX, fasc. Il, Il ! .)

Levassent-, Petit, Louvet, Lannelongue, Jacquet, soutiennent

que l'alcoolisme est une des causes les plus importantes de la

ex prétendent que c'est la cause principale de la dépopu-

lation de la France. Ces résultats, discutés par Arrivé et Brugnon,

nnt été confirmés par les travaux de Lsgrain, LasèguJ, Lance

"('aUN', Jacquet, Bourneville et Féré.

Actuellement, on peut dire que l'alcoolisme chronique a une

action directe sur le pouvoir de procréer, en nuisant à la fécon-

150 revue n'.\ : {.\ 1 OMIE ET de PHYSIOLOGIE pathologiques

dite des ascendants ; cet alcoolisme chronique des parents a une

influence désastreuse sur les descendants; en provoquant chez ces

derniers une diminution du la résistance de l'organisme, des ano-

malies de développement de natUl'e et Ii'i III po l'Lance variées; toutes

ces déchéances sont dues à l'action directe que le poison exerce

sur les éléments sexuels primitifs (ovule ou spermatozoïde), hase

de la conception. La diminution de résistance de l'organisme

chez les parents soumis à l'intoxication alcoolique peut occa-

fionner des troubles de l'évolution ovulaire régulière, troubles

(lui se traduisent par des arrêts où des anomalies graves du déve-

loppemcnt de l'embryon.

L'influence néfaste de l'alcoolisme des parents s'explique et se

manifeste sur les descendants, en ce qu'elle détermine directe-

ment chez ceux-ci un état de débilité générale (arrêt de dé\clop-

pement complet, mort précoce), état qui n'est que la conséquence

des arrêts partiels de développement du germe embryonnaire pen-

dant la vie inlra-utérine. J. Séglas.

XXII. - Un cas de persistance du ventricule de Verga

rencontré chez unindividu à développement général re-

tardé ; par Massimo, CHF : R&#x152;-LIGNIKRE. (in. Rivista sperimen-

tale di Freniatra, 1904. Vol. XXX, fasc. Il, 111.)

La littérature médicale est peu riche en faits de ce genre ; celle

observation apporte un cas nouveau et tendrait à confirmer cette

hypothèse de Tenchini. .1. S.

XXVIII. Sur la- manière de faire un examen objectif des

troubles nerveux dans les traumatismes; par LoRsrNwo

Rossi. (in Rtoista sperimentale di h'nerxiatria, 1BOt Vol. XXX,

fasc. 11, 111.)

Cet examen devra d'abord porter sur la sensibilité, avecre-

cherche de l'anesthésie, de 1 hypoesthésie. de l'hypereslhésie, de

l'hémianesthésie aiiestliésie et hypereslhésie

combinées, dissociation de la sensibilité, hypoesthésie marquée

sur un côté du corps et non accompagnée d'hypoesthésie senso-

rielle du même côté. On examinera ensuite la motilité, avec

évaluation du degré de l'excitabilité neuro-musculaire, et mesure

de la période de résistance qui correspond à l'excitation. Enfin.

cet examen sera complété par un examen minutieux des ré-

fleaes..I. Séglas.

XXIX. Recherches expérimentales sur la pathogéniede

l'amyotrophie d'origine cérébrale; par Caracciolo. (In

Rivista sperimentale di 7''<'<;ntotct. Reggio en Emilie, 1MM.

Vol. XXX, fasc. Il, III.)

L'auteur, faisant d'abord l'historique de celte question, admet

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE P.\lHOLOGIQI1 ? 131

que les théories palliogéniques émises sur l'amyotroplue d'origine

cérébrale peuvent être classées de la façon suivante :

1.- Origine myélogène : il ne peut y avoir des altérations mus-

culaires s'il n'y a pas en même temps des altérations matérielles

des centres trophiques spinaux (Charcot, Ilallopeau, Larrieu, Pi-

tres. Brissaud, Leyden). II. Origine névritique (Déjerine : 18 : )\)'.

[[I. Origine thalamique llisunloltr). IV. Origine vaso-mo-

trice, par altération des centres vasu-moteurs corticam, et action

sur les muscles par le sympathique (ilotli et Mouratow, 3lari-

nescu/. - VI. Origine arLlwopatlriyuu (Gilles de la Tourelle).

1'll. Atrophie musculaire par lésion d'un point du faisceau pyra-

mitlal. avec lésions consécutives des cellules des cornes antérieu-

res (Jonroy et Achard, Steiner, Steinert). VIII. Existence d'un

pouvoir trophique de l'écorce, avec altérations de la substance

grise spinale (Dorglierini). IX. Présence de centres trophiques

cérébraux dans l'écorce, au voisinage des centres moteurs (Kirch-

hoff). - X. Intervention de plusieurs causes : action de l'écorce

sur les muscles par l'intermédiaire de lésions matérielles ou dy-

namiques des cellules des cornes antérieures, des troubles vaso-

moteurs, des arthropathios fréquentes.-\l. La lésion de l'écorce

ou du faisceau pyramidal amène des altérations trophiques non

par un pouvoir trophique propre, mais par l'interruption de la

mntinuitù des excitations nécessaires pour les fonctions trophi-

ques des neurones spinaux (Goldscheider, Schalfer, Parhon el

Popesco). Xll. La cause de l'amyolrophie est la rupture d'un

équilibre réflexe bensitivo-moteur (Chatin). L'auteur a fait

porter ses recherches expérimentales sur des canards; l'examen

histologique lui a montré queles altérations trophiques qui inter-

viennent dans les muscles par lésions cérébrales doiventleur ori-

gine à la propagation des lésions des fibres descendantes dégéné-

rées de la cellule nerveuse, à travers la substance grise spinale,

les nerfs et les fibres musculaires. Ces altérations sont toujours

démontrables par un examen histologique, et viennent par alté-

rations ,les nerfs périphériques..1. SÉGLAS.

XXX. DeuxidiotsnUcrocépha.tes; contribution à l'étude

de la microcéphalie pure ; par f;wl.o 8EST.L (In Riuirtcc

spcrmne»talc dil'reniatria, 190L Vol. XXX, fasc. Il, 111.)

Les fonctions psychiques sont à un niveau extrêmement bas,

et. la déchéance s'étend uniformément à foutes les fonctions : sen-

sitive. sensorielle et intellectuelle.

Il y a déficit de la sensibilité (douleur, température), des fonc-

tions sensorielles (sens des couleurs, absence du goût), et des pro-

cessus psychiques supérieurs (idéation, attention), etc. Il est inté-

ressant de voir ce déficit s'étendre à toutes les fonctions, sans

respecter un groupe spécial ; il y a absence totale d'un (aient par-

152 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

liel (fréquent chez les idiots, et ceci prouve que l'arrêt du déve-

loppement a porlé d'une façon uniforme sur les hémisphère*

ci·rél7raw..I. Sf : GL-vs.

XXXI. Table psychoscopique de Pizzoli ; par pizzol-t.

(In Hivista sperimentale di Freniatria, 190 1. vol. \ \ \, fac.

11-111.) -

Il s'agit d'une lubie imaginée par l'auteur pour faire désossais de

pédagogie expérimentale. Celle (ahle, assez compliquée, est cons-

truite de manière à pouvoir servir pour l'éducation du tact, du

sens musculaire, de l'odoral, du goût, de la vue, de l'attention, de

la perception, de la mémoire, de l'imagination, du mouvement

volontaire, de t'esprif d'observation, delà réflexion, el dfJ lï'mH'a-

tion des sens..1. Séglas.

XXXII. Recherches histologiques sur la manière dont

s'établissent les rapports réciproques entre les éléments

nerveux embryonnaires et sur la formation du réti-

culum interne delà cellule nerveuse; par Carlo 11EST.\.

(In Rivista di- Freniatria, 1904. Vol. XXX, fasc. II-111.) '

lu Les éléments qui constituent le tube médullaire ont dans

les premières phases du développement une forme bipolaire en

fuseau, : dans leurprotoplasma se différencient les fibrilles ner-

veuses, etcelles qui apparaissent les premières sont les plus péri-

phériques.

2° Dans la moelle, il se fait une migration et une orientation

des neuroblastes dans une direction bien déterminée, marquant

l'apparition des fibrilles dans le tissu nerveux, etla formation du

réseau dans son intérieur.

3° Les fibrilles se mettent d'abord en rapport de contiguïté.

puis de continuité aveclesneuroblastes, el il en résulte la for-

mation d'un réseau nerveux continu dans le tube médullaire.

Chaque neuroblaste est, par l'intermédiaire d'une libre, réuni à

un autre neuroblaste plus ou moins éloigné.

4" La cellule nerveuse n'est pas une unité embryologique. Kilo

se forme à partir du moment où le réseau nerveux est constitué

par une différenciation des nouvelles neuronhrilles dans le corps

de la cellule du neuroblaste primitif. D'abord la fibrille traverse

seule le corps cellulaire, et plus lard il se l'urine un réseau péri-

nucléaire à mailles plus ou moins larges..1. Ségus.

XXXIII. Critiques et observations anatomiques sur la

région sous-épendymaire du bulbe et du pont chez l'hom-

me ; par UDOARDO Agenzi. (In Rivista di Freniatria, HI01-

Vol. XXX. fasc. Il.1[[1.

Les recherches onl porté sur les troncs encéphaliques d'un

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 153

enfant de 19 jours, d'unenfantdedeux mois et demi et d'un adulte.

L'examen histologique a été pral iqué en coupes sériées. Cet exa-

men amène à considérer trois portions : une dorso-latérale au

noyau delà XIIe paire (fibres de la formation intercalaire], une

au niveau de la XII. paire (libres de la région médiane) : enfin une

troisième à la partie inférieure de J'épendyme qui. longeant la

paroi latérale du IVe ventricule se dirige obliquement en dedans

et en bas. Suivent des considérations sur 1·eminentia tores et

sur les novaw des l\, \ et XIIe paires..1. S : GL\S.

.'\.'\.'\1\ ? Nouvelles recherches sur la pellagre des pou-

les ; par (aai.o-5cm. lin RiDista 'p 'tirl1< ! l1tale di 1·'^axiatrira e

medicina légale délie alienapone mentale, 1904. Vol. fascicule Il.

Ce travail accompagné de planches, a amené son auteur a con-

sidérer que les poules soumises à l'alimentation constante et

prolongée par le mais fortement avarié présentent des phéno-

mènes typiques de pellagre chronique ou aiguë. Ces phénomènes

s'exacerbent d'une façon particulière au printemps, s'atténuent

en été et en automne, disparaissant en hiver, bien que l'alimen-

tation soit toujours la même.

Les poules peuvent résister longtemps à celte alimentation in-

fectieuse (4 ans et plus) ; la mort peut survenir soit avec les phe-

nomènes caractéristiques de la pellagre aiguë, soif axec des phé-

nomènes chroniques de cachexie.

Lespoules nées do procréateurs soumis à cette alimentation

ne présentent aucune résistance spéciale, mais se comportent

comme les poules de procréateurs sains.

Les poules nourries longtemps avec du mais avarié, et qui pré-

sentent les symptômes caractéristiques de la pellagre chronique,

résistent également moins à l'action pathogenique des spores as-

ltergillaires que les poules restées saines.

Les spores de l'aspergillus fumigatus inoculées en minime

quantité dans le péricarde des poules peuvent déterminer la morl

aec les phénomènes caractéristiques de la pellagre aiguë ou su-

baigué. quoique restant toujours l'état de spores, lesquelles dé-

terminent une grave ettypique réaction locale..1. SG1,AS.

XXXV. Contribution nouvelle à l'étude de la fatigue

mentale chez les enfants ; par Giusseppe-Rei LE[. (tir Rivista

sperimentale di Freniatria e medi"ma legale délie alienazione

mentale, 190L Vol. XXX, fascicule 1.)

L'auteur, étudiant les résultats obtenus par un travail d'une

heure, en expérimentant à l'école publique de garçon, conclut

que :

1° La quantité de travail produit pendant chaque quart d'heure

se présente sans aucune régularité ;

lÕ4 REVUE liE Y : 1'CHOLO.iII, NERVEUSE.

2° La qualité du travail va en diminuant (nec chaque quart

d'heure ;

3° Le travail accompli dans les écoles dans une heure de l'après-

midi est moindre en quantité et plus mauvais en qualité que le

travail fait le malin dans la même période de temps ;

4" Aussi bien le malin que dans l'après-midi, le travail produit

par les écoliers dans les derniers jours de l'école, pendant une

heure, représente une quantité plus grande, mais constamment

d'une qualité plus mauvaise que le même travail obtenu dans une

même période de femps, au début de l'année d'enseignement.

.1. Séglas.

lieue DE PATHOLOGIE NERVEUSE

1. -- Le Tic hystérique ; par 3131. Pitres et CRUCHET.

(Journ. de Neurologie. 1900, no 'i.)

Les auteurs relatent dans ce travail deux observations dans

lesquelles le tic rappelle, par son début, son évolution, son mode

de guérison, la façon dont se comportent et réagissent les purs

accidents hystériques.

Dans le premier cas. chez une hystérique de 30 ans, on voit à

la suite d'une vive émotion des tics du côté gauche de la face,

du cou et de l'épaule gauche, remplacer une série d'accidents

hystériques antérieurs qui ont commencé dix ans auparavant et

ont revêtu successivement la forme de névralgies faciales et de

crises convulsives. Ces névralgies cl ces crises disparaissent

complètement tant que durent les tics, qui persistent, avec des

rémissions et des exacerbations pendant plus de 8 mois. Au boul

de ce temps, la malade est mise en état d'hypnose et on constate

aussitôt l'atténuation, puis la disparition complète des tics.

Persistance (le la guérison pendant près de 4 mois ; les tics

ont alors reparu à la suite d'un choc moral, mais pour disparaître

encore après suggestion à l'état d'hypnose.

Dans le second cas il s'agit d'une hystérique de 14 ans qui

pendant plus d'un mois, tous les après-midi, présente à la même

heure une série de hoquets avec soulèvement des épaules ci

agitation des bras. Au bout d'un mois le hoquet disparaît elles

secousses convulsives se transforment en un tic qui consiste en

un mouvement de rotation de la tête avec clignement des yeln,

froncement des sourcils, etc. Au bout de quelque temps ce tic est

remplacé par un autre qui se produit aux mômes heures. Ce

nouveau tic cesse lui-même brusquement huit jours avant le

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 155

retour des règles absentes depuis si mois. L'hypnose et la sug-

gession n'ont eu dans ce cas aucune 'efficacité- mais la pression

de certains points du corps augmentaient nettement ou faisaient

naître les tics quand ils n'existaient pas. G. U.

II. Sur un cas d'atrophie musculaire progressive ;

par MM. de t3UCK et Deroubaire. (JOlll'l1. de Neurologie, 1\JOG,

n° 9.1

On sait que nombre d'auteurs mettent en doute l'autonomie

des divers types d'atrophie musculaire progressive et se rallient

à l'idée de l'unité de ce processus morbide. D'après ce concept

unitaire,l'atr'lphie musculaire progressive serait une affection de

l'unité sensitivo-inotrice primaire et de sa cellule terminale, le

muscle. D'après le degré de résistance des divers segments qui

composent cet arc neuro-musculaire on constaterait une prédo-

minance des lésions, tantôt au niveau des muscles, tantôt au

niveau du nerf et tantôt au niveau de la moelle. 1

L'observation rapportée par les auteurs plaide en faveur de

cette conception, puisqu'au point de vue clinique elle se présen-

tait avec tous les caractères d'une myopathie du type Leyden-

Mohius, tandis qu'au point 'de vue anatomique elle réalisait un

type mixte à lésions à la fois spinales, nerveuses et musculaires.

De ces rapports entre les formes myopathique, neurale et

neuro-spinale de l'atrophie musculaire progressive, les auteurs

croient pouvoir conclure à une pathogénie univoque de ces

différents processus. Le myotome tout en étant indépendant au

point de vue embryologique du neurotome dépendrait de celui-ci

au point de vue fonctionnel durant la vie extra-utérine. On

peut admettre que ce* segment fonctionnel offre une tare hérédi-

taire dans l'une quelconque de ses parties, qui prédomine tantôt

sur le centre trophique. tanlôt sur le conducteur nerveux, tantôt

sur le muscle, et qui dans d'autres cas, envahit tout l'arc

moteur retiexe d'une façon uniforme. G. D.

III. - Deuxième note sur la fausse reconnaissance ; par

11.1 nan : . (Jour¡¡, de Neurologie, 190G, n" tri.)

Des deux observations auxquelles est consacrée cette note,

la première concerne une neurasthénique atteinte de paralysies

nocturnes et matinales des membres avec obscurcissement de la

vue. A différentes reprises, cette malade a éprouvé l'illusion du

" déjà vu » à propos des personnes ou des objets. Sa conviction

est alors si profonde que les affirmations de son entourage sont

nécessaires pour qu'elle comprenne et reconnaisse son erreur.

La fausse reconnaissance, dans la seconde observation, était

associée à un état de fatigue et a disparu avec lui. G, 1).

156 BIBLIOGRAPHIE.

IV. Contribution clinique et anatomique 11. l'étude de

la chorée de Huntington; par Cesarh Rossi. (In Rivistaspe-

1'imentale di 1'1°eniat·ia, 1904. \'01. XXX, J'asc. Il, III,)

L'élude étiologique, clinique et anatomique de la chorée de

Iluntinglon a occupé un grand nombre d'auteurs, mais ces au-

teurs ne sont pas d'accord pour interpréter les faits et en tirer des

conclusions. M. Hos51 rapporte une observation de celle affec-

tion, avec examen clinique et histologique. Ayant exposé les ré-

sultats de ses recherches, il pose d'abord en premier lieu que la

localisation corticale des lésions histologiques se rencontre sur-

tout dans le lobe frontal de la zone motrice. La nature des lésions

montre qu'il y a une désintégration complète des éléments ner-

veux; dans une première phase, on assiste à la dissociation delà

substance chromatique, et dans une phase plus avancée on ob-

serve des lésions nucléaires.

Un point reste douteux : c'est celui de savoir les lésions des

éléments nerveux sont primitives, ou si elles sont secondaires il

des altérations vasculaires. Pour l'auteur, les lésions des éléments

nerveux succèdent à un processus d'altération des vaisseaux ca-

pillaires. En terminant, il fait remarquer les affinités cliniques

et anatomo-paLltologillues qui existent entre la paralysie grené-

rale progressive e1 la chorée de Iltintin,,Loii..1. SEra.As,

V. Nosographie et pathogénie de l'atrophie muscu-

laire progressive ; par Valobra. (In Rivista sperimentale di

1'reniatricc, I ! )Of. \'01. XXX, fasc. Il, III.)

L'auteur commence par donner un long exposé bibliographi-

que de la question, avec les opinions successives des auteurs qui

se sont occupés delà question. Puis il rapporte deux observations

de cas typiques d'atrophie musculaire progressive, et qui ont pré-

sente ceci de particulier qu'ils s'accompagnaient en même temps

de splanchnoploce abdominale. J. Séglas.

BIBLIOGRAPHIE

11. / ;Vf'ut'a.T : c. Recueil de Neurologie normale et pathologique,

publié par A. VAN Gehuchten. IrOl1P11n, I. Nystpruyst.

Le volume VII contient IpsarfidfS suivants :

1" Fritz De Beule. Le mécanisme des mouvements respiratoires

de la glotte chez le lapin ;-20 AVan Gehuchten. Connexions ren-

1 l'ale" du noyau de ])eileI's et des masses grises voisines (Faisceau

yestibl1lo-spinal. Faisceau lnniriludinul postérieur, SI rie- médul-

VARIA. 157

laires) ; 3° Serge SoukhanolT. Contribution à l'étude du réseau

endocellulaire dans les éléments nerveux des ganglions spinaux

par le procédé de Korsch) ; z 4" A Van Gehuchten. Considéra-

tions sur la structure interne des cellules nerveuses et sur les

annexions anatomiques des neurones. - 5o Serge Soul : hanolf.

Contribution à l'étude de l'aspect externe des prolongements

protoplasmatiques des cellules nerveuses colorés par le bleu de

méthylène. 6° A Van Gehuchten. Le corps resliforme et les

connexions bulbo-cérébelleuses ; - 7° Doit Giuseppe, Tricomi,

Allegri. Les calices de Ifeld dans les centres acoustiques ;

8 'A Van Gehuchten. Contribution à l'étude des voies olfactives ;

- '.)° Albert 3licliotte. La libre nerveuse et sa bifurcation dans

les ganglions spinaux (méthode de Cajal).

10° A. Van Gehuchten. Boutons terminaux et réseau péricol-

lulaire ; - 110 )Iicliotte. Contribution à l'élude de l'his-

tologie fine de la cellule nerveuse ; 12° A Van Gehuchten. La

poliomyélite antérieure aiguë de l'adulte ; 13° E. Rossi. L'in-

tima stuttura délie cellule nervose umane.

Le volume VU contient les articles suivants :

10 Doit. 1 ). Franilu. Su le vie dit conduzione nervosa extra-

cellulari ; 2° Dr Nicolas Alfeuskw. Les noyaux sensibles et

moteur du nerf vague chez le lapin ; ç -3°A. Van Gehuchten. Les

pédoncules cérébelleux supérieurs ; - 4° Dott. EnricoHossi.

Fina islologia délie cellule nervose giganti della cordeccia céré-

bral umana.

5" Dr F. Augustin Cemelly. Sur la structure des plaques

motrices chez les reptiles. 6° A Van Gehuchten. Le fais-

ceau en crochet de Itussel ou faisceau cvrlbolbo-buhaire ; 1) ? z

de Buch et Deroubaix. Contribution à l'llistopathologie de cer-

taines formes de psychoses appartenant à la démence précoce

(lit,aepeliii) ; 8° A Van Gehuchten. La loi de \\'aller.

VARIA

LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ

Tentative de suicide. Dans un accès de folie, Jules Arsène,

journalier à Pont-1'Evèque, s'est porté plusieurs coups de couteau

lans le has-venLne. Son état est grave. (Bonhomme Kormand,

2 juin\. - D'oit la nécesilé d' ! lm,pilaliser les aliénés dès le tlé-

but de leur maladie.

Quadruple noyade Ii Kpitial. Dans un accès de folie, une

femme Faron, âgée de vingt-sept ans, dont le mari est ouvrier

15S VARIA. '

brasseur à Ville-sur-Illun, s'est noyée dans la Saune, a 31onlhu.

reux, avec ses trois petits garçons âgés de six. quatre et deux

ans. Les cadavres des enfants ont été retrouvés les yeux bandés.

La femme Faron a laissé deux lettres, pour sa mère et son mal i

demandant pardon, disant qu'elle ne pouvait plus vivre, et re-

commandant de donner ses vêtements aux pauvres. (L'Aurore, 5

juin 1905.)

Traitement de l.'F : rILCI'SII : par 171'C11OI : URAT10\.

Ce traitement consiste substituer le 13r\a au CiXa dans la

nourriture : 0,75 à 1 gr. 50 et ? par malade et par jour. Les ré-

sultats étaient encourageants. Les accès diminuaient. La tiéchlo-

ruration complète ne put cependant pas être continuée plus de

deux mois et on employa l'hypochloruration. L'avantage de

cette méthode consiste en la diminution de plus de moitié delà

dose efficace du bromure. Ce régime n'a pas de mauvais effets sur

la nutrition générale. Il y cause cependant de la constipation.lnu-

tile chez des épileptiques à accès rares, il peut être institué avec

profit chez les idiots et les déments, lorsqu'on peut contrôler

leur diète.

Ponction lombaire dans l'état DE MAL.

Cette ponction diminue la gravité de l'état,s'il a hypertension

du liquide cuphalorachidien, hypertension qui s installe aussitôt

après le début de l'état de mal. 1 au : ur : L.

NÉCESSITÉ DE L'ASSISTANCE DES IDIOTS.

On rapporte de Saint-Xazaire, (Iil V Aurore, l'histoire d'une fa-

mille dont les membres n'éprouvaient pas une tendresse exces-

sive pour leur fils et frère.

Les époux Couedel, cultivateurs à Fay-de-liretagne, avaient

enfermé depuis le ? 5 décembre dernier, leur fils Léon. àgé de z7

ans, dans une étable ri porcs où il couchait sur du fumier, ligolté,

les mains enchaînées ci cadenassées : ni air, ni lumière nepéné-

traient dans ce réduit, l'atmosphère était empuantie par le fu-

mier et par les ordures.

Les époux Couedel déclarent que leur fils étant faible d'esprit,

ilélait nécessaire (le le surveiller. Ils axaient trouve plus simple

de l'enfermer. Ils lui passaient la soupe par une ouverture du

taudis, et tous les soirs, le faisaient sortir une heure, toujours

enchaîné et tenu par une corde, comme une bêle dangereuse. Ces

horribles détails ont été fournis à la gendarmerie par le pèi'ii

avec la plus parfaite placidité et écoutés tranquillement par la

mère et trois autres enfants qui ne semblent pas se rendre un

compte eaacl de la gravité de leur conduite, Ou garde celle

1·1115 DIVERS. 159

famille à vue eu attendant la décision du parquet do Sain(.-

Nazaire, qui va se transporter sur les lieux.

FAITS DIVERS

Tentative de suicide d'une adolescente. - Une jeune fille de

17 ans, demeurant chez sa tante, rue Cernier, à Laigneville a

tenté de mettre fin à ses jour·, mardi dernier. Elle s'est retirée

dans sachambre, vers dix heures du matin, et s'est logé deux

halles dans la tète. Les docteurs 1'tou.,Lan(l, de Creil, et Léonard

de Saint-Paul, de Nogent-sur-Oise, ont pu extraire une des balles

mais ils ont du renoncer momentanément à extraire la seconde.

Ils espèrent néanmoins sauver la blessée. Cette jeune désespérée

avait prémédité son acte, car elle avait fait secrètement l'acqui-

sition d'un revolver, a Chantilly, quelques jours auparavant. Un

ignore les causes qui ont pu amener celte jeune fille à prendre

celle funeste résolution. (Semeur de l'Uisc, 12 août.)

Une torche vivante. - A Roubaix un jeune homme, nommé

Eugène Froment, ouvrier apprèteur, âgé de ving-lrois ans,

demeurant dans une cour de la rue Deaurevaert, versa, dans un

accès de folie le contenu d'une bouteille de pétrole sur ses habits,

y mit le feu, puis sortit dans la rue et pénétrait dans l'estaminet

Ilourgeois, flambant comme une torche et hurlant de douleur. On

le repoussa sur la rue ; les consommateurs ôlèrent leurs vête-

ments et, en les entassant, parvinrent à étouffer les flamme».

Delà tête à la ceinture, il était littéralement cuit : les chairs se

détachaient.

Après un premier pansement fait par un docteur appelé en

il il lui transporté à l'hôpital dans un état désespéré. En

roule, il déclara que, s'il guérissait, il recommencerait. Ce matin

il respirait encore.

Ce malheureux avait reçu, dans sa jeunesse, une barre de fer

sur la tête. Il avait, de temps à autre, des accès de démence et

prédisait qu'il mourrait en se brûlant. Les individus qui ont

reçus des traumatismes de ce genre devraient être surveillés et

traités avec soins, suivre une hygiène spéciale et, dans bien des

cas on pourrait éviter les accidents ultérieurs.

Bestialité ET inceste. - A Annebecq (Calvados), le jeune

Alphonse Porchet, âgé de 14 ans, a été surpris, dans un champ,

au moment où il se livrait à des actes innomables sur une brebis,

On croit aussi que ce jeune homme aurait eu des relations avec

sa mère. Il sera poursuivi. (Bonhomme normand, 22 juin.)

BULLETIN bibliographique. 160

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

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hystériques. Etude historique, clinique, expérimentale et critique.

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Le rédacteur-gérant : HOUMEVILLE.

Clermont (Oise). - Imprimerie Daix frères et Thiron.

Vol. XXII. Septembre 1906. No 129

ARCHIVES DE NEUROLOGIE leo tu-

THERAPEUTIQUE

Nouvelles recherches sur le traitement de l'épi-

lepsie par la bromuration avec ou sans déchlo-

ruration ;

1'.\1\ Jules VOISIN, Roc.en VOISIN ci A. RENDU.

Depuis que l'action antispasmodique des bromures a

été utilisée dans le traitement de l'épilepsie, nombreux

sont les auteurs qui ont recherché quelle était la meil-

leure méthode d'administration de ce médicament pour

en obtenir le maximum d'effet thérapeutique. La déchlo-

ruration, imaginée par Richet et Toulouse, n'est, en

somme, qu'un nouveau procédé de bromuration. Elle ne

peut, en effet, iL elle seule, modifier en quoi que ce soit

le cours de l'épilepsie. et n'agit qu'en renforçant, dans

certaines conditions, l'action des sels de brome, dont la

prise ne doit pas être suspendue.

Les inconvénients de la déchloruration sont nombreux :

c'est d'abord la difficulté, considérable ordinairement

dans la pratique, de faire suivre longtemps aux malades

un tel régime, par suite du dégoût qu'il inspire au bout

de peu de jours, et des accidents de dénutriton qui résul-

tent de ce manque d'alimentation. Ce sont ensuite les

accidents d'intoxication par le brome qui apparaissent

plus rapidement, et d'une façon plus intense, pendant le

régime déchloruré que pendant le régime ordinaire. 11

suffit, pour les produire, d'une quantité de bromure con-

sidérée comme moyenne au cours d'un régime ordinaire,

et une dose de -1 grammes donnée à un adulte devient

une dose forte (Toulouse).

Archives, 2' série, 1900, L. XXI I 11

162 THÉRAPEUTIQUE.

C'est ainsi que dans une expérience, rapportée au

mois de décembre 1905 à la Société médicale des Hôpi-

taux (1), avec cette dose de 4 grammes de KBr donnée

pendant un mois, au cours d'un régime déchloruré, à des

épileptiques adultes, nous avons constaté, indépendam-

ment du dégoût de l'alimentation, des accidents variés,

les uns nettement sous la dépendance d'une intoxication

par le brome ; d'autres, des troubles mentaux, d'une

interprétation plus difficile ; d'autres, enfin, de nature

épileptique, états de mal, dont la symptomatologie avait

été modifiée par suite du bromisme des sujets. A ce

propos, nous insisterons sur ce dernier diagnostic d'état

de mal, appliqué à des accidents caractérisés par la perte

de connaissance, l'élévation de température, l'ébauche

de crises convulsives ; diagnostic controuvé à la séance

même de la Société par M. Toulouse ; l'élévation de tem-

pérature, contrairement à l'opinion soutenue par notre

contradicteur, ne peut être le résultat de l'intoxication

par le brome; le bromisme, ainsi que le décrivent les

classiques, et que des expériences récentes que nous

venons d'effectuer chez des animaux nous l'ont confirmé,

déterminant toujours de l'hypothermie.

Pour que des accidents aussi intenses apparaissent

avec le régime ordinaire, la dose de KBr doit être très

élevée ; et encore est-il à observer que la dépression du

malade paraît moins marquée.

Dans le courant de décembre, nous avons institué,

pendant un mois, un traitement de 12 gr. de Kbr par

jour, chez 12 épileptiques adultes, choisies parmi celles

qui avaient déjà, au mois de juin, suivi le traitement

sans sel avec 4 grammes de bromure de potassium.

L'état général des malades ne fut pas sensiblement

modifié. Les variations de poids furent à peine apprécia-

bles.

Mais l'apparition des accidents de bromisme dut

bientôt faire cesser le régime. Dès le 5 décembre, (i ma-

lades n'avaient plus de réflexe pharyngien et, le 11 dé-

cembre, l'abolition en était complète chez tous les sujets.

(1) Jules VOIS[ ? Roger Voisix el A. Ilcyou.-I3romisme,lrouhlcc

mentaux et état de mal épileptique au cours de la dcehtoruration

avec hromuralion chez les cpiiepUqucs. 6'oc. A/c. FI6p.,I'JO ? p.

RECHERCHES SUR LE TRAITEMENT DE L'ÉPILEPSIE. 163

Ce furent, dès lors, une série d'accidents un peu analogues

il ceux que nous avions observés avec le régime de la

décliloruration; mais avec moins d'intensité cependant.

Deux malades seulement présentèrent de l'acné, et, si

plusieurs montrèrent des modifications de caractère et

une légère titubation, nous n'eûmes pas à noter cette

inertie absolue et cette profonde dépression que nous

avions signalées en décembre.

Cette fois encore, une malade fut atteinte d'état de mal,

trois jours après cessation du régime, et y succomba.

bien que le nombre de crises fut relativement restreint

(25). et cette sorte d'absence de réaction doit, croyons-

nous, être rapportée à la bromuration intense de l'orga-

nisme, bien que cette bromuration n'ait point, dans ce

cas, déterminé d'accidents graves d'intoxication.

Le résultat de cette hyperbromuration sur le nombre

des crises fut très marqué. Nos épileptiques qui, les

mois précédents (KBr i gr. régime ordinaire), avaient

présenté une moyenne de '290 accès par mois, ne pré-

sentèrent, pendant ces 30 jours (KBr 12 gr. régime ordi-

naire), que 11 accès et G vertiges, soit, une diminution

de ''4,1 "/&#x201e;. Si nous nous reportons aux travaux publiés

en décembre 1905, nous verrons que ces mêmes malades

présentaient, en avril et mai 1905 (régime ordinaire

avec 4 grammes de bromure de potassium), respective-

ment 373 et 3S1 accès, et, en juin (régime sans sel avec

4 grammes de KBr), 17 accès, comme dans cette expé-

rience. Il semble donc que le régime sans sel triple le

pouvoir du bromure donné. -

D'un autre côté, la cessation brusque de la bromura-

tion paraît, ainsi que l'a remarqué Icgrand du Saule,

réveiller l'épilepsie latente. Il semble que l'organisme

possède comme une réserve d'accès, faite pendant le

traitement, et qu'il rattrape, pour ainsi dire, le temps

perdu, sitôt le traitement terminé. C'est ainsi que chez

des épileptiques jeunes, qui pendant une période de bro-

muration intense (S. gr. de bromure de potassium par

jour) d'une durée de 30 jours ne présentèrent qu'un total

de 18 attaques et (i vertiges ; dans les 10 jours qui suivi-

rent la cessation complète du médicament, on put

compter 248 attaques et 11 vertiges. Ces chiffres étaient

164 THÉRAPEUTIQUE.

identiques à ceux trouvés pendant un mois de bromu-

ration moyenne (2 gr.)

De ces essais thérapeutiques nous concluons d'abord

que l'on ne peut pas conserver impunément pendant

un mois un régime ordinaire avec 12 gr. de bromure

par jour, ou un régime sans sel avec 4 gr , car ces régi-

mes, s'ils abaissent considérablement le nombre des

accès, abrutissent les malades et causent de l'intoxica-

tion bromique, puis que la cessation brusque de la

prise de bromure pour enrayer cette intoxication paraît

être dangereuse.

Par contre, lorsque l'on se contente de donner aux ma-

lades une dose de KBr. inférieure à celle indiquée ci-des-

sus et toujours la même, les accès demeurent très fré.

quents. Une certaine accoutumance au médicament

s'établit qui en affaiblit le pouvoir.

Des constatations analogues, faites par Charcot, Gilles

de la Tourette, avaient déterminé ces auteurs à conseil-

ler de donner aux épileptiques les bromures à doses

alternativement croissantes et décroissantes.

Nous avons pensé que l'institution passagère d'un régi-

me déchloruré pouvait être utilement établie dans cette

progression thérapeutique.

Des recherches antérieures (1) nous avaient amenés

aux constatations suivantes :

Si à la bromuration simple on fait succéder la déchlo-

ruration en maintenant la même dose de bromure, les

accès diminuent très notablement.

Mais qu'on laisse l'épileptique pendant plusieurs se-

maines à un régime strictement déchloruré et sans lui

donner de bromure, puis qu'on lui redonne une dose

moyenne de bromure avec un régime salé ou sans sel, les

deux résultats seront identiques, le régime semblant

indifférent.

Nous avions noté d'autre part que la cessation du trai-

tement bromure au cours d'un régime déchloruré produit

moins d'effet nuisible qu'au cours d'un régime ordinaire.

Nous avions conclu de ces constatations d'abord que

(1) Jules Voisin, ! tugCI' Voisin, Louis Kuantz. De la décliluni-

ration dans l'épilepsie, ses avantages, ses inconvénients. Soc.

met. Hôp., 16 drc. 1901.

RECHERCHES SUR LE TRAITEMENT DE L'ÉPILEPSIE. 105

la bromuration antérieure de l'organisme paraissait

nécessaire pour que l'institution d'un régime sans sel

produisît son effet optimum; puis que l'action du bromure

se prolongeait plus longtemps lorsque le malade ne

prenait pas de sel.

Pour expliquer ces faits, nous adoptions l'hypothèse

suivante : .

Le bromure agit en grande partie en remplacant le

chlorure dans ses combinaisons à l'intérieur des tissus,

(Linossier);ces combinaisons bromurées sont peu stables

et sont détruites par la prise d'un e nouvelle quantité de

sel ; elles se maintiennent par contre même après cessa-

tion du traitement bromuré si la déchloruration est

rigoureusement continuée. De plus dans ces remplace-

ments du chlorure par le bromure dans ses combinaisons

albuminoïdes, le rôle capital nous paraît revenir aux

phénomènes d'osmose et aux phénomènes chimiques

qui accompagnent toute déchloruration. C'est grâce à ces

phénomènes que le bromure inclus dans les tissus vient

remplacer le chlorure.

Et nous avions alors préconisé dans le traitement de

l'épilepsie des alternatives de régime salé et non salé,

« parce que, écrivions-nous, nous pensons que les phé-

nomènes physiques et chimiques qu'elles déterminent

facilitent à la fois l'élimination urinaire et la fixation

du bromure, et parce que cette variété même du régime

en permet la bonne exécution. »

Dans l'expérience que nous allons rapporter, nous

avons combiné la déchloruration et la progression

des bromures; nous avons institué le régime suivant :

après 10 jours de régime ordinaire avec 4 grammes de

K13p, nous donnions pendant 10 jours, 10 grammes de

bromure, puis après cette hyperbromuration, nous met-

tions pendant 10 jours nos malades au régime sans sel en

suspendant la prise de bromure. Nous espérions ainsi

débarrasser l'organisme de son excès de bromure circu-

lant, sans déplacer cependant le bromure combiné.

Les malades adultes soumis à ce régime furent les

mêmes que dans les expériences précédentes : le régime

fut poursuivi pendant cinq périodes de 30 jours.

Le tableau I donne pour chaque malade le nombre des

1(i ? 1

THÉRAPEUTIQUE.

accès pendant chaque période ; en les réunissant nous

avons les résultats suivants :

1G8 THÉRAPEUTIQUE.

avec bromuration prolongée, ou au cours de l'hyper-bro-

muration. Ce régime nous parait donc devoir être insti-

tué.

. Les doses de bromure de potassium que nous avons don-

nées il nos adultes étaient de 4 gr. puis de 10 gr. Chez les en-

fants, ces doses devraient être diminuées, tout au moins

chez les jeunes enfants jusque vers l'âge de 15 ans ; car à

10 et surtout il 1S ans, les épileptiques doivent être consi-

dérées comme des adultes.

C'est ce que nous montrent quelques constatations faites

dans notre service d'enfants. Au mois de juin 1905, seize

enfants de 11 à 18 ans, furent soumises pendant un mois

à un régime déchloruré avec prise j ournalière de gram-

mes de bromure de potassium. Dans le mois de mai, avec

cette même dose de KBr, mais le régime restant salé, ces

enfants avaient présenté un ensemble de 253 accès. Le

régime sans sel ne fit tomber ce nombre qu'à 180.

Ce résultat plutôt médiocre de la déchloruration nous

étonna. En effet 12 de ces 1 ! 1 malades avaient suivi, l'an-

née précédente, le même régime, et le nombre de leurs

crises était tombé de 224 à 59. Cette fois-ci, le total des cri-

.ses des mêmes enfants tombait seulement de 251 à 155.

Soit la première fois une diminution de 73,7 % des accès,

contre une de 33 % la seconde.

Pourtant nous ne pouvions pas incriminer les condi-

tions climatériques; l'expérience en 190 et en 1905 avait

été effectuée au mois de juin ; de plus le mois précédent.

le nombre des accès de nos malades était resté station-

naire ; 231 accès en mai 1905 contre 224 en mai 1904.

En comparant les tableaux de z0 et de 1905, nous

avons alors remarqué que, tandis qu'en 1904 toutes nos

enfants avaient présenté moins d'attaques,en 1905,seules

les plus jeunes, celles de 12, 13, 14 ans (Chia ? Nie..

Per..) étaient dans les mêmes conditions : 14 accès

contre 57.

Par contre,les enfants âgées de lU,17, 18 ans n'avaient

recueilli presque aucun bienfait du régime déchloruré,

(141 contre 174)

RECHERCHES SUR LE T11.11T1 : >ILN T DU L'ÉPILEPSIE,

169

170 CLINIQUE NERVEUSE.

de régime sans sel et sans bromure, donne dans les cas

d'épilepsie dite essentielle à accès très nombreux, de très

heureux résultats.

Ces courtes périodes de déchloruration laissent reposer

l'organisme, sans cependant amener les inconvénients

et les accidents que l'on a signalés dans ce régime. Elles

évitent une bromuration trop considérable de 1 individu,

qui devient plus nuisible qu'utile en supprimant la réac-

tion nerveuse nécessaire.

Nous ne préconisons donc pas l'institution constante

d'un régime sans sel avec faible bromuration au cours du

traitement de l'épilepsie ; l'augmentation de la dose de

bromure pendant le régime ordinaire donne les mêmes

résultats.

Nous recommandons par contre les alternatives de

régime ordinaire et de courtes périodes de régime sans

sel, et, entre autres, le régime suivant : 10 jours à i gr.

de bromure de potassium, 10 jours à 10 gr. avec régime

ordinaire pendant ces deux périodes, puis 10 jours de

régime sans sel et sans bromure.

Ces doses, instituées chez les adultes, sont applicables

également le plus souvent aux adolescents de Hi à 18 ans.

CLINIQUE NERVEUSE

Un cas de compression de la moelle avec des

phénomènes de tétraplégie spasmodique. (Con-

tracture, exagération des réflexes tendineux, trépidation

épiléptoïde, signe de Babinski, guérison.)

Par M. le D' NOICA,

Médecin adjoint de 111. le Professeur 1), Mal'ineseo, Chef du service

des maladies nerveuses de Bucarest.

L'étude des compressions médullaires occupe encore

aujourd'hui la sagacité des neurologistes, et parmi les

autres problèmes que soulève ce chapitre, se trouve

aussi le suivant : Quoique Charcot, Westphal, Strünmpel,

l3aymond, Babinski, etc., aient montré que les phéno-

mènes spasmodiques peuvent exister sans que la moelle

UN CAS DE COMPRESSION DE LA .MOELLE. 171

présente des lésions de dégénérescence des faisceaux

pyramidaux, en clinique encore, quand on se trouve en

face de pareils symptômes, on n'hésite pas à admettre

qu'il doit y avoir des lésions de dégénérescence et par

conséquent d'émettre un pronostic grave.

La cause, dit le professeur Raymond, tient à la difficulté

que nous avons de dire devant le malade, si tels phéno-

mènes de compression traduisent seulement un trouble

fonctionnel, ou encore si tels autres traduisent une lé-

sion des faisceaux nerveux. Nous nous sommes heurtés

il cette difficulté quand on a emmené le malade à l'hôpi-

tal l'antélimon.;

A. M.. mécanicien, âgé do 20 ans, est reçu dans le service de

M. le prof. ilarinesco,le 20 novembre 1903. Dans ses antécédents

héréditaiies et personnels, on ne trouve rien d'intéressant. Il va a

cinq mois, il lui est arrivé un accident à la batteuse où il travail-

lait. Une roue delà machine, lui accrochant son veston par der-

rière et puis le soulevant à la hauteur d'un mètre, l'a fait se con-

tusionner très fort à la nuque ; puis il est tombé par terre. Im-

médiatement le jeune homme a pu se relever, toulseul,f'aire une

vingtaine de pas, mais il a dû s'arrêter par suite des douleurs

terribles qu'il ressentait à la région contusionnée. Un le trans-

porte chez lui, où il est forcé de garder le lit pendant une se-

maine à cause des douleurs de la nuque. En même temps il sen-

laides fourmillements dans les quatre membres eL surtout dans

1rs membres supérieurs.

Pendant les trois mois qui ont suivi, le jeune mécanicien a pu

s'occuper de son métier sans ressentir autre chose qu'un affai-

hli5scment progressif de la force musculaire dans tous les mem-

bres. Inquiet, il entre dans un hôpital de province, n'ayant plus

la force de se tenir debout. Après un séjour do 2 mois dans cet

hôpital pendant lequel il a été tout le temps paralysé au lit, se

plaignant encore do palpitations et môme quelque temps de l'in-

continence d'urine, on l'emmène envoiture dans notre service.

Le jour de son entrée, on voit un jeune homme paralysé dans

son lit, intelligent, de bonne constitution, avec un appareil mus-

culaire bien développé. A la nuque on ne constate aucune défor-

mation, aucune (race do lésion. Les membres inférieurs sont on

extension complète, et les mouvements sont presque abolis, à

peine peut-il produire un léger mouvement d'adduction avec son

membre inférieur droit, et quelquefois un très léger mouvement

de flexion avec lo gros orteil droit. Pendant la nuit il fait quel-

quefois, dit-il, des mouvements limités do flexion et d'extension

dans les genoux. \

172 CLINIQUE NERVEUSE.

Les mouvements passifs dans toutes les jointures des membres

inférieurs se font avec difficulté par suite d'un état de contracture

très exagéré. La résistance musculaire est presque nulle. Lasla-

tion debout lui est impossible. Les réflexes tendineux, rotuliens

et achilléens sont exagérés. 11 y existe du clonus et le signe de

Bahinski des deux côtés.

Les membres supérieurs varient de position, et sont moins pris

que les autres. Il lève le membre supérieur gauche jusqu'au plan

horizontal, le droit un peu plus haut. Les mouvements de flexion

et d'extension du coude se font entièrement ; le malade dit que

l'extension est plus difficile. Les mouvements de supination et

de pronation s'exécutent bien. Les mouvements du poignet sont

très difficiles. Le patient, qui a les doigts fléchis dans la paume

de la main, peut exagérer celle flexion à gauche, mais nullement

à droite ; il lui est impossible d'étendre lesdoigLs et avec le pou-

ce il ne peut faire aucun mouvement. Les mouvements passifs

se font assez facilement dans toutes les jointures, maison nepeut

défléchir les doigts qu'avec beaucoup de peine. Les réflexes ten-

dineux du coude et du poignet sont exagérés des deux côLés. La

furce dynamométrique aux mains est nulle. Au coude, la force

musculaire des fléchisseurs est diminuée et celle des extenseurs

est abolie.

La sensibilité générale est légèrement troublée. On trouve de

l'lw poeslltésic tactile à la plante des pieds, sur les deux faces des

mains, sur le gland et sur la face interne des cuisses. De l'hy-

poalgésie sur les deux faces des mains et puis sur toute la face

interne des avant-bras jusqu'aux coudes. ])o l'hypothermie avec

cliesthésie sur les membres inférieurs (dans toute leur étendue),

sur les deux faces des mains, et sur la face interne des avant

bras jusqu'aux coudes. La sensibilité osseuse n'est pas atteinte.

Le sens musculaire est aboli aux doigts et aux poignets. Les pieds

et les mains sont froids et remplis de sueurs. Les réflexes abdo-

minaux, inférieurs et moyens, sont abolis, les réflexes épigaslri-

ques sont diminués, les réflexes cremasteriens abolis.

11 n'existe pas de trouble de miction ou de défécation. On le

traite dans le service avec le massage et le repos absolu.

Le 17 avril 1904, le patient quitte le service, sur un brancard,

sans avoir senti aucune amélioration. Il reste quelques jours la la

maison, puis au mois de mai et de juin il fait un séjour dans une

modeste station de bains de boue. Là il prétend que, après le di-

xième bain et après dix séances de massage on n'avait plus be-

soin de le transporter, il allait tout seul, appuyé sur une canne.

Après le trentième bain il s'est senti complètement guéri.

Le 17 août de la même année, notre ancien malade vient nous

faire une visite à l'hôpital, pour nous montrer qu'il marche comme

tout le monde, qu'il se sert normalement de , ses bras, enfin

UN CAS DE COMPRESSION DE LA MOELLE 173

qu'il est revenu à l'état de santé antérieur il l'accident. Si on

l'examine, on constate que la force dynamométrique à droite in-

dique 70, à gauche 80. La inutilité des membres supérieurs est

normale, les mouvements des doigls s'exécutent môme parfaite-

ment bien. La motilité et la marche des membres inférieurs sont

absolument normales. Plus de trouble desensibilité, le sens mus-

culaire est revenu aussi. Les réflexes rotuliens et achillécns très

légèrement exagérés. Plus de clonus et de signe de Babinski à

droite. A gauche le signe de liabinski existe encore et une ébau-

che de clonus. Les réflexes crémastériens et abdominaux se pro-

duisent très bien.

En résumé : un jeune homme de 20 ans, qui reçoit un coup

très fort à la nuque, suivi d'une douleur terrible dans

la région du traumatisme, qui garde le lit pendant une

semaine, ne se plaignant d'autres symptômes que de

douleurs à la nuque et de fourmillements dans les qua-

tre membres. Après une semaine, le patient, reprenant

son travail, observe un affaiblissement dans les membres,

s'accentuant de plus en plus. Trois mois après l'accident,

il entre dans un hôpital départemental, avec une para-

lysie de tous les membres et surtout des membres infé-

rieurs : il ne peut plus marcher, ni rester debout, de

plus il a eu de l'incontinence d'urine. '

Le 20 novembre on l'emmène dans notre service avec

paraplégie spasmodique très intense des membres infé-

rieurs et une légère paralysie spasmodique des membres

supérieurs. Neuf mois après le début de la paralysie,

c'est-à-dire une année après l'accident, le malade guérit

complètement, après une cure de bain de boue et de mas-

sages. Notre cas n'est pas isolé, et si la guérison s'est

produite, c'est parce que la compression n'a pas été suivie

d'une dégénérescence des faisceaux pyramidaux, autre-

ment dit il rentre dans la catégorie de ceux qui clinique-

ment se présentent avec des signes de spasmodicité, mais

qui anatomiquement ne s'associent pas à des lésions de

dégénérescence.

Déjà Charcot et plus tard son successeur, le profes-

seur Raymond (1), soutenaient qu'il serait inexact « de

se baser sur la longue durée (plus de sept mois) de

(1) Rwmoxd 0 ET S;c.\ ! tU. Soc. de ncwologic. Séance du 5 févr.

HI03, Compression médullaire par fracture du rachis. Paraplégis

spasmodique ; laminectomie.

174 CLINIQUE NERVEUSE.

la spasmodicité, avec clonus et extension des doigts

sur la présence des troubles sphinctériens et sur un

commencement de syndrome de Brown-Séquart pour

conclure à une lésion médullaire consécutive à une coin--

pression », autrement dit, l'état spasmodique n'est pas

exclusivement et nécessairement sous la dépendance de

la dégénérescence du faisceau pyramidal.

Pour Westphal et Strümpel, l'exagération des réflexes

tendineux serait aussi indépendante d'une dégénérescen-

ce secondaire ; si elle existe, c'est une pure coïncidence,

parce qu'alors le centre inhibitoire de l'encéphale cesse

d'exercer son action sur le centre médullaire.producteur

des réflexes, à cause de la rupture des fils qui le liaient

à ce dernier. Preuve, disent ces auteurs, les cas d'apo-

plexie cérébrale compliqués immédiatement de contrac-

ture,convulsions et exagérations des réflexes tendineux.

Dans ces cas l'apoplexie cérébrale est produite par une

grande hémorrhagie,ou par unehémorrhagie qui a péné-

tré dans les ventricules latéraux, ou dans le 4° ventricu-

le, ou dans la protubérance ou dans le bulbe. Il y a dès cas

aussi chez lesquels, aulendemain, ou le 4" jour d'une atta-

que apoplectique, apparaissent des convulsions et des

contractions accompagnées del'exagération des réflexes

tendineux, tous ces phénomènes produits par une réac-

tion inflammatoire d'un foyer cérébral disparaissent

dans peu de temps.

Babinski (1), s'associant aux auteurs précédents, cite

trois observations avec autopsie, dans lesquelles il n'a

pas trouvé de lésions dégénératives, quoique les mala-

des, pendant la vie, aient présenté des phénomènes de

spasmodicité. Il ajoute encore à cette occasion des cas de

Schultze(2), de Fraenkel(3), de Philippe et Cestan (4), de

(1) B.\IIUiSK ! . -Soc. méd. des hôpitaux. Séance du 22 mars 1899. Sur

une forme de paraplégie spasmodique consécutive il une lésion or-

ganique et sans dégénération du faisceau pyramidal.

(2) Oiehl es eine primnre Sklerose der Seitena frange de ?

Riickenmarks ? von 1), med. Richard Schultze, Deutsches Archrr.

f. Klin. Mes, XXII Rand, p. 343.

(3) Zur Lehre vorr derr Gôclllvuisten der Ri/c/zellll2al'ksc/zallte. Deuts-

che mcdicinische Wochenschrift, 1899, n" 28, 29 und 30.

(4) Etat du faisceau pyramidal dans quatre cas de contracture

spasmodique infantile, par MM. Ch. Philippe rL R. Cestnn. Soc. de

Biologie, année 1897, p. IOSU.

UN CAS DE COMPRESSION DE LA MOELLE. 175

Cestan (1) et un cas publié par lui-même dans sa thèse (2).

F.Raymond et S ? 1. Sicard, dans leur travail déjà cité, pu-

blient un cas analogue, et J. Babinski, dans la même

séance de la Société de Neurologie, présente un nouveau

cas.

On peut déduire de ces faits que les signes cliniques

de spasmodicité ne coïncident pas toujours avec une

dégénérescence des faisceaux pyramidaux, et par con-

séquent,dans les cas de compression,on guérit assez sou-

vent si l'on sait intervenir chirurgicalement à temps,

comme dans le cas de Raymond et Sicard et le cas de

Babinski, déjà cités.

Notre cas peut entrer dans cette catégorie, seulement

nous ne savons et nous ne pouvons pas dire quelle a été

la cause de la compression, qui a duré pendant une

année et puis a disparu d'elle-même.

M. le professeur Marinesco croit, et nous sommes de

son avis, que le traumatisme a pu produire une hémor-

rhagie méningitique, quipetit à petit a provoqué une irri-

tation de voisinage et il s'est formé là une plaque de pa-

chiméningite hémorrhagique, qui comprimait la moelle

et produisait des phénomènes de spasmodicité. Avec le

temps, le repos, les bains de boue, et le massage, la pla-

que a pu se résorber et les signes de spasmodicité dispa-

raître complètement. Un mot avant de finir. Notre ma-

lade présentait, à l'hôpital, le signe de Babinski des deux

cotés, mais quand il est revenu guéri, le réflexe n'existait

plus du côté droit et se produisait encore à gauche.

Probablement qu'avec le temps il disparaîtra aussi. En

somme, ce signe clinique ne nous autorisait pas, chez

notre malade, à dire qu'il traduisait une lésion de dégé-

nérescence, mais tout au plus un trouble fonctionnel du

faisceau pyramidal.

(1) Tumeur cérébrale comprimant la loue rolandique gauche,

hémiplégie permanente, intégrité du faisceau pyramidal, par Cestan.

(Soc. anatomique, février 1899.)

(2) Etude anatomique et clinique sur la srlérrose en plaques, par J.

l3;rhinsl : i. Thèse de Paris, 1889.

CLINIQUE MENTALE

Délire de persécution à base de fausse

interprétation et délire alcoolique; .

par il

I&#x152;MOXU (de lleLz),

Professeur de clinique des ma-

ladics men laI cs à l'enh"cl'-

sité de Toulouse.

eL L

, Lucien LIGItII 1 I : ,

Ancien chef de clinique des ma-

ladies menlales, médecin

des asiles.

Dans un récent article, le dur Simon (Epilepsie, délire

alcoolique, mélancolie, etc., etc., Archives de Neurologie,

février 1905, p. 104) a rapporté l'observation intéres-

sante d'un malade chez lequel existaient différentes affec-

tions mentales, et il a montré que la possibilité de recon-

naître de telles coexistences était « un des faits les plus

« propres à montrer que les études cliniques ne sont pus

« restées,en psychiatrie.plus stériles que dans les autres

« parties de la médecine ».

La reconnaissance des psychoses combinées présente,

en effet, un haut intérêt, qui s'élève bien au-dessus de ce-

lui que peuvent présenter ce que nous pourrions appeler

les élégances de la clinique, en raison de la diversité de

. pronostic des divers états et de la nécessité qu'il y a, en

matière d'observation, à conserver une bonne tenue aux

descriptions cliniques.

Il y a plus : il existe en psychiatrie tout un chapitre

riche de détails, concernant plus de la moitié des maladies

ou des troubles psychiques que nous observons, et dans

lequel la sagacité des chercheurs n'a pu encore mettre

tout l'ordre que nous voudrions y voir régner, chapitre

à l'endroit duquel chaque observateur est contraint de

se constituer une religion personnelle toute provisoire,

sorte déclassement pratique, dans l'attente de celui qui,

un jour, viendra proposer un plan scientifiquement ac-

ceptable. Ce chapitre est celui des dégénérescences.

DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 1 ? 7

Alors que l'accord est unanime pour reconnaître l'exis-

tence, l'autonomie, la régularité clinique de la manie, de

la mélancolie, de la paralysie générale, nous sommes, à

l'égard de tous les autres complexus morbides, encore

dans une période de tâtonnement, puisqu'au milieu des

innombrables matériaux recueillis, une seule notion très

nette et incontestée s'élève, celle de la dégénérescence

héréditaire ou acquise. ,

C'est pourquoi, à tout instant, nous voyons surgir un

vocable nouveau pour une entité prétendue en laquelle

nous avons la crainte de ne rencontrer que l'éphémère de

la mode. Mais il faut reconnaître que ceci ne peut guère

advenir que des dénominations qui préjugent trop et

risquent de devenir au bout de peu de temps des non-sens

alors que, bien au contraire, les dénominations mettant

simplement en vedette les symptômes dominants consti-

tuent un bon travail de classement destiné à déblayer ce

qui appartient il l'avenir. .

Pour aider à ce travail, il importe au plus haut point de

tâcher de dépister les complexus, de départager ce qui

appartient il telle cause ou à telle autre, faute de quoi

les éléments combinés et embrouillés de deux états dis-

tincts pourront faire croire à l'existence d'une forme

nouvelle, inédite, à décrire ; ou bien, ils feront entrer le

complexus dans un cadre qui ne lui convient pas.

Pour éviter cela, il faut des observations très complè-

tes, très raisonnées, où rien ne soit omis ; il faut encore,

au point de vue didactique, ne s'arrêter qu'à celles pour

lesquelles on a pu réunir tous les éléments nécessaires

et rejeter provisoirement celles dont les données sont

incomplètes.

L'observation qui suit pourrait peut-être ne pas échap-

per complètement à ce dernier reproche, mais il nous a

paru cependant que ses éléments constitutifs étaient as-

sez riches et suffisamment précis pour qu'il nous soit

permis, alors qu'elle s'appuie sur des travaux antérieu-

rement produits, d'en tirer une conclusion.

Observation. -Le 17 juin 1901, Antoine C ? se présente à la

consultation de la Clinique des maladies mentales de Toulouse,

se plaignant de délire et d'hallucinations. Ce malade, âgé de

35 ans, célibataire, licencié s sciences, est étudiant en philoso.

.lttcnrvrs, 2' série, 1OG, 1. XXII 12

178 CLINIQUE MENTALE. 1

]'hie ; il nous donne sur sa maladie un ensemble de détails qui

font naître en nous le désir de l'observer plus longuement; nous

l'engageons à solliciter son entrée à la Clinique, où il est placé

dès le lendemain. Malheureusement, ce malade n'ayant passon

domicile de secours dans la ville, nous n'avons pu le conserver

que pendant très peu de jours, et l'observation dont il fait l'objet

n'a pu être aussi complète que nous aurions désiré qu'elle fût.

La première enfance d'Antoine C ? ne présente aucune parti-

cularité à noter. Vers l'âge de onze ans, nous voyons survenir

des phobies religieuses : le malade n'a pas osé avouer une faute

génitale au cours d'une confession, d'où terreurs religieuses, peur

obsédante de mourir en état de péché mortel, et d'èti'e assassiné au

cours de son sommeil, aussi ne couchait-il jamais sans son cou-

teau, alin de se défendre contre toute attaque. D'ailleurs, dès

cette époque, l'emotnite était très grande et la musique reli-

gieuse déterminait chez ce malade un plaisir tellement doulou-

reux qu'ilne pouvait généralement pas la supporter et était obligé

de sortir.

Vers la même époque, on note une affection gastro-intestinale

avec mouvement fébrile et délire, au cours duquel le malade dit

avoir ressenti la sensation très nette de ce qu'il a pu rapporter

plus lard au devenir d'Heraclite. Peu après, nous voyons survenir

un accès de somnambulisme.

De 12 à 18 ans, le malade est pensionnaire dans un petit sémi-

naire. « J'étais, dit-il, assez chétif, très timide, assez religieux,

j'étais, en somme, un esprit positif et sceptique. »

A 18 ans, au cours d'une promenade, il rencontre un aliéné qui

lui dit que « les francs-maçons et les rouges » lui feraient du

mal. Cette remarque ne lui fit à l'époque aucune impression ;

mais aujourd'hui, elle revêt pour lui un caractère prophétique;

elle a pris dans le champ de sa conscience une importance Irès

grande, parce que, suivant son expression imagée, sa mémoire au-

jourd'hui, c'est-à-dire son.passé, déborde son présent.

A l'âge de vingt ans, le malade commence à se masturber un

peu ; puis, un an plus tard, il est boursier de licence, mais celte

bourse lui est bientôt supprimée pour irrégularité dans ses actes

de scolarité. A la faveur de celait, quelques idées de persécu-

tion se font jour : Antoine C ? croit que celle bourse lui a été en-

levée pour être donnée il un protestant ; il croit que toutes les

bourses sont accaparées pour les (ils de pasteurs. Depuis ce mo-

ment, quelques excès alcooliques : armagnac et bière.

Le malade continue néamoins ses éludes^ et à 23 ans, reçoit son

diplôme de licencié ès sciences mathématiques. Un an après, il

entre comme répétiteur dans un collège privé tenu par les jé-

suites, où il reste de 1890 à 1894. Cette période est caractérisée par

180 CLINIQUE MENTALE.

un ensemble de préoccupations religieuses qui portent le malade

à étudier la métaphysique.

Après une année passée très péniblement à la recherche de le.

rons particulières, Antoine C ? entre comme répétiteur suppléant

au collège Sainte-Barbe, à Paris; et là, toujours préoccupé par

des questions de philosophie religieuse, il se décide à poursuivre

la licence en philosophie. Il suit les cours d'Egger, (le

de Coutroux à la Sorhonne. ceux de llihot au Collège de France,

etplus particulièrement ceux de l'abbé Pyat, à l'Institut catholi-

que. Mais aucune des théories qui sont émises devant lui ne le

satisfait entièrement, et il en est arrivé à une manière d'éclec-

tisme bizarre, oii l'on voit se côtoyer une psych ologie d'un posi-

tixisme outré, avec une morale fondée sur le libre arbitre et sur-

tout avec une métaphysique spiritualiste.

Pourtant cette métaphysique, il ne la ^conserve encore, et

même, est-ce sans nul examen, que comme le moyen provisoire

de. croire toujours pour un peu à quelque chose, eL, concentrant

ses efforts sur l'étude due la psychologie, il arrive à concevoir une

doctrine sensualiste avec, annotation numérique des sensations;

puis, après avoir établi la critique des éléments de psychuphvsi-

que de lcclmcr, il finit par réduire la philosophie une arithmé-

tique où le calcul des probabilités tend ! \ devenir un calcul de cer-

ti tude, a, cc, comme critérium, l'observation interne.

Or, à côté de celle théorie qui tend tout uniment à remplacer

un positivisme par un autre, la métaphysique que nous vovotb

subsister est une métaphysique pratique, c'est-à-dire une pure

religion caractérisée par un ultramontanisme exagéré : le res-

pect de la religion, des ancêtres, allié à la soumission au pape.

L'intérêt des peuples de race latine est d'augmenter la puissance

papale ; c'est pour avoir fait échec à l'autorité de Léon XIII que

l'Italie a été vaincue par Ménélicl., l'Espagne par Cuba ; c'est

pour la même raison que la France a dû reculera Fashoda.Le gal-

licanisme, dit C ? est donc une mauvaise spéculation.

Quant aux moyens de concilier sa doctrine psychologique avec

sa croyance au libre arbitre, le malade dit n'avoir pas encore

eu le temps de s'en préoccuper. « Je fais de la philosophie, dit-il,

parce que chez moi toute idée incomplète s'accompagne d'une im-

pression pénible. »

Quoi qu'il en soit. le malade nous dit qu'en 1896 et 1897, s'est

opérée une véritable « dissolution » de son esprit; mais il ne

s'est aperçu de cette dissolution » que longtemps après qu'elle

eut été achevée, c'est-à-dire, au début de la maladie, lorsque,

afin de se rendre compte de la signification des phénomènes qui

se passaient en lui, il fit une enquête sur son passé : cette disso-

lution fut caractérisée parce fait que se posèrent successivement

DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 181

(Mi son esprit les grands problèmes concernant d'abord les idées

de temps, puis les idées d'espace, enfin les idées d'infini.

Notre malade a quitté le collège Sainte- Barbe àla fin de l'année

scolaire, en 1895, et a partir de cette époque, vit en donnant des

leçons particulières. Au cours de l'été 1899, nous le trouvons oc-

cupe d'un préceptorat chez la comtesse V ? et c'est àcette époque

que paraît débuter le délire plus net qui constitue le point cou-

argent de celle observation. Il se trouve là, vivant à la campa-

gne, presque seul avec une femme intelligente, belle, envelop-

pante, qui s'intéresse à lui, lui marque de la confiance ; il finit

par éprouver pour elle des sentiments qu'il dit purement psychi-

ques, qui font qu'il sent ne pouvoir vivre que près d'elle, qu'il

aime tout ce qui la touche, tout ce qui vient d'elle. Il sait qu'il

doit la quitter bientôt, mais se consolo en pensant qu'il la retrou-

vera à Paris.

En effet, le préceptorat est terminé, -lritoine( ? rentreàParis,

chargé par la comtesse V ? de commander des cartes de visite à

)1. Moniteur, 17. boulevard des Italiens. Il cherche vainement le

n° 17 ; pondant qu'il cherche, un passant lui demande du feu, il

lui en donne, et le passant dit alors gravement : Le feu est

pris. · A la place que devrait occuper le n 17, il trouve l'hôtel

du Crédit Lyonnais et pense immédiatement que la comtesse

s'est moquée de lui ; de \Iornteur, il fait mort A TEL, il se sou-

vient d'avoir éprouvé une commotion cérébrale lorsqu'il donna

du feu, le passant a dû lui envoyer un fluide; quant au nombre

17, c'est certainement un chiffre fatidique et maçonnique.

Le malade entre dans un café, cherche « Morateur » dans le Ilot-

(t't,\oit signalé à ce nom-là un emballeur et aussitôt il rapproche

emballeur de fabricant de cercueils.

Il écrit alors à M. Anatole France, pour lui signaler son cas,

et pour le prier d'attirer sur lui l'attention du public ; puis il va à

l'Observatoire informer un sien cousin, qui occupe là une haute

situation ; celui-ci.se rendantsans doute compte du mauvais-état

dosante de son parent, lui conseille d'aller voir sa mère, de pas-

ser quelque temps auprès d'elle. Le malade interprète ces con-

seils dans le sons d'une fin de non-recevoir, d'une mauvaise dis-

position envers lui el il conclut que les francs-maçons, par l'in-

lei'inédiaire do son cousin, veulent se débarrasser de lui en l'en-

voyant à la campagne.

En même temps, tout.autour de lui, revêt un caractère bizarre,

anormal, fâcheux ; au restaurant, à la taverne Médicis, tous font

le vide autour de lui ; mais si, seul, un étudiant en médecine

qu'il connaît un peu, lui marque quelque intérct, il interprète ce

seul geste amical comme une tentative d'espionnage au profit du

groupe qui le persécute. De même, lorsqu'il va à la Sorbonne

solliciter une gratuité d'inscriptions,les nécessités administratives

182 CLINIQUE MENTALE.

coutumières dont on lui parle, et les nombreuses démarches aux-

quelles il se voit soumis, sont autant de tracasseries dirigées con-

tre lui d'une manière toute spéciale.

lise décide à quitter Paris pour aller chez lui, pensant «qu'il

vaut mieux partir de gré que de force ». Tous les incidents de ce

voyage ont pour point de mire sa personnalité : comme ces trois

femmes qui occupent le même wagon que lui et toussent périodi-

quement en parlant de quelqu'un qui est poitrinaire ; il lui sem-

ble même à un moment entendre armer un revolver. Vers Or-

léans, une des femmes le regarde en grinçant des dents et elle

cherche quelque chose dans son sac ; un autre individu dans le

compartiment en fait autant ; le malade voit là autant de me-

naces. Peu après, il aperçoit dans les vitres des images de cou-

teaux dont la longueur varie suivant qu'il baisse. ou relève la

tête. '

Vers Limoges, montent des paysans avec un boucher qui porte

un gros couteau, et Antoine C ? entend une femme qui vient de

monter dire en patois : « Il a tué sa mère. » Plus loin, une voix

chuchotée lui dit : « Tu me trouves bien laid. » A Cahots, quatre

soldats prennent les quatre coins du compartiment ; cela le ras-

sure, d'autant que cela lui permet de ne plus entendre une lame

vibrer dans la portière et qui était peut-être un microphone.

Enfin, le malade descend a Toulouse, éprouve immédiatement

une consti-iction thoracique comme s'il élait « enveloppé par un

ellipsoïde allongé » et telle qu'il est contraint de s'arrêter dans un

café. Il écrit là deux lettres, mais avec peine, ému qu'il est par

tout ce qui vient de se passer, il souffrait violemment à la tète.

Il demande des journaux illustrés, lit dans l'un d'eux une his-

toire de chasse, dont il nesaisit pas lesens. Il se met alors en co-

lère, sort, et immédiatement il aperçoit devant lui pendant quel-

ques secondes une boule rouge en feu et s'écrie : « ;\ ? de D ?

c'est moi qui serai l'apôtre de la vérité ! » Peu à peu, durant la

marche, la constriction thoracique diminue, le malade va pren-

dre de la bière et se couche.

Il passe quelques jours chez lui ; son état semble s'améliorer.

du moins, le délire est moins actif ; mais C ? cherche à coor-

donner les divers éléments de son malaise. Il arrive à se con-

vaincre que tous ces ennuis lui sont suscités par la maçonnerie;

un certain nombre de maisons de son village portent gravée l'an-

née de leur construction ; en arrangeant les chiffres, il parvient à

obtenir des nombres maçonniques et quelques dates sont des

dates marquantes de cette société. Il y a pourtant quelques élé-

ments nouveaux : ses parents lui reprochent de ne rien faire,

semblent ne pas désirer le garder, sa mère d'ailleurs ne l'aime

pas. Il retourne à Paris.

Toutes ces manifestations ont été, après coordination, interné'

1

DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DELIRE ALCOOLIQUE. 183

Par le malade dans le sens suivant : on voulait l'amener à

tuer sa mère et il l'explique ou du moins tente de l'expliquer dans

un écrit que nous transcrivons ici et qu'il intitule :

Comment on prépare un « matricide ».

«Voici un épisode du délire dont je vous ai parlé. On peut y

voir comment une suite de circonstances, -- qui heureusement a

été déviée devait fatalement me conduire à tuer ma mère.

« Je n'ai jamais pu aimer ma mère ; le sentiment qui relie

l'enfant à la mère est absent de ma personnalité ; cette lacune

s'explique d'ailleurs facilement. Néanmoins, à défaut de ce senti-

ment naturel, j'ai toujours professé pour elle le plus grand res-

pect.

« Voici une série de faits :

« 1° Sans raisons plausibles, M. G. F.. me retient à dîner chez

elle, rue du Faubourg-Saint-llonoré (avril-juillet 1899) deux fois

par semaine. Elle me parle une fois de ma famille, « de ma mère,

de ma pauvre mère » ; ses questions me paraissent indiscrètes.

« 2" A X ? dans l'intimité de la comtesse V ? je viens à par-

ler de ma famille et elle aussi me parle de ma famille, un matin

après le petit déjeuner (octobre 18'))9). .

« Le G novembre. partant pour Paris, elle m'accompagne jus-

qu'à La Fore, en voiture. Passant devant le cimetière du village,

elle laissa tomber ces paroles émues : « Si ma mère nous voyait. »

« 3° Quand le « feu est pris », c'est-à-dire quand le délire est

bien commencé.je déjeune chez Mme G. 1 ? elle achève la solde

de mon salaire. Elle me conseille de revenir à la campagne et

d'aller revoir « ma pauvre mère ». (Dernier samedi de novembre

1899.)

« bits. L'après-midi de cette visite, le garçon de café, à la

Taverne Médicis, me dit aussi de « partir chez moi à la campa-

gne ». Un honnête échanson doublé d'un mentor.

" 4" Le lendemain, avant mon départ, de Paris pour Toulouse,

convaincu qu'on va me tuer dans le train, je vais voir M. r. à

l'Observatoire ; au moins, si je suis tué dans le train, pensai-je en

moi-même, quelqu'un de ma famille le saura. Il me reçoit d'une

façon assez vague, me dit qu'il faut prendre une résolution défi-

nitive, attendu que je lui parlais de rentrer dans une Trappe. Il

me conseille d'aller chez moi ; j'aurai, me dit-il, le plaisir de vous

voir pendant les vacances..le le vois montant l'escalier de l'Obser-

vatoire. à la lin - me parler de ma mère, comment elle allait,

en insistant sur ce point.

« 5" A Limoges, une paysanne avec un grand panier rempli de

je ne sais trop quoi, monte dans le train, se met à côté de moi

et dit à haute voix : « Il a tait sa mai. » .le suis convaincu que

181 ' CLINIQUE MENTALE.

ma mère est morte et. que mon absence à Paris en est la cause.

(Dernier dimanche de novembre 1899.)

« 6" Le lendemain, lundi à midi, je déjeune chez Mme C ? à

Toulouse. Entre autres choses, elle me parle de ma pauvre mère,

me conseille de me retirera la campagne et d'y apprendre l'es-

prit de famille.

« Ces sept causeries sont autant de conseils, mieux, autant,

d'images auditives logiques tendant à me faire aller dans ma

famille ; leur action doit être d'autant plus grande sans doute

queje suis en plein délire.

a Un sentiment, encoro assez vague, confus, m'arrête cepen.

dant et neutralise l'action de ces conseils, »

Le malade étant rentré à Paris,son délire reprend une marche

plus active, grâce à des éléments nouveaux dans lesquels il est

difficile de faire le départ entre ce qui appartient aux hallucina-

tions pures et ce qui appartient au délire de rêve. Nous penche-

rions beaucoup plus vers cette dernière interprétation eu égard a

la complexité des phénomènes et aux excès alcooliques du ma-

lade.

Par exemple celte « suite remarquable d'hallucinations queje

présentai étant couché et en état de veille », dit le malade :

. En octobre 1899, il a connu chez la comtesse \ ? une Jeune pro-

testante austère, puritaine, s'occupantde spiritisme et de theoso-

phie ; il a louché avec elle quelques points de métaphysique el

elle a cherché à lui faire partager ses convictions surla possibilité

de la lévitation. A ce fait se rattacherait la première série d'hal-

lucinations : la jeune protestante vient lui reparler encore de la

lévitation ; la conversation dure six heures, au bout desquelles

la jeune tille lui dit : « Voulez-vous faire l'amour avec moi ? » Il II

lui répond qu'il ne l'aime pas, qu'il n'aime que la comtesse, ce à

quoi il lui est répondu que la comtesse n'en saura rien. Il accepte

et l'hallucination génitale est complète ; rien ne manque, sensa-

tions tactiles, visuelles, auditives, etc.. etc..

Pouruno deuxiemeserie de faits, le malade raconte lui-même :

« Le phénomène quo M. l ? fanet ot consorts appellent halluci-

nations auditives impéralives, etc ? n'avait pas encore paru nu

milieu de mes représentations. Il ne se montre que deux ou Irais

jours après mon retour à Paris.

« Là j'habite rue Cujas ?

« Dans le courant des images, celle de ma mère reparaît asso-

ciée à un sentiment de haine horrible ; je vois rapidement tout ce

qu'elle m'a fait souffrir dans ma vie. Furieux, je l'éventre, je lui

enlève ses parties sexuelles et je les jette à des chiens. C'est

horrible, étala fin de ne crime, je n'ai qu'un mot il..lire : « L'no

leçon pour les mères qui n'aiment pas leurs enfants ». Et j'étais

DÉLIRE DE PERSÉCUTION UT DÉLIRE ALCOOLIQUE. 185

conscient de la légitimité de mon acte commis au nom de la

justice »,

Nous notons ensuite au cours du mois de décembre 1899 deux

tentatives de suicide : absorption de 1/2 litre de liqueur de Van

Swieten mélangé à 1/2 litre de rhum, d'où résultent des vomisse-

ments glaireux suivis d'un sommeil profond; quelques jours après,

ingestion d'un crayon de nitrate d'argent. Enfin, au cours d'une

hallucination auditive, il lui est ordonné de se jeter par la fe-

nêtre, injonction à laquelle il sait parfaitement résister : « Ce

qui m'a sauvé, « dit-il aujourd'hui, « c'est de n'avoir pas cru à la

lévitation. » Car il ajoute que si la jeune protestante a tâché de

le convaincre c'était assurément pour préparer cette précipita-

tion.

Dès lors, le malade est véritablement assiégé parles hallucina-

tions ; un soir, au café, tout le monde l'insultait, il se plaint au

garçon qui lui conseille de sortir. Cette situation lui deviontinto-

lérahle et il cherche à se faire arrêter. Il raconte qu'un soir les

yeux égarés il quitte sa chambre, un poignard ¡/{tut dans la main;

il aurait pu ainsi descendre le boulevard Sainl-IicJ1el sans réus-

Sir à se faire arrêter.

Enfin Antoine C ? prend le parti de se rendre à la Sûreté où

il déclare qu'on 1887, étant étudiant à Toulouse, il s'est livré à

des attouchements obscènes sur une mineure. Il est bien vite

placé à l'infirmerie spéciale du dépôt, puis due là dirigé sur l'asile

Sainte-Anne où il reste interné du 22 janvier au 2G mai 1900. Sur

sa demande il est évacué sur l'asile public du Gers, son départe-

ment d'origine d'où il parvient à sortir au bout d'un mois.Revenu

à Paris et ne trouvant pas d'emploi, il se retire chez lui à la cam-

pagne, demande une place do. maître répétiteur, est nommé au

collège de Roulogne-SUC·-ler. Il quitte son poste après un jour et

ne trouvant toujours aucun emploi il revient dans sa famille.

Puis, obéissant à un besoin incessant de mouvement, il part

pour Toulouse à pied, sans un sou. et le 13 avril 1901 ;

arrêté pour grivèlerie, il est condamné a un jour de prison après

dix-sept jours de prévention. Un ami charitable lui offre une pen-

sion (tans un restaurant et une chamhre : il accepte la pension,

rofuse la chambre préférant coucher sur les bancs et il passe ses

journées et ses soirées à marcher.

C'est iL ce moment qu'il se présente à la consultation, chaussé

d'espadrilles, mais au demeurant assez propre ; il nous raconte

que quand son linge était sale il le lavait la nuit aux hornes fon-

taines. -

Le malade est en honne santé physique, il est grand, bien pro-

portionné, sans signe notable de dégénérescence ; il y a du stra-

bisme unilatéral, l'oeil est névropathique ; nous notons de l'hy-

perexcitnbililé.

186 CLINIQUE MENTALE.

Au moment de l'examen, pas d'hallucinations. « Ces ! parce

que je mange » ; dit le malade, « il me suffit de rester doux jours

sans manger pour les voir revenir ». Il précise encore que c'et

exactement le 1 CI' février 1400 qu'il a opéré la synthèse des élé-

ments de son délire en coordonnant avec ces éléments tous les

petits faits qui ont jalonné son existence !

Il est l'instrument des juifs, des francs-maçons, des protestants,

de tous ceux, enfin, qui sont opposés au pouvoir temporel du

pape. Ce sont les juifs qui on commencé, mais, en ce moment,

il est surtout sous la domination des francs-maçons. A côté des

francs-maçons initiés, il y a des « francs- maçons de robe courte »,

instruments conscients ou inconscients des premiers. Tout ce

monde occulte a pour mission de préparer des consciences à très

longue distance et à très longue échéance. C'est ainsi qu'Antoine

C.. a été préparé, enveloppé par sa filiation, même parce qu'on

savait et qu'on sait qu'il serait et qu'il est catholique ultra-

montain.

Le 25 juin 1901, le malade nous est enlevé et conduit dans un

asile ; ceci est loin de faire son affaire : (1 .le croyais pouvoir

m'attendre à un meilleur accueil dans une ville où je pensais la

solidarité mieux organisée ? La psychologie me causa, à Paris,

de vifs déboires ; à Toulouse, elle ne m'a guère mieux réussi. La

psychologie est une spéculation dangereuse. C'est un art qui, chez

nous, peut engendrer de graves ennuis pour ceux qui n'ont ni les

lumières, ni les capacités officielles (parait-il) requises pour ce

travail. Il y a des gens qui sont trop curieux,me disaient,à Paris,

quelques personnes bien sensées ? Chez nous, on n'aime

guère les gens qui observent ».

Le malade est remis en liberté le 15 juillet, non guéri d'ailleurs;

sur les conseils qu'on lui donne, il rentre chez lui. Nous le perdons

de ue.

Près d'un an après, nous lui écrivons chez lui et il répond à

notre questionnaire par une longue lettre, datée de fin mai 190 ? .

11 n'a point quitté son village où, au moment de son arrivée, il

apprit la mort de son père : « Jamais je ne crois avoir atteint ce

degré de tristesse dans ma v ie et un fait remarquable c'est que

mon délire ne tarda pas ensuite à décliner et d diminuer. Quand

je dis délire, je ne sais si j'emploie ce mot à contre-sons : j'entends,

par la, un étal d'irritabilité excessive, caractérisé par des images

très conscientes et se déroulant avec une grande vitesse, et

accompagné d'impulsions spontanées à des actes très divers. Ce

qui avait prévalu dans le mien, c'était les mots organisés en

parole intérieure ».

« Bientôt, dis-je, le délire diminue, je n'ai plus envie de mar-

cher, de me promener comme auparavant ; mes sensations

actuelles n'offrent plus rien d'agréable et de sollicitant, les images

DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 187

visuelles inférieures s'obscurcissent et ma parole intérieure

diminue d'intensité, de hauteur, se fragmente et n'apparaît que

de temps en temps. J'ai la bonne idée d'étudier deux mois consé-

cutifs, six heures par jour au moins, au grec et au latin : cette

foule de mots nouveaux que je prononce affaiblit beaucoup les

liaisons de mots que le délire avait amenées et, au bout de deux

mois, je n'ai quasi plus de trouble intérieur de parole. Nous voici

au mois d'octobre a.

« Notez que je ne me sentais pas une grande vigueur et que

j'appréhendais de retomber dans ce délire d'où je sortais peu à

peu ».

« Au fond, voyez-vous, c'est durant six mois une période de

mélancolie, une longue dépression suivant un délire de deux ans

et faisant contraste avec lui. A cette époque, plus de cycles cons-

cients rapides, c'est plutôt toute la sensibilité générale qui, ici,

est intéressée : on éprouve une sensation vague et non localisée

de malaise, d'indifférence, d'apathie et une tendance marquée

vers l'aboulie, comme conséquence.

« Cependant, nous voici déjà à la lin de mai et tout cela est

bien passé; ? Ainsi donc, je me trouve avoir reconquis une

santé relative après trois ans d'une maladie hien accusée.

« Vous me demandez encore : « Êtes-vous toujours tracassé

par vos ennemis et avez vous pu reprendre votre vie normale .' »

Ce serait un mensonge de vous dire que l'on ne me laisse pas

bien tranquille, amis comme ennemis, si toutefois j'en ai ; trop

tranquille même, car je semble indifférent à tout le monde. Au

vrai, il me semble bien qu'au mois de novembre 1899, il y eut

autour de ma personne une mystification qui me surprit tellement

que j'en devins malade ; mais je dois ajouter que la plupart de

ceux qui y participaient et que j'ai revus, m'ont, depuis, parlé

comme auparavant, Et, de celte farce, je n'en ai jamais compris

ni le sens, ni le motif, ni le hut ; il y a fort longtemps que je n'y v

pense plus.

« Depuis ce temps reculé, je n'ai rien constaté d'anormal, sinon

que très peu de personnes me témoignent de l'intérêt ; tout se

passe comme si j'étais devenu étranger pour quelques-uns qui,

pourtant, m'ont très bien connu ? » - Depuis cette époque,

nous avons perdu le malade complètement de vue.

En résumé, chez un héréditaire, apparition d'un délire

dont le point de départ et la trame sont constitués par

une série d'interprétations erronées, et, d'une manière

erratique, existence d'hallucinations de l'ouïe, de la vue

et de la sensibilité générale.

Ces hallucinations appartiennent- elles au délire par

LSS CLINIQUE MENTALE.

fausses interprétations, en font-elles partie intégrante ou

bien constituent-elles simplement des éléments surajou-

tés ? A cela nous pouvons répondre nettement qu'en effet

ces hallucinations ne font pas partie du délire par faus-

ses interprétations et qu'elles sont des éléments surajou-

tés.

En effet, pour co qui est d'abord des hallucinations de

l'ouïe, le malade a pris soin de nous renseigner lui-même

en nous disant qu'elles ne se montrent que tout autant

qu'il y a inanition ; lorsque le malade se nourrit bien,el-

les disparaissent complètement, elles appartiennentdonc

à la misère physiologique.

Pour les hallucinations de la vue, nous sommes en

possession d'un autre élément d'information, puisque

nous savons que le malade commet ou a commis des ex-

cès alcooliques et nous les voyons survenir avec des ca-

ractères qui ne laissent aucun doute sur leur nature oni-

rique : le complexus hallucinatoire de décembre 1899,

dans lequel d'ailleurs tous les sens entrent en jeu, cons-

titue très nettement un délire de rêve,en admettant même,

ce qui n'est pas très net, que le malade ait été bien réel-

lement, comme il l'a dit, en état de veille. Peu après, la

scène d'éventrement présente des caractères analogues :

une remarque du malade montre qu'elle dut très proba-

blement s'accompagner d'angoisse et nous n'hésitons pas

non plus à mettre cette scène terrifiante sur le compte

de l'intoxication. Bien plus, à cette époque de décembre

1899 où ces hallucinations de la vue se produisent, tout

se termine par un fait que depuis Lasègue, on considère

comme souvent pathognomonique de l'alcoolisme, par

une auto-accusation; cette accusation était peut être fon-

dée, il aurait pu tout aussi bien s'accuser d'avoir tué et

éventré sa mère, mais il a conscience que ceci n'existe

qu'en rêve ; il est alors obligé de rechercher dans son

passé, de s'accuser d'un fait peut être réel, mais dans

tous les cas couvert par la prescription, ce que certaine-

ment le malade n'est pas sans ignorer.

Et puis ces hallucinations de lavue, de l'ouïe, delà sen-

sibilité générale, dont le malade dit, lui-môme, qu'elles

sont des hallucinations, n'apportent aucun élément nou-

veau à son délire, elles n'aident en aucune manière à la

DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 1S9

syslématisation ; elles surviennent, comme par hasard,

lorsque le délire est déjà constitué et de même elles dis-

paraissent sans déterminer l'apparition d'un état nou-

veau.

Il ne nous reste donc plus, en dehors d'elles, qu'un dé-

liré basé sur des interprétations erronées dont la systé-

matisation vague, enfantine, malgré tous les raisonne-

ments spécieux sur lesquels elle s'appuie, porte l'em-

preinte de la débilité mentale. Il est inutile de revenir

sur les psychoses à base d'interprétation délirante à l'é-

tude desquelles MM. Sérieux et Capgras ont apporté ré-

cemment leur contribution dans une communication à

la Société médico-psychologique, où l'on trouvera la bi-

bliographie essentielle de cette question (séance du 24

février 1902,in Aizizales iîzédico-psy chologiquesno de mai-

juin 1902, p. 441.)

La débilité mentale chez notre malade est l'aboutissant

de tares échelonnées le long de quatre générations au

moins et qui rejaillissent sur un être dont les conditions

sociales ont fait un terrain merveilleusement propre à

l'éclosion de la folie.

Ce malade est,en effet,un déraciné, fils de paysans qui,

pour avoir voulu pousser leur enfant, ont simplement

réussi à faire de lui un raté, un déclassé, un instable, en

raison de son peu d'aptitude à comprendre que le di-

plôme crée plus de devoirs qu'il ne donne de droits.Nous

le voyons, dès le début de sa vie d'étudiant, se plier dif-

ficilement à sa tâche, perdre les avantages d'une bourse

qui lui donnerait la faculté d'aller plus loin,à moins qu'il

n'en ait été décidément incapable, puis en arriver à cette

situation qui le plus souvent n'est que celle des vaga-

bonds intellectuels, de préceptorat en préceptorat dans

une sujétion où il y a tout à gagner ou tout à perdre et

qu'il semble n'accueillir qu'en raison de la liberté factice

qu'elle parait lui procurer.

Cette dernière élévation au-dessus de son milieu ori-

ginel lui fait perdre d'ailleurs le sens des réalités : sous

son expression coutumièrc : « Mes parents ne me com-

prennent pas et ne peuvent me comprendre », on voit

poindre tous l'égoïsme d'un mépris pour les siens ; il les

voit trop grossiers, et ne se considère point comme étant

190 CLINIQUE MENTALE.

né pour cultiver la terre, alors qu'en réalité il n'a peut

être déliré que parce qu'il a été arraché au seul milieu

dans lequel il pouvait vivre.

Un des points, encore qui rendent le malade intéres-

sant. c'est qu'il est de ceux qui peuvent faire illusion et

qui font d'autant plus illusion qu'ils sont plus instruits;

leurs conceptions délirantes ne sont en effet qu'in-

vraisemblables et l'on conçoit parfaitement avec quelle

facilité elles peuvent être accréditées dans un milieu peu

averti et dans lequel n'existent pas les barrières salutai-

res du scepticisme. C'est de cette façon que certains de

ces malades trouvent des défenseurs, avocats de leur

délire, dontle seul défaut est de s'être mal renseignés;

et si, d'autre part,le milieu renferme des dégénérés aptes

à délirer, on voit combien facilement peut éclore le délire

à deux.

Il est probable que chez notre malade, la volonté de

vivre a fait que chacun des petits empêchements et des

échecs rencontrés a acquis une valeur exagérée au point

de s'élever à la hauteur d'une obsession et que cette

obession a favorisé les erreurs de jugement.

Pour en revenir aux psychoses à base de fausses in-

terprétations, nous estimons, après tant d'autres, qu'il

est insuffisant de dire que, dans les délires systématisés

de la dégénérescence, il peut y avoir ou ne pas y avoir

des hallucinations, parce qu'il ne parait pas logique de

confondre ces deux formes.

Nous ne pensons pas qu'il soit indifférent de savoir si

oui ou non existent des hallucinations chez un aliéné,

parce qu'il nous apparaît que les hallucinations parais-

sent être l'indice profond d'une altération sinon anato-

mique, du moins fonctionnelle si tant est que ces deux

qualifications ne sont pas synonymes. De même qu'en

pathologie générale la position de moindre résistance

n'implique pas, au cas d'adultération, l'application d'une

maladie toujours identique, de même, en matière de psy-

chiatrie, la dégénérescence héréditaire ou acquise, qui

est la formule par laquelle nous traduisons notre façon

d'envisager l'abâtardissement originaire du cerveau, ne

doit pas faire préjuger d'une réaction unique ou identique.

L'adultération est peut-être beaucoup plus grave lors-

ATHÉTOSE DOUBLE. 191

que viennent se greffer des hallucinations, mais leur

absence nous semble indiquer, lorsqu'il y a du délire, une

prédisposition beaucoup plus grave ; parce que si l'hal-

luciné a tous les droits de bâtir des conceptions déli-

rantes, il nous paraît que celui qui ne l'est pas en a

beaucoup moins : ilbàtit ses conceptions avec les éléments

bizarres et erronés qu'il tire de sa conception du monde,

il est à la merci des causes extérieures les plus minimes,

en raison du quantum considérable de choses qu'il ne

comprend pas ou qu'il comprend mal.

RECUEIL DE FAITS

Athétose double. Mort au cours de variole. -

Autopsie. - Syphilis héréditaire probable ; i

Par le D' .1. CRESPI.N.

Professeur suppléant à l'Ecole de Médecine d'Alger.

flot,. Marie, espagnole, âgée de 7 ans,entre dans mon service de

contagieux pour variole discrète, le 14 janvier 1905.

Antécédents héreditaÏ1'cs,- Fille d'Espagnols, ne présentant au-

cun trouble de la santé ou de l'intelligence, et professant le mé-

tier de jardinier. La mère a toujours été délicate, fut soignée e

pour de l'anémie, mais n'a jamais eu de maladie grave. Le père

est un solide gaillard, qui nie avoir eu dans son existence une

indisposition quelconque ; il dit n'avoir jamais contracté la sy-

philis, et il ne présente aucun stigmate de cette maladie. Il ne

s'adonne pas à l'alcool. D'après eux, leurs parents ont toujours

été bien portants.

Notre malade est l'aînée de quatre enfants. Elle naquit après

10 mois de mariage, sans que la grossesse de la mère ait été si-

gnalée par un fait particulier. Entre cette enfant et la suivante

se placent deux fausses-couches. Deux ans après la naissance de

notre malade, seconde fille âgée aujourd'hui de cinq ans, très

bien portante et développée comme un enfant de son âge, au

point de vue mental comme au point de vue physique.

Le troisième enfant est également une fille, qui a trois ans et

est fort bien portante. Le quatrième enfant fut aussi une fille, qui

s'éleva normalement jusqu'à z mois. A cette époque (il y a deux

mois) elle succomba à une broncho-pneumonie.

192 RECUEIL DE FAITS.

Historique de l'affection de llor., Marie. Cette enfant vint au

monde de me ! n ! )ranesvcrda ! res, foute enveloppée

(amnios peut-être). Mais à pari ce détail, rien ne frappa la mère

ou l'entourage. L'enfant venue à terme était normalement cons-

tituée.Au bout de trois mois, la mère s'aperçut que la petite fille

avait de la difficulté à têler cl à déglutir ; que de plus, elle était

agitée de petits ll'emhlplI1t'11[d ! 's11lemhl'es, sul'louL ducùLédl'Oil.

Ces symptômes s'accentuèrent légèrement : la face se prit et de-

vint le siège de grimaces continuelles, marquées également da-

vantage du côlé droit. La mère s'aperçut aussi que l'enfant était

raide. Cette raideur rendait dillicile l'habillage.

Le développement physique s'accomplissait assez bien. La

dentition, un peu tardive, dit la mère sans pouvoir préciser, ne

présenta rien d'anormal. Les membres s'allongaienl : mais la

marche n'était pas possible ni même la station debout, les trem-

blements constituant un obstacle insurmontable.

L'enfant ne put jamais articuler un mot. 1,lleci-iait très souvent

quand il lui manquait ce dont elle avait besoin ; mais on ne put

l'apprendre à parler. Elle avalait difficilement, ne pouvait se ser-

vir de ses mains pour porter les aliments il la bouche. Elle fut

toujours gâteuse, ne sachant exprimer ses besoins, mais criant

très fort quand elle était souillée d'urines ou de matières fécales.

Quant aux mouvements, ils s'accenluèrent d'abord jusqu'à

l'âge de deux ans, puis s'atténuèrent un peu el enfin restèrent

stationnaires. C'élaient des mouvements ifs, mais affeclant une

certaine raideur, qui a frappé Lotit le monde. Ils furent toujours

plus marqués du côté droit que du côté gauche, et s'arrêtaient à

peu près complètement sous l'influence du sommeil.

L'intelligence était très obtuse. La Illicite avait cependant l'air

de s'intéresser aux personnes de sa famille qui no la quittent pas.

Elle menait une existence végétative, assise dans une chaise spn-

ciale ou au milieu d'un grand lit.

A l'âge de trois ans, l'enfant fut atteinte pendant trois semaines

d'une maladie que l'on étiqueta méningite et sur laquelle on ne

peut se procurer de renseignement. A partir de cette époque, ap-

parurent des crises convulsives Se produisant assez irrégulière-

ment, environ tous les quinze jours, crises caractérisées par une

syncope, des contractures de la face et des membres, de l'écume

aux lèvres, lo tout d'une durée de quelques minutes seulement.

Etat actuel. Il y a six jours environ, la fillette a été prise

d'une fièvre violente, avec vomissements, et au bout de 48 heu-

res, une éruption fit reconnaître la variole. Celle-ci était caracté-

risée par des boutons en petit nombre siégeant sur la face et les

membres, le tronc étant à peu près intact. Il s'agissait d'une va-

riole discrète, les boutons étant en voie de suppuration tors de

l'entrée à l'hôpital.

ATHETOSE DOUBLE. 193

L'affection nerveuse de l'enfant étant de suite reconnue, en

dépit du caractère discret de l'éruption, en dépit du degré peu élevé

de la température (38°).le pronostic devenait très sombre.

En effet, la mort survenait en trois jours, après l'entrée à l'hô-

pital. Pendant ces trois jours, l'enfant poussa des cris continuelle-

ment, et il fut impossible de l'alimenter. Quand on approchait

de sa bouche une cuiller de lait, les dénis se refermaient violem-

ment, et ne'pou aient être écartées qu'avec les plus grands efforts.

Le lait était d'ailleurs rejeté par les mouvements désordonnés de

la langue.

L'entant était normalement conformée. On ne trouvait aucun

stigmate de dégénérescence ou de syphilis héréditaire. Voici la

description des mouvements et des attitudes :

Face. Toute la face est agitée presque continuellement, et

les mouvements simulent tour à tour les pleurs ou les rires, ou

d'autres expressions plus complexes. Le côté droit est un peu plus

agité que le côté gauche, sur lequel l'enfant a des tendances à

se coucher. Les yeux sont tournés en haut et en dehors, et ne

subissent que de faibles oscillations. Il en esl de même des pau-

pières, qui sont la plupart du temps immobiles. La langue, par

contre, est agitée de secousses incessantes et variées. Elle se pré-

cipite hors la bouche, se heurte aux arcades dentaires, se recour-

be en haut, en has, de côté ; tout cela avec une grande rapidité.

Membres supérieurs. - Les mouvements s'exécutent des deux

cotés, mais sont beaucoup plus marqués à droite, il y a alterna-

tivement flexion et extension des doigts, d'où résultent la ferme-

ture et l'ouvert tire alternatives de la main. Aces mouvements

de flexion et d'extension s'associent l'adduction et l'abduction des

doigts. Le poignet se meut dans tous les sens, mais s'incline par-

ticulièrement du côté cubital, et au repos reste on flexion forcée sur

l'avant-bras, ce qui constitue une déformation très accentuée à

droite. IL y a par instants des mouvements de l'avant-bras et du

bras, avec élévation des épaules : mais ces mouvements sont peu

intenses. Le caractère des mouvements décrits, c'est d'être assez

vifs, mais aussi de s'effectuer avec une certaine raideur.

