ARCHIVES
Dr.
NEUROLOGIE
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NEUROLOGI
REVUE MENSUELLE
DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES
FONDÉE par J.-M. CHARCOT & BOURNEVILLE
PUBLIEE SOUS LA DIRECTION DE MM.
A.JOFFROY
Professeur de clinique
des
maladies mentales
à la Faculté Je médecine
de Paris.
V. MAGNAN
Membre de l'Académie
de médecine
Médecin de l'Asile clinique
| (Ste-Anne).
COLLAOaA7EUR5 PRINCIPAUX :
F. RAYMOND
Professeur de clinique
des maladies
du système neneux
la Faculté de médecine
de Paris.
JIDLADADIE(J ? ARNAUO, Al,5DIOLES, AUBRY, BADINS ? BALLET, BARBÉ (A.),
DLANCFIARD(lt ? D1,IN, 110lS : : >IER (F.), DONCOUR (P ? BONNE, DOURDIN,
BRIAND (M.), BRISSAUD (E.), BROUARDEL (P.), CAMUS (P.), CARRIER (G.),
CAUDRON, CESTAN, CH4RDI1\' CHARON, CHARPENTIER, CHRISTIAN, COLOLIAN,
COULONJOU, CULLERBE, DL13(,V £ (m.), DENY, DEVAY, DROMARD, DUBAR, DUBOS,
FÉRÉ (CH.), FENAYROU, FERIUEH, FRANCOTTE, GARNIER (5 ? GRASSET,
II4R1'EMBERO, KOUINDJY, KOVALESKY (P.), LADAME, LAGRIFFE, LANDOUZY,
LEGRAIN, LEROY, LEVASSORT, LIPINSKA, LUCIEN, HABILLE,
MAHANDON DE MONTYEL, MARIE (A.), )lrr° REINE MAUGERET, MEUS,
MIERZEJEWSKI, MIRALLIÉ, MOURATOFF (W. A.), MUSGRAVE-CLAY, NOICA,
PANSII : R, PARIS (A.), PELLETIER (L, PERRIN, PICQUÉ, PIERRET, PITRES,
RAVIART. RAYNEAU, RÉGIS, REGNARD (P.).REGNIER (P.),RENDU (A. J,nICHER (P.),
HODIET, ROLET (J.), RO'fIl(w.), SIMON, SÉGLAS, SERIEUX, SOLLIER, SOUKHANOFF,
SOUQUES, TCIIIRIEW, THULIÉ (il.), TISSOT, URRIOLA, VALLON, VIGOUROUX,
PILLARD, VOISIN (J ? VOISIN (R.), 1l'0\ (P.).
Rédacteur en chef : BOURNEVILLE
Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT ei J. NOIR
Deuxième série. tome XXII 1906.
Avec : 2 Iig'I11 ? ,1 : 111< 1.. 1 ? [".
PARIS
nUnEAUX DU PROGRÈS MÉDICAL
14, tue des Carmes
1 II 0 6
VoJ. XXII. Juillet 1906 NI, 127
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENTALE
\>
Hospice de la S.LP>Jrltlialc : Dr G. DENY
De la folie maniaque-dépressive
Historique, critique et définition.
Messieurs,
Cette nouvelle série de conférences sera consacrée à
l'étude des états psychopathiques encore communé-
ment désignés sous les noms de folies intermittentes,
de psychoses périodiques, de folies à double forme,
alterne , circulaire , etc., états que l'on tend aujourd'hui,
à la suite des travaux de l'Ecole allemande, à grouper
sous le terme générique de folie maniaque-dépressive.
.le vous entretiendrai d'autant plus volontiers de cette
affection que, si elle a pu être individualisée sous le
nom qu'elle porte aujourd'hui, c'est à deux anciens mé-
decins de la Satpetrierc qu'elle le doit.
C'est ici même, en effet, dans cette division, qu'il a
dirigée pendant plus de 2;) ans,de 1841 à 1867, que
Jean-Pierre-Falrel a décrit pour la première fois la
Folie circulaire. C'esl dans une division voisine, et
presque en même temps, que Baillarger a puisé les
éléments de son célèbre mémoire sur la Folie ci double
forme. .
Les travaux de ces deux auteurs ayant servide hase
à la conception actuelle delà Folie MMU ! Mg-6 ? rg.s-
AncllIY¡ ? 2' série 19Ce, '. XXII 1
2 CLINIQUE MENTALE.
sive, je vous demande la permission, avant d'aborder
l'étude clinique decette affection,de vous exposer briè-
vement les diverses phases de son histoire.
Cette histoire peut se diviser en trois périodes :
La première s'étend depuis les âges les plus reculés
de la médecine jusqu'au milieu du siècle dernier; elle
a trait surtout aux rapports réciproques de la manie et
de la mélancolie ; on peut l'appeler période des temps
anciens prolongée ;
La 2" période comprend la seconde moitié du siècle
qui vient de finir ; elle correspond à la découverte de
la folie circulaire et de la folie à double forme ; c'est la
période française par excellence, celle où l'Ecole
psychiatrique de la Salpêtrière a brillé d'un si vif
éclat ;
La 3° période est caractérisée par la synthèse de tous
les états habituellementdécrits sous les termes de ma-
nie et de dépression mélancolique simples, intermitten-
tes,rcmittentes, périodiques, de folies alternes, ! double
forme,circulaires, etc. Née d'hier, puisqu'elle a com-
mencé en 1899, elle peut être désignée à bon droit sous
le nom de période contemporaine, ou. d'après les
travaux qu'elle compte jusqu'ici à son actif, sous celui
de période allemande.
I. Période ancienne (d'IIippocratc au milieu du
XIX0 siècle). Je ne m'appesantirai pas sur cette période
parce qu'elle n'a, en réalité, que des rapports très éloi-
gnés avec l'histoire de la folie maniaque-dépressive et
que vous trouverez facilement les renseignements qui
la concernent dans tous les Manuels de médecine men-
tale.
Qu'il vous suffise de savoir que dès la plus haute an-
tiquité, les médecins ont noté non seulement la répéti-
lion à des intervalles plus ou moins rapprochés chez
les mêmes malades d'accès de mania et de mélancolie,
mais encore l'alternance de ces mêmes accès et aussi
DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE 3
la transformation de la manie en mélancolie et réci-
proquement (Arétée, Boerhave, Cullen, \Villis, etc.).
Pinel et Esquirol n'ont fait à ce point de vue que con-
firmer les observations de leurs devanciers, et dans la
périodicité ou l'alternance des accès de manie et de mé-
lancolie, ils n'ont vu qu'un fait banal, accidentel, une
simple particularité de la marche delà folie. Dès cette
époque, cependant, plusieurs auteurs, Dubuisson, Fo-
déré, Anceaume, etc., avaient été frappés de la plus
grande gravité, comparée à celle des accès de manie
simple, des accès de manie périodique, intermittente os
compliquée de mélancolie.
Un peu plus tard,Guislain en 1833,Griesinger en 1845,
insistaient à leur tour sur la fréquence des alternances
de la manie avec la mélancolie, mais sans y attacher
non plus une importance particulière ; notons seule-
ment que Griesinger comparait dé,jà au point de vue
de sa gravité, la manie périodique une véritable épi-
lepsie psychique, opinion quia étéreprise et dévelop-
pée depuis, comme nous le verrons, par Morel et par
quelques auteurs modernes.
Le seul point intéressant à retenir de cette pre-
mière étape de l'histoire des rapports de la manie et de la
mélancolie,c'est que tous les aliénistes, aussi bien ceux
dont je viens de vous citer les noms, que ceux dont j'ai
volontairement omis de parlerions sans exception, ont
considéré la manie et la mélancolie comme deux en-
tités distintes, si étroites que fussent, par ailleurs, les
relations existantes entre les accès de l'une et ceux de
l'autre.
À la vérité, on ne saurait se montrer surpris qu'en
présence de deux étals en apparence aussi disparates,
aussi discordants, que les états maniaques et les états
mélancoliques, les anciens nmnigraphes, y compris ceux
delà première moitié du siècle dernier, n'aient pas un.
scul instan songea les rapprocher et à les fondre dans
une même espèce morbide.
4 Clinique mentale.
IL Période française (1831-1899). On peut faire
commencer cette période avec les leçons publiées en
1851, dans la Gazette des Hôpitaux, par Pierre Falret,
leçons dans lesquelles cet auteur mentionne à côté des
types intermittents de la manie « un autre élat d'in-
termittence qui s'observe entre la période d'affaisse-
ment et la période d'excitation de Informe circulaire
des maladies mentales cette forme consiste, non
comme on l'a dit fréquemment, dans l'alternative de.
la manie et de la mélancolie séparées par un inter-
valle lucide plus ou moins prolongé, mais dans le rou-
lement de l'exaltation maniaque,simple suraclivité des
facultés,avec la suspension de l'intelligence. Une pé-
riode d'excitation alterne avec une période d'affaisse-
ment, ordinairement plus longue ».
Bien que P. Falret ait assigné dès cette époque quel-
ques caractères particuliers à celte forme circulaire
et qu'il en ait signalé en particulier l'incurabilité,il ne
l'a véritablement décrite comme maladie distincte
qu'après la lecture faite par Baillarger à l'Académie
de médecine, en 1854, d'un mémoire intitulé : « Noie
sur un genre de folie dont les accès sont caractérisés
par deux période ? régulier es, l'une de dépression et
l'autre d' excitation ».
« En rapprochant et comparant un certain nombre
d'observations, dit Baillarger dans ce mémoire, on re-
connaît qu'il existe des cas assez nombreux dans les-
quels il est impossible de considérer isolément et comme
deux affections distinctes, l'excitation et la dépression
qui se succèdent chez le même malade. Cette succes-
sion, en effet, n'a pas lieu au hasard et j'ai pu m'assu-
rer qu'il existe des rapports entre la durée et l'intensité
des deux étals, qui ne sont évidemment que deux pé-
riodes d'un même accès ». La conséquence tirée par
Baillarger de cette constatation, « c'est que ces accès
n'appartiennent en propre ni à la mélancolie, ni àlanfa-
nie, mais qu'ils constituent un genre spécial d'aliénation,
DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 5
caractérisé par l'existence régulière, de deux pério-
des, l'une d'excitation, l'autre de dépression ».
C'est ce genre de folie que Baillarger désigna sous le
nom de folie et double forme.
Il montra en outre que les accès de cette affection
se présentent tantôt à 1"élcct isolé, tantôt se reprodui-
sent d'une manière intermittente et, dans d'autres
cas, peuvent se- succéder sans interruption.
La communication de Baillarger souleva une récla-
mation de priorité de la part de Pierre Falret, qui lut à
soniourù l'Académie, quelques jours après, un travail
ayant pour titre « Mémoire sur la folie circulaire,
forme de maladie mentale caractérisée parla repro--
duction successive et régulière de l'étal mania-
que, de Vêlai mélancolique et d'un intervalle lucide
plus ou moins prolongé. »
Les accès de cette forme se composaient donc de
trois stades juxtaposés dans l'urdre suivant : un stade
maniaque, un stade de dépression et un intervalle
lucide.
Cet intervalle lucide que P. Falret, dans'ses leçons de
1831, plaçait entre le stade maniaque et le stade mé-
lancolique est, dit-il, généralement plus court que les
périodes d'excitation et d'affaissement considérées iso-
lément.
Il résulte clairement de ces textes, qu'entre la folie à
double forme de Baillarger et la folie circulaire de P.
Falret, la seule différence consistait dans ce fait que ce
dernier auteur considérait comme faisant partie inté-
grante des accès un intervalle lucide que Baillarger
en excluait.
Or il est bien évident que cet intervalle lucide n'a-
vait pour P. Falret qu'une importance tout à fait ac-
cessoire dans la constitution de l'accès et qu'il ne l'y
avait introduit que pour justifier le terme de folie cir-
culaire, opposé par lui à celui de folie il double forme.
Ce qui prouve l'exactitude de celte interprétation, c'est
0 CLINIQUE MENTALE.
la phrase suivante extraite de son mémoire : « Les
dettx etats dont la succession constitue la folie circu-
laire, ne sont ni la manie, ni la mélancolie proprement
dites avec leurs caractères habituels : c'est en quelque
sorte le fond de ces deux espèces de maladie mentale
sans leur relief » (1).
En somme, par conséquent, on peut dire que Bail-
larger et P. Faire ! ont décrit presque simultanément
la même maladie, sous deux noms différents.
Ajoutons toutefois que c'est à P. Falret que revient
le mérite d'avoir mis en relief les principaux carac-
tères de cette nouvelle affection, notamment le rôle
important dévolu à l'hérédité dans sa production, sa plus
grande fréquence chez la femme que chez l'homme,
la gravité de son pronostic, etc., tous caractères qui
ont été reconnus exacts par les auteurs qui ont suivi et
qui sont encore aujourd'hui universellement admis.
La conclusion capilalequi se dégage de ce débat, c'est
que ce sont les travaux de Pierre Falret et de Bai1l111'-
gel' qui ont définitivement isolé delà manie et de la
mélancolie classiques une nouvelle entité clinique à
laquelle ces auteurs ont respectivement donné le nom
de folie circulaire et de folie à double forme ; mais
en réalité, il ne s'agissait là, comme on vient de le
voir, et comme la suite le démontrera plus encore, que
d'une seule maladie pouvant revêtir deux modalités
différentes.
Malgré la haute autorité de ses parrains, la nouvelle
entité morbide ne fu pas accueillie avec beaucoup d'en-
thousiasme par les aliénistes de l'époque.
Morel, qui était pourtant l'élève de Pierre Falret, ne
voulut pas accorder une place dans sa classification à la
folie à double forme ou circulaire : « Je ne puis, dit-il
un peu dédaigneusement, en parlant de cette affection,
accepter pour des formes distinctes, pour des genres
(1) J. l'. Falret. In Leçon* ''Uniques de médecine moniale, 1854,
p. 249.
DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 7
spéciaux, des situations pathologiques qui sont obser-
vées dans toutes les variétés de folie en général » (1).
Examinant ensuite comment il convient d'interpréter
les périodes' d'alternance, d'intermittence et de rémis-
sioncbez les aliénés, Morel déclare qu'il n'y a là au-
cune des conditions requises pour la création d'un genre
spécial, d'une variété particulière de folie ; et suivant
encore une fois les mêmes errements qui l'avaient déjà
empêché de considérer la démence précoce comme
une entité distincte, il iit rentrer les phénomènes d'al-
ternance, de périodicité et d'intermittence dans la prier
mière classe de ses Aliénations héréditaires .
Dagonet, en 1862 et plus tard en 187G, observa la
même attitude que Morel et n'accorda qu'une brève
mention à la folie à double forme dans son Traité des
maladies mentales, sans lui donner davantage droit de
cité dans sa classification.
Mieux inspiré, Marcélui fit,la même année, meilleur
accueil et mit d'accord Pierre Falret et Baillarger en
proposant de n'appliquer le nom de folie à double
forme qu'aux accès de manie-mélancolie qui sont sépa-
rés par un intervalle nettement accusé, et de réserver
celui de lolie circulaire aux mêmes accès lorsqu'ils se
succèdent sans interruption.
Cette subdivision fut généralement acceptée et se
trouve encore aujourd'hui reproduite dans la plupart
des traités de médecine mentale.
Malgré cela, la légitimité de la nouvelle entité psy-
chiatrique ne fut réellement consacrée qu'à la suite
d'abord des articles que rédigèrent séparément Foville
fils en 1872, Ritti en 1878, dans les deux dictionnaires
de médecine, ensuite du mémoire que fit paraître à la
même époque Jules Faire ! sur la folie circulaire ou
folie à formes alternes, et enfin, après la publica-
tion,en 1882,dela monographie, aujourd'hui classique,
de Ritti sur la folie à double forme.
(1)nI0lt>rr.. Traité des maladies mentales, 1868, p. 477.
S CLINIQUE MENTALE.
A partir de cette époque, tous les aliénistes français :
Magnan et Culloi,re en 1890, Régis en 1892, Gilbert
Ballet en 1894, etc., s'accordèrent pour ranger la folie
circulaire ou à double forme, à côté de la manie et de
la mélancolie récidivantes dans un groupe spécial, celui
des psychoses périodiques ou intermittentes.
A l'étranger, surtout en Allemagne, la plupart, des
auteurs s'étaient déjà ralliés aux idées défendues en
France par P. Falret et Baillarger. ,
Un des premiers, Griesinger insista sur la fré-
quence de la transformation de la' mélancolie en manie,
et le retour de celle-ci à la mélancolie. « La maladie,
dans. sa totalité, représente alors, dit cet auteur, un
cercle morbide dans lequel ces deux formes mentales
alternent souvent d'une façon régulière (c'est la folie
circulaire sur laquelle les Français ont discuté il y a
quelques années). D'autres observateurs et je suis du
nombre,ont vu des cas ou régulibiement à une saison,
par exemple en hiver, il survient une profonde mélan-
colie puis, au printemps, celle-ci fait place à la manie
qui, à son tour, en automne, dégénère peu à peu en
mélancolie » (1).
L. Meyer,en 1874, cherche à établir que la folie à dou-
ble forme est due iL des troubles trophiques. L. Kirs, en
1878, range la folie circulaire parmi les psychoses pé-
riodiques. Son exemple est suivi par Kraft-Ebing, par
Schule, etc.
Cette opinion est également adoptée par Kroepelin
qui,dans la 4° édition de son Traité de Psychiatrie, pa-
rue en 1893, classe dans les maladies constitutionnel-
les incurables marche chronique, à côté de la folie
systématisée, les folies périodiques dont il distingue
quatre groupes : les formes délirante*, les formeswa-
niaques, les formes circulaires et les formes dé-
pressives.
Sauf quelques légères variantes de terminologie, ce
(1) GtUESINf'.ER. Traité des.maladies mentales, 1873 p. 275.
DE LA FOLIE MANIAQUE DÉPRESSIVE. 9
classement, comme on le voit, est tout à fait compara-
hle à celui qui avait cours à la même époque dans la
psychiatrie française. H a pris fin en 1899, époque où
'commence la 3° période.
III. Période allemande (1899-1906). C'est en
1899 que Kroepclin proposa, dans la 6" édition de son
Traité de Psychiatrie, une nouvelle classification des
maladies mentales, complètement différente de celle qui
avait paru dans les éditions précédentes.
Je vous ai déjà signalé, l'année dernière, les princi-
paux avantages de cette classification qui permet de
réunir et de grouper en un certain nombre d'espèces
nosologiques bien définies, dont l'évolution peut
être annoncée et prédite à l'avance, la plupart des états
syndromiques, considérés jusqu'alors comme de véri-
tables entités. Je ne retiendrai donc aujourd'hui que
les changements apportés par le professeur de Munich
à sa conception du groupe des psychoses périodiques.
Kroepelin observa tout d'abord, comme l'avaientdéjà
fait Morel et Magnan, que la répétition plus ou moins
régulière ou J'alternance des accès de manie et de mé-
lancolie n'étaient pas des caractères assez importants
pour constituer des espèces distinctes.
Il montra, en outre, que les psychoses dites inter-
mittentes, périodiques, circulaires, à double forme,
alternes, etc., présentant toutes la même évolution, il
était plus logique de considérer tous ces états comme
les manifestations, les équivalents d'une seule maladie
fondamentale, à laquelle il donna le nom de folie ma-
niaque- dépressive .
Se basant ensuite sur le fait que, malgré le très grand
nombre de psychoses dontil avait suivi l'évolution, il
n'avait jamais observé un seul cas de manie qui n'ait
été suivi de récidive, et tenant compte de cet autre
fait que les cas de manie étiquetés simples par les au-
teurs sont et seront ioujoxirs impossibles à distinguer
des cas de manie récidivante ou intermittente, Ivre;-
10 CLINIQUE MENTALE.
pelin émit l'opinion que la manie classique, la manie
de Pinel et d'Esquirol, qui avait, du reste, été déjà
frappée d'ostracisme par les deux l'aire et par Morel,
devait être définitivement exclue du cadre des maladies
mentales, comme forme clinique indépendante, et que
tous les états d'excitation décrits sous ce nom relevaient
de la folie maniaque-dépressive.
Kroepelin fit remarquer enfin que, parmi les étals dé.
pl'essifs dits mélancoliques, il convenait de décrire à
part ceux qui, survenant à la période' d'involution et
dans la sénilité, ont d'autres causes, d'autres symp-
tômes et une autre terminaison que ceux qui se mon-
trent aux autres phases de la vie.
Les premiers seuls conslituent un groupe à part : ce-
lui de la mélancolie d'involution sénile ou présénile.
Quant aux états dépressifs de la jeunesse ou de l'âge
mur, qui toujours récidivenlou alternent avec des étals
d'excitation, ils doivent être rattachés à la folie mania-
que-dépressive, quand ils ne sont pas symptomatiques
de la démence précoce.
Telles sont les principales considérations qui ont con-
duit Kroepelin à réunir et à grouper sous une seule
étiquette, les états psychopathiques considérés avant
lui comme autant d'espèces morbides.
Alavérité, Magnan avait déjà fait remarquer en 1890,
au Congrès de médecine de Berlin, que les distinctions
établies par les auteurs entre les folies intermittentes,
les folies alternes, les folies circulaires, etc., reposaient
« sur des caractères assurément très apparents, très
saillants, mais néanmoins secondaires et limités à une
phase épisodique de la maladie (1) ». Aussi cetauteur
proposa-l-il de conserver seulement ladénomination
du reste impropre - de folies intermittentes ; mais il
écarta délibérément de ce groupe, en se basant sur de
(1) MAGNAN.- Recherches sur les centres nerveux, 2° série, 1893,
499.
DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 11
chimériques différences, une excitation maniaque et
une dépression mélancolique dégénératives en même
temps qu'une manie el une mélancolie simples.
Comme nous l'avons vu, c'est Kroepelin qui, quel-
ques années plus tard, devait compléter l'essai de re-
constitution tenté par Magnan. ,
Bien qu'cllesoil certainement appelée àjouer en psy-
chiatrie un rôle non moins considérable que celle de
la démence précoce, la synthèse de la folie maniaque-
dépressive n'a eu jusqu'ici que peu de retentissement
en France.
Sérieux a pourtant pris le soin,dans une série de pu-
blications du plus haut intérêt et dont on ne saurait
trop le louer, de mettre en valeur la nouvelle classifi-
cation des maladies mentales du professeur de Munich,
mais jusqu'à présent son appel n'a guère été entendu
que par son élève Rognes de Fursac, dont le Manuel-
de Psychiatrie, rédigé presque entièrement d'après les
idées allemandes, contient une description très exacte
de la folie maniaque-dépressive.
Les autres auteurs, ou gardent le silence sur.la nou-
velle entité, psychiatrique, ou n'en parlent que pour la
condamner.
C'estainsi que Régis, dans la3" édition de son Précis
de psychiatrie se borne à déclarer, au chapitre de la
« manie-mélancolie », qu'il ne croit pas « que les nou-
velles théories de Kroepelin aient apporté quelque chan-
gement à la physionomie clinique de la maladie ».
Gilbert Ballet, dans le Xc volume du Traité de méde-
cine qui vient de paraitre, n'a pas été moins sévère :
« Dans ces derniers temps, dit cet auteur, Kroepelin a
singulièrement étendu le domaine de la folie périodi-
que, en y comprenant tous les cas communément dé-
crits sous les noms de «manie simple» et tous les états
mélancoliques qui ne sont pas des mélancolies d'invo-
lution « Cette théorie unitaire peut sembler sédui-
12 CLINIQUE MENTALE
santé au premier abord ; cependant, elle nous paraît
trop absolue et parlant inadmissible ».
Pour Gilbert Ballet, la distinction entre la manie clla
mélancolie simples d'une part, la manie et la mélan-
colie périodiques ou intermittentes de l'autre, serait
justifiée par l'intensité plus grande des symptômes de
la manie et de la mélancolie simples, dont les accès se-
raient en outre précédés de quelques prodromes et pro-
voqués par une cause physique ou morale facilement
appréciable (chagrins, surmenage, maladies infectieu-
ses, etc).
Les accès de manie et de mélancolie périodiques, an
contraire, éclateraient en général brusquement, sans
cause occasionnelle bien nette et conserveraient tou-
jours des allures modérées.
La valeur de ces prétendus caractères différentiels,
déjà énoncés aulrefois par Magnan, sera discutée ulté-
rieurement, mais d'ores et déjà ils ne sauraient être
acceptés sans réserves, Gilbert Balle» ! lui-même ayant
pris la précaution de nous dire, dans un autre passage
de son chapitre sur les psychoses périodiques « qu'a
quelques particularités près, la manie et la mélancolie
intermittentes ne diffèrent ni delà manie et delamélan-
colie simples, ni de la manie et de la mélancolie dégé-
nératives » (1). On est d'autant plus tenté dose rallier
à cette dernière manière de voir que, dans l'ouvrage
cité plus haut, Régis n'hésite pas déclarer que hi ma-
nie et lamèlancolie cycliques, la manie et la 2%élaico-
lie intermittentes, etc.,ne sont pas des états spéciaux et
qu'elles ne diffèrent en rien de la manie et de la mélan-
colie simples. Et pour qu'il ne reste aucun doute sur sa
pensée, Régis ajoute : «11 n'y a donc pas lieu de dé-
crire a la folie à double forme une symplomatologie
spéciale; il suffit d'indiquerque l'accès qui la compose
est constitué par une période de manie et une période
(1) Gilbert Hau.f.t. In Tmit¿ de 111édecille,2,(.¡Jition,X'volume,
p. 893.
DE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRLSS1VK. 13
de mélancolie, pour en connaître d'avance les symp-
tômes » (1).
Ce qui augmente singulièrement la valeur de cette
affirmation, c'est que négisn'est pas seulement un cli-
nicien émérite, mais un esprit pondéré qui n'a accueilli
jusqu'ici qu'assez froidement les spéculations de la
psychiatrie allemande. Ce n'est donc pas à la légère
qu'il s'est rallié sur ce point aux idées déjà exprimées,
à la suite de Kroepelin, par quelques auteurs étrangers
tcls du'Erl) Taalman (de Dordrecht), Otto Ilinrichin-
sen (de Zurich), Weygandt (de \Yurzbourg), Thomsen
(de Bonn), Glatis (de Bruxelles), etc.
Le premiercle ces au leurs a constaté que, sur 107 cas
diagnostiqués manie, l'évolution de l'affectionne per-
mit de maintenir ce diagnostic que fois.
Otto-Ilinrichinsen aégalement remarqué que la pro-
portion des guérisons dans les cas de manie datant de
plus de 20 ans n'était que de 4,7 "/„.
Weygandt est encore plus catégorique : « On établit
souvent, dit cet auteur, une distinction entre la manie
simple et la manie périodique, comme entre la dépres-
sion simple et la dépression périodique. De même, on
distingue les cas dans lesquels il existe une alternance
régulière des étals de dépression et d'agitation, c'est-
à-dire la folie circulaire. Mais comme il n'est pas possi-
ble de reconnaître, d'après l'examen des diverses for-
mes isolées de ces états, si l'on se trouve en présence
d'une manie ou d'une dépression simples, ou bien d'une
manie ou d'une dépression circulaires ; comme d'autre
part, la nature congénitale et héréditaire de ces diffé-
rents types morbides permet de les ramener il un grand
groupe unique, il est préférable de les comprendre avec
Kroepelin sous une seule rubrique (2) ? »
Thomsen se redise également considérer la manie
simple comme une entité morbide : cet auteur va
(1)lR : cs. /)) Précis de psychiatrie 190G p. 2GQ.
(2) ? wG.wur-li0ci : wOt'ITCn ? Atlas manuel de t'·ychiat ie, l. 306.
il, CLINIQUE MENTALE.
même plus loin et met en doute l'existence de la ma-
nie périodique, au moins à l'étal de pureté,parce qu'elle
est toujours suivie, d'après lui, d'une phase de dépres-
sion plus ou moins accentuée (1). La manie périodique
seconfondraitdoncavec la folie à double forme, [opinion
qui avait, du reste, été déjà formulée par Griesinger, et
qui, comme on le verra plus loin, mérite d'être prise
en considération.
En Belgique, Claiis nous apprend qu'il s'est livré à
une enquête au sujet de tous les cas de manie et de
mélancolie qu'il avait inscrits comme tels à leur entrée
à.l'asile ? « Or, dit cet auteur, je dois déclarer que le
résultat de cette enquête a été désastreux pour la manie
et la mélancolie Les cas de manie et de mélan-
colie pures sont rares » (2).
De tous ces faits on peut conclure que la limite tra-
cée par les anciens auteurs, entre la manie et la mélan
colie simples d'une part, la manie et la mélancolie pé-
riodiques d'autre part, est purement conventionnelle ;
et que Kroepelin a eu raison de ranger la manie et la
dépression simples dans l'ancien groupe des psychoses
périodiques, devenu aujourd'hui celui de la folie ma-
niaque-dépressive .
Mais cette première question résolue, il nous faut
encore essayer de justifier le terme un peu rébarhalif
de folie maniaque-dépressive.
On ne manquera pas, en effet, de nous objecter que,
même s'il était démontré que tous les états d'excita-
tion et de dépression sont suivis de récidives plus on
moins nombreuses, et présentent, en même temps que
la même évolution, la même symptomatologie, il n'y
aurait qu'à rayer des classifications les rubriques de
manie et de mélancolie, en maintenant celles de psy-
(1) Thomsen Congrès des médecins aliénisles, session de
Bruxelles, 2° volume, p. 09.
(2) Claus. Catdtonie et stupe Il', Rapport au Cong't'ès des aliénis-
les. Bruxelles, )"03, p. 49.
EE LA FOLIE MANIAQUE-DÉPRESSIVE. 15
choses périodiques ou de folies intermittentes générale-
ment usitées aujourd'hui. Nous n'y contredisons pas.
On comprend, en effet, à la rigueur, que l'on désigne
sous le nom de folie maniaque-dépressive les accès de
folie à double forme ou de folie circulaire, puisque
chacun de ces accès se compose en réalité de deux pha-
ses : une phase d'excitation et une phase de dépres-
sion;-mais il semble, au premier abord, que cette ex-
pression soit impropre pour désigner les formes inter-
mittentes ou périodiques qu'on distingue générale-
ment en maniaques et mélancoliques.
Nous ferons remarquer en premier lieu que, de l'avis
de tous les auteurs, les cas de manie périodique ou de
mélancolie périodique pures ou sans mélange sont
tout à fait exceptionnels. Le plus souvent on observe
deux, trois ou quatre accès de manie, puis un beau
jour, au lieu de l'accès d'excitation attendu, on se
trouve en présence d'un accès de dépression; on dit
alors qu'il s'agit d'une manie intermittente à type irré-
gulier (Arnaud).
Inversement, chez d'autres sujets, on voit la série des
accès de mélancolie être interrompus de temps en
temps par un accès d'excitation (mélancolie intermit-.
tenle à type irrégulier des auteurs français).
Par conséquent, en envisageant non plus chaque accès
isolément, mais l'ensemble des accès observés pendant
toute la vie du malade, on est déjà en droit de dire que
ces accès appartiennent au tableau de la folie mania-
que-dépressive, puisque les uns sont à forme mania-
que, les autres à forme dépressive. Mais il y a plus, et
commel'avait déjà faitobserver Griesinger, et à sa suite
différents auteurs, on peut affirmer que tous les accès
prétendus d'excitation ou de dépression sont en réalité
des accès a double forme frustes dans lesquels l'une des
phases morbides reste méconnue de l'entourage et
même du médecin parce qu'elle est trop effacée, surtout
li on la compare à l'autre.
16 CLINIQUE MENTALE.
En d'autres termes, les accès de manie intermittente
sont en réalité des accès maniaco-melallcoliques, mais
à prépondérance maniaque ; et les accès de mélanco-
lie intermittente, des accès dépressivo-maniaques à
prépondérance dépressive.
« Une observation attentive desmalades, dit à ce sujet
Rogues de Fursac, montre que la plupart des accès pré-
sentant le type maniaque ou le type dépressif sont, en
réalité, des accès à double forme. Il est à peu près cons-
tant, en effet, d'apprendre par une enquête soigneuse
que les symptômes d'excitation maniaque ont été pré-
cédés d'une période prodromique caractérisée par une
dépression plus ou moins accentuée ou de constater à
la suite d'un accès de dépression, un accès d'excitalion
que rien ne justifie ?
«Tout accès de manie ou de mélancolie contient donc
en germe les éléments de l'excitation et de la dépres-
sion. L'accès de folie circulaire devient ainsi le proto-
type dont dérivent tous les autres (1). » 1
Afranio Peixoto soutient la même opinion. Les pré-
tendues manies et mélancolies périodiques, dit cet au-
teur, sont des types d'accès maniaques -dépressifs com-
muns, à prédominance de manie ou de mélancolie
1,'observation montre,en effet, que les accès maniaques
et les'accès mélancoliques, comme on les appelle cou-
ramment, sont des crises d'excitation mêlées de phé-
nomènes dépressifs et vice versa : les uns et les autres
sont, par conséquent, des accès à prédominance ma-
niaque ou il prédominance dépressive » (2).
La dénomination de folie maniaque-dépressive est
donc encore, à ce nouveau point de vue, parfaitement
légitime. Elle est également à l'abri de la critique dans
les cas de folie à formes alternes (Délaye, Legrand du
Saulle), dans laquelle les accès maniaques alternent
régulièrement avec les accès mélancoliques.
(1) Rogues DE manuel de Psychiatrie, 1903, p. ? 6ti.
(2) Ai 1'I>I\OTü. - In A1lI1. r,éd. psychologiques, z p. 214.
DE LA FOLIE MANIAQUE-DEPRESSIVE. 17
11 suffit, du reste, de se rappeler que la maladie ne
crée rien, qu'ellc ne fait qu'exagérer des dispositions
naturelles pour reconnaître que les choses doivent se
passer comme nous venons de les exposer. On ne saurait
nier, en effet, que l'excitation du maniaque et la dé-
pression du mélancolique existent à l'état d'ébauche
chez tous les sujets.
Comme l'a très finement fait observer Gilbert Ballet :
« Le monde est plein de circulaires qu'on tient pour de
simples lunatiques parce qu'on les trouve tantôt plus
indifférents aux choses du monde et plus tristes qu'il
ne convient, tantôt plus exubérants et plus entrepre-
nants que de raison.
« Je me suis même demandé quelquefois, et je ne
vous livre cette téméraire hypothèse que pour ce qu'elle
vaut, si la circularité n'était pas une loi du fonctionne-
ment de notre système nerveux, si nous n'étions pas
tous, quelque degré, des circulaires, et si l'état patho-
logique qui constitue la folie périodique dans sa forme
la plus caractéristique, n'était pas simplement le gros-
sissement et l'énorme amplification d'une manière
d'être qui nous est à tous habituelle (1). »
L'hypothèse de Gilbert Ballet est certainement fondée.
Il n'est pas possible, en effet,de mettre en doute que la
périodicité ne soit une véritable loi des fonctions psy-
chiques comme des fonctions somatiques.il serait facile
d'en fournir de nombreux exemples : veille et sommeil,
fonctions digestives, rythmes respiratoire, cardiaque,
etc ? Ne voit-on pas d'ailleurs, chez toutes les person-
nes, pour peu qu'elles soient un peu émotives, des pé-
riodes de gaieté faire place à des périodes de dépression
sinon de tristesse et inversement ? ` ?
On pourrait faire valoir encore d'autres arguments
pour la justification du terme de manie-dépressive,mais
comme ces arguments trouveront leur développement
(1) ( ? I3vLLET. -La Mélancolie inLermitlcu6c,iu Presse Médicale,
1902, p. 4G2.
Archives 2- série, 190G, t. XXII. 1. 2
18 CLINIQUE MENTALE.
naturel ultérieurement, je me borne à les signaler : c'est
d'abord l'existence d'états maniaques-dépressifs nzix.
tes entrevus autrefois par Guislain,mais décrits pour la
première fois par Kraepelin, états dans lesquels les
phénomènes d' excitation et de dépression coexistent,
se mélangent et au lieu de se succéder'
comme flans la folie à double forme ; c'est ensuite ce
fait, corollaire du précédent, mais capital dans l'espèce,
que malgré des apparences opposées, les phénomènes
d'excitation et de dépression ont la même origine et
reconnaissent le même mécanisme pS,1)cho-patholo-
gique.
Mais en laissant de côté ces deux derniers arguments
sur lesquels nous reviendrons, on peut déjà conclure
des considérations précédentes, que l'expression de folie
maniaque-dépressive est doublement légitime puisque
l'association de l'excitation à la dépression est vraie
non seulement pour l'ensemble des accès qui consti-
tuent cette psychose, mais encore pour chacun de ses
accès envisagé isolément.
Ce qu'il importe, en outre, que vous reteniez de cet
exposé un pou aride,c'est que tous les étals d'excitation
et de dépression (réserve faite de ceux de ces derniers
qui appartiennent à la mélancolie d'involution), états
qui sont encore décrits séparément sous les rubriques
de manie et de mélancolie simples, intermittentes ou
périodiques, de folies ci double forme, circulaires,
etc., doivent être considérés désormais commodes
manifestations d'une seule et même maladie fondamen-
tale, la folie maniaque-dépressive, qui comporte seu-
lement trois groupes d'états différents, reliés, il est
vrai, entre eux, par de nombreuses formes intermé-
diaires : des états maniaques, des états dépressifs et
des étais mixtes.
Dès maintenant, cette affection peut être 'définie :
une psychose constitutionnelle, essentiellement 7aé°n-
ditair'e, caractérisée par la répétition, l'alternance, la
CRAMPE DES ÉCRIVAINS GUÉRIE PAR LA LIGATURE ÉLASTIQUE. 10
juxtaposition ou la coexistence d'états d'excitation
et de dépression.
Ainsi que l'indique cette définition, la folie maniaque-
dépressive n'est encore différenciée que par sa sympto-
matologie et son évolution ; il est impossible actuelle-
ment de lui assigner une étiologie spéciale et de la rat-"
tacher à des lésions anatomiques. Elle constitue donc
une simple entité clinique, dont la place naturelle est
à côté de la folie systématisée chronique, dans le
broupedesp.sc7cosesconstitzctiozzelles, comme la place
naturelle de la démence précoce semble être à côté de
la paralysie générale, dans le groupe des psychoses
accidentelles.
THERAPEUTIQUE
Crampe des écrivains guérie par la
ligature élastique ;
Par P. IIARTENBEI6.
J'ai appliqué systématiquement la méthode de la li-
gature élastique, préconisée par Bier contre les arthrites,
dans toute une catégorie de désordres musculaires
tels que contractures, spasmes, crampes, etc. Il ne m'est
pas possible encore de tirer de mes observations des
conclusions générales, mais dès maintenant, je tiens à
proclamer l'excellence de la méthode et, titre d'exem-
ple, je rapporte un cas de crampe des écrivains où elle
m'a procuré un résultat remarquable.
Je fus consulté en septembre 1905 par un homme,
abé de 37 ans, employé de commerce, qui me déclara
20 ' THÉRAPEUTIQUE.
être atteint depuis la années d'un trouble de l'écriture,
qu'un neurologiste diagnostiqua crampe des écrivains.
En effet, dès que le malade veut écrire, il est pris d'une
raideur des doigts qui l'empêche de former les lettres.
Plus particulièrement difficiles à tracer sont : les let-
tres bouclées et longues, telles que f, g, 1, h ; les let-
le1c'. 1.
très arrondies, telles que m, n, qui sont formées commc
des u ; enfin les traits de liaison entre deux lettres, de
sorte qu'il existe souvent plusieurs interruptions dans
le même mot. Cette raideur est d'intensité variable,
suivant les jours, mais toujours moins marquée le soit'
que le matin. Elle s'exagère par les émotions, et quand
CRAMPE DES ÉCRIVAINS GUÉRIE PAR LA LIGATURE ÉLASTIQUE. 21
le malade est fortement troublé, l'écriture est absolu-
ment impossible. A ces phénomènes spasmodiques, se
joint un léger tremblement nerveux, qui s'amplifie
également sous l'influence des émotions.
Tels sont les troubles dont le malade souffre depuis
15 années, avec des alternatives d'amélioration et d'ag-
gravation. Quant au reste,l'état général est satisfaisant,
le sujet est grand, fort, bien portant, quoique nerveux
et impressionnable.
Tous les traitements essayés jusqu'à ce jour ont
abouti à des insuccès. Il y a douze ans, une cure de
galvanisation procura une amélioration passagère, sui-
vie d'une rechute. Un autre médecin prescrivit une
abstention absolue d'écrire pendant 6 mois et l'inges-
tion de strychnine, en ne promettant qu'un résultat in-
certain. Plus récemment enfin, un confrère consulté
déclara l'affection incurable ou presque telle. Voici un
spécimen de l'écriture au moment où je fus moi-
même consulté (Fig. 1.)
Je conseillai le traitement par la ligature élastique
d'autant plus volontiers que le malade, habitant la pro-
vince,ne pouvait se soumettre à une intervention directe
et prolongée de ma part. Sans rien changer aux habi-
tudes de vie et de travail, ce traitement consiste ex-
clusivement à nouer autour du bras, au-dessus du bi-
ceps, un tube de caoutchouc laissé en place durant
vingt minutes, matin et soir. Les effets de cette cons-
triction, et en particulier la stase veineuse qu'elle
provoque, sont trop connus pour que j'y insiste. Les
résultats thérapeutiques seuls nous intéressent ici. Ils
furent remarquables. En effet, au bout de quinze jours
de traitement déjà, le malade m'écrivait la lettre sui-
vante, qui permet d'apprécier l'amélioration obtenue
(b'ig. 9. )
22 THÉRAPEUTIQUE.
Je n'eus plus de nouvelles, quand deux mois plus
tard.je reçus une seconde lettre m'annonçant la guéri-
Fig. 2.
son presque complète, ainsi qu'en témoigne le fac-si-
mile ci-joint (Fig. 3.) .
Je n'ai rien il. ajouter à cette preuve positive, plus
éloquente que tous les discours. Je veux seulement
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 23
faire remarquer que, dans le cas actuel, le mérite du
succès obtenu doit bien revenir la seule ligature élas-
tique, puis qu'aucun autre traitement n'a été suivi con-
curremment, et en particulier, que l'action de la sug-
gestion médicale doit être écartée, puisque je n'ai vu
Fic.3.
1
le malade qu'une seule fois et que, durant toute la cure,
il est resté soustrait à mon influence.
Je publierai ultérieurement d'autres résultats de cette
méthode, simple, pratique, efficace, inoffensive, à la
portée de tous les praticiens et de tous les malades.
REVUE DE THERAPEUTIQUE
I. La ponction lombaire en médecine mentale ; par le
D DEUOUnmx. (l3ull, cle la ,oc. de nu·tl. cle l3elgique, février
190.)
11 résulte de ce travail que la pression du liquide céphalo-
rachidien est généralement augmentée dans les états d'irritation,
dans les paralysies générales et chez les épileptiques. C'est dans
la paralysie générale que le liquide céphalo-rachidien se montre
le plus riche en albumine. Jamais on n'a trouvé 1 gr. d'albumine
24 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
pour mille dans les autres psychoses, tandis que c'est presque la
règle et au-delà dans la paralysie générale.
Constante également chez les paralytiques généraux, la lym-
phocytose n'a jamais été constatée chez les épileptique ? les
déments précoces, les confus. Il y aurait donc de la lymphocy-
lose dans les cérébropalhies interstitielles ou mésenchymateuses
et il n'y en aurait pas dans les cerebropathies uniquement
parenchymateuses. (.. Deny.
Il. - Les convulsivants dans l'épilepsie ; par M. F. Devay.
(Lyon médical, 8 au'il 1900. p. 715.)
Pour JI. I)evay,lcs états compulsifs ne seraient que des phéno-
mènes de rappel de scléroses cérébrales, ne se traduisant clini-
quement. par aucun symptôme. Dans ces états, on a cherché, le
Prof. Pierret entre autres, à régulariser l'écoulement do la force
nerveuse, de la canaliser. Pour obtenir ce résultat, il s'est
adressé aux médicaments convulsivants, la belladone, l'atropine,
la picro-luxine. L'auteur, qui s'est occupé de la question et a fait
des recherches expérimentales à ce sujet, pense que l'indication
générale de la médication convulsivante est de favoriser la dé-
charge brusque, chez les épileptiques à crises rares mais à équi-
v alents psychiques.
Elle sera donc indiquée chez ceux qui présentent des malaises
sensoriels et psychiques, dans les formes d'épilepsie déterminant
des troubles du caractère et de la conscience, sans crises convul-
sives. Tels sont : le petit mal comitial, les colères, les accès de
mauvaise humeur, de tristesse, les états crépusculaires comme
l'automatisme ambulatoire, l'absorption irrésistible de boissons
alcooliques, les crises de somnambulisme épileptique les dé-
lires transitoires parmi lesquels l'auteur range les accès de folie
périodique.
Le médicament qu'il emploie le plus souvent est l'extrait de
belladone à doses lentement et progressivement croissantes; il a
pu ainsi arriver à faire prendre jusqu'à 25 centigrammes par
jour de cette substance pour obtenir l'effet comulsivanl. On ob-
serve, avant d'arriver à cette forte dose, une modification dans
les états crépusculaires de la conscience. La médication conuil-
sive a donc des indications causales certaines, de même que la
médication hromurée a son utilité incontestable. G. Carrier.
III. Spina biflda occulta : intervention; M. ? v i ? s.
(Soc. rle chirurgie de Lyon, 1er février 1900. Lyon merl. 2 avril,
190G.)
Observation de spina hilhla occulta chez une jeune tille de 21
ans.
Au ni\eau du membre inférieur droit, il existait un éduinisme
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 25
trèsmarqué. Le picii était gros, Irapn, raccourci; la \oÚte plan-
laire exca\('e, Sur la plante, on voyait, au niveau de la racine du
3" et 4e orteil une ulcération de la dimension d'une pièce de
2 francs et affectant fous les caractères d'un mal perforant plan-
taire.
Au ni\eaude la région lombo-sacrée. cicatrice médiane, ombi-
liouee à son centre et pourvue de quelques poils à la périphérie.
La pression était douloureuse à ce niveau. mais sans irradiation.
Parla radiographie on put aflirmer qu'il manquait au moins
deux arcs vertébraux. Pas d'autre malformation congénitale. On
ne trouva jamais la moindre trace de systématisation.
Du côté de la motricité : contracture des extenseurs du pied,
pins marquée à droite qu'à gauche. Le réflexe rotulien était exa-
géré adroite, diminué à gauche. Le réflexe plantaire était dimi-
nué du côté droit.
Pas de troubles de la sensibilité, sauf au niveau du pied droit
où on constatait une aholition complète de la sensibilité à la cha-
leur.
Pas de troubles sphinctériens.
Atrophie très légère des muscles du memhre inférieur droit.
Intervention : Libération du sac méningien, cette libération
provoqua des mouvements convulsifs dans les membres infé-
rieurs.
Autoplastie : fermeture du canal médullaire par trois plans de
suture. Les suites furent bonnes.
Les fonctions médullaires furent d'abord assez troublées.incon-
tinence d'urine pendant une quinzaine de jours, la menstruation
fut avancée de quinze jours. Tous les désordres disparurent au
bout de quinze jours. L'altération plantaire était presque complè-
tement cicatrisée et amélioration dansla perception des sensations
thermiques. Ténotomie du tendon d'Achille pour donner au pied
droit un meilleur point d'appui. Persistance des modifications de
la sensibilité. Cicatrisation de l'ulcération plantaire. La malade
marche depuis trois semaines, sans présenter aucune nouvelle
ulcération. G. C.
IV. -Note sur les bons effets de la greffe thyroïdienne (mé-
thode de Cristiani) chez un enfant arriéré par défaut de
développement de la glande thyroïde, par les D1"' GAU-
TIER rt Kummer. (Pev. méd. de la Suisse Romande, 1905, no G.)
Il s'agit d'une fillette de 3 ans dont le développement
physique et mental était notablement retardé pour son âge,
mais qui ne presentait pas de myxoedème, bien que la pal-
pation du cou ne permît de sentir aucune trace de corps thy-
roïde. L'opoLhérapie thyroïdienne n'ayant pu être supportée
on inséra sous la peau de l'aisselle, d'après le procédé de
26 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
Cristiani, quatre petits fragments de tissu thyroïdien,
reconnu normal au microscope, provenant d'une jeune fille
de 18 ans, à laquelle on enleva un goitre. Deux de ces
fragments furent pris à la surface du goitre, les deux autres
sur le lobe sain laissé en place.
A la suite de cette opération, l'enfant s'améliora très ra-
pidement au point de vue physique et intellectuel et trois
mois après elle était en tout semblable à la moyenne des
enfants de son âge. Neuf mois après l'intervention, on sen-
tait encore les petits fragments de glande greffés sous la
peau. Les auteurs pensent que les progrès obtenus chez cette
enfant se maintiendront et que, s'ils venaient à fléchir, il n'y
aurait aucun inconvénient à pratiquer une nouvelle greffe.
G. D. ? - Traitement de l'épilepsie; d'après A. Morgan et U. C.
lloDSStrts. (Boston med. surg. journ., 15 juin 1905.)
Les auteurs ont soigné l'état de mal par des injections hypoder-
miquescl'une solution stérilisée de bromure de sodium (r ! rKa,18r.
eaudist.. 300). Les injections sont faites asepticluement dans les
cuisses ou mieux dans le dos,juste au-dessous de l'angle de 1'01110-
plate. Quantité injectée 100 cc. il 180 ce. dès le début des convul-
Les accès cessent rapidement, et les auteurs n'ont pas
observe d'abcès. Une induration sensible subsiste pendant quel-
ques jours, mais cède aux cataplasmes glycérines. côte de l'ef-
fet antispasmodique, les auteurs ont noté une action diurétique
et stimulante. Presque dans tous les cas le résultat a été excel-
lent. l.
La ponction lombaire a été employée plus rarement. Suivant
la pression du liquide céphalo-rachidien, on retire 20 ce. de ce
liquide et on injecte 10 ce. de la solution bromurée dans le cul-
de-sac durai. Le résultat a été favorable également.
1'I. Sur les conditions légales de l'emploi des rayons
de Roentgen. Happort de 31. Chauffard ; discussion des 9 et
10 janvier 1906. (Bulletin de l'Académie de Médecine.)
La glorieuse découverte du physicien de Wurtzbourg (189-il a
permis à la médecine étala chirurgie de faire d'immenses progrès
dans le diagnostic, le pronostic et le traitement d'une foule d'affec-
tions ; la radiographie, bientôt remplacée dans l'immense majorité
des cas parla radioscopie infiniment moins dispendieuse, est de-
venue une méthode d'exploration d'une précision extrême pour
celui qui sait s'en servir : depuis, la radiothérapie, sastrur cadette,
est venue apporter il. la science mieux que des espérances : c'est
grâce à elle que l'école Laitier a pu être fermée, et que la feigne
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 27
tondante et la pelade, jadis si rebelles à tous les traitements,
guérissent aujourd'hui facilement depuis les travaux de Sabou-
raud : enfin nous rappellerons les tentatives de guérison du can-
cer par la rcentgénisation.
Mais ces méthodes, comme toutes celles dont l'action est vrai-
mentactive, n'est pas exempte de dangers : des brûlures plus ou
moins profondes, des radiodermites et même peut-être, si l'on
s'en rapporte à certaines expériences faites par différents auteurs
sur les animaux, la disparition de l'élément noble des glande*
sexuelles, peuvent se produire : il faut donc dans l'intérêt de la
santé publique réglementer l'usage d'un agent physique si puis-
sanL.ll est certain d'ailleurs que, pour interpréter une radioscopie,
pour lire un radiogramme, il faut des connaissances anatomiques
et cliniques qui ne sont point le fait du premier venu. Des igno-
rants et des charlatans sans aucune connaissance scientifique,
sans même la plus élémentaire bonne foi,ont vu là une exploita-
lion possible de la crédulité publique et on a cité dans le débat
académique des cas de véritables escroqueries commis dans cer-
tainesoflicines interlopes où l'on utilise les rayons Roentgen ; peut
être même ces rayons pourraient-ils servir à commettre de véri-
lahles crimes contre l'espèce. Sur ce dernier point. M. Pinard a
montré qu'il se peut que les craintes formulées soient exagérées.
Il a < rmntgéniso » un certain nombre de femmes enceintes à la
clinique Baudelocque sans avoir jamais vu d'accident ni dans le
présent, ni dans la suite : il donne d'ailleurs les indications les
plus précises sur sa façon d'opérer. -
M. Iteynier montre qu'on ne peut sans injustice déposséder les
physiciens d'une méthode qu'ils ont créée, il demande que : l°un
enseignement soit institué pour la pratique des rayons Roent-
gen ; 2° que nul ne puisse, sans un diplôme spécial et sans le
contrôle médicalfaire l'application de ces rayons ; 3° que les si-
tuations officielles acquises et justifiées par des travaux antérieurs
soient respectées.
Il insiste sur ce fait que, pour la pratique des méthodes roent-
génicnnes.il faut des connaissances en géométrie dans l'espace et
en physique que les médecins ne possèdent que rarement : et
que ces derniers causent souvent aux malades des brûlures par
leur maladresse et leur ignorance. A cela 31. Gariel répond qu'il
est plus facile à un médecin d'acquérir des notions de physique et
de géométrie, qu'à un physicien d'apprendre la clinique.
M. Lahbé et 31. Drouardel font remarquer qu'il peut arriver
des accidents aux opérateurs les plus soigneux et les plus ins-
truits. M. Le Dentu demande qu'on respecte les situations ac-
(luises.
M. Cornil rappelle que, pour l'emploi de la radiothérapie dans
le cancer, il faut suivre rigoureusement certaines règles indiquées
28 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
par liclot ; que l'intervention reste JUSqU'il présent la méthode
de choix ; dans les tumeurs très limities, l'eapectation pure eL
simple l'om eIHu1l ,eule à la période de généralisation. M. Debove
montre qu'actuellement, à l'Université de Paris, renseignement
radiothérapiquc est complet et que les élevés peuvent trouver
dans les ou\ rages classiques toutes les notions nécessaires. la
suite de celte très intéressante discussion, l'Académie vote les
conclusions suivantes proposées par 1. Chauffard.
1" L'emploi médical des rayons lloenlgen peut déterminer des
accillentsriravcs ; ? ° Certaines pratiques peuvent créer un danger social :
3° Seuls les docteurs en médecine, les officiers de santé et les
dentistes diplômés (dans leurspeciaiite) sont capables 11'inlerlnr-
ter les résultats obtenus au point de we du diagnostic et du trai-
tement des malades. En conséquence, l'Académie est d'avis (pie
l'application médicale des rayons Roentgen par une personne non
pourvue des diplômes ci-dessus désignés constitue un acte d'exer-
cice illégal de la médecine. ' ' L. Wahl.
VI). La crampe professionnelle et son traitement par
le massage méthodique et la rééducation ; par KOUINDIY.
(Xouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 1)05, n° 2.)
La crampe professionnelle, que l'auteur propose d'appeler
« ataxie professionnelle », est très analogue à l'ataxie du tabès :
celle-ci elle revêt des formes de même ordre (paralytique, spa«-
modique, tI'émulente); l'élément psychique y joue le même
rôle important, et l'évolution est à peu près identique. 11 était
donc indiqué de traiter les ataxies professionnelles par le mas-
sage et la rééducation, d'autant que fous les autres procédés
de cure sont restés jusqu'ici inefiicaces ou insuffisants. C'est na-
turellement contre la plus fréquente de ces crampes, celle des
écrivains, que s'est exercée la sagacité thérapeutique etc'est il son
propos que l'auteur expose sa méthode. Il débute parle massage,
mais celui-ci est réservé aux muscles extenseurs qui sont toujours
parésiés, tandis que les fléchisseurs sont en contracture : ce mas-
sage électif des seuls muscles hypotoniques rétablit l'équilibre
entre les deux groupes antagonistes. Des exercices variés viens
nent ensuite s'ajouter au massage : ils sont destinés à activer et à
mettre en évidence la récupération fonctionnelle des extenseurs.
Plus tard enfin, on procède à la rééducation de l'écriture, et pour
laisser en repos les fléchisseurs, l'auteur apprend à ses malades
l'ecritmo avec la main renversée, qui demande presque tout
l'effort aux extenseurs.
Lorsque le patient possède cette écriture, il entreprend une
clried'exercices avec la main en position ordinaire. La lenteur,
le rythme, une grande attention et une lionne position sont né-
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 29
cessairespour atteindre le but poursuivi, qui est de régulariser les
mouvements de l'écriture. L'élément psychique n'est point né-
gligeable et il faut tirer profit de la suggestionnabilité des ma-
lades. Le traitement ne doit pas être abandonné brusquement :
la guérison obtenue, est bon de prolonger le traitement par des
séances espacées de rééducation. F. Tissor.
VIII. Application du somniforme à la pratique de l'hyp-
notisme ; par 1. NV. VIASEMSKI. (Obo.m3niJ psichiatrit, IX 1\)04.)
.Mémoire il l'appui des travaux de Paul Farez sur ce sujet (Re-
we de l'hypnotisme 1903.)
1, Gymnastique médicale associée au bain ; par \V.
HECHTEREW. (Obowrnié psichiatrii VIII. Centralbl. ? Xer-
venlaeilh, XXV11, 1904.)
Les malades atteints de paralysies grades, ceux surtout qui
sont incapables ou presque de soulever leurs membres, se trou-
vent très bien de la kinésithérapie active et passive pratiquée dans
un bain à 28° IL Les contractures rétrocèdent en partie ; les pa-
ralysies spasmodiquess'cn'trou\ent fort atténuées. L'eau en ef-
fet diminue l'action de la pesanteur sur les membres. On se sert
de baignoires ordinaires pourvu qu'elles ne soient ni trop petites
ni trop profondes. P. Keraval.
X. Application de la photothérapie au torticolis d'ori-
gine fonctionnelle; par 31. K. JouKOWSKi.(0&fM)'<';tt'c psichia-
tü, \'lll.)
Ce n'est pas l'éclairage à l'arc \olLaiquc qui réussit dans les
deux observations en question ici ; ce fut la chaleur lumineuse
du bain de Kellog. P. KERAVAL.