.Vem6)'es inférieurs. Ce sont les extrémités qui sont le plus

atteintes, comme aux membres supérieurs. Un constate la flexion

et l'extension des orteils, mais avec plus de lenteur qu'aux mem-

bres supérieurs. L'on soulève l'enfant, on voit que le pied est

pendant, le dos étant presque dans la même ligne que la croie

tihiale. Les doigts exécutent des mouvements lents, moins vifs

qu'aux membres supérieurs, et l'articulation tibio-Larsienne ne

reste pas inactive : il y a tantôt de la circumduction du pied, tan-

tût de l'inclinaison du pied sur le bord externe ou interne. Comme

pour les membres supérieurs, c'est le pied droit qui est le plus

agité.

archives, 2' série 1906 t. XXII. 13

194 RECUEIL DE FAITS.

Réflexes. Ils ont été difficiles à rechercher, on raison de l'état

de spasme de tout le corps : les réflexes réfutions étaient un peu

exagérés. Il n'y avait pas le phénomène du pied. Un examen plus

approfondi n'a pas été possible, parce que l'enfant a été pour

ainsi dire en agonie pendant tout son séjour à l'hôpital, et parce

que la mort survint rapidement, au bout du troisième jour d'hos-

pitalisation.

Autopsie. On ne note pas de déformation à la surface du

corps. Il n'y a pas de malformation des dents ou des oreilles :

la voûte palatine est normale, nullement en ogive. Il n'y a ni

genu valgum, ni genu arum. Le thymus a disparu. On n'en

trouve aucun vertige. Les poumons sont congestionnés, ce qui

est dû à la maladie intercurrente. Le coeur est normalement dé-

veloppé. Ses cavités sont cloisonnées, sans anomalie.

Le foie est gros, mais ne contient pas de gommes ou autres

productions syphilitiques. La rate est normale. Les reins sont

très congestionnés ; mais se décortiquent bien. Ils ont l'aspect

bien connu du rein infectieux.

Organes encéphaliques. Le cerveau pèse un kilog. : l'hémis-

phère droit pèse 503 grammes ; l'hémisphère gauche pèse M7

grammes. Le bulbe et la protubérance pèsent 20 grammes. Le

cervelet et l'isthme pèsent 150 grammes. L'hémisphère droit pa-

raît sain.

L'hémisphère gauche présente les lésions suivantes à sa face

inférieure : 1° A un centimètre en avant de la scissure de Svl-

ius,au-dessous du sillon cruciforme, qui apparaît très nettement,

on note une surface circulaire d'un centimètre de diamètre envi-

ron, dont la coloration jaune foncé tranche sur les parties awi-

sinanLes. Cette surface est légèrement enfoncée ; mais il n'y a pas

de cavité à proprement parler et il ne paraît pas y avoir perle

de substance. La périphérie, non plus que le centre, ne sont in-

durés ; mais cette lésion ressemble à une gomme syphilitique de

petite dimension et entièrement ramollie.

2° A l'extrémité postérieure du lobe occipital, à un centimètre

en dehors du sillon occipito-temporal, dans la première circonvo-

lution occipito-temporale, on trouve encore une surface circulaire

jaune foncé, constituant une légère dépression, et dont le dia-

mètre est d'environ un centimètre et demi. Les bords en sonl un

peu indurés, ce qui fait faire le diagnostic de gomme syphiliti-

que.

Divel'sc5 coupes pratiquées dans les hémisphères cérébraux,dans

le centre ou l'isthme ne révèlent aucune lésion, et montrcntque

les lésions ci-dessus décrites ne s'étendent guère qu'à cinq ou

six millimètres en profondeur.

H.éFL8XIONS.- Les cas publiés d'athétose double sont peu

ATTAOUU liYSI110-PILr-P-FIQULe. 195

nombreux. En ce qui concèrne l'anatomie pathologique,

les lésions, discrètes, sont variables et peu précises. Le

cas précédent rentre, à n'en pas douter, au point de vue

symptomatologique, dans le cadre de cette affection en-

core imparfaitement connue. Il m'a paru intéressant de

le faire connaître pour grossir le dossier de l'athétose,

d'autant mieux que l'influence de la syphilis s'y trouve

constatée et par les commémoratifs et par les lésions

encéphaliques. -

Attaque hystéro-épileptique après un embarras

gastrique ;

Par M. le U' LoT. : C \S Levas

Ancien interne des hôpitaux d'Athènes.

Sous ce titre d'attaque hystéro-épileptique après un

embarras gastrique, je me propose de décrire un cas

assez exceptionnel que j'ai eu l'occasiond'observer chez

une jeune fille, sans autres causes appréciables, sauf

l'embarras gastrique, et qui se caractérisait par des con-

tractions toniques et cloniques, ayant en même temps

l'apparence de crises hystériques et épileptiques.

Historique. La petite fille Lu..1 ? âgée de onze ans, était très

bien portante jusqu'alors. Un jour,après avoir déjeuné, elle com-

menra à être mal disposée et à sentir son estomac lourd, ses

membres fatigués ; elle fut prise de somnolence, de malaise,

avec une courbature générale de lourdeur. Le soir, peu d'appétit

et son étal général devint déplus en plus grave : la fatigue se gé-

néralisai l. la respiration était difficile et angoissée, le coeur hat-

tait avec force ; lout cela d'une façon vague, sans que la malade

puisse préciser ses souffrances, sans savoir le pourquoi, sans

même se plaindre sérieusement de son estomac.

Vers 9 heures du même soir, elle commence à s'inquiéter da-

vantage, à sentir son ventre se gonfler, sa respiration plus op-

pressée, son coeur ballant plus fort et avec une intensité pénible :

tout d'un coup (die pousse un cri et tombe insensible, inerte, les

veux tournés-dans les orbites, avec lesspasmes toniques généra-

lisés sur lout le corps, qui ne lardent pas à devenir cloniques.

Celte scène pénible pour elle et ses parents cesse après quel-

ques minutes subitement, pour recommencer à plusieurs reprises

el à des intervalles de phis en plus courts. C'est dans cet élut

196 RECUEIL DE FAITS.

qu'un de mes confrères et moi avons trouvé la malade. Elle se

débattait dans des crises sur son lit et les personnes environ-

nantes lui prodiguaient des soins en lui frottant les membres et

le corps ; la crise cesse brusquement, et la malade se réveille en-

core tout oppressée, nous parle et se plaint de son estomac, qui

lui semble bien gros et lourd. En môme temps, on nous dit que

le matin, étant bien portante, elle avait absorbé une grande quan-

titede macaroni, son plat préféré, et qu'en outre, elle avaitl'ha-

bitude de manger beaucoup. Notons que c'est la première fois que

la malade prend de telles crises nerveuses, que sa mère est hyste-

rique et qu'elle avait plusieurs fois assisté aux crises de sa mère.

Diagnostic. Je crus qu'il-s'agissait très probablement d'un

embarras gastrique et je lui prescrivis un émétique drastique,

tandis que mon confrère était d'avis qu'il s'agissait de l'épilepsie

essentielle.

Les crises se répétèrent devant nos yeux plusieurs fois, tou-

jours de la même façon,avec des cris, sans écume dans la bouche,

sans morsure delà langue, sans perte d'urine, mais sous la forme

d'évanouissement : elle poussait un cri, tombait dans son lit,

complètement insensible, et recommençait de nouveau à se dé-

battre.

Très embarrassé par la répétition des crises et parce que la

malade ne pouvait rien avaler, je décide de provoquer un vomis-

sement mécaniquement : j'introduisis alors mon doigt dans le

pharynx, qui était très sensible et un fort vomissement s'ensuivit.

L'estomac se vida d'un seul coup ; les macaronis sortent en abon-

dance, intacts, sans avoir subi aucune altération par l'action du

suc gastrique après 10 heures de séjour dans l'estomac.

'fout finit ainsi. Les crises disparaissent d'un seul coup, la res-

piration devient normale peu à peu, le cmurn'oJL plus agité; un

fort affaiblissement et une lourdeur dans les membres persistenl

encore, ce qui amène le sommeil peu de temps après, est la ma-

lade s'endormit pour se .1 éveiller le lendemain bien portante.

A aucun moment, elle n'a eu de fièvre, ni aucune autre affection

ailleurs, sauf une hémianesthésie gauche.

Lelendemain nous trouvâmes l'état de la malade très amélioré,

mais nous aperçûmes que les muqueuses de la bouche et de la

conjonctive, etc., étaient décolorées, anémiques, chose qui dis- -

paraît peu de jours après il l'aide des ferrugineux, ainsi que

1'liémiaiiestli(,>ic gauche. Depuis lors, elle est toujours bien por-

tante, il y a de cela bientôt trois ans.

Conclusion ? De tout cela résulte qu'il s'agissait de crises

nerveuses de forme liystéro-épileptique. Seulement on

peut se demander si c'est l'embarras qui a provoqué les

CONGRUS DLS MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 107

crises, ou bien si l'état nerveux (par hérédité) de son or-

ganisme fit arrêter et suspendit les fonctions de l'esto-

mac par une émotion ou une autre cause quelconque in

déterminable et qu'en conséquence la gastrite était

consécutive. En outre l'anémiequi s'est présentée est bien

difficile à expliquer ; est-ce l'anémie qui a préparé l'em-

barras gastrique sur un fond très probablement ner-

veux ?

Nous croyons plutôt qu'il s'agissait d'un nervosisme

qui a créé l'embarras gastrique pour se renforcer réci-

proquement l'un l'autre, et que l'anémie était consécu-

tive à la souffrance d'un vomissement excessivement

fort que nous avons provoqué mécaniquement. L'exa-

men du sang que nous avons effectué, en effet, le lende-

main de la crise, nous a montré une pauvreté en hémo-

globine très marquée (9 0/0) pour un nombre des globules

rouges de 4.600.000 ; mais cette pauvreté en hémoglo-

bine s'améliorait de jour en jour d'une façon régulière

et très vite ; quelques jours après tout était normal.

CONGRÈS DES ALIÉNISTES & NEUROLOGISTES

. DE LANGUE FRANÇAISE

(Lille, Août (90G.)

M, le. Dr Chocreaux qui a facilité notre tâche nous a adressé

la note suivante :

Le Comité d'organisation du prochain congrès s'est réuni le

vendredi 3 août, à G heures du soir, composé du bureau du

Congrès actuel, auquel se sont adjoints les anciens présidents

vice-présidents, secrétaires généraux.

L'Assemblée générale a eu lieu le samedi, 4 août, à 11 heu-

res du matin. Il y avait 84 membres présents.

Il a été décidé que le Congrès se tiendrait en Suisse et

prendrait le nom de Congrès de Genève et de Lausanne.

Président : Le prof. Prévost (de Genève). Secrétaires géné-

raux : professeurs Berdez (de Lausanne), Long (de Genève).

Comité d'organisation :

Comité Genevois. Professeurs : Prévost, Bard, Weber,

d'Espine, Flournoy, Martin, Ladame, Claparède, Long.

198 congrès DES médecins aliénistes et neurologistes.

Comité Vaudois. Professeurs : Berdel, Bouyet, Mahaim

Forel, IIerien, Deucreville, Witzner, Paschand, Loij, Zbin-

don, Châtelain (de Neuchâtel), Dubois (de Berne), Serrigny

(de Fribourg).

QUESTIONS choisies :

Neurologie : Définition et nature de l'hystérie. Rappor-

teurs : prof. Claude, de Paris, un doct. suisse N ?

Psychiatrie : Des psychoses périodiques. Rapporteur :

r,rf. Antheaume, de Paris.

Médecine légale : L'expertise médico-légale et la question

de responsabilité. - Rapporteur : prof. Gilbert Ballet, de

Paris.

Le Congrès décide ensuite de nommer pour le congrès de

1907 un vice-président qui sera de droit président du con-

grès de 1908. Le vice-président élu est le Dr Cullerre (de La

l3oche-sur-Yon), élu au bulletin secret.

Le Congrès adopte ensuite à l'unanimité la proposition de

nommer un Comité permanent du Congrès des médecins

aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue

française. Le Comité permanent se composera de sept mem-

bres renouvelables par tiers tous les 2 ans et non rééligibles

immédiatement. Ont été élus : Secrétaire-trésorier du Comité

permanent : Dr Meige, de Paris. Membres : Dro Arnaud,

Paris ; Haymond, Paris ; Vallon, Paris ; Crocq, Bruxelles ;

Ciraud, Rouen ; Régis, Bordeaux. Seront adjoints à ce co-

mité : le président, le vice-président, le secrétaire-général du

congrès suivant.

Communications diverses.

Les alaxiques, considérés comme atteints de phobie ou d'llslasie-

nbasie, sont, en partie, des cas d'incoordination ou d'anesthé-

sie du tronc méconnus.

M. Maurice Faure (de La Malou). Certains tabétiques,

qui ne présentent pas les symptômes de la démarche ataxique

classique,accusent, néanmoins, une gêne si considérable de la

marcheet dela station debout,qu'ils refusent des'avenlurersur

les terrains un peu difficiles,dans les escaliers,ou même sim-

plement,sur unsol mouillé,sur un parquet ciré,sur une route

un peu obscure. etc. Le plus souvent, il suffit d'un point

d'appui brachial pour redonner à ces malades l'assurance

qui leur manque : une canne, le bras d'un aide, la tête d'un

enfant où ils posent la main même très légèrement, leur per-

met d'entreprendre un chemin qui leur paraissait impossi-

ble. Enfin, le même sujet, qui semble se mouvoir à peu près

CONGRES DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 199

sans gène dans une chambre (dont tous les meubles lui sont

connus et lui offrent autant de points d'appui qu'il est assuré

de rencontrer (toujours à la même place),paraît frappé d'im-

mobilité complète, lorsqu'il se trouve devant un espace dé-

couvert et sans points de repère (tel qu'une place publique),

ou dans un salon vaste et inconnu, ou dans une rue dont les

passants qui circulent ne peuvent offrir les points d'appui

fixes dont il a besoin. -Ces circonstances font,généralement, t,

taxer le tabélique de phobique, d'astasique-abasique, d'ago-

raphobique, et l'on met sur le compte d'un état névropa-

thique surajouté cette appréhension qui semble injustifiée,

parce qu'elle n'apparaît qu'à certains moments, dans certains

lieux, et qu'il suffit, pour la faire disparaître, de conditions

qui diffèrent fort peu de celles qui l'entretiennent.

Mais si l'on examine ces malades de très près, on constate

qu'ils sont atteints d'anesthésie profonde des articulations

de la hanche, du tronc, et d'incoordination des muscles spi-

naux, lombaires, des muscles de la ceinture thoracique, ab-

dominale, pelvienne. Lorsqu'ils sont nus, assis sur un tabou-

ret étroit, saris dossier, on voit leur colonne vertébrale se Ilé-

chir ou s'incliner sans qu'ils en aient conscience, leur tronc

perdre son équilibre, - et il suffit, parfois, de leur faire le-

ver les yeux et de distraire leur attention, pour qu'ils tom-

bent littéralement de leur siège.

Lorsqu'ils sont debout, ils ont souvent la sensation d'être

perdus dans l'espace, et ils ne se rendent pas un compte

exact de la position de leur corps. Il s'en suit qu'au lieu de

se maintenir en équilibre sur une jambe (ce qui est indis-

pensablepour la marche normale et pour la station debout,

qui n'est le plus souvent qu'une attitude hanchée), les oscil-

lations de leur corps, fussent-elles de quelques centimètres

seulement, dépassent, sans qu'ils s'en rendent compte et

sans qu'ils puissent les corriger, leur base de sustentation et

compromettent leur équilibre.

Vient-on à leur fournir un point d'appui brachial, tout

change (nous supposons, pour la clarté de la démonstration,

quelebras et la jambe ne sont que peu ou point anesthési-

quesou incoordonnés). Pris entre la jambe qui offre un point

d'appui fixe, et le bras qui, avec des tractions mêmes légères,

peut corriger des oscillations du tronc de quelques centimè-

mètres (suffisantes pour compromettre l'équilibre debout)

le corps se maintient, à moins qu'il ne soit atteint d'incoor-

dination très considérable, et le malade marche librement

(en apparence).

Le tabétiqueatteintdeces troubles du tronc, ne saurait être

comparé, pour la séméiologie, au tabétique atteint de trou-

200 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

bles moteurs des membres inférieurs. Ce dernier jette les

jambes follement, à droite, à gauche, en avant, et sa marche

saccadée et irrégulière attire l'attention des moins prévenus.

L'incoordonné du tronc, au contraire, se meut lentement,

avec circonspection et régularité. Rien dans son attitude, si

cen'est dans la fixité de son regard, l'intensité de son atten-

tion, tendue toute entière vers le maintien de son équilibre

compromis, ne traduit son trouble. Les esprits non prévenus

ne peuvent deviner pourquoi ce sujet,dont l'attitudeest d'ap-

parence à peu près normale, a besoin d'un appui presque

constant. L'accentuation brusque des troubles, lorsque cet

appui manque, ou en face d'une traversée jugée dangereuse

(à bon droit, cependant;, achève derendre la situation incom-

préhensible. Ce n'est pourtant que l'exagération d'un phéno-

mène normal ! Toute personne, placée tout à coup dans un

passage où la conservation de son équilibre lui paraîtra diffi-

ficileou dangereuse, peut, si elle est un peu nerveuse, perdre

une partie de ses moyens.

L'examen clinique, en révélant l'étendue des anesthésies et

dss incoordinatious du tronc inaperçues, donne la clef de

tes accidents. Il en indiqueaussi le traitement. Par des exer-

cices méthodiques des muscles du tronc, par l'entraîne-

ment journalier de la sensibilité, du sens des attitudes, on

arrive à corriger les troubles du tronc, comme on corrige les

troubles moteurs des jambes et des bras, depuis 10 ans. pour

les exercices compensatoires indiqués par Frenkel. Dans le

cas d'incoordination du tronc, le réapprentissage de la mar-

che, de l'équilibre, de l'ascension, de la descente, est égale-

ment nécessaire, suivant les techniques que nous avons ré-

glées dans ce but; mais la cure des troubles moteurs du tronc

dans le tabès est plus longue et plus difficultueuse que la

rééducation des membres inférieurs et supérieurs par les

moyens ordinaires.

En dehors de l'intérêt propre à ces faits considérés en eux-

mêmes, on en peut tirer les deux enseignements que voici :

1° Trop souvent, on a tendance à considérer la réédu-

cation motrice de l'ataxique comme un exercice de sugges-

tion, dontl'autorité morale du médecin et la bonne volonté

du malade feront à peu près tous les frais. Ce sont, certaine-

ment, les cas auxquels nous venons de faire allusion qui ont

contribué, pour la plus grande part, à faire naître et à déve-

lopper cette opinion : le malade étant considéré comme un

névropathe, un phobique,et n'ayant pas de troubles moteurs

apparents, la iééducation n'a semblé être, en ce cas, qu'un

moyen d'encourager le patient, de le rassurer, de vaincre son

appréhension, etc.

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROI.OGIS1CS. 201

Sans nier que, dans la plupart des cas, le tabétique ne soit

un névropathe sur lequel l'influence morale d'un médecin

sérieux s'exerce heureusement, il nous semble certain que

cette influence bienfaisante est loin d'être suffisante et qu'el-

le n'aboutira qu'à des résultats bien incomplets, si elle n'est

secondée par une technique rigoureuse et d'une application

constante. -

Notre deuxième réflexion sera celle-ci :

Trop souvent aussi, on a tendance à considérer les exercices

de Rééducation comme une sorte de code de gymnastique,

plus ou moins complètement réglé, dont il suffit de conseil-

ler l'application, et qu'un médecin, un masseur, un gym-

naste dirigeront ensuite sans difficultés, pour peu qu'ils aient t

eu quelquefois l'occasion de voir faire des exercices gymnas-

tiques plus ou moins analogues.

Or, quel résultat pourrait bien donner aux malades que

nous venons de viser, l'application, fût-elle minutieuse et in-

définiment prolongée, d'exercices desmembres inférieurs,ou

d'exercice de marche (tels que ceux indiqués par Frenkel.

par exemple, dans d'autres cas) et qui n'ont guère pour objet

que dérégler la position des pieds et des membres inférieurs ?

Ce sera beaucoup de temps perdu pour un très petit résultat

puisque nos malades n'ont que peu ou point de troubles mo

teurs des membres inférieurs, et que leur instabilité vient

seulement de l'anesthésie et de l'incordination des muscles

du tronc. Et quel labeur pour ces malades, s'ils son sou-

mis à des exercices de marche, d'ascension, d'équilibre, sans

point d'appui, avant que leurs muscles du tronc aient été

entraînés méthodiquement, individuellement pour ainsi di-

re, à reprendre leur fonction ! L'effort dépensé ici sera cer-

tainement beaucoup trop grand; il risquera d'augmenter les

accidents ; -en tout cas, il fatiguera les malades et les dé-

couragera, avant qu'ils aient pu obtenir des bénéfices intéres-

sants. A chaque trouble moteur doit correspondre un

exercice spécial (ruine vise que ce trouble moteur, ne convient

qu'à celui-là et reste sans efficacité contre tous les autres. Une

technique unique, banale, répétée indifféremment pour tous

et par tous, ne peut être que faiblement utile, généralement

inefficace, et quelquefois dangereuse. -Et c'est par ce que,

dans le large champ d'études qui est sous nos yeux, nous

avons vu', trop souvent. des tabétiques épuisés par des ma-

noeuvres maladroites, découragés par la répétition d'exerci-

ces inutiles, aggravés par des fautes de technique, que nous

avons cru devoirinsister en passant sur ce point.

202 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

Formes prodromiques dépressives de la démence précoce.

]\Ille le Dr PASCAL. - Les formes prodromiques de la

démence précoce sont, dans la majorité des cas, des formes

dépressives : neurasthéniques et mélancoliques. La fausse

neurasthénie prédémentielle a des caractères propres :

Y indifférence émotionnelle est très précoce et elle constitue la

base de tous les troubles psychiques. Les troubles de 1 atten-

tion, l'apathie, l'aboulie,sont différents des mêmes symptômes

de la neurasthénie vraie. Il faut remonter à leur source pour

trouver les caractères distinctifs. Les lugues sans motif, les

grimaces, les troubles de la conduite, les tics, les gestes, les

attitudes bizarres, les impulsions subites, l'entêtement opi-

niâtre, les troubles psychographiques complètent les tableaux \

cliniques.

Les crises d'inertie avec leur aspect clinique spécial et les

rires morbides, explosifs, incoercibles avec tendance à la

stéreotypie sont pathognomoniques de la démence précoce.

La forme mélancolique se distingue par l'état mental parli-

culier : douleur morale mal justifiée par l'asystématisalion

des conceptions délirantes et par les réactions morbides qui

portent déjà un cachet démentiel.

M. Régis. Au point de vue pratique, s'il est très difficile

de dépister la paralysie générale à la période dite pré-paraty-

tique, il est bien plus difficile encore de prévoir et de dépister

une future démence précoce. Il s'agit à ce moment de

phénomènes qui se trouvent dans toute névrose et dans

toute psycohse et ne sont nullement spéciaux à la démence

précoce. Devant ces manifestations névropathiques des

adolescents je me déclare encore dans l'impossibilité absolue

d'établir -un diagnostic pour l'avenir. Le signe le plus impor-

tant est peut-être le «rire» de ces malades, rire qui existe

fréquemment, et avec des caractères spéciaux. Le rire n'est

pas toujours le « fou rire » et mérite une étude beaucoup

plus approfondie. Ce symptôme avant-coureur est très

important et j'ai réuni à ce sujet un certain nombre d'obser-

vations qui seront très prochainement publiées. Sur 150 cas

de démence précoce, ce rire n'a manqué que trois ou quatre

fois.

Rapport du traumatisme et de la paralysie générale.

M.IiItISSAl117 (de Paris). J'ai observé plusieurs malades chez

lesquels des symptômes de paralysie générale ont été notés

peu après une chute ou un traumatismecranien grave. Quels

sont dans ces conditions les rapports réciproques de la pa-

ralysie générale et du traumatisme Celui-ci a-t-il été réel-

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 203

lomenl la cause effective, unique de la maladie, a-t-il créé de

toutes pièces la paralysie générale ? ou bien, ce que je serais

plus tenté d'admettre, n'a-t-il pas simplement actionné et

orienté vers les centres nerveux une syphilis en évolution

qui sans lui les aurait peut-être respectés ? P

M. Briand. - M. Brissaud vient de soulever une question

bien intéressante et bien délicate. Il est très] difficile d'éluci-

der une question aussi grave par des faits négatifs ; cepen-

dant. si chacun venait ici dire qu'il n'a jamais rencontré de

paralysie générale traumatique, la vérité serait bien près

d'être établie. Il y a des années que je recherche des cas de

paralysie générale traumatique, je n'en ai jamais trouvé. Si

l'on remonte un peu loin dans l'examen du malade, on

trouve que toujours la paralysie générale avait débuté avant

le traumatisme incriminé.

M. R.H110ND. - Je suis très heureux d'entendre exprimer

des conclusions que je partage complètement. Quand une

paralysie générale est certaine, j'affirme que toujours la sy-

philis est le point de départ et que le traumatisme n'a été

qu'un épisode.

M. Ballet (de Paris). - Dans 2 cas qu'il m'a été donné

d'observer et qui tous deux se présentaient comme des types

de paralysie générale traumatique, une enquête attentive a

montré que dans l'un, lessymptômesdeméningo-encéphalite

chronique étaient antérieurs au traumatisme, et que dans

l'autre il existait une syphilis conjugale ; ici encore, par con-

séquent, le traumatisme, s'il était pour quelque chose dans

l'apparition de la maladie, n'avait pu jouer que le rôle de

cause occasionnelle. Je ne crois donc pas à l'existence de la

paralysie générale exclusivement traumatique. Mais ne faut

pas conclure de là à l'innocuité complète d'un traumatisme

en matière de paralysie générale. Il est très possible, en effet,

que tel syphilitique qui serait resté toute sa vie un simple

syphilitique devienne paralytique général à l'occasion d'un

traumatisme.

M. Régis. -Je n'ai observé, pour ma part, que des cas où

le traumatisme était consécutil à une paralysie géné : ale pré-

existante, .léserais donc assez disposé à me ranger à lu vis de

MM. Brissaud, Raymond et Ballet. Il résulte cependantd'une

série de travaux allemands et anglais sur ce sujet, qu'il y a

présomption de relation de cause àeffetentre le traumatisme

et la paralysie,d'abord quand il n'y a pas de cause connue an-

térieure susceptible de créer la paralysie générale, ensuite lors-

que le traumatisme a déterminé un ébranlement sérieux et

enfin lorsque le temps écoulé entre les deux faits n'a été ni trop

long, ni trop court. Dans l'une ou l'autre de ces alternatives,

20 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

il appartient encore à l'expert de déterminer pour chaque

cas particulier dans quelle mesure le traumatisme a dû favo

riser ou hâter l'éclosion de la paralysie générale.

M. Giraud rapporte un cas qu'il a eu l'occasion d'observer

récemment avec M. Lallemand et pour lequel les experts

conclurent que la paralysie générale devait être déjà en évo-

lution lorsque survint le traumatisme.

M. DuRE-r. Comment faut-il considérer la paralysie gé-

nérale ? Est-ce un syndrome ou une maladie spécifique ? ' !

Toute la question est là, et.si la paralysie générale est consi-

dérée comme un syndrome, il est logique d'admettre que le

traumatisme puisse jouer un rôle dans son étiologie.

M. BRISSAUD constate qu'aucun des membres du Congrès

n'a vu le traumatisme créerde toutes pièces la paralysie géné-

rale. Désormais la question lui paraît résolue. Au point de

vue médico-légal, le traumatisme n'en a pas moins créé un

dommage qui doit être réparé.

M. Vallon (de Paris). Que la syphilis joue un rôle dans

le développement de la paralysie générale, je ne le consteste

pas, mais, qu'elle en soit la condition suffisante.je ne le crois

pas. Toujours ou presque toujours la paralysie généraleest

le résultat de l'association de la syphilis avec un autre fac-

teur étiologique. Le plus souvent c'est l'alcoolisme qui inter-

vient, mais il est possible que dans un certain nombre de cas

ce soit un traumatisme qui s'ajoute à la syphilis.

M. CHRISTIAN insiste sur le rôle du surmenage dans l'étiolo-

gie de la paralysie générale.

M. Pailhas rappelle un cas qu'il a communiqué à un Con-

grès précédent.

Deux cas de tumeurs du corps calleux avec autopsie.

M. Raymond Je désire vous communiquer les observa-

tions de deux malades ayant succombé à des tumeurs du corps

calleux.

Le premier, un homme de cinquante-huit ans, avait pré-

senté, à la suite d'un ictus survenu trois mois avant sa mort,

une hémiplégie motrice droite progressive avec hémitremble-

ment, et plus tard une hypoesthésie du même côté.

Dès l'ictus, l'intelligence s'était montrée affaiblie : on cons-

tatait avant tout une obnubilation intellectuelle générale. Il

existait quelques signes de compression cérébrale : céphalée,

vomissements, stase papillaire légère,mais aucun phénomène

du côté des nerfs craniens. A l'autopsie, on trouva une

vaste tumeur, un gliome très vasculaire avec foyers hémor-

rhagiques détruisant les deux tiers antérieurs du corps cal-

leux, se prolongeant en avant dans le lobe frontal, et latéra-

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 205

lement dans le centre ovale du côté gauche. Il existait, en

outre, un noyau secondaire au niveau des circonvolutions pa-

riétales ascendante et deuxième pariétale gauches. L'examen

histologique des coupes de l'hémisphère gauche permit de

constater une atrophie considérable des fibres tangentielles

d'Exner, la destruction des faisceaux longitudinal supérieur

et occipito-frontal et du cingulum. A noter des altérations

très prononcées des vaisseaux de l'écorce.

Le deuxième malade, un homme âgé de quarante ans, n'a

eu, pendant huit mois, comme unique symptôme, que des

troubles mentaux spéciaux, puis, deux mois et demi avant sa

mort, se sont montrés de nombreux signes : avant tout une

hémiparésie gauche progressive avec hémiataxieet hémianes-

thésie du même côté, ensuite une hémianopsie temporale

gauche homonyme.

Il n'y avait pas de phénomènes de compression des nerfs de

la base et ceux de compression générale étaient modérés.

Une obnubilation intellectuelle progressive avait obscurci le

syndrome mental au début, lorsque le malade vint consulter

à la Salpêtrière ; néanmoins, on put le reconstituer et porter

le diagnostic de tumeur localisée primitivement au corps

calleux, ayant envahi la couche optique droite. L'autopsie

confirma l'exactitude du diagnostic ; on trouva un sarcome à

cellules polymorphes, très vasculaire, ayant infiltré le tiers

postérieur du corps calleux et s'étant développé du côté

droit, où il a détruit les deux tiers postérieurs de la couche

optique, le tiers postérieur de la capsule interne, les radia-

tions thalamiques et le faisceau longitudinal inférieur. Les

cellules pyramidales de l'écorce, étudiées par la méthode de

Nissl, présentent des altérations assez considérables (chroma-

tolyse, déplacement et vacuolisation du noyau, etc.).

11 résulte de ces constatations que les divers symptômes

observés chez ces deux malades ont presque tous pour origine

des lésions situées en dehors du corps calleux et qu'en som-

me il n'y âge les troubles mentaux qu'on puisse considérer

comme un symptôme à proprement parler d'origine calleuse.

Et encore parmi ces troubles mentaux, il y a un départ à

faire. L'obnubilation intellectuelle, les troubles démentiels

que certains auteurs ont décrits, dans les tumeurs du corps

calleux, sont des symptômes tardifs dus à la propagation de

la tumeur à des régions voisines ou à des altérations céré-

brales diffuses (compression,intoxication, lésions vasculaires).

Il reste, comme caractéristique, un syndrome mental spé-

cial : il consiste en des troubles du caractère, de la bizarrerie

dans les manières et dans les actes, des lacunes dans la mé-

moire, un manque de liaison dans les idées, tout cela avec

200 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

une conservation apparente de l'intelligence qui peut faire

illusion à l'entourage. A part ces troubles mentaux spéciaux

pour soupçonner la localisation d'une tumeur dans le corps

calleux, peut-être y a-t-il à tenir quelque compte du siège de

la céphalée, mais de la céphalée précoce seulement. Les au-

tres symptômes donnés par les auteurs sont des symptômes

d'emprunt, la tumeur étant bien rarement limitée au corps

calleux. C'est donc ce syndrome mental particulier qui est le

signe caractéristique d'une localisation dans le corps calleux,

et c'est son existence précoce et longtemps isolée qui a permis,

dans le deuxième cas, de porter un diagnostic de localisation

calleuse primitive.

De cette étude anatomo-clinique, je ne veux tirer aucune

conclusion ferme au sujet de la physiologie du corps calleux.

Le iaisceau occipito-frontal était détruit dans les deux cas ;

il n'est donc pas sûr que le syndrome psychique décrit plus

haut soit uniquement d'origine calleuse. C'est l'étude des lé-

sions limitées au corps calleux (hémorrhagie, ramollisse-

ments) qui pourrait permettre de résoudre ce problème.

Myxoedème et Mongolisme.

M. Bourneville rappelle que, l'an dernier. an Congrès' de

Rennes, il a montré une série de photographies concernant

deux groupes bien distincts d'idiotie, les myxoedématcu.t et

les mongoliens. S'appuyant sur ces documents, il a essayé de

tracer un parallèle entre le myxoedème infantile et le mon-

golisme, que chacun a pu lire dans les procès-verbaux du

Congrès. Ce parallèle a été reproduit, perfectionné, dans le

dernier numéro de la Revue d'hygiène et de pathologie infan-

tiles du Dr II.de Rothschild, comme conclusion d'une nouvelle

observation de myxoedème (Bon ? ) et d'une nouvelle observa-

tion de mongolisme (Burga ? ) M. Bourneville complète ce pa-

rallèle par des renseignements comparatifs : 1° des calottes crâ-

niennes des deux groupes (avec le Dr Paul-Boncour) ; 2° de

la dentition (avec M. le Dr Frey et M. Royer), 3° sur l'absence

de la glande thyroïde, constante chez les myxoedémateux in-

fantiles, et l'existence de lésions dans les glandes thyroïdes,

existantes, des mongoliens.

1° Examen des calottes crâniennes. 11 existe 7 calottes

de mongoliens, et 9 de myxoedémateux. Parmi ces calottes, il

y en a, G de chaque nature qui sont absolument comparables-

car les âges sont absolument correspondants. Cependant, les

calottes d'un mongolien de 17 mois et de 3 myxoedématcux

au-dessus de go ans permetl,entde contrôler les constatations

qu'on peut faire sur les douze crânes en question.

Poids. Il est impossible de rien affirmer sur le poids des

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 207

calottes, car les coupes n'ont pas toujours été pratiquées au

même niveau. Néanmoins, on peut affirmer que les crânes de

myxoedémateux ont une transparence qui paraît en relation

avec une moindre densité.

Suture rnétopiquc, Elle existe 5 fois chez des mongoliens

âgés de 17 ans, 12 ans, 11 ans, 4 ans et 17 mois. Elle est cons-

tatée 5 fois chez les nyxcedcmate2cx de 6 ans, 3, 24, 5,'21 ans,on

remarquera que parmi les mongoliens figure un crâne de

17 mois tandis que dans les myxoedémateux figurent des crânes

de 24 21, 36 ans. Pour être affirmatif, il faudrait donc savoir

si la suture métopique s'observe sur les mongoliens âgés : cela

n'est guère possible car la très grande majorité des mon-

goliens meurt avant 25 ans, tandis que des myxoedémateux

dépassent la cinquantaine.

Fontanelle bi-e17 ? icitiqiie. - Elle est constatée 3 fois chez les

mongoliens de 4 ans, 3 ans. 17 mois ; fois chez des myxoedé-

mateux de 3, 5, 6, 21, 2'i. Si l'on remarque qu'il y a parmi les

premiers un cas de 17 mois et parmi les seconds des cas au-

dessus de 20 ans on peut conclure à sa fréquence plus grande

chez les myxoedémateux, d'autant plus que chez ces derniers,

la largeur des fontanelles est manifestement plus grande.

Sutures corol1ales,- Chez les myxoedémateux au-dessous de

5 ans les os sont à peu près libres, de plus on constate des

dentelures nombreuses,des os wormiens en abondance,autant t

de signes qui démontrent la difficulté que les membranes

ont eu à s'ossifier. Comme aucune cause intra-cranienne ne

s'opposait à cette fermeture, il faut donc conclure à un retard

d'ossification inhérent au myxoedème. Les mongoliens pré-

sentent tous (sauf le crâne de 17 mois) une 'synostose plus

avancée que chez les malades précédents.

Suture sagittale. Bien que ces sutures présentent un état

plus avancé d'ossification que les précédentes, les myxoedé-

mateux ont encore de l'infériorité. 11 y a des os wormiens

nombreux sur les crânes de 3, 5, 6, 21 ans.

Suture lambdoide. Chez tous les myxoedémateux les

sutures sont compliquées, remplies d'os" a l'miens , Il existe

aussi chez la plupart un groupe d'os wormiens au niveau de

l'angle supérieur de l'occipital et absolument isolé. Ceci est

en rapport avec la persistance tardive de la fontanelle lamb-

doïde. Sur un crâne de 17ans et un autre de 3 ans 112 il existe

un os triangulaire enclavé dans l'écartement des pariétaux et

complètement isolé du reste de l'occipital. Il rappelle abso-

lument ce qu'on a appelé l'os cpacfaL. et dans le cas présent sa

formation est due au retard de développement du point d'ossi-

fication supérieur, non encore soudé au reste de l'os.

208 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

Chez les mongoliens, on ne trouve ce retard et encore très

peu marqué, que sur les crânes de 5 et 12 ans.

jË'o<.T) : e. L'ossification des sutures à la partie interne

est beaucoup plus avancée chez les mongoliens. A ce niveau

la transparence est plus marquée chez les myxoedémateux.

Les trous de la voûte sont très larges chez 3 myxoedémateux

ce qui est à rapprocher des sillons faits par les vaisseaux en

rapport avec l'endocrfine. Ces vaisseaux ont absolument

sculpté la table interne et dans certains cas il ne reste qu'une

lamelle mince de tissu osseux. Les myxoedémateux ont

donc une mollesse très grande du tissu osseux. D'ailleurs

les parois sont plus épaisses chez les mongoliens, à âge égal :

naturellement les myxoedémateux âgés font exception.

En résumé, chez les myxoedémaleux, le retard d'ossification

est plus marqué : persistance des sutures métopiques,absence

de synostose chez les jeunes, os wormiens nombreux : he/

les vieux, persistance de fontanelles, traces manifestes de fon-

tanelles ayant persisté outre mesure, disposition rappelant

l'os épactal, transparence du crâne et sa faible densité, incrus-

tation des vaisseaux endocraniens.

Nota. Le crâne 219 est absolument typique : les parties

constituantes de la voûte n'ayant pu se réunir il en est résulté

un écartement des os et des fontanelles qui ont fini par se

combler grâce à l'ossification lentedes membranes-on peut

voir encore la largeur des membranes fontanellaires par-

semées d'os wormiens imbriqués et inégaux, ce qui simule un

véritable jeu de patience.

2° DENTITION, - Pas de différences permettant d'établir un

système. Chez la plupart des malades examinées tant mongo-

liennes que myxoedémateuses les mâchoires sont normales

quelques-unes offrent du prognathisme inférieur par glisse-

ment. Les caries sont extrêmement fréquentes, les érosions

multiples, la 2° dentition en retard.

3° ANATOMIE PATHOLOG1QUE.-I,a glande thyroïde est toujours

absente dans le m ? oedeme infantile. Dans le mongolisme la

glande thyroïde est présente, mais elle est atteinte de lésions

inflammatoires chroniques et quelquefois présente des tu-

meurs tuberculeuses.

La puberté est plutôt précoce chez les mongoliennes. Elle

ne se développe généralement pas chez les myxoedéma-

teuses ou incomplète et tardive, sauf chez celles qui sont sou-

mises longtemps au traitement thyroïdien. ,

Enfin M. B. montre les photographies d'un groupe de myxoe-

démate2tses et d'un groupe de mongoliennes, vues nues de

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 209

face, de profil, de dos. Ces belles photographies, dues à M.

Infroit, directeur du service photographique de la Salpê-

trière, mettent bien en relief les différences symptomatiques

signalées par l'auteur.

M. BOURNEVILLE résume comme complément de son paral-

lèle, et fait voir les photographies d'un nouveau cas de mon-

golisme (Cotto ? ) morte récemment, dans son service, de

tuberculose généralisée.

Microcéphalie familiale.

Le même auteur fait passer les photographies de deux frè-

res atteints de microcéphalie à un degré très prononcé (micro-

céphalie familÍj1le), ainsi que les photographies du cerveau

de l'un d'eux. Les observations, rédigées en collaboration avec

son interne, Mlle R. Maugeret, seront publiées dans le recueil

des travaux du Congrès.

Hydrocéphalie congénitale.

La dernière communication de 51. Bourneville (avec M. le

Dr Julien Noir) a trait à un cas d'hydrocéphalie communi-

qué au Congrès de la Rochelle ( 1S93t parce que le traitement

produit une amélioration considérable. L'enfant avait

alors près de 4 ans. En terminant, il dit : « Si Valen-

tine Esc ? malgré une hydrocéphalie congénitale considéra-

ble,est devenue une enfant intelligente, presque normale,

c'est non seulement à la compression du crâne par des cape-

lines de bandelettes de Vigo, à la révulsion, au calomel, aux

bains salés. etc., qu'il faut l'attribuer, mais encore à l'éduca-

tion bien dirigée et aux soins minutieux que nous avons pu

faire mettre en pratique par sa mère et sa soeur, avec intelli-

gence et avec beaucoup de suite.

De 1893 à 1903, l'enfant a continué à s'améliorer sous

tous les rapports, ainsi que le prouve sa photographie collec-

tive, lorsque, à la suite d'une chute sur la tête, il s'est pro-

duit une énorme bosse sanguine et sont survenues des convul-

ions. Tous les progrès réalisés ont été rapidement perdus :

démence et paralysie progressive. Nous avons raconté la pé-

riode de progrès, nous avons pensé utile de vous faire con-

naître la période de déchéance.

Permettez-nous une remarque à propos des photographies

collectives, c'est-à dire représentant tous les malades dont

nous venons de parler, tous les deux ans. avec l'indication de

leur poids et de leur taille. Ce procédé devrait être appliqué

à tous les enfants normaux, tous les ans si possible. Ces do-

cuments, avec les cahiers sco'aires, devront compléter le Li-

vrcl de famille qu'ils illustreraient et sur lesquels ondoitmar-

Arciiives 2° série, )9(M, t. XXII. 14

210 CONGRÈS DES MEDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES,

quer toutes les maladies de l'enfant. Cela viendra peut-être

un jour ! 1 .

Sur quelques caractères de certaines formes de nymphomanie.

M. Gilbert Ballet. 11 existe de nombreux cas cliniques

denymphomanie tout à fait différents de la descriptionclas.

sique, et l'auteur en rapporte trois observations des plus in-

téressantes. Tout en présentant les trois caractères les plus

importants peut-êtreclecc syndrome, l'exagération du désir,

la frigidité et l'absence de satisfaction sexuelle, ces observa-

tions se distinguent entre elles par le mobile auquel obéit la

nymphomane. La première des trois nymphomanes dont l'ob-

servation est rapportée est ce que l'auteur appelle une nym-

phomane par curiosité ; la seconde, cherchant par ce moyen

à faire disparaître les symptômes morbides qu'elle ressent, est

dite nymphomane thérapeute ; la troisième, plus complexe

encore, se comporte comme obsédée et voit à son désir exa-

géré succéder, dès le premier contact, une répulsion plus

violente encore.

M. Régis. A côté du symptôme nymphomanie, se trouve

toujours un substratum morbide. La nymphomanie se ratta-

che à un état constitutionnel, hystérique ou dégénératif ; il y

a même souvent à noter une altération de la moralité qui fait

que, dans ce syndrome, il faut souvent considérer autant

l'amoralité que la nymphomanie proprement dite.

M. Gilbert Ballet est d'accord avec M. Régis sur ce fait que

la nymphomanie constitue une manifestation de la tare ner-

veuse ou héréditaire. Il ne croit pas qu'on puisse faire de

l'amoralité un caractère constant de la nymphomanie. Si,

dans la première observation, il s'agit bien d'une amorale,

le fait est bien improbable pour la seconde, et la troisième

malade était d'une moralité parfaite et luttait autant qu'elle

le pouvait contre cette obsession morbide.

Deux cas de confusion mentale liés ci la fièvre typhoïde el à la

. scarlatine. Séro-dia{]l1ostic et élude bactériologique.

MM. T1TY et Chaumier (Lyon) présentent au Congrès les

observations de deux cas de confusion mentale d'origine in-

fectieuse ayant évolué chez deux jeunes filles de vingt-six ans.

Dans le premier cas, la période fébrile a duré environ un

mois. La maladie s'est montrée chez une prédisposée à ca-

ractère hypocondriaque ; elle s'est accompagnée d'agitation

et desitiophobie. Le séro-diagnostic typhique fait à la conva-

lescence a été positif. La malade est sortie guérie. Chez la

deuxième malade, fille d'alccolique, le début été brusque.

La période fébrile observée a duré deux mois. Les princi-

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 211

paux symptômes notés ont été la confusion mentale allant

jusqu'à la stupeur, la sitiophohie, l'albuminurie, des accès

parotidiens et de l'hématurie. La convalescence, accompa-

gnée d'amélioration mentale, a été troublée par des poussées

fébriles concomitantes des abcès. Séro-diagnostic typhique

négatif; streptocoques dans l'urine ; staphylocoques dans le

pus des abcès. Inoculation de sang à l'oreille d'un lapin; pas

de réaction locale, mais paraplégie du train postérieur de

l'animal. La malade a eu une desquamation généralisée. La

scarlatine paraît seule expliquer l'évolution morbide.

La tuberculose chez les épileptiques hospitalisés.

M. CLAUDE (de Paris). En comparant, avec M. Schoeffer,

la statistique de la mortalité par tuberculose chez les épilep-

tiques admises à la Salpêtrière avec la même statistique con-

cernant les aliénés de cet hospice, nous avons constaté que

chez ces derniers la tuberculose faisait des ravages beaucoup

plus considérables. Dans ces quinze dernières années, sur

644 décès de sujets aliénés, 9.78 % ont succombé à la tuber-

culose, tandis que dans les services d'épileptiques. sur 122

décès, 4,8 % seulement étaient attribuables à la tuberculose.

Ces constatations concordent avec ce que nous savons de la

fréquence de la tuberculose dans les asiles d'aliénés. Ceux-ci

vivant à la Salpêtrière dans les mêmes conditions d'hygiène

générale que les épileptiques, on pouvait se demander si ces

derniers ne présentaient pas une résistance particulière à la

tuberculose. Mais les statistiques fondées sur la mortalité ne

renseignent qu'imparfaitement sur la fréquence d'une mala-

die souvent latente comme la tuberculose, d'autant plus que

les épileptiques meurent le plus souvent au cours d un état

de mal et que les diagnostics n'indiquent pas si les sujets

sont tuberculeux. Nous avons donc examiné très complète-

ment, au point de vue delà tuberculose, tous les sujets épi-

leptiques des deux services de la Salpêtrière. Sur 319 femmes

admises dans cet hospice, la plupart depuis de nombreuses

années, nous n'avons trouvé que 20 malades (6.26 Y chez

lesquelles un examen approfondi permit de mettre en cause

la tuberculose el. sur ce nombre, 2 seulement sont des phti-

siques atteintes de lésions pulmonaires tuberculeuses ouver-

tes. Or, dans les services d'aliénés, la morbidité tuberculeuse

est infiniment plus élevée, puisqu'on a trouvé jusqu'à 12

% d'aliénés tuberculeux dans certains asiles. Les épilepti-

ques présentent donc une résistance plus grande à la tuber-

culose que les aliénés. Cependant, les recherches que nous

avons entreprise : : sur les qualités du sang des épileptiques

212 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

nous ontmontréquele bacille de Koch poussait sur le sang

gélosé de ces malades avec la même facilité que sur le sang

gélosé du lapin.

[En 1898, l'un de nos élèves, M. Ballard, sur nos conseils,

a pris pour sujet de sa thèse inaugurale : Comment meurent

les épileptiques ? Elle comprend : de 1880 à 1886 inclusivement.

des épileptiques adultes et des enfants (garçons), de 1887 à

1889, des enfants seulement (garçons) ; de 1890 à 1905, des

garçons et des filles. Sur les 255 décès, il y en a eu 41 occa-

sionnés par la tuberculose. Nous avons continué cette statis-

tique jusqu'à la fin de 1905. En voici les résultats :

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 213

M. Brissaud. Les faits que nous présente M. Lévy vien-

nent à l'appui des idées que j'ai toujours soutenues soit avec

M. Meige, soit seul. Le spasme facial peut reconnaître com-

me point de départ une irritation quelconque placée sur le

trajet de l'arc réflexe : voie centripète trigémellaire, noyau

central,voies et fibres centrifuges de la 7e paire.

Sur la présence de la choline dans le sang au cours des maladies

du système nerveux.

M. Clause. - Des recherches récentes ont attribué une

grande importance, au point de vue séméiologique. à la pré-

sence, dansle sang elle liquide céphalo-rachidien des mala-

des atteints de lésions du système nerveux, d'un corps qui a

été regardé comme de la choline. Or, des recherches de con-

trôle que j'ai faites avec M. Blanchetière, il résulte que ce

corps n'est pas de la choline, et, de plus, qu'il ne préexiste

pas dans le sérum sanguin, mais paraît naître sous l'action

des réactifs et par un processus d'hydratation.

Un cas de démence précoce post-conr2csionnelle avec autopsie et

examen histologique.

MM. Anglade et JACQUIN. Il s'agit d'une confusion men-

tale survenue au cours de la puerpéralité : l'intoxication

gravidique lui a fourni son appoint et les attaques d'éclamp-

sie, la présence d'albnmine en quantité importante dans les

urines en sont la preuve. En cinq ans, chez une femme de

vingt sept ans, la démence s'est trouvée réalisée et la mort

survint ensuite, comme cela est fréquent, par tuberculose

pulmonaire.

L'examen histologique montra, outre les lésions des cellu-

les nerveuses, une extraordinaire activité de la prolifération

névroglique. Les lésions du cerveau et du bulbe frappentpar

leur ressemblance avec les lésions de la démence épileptique,

deladémence organique et de la démence sénile. Les seules

différences résident dans le défaut d'épaississement des vais-

seaux, habituel tout au moins chez les séniles et chez les or-

ganiques,et dans le plus grand nombre des cellules en voie de

chromatoylse. Ce sont les mêmes plaques avec les mêmes

localisations, la même tendance à la formation lacunaire, etc.

Syndrome de Landry. Valeur pronostique de la lympho-polynu-

cléose rachidienne. Inoculations du bulbe.

MM. Brissaud, SICARD et T.1NON (de Paris) rapportent l'ob-

servation d'une malade âgée de vingt-sept ans, atteinte de syn-

drome de Landry et qui succomba au quinzième jour. Le li-

214 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES

quide céphalo-rachidien retiré au cours de quatre ponctions

successives se montra toujours très riche en lymphocytes et

polynucléaires. Les auteursinsistent sur l'importance pronos-

tique de cette formule leucocytaire. Tandis que le type péri-

phérique du syndrome de Landry, souvent curable, ne pro-

voque, en effet, que très peu ou même pas de réaction ménin-

gée lymphocytaire, la symbiose lympho-polynucléaire rachi-

dienne permet, au contraire, d'affirmer le type central myéli-

tique avec une évolution brutale aiguë qui ne saurait par-

donner.

Les auteurs attirent également l'attention sur l'origine rabi-

que toujours possible du syndrome d(; Landry, même en l'ab-

sence d'antécédents évidents de morsures, de plaies léchées,

etc. Cette possibilité les a engagés à faire pratiquer par l'ins-

titut Pasteur (M. Chaillou) des inoculations du bulbe de la

malade. Or, les premières expériences ont paru donner des

résultats positifs.Les lapins sont morts avec des signes de rage.

Ce n'est que, par suite, grâce aux inoculations en série, que

le diagnostic bactériologique rabique a pu être infirmé. Il ne

s'agissait pas de virus rabique, mais d'un microbe pathogène

pour le système nerveux. On comprend donc la nécessité des

inoculations en série qui seules permettront des conclusions

fermes dans ces recherches d'étiologie spéciale.

Un cas d'éruption syphilitique secondaire tardive chez un

. diabétique.

MM. Brissaud et ORRRTHUR (de Paris)apportent un nouveau

cas de coexistence d'accidents cutanés spécifiques etde tabès

franc qu'ils ont observé avec M. Emery. La notion d'une

éruption syphilitique secondaire tardive constitue l'originalité

de cette observation.

Syndrome associé de paralysie faciale gauche et du spasme facial

droit d'origine intra-cranienne.

MM. Brissaud, Sicard etTANON présentent les photographies

d'un malade atteint de paralysie faciale totale (facial supé-

rieur et facial inférieur) du côté gauche s'associant un spas-

me facial du côté droit, au cours d'une lésion méningo-mé-

socéphalique.Le siègeintra-craniendela lésion s'affirme par

de la céphalée, de la diplopie, une ébauche de clonus droit

et de la lymphocytose rachidienne. Ce double syndrome, jus-

qu'ici non signalé, montre que le spasme facial est dans ce

cas d'origine intra-cranienne, et surtout qu'une même lésion

causale peut, suivant ses effets irritatifs ou destructifs au ni-

veau du trajet intra-cranien de la 7" paire, provoquer soit du

spasme soit de la paralysie.

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 215

Traitement de certains cas de neurasthénie par le fer.

M. LEMOINE (de Lille). - Le fer joue un rôle considérable

dans la transformation de l'hémoglobine en oxyhémoglobine,

alors capable d'amener l'oxygénation des cellules dans l'inti-

mité des tissus. Le système nerveux est l'élément noble de

l'organisme, car c'est lui le régulateur de toutes les fonc-

tions importantes : sécrétoire, glandulaire, trophique, etc. Il

est actuellement démontré que les organes qui fonctionnent

le plus sont ceux qui ont besoin d'une vie plus active et par-

tant d'une oxygénation plus intense. 1

Lorsqu'il se produit une altération de l'hémoglobine et

particulièrement un appauvrissement de sa teneur en fer,

les éléments intimes des tissus sont en souffrance et les pre-

miers à en subir les conséquences sont les éléments les plus

sensibles, c'est-à-dire les cellules nerveuses.

Que le système nerveux vienne à souffrir, la machine hu-

maine sera « détraquée » ; il s'établira aussitôt dans l'orga-

nisme un état pathologique qui ne cessera que lorsque l'or-

gane noble aura repris normalement ses fonctions.

Que ce défaut d'oxydation dû à une insuffisante quantité

de fer dans le sang et les viscères vienne à se prolonger, les

troubles légers et intermittents qui se manifestent dès le

principe ne feront qu'augmenter de plus en plus.

L'action du fer sur le système nerveux est rendue plus ma-

nifeste par l'etude de l'histoire clinique de certains états pa-

thologiques. Elle est éminemment congestive, c'est ce qui

explique que les préparations martiales amènent une aggra-

vation des symptômes d'excitation chez certains nerveux

déjà surexcités, par exemple, les hysteriques, les paralyti-

ques généraux.

Les travaux de Féré sont assez probants pour qu'on ne

puisse mettre en doute l'action bienfaisante du fer comme

traitement des épileptiques à constitution générale affaiblie.

Bien des cas de goutte ou de rhumatisme chronique asthé-

nique ont été guéris par les ferrugineux, ce qui pourrait pa-

raître paradoxal puisque les manifestations viscérales ou ar-

ticulaires de ces mêmes maladies ont été peu influencées

par ce mode de traitement. On peut dire que la médication

martiale semble efficace toutes les fois que, le système ner-

veux étant atteint, le sujet est devenu asthénique.

G. Sée n'est guère partisan de la médication martiale dans

les différents genres d'épuisement nerveux : « Il n'y a, dit-

il, de règle absolue que pour les indications thérapeutiques

qui excluent formellement de la médication ferrugineuse

toutes les pseudo-anémies, il savoir : 1° Les inanitions atmos-

21C REVUE D'ANATOMIE ET DE, PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

phériquesou alimentaires ; 2» Tous les genres d'épuisement

musculaire, nerveux, secrétaire ».

Axenfeld et Huchard recommandent au contraire les fer-

rugineux chez les neurasthéniques anémiques ·< Mais il im-

porte, disent-ils, de ne pas oublier que dans les cas où l'irri-

tation spinale est sous la dépendance d'un état anémique, le

traitement hydrothérapique devra être dirigé principalement

contre l'anémie, cause principale de la maladie ; on trouve

en outre souvent l'indication d'associer, à ces différents moyens,

les ferrugineux et les toniques. »

Dans le Traité des maladies nerveuses de Kraft-Ebing, je

lis : « Vu que nous ne connaissons que très peu les change-

ments chimiques les plus subtils qui se passent dans notre

système nerveux et qui sont peut-être la cause de la neuras-

thénie, ou que nous ne savons seulement que d'une façon

imparfaite quel est l'effet de nos médicamments journelle-

ment prescrits, nous devons nous contenter de l'empirisme.

Les toniques les plus usuels sont : le fer, l'arsenic, le quin-

quina, le phosphore, le zinc. 11 serait très difficile de donner

leurs indications spéciales. » Les premiers cas que j'ai obser-

vés l'ont été également au point de vue empirique, mais j'ai

eu ensuite l'occasion de rencontrer en ville et à l'hôpital

toute une série de neurasthéniques où le fer a donné d'excel-

lents résultats ce qui m'a permis de me faire une opinion

rationnelle sur ce sujet.

Parmi les observations que j'ai eu l'honneur de publier, il

en est qui ont trait à des neurasthéniques anémiques : il en

est d'autres où l'anémie ne pouvait être en cause ; du reste

dans les observations de neurasthénie s'accompagnant d'ané-

mie, traitées et guéries par les ferrugineux, l'état anémique

n'a jamais été bien accentué, incapable par lui-même d'a-

mener un état sérieux de dépression physique ou psychique.

Les préparations ferrugineuses que j'ai employées sont le

protoxalate de fer et le ferroplasma, je n'ai eu qu'à m'en

louer. Mais en même temps que je prescrivais les ferrugi-

neux, j'avais bien soin d'ordonner l'acide chlorhydrique pour

favoriser l'assimilation du fer et activer la digestion de ces

malades, presque toujours hypochlorhydriques.

Ce traitement était complété par l'usage d'eaux minérales

ferrugineuses comme celles d'Orezza, de Bussang, de Spa.

Les eaux minérales qui conviennent le mieux à ces états

neurasthéniques sont sans conteste celles de Saint- Parue

(source des Vertus), car elles contiennent, en même temps

que le fer, des sels de chaux et de manganèse qui les ren-

dent laxatives, ce qui fait qu'elles ne constipent pas, mais au

contraire facilitent la régularité des selles.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 217

Nouvelle méthode de 1'ééducation de la marche chez les ataxi-

qtles, par LEWÈVRE.

Hémorragie méningée au cours d'une méningite cérébro-spinale,

par GAUSSEL.

Les ponctions lombaires en série au cours de la paralysie géné-

rale, par A. Marie.

Appréciation des troubles nerveux au moyen d'un appareil

nouveau, le sténomètre, par Joire.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

Vit Les micromélies congénitales. Achondroplasie vraie

et dystrophie périostale ; par Pop/.K el DURANTE. (Nouv.

Icou. Salpêtrière, 1905, ne 5.)

Après avoir confondu les dystrophies osseuses congénitales avec

le rachitisme, on les assimile trop aisément aujourd'hui à l'achon-

clroplasie, réunissant ainsi sous ce terme des affections disparates

dont le seul symptôme commun est la brièveté relative des mem-

bres. Il y a lieu de distinguer deux variétés de micromélies con-

génitales : l'achondroplasie vraie el la dystrophie périostale.

L'achondroplasie vraie est un trouble de développement du

squelette intéressant particulièrement les épiphyses des os longs

des membres, le bassin et la base du crâne : micromélie le plus

souvent rlizomélique, bracbycépbalie, synostose prématurée des

os de la base du crâne, hypertrophie des épiphyses et des sail-

lies osseuses, coudures juxta-épiphysaires, absence de fractures,

développement normal du thorax, des organes génitaux et de

l'intelligence. Elle est caractérisée histologiquement par la sclé-

rose du cartilage de conjugaison ; l'ossification périostale est nor-

male.

La dysplasie périostale intéresse surtout les diaphyscs des os

longs, les côtes et la voûte du crâne. Elle diffère totalement de la

première par l'intégrité de l'ossification chondrale et le défaut

d'ossification périostale. Au point de vue clinique, on note le

moindre volume de la tète, l'absence d'enfoncement de la racine

du nez, l'absence de synostose précoce des os de la base, l'ossi-

ficalion imparfaite de la voûte crânienne, la faible consistance et

la fragilité des diaphyses, d'où la fréquence des fractures et des

déformations.

Il ne faut pas confondre ces affections avec le nanisme Loi-in-

fecfieux, le nanisme mvxoedémateux, le rachitisme. L'infection

21S REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

et l'intoxication sont des causes également plausibles de ces trou-

bles du développement. F. 1·ISSOT.

VIT. - Sur deux cas d'achondroplasie ; par PARHON, SmMOA

et XALPLACHTA. (Nouv. Icon. Salpêtrière, 1905, n° 5.)

Apropos de ces deux cas, les auteurs passent en revue lasymp-

tomatologie de l'achondroplasie : micromélie en général rhizo-

mélique (inversion des rapports entre les dimensions respectives

des segments rhizomélique et mesomelique des membres), ma-

cro-cephalie avec enfoncement et aplatissement delà racine du

nez,aspect noueux des memhres par épaississement des épiphyses

et des surfaces articulaires, mains en trident, dimensions nor-

males du tronc et de la colonne, ensellure lomhaire, déviations

diverses du rachis, état normal des organes génitaux, exagéra-

tion du sens génésique, intelligence réduite, infantile, tels sont

les principaux caractères de cette affection. Les auteurs en discu-

tent ensuite l'éliologie et la pathogénie : comparant l'achondro-

plasie avec le gigantisme, ils émettent l'hypothèse du défaut de

la fonction hypophysaire et de l'hyperfonction des glandes

sexuelles, associés à des troubles des autres glandes sécrétion

interne. 1. T.

VIII. - Sclérose en plaques ; atrophie cérébelleuse et sclé-

rose pseudo-systématique de la moelle épinière ; par

Cajola. (Nouv. Jean. Salpêtrière, 1905, n° 5.)

Observation intéressante par l'étiologie (les signes de sclérose

ont débuté à la suite du choléra) et par l'association de multiples

lésions. F. 'f.

IX. L'analyse mathématique des courbes de fatigue

comme pureté de diagnostic dans les maladies nerveu-

ses ; par Mlle YOTEYKO. (Jou1'n, de Neurologie, 1906, no 1.)

L'auleur montre dans ce travail que la courbe ergographique

est soumise àl'influence de trois constantes ou paramètres, l'une

positive(tendant à élever la courhe),les deux autres négalives.

Laconstante positive est due à l'action des centres nerveux ;

les deux constantes négatives sont le résultat de l'affaiblisse-

mentde la force musculaire par usuro des albuminoïdes ci dimi-

nution des réserves d'hydrates de carbone.

11 résulte de ces données qu'on peut modifier une courbe ergo-

graphique en changant les conditions expérimentales. C'est ainsi

qu'il suffit de donner de petites doses d'alcool au sujet pour re-

lever la constante positive qui traduit l'action excitante de cette

substance sur les centres nerveux. L'ingestion de sucre, qui est

un aliment de premier ordre, a montré une diminution des deux

constantes négatives et partant une augmentation de la force mus-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 219

culaire. Sous l'influence de la caféine, tous les paramètres aug-

mentent d'où l'on peut inférer que cette substance n'est pas un

aliment, mais un excitant du système nerveux qui permet une

meilleure utilisation des réserves de 1=ot;ganisme.

L'étude de ces paramètres pourra donc être utilisée à l'avenir en

clinique nerveuse pour reconnaître l'origine et le siège des ma-

ladies. G. D.

X. Paraplégie infantile, début insidieux, état station-

naire, puis aggravation; par le Dr BoucnAUD. (Joul'n. de

Neurologie, 1906, n° 1).

Il s'agit d'une fillette de 8 ans, qui fut atteinte à 22 mois d'une

pneumonie grave suivie d'un affaiblissement progressif des mem-

bres inférieurs. Pendant 4 ans cette paraplégie resta stationnaire

puis elle s'aggrava subitement au point de rendre la station de-

bout impossible. En même temps, on constata une abolition des

réflexes tendineux et une perte de la contractilité électrique des

muscles paralysés. Cette paralysie semble devoir rester station-

naire et ne manifeste aucune tendance à se transformer en une

atrophie musculaire progressive. Une infection et une vulnérabi-

lité particulière des cornes antérieures de la moelle sont les deux

facteurs invoqués par l'orateur pour expliquer cette double at-

teinte de paralysie infantile. G. DFNY.

XI. Sur un cas de paralysie de la 3° paire ; par M. Jos-

SFRAND. (Société des sciences médicales de Lyon, 10 janvier

1906.) .

La malade présente les caractères ordinaires d'une paralysie de

la 3o paire du côté droit : strabisme externe, ptosis, un peu de

mydriase, paralysie du photo-réflexe et de l'accommodation. Sy-

philis probable. A un examen plus attentif, on trouve des signes

d'hystérie : crises nerveuses anciennes ; actuellement, large pla-

que d'anesthésie sur le flanc droit, hyperesthésie péri-orbitaire,

diplopie monoculaire, mégalopsie.

L'auteur pense qu'on est en présence de phénomènes hystéri-

ques qui se sont surajoutés à une paralysie organique de la 3°

paire. Dans cette hypothèse, il n'en est pas moins intéressant de

voir comment une lésion localisée peut fixer chez une hystéri-

que, les symptômes névropathiquessur la zone intéressée. G. C.

\Il. Paralysio du moteur oculaire externe, d'origine

otique; par MM. LANNOIS et PERRETIÈRE. (Lyon méd., 4 mars

1906, p. 444.)

Les paralysies de la 1% I° paire constituent une des complications

les plus fréquentes des suppurations aiguës ou chroniques de l'o-

reille. Leur étude date d'une époque récente ; leur intérêt clini-

220 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

que et pathogénique est bien établi par les recherches de ces der-

nières années, surtout celles de Gradenigo en Italie,en France, de

Laurens dans sa thèse et de Pionnier. Les auteurs en rapportent

une observation nouvelle.

Observation : Otite moyenne suppurée droite datant de l'en-

fance ; otorrhée à rechutes et polypes de la caisse.

Mastoïdite aiguë datant de 4 jours.

Paralysie du moteur oculaire externe du même côté depuis 24

heures. Intervention d'urgence : évidement pétro-mastotdien.

Abcès périsinusal. Sédation immédiate des phénomènes géné-

raux. Apparition d'une paralysie faciale au deuxième jour.

Amélioration de la paralysie de l'abducteur deux mois après

l'intervention.

Cette observation montre bien l'évolution parallèle des symp-

tômes du côté de l'oreille et du trouble moteur oculaire.

Des recherches auxquelles se sont livrés les auteurs, il résulte

que, dans fous les cas, la paralysie de l'abducteur ne semble pas

avoir un mécanisme pathogénique univoque, et cela a une grande

importance pratique.

Dans certains cas, elle est fonction d'une complication de l'otite

dans sa marche envahissante. Il s'agit de lésions simplement os-

seuses, carie de la pointe de la pyramide; d'autres fois d'abcès ex-

tra-duraux, de foyers méningitiques localisés ou d'arachnitis

séreuse ; enfin de thromboses des sinus ou d'abcès encéphaliques

suivant l'étape du processus infectieux.

La paralysie de l'abducteur peut aussi être la conséquence de

phénomènes névritiques d'ordre inflammatoire ou toxique. Les

auteurs sont tentés de rattacher leur cas à cette catégorie en rai-

son de la persistance de la paralysie et de sa rétrocession après

deux mois.

Il est une série d'observations pour lesquelles on doit invoquer

un réflexe partant de l'oreille et agissant sur les noyaux des nerfs

oculaires par l'intermédiaire du noyau de Deiers. De ces consi-

dérations pathogéniquos, les auteurs tirent une conclusion prati-

que, c'est qu'en présence d'une paralysie de l'abducteur au cours

d'une otite, il ne faut pas d'emblée trouver dans l'apparition des

troubles oculaires l'indication d'une intervention immédiate. 11

faut savoir attendre l'apparition de symptômes plus caractéristi-

ques, d'une extension mastoïdienne, d'une labyrinthite suppurée

ou de complications intra-craniennes. G. Carrier.

XIII. Névralgies graves; par M. GRANDCI.ÉMENT. (Soc.

nat, de méd. de Lyon, 12 mars 1906, Lyon méd" ler avril 1906.)

Des faits qu'il a observés, l'auteur conclut qu'en présence

d'une névralgie grave, telle que le véritable tic douloureux de la

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 221

face, il est indiqué aujourd'hui de procéder en suivant la ligne de

conduite suivante :

1» Essayer d'abordle traitement électrique par les courants con-

tinus de haute intensité ; 2° si le résultat n'est pas suffisant, re-

courir aux injections, soit d'antipyrine,soit d'alcool, soit d'air; et

cela sans crainte, ni lassitude, car il faut, en faire un très grand

nombre afin de détruire la plupart des filets nerveux du triju-

meau et surtout agir par choc en retour sur les centres nerveux

toujours malades dans ces cas ; au ne recourir à la méthode chi-

rurgicale qu'en dernier ressort, étant donné que les opérations

sur les nerfs, en particulier l'arrachement du ganglion de Casser

sont souvent suivies de la perte de la vue et de la perte de l'oeil

et qu'en outre elles sont souvent suivies elles- mêmes d'insuc-

cès ou de récidives. G. C.

XIV. Eclampsie puerpérale ; par P..1. de Bruine Plocs

\'AN AMSTEL. (Rev. de méd., janvier et février 1906.) 1

Nous ne pouvons donner ici un résumé complet de ce long arti-

cle plein de notions intéressantes, mais qui relèvent beaucoup

plus de l'obstétrique que de la neuro-pathologie. L'auteur insiste

surtout sur le rôle du foie dans l'éclosion des accidents éclampti-

ques qui seraient de véritables accidents d'intoxication. Il ratta-

che les vomissements incoercibles à l'éclampsie et se demande

quel est, dans cette maladie, le rôle de l'insuflisance thyroïdienne.

La théoriebactérienne, mise en avant dès 1886 parDelore, ne sau-

rait, dans l'état actuel de la science, ni être acceptée ni être reje-

tée en l'absence de démonstration péremptoire ; cependant on n'a

jamais signalé la coïncidence chez un même sujet de l'éclampsie

et de la fièvre puerpérale ; - ce qui est plus certain, c'est l'insul-

fiance de la concentration moléculaire de l'urine des éclampti-

quesavecou sans albuminurie. Comme traitement, l'auteur pré-

conise l'accouchement provoqué, le régime lacté, la saignée-injec-

tion de Claisse, la morphine à la dose de 1 : milli·r., le chloro-

forme, la compresse de Priessnitz, les bains chauds, le chloral et

l'iodure de potassium. L. WAHL.

XV. Affection spastique bulbo-spinale familiale ; par

l3nt ? r.T et Bosev. (nous, leoib. de la Salpêtrière, 1905, ne /1.)

11 n'existe pas entre les maladies nerveuses familiales des li-

mites bien tranchées, on rencontre entre les différents types des

formes intermédiaires qui conduisent insensiblement de l'un à

l'autre. Lés auteurs rapportent le tableau clinique d'une affection

familiale spasmodique qui tient à la fois de la maladie de frite.

dreich, de la sclérose en plaques, de l'ataxie cérébelleuse, de la

paraplégie spastique familiale. C'est en raison de la ressemblance

de leur cas avec ce dernier syndrome qu'ils le désignent sous le

222 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

nom, plus général cependant, d'affection spastique familiale, quoi-

qu'il en diffère par le développement inaccoutumé des phéno-

mènes bulbo-protubérantiels. En failles maladies familiales sem-

blent être des entités morbides beaucoup moins délimitées que les

maladies non familiales, et dans la plupart la symptomatologie

peut être diffuse. Si certains cas répondent à des types isolés, on

en trouve d'autres qui font supposer des lésions ou des insuffi-

sances fonctionnelles multiples. Aussi, au lieu de multiplier les

types dans la description des maladies familiales, il vaudrait peut-

être mieux y distinguer des formes spinale, bulbo-spinale, bulbo-

cérébello-spinale. F. T.

XVI. Hémispasme facial périphérique ; par Babinski.

(Nouv. Jean, de la Salpêtrière, 1\)05, 11- 4.)

Considération ? à propos d'un cas, sur l'origine périphérique

probable de l'hémispasme facial. F. T.

XVII. Contractions « synergiques paradoxales » ob-

servées à la suite de la paralysie faciale périphérique;

parLAMY. (Nouv. Icon. de la Salpêtrière, 1905, n" 4.)

S'observent dans les muscles où la contraction volontaire est

abolie ; elles seraient dues à la prédominance fonctionnelle de

certains filets nerveux voisins, dans les efforts spontanés de sup-

pléance. F. T.

XVM1. Deux frères atteints de myopathie primitive pro-

gressive ; par ? oi ? \. (Nouv. Jean. de la Salp., 1905, n" 4.)

Cette observation présente quelques particularités intéressantes :

début brusque, aigu, douloureux, - rapidité d'apparition de

l'impotence fonctionnelle, invasion simultanée delà paralysie

aux quatre membres chez l'un, en deux fois distante de trois

ans chez l'autre, atrophie musculaire sans hypertrophie préa-

lable, - lordose considérable. F. T.

XIX. Attitudes vicieuses par contracture hystérique

chez les enfants; par 13ROCA el IIERBINET. (Nouv. Icorx.de la

Salpêtrière, 1905, no 4.)

L'hystérie infantile est de notion classique actuellement, mais

elle est moins facile à diagnostiquer que celle de l'adulte à cause

de l'absence habituelle, ou tout au moins de la fragilité des stig-

mates chez l'enfant; l'hystérie infantile est leplus souvent mono-

s` mptomaticlue : c'est ainsi qu'elle se présente dans les observa-

tions de torticolis et de scoliose rapportées par les auteurs de ce

travail. A défaut d'expression clinique précise, il faut dépister la

névrose en étudiant l'hérédité de l'enfant, son caractère (le carac-

tère hystérique n'est pas un vain mot), l'allure spéciale de l'acci-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 223

dent qui l'amène. D'après L3abinsl : i, les caractères de l'accident

hystérique sont : la reproduction par suggestion et la disparition

sous l'influence exclusive de la persuasion. En outre de ces deux

qualités générales, la contracture hystérique en possède d'assez

spéciales pour être facilement reconnue : brusquerie avec maxi-

mum immédiat de la déformation,-disproportion entre l'impor-

tance de la cause occasionnelle et le résultat produit : il n'existe

pas de relation entre l'intensité du traumatisme et l'apparition

ou la gravité de la contracture ; le trauma lui-même n'est pas

nécessaire, agissant simplement commecause psychique d'excita-

lion sur un terrain « d'opportunité de contracture » (la diathèse

de contracture, rare déjà chez l'adulte, est exceptionnelle chez

feulant) ; la contracture hystérique, quelquefois douloureuse (et

dans ce cas on note l'absence de point douloureux), est le plus

souvent indolore : c'est là un bon élément de diagnostic, car dans

une lésion osléo-articulaire la contracture est le résultat de la

douleur, et celle-ci est bien spéciale ; ;-exagération de la contrac-

ture sous l'influence de /d'attention, disparition pendant le som-

meil artiliciel,quelquefois même dans le sommeil naturel ; bizar-

rerie, incohérence possible dans les associations des muscles at-

teints, celles-ci n'obéissant à aucun type fonctionnel déter-

miné.

Tous ces signes, bien entendu, doivent être corroborés par l'ab-

sence constatée de toute lésion osseuse, articulaire ou synoviale.

Mais il ne faut point oublier que la contracture hystérique peut

être provoquée par un point d'ostéite tuberculeuse : dans ces cas

difficiles il faut faire la part de ce qui revient à la lésion organi-

que provocatrice étala constitution névrosique. F. Tissot.

XX. Crises épileptiformes d'origine pleurale ; par nOCH.

(Rev. de méd., décembre 1905.)

Mémoire très intéressant dont les conclusions sont appuyées à

la fois pardes considérations cliniques et par des faits expérimen-

taux ; ils ouvrent un horizon nouveau sur la question si com-

plexe des crises épileptiformes, delà palhogénie du mal comitial

et des affections qui le simulent. D'après l'auteur la pleurésie

peut être un agent productif de phénomènes épileptiformes d'une

autre origine et en provoquer directement par saprésence même

sans intervention probablement par voie réflexe : l'intervention

peut d'ailleurs être pour son compte, dans un certain nombre de

cas, la cause efficiente des phénomènes convulsifs : on sait d'ail-

leurs combien est riche la symptomatologie des troubles réflexes

dans le décours des pleurésies (par exemple la toux et la mort

subite,etc.).11 faut donc,dit tlocli,fairefigurer l'irritation pleurale

inflammatoire à côté de l'irritation pleurale traumatique dans la

liste des causes convulsives épileptiformes. L. Wahl.

224 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

- Le syndrome myoclinique ; Iiucx,aD et N.Fiessinger.

zou. de méd., octobre 1905.) ,

Les auteurs définissent, avec Vantait', la myoclonie : une con-

traction forcée, brusque, incoordonnée il répétition rapide ryth-

mique ou arythmique, avortée ou suivie d'un déplacement ef-

fectif occupant toujours les mêmes parties et résultant d'une al-

ternance entre l'action et le relâchement de certains muscles.

Ainsi défini, le syndrome myoclonique comprend les affections

suivantes :

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 225

considérer ni comme étant simplement des lésions du muscle, ni

comme relevant de névrites : il semble (Friedreich) qu'il y ait

soit un trouble fonctionnel des cornes antérieures de la moelle,

soit peut être du cortex (Raymond). Le diagnostic en est relati-

vement facile soit avec les lésions médullaires soit avec la chorée

vulgaire de Syndenham. Le pronostic varie évidemment suivant

les formes. La thérapeutique doit s'attacher aux causes lors-

qu'on peut les mettre en évidence, mais elle est en général im-

puissante. On préconise l'électricité, les nervins : la suggestion

n'a aucune action, sauf dans la forme de Carrière. Au cours de

leur travail, Iluchard et Fiessinger rapportent une observation

très intéressante. L, W AH ?

XXII. Atrophie musculaire du type Aran-Duchenne

d'origine syphilitique; par Lannois. (Nouv, Icon. Salpêtrière,

1905, no 5.)

L'auteur rapporte cette observation pour démontrer une fois de

plus le rôle indiscutable de la syphilis dans le développement de

certaines amyotrophies où le traitement spécifique produit du

reste les plus heureux effets. F. T.

XXIII. Exostoses multiples. Contribution à l'étude des

dystrophies du cartilage de conjugaison; par Launois et

Trémolières. (Nouv. Acon. Salpêtrière, 190..i, ne 6.)

Apparition dans les premières années de la v ie, indolence, sy-

métrie des lésions, siège électif des exostoses au voisinage des épi-

physes et en particulier des plus fertiles, tels sont les principaux

caractères de la maladie exostosique. Celle-ci est fréquemment

héréditaire, et la tuberculose semble jouer un rôle important

dans sa production. F. T.

XXII - Contribution à. la casuistique des exostoses ostéo-

géniques ou de développement ; par StMOUtNt. (Nouv. Icon.

Salpêtrière, n° 6, 1905.)

Huit observations originales à propos desquelles l'auteur éta-

blit la nature héréditaire de la maladie exostosique et passant en

revue les diverses théories pathogéniques. conclue à l'incertitude

de nos connaissances à ce sujet. Il y a lieu de tenir pour notable

l'influence de la tuberculose. F. T.

XXV. Ophtalmoplégie externe bilatérale congénitale et

héréditaire ; par CHAILLOUS et PAGNIFZ. (Nouv. Icon. Sal-

pêtrière, 1905, n" 6.)

Histoire clinique d'une famille frappée à trois générations

d'ophtalmoplégie, chez les différents membres de laquelle on

trouve des stigmates de dégénérescence physique et d'infériorité

Archives, 2, série, 100G, t. XXII. 15

220 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

psychique. Absence de syphilis dans l'ascendance, rendue plus

probable encore par l'évolution d'une syphilis acquise chez le

malade de la troisième génération. Les symptômes paralytiques

vont s'atténuant de la première génération à la troisième. L'inté-

grité absolue de la musculature intense de l'oeil est un argument

sérieux en faveur de l'origine nucléaire de l'ophtalmoplégie.

1". T.

XXVL Une variété nouvelle de myoclonie congénitale

pouvant être héréditaire et familiale à nystagmus

constant (nystagmus-myoclonie ; par Lenoble et AUBUREAU

(de Brest).

Depuis 1898, les auteurs ont fréquemment, observé en Bretagne

où la population contient un nombre énorme de dégénérés une

affection caractérisée par un nystagmus qui paraît être congéni-

tal, ou du moins que se manifeste dès les premiers jours de la vic,

qui est fréquemment héréditaire ou familial, qui persiste toute la

vie et sur lequel la thérapeutique n'a aucune action, ce nystagmus

est constitué par un mouvement de va-et-vient à amplitude tou-

jours égale etqui est -ariahlecomme intensité. Il s'accompagne le

plus souvent de tremblement ou de secousses musculaires dont

le malade a conscience, d'exagération des réflexes patellaires et

d'autres réflexes musculaires et parfois de trépidation épiloploidc.

Souvent il y a des troubles vasomoteurs qui peuvent allerjusqu'à

l'existence du syndrome de Weir-Mitchell. Généralement, les su-

jets sont des débiles intellectuels, des dégénérés psychiques avec

de nombreux stigmates physiques. Ce sont fréquemment

des infantiles, parfois ilsontun myxoedème fruste, des tics. On ren-

contre trois types cliniques. Dans le premier le nystagmus estle seul

symptôme ; dans le second, il y a quelques symptômes légers

surajoutés, le troisième est la forme grave avec signe de Calins.11 Il

existe des formes complexes avec des complications de tou-

tes sortes; souvent, la maladie est familiale. C'est une myoclonie

caries secousses, quand elles existent, sont incoordonnées, non

rythmées ; mais c'est une myoclonie atténuée.

La littérature a le plus souvent méconnu cette affection et

à parties observations de Lenoble et Aubineau on n'en peut ci-

ter que de rares exemples. Toutes les causes ordinaires de ladégé-

nérescence prédisposent à cette affection ; et semble aux auteurs

que la race bretonne y soit tout particulièrement sujette. On en

ignore encore actuellement l'anatomie pathologique. (Revue de

méd., juin-1900.) . L. Wahl.

XXVII. Les réflexes dans l'épilepsie (Ibidem).

Les auteurs donnent les opinions des maîtres sur ce sujet :

Les réflexes sont augmentés passagèrement après l'attaque (L.

' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 227

Ilirtl. Après l'attaque, réflexes quelquefois absents, plus souvent

exagérés et il y a trépidation épileptoide (Osier).

Réflexe pat. absent pendant quelques minutes, exagéré au re-

tour, exagération plus durable du côté paralysé ou parésie, c'est-

à-dire du côté vers lequel était tournée la tête pendant l'accès

(Gowers).

Réflexes cutanés absents immédiatement après l'attaque, ré-

flexes tendineux un peu exagérés, quelquefois diminués ou ab-

sents (Strumpell).

Les auteurs ont toujours observé et le réflexe pat. et le ré-

flexe plant. Entre les accès ils sont normaux ; immédiatement

après la crise, ils sont exagérés, le plus souvent absents. Dans

ce dernier cas, les réflexes réapparaissent rapidement. Dans l'état

de mal les réflexes sont souvent très actifs. Dans le post-ictus,

suivant la profondeur du coma,les réflexes sont affaiblis ou même

absents. Cette variation des réflexes s'explique par une irrita-

tion initiale de l'arc réflexe primaire ou secondaire avec parésie

de l'appareil inhibitoire. A mesure que les cellules motrices

corticales et médullaires se fatiguent, le tonus musculaire néces-

saire au réflexe s'affaiblit. Puis petit à petit, ce tonus revient et

avec lui le réflexe

Valeur pronostique : L'absence des réflexes indique un épuise-

ment très prononcé et le pronostic est plus défavorable.

FRIEDEL.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

XIII. - Des anesthésiques et enparticulier de la scopola-

mine envisagés comme adjuvants à la suggestion hyp-

notique. (.Tozcrz. de Neurologie, 1906, n° 1.)

L'auteur établit dans cette note que l'emploi prudent de la

scopolamine (3 à 4 dixièmes de milligr. en injection sous-cuta-

néc) permet de vaincre très facilement les résistances, conscien-

tes ou inconscientes qui, chez certains malades exo ou auto-into-

tiqués s'opposent à la production de l'hypnotisme. G. D.

XIV. Prophylaxie et traitement des criminels récidi-

vistes ; par le Dr Morel (de Mons). (Joum. de neurologie,

1906, n- 12.) .

Le Dr Morel donne, dans ce travail, sous forme de tableau, les

résultats de l'examen au point de vue mental de 68 récidivistes

âgés de 18 à 30 ans.

II répartit ces 68 récidivistes en trois catégories suivant que leur

instruction est nulle, rudimentaire ou primaire. Chacune de ces

228 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

catégories comprend elle-même quatre groupes : celui des alcoo-

liques qui sont en môme temps fils d'alcooliques, celui des

alcooliques issus de parents non alcooliques, celui des récidi-

vistes non alcooliques, et enfin celui des récidivistes qui ne sont

ni alcooliques, ni fils d'alcooliques.

Les données contenues dans ces tableaux confirment la nécessité

tant de fois exprimée, d'organiser sérieusement un service de

médecine mentale ou plutôt d'attacher un médecin aliéniste à

toute prison de quelque importance, à toute école de réforme, à

tout refuge pour mendiants et vagabonds.

En excluant les psychoses proprement dites pouvant prédis-

poser à la criminalité, on peut affirmer que les affections dénom-

mées : insuffisance mentale, imbécillité, idiotie morale, etc.,sont

celles qui fournissent le plus fort contingent aux établissements

pénitentiaires.

Il y a lieu,en outre,au point de vue de la prophylaxie de la cri-

minalité,de combattre par tous les moyens les progrès croissants

de l'alcoolisme, de surveiller étroitement et de soumettre à un

traitement spécial tous les enfants issus de parents aliénés, dégé-

nérés, alcooliques, criminels, névrosés, etc. Les établissements

médico-pédagogiques, encore insuffisamment connus du public,

sont appelés à rendre à ce point de vue les plus grands services :

leur développement s'impose si on veut réduire dans de notables

proportions la population des écoles de réforme ainsi que des dé-

pôts de mendicité et de vagabondage dont l'organisation devrait,

du reste,être radicalement modifiée.

Il ne resterait plus alors qu'à songer à l'hospitalisation des

délinquants adultes et particulièrement des récidivistes. Pour

cela il n'y aurait qu'à fonder une école de réforme, genre Lis-

mira, à la tête de laquelle deI l'Qi t être placé unmédecin-aliénistc

qui seul aurait la compétence nécessaire pour apprécier les résul-

tats obtenus par le personnel éducateur et se prononcer sur

l'opportunité d'une libération provisoire ou définitive.

G. 1)c v.

XV. Un cas de tics de la face guéri par la suggestion ;

par Mlle Y OTEYKO (Joum. de Neurologie, 1906, n° 1).

Il s'agit d'une jeune fille de 22 ans, infantile au point de vue

mental, mais non hystérique, qui était atteinte depuis S ans de

tics localisés au principaux muscles de la face et du cou : cli-

gnement des paupières, tension de la bouche, renversement de

la tète en arrière, etc. Ces tics tous cliniques, sauf les renverse-

ment dota tète en arrière, se produisaicl1Ltantôt simultanément

tantôt isolément, tantôt sous forme d'accès, tantôt d'une façon

continue. Quelques séancesde suggestion à l'état de veille firent

disparaître très rapidement ces tics, en même temps que les bi-

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 229 (,)

zarreries de caractère de cette jeune fille. La guérison s'est main- n -

tenue depuis 2 ans. G. D.

XVI. Propriétés thérapeutiques spécifiques du sérum

du sang d'animaux immunisés avec le sérum d'animaux

- thyroïdectomisés ; ;par Cero et RESTA. (In Rivista sfJe1'imen-

tale di Freniatria, 1904. Vol. XXX. fasc. 11-111.)

Les expériences ont porté sur douze chiens auxquels on prati-

qua l'ablation partielle, ou totale de la glande thyroïde, avec in-

jection consécutive de sérum de sang de lapin ou de chèvre im-

munisés. De ces expériences, il résulte avec évidence que -d'une

façon manifeste et presque constante, les phénomènes aigus de la

cachexie strul1liprivc chez le chien (dyspnée, contracture mus-

culaire, etc.) cessent rapidement et d'une façon pour ainsi dire ins-

tantanée à la suite de l'injection de sérum du sang de lapin ou de

chèvre immunisés contre le sérum des chiens thyroidcctomisés

et saignés pendant les manifestations des phénomènes aigus de

la cachexie slrumiprive. J. Séglas.

\ \' I I . - Les propriétés toxiques de l'aspergillus fumigatus

en rapport avec les saisons de l'année ; par CARLO Ceni.

f In Rivista sperimentale di freniatria. Vol. XXX. fasc. 1.)

Pour cet auteur, l'aspergillus fumigatus aurait la propriété

d'élaborer ensemble deux principes toxiques, ayant des caractères

convulsivants et tétanisants, extractibles par l'alcool, et en rap-

port avec les saisons de l'année ; les autres principes, qui ne sont

ni convulsivants, ni tétanisants et ne sont pas extractibles par

l'alcool sont liés à la slructute intime du parasite. J. S.

XV111. Contribution au traitement de l'épilepsie par la

méthode de Ceni ; par GIOYANNI TIEUGO, (In Rivista speri-

mentale di ],'¡'e¡¡iatria, \'ol. III. fasc. II. 111.)

Les injections de sérum do Ceni ont été essayées dans six cas

d'épilepsie, cas très graves, soit par la fréquence des accès, par

leur intensité, soit par la longue persistance des phénomènes psy-

chiques.

Il y a eu des avantages tant pour la condition générale des ma-

lades quc pour les phénomènes épileptiques ; l'amélioration des

conditions générales s'est surtout révélée par une augmentation

de poids.; de plus, les injections do sérum ont diminué le nombre

des accès et des vertiges épileptiques.

J. Si roI ?

REVUE DE MÉDECINE LEGALE

1. Réforme pénale au point de vue anthropologique

et psychiatrique;par le 1) 'an Hamel (d'Amstel-dam).(Journ.

de neurologie, 1906, no 8.)

Le point capital de la réforme pénale proposée par l'auteur

consiste dans l'institution d'une consultation de médecins-psy-

chologues à la base de toute procédure criminelle ou adminis-

trative. Cette consultation sera motivée : 1° par la nature de

l'acte ou la nature de l'individu telles qu'elles se révèlent dansle

cours des informations ; 2° par la nature de la mesure sur l'ap-

plication de laquelle le juge ou les autorités administratives déli-

bèrent. En outre, lorsqu'il s'agit de mesures de santé, de mesures

de guérison et même de discipline sévère -au-dessus d'une cer-

taine durée (par exemple un emprisonnement de plus de G mois),

cette consultation serait obligatoire.

G. ILNY.

II. Le cas Olivo. Meurtre d'une femme sans motifs.

Dissection et dispersion des fragments du cadavre.

S'agit-il d'unépileptique ; par Tamburini. (In Rivista péri-

mentali di F1"eniat ? 'Ïa, 1904. Vol. XXX.fase. 11-itl.)

Discussion d'un crime ayant intéressé les habitants de la

région, à la suite duquel le criminel fut interné et soumis a l'exa-

men médical de plusieurs aliénistes. J. Séglas.

III. Le cas d'Angelo. Mort en prison à la suite d'une

détention très courte.Suspicion de violence.Délire aigu ;

par Amante, BIGNAMI, Borri, IMPALLOMENI, OTTOLENGHI. (In

Rivista sperimentale di freniatria, 1904. Vol. XXX, lascicule 1.)

Les auteurs publient cette observation, d'abord parce qu'elle

peut avoir un intérêt tout particulier au point de vue de la mé-

decine légale de l'aliénation mentale ; ensuite parce que les cir-

constances obscures dans lesquelles s'était produit ce décès

avaient eu un grand retentissement dans toute la région.

J. S¡' : GLAS,

IV. - Apoplexie tardive traumatique, son importance au

point de vue médico-légal; par Pierre Marie etCROUZON.(ReV.

de méd., n° de mai 1905.)

On doit désigner sous ce nom les accidents cérébraux apoplec-

liformes survenant plus ou moins tardivement après un trauma-

tisme crânien. L'étude en est récente : on ne la trouve guère dé-

crite que depuis la promulgation des lois relatives aux accidents

BIBLIOGRAPHIE. 231

du travail : Bollinger, Michel, Kol, Brums, Stadelmann, Kraun

Bernliard et enfin un cas personnel a l'auteur. Un cocher de 50

ans,tamponné par un tramway à vapeur fut frappé d'hémiplégie

droite avec aphasie et albuminurie six jours après l'accident.Plus

tard il eut des crises d'épilepsie urémique et une hémorragie ré-

tinienne à droite et même du myosis double. La lésion anatomi-

que est une hémorrhagie cérébrale due probablement à un throm-

bus. L. WAHL.

BIBLIOGRAPHIE

Il[. Contribution à l'étude des psychoses d'insolation ; par

Meignié. (Thèse de Bordeaux, 1905-1906, U" 94.)

Les psychoses d'insolation existent réellement et revêtent la

forme de confusion mentale sous l'une quelconque de ses variétés,

délire onirique, délire hallucinatoire aigu, délire aigu, syndrome

paralytique. Elles se présentent donc cliniquement comme des

psychoses d'intoxication, ce qui confirme la pathogénie toxique

de l'insolation, aujourd'hui généralement admise. L'amnésie

(lacunaire, rétrograde et de fixation) y est souvent profonde et

prédominante, comme dans la psychose de la polynévrite et de

l'éclampsie.

Les cas de psychoses consécutives à l'insolation peuvent être di-

visées en deux catégories : - a) ceux dans lesquels l'insolation est

le facteur unique ou essentiel : ce sont les vraies psychoses d'inso-

lation ; b) ceux dans lesquels l'insolation est cause occasion-

nelle avec, en particulier, l'alcoolisme, le paludisme, la syphilis :

ce sont les psychoses à l'occasion d'une insolation.

Dans nos pays, les psychoses d'insolation pures sont rares : on

y constate surtout les psychoses mixtes d'insolation et d'alcoo-

lisme. Aux colonies, on rencontre assez fréquemment soit les

psychoses d'insolation pure, soit les psychoses d'insolation et de

paludisme combinés. J. ABADIE.

232 BIBLIOGRAPHIE.

asiles d'aliénés. 233

rison de la dothiénentérie : d'autre part une mélancolique an-

Meuse tira de sa fièvre typhoïde un tel profit qu'elle put sortir

deux mois après en avoir été atteinte, en parfait étal, tant physi-

que que moral. va sans dire qu'il s'agissait dans les deux cas

de malades dont l'affection mentale était récente et il est à peine

besoin d'ajouter qu'aucun de nos vieux chroniques n'a retiré pa-

reil bénéfice del'intection.

« Suivant la règle, nous avons toujours vu la lièvre typhoïde

suspendre, pendant toute sa durée, les attaques convulsives des

épileptiques ; leur réapparition marquait en général le début de

la convalescence et elles se reproduisaient ensuite comme par le

passé. Nous avons cru remarquer cependant que, dans quelques

cas tout au moins, l'épilepsie se montrait plus sévère après une

atteinte de dothiénentérie ; nous faisons allusion à 3 observa-

tions qu'il nous a été donné de recueillir d'épileptiques succombant

en état de mal peu de temps après leur lièvre typhoïde, alors

qu'ils n'avaient jamais présenté antérieurement d'attaques sub-

intrantes ou qu'ils y avaient résisté victorieusement. Si cette

vue était par la suite reconnue exacte, il nous semble qu'elle ne

serait pas sans intérêt. Remarquons enfin que, sur plus de 120

cas de lièvre typhoïde dont nous possédons actuellement les ob-

servations, aucun ne se rapporte à des paralytiques généraux :

c'est la seule catégorie de malades que nous ayons vue ainsi to-

talement épargnée. »

Nous remarquons avec plaisir que le rapport médical est fait en

collaboration avec le médecin-adjoint, M. le Dr Vernet.

ASILES D'ALIENES

1. Recrutement des médecins des asiles.

Le recrutement des médecins des asiles publics d'aliénés vient

d'être réglé,par un décret présidentiel du le, août 1906, dont voici

la teneur :

Art. 1er. Les médecins adjoints des asiles publics d'aliénés

sont recrutés parle concours annuel, ayant lieu à Paris dans le

premier trimestre de chaque année.

Art. 2. Les candidats devront êtres Français et docteurs en

médecine d'une des facultés de 1 Etat, avoir satisfait à la loi sur

le recrutement de l'armée et ne pas avoir trente-trois ans révolus

le 1er janvier qui précède le concours.

Ils devront justifier d'un stage de deux années au moins, soit

comme internes dons un asile public ou privé consacré au traite-

234 asiles d'aliénés.

ment de l'aliénation mentale, soit comme chefs de cliniques ou

internes des hôpitaux nommés au concours.

Leur demande devra être adressée au ministre de l'intérieur,qui

leur fera connaître si elle est agréée et s'ils sont admis à prendre

part au concours. Celle demande sera accompagnée de l'acte

de naissance du postulant, de ses états de services, d'un exposé

de ses titres, d'un résumé restreint de ses travaux, du dépôt de

ses publications, ainsi que des pièces faisant la preuve de son

stage et de l'accomplissement de ses obligations militaires.

Art. 3.- Le jury chargé de juger le résultat du concours sera

composé comme suit :

1° Un inspecteur général des services administratifs au minis-

tère de l'inférieur, désigné parle ministre, président;

2° Un professeur ou agrégé choisi par le ministre de l'intérieur

sur une liste de trois noms présentés par la faculté de médecine

de Paris ;

3° Deux professeurs titulairesde facultés de médecine de l'Etat, t,

ou, à défaut, désagrégés ou chargés de cours des maladies menta-

les en exercice dans les mêmes facultés ;

4° Trois directeurs-médecins ou médecins en chef d'asiles pu-

blics d'aliénés ou de la maison nationale de Charenton, exerçant

ces fonctions depuis au moins trois ans ;

5° Enfin un juré suppléant pris parmi les directeurs-médecins

ou médecins en chef des mêmes établissements.

Tous les jurés seront désignés par le ministre de l'intéricursur

la proposition du comité des inspecteurs généraux ; les profes-

seurs, les agrégés ou les chargés de cours seront choisis dans des

facultés diflérentes.

Les directeurs-médecins et les médecins en chef devront eux-

mêmes être pris dans des établissements différents et, en outre,

appartenir à des asiles situés hors du ressort des académies qui

auront fourni les professeurs, les agrégés ou les chargés de cours.

Cependant pour l'application de cette dernière règle, il ne sera

, pas fait état du juré visé au paragraphe 2 du présent article. En

cas d'absence parmi les autres membres du jury, il serait fait ap-

pel au juré suppléant pour remplacer le premier juré absent et

les épreuves continueraient de plein droit avec les membres

restants.

Art. 4.- Les épreuves seront toutes subies sous le contrôle

de l'inspecteur général président. Elles seront au nombre de six,

savoir : .

1° Une question écrite portant sur l'anatomie et la physiologie

du système nerveux, pour laquelle il sera accordé trois heures

aux candidats ; le maximum des points est de 30.

2° Une question écrite portant surl'organisation des asiles pu-

blics d'aliénés et sur la législation des aliénés, pour laquelle il

asiles d'aliénés. 235

sera accordé deux heures. Le maximum des points sera de 10. Les

copies devront être écrites lisiblement et porter une devise. Cette

devise sera reproduite avec le nom du candidat, et mise par celui-

ci sous enveloppe cachetée.

3° Une épreuve sur titres : le maximum des points sera de 10

pour cette épreuve etles points devront être donnés lors de la

correction des épreuves écrites. 11 sera tenu compte de ces points

en vue de l'admissibilité des candidats aux épreuves orales et cli-

niques. Ces épreuves sont éliminatoires. .

4° Une question orale portant sur la médecine et la chirurgie

en général, pour laquelle il sera accordé vingt minutes de ré-

flexion et quinze minutes d'exposition. Le maximum des points

sera de 20.

5° Une épreuve clinique orale. Celte épreuve portera sur un

seul malade. 11 sera accordé au candidat quinze minutes pour

l'examen de l'aliéné, y compris le temps de réflexion et vingt

minutes d'exposition. Le maximum des points sera de 20.

6° Une épreuve clinique écrite. Cette épreuve portera sur un

seul malade, qui sera examiné au point de vue médical et au

point de vue médico-légal. Il sera accordé au candidat vingt mi-

nutes pour l'examen du malade et une heure pour la rédaction

d'une consultation écrite. Le maximum des points sera de 20.

La police générale du concours est confiée au jury qui déter-

mine notamment les règles à appliquer à la lecture et à la remise

des copies, désigne les services où seront subies les épreuves cli-

niques, fixe le choix des malades et prend toutes dispositions uti-

les pour assurer la régularité et la sincérité du concours.

Art. 5. Le nombre des places mises au concours est annuel-

lement fixé par l'arrêté indiquant la date du concours. Le jury

est constitué avant l'ouverture des inscriptions de candidatures.

Silo ministre de l'intérieur estime qu'étant données les vacan-

ces déclarées et les vacances à prévoir, il n'aura pas à pourvoir

à plus de deux postes au cours de l'année, il peut, par dérogation

àl'art. 1-1 du présent décret, décidé, par arrêté publié au Jour-

nal Officiel avimllo 1 ? iaiivier, qu'il n'y a pas lieu d'instituer un

concours pour l'année considérée.

Art. G. -- Aucun délai n'est garanti pour la nomination des

candidats reçus aux concours. Au sur et à mesure des vacances

d'emploi qui se produiront dans les asiles d'aliénés, les candidats

déclarés admis seront nommés suvantl'ordre de classement par

mérite établi par le jury.

Le médecin adjoint reçu au concours doit occuper sans retard

le poste qu'il lui est désigné par le ministre de l'intérieur, s'il

refuse l'emploi qui lui est offert, il est mis en disponibilité et il

esl fail appel aux médecins adjoints reçusbaprùs lui ; lorsque la

liste du concours de est complètement épuisée, il est in-

236 asiles d'aliénés.

vite de nouveau prendre possession du poste qui se trouve % va-

cant : s'il refuse, il ne pourra être replacé qu'après les médecins-

adjoints reçus au concours de l'année suivante.

Sera déclaré démissionnaire tout candidat reçu qui, dans le

délai de cinq ans après la proclamation des résultats du concours,

n'aurait pris possession d'aucun des postes qui lui auraient été

offerts à son tour de nomination. C'est à partir du jour de l'ins-

tallation effective du médecin adjoint que commenceront à cou.

rir ses services.

En conformité des décrets des 19 octobre 15894 et 14 avril 1905,

les cadres et traitements des directeurs médecins, médecins en

chefs et médecinsadjoints des asiles publics d'aliénés sont établis

ainsi qu'il suit :

VARIA. 237

médecin directeur sur l'organisation intérieure de l'asile ; uni-

formité des règlements dans les divers asiles.

On trouve ensuite le détail de la discussion de cette, loi, et la

relation parlementaire du professeur Bianchi. J. Séglas.

11. - La réforme des asiles d'aliénés en Belgique ; par

le Dr Morel (Bull, de la Soc. de met. ment, de Belgique, fé-

uier 190a.)

Les principaux éléments de ce travail sont empruntés au re-

marquable rapport de 1. Sérieux sur> l'assistance des aliénés en

France, en Allemagne, enltalie eten Suisse, que tous nos lecteurs

connaissent et sur lesquels il est par conséquent inutile de reve-

nir. L'auteur adopte complètement les idées de notre collègue et

les renforce par une série de notes relatives à l'organisation des

asiles hollandais, anglais, écossais, etc.. et conclut en deman-

dant : 1" la réorganisation du service médical des asiles d'aliénés

belges au point de vue du recrutement et des attributions des

divers éléments du personnel médical ; 2° le perfectionnement

de l'outillage matériel et moi al des asiles, par l'assimilation des

progrès réalisés en dehors de nos frontières; 3° l'institution de

délégations analogues à celles créées par le Conseil généra^ de la

Seine, qui iront étudier sur place les progrès et les perfection-

nements réalisés dans les pays étrangers. G. 1)erro.

VARIA

Etablissements de sourds-muets ET DE jeunes aveugles.

Paris, le 31 juillet 1906.

Le Ministre de l'Intérieur à MM. les Préfets,

Dans de récentes circulaires, je vous ai entretenu de la situation

des enfants anormaux en France. Parmi eux, les sourds-muets

et les jeunes aveugles, qui dépendent entièrement de mon

administration, doivent attirer votre attention d'une manière

toute spéciale. Il résulte des dernières statistiques que les établis-

sements actuellement existants sur le territoire de la République

peuvent admettre tous ceux de ces enfants qui sont âgés de 9 à

13 ans, cet accotant celui où ils sont reconnus le plus aptes à

profiter de l'enseignement spécial qu'ils sont appelés à recevoir.

Il appartient, en conséquence, aux familles qui ont les ressour-

ces nécessaires do contribuer au paiement du prix de la pension,

aux départements, aux communes et aux associations charita-

hles,ll'accorder des bourses ou des fractions de bourses pour assu-

rer le placement de lous ces enfants, autant que possible dans

23S varia.

les établisements delà région à laquelle ils appartiennent. Beau-

coup de parents, qui pourraient participer à cette dépense, béné-

ficient de la gratuité complète. Or, il est de toute nécessité

- qu'ils contribuent, dans la mesure de leurs moyens, au paie-

ment du prix de la pension. '

De son côté, l'Etat, qui s'impose pour ces enfants de gros sacri-

fices, est en mesure' d'en recevoir un grand nombre dans les

institutions nationales et, à ce sujet, je vous rappelle que mon

administration continuera, comme par le passé, à accorder des

fractions de bourse aux familles réellement nécessiteuses, la la

condition que la fraction complémentaire et le prix du trousseau

soient garantis par la famille, par le département, par la com-

mune ou par une oeuvre charitable.

La somme la plus réduite, qui devra être votée par les collec-

tivités qui s'associeront dans ce but, pour assurer le placement

d'un enfant aveugle ou sourd-muet, devra être : à Paris (jeunes

aveugles des deux sexes) de 600 à 300 fr. par an au minimum ;

à Paris (sourds-muets), de 700 à 350 fr. par an ; à Bordeaux

(sourdes-muettes;, de 500 à 250 fr. par an ; à Chambéry (sourds-

muets des deux sexes) de 500 à 250 fr. par an.

Les frais de trousseau qui sont :

De 400 fr. à l'Institution des sourds-muets de Paris,

De 320 fr. à l'Institution dos jeunes aveugles de Paris,

De 300 fr. aux' Institutions de sourds-muets de Bordeaux et de

Chambéry,

seront à la charge de la famille lorsqu'ils ne seront pas garantis

par l'autorité administrative qui a concédé la fraction de bourse

départementale ou communale.

Le prix de la pension entière est de : 1400 fr. à l'Institution

des sourds-muets de Paris. 1200 fr. à l'Institution des jeunes

aveugles de Paris. 1000 fr. à l'Institution des sourdes-muettes

de Bordeaux. 800 fr. à l'Institution des sourds-muets de

Chambéry. Ce prix pourra être réduit il la demande des familles

intéressées et en tenant compte de leur situation.

Dans les quatre institutions nationales, la durée des éludes est

de 8 ans ; dans celles de Paris et de Bordeaux, il existe, en outre.

une section enfantine où les jeunes sourds-muets ou sourdes-

muettes peuvent être admis de (i à 9 ans.

Les pièces à produire pour les établissements nationaux d'aveu-

gles et de sourds-muets sont : 1° un extrait de l'acte de nais-

sance ; 2° un certificat médical délivré par un médecin délé-

gué par le Préfet ou le Sous-Préfet et conslatant que la cécité

ou la surdi-mutité est complète et ne paraît pas curable; que

l'enfant a été vacciné avec succès ou qu'il a eu la petite vérole;

qu'il n'est point épileptique ; qu'il n'est affecté d'aucune maladie

contagieuse ou de scrofules au 2e degré ; qu'il jouit de la hloni-

faits DIVERS. 239

tude de ses facultés intellectuelles et qu'il est apte à tous les

travaux dont les jeunes aveugles ou les jeunes sourds-muets sont

capables ; 3° Un certificat du maire constatant que les parents

ne peuvent subvenir aux frais d'éducation de leur enfant ;

4" Un extrait du rôle des contributions directes délivré par le

percepteur en ce qui concerne le postulant.

D'autre part, vous me trouverez disposé à accorder dans les

autres établissements réservés à l'éducation spéciale et à l'ensei-

gnement professionnel des enfants sourds-muets ou aveugles, des

tractions de bourse dans la limite des crédits qui seront votés à

cet effet par le Parlement.

.le vous recommande l'insertion de cette circulaire au Bulle-

tin des actes administratifs de votre département, et je vous prie

d'en entretenir le conseil général lors de sa prochaine session.

Pour le Ministre de l'Intérieur : le Directeur de l'Assistance et de

l'hygiène publiques, III2zvtAN.

CELLULES DE l'hospice de SAINT-0¡"11>R.

Il est un certain quartier de la ville de St-Ome ? dit le Petit

Nord du 8 août, où, certes, le repos est bien difficile à goûter.

Nous avons cherché et voici ce que nous avons pu entendre. A

l'Hôpital Saint-Louis, un lecal est affecté aux malheureux atteints

d'aliénation mentale en attendant que l'on statue sur leur cas.

Or, ce local, par deux petits grillages, donne sur la rue des Jardins.

Un malheureux qui est enfermé depuis quelques jours dans ce

bâtiment empêche par ses cris perçants de dormir les infortunés

voisins. Ceux-ci ne cessent de se lamenter. On le conçoit sans

peine. N'y aurait-il pas, dans l'intérieur de rétablissement, un

autre local où pourrait être enfermé ce malheureux ? Cela dure

depuis une dizaine de jours. Nous en avisons l'administration

qui, nous n'en doutons pas, fera le nécessaire dans l'intérêt de

ce paisible quartier ouvrier.

FAITS DIVERS

Suicide (< tôt alcoolique. On a découvert dans l'étang du

Désert, longeant le chemin de grande communication d'Erme-

nonvillc à Senlis, le cadavre du nommé Armand Maison, âgé de

jj ans, manouvrier à Ermenonville qui, ayant reçu des repro-

ches de sa femme, d'il : « Je ne m'enivrerai plus et vous ne me

verrez plus ». L'alcoolique avait tenu parole en se noyant dans le

dit étang. (Semeur de l'Oise, 13 juillet.)

Alcoolisme. Suicide. Charles Mansard, 61 ans, manou-

vrierà Balagny-sur-Tbérain, qui avait déjà tenté de se suicider

240 bulletin bibliographique.

trois fois, ne s'est pas raté la quatrième en se pendant dans sa

grange. C'était un alcoolique incurable.

Suicide. Intrigué de ne pas voir sa voisine la veuve florin,

65 ans, ménagère, qui depuis quelque temps avait des dérange-

ments cérébraux, M. Dam ille, marchand de vins, fit pari de son

étonnement à M. Delille, conseiller municipal. Tous deux déci-

dèrent aussitôt de pénétrer dans l'habitation. Dans les bâtiments

de la cour et dans les pièces composant le logement, ils ne trou-

vèrent personne, mais en montant au grenier ils aperçurent la

veuve Ilévin pendue par une petite ficelle à un chevron de la toi-

ture. La mort remontait déjà à plusieurs heures. Le suicide n'a

étonné personne, car Mme llévin avait déjà voulu se suicider en

se jetant dans la rivière, mais elle ne put réussir. De plus elle

s'adonnait un peu à la boisson (Semeur de l'Oice, 10 juillet.)

Un meurtrier de onze A1;S. Au cours d'une querelle, le

jeune André Gourson (d'Amiens) âgé de onze ans, a tué d'un

coup de couteau dans l'aine son camarade Albert Bodin, âgé de

quinze ans. Après avoir soutenu que son camarade s'était enferré

lui-même sur son couteau, André Gourson a avoué ; le Parquet

l'a fait écrouer. (Petit Var, 2 septembre.;

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

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Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères et Thiron.

Vo'. XXII. Octobre 1306. ? 130

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

PATHOLOGIE MENTALE

La Folie Gémellaire;

Par le D' E. IARAN1)ON DE MONTYEL

Médecin en chef de \'ille-Evrard.

Il faut entendre par folie gémellaire une folie qui éclate

exclusivement chez quelques-uns et quelques-unes seule-

ment parmi les jumeaux et les jumelles et se manifeste

dans des conditions particulières qui font d'elle une es-

pèce spéciale, absolument distincte de la folie qui frappe

les autres jumeaux et les autres jumelles. Malheureu-

sement,depuis ces derniers temps, les psychiatres de tous

les pays manifestent la tendance fâcheuse, que rien ne

saurait ni justifier ni expliquer, de réunir sous le même

nom, la même désignation, des phénomènes psychiques

qui sont absolument différents les uns des autres et, qui

plus est, de les assimiler. Ils sont en train maintenant de

poursuivre leur oeuvre néfaste en réalisant, pour la con-

tagion mentale et la folie gémellaire, la confusion très

regrettable qu'ils ont réussi à créer pour la démence pré-

coce.

1. -;\I, Kraepelin commença par englober et décrire

sous le nom de « démence précoce » toutes les folies dégé-

1/éra/ives qui, si elles sont très sujettes à rechute, sont

aussi précisément parmi les plus curables, se montrent à

tout âge et offrent cette particularité, quand par exception

elles ne guérissent pas, de ne jamais aboutir à la dé-

chéance intellectuelle, de telle sorte que ces malades qui

sont déments, d'après cette théorie, c'est-à-dire atteints

d'un affaiblissement mental lié à la destruction des cel-

lules cérébrales intellectuelles, guérissent, au dire de M.

Archives, 2' série, 1())G, t. XXII. 16

242 pathologie mentale.

Kraepelin lui-même, dans la proportion de plus d'un

tiers et dans celle de plus des deux tiers au dire de : \1.

Masselon, se rétablissent assez pour rentrer dans le

monde et reprendre la lutte pour la vie. En outre, le mal

est appelé précoce. il l'est tant, en effet, que mon éminent

collègue de Ville-Evrard, M. Sérieux, qui est un de ses

plus distingués et de ses plus ardents défenseurs, déclare

l'avoir rencontré, comme beaucoup d'autres de ses par-

tisans, surtout chez la femme, au moment de la méno-

pause, à la cinquantaine. Or la folie gémellaire, elle

aussi, éclate à tout âge et relève presque toujours non

seulement d'une prédisposition héréditaire commune aux

deux jumeaux, mais d'une hérédité très lourde, lies

chargée, transmise très souvent tant par le père que par

la mère ; il en résulte que les vésanies des deux jumeaux

sont des folies dégénératives et que, par conséquent, la

folie gémellaire rentre de plein droit, d'après l'école alle-

mande, dans la démence précoce, bien qu'elle soit très

curable et qu'elle arrive parfois assez tard. Or rien de

plus faux, verrons-nous.

Il n'est pas douteux que nos vieux maîtres du siècle

passé n'auraient pas pris la chose au sérieux et en au-

raient ri de bon coeur : mais étant donné la tendance fâ-

cheuse que nous avons signalée, le succès au contraire

fut, non pas en Allemagne seule, mais partout, si consi-

dérable que M. Kraepelin estima qu'il avait bien tort de

s'arrêter en si beau chemin et il s'est empressé d'ajouter

aux folies dégénératives toutes les folies simples ; toutes

les manies avec toutes les lypémanies furent appelées,

elles aussi, démence précoce. Dès lors,que la folie gémel-

laire fùtounondégénérative,elle en devenait encore une.

En réalité, il n'y a qu'une seule vraie démence précoce

c'est la nôtre, la démence précoce française qui, ainsi que

nous l'avons établi dans notre récent article du Journal

de Neurologie, éclate toujours àl'adolescence, de 1 : ) à 25

ans au plus tard, soit d'emblée, soit survenant en quel-

ques mois ou même en quelques semaines comme l'a éta-

bli M. Christian dans son remarquable mémoire de 190C,

à la suite d'une vésanie quelconque n'offrant rien de par-

ticuler que cette arrivée foudroyante de la déchéance

mentale due à la faible résistance du cerveau qui n'a en-

LA FOLIE GÉMELLAIRE. 243

core acquis ni tout son développement, ni toute sa force de

résistance. Cette démence précoce qui est la seule vraie,

la seule à conserver, est celle qui se rencontre parfois

dans la folie gémellaire, laquelle peut revêtir, en effet,

toutes les formes mentales et dont les caractères spéciaux,

dont nous parlerons dans un instant,ne proviennent pas

du délire.

Si la folie gémellaire est absolument en dehors de la

démence précoce de M. Kraepelin, elle n'a non plus au-

cun rapport avec la contagion mentale de laquelle cer-

tains voudraient la faire dériver. Il est expliqué dans le

dernier ouvrage paru sur la question ! volume signé de

deux aliénistes forts distingués : M. Vigouroux et M. Ju-

quelier,et qui se lit non seulement avec vif plaisir, car il

est bien rédigé, mais encore avec grand profit, car il

est très richement documenté, les auteurs déclarent en

toute franchise dès les premières pages que sous le titre

de « contagion mentale », ils se proposent d'étudier la

contagion des actes réflexes, des états émotifs, des per-

ceptions,des sentiments,des mouvements volontaires,des

idées, des croyances, c'est-à dire de toutes les manifes-

tations de l'activité de l'axe cérébro-spinal et ils en four-

nissent comme raison que les plus hautes fonctions de

l'écorce, celles que nous qualifions proprement de men-

tales se relient par une dégradation insensible aux plus

humbles fonctions de la moelle ; physiologiquement, ils

estiment qu'il n'y a pas entre elles de lignes de démar-

cation bien tranchée et puis qu'elles sont en réalité in-

séparables, ils ne doivent pas les séparer.

On peut tout rattacher à la contagion mentale avec la

vaste définition de nos deux éminents collègues, qui est

bien l'expression complète de la fâcheuse tendance que

nous signalons et contre laquelle nous protestons.Il n'est

donc pas étonnant qu'ils y rattachent la folie gémellaire;

ceux qui, comme nous, restent fidèles à la vieille défini-

tion du terme ne sauraient les approuver et nous espé-

rons établir que la seule, la vraie contagion mentale, ne

joue aucun rôle dans la folie gémellaire.

II. Au professeur Bail revient le mérite d'avoir

nettement établi que parmi les vésanies qui frappent les

2.H PATHOLOGIE MENTALE.

jumeaux et les jumelles il en est une très r-are, qui, par

exception éclate dans des conditions spéciales, condi-

tions qu'on ne constate jamais chez les frères, et les

soeurs qui deviennent fous et folles quand ils ne sont ni

jumeaux, nijumelles. Ce ne sont donc pas tous les ju-

meaux ni toutes les jumelles qui sont dans ce cas, lequel,

au contraire, nous le répétons, est exceptionnel ; dans sa

leçon,ce professeur n'a rapporté qu'un cas, et nous aussi,

en trente ans de pratique,nous n'en avons observé qu'un,

que nous décrivons plus loin. Par conséquent dans la

presque totalité des cas,quand les jumeaux et les jumelles

perdent la raison, ils ou elles, la perdent comme la per-

dent les frères et les soeurs qui ne sont pas de la même

gestation, mais proviennent du même lit, quand tou-

tefois par hasard on rencontre au contraire le type isolé

par Ball,on n'a pas besoin d'aller aux renseignements, car

on peut avoir la certitude absolue que les deux malades

sont des jumeaux et des jumelles. C'est seulement à ces

cas exceptionnels, pour les bien isoler et distinguer, qu'il

faut réserver le nom de folie gémellaire, les autres cas,

qui se présentent chez des frères ou des soeurs, qui soient

ou ne soient pas jumeaux et jumelles, rentrent sim-

plement dansle groupe général des folies familialespuis-

qu'ils n'ont rien de particulier, ni les tins ni les autres :

groupe trop négligé des psychiatres et sur lequel M.

Trenel a appelé dernièrement l'attention par une très in-

téressante et très belle communication à la Société médi-

co-psychologique. C'est donc bien à tort qu'on englobe

sous le nom de folie gémellaire toutes les psychoses des

jumeaux et des jumelles.

Le distingué aliéniste se plaint,et ilaraison de seplain-

dre, que la notion d hérédité familiale, qui actuellement a

une si grande importance en neurologie, parait être moins

bien définie en pathologie mentale ; que le terme même

y est peu employé. Et c'est très fâcheux, car si la ques-

tion avait été mieux étudiée on n'aurait pas donné indif-

féremment le nom de folie gémellaire à toutes les vésanies

qui frappent les jumeaux et les jumelles puisque nous ve-

nons de voir que, clans la presque totalité des cas, ces vés

sanies ne diffèrent en rien de celles qui éclatent chez les

frères et les soeurs nés de couches successives ; or, par

LA FOLIE G'MELLHI&#x152;. 2,15

suite de cette négligence de l'étude des maladies mentales

familiales, nombreux sont encore les aliénistes qui, mal-

gré le mémoire si probant de Bail, continuent la confu-

sion. Aussi M. Trenel est-il encore dans le vrai quand il

ajoute que la folie gémellaire depuis longtemps signalée

n'est en somme qu'une forme spéciale de psychose fami-

liale, la manifestation la plus simple à la fois et la plus

parfaite de ce mode d'hérédité, mais il trouve qu'elle sem-

ble n'avoir attiré l'attention qu'en raison de sa singula-

rité même et de sa rareté et qu'elle a été décrite à part

comme un fait bizarre et curieux, plutôt que comme une

forme morbide particulière. Or la vraie folie gémellaire,

la seule à laquelle il faudrait conserver ce nom, devient

une forme particulière, sinon par les troubles intellectuels

qui la constituent et qui peuvent être n'importe quelle

vésanie,du moins par les trois conditions signalées par le

Professeur Ball. Quelles sont donc ces trois conditions ? z

Ces trois conditions sont : 1° spontanéité du délire

chez les deux sujets qui deviennent aliénés tout d'un coup

sans aucune cause perturbatrice expliquant cette explo-

sion délirante ; 2° simultanéité de l'explosion des acci-

dents en dehors de toute action de contact, car les sujets

vivent non seulement séparés, mais encore très éloignés

l'un de l'autre et ne se voient même pas ; 3° parallélisme

non seulement des hallucinations et des conceptions dé-

lirantes, mais encore de l'évolution de la psychose, avec,

malgré l'éloignement considérable des deux malades,

coïncident de toutes les manifestations de cette évolu-

tion, des crises de rémission et d'exacerbation, d'agita-

tion et dépression, des actes merbides tels que violence,

tentative de suicide, refus d'alimentation ; etc.

La première condition réalise une véritable exception

en pathologie mentale. En effet, dans nos deux mémoires,

publiés l'un par le Journal de Neurologie sur la « Prédis-

position en Eüologie rtentale »,1'autre,parlaRevue de ? sy-

chiatrie sur les « Rapports de la prédisposition et des'cau-

ses directes», nous avons établi que celles-ci sont aussi

importantes et aussi nécessaires que celle-là,car pour en-

gendrer une psychose, il est indispensable qu'elles coo-

pèrent et que la prédisposition soit fécondée et mise en

travail par un élément occasionnel.

246 pathologie mentale.

Et à cette occasion nous avons rappelé l'appréciation

très exacte de 1\1, Toulouse qui, dans son beau volume

Sur les causes de la folie, a traité avec un grand talent et

une grande exactitude cette délicate question. La prédis-

position qu'est-elle ? se demande l'éminent aliéniste de

Villejuif, sinon une aptitude, une tendance qui sollicite

de se réaliser et qui ne peut le faire que si d'autres con-

ditions tout aussi nécessaires sont données. Elle n'est,

à son avis, que nous partageons, qu'une force vague,indé-

finie, qu'il faut actionner pour mettre en valeur. Or dans

la vraie folie gémellaire, il n'est pas possible de trouver

cette cause directe ou occasionnelle nécessaire à la mise

en branle de l'aptitude délirante. Pas de misère, pas de

chagrin, pas d'inquiétude, pas de traumatisme, pas d'in-

fection. Sans doute,on constate des troubles intellectuels

chez des jumeaux et des jumelles qui sont très malheu-

reux, qui souffrent de misères et de chagrins ou qui re-

çoivent un choc moral brusque et douloureux, comme la

perte d'un être chéri, mère, père,ou encore d'une fortune

qui les faisait vivre heureux et tranquilles, mais alors la

folie qu'ils ou qu'elles présentent n'est pas la vraie folie

gémellaire,c'est une folie familiale quelconque,le plus sou-

vent très différente à tous les points de vue chez les deux.

Nous avons donc raison de dire que la folie gémellaire

réalise une exception ; toutefois s'il n'est pas possible de

lui trouver une cause directe perturbatrice, il semble ré-

sulter, des quelques observations publiées qui la concer-

nent véritablement, qu'elle a des rapports avec le fonc-

tionnement des organes génitaux.

Plus fréquente chez la femme que chez l'homme, elle

n'est pas rare chez celle-là au moment des règles, à la

ménopause, ou durant la grossesse, comme dans notre

unique cas rapporté plus loin ; dans les deux sexes, elle

semble avoir une tendance à se montrer au moment de

la puberté, vers 14 ou 15 ans. Mais les observations sont

encore trop rares pour permettre d'asseoir une convic-

tion, et puis ce ne serait jamais là que des éléments phy-

siologiques qui ne porteraient aucune atteinte à la for-

mule de spontanéité de Bail et la psychose résulterait

toujours du seul fonctionnement régulier de l'organisme.

Dans la seconde condition est spécifiée la nécessité de

LA POLIE GÉMELLAIRE. 247

l'éloignement des sujets ; il faut même qu'ils ne se voient

pas du tout, car l'éclosion au même moment ne serait

plus de la folie gémellaire, mais une folie familiale à deux,

forme simultanée de Régis. Dans la vraie gémellaire, la

seule à laquelle doit être conservé ce nom, la psychose

éclate le même jour, alors même que l'un des sujets est à

Gibaltrar et l'autre à Saint-Pétersbourg. Le savant alié-

niste de Bordeaux a démontré, en effet, depuis 1879, que

des frères et des soeurs, sans même être jumeaux ni ju-

melles, à plus forte raison, dirons-nous,s'ils le sont, sous

l'influence de causes subies en commun perdent la rai-

son ensemble et au même moment, puisant dans cette

communauté des mêmes impressions la même vésanie.

Si les deux sujets, sans vivre ensemble, se voient assez

souvent et à fortiori vivent ensemble, il peut encore ar-

river que l'un d'eux devienne aliéné, tandis que l'autre

reste sain d'esprit, alors celui-là agit sur celui-ci et par

une contagion mentale qui ici existe arrive à lui trans-

mettre ses conceptions délirantes et ses hallucinations.

C'est notre groupe de la folie communiquée, que M. Régis

a mis autant d'empressement à repousser que nous en

avons mis à accepter le sien. C'est un grand accapareur

qui veut faire entrer toutes les folies à deux dans sa folie

simultanée. Que mon éminent collègue de Bordeaux, à

qui la psychiatrie doit, en outre de cette folie simultanée,

d'autres travaux remarquables, telles, par exemple, ses

deux superbes descriptions restées classiques de la pseu-

do-paralysie générale alcoolique et de la pseudo-satur-

nine me permette de lui rappeler que nous ne sommes

plus seul aujourd'hui à avoir publié des observations de

folie communiquée ; beaucoup d'aliénistes éminents l'ont

observée, eux aussi, tant chez nous qu'à l'étranger. Quoi

qu'il en soit, certains auteurs ont donc tort d'employer

ces cas dans la folie gémellaire puisqu'on les observe

chez frères et soeurs qui ne sont pas du même lit, bien

plus entre mère ou père et enfants, et même entre époux

et épouse. Nous avons ainsi dans notre service, en ce mo-

ment, un malade, tout jeune encore, qui a contaminé son

père, sa mère, sa soeur et ses deux frères. La seconde

condition formulée par Bail est donc indispensable pour

la vraie folie gémellaire.

248 PATHOLOGIE MENTALE.

La troisième et dernière condition est sans conteste la

plus bizarre et la plus curieuse. Passe encore pour le parai

lélisme des hallucinations et des conceptions délirantes,

mais le parallélisme à distance de l'évolution tout entière

jusque dans ses moindres variations est pour bien éton-

ner. Néanmoins, on aurait tort de le nier; pour notre part

nous l'avons constaté dans notre cas comme on verra ;

mais nous comprenons que notre autorité est trop faible

pour imposer ce phénomène étrange à la croyance des

savants ; aussi qu'on nous permette de rappeler deux

observations dues à deux aliénistes éminents en qui on

est contraint d'avoir toute confiance.

Déjà en 1859 Moreau de Tours avait été frappé de cet

étrange parallélisme des variations de l'évolution. Il ra-

conte que deux frères jumeaux, très ressemblants au phy-

que et au psychique,qui vivaient séparés, devinrent alié-

nés en même temps. Le tableau du trouble mental chez

l'un et l'autre présentait la plus grande ressemblance,

bien que les deux sujets n'eurent aucun rapport et furent

isolés, l'un à Sainte-Anne, et l'autre à Bicêtre. Tous les

deux étaient atteints d'un délire de persécution avec hal-

lucinations auditives ; ils avaient l'un et l'autre un air

très morose et répondaient peu aux questions qu'on leui,

adressait. Parfois un changement s'opérait chez les deux

malades ; de temps en temps, ils sortaient de l'état de

stupeur qui leur était habituel et insistaient pour qu'on

les laissât revenir à la maison. L'illustre aliéniste insiste

sur ce détail, qu'il trouve très intéressant et très curieux,

que cet état de ranimation coïncidait toujours chez l'un

et chez l'autre, malgré l'énorme distance (lui sépare les

deux asiles où ils étaient enfermés et par conséquent l'ab-

sence certaine de toute espèce de contact et d'influence

réciproque. -irons est du à

Le second, sur lequel nous nous appuierons, est dû à

Cliford Gill, qui l'observa et le publia en 1889 comme un

fait merveilleux, digne de toute l'attention et de toutes

les études des aliénistes. Deux soeurs jumelles, âgées de

20 ans, devinrent simultanément folles bien que demeu-

rant dans des endroits très éloignés et ne se voyant pas.

La maladie mentale fut la suivante chez toutes les deux ;

un état maniaque qui,après une certaine amélioration, se

LA FOLIE GÉMELLAIRE. 249

compliqua d'une très violente agitation avec hallucina-

tions. Après quoi, une période proche de la normale à

laquelle succéda un état de dépression avec refus déman-

ger. Cette phase de dépression fut de nouveau rempla-

cée par un état maniaque ; et deux fois les mêmes alter-

natives se produisirent. L'auteur est émerveillé que celle

de la soeur fût identique en tous points : les améliorations

les rechutes, les alternatives d'excitation et de dépression

avec refus d'alimentation furent non seulement les mê-

mes, mais commencèrent en même temps, eurent la mû, z

me durée et se terminèrentle même jour. Toutes les deux

guérirent simultanément.

Nous pourrions ajouter d'autres faits il ceux là, mais

ces deux, provenant, à trente ans de distance, de deux

célébrités de nationalité différente, l'une françaiseet l'au-

tre anglaise, sont assez nets pour établir à eux seuls la

réalité des singuliers phénomènes de la troisième con-

dition formulée parle Professeur Bail, et que nous a éga-

lement offerte le cas que nous rapportons plus loin.

III. La description si belle et si nette de ces profes-

seurs, bien que confirmée par des faits dus à des aliénis-

tes éminents dans le passé et à d'autres tous aussi émi-

nents dans le présent a encore de nos jours des contra-

dicteurs. M. Vigouroux et M. Juquelier croient que la

spontanéité signalée par l'auteur n'est qu'apparente, et

que tous les cas de folie gémellaire rentrent dans le groupe

de la folie simultanée. Malgré l'intensité des influences

prédisposantes, le contact intime et perpétuel permet

seul, à leur avis, d'expliquer l'identité et la simultanéité

d'apparition du délire chez deux jumeaux. En dehors

de la vie commune, disent-ils, on peut voir survenir

chez deux sujets issus d'une grossesse gémellaire, des

accidents psychiques analogues et presque contempo-

rains, mais l'identité absolue dans la forme et dans le

temps suppose, il leur semble, l'intervention à quelque

degré d'une communication psychique de l'un à l'autre,

c'est-à-dire delà contagion mentale.

Nos deux jeunes et distingués collègues me permettront

de leur faire remarquer que la question n'est pas de sa-

voir si la folie gémellaire décrite par Bail comme la seule

méritant ce nom est ou n'est pas explicable, mais bien

250 PATHOLOGIE MENTALE.

si elle existe ou non avec les trois conditions qu'il a in-

diquées. C'estdonc, ici comme partout en psychiatrie, la

clinique, c'est-à-dire la constatation des faits qui doit

fournir la réponse. Or la clinique a répondu que la folie

gémellaire de Bail existait par l'intermédiaire d'observa-

teurs éminents, tant étrangers que français, dont la saga-

cité n'est pas à contester et dont la bonne foi n'est pas il

suspecter. Il nous semble qu'émettre dès lors des doutes

sur l'existence même du phénomène, c'est manquer de

convenance vis-à-vis de ces maîtres. Que de choses en ce

monde dont l'existence est incontestable et qui sont

inexplicables ! La contagion mentale, si elle était indis-

pensable, comme le croient M. Vigouroux et M. Juque-

lier, serait donc susceptible de se produire à grande dis-

tance, puisque les faits sont là incontestables, ce qui

nous ramènerait forcément au miasme ou microbe psy-

chique de joyeuse mémoire, de Bouchut, qui soutenaitle

transport au loin de cet élément morbide par un zéphir

favorable. Quand le professeur Bail a mis en doute la

folie induite ou folie transformée que venaient de décrire

des aliénistes américains, et après eux des aliénistes alle-

mands, curieuse transmission de ses hallucinations et de

ses conceptions délirantes par un aliéné, non plus à un

sain d'esprit, mais à un autre aliéné comme lui avec le-

quel il vit, car le phénomène lui paraissait bien étrange

et contraire à ses observations, attendu qu'il avait tou-

jours vu les malades témoigner le plus profond mépris

pour les propos délirants deleurs voisins qu'ils jugeaient

archi-fous et que jamais il n'avait réussi à leur inculquer

lui-même une nouvelle absurdité, il s'empressa d'ajouter

tout de suite qu'il ne contestait pas par là les faits que

d'autres plus heureux que lui rapportaient avoir obser-

vés et que,par conséquent,il ne niait pas la découverte de

Kierman. Peut-être aurait-il été plus prudent,de la part

de nos deux collègues, d'imiter laréserve du vieux maître,

d'autant plus qu'ils sont encore tout jeunes et qu'il n'est

pas étonnant qu'ils n'aient pas eu encore l'occasion de

rencontrer la vraie folie gémellaire, qui est si rare que

des aliénistes qui ont vieilli et blanchi au milieu des alié-

nés,ne l'ont observée que par exception.Dans la leçon de

Bail,il n'y a qu'une observation personnelle et également

LA FOLIE GÉMELLAIRE. 251

il n'y en a qu'une dans ce mémoire. Qui sait ce que leur

réserve l'avenir et si la clinique ne les comblera pas ?

L'auteur, à ma connaissance du moins, du dernier tra-

vail d'ensemble sur la folie gémellaire est M. Serge Sou-

khanoff, privat-docent,et médecin assistant à la clinique

psychiatrique de Moscou ; son mémoire a paru en 1900.

Il est partisan convaincu et enthousiaste de l'ancienne

conception du terme. Il déclare en débutant que, sous le

nom de folie gémellaire, il comprend toutes les lésions

psychiques qui peuvent se développer chez les jumeaux.

En conséquence, parmi les observations qu'il cite, il y a

des cas où la maladie du second jumeau n'a pas com-

mencé en même temps, mais bientôt après ; dans d'autres,

elle n'a apparu que bien plus tard ; il y a même un cas où

le second jumeau est devenu aliéné doule ans après le

premier. L'auteur n'a presque jamais relevé non plus de

pleine identité des psychoses chez l'un et l'autre ; enfin

dans bien des cas les jumeaux vivaient ensemble. A son

avis,on ne peut être d'accord avec Bail, qui dit que la folie

gémellaire, dans la véritable signification de ce mot, est

celle qui se caractérisse, entr'autres, par un développe-

ment simultané de la maladie chez les deux jumeaux. Il

trouve que c'est assez pour cela de la ressemblance du

tableau de la maladie et du développement indépendant

de cette dernière chez l'un et l'autre jumeaux. A l'appui

de son dire, il suppose que deux soeurs jumelles,d'abord

vivant ensemble dans des conditions identiques, puis

l'une d'elles se marie plus tôt, l'autre plus tard. Une a des

enfants, l'autre n'en a pas ; l'une est heureuse dans sa

vie conjugale, la seconde ne l'est pas. Malgré la ressem-

blance de l'organisation et malgré une prédisposition

morbide identique, la même maladie peut se développer

chez les deux soeurs, mais dans un temps différent, ce

qui peut dépendre de diverses circonstances de leur vie ;

tout de même le savant professeur déclare que dans des

cas semblables, il faut envisager la psychose comme fo-

lie-gémellaire vraie.

Nous croyons inutile de revenir sur ce que nous avons

déjà établi. Il est évident, par ces citations, que le distin-

gué aliéniste russe englobe les cas les plus disparates,

ceux qui appartiennent exclusivement aux jumeaux et

2G2 PATHOLOGIE MENTALE.

aux jumelles et ceux qui se retrouvent chez tous les

frères et toutes les soeurs, alors même qu'ils ne provien-

nent pas d'un même lit. Nous avons donc là une preuve

manifeste de la déplorable tendance que nous avons si-

gnalée et qui ne permettra plus d'utiliser ni les statis-

tiques. ni les déductions des divers auteurs. En effet, il

n'a pas été difficile à l'aliéniste de Moscou, dans ces con-

ditions, de rassembler 29 cas de ce qu'il appelle folie gé-

mellaire ; mais toutes les statistiques qu'il en donne et

toutes les déductions qui en découlent sont inutilisables

puisqu'elles comprennent les cas les plus disparates, ce

qui explique qu'il ait pu arriver à rassembler un nombre

aussi élevé d'observations, vu, je le répète, que la vraie

folie gémellaire, la seule qui doit être désignée sous ce

nom, est exceptionnelle. On voit tous les inconvénients

du système et combien il importe,en psychiatrie, comme

en toute science d'ailleurs, de laisser aux mots leur si-

gnification parfaitement définie et limitée, si on désire

se comprendre et utiliser les recherches les uns des

autres.

IV. - Disons enfin que, pour comprendre la folie gé-

mellaire avec les trois conditions, une quatrième, qui ne

lui est pas spéciale, mais commune à toute vésanie iden-

tique des jumeaux est à ajouter,à savoir : la nécessité non

pas seulement d'une prédisposition vésanique, mais d'une

prédisposition congénitale, c'est-à-dire qui s'est déve-

loppée durant la grossesse et dont par conséquent les

deux jumeaux étaient atteints au même degré à la nais-

sance. La nécessité d'une prédisposition vésanique n'est

pas contestable, elle est indispensable pour l'éclosion de

n'importe quelle psychose, chez n'importe qui, enfant,

adolescent, homme mûr ou vieillard.La formule est donc

générale : pas de prédisposition, pas de folie ; seulement

en ce qui concerne la folie gémellaire, elle est toujours

congénitale, jamais acquise après la naissance et nous

en verrons les raisons.

Une prédisposition vésanique, disons-nous, est néces-

saire. En effet, n'est pas fou qui veut, a dit Morel,et cette

boutade du célèbre aliénistc est encore plus vraie que

spirituelle.11 a eu le mérite de démontrer que les aliénés

étaient des êtres à part,doués d'une organisation spéciale

LA FOLIE GÉMELLAIRE. 253

et que ceux-là seuls qui possédaient cette organisation

spéciale pouvaient devenir aliénés. La folie,en e1l'et,choi-

sit ses victimes ; parmi les jumeaux et les jumelles, il y

en a qu'elle frappe d'un coup double,créant, soit la vraie

folie gémellaire, soit la folie gémellaire simplement fami-

liale, et d'autres, au contraire, qu'elle épargne. La folie

ne tient donc pas à la double gestation et il faut que ceux

qui pâtissent de son choix diffèrent de ceux qui n'en pâ-

tissent pas. Et cela est surtout exact pour la vraie folie

gémellaire qui, avons-nous vu,éclate souvent au moment

de la puberté, par conséquent à un âge où n'a pas encore

commencé la lutte pénible pour la vie avec tous ses dé -

boires et toutes ses souffrances morales et physiques ;

d'un autre côté nous savons également que la vraie folie

gémellaire survient spontanément, sans l'intervention

d'aucune cause directe l'expliquant, forcément il faut

que les deux jumeaux portent en eux une tendance ex-

cessive à la maladie.

En second lieu, cette prédisposition incontestable, ve-

nons-nous d'établir, est congénitale, car les trois condi-

tions formulées par Bail : l'éclosion simultanée du mal et

surtout l'identité absolue non seulement des hallucina-

tions et des conceptions délirantes, mais encore de l'évo-

lution jusque dans ses variations, sont bien la preuve

d'une organisation absolument identique.qui n'a pu s'ac-

quérir qu'au moment du développement du cerveau dans

le sein de la mère. Si les deux jumeaux étaient venus au

monde avec des cerveaux normaux et n'avaient acquis

leur prédisposition qu'après la naissance, alors même

que la cause d'acquisition serait la même, les résultats

de son action présenteraient toujours des différences

chez l'un et l'autre jumeaux. Donc, dans la vraie folie

gémellaire,nécessité absolue d'une prédisposition et d'une

prédisposition congénitale.

La cause de celle-ci,est dans la presque totalité des cas,

1 hérédité. Il est facile de constater que dans les faits

rapportés par les auteurs et qui sont bien relatifs à la

vraie folie gémellaire, quand des renseignements exacts

ont pu être obtenus, les observateurs ont relevé la folie

ou tout au moins un nervosisme très marqué, soit dans

la ligne maternelle, soit dans la ligne paternelle, et très

254 PATHOLOGIE MENTALE.

souvent dans les deux lignes, surtout quand il n'y a que

du nervosisme.

Néanmoins, nous ne nions pas que parfois la prédispo-

sition des jumeaux est acquise, par exception, durant la

grossesse alors que les deux ascendants sont purs de

tout nervosisme.Dans notre mémoire du Journal de neu-

rologie, nous avons démontré en détails cette action né-

faste de certaines causes. Par conséquent on n'a qu'à

bien chercher et à bien se renseigner, et on arrivera tou-

jours à établir que les jumeaux, ou les jumelles, atteints

de la vraie folie gémellaire, étaient dans tous les cas por-

teurs d'uneprédisposition vésanique congénitale prove-

nant dans la presque totalité des cas de l'hérédité et dans

quelques-uns seulement, par exception, acquise durant

la grossesse à la suite d'une des causes que nous avons

établies dans notre mémoire et que par conséquent il

est indispensable de bien avoir présentes à la mémoire,

si on ne veut pas errer par dénombrement imparfait, et

nier une prédisposition qui, à défaut d'être héréditaire, ¡

est par exception d'acquisition de grossesse.

M. Serge Soukhanoff, dans son intéressant mémoire,

accepte comme nous, la nécessité de la prédisposition

congénitale presque toujours d'origine héréditaire. Il

dit que si l'existence en général de celle-ci aux maladies

mentales dans une famille donnée fait faire dans beau-

coup de cas une conclusion nécessaire concernant l'or-

ganisation pathologique congénitale du système nerveux,

les cas de folie gémellaire soulignent et font ressortir

encore davantage le rôle et la signification de l'hérédité ;

les cas de ce genre démontrent d'une façon plus visible

que l'organisation physique semblable du système ner-

veux donne des troubles pathologiques identiques el

qu'il existe une dépendance réciproque et intime entre

nos facultés mentales et la structure physique de notre

organisation. C'est ainsi que le savant aliéniste russe

comprend et explique comment, non seulement les hal-

lucinations et les conceptions délirantes dans la folie gé-

mellaire, mais encore l'évolution avec tous ses détails

et même ses diverses alternatives sont identiques chez

les deux malades. Et cela est très vrai : en somme, il n'y

a que l'éclosion simultanée, et la simultanéité des symp-

LA FOLIE GÉMELLAIRE 255

tûmes et de l'évolution qu'il n'a pas eu occasion d'ob-

server qui l'ont décidé à repousser la forme spéciale dé-

crite par Bail et à faire, avons-nous vu, un seul groupe

de toutes les psychoses survenant chez les jumeaux,mê-

me quand ils habitent ensemble, ce qui jette, comme

nous l'avons montré, la plus grande confusion dans la

question.

Il est à désirer que les hasards de la clinique favori-

sent M. Serge Soukhanoff et lui fournissent quelques cas

qui lui démontrent l'existence de la variété spéciale iso-

lée par Bail et à laquelle il faut réserver le nom de folie

gémellaire, afin de la distinguer des psychoses qui se

montrent indistinctement chez tous les frères et toutes

les soeurs. Je suis certain qu'il lui suffira d'un cas pour

le convaincre, car son mémoire prouve qu'il est un ob-

servateur très sagace et très consciencieux. Il est en

même temps doué d'une érudition considérable,il connait

à fond tous les travaux parus non seulement dans son

pays, mais encore àl'étranger. Ainsi,dans son mémoire,

il contribue à détruire l'erreur jusqu'alors répandue par-

tout que Moreau de Tours était celui qui, en 15 ? avait

publié le premier cas de folie gémellaire.Non seulement

chez nous, mais encore de tous les côtés à l'étranger, cet

aliéniste figurait en tête de tous les historiques de la

question.

Or le savant aliéniste russe rapporte que M. Antonio

Marro,dans son travail de 1893, établit que bien longtemps

avant Moreau de Tours, 47 ans auparavant, M. Rush a

rapporté, en 1sol ? , une observation de folie gémellaire.

Elle n passé complètement inaperçue ou plutôt nous in-

clinons à penser qu'à cette époque éloignée, les collègues

de ce médecin n'ont pas eu confiance dans un fait si bi-

zarre et si curieux et ont dû se méfier d'une mystification.

Quoi qu'il en soit, le silence a été absolu. Dans sa leçon,

qui était appelée à avoir un si grand retentissement,

Bail rendant hommage àses devanciers, débute bien en-

tendu par Moreau de Tours, puis il parle du cas très in-

téressant de Baume, des deux de Clifford Gill et de quel-

ques autres, mais il ne souffle pas mot de Rush et il est

certain que nous ignorerions encore la découverte du fait

de cet aliéniste par M. Antonio Marro, sans la publica-

Z5G PATHOLOGIE MENTALE.

tion,dans un journal français,du mémoire du Professeur

de \loscou.

. Pourtantle cas de Rush est très net et très probant. Il

concerne deux frères jumeaux, eux aussi, héréditaires

vésaniques par la mère, atteinte de mélancolie avec im-

pulsions au suicide comme nous venons de le soutenir.

Bien qu'habitant deux villes très éloignées, et Rush in-

siste sur ce détail qu'il estime très curieux et très inté-

ressant, ils eurent simultanément la même vésanie que

leur mère, les mêmes conceptions délirantes qu'elle, et les

mêmes impulsions au suicide, si bien qu'ils se tuèrent

par le même procédé à un jour d'intervalle.Il est difficile,

nous croyons, de mieux demander et c'est toute justice

de rendre à Rush ce qui lui appartient ; mieux vaut

tard que jamais.

Dans cette observation il y a, comme on voit, héré-

dité vésanique par la ligne maternelle. Dans l'unique cas

de Bail, l'hérédité existait aussi et, après l'avoir signa-

lée également dans celle de Moreau, de Tours, il ajoute :

« on verra plus loin toute l'importance de la question a.

Mais dans ses développements on trouve une étrange

contradiction. En effet, cet aliéniste remarque tout d'a-

bord que si la ressemblance chez les jumeaux est par-

fois absolument nulle et que si, dans beaucoup de cas,elle

ne dépasse pas ces analogies familiales qui, chez la plu-

part des frères et soeurs, rapprochent le caractère et l'or-

ganisation, il est, par contre, certains jumeaux qui mon-

trent soit, au point de vue intellectuel, soit au point de

vue de la physionomie et de l'expression du visage, soit

au point de vue de la maladie et de la santé, une res-

semblance tellement parfaite qu'elle semblerait condui-

re à l'identité. Et ce n'est pas seulement, ajoute-til, au

point de vue extérieur que ces rcssemblances s'accusent

c'est aussi, c'est surtout au point de vue de l'organisa-

tion intime et des conséquences physiologiques qui en

découlent. Et avec raison, il dit que la folie gémellaire,

dans ces cas, n'est, en pathologie mentale, que l'analo

gue de ce qui est connu et accepté de tous en pathologie

physique. Il rappelle qu'on voit parfois, en effet, chez

les jumeaux la même maladie éclater avec les mêmes ca-

ractères, presque au même instant. C'est là, remarque-

LA FOLIE GEMELLAIRE. 257

t-il, une preuve manifeste de la parenté intime qui unit

les deux natures; rien donc d'extraordinaire qu'il en soit

de même de l'aliénation mentale,alors la preuve acquiert

une force supérieure et conduit tout naturellement à

cette conclusion que de même que dans les cas physiques

1 organisation du corps était identique, de même ici l'or-

ganisation cérébrale doit offrir de profondes analogies.

La conclusion qui devrait découler de ces considéra-

tions et de ces rapprochements très justes est la nécessité,

dans la presque totalité des cas, d'une hérédité vésani-

que, cause sinon la seule du moins la plus puissante d'u-

ne pareille identité d'organisation cérébrale. Or, pour

le professeur Bail, c'est seulement, et il l'affirme, cher,

quelques-uns des jumeaux à vraie folie gémellaire qu'on

constate des antécédents héréditaires, tandis que chez

les autres, la généalogie paraît absolument irréprocha-

ble au point de vue de l'aliénation mentale. Dans ces cas

il s'agit, à son avis, d'une affinité intellectuelle et mo-

rale qui dépasseles limites ordinairesde la consanguinité.

Cet aliéniste insiste et soutient que sans doute rien n'est

plus commun que de voir le même genre de folie se dé-

velopper chez plusieurs des frères et soeurs des mêmes

parents et constituant une même famille, mais qu'alors

presque toujours l'hérédité se retrouve à la racine de

ces manifestations maladives et que dès lors l'on ne sau-

rait s'étonner de voir les mêmes fruits portés par les

branches diverses issues du même tronc, mais qu'en ce

qui concerne la vraie folie gémellaire, il n'en estplus de

même, l'hérédité n'a pas besoin d'intervenir, Pourquoi ?

Parce que les jumeaux, répond-il, sont des frères plus

étroitement unis que les autres, car nés à la même date,

conçus dans des conditions identiques, ils ont subi les

mêmes influences pendant toute la durée de la gestation

et il en résulte dans certains cas, ceux qui aboutissent à

la folie gémellaire, sinon dans tous, une profonde analo-

gie de l'organisation cérébrale, qui est, affirme-t-il, la

seule origine pathologiqueadmissible de ces accidents de

la vraie folie gémellaire, accidents qui se manifestent au

même instant, suivent chez l'un et l'autre sujet une

marche absolument identique et sont caractérisés par le

même délire et par les mêmes phases de ce délire.

Archives, 2' série, 1906, t. XXII 17

258 PATHOLOGIE MENTALE.

Le Professeur Ball exigeait donc comme nousuneprc-

disposion congénitale ; sur ce point, l'accord est parfait

entre nous ; mais tandis que nous la croyons, dans l'im-

mense majorité des cas, dans presque tous, due à l'héré-

dité, il estime, au contraire, que presque toujours elle

est indépendante de toute tare familiale et due à une ac-

quisition fatale. C'est là une question de faits, que seule

une grande réunion de cas tranchera définitivement ; or

nous savons la vraie folie gémellaire très rare, il faudra

donc du temps pour entasser des observations. Quoi qu'il

en soit, à en juger par les faits recueillis depuis sa leçon,

le Professeur Bail s'est trompé ; ces faits tendent à nous

donner raison contre lui, car ils établissent presque

tous la prédisposition héréditaire.

D'ailleurs, sans revenir sur les considérations émises

plus haut qui justifient la fréquence plus grande de la

prédisposition héréditaire que celle acquise dans la vraie

folie gémellaire, nous dirons que si les idées théoriques

émises par ce professeur expliquent parfaitement la si-

multanéité et l'identité des troubles psychiques, elles

n'expliquent pas du tout le fait essentiel, capital, à savoir :

la folie. Tous les jumeaux se trouvent dans la situation

décrite par lui : ils sont nés à la même date, ils ont été

conçus dans des conditions identiques, ils ont subi les

mêmes influences durant toute la durée de la gestation.

Aucune différence à cet égard entre deux jumeaux qui

sont atteints de vraie folie gémellaire et deux autres qui

ne deviennent jamais aliénés. Le fait de la gestation, s'il

explique, répéterons-nous,la simultanéité et l'identité de

la vésanie, avec son évolution, n'explique donc pas du

tout la vésanie elle-même, car tous les jumeaux, puisqu ils

sont les produits d'une double gestation, devraient tous

être atteints de la folie gémellaire.

Mais le Professeur Bail rattache la folie gémellaire à la

consanguinité. En effet, il dit qu'il s'agit d'une affinité

intellectuelle et morale qui dépasse les limites ordinai-

res de la consanguinité. Que vient faire ici la consan-

guinité ? Les jumeaux ne sont pas plus des produits de

celle-ci que ne le sont les frères nés séparément les uns

des autres. Jusqu'à ces temps derniers, le mot consangui-

nité avait une signification nettement déterminée ets'ap-

LA FOLIE GÉMELLAIRE. po

pliquait au. produit de la fécondation entre père et mère

unis par des liens plus ou moins étroits de parenté. Alors

on se comprenait. Mais si, par suite de cette tendance

actuelle contre laquelle nous avons protesté, et contre

laquelle nous protestons encore, car ici l'exemple est de

toute évidence, on étend la signification du mot « con-

sanguinité » comme on a étendu celle des mots « précoce

démence », et confusion mentale », au point d'englober

dans elle' la double gestation, pour peu que ce gâchis

s'accentue, quand on écrira, non pas un volume, mais

un simple article, il sera indispensable, si on désire

être compris du lecteur, d'avoir soin de mettre à la der-

nière page un index explicatif de la signification qu'on

donne aux mots qu'on emploie.

D'ailleurs, alors même qu'on accepte cette absurdité de

la consanguinité, on n'explique pas du tout pour cela la

folie gémellaire. Tout d'abord, parla raison donnée tout

à l'heure pour la prétendue action productive de la dou-

ble-gestation, tous les jumeaux seraient produits de la

consanguinité et nous retombons dès lors dans la ques-

tion : pour quoi alors les uns sont-ils atteints de folie

gémellaire, tandis que les autres restent sains d'esprit ?

Et puis, d'un autre côté, depuis assez longtemps déjà,

PaulBert a démontré que la consanguinité ne crée rien,

elle ne saurait donc pas plus engendrer la folie gémellaire

que n'importe quelle autre maladie mentale ou physique.

Le célèbre physiologiste a prouvé, en effet, que le seul

pouvoir de la consanguinité est de porter chez l'enfant

consanguin l'hérédité des aptitudes bonnes et mauvaises

au carré. C'est très exact ; le seul tort de Paul Bert est

d'avoir fixé ce pouvoir au carré, c'est au cube pour le

moins qu'il aurait dû dire. Donc là où il n'y a rien, la con-

sanguinité, au point de vuepathologique, est absolument

inoffensive : mais, malheureusement, il n'en est jamais

ainsi ; et c'est là le grand danger des unions entre pa-

rents, car dans la très grande majorité des familles les

aptitudes mauvaises sont plus nombreuses que les bon-

nes, et d'un autre côté l'expérience a démontré que ce

pouvoir fortifiant de la consanguinité sur l'hérédité a

plus de prise sur le mauvais que sur le bon, et s'exerce

de préférence dans cette direction fâcheuse. Il en résulte

200 PATHOLOGIE MENTALE.

que si deux cousins germains, atteints simplement de

nervosisme, engendrent deux jumeaux ce simple ncrvo-

sisme, par la consanguinité des ascendants, se transfor-

mera en prédisposition vésanique et les deux jumeaux

pourront être atteints de folie gémellaire. Mais encore

une fois, là où il n'y a même pas tare purement nerveuse,

les jumeaux issus des parents les plus proches ne sont

exposés à aucune vésanie, pas plus à la gémellaire qu'à à

une autre. Et encore une fois la double gestation n'est

pas, par elle-même, de la consanguinité.

On voit donc que l'argumentation de Bail ne repose sur

rien de fondé et ne résiste pas à l'examen, mais il impor-

tait de la discuter dans ses détails et la réfuter tout d'a-

bord à cause de l'autorité de son auteur qui fut profes-

seur de Clinique mentale à la Faculté de Médecine de Pa-

ris, et ensuite à cause du très grand retentissement qu'a

eu et qu'a encore sa leçon sur la folie gémellaire. 11 n'est

pas plus permis dans tout l'étranger que chez nous de

traiter la question sans accorder à notre compatriote une

large place.

Mais il semble que le Professeur Bail ait senti toute la

faiblesse des développements dans lesquels il est entré,

car il termine sa leçon par cette phrase, à laquelle on ne

s'attend guère, qui relègue à l'arrière-plan la prédisposi-

tion acquise et ramène tout à l'héréditaire. « Pour résu-

mer en un seul mot nos conclusions, nous dirons que

l'hérédité domine la question tout entière et que la folie

cher. les jumeaux n'est que la manifestation la plus éle-

vée etla plus éclatante de cette force qui pétrit à son gré

la nature vivante et qui domine dans son ensemble toute

la série des êtres organisés ·. Mais alors, à quoi bon in-

voquer l'action de la double gestation et celle d'une con-

sanguinité qui n'existe même pas ?

Y. -Nous arrivons à la très belle thèse de M. Sorcl

soutenue en 1903 à la Faculté de Bordeaux et dans la-

quelle notre jeune confrère propose une explication très

ingénieuse et très séduisant-; de la folie gémellaire tou-

jours si obscure et même encore contestée par certains

praticiens éminents. Voici son intéressante interpréta-

tion :

Si on admet dans la folie gémellaire une question d'lié-

LA FOLIE GÉMELLAIRE. 201

rédité, pour M. Sorel comme pour nous d'ailleurs, elle

est incontestable, et si avec M. Chantemesse on entend

par hérédité la transmission des propriétés et qualités

naturelles ou acquises des ascendants, il est peut-être

possible, croit-il, de se faire une idée de la folie gémel-

laire. En effet, d'après les travaux les plus récents, on

peut avancer que le pouvoir de développement d'un

individu est renfermé dans la structure du protoplasma

primitif qu'il a reçu en héritage, protoplasma qui con-

tient en soi, par un mécanisme encore inconnu, les pro-

priétés aucestrales de toutes les générations. La nutri-

tion dès lors, d'après M. Le Dantcc. puisque le prota-

plasma renferme le dernier mot de l'hérédité, la nutri-

tion aura une action puissante sur ses échanges chimi-

ques et par suite sur la perfection future de l'être. Or,dans

les cas de grossesse gémellaire il est très probable, même

certain, que deux ovules de la femme sont fécondés à une

même époque par les spermatozoïdes de l'homme et que

par conséquent ceux-ci sont sous le coup de sensations

qui retentissent d'une façon absolument identique sur

eux. Dès lors,les deux ovules ainsi identiquement fécon-

dés vont subir pendant neuf mois les mêmes échanges

organiques, et c'est le cas pour deux jumeaux ; ils auront

parla, en venant au monde, les mêmes puissances vir-

tuelles, les mêmes forces latentes,et à un moment donné

sans qu'ils aient à cet instant précis d'influence l'un sur

l'autre, grâce peut être à la dystrophie communiquée du

cerveau paternel, leurs mêmes tendances à la vésanie

vont se manifester simultanément, semblables si on veut

lui permettre,demande l\I.Sorel,cette comparaison gros-

sière, semblables à deux réveils parfaitement réglés et

qui, une fois remontés, sonneraient dans des apparte-

ments complètement séparés, à la même heure exacte-

ment. N'avons-nous pas raison de trouver ingénieuse et

séduisante cette application de la théorie du protoplas-

ma de M. Le Dantec à l'explication de l'éclosion simulta-

née il distance de la folie chez les deux jumeaux et de

l'identité du délire ainsi que de l'évolution de celui-ci

juslluc dans ses moindres variations ?

Nous terminerons par la relation détaillée et très exac-

te de notre unique observation, recueillie en trente ans

2G : ? PATHOLOGIE MENTALE. ,

et qui est un souvenir de jeunesse, car elle a été prise il

y a vingt-six ans à Toulouse, à l'asile de Bracqueville,

sur les bords fleuris de la Garonne, où nous faisions nos

premières armes en psychiatrie sous la direction de ce

vieux maître, le père Marchant, comme nous l'appelions,

qui, deux ans après, à G8 ans, après 45 ans consacrés aux

aliénés, car il fut à 23 ans le dernier interne d'Esquirol

à Charenton, devait mourir de la mort glorieuse du sol-

dat sur le champ de bataille, mortellement frappé par un

de ses malades à sa visite du matin. Qu'il nous soit per-

mis de rendre un pieux hommage à sa mémoire et de

nous souvenir avec émotion et reconnaissance de tout

ce que nous lui devons.

L'observation qui suit, recueillie à cet âge et sous une

telle direction, il une époque encore où la folie gémellaire

non seulement ne soulevait aucune polémique, mais était,

peut-on dire, à peu près inconnue, a donc toute chance

d'avoir été prise en toute sincérité. Nous ne l'avons pas

publiée plus tût, espérant toujours que les hasards de la

clinique nous en fourniraient d'autres; mais notre espoir

a été déçu; ou donc la folie gémellaire est d'une rareté

excessive, ou nous avons été bien mal favorisé. Quoi qu'il

en soit, nous devons , croyons-nous, nous résigner,à moins

de vouloir jouer ce personnage légendaire de Molière qui

espérait toujours alors qu'il désespérait, et désespérait

alors qu'il espérait encore. Nous nous décidons donc à

publier ce cas aujourd'hui, profitant de ce que le beau

volume de RI. Vigouroux et de M. Juquelier, l'intéres-

sant mémoire de M.Serge Soukhanoffet la très remar-

quable thèse de M. Sorel, viennent de nouveau d'appe-

ler l'attention sur la folie gémellaire. Le voici :

Soeurs jumelles, héréditaires vésaniques par la double ligne

paternelle et maternelle, identité en tout et de tout temps chez

elles au point d'être invraisemblable. Apparition simultanée des

dents; elles sont toutes venues et se sont développées parallèle-

ment chez les deux ; de même pour la parole, la marche, la pro-

preté au lit durant le sommeil : également début de la mens-

truation le même jour à 13 ans et deux mois, avec retour men-

suel très régulier chez les deux en même temps et pendant qua-

tre jours. Jamais l'une ne lut malade sans que l'autre ne le fut

aussi ; ensemble elles contractèrent un rhume ou un dérange-

ment d'entrailles; elles curent simultanément la rougeole, les

LA FOLIE GÉMELLAIRE. 203

oreillons et une vanoloide très légère. La mère qui a fourni ces

renseignements affirmait que tout avait été identique et simul-

tané.

Ayant eu les deux jumelles en môme temps dans noire service,

nous avons été à môme d'apprécier par nous-môme la res-

semblance physique qui stupéfiait tout le monde à l'asile ; elle

atteignait, croyons-nous, les dernières limites du possible ; elle

ne portait pas seulement sur le visage,mais sur tout le corps, des

cheveux aux orteils. La mère nous a certifié qu'il arrivait souvent,

môme à des personnes qui a valent l'habitude de les voir, de les

prendre l'une pour l'autre. Par plaisanterie, elle les avait sur-

nommées Girofle et Girofla comme dans l'opérette de Lecoq

et s'amusait à les vêtir de bleu et de rouge pour les distinguer,

comme les deux héroïnes du maestro.

Toujours d'après les renseignements de la mère, elles étaient,

au psychique comme au physique, absolument identiques. Très

intelligentes, elles avaient obtenu toujours dès la première épreu-

ve tous leurs brevets. Il est certain, car nous avons pu nous

en assurer, qu'elles étaient aussi instruites et aussi excellentes

musiciennes l'une que l'autre. De tout temps leur cal'actère,'éga-

lement semblable, avait été très bon, mais aussi liés vif et sur-

tout très expansif; elles bavardaient du matin au soir. Quand

elles eurent seize ans, la mère litcoup double et les maria très

convenablement et très avantageusement le même jour. Elles

avaient vécu jusqu'alors dans la plus étroite et la plus charmante

intimité, sans secret l'une pour l'autre, partageant la même

chambre et jusqu'au même lit, ne sortant jamais seules, mais tou-

jours enlacées.

Le mariage les sépara pour la première fois de leur vie : l'une,

dont le mari habitait la ville, resta et garda la mère avec elle;

l'autre suivit son mari dans un département voisin, mais dans

une localité assez éloignée de celle qu'elle quittait. Elles seul-

frirent beaucoup de cette séparation, mais durent se résigner.

Sans doute, elles, s'écrivirent souvent, mais elles n'eurent pas

l'occasion de se revoir. Elles étaient mariées depuis vingt mois

quand elles devinrent simultanément grosses.

Elevées dans un couvent très sérieux et très sévère, elles étaient

très croyantes toutes les deux et très pratiquantes ; mais dès

la puberté, s'était révélée en elles une tendance il s'intéresser il

des choses déplacées pour des jeunes filles. puis petit à petit, el-

les prenaient un plaisir de plus en plus vif dans la société des

hommes, tout en restant honnêtes et pieuses bien entendu, c'était

chez elles un curieux mélange de tendances religieuses eL éroti-

quels ; quand elles ne jacassaient pas, car elles n'étaient guère

capables de garder longtemps le silence, elles lisaient tour à tour

les livres pieux et les romans les plus inconvenants qu'elles

264 PATHOLOGIE MENTALE.

trouvaient moyen de se procurer en cachette, malgré l'étroite

surveillance exercée par la mère : aussi celle-ci s'était empres-

sée de les marier le plus tôt possible. Cet assemblage dedisposi-

tions psychiques contraires, comme leur vivacité, leurs violences,

leur besoin exagéré d'expansion et de bavardage, tenait, sans

aucun doute, aux lourdes tares vésaniques, dont elles étaient

frappées. La mère paraissait absolument normale, bien douée en

tous les points de vue, mais elle nous avoua franchement, parti-

cularité intéressante et bizarre que nous avons eu ocrasionde cons-

tater quelquefois, qu'elle était une exception dans la famille,

car tous les membres étaient plus ou moins excentriques et cer-

tains avaient été réellement fous. Le père appartenait aussi a

une famille d'aliénés ; s'il n'avait jamais poussé jusqu'au délire,

il lut toute sa vie un mélancolique hypochondriaquo ; il était

mort d'une pneumonie double quelques années auparavant.

Au commencement du quatrième mois de la grossesse, les

deux jumelles, qui ne s'étaient plus revues depuis le mariage,

qui avaient tout pour être heureuses, grand bien-être physique

et moral, maris passionnément amoureux et empressés à satis-

faire leurs moindres caprices, furent prises lout d'un coup, le

môme jour, près qu'à la même heure, sans aucune cause occa-

sionnelle, d'une crise de manie aiguë qui en vingt-quatre heures

acquit de part et d'autre une intensité telle que le placement

d'urgence dans un asile s'imposa. L'une nous fut confiée, l'autre

fut placée par son mari dans une maison desanté particulière du

département qu'ils habitaient. Mais un mois après, celui-ci, à

tort ou à raison crut avoir à se plaindre des soins donnés à sa fem-

me, et comme sa belle-mère avait, au contraire, l'amabilité de

lui vanter ceux prodigués à la soeur, il nous confia, lui aussi, son

épouse.

Nous eûmes ainsi les deux jumelles que nous pûmes suivre et

comparer séparément car, bien entendu, nous les isolâmes

l'une de l'autre et nous les laissâmes dans l'ignorance la plus

complète de leurdouble présence dans le service. La vésanie était

absolument identique ; c'était chez les deux une manie érotico-

religieuse qui ne fut, en somme, que l'exagération morbide du

caractère décrit plus haut, avec les mêmes hallucinations et les

mêmes conceptions délirantes. Les deux jumelles, hallucinées

de tous les sens, vue, ouïe, odorat, sensibilité générale et sens gé-

nital voyaient et entendaient la Vierge et le diable. Celui-ci était

tel qu'il est décrit dans les livres pieux et représenté dans les

vieux tableaux des anciennes églises : la face hideuse et grima-

çante deux cornes noires au front, de longs cheveux rouges hé-

rissés sur la tête, une longue queue dénudée, sans cesse en mou-

vement,tandis que reste du corps étai L couvert (le longs poils noirs

il avait les yeux flamboyants et la main droite armée d'un tri-

LA FOLIE GÉMELLAIRE. 205 -)

dent. La Vierge, elle, avait le costume de Notre-Dame de la Sa-

lette; robe blanche et ceinture bleue avec des fleurs dans les

cheveux el les pieds nus.

Le Diable les excitait aux propos et aux actes les plus obscènes;

alors elles débitaient des horreurs et relevaient robe et chemise

pour étaler leurs parties sexuelles aux yeux de tous, des hommes

en particulier qui venaient au pensionnat pour leur service. El-

lesracontaient qu'il venait la nuit partager leur lit et les acca-

blait de volupté, mais que son corps dégageait une épouvantable

odeur de soufre. C'était, comme on voit, la fidèle reproduction à

notre époque des folies diaboliques du Moyen-Age dont elles a-

varient lu les descriptions et qui avaient frappé fortement leur

imagination. Se sachant grosses, elles étaient convaincues que

le diable qui les avait engrossées et qu'elles accoucheraient

d'un petit démon.

Toutefois, elles écoutaient avec plus de satisfaction la voix du

ciel qui les aidait à lutter contre le diable auquel elles ne sem-

blaientcéderque malgré elles. Quand elles élaientsous l'influence

divine elle chantaient sans accroc les cantiques et récitaient

également sans rien omettre les prières apprises jadis au cou-

vent; ce phénomène étai t d'autant plus intéressant àconstaterque

quand elles improvisaient des sermons sur des sujets religieux,

l'incohérence maniaque reparaissait complète. Elles passaient

ainsi alternativement par le double état diabolique et

céleste ou les deux se combinaient, et alors le désordre des

idées et des actes était à son apogée. Sans doute, l'inco-

hérence marquée en dehors des souvenirs des choses apprises

jadis et l'agitation violente étaient l'état habituel ; néanmoins,

il y avait, comme chez foutes les maniaques, des périodes de

demi-rémission d'une durée peu longue, amenéespar l'épuisement

nerveux dû à l'énorme dépense d'influx. Eh bien ! chez nos deux

jumelles, tout a été si identique et a si bien coïncidé, hallucina-

tions,conceltions délirantes. périodes d'incohérence complète et de

vive agitation. prédominance alternative de l'enfer et du ciel, que

quand nous en avions vu une, nous n'avions pas besoin de nous in-

former de l'étal de l'autre; nous pouvions être certain d'avance qu'il

était rigoureusement semblable.

Celte manie des deux jumelles suivit un cours régulier , elles

accouchèrent à quarante-huit heures d'intervalle d'un garçon

chacune, [tandis que la crise maniaque battait toujours son plein ;

mais i m médialomcnt après la déliv rance une grande amélioration

se produisit et en moins d'un mois la guérison lut complète

chez les deux. Toutefois, nous jugeâmes plus prudent de les

laisser partir sans les mettre en présence. Les maris, sur nos

conseils, vinrent les chercher séparément et les amener chez

eux ; et ce n'estquepetitet petit qu'elles apprirent que le dérau-

26G ÉTUDE CRITIQUE.

germent mental, comme tout le reste depuis leur naissance, avait

été double.Quand nous avons quitté l'Asile de Toulouse, un an

après, nous avons su par la mère que tout s'était bien passé et que

les deux jumelles se maintenaient dans un état très satisfaisant.

Ici est notre unique cas, petite pierre apportée un édifice qui

sera, croyons-nous, curieux et de toute beauté quand son édilica-

tion sera complète.

ETUDE CRITIQUE

Les poisons de l'intelligence.

Les coefficients psychiques du brome ;

Par N. YASCMIDE.

Les recherches de Loewald (1) ont eu pour but de faire

pour le brome des recherches analogues à celles qui ont

déjà été faites pour l'alcool, le thé, par l'école de Kroepe-

lin, c'est-à-dire préciser, dans les limites du possible, les

e11'ets que cette substance entraîne dans les manifestations

de la vie psychique humaine. Voici l'analyse de cet inté-

ressant travail.

Méthode : Les recherches ont été faites pendant un

long intervalle de temps, la plupart du mois de mars

au mois de septembre 1t;\H, les autres pendant les mois

de mars, mai et juin 1895. Les conditions extérieures au

moins ont été les mêmes autant que possible. On a tou-

jours commencé les séries par une épreuve normale sui-

vie par une alternance d'épreuves normales et avec du

brome. On a employé seulement du Natrium bromatum,

dissous dans 60 ce. d'eau. On a dépassé rarement 4

grammes. Tout autre excitant qui aurait pu altérer ou

influencer les données : café, thé, alcool, a été évité.

Ces recherches devaient être orientées dans deux direc-

tions différentes : dans le domaine des simples excita-

tions sensitives périphériques et dans le domaine des

(1) ARNOLD Ll& : 1\'ALD. Ucber die psychischen Virkungen des

Broms. Psychologische : 1 rbeiteu, 489(i, I, pp. -189-560.

LES POISONS DE l'intelligence. 267

perceptions centrales, et plus spécialement de la vitesse du

déchaînement central des volitions (efforts volontaires).

Les recherches faites dans la première direction ne

pourraient que se révéler inutiles à cause de l'imperfec-

tion de la technique. Pour le côté central des états psy-

chiques, les expériences faites ont porté sur les réactions

avec choix (\Vahl reactionen) sur les réactions verbales

(Worler reactionen), sur les réactions avec choix alter-

nant avec les réactions verbales ; surl'addition, etc ? En

total il y a eu 115 épreuves, 57 normales et 58 avec du

brome, la plupart conduites personnellement par l'expé-

rimentateur. Les sujets de ces expériences ont été des

médecins et des étudiants en médecine.

I. Recherches sur les réactions.

RÉACTIONS AVEC CHOIX.

On a eu, pour chaque recherche, 500 réactions avec

choix, ou verbales. Les épreuves avec du brome diffé-

raient entre elles en ce que, dans le second groupe,la dose

du brome était 4 gr., c'est-à-dire le double de celle du

premier : 2 gr. Ensuite on a eu deux épreuves mixtes,

c'est-à-dire une épreuve normale et une épreuve avec du

brome, dont les séries de 100 réactions avec choix alter-

naient avec des séries de 100 réactions verbales.

La méthode pour obtenir ces réactions est celle-ci : on

lisait avec la même rapidité possible les chiffres depuis 21

jusqu'à 100, mais cette rapidité ne devait pas altérer la

clarté de la prononciation. Les chiffres 3U-40 ? étaient

prononcés deux fois, les autres une seule fois étant de 4

et 5 syllabes en allemand.

De cette manière on a une série de SOmots à 4 syllabes

chacune. A chaque intervalle de 5 minutes, on notait le

nombre des chiffres lus. La vitesse de la prononciation,

indépendante des signaux extérieurs, dépend cependant

de la facilité avec laquelle les mouvements particuliers

sont déchaînés, et de la rapidité avec laquelle les mus-

cles se mettent en activité. Toute altération de l'opéra-

tion, dans les deux séries des phénomènes, peut conduire

à des conclusions sur l'influence que le brome produit

dans le déchaînement central des mouvements.

268 ÉTUDE CRITIQUE.

Les 500 réactions avec choix n'ont pris que 40 minutes

donc en moyenne 125 réactions chaque 10 minutes.

Le sujet n° 1 présente des temps de réactions plus lon-

gues parce qu'elle est la première épreuve de ce genre ;

mais les autres recherches prouvent que les limites de

l'habitude sont très vite atteintes. L'analogie notoire

des deux recherches normales consiste surtout en ce que

toutes les deux montrent, dans la première moitié du

temps, une abréviation, dans la seconde moitié une aug-

mentation du temps, ce qui doit être attribué dans le

premier cas à l'habitude, dans le second cas à la fatigue.

Cela est conforme au nombre des fautes commises dans

les deux recherches et qui dans les dernières sections est

plus grand que dans les premières, ce qui tend à prouver

la modification de l'opération par la fatigue.

Il en est autrement pour les deux recherches avec du

brome. Les chiffres normaux manquent ici parce que le

médicament a été pris immédiatement au commence-

ment des épreuves, cependant les premiers chiffres de

ces épreuves mêmes peuvent être considérés comme nor-

maux. D'autant plus qu'on y constate une très petite

différence entre les premiers chiffres des deux épreuves

et encore leur analogie avec les premiers chiffres de la

seconde épreuve normale. L'auteur pense que l'influence

du brome ne peut être admise dès le commencement même

de l'expérience.

Plus tard, les données de ces deux épreuves sont très

différentes, même opposées. Dans un cas les réactions

diminuent jusqu'à la 3'' section ; le maximum d'abrévia-

tion est de 35 rs. Dans le second cas on voit au contraire un

ralentissement des réactions qui, à la fin de la première

moitié, est de 33 Q; dans la suite ce ralentissement continue

encore jusqu'à 16 de sorte que le ralentissement total est

de 49 c. Examinant les réactions mauvaises, on voit que les

temps de réaction diminuent dans la même mesure que le

nombre des réactions mauvaises devient plus gros. Ce qui

commence expliquer la contradiction dont il s'agit, car

l'abréviation du temps se fait sur le compte de la qualité.

Le ralentissement dans le second cas signifie déjà par lui-

même une diminution de l'opération, et cela est confirmé

encore parle grand nombre des réactions mauvaises.

LES POISONS DE l'intelligence. 269

Mais ce qui parait du plus haut intérêt, c'est le chiffre

trop gros des réactions mauvaises dans le premier cas,

qui ne font d'ailleurs que confirmer les résultats de Bett-

main, et dont l'explication ne peut être que celle que ce

dernier en a donnée, à savoir : que la prise des deux

grammes de brome produit une augmentation de l'irrita-

bilité motrice centrale et peut être une altération de la

perception. Le déchaînement des impulsions extérieures

volontaires est facilité, de là l'abréviation des temps de

réaction et les réactions mauvaises. Dans le second cas,

au contraire, les doses plus grosses de brome paraissent t

avoir une influence modératrice sur la perception des

excitations externes autant que sur le déchaînement des

mouvements volontaires.

Réactions verbales.

Ces recherches diffèrent des recherches antérieures

par cela que les deux épreuves avec du brome ont été

précédées par une série normale préliminaire, de sorte

qu'il y a ici seulement 400 réactions après la prise de l'al-

cool. Cependant la durée de l'influence observée est ap-

proximativement la même que pour les réactions avec

choix Les 400 réactions ont occupé un peu plus de 38 mi-

nutes. En ce qui concerne la valeur initiale de toutes les

épreuves, l'influence de l'exercice joue un rôle beaucoup

plus grand ici que dans les réactions avec choix. L'abré-

viation des temps monte ici rapidement d'une épreuve à

une autre : 2.3. 10S, 3G. c'est à-dire totalement de 167 a

Les deux recherches normales offrent peu d'analogie

entre elles. Dans un premier cas,on voit d'abord une ra-

pide augmentation des temps, qui disparaît à la fin, de

sorte que la moyenne finale est de 1 < fois moindre que

la moyenne initiale. Le second sujet, au contraire, mon-

tre la tendance à une lente abréviation des temps, qui se

maintient jusque dans la 3e section et qui à la fin est

remplacée par un relentisscment qui dépasse presque

cette abréviation. Plusieurs raisons peuvent expliquer

cette différence, entre autres le fait que les conditions

des deux recherches ont été telles que seule cette expé-

rience doit être considérée comme normale. L'examen

des mauvaises réactions a peu d'importance ici, car on

270 étude critique.

ne sait pas combien on doit en attribuer aux sujets, et

combien aux défauts de la méthode.

Les deux recherches avec du brome ont donné des ré-

sultats exactement contraires à ceux des recherches cor-

respondantes sur les réactions avec choix. Un premier

sujet montre une réduction des temps de réaction pro-

portionnelle avec la durée de l'influence du médicament,

jusqu'à un maximum de 69s ; le second sujet au contraire,

une augmentation progressive jusqu'à i'ia . Cette frap-

pante analogie entre les deux séries de recherches doit

légitimer ici les mêmes conclusions sur les rapports entre

le temps de réaction et les mauvaises réactions, que dans

les réactions avec choix. Quant aux mauvaises réactions,

elles ne sont pas spécialement très significatives dans ce

cas quoique le nombre des mots suivis par des mots sans

aucun sens, fût plus gros ici qu'ailleurs. Tout au plus

avec ce fait pourrait-on confirmer encore la conclusion

que l'abréviation des temps sous l'influence de 2 gr. de

brome est l'expression d'une certaine augmentation de

l'irritabilité centrale.

RECHERCHES mixtes.

Les deux recherches mixtes ont été limitées aux réac-

tions verbales seules. Il y a eu 7 paires de groupes, dont

chacun contenait 100 réactions avec choix, et 100 réac-

tions verbales. Toutes les recherches ont occupé avec

les intervalles et pauses - deux heures. On a com-

mencé avec une série de réactions avec choix. La dose de

4 gr. de brome a été prise après l'exécution d'une série

de réactions verbales et avec choix.

Dans cet ordre de recherches se vérifie encore l'obser-

vation que l'augmentation de l'exercice ne peut se cons-

tater que pour les réactions verbales,et presque pas pour

les réactions avec choix. Le cas d'un sujet de Lcemald

montre qu'il y a une tendance à l'abréviation des chiffres,

dans les réactions avec choix, qui, bien que peu accen-

tuée, se maintient assez remarquable jusqu'à la fin. Plus

éloquente est la réduction des temps dans les réactions

verbales, quoiqu'il y ait ici même des oscillations. La

moyenne finale est la plus forte, elle est encore de 71a sous

la moyenne initiale. On n'y observe aucune influence de

LES POISONS DE l'intelligence. 271

la fatigue. Contre une dégradation de l'exécution s'élève

aussi le nombre des mauvaises réactions qui, dans la

seconde moitié de la recherche, est encore plus petit que

dans la première. Il paraît donc que la fatigue, imminente

après 20-30 minutes dans les autres recherches, est abso-

lument absente dans les recherches mixtes. D'où l'on

peut tirer la conclusion que le changement de la forme

de l'activité a une influence favorable sur le travail.

Dans les recherches avec du brome. les moyennes ini-

tiales, quoique dans les mêmes conditions que les re-

cherches normales, sont un peu moindres, que celles des

jours nouveaux. Après l'assimilation du brome, la

moyenne des réactions suivantes avec choix est de 21 cr,

tandis qu'en même temps le nombre des réactions mau-

vaises monte. Mais cette augmentation des fautes doit

être attribuée plutôt à l'interruption de l'opération cau-

sée par la prise du médicament.

Dans des prochaines séries de réactions verbales et

avec choix, l'influence du brome est très évidente, car

l'augmentation des temps y est rapide et s'élève jusqu'à

25s et 3Ss . Ensuite, plus la recherche dure et plus efficace

est l'influence favorable du changement d'activité contre

l'influence du brome. C'est ce qui produit des oscillations

en haut et en bas, ce qui n'exclut pas complètement l'in-

fluence du brome car elle s'y révèle encore au moyen des

mauvaises réactions. Si l'on considère aussi le nombre

des mots sans signification, on le voit plus gros dans les

épreuves avec du brome que dans les épreuves nor-

males. Dans les premiers il est de 11, dans les derniers

de 5. Ce phénomène est, lui aussi, l'effet de l'irritabilité

motrice centrale augmentée. Comme précédemment,l'in-

fluence des 4 gr. de brome est tout d'abord modératrice,

mais elle disparaît ensuite et est remplacée par une irri-

tabilité facile.

II. - Epreuves sur l'addition.

Des difficultés imprévues ont rendu ces recherches très

contestables. Les 21 épreuves, réparties entre 5 sujets,

ont été accomplies par cette méthode qui consiste à écrire

dans des cahiers les chiffres qu'on compte deux par deux

272 étude critique.

et la somme on l'écrit à côté sans tenir compte des di-

zaines. Cette méthode a cela de propre qu'elle fait appel

à des états psychiques encore plus simples, puisqu'on

emploie seulement des petits chiffres et la quantité de

l'exécution peut aussi servir comme une preuve complé-

mentaire.

Quoique le nombre des sujets et le temps de l'expé-

rience ont été insuffisants, on a procédé de cette

manière : les sujets copient simplement des chiffres pen-

dant une heure, avec toute la rapidité possible et l'on

compare l'étendue de l'opération avec le maximum de

l'action d'additionner, que les différents sujets ont atteint

dans le cours de quatre jours, pendant la durée des

épreuves. Les résultats ont montré que l'on a copié plus

que l'on n'a pas additionné. Dans les dernières épreuves

avec du brome, on a additionné presque aussi rapide-

ment qu'on a copié, et cela probablement parce que la

fatigue des muscles à fait paraître plus petite l'opération

de l'addition qu'elle n'était pas en réalité.

Le tableau IV du travail de Lcwald contient les don-

nées des épreuves du sujet L.On y trouve tout d'abord le

nombre des paires de chiffres additionnés pendant 15 mi-

nutes dans les 5 épreuves d'une heure et demie, par le

sujet L, 3 normales et 2 avec du brome. Quant à l'in-

fluence exercée parle brome, elle ne peut pas être établie

d'une manière très sûre. Dans la Il, recherche nor-

male, l'opération augmente rapidement et atteint son

maximum à la fin de la première moitié, ensuite elle des-

cend. Il en est de même dans la IIIm° recherche normale,

car les résultats de la IIe recherche ont été viciés par

une indisposition momentanée. D'après les résultats de

N. I et N. III, il paraît que, pour Je sujet L, la fatigue

pour les additions n'est pas très grande. Dans les épreu-

ves avec du brome, l'opération monte tout d'abord après

la prise du médicament, mais dans le second quart d'heure

le travail diminue de presque 100 chiffres, pour s'élever

de nouveau un peu et pour redescendre encore. Cela dure

dans la première expérience avec du brome jusqu'à la fin

et la seconde, suit une augmentation à peine susceptible.

On pourrait conclure d'après ces résultats à une des-

cente de la rapidité de l'addition, sous l'influence de gr.

LES poisons DE l'intelligence. '.73

de brome ; mais les autres recherches ne confirment pas

trop évidemment cette conclusion.

Dans les épreuves avec du brome, l'opération aug-

mente dans la première moitié, ensuite elle descend,

dans B I, plus fortement que dans B II. On pourrait

conclure à une influence réelle du brome, cependant

4 gr. n'ont pas eu une influence plus grosse que celle

des 2 gr.

Les épreuves des sujets G. et R. sont semblables dans

leurs résultats avec ces deux premières. -

Dans une preuve faite sur le sujet L. avec G gr. de

brome, l'opération perdait en intensité de plus en plus,

en effet, mais non pas proportionnellement avec la quan-

tité.

46 gr. brom. 20. III 04. 1188 12071100 1121 1092 1077.

Plus exactement le résultat de cette expérience doit

être interprété ainsi : l'influence sûre et régulière du

brome sur la marche de l'opération ne peut pas être éta-

blie, cependant un bon nombres d'épreuves ont

laissé voir quelque petit ralentissement de l'opéra-

tion.

III. Epreuves sur le sens du temps.

Avec des petites différences, la méthode suivie dans

cette recherche a été celle de Krcepelin. L'expérience

consiste dans la reproduction du temps initial,sans inter-

ruption, pendant 45 minutes; seulement, dans les jours

de brome intervient, 10 minutes après le commencement,

une interruption de quelques secondes, pour que le

sujet prenne le médicament, mais on n'en tient pas

compte. Selon la méthode de Ejner,on a calculé la quan-

tité des fautes constantes faites pendant "> minutes. Ainsi,

on a obtenu pour chaque épreuve 9 valeurs, faisant abs-

traction de combien ces 5 minutes moyennes diffé-

rent-elles du temps initial, qu'on appelle le « temps nor-

mal n.

Les épreuves normales en général montrent une sures-

timation plus ou moins grande du temps normal, qu'il

soit choisi en haut comme chez Kraepelin,ou en bas.Une

explication de ce fait n'est pas facile.

Les deux épreuves normales du sujet lIo. et la seconde

Archives, 2' série 1006 t. XXII. 18

274 , étude CRI-] IQUE.

épreuve normale de L. ont cela de commun que la sures-

timation du temps normal augmente continuellement

avec des oscillations insignifiantes, à peine les dernières

5 ou 10 minutes trouve-t-on une diminution des fautes

constantes. Cette descente doit être connue comme

l'effet de la fatigue. L'épreuve N. III de Ho. diffère es-

sentiellement de celles-ci; on y. trouve, dès le com-

mencement, une forte et croissante surestimation, suivie

d'une descente rapide pour monter de nouveau jusque

la fin avec des oscillations de peu d'importance. niais

ici encore une interprétation exacte des faits est diffi-

cile, il n'y a lieu que pour des conjectures. -- Il en est

tout autrement des épreuves avec du brome.

Les deux épreuves du sujet Ho. ainsi que celle de I.

sont très semblables entre elles. Leur analogie consiste

en ce que l'élévation des fautes constantes est suivie subi-

tement 15 ou 20 minutes après l'assimilation du brome,

par une diminution importante, approximative de

la même force, et finit par une élévation durable mais

insignifiante. Mais la forte surestimation du temps nor-

mal après la prise du médicament est à peine attribuablc

à l'influence de celui-ci, car il ne peut pas être si vite

complètement assimilé, d'autant plus qu'il y a une vraie

tendance à estimer les temps plus longs,et de valeurs si

grandes on n'en trouve plus dans les autres épreuves,

avec du brome.

La plus haute valeur des fautes constantes est la 41 de

l'épreuve sans que les valeurs suivantes en soient

influencées, et cependant l'effet du poison, aurait dû

apparaître à peine dans la 7" valeur.

Dans toutes les épreuves avec du brome, apparaît

après 15 jusqu'à 20 minutes après la prise du brome,

une très visible diminution de la valeur-estimation et

cette descente doit être considérée comme une modifica-

tion notoire de l'opération.

îV. Epreuves sur la mémoire.

Il était généralement connu que les sels de brome

affaiblissent la mémoire. Cette fois, on a voulu voir si des

petites doses de brome peuvent avoir une influence

aiguë sur la mémoire, comparable aux influences chro-

LES poisons DE l'intelligence. 275

niques. L'expérience a consisté dans la mémorisation de

12 série de chiffres et syllabes sans signification, d'après

la méthode de Ohm.

A. Mémoire des chiffres.

Il y a eu 7 paires d'épreuves dis tribuées sur 3 person-

nes. Les résultats les plus nets sont ceux qu'on a obtenus

du sujet Ru. La durée de chaque épreuve était d'une

heure. Le tableau VI du travail de l'auteur contient le

nombre des chiffres appris pendant un quart d'heure, et

une rubrique spéciale contient le pourcentage du rapport

entre les derniers quarts d'heure avec les premiers. Les

deux courbes normales sont concordantes; les chiffres

deN. II se placent, à cause de l'exercice, plus haut que

ceux de N. I, cependant les deux courbes se couvrent

presque entièrement. L'opération initiale et l'opération

maxima sont aussi concordantes. Le travail descend,

sans oscillation jusqu'à la fin, à un tel degré qu'il n'at-

teint plus ni même la moitié de la hauteur initiale. La

descente subite du second quart d'heure est marquée

dans les deux épreuves par une élévation exceptionnelle

de l'opération pendant les premières 5 minutes, ce qui

est une preuve de la forte tension de l'attention au com-

mencement. Dans N II la même observation a été faite.

Après ces épreuves, il n'y a plus de doute que la fixation

et la remémoration des chiffres est rendue difficile,

d'une manière sûre, par la dose de 2 gr.

Cette même netteté pour la rapidité verbale (de pro-

nonciation) n'existe pas en ce qui concerne l'influence

du brome. Entre les épreuves normales et celles avec du

brome, la différence, si elle existe, est très petite. Dans

les premières, la rapidité de la prononciation augmente

presque jusqu'à la fin, dans les dernières, elle reste la

même ou diminue un peu. Ce fait doit être attribué,pro-

bablement, à l'altération de la mémoire sous l'influence

du brome, et non pas à celle de l'innervation des mus-

cles.

La disproportion entre la, descente de la rapidité ver-

bale et le ralentissement exceptionnel de l'action d'ap-

prendre se relève sensiblement si l'on détermine des

rapports entre les chiffres appris dans une section par-

276 ÉTUDE CRITIQUE.

ticulière et le nombre des répétitions, la valeur de la

mémorisation de chaque répétition. Il est à s'attendre à

une réduction sensible de celle-ci sous 1 influence du

brome, et les chiffres des épreuves avec du brome par-

lent d'eux-mêmes.

En ce qui concerne le temps qui s'écoule entre l'assi-

milation du brome et l'apparition de ses effets, on a

trouvé que dans la première expérience avec du brome

les effets apparaissent subitement ou après J minutes,

dans B. II, ils apparaissent pendant le dernier tiers du

quart d'heure.

Les épreuves faites sur Sch. et L. ont donné en gros

et en total des résultats analogues alors même qu'ils

n'ont été si clairs et réguliers que ceux de Ru. Bref, des

7 épreuves réalisées, on peut conclure que la mémori-

sation des chiffres souffre sûrement une influence dél'a-

vorable et évidente de la part du brome, et cependant la

rapidité verbale en reste inaltérée.

B Mémorisation DES Syllabes.

Les épreuves ont été faites sur une seule personne (L ).

Les 5 épreuves obtenues se divisent en 2 groupes

séparés par un intervalle de deux mois. Les conditions

externes de l'expérience ont été, autant que possible, les

mêmes. La durée des épreuves a été d'une demi-heure,

le moment de la prise du brome était une demi-heure

après le commencement.

Le nombre des syllabes apprises était relativement

très petit. Un moyenne pendant 5 minutes on a appris

13 syllabes à peu près, moins que les sujets de Qibrn.

Au commencement on a travaillé avec un grand effort

d'attention, aussi le maximum de l'opération tombe-t-il

immédiatement dans le premier quart d'heure, poil,'

descendre ensuite. Le tiers normal du jour avec du

brome concorde exactement avec les épreuves normales.

Plus tard, interviennent des valeurs plus grosses. La

différence entre les premiers quarts d'heure et les

derniers est de 1.'2, 1 0/0. Dans les épreuves normales la

fatigue continue à augmenter et atteint, pendant le

troisième quart d'heure, son plus haut point ; le nombre

des syllabes apprises est de 61,9 0/0 plus petit ici qu'au

LES POISONS DE L'INTELLIGENCE.

277

commencement. Avec des oscillations notables, la courbe

descend jusqu'à la fin qui diffère du commencement de

3G,S.> 0/0. La courbe des jours avec du brome présente

une marche analogue, seulement l'opération est ici plus

régulière. L'influence du brome apparaît ici en cela que

la mémorisation est facilitée au commencement, et en-

suite elle est rendue plus difficile, car elle descend

au-dessous de celle qu'on pourrait attendre normale-

ment Tandis que les premières demi-heures l'élévation

de l'opération trahit d'une manière très sensible l'in-

fluence du brome, dans la dernière demi-heure l'opéra-

tion est la même dans les deux séries : normale et avec

du brome.

278 ÉTUDE CRITIQUE.

la somme des' syllabes prononcées pendant un quart

d'heure.

LES POISONS DE L'ITELT,IGr\CC. 279

mentation de la rapidité. Aussi, au lieu de conclure que

le brome ralentit la prononciation, doit-on conclure

plutôt que l'influence du brome sur la rapidité de la

prononciation n'apparaît pas assez évidente, ce que d'ail-

leurs ne fait que confirmer la conclusion des expériences

sur la mémorisation des chiffres.

VI. Recherches ergographiques.

Ces recherches devaient établir si le travail des mus-

cles souffre quelque influence de la part du brome.

On Il employé continuellement un poids de 5 kilog. dans

l'opération et on a marqué toutes les dix minutes par des

courbes, jusqu'à l'épuisement de l'activité des muscles.

Les jours normaux alternaient avec les jours de brome.

Les doses étaient de 1 gr. ; dans un cas seul on a employé é

8 gr. On a pris, selon la disposition momentanée, une

seule courbe, les 4 premières épreuves, et 2 courbes, les

5 dernières. Le temps de l'opération a été le même pour

toutes les épreuves.

, Des résultats obtenus et interprétés dans un tableau

général, on a pu voir que toutes les épreuves sont d'ac-

cord à montrer que l'opération finale ne dépasse pas

l'opération initiale, mais qu'elle reste tantôt au-dessous,

et que tantôt elle s'élève au-dessus de celle-ci. En ce qui

est de l'influence de l'exercice elle n'est pas visible.

En général, ici, les chiffres ne laissent pas voir une

influence de la part du brome sur les exercices ergogra-

phiques, ni dans le sens positif, ni dans le sens négatif.

Cette même conclusion est confirmée aussi par l'épreuve

avec 8 gr. de brome.

VII. Recherches sur la marche.

Pour pousser plus loin encore les recherches dans

cette direction, on a voulu profiter du fait connu que

certaines conditions excitatrices sont influencées favo-

rablement par le brome. On s'est arrêté cette fois sur

les mouvements du corps, qui, d'ailleurs, avaient été

examinés par Bettmann aussi, qui avait conclu que ces

mouvements ont une action paralysante, qui consiste,

dans le prolongement des temps des actes de connaître,

choisir et associer, dans l'affaiblissement de la mémoire,

230 ÉTUDE CRITIQUE.

etc., abstraction faite de l'augmentation des fautes dans

les épreuves avec choix. On doit s'attendre que les

influences excitantes des mouvements corporels soient

essentiellement réduits sous l'influence du brome. En

conséquence, les épreuves ont été arrangées de manière

qu'on a examiné les excitations motrices naissantes

après une promenade longu : et rapide, tantôt avec

brome, tantôt sans brome, et pendant certain temps au

moyen des épreuves avec certain temps au moyen des

épreuves avec choix.

On a réalisé D épreuves d'après cette méthode, i nor-

males et 5 avec du brome, les dernières avec une dose

de 4 gr.;et deux paires d'épreuves ont eu lieu un an plus

tard. Ces dernières diffèrent des premières, en cela que

l'enregistrement en a été fait par une autre personne,

ce qui n'est pas sans avoir quelque influence sur le

résultat obtenu, car les deux personnes différaient entre

elles, dans la précision avec laquelle elles pouvaient

enregistrer les données. Dans les épreuves N. I, B. I,

B. II du premier groupe, on a marché pendant deux

heures, et une heure seulement dans N. II et B. III.

Pour être plus sûr que la marche coïncide avec les

quarts d'heure de l'influence du brome, il a été laissé

passer dans B. 1 et II, 30 et 20 minutes avant le retour

au laboratoire, et dans B. III, on a essayé de voir si le

brome influence le choix, en le faisant. assimiler immé-

diatement après les 200 réactions. Plusieurs raisons ont

rendu cette expérience vicieuse : les épreuves sont peu

comparables entre elles, et le temps d'observation trop

court.