XI. - Contribution à la question de l'utilisation de la rota-
tion centrifuge au diagnostic et à la thérapeutique ; par
ni. 1L1N ? (Qbozrénié psichiatrii \'1l1).. '
Invention d'un appareil spécial avec ligure à l'appui fort
claire. P. Keraval.
Ruz Nouvelles méthodes de traitement des paraplégies
spasmodiques par les exercices. Résultat de 40 cas;
par 31. FAURE (de Lamalou). (Rev. de 111';(/. février t90G.)
Tous les neurologistes connaissent les travaux de )Iauriee
Faure sur i- ii cil 1-e (le rééducation introduite dans la thérapeutique
parlraenkel; la méthode n'est applicable que lorsque les accidents
aigus sont calmés, que l'état est devenu stable : il faut d'abord
une première période d'exercices passifs de mobilisation,
pendant laquelle on vicnl à bout des contractures, même
30 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,
intenses et anciennes. Dans une seconde période onprovoquedes
mouvements volontaires avec aide ou résistance données par le
médecin. Les résultats sont satisfaisants, les traitements doivent
être interrompus par des périodes de repos pendant lesquelles le
malade ne doit pas se laisser immobiliser. Sur 40 malades,2 sont
restés impotents, 10 marchent seuls, mais péniblement; 13 mar-
chent facilement mais avec une démarche spasmodique ; 7 ont
peu ou pas de .spasmodicité, 4 ont la marche absolument nor-
male, 4 ont renoncé au traitement, Il est bien entendu que ce
traitement ne dispense pas de celui des causes de la maladie, el
que les syphilitiques par exemple restent justiciables du traite-
ment spécifique. L. WAHL.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
. PATHOLOGIQUES
I. Le rire et le pleurer spasmodiques ; par 31. 1)saou-
13AIX (Journal de neurologie, 1906; n 5.)
Des observations de deux malades qui présentaient le phéno-
mène du rire et du pleurer spasmodiques et dont une a été sui-
vie d'autopsie, l'auteur tire les conclusions suivantes :
La couche optique est le siège des mouvements automatiques
d'expression émotive ; le rire et le pleurer sont néanmoins sous
la dépendance de l'écorce par l'intermédiaire des fibres corticu-
thalamiques. Une lésion unilatérale de ces fibres suffit à provo-
quer l'exagération psycho-réflexe émotive, c'est-à-dire le rire et
le pleurer spasmodiques, soit isolés, soit associés, ce qui est dû,
sans doute, à l'existence des fibres croisées dans le faisceau tua-
lamo-facial.
La substitution du pleurer au rire dans une même convul-
sion émotive tend à prouver que la conduclion thalamo-lmtlltaire
du rire et du pleurer se fait par un faisceau unique dont les
fibres gouvernent des groupements musculaires antagonistes.
G. DENY.
Il. Nouvelle contribution à l'étude des localisations
dans les noyaux des nerfs craniens chez l'homme et
chez le chien ; par 3131. Parhon et 1\'aovt ? (.fou ? -n. de ne ?
1'olouie, 190G, no 7.)
Les lésions médullaires, bulbaires et protubémnlielles décl'iles
par les auteurs ont été constatées chez un homme qui a suc-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 31
combe iL un cancer de la langue ayant envahi la région sus-
hyoïdienne. avec le ventre antérieur du digastrique, le mylo-
hyoïdien, etc.
Les altérations médullaires étaient exactement localisées au
groupe central des cellules du 1 CI' et du 2e myélotomo cervical,
d'où l'on peut inférer que ce sont ces deux myélotomes qui
innervent le sternomastoïdien.
Le noyau de l'hypoglosse était également le siège d'altérations
Irès intenses surtout, au niveau du groupe cellulaire externe de
la partie supérieure du noyau, ce qui est en rapport avec le dé-
but de la tumeur par la base de la langue.
Au niveau du noyau du facial, les lésions siégeaient surtout
dans le second groupe ? entrai qui est en rapport avec le digas-
trique, le stylo-hyoïdien elle styloglosse détruits par la tumeur.
il existait enfin quelques altérations à la partie inférieure du
noyau du trijumeau, qui étaient la conséquence de la destruction
par le néoplasme du myélo-hyoidien et du digastrique pos-
térieur.
Ce travail se termine par la description des altérations trou-
vées du noyau au niveau du trijumeau chez deux chiens ayant
subi respectivement la résection du masséter et du Leiiipoi-al.
G. 1) l ? N Y.
111. Les lésions cérébrales dans les psychoses d'origi.-
ne toxique : par )1.)I. Gilbert Ballet et Laignel-Lavastinc
(Congrès de Lisbonne, section de neurologie.)
Les syndromes mentaux accompagnés de lésions macroscopi-
ques sont exclus du cadre des psychoses. Les progrès croissants, *
de l'aiiatoiiiie pathologique microscopique restreignent, d'année
en année, le groupe des accidents mentaux sans lésions d'aucune
sorte. Encore peut-on, sans crainte d'erreur, prédire que lorsque
nos investigations restent infructueuses, c'est parce que nos
techniques sont insuffisantes.
Parmi les lésions cérébrales microscopiques accompagnées de
troubles mentaux.il en est qui sont franchement inflammatoires,
c'est-à-dire surtout vasculaires, péri-vasculaires.ol interstitielles.
Nous n'étudierons pas ici ces lésions, afin de nous limiter aux
psychoses purement toxiques.
Les psychoses d'origine toxique sont les troubles mentaux pro-
duits par l'action du poison sur le fonctionnement des zones psy-
chiques ou sensorielles de l'encéphale. Certains de ces poisons
viennent du dehuis : l'alcool, le mercure, le plomb, par exemple.
D'autres sont fabriqués dans l'organisme même, lorsque ce-
lui.ci est infecté, lorsque la température s'élève, lorsque se pro-
duisent des fermentations digestives anormales, elc. D'autres
enlin résultent de la rétention dans l'organisme de produits nor-
32 REVUE D'ANA10MIE ET de PHYSIOLOGIE pathologiques
maux qui devraient être éliminés ou transformés par des or"a-
nes ad hoc devenus impuissants (rein, foie etc.). D'autres en-
core résultent d'empoisonnements mal connus, produits par l'al-
tération des fonctions secrétaires de certains organes chargés de
verser, dans l'organisme, des produits utiles à son bon fonction-
ment ( corps thyroïde, capsule surrénale, etc.)..Malgré la va-
riété de ces poisons, les mécanismes de leurs actions sont les mê-
mes : 1° ou bien ils agissent directement sur les cellules céré-
brales en altérant leur dynamisme ; - : 0 ou bien ils agissent sur
la circulation et la nutrition, et, secondairement, sur les cellules
cérébrales dont ils ont perturbé les moyens de réparation et de
dépuration. Dans les deux cas, c'est donc sur la cellule et ses pro-
longements qu'il faut rechercher la trace de l'action du poison.
Parfois l'action peut-être élective et la cellule peut révéler des lé-
sions alors que toute le reste de l'économie paraît intact. Parfois,
au contraire, la cellule cérébrale peut rester intacte en apparence
et une action majorathe du poison sur d'autres organes peut avoir
provoqué des lésions mortelles. Ainsi, dans les délires fébriles,
par exemple, qui sont des délires toxiques, il arrive souvent que
l'on ne révèle aucune lésion des cellules corticales (Faure et Des-
- % aulx). Dans les méningites, on peut trouver deux ordres de lé-
sions : les unes résultant du voisinage immédiat du processus mé-
ningé (foyer infectieux), les autres résultant de l'action à dis-
tance des poisons (Laignel-Layastine et Faure). Il n'est pas inu-
tile de faire remarquer que cette action à distance des poison" e"l
infiniment plus considérable dansla pathogénie des délires et des
psychoses, même infectieux, que l'action due à la présence du
microbe lui-même. C'est pourquoi, à l'examen du cerveau et du
liquide céphalo-rachidien d'un grand nombre d'individus ayant
présenté des affections diverses accompagnées de troubles men-
taux, Faure et Laignel-Lavasline n'ont pas trouvé de microbes.
Les méthodes les plus propres, actuellement, à mettre en évi- i-
dence les altérations des cellules nerveuses (substances chroma-
toltlmle et ncurolibrilles) sont les méthodes de Nissl et de Cajal.
Voici les objections qu'on leur a faites :
lu La cadavérisation provoque des altérations rapides qui ne
permettent pas de voir ensuite les i 1 léi-at ions patliogiioiiioil i(lue ?
Pour faire face à cette objection, 3131. Gitbert-ttallet, Maurice
Faure et Laignel-Lavastine ont recherché les altérations cada-
vériques dans lescellules nerveuses de l'homme et des animaux,
d'une à 200 heures après la mort, et il résulte de leurs recher-
ches que les altérations cadavériques décelées par la méthode de
Nissl sont trop tardives pour gêner l'examen, 24 heures après la
mort, dans les conditions ordinaires, et que les altérations déce-
lables par la méthode de Cajal, bien que plus précoces, permet-
tent encore des examens utiles des ncurolibrilles primaires, mais
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 33
que l'examen des neurofibrilles secondaires doit être négligé, ha-
bituellement, 24 heures après la mort.
La deuxième objection est que ces méthodes montrent de fré-
quentes altérations, sans rapport avec des causes définies et des
symptômes déterminés. On les appelle alors des lésions hanales.
Les auteurs pensent que celte objection n'a pas de valeur, parce
qu'on ne qualifie de « lésions banales » que les lésions dont ne ne
connaît pas la signification. C'est ce qui est arrivé lors que Dé-
jerine a décrit les névrites périphériques qui, comme les lésions
cellulaires, sont en rapport avec cles causes très diverses et des
svndrumes varies. Nul, cependant, ne contesterait aujourd'hui la
valeur des lésions des névrites périphériques. Il en sera de même
pour les lésions cellulaires.
Les auteurs rapportent un très grand nombre de lésions cellu-
laires de physionomie variée, décrites avec ces techniques etsur-
toutavec la méthode de \issu, par Agostini, Alessi et Pieri. An-
glade, Azoulay, P)elai ? a-y. Canizzo, Ceni, Colucci, Cramer, Do-
naggio, Donelti, Franca, Cabei et Antinosi,Cloldschlider et Flatau
Levi,Lugaro, Marchand et Yurpas, 31arinesco, 311chofle,Vageolle
N"eppi,Gimer, Philippe et de Gothard, Sabrazes et r.abannes,Tirelli,
etc., au cours de divers empoisonnements accompagnés ou non
de troubles mentaux appréciables. 11 ne paraît pas possible, ac-
tuellement, de classer tous ces types el d'établit' une relation cer-
taine entre tel d'entre eux, et tel toxique ou telle séméiologie
correspondant.
Notamment, les auteurs ne croient pas que la div ision établi'} par
llarineaco entre la chromatolyse dite primitive essecondaire et la
chromatolyse périphérique et centrale, soit exacte. Il est même
vraisemblable que beaucoup de toxiques divers peuvent créer la
même lésion et que heaucoupde lésions peuvent aboutir au même
symptôme, lien est, d'ailleurs, ainsi dans toute la pathologie :
beaucoup de toxiques variés peuvent produire des lésions analo-
gues dans les cellules hépatiques, et beaucoup de lésions hépati -
(lue" peuvent ahout il' à des symptômes analogues d'insuffisance
hépatique. Néanmoins, il est souhaitable que des recherches ul-
térieures puissent permettre de baser une classification, qui éta-
blirait des relations solides entre des catégories de poisons, des
catégories de lésions, et des catégories de symptômes. (,'et d'ail-
leurs, la traditionnelle méthode anatomo-clinique, qui a déjà
donné tant de résultais dans la pathologie nerveuse.
Pour obéir à ce desideratum, 3131. Gilbert Ballet, Maurice Faure
el Lalgnel-Layaslinp ont tenté, à plusieurs reprises, de fixer
les relations d'un type anafonio-palhologique cortical (chromato-
lyse a début central, forme globuleuse de la cellule, migration
périphérique du noyau) correspondant il une lésion cellulaire ré-
parallle, qui leur a paru liée, d'une parla a l'état cuto-toxiqne ré-
ARCIllVES,2- série, 1POG, L. XXII. 3
34 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
sullant d'une infection ou d'une intoxication prolongée (notam-
ment de l'alcoolisme avec altération hépatique et rénale), etd'au-
tre part au syndrome de la confusion mentale.
Toutefois, est utile défaire remarquer qu'une évolution de trou-
bles mentaux peut être foudroyante et dramatique, sans avoir le
temps d'installer des lésions cellulaires profondes, et qu'aueou-
traire, une longue maladie, avec troubles mentaux plus effacés,
peut aboutir insidieusement à des lésions cellulaires considéra-
bles : c'est précisément le cas de la confusion mentale, Il en ré-
sulle une certaine indépendance entre l'évolution du délire qui
peut être soudaine, bruyante, et celle de la lésion qui est insi-
dieuse. De même, le mode do réaction symptomatique de la rcl-
lule nerveuse est fonction de l'hérédité, de la prédisposition in-
dividuelle innée ou acquise, tout autant que de la nature du to-
xique, agent de l'irritation cellulaire. C'est pourquoi il ne faut
pas s'attendre à trouver, dans l'avenir de cette question, une
classification rigoureuse et des formules étroites. Mais déjà on
peut considérer comme acquis que les lésions cellulaires sont, au
même titre que la psychose elle-même, l'expression de l'injure
faite à la cellule parle poison.
VI. Crises gastriques tabétiques, élongation du plexus'
solaire; par MM. VALLAS et Cotte. (Soc. Nation, de médecine
de Lyon, 20 mars 1906, Lyon médical, 15 avril 1900.)
Homme de 41 ans, éthylique, souffrant de crises gastriques de-
puis cinq ou six ans. Leur fréquence augmenta progressive-
ment et depuis un an le malade les ressent tous les mois. Elles
s'accompagnent depuis deux ans de douleurs fulgurantes des
membres inférieurs. Leur origine tabétique est manifeste : Signe
d'Argyll Robertson, abolition des réflexes rotuliens, ataxie au dé-
but. Aucun médicament n'a pu le soulager. Elongation du plexus
solaire en dénudant le tronc c,clia(ll1e,
A la suite de cette intervention, le malade, opéré en pleine crise,
fut complètement soulagé et n'a pas souttert depuis. Le résultat
étant immédiat il faut attendre quelque temps pour juger delà
valeur de cette intervention. e. Cl.
V. Des lésions de la moelle dans la démence précoce ;
par IlLif'PE1. et LHERMITE. (L'Encéphale, 190(;, n° 2.)
Comme suite à des travaux antérieurs, les ailleurs étudient
dans trois nouvelles observations les lésions spinales de la dé-
mence précoce ; It comme dans le cerveau elles sont remarqua-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 35
bles par leur localisation exclusive au tissu neuro-épithélial
(neurones et névroglie) avec intégrité des formations vasculo-
conjonctives (méninges, vaisseaux) ; elles consistent en une dé-
génération systématique du système postérieur de la moelle, très
analogue à celle du tabès dont elle se distingue cependant par
l'existence dans les cordons postérieurs de petites lacunes de dé-
sintégration circonscrites par une zone de prolifération néxro-
tique intense. Les racines postérieures sont le siège d'un pro-
cessus atrophique et destructif. On trouve dans les ganglions ra-
chidiens la fragmentation cellulaire et la prolifération des cellu-
les de la capsule. Il y a (161-énéi-alion concomitante des systèmes s
d'association qui s'élagent dans les cordons latéraux. Dans la
substance grise on note l'atrophie avec, pigmentation des cellules
de la corne antérieure et de la colonne de Clarke, avec réaction
névroglique discrète. - Il est probable que le début de la lésion
qui aboutit à la sclérose et à la destruction de la voie sensitive
médullaire peut se faire en des points différents Le tableau
clinique révélateur de la lésion tabétique a passé inaperçu dans
les trois cas rapportés, soit que les signes subjectifs aient été
masqués par l'état démentiel, soit que les signes physiques aient
été très frustes. comme cela se voit pour le tabès juvénile. En
présence de ces constatations anatomiques et cliniques, il de-, ient
nécessaire de rechercher la série des troubles tabétiques dans
tous les cas de démence précoce. 1 ? . Tissot.
\'I. Sur un cas de tumeur cérébrale à forme psychi-
que ; asthénie générale sans paralysie ; pas d'oedème
de la papille ; par 3131. MouissET et Beutter. (Lyon médical,
'20 mai 1900, p. 1008.)
Cas de tumeur cérébrale chez une femme de 40 ans à hérédité
nerveuse.
Cliniqucment, la malade présenta des phénomènes psychiques
périodiques accompagnés de' dépression générale avec tendance
au sommeil, élévation de température, céphalée et quelques vo-
missements. Il n'y eut jamais ni phénomènes convulsifs, ni loca-
lisations motrices. L'oedème de la papille ne fut jamais constaté.
Entre les périodes d'asthénie, la malade présenta plusieurs fois
de véritables fugues. Dans les périodes d'accalmie, la température
revenait la normale. Les périodes d'asthénie et de dépression
s'aggravèrent progressivement et aboutirent au coma véritable,
avec une température de 3\)° : >.
A l'autopsie on trouva une nappe gliomateuse de la région spllé-
nntclale. Cette masse, suivant l'examen histologique, était uni-
forme, très riche en capillaires; on y voit des cellules de diverses
36 REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
formes, pyramidales,ovalaires, rondes, fusiformes, plongées dans
une substance granuleuse. Ces nappes ne sont interrompues que
par des traînées de fibres nerveuses en fascicules.
Cette observation concourt à l'étude de la forme psycho-mo-
trice des tumeurs cérébrales. Les phénomènes psychiques, comme
le font remarquer les auteurs, sont indépendants delà localisa-
tion de la tumeur. On ne peut faire que des hypothèses pour ex-
pliquer la périodicité des accidents et leur l'apport avec les modi-
fications de la température. Les tendances actuelles les ratta-
chent à des phénomènes d'auto-infection. C. Carrier.
1'll. - L'origine du sommeil. Sur les relations entre le
sommeil et le fonctionnement de la glande pituitaire ;
par le ]Jr ALBERTO SALMON L. KtcoLAi (Firenze).
Le sommeil physiologique, qu'on ne peut pas considérer comme
reflet d'un simple fait vasomotoire ou toxique, est cependant par-
faitement compréhensible si l'on attribue l'origine à une sécré-
tion interne physiologique.
La glande pituitaire ou hypophyse, entièrement liée par sa sé-
crétion interne à la nutrition des éléments nerveux, par son
siège spécial près des centres psychiques, par ses étroites rela-
tions physio-pathologiques avecle système nerveux central, est
sans doute la glande plus propre à l'accomplissement de celte
fonction si délicate. La présence du brome dans sa substance
glandulaire, constatée par Paderi, rend l'1.l.isemhlablel'hypothèse
que l'hypophyse ait aussi des propriétés hypnotiques sur les
centres nerveux, hypothèse d'ailleurs confirmée dans certains
cas par la somnolence produite par la cure pituitaire et par son
influence favorable sur l'insomnie. Les relations entre les trou-
hies du sommeil et les lésions de la glande pituitaire sont très in-
téressants. On observe la somnolence :
1" Dans les tumeurs de l'hypophyse, caractérisés par l'iy pertru-
phie glandulaire et dans les néoplasmes, pendant leur phase ini-
tiale, sans être atteints par des faits dégénératifs ; 2° dans la
phase initiale de l'acromégalie, généralement accompagnée d'une
simple lyperacLiviLé fonctionnelle de 1'liI)ol)liyse (Massalongo,
Tamburini) ; 3" dans le myxoedème, présentant presque ton-
jours l'hypertrophie de la glande pituitaire. 4" dans les infec-
tions où l'on asouent constaté l'hypertrophie ou la congestion
de l'hypophyse par exemple la maladie du sommeil (Manson),
l'Influenza, etc ; 5° dans quelques intoxications aiguës surtout si
elles causent une augmentation des phénomènes sécrétoires
comme par exemple dans les empoisonnements de pylocarpine
qui exagère toutes les sécrétions, y compris celle de la pituitaire
REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 37
(Guerrini) ; dans la phase initiale de l'intoxication par la mor-
phine ; (jo dans les auto-intoxications chroniques (hépatique,
intestinale, rénale, elc.,) qui produisirent expérimentalement
une hypersécrétion pituitaire (Guerrini) ; 7° dans l'obésité,
dont la pathogenèse est souvent liée à des troubles fonctionnels
de l'hypophyse (lrowUich-L'uchs/ ;8° dans tous les états mor-
bides susceptibles de produire l'hypérémie de la glande pitui-
taire par exemple dans les congestions cérébrales, dans l'alcoo-
lisme aigu, dans l'épilepsie où l'hypophyse a ('-Le trouvée très
congestionnée (Weurel), dans les traumatismes à la tête qui ont
souvent causé des lésions pituitaires et des graves narcolepsies.
L'auteur a observé par contre, l'insomnie dans les cas suivants :
1" Dans les tumeurs de l'hypophyse accompagnées des graves
faits ,légénératif ? surtout dans l'état de cachexie acromégalique
dans lequel la glande est généralement détruite par des faits né-
crotiques, dans les néoplasmes malins métastatiques, dans les
abcès de l'hypophyse. - z^ Dans la maladie de Casedow, clui très
vraisemblablement doit *-on origine à l'intoxication initiale des
centres nerveux par un pervertissement fonctionnel de l'hy po-
physe (Salmon), glande qui a été trouvée dans quelques autop-
sites, par Benilu, extrêmement petite et dure ; 3° dans l'inani-
tion, dans la vieillesse, où l'on a observé la diminution des cel-
lules dlromophiles de l'hypophyse c'est-à-dire les signes de son
insuffisance fonctionnelle ; '10 Dans la diminution de la pression
sanguine, par exemple dans la phase hyposystolique des car-
diopathies, dans la neurasthésie qui est caractérisée par l'abais-
sentent du ton nasal etpar une hyposécrétion générale.
Dans l'empoisonnement par l'atropine qui cause l'inhibition
fonctionnelle de toutes les sécrétions.
Noire hypothèse explique les troubles qui se vérifient pendant
le sommeil dans les maladies des glandes à 'sécrétion interne,
glandes liées entre elles par les relations physiologiques les plus
intimes, par exemple l'insomnie du diabète, dans lequel, outre
le pancréas d'autres glandes à sécrétion interne sont altérées
(llu ronle, etc). Pour les relations entre l'hypophyse et les
glandes génitales (Fichera) on pourra expliquer les troubles du
sommeil dus aux modifications de la ie sexuelle telles que la
somnolence danslagossesse, après la castration qui sont toujours
accompagnées par l'hypertrophie de l'hypophyse.
Les relations anatomiques et physiopathologiques des voies
nasales avec l'hypophyse (Lyon) expliquent enfin les troubles du
sommeil, jusqu'à présent inexpliquabtes, d'origine nasale. Ces
considérations permettent de hasarder l'hypothèse que le som-
meil physiologique soit essentiellement dû à la sécrétion interne
de la glande pituitaire, hypothèse qui répond parfaitement à son
action trophique antitoxique sur les centres nerveux.
38 REVUE d'anATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
11. - Un nouveau cas de myasthénia gravis. Asthénie
bulbo-spinale terminée par la mort brusque et suivie
d'autopsie. Dans l'état actuel de nos connaissances,
quelle place doit-on donner, en nosographie. à la ma-
ladie d'Erb Goldflam ? ; par LECLERC et S.1R'ON.1T. (Rev.
de médecine, 29 novembre l'.IOâ.)
Il s'agit d'une jeune fille qui ne présentait aucune crise con-
vulsive, mais qui peu il peu en vintà ne pouvoir se livrer il an-
cun travail tant elle était fatiguée la déglutition devint impos-
sible après quelques bouchées ; la parole, après quelques mots :
elle mourut dans le coma quelques jours après son entrée à l'hu-
pila. L'autopsie resta négative, l'examen histologique du bulbe
pratiqué par JI. Paviol montra les cellules des noyaux olivaies
atteintes de chromatolyse surtout diffuse, des corps cellulaires
re\ enus à l'état rond, d'autre'- surchargés de pigment jaune ; les
cellules normales sont l'exception.
Cette affection, à laquelle on ne peut parfois assigner aucune
cause, est parfois aussi sous la dépendance d'un surmenage physi-
que ou intellectuel, d'une infection ou d'une intoxication, d'une
maladie de llanti, d'une lésion des organes génitaux, d'une gros-
sesse ou delà puerpéralité ou encore d'une maladie de l1asedu\r
plus ou moius fruste (Brissaud et Bernard). On la trouve chez
les sujets porteurs de tumeurs médiaslines en relation avec les
débris du thymus, des kystes du rein, etc., elle est particulière-
ment fréquente chez les dégénérés présentant de nombreux stig-
mates physiques.
Il arrive parfois que même au microscope on ne puisse trouver
aucune altération du système nerveux de l'écorce, dos pédoncule
ou des faisceaux pyramidaux. On est donc en droit de se de-
mander si cet ensemble clinique n'est pas un simple syndrome
et non une maladie définie. Les muscles sont parfois altérés. On
y trouve (Lagner et Weigert) des amas de cellules lymphatiques
analogues à celles qui existent dans le thymus. Pour ( Illpenlreim
et Israël les lésions constatées seraient des troubles agoniques et
ils insistent sur la fragilité extraordinaire des neurones des sujets
tarés chez qui on rencontre colle maladie. Cette variété de para-
lysie bulbaire est pour Coldfram un coin plexus symptomatique
caractérisé par l'absence do lésions grossières attestées soit par la
guérison,soitpar le résultat de l'examen histologiques. On a distin-
gué des cas typiques et des cas atypiques ces derniers seraient les
plus nombreux ; ils rattacheraient insensiblement cet état à la
poliencéphalile et autres malades du bulbe. L. WAHL.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 39
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
1, - Contribution à l'étude des troubles physiques
particuliers dans l'état de stupeur ; par les 0" Sou-
KANOFF et PETROFF (Joum. de neurologie, 1906, n" 8.)
Il s'agit d'un homme de 38 ans qui fut atteint pendant qu'il
purgeait en prison une condamnation pour crime politique, de
troubles mentaux (hallucinations, idées de persécution, confu-
sion etc.) bientôt remplacés par un état de stupeur qui dura
18 mois. Pondant cette phase de stupeur on nota un ralentisse-
ment considérable des mouvements respiratoires (G à 8 par mi-
nute), une diminution des battements du coeur, du refroidisse-
ment des extrémités avec oedème des pieds, etc. Il existait en
outre de la toux, de la fièvre, des signes d'induration des pou-
mons et une dilatation du ventricule droit. G. DENY.
Il. Les formes' frustes de la démence précoce ; par
le ]> Crocq (Jourox. de neurologie, n° 7.)
On sait que (ïahlhaum a décrit sous le nom d'héboï<lophré-
nie une forme atténuée d'hébéphrénie qui ne s'accompagne
ni d'excitation, ni d'idées délirantes et qui se caractérise seule-
ment par un all'aiblissement rapide et délinitif des facultés intel-
lectuelles. En outre de cette forme bénigne de démence précoce
simple ou fruste, l'auteur en décrit deux autres : dans l'une, on
observerait, eu plus de l'affaiblissement intellectuel qui vient
d'être signalé, un état délirant vague, peu retentissant, mais pro-
voquant cependant dans certains cas des réactions assez violentes
pour nécessiter l'internement ; dans l'autre il existerait des ac-
cès délirants très nets, après la disparition desquels les malades
tombent tantôt dans une démence profonde et tantôt au contraire
sont encore capables de remplir leurs occupations habituelles,
pourvu que celles-ci soient devenues automatiques. Ce sont ces
derniers faits qui ont fait dire à quelques auteurs que la dé-
mence précoce était curable. Le terme de démence impliquant la
notion d'un déficit irrémédiable de l'intelligence, la démence
précoce ne saurait faire exception à cette règle. Mais la profon-
deur de la démence, le degré du déficit peut varier. Les formes
frustes de la démence précoce expliquent bien les cas, à pre-
mière vue étranges, dans lesquels un diagnostic, établi nette-
ment pendant la période délirante, semble contredit par une
restitution ayant, pour un observateur superficiel, l'apparence
d'une guérison, laquelle n'est du reste le plus souvent que tem-
poraire. C.. Deny.
40 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
111. - Autour d'une épidémie de démonopathie ; flloriine
1861-1865); par3lARGAiN. (\'o2eu.Icox, de la
IV. - Les symptômes du délire d'interprétation ; par
Sérieux et CAPGRAS. (L'Encéphale, 1900, n" 2.)
Le délire d'interprétation est une psychose systématisée chro-
nique à base d'interprétations délirantes, se développant pro-
agressivement chez des prédisposés sans intervention notable des
troublessensoriels, et, dont la longue évolution n'aboutit pas à la
démence. Trois traits essentiels les caractérisent : la multiplicité .
des interprétations et lour rôlel'ondamenLal,la rareté des halluci-
nations et leur contingence, la persistance de l'intégrité mentale.
Le contenu du délire est variable, pouvant s'adresser à toutes les
idées délirantes ; l'intérêt en réside dans celle constatation qui) il
porte tout entiersur des faits réels, actuels ou passés, empruntés
au domaine des perceptions sensorielles ou cenesthetiques, que
le malade interprète (tans le sens de son orientation psychique
et. de ses préoccupations, en exagérant ou en déformant leur si-
gnification ou leur portée. Les hallucinations ne sont pas
constantes ; dans tous les cas, elles n'ont aucune influence dans
l'éclosion de la psychose et qu'un rôle bien accessoire dans son
développement. Il est intéressant de constater l'absence d'a-
faihlissemcnt intellectuel et la logique apparente (dans la forme
mais non au fond) des raisonnements ; il n'existe pas de dill'é-
rence fondamentale entre les cas où l'interprétation est fonction
d'une tournure d'esprit spéciale et ceux où elle est délirante jus-
qu'à l'invraisemblable ou à l'absurde. Le délire d'interprétation
n'est pas un état démentiel : les erreurs de jugement ne sont
pas la conséquence du déficit intellectuel, mais Lien d'un délicit
partiel ; dans lésons critique. F. '1'[SSOT.
V. Confusion hallucinatoire aiguë et insuffisance hé-
patique ; par Deny et Renaud. (L'Encéphale, 19011, n° 2.)
La confusion aiguë n'est pas une maladie, c'est un symptôme
qui est l'expression d'une intoxication exogène ou endogène el
qu'il faut toujours rattacher à une affection organique. Témoin le
cas rapporté : il s'agit d'une femme jeune sans prédisposition cons-
titutionnelle, sans tare acquise, qui fut prise brusquement, au cours
de (roubles gastriques habituels, d'un délire diffus, à caractère pa-
nnphohiquo et onirique, avec hallucinations et illusions, confu-
sion mentale, refus d'aliments, et entrecoupé de périodes d'exci-
tation et de dépression; morte au bout de six semaines. L'exa-
men histologique montra, en outre d'une destruction partielle de
la muqueuse intestinale, la dégénérescence graissseuse du foieet
du rein, la clroniatolyse des cellules nerveuses, lésions habi-
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 41
fuelles des intoxications. La marche des phénomènes aurait été
la suivante : affection gastro-intestinale, cirrhose du foie, délire
secondaire à l'insuffisance hépatique, a laquelle viennent se join-
drelesinsuflisances rénale et cérébrale. F. TISSOT.
'1. - Formes atypiques de la paralysie générale (hémi-
' plégique et aphasique). Prédominances régionales des
lésions dans les méningo-encéphalites diffuses ; par Pas-
CAL. (L'Encéphale, 190G, n° 2.)
Ces formes sont celles qui se compliquent d'un syndrome en
lover au cours de leur évolution ; elles tirent leur physionomie
spéciale du siège de la lésion bien plus que desa nature. L'auteur
les divise en trois groupes : le premier comprend les paralysies
générales avec prédominance ou exagération localisée en certains
points des lésions de méningo-encéphalite ; deuxième groupe :
paralysies générales compliquées de lésions en foyer, juxtapo-
sées, à évolution indépendante (hémorrhagies, ramollissement) ;
troisième groupe : absence de lésions en foyer mais atropliie élec-
tive d'un hémisphère. L'atrophie prédominante d'un hémisphère
est fonction de la répétition et de la fréquence des ictus dans cet
hémisphères Les expressions cliniques les plus intéressantes
de ces diverses lésions sont l'hémiplégie et l'aphasie. Parmi les
formes hémiplégiques l'auteur retient celle qui relève de l'atro-
phie en masse d'un hémisphère ; c'est une hémiplégie durable,
qui s'accompagne de contracture, respecte ordinairement la face,
et qui provoque la dégénération secondaire du faisceau pyrami-
dal. Dans les paralysies générales ah piques aphasiques, l'au-
teur distingue une forme aphasique à prédominance motrice et
une à prédominance sensorielle, suivant la localisai ion de la lé-
sion dans la zone du langage. F. 1'tssor.
1'll. Paralysie par épuisement post-épileptique (ex-
haustion paralysis dans l'épilepsie. -- Revue générale du
sujet; p. L. PirRcF. (Clinical studies, Archives of Neurol. and
l'sclcopat)col., vol. 11, 1899.)
- Un cas de délire systématisé avec artérite céré-
brale .hypertrophique progressive ; par Klippel et AN-
THEAUME. (L'Encéphale, 1900, n° 1.)
Observation d'un homme qui présenta un délire systématique
de persécution il évolution chronique, au cours duquel survint
une hémiplégie gauche, et qui mourut après dix-huit ans d'inter-
nement d'un ictus apoplectique; à l'autopsie on trouva des lésions
d'arterite hypertrophique généralisée avec rétrécissement con-
sidérable de la lumière des vaisseaux, sans thrombose ni ecta-
sie ; il n'y avait aucune trace d'hémorrhagie en. foyer, mais une
42 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
dégénérescence systématique du faisceau pyramidal gauche.
Il est rare de trouvera cette forme mentale un substratum ana.
fornique. Dans le cas particulier, l'artérito constatée n'est pas, en
raison de sa précocité et de ses caractères spéciaux, une mani-
festation involulive, mais bien une forme distincte qu'on rencon-
re avec, prédilection il la suite des maladies infectieuses. sem-
ble rationnel de lui rapporter toute l'histoire clinique de ce cas :
elle est la cause de la rupture artérielle qui a amené la mort par
hémorrhagie méningée ; quelques années auparavant, c'estaetie
qu'il faut attribuer l'ischémie productrice d'hémiplégie cérébrale
et de la dégénérescence secondaire ; plus avant encore on doit
voir dans le délire à évolution progressive l'expression de lésions
dues à l'arLéri le. F. Tissot.
IX. Le délirium tremens chloralique et son traite-
tement (Delirium tremens et syndrome paralytique fu-
gace) ; par Antheaume et PARROT. (L'Encéphale 190fi, n" 1.)
Troubles mentaux survenus chez un psychopathe constitution-
nel chlol'1llomane à la suite d'ahstinence et qui ont
rappelé de tous points les accidents épisodiques de l'alcoolisme
chronique : accès de délirium tremens (a potu 8l(81)('1180), coma
de l'ivresse, délire hallucinatoire avec idées de persécution et de
jalousie. A deux reprises.le sujet a présenté un « syndrome para-
lytique fugace » (Klippel), qu'on rencontre fréquemment chez
les alcooliques et les auto-intoxiqués.
En ce qui touche le traitement, il y a ici, comme dans les au-
tres toxicomanies, une distinction à faire entre les grands elles
petits cllloralomanes : ceux-ci peuvent sans inconvénient sup-
porter la suppression brusque, il en est autrement des autres :
pour ceux-là ce qu'ilconvient défaire c'est de supprimer au grand
chloralomane sa ration de luxe pour ne lui laisser que la ration
d'entretien, c'est-à-dire la dose minima pour éviter les grands ac-
cidenLs de l'abstinence ; d'instituer un traitement préventif du
collapsus et de ne pratiquer la (Iéchlomlisalion definitivequelors-
que le malade a été mis ainsi en état de la supporter. P. Tissot.
X. Les ivresses délirantes transitoires d'origine alcoo-
lique ; par DUPRÉ et Charpentier. (L'Encéphale, 190G, 11- 1.)
Deux observations d'ivresse délirante passagère dont l'une, for-
fuite et involontaire, est survenue chez un jeune sujet, indemnecle
tout alcoolisme antérieur; l'autre s'est développée chez un alcooli-
que chronique. Si, au point de vue pénal, les actes commis dans
un état d'ivresse volontaire excluant l'imputabililé doivent être
considérés non comme actes dolosifs et intentionnels mais com-
me actes attribuables à la négligence et à l'imprévoyance et pu-
nis comme tels, par contre les victimes d'une ivresse fortuite
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 43
et non volontaire doivent être considérées comme pénalement
irresponsables des suites d'un état délirant dont elles n'ont en
rien déterminé ou favorisé l'apparition. T. T.
Xr. - La démence précoce est un syndrome mental
toxi-infectieux subaigu ou chronique ; par Maurice DIDF.
Les recherches anntomo-pathologiques faites chez les déments
précoces ne permettent pas de connaître encore la pathogénie de
ce syndrome. M. Dide, dans les autopsies qu'il a pratiquées, a
noté dune part la constance delà dégénérescence graisseuse du
foie dans les formes catatoniques, l'autre pari la fréquence de la
tuberculose dans les formes hébéphréno-cafatoniques. lien con-
clut que la démence précoce doit être considérée comme une
psychose toxi-infectieaso subaiguë ou chronique, primitive pour
la forme hébéphréno-catatonique, secondaire pour la forme pa-
ranoide. Dans tous les cas la dégénérescence, dans le sens large
que lui a dévolu le professeur Jolfroy, est nécessaire comme ter-
rain. (Revue neurologique, avril 1905.) E. Il.
XII. - Paralysie générale tuberculeuse ; par Flippez,
31. Klippel publie l'observation d'un malade ayant présenté, de
la façon la plus évidente et la plus incontestable, le syndrome
paralytique. Ce diagnostic a été affirmé, dans des certificats médi-
pas, plusieurs aliénistes de profession.
A l'autopsie on rencontrait, disséminés dans le cerveau, le cer-
velet et le méscncéphale, de gros tubercules caséeux, avec encé-
phalite et méningite, de voisinage seulement. Au point de vue
liistologiquo, il pari, ces régions circonscrites, il n'y avait nulle
part de diapédèse dans l'encéphale, mais seulement dos lésions
eus diffuses.
La conclusion qui se dégage du rapprochement de ce cas avec
d'autres observations est que la paralysie générale la plus incon-
testable par l'ensemble de ses symptômes et par son évolution,
peut répondre à dos lésions de nature différente.
La paralysie générale n'est pas l'aboutissant de toute maladie
mentale, comme le voulait Esquirol; elle n'est pas non plus une
enfile morbide dont la cause et la lésion sont toujours les mê-
mes, comme le voulait Bayle, dont les observations ne semblent
comprendre que des formes inflammatoires (infections micro-
bipennes.;
)1. Klippel conclut en définissant la paralysie générale : « un
s5mlrome clinique, caractérisé par un ensemble de signes et une
évolution qui sont les mêmes sous l'influence d'agents pathogè-
]les divers, en aclion sur l'encéphale sous un certain mode et en-
deçà et au-delà duquel ces mêmes agents pathogènes produisent
d'aulres symptômes. » (IiCitl(',Ieill·0107gue, avril 1905). E. H.
44 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
XIII. - La pseudo-paralysie générale progressive, pal
Joseph Ingegnieros.
L'auteur public une observation de pseudo-paralysie générale
progressive et fait suivre cette observation des conclusions sui-
vantes. Le diabète produit des accidents nerveux et mentaux.
Tous les symptômes qui constituent le syndrome paralysie gé-
nérale, ont été isolement observés et décrits comme étant le ré-
sultat du diabète. Une auto-intoxication diabétique siégeant simul-
tanément sur les diverses régions des centres nerveux, qui peu-
vent produire les svmptômes 'de la paralysie générale, doit se
manifester par ce syndrome. c
Cette paralysie générale diabétique peut se manifester sous di-
verses formes : lu être accidentelle et disparaître rapidement; 2°
être fixe, mais non progressive, et curable par le traitement
étiologique ; 3° être progressive et incurable.
La psellùo-paral) sie générale diabétique est un fait clinique réel
et on doit l'ajouter aux autres formes de « pseudo-parahsie »
(syphilitique, arthritique, alcoolique et saturnine.) (Reçue 1¿eUI'O-
logique, juillet 150 ? ) 1. 11).
NI\'. Sur la forme stationnaire de la démence para-
lytique ; par Serge Soukhanoff.
Si la paralysie générale présente d'ordinaire une marche pro-
gressive, il est des cas où l'évolution subit un temps d'arrêt qui
peut atteindre dix, quinze ans et plus : il s'agit bien alors d'une
forme stationnaire de la démence paralytique. L'auteur rapporte
l'observation d'un malade chez qui les premiers troubles se mon-
trèrent en décembre 1887. A ce moment.on constata des troubles
mentaux (excitation maniaque, affaiblissement intellectuel, idées
de grandeur) et des signes physiques (dysarthrie, tremblement de
la langue, troubles de l'écriture). L'état maniaque a disparu,
mais les autres troubles ont persisté ; le malade a pu néan-
moins se marier. En novembre 1904, la dys.lrth1'Íc et les troubles
de l'écriture se sont accentués, il y a de l'inégalité pupillaire et
des modifications des réflexes palellaires.
Le diagnostic de paralysie générale ne paraît pas douteux pour
l'auteur, bien qu'il ne fasse mention ni de l'existence d'une
syphilis, ni de la présence d'une lymphocytose rachidienne. Il
termine, pour expliquer ces formes stationnaires de la démence
paralytique, par celle hypothèse : « n'est-il pas possible d'admet-
tre que dans le même organisme où a commencé le processus
destructif dans le système nerveux central, des conditions par-
ticulières inconnues de nous ont fait qu'il s'est formé, de pair
avec les toxines, des antitoxines ». (Reoue neurologique, oct. 1905).
E. B.
, REVUE DE PATOLOGIE MENTALE. 45
XY. Les causes morbides prédisposantes en patholo-
gie mentale ; par M. MARANDON de OIONTYEL. (Rev. de )1t<'(<.,
janvier \ ! 10G.)
Dans toute maladie, il est doux éléments primordiaux, on les
désigne volontiers aujourd'hui sous les noms de « graine » et de
« terrain » de cause primordiale et de cause occasionnelle la
cause la plus générale de la folie est la prédisposition le plus sou-
vent liée à la dégénérescence, qui peut. elle-même. être congéni-
tale ou acquise ; mais cette tendance peut rester virtuelle, s'il
n'intervient pas une cause occasionnelle capable de faire passer
de la puissance à l'acte les possibilités délirantes. Pour Maran-
don de Montyel, ces causes efficientes de la folie peuvent être
rattachées a trois groupes distincts : a) groupe infectieux, fièvre
typhotde,impaludisme; b) groupe toxique,alcool,plomb ;c) groupe
physique, traumatisme direct ou par contre-coup, insolation.
Nous avons été très étonné que le savant auteur de l'article
n'insiste par sur la S) philis parmi les causes du premier groupe,
Il est possible que certains aient fait jouer à cette infection un
rôle trop considérable dans la genèse des maladies mentales ;
mais même réduit le plus possible, le rôle de l'infection fracas-
torienne reste important comme cause de folie.
Pour la fièvre typhoïde, Marandon de 31ontyel insiste sur la
différence entre le délire fébrile proprement dit, qui ne se caracté-
rise que par des troubles intellectuels, une confusion simple des
idées sans autres phénomènes et les délires des prédisposés pen-
dant ou après la dothiénentérie; cette dernière folie est générale-
ment peu curable et se termine fréquemment par un étal dé-
mentiel définitif. La fièvre typhoïde serait,pour certains auteurs,
une cause de paralysie générale, mais en toutcas celte cause de la
maladie do 11av1ecsLexceptionnelle. L'impaludisme n'occasionne
des troubles délirants que dans ses formes chroniques et pour
ainsi dire jamais dans ses formes aiguës : il n'y a d'ailleurs au-
cune relation entre le délire et la gravité de l'infection palustre ;
celte formelle folie rappelle les modalités si diverses de l'alcoo-
lisme ; le diagnostic différentiel est des plus difficiles à étahlir.C'est
une question de savoir s'il existe une pseudo-paralysie générale
falarique et quel rôle joue la lièvre « de pays » dans l'éclosion
de la 13, (;,
Le saturnisme chronique prédispose d'une façon spéciale aux
troubles psychiques éthyliques. On admet assez généralament
aujourd'hui avec NI. Vallon que la pseudo-paralysie générale sa-
turnine aboutit le plus souvent à la P. G. confirmée.
Le traumatisme crânien est une cause fréquente de la folie sous
toutes ses formes, surtout des troubles iL caractère démentiel et
46 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
en particulier d'une P. e. marche assez spéciale lente au début
très rapide il la fin. '
L'insolation dans les pays chauds semble causer fréquemment
des troubles intellectuels il semble y avoir de nombreuses cau-
ses d'erreur dues à l'hérédité et peut-être la syphilis.
Cet article de Jlal'anÜon de llunlyel donne l'opinion de ce sa-
vaut clinicien sur une foule de points très obscurs de l'l-tiolo"ic
des folies; il insiste sur une foule de points de pathologie géné-
ralequi montrent l'étroite relation des maladies mentales avecles
autres affections de l'organisme. L. WAUL.
XV -Psychose de l'état puerpéral ; par M. Georges CAR-
RIER. (Soc. Méd. des lIop, de Lyon 11 avril 1905.)
Observation d'un cas de psychose de l'état puerpéral, chez une
femme de 38 ans. Les phénomènes délirants apparurent le 0e jour
après l'accouclremenl. L'intérêt de ce cas réside :
1° Dans la netteté de la cause prediposante qui est ici l'épuise-
ment. On ne relève, en elfet chez la malade, ni antécédents ner-
veux héréditaires ou personnels qui ont été recherchés soigneuse-
ment, ni antécédents organiques.
2° Dans une évolution clinique qui frappe par sa très grande
simplicité et qui peut se diviser en trois phases :
a) Uncpèriode d'épuisement comprenant une grossesse dépri-
mante (vomissements et insomnies presque continus) et un ac-
couchement laborieux.
6) Une phase prodromique d'une durée de trois jours, caracté-
risée par de l'excitation intellectuelle et motrice.
c) Une période délirante de 20 jours, dont la fOl'll1ediniljlWCOil-
fusion mentale hallucinatoire caractérise les états anlitoxiques.
3° Dans une terminaison qui corrobore la pureté de la notion
étiolugique.
Les phénomènes délirants aigus ayant cessé l'ilJ11dclI1entcL sans
amener l'apparition d'aucun attire trouble mental, comme cela
se voit souvent lorsqu'il y a un élément dégénératif.
Au point de vue de la pathogénie de ce cas de psychose de l'état
puerpéral, l'auteur pense que l'élément essentiel est ici l'épuise-
ment qui a créé dans l'organisme un état anliloxique spécial, dé-
terminé suivant Kraepelinpar des troubles dans les échanges nu-
tritifs, pouvant réaliser à lui seul une confusion mentale printi-
tite.
Discussion. JJ. Carrier père signale une particularité qui
s'est montrée dans le cours de cette observation ; le défaut de pa-
rallélisme entre la courbe thermique et celle du pouls. Celle-ci,
en effet, pendant la période d'état delà maladie a montré le tracé
d'une véritable tachycardie lorsque la courbe thermique s'abais-
sait.
Sociétés SAVANTES. 47
Il 11 ObSCI'\"l) tl'ès SOUyeIÜ ce phénomi) ! le dll'Z les délimnts et par-
ticulièrement dans le délire aigu. Sans en donner une explication
purement hypothétique, il pense que c'est un point de clinique
qui révèle peut-être un signe important dans le diagnosticoüle le
pronostic des affections dans lesquelles il se rencontre et <lui sol-
licite des recherches nouvelles.
Au sujet des délires puerpéraux semblables au cas présenté, il
reprend l'opinion qu'il a émise déjà depuis longtemps et d'après
laquelle ces malades ne doivent pas être considérés comme des
aliénés et internés comme tels. Si l'isolement leur est utile, on
peut le réaliser sans que pour cela on soit obligé de faire un in-
ternement, ce qui est tout différent. G. C.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
Séance du 0 juillet. Présidence de 31. Ballet.
Hémiplégie avec paralysie du moteur oculaire commun du même
côté et troubles splainctériens.
11. Cantonnet. Homme, trente ans, syphilitique, pris, sans
ictus, de paralysie des membres, du facial inférieur etde la 3° paire
lclout à gauche et sans désordres de l'intelligence ; ponction lom-
baire négative : amélioration rapide par traitement mercuricl.
La localisation de la lésion reste imprécise.
\Téurite ascendante.
MM. LIONNE et CHART1ER.-lenune,nrite ascendante con-
sécutive à un traumatismo infecté du doigt. Le caractère intéres-
sant du cas est une arthrite mélacarpo-phalangienne ayant tous
les attributs cliniques et radiographiques du rhumatisme chroni-
que ;cas en faveur de l'origine infectieuse et névrilique du rhu-
matisme chronique.
Dystrophie d'origine pulmonaire.
31M. Lejonne, Chartier. .leune fille, 20 ans et 1 m. 28 seule-
ment do stature, pas infantile mais dyslrophique (végétations adé-
noïdes et, bronchite chronique avec asthme datant de l'enlance).
Veux cas d'hemianopsie bitemporale,
11. Galezovvski : 1° Femme, ménopause, oedème particulier
des mains et dos jambes, élargissement de la seUe turcique à la
radioscopie.
2° Femme talotiyuc,'nténopnusc, Hypertrophie probable de
48 SOCIÉTÉS SAVANTES.
l'hypophyse chez les deux sujets, coïncidant avec la ménopause
et comprimant le chiasma.
Alcoolisation locale des troncs nerveux.
)1.)I. Brissaud, Picard et'fAHON ont pratiqué des injections
d'alcool stovainé au contactdes troncs nerveux pour névralgie du
trijumeau et pour spasme facial selon les méthodes respectifs de
Lé, Baudoin et Scltltrsser étalée heureux résultats. Ils ont
aussi injecté le tronc sciatique dans certains cas de contracture,
tremblement et spasme avec résultats encourageants, sauf dans
les cas de vieille hémiplégie.
.lmyotrophie A ran-Duchenne.
)1)1. Raymond et Lejonne montrent un malade atteint depuis
neuf ans d'une amyolrophie qui semble essentielle, et non s5-mp-
tomatique d'une affection du système nerveux.
Cependant un début d'atrophie de la langue laisserait penser
àunesclérose latérale amyotrophique commençante.
Sclérose latérale amyotrophique.
31. 110JESVNIICOFF rapporte un cas et deux autopsies de cette
allection avec localisation musculaire diffuse, montrant qu'on a
attribué trop de valeur diagnostique à la distribution radiculaire.
Fonctions du cervelet.
31. Babinski. Cesfonctionsconsistentà veillera lasynergiedes
mouvements et à lutter contre l'inertie. Certains signes cliniques
se rapportent à cette dernière fonction : ainsi sont la diadocociné-
sie, la parole scandée, la brusquerie des mouvements, la catalep-
sie cérébelleuse.
Surdité cerbale pure.
M.LAMY. Femme atteinte à la suite d'un ictus, attribuable à
une lésion du lohe temporal.
Localisations motrices médullaires .
Mme 1)ar : atNr : présente à ce sujet un long mémoire à connaît-
tre in extenso, un résumé bref ne pouvant en donner aucune
idée.
Tumeur comprimant la région psychomotrice.
31. Bvbinski a fait extirper celle tumeur qu'il avait diagnosti-
quée comme comprimant sans détruire la zone psycho-motrice,
en raison d'une hémiparésie avec aphasie sans exagération des
réflexes et sans extension des orteils malgré une certaine railleur
des membres à droite. Chose surprenante : pas de céphalée pen-
dant les deux an,'¡p 1'("lolulion de la tumeur.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 49
Les transformations du tube nerveux.
11. ])URANTE. -Tandis que la théorie du neuroneassimilela fi-
bre nerveuse à une cellule mésodermique perforée par le cylindre-
axe, la docLrine uniciste l'assimile à un neuroblaste segmentaire
se différenciant en son milieu pour former la fibrille. A l'état
pathologique, la différenciation disparaît, mais peut reparaître
lorsque les cellules devenues indifférentes sont de nouveau mises
en contact avec un nerf quelconque par la suture. C'est le fonc-
tionnement qui provoque la différenciation. D'autres fois, les neu-
roblastes redevenus indifférents subissent diverses transforma-
tions, conjonctive, myxomateuse, graisseuse, etc.
Fréquence des maladies nerveuses chez les Arabes.
M. Dumollard rapporte des statistiques pour prouver que les
maladies nerveuses, sauf peut-être la P. G., sont aussi fréquentes
chez les Arabes que chez les Européens.
Hémianopsie double corticale.
MM. RAYMOND et G,%LEZON'SKI. -Homme, pseudobulbaire, ayant
eu plusieurs ictus ; à la suite de l'un d'eux, cécité par double hé-
mianopsie, mais avec conservation de la vision au point de fixa-
lion. F. BOISSIER.
SOCIÉTÉ D11YPXOLOGLE ET DE PSYCHOLOGIE
Séance, annuelle du 19 juin 1906.
Pérsidence de 3131. G. Rocher et Jules VOISIN.
Rapport médico-légal sur l'exercice
illégal de la médecine par une voyante.
JI. Paul MAGNIN lit un rapport sur les cas de la voyante de
Saint-Quentin. Sa conclusion est qu'il s'agit d'une vulgaire hysté-
rique hypnotisable, ne présentant aucune clairvovance spéciale ;
le sommeil réel de cette femme est simplement le principal élé-
ment de son succès auprès de ceux qui viennent la trouver : on
voit là un nouvel exemple de la foi qui guérit.
31. Paul Farez cite le cas d'une de ses malades atteinte de ma-
nie aiguë et placée dans une maison de santé. A l'aide d'une mè-
che de cheveux envoyée en cachette par le mari, la voyante fit
en fermés amphigouriques et contradictoires un diagnostic tout
à fait erroné, auquel elle ajoutait, pour cette agitée, une ordon-
nance de sept produits toniques et stimulants ?
M. Rocher. Userait temps de protéger le public contre sa pro-
pre crédulité ; des sociétés compétentes commela vôtre devraient
faire connaître directement aux pouvoirs publics que la préten-
due clairvoyance est dénuée de toute valeur scientifique.
l. Louis I ? Aj3Rir. - le ne suis pas d'avis que l'on rende cet
Archives, 2° série 1906 t. XXII. 4
50 SOCIÉTÉS SAVANTES.
arrêt définitif, j'estime qu'on devrait faire des expériences nom-
breuses avec chacune de ces voyantes et se prononcer sur son cas
personnel et non sur clairvoyance en général : d'ailleurs, les
expériences négatives ont aussi leur valeur.
M. BÉRiLLON. - Depuis de nombreuses années nous avons eu
l'occasion d'étudier un certain nombre de somnambules ou pré-
tendues telles qui ont été produites à Paris et présentées comme
douées de dons tout à fait exceptionnels. En présence de gens
ignorants et crédules, dépourvus de l'esprit de contrôle, les ex-
périences ont souvent l'air de réussir ; faites avec des garanties
scientifiques, elles échouent chaque fois. Actuellement, la ques-
tion est jugée et plus n'est besoin de perdre notrc temps à des ex-
périences qui, toujours, dans le passé, ont prouvé que la prétendue
lucidité n'existe pas et ne repose que sur des illusions.
M. Félix Rpgnault. Il y a quelques années un prétendu
liseur de pensées a été étudié à l'École de psychologie. 11. Paul
Farez a nettement montré qu'il s'agissait non pas d'un liseur de
pensées, mais d'un liseur de muscles.
M. Bérillon. - A la stupéfaction générale du monde médi-
cal, les juges de Saint-Quentin ont, dans une certaine mesure ad-
mis la lucidité de cette voyante, en ce qui concerne la pratique de
l'art médical. Mais si, sans avoir étudié l'anatomie, la physiolo-
gie, la pathologie, la matière médicale ou la thérapeutique, cette
voyante est capable de se prononcer avec exactitude sur le dia-
gnostic etle traitement des maladies, elle devraitbien aussi, sans
avoirétudié le code, les lois ou la jurisprudence, posséder la com-
pétence et l'expérience d'un magistrat de carrière ; aussi nous ne
désespérons pas de voir les juges de Saint-Quentin conséquents avec
eux-mêmes, recourir à la dite voyante pour rédiger certains at-
tendus ou solutionner des cas épineux soumis a leur juridiction.
Il y aurait là un moyen aussi d'éviter les erreurs judiciaires et
peut-être d'accélérer la rapidité du fonctionnement de la justice
qui, comme chacun sait, est, plus que jamais, atteinte de claudi-
cation.
M..Iules VOISIN. - Il est bien évident que, si un hypnotisé re-
cevait la suggestion qu'il est devenu président du Tribunal, il
n'aurait pas, par ce seul fait ; acquis l'aptitude à rédiger des juge-
ments en harmonie avec le code et à connaître les dispositions
pénales applicables à chaque espèce. Aussi, pour clore celte dis-
cussion, je vous propose de voter la rédaction suivante, qui répond
auweu formulé tout à l'heure par M. Rocher.
La production de l'état hypnotique permet d'oblenirla réalisa-
tion d'actes déterminés, l'apparition d'émotions, de sentiments,
d'opinions, la modification de certaines modalités du caractère;
mais, en aucun cas, elle ne dole le sujet hypnotisé des aptitudes
et de la compétence que peuvent seules donner la science et l'ex-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 51
périence. En particulier, pour ce qui concerne l'art médical, la
prétendu clairvoyance relativement au diagnostic et au traite-
ment est contraire aux faits bien observés et doit être considérée
comme inexistante. (Cette proposition est adopté à l'unanimité.)
Méthode hypno-pédagogique, chez les enfants du patronage
Rocher (premier résultats statistiques).