Dans le 2e groupe on a l'ait une marche d'une heure tous

les quatre jours d'expérience, et on a pris 100 réactions,

pendant 13 minutes, avant la marche, et 300 réactions,

42 minutes après. Tous les deux jours de brome, celui-ci

a été pris immédiatement après le retour au laboratoire,

de sorte que l'effet en commence plus tard, de 40 minu-

tes. Dans le premier groupe on a employé un pédomètre

pour pouvoir fixer le rapport entre la quantité du travail

et l'influence du temps de réaction.

Le tableau X contient les données moyennes vraisem-

blables de la totalité des réactions ainsi que le chiffre du

LES POISONS DE l'intelligence. 281

pourcentage des fausses réactions pour chaque épreuve

préliminaire, dans la' première colonne, et dans la

seconde colonne pour les épreuves principales. La

réduction des temps est très différente, la plus petite

(Ils) en B. IV ; et la plus grosse (172°) en B. II ; à Il t

môme oscillation est soumise le chiffre des fausses

réactions, qui vacillent entre ut,25 0/0 (B.I') et l4l,l : p 0/O

(N. II . Cela confirme l'interprétation que Bettmann en

a donnée. Les deux points les plus saillants du tableau

sont : tout d'abord le nombre des fausses réactions est

plus gros pendant la marche que d'ordinaire, et puis le

nombre augmente précisément les jours de brome plus

sensiblement que les jours normaux intermédiaires.

On pourrait supposer ici le peu de compatibilité de la

manche avec cette activité, nuis il y a plusieurs faits qui

rendent la supposition douteuse : c'est que le fait ne se

présente pas dans toutes les épreuves normales, et

d'autre p.tet, qu il atteint son maximum les jours de

brome. On pourrait supposer ici plutôt l'effet d'une

sorte J'auto-sugge3tioYl, mais à cela, il y a d'autres dit'fi-

cultés. Une explication plus plausible serait à chercher

dans le fait que le sentiment d'effort et d'attente qui

interviennent dans cette sorte d'expériences, exercent

une influence favorable aux réactions fausses. Quoi qu'il

en soit, l'explication n'a pas une valeur définitive, de

même qu'on ne peut pas décider s'il y a une différence

entre les jours normaux et ceux avec du brome dans les

réactions obtenues après la marche.

En un mot, les résultats donnés par les épreuves préli-

minaires moatrentplus ou moins la tendance à un prolonge-

ment continu des temps, et les chiffres finaux, sont, à une

seule exception près, plus hauts que les chiffres initiaux.

Dans les recherches (définitives) principales, N. 1. et II

ainsi que B II et III sont essentiellement analogues.

L'abréviation présente déjà dès le commencement, conti-

nue généralement presque jusqu'à la fin. L'abréviation

totale, telle qu'elle résulte des derniers chiffres moyens

des épreuves préliminaires et des derniers des épreuves

principales, est pour les épreuves de 2 heures démarche

N I et B IL lOG et 172 s, dans celle avec une heure de

marche, N Il et B III 180 et 220 a. D'après ce résultat, il

282 Í 1 UDE CRITIQUE.

paraîtquele brome aurait plutôt facilité l'excitabilité mo-

trice au lieu de l'empêcher. D'autant que les derniers

chiffres moyens. exceptionnellement petits, témoignent

pour une augmentation de cette excitabilité, d'où il faut

induire qu'un choix réel est à peine il imaginer car on o

a réagi à l'imprévu et selon la disposition des muscles ;

l'excitation attendrie n'est que par hasard d'accord avec

l'excitation réelle.

Dans l'expérience avec du brome (B. I), l'abréviation

initiale est à peine de quelqu'importance (7ü a); plus

tard reviennent encore de gros chiffres, mais cela est

difficilement attribuable à l'influence du brome ; on doit

l'attribuer plutôt à la fatigue corporelle.

Dans le groupe Il, l'épreuve B. \' prend une position

exceptionnelle, tandis que les autres trois se ressemblent

entre elles. Leur analogie consiste surtout dans leurs os-

cillations concordantes entre l'abréviation et le prolonge-

ment de temps de réaction. Les données finales ne sont

cependant pas semblables partout. L'épreuve B. IV est la

seule où l'on peut penser il l'affaiblissement de l'excita-

bilité provenant du brome, mais cela n'est pas non plus

très probable car le chiffre des réactions fausses n'est

pas diminué. Les trois épreuves dont il s'agitooncordent,

surtout dans le pourcentage des fausses réactions qui

est presque le même (17, 0 0/(), 1G, 0/0, 15 3. 0/p). Une

différence significative n'existe pas entre les épreu-

ves normales et les épreuves avec du brome. Il en est

autrement avec B ? dans laquelle les chiffres montrent,

immédiatement après la marche, un prolongement des

taux et non pas une abréviation. ; mais ici mpmo inter-

vient ensuite une abréviation qui est représentée à la lin

dans des chiffres très petits.

Enfin, dans la généralité de l'expérience, on peut dire

avec beaucoup de probabilités que l'influence du brome

sur l'excitabilité motrice n'est pas remarquable. Une

diminution de l'excitabilité motrice centrale ne se fuit

pas non plus voir.

VII. Recherches sur les troubles apportés par une

distraction.

On a voulu expérimenter sur des états psychiques

les poisons de l'intelligence. 283

qui se rapprochent le plus possible des états pathologi-

ques bien connus à cause de l'influence qu'ils subissent

de la partdu brome. Comme onle savait, l'influence du

brome s'exerce de la manière la plus sensible sur les

efforts intérieurs et sur l'irritabilité émotionnelle exa-

gérée. On devait expérimenter sur des états psychiques

comparables : artificiellement provoqués. Or telle a

paru être, de l'avis de Krmpelin, la mémorisation des

syllabes, qui exige de la patience et de la maîtrise de soi-

même de la part du sujet. Pour augmenter les difficultés,

on doit détourner encore l'attention des sujets par des

lectures à haute voix.

Les épreuves ont été arrangées de manière que tout

d'abord on devait apprendre pendant une demi-heure

des syllabes sans signification et qu'en même temps l'at-

tention soit troublée par la lecture mentionnée

Ensuite, la lecture continue et on continue aussi à ap-

prendre encore pendant une demi-heure, alternative-

ment un jour normal et un jour avec du brome. De la

comparaison des jours normaux avec les jours de brome

on pourrait déduire l'influence du brome sur les états

psychiques correspondants.

As Mémorisation DES syllabes avec TROUBLE.

Un tableau \ : SI) du travail de L&#x152;WALI> représente les

syllabes apprises, dans la section I, celles qu'on a

apprises pendant un quart d'heure de trouble (désordre)

et un quart d'heure après. Il est intéressant, parce qu'il

fait voir que, malgré l'effet de l'exercice intervenu

dans le second groupe, le plus de travail est donné dans

le premier groupe, mais cela doit être attribué à une

mauvaise disposition des sujets. Il résulte aussi de

l'examen des chiffres une habitude progressive avec le

trouble dans la première série, plus rapide et moins évi-

dente dans la seconde série, de sorte que le travail aug-

mente pendant, ainsi qu'après l'épreuve troublée.

Le fait confirme aussi l'interprétation de Krmpelin qui

considère l'habitude comme une propriété personnelle.

Que le trouble ait influencé réellement l'opération, il

en résulte de l'élévation du travail pendant la seconde

demi-heure et cela d'autant plus que, après l'omission

2S4 ÉTUDE CRITIQUE.

des troubles, l'opération augmente de plus en plus. On

a supposé qu'il s'agit ici d'une sorte d'influence du con.

traste, qui, immédiatement après l'omission des excita-

tions troublantes, augmente l'opération et, par contre-

coup, produit une diminution sensible de celle-ci dans le

quart suivant.

Quant aux rapports des jours normaux et avec du bro-

me, on a dû noter que l'opération d'aucun jour avec du

brome n'est inférieure à celle des jours normaux, après

l'omission des troubles, donc le brome n'a produit aucune

diminution de l'opération. Au contraire, la disposi-

tion psychique des sujets a été spécialement plus favo-

rable, les B I et B II, qu'elle ne l'a été les N. I, N. Il et

N. III. Dans les épreuves avec du brome, le travail opéré

pendant le second quart d'heure est, à l'exception

de B. I, plus gros que dans le premier, après la cessation

des excitations troublantes. Aussi l'influence favorable

du brome sur le travail est claire comme le jour.

Cependant il est à voir si cette influence n'est pas

attribuable aussi a la cessation des troubles,ce qui néces-

sitait des nouvelles recherches sur l'influence du brome

sur la mémorisation des chiffres, qui est, comme on l'avait

pu voir, plutôt paralysante que facilitante.

B. Mémoire DES chiffres avec trouble.

Après l'interruption des troubles on a continué à ap-

prendre encore pendant une heure et on a tenu compte

du travail fait par quart d'heure.

Chaque jour pris séparément, l'opération augmente,

pendant les troubles, apparemment à cause de l'habitude;

mais les premiers chiffres, après la cessation du trouble,

montrent une si notable augmentation de l'opération,

car celle ci s'est élevée à un chiffre 5 fois plus gros que

les chiffres intérieurs. Dans les premières deux épreuves,

une diminution se fait voir de nouveau dans le quart

d'heure suivant, qui ne s'améliore que plus tard. D'où

l'on peut conclure que, dans ces deux épreuves, la cessa-

tion du trouble montre tout d'abord une influence nette-

ment favorable sur l'opération, mais que plus tard elle

laisse voir, avec beaucoup de probabilité, une influence

défavorable sur celle-ci. Au fond, tout cela est 1res ana-

LES POISONS DE L'INTELLIGENCE. 285

loguc avec ce qu'on avait observé et expliqué par l'in-

fluence du contrat dans la mémorisation des syllabes.

Ce même contraste ne laisse plus voir aucune influence

dans les dernières épreuves, car ici l'habitude s'est éten-

due si loin que le contraste n'a plus aucune force.

La marche ultérieure des recherches normales a été

un peu différente. Dans une première expérience normale,

après l'influence du contraste il est intervenu une des-

cente notable et progressive de l'opération. Il devait y

avoir ici une raison nuisible qui influençait la mémori-

sation. Dans la seconde expérience normale, l'opération

montre après la cessation des troubles pour redescendre

un peu seulement vers la fin.

Dans les épreuves avec du brome, on a vu, après quel-

ques valeurs initiales, naturellement petites, dans le 4e

quart d'heure, la somme du travail augmentant au-des-

sus du maximum des jours normaux, dans les jours sui-

vants.

Le résultat de B. II est absolument surprenant car l'o-

pération atteint une hauteur extraordinaire après la ces-

sation du trouble,etmonte au double de l'opération obte-

nue à la fin de la recherche normale.

Ici l'influence du brome sur la mémorisation des chif-

fres contredit celle de la mémorisation plus simple des

chiffres ; car on a trouvé une augmentation de l'opéra-

tion tandis que l'on avait constaté une descente évidente.

On peut donc conclure que la simple mémorisation des

chiffres est influencée d'une manière défavorable, tandis

que la mémorisation des chiffres après la cessation des

troubles l'est favorablement pour le brome.

De cette manière se clarifie aussi l'expérience de la

mémorisation des syllabes, car là aussi 1 influence favo-

rable doit être attribuée à la cessation des influences

troublantes. On est allé plus loin dans l'explication de

celle contradiction constatée dans le fait que la mémori-

sation des chiffres est rendue difficile, tandis que la mé-

morisation des syllabes est facilitée par le brome, ce qui

parait inintelligible tout d'abord. Mais on doit penser

que, tout autre est l'attitude du sujet devant la mémo-

risation de chiffres que celle devant la mémorisation des

syllabes qu'il s'imagine extraordinairement difficile, tout

286 ÉTUDE CRITIQUE.

comme il s'imaginetrès facile la mémorisation des chiffres

Et alors il arrive le fait suivant,qui est très intelligible,

le travail qui rencontre de grosses difficultés intérieures,

est facilité par le brome, tandis que le travail qui s'ac-

complit avec facilité n'est influencé favorablement que

seulement alors quand l'essai relève des empêchements

intérieurs.

Le trait commun qui distingue l'influence du brome

dans les différentes recherches c'est que par ce moyen

certaines difficultés intérieures du travail sont combat-

tues. Cela explique aussi l'accélération de la vitesse ver

baie dans les recherches sur les syllabes autant que sur

les chiffres,sous l'influence du brome. Mais les empêche-

ments intérieurs que l'influence du brome éloigne dans la

mémorisation des syllabes influencent défavorablement,

entre autres, la vitesse de la prononciation,arrêtant ainsi

le déchaînement des mouvements verbaux. Mais l'in-

fluence du brome, dans les mêmes conditions dans les-

quelles il facilite l'activité, devrait influencer favorable-

ment aussi la rapidité de la prononciation. Cependant

cette dernière influence est, comme on le sait, beauconp

plus insignifiante, moins sûre.

Conclusions.

On peut résumer comme il suit les idées principales

qu'on peut tirer de ces recherches :

1° Le brome possède, dans une large mesure, la pro-

priété de produire des effets très spécifiques; il laisse en

état normal toute unesérie de phénomènes expérimentés

et influence d'une manière très frappante une autre sé-

rie.

2' Le brome n'a laissé voir aucune influence sur les

associations mécaniques des additions, sur le déchaîne-

ment central des mouvements et sur la marche des mou-

vements musculaires, et de même sur les excitations mo-

trices centrales d'après les efforts corporels ;

3° La conception en est peut-être rendue difficile ;

4° La mémorisation des séries de chiffres est évidem-

ment rendue plus difficile sous l'influence du brome ;

5° La mémorisation des syllabes est facilitée par le

brome :

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 28' ? '

60 Dès que le travail est rendu difficile par des troubles

distractifs, l'action d'apprendre des chiffres et syllabes

est facilitée par le brome ;

7° La rapidité de la prononciation n'est pas, en géné-

ral, influencée par le brome, mais elle est accélérée dans

la mémorisation des syllabes avec ou sans des troubles

distractifs ;

8° Tout cela peut se résumer ainsi : le brome peut évi-

ter et diminuer certaines difficultés liées à des sentiments

désagréables qui sont le produit des influences distrac-

tives, ou même des opérations par elles-mêmes. ! )° Les résultats des recherches psychologiques restent

en parfait accord avec les expériences cliniques des in-

fluences psychiques du brome.

PATHOLOGIE INTERNE

La tuberculose dans les asiles d'aliénés ;

Pnn 11f1f.

Dr MARIE,

Médecin en Chef

Dr J. ROLET,

Interne

à l'.lsilc dc 'illc,juif.

Lb;S STATISTIQUES EN FRANCE ET A L'ÉTRAKGHH.

Si la lutte antituberculeuse esta l'ordre du jour de

toutes les Sociétés savantes depuis la découverte du

bacille de Koch, c'esl-b.-dire depuis un peu plus de

vingt ans, il y a déjà plus de quarante ans que Clous-

ton (1) parlait aux aliénistes des ravages de cette affec-

tion dans les asiles de l'Ecosse, au moment même où

l'Académie de médecine entendait Villemin la démon-

trer maladie infectieuse, transmissilJle et inoculable.

(1\ Clous-ton. La litherciilisation et l'aliénation mcnlnlc. mai

1864.

288 PATHOLOGIE INTERNE.

Mais jusqu'à la fin du siècle dernier, les tentatives

des médecins aliénistes pour attirer l'attention sur les

sévices de la tuberculose dans les asiles furent rares et

isolées.

Depuis une quinzaine d'années seulement nous voyons

la question prendre corps et venir à l'ordre du jour des

discussions dans les Congrès spéciaux, etnous trouvons

les premières communications au Congrès des aliénis-

tes allemands de Weimar en 1891, et au Congrès de

Hanovre en 1892.

Elle devint internationale aux Congrès de Naples

(avril 1900), d'Anvers (1902), de Bruxelles et Casscl

(1903). En 1899, l'Association médico-psychologique

de Grande-Bretagne et d'Irlande instituait un comité

spécialement chargé d'étudierla fréquence, les causes

et la prophylaxie de la tuberculosechez les aliénés,pen-

dantquela même année se réunissait à Berlin nn Con-

grès de la tuberculose pourles asiles.

En France, où le mouvement se dessine d'une façon

plus lente et moins officielle, nous trouvons dans un

rapport au Conseil supérieur de l'Assistance publique

quelques lignes de Napias ayant indirectement traita à

la question. Il s'accentue toutefois avec le treizième

Congrès de médecine de Paris (août 1900) qui, sur la

proposition des Dr Marie et Toulouse, accepla un vusu

demandant l'assistance réglementée aux aliénés tuber-

culeux. Récemment, au Congrès international de la tu-

berculose qui s'est tenu à Paris on octobre 1905, les

D ? Briand et Marie vinrent insister sur la nécessité et

l'urgence des mesures à prendre dans ce sens.

Les rapports et les voeux de ces différents Congrès ne

sont d'ailleurs que la résultante et la consécration ofli-

cielle de nombreux travaux individuels sur un sujet de-

venu d'actualité et dont nous citerons les plus récents.

En Angleterre, après les travaux du prof. Clouston,

ce sont les études et les observations publiées principa-

lementdans les périodiques de psychiatrie parles D'"

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 289

Crookshank, France, Drapes, Blair, ? leasberly, Men-

zies et autres ; en Allemagneles publications deNoetel,

Snell, Ilagen et surtout le travail récent de Geist sur

la tuberculose dans les asiles ;les communications du

Dl Luigi-Scabia enltalie,de Haviland et Harrington aux

Etats-Unis ; en Russie, l'article de ToporlcotF qui donne

delà question une revue générale si documentée. En

France, enfin, citons les rappels du Dr Briand dans les

Rapports annuels sur le service des aliénés, les articles

et les communications du Dr Marie, celle de Chardon et

Raviart au Congrès de Bruxelles et les travaux scien-

tifiques du D' Anglade qui s'est attaché particulière-

ment au point de vue étiologique, pour en déduire les

mesures prophylactiques à observer.

C'est à la suite de ce mouvement, dont ils étaient les

auteurs, que les médecins des asiles eurent en France

la satisfaction de voir instituer en 1901, par le Ministère

de l'Intérieur, une Commission de la tuberculose ; ses

enquêtes et ses observations se traduisirent par une cir-

culaire ministérielle marquant le grand progrès fait dans

la question d'assistance aux tuberculeux dans les asiles.

Actualité de cette question, urgence de cette assis-

tance spéciale, voilà ce que nous voulons établir par

la revue méthodique des travaux dont nous venons de

faire le rappel historique.

Pour être édifié sur les ravages de la tuberculose

dans la population des aliénés internés, il est utile de

faire appel aux chiffres, malgré l'aridité d'un pareil ex-

posé, et de consulter les statistiques établies dans ces

dernières années en France et à l'étranger, et dont

quelques-unes ont un caractère officiel.

Historique. Si les statistiques de la mortalité tuber-

culeuse ont été établies d'abord et seulement pour les mi-

lieux hospitaliers ordinaires, il y a bien longtemps qu'on

avait remarqué les rapports existant entre les affections

pulmonaires et les troubles mentaux. Esquirol (1) et

(1) Esquirol. Des maladies mentales, vol. II.

Archives, 2° série, 1906, t. XXII. I. 10

200 PATHOLOGIE INTERNE ?

Georget (1) en France, 13urrows et Ellis (2) aux Etals-

Unis, signalent les premiers la fréquence de la phtisie

pulmonaire chez les insensés; elle déterminait la mort,

disent les observations de Georget, de plus delà moitié

des aliénés qui finissaient leurs jours àla Salpêtrière;

dans le même établissement, Louis signalait une pro-

portion de trois décès par phtisie pour deux qu'il rele-

vait à la Charité ; en Angleterre, Clouston avait une

proportion de douze autopsies à l'asile royal d'Edim-

bourg pour cinq àl'lrcîpital Saint-Georges.

Mais ce n'est que récemment qu'on a pu, chiffres en

main, établir que, d'une part, la tuberculisation pulmo-

naire est beaucoup plus fréquente comme cause de

mortalité parmi les aliénés que parmi la population gé-

nérale, que d'autre part, la comparaison du taux de la

mortalité tuberculeuse pour les différentes villes attri-

bue les chiffres les plus élevés à celles qui possèdent des

asiles d'aliénés.

Asiles de France. - C'estcequi ressort d'abord des

renseignements établis par la direction de l'Assistance

publique au Ministère de l'intérieur sur la population

des asiles de France pendant cinq années (1S9-1-IScJS);

c'est ce que mettent en lumière les statistiques dres-

sées à ce propos en 1900 par le professeur Brouardel,

dontnous voulons rappeler les principaux chiffres.

Pour la totalité des asiles de France, la population

moyenne annuelle étant de 57.424 aliénés, la popula-

tion moyenne des décès par tuberculose est de 672.0, soit

117.1 décès par 10.000 malades; si l'on se rappelle que

la mortalité annuelle par tuberculose est chez nous de

43.8 pour 10.000 en moyenne, on en déduit que les alié-

nés payent un tribut 3 fois plus considérable que le

reste de la population .

Mais si l'on cesse de considérer la totalité pour entrer

dans les comptes rendus détaillés, on est frappé de la

(1) Georoet. De la folie.

(2) l3onnowe et ELUS. Gominenl.ii-ies ol' insanity.

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 291

disproportion qui existe dans la répartition entre les

différents asiles de France. Brouardel établit les résul-

tats suivants pour une moyenne de cinq ans :

232 PATHOLOGIE INTERNE.

tion pulmonaire, parmi lesquels 45 cas de phtisie pro-

prement dite, 33 bronchites chroniques et 11 hémop-

tysies. En 1903, pour 1325 décès, on en relève 156 par

affection pulmonaire, parmi lesquels 50 cas de tubercu-

lose et 20 bronchites chroniques.

Mais, avec le Dr Marie, nous tirons de cette statistique

une déduction intéressante par comparaison entre les

tableaux des décès classés selon le temps d'internement

antérieur et ceux des causes de mortalité; on trouve de

cette mortalité deux maxima : l'un de 20,90 °/&#x201e; dans

le premier mois de l'entrée, l'autre de 12.22 % dans la

période allant de 20 à 50 mois d'internement.

On peut en déduire qu'une première catégorie de dé-

biles, dont les aliénés tuberculeux avantl'internemcnt,

s'élimine peu après l'entrée ; au contraire, le deuxième

maximum de décès de la deuxième à la cinquième an-

née de confinement dans l'asile, doit correspondre à un

deuxièmetaux proportionnelmaximum d'individustu-

berculisés après leur entrée. Nous aurons l'occasion de

revenir sur cette considération.

.Mpe'es.Terminons cette revue des statisti-

ques françaises par la comparaison avec la mortalité ba-

cillaire dans les asiles privés.De 1893 à 1899, pour quinze

maisons de santé, le nombre des décès annuels a été en

moyenne de 17.6 pour une population de 4.261 aliénés ;

nous retrouvons là la moyenne de la mortalité tubercu-

leuse en France, soit environ 39,9 pour 10.000.

Statistique générale. - A ces statistiques déjà pu-

bliées et dont nous n'avons fait que nous inspirer, nous

avons la grande satisfaction d'en ajouter une autre,

due à l'obligeance du Dr Bourneville, médecin en chef

à Bicêtre. Chargé par le Ministère de l'Intérieur, pour

le conseil supérieur de l'Assistance publique, d'un rap-

port sur le personnel des asiles, il a fait porter son

enquête sur tous les asiles de France; nous en avons

dégage avec lui les chiffres delà mortalité tuberculeuse

mis en regard de ceux de la population, et c'est cette

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 293

statistique inédite, établie pour l'année 1903, que

M. Bourneville nous autorise à publier dans cette étude.

294 PATHOLOGIE INTERNE.

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS 2P5

293 PATHOLOGIE INTERNE.

rectifiés par lui en 187G. Rappelons d'abord que de 18SG

a 1889 la mortalité tuberculeuse y était de 13 ?

En septembre 1891 le Dr Boetel communiqua à la réu-

nion des médecins allemands des statistiques d'où il

résultait que, sur l'ensemble des décès dans 34 asiles,

on en relevait de 5.2 à40 °/0 par la tuberculose, et dans

ce nombre cinq fois seulement la mortalilé était au

dessous de 10 ? ; huit fois elle atteignait et dépassait

25%. ·

Le D'' Oswald (1) a fait porter son enquête sur la po-

pulation des asiles de Ilofheim et Hoppenheim dans le

Grand-Duché de Hesse : il a constaté d'abord que sur

137 aliénés morts tuberculeux dans ces asiles, 92,060/.

présentaient une forme démentielle de la folie. Ses chif-

fres qui portent sur les années 1877 à 1900 donnent

pour 100 décès une moyenne de 25,12 par tuberculose,

à l'Asile de IIofheim et de 22,4 à l'asile de llopprn-

heim.

En Prusse, alors que pour la population générale le

taux de la léthalité tuberculeuse n'est que de 0,3'.) ?

il est, dit le D'' Wûlff, dont les recherches ont porlé sur

les asile d'idiots, de 2,6 pour ceux-ci et de 1,3 pour les

autres aliénés.

Une étude statistique a été faite pour l'asile de Hil-

desheim parle D'' Snell (2) qui, sur 1240 décès survenus

de 180riL 1887, relève 322 fois des lésions tuberculeuses

à l'autopsie, soit 25,9 %. Il donne le détail suivantdes

formes de folie :

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ADHNKS. 297

298 PATHOLOGIE INTERNE.

assignait la phtisie comme cause dans 315 cas, à pou

près le tiers. Plus récemment Clouston, en ayant re-

cours seulement à l'examen, clinique, évaluait a27 °/&#x201e;

la proportion moyenne des tuberculeux dans les Asiles

d'aliénés d'Ecosse.

De même un relevé de 1897 nous montre, sur 7298

décès dans les asiles d'Angleterre et du pays de Galles,

1064 attribués à la phtisie. Maisles autopsies systémati-

quement pratiquées augmentent notablement la propor-

tion ; c'est ainsi qu'il résulte des autopsies pratiquées

en 1898 dans les Asiles de Claibury, de Colney Ilatch et

de Cane-IIill que 127 cas de tuberculose furent constatés

alors que l'examen clinique n'en avait dépisté que 67.

Un relevé statistique pour les Asiles d'Angleterre et

du pays de Galles donne les chiffres suivants :

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 299 9

réelle de la mortalité dans la population libre du Ro-

yaume-Uni qu'il évalue à 30 ? de 1871 à 1880, cons-

tate que la mortalité dans les asiles, après avoir fléchi

pendant les dix-sept premières années, a, depuis cetle

époque, une nouvelle tendance à l'accroissement, celte

recrudescence est marquée surtout dans les asiles ir-

landais où la mortalité dépasse de 50 % celle des asi-

les d'Angleterre tandis qu'au contraire elle lui est de

20 7» inférieure dans les asiles d'Ecosse.

C'est surtout Thomas Drapes (1) qui insiste sur la

mortalité tuberculeuse en Irlande, pays de misère où

la consomption pulmonaire est commune ; en 1899, sur

une proportion de 10.000 décès pour toutes maladies,

il en compte 728 par tuberculose en Angleterre et 1198

en Irlande, soit une différence de 4.61 quant à la

mortalité par la phtisie dans les Asiles, elle atteint204,

69 pour 10.000 en Irlande au lieu de 141,41 en Angle-

terre. Bref il conclut que d'abord la mortalité des asiles

est quatre fois en Angleterre et cinq fois et demie en

Irlande plus forte que dans la population générale et

que la phtisie est dix fois plus meurtrière chez les

aliénés que chez les gens sains d'esprit.

De ces nombreuses statistiques anglaises nous déga-

gerons, pour résunier, la considération suivante : pour

une population moyenne de 1000 malades, le chiffre

moyen de décès par tuberculose dans les Asiles est de

14,7 en Grande Bretagne, de 10,4 en Ecosse et de 23,9

en Irlande. Voilà bien dépassée notre moyenne de 11,7

que nous trouvons si éloquente en France.

Aictic7te-Iloogre. Le^ documents statistiques

manquent pour les asiles d'Autriche-IIongrie où la

question a pourtant été abordée il y a longtemps par

LeidesdorF (2) qui signalait la fréquence de la phtisie

parmi les aliénés de Vienne et par le Professeur En-

(1) Drapes. Phtisis and in-anilv. (Journal of. me/lt.1l sciell : c, ocl.

1001, 1.6Gg.) .

( ? 11.s1maDORr.- Pathologie nml )hft'apiect'))sychi<chen Kran-

klieitcn. '

300 PATHOLOGIE INTERNE.

gel (1) qui, sur314 autopsies faites à l'asile de Prague,

rencontra dans la moitié des cas environ des lésions

tuberculeuses ; Le D'' Pandy Calman a repris la ques-

tion dans son dernier rapport général de 1905.

Aux Etals-Unis les premières enquêtes furentfailes

par Workmann qui, dès le milieu du siècle dernier,

établissait une proportion de 27 % de mortalité par

consomption, proportion augmentée pour l'asile de New-

York par les renseignements donnés a l'autopsie.

Actuellement, on trouve dans certains asiles d'Amé-

rique soixante pour cent des aliénés atteints de tuber-

culose (2). Toutefois, en IS96, le D'' Georges Allen (3)

affirmait que, pour les asiles de l'Etat de New-York, la

proportion était bien différente et ne dépassait pas dou-

ze pour cent. «Dans l'Asile de Middieton en particulier,

dit-il, elle est encore moindre et dans les vingt der-

nières années elle a été d'environ o . » Cette amélio-

ration tient, pour le D'Allen, à la situation de l'asile

et aux mesures hygiéniques qu'il y fait prendre.

En Hollande Schroeder van der Ioll; a indiqué la

fréquence de la phtisie parmi les individus frappés

d'aliénation mentale et le rapport qui existe entre

ces deux maladies.

Pour ce pays, nous avons une statistique générale

assez récente (4).

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES M'ALIENES. 301

est prouvé que dans les asiles hollandais elle est nota-

blement supérieure.

);nZ3elr/ique, où la Société Anversoise contre la tu-

berculose s'est occupée de la question sous la direction

du Dr Terwagne, des statistiques publiées par le Dr Pee-

ters l'amenèrent à conclure que dans les asiles belges

« la tuberculose exerce de grands ravages et que les

« chiffres officiels des décès sont loin de concorder avec

« la fréquence réelle de l'affection ».

« D'après Désirée et Gallemaërs dit-il, 1.400.000

« habitants des grandes communes fournissent par an

« 5177 décès parsuitedetuberculose; quatre millionset

« demi d'habitants des petites villes et des campagnes

« donneraient par an 11Q93 décès par la même cause,

« soit pour la Belgique entière, sur une population de

« 5.909.975 habitants recensés au 31 décembre .886,

« environ 16.270 décès ou 2.94 par 1000 habitants,

« (soit 149 décès par tuberculose pour 1000) ». 11 ajoute

toutefois que le chiffre attribué aux petites villes et

aux campagnes est exagéré.

Nous trouvons encore, dans \c Treizième rapport sur

la situation des asiles d'aliénés du royaume, l'état de

la mortalité générale et spéciale pendant les années

1887-1892.

302 PAIHOLOGIE INTERNE.

régulièrement faites, on trouverait fréquemment, des

tubercules chez des sujets décèdes sous une autre éti-

quette dans la proportion de deux tuberculoses mécon-

nues sur une reconnue par la clinique, ce qui infirme

singulièrement les déclarations officielles.

Dans le même ordre d'idées, l'examen de ces statisti-

ques de décès dans les asiles belges confirme l'opinion

de Peeters au sujet de la probabilité des tuberculoses

méconnues.

CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 303

Pour les colonies, en particulier en Belgique, où le

Patronage familial est bien organisé, les statistiques

montrent au point de vue de la tuberculose un bien meil-

leur état sanitaire. Celles de la colonie de Gheel sontpar-

culièrement intéressantes. Les comptes rendus des ten-

tatives faites dans le même sens en Ecosse, depuis long-

temps, en France depuis 1891 par le Dr Marie, prêtent à

des considérations intéressantes au point de vue prophy-

lactique ; nous les exposerons quand, après avoir indi-

qué le mal, nous étudierons ses causes et nous cherche-

rons ses remèdes. (4 suivre,)

Xlc CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE

DES ALIÉNÉS.

(Milan, 2G-30 septembre 1906.)

Le 11 Congrès international de l'assistance des aliénés, qui

vient de tenir ses assises à Milan, a eu une importance excep-

tionnelle due à la qualité de ses membres et à la valeur des

rapports lus aux séances.

Le Congrès avait été organisé d'une façon parfaite par le

bureau ainsi composé : Prof. AUGUSTO TAMBURINI(S, Maurizio,

ReggioEmilia), Président ; Dr Prof. )Jooaauo GoNZALES (Mila-

no), vkc-1'risidenl ; Dr Prof. G. CESARE 1 Ena,m (Bertalia,

Bologna). Secrétaire Général ; D Prof. EUGENIO IIIEDEA (llila-

no), vice- Secrétaire Général ; Dr PIERO UONZALES, vice-Secré-

taire Général et Trésorier.

Nous ne saurions trop rendre hommage à tout le tact dont

l'éminent professeur Tamburini a fait preuve durant sa pré-

sidence. Le secrétaire général, le très dévoué professeur

Ferrari, mérite plus que des éloges : il a droit encore à toute

notre reconnaissance. Il s'est multiplié pour satisfaire aux

désirs de chacun et pour organiser d'une façon réellement

parfaite son Congrès et il a d'autant plus de mérite que nous

étions ici' en pleine Exposition internationale. Des discours

ont été prononcés à la séance d'ouverture et aux fêtes qui

eurent lieu pendant le Congrès. Mais la place nous est mesu-

rée et nous ne pouvons déjà étudier suffisamment les

rapports lus aux séances. Qu'il nous soit permis cependant

304 congrès international de l'assistance DES aliénés.

de citer ceux du professeur Tamburini, de Lombroso, dont

l'arrivée à la salle des séances provoqua des tonnerres d'ap-

plaudissements et du professeur Bianchi, l'ancien ministre

de l'Instruction publique. Beaucoup de nations s'étaient fait

représenter au Congrès.

Les délégués officiels des Gouvernements étaient : pour le

gouvernement italien : l\L\1. MERLO (doct. comm. ILDEBRANDOI,

chef de la division de la bienfaisance et de l'Assistance publi-

que au Ministère de l'Intérieur. Roma, et SANTOLIQUIDO (prof.

comm. Rocco), directeur général de la Santé publique, Roma;

pour le gouvernement allemand : M. BONHOEFFER (doct.

Kart), professeur de psychiatrie et de neuro-pathologie à

l'Université de Breslau ; -pourle gouvernementautrichien :

M. PILOZ (doct. prof. ALEXANDER), de l'Université de sien ;

pour le gouvernement belge : M. PETE125 (doct. J. ALES.),

directeur de la colonie de Gheel ; pour le gouvernement

français : MM. Marie (doct. A.), médecin en chef à l'asile de

Villejuif, secrétaire au Conseil supérieur de l'Assistance,

Paris, Graux 'doct. LucilzN), Paris : M. Décante, juge à Pon-

toise ; M. le D1' Voisin, de la Salpêtrière, Dr LEGRAIN ; pour le

gouvernement de la Grèce : M. CATSARAS (doct. AlICHEI.j, pro-

fesseur de neuropathologie et depsychiatrie à l'Université de

Athènes ; pour le gouvernement hollandais : M. Van De-

VENTER, prof. (doct. J ? rn.); Inspecteur de l'Etat pour les

Asiles des aliénés, Amsterdam ; pour le gouvernement

hongrois : M. De RAISZ (doct. GuIUO), Conseiller de Section au

Ministère de l'Intérieur, Budapest ; pour le gouvernement

du Luxembourg : i\1.BUFFET, Médecin Directeur delà Maison

de Santé de Ettelbrûck ; pour le gouvernement du Portu-

gal : LAbIBEliTINI PINTO J. M., chargé d'affaires du Portugal à

Milan ; pour le gouvernement de Roumanie : M. OBR> : GIA

(doct. Alexander), professeur d'histologie à l'Université de Bu-

karest ; pour le gouvernement suédois : M. 111NBEILG (doct.

OLAF), Upsala.

Le premier thème général était celui-ci : Progrès de l'assis-

tance des aliénés et surtout de leur assistance familiale dans les

différents pays depuis 1002 (date du Congrès d'Anvers) jusqu'à

nos jours. Toute une série de rapports formant autant de

monographies consciencieuses ont été envoyés sur cette

question, par MM. Antonini, Bonnet, Konrad, Macdonald,

Menzies, Mongeri, Moreira, Nerander et Vos. Il résulte de

cette vaste enquête que les bienfaits de l'assistance familiale

sont de plus en plus appréciés et que son champ d'action

s'étend chaque jour.

congrès international DE l'assistance des aliénés. 305

Trois rapports ont été déposés sur le deuxième thème

général : De l'organisation des compartiments d'observation, de

surveillance et d'isolement dans les asiles et dans les colonies,

par MM. Bond, Brauchli et Deventer.

Suivant ce dernier auteur, les meilleurs moyens de traite-

ment pour les états d'agitation sont : 1° un complexus de

salles, grandes et petites, faciles à surveiller ; 2° la séparation

des malades d'une manière telle qu'ils ne se troublent pas

l'un l'autre; 3° un état-major suffisant d'infirmiers profes-

sionnellement instruits : et surtout; 4° un traitement physi-

que, l'influence suggestive du médecin traitant, la psycho-

thérapie.

Le professeur Brauchli (de Zurich) montre dans son rap-

port qu'il faut avoir soin de traiter individuellement les

malades dans les stations d'observation, autrement le traite-

ment au lit pourrait être nuisible; c'est pourquoi on doit

éviter de le faire durer trop longtemps et le remplacer à

temps par la thérapeutique du travail. Il est nécessaire

d'organiser des stations d'observation pour les tranquilles,

les agités, les gâteux et les infirmes.

Au point de vue psychiatrique.il serait recommandable de

placer les stations d'observation pour les tranquilles et celles

pour les gâteux et infirmes dans des bâtiments spéciaux à un

étage, tandis qu'on fera mieux de combiner celles pour les

agités avec les quartiers de cellules.

Une station d'observation doit contenir : une salle d'obser-

vation, une salle de réunion, des bains avec toilette, une ou

plusieurs chambres à un lit ; celles pourles agités devant être

plus fortement construites; enfin un parloir, une chambre

d'examen, une chambre de garde, un office et des closets. Avec

la salle d'observation doivent toujours communiquer direc-

tement les chambres à un lit. une chambre de garde et un

closet ; chez les tranquilles et les gâteux, la salle de réunion

fera aussi partie du nombre de ces pièces adjacentes, et chez

les agités et les gâteux, il en sera de même pour les bains.

Quant à la disposition des autres annexes elle sera conforme

aux circonstances locales.

Le Dr Lactame a fait un rapport très documenté sur les

Sociétés suisses de secours aux aliénés très florissantes, et ayant

à leur disposition des fonds très élevés.

Madame Marie, la charmante compagne du médecin en

chef de l'asile deVuillejuif, a traité d'une façon particulière-

ment remarquable la question des convalescents sortant des

asiles. Le patronage familial des aliénés guéris doit s'occuper

Archives, 2° série, 1006, l. XXII. 20

300 CONGRÈS INTER A1T0NVL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS.

des familles des malades internés, pour leur conserver un

foyer en cas de sortie et renouveler les rapports entre les ma-

lades et ce foyer en cas de guérison. Le patronage des conva-

lescents permettant les sorties précoces de l'asile et consti-

tuant la meilleure prophylaxie des rechutes, doit être encou-

ragé par les pouvoirs publics, qui, en le subventionnant,

'évitent des internements multiples et prolongés.

Le patronage, en cas de rechute, doitpourvoirauxpremiers

soins à domicile et aplanir les formalités de réinternement,

les placements tardifs étant les moins curables. Le patronage

doit vulgariser les notions relatives à l'aliéné et détruire les

préjugés qui tendent à le faire considérer comme un malade

différent des autres et constamment dangereux. La propa-

gande dans ce sens et l'activité en faveur des appuis moraux

aux aliénés sortis et à leur famille sont aussi essentiels que

les secours en argent et les appuis matériels. Les oeuvres de

patronage doivent assurer l'un et l'autre.

Le comm. Merlo, chef de Indivision de la Bienfaisance pu-

blique au Ministère de l'Intérieur, a écrit un rapport du plus

haut intérêt sur le patronage des aliénés pauvres. Les conclu-

sions doivent en être citées tout entières :

« A la suite de l'initiative privée devront surgir en grand

nombre, en chaque Etat, des Sociétés de Patronage pour alié-

nés pauvre», avec le concours de spécialistes, de médecins,

decitoyens de toute classe capables de contribuer, même

par leur oeuvre personnelle seulement, - à la propagande de

l'idée du patronage, et à un exercice profitable de sa fonction.

Ces Sociétés surgies dans chaque Etat pourraient compléter

et intégrer leurs forces par la formation d'une grande fédéra-

tion nationale, qui pourrait prendre des accords convenables

avec les fédérations analogues des autres pays, pour l'échange

d'informations et d'études, et éventuellement pour s'entr'ai-

der par la mutualité de leurs prestations.

Là où une coopération si large ou 1 initiative privée fe-

raient défaut, l'Etat (fonctionnant comme stimulateur pour

arriver au même but) devrasepréocuper,au moins, partout où

un asile d'aliénés existe, de faire surgir, avec le concours de

la Direction de l'Asile, un noyau d'association capable d'éten-

dre son action dans le territoire circonstant, au moyen,

soitde Comités locaux, soit de personnes chargées delà chose,

soit encore par le concours des associations autonomes, qui

pourraient se constituer éventuellement dans quelque « Com-

mune ».

L'action des Sociétés de patronage doit s'exercer en faveur de

l'aliéné déj au commencement de sa maladie, et pendant son

traitement et sa convalescence, comme un moyen d'intégra-

CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 307

tion, dans le système de l'assistance familiale ; dans tous les

cas comme agent moral d'une guérison plus rapide,et comme

moyen de préparation du patronage qui devra s'exercer sitôt

la guérison complète.

Cette action s'étendra, si possible, d'une façon préventive

aux personnes prédisposées aux maladies menlales ; et,

comme surveillance et comme assistance, elle continuera son

action alors que l'aliéné aurait trouvé une occupation régu-

lière et rémunérée.

Le patronage doit se proposer, en ligne principale, d'ôter

du chemin de l'aliéné guéri les obstacles, qui, dans le milieu

social s'opposent à la tranquillité de son esprit et à sa produc-

tivité, en lui fournissant les moyens avec lesquels, par son

propre travail, il puisse pourvoir à sa subsistance, et ne lui

accordant des subventions qu'en voie tout à fait exception-

nelle et temporairement.

L'argent gagné par l'aliéné à l'asile, pendant son traitement, t,

devra être administré, pendant un certain temps, par un

membre de la Société de patronage, qui en surveillera et ré-

glera l'usage.

Le patronage doit être étendu aux familles des aliénés afin

d'exercer une influence favorable sur l'esprit du malade, et

pour que le milieu où il devra revenir sitôt guéri soit le plus

adapté à le recevoir. Pour arriver à cela il faudra :

Dans l'ordre moral : travailler à maintenir vivaces les af-

fections familiales et, s'il y avait des dissenssions, tâcher de

les faire disparaître, empêcher ou vaincre toutes les causes

de chagrin ou de préoccupation de la part de l'aliéné à son

etour dans sa famille ;

Dans l'ordre économique : éviter la dispersion des biens de

aliénéen procurant aux membres de sa famille les moyens

de vivre par leur travail.

a) Etant donnéque les subventions matériellesont d'autant

plus de valeur lorsqu'elles sont accompagnées de l'oeuvre in-

telligente et consciente de son but de celui qui donne, il fau-

drait confier aux Sociétés de patronage la tâche de la distri-

bution des secours fixés par les statuts des institutions de

bienfaisance et d'assistance publique en faveur des aliénés et

de leurs familles, lorsqu'ils sont pauvres.

b) On devrait aussi coordonner l'action des Sociétés de pa-

tronage, de bienfaisance publique, en tous les cas où il y au-

rait lieu à un échange dans les prestations, ou bien à une ac-

tion commune (fondation d'Instituts, de maisons de travail,

de bureaux d'information et de placement) qui pourrait leur

308 CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIENES,

permettre d'arriver au même but avec une dépense plus pe-

tite et un profit plus grand.

L'Etat, tout en laissant à l'initiative privée le soin de la

constitution des Sociétés de patronage, et en respectant l'au-

tonomie, doit stimuler et favoriser leur formation, leur fédé-

ration et les rapports qu'elles peuvent avoir avec celles des

autres Nations; il doit sollicite ? leur coordination avec les

Institutions existantes, pour assurer, par la force des lois et

par des accommodements d'ordre administratif, une aide

matérielle et morale; il doit concourir aux dépenses par des

élargitions en vue de l'utilité publique qui peut dériver

d'elles; mais plus encore à cela doivent contribuer, et en

mesure plus large (à cause de la valeur que le Patronage a

pour prévenir les maladies, pour éviter les rechutes, et pour

hâter les guérisons) les Corps publics auxquels revient

l'obligation de l'assistance des aliénés (I). »

Le quatrième thème général était le suivant : De l'assis-

tance des anormaux (faibles d'esprit, alcoolisés, épileptiques,

fous moraux, criminels, etc. Le premier rapport était celui

du Dr Courjon. Il a rendu hommage aux travaux de NI. Bour-

neville dans des termes trop justes pour que nous ne les

rappellions pas ici.

« Bourneville, disciple de Séguin, mieux servi peut être par

les circonstances, mais fort surtout d'une inlassable activité,

d'une persévérance que rien ne rebute, est en France l'apôtre

de la cause des anormaux. Le Maître de Bicêtre, comme nous,

ses élèves, aimons à le nommer, ne s'est pas borné à prêcher

la bonne parole, il a prêché d'action ; apôtre, il a non seule-

ment fondé une église, il a bâti un temple. Il a, comme nous,

le disions tout à l'heure, modernisé, complété et perfectionné

la méthode de Séguin, et il l'a vulgarisée grâce à un labeur

incessant de trente années ; d'autre part, il a organisé son

service de Bicêtre, arrachant sou à sou aux pouvoirs publics

les crédits nécessaires, discutant avec les architectes les plans

des bâtiments à édifier, formant ses professeurs, ses chefs d'a-

telier, ses infirmiers Depuis le mois de janvierdernier, atteint

(1) Sur la question des Sociétés de patronage, voir : 110UttrcE

ville, Notes diverses dans le Progrès médical et les Archives de

Neurologie ; - Rapport et remarques il la Commission de siirveil -

lance des asiles de la Seine ; - Rapport au Conseil stil)i-i-i4-tii, de

l'assistance publique sur la Création de Sociétés de patronage

pour les aliénés sortants des asiles, 1889; Bulletin delà Société de

patronage des asiles de la Seine, 1893-1905, cle.

CONGRÈS INTRENÀTIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 309

par l'impitoyable limite d'âge, il a dû résigner ses fonctions

de médecin-chef à Bicêtre ; mais il conserve la direction de

la Fondation Vallée, qui est également son oeuvre, et pen-

dant longtemps encore, nous l'espérons, notre cher doyen

continuera ses recherches et nous fera profiter du fruit de

ses observations patientes et minutieuses, exposées dans des

publications si substantielles et si attachantes.

Mais nous aurions mauvaise grâce à insister, tous ici con-

naissent Bourneville et apprécient son cenvre.

L'arbre qu'il a planté est en pleine végétation, et la florai-

son fait bien augurer de la récolte. Les disciples du Maitre, à

leur tour, vont partout porter la bonne parole,et à son exem-

ple, prêchent d'action (1) ».

Les conclusions du Dr Courjon sont celles-ci :

1° Les enfants anormaux ont droit à l'assistance; il convient

de leur assurer (en dehors du vivre et du couvert s'il y a lieu

le traitement médico-pédagogique et l'éducation profession-

nelle qui leur permettront de devenir des citoyens utiles.

2° Dans chaque pays, les amis des anormaux, philanthro-

pes, médecins et éducateurs doivent se grouper et s'unir en

Comités nationaux à l'effet de provoquer, de seconder et de

compléter l'action des pouvoirs publics en faveur des enfants

anormaux.

M. Beach étudie les mesures priles en faveur des enfants

anormaux mentalement et physiquement et des enfants épilepti-

ques en Angleterre et au pays de Galles, Le Du- Jules Voisin

a consacré son très remarquable rapport à la classification et il,

l'assistance des enfants dits : anormaux intellectuels.

Un très important rapport du Dr Marie, médecin en chef de

Villejuif traitait de la colonisation agricole au point de vue ds

l'assistance des aliénés, des épileptiques et des arriérés adultes.

Le principe de la colonisation du travail pourles aliénés chro-

niques paraît clairement adopté par la majorité desaliénis-

tes compétents ; cette colonisation ne semble pouvoir être

indépendante, mais doit être annex éeà un asile. C'est le parti

auquel le département de la Seine s'est rallié dans son projet

de colonisation agricole pour débiles et imbéciles adultes et

pour épileptiques valides.

AChezal-Benoit, l'ancienne abbaye constituera un asile-in-

firmerie fermé, autour duquel se disséminerontde multiples

pavillons de travailleurs groupés par catégories au nombre de

50 environ sur une superficie culturale de 300 hectares.

(1) Nous remercions vivement M. le D' COtH'jOIl de son anprc-

cialion si bienveillante de ce que nous avons fait en faveur des

anormaux (B.)

310 C0 : GRL : S international de l'assistance des aliénés.

C'est d'ailleurs là une application nouvelle du principe

mis en oeuvre à Altscherbilz, dans les asiles-fermes améri-

cains (asile Willard, de Kuiamakoset du -'Iassachusset), Ita-

liens, Anglais, Russes, Allemands et en Autriche-Ilongrie.

Les cinquième et sixième thèmes généraux avaient pour

sujets les ambulatoires et les sanatoriums populaires pour

nerveux. Citons un rapport 'de M. Ellero sur les asiles urbains

et un autre du Dr Gommés sur les Dispensaires neurologiques.

Nous avons fait nous-même un long rapport sur l'hospitali-

sation des nerveux, où nous avons montré l'intérêt qu'il y au-

rait à organiser des sanatoriums populaires pour les nerveux,

que l'on devrait édifier dans des endroits propices (stations

climatiques, etc.) et qui seraient ouverts à tous sans déclara-

tion préalable. Signalons également les intéressants rapports

de MM. Pini et Epstein.

M. Cristiani a étudié dans son rapport les résultats économi-

ques et sociaux des progrès de l'assistance des aliénés et spécial.

lement de leur assistance familiale et M. le professeur D'even-

ter, le progrès dans le traitement des aliénés au point de vue

social et économique.

Voeux émis par le Congres. Que partout où l'assistance

familiale des aliénés n'est pas encore pratiquée, une com-

mission gouvernementale d'aliénistes compose un ensemble

d'instructions claires, détaillées, par lesquelles on décrive et

explique nettement l'essence et le but de l'assistance fami-

liale,et que ces instructions soient adressées à tous les méde-

cins de campagne sans exception en les sollicitant de bien vou-

loir en répandre la connaissance parmi les populations ru ra-

les,en prêcher l'adoptioneten assurer l'exécution. (MuuAM.)

[.Que les Sociétés de patronage s'occupent aussi « des

personnes prédisposées à l'aliénation mentale; qu'elles se cons-

tituent dans tous les pays et se multiplient partout. Qu'elles

poursuivent surtout le but de travailler à l'adoption de l'assis-

tance familiale, de la contrôler de concert avec la direction

médicale des asile', de faciliter le placement du malade

après sa guérison et son retour à un travail normal, de

s'occuper enfin des conditions morales et économiques de sa

famille. IL Que les oeuvres de bienfaisance, d'assistance

publique et de patronage coordonnent leurs efforts afin de

mieux atteindre leur but commun. (Mme Marie, MM. MERLO

et Ladame.)

Le Congrès, prenant en considération les connexions exis-

CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 311 L

tantes entre les aliénés, les enfants arriérés, les alcooliques et

les criminels, témoigne le désir d'une fusion entre les diffé-

rentes Sociétés de patronage afin de pouvoir pratiquer le

patronage d'une manière plus rationnelle, avec plus de

succès. (moral, \'AN éventer.)

Le Congrès émet le voeu de voir organiser des sanatoriums

populaires pour nerveux, édifiés dans des endroits propices,

ouverts à tous sans déclaration préalable, ainsi qu'il est

pratiqué en Allemagne. (LucIEN Graux.)

Le Congrès émet le voeu qu'il soit procédé à des mesures

prophylactiques et spéciales ainsi qu'à la cure et à l'isole-

ment à l'égard des aliénés tuberculeux, tant dans la colonie

,que dans les asiles fermés, publics ou privés. (I \RIE et Ro-

LEr.)

1° Les enfants anormaux ont droit à l'assistance ; il convient

de leui assurer (en dehors du vivre et du couvert s'il ya lieu)

le traitement médico-pédagogique et l'éducation profession-

nelle qui leur permettront de devenir des citoyens utiles.

2" Dans chaque pays, les amis des anormaux, philanthro-

pes, médecins et éducateurs, doivent se grouper et s'unir en

comités nationaux à l'effet de provoquer, de seconder et de

compléter l'action des pouvoirs publics en faveur des enfants

anormaux. (COURJON.)

Que l'assistance des arriérés phrénasthéniques soit sous-

traite à la spéculation privée et confiée à des institutions

publiques qui présentent les garanties nécessaires. Signé :

MEDEA, PiNi, 1 ERRARI, GONZAI.ES, MONTESANO, F\GGIANI.

Considérant que,bien que le nombre de connaissances assu-

rées à propos des causes des maladies nerveuses et mentales

et en général de la dégénération humaine soit assez grande,

elles ne sont pas encore suffisamment ni complètement

coordonnées ;

Considérant que la vie moderne, usant le système nerveux,

a augmenté énormément et menace d'agrandir encore et beau-

coup plus le chiffre des affaiblis et des aliénés;

Considérant la nécessité de pourvoir par tous les moyens

que l'on croit opportuns à la prophylaxie des maladies ner-

veuses et mentales ; le Congrès approuve la proposition de

fonder un Institut international pour l'élude étiologique et

pour l'action prophylactique des maladies nommées et de la

dégénération en général et institue un Comité international

afin d'organiser l'Institut en tâchant d'obtenir la coopération

312 asiles d'aliénés

des divers gouvernements pour compléter et coordonner

l'examen des causes dégénératives en général et en particulier.

chez les différents pays, pour arriver à formuler les proposi-

tions qui conviendront le mieux.

Charge la présidence du Congrès de nommer les membres

du Comité international. (D'après la proposition Frank).

ASILES D'ALIÉNÉS

1. La surveillance dans les asiles.

Lorsqu'un étranger visite un asile, bien souvent il est sur-

pris du calme des pensionnaires, de l'aspect riant des jardins

de l'allure proprette de la salle à manger, et, lorsqu'il sort, il

déclare que vraiment ce n'est pas un lieu de supplices et de

tortures, et que malades et infirmiers doivent vivre heureux.

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Certes,les infirmiers ne sont pas aussi malheureux que jadis,

mais qu'est leur situation par rapport il celle de leurs collè-

gues d'Amérique ou d'Allemagne ; certes, les malades ne sont

pas absolument à plaindre ; leur sort a beaucoup changé,

mais bien peu par rapport à ce qui reste à faire.

La salle à manger lui a paru jolie, le parc superbe, oui,

mais sait-il que, derrière un mur près duquel on l'a fait

passer rapidement, il y a d'ignobles taudis, sales, s'effritant,

ne prenant l'air que sur une cour brûlante l'été, glaciale l'hi-

ver, sait-il que,dans cette cour,s'agitent des malades terribles,

prêts à tuer leurs gardiens comme ils ont déjà tué leuis pa-

rents ? P

Va ! étranger, les malades sont calmes et heureux, l'asile est

superbe, le personnel satisfait ! Infirmiers et infirmières sont

couverts d'or, leur métier est un idéal,et leur vie un paradis.

Jamais ils ne risquent rien, non. Cependant tu lis bien quel-

quefois dans les journaux un fait divers dans ce genre :

Hier, le nommé X., interné à l'asile de Y., a tué le gardien N ?

en lui enfonçant un couteau dans la poitrine. Les autorités ont

ouvert une enquête.

Pour 25 ou 30francs par mois, tous les gardiens d'asiles en

risquent autant.

Eh bien, ô étranger ! sais-tu la cause de ces accidents ? sais- lu

que si les pensionnaires étaient surveillés plus activement cela

asiles d'aliénés. 313

ne se produirait, certes, pas aussi souvent. Et c'est encore

faute de surveillance que tu peux encore lire ceci :

Privas, le 10 août 1900.

Vendredi, le nommé Gaston Saut, originaire de Saint-Paul-le-

Jeune (Ardèche), interné depuis le 16 juillet dernier à l'asile d'alié-

nés de Privas, a été trouvé asphyxié dans sa cellule, ses fournitu-

res de literie entièrement brûlées. L'administration, effarée et sans

doutefautive, ignore comment ce malade a mis le feu. Les auto-

rités préfectorales et judiciaires ont immédiatement ouvert une

enquête.

Si le malade n'avait pas eu un couteau, si on l'avait empê-

ché d'aiguiser unclou, si on luiavait retiré sesallumeltes,tout

cela ne serait pas arrivé.

On ne prête pas assez d'attention à ces accidents ; à peine

le quotidien glisse cette phrase : « l'administration sans doute

fautive », sans insister davantage, sans se préoccuper des ré-

formes à réaliser. MM. Valon, Charpentier, et bien d'autres

médecins ont été blessés et nombre de gardiens ont trouvé la

mort. Ils surveillent pourtant de leur mieux les pensionnaires

qui leur sont confiés, mais comment crois-tu, ô étranger,

qu'un pauvre cultivateur qui sort du régiment, qui n'a

jamais vu un aliéné de sa vie, surveille efficacement les trop

nombreux malades qui lui sont confiés ? P

Pas plus tard qu'hier, nous visitions l'asile de X ? près de

Paris. En ouvrant une porte nous voyons un malade accroupi,

occupé à aiguiser un long clou. ( Le surveillant qui m'ac-

compagnait le lui prit aussitôt. « Mais que voulez-vous, me

dit-il, avec un personnel comme il yen a ici,gagnant 25 francs

par mois et ne restant que six mois au plus,comment voulez-

vous que la surveillance soit bien faite ? Si encore nous étions

en nombre ? a

Tu vois,ô étranger, que derrière les beaux arbres, les grands

bâtiments réguliers, les belles statistiques que l'on t'a mon-

trés, il se passe de terribles histoires, tu le sauras maintenant,

mais tu ne changeras rien à ta vie et tu ne te croiras pas obligé,

même si lu es membre d'une commission de surveillance, à

essayer de voir de plus près, de faire appliquer le règlement,

d'améliorer la situation de ceux qui te sont confiés.

Marcel B.

(1) Règlemelltdll service intérieur des asiles du 2 0 mars 8.i.

Ars. 181. Toute introduclion de instruments tranchants on

piquants et généralement d'objets susceptibles d'un emploi

dangereux ou nuisible dans un établissement d'aliénés est rigou-

reusement interdit, etc. ;

11 1 asiles d'aliénés.

II. - Martyrologe du personnel secondaire des asiles.

Le nommé Madec, interné à l'asile de Quatre-Mares depuis le

2 juin 1906 et venant de la prison d'Y,etot, a tué, dans la nuit du

12 au 13 juin, un de ses compagnons et a blessé très grièvement

un gardien. Voici dans quelles circonstances, lisons-nous dans le

rapport qu'a bien voulu nous communiquer notre ami, M. le D'

Lallemand : -

Madec était couché dans un dortoir du quartier d'observation,

occupé par huit malades sous la surveillance d'un gardien, le

nommé Coignel. Son lit était contigu à celui du gardien de ce

dortoir. Madec se serait levé vers onze heures du soir, se sérail

accroupi sur son vase de nuit, comme pour uriner, et dans celle

position aurait fouillé dans la poche du pantalon du gardien qui

se trouvait à sa portée et se sérail emparé ainsi du couteau du

gardien ; il frappa celui-ci de deux coups à la poitrine ; puis,

peut-être voyant se lever sur son séant Lardenois, le malade qui

occupait le lit voisin du sien, Madec le frappa d'un unique coup

de couteau dans la région du coeur ; Lardenois a dû succomber

presque immédiatement, l'aorte descendante ayant dû être

coupée.

Sur ces entrefaites, le gardien Coignet s'était levé malgré ses

blessures et avait rejoint Jladec près de la porte du dortoir et

cherchait à le maîtriser ; Coignet, après avoir reçu encore un coup

de couteau à la région temporale droite, était parvenu à renver-

ser Madec et à le tenir sous ses genoux.

C'est à ce moment que le chef de quartier Cuzon,averli par le

veilleur de nuit Vendanger qu'on entendait un bruit de lutte

dans le dortoir, accourut et passa la camisole de force à Madec ;

celui ci avait déjà à ce moment refermé le couteau et l'avait jeté

sous un lit.

Rien ne pouvait faire prévoir ce triste 3'énement,)faclec,delmis

son entrée, s'était montré très calme ; il avait même dit à maintes

reprises au chef de, quartier Cuzon qu'il avait simulé la folie, alors

qu'il était à la prison d'Yvelot,de façon à échapper à ses gardiens

qui voulaient le faire crever, disait-il, à force de mauvais trai-

tements.

Hier Madec m'avait demandé de le remettre en liberté et

j'avais décidé de lui faire subir ce matin un interrogatoire minu-

tieux pour m'édifier aussi complètement que possible sur son

état mental et contrôler ses allégations en ce qui concernait la

simulation de la folie.

Son crime commis, JIadec s'est montré calme, disant qu'il ne

se souvenait de rien, mais qu'il se sentait malade ; qu'on avait

mis du poison dans ses aliments. Ur, hier, dans la journée et

dans la soirée, on n'a rien remarqué d'anormal chez Madec qui

ASILES D ALIÉNÉS J15

s'est constamment montré très calme, bien que très réticent et

très sournois depuis son entrée à l'Asile.

Après l'accident, dans un interrogatoire -ultérieur, Madec a

linit par avouer que, depuis quelques jours, il croyait que les gar-

diens en voulaient à sa vie et lui avaient mis du poison dans ses

aliments. Cette nuit, il a senti, dit-il, une chaleur intolérable

dans l'estomac, il se sentait étouffer, c'est alors qu'il a été pris

tout à coup de l'idée de tuer ; quant à son autre victime, le

malade Lardenois, depuis quelques jours, ajoute )lades : il il ne

cessait de se moquer de moi et de me dire des injures. »

Le gardien Coignet, auquel j'ai donné immédiatement mes

soins et dont le courage mérite tous les éloges, est très griève-

ment blessé, il porto à la région précordiale deux blessures,

dont l'une seulement est pénétrante et a intéressé le poumon ;

c'est cette blessure qui rend le pronostic très grave. La blessure

qui a intéressé le visage est sérieuse.

III. Instructions concernant l'organisa.tion *du ser-

vice médical de la Maison de Santé de Ville-Evrard, par

MM. Sérieux et Mignet IBLIII. de la Soc. de mid, mentale

de Belgique, 1905, noq 1 ? -2 et 1-23.)

Les auteurs en rédigeant ces instructions se sont proposé sur-

tout de compléter l'interrogatoire des malades, tâche réservée

aux médecins, par l'observation continue pratiquée par le per-

sonnel et d'obtenir de ce dernier, dans ses rapports écrits et

périodiques, substitués aux renseignements oraux et irréguliers,

promis généralement, un exposé précis de leurs réactions, ce

qu'aucun interrogatoire ne peut révéler.

Ces instructions tendent, en outre, à donner au personnel des

indications détaillées louchant la clinique psychiatrique et les

soins spéciaux que réclament les sujets atteints de maladies men-

tales. Elles ont enfin l'avantage d'assurer d'une manière pour

ainsi dire forcée et automatique la périodicité des interrogatoires

médicaux et la mise à jour des observations.

On ne saurait trop louer la clarté, la précision et la simplicité

qui ont présidé à la rédaction de ces instructions et nous n'hési-

tons pas à en recommander la diffusion dans tous les services

d'aliénés. G. D.

IV. - Du choix des malades à placer dans les colonies :

par J. A. C. Peeters,, (l3ull. de la Société de med. ment, de

Belgique, juin 1905. j

On trouvera dans ce travail un modèle de rapport médical

dressé sous l'orme de questionnaire parles inspecteurs hollandais,

rapport dans lequel sont passées en rev ue toutes les circonstances

qui peuvent avoir de l'influence sur le choix du régime à appli-

316 bibliographie.

quel' aux aliénés. La formule remplie par le médecin officiel de

la commune est transmise à la direction de la colonie, qui fait

savoir aux autorités que, d'après les renseignements fournis, le

malade est ou n'est pas propre à bénéficier de l'assistance fami-

liale. G. D.

V. Des médecins adjoints dans les établissements

d'aliénés, par le))1 Meeus.(Z ? uZ/. de la Soc. de màl. ment, de

Belgique, 11°» 120, 121 et 122).

Etude très documentée sur le fonctionnement de l'adjuvat des

asiles d'aliénés dans les différents pays et les rapports de dépen-

dance qui existent actuellement entre les médecins en chef et

leurs aides et la recherche du meilleur emploi de toutes les forces

médicales. L'idée dominante de cette étude est que chaque

médecin doit avoir un service individuel et une autorité et une

responsabilité nettement établies. L'auteur propose de nommer

un médecin adjoint pour 300 malades et d'exiger pour cette

nomination un certificat constatant des études psychiatriques

faites à l'étranger, un stage dans un asile ou mieux, un examen

spécial.

M. Meeus demande, en outre, avec M. Claus, que dorénavant

les médecins d'asile soient obligés à la résidence et qu'il leur soit

interdit de faire de la clientèle. Enfin, les médecins en chef

devront être, à l'avenir, exclusivement recrutés parmi les méde-

cins adjoints. C. 1).

BIBLIOGRAPHIE

V. Rapport médical sur l'Asile d'aliénés de la Roche sur-

l'on pour 1\)03 ; par 11. le I)1' Cullerre, médecin directeur.

Servand-Mahaud, imprimeur à La Roclte-sur-1·on, 1906.

Existants au 1 cr janvier 1905 : IL °Si ; F. 311 ; total 598. -

Admissions : IL 61 ; F. 73 ; total 134. Sorties pendant l'an-

née : II. 26 ; F. : 1 ; total 57, dont 35 par guérison (II. 17 ; F. 18;

par amélioration, Il. 4 ; F. 8, total : 12. - Décès : IL 30 ; F. 25 ;

total 55. Existants au 31 décembre 1905 : Il. 392 F. 328 ; total

lui ? 0.

« .1' appelle l'attention de nouveau, dit M. Cullerre sur la pro-

portion considérable des infirmités cérébrales incurables dans le

nombre des admissions, dont elles forment presque le quart (folie

compliquée d'épilepsie, démence sénile et organique, idiotie).

C'est en grande partie à cette cause qu'il faut attribuer l'accrois-

bibliographie. 317 -1

sèment continu si considérable de la population de l'Asile. Faute

d'hospices d'incurables dans le département et aussi par mesure

d'économie, les communes ont une tendance de plus en plus pro-

noncée à poursuivre l'admission à l'Asile de leurs infirmes de

l'intelligence qui, s'ils participent au chiffre des extinctions par

décès, n'entrent pour rien dans le chiffre des sorties.

« Les admissions, depuis quelques années, nous offrent un

phénomène paradoxal dont je ne puis donner l'explication : le

nomhre des femmes admises l'emporte presque régulièrement t

d'une dizaine d'unités sur celui des hommes, contrairement à la

règle générale et contrairement aussi à ce qui se passait autre-

fois à l'Asile. Il en résulte que la population féminine, très infé-

rieure jadis à la population masculine, la dépasse maintenant de

30 il '10 unités, sui, a¡1l1es années. »

« Enfants arriérés idiots et épileptiques. - Nos pavillons d'en-

fants contenaientau lerjanvier 1905, 32 malades de moins de 18

ans (18 garçons et 14 filles). Il y a eu dans le cours de l'année 9

admissions (5 garçons, et 4 filles) ; il y a eu 2 sorties (filles) et 4

(2 garçons, 2 filles) sont passés aux adultes, soit 6 extinctions : 'il

restait donc au 31 décembre 33 enfants (21 garçons, 14 filles).

Pour tous ceux de ces enfants qui présentent quelque lueur d'in-

telligence, le personnel continue ses efforts en vue d'obtenir de

l'amélioration. ,

« Sept garçons suivent une classe faite par un de no» pension-

naires, ancien instituteur ; deux ont appris à lire couramment,

font des dictées du certificat d'études, et les quatre règles de

deux, trois et quatre chiffres, Ils ont une certai.ne aptitude pour

le dessin et y ont fait des progrès. Trois autres ont appris à écrire

et à lire couramment. Deux autres commencent à écrire seule-

ment. Plusieurs de ces enfants manifestent un goût singulier pour

le chant et la récitation. Un infirmier continue à leur donner des

leçons de gymnastique ; une infirmière s'occupe de leur éduca-

tion, non sans succès.

« Huit filles ontsuivi une classe faite par la religieuse du quar-

tier. Deux se sont montrées à peu près réfl'aelaÏt'esil toute cul-

ture intellectuelle. Une fait des progrès, mais oublie tout ce

qu'elle a appris à chaque crise d'excitation maniaque qu'elle

éprouve (psychose intermittente). Chez deux, les progrès ont été

très bons pour la lecture, l'écriture et le calcul ; chez deux

autres il yaeu progrès pour la lecture ; pour la dernière enfin,

on a constate une véritable inaptitude pour la lecture, alors

qu'elle a appris à écrire d'une façon remarquable et qu'elle ex-

celle dans les exercices de mémoire. Nous devons faire remar-

quer (pièces essais de culture ont surtout une importance théra-

peutique. Ils ont pour but d'éviter le naufrage définitif de cer-

318 BIUL10GRAI HIE.

laines intelligences partiellement atteintes qui, abandonnées à

elles-mêmes ne tarderaient pas à s'éteindre tout à fait,. » Un ne

saurait trop insister sur le travail manuel et les exercices physi-

ques et les leçons de choses.

Mois des admissions les plus élevées : janvier, juin, juillet,

novembre et décembre. « Ces chiffres sont purement fortuits, car

la règle est que les admissions prédominent légèrement pendant

les mois de printemps et d'été. »

Sorties à titre d'essai. - A la suite d'un rapport adressé par

moi à l'administration le 16 juin 1905 sur l'opportunité des sorties

d'essai pour les malades convalescents et améliorés, M. le Préfet

voulut bien m'autoriser à appliquer celte mesure, .l'ai délivré

dans le second semestre de 1905, des congés d'un mois à 14 ma-

lades dont 4 seulement ont été réintégrés, les 10 autres ayant pu

être maintenus dans leurs familles, à l'expiration du mois de

congé, 7 devant être considérés comme guéris et 3 comme amé-

liorés seulement. Cette expérience sera continuée, les résultats en

ayant été jusqu'ici satisfaisants, comme il était à prévoir. La fa-

cilité de ramener les malades à l'Asile sans formalités, en cas de

rechute, encourage les familles à tenter l'épreuve de la sortie pro-

posée à titre provisoire par le médecin. D'autre pari, la convales-

cence de certains aliénés est singulièrement facilitée et abrégée

par le retour à la vie normale. Enfin, la pension cessant de cou-

rir pendant la durée de ces congés, il en résulte pour les charges

du département et des communes un allégement qui, tout mo-

deste qu'il soit, n'est cependant pas à dédaigner. Cette pratique

des congés et sorties d'essai est recommandée depuis quelques an-

nées par le Ministère de l'inférieur et le Conseil supérieurde l'As-

sistance publique (1). Voici les termes du règlement d'après le-

quel les sorties d'essai sont accordées :

«1° Le Directeur-Médecin de l'Asile d'aliénés de La Moche-sur-

Yon est autorisé à confler,à titre d'essai, à leurs familles, parents

ou amis qui y consentiront, les malades convalescents ou amélio-

rés qui lui paraîtront susceptibles de bénéficier de celte mesure.

« 2° Les congés, ou sorties d'essai ne pourront dépasser un

mois. Ils seront renouvelables. Le Préfet en sera immédiate-

ment informé et mention en sera faite sur le registre de la loi. »

« 3° Pendant la durée du congé d'essai ou il son expiration,

l'aliéné pourra, si son état l'exige, être réintégré à l'Etablisse-

ment sans formalités. Avis de la réintégration et des motifs qui

l'auront nécessitée sera aussitôt donné au Préfet parle Directeur-

Médecin.

(l)Nous les accordons depuis 1878. Nous publierons la lettre de

M. Camescasse, préfet de police qui a consenti à les tolérer

bibliographie. 31J

a 4° Qtiaiiil l'épreuve se sera montrée favorable au bénéficiaire

du congé, il sera, en cas de placement d'office, maintenu en

liberté par arrêté préfectoral, sur la proposition du Directeur-

Médecin. .

5° Pendant toute la durée des congés dont ils pourront lonéli-

cier, la pension des aliénés placés au compte du département sera

suspendue etne recommencera à courir que du jour de leur réin-

tégration à l'Etablissement si elle a lieu. »

A propos de l'alitement, )1. le 1), Cullerre s'exprime ainsi :

«.Nous ne dirons pas que l'alitement abroge la durée des mala-

dies mentales, ce serait contraire à notre observation ; mais nous

pouvons affirmer qu'elle on atténue largement la symptomato-

logie. Nous ne dirons pas davantage qu'elle en modifie le pronos-

tic et qu'elle augmente le nombre des guérisons; ce serait faux

en principe ; mais en fait elle permuta quelques malades de gué-

rir qui seraient morts s'ils n'avaient pas été soumis à cette prati-

que.

Les aliénés à qui convient le mieux l'alitement sont, d'après

mon observation, les alcooliques, les maniaques agiles, les mé-

lancoliques, ceux qui sont atteints de confusion mentale aiguë.

stupide ou délirante : enfin les périodiques. Pour tous ces aliénés

il y a rarement des contre-indications à l'alitement. Il n'en est

pas de même des épileptiques délirants et des paralytiques géné-

raux : certains de ces malades ne peuvent sans inconvénients y

être astreintset pour eux il y faut renoncer. Je dois en dire au-

tant des persécutés systématiques et des déments précoces. Quel-

ques chroniques cependant sent justiciables de la méthode, au

grand bénéfice de la discipline et de la propreté, parmi ceux qui,

livrés à eux-mêmes, déchirent leur linge, se barbouillent d'ordure

et commettent des actes multiples de destruction. »

v Un seul cas rentre entièrement dans la catégorie des guéri-

sons tardives : il s'agit d'un homme de 5G ans, qui, pendant qua-

tre mois et demi, sans aucune rémission, demeura dans un état

de profonde dépression avec mélancolie de l'orme classique, (d qui,

en quelque» jours revint à une lucidité parfaite qui se maintint et

put être légitimement considérée comme une guérison qui per-

siste encore à l'heure actuelle. » Ce fait montre une l'ois de plus

qu'il faut être très prudent pour déclarer l'incurabilité absolue des

malades aliénés. Parmi les maladie» incidentes, relevons 19 cas

de tuberculose pulmonaire.

La Situation financière de l'Asile est la suivante :

320 bibliographie.

bibliographie. 321

fatigués et mêmes infirmes, manquant presque entièrement des

aptitudes qu'exigent le rude et parfois dangereux métier d'infir-

mier d'aliénés.

« Ainsi que je le disais dans mon rapport de l'année dernière,

ce n'est qu'en améliorant la situation de ce personnel que nous

pouvons espérer d'en améliorer le recrutement. Une augmenta-

lion de salaire s'impose. Pour les infirmiers divisés actuellement

en trois classes répondant respectivement à un salaire de 22, 25

et 30 frcs par mois, nous proposerons au budget 25, 30 et 35 frcs.

Pour lesinfirmières, réparties également en trois classes, à raison

de 18, 20 et 22 frcs nous proposerons ? 0, 22 et 25 frcs. Ces prix

su rapprochent dos salaires que gagnent les gens du pays, peut-

être môme leur sont-ils inférieurs, aussi sera-t-il nécessaire de

réserver exceptionnellement et dans les limites du crédit prévu u

annuellement au budget une prime d'augmentation à ceux de

nos sujets les plus méritants qu'il y aurait un intérêt majeur à

retenir au service de l'Etablissement. C'est dans la catégorie des

hommes mariés que nous trouvons nos infirmiers les plus stables

elles plus consciencieux ; à ceux d'entre eux qui ont leur ménage

hors de l'Etablissement, nous tâcherons d'accorder un peu plus

de liberté que n'en a comporlé jusqu'ici le chiffre restreint du

personnel.

Avant de clore ce paragraphe, je croi< devoir faire la remar.

que qu'à population égale, l'Asile de la Roche-sur-Yon, après

ces augmentai ions de salaire, comptera encore parmi les établis-

sements qui dépensent le moins pour la solde de leurs préposés et

servants. Pour la plupart des asiles de G à 700 malades, cette dé-

penauoscille entre 25 et 30.000 francs. »

Un tableau du personnel avec indications du traitement et des

avantages en nature est annexée à ce rapport qui se termine par

la situation de l'Asile en fin d'exercice. -

322 bibliographie.

nous adresser deux exemplaires de leur dernier rapport.

Si nous demandons deux exemplaires c'est afin d'abréger

notre tâche en pouvant découper les passages que nous

croyons devoir reproduire.

'1. - Des anesthésies psychiques dites nerveuses ou hystériques;

Par le Dr Paul GLU ? (U. Doin, édit.)

L'auteur considère que l'anesthésie dite hystérique n'est ja-

mais spontanée, qu'elle est toujours d'origine auto-suggestive.

L'anesthésie psychique se produirait de la façon suivante. Un

sujet a une diminution de la sensibilité, dans un membre par

exemple, de cause organique ou dynamique ; l'imagination du

sujet, actionnée par celle sensation d'engourdissement, peul

l'exagérer et la transformer en anesthésie complète ; ou bien en-

core la cause organique qui a créé l'anesthésie ou l'hypo-esthé-

sie a pu disparaître, mais le psychisme du sujet, qui en aconservé

l'image, le maintient. Dansées doux cas, ils'agit doncd'anestbé-

sie par auto-suggestion. Dans le premier cas, c'est une anesthé-

sie complétée ; dans le deuxième une anesthésie maintenue.

Ce sont des anesthésies psychiques, des illusions négatives. Le

sujet perçoit la sensation ; elle entre dans le champ de la cons-

cience et l'imagination du sujet l'efface. Dès lors, la sensation

n'exista plus pour lui.Le travail est divisé en quatre chapitres.

Dans le premier chapitre, consacré à l'historique, le Ruz' Blum

étudie l'anesthésie psychique surtout dans sa forme analgésique.

Il passe en revue l'histoire des martyrs, des possédés, des som-

nambules, des hypnotisés. Il soutient que l'hypnotisme n'est pas

une névrose et que toutes les phases classiques décrites par Char-

cotne sont que l'effet d'une suggestion ou d'une imitation incons-

ciente des malades. Il définit ensuite l'hystérie en montrant

qu'elle n'est non plus une entité morbide nette ; qu'elle est une

réaction psycho-dynamique et queles stigmates qu'on lui attri-

bue existent chez un grand nombre de sujets non hystériques et

manquent très souvent chez les sujets hystérisables.

Dans le deuxième chapitre, il étudie les caractères cliniques

de l'anesthésie suggérée et il donne le résultai d'un grand nom-

bre d'expériences. D'après lui, on peut créer l'anesthésie psychi-

que sur 63 pour 100 de sujets non hystériques. Après avoir net-

bementdélini les caractères de l'anesthésie suggérée et expéii-

mentale, il rapporte longuement plusieurs observations clini-

ques d'anesthésies nerveuses et iladmel que cette anesthésie ner-

veuse est absolument identique comme forme à l'anestbétie

suggérée. '

Le but du troisième chapitre est de montrer que dans toutes les

anesthésies dites hystériques, en apparence spontanées, on peut.

bibliographie 323

dans la plupart devras, retrouver l'origine, le point de départ de

celle auto-suggestion.

L'auteur meL en lumière l'inlluence delà bugggestion médicale

et. inconsciente et il trace un tableau de toutes les causes organi-

ques qui peuventètre l'occasion d'une anesthésie psychique. L'a-

iiestliésie spontanée n'existerait donc pas.

Le mécanisme par lequel l'auto-suggestion réalise l'anesthésie

fil il l'objet d'un quatrième chapitre. M. Ii1t1111 passe en revue tou-

tes les théories émises sur l'hystérie parles différents auteurs, en

fait la critique et se rallie à la théorie de Bernheim.

L'anesthésie psychique noterait qu'une illusion de l'esprit, la

sensation pénètre dans le champ delà conscience ; l'imagination

du sujet, actionnée par l'idée (L'anesthésie, efface le phénomène

(inconscient. Le sujet s'en fait accroire avec les yeux de l'esprit.

Il, LER0Y,

1 II. Rapport médical sur l'asile d'aliénés de Rennes, pour

l'année 1905 ; par le Dr Sizaret, médecin en chef.

Population de l'asile au 1er janvier 1903 : Il. 420 ; F. 570 ; total ? 0. Entrées : Il. 129 ; F. 122; total 251, dont 22 cas d'alcoo-

lisme (15 IL. 7 I.). - Sortis par guérison : Il. 32; F. 18, total,

all. Par amélioration, 45 11. ; 30 F., total 75. Par autres cau-

ses 2'J ; total, 154. Décès : 11. 43 ; F. 33 ; total, 76.

Suivent deux tableaux schématiques, dont l'un concerne la

population totale de 1895 à 1905. Ce tableau montre l'extension

rapide du chiffre des aliénés du département d'HIe-et-Vilaine

depuis quelques années. La population au ici, 1895 était

de 886 aliénés et au 1 cr janvier 1905, elle élait de 1015.

« La mesure des congés accordés à titre d'essai, nous a donné

les mêmes résultais favorables que l'année précédente et presque

Unîtes ces sorties sont également demeurées définitives f.

«Nous considérons que le travail agricole entre pour une part

« importante dans la proportion plus grande de guérisons chez

« le» hommes n. 80 % de malades quittent l'asile pendant la

1 Il année de leur séjour. Parmi les maladies incidentes, rele-

vons la tuberculose (S IL, 2 l'.L" La rareté de Vothématome, com-

parée à sa fréquence dans les vieux services, semble être une

preuve de plus de son origine Iraumatitlue ; plus nous allons et

plus nous sommes persuadés qu'une giflle inavouée était à l'ori-

gine de cotte affection locale de l'oreille. »

« On remarquera la rareté relative de la mortalité par tullercu-

1()se pulmonaire. L'un de nos internes, M. Durocber, consacrera

sa thèse à l'étude de la tuberculose dans le» asiles ; il montrera

l'extrême fréquence de celle maladie infectieuse chez des malades

qui ont présenté des périodes de stupeur et que, dan» les nouv el-

ses classifications, on étudie sous le nom de déments précoces. »

324 bibliographie.

a \uu awns fait remamluc·r précédemment l'absence des pa-

villons d'isolement pour les tuberculeux, ou d'un lazaret en cas

d'épidémie.L'intirmerieclcslunnmesn'adueLroisohamltresséltarce,

du dortoir, dont les parquets en sapin sont certainement imbibés

de toutes espèces d'éléments contagieux, malgré les lavages an-

tiseptiques eti'extreme souci que nous avons réussi à inspirer il

notre personnel. Les gùteu.x el épileptiques hommes sont par-

ques dans des salles exiguës, basses de plafond, il été nécessaire

de faire récemment de grands travaux pour dégager la fosse d'ai-

sance commune aux agités et aux gâteux; elle regorgeait les

jours de pluie et c'était dans les cours une inondation horrible-

ment fétide. Il est de toutinteret de tirer définitivement parti du

principe du « tout a l'égout ", puisqu'une canalisation est à por-

tée de ces cours ».

Le service des bains fonctionne régulièrement chez les femmes,

où il y a une salle pour les pensionnaires et une autre pour les

indigentes. Cependant, la trop faible élévation du château d'eau

et sa contenance insuffisante nous privent souvent d'eau, sur-

tout le lendemain des jours fériés. Il ne peut également y avoir

ces jours-là de chasse d'eau dans les cabinets d'aisance, notam-

ment dans les sièges placé» dans les salles, ce qui est absolument

malsain. B.

VIII. Rapport médical sur l'asile d'aliénés de la Sarthe pour

l'année 190.p, par le Dr V. Bourdin, médecin en chef. Impri-

merie Douin, Le Mans.

Existants au 31 décembre t90t : '78t( ? J.S ! L et 41'i I.) ; ad-

missions : 15 ! ) 172 IL et U6 F.) restants au ;il décembre 1903 : 7\11

(,] : 13 Il. et 458 ? ). Augmentation de 7, l'accroissement de la po-

pulation se poursuit avec régularité : 734 fin 1S1(Il ; 791 lin P.IOJ.

L'encombrement va bientôt se faire sentir du cote des femme».

« Les admissions pour première entrée ont été de beaucoup les

plus nombreuses, ce qui est la règle. Le nombre des admis par re-

chute est de : 26, comme en 190 L Je ne puis que répéter que ce

nombre, bien que normal, est encore trop élevé, car il est la

preuve que les malades sont retirés trop souvent avant guérison

et ordinairement contre l'avis du médecin. Beaucoup de familles

ont même la tendance fâcheuse à faire intervenir diverses in-

fluences pour essayer de forcer la main en quelque sorte au mé-

decin, ne comprenant pas qu'elles sont les premières victimes de

leur imprudence.

La folie alcoolique entre pour 18 unilés : (10 H. el 2 F.). L'idiotie

est rare, car le Conseil général de la Sarthe a décidé depuis long-

temps déjà de n'admettre à l'Asile que. les idiots dangereux.

Comme le contingentcommunal est plus élevé pour ces malades

que pour ceux des autres catégories, il est il craindre que les pla-

bibliographie. 325

céments ne soienL trop souvent différés : des faits regrettables

qui se sont passés dans le département semblent le prouver.

« Les recltutesse produisent surtout chez les alcooliques ; aussi

persiste-je à croire que l'on ne saurait retenir trop longtemps à

l'asile les alcooliques, même lorsqu'ils paraissent guéris. C'est

qu'en effet la guérison n'est qu'apparente, et le cerveau de ces

malades est encore imprégné d'alcool alors que le délire a disparu.

Si l'on met ces individus en liberté, la moindre absorption de li-

qucur alcoolique, quelques verres de vin même, suffisent à ré-

veiller les accidents cérébraux. J'ai même vu, au cours de l'an-

née, un alcoolique chronique ne présentant plus de délire, mani-

fester brusquement de nouveaux troubles psychiques sous l'in-

lluence de l'inhalation de chloroforme au cours d'une anesthésie

opératoire. Et l'ivresse chloroformique avait réveillé exactement

les mêmes conceptions délirantes que l'ivresse éthylique et aussi

rapidement. Le délire subsista plusieurs jours. Ce malade en est

d'ailleurs à son quatorzième internement ». Suivent des considé-

rations intéressantes sur la psychose maniaco-dépressive, le dé-

lire chronique systématique, la folie périodique, la confusion

mentale, enfin la démence précoce, sur laquelle l'accord est loin

d'être fait encore parmi les aliénistes des divers pays. Il est en

ell'et contestable qu'il s'agisse, chez des jeunes sujets de 15 à j

ans, de démence d'emblée : il est plus probable qu'il y a seule-

ment un haut degré de confusion mentale tendant à devenir chro-

nique, mais il est difficile d'admettre qu'il y ait réellement dé-

mence, c'est-à-dire incapacité du cerveau à acquérir de nou-

velles notions ou à récupérer les notions anciennes. La preuve

en est que certains de ces malades guérissent. Il n'esL pas dit

qu'un jour nos moyens thérapeutiques ne nous permettront pas

de les guérir tous, tandis qu'il est bien certain qu'on ne guérira

jamais la démence confirmée, qui est une lésion anatomique irré-

médiable. »

Viennent ensuite la dégénérescence mentale, les vices de déve-

loppement, les folios toxiques, la folie morale et impulsive, les

folies névrotiques.

Les placements volontaires sont les plus nombreux. « Pour

les placements d'office, applicables aux maladesJugés dangereux,

ils sont généralement faits trop tardivement pour des raisons

financières faciles à comprendre. En réalité, à ce point de vue

spécial, j'estime que le raisonnement que -se tiennent les muni-

cipalités est erroné, car un aliéné traité longtemps après le début

deson affection sera devenu incurable ; et ce ne sera pas une ou

deux années de séjour à l'asile qui suffiront à le guérir, il faudra

l'y tenir enfermé toute sa vie, et l'économie espérée ne sera pas

réalisée ».

« Les divorcés ou séparés restent rares ; ce n'est souvent t

320 bibliographie.

qu'après l'internement que la demande en séparation ou en di-

vorce est introduite, et il me semble que ces demandes tendent

à devenir assez fréquentes, notamment de la part des épjuses

qui, craignant les représailles du mari, attendent son interne-

ment pour introduire l'instance. On sait que le divorce pour

cause d'aliénation n'est point admis par la loi française : maison

tourne la difficulté en invoquant les sévices ou injures graves

auxquels a pu se laisser aller le malade. D'ailleurs, j'avoue que,

dans un grand nombre de cas, la séparation estime mesure pru-

dente : encore faudrait-il qu'un certificat médical motivé soit

exigé dans chaque cas particulier.

Un tableau intitulé : Mouvement des aliénés dont l'affection

peut être attribuée à l'alcoolisme révèle l'influence sans cesse

croissante de l'alcoolisme dans l'éclosion de la folie et son déve-

loppement dans le département de la Sacthe. La proportion des

buveurs par l'apport au nombre total des admis en 1905 (déduc-

tion faite des transférés, sur lesquels manquent les renseigne-

ments) est de piu "f", supérieure encore à celle déjà formidable ('e e

l'an passe. Je le répète, je ne prétends pas que 70 "/&#x201e; de nos ma-

lades du sexe masculin sont devenus fous uniquement parce

qu'ils avaient fait des excès de boissons, mais seulement que dit y.

eux les abus ont précipité tout au moins l'apparition de la mal,-

die mentale. L'alcobla joué le rôle d'appoint : ce rôle reste encore

très important, et dans un département où abondent les bouil-

leurs de cru, il est permis de craindre une recrudescence d'ad-

missions à l'asile au lendemain du rétablissement du privilège. n.

Les sorties ont été au nombre de 73 (40 IL, 33 F.) « Comme

toujours, les aliénés curables guérissent vite, et la promptitude

môme de la guérison est une des meilleures garanties de l'avenir.

Une autre vérité, qui a la valeur d'un axiome en pathologie

mentale, est que,plus la maladie est récente, plus elle a de chances

de guérir; on ne saurait trop le répéter, car les maires, les fa-

milles, voire même les médecins praticiens,ont une lâcheuse ten-

dance à différer le plus possible le placement des aliénés. »

L'expérience prouve que l'on ne saurait être trop rigoureux sur la

durée de la convalescence à l'asile même.

Les malades sortis pour cause (le guérison sont au nombre de

30 contre 18 en 1904, Les sortis améliorés sont au nombre de 21.

Les décès ont été de '9 137 Il. et 42 F.). Il y a eu un suicide ;

c'était Un homme, alcoolique avéré, qui avait dos visions nocturnes

terrifiantes, au point de ne pas vouloir se coucher, car il s'imagi-

nait que des ennemis le guettaient : un matin, on le trouvait

pendu du pied du lit.

« La veille l'ayant trouvé plus anxieux, je le lis passer au quar-

tier d'observation, pour qu'il couche au dortoir ; le surveillant de

ce quartier commit la faute de le placer dans une chambre, sans

bibliographie. 327

en référer à personne, sous prétexte qu'il n'avait pas d'autre

place disponible. 11 est donc démontré une fois deplus quelesalié-

nés à idées de suicide ne doivent jamais être laissés dans les cham-

bres.

La majeure partie des décédés avaient plus de cinq ans de

séjour, 16 étaient à l'asile depuis moins d'un mois et, parmi eux,

quatre (3 il.et 1 f.) sont morts avant la fin de la première semaine

de leur internement. Ce fait se reproduit chaque année ? et dans

la plupart des asiles.

Le mois le plus meurtrier a été janvier (15), puis juin (9) : Tu-

berculose pulmonaire, 13 ; entérite tuberculeuse 1. - Sur les 79

décès, il a pu être fait 35 autopsie.s.C'est là une indication qui de-

\rait être consignée dans tous les Rapports.

« Deux opérations ont été faites au cours de l'année, par M. le

U Delagénière, chirurgien de l'asile : 1° une ablation d'un fibro-

meutérin très volumineux ; la malade, très délirante, qui croyait

avoir le ventre rongé parles esprits malins, n'a nullement été

améliorée par l'opération, pourtant parfaitement réussie ; 2° une

ablation d'un petit fibrome sous-cutané et cure radicale d'une

petite hernie paraomhilicalc chez un alcoolique chronique chez

qui l'anesthésie chloroformique réveilla le délire toxique.

M. Bourdin consacre à l'exposé du traitement plusieurs pages

très intéressantes. Il insiste notamment sur l'alcoolisme et la sy-

philis.

a Pour mettre simplement au point la question, je dirai, que

la lutte contre l'alcoolisme semble avoir fait un pas en arrière

avec le rétablissement du privilège des bouilleurs de cru, qui

avait été sinon supprimé du moins régularisé par une loi anté-

rieure. Je dis « semble », car n'est pas prouvé que le rétablisse-

ment qui date des premiers mois de 1906,exagérera, sensihlement

la proportion déjà formidable des aliénés buveurs telle qu'elle

ressort du tableau n 1(ï de ce rapport. Et puisque la Sarthe est

précisément un pays de bouilleurs de cru, il sera intéressant de

comparer les tableaux des années ultérieures avec ceux que j'ai

établis pour 1904 et 1905 lesquels sont très sensiblement concor-

dants. C'est alors qu'on pourra se faire une idée desconséquen-

cesdu rétablissement du privilège.

« Pour ce qui est de ]11. syphilis,qucsLion décidément d'acLualibé,

la commission extra-parlementaire, dite du régime des moeurs, a

examiné dès février I ! )0, s'il y avait eu lieu de supprimer ou de

maintenir les maisons de tolérance, )1. le sénateur Bérenger pro-

posait de substituer au régime de l'autorisation, le régime de la

déclaration. C'était toujours le maintien et je suis heureux,

étant donné l'opinion nullement antiréglementaristo que j'ai

formulée dans mon rapport de l'an dernier, de constater que la

commission a condamné aussi hien l'un que l'autre systèmes et a

328 VARIA.

adopté une proposition faisant tomber (oui tenancier d'une mai-

son de tolérance sous le coup de l'article 33 du code pénal, qui

punit d'un emprisonnement de 3 mois à 2 ans quiconque aura

favorisé ou excité la prostitution. Ce vote, dans l'esprit de la com-

mission, est la condamnation définitive du régime de la police

des moeurs.

« La commission dans ses séances ultérieures, encore volé l'ad-

mission des vénériens dans les hôpitaux aux mêmes comblions

que les malades ordinaires. La commune d'origine, en cas d'indi-

gence, paiera les frais d'hospitalisation sans connaître la nature

delà maladie. De plus les hôpitaux spéciaux sont supprimés.» n

Nous ne pouvons qu'approuver reculées qui sont les noires depuis

tant d'années (Voir Progrès merl., 1870-1906). z

M. Bourd in donne des détails sur les divers modes de traitement

employés et termine en disant que le traitement hydrothérapi-

que (bains et douches) est largement employé à l'asile du Mans. Il

serait à souhaitcrqu'il en fût de même partout.

Bourneville.

VARIA

Enfance anormale.

La Société protectrice de l'enfance anormale de Belgique a con-

sacré sa 4° conférence annuelle ù l'étude des problèmes relatifs

aux infirmes et aux sourds-muets. MM. les 1)" Dccl'oly et 110u-

lenger ont examiné la question des enfants infirmes et estropiés.

Nous en extrayons le passage suivant :

L'organisation des écoles pour infirmes doit présenter des

caractères spéciaux. A Londres, on prend les enfants infirmes à

domicile, en voiture ; on les garde à midi à l'école et on les \'

nourrit. Le rez-de-chaussée forme foute l'école ; on évite de cons-

truire des escaliers et des marches. Les portes ont un système

spécial d'ouverture et de fermeture, afin que les infirmes puissent

les maineuvrer facilement. On y fait beaucoup de travail manuel

(pliage, tressage, etc.), on n'y lait malheureusement ni orlbopé-

dic, ni gymnastique spéciale.

L'absence d'escaliers pour les infirmes, les épileptiques, que

nous avons fait prévaloir dans notre ancienne section des Enfants

de Bicêtre où, sauf un, tous les pavillons n'ont qu'un rez-de-

chaussée, devrait prévaloir partout est à signaler. Notons encore

' que les enfants sont conduits en voilure de lenr domicile à l'école,

qu'ils sont nourris et ramenés le soir chez eux. C'est ce qui

VARIA. 329

existe à l'Institut des rachitiques il Milan, c'est ce que nous voit-

drions voir imiter pour les enfants des futures classes spéciales

pour lesquelles nous luttons depuis de si longues années ? ce que

oublient (1). Il.

l\l YX&#x152;DÈME ET Mongolisme.

A l'époque ou nous avons publié les premiers cas de m1/xce-

dème infantile, on s'imaginait qu'il s'agissait d'une affection rare.

Peu iL peu, devenue mieux connue, les cas publiés ont augmenté.

C'est ce qui arrive pour le mongolisme. Au cours du Congrès de

11 ? II,r : elles, nous avons vu un cas au Sirop de Gand ; l'an der-

nier, un à l'asile de Saint-Méen ; nous en avons découvert un

nuire, cette année, à] l'asile de Bailleul, sans compter un myoe-

démateux rencontré sur la grande place de Lille.

Laïcisation DE l'asile d'aliénés DE la Charité.

Au nom de la commission de surveillance de l'asile d'aliénés

de la Charité, M. Laurent donne lecture au Conseil général de

la \ièv re (séance du 24 août) d'un rapport concluant à la laïci-

sation des services de cet établissement. L'augmentation des

frais de traitement du personnel féminin ne serait pas supé-

rieure il. 10.0001'1'. -Adopté.

Une semblable mesure pourrait être facilement prise pour

lous les asiles publics d aliénés et, en profiler pour augmenter le

salaire du personnel. Des conférences devraient être faites au per-

sonnel comme l'ont fait M. le 1), Charron à Dury-lcs ? miens,

et le Dr Levet à Bassens - cela en attendant qu'on ait un p21'-

ollnel diplûI1ll'.

A PROPOS DU DISCOURS DE M. LE PROF, GRASSET AU CONGRES

de Lille.

Nombre d'aliénistes et de neurologistes. dont nous étions, ont t

toujours pensé que l'étude des maladies du système nerveux

élait du ressort des uns et des autres. M. Solfier a traduit cette

pensée au Congrès des aliénistes de Houen en 1890. Voici le pas-

sage du procès-verbal de la 4° séance : '

« M. Sollikr demande {'annexion de la neurologie et de la

psychiatrie M.tilLL, président, repondqu'i) faut rester soi-même

et la proposition est rejetée. » .

La LOI SUR les aliénés.

La 1 ? chambre a rendu son jugement dans l'affaire de cet in-

terne de 1'ille-lvrard qui, après s'être évadé, intentait un pro-

(1) C'est à M. T. Jonckoere nue nous devons l'envoi de celle con-

férence, qui a d'abord paru dans les Archives de Psychologie de

MM. Flournon et E,t. Claparidc.

aa0 varia.

ces en donlillages-inLén'ls à l'administration et aux médecins

(le l'établissement. L.

Le tribunal n'a pas admis la lin de non recevoir opposée pal' l'.\<1-

ministration à la requête de l'interné et tirée de ce que la qua-

lité d'interné lui interdisait d'osier en justice sans l'assistance

d'un curateur spécial..Mais il a rejeté sa demande au fond. Tou-

tefois le tribunal estime que l'administration n'ayant pas fait re-

chercher l'interné depuis trois mois qu'il s'est évadé, l'interné

doit être considéré comme n'étantpas dangereux, et ne peut plus

être enfermé. (L'ALt2-o)-e, 23 juin 1 ! JOO.)