M. René Pamart. Depuis octobre 1905, parmi les enfants
et jeunes gens dont j'ai eu à m'occuper au Patronage de l'Enfan-
ce et de l'Adolescence (Patronage Rocher), 24 étaient susceptibles
de profiter des bienfaits de la méthode hypno-pédagogique. Les
ressources de l'oeuvre étant trop limitées, 7 sujets seulement ont
pu être conservés au Patronage le temps voulu pour un traite-
ment sérieux. C'étaient 5 voleurs, dont 4 récidivistes. 1 somnam-
bule et unonaniste onychophage, ayant fui le domicile paternel
à deux reprises, enfermé à la petite Roquette. ,1'ai obtenu 5 guéri-
sons compte tes, dont le maintien a été confirmé. Un G" sujet
(voleur récidiviste), replacé dans le milieu où il avait commis la
première faute, a rechuté après 5 mois de conduite exemplaire.
Le 7° cas a été un insuccès complet, insuccès en rapport avec une
absence totale du désir de guérir.
l. Jacques Bertillon. Je regrette que M, Pamart n'aitpoint
donné plus de détails, sur le nombre et la durée des séances, la
technique employée, les suggestions faites, etc.
31. Bérillon. Il ne s'agit ici que de statistiques. On ne peut, à
propos de chaque cas rapporté ici, répéter un enseignement qui
a déjà été fait un nombre considérable de fois et qu'il convient
déconsidérer comme suffisamment vulgarisé. La méthode qui
permet d'arriver à des résultats positifs est celle que nous avons
proposée progressivement perfectionnée, nous lui avons donné
le nom de méthode hypno-pédagogiquo afin de bien marquer que
la production de l'étal d'hypnotisme est la condition fondamen-
tale de son succès.
M. Rocher. Tels qu'ils sont, les résultats obtenus par 31.
Pamart sont très encourageants et je le prie de bien vouloir con-
tinuer à me seconder dans cette voie qui s'annonce comme de-
vant être socialement très fructueuse.
31. Jules Voisin. Elle sera d'autant plus féconde qu'on agira
sur des sujets plus intelligents et, par conséquent, plus aptes à
profiter de la méthode.
La technique de la suggestion hypnotique à échéance.
M. PaulJotRE (de Lille). - Les règles delà suggestion à éché-
ance sont les suivantes : 1° placer le sujet dans de bonnes condi-
tions pour être mis en état d'hypnose : "° bien l'hypnotiser en
choisissant le procédé qui lui convient le mieux : 3° prendre les
52 SOCIÉTÉS SAVANTES.
précautions voulues pour bien amener le passage à l'état d'hy-
pnose et le passage de l'état d'hypnose à l'état de veille : 4° laire
les suggestions courtes, précises el. progressives.
Un nouveau cas de sommeil hystérique.
lI. Witry (de Trêves). M. K. est née en 1889. En août 1900,
elle souffre de troubles stomacaux, de douleurs de tête et de ven-
tre. Quinze jours après, surviennent des changements de carac-
tère, des pertes de connaissance,des crises hystériques.En octobre
1900 elle s'endort : l'immobilité et l'anesthésie sont complètes ;
les muscles sont en résolution, à l'exception de ceux des mâchoi-
res et des paupières ; on la nourrit par lavements. Le 18 juillet
1901, l'autorité la fait entrer dans un asile. Le 20, elle se met à
remuer les membres ; les jours suivants elle a quelques crises,
puis apparaissent des mouvements de déglutition ; petit à petit.
elle ouvre d'elle-même la bouche, les yeux, elle sourit, puis elle
se remet à manger, à marcher, à écrire, à parler. Ce réveil est
complet et définitif en janvier 1902.
M. FARBz. De cette observation ressortent plusieurs pointsin-
t3ressants. D'abord le sommeil, au lieu de s'installer d'emblée, a
été précédé et préparé par divers troubles somatiques et psychi-
ques, ce qui est le cas le plus fréquent. Mais, contrairement à ce
qu'on enseigne, la résolution musculaire a été presque générale,
comme par exemple, chez Gésine et chez Argentina. En outre,
le réveil n'est pas survenu brusquement ; la restauration des di-
verses fonctions aété lente, progressive et successive, comme
chez Argentina ; le retour à la pleine conscience totale même,
ici, nécessité six mois. Enfin dès le surlendemain du transport
dans un asile commencèrent à se manifester les divers signes pré-
monitoires du réveil ;c'est un nouvel argument propre ànousfaire
regretter que Marguerite B. (de Tliénelles) soit demeurée vingt
ans endormie à côté des siens, sans qu'aucune autorité soit in-
tervenue pour provoquer son transfert dans un milieu approprié.
La kleptomanie et son traitement par la suggestion hypnotique.
31. Bérillon. Certains auteurs ont essayé de traiter des
kleptomanes parla suggestion hypnotique ; n'ayant pu réussir
dans tous les cas, ils ont exprimé l'opinion que le traitement par
la suggestion hypnotique n'avait pas toute l'efficacité que nous lui
avions attribuée. Or il faut distinguer. Ces auteurs ont eu à soi-
gner des dégénérés impulsifs, adultes, chez lesquels la kleptoma-
nie revêt le caractère d'une maladie mentale nettement caracté-
risée. Par contre, l'hypnotisme triomphe habituellement et bril-
lammentquand il s'attaque aces kleptomanes, jeunes, extrême-
ment suggestibles, que les mauvaises fréquentations, les mau-
vais exemples, le goût de la dépense, la passion des voyages et
BIBLIOGRAPHIE. 53
le défaut de discernement ont amenés à s'emparer du bien d'au-
trui. Le traitement psychothérapique réveille ou exalte le sens
moral, la réflexion, la maîtrise de soi et la volonté. Pour appré-
cier l'efficacité d'une méthode, il ne faut pas l'appliquer seulement
aux cas désespérés où l'insuccès est inévitable ; il faut au con-
traire y recourir avec discernement et ne pas incriminer la mé-
thode vu que l'incompétence de l'expérimentateur est le plus
souvent la seule cause de l'inefficacité du traitement. La preuve
en est que nous avons souvent réussi là où d'autres, avant nous,
avaient totalement échoué dans l'application de la suggestion hy-
pnotique.
La psychopathologie du vomissement.
M. Paul FARFZ. - Le vomissement, sous ses différentes formes
est, dans son étiologie. sa pathogénie ou sa curation, plus ou
moins conditionné par l'immixtion des phénomènes psychologi-
ques. Même quand il dépendd'une cause uniquement somatique,
il est justiciable de la psychothérapie, qui permet au malade de
résister énergiquement à la sollicitation nauséeuse. La psycho-
thérapie, est tout indiquée et a déjà remporté de brillants succès
dans les diverses variétés cliniques du vomissement, en particu-
lier les vomissements naupathiques, gravidiques et post anes-
thésiques.
BIBLIOGRAPHIE
l. - La mélancolie, étude médicale et psychologique ; par IL r
MASSELON, médecin-adjoint de l'asile de Clermont (Oise), ou- 1
vrage couronné par l'Académie de médecine. (F. A lcan, ¿dÜe¿t7".)
Nous possédions déjà, de 111. lasselon,uiie excellente monogra-
phie : à l'époque où les tentatives d'introduction de la démence
précoce dans le cadre psychiatrique provoquaient d'après discus-
sions dans les milieux aliénistes, il avait su faire de la nouvelle
entité morbide une lumineuse mise au point. Aujourd'hui ses
qualités de psychologue et de scrupuleux observateur s'affirment
de nom eau en une consciencieuse analyse de l'obscur syndrome
mélancolique ; et le jugement de l'Académie, qui a couronné ce
travaillera ratifié par tous les psychiatres. J'essaierai d'en donner
ici une analyse sommaire ; mais la lecture seule permettra d'ap-
précier la profondeur des pages de psychologie.
L'histoire de la mélancolie est retracée rapidement avec ses
étapes successives, si confuses jusqu'à nos jours. 11 s'en dégage
54 BIBLIOGRAPHIE.
l'imprécision des doctrines, qui restent encore en désaccord ; dé-
saccord apparent, dit Massclon, car elles ne divergent que sur le
point de savoir quelle place on doitattribuer,dans une classifica-
tion aux états mélancoliques qui ne peuvent rentrer dans aucune
affection déterminée. Constituent-ils une forme morbide spéciale
ou sont-ils symptomatiques d'états organiques mal connus pour
lesquels le terme « mélancolie » n'est qu'une étiquette provisoire ?
Mais ce sont les mêmes malades que les auteurs ont en vue, qu'ils
parlent de mélancolie pure ou d'état mélancolique dans lequel
le syndrome mélancolie constitue le phénomène le plus saillant ;
c'est l'opinion de 1l..foiTroy, ardent défenseur de la mélancolie-
syndrome. Et 11. Massclon signale la tentative de ]Üoepe]in, dé-
fendue en France par Sérieux et Capgras, pour rattacher la mé-
lancolie à un état organique déterminé, l'involution sénile, dont
elle serait la conscience qu'en prennent certains sujets.
Pour la description des symptômes, les états mélancoliques
sont réduits à deux formes : sans délire ou avec délire, l'anxiété
se rattachant le plus souvent à la première, et la stupeur étant
la forme extrême de toutes les variétés ; mais ces formes ne doi-
vent pas être conservées comme des réalités morbides. La des-
cription s'appuie sur des observations ; on trouve un exemple de
chaque idée délirante : auto-accusation, idées de ruine, de persé-
cution, hypocondriaques, de transformation,aboutissant aux idées
de négation, décrites par Cotard à tort comme un délire spécial ;
les idées de négation portent sur le malade lui-môme ou sur le
monde extérieur (2 cas) ou bien coexistent. Les hallucinations
sont envisagées comme des modes de réaction engendrés par la
douleur morale ; elles sont surtout auditives et très rares chez
les mélancoliques ; il s'agit souvent de mots, d'idées qui surgis-
sent dans l'esprit et que le malade croit suggérés par des étran-
gers ; mais il n'y a pas extériorisation de l'image mentale ; ce
senties « idées autochtones » de Werniele, - état faible, -qu'il il
fautséparer de l'hallucination, état fort. Les signes physiques
sont ensuite passés en revue ; au sujet de la toxicité des urines,
il est inexact de dire qu'elle est augmentée (Anglade) ; aucune
notion ne se dégage encore de leur étude. Les troubles pupillaires
sont fréquents, mais variables plignotl.
Le chapitre 111 est consacré la psychologie des mélancoliques.
Après avoir fait entrevoir que la mélancolie essentielle des an-
ciens auteurs doit apparaître aussi comme un syndrome,) ! . Mas-
selon analyse les troubles élémentaires de l'esprit communs à
tous les états mélancoliques. Il s'adresse pour cela il des mélan-
coliques « purs ", de façon à avoir des éléments morbides aussi
isolés que possible ; mais les résultats sont valables pour tous les
cas, le mode de constitution d'un symptôme se retrouvant par-
tout où se trouve le symptôme. Ces troubles de l'esprit sont dhi-
BIBLIOGRAPHIE. 55
ses en i groupes : 1° troubles intellectuels ; 2° troubles volon-
taires ; 3° réactions affectives : 4° délire.
la Dans les troubles intellectuels, le phénomène le plus appa-
rent est le ralentissement psychique, qui se manifeste par la diffi-
cullé de compréhension et d'expl'ession des idl'es, La compréhension
est étudiée chez malades à l'aide d'un test (reproduction d'une
phrase lue); la synthèse s'effectue mal,mais elle est possible lorsque
le malade est capable d'effort mental. Les troubles de la synthèse
se réduisent aux troubles de l'évocation des idées : l'application
de nouveaux tests très intéressants à l'étude de l'évocation des
idées permet de conclure dans ce sens, et aussi que « l'évocation
très pénible ou impossible hors de la disposition affective, est en-
core pauvre dans son sein ». Reste à savoir si le trouble del'évo-
cation est primitif ou le résultat d'une inhibition due à la dou-
leur morale ' ? Les tests ont déterminé sa direction ; mais elle
s'accompagne aussi d'effort mental, d'attention. Il faut donc étu-
dier l'attention qui favorise l'évocation, en créant lemonoidéisme,
et les éléments simples de celle-ci, les images mentales. L'atten- x
tion est spontanée ou volontaire. Les troubles de la première ne
se différencient pas des troubles généraux de l'activité intellec-
tuelle : elle est nulle lorsque l'activité est nulle (stuporeux) ; et
l'activité parfois permet encore un effort qui supplée à l'attention.
L'attention volontaire offre à étudier sa fixation et sa continuité.
Le pouvoir de fixation est évalué à l'aide d'un test : examen
d'une gravure pendant 2 minutes et description écrite des re-
marques suggérées. Les résultats montrent un affaiblissement
parallèle de la faculté de remarque et de l'attention ; la fixation
est d'autant plus faible que la dépression est plus grande et plus
proche de la stupeur. La continuité est appréciée par une série
de calculs de tête : l'attention n'est soutenue que pendant un
temps très court. Mais le mélancolique offre ceci de particulier,
qu'il cherche à fixer son attention, sauf dans la stupeur ; d'où la
nécessité d'admettre, au-dessus de l'attention, certains phéno-
mènes qui la déterminent, les tendances. La tendance directrice
paraît à Masselon intacte ou à peu près chez les mélancoliques ;
l'impulsion motrice seule reste faible ; et le malade, qui peut
comparer le résultat obtenu à celui qu'il aurait dû obtenir, en
souffre. Suit une fine analyse des tendances, forme d'activité in-
termédiaire entre l'instinct et le désir, qui conduit à définir l'ef-
fort pénible du mélancolique : le sentiment de l'obstacle que les
phénomènes dépressifs opposent aux tendances motrices renais-
santes. Les images mentales forment des groupes susceptibles de
reproduction (souvenirs) ou de désagrégation puis de reconstruc-
tion (imagination). Les souvenirs du mélancolique sont conser-
vés en séries, mais le malade ne peut guère dissocier ces séries
pour en extraire un souvenir isolé ; il y a effacement des images
56 BIBLIOGRAPHIE.
mentales et difficulté de reviviscence. En résumé, le ralentisse-
ment psychique des mélancoliques se ramène à un trouble d'évo-
cation des idées. Ce trouble ne paraît pas toujours, comme pré-
tend Schule, la conséquence d'une inhibition créée par la douleur
morale (2 observations). Comme troubles intellectuels, il y a en-
core les troubles de la sensation et de la perception. La sensibi-
lité est presque toujours affectée ; mais il s'agit d'un trouble cen-
tral plutôt que périphérique, trouble de la perception de l'im-
pression ; les troubles de la perception (imprécision vague, im-
possibilité de synthétiser) sont la conséquence des précédents
(sensation, attention et images).
2° Dans les troubles volontaires, les phénomènes moteurs sont
caractérisés par la faiblesse des impulsions motrices, décelée par
le dynamomètre, l'écriture, etc. Tous relèvent de l'aboulie et,
comme les précédents, sont d'origine centrale (affaiblissement des
images motrices). L'aboulie est conditionnée par le trouble des
éléments psychiques qui concourent aux actes ; la synthèse men-
tale est affaiblie.
3° Les réactions affectives constituent le caractère même de la
mélancolie : le malade soutire. Mais il faut considérer dans cet
état deux choses : l'anxiété,paroxystique,et la dépression, continue.
Comme 1\1. Dumas, Massolon étudie séparément ces deux étals :
1° la tristesse passive est constituée par les sentiments liés aux
modifications organiques et par la conscience du déficit psychi-
que ; 2°lesétatsaigus sont la douleur morale et l'anxiété. La pre-
mière est composée d'une série de sentiments plus simples, in-
quiétude, crainte, dégoût, etc., et atteint son paroxysme dans
l'anxiété. Celle-ci se manifeste par un sentiment d'oppression,de
gêne extrême, l'angoisse. L'anxiété est-elle secondaire à des idées
délirantes ' ? Bien souvent,au contraire, la douleur est antérieure
au délire ; elle a pour origines les troubles de la coenebthésie et
l'arrêt psychique (Séglas). C'est le sentiment d'incapacité qui fait
souffrir le malade ; et Masselon explique l'inquiétude par la ré-
sistance aux tendances (analysées plus haut) ; les mélancoliques
souffrent à cause du relèvement de leurs tendances, en raison
donc de leur activité même, en face de leur arrêt mental. Cer-
taines crises anxieuses cependant naissent spontanément et échap-
pent à cette explication.
4° Le délire mélancolique est toujours secondaire à la douleur
morale, dit Masselon avec Dumas. 11 est très pauvre, monotone ;
'son analyse, basée sur des observations, conduit à le considérer
comme un délire affectif plutôt qu'idéatif ; c'est un délire d'at-
tente, a-t-on dit. 11 ne doit pas s'expliquer par la théorie de la
justification, qui n'intervient qu'à titre d'explication secondaire ;
il ne s'agit pas d'un raisonnement logique, mais affectif. Et si
certains mélancoliques délirent et d'autres non, c'est parce que
BIBLIOGRAPHIE. b7
le délire croît d'autant plus que l'état affectif est plus puissant ;
il apparaît lorsque l'état affectif accapare toute la personnalité.
Ce qui le caractérise, c'est, d'une part, l'extension de l'élément
affectif, et, d'autre part, l'obscurcissement des représentations
adéquates à la réalité. Suit l'étude psychologique détaillée des
principales idées délirantes : 1- de transformation ; 2° de néga-
tion ; 3° de domination et de possession ; 4° d'indignité et de cul-
pabilité ; 5e d'expiation et de damnation ; 6° de persécution ; ces
dernières sont rares. Elles naissent toutes de l'état affectif ; l'es-
prit relie ces conceptions secondairement, et secondairement le
délire vient renforcer et justifier l'état affectif.
Le chapitre IV traite du diagnostic. Le caractère primordial de
la mélancolie, c'est le ralentissement psychique, la difficulté
d'évocation spontanée des représentations, un sentiment pénible
d'impuissance et de la douleur morale, fonds sur lequel se gref-
fent des idées délirantes auxquelles le malade se résigne ou réa-
git par lesuicide. L'auteur passe en revue les états qui simulent
la mélancolie : par la dépression ou la stupeur, par l'anxiété,
parles idées délirantes.
Au point de vue il il convient d'envisager : 1° les
états mélancoliques liés à des affections mentales ; 2° la mélan-
colie pure de certains auteurs, que 31asselon appelle,avec de Fur-
sac, mélancolie affective. Les premiers se rencontrent surtout
dans : la dégénérescence mentale, la démence précoce, la folie
périodique, la neurasthénie, la paralysie générale, et les psycho-
pathies organiques ; leur description réciproque est passée rapide-
ment en revue. Quant à la mélancolie alfeclive, essentielle des
anciens auteurs, elle constitue le gros problème : est-elle vrai-
ment essentielle. ou n'est-elle pas plutôt un syndrome à ratta-
cher à d'autres cadres morbides ? C'est ce problème que Masse-
lon essaie de résoudre, par la description minutieuse de l'afrec-
tion et la recherche de ses causes et de sa nature. Il expose la
théorie de Krrepelin-Sérieux et Capgras (imolution sénile) et bien
que cette conception rentre à bien des égards dans la sienne, elle
ne lui semble pas résoudre toutes les questions. Pour Kroepelin,
toutes les mélancolies qui ne relèvent pas de l'insénescence ap-
partiennent à la folie maniaque-dépressive,à la démence précoce,
à la folie des dégénérés, ou à l'hystérie. Masselon est conduit à
admettre au contraire une mélancolie affective axant l'âge de
45 ans et ne relevant d'aucune de ces formes ; et, dans les mélan-
colies d'involution, il en est qui ne sont que des modalités de la
démence sénile, tandis que les autres sont des cas de cette mé-
lancolie allective qui se produit aussi à un âge moins avancé et
qui ne peuvent en être différenciés. De plus, les phénomènes
d'involution ne sont pas le seul facteur ; il y a des causes mo-
rales, des causes pathologiques (infections, ménopause, maladies
58 VARIA.
du foie). De sorte que la conception de 31. Jonroy paraît la plus
réelle : la mélancolie affective ou essentielle est un syndrome,
qui n'est fonction d'aucune de ces causes, mais hien le résultat
de 2 facteurs : un cerveau prédisposé et un état organique réa-
lisé à la suite des causes énumérées et d'autres inconnues,toutes
causes déprimantes et créatrices d'épuisement cérébral. Et ces
troubles somatiques peuvent engendrer un état psychique, ce n'est
pas seulement parce qu'ils produisent « l'état coenesthésique pé-
nihlo" ; la possibilité du délire oblige il penser à un nouvel en-
semble de causes, que l'on peut désigner sous le nom de prédis-
position, sans préjuger de sa nature : c'est grâce à elle que la dé-
pression pourra engendrer un délire. La mélancolie apparaît
comme le retentissement sur un cerveau prédisposé de certains
(roubles organiques caractérisés par le ralentissement des fonc-
tions physiologiques normales. Cette conception permet de ne
plus voir dans la mélancolie une entité morbide, mais un état
dû à de nombreux facteurs et réalisable dans des affections dif-
férentes. Il n'y a que des élats mélancoliques, les uns rattachés à
des groupes morbides connus, les autres encore isolés, parce que
la pathologie mentale est encore une terre fort peu connue. Un
dernier chapitre décrit les traitements.
Tel est le nouveau travail de 31. 31asselon ; j'aurais voulu être
plus concis dans son analyse ; mais il est si documenté et capti-
vant, qu'on ne saurait en donner une idée en peu de mots; en-
core ce compte-rendu est-il fort imparfait et l'ouvrage doit être
lu. Il vient à son heure ; il était nécessaire. E. Coui.onjou.
VARIA
Condamnés atteints d'aliénation mentale et d'epilepsik PLA-
CES DANS LES ÉTABLISSEMENTS D'ALIENES.
Le Ministre de l'Intérieur,
à Messieurs les Préfets,
La fermeture prochaine du quartier de Gaillon, réservé aux
condamnés atteints d'aliénation mentale ou d'épilepsie, me fait
un devoir d'appeler votre attention sur les mesures que vous
devrez prendre, à l'avenir, lorsque vous serez appelé à pronon-
cer l'admission dans les établissements d'aliénés de malades rele-
vant du service pénitentiaire.
Dès que vous serez saisi d'une demande de cette nature, vous
devrez faire visiter l'aliéné détenu par un spécialiste désigné par
vos soins, et c'est sur le rapport formel qui vous sera présenté
par ce praticien que votre arrêté de placement pourra être pris.
VARIA. 59
Le médecin spécialiste à qui vous aurez confié cette mission
délicate devra s'entourer de toutes les garanties, en vue d'éviter
le placement de condamnés qui simulent la folie pour échapper
au régime rigoureux de la prison, et surtout dans l'espoir de
recouvrer leur liberté, l'évasion étant plus facile d'un asile que
d'une prison.
Aussi 'voire mandataire devra-t-il exiger, s'il le juge utile, le
maintien en observation dans l'étahlissement pénitentiaire de
tout aliéné pour lequel quelques doutes subsisteraient, et vous
devrez vous refuser également à prendre un arrêté de placement
qni ne vous semblerait pas absolument justifié.
D'autre part, dès que votre décision sera, intervenue, en vue
du placement du condamné aliéné, il est indispensable que vous
fassiez- connaître la situation exacte du malade au Directeur de
l'établissement, et que vous l'invitiez à le mettre en observation
pendant un certain temps, en lui recommandant de prendre des
mesures spéciales pour éviter une évasion, et empêcher le nouvel
interné de nuire aux autres malades.
Le Directeur de l'établissement d'aliénés ne devra pas oublier
qu'au point de vue médical et humanitaire, il ne se trouve pas
en présence d'un condamné mais d'un malade et qu'il doit l'en-
(le soins ; mais, d'un autre côté, il faut qu'il sache égale-
ment que ce malheureux, dès qu'il le croira guéri, ne peut être
maintenu à l'asile et doit être réintégré immédiatement à l'éta-
blissement pénitentiaire pour y subir le reste de sa peine.
Il est important que vous soyez renseigné très fréquemment
sur celle catégorie spéciale de malades et il est indispensable, en
outre, que M. le Procureur de la République, lors de sa visite
réglementaire, soit toujours tenu au courant de tous les con-
damnés qui y sont hospitalisés afin qu'il puisse leur faire subir,
s'il le juge utile, un interrogatoire spécial.
Vous voudrez bien veiller à l'exécution des présentes instruc-
tions et m'en accuser réception.
Pour le Ministre de l'Intérieur :
Le Directeur de l'assistance et de l'hygiène publiques,
FIRMAN.
Congrès International POUR l'Assistance DES Aliénés
(Milan, 26-30 septembre 1906.)
Première séance, 26 septembre 1906
Proposition de M. le Dr FRANCK, de Zurich.
Appel en faveur de /0)tt<< ! ttOKt{'U)tMt4 ? f<ttt'Ma<iO)M ? /a) ! <
le but d'établir el de combattre les causes des maladies
mentales.
Le progrès considérable qui s'est vérifié récemment dans le do-
60 VARIA.
maine des études de psychiatrie a été extrêmement avantageux
à la connaissance des tableaux cliniques des maladies mentales
et des méthodes pour les soigner ; mais nous sommes presque
entièrement dans l'obscurité à l'égard de leur origine et des
causes de leur diffusion.
Ce désaccord est dû, en partie au moins, au fait que, tanllisque
toute la série de questions importantes qui se rapportent à la
diagnostique et à la thérapie des maladies mentales peut être
analysée et développée grâce aux éludes de savants possédant
chacun de son côté les moyens spéciaux de se dédier aux problè-
mes dont ils poursuivent la solution : : - la clarté scientiliqueà il
l'égard de la prophylaxie et de l'étiologie des maladies mentales
ne peut naître, au contraire, que delà coopération consciente d'un
grand nombre de chercheurs se vouant de conserve à dévelop-
per les différentes parties de ce problème si compliqué.
Nous, médecins aliénistes, qui observons de jour en jour la mi-
sère des plus malheureux d'entre nos semblables, nous sentons
bien que nos asiles ne sont pas tout à fait de nature à satisfaire
les exigences de notre conscience. Même si l'on y pourvoit de
la manièrela plus humaine aux aliénés, le sort de ces malheu-
reux privés de la liberté personnelle, exclus du reste de la so-
ciété, reste bien dur, malgré les asiles monumentaux, malgré
l'intimité de l'assistance familiale, malgré les soins assidus des
spécialistes les plus distingués. Et cette condition qui leur est
faite, ne se bornant pas à leur personne, jette bien souvent une
ombre sur les familles mêmes des malades. Or, ce quinouspréoc-
cupe c'est la considération que les sommes d'argent, en accrois-
sement continuel, que l'on dépense à l'aveugle tous les ans pour-
raient être bien plus avantageusement consacrées à la recherche
des véritables causes de ces maladies.
Des catastrophes comme celle deCourrières, des paysvésuviens.
de San Francisco de Californie, font trembler le monde dllOl-
reur pendant un instant ; ensuite bien peu de gens y pensent en-
core, car vis-à-vis d'elles nous sommes consciemsde l'impuissance
absolue de l'homme. Mais de même, l'on s'accoutume trop fa-
cilement à l'inexprimable misère produite parles maladies men-
tales ; et l'on paye sans hésiter et sans réfléchir les contributions
toujours plus lourdes au moyen desquelles le reste du monde
veut être garanti que les aliénés seront renfermés dans le ? Ins-
tituts créés dans ce but. Pourtant ces malheurs nesontpas compa-
rables à ceux de San Francisco ou de Courrières, aussi bien pourle
nombre des victimes, que parce que les voies de la recherche scien-
silique sont ouvertes pour combattre les maladies en question, et
les efforts de tant de chercheurs qui, isolés ou en groupes, travail-
lent avec audace, peuvent nous rapprocher toujours d'avantage
du but idéal de délivrer l'humanité du plus terrible do ces fléau),.
VARIA. 61
Ces efforts techniques des savants ne sauraient, toutefois, at-
teindre leur but sans la coopération de personnes généreuses à
l'âme compatissante, disposées à favoriser la conquête des buts
si élevés de notre recherche.
Notre devoir le plus immédiat. en effet, est celui de recueillir
la plus grande quantité possible de matériel à étudier, ensuite de
le ranger selon des critériums scientifiques qui nous permettent
de l'utiliser au point de vue de la prophylaxie. C'est alors, nous
en sommes bien sûrs, que même les Gouvernements des différents
pays pourront prendre en toute connaissance de cause des me-
sures qui rapprocheront l'humanité d'une destinée plus heureuse.
Que cet idéal soit proche à être atteint est un espoir légitime,
d'abord parce que toutes les méthodes scientifiques modernes
nous poussent dans la direction de la prophylaxie ; puis parce
que cette conviction est entrée désormais dans la conscience de
tout homme d'Etat, que la santé d'un peuple est la condition
première de son activité et de son progrès économique. Dans la
lutte économique entre les Nations,celle-là gagnera la partie qui
aura mieux su pourvoir à la conservation, à l'augmentation et au
rétablissement de la santé de chacun des individus,aussibien que
de la population dans son ensemble.
Le Programme ci-joint, tout en gardant comme but final
la fondation d'un Institut International pour établir et combattre
les causes des maladies mentales, - se propose d'indiquer l'ordre
des travaux auxquels il faut s'appliquer dès l'abord mais déjà
il laisse entrevoir la nécessité de toute une série de recherches
supplémentaires dirigées contre les autres causes de tout genre
de maladies mentales.
Le Congrès nommera un Comité international qui tâchera d'as-
surer à l'oeuvre commune la coopération des Gouvernements des
différents ELats, et ce comité s'adressera, soit directement, soit
par l'intermédiaire de sous-comités, aux savants de toutes les
Nations, pour leur indiquer quelle partie du travailleur est assi-
gnée, et pour coordonner le travail qu'ils auront accompli.
Par intervalles réguliers, enfin, que l'on pourrait faire coïnci-
der avec les successifs Congrès internationaux pour l'Assistance
desaliénés, chaque Comité fera son rapport sur le progrès des tra-
vaux et sur leurs résultats, et l'on délibérera suivant quelles rè-
gles les travaux devront être continués.
Docteur Frank.
(Zurich).
. PROGRAMME
1. Généralités. lu Recherches sur la progression numérique des
maladies mentales, et aussi de certaines formes spéciales de ma-
ladies moniales chez les différents peuples. 2° Recherches sur la
62 VARIA.
présence ou l'absence de telle ou telle autre forme d'aliénation
chez tel peuple civilisé ou non. 3° Recherches des causes de ces
phénomènes. 4° Recueil et choix du matériel regardant l'appad-
tionde forme d'aliénation mentale chez les animaux.
IL Hérédité. -- 1° Il faudra recueillir et classifier tout le maté-
riel existant ayant trait aux questions d'hérédité des maladies
mentales ou nerveuses : ce matériel sera ensuite complété par sa
libre comparaison avec tout nouveau matériel de ce genre regar-
dant les peuples civilisés ou non. De même pour le matériel rela-
tif à l'hérédité chez les animaux.
2". Lois do l'hérédité. Cette étude ne sera possible que moyen-
nant l'examen du vaste matériel offert par l'histoire clinique d'en-
tières descendances de famille. Une partie de ce matériel peut-
être se trouverait dansles archives des plus anciens asiles de pe-
tites villes et l'on pourrait le compléter par des recherches
successives, pratiquées avec l'aide de médecins, d'ecclésiastiques
d'autorités municipales, etc., dans le but de tirer de ces recher-
ches un résultat utile pour les générations à venir. Puisque
la vie d'un seul chercheur est trop courte pour qu'il arrive à sui-
vre personnellement les transformations héréditaires de plusieurs
générations. - il faudrait que l'état civil des gens, qui à l'heure
actuelle revêt un caractère presque exclusivemenlstalislique, fis-
cal et policier,fût organisé selon des principes scientifiques et res-
tât sous la prudente surveillance d'un médecin. Ce ne seraitqu'a-
près avoir obtenu, par cette méthode, des résultats nettement
scientifiques que l'on pourrait établir une prophylaxie sani-
taire populaire, capable d'être réglée par des normes législatives.
3° Conditions héréditaires de certaines formes spéciales d'alié-
nation sur la base d'un très vaste matériel. 4o Conditions de
la régénération. 5° Effets des combinaisons de dispositions
psychopathiques héritées. -a) directement, par des toxiques ou
non (syphilis, tuberculose, fièvre thyphoïde, vérole, etc., troubles,
alcool, morphine, opium haschich, etc.) b) indirecte-
ment, par suite de l'intoxication des cellules germinales par des
toxiques organiques ou non. Il faut remarquer qu'on est juste-
ment en train de rédiger desstatistirlues comparatives qui établis-
sent l'importance du germe héréditaire des psychopathiques en
rapport avec celui qui existe chez les personnes normales. (Cfr.
les travaux de Iioller et de Diem). ! Il. Alcoolisme. - 1. a) Recueil et classification de tout le ma-
tériel scientifique existant ayant rapport à l'influence perturba-
trice de l'alcool sur le plasma organique, 1. ú) Etude de cette
influence dans les familles et les communautés des peuples civi-
lisés ou non,et chez les animaux. z 2. lt) Prédisposition aux ma-
ladies, et surtout aux maladies mentales et à l'imbécillité, chez les
individus directement ou indirectement atteints par l'alcoolisme.
VARIA. 63
2. b) Rapport entre l'alcoolisme et le crime. 2. c) Rapports
entre l'alcoolisme et la pauvreté. 3. Comparaison des domma-
ges causés par l'alcoolisme dans les différents Etats-avec la valeur
produite parle trafic de l'alcool. - 4. Diminution de la force
productive à cause des ravages produits par l'alcoolisme. L'ha'
bitude déboire des alcooliques chez les peuples civilises et non
civilisés et l'apparition des maladies en général et en particu-
lier, différence entre les formes de ces maladies chez les gens qui
boivent et chez les gens qui ne boivent pas.-o. Effets de l'opium
et des autres poisons sociaux. Effets analogues en Chine et aux
Indes dus à l'empoisonnement par l'opium, en Orient, à l'empoi-
sonnement par le haschich, et chez nous par la morphine.
IV. Syphilis. 1. Recherche des effets diroctset indirects de la
syphilis sur le système nerv eux central. 2. Organisation du ma-
tériel concernant les aliénations mentales causées parla syphilis.
3° «(.Effets delà contagion syphilitique chez les individus, les famil-
les,les communautés et les Etats.- 3 b). Apparition et conséquen-
ces de la contagion syphilitique chez les peuples non civilisés.
4. Apparition et conséquences de la contagion syphilitique chez
les peuples adonnés à l'alcool. 5. Etudes sur le nombre des
victimes annuelles de la syphilis dans les différentes communes
et les différents Etats. - 6. Comparaison entre les différents ef-
fets de la syphilis sur le cerveau, ayant trait à la capacité de tra-
vail plus ou moins grande de cet organe permise par cette infec-
tion, en rapport surtout avec la paralysie progressive.
D'après le règlement, les séances du Congrès ne sont accessi-
bles qu'aux membres adhérents au Congrès et aux représentants
des divers Gouvernements. Le droit d'admission au Congrès est
fixé à 20 francs, qui devront être envoyés au Secrétaire Trésorier
D' Piero Gonzales, 14,yia Leopardi Milan.Les souscripteurs devien-
dront Membres adhérents et recevront gratuitement le volume
des Comptes rendus du Congrès, ainsi que les Rapports imprimés
qui seront distribués avant l'ouverture du Congrès. A l'exception
des Rapporteurs, aucun orateur ne pourra occuper la tribune
pendant plus de dix minutes ou, avec; l'agrément du Président,
pendantun quart d'heure. Aucun des membres du Congrès ne
pourra prendre la parole plus de deux fois dans la même discus-
sion ; toutefois le Rapporteur d'une question aura toujours le
droit de prendre la parole le dernier. Quatre langues sont officiel-
les pour le Congrès, l'italien, l'allemand, l'anglais et le français.Le
Comité pourtant aimerait voir adopter la langue française pour
les discussions.
Second Congrès BELGE de Neurologie ET DE Psychiatrie.
(Bruxelles, 29 au 31 août 1906)
Le prix de la cotisation est de 10 francs. Envoyer les adhésions
61 FAITS DIVERS.
à 1\1. le Dr 31assaut, secrétaire général, médecin directeur de la
colonie d'aliénés de Lierneux. Les praticiens de toutes nationa-
lités peuvent faire partie de ce Congrès ; la seule restriction im-
posée est l'usage d'une des langues usitées en Belgique. (Voirie
programme détaillé, n° de juin, page 511.)
FAITS DIVERS
Asiles d'aliénés. Mouvement de juin 190G. Par voie de
régularisation (décret du 14 août 1905), le traitement de 31. le
])1' Coulonjou, médecin-adjoint de l'asile d'aliénés cl'.llençon, est
élevé de 3.000 fr. à 3.500 fr. à dater du 1" avril 1906. M. le le
Dr Gourdin, médecin en chef à l'asile d'aliénés du Mans (Sartlre)
est promu à la 2° classe du cadre. )1. le ])1' L)voff, médecin en
chef de l'asile de Maison-Blanche, promu à la Déclasse du cadre.
Mouvement de juillet. - 31. le Dr Chardon, médecin en chef à
Armentières (Nord), promu à ia lr0 classe ; 31. le Dr. Chocraux,
médecin en chef à Bailleul, promu à la 2° classe ; - li. leDr31au-
paté, directeur médecin à la Charité (fièvre), nommé médecin en
chef à Bailleul (Nord), poste créé ; ;- M. leD'Levet. médecin en
chef àAia (13.-du-llhûne), nommé directeur médecin à la Charité
(Nièvre) ; M. le Dr Lalanne, nommé médecin en chef à Mare-
ville (,leurtlie-eL-iloselle), poste créé ; z 31. le ])1' Toy, médecin-
adjoint à Braqueville (Ille-Garonne), nommé médecin en chef à
Aix (Gourhes-du-lUuine).
Revue philosophique ; Sommaire, du nez de juillet l'JOG. (31e
année). Lévy-Bruhl. La morale et la science úes moeUl's.- SA-
geret. La commodité scientifique etscs conséquences. - DurRAT.
Contre l'intellectualisme en psychologie. - L. D,\URIAC. Un his-
torien de la philosophie grecque : Th. Gompcrz. - Analyses et
comptes rendus. Revue des périodiques étrangers. - Livre
nouveaux. Abonnements du 1er janvier : Un an, Paris, 30 fr. ;
départements et étranger, 33 fr. La livraison : 3 fr. Félix
Alcan, éditeur, 108, boulevard Saint-Germain, Paris (6c).
AVIS A NOS ABONNÉS. - Un accident nous
oblige à 1le mettre que quatre feuilles dans ce
numéro. Le numéro d'août aura six feuilles.
Le rédacteur-gérant : 13oun;'¡EVILLE.
Clermout (Oise). Imprimerie Daix lrères et Thiron.
Vol. XXII. Août 1906 Ne 128
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Hémiagénésie cérébelleuse ; agénésie partielle du '
corps calleux et du lobe limbique ; anomalies
des circonvolutions cérébrales ;
Par Cl. bonne
Médecin adjoint à l'asile de Braquevine.
Les cas d'atrophie d'un des hémisphères cérébelleux
sont relativement assez rares. Celui que nous rappor-
tons ici nous a paru digne d'être publié malgré l'absence
d'examen microscopique,car l'agénésie, strictement limi-
tée à l'hémisphère gauche, respectait totalement le floc-
culus ; il existait en outre des arrêts de développement
de diverses portions du télencéphale, en apparence in-
dépendants, du moins dans l'état actuel de la science,
de la malformation du cervelet.
Des., Georges-Joseph, garçon boucher, entra à l'âge de 26 ans
dans un asile de la Seine pour « épilepsie avec, attaques rares et
débilité mentale ». Il savait lire et écrire. Quelques mois après
l'entrée, il présenta du « délire inconscient », des « troubles in-
tellectuels ». Interné ultérieurement à l'asile de Braqueville, il
ne manifesta pas d'idée délirante; il s'y montra docile,tranquille,
et prenait volontiers sa part de toutes les corvées du quartier.
Les crises convulsives devinrent peu à peu plus rares, mais il
avait assez fréquemment des vertiges non accompagnés de chute.
Il présentait souvent des sueurs profuses, généralisées, mais par-
ticulièrement nettes à la face où elles survenaient à la moindre
émotion, et, pour ainsi dire, au commandement.
Jamais le moindre symptôme de lésion cérébelleuse ; nul trou-
ble de l'équilibre ou de l'orientation. Le crâne était asymétrique
Archives, 2' série, 11 : 'C6, t. XXII. 5
6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
mais l'asymétrie n'était pas plus prononcée dans la région frontale
que dans la région occipitale. En 1904, le malade offrit quelques
symptômes de tuberculose pulmonaire qui s'amendèrent au bout
de deux à trois mois. L'année suivante, les crises devinrentplus
fréquentes; les chutes se produisaient indifféremment d'un côté
ou de l'autre. Mort le 2 septembre 1905, en état de mal. 11 z-asanas
dire qu'aucune des .multiples lésions constatées à l'autopsie n'a-
vait été diagnostiquée.
Etude anatomique. L'hémisphère cérébelleux droit
(fig. 4 à 7) est normal : à l'oeil nu, les lamelles présen-
ientleur épaisseur, leur consistance, leur stratification
Fin. 4. Face gauche du cervelet ; j1,nocculus ; ol,olivc bulbaire ;
1-, trijumeau ; v, vermis.
habituelles : les sillons qui les séparent sont réduits à
des fentes très difficiles à distinguer. On reconnaît faci-
lement le grand sillon circonférenciel et les deux grands
sillons supérieur et inférieur. Le bord supéro-interne
est oblique en avant et en dedans. Sur la face interne,
vaguement quadrilatère, on distingue les lobules di-
gastrique elsemilunuire, dont les lamelles se continuent
sur la face supérieure. Le vermis est en grande partie
fusionné avec l'hémisphère droit, dont il est difficile à
distinguer sur l'organe entier; ses diamètres vertical et
antéro-postcriour sont de plus très réduits.
HÉMIAGENESIE CÉRÉBELLEUSE.
67
L'hémisphère cérébelleux gauche est réduit à un
petit lobule (fl., fig. 4) du volume d'un pois, à. lamelles
bien distinctes, implanté sur la face latérale gauche de
la protubérance, au-dessous et en arrière du trijumeau,
au-dessus et en arrière du facial et de l'auditif. On voit
sur la figure 4 la face externe de la protubérance, limi-
tée en bas par un bord oblique en arrière et en haut,
à l'extrémité postérieure duquel est situé le petit lobule
respecté par l'agénésie de l'hémisphère gauche, et qui
Fw, 5. Face inférieure du iiiéteiicépliile.
n'est autre ! que le flocculus. De la partie postérieure de
la base de ce dernier, part un volumineux faisceau
blanc (fig. 4 et 5), concave en bas et dont le bord su-
périeur soutient quelques lamelles situées entre le floc-
culus et le vermis ; son bord inférieur, libre sur toute,
son étendue, forme la limite supérieure d'une vaste-
anfractuosité largement ouverte à gauche et au fond
de laquelle on aperçoit la face postérieure, régulière-
ment conformée, du bulbe et de la protubérance. Ce
6S
A1';ATm[lJ PATHOLOGIQUE.
faisceau blanc, qui remplace les trois pédoncules
cérébelleux gauches, est recouvert d'une membrane
épaisse continue avec la pie-mère cérébelleuse et mas-
quant le plancher du quatrième ventricule. La cavité
du cerveau postérieur est en outre beaucoup plus éten-
due d'avant en arrière qu'à l'état normal ; sa paroi su-
périeure est formée, en dedans du faisceau blanc qui
aboutit au ilocculus gauche, par le vermis, très aplati
de haut en bas.
L'olive bulbaire gauche est normale ; la saillie de
l'olive droite est totalement absente. Les deux pyrami-
FI(;, 6. - Coupe de la protubérance et du cervelet, intéressant, sur
toute sa longueur, le faisceau blanc étencîu en arrière du (locculus
gauche.
des bulbaires présentent à peu près les mêmes dimen-
sions : pourtant, dans la protubérance, la région du
pied est beaucoup moins développée adroite qu'à gau-
che (fig. 6 à 8). Sur coupes, l'olive gauche présente
sa configuration ordinaire ; l'olive droite est réduite à
une petite strie claire, courte et non festonnée, à peine
visible à' l'oeil nu ; le pied du pédoncule cérébral droit
ne représente guère en étendue que la moitié ou le
tiers du pédoncule gauche. Le noyau rouge droit est
difficile à distinguer il l'oeil nu, et paraît, en fout cas,
1-11(tAGI;NÉSII's CÉRÉBELLEUSE. 69
beaucoup moins développé que le gauche. Dans le cer-
velet, le noyau denté (droit) est normal ; le vermis se
montre formé de cinq lames caractérisées par leur
direction transversale (fig. 4, 6 et 7, v) ; il ne
semble présenter que des connexions de contiguïté avec
le large faisceau blanc qui est visible sur la face gau-
che du cervelet et dont l'extrémité postérieure se perd
dans l'épaisseur de l'hémisphère droit (fig. 4).
Fin. 7. Coupe intéressant la protubérance à 5 mm. environ au-
dessous de la précedente. Le faisceiu blanc est interrompu ; on
voit en dedans de lui le plancher du 4, ventricule ; n d, noyau
denté.
Les hémisphères cérébraux (fig. 8 à 13) présentent,
outre de multiples anomalies asymétriques des circon-
volutions, une déformation de leurs extrémités posté-
rieures (fig. 8) en rapport avec l'asymétrie du cer-
veau postérieur. L'hémisphère droit pèse 420 gr. (après
durcissement au Millier et ablation des méninges) et a
70 ANATOMIE PATHOLOGIQUE-
145 mm. de longueur ; le gauche pèse 450 gr. et me-
sure 152 mm. A droite, le lobe temporal présente une
réduction notable ; le pôle occipital est situé à un cen-
timètre en avant de celui du cùté gauche ; le bord
FiG. 8. Déformation de la face inférieure du cerveau due 1 l'asv-
métrie du métencéphale, Le lobe temporal droit est fortement
déprimé et forme une sorte de calotte coiffant 1'liéniispliii-,3 céré-
bulleux ; le lobe temporal gauche est au contraire régulièrement
arrondi de dedans en delat'si
On remarque en outre sur celte figure l'anfraoluosité sulciforme
(A) décrite sur la face interne de l'hémisphère droit et l'asymétrie
des pédoncules cérébraux, dont le pied est beaucoup plus déve-
loppé à gauche qu'à droite.
inféro-interne du lobe occipital est remplacé par un
plan oblique et la partie inférieure de ce lobe est plus
élevée qu'à gauche : l'hémisphère droit présente ainsi
une vaste dépression qui loge en partie la masse cér-
HÉhfI9GÉNÎ.SIE CÉRÉBELLEUSE. il
belleuse, c'est-à-dire l'hémisphère cérébelleux unique
(droit), assez fortement déjeté à gauche grâce à l'obli-
quitéde l'axe du mésencéphale et du métencéphale.
Le corps calleux est représenté par une lame blan-
che, de 1 mm. à 1.5 environ d'épaisseur (fig. 10, 12 et 13)
dans sa moitié antérieure, qui s'amincit graduelle-
ment dans sa moitié postérieure ; au niveau du point
le plus élevé du relief formé sur lé thalamus par les
stries habénulaires, cette lame se bifurque à angle très
aigu, et les deux lames divergentes qui lui font suite,
laissant à nu les pulvinars, se perdent bientôt dans le
sinus calleux correspondant : on distingue à leur face
supérieure de légères saillies longitudinales représen-
tant les nerfs de Lancisi. Le trigone est normal ; à la
place du septum lucidum, dans la courbe formée en
avant du trigone par la lame blanche représentant le
corps calleux, est une masse épaisse, formée de fibres
(fibres calleuses ? ) et dont l'ablation permet de voir la
face interne de la tête du noyau caudé. La commissure
blanche antérieure (c.o.a, fig. 10, 12 et 13) est normale
pt facile à suivre par la dissection jusque dans la capsulé
sous-lenticulaire. La commissure blanche postérieure
est normale.
Les malformations des circo;avolaitio2s cérébrales
sont si nombreuses et si complexes qu'il est irhpos-
sible de saisir leurs rapports génétiques réciproques
et de les rattacher toutes à un même processus, même
en faisant appel aux données de la morphogénese et en
s'aidant des vues originales de Brissaud (Anal, du cer-
veau de l'homme, texte, p. LXXIII), sur les suppléan-
ces réciproques des plis et des sillons.
Hémisphère droit. Face externe (fig. 9). A la
limite des tiers antérieur et moyen est une ahfractuo-
sité à peu près verticale qui échancre profondément le
bord supérieur de l'hémisphère. La situation de cette
anfractuosité, sa direction, sà configuration, sont évi-
demment tout autres que celles de là scissure de Rolando,
72 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
de plus, elle se continue sur la face interne jusqu'au
corps calleux : malgré les anomalies de la scissure de Syl-
vius, on est porté de prime-abord à considérer comme
étantla scissure rolandique le sillon marqué p. o. r. sur
la figure 9, d'autant plus que l'absence du segment obli-
que ascendant du sillon calloso-marginal prive d'un
des points de repère les plus utiles pour la détermina-
tion de la scissure centrale (Brissaud, Anal, du ce¡'-
2ecczcde l'homme, texte, p. LXXV). Mais le sillon situé
en arrière de la grande anfractuosité (marquée R ? sur
la fig. 9), quoique plus éloigné du pôle antérieur de
l'hémisphère, ne peut cependant être considéré comme
la scissure de Rolando à cause de ses rapports topogra-
phiques avec la région de l'insula. L'hypothèse la plus
simple paraît donc être celle qui est indiquée par la
notation de la figure 9. On remarquera que les sillons
pré-et post-rolandiques (pr, prs, p°i et por) s'abou-
chent dans la scissure de Sylvius, dont le dernier pa-
rait même continuer directement l'extrémité posté-
rieure ; de plus, ces sillons sont chacun indivis sur
toute sa longueur, anomalie, il est vrai, très fréquente,
et le prérolandique est en outre déformé par un pro-
cessus de rétraction qui intéresse et défigure complè-
tement les trois frontales antérieures ; on voit aussi
que F2 est dédoublée sur presque toute sa longueur.
La conformation des lobes pariétal et occipital est
également d'une interprétation délicate en l'absence
des points de repère habituellement fournis par la ré-
gion rolandique, l'extrémité postérieure de la scissure
de Sylvius, la pariéto occipitale; celle-ci n'atteint pas le
bord supérieur de l'hémisphère (feg.9 et 10).On pourrait
à la rigueur considérer la portion postérieure de la scis-
sure de Sylvius (portion non ombrée sur la figure 9)
comme étant le sillon que Brissaud (l. c., p. LXXIII il
LXXV) appelle 1' « incisure du lobule pariétal infé-
rieur » et qui est fourni, tantôt par le sillon parallèle
(111cl., schéma 42,ï). tantôt par le sillon interpariétal
HliJiIAGI : \1 : SII : CÉRÉBELLEUSE
73
(schéma43). Le sillon marqué port ? représenterait alors
l'extrémité postérieure de la scissure de Sylvius ; le
gyrus supra-marginal serait naturellement plus étendu
d'arrière en avant. Mais cette manière de voir cadre
difficilement avec la continuité parfaite de la scissure
de Sylvius (S) avec le sillon, à la vérité peu profond,
marqué Sp dans la fig. 9 ; elle soulèverait en outre di-
verses objections secondaires.
Le pli courbe (Pc) élant repéré à l'extrémité posté-
Pic. 9. Face externe de l'hémisphère droit. Nomenclature de
Déjerine, comme pour les figures suivantes.
rieure du sillon parallèle (tl), on peut fixer aux points
marqués G mu et op 1'' ? , le lobule du pli courbe (gyrus
supra-marginal) et l'opercule pariétal. Mais, dans cette
hypothèse, qui paraît pourtant la plus plausible, le
pli courbe ne présente pas ses rapports habituels avec
la pariéto-occipitale(laquelle, d'ailleurs, n'atteint pas la
face externe) et l'on cherche vainement les plis verticaux
deGromier sur le trajet du sillon inlerpariétal (1t G ? ).
Le lobe temporal (légèrement endommagé pendant
le durcissement au point occupé par des hachures) ne
74 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
présente pas d'anomalie notable sur là face externe. Il
est très aplati de haut en bas, et, sur l'hémisphère en
place, son diamètre vertical dépasse à peine l'épaisseur
de Tl. La face supérieure de celle-ci présente une par-
tie antérieure horizontale et une partie postérieure à
peu près verticale ; l'une et l'autre se continuent direc-
tement en dedans avec les portions correspondantes des
lobes frontal el pariélal : l'insula n'est'donc pas diffé-
renciée en lobe distinct, mais la partie antérieure de
la face supérieure de Tl offre deux sillons antéro-
postérieurs très profonds, et sa partie postérieure pré-
sente deux sillons dont l'un part de la profondeur de
la région insulaire et vient émerger en Sp' et dont l'au-
tre (Sp ? ), beaucoup plus superficiel, vient, sur la face
externe, se terminer dans le gyrus supra-marginal.
Face interne (fig. 10) ? La circonvolution du corps
calleux (lui) n'est différenciée que dans son tiers anté-
rieur environ : elle cesse de l'être au niveau d'un
sillon profond (fig. 10, en arrière de Parc) qui se con-
tinue en bas presque jusqu'au corps calleux, aune petite
distance duquel il se bifurque. Un pli de passage volu-
mineux l'unit à la circonvolution frontale interne ( ? .F7). ).
En avant de ce pli, un sillon compliqué et très pro-
fond peut être considéré comme le grand sillon
métopique (g m) pour lequel Déjerine n'emploie pas de
notation spéciale (voir Dé,jerine, Anatomie des centres
nerveux, I, fig. 180, p. 294 et 181, p. 299), et qui se
continue en bas avec le sillon sus-orbitaire. En arrière
du sillon qui continue R ? (fig. 9), les sillons de la face
interne se continuent radiairement jusqu'au corps
calleux et, en arrière de celui-ci, jusqu'au trigone laissé
à nu par sa face supérieure. Leur disposition est tout
û. fait semblable à celle que Forel et Onufrowicz (Ibid.,
Iiâ. 378, p. 759) ont rencontrée dans un cas d'agénésie
du corps calleux. On ne saurait la confondre, malgré
certaines analogies (plus étroites encore dans l'hémi-
phère gauche) avec celle que Brissaud (schéma 26, p.
HEMIAGENESIE CEREBELLEUSE.
75
LV), a représentée dans son Anatomie du cerveau
de l'homme, où il donne aux plicatures de la première
limbique correspondant au lobule paracentral et au
lobe carré les noms de pentagone antérieur et penta-
76 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
gone sous-ovalaire et celui de pentagone du lobe carré.
On a vu, au cours de la description de la face interne,
que la limite antérieure du précuneus ne peut être
exactement déterminée, vu l'absence de la portion as-
cendante de la scissure calloso-marginale (cz' ? ) et les
profondes déformations de toute la région rolandique :
la région tout entière comprise entre le sillon continuant
R' et la scissure pariéto-occipilale (p. o.) ne peut donc
être l'objet d'aucune détermination formelle : c'est seu-
lement d'après quelques analogies avec le cas de Forel
et Onufrowicz (Déjerine, 1, fig. 378, cm) que nous in-
diquons dubitativement la situation du sillon calloso-
marginal ( ? )
Lascissure pariéto-occipitale (p. u.) est relativement
élevée : malgré la situation très antérieure que nous
avons proposé d'attribuer à la scissure de Holando. le
lobule paracentral n'est guère plus éloigné que d'ha-
bitude de la scissure pariéto-occipitale. Celle-ci est très
profonde vers son extrémité antérieure, au niveau de
laquelle il n'existe pas de pli de passage pariéto-occi-
pital, etqui se continue ainsi directement avec la cal-
canne. En arrière, la pariéto-occipitale n'atteint pas le
bord de l'hémisphère : elle se divise en 2 branches qui
limitent en avant un pli très large et fortement con-
tourné : celui-ci (¡¡ po), situé sur le bord de l'hémis-
phère, unit P' à 01 : on ne saurait cependant l'homo-
loguer au pli pariéto-occipital interne et supérieur de
Gratiole. La calcarine (lui) est normale. Les plis de
passage cunéo-limbiques font naturellement défaut; il
existe un pli de passage cunéo-lingual à peiné saillant sur
le fond de la scissure, dont il occupe la partie moyenne.
De l'extrémité antérieure de la scissure I> ? p o part
une anfractuosité sulciforme profonde (fig. 10) qui
se dirige il peu près transversalement en bas et se perd
sur la troisième temporale. Sa lèvre antérieure est
formée en haut par le pulvinar et le trigone et plus bas
parla deuxième limbique (L 2). Il n'existe pas, même
HÓUAGÉNÉSIE CÉRÉBELLEUSE. 77
dans sa profondeur, de pli de passage rétrolimbique ;
elle isole donc complètement la deuxième limbique des
circonvolutions situées en arrière. Celles-ci sont très
complexes. Le lobule lingual ne fait qu'un avec le lo-
bule fusiforme. De plus, la région qui leur correspond
est considérablement déformée et très aplatie, compara-
tivement à la région homologue de l'hémisphère gau-
che, grâce à l'hémialrophie du cervelet.
La circonvolution de l'hippocampe est large et aplatie
dans sa partie antérieure. Immédiatement en arrière
de l'uncus, très allongé d'avant en arrière, elle devient
brusquement ascendante, s'unit en dehors à la cir-
convolution sous-jacente par un pli de passage li-
mité pas l'anfractuosité sulciforme, puis s'effile en ac-
compagnant le pilier postérieur du trigone et se perd
en avant de l'anfractuosité. Le sillon de l'hippocampe
proprement dit est ainsi à peu près vertical sur toute sa
longueur. Il est très profond, ainsi que le sillon de
l'uncus auquel il fait suite ; sa profondeur est encore
augmentée par la grande largeur de la fimbria dont le
bord libre déborde en dedans le corps godronné et
estcouché sur le subiculum. La fimbria présente ses
rapports habituels de continuité avec le pilier posié-
rieur du trigone. Le corps godronné est mince, très
court, froncé seulement au voisinage de l'uncus ; son
extrémité postérieure semble se perdre sur l'hippo-
campe, sans qu'on puisse saisir son passage sur la face
supérieure de la lame représentant le corps calleux, ni
déceler la moindre formation rappelant la fasciola ci-
nirea. La bandelette de l'uncus est également indis-
tincte.
Vers le pôle temporal, T1 est fortement aplatie de
haut en bas; nettement séparée en ce point de la cir-
convolution de l'uncus par l'incisure temporale (il), elle
se continue à ce niveau avec T 4 (nomenclature de Bris-
Mud). Celle-ci est limitée plus en arrière par un sil-
lon superficiel (l3 ? ) très court.
78 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Le grand sillon occipito-temporal de Pansch n'existe
pas. L'incisure temporale (il) qui, au-dessus et en ar-
rière du pôle temporal, forme la limite inférieure de la
circonvolution de l'hippocampe devientrapidementsu-
perficielle ; le sillon obliquer ? ? ),quel'on voit plus en
arrière, a à peine un millimètre de profondeur et ne
détermine donc pas de saillie dans la cavité du ventri-
cule sphénoïdal ; de plus, il n'existe pas, dans la région
des lobules lingual et fusiforme, de sillon que l'on
puisse considérer comme le continuant au-delà de l'an-
fractuosité sulciforme. La partie inférieure de cette der-
nière (ot. ? ) peut à la rigueur être considérée comme
représentant o t.
Quant au sillon marqué t3, il est très court, se
termine en arrière en dehors de la région du lobule fu-
siforme et ne détermine pas de saillie dans le ventri-
cule : on ne peut donc, lui non plus, le considérer
comme étant le grand sillon occipito-temporal de Pansch
et Brissaud, quelque signification qu'on admette pour
la circonvolution qu'il limite en bas, par exemple celle
d'un simple pli de passage temporo-limbique (- tl).
Hémisphère gauche. Faceea ? ? (fig. 11). Al'u-
nion des deux quarts antérieurs est une anfractuosité
large et profonde, un peu oblique en arrière et en bas,
qui s'ouvreen bas dans la fosse de Sylvius et se conti-
nue sur la face interne. Elle rappelle le grand sillon
anormal de l'hémisphère droit (Il ? ' ? fig. 9), mais elle est
plus profonde et beaucoup plus rapprochée de l'extré-
mité antérieure de l'hémisphère. Elle reçoit et défigure
les deux sillons frontaux externes ; les circonvolutions
frontales situées en arrière convergent vers la partie
moyenne de sa lèvre postérieure ; on distingue dans sa
profondeur plusieurs saillies arrondies et des plis de
passage. Le sillon très oblique (R ? ) qui est situé en ar-
rière ne peut, il première vue, être considéré comme
représentant la scissure de Rolando, à cause de la grande
distance qui sépare son extrémité inférieure de la scis-
HÉMIAGÉNÉSIE CEREBELLEUSE. 79
sure de Sylvius et à cause de sa concavité en avant qui
rapproche son extrémité supérieure de l'extrémité
antérieure de l'hémisphère ; mais on ne peut le consi-
dérer comme le sillon prérolandique, lequel, d'après
Déjerine (.4. des Centres nerveux, 1 p. 252), « n'at-
teint qu'exceptionnellement la scissure interhémis-
phérique » : il échancre, en effet, le bord supérieur de
l'hémisphère et se continue sur la face interne. D'autre
part, la circonvolution que le sillon R ? limite en ar-
1,'ic,. 11. - Face externe de l'hémisphère gauche.
rière, s'oppose, il est vrai, par sa direction, aux trois au-
tres frontales, mais elle est difficile à identifier, sur-
tout vers son extrémité inférieure, au milieu de toutes
les anomalies, liées probablement à la présence de
l'anfractuosité anormale, qui déforment la région com-
prise entre l'èxtrémité inférieure du sillon marqué
R' ? et la scissure de Sylvius : il semble qu'une ré-
traction, secondaire ou primitive, ait attiré les cir-
convolutions frontales, déjà formées ou simplement
ébauchées, vers le centre de la dépression frontale
80 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
(ombrée sur la fi-. 11) en relevant les extrémités in-
férieures de Fa, R et por suivant la direction des flèches,
et en bouleversant du même coup la disposition,des
opercules sylviens. La notation adoptée pour la figure
11 semble ainsi la plus plausible, même en l'absence du
point de repère précieux fourni par le sillon calloso-
marginal (voir la description de la face interne) : il pa-
raît aussi préférable de fixer l'extrémité inférieure du
sillon central à une dislance anormale de la scissure de
Sylvius, au lieu de considérer ce sillon comme se conti-
nuant plus bas, après interruption par un pli de passage
(marqué 11) unissant, indirectement, Fa à Pa. L'oper-
cule qui occupe à peu près la situation de l'opercule
rolandique devient donc l'opercule pariétal (op P'2 ? )
et l'opercule rolandique(op Il ? ) appartient ainsi à la
lèvre postérieure de la grande dépression. Vers son ex-
trémité supérieure, R est interrompue par un pli de
passage mi-profond, invisible sur la figure 11, situé
dans la région marquée de deux croix; un peu au-des-
sous, R envoie un sillon qui traverse P a et s'unit à
p 0 1- 8.
Le grand nombre des anomalies de ce territoire du
cortex permettrait peutclre déconsidérer comme étant
la scissure de Rolando, interrompue en en R ? , le sil-
lon manqué p o r i, pour, p o r s : P1 et P2 seraient
alors moins étendus en avant ; l'opercule rolandique
serait en op P2, et l'opercule pariétal serait représenté
par le pli situé entre le précédent et le gyrus supra-
marginal (G. s ni) ; mais cetle interprétation serait
infirmée par la différenciation relativement assez nette
des deux circonvolutions centrales.
L'insula présente essentiellement la môme configu-
ration que dans l'hémisphère droit.
Les anomalies du reste de la face externe sont beau-
coup moins accusées : continuité de lapariélo-occipi-
tale et de l'incism e de Jensen (J ? ); indépendance et
com plexi té des sillons du pli courbe (Pc) qui ne dépendent
HEMtAGKNÉSIE CÉRÉBELLEUSE. SI
ni de ip ni de t 1 ; - profondeur et longueur de o2 qu'on
serait tenté de prendre pour o a, n'étaient sa direction
et la règle de nomenclature d'après laquelle Pc s'anas-
tomose avec 0 ? ;- extrême minceur de TI et fusion de
t avec t 9 2 au-dessous du pli courbe.
Face interne (fig,12 et 13). Comme sur la face externe
les anomalies sont beaucoup moins nombreuses que cel-
les de l'hémisphère droit. La premièl e] imbique est mieux
différenciée. De son extrémité antérieure part un sillon
Inc. 12. Face interne de l'hémisphère touche.
profond qui va rejoindre, sur le bord de l'hémisphère,
l'anfractuosité profonde signalée sur la face externe.
Cette anfractuosité se continue en outre çiir la face in-
terne par un sillon assez large, mais superficiel, qui
disparaît avant d'atteindre la circonvolulion du corps
calleux. La délimitation du lobule paracentral et du
précun6us roste douteuse en l'absence du point de repère
fourni par la branche oblique ascendante du sillon cal-
loso-marginal (c m ? ). Il en est de même pour le pli
pariéto-limbique antérieur ( -p la). Quant au pli oc-
ARCHIVES, 2° série 1906 t. XXII. 6
82 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
cupant la situation du pli pariéto-limbique postérieur,
sa détermination est naturellement purement conven-
tionnelle, de même que celle des plis cunéo-limbiquc
et rétro-limbique. La scissure pariéto-occipitale ne pré-
sente qu'un on deux plis de passage très profonds, à
peine visibles ; son extrémité antérieure ne se confond
pas avec celle de la calcarine (fig. 13) ; 'celle-ci
est bifurquée en arrière. Le lobule lingual est large et
pourvu de sillons complexes. Il s'unit directement à
la deuxième limbiquc par deux plis très contournés.
Le lobule fusiforme, nettement séparé du précédent
par le grand sillon-occipito temporal de Pansch (0 t),
présente en outre une conformation plus simple : il
n'est pourvu que de quelques sillons superficiels : il se
continue en avant avec T '. Le sillon de Pansch n'est
interrompu que par un pli de passage très mince mais
absolument superficiel ; il est bien distinct de l'iu-
cisure temporale, et contourné en avant par la qua-
trième temporale qui vient s'unir a, '1' au niveau du
pôle temporal. A ce niveau, le lobe temporal est fortement
aplati de haut en bas. La quatrième temporale est par-
faitement dislincle et séparée delà troisième par un
sillon profond et ininterrompu qui suit les inflexions
du sillon de Pansch. La troisième temporale s'unit au
contraire v 1' 2 par un large pli situé vers le tiers
moyen du lobe.
La circonvolution de l'hippocampe esta peu près nor-
male (lig. 13), mais saface supérieure, recouverte d'une
forte couche blanche, est plus large et plus plate que
normalement. Le sillon de l'hippocampe est distant du
bord du hilc de l'hémisphère de 15 mm. environ. Sur
presque toute sa longueur, le fascia dentata, finement
godronné, dépasse en dedans le bord libre de la fimbria;
celle-ci, après une légère courbure en dehors (invisible
sur la figure 13) vient s'aboucher dans un petit tuber-
cule lenticulaire qu'un sillon curviligne profond sépare,
en arrière, en dedans et en avant )de la deuxième limbique.
HKMIAGUNESIE CÉRÉBELLEUSE.
83
Ce sillon peut être considéré comme l'extrémité posté-
rieure, seule représentée ici, du sillon de l'uncus : on
pourrait rapprocher l'absence de différenciation de
l'uncus, ou du moins sa différenciation incomplète
(si on le considère comme représenté seulement par le
tubercule lenticulaire), du fort développement de la cir-
84 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
convolution de l'hippocampe à son extrémité anté-
rieure. On voit, sur- la figure 13, la fimbria se continuer
directement avec le pilier postérieur du trigone ; quant
au corps godronné, il ne se sépare de la précédente qu'à
son extrémité supérieure pour se perdre sur la face
supérieure de la mince lame transversale, à extré-
mité postérieure, bifurquée en queue d'hirondelle,
qui représente à ce niveau le corps calleux ; il est con-
tinué par une saillie à peine visible (nerf de Lan-
cisi ? enfouie dans la profondeur du sinus du corps cal-
leux.
Dans la plupart des cas publiés ! l'agénésie partielle du cervelet,
la lésion avait été latente ou du moins ne s'était traduite, ainsi
qu'on le verra plus loin, que par des symptômes trop vagues pour
permettre un diagnostic précis. Les trois premières observations
sont rapportées plus au long par Thomas (Le cervelet, thèse de
Paris 1897) ; la quatrième est indiquée parïollemer dans son inté-
ressant article du traité de Pouclia[,(1-1')i-issau(l (t. IX, p. 408
414, 1904).
Dans le cas d'Amiral (Clinique médicale, t. V, p. 713, 4e édit.
cité d'après Thomas), il existait à la place de l'hémisphère gauche
« une sorte de moignon ou tubercule » où aboutissaient trois fais-
ceaux correspondant aux trois pédoncules cérébelleux. « Ce tu-
bercule avait la forme d'une amande, sa surface était cannelée
de manière àprésentor en miniature la surface de l'autre hémis-
phère [ ? ]. »
Dans le cas de LallemenL fSoc. anat., 186 ? cité d'après Thomas),
l'hémisphère gauche « visible seulement quand on examine la
face inférieure du cervelet, est réduit il une petite masse du vo-
lume d'une grosse noisette, appendue à la partie latérale de la
protubérance, continue avec le pédoncule cérébelleux moyen,
et divisée par un sillon en doux parties qui répondent, l'anté-
rieure au lobule du pneumogastrique, la postérieure à l'amyg-
dale ». Outre l'atrophie secondaire du noyau rouge et de l'olive
bulbaire du côté opposé, il existait encore de t'atrophie croisée du
corps strié. ,
Dans le cas de Ililzig (8° Congrès des neurol. et aliénistes de l'.Il-
lenxagne du Sud-Ouest, 1884 ; cité d'après Thomas), l'hémisphère
droit était réduit à deux lobules, l'un, du volume d'un haricot,
adjacent au bord médian de l'hémisphère gauche ; l'autre, gros
comme un noyau de cerise, était séparé du précédent par un pro-
longement méninge et par le pédoncule cérébelleux moyen. Le-
HI : JIIGÉN1 : SIG CEREBELLEUSE. li5
lui.ci « prend naissance dans ces deux lobules de sorte qu'ils re-
présentent les moitiés supérieure et inférieure de l'hémisphère. «
Le vermis était atrophié en partie ; « le vermis supérieur est
enterré dans sa plus forte part dans l'hémisphère gauche et sous
le rudiment du lobe supérieur droit. » Le vermis inférieur était
représenté probablement par un lobe anormal de la base de
l'hémisphère gaucho, en arrière de l'amygdale. Il existait en
outre de l'atrophie de l'olive bulbaire du côté opposé et des
racines du trijumeau droit et de l'acoustique gauche ; la protu-
bérance paraissait extraordinairement réduite dans ses dimen-
,
sions.
« Le lobe postérieur du cerveau était très manifestement plus
volumineux à droite qu'à gauche et plus gros que normale-
ment. »
Dans lecas de Neuburger et Edinger (t), l'atrophie presque to-
tale d'une moitié du cervelet ne se traduisit par aucun symp-
lûme. Le vermis et l'hémisphère gauche étaient normaux ; l'hé-
misphère droit était représenté par une masse du volume d'une
noisette « ayant absolumenLl'aspectd'une formation cérébelleuse
normale, adhérente l'extrémité antérieure du vermis. L'amyg-
dale gauche était « tout il fait normale ». Les pédoncules céré-
hcllcw supérieur et inférieur étaient reconnaissables mais con-
sidérablement atrophiés. 11 y avait en outre de l'atrophie de l'o-
live bulbaire gaucho, et un amincissement considérable de la
moitié droite du pont : « 11 n'existe clue quelques minces fais-
ceaux que l'on voit émerger de dessous l'hémisphère atrophié,
entourer le pédoncule cérébral puis se perdre sur la face interne
de celui-ci ? L'origine du trijumeau droit se trouve ainsi miseànu,
de môme que la pénétration du pédoncule cérébelleux supérieur
dans l'hémisphère droitatrophié. » L'examen microscopique, lon-
guement rapporté par les auteurs, du cerveau postérieur et des
pédoncules cérébraux, dénota de plus l'atrophie (les noyaux et des
racines de plusieurs nerfs crâniens, acoustique et surtout noyaux
du pneumogastrique droit et de l'accessoire. C'est la lésion de
ces derniers centres que les auteurs rattachent les troubles car-
diaques qui ont entraîné la mort.
Les ligures annexées au mémoire, et notamment celle (fig. 5)
qui représente la face latérale droite du tronc cérébral et du cer-
velet, montrent une grande analogie entre ce cas et celui de Des. ;
mais le large faisceau blanc qui borde en haut et il droite la cavité
du quatrième ventricule est moins long que chez 1)., et est recou-
vert en grande partie par des lamelles cérébelleuses; l'atrophie
(1) Einseitiger fast totaler Mangel des Cerebellums. Varix oblon-
galie. Herxtod durch Vagusreizung. Berl. Llirt. Voc/f.,XXV.n'"4,
p, 09 à 72, el 5, p. 100 103, 1898.
SG ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
considérable delà moitié droite du pontet l'existence de lamelles
ou lobules sur toute la longueur du faisceau blanc en question
rendent la persistance du flocculus beaucoup moins frappante.
On peut rapprocher des observations précédentes, celle de
\Icn2e1 (rapportée par Thomas, 1. c, p. 185 à 190) intéressante
par ce fait que l'atrophie a peu près généralisée à tout le cerve-
let était moins accusée au niveau du flocculus : « Les lamelles
sont minces; colles de l'amygdale, du vermis, (lu ilocculus sont
plus épaisses ? D'une façon générale les parties les plus proches
du Ilocculus sont les moins altérées (p. 190). »
Cause et époque probables des arrêts de développe-
ment. Si, dans notre cas, comme dans ceux d'Andral,
Lallement, Neuburger, etc., on peut en toute certitude
exclure l'hypothèse d'une destruction d'origine inllam-
matoire d'organes ou parties d'organes déjà constitués,
la cause procliaine de l'agénésie ne peut être précisée.
Les méninges étaient absolument normales iL l'oeil nu ;
l'examen macroscopique du cerveau rhomboïdal, sur
des coupes espacées de quelques millimètres faites après
durcissement au llüller, ne dénota aucune lésion in-
flammatoire ou dégénérative. D'autre part, l'agénésie fut
absolument latente : on sait que les connexions de cha-
cune des masses grises (corticales et centrales) du cer-
velet sont bilatérales, et que les voies qui en partent et
y aboutissent, les unes surtout directes, d'autres sur-
tout croisées, sont, par rapport a chaque hémisphère
cérébelleux, beaucoup moins inégalement réparties
entre les deux moitiés du corps que les voies longues
dépendant des hémisphères cérébraux. On comprend
donc que les impressions reçues au cours de l'évolution
aient pu être recueillies à peu près comme chez un
individu normal et que celles qui sontltt base du fonc-
tionnement du cervelet aient pu s'organiser d'une façon
suffisante dans l'hémisphère unique.
Pourtant, dans le cas d'rlndrltl, oit le cerveau et les
méninges ne présentaient rien d'anormal, il existait
certains symptômes qui se rattachent probablement à
la malformation cérébelleuse : tremblement intention-
HI;DII : 1GLNL;SII : CÉRÉBELLEUSE. 87
nel, strabisme bilatéral, maladresse, incertitude delà
marche, due probablement « à une disposition conti-
nuelle à la frayeur. » Le malade de Lallement, mort 11
53 ansd'hémorrhagie méningée, n'avait présenté que
de la lenteur de la marche. L'observation de Hitzig per-
met de saisir le mécanisme delà latence en montrant
comment la compensation put devenir insuffisante :
jusqu'à l'age de 32 ans la malade n'avait été , qat'« une ar-
riérée et une inhabile »; puis, sous l'influence d'un pro-
cessus surajouté (paralysie générale), on vit apparaître
de nombreux troubles de la coordination, surtout du
côté droit. On a vu plus haut que l'atrophie portait ex-
clusivement sur l'hémisphère cérébelleux droit ; on
connaît d'autre part la prédilection des lésions de la péri-
encéphalite pour les hémisphères cérébraux : ce serait
donc l'intervention de ces derniers, du droit en parti-
culier, qui aurait assuré pour un temps très long le
fonctionnement normal du névraxe.
Mais dans les cas d'atrophie acquise (sclérose, etc.),
unilatérale, et d'ailleurs limitée, rapportés par Thomas,
les symptômes cérébelleux furent presque toujours
multiples et bien caractérisés : obs. de Meschede : mou-
vements de manège et de rotation sur axe longitudi-
nal ; obs. de Kirchoff : démarche chancelante, ataxie
des quatre membres; obs. de Lévèque : incertitude de
la marche, rétropulsion, impossibilité de la station. Par
contre, la malade de Mayor, atteinte d'idiotie et d'épi-
lepsie congénitales, ne présentait pas de troubles de la
locomotion, et, dans les attaques, la chute avait lieu en
avant « sans qu'on eût observé de rotation ».
S'il estimpossible de préciser la cause, on peut fixer
approximativement l'époque do l'arrêt de développe-
ment. On sait que le vermis, partie du cervelet a
plus ancienne ontégéniquement (t phylogéniquement,
présente déjà quelques sillons transversaux vers le
troisième mois (Mihalkovicz, Déjerine) et que, à cette
époque, le (locciiltis est déjà représenté par une saillie
S8 .1N\TODIfI : PATHOLOGIQUE.
bien distincte sur la face inférieure de la portion de la
lame alaire qui formera plus tard l'hémisphère céré-
belleux. Celui-ci ne commence à prendre sa forme défi-
nitive que dans le courant du quatrième mois. Il man-
que complètement chez Des ? C'est donc il la fin du
troisième mois qu'aurait agi le processus inconnu qui
en aarrêlé l'évolution. A en juger par analogie, c'est
également vers la même époque qu'il aurait agi dans
les cas, cités plus haut,d'Andral,de Lallement et d'IIit-
zig. Il est d'ailleurs probable, malgré l'absence d'exa-
men microscopique de l'encéphale, que le flocculus,
en connexion immédiate avec le volumineux faisceau
blanc remplaçant les pédoncules cérébelleux du côté
gauche présentait ses connexions normales, soit avec
les noyaux du nerf vestibulaire (Stscherbach) et de
l'abducens (Bruce), soit avec le noyau dentelé (Thomas,
p. 150) du côté opposé : son pédoncule, à myélinisation
très précoce, pénètre directement dans la protubérance
où il se distingue nettement des autres voies cérébel-
leuses, pour se diriger, en contournant en dehors les
fibres du corps restiforme, vers le plancher du qua-
trième ventricule.
Les lésions, consécutives à l'absence de développe-
ment de l'hémisphère cérébelleux gauche sont l'atro-
phie presque complète de l'olive bulbaire du côté op-
posé (droit), et le faible développement des noyaux gris
de la moitié droite de la protubérance dans la région
du pied : les deux pyramides bulbaires étant de volume
sensiblement égal, il est probable que la différence
entre les deux côtés du pont est due à l'agénésie des
noyaux gris du côté droit intercalés aux fibres trans-
versales venues des pédoncules cérébelleux moyens et
difficiles à distinguer à l'oeil nu des faisceaux de fibres
pyramidales coupés transversalement. On sait d'ailleurs
que l'atrophie croisée de la protubérance est de règle
dans les lésions cérébelleuses unilatérales, expérimen-
tales ou pathologiques, et l'on admet généralement,
HI : fLaGI;NliSl1 ? CEREBELLEUSE. 89
avec Thomas que « le pédoncule cérébelleux moyen
prend sa principale origine dans la substance grise du
pont, du côté opposé à l'hémisphère cérébelleux auquel
il se rend, mais contient aussi des fibres dont l'origine
se trouve dans la substance grise du pont du même
côté (l. c., p. 100). »
De même que celle de l'olive et de la protubérance,
l'atrophie croisée du noyau rouge se présentait avec
ses caractères ordinaires. Quant aux malformations
des hémisphères, elles sont en majeure partie indé-
pendantes de celles du cervelet : telles sont l'atrophie
du corps calleux, les nombreuses anomalies des circon-
volutions. On sait, d'autre part, que les lésions éten-
dues d'un hémisphère cérébral entraînent une atrophie
croisée du cervelet, mais la réciproque ne se rencon-
tre pas, et c'est en vain que l'on chercherait dans les
observations de lésion unilatérale de ce dernier organe
une atrophie même légère des régions corticales eu rap-
port direct avec le noyau rouge. Le poids de chacun des
hémisphères cérébraux ne peut d'ailleurs pas donner à
ce sujet des indications précises : chez Des., en effet,
l'hémisphère gauche est plus lourd que l'hémisphère
droit ; mais celui-ci présente sur sa face inférieure une
dépression notable où se logeait l'hémisphère cérébel-
leux droit, du moins en grande partie, car la forte dé-
viation à gauche de l'axe du cerveau postérieur corri-
geait en partie l'asymétrie de développement : un
espace plus considérable qu'a l'état normal était ainsi
réservé à l'hémisphère gauche, plus long que son con-
génère de 7 millimètres.
D'ailleurs l'asymétrie compensatrice des hémisphè-
res cérébraux est impossible à évaluer, grâce aux mal-
formations surajoutées des circonvolutions.
Ces malformations, très différentes d'un hémisphère
à l'autre, ne dépendent qu'en partie de l'agénésie par-
tielle du corps calleux et du lobe limbique. Les pre-
mières scissure ? (calcarine,limbique, etc.),apparaissent
90 CLINIQUE MENTALE.
vers le milieu du quatrième mois ; peut-être le proces-
sus qui a créé les anomalies des hémisphères n'a-l-il
agi qu'à partir de ce stade pour se continuer jusqu'au
moment de la différenciation des lobes frontaux et des
régions rolandiques.Mais dans l'état actuel de la science
on ne peut pas affirmer qu'il ait été, sinon indépen-
dant du processus qui a entraîné l'hémiagénésie céré-
belleuse, du moins d'une origine postérieure.
CLINIQUE MENTALE
Les symptômes oculaires de la
Paralysie générale ;
par
¡\, ¡WnmT
Médecin adjoint (le l'asile
de Monl<lc,"cl'gnc8,
el
IHJB 0 S
Interne de l'Asile de
Monlilevergttes
P. PANSIER
Ancien chef de clinique ophtalmologique
de la Faculté de Médecine de
Montpellier.
Pour établir une revue d'ensemble des troubles oculo-
pupillaires de la paralysie générale, il faut observer
ces symptômes oculaires aux trois périodes de la Para-
lysie générale,et, à chacune de ces périodes, étudier suc-
cessivement. : 1° les troubles pupillaires; 2° les trou-
bles visuels ;- 3° les symptômes qui dépendent des
rapports vasculaires de l'oeil et de l'encéphale; - 4°
les altérations du fond de l'oeil; 5° les symptômes
oculaires accessoires.
Première période, TROUBLES PUPILL 11RES. -y
L'inégalité des pupilles est le signe le plus fréquemment
observé au début de la paralysie générale. Ce symplû-
LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE. 91
me n'a aucune signification si les réflexes pupillaires
sont normaux,car l'inégalité pupillaire avec intégrité
parfaite des mouvements de la pupille se rencontre
non seulement dans toutes les psychoses, mais encore
dans l'anémie, la tuberculose ganglionnaire, le goitre
exophtalmique, les excitations douloureuses des nerfs
sensitifs, etc., et même chez des individus auxquels
il est impossible de trouver une tare quelconque. On a
exagéré l'importance du symptôme isolé : l'inégalité
pupillaire, dans la paralysie générale. Ce signe n'a de
valeur que parce qu'il s'accompagne, chez les paralyti-
ques généraux, d'altération des réflexes soit 11 la lumièl'e,
soitàl'accommodationou même d'immobilité pupillaire
complète. C'est' en cela que l'inégalité du paralytique
général est toujours pathologique, et révèle l'existence
dutrouble oculaire essentiel de la maladie : fo2latalnzo-
plégie interne à. développement graduel et progressif.
Le Myosis dans la paralysie générale, c'est-à-dire le
resserrement exagéré de la pupille,peut être simple ou
double, suivant qu'il y'a ou non inégalité pupillaire; c'est
un trouble paralytique et non spasmodique. En effet,
l'instillation d'atropine ou d'ésérine agit sur la pu-
pille du paralytique général, et n'agitp.as, au contraire,
sur le myosis spasmodique des névroses. Le même pro-
cédé sert à démontrer que la mydriase qu'on observe
encore plus souvent que le myosis dans la méninge
encéphalite diffuse est aussi paralytique. Toutefois, la
réaction de la pupille dilatée à l'instillation d'atropine
est faible et s'accompagne de troubles du réflexe con-
sensuel. En revanche, ainsi que Toulouse et Yurpas (1)
l'ont démontré, l'effet de l'atropine se fait sentir plus
longtemps (parfois huit ou dix jours) chez les paralyti-
ques généraux que chez les individus non paralytiques
généraux soumis aux mêmes instillations.
Le signe d'A 1'g,ljll-Robe1'tson : perte de la réaction à
la lumière avec conservation des mouvements 1l l'ac-
(1) TOULOUSE et UIlPA3. ? Journal de Neurologie, n° 3, 1904.
92 CLINIQUE MENTALE
commodation, est rarement pur, mais se présente avec
des combinaisons diverses de lenteur de la réaction pu-
pillaire à la lumière et de paresse il l'accommodation,
soit d'une seule pupille, soit des deux pupilles. Car si,
d'ordinaire, l'ophtalmoplégie interne suit une marche
progressive : parésic du réflexe pupiliaire à la lumière,
puis paralysie de ce même réflexe : parésie de l'accom-
ll1odation,puis paralysie de ce réflexe accommodateur,
très souvent aussi le trouble oculaire suit une marche
irrégulière et les deux yeux ne sont pas atteints égale-
ment. En sorte que le signe d'Argyll-ltobertson peut
être unilatéral ; mais qu'il soit simple ou double, il est
presque toujours immuable, lorsqu'il s'est définitive-
ment constitué.
Le fazcx.l°gllRobettson,qui se caractérise par l'ab-
sence du réflexe à la lumière en même temps qu'il y a
parésie du réflexe àl'accommodation, estun symptôme
encore plus fréquemment observé que le vrai Argyll-
Robertson, surtout à la période d'état.
Les déformations et irrégularités pupillaires sont
fréquentes, et Joffroy (1) et Shrameck ont insisté avec
raison sur l'intérêt de ces troubles pupillaires. Du reste,
ces signes se retrouvent dans toufes les psychoses aussi
bien que dans le tabes et la syphilis, et même chez l'in-
dividu sain. Toutefois on peut s'étonner que les autenrs
n'aient pas insisté jusqu'ici sur l'excentl '¡cite pitpit-
iaire, c'est-à-dire la situation anormale de la pupille
qui n'est plus au centre de l'iris, mais empiète soit sur
le bord interne, soit sur le bord externe. C'est une con-
séquence des déformations et des irrégularités.
1,'airopitie particulière de l'iris décrite par Dupuy-
Dutemps(2) se rattache à la fois à la déformation pupil-
laire et au signe d' Argyll- Hobertson. Cet amincisse-
ment de l'iris avec perle de ses reliefs existe aussi
(1) Jowhoy. Journal de médecine et de chirurgie, 10 juin 18S,
.lor.rnov. Des signes oculaires dans la la paralysie générale.
i)-ciiii,es de Neurologie, mai 1904.),
(2) DupUY-nuTEps. Annales d'oculistique, septembre 1905.
LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE. 93
bien dans la paralysie générale que dans le tabès et
lasyphilis. Ainsi que dit Dupuy-Dutemps,ce symptôme
est d'une grande valeur, aussi bien en médecine légale
que pour les contrats d'assurance.
Dès la première période il faut signaler aussi : la per-
te de la dilatation réflexe aux excitants périphéri-
ques qui résulte, de la disparition des sensations cons-
cientes ; la2-éactio2zpay-adoxale de lapupille qui consiste
dans la dilatation de la pupille sous l'influence d'une
vive lumière (ce signe, décrit par lloukhine, n'a de
valeur que s'il s'accompagne de l'Argyll-Robertson) ;
l'hippus ou alternatives de contraction et de dilatation
de l'orifice pupillaire sans qu'il y ait aucun changement
dans l'éclairage ; la disparition dit réflexe à la dou-
leur qui est souvent très précoce ; les altérations du
réflexe de Galassi ou rétrécissement de la pupille
quand la paupière se ferme ; le réflexe de Piltz ou
rétrécissement pupillaire et momentané quand on s'op-
pose avec le doigt à l'occlusion des yeux, qui n'existe
que dans la paralysie générale, le tabès, la syphilis et
la catatonic.
Tous ces symptômes, les uns très rares, les autres
plus fréquents, prennent en s'associant l'importance
qu'il n'y aurait pas lieu d'attacher à l'un d'eux isolé-
ment.
Il faut noter encore : L'abolition du réflexe consen-
suel qui indique une lésion périphérique de l'appareil
innervateur de la pupille. Ce signe accompagne d'or-
dinaire la mydriase paralytique.
Les paralysies de la musculature externe de l'oeil
avec exophtalmie légère et réductible non douloureuse
peuvent être lapremière manifestation de la Paralysie
générale ou apparaître brusquement à la suite d'un ic-
M. Ces paralysies sont : 1° passagè1'es,2° incomplètes,
3° récidivantes . D'ordinaire, le moteur oculaire com-
mun est atteint le premier. Ces caractères donnent aux
paralysies qui se présentent au cours de la paralysie
94 CLINIQUE MENTALE.
générale leur valeur diagnostique spéciale. Il en est de
môme du nystagmus qui est rare, quelquefois observé
au début, plus souvent pendant un ictus ou il la suite
d'un ictus, et dès lors s'accompagne de troubles hémi-
plégiques et aussi du blépharospasme et de la paralysie
de l'01'biculaire des paupières.
La déviation conjuguée de la tête et des yeux, est
un symptôme important pendant l'ictus, d'après des
phénomènes différents qu'il faut étudier : 1° au point
de vue de la lésion encéphalique elle-même ; 2° au
point de vue du siège de cette lésion.
Lorsque l'ictus du début s'accompagne d'ltcJJlio]Jie,
elle est fugace et il est très difficile de se rendre compte
de l'existence de ce trouble visuel à cause de l'état
du malade. La isolé, sans ictus, au début de la
Paralysie gé nérale, indique l'existence de la syphilis (1).
Lorsque l'anestlièsie corneen ? le existe au début de
la paralysie générale, elle n'est pas accompagnée de
troubles vasculaircset nutritifs (il on est de même dans
l'hystérie) mais, caractère distinctif, se présente sous
forme d'ltémianestl/( ! sie et est due à l'alcoolisme
qu'on retrouve dans les antécédents du malade.
l'ar suite, l'anesthésie cornéenne est une indication
pour le diagnostic rétrospectif ou ctiologique. Lors-
que ce signe se présente au moment des ictus, il persiste
très peu de temps. Le zona ophtalmique (2) est, dans
ccrîains cas, un signe très précoce du début de la pa-
ralysie générale.
Troubles de la vision. Ils sont très difficiles à étu-
dier et, d'ordinaire, très lents à s'établi1'.LorsCll1cl'af-
faiblissement de la vue existe, le malade met long-
temps à s'en apercevoir contrairement à l'opinion de
Robin (3). Sauf des cas rares (horloger obligé de cesser
(1) HUUN c6 iltott.vs. Troubles de la vision et Traité de palholo-
gie générale, 1904.
(2) 1)ornu. Thèse de Paris, 1898.
(3) HoniN. Thèse d'agrégation, 1880.
LLS SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE. Or)
son travail) et peut-être alors faut-il invoquer l'influence
de la syphilis, la vue est conservée presque intacte
jusqu'à la fin (1).
Les troubles visuels du paralytique général, lors-
qu'ils existent, s'accentuent à la suite d'un ictus, s'at-
ténuent pendant les rémissions, et atteignent les deux
yeux inégalement .
Lorsque le paralytique général est en même temps
fumeur et alcoolique, ou même diabétique ou albumi-
nurique, il est très difficile de faire la part de l'alcool,
du tabac, du sucre, et de la lésion cérébrale, car toules
ces causes contribuent à l'affaiblissement de la vue. 11
faut donc signaler, pour la mise en valeur du symptôme
amblyopie, l'importance de l'étude des antécédents et
l'examen des urines.
Le rétrécissement du champ visuel est rare à la pre-
mière période el alors qu'il n'y a aucune lésion visible
à 1'opltt.almoscope.
Lorsque le champ visuel est rétréci chez les paralyti-
ques généraux, les caractères du rétrécissement sont en
général : d'être régulier ; d'être un t¡'oltble passager
intermittent ; depe1'mett1'e de pronostiquer l'atrophie
prochaine. D'ordinaire, le champ visuel est normal.
Lorsqu'il y a 7tc;ntiopie, il faut penser à la syphilis,
La migraine ophtalmique , qu'elle soit simple (sco-
tome scintillant, céphalée sus-orbitairc, vomissements),
ou accompagnée (mêmes symptômes avec troubles
passagers d'Itr : nZio21e ou d'aphasie ou d'épilepsie par-
tielle), est un excellent symptôme du début qui (toit faire
rechercher les autres signes de la paralysie générale.
De même, l'importance du scotome ou lacunes du
champ visuel consiste en ce que ce trouble est fréquent
surtout chez les intoxiqués par le tabac et l'alcool. Sa
présence au début de, la paralysie générale sert au dia-
gnostic ÏO/OMg.
La dyschromatopsie qui survient sans lésions ophtal-
;I) Jean Gai.I'.zoxyski. Thèse de l'nris, Juin 1901. 1.
96 CLINIQUE MENTALE.
moscopiques est liée à thémianestluisie, et dès lors il
faut rechercher l'influence du tabac, de l'alcool ou du
sucre ; ou bien c'est un symptôme qui accompagne l'ic-
tus, et dans ce cas, d'après lraiTL-Ebin ? (1), le rétrécisse-
ment est très mai 'que pour le blanc. Quelquefois même
la vision est seulement centrale. Cependant, même
à ce degré, ni lira(T't-l;bin7, ni Kornfeld, n'ont trouvé
des lésions ophtalmoscopiques expliquant ce fait. Quel-
quefois, à la première période, le malade souffre de né-
m'algie oculaire.
Les aberrations visuelles (micropsie, érythropsie,
etc.), sont rares. Les hallucinations visuelles ne sont pas
toujours dues à l'alcoolisme, mais elles sont plus fré-
quentes chez les paralytiques généraux alcooliques,
plus rares toutefois que dans les délires toxiques et
n'ayant pas les mêmes caractères.
Symptômes qui dépendent des.rapports VASCULAI-
RES de L'ŒILETDHL'ENCÉPHA.LH. L'examen ophtal-
moscopique permet de reconnaître dans l'oeil des para-
lytiques généraux, dès la première période, certains
signes qui n'ont d'importance qu'à la condition de les
associeraux symptômes pupillaires et généraux, soit : la
congestion papillaire et l'A ? /pJrgMMe totale ou par-
tielle de la papille ; les flecluosités des veines de la
rétine ; l'anémie neuro-rétinienne avec décoloration
de la papille qu'on trouve au début de la forme mélan-
colique, de même qu'elle existe chez les mélancoli-
ques et les maniaques, aussi bien du reste que dans
certains cas où il n'y a aucune lare ; la dilatation et les
/lexuo.sités variqueuses des veines rétiniennes.
Ces signes se retrouvent aussi chez les déments, les
imbéciles et même chez des individus sains. Leur valeur
pour le diagnostic est donc discutable. Cependant, il
faut les signaler.L'es dème papillaire pMp/so'ë,
les anévrismes miliaires de la rétine et surtout la scié-
(1) KnAFI"T.EHING, Festrchrift Illeman Heidelberg, 1892.
LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GENERALE. 97
rose périvasculaire des vaisseaux neuro-rétiniens
prennent déjà une signification plus haute, parce qu'ils
sont le point de départ du processus atrophique qui
frappe le nerf optique.
La choroïdite et la Ch01'io-¡-ètinite sont des symptô-
mes de grande valeur puisque, d'après Brun et lIoraa (1),
qui en ont fait une étude spéciale pour le diagnos-
ticétiologique, elles résultent presque toujours de la
syphilis qui a laissé sur la rétine et la choroïde, sa
membrane nourricière, des exsudats blanchâtres, jau-
nes, rouges et surtout noirs. Du reste, les taches sont
une indication pour la recherche de l'albumine et du
sucre, car albuminurie et diabète s'accompagnent de
taches blanches et d'hémorrhagies multiples et dissé-
minées de la rétine.
Deuxième période. - Tandis qu'à la première, les
troubles oculaires présentent une intermittence et une
variabilité qui dépendent d'influences toxiques, elles-
mêmes intermittentes, et des ictus plus ou moins fré-
quents, à la deuxième période, les troubles pupillaires
deviennent presque toujours définitifs.
A l'ophtalmoscope, ou bien on trouve un fond d'oeil
normal, ou bien les symptômes peu accusés et varia-
bles de la papille signalés à la première période : liséré
2)é-iuctsculai;-e, oedème pé1'ipapillaire, hyperémie
papillaire allant jusqu'à l'1uimor¡-hagie rétinienne
après plusieurs ictus épileptiformes ; ce serait même là
un excellent symptôme pour le diagnostic rétrospec-
tif dans le cas d'un malade entrant à l'hôpital après
une attaque; ou bien encore, mais plus rarement que
dans le tabe ? , on se trouve en présence de l'évolution
de la névrite optique et de l'atrophie papillaire.
Les caractères de l'atrophie papillaire du paralyti-
que général sont d'être : 1° Primitive, comme dans le
tabes et la sclérose en plaques ; 2' Incomplète, et c'est
(1) Baux et Morax. - Troubles de la vision, in Traite de patho-
logie générale, 1904.
Archives, 2' série, 190f, t. XXII. 7 .
98 CLINIQUE MENTALE.
là encore un clément précieux de diagnostic. La déco-
loration commence par le côté temporal. Lorsque ces
troubles débutent, l'aspect trouble et louche de la papille
lui a fait donner le nom de papille lavée. (Raviart) (1).
La trame du tissu conjonctif est plus visible que dans
le tabes, et l'excavation centrale plus marquée. Les
vaisseaux conservent leur calibre normal. En somme,
l'atrophie du nerf optique est moins étendue ; 3° Elle
est bilatérale, le plus souvent, mais les lésions ne
sont pas les mêmes dans l'un et l'autre oeil : elles sont
plus accusées d'un côté ; 4° Elle est lente; 5° Les trou-
bles de la vision ne sont pas parallèles au développe-
ment de l'atrophie. C'est là le symptôme le plus essen-
tiel pour le diagnostic, et i^faut considérer avec Klein (2)
que ce seul caractère permet de différencier l'airopitie
duparalytique général, lorsqu'elle existe, de l'atro-
phie du tabéliqite et des troubles visuels dans l'alcoo-
lisme chronique . En même temps que l'atrophie évolue,
il y a conservation de la vue. (Jean Gazelowski.)
Lorsque l'atrophie s'accompagne, ce qui est rare, de
rétrécissement du champ visuel, ce rétrécissement
n'est pas concentrique (3) . Lorsqu'il y a, en même temps
qu'atrophie, dyschromatopsie, le rétrécissement pour
les couleurs est concentrique au rétrécissement pour
le blanc. Ce sont les couleurs rouge et verte dont le
champ de vision se rétrécit en premier lieu comme chez
l'alcoolique.
Comme à la première période, les Iésionsdec7zoTOï-
dite, de clWJ"io-Î"etinite ,Je sGlàochor'oïdite posté1'ieuJ'e
avec taches pigmentaires sont probablement dues à
un processus sgp7tilititiqice ayant évolué antérieure-
ment etprennent,de ce fait, une signification importante
pour le diagnostic étiologique.
De même aussi, les hémorrhagies en flammèches
(1) et I)n\J.1N. - Archives de Neurologie, mars 1904;
KÍ : IlAYAL et Raviaiit. - Arclr. de Neurologie, août 1 904.
12 KLEIN. - Wien Médical Presse, 1887, Il' 3.
(3) Jean e) : ? ca/ Prec, Paris, 1904.
(3) JEAN GALEXOWK). y/;MË dcft ? 1904.
LES SYMPTOMES OCULAIRES DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE 99
autour de la papille, ou bien les granulations volumi-
ne uses et réfringentes existant sur la surface de la
rétine peuvent aider au diagnostic rétrospectif (ictus)
ou de complications (albuminurie), soit que la paraly-
sie générale survienne chez un albuminurique, soit que
le mal deBright évolue chez un paralytique général.
D'où la nécessité de l'examen des urines du malade
en traitement. 1. ,
Troisième période. A la fin de l'évolution de la
paralysie générale, se vérifie en général cette loi que,
« si les troubles de la vision ne suivent pas une marche
parallèle aux lésions oculaires, les lésions du fond de
l'oeil évoluent parallèlement aux lésions du cerveau.» ·>
Les troubles pupillaires sont très nets et immuables ,
qu'ils se présentent sous la forme de : Signe d'A7gyll
Robertson ou de pseudo-Argyll Robertson. Et beau-
coup plus rarement, l'immobilité à la lumière et à
l'accommodation est complète.
C'est le terme final de lor7atalnzoplégic interne
progressive, qui, lorsqu'elle est bilatérale, signifierait
pour le diagnostic : « une lésion nucléaire entraînant la
paralysie du muscle ciliaire quelque temps après celle
du sphincter de la pupille (Déjerine), ce qui s'explique
par ce fait que les noyaux sont très rapprochés.
A ces signes s'ajoutent quelques symptômes de moin-
dre importance comme Venophtalmie qui accompagne
les états cachectiques. Même it ce moment, les r,énzis-
sions, déplus en plus rares, les ictus, de plus en plus
fréquents, influencent les unes favorablement, les au-
tres défavorablement, la marche des symptômes ocu-
lo-pupillaires.
En général, les lésions ophtalmoscopiques progres-
sent, mais le malade conserve la vue presque intacte.
Il meurt avant d'être aveugle (1). Tel est le tableau
(1) Jean GAL ! : XOSKt. Le fond de l'oeil dans les affections du
système nerveux. Thèse de Paris, juin 1904.
100 , CLINIQUE MENTALE.
complet des yeux du paralytique général aux divers
stades de sa maladie.
Cette revue d'ensemble des troubles oculo-pupillai-
res dans la paralysie générale ne peut s'établir que par
l'observation, non pas d'un très grand nombre de ma-
lades, pris à un moment quelconque de l'évolution de
la maladie, mais de paralytiques généraux suivis de-
puis le début de leur affection jusqu'à la terminaison (1).
Il semble que la cause de certaines divergences entre les
auteurs au sujet de l'importance de l'inégalité pupillai-
res, par exemple, ou des contradictions des statistiques
en ce qui concerne la fréquence des altérations du fond
de l'oeil, tienne à plusieurs raisons :
1° Les malades n'ont pas été examinés à la même pé-
riode de leur affection.
2" Les statistiques portent d'ordinaire sur des para-
lytiques généraux au début, c'est-à-dire au moment
où ces malades se laissent le plus facilement examiner.
3° En effet, à la période la plus avancée de la maladie,
alors que les lésions sont très apparentes, cet examen de-
vient très difficile à cause de l'indocilité fréquente du
malade. Ici intervient la forme : ou cxpansive, ou dé-
pressive, ou tabétiforme de la paralysie générale qui in-
primeau caractère du malade une tournure spéciale.
Dès lors aussi entre en jeu la patience de l'observateur,
non moins que son habileté à manier l'ophtalmoscope.
4° Enfin, il faut se garder de se laisser suggestionner
et se méfier de soi-même. Aussi, tout examen de l'oeil
doit-il être fait par plusieurs observateurs qui se con-
trôleront réciproquement L'aide d'un ophtalmologiste
est indispensable, en même temps qu'il est indispensa-
ble aussi d'examiner des yeux sains, afin de ne pas con-
fondre les altérations sans importance diagnostique et
qui se rencontrent à l'état normal, avec les états patholo-
giques. Il n'est pas moins nécessaire de répéter l'examen
(1) A. HODIET, P. CAUS, P. PAUSIER. - De la valeur diagnostique
des symptômes oculaires aux trois périodes de la paralysie générale.
(Dupuy, éditeur, Montpellier 1906).
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 101
àplusieurs jours d'intervalle, etpendant plusieurs mois.
Telle est la méthode qui donne les garanties les plus
rigoureuses pour une étude aussi délicate et sujette à
des résultats aussi contradictoires de la part des obser-
vateurs qui ont traité cette question. D'autant plus que
la division classique en trois stades se succédant régu-
lièrement : début, état, terminaison, division que nous
avons adoptée pour la clarté du sujet, ne s'applique
pas d'une façon absolue à la description des yeux des
paralytiques généraux. Aussi bien à cause des ictus qu'à
cause des rémissions, certains symptômes oculaires
s'accusent, tantôt dès la première période, tantôt au
contraire ne surviennent qu'à la fin. De sorte que le ta-
bleau clinique des troubles visuels du paralytique géné-
ral est complet quelquefois dès le début; d'autres fois,
les signes observés sont très peu manifestes, alors que
la cachexie est déjà survenue.
CONGRÈS
DES
MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES
SESSION DE LILLE ; ler-7 août 1906
La séance d'ouverture du XVP Congrès des médecins
aliénistes et neurologistes de France et des pays de lan-
gue française s'est tenue, mercredi matin, salle du Con-
servatoire, sous la présidence de M. Charles DELESALLE,
maire de Lille, entouré de MM. l'Inspecteur général de
l'Assistance publique, le Dr Drouineau, représentant M.
le Ministre de l'intérieur ; le professeur Grasset,deMont-
pellier, président du Congrès ; Lyon, recteur de l'Acadé-
mie de Lille; de M. l'Inspecteur du 1" corps d'armée; de
M. Combemale, doyen de la Faculté de Médecine et de
M. Chocreaux, médecin en chef de l'asile public d'aliénés
de Bailleul, secrétaire général.
1\1. le Maire a ouvert le Congres par une allocution
charmante, dans laquelle il se félicite de l'honneur qui
102 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.
lui échoit de présider la première séance et du plaisir de
souhaiter la bienvenue aux médecins aliénistes.
M. DELASSALLE souhaite que ses concitoyens offrent
aux congressistes une hospitalité digne d'eux. Il croit que
les médecins aliénistes ont choisi un champ très favo-
rable à leurs travaux. Il fait l'éloge de M. Vincent, préfet
du Nord, dont les questions d'hygiène sociale et d'assis-
tance sont les constantes préoccupations et souhaite
finalement aux congressistes de faire progresser leurs
méthodes. L'allocution de M. Delessalle a été longue-
ment applaudie.
M. le Maire a donné ensuite la parole au Délégué de M.
le Ministre. M. l'Inspecteur Drouineauespëreque la nou-
vel session, qui s'ouvre sous les meilleurs auspices, ne
sera pas moins féconde queles précédentes.Il fait l'éloge
de M. le professeur Grasset, l'éminent neurologiste, ap-
pelé à diriger les travaux du Congrès; de la ville de Lille,
où la vie industrielle ne le cède enrien à la vie intellec-
tuelle, et de la région du Nord, où les oeuvres d'assistance,
d'hygiène, sont nombreuses et intéressantes et ou les asi-
les d'aliénés ont acquis une importance et une notoriété
indiscutables.
M. l'Inspecteur se félicite, pour l'humanité, de la va-
leur de l'école psychiatrique française. Le Conseil supé-
rieur del'Assistancepubliqueest, dit-il, saisi de plusieurs
questions nées des travaux des Congrès ; l'unification
des retraites et le mode d'hospitalisation qu'il fautappli-
quer aux délirants aigus, la réglementation nouvelle dont
le service médical des asiles doit être doté afin de rendre
plus efficace le traitement des aliénés. Ces questions
vont occuper une grande partie de la prochaine session
du Conseil supérieur de l'Assistance publique (1).
M. l'Inspecteur met en lumière l'importance de cet
acte et ses conséquences. Il estime que la considération
d'un corps grandit avec la valeur personnelle de ceux
qui le composent, et le soin qu'on apporte à son recrute-
ment. Il termine en rappelant qu'il semble qu'il y a, en ce
(1) Nos lecteurs savent la part importante qui revient dans ces
réformes au Progrès Médical, aux Archivés de Neurologie et il leur
Rédacteur eli chef.
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 103
qui touche le milieu aliéniste, quelque chose de changé.
L'opinion publique, dit-il, s'émeut plus que par le passé
des choses qui touchent de près ou de loin à l'aliénation
mentale. On sent que les réformes sont nécessaires, on a
le désir manifeste d'y travailler, et déjà les faits en don-
nent la preuve. Persévérez donc, Messieurs, dans la voie
que vous vous êtes tracée, puisqu'elle ne vous promet
pas seulement des résultats pour l'avenir, mais qu'elle
vous en apporte de réels et de certains dans le présent.
L'allocution de M. l'Inspecteur, si logique et si raison-
née, a été particulièrement goûtée.
M. le professeur CiR 4 SSET, à qui M. le maire donne la
parole, prononce alors un remarquable discours sur la
psychiatrie et la neurologie, dont nous reproduisons le
préambule.
Une oeuvre, qui affirme sa vitalité par seize congrès succes-
sifs, et dans chacun de ses congrès, par les importants rap-
ports et travaux que vous connaissez, répond nécessairement
aune idée juste et occupe certainement une place importante
dans l'évolution contemporaine de la science médicale.
Pour être utile et fécond, un congrès doit assurément grou-
per les hommes qui s'occupent spécialement d'une branche
donnée de la médecine. Mais il doit surtout ne pas exagérer
cette spécialisation étroite, qui trop souvent aboutirait à un
émiettement faux et dangereux.
La principale cause du succès constant et croissant de notre
oeuvre est certainement ce fait que, loin d'exagérer la spé-
cialisation, notre Congrès a toujours compris qu'il devait
grouper en un seul faisceau et faire utilement collaborer les
aliénistes et les aiezcroLoistes,c'est-à-dire tous ceux qui aiment
et étudient le système nerveux de l'homme.
Trop longtemps les médecins, raisonnant comme le public,
ont séparé les maladies de l'esprit et les maladies du corps et
parqué les aliénistes et les neurologistes dans des domaines
isolés, séparés par une haute muraille, sans autre ouverture
que quelques meurtrières, et par un large fossé , sur lequel
aucun pont ne permettait le rapprochement et la collabora-
tion de ces voisins méfiants, qui étaient presque tentés de se
considérer comme des rivaux.
Aujourd'hui, tout cela est bien et heureusement changé.
On a renversé les murailles et comblé les fossés et, avec une
émulation féconde, tous travaillent ensemble,s'entr'aident et
se complètent pour mener à bien la difficile muvrecohmurie.
104 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
Aujourd'hui tout le monde sait que les aliénistes, comme
les neurologistes, étudient les maladies du corps. Quelleque
soit leur opinion personnelle sur l'âme des philosophes, ils
ne poursuivent qu'un but et n'ont tous qu'un désir : appro-
fondir le plus possible le fonctionnement normal et morbide
du systeme nerveux, garantir leplus possible la société contre
l'envahissement progressif par les systèmes nerveux anor-
maux, guérir ou tout au moins soulager le plus possible les
malades du système nerveux.
Ce n'est pas trop de l'effort combiné de tous pour obtenir
ces graves et difficiles résultats.
Pinel et Charcot, rapprochés aujourd'hui sur le parvis de la
Salpêtrière, sont comme le symbole de cette union féconde,
que les aliénistes etles neurologistes réalisent magnifique-
ment à l'intérieur de ce même temple, glorieusement élevé à
la science neurologique française.
Voilà l'idée mère de notre oeuvre, qui donne à nos Congrès
une place à pari, au milieu de tous les autres Congrès, qui
sont, pour la plupart, trop larges ou trop étroits. Notre Con-
grès exprime l'union de tous les travailleurs du système ner-
veux basée sur l'unité même de ce système nerveux.
Il m'a paru utile d'affirmer et de développer cette pensée,
quiestbanale pour vous, mes chers Collègues, mais qui ne
l'est peut-être pas encore pour tous nos confrères, pour l'en-
semble du monde scientifique et pour tous ceux,si nombreux,
qui s'intéressent aux choses de la science et plus spécialement
aux questions, si éminemment sociales, du système nerveux.
Et, comme votre Président est condamné par l'inexorable
tradition à payer par un discours l'honneur que vous lui avez
fait en le désignant, il m'a paru bon d'essayer de démontrer
une fois de plus devant vous 1 unité de la science du système
nerveux de l'homme, étudié à l'état normal et pathologique,
l'unité de la neurobiologie humaine.
On peut ranger sous trois chefs les preuves de cette unité.
La science des aliénistes et la science des neurologistes ne
lorment qu'une seule et même science, puisque l'une et l'au-
tre étudient le même objet, appliquent les mêmes méthodes,
poursuivent le même but.
Son discours terminé etles applaudissements qui l'ont
accueilli ayant cessé, M. Grasset déclare ouverte la XVI'
session du Congrès des médecins aliénistes et neurolo-
gistes.
Après quelques mots de M. le Dr Giraud, président du
XVe Congrès, et la lecture du rapport de 1\1.le Dr Sizaret,
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 105
secrétaire général du XVe Congrès, M. le prof. Grasset,
président, met aux voix l'élection des présidents d'hon-
neur, vice-présidents et secrétaires du Congrès. Sont
nommés :
Président d'honneur : M. Drouineau, inspecteur géné-
ral, représentant M. le ministre de l'intérieur ; M. le pré-
fet du Nord ; M. le maire de Lille ; M. le doyen de la Fa-
culté de Lille ; M. Régis, ancien président; M. Lemoine,
l'un des fondateurs du Congrès ; M. Crocq, représentant
du gouvernement belge ; M. Ballet, président de la So-
ciété de neurologie ; M. Briand, président de la Société
médico-psychologique. Vice présidents : MM. Antheau-
me, Chardon et Sicard. Secrétaires des séances : IZiI.
Meige, Baruk, Pochon et René Charpentier.
La parole est à M. Maurice DIDE pour l'exposé de son
rapport.
Le sang chez les aliénés.
Dans un préambule net et conçis, lI. DmE expose les traits
généraux de son travail :
Le poids spécifique du sang est légèrement augmenté dans
les états démentiels. Dans l'épilepsie,on note,au contraire, un
abaissement qui précède la crise ; la densité revient d'ailleurs
très vite à la normale. L'alcalacence du sang s'abaisse dans
les états toxi-infectieux el dans l'épilepsie au moment de
l'attaque. Les variations des éléments minéraux ont été peu
étudiés, on sait seulement que, dans l'épilepsie, pendant les
intervalles,l'urée est légèrement augmentée et pendant l'accès
très notablement. D'autre part, les sels dépotasse, qui dans
l'intervalle des crises se dosent dans des proportions norma-
les, sont manifestement augmentés pendant les accès.Puis il
étudie les éléments figurés du sang : 1° L'hypoglobulie avec
abaissement de la valeur globulaire, en psychiatrie,est géné-
ralement symptomatique d'une intoxication ou d'une infec-
tion ; 2° L'hyperglobulie est la traduction d'un état de con-
centration moléculaire du sang ; 3" Il est intéressant de voir
l'abaissement de la résistance globulaire coïncider souvent
avec la diminution de l'alcalesccnce du sang ; 4° La polynu-
cléose avec hyperleucocytose s'observe au début des psychoses
toxi-infectieuses et dans les états d'agitation ; 5° La mono-
nucléose avec augmentation des grands mono,et légère hypo-
leucocytose, est un fait d'autant plus important à retenir
qu'il est plus rarement constaté en pathologie ; 6° l'éosino-
philie est l'indice de phénomènes critiques ; 7° les altérations
106 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
cycliques des globules rouges et des globules blancs dans
l'épilepsie sont la traduction de l'auto-intoxication cyclique
de cette affection.