LES aliénés étrangers internés dans LES asiles.

M. Clémenceau, ministre de l'Intérieur, vient d'adresser aux

préfets une circulaire leur demandant de faire procédera une en-

quête sur le nombre des sujets ou protégés russes hospitalisés

gratuitement pour cause d'aliénation mentale, ou autre mala-

die incurable dans les établissements.

La même, circulaire prescrit d'étendre cette enquête aux res-

sortissants (les aulres pays étrangers.

Hospitalisation des épileptiques.

Une pauvre fille èpileptique, Nille C;hanar(1 (-lugustine), àgée (le

22 ans, demeurant chez ses parents, à Mariais, était assise sous

un saule, au bord d'une mare lorsque, par suite d'une crise, elle

tomba dans l'eau. Sa mère s'aperçut de l'accident dix minutes

après et un voisin retira la malheureuse fille, mais les soins qu'on

lui prodigua ne purent la rappeler a la vie. (Petit Berrichon, 10

juin.)

SUICIDE D'UNE neurasthénique.

Ce matin, à six heures et demie, Mme Gallou, née Fontanes.

âgée de trente et un ans, institutrice à Nimes, s'est suicidée en se

tirant un coup de revolver, après avoir tué ses deux enfants,

qu'elle avait couchés avec elle, un garçon de neuf ans et une fil-

lette de six ans. On attribue cet acte à l'état neurasthénique (le

Jlme Gallou.

Terrible drame DE famille.

Camhridge (111minois) 1 cr odobre,

Hier, dans un accès de folie, Mme Mariiham tua à coups de

hache ses sept enfants, dont l'aîné était âgé de neul ans : puis

elle coucha les cadavres sur un lit, les arrosa d'huile et y miL le

feu. Elle se coupa ensuite la gorge et se précipita dans les flam-

mes. Des voisins arrivèrent à son secours, mais elle succomba à

ses blessures. Son mari s'est suicidé d'un coup de feu dans la

soirée. (Petite Gironde, 2 octobre 1905.)

FAITS DIVERS

.\sn.FS ' \LJ : NES. Mouvements d'août et de septembre 1906. -.\1'-

rêaéportantdisjonction des fondions de directeur médecin dans

les asiles autonomes de Bassens (Savoie) et, d'Armentières (Nord).

M. le D Luarrr, conseiller général du Var, est nommé directeur

de l'asile de Bassens (Savoie). M. GasP.a, maire de la Nouvelle

(Aude) est nommé directeur de l'asile d'Armentières (Nord).

M. le))' Dumaz, est nommé médecin en chef de l'asile de Bas z

sens (1,;aNoie). - NI. le Dr Chardon est nommé médecin en chef

de l'asile d'Armentières (Nord). Nous ne pouvons que regretter

la disjonction des fonctions de directeur et de médecin.

Distinctions honorifiques. - Médailles d'honneur pour actes de e

courage ou de dévouements. DI. les D" CHEI'ALJER-L.wAUX, di-

recteur-médecin de l'Asile d'aliénés d'Auch (Gers) ; l'HIVET, mé-

decin en chef iL I"asile d'aliénés de Clermonl (Oise) et CoigneL.

gardien à l'asile d aliénés de Quatre-Mares (Seine-Inférieure).

Lettres de félicitât ion. HtZEL\tRE, surveillant à l'asile d'aliu-

nés de Clermont (Oise). ILOIS, infirmier dans le même établisse-

ment ont été blessés dans leur service par des aliénés.

Le morphinomane ESCROC. - Il y a un an, l'e.x-élève pharma-

cien Routier, arrêté pour escroqueries diverses, commandes

laites indûment au nom de ses patrons, offres de prêts pour les-

quels il réclamait des commissions, était déclaré irresponsable

parle 1)' Dubuisson. Routier ayant continué ses escroqueries, un

nouvel examen mental fuL ordonné, et le D1' Ilouhinovitcli ayant

cette fois conclu à la responsabilité, l'ex-élève pharmacien été

condamné à quatre mois de prison.

Suicide D'UN jeune homme. -.\1. Cochepin, cultivateur à )le-

nuvillers, avait à son service, depuis deux mois environ, un jeune

domestique de 17 ans. nommé Xephir Lefèvre, qui passait pour

avoir un caractère assez violent. Dimanche, comme il se refusait t

à traire les vaches, M. Cochepin lui fit une simple observation,

est ordonna à un autre domestique de faire ce travail. Lefèvre s'en

alla en maugréant et passa la soirée dans les cabarets. Le len-

demain, il était trouvé pendu dans l'étable, et .\1. le 1)' Dulin,

appelé d'urgence, ne put que constater le décès. On ne sait pas

les motifs exacts qui ontentrainéle jeune vacher à cette fâcheuse

détermination. (Semeur de l'Oise, 10 août.)

Victime DE soi-mèvib. ? ) : t-C<ottf ! . Un pauvre fou, nommé

Anatole Bruma, âgé de quarante-quatre ans, que les surveillants

avaient toujours considéré comme dangereux, vient de justifier

d'une façon misérable leurs appréhensions. Détenu provisoire-

332 BIBLIOGRAPHIE DE LA MÉNINGITE C¡ £ RIBRO-SPI : -¡ALE

ment il l'hùpilal de 5ainl-(IomU, il a mis le l'eu au cabanon qu'il

habitait. Le personnel, avec le concours d'un agent et d'un capo-

ral de pompiers, a pu étouffer l'incendie. Mais le malheureux

déséquilibré avait succombé à l'asphyxie.

Hospice de Bicêtre (Fondation Vallée). - M. Bourneville.

Visite du service (gymnastique, travail manuel, écoles et, présen-

tation de malades) le samedi à 10li. 1res précises. Consultations

111édico-J,edagogiques, gratuites pour les enfants indigents atteints

de maladies du système le jeudi à 9 h. 112. - On peul

se rendre à la Fondation par le tramway de pai- le

tramway delà PolLe tl'Orléans à Vincennes (Métropolitain);

arrêt route de l'llay. La Fondai ion est il ;¡OO mètres de cet Arrêt.

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, Le rédacteur-gérant ; lIOUflNEVILLE.

Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères et Thiron.

vol. xjai

Novembre 1906. N 131

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE

Mutisme, aphonie, amnésie, aphasie aphasie

motrice, amusie, surdité musicale, surdité

verbale, cécité verbale, cécité psychique, agra-

phie chez un hystérique récemment guéri

d'une moncplégie brachiale droite, remontant

à huit ans;

PAR MM.

G. RAVIART

111 ? lee,-adj, de l' Aile ,l'Armentières,

Chargé du cours de mcdee. ment,

à lu Faculté de Lille.

et

L. DCiBAIt,

(d'Armentières),

Ancien interne

des Quinze- Vingts.

La rareté relative des cas d'aphasie hystérique nous

autorise à rapporter aujourd'hui l'observation suivante

qui diffère de nombre d'autres par la multiplicité des

phénomènes observés.

Charles D ? menuisier, marié, père de quatre enfants, est

né à Armentières en novembre 1865, il avait 39 ans lors

des faits que nous allons relater.

A H. Ses grands-parents sont morts à un âge avancé, ils

n'étaient pas atteints de maladies nerveuses. Son père

est mort à 77 ans ; alcoolique, il était nerveux, irritable,

sujet à de fréquentes colères, vite passées du reste. Mère

morte à 74 ans, non alcoolique, pas nerveuse. Pas d'antécé-

dents nerveux signalés dans la famille, tant du côté paternel

que maternel. D ? avait 2 frères et 3 soeurs. Une soeur

est morte à 27 ans, elle toussait, n'était pas nerveuse.

Les survivants sont bien et pas plus que leurs enfants ne

présentent d'affections méritant d'être signalées.

A P. Bien portant étant jeune, il a bien appris en classe,

a eu son certificat d'études ; il reste à l'école jusque 14 ans et

demi, puis apprend l'ébénisterie. Bon ouvrier, estimé de ses

Archives 2- série 190G 1. XXII. 22

338 CLINIQUE MENTALE.

patrons, il ne buvait pas, se conduisait bien. Il part au régi-

ment, fait un an de service (soutien de famille), s'y conduit

bien. Pas de maladies vénériennes. D ? nous déclare du reste

qu'il n'était pas porté vers les femmes.

Il revient à Arm entières et, un an après, se marie. Il fut heu-

reux en ménage, eut 5 enfants ; le premier mourut du croup ;

les quatre autres sont bien portants, l'aîné a 14 ans, le second

11 et demi, le troisième 8 ans, le dernier 3 ans. Sa femme

est morte il y a environ 2 ans, d'une pleurésie.

D ? n'eut, en somme jamais rien jusqu'au 6 janvier 1896.

Ce jour là, étant à son travail, en train de charger des corni-

ches en bois, il fit un faux pas tandis qu'il en avait une sur

l'épaule droite il était au bord d'une cave, et partit la

tête en avant, dans la cave,profonde d'environ 2 m. 50. Le

traumatisme porta sur l'épaule droite et c'est à peine s'il

eut quelques égratignures 'de là face ; traumatisme si peu

important que le malade se relève aussitôt, remonte immé-

diatement, et retourne à son établi pour se remettre au tra-

vail. Il frictionnait de temps en temps l'épaule droite siège

d'une douleur assez vive.

Très saisi au moment de l'accident, D ? devint tout pâle;

il se demandait s'il n'avait rien de cassé : « Il ne manquerait

plus que ça, se disait-il, que je ne pourrais plus travailler, je

suis si bien ici » .

Il se remit de suite au travail, mais en poussant sa varlope

(long rabot), il s'aperçut que lorsqu'elle rencontrait dans le

bois une partie plus dure, au lieu de l'enlever, elle restait

immobile, son bras droit n'ayant plus la force de la pousser.

Inquiet, il va trouver le contremaître, et lui demande un billet

d'assurance, pour aller le lendemain consulter le médecin.

Rentré chez lui le soir de l'accident, il constata qu'il ne

pouvait retirer seul son veston, et sa femme dut le lui enlever.

De « voir qu'il était arrangé comme ça )'. D ? se mit à pleurer,

il ne sut pas souper. « Pourvu que ça ne traîne pas trop long-

temps, c'est toujours autant de perdu, » disait-il en larmoyant.

Il pleura une partie de la nuit et sa femme également; la

souffrance qu'il éprouvait au niveau de l'épaule l'empêcha

de dormir. Le lendemain il ne put s'habiller lui-même, son

bras faiblissait, cependant il pouvait encore le lever. Il alla

voir le médecin qui lui ordonna de se frictionner avec de l'alcool

camphré ; mais ce médecin, souffrant, reste trois jours sans le

voir, et D ? qui allait en vain réclamer sessoins en était tout

chagrin, se demandait ce que cela allait devenir, son bras

faiblissant de plus en plus. A peine pouvait-il encore de sa

main droite rouler une cigarette et porter les aliments à la

bouche. Il mangeait du reste fort peu tant il avait de chagrin.

Les nuits suivantes, il put cependant dormir :

Pendant huit jours on lui ordonne des frictions puis on lui

met des pointes de feu, on l'électrise chaque jour,on lui donne

des bains.

Peu à peu le bras s'affaiblissait, D ? ne pouvant plus le

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 339

lever, ni rien saisir ; en même temps, la sensibilité s'abolissait

progressivement dans tous ses modes, et dans toute l'étendue

du bras : « Les pointes de feu qu'on faisait alors étaient

comme si on les avait faites sur la table, nous dit D ? de

même que l'électricité «.

Environ trois semaines après l'accident, le bras droit

présentait une abolition totale de la motilité et de la sensi-

bilité, il pendait absolument inerte. L'insensibilité était telle

que le malade pouvait sans éprouver aucune sensation, poser

la main sur un poêle brûlant, comme il le fit un jour qu'un

camarade le traitait de paresseux. La zone insensible était

limitée à la racine du membre par une ligne circulaire passant

par le sommet du creux axillaire en bas, enhaut, par un point

distant de trois travers de doigt de l'extrémité de l'acromion.

Avant que la sensibilité ne fût totalement abolie au niveau

du bras, D ? ressentait en avant et en arrière de ce membre

des douleurs analogues à des brûlures, des torsions ; elles

étaient surtout localisées au niveau de l'épaule. Quand le

membre fut devenu tout à fait insensible objectivement, il

ne fut plus jamais le siège de douleur. Il était froid comme

du marbre.

Entre temps, D ? fut examiné par les docteurs Folet,

Guermonprez,Baudry, de Lille, qui rédigèrent le 12 mars 1896

le certificat suivant : Contusion légère de l'épaule droite,

qui n'a pas laissé de traces, et qui fut suivie, à quelques

semaines de distance, d'une paralysie flasque de tout le

membre, paraissant d'origine hystérique, l'éveil de l'hystérie

ayant eu pour cause occasionnelle le léger traumatisme. Cette

paralysie disparaîtra certainement dans un temps difficile

à préciser.

Sept mois après l'accident, on ne fit plus rien; le bras fut

considéré comme perdu, et D ? reçut 500 francs de la com-

pagnie d'assurance. Il chercha une place, vendit des journaux,

puis diverses denrées promenées sur une petite voiture qu'il

poussait du bras gauche. Le bras droit toujours inerte,

s'amaigrissait peu à peu, il était froid « comme du marbre » ,

avait une teinte jaunâtre, ne présentait pas d'oedème. Sa

piqûre, même très profonde, donnait à peine une toute petite

gouttelette de sang. Il était porté en écharpe.

Huit ans plus tard, un samedi du mois de décembre 1903,

- D ? était très bien ce jour là, n'avait pas bu, ne paraissait

pas drôle, après avoir passé la journée comme de coutume,

à vendre ses journaux, il se coucha vers huit heures sans rien

présenter d'anormal. Vers minuit et demi, il s'éveille en

sursaut. Assis sur le bord du lit, il voyait, dit-il, comme une

lueur rouge. Il resta dans cette position pendant environ un

quart d'heure se demandant où il était; ouvrant alors les

yeux quelle ne fut pas sa stupéfaction en constatant qu'il

tenait le matelas de ses deux mains ! Il se mit à pleurer. Il

alla alors éveiller ses enfants, et, leur prenant la tête : « Re-

gardez,mon bras est revenu, leur dit-il, nous allons descendre

34b CLINIQUE MENTALE.

et prier » . Il allume la lampe et descend, la tenant de la

main droite, mais il dut bientôt l'abandonner à ses enfants

car sa tête tournait. La sensibilité était revenue également,

et, sitôt arrivé en bas, D ? qui voulait s'en assurer, laissa

tomber sur sa main une goutte d'eau qu'il sentit parfaitement,

le membre tout entier avait du reste recouvré sa sensibilité.

La motililé n'était revenue qu'incomplètement et ce fu-

rent d'abord des mouvements limités que D ? pût exécuter;

peu à peu, leur amplitude augmenta, et à l'heure actuelle

elle est a peu près normale.

Au mois de janvier 1904, nous le fîmes entrera l'hôpital

d'Armentières, où, après l'avoir endormi, nous brisâmes les

rétractions fibro - tendineuses qui maintenaient en semi

flexion tous les doigts de la main droite et qui s'opposaient

à la liberté des mouvements.

D'une très grande maigreur, le bras de D ? grossit petit à

petit, mais comme le montre la photographie reproduite plus

loin, il n'a pas encore atteint le volume de l'autre.

Tout eût probablement été pour le mieux si des ennuis

n'étaient venus déterminer l'apparition de nouveaux acci-

dents. On lui reprit sa place de porteur de journaux au

commencement de 1904 ; cela lui fit beaucoup de peine, il

demeura inoccupé pendant deux mois, puis il obtint du

travail chez son ancien patron et recommença son métier

d'ébéniste. Il était content; malheureusement au bout de

15 jours, le travail faisant défaut, il fut momentanément

remercié. Inactif, il se désespérait, fumait beaucoup.

Environ huit jours avant Pâques, il s'enivra; c'est la pre-

mière fois que pareille chose lui arrivait; tout au plus com-

mettait-il parfois quelques excès depuis qu'il avait perdu

l'usage de son bras. Il rentra chez lui en titubant, cria sur

ses enfants leur disant qu'ils n'avaient rien fait dans la

maison, alors que cependant ils avaient travaillé. Le len-

demain, il ne présenta rien d'anormal, mais il retourna au

cabaret. Rien à noter pendant quelques jours, sinon que

D ? sans ressources, s'alimentait peu.

Le dimanche de Pâques, vers dix heures du matin, il fait

monter de l'eau pour boire, il suait; il n'avait pas l'air drôle

disent ses enfants, était bien la veille et n'avait pas bu; il

se rendormit. Vers 11 heures 1 ? il se lève, s'habille, cric

après ses enfants et leur dit : «Je deviens tout drôle, j'ai mal

à la tête. Puis il se met à dire des bêtises, fait un cimetière

sur le plancher avec des croix de paille il avait, huit jours

avant, été travailler au cimetière et s'était enivré ensuite

tient des propos macabres. Pâle, tremblant, les yeux grands

ouverts, hagards, il ne semblait reconnaître personne, se

croyait fossoyeur, devait se hâter d'enterrer des morts que

« Camille « n'apportait pas assez vite. Il ne parlait pas à

ses enfants.

Le médecin vint alors, lui parla, mais il ne lui répondit

point, continuant son délire « Perman a dit que je devais

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 341

faire des petites croix, des petits trous, et que Camille (une

amie) devait apporter les morts pour que je les mette

dedans. C'est tout, c'est fini, les affaires sont finies, ils

vont venir » disait-il. Et, comme ses enfants dérangeaient le

petit cimetière qu'il avait fait, il les repousse.

Vers 2 heures 1/.=, on l'amena à l'hôpital, il avait l'air égaré

se tenait la tête. Durant environ trois heures, il tint sans

cesse des propos délirants, ne répondant pas quand on lui

adressait la parole. Il répétai t con,tamment les mêmes mots :

« C'est tout, c'est fini, les affaires sont finies, ils vont venir. »

Il était relativement calme.

Le lundi de Pâques, il était un peu mieux, mais les yeux

hagards, il ne semblait pas reconnaître les personnes de

l'entourage, non plus que ses enfants venus le visiter. Ceux-

ci lui disaient bonjour,mais il ne leur répondait pas.Le 5 avril,

c'est-à-dire deux jours après son entrée il l'hôpital, il cessa

de parler. Le jeudi 7, il commence à comprendre, mais répond

par des gestes. Détail extrêmement intéressant, durant la nuit

du 7 au 8, par trois fois, tandis que rêvant, les yeux bien

fermés, il gesticulait quelque peu, on l'entendit parler :

« Dépêchons-nous, disait-il, nous allons aller boire ? »

Nous le voyons le 7 avril, il était tranquille dans la salle

des malades. A notre arrivée, il ne semble pas nous recon-

naître, dit également ne pas reconnaître la soeur de la salle,

qu'il voit cependant depuis de longues années. Il fait mine

de chercher et de ne pas se souvenir. Il fait signe qu'il ne

sait où il est ; il comprend ce que nous lui disons, mais il ne peut

parler, cependant il sort la langue, la meut en tous sens; par

une mimique difficile à comprendre, il explique qu'il voudrait

bien parler et qu'il est comme lié à la gorge, qu'il éprouve

une sensation de constriction au niveau du creux sus-sternal;

de fait, il lui est impossible d'émettre le moindre son. Il fait

signe qu'il peut écrire, demande qu'on lui donne de quoi

le faire. Nous fiant à cette affirmation, pressé de partir, nous

ne l'avons malheureusement pas fait écrire ce jour-là, si bien

que nous ne pouvons savoir s'il présentait l'agraphie que

nous avons pu constater chez lui les jours suivants.

Il nous fait encore comprendre qu'il a mal à la tête, et il

désigne de la main la région répondant au pied des circonvo-

lutions frontales gauches; il fait en outre signe qu'il est attiré

en avant.

L'examen sommaire auquel nous nous livrons, nous per-

met de constater : un hémispasme facial gauche, une légère

trépidation de tout le corps. Il n'y a ni anesthésies ni hyper-

esthésies.

Pendant la journée du 8, l'état reste stationnaire, le ma-

lade ne parle pas.

Nous le revoyons le 9 avril, il vient de finir de souper,

il a bien mangé, il est calme. A voix basse, il nous dit,

portant la main au niveau de la région temporo-pariétale

gauche : « J'ai toujours mal là ».

342 CLINIQUE MENTALE.

D. Depuis quand ? - R. Je ne sais pas. '

D. Depuis quand parlez-vous ? R. Hier après-midi, je

crois. Il parle très bas, répond parfois par gestes, il ne

peut parler plus haut. « On dirait que ça me Lient là», dit-il,

en montrant le creux sus-sternal.

D. Où êtes-vous ? R. Maintenant je sais depuis hier que je

suis à l'hôpital, mais comment j'y suis venu, je ne sais pas.

Je ne me rappelle de rien, je ne sais pas depuis quand je suis

ici. - Il ne se souvient pas de ce qu'il a dit les jours précé-

dents, ne nous reconnaît pas.

D. Qui suis-je ? R. Je ne sais pas,je vous ai vu avec un

autre Monsieur ? dire où, je ne sais pas.

Il ne se souvient pas qu'il ne pouvait parler avant-hier.

D. En quelle année sommes-nous ? - R. Nous sommes en

94, 95 en 1895, en avril.

D. Il y a eu une exposition il y a quelques années. En quelle

année était-ce ? R. Je ne me rappelle pas de tout ça.

Lundi 11 avril. La mémoire est toujours très affaiblie,

il nous reconnaît bien, sait qu'il nous a vu samedi, mais ne

se souvient plus de nous avoir vu le jeudi précédent. Ses

enfants sont venus le voir hier, il les a reconnus, mais ne se

souvient pas de ce qui s'est passé. Il souffre toujours au

niveau de la région temporale gauche. Il parle à voix moins

basse qu'avant hier, cherche moins ses phrases (toutefois

l'entourage déclare qu'il répond encore fréquemment par

gestes), il déclare bien se souvenir du nom de chaque chose.

Outre l'aphonie et l'amnésie que nous venons de signaler,

nous constatons chez D ? l'existence de toute une série de

troubles aphasiques plus ou moins accentués : aphasie

motrice légère, surdité verbale, amusie, cécité verbale, cécité

psychique.

Comme il s'agissait d'un sujet intelligent, lisant, écrivant

couramment, habitué à lire les journaux, et comprenant bien

la signification des mots même peu usuels il nous était pos-

sible de rechercher assez minutieusement chez lui, l'état des

diverses fonctions du langage. Pour plus de clarté, au lieu de

laisser dispersés au cours de l'observation, les points intéres-

sant chacune d'elles, nous les avons groupés, si bien qu'on

trouvera successivement ci-après l'étude de la parole spon-

tanée, répétée, du chant, de la lecture du texte manuscrit et

imprimé, des chiffres, des nombres, de l'écriture spontanée,

sous dictée, de la copie du manuscrit, de l'imprimé, etc.

Nous avons fait précéder l'étude do ces troubles divers de

celle de l'amnésie rétro-antérograde, du mutisme et de

l'aphonie ; nous l'avons fait suivre d'un court aperçu du

langage intérieur, puis de l'état mental provoqué chez le

sujet par l'apparition de l'amnésie et de l'aphonie. On trou-

vera enfin rémunération des signes physiques présentés par

lo malade. ,

Cette étude porte sur une période de plus d'un an, D ?

entré à l'hôpital d'Armentières le 7 avril 1904, présenta, sous

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 343

l'influence de la suggestion à l'état de veille une amé-

lioration progressive des phénomènes amnésiques, et apha-

siques, il en sortit presque guéri au mois d'août, mais

nous avons pu l'observer pendant de longs mois encore et

assister au retour des souvenirs perdus.

Actuellement (octobre 1906), ce sujet ne présente plus

aucun des symptômes que l'on trouvera signalés au cours de

cette observation, il travaille à nouveau de son métier' de

menuisier que pendant de si longues années il avait dû

abandonner.

AMNÉSIE. - TROUBLES DU langage.

Amnésie rétro-antérograde.

Les troubles de la mémoire dominent l'histoire de notre

malade. Dès son entrée à l'hôpital, il ne sait où il est, ne

reconnaît personne.

Le 9 avril. Il ne souvient pas de ce qui s'est passé, ne

sait plus que l'avant-veille il ne pouvait parler; bien plus,

l'amnésie rétrograde embrasse une période de plusieurs mois ,

il ne sait plus qu'il est venu à l'hôpital en janvier et qu'il nous

y a vu. Il ne peut dire en quelle année nous sommes, 94, 95,

en 1895. Pour le guider, nous lui rappelons qu'il y a eu une

exposition il y a quelques années.

R. Je ne me rappelle pas de tout çà.

Il savait de nombreuses chansons, et ne se souvient plus

de rien, non seulement il présente de l'amusie, mais il ne

peut réciter les paroles des chansons populaires, même lorsque

l'on en dit le commencement.

Il met une minute pour dire les douze mois de l'année,

quinze secondes pour dire les jours de la semaine,met quelque

temps pour trouver son âge, pour se souvenir de la date de la

mort de sa femme, etc. Nous lui demandons de compter jus-

que 14, il y parvient difficilement, lentement, en mettant

un intervalle entre chaque nombre.

Nous lui faisons faire quelques petites opérations ,

2 X 2 = 4 (après 5"), 5 + 4 = 10 (après 10") ; mais il n'est

pas sûr, et après avoir compté sur ses doigts, 40" après il

trouve le résultat exact; 10 4 = 6 (après 30").

13 avril.- J'ai le coeur tout triste, dit-il, cette mémoire

qui ne revient pas, je ne sais plus en quel endroit je travaillais

en dernier lieu, mes outils seront perdus.

L'amnésie antérograde est très marquée.

Il oublie au sur et à mesure tout ce qu'il fait ; oublie immit.

diatement la phrase qu'il vient d'écrire, le mot qu'il vient

de prononcer et sur lequel son attention a été attirée/cherche

pendant cinq minutes et ne retrouve pas.

314 . CLINIQUE MENTAL ?

3 3 mai. Trois minutes après lui avoir fait lire et copier la

phrase imprimée : Un ami nous fait cette très intéressante com-

munication nous lui demandons de répéter cette phrase, il

retrouve d'abord communication, puis intéressante communi-

cation en une minute et demie ; au bout de quatre minutes,

il ne retrouve plus rien. '

3 mai. Il ne peut suivre la prière dite en commun, l'am-

nésie antérograde est si prononcée qu'il oublie au sur et à

mesure, les mots qu'il vient d'entendre.

« La soeur de la salle, nous dit-il, est obligée de répéter

plusieurs fois la même chose quand elle me donne une com-

mission, et je suis obligé de le répéter en route pour ne pas

le perdre ».

8 mai. Même état, il ne se souvenait pas ce matin du

rendez-vous que nous lui avions donné.

11 se perd en ville en venant chez nous.

II s'arrête au milieu des phrases, ne sachant plus de quoi

il est en train de parler.

Nous lui offrons un cigare, il le place auprès de son assiette,

et l'instant d'après, se met à rouler une cigarette. Comme

nous lui demandons s'il ne fume pas son cigare, il répond

qu'on ne lui en a pas donné, que sans cela, il l'aurait à la

bouche ; voyant alors le cigare qu'il a placé tout à l'heure

devant lui, il demande si ce n'est à personne. '

18 mai. Les souvenirs reparaissent peu à peu, et sont

conservés : « Je garde tout », dit-il ; mais un grand nombre

manquent encore, c'est ainsi qu'il ne se représente pas les

différentes rues de la ville. L'amnésie antérograde existe

encore : « Ce qu'on me dit aujourd'hui,je m'en souviens le

lendemain, aussi je prends courage ; mais de trois à quatre

jours, je ne sais plus rien. »

Il peut nous dire immédiatement le mois et l'année.

7 juin. Il ne se souvient plus du tout d'être venu chez

nous le 8 mai ; les faits antérieurs à deux ou trois jours sont

oubliés.

Les paroles des chansons, de la Marseillaise, ne sont pas

retrouvées.

27 juin. D ? retient mieux, mais oublie encore d'une

semaine à l'autre. Il ne se souvient pas encore de ce qui s'est

passé.

15 juillet. Amélioration progressive.

20 septembre. - Il se souvient un peu de ses chansons,mais

sa mémoire présente encore de nombreuses lacunes; toutefois,

les souvenirs reviennent, ceux des faits les plus récents

d'abord, puis les autres,il peut nous dire ce qui s'est passé

durant les premiers temps de son séjour à l'hôpital.

5 octobre. Un grand nombre de souvenirs ont réapparu

aujourd'hui à la suite d'une émotion. Hier, un inspecteur de

police lui annonça qu'à présent qu'il était rétabli et

allait pouvoir s'occuper, la ville allait cesser de nourrir ses

quatre enfants qu'elle avait pris à sa charge. D ? en fut

,\11'[IS,Ml,, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE.

z in

très affecté, la céphalée, qui avait cessé depuis quelque

temps survint à nouveau, il ne dormit pas de la nuit il se

voyait dans la misère, tout travaillait dans sa tête.

Ce matin, la céphalée avait disparu et il était tout étonné

de retrouver tant de souvenirs qu'il croyait à jamais disparus,

Les moindres détails lui reviennent à l'esprit, il se souvient

à présent de ce qui s'est passé le jour où les troubles débu-

tèrent : il disait à ses enfants qu'il avait mal à la tête, il

voulait les conduire au cimetière; il se revoit des brins de

paille dans les mains, figurant des tombes sur le sol de sa

maison, puis on l'a conduit à l'hôpital, en voiture, avec deux

agents; il se souvient de ce qu'il disait alors. Le lendemain

ses enfants lui furent amenés, et la soeur lui disait : « D.. voyez

vos enfants. « Le troisième jour,il se souvient bien qu'il ne

put nous répondre : « On aurait dit que j'avais un bouchon

à la gorge, qu'on me serrait, et je voulais parler pourtant, je

faisais les mouvements, mais je ne pouvais pas. »

Il nous a vu le lendemain et se souvient de ce que nous

lui avons dit.

17 mai 1905. D ? se souvient toujours de tout, et n'a

plus rien présenté d'anormal.

Mutisme. Aphonie

5 avril. D ? est muet et aphone, il est incapable de pous-

ser le moindre cri, d'émettre le moindre son, de chuchoter.

8 avril. Il est toujours muet, cependant la nuit dernière,

il a parlé à trois reprises, tandis qu'il rêvait.

12 avril. Parle un peu plus haut mais est incapable de

crier

13 avril. Ne sait pas encore crier; montrant le creux

sus-sternal : « On dirait qu'il y a un bouchon là» dit-il.

8 mai. Est plus ému, et plus aphone que les jours pré-

cédents.

18 mai. Est toujours aphone.

17 juillet. A encore un peu d'aphonie, mais surtout le

matin et il a constaté que le soir il causait beaucoup plus

haut.

20 septembre. L'aphonie diminue, Ce matin au réveil,

il a constaté que sa voix était revenue, il attribue ce fait à

ce que cette nuit il a éprouvé des douleurs au niveau du cou.

5 octobre. D ? se souvient bien qu'il ne put répondre à

nos questions le 5 avril dernier : « On auraitdit que j'avais

un bouchon à la gorge, qu'on me serrait, et je voulais parler

pourtant, je faisais les mouvements, mais je ne pouvais pas ».

. Aphasie d'intonation .

L'aphonie prolongée présentée par le malade fait

que nous n'avons que fort peu de choses à signaler

sur les modifications de l'intonation.

346 CLINIQUE MENTALE.

Lorsque D ? reparla à voix haute on put noter du-

rant assez longtemps la monotonie de ses propos.

Aphasie motrice.

Les premiers jours, D ? présentait du mutisme, cessant

la nuit pendant le rêve, puis de l'aphonie étudiée ail-

leurs, et dès qu'il s'est remis à parler, le 8 avril, on n'a

pu constater chez lui qu'une aphasie motrice légère, no

portant que sur quelques mots.

12 avril. D ? parle plus facilement qu'hier, ilne cherche

plus ses mots, les mots usuels tout au moins, mais quand il

doit employer un mot peu usité il éprouve quelque embarras,

c'est ainsi qu'il a cherché cinq minutes après le mot civilité.

Il nous fait spontanément remarquer qu'il dit plus facilement

son prénom que celui de son fils.

Certains mots cependant lui font encore défaut; nous lui

montrons la cornette d'une religieuse, une seringue de Pravaz,

il a bien une image auditive de ces deux mots et il peut en

compter les syllabes, il cherche a avoir sur le mur une repré-

sentation visuelle de ces mots, il n'y parvient pas, cherche plu-

sieurs minutes et finalement doit y renoncer.

Quand nous lui faisons voir les aiguilles d'une montre, il

cherche 40 " après le mot « aiguille » dont il a cependant la

représentation auditive.

13 avril. Le lendemain, même difficulté : nous lui

montrons l'aiguille, et lui demandons de nommer l'objet.

Il cherche et ne peut. Nous lui demandons s'il sait ce que

c'est : il répond affirmativement.

D. Combien le mot a-t-il de syllabes ? R. Deux.

Il dit très bien entendre le mot comme si on le lui disait

mais il n'en a pas la représentation visuelle. Enfin, il trouve,

dit brusquement : aiguille.

Nous lui faisons épeler le mot, il le fait assez facilement,

puis sur notre demande il en compte les syllabes.

R. Trois.

D. Comment se fait-il que vous nous disiez tout à l'heure

qu'il n'y en avait que deux ?

R. C'est que je n'en entendais que doux.

15 avril. Il entend siffler la Marseillaise; après quelques

minutes il en reconnaît l'air, mais ne retrouve pas le nom, il

en a cependant l'image auditive et peut nous en donner le

nombre de syllabes. Il finit enfin par pouvoir prononcer le

mot Marseillaise.

3 mai. On siffle l'air du roi Dagobert, il le reconnaît,

peut le répéter mentalement, mais de même qu'il ne peut

répéter l'air, il ne peut nous dire le titre de la chanson : a J'ai

le nom dans la tête, nous dit-il ? c'est un air connu, un air

MUTISME, APHONIE, AMNESIE, APHASIE. 347

simple ? je ne le vois pas écrit ? Pour la Marseillaise éga-

lement, il reconnaît l'air, dit que c'est une chanson patrio-

tique, mais ne peut dire le mot, bien qu'il en ait l'image audi-

tive sitôt qu'il le cherche ; il en a ensuite une image visuella

que nous l'invitons à lire et il l'épelle lentement, mettant

quelques secondes entre chaque lettre, qu'il prononce d'une

façon explosive; ensuite viennent les deux premières syllabes,

puis le mot tout entier.

7 mai. Il ne trouve pas également bien tous les mots,

c'est ainsi que, pour certains de ses outils de charpentier, il

les voit devant les yeux, sait à quoi ils servent, doit réfléchir

un moment pour entendre leur nom, mais il ne peut parvenir

à le prononcer, ni en retrouver non plus l'image visuelle.

Il nous indique le nombre de syllabes des mots, rien de plus.

8 mai. Les noms propres sont parmi ceux qui lui don-

nent le plus de mal. Nous lui disons notre nom et lui deman-

dons de le répéter, il ne peut le faire qu'en en lisant menta-

lement l'image visuelle. Nous essayons de le lui faire dire

sans l'usage de cette image, il l'estropie : Raviac; nous l'in-

vitons à se servir de l'image visuelle, il se corrige alors.

11 mai. Nous lui redemandons de dire notre nom ; il se

déclare incapable de le faire, toutefois il en a aussitôt une

image auditive et peut nous donner le nombre des syllabes

qui le composent, puis l'image visuelle lui apparaît, il en

compte les lettres, nous le lui faisons alors prononcer en l'in-

vitant à lire cette image.

18 mai. Il met encore 20" pour prononcer notre nom, il

utilise toujours le procédé précédent.

7 juin. - D ? en nous voyant entend notre nom, puis le voit

mais il ne peut le dire qu'après quelques secondes.

27 juin. Il parle maintenant couramment.

17 juillet. Le malade est encore obligé de chercher le

nom de ses outils.

20 août. Les mots reviennent peu à peu, D ? évoque

l'image d'un outil, cherche après son nom, et ne le retrouve

pas toujours le jour même,

Amusie . Surdité musicale.

Le 12 avril, D ? nous déclare spontanément, « Je savais des

chansons plein des sacs ; je ne m'en rappelle pas du tout. De

fait il ne peut arriver à chanter « Au Clair de la Lune » , n'en

peut fredonner l'air, ne le reconnaît pas. Il ne peut le répéter

après l'avoir entendu, et n'a pas plus conservé le souvenir

des paroles qu'il ne peut continuer à dire même alors que nous

en avons prononcé les premières.

Même incapacité pour la Marseillaise, etc.

13 avril. Amusie absolue, D ? ne reconnaît rien, ne

peut ni siffler, ni chanter, ni fredonner, et il s'en affecte. « Je

vois que la voix revient, mais, c'est le reste qui m'ennuie 1 »

15 avril. L'amusie est un peu moins absolue ; lorsque

31S CLINIQUE MENTALE.

l'on siffle la Marseillaise, le malade en reconnaît l'air après

quelques minutes mais il est incapable de le répéter.

20 avril-Lorsqu'on siffle Au Clair de la Lune le malade

dit qu'il entend bien siffler mais qu'il ne sait pas du tout

ce que c'est.

Siffle- t-on la Marseillaise, il dit fout de suite qu'il l'a

entendue l'autre jour, et au bout de quelques secondes il

retrouve le nom. « C'est la Marseillaise ; ce que j'ai entendu

plusieurs fois, maintenant je m'en souviens. u

3 tuai. Il ne se souvient d'aucune chanson et s'en

plaint, mais il reconnaît l'air du« Roi Dagobert » qu'il ne

peut répéter. Cependant il déclare pouvoir le répéter men-

talement. Il reconnaît aussi la Marseillaise il peut en a penser

l'air tout entier dans sa tête » mais non le répéter.

7 mai. L'amusie est plus marquée que les jours pré-

cédents. On siffle la Marseillaise auprès de lui ; « il me sem-

ble, dit-il, avoir déjà entendu ça quelque part, mais je ne

pourrais pas dire ce que c'est. Comme on siffle ensuite : : «Au

clair de la Lune il demande si ce n'est pas le même air

que celui qu'on vient de siffler, il croit que si. Même ré-

flexion à propos d'un troisième.

18 mai. L'amusie est toujours très marquée.

7 juin. L'amusie diminue, si l'on siffle un air : «Au clair

de la Lune » par exemple, au bout de quelques secondes il a eu

le souvenir visuel du titre, l'a lu mentalement et au bout

d'environ 20 secondes nous l'a dit. Il essaie alors de siffler

mais il ne parvient à émettre que des sons à peu près sem-

blables les uns aux autres. Même chose pour la Marseillaise, il

la reconnaît, peut avoir une image auditive de l'air entier

mais ne peut arriver à en répéter les notes. Il parvient cepen-

dant péniblement à répéter en sifflant les premières notes de la

gamme.

27 juin. L'amusie est un peu moindre et il reconnaît

de suite les airs que l'on siffle; toutefois, il est encore incapa-

ble de siffler et de chanter.

17 juillet. Il siffle maintenant, arrive même, péniblement

du reste, à siffler la gamme, il reconnaît les airs qu'il entend

mais il ne peut les répéter.

15 août. Après un très grand nombre d'exercices chaque

jour répétés, l'amusie a presque disparu, le malade reconnaît

immédiatement les airs les plus variés et il peut les siffler ;

mais en vertu de l'amnésie encore existante, il ne se souvient

qu'imparfaitement de ses chansons.

Surdité verbale.

13 avril. - Tandis que nous lui parlons, D ? regarde nos

lèvres, afin dit-il de mieux comprendre. Nous lisons le journal

à haute voix; des mots qu'il comprenait très bien auparavant

ne lui semblent selon son expression qu'un bourdonnement :

Ex. : Dispersion, harangue, équivoque.

MUTISME, APHONIE, AMNESIE, APHASIE. 349

Ces mois n'éveillent aucune image, puis après explication,

toutes les images correspondantes reparaissent.

Lors de l'exercice de la parole répétée, la difficulté de com-

préhension rapide des mots se traduit par un retard. Il doit,

dit-il, réfléchir un court instant avant de répéter chaque mot

pour trouver sa signification. Et cet exercice le fatigue

rapidement.

3 mai. D ? se plaint de ne pas toujours comprendre ce

qu'on lui dit, surtout lorsqu'on parle un peu vite, il répond

quelquefois non quand il faudrait dire oui.

7 mai. « Quand les malades parlent à plusieurs dans le

fumoir, il faut que je regarde leur bouche et que je tende

l'oreille pour comprendre la moitié de ce qu'ils disent. Quand

je ne regarde pas leur bouche je ne comprends presque plus

rien; c'est pour ça que je les regarde quelquefois avec un air

si hébété. Quand j'écoute une conversation, j'entends comme

un bourdonnement dans mon oreille gauche, je ne saisis un

mot que de temps en temps et s'ils disent une bêtise,je ris de

les voir rire et je n'ai pas compris.

«L'autre jour, on me disait un mot fort simple, et je le

répétais n'arrivant pas à comprendre ce qu'il voulait dire.

Quelqu'un au fumoir me parlait de céder et je ne me suis

souvenu de la signification de ce mot que lorsque j'ai entendu

parler de vendre. »

8 mai. Nous lui parlons de prestige, il répète le mot, ne le

comprend pas; il se met alors à faire des mouvements de son

bras gauche : « Je l'écris dit-il, pour tâcher de m'en rappeler

la signification » et il emploie par deux fois le même procédé

(Notons ici que, consécutivement à sa monoplègie brachiale

droite, D ? avait dû apprendre à écrire de la main gauche).

Comme nous lui demandons alors d'écrire le mot de la main

droite, il ne peut plus le prononcer, mais en ayant conservé

l'image visuelle il la déchiffre et retrouve le mot dont il ne

parvient pas à se souvenir de la signification.

Nous la lui indiquons, et il est alors facile de constater

qu'il l'avait oubliée, ouvrier assez intelligent il nous montra

qu'il savait ce qu'était le prestige.

18 mai. D ? déclare qu'il comprend mieux ce qu'on lui

dit, mais il doit encore faire répéter des mots, et il ne les com-

prend pas tous. -

27 juin. Il comprend maintenant couramment.

Cécité littérale. - Cécité verbale.

9 avril. Nous écrivons lisiblement :

Vous ne savez plus écrire ? Il met plus d'une minute à

lire cette question.

Ecris ton nom. Après une minute 1/2 d'efforts, il lit :

Crire crire.Au.. lu mon.-Nous lui montrons imprimés les

mots équilibre, surveillance. Il met une minute pour épeler

en scandant chacun de ces mots. Nous lui montrons le chiffre

350 CLINIQUE MENTALE

2. il le dit aussitôt; puis le chiffre 14, un, quatre, puis après

une demi-minute de réflexion : quatorze. Il n'est arrivé à ce

résultat qu'en comptant jusque 14 sur ses doigts. Il lit

facilement l'heure.

11 avril. La lecture est toujours difficile, le mot manus-

crit maison est lu en 10 "; la lettre l est toujours pour lui un

obstacle difficilement surmonté et il met 30 " pour la trouver

dans le mot manuscrit civil. La lecture de cette phrase impri-

mée :

« Un ami nous fait celle intéressante communication «

demande 1 minute i/2.

Il met 65 " pour déchiffrer le mot ancien dans un journal.

Il met près d'une minute pour lire la lettre t, lit très vite u,

moins vite s (10 "), é (20 "). Il met 45 " à chercher dans le

journal la lettre a.

Lç nombre manuscrit 3.450 est lu en 10 " le nombre im-

primé 4.913 est lu en 30 ". Il doit pour y parvenir lire d'abord

chiffre par chiffre.

12 avril. Il se plaint de lire moins bien qu'hier, il recon-

naît les lettres, les épelle,et ne peut arriver à lire le mot. Il a

m,s dix minutes ce matin pour lire le mot imprimé citoyenne.

Il prend le mot imprimé congrès, épelle les lettres, au bout de

trois minutes, déchiffre la première syllabe, puis une minute

après le mot entier.

13 avril. La difficulté est toujours très grande. La phrase

manuscrite : Vous pouvez fumer une cigarette, nécessite 65 "

d'efforts, il a lu lettre par lettre, puis a cherché les syllabes.

Il a compris le sens de la phrase. Pour lire la phrase imprimée ;

La session ordinaire des conseils généraux, il met 70 ".

Il lui faut 45 secondes pour lire le mot imprimé oiseaux, ce

temps se décompose de la façon suivante :

o (4 ") i (4 ") s ! 7")e(5")a(5")u(10")Y(10").

7 mai. La lecture est toujours des plus pénible, nous

cherchons à voir si le malade lit plus rapidement son nom

que d'autres et pour cela nous le plaçons en trois endroits

d'une liste que nous lui faisons lire. Or, tandis qu'il ne met

que 10 ", 10 " puis 6 " enfin pour lire son nom il met de 30 à

45 " pour déchiffrer les autres.

17 Juillet. - Le malade s'est beaucoup exercé, aussi

est-il fier des progrès qu'il a faits. Il devait au début lire

lettre par lettre, puis syllabepar syllabe, depuis huit jours,

il lit à peu près couramment.

Cécité psychique.

Dès le premier jour, D ? présentait une cécité psy-

chique très accusée, ne reconnaissait ni l'hôpital, ni les

médecins, ni les soeurs, et on a pu voir au cours de l'ob-

servation que ce n'est que peu à peu que ces troubles al-

lèrent en diminuant.

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 351

12 avril. Il peut arriver à se représenter la gare, l'hôtel

de ville d'Armentières, mais ne revoit pas telle ou telle rue,

il se représente la maison du docteur X., mais ne peut se

souvenir de la physionomie de ce dernier. Il a écrit à sa soeur

aujourd'hui, mais il ne se souvient plus de ses traits.

13 avril. « J'ai le coeur tout triste aujourd'hui, nous

dit-il, je ne sais pas pourquoi, cette mémoire qui ne revient

pas; tout à l'heure est venu un ouvrier avec qui je travaillais,

je ne l'ai pas reconnu, et je suis encore à me demander qui

c'est, son nom ne m'a rien dit. »

20 avril. -« J'ai hâte, nous dit-il, que ma soeur vienne,

pour voir si je la reconnaîtrai. »

29 Avril. En causant aujourd'hui de ses frères et soeurs

avec un de ses amis, il constata tout à coup qu'il pouvait

mentalement en évoquer l'image sans qu'il ait pour cela

aucun effort à faire.

7 mai. Il se souvient maintenant de la figure de certai-

nes personnes, de celle du médecin qui le soignait en ville,

après laquelle il « cherchait » depuis un mois. Par contre,

il n'a pas encore pu se souvenir de l'usage que l'on fait de

tel ou tel outil de menuisier dont il a la représentation

visuelle et auditive.

8 mai. D ? venant nous voir aujourd'hui s'est perdu

en route, alors qu'il connaît particulièrement bien la ville,

il a dû demander son chemin !

18 mai. Il ne se représente pas encore la ville, n'en revoit

pas les différentes rues.

20 septembre. Il peut à présent évoquer l'image de ses

parents. Toutefois il présente encore un peu de cécité psy-

chique, et il doit parfois demander leur nom à des personnes

qu'il connaît cependant très bien.

Agraphie.

9 avril. C'est en vain que nous demandons au malade

d'écrire son nom. Il y renonce. « Je ne sais pas comment

commencer, ça ne revient pas, il n'y a pas d'avance, dans

trois ou qualre jours je ne dis pas, je tremble trop. Notons

cependant que le tremblement lent, à oscillations très petites

qu'il présente est insuffisant pour l'empêcher d'écrire.

D ? finit par écrire quelques chiffres sous notre dictée, après

beaucoup d'efforts.

11 avril. Depuis avant hier D ? a fait de nombreux

efforts pour parvenir à écrire; nous lui demandons alors

d'écrire quelque chose; très lentement, avec des arrêts, il

écrit son nom et Armentières. Après Armenfiè, il arrête

quelques secondes pour réfléchir. « je ne savais plus comment

finir, pourtant je l'ai fait ce matin cinquante fois ! «. Il écrit

ensuite spontanément : Recevez je vous prie mes sincères sa-

lutations. Il a mis sept minutes pour écrire cette courte

phrase, avec des arrêts fréquents, après sa, il arrête plusieurs

352 CLINIQUE MENTALE,

secondes il savait bien nous dit-il, qu'il devait écrire la lettre

mais il ne se souvenait plus de sa forme. Il écrit sous notre

dictée :

Nous sommes aujourd'hui lundi.

chaque lettre étant épelée, il a mis 8 minutes pour le faire;

l'l de lundi lui a demandé beaucoup de recherches, on vient

de voir que même difficulté se présenta pour 1' de salutations,

au reste en relisant ce mot il n'en reconnaissait pas l'I, et ce

n'est qu'en épelant le mot qu'il la retrouva.

Nous le prions ensuite de recopier la phrase que nous

venons de lui dicter, il le fait en une minute .

La copie de la phrase imprimée : Un ami nous fait celle

très intéressante communication, est effectuée en 8 minutes,

le malade a surtout beaucoup de peine à retrouver la manière

d'écrire la lettre f.

12 avril. D ? met plus d'une minute pour écrire le mot

civilité, il ne savait plus comment faire un c.

13 avril. Il met 40 " pour écrire le mot dispersion, il

l'épelle cependant très bien, et la difficulté consiste simple-

ment pour lui à retrouver les mouvements nécessaires pour

former les lettres. 70 " lui sont nécessaires pour écrire sous

dictée, de la main gauche à l'aide de laquelle il avait l'habi-

tude d'écrire ces quatre mots : je sais bien écrire.

7 mai. Le malade écrit un peu plus facilement, cepen-

dant il met encore 20 " pour écrire son nom,et 1 minute pour

écrire le nom d'une autre personne, Dubar par exemple,

il doit alors s'arrêter après le b « il ne savait plus former l'a

et l'r qu'il voyait pourtant devant lui. « Pour mon nom,

dit-il, je l'ai écrit tout de suite, pour écrire Dubar j'ai cherché

à le voir quelque part inscrit pour trouver la première lettre,

je l'ai vu devant les yeux j'ai écrit Du puis j'ai dû- fixer

pour voir le b et regarder les dernières lettres.

Pour son nom au contraire, il nous fait remarquer qu'il l'a

« écrit tout de suite « c'est à dire sans chercher à avoir une

représentation visuelle du mot.

17 juillet. Les progrès sont lents, il met encore une

minute et demie pour écrire spontanément : ,le voudrais être

content un jour, il est toujours obligé de fixer devant lui afin

d'avoir la représentai ion visuelle des mots.

20 septembre. D ? écrit presque couramment il présent.

Langage intérieur.

Cliez D ? comme c'est du reste la règle, les images auditives

apparaissent au premier plan.

20 avril. Toutes les fois que je cherche quelque chose,

dit-il, c'est d'abord un son que j'entends mais il n'en est pas

toujours ainsi.

7 mai. Pensant à un outil : « je le vois devant les yeux,

dit-il, je sais à quoi il sert, après quelques instants, j'entends

MUTISME, APHONIE, AMNESIE, APHASIE. 3S3 J

le nom de l'outil, il est composé de deux syllabes, mais je ne

puis le prononcer ni le voir écrit.

Nous lui demandons de penser à quelque chose. Il pense à

une civière. Tout d'abord il l'a vue, ensuite il en a entendu

le mot sans qu'il puisse le prononcer sans qu'il puisse non

plus en avoir l'image visuelle et contrairement à ce qu'il

fait pour certains mots qu'il parvient à prononcer en déchif-

frant leur image visuelle, ici c'est en utilisant exclusivement

l'image auditive qu'il a pu le faire.

D'autres fois, c'est l'image auditive qui fait défaut alors

que l'image visuelle peut être évoquée.

Parfois enfin s'il pense à un objet il en a la représentation

visuelle et ne trouve pas l'image visuelle du mot ou inver-

scmenL.

Etat mental.

13 avril.- Dès le moment où D ? recommença à parler,

son unique préoccupation fut de se demander ce qu'il allait

devenir. Ecoutons-le : « Je pense toujours à mon travail, si

les patrons voudront encore de moi, ça me casse la tête de

savoir qu'on dit en ville que je suis fou; mes enfants sont là,

je dois encore gagner du pain pour eux. Chaque fois que

j'essaie de lire le journal, j'ai du chagrin, l'idée de ne plus

savoir lire, l'idée de n'avoir plus de mémoire, je ne saurai

plus travailler, on me mettra à la porte) ' La nuit il ne dort

pas. Il n'existe chez lui aucune idée délirante, pas d'hallu-

cinations, pas d'illusions.

7 mai. D ? est toujours très affecté de son état : « il y a

des moments, je suis comme saisi, j'ai l'estomac serré comme

si j'avais commis un crime, on dirait qu'il va m'arriver

toutes sortes,de maux. je ne suis bien nulle part, il faut que

je sois avec quelqu'un, qu'on me parle, ou bien je me demande

ce que je vais devenir, je me dis : que je suis simple, puisque

le docteur m'a dit que ça allait se passer, mais je n'ai pas fait

cent mètres que ça recommence, je me vois jeter la pierre

par tout le monde, pour le travail, pour tout, et alors j'ai

beaucoup de mal dans la tête.

Quand je ne regarde pas les lèvres des malades qui parlent

dans le fumoir, je ne comprends presque plus rien, aussi

quand deux personnes parlent entre elles à côté de moi. je

crois toujours qu'on dit du mal; je me dis bien que ça n'est

pas vrai, mais il n'y a pas d'avance,j'ai toujours cette idée-là.

8 mai. D ? nous dit qu'il devient de plus en plus défiant.

Il est triste, verse des larmes, soupire : « je voudrais savoir

la maladie que j'ai, je me dis que je suis abandonné, que je

ne vais jamais guérir. » .

18 mai. L'amnésie diminuant, D ? reprend courage, il

s'occupe régulièrement à l'hôpital.

15 juillet. Toute dépression a disparu.

, le octobre 1906. Actuellement D ? est complètement

guéri, mais il présente toujours les troubles du caractère si

dncnlvss, 2' série 1906, t. XXII. ·'3

354 CLINIQUE MENTALE.

fréquents chez les hystériques, peu attentif, sans grande

volonté il se laisse facilement entraîner par ses camarades.

, Sensibilité.

Troubles objectifs.

Durant toute la durée de son séjour il l'hôpital, D ?

présenta parfois avec de grandes variations des troubles

multiples de la sensibilité. C'est ainsi que le 4 juin, il y

avait hémianesthésie totale du côté gauche à ligne

de démarcation à peu près rigoureusement médiane. La

différence entre les deux côtés étant surtout très accusée

pour les sensations thermiques et douloureuses; les pi-

qûres étant perçues à gauche comme de simples frotte

ments, tandis que quinze jours auparavant les zones

d'anesthésie étaient irrégulièrement distribuées, le froid

par exemple était mieux senti au membre inférieur gau-

che en avant et au membre inférieur droit en arrière.

La sensibilité musculaire paraissait également altérée,

aussi D ? ne percevait-il pas des différences de poids

très accusées. Du côté de la main droite, si à une pièce

de 5 centimes placée dans la main, on ajoute une pièce

de 5 francs en argent, il ne saisit guère de différence,

alors qu'à gauche la même expérience donne des résul-

tats normaux. Dans la main droite, ces deux pièces

successivement placées ne paraissent pas de diamètre

différent au malade, mais il reconnaît que ce sont des

pièces de monnaie.

D ? trouve même que la pièce de 5 centimes pèse plus

lourd que celle de 5 francs en argent; pour moi dit-il

ça doit être la pièce de 5 francs qui est la plus lourde,

c'est pourtant l'autre qui me parait peser le plus ! Rien

de pareil à gauche. Nous devons remarquer que ce jour-

là, l'anesthésie cutanée était plus marquée à droite.

Troubles subjectifs.

7 août. Dès notre premier examen, D ? nous fait com-

prendre = il présentait alors du mutisme qu'il a mal à la

tête, et il désigne avec la main la région répondant au pied des

circonvolutions frontales gauches.

3 mai. La céphalée est toujours la même, localisée à

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 355

gauche, elle était plus marquée la veille car il était sorti le

jour précédent et s'était en rentrant querellé avec un autre

malade. -

18 mai. Même céphalée, gênante toujours localisée.

Les efforts intellectuels nécessités par les exercices que nous

lui proposons et par ceux auxquels il se livre durant la jour-

née : lecture, écriture, par exemple, augmentent la douleur,

cela, dit-il, lui bouleverse la tête.

7 juin.-D ? se plaint toujours de la tête, il souffre dès le

réveil jusqu'au coucher. La céphalée est toujours localisée à

gauche, elle s'accroît lorsqu'il est inactif, ou réfléchit, aussi

il demande à s'occuper.

17 juillet.- La céphalée persiste avec les mêmes caractères.

« On dirait que j'ai reçu un coup de marteau sur la tête et

que je conserve le mal ».

A noter que la région superficielle correspondante est

moins sensible que celle du côté opposé.

20 septembre. Depuis quelques jours, la céphalée a dis-

paru.

5 octobre. Elle réapparut passagèrement celte nuit

tandis qu'à la suite d'une émotion les derniers souvenirs

réapparaissaient.

Signalons pour terminer l'absence de troubles du côté de la

sphère génitale. D ? ne présentait aucune excitation géné-

tique, il nous déclara du reste qu'il avait toujours été plutôt t

frigide.

Troubles sensoriels.

Goût. La sensibilité au tact et à la douleur est diminuée

à gauche, normale à droite au niveau de la langue et de

la face interne des joues. La perception des sensations

gustatives parait retardée à gauche.

Odoral. - La face interne des narines est plus sensible

à droite qu'à gauche. Les sensations olfactives sont tantôt

mieux percues à droite qu'à gauche, d'autres fois, c'est

le contraire ; ainsi le 27 juin.les odeurs sont mieux perçues

du côté gauche

Ou'ie. -- La paroi interne du conduit auditif externe

est plus sensible à gauche qu'à droite. Les deux pavillons

ayant une sensibilité à peu près égale, le droit étant cepen-

dant parfois plus sensible.

L'exploration de la sensibilité tympanique montre qu'à

gauche il est possible de toucher le tympan avec un crin de

Florence sans déterminer de sensation désagréable, tandis

qu'à droite cet attouchement est douloureux.

A gauche, l'acuité auditive paraît généralement bonne,

le tic-tac d'une montre est entendu à des distances variant

selon le moment de l'examen; un jour il n'est plus entendu

à 15 centimètres, un autre il est perçu jusqu'à 25 centimètres.

356 CLINIQUE MENTALE.

Lorsqu'il est plus troublé, le malade accuse une diminution

d'acuité plus grande encore et à 3 centimètres il n'entend

plus le tic-tac. ce qui d'ailleurs ne l'empêche pas d'entendre

ce qu'on lui dit.

A droite, la montre doit être appliquée contre le pavillon

pour que son tic-tac soit perçu, d'autres fois il est entendu

encore à 10 centimètres.

Fw, 14. - IIémi81HIIlW facial à gauche.

A l'épreuve de Rinne, nous constatons qu'à gauchc

le Rinne est positif, tandis qu'à droite il est négatif. Dans

l'épreuve de Weber, le bruit du diapason est plus nettement

perçu à gauche, alors que d'après l'épreuve précédente,

c'est le contraire qui devrait être constaté. Le tympan est

d'apparence normale tant d'un côté que de l'autre.

Rappelons ici que le malade nous fit signe le jour du

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. SG7

premier examen qu'il présentait des phénomènes vertigineux,

et se sentait entraîné en avant. Il existe quelques troubles

subjectifs. On dirait, dit-il, que j'entends par moments

une machine qui passe à grande vitesse.

Vue. Nous avons signalé ailleurs le blépharospasme

gauche présenLé par le malade.

On ne constatait pas d'autres troubles de la musculature

ocul-iire. Cependant les examens prolongés amènent lorsque

les globes oculaires sont portés dans les points extrêmes

des secousses nystagmiformes.

Le reflexe à la lumière est conservé. L'accommodation

est gênée, et lorsque le malade fixant au loin est prié de

regarder un point rapproché, il a quelque peine à le faire.

Le sujet est hypermétrope.

La cornée est à droite et à gauche plus sensible en bas

qu'en haut.

La conjonctive bulbaire est peu sensible à gauche, elle

l'est un peu plus à droite, de même que la conjonctive

palpébrale. Le reflexe cornéen est aboli pour la partie supé-

rieure, conservé pour la partie inférieure.

L'acuité visuelle est bonne, mais le malade se fatigue

extrêmement vite, surtout à gauche.

Le champ visuel tant à droite qu'à gauche, est rétréci

concentriquement. surtout pour le blanc, le jaune et le

vert pour lesquels il ne dépasse pas dix degrés; pour le

rouge il atteint 37" du côté externe, 30 du côté interne,

20 en haut, 30 en bas. Nous devons du reste constater que

les résultats de l'examen campimétrique, variaient au sur

et à mesure que l'examen se prolongeait, le malade se e

fatigant extrêmement vite.

Il existe de la dyschromatopsie, le vert est vu normalement

à gauche, il paraît gris à droite; le jaune paraît plus pâle

à droite, le rouge également, cette dernière couleur semble

au malade mélangée de noir.

Pas de polyopie monoculaire. Pas de scotome central.

Le fond de l'oeil est normal.

TROUBLES MOTEURS.

On a trouvé au début de cette observation l'histoire

de la paralysie flasque du bras droit qui dura près de dix

ans. Lors de son arrivée à l'Hôpital, D.. pouvait mouvoir

ce membre, 'mais il ne pouvait le lever au-dessus de l'hori-

zontale ; quand il tentait de le faire, il éprouvait une douleur

au niveau de 'l'articulation gléno-humérale dont les mouve-

ments paraissaient limités. Tous les autres mouvements

de l'avant-bras sur le bras et de la main s'effectuaient

librement, la force était peu diminuée de ce côté.

On ne constatait aucun autre phénomène parétique.

Par contre il existait un hémispasme facial gauche que la

photographie reproduite ici permet de constater.

3JS CLINIQUE MENTALE.

Le muscle frontal gauche se contractait parfois spas-

rcc. 15.- Atrol : Lic du brus droit, secondaire à une paralysie l1as-

que hystérique, guérie subitement après une durée de huit ans.

Photographie prise trois mois après le retour des mouvements.

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE. APHASIE. 350

modiquement et le sourcil gauche était alors plus élevé que

le droit, mais normalement il était abaissé secondairement

. au spasme de l'orbiculaire des paupières. On peut voir

sur la photographie que la fente palpébrale gauche, est

notablement plus petite que la droite; à remarquer aussi

les plis verticaux du front.

Les muscles de la joue gauche étaient également dans un

état spasmodique plus accusé encore lorsque le malade

parlait ou souriait. Le pli naso-génien était plus marqué de

ce côté.

Il n'existait pas de spasme de la langue.

Du côté du larynx, l'examen pratiqué le 21 avril, alors

que le sujet présentait une aphonie très marquée, permit

de constater l'intégrité des fonctions des cordes vocales

et des mouvements des arytenoïdes.

Réflexes. Tous les reflexes tendineux et cutanés

étaient normaux, le reflexe pharyngé également.

TROUBLES TROPHIQUES

Bien que le retour de la sensibilité et du mouvement

dans le bras droit remontât à près de trois mois, l'atrophie

du membre était encore bien marquée au mois d'avril 1904,

et elle se voit fort bien sur la photographie prise à cette

époque et reproduite ici.

Voici quelques mensurations effectuées en des points

symétriques des bras droit et gauche :

Circonférence partie moyenne du bras 21 centimètres

il droite, 25 centimètres à gauche.

Circonférence au niveau de l'olécrâne 22 centimètres

à droite, 23 centimètres à gauche.

Circonférence de la partie supérieure de l'avant-bras

21 c. à droite, 23 centimètres à gauche.

Circonférence de la partie inférieure de l'avant-bras

15 centimètres à droite, 16 centimètres à gauche.

Circonférence au niveau de la paume de la main 18 centi-

mètres à droite, 19 c. 5 à gauche.

Circonférence de l'index à sa racine 6 centimètres à

droite, 6 c. 5 à gauche.

Circonférence du pouce à sa partie moyenne 6 centimètres

à droite, 6 c. 5 à gauche.

RÉSUMÉ.

Un. homme de 39 ans, menuisier, ne présentant pas

d'autres antécédents héréditaires que l'alcoolisme et le

nervosisme paternel, n'ayant jamais présenté de symp-

tômes hystériques manifestes, subit en janvier 189G un

léger traumatisme de l'épaule droite à la suite duquel une

360 CLINIQUE MENTALE.

paralysie flasque du bras droit s'installa progressive-

ment, accompagnée d'anesthésie absolue du membre.

Jusqu'au mois de décembre 1903, c'est à dire durant

huit ans, l'état du bras reste stationnaire, lorsqu'une

nuit, à la suite d'un rêve, le sujet s'éveille et constate que

son bras peut se mouvoir et qu'il est redevenu sensible.

Quelques mois après, à la suite de chagrins, de la perle

de sa place, peut-être aussi consécutivement à quelques

excès alcooliques, le malade présente des troubles men-

taux passagers, que nous croyons être de l'onirisme

hallucinatoire. Ces troubles ne durent que quatre jours;

il présente ensuite un mutisme absolu, cessant la nuit

pendant le rêve; deux jours après le sujet, peut parler,

mais il est aphone et amnésique. Amnésie très marquée,

rétro-antérograde, accompagnée d'aphasie motrice légère,

d'amusie et de surdité musicale complètes, de surdité

verbale légère, de cécité verbale et de cécité psychique

très accentuées, d'agraphie. Céphalée localisée au niveau

de la région temporo pariétale gauche.

Non délirant, il présente simplement un état de dépres-

sion mélancolique en rapport avec le chagrin que lui

cause son amnésie et avec la crainte de ne plus pouvoir

travailler.

Les signes physiques constatés sont un hémispasme

facial gauche, une atrophie du bras droit des adhé-

rences fibro-tendineuses limitant les mouvements des

doigts de la main droite avaient été antérieurement

brisées par nous -, et des troubles sensitivo-sensoriels

multiples, variant fréquemment, se groupant parfois

sous la forme d'hémianesthésie sensitivo-sensorielle.

Rien à l'examen laryngoscopique.

L'amnésie, l'aphonie, et l'aphasie présentées par le

malade disparurent progressivement sous l'influence

de la suggestion à l'état de veille et de l'isolement.

Sept mois après le début des accidents, ceux des sou-

venirs qui étaient restés encore absents réapparaissaient

à la suite d'une émotion, l'aphonie cessait en même

temps. L'aphasie motrice peu marquée du reste, avait

disparu depuis un mois; l'amnésie également. La sur-

dité verbale n'avait duré que 3 mois, la cécité verbale 4.

Après 7 mois il existait encore un peu de cécité psy-

MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 361

chique et d'agraphie. Un an après le début, le malade

pouvait être considéré comme guéri complètement. Il

travaille à présent de son métier de menuisier.

Il n'est point besoin de s'attarder ici à discuter un

diagnostic qui s'impose.La monoplégie brachiale si carac-

téristique, sa guérison subite à la suite d'un rêve, avaient

classé le malade parmi les hystériques.

Le mutisme cessant pendant le rêve, l'aphonie coexis-

tant avec l'intégrité de l'appareil vocal, l'amnésie retro-

antérograde, l'aphasie irrégulière, survenus après des

troubles mentaux que nous considérons comme des

équivalents de l'attaque, les troubles si variés et si mo-

biles de la sensibilité, tous les symptômes enfin, cons-

tatés chez D ? étaient des manifestations de l'hystérie.

Notre intention n'est pas d'insister sur les diverses

particularités de cette observation; nous ne voudrions

cependant pas manquer de faire ressortir le rapproche-

ment que l'on peut faire entre la monoplégie droite,

les phénomènes aphasiques et la céphalée localisée de

façon persistante au niveau de l'hémisphère gauche.

Ce n'est du reste pas là un fait isolé, Raymond et Janet

ont déjà insisté sur ce point. Peut-être existait-il chez

D ? au niveau de l'écorce cérébrale gauche l'épine orga-

nique qui, selon l'expression de Dupré, provoque l'appa-

rition et détermine le siège des accidents hystériques.

Le nombre, la variété des phénomènes observés, nous

ont invité à publier cette observation qui montre bien

que l'hystérie peut réaliser les troubles les plus divers

do la fonction du langage.

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D1' CHAPON.

PATHOLOGIE INTERNE

La tuberculose dans les asiles d'aliénés [Suite) ;

PAR MM.

D' MARIE D' J. ROLLET

Médecin en chef Interne

à l'asile de `'illc,juif.

REMÈDES ET PROPHYLAXIE

2° Sélection. - Diagnostic précoce par les moyens de cli-

nique et de laboratoire. -Echanges respiratoires. Re-

cherche du bacille. -Epreuve de la tuberculine. -Séro-

diagnostic de Arloing et Courmont.

2° Isolement. - Désinfection et hygiène. - Circulaire mi.

nistérielle du 15 juin 1901. -- Les mesures dans les

asiles actuels. - Création de sanatoria; tentatives en

France et exécution à l'étranger.-L'assistance familiale.

Isoler les aliénés tuberculeux, employer toutes les res-

sources de l'art et de la nature à leur guérison, préserver

de la contagion les sujets indemnes, telles sont les

mesures actuellement à l'étude dans la plupart des con-

grès spéciaux et des commissions officielles, et qui

reçoivent en France et à l'étranger un commencement

d'exécution.

Depuis quelques années s'étend aux asiles le grand

mouvement international de la lutte antituberculeuse,

à la tête duquel nous voyons chez nous les Prof. Grancher

et Landouzy, auquel s'étaient consacrés Strauss et

Brouardel et que mènent Koch et Behring en Allemagne,

Maragliano en Italie.

1° Les moyens de sélection

On comprend tout d'abord la nécessité d'une sélection

préalable concernant les aliénés tuberculeux avant

l'entrée ; l'examen somatique au point de vue de la

tuberculose doit être aussi rigoureux chez eux qu'il l'est

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES n'ALIÉNÉS. 363

pour l'admission au service militaire et à la plupart des

services publics chez les sujets normaux.

Mais, alors que chez ces derniers la recherche d'une

phtisie latente ou au début est parfois extrêmement déli-

cate, cette difficulté s'augmente, chez les aliénés, de la

superposition des deux états physique et psychique et de

leur retentissement l'un sur l'autre. Rappelons la ques-

tion difficile, que nous avons esquissée, des psychoses

prétuberculeuses.

Il est inutile de discuter les signes physiques des cas

avancés et le traitement médical qu'ils réclament ; notre

tâche est de passer en revue les moyens de diagnostic

précoce à l'admission dont peut disposer l'aliéniste,

moyens cliniques qui s'augmentent chaque jour de nou-

velles méthodes de laboratoire.

Température. C'est d'abord la température qui,

normale chez les tuberculeux sains d'esprit pendant un

laps de temps prolongé, est élevée au moins au moment

de l'admission chez les déments vrais en particulier,

soit que la décision prise à leur égard ait été causée par

un acte insensé tendant à allumer la fièvre, soit que

l'excitation mentale due au changement de milieu pro-

duise le même effet.

Il est donc utile de faire prendre pendant la première

semaine la température des malades entrants le, matin

et le soir vers six heures, et de les soumettre à une sur-

veillance spéciale en cas de résultat positif. Cette

méthode est appliquée dans notre service à l'Agile de

Villejuif.

Poids. Nous faisons également pratiquer la pesée

systématique des malades et nous tenons pour suspects

les cas de diminution de poids se maintenant pendant

les premiers mois de l'internement, surtout s'ils s'accom-

pagnent de dépression et d'anorexie ; on élimine facile-

ment les cas d'excitation et de paralysie générale.

Les signes basés sur les antécédents du sujet, son

facies et son habitus extérieur, l'examen séméiotique

du poumon avec les modifications du rythme, du timbre

et de l'intensité respiratoire, pratiqué selon la méthode

infiniment délicate du Prof. Grancher, sont les meilleurs

304 PATHOLOGIE INTERNE.

moyens de diagnostic précoce. Toutefois en l'absence de

signes généraux marqués, faute de renseignements

fournis par l'examen physique au doigt qui percute et à

l'oreille qui ausculte, on a fait appel à des moyens d'inves-

tigation accessoires, empruntés moins à la clinique qu'au

laboratoire, et que nous trouvons résumés par Achard

(Congrès international de la tuberculose de 1905) de la

façon suivante :

1° Signes de probabilité ; ce sont : l'instabilité ther-

mique et le cytodiagnostic, l'épreuve leucocytaire par le

vésicatoire, l'albuminurie prétuberculeuse, l'étude du

tracé respiratoire, du chimisme respiratoire (dont la

valeur est contestée), la diazoréaction d'Ehrlich qui ne

donne de résultats que dans les formes aiguës ou avancées,

enfin la radiographie qui n'est qu'un moyen tardif.

2° Il considère comme signes de certitude l'existence

du bacille, la réaction à la tuberculine et la séroagglu-

tination.

Si ces moyens de diagnostic ne valent pas les anciennes

méthodes d'investigation, il convient toutefois d'insister

sur ceux qui ont le plus de valeur.

Les échanges respiratoires. Au même Congrès de

1905, le Prof. Robin a signalé l'importance, au point de

vue du diagnostic précoce de la phtisie, de l'examen

spirométrique et des altérations du rythme respiratoire

comparé au rythme circulatoire ; cette rupture des

concordances fonctionnelles pulmonaire et cardiaque,

qui serait un signe prémonitoire caractéristique d'état

de moindre résistance, a précisément été signalé depuis

quelque temps par les aliénistes chez les délirants

déprimés qui sont des candidats indiqués pour la tuber-

culose.

D'après Robin et Binet, les échanges respiratoires

sont augmentés chez les phtisiques à toutes les périodes

de la maladie; cette aptitude à fixer trop d'oxygène et à

fabriquer trop d'acide carbonique, jointe à l'existence

d'une déminéralisation excessive, est commune aux

états de déchéance qui précèdent la tuberculisation

pulmonaire.

C'est donc en s'arthritisant, c'est-à-dire en ralentis-

LA TUBERCULOSE DANS L ? S ASILES D'ALIÉNÉS. 365.

sant leur nutrition que les tuberculeux au début peuvent

lutter contre le bacille de Koch.

Nous devons toutefois, sur ce thème, observer la plus

grande réserve, car la savante théorie du Prof. Robin

est encore discutée; d'après le DI' Charrin les combus-

tions intra-organiques, mesurées par les échanges res-

piratoires, conservent leur valeur normale aussi bien

au début que dans l'état de tuberculose confirmée, et la

nature de ces combustions ne peut en aucun cas servir

au diagnostic précoce de la tuberculose pulmonaire.

Mais ce sont là des investigations délicates et difficiles

à mettre en pratique courante ; le laboratoire et le mi-

croscope fournissent d'autres moyens d'enquête.

Recherche du bacille. La recherche du bacille de

Koch dans les expectorations est classique ; elle a l'in-

convénient d'être tardive. Mais en décrivant les travaux

d'Anglade sur la propagation de la tuberculose par les

selles bacillifères, nous avons mis en valeur cette

étiologie assez spéciale aux aliénés ; aussi l'examen

bactériologique des selles est-il un moyen de recherche

dont il est utile de connaître la technique et qu'on vou-

drait voir entrer davantage dans la clinique.

Après dessiccation à l'air et fixation, par le chloroforme, d'une

parcelle de liquide diarrhéique, il traite la préparation par la

méthode de double coloration (liquide de Ziehl, décoloration

par l'alcool chlorhydrique, bleu de méthylène, etc.)

Pourtant ce procédé de diagnostic, qu'Anglade consi-

dère comme aisé, semble présenter des difficultés, de

l'avis de Dieulafoy, qui considère sa réussite comme un

fait exceptionnel (1), et de Le Gendre pour qui « la pré-

sence du bacille de Koch dans les selles des tuberculeux

n'est pas toujours facile à mettre en évidence (2) ».

La technique de cette recherche a du moins le mérite

de déceler la nature tuberculeuse d'une entérite primi-

tive chez des sujets sains au point de vue pulmonaire.

Par un procédé indirect, Anglade obtient des résultats

positifs' en inoculant à des cobayes un demi-centimètre

cube d'eau mise au contact avec des selles bacillifères

(1) L)ILULAI-0Y. -Path. int., t. III, p. 368.

(2) 13oucil,111) et Itocrn. - l'uth. gén., t. IV. p. 602.

336 6 pathologie interne.

fraîches, ou d'eau souillée par des poussières fécales

infectées, desséchées sur des linges depuis trois semaines.

Le Dl' de Nabias a présenté au Congrès de 1905 une

autre technique qu'il donne comme plus rapide et plus

certaine que le procédé par frottis direct.

Après avoir délayé les matières suspectes avec de l'alcool

étendu, on reprend la masse par l'éther qui surnage et on voit

un mouvement ascensionnel de l'alcool qui entraîne les particules

les plus légères, parmi lesquelles les microbes ; à la surface se

forme un voile dont on rait un frottis, qu'on fixe et qu'on traite

par le Ziehl.

Mais la recherche du bacille de Koch dans les selles

n'est pas un moyen de diagnostic précoce et n'est facile

que s'il pullule dans l'intestin, c'est-à-dire à une époque

où les lésions sont avancées et où le malade est depuis

longtemps un foyer d'infection et un point de départ de

dissémination microbienne.

Parmi les nombreux moyens proposés au Congrès de

la tuberculose de 1905 pour dépister le plus tôt possible

une bacillose latente, nous en retenons un basé sur de

sérieuses expériences et qui a la mérite d'une extrême

simplicité (1) :

Alors que les urines d'un individu sain, recueillies et

conservées aseptiquement, ne gardent leur acidité que

pendant un laps de trois à sept jours, celles des tubercu-

leux restent acides pendant une quinzaine de jours pour

une tuberculose au premier degré, et la réaction paraît

se conserver d'autant plus longtemps que les lésions

sont plus avancées.

On élabore à l'heure actuelle diverses tuberculines

dans un but thérapeutique qui reste à atteindre ; mais

la réaction thermique qui suit leur administration a

fourni un moyen de diagnostic précoce qu'on emploie

avec succès, semble-t-il, surtout à l'étranger.

Pour le Der Eric France, de l'Asile de Northumberland,

les injections de tuberculine de Koch constituent un

moyen de recherche précieux et inoffensif ; il a rendu

compte de sa façon de procéder (2).

(1) 1.lLAfJAC. - Comm. au Congrès de la tuberculose, 1905.

(2) Journal of ment, science, oclobre 1897.

la tuberculose dans LES asiles d'aliénés. 367

Les malades qu'un amaigrissement graduel a rendus

suspects reçoivent sous la peau un centimètre cube d'une

solution à 1 /100 de tuberculine de Koch ; la température,

notée avant l'injection, est prise toutes les trois heures ;

si, dans les douze heures qui suivent, l'élévation ther-

mique dépasse 2 degrés, le diagnostic est acquis.

La statistique porte sur 40 malades ; 18 non suspects

servaient de contrôle et n'ont pas réagi ; sur 22 malades

suspects injectés, 7 n'ont pas réagi et n'ont présenté par

la suite aucun signe d'évolution bacillaire. Sur les 15 cas

qui ont eu l'élévation thermique attendue, il y avait

5 tuberculoses pulmonaires reconnues cliniquement,

quatre tuberculoses locales (tumeurs ganglionnaires) et

six cas simplement douteux et qui ont évolué vers la

tuberculose confirmée.

Aux Etats-Unis, le Dr Neff (1) emploie la tuberculine

de Koch en solution au millième dont il injecte deux

milligrammes et note l'élévation de température dans

un délai de 8 à 15 heures après l'injection ; il la considère

comme un bon moyen de révéler l'infection chez les

aliénés qui se prêtent malaisément à l'auscultation, bien

que l'absence de réaction ne permette pas d'affirmer

un terrain indemne de tout germe bacillaire.

En Italie, à l'Asile de Quarto-al-Mare, le Dr Luigi

Scabia fait également le diagnostic préalable des aliénés

à isoler par la tuberculine (2).

Il ne semble pas qu'en France l'emploi de cette réac-

tion donne la même satisfaction qu'à l'étranger et nous

ne connaissons pas d'établissement où elle soit entrée

dans la pratique courante du diagnostic. On a bien fait des

tentatives analogues avec le sérum salin physiologique

isotonique du sérum sanguin, qui a le mérite d'être inof-

fensif, et on a obtenu des réactions thermiques instruc-

tives ; mais c'est un sujet à l'étude que nous ne pouvons

que signaler. '

Sérodiagnostic d'Arloing et Courmont. En France,

on applique depuis peu au diagnostic qui nous occupe

la séro-agglutination découverte par Widal pour la fièvre

(1) American Journal of insauitY,,janvier 1S99.

(2) Annale di frenatria. IX, 1899.

338 pathologie interne.

typhoïde. Le principe est absolument le même : si on

met en présence d'une culture homogène de bacilles de

Koch, du sérum de tuberculeux, on voit au bout d'un

certain temps les bacilles s'agglutiner en amas et on dit

que le séro-diagnostic est positif.

Ce qui rend cette affirmative plus délicate que pour la

fièvre typhoïde, c'est que les cultures en bouillon de

bacilles d'Eberth sont uniformes et homogènes, et que

celles de bacilles de Koch sont en écailles ou en voile où

les microbes sont d'eux mêmes agglomérés.

La première culture de tuberculose homogène d'ori-

gine humaine fut obtenue par Arloing et, remarque

intéressante, c'est cette même culture qui, conservée et

entretenue au laboratoire de Pathologie expérimentale

de Lyon, a été transmise à tous les laboratoires qui

s'occupent actuellement de ces recherches.

Jousset propose de remplacer les cultures vivantes,

difficiles à obtenir et à entretenir, par des émulsions

artificielles de bacilles morts, additionnées d'antisepti-

ques (méthode de Wright), formant un réactif toujours

prêt à servir et favorable à 1 /20 (Société de biologie,

24 juin 1905).

La méthode d'Arloing et Courmont a donné des résul-

tats probants, d'abord à ses auteurs, qui en 1900, l'ont

appliquée à 130 sujets et ont eu des résultats positifs

dans une proportion de 35 %. C'est à peu près la pro-

portion obtenue par MM. Grisez et Job (40 %) qui pré-

conisent l'emploi de la séroagglutination pour le dia-

gnostic précoce de la tuberculose dans l'armée (1). Saba-

réanu et Salomon ont obtenu jusqu'à 59 %.

Nous avons commencé à employer le sérodiagnostic

pour dépister les cas de tuberculose latente ou au début

chez nos malades ; mais nos recherches, poursuivies au

laboratoire de l'asile de Villejuif, ne donneront de

résultats d'ensemble qu'ultérieurement.

2° L'isolement et la prophylaxie.

Une fois la sélection faite, le médecin doit s'imposer

(1) GHISEY. et JOB, - Dingn. précoce de la tuberculose par la séro-

réac61on. Revue de médecine, sept. 1906.

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 360

la double tâche de soigner les tuberculeux aliénés et

d'autre part d'éviter la tuberculisation consécutive des

aliénés jusque-là indemnes.

Elle est passée, l'époque où la société, aussi bien que

les médecins, considéraient l'évolution de la maladie

comme inévitablement fatale. Sans remonter à Hippo-

crate où nous trouvons déjà la notion de sa curabilité,

on sait que Laënnec et, vers la même époque, Carswell

(de Londres) trouvaient dans les recherches anatomo-

pathologiques des preuves décisives de la guérison de la

phtisie pulmonaire. La phtisie est curable, répète l'au-

torité de Jaccoud et de Bouchard, à toutes les périodes

et surtout au début. Grancher la considère comme

« la plus curable des maladies chroniques, car au lieu

« d'être un néoplasme misérable et sans organisation,

« le tubercule tend naturellement à l'organisation fi-

« breuse. »

Mais dans la majorité des cas l'organisme se suffit

mal à lui-même pour la lutte et il faut lui venir en aide.

« Mais comme dit Duclaux, on est d'autant plus sûr du

succès qu'on intervient plus tôt. »

Or, dans un asile public, l'aliéné n'a p'us pour pro-

tecteurs que les fonctionnaires de l'Etat; c'est à ceux-ci

de faire pour ces déshérités tout ce qui est en leur pou-

voir, de prendre pour tous des mesures de prophylaxie

générale et, pour chacun de ces inconscients, et pour

ainsi dire à sa place, des règles de traitement et d'hy-

giène personnelle.

Avant tout, l'aliéné tuberculeux doit être isolé; c'est

une règle classique, le premier axiome de la lutte anti-

tuberculeuse ; nous le trouvons en tête de toutes les con-

clusions de travaux des spécialistes, des rapports des

commissions et des voeux des Congrès d'Assistance; en

particulier il a été formulé par MM. Landouzy et Mosny

au Congrès de Naples, dans leur Rapport sur la propaga-

tion et la1prophylaxie de la tuberculose (1) et nous le trou-

vons dans le projet de loi de Dubief (Art. 29) pour l'amé-

nagement des locaux spéciaux dans les établissements

d'aliénés.

Les mesures à prendre pour cet isolement sont varia-

(1) XI Congrès d'hygiène et de démographie, août 1900.

Archives, 2' série, 1506, t. XXII. 24

37Q PATHOLOGIE INTERNE

bles suivant les moyens dont on dispose; mais indépen-

damment de tout point de vue budgétaire et immobilier,

cette question, comme le fait remarquer M. merlin (1),

est complexe : l'isolement complet peut avoir pour cer-

tains tuberculeux de fâcheux résultats au point de vue

de leur état mental. Il est peut-être difficile d'isoler en-

tièrement des autres pendant toute une journée, non pas

les malades alités, mais ceux qui se lèvent et vont à l'air

libre, et à peu près suffisant de les placer la nuit dans un

dortoir spécial; il ne faut en tout cas jamais les admettre

dans les locaux qui renferment une grande proportion

de malades curables au point de vue psychique ou telle-

ment affaiblis qu'ils sont les plus exposés à la contagion.

Pour éviter que les locaux d'isolement ne deviennent

des foyers de contamination, les mesures d'antiseptie et

de désinfection doivent y être rigoureuses; les expecto-

rations, si on peut obtenir leur localisation dans des cra-

choirs hygiéniques, les selles surtout, dont nous avons vu

avec Anglade, le rôle extrêmement nocif, doivent être

soigneusement recueillies et désinfectées avant l'éva-

cuation ; il serait préférable de les détruire, soit par inci-

nération, comme on le fait pour la paille des alités gâteux

ou les objets de pansements usagés, soit par des procédés

chimiques. Ces mesures doivent s'étendre à tout ce qui

est souillé par leur contact, linge, vêtements, literie. Des

instructions spéciales doivent être données aux infir-

miers de salles et aux employés de buanderie qui mani-

pulent ces linges, pour les préserver de ce mode très

grave de contagion. Landouzy a montré (Académie de

médecine, 30 mars 1906) que, dans l'industrie du blan-

chissage, la mortalité dépasse 50 % et que la tubercu-

lose tue 75 % des malades atteints.

Etant donné le danger de contagion par l'inhalation

et surtout la déglutition des poussières, on essayera d'ob-

tenir l'hygiène de la bouche chez les malades; pn emploie-

ra pour le nettoyage des locaux le lavage et le balayage

humide; d'abord c'est le seul mode de nettoyage qui

recueille efficacement les poussières; un autre avantage

est l'innocuité reconnue du bacille en milieu humide; on

a signalé, dans des analyses d'air prélevé dans les égouts,

(1) Allg. Geitsch. f. Psych., 1. LII, p. 4.

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 371

au fond de la mer et sur des grands fleuves, le nombre

peu considérable de micro-organismes en suspension

dans l'air humide.

Il ne suffit pas de s'attaquer aux germes, c'est-à-dire

aux bacilles, il faut amender le terrain, c'est-à-dire l'alié-

né qui doit avoir une alimentation et une hygiène suffi-

santes, et vivre le plus possible au grand air ; à l'asile

de Maison-Blanche, l'un des mieux aménagés au point

de vne de l'aérothérapie, nous pourrions citer l'exemple

d'une paralytique générale en rémission guérie de lésions

pulmonaires indiscutables (service du Dl' Boudrie) et

une infirmière, dont l'état général, après une pleurésie

bacillaire, a été reconstitué par la cure de repos à l'air

libre.

Mais ce sont là des mesures de prophylaxie générale

de la tuberculose qui n'ont rien de nouveau, ni surtout

de spécial aux asiles.

Au point de vue qui nous occupe, un mouvement offi-

ciel s'accentue de jour en jour, en France comme à

l'étranger, montrant que les pouvoirs publics considè-

rent enfin les aliénés comme des malades et non comme

des parias de la société; on reconnaît le caractère d'ur-

gence et la portée d'intérêt général des mesures à

prendre dans les asiles.

En France, le Congrès de médecine de Paris, en 1900,

adopta un voeu formulé par les docteurs Marie et Tou-

louse, et présenté par ce dernier qui venait d'insister

sur la nécessité d'isoler les tuberculeux dans les Asiles,

voeu qu'il soit procédé partout à des mesures méthodiques

de prophylaxie à l'égard de la tuberculose dans les hôpi-

taux d'aliénés et à l'isolement curatif des aliénés reconnus

tuberculeux dans les divers établissements.

A la suite des recherches de la Commission de la tuber-

culose « sur la propagation de cette maladie dans les

« asiles d'aliénés et sur les moyens de s'y opposer » .

une circulaire adressée par le Ministre de l'Intérieur

aux Préfets marque le point de départ officiel des

mesures édictées pour répondre aux voeux du Congrès.

Nous reproduisons les principales considérations de

cette Circulaire ministérielle du 15 juin 1901.

« Les ravages exercés par le fléau ne sont, pour l'on-

372 ' PATHOLOGIE INTERNE.

semble des établissements, que trop considé râbles

puisqu'au cours des années 1894 à 1898 et pour une

populat'on annuelle moyenne de 61.685 aliénés, la pro-

port'on des décès attribués annuellement à la tuberculose

s'est élevée à 689, so't 111 pour 10.000 malades hos-

pitalisés.

« Mais, ce qui ressort avant tout de l'enquête pour-

suivie, c'est l'étrange disproportion qui s'observe entre

un asile et un autre, quant à l'étendue du mal et au

nombre de ses victimes. Alors que dans une vingtaine

d'asiles publics ou privés 'a mortalité est tantôt nul'c,

tantôt peu élevée, et ne dépasse jamais 30 décès pour

10 000 malades, on la voit,dans les autres,s'élever rapi-

dement au chiffre moyen de 111, dépasser celui de 200

dans 4 Asiles, celui de 300 dans deux autres, pour at-

teindre jusqu'aux chiffres extrêmes de 540 à 556 dans

les deux Asiles les plus éprouvés.

« Il faut reconnaître, dans les asiles eux-mêmes à

ce point contaminés, de véritables foyers d'infection

tuberculeuse.

« Des mesures prophylactiques s'imposent, que la

Commission n'a pas perdues de vue. Il en est d'ordre

général qui peuvent trouver dans les Asiles une facile

exécution.

« Les crachats desséchés étant reconnus par la science

comme les plus actifs agents de propagation bacillaire,

je vous invite à prescrire aux établissements publics

ou privés d'aliénés l'adoption des dispositions sui-

vantes, qui pourront obvier à une cause fréquente entre

toutes de la contamination tuberculeuse.

1° Affichage dans tous les locaux occupés par le per-

sonnel ou les malades de la « défense de cracher à terre I>.

2° Installation dans ces locaux et en nombre suffi-

sant de crachoirs hygiéniques à un mètre du sol, bien

en vue et au voisinage des dites affiches.

3° Balayage humide de toutes les salles et lavage

des parois.

« Cet ensemble de mesures préventives dès main-

tenant réalisables ne sera pas par lui-même entière-

ment suffisant, en raison de la faiblesse d'esprit des

aliénés, auxquels il sera particulièrement difficile, dans

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 373

bien des cas, d'inculquer avec la crainte du fléau les

notions d'hygiène propres à lui faire sa part. Aussi est-

ce au dévouement et à l'intelligence du personnel de

tout ordre que je vous prie de faire appel avant tout.

« Dans cet ordre d'idées, je vous invite à veiller avec

soin à ce que le personnel des Asiles, et particuliè-

rement celui des agents préposés à la garde et au trai-

tement des aliénés tuberculeux, reçoive une instruc-

tion suffisante touchant les dangers de la tuberculose

et la prophylaxie à y opposer. Ceux des agents à qui

incombera le soin des tuberculeux devront être obligés

au port de la blouse hygiénique dans les salles, au lavage

soigné des mains et de la bouche avant le repas, à la

toilette scrupuleuse du corps.

« Une instruction technique détaillée devra être

aussi donnée aux blanchisseuses pour la désinfection du

linge contaminé. Enfin pour mettre obstacle à une cause

particulière aux asiles d'aliénés, celle provenant de la

promiscuité des malades contaminés et de ceux qui ne

le sont pas, je vous invite à prescrire dans les asiles,

autant que les locaux le permettront, l'établissement

d'un quartier spécial destiné à l'isolement des aliénés

tuberculisés.

« Les Directeurs-Médecins en chef des asiles devront

dans leurs rapports médicaux annuels, fournir des indi-

cations détaillées sur les ravages exercés par la tuber-

culose dans leurs asiles et les remèdes opposés par eux

au mal. »

En Allemagne, nous avons été devancés par une cir-

culaire du 5 février 1892 invitant les Directeurs d'asiles

d'aliénés à prendre des mesures contre la contagion

tuberculeuse et à examiner tous les malades à ce point

de vue au moins une fois par an.

Une note sur les mesures prophylactiques à prendre

a été adressée aux établissements privés par le Préfet

de police de Berlin.

Le Congrès de Weimar (1891), d'après le rapport de

Bôtel, le Congrès de Hanovre (1892) d'après celui de

Wulff, celui de Berlin (1899) ont aussi posé en principe

la nécessité de l'isolement des tuberculeux bacillaires.

En Italie, sous le ministère Pelloux, une circulaire

374 PATHOLOGIE INTERNE.

du Président du Conseil a rendu obligatoire l'isolement

des tuberculeux aussi bien dans les asiles d'aliénés que

dans les hôpitaux.

En Angleterre, la Commission spéciale instituée par

l'Association médico-psychologique a élaboré un rapport

documenté dont nous avons déjà parlé; il se termine,

au point de vue des moyens préventifs, par les conclu-

sions suivantes (1) :

1° Précocité du diagnostic de la tuberculose.

2° Isolement de tous les malades atteints de phtisie.

3° Construction, à l'avenir, d'asiles moins grands.

4° Mesures propres à empêcher l'encombrement.

5 Augmentation du cube d'air de jour et de nuit.

6° Diminution du nombre de lits dans les dortoirs.

7° Organisation d'une ventilation plus complète et

plus efficace (2).

8° Adoption de mesures très fermes pour empêcher

la propagation de la maladie par les produits d'expec-

toration.

9° Surveillance rigoureuse du régime alimentaire.

100 Construction d'hôpitaux spéciaux et de sana-

toria entourés de terrains suffisamment étendus et

propres à l'isolement des malades, à leur traitement

selon les règles de la thérapeutique moderne.

11° A défaut de ces hôpitaux et de ces sanatoria,

toutes autres mesures pratiques et efficaces d'isolement.

Comme on le voit, de cet énoncé de mesures à prendre,

se dégagent deux points de vue distincts : la création

d'établissements spéciaux, desideratum idéal dont l'exé-

cution se heurte à de grosses difficultés financières,

d'autre part l'utilisation des asiles déjà existants et leur

aménagement à peu de frais pour les rapprocher autant

que possible du sanatorium théorique.

A la Commission de la tuberculose de 1897, le Pro-

fesseur Debove avait en effet posé cette question, dont

la solution avait l'avantage pratique de permettre la

(1) Journal of med. Se, juillet 1902.

(2) Il esl nécessaire pour réaliser ce desideratum de combiner la

ventilation artificielle au chauffage par calorifère ou mieux eau

chaude.

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 375

mise en vigueur immédiate des principes d'hygiène

antituberculeuse et que nous pouvons appliquer aux

Asiles : comment, sans création nouvelle, peut-on utiliser,

pour le plus grand bien des phtisiques, le matériel existant ?

Les moyens varient avec les pays, avec les asilos;

mais l'initiative locale des médecins doit être prépon-

dérante et soutenue par une réglementation générale

et une collaboration administrative.

Sélection et isolement, désencombrement et assai=

nissement par la désinfection et la ventilation, amélio-

ration du régime alimentaire, du mode de travail au

graml air et des promenades, destruction des rats et

des mouches, agents propagateurs de la bacillose dont

le rôle est nettement établi, interdiction pour la mente

raison des animaux domestiques dans les quartiers,

nombreuses sont les mesures prophylactiques qui sont

partout applicables et presque partout appliquées.

Il nous reste à examiner les efforts individuels des

médecins dans leurs services, ainsi que les créations

nouvelles que des pays voisins, comme l'Angleterre et

l'Allemagne, peuvent proposer en modèle à ceux qui

dirigent en Europe le mouvement de l'Assistance aux

aliénés.

En France, il faut bien l'avouer, si les médecins n'ont

pu faire que des tentatives isolées, les pouvoirs publics

ont fait moins encore.

C'est à l'asile de Villejuif que les premiers essais

d'isolement et d'aérothérapie ont été faits, dès 1888,

par M. Briand, certainement le premier en France,

avec le Dr Marie, qui ait pratiqué l'isolement systéma-

tique et persévérant de ses malades. (Fig. z6.)

C'est un petit sanatorium de cinq lits, simple abri

dans une galerie couverte, ouvert à l'est et au sud,

dans lequel les malades séjournent jour et nuit, été

comme hiver, soumises au traitement approprié à leur

état physique et entourées de tous les soins désirables

d'hygiène. Des infirmières contaminées assurent le

service tout en profitant des bienfaits de cette cure.

Les aliénées tuberculeuses, agitées et dangereuses,

celles dont les lésions sont trop avancées sont exclues

de ce régime, mais au moins rendues inoffensives au

376

PATHOLOGIE INTERNE.

point de vue de la contagion par le maintien dans des

chambres et des cours d'isolement.

L, TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 377

Le Dr Marie a suivi cet exemple et a pu obtenir le

petit crédit d'un millier et demi de francs nécessaire

et suffisant; il existe dans notre service un dispositif

analogue de panneaux-abris sous préau, avec toiles

de tente, où sont installés six lits avec open-windou

continu.

Remarquons à ce propos que nos malades ne se plai-

gnent jamais de cette vie continue en plein air, et que

les atteintes du froid sont évitées par l'emploi de che-

mises et couvertures de laine et de bouillottes d'eau

chaude. ,

Ce minimum bien précaire et bien insuffisant pour

le nombre de tuberculeux des deux services a été dif-

ficile à obtenir, et c'est à l'insuffisance des crédits mis

à la disposition des médecins qu'il faut attribuer leur

impuissance à assurer l'assistance efficacdà leurs malades;

pourtant des constructions simples comme les nôtres,

suffisantes à la rigueur pour la prophylaxie et la cure,

à condition d'être édifiées dans des proportions plus

considérables, pourraient le plus souvent être effectuées

sans grands frais par la main-d'oeuvre de l'asile (Briand .

Dans les asiles départementaux on se préoccupe aussi

de la prophylaxie de la tuberculose et quelques méde-

cins ont pu, conformément à la circulaire ministérielle

de 1901, ménager des quartiers spéciaux. C'est ainsi

qu'à l'asile d'Armentières, MM. Chardon et Raviart

ont aménagé à cette fin un pavillon où sont isolés

une cinquantaine de malades ; les soins sont confiés à

des gardiens contaminés, les résultats qu'ils obtiennent

sont encourageants et ils comptent ne pas s'arrêter

au minimum nécessaire qu'ils ont obtenu. Il est à sou-

haitpr toutefois que cette installation devienne obliga-

toire, et surtout que les pouvoirs publics entreprennent

systématiquement cette oeuvre d'assistance spéciale

qui est si avancée dans certains pays étrangers.

L'aérothérapie reçoit sa forme la plus complète dans

la vie. sous la tente, préconisée avec succès aux Etats-

Unis et organisée depuis 1901 par le Dr Mac-Donald,

directeur del'asile de Manhattan ; de même à Long-Island

on a installé de véritables campements où vivent les

malades, même sous la neige, et qui auraient un réel

378 PATHOLOGIE INTERNE.

succès ; cet exemple est suivi depuis peu à l'hôpital

d'Edimbourg.

A l'asile de 1\'Iiddletown, depuis qu'on pratique métho-

diquement l'isolement des suspects et qu'on repeint sou-

vent les salles, le Dr Allen y a vu diminuer la mortalité

par phtisie.

En Angleterre, les grands asiles d'aliénés ont une situa-

tion privilégiée qui se prête à l'organisation de la lutte

antituberculeuse; bonne orientation, air salubre, sol

sablonneux et sec, éloignement des centres de popula-

tion, extension du travail agricole.

On n'y semble pas partisan du pavillon-hôpital pour.

phtisiques dans chaque Asile ; s'il permet l'isolement,

d'après Crookshank; il ne permet pas le traitement des

malades entrants; il deviendrait vite une simple infir-

merie pour les tuberculeux alités et tranquilles.

Les Dr Drapes et Browne ont proposé de loger les

tuberouleux dans des constructions en bois qui, tous les

dix ans, seraient détruites par le feu.

Mais en Grande-Bretagne le mouvement a abouti à

des créations plus importantes, telles que l'asile-sanato-

rium de Dumfries et le remarquable sanatorium spécial

que possède depuis la fin de 1902, l'asile de Gartloch,

à Edimbourg. (fin. 17 et 18.)

Entièrement construit en bois et en fer, il est orienté

au sud, vers des pelouses de cricket; les dortoirs, divisés

en chambres ouvertes pour faciliter la surveillance, con-

tiennent chacun 26 lits et sont augmentés de quatre

chambres d'isolement, soit en tout 60 lits; les vérandas

sont percées de larges fenêtres qui se fixent automati-

quement dans l'angle voulu pour régler la ventilation;

l'eau chaude y circule, l'éclairage est électrique; huit

infirmiers, dont trois pour le service de veille, forment le

personnel. Un système de désinfection pour le linge et la

literie est annexé à ce bâtiment modèle qui n'est revenu

tout compris, qu'à 3582 fr. par lit.(Fi.g. 19, 20 et41.)

On peut comparer ces dispositions avec celles de l'a-

sile sanatorium établi par le Dt Siemens à l'Asile de Lau-

enbourg, bâti en 1896 et dont le prix de revient a été de

41.000 marks.

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES DAHHNHS. 37') q

Ce sont deux baraquements, établis à 50 mètres à

droite et à gauche du pavillon des malades ordinaires;

celui des hommes est dans un jardin, celui des femmes

dans un bois de pins; tous deux sont construits entière-

ment en tuiles, sur un sol sec dont ils sont séparés par des

FIC. 18. - Asilc de Ga1"lloch (Vue générale).

LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES d'aLIÉNÉS. 381

espaces isolants aérés; le fer, le ciment poli, la peinture

vernissée permettent la plus rigoureuse propreté. Cha-

que baraquement contient une salle de douze lits, une

chambre d'isolement, une salle commune et une salle

de bains. Le chauffage à la vapeur, la ventilation arti-

ficielle, la distribution d'eau chaude et d'eau froide,

l'éclairage électrique, les procédés de désinfection chi-

mique des matières et des eaux usées, font de ce sa-

natorium, un modèle du genre qui, s'il mérite notre

admiration, devrait provoquer l'émulation en France.

Fin. 19. Agite-Sanatorium de Garlloch.

Signalons encore le pavillon d'isolement de l'asile

de Dziekanka, celui que possédera bientôt le nouvel

asile de Konradstein (1) et celui qui estprojeté à l'asile

égyptien du Caire.

L'Assistance familiale.- N'y a-t-il pas d'autre part

un moyen plus simple de faire vivre isolés à l'air libre les

Aliénés tuberculeux, nous voulons dire de leur appliquer

le principe de l'Assistance familiale ?

(1) 8Í : nII : ¡;X, - Rapport sur les asiles allemands.

FIG, 20. Vue intérieure d'une véranda.

Nous voulons

attirer l'attention

sur ce mode d'as-

sistance en étu-

diant ses résultats

dans un pays où

il est parfaite-

ment organisé, la

Belgique.

On sait quels

sont, pour les

aliénés, les avan-

tages de ce régi-

me : « Ils sont iso-

lés, dit le Dr Pee..

ters, à qui nous

« empruntons les

« documents de

« cette étude (1),

« confiés à des

« familles épar-

« pillées sur une

« grande étendue

« de terrain : l'en-

« combrement est

« absolument im-

« possible.

« Les malades

« peuvent respirer

« un air abon-

« dant, constam-

« ment renouvelé,

« pur et ils peu-

« vent se prome-

« ner, travailler à

« l'air, le patro-

« nage donnant

(1) Peeters,. - La

tuberculose t1111 les

établissements d'alié-

nés, Anvers, 1000.

38 4 pathologie Interne.

« une grande liberté et toutes les facultés pour le travail

« des champs. »

Aussi peut-on discuter les avantages qui résulteraient

du placement des malades darts les maisons privées,

s'non pour les cas très avancés, vu les difficultés de

pareils placements, du moins polir les cas suspects ou

reconnus de très bonne heure ? Selon Peeters, ce mode

d'assistance peut rendre de grands services, et il en ren-

dra de plus grands encore à mesure que l'influence du

médecin sur les malades et sur les personnes appelées

à les soigner se fera plus efficacement sentir.

Voyons, en effet, les chiffres de décès par tuberculose

à la colonie de Gheel :

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 385

la totalité des aliénés sont placés dans des maisons pri-

vées, les malades sont éparpillés sur une grande partie

du territoire, dans des villages ou même dans des villes.

Nous lisons dans les rapports de MM. Sutherland et

Macpherson, inspecteurs du service des aliénés, 20 décès

par phtisie de 1898 à 1900 sur une population de 2700

malades, soit 2,5 décès par 1000 malades.

En France, le Dr Marie a également cherché la fré-

quence des décès par tuberculose dans les Colonies

familiales qu'il a créées (1) et l'a trouvé fort au-dessous

de la normale, de 4 pour 300. Mais, ajoute-t-il, « on peut

« expliquer ce faible taux par ce fait que les désigna-

« tions pour l'Assistance familiale écartent systémati-

« quement et avec raison les aliénés chroniques soup-

« çonnés de tuberculose. »

Quoi qu'il en soit, nous avons cru devoir insister sur

ce mode possible d'assistance aux aliénés tuberculeux

qui est peul-être appelé à un certain avenir.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

\\\1'l.- Sur une forme spéciale du globule rouge dans la

démence précoce ; par PIGHNI et PAOLI. (Rivista sperimentale

di Freniatria. 1905, l\eggio Emilia. \'ol. XXXI. fasc. IL)

On commence par traiter le sang par une nouvelle méthode,

laquelle consiste principalement à fixer par une solution de su-

hlimé et de l1lolyhdate d'ammoniaque, puis à colorer par la Ll1Ío-

nine phéniquée.

Parcelle méthode, on voit que les globules rouges des déments

précoces se présentent avec une structure caractéristique généra-

lement sous forme d'une imago ombiliquoe et d'un volume plus

grand ([lie normalement.

Celte structure ne se rencontre pa dans la plupaL'ldes maladies

morales et générales. On la trouve parfois cependant chez les

épileptiques et les chlol'otiques ; aussi peul-on conclure pour l'ins-

(1) Rappelons que. dès le second empire, le baron liiiissiiiiiiii

avait adopte un projet de des Asiles-Hospices

parla création d'As'ilcs-Villages..

Archives, 2- série, 1906, t. XXI. 25

386 REVUE D'ANA10MIE ET DE physiologie pathologiques.

tant que cette forme spéciale n'est pas pathognomonique de la

démence précoce, mais bien un indice des altérations profondes

qui existent dans cette maladie..1. S.

XXXVII. Sclérose en plaques expérimentale par les toxi-

nes aspergillaires ; par CENT et BECTA. (Rivista sperimentale

di 1,'i-eniati-ia. neggio I : milia. 1 \)Oj. Vol. XXXI. fasc. 11).

Un chien de 7 kilos ayant reçu une injection de toxine d'as-

pergillus fumigatus fut sacrilié trois mois plus tard.

L'examen microscopique fut pratiqué avce les méthodes de

Marchi, Weigcrt, Van Gieson, Mallary. On a trouvé dans la

moelle une lésion à foyer caractérisé essentiellement par : altéra-

tion inflammatoire intense des vaisseaux, avec inliltralion cellu-

laire des parois, surtout de l'adventice et du tissu avoisinanl. Les

lésions ont une intensité variée, allant du gonflement à la désa-

grégation des gaines myéliniques : tuméfaction el altération des

cylindraaes sans lésions de continuité, et sans dégénération secon-

daire des fibres ; gonflement notable de la taille né\ l'ogli'luc

avec aspect hydropique du tissu.

La genèse vasculaire du processus morbide est donc iniliseitla- ·

ble dans ce cas ; la névroglie, par la précocité de ses lésions,

montre seulement une hvperplasie initiale. 11 faut rapprocher de

ces résultats les lésions I)aLliogétiiques expérimentales obtenues

par Clialrin et Babinski, Gilbert et Lyon, Thoinotet lloycelin,

Vincent, rloëcr, \\'iclal et l3esan, : on, lIallio et EI11'iqucz, Ballet et

Lel>on..f. SÉGLAS.

XXXVIII. Etude par laméthode de Donaggio des lésions

du réticulum neuro-fibrillaire de la cellule nerveuse dans

l'inanition expérimentale ; par Riva. (Rivista sperimentale

di 1%reniatria. Heggio en Emilie. 190.). XXXI. fasc. II.)

Les recherches ayant porté sur le chien et sur le lapin, ont

montré des altérations siégeant au niveau des cornes postéricu-

ree de la moelle épinière. On y voit un réticulum dévié dans les

régions longitudinale et transversale ; la formation de vacuoles

est évidente, on observe dans la cellule de gros rubans prenant

leur origine dans les nombreuses fibrilles : on fait aussi observer

de gros cordons en rosace. Dans de rares éléments, on peut uh- ? CI'\'CI' une altération profonde dureliculum, il tel point qu'on

peut ne rencontrer dans la cellule que. peu de granulations licite-

ment colorées..1. S.

XXXIX. -- Un cas de chorée de Huntingtonavec résultat

anatomo-pathologique; par Resta. (Revista di Treniatria.

Reggio Emilia. Vol. XXXI. l'nsc. II.

La chorée de Iluntinglon e·L une maladie sui ge1 ! eris, au ca-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 387

ractère surtout héréditaire, et n'ayant aucun rapport avec les

autres formes de chorée, spécialement avec la chorée de Syden-

ham.

Le processus anatomo-pathologique est dans la majorité des

cas limité en principe aux vaisseaux du système nerveux cen-

tral. Par sa diffusion sur la pie-mère, il occasionne de la leplo-

méningile el consécutivement l'altération des éléments nerveux.

Les lésions anatomo-pathologiques rencontrées expliquent la

démence progressive propre de la maladie; mais elles ne suffisent

pas à expliquer complètement le désordre moteur. ,1. S.

XL.-Le pouvoir pathogène de l' « Aspergillus ochra-

ceus » et son rapport avec l'étiologie et la pathogénie

de la Pellagre ; par Carlo Ceni. (Rivista sperimentale d 7'Yc-

niatria. Heggio Emilia. Vol. XXXI. fasc. IL)

L'Aspergillus Ochraceus fut isolé en quantité considérable et en

culture presque pure chez un malade de l'Apennin, qui habitait

dans une famille atteinte de pellagre chronique.Cet agent patho-

gène est capable d'élaborer des toxiques à caractères surtout dé-

primants, analogues à ceux de l'Aspergillus niger et des variétés

Ue Penicillum glaucum. Le degré de toxicité de l'ochraceus est

assez notablement supérieur à celui du \iger et des variétés de

Penicillum Glaucum.

Les propriétés pathogènes se révèlent avec des symptômes

identiques d'intoxication à caractères dépressifs, soit en introdui-

sant directement le germe dans l'organisme animal par injec-

tion endopéritonéale ou par voie digestive, soit en introduisant

les toxiques spécifiques il l'état isolé.

Les toxiques sont extraits par l'eau ou l'alcool pendant l'ébul-

lition.

L'activité toxique du parasite est variable suivant les saisons

de l'année ; elle est à son maximum au printemps, en été et en

automne, il son minimum en hiver, et secultive surtoutàun de-

gré de température qui correspond à l'optimum de son dévelop-

pement..l. S.

XL1. - Sur la présence des corpuscules à l'intérieur des

cellules nerveuses spinales dans l'inanition expérimen-

tale ; par Riva. (Rivista sperimentale di 1%·eniat·ia. lleggio

Emilia. 1905. Vol. XXXI. fasc. 11.)

Par l'emploi de la' méthode de Donaggio, on peut observer

dans les cellules de la moelle épinière des formations de couleur

violel-rougeàfre, de tonalité brune, réunies en bloc ou disper-

sées dans le cytoplasma. Ces corpuscules ne se rencontrent ja-

mais dans le noyau ; ils sont localisés exclusivement dans le

388 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES

cytoplasma et quelquefois, mais beaucoup moins fréquemment

dans les premiers troncs des prolongements proloplasniiques.

,I. S.

XXII. La maladie des scaphandriers ; par BOI,,ET (de

\larseille).

L'autour a observé une trentaine d'accidents dus à une décom-

pression Iropbrusque, dont une douzaine se sont terminés parla

mort. L'imprudence joue un grand rôle dans l'étiologie de ces ac-

cidents.

Dans les cas non mortels, on a observé tantôt des troubles per-

manents, tantôt des troubles passagers : les uns comme les autres

ont consisté en des paraplégies, des hémiplégies, des monoplégies,

descluadraplégies parfois accompagnées d'aphasie. L'autopsie des

malades qui ont succombé ont permis de constater des hémato-

myélies (Boinet, J. Lépine dont la cause est, comme l'a montré

PauLBert, la formation d'embolies gazeuses dans les vaisseaux

sanguins. D'ailleurs, les règlements actuels ordonnent de faire

très lentement la décompression, et les scaphandriers connais-

sent bien comme remède de leurs accidents légers la recompres-

sion préconisée par Catsaras ; un des malades de Boinet l'a em-

ployée avec succès. Les autres causes prédisposantes sont : l'âge

avancé, les affections pulmonaires, la fatigue, l'alcoolisme, les re-

pas avant l'immersion, les excès de travail, la trop grande prc-

fondeur des plongées. Des douleurs spéciales ot des paralysies tem-

poraires sont, fréquemment les signes avant-coureurs des ,fats

graves. L'appareil lui-même doit être de bonne qualité et trop

souvent les plongeurs achètent à bas prix des appareils de rebut

qu'ils réparent tant bien que mal. La lenteur de la décompres-

sion, dit Boinet, est la base de la prophylaxie de la maladie de

l'air comprimé. (Acad. de mèd, séance du 26 janvier.) L. \\'.\HL.

XL11L Considérations anatomo-pathologiques sur la dé-

mence précoce; par MAI. De lJCfi et DEROUBAlX, (Journal de

Neurologie, 1906, n° 2.)

Se basant sur l'examen histologique des cerveaux de huit ma-

lades atteints de démence précoce, cerveau où prédominaient des

altérations des neurones et des fibrilles inlra-ccllulaircs, les au-

teurs divisent les démences en interstitielles et llarencllymateu-

ses. A la première variété appartiennent la démence sénile, la

paralysie générale et les démences conséculivesaux tumeurs cé-

rébrales, et à la seconde la démence aiguë (ancienne contusion

mentale), la démence précoce, et les démences alcoolique, épi-

leptique, etc. Il faut reconnaître toutefois que, jusqu'à présent,

seul le tableau anatomo-paLltuloâüluc de la paralysie générale

est patl;ognomonique, et qu'il est encore impossible de différencier

ris vue U'.1^1T0\ilE ET DE PH1'SIOLOGII : PATHOLOGIQUES. 389

au microscope les diverses variétés de démence parenchymateuse.

Les auteurs croient cependant avoir remarqué que, dans la forme

cafalonique do la démence précoce, les lésions prédominaient dans

la couche des grandes cellules pyramidaleset, au contraire, que

ces lésions portaient sur la couche des cellules polymorphes dans

le type paranoide.il y aurait lieu, par conséquent, de joindre

désormais à l'étude anatomo-pathologique de l'écorce en surface,

l'élude topographique de cette même écorce en profondeur.

G. Deny.

XLIV. Sur la nucléole de la cellule nerveuse ; par .Ion.

G. Lâche (de CucaresL). (Journal de Neurologie, 1905, n° : 2'2,)

Ou trouvera dans ce travail d'intéressants détails sur la mor-

phologie et la structure du nucléole des cellules nerveuses.

D'après l'auteur, deux substances, au moins, entrent dans la

constitution de ce nucléole : l'une achromatique et l'autre chro-

matique. C'est dans la première que se trouvent les vacuoles ou

corpuscules réfringents, et dans la seconde les points hyperchro-

matiques ou petites formations rondes, situées hahituellementau

pourtour des précédents, lin ce qui concerne son origine, le nu-

cléole est le produit de la transformation d'un grain de chroma-

line nucléaire. G. D.

XLV. Nouvelles recherches sur le liquide céphalo-

rachidien ; par les 1)" de Buck et ])EROUB.\lX (Bull. delà Soc.

de méd. mentale de l3e'yiyuc, juin 1905).

Voici les principales conclusions de ce travail : la densité du

liquide céphalo-rachidien se maintient relativement constante

dans les diverses psychoses; sa pression osmotique varie dans des

limites plus larges, mais reste relativement élevée dans les

psychopathies organiques graves. L'alcalinité moyenne du liquide

céphalo-rachidien est de 1.` ? 0 ? Ve \a OII..lamais ce liquide

ne renferme d'ammoniaque, d'acétone, ni de substances capables

de donner la diazoccaction. Sa toxicité enfin est toujours très

faible. G. D.

XLVI. - La nature et les caractères des principes toxi-

ques et antitoxiques naturels du serum du sang des épi-

leptiques ; par;\1. le D1' Carlo Ceni (Rivista tale di

l'reniatria, Reggio Emili 1905, Vol. XXXI, fasc. lll.

L'auteur étudie d'abord les principes toxiques et antitoxiques.

L'élude des principes toxiques l'amène à considérer que : 10 le

sérum du sang des épileptiques, au point de vue de son degré

de toxicité spécifique peut se distinguer en hypotoxique et hyper-

toxique. Il est hypotoxique quand, injecté à un épileptique à la

dose de 10 centimètres cubes, il n'amène aucun trouble immé-

390 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

dial, d'ordre local ou général. Il est hypertoaitlue, au contraire

quand une injection de 10 centimètres cuhes ou même moins, est

capable d'amener chez l'épileptique des phénomènes presque

immédiats d'intoxication aigué spécifique, phénomènes qui at-

teignent graduellement leur maximum 24 heures après l'in,jec-

tion. '

2° Les phénomènes de réaction toxique spécifique aussi bien de

l'antisérum que du sérum hypertoxique naturel, peuvent varier

notablement d'intensité d un épileptique l'autre, par des cau-

ses individuelles inconnues. Un sait seulement que l'epilcpti-

que, très sensible à l'action de l'antisérum réagit à l'injection de

sérum hypertoxique naturel avec des phénomènes d'intoxication

plus intense ; 3° si on injecte à un épileptique son propre sérum

hypertoxique pendant la phase de recrudescence de la maladie,

on n'observe aucun phénomène d'intoxication immédiate.

4° Les individus non épileptiques réagissent aux injections de

ce sérum hypertoxique avec des phénomènes d'intoxication ana-

logues à ceux que présentent les épileptiques, mais moins inten-

ses, et sans être accompagnés des troubles psychiques et des cri-

ses épileptiques. 5° L'apparition de l'hyperloxicité du sérum du

sang chez un épileptique peut précéder de quelques jours l'explo-

sion des symptômes cliniques caractéristiques d'un état de mal

grave.

6° Les principes toxiques épileptogènes possèdent un notable

degré de spécificité pour l'homme puisque le sérum hypotoxique

aussi bien que l'hypertosidue sont également tolérés, même il do-

ses élevées, chez les diverses espèces d'animaux.

'7" La substance toxique spécifique contenue dans le sérum du

sang des épileptiques résiste à la chaleur ; on doit admettre que

l'hypertoxicité de ce sérum est due à un excès de la substance

sensibilisatrice ; 8° cette propriété hypertoxique du sérum du

sang, propriété très étendue etneltementspéciuque pour l'homme,

semble constituer un phénomène caractéristique de l'épilepsie,

puisqu'elle manque dans la plus grande partie des autres formes

mentales.

Au sujet des principes antitoxiques, l'auteur conclut que : 9° le

pouvoir antitoxique du sérum du sang des épileptiques repré-

sente probablement une force protectrice naturelle de l'organis-

me, et peut varier notablement d'un individu à un aulre et chez

un môme individu pendant les diverses périodes de la maladie,

2° si l'on fait chez des épileptiques des injections répétées d'an-

tisérum humain, on a constamment une aggravation des condi-

tions générales et spéciales des malades.

3e Si l'on soumet les épileptiques aux injections répétées du

sérum hypertoxique naturel des épileptiques, on a les mêmes ré-

sultats que ceux que l'on obtient avec Fantiserum, e'est-à-dire

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 391

une aggravation transitoire des conditions générales des malades.

A la suite de ces conclusions, l'auteur pose les corollaires sui-

vants sur la nature des principes toxiques du sang des épilepti-

nues : 10 De l'intime analogie qui existe entre les propriétés toxi-

ques du sérum du sang des épileptiques, en particulier du sérum

hypertoxique, et celles du sérum humain, spécialement celui

qu'on prépare en immunisant un animal avec le sérum des épi-

leptiques, résulte évidemment la nature semblable des principes

épileplogènes avec les principes hémotoxiques naturels.

2° Pour cette raison il résulte de nos recherches que les

principes antitoxiques rencontrés dans le sérum des épileptiques

doivent être considérés comme de nature semblable aux principes

antitoxiques naturels qui représentent une énergie protectrice de

l'organisme.

3° En somme, depuis surtout que l'on a vu la propriété du sé-

rum hypertoxique du sang des épileptiques, il faut admettre que

le principe actif que l'on rencontre dans le sérum est intime-

ment lié aux corpuscules du sang, et que la plus grande partie

de ce principe circule dans le plasma vivant à l'état latent.

.1. SÉGLAS.

XLVII. Quelques détails sur les cerveaux de Mommsen,

Bunzen et Menze ; (,IIitteilu22gen Kiber der Géhirne von

Mommsen, Bunsen und -Ilei2,zel par von IIANSEFIANN. (Soc. de

physiologie, de Berlin, 22 juin 1906). Deutsche med. 1Vochens-

ch., 190ti, n° 32 et Bacll, de la Soc. de nxéd, ment, de Belgique,

1906, n° 128).

Le cerveau de Mommsen pesait 1.425 grammes, malgré l'atro-

phie sénile. Les sphères d'association, principalement les anté-

rieures, et l'avant-coin sont fortement développés. Celui de

Bunzen, également atrophique pesait 1.295 gr. et montre,lui aussi,

un développement considérable des sphères d'association, mais ici

principalement des postérieures. Le cerveau de Menzel ne montre

pas de trace d'atropliie et pèse 1.298 gr. L'hémisphère droit est plus

développé dans toutes les parties que le gauche, ceci sans aucun

doute parce que Menzel était gaucher. Ces observations prouvent

que l'atrophie sénile n'est pas synonyme de démence sénile.

Le grand développement des annexions des sphères d'associa-

tion, n'a, en soi, non plus aucune importance : c'est ce que dé-

montre v. II. à l'aide du cerveau d'un homme qui n'était pas

précisément intelligent et chez qui ces entrées étaient également

fortement développées.

XL1X. Difformité congénitale des membres ; par VALOBRA.

(Nouv. Icon. Salpéti'ière, 1S05, no 5.)

Observation d'un homme qui présente les altérations squelet-

392 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

tiques les plus bizarres des membres, et à l'occasion de laquelle

l'auteur présente et discute les deux principales théories patho-

géniques invoquées pour tenter d'expliquer les malformations

congénitales : celle de l'atavisme ou du retour au type encestral,

qu'il abandonne ; celle qu'il admet, des altérations de l'amnios.

F, T.

XLIX. Hématomyélie ethémiplégie spinale à topographie

radiculaire, par l. Raymond et Georges GUILLAIN. (Revue

neurologique, juillet 1905.)

MM. Ilaymond et Guilain, publient l'observation d'un malade

atteint d'hémalomyélie, ayant déterminé une hémiplégie spinale

à topographie radiculaire. dans le membre supérieur, avec thermo-

anesthésie croisée. Ils rapprochent cette observation de celle de

MM. Déjerine et Gauckler, sur un cas semblable et acceptent

comme très vraisemblable l'hypothèse formulée par ces auteurs,

à savoir que le faisceau pyramidal se termine dans la moelle, sui-

vant une distribution radiculaire. E. C.

L. Pseudo-tumeur cérébrale par empyème ventricu-

laire ; par MOCQUIN. (Nouv. Jeon. Salpêtrière, Il- (i.)

Développement chez un alcoolique dune méningite purulente,

de nature particulière, ne pénétrant pas profondément dans les

tissus, se propageant dans les méninges, qui pénétra dans le 4e

ventricule et, à la façon d'un érysipèle, envahit la zone sous-épen-

dymaire, déterminant par l'obstruction de l'aqueduc de Sylvius

une pression intracranienne exagérée avec des phénomènes en

tout analogues à ceux d'une tumeur. F. T.

Ll. Ueber Fibrillenbilder der progressiven Paralysen

(Sur l'état des neurofibrilles dans la paralysie générale) ;

par KARL SCHAr.FFR, de Budapest. (Neurol. Ctrbl., vol. XXV,

fasc. 1, p. 2 à 14, 12 fig. 2 janvier 1906.

S. a examiné au moyen de la méthode de Cielchowvlky le cer-

veau et la moelle de trois paralytiques arrivés à la dernière pé-

riode. Celle méthode est très compliquée, et d'après Cajal, assez

capricieuse : l'imprégnation est toujours moins riche qu'avec la

méthode de Cajal et il est quelquefois difficile de distinguer les

formations réticulées, qu'elle met en évidence dans l'intérieur des

cellules, des simples coagulations d'albumine qu'elle y l'orme en

mî : meLemps. Les résultats obtenus par S. ne doivent donc être

acceptés qu'avec réserve au point de vue des lésions cellulaires

fines : augmentation de volume des points nodaux du réseau

fibrillaire intra-cellulaire, puis disparition des filaments qui les

unissent, d'où formation d'un amas de granulations qui rappelle

tout d'abord la disposition réticulée puis forme « une masse put-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES 393

vérulente diffuse » : on pourrait en outre constater au début «un

léger gonflement de la substance interlibrillaire ». Les rélicu-

lums ligures par S. dans les cellules les moins altérées trahissent

évidemment une imprégnation incomplète et ne ressemblent

guère à ceux que décèle la méthode de Cajal ; celle-ci montre

d'ailleurs, dans les dendrites, et notamment dans l'apex, des neu-

rnfillrilles beaucoup plus nombreuses.

Les résultats obtenus parS. sont plus intéressants au point de

vue de la topographie en surface des lésions, quoique l'A. ait né-

gligé de donner, même approximativement, la proportion des

cellules saines et des cellules altérées. 11 faut noter en outre que

la méthode employée est plus sujette aux altérations artificielles

que d'autres destinées au même objet. (Quoiqu'il en soit, S. fait re-

marquer que, chez les trois sujets examinés, les lésions étaient à

la période de début dans les deux circonvolutions centrales et

dans le lobule paracentral. tandis que partout ailleurs la plupart

des cellules étaient déjà fortement altérées, notamment dans 1'(', -

corce de la calcarine et dans le subiculum de la corne d'Ammon.

Dans la convexité du lobe frontal, le réseau inlercellulaire était

« notablement éclairci. » Les lésions de l'opercule (rolandique)

étaient plus avancées que celles du reste des deux circonvolu-

tions centrales. Enfin, partout, les différentes couches de l'écorce

étaient à peu près également atteintes.

S. décrit des lésions analogues dans les grandes cellules

de la moelle, notamment dans celles des renflements cervical et

lombaire.

D'après les figures (1 1 et 12) qu'il donne,la part des altérations

artificielles parait difficile faire. Aucun doses malades n'avait

présenté de symptômes spinaux. Ch. Bonne.

LII. Zur Kenntnis des assozüerten Nystagmus ; par

hRVIN STRANSKY, devienne. (Xeurol. Ctrbl. XX\', f.l, p. 15à 18).

Le « nystagmus associé » été décrit par S. en 1900 (1\ïener

mes. Presse, 1900 et Neurol. Ctrbl. 1901, p. ¡ ! : il;) : l'observateur

prie le malade de fermer un oeil, tout en s'opposant à 1 occlusion

en maintenant les paupières écartées ; il constate alors de légers

mouvements de nystagmus horizontal synchrones aux secous-

ses de l'orhiculaire. Ce symptôme serait différent du « nastag-

mus réflexe » de Dernheimer (Klin. llonatsbl. ? Augenheilhun-

de, 1901) qui se produit par exemple après une lecture prolongée

ou lorsqu'on écarte les paupières du bulbe oculaire, et qui sérail

(fn à une irritation du trijumeau (dessèchement de la cornée). Le

nystagmus de S., nullement influencé par l'anesthésie cocaini-

quede la cornée et, de la conjonctive, serait au contraire, un mou-

vemenl associé, dû une communication établie par la bande-

.394 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lette longitudinale postérieure entre le facial et les noyaux ocu-

lo-moteurs. CH. 130NNH,

Llll-- Ein Fall von Fractura baseos cranii mit selteneren

Nervenlaehmungen. Beitraege zur Physiologie des 9,

10 und 11 Gehirnnerven. (Un cas de fracture, avec para-

lysies nerveuses rares. Contribution à la physiologie

des 9e paires craniennes) ; par R. IiALINT, de Budapest.

(Neural, Ctrbl., XXV, fas.3, p. 99 à 107, 1 février 1906.;

Observation tout àfail remarquable de lésion des trois nerls

mixtes, à leur passage dans le trou déchiré postérieur, par frac-

ture de la base du crâne due à une chutesur le vertex, chez un

homme de 53 ans, lequel survécut à l'accident. B. fait justement

remarquer que si la lésion des nerfs crâniens est assez fréquente

dans ces circonstances, elle porte le plus souvent sur les nerfs

facial, acoustique, abducens, plus rarement sur un de ceux des

trois premières paires ; qu'il existe un cas de lésion du spinal,

mais qu'on ne connaît nul autre cas de lésion des trois nerfs

mixtes. Il discute longuement les symptômes qui relèvent de la

participation de chacun de ceux-ci et dont voici les plus caracté-

ristiques.

Glossopharyngien. Diminution du goût dans la moitié posté-

rieure du côté gauche de la langue. L'acide et le salé sont bien

perçus dans la moitié antérieure ; le doux et l'amer ne le sont

nulle part. Le goût est normal à droite. L'A. passe en revue à ce

propos les diverses théories sur le trajet des fibres gustatives et

conclut que, chez son malade, les fibres gustatives de la moitié

postérieure de la langue passent seules par le IX, celles de la moi-

tié antérieure passent parle V ou le VII.

Vague. Hyperesthesie très accusée des parois postérieure et

latérale du pharynx nasal : anesthésie de la moitiégauchc des pa-

rois antérieure et postérieure des arcs palatoglosse et palato-pha-

ryngien, de la portion molle du voile du palais, de l'amygdale

gauche, des deux faces, linguale et laryngée, de la moitié gauche de

l'épi-lotte,de la muqueuse du sinus pi ri forme, de la moitié gauche

de la paroi postérieure du larynx, de la corde vocale gauche, de

la trachée jusqu'au troisième anneau. Pas de réflexe pharyngé à

gauche, ni de réflexe par contact même prolongé des parties

anesthésiques du larynx.

La saillie de la trompe V'GusLuclte esl un peu abaissée; le

voile du palais parait plus long à gauche. La luette est légèrement

déviée à droite ; l'arc palatopharyngicn est plus éloigné de la

paroi postérieure du pharynx àgauche qu'à droite. Gène delà

déglutition : reflux des liquides parle nez. Corde vocale gaucho

en position cadavérique, immobile dans la respiration et dans

la phonation.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 395

Pouls plein et tendu, varie entre 78 et 90. Paroi abdominale

flasque. Accès de météorisme au cours desquels on voit se des-

siner les contours de l'estomac ou de segments étendus de l'in-

testin. Ces accès, douloureux, durent plusieurs heures; on per-

çoit alors du clapotement. La limite de l'estomac est à trois tra-

vers de doigt au-dessous de l'ombilic. Eructations après les repas

Constipation opiniâtre. Motricité de l'estomac normale à l'exa-

men par le repas d'épreuve. Acidité totale q= 47.5 ; teneur en

HC1 = 2 ? Parle cathétérisme des uretères, on constate que le

rein droit sécrète 5 ce. en 3 heures et le rein gauche 5 cc. dans

le môme temps.

Spinal. La tête estoblique ; le menton est plus élevé àgau-

che. Dece côté le cou est aplati,'ainsi que la portion acromiale

du trapèze et la portion du dos qui est comprise entre l'omoplate

et la colonne; le rhomboïde et l'angulaire paraissent sous-cuta-

nés ; atrophie du stemo- mastoidien. La posi tion des deux omopla-

tes est la même au repos. Les mouvements de l'épaule et de l'o-

moplate, élévation de celle-ci et son adduction, s'effectuent nor-

malement. 11 en est de même de la rotation de la tête.

Le stei-no-mastoidien droit réagit à un courant faradique in-

suffisant pour provoquer la contraction du gauche ; par le cou-

rant galvanique, le droit a une secousse avec un milliampère, le

gauche avec un minimum de 13 m A. La portion claviculaire du

trapèze se contracte normalement : les portions acromiale et

postéro inférieure ne réagissent ni au courant faradique, ni au

courant galvanique. CH. Bonne.

LIV. Uebereldie materi len Veraenderungen bei der Asso-

ziationsbildung. (Sur les modifications mat. dans la for-

mation de l'ass.) ; par GOLDSCHEIDGI2, de Berlin. (Neurol.

Ctrbl., XXV, las. 4, p. 146 à 167, 2 fig. schématiques, 15

fév rier 1906.)

Vues très ingénieuses sur l'histophysiologie du tissu nerveux,

de l'écorce cérébrale en particulier, appuyées sur les hypothèses

d'ordre plus général émises par Ehrlich, llering et Vervoorn sur

les processus chimiques qui accompagnent le fonctionnement de

tout élément.

La conduction nerveuse serait accompagnée d'une sorte de

désintégration moléculaire (Désassimilation) suivie Ile-même d'as-

similation. Dans l'intrication )par continuité ou par configuré)

des prolongements de plusieurs cellules voisines, il est vraisem-

blable que les excitations diffusées par ces cellules se perdent

sans effet physiologique particulier. Mais si deux de ces cellules ou

un plus grand nombre sont elles-mêmes excitées simultanément,

la désintégration sera plus forte dans les segments de leur rami-

lication qui se trouvent en contact réciproque ; la désassimila-

393 REVUE d'aNATOMIU ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lion commandée par une cellule dans les ramifications d'une

autre étant d'autant plus rapide et facile que celle autre cel-

lule aura commencé pour elle même le processus de désassimi-

lation dû à sa propre excitation. Consécutivement, d'après G.,

l'assimilation consécutive serait aussi plus rapide elles molécules

reconstituées seraient plus aptes à une nouvelle décomposition.

Sans envisager le sens de la conduction dans les prolongements

qui mettent les cellules en rapport réciproque, G. considère les

segments de l'intrication où l'excitation passe de préférence,

comme des « lignes de points nodaux » qui seraient schemati-

quement également distantes de chacune des cellules partici-

pantes, mais dont la situation varie naturellement avec l'impor-

tance physiologique de chaque élément coopérateur : ces lignes

de points nodaux, oit les processus de désassimilation et de re-

constitution seraient plus faciles qu'ailleurs, rendraient plus inti-

me l'union des cellules d'un même groupe et, par là. l'association

des excitations parvenues à ces cellules. De telles excitations sont

plus vite reconnues, c'esL-à-dire identifiées aux excitations antr-

rieures semblables, que des excitations nouvelles ou, en d'au-

tres termes, intéressant des groupements cellulaires n'ayant pas

les mômes lignes de points nodaux.

C.applique ensuite sa théorie aux différentes modalités de la

reconnaissance et de la mémoire. Ch. Bonne.

LV. - Ueber eigenartige Veraenderungen der Ganglien-

zellen und ihrer Fortsaetze im Centralnervensystem

eines Falles von koaganitaler Kleinhirnatrophie (Sur

des modifi. particulières des cell. nerv. et de leurs pro-

longements dans le S.N.C., dans un cas d'atrophie cong.

du cervelet) ; par ERNST ? TRAUSSLrR, de Prague. (Neurol.

Ctrbl., XXV, fas. a, p. t9l il. à 205. 15 ligures, 1-1 mars1906.)

Homme de 36 ans, « qui, outre une psychose caractérisée par

des états d'excitation el de la faiblesse intellectuelle présenta cer-

tains symptômes d'alfection cérébelleuse » dont S. remet la des-

cription à plus tard : il publie seulement le compte rendu anato-

mique à cause de l'analogie des lésions et de celles décrites par

Seharrer. (Neurol, Ctrbl., XXIV, fas, ',) et 10, 1905) dans l'idiotie

amaurotique de Tay- Sachs.

Atrophie considérable de toute l'écorce du cervelet, sauf du no-

dule et des flocculus ; atrophie de la protubérance, du bulbe et de

la moelle (cordons postérieurs). Dans foutes ces parties, les fais-

ceauxet plexus de fibres myéliniques sont « exLraorlinairement

denses. »

La lésion, généralisée atout le névraxe, sur laquelle S. attire

l'al lenlion, consiste essentiellement en un fonte granuleuse des

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 397

corps de Nissl,suivie de l'apparition d'un état vésiculeux du corps

de lacellule. r1u Marchi, les grains les plus volumineuxsc colo- Io -

rent en noir par l'acide osmique. Souvent, en outre, les prolon-

gements (axones et, dendrites) présentent (au Nissl) des renfle-

ments successifs irrégulièrement espacés.

Dans l'écorce cérébrale, la lésion atteint surtout les grandes

cellules de la ? )- couche de la région motrice. Dans le cervelet, les

cellules de Purkinje sont en outre très raréfiées ; la couche des

grains manque totalement. Dans le bulbe, la lésion prédomine

dansles olives et dans les noyaux moteurs des V, N'Il, X, XI, NI[

paires, respecte les noyaux oculomoteurs.Dans Il moelle, notam-

ment au niveau des renflements cervical et lombaire, les cellules

des colonnes de Clarke et des cornes postérieules sont les plus

altérées.

S. ne donne que peu de détails sur la technique (Nissl, thioni-

ne et éosiné) qu'il est pourtant si utile de connaître dans ce c.i·;

l'énorme extension des lésions porte à se demander, en l'absence

de toute donnée, si le mode d'inclusion était bien adapté au but

poursuivi. S. pense qu il s'agil de lésions d'usure (Edinger) com-

binées il un dév-eloppcmenLinsuflisanL comme dans d'autres mala-

dies héréditaires systématiques du név t'axe (, maladie de Frie-

drich, idiotie de Sachs, etc.) CH. Bonne.

L\1. - Gibtes eine autogene Régénération der Nervenfa-

sern ? Y a-t-il une rég. aut. des fibres nerv. ? ) ; par E.

niunzEa et 0. 11SCHER, de Prague. (Neurol. CtrLl. 1\\', fas, 6,

1. 2G0, 2Jig" 16 mars 1906.)

LVII. Kritisehe Bermerkungen zu einzelnen Versuchen

Bethek's (Remarques sur quelques expériences deB.) ;

par E. 31uNZER. (Ibid.; p. 260 à 263.)

1. - Quoique la théorie de Bethe sur la conduction nerveuse et

l'indépendance relative des fibrilles et des cellules nei euses ait t

été complètement ruinée par des recherches ultérieures accom-

plies, soit au moyen de la méthode môme de cet autour, soit par

d'autres méthodes, et notamment celle de Cajal, on cite encore

quelquefois la régénération autogène cumme une preuve de l'in-

dépendance embryogéniquo des libres nerveuses périphériques par

rapport aux cellules nerveuses. Il existe cependant de nombreux

résultats contraires, en particulier ceux de van Gehuchten et de

M. et 1 ? Mais ces deux derniers auteurs avaient tout d'abord ex-

périmenté sur le lapin, et Cellie, ayant déclaré que l'espèce avait

été mal choisie, ,\1. et 1 ? refirent leurs expériences sur des chiens.

Chez 12 individus, âgés de 14 à 36 jours au moment de l'opéra-

tion, ils extirpèrent un segment du sciatique long de 10 à 15 mm.

el eurent soin de glisser l'extrémité périphérique du hout cen

398 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

tral à travers le biceps et de la fixera la face profonde de la pa-

roi externe de la loge aponév rotique de ce muscle.

Chez quatre chiens examinés du 18° au 104° jour après l'opé-

ration, le résultat fut complètement négatif : pas de névrome

du bout central, pas défibres régénérées, dégénération totale du

bout périphérique devenu complètement inexci table par l'électri-

cité.

Chez trois chiens tués les 39°, 10 î^, 17 Ie jours, des fibres nerveuses

nées du névrome du bout central traversaient la cicatriceet péné-

traient dans le bout périphérique demeuré pourtant inexcitable.

Enfin sur quatre chiens, tués du 67e au 1130 JOUI', le bout périphé-

rique conlenait des libres régénérées venues par le tissu cicatri-

ciel et était excitable par l'électricité.

Comme il fut possible dans tous les cas de constater la conti-

nuité des fibres régénérées du segment périphérique avec celle du

bout central, les auteurs, après avoir soigneusement décrit les

parlicularitéscliniques et anatomiques de chaque expérience et

envisagé toutes les causes qui peuvent agir sur la rapidité de la

régénération et du retour de l'excitabilité, concluent qu'il n'y ri

vas de régénération autogène des nerfs coupés.

Il. Sans apporter d'expériences nouvelles et en s'en tenant au

texte même de Cethe (.l11gemeine .1nat. und Pliez. des Nervensys-

tems, 1903), M. démontre que les expériences rapportées par cet

auteur ne sont pas en faveur de la régénération dite autogène.

Il insiste particulièrement sur l'expérience de 1' « anneau ner-

veux') (libération presque complète d'un segment nerveux etmise

en contact définitif des deux extrémités, proximale et distale.de ce

segment) ; puis il montre que les résultats rapportés par Bethe

sur la régénération des libres nerveuses des centres sont insuffi-

samment explicites et d'ailleurs contradictoires entre eux. 11 est

a noter qu'à propos delà section des racines postérieures entre

la moelle et leganglion, M. ne tient pas compte des fibres mé-

liullifuges lie ces racines. CH. Bonne.

LY111. Beitrag zur Diagnose des Cysticercus ventriculi

quarti (Contribution au diagnostic du cysticercus du

4° ventricule); par 11ARL USTER1'ALD, de I lanov re. (Neural.

Ctrbl., XXV, fasc.G, p. 265 à : *70.)

La symptomatologie est des plus variables : quelquefois la mort

suit de très près les premiers symptômes ; d'autres lois le cyli-

cirque est constaté à l'autopsie sans que rien ait fait soupçonner

sa présence. Pourtant, en 190 : 2, Bruns a décrit un syndrome qui

porte actuellement son nom et qui permit deux fois de faire

un diagnostic contrôlé par l'autopsie : longues périodes au cours

desquelles on observe la symptomatologie générale des tumeurs

cérébrales, stades intermédiaires également prolongés ; verli-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3G')

gcs causés par les déplacements rapides de la tête ; absence ou

manque de précision de tout autre symptôme objectif ; mort

subite.

S. apporte deux nouveaux cas : 1° Femme de 37 ans; depuis

deux ans, céphalée, faiblesse et même impotence des membres

inférieurs ; puisataxie cérébelleuse, céphalée occipitale surve-

nant par accès et souvent accompagnée de vomissements, nys-

tagmus ; helminthiase intestinale (l'A. ne spécifie pas l'espèce re-

jetée). Les mouvements étendus du tronc et de la tète étaient

pénibles, réveillaient la céphalalgie et causaient du vertige. Dans

le décubitus, la malade maintenait au moyen des deux mains la

colonne cervicale fortement fléchie en avant. Pendant les accès

douloureux, le pouls devenait quelquefois plus rapide et il y

avaitdel'hyperthémie.Le diagnostic hésita entre sclérose en pla-

que et tumeur du cervelet jusqu'à ce que la mort subite mit sur

la voie de la réalité. A l'autopsie, hydropisie des ventricules, no-

tamment du quatrième, lequel contenait un cysticerque libre, cal-

cilié, du volume d'un pois.

2" Femme « jeune», céphalée tenace depuis un an, vomisse-

ments, puis rémission complète de longue durée. Ultérieurement,

céphalée plus intense entraînant la position du cou décrite dans

lelremiercas : démarche chancelante ; nystagmus. Les mouve-

ments rapides de la tôle ne s'accompagnaient pas de symptôme

spécial. Mort subite sans autre aggravation. Le diagnostic de

vraisemblancefutposé pendanl la vie.

L'épendyme du 4* venlriculcfut trouvé uniformément épaissi.

Dans l'épaisseur du bulbe, au milieu d'une masse gélatineuse

sous-jacente à l'épendyme, on trouva un cysticerque jaunâtre,

du volume d'un pois, caractérisé par la présence d'une couronne

de crochets.

Malgré l'absence du symptôme de Bruns (vertiges par les mou-

vements brusques de la tôle) dans le deuxième cas, l'auteur ne

considère pas comme démontré que ce signe caractérise les cys-

ticerques libres dans la cavité du 4" ventricule. CH, Bonne.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

X\'II.- Démence précoce paranoïde. (Diagnostic différen-

tiel de la Paranoïa) ; par JI. le Dr Ferrai ! ni. (Rivista sperinxen-

tale di Prenlatl'Ía, Hl'ggio Emilia, 1 aOj, '01. XXXI, fasc. Il.)

L'auteur commence par relaler plusieurs éiii-

blissent bien à son avis la différence qui existe outre la démence

400 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

paranoide et la paranoïa. La conception clinique de Kraepelin de

la démence paranoide simple et de la parauotco-fanlastidue )où ici

mieux démence paranoide pseudo-systématique) qui fait rentrer

ces deux formes dans la démence précoce, est sans doute une des

plus importantes acquisitions cliniques de] ces derniers temps,

mais il a, selon l'auteur,une trop grande tendance à vouloir élcr-

gir le cadre clinique de la démence précoce ; et cette tendance l'a

amené à l'aire un tout de la démence précoce el de la paranoïa.

Pour la paranoïa et la démence paranoide sont des

individualités nosologiques bien distinctes et bien séparables,

par ce fait que la seconde a ceci (le contraire à la première qu'elle

porto toujours dans son ensemble symptomatique l'empreinte

spécifique de la démence précose. Le concept )\roepolinien de la

paranoïa est mauvais par ce fait qu'il considère seulement comme

rentrant dans la paranoïa un délire systématique à début lent, il

évolution chronique et sans passage à la démence. 11 est préféra-

ble et plus juste d'admettre la conception de Tanzi qui retire de

la paranoïa beaucoup de délires systématisés, et qui admet l'exis-

tence de la paranoïa sans délire systématique. Tanzi comprend

la paranoïa comme une anomalie de développement, comme un

mode anormal de formation de la personnalité (Parafrenia de

Morselli) se limitant à une simple constitution psychique pa-

ranoiquc (Paranoïa sans délire) ou se rapprochant d'un délire

systématisé parannique. Ce délire dépend donc de l'état mental

plus ou moins élevé, plus ou moins restreint du sujet. Donc,en-

tre les cadres de la démence paranoide et ceux de la paranoïa a

typique, le diagnostic différentiel est en général possible.

,1. Si';GLAS.

XV111. Recherches statistiques et cliniques sur le suicide

chez les alcooliques ; par LORRNZY. (Rivista sperimentale di

Frenatria. Heggio Emilia, 1905, Vol. XXXI, fasc. II.)

Les stastistiques portant sur la ville de Pavie donnent un to-

tal de 81 suicides pendant la période 151)-ltJOa. Sur ces SI suici-

des, il y en a eu JU dus à la noyade, 17 aux armes à feu, S à la

pondaison, 7 aux armes blanches, 6 au poison, 6 à l'asphyxie,

4 à l'écrasement, 3 à une chute.

Dans cette statistique, ne sont pas comprises les tentatives de

suicide, que l'on observe si fréquemment chez les alcooliques.

J. S.

XIX. Altérations particulières du langage dans un cas

de démence primitive ;par LINGUERRI. (Rivista sperimentale

di Fi-e,tiat7,ia. Hcggio Emilia, 1905. \'01. XXXI, fasc. iL)

On peut observer, dans certains cas de démence primitive, des

troubles du langage.parlé comme du langage écrit. Un ne peut

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 401 1

prétendre décrire un mode d'altération du langage particulier à la

démence précoce, mais on peut observer fréquemment des trou-

bles de ce genre. Les troubles de la parole et des écrits dans la dé-

mence primitive ne sont pas décrits par les auteurs ; ils peuvent

cependant présenter des caractères variés complètement diflé-

rents de l'uniformité séméiotique que l'on observe dans le lan-

gage des paralytiques généraux. La cause en est facile à com-

prendre, puisque l'on ignore pour la démence primitive la base

anatomique qui existe dans la paralysie générale ; ces symptô-

mes ont la variabilité d'aspect et l'inconstance des signes l'on ?

lionnels ; mais tandis qu'il serait illogique de conclure du parti -

ailier au général, l'observation de cas analogues pourra peut-

être justifier la fréquence de ces troubles. J. S.

XX. Un cas de paralysie générale juvénile ; par le dur

DsROUBAIx (Bull, de 1(1 Soc..le Méd, mentale de Belgique, 1905,

n" lu0).

Il s'agit d'un jeune homme, débile congénital, ayant une lour-

de hérédité neuro-psychopatique et hérédo-syphilitique, qui pré-

senta à 20 ans les premiers symptômes d'une paralysie générale

a laquelle il succomba au bout de six années.

A l'autopsie, on ne constata macroscopiquement aucune lésion

notable du cerveau, mais l'examen histologique décela une dégé-

nérescence scléreuso ou pigmentaire des cellules ganglionnaires

et des altérations très accentuées des vaisseaux, dont les parois

étaient épaissies et renfermaient un plus grand nombre de

noyaux qu'à l'état normal. Autour des vaisseaux il existait en

outre une grande quantité de cellules plasmatiques et des plasma-

zellen. C'est à cette dernière lésion que l'auteur fait jouer le prin-

cipal rôle dans la production de la paralysie générale ; les altéra-

tions cellulaires seraient t secollllai l'es et consécuLi \'es. i\1, Deroubaix x

se rallie donc à la théorie de M. de Buck. d'après lequel le proces-

bus parai tique, f au lieu d'être une diapédèse. serait une gra-

nulnse libroplastique, mésenchymateuse, un processus de néol'or-

mation interstitielle ». G. DENY.

X\'l. La classification des enfants anormaux ; par le

D" Deckoly (l3tclf. de la Soc. de méd. mentale de Belgique,

n ? 1' et 1 ? 3).

L'auteur passe en revue, dans ce travail, tous les essais de clas-

silication (lui ont été tentés au cours des dernières années pour

grouper méthodiquement les enlants présentant une anoma-

lie quelconque (et non pas seulement intellectuelle) susceptible

d'entraver leur adaptation au milieu dans lequel ils sont destinés

à vivre. Après avoir fait ressortir les inconvénients qui résultent

du grand nombre de nomenclatures existantes, de la grande

Aucun LS, 2, série, 1906, t. XXII. 2û

402 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

variété des termes et de leurs multiples acceptions, de la confu-

sion totale qui en est la conséquence et de. l'urgence 'qu'il y a à

provoquer un accord sur les bases d'un classement qui puisse se

généraliser et dont la souplesse soit telle qu'il englobe tous les

cas possibles, M. Decroly propose de répartir les anormaux en

deux grands groupes : les anormaux ou les irréguliers par causes

intrinsèques et les irréguliers par causes extrinsèques (influence

du milieu familial, scolaire, social, etc.). Parmi les premiers, il

distingue : les irréguliers des fonctions végétatives (difformités

et anomalies physiques, affections chroniques des organes de la

vie végétative,) et les irréguliers des fonctions de relations irré-

gulières des sens, des mouvements, de l'intelligence, des senti-

ments affectifs, etc.). \.

On voit par ce simple aperçu que l'auteur étend considérable-

ment les limites de l'irrégularité et que les irréguliers mentaux,

idiots, imbéciles, débiles, etc.), ne constituent plus comme dans

les classifications habituelles, les seuls êtres anormaux. G. D.

XXII. Contribution au diagnostic des irrégularités men-

tales. Les frontières anthropométriques des anormaux,

d'après M. 131neG, par M. DECROLY. (.101ti' ? I. de Neurologie, 1900,

n° 4.)

Les mesures anthropométriques faites par l'auteur sur 33 en-

fants atteints de troubles divers (infirmités physiques, troubles

du caractère, insuffisance mentale) confirment nettement les

observations de Binet. Sur les 22 enfants atteints d'insuffisance

intellectuelle à divers degrés, il en est 12 qui sont inférieurs à la

frontière pour la somme des mesures céphaliques ; 3 cas en sont

voisins, 1 cas est à la limite supérieure. Pour la taille, 5 de

ces enfants sont inférieurs à la limite de BinEt. Chez les 11 en-

fants sans insuffisance, aucun n'était inférieur à la limite

pour la somme des diamètres céphaliques et il y en axait un seul

pour la taille.

Les troubles qui retentissent sur le volume du cerveau et par

suite sur la forme du crâne peuventne pas influencer la taille. Eu

tous cas les dimensions restreintes du crâne ne peuvent pas être

mises ici sur le compte d'une taille trop petite, puisqu'il n'y a que

G enfants qui ont une taille à la frontière ou inférieure à celle-ci,

tandis qu'il y en a 12 qui ont la somme des diamètres inférieurs

et de ces 12 il n'y en a que 4 qui ont une taille à la frontière ou

sous la frontière. G. D.

tYlll.-Rapport de M. Motet sur un mémoire de M. Marie

(deVillejuif) intitulé : « Paralysie générale et syphilis

chez les Arabes.

Chargé d'une mission en Egypte, Marie a étudié cette question

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 403

si controversée dans le service du Dr Warnork à l'asile d'Abas-

siet près du Caire ; 12 % des malades traités dans cet établisse-

ment sont syphilitiques (soit 79 sur 561 admis en 1901) parmi

lesquels 22sur 25 paralytiques généraux. En 1904 on y a admis 35

paralytiques sur lesquels 23 avaient eu la syphilis.

La méningo-encéphalite diffuse est donc fréquente en Egypte

et la syphilis est notablement plus commune chez les les aliénés

de cette catégorie que chez les autres Arabes amenés à l'asile

pour des causes quelconques. Ce qui rend difficile le diagnostic

de la P. G., surtout au début, chez les Arabes : c'est, d'une part, la

difficulté de constater les troubles de la parole à cause de la pro-

nonciation gutturale de leur langue et, d'autre part, la difficulté de

constater les troubles oculo-pupillaires à cause de la pigmenta-

tion foncée de leur oeil. L'alcool, malgré la défense du Coran, ne

semble pas étranger au développement delà maladie; il en est de

même du haschis. La pellagre donne lieu à un syndrome pseudo-

paralytique dont les accidents cachectiques de la fin sont en tous

points analogues à ceux de la paralysie générale vraie. Il n'a pas

été possible à Marie de déterminer l'âge de la syphilis au mo-

ment du début de la P. G. ni l'âge delà P. G. au moment de

l'internementni même lafréqucnce de cette redoutable affection

dans une période relativement ancienne; les statistiques n'exis-

tant, sur les bords du \il, que depuis l'occupation anglaise. C'e-t

donc un appoint de plus à la théorie syphilitique de la maladie

de Dayle (Acad, de mèd, 29 mai 1900.)L. WAHL.

XXIV. Association des idéeschezles idiots et les imbé-

ciles ; parles 1) ? Boulanger et Hermant. (Bull, de la Société de

méd. mentale de Belgique, 1905. nos 123 et 124.)

Travail enrichi de nombreuses observations et d'expériences,

qui toutes tendent à démontrer que les sensations et les repré-

sentations ne peuvent s'associer dans la mentalité de l'idiot qu'à

la condition d'apparaître avec un minimum d'intensité, d'où un

manque d'unité de la personnalité et une prépondérance presque

exclusive des réactions automatiques. Au total la mentalité de

l'idiot pèche seulement par insuffisance ou pauvreté, elle n'esl ni

erronée, ni viciée. En un mot. l'idiot a l'aspect juste mais borné,

l'imbécile, au contraire est essentiellement perverti. L'idiot est

un être qui s'est figé en quelque sorte au début de son dévelop-

pement ; c'est un enfant qui n'a pas eu lui-même de puissance

d'évolution ou qui l'a perdue soit à un stade embryonnaire, soit à

un moment très voisin de la naissance.

D'une façon générale,on peut dire que l'idiotie se caractérise

par une absence de plasticité cellulaire et par une incomplétude

des liquides baignant les cellules. Les deux phénomènes sont du

reste absolument liés l'un à l'autre, car ces liquides ne sont ja-

404 Í SOCIÉTÉS SAVANTES.

mais que des sécrétions cellulaires : ceci semble se vérifier parti-

culièrement chez les idiots myxoedëmateux chez lesquels l'insuf-

fisance thyroïdienne a pour conséquence une diminution de la

plasticité cellulaire et en particulier de la plasticité cérébrale.

G. DENI'.

XXV. L'accommodateur dans la paralysie générale ; 0r

MARANUON deMoNTYEL. (Jolt1'n. de Neurologie 1906, n3J.

De ses laborieuses et consciencieuses investigations faites sur

140 paralytiques généraux, observés aux différents stades de leur

affection et suil i s jusqu'à leur mort, l'auteur se croit en droit

d'affirmer que le réflexe accommodateur est altéré dans tous les

cas de paralysie générale sans exception, à un moment ou à un

autre de la maladie quand elle suit tout son cours.

Dans la presque totalitédcscas les réflexes accommodateurs des

deux yeux sont simultanément atteints d'un trouble identique,

l'exagération de ces réflexes étant d'ailleurs tout à fait excep-

tionnelle.A la première phase de la paralysie générale,l'accommo-

da leur est déjà altéré dans la moitié des cas; à la seconde dans les

deux tiers et il est exceptionnel qu'il soit normal à la troisième,

contrairement à une opinion très répandue.

L'exagération de l'accommodateur ne s'observe qu'à la première

période, et les états différents à un oeil et l'autre, qu'aux phases

initiales et intermédiaires, de telle sorte qu'à l'ultime, c'est tou-

jours une altération en moins qu'offrent les deux yeux.

L'aholition de l'accommodateur, selon toutes probabilités, ne se

produit jamais d'emblée ; elle est précédée d'un affaiblissement

dont la durée est d'autant plus courte que la paralysie générale

est à une période plus avancée. G. Deny.

SOCIETES SAVANTES

SOCIÉTÉ D'HYPXOLUCiE ET DE PSYCHOLOGIE

Séance du mardi 16 octobre 7.90C. Présidence de ¡)J, ,IULES

Voisin.

Les enfants anornuutic intellectuels.

M..Iules Voisin. Depuis quelque temps on a trop tendance

il renvoyer des écoles et à qualifier d'anormaux des enfants qui

sonl simplement espiègles, turbulents, inattcntifs, qui troublent

laclasse eldcnnenl du mal leur professeur Ce sont de faux anor-

maux. Les vrais anormaux ont Lous des Lares : 1° pal' déficit intel-

lectuel et moral, par arrêt de développement (idiots, imbéciles

SOCIÉTÉS SAVANTES. 405

débiles), 2° par altérations intellectuelles (psychose dégénérative

et 1),;ychoné% roses : épilepsie, hystérie, neurasthénie, chorée).

3° par perle de l'intelligence (démence précoce, paralysie générale,

démence épileptique, spasmodique). Il faut examiner de très

près au point de vue intellectuel, les enfants dits anormaux et.

discerner si ce sont devrais ou de faux anormaux.Au point devue

pratique, il est indispensable de les classer (tins la catégorie qui

leur convient, afin d'éviter les fâcheux effets de l'exemple ou de

la contagion, car, par exemple, un dégénéré, au contact d'un

vicieux, deviendra vicieux, lui aussi.

M. Bérillon. -Dans les classes, l'existence d'un seul anor-

mal suffit parfois pourépuiser la bonne volonté et l'énergie du pro-

fesseur. Toutefois à côlé des enfants profondément tarés, confiés

à M.Jules Voisin, à son Ecole de réforme de la Salpêtrière, il existe

toute une catégorie d'enfants intraitables, indociles, indisciplinés

qui ont besoin de beaucoup de mouvement au grand air. C'est

pour ceux-là qu'a été fondée la maison de Créteil, véritable colo-

nie champêtre où les enfants sont soumis aune surveillance étroite,

quoique discrète, à une direction pédagogique spéciale et à un

traitement psychologique approprié à leur cas. Elle est, en ou-

tre,un champ d'étude et d'observation pour les pédagogues et les

psychologues.

La Société décide de faire prochainement une visite scientifique

à l'Institution familiale de Créteil pour enfants anormaux afin

d apprécier les méthodes pédagogiques et thérapeutiques qui y

sont employées

Quelques nouveaux cas de trac chez des exécutants.

M. Paul FAREZ rapporte trois cas de trac guéris par suggestion,

deux intéressant des concurrents du dernier concours duConser-

valoiro. Les nombreux cas de trac qu'il a guéris jusqu'ici compor-

taient tous, en outre de la phobie, quelque trouble somatique con-

comitant : spasmes respiratoires, hypertrophie du coeUl',ér'éthisme

cardiaque, bradycardie, hypertension artérielle, aso-constriction

périphérique. Ces troubles conditionnent le trac ; ils lui servent, en

quelque sorte, de support, l'entretiennent, l'exaspèrent et le per-

pétuent ; même ils sont souvent un obstacle à la pleine et rapide

réussite de la suggestion. Sans doute, la suggestion est le véri-

table agent curateurdutrac; mais en opposant aces troubles une

médication physiologique appropriée, soit avant, soit pendant le

traitement psychologique, on prépare et précipite la guérison.

Celle double action convergente psycho-somatique permet des

succès rapides, faciles et durables.

Le mal de mer vrai et le mal de mer imaginaire.

M. Félix 11EGNAULT. -Désirew d'étudier, de près, le mal de

nos SOCIÉTÉS SAVANTES.

mer je me suis embarqué pendant toute la durée des vacances.

Très souvent j'ai guéri le mal de mer, non par suggestion directe,

mais par suggestion indirecte en faisant absorber quelques

centigrammes d'une substance inerte ou anodine, dont je pro-

clamais la grande efficacité. Mais aucun médicament psychique,

aucune spécialité réputée ne peut guérir le mal de mer qui sur-

vient par les gros temps, .l'en suis arrivé à distinguer, d'une

part, le mal de mer vrai, contre lequel rien ne fait,(iL moins que

l'on ait affaire à une personne hystérique), et d'autre pari le

mal de mer imaginaire (produit par l'auto-suggestion, l'imita-

tion, la crainte, etc.) dont triomphe assez facilement la médica-

tion psychique. Les médecins de marine se privent de nombreux

succès en négligeant de traiter par suggestion indirecte des maux

de mer imaginaires, dont j'estime la proportion à cinqsur sept.

M. Rerillon. Sans aucun doute l'auto-suggestion occupe

une large place dans l'étiologie du mal de mer; aussi bien d'ail-

leurs que la contagion. Un jour des passagers racontaient auprès

de moi des histoires de mal de mer ; je sentais que j'allais en

41re atteint si je ne leur avais imposé silence. Pour m'en pré-

munir, ou bien je m'endors, oubien je concentre ma pensée sur

la préparation de quelque article ou communication;je fais de la

dérivation. Par le dressage et l'éducation, on s'entraîne, sinon à

l'éviter,au moins à le supporter, grâce à l'influence des représen-

tations mentales.

M. PaulMAGNiN. Mon expérience personnelle confirme l'ac-

tion de l'auto-suggestion et de l'hétél'o-suggestion dans l'étiologie

elle traitement d'un certain nombre de cas de mal de mer.

M. Paul Farez. i\I.IlegnauIt dit que la suggestion ne saurait

guérir un mal de mer vrai que chez les hystériques.Cependant,pre-

nons, par exemple, le cas suivant : la mer est très mauvaise, tout

le monde souffre du mal de mer; survient le danger d'incendie,

d'échouement, de voie d'eau : l'émotion est si intense que le mal

de mer est supprimé chez tous. On ne saurait soutenir que tous

étaient des hystériques ou que tous n'avaient qu'un mal de mer

imaginaire. Cette dérivation de l'attention a donc suspendu un

certain nombre de maux de mer vrais; la suggestion est donc lé-

gitime, même contre ces derniers.

M. 13ÉRILI-ON. - M. Paul Farez et moi-même avons immunisé

contre le mal de mer des gens qui n'étaient pas le moins du monde

hystériques, qui avaient une volonté vaillante et savaient se dé-

fendre de l'auto-suggestion. La suggestion thérapeutique guérit

le mal de mer non seulement d'origine psychique, mais aussi

d'origine viscérale.

M. LINET-SANGL74. D'après M. Itegnault, si la suggestion

guérit le mal de mer,c'est qu'il est imaginaire ; si elle ne le guérit

pas, c'est qu'il est vrai. Mais la suggestion de l'un échoue là où la

BIBLIOGRAPHIE. 407

suggestion de l'autre réussit. L'efficacité d'une suggestion varie

suivant l'opérateur et suivant le procédé employé ; elle ne sau-

rait dans ce cas, servir de pierre de touche infaillible.

M. Valentino. En effet, on ne nous apporte aucun élément

de diagnostic entre le mal de mer vrai et le mal de mer ima-

ginaire ; on devrait nous dire en quoi ils se distinguent l'un de

l'autre.

M. Le Menant des C.HESNA15. - Si le mal de mer imaginaire

est seul justiciable de la suggestion, notre pratique médicale nous

expose à de nombreux déboires ; avant d'instituer le traitement

suggestif, nous aurions besoin de savoir si le cas est imaginaire'

ou vrai, c'est-à-dire s'il est justiciable ou non de la suggestion.

M. Félix Regnaun. Sans doute je ne peux pas vous fournir

de moyen de diagnostic. Mais, dans votre pratique nerveuse, il

vous arrive, à chaque instant, d'instituer le traitement suggestif

pour savoir si tel symptôme est d'origine organique ou d'origine

fonctionnelle; la suggestion vous sert de pierre de touche ; grâce

à elle, vous faites un diagnostic. Quant à la distinction entre le

mal de mer vrai elle mal de mer imaginaire, elle m'est apparue

comme une vérité d'expérience.

PAU de ST MARTIN et COMY rapportent des cas person-

nels ; ni l'auto-suggestion, ni l'approche d'un danger n'ont mo-

difié l'intensité de leur mal de mer.

MM. LEPIN.1Y ET POTTIER expose les modalités du mal de mer

chez les animaux, lesquels subissent aussi l'influence de la con-

tagion.

Celte question est maintenue à l'ordre du jour de la Société et

la suite delà discussion est renvoyée à la séance de novembre.

BIBLIOGRAPHIE

IX. - Rapport médical et compte rendu administratif de l'asile

de Dury-Les-dmiens, par le D Ciiaron, médecin directeur. IIe-

donnet, imprimeur à Amiens.

Population au 1 cr janvier 1905 : 539 (270 II ; 269 F). Entrées :

147 (71 II ; 76 F). Sorties : 93. Décès : 60 (32 II ; 28 li. Restants

au 31 décembre 1905 : 533 (265 Il. ; 268 F.). Pendant la dernière

période décennale la population s'est élevée de 580 en 1896 à 686

en 1905 : au point de vue clinique les admissions sont rangées

sous trois grandes classes : démences congénitales, démences ac-

quises, psychoses.

« Aux âges extrêmes de la vie, l'assistance collective présente

408 BIBLIOGRAPHIE.

des indications et réclame des moyens très différents, selon qu'il

s'agit de l'enfance et de la vieillesse.

« Le traitement des jeunes arriérés de toutes classes, ainsi que e

l'a démontré la belle expérience de Bourneville, peut conduire à

des résultats importants au point de vue non seulement de

l'amélioration, non seulement de l'individu, mais encore de la

morale et de la santé publiques.

« Avec les méthodes spéciales et les conditions restrictives

qu'il comporte, ce traitement doit être assuré à l'asile et soumis

au régime général des aliénés, comme l'a admis le Conseil géné-

ral de la Somme en décidant généreusement la construction d'un

quartier d'enfants à l'Asile de Dury.

« Il n'en est pas de même pour la vieillesse. La sénilité, qu'elle

se traduise par de l'affaiblissement physique et intellectuel, sim-

ple, ou compliqué transiloirement ll'exci tation ou de turbulence,

paraît devoir rester dans le domaine particulier de l'Assistance des

vieillards et ne devoir prendre place que d'une façon tout à fait

exceptionnelle à l'Asile d'aliénés.

« Que la plus grande part des résultats curatifs porte sur les

formes les plus fréquentes et les plus simples de la manie et de

la mélancolie ; que ces résultats curatifs se produisent générale-

ment dès les premiers temps de l'admission à l'asile et d'autant

plus rapidement que le début des troubles intellectuels est plus

récent : ce sont aujourd'hui des vérités banales et qu'il serait

inutile de redire, si l'on ne voyait encore aussi souvent des

malheureux traîner leur délire, dans les familles, dans les hôpi-

taux, dans les maisons de spécialistes équivoques, ou même

dans les rues, pendant des semaines et des mois, pendant assez

longtemps parfois pour verser dans l'incurabilité, le crime ou le

suicide, avantde venir échouer définitivement à l'asile.

C'est en janvier et en août que les décès ont été les plus nom-

breux. Sur 60 décès. 4 par tuberculose et un par péritonite tuber-

culeuse.

« 50 % des décès se sont produits pendant les six premiers

mois de séjour à l'asile, dont plus de la moitié pendant les deux

premiers mois. 11 suffit de voir l'état de misère. d'affaiblissement,

de malpropreté, dans lesquels nous recevons un grand nombre

de nos entrants déjà épuisés par la maladie, pour s'expliquer la

cause de la mortalité énorme qui les frappe. Cotte année comme

les précédentes, il faut continuer à regretter que la coalition des

préjugés étroits, des petits calculs et des habitudes administra-

tives s'oppose trop souvent au traitement hâtif des maladies cé-

rébrales et compromette gravement la raison et l'existence d'un

trop grand nombre d'aliénés.

Dans le chapitre consacré au traitement, M. le D' Charon,après

avoir dit quelques mots de l'alitement, insiste sur la médication

BIBLIOGRAPHIE. /,ou

hydrothérapique qui forme un élément de traitement important

mais qui doit être administré dans des conditions d'organisa-

tion parfaite. Avec notre nouvelle installation nous pourrons

sans doute étendre son application, sans avoir à tenir compte de

la température extérieure. Dans l'état actuel, nous avons dû li-

miter à la durée de la belle saison, les douches et bains prolon-

gés qui s)IIt un des moyens les plus eflicaces cinti-e les troubles

de l'activité générale.

« 1.100 douches en jet ont été appliquées à des malades dé-

primes,ralentis.cristallises ou catatoniques, à tous ceux qui man-

quaient de réactions périphériques. Dans ces cas le jet d'eau agis-

sant mécaniquement, à l'instar d un massage excitant, il nous a

paru indiqué de renoncer à la douche froide généralement mal

acceptée, et de lui substituer la douche tiède ou chaude, qui nous

a donné de meilleurs résultats.

« Contre les états d'agitation à forme maniaque, nous avons

usé des bains de durée, variant de 1 heure à 4 heures, 3.30 bains

de durée ont été donnés représentant un total de 781 heures,

que se sont partagés àdose inégales. une quarantaine de malades.

L'asile possède un laboratoire de recherches aussi nécessaire

dans un asile bien organisé que dans tout autre établissement

hospitalier.

" L'installation, que nous avons inaugurée en 1905, dit M. le Dr

Charon et qui est alimentée par nos constatations nécropsiques,

sera complétée au furet à mesure des besoins. Sa jeunesse ne

nous a permis, jusqu'à ce jour, que les examens courants de mi-

crobiologie, de diagnostics d'exsudats, et quelques éludes cyto-

logiques mais la compétence et le zèle de nos collaborateurs, le

11'fissoL, médecin-adjoint, et le Dr Jlézie, médecin-interne, nous

sont un sur garant des résultats intéressants auxquels nous con-

duira son amélioration progressive.

M. Charon termine son rapport par des considérations très in-

téressantes sur l'enseignement du personnel secondaire.

« L'insuffisance du personnel secondaire des asiles, dit-il, a fait

depuis longtemps et surtout depuis quelques années, à l'occasion

d'accidents particulièrement graves, 1 objet des préoccupations

unanimes des aliénistes, des pouvoirs administratifs et de l'opi-

nion publique. L'augmentation numérique, l'amélioration des

(1) Une première série de conférences a été faite par M. Charon

stii-1-s devoirs professionnels des infirmiers : l'sur les conditions ma-

tértelles et mowales des infirmiers ; 2° sur les rapports des infirmiers

avec leur* camarades et avec leurs chefs ; 3' sur les rapports des in-

firmiers avec les malades ; 4" sur les rapports des infirmiers avec les

familles dis n : alaAes et sur leurs relations hors de l'asile.-A rap-

procher des conférences de 11t le Der LeveL.Nous aurions été heureux

d'incorporer leurs brochures dans la Bibliothèque de l'infirmière.

410 BIBLIOGRAPHIE.

comblions matérielles et morales de ce personnel, permettant

une sélection plus rigoureuse dans le choix (les candidats et dans

la distribution des emplois, avec l'organisation d'un enseigne-

ment professionnel et moral dans les milieux d'hospitalisation

mêmes, sont sans aucun doute, les moyens les plus simples et les

plus efficaces de remédier progressivement à cette insuffisance.

Nous en avons déjà entrepris l'application,dans la limite do nos res-

sources, en augmentant les avantages, les salaires et les libertés

de nos infirmiers, en assurant à tous le bénéfice d'un service de

retraite pour la vieillesse et aussi en organisant un service régu-

lier de conférences, destiné non seulement à élever et à maintenir,

au niveau qu'elle doit avoir leur conscience morale, dont dépend

le bien-être des malheureux dont nous avons la charge et le bon

renom de noire régime d'assistance. »

Le compte-rendu administratif se termine par un passage qui

mérite d'être cité : « La réalisation du projet d'agrandissement

voté par le Conseil général à sa session d'août 1905, approuvé

par le ministère de l'intérieur et dont les travaux vont commencer

incessamment, comblera prochainement les deux grandes lacunes

qui existaient encore à l'asile de Dury, et assurera dans des con-

ditions satisfaisantes le traitement des maladies incidentes, des

psychoses aiguës, et l'hospitalisation des enfants arriérés. » Labo-

ratoii-e, enseignement du personnel secondaire, hospitalisations et

nous l'espérons bien, traitement médico-pédagogique des arriérés,

voilà des réformes qui font honneur au Conseil général de la

Somme età notre collaborateur : \1. Charon. Nous les enregistrons

avec la plus grande satisfaction et les signalons à nos collègues

des asiles.

X. Rapport sur le service médical de l'asile pour

l'année 190.5; par M. le D' Chardon, médecin directeur.

La population traitée va en augmentant d'année en année. De

1174 en 1901, elle est remontée à 1315 en 1905. Existants au le-'

janvier 1905,991') (Il. 900; F. 46). Entrées 339 (24 placements

volontaires, chiffre bien bas par rapport aux placements d'office

(315), qui indique la difficulté déplacements. C'est en mai qu'ils

ont été le plus nombreux (38), 65 par excès alcooliques. Sorties;

114, dont 46 par guérison et 23 par amélioration ; décès 217 ;

restants au 31 décembre 1905,984 (937 IL,47 le.). - «La paralysie

générale, comme toujours, est la maladie la plus fréquemment

constatée (88 malades en 1905).

« Le laboratoire continue à rendre les services multiples que

nous signalions l'an dernier et c'est aux méthodes qui y sont pra-

tiquées que nous demandons chaque jour les renseignements les

plus importants. Examens cytologiques des épanchements pleu-

raux. séro-diagnostic de la lièvre typhoïde, nous permettent de

BIBLIOGRAPHIE. 411

diagnostiquer avec précision les états morbides constatés chez nos

malades et de mettre rapidement en oeuvre, pour leur plus grand

bénéfice, les moyens thérapeutiques dont nous disposons.C'est au

laboratoire que nous pratiquons les examens histologiques des

organes recueillis aux autopsies ; grâce à cet examen nous pou-

vons chaque année nous livrer à des études diverses ayant pour

objet les maladies mentales et les lésions qui les déterminent.Les

résultats de ces recherches sont communiqués à la Société de

médecine du département du Nord et publiés dans diverses re-

vues spéciales. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de ces

publications,cependant signalons l'étude que nous avons laite des

rémissions qui surviennent de la paralysie générale, celle de

l'influence des maladies intercurrentes sur l'évolution de l'épi-

lepsie et enfin 1 étude de 21 cas d'idiotie avec autopsie, dans la-

quelle nous avons étudié les lésions si variées que nous avons pu

rencontrer. Ce travail, fait en collaboration avec Al. le Dr Raviart,

médecin-adjoint, abondamment illustré,a paru dans l'Echo médi-

cal du Nord du 17 décembre 1905. » C'est un document impor-

tant pour l'étude des différentes idioties.

La statistique ci-après montre que l'hydrothérapie est d'un

usage courant.

VARIA

Les aliénés EN liberté

Sous ce titre : Une pauvre folle, l'Union Libérale, de Dinan, du

30 septembre, raconte le l'ait suivant : « Depuis longtemps, une

pauvre folle, de Plévonon, atteinte de la manie de la propriété,

prétend que la moitié de la commune lui appartient. Elle se rend

fréquemment chez le maire et chez le notaire elles importune

de ses réclamations. Cette déséquilibrée, la nommée Chrétien,

possède quelques ressources qui lui permettraient de payer sa

pension dans un asile d'aliénés. On est unanime dans le pays

pour réclamer son internement. . Si elle ne possédait rien, on

ne parlerait pas probablement de son internement et cependant

l'urgence n'en existerait pas moins.

Les aliénés EN LIBERTÉ

La folie. - Un charretier, i\1. Charles Batours, âgé de quarante-

neuf ans, demeurant rue des Haies, présentait depuis quelques

mois des signes évidents de dérangement cérébral. Il prétendait

que safemme avait une « mine d'or dans le ventre ». Obsédé

par cette idée fixe, s'en allait, annonçant àses amis etaux com-

merçants du quartier la bonne nouvelle ; il allait être riche,quelle

joie ' ? '

Hier, pendant le déjeuner, il tracassa son épouse, puis après

s'être montré plus aimable que d'habitude, il saisit un couteau

sur la table et s'écria : Je vais t'ouvriiie ventre ? cette opération

est indispensable ? Sa femme poussa des cris qui attirèrent

les voisins, mais le charretier les regarda étrangement et dit :

Je trouve cela naturel.

Ce ne fut pas l'avis des locataires qui prévinrent : \1. Deslandes,

commissaire de police du quartier de Charonne. Le magistral a

fait conduire le fou à l'infirmerie spéciale du Dépôt.

Folie mystique. - Après un songe, un tailleur hindou se coupe

la langue devant l'image d'une divinité. Un télégraphie de Cawn-

pore (Bengale) : « Un tailleur hindou a payé un lourd tribut à sa

foi en les rêves. « Dans un songe, la déesse Papjshurri Davi lui

apparutet lui demanda sa langue. Lorsqu'il s'éveilla, il alla dans

le temple et, devant l'image de la divinité, il lira énormément sa

langue et la coupa. Les médecins de l'hôpital, où il a été trans-

porté, ne répondent pas de sa vie. » (Le Journal », 3 sept. 190ti.)

Après avoir blessé trois personnes il coups (le couteau, un foie

est tué par l'une d'elks, PERPIGNAN, 2 septembre. (Par dépê-

VARIA 413

clic de notre correspondant particulier.) -A Elne,près de Perpi-

gnan, un chemineau nommé Frances Auguste, trente-cinq ans,

pris d'un accès de folie, pénétrait dans le domicile d'un journa-

lier, Jean Malis, blessait de trois coups de couteau la femme de ce

dernier, et frappaiL d'un coup de la même arme un voisin, Dadies,

Pierre, qui venait au secours de la victime. Un conseiller muni-

cipal, II.Craul>y, Victor, charpentier, qui passait, voulut désarmer r-

le fou, mais ce dernier le blessa d'un coup de couteau. M.

(;rauby prit alors une longue vrille et en porta un coup au sein n

droit de Frances, (lui fut tué instantanément. L'état des trois bles-

sésest grave. (« l.eJournal » ? sept. 1906.) /

Une Descente de Justice.

A la Ronce, en notre commune, habitaient les époux Chény, le

mari, âgé de 48 ans, et la femme, né Guédet, Clémentine, âgée

de 60 ans. Celle-ci était faible d'esprit mais elle avait possédé

quelques milliers de francs, et, sans hésiler,Chény l'avait épousée

malgré leur différence d'âge. Ils s'étaient ensuite installés dans

un petit bordage, mais en peu de temps, le pécule apporté par la

femme avait disparu, et Chény avait dû reprendre son métier de

journalier. Il ne revenait plus que de temps à autre chez sa fem-

me. et parfois, disait-il, il lui administrait des corrections ? pater-

nelles.

La femme Chény d'ailleurs, que sa faiblesse d'esprit avait, de-

puis longtemps, rendu le jouet des gamins et des mauvais plai-

sants, s'étaitaigrieet étaildevenue insupportable. Un jour du mois

de septembre, comme elle allait à la Ctoix-Marcé pour y faire une

commission, elle passa sur un chemin en construction où travail-

lait six ou sept ouvriers. Elle fut interpellée parla femme de l'un

d'eux,le sieur Richard. Des mots on en vint aux mains et la fem-

me Richard qui est jeune et agile sauta sur la femme Chény, lui

releva sesjupes etlui mit toutle bas du corps à découvert, puis

elle lui donna le fouet en présence de tous les ouvriers.

La femme Chény, s'étant relevée après celle scène, alla à la

Croix-Marcé faire ses achats puis elle revint par le même che-

min. Richard était là. La femme Chény s'attaqua à lui disant

que sa fille allait avoir un enfant. Richard lui envoya aussitôt un

coup de pied dans le bas du dos avec une violence telle que les

ouvriers crurent qu'il avait frappé avec un marteau. La femme

Chény tomba à terre, puis elle se releva difficilement et rentra

chez elle.

Quatre ou cinq jours après, comme elle se traînait chez sa voi-

sine, Mme Chauvin, elle lui lit voir 1 endroit où le coup avait

porté, Mme Chauvin remarqua au-dessus des fesses du côté

droit, une contusion large de vingt centimètres, noire comme du

charbon. La femme Chény pouvait à peine se redresser. Ses voi-

414 VARIA.

sins firent prévenir son mari, qui revint à la maison et le 26 oc-

tobre, sa femme lui raconta dans quelles circonstances elle avait

été frappée par Richard. Chény manda immédiatement M.le doc-

teur Rocheron, de Vibraye, qui purgea la blessée et lui ordonna

une potion. Mais la maladie empira et la femme Chény rendit le

dernier soupir. C'est le 3 nov. que la gendarmerie de Vibraye fut

prévenue par Chény que sa femme était décédée à la suite des

coups qu'elle avait reçus desépoux Richard. Le 5 novembre, les

gendarmes se rendaient à Lavaré et entendaient les témoins de

la scène décrite plus haut. Lelendemain, ils prévenaient le Par-

quet de Saint- Calais. ,

Le 7 novembre, en conséquence, arrivaient à Lavaré M. Lecoulie

procureur de la République, M. Jamin, juge (l'instruction et son

greffier, lI. Larrier. Un médecin légiste, lI. Guitton, procédai ! à

l'autopsie de la femme Chény dont le corps avait été déposé dans

un hangar, près du cimetière. Toute la population de Lavaré se

pressait aux environs, et bientôt le bruit se répandait quo le mé-

decin avait déclaré que la femme Chény était réellement morte

des coups qui lui avait portés Richard. Le juge d'instruction, pen-

(tant ce temps, en tendait des témoins. Il avait interrogé Richard et

sa femme et, finalement, il a mis le premier en état d'arrestation

laissant en liberté la seconde qui estmère de trois enfants. Richard

est âgé de 40 ans, sa femme, Morencé. Ursule, en a 36. Au mo-

ment où les magistrats quittaient Lavaré, celle-ci parlant de l'ar-

restation de son mari disait : « )Ion mari ne peut-être puni, car

« elle emm ? tout le monde, et c'est sonhomme qui lui f ? le

« plus de coups» »

La descendance D'UN alcoolique.

On annonce de Londres que la commission des asiles d'aliénés

du Lancashire ayant constaté l'accroissement constant dn nom-

bre des laibles d'esprit et l'hérédité de leur mal, a émis hier un

voeu en faveur d'une intervention de la loi pour empêcher les fils

de fous de se marier et de propager ainsi leur folie.

La commission a rappelé à l'appui de son voeu les résultats

d'une enquête faite aux Etats-Unis,qui établit que, d'un dégénéré

alcoolique né là-bas en 1720, il est issu douze cents descendants

dont la plupart ont dû être internés dans des asiles d'aliénés ou

emprisonnés comme criminels et dont l'entretien a coûté à l'Etat

un million et demi de dollars, soit sept millions cinq cent mille

francs. (Le l'élit Var, 6 septembre ! \JOli),

Aliéné incendiaire.

Dans la nuit du 4 au 5 septembre, vers deux heures et demie

du matin, l'alarme était donnée dans la commune de lireuil-le-

ver (Oise). Le feu venait de se déclarer à deux meules l'une de

FAITS DIVERS. 415

gerbes, l'autre de paille. Elles furent toutes les deux détruites. 11

a été facile de connaître les causes de ce sinistre. Au pied d'une

meule et avant qu'elle ne soit complètement enflammée on a

trouvé une enveloppe à l'adresse d'un nommé Caudry(Auguste),

dit Minadoux, interné à l'asile d'aliénés.

Au dos était écrite au crayon une prose incohérente. L'auteur

écrivait que plusieurs personnages, plus ou moins imaginaires,

le forçaient à mettre le feu pour venger ses enfants victimes de

nous ne savons qu'elle persécution. Il terminait en demandant

pardon au propriétaire des meules. Le papier était signé Baudry.

L'incendiaire s'était évadé mardi matin de l'asile. Dans l'après-

midi il était monté au sommet d'une de ces meules, y avait fait

un trou où il s'était couché aprèss'êlredéshabillé. Un domestique

de M. Feutry l'avait surpris dans celle position mais s'était borné

aie chasser. (Semeur de l'Oise, S septembre 1906.)

Terrible scène DE FOLIE.

Il s'est déroulé à la gare centrale du chemin de fer de Milan

une scène terrible. Un jeune homme des Romagnes, âgé de 27

ans, nommé Rossi, voulait partir par le train de 1 h. 40 ; on lui

lit remarquer que son billet il venait de Chiasso ne lui en

donnait pas le droit. Pris tout à coup de folie furieuse, il tira de

sa poche un grand couteau et se mit à frapper au hasard autour

de lui. Six personnes furent ainsi frappées : un inspecteur des

chemins de fer, un médecin militaire, un colonel d'artillerie, un

cordonnier, un manoeuvre et un brigadier de gendarmerie. L'ins-

pecteur des chemins de fer a eu le coeur traversé et est mort sur

le coup.

FAITS DIVERS

Asiles D'ALIIi : N8S.- Jlouvement d'octobre. M. le Dr 1)ester-

TE, médecin-adjoint à Evreux, nommé directeur médecin de \au-

eat (Ilaute-Viennel, en remplacement de M. le Dr Brocquère,

mis en disponibilité.. M. le Dr GossA, médecin-adjoint promu au

grade de médecin enclef et maintenu dans les fonctions de mé-

decin inspecteur du service des aliénés des Alpes-Maritimes. M.

le U ? TIELINE, médecin- adjoint à la colonie familiale de Dun-

sur-Auron, Cher, promu à la classe exceptionnelle du cadre.

Distinction honorifique. Lettre de félicitations pour acte de

courage et de dévouement : M. Fortias, employé à l'asile d'aliénés

de Montdeveergnes (Vaucluse.)

Découverte d'un cadavre. Saint-Denis. - On a découvert

dans les cabinets d'aisances de l'hospice de Saint-Denis, le ca-

davre d'un vieillard àgé de 73 uns, Antoine Colomb, mort depuis

416 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

plusieurs jours. On le croyait disparu de l'hospice. On suppose

que le vieillard, qui ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales,

se sera enfermé par mégarde et sera mort d'inanition. (L'Aurore,

25 juin 1906.)

Triste accident. - L'autre soir, à .'IIanlilly, Louis Lelandais,

30 ans, qui a l'esprit faible, disparaissait de chez son père avec

son fusil. On se mit à sa recherche, mais en vain. Vers minuit,

on entendit une détonation et aussitôt Louis Lelandais rentra, 11

avait le visage mutilé ; la partie inférieure de la mâchoire, la

bouche et le nez étaient enlevés ; les chairs et la peau déchique-

tées pendaienten lambeauxjusque sur la poitrine ; les yeux seuls

étaient intacts. Il est peu probable que ce malheureux puisse

survivre à ses blessures On ignore comment ce malheur est

arrivé (Bonhomme normand, 22 juin).

La moralité DE l'enfant. Un petit garçon de dix ans attein t

d'orchite blennorrhagique, dans le Maine-et-Loire, une petite

tille de douze et demi qui vient d'accoucher à Dlarscille, voilà les

occupations qui ont retenu deux écoliers pendant les vacances

(Joum. des Sciences médic. de Lille). La surveillance des en-

fants n'est, certes, pas commode pour certaines familles où le

père et la mère sont retenus loin du logis pendant toute la jour-

née, et il n'est pas rare de voir des enfants abandonnés à eux-

mêmes depuis le réveil jusqu'à une heure avancée de la soirée,

libres dans la maison et dans la rue, sous le contrôle et la sur-

veillance peu efficace des voisins ou des commerçants. Il serait

à souhaiter que les colonies de vacances puissent recueillir du-

rant ces moisde véritable vagabondage les enfanlsrestéssanssur-

veillance. Bien nourris et soumis au contrôle régulier du méde-

cin, ils ne pourraient que gagner à ce slage en campagne. On

éviterait ainsi les liaisons entre garçons et tilles vicieuses, les in-

fections vénériennes et les puerpéralités précoces. B. il.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

BniTO Bllfouii Roxo (IL). Moleslias Menées e Nervosas.

1 vol. grand in-8. de 310 pages. Rio de Janeiro.

FOllEt, (A). L'aine et le système nerveux. 1 vol. in-8" de 340

pages. Steinheil, éditeur, 2, rue Casimir-Delavigne.. Prix : 5 fr.

G.\I1.¡>;II : I1.. - Rapport médical sur l'asile départemental des alié-

nés de Dijon. Brochure de 70 pages. Sirodot à Dijon.

Goweus (R Bordeland ot Epilepsy : vertigo. Brochure de

22 liages. London

Goweus. A Lecture on Dendri61s and disease. Brochure de 13

Itages. London.

Le rédacteur-gérant : Bourneville.

Clcrmont (Oise). - Imprimerie Daix trères et T luron.

Vol. XXII. Décembre 1906. No 13;2

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

PHYSIOLOGIE

4;ânâlysénathématique des courbes de fatigue

comme procédé de diagnostic dans les

maladies nerveuses ;

Par Mlle le D' I. IOTEYKO

Chef des travaux au laboratoire de psycho-physiologie

de l'Université do Bruxelles,

Présidente du premier Congrès belge de Neurologie el de

Psychiatrie,

Présidente de la Société belge de Neurologie.

L'étude des courbes orographiques n'a révélé,jusqu à

présent, rien de bien particulier sur les maladies nerveu-

ses et mentales, à part quelques caractéristiques telles

que tremblements, irrégularités, arrêts, etc. On peut

dire que l'ergographe n'a servi jusqu'à ce jour que comme

mensurateur de la force. C était donc une espèce de dy-

namomètre, plus perfectionné que le dynamomètre ellip-

tique, mais en revanche d'un maniement plus difficile.

Cela explique, me semble-t il, pourquoi, en clinique, on

a si rarement recours à l'ergographe, et, quand il s'agit

de la mesure de la force, on revient toujours à l'ancien

dynamomètre.

Pour que l'usage de l'ergographe puisse se répandre

en neuro-pathologie, il faudrait que cet instrument

nous renseignât non seulement sur l'état de la force,

mais aussi sur le siège de la lésion ; en un mol, il fau-

drait qu'il puisse nous fournir quelques éléments de dia-

gnostic. Or, quand il s'agit de diagnostic, la clinique ne

rcculepas devant un examen minutieux et délicat,comme

le prouvent les différentes explorations médicales, telles

Ancutm : 2' séria, IOC6, t. XXII. 27

41S PSYCHOLOGIE.

que l'électro-diagnostic, la ponction lombaire, l'examen

histologique des fibres musculaires sur le vivant, l'cxa-

men du sang, etc., etc., et finalement l'examen microsco-

pique des pièces anatomiques.

Dans cette communication, mon intention est de vous

parler de l'ergographie appliquée au diagnostic des ma-

ladies nerveuses ; autrement dit, j'ai à vous entretenir

des révélations que peut nous fournir l'ergographe, non

seulement quant à la source de travail mécanique, mais

aussi quant à la nature de cette force.

/ La réponse à cette question parait tout d'abord très

difficile, car on est encore dans le doute quant à l'inter-

prétation de la courbe ergographiquo normale. Quels en

sont les facteurs ? Quels sont les phénomènes physiolo-

giques, multiples et compliqués, qui se combinent entre

eux pour produire l'état de fatigue ? La fatigue physio-

logique est-elle d'origine centrale ou périphérique ? 2

J Ce sont là des questions que j'ai abordées expérimen-

talement depuis bientôt dix ans. et le résumé s'en trouve

dans mon article Fatigue du dictionnaire de physiologie

de Ch. Richet.

Mais ce qui ne se trouve pas dans cet article, ce sont

mes dernières recherches entreprises depuis trois ans et

relatives à l'analyse mathématique des courbes de fati-

gue et aux conséquences physiologiques d'une telle étude.

Ces recherches se trouvent exposées dans un volume :

Les lois de l'ergographie (1l10, 172 p., chez Lamertin à

Bruxelles, chez Maloine à Paris).

Actuellement.,je désire pousser la question encore plus

loin et vous dire quelles peuvent être les applications de

cette étude au diagnostic des maladies. Cette communi-

cation n'est que préliminaire, c'est à-dire que la partie

physiologique du travail étant étudiée à fond, la partie

pathologique n'en est qu'une esquisse, dont le but est

d'initier les médecins a ces méthodes de recherches et de

les encourager à faire quelques essais dans cette nouvelle

direction.

Il est clair que, seules, les méthodes mathématiques z

peuvent fournir l'interprétation des courbes ergographi-

ques, en nous donnant la clé de toute l'ergographie,aussi

bien normale que pathologique.

L'ANALLSE MATHÉMATIQUE 1·L : S COURBES DE FATIGUE. 419

Disons tout de suite que les méthodes mathématiques

peuvent être appliquées aux sciences expérimentales

dans deux cas bien distincts. Si nous avions une connais-

sance approfondie de tous les éléments qui déterminent

le mouvement en fonction du temps, nous pourrions éta-

blir une loi mathématique théorique de l'effort et de la

fatigue. Mais nos connaissances actuelles ne nous per-

mettent pas encore de poser une équation théorique de

l'effort. Or, à défaut d'une équation théorique, on peut

poser une équation empirique, qui est l'expression la plus

rigoureuse des faits trouvés expérimentalement. Onpcut

demander aux mathématiques leur aide afin de débrouil-

ler les éléments qui apparaissent confus dans une courbe.

Autrement dit, l'interprétation physiologique des para-

mètres (ou constantes) d'une courbe permet de la décom-

poser en ses facteurs constituants. Grâce à la collabora-

tion mathématique de M. Ch. Henry, de la Sorbonne,

l'équation empirique de la courbe de fatigue a pu être

trouvée (1).

La courbe ergographique (Fi;. 221 est une parabole de

3° degré dont l'équation estrj &#x7F2D; H - at 3 ? but2- et.

7) étant la hauteur de n'importe quelle contraction,

H, l'effort maximum initial (en millimètres), t, temps

(unité de temps = 2 secondes, les contractions se faisant

d'habitude à ce rythme), a, b, c, des constantes ou para-

mètres. Cette loi mathématique peut être exprimée de la

façon suivante en langage physiologique : la courbe er-

gographique se trouve à chaque instant sous l'influence

de trois facteurs (les constantes ou paramètres) agissant

pour leur propre compte. Parmi les constantes, b est

positive, c'est-à-dire qu'elle élèverait la courbe ergogra-

phique suivant le carré du temps (-(- but2) si elle agissait

seule. Les deux autres constantes sont négatives ; la

constante c, dans le cas où elle agirait seule, tendrait à

faire abaisser la courbe proportionnellement au temps

et) : et la constante a agissant seule, tendrait à faire

abaisser la courbe suivant le cube du temps ( at : IL

(1) Dans toutes ces expériences j ni employé constamment l'er-

gographe de Mosso. qui. malgré ses imperfections, est bien snpe-

rieur aux autres modèles d'ergograpneh qu'on a proposés dans ces

derniers temps.

1 ? ps\'cHotOG1E.

Comme elles agissent toutes à la fois, et d'une façon cons-

tante d'un bout à l'autre de la courbe, celle-ci est le ré-

sultat de l'action combinée de ces trois facteurs (para-

mètres ou constantes).

Les constantes ou paramètres peuvent être reliés à des

caractéristiques physiologiques. Dans mon volume déjà

cité, j'ai accumulé de nombreuses preuves qui montrent

FIG.22,

avec toute certitude que le paramètre positif b est dû à

l'action des centres nerveux, dont l'effort grandit au

cours du travail ergographique pour lutter contre la pa-

ralysie du muscle. La constante négative a est attribuée

à l'usure des albuminoïdes et à l'intoxication du muscle

par les toxines musculaires issues de la décomposition

des matières albuminoïdes.

Les paramètres ont respectivement la même valeur

L ? unLYSE MATHÉMATIQUE DES COURBES DE FATIGUE. 121

dans des courbes identiques graphiquement. Mais la va-

leur des paramètres (exprimables par des nombres)

change avec toute modification dansla forme de la courbe.

Il en résulte qu'en changeant les conditions expérimen-

tales, on change la forme de la courbe et,en même temps,

la valeur des paramètres.Voici le résumé très succinct des *

expériences que j'ai instituées à ce sujet, expériences qui

avaient pour but de vérifier la signification attribuée aux

paramètres. Les données recueillies ont pu être utilisées

après comme méthode nouvelle de recherches.

Les expériences avec l'alcool ont été instituées princi-

palement dans le but de vérifier la signification attribuée

à la constante positive b, car l'on sait que l'alcool à peti-

tes doses exerce une action excitante sur les centres ner-

veux. Sous l'influence de petites doses d'alcool (20 à 30

gr. d'alcool à 50°), le travail mécanique est considéra-

blement accru. La courbe alcoolique change de forme,en

s'allongeant considérablement. Le calcul des paramètres

des courbes modifiées par l'alcool a montré une aug-

mentation du paramètre b et une diminution du para-

mètres.

L'augmentation de b sous l'influence de l'alcool con-

firme la signification physiologique attribuée à ce para-

mètre, qui traduit l'action excitante des centres nerveux

à l'égard du muscle.