Puis M. Dide aborde l'étude bactériologique :
Dans les maladies mentales toxi-infectieuses, l'hémoculture
est souvent positive sans qu'aucun des germes trouvés puisse
être considéré comme spécifique.
Les germes retirés du sang en dehors des périodes hyper-
thermiques peuvent être considérés comme saprophytes en
ce sens qu'ils ne sont pas naturellement nocifs pour les ani-
maux, et qu'ils ne se manilestent par aucun symptôme cli-
nique permettant d'affirmer leur existence, ce qui n'implique
pas d'ailleurs que leurprésence soit négligeable,car le passage
de bactéries dans le sang est un fait anormal. Ces germes
acquièrent une grande importance par ce fait qu'ils peuvent
voir leur virulence s'exagérer et devenir des facteurs impor-
tants dans la production des phénomènes pathologiques.
Des germes habituellement pathogènes peuvent circuler
dans le sang des aliénés à l'état de saprophytes. C'est un fait
nouveau sur lequel a insisté M. Dide, puisque l'on peut
affirmer que des bactéries ayant des caractères morpholo-
giques et de culture identiques peuvent être trouvés dans le
sang des aliénés soit à l'état de saprophytes, soit à l'état
d'agents pathogènes,en sorte qu'on en arrive à concevoir que
ce qui fait la spécificité pathologique d'une bactérie est un
caractère d'emprunt qui peut être conservé ou abandonné
par cet organisme mono-cellulaire sans altérer ses caractères
biologiques généraux.
Les recherches de CHARRIN et Guignard, de Roux et CHAM-
$FaLND avaient démontré qu'on peut provoquer le polymor-
phisme par les modifications des milieux de culture des
germes.
Enfin, vu les réactions histo-chimiques, ni l'aspect mor-
phologique ni les réactions bio-pathologiques ne sont spéci-
fiques chez les bactéries.
Le rapporteur fait part alors de ses études sérologiques :
On est amené à désirer une simplification dans la nomen-
clature des substances à allures diastasiques dont le nombre
se multiplie d'unefaçon inquiétante. On peut admettre l'unité
del'alexine, agent dissolvant de toutes les cellules à élimi-
ner. Plus on ira et plus deviendront fréquentes les analogies
entre les alexines et les toxines albuminoïdes. La destruction
de cellules provoque deux réactions l'une, très forte, aboutit
à la production d'une substance agissant sur les cellules dé-
truites ; l'autre produit une substance agissant d'une façon
diffuse sur un grand nombre de cellules. Cette façon de voir
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 107
prend une importance doctrinale, car la spécificité des réac-
tions diastasiques perd son absolutisme et ne doit plus être
considérée que comme une adaptation d'une aptitude la-
tente qui comprend probablement la fonction sensibilisa-
trice et la fonction antitoxique.
Cette conception simple limite autant que possible le droit
de cité d'agents dont l'individualisation n'est parfois que
logique et rationnelle, sans démonstration expérimentale,
mais encore elle montre qu'une même fonction, orientée par
des facteurs différents produit des effets très dissemblables.
Enfin la fonction de défense est troublée chez les aliénés par
ordre d'intensité dans les psychoses -confusionnelles aiguës
ou suraiguës.
31. Dide en arrive alors aux conclusions psychiatriques :
L'hématologie entraînera dans l'avenir un remaniement
profond dans la psychiatrie. L'étude de l'hérédité gagnera
quand les altérations du germe seront plus complètement
connues au point de vue expérimental ; or, dès maintenant,
les méthodes existent ; il suffit de multiplier et de coordon-
ner les résultats. Les maladies du foetus fourniront d'impor-
tants documents au point de vue de l'héritage que l'in-
dividu apporte en naissant.
Le rapport de M. Dide est de nature àsimplifier beaucoup
la nosologie mentale ; d'abord les constatations de labora-
toire ont confirmé ce qu'avait fait prévoir la clinique ; le dé-
lire des infections et des intoxications aiguës doit désormais
ne comporter qu'une description : il est la traduction d'une
atteinte directe de la cellule pensante par des toxiques char-
riés par le sang. Les psychoses toxi-infectieuses subaiguës
sont la traduction d'une atteinte plus ou moins diffuse des
cellules noblesdu cortex par des toxiques complexes. On est
en présence de ce qu'on peut appeler les manifestations mé-
tatoxi-in/'ectieuses.
Dans les états mentaux chroniques de ce groupe, la même
pathogénie intervient, mais ici, entrent en jeu les altérations
des tissus de soutien (accidents pczra-toi-iaJ'ectieu). Ainsi
la démence précoce se place à côté de la paralysie générale,
ces deux entités morbides se caractérisant par des délires va-
riables conditionnés par la méta-toxi-infection et par des
troubles physiques progressifs régis par altérations para-toxi-
infectieuses.
La démence précoce n'englobe pas tous les délires halluci-
natoires chroniques, comme pour la paralysie générale,
c'est beaucoup plus les signes physiques que le délire qui
donnent à cette affection sa valeur d'entité clinique.
Les connaissances sur la physiologie pathologique de l'épi-
,108 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
lepsie sont également précisées et la preuve d'une toxémie
cyclique nous est fournie par l'hématologie.
Pour les psychoses d'involution, leur substratum anatomi-
que s'édifie lentement et on conçoit que ce sont des états
mentaux dépendant non seulement de la sénilité du cerveau
mais encore d'altérations hépatiques et surtout thyroïdien-
nes et agissant sur le cerveau par l'intermédiaire de la cir-
culation.
Le point capital que M. Dide a très bien mis en lumière est
que les modificateurs puissants de la fonction de défense
amènent la disparition des phénomènes délirants hallucina-
toires et peuvent même provoquer des guérisons durables de
psychopathies réputées incurables. ,
Si une thérapeutique rationnelle de la folie est créée, ce
sera en partant de ces faits si bien exposés par M. Dide.
M. TATY félicite M. Dide de ce travail appelé à prendre
place désormais dans tous les laboratoires de médecine men-
tale. Il le remercie de l'allusion faite dans son rapport aux
travaux de l'Ecole lyonnaise sur la typho-psychose, travaux
sur lesquels il reviendra d'ailleurs en communiquant au Con-
grès-quelques expériences sur ce sujet. Il demande à M, Dide
s'il a eu l'occasion de rechercher dans le sang le spirochaete
pallida. Trois examens de foie qu'il a faits lui-même dans ce
but ne lui ont donné que des résultats négatifs. L'un de ces
examens fut fait dans des conditions très favorables, M. Taty
ayant suivi la malade depuis les accidents syphilitiques se-
condaires jusqu'à l'éclosion d'une paralysie générale qui né-
cessita l'internement cinq ans après les premiers accidents
syphilitiques et se termina par la mort après cinq ans d'in-
ternement. Aucun spirochète ne put être mis en évidence
dans le foie.
M. DIDE ne peut que confirmer ces constatations négatives.
Toutes les recherches hématologiques qu'il entreprit à ce su-
jet avec M. Bodin furent négatives et cela confirme, déclare
M. Dide, la possibilité de la guérison de la paralysie générale
par le traitement habituel de la syphilis.
M. MAURICE FAURE rappelle les travaux qu'il fit dans le la-
boratoire de il. Gilbert Ballet, de 1898à 1901, avec la collabo-
ration de Laignel-Lavastine et Rosenthal, en cherchant, dans
le sang et dans les humeurs, une explication des troubles
mentaux. La recherche des microbes porta sur 206 cas que
l'on peut diviser en trois séries : une première série comprend
les recherches faites sur le cadavre dans les centres nerveux
eux-mêmes, dans environ 100cas oùlamortavaitétédue à des
maladies infectieuses variées accompagnées d'accidents men-
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 109
taux. Il ne trouva que dans cinq cas des éléments microbiens
dus certainement à des fautes de technique : les microbes se
trouvaient dans les vaisseaux, par conséquent dans le sang,
et présentaient les mêmes caractères que des microbes précé-
demment décrits comme pathognomoniques. La deuxième
série porte sur 64 cas d'affections diverses des centres ner-
veux ; le liquide céphalo-rachidien, examiné pendant la vie,
présenta, dans quelques cas, des colonies microbiennes dues,
là encore, à des fautes de technique. Enfin, dans une troi-
sième série de 46 cas d'examens de sang de malades, présen-
tant des maladies aiguës diverses avec délire, une seule fois
on mit en évidence un élément microbien, c'était le bacille
d'Eberth dans un cas de fièvre typhoïde.
M. Maurice Faure est frappé de la différence qui existe en-
tre ces résultats et les résultats contenus dans le rapport.dont t
l'auteur décrit une vingtaine d'espèces microbiennes banales
trouvées dans le sang de ses opérés. 11 est d'accord avec M.'
Dide sur l'influence des toxines charriées par le sang, alté-
rant les fonctions et la morphologie des éléments cellulaires
centraux et c'était, d'ailleurs, par cetteconclusion que s'étaient t
terminés, en 1901, les travaux de l'auteur.
11. Sasaazès (de$ordeaux). -J'ai fait, avec MM. Régis et
Laurès, des recherches très complètes sur la composition et
les réactions du sang d'un certain nombre de sujets atteints
d'affections du système nerveux (méningite chronique, con-
fusion mentale, démence précoce, stupeur mélancolique, dé-
générescence hystériforme, paralysie générale juvénile, etc.)
Ce qui est le plus remarquable dans les résultats que nous
avons obtenus, c'est leur discordance : nous avons noté tantôt
de l'hyperglobulie, tantôt une légère anémie, tantôt dela leuco-
cytose, tantôt un chiffre normal de leucocytes, ainsi que des
variations de sens contraire des rapports réciproques des glo-
bules blancs, un retard ouune accélération delà coagulation,
etc., etc.
J'ai toujours été frappé, d'autre part, de l'insignifiance des
modifications du sang par rapport à l'énormité de la tare
nerveuse et à l'intensité des lésions et des troubles fonction-
nels du système nerveux.
Sans doute, les causes morbigènes qui peuvent être à l'ori-
gine de la vésanie, causes qui sont parfois infectieuses ou to-
xiques, exercent leur influence et sur les centres nerveux et
sur la crase sanguine ; aussi n'est-il pas surprenant que ledé-
but d'une telle vésanie s'accompagne de modifications du
sang, imputables il ces causes plutôt qu'à la tare nerveuse
contemporaine, et variables avec elles (paludisme, fièvre ty-
phoïde, tuberculose, alcoolisme, syphilis, puerpéralité, etc..)
110 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIKNtSTt ! : S ET NEUROLOGISTES.
Mais les modifications des organes hématopoiétiques et du
sang sont purement transitoires. Il est vrai quelestaresner-
veuses surviventsouventaux causes morbigènes et continuent
à se répercuter de neurone à neurone sans influencer nota-
blement le milieu sanguin. Aussi, à l'acné des vésanies, le
sang peut-il se révéler cytologiquement normal, bien entendu
s'il n'existe pas d'autres tares organiques susceptibles d'agir
pour leur propre compte sur sa composition, plus puissam-
ment que la tare nerveuse (cardiopathies, brightisme, tuber-
culose, etc.). Bien d'autres facteurs, étrangers a la vésanie ou
dans une certaine dépendance vis à-vis d'elle, influent sur le
sang des aliénés : les agents médicamenteux, la thérapeuti-
que physique, les conditions de vie au grand air ou claustrée,
le jeûne et la digestion, le repos ou l'exercice, le régime lacté
ou mixte, les troubles vasomoteurs (états émotifs, hallucina-
tions), etc. Il faudra tenir compte de tous ces éléments dans
les déterminations et aussi dans les interprétations hémato-
logiques futures. Encore faut-il ne pas oublier que, actuelle-
ment, des variations très grandes dans les résultats sont im-
putables à la technique et à l'équation personnelle.
En somme, je crois que bien des tares nerveuses une fois
acquises ne troublent pas d'une façon sensible la composi-
tion morphologique du sang, lequel subit par contre, chez
les aliénés comme chez d'autres sujets, des influences autre-
ment puissantes. Il semble, en outre, contrairement à l'opi-
nion soutenue par M. Dide, que les centres nerveux se suffi-
sent à eux-mêmes dans la défense contre les toxi-infections.
Les globules blancs du sang n'y interviennent que dans cer-
taines infections suraiguës, méningites suppurées, abcès, etc.
Dans les inflammations chroniques ce sont, soit les cellules
dérivées des libroblasies, des parois vasculaires et des endo-
théliums qui réagissent au cours des processus méningés et
vasculaires, soit les cellules névrogliques qui interviennent
quand la substance nerveuse est impliquée dans des inflam-
mations lentes ou dans desnécrobioses.
M. Régis (de Bordeaux). Je regrette que M, Dide n'aitpas
mis en valeur, dans son rapport, la courbe urologique de
ses délirants intoxiqués, en la comparant à leur courbe ou à
leur formule hématologique. En ce qui meconcerne, j'ai tou-
jours constaté qu'aux modifications en plus ou en moins des
éléments figurés du sang correspondaient toujours des mo-
difications de même sens dans la composition des urines. 'e
Par contre, je partage complètement l'opinion de M. Dide-
opinion qui a du reste été souvent émise relativement à
l'influence heureuse de certaines infections sur l'évolution de
quelques maladies mentales. Dans ces derniers temps, des
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 111
améliorations et même des guérisons ont été obtenues par
différents auteurs, qui n'ont pas craint d'injecter à des aliénés
des virus atténués.
31. Sicard (de Paris). - Je puis rappeler à ce propos les re-
cherches infructueuses du tréponème, faites par M. Queyrat
et par moi, dans les centres nerveux et dans les méninges de
plusieurs paralytiques généraux et tabétiques.
31. LÉaI (de Paris). -J'ai recherché également, sansle moin-
dre succès, le tréponème pâle dans le sang et au niveau des
centres nerveux d'un sujet qui a succombé à une méningo-
myélite ascendante aigué développée au cours d'une syphilis
récente.
M. DIDE. Succombant sous le poids des éloges, qui me
payent,et bien au-delà, de mon effort.j'essaierai cependant de
répondre aux objections que vous avez bien voulu formuler.
Je suis tout à fait d'accord avec i\l \1. Taty et Sicard, et la
recherche du spirochæte pallida est toujours négative dans le
sang et les organes des paralytiques généraux.
Les constatations de \l. Sabrazès sont incontestables, mais
je pense qn'il faut, pour édifier une formule leucocytaire
d'un état psychopatique, étant donné les contingences, les
difficultés pratiques, un très grand nombre d'examens pour
conclure et quelques résultats discordants s'annulent dans de
longues séries.
Quant à la question des variétés leucocytaires, j'y ai con-
sacré des développements suffisants, je pense, pour queje
n'aie pas besoin d'insister ; je ne me suis pas étendu sur ce
point dans mon exposé oral pour ne pas fatiguer l'attention
des congressistes quine se sont pas spécialisés dans l'hémato-
logie. Les altérations des para-thyroïdes n'ont jamais, que je
sache. été signalées chez les aliénés.
Les constatations négatives de M. \Iaurice Faure viennent
de ce qu'il a ensemencé à une époque où la technique ' était
mal réglée; il s'est servi de tubes et, actuellement, on emploie
des ballons contenant 250 gr. de bouillon qui sont indispen-
sables pour arriver à des résultats positifs.
Enfin, le reproche de \I. Régis de n'avoir pas parlé des
rapports de l'hématologie et de l'urologie m'a été d'autant
plus sensible queje possède un grand nombre de documents
sur la question, je ne les ai pas publiés craignant d'allonger
à l'excès mon rapport, dont le cadre m'était fixé.
Le cerveau sénile ;
Rapport présenté par nI. le Dr Léri.
I. Vieillesse et sénilité ne sont pas synonymes. La
112 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
vieillesse est la dernière période de la vie, on peut lui
fixer un début conventionnel, l'âge de 60 ans par exem-
ple ; la sénilité indique un état pathologique, que l'on
rencontre presque toujours chez les vieillards, mais qui,
n'étant pas fonction de l'âge, peut s'observer soit beau-
coup plus tard, soit beaucoup plus tôt que le début de la
vieillesse. Cet état peut aussi se constater à un degré
très variable dans les différents organes d'un même
individu,voire même dans les différentes parties d'un
même organe. Aussi il est justifié de décrire une sénilité
tardive et une sénilité précoce, une sénilité générale et
des sénilités locales.
Dans tous les cas, il n'existe pas d'organe sénile et no-
tamment de cerveau sénile, sans lésions'. Les lésions de
tout organe sénile peuvent être essentiellement diffuses,
macroscopiques ou seulement microscopiques , sans
foyer. Elles consistent en : atrophie, simple oudégénéra-
tive, des éléments parenchymateux ; en prolifération
plus ou moins modérée ou localisée des éléments intersti-
tiels ; en lésions scléreuses des vaisseaux. Ces trois sortes
de lésions ne paraissent pas, en général, dépendre l'une
de l'autre, mais toutes trois dépendent de l'ensemble des
intoxications exogènes et endogènes accumulées pendant
toute l'existence, et souvent multipliées dans un âge
avancé, par suite de certaines insuffisances organiques.
II. Etude anatomique. Dans l'étude anatomique
du cerveau sénile, nous avons étudié d'abord le cerveau
en lui-même, dans son aspect extérieur et intérieur, et
dans ses trois sortes de lésions diffuses : lésions du tissu
nerveux, lésions du tissu névroglique, lésions des vais-
seaux. Nous avons réservé, un peu artificiellement, pour
les étudiera part, les lésions en foyer du cerveau sénile
qui sont le résultat fréquent, mais non constant, des
lésions diffuses, spécialement des lésions vasculaires.
1° Le cerveau sénile ATROPHIQUE.- A) Etude macrosco-
pique. - Le cerveau sénile est presque toujours un cer-
veau petit et atrophié, son poids et son volume sonttrès
diminués. L'atrophie ne porte pas de façon uniforme sur
tout le cerveau, mais de façon très prédominante sur les
parties antérieures. (1/3 ou plus souvent 2/3 antérieurs).
La méninge est souvent épaissie, mais, d'autres fois, par-
ticipe à l'atrophie du cerveau. Les cavités ventriculaires
sont très dilatées par suite de l'atrophie de la substance
cérébrale, les parois ventriculaires présentent des modi-
fications variables. Le corps calleux est souvent très
congrès DES médecins- ALlÉN1S ers ET neurologistes. 113
aminci : le septum lucidum est ou mince et transparent,
ou, ordinairement, dur et sclérosé.
La couronne rayonnante et les noyaux centraux parti-
cipent à l'atrophie. D'une façon générale, la substance
blanche de chaque circonvolution paraît beaucoup plus
diminuée que la substance grise. Des dilatations périvascu-
laires (état criblé ou dilatations isolées) paraissent tenir
au retrait du parenchyme cérébral atrophié autour des
gaines vasculaires.
Le cervelet prend parfois part à l'atrophie du cerveau,
mais son atrophie n'atteint pas le même degré.
B) Etude histologique. 1° Tissu nerveux, a) Les
cellules nerveuses s'atrophient et disparaissent : le nom-
bredes cellules atrophiées n'estpasproportionnelà l'âge,
il reste très souvent des cellules saines chez les sujets les
plus âgés. L'atrophie cellulaire peut être simple, avec
raréfaction des corpuscules de Nissl (fausse chromatolyse
centrale) ou avec surcharge pigmentaire. Les diffé-
rentes variétés de granulations pigmentaires qui ont
été décrites sous le nom de « pigment jaune » paraissent
dériver l'une de l'autre et représenter les phases succes-
sives d'un produit de dégénérescence. Aucune de ces al-
térations cellulaires ne diffère essentiellement de certai-
nes altérations que l'on observe en dehors de la sénilité
en particulier à la suite de certaines intoxications pro-
longées (alcoolisme chronique, urémie, etc.).
b) Les fibres nerveuses peuvent être toutes très dimi-
nuées de nombre. Les fibres radiées sont très diminuées
dans la substance blanche et dans là substance grise des
circonvolutions ; les fibres transversales sont également
très diminuées, et notamment les fibres tangentielles de
Tuczek : cette dernière lésion est celle qui paraît avoir
été surtout constatée dans les démences, en particulier
les démences sénile et paralytique ; elle existe aussi
dans les cerveaux de séniles non déments. La dégéné-
rescence des fibres myéliniques se faitgénéralementpar
atrophie simple, quelquefois avec colorabilité anormale,
rarement avec formation de corps granuleux. Des corps
amyloïdes sont assez fréquents et paraissent résulter de
la segmentation de cylindraxes variqueux.
La disparition des fibres myéliniques explique pour-
quoi l'atrophie de la substance blanche paraît beaucoup
plus considérable que celle de la substance grise : la par-
tie périphérique de la substance blanche devient grise
par suite delà disparition des gaines de myéline ; la cou-
nRCIIWES 2- série, 1900, t. XXII. 8
114 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
che grise augmente aux dépens de la couche blanche sous-
jacente.
2° 1 issu névroglique. a) Les cellules névrogliques parais-
sent augmenter de nombre ; mais l'augmentation est sans
doute plus apparente que réelle, elle est surtout relative
et résulte de la diminution des éléments nerveux.
Les noyaux qui entourent certaines cellules nerveuses
en voie de destruction ne jouent nullement le rôle de
neuronoplages ; leur accumulation, toujours modérée,
est due peut-être aune réaction inflammatoire, pluspro-
bablementà une irritation toxique ; peut-être n'y a-t il
qu'une multiplication apparente et, en réalité, un simple
tassement du tissu dans les espaces laissés vides par
l'atrophie des cellules nerveuses.
b) La prolifération des fibriles névrogliques détermine
des scléroses. ,La sclérose sénile est toujours modérée; elle
est diffuse, mais non uniforme et présente des sièges de
prédilection; on observe surtout la sclérose souspie-mé-
rienne, la sclérose périvasculaire.Onvoit quelquefois une
sclérose miliaire de l'écorce cérébrale qui parait être en
rapport avec des crises d'épilepsie sénile, peut-être avec
la démence (5 cas,dont un personnel). Les mêmes lésions
des cellules et des fibres, nerveuses et névrogliques,
peuvent être observées dans l'écorce et dans les noyaux
gris centraux.
3° Vaisseaux. Les lésions artério-scléreuses des vais-
seaux intra-cérébraux ne sont pas toujours proportion-
nées aux lésions athéromateuses des vaisseaux de la
base ; elles ne sont pas non plus analogues dans les dif-
férentes parties d'un- même cerveau, ni même dans les
vaisseaux les plus voisins. La lésion est une artérite le
plus souvent totale ; plus rarement on constate l'endarté-
rite, la périartérite, la mésartérite. La dégénérescence
colloïde, la dégénérescence fibro-hyaline, la dégénéres-
cence calcaire sont plus rares. Les lésions des capillaires
sont peu connues ; la dégénérescence graisseuse ne
semble ni très fréquente ni proportionnée à la sclérose
des petites artères.
4° Toutes les lésions en foyer paraissent déterminées
surtout par les altérations vasculaires ; l'altération du
parenchyme est peut-être une cause prédisposante. Ces
lésions sont :
1. Des scléroses périvasculaires et « paravasculaires » ;
cette dernière variété, rare, aurait une disposition en
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 115 J
rapport avec la distribution des vaisseaux, mais se loca-
liserait non à leur pourtour, mais à distance, dans les
parties sans doute les plus mal irriguées ; 2. des hémor-
rhagies miliaires qui sont très fréquentes dans les cer-
veaux séniles et sont tout à fait indépendantes de tout
anévrysme miliaire ; 3. des petits foyers multiples de
« ramollissement incomplet », tel que ceux de 1' « atrophie
artério-scléreuse du cerveau »,de l' « encéphalite chro-
nique sous-corticale », de la « destruction corticale
sénile » ; 4. des foyers de désintégration lacunaire.
5. des foyers d'état vermoulu ; 6. de gros foyers de
ramollissement et à'hémorrhagie cérébrale.
5° Les lésions diffuses ne paraissent, au contraire, pas
être sous la dépendance directe des altérations des vais-
seaux. Les scléroses diffuses et les atrophies nerveuses
de la sénilité sont dues sans doute à l'action directe, sur
ces tissus, des mêmes toxiques qui, de façon indépen-
dante, produisent l'altération des vaisseaux.
L'atrophie des cellules,et des fibres nerveuses en par-
ticulier, semble être l'aboutissant directeur ces éléments,
de toutes les intoxications de l'existence ; la sénilité et
la dégénérescence atrophique des cellules nerveuses
seraient ainsi la conséquence de multiples états patholo-
giques plutôt que l' « involution » physiologique de cel-
lules non susceptibles de reproduction. La démence
sénile serait probablement le terme, plus prononcé que
normalement, du processus anatomique commun, d'ori-
gine toxique, de désintégration et d'atrophie des cellules
et des fibres nerveuses. '
2° Les petites lésions en FOYER DU cerveau sénile.
Deux variétés de petites lésions en foyer semblent à peu
près exclusives à la sénilité : les lacunes de désintégra-
tion et l'état vermoulu. ZD
Les lacunes ont toujours une origine vasculaire ; elles
peuvent reconnaître pour cause non seulement une
« encéphalite destructive avec corrosion excentrique du
tissu nerveux », mais aussi la résorption d'une hémor-
rhagie miliaire ou un véritable ramollissement par
oblitération artério-scléreuse ou fibro-liyaline d'un
vaisseau.
L'état vermoulu est une ulcération corticale, qui s'en-
fonce en coin surtout dans l'extrémité libre des circon-
volutions et ne dépasse guère la substance grise. Il re-
connaît pour cause la prédominance d'une désintégra-
tion progressive du tissu nerveux avec prolifération né-
110 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
vroglique dans le territoire de certaines artères nourri-
cières courtes, lésées par l'artério-sclérose, mais non
oblitérées. L'intensité de la désintégration nerveuse sur-
tout des fibres tangentielles et de la prolifération névro-
glique dans ces cas explique pourquoi l'état vermoulu
coïncide d'ordinaire avec un état démentiel assez pro-
noncé et parfois avec l'épilepsie sénile.
3° Les grosses LÉSIONS en foyer dans la sénilité. Les
ramollissements et hémorrhagies cérébrales, assez fré-
quentes dans la sénilité, ne diffèrent pas sensiblement à
un âge avancé de ce qu'elles sont à l'âge adulte.
III. Aperçu clinique. - A. NEUROLOGIE. - L'arté-
rio-sclérose cérébrale. L'artério-sclérose est rare-
ment purement cérébrale, on en trouve ailleurs des si-
gnes somatiques.
Les signes de l'artério-sclérose cérébrale ne sont pas
proportionnés à l'intensité des lésions vasculaires. Les
signes de l'artériosclérose cérébrale présentent le ca-
ractère intermittent ou paroxystique de véritables «clau-
dications intermittentes du cerveau ». Ce sont surtout le
vertige,des céphalalgies, bourdonnements d'oreille, som-
nolences ou insomnies, troubles du caractère, fatigue
physique et mentale rapide ; amnésie, embarras de là pa-
role, aphasie transitoire, hémiparésie, courtes attaques
apoplectiques non suivies d'hémiplégie. On trouve tous
les termes de passage entre ces accidents fugitifs et les
« ictus» lacunaires.
L'artério-sclérose cérébrale peut prendre, au début,
l'aspect de la neurasthénie. Les lésions en foyers multi-
ples peuvent simuler des ramollissements circonscrits,
mais ils se caractérisent par la lenteur progressive du
début et la rapidité des modifications.
Les hémiplégies. Les hémiplégies brusques et com-
plètes, analogues à celles de l'adulte et dues au ramollis-
sement ou à l'hémorrhagie cérébrale, ne sont pas les
plus fréquentes chez le vieillard; elles se terminent rapi-
dement par la mort dans la plupart des cas sans avoir
le temps d'aboutir à la contracture.Les grosses hémiplé-
gies avec contracture des vieillards sont rares et datent
presque toujours de l'âge adulte.
Les véritables hémiplégies des vieillards reconnais-
sent le plus souvent pour cause les lacunes de désinté-
gration.
L'hémiplégie débute généralement par un ictus très
léger, très incomplet et très passager. Les symptômes
CONGRÈS des médecins aliénistes ET NEUROLOGISTES. 117
de cette hémiplégie sont essentiellement transitoires,
incomplets et. sinon partiels, du moins très prédomi-
nants au membre inférieur ; il n'en reste bientôt que la
marche à petits pas, parfois la marche, en traînant les
pieds,parfois une légère maladresse du membre supé-
rieur dans les mouvements délicats. Quelquefois on cons-
tate une tendance tomber en arrière avec orteil en
griffe.
De la dysarthrie, de ladysphagie, durire et des pleurs
spasmodiques, des troubles psychiques, donnent assez
souvent aux hémiplégiques lacunaires l'aspect de « pe-
tits » pseudo-bulbaires. L'hémiplégie lacunaire est vo-
lontiers récidivante : elle prédispose aux hémorrhagies
et aux ramollissements rapidement mortels. Les artério-
scléreux lacunaires meurent plus souvent par le cerveau
que par les reins ou par le coeur.
Les paraplégies. La paraplégie ^peut être simulée
dans la vieillesse par l'affaiblissement musculaire prédo-
minant aux membres inférieurs, par une sorte d'astasie-
abasie tenant à la crainte qu'éprouve le vieillard de ne
plus pouvoir marcher à la suite d'une lésion minime, cé-
rébrale ou non, enfin et surtout par une hémiplégie lacu-
naire bilatérale.
Les véritables paraplégies lacunaires paraissent rares ;
elles restent généralement plus ou moins flasques. Les
paraplégies médullaires spasmodiques vraies s'observent
soit dans la sclérose combinée sénile, soit peut-être dans
quelques cas de sclérose plus ou moins diffuse, d'origine
vasculaire ou non.
Epilepsie sénile. L'épilepsie sénile peut présenter
toutes les variétés cliniques de l'épilepsie juvénile, avec
ou sans quelques modifications symptomatiques ; les
troubles mentaux seraient plus constants et plus rapides.
Onlui reconnaît surtout deux causes : la syphilis,par l'in-
termédiaire de plaques de méningite scléro-gommeu-
se et l'artério-sclérose, soit par ses lésions diffuses, soit
par des foyers de désintégration non lacunaire ou par la
cérébro-sclérose lacunaire. Elle paraît pouvoir recon-
naître aussi pour cause déterminante l'état vermoulu ou
surtout la sclérose miliaire de l'écorce cérébrale : dans les
5 cas jusqu'ici signalés de cette dernière lésion, il y a tou-
jours eu de l'épilepsie sénile.
L'épilepsie sénile paraît donc plus fréquemment sym-
ptomatique que l'épilepsie juvénile ; pourtant la connais-
sance de plus en plus approfondie des causes déterminan-
118 congrès DES médecins aliénistes ET NEUROLOGISTES.
tes n'élimine pas la nécessité possible d'une cause prédis-
posante, héréditaire ou acquise,d'une aptitude convulsive.
B. Psychiatrie. - 1° L'état mental des vieillards. -
On trouve toute une série d'états de transition entre la
conservation parfaite de l'intelligence et la démence sé-
nile. Les vieillards les mieux conservés au point de vue
mental ont une diminution de la mémoire des faits ré-
cents et une diminution de l'imagination créatrice : ils
sont toujours en baisse par rapporta eux-mêmes. La plu-
part des vieillards sont plus notablement affaiblis : dimi-
nution plus marquée de la mémoire allant du nouveau à
l'ancien et du complexe au simple ; modification du ca-
ractère, perte des sentiments affectifs, égoïsme, avarice,
indifférence pour les faits graves, émotivité excessive
pour les petits faits les concernant personnellement ; ten-
dance aux idées hypochondriaques et de persécution ;
diminution du raisonnement, dujugement, des associa-
tions d'idées, de l'attention, de la volonté. La démence
simple est l'exagération de la déchéance de toutes les fa-
cultés intellectuelles, le retour à l'instinct avec conser-
vation d'actes automatiques plus ou moins compliqués.
Des idées délirantes inconsistantes et non systématisées
peuvent être la conséquence de la démence avec illusion
ou hallucinations. Elle déterminedeux sortes de réaction :
l'excitation ou l'apathie.
Des actes délictueux : exhibitionnisme, attentats à la
pudeur, vol, impulsions homicides ou suicides, peuvent
être accomplis avec inconscience par les vieillards affai-
blis ou déments ; l'irresponsabilité est évidente chez les
déments, elle peut paraître douteuse ou limitée chez les
simples affaiblis, d'autant plus que, dans les actes « mé-
dico-légaux » des affaiblis séniles, on peut retrouver les
marques, considérablement exagérées d'une tendance
vicieuse déjà manifeste dansl'âge adulte.
A la démence simple ou avec idées délirantes peuvent
se joindre des épisodes délirants, prenant surtout la for-
me de la confusion mentale et de la mélancolie anxieuse.
L'affaiblissement sénile et la démence simple, avec ou
sans idées délirantes vagues et isolées, paraissent devoir
s'expliquer par l'atrophie et la dégénérescence des cellu-
les cérébrales et des fibres nerveuses ils peuvent appa-
raître précocement, commme la sénilité cérébrale anato-
mique, chez des intoxiqués chroniques, notamment des
alcooliques. Les épisodes délirants paraissent résulter
d'une intoxication ou toxi-infection sur un cerveau déjà
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 119
en imminence d'insuffisance fonctionnelle par le fait de
l'athérome.
2° Les troubles mentaux de l'artério-sclérosL'\ spéciale-
ment étudiés dans ces derniers temps, représentent une
des formes de la « claudication intermittente du cerveau »
et se font surtout remarquer par leur caractère intermit-
tent ou paroxystique. La forme légère se révèle par la
fatigue mentale rapide, la faiblesse de l'idéation et des
conceptions. Les formes graves se manifesteraient par
des troubles mentaux sérieux ayant pour caractère do-
minant la rapidité des aggravations et des améliorations
plus que le déficit intellectuel véritable ; la démence est
souvent moins profonde qu'elle n'en a l'air au premier
abord, certaines parties de la personnalité sont conservées
et le malade garde très longtemps conscience de son état.
Ces diverses variétés de troubles mentaux de l'artério -
sclérose s'accompagnent d'un plus ou moins grand nom-
bre de signes somatiques de l'artério sclérose cérébrale
ou généralisée (cardiaque, aortique, rénale, périphéri-
que, etc.)
Certaines formes simulent la paralysie générale ; les
rémissions et les guérisons, la longue durée, les caracté-
riseraient surtout.
B) Les psychoses des vieillards. Il faut distinguer les
psychoses de la vieillesse (vieillards-aliénés) et les psy-
choses dans la vieillesse (aliénés-vieillards). M. Ritti les a
récemment étudiées les unes et les autres.
Ive Dans L'étude anatomique comme dans l'étude cli-
nique, nous avons été amené constamment à rapprocher
les altérations séniles des altérations par intoxications
prolongées ; cette étude nous paraît être un argument
en faveur delà théorie qui fait de la sénilité, dans le cer-
veau comme dans les autres organes, l'aboutissant de
toutes les intoxications de l'existence.
M. Anglade (de Bordeaux).- Il y aurait eu, à mon -avis,
une manière bien séduisante d'envisager,dans son ensemble,
la question complexe du cerveau sénile. C'était de considérer
d'abord les troubles psychiques qui, lorsqu'il s'agit du cer-
veau, doivent toujours garder la préséance, ensuite les trou-
bles moteurs, sensitifs, sensoriels, réflexes, etc., et, cela fait,
d'envisager les lésions multiples du cerveau sénile,pour ten-
ter enfin une superposition des données cliniques aux alté-
rations anatomiques.
Il est vrai que le rapporteur, s'il a mis les troubles psychi-
120 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.
ques au dernier plan, ne les a pas moins bien décrits : il nous
a montré le vieillard toujours quelque peu sénile psychique-
ment, et le sénile toujours mentalement affaibli, souvent dé-
lirant, excité, déprimé, etc., etc. J'ajoute que le radotage sénile
est fréquemment associé à un degré d'aphasie sensorielle
(jargonaphasie, paraphasie, aphasie amnésique), etc., etc., et
enfin que la démence sénile réalise, quand elle se complique
d'un appoint méningé, le syndrome complet de la paralysie
générale. La paralysie générale sénile est bien une réalité cli-
nique.
Au point de vue neurologique, il y a également quelques
lacunes dans l'exposé clinique de M. Léri. Le cerveau sénile
traduit sa sénilité non seulement par des hémiplégies, des
paraplégies,des accidents convulsifs, mais encore par des trem-
blements, des troubles delà réflectivité, de la sensibilité gé-
nérale et spéciale, etc. Il est vrai qu'il y a dans le rapport une
brève indication sur l'état de la réflectivité : le réflexe des or-
teils serait ordinairement en extension dans les hémiplégies et
paraplégies lacunaires.De mon observation il résulte,au con-
traire,que le réflexe de Babinski se produit, habituellement,
en flexion. Les tremblements, les troubles sensoriels et sen-
sitifs, etc., ont été passés sous silence. Pourtant, les troubles
de l'olfaction, de la vision et de l'audition sont fréquents
dans la sénilité.et s'agit d'organes qui sont des émanations
cérébrales,que la sclérose frappe au même titre que le cer-
veau et parfois de bonne heure.
Ces regrets exprimés, j'arrive au fond de la question, à l'é-
tude des lésions de la sénilité cérébrale. La lésion des cellu-
les cérébrales est indiscutable. Les éléments nerveux sont
altérés qualitativement et quanti ta Li vemen t. L'altération quan-
titative a ici plus de valeur encore que l'altération qualita-
tive. Les vaiseaux sont souvent lésés ; pas toujours de la
même façon ni au même degré. Il est manifeste qu'on a exa-
géré considérablement le rôle des lésions vasculaires. En réa-
lité, l'atrophie sénile, les formations lacunaires ne sont pas
le résultat d'une nécrose pure et simple résultant d'une obli-
tération artérielle. Dans tout le cerveau d'un dément sénile,
au niveau des foyers chez les lacunaires, ce qui frappe sur-
tout c'est l'importance de la réaction encéphalitique intersti-
tielle inflammatoire. On peut différer d'avis sur la significa-
cation de cette réaction, soutenir avec de bons arguments
qu'elle est primitive ou seulement secondaire ; ce que tout
le monde reconnaîtra après examen de mes préparations,c'est L
la réalité de cette réaction névroglique toujours intense.
La sclérose des séniles se présente sous deux aspects très dif-
férents. Elle est diffuse, englobe tout le cerveau ; cette diffu-
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 121
sion souffre pourtant des prédominances régionales. Un sénile
jargonaphasique, par exemple, a toujours une temporale
gauche plus scléreuse. Le caractère essentiel de cette sclérose
diffuse est de ne pas aboutir à la formation lacunaire. Au
contraire, dans une catégorie de cerveaux séniles, celles qui
a été plus spécialement visée dans le rapport,la sclérose n'est
pas aussi diffuse ; elle s'organise par plaques et aboutit à la
lacune. Voici comment : c'est d'abord la réunion, en un point
qui n'est pas toujours le voisinage d'un vaisseau, d'arthrocy-
tes géants et néoformés, multinucléés,à protoplasma visible,
à gros prolongements formés de groupements fibrillaires. A
cet aspect caractéristique succède celui du tassement fibril-
laire avec effacement des figures arthrocytaires. disparition
des noyaux. La plaque de sclérose est mûre ; elle va s'effri-
ter et la lacune commencera. Le processus inflammatoire
gagne au pourtour de cette lacune et par la transformation
successive des éléments, la lacune s'agrandit, lorsque toute-
fois, comme ilarrivesurtout chez un sujet jeune, il n'y a pas
une tendance à la limitation cicatricielle. Les diverses étapes
de cette formation lacunaire peuvent être aisément suivies
sur de bonnes préparations et particulièrement sur des cou-
pesde cervelets lacunaires.G'est par un processus identique,
mais superficiel,que se réalise l'état vermoulu, qu'il faut rap-
procher d'une lésion identique,selon moi, au niveau de l'é-
pendyme. On y voit se former des plaques de sclérose sous-
épendymaire qui se détachent et tombent dans le ventricule,
laissant à la paroi un aspect rugueux.
Si j'essaie maintenant de faire une tentative de superposi-
tion, je dirai que la sclérose diffuse correspond à la démence
sénile avec excitation maniaque, mélancolique, paranoïaque,
etc., avec jargonaphasie-paraphasie intermittente ; à la para-
lysie générale sénile. Tandis qu'aux états lacunaires corres-
pondent plus particulièrement les troubles de la motilité, de
la sensibilité, de la réflectivité. Ce qui ne veut pas dire que
l'état lacunaire n'occasionne pas la démence. Je crois pou-
voir faire, à ce propos, une distinction : pour qu'il y ait une
démence dans les états lacunaires il faut que l'écorce soit
atteinte. Cette règle souffrequelques exceptions. Les lacunes
des étages inférieurs avec intégrité corticale peuvent être très
importantes sans entraîner une déchéance intellectuelle no-
table. J'ajoute qu'avant d'interpréter les diverses formes pa-
raplégiques par ces lacunes, il faudra s'enquérir de l'état du
cervelet. 11 n'a rien été dit de ce cervelet chez les lacunaires
et pourtant il est toujours intéressé à un degré qui pour être
microscopique, n'en est pas moins très accusé. On ne peut
interpréter correctement ces troubles de la marche des séniles
122 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
où les désordres de l'équilibration semblent bien cliniquc-
mentjouer un rôle tant qu'on méconnaîtrales lésions cérébel-
leuses dont je signale l'extrême fréquence.
Je devrais me borner à vous présenter des faits. Il me sera
permis cependant de faire une incursion dans le domaine
des considérations hypothétiques. Il m'a semblé, en regar-
dant de nombreuses préparations provenant de maladies
cérébrales très différentes, que l'on pouvait considérer la cel-
lule nerveuse et la cellule névrogliqùo comme des soeurs en-
nemies s'observant tout le long de l'existence,,toujours prêtes
à se combattre à la première occasion morbide. La maladie
diminue la résistance de la cellule nerveuse, exalte, au con-
traire, l'activité de la cellule névroglique. L'une réagit par la
mort, l'autre par la prolifération. Il est frappant de constater
qu'en fin de compte la névroglie triomphe avec le secours
de toutes les causes de la sénilité. Dans le cerveau qui suc-
combe, un élément semble doué d'une puissante vitalité,
c'est la névroglie.
M. RAYMOND (de Paris). Je désire rappeler que MiM.Lejonne
et Lhermitte ont publié sous ma direction différents travaux
sur les paraplégies des vieillards et montré que parmi ces
paraplégies certaines sont d'origine cérébrale, d'autres d'ori-
gine médullaire, d'autres enfin d'origine musculaire.
Les paraplégies cérébrales sont bien dues aux lacunes de
désintégration, mais à côlé de l'hémiplégie décrite par 1111.
Pierre Marie, Ferrand, etc., hémiplégie-qui peut se terminer
par une pseudo-paraplégie, il existe des paraplégies vraies
d'emblée, qui forment un type clinique parfaitement dis-
tinct.
Les paraplégies myélopathiques reconnaissent pour cause
la sclérose polyfasciculaire de la moelle. MM. Lejonne el
Llrermile., en examinant d'une façon systématique, chez plu-
sieurs malades, la moelle et le cerveau sur de nombreuses
coupes microscopiques, ont établi solidement l'existence
anatomique de cette forme de paraplégie.
11 peut évidemment exister chez les vieillards des scléroses
médullaires polyfasciculaires sans paraplégie, de même qu'il
existe chez eux des lacunes cérébrales sans hémi ni paraplé-
gie : ce n'est pas là un argument pour refuser à la sclérose
polyfasciculaire, pas plus qu'on ne la dénie aux lacunes, la
faculté d'être, dans certains cas, l'origine des troubles mo-
teurs, et dans l'espèce de paraplégies.
AI. Grasset (de Iiontpellicr). - J'appelle l'attention sur un
détail curieux de certaines formes de paralysie cérébrale chez
les scléreux qui marchent à petits pas et en raclant lesol :
c'est la conservation de la force du mouvement volontaire.
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 123
Quand on dit à ce malade, qui soulève à peine les pieds et
trébuche à la moindre irrégularité du sol, de marcher en
fléchissant la cuisse très haut, en steppant, il exécute par-
faitement ce mouvement à son grand étonnement.Demême,
si l'on prend chaque articulation l'une après l'autre, et si on
lutte contre le malade pour chaque mouvement successive-
ment, on constate qu'il aconservé une grande force. Si les
particularités que je signale étaient confirmées, on pourrait
conclure qu'il s'agit d'un trouble de l'automatisme moteur,
de la marche inconsciente, delà coordination cérébrale plu-
tôt que de la marche volontaire et consciente de la volonté
motrice, et ceci distinguerait symptomatiquement les faits
dont je parle des faits de paraplégie médullaireet d'hémiplé-
gie cérébrale bilatérale.
M. àlEIGE (de Paris). La distinction que 31. Grasset vient
d'établir entre les mouvements spontanés et les mouvements s
après commandement, dans certains cas d'hémi ou de para-
plégie cérébrale, est très utile à connaître, car elle permet
d'obtenir de très réelles améliorations au point de vue de la
motricité en apprenant à des malades comment ils peuvent
agir plus, en voulant plus et mieux. .
,\1 : Léri répond à 111. Anglade qu'il a fait, dès le début, une
tentative de superposition des lésions anatomiques et des syn-
dromes cliniques ; en dehors d'un petit nombre de faits, cette
superposition, très tentante au premier abord, ne lui a pas
paru réalisable pour l'ensemble de l'étude du cerveau sénile;
c'est encore un idéal vers lequel doit tendre l'avenir et,actuel-
lement, il a été obligé de se contenter de faire de fréquentes
incursions dans la clinique à propos de l'étude anatomique 3t
dans l'anatomie à propos de l'étude clinique.S'il n'a pas com-
mencé l'étude du cerveau sénile par la description de la
déchéance mentale, c'est que le cerveau est, non seulement
l'organe de la pensée, mais aussi l'organe central du mouve-
ment, de la sensibilité et le rapporteur ne pouvait perdre
de vue qu'il avait à traiter une question de neurologie.
12. Léri s'incline devant la haute compétence de M. Anglade
en matière de névroglie, mais il se demande pourtant si l'im-
portance de la prolifération névroglique est aussi grande ;
peut-être n'est-elle pas primitive et, en tous cas, il insiste sur
ce fait qu'elle ne lui paraît pas être la cause constante des
lacunes de désintégration.
A M. Grasset, il répond que l'intégrité des mouvements
volontaires isolés des membres chez les hémiplégiques lacu-
naires forme, en effet, un contraste frappant avec les troubles
de la marche ; il était très intéressant de signaler, comme l'a
121 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
fait M. Grasset, l'intégrité de la « marche volontaire » avec une
altération prononcée de la « marche automatique ».
M. Léri, répondant à M. Raymond à propos des importantes
recherches de Lejonne et Lhermitte sur les paraplégies des
vieillards, rappelle la distinction qu'il a faite dans son rappoit
entre les « pseudo-paraplégies » par hémiplégie bilatérale
lacunaire, des paraplégies vraies, soit lacunaires, soit myélo-
pathiques. Comme le fait remarquer M. Raymond, ces para-
plégies lacunaires seraient peut-être dues surtout à des
lésions bilatérales des lobules paracentraux. D'un autre
côté, dans certains cas où les lésions des faisceaux pyrami.
daux dépendent manifestement des lacunes cérébrales, d'une
lacune de la capsule interne, par exemple, ces lésions pyra-
midales sont pourtant beaucoup plus nettes dans la région
dorsale dans la région cervicale. : cela tient, sans doute, à
une sorte de condensation des fibres du faisceau pyramidal
dans les régions inférieures, plus ou moins analogues il la
condensation des fibres radiculaires postérieures dans le cor-
don de Goll la région cervicale.
Séance du 4 aoÛt. - Présidence de M. Grasset.
La responsabilité des hystériques. '
M. LFROY(de Ville-Evrard), rapporteur. - Lorsque l'expert
est commis pour examiner un hystérique délinquant, son pre-
mier soin doit être de s'assurer que l'inculpé ressortit bien à
la névrose. Son diagnostic doit être basé sur les symptômes
somatiques et psychiques de l'hystérie constatés par lui ou
mentionnés dans les antécédents : attaque dans ses différen-
Les variétés, paralysies etcontractures, troubles sensitifs, mu-
tisme, accidents viscéraux, somnambulisme, état crépuscu-
laire, etc.
Le diagnostic posé, le médecin légiste a deux points essen-
tiels à envisager : le sujet en lui-même et les caractères par-
ticuliers de l'acte incriminé, ainsi que des circonstances qui
l'ont accompagné.
Je n'ai pas besoin d'insister sur l'importance primordiale
de l'étude de l'inculpé, de ses antécédents, de son niveau
mental, des particularités de son caractère, des incidents par
lesquels se manifeste le plus souvent chez lui la névrose,etc.
Un inculpé ayant présenté des attaques d'hystérie moyen-
ne, voire même de petites attaques vulgaires, du somnambu-
lisme, des paralysies ou des contractures, a certainement un
système nerveux plus touché que la jeune fille chez laquelle
on constate des crises syncopales avec une sensation plus ou
moins nette de constriction cervicale.
CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 125
On peut admettre aussi que la constatation d'une grande
anesthésie ou d'un rétrécissement énorme du champ visuel
implique l'existence dune grave perturbation des centres
psychiques. L'anesthésie hystérique, d'origine auto-suggesti-
ve, est une insensibilité par inconscience, par désagrégation
mentale, une insensibilité psychique indiquantun dédouble-
ment de la personnalité. Il est bien évident, d'autre part, que
l'examen des stigmates mentaux, le degré de suggestibilité,
d'aboulie, d'amnésie, d'anorexie, doit entrer en ligne de
compte dans l'appréciation médico-légale. Il en est de même
de la mentalité du sujet, révélée par sa vie entière.
Ces considérations générales suffisent à montrer que la
responsabilité varie nécessairement t avec chaque sujet et qu'on
ne peut guère appliquer à l'un les règles qui seront de mise
pour l'autre. Si la maladie est légère, ce n'est pas sa consta-
tation qui pourra à elle seule innocenter le délit, il faut d'au-
tres éléments. L'hystérie est-elle,au contraire,grave, s'accom-
pagne-t-elle de crises nombreuses, de délire hallucinatoire,
de somnambulisme,d'importants symptômes physiques,nous
croyons que l'expert doit tendre vers l'irresponsabilité, quand
bien même l'acte n'aurait aucun caractère hystérique et pa-
raîtrait avoir été inspiré par les mobiles les plus pervers. La
plupart des experts concluent actuellement, dans ce cas, à
la responsabilité atténuée. Je crois, au contraire, qu'on doit
considérer le délinquant comme un malade et conclure à l'ir-
responsabilité complète. Lanévrose a, en effet, toujours pour
conséquence une véritable infériorité psychique ; les senti-
ments altruistes ou sociaux disparaissent en même temps que
,se retrécit le champ de la conscience. La place de l'hystérique
est à l'asile et non à la prison ; c'est un malade qui relève
des médecins.
Cette notion de l'irresponsabilité de l'hystérique avec trou-
bles graves du système nerveux est déjà pratiquement recon-
nue. Lorsqu'un détenu d'une maison centrale présente des
attaques d'hystérie avérée, on ne le garde pas en prison ; jus-
qu'à cette année on avait l'habitude de le transférer à l'asile
des aliénés criminels de Gaillon. Par suite de la fermeture
provisoire de cet établissement on le place désormais à l'asile
départemental le plus voisin.
Si importante qu'elle soit, l'étude de l'inculpé, de ses an-
técédents, de ses manifestations morbides est secondaire par
rapport à celle de l'acte lui-même. Un hystérique, en effet,
peut très bien être responsable de certains actes et irrespon-
sable d'autres, cela dépend du moment et des circonstances.
Etendre trop loin l'irresponsabilite de tels individus serait
leur donner, au détriment de l'ordre public, un véritable bill
120 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES,
d'indemnité. Cette conclusion a été admise par tous les au-
tcurs - au premier rang desquels il faut citer Legrand du
Saulle - qui se sont occupés de la responsabilité des hysté-
riques. 1
Quels que soient les actes commis pendant les troubles men-
taux associés aux attaques : hallucinations, idées délirantes,
agitation, états extatiques, etc., il est évident que l'expert doit
conclure à une irresponsabilité totale.ll en est de même pour
les actes accomplis pendant les délires transitoires, plus ou
moins frustes, qui sont les seuls délires hystériques vrais et
qui doivent être considérés comme les équivalents de la crise
convulsive. -
La même irresponsabilité totale doit être acquise aux actes
quels qu'ils soient, vols, homicides, fugues, etc., commispen-
dant le somnambulisme. C'est dans ces cas que l'on peut dire
que le malade est un pur automate devenu le jouet de son
idée fixe. Les mêmes considérations s'appliquent à l'état se-
cond qui n'est qu'un état somnambulique prolongé. Danscette
double vie, du reste, les phases de l'existence sont assez dis-
tinctes pour quele patient puisse présenter et présente souvent
dans chacune d'elles une mentalité différente. Une hystéri-
que timide à l'excès, à l'état normal, peut se montrer bruyante,
hardie et téméraire dans l'état second. L'inculpé ne sera, en
tous cas, déclaré irresponsable que si le délit a été réellement
commis pendant l'état somnambulique.
Plus délicate est la recherche de la responsabilité dans les
actes accomplis en état de subconscience. Ces « états cré-
pusculaires » marquent parfois le prélude ou la fin d'une
attaque convulsive; quelquefois aussi ils alternent avec celle-
ci ou se présentent spontanément sans aucune connexité avec
les accidents convulsifs, réalisant ainsi un équivalent psychi-
quede l'attaque. Ces états de subconscience avec ou sans trou-
bles sensoriels, avec ou sans désorientation, s'accompagnent
d'amnésie. Leur caractère morbide ne peut pas être mis en
doute et l'irresponsabilité doit être acquise à tous les actes,
vols ou homicides,exécutés pendant ces états.
Si, comme cela est assez fréquent, l'expert ne peut arriver
à démontrer l'existence de cet état de subconscience au mo-
ment del'acte, le problème devient très délicat. Voici habi-
tuellement comment les choses se présentent un sujet de
conduite correcte, complètement lucide, commet un crime
puis, l'acte accompli, prétend n'en avoir gardé aucun souve-
nir, ne pas connaître le premier mot de la chose dont on lui
parle, etc., etc. Comment dépister ici le mensonge, la super-
cherie ? Si l'on peut démontrer l'existence d'une hystérie
grave, l'amnésie du crime peut être réelle en dépit de nom-
CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 127
breux mensonges portant sur d'autres faits : dans ces condi-
tions il est au moins prudent de ne jamais rejeter d'emblée
l'hypothèse d'une folie transitoire, alors même qu'elle est en
l'espèce improbable.
11 a été question, jusqu'ici, de la responsabilité des hysté-
riques pendant les crises ou pendant les équivalents
psychiques ; voyons maintenant dans quelle mesure
peut être invoquée l'irresponsabilité pour les. actes com-
mis dans l'intervalle des crises. Dans l'impossibilité où
nous sommes de répondre à cette question par une
formule unique, nous nous bornerons à étudier la res-
ponsabilité dans quelques cas particuliers choisis parmi les
plus fréquents. Un fait primordial peut'd'abord être envisagé,
c'est l'acte en lui-même. On voit souvent des délits ou des
crimes tellement absurdes que leur caractère pathologique
ne peut être mis en doute par personne ; l'irresponsabilité
de ceux qui les ont commis en découle alors tout naturelle-
ment. ,
La profonde suggestibilité de l'hystérique explique l'in-
fluence si grande du rêve, d'une hallucination, d'une idée
fixe, d'une suggestion intrinsèque ou extrinsèque. Plus en-
core que la suggestibilité, l'impulsivité est une cause impor-
tante d'actes médico-légaux hystériques : homicide, de vio-
lence, suicide et surtout actes passionnels provoqués par la
haine, la jalousie, la vengeance. Leur émotivité, leur irrita-
bilité, empêchent ces malades de se contenir ; ils passent pres-
que instantanément de l'idée à l'acte.
La plupart des auteurs, dans ces cas, concluent à une res-
ponsabilité limitée. D'après eux, le criminel hystérique n'op-
pose, aux mobiles de son acte, qu'une résistance affaiblie. A
l'impulsivité des hystériques se rattache un grand nombre
de vols, surtout de vols commis dans les grands magasins.
Lorsque l'expert se trouve en présence de dégénérés hystéri-
ques, de kleptomanes, l'irresponsabilité ne saurait être mise
en doute. La solution est bien plus délicale si l'impulsion ne
s'accompagne pas d'obsession proprement dite, de lutte an-
goissante. Le médecin réglera sa conduite d'après le carac-
tère plus ou moins pathologique de l'acte et les circonstances
qui l'ont précédé ou suivi.
Mais il reste, bien entendu que ce sont seulement les actes
pathologiques de l'hystérique qui entraînent l'irresponsabi-
lité. En présence d'un délinquant ne présentant que des ma-
nifestations anciennes ou atténuées de la névrose et dont
l'acte n'a aucun caractère pathologique, l'expert doit conclure
à la responsabilité. Le rapport devra, toutefois, contenir un
examen approfondi du sujet (antécédents héréditaires et per-
128 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.
sonnels, niveau mental, degré de la maladie) afin d'éclairer
le tribunal. Si celui-ci croit juste d'appliquer les circonstan-
ces atténuantes, il le fera sans que le médecin intervienne.
L'appréciation de la maladie seule est d'ordre médical.