La diminution de a montre que 1 intoxication produite

par le travail musculaire est beaucoup moins forte quand

le sujet a pris de l'alcool en petite quantité que quand il

n'en a pas pris. Comment expliquer la diminution de

toxines dans le muscle légèrement alcoolisé ? Une seule

explication me paraît possible, et elle est conforme aux

données physiologiques récemment établies quant à l'ac-

tion de l'alcool. A côté des effets excitants qu'il produit

sur le système nerveux et qui le font ranger parmi les

poisons redoutables quand il est pris en excès, l'alcool

est un aliment. Si l'alcool est un aliment, il fournit au

muscle qui travailler cle nouveaux matériaux ternaires,

facilement assimilables, ce qui permet au muscle de con- - - ~

tinuer encore le travail sans la nécessité d'attaquer les -

matériaux albuminoïdes contenus en lui. Or, si la dé-

pense d'albuminoïdes est diminuée grâce à l'alcool, les

1 ? 2 PSYCHOLOGIE.

toxines doivent nécessairement diminuer dans la même

mesure. C'est ainsi qu'on arriverait à s'expliquer le rôle

d'élément d'épargne, d'antiJéperc11teur accordé souvent

à l'alcool : il épargnerait les matériaux albuminoïdes en

fournissant aux~muscles un produit ternaire rapidement

combustible et pouvant être utilisé instantanément.

Comment se comporte le sucre, qui est un aliment par

excellence, mais qui n'est pas un excitant Ici se place le

travail de Mlle Kipiani qui a fait dans mon laboratoire

une étude complète de l'ergographie du sucre.(1;.

Le calcul des paramètres des courbes modifiées par

l'ingestion de sucre a montré une diminution des para-

mètres a, b et c, et une augmentation de //par rapport

à l'état d'inanition,dans lequel ont été prises les courbes

témoins. La diminution de c montre que la perte de

puissance due à la consommation des hydrates de car-

bone est diminuée, ce qui est en rapport avec avec l'ac-

tion alimentaire du sucre. La diminution de a montre

que les toxines sont en quantité moindre. Enfin, le

paramètre b non seulement n'augmente pas comme avec

l'alcool, mais il diminue dans la courbe-glucose compa-

rativement l'état d'inanition,ce dernier s'accompagnant

d'excitation cérébrale. Le travail mécanique est consi-

dérablement augmenté apiws I îpgcstion de sucre. Le ré-

sultat est donc absolument tel que le raisonnement

l'avait prévu.

Les expérience faites avec l'anémie du bras ont montré , i

une diminution très notable du travail mécanique avec di-

minution de la hauteur moyenne. Quant aux paramètres,

a (toxines) est considérablement augmenté, les substan-

ces toxiques produites par le travail restant sur place ;

b (action des centres) est augmenté, ce qui s'explique

par la nécessité, pour les centres nerveux, d'envoyer des

excitations plus fortes quand l'inertie dans les muscles

anémiés augmente ; c est considérablement augmenté, ce

qui indique que la quantité disponible d'hydrate de car-

bone est vite épuisée ; H ou hauteur de la contraction

maximale diminue.

.

(I) ? Ktpnxi. Krgographic du sucre, Bruxelles, 1905. 38

pages.

L'ANALYSE MATHÉMATIQUE DES COURBES 1) ? FATIGUE. 423

Sous l'influence delà caféine, nous voyons augmenter

tous les paramètres. L'augmentation de c et de a montre

que la caféine produit une décomposition plus considéra-

ble de la matière. L'explication du mécanisme de cette

action est donnée par l'augmentation de b. On est con-

duit à admettre une action excitante de la caféine sur les

centres nerveux, et c'est par l'intermédiaire des centres

nerveux que se produit l'action excitante sur le muscle.

Il paraît donc certain que la caféine ne peut être considé-

rée comme un aliment ; elle n'épargne pas les albumi-

noïdes, comme le font le sucre et l'alcool, qui diminuent

les toxines. J'arrive ainsi à confirmer l'opinion de Pari-

sot, qui considère la caféine non comme un aliment,mais

comme un excitant drl sy st1mTë~nëï vëlrxTlpèrrnettant rû>

tilisation des réserves de l'organisme.

En dernier lieu,j'ai utilisé les données recueillies grâce

aux paramètres pour l'étude de l'accumulation de fa-

tigue ou fatigue rémanente .Ces recherches avaient pour

but de vérifier ma théorie du siège périphérique de la fa-

tigue. Le sujet en expérience fournit une série de cour-

bes ergographiqucs avec un intervalle de temps insuf-

fisant pour obtenir la réparation complète. Nous avons

donc des effets d'accumulation de fatigue d'une courbe à

l'autre. Le travail mécanique diminue progressivement.

L'examen des paramètres a montré que, dans l'accumu-

lation de fatigue, H diminue, a augmente et b augmente ;

c augmente chez certaines personnes et diminue chez

d'autres.

L'accumulation de fatigue chez les personnes normales

csrdônc musculaire et tièntprincipalement à l'intoaica

11Õn-parIëS déchets de la nutrition. Quant aux centres

"nerveux ""non seulement ils ne présentent aucune fatigue,

mais leur excitabilité augmente pour lutter plus effica-

cacement entre l'inertie grandissante du muscle.

Après cet exposé, qui peut-être paraîtra bien long, j'ai

peu de chose à dire relativement à l'exploration patho-

logique. Elle découle toute entière des données recueil-

lies sur les courbes normales. Nous venons de voir que

le calcul des paramètres permet de dire si une action est

périphérique ou centrale, il permet donc de diagnosti-

quer le siège des modifications produites.

421 1 PSYCHOLOGIE.

Un vaste champ d'études s'ouvre donc en clinique.

L'examen des paramètres des courbes des neurasthéni-

ques décidera définitivement si leur affection a son ori-

gine dans le système nerveux ou dans les muscles. Dans

les différentes paralysies, médullaires, cérébrales ou pé-

riphériques, l'examen des paramètres des courbes (sur-

tout si le côté sain pourra être comparé au côté malade)

permettra de diagnostiquer le siège de la maladie. Lier-

- godiagnostic pourra être appliqué au même titre due l'c.

lectrodiagnostic ..

Cette étude promet d'être d'autant plus intéressante

que Patrizi a décrit un ergographe crural, destiné au

membre inférieur et imaginé spécialement pour les ex-

plorations de neuro-pathologie. Le même auteur a décrit

aussi un ergographe pour les muscles respiratoires. Il

est à prévoir que la nature des affections telles que la tu-

berculose, l'asthme, et beaucoup d'autres névroses res-

piratoires,pourra être élucidée par l'analyse mathémati-

que des courbes respectives.

En terminant je tiens à remarquer que l'emploi de ces

procédés mathématiques n exige nullement des méde-

cins les qualités de mathématiciens. Un calcul relati-

vement très simple, accompli par un spécialiste, suffit

pleinement pour résoudre le problème. Le rôle du méde-

cin est de recueillir les courbes dans les meilleures con-

ditions possibles. La grande difficulté mathématique

consistait à trouver l'équation ; mais ce problème une

fois résolu, il n'y a qu'à suivre une formule très simple

pour calculer les paramètres. J'engage chaleureusement

mes confrères à l'aire quelques essais dans cette voie. Ils

trouveront tous les détails de la méthode dans le volume

déjà cité (1). D'ailleurs je me mets pleinement à leur dis-

position pour leur envoyer tous les renseignements né-

cessaires.

(1) I. IoteykO. Les luis de l'ergographie,172 p. avec nombreuses

figures, 190d.A Bruxelles chez Lamertin, Paris chez Ialoiiie.

CLI : \IQUE MENTALE

Imbécillité prononcée congénitale

(Type mongolien)

TrtAITI : \I7 : T TH1 R011111 : N

Par nOU"1"XE\'[LLE el Maurice ROYKIÎ.

Au Congrès de Rennes (1905), nous avons tracé un paral-

lèle entre le myxoedème et le mongolisme, que nous avons

complété, il propos de la publication d'une observat'on de

mongolisme (1). Aujourd'hui (') nous avons encore signalé

quelques différences entre les deux maladies et pour parfaire

notre oeuvre, nous allons vous communiquer une nouvelle

observation de mongolisme illustrée, commes les précédeii -

tes (3), accompagnée d'une autopsie complète, de planches

représentant l'un des hémisphères cérébraux et enfin d'un

examen histologiste dû à M. le Dr ITALO Rossi. L'une des

particularités de cette observation consiste en ce que nous

avons pu instituer ici le traitement thyroïdien à sept reprises

différentes.

Sommaire : Père, rien de particulier.- Tante paternelle, zé-

zaiement. Mère, céphalalgies. Grand-père maternel,

quelques excès de boisson.- Grand-oncle maternel, aliéné.-

Tante, morte de méningite. Soeur, morte de tuberculose.

Pas de consanguinité. -- Inégalité d'âge de 6 ans (père

plus âgé).

La malade : conception, rien. -Grossesse : violente émo-

tion au se mois, suivie d'accouchement (à 8 mois et une se-

maine ? 9sphyxie à la naissance, avec persistance de trois

semaines. - Petites convulsions de six mois à un an, puis

strabisme. -Préhension à 3 ans seulement. - Propre à 7

ans. - Rougeole à 5 ans. - Mongolisme. - Traitement thy-

roidien : bons résultats. Tuberculose généralisée : mort.

Autopsie : tumeur cérébrale ; - tuberculose généralisée.

Cotl ? (Augustine-Emilie), née à Saint-Christophe du Jam-

(1) Revue d'hygiène et de médecine infantile, 190d, no G.

(2) Celle observation note communiquée au Congrès de Lille im-

Iu ? li"tell1elll après l'exposé du Parallèle en queslion.

426 CLINIQUE MENTALE

bel (Sarthe), le 22 mai 1889 ; entrée à la Fondation Vallée

le 4 janvier 1899 ; décodée le 8 juillet 1906.

Histoire de la famille et de la malade.

(Renseignements fournis par la mère le 20 janvier 1899, el

le 25 juin 1902).

Antécédents héréditaires. - Père : mort à 33 ans,

tué dans un accident de chemin de fer. On ne relève aucune

trace de maladie dans son enfance, ni dans l'adolescence ;

pas de fièvres éruptives, pas de rhumatismes, pas de mi-

graines, pas de syphilis. C'était un homme très sobre, de

caractère très doux, de conduite irréprochable ; était ori-

ginaire de l'arrondissement de MonLfort (Ille-eL-Vilaine).

S'était marié à 25 ans.

Son père, mort à 73 ans de vieillesse, s'était toujours

très bien porté. Sa mère est morte lorsqu'il avait 7, ans,

après une courte maladie. Aucun renseignement sur les

grands-parents, les oncles et tantes.

Une soeur mariée qui a cc 3 ou 4 » enfants, sur la santé des-

quels on a pas de renseignements. Cette soeur est atteinte

de zézaiement. Le reste de la famille est absolument in-

connu.

Mère : 32 ans, garde-barrière, s'est toujours bien portée.

N'a pas eu de convulsions dans l'enfance ; pas de rhuma-

tismes, pas de fièvres éruptives, pas de syphilis ; quelques

maux de tête assez fréquents, sans pourtant présenter de

caractère migraineux. Tempérament calme.

[Père : 56 ans, cordonnier, toujours bien portant, « boit

un peu, mais ne s'enivre pas souvent ». - Mère : 56 ans, en

bonne santé. Pas de renseignements sur les grands-

parents paternels et le grand-père maternel ; la grand-mère

maternelle est morte « d'usure », à 87 ans. Un oncle pa-

ternel aurait pris un médicament pour ne pas faire de ser-

vice militaire; à la suite de cette médication il serait devenu

fou et fut enfermé à l'asile de Saint-lIcen,où il est mort. Un

second oncle paternel, âgé de 58 ans, bien portant ; marié,

un seul enfant (garçon) de 23 ans. Pas de renseignements

sur les tantes paternelles, ni sur les oncles et tantes mater-

nels, si ce n'est qu'une tante maternelle est morte à 13 ans

« on ne sait de quoi ». Trois frères : l'un mort en nais-

sant ; un autre, mort à 13 mois, avait la gourme ; le troi-

sième mort de fièvre typhoïde à 7 ans. Trois soeurs : l'aî-

née, 31 ans, mariée, a deux enfants bien portants, qui n'ont

pas eu de convulsions ; la seconde 21 ans, se porte bien, n'a

IMBHOLH1K PRONONCÉE CONGÉNITALE. 427

pas eu de convulsions dans l'enfance mais est cependant

très nerveuse ; la troisième morte à 7 ans de méningite,

n'avait pas eu de convulsions.-Dans le reste de la famille,

on ne note aucune anomalie congénitale physique, intel-

lectuelle et pas de maladies nerveuses]. J.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge : 6 ans (père plus

âgé.

Cinq enfants : pas de fausses couches. Le premier est

un garcon de 12 ans, en bonne santé, n'a pas eu de convul-

sions ; le deuxième mort en naissant ; la troisième notre ma-

lade ; la quatrième, fille de 8 ans, bien portante, pas de con-

vulsions ; la cinquième morte d'une pneumonie tubercu-

leuse à l'âge de 4 ans 1/2.

La malade. Conception, rien de particulier. Gros-

sesse : Les règles se seraient montrées 3 fois, au cours de la

grossesse de telle sorte que la mère ne se croyait pas en-

ceinte. Celle-ci ne peut founir aucun renseignement sur les

mouvements du foetus. Quelques vomissements peu abon-

dants. Au neuvième mois, trois semaines avant le terme,

la mère, qui fermait une barrière a eu une peur atroce ; elle

fut surprise par un train dont elle n'était pas avertie, elle

crut qu'un de ses enfants était sur la voie et eut « une peur

bleue ». Aussitôt elle ressentit dans le ventre « une forte

commotion comme une déchirure », et dans la nuit elle ac-

coucha.

Accouchement naturel.- A la naissance l'enfant cria tout

de suite, cependant elle était bleue et serait devenue

encore plus bleue deux heures après l'accouchement, elle

resta ainsi pendant trois semaines, puis la cyanose passa.

L'enfant était beaucoup plus petite que ses frères et seeuis

et pesait 3 à 4 livres.

Allaitement : nourrie au sein pendant 4 mois, prise régu-

lière, puis nourrie au biberon avec du lait de vache, la mère

élan ! devenue de nouveau enceinte. Le retour des -règles

s'était effectué un mois après la naissance, ce qui avait déjà

eu lieu pour les accouchements antérieurs ; et les règles n'ont

point cessé pendant l'allaitement. Durant ces premiers

mois l'enfant a toujours été très constipée ; jusqu'à l'âge de

5 à 6 mois, elle dormait presque toujours, et cela depuis la

naissance, à un tel point qu'on était obligé de la réveiller pour

l'allaiter. Jamais l'enfant ne pleurait.

A 6 mois, elle fut prise de petites crises quotidiennes, dans

lesquelles elle se raidissait et devenait foute bleue, mais elle

revenait vite, à la suite de quelques claques sur le siège, ou

de balancement en l'air,moyens préconisés par le médecin.

- i'28 CLI 1\ 1 QI"I : ME1-o'I ALE

A cette époque l'enfant commença à présenter du sira-

bisme ; « ses yeux tournaient tout le temps ». Le strabisme

est resté sensiblement stationnaire de l'âge de six mois à

un an. « Elle n'a jamais été, dit la mère, comme les autres

enfants ». Elle s'est développée assez régulièrement jus-

qu'à l'âge de 3 ans, mais de 3 à 9 ans. elle a à peine grandi ;

EST RESTÉE 3 ANS « SANS GRANDIR D'UN POUCE ».

Pas de renseignements sur la première dent, ni sur la den- ? on complète ; Début de la marche vers la troisième

année, en même temps que l'enfant commence à se servir

de cuiller et de fourchette. Prononce alors quelques mots

d'une façon assez défectueuse. Ne devient propre qu'à l'âge

de 7 ans. Vers la cinquième année on l'envoie à l'école mais

elle n'a rien pu y apprendre, et on la renvoie parce qu'elle

était sale. A cette époque, l'enfant n'a aucune espèce de

notion du danger, un jour la mère la trouve dans un ba-

quet rempli d'eau ; un autre jour elle tombe dans le feu, se

fait une brûlure superficielle qui ne laisse pas de cicatrice.

Elle n'a pas eu la coqueluche, ni le croup, ni la fièvre

typhoïde. Pas de croûtes dans les cheveux, pas d'otite, pas

d'angine ; rougeole à 5 ans. De plus, ses yeux étaient tou.

jours rouges il fallait les « décoller chaque matin u. Etait

très sujette aux rhumes.

Caractère : l'enfant est caressante avec sa mère, ses frères

et soeurs,elle aime à être caressée. Elle n'aime pas à faire du

mal.

Instincts non pervertis ; pas d'onanisme ; aurait été un peu

gourmande.

État actuel (Janvier 1895). Physionomie : Expres-

sion d'hébétude complète encore accrue par ses tics et son

regard. L'enfant est très myope et chaque fois qu'elle fixe un

objet, son sourciller et ses orbiculaires se contractent éner-

giquement ; de plus, des contractures de l'orbicul<tire des

lèvres et des muscles de la joue contribuent à donner à sa

physionomie un air de profonde hébétude.

Tête arrondie ; taches de vitiligo sur le cuir chevelu ; bos-

ses frontales symétriques, peu proéminentes ; fontanelles

fermées. Face allongée, racine du nez un peu enfoncée d'où

une courbe marquée à concavité antérieure du dos du nez ;

arcades sourcilières normales ; pas de blépharite ciliaire

actuelle. Dès qu'il fait froid elle a encore le bord des pau-

pières rouges.

Orbites bien développés, symétriques. Yeux mo-

biles, iris vert, pupilles largement dilatées réagissant

IMBÉCILLITÉ PRONONCEE CONGÉ¡.;¡ 1 ALE, .20

peu à la lumière et à la convergence. Myopie prononcée.

Nystagmus et léger strabisme. Ne distingue pas les cou-

leurs, et n'a aucune notion précise sur la forme des objets

environnants. - Pommelles peu saillantes ; régulières,

symétriques. Nez : lobules volumineux ; coryza chro-

nique muco-séreux ; pas de fétidité. Bouche large, trans-

versale ; lèvre supérieure relevée formant ainsi une conca-

vité antérieure ; voûte palatine profonde ; rien à noter au

pharynx, déglutition normale. Volt un peu nasonnée ;

voile du palais mobile ; luette petite ; amygdales peu sail-

lantes ; pas de tissu adénoïde dans l'arrière-cavité des fosses

nasales. Dentition : atrésie du maxillaire supérieur ; ma-

xillaire inférieur à diamètre rétréci. L'évolution des dents

permanentes est en cours. Les incisives supérieures pré-

sentent une rotation interne sur leur axe. Les dents appa-

rues sont normalement constituées. Les prémolaires ne mon-

trent hors de la gencive que le sommet de leur couronne.

Menton aplati, large et bas.

L'oreille externe présente des stigmates nets de dégéné-

rescence, elle est écartée de la base du crâne et présente dans

sa totalité une incurvation en cornet d'oublie ; l'hélix est

ourlé, rubanné, rabattu ; pas de tubercule de Darwin ; an-

thélix normal ; conque profonde ; lobule adhérent dans

toute sa hauteur ; pas de cérumen ; ouïe normale ; pas de pré-

férence pour les d.fférents sons.

Cou : impossibilité de palper le corps thyroïde (qui

existe à l'autopsie) ; larynx normal.

Membres supérieurs. - L'enfant est gauche dans ses

mouvements, mais il n'y a aucun trouble moteur ; pas de

tremblement, ni de mouvements athétosiques ; pas de trou-

bles sensitifs ni trophiques. Mêmes remarquas pour les mem-

bres inférieurs ; pas d'ataxie ; réflexes rotulien et plantaire

peu marqués.

Thorax symétrique ; aucune remarque à faire à l'examen

des viscères thoraciques.

Abdomen. Pannicule adipeux assez développé ; pas de

hernies, ni crurale, ni inguinale, ni ombilicale. Rien à noter

à la palpation de la fosse iliaque ; foie petit ; rate inacces-

sible à la palpation.

Organes génitaux et puberté. Aisselles, thorax glabres ;

aucun développement mammaire ; petites lèvres dépassant

un peu les grandes ; pas de vulvite.

Intelligence. L'enfant est idiote ; la parole est limitée à

IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CONGÉNITALE 1131

des mots sans suite eL sans sens. Elle se tient presque cons-

tamment accroupie, la tête sur les genoux.

Marche. Elle avance au hasard, sans regarder devant

elle, les pieds très écartés, et fait parfois de brusques en-

jambées, cependant ne court pas, ni ne saute pas ; monte et

descend péniblement les degrés de l'escalier.

Au réfectoire, elle ne sait pas se tenir à table et ne se sert

d'aucun des 1 rois objets usuels : cuiller, couteau ou fourchette;

mange avec ses mains ; ses mouvements sont maladroits,

elle renverse son assiette, ou ce qui se trouve autour d'elle,

n'a aucune préférence pour les aliments, ne distingue pas les

saveurs ; mange gloutonnement. La mastication et la di-

gestion sont normales. Elle a fréquemment la diarrhée ; elle

gâte la nuit et parfois le jour.

Son caractère est indifférent,elle est atteinte parfois de mou-

vements brusques, mais elle est inoffensive. Elle ne pleure

pas, ne crie pas ; elle sourit en grimaçant. - Elle n'a ni ver-

tiges, ni accès d'épilepsie.

Ecolage : l'enfant est d'une nullité complète.

432 CLINIQUE MENTALE.

les mouvements : assis, debout, en avant, en arrière et saute

trois marches. En récréation, elle n'est ni bruyante, ni

turbulente, elle reste constamment assise par terre, les jam-

bes croisées dans l'attitude des tailleurs, elle ne s'assied jamais

autrement. (Ftg. 24.)

1902. Au mois de janvier 1902, l'enfant mesure 1 m. 15

au lieu de 1 m. 32, d'où une différence en moins de 17 cm. En

conséquence le nanisme étant évident, on adjoint au trai-

tement hydrothérapique, tonique, et pédagogique, la médi-

cation par la glande thyroïde.

Médication parla glande thyroïde.

1. Le traitement est commencé le 4 janvier 1902, à la dose

de 0 gr. 25 cg. de glande fraîche du mouton, chaque jour peu.

dant la lrc semaine. L'enfant pèse 26 kilogs. Au onzième jour

l'enfant a pris neuf fois la dose de 0,25 cg. La température

s'est dès le troisième jour élevée de quelques dixièmes pour

se maintenir entre 37° et 38' avec une moyenne générale

de 37 5. L'enfant est alors pesée et l'on constate qu'elle a

perdu déjà 400 gr.

La dose est portée de 0,25 cg. à 0,50 cg. pendant quatre

jours seulement,l'enfant ayant contracté de la bronchite, on

est obligé de suspendre la glande thyroïde, pendant la période

de température qui dure une dizaine de jours.

Le 28 janvier le poids est descendu à 25 kilogs ; on reprend

le traitement le 1er février à la dose de 0 gr. 50 cg. de glande.

L'enfant est pesée le 4,elle a perdu 100 gr., mais la taille s'est

élevée d'un centimètre, elle mesure actuellement 1 ion.16.

Le 9 février,on donne 0,75 cg. de glande fraîche ; le 11 le poids

est descendu à 24 k. 500, elle perd encore 400 gr. jusqu'au

18, quoique n'ayant absorbé que 3 gr. de glande en quatre

fois. Le 21, on porte la dose à 1 gramme et jusqu'au 24 avril,

jour où l'on suspend le traitement, l'enfant prend 46 doses

de 1 gramme de glande thyroïde (en 62 jours).

Pendant ce temps, la température se maintient très régu-

lièrement entre 37' et 38' donnant une moyenne générale de

37',5.

Le poids subit une diminution progressive et perd en tola-

lité 4 kilogs 700 gr., cependant que la taille gagne encore 1 2

centimètre, ce qui porte le gain total à un centimètre et demi

en trois mois el demi de traitement.

Nous donnons ci-dessous un tableau comparatif du poids et

de la taille pendant la première partie du traitement thyroï-

dien.

Imbécillité prononcée congénitale. 433

Tableau comparatif du poids et de la taille. ,

434

CLINIQUE MENIALE.

cg. ; puis à partir du 4 juin la dose est portée à 1.gramme

pendant tout le mois ; à partir du mois de juillet, l'ad-

ministration de la glande est moins régulière (1) et jus-

qu'au 20 août, c'est-à-dire en plus d'un mois 1/2 l'enfant ne

Fie. 23. - Goll ? il 9 ans el demi (1899).

(1) Au début des essais de traitement par la glande thyroïde

fraîche, M. le Der nOUIlNE' ILLC eût beaucoup de peine il obtenir

d'un boucher de Gentilly qu'il consente à livrer pour le service de

la glande thyroïde journellement. Il fallut aussi se rendre chez le

boucher pour lui apprendre Ú disséquer la glande vulgairement

appelée « glande du cornet » et pour éviter la confusion avec des

ganglions pr<Jtraehéo-llI'onl'hi'IUCS,

Nous apprenons ainsi qu'un habitant de Gcntill,y se rendait

1RAITEMENT THYROÏDIEN.

435

put prendre que 18 doses de glande.PcndanL ce nouveau tri-

mestre de traitement, le poids avait subi de faibles oscilla-

tions et la taille qui le premier mois avait déjà gagné 1/2 cen-

timètre reste stationnaire.

Fto. 24. - Col L ? cn 'JOl, u 11 an. el dcmi.

journellement chez le boucher pour prendre de la glande thyroïde.

Le boucher ne connaissanl pas lui même la glande, lui délivrait des

ganglions. L'n an s'élail presque écoulé sans qu'aucune améliora-

tion n'aiL été constatée. Ce n'est que lorsque la Fondation Vallée a

pris des glandes si ficnmty, chez ce même bouclier, qu'on a pu

constater qu'il délivrait des ganglions. L'interne du service se

rendit alors chez le boucher pour lui montrer les rapports anato-

ntiqucsdelag)ande.

6

CLINIQUL MENTAL ! 1..

' Tableau du poids et de la taille pendant le second traitement

thyroïdien.

IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CU ? GI(N IT \1.1'. 437

- Voici la description des deux oreilles et les différences

considérables relevées sur chacune d'elles :

Oreille droite : hauteur 5 cm., largeur 3 cm, L'oreille est

très écartée du crâne ; la partie supérieure du pavillon

s'incline horizontalement et en avant. L'hélix n'est ourlé et

rubanné qu'il sa partie supérieure, sa cavité profonde en

FiG. 25. CoLt ? en 1903, à 13 ans el demi.

haut est à peine marquée à la partie moyenne. fnthélix plat,

branche supérieure effacée, fossette à peine visible. Conque

de forme quadrangulaire et peu profonde ; conduit auditif

petit-et étroit ; tragus petit , antifragus saillant légèrement ;

lobule petit, mince, horizontal et complètement adhérent.

Entre l'extrémité antérieure de l'hélix et la branche infé-

438

CLINIQUE MENTALE.

rieure de l'anthélix, existe dans cette portion de la conque

une petite crête arrondie qui la divise en deux cavités se-

condaires. Au-dessous du lobule existe sur la joue un sillon

oblique dirigé d'arrière en avant et de haut en bas. (Fig. 29.)

Oreille gauche : La partie supérieure du pavillon de l'oreille

FIG. 26. - CoU ? en 1905, il ]5 nns cI demi.

est complètement replié sur lui-même ; il résulte de cette mal-

formation que l'hélix semble excessivement large en haut ;

par contre l'hélix n'est pas ourlé ni il sa partie moyenne, ni à

sa partie inférieure. La cavité de l'hélix semble formée à sa

partie supérieure par le repli du pavillon de l'oreille ; elle est

à peine marquée à la partie moyenne et inférieure. Fossette

de l'anfhélix plate et peu profonde. Anlhélix il peine formé.

IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CONGÉNITALE. 439

Conduit auditif étroit. Conque triangulaire et peu profonde.

Tragus et antiiragus à peine marqué. Lobule petit, mince et

adhérent. (Fig. 27 el 28.)

De même que sur le côté droit, on relève une petite sail-

lie à la partie supérieure de la conque, mais moins prononcée.

Le sillon de la joue qui part du lobule existe également.

Mains froides, extrémités violacées, surtout les ongles ; la

Fie. 27. - Oreille gauche mongolienne (1903).

main est courte, les doigts disproportionnés, plutôt cylin-

driques ; le pouce et le petit doigt sont courts, celui-ci dévié,

sinueux, en vars, Peu habile des mains, cependant s'habil-

lait et aidait à habiller les autres enfants, mais maladroite-

ment et lentement. Pas d'onychophagie. (Fig. 30.)

III. Au premier avril, on reprend pour la troisième

fois le traitement par la glande thyroïde. Cott ? pèse alors 24 k.

4 ! 40 - CLINIQUE. MENTALE.

500 et mesure 1 mètre 17. L'administration de la glande est

cette fois bcaucoup plus régulière, la dose de début, gr.50 cg.

est portée à 0,75 cg. la seconde semaine, 1 gr. la troisième et

lgr. 25 ensuite, jusqu'au 30 juin. Il n'y a eu aucune inter-

ruption pendant les 2 premiers mois et neuf doses seulement

ont pu être données dans le courant de juin. La tempéra-

FIG. 28.- Coït ? en 1\IO ! , 1 : ¡ ans ; oreille gauche.

turc s'est constamment maintenue entre 36° et 37'8 avec

- une moyenne de 37'. Les résultais au point de vue de la

taille sont cette fois très appréciables, comme le démontre

le tableau ci-contre.

Cott ? a donc gagné en 3 mois : deux centimètres; on remar-

quera de plus' que le poids qui a subi dès la première semaine

'une perte de £ 00 grammes, s'est ensuite maintenu constant-

IMBÉCILLITÉ P.IONO=-CI : E CONGÉNITALE. 441

ment au chiffre de 2-1 kilogs. Pendant toute la durée du trai-

tement on ne relève aucun malaise, pas de sueurs, pas de

diarrhée ni de tremblements. Pas de manifestations cuta-

nées, pas de desquamation. L'enfant a bon appétit, elle

boit comme à l'ordinaire, sans qu'on ait remarqué chez elle,

l'altération que présentent généralement les enfants qui sui-

vent le même traitement.

Tableau du poids et de la taille pendant le troisième tl ait ! 11/el, t

thyroïdien.

ii2

CLINIQUE MENTALE.

surtout avec ses compagnes. Elle a fait aussi quelques pro-

grès en gymnastique; cet exercice semble l'intéresser, mais

elle est encore lourde et manifeste une certaine crainte

pour monter aux échelles. Elle est propre le jour et urine

encore au lit quelquefois la nuit. Quand cet accident lui

arrive, elle dit en riant : « Pas moi ? pas vrai ? c'est le

FiG. 29. - Col6 ? en 1902, à 13 ans. Oreille droilo e6 piqueté de

naevi-verruqueux.

chat. » Somme toute, il y a chez CoU ? une amélioration

notable.

Au point de vue de la puberté : glabreté totale ; pas de

seins ; les grandes et les petites lèvres sont peu développées,

toute la région vulvaire est rouge ; le clitoris petit,

entièrement découvert, pas de capuchon ; l'hymen montre

TRAITEMENT TH\ n OÏD1EN. 443

un orifice circulaire très large qui admettrait facilement un

crayon ; le méat urinaire présente une lèvre inférieure très

saillante ; de chaque côté on aperçoit les orifices larges des

canaux de Skene s'ouvrant au fond de petites fossettes.

Pas de fourchette, une crête saillante antéro-postérieure

entre l'hymen et l'anus, celui-ci normal.

IV. Le 10 septembre,on reprend pour la quatrième fois le

traitement thyroïdien en suivant toujours le même mode

d'administration, c'est-à-dire en augmentant de 0 gr. 25 cg.

chaque semaine la dose première ( 0 gr. 25 cg.), jusqu'à

1 gramme. Comme l'enfant supportait admirablement la

glande on a, pendant le troisième mois, donné 1 gr. 25 pen-

dant la première quinzaine et 1 gr. 50 pendant la seconde.

On n'a noté aucun trouble, ni du côté de la circulation,

de la respiration, des sécrétions, peut-être aurait-elle eu

un peu de diarrhée parfois. Les notes relevées tant par

l'institutrice que par les infirmières sont identiques à celles

du semestre précédent.

Pendant ce semestre, l'enfant a encore gagné un cenli-

mètre.

11111, '¡ CLINIQUE MENTALE.

de septembre. On suspend alors le traitement à la suite

d'une poussée de bronchite aiguë.

Pendant ces quatre mois, l'enfant a gagné encore trois

centimètres ; et la température s'est maintenue pendant les

3 premiers mois, avec régularité entre 37" et 37' 6. En sep-

tembre, on relève une différence vespérale d'un degré en

plus, jusqu'au 25, puis la courbe suit une marche ascen-

sionnelle jusqu'à atteindre, le 28 septembre, 40 2.

Imbécillité prononcée congénitale. ' 1115

'VI. Pour la sixième fois on reprend le traitement thyroï-

dien le 1er janvier. L'enfant avait déjà. gagné 1 cenlimèlre,

lorsque, le 18 février, elle fut de nouveau reprise de bron-

chite avec une forte élévation de température, et l'on dut

cesser la glande thyroïde.

Après avoir présenté pendant deux jours de la tem-

pérature à grandes oscillations, entre 38° et 40 ', la malade

FIL;. 30.- Main de Colt. , en 1903, à 13 ans eL demi.

atteint 40 ? Elle a de la dyspnée et de la diarrhée. A la

percussion on note de la matité dans toute la hauteur des

deux poumons en arrière. A l'auscultation, en arrière, à

gauche, souffle iude aux deux temps ; au 1,3 supérieur

râles de broncho-pneumonie, on trouve toutes les variétés,

les râles sont plus fins en bas. A droite la respiration est

soufflante en haut ; vers le 1/3 moyen, foyers de congestion

avec râles très fins.

z in

CLINIQUE MENTALE.

La respiration est superficielle, rapide. L'expiration

accompagnée de plaintes brèves, les ailes du nez trem-

blantes, les lèvres sont bleues, les extrémités cyanosées.

L'enfant est couchée sur le dos, les jambes repliées, les

extrémités des talons touchant les fesses.

Vers le mois de mai, l'enfant qui était assez difficile à soi-

gner et très exigeante, s'améliore. La température s'élève

toujours le soir, mais l'enfant augmente un peu de poids.

TUBERCULOSE. 447

mus et du slrabisme convergent plus prononcés qu'à l'en-

trée. Le 1er février, Cott.. mesure 1 m. 25 et pèse 26 k. 500,

la taille ordinaire des enfants de son âge (17 ans) étant de

1 m. 52, notre malad.e mesure en moins 0,27 cent. Le

nanisme est donc évident.

VII. Pour la septième fois, on reprend la glande, en aug-

mentant progressivement la dose jusqu'à 1 gr. 25, mais on

est obligé de suspendre le 15 avril,- l'enfant étant à nouveau

reprise de phénomènes pulmonaires. Cette fois, la taille de

l'enfant n'a pas changé, elle pèse seulement 25 kil. le 15

août.

A partir de ce moment l'état de l'enfant s'aggrave rapi-

dement ; elle maigrit progressivement. La température

à grandes oscillations donne des différences de 2 degrés et

varie de 38° à 40 '. L'enfant tousse beaucoup, elle ne crache

pas, avale les sécrétions bronchiques. Elle a de la diarrhée

persistante, de couleur jaunâtre et d'odeur fétide. On sura-

limente l'enfant, lait, oeufs, côtelettes, et viande crue.

111ai. L'état de Cott.. est sensiblement stationnaire ; elle a

perdu 1 kilog. pendant le mois, et pèse actuellement 25 kg.

La diarrhée persiste malgré les différents traitements em-

ployés : acide lactique, sous-nitrate de bismuth, élixir pa-

régorique,eLc, La fièvre ne tombe pas ; malgré tout, l'enfant

s'alimente assez bien, et mange tout ce qu'on lui présente.

Elle se fient assise sur son lit des heures entières. Le visage

est pâle, le teint terreux. Elle est oppressée et tousse Loti-

jours beaucoup, mais ne crache jamais.

Juin. L'état de l'enfant ne s'améliore pas; elle a encore

perdu 1 kilogr.; fièvre et diarrhée.

Juillet. Cott.. s'affaiblit de plus en plus, elle n'a plus

d'appétit et mange fort peu; par contre, elle réclame inces-

samment à boire. Les nuits sont agitées, l'enfant ne dort

plus. Toujours fièvre à grandes oscillations, diarrhée et

toux. La petite malade est de plus en plus exigeante; elle

refuse le lait qu'elle avait toujours accepté et ne veut plus

prendre que de la limonade vineuse.

7 juillet. l'auscultation on entend du gargouillement aux

deux sommets et des râles humides dans toute l'étendue

de la poitrine, l'enfant respire d'ailleurs très mal. Son

teint est de plus en plus pâle ; les lèvres se décolorent ; la

voix est à peine perceptible ; elle se tient de préférence

assise sur son lit ; la respiration est de plus en plus courte,

l'oppression augmente, en même temps la température

baisse un peu.

8 juillet. Aggravation, soif intense, Cott.. demande à

ii8

CLINIQUE MENTALE.

boire 1/4 d'heure encore avant sa mort. Elle s'cLcinL à 8

heures du soir, sans secousses, ni cris, ni râles.

IMBÉCILLITÉ MONGOLIENNE. 449

ci. Les méninges une fois enlevées laissent voir une tumeur

pédiculée et développée à leurs dépens.

Celte tumeur, du volume d'une petite noix, est de colo-

ration blanchâtre et de consistance ferme.

Sur la face inférieure du cerveau, on remarque une dé-

pression cupuliforme, dans laquelle repose la moitié infé-

rieure du néoplasme. Cette dépression correspond à la par-

tie orbitaire de la troisième circonvolution frontale et plus

exactement au niveau du sillon en H. La tumeur ne con-

tracte aucune adhérence avec la pie-mère cérébrale qui

tapisse le fond de la dépression ci-dessus décrite. A ce ni-

veau la substance cérébrale présente une consistance plu-

tôt molle.

A la coupe, le néoplasme a l'aspect d'un tissu blanchâtre,

ferme, lardacé, mais on ne peut à l'examen macroscopique

déceler en aucun point la présence de grains calcaires ou an-

giolilhes. L'examen microscopique permet de constater qu'il

s'agit d'une tumeur mixte formée de tissu fibreux et de

nombreux éléments cellulaires arrondis, de dimensions iné-

gales qui permettent de porter le diagnostic de fibro-sar-

côme (Fig. 31, T, tumeur) ; (Fig. 32 : T, 1 urneur ; C, cavité).

On note sur l'Irémisphère gauche une tumeur symé-

trique un peu plus petite. Hauteur du cerveau : 10 cm. 5 ;

longueur 16 cm. 5. ~

Epaississement de la pie-mère au niveau du chiasma. Les

pédoncules cérébraux, les scissures de Sylvius, les nerfs, les

artères de la base de l'encéphale paraissent symétriques.

La protubérance est petite, ainsi que le bulbe dont les

pyramides et les olives sont symétriques ; pas de tubercules

miliaires. Cervelet et isthme : 100 grs. Sur toute la surface,

la pie-mère adhère à la substance nerveuse à des degrés

variables. Moelle épinière : 35 gr.

Thorax. A l'ouverture de la cavité thoracique on ne

trouve pas de liquide dans les plèvres. Les poumons sont

entièrement adhérents du sommet jusqu'à la base ; il faut

littéralement les sculpter pour les extraire. A l'ouverture du

sommet gauche, on trouve une quantité de petites cavernes

de la grosseur d'une bille, le reste du poumon est farci de

nodules de broncho-pneumonie bacillaire ; à droite, mêmes

lésions, un peu moins développées. On ne trouve plus trace

de thymus. Le sac péricardique contient une très faible

quantité de liquide citrin. Coeur : pèse 180 gr.; les cavitésne

contiennent pas de caillots, on ne note rien de particulier.

La Glande thyroïde présente une vascularisation in-

tense, tout à fait remarquable. Les vaisseaux courent à

Archives, 2* série, 1900, t. XXII. 2 .)

- 100 clinique Mentale.

sa surface et semblent l'envelopper d'un véritable réseau ;

l'organe est bien développé, pèse 5 gr. ; la moitié gauche un

IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CONGENITALE. 451

peu moins grande et un peu moins lourde que la droite. Pyra-

initie de LaloucLLe aLLcignamL presque le sommet des lobes.

452 CLINIQUE MENTALE.

Abdomen. Pas de liquide à l'ouverture de la cavité

péritonéale ; pas d'adhérences. L'estomac, dont la mu-

queuse est normale, contient un peu de liquide alimentaire.

Le pancréas pèse 35 gr., paraît normal ; la rate, assez consis-

tante, ne présente rien de particulier à la coupe (60 gr.). Foie :

1.000 gr. ; d'un aspect rappelant légèrement le joie muscade.

Sur de nombreuses coupes parallèles, on rencontre, dissé-

minés dans tout le parenchyme hépatique, des tubercules

variant de la grosseur d'un grain de chènevis à celle d'une

petite noix ; les plus grosses de ces tumeurs, à parois épais-

sies, contiennent une bile jaune verdâtre qui s'échappe à la

coupe. La vésicule biliaire, à parois très pâles, contient une

très faible quantité de bile jaunâtre. Capsules surrénales :

voir plus loin l'examen histologique. Reins, le gauche pèse

80 gr. il se décortique facilement, présente à son ouverture

un tubercule de la grosseur d'une noisette et quelques autres

plus petits disséminés dans tout l'organe ; le reste de la

substance corticale paraît normale ; le rein droit pèse 85 gr.,

il présente, comme à gauche, quelques tubercules de même

nature, mais un peu plus petits et en moins grand nombre.

L'intestin ne contient aucun parasite ; de place en place,

sur une longueur d'environ 1 m. 50 à partir du coecum, on

remarque sur l'intestin grêle un véritable ëlimis de petits

tubercule^, de la grosseur d'un grain de chénevis'T

d'une lentille. Les organes génitaux (utérus, trompes et

ovaires) sont infantiles.

. Examen histologique.

Préparation el description de M. le Dr Boss ! .

FoiE.-illacroscopiqiieii2ciit, sur des coupes répétées, on

remarque que le tissu hépatique présente une coloration

jaunâtre, il est friable et à l'aspect d'un foie graisseux. En

de nombreux endroits, on trouve des cavités variant du vo-

lume d'un grain de chènevis à celui d'une noisette, tapis-

sées intérieurement d'une membrane lisse, verdâtre, et con-

tenant de la bile. Ces cavités représentent certainement

des kystes développés aux dépens des canaux biliaires.

11 istobgiquemenl, sur la coupe pratiquée au niveau de ces

cavités et comprenant également une portion de tissu hépa-

tique on voit que l'organe est nettement atteint de e4é

nérescence aT<7nu/o-<z/'a;xseuse et en quelques endroits il existe

une infiltration cellulaire tantôt diffuse, tantôt circons-

crite, entre les travées hépatiques. Cette infiltration est

constituée par des cellules embryonnaires et épithélioïdes,

et par quelques rares cellules géantes. Le tissu conjonctif

IMJ : ÉCILLI 1 PRONONCÉE COGI ? i 1 \LE. 4 : 5 : 1

ne paraît pas épaissi ; en outre, la coupe intéresse dans sa

partie inférieure la paroi d'une de ces formations kystiques

décrites plus haut. Cette paroi est formée par de fines fi-

brilles conjonctives ; la conservation de la pièce ne per-

met pas de retrouver l'épithélium de revêtement.

Glande thyroïde (lobe moyen). - Sur la coupe histolo-

gique, l'architecture normale du tissu est fortement boule-

versée ; on retrouve cependant en divers points des vési-

cules thyroïdiennes renfermant de la substance colloïde. Ce

qui frappe au premier examen, c'est l'abondance énorme

de ollicules tuberculeux typiques, composés chacun d'une

ou de~plusieurs ce1lu]e ean es, d'\111 grand nombre de cel-

lules épithélioïdes et de cellules embryonnaires. Dans le

tissu qui sépare les follicules, l'infiltration embryonnaire

est également très nette. La trame conjonctive est repré-

sentée par des faisceaux de tissu conjonctif adulte, soit nor-

maux, soit avec tendance à la prolifération évoluant vers

la sclérose. Les vaisseaux sont en partie perméables, à parois

non épaissies et sans prolifération périvasculaire ou parié-

tale ; dans d'autres, au contraire, on note un épaississement

notable des parois, avec infiltration.

Capsule surrénale. Sur une coupe transversale, le

tissu de la capsule n'offre pas macroscopiquement, l'aspect

normal mais il se présente comme un tissu blanc, nacré,

lardacé, plus résistant qu'à l'état sain, et cela, d'une façon

uniforme sur toutes les coupes pratiquées dans l'organe.

Nulle part on ne trouve de points évidents de ramollisse-

ment ou de caséification. Risiologiqiiement, on ne trouve

plus en aucun point la structure normale des différentes

couches de la capsule surrénale ; il domine un tissu

amorphe se colorant fortement et régulièrement par l'éo-

sine et représentant soit du tissu caséifié, soit plus vrai-

semblablement, étant donné l'examen microscopique, du

tissu putréfié (autopsie en juillet).Entre les différentes tra-

vées de ce tissu, on remarque une infiltration embryon-

naire considérable et en divers endroits des follicules tuber-

culeux plus ou moins schématiques.

FL14 ? XIONS. I. Les antécédents sont peu chargés,

mais les renseignements sur la famille laissent un peu

1 désirer. Signalons un grand oncle maternel mort

fou, une tante morte de méningite, une soeur de

tuberculose.

4 : J't CLINIQUE MENTALE.

II. Vers la fin de la grossesse, au début du neuvième

mois, la mère éprouve une peur violente avec une forte

commotion et une sensation de déchirement dans le

ventre suivie de l'accouchement prématuré.

III. L'enfant présente des la naissance, quoiqu'elle

ait crié aussitôt, une cyanose qui aurait persisté trois

semaines et une torpeur telle qu'on devait la réveiller

pour l'allaiter (G mois). Alors, petites crises convul-

sives, quotidiennes, qui déterminent du strabisme

(un an). De 3 à 9 ans, arrêt de développement phy-

sique.

L'état anormal de l'enfant a été relevé par la mère

dès les premiers temps de la vie. L'idiotie se carac-

térise peu à peu : marche, préhension, propreté tar-

dives, inattention, inconscience, etc. A son entrée, elle

s'était un peu améliorée et le diagnostic porté fut celui

d'imbécillité prononcée.

IV. Des symptômes spéciaux permirent de préciser

la variété particulière de l'imbécillité. Il s'agit d'un

cas de mongolisme : nanisme (1 m. 09 au lieu de

1 m. 24 à l'admission); physionomie mongolienne :

paupières obliques, coloration rose des joues, de l'ex-

trémité du nez et du menton ; déformation spécialo

des mains et des oreilles bien mise en relief parla

description détaillée de la maladie, par lesfigu2-es qui

accompagnent l'observation ; attitude en tailleur, etc.

V. Le traitement lh ! jJ'oïdien a eu sur la taille

d'incontestables résultats. Notre malade a, en trois

ans et demi (de janvier 1902 il juillet 1905), gagné

dix centimètres sous l'influence de la glande thyroïde.

On ne peut d'ailleurs attribuer il la croissance normale

celte augmenlation de la taille qui élait arrêtée et

n'était observée que pendant les périodes de trai-

lemenl. A chacune des périodes thérapeutiques, le

poids a baissé, quelquefois d'une façon assez considé-

rable, pour revenir assez vite à sa normale après la

cessation de la glande, l'appelons l'éveil intellectuel,

la modification heureuse du caractère, l'enjouement,

la moquerie, lés réflexions originales, l'activité phy-

IMBÉCILLITÉ MONGOLIENNE. 455

sique qui se manifestent sous l'action de la glande

(p. 434, 435, etc.).

Souvent dans les premiers jours de chaque médica-

tion, on observe une élévation en général assez légère

de la le ? 2îpéî-att2-e 1) rectale (celle qu'on doit cons-

tamment prendre). Nous employons toujours la glande

thyroïde fraîche du mouton examinée avec soin, car

il nous est arrivé de trouver des lésions, dernièrement

un abcès volumineux (2).

Nous commençons la première fois par 0 gr. 25,

puis nous montons successivement iL 0 gr. 75, 1 gr.,

1 gr. 25, 1 gr. 50, rarement au-delà, La seconde

fois nous débutons par () gr. 50. - Le traitement dure

trois mois (sauf s'il y a un amaigrissement rapide), et

recommence après une suspension de 3 mois.

Dans tous les cas d'idiotie ou d'imbécillité mongo-

lienne, la glande thyroïde nous a donné de bons résul.,

tats.

VI. L'idiotie mongolienne ou mongolismes^ termine

souvent par la mort, occasionnée par la tuberculose :

tel est le cas de Cott ? Ici, la tuberculose a été à peu près

généralisée : poumons, foie, glande thyroïde, capsules

surrénales, reins, intestin grêle. Notons enfin deux

tumeurs fibt°o-sareoomateuses des hémisphères géré-

braux, qui ne se sont traduites par aucun symptôme

significatif durant la vie.

Vil. Ce cas s'ajoute à la plupart des précédents en

montrant que la mort survient souvent avant 20 ans ;

- qu'elle s'accompagne de lésions profondes de la

glande thyroïde (chez Cott ? de tuberculose). Ce n'est

qu'exceptionnellement que la vie se prolonge au-delà.

. (1) Dans les premiers essais faits dans le service, l'élévation était

plus prononcée parce que la dose, dès le début, était plus éle-

vée. - L'expèrienee nousamontré qu'il é-iit 1)1u ? prudentdecom

mencer par une dose plus faible (B).

1 (2) Les spécialités ne nous on) pas été fournies d ordinaire par

l'administration. Nous les avons employées fréquemment dans

notre clientèle (B).

4GG RLVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Cependant à l'asile de llailleul nous avons eu une

mongolienne, l3fa ? (llenriclle), âgée de 38 ans (1).

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

. Ueber Narkoselaehmung des N. cruralis und

obturatorius (Sur la paralysie par narcose des nerf*

cr. et obt.) par SIEGFRIED Klevipner, de Berlin. (Neurol.

Centralbl., \ o\. X.\. \ , fas. ;3, p. lOi il 111,) .)

D'après K., il n'existerait que trois cas de paralysie du crural

par anesthésie, l'lia paralysie de ce nerf combinée avec celle

de l'obturateur n'aurait pas encore été décrite.

Une femme de 1"2 ans, Vipare, atteinte do prolapsus de l'utérus,

futanesthesieeau chloroforme pendant trois Iteures et demie

pour une extirpation totale de l'utérus et. du vagin, les membres

inférieurs etantmainienuspar les aides. Après quelques jours

d'alitement, elle constata que la jambe gauche était « raide '' et

que la marche était imposable. Quelque li'nip^ après, K. constate

(1) Voici la liste de nos publications personnelles : Bourneville.

Art. dans Traité de médecine de Bronardel et Gilbert, t. IX, pape

5S (1001-190 ? ).- Idiotie du type mongolien (Compte-rendu de Bi ? lre

de 1901, p. 1 : 37-117 ; Idiotie da type mongolien ( Compte rendu de

1902, 1. : 3-l ; Bourneville et J. 130)'1'1', Imbécillité congénitale.

Type mongolien. (Ibidem., p. 2 ! -33) 13ourneville.Cortrré.s des nlié-

nistes et neurologistes de Bruxelles, 1901, t. III, p. 2S ; Bourne-

ville el Reine Maugeret, Nanisme mongolien, (Compte rendu, 190.1,

p. 140); - Congrès des aliénistes et neurologistes de Bennes, août

1\10;. Tous les samedis, depuis bien des années, nous faisions

voir aux visiteurs de noire service, par comparaison, un groupe de

mijxoedèmaleux et un groupe de mongoliens . (Voir aussi Progrès

Médical 190 : î, il' 34, p. 120 el Archives de Neurologie, 1903, l, 2" série,

l. xn, p. 2,i2.) ; C'est, avec les cerveaux et les glandes thyroïdes

que nous leur avions donnés que MM. Philippe et Oberthur oui,

faiLleurséludesltislologi : SucsICowplerendutlcl31cùlre,ltJO ? , p. 19 ;

Ilrid., 1903, p. 16 ! 1) (Ihi ? 1903, p. 17 S-17 : r). Citons enfin la thèse de

noire élève, le Il' Ue-eorges, Contribution à l'idiotie mongolienne.

Paris, 19 mai 1975.-Si;;nalonc aussi les cas récents de M. Comby,

Mongolisme infantile (l3ull. de la Soc. ntétl. des 11ôpil" avril 19(15,

p. 935, et Archives de médec. infant., avril 190j) ; Cbarlier, Idiotie

mongolienne (Archives de méd. des enfants, 190ti, p. 99 el 3; ! 1).Seris

(Jean), Le mongolisme infantile, 1906. Dans nos autres publica-

tions nou" avons ci le les travaux étrangers.

REVUE nE PATHOLOGIE NERVEUSE. 4*)7

les symptômes suivants : lebasin s'incline fortement à gauche

quand la jambe gauche est portée en avant. Dans le décubitus,

la malade est incapable d'élever la jambe gauche, d'étendre le ge-

nou et de faire des mouvements d'adduction. La rotation de la

jambe en dehors et en dedans est imparfaite. La sensibilité au

contact et à la piqûre est légèrement diminuée, ; les troncs du

crural et (le l'obtura leur sont particulièrement sensibles à la pres-

sion. Abolition du réflexe hatcllaire. Atrophie considérable du

quadriceps et des adducteurs, l'orle diminution de l'excitabilité

directe et indirecte, galvanique et faradique, de ces muscles.

Quelques semaines plus tard, l'état s'était beaucoup amélioré. les

réactions électriques étaient presque normales, mais le réflexe

patellaire était toujours aboli.

K. passe en revue les diverses causes possible de paralysie et éli-

mine successivement : la lésion des troncs nerveux pendant l'opé-

ration (rapidité de l'amélioration) ; - l'inflammation des troncs

nerveux par une paramétrite (examen négatif pendant l'opéra-

Lion) ; - la compression mécanique au cours de l'opération ; il

admet l'influence combinée de la flexion forcée avec abduction de

la cuisse et de l'intoxication chloroformique aiguë. CH.BONNF.

XXIX.- Kleine motorische Epilepsie (petite ép. motrice) ;

par \'nc.nv PI.AVEC, de Prague. (Veurol. Cearral6l, vol. XX\',

l'as. 3, p. 111 à 1 Il,) ; fas. 4, p. lù4 à 173 ; fas. 5, p. 207 à 211.

Un garçon de huit ans, à lourde hérédité épileptique reçut une

poutre sur la tète. Il y eut perte de connaissance. Trois ans plus

lard, apparurent des secousses convulsives de la moitié gauche de

la face et de la langue. Quelques années après, il y eut en outre

de véritables attaques d'épilepsie. L'A. passe longuement en re-

vue, à propos des secousses localisées qui pendant plusieurs an-

nées furent les seuls symptômes, les opinions émises sur la va-

leur diagnostique de ces phénomènes et sur les rapports clini-

ques et pathogéniques du « petit mal moteur » avec les tics)

certaine- ! myoclonies. Il discute en outre chacune des particula-

rités qui peuvent permettre d'affirmer la nature épileptique des

convulsions localisées survenant sans autre symptôme (évolution,

hérédité, survenance ou cessation pendant le sommeil, paralysie

ou parésie consécutives à l'accès, influence du bromure, etc.)

CH. Bonnt.

XX\ Ueber Arsenikneuritis Sur la névrite arsenicale ;

par llIZA,-4Z Uoszrs, de Leipzig. (Xeul'ol. Cenlmlbl" '01..\.\Y.

fas. 1, p. 18 à 20, 1 fig.)

La malade ( ? foi ans) maniait depuis huit semaines une solution

arsenicale quand apparurent les premiers symptômes : engour-

dissement, (roubles trophiques cutanés et unguéaux des mains.

458 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE,

L'action locale du poison est d'autant plus évidente que les sytiil),

tomes prédominaient dans les 2, 3' et 4° doigts, plus exposés

quo los pouces et les auriculaires à l'absorption cutanéo de la so-

lutin. Cil, Bonne.

XXXI, Le coeur dans la maladie de Friedreich ; par

Launois et hOROT. (Revue de médecine, nov. 1905.

Observation d'une jeune malade de 15 ans atteinte de maladie

de Friedreich, morte de congestion pulmonaire el qui présentait

en outre des troubles cardiaques. L'autopsie révéla une myocar.

dite intense avec sclérose interstitielle. Ce cas peut être rapproché

de cas déjà observés d'affection de Friedreich avec lésions cardia-

ques, lésions de myocardite notamment, lésions valvulaires, allé-

rationsdes centres cardiaques bulbaires, L'évolution de ces symp-

tômes est lente et suit parallèlement les accidents nerveux. Il est

possible qu'ils soient une conséquence des éléments tovi-infec-

tieux de l'enfance qu'on retrouve presque toujours dans l'étiolo-

gie du syndrome de Friedreich. M. Hamel.

XXII. - Un cas de myasthania gravis (asthénie bulbo-

spinale) terminé par la mort brusque et suivi d'autop-

sie. (Dans l'état actuel de n.osconnaissances, quelle place doit-

on donner en nosographie à la maladie d'Erh-Goldllam ? par

LECLERC et AR1'ONAT. (Reurre de Médecine, nov. 1905).

Observation d'une malade de 23 ans atteinte depuis quelques

mois du syndrome rl'Erh et qui mourut brusquement au cours de

l'affection dans un accès de dyspnée.

Passant ensuite en revue les divers cas observés de myastbenia

gravis, les auteurs croient de voir conclure que le syndrome rl'I : clt-

C'otdflam doit plutôt être envisagé comme un syndrome dont

l'étiologie et lesaltérations anatomiques sont variables.

M. 1 ! .\IE 1 .

\\\I11.-Un cas d'acromégalie sans hypertrophie du

corps pituitaire avec formation kystique dans la glan-

de ; par ,\IDr\L, Hov et FROIN, (eue rl Médecine^ avril, 190fi,)

Dans le cas dont il s'agit, le corps pituitaire était très altéré

dans ses éléments; en outre de deux petits kystes, il y avait une

atrophie notable avec sclérose du lobe glandulaire. Les auteurs

font remarquer que dans l'acromégalie, on ne trouve pas toujours

des tumeurs avec hypertrophie de l'hypophyse et qu'il faut plu-

tbt v voir des troubles de fonctionnement. Il est à remarquer

d'ailleurs que, d'après cerlains autours (Mendei),Ia théorie hypo-

physüirn rlo l'acromégalie n'est pas encore définitivement prou-

vée. 11. II.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 453

XXXIV. Aphasie hystérique avec agraphie, cécité et

surdité verbales ; distinction du mutisme et de l'apha-

sie hystériques ; par M. Paul Courmont. (Soc. méd. des

hôpitaux de Lyon. 16 mai 1905.) 1

L'observation rapportée par l'auteur est remarquable par la

complexité des modalités de l'aphasie do réception et de trans-

mission. Elle vient s'ajouter à celles de Lépine, Ballet et Solfier

tiaymondet Janct, Antony.. pour prouver l'existence d'une

aphasie hystérique avec toutes les modalités de l'aphasie organi-

que. C'est, avec celle le seul fait avec cécité verbale.

Observation : Alcoolisme. Hystérie chez une femme de ? 2 ans

Aphasie hystérique avec aphémie, agraphie. Surdité et cécité ver-

bales sans cécité psychique avec quelques troubles d'amnésie.

Hémiplégie et hémianesthéaie droites. Dissociation des troubles

d'aphasie pour les langues française et allemande.

Guérison de l'aphasie totalement pour le français, incomplète-

ment pour l'allemand.

De l'étude de l'aphasie et du mutisme hystériques l'auteur tire

les conclusions suivantes : 10 Le mutisme hystérique décrit par

Charcot n'est autre chose qu'une aphasie de transmission (aphe-

mie) sans agraphie, ni surdité ou cécité verbales. Le mutisme hys-

térique rentre donc dans le cadre plus vaste de l'aphasie hysté-

rique ; 2" Il va lieu de décrire chez les hystériques un mutisme

auquel devrait être réservé le nom de « mutisme volontaire des

hystériques » qui est à séparer des aphasies et à rapprocher des

autres mutismes. Son caractère principal est d'être causé par un

trouble de la volonté, si hien que le sujet, non seulement ne peul

pas parler ni écrire, mais ne veut traduire par aucune manifes-

tation ses pensées et ses sentiments. Ce mutisme d'origine psy-

chique est a rapprocher des autres mutismes des états dépressifs;

3" Le diagnostic de ce mutisme volontaire des hystériques est fa-

cile avec le type Charcot (aphémie hystérique) où le malade ex-

prime sa pensée de toutes les autres façons ; plus difficile avec le

type d'aphasie hystérique complète de réception et de transmis-

sion.

Les différences entre l'aphasie hystérique type Charcot et type

complet) elle mulisme des hystériques peuvent se résumer par

celle formule :

' Dans l'aphasie hystérique, le sujet ne peut pas parler, dans lo

mutisme hystérique vrai il ne veut pas parler.

L'auteur propose, an point de vue de la claailicalion et de la

l1lonenrlature nosolo¡6qne : a) d'appeler « aphémie hystérique »

de Charcot le type décrit par Charcot sous le nom de mutisme

hystérique, ce qui le faill'cnll'cl'dan< II) cadre plus vaste de »l'ar

no

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

phasie hystérique » ; 6) th distinguer de as, deux types ce qu'on

pourrait appeler le mutisme volontaire des hystériques. »

Essai de classification de ces divers étals :

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 401

"2" Le phénomène du pied, apparaît de quatre à sept minutes

après l'anesthésie cutanée et demande une anesthésie générale

très complète. Dans une demi-anesthésie le phénomène ne peut

pas s'établir. La trépidation épileploide est plus courte à s'ins-

taller qu'à s'en aller, elle survient peu de lemps après la dis-

parition du réflexe oculaire et persiste encore lorsque celui-ci est

redevenu normal et alors que le malade est réveillé.

3° La trépidation l'pileptohle du pied qui se produit sous l'a-

nc"thésie est indépendante de la tonicité musculaire puisqu'elle

existe pendant la phase d'atonie et de placidité complète.

lis Si la trépidation épileploide apparaît sous l'anesthésie et va

s'exagérant de plus en plus, le phénomène du genou qui luisem-

ble lié fréquemment en clinique,ne se manifeste pas ; il convient

donc de les distinguer.

5" Les réflexes tendineux de la trépidation épileploide ne sui-

vent pas les mêmes lois etpartant doivent être dillérents comme

lieu d'origine. Le centre du clonus du pied est donc différent du

centre des réflexes rotuliens;il est vraisembablement intermédiai-

re entre celui-ci et les centres des réflexes organiques de la cir-

culation et de la respiration ; d'où l'importance qu'il y a à sur-

veiller la trépidation épileptoide au cours des anesthésies.

G. Carrier.

XXXVII. Considérations à propos d'un cas d'hyppus ob-

servé au cours d'un abcèi cérébral; par NI. Ch. DouRRET.

(Lyon médical, '21 juin 1906, p. 1270.)

Observation d'un enfant de 13 ans qui présenta à la suite d'une

otorrhée avec troubles du côté de la mastoide, un abcès cérébral.

Il présenta avec des phénomènes cérébraux inquiétants, le phé-

nomène d'hippus à gauche ; la pupille gauche dilatée présentait

des mouvements spontanés et rythmiques etde conslriction et de

dilatation. Pas d'hémianopsie. La paupière droite semblait se

1 i-oncet- moins énergiquement que la gauche. Pas de paralysie de

la musculature externe de l'oeil. Pas de nystagmus. Légère di-

minution ,le la force musculaire du membre supérieur gauche.

L'intervention d'urgence donna issue à un abcès du '01UIll3d'UIl

oeuf de pigeon, contenu à l'intérieur de la substance cérébrale et

paraissant siéger au niveau de la partie moyenne de la 2° circon-

volution temporale droite.

Après l'opération, l'hippus persiste encore sept huit jours

avec une prédominance assez marquée du côté gauche, puis il di-

minua beaucoup d'intensité et finit par disparaître.

Trois semaines après,le phénomène d'hippus redevint très évi-

dent, avec prédominance encore du cù(3 gaucho. Les symptômes

cérébraux reparurent, une ponction lombaire donna issue à un

liquide louche et l'enfant mourut de méningite.

462 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Au point de vue du phénomène d'hippus les faits sont inté-

ressants : d'abord la prédominance du (rouble du côté opposé

à la lésion, puis sa disparition après l'intervention et sa réappa-

rition au moment de nouvelles perturbations méningées.

La signification et la valeur séméiologique réelle du phéno-

mène, semblent à l'autour difficile établir exactement. G. C.

\X\1'lll.-Scléroseet hystérie ; par M. Faisant. (Société de

niédecine de Lyon in Lyon médical, 1er juillet 190G.)

Homme de 44 ans, éthylique présentant une association h\s-

léro-labéliquc. Nie la syphilis. Les symptômes relevant du (abcs

sont les plus nombreux : signe de liomberg, signe d'Argyll, perle

du sens musculaire, incoordination motrice, crises gastriques,

douleurs fulgurantes, ébauche de troubles sphinctériens. D'au-

tres symptômes prouvent l'existence de lésions siégeant sur le

névraxe ailleurs qu'aux cordons postérieurs ; exagération des

réflexes rotuliens, nystagmus.

L'hystérie est enfin affirmée grâce au rétrécissement concen-

trique des champs visuels et aux zones hysterogenes.

Celte observation estun cas<t'in'stero-tahes combinés, rentrant

dans ce que Crouzon appelle sclérose combinée avec association

do symptômes spasmodiques et de troubles labéliques. G. C.

.\\.\1.\, - Tie douloureux de la face guéri par les injec-

tions d'antipyrine; par \I- (iRANDCt.t : AiGNT./S'oc. des sciences

méd. de Lyon. J mai 1J0 ? in Lyon méd. 8 juillet t906.)

Observation d'une malade guérie parles injections d'antip;-

rine en quinze jours, d'un tic douloureux de la face,de la vérita-

ble névralgie épileptiforme de Trousseau.

Cette névralgie avait résisté pendant 1 ans a tous les traite-

ments, y compris l'élcelrisalion par les courants continus de

haute intensité, et l'opération de la névrotomie pratiquée il a a

quatre ans sur les trois branches du trijumeau.

C'est iedouxieniC cas de tics douloureux de la face, sur I cas

traités, que l'auteur a guéri par celle méthode qu'il a conseillée il

y u plus de vingt ans. G. C.

1L. - Méningite tuberculeuse sans réaction leucocytaire

du liquide céphalo-rachidien ; par M. l'nm.Y. (Société de

mdd.deLyon, 5jllin 1905, in Lyor. mdd, 13 juillet 1900.)

Dans un cas do méningite tuberculeuse que M. Pauly vient

d'observer, la ponction lombaire' pratiquée l'avant-voille delà

mort donnaun liquide un pou trouble avec léger rellel rougoùlre,

contenant hcaucoup d'albumine, L'exal1len t tologique n'a IIIOII-

tré que des globules rouges et quelques rares polynucléaires,

sans aucun autre élément. A l'autopsie, on trouva de la tubercu-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 463

lose viscérale et sur le cerveau un exsudât fibrineux à la surface

des circonvolutions, avec des extravasations sanguines au niveau

du lobe frontal; le long des syriennes quelques granulations

comme des grains de semoules.

Les premiers symptômes méningés dataient de trois semaines.

Ce fait montre que la formule cy tuluridue de Widal e t Sicard

n'est pas constante dans la méningite tuberculeuse. G. C.

XL1. Rapports du syndrome neurasthénique et du syn-

drome labyrinthique, par M. HOYET. (Société de médecine de

Lyon, 25 juin f906. in Lyon méd. 15 juillet 1906.)

Des recherches auxquelles s'est livrée M. Hnyel, en constatant L

la grande fréquence de la neurasthénie chez les vertigineux et du

vertige chez les neurasthéniques, découle que les deux syndro-

mes ont entre eux des analogies pouvant faire penser à une

identité. Tous les symptômes cardinaux do la neurasthénie, ses

stigmates, peuvent être réalisées par des excitations anormales

des organes labyrinlhiques.

L'asthénie neuro-musculaire qui est la traduction d'un état

d'hypotonus musculaire se rencontre chez les vertigineux et dans

diverses maladies de l'oreille.

L'asthénie digestive sous la dépendance de l'hypotonus des

libres musculaires se rencontre souvent dans les états vertigineux

et dans les maladies du cavum. C

La céphalée neurasthénique est l'image fidèle de la céphalée des

rhino-pharyngites inflammatoires aigues ou chroniques.

Les différentes sensations douloureuses, nacltialie,scapttlalie,

douleurs interscoscales sont souvent observées dans les rhino-

pharyngites latérales.

Les troubles circulatoires et respiratoires d'origine otiquo ou

nasale s'ohsencntsomenl en clinique.

L'angoisse est parfois la conséquence des (roubles circulatoires

ou respiratoires, souvent les précède et les détermine aussi bien

chez les layrinthiques que chez les neurasthéniques.

Un doit donc étudier avec soin l'oreille et rechercher les lé-

sions rhino-pharyngiennes de façon à pouvoir faire un point de

départ exact au syndrome observé. Cette recherche a un très

grand intérêt pratique puisque un grand nombre de vertiges s

comme beaucoup d'autres symptômes voisins sont curables par

un traitement du rhino-pharynx. G. C.

XLII. Deux cas de galéanthropie hystérique accom-

pagnés l'un d'aphonie, l'autre d'aphasie, d'agraphie et

de varices jugulo-faciales, par M..1. de TI : YSlh : l2, (Lyon

méd., 15 juiliet 1906 nu 28.)

Dans la première observation, il s'agit d'une jeune fille de 25

40 i REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

ans présentant des crises nerveuses depuis ans. Une de ses

soeurs est une névropathe avérée présentant des crises de dys-

pepsie. A l'examen peu de stigmates hystériques : insensibilité

cornéenne, anesthésie pharyngée, réflexes rotuliens exagérés.

File présente de grandes crises ou les phases de tonisme et de

clonisme ont perdu de leur importance pour céder le pas à des

phénomènes délirants. A la suite d'une de ses crises, elle eut un

délire hallucinatoire à forme lycanLlhropique. Elledit être un chat,

" un chai très méchant qui mord tout le monde ». Cette crise de

galéanthropie dura cinq heures. La malade présenta en outre, à

plusieurs reprises de l'aphonie, phénomène qui sans être rare,

mérite d'être signalé.

Celle observation est celle d'une hystérie bien caractérisée et

bien classique.

Chez cette malade cette forme de délire ne se présenta qu'une

s-,ule fois et fut motivée par le récit fait deux jours auparavant

de l'histoire d'un chat enragé, qui dans une famille, avait mordu

huit personnes.

La seconde observation est celle d'un enfant de 9 ans né d'une

mère variqueuse et ne présentant aucun antécédent pathologi-

que héréditaire ou personnel. Brusquement, sans que rien n'ait

pu motiver l'explosion subite de la névrose, il fut pris d'unaccès

d'agitation violente.

Lascène avait débuté par des mouvements désordonnés des

quatre membres, puis l'enfant était resté la proie d'un violent

délire, délire de paroles et d'action, il ne reconnaissait personne,

était brutal, frappait, injuriait. Au bout de quelques heures le

calme renaissait ; l'enfant très abattu conservait les symptômes

suivants ; impotence fonctionnelle des quatre membres, hyppres-

thésie généralisée enfin des phénomènes très nets d'aphasie.

aphasie motrice avecalevie complète et agraphie. Pendant que

les phénomènes d'aphasie persistaient on nota des acci,lenls va-

riés qui s'entremêlaient el se reproduisaient avec une grande

fréquence.

Crises syncopales, crises d'étoulfeement, vertiges passagers,

grincements de dents. Il manifesta des instincts d'anthropopha-

gie. Les hallucinations allaient souvent jusqu'au dédoublement

de la personnalité ou jusqu'à la lycanthropie. Il faisait à la fée

miraculeuse « le coq » ; il lui arriva de s'identifier à un chien et

plusieurs fois à un chat. Dans un accès de galéanthropie. il cou-

rait à quatre pattes, miaulait, griffait. 1.

Dans l'intervalle des crises, l'enfant était bien ; il présentaitun

esprit éveillé. 11 était porteur de varices nombreuses et particu-

lièrement au niveau des jugulaires, surtout à gauche. La jugu-

laire antérieure se dessine sous les téguments, de même la

jugulaire externe et la temporale superficielle. Le territoire de la

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 465

jugulaire interne est intéressée : la voie faciale et ses affluents

forment un paquet variqueux qui lors des efforts forme i ce ni-

veau une masse du volume d'une grosse noix. La moitié gauche

de la lèvre inférieure et l'extrémité antérieure gauche de la lan-

gue présentent un petit paquet variqueux. La moilié gauche

de la voûte palatine et de la face interne de la gencive supérieure,

l'amygdale gauche, sont transformées en surfaces érectiles, au

niveau desquelles on voit se dessiner un abondant lacis vascu-

lairc violacé. Dans le fond de l'oeil on retrouve les mêmes dilata-

tions vasculaires violacées. Pas de trouble moteur, sensitif, ré-

flexe, ni trophique. Pas de stigmates hystériques.

L'enfant était doncun hystérique porteur de varices congéni-

tales. Pour l'auteur il n'est pas impossible que ces varices aient

joué quelque rôle dans l'éclosion de la névrose. Elles ont une

souche commune : l'arthritisme.

Cette seconde observation est intéressantes par les deux affec-

lions nerveuse et veineuse réunies chez le même malade.

Elle l'est aussi par les phénomènes nerveux présentés par le

petitmala'le comme ceux de l'aphasie hystérique, qui sont chose

rare etles accès galéanthropiques qui revinrent à plusieurs re-

prises et alternaient avec d'autres variétés du délire xoanthropi-

que. G. C.

X LIlI. Une épingle rouillée dans le bulbe ; par MM. DEVic

et XopDMANN. (Lyon médical, 22 juillet 1906, n° 29.)

Observation d'une femme de 48 ans, ayant présenté les symp-

tômes suivants : grand alcoolisme; un accès de delirium tremens

il y a un an, parésie douloureuse des membres inférieurs depuis

deux ans ; pituites matinales, tremblement etc. Délire très net

il y a huit ans, gros foie sans ascile, épistaxis fréquentes, grosse

rate. Pleurésie droite il y a douze ans, toux fréquente et bron-

chites répétées depuis cette époque, pleurésie droite récente, tu-

berculose pulmonaire. Albuminurie légère, état fébrile, délire.

A l'autopsie ; on ne trouve rien aux vertèbres, la pie-mère est

un peu plus vasculaire que de coutume. Rien au cerveau, pas

d'hydrocéphalie \ entl'iculaire ni méningite. On sectionne sans dif-

ficulté les pédoncules cérébraux. Au momcntoù on veut séparer le

cervelet du bulbe et de la protubérance, on sent un corps solide

et piquant sous le doigt. On voit qu'il s'agit d'un corps métalli-

que, aiguille ou épingle recouverte partout d'une couche uni-

forme et épaisse do rouille, une portion est libre, l'autre est fixée

daus l'épaisseur du bulbe. Le point de pénétration dans le bulbe

est situé tout près de la ligne médiane, un peu à gauche de celle-

ci et à 2 ou al millimètres au-dessus du bec du calamus. Le trajet

intra-bulbaire de ce corps est oblique de gauche à droite, de bas

en haut et un peu d'arrière en avant ; partant de l'aile blanche

Archives, 2' série 1906, t. XXI 30

4GG REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

interne gauche, il traverse la ligne médiane, l'aile blanche inter-

ne droite et l'aile grise, sans atteindre en hauteur le sillon bulbo-

protubérantiel, ni faire saillie à la partie antéro-extcrne droite

du bulbe. La portion intra-bulbaire mesure de 11 à 13. millimè-

tres de longueur. La portion extra-bulbaire a 24 à 25 millimètres

de longueur. Tout autour du trajet intra-bulbaire sur une éten-

duede 7 millimètres environ, le tissu nerveux est légèrement ra-

molli et de même coloration ocreuse que la surface du corps mé-

tallique. Sur le plancher du 4 ventricule, n'y a ni hémorra-

gie, ni exsudai.

D'après les renseignements recueillis, les auteurs croient que

l'épingle .1 séjourné neuf jours dans le bulbe, sans que la malade

ait présenté aucun trouble fonctionnel apparent.

Cette observation montre qu'il faut de plus en plus renoncer

aux localisations simplistes de Logallois et Flourens, car il est

bien certain que pour produire des troubles graves il faut des

lésions très étendues au niveau du 4e ventricule.

La lésion dans ce cas été fixe et assez limitée et n'a donné

que des troubles passagers et passés inaperçus, pour rester en-

suite complètement latente. (. Carrier.

L11'. -De la méningite otogène et de sa curabilité ; par

1,ANNois et PFRRETIkRr. (Lyon médical, 1 aoùt 1906, n° 32.)

La méningite ologène est une complication relativement fré-

quente des suppurations de l'oreille. Les auteurs ne veulent par-

ler ici que de la lepto-méninnite aiguë d'origine otique.

La question de sa curabilité a provoqué depuis dix ans de

nombreuses publications qui ont modifié dans une certaine me-

sure la conception ancienne de la non curabilité de la méningite.

Comme contribution à cette étude les auteurs rapportent un

cas qu'ils ont observé é el uù l'intervention leur a permis d'obte-

nir une amélioration manifeste des accidents méningés.

Observation. Résumée ; olorrhée bilatérale datant de l'en-

fance. Recrudescence depuis un mois. Jeune homme de 16 ans,

signes de réaction mastoïdienne avec symptômes cérébraux de-

puis huit jours.

A l'entrée. Leptoméningite aiguë suppurée diffuse, prouvée

parle tableau clinique et la ponction lombaire (liquide séro-pu-

rulent Itolynucléosc abondante.)

Intervention : Trépanation large de l'apophyse, carie du toit de

l'antre, ouverture de la fosse cérébrale moyenne, incision cru-

rale de la dure-mère, ponctions de la substance cérébrale : li-

quide céphalo-rachidien louche s'écoulant en jet du ventricule.

Amélioration immédiate et très manifeste après l'intervention,

mais persistance du ralentissement du pouls. Reprise des phéno-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 4C7

mènes cérébraux douze jours après l'intervention. Deuxième

ponction lombaire : liquide clair, lymphocytose prédominante,

pas de microorganismes.

Diagnostic posé : Abcès encéphalique masqué antérieurement

parle syndrome méningitique aigu. Mort au 15° jour.

Autopsie : abcès de l'hémisphère droit cérébelleux.

L'examen du rocher fait ultérieurement montra qu'il existait

deux lésions très distinctes. D'abord les lésions d'antrite et de ca-

rie osseuse du toit sur lesquelles avait porté l'intervention. En

second lieu, une labyrinthite suppurée chronique ; toutes les ca-

vités de l'oreille interne étaient remplies par un magma purulent

d'aspect caséeux qui les obturait complètement.

Les auteurs pensent que leslésions d'antrite fongueuse avaient

déterminé au niveau de la carie du toit un petit abcès extra-du-

ral avec fongosités et déterminé les phénomènes de méningite.

La labyrinthite suppurée était responsable de l'abcès cérébel-

leux comme le prouvait la propagation du pus dans le conduit

auditif interne. C'est du reste une des voies les plus fréquemment

suivies par le pus pour la production des abcès cérébelleux otogè-

nes.

Au point de vue clinique cette observation est un cas d'amélio-

ration manifeste ou plutôt d'enraiement transitoire d'une lepto-

méningite aiguë suppurée d'origine otique.

A l'occasion de ce fait les auteurs ont recherché dans la littéra-

ture les principaux travaux auxquels a pu donner lieu la ques-

tion de la curabilité des méningites d'origine otique.

Ils rappellent les dé Laits essentiels que présente au triple point

de vue pathogénique, anatomique el clinique la méningite oto-

gène en ce qui concerne surtout la cure chirurgicale.

De cette revue générale sur la curabilité des méningites ologè-

nes il leur paraît légitime de tirer cette conclusion que l'interven-

tion s'impose dans presque tous les cas. '

L'intervention doit comporter les temps suivants :

1° Opération primitive sur l'oreille malade et suppression ra-

dicale du foyer infectieux auriculaire. - 2" Ouverture de la fosse

cérébrale ou cérébelleuse et mise à nu de la dure-mère crânienne.

3° Incision de la méninge dure et drainage de la cavité arach-

noïdienne cérébro-cérébelleuse. - 4° Ponction lombaire qu'on

renouvellera au besoin. G. Carrier.

.XLV. - Méningite tuberculeuse ; tubercules cérébro et

cérébelleux ; caverne pulmonaire chez un enfant de 8

mois ; par MM. Rabot et LARL.1TIER. (Lyon met ! . 26 août 1906

34.)

L'intérêt de l'observation publiée par les auteurs réside dans

la coexistence sur le même sujet de deux lésions extrêmement

4C8 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

rares dans le premier âge ; l'existence d'une caverne pulmonaire

tuberculeuse et d'une méningite tuberculeuse.

La lésion pulmonaire chez le petit malade, caverne du volume

d'une très grosse noix dans les deux tiers supérieurs du lobe in-

férieur du poumon gauche, a passé cliniquement totalementina-

perçue. Elle a été une constatation d'autopsie. De ce fait l'ob-

servation ressemble exactement à celles précédemment publiées.

Elle n'apporte aucun élément nouveau de diagnostic de la tuber-

culose ulcéreuse du nourrisson.

La méningite tuberculeuse est aussi assez rare chez le toutjeu-

ne enfant. L'observation ne diffère par ses symptômes des cas

classiques que par l'hypothermie qui a précédé la mort de 24 heu-

res, alors que plus habituellement la température s'élève il la

période finale.

L'étude des cas publiés montre que l'évolution des tubercules

de l'encéphale chez le toutjeune enfant diffère sensiblement de

ce qu'elle est chez l'adulte.

Leur symptomatologie est toujours vague par l'absence de

signes de localisation. Le diagnostic, précis est fait exceptionnel-

lement. Seule la méningite tuberculeuse qui ordinairement ter-

mine l'évolution, est reconnue.

Analomiquement ce sont des tubercules multiples, alors que

fréquemment ils sont solitaires chez l'adulte. Souvent ils coexis-

tent sur le cerveau et le cervelet. Dans le cas des auteurs le foyer

initial a été les lésions del'appareil pulmonaire et des ganglions

tractieo-hronchiques. G. Carrier.

XL \'1.- Méningite spinale et syndromes radiculaires dans

le rhumatisme chronique; par M, Jean Lépine. (Lyon i)7é(li-

cal, 2G août 1905, n' 38.)

D'après M. Jean Lépine la méningite spinale peut se manifes-

ter déjà dans les formes relativement bénignes du rhumatisme

chronique. De plus il montre que les rhumatismes chroniques

déformants, considérés par certains auteurs et en particulier par

M. Teissier, comme différents par leur évolution et leur nature

des rhumatismes chroniques d'infection et des rhumatismes dys-

cramiques ou goutteux, n'ont pas le privilège exclusif de ces lé-

sions méningées. On peut les rencontrer même dans le rhuma-

tisme dyscrasique ou goutteux.

La pathogénie de ces lésions méningées est la même, elles ne

sont en effet que les résultats de l'envahissement du liquide cé-

phalo-rachidien par des poisons.

Qu'il s'agisse de toxines microbiennes ou de poisons issus de la

nutrition viciée de l'organisme, le processus est le même. 11 sem-

ble se laire en. deux temps. Aune irritation première correspond

l'augmentationdu liouide céphalo-rachidien. Cette hypertension

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 4G9

suffit il expliquer certains symptômes douloureux. La pie-mère

devient le siège d'une inflammation lente, si l'intoxication per-

siste alors la méningite se constitue.

L'auteur rapporte deux observations de méningite spinale

avec syndromes raidiculaires chez dessujets atteints de rhumatis-

me chronique dyscrasique.

Dans la première le malade a été amélioré par une ponction

lombaire qui permit de constater l'hypertension du liquide cé-

phalo-rachidien et par un traitement général surtout hygiénique..

Dans la seconde le sujet fut amélioré et progressivement guéri

en quelques mois par un traitement général diathésique. G. C.

XLV1L Tachycardie paroxystique et pouls lent perma-

nent chez le même sujet ; par M. JOSSea.vNn. (Soc. des scien-

ces méd. de Lyon, in Lyon mu, 9 septembre 1906, n° 36.) .)

Un homme d'une trentaine d'années, buveur, fumeur et chi-

queur, présentant des accès de tachycardie paroxystique essen-

tielle, 200 pulsations à la minute avec un pouls lent permanent,

40 pulsations à la minute. Au coeur pas d'arythmie, pas d'hyper-

trophie cardiaque, ni souffle, ni galop.

L'alcool et le tabac ont vraisemblablement réalisé une inloai-

cation bulbaire ou des lésions de vago-n6mite se traduisant par

une excitation habituelle du pneumogastrique cardiaque avec

des épisodes de dépression. Pas de syphilis.

Il s'agit d'un pouls lent permanent ou plutôt, comme c'est la

règle, d'un rythme couplé fruste, traversé par un incident de ta-

chycardie paroxystique. G. C.

XLVIII. - Mal perforant buccal; par M. PALLIASSE. (Lyon

médical, 7 octobre 1906, n° 40.)

Observation d'un homme (le )6 ans, syphilitique, présentant

un tabès caractérisé par des douleurs fulgurantes, le signe d'Ar-

gyll, un Westphall incomplet, une insuffisance aortique.

Arthropathies caractéristiques du genou droit et du pied droit.

Chute des dents de la mâchoire supérieure, résorption du re-

bord alvéolaire, mal perforant buccal. Les perforations sont pla-'

cées exactement au niveau du bord alvéolaire et présentent bien

les caractères cliniques de cette lésion. Sur le côté gauche et à

peu près au milieu il existe deux perforations ovalaires situées au

niveau du milieu de la rigole et séparées par un mince pont mu-

queux. A droite, en un point symétrique, existe une petite perfo-

ration plus petite, disposée de façon identique.

La thèse de Ilenry reproduit toutes les observations du mal

perforant buccal, ce qui porte actuellement à dix-neufle nombre

des ras connus. G. C.

470 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

\lut. - Quelques manifestations cérébrales du rhuma-

tisme chronique ; par M. LÉPIivE. (Lyon médical, 7 octobre

1906, no 40.)

La pathologie cérébrale comme la pathologie médullaire ou

périphérique, peut offrir des exemples manifestes de l'action du

rhumatisme chronique.

L'auteur laisse de côté les faits de paralysie générale arthritique

et les divers accidents lacunaires des vieux rhumatisants et s'oc-

cupe seulement des névroses, des psychoses et des syndromes en-

céphaliques d'ordre vaso-moteur ou trophiques. Parmi les né-

vroses, laparalysie agitante est celle qui doit le plus aux rhuma-

lismes. Cette opinion s'appuie sur les travaux de MM. Pierrot,

Brissaud, Spiher, sur les recherches anatomo pathologiques de : \D1. Pierret, Teissier, ,IofTroy, Ilaymond. Ces faits donnent à pen-

ser que le syndrome parkinsonnien. sans doute en rapport avec

une irritation des noyaux sous-thalamiques, pourrait bien être

provoqué avec prédilection par des lésions de leploméningite dif-

fuse.

Certaines particularités cliniques montrent l'influence du rhu-

matisme dans l'origine de la paralysie agitante ; ainsi l'influence

curieuse des surmenages locaux. La véritable analogie clinique

entre le rhumatisme chronique et la paralysie agitante est dans

ce même état de rigidité, de soudure, d'immobilité relative et

d'apathie, se manifestant au point de vue physique et mental.

Cette interprétation du syndrome parkinsonnien ne .s'applique

qu'à un certain nombre de cas,carilpeut relever de bien d'autres

causes.

Dans la neurasthénie, les liens avec l'arthritisme semblent de-

venir de plus en plus étroits.

Pour l'auteur, l'état neurasthénique fait partie de la symptoma-

lologie normale du rhumatisme chronique. Il ajoute avec raison

qu'il faut lo chercher ; mais on le trouve représenté, dit-il, par

une inaptitude particulière et inexplicable au travail physique ou

mental.

Parmi les psychoses, c'est à la mélancolie que l'état neurasthé-

nique des rhumatisants a le plus de chance d'aboutir.La mélan-

colie d'involution sénile ou pré-sénile est la forme sur laquelle se

manifeste le plus l'influence du rhumatisme chronique. Rien ne

ressemble à la sénilité comme le rhumatisme chronique. M. lié-

gis a insisté sur l'importance de l'arthritisme dans la genèse du

délire hypochondriaque de négation. Pour l'auteur enfin, un état

arthritique peut parfois être seul responsable d'obsessions.

L'auteur admet que l'influence de l'arthritisme sur l'équilibre

de l'esprit peut être plus puissante, même chez un prédisposé

héréditaire, que les causes morales ou psychiques. ,

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 471

Parmi les syndromes encéphaliques d'ordre vaso-moteur ou

trophique, la migraine, l'acromégalie, les ostéopathies du type

de l'ostéite déformante de Pajet peuvent figurer sur la liste des'

accidents nerveux du rhumatisme chronique. G. C.

L. Considérations pathogéniques sur les accidents

nerveux du rhumatisme chronique; par \I..1. Lépine. (Lyon

médical, 28 octobre 1 \1ùiJ, n° 43.)

L'auteur a la conviction profonde que dans toutes les variétés

de rhumatismes aigus, subaigus ou chroniques, c'est l'état géné-

ral de la nutrition qui est l'élément primitif et majeur. Le vrai

problème pathogénique n'est pas dans la poursuite d'une spéci-

ficité microbienne plus ou moins partagée entre divers agents in-

fectieux. Leur action ne doit pas être séparée de l'étude du ter-

rain. L'arthritisme ou mieux le neuro-artliritisme n'est pas une

idée morte ; pour M..1. Lépine, il se retrouve dans les diverses

variétés de rhumatisme et non point seulement dans la variété

goutteuse.

A l'origine de tout rhumatisme, même du plus spécifique, celui

de la blennorragie, on retrouve un terrain arthritique caractérisé

par des troubles de la nutrition générale.

Ces troubles de la nutrition ont une conséquence, parmi bien

d'autres ; le liquide céphalo-rachidien se charge de poisons, qui

viennent soit de l'organisme, soit des centres nerveux. Les mé-

ninges peu perméables de dedans en dehors conservent ainsi

longtemps certaines substances nocives qui baignent le système

nerveux.

Les réactions de défense qui en découlent, comme l'hyperten-

sion du liquide céphalo-rachidien contribuent à exagérer l'exci-

tabilité anormale du système nerveux. Plus les causes toxi-infec-

tieuses s'ajoutent, plus l'irritabilité du système nerveux s'accroît.

Le système nerveux des rhumatisants chroniques est donc le

siège d'une irritation quasi-permanente. Dès lors, quoi d'étonnant

à ce que la présence de ces substances anormales et toxiques

dans le liquide céphalo-rachidien aboutisse à des lésions maté-

rielles des méninges spinales.

Cette participation du système nerveux explique que, suivant

les prédispositions individuelles, le rhumatisme chronique loca-

lise à telle ou telle partie du système nerveux les manifestations,

qu'elles soient articulaires, abarticulaires ou nerveuses ; para-

plégiques ou atrophiques chez les manouvriers, idées délirantes

mélancoliques et obsessions chez les prédisposés cérébraux. Elle

explique l'importance des phénomènes dus à l'irritation du sym-

pathique (migraine, entéro-colite muco-membraneuse.EMc ex-

plique la persistance indéfinie du rhumatisme chronique,dès que

les phénomènes nerveux durables sont apparus.

472 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Une double thérapeutique est nécessaire pour échapper il. celle

évolution progressive : d'une part, réduire au minimum les in-

' toxications et auto-intoxications par un régime sévère, afin de

ramener la nutrition à ses données normales.

D'autre part en évitant les circonstances susceptibles d'augmen-

ter l'excitation nerveuse centrale ou périphérique. G. C.

LI. Rapports du rhumatisme chronique avec quel-

ques maladies de la moelle; par M. Jean LAPINE. (Lyon mé-

dical, 1G septembre 1906, n° 37.)

Dans une nouvelle communication faite à la Société nationale

de médecine de Lyon, M. Jean Lépine montre que les rhumati-

sants chroniques peuvent réaliser de véritables maladies de la

moelle.

Dans une précédente communication, il avait apporté des ob-

servations de rhumatisants affectés d'épisodes nerveux d'impor-

tance secondaire. Les nouveaux faits qu'il publie correspondent à

un degré de plus dans l'atteinte du système nerveux.

Quatre observations ont trait à des sujets atteints d'accidenls

médullaires au cours d'un rhumatisme chronique secondaire à un

rhumatisme aigu.

Dans trois autres observations il s'agit de malades présentant

des accidents médullaires au cours d'un rhumatisme chronique

en particulier du type dyscrasique ou goutteux.

Les laits publiés semblent indiquer que le rhumatisme chro-

nique, soit sous la forme d'attaques aiguës récidivantes, soit sous

la forme dyscrasique, occupe une place importante dans l'étiolo-

gie de certains syndromes médullaires. Il ne s'agit pas, dans les

observations,de grands rhumatisants chroniques à ankyloses mul-

tiples et irréductibles, mais de malades à signes articulaires mo-

dérés. Les accidents médullaires ne sont donc pas liés aux formes

les plus graves du rhumatisme chronique.

Deux types anatomo-cliniques se dégagent : pacliyméninâite et

méningo-myélilo.

Dans la première série d'observations, les accidents nerveux

sont à localisation radiculaire, ce sont des signes de compres-

sion des racines que présentent les malades. On peut les confon-

dre avec des malades atteints de pachyméninaite hypertrophiquo

tuberculeuse ou syphilitique.

Les malades du deuxième groupe ont de la méningo-myélite,

leur cerveau n'est pas toujours indemne.

A côté des signes médullaires on trouve parfois chez ces ma-

lades de la rigidité généralisée et du tremblement ce qui en fait

des parkinsonniens frustes.

Sans entrer dans des considérations pathogéniques, l'auteur

pense qu'on doit tenir grand compte du rôle de la méningite spi-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 473

nale chronique dans la production de ces myélites plus ou moins

diffuses qui ne sont qu'à moitié systématisées.

Cette méningite peut être le point de départ d'affections en ap-

parence systématiques comme la sclérose latérale amyolrophi-

que. Elle réalise probablement à elle seule certains cas de sclé-

rose combinée ou de scléroses en plaques.

Cette méningite peut résulter d'une infection ou d'une intoxica-

tion quelconque due à la présence longtemps prolongée de poi-

sons dans le liquide céphalo-rachidien.

De même que le traitement mercuriel intensif a permis dans

ces dernières années de guérir des méningo-myélites syphilitiques,

de même les divers traitements du rhumatisme chronique per-

mettront,pense l'auteur,de voir s'arrêter et rétrocéder dès le dé-

but ces différents accidents médullaires. G. C.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ D'Il1'P\OLOG11 : ET DE PSYCHOLOGIE

Séance du mardi 20 novembre 1906. - Présidence de M..Jules

Voisin.

Le rote de la timidité dans la pathogénie des psycho-névroses.

M. PRII.1 on. - La timidité est un état psychologique quo

l'on retrouve toujours il la base de toutes les psycho-névroses

et il est étonnant qu'un fait aussi évident ait été jusqu'à ce jour

méconnu par les cliniciens. On ne peut l'expliquer que par le

dédain trop général professé à l'égard de la séméiologie psycho-

logique.

L'étude de la timidité jette cependant une vive lumière sur le

mécanisme par lequel s'effectue la désagrégation des fonctions

intellectuelles. Un sujet est en pleine possession de ses facultés,

tout à coup s'il se trouve en présence d'une autre personne, ce

seul incident suffit pour que sa valeur personnelle en présente

une diminution appréciable. 11 est comme paralysé pendant

quelques secondes, quelques minutes ou quelques heures. Or,

celte influence iutermentale résultant de l'intervention d'une

autre personne ne peut s'expliquer que par la connaissance des

effets de l'hypnotisme. L'être intimidé se trouve dans un état

psychologique analogue à celui de l'être hypnotisé.

Parmi les manifestations objectives de l'intimidation,' il faut

placer au premier rang l'apparition de la rougeur ou de la pâ-

leur. Ces modifications vaso-motrices indiquent que le sujet a

474 SOCIÉTÉS SAVANTES.

subi une perturbation profonde dane sa circulation générale.

La brusquerie de leur apparition permet de les assimiler à un

véritable choc. Or on sait l'action déséquilibrante que les chocs

peuvent exercer sur le système nerveux central et on s'explique

que des troubles névropathiques puissent résulter de la r('púli-

tion de ces actions déprimantes.

La plupart des timides ont la sensation du trouble apporté

dans leur organisme parle choc émotionnel de l'intimidation.

Ils se rendent compte de la difficulté qu'ils ()prouvent recou-

vrer l'empire sur eux-mêmes. Ils sont affectés de leur impuis-

sance à se soustraire aux effets de l'intimidation. Ils en sont

humiliés et perdent assez rapidement toute conliance en eux-

mêmes. A la crainte des soullrances qu'ils sont exposés à ressen-

tir se joint celle d'être constamment en état d'infériorité dans

leurs entreprises.aussi progressivement se créent en eux l'indéci-

sion, l'irrésolution, le doute et enfin l'état d'aboulie confirmé.

Une enquête minutieuse, poursuivie depuis quelques années et

portant sur un grand nombre de malades m'a appris que pres-

que tous les sujets atteints de troubles hystériques et neuras-

théniques, bien avant le début de leur affection étaient des timi-

des. La timidité était la manifestation la plus frappante de leur

personnalité et il n'est pas douteux qu'elle a joué un rôle im-

portant dansl'apparition de leur psycho-névrose. Dans un assez

grand nombre de cas même, l'apparition des accidents névro-

pathiquesest liée d'une façon étroite avec un fait d'intimidation

dont le sujet a été la victime. C'est à cet évènement qu'ils rat-

tachent l'apparition de leur maladie. Dans ces conditions, l'hys-

térie etla neurasthénie qui résultent des chocs émotionnels de

l'intimidation pourraient être rattachées au point de vue du

pronostic et de la durée aux névroses traumatiques avec lesquel-

les elles présentent beaucoup d'autres points de ressemblance.

L'éducation et le milieu social sont les facteurs principaux

du développement de la timidité. Chez les peuples où la pratique

de l'égalité entre les citoyens est poussée à un degré assez avan-

cé, la timidité est moins fréquente. C'est ce qui se passe dans

l'Amérique du Nord et en Suisse où les hiérarchies gouverne-

mentales et autres ne comprennent pas de personnages très inti-

midants.Chez les peuples où le respect des hiérarchies est poussé

très loin, comme en France, les timides sont extrêmement

nombreux, Chez certains la disposition à l'intimidation est

même si développée que cet état psychologique peut être con-

sidéré comme la manifestation initiale d'une 1>syclro-név rose.

Dans mes cours de psychothérapie et dans ma technique de la

rééducation de la volonté je fais toujours une part au traite-

ment de la timidité. Par des exercices spéciaux j'entraîne le

sujet à réagir contre les effets de l'intimidation. Les timides étant

SOCIÉTÉS SAVANTES. 475

facilement hypnotisables, ils sont par ce fait susceptibles d'être

hypnotisés à leur insu. Je leur suggère qu'à l'avenir ils ne pour-

ront plus l'être que quand ils y consentiront, quand leur santé

l'exigera et quand ils auront affaire à un médecin expérimenté.

C'est dans les casde timidité que la suggestion m'a toujours

donné les résultats les plus marqués et les plus durables.

M.Demonchy. Il faut distinguer entre les Américains autoch-

tones et les Américains d'origine anglaise. Les premiers ne con-

naissent,pour ainsi dire,pas la timidité ; les seconds,au contraire,

sont très timides, parce qu'ils proviennent d'une nation très

fortement hiérarchisée.