Il me faut dire, maintenant, quelques mots de la respon-
sabilité des sujets chez lesquels l'hystérie est associée à
d'autres facteurs pathologiques. Parmi ces facteurs, le plus
habituel est incontestablement la dégénérescence. Nous ne
pouvons encore ici fournir aucune règle fixe, la responsabi-
lité étant variable chez les dégénérés. La vie entière du sujet
indique le degré de son déséquilibre, et ce déséquilibre per-
met d'arriver à déterminer la responsabilité. A chaque cas
correspond une solution différente. Lorsque la dégénéres-
cence s'affirme par une débilité mentale avérée, l'expert de-
vra naturellement faire entrer en ligne de compte ce nou-
veau facteur. Chez un hystérique présentant en même temps
des manifestations épileptiques, il est fréquent de rencon-
trer simultanément un état de débilité ou de dégénérescence
mentale plus ou moins accusé. Dans cette triple association,
l'acte médico-légal emprunte ses caractères à l'un des fac-
teurs, quelquefois à deux, et la responsabilité est générale-
ment nulle. Il faut, cependant, arriver à cette conclusion, que
le délit ait une note pathologique.
Lorsque l'hystérie s'associe avec les intoxications, la ques-
tion de la responsabilité devientencore plus complexe. Cette
associationest assez fréquente, car on sait combien les désé-
quilibrés ont une appétence singulière pour tous les toxi-
ques, principalement l'alcool, la morphine et l'éther. L'in-
toxication réagit sur l'état mental du malade, mais il est tou-
jours possiblede retrouver dans le tableau clinique la part de
chacun des fadeurs surajoutés. La responsabilité dépend na-
turellement du degré d'hystérie et de l'importance de l'in-
toxication. De tous ces poisons, l'alcool est le plus fréquent et
aussi le plus nocif. L'alcoolisme chronique augmente le
nombre des crimes qu'il aggrave. L'ivresse accroît singuliè-
rement l'impulsivité, l'automatisme des malades,et l'hystéri-
que devient criminel par suite d'impulsions déréglées, sans
qu'on puisse parler de troubles mentaux proprement dits.
Quelquefois l'automatisme ambulatoire hystérique succède
à une intoxication éthylique. La morphine a, au contraire,
cette action particulière qu'elle diminue un peu la fréquence
des attaques, mais l'état mental n'en demeure pas moins ag-
gravé. L'expert devra s'attacher à démontrer dans quelle me-
sure l'acte délictueux dépend de l'hystérie ou de l'intoxica-
tion surajoutée. Cette notion a plus d'importance que la gra-
vité de la maladie elle-même.
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 129
En terminant, je crois nécessaire de poser devant le Con-
grès le problème de la responsabilité limitée qui est, comme
on l'a vu, la solution souvent adoptée par les experts lors-
qu'il n'y a pas de trouble pathologique évident au moment
de l'acte. La loi pénale ne reconnaît pas cette responsabilité
limitée ; il n'y a pour elle que des responsables et des irres-
ponsables. La plupart des médecins légistes et des juriscon-
sultes admettent qu'il existe des gens à tares insuffisantes
pour faire disparaître leur volonté, mais suffisantes pour obs-
curcir leur intelligence et diminuer leur volonté. Est-ce une
chose juste ou simplement utile ? D'aucuns font remarquer
que l'idée de responsabilité limitée, avec la peine divisée
comme en petits morceaux est une absurdité. D'autres ajou-
tent, avec M. Forel, que responsabilité limitée veut dire, les
trois quarts du temps, danger social augmenté.
A mon tour, je déclare que la responsabilité limitée est une
notion non seulement inutile, mais irrationnelle et dange-
reuse : irrationnelle parce que les hystériques considérés
comme partiellement responsables sont des anormaux sur
lesquels pèsent de véritables tares, des influences d'ordre in-
trinsèque ; dangereuse parce qu'elle conduit les juridictions
répressives à l'indulgence, à la courte peine, et qu'on remet
ainsi dans la circulation un individu peut-être plus dange-
reux que le criminel conscient. Il serait fâcheux, à mon sens,
que le Congrès donnât l'appui de son autorité à la reconnais-
sance officielle de la responsabilité limitée.
M. Grasset. ' Conclure comme l'a fait M. Leroy, au rejet t
absolu de la responsabilité limitée est une grave condamna-
tion de la plupart des experts qui adoptent cette formule.
Pour ma part, je rejette complètement semblable conclusion
et j'estime qu'il faut envisager séparément la doctrine scien-
tifique de la responsabilité atténuée et ses conséquences juri-
diques dans la législation actuelle.
En d'autres termes, il ne fautpas assimiler les notions très
distinctes de responsabilité atténuée et de peine atténuée.
Dans la législation actuelle, la déclaration de responsabilité
atténuée aboutit à la multiplication des courtes peines, ce
qui est reconnu mauvais : mais cela ne prouve pas que,scien-
tifiquement, la responsabilité atténuée n'existe pas. Si elle
existe, il ne faut pas cesser de la proclamer, sauf à demander
en même temps une modification correspondante de la loi.
Or, scientifiquement, la chose ne paraît pas douteuse. Quelle
est actuellement la base médicale delà responsabilité ? La
normalité des neurones psychiques. Dès lors, il me paraît
impossible de se borner à classer l'humanité en deux blocs :
Archives, 2' série, 1906, t. XXII. 9
130 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
celui des normaux responsables et celui des anormaux com-
plètement irresponsables.
Entre les deux, il y a place pour, une vaste catégorie de
sujets, chez lesquels le fonctionnement psychique est inférieur
à la normale, c'est-à-dire qui ne sont pas doués d'une résis-
tance suffisante aux suggestions malsaines, et qui, par consé-
quent, ne peuvent être considérés ni comme irresponsables
au sens absolu du mot, ni comme responsables.
Prenons un épileptique; tout le monde est d'accord pour
reconnaître que le crime commis en état de crise entraîne fir·
responsabilité ; mais si le même crime a été accompli dans
une phase interparoxystique, irez-vous soutenir que ce crime
ne mérite aucune indulgence, qu'il a été accompli par un
sujet dont l'intégrité psychique est absolue ? Il en est de
même pour les actes des hystériques. Vous voulez que ceux-
ci soient toujours responsables ou irresponsables. Pour moi,
l'immense majorité de ces malades est responsable, mais
dans une mesure limitée qu'il appartient à l'expert d'appré-
cier.
Loin d'être irrationnelle, cette conception me semble au
contraire, la raison même. Si vous n'admettez pas la respon-
sabilité atténuée, vous êtes obligé d'étendre outre mesure
tantôt le domaine de la responsabilité, tantôt celui de l'irres-
ponsabilité.
En quoi le sujet à responsabilité atténuée diffi;re-t-il donc
du responsable et de l'irresponsable ? Du responsable il dit-
fère en ce qu'il n'est pas entier dans la lutte psychique et ne
doit pas être mis dans la prison des normaux. De l'irrespon-
sable il diffère en ce qu'il « comprend» le gendarme et la pri-
son etnedoit pas être mis dans l'asile des fous. Et alors, de
ce qu'il ne peut être ni dans la prison ordinaire ni dans l'asile
ordinaire, il ne faut pas conclure qu'il n'existe pas. Il faut
conclure à la création urgente, indispensable de l'asile-pri-
son. Tout danger disparaît ainsi. La société se garantira con-
tre ce demi-fou plus longtemps parfois que contre certains
fous,mais elle le traitera en même temps.Elle l'isolera comme
un cholérique ou un pestiféré ets'en préservera tout en le soi-
gnant.
Toutes les objections sur l'absurdité de la « peine divisée» Il
tombent. On ne peut plus dire, avec M. Forel, que responsa-
bilité limitée égale danger social augmenté. Il n'en est rien. Si
vous classez les hystériques en responsables et irresponsables,
vous vous exposez terriblement, au contraire, mettre en pri-
son des malades et à enfermer dans les asiles des sujets dont
ce n'est pas la place.
Le rapporteur parle enfin de sujets partiellement responsa-
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 131
bles ; c'est une confusion des plus fâcheuses que commettent
encore un certain nombre d'auteurs : responsabilité partielle
et responsabilité atténuée sont deux choses absolument dis-
tinctes.
La responsabilité atténuée n'est donc ni irrationnelle, ni
dangereuse, ce n'est pas davantage, comme on l'a dit, une
cote mal taillée, une lâcheté ou une erreur ; c'est une vérité
scientifique, à laquelle un jour ou l'autre il faudra bien que
la législation se conforme.
31. BRIAND (de Villejuif). - Le terrain sur lequel évolue
l'hystérie joue un rôle primordial dans le déterminisme et la
forme des délits divers que peut commettre l'hystérique.
M. Dupré (de Paris). Le problème de la responsabilité
des hystériques associe deux questions dont l'étude séparée
est déjà des plus difficiles. A mon avis, lorsque l'hystérique
devient délinquant, ce n'est pas de par sa névrose, mais bien
de par les tares intellectuelles, morales, ou volontaires qui
s'associent à l'hystérie sur le terrain dégénératif, dont la né-
vrose elle-même n'est qu'une expression. ,
Parmi ces tares, la vanité, la malignité et la perversité dans
le domaine moral, la débilité mentale dans le domaine in-
tellectuel, l'impulsivité dans le domaine volontaire, et enfin
d'autres états morbides, toxiques, obsédants, etc., etc., re-
présentent les principaux facteurs qui, associés à la névrose,
entraînent les hystériques à la délinquance et sont les mobi-
les non hystériques du délit chez les hystériques. Je ne vois
guère de spéciale à l'hystérie que la suggestibilité, comme
élément psychologique intéressant à considérer en médecine
légale : et encore une suggestibilité particulière, aboutissant
surtout à l'organisation de crises ou de syndromes somati-
ques, accessoirement à la création d'états psychiques qui
n'ont guère de conséquences médico-légales, en dehors de
l'association des tares morales plus haut signalées.
La mythomanie telle queje l'ai définie, c'est-à-dire la ten-
dance constitutionnelle au mensonge, à la fabulation et à la
simulation, est très fréquemment associée à l'hystérie, mais
elle ne se confond pas avec elle, car on peut être mythomane
sans être hystérique. Le diagnostic différentiel entre la my-
thomanie et l'hystérie repose le plus souvent sur la notion de
la présence ou de l'absence, dans le processus morbide, de la
conscience et de la volonté. Cette distinction est des plus dif-
ficiles à établir, car nous ne possédons aucun moyen sûr de
mesurer chez le sujet suspect la valeur des constatations de
la conscience et des efforts de la volonté.La cliniquemédico-lé-
gale et pénitentiaire fourmille de ces cas hybrides, où il est im-
possible de faire dans la psychogenèse des accidents le dé-
132 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
part de l'hystérie et de la simulation. Il me paraît difficile de
distinguer, à cet égard, le rôle respectif des deux psychis-
mes ; le problème reste dans le domaine des faits subjectifs et
ne comporte aucun élément objectif, aucun critère expéri-
mental de solution.
Au point de vue de la responsabilité atténuée, je me rallie
complètement à l'opinion de M. Grasset.
Communications diverses :
Du scorbut chez les aliénés.
TouLOUSE et DAMAYE.- Il s'agit de deux malades de l'Asile
de Villejuif, sitiophobes, qui, sous l'influence du régime {acle
absolu, ont présenté un scorbut atténué.
La première malade, jeune femme de 27 ans, était une con-
fuse, alternativement excitée maniaque et déprimée et pour
laquelle on aurait pu porter le diagnostic de démence pré-
coce. D'énormes ecchymoses apparurent, après trois mois
environ de régime lacté, aux jambes, aux malléoles et au
creux poplité gauche. Masses musculaires et téguments de
ces régions douloureux au palper, et donnant une sensation
de dureté cireuse. Liseré hémorragique aux gencives. Urines
rouge-orangé contenant du sang et de l'urobiline. Teinte li-
vide des téguments du tronc et surtout de la face. Sang noi-
râtre, très fluide, et donnantrapidementun caillot rétractile.
La seconde malade, femme de 41 ans, était une mélancoli-
que avec dépression assez voisine de la stupeur. Quinze jours
environ après guérison d'une affection dysentériforme, appa-
rition aux jambes de larges ecchymoses très douloureuses à
la palpation, avec oedème, mais sans consistance cireuse des
muscles. Gencives saignant très facilement. Teinte livide des
téguments, surtout marquée à la face. Sang noir, poisseux,
très coagulable, caillot rétractile.
L'affection scorbutique de ces deux malades guérit sous
l'influence de l'ingestion de légumes verts et de fruits. On
doit incriminer ici, dans l'apparition du scorbut, l'alimenta-
tion de ces malades avec du lait bouilli, mais il faut faire en-
trer aussi en ligne de compte, comme cause prédisposante,
l'affection mentale dépressive elle-même (cedèmes, cyanoses,
purpuras des déments précoces étudiésparKraepelin, Sérieux.
Dide et Chénais). Il semblerait donc utile, lorsque le régime
lacté absolu doit être imposé longtemps à ces malades,d'évi-
ter le lait bouilli ou de s'efforcer de leur faire ingérer de
temps à autre des fruits ou des légumes verts.
Une troisième malade, G3 ans, observée à l'asile de Bassens
par les D ? Dumaz et Damaye, s'alimentait d'une façon très
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 133
défectueuse, refusant, par crainte d'empoisonnement et sous
l'influence d'hallucinations, une grande partie de la nourri-
turc et particulièrement les légumes.Une véritable expérience
de laboratoire s'ensuivit, inconsciemment dirigée par la ma-
lade. Apparition aux membres inférieurs de larges ecchymo-
ses avec oedème, et consistance cireuse. Palpation très dou-
loureuse. Liseré hémorragique à la gencive inférieure. Teinte
jaune-paille des téguments. Ce cas, traité aussitôt, s'est len-
tement amélioré par ingestion de fruits.
De l'Etal mental des Hystériques.
M. Joinre, professeur de l'Institut PsychoPhysiologique
de Paris, Président de la Société Universelle d'Etudes Psy-
chiques. Ce qui fait le fond de l'hystérie, c'est un trou-
ble de l'équilibre du système nerveux. On trouve toujours,en
effet, chez elle des diminutions de la sensibilité sous forme
d'anesthésie ; d'autre part des exagérations de la sensibilité
sous forme d'hyperesthésie. Des diminutions et des exagéra-
tions de la force : contractures et paralysies,etc. De même leur
état mental a toujours pour cause un manque d'équilibre
cérébral. Ce manque d'équilibre est la cause de la mobilité
excessive de leur esprit, de leur passage facile de l'état nor-
mal dans, les états seconds ; enfin de leur extrême sugges-
tibilité.
L'hystérique a une émotivité spéciale ; elle est moins sensi-
ble que la plupart des autres personnes ; par contre, son ca-
price lui donne un excès de sensiblerie pour des choses insi-
gnifiantes.
Loin d'être passionnée comme on le dit souvent, l'hystéri-
que est plutôt froide et les sentiments affectifs sont obnubi-
lés chez elle ; mais elle exagère les sentiments passagers
qu'elle éprouve et pousse surtout leur expression avec une
mise en scène qui n'a aucun rapport avec la profondeur.
L'hystérique se suggestionne elle-même, c'est pourquoi
elle trompe les autres, mais souvent elle le fait inconsciem- .
ment. L'amour de la mise en scène pousse souvent les hysté-
riques à se mêler aux affaires des tribunaux, les suggestions
qu'elles se font et les hallucinations auxquelles elles sont su-
jettes les exposent à tromper la justice d'une manière très
grave.
Les impulsions qui résultent,pour les hystériques,des états
seconds dans lesquels elles se trouvent, les portent quelque-
fois à accomplir des actes répréhensibles ou coupables dans
lesquels elles ont une responsabilité très limitée. x
Quand les individus que l'on peut soupçonner d'être hys-
tériques se trouvent appelés devant les tribunaux, soit comme
134 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
plaignants, soit comme témoins, soit comme prévenus, il est
indispensable de faire examiner leur état mental par un
médecin spécialiste.
De l'emploi d'un nouvel appareil, sthcnomètre
pottr le diagnostic, Le pronostic et le traitement de cer<a'ne
maladies du système nerveux.
11, P. Joire, professeur à l'Institut Psycho -Physiologique
de Paris, président de la Société Universelle d'Etudes Psy-
chiques. -Le sthénomètre est un instrument qui permet de
constater et de mesurer les troubles du système nerveux
dans un certain nombre de maladies,
Quand on approche la main de l'appareil,on voit que l'ai-
guille se déplace d'une quantité qui varie chez l'homme sain
et dans les diverses maladies du système nerveux.
M. Joire a démontré que ni la chaleur, ni la lumière, ni
l'électricité ne pourraient expliquer ce déplacement de l'ai-
guille qui se produit constamment au bout de 3 ou 4 minu-
tes après qu'on en a approché la main.
Ces expériences ont été reproduites à la Société d'hypnolo-
gie et de Psychologie, à l'Institut psycho-physiologique du
Dr Bérillon, et, dans le service de M. Huchard, à Necker. Les
résultats se sont montrés parfaitement concluants.
L'angle de déplacement de l'aiguille, observé successive-
ment avec la main droite et avec la main gauche est variable
suivant que l'on a affaire à des sujets dont le système nerveux
est déprimé, ou à des neurasthéniques, à des hystériques, à
des épileptiques, des choréiques, etc. '
Chacune de ces maladies s'inscrit au moyen du sthénomè-
tre par une formule qui est spéciale.
De plus, chez un malade en traitement, on peut suivre les
progrès vers la guérison, par le changement des déplace-
ments de l'aiguille que l'on constate à mesure que l'état du
malade s'améliore. Les nombreuses formules indiquées
dans les communications de 31. Joire sont absolument dé-
monstratives.
Ces observations montrent l'emploi utile que l'on peut
faire du sthénomètre pour le diagnostic, le pronostic et le
traitement d'un grand nombre de maladies du système ner-
veux.
Les ictus dans la démence précoce.
Mlle le Dr PASCAL. - Les ictus survenant au début et au
cours de l'évolution de la démence précoce peuvent relever
de nombreuses causes. 1. Dans les cas avérés d'hystérie ou
d'épilepsie où les attaques datent depuis très longtemps,sou-
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 135
vent depuis l'enfance (Morel,Kraplin, Claus) on peut conclure
à une association de la névrose avec la démence précoce.
2. Mais il y a des faits qui nous autorisent à croire qu'il existe
des ictus appartenant à la démence précoce et non au terrain
hystérique ou épileptique sur lequel peut germer cette affec-
tion. Dans ce cadre restreint : 1° les cas isolés de convulsions
sur lesquels insistait Kalbaum ; 2° les cas de démence rapide
survenant après une seule attaque convulsive décrits par
Schule ; 3° les ictus qui apparaissent à une période tardive
où toute trace de névrose est ellacée comme dans les cas de
Massin et nos observations personnelles. Tous les cas d'ictus
survenant chez des jeunes sujets en l'absence de toutes autres
manifestations morbides : stigmates mentaux hystériques,
stigmates mentaux épileptiques, symptômes en foyer (dans
les cas de tumeurs cérébrales) et en l'absence de symptômes
physiques de paralysie générale, doivent être considérés comme
suspects et faire penser e4 la démence précoce. En somme, ces
ictus par leur précoce apparition annoncent le début de la
maladie, au même titre que les ictus de la période initiale de
la paralysie générale.
Leur pathogénie est différente suivant la période à laquelle
ils apparaissent. Leur rareté au cours de l'évolution du pro-
cessus morbide est due à plusieurs causes, absence de lésions
vasculaires, fréquence des hallucinations, etc.
H. Marie a poursuivi ses recherches antérieures publiées
avec MM.Duflot et Viollet sur les ponctions lombaires en sé-
rie dans la paralysie générale. Par des examens microbiolo-
giques du liquide céphalo-rachidien parallèlement à l'albu-
mo-diagnostic et l'examen du sang et des urines, il a cherché
à reconnaître la présence et la nature d'éléments figurés pou-
vant concorder avec les lymphocytoses polynucléaires.
Ces recherches,non encore terminées tendraient à confirmer
celles de 3131. Brousse et Robertson et de M. l\1etchnikoff,sur
les diffusions infectieuses finales dans les démences,
Physiologie des crises laryngées des tabétiques.
1'1. Maurice FAURE (de La Malou). Sans contester le rôle
des paralysies ou des parésies des cordes vocales dans la pa-
thogénie des crises laryngées,sans nier la possibilité de spasmes
dont la réalité ne semble pas,d'ailleurs, avoir jamais été bien
établie, il nous a semblé que,dans la maiorité des cas, le mé-
canisme physiologique de la crise laryngée du tabétique était
le suivant : chez un homme normal, lorsqu'ascensionne, de
la trachée dans le larynx,un grumeau de mucus ou de muco-
pus, la présence de ce corps étranger sur la muqueuse laryn-
gée détermine une sensation spéciale, aussitôt suivie d'un ré-
130 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
flexe de toux, ou d'un léger effort expiratoire sonore, quel'on
caractérise par la syllabe « hem ». Cet effort est renouvelé s'il
est insuffisant et, par le passage d'une colonne d'air soufflant
avec violence dans le larynx, chasse la mucosité dans le pha-
rynx où elle est aussitôt crachée ou déglutie. Chez le tabéti-
que, cette succession de phénomènes sensitifs et moteurs est
perturbée : 1° parce que la muqueuse laryngée peut être hy-
peresthésique ou hypoesthésique ; 2° parce que le réflexe d'ex-
pulsion que détermine le chatouillement de la muqueuse la-
ryngée est troublé ; 3° parce que les muscles de la respira-
tion sont atteints d'incoordination. Lorsqu'un corps étranger
se présente dans le larynx d'un tabétiquc (soit parce qu'il y a
été introduit par l'infiltration pharyngée dans une glotte mal
fermée, soit parce qu'il y aboutit, venant de la trachée), il ne
détermine pas la sensation normale ; mais une sensation exa-
gérée, ou diminuée, ou ralentie, le réflexe qui en résulte sur-
vient en retard, ou mal à propos, ou avec trop de violence,ou
avec trop de faiblesse. Enfin, les muscles glottiques, thora-
ciques. abdominaux, qui concourent à la respiration et à la
toux. font des efforts désordonnés et qui se contrarient mu-
tuellement, au lieu d'être synergiques et coordonnés. C'est
ainsi que l'on voit, par exemple, le diaphragme relâché être
aspiré dans la cavité thoracique, au moment même où les
muscles inspirateurs dilatent celle-ci, et l'effort respiratoire
annulé pour cette raison. Réciproquement, le diaphragme
peut être brusquement refoulé dans l'abdomen, au moment
où le thorax revient sur lui-même, et le volume de la cage
thoracique n'étant point changé, l'effort expiratoire ne se pro-
duit pas. Ou bien, la glotte se ferme, au moment où un cou-
rant d'air chassé à travers le larynx va expulser le corps étran-
ger, ou lorsqu'un effort de dilatation thoracique exigerait la
pénétration d'un supplément d'air inspiré. Très généralement,
on voit leréllexede la toux déterminer une série d'expirations
courtes et saccadées qui, n'ayant pas été précédées d'inspira-
tions destinées à remplir d'air le thorax, ne peuvent aboutir à
la formation de la colonne d'air nécessaire au balayage du
larynx, et restent sans effet.
La crise laryngée est donc composée des symptômes que
voici, qui ne sont pas toujours réunis, et dont la violence et
le nombre plus ou moins grand créent des variétés dans la
durée, l'importance et la gravité de ces crises. Le malade per-
çoit, d'abord, un picotement, un chatouillement violent, au
niveau du larynx, déterminant l'envie impérieuse de tousser.
Ce picotement est hors de proportion avec la cause qui le
provoque et son intensité doit être mise sur le compte des
troubles de sensibilité de la muqueuse. Les efforts de toux
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 137
qui le suivent, au lieu d'être constitués par une inspiration
large et silencieuse, suivie d'une expiration forte, bruyante,
et saccadée, sont formés d'une série de petites expirations
courtes que n'interrompent point des efforts d'inspiration
angoissants et sans résultat. La glotte, au lieu de rester
ouverte pour l'inspiration et l'expiration nécessaires à la toux,
se ferme comme dans l'effort, ou ne s'ouvre que mal à propos,
et le malade, n'inspirant pas, ne faisant que des expirations
insuffisantes pour se débarrasser, continuant de percevoir le
chatouillement paroxystique du larynx, s'agite, devient pâle,
se cyanose, et peut courir de graves dangers. Quelquefois (et
ce ne sont pas les cas les moins graves), tout se réduit à de
l'incoordination et de l'anesthésie du larynx lui-même. Les
muscles glottiques, en l'état où sont les muscles des jambes
chez un grand ataxique, sont incapables de maintenir les dif-
férentes pièces du larynx dans leur position régulière. Et
celles-ci, mues par des secousses désordonnées, prenant des
attitudes anormales, que l'anesthésie de la muqueuse et des
parties profondes ne permet plus de contrôler, ne savent
plus maintenir la glotte ouverte pour la respiration, fer-
mée pour l'effort ou la déglutition. De là, une respiration
sifflante, rauque, difficultueuse, comme celle du croup,
et dont le moindre incident peut compromettre le jeu pré-
caire. -
La pathogénie de tous ces accidents s'éclaire, si on la com-
pare aux autres symptômes du tabès.A côté de 1 hyperesthésie
laryngée, il faut rappeler l'hyperesthésie du col vésical ou du
rectum déterminant des besoins incessants d'aller à la selle
ou d'uriner. Parfois, ces sensations anormales se produisent
d'elles-mêmes, sans aucun objet qui les explique. Telle est
cette gêne insupportable provenant de la sensation de corps
étranger dans le rectum et déterminant des efforts incessants
d'aller à la selle, que rien ne légitime. La peau n'est, d'ailleurs,
pas plus à l'abri que les muqueuses de cette hyperesthésie
et de ces sensations anormales. A certains moments, dans
certaines régions, le contact d'un vêtement, d'un drap,
un effleurement aussi léger que possible sont insupportables.
Chez presque tous les tabétiques, le contact d'un tampon
d'ouate imbibe d'éther qui, chez unhommenormal, provoque
une simple sensation de froid,amène unesensation extrême-
ment désagréable, qui peut aller jusqu'à une douleur insup-
portable, etc., etc. L'est là une catégorie de symptômes des
plus constants et des plus caractéristiques dans le tabès : il
est naturel que le larynx n'échappe point à la règle commune.
La perturbation du réflexe de la toux s'explique aussi par la
perturbation générale des réflexes dans le tabès. Le réflexe
138 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
patellaire, la plupart des réflexes tendineux sont abolis, les
réflexes pupillaires sont troublés, etc.
Enfin, les muscles du larynx, du thorax, du diaphragme,
ne sont pas plus à l'abri de l'incoordination que les autres
muscles du tronc et des membres. Au précédent Congrès de
Neurologie (Rennes, août 1905), nous avons décrit et expliqué
les troubles respiratoires des tabétiques, précisément par l'in-
coordination des muscles du cou et du tronc. Les troubles de
la miction et de la défécation s'expliquent de la même ma-
nière, au moins en grande partie. Si l'incoordination des
muscles des membres inférieurs produit le trouble de la
marche, si l'incoordination des muscles des membres su-
périeurs produit le trouble de l'écriture et de la préhension,
- il n'est pas moins explicable quel'incoordination des mus-
cles du bassin et du périnée se traduise par les troubles de
la miction et de la défécation, - que l'incoordination des
muscles thoraciques se traduise par le trouble de la respira-
tion, et que l'incoordination des muscles du larynx se tra-
duise par des crises laryngées.
Il peut exister aussi des parésies et même des paralysies
ou des atrophies des muscles laryngés, comme il existe des
parésies, des paralysies ou des atrophies d'un groupe de mus-
cles des membres ou du tronc chez les ataxiques. Cet acci-
dent est imputable, tantôt à des névrites périphériques, tan-
tôt à des altérations des cellules spinales des cornes antérieu-
res coexistant avec la sclérose des cordons postérieurs, tan-
tôt à l'exagération et laprolongation inusitées d'une incoordi-
nation et d'une atonie très accentuées, ayant amené l'immo-
bilisation indéfinie et la dénutrition du groupe musculaire
atteint. Mais ce sont là des faits rares.
Les spasmes musculaires sont exceptionnels dans le tabes
et ils sont rapides, bénins et transitoires. C'est pourquoi le
terme de spasme laryngé, employé pour désigner l'ensemble
des phénomènes de la crise laryngée, est certainement mal
choisi. Rien n'est plus éloigné de la séméiologie ordinaire du
tabétique que l'élément spasmodique : l'incoordination, l'a-
tonie, le relâchement, l'abolition des réflexes sont, précisé-
ment, le contraire du spasme, Si donc il existe de véritables
spasmes laryngés (ce qui, d'ailleurs, n'est pas démontré.), ce
sont certainement des faits exceptionnels.
Il noqs paraît donc que, sous le nom de « crise laryngée »,
ont été compris des accidents complexes pouvant ressortir
de la paralysie ou du spasme glottique, mais s'expliquant
beaucoup plus souvent par la dysestliésie, l'incoordination
et la perturbation des réflexes, qui se produisent dans cette
région, comme dans toutes les autres régions, çhez le tilbéti-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES 139
que. - La thérapeutique de ces accidents résulte de leur mé-
canisme physiologique. Au moment même de la crise, il faut
recommander de grands efforts volontaires d'inspiration pour
détruire l'effort expiratoire instinctif ; - la prononciation de
voyelles ouvertes ( « a », par exemple). Les mouvements pas-
sifs de respiration pourront également rendre des services.
Mais c'est surtout dans l'intervalle des crises que la théra-
peutique pourra être efficace ; on fera l'apprentissage de la
coordination respiratoire, généralement détruite, des exer-
cices vocaux,- l'examen et le traitement de la muqueuse
glottique, parfois, la faradisation des muscles laryngés,
enfin, tout ce qui pourra contribuer à rétablir la synergie et
la tonicité des muscles dularynx, du cou, du thorax, et de
l'abdomen, à diminuer l'hyperexcitabilité de la muqueuse, à
régulariser le réflexe normal de la respiration et de la toux.
Tout cela est possible dans une large mesure, les muscles qui
interviennent dans le mécanisme de ce réflexe étant soumis
à l'action de l'intelligence et de la volonté, et, par conséquent
de l'éducation.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
IX. Observation histologique de glio-endothéliome
kystique du lobe occipital droit ; par Ettore RA.VENNA.
(ln Rivista sperimentale di frenialria,19U1. Vol. XXX, fasc. 1.)
. Après avoir rapporté l'examen histologique détaillé dans un
cas de cette nature, l'auteur en recherche l'origine. Ce n'est pas,
dit-il, une production des méninges, puisque cotte tumeur en était
complètement isolée et indépendante ; ce n'est pas le résultat
d'une porte de substance puisqu'elle est bien limitée par une pa-
roi propre ; celle paroi circonscrit une cavité creuse occupée par
un liquide, et n'a aucun rapport de continuité avec les tissus en-
vironnants. 11 reslo donc à admettre, comme cause probable,
qu'elle représente le résultat d'une dilatation progressive d'un
espace lymphatique. J. S.
X.- Recherches histologiques sur l'origine et le mode
de formation de la cellule nerveuse dans la moelle épi-
nière et dans la protubérance du poulet ; par Carlo
PESTA. (ln Rivista sperimentale di freaiatriia, 1904. Vol. XXX,
fascicule 1.)
Pour ces recherches, l'auteur a employé le sublimé comme
140 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
fixateur ; les coupes, déshydratées, ont été colorées par l'héma-
toxyline, le carmin,' la safranine et la thionine en solution
aqueuse.
Les résultats obtenus lui ont montré qu'il n'était pas possible,
chez l'embryon de poulet, avec les méthodes dont il s'est servi,
de faire pendant les premières phases du développement une
distinction entre les éléments nerveux elles éléments de soutien :
tousles éléments de la moelle ont une forme 'bipolaire identiques
et sont produits par kariokinèse des cellules germinatives placées
autour du canal central. Grâce à la méthode de Cajal, on peut
voir la structure fibrillaire dans de nombreux neuroblastes, entre
la 60° et la 65° heure.
Les fibres nerveuses périphériques sont dues à la transforma-
tion des chaînes des éléments migrateurs de la moelle.
Il se fait dans la moelle une migration des éléments dans une
direction bien déterminée, et parallèlement à cette migration, a
lieu l'apparition des fibrilles nerveuses dans la moelle et dans la
protubérance. Les rapports entre les éléments nerveux s'établis-
sent à la suite de la formation des cellules nerveuses.
La cellule nerveuse se développe aux dépens d'un neuroblaste
unique.
La substance chromatique commence à se former vers le 10e
jour et apparaît en« principe à la périphérie de la cellule. -
J. SL3GLAS.
XI. Action du calcium sur l'écorce cérébrale ; par
IloucoROrrr. lIn Rivista sperimentale di freniatria, 1904. Vol.
XXX, fascicule 1.)
L'auteur a expérimenté sur des chiens les sels suivants : chlo-
rure de calcium, bromure de calcium, iodure de calcium, azo-
tate de calcium, acétate de calcium, et lactate de calcium. Tous
ces sels de calcium ont déterminé un notable abaissement de l'ex-
citabilité corticale. Le phosphate bisodique, substance qui préci-
pite le calcium, a une action antagoniste de celle de l'acétate, du
lactate et du nitrate de calcium. L'antagonisme entre le bromure
et l'iodure de calcium n'est pas nettement démontré ; l'action
dépressive du bromure sur l'écorce cérébrale a été bien mise en
lumière par les recherches d'AlberLoni. Enfin l'iodure de calcium
peut produire un phénomène qui trouble l'expérience, en provo-
quant une congestion de toute la région cérébrale..1. Séglas.
XII. - Le mode de formation de.la cellule nerveuse dans
les ganglions spinaux du poulet ; par CARI.0 BESTA. (In
Rivista sperimentale di freniatria, 1904. Vol. XXX, fascicule 1.)
Ces recherches constituent le complément de travaux anté-
rieurs sur le mode de formation de la cellule nerveuse dans la
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 141
moelle et dans la protubérance des embryons de poulet. L'étude
de laformation de la cellule nerveuse dans les ganglions spinaux
a été faite sur les poulets à la 60e heure de l'incubation, avec les
méthodes déjà usitées pour les recherches précédentes, et en plus
la méthode de Ramon y Cajal pour les fibrilles.
La formation des ganglions spinaux est due à la migration des
neuroblastes de la partie postérieure du tube neural et à l'ultime
phase du processus migrateur qui a donné précédemment les
chaînes cellulaires des nerfs sensitifs. A la fin du 3'jour, les neu-
roblastes des ganglions sont bipolaires, ont une forme en fuseau,
et sont identiques à ceux de la moelle et des nerfs. Au début du
4° jour, par suite de l'éloignement du tube médullaire, on observe
la formation d'un prolongement fibrillaire dont le noyau devient
rond, plus clair et brillant ; le corps cellulaire correspondant
aux deux pôles s'allonge et forme comme un capuchon au noyau.
Les autres parties du corps cellulaire et lasubstance chromatique
apparaissent plus tard. Le résultat indiscutable est que la cellule
des ganglions est due à l'évolution et au perfectionnement pro-
gressif d'un neuroblaste unique..1. Séglas.
XIII. Dégénérations secondaires expérimentales par
arrachement du sciatique étudiées avec la méthode
de Donaggio pour les dégénérations; par LUIGI LUGIATO.
(In Rivista sperimentale di faeniatria., 190t Vol. XXX, fasci-
cule 1.)
La méthode de Donaggio est basée sur ce fait que les fibres
nerveuses, dans la première phase de la dégénération primaire et
sClondaire, fixées par fragments dans le bichromate de potasse,
acquièrent la propriété de résister beaucoup plus que les fibres
normales, au processus de décoloration. Ayant utilisé ce procédé,
parallèlement à la méthode de Marchi, l'auteur a vu que dans
quelques cas, consécutivement à l'arrachement unilatéral du
sciatique, on peut observer des lésions bilatérales des cordons
postérieurs. On ne peut encore attribuer ce phénomène à un pro-
cessus connu, et on ne peut également connaître à l'heure ac-
tuelle le mode spécial de disposition des lésions ; aussi l'auteur
se réserve-t-il d'étudier plus tard cette question..1. SÉGLAS.
Fiv, - Etudes et recherches expérimentales sur la mé-
moire des images acoustiques et usuelles de la parole ;
par le Dr LÉONARDO GRAssr. (M Rivista sperimentale di Ivre-
niatria, 1904. Vol. XXX, fascicule 1.)
Les résultats obtenus par ses recherches ont amené l'auteur à
penser que : 1° le pouvoir de reproduction des images acoustiques
et visuelles est en proportion directe avec la durée de l'excitation ; -,
2° le pouvoir de reproduction pour une série d'images acous-
142 REVUE d'anatomie et de PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
tiques et usuelles de la parole est plus grand si ces images sont
simples et courtes, et plus faible si ces images sont longues et
complexes ; 3° dans une série acoustique, les paroles apprises au
début et à la fin sont mieux retenues que celles qui sont au mi-
lieu de la série ; 4° le pouvoir de reproduction d'une série d'images
acoustiques et usuelles de la parole est en raison inverse du temps
écoulé entre la perception et la reproduction ; 5° le nomhre des
paroles qui peuvent être répétées après l'audition où la lecture
d'une série, ne peut guère avoir d'influence sur les éléments de
cette série, dont toutes les parties sont également liées entre
elles ; 6° si dans une série visuelle s'intercale une parole citée
d'une autre personne, c'est toujours le milieu de la série qui est
retenu ; 7° le pouvoir de reproduction d'une série d'images vi- i-
suelles de la parole est fortement affaibli quand il y a une dis-
traction provoquée pendant la perception de ces images, qu'il y
ait distraction musculaire, vocale où mentale. L'auteur termine
son article par quelques considérations sur les erreurs de mé-
moire..1. S.
XV. Le développement des fibres nerveuses périphé-
riques et centrales dans les ganglions épinaux et dans
les ganglions céphaliques de l'embryon du poulet : par
Giacome Pighini. (In Rivista sperimentale di Freniatria, HJOt.
Vol. XXX, fasc. 1.)
Après avoir cité les travaux antérieurs de Ilis, de Beard, de
Galforw, d'Apathy,de Schwannet de Gegenbaur,l'auteur aboutit
aux conclusions suivantes :
1° Les cellules du feuillet ectodermique ont une forme allon-
gée et présentent à leurs deux pôles deux prolongements (prolon-
gements bipolaires) grâce auxquels chaque cellule entre en con-
nexion avec les cellules voisines.
2° Les neuroblastes de la région médullaire sont, au début de
leur formation, en rapport, par leurs prolongements, avec les
prolongements à forme stellaire des éléments mésodermiques
avoisinants ;
3° Au début du second jour de l'incubation, on observe seule-
ment quatre connexions distinctes entre le tube médullaire et le le
mésodermo : deux ventrales et deux dorsales. Ces connexions
constitueront les points d'origine des racines motrices et sensi-
tives.
4° Les nerfs moteurs se forment par l'accroissement des chaînes
ventrales qui se réunissent au point d'union du tube médullaire
avec le mésoderme (plaques musculaires).
5° Les rameaux cutanés des nerfs céphaliques se forment grâce
au départ de l'ectoderme de gros cordons cellulaires réunis d'une
part avec le cerveau postérieur, et d'autre part avec un prolon-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 143
gementeclodcrmique (plaque latérale céphalique) qui se dirige la-
téralement en bas. Les rameaux mésodermiques s'échappent par
les racines latérales, selon un processus de formation analogue à
«lui des nerfs moteurs de la moelle.
6° La plaque latérale céphalique, arrivée dans la région bran-
chiale, s'identifie avec l'organe latéral du sens ;
7° Les nerfs périphériques, sensitifs et moteurs, sont d'ori-
gine cellulaire. Dans toute chaîne cellulaire, partir du quatrième
jour, se différencie une structure grossièrement fibrillaire,qui est
le début de la structure fibrillaire de la fibre adulte. Les noyaux
des chaînes cellulaires se transforment vraisemblablement en
noyaux de Schwann ;
8° Les ganglions spinaux et céphaliques se différencient dans
les chaînes nerveuses et sensitives seulement vers la fin du troi-
sième jour. C'est alors que la cellule ganglionnaire se différencie,
en se recouvrant d'un manteau fibrillaire ;
9° Les libres nerveuses centrales dérivent des prolongements
ncuroblasLi(IUeS ;
10° Les rapports de continuité qui s'établissent entre le revête-
ment médullaire à sa première formation, et les autres éléments
primordiaux ne sont pas interrompus : tous les organes sont. dès
l'origine, réunis matériellement avec le système nerveux central.
Ce travail, extrêmement intéressant, est accompagnée de figures
qui aident à la clarté du texte. J. Séglas.
Y'I. - Recherches sur la coloration des fibres nerveuses
fit la phase initiale de dégénération primaire et secon-
daire, systématique où diffuse du système nerveux cen-
tral ; par ARTURO Donaggio. (In Rivista spe1'imentale di fre-
taiatria, 1904. Vol. XXX, fasc. 1.)
De nombreuses recherches expérimentales ont amené les au-
teurs à considérer la dégénération primaire des fibres nerveuses
comme d'origine toxique. Les lésions systématiques des faisceaux
pyramidaux et des cordons postérieurs sont produites expérimen-
talement par l'auto-intoxication, l'action de poisons chimiques,
ou encore de toxines microbiennes. Après avoir rappelé ce que
l'on obtient avec les méthodes de Marchi, de Veigert-Pal, l'au-
teur ayant exposé sa méthode au bichromate de potasse, émet
l'opinion que les fibres nerveuses, dans la première phase de la
dégénération primaire et secondaire, se fixent avec le bichro-
mate dépotasse ; elles peuvent ensuite se colorer par l'hcmatoxy-
line et subir l'action des sels métalliques variés, parmi lesquels
il convient de citer les sels de fer, d'étain,de cuivre, d'alumi-
nium ; ces méthodes donnent aux libres dégénérées la propriété
de ésister plus que les fibres normales aux procédés de décolora-
tion.
144 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
L'auteur expose ensuite en détail les diverses manipulations né
cessaires et ajoute des figures à l'appui de. son travail. En termi-
nant, il dit que par la constance des résultats de la coloration
positive, par son application possible à des pièces non fraîches,
par la possibilité de mettre en évidence des lésions qui échap-
paient aux autres méthodes de recherche, et de localiser les
libres en dégénération initiale, est permis de supposer que celle
méthode pourra être non seulement utile dans les recherches ex-
périmentales, mais encore être d'un grand secours dans l'anato-
mie pathologique des maladies nerveuses et mentales.
J. Séglas.
- Atrophie cérébrale expérimentale et atrophie cra-
nienne concomitante ; par D'ABUNDO. (In Rivista di neurolo-
gia, Naples 1905, fascicule 6.)
L'auteur rappelle d'abord que, dans un premier travail publié
en 1901, il avait établi qu'à l'hémiatrophie cérébrale s'associe
toujours une hémiatrophie crânienne. Une nouvelle série d'expé-
riences l'amena ensuite à formuler les conclusions suivantes :
quand l'ablation de l'écorce cérébrale est limitée et superficielle,
on n'observe aucune modification dans la conformation du crâne.
Si l'ablation corticale est profonde et atteint la substance blanche,
on a une atrophie de l'hémisphère cérébral correspondant, plus
ou moins marqué selon l'intensité de la lésion, et donnant la
classique manifestation hémiatrophique. Dans tous ces cas, le
développement du crâne s'adapte toujours à la lésion cérébrale
et il en résulte une hémiatrophie crânienne de la voûte et de la
base. ,
L'auteur procéda ensuite à une nouvelle série d'expériences
pour rechercher l'origine exacte de cette hémiatrophie crânienne :
Dans une première série d'expériences, il pratiqua l'ablation plus
ou moins étendue de la voûte crânienne, sans léser en aucune
laçon la substance corticale sous-jacente. Le résultat fut qu'il n'y
eut de processus hémiatrophique ni cortical, ni crânien. Il prali-
qua ensuite l'ablation d'une portion limitée de la voûte crânienne,
enlevant une partie correspondante de l'écorce, et tâchant de res-
pecter la substance blanche sous-jacente ; il obtint ainsi une hé-
miatrophie cérébrale et crânienne.
Enfin, dans une troisième série, il pratiqua l'ablation de la
voûte sur une plus grande étendue, en enlevant une portion
d'écorce cérébrale de même étendue : le résultat fut une hémia-
trophie cérébrale associée à une hémiatrophie crânienne corres-
pondante. En somme, de toutes ces recherches se dégage la con-
clusion suivante : l'hémiatrophie crânienne est due exclusive-
ment à la lésion de l'hémisphère cérébral correspondant.
En somme, tous ces faits expérimentaux mettent en évidence
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 145
ceci : une cause morbide qui influe en enlevant une zone corti-
cale à la fonction normale dans les premiers temps de la vie ex-
tra-utérine, quand le cerveau est en voie de rapide développe-
ment, limite la puissance évolutive non seulement de l'hémis-
phère cérébral correspondant à la localisation morbide, mais en-
core du cerveau tout entier..1. SKGLAS.
XV111. La toxicité du sang des aliénés. (Contribution à la
pathogénie des psychoses aiguës) ; par DI<AGOTTI,' [n Rivista di
neurologie, tapies, 1905, fascicule VL)
L'examen du sang des malades atteints de psychoses aiguës a
fait depuis quelques années le sujet d'un assez grand nombre de
recherches : parmi les principaux auteurs qui s'en sont occupé»,
il convient de signaler Mairet et Rose, Rumeno et Rordini, Vires.
Cololian, Fini et Alherti. L'auteur, sous la direction du profes-
seur Blanchi, a cherché à déterminer le pouvoir toxique du sé-
rum du sang dans les psychoses aiguës, comment ce pouvoir
'augmente ou diminue, et parquets troubles somatiques il est ac-
compagné. Les recherches ont porté sur 10 cas (contusion men-
tale, catatonie, psychose polyné\ rilique, confusion mental", mé-
lancolie, manie, paralysie générale) et le coefficient de toxicité
du sang a varié de 5 0/00 à 11 0 00 : l'examen bactériologique a
toujours été négatif. En terminant, l'auteur rappelle les recher-
ches de Sandri qui a trouvé que la formule hémo-leucocytaire,
dans les formes hébéphrénique et paranoïde de la démencç pré-
coce de lirmpelin, est altérée en rapport avec les désordres psy-
chiques, tandis qu'elle ne présente plus rien d'anormal dans les
périodes avancées de cette maladie, .t. Séglas.
XIX. L'association médiate dans la mémoire émotive ;
parErroRH P\TINI. fin liViSta di ¡wvl'ologia. tapies, 1J0 ?
fasc. VI.)
Cette élude, basée, sur plusieurs observations, amène son au-
leur à formuler ceci : quand les émotions reproduites sont ac-
compagnées clairement de facteurs somatiques, on doit dire que
l'émotion reproduite est de tous points semblable à l'émotion
primitive. Quand ces facteurs manquent, on ne peut pas dire si
l'émotion repioduito est une répétition de l'émotion primitive, ou
s'il y a eu intervention d'un nouvel état mental. Dans le pre-
mier cas, on trouve une notahle différence entre la mémoire
émotive et la mémoire des impressions sensorielles. Une telle
différence est naturelle puisqu'elle montre que le souvenir sen-
soriel est toujours différent de l'impression sensorielle à laquelle
il se rapporte ; le souvenir émotif contient la reproduction inté-
grale de l'émotion primitive.
Il n'existe pas une genèse autonome des émotions. Les cas qui
.li;cntvr,2° cérie. Il 1906. L XXII. 10
1<J(> REVUE D'.\i\A1'Oj[1E ET DU PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
paraissent naître de cette façon se réduisent à une association
médiate entre une idée et une émotion, entre une impression
sensorielle et une émotion. ],'émoLh ité des hémiplégiques,
apparemment sans motifs psychiques, en dehors de l'inhibition
corticale plus faillie sur les centres mimiques, peut encore se
réduire à une association médiate entre une impression senso-
rielle et une l'molion. ,1. ÉGLAS,
\ \. - La première apparition des neuro-flbrilles dans
les cellules spinales des vertébrés ; par HRAG1;1T0. lin
Rivista di neurologia. Nappes, 190 ? fascicule \'1.)
L'auteur, ayant utilisé dans ses recherches les méthodes de Ca-
jal et de Donaggio, a u qu'il y a un rapport identique dans le
tissu nerveux des animaux adultes, entre le nombre des fibrilles
apparentes et le mince réseau de la cellule colorée. La substance
chromatique non éliminée donne naissance à une partie de la
fibrille longue et du réseau. Mais les images des cellules ganglion-
naires, par lu contraste qui existe entre la couleur bleuâtre des
grains et la couleur violette des fibrilles, sont d'une rare élé-
gance, et rendent jusqu'à un certain point possible l'étude com-
parée de ces doux substances..1. Séglas.
XXI. Les méthodes de psychométrie pédagogique en
rapport avec la crainte du surmenage mental à l'école;
par ETTOLŒ (111 Kioista di xxcurolopia. Naples, 190Ô,
fascicule \'1.) .
Le surmenage intellectuel est une question importante et d'une
solution difficile.il s'agit en somme de répondre à cette question :
» GaisLe-t-il vraiment une proportion entre la somme de travail
exigée à l'école et la capacité mentale des élèves ? » L'auteur a
employé les méthodes de la sensibilité tactile, du la sensibilité
douloureuse, crcographirluc, dynamométrique, de l'attention,
ch/'onoscopi(lue, de la dictée, du calcul, de la mémoire des chil-
fres, de la combinaison. Puis il cite les diverses opinions des au-
teurs qui se sont occupés de celle question, et ne se faisant au-
cune illusion sur la dilliculté qu'il y a à résoudre un semblable
problème, il préconise la suspension du travail aussitôt qu'il y a a
des signe» manifestes de fatigue intellectuelle. J. Séglas.
XXII. Les altérations de la moelle épinière dans un cas
d'acromégalie ; par GfovANNt-CAGNETTO. (In Rivista di Frc-
niatra, 1904. Vol. XXX, fascicule Il, 111.)
Les altérations du système nerveux dans l'acromégalie ont
attiré l'attention des anatomistes, depuis que Marie a réuni dans
une entité nosologique les manifestations caractéristiques exté-
rieuresdfretf maladie. Plus lard, les travaux (le Heehlinghau-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 147
son, de Klehs,de Ca' agonis, et de Broca, ont élucidé divers points.
L'auteur, ayant eu l'occasion d'étudier une moelle d'acroméga-
lique, a a trouvé, comme données macroscopiques caractéris-
tiques : une augmentation générale du volume de la moelle,
avec exagération principale du volume dans la portion cervicale;
une altération partielle dans le rapport entre la substance blan-
che et la substance grise ; enfin, une dissémination néoplasique
sous-méningée le long de l'axe spinal et des nerfs delà queue de
du cheval par métastase de la tumeur de l'hypophyse.
Les pièces ont {'Il- fixées par le .Millier, le formol. l'acide chromi-
que, et traitées par les méthodes de Weigerl-Pol, de llarclii, de
Van Giesen. Les altérations veineuses liisto-patliologiques obser-
xées ont amené l'auteur à ne considérer ces lésions que comme
des modifications secondaires et n'ayant aucune influence sur les
manifestations fondamentales et caractéristiques de la maladie.
Pour lui, on doit penser que la plus grande partie des altérations
de la moelle épinière sont survenues dans le cours del'acroméga-
lie, contrairement à l'opinion des auteurs qui veulent leur faire
jouer un rôle étiologique..1. SI : GLAS.
XXIII. Leptomyélite a forme tabétique. Hétérotopie de
la moelle épinière ; par tUIOp-Li.41tI31Nt. (ln Rivista spel'illlen-
htMt7'')-<'KtC[t)-t'c[, 1904. Vol. XXX, fasc. Il, 111.)
L'observation rapportée par l'autour est intéressante en ce
qu'il s'agit d'une hétérotopie complète, comprenant de la suh-
stance blanche et de la substance grise. Ceci pourrait avoir une
explication embryologique puisque il un moment donné du dé-
veloppement des parois du canal médullaire il y a des éléments
cellulaires émigrés qui vont former un amas : cet amas ne reste
pas indépendant du canal médullaire, mats reste en connexion
avec lui. Les éléments ysubiront les mêmes différenciations que
dans le restant du canal médullaire.
Un fait est également digne d'intérêt : la présence d'un fais-
ceau radiculaire dans l'épaisseur de 1'li,téi-otopie. Ce développe-
ment doit se faire au moment où les ganglions nerveux entrent
en connexion avec les parois du canal médullaire au milieu des
Prolongements centripètes de leurs cellules. z Séglas.
XXIV. Les oscillations périodiques mensuelles de la
température, du pouls, et de la respiration chez les
aliénées menstruées et aménorrhéiques ; par Allardo
ALERNI. (In Rivista di Freniatria, 1 ! 1OL roI. XXX, fascicule ?
Il,111.1 '
Pendant la période qui précède les règles, et pendant la pé-
l'inde même des règles, on observe chez les femmes normales
148 revue d'anatomie ET de PHYSIOLOGIE Pathologiques,
une légère augmentation de la température, du pouls, et de la
respiration. Ces modifications se retrouvent encore à un degré
plus accentué chez les aliénées,qu'il s'agisse de démence paralyti-
que ou de démence catatonique. Ces changements peuvent être
d'un grand secours pour établir le pronostic, car l'apparition ou
la disparition des règles, les conséquences qu'elles peuvent avoir
sur l'évolution de l'affection mentale sont connues depuis long-
temps : à plus forte raison, leur retentissement sur l'état général
doit-il intéresser l'aliéniste..1. Séglas.
XXV. Recherches sur le réticulum fibrillaire endo-cel,
lulaire et sur le cylindraxe de la cellule nerveuse des
vertébrés ; les différentes méthodes de coloration élec-
tive du réticulum endo-cellulaire et du réticulum péri-
phérique basées sur l'action de la piridine sur le tissu
nerveux ; par ARTltRO Donaggio. (In Rivista sperimentale di
Freniatria, 1904. Vol. XXX, fasc. Il, 111.)
Ce travail est divisé en trois parties, qu'il convient d'étudier
séparément.
1. - Action de la piridine sur le tissu nervelt.v et résumé des
détails de structure min en évidence par ce produit. - On obtient
ainsi la démonstration des anastomoses entre le réticulum luni- i-
phérique et le tissu avoisinant. Les recherches de Donaggio, de
Golgi, Cajal et Bethe, tendent à le considérer comme de nature
névrogliqùe. Plus tard, Cajal, loinde considérer comme nerveux
les filets du réticulum péricellulaire, les considère commodes
produits de coagulation.
Les travaux de Donaggio, confirmés par ceux de Hel<), ont
abouti à la preuve de l'existence, au milieu de chaque maille du
réticulum péricellulaire, d'appareils de très fines fibrilles dispo-
sées en réseau et irradiant d'une zone centrale. ? . Description des méthodes de coloration. - Il y a six mé-
thodes de coloration :
A : COLORATION du RETICUI UM bl3ltILLAIRE ENDOCELLULAIlŒ
ET des fibres longues : deux méthodes accessoires et deux mé-
thodes principales :
.Méthodes accessoires : sont au nombre de deux.
1° Action de la piridine pendant 48 heures, coloration par une
solution aqueuse de thionine, action d'une solution aqueuse de
molybdate ; et inclusion à la paraffine.
2" Après l'action de la piridine, immersion directe dans la so-
lution de rnolylldate.
.Méthodes principales : également au nombre de deux :
1° Fixation des pièces par la piridine pendant à à 6 jours, la-
vages l'eau, passage dans une solution aqueuse de 11101)'dhalc
d'ammoniaque, lavage àl'eau, inclusion à la paraffine et colol'a-
revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 140
lion. Après la coloration, on a le choix entre le curettage direct
au Baume et l'action du molybdate avant de monter au Baume.
2" Méthode surtout utilisable pour le cerveau et le cervelet.
Action de la piridinependant3o heures, et traitement variable des
corps suivant le point du système nerveux dont on s'occupe.
B. Coloration DU réticulum fibrillaire ENDOCELLULAIRE
DES fibrilles LOVGUES et des GRANUUTtONS. Fixation par
le sublimé, passage à la piridine, coloration dans une solution de
thionine à 1 pour 10,000. Celte méthode sert principalement pour
la moelle épinière, le bulbe, la protubérance, les noyaux gris du
cervelet et les ganglions.
C, Coloration DU réticulum péricellulaire. Fixation
par le sublimé, passage 'dans la piridine pendant 36 à 8 heures,
immersion dans une solution de molyhdate, lavage à l'eau distil-
lée,coloration dans une solution aqueuse de thionine à 1 pour 10
ou In.000tendanL 48 heures, passage dans une solution de molyb
date pendant 24 heures, lavageà l'eau distillée, et inclusion à la
paraffine.
U. (.OLOR\TIO\ SIMULTANÉE DU RÉTICULUM FIBRILLAIRE ENDO-
CELLULAIRE DES FIBRES LONGUES DU RETICULUM PÉRICELLULAIRE :
- )lèl1le façon d'opérer que dans la méthode précédente ; mais
avant l'inclusion, immersion de nouveau dans la piridine et ac-
lion de la solution de thionine qui colore le réticulum péricellu-
laire.
E. Coloration DES cylindraxes DES fibres NERVEUSES CEN-
TRALES et PÉRIPHÉRIQUES. - Mêmes procédés que ceux qui sont
utilisés pour mettre en évidence le reticulum fibrillaire endo-
cellulaire.
3.- R2plolts entre le réticulum fibricellulaire endocellulaire
et les fibrilles de prolongement cylindraxile. - Le prolongement z
nylinclravile de la cellule nerveuse des vertébrés vient du reticu-
lum fibrillaire endocellulaire. Ce travail est accompagné de 16
li·uces qui ajoutent à l'intérêt du texte..1. SÉGLAS.
.\\\'1. - Recherches expérimentales sur l'influence de
l'alcoolisme sur le pouvoir de procréer et sur les descen-
dants ; par CAR1.0-CENI. (In Rivista sperimentale di Freniatria,
190'1. Vol. XXX, fasc. Il, Il ! .)
Levassent-, Petit, Louvet, Lannelongue, Jacquet, soutiennent
que l'alcoolisme est une des causes les plus importantes de la
ex prétendent que c'est la cause principale de la dépopu-
lation de la France. Ces résultats, discutés par Arrivé et Brugnon,
nnt été confirmés par les travaux de Lsgrain, LasèguJ, Lance
"('aUN', Jacquet, Bourneville et Féré.
Actuellement, on peut dire que l'alcoolisme chronique a une
action directe sur le pouvoir de procréer, en nuisant à la fécon-
150 revue n'.\ : {.\ 1 OMIE ET de PHYSIOLOGIE pathologiques
dite des ascendants ; cet alcoolisme chronique des parents a une
influence désastreuse sur les descendants; en provoquant chez ces
derniers une diminution du la résistance de l'organisme, des ano-
malies de développement de natUl'e et Ii'i III po l'Lance variées; toutes
ces déchéances sont dues à l'action directe que le poison exerce
sur les éléments sexuels primitifs (ovule ou spermatozoïde), hase
de la conception. La diminution de résistance de l'organisme
chez les parents soumis à l'intoxication alcoolique peut occa-
fionner des troubles de l'évolution ovulaire régulière, troubles
(lui se traduisent par des arrêts où des anomalies graves du déve-
loppemcnt de l'embryon.
L'influence néfaste de l'alcoolisme des parents s'explique et se
manifeste sur les descendants, en ce qu'elle détermine directe-
ment chez ceux-ci un état de débilité générale (arrêt de dé\clop-
pement complet, mort précoce), état qui n'est que la conséquence
des arrêts partiels de développement du germe embryonnaire pen-
dant la vie inlra-utérine. J. Séglas.
XXII. - Un cas de persistance du ventricule de Verga
rencontré chez unindividu à développement général re-
tardé ; par Massimo, CHF : RŒ-LIGNIKRE. (in. Rivista sperimen-
tale di Freniatra, 1904. Vol. XXX, fasc. Il, 111.)
La littérature médicale est peu riche en faits de ce genre ; celle
observation apporte un cas nouveau et tendrait à confirmer cette
hypothèse de Tenchini. .1. S.
XXVIII. Sur la- manière de faire un examen objectif des
troubles nerveux dans les traumatismes; par LoRsrNwo
Rossi. (in Rtoista sperimentale di h'nerxiatria, 1BOt Vol. XXX,
fasc. 11, 111.)
Cet examen devra d'abord porter sur la sensibilité, avecre-
cherche de l'anesthésie, de 1 hypoesthésie. de l'hypereslhésie, de
l'hémianesthésie aiiestliésie et hypereslhésie
combinées, dissociation de la sensibilité, hypoesthésie marquée
sur un côté du corps et non accompagnée d'hypoesthésie senso-
rielle du même côté. On examinera ensuite la motilité, avec
évaluation du degré de l'excitabilité neuro-musculaire, et mesure
de la période de résistance qui correspond à l'excitation. Enfin.
cet examen sera complété par un examen minutieux des ré-
fleaes..I. Séglas.
XXIX. Recherches expérimentales sur la pathogéniede
l'amyotrophie d'origine cérébrale; par Caracciolo. (In
Rivista sperimentale di 7''<'<;ntotct. Reggio en Emilie, 1MM.
Vol. XXX, fasc. Il, III.)
L'auteur, faisant d'abord l'historique de celte question, admet
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE P.\lHOLOGIQI1 ? 131
que les théories palliogéniques émises sur l'amyotroplue d'origine
cérébrale peuvent être classées de la façon suivante :
1.- Origine myélogène : il ne peut y avoir des altérations mus-
culaires s'il n'y a pas en même temps des altérations matérielles
des centres trophiques spinaux (Charcot, Ilallopeau, Larrieu, Pi-
tres. Brissaud, Leyden). II. Origine névritique (Déjerine : 18 : )\)'.
[[I. Origine thalamique llisunloltr). IV. Origine vaso-mo-
trice, par altération des centres vasu-moteurs corticam, et action
sur les muscles par le sympathique (ilotli et Mouratow, 3lari-
nescu/. - VI. Origine arLlwopatlriyuu (Gilles de la Tourelle).
1'll. Atrophie musculaire par lésion d'un point du faisceau pyra-
mitlal. avec lésions consécutives des cellules des cornes antérieu-
res (Jonroy et Achard, Steiner, Steinert). VIII. Existence d'un
pouvoir trophique de l'écorce, avec altérations de la substance
grise spinale (Dorglierini). IX. Présence de centres trophiques
cérébraux dans l'écorce, au voisinage des centres moteurs (Kirch-
hoff). - X. Intervention de plusieurs causes : action de l'écorce
sur les muscles par l'intermédiaire de lésions matérielles ou dy-
namiques des cellules des cornes antérieures, des troubles vaso-
moteurs, des arthropathios fréquentes.-\l. La lésion de l'écorce
ou du faisceau pyramidal amène des altérations trophiques non
par un pouvoir trophique propre, mais par l'interruption de la
mntinuitù des excitations nécessaires pour les fonctions trophi-
ques des neurones spinaux (Goldscheider, Schalfer, Parhon el
Popesco). Xll. La cause de l'amyolrophie est la rupture d'un
équilibre réflexe bensitivo-moteur (Chatin). L'auteur a fait
porter ses recherches expérimentales sur des canards; l'examen
histologique lui a montré queles altérations trophiques qui inter-
viennent dans les muscles par lésions cérébrales doiventleur ori-
gine à la propagation des lésions des fibres descendantes dégéné-
rées de la cellule nerveuse, à travers la substance grise spinale,
les nerfs et les fibres musculaires. Ces altérations sont toujours
démontrables par un examen histologique, et viennent par alté-
rations ,les nerfs périphériques..1. SÉGLAS.
XXX. DeuxidiotsnUcrocépha.tes; contribution à l'étude
de la microcéphalie pure ; par f;wl.o 8EST.L (In Riuirtcc
spcrmne»talc dil'reniatria, 190L Vol. XXX, fasc. Il, 111.)
Les fonctions psychiques sont à un niveau extrêmement bas,
et. la déchéance s'étend uniformément à foutes les fonctions : sen-
sitive. sensorielle et intellectuelle.
Il y a déficit de la sensibilité (douleur, température), des fonc-
tions sensorielles (sens des couleurs, absence du goût), et des pro-
cessus psychiques supérieurs (idéation, attention), etc. Il est inté-
ressant de voir ce déficit s'étendre à toutes les fonctions, sans
respecter un groupe spécial ; il y a absence totale d'un (aient par-
152 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
liel (fréquent chez les idiots, et ceci prouve que l'arrêt du déve-
loppement a porlé d'une façon uniforme sur les hémisphère*
ci·rél7raw..I. Sf : GL-vs.
XXXI. Table psychoscopique de Pizzoli ; par pizzol-t.
(In Hivista sperimentale di Freniatria, 190 1. vol. \ \ \, fac.
11-111.) -
Il s'agit d'une lubie imaginée par l'auteur pour faire désossais de
pédagogie expérimentale. Celle (ahle, assez compliquée, est cons-
truite de manière à pouvoir servir pour l'éducation du tact, du
sens musculaire, de l'odoral, du goût, de la vue, de l'attention, de
la perception, de la mémoire, de l'imagination, du mouvement
volontaire, de t'esprif d'observation, delà réflexion, el dfJ lï'mH'a-
tion des sens..1. Séglas.
XXXII. Recherches histologiques sur la manière dont
s'établissent les rapports réciproques entre les éléments
nerveux embryonnaires et sur la formation du réti-
culum interne delà cellule nerveuse; par Carlo 11EST.\.
(In Rivista di- Freniatria, 1904. Vol. XXX, fasc. II-111.) '
lu Les éléments qui constituent le tube médullaire ont dans
les premières phases du développement une forme bipolaire en
fuseau, : dans leurprotoplasma se différencient les fibrilles ner-
veuses, etcelles qui apparaissent les premières sont les plus péri-
phériques.
2° Dans la moelle, il se fait une migration et une orientation
des neuroblastes dans une direction bien déterminée, marquant
l'apparition des fibrilles dans le tissu nerveux, etla formation du
réseau dans son intérieur.
3° Les fibrilles se mettent d'abord en rapport de contiguïté.
puis de continuité aveclesneuroblastes, el il en résulte la for-
mation d'un réseau nerveux continu dans le tube médullaire.
Chaque neuroblaste est, par l'intermédiaire d'une libre, réuni à
un autre neuroblaste plus ou moins éloigné.
4" La cellule nerveuse n'est pas une unité embryologique. Kilo
se forme à partir du moment où le réseau nerveux est constitué
par une différenciation des nouvelles neuronhrilles dans le corps
de la cellule du neuroblaste primitif. D'abord la fibrille traverse
seule le corps cellulaire, et plus lard il se l'urine un réseau péri-
nucléaire à mailles plus ou moins larges..1. Ségus.
XXXIII. Critiques et observations anatomiques sur la
région sous-épendymaire du bulbe et du pont chez l'hom-
me ; par UDOARDO Agenzi. (In Rivista di Freniatria, HI01-
Vol. XXX. fasc. Il.1[[1.
Les recherches onl porté sur les troncs encéphaliques d'un
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 153
enfant de 19 jours, d'unenfantdedeux mois et demi et d'un adulte.
L'examen histologique a été pral iqué en coupes sériées. Cet exa-
men amène à considérer trois portions : une dorso-latérale au
noyau delà XIIe paire (fibres de la formation intercalaire], une
au niveau de la XII. paire (libres de la région médiane) : enfin une
troisième à la partie inférieure de J'épendyme qui. longeant la
paroi latérale du IVe ventricule se dirige obliquement en dedans
et en bas. Suivent des considérations sur 1·eminentia tores et
sur les novaw des l\, \ et XIIe paires..1. S : GL\S.
.'\.'\.'\1\ ? Nouvelles recherches sur la pellagre des pou-
les ; par (aai.o-5cm. lin RiDista 'p 'tirl1< ! l1tale di 1·'^axiatrira e
medicina légale délie alienapone mentale, 1904. Vol. fascicule Il.
Ce travail accompagné de planches, a amené son auteur a con-
sidérer que les poules soumises à l'alimentation constante et
prolongée par le mais fortement avarié présentent des phéno-
mènes typiques de pellagre chronique ou aiguë. Ces phénomènes
s'exacerbent d'une façon particulière au printemps, s'atténuent
en été et en automne, disparaissant en hiver, bien que l'alimen-
tation soit toujours la même.
Les poules peuvent résister longtemps à celte alimentation in-
fectieuse (4 ans et plus) ; la mort peut survenir soit avec les phe-
nomènes caractéristiques de la pellagre aiguë, soif axec des phé-
nomènes chroniques de cachexie.
Lespoules nées do procréateurs soumis à cette alimentation
ne présentent aucune résistance spéciale, mais se comportent
comme les poules de procréateurs sains.
Les poules nourries longtemps avec du mais avarié, et qui pré-
sentent les symptômes caractéristiques de la pellagre chronique,
résistent également moins à l'action pathogenique des spores as-
ltergillaires que les poules restées saines.
Les spores de l'aspergillus fumigatus inoculées en minime
quantité dans le péricarde des poules peuvent déterminer la morl
aec les phénomènes caractéristiques de la pellagre aiguë ou su-
baigué. quoique restant toujours l'état de spores, lesquelles dé-
terminent une grave ettypique réaction locale..1. SG1,AS.
XXXV. Contribution nouvelle à l'étude de la fatigue
mentale chez les enfants ; par Giusseppe-Rei LE[. (tir Rivista
sperimentale di Freniatria e medi"ma legale délie alienazione
mentale, 190L Vol. XXX, fascicule 1.)
L'auteur, étudiant les résultats obtenus par un travail d'une
heure, en expérimentant à l'école publique de garçon, conclut
que :
1° La quantité de travail produit pendant chaque quart d'heure
se présente sans aucune régularité ;
lÕ4 REVUE liE Y : 1'CHOLO.iII, NERVEUSE.
2° La qualité du travail va en diminuant (nec chaque quart
d'heure ;
3° Le travail accompli dans les écoles dans une heure de l'après-
midi est moindre en quantité et plus mauvais en qualité que le
travail fait le malin dans la même période de temps ;
4" Aussi bien le malin que dans l'après-midi, le travail produit
par les écoliers dans les derniers jours de l'école, pendant une
heure, représente une quantité plus grande, mais constamment
d'une qualité plus mauvaise que le même travail obtenu dans une
même période de femps, au début de l'année d'enseignement.
.1. Séglas.
lieue DE PATHOLOGIE NERVEUSE
1. -- Le Tic hystérique ; par 3131. Pitres et CRUCHET.
(Journ. de Neurologie. 1900, no 'i.)
Les auteurs relatent dans ce travail deux observations dans
lesquelles le tic rappelle, par son début, son évolution, son mode
de guérison, la façon dont se comportent et réagissent les purs
accidents hystériques.
Dans le premier cas. chez une hystérique de 30 ans, on voit à
la suite d'une vive émotion des tics du côté gauche de la face,
du cou et de l'épaule gauche, remplacer une série d'accidents
hystériques antérieurs qui ont commencé dix ans auparavant et
ont revêtu successivement la forme de névralgies faciales et de
crises convulsives. Ces névralgies cl ces crises disparaissent
complètement tant que durent les tics, qui persistent, avec des
rémissions et des exacerbations pendant plus de 8 mois. Au boul
de ce temps, la malade est mise en état d'hypnose et on constate
aussitôt l'atténuation, puis la disparition complète des tics.
Persistance (le la guérison pendant près de 4 mois ; les tics
ont alors reparu à la suite d'un choc moral, mais pour disparaître
encore après suggestion à l'état d'hypnose.
Dans le second cas il s'agit d'une hystérique de 14 ans qui
pendant plus d'un mois, tous les après-midi, présente à la même
heure une série de hoquets avec soulèvement des épaules ci
agitation des bras. Au bout d'un mois le hoquet disparaît elles
secousses convulsives se transforment en un tic qui consiste en
un mouvement de rotation de la tête avec clignement des yeln,
froncement des sourcils, etc. Au bout de quelque temps ce tic est
remplacé par un autre qui se produit aux mômes heures. Ce
nouveau tic cesse lui-même brusquement huit jours avant le
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 155
retour des règles absentes depuis si mois. L'hypnose et la sug-
gession n'ont eu dans ce cas aucune 'efficacité- mais la pression
de certains points du corps augmentaient nettement ou faisaient
naître les tics quand ils n'existaient pas. G. U.
II. Sur un cas d'atrophie musculaire progressive ;
par MM. de t3UCK et Deroubaire. (JOlll'l1. de Neurologie, 1\JOG,
n° 9.1
On sait que nombre d'auteurs mettent en doute l'autonomie
des divers types d'atrophie musculaire progressive et se rallient
à l'idée de l'unité de ce processus morbide. D'après ce concept
unitaire,l'atr'lphie musculaire progressive serait une affection de
l'unité sensitivo-inotrice primaire et de sa cellule terminale, le
muscle. D'après le degré de résistance des divers segments qui
composent cet arc neuro-musculaire on constaterait une prédo-
minance des lésions, tantôt au niveau des muscles, tantôt au
niveau du nerf et tantôt au niveau de la moelle. 1
L'observation rapportée par les auteurs plaide en faveur de
cette conception, puisqu'au point de vue clinique elle se présen-
tait avec tous les caractères d'une myopathie du type Leyden-
Mohius, tandis qu'au point 'de vue anatomique elle réalisait un
type mixte à lésions à la fois spinales, nerveuses et musculaires.
De ces rapports entre les formes myopathique, neurale et
neuro-spinale de l'atrophie musculaire progressive, les auteurs
croient pouvoir conclure à une pathogénie univoque de ces
différents processus. Le myotome tout en étant indépendant au
point de vue embryologique du neurotome dépendrait de celui-ci
au point de vue fonctionnel durant la vie extra-utérine. On
peut admettre que ce* segment fonctionnel offre une tare hérédi-
taire dans l'une quelconque de ses parties, qui prédomine tantôt
sur le centre trophique. tanlôt sur le conducteur nerveux, tantôt
sur le muscle, et qui dans d'autres cas, envahit tout l'arc
moteur retiexe d'une façon uniforme. G. D.
III. - Deuxième note sur la fausse reconnaissance ; par
11.1 nan : . (Jour¡¡, de Neurologie, 190G, n" tri.)
Des deux observations auxquelles est consacrée cette note,
la première concerne une neurasthénique atteinte de paralysies
nocturnes et matinales des membres avec obscurcissement de la
vue. A différentes reprises, cette malade a éprouvé l'illusion du
" déjà vu » à propos des personnes ou des objets. Sa conviction
est alors si profonde que les affirmations de son entourage sont
nécessaires pour qu'elle comprenne et reconnaisse son erreur.
La fausse reconnaissance, dans la seconde observation, était
associée à un état de fatigue et a disparu avec lui. G, 1).
156 BIBLIOGRAPHIE.
IV. Contribution clinique et anatomique 11. l'étude de
la chorée de Huntington; par Cesarh Rossi. (In Rivistaspe-
1'imentale di 1'1°eniat·ia, 1904. \'01. XXX, J'asc. Il, III,)
L'élude étiologique, clinique et anatomique de la chorée de
Iluntinglon a occupé un grand nombre d'auteurs, mais ces au-
teurs ne sont pas d'accord pour interpréter les faits et en tirer des
conclusions. M. Hos51 rapporte une observation de celle affec-
tion, avec examen clinique et histologique. Ayant exposé les ré-
sultats de ses recherches, il pose d'abord en premier lieu que la
localisation corticale des lésions histologiques se rencontre sur-
tout dans le lobe frontal de la zone motrice. La nature des lésions
montre qu'il y a une désintégration complète des éléments ner-
veux; dans une première phase, on assiste à la dissociation delà
substance chromatique, et dans une phase plus avancée on ob-
serve des lésions nucléaires.
Un point reste douteux : c'est celui de savoir les lésions des
éléments nerveux sont primitives, ou si elles sont secondaires il
des altérations vasculaires. Pour l'auteur, les lésions des éléments
nerveux succèdent à un processus d'altération des vaisseaux ca-
pillaires. En terminant, il fait remarquer les affinités cliniques
et anatomo-paLltologillues qui existent entre la paralysie grené-
rale progressive e1 la chorée de Iltintin,,Loii..1. SEra.As,
V. Nosographie et pathogénie de l'atrophie muscu-
laire progressive ; par Valobra. (In Rivista sperimentale di
1'reniatricc, I ! )Of. \'01. XXX, fasc. Il, III.)
L'auteur commence par donner un long exposé bibliographi-
que de la question, avec les opinions successives des auteurs qui
se sont occupés delà question. Puis il rapporte deux observations
de cas typiques d'atrophie musculaire progressive, et qui ont pré-
sente ceci de particulier qu'ils s'accompagnaient en même temps
de splanchnoploce abdominale. J. Séglas.
BIBLIOGRAPHIE
11. / ;Vf'ut'a.T : c. Recueil de Neurologie normale et pathologique,
publié par A. VAN Gehuchten. IrOl1P11n, I. Nystpruyst.
Le volume VII contient IpsarfidfS suivants :
1" Fritz De Beule. Le mécanisme des mouvements respiratoires
de la glotte chez le lapin ;-20 AVan Gehuchten. Connexions ren-
1 l'ale" du noyau de ])eileI's et des masses grises voisines (Faisceau
yestibl1lo-spinal. Faisceau lnniriludinul postérieur, SI rie- médul-
VARIA. 157
laires) ; 3° Serge SoukhanolT. Contribution à l'étude du réseau
endocellulaire dans les éléments nerveux des ganglions spinaux
par le procédé de Korsch) ; z 4" A Van Gehuchten. Considéra-
tions sur la structure interne des cellules nerveuses et sur les
annexions anatomiques des neurones. - 5o Serge Soul : hanolf.
Contribution à l'étude de l'aspect externe des prolongements
protoplasmatiques des cellules nerveuses colorés par le bleu de
méthylène. 6° A Van Gehuchten. Le corps resliforme et les
connexions bulbo-cérébelleuses ; - 7° Doit Giuseppe, Tricomi,
Allegri. Les calices de Ifeld dans les centres acoustiques ;
8 'A Van Gehuchten. Contribution à l'étude des voies olfactives ;
- '.)° Albert 3licliotte. La libre nerveuse et sa bifurcation dans
les ganglions spinaux (méthode de Cajal).
10° A. Van Gehuchten. Boutons terminaux et réseau péricol-
lulaire ; - 110 )Iicliotte. Contribution à l'élude de l'his-
tologie fine de la cellule nerveuse ; 12° A Van Gehuchten. La
poliomyélite antérieure aiguë de l'adulte ; 13° E. Rossi. L'in-
tima stuttura délie cellule nervose umane.
Le volume VU contient les articles suivants :
10 Doit. 1 ). Franilu. Su le vie dit conduzione nervosa extra-
cellulari ; 2° Dr Nicolas Alfeuskw. Les noyaux sensibles et
moteur du nerf vague chez le lapin ; ç -3°A. Van Gehuchten. Les
pédoncules cérébelleux supérieurs ; - 4° Dott. EnricoHossi.
Fina islologia délie cellule nervose giganti della cordeccia céré-
bral umana.
5" Dr F. Augustin Cemelly. Sur la structure des plaques
motrices chez les reptiles. 6° A Van Gehuchten. Le fais-
ceau en crochet de Itussel ou faisceau cvrlbolbo-buhaire ; 1) ? z
de Buch et Deroubaix. Contribution à l'llistopathologie de cer-
taines formes de psychoses appartenant à la démence précoce
(lit,aepeliii) ; 8° A Van Gehuchten. La loi de \\'aller.
VARIA
LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ
Tentative de suicide. Dans un accès de folie, Jules Arsène,
journalier à Pont-1'Evèque, s'est porté plusieurs coups de couteau
lans le has-venLne. Son état est grave. (Bonhomme Kormand,
2 juin\. - D'oit la nécesilé d' ! lm,pilaliser les aliénés dès le tlé-
but de leur maladie.
Quadruple noyade Ii Kpitial. Dans un accès de folie, une
femme Faron, âgée de vingt-sept ans, dont le mari est ouvrier
15S VARIA. '
brasseur à Ville-sur-Illun, s'est noyée dans la Saune, a 31onlhu.
reux, avec ses trois petits garçons âgés de six. quatre et deux
ans. Les cadavres des enfants ont été retrouvés les yeux bandés.
La femme Faron a laissé deux lettres, pour sa mère et son mal i
demandant pardon, disant qu'elle ne pouvait plus vivre, et re-
commandant de donner ses vêtements aux pauvres. (L'Aurore, 5
juin 1905.)
Traitement de l.'F : rILCI'SII : par 171'C11OI : URAT10\.
Ce traitement consiste substituer le 13r\a au CiXa dans la
nourriture : 0,75 à 1 gr. 50 et ? par malade et par jour. Les ré-
sultats étaient encourageants. Les accès diminuaient. La tiéchlo-
ruration complète ne put cependant pas être continuée plus de
deux mois et on employa l'hypochloruration. L'avantage de
cette méthode consiste en la diminution de plus de moitié delà
dose efficace du bromure. Ce régime n'a pas de mauvais effets sur
la nutrition générale. Il y cause cependant de la constipation.lnu-
tile chez des épileptiques à accès rares, il peut être institué avec
profit chez les idiots et les déments, lorsqu'on peut contrôler
leur diète.
Ponction lombaire dans l'état DE MAL.
Cette ponction diminue la gravité de l'état,s'il a hypertension
du liquide cuphalorachidien, hypertension qui s installe aussitôt
après le début de l'état de mal. 1 au : ur : L.
NÉCESSITÉ DE L'ASSISTANCE DES IDIOTS.
On rapporte de Saint-Xazaire, (Iil V Aurore, l'histoire d'une fa-
mille dont les membres n'éprouvaient pas une tendresse exces-
sive pour leur fils et frère.
Les époux Couedel, cultivateurs à Fay-de-liretagne, avaient
enfermé depuis le ? 5 décembre dernier, leur fils Léon. àgé de z7
ans, dans une étable ri porcs où il couchait sur du fumier, ligolté,
les mains enchaînées ci cadenassées : ni air, ni lumière nepéné-
traient dans ce réduit, l'atmosphère était empuantie par le fu-
mier et par les ordures.
Les époux Couedel déclarent que leur fils étant faible d'esprit,
ilélait nécessaire (le le surveiller. Ils axaient trouve plus simple
de l'enfermer. Ils lui passaient la soupe par une ouverture du
taudis, et tous les soirs, le faisaient sortir une heure, toujours
enchaîné et tenu par une corde, comme une bêle dangereuse. Ces
horribles détails ont été fournis à la gendarmerie par le pèi'ii
avec la plus parfaite placidité et écoutés tranquillement par la
mère et trois autres enfants qui ne semblent pas se rendre un
compte eaacl de la gravité de leur conduite, Ou garde celle
1·1115 DIVERS. 159
famille à vue eu attendant la décision du parquet do Sain(.-
Nazaire, qui va se transporter sur les lieux.
FAITS DIVERS
Tentative de suicide d'une adolescente. - Une jeune fille de
17 ans, demeurant chez sa tante, rue Cernier, à Laigneville a
tenté de mettre fin à ses jour·, mardi dernier. Elle s'est retirée
dans sachambre, vers dix heures du matin, et s'est logé deux
halles dans la tète. Les docteurs 1'tou.,Lan(l, de Creil, et Léonard
de Saint-Paul, de Nogent-sur-Oise, ont pu extraire une des balles
mais ils ont du renoncer momentanément à extraire la seconde.
Ils espèrent néanmoins sauver la blessée. Cette jeune désespérée
avait prémédité son acte, car elle avait fait secrètement l'acqui-
sition d'un revolver, a Chantilly, quelques jours auparavant. Un
ignore les causes qui ont pu amener celte jeune fille à prendre
celle funeste résolution. (Semeur de l'Uisc, 12 août.)
Une torche vivante. - A Roubaix un jeune homme, nommé
Eugène Froment, ouvrier apprèteur, âgé de ving-lrois ans,
demeurant dans une cour de la rue Deaurevaert, versa, dans un
accès de folie le contenu d'une bouteille de pétrole sur ses habits,
y mit le feu, puis sortit dans la rue et pénétrait dans l'estaminet
Ilourgeois, flambant comme une torche et hurlant de douleur. On
le repoussa sur la rue ; les consommateurs ôlèrent leurs vête-
ments et, en les entassant, parvinrent à étouffer les flamme».
Delà tête à la ceinture, il était littéralement cuit : les chairs se
détachaient.
Après un premier pansement fait par un docteur appelé en
il il lui transporté à l'hôpital dans un état désespéré. En
roule, il déclara que, s'il guérissait, il recommencerait. Ce matin
il respirait encore.
Ce malheureux avait reçu, dans sa jeunesse, une barre de fer
sur la tête. Il avait, de temps à autre, des accès de démence et
prédisait qu'il mourrait en se brûlant. Les individus qui ont
reçus des traumatismes de ce genre devraient être surveillés et
traités avec soins, suivre une hygiène spéciale et, dans bien des
cas on pourrait éviter les accidents ultérieurs.
Bestialité ET inceste. - A Annebecq (Calvados), le jeune
Alphonse Porchet, âgé de 14 ans, a été surpris, dans un champ,
au moment où il se livrait à des actes innomables sur une brebis,
On croit aussi que ce jeune homme aurait eu des relations avec
sa mère. Il sera poursuivi. (Bonhomme normand, 22 juin.)
BULLETIN bibliographique. 160
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
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Le rédacteur-gérant : HOUMEVILLE.
Clermont (Oise). - Imprimerie Daix frères et Thiron.
Vol. XXII. Septembre 1906. No 129
ARCHIVES DE NEUROLOGIE leo tu-
THERAPEUTIQUE
Nouvelles recherches sur le traitement de l'épi-
lepsie par la bromuration avec ou sans déchlo-
ruration ;
1'.\1\ Jules VOISIN, Roc.en VOISIN ci A. RENDU.
Depuis que l'action antispasmodique des bromures a
été utilisée dans le traitement de l'épilepsie, nombreux
sont les auteurs qui ont recherché quelle était la meil-
leure méthode d'administration de ce médicament pour
en obtenir le maximum d'effet thérapeutique. La déchlo-
ruration, imaginée par Richet et Toulouse, n'est, en
somme, qu'un nouveau procédé de bromuration. Elle ne
peut, en effet, iL elle seule, modifier en quoi que ce soit
le cours de l'épilepsie. et n'agit qu'en renforçant, dans
certaines conditions, l'action des sels de brome, dont la
prise ne doit pas être suspendue.
Les inconvénients de la déchloruration sont nombreux :
c'est d'abord la difficulté, considérable ordinairement
dans la pratique, de faire suivre longtemps aux malades
un tel régime, par suite du dégoût qu'il inspire au bout
de peu de jours, et des accidents de dénutriton qui résul-
tent de ce manque d'alimentation. Ce sont ensuite les
accidents d'intoxication par le brome qui apparaissent
plus rapidement, et d'une façon plus intense, pendant le
régime déchloruré que pendant le régime ordinaire. 11
suffit, pour les produire, d'une quantité de bromure con-
sidérée comme moyenne au cours d'un régime ordinaire,
et une dose de -1 grammes donnée à un adulte devient
une dose forte (Toulouse).
Archives, 2' série, 1900, L. XXI I 11
162 THÉRAPEUTIQUE.
C'est ainsi que dans une expérience, rapportée au
mois de décembre 1905 à la Société médicale des Hôpi-
taux (1), avec cette dose de 4 grammes de KBr donnée
pendant un mois, au cours d'un régime déchloruré, à des
épileptiques adultes, nous avons constaté, indépendam-
ment du dégoût de l'alimentation, des accidents variés,
les uns nettement sous la dépendance d'une intoxication
par le brome ; d'autres, des troubles mentaux, d'une
interprétation plus difficile ; d'autres, enfin, de nature
épileptique, états de mal, dont la symptomatologie avait
été modifiée par suite du bromisme des sujets. A ce
propos, nous insisterons sur ce dernier diagnostic d'état
de mal, appliqué à des accidents caractérisés par la perte
de connaissance, l'élévation de température, l'ébauche
de crises convulsives ; diagnostic controuvé à la séance
même de la Société par M. Toulouse ; l'élévation de tem-
pérature, contrairement à l'opinion soutenue par notre
contradicteur, ne peut être le résultat de l'intoxication
par le brome; le bromisme, ainsi que le décrivent les
classiques, et que des expériences récentes que nous
venons d'effectuer chez des animaux nous l'ont confirmé,
déterminant toujours de l'hypothermie.
Pour que des accidents aussi intenses apparaissent
avec le régime ordinaire, la dose de KBr doit être très
élevée ; et encore est-il à observer que la dépression du
malade paraît moins marquée.
Dans le courant de décembre, nous avons institué,
pendant un mois, un traitement de 12 gr. de Kbr par
jour, chez 12 épileptiques adultes, choisies parmi celles
qui avaient déjà, au mois de juin, suivi le traitement
sans sel avec 4 grammes de bromure de potassium.
L'état général des malades ne fut pas sensiblement
modifié. Les variations de poids furent à peine apprécia-
bles.
Mais l'apparition des accidents de bromisme dut
bientôt faire cesser le régime. Dès le 5 décembre, (i ma-
lades n'avaient plus de réflexe pharyngien et, le 11 dé-
cembre, l'abolition en était complète chez tous les sujets.
(1) Jules VOIS[ ? Roger Voisix el A. Ilcyou.-I3romisme,lrouhlcc
mentaux et état de mal épileptique au cours de la dcehtoruration
avec hromuralion chez les cpiiepUqucs. 6'oc. A/c. FI6p.,I'JO ? p.
RECHERCHES SUR LE TRAITEMENT DE L'ÉPILEPSIE. 163
Ce furent, dès lors, une série d'accidents un peu analogues
il ceux que nous avions observés avec le régime de la
décliloruration; mais avec moins d'intensité cependant.
Deux malades seulement présentèrent de l'acné, et, si
plusieurs montrèrent des modifications de caractère et
une légère titubation, nous n'eûmes pas à noter cette
inertie absolue et cette profonde dépression que nous
avions signalées en décembre.
Cette fois encore, une malade fut atteinte d'état de mal,
trois jours après cessation du régime, et y succomba.
bien que le nombre de crises fut relativement restreint
(25). et cette sorte d'absence de réaction doit, croyons-
nous, être rapportée à la bromuration intense de l'orga-
nisme, bien que cette bromuration n'ait point, dans ce
cas, déterminé d'accidents graves d'intoxication.
Le résultat de cette hyperbromuration sur le nombre
des crises fut très marqué. Nos épileptiques qui, les
mois précédents (KBr i gr. régime ordinaire), avaient
présenté une moyenne de '290 accès par mois, ne pré-
sentèrent, pendant ces 30 jours (KBr 12 gr. régime ordi-
naire), que 11 accès et G vertiges, soit, une diminution
de ''4,1 "/„. Si nous nous reportons aux travaux publiés
en décembre 1905, nous verrons que ces mêmes malades
présentaient, en avril et mai 1905 (régime ordinaire
avec 4 grammes de bromure de potassium), respective-
ment 373 et 3S1 accès, et, en juin (régime sans sel avec
4 grammes de KBr), 17 accès, comme dans cette expé-
rience. Il semble donc que le régime sans sel triple le
pouvoir du bromure donné. -
D'un autre côté, la cessation brusque de la bromura-
tion paraît, ainsi que l'a remarqué Icgrand du Saule,
réveiller l'épilepsie latente. Il semble que l'organisme
possède comme une réserve d'accès, faite pendant le
traitement, et qu'il rattrape, pour ainsi dire, le temps
perdu, sitôt le traitement terminé. C'est ainsi que chez
des épileptiques jeunes, qui pendant une période de bro-
muration intense (S. gr. de bromure de potassium par
jour) d'une durée de 30 jours ne présentèrent qu'un total
de 18 attaques et (i vertiges ; dans les 10 jours qui suivi-
rent la cessation complète du médicament, on put
compter 248 attaques et 11 vertiges. Ces chiffres étaient
164 THÉRAPEUTIQUE.
identiques à ceux trouvés pendant un mois de bromu-
ration moyenne (2 gr.)
De ces essais thérapeutiques nous concluons d'abord
que l'on ne peut pas conserver impunément pendant
un mois un régime ordinaire avec 12 gr. de bromure
par jour, ou un régime sans sel avec 4 gr , car ces régi-
mes, s'ils abaissent considérablement le nombre des
accès, abrutissent les malades et causent de l'intoxica-
tion bromique, puis que la cessation brusque de la
prise de bromure pour enrayer cette intoxication paraît
être dangereuse.
Par contre, lorsque l'on se contente de donner aux ma-
lades une dose de KBr. inférieure à celle indiquée ci-des-
sus et toujours la même, les accès demeurent très fré.
quents. Une certaine accoutumance au médicament
s'établit qui en affaiblit le pouvoir.
Des constatations analogues, faites par Charcot, Gilles
de la Tourette, avaient déterminé ces auteurs à conseil-
ler de donner aux épileptiques les bromures à doses
alternativement croissantes et décroissantes.
Nous avons pensé que l'institution passagère d'un régi-
me déchloruré pouvait être utilement établie dans cette
progression thérapeutique.
Des recherches antérieures (1) nous avaient amenés
aux constatations suivantes :
Si à la bromuration simple on fait succéder la déchlo-
ruration en maintenant la même dose de bromure, les
accès diminuent très notablement.
Mais qu'on laisse l'épileptique pendant plusieurs se-
maines à un régime strictement déchloruré et sans lui
donner de bromure, puis qu'on lui redonne une dose
moyenne de bromure avec un régime salé ou sans sel, les
deux résultats seront identiques, le régime semblant
indifférent.
Nous avions noté d'autre part que la cessation du trai-
tement bromure au cours d'un régime déchloruré produit
moins d'effet nuisible qu'au cours d'un régime ordinaire.
Nous avions conclu de ces constatations d'abord que
(1) Jules Voisin, ! tugCI' Voisin, Louis Kuantz. De la décliluni-
ration dans l'épilepsie, ses avantages, ses inconvénients. Soc.
met. Hôp., 16 drc. 1901.
RECHERCHES SUR LE TRAITEMENT DE L'ÉPILEPSIE. 105
la bromuration antérieure de l'organisme paraissait
nécessaire pour que l'institution d'un régime sans sel
produisît son effet optimum; puis que l'action du bromure
se prolongeait plus longtemps lorsque le malade ne
prenait pas de sel.
Pour expliquer ces faits, nous adoptions l'hypothèse
suivante : .
Le bromure agit en grande partie en remplacant le
chlorure dans ses combinaisons à l'intérieur des tissus,
(Linossier);ces combinaisons bromurées sont peu stables
et sont détruites par la prise d'un e nouvelle quantité de
sel ; elles se maintiennent par contre même après cessa-
tion du traitement bromuré si la déchloruration est
rigoureusement continuée. De plus dans ces remplace-
ments du chlorure par le bromure dans ses combinaisons
albuminoïdes, le rôle capital nous paraît revenir aux
phénomènes d'osmose et aux phénomènes chimiques
qui accompagnent toute déchloruration. C'est grâce à ces
phénomènes que le bromure inclus dans les tissus vient
remplacer le chlorure.
Et nous avions alors préconisé dans le traitement de
l'épilepsie des alternatives de régime salé et non salé,
« parce que, écrivions-nous, nous pensons que les phé-
nomènes physiques et chimiques qu'elles déterminent
facilitent à la fois l'élimination urinaire et la fixation
du bromure, et parce que cette variété même du régime
en permet la bonne exécution. »
Dans l'expérience que nous allons rapporter, nous
avons combiné la déchloruration et la progression
des bromures; nous avons institué le régime suivant :
après 10 jours de régime ordinaire avec 4 grammes de
K13p, nous donnions pendant 10 jours, 10 grammes de
bromure, puis après cette hyperbromuration, nous met-
tions pendant 10 jours nos malades au régime sans sel en
suspendant la prise de bromure. Nous espérions ainsi
débarrasser l'organisme de son excès de bromure circu-
lant, sans déplacer cependant le bromure combiné.
Les malades adultes soumis à ce régime furent les
mêmes que dans les expériences précédentes : le régime
fut poursuivi pendant cinq périodes de 30 jours.
Le tableau I donne pour chaque malade le nombre des
1(i ? 1
THÉRAPEUTIQUE.
accès pendant chaque période ; en les réunissant nous
avons les résultats suivants :
1G8 THÉRAPEUTIQUE.
avec bromuration prolongée, ou au cours de l'hyper-bro-
muration. Ce régime nous parait donc devoir être insti-
tué.
. Les doses de bromure de potassium que nous avons don-
nées il nos adultes étaient de 4 gr. puis de 10 gr. Chez les en-
fants, ces doses devraient être diminuées, tout au moins
chez les jeunes enfants jusque vers l'âge de 15 ans ; car à
10 et surtout il 1S ans, les épileptiques doivent être consi-
dérées comme des adultes.
C'est ce que nous montrent quelques constatations faites
dans notre service d'enfants. Au mois de juin 1905, seize
enfants de 11 à 18 ans, furent soumises pendant un mois
à un régime déchloruré avec prise j ournalière de gram-
mes de bromure de potassium. Dans le mois de mai, avec
cette même dose de KBr, mais le régime restant salé, ces
enfants avaient présenté un ensemble de 253 accès. Le
régime sans sel ne fit tomber ce nombre qu'à 180.
Ce résultat plutôt médiocre de la déchloruration nous
étonna. En effet 12 de ces 1 ! 1 malades avaient suivi, l'an-
née précédente, le même régime, et le nombre de leurs
crises était tombé de 224 à 59. Cette fois-ci, le total des cri-
.ses des mêmes enfants tombait seulement de 251 à 155.
Soit la première fois une diminution de 73,7 % des accès,
contre une de 33 % la seconde.
Pourtant nous ne pouvions pas incriminer les condi-
tions climatériques; l'expérience en 190 et en 1905 avait
été effectuée au mois de juin ; de plus le mois précédent.
le nombre des accès de nos malades était resté station-
naire ; 231 accès en mai 1905 contre 224 en mai 1904.
En comparant les tableaux de z0 et de 1905, nous
avons alors remarqué que, tandis qu'en 1904 toutes nos
enfants avaient présenté moins d'attaques,en 1905,seules
les plus jeunes, celles de 12, 13, 14 ans (Chia ? Nie..
Per..) étaient dans les mêmes conditions : 14 accès
contre 57.
Par contre,les enfants âgées de lU,17, 18 ans n'avaient
recueilli presque aucun bienfait du régime déchloruré,
(141 contre 174)
RECHERCHES SUR LE T11.11T1 : >ILN T DU L'ÉPILEPSIE,
169
170 CLINIQUE NERVEUSE.
de régime sans sel et sans bromure, donne dans les cas
d'épilepsie dite essentielle à accès très nombreux, de très
heureux résultats.
Ces courtes périodes de déchloruration laissent reposer
l'organisme, sans cependant amener les inconvénients
et les accidents que l'on a signalés dans ce régime. Elles
évitent une bromuration trop considérable de 1 individu,
qui devient plus nuisible qu'utile en supprimant la réac-
tion nerveuse nécessaire.
Nous ne préconisons donc pas l'institution constante
d'un régime sans sel avec faible bromuration au cours du
traitement de l'épilepsie ; l'augmentation de la dose de
bromure pendant le régime ordinaire donne les mêmes
résultats.
Nous recommandons par contre les alternatives de
régime ordinaire et de courtes périodes de régime sans
sel, et, entre autres, le régime suivant : 10 jours à i gr.
de bromure de potassium, 10 jours à 10 gr. avec régime
ordinaire pendant ces deux périodes, puis 10 jours de
régime sans sel et sans bromure.
Ces doses, instituées chez les adultes, sont applicables
également le plus souvent aux adolescents de Hi à 18 ans.
CLINIQUE NERVEUSE
Un cas de compression de la moelle avec des
phénomènes de tétraplégie spasmodique. (Con-
tracture, exagération des réflexes tendineux, trépidation
épiléptoïde, signe de Babinski, guérison.)
Par M. le D' NOICA,
Médecin adjoint de 111. le Professeur 1), Mal'ineseo, Chef du service
des maladies nerveuses de Bucarest.
L'étude des compressions médullaires occupe encore
aujourd'hui la sagacité des neurologistes, et parmi les
autres problèmes que soulève ce chapitre, se trouve
aussi le suivant : Quoique Charcot, Westphal, Strünmpel,
l3aymond, Babinski, etc., aient montré que les phéno-
mènes spasmodiques peuvent exister sans que la moelle
UN CAS DE COMPRESSION DE LA .MOELLE. 171
présente des lésions de dégénérescence des faisceaux
pyramidaux, en clinique encore, quand on se trouve en
face de pareils symptômes, on n'hésite pas à admettre
qu'il doit y avoir des lésions de dégénérescence et par
conséquent d'émettre un pronostic grave.
La cause, dit le professeur Raymond, tient à la difficulté
que nous avons de dire devant le malade, si tels phéno-
mènes de compression traduisent seulement un trouble
fonctionnel, ou encore si tels autres traduisent une lé-
sion des faisceaux nerveux. Nous nous sommes heurtés
il cette difficulté quand on a emmené le malade à l'hôpi-
tal l'antélimon.;
A. M.. mécanicien, âgé do 20 ans, est reçu dans le service de
M. le prof. ilarinesco,le 20 novembre 1903. Dans ses antécédents
héréditaiies et personnels, on ne trouve rien d'intéressant. Il va a
cinq mois, il lui est arrivé un accident à la batteuse où il travail-
lait. Une roue delà machine, lui accrochant son veston par der-
rière et puis le soulevant à la hauteur d'un mètre, l'a fait se con-
tusionner très fort à la nuque ; puis il est tombé par terre. Im-
médiatement le jeune homme a pu se relever, toulseul,f'aire une
vingtaine de pas, mais il a dû s'arrêter par suite des douleurs
terribles qu'il ressentait à la région contusionnée. Un le trans-
porte chez lui, où il est forcé de garder le lit pendant une se-
maine à cause des douleurs de la nuque. En même temps il sen-
laides fourmillements dans les quatre membres eL surtout dans
1rs membres supérieurs.
Pendant les trois mois qui ont suivi, le jeune mécanicien a pu
s'occuper de son métier sans ressentir autre chose qu'un affai-
hli5scment progressif de la force musculaire dans tous les mem-
bres. Inquiet, il entre dans un hôpital de province, n'ayant plus
la force de se tenir debout. Après un séjour do 2 mois dans cet
hôpital pendant lequel il a été tout le temps paralysé au lit, se
plaignant encore do palpitations et môme quelque temps de l'in-
continence d'urine, on l'emmène envoiture dans notre service.
Le jour de son entrée, on voit un jeune homme paralysé dans
son lit, intelligent, de bonne constitution, avec un appareil mus-
culaire bien développé. A la nuque on ne constate aucune défor-
mation, aucune (race do lésion. Les membres inférieurs sont on
extension complète, et les mouvements sont presque abolis, à
peine peut-il produire un léger mouvement d'adduction avec son
membre inférieur droit, et quelquefois un très léger mouvement
de flexion avec lo gros orteil droit. Pendant la nuit il fait quel-
quefois, dit-il, des mouvements limités do flexion et d'extension
dans les genoux. \
172 CLINIQUE NERVEUSE.
Les mouvements passifs dans toutes les jointures des membres
inférieurs se font avec difficulté par suite d'un état de contracture
très exagéré. La résistance musculaire est presque nulle. Lasla-
tion debout lui est impossible. Les réflexes tendineux, rotuliens
et achilléens sont exagérés. 11 y existe du clonus et le signe de
Bahinski des deux côtés.
Les membres supérieurs varient de position, et sont moins pris
que les autres. Il lève le membre supérieur gauche jusqu'au plan
horizontal, le droit un peu plus haut. Les mouvements de flexion
et d'extension du coude se font entièrement ; le malade dit que
l'extension est plus difficile. Les mouvements de supination et
de pronation s'exécutent bien. Les mouvements du poignet sont
très difficiles. Le patient, qui a les doigts fléchis dans la paume
de la main, peut exagérer celle flexion à gauche, mais nullement
à droite ; il lui est impossible d'étendre lesdoigLs et avec le pou-
ce il ne peut faire aucun mouvement. Les mouvements passifs
se font assez facilement dans toutes les jointures, maison nepeut
défléchir les doigts qu'avec beaucoup de peine. Les réflexes ten-
dineux du coude et du poignet sont exagérés des deux côLés. La
furce dynamométrique aux mains est nulle. Au coude, la force
musculaire des fléchisseurs est diminuée et celle des extenseurs
est abolie.
La sensibilité générale est légèrement troublée. On trouve de
l'lw poeslltésic tactile à la plante des pieds, sur les deux faces des
mains, sur le gland et sur la face interne des cuisses. De l'hy-
poalgésie sur les deux faces des mains et puis sur toute la face
interne des avant-bras jusqu'aux coudes. ])o l'hypothermie avec
cliesthésie sur les membres inférieurs (dans toute leur étendue),
sur les deux faces des mains, et sur la face interne des avant
bras jusqu'aux coudes. La sensibilité osseuse n'est pas atteinte.
Le sens musculaire est aboli aux doigts et aux poignets. Les pieds
et les mains sont froids et remplis de sueurs. Les réflexes abdo-
minaux, inférieurs et moyens, sont abolis, les réflexes épigaslri-
ques sont diminués, les réflexes cremasteriens abolis.
11 n'existe pas de trouble de miction ou de défécation. On le
traite dans le service avec le massage et le repos absolu.
Le 17 avril 1904, le patient quitte le service, sur un brancard,
sans avoir senti aucune amélioration. Il reste quelques jours la la
maison, puis au mois de mai et de juin il fait un séjour dans une
modeste station de bains de boue. Là il prétend que, après le di-
xième bain et après dix séances de massage on n'avait plus be-
soin de le transporter, il allait tout seul, appuyé sur une canne.
Après le trentième bain il s'est senti complètement guéri.
Le 17 août de la même année, notre ancien malade vient nous
faire une visite à l'hôpital, pour nous montrer qu'il marche comme
tout le monde, qu'il se sert normalement de , ses bras, enfin
UN CAS DE COMPRESSION DE LA MOELLE 173
qu'il est revenu à l'état de santé antérieur il l'accident. Si on
l'examine, on constate que la force dynamométrique à droite in-
dique 70, à gauche 80. La inutilité des membres supérieurs est
normale, les mouvements des doigls s'exécutent môme parfaite-
ment bien. La motilité et la marche des membres inférieurs sont
absolument normales. Plus de trouble desensibilité, le sens mus-
culaire est revenu aussi. Les réflexes rotuliens et achillécns très
légèrement exagérés. Plus de clonus et de signe de Babinski à
droite. A gauche le signe de liabinski existe encore et une ébau-
che de clonus. Les réflexes crémastériens et abdominaux se pro-
duisent très bien.
En résumé : un jeune homme de 20 ans, qui reçoit un coup
très fort à la nuque, suivi d'une douleur terrible dans
la région du traumatisme, qui garde le lit pendant une
semaine, ne se plaignant d'autres symptômes que de
douleurs à la nuque et de fourmillements dans les qua-
tre membres. Après une semaine, le patient, reprenant
son travail, observe un affaiblissement dans les membres,
s'accentuant de plus en plus. Trois mois après l'accident,
il entre dans un hôpital départemental, avec une para-
lysie de tous les membres et surtout des membres infé-
rieurs : il ne peut plus marcher, ni rester debout, de
plus il a eu de l'incontinence d'urine. '
Le 20 novembre on l'emmène dans notre service avec
paraplégie spasmodique très intense des membres infé-
rieurs et une légère paralysie spasmodique des membres
supérieurs. Neuf mois après le début de la paralysie,
c'est-à-dire une année après l'accident, le malade guérit
complètement, après une cure de bain de boue et de mas-
sages. Notre cas n'est pas isolé, et si la guérison s'est
produite, c'est parce que la compression n'a pas été suivie
d'une dégénérescence des faisceaux pyramidaux, autre-
ment dit il rentre dans la catégorie de ceux qui clinique-
ment se présentent avec des signes de spasmodicité, mais
qui anatomiquement ne s'associent pas à des lésions de
dégénérescence.
Déjà Charcot et plus tard son successeur, le profes-
seur Raymond (1), soutenaient qu'il serait inexact « de
se baser sur la longue durée (plus de sept mois) de
(1) Rwmoxd 0 ET S;c.\ ! tU. Soc. de ncwologic. Séance du 5 févr.
HI03, Compression médullaire par fracture du rachis. Paraplégis
spasmodique ; laminectomie.
174 CLINIQUE NERVEUSE.
la spasmodicité, avec clonus et extension des doigts
sur la présence des troubles sphinctériens et sur un
commencement de syndrome de Brown-Séquart pour
conclure à une lésion médullaire consécutive à une coin--
pression », autrement dit, l'état spasmodique n'est pas
exclusivement et nécessairement sous la dépendance de
la dégénérescence du faisceau pyramidal.
Pour Westphal et Strümpel, l'exagération des réflexes
tendineux serait aussi indépendante d'une dégénérescen-
ce secondaire ; si elle existe, c'est une pure coïncidence,
parce qu'alors le centre inhibitoire de l'encéphale cesse
d'exercer son action sur le centre médullaire.producteur
des réflexes, à cause de la rupture des fils qui le liaient
à ce dernier. Preuve, disent ces auteurs, les cas d'apo-
plexie cérébrale compliqués immédiatement de contrac-
ture,convulsions et exagérations des réflexes tendineux.
Dans ces cas l'apoplexie cérébrale est produite par une
grande hémorrhagie,ou par unehémorrhagie qui a péné-
tré dans les ventricules latéraux, ou dans le 4° ventricu-
le, ou dans la protubérance ou dans le bulbe. Il y a dès cas
aussi chez lesquels, aulendemain, ou le 4" jour d'une atta-
que apoplectique, apparaissent des convulsions et des
contractions accompagnées del'exagération des réflexes
tendineux, tous ces phénomènes produits par une réac-
tion inflammatoire d'un foyer cérébral disparaissent
dans peu de temps.
Babinski (1), s'associant aux auteurs précédents, cite
trois observations avec autopsie, dans lesquelles il n'a
pas trouvé de lésions dégénératives, quoique les mala-
des, pendant la vie, aient présenté des phénomènes de
spasmodicité. Il ajoute encore à cette occasion des cas de
Schultze(2), de Fraenkel(3), de Philippe et Cestan (4), de
(1) B.\IIUiSK ! . -Soc. méd. des hôpitaux. Séance du 22 mars 1899. Sur
une forme de paraplégie spasmodique consécutive il une lésion or-
ganique et sans dégénération du faisceau pyramidal.
(2) Oiehl es eine primnre Sklerose der Seitena frange de ?
Riickenmarks ? von 1), med. Richard Schultze, Deutsches Archrr.
f. Klin. Mes, XXII Rand, p. 343.
(3) Zur Lehre vorr derr Gôclllvuisten der Ri/c/zellll2al'ksc/zallte. Deuts-
che mcdicinische Wochenschrift, 1899, n" 28, 29 und 30.
(4) Etat du faisceau pyramidal dans quatre cas de contracture
spasmodique infantile, par MM. Ch. Philippe rL R. Cestnn. Soc. de
Biologie, année 1897, p. IOSU.
UN CAS DE COMPRESSION DE LA MOELLE. 175
Cestan (1) et un cas publié par lui-même dans sa thèse (2).
F.Raymond et S ? 1. Sicard, dans leur travail déjà cité, pu-
blient un cas analogue, et J. Babinski, dans la même
séance de la Société de Neurologie, présente un nouveau
cas.
On peut déduire de ces faits que les signes cliniques
de spasmodicité ne coïncident pas toujours avec une
dégénérescence des faisceaux pyramidaux, et par con-
séquent,dans les cas de compression,on guérit assez sou-
vent si l'on sait intervenir chirurgicalement à temps,
comme dans le cas de Raymond et Sicard et le cas de
Babinski, déjà cités.
Notre cas peut entrer dans cette catégorie, seulement
nous ne savons et nous ne pouvons pas dire quelle a été
la cause de la compression, qui a duré pendant une
année et puis a disparu d'elle-même.
M. le professeur Marinesco croit, et nous sommes de
son avis, que le traumatisme a pu produire une hémor-
rhagie méningitique, quipetit à petit a provoqué une irri-
tation de voisinage et il s'est formé là une plaque de pa-
chiméningite hémorrhagique, qui comprimait la moelle
et produisait des phénomènes de spasmodicité. Avec le
temps, le repos, les bains de boue, et le massage, la pla-
que a pu se résorber et les signes de spasmodicité dispa-
raître complètement. Un mot avant de finir. Notre ma-
lade présentait, à l'hôpital, le signe de Babinski des deux
cotés, mais quand il est revenu guéri, le réflexe n'existait
plus du côté droit et se produisait encore à gauche.
Probablement qu'avec le temps il disparaîtra aussi. En
somme, ce signe clinique ne nous autorisait pas, chez
notre malade, à dire qu'il traduisait une lésion de dégé-
nérescence, mais tout au plus un trouble fonctionnel du
faisceau pyramidal.
(1) Tumeur cérébrale comprimant la loue rolandique gauche,
hémiplégie permanente, intégrité du faisceau pyramidal, par Cestan.
(Soc. anatomique, février 1899.)
(2) Etude anatomique et clinique sur la srlérrose en plaques, par J.
l3;rhinsl : i. Thèse de Paris, 1889.
CLINIQUE MENTALE
Délire de persécution à base de fausse
interprétation et délire alcoolique; .
par il
IŒMOXU (de lleLz),
Professeur de clinique des ma-
ladics men laI cs à l'enh"cl'-
sité de Toulouse.
eL L
, Lucien LIGItII 1 I : ,
Ancien chef de clinique des ma-
ladies menlales, médecin
des asiles.
Dans un récent article, le dur Simon (Epilepsie, délire
alcoolique, mélancolie, etc., etc., Archives de Neurologie,
février 1905, p. 104) a rapporté l'observation intéres-
sante d'un malade chez lequel existaient différentes affec-
tions mentales, et il a montré que la possibilité de recon-
naître de telles coexistences était « un des faits les plus
« propres à montrer que les études cliniques ne sont pus
« restées,en psychiatrie.plus stériles que dans les autres
« parties de la médecine ».
La reconnaissance des psychoses combinées présente,
en effet, un haut intérêt, qui s'élève bien au-dessus de ce-
lui que peuvent présenter ce que nous pourrions appeler
les élégances de la clinique, en raison de la diversité de
. pronostic des divers états et de la nécessité qu'il y a, en
matière d'observation, à conserver une bonne tenue aux
descriptions cliniques.
Il y a plus : il existe en psychiatrie tout un chapitre
riche de détails, concernant plus de la moitié des maladies
ou des troubles psychiques que nous observons, et dans
lequel la sagacité des chercheurs n'a pu encore mettre
tout l'ordre que nous voudrions y voir régner, chapitre
à l'endroit duquel chaque observateur est contraint de
se constituer une religion personnelle toute provisoire,
sorte déclassement pratique, dans l'attente de celui qui,
un jour, viendra proposer un plan scientifiquement ac-
ceptable. Ce chapitre est celui des dégénérescences.
DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 1 ? 7
Alors que l'accord est unanime pour reconnaître l'exis-
tence, l'autonomie, la régularité clinique de la manie, de
la mélancolie, de la paralysie générale, nous sommes, à
l'égard de tous les autres complexus morbides, encore
dans une période de tâtonnement, puisqu'au milieu des
innombrables matériaux recueillis, une seule notion très
nette et incontestée s'élève, celle de la dégénérescence
héréditaire ou acquise. ,
C'est pourquoi, à tout instant, nous voyons surgir un
vocable nouveau pour une entité prétendue en laquelle
nous avons la crainte de ne rencontrer que l'éphémère de
la mode. Mais il faut reconnaître que ceci ne peut guère
advenir que des dénominations qui préjugent trop et
risquent de devenir au bout de peu de temps des non-sens
alors que, bien au contraire, les dénominations mettant
simplement en vedette les symptômes dominants consti-
tuent un bon travail de classement destiné à déblayer ce
qui appartient il l'avenir. .