M. Bérillon. En effet, il n'y a peut être pas de peuple où

l'intimidation soit plus développée que chez les Anglais. Un

exemple, le fait d'avoir été présenté à la reine ou d'avoir espéré

l'être et ne l'avoir pas été entraîne une fierté ou une humi-

liation qui durent toute une vie. C'est, d'ailleurs, en Angleterre

qu'on rencontre le plus grand nombre de cas de phobie de la

rougeur.

M. Paul MAGNiN. Je partage complètement l'opinion de Bé-

rillon sur le rôle que joue la timidité dans l'étiologie des psycho-

névroses. Dans la famille et à l'école,à force de faire aux enfants

des remontrances exagérées on injustes, on fait d'eux des timi-

des ; puis consécutivement des névrosés, des timides, des dou-

teux. L'intérêt que présente la communication qui vient d'être

faite est considérable. Elle confirme mon opinion que la psycho-

logie est capable d'apporter d'importantes contributions à l'étu-

de des maladies nerveuses.

La timidité en Orient.

M. ])AMOGLOU (du Caire). En Turquie et en Egypte la timi-

dité constitue un état mental endémique et héréditaire. Elle a

pour cause un système général d'éducation résultant du despo-

tisme qui règne en maître absolu et irresponsable depuis des

siècles dans toutes les classes delà société . sans distinction de

race, de nationalité ou de religion. Les enfants doivent garder

le silence absolu devant leurs parents,les hommes jeunes devant

les vieux, les apprentis devant leur patron, etc. Sans cesse à la

merci du despotisme et de l'arbitraire, les Orientaux vivent sous

l'empire de la peur. Sans volonté, sans opinion, sans personna-

lité, êtres passifs, véritables malades, la timidité les réduit trop

souvent au mensonge, à la ruse et à l'hypocrisie.

Le traitement psychologique du mal de mer.

MM. Félix REGNAULT, Paul Farez, Pamart, Bérillon, Magnin,

Demonchy échangent des vues au sujet de la distinction du mal

476 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.

de mer vrai et du mal de mer imaginaire, ainsi que sur l'effica-

cité de la suggestion contre certaines formes du mal de mer. -

Cette discussion ne peut être épuisée, à cause de l'heure avancée

elle est renvoyée à la séance de décembre.

LEGISLATION ET ASSISTANCE

Circulaires

relatives à l'application de la loi du 30 juin 1838

sur les aliénés

Monsieur le Premier Président

- le Procureur général,

Paris, ? 7 juin 1906.

Les critiques dont la loi du 30 juin 1838 est l'objet sont ancien-

nes, et une circulaire de la Chancellerie du 17 janvier 18GG en

témoigne déjà. Cependant, tout en écartant la pensée que cette

loi soit l'expression dernière de la législation en la matière, il

semble dès à présent possible d'en tirer un meilleur parti en l'ap-

pliquant avec un soin toujours plus attentif, d'éviter les en eurs

et d'assurer plus sûrement le respect de la liberté individuelle.

Les magistrats peuvent beaucoup à cet égard. Non seulement en

effet il est de principe général que la liberté individuelle des ci-

toyens est essentiellement placée sous la sauvegarde de l'autorité

judiciaire, mais encore, relativement aux personnes séquestrées

dans les asiles d'aliénés, l'article 29 de la loi du 30 juin 1838

donne aux cours et tribunaux les droits les plus étendus, si bien

qu'ils dérogent même aux règles delà séparation des pouvoirs. Il

importe donc au plus haut point que les magistrats, qui peuvent

puiser dans la législation actuelle la possibilité de parer à bien

des abus, ne négligent rien pour accomplir cette partie si impor-

tante de leur mission. Toute séquestration qui ne serait pas en-

tièrement justifiée par l'état mental de l'interné qui en est l'ob-

jet, constitue une atteinte intolérable à la liberté de l'individu

aussi bien qu'à la conscience publique, et aucune lâche n'est plus

pressante que celle qui consiste à veiller à ce que nul acte de ce

genre ne puisse se produire ou se perpétuer.

L'article 4 de la loi du 30 juin 1838 désigne les personnes aux-

quelles appartient la faculté de visiter les établissements publics

ou privés consacrés aux aliénés,et,parmi celles-ci, il place le Pré-

sident du tribunal civil, le Procureur de la République et le juge

de paix. Ces magistrats recevront, ajoute le même texte, les ré-

clamations des personnes qui y seront placées et prendront à

APPLICATION DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 477

leur égard tous renseignements propres à faire connaître leur po-

sition.

Le contrôle facultatif organisé par l'article 4 de la loi du 30

juin 18 ? 8 pourrait produire les plus sérieux résultats s'il était

plus fréquemment et plus effectivement exercé ; mais il n'appa-

raît pas que les asiles soient très souvent visités et contrôlés par

les Présidents des tribunaux civils et par les juges de paix.

En dehors de ces visites facultatives, les Procureurs delà Ré-

publique seuls sont astreints à des visites obligatoires qui, aux

tcrmesdu dernier paragraphe de l'article de la loi de 1838 doivent

être effectuées chaque semestre dans les établissements publics et

chaque trimestre dans les établissements privés. Les instructions

de la Chancellerie 1866 prescrivent à tous les magistrats, Prési-

dents des tribunaux civils, procureurs de la République et juges de

paix, de constater leur inspection par un visa apposé sur les re-

gistres de la maison.- Enfin, à la suite de chacune de ses visites,

le Procureur de la République doit adresser un rapport au Pro-

cureur général, qui dans le courant de janvier en envoie le résumé

à la Chancellerie.

Telles sont actuellement les mesures de contrôle permises ou

prescrites à l'autorité judiciaire en la matière. J'estime qu'il y a

lieu, pour rendre ces mesures plus efficaces, de leur donner d'a-

bord plus d'unité en imposant au Président du tribunal civil et au

juge de paix du canton dans lequel est situé l'asile,les mêmes obli-

gations de surveillance qu'au Procureur de la République. En

conséquence, M. le Premier Président et M. le Procureur général

vous voudrez bien inviter le Président du tribunal civil et le ju-

ge de paix à visiter les établissements privés d'aliénés une fois

chaque trimestre et les établissements publics une lois chaque

semestre.

Les Présidents, Procureurs et juges de paix se concerteront en-

tre eux pour que leur contrôle s'exerce alternativement à des es-

paces réguliers de façon que les établissements publics soient vi-

sités tous les deux mois par un magistrat, et que les établissements

prives le soient tous les mois. Ces visites ne sauraient évidemment t

être de simples formalités, car, ainsi comprises, elles seraient

indignes du caractère des magistrats qui les accompliraient. Rien

au contraire, rien ne devra être négligé pour que leur objet soit

efficace et pour qu'elles procurent des résultats sérieux : ce but se-

ra aisément atteint, quelque pénible que soit un pareil contrôle,

si celui-ci s'exerce avec la haute conscience de l'importance qui

s'y attache. Les rapports qui doivent être dressés après chaque vi- i-

site mentionneront la date à laquelle le magistrat a apposé son

visa sur les registres de la maison. Ces pièces seront transmises

de suite, à savoir : par les Présidents des tribunaux civils aux

478 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.

Premiers présidents, et par les Procureurs de la République et les

juges de paix aux Procureurs généraux.

Après avoir étudié ces documents, vous aurez soin,chacun en ce

qui vous concerne, démêles faire parvenir immédiatement avec

vos observations et votre avis. En outre, chacun de vous voudra

bien me faire tenir dans le courant du mois de janvier le rapport

général que les instructions du 18 janvier 1866 se bornaient à

prescrire aux Procureurs généraux, et qui devra être aussi établi

parles Premiers Présidents, relativement aux visites et aux opé-

rations de contrôle des Présidents des tribunaux civils.

Les établissements d'aliénés sont généralement situés dans le

lieu où résident les magistrats chargés de l'inspection. Au cas

contraire.il suffira de rappeler la circulaire du 28 mai 184, qui, à

la vérité, vise seulement les transports du Procureur de la Répu-

blique, mais qu'il sera juste d'étendre à ceux que devront effec-

tuer à l'avenir le Président du tribunal civil et le juge de paix.

Aussi bien, si l'établissement est situé à plus de 5 kilomètres du

chef-lieu -de l'arrondissement ou du canton. tous ces magistrats

auront droit à l'indemnité fixée par l'article 88 du décret du 8juin

1811.

Le respect et la protection dus à la liberté indiv iduelle ont ins-

piré les dispositions de l'article 29 de la loi du 30 juin 1838 qui

confère à un certain nombre de -personnes dans des cas détermi - z

nés, et au Procureur de la République ou à l'intéressé en toute

hypothèse, le droit de saisir le tribunal à l'effet de faire statuer

sur la cessation de la séquestration. La faculté concédée au Par-

quet est si étendue qu'il peut en user même pour faire sortir des

asiles d'aliénés des individus qui y ont été internés en vertu des

ordres de l'autorité administrative. Sans doute,les conditions par-

ticulières dans lesquelles sont prescrits les placements ordonnés

par l'autorité publique, les soins méticuleux avec lesquels ces me-

sures sont prises, offrent des garanties spéciales qui font, qu'en

fait, les magistrats du ministère public n'auront pas à intervenir

en pareilcas. Mais il n'est pas sans intérêt de constater que le

principe de la séparation des pouvoirs fléchit devant le devoir

impérieux et supérieur qu'imposent la protection et la défense

de la liberté. Rien en effet, ne saurait mieux démontrer la nature

exceptionnellement rigoureuse des obligations de surveillance qui

incombent aux magistrats.

En conséquence, dès qu'un Président de tribunal civil ou un

juge de paix aura acquis quelques doutes, au cours d'une des vi-

sites qu'il devra faire à l'avenir,sur la légitimité de l'internement

d'un aliéné, il devra en faire part, sans différer, au Procureur de

la République qui, de son côté, ne devra rien négliger pour se

renseigner à ce sujet par les moyens ordinaires dont il dispose. Il

est clair que la mesure qui s'imposera tout d'abord au magistrat

AI'PL1C411ON DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 479

du ministère public devra consister dans un interrogatoire qu'il

fera subir à l'interné. Mais il suffira que l'opportunité de la sé-

questration paraisse douteuse pour que le Parquet n'hésite pas à

présenter requête au tribunal à qui il appartiendra d'ordonner,s'il

lejuge àpropos, telles mesures d'instruction que de droit. Celle qui

sera le plus ordinarement prescrite sera évidemment l'expertise,

c'e,L-à-dire l'examen de l'interné par un médecin commis à cet

effet. Or il convient à ce propos de signaler que l'étude des mala-

dies mentales forme une branche particulière etspéciale des scien-

ces médicales. En conséquence. lorsque les cours et les tribu-

naux auront à choisir l'expert qu'ils nommeront, ils ne devront

pas perdre de vue cette considération et, dans la mesure du pos-

sigle. faire porter de préférence leur désignation sur un médecin

aliéniste, spécialisé dans l'étude des maladies mentales et offrant

ainsi une compétence de nature à donner toutes les garanties

souhaitaibles.

Je v ous rappelle que lorsqu'une demande de cessation de séques-

tratlon a échoué devant la juridiction saisie, elle peut être repro-

duite. Il peut se faire en effet que le malade ait obtenu sa guéri -

son pendant le délai qui s'est écoulé entre la décision de rejet et

sa nouvelle demande.

Enfin, et bien que l'article 29 dela loi du 30 juin 1838 soit muet

il ce sujet, il n'est pas douteux que le jugement intervenu en

v ertu de ce texte est susceptible d'appel, et que le Procureur de

la liépubliqueaqualité pourlo déférer àla juridiction supérieure.

J'attache le plus grand prix à ce que les magistrats qui ont qua-

lité pour contrôler les asiles d'aliénés exercent scrupuleusement

leur droit de surveillance et je suis assuré qu'ils s'y appliqueront

avec le plus absolu dévouement, il n'est pas de mission plus no-

bile que celle qui a pour objet, sinon de déjouer l'injustice, du

moins de réparer l'erreur etde rendre à la liberté des malheureux

dont l'état ne comporte pas la nécessité d'un internement : il n'est

pas non plus de tâche qui soit plus digne d'arrêter et de retenir

l'attention des magistrats, et il suffira assurément de la leur si-

gnaler pour qu'ils s'efforcent de l'accomplir avec un zèle qui ne se

démentira point.

Si cependant, à rencontre de mes prévisions, il se produisait

à cet égard quelque défaillance, vous aurez soin de la porter sans

retard il la connaissance de ma Chancellerie.

Je vous prie de vouloir bien m'accuser réception de cette circu-

laire dont je vous adresse un nombre suffisant d'exemplaires pour

que l'envoi en soit fait aux Présidents, Procureurs et juges de paix

des arrondissements et cantons de votre ressort où se trouvent

établis des asiles d'aliénés. Le Président du Conseil, Garde des

Sceaux, Ministre de la jvslice;1. SARRIEN.

480 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.

Le 10 novembre 1906, M. Clémenceau a adressé aux prélets

une nouveile circulaire dont voici le texte :

Instructions relatives au SERVICE des Aliénés. Le

président du conseil de l'intérieur à Messieurs les Préfets. La

présente circulaire a pour but de vous demander certains rensei-

gnements et de vous donner diverses instructions relatives au ser-

vice des aliénés.

I. - Résultats de la circulaire du 18 juin 1906.- Je tiens à

connaître, dans le plus bref délai, les premiers résultats produits

par ma circulaire du 18 juin 19011.- Veuille/, à ce sujet :

10 M'exposer sommairement les travaux de la commission spé-

ciale que ma circulaire vous prescrivait de constituer : à quelles

dates elle s'est rendue à l'asile de son ressort, à quels modes d'in-

vestigations elle a eu recours, quelles constatations elle a faites

et aussi, s'il y alieu, quelles recherches elle compte encore pour-

suivre ; -.

2° Relever et m'indiquer, pour chaque asile public ou privé, si-

tué dans votre département, le nombre exact de personnes sorties

à lasuite de guérison, ou en raison d'améliorations survenues dans

leur état, ou à titre d'essai) depuis le 1er novembre 1905 jusqu'au

1L' novembre 1906, avec, pour chacune de ces sorties, la date à

laquelle elle s'est effectuée et une double mention me faisant con-

naître, d'une part, s'il s'agit d'une personne soumise ou non au ré-

gime commun, d'autre part, si ladite personne avait été l'objet d'un

internement d'office ou d'un placement volontaire.

IL- Rapport semestriel. - Les aliénés sontdes malades : un

grand nombre peuvent guérir, s'ils sont l'objet de soins médicaux

convenables ; les autres, incurables, ont droit à une assistance

compatissante et éclairée. A ce double point de vue, plus d'un

asile, surtout parmi les asiles privés et quartiers d'hospices faisant

fonctions d'asiles publics, laisse encore beaucoup à désirer. Sans

préjuger des réformes futures, qu'il appartient au Parlemeut de

réaliser, nous avons le devoir de faire tous nos efforts pour amé-

liorer, avec lesmoyens en notre pouvoir, la situation actuelle. Or,

les éléments d'informations dont je dispose sont insuffisants ; ils

ne me permettent pas de suivre et de contrôler en quelque sorte

au jour le jour l'évolution de ces services ; ce n'est que de temps

à autre, à intervalles trop éloignés, que je suis en mesure de les

soumettre à des enquêtes administratives.

C'est donc à vous, Monsieur le l'réfet, qu'il appartient d'instituer

sur chaque asile public ou privé, et quartier d'hospice de votre

ressort une enquête permanente ; et je tiens, essentiellement, à

être mis au courant des constatations qui, lors de visites fréquen-

tes et inopinées, auront été faites ou par vous-même ou par vos

représentants. En conséquence, je vous invite à m'adresser désor-

mais deux fois l'an, savoir du 15 octobre au 1er novembre, puis

dn,15 avril au 1er mai, un rapport sommaire mais précis sur chaque

asile de votre département. Vous me marquerez dans ce rapport :

APPLICATION DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 481

1° Le mouvement de la population de l'asile dans le dernier se-

mestre, savoir : le nombre des entrées, décès, transferts, évasions,

les sorties avec leurs causes diverses; le tout en distinguant tou-

jours les placements volontaires et d'office;

2° Les améliorations apportées au fonctionnement de l'asile,no -

tamment au point de vue : -des conditions dans lesquelles s'effec-

tue l'observation des nouveaux arrivants, - de l'organisation du

service médical, du classement des aliénés dans les divers

quartiers , des conditions hygiéniques (isolement des malades

contagieux, chauffage des quartiers et cellules, désencombrement

des dortoirs, régime alimentaire, bains, lavabos, water-closets),-

de la diminution des moyens de contrainte , des conditions de

recrutement et de salaire du personnel, de la préparation des

moyens de défense en cas d'incendie ( sur ce point, des enquêtes

récentes ont établi la nécessité de charger d'une inspection régu-

lière et spéciale un délégué du corps des pompiers de la ville la

plus raprochée : vous y veillerez. A cet exposé des améliorations

réalisées vous ajouterez l'indication de celles qui vous parais-

sent plus urgentes et dont vous comptez signaler la nécessité au

Conseil général. ? Les visites faites à l'asile par les diverses personnes à qui la

loi impose ce devoir, et par celles que vous aurez déléguées à cet

effet, avec le relevé des observations apposées par ces visiteurs

sur le registre delà loi.

4° A ce rapport vous joindrez, sur feuilles spéciales, votre ap-

préciation motivée sur chacun des directeurs, directeurs-médecins,

médecins en chef et adjoints. En ce qui concerne les médecins,

chaque intéressé vous remettra,en outre, à cette occasion, et vous

me transmettrez la liste de ses travaux scientifiques personnels.

Rapprochées de celles que me fournit l'inspection générale des

services administratifs, ces notes me permettront de prendre une

idée plus exacte de la façon dont chacun de ces praticiens est en

mesure de s'acquitter et s'acquitte, en effet de la tache si délicate

qui lui incombe.

Vous ne laisserez pas en dehors de ces appréciations les méde-

cins et directeurs des asiles privés, faisant ou non fondions d'a-

siles publics, car vous n'oubliez pas que la loi de 1838 et l'ordon-

nance de 1839 me donnent pouvoir de révoquer les médecins de

ces asiles et, à l'égard des directeurs, d'ouvrir devant le Conseil

d'Etat une instance en retrait d'autorisation; la récente révocation

d'un médecin en chef d'asile privé atteste ma volonté de ne pas

laisser tomber en désuétude ces dispositons tutélaires de la loi.

J'ajoute à ce sujet que chaque fois qu'il y aura lieu, pour vous,

d'agréer un médecin d'asile privé, conformément à l'article 19 de

l'ordonnace de 1839. vous devrez me faire connaître, au préalable.

les praticiens présentés à votre agrément et, dès à présent, vous s

pouvez tenir pour acquis que je n'autoriserai les directeurs à exer-

cer leur choix que sur les médecins ayant subi avec succès les

épreuves du concours d'adjuvat..Te vous invite ne me faire au-

cune proposition contraire à cette règle; il est indispensable de

s'y conformer strictement si l'on veut transformer certains asiles,

Aiieiii\Ls,2- 2' série, 1SOG, l. XXII. 31

132 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.

qui ne sont aujourd hui que de simples garderies d'aliénés et en

faire ce qu'ils doivent être : des établissements médicaux et hos-

1Jilllliers,

Toutes les prescriptions de cette circulaire s'appliquent. bien en-

tendu aux quartiers d'hospice;en ce qui concerne ces derniers, dont

trop souvent l'administration se désintéresse, la responsabilité du

Préfet est, ne l'oubliez pas, directement engagée, puisque la com-

mission administrative se compose, en majorité, de membres nom-

més par vous. Certains de ces quartiers ont pris un développement

considérable et sont plus étendus que des asiles proprement dils ;

le recrutement d'un personnel médical aliéniste spécialement com-

pétent est une première garantie dont il faut que vous fassiez com-

prendre aux commissions administratives la nécessité. Vous me

tiendrez en toute circonstance aussi soigneusement au courant du

personnel médical de ces quartiers d'hospice que de celui des asi-

les proprement dits.

IIL- Désencombrement des asiles. La plupart des asiles de

province sont scandaleusement encombrés : les malades y sont en-

tassés : par contre, les infirmiers et gardiens sont, en genéral,mal

rétribués et en nombre insuffisant, et bien que la récente loi sur le

repos hebdomadaire, dont la stricte application n'est nulle part plus

nécessaire que dans les asiles, leur ait accordé une satisfaction lé-

gitime, les conditions qui leur sont faites ne permettent pas d'assu-

rer le recrutement d'un personnel compétent et stable. Le médecin,

surtout lorsqu'il cumule ses fonctions médicales avec celles, si

absorbantes, de directeur, plie sous le poids d'une charge trop

lourde. 0

Vous avez le devoir, Monsieur le Préfet, d'appeler de façon pres-

sante et avec une inlassable persévérance, l'attention du Conseil

général sur cette situation réellement grave. Mais avant d'engager

de ce chef des dépenses nouvelles, il convient d'abord et d'ur-

gence, de faire sortir des asiles tous ceux qui pourraient ou qui

devraient n'y être pas maintenus.

1° Ceux qui pourraient sortir, sont les aliénés non complètement

guéris,mais n'ayant plus besoin de soins spéciaux, et que le méde-

cin en chef estime pouvoir être placés, non seulement sans au-

cun danger mais encore utilement, auprès d'une famille de braves

gens ou ils trouveraient une surveillance suffisante en même temps

que des conditions d'existence matérielle et morale moins péni-

bles. A ces placements familiaux judicieusement organisés et at-

tentivement contrôlés, le département et les malades trouveront

leur compte : ceux-ci seront mieux, et le département paiera sou-

vent moins cher. Il vous appartiendra de saisir le Conseil général

de cette question assurément délicate, dont il est indispensable de

se préoccuper sans retard ;

2° Ceux qui devraient sortir sont de deux sortes : les aliénés

guéris et relativement jeunes encore, que l'on se déclare aujour-

d'hui prêt à libérer « si l'on savait ce qu'ils deviendraient le lende-

main», qu'on garde préventivement pour leur éviter le dépôt de

mendicité, et dont le plus grand nombre acceptent, d'ailleurs, cette

situation sans se plaindre ; à ceux-là une assistance à domicile

APIILICAIION DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 483

provisoire assurant d'abord le gite et la nourriture, puis permet-

tant et facilitant la recherche du travail, constituerait pour le dé-

partement une dépense moins lourde, plus socialement utile et en

même temps plus conforme à l'humanité.

Les médecins en chef de nos asiles publics vous indiqueront

sans peine les personnes de cette catégorie : la recherche en sera

plus difficile dans les asiles privés où il est vraisemblable que plus

d'un de ces malades guéris est maintenu, sous prétexte de philan-

throphie, en réalité à cause des services domestiques qu'il rend à

l'asile ou dans ses dépendances ; vous ferez effort pour discerner

sur ce point délicat toute la vérité.

D'autres, qui devraient sortir et que prochainement il n'y aura

plus aucun prétexte pour maintenir dans les asiles d'aliénés, sont

les vieillards, hommes ou femmes, dont l'activité intellectuelle est

très affaiblie, qui ne sont point, à proprement parler, des aliénés,

dont l'état ne réclame pas de soins médicaux particuliers, et dont

la place est à l'hospice, au milieu de vieillards indigents et inof-

fensifs comme eux. Laisser ces malheureux dans un asile, souvent

au milieu d'agités et sous un régime spécial, serait manquer de

respect à la vieillesse indigente, c'est-à-dire déserter l'un des de-

voirs les plus sacrés de l'humanité, et constituerait en même temps

une violation certaine de l'esprit et de la lettre de la loi du 14 juil-

let 1905 sur l'assistance obligatoire aux vieillards infirmes et in-

curables. Je vous invite donc à faire dresser, avec un soin particu-

lier, la liste des vieillards rentrant dans cette dernière catégorie,

afin de les faire bénéficier du droit nouveau qui leur est reconnu

par la loi de 1905. Vous m'accuserez réception de cette circulaire,

et vous me ferez connaître, successivement, les mesures prises

pour assurer l'exécution des prescriptions diverses qu'elle for-

mule.

N'oubliez pas, Monsieur le Préfet, que, pour améliorer le sort

des aliénés dans votre département, vous pouvez et vous devez

beaucoup. Nul plus que ces malades spéciaux n'a besoin de pro-

tection : s'ils reçoivent des soins médicaux insuffisants, si leur

crise psychique passagère et qui aurait pu souvent être guérie, se

transforme, faute de soins appropriés, en une infirmité incurable,

s'ils sont, parfois, maintenus en des conditions hygiéniques déplo-

râblés, s'ilssont victimes de violences, comment se plaindront-ils'l

Toute négligence commise dans un hôpital serait connue le len-

demain du public ; il en va autrement des asiles dont les portes

sont closes, où la vie et la critique du dehors ne pénètrent pas. Les

récriminations des intéressés portent d'ailleurs, le plus souvent, la

trace de leur psychose, sont mêlées d'extravagances ; il est diffi-

cile d'y discerner la vérité de l'erreur.

Ajoutons qu'en notre pays de France, patrie cependant de Pinel,

trop de personnes dans le public et même trop de Conseils géné-

raux ne se sont pas haussés encore la juste conception des devoirs

d'assistance sociale envers les aliénés. Il faut donc que sur ces fai-

bles, inhabiles à se défendre eux-mêmes et auxquels vont si peu de

sympathies, vous étendiez votre protection attentive et compatis-

sante ; la loi morale vous en impose l'obligation et, parmi vos nom

4S4 BIBLIOGRAPHIE.

breuscs tâches administratives, je vous marque celle-là comme une

des plus essentielles. Je compte que vous y travaillerez ; je vous

saurai un gré particulier des efforts personnels que vous aurez

consacrés. Lc Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur, G.

CLETIENCE.1U.

BIBLIOGRAPHIE

\L- Mysticisme et folie ; par le Dr A.Marie. Préface du Dr

IL TnULIÉ, (Giard et l3rrère, éditeurs Paris.)

Les explications adoptées par les hallucinés pour rendre

compte des phénomènes qu'ils étaient quelquefois les premiers

à constater sur eux-mêmes, ont varié selon les époques.

Aux temps du polythéisme antique, où on reconnaissait aux

dieux le pouvoir de descendre sur la terre, c'étaient Zeus et

Mercure, Diane et Aphrodite que voyaient apparaître les désé-

quilibrés mentaux; les femmes avaient commerce avec le dieu

Pan et les faunes, avec des divinités métamorphosées en cygne

ou en taureau; les mélancoliques se voyaient poursuivis par le

fouet des Furies et les aboiements de la triple gueule de Cerbère.

Au moyen-âge, les anges et les démonsont remplacé les dieux

dans ces conceptions et la singularité des délires dont cloîtres

et sabbats furent le théâtre prouve que la richesse d'imagination

des poètes n'atteint pas la puissance d'invention des mono-

maniaques.

Meynert considère ces conceptions morbides, dont il a étudié

la genèse, comme innées chez l'homme normal,mais immanentes;

elles viennent au premier plan sous l'action perturbatrice d'une

maladie qui annihile les fonctions supérieures et leur rôle modé-

rateur ou rectificateur. La superstition existerait donc à l'état

d'élément inconscient dans le cerveau normal et c'est le dévelop-

pement complet des facultés intellectuelles qui en effacerait

toute trace dans la conscience de l'homme sain d'esprit.

Aussi l'école italienne ne voit-elle dans les divers phénomènes

du mysticisme que des manifestations d'atavisme; les arabesques,

figures allégoriques, gestes et attitudes cabalistiques, interpré-

tations fantastiques des faits naturels, néologismes et idiomes

particuliers qui pullulent dans la Paranoïa et en colorent le délire

d'une façon vive et imprévue, nous font ainsi revivre les phases

les plus éloignées de l'évolution mentale dans l'histoire : expres-

sion matérielle et figuration des conceptions abstraites par les

dessins hiéroglyphiques et cunéiformes, conservation des amu-

lettes symbolisant les âmes des morts, mots de l'alchimie médié-

BIBLIOGRAPHIE. 483

vale et de la magie arabe, incantations et cérémonies hiératiques

importées chez nous par dérivation du mysticisme oriental,

lous ces phénomènes sont, aussi bien chez les primitifs que chez

les paranolaques, l'expression d'une même condition psycho-

logique.

De même l'ylozoisme des astrologues, la mantique des thauma-

turges, l'alchimie et la nécromancie, les croyances à l'envoû-

tement et aux charmes se rencontrent dans le délire des aliénés

superstitieux contemporains; la démonolâtrie même est une

religion abandonnée : Belzébuth et Belphégor avaient leurs

temples et n'étaient autres que Baal-Tzebuth et Baal de Pégor.

Bref,pour Tanzi, le fétichisme est de provenance atavique,

de même que l'allégorisme des psychologues allemands. L'affec-

tion mentale interrompt les associations normales qui prennent

« d'autant plus d'intensité qu'elles ne peuvent se répandre sur

« les autres territoires inhibés pour y être contrôlées. En d'autres

« termes, ces tendances mystiques, qui restent inconscientes

« dans le cerveau sain, prendront, par le seul fait de l'isolement,

« l'intensité et la prépondérance que prennent les fonctions

« spinales quand les fonctions corticales sont suspendues. »

Et Meynert rapproche par comparaison le développement

de l'idée délirante de la prédominance de certains muscles en

cas de paralysie de leurs antagonistes; de même c'est l'absence

de notion correctrice qui favorise dans le champ de la conscience

le développement des conceptions erronées. Dès lors ces inter-

prétations délirantes sont la conséquence d'un état d'esprit

inné, identique à celui qui a constitué et constitue encore le

fond mental de certains peuples; elles répondent au besoin

d'expliquer la genèse des phénomènes naturels.

Par rapport à l'évolution de l'espèce, nous naissons avec

une somme de stratifications mentales (Sergi); que la couche

la plus récente s'altère, et l'homme ainsi diminué devient l'ana-

logue de son ancêtre, le sauvage confiant dans son fétiche pro-

tecteur.

On peut ainsi définir ces délires, la réapparition d'une supers-

tition subconsciente dans le cerveau développé (Meynert) ce

qui revient à dire que « l'éréthisme psychomoteur est objectivé

lorsque la synthèse mentale incomplète amène l'automatisme

involontaire et le défaut de subjectivité. »

Tels sont les points de vue originaux qu'a envisagés M. le Dr

-Marie dans cette étude de psychologie normale et pathologique

comparées; il y met en parallèle les mentalités des primitifs, des

sauvages, des enfants et des malades; il compare en outre les

épidémies psychopathiques d'antan aux psychoses collectives

et autres de l'époque moderne. Ce livre intéresse [les anthro-

pologistes comme les psychitâres, les sociologues et les légistes :

48G bibliographie.

il est inspiré de la philosophie d'Auguste-Comte. Une préface

d'actualité le précède, due à la plume de M. le Dr Tiiiiiié,dii,ec-

teur de l'Ecole d'anthropologie de Paris; d'intéressantes planches

le terminent, représentations anciennes de rêves délirants de

démonolatres. tirées de la Bilbiothèque diabolique publiée par

M. le Dr Bourneville. Dr J. ROLET,

XII. La question sexuelle exposée aux adultes cultivés ; par

A. Forel, ancien prof, de psychiatrie à l'Université de Zurich,

190G, 2° édit. avec lig. et, 2 planches.

Etudier la question sexuelle sous tous ses aspects, scientifique,

ethnologique, pathologique et social ; chercher la meilleure so-

lution pratique aux problèmes qui s'y rapportent, tel est le but

poursuivi par le prof. Forel. Pour qu'une oeuvre semblable ait

une valeur réelle, et qu'elle ne manque pas son but, il faut qu'elle

soit sincère, faute de quoi, l'auteur est simplement suspect de

pornographisme mercantile. Le nom du célèbre psychiatre de

Xurichnousétait déjà une garantie ; la lecture de son gros tra-

vail nous a convaincu de sa haute valeur éducative et de sa par-

faite honnêteté : ilpeut, il doit être mis dansles mains, non seu-

lement de l'adulte qui pense, mais aussi de tout adolescent nor-

malement éduqué.

Une analyse sommaire de ce traité de 600 pages est impossible ;

nous allons essayer seulement d'en dégager les idées principales.

Les sept premiers chapitres traitent l'histoire naturelle et la psy-

chologie de la v ie sexuelle ; le 8 ? sa pathologie ; les chap. li à

18, son rôle social.

Chez tous les animaux supérieurs, on trouve la reproduction

sexuelle ou conjugaison par les cellules des glandes sexuelles.

Ces cellules continuent la vie de leurs parents, de sorte que l'in-

dividu ne meurt pas en entier, il continue à vivre dans ses descen-

dants ; la chromatine de nos cellules germinatives est le porteur

de toutes les qualités héréditaires des énergies de l'espèce (mnéme

héréditaire). Les lois mnémiques de Ilering et de Semon (théorie

des irritations) jettent un jour nouveau sur l'hérédité. Il peut y

avoir hérédité de certains caractères acquis, s'expliquant par les

phénomènes d'engraphie mnémique (Semon) ; et Forel appelle,

blastophorie, la détérioration du germe par intoxicalion.

Le chapitre 111 décriLle mécanisme du coït ; c'est un peu sca-

breux ; mais c'est si bien exposé, si scientifique, si adapté au but

moral du livre, que nulne saurait y voir de tendances porno-

graphiques. A côté des différences sexuelles, il y a les différen-

ces psychologiques entre l'homme et la femme ; la femme n'est

pas physiologiquement imbécile, comme l'a dit Moebius ; l'intel-

ligence est appréciée par Forci par le rapport du lobe lrontal avec

le reste du grand cerveau : 42/100 chez l'homme, et 41,3/100 chez

BIBLIOGRAPHIE. -ii-)7

la femme ; la 1)e Li Le en revanche, la femme est

supérieure au point de vue delà volonté. L'appétit sexuel ap-

partient à l'activité du grand cerveau ; l'amour y est produit par

l'irradiation de l'appétit sexuel et travaillé par l'attention ; chez

l'homme, l'appétit est plus fort, mais très variable (fine analyse

des causes de ces variations). La sexualité a été dénaturée par la

civilisation (haute école de la débauche) ; son exploitation, avec

celle de l'alcool, constitue un brigandage social : dans le cerveau

de la femme la sexualité joue un rôle immense. Sous le nom de

flirt, il nous semble, à ce sujet, que Forel comprend des formes

d'excitation sexuelle beaucoup trop sensuelles ; il le condamne

d'ailleurs sous cette forme. Toutes les irradiations de l'amour sont

passées en revue et l'auteur conclut que le sentiment de l'attrac-

tion des sexes est la source de tous les sentiments de sympathie

et de devoir, jusqu'à l'idée de pafrie ; nous ne pouvons nous em-

pêcher de citer sa définition de l'amour : « C'est l'attrait sexuel

joint à l'harmonie des caractères, entraînant une union, dans la-

quelle les conjoints s'incitent au travail social, en commençant par-

leur éducation mutuelle et celle de leurs enfants. » N'est-ce poinl

parfait, et d'une haute envolée sociale '' C'est la régénération du

monde par l'amour, que les religions chrétiennes rendent hon-

teux ! De la longue analyse des phénomènes psychiques en rap-

port avec l'amour, nous retiendrons la conclusion, que l'amour

normal repose sur une symphonie de sentiments et de sensations

harmoniques combinés. L'histoire du mariage est retracée d'après

Westermark ; les unions consanguines ne sont préjudiciables que

lorsqu'elles ont pour résultat d'accumuler des tares; le mariage

par achat se retrouve dans la dot ; nous vivons, dit Forel, sous

l'empire de Mammon. Au sujet de sa forme, il a été d'abord mo-

nogame, puis polygame, puis monogame ; dans l'avenir sera mo-

nogame libre. Le chapitre sur l'évolution sexuelle est un des plus

captivants : dans l'ontogénie, l'amour, de sexuel, devient hu-

manitaire, altruiste : l'enfant est égoïste ; l'adulte fait de l'égoïs-

me à deux; le vieillard, n'ayant plus de but reproducteur, dirige

sa vie en vue du bien social. De même, danslaphylogénie, notre

ancêtre unicellulaire ne vivait que pour lui-même ; puis s'établit

la reproduction sexuée sans amour, puis l'amour conjugal, fami-

lial ; enfin, l'amour social. Cela confirme la loi de Iloeckel : l'on-

togénie est une répétition raccourcie de la phylogénie.

La pathologie sexuelle est ensuite étudiée, d'après Krafft-Ebing.

Foret attribue à l'alcoolisme la plupart des perversions. La sug-

gestion joue aussi un grand rôle dans l'amour et ses anomalies ;

la civilisation est néfaste ; ses effets sont : le mariage d'argent, la

prostitution, et le concubinage vénal. La prostitution est longue-

ment critiquée ; l'Etat ne devrait pas la réglementer (critique des

bordels, «sic»), 11 faudrait pOl1r'<l11nc le ]ll'oxl'nl'lisme et permet [l'C

1SS BIBLIOGRAPHIE.

des actions en dommages-intérêts dans le cas d'infection ; puis

surtout enseigner l'hygiène et détruire la fausse pudeur qui s'at-

tache aux rapports sexuels. Les excès, comme l'ascétisme, condui-

sent auxaberrations. D'ailleurs, les religions, surtout le catholi-

cisme, ne sont-elles pas néfastes' ? Elles ont attaclté une idée de

honte aux rapports sexuels, quoique certains rites ne soient que

des habitudes de la vie sexuelle. Et la confession ! Foret en stig-

matise l'immoralité, en citant (en latin, heureusement) les ques-

tionsà poser par les confesseurs, d'après les P.P. Dens, Lignori,

1)el>reyne, Chiniqui. C'est à frémir ! En vérité, si nos confesseurs

posent de telles questions aux femmes, on peut dire qn'il vau-

drait mieux envoyer celles-ci au lupanar ; ce serait moins igno-

ble ! Le mysticisme, l'extase religieuse et la volupté sexuelle se

combinent souvent en une trinité fort réelle; il y a les religieux

par habitude, et les religieux vrais, qui sont des érotiques.

Dans l'examen des questions de droit, Forel demande : l'éga-

lité des sexes, le divorce facile, la légitimité des unions libres,

même homosexuelles (puisqu'elles ne nuisent à personne), le ma-

triarcat, avec le nom de la mère aux enfants, etc.; la castration

peut être autorisée pour éviter la reproduction des individus

dangereux. Au point de vue du droit pénal : étant donné que le

lihre arbitre n'est fondé que sur une illusion, suppression des no-

tions de culpabilité et d'expiation ; l'homme libre est celui qui est

adaptable; le non-libre est celui qui est dominé par ses passions;

intervention de la justiceseuloment si la société est lésée ou peut

l'être ; droit de supprimer les idiots, monstres, etc. (puisqu'on

fait la guerre, qui tue les valides) ; droit à l'avortement, en cas

de viol de la mère. Dans un chapitre d'hygiène, l'auteur préconise

ensuite les moyens anticonceptionnels, qui, àson avis, assureront

la sélection, et parmi eux, les préservatifs dits « capotes anglaises »

en membranes animales. 11 faut éduquer la jeune fille, de façon

que les fiancés puissent débattre la question sexuelle, leurs pen-

chants, leurs besoins, avant le mariage ; pourquoi même n'y au-

rait-il pas des mariages à l'essai ? Le médecin a, enfin, awnt l'o-

bligation du secret médical, un devoir d'honnête homme à rem-

plir, en dénonçant les tarés qui lui demandent son avis pour le

mariage, et qui voudraient passer outre. La vraie morale consis-

te à ne pas nuire et à être utile ; la vie sexuelle s'élèvera quand

elle sera débarrassée des liens du mysticisme. En économie po-

litique, la question sexuelle joue un grand rôle : une sélection

rationnelle imposera un néo-malthusianisme aux malades, aux

êtres inférieurs, tarés, et poussera les loris, les bons, à la repro-

duction intense.

La pédagogie surtout doit s'intéresser à la question sexuelle; il

ne faut pas entourer de mystère les fonctionssexuelles, mais les

enseigner : une lemme docteur, Mme llilliker, a même proposé

BIBLIOGRAPHIE, 489

de remplacer, chez la femme, le service militaire de l'homme par

un an de service dans les hôpitaux, à 18 ans. L'école de l'avenir

devra être organisée comme les Landerziehungsheime (V. Foret,

L'âme et le syst. nerveux). Enfin, l'art ne doit pas être pornogra-

phique ; il doit être sain. Dans un dernier chapitre, Forel résu-

me tous ces préceptes ; ils ne sont pas une utopie, mais consti-

tuent des réformes rationnelles; ils se divisent en devoirs négatifs

et positifs. Gràce à leur mise en pratique, les époux de l'avenir se

connaîtront profondément, les mariages seront heureux ; s'ils

sont stériles, l'adoption d'orphelins, le concubinat accepté, le di-

vorce facile, seront les remèdes possibles. Sans doute, dit-il en

terminant, ces transformations n'amèneront pas le paradis sur

terre : mais elles seront un grand progrès et non une utopie, un

remède contre les menaces toujours plus grandes de déchéance.

. E. COUI.ONJOU.

XIII. La tuberculose dans les asiles d'aliénés. (Revue statistique,

étiol. et j-,rophyl.) ; par le Dr J. Rolet, interne des asiles

de la Seine, 1906 ; hroch. in-8° de 104 pages.

Les principaux passages de ce travail ont été publiés par les

Archiv. de Neurol., sous les noms de MM. Marie et Rolet (190G,

nos 130 et 131). M. Rolet rappelle les statistiques de mortalité par

tuberculose dans les asiles : 117 décès p. 10.000 malades en

France (en moyenne), et publie celle que dressa M. Bourneville

pour son rapport en 1904 ; à l'étranger, elles donnent un pour-

centage encore supérieur. Puis, de l'examen des travaux sur les

relations entre la tuberculose et l'aliénation mentale, il conclut

à une influence réciproque : observation de Dupré - cérébro-

scléroses l'rnolade, rôle de la tuberculose dans l'idiotie,

l'épilepsie (Courneville-Anglade) et la P. G. (Klippel-Anglade) ;

d'autre part, il ne faut pas oublier la réceptivité spéciale des alié-

nés à l'égard du bacille,- Les conditions d'existence actuelle des

aliénés montrent que la contagion joue un rôle capital (voies

respiratoires et digestives) ; l'hygiène des asiles est très précaire.

Les aliénistes doivent lutter : insuffisance des prescriptions de la

circulaire du 15 juin 1901. Le principe de l'isolement des phtisi-

ques devrait être partout observé; à Villejuif, MM. Briand et Ma-

rie ont déjà fait un heureux essai. A l'étranger, on s'engage avec

ardeur dans cette voie (3 exemples avec figures) ; la France ne

saurait rester en arrière ! Si la prophylaxie de la tuberculose dans

les asiles n'a point encore été mise en pratique chez nous, c'est,

dit M. Rolet, parceque les asiles n'ont pas d'argent. Et cela est

bien vrai ! Si l'on pouvait se douter des difficultés budgétaires

contre lesquelles se débattent les aliénistes, on ne s'étonnerait

plus des différences qui séparent encore les malades mentaux des

autres au point de vue de l'assistance ; tant que les conseils gé-

490 BIBLIOGRAPHIE.

néraux octroieront généreusement 0 fr. 75 comme prix de journée,

i 1 ne faudra pas songer à bâtir des pavillons d'isolement et des

galeries de cure : primum vivere ! (v. p. 483). E. COULONJOU.

XIV. Eléments de médecine mentale appliqués à l'étude du

droit ; par le Dr LÈGRAIN, (Rousseau, éditeur, 1906.)

11. Legrain vient de publier sous ce titre lo cours professé par

lui on 1905 à la Faculté de droit. Ce cours qui comprend quatorze

leçons essaie de dégager, à l'aide de la pathologie, le mécanisme si

compliqué du crime. Il montre que le juriste doit puiser dans la

psychiatrie s'il veut constituer le droit pénal sur des bases scien-

tifiques.

L'auteur passe d'abord en revue les différentes écolesdedroitpé-

nal et fait la critique de l'Ecole classique qui repose sur la loi

morale et de l'Ecole de Lombroso, exagération d'une idée juste.

« Ce n'est pas obligatoirement, fatalement qu'on trouvera chez le

criminel la source de son acte anti-social; il ne sera pas un cri-

minel-né, il ne sera qu'un individu pouvant, suivant l'interven-

1 ion de telles ou telles circonstances contingentes, devenir ce qu'on

appelle un criminel. »

La plus grande partie du livre est consacrée à la personnalité ;

comment elle se constitue, comment elle se transforme dans le

cours des années et comment elle régresse et disparaît. Ce sont

les trois faits qui sont mis en évidence à la lumière de la patho-

logie mentale par l'observation d'un grand nombre de malades.

1° La personnalité se constitue par dos apports héréditaires rela-

tivement durables et des efforts sensoriels contingents et varia-

bles, s'emmagasinant et s'associant dans le sub-conscient. On

peut oublier ces notions, mais elle revivent dans le rêve, dans les

étals maniaques où l'on voit comme une vague de fond amener à

la surface et placer sous les yeux de la conscience des dépôts in-

connus.

2° La personnalité se transforme par suite de contingences, de

relations sociales de milieu extérieur. C'est ainsi qu'on peut de-

venir criminel sous l'influence de mauvais exemples, de camara-

deries fâcheuses. Ilien ne montre mieux cette transformation que

la pathologie (différentes périodes du délire chronique).

On doit considérer la personnalité comme une résultante ; elle

naît, se développe, se complique pour s'épanouir de plus en plus

sans jamais cesser de se transformer, subissant dans le même

temps le poids des contingences extérieures. Une idée recouvre

l'autre sansl'effacer,de làla constitution du M&-consc ! 'ent.(ia(rne

être sent qu'il a en lui un être inconnu ou mal connu avec lequel

il voisine. Ainsi s'expliquent nos réminiscences, nos refrains, nos'

états passionnels : le fils du mélancolique devient mélancolique,

BIBLIOGRAPHIE. 491

le déséquilibré voie, l'épileptique jaloux tue, chacun ayant réagi

avec son sub-conscient.

L'auteur montre encore la réalité du sub-conscient par les dé-

lires appelés par lui délires à éclipse « formations délirantes à

réapparitions périodiques non fatales reproduisant toujours les

mêmes traits qui dorment dans le sub-conscient pendant les épo-

ques intercalaires ». Les malades sortent gl1él'Ïs;l'eprennentleur

occupations et reviennent un beau jour avec un aspect délirant

identique, pour guérir de nouveau et retomber ensuite. Tel est le

cas de l'homme à l'échelle qui, chaque fois qu'il tombe malade,

s'arrête sur un pont, jette à l'eau son échelle, son seau et lui-

même.

Dans l'ivresse qui obscurcit la conscience et supprime le con-

trôle de la raison, on voit apparaître brutalement le sub-cons-

cient avec ses instincts souvent criminels.

)1, Legrain étudie avec soin la médecine légale de l'alcoolisme,

de l'absinthisme. Il s'étend sur les récidivistes, les parasites, les

aliénés criminels et fait remarquer cette anomalie qui consiste à

envoyer le même individu tantôt dans les asiles, tantôt dans les

prisons, selon qu'on le considère comme alors irresponsable ou

comme vicieux responsable.

3° La personnalité se disloque, la conscience n'est pas une. Celte

dislocation se montre dans les états d'obsessions et d'impulsions,

l'automatisme, la suggestion, la fascination des masses par une

poignée de gens.

Après avoir ainsi étudié la personnalité à toutes les phases de

son histoire et prouvé qu'elle n'est pas une unité théorique mais

tout un monde où le sub-conscient ne tient pas la moindre place,

l'auteur en arrive à la notion -le responsabilité et fait le procès de

la responsabilité atténuée. 11 pose en principe que les individus à

responsabilité dite atténuée étant des anormaux, des irréguliers,

des malades, on ne doit pas les punir mais les traiter. « .le suis

d'avis que la responsabilité atténuée n'est pas une conception ri-

goureusement scientifique. Elle est inutile à la recherche de la

vérité ; elle ne sert point les intérêts de la justice ; elle est enfin

un mol oreiller qui a permis à bien des consciences de se repo-

suis : c'est une de ces solutions bâtardes qui fut une façon com-

mode de déguiser notre ignorance et de concilier les exigences de

la défense de certains anormaux avec celles du Code. »

. Le livre de M. Legrain est des plus intéressants pour le méde-

cin comme pour le juriste. Nul doute qu'il n'obtienne un grand

succès. « L'auteur a ouvert de nouveaux horizons à nos élèves »,

dit M. Garçon, professeur à la Faculté de droit, dans la préface.

C'est le plus bel éloge qu'on en puisse faire. la. LEtzov.

.492 BIBLIOGRAPHIE.

XV. La démence ; par M. le 1)" Auguste Marie. (Collection

de la Bibliogrophie internationale de psychologie expérimentale.

Directeur : Dr Toulouse.) 0. Doin, éditeur.

L'ouvrage de M. A. Marie est une étude d'ensemble de la dé-

mence, riche en documents de toutes sortes, savamment inter-

prètes.

Dans le premier chapitre, l'auteur adopte pour la définition et

la classification des diverses démences les données anatomiques

de il ! . Klippel et distingue nettement les démences dont la lésion

est purement neuro-épithéliale de celles dont la lésion est encore

et surtout vasculo-conjonctive. La démence dans l'une et l'autre

variété esl. due à l'abrasion, la section et la rétraction des den-

drites qui aboutissent, en fin de compte, à l'autonomie cellulaire.

Le second chapitie résume la psycho-physiologie des dé-

ments. On trouve dans ce long chapitre les renseignements les

plus utiles sur l'examen des sujets, les tests qu'on peut em-

ployer, les réactions démentielles aux excitations diverses.

L'historique de la démence est traité ensuite avec des considé-

rations philosophiques fort suggestives. Les diverses opinions des

auteurs français et étrangersysont exposées clairement et discu-

tées chacune en quelques lignes.

Ces préliminaires conduisent à l'exposé des divers types de dé-

mence. Pour l'auteur, les démences précoces sont primitives ou

secondaires. Parmi celles-ci sont les démences maniaques, mélan-

coliques, névrosiques et celles du délire chronique. Les démences

paralytiques, les démences séniles, les démences par lésions or-

ganiques sont ensuite exposées avec une grande richesse de dé-

tails.

Le dernier chapitre est consacré aux problèmes sociaux, fami-

liaux et légaux. Ce qui encombre les asiles français ce sont les

déments, les incurables et cet encombrement a des conséquences

fâcheusesà tous les points de vue.

La création de fermes-hospices de deux cents malades au maxi-

mum dans les départements de la Seine, Seine-et-Oise et limi-

trophes ou la création de colonies familiales, comme celle de Dun-

sur-Auron,placeraient les déments dans les meilleures conditions

possibles, les sauveraient de l'Asylum dementia et désencombre-

raient les asiles qui, au lieu d'être des maisons de traitement, sont

quelquefois des fabriques d'incurables.

Le livre de M. A. Marie contient un grand nombre de ligures,

schémas et reproductions de dessins et d'écrits de déments. La

bibliographie est très étendue. Une table analytique fort complète

facilite la recherche de renseignements précis. Il. Leroy.

VARIA

Etablissements DE sourds-muets ET d'aveugles.

Paris, le 23 décembre 1906.

Le Président du Conseil, ministre de l'Intérieur, à Messieurs

les Préfets. Pour me permette d'achever un travail en prépa-

ration sur les établissements de sourds-muets et d'aveugles, je

vous prie de vouloir bien me faire connaître :

1 Dans quel établissement votre département envoie les

sourds-muets et les aveugles, de l'un et de l'autre sexe, âgés de

G à 12 ans ; 2° le nombre de ces enfants, garçons et filles ; 3" le

prix débourse payé pour chacun d'eux ; 40 le montant des cré-

dits affectés lent- entretien et inscrits dans le budget départe-

mental de 1906.

Ces renseignements devront m'être fournis dans le plus href

délai, en deux étals distincts, un pour les sourds-muets, un

autre pour les aBCt( ? et me parvenir sous le couvert du premier

bureau de la Direction de l'assistance et de l'hygiène publiques.

G. GLÉfENCEAU.

]le Congrès international DE l'assistance des aliénés (1).

(Milan, 26-30 septembre 1906).

(Suite et fin.)

La proposition du 1), Frank (de Zurich), demandant la fonda-

tion d'un Institut international pour l'étude etiologique, et pour

l'action prophylactique des maladies nerveuses et menlales.

avait été adoptée par le Congrès sans objections.

Le U Ladame (de Genève) avait cependant montré que le

vaste programme du D'' Frank était présentement irréalisable pour

la Commission internationale ; l'orateur expose qu'il y a des

questions pratiques d'assistance internationale des aliénés, qui

sont bien plus urgentes. 11 conclut en déposant la proposition

suivante :

« Le Congrès, considérant que les mesures internationales de

rapatriement des aliénés étrangers dans leur pays d'origine,

sont les plus urgentes à prendre pour l'assistance et la protection

de ces malades.

«Emet le \oeu : Que les gouvernements s'entendent pour

(1) ,"oil' Arcliivesdc Neurologie, 1)

lé)1 1 VARIA.

l'adoption des mesures communes de patronage, d'assistance, de

protection et de rapatriement des aliénés étrangers dans leur

pays d'origine, afin d'assurer l'exécution rapide et réciproque de

ces mesures, qui seront concertées avec l'aide des Sociétés de

secours ou de patronage des pays intéressés.

«Le Congrès charge le Comité international pour l'assistance et

la protection des aliénés, de faire sans retard, auprès des gouver-

nements, les démarches nécessaires à la réalisation de ce vueu ».

Cette proposition avait été immédiatement contresignée par

MM. les professeurs Lombroso, (de Turin), et Marie (de Paris),

et adoptée sans opposition par le Congrès.

Ala fin du Congrès, de nombreuses récompenses furent attri-

buées aux participants d'une remarquable exposition de plans

d'asiles et d'oeuvres d'assistance familiale. Puis, les Congressis-

tes firent deux charmantes excursions aux asiles de Montebello

et de Mendrisio. Le 11" Congrès d'assistance des aliénés a eu un

plein succès. On peut affirmer qu'il aura certainement dans l'ave-

nir des résultats heureux. 1)" Lucien Graux.

DÉPOTS DE MENDICITÉ

Paris, le 30 octobre 1906.

Le Président du Conseil àl\Iessieurs les Préfets.

L'application prochaine de la loi de 1905, sur l'assistance obli-

gatoire, ayant soulevé au sujet des dépôts de mendicité un cer-

tain nombre de questions délicates, j'ai l'honneur de vous inviter a

me fournir d'urgence les renseignements suivants :

1° Y a-t-il un dépôt de mendicité dans votre département et

quel est-il ? A quelle date et par quel acte fut-il institué ? Contient

il des reclus et quel en est le nombre ? S'il ne contient pas de

reclus, quel en est le moti f ' ?

2° A-t-il été annexé au dépôt de mendicité un asile de vieillard»,

d'infirmes, d'incurables ou d'aliénés ? Si oui, en vertu de quelle

décision ? Quelles mesures sont prises pour distinguer les hospi-

talisés des reclus au point de vue moral, au point de vue maté-

riel ? Le dépôt de mendicité et l'asile annexe ont-ils leurs bud-

gets et comptes communs ou distincts ' !

3° Un quartier d'hospice, d'asile de vieillards, d'asile d'aliénés

ou d'incurables remplit-il en fait l'office de dépôt de mendicité ? ' ?

Si oui, en vertu de quel acte cette situation de fait s'est-elle pro-

duite ? Y

4o Si votre département ne possède pas de dépôt de mendicité,

a-t-il, et depuis quand, un traité avec un département voisin pour

l'internement de ses reclus ? Quel est le nombre de ces' derniers ' ?

Je vous serai obligé de joindre à votre rapport un exemplaire de

ce traité oubien une copie du règlement intérieur du dépôt exis-

tant dans votre déi)ai-lei-noii,. 1'ijoiiie que je tiens à ce que vous

VARIA. 105

m'envoyiez régulièrement, chaque année, le compte administratif

de cet établissement.-Le Directeur de l'Assistance el de l'hygiène

publiques, n11R11tAN. '

ECOLE DE PSYCHOLOGIE

49, rue Saint-André-des-Arts, 49

Cours de 1907 (7<= année)

Hypnotisme thérapeutique.- M. le 1)., L3ÉRILLON, professeur.

Objet du cours : 10 Psychothérapie générale : La thérapeutique

des maladies de la volonté et l'éducation du caractère. Les lun-

dis à cinq heures, à partir du lundi 14 janvier. 2° L'hypnotisme

et l'orthopédie mentale : Les enfants et les adolescents anor-

maux : Retardataires, instables, timides, indociles pervers et ner-

veux. Les jeudis à cinq heures, à partir du jeudi 10 janvier.

Hypnotisme expérimental. M. le D1' Paul JIAGNIN, profes-

seur. Objet du cours : L'hypnotisme et la psychothérapie chez

les hystériques. Les lundis et les jeudis à cinq heures et demie,

à partir du jeudi 10 janvier.

Psychologie générale. M. Lionel Dauriac, prof. lion. de

l'Université de Montpellier, professeur. Objet du cours : Elude

des sentiments. Les vendredis à cinq heures et demie, à partir

du vendredi 11 janvier.

Psychologie pathologique. M. le 1)'' Paul FAREZ, professeur.

Objet du cours : Les états de mort apparente. Les samedis à cinq

heures à partir du samedi 12 janvier.

Psycho-physiologie de l'Art. M. Félix HÉGAMEY, professeur. z

Objet du cours : Les princes du dessin. Influence des procédés

routiniers sur la décadence de l'art de la peinture. Les mardis à

cinq heures et demie, à partir du mardi 15 janvier.

Psychologie des dégénérés et des atypiques. M. le Dr Pl-

net-Sanglé, professeur. Objet du cours : Jésus de Nazareth.

Les samedis à cinq heures et demie, à partir du samedi 12 jan-

vier.

Anatomie el psychologie comparées. M. E. 0 ? us,riER, agrégé

de l'Université, professeur. Objet du cours : La vie sociale des

plantes et des bêtes. - La loi de l'entraide, facteur de l'évolution.

Les 111crCI'edis cinq heures, à partir du mercredi 17 janvier.

Psychologie des anintaux.- \I. LÉPINA Y, professeur. Objet

du cours : Les méthodes de dressage ; utilisation de l'intelligence

et de l'instinct. Les mercredis à cinq heures et demie, à partir

du mercredi 17 janvier.

Psychologie musicale.-)I. le U 11. Pamart. professeur. Objet

du cours : La psychologie des grands maîlres et le caractère de

leurs oeuvres. Les vendredis à cinq heures, à partir du vendredi

17 janvier.

Psychologie el morale sexuelles. M. le ))'' MAYOUX, pro-

496 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

fesscur. Objet du cours : L'éducation clesseacs. Les mardis à cinq

heures, à partir du mardi 15 janvier.

FAITS DIVERS

AS1LEU'ALIh : Nh : S.-tllouveW eztL d'octobre. - 1\I.le Dr Delvvar-

Tl : , médecin adjoint àLvreux,nomm direcleur médecin de l'asile

de Naugeat (Hte-Vienne), en remplacement de M. le Dr Bro-

quère, mis en disponibilité. M. le Dr Cossa, médecin adjoint,

promu au grade de médecin en chef,et maintenu dans les fonctions

de médecin inspecteur du service des aliénés des Alpes-Maritimes.

M. le Dr Armeline, médecin adjoint à la colonie familiale de Dun-

snr-Auron (Cher),promu à la classe exceptionnelle du cadre.

Distinction honorifique. Lettre de félicitations pour acte de

courage et de dévouement : M. Fortias, employé à l'asile d'aliénés

de Montdevergnes (Vaucluse).

Mouvementde novembre.-1\I.le Dr Sizaret, médecin en chef de

l'asile des aliénés de Rennes, est promu à la classe exceptionnelle

du cadre. ! l2.le Dr Cornu, médecin adjoint à l'asile de Pau,promu

à la le classe du cadre.

AVIS A NOS ABONNÉS. L'échéance du le

JANVIER étant l'une les plus importantes de Tannée,

nous prions instamment nos souscripteurs, dont l'abonne-

ment cesse à cette date, de nous envoyer leplus tôt possible

le montant de leur renouvellement. Ils pourront nous

adresser ce montant par l'intermédiaire du bureau de

poste de leur localité, qui leur remettra un reçu de la

somme versée. Nous prenons à notre charge les frais de

3 0/0 prélevés par la poste, et nos abonnes n'ont rien à

payer en sus du prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la

quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-

mentée des frais de recouvrement, à partir du 15

janvier. Nous les engageons donc à nous envoyer de

suite leur renouvellement par un mandat poste.

Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos

abonnésde joindre à leur lettre de réabonnement et à toutes

leurs réclamations la BANDE de leur journal.

Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement col-

lectif des Archives de Neurologie et du Progrès

Médical est réduit à 28 francs pour la France et 30

francs pour T étranger.

Le rédacteur-gérant : BOURNEY ? LI;,

LLERJION7 (OISE). - IMP. DAIX 1-RLRLS ET THIRON.

TABLE DES MATIERES

Achondroplasie. Sur deux cas

d' -; par Parhon, Shimda et

Zalplachta, p. 218. -; Voir

Micromélies.

Acromégalie. Voir Moelle. Un

cas ci'- sans hypertrophie du

corps pituitaire avec forma-

tion kystique dans la glande,

par Widal Boy et Froin, p.

- 158.

Affection SPASTIQUE bulbo-spi-

nale familiale; par Ballet et

Rosev.

Agraphie. Voir Hystérique.

Alcooliques. Voir Suicide.

Alcoolisation locale des troncs

nerveux, par Brissaud, Picard

et Talion, p. 48.

Alcoolisme. Recherches expé-

rimentales sur l'influence de

l'- sur le pouvoir de procréer

et sur les descendants,par Ceni,

p. 149. -; p. 239.

Aliénés. Voir Condamnés.

Voir Sang. Voir Scorbut.

Voir Température. en

liberté, p. 157, 413. Les -

étrangers internés dans les

asiles, p. 330.

Amnésie. Voir Hystérique.

Amusie. - Voir Hystérique.

Amyotrophie Aran-Duchesne;

par Raymond et Lejonne, p. 48

Recherches expérimentales sur

la pathogénie de 1' d'origine

cérébrale, par Caracciolo, p.

1 o.

Anesthésies. Des psychiques

dites nerveuses ou hystériques

par Blum, p. 322.

ANESTHÉSIQUES, - Des et en

particulier de la scopolamine

envisagés comme adjuvants à

la suggestion hypnotique, p.

227.

ANGELO. Le cas d' . Mort en

prison à la suite d'une détention

très courte. Suspicion de vio-

lence. Délire aigu. Par Amante,

Bignanni. Borri, lmpallomeni,

Ottolenght, p. 230.

Anormaux. Contribution au dia-

gnostic des irrégularités men-

tales. Les frontières anthro-

pométriques des -, d'après

Binet, par Decroly, p. 402.

Antitoxiques. Voir Sang.

Aphasie. Voir Hystérique.

Aphonie. Voir Hystérieque. '

Apoplexie tardive traumatique

son importance au point de vue

médico-légal; par Pierre Marie

et Crouzon, p. 230.

Arabes. Voir Maladies nerveuses.

ARaN-DUCHESNE. Voir A myotro-

phie. -- Voir Alrcphie mus-

ciliaire.

Asiles d'aliénés; mouvement de

juin-juillet, p. 64 ; août-sep-

tembre, p. 330. La loi sur les

- -, par Tamburini, p. 236.

La réforme des en Bel-

gique, par Morel, p. 237. La

surveillance dans les ? par

\larcel B ? p. 312. de

Dury-les-Amiens : demande

de surveillante, p. 36r. - -

Voir Tuberculose. - -, mou-

vement, octobre, p. 415. 5.

Aspergillus FUMIGATUS. Les

propriétés toxiques de l'- -

en rapport avec les saisons de

l'annee, par C. Ceni, p. 229.

Le pouvoir pathogène de l'

ochraceus et son rapport avec

l'étiologie et la pathogénie de

la Pellagre, par Ceni, p. 387.

Assistance. Nécessité de 1' -

des idiots, p. 158.

Ataxiques. Les -, considérés

comme atteints de pliobie ou

d'astasie-abasie, sont, en par-

tie, des cas d'incoordination

ou d'anesthésie du tronc mé-

connus, par Faure, p. 198.

Voir Marche.

Athétose double. Mort au cours

de variole. Autopsie, syphilis

héréditaire probable, par Cres-

pin, p. 191. 1.

Atrophie cérébrale expérimen-

tale et crânienne concomi-

.lncumes, 2° séric, 190G, t. 1XII.

32

mi

TABLE DURS MATIERES.

tante, par d' lLundo, p. 144.

Sur un cas d' -- musculaire

progressive, par de Buck et

Deroubaix, p. 155. Nosogra-

phie et pathogénie de 1'

musculaire progressive, par

Valobra, p. 156. - mus-

culaire du type Aran-Duchesne

d'origine syphilitique, par Lan-

nois.

Bestialité et inceste, p. 159.

Brome. Voir Poisons.

BRO : I1URAT10N. Voir Epilepsie.

Bulbe. Critiques et observations

anatomiques sur la région sous-

épendymaire du bulbe et du

pont cher l'homme, par Agenzi,

p. 153. Voir Landry. Une

épingle rouillé dans le par

Devic et Nordrnann, p. 465.

Bunzen. Voir J\{01H11lSCl1.

Calcium. Action du -- sur l'é-

corce cérébrale, par Rouco-

roni, p. 140.

Causes morbides. Voir Patio-

logic mentale.

Cécité. Voir Hystérique.

Cellule nerveuse. Recherches

Iiistologiques sur l'origine et

le mode de formation de la -

- dans la moelle épmière et

dans la protubérance du pou-

let, par Besta, p. 139. Le mode

de formation de la dans

les ganglions spinaux du pou-

let, par Besta, p. 140. spi-

nales, voir Neuro-Fibrilles. -

nerveuse, voir Réticulum fibril-

laire. nerveuse, voir Inani-

tion expérimentale. Sur la nu-

cléole de la - nerveuse, par

Lâche, p. 3R9. Sur des modtti-

cations particulières des

nerveuses et de leurs prolon-

gements dans le S. IvT. C., dans

un cas d'atrophie cong. du

cervelet, par Straussler, p. 393.

Cellules de l'hospice de Saint-

Omer, 1. 239.

CENI. Voir 1-'pilepsie.

Cépiiai o-R,tcmmLV. Nouvelles

recherches sur le liquide -

par de Buck et Deroubaix,

P- 389-

Cerveau. Le sénile, par Léri,

p. ni. I.

Cervelet. Fonctions du -, par

Babinski, p. 48. - Voir Cel-

lules nerveuses.

Choline. Sur la présence de la

dans le sang au cours des ma-

ladies du système nerveux, par

Claude, p. 213.

Chorée. Voir Huntingtou. Un

cas de - de Huntmgton avec

résultat anatomo-pathologique

par Besta, p. 386.

Condamnés atteints d'aliénation

mentale et d'épilepsie placés

dans les établissements d'alié-

nés (circulaire ministérielle).

p. 58.

Confusion hallucinatoire aiguë et

insuffisance hépatique, par De-

ny et Renaud, p. 40. Deux cas

de - mentale liés à la fièvre

typhoïde et à la scarlatine.

Séro-diagnostic et étude bac-

tériologique, par Taty et Chau-

mier, p. 210.

Congrès international pour l'as-

sistance des aliénés, p. 59.

Second belge de Neurologie

et de Psychiatrie, p. 64. - des

médecins aliénistes et neuro-

logistes. Session de Lille, ler-7

août 1906, p, mu, 197. XI-

international de 1 assistance

des aliénés, p. 303.

Contractions « synergiques pa-

radoxales » observées à la suite

de paralysie faciale périphé-

rique, par Lamy, p. 222.

Contracture. Attitudes vicieu-

ses par - hystérique chez les

enfants, par Broca et Herbi-

net, P. 222,

CONVULSiVANTS. Les - dans l'é-

]1l1epSle, par Devay, p. 24.

Corps calleux. Voir Tumeurs.

Courbes. - L'analyse mathé-

matique des - de fatigue

comme procédé de diagnostic

dans les maladies nerveuses,

par Mlle Ioteyko, p. 417.

Crampe des écrivains guérie par

la ligature élastique, par Har-

tcmberg, p. 19. La profes-

sionnelle et son traitement par

le massage méthodique et la

rééducation, par Kouindjy.

p. 28.

Criminels. Prophylaxie et trai-

tement des - récidivistes, par

Morel, 1). 227.

Crises gastriques tabétiques;

'1111Lli DES MATIERES.

139

élongation du plexus solaire, 1

par Vallas et Cotte, p. 34. -

laryngées, voir Tabéliques,

épileptiformes d'origine pleu-

rale, par Roch, p. 223.

CYSTICERCUS. Contribution au

diagnostic du - du 4c ventri-

cule, par Osterwald, p. 398.

Déchloruration. Voir Epilepsie.

Dégénérations secondaires ex-

périmentales par arrachement

du sciatique étudiées avec la

méthode de Donaggio pour les

- , par Lugiato, p. 141. 1 -

Délire. Les symptômes du

d'interprétation, par Sérieux

et Capgras, p. 40. Un cas de

systématisé avec artérite céré-

brale hypertrophique progres-

sive par Klippel et Antheaume.

p. 41 - de persécution à base

de fausse interprétation et -

alcoolique, par Rémond et La-

griffe, p. 176.

Délirium TREM73NS. Le

chloralique et son traitement

(délirium tremens et syndrome

paralytique fugace), par An-

theaume et Parrot, p. 42.

Démence précoce. Voir Moelle.

Les formes frustes de la -

précoce ; par Crocq, p 39. La

- est un syndrome men-

tal toxi-mfectieux subaigu ou

chronique, par Dide, p. 43. Sur

la forme stationnaire de la

paralytique, par Serge Soukha-

noff, p : 44. précoce. Voir

Ictus. Formes prodosmique

dépressives de la précoce,

par Pascal, p. 202. Un cas de

précoce post-coufusionnelle

avec autopsie et examen his-

tologique, par Anglade et Jac-

qum, p. z r 3. - -. Voir Glo-

bule rouge. Considérations ana-

tomo-pathologiques sur la

précoce, par de Buck et Derou-

baix, p. 388. précoce para-

noide (Diagnostic différentiel

de la Paranoïa), par Ferrarini,

. p. 399. Altérations particulières

du langage dans un cas de -

primitive, par Linguerri, p. 400

La par A. Marie, p 492.

Il : \IONOPITIiIE. Autour d'une

épidémie de -, par \Iorgam,

p. 40.

Difformité congénitale des

membres, par Valobra, p. 391.

Discours. A propos du de 5t.

le Professeur Grasset au Con-

grès de Lille, p. 329.

Distinctions HONORIFIQUES, p.

33 r. 41 S.

DONAGGIO. Voir Dégénérations.

- . Voir Réticulum.

Dystrophie d'origine pulmo-

naire, par Lejonne et Chartier,

P. 47.

Eclampsie puerpérale, par de

Bruine Plocs Van lmstel, p.

221. I.

Ecorce cérébrale. Voir Cal-

CiUH1.

Empyème. Voir 7-fMO-7'tt))M)<)'.

Enfance anormale, p. 328.

Enfants anormaux. La classifi-

cation des - -, par Decroly,

p. 401. Les anormaux intel-

lectuels, par jutes Voisin, 1)

404.

Epilepsie. Voir Convulsivants.

Traitement de 1' -, par Mor-

gan, p. 26. -. Voir Traitement.

Nouvelles recherches sur le

traitement de 1' par la bro-

muration avec ou sans déchlo-

ruratlon, par J. Voisin, R. Voi-

sin et Rendu, p. 161. -. Voir

Réflexes. Contribution au trai-

tement de 1' -, par la méthode

de Ceni, par Tiengo, p. 229.

Petite épilepsie motrice par

Vacla3--PlaN-ec, p. 457.

Epileptiques. Voir Tuberculose.

Hospitalisation des -, p. 330.

- . Voir Sang.

ERB-GOLDFLA ? 11. Voir Myasthenia

gravis.

Eruption syphilitique. Un cas

d' -- secondaire tardive chez

un diabétique, par Brissaud et

Oberthur, p. 214. f.

Exostoses multiples. Contribu-

tion à l'étude des dvstrophies

du cartilage de conjugaison,

par Launois et Trémolières,

p. 225. Contribution à la ca-

suistique des - ostéogéniques

ou de développement, par Si-

monini, p. 225.

Fatigue. Contribution nouvelle

à l'étude de la - mentale chez

ruo

TABLE Dl.S MATIERES.

les enfants, par Giuseppe Bel-

lei, p. 153. -. Voir Courbes.

FER. Voir Neurasthénie.

Fibres nerveuses. Le développe-

ment des nerveuses péri-

phériques et centrales dans les

ganglions épinaux et dans les

ganglions céphaliques de l'em-

bryon du poulet, par Pighini,

p. 142. Recherches sur la colo-

ration des nerveuses à la

phase initiale de dégénération

[ primaire et secondaire, systé-

matique ou diffuse du système

nerveux central, par Donaggio,

. p. r43. 1' a-t-il une rég. ant.

des nerveuses' par Munzer

et Fischer, p. 397.

Fièvre typhoïde. Voir C071/1l-

sion mentale.

Folie. De la maniaque dépres-

sive, par G. Deny, p. 1. La

gémellaire, par \larandon de

Montyel, p. 241.

Fracture. Un cas de avec

paralysies nel veuses rares. Con-

tribution à la physiologie des

9c paires crâniennes, par Ba-

hut, p. 394.

Glande thyroïde. Voir Greffe

thyroïdienne. pituitaire. -

Voir Sommeil.

GLlO'ENDOTHÉLlOME kystique.

Observation de - - - du

lobe occipital droit, par Raven-

na, p. 139.

Globule ROUGE. Sur une forme

spéciale du dans la

démence précoce, par Pighni

et J'aoli, p. 385.

Greffe thyroïdienne. Note sur

les bons effets de la (mé-

thode Cristiaiii) chez un enfant

arriéré par défaut de dévelop-

pement de la glande thyroïde,

par Gautier et Kummel. p. 25.

Gymnastique médicale associée

au bain, Bechterew, p. 29.

111 : 1n1TOAlY ? : LIE et hémiplégie

spinale à topographie radicu-

laire, par Raymond et GUIl-

lain, p. 392.

IlEMiAGËNÊsiE cérébelleuse, agé-

nésie partielle du corps calleux

et du lobe hmbique, anomalies

des circonvolutions cérébrales,

par Bonne, p. 65.

Hémianopsie, Deux cas d' - bi-

temporale, par Galezowski,

p. 47. - double corticale, par

Raymond et Galezowski, p. 49.

Hémiplégie avec paralysie du

moteur oculaire commun du

même côté et troubles splunc-

ténes, par Cantonnet, p. 47.

Hémispasme facial périphérique,

par Babinski, p. 222.

Hémorragie méningée au cours

d'une ménigite cérébro-spinale,

par Gaussel, p. 217.

Hétérotopie. Voir Leptocrryé-

lite.

HUNTINGTON. Contribution cli-

nique et anatomique à l'étude

de la chorée de ,par Rossi,

p. t 5G. -. Voir Chorée.

Hydrocéphalie congénitale,

par Bourneville, p. 209.

Hypnotisme. Voir S0111111formc,

Hystériques. La lesponsabll1té

des -, par Leroy, p. 124. De

l'état mental des -, par Joire,

p 133. Mutisme, aphonie,

aphasie, aphasie motrice, amu-

sle, surdité musicale, surdité

veibale, cécité verbale, cécité

psychique, agraphie chez un

récemment guéri d'une mo-

noplégie brachiale droite, re-

montant à huit ans, par Ra-

viart et Dubar, p. ;37.- l Iys-

tériquc avec agraphie cécité et

surdité verbales, distinction du

mutisme et de l'aphasie 11Yb'

tériques, par Courmont, p..1 : J\).

llYSTÉRO-tPILEP11QUE, .\ttaque

- - après un embarras gas-

trique, par Lefas, p. 195.

Ictus. Les dans la démence

préocce, par Pasca, p. 1 14,

Idiots. Voir l111crocépll £ llic, .h-

sociation des idées chez les

et les imbéciles, par Boulanger

et Hermant, p. 403.

Images. Voir Paroles.

Imbécillité prononcée congéni-

tale (type mongolien), par

Bourneville et Royer, p. 425. ç.

Inanition expérimentale. Voir

Réticulum. Sur la présence des

corpuscules à l'intérieur des

cellules nerveuses spinales dans

1' - -, par Riva, p. 387.

Institut. Appel en faveur de la

fondation d'un - Internatio-

TABLE DES M\TIRCS,

501 L

nal ayant le but d'établir et

de combattre les causes des

maladies mentales, par Franck,

P. ;9.

i Instructions concernant l'orga-

nisation du service médical de

la Maison de santé de Ville-

Evrard, par Sérieux et Mignet,

1. 315. ;.

Insuffisance hépatique. Voir

Confusion.

Irrégularités mentales. Voir

Anormaux.

Ivresses. Les délirantes tran-

sitoires d'origine alcoolique,

par Dupré et Charpentier, p. 42

Kleptomanie. La - et son

traitement par la suggestion

hypnotique, par Brtlloa, p . 52 2

Laïcisation de l'asile d'aliénés

de la Charité, p. 329.

Landry.. Syndrome de -. Va-

leur pronostique de la lympho-

polynucléose rachidienne. Ino-

culations du bulbe, par Bris-

saud, Sicard et Tanon, p. 2 13.

Lkoklvtiox et : l.mrw.n. Cir-

culaire Sarriett sur la loi sur

les aliénés, p. 476. - Circu-

laire Clémenceau sur la même

loi, p. 480.

LEPTO\1YÉ¡ ITE à forme tabétique

Hétérotopie de la moelle épi-

mère, par Guido-Garbini, p.

147.

Lésions cérébrales. oit Psy-

choses.

Lobe OCCIPIT.\L. Voir Glio-endo-

Localisations motrices médul-

lames, par Mme Déjerine. p. 48.

Loi. La sur les aliénés, p. 329.

Mal de mer. Le vrai et

le - - - imaginaire, par Ré-

gnault, p. 4oS. : \1 If, perforant buccal, par Pal-

lasse, p. 4û9.

\1 ALAnLS. Du choix des - à pla-

cer dans les colonies, par Pee-

ters, P. 31 5.

Maladies nerveuses. Fréquence

des nerveuses chez les

Arabes, par Dumollard, p. 49.

L'analyse mathématique des

courbes de fatigue comme pu-

reté de diagnostic dans les -

nerveuses, par Mlle Yoteyko,

p. zIE,¢I7.

1\IRCHS. Nouvelle méthode de

rééducation de la chez les

ataxiques, par Lewèvre, p. 2 17.

Massage. Voir Crampe.

Médecins. Recrutement des

des asiles, p. 233. Des - acl-

joints dans les établissements

d'aliénés, par 1\Ieens,, p. 316.

Mi-decine mentale. Éléments

de - appliqués à l'étude du

droit, par Legrain, p. 490.

Mélancolie. La -, étude médi-

cale et psychologique, par Mas-

selon, p. 53.

Mémoire. L'association médiate

dans la - émotive, par Pa-

tini, p. 14\,

Méningite. Spinale et syndrome

articulaires dans le rhumatis-

me chronique, par Lépine, p.

468.

Méningite CÉRÉBRO-SPINALE.

Bibliographie de la - - . : l1'-NINGI'I'r. runEncoLEUsn. -

Sans réation leucocytaire du

liquide céphalo rachidien, par

Fauly, p. 1b2. - Tubercules

cérébro et cérébelleux. caverne

pulmonaire chez un enfant de

8 mois par Rabot et Barla-

tier, p. 467.

\IÉNINGO-r.-NC&#x20AC;rIInLITE, voir Pa-

ralysie générale.

mente. Voir 1110 ? sen.

Méthode HYPNO-PÉDAGOG1QUE,

chez les enfants du patronage

Rocher, par Pamart, p. 51.

1\[ICROCÉPHALIF. Deux idiots mi-

crocéphales, contribution à l'é-

tude de la pure, par Besta,

p. 151. familiale, par Bour

neville, p. 209.

Micromélies. Les -- congéni-

tales. Achondroplasie vraie et

dystrophie périostale, par Po-

rak et Durante, p. 217.

Moelle. Des lésions de la

dans la démence précoce, par

Klippel et Thermite. p. 34. -

Voir Cellule nerveuse. Les alté-

rations de la épinière dans

un cas d'acromégalie, par Gio-

vannl-Cagnetto, p. 146. -

Voir Leptomyéllte, Un cas de

compression de la -- avec des

phénomènes de tétraplégie

502

TABLE DES MAI 1 ERES.

spasmodique, par Noica, p. 171 1

- . Voir Sclérose.

Mommsen. Quelques détails sur

les cerveaux de -, Bunzen et

Menze, par von Hansemann,

P, 391.

Mongolisme. Voir Myxoedème.

Voir Imbécillité.

Monoplégie. Voir Hystérique.

Morphinomane. Le escroc,

P. 331.

Mutisme. Voir Hystérique. : \[YAS1HENIA gravis. Anasthé11le

bulbo-spinale terminée par la

mort brusque et suivie d'au-

topsie. Dans l'état actuel de

nos connaissances, quelle place

doit-on donner, en nosographie

à la maladie d'Erb-Golclflaut ?

par Leclerc et Sarvonat, p. 38,

368. : \[YOC1.0 : -lIEs. Voir r Syndrome

, myociomque, Une variété nou-

velle de congénitale pou-

vant être héréditaire et fami-

liale àmystagmus constant, par

Lenoble et Aubureau, p. 226.

Myopathie. Deux frères atteints

de primitive progressive,

par Noica, p. 222,

Mysticisme et polie, par A.

Marie, p. 484 (an. Rolet).

Myx&#x152;DÈME et Mongolisme, par

Bourneville, p. 206, p. 329.

Nerfs. Nouvelle contribution à

l'étude des. localisations dans

les noyaux des - crâniens

chez l'homme et chez le chien,

par Parhon et Nadyle, p. 30.

Neurasthénie. Traitement de

certains cas de par le fer,

par Lemoine, p. 215.

NEURO-FIJ3R1LLES. La première

apparition des dans les cel-

lules spinales des vertébrés,

par Fragnito, p. 146. Sur l'état

des dans la paralysie

générale, par Schaffer, p. 392.

Névralgies graves, par Gran-

delément, p. 220.

Névraxe. Le . par Van

Gehuchten, 156.

Névrite ascendante, par Lejon-

ne, et Chartier, p. 47. Arse

nicale, par René h.1'.Conzène,

p. 45^,.

Nucléole. Voir Cellule tirer-

vluse.

Nymphomanie. Sur quelques ca-

ractères de certaines formes de

- , par Ballet, p. 2 : 0.

Nystagmus associé, par Strans-

ky. P. 393-

Olivo. Le cas -. Meurtre d'une

femme sans motifs. Dissection

et dispersion des fragments

du cadavre. S'agit-il d'un épi-

leptique ? par Tambunni, p.

230.

Ophtalmoplégie externe bila-

térale congénitale et hérédi-

taire, par Chaillous et Pagniez,

p. 225.

Paralysie. Formes atypiques

de la générale (hémiplé-

gique et aphasique). Prédomi-

nances régionales des lésions

dans les méninge-encéphalites

par épuisement post-épilepti-

quc (exhaustion paralysis dans

l'épilepsie, par Pierze, p. 41.

générale tuberculeuse, par

Klrphel, p. 43. Les symptômes

oculaires de la générale, par

Rodiet.Dubos et Pansier, p. 90

Rapport du traumatisme et de

la générale, par Brissaud, p.

202. Syndrome associé de

faciale gauche et du spasme

facial droit l'origine mtra-crâ-

men ne, par Brissaud, Sicard et

Tanon, p. 214. Sur un cas de

- de la 3e paire, par Josse-

rand, p. 219. du moteur

oculaire externe d'origine op-

tique, par Lannois et Perre-

tière, p. 219. -- générale, voir

VeM)'o ? &)' : 7/M. nerveuses,

voir Fracture. Un cas de

générale juvénile, par Derou-

baix, p. 401. Rapport de M.

Motet sur un mémoire de M. A,

Marie, intitulé : générale et

syphilis chez les Arabes, p. 403.

L'accommodateur dans la

générale, par Marandon de

1\101'tel, p. 404. Sur la par

narcose des nerfs cr. et obl.par

Klemlner, p. 45G.

Paraplégies. Nouvelles mé-

thodes de traitement des

spasmodiques par les exercices.

Résultat de 40 cas, par Faure,

p. 29. infantile, début insi-

TABLE DES MATIERES.

503

dieux, état stationnaire, puis

aggravation, par Bouchaud,

Il. 219.

Parole. Etudes et recherches

expérimentales sur la mémoire

des images acoustiques ct

usuelles de la -, par Grasst,

p. 141.

Pathologie mentale. Les cau-

ses morbides prédisposantes

en - , par Marandon de

\Iontyel, p. 45.

Pellagre. Nouvelles recherches

sur la des poules, par Ceni,

p. I;3. - , Voir Aspergillus.

Personnel secondaire. Mar-

tyrologe du des asiles,

p. 3'4-

Photothérapie. Application de

la z au torticolis d'origine

fonctionnelle, par Jourowskt,

p. 29.

Piridine. Voir Réticulum fibril-

laire. j 1

Pizzoli. Table psychoscopique

de -, par Pizzoh, p. 152.

Pleurer. Voir Rire.

Poisons. Les de l'intelligence.

Les coefficients psychiques

du brome, par Vaschide. p. 266.

Ponction lombaire. La en

médecine mentale, par Derou-

baix, p. 23. dans l'état de

mal, par Friedel. p. 158. Les

- - en série au cours de la

paralysie générale, par A. Ma-

rie, p. 217.

Pouls. Voir Température.

PSEUDO-PARAL l'SIE générale

progressive, par Ingegiiieros,

p. 24

Pseudo-tumeur cérébrale par

empyème ventriculaire, par

loc4ulli, p. 392.

Psychométrie. Les méthodes de

pédagogique en rapport

avec la crainte du surmenage

mental à l'école, par Patini,

p. 146.

Psychoses. Les lésions cérébra-

les dans les d'origine toxi-

que, par Ballet et Laignel-La-

vastiue, p. 31. de l'état

puerpéral, par Carrier, p. 46.

Contribution à l'étude des -

d'insolation, par Meigmé, p.

23 J.

Question sexuelle. La ex-

posée aux adultes cultivés,

par A. Foui, an. Coulonjou, p.

¢8G.

Rapport médico-légal sur l'exer-

cice illégal de la médecine par

une voyante, par Paul Ma-

gmn, p. 49. médical sur

l'asile départemental d'aliénés

de Ste-Cathertne à lzeuré, par

Monestier, p. 231. - médical

sur l'asile d'aliénésde la Roche-

sur- Yon pour 1905, par Cul-

lerre, p. 316. - médical sur

l'asile d'aliénés de Rennes,

pour l'année 19°5, par Sizaret,

p 323. - médical sur l'asile

d'aliénés de la Sarthe pour

l'année 1905. par Bourclu7,

p. 324. médical et compte-

rendu administratif de Dury-

les-.\miens, par Cliaron, p. 407.

- sur le service médical de

l'asile d'Armentières pour l'an-

née 1905, par Chardon, p. 410,

Reconnaissance. Deuxième

note sur la fausse -, par Féré,

p. 155.

Réflexes. Le, - dans l'épilepsie,

parLenobleetAunqreau p. 226.

Réforme pénale au point de

vue anthropologique et psy-

chiatrique, par Hamel, p. 230.

Respiration. Voir Température.

RÉTICULUM FIBRILLAIRE. RC;

cherches sur le - - endo-cel-

lulaire et sur le cylindraxe de

la cellule nerveuse des verté-

hré,; les différentes méthodes

de coloration élective du en-

do-cellulaire et du périphé-

rique basées sur l'action de

la piridine sur le tissu nerveux,

par Donaggio, p. 148. Recher-

ches histologiques sur la ma-

nière dont s établissent les

rapports réciproques entre les

éléments nerveux embryonnaires

et sur la formation du - in-

terne de la cellule nerveuse,

par Besta. Etude par la mé-

thode de Donaggio des lésions

du - neuro-fibrillaire de la

cellule nerveuse dans l'inani-

tion expérimentale, par Riva,

p. 386.

H. 1111 \1\ 1"[<\1[', Quelques manife;-

talions cérébrales du chro -

nique par Lépine. p. 470.

5U1 Il

1.lBLls DES M\111'.Rt : S,

Rire. Le - et le pleurer spa>-

modique, par Deroubaix, p. 3o.

H.&#x152;NTGEN. Sur les conditions

légales de l'emploi des rayons

de -, par Chauffard, p. 26.

Rotation centrifuge. Contri-

bution à la question de l'utt-

lisation de la au diagnos-

tic et à la thérapeutique, par

lline, l', 29,

Sang. Le - chez les aliénés, par

Dide, p. 105. La toxicité du

chez les aliénés, par Dragotti,

p. 145. -. Voir Choline. La

nature et les caractères des

principaux toxiques et anti-

toxiques naturels du sérum du

des épileptiques, par Cent,

P. 389.

Scaphandriers. La maladie des

- ,par Boinet, p. 388.

Scarlatine. Voir Confusion men-

tale.

Sclérose latérale amyotrophi-

que, par Kojesvmhoff, p. 48.

en plaques, atrophie céré-

belleuse et pseudo-systéma-

tique de la moelle épinière,

par Catola, p. 218. - en pla-

ques expérimentale par les

toxines aspergillaires, par Cem

et Besta, p. 3 6. - et hysté-

rie, par Faisans, p. 162.

Scopolamine. Voir Ancsthési-

quels,

Scorbut. Du - chez les aliénés,

par Toulouse et Damaye, p.

J 32.

Sérum. Propirétés thérapeuti-

ques spécifiques du du sang

d'animaux immunisés avec le

- d'animaux thyroidectomi-

sés, par Ceni et Besta, p. 229.

- . Voir Sang.

Sommeil. L'origine du -. Sur

les relations entre le et le

fonctionnement de la glande

pituitaire, par Alberto Salmon,

p. 36. Un nouveau cas de

hystérique, par \\'Itry, p. 52.

Somniforme. Application du

à la pratique de l'hypnotisme,

par Viasemski, p. 29.

Sourds-muets. Etablissements

de et de jeunes aveugles

(circulaire ministérielle, p. 237)

Spasme facial. Origine périphé-

rique du -, par I.évy, p. 212.

SPINA bifida occulta ; inter-

vention, par Voilas, p. 24.

Sthénomètre. De l'emploi d'un

nouvel appareil, -, pour le

diagnostic, le pronostic et le

traitement de certaines mala-

dies du système nerveux, par

Joire, p. 134, 217.

Suicide. Tentative de d'une

adolescente, p. 159. d'un

alcoolique, p. 239. -, p. 240.

d'un jeune homme, p. 331.

Recherches statistiques et cli-

niques sur le chez les alcoo-

liques, par Lorenzy, p. 400.

SURDITÉ verbale pure, par Lamy,

p. 48. -. Voir Hystérique.

Suggestion. La technique de la

hypnotique à échéance, par

Joire, p. 5 r. hypnotique,

voir Kleptomanie. -. Voir Tic.

Syndrome myoclonique, par Hu-

chard et Fiessinger, p. 224.

Rapports du neurasthénique

et du - labyrinthique, par

Royet, p. 463.

Tabétiques. Physiologie des cri-

ses laryngées des -, par Mau-

rice Faure, p. 135.

T\f : nyc\nn&#x152; paroxystique et

pouls lents permanent chez le

même sujet, par Josserand,

p. 469.

Température. Les oscillation

périodiques mensuelles de le

- , du pouls et de la respiration

chez les aliénées menstruées et

aménorrhéiques, par Salerni.

p. 147.

Tki'vno-. Un cas de - céphali-

que avec opthalmoplégie. par

Lépine et Sei\ 011-IL, p. 460.

Tic hystérique, par Pitres et

Cruchet, p. I 5¢. Un cas de

de la face guéri par la sugges-

tion, par\Ille1'orr : vxo, p. 22S.

Douloureux de In face guéri

par les injections d'antipyrine,

par Grandclément p. -1G2.

Torticolis. Voir PhotothéraPie,

Trac. Quelques nouveaux cas de

chez les exécutants, par

Farez, p. 405.

Traitement de l'épilepsie par

déchloruration, p. 158.

Traumatismes. Voir Troubles.

- . Voir Paralysie générale.

TABLE DES MATIERES.

505

TuÉi'i dat ion. Epileptoide du

pied pendant l'anesthésie, par

Lannois et Clément, p. 460.

Troubles. Contribution à l'é-

tude des - physiques dans

l'état de stupeur, par Souka-

noff et Pétroff, p. 39. Sur la

manière de faire un examen

objectif des nerveux dans

les traumatismes, par Rossi,

p. t5o. Appréciation des -

nerveux au moyen d'un appa-

reil nouveau, le sténomètre,

par J oire, p. 217.

Tube nerveux. Les transforma-

tions du - , par Durante,

P. 49.

Tuberculose. La chez les

épileptiques hospitalisés par

Claude, p. 211. La dans les

asiles d'aliénés, par A. Marie

et Rolet, p. 287, 362.

Tumeur cérébrale. Sur un cas

de à forme psychique, asthé-

nie générale sans paralysie;

pas d' oedème de la papille, par

Mouisset et Beutter, p. 35.

comprimant la région psy-

chomotrice, par Babinski, p.

48. Deux cas de - du corps

calleux avec autopsie, par Ray-

mond, p. 204.

VERGA. Un cas de persistance du

ventricule de rencontré chez

un individu à développement

général retardé, par Massimo,

Cherie-Lignière, p. i 50.

Vomissement. La psychopatho-

logiedu -,par Paul Farez,1·. 3.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

Chaumier, 210.

Ch{'ne-Ljgl11ère, t 50.

Claude, 211, 213.

Conzen, 457.

Courmont. 459.

Cotte, 34.

Coulonjou, 486.

C'respin, 191.

('rOc(l, 39.

Crouzon, 3°'

Cruchet, 154.

Cullerre, 31 G.

Damage. 132.

Daiiiiglou, 475.

Decroly, 401. 1.

Déjerine (Ume(, 48.

Derny.1,40.

Deroubaix, 23, 30,

155. 388, 389, 01.

Devay, 24.

D'e, 465.

Dicte, 43, 1°5,

Donaggio, 143, 148.

Dragotti, 14;.

Dubar, 337.

Dubos, 90.

Dumollard, .19.

Dupré, 42.

Durante, 49, 217.

Fabre, 49.

Faisans, 462.

Farez, 49, 2, 53,

405. 5.

Faure, 29, 135, 198.

Féré, 155.

Fcrrarini, 399.

Fischer, 397.

Fragmto, 146.

Franck, 59.

Fressinger, 224.

Galezowski, 47, 49.

Gaussel, 217.

Gautier, 25.

i Gtovanni - Cagnetto,

1 146.

Gitiseppe-Bellei. 153.

Goldscheider, 395.

Grand-Clément, 220,

462. -

Grassi, 141.

Guido-Garbm, 147.

Gmllain, 392.

Hansemann, 391.

Ilartenberg, 19,

Herbinet, 222.

Ilermant, 403.

Hodskins, 26.

Huchard, 224.

Line, 29.

Impallomeni, 230.

J ngegniéros, 44.

jacqiiiii, 213. -

joire, 51, 132, 134,

217.

Josserand, 219, 469.

Joukowski, 29.

Klempner, 456.

Klippel, 34,41,43.

](o]esvnjkoff, 418.

J(OUllld jy, 28.

Iiummer, 25.

Lâche, 389.

Lagriffe, 176.

Laignel - Lavastine ,

31.

Lady, 48, 222.

Lannois, 2 19,225,460.

Launois. 458, 466.

Lerclerc, 38.

Lefas, 195.

Lejonne.47,48.

Lemoine, 215. ;.

Lenoble, 226.

Lépine, 460, 468,

470, 471, 472.

Lc>rri, 111. i.

Leroy, t=4.

Lévy, 212.

1-e%èVl-e, 217. ,

J.herrl1lte, -,4.

Abundo, 144. 1

Agenzi, 152.

Alcardo-Salerni, 147.

Amante, 230.

Anglade, 213. 1

Antheaume, 41, 42. 1

Aubureau, 226.

Babinski, 48, 222.

Ballet, 31, 210, 221. I.

Balint, 394.

Barlatier, 46.

Bechterew, 29.

Bérilloii, 50, 51, 52,

z

Bertillon, SI.

Besta, 139, 140, 151, l,

152, 229, 386.

Beutter. 35.

Bignami, 23°,

Blum. 322.

Boinet, 388.

Bonne, 65.

Barri, 230.

Bouchaud, 2t9.

Boulanger, 403.

Bourdin, 324.

Bourneville, 2o6,425.

Bourret, 461.

Brissaud, 48, 202,

213, 214.

Broca, 222.

Brume (De), 221

Buck (1)), 155, 388,

389-

Cautonnet, 47.

Capgras, 40.

Caracciolo, t 50.

Carrier, 46.

Catola, 218. *"

Ceni, 149, 153, 229,

386, 387. 389.

('haillons, 225.

Chardon, 410.

Charon, 407.

Charpentier, 42.

Charger, 47.

Chaumard.26

TABLE DES AUTEURS El DES COLL.I3URA1GURS.

507

Lmgllcln, 400.

Lorenzi. 400.

Lugiato-Lingi, 141. T.

Magnin, 49.

\Iarandon de Mon-

tyel, 45, 241, 404.

Margain, 40.

Marie (A.), 217, 287,

362.

Marie (P.), 230.

imasselon, S3.

Massimo, i 50.

l\1ef'us, 316.

l\1 elgnié, 231.

Mignet, 315.

Mocquin, 392.

Morel, 227, 237.

Morgan, 26.

Motet, 402. : l1oUlsset, 35.

Plunzer, 391.

Nadyle, 30.

Koica, 170, 222.

Oberthur, 214.

Osterwald, 398.

Ottolenghi, 230.

Pagniez, 225.

Pallasse, 469.

Pamart, 51.

Pansier, 90.

Paoli, 385.

Parhon, 30, 218.

Parrot, 42.

Pascal (Mlle), 134,

202.

Pascal. 41.

Pattim, 145, 146.

Pauly, 462.

Peeters, 315.

Perretière, z I g.

1 Pétroff, 39.

Picard, 48.

Pierce, 41.

1 Plghmi, 142, 35.

Pitres, 1 54.

Plzzoli, 152.

Porak, 217.

Rabot, 467.

Ravenna, 119.

Raviart, 337.

Raymond, 48, 49,

204, 392.

Rcgnault,5o,40,475.

Rémoud. 176.

Renaud. 1 JO,

Rendu, 161.

1 Rendu, 161.

Riva, 386, 387.

Roch, 223.

Rocher, 49, 51.

Rocher, 90.

Rolet, 287, 362.

Rosey, 221.

Rossi, 150, 155. .

Roucoroni, 1 50.

Roy, 458.

Rover, 425.

Royet, 463.

Salmon, 36.

Sarvonat, 38. 460.

Schaffer, 392.

Sérieux, 40, 315.

Shimda, 218.

Smicard.213,214.

Slmonini, 225.

Sizaret, 323.

Soukhanoff, 39, 44.

Stranslcy, 393.

Straussler, 396.

Tahon, 48,

Tambunni, 230, 236.

Tanon, 213, 214.

Taty, 210.

Tyssier, 463.

Tiento, 229.

Toulouse, 132.

Tn : 'n10hères, 22

Vacly-Plavec, 457.

'%'allas, 24, 34.

Valobra, 156, 391. t.

Van-Gehuchten, 156.

Van-Hamcl, 230.

Vaschide, 266.

Viasemsky, 29.

Voisin (Jules), 5 o, 5 l,

161. 404.

Voisin (Roger), 161.

Widal, 458.

\\'itry-, 52.

Yoteyko (Mlle), 218,

228, 417.

Zalplachta, 218

Cterniout (Oise). Imprimerie Daix [l'ères et Thiron.