Pour aider à ce travail, il importe au plus haut point de
tâcher de dépister les complexus, de départager ce qui
appartient il telle cause ou à telle autre, faute de quoi
les éléments combinés et embrouillés de deux états dis-
tincts pourront faire croire à l'existence d'une forme
nouvelle, inédite, à décrire ; ou bien, ils feront entrer le
complexus dans un cadre qui ne lui convient pas.
Pour éviter cela, il faut des observations très complè-
tes, très raisonnées, où rien ne soit omis ; il faut encore,
au point de vue didactique, ne s'arrêter qu'à celles pour
lesquelles on a pu réunir tous les éléments nécessaires
et rejeter provisoirement celles dont les données sont
incomplètes.
L'observation qui suit pourrait peut-être ne pas échap-
per complètement à ce dernier reproche, mais il nous a
paru cependant que ses éléments constitutifs étaient as-
sez riches et suffisamment précis pour qu'il nous soit
permis, alors qu'elle s'appuie sur des travaux antérieu-
rement produits, d'en tirer une conclusion.
Observation. -Le 17 juin 1901, Antoine C ? se présente à la
consultation de la Clinique des maladies mentales de Toulouse,
se plaignant de délire et d'hallucinations. Ce malade, âgé de
35 ans, célibataire, licencié s sciences, est étudiant en philoso.
.lttcnrvrs, 2' série, 1OG, 1. XXII 12
178 CLINIQUE MENTALE. 1
]'hie ; il nous donne sur sa maladie un ensemble de détails qui
font naître en nous le désir de l'observer plus longuement; nous
l'engageons à solliciter son entrée à la Clinique, où il est placé
dès le lendemain. Malheureusement, ce malade n'ayant passon
domicile de secours dans la ville, nous n'avons pu le conserver
que pendant très peu de jours, et l'observation dont il fait l'objet
n'a pu être aussi complète que nous aurions désiré qu'elle fût.
La première enfance d'Antoine C ? ne présente aucune parti-
cularité à noter. Vers l'âge de onze ans, nous voyons survenir
des phobies religieuses : le malade n'a pas osé avouer une faute
génitale au cours d'une confession, d'où terreurs religieuses, peur
obsédante de mourir en état de péché mortel, et d'èti'e assassiné au
cours de son sommeil, aussi ne couchait-il jamais sans son cou-
teau, alin de se défendre contre toute attaque. D'ailleurs, dès
cette époque, l'emotnite était très grande et la musique reli-
gieuse déterminait chez ce malade un plaisir tellement doulou-
reux qu'ilne pouvait généralement pas la supporter et était obligé
de sortir.
Vers la même époque, on note une affection gastro-intestinale
avec mouvement fébrile et délire, au cours duquel le malade dit
avoir ressenti la sensation très nette de ce qu'il a pu rapporter
plus lard au devenir d'Heraclite. Peu après, nous voyons survenir
un accès de somnambulisme.
De 12 à 18 ans, le malade est pensionnaire dans un petit sémi-
naire. « J'étais, dit-il, assez chétif, très timide, assez religieux,
j'étais, en somme, un esprit positif et sceptique. »
A 18 ans, au cours d'une promenade, il rencontre un aliéné qui
lui dit que « les francs-maçons et les rouges » lui feraient du
mal. Cette remarque ne lui fit à l'époque aucune impression ;
mais aujourd'hui, elle revêt pour lui un caractère prophétique;
elle a pris dans le champ de sa conscience une importance Irès
grande, parce que, suivant son expression imagée, sa mémoire au-
jourd'hui, c'est-à-dire son.passé, déborde son présent.
A l'âge de vingt ans, le malade commence à se masturber un
peu ; puis, un an plus tard, il est boursier de licence, mais celte
bourse lui est bientôt supprimée pour irrégularité dans ses actes
de scolarité. A la faveur de celait, quelques idées de persécu-
tion se font jour : Antoine C ? croit que celle bourse lui a été en-
levée pour être donnée il un protestant ; il croit que toutes les
bourses sont accaparées pour les (ils de pasteurs. Depuis ce mo-
ment, quelques excès alcooliques : armagnac et bière.
Le malade continue néamoins ses éludes^ et à 23 ans, reçoit son
diplôme de licencié ès sciences mathématiques. Un an après, il
entre comme répétiteur dans un collège privé tenu par les jé-
suites, où il reste de 1890 à 1894. Cette période est caractérisée par
180 CLINIQUE MENTALE.
un ensemble de préoccupations religieuses qui portent le malade
à étudier la métaphysique.
Après une année passée très péniblement à la recherche de le.
rons particulières, Antoine C ? entre comme répétiteur suppléant
au collège Sainte-Barbe, à Paris; et là, toujours préoccupé par
des questions de philosophie religieuse, il se décide à poursuivre
la licence en philosophie. Il suit les cours d'Egger, (le
de Coutroux à la Sorhonne. ceux de llihot au Collège de France,
etplus particulièrement ceux de l'abbé Pyat, à l'Institut catholi-
que. Mais aucune des théories qui sont émises devant lui ne le
satisfait entièrement, et il en est arrivé à une manière d'éclec-
tisme bizarre, oii l'on voit se côtoyer une psych ologie d'un posi-
tixisme outré, avec une morale fondée sur le libre arbitre et sur-
tout avec une métaphysique spiritualiste.
Pourtant cette métaphysique, il ne la ^conserve encore, et
même, est-ce sans nul examen, que comme le moyen provisoire
de. croire toujours pour un peu à quelque chose, eL, concentrant
ses efforts sur l'étude due la psychologie, il arrive à concevoir une
doctrine sensualiste avec, annotation numérique des sensations;
puis, après avoir établi la critique des éléments de psychuphvsi-
que de lcclmcr, il finit par réduire la philosophie une arithmé-
tique où le calcul des probabilités tend ! \ devenir un calcul de cer-
ti tude, a, cc, comme critérium, l'observation interne.
Or, à côté de celle théorie qui tend tout uniment à remplacer
un positivisme par un autre, la métaphysique que nous vovotb
subsister est une métaphysique pratique, c'est-à-dire une pure
religion caractérisée par un ultramontanisme exagéré : le res-
pect de la religion, des ancêtres, allié à la soumission au pape.
L'intérêt des peuples de race latine est d'augmenter la puissance
papale ; c'est pour avoir fait échec à l'autorité de Léon XIII que
l'Italie a été vaincue par Ménélicl., l'Espagne par Cuba ; c'est
pour la même raison que la France a dû reculera Fashoda.Le gal-
licanisme, dit C ? est donc une mauvaise spéculation.
Quant aux moyens de concilier sa doctrine psychologique avec
sa croyance au libre arbitre, le malade dit n'avoir pas encore
eu le temps de s'en préoccuper. « Je fais de la philosophie, dit-il,
parce que chez moi toute idée incomplète s'accompagne d'une im-
pression pénible. »
Quoi qu'il en soit. le malade nous dit qu'en 1896 et 1897, s'est
opérée une véritable « dissolution » de son esprit; mais il ne
s'est aperçu de cette dissolution » que longtemps après qu'elle
eut été achevée, c'est-à-dire, au début de la maladie, lorsque,
afin de se rendre compte de la signification des phénomènes qui
se passaient en lui, il fit une enquête sur son passé : cette disso-
lution fut caractérisée parce fait que se posèrent successivement
DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 181
(Mi son esprit les grands problèmes concernant d'abord les idées
de temps, puis les idées d'espace, enfin les idées d'infini.
Notre malade a quitté le collège Sainte- Barbe àla fin de l'année
scolaire, en 1895, et a partir de cette époque, vit en donnant des
leçons particulières. Au cours de l'été 1899, nous le trouvons oc-
cupe d'un préceptorat chez la comtesse V ? et c'est àcette époque
que paraît débuter le délire plus net qui constitue le point cou-
argent de celle observation. Il se trouve là, vivant à la campa-
gne, presque seul avec une femme intelligente, belle, envelop-
pante, qui s'intéresse à lui, lui marque de la confiance ; il finit
par éprouver pour elle des sentiments qu'il dit purement psychi-
ques, qui font qu'il sent ne pouvoir vivre que près d'elle, qu'il
aime tout ce qui la touche, tout ce qui vient d'elle. Il sait qu'il
doit la quitter bientôt, mais se consolo en pensant qu'il la retrou-
vera à Paris.
En effet, le préceptorat est terminé, -lritoine( ? rentreàParis,
chargé par la comtesse V ? de commander des cartes de visite à
)1. Moniteur, 17. boulevard des Italiens. Il cherche vainement le
n° 17 ; pondant qu'il cherche, un passant lui demande du feu, il
lui en donne, et le passant dit alors gravement : Le feu est
pris. · A la place que devrait occuper le n 17, il trouve l'hôtel
du Crédit Lyonnais et pense immédiatement que la comtesse
s'est moquée de lui ; de \Iornteur, il fait mort A TEL, il se sou-
vient d'avoir éprouvé une commotion cérébrale lorsqu'il donna
du feu, le passant a dû lui envoyer un fluide; quant au nombre
17, c'est certainement un chiffre fatidique et maçonnique.
Le malade entre dans un café, cherche « Morateur » dans le Ilot-
(t't,\oit signalé à ce nom-là un emballeur et aussitôt il rapproche
emballeur de fabricant de cercueils.
Il écrit alors à M. Anatole France, pour lui signaler son cas,
et pour le prier d'attirer sur lui l'attention du public ; puis il va à
l'Observatoire informer un sien cousin, qui occupe là une haute
situation ; celui-ci.se rendantsans doute compte du mauvais-état
dosante de son parent, lui conseille d'aller voir sa mère, de pas-
ser quelque temps auprès d'elle. Le malade interprète ces con-
seils dans le sons d'une fin de non-recevoir, d'une mauvaise dis-
position envers lui el il conclut que les francs-maçons, par l'in-
lei'inédiaire do son cousin, veulent se débarrasser de lui en l'en-
voyant à la campagne.
En même temps, tout.autour de lui, revêt un caractère bizarre,
anormal, fâcheux ; au restaurant, à la taverne Médicis, tous font
le vide autour de lui ; mais si, seul, un étudiant en médecine
qu'il connaît un peu, lui marque quelque intérct, il interprète ce
seul geste amical comme une tentative d'espionnage au profit du
groupe qui le persécute. De même, lorsqu'il va à la Sorbonne
solliciter une gratuité d'inscriptions,les nécessités administratives
182 CLINIQUE MENTALE.
coutumières dont on lui parle, et les nombreuses démarches aux-
quelles il se voit soumis, sont autant de tracasseries dirigées con-
tre lui d'une manière toute spéciale.
lise décide à quitter Paris pour aller chez lui, pensant «qu'il
vaut mieux partir de gré que de force ». Tous les incidents de ce
voyage ont pour point de mire sa personnalité : comme ces trois
femmes qui occupent le même wagon que lui et toussent périodi-
quement en parlant de quelqu'un qui est poitrinaire ; il lui sem-
ble même à un moment entendre armer un revolver. Vers Or-
léans, une des femmes le regarde en grinçant des dents et elle
cherche quelque chose dans son sac ; un autre individu dans le
compartiment en fait autant ; le malade voit là autant de me-
naces. Peu après, il aperçoit dans les vitres des images de cou-
teaux dont la longueur varie suivant qu'il baisse. ou relève la
tête. '
Vers Limoges, montent des paysans avec un boucher qui porte
un gros couteau, et Antoine C ? entend une femme qui vient de
monter dire en patois : « Il a tué sa mère. » Plus loin, une voix
chuchotée lui dit : « Tu me trouves bien laid. » A Cahots, quatre
soldats prennent les quatre coins du compartiment ; cela le ras-
sure, d'autant que cela lui permet de ne plus entendre une lame
vibrer dans la portière et qui était peut-être un microphone.
Enfin, le malade descend a Toulouse, éprouve immédiatement
une consti-iction thoracique comme s'il élait « enveloppé par un
ellipsoïde allongé » et telle qu'il est contraint de s'arrêter dans un
café. Il écrit là deux lettres, mais avec peine, ému qu'il est par
tout ce qui vient de se passer, il souffrait violemment à la tète.
Il demande des journaux illustrés, lit dans l'un d'eux une his-
toire de chasse, dont il nesaisit pas lesens. Il se met alors en co-
lère, sort, et immédiatement il aperçoit devant lui pendant quel-
ques secondes une boule rouge en feu et s'écrie : « ;\ ? de D ?
c'est moi qui serai l'apôtre de la vérité ! » Peu à peu, durant la
marche, la constriction thoracique diminue, le malade va pren-
dre de la bière et se couche.
Il passe quelques jours chez lui ; son état semble s'améliorer.
du moins, le délire est moins actif ; mais C ? cherche à coor-
donner les divers éléments de son malaise. Il arrive à se con-
vaincre que tous ces ennuis lui sont suscités par la maçonnerie;
un certain nombre de maisons de son village portent gravée l'an-
née de leur construction ; en arrangeant les chiffres, il parvient à
obtenir des nombres maçonniques et quelques dates sont des
dates marquantes de cette société. Il y a pourtant quelques élé-
ments nouveaux : ses parents lui reprochent de ne rien faire,
semblent ne pas désirer le garder, sa mère d'ailleurs ne l'aime
pas. Il retourne à Paris.
Toutes ces manifestations ont été, après coordination, interné'
1
DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DELIRE ALCOOLIQUE. 183
Par le malade dans le sens suivant : on voulait l'amener à
tuer sa mère et il l'explique ou du moins tente de l'expliquer dans
un écrit que nous transcrivons ici et qu'il intitule :
Comment on prépare un « matricide ».
«Voici un épisode du délire dont je vous ai parlé. On peut y
voir comment une suite de circonstances, -- qui heureusement a
été déviée devait fatalement me conduire à tuer ma mère.
« Je n'ai jamais pu aimer ma mère ; le sentiment qui relie
l'enfant à la mère est absent de ma personnalité ; cette lacune
s'explique d'ailleurs facilement. Néanmoins, à défaut de ce senti-
ment naturel, j'ai toujours professé pour elle le plus grand res-
pect.
« Voici une série de faits :
« 1° Sans raisons plausibles, M. G. F.. me retient à dîner chez
elle, rue du Faubourg-Saint-llonoré (avril-juillet 1899) deux fois
par semaine. Elle me parle une fois de ma famille, « de ma mère,
de ma pauvre mère » ; ses questions me paraissent indiscrètes.
« 2" A X ? dans l'intimité de la comtesse V ? je viens à par-
ler de ma famille et elle aussi me parle de ma famille, un matin
après le petit déjeuner (octobre 18'))9). .
« Le G novembre. partant pour Paris, elle m'accompagne jus-
qu'à La Fore, en voiture. Passant devant le cimetière du village,
elle laissa tomber ces paroles émues : « Si ma mère nous voyait. »
« 3° Quand le « feu est pris », c'est-à-dire quand le délire est
bien commencé.je déjeune chez Mme G. 1 ? elle achève la solde
de mon salaire. Elle me conseille de revenir à la campagne et
d'aller revoir « ma pauvre mère ». (Dernier samedi de novembre
1899.)
« bits. L'après-midi de cette visite, le garçon de café, à la
Taverne Médicis, me dit aussi de « partir chez moi à la campa-
gne ». Un honnête échanson doublé d'un mentor.
" 4" Le lendemain, avant mon départ, de Paris pour Toulouse,
convaincu qu'on va me tuer dans le train, je vais voir M. r. à
l'Observatoire ; au moins, si je suis tué dans le train, pensai-je en
moi-même, quelqu'un de ma famille le saura. Il me reçoit d'une
façon assez vague, me dit qu'il faut prendre une résolution défi-
nitive, attendu que je lui parlais de rentrer dans une Trappe. Il
me conseille d'aller chez moi ; j'aurai, me dit-il, le plaisir de vous
voir pendant les vacances..le le vois montant l'escalier de l'Obser-
vatoire. à la lin - me parler de ma mère, comment elle allait,
en insistant sur ce point.
« 5" A Limoges, une paysanne avec un grand panier rempli de
je ne sais trop quoi, monte dans le train, se met à côté de moi
et dit à haute voix : « Il a tait sa mai. » .le suis convaincu que
181 ' CLINIQUE MENTALE.
ma mère est morte et. que mon absence à Paris en est la cause.
(Dernier dimanche de novembre 1899.)
« 6" Le lendemain, lundi à midi, je déjeune chez Mme C ? à
Toulouse. Entre autres choses, elle me parle de ma pauvre mère,
me conseille de me retirera la campagne et d'y apprendre l'es-
prit de famille.
« Ces sept causeries sont autant de conseils, mieux, autant,
d'images auditives logiques tendant à me faire aller dans ma
famille ; leur action doit être d'autant plus grande sans doute
queje suis en plein délire.
a Un sentiment, encoro assez vague, confus, m'arrête cepen.
dant et neutralise l'action de ces conseils, »
Le malade étant rentré à Paris,son délire reprend une marche
plus active, grâce à des éléments nouveaux dans lesquels il est
difficile de faire le départ entre ce qui appartient aux hallucina-
tions pures et ce qui appartient au délire de rêve. Nous penche-
rions beaucoup plus vers cette dernière interprétation eu égard a
la complexité des phénomènes et aux excès alcooliques du ma-
lade.
Par exemple celte « suite remarquable d'hallucinations queje
présentai étant couché et en état de veille », dit le malade :
. En octobre 1899, il a connu chez la comtesse \ ? une Jeune pro-
testante austère, puritaine, s'occupantde spiritisme et de theoso-
phie ; il a louché avec elle quelques points de métaphysique el
elle a cherché à lui faire partager ses convictions surla possibilité
de la lévitation. A ce fait se rattacherait la première série d'hal-
lucinations : la jeune protestante vient lui reparler encore de la
lévitation ; la conversation dure six heures, au bout desquelles
la jeune tille lui dit : « Voulez-vous faire l'amour avec moi ? » Il II
lui répond qu'il ne l'aime pas, qu'il n'aime que la comtesse, ce à
quoi il lui est répondu que la comtesse n'en saura rien. Il accepte
et l'hallucination génitale est complète ; rien ne manque, sensa-
tions tactiles, visuelles, auditives, etc.. etc..
Pouruno deuxiemeserie de faits, le malade raconte lui-même :
« Le phénomène quo M. l ? fanet ot consorts appellent halluci-
nations auditives impéralives, etc ? n'avait pas encore paru nu
milieu de mes représentations. Il ne se montre que deux ou Irais
jours après mon retour à Paris.
« Là j'habite rue Cujas ?
« Dans le courant des images, celle de ma mère reparaît asso-
ciée à un sentiment de haine horrible ; je vois rapidement tout ce
qu'elle m'a fait souffrir dans ma vie. Furieux, je l'éventre, je lui
enlève ses parties sexuelles et je les jette à des chiens. C'est
horrible, étala fin de ne crime, je n'ai qu'un mot il..lire : « L'no
leçon pour les mères qui n'aiment pas leurs enfants ». Et j'étais
DÉLIRE DE PERSÉCUTION UT DÉLIRE ALCOOLIQUE. 185
conscient de la légitimité de mon acte commis au nom de la
justice »,
Nous notons ensuite au cours du mois de décembre 1899 deux
tentatives de suicide : absorption de 1/2 litre de liqueur de Van
Swieten mélangé à 1/2 litre de rhum, d'où résultent des vomisse-
ments glaireux suivis d'un sommeil profond; quelques jours après,
ingestion d'un crayon de nitrate d'argent. Enfin, au cours d'une
hallucination auditive, il lui est ordonné de se jeter par la fe-
nêtre, injonction à laquelle il sait parfaitement résister : « Ce
qui m'a sauvé, « dit-il aujourd'hui, « c'est de n'avoir pas cru à la
lévitation. » Car il ajoute que si la jeune protestante a tâché de
le convaincre c'était assurément pour préparer cette précipita-
tion.
Dès lors, le malade est véritablement assiégé parles hallucina-
tions ; un soir, au café, tout le monde l'insultait, il se plaint au
garçon qui lui conseille de sortir. Cette situation lui deviontinto-
lérahle et il cherche à se faire arrêter. Il raconte qu'un soir les
yeux égarés il quitte sa chambre, un poignard ¡/{tut dans la main;
il aurait pu ainsi descendre le boulevard Sainl-IicJ1el sans réus-
Sir à se faire arrêter.
Enfin Antoine C ? prend le parti de se rendre à la Sûreté où
il déclare qu'on 1887, étant étudiant à Toulouse, il s'est livré à
des attouchements obscènes sur une mineure. Il est bien vite
placé à l'infirmerie spéciale du dépôt, puis due là dirigé sur l'asile
Sainte-Anne où il reste interné du 22 janvier au 2G mai 1900. Sur
sa demande il est évacué sur l'asile public du Gers, son départe-
ment d'origine d'où il parvient à sortir au bout d'un mois.Revenu
à Paris et ne trouvant pas d'emploi, il se retire chez lui à la cam-
pagne, demande une place do. maître répétiteur, est nommé au
collège de Roulogne-SUC·-ler. Il quitte son poste après un jour et
ne trouvant toujours aucun emploi il revient dans sa famille.
Puis, obéissant à un besoin incessant de mouvement, il part
pour Toulouse à pied, sans un sou. et le 13 avril 1901 ;
arrêté pour grivèlerie, il est condamné a un jour de prison après
dix-sept jours de prévention. Un ami charitable lui offre une pen-
sion (tans un restaurant et une chamhre : il accepte la pension,
rofuse la chambre préférant coucher sur les bancs et il passe ses
journées et ses soirées à marcher.
C'est iL ce moment qu'il se présente à la consultation, chaussé
d'espadrilles, mais au demeurant assez propre ; il nous raconte
que quand son linge était sale il le lavait la nuit aux hornes fon-
taines. -
Le malade est en honne santé physique, il est grand, bien pro-
portionné, sans signe notable de dégénérescence ; il y a du stra-
bisme unilatéral, l'oeil est névropathique ; nous notons de l'hy-
perexcitnbililé.
186 CLINIQUE MENTALE.
Au moment de l'examen, pas d'hallucinations. « Ces ! parce
que je mange » ; dit le malade, « il me suffit de rester doux jours
sans manger pour les voir revenir ». Il précise encore que c'et
exactement le 1 CI' février 1400 qu'il a opéré la synthèse des élé-
ments de son délire en coordonnant avec ces éléments tous les
petits faits qui ont jalonné son existence !
Il est l'instrument des juifs, des francs-maçons, des protestants,
de tous ceux, enfin, qui sont opposés au pouvoir temporel du
pape. Ce sont les juifs qui on commencé, mais, en ce moment,
il est surtout sous la domination des francs-maçons. A côté des
francs-maçons initiés, il y a des « francs- maçons de robe courte »,
instruments conscients ou inconscients des premiers. Tout ce
monde occulte a pour mission de préparer des consciences à très
longue distance et à très longue échéance. C'est ainsi qu'Antoine
C.. a été préparé, enveloppé par sa filiation, même parce qu'on
savait et qu'on sait qu'il serait et qu'il est catholique ultra-
montain.
Le 25 juin 1901, le malade nous est enlevé et conduit dans un
asile ; ceci est loin de faire son affaire : (1 .le croyais pouvoir
m'attendre à un meilleur accueil dans une ville où je pensais la
solidarité mieux organisée ? La psychologie me causa, à Paris,
de vifs déboires ; à Toulouse, elle ne m'a guère mieux réussi. La
psychologie est une spéculation dangereuse. C'est un art qui, chez
nous, peut engendrer de graves ennuis pour ceux qui n'ont ni les
lumières, ni les capacités officielles (parait-il) requises pour ce
travail. Il y a des gens qui sont trop curieux,me disaient,à Paris,
quelques personnes bien sensées ? Chez nous, on n'aime
guère les gens qui observent ».
Le malade est remis en liberté le 15 juillet, non guéri d'ailleurs;
sur les conseils qu'on lui donne, il rentre chez lui. Nous le perdons
de ue.
Près d'un an après, nous lui écrivons chez lui et il répond à
notre questionnaire par une longue lettre, datée de fin mai 190 ? .
11 n'a point quitté son village où, au moment de son arrivée, il
apprit la mort de son père : « Jamais je ne crois avoir atteint ce
degré de tristesse dans ma v ie et un fait remarquable c'est que
mon délire ne tarda pas ensuite à décliner et d diminuer. Quand
je dis délire, je ne sais si j'emploie ce mot à contre-sons : j'entends,
par la, un étal d'irritabilité excessive, caractérisé par des images
très conscientes et se déroulant avec une grande vitesse, et
accompagné d'impulsions spontanées à des actes très divers. Ce
qui avait prévalu dans le mien, c'était les mots organisés en
parole intérieure ».
« Bientôt, dis-je, le délire diminue, je n'ai plus envie de mar-
cher, de me promener comme auparavant ; mes sensations
actuelles n'offrent plus rien d'agréable et de sollicitant, les images
DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 187
visuelles inférieures s'obscurcissent et ma parole intérieure
diminue d'intensité, de hauteur, se fragmente et n'apparaît que
de temps en temps. J'ai la bonne idée d'étudier deux mois consé-
cutifs, six heures par jour au moins, au grec et au latin : cette
foule de mots nouveaux que je prononce affaiblit beaucoup les
liaisons de mots que le délire avait amenées et, au bout de deux
mois, je n'ai quasi plus de trouble intérieur de parole. Nous voici
au mois d'octobre a.
« Notez que je ne me sentais pas une grande vigueur et que
j'appréhendais de retomber dans ce délire d'où je sortais peu à
peu ».
« Au fond, voyez-vous, c'est durant six mois une période de
mélancolie, une longue dépression suivant un délire de deux ans
et faisant contraste avec lui. A cette époque, plus de cycles cons-
cients rapides, c'est plutôt toute la sensibilité générale qui, ici,
est intéressée : on éprouve une sensation vague et non localisée
de malaise, d'indifférence, d'apathie et une tendance marquée
vers l'aboulie, comme conséquence.
« Cependant, nous voici déjà à la lin de mai et tout cela est
bien passé; ? Ainsi donc, je me trouve avoir reconquis une
santé relative après trois ans d'une maladie hien accusée.
« Vous me demandez encore : « Êtes-vous toujours tracassé
par vos ennemis et avez vous pu reprendre votre vie normale .' »
Ce serait un mensonge de vous dire que l'on ne me laisse pas
bien tranquille, amis comme ennemis, si toutefois j'en ai ; trop
tranquille même, car je semble indifférent à tout le monde. Au
vrai, il me semble bien qu'au mois de novembre 1899, il y eut
autour de ma personne une mystification qui me surprit tellement
que j'en devins malade ; mais je dois ajouter que la plupart de
ceux qui y participaient et que j'ai revus, m'ont, depuis, parlé
comme auparavant, Et, de celte farce, je n'en ai jamais compris
ni le sens, ni le motif, ni le hut ; il y a fort longtemps que je n'y v
pense plus.
« Depuis ce temps reculé, je n'ai rien constaté d'anormal, sinon
que très peu de personnes me témoignent de l'intérêt ; tout se
passe comme si j'étais devenu étranger pour quelques-uns qui,
pourtant, m'ont très bien connu ? » - Depuis cette époque,
nous avons perdu le malade complètement de vue.
En résumé, chez un héréditaire, apparition d'un délire
dont le point de départ et la trame sont constitués par
une série d'interprétations erronées, et, d'une manière
erratique, existence d'hallucinations de l'ouïe, de la vue
et de la sensibilité générale.
Ces hallucinations appartiennent- elles au délire par
LSS CLINIQUE MENTALE.
fausses interprétations, en font-elles partie intégrante ou
bien constituent-elles simplement des éléments surajou-
tés ? A cela nous pouvons répondre nettement qu'en effet
ces hallucinations ne font pas partie du délire par faus-
ses interprétations et qu'elles sont des éléments surajou-
tés.
En effet, pour co qui est d'abord des hallucinations de
l'ouïe, le malade a pris soin de nous renseigner lui-même
en nous disant qu'elles ne se montrent que tout autant
qu'il y a inanition ; lorsque le malade se nourrit bien,el-
les disparaissent complètement, elles appartiennentdonc
à la misère physiologique.
Pour les hallucinations de la vue, nous sommes en
possession d'un autre élément d'information, puisque
nous savons que le malade commet ou a commis des ex-
cès alcooliques et nous les voyons survenir avec des ca-
ractères qui ne laissent aucun doute sur leur nature oni-
rique : le complexus hallucinatoire de décembre 1899,
dans lequel d'ailleurs tous les sens entrent en jeu, cons-
titue très nettement un délire de rêve,en admettant même,
ce qui n'est pas très net, que le malade ait été bien réel-
lement, comme il l'a dit, en état de veille. Peu après, la
scène d'éventrement présente des caractères analogues :
une remarque du malade montre qu'elle dut très proba-
blement s'accompagner d'angoisse et nous n'hésitons pas
non plus à mettre cette scène terrifiante sur le compte
de l'intoxication. Bien plus, à cette époque de décembre
1899 où ces hallucinations de la vue se produisent, tout
se termine par un fait que depuis Lasègue, on considère
comme souvent pathognomonique de l'alcoolisme, par
une auto-accusation; cette accusation était peut être fon-
dée, il aurait pu tout aussi bien s'accuser d'avoir tué et
éventré sa mère, mais il a conscience que ceci n'existe
qu'en rêve ; il est alors obligé de rechercher dans son
passé, de s'accuser d'un fait peut être réel, mais dans
tous les cas couvert par la prescription, ce que certaine-
ment le malade n'est pas sans ignorer.
Et puis ces hallucinations de lavue, de l'ouïe, delà sen-
sibilité générale, dont le malade dit, lui-môme, qu'elles
sont des hallucinations, n'apportent aucun élément nou-
veau à son délire, elles n'aident en aucune manière à la
DÉLIRE DE PERSÉCUTION ET DÉLIRE ALCOOLIQUE. 1S9
syslématisation ; elles surviennent, comme par hasard,
lorsque le délire est déjà constitué et de même elles dis-
paraissent sans déterminer l'apparition d'un état nou-
veau.
Il ne nous reste donc plus, en dehors d'elles, qu'un dé-
liré basé sur des interprétations erronées dont la systé-
matisation vague, enfantine, malgré tous les raisonne-
ments spécieux sur lesquels elle s'appuie, porte l'em-
preinte de la débilité mentale. Il est inutile de revenir
sur les psychoses à base d'interprétation délirante à l'é-
tude desquelles MM. Sérieux et Capgras ont apporté ré-
cemment leur contribution dans une communication à
la Société médico-psychologique, où l'on trouvera la bi-
bliographie essentielle de cette question (séance du 24
février 1902,in Aizizales iîzédico-psy chologiquesno de mai-
juin 1902, p. 441.)
La débilité mentale chez notre malade est l'aboutissant
de tares échelonnées le long de quatre générations au
moins et qui rejaillissent sur un être dont les conditions
sociales ont fait un terrain merveilleusement propre à
l'éclosion de la folie.
Ce malade est,en effet,un déraciné, fils de paysans qui,
pour avoir voulu pousser leur enfant, ont simplement
réussi à faire de lui un raté, un déclassé, un instable, en
raison de son peu d'aptitude à comprendre que le di-
plôme crée plus de devoirs qu'il ne donne de droits.Nous
le voyons, dès le début de sa vie d'étudiant, se plier dif-
ficilement à sa tâche, perdre les avantages d'une bourse
qui lui donnerait la faculté d'aller plus loin,à moins qu'il
n'en ait été décidément incapable, puis en arriver à cette
situation qui le plus souvent n'est que celle des vaga-
bonds intellectuels, de préceptorat en préceptorat dans
une sujétion où il y a tout à gagner ou tout à perdre et
qu'il semble n'accueillir qu'en raison de la liberté factice
qu'elle parait lui procurer.
Cette dernière élévation au-dessus de son milieu ori-
ginel lui fait perdre d'ailleurs le sens des réalités : sous
son expression coutumièrc : « Mes parents ne me com-
prennent pas et ne peuvent me comprendre », on voit
poindre tous l'égoïsme d'un mépris pour les siens ; il les
voit trop grossiers, et ne se considère point comme étant
190 CLINIQUE MENTALE.
né pour cultiver la terre, alors qu'en réalité il n'a peut
être déliré que parce qu'il a été arraché au seul milieu
dans lequel il pouvait vivre.
Un des points, encore qui rendent le malade intéres-
sant. c'est qu'il est de ceux qui peuvent faire illusion et
qui font d'autant plus illusion qu'ils sont plus instruits;
leurs conceptions délirantes ne sont en effet qu'in-
vraisemblables et l'on conçoit parfaitement avec quelle
facilité elles peuvent être accréditées dans un milieu peu
averti et dans lequel n'existent pas les barrières salutai-
res du scepticisme. C'est de cette façon que certains de
ces malades trouvent des défenseurs, avocats de leur
délire, dontle seul défaut est de s'être mal renseignés;
et si, d'autre part,le milieu renferme des dégénérés aptes
à délirer, on voit combien facilement peut éclore le délire
à deux.
Il est probable que chez notre malade, la volonté de
vivre a fait que chacun des petits empêchements et des
échecs rencontrés a acquis une valeur exagérée au point
de s'élever à la hauteur d'une obsession et que cette
obession a favorisé les erreurs de jugement.
Pour en revenir aux psychoses à base de fausses in-
terprétations, nous estimons, après tant d'autres, qu'il
est insuffisant de dire que, dans les délires systématisés
de la dégénérescence, il peut y avoir ou ne pas y avoir
des hallucinations, parce qu'il ne parait pas logique de
confondre ces deux formes.
Nous ne pensons pas qu'il soit indifférent de savoir si
oui ou non existent des hallucinations chez un aliéné,
parce qu'il nous apparaît que les hallucinations parais-
sent être l'indice profond d'une altération sinon anato-
mique, du moins fonctionnelle si tant est que ces deux
qualifications ne sont pas synonymes. De même qu'en
pathologie générale la position de moindre résistance
n'implique pas, au cas d'adultération, l'application d'une
maladie toujours identique, de même, en matière de psy-
chiatrie, la dégénérescence héréditaire ou acquise, qui
est la formule par laquelle nous traduisons notre façon
d'envisager l'abâtardissement originaire du cerveau, ne
doit pas faire préjuger d'une réaction unique ou identique.
L'adultération est peut-être beaucoup plus grave lors-
ATHÉTOSE DOUBLE. 191
que viennent se greffer des hallucinations, mais leur
absence nous semble indiquer, lorsqu'il y a du délire, une
prédisposition beaucoup plus grave ; parce que si l'hal-
luciné a tous les droits de bâtir des conceptions déli-
rantes, il nous paraît que celui qui ne l'est pas en a
beaucoup moins : ilbàtit ses conceptions avec les éléments
bizarres et erronés qu'il tire de sa conception du monde,
il est à la merci des causes extérieures les plus minimes,
en raison du quantum considérable de choses qu'il ne
comprend pas ou qu'il comprend mal.
RECUEIL DE FAITS
Athétose double. Mort au cours de variole. -
Autopsie. - Syphilis héréditaire probable ; i
Par le D' .1. CRESPI.N.
Professeur suppléant à l'Ecole de Médecine d'Alger.
flot,. Marie, espagnole, âgée de 7 ans,entre dans mon service de
contagieux pour variole discrète, le 14 janvier 1905.
Antécédents héreditaÏ1'cs,- Fille d'Espagnols, ne présentant au-
cun trouble de la santé ou de l'intelligence, et professant le mé-
tier de jardinier. La mère a toujours été délicate, fut soignée e
pour de l'anémie, mais n'a jamais eu de maladie grave. Le père
est un solide gaillard, qui nie avoir eu dans son existence une
indisposition quelconque ; il dit n'avoir jamais contracté la sy-
philis, et il ne présente aucun stigmate de cette maladie. Il ne
s'adonne pas à l'alcool. D'après eux, leurs parents ont toujours
été bien portants.
Notre malade est l'aînée de quatre enfants. Elle naquit après
10 mois de mariage, sans que la grossesse de la mère ait été si-
gnalée par un fait particulier. Entre cette enfant et la suivante
se placent deux fausses-couches. Deux ans après la naissance de
notre malade, seconde fille âgée aujourd'hui de cinq ans, très
bien portante et développée comme un enfant de son âge, au
point de vue mental comme au point de vue physique.
Le troisième enfant est également une fille, qui a trois ans et
est fort bien portante. Le quatrième enfant fut aussi une fille, qui
s'éleva normalement jusqu'à z mois. A cette époque (il y a deux
mois) elle succomba à une broncho-pneumonie.
192 RECUEIL DE FAITS.
Historique de l'affection de llor., Marie. Cette enfant vint au
monde de me ! n ! )ranesvcrda ! res, foute enveloppée
(amnios peut-être). Mais à pari ce détail, rien ne frappa la mère
ou l'entourage. L'enfant venue à terme était normalement cons-
tituée.Au bout de trois mois, la mère s'aperçut que la petite fille
avait de la difficulté à têler cl à déglutir ; que de plus, elle était
agitée de petits ll'emhlplI1t'11[d ! 's11lemhl'es, sul'louL ducùLédl'Oil.
Ces symptômes s'accentuèrent légèrement : la face se prit et de-
vint le siège de grimaces continuelles, marquées également da-
vantage du côlé droit. La mère s'aperçut aussi que l'enfant était
raide. Cette raideur rendait dillicile l'habillage.
Le développement physique s'accomplissait assez bien. La
dentition, un peu tardive, dit la mère sans pouvoir préciser, ne
présenta rien d'anormal. Les membres s'allongaienl : mais la
marche n'était pas possible ni même la station debout, les trem-
blements constituant un obstacle insurmontable.
L'enfant ne put jamais articuler un mot. 1,lleci-iait très souvent
quand il lui manquait ce dont elle avait besoin ; mais on ne put
l'apprendre à parler. Elle avalait difficilement, ne pouvait se ser-
vir de ses mains pour porter les aliments il la bouche. Elle fut
toujours gâteuse, ne sachant exprimer ses besoins, mais criant
très fort quand elle était souillée d'urines ou de matières fécales.
Quant aux mouvements, ils s'accenluèrent d'abord jusqu'à
l'âge de deux ans, puis s'atténuèrent un peu el enfin restèrent
stationnaires. C'élaient des mouvements ifs, mais affeclant une
certaine raideur, qui a frappé Lotit le monde. Ils furent toujours
plus marqués du côté droit que du côté gauche, et s'arrêtaient à
peu près complètement sous l'influence du sommeil.
L'intelligence était très obtuse. La Illicite avait cependant l'air
de s'intéresser aux personnes de sa famille qui no la quittent pas.
Elle menait une existence végétative, assise dans une chaise spn-
ciale ou au milieu d'un grand lit.
A l'âge de trois ans, l'enfant fut atteinte pendant trois semaines
d'une maladie que l'on étiqueta méningite et sur laquelle on ne
peut se procurer de renseignement. A partir de cette époque, ap-
parurent des crises convulsives Se produisant assez irrégulière-
ment, environ tous les quinze jours, crises caractérisées par une
syncope, des contractures de la face et des membres, de l'écume
aux lèvres, lo tout d'une durée de quelques minutes seulement.
Etat actuel. Il y a six jours environ, la fillette a été prise
d'une fièvre violente, avec vomissements, et au bout de 48 heu-
res, une éruption fit reconnaître la variole. Celle-ci était caracté-
risée par des boutons en petit nombre siégeant sur la face et les
membres, le tronc étant à peu près intact. Il s'agissait d'une va-
riole discrète, les boutons étant en voie de suppuration tors de
l'entrée à l'hôpital.
ATHETOSE DOUBLE. 193
L'affection nerveuse de l'enfant étant de suite reconnue, en
dépit du caractère discret de l'éruption, en dépit du degré peu élevé
de la température (38°).le pronostic devenait très sombre.
En effet, la mort survenait en trois jours, après l'entrée à l'hô-
pital. Pendant ces trois jours, l'enfant poussa des cris continuelle-
ment, et il fut impossible de l'alimenter. Quand on approchait
de sa bouche une cuiller de lait, les dénis se refermaient violem-
ment, et ne'pou aient être écartées qu'avec les plus grands efforts.
Le lait était d'ailleurs rejeté par les mouvements désordonnés de
la langue.
L'entant était normalement conformée. On ne trouvait aucun
stigmate de dégénérescence ou de syphilis héréditaire. Voici la
description des mouvements et des attitudes :
Face. Toute la face est agitée presque continuellement, et
les mouvements simulent tour à tour les pleurs ou les rires, ou
d'autres expressions plus complexes. Le côté droit est un peu plus
agité que le côté gauche, sur lequel l'enfant a des tendances à
se coucher. Les yeux sont tournés en haut et en dehors, et ne
subissent que de faibles oscillations. Il en esl de même des pau-
pières, qui sont la plupart du temps immobiles. La langue, par
contre, est agitée de secousses incessantes et variées. Elle se pré-
cipite hors la bouche, se heurte aux arcades dentaires, se recour-
be en haut, en has, de côté ; tout cela avec une grande rapidité.
Membres supérieurs. - Les mouvements s'exécutent des deux
cotés, mais sont beaucoup plus marqués à droite, il y a alterna-
tivement flexion et extension des doigts, d'où résultent la ferme-
ture et l'ouvert tire alternatives de la main. Aces mouvements
de flexion et d'extension s'associent l'adduction et l'abduction des
doigts. Le poignet se meut dans tous les sens, mais s'incline par-
ticulièrement du côté cubital, et au repos reste on flexion forcée sur
l'avant-bras, ce qui constitue une déformation très accentuée à
droite. IL y a par instants des mouvements de l'avant-bras et du
bras, avec élévation des épaules : mais ces mouvements sont peu
intenses. Le caractère des mouvements décrits, c'est d'être assez
vifs, mais aussi de s'effectuer avec une certaine raideur.
.Vem6)'es inférieurs. Ce sont les extrémités qui sont le plus
atteintes, comme aux membres supérieurs. Un constate la flexion
et l'extension des orteils, mais avec plus de lenteur qu'aux mem-
bres supérieurs. L'on soulève l'enfant, on voit que le pied est
pendant, le dos étant presque dans la même ligne que la croie
tihiale. Les doigts exécutent des mouvements lents, moins vifs
qu'aux membres supérieurs, et l'articulation tibio-Larsienne ne
reste pas inactive : il y a tantôt de la circumduction du pied, tan-
tût de l'inclinaison du pied sur le bord externe ou interne. Comme
pour les membres supérieurs, c'est le pied droit qui est le plus
agité.
archives, 2' série 1906 t. XXII. 13
194 RECUEIL DE FAITS.
Réflexes. Ils ont été difficiles à rechercher, on raison de l'état
de spasme de tout le corps : les réflexes réfutions étaient un peu
exagérés. Il n'y avait pas le phénomène du pied. Un examen plus
approfondi n'a pas été possible, parce que l'enfant a été pour
ainsi dire en agonie pendant tout son séjour à l'hôpital, et parce
que la mort survint rapidement, au bout du troisième jour d'hos-
pitalisation.
Autopsie. On ne note pas de déformation à la surface du
corps. Il n'y a pas de malformation des dents ou des oreilles :
la voûte palatine est normale, nullement en ogive. Il n'y a ni
genu valgum, ni genu arum. Le thymus a disparu. On n'en
trouve aucun vertige. Les poumons sont congestionnés, ce qui
est dû à la maladie intercurrente. Le coeur est normalement dé-
veloppé. Ses cavités sont cloisonnées, sans anomalie.
Le foie est gros, mais ne contient pas de gommes ou autres
productions syphilitiques. La rate est normale. Les reins sont
très congestionnés ; mais se décortiquent bien. Ils ont l'aspect
bien connu du rein infectieux.
Organes encéphaliques. Le cerveau pèse un kilog. : l'hémis-
phère droit pèse 503 grammes ; l'hémisphère gauche pèse M7
grammes. Le bulbe et la protubérance pèsent 20 grammes. Le
cervelet et l'isthme pèsent 150 grammes. L'hémisphère droit pa-
raît sain.
L'hémisphère gauche présente les lésions suivantes à sa face
inférieure : 1° A un centimètre en avant de la scissure de Svl-
ius,au-dessous du sillon cruciforme, qui apparaît très nettement,
on note une surface circulaire d'un centimètre de diamètre envi-
ron, dont la coloration jaune foncé tranche sur les parties awi-
sinanLes. Cette surface est légèrement enfoncée ; mais il n'y a pas
de cavité à proprement parler et il ne paraît pas y avoir perle
de substance. La périphérie, non plus que le centre, ne sont in-
durés ; mais cette lésion ressemble à une gomme syphilitique de
petite dimension et entièrement ramollie.
2° A l'extrémité postérieure du lobe occipital, à un centimètre
en dehors du sillon occipito-temporal, dans la première circonvo-
lution occipito-temporale, on trouve encore une surface circulaire
jaune foncé, constituant une légère dépression, et dont le dia-
mètre est d'environ un centimètre et demi. Les bords en sonl un
peu indurés, ce qui fait faire le diagnostic de gomme syphiliti-
que.
Divel'sc5 coupes pratiquées dans les hémisphères cérébraux,dans
le centre ou l'isthme ne révèlent aucune lésion, et montrcntque
les lésions ci-dessus décrites ne s'étendent guère qu'à cinq ou
six millimètres en profondeur.
H.éFL8XIONS.- Les cas publiés d'athétose double sont peu
ATTAOUU liYSI110-PILr-P-FIQULe. 195
nombreux. En ce qui concèrne l'anatomie pathologique,
les lésions, discrètes, sont variables et peu précises. Le
cas précédent rentre, à n'en pas douter, au point de vue
symptomatologique, dans le cadre de cette affection en-
core imparfaitement connue. Il m'a paru intéressant de
le faire connaître pour grossir le dossier de l'athétose,
d'autant mieux que l'influence de la syphilis s'y trouve
constatée et par les commémoratifs et par les lésions
encéphaliques. -
Attaque hystéro-épileptique après un embarras
gastrique ;
Par M. le U' LoT. : C \S Levas
Ancien interne des hôpitaux d'Athènes.
Sous ce titre d'attaque hystéro-épileptique après un
embarras gastrique, je me propose de décrire un cas
assez exceptionnel que j'ai eu l'occasiond'observer chez
une jeune fille, sans autres causes appréciables, sauf
l'embarras gastrique, et qui se caractérisait par des con-
tractions toniques et cloniques, ayant en même temps
l'apparence de crises hystériques et épileptiques.
Historique. La petite fille Lu..1 ? âgée de onze ans, était très
bien portante jusqu'alors. Un jour,après avoir déjeuné, elle com-
menra à être mal disposée et à sentir son estomac lourd, ses
membres fatigués ; elle fut prise de somnolence, de malaise,
avec une courbature générale de lourdeur. Le soir, peu d'appétit
et son étal général devint déplus en plus grave : la fatigue se gé-
néralisai l. la respiration était difficile et angoissée, le coeur hat-
tait avec force ; lout cela d'une façon vague, sans que la malade
puisse préciser ses souffrances, sans savoir le pourquoi, sans
même se plaindre sérieusement de son estomac.
Vers 9 heures du même soir, elle commence à s'inquiéter da-
vantage, à sentir son ventre se gonfler, sa respiration plus op-
pressée, son coeur ballant plus fort et avec une intensité pénible :
tout d'un coup (die pousse un cri et tombe insensible, inerte, les
veux tournés-dans les orbites, avec lesspasmes toniques généra-
lisés sur lout le corps, qui ne lardent pas à devenir cloniques.
Celte scène pénible pour elle et ses parents cesse après quel-
ques minutes subitement, pour recommencer à plusieurs reprises
el à des intervalles de phis en plus courts. C'est dans cet élut
196 RECUEIL DE FAITS.
qu'un de mes confrères et moi avons trouvé la malade. Elle se
débattait dans des crises sur son lit et les personnes environ-
nantes lui prodiguaient des soins en lui frottant les membres et
le corps ; la crise cesse brusquement, et la malade se réveille en-
core tout oppressée, nous parle et se plaint de son estomac, qui
lui semble bien gros et lourd. En môme temps, on nous dit que
le matin, étant bien portante, elle avait absorbé une grande quan-
titede macaroni, son plat préféré, et qu'en outre, elle avaitl'ha-
bitude de manger beaucoup. Notons que c'est la première fois que
la malade prend de telles crises nerveuses, que sa mère est hyste-
rique et qu'elle avait plusieurs fois assisté aux crises de sa mère.
Diagnostic. Je crus qu'il-s'agissait très probablement d'un
embarras gastrique et je lui prescrivis un émétique drastique,
tandis que mon confrère était d'avis qu'il s'agissait de l'épilepsie
essentielle.
Les crises se répétèrent devant nos yeux plusieurs fois, tou-
jours de la même façon,avec des cris, sans écume dans la bouche,
sans morsure delà langue, sans perte d'urine, mais sous la forme
d'évanouissement : elle poussait un cri, tombait dans son lit,
complètement insensible, et recommençait de nouveau à se dé-
battre.
Très embarrassé par la répétition des crises et parce que la
malade ne pouvait rien avaler, je décide de provoquer un vomis-
sement mécaniquement : j'introduisis alors mon doigt dans le
pharynx, qui était très sensible et un fort vomissement s'ensuivit.
L'estomac se vida d'un seul coup ; les macaronis sortent en abon-
dance, intacts, sans avoir subi aucune altération par l'action du
suc gastrique après 10 heures de séjour dans l'estomac.
'fout finit ainsi. Les crises disparaissent d'un seul coup, la res-
piration devient normale peu à peu, le cmurn'oJL plus agité; un
fort affaiblissement et une lourdeur dans les membres persistenl
encore, ce qui amène le sommeil peu de temps après, est la ma-
lade s'endormit pour se .1 éveiller le lendemain bien portante.
A aucun moment, elle n'a eu de fièvre, ni aucune autre affection
ailleurs, sauf une hémianesthésie gauche.
Lelendemain nous trouvâmes l'état de la malade très amélioré,
mais nous aperçûmes que les muqueuses de la bouche et de la
conjonctive, etc., étaient décolorées, anémiques, chose qui dis- -
paraît peu de jours après il l'aide des ferrugineux, ainsi que
1'liémiaiiestli(,>ic gauche. Depuis lors, elle est toujours bien por-
tante, il y a de cela bientôt trois ans.
Conclusion ? De tout cela résulte qu'il s'agissait de crises
nerveuses de forme liystéro-épileptique. Seulement on
peut se demander si c'est l'embarras qui a provoqué les
CONGRUS DLS MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 107
crises, ou bien si l'état nerveux (par hérédité) de son or-
ganisme fit arrêter et suspendit les fonctions de l'esto-
mac par une émotion ou une autre cause quelconque in
déterminable et qu'en conséquence la gastrite était
consécutive. En outre l'anémiequi s'est présentée est bien
difficile à expliquer ; est-ce l'anémie qui a préparé l'em-
barras gastrique sur un fond très probablement ner-
veux ?
Nous croyons plutôt qu'il s'agissait d'un nervosisme
qui a créé l'embarras gastrique pour se renforcer réci-
proquement l'un l'autre, et que l'anémie était consécu-
tive à la souffrance d'un vomissement excessivement
fort que nous avons provoqué mécaniquement. L'exa-
men du sang que nous avons effectué, en effet, le lende-
main de la crise, nous a montré une pauvreté en hémo-
globine très marquée (9 0/0) pour un nombre des globules
rouges de 4.600.000 ; mais cette pauvreté en hémoglo-
bine s'améliorait de jour en jour d'une façon régulière
et très vite ; quelques jours après tout était normal.
CONGRÈS DES ALIÉNISTES & NEUROLOGISTES
. DE LANGUE FRANÇAISE
(Lille, Août (90G.)
M, le. Dr Chocreaux qui a facilité notre tâche nous a adressé
la note suivante :
Le Comité d'organisation du prochain congrès s'est réuni le
vendredi 3 août, à G heures du soir, composé du bureau du
Congrès actuel, auquel se sont adjoints les anciens présidents
vice-présidents, secrétaires généraux.
L'Assemblée générale a eu lieu le samedi, 4 août, à 11 heu-
res du matin. Il y avait 84 membres présents.
Il a été décidé que le Congrès se tiendrait en Suisse et
prendrait le nom de Congrès de Genève et de Lausanne.
Président : Le prof. Prévost (de Genève). Secrétaires géné-
raux : professeurs Berdez (de Lausanne), Long (de Genève).
Comité d'organisation :
Comité Genevois. Professeurs : Prévost, Bard, Weber,
d'Espine, Flournoy, Martin, Ladame, Claparède, Long.
198 congrès DES médecins aliénistes et neurologistes.
Comité Vaudois. Professeurs : Berdel, Bouyet, Mahaim
Forel, IIerien, Deucreville, Witzner, Paschand, Loij, Zbin-
don, Châtelain (de Neuchâtel), Dubois (de Berne), Serrigny
(de Fribourg).
QUESTIONS choisies :
Neurologie : Définition et nature de l'hystérie. Rappor-
teurs : prof. Claude, de Paris, un doct. suisse N ?
Psychiatrie : Des psychoses périodiques. Rapporteur :
r,rf. Antheaume, de Paris.
Médecine légale : L'expertise médico-légale et la question
de responsabilité. - Rapporteur : prof. Gilbert Ballet, de
Paris.
Le Congrès décide ensuite de nommer pour le congrès de
1907 un vice-président qui sera de droit président du con-
grès de 1908. Le vice-président élu est le Dr Cullerre (de La
l3oche-sur-Yon), élu au bulletin secret.
Le Congrès adopte ensuite à l'unanimité la proposition de
nommer un Comité permanent du Congrès des médecins
aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue
française. Le Comité permanent se composera de sept mem-
bres renouvelables par tiers tous les 2 ans et non rééligibles
immédiatement. Ont été élus : Secrétaire-trésorier du Comité
permanent : Dr Meige, de Paris. Membres : Dro Arnaud,
Paris ; Haymond, Paris ; Vallon, Paris ; Crocq, Bruxelles ;
Ciraud, Rouen ; Régis, Bordeaux. Seront adjoints à ce co-
mité : le président, le vice-président, le secrétaire-général du
congrès suivant.
Communications diverses.
Les alaxiques, considérés comme atteints de phobie ou d'llslasie-
nbasie, sont, en partie, des cas d'incoordination ou d'anesthé-
sie du tronc méconnus.
M. Maurice Faure (de La Malou). Certains tabétiques,
qui ne présentent pas les symptômes de la démarche ataxique
classique,accusent, néanmoins, une gêne si considérable de la
marcheet dela station debout,qu'ils refusent des'avenlurersur
les terrains un peu difficiles,dans les escaliers,ou même sim-
plement,sur unsol mouillé,sur un parquet ciré,sur une route
un peu obscure. etc. Le plus souvent, il suffit d'un point
d'appui brachial pour redonner à ces malades l'assurance
qui leur manque : une canne, le bras d'un aide, la tête d'un
enfant où ils posent la main même très légèrement, leur per-
met d'entreprendre un chemin qui leur paraissait impossi-
ble. Enfin, le même sujet, qui semble se mouvoir à peu près
CONGRES DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 199
sans gène dans une chambre (dont tous les meubles lui sont
connus et lui offrent autant de points d'appui qu'il est assuré
de rencontrer (toujours à la même place),paraît frappé d'im-
mobilité complète, lorsqu'il se trouve devant un espace dé-
couvert et sans points de repère (tel qu'une place publique),
ou dans un salon vaste et inconnu, ou dans une rue dont les
passants qui circulent ne peuvent offrir les points d'appui
fixes dont il a besoin. -Ces circonstances font,généralement, t,
taxer le tabélique de phobique, d'astasique-abasique, d'ago-
raphobique, et l'on met sur le compte d'un état névropa-
thique surajouté cette appréhension qui semble injustifiée,
parce qu'elle n'apparaît qu'à certains moments, dans certains
lieux, et qu'il suffit, pour la faire disparaître, de conditions
qui diffèrent fort peu de celles qui l'entretiennent.
Mais si l'on examine ces malades de très près, on constate
qu'ils sont atteints d'anesthésie profonde des articulations
de la hanche, du tronc, et d'incoordination des muscles spi-
naux, lombaires, des muscles de la ceinture thoracique, ab-
dominale, pelvienne. Lorsqu'ils sont nus, assis sur un tabou-
ret étroit, saris dossier, on voit leur colonne vertébrale se Ilé-
chir ou s'incliner sans qu'ils en aient conscience, leur tronc
perdre son équilibre, - et il suffit, parfois, de leur faire le-
ver les yeux et de distraire leur attention, pour qu'ils tom-
bent littéralement de leur siège.
Lorsqu'ils sont debout, ils ont souvent la sensation d'être
perdus dans l'espace, et ils ne se rendent pas un compte
exact de la position de leur corps. Il s'en suit qu'au lieu de
se maintenir en équilibre sur une jambe (ce qui est indis-
pensablepour la marche normale et pour la station debout,
qui n'est le plus souvent qu'une attitude hanchée), les oscil-
lations de leur corps, fussent-elles de quelques centimètres
seulement, dépassent, sans qu'ils s'en rendent compte et
sans qu'ils puissent les corriger, leur base de sustentation et
compromettent leur équilibre.
Vient-on à leur fournir un point d'appui brachial, tout
change (nous supposons, pour la clarté de la démonstration,
quelebras et la jambe ne sont que peu ou point anesthési-
quesou incoordonnés). Pris entre la jambe qui offre un point
d'appui fixe, et le bras qui, avec des tractions mêmes légères,
peut corriger des oscillations du tronc de quelques centimè-
mètres (suffisantes pour compromettre l'équilibre debout)
le corps se maintient, à moins qu'il ne soit atteint d'incoor-
dination très considérable, et le malade marche librement
(en apparence).
Le tabétiqueatteintdeces troubles du tronc, ne saurait être
comparé, pour la séméiologie, au tabétique atteint de trou-
200 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
bles moteurs des membres inférieurs. Ce dernier jette les
jambes follement, à droite, à gauche, en avant, et sa marche
saccadée et irrégulière attire l'attention des moins prévenus.
L'incoordonné du tronc, au contraire, se meut lentement,
avec circonspection et régularité. Rien dans son attitude, si
cen'est dans la fixité de son regard, l'intensité de son atten-
tion, tendue toute entière vers le maintien de son équilibre
compromis, ne traduit son trouble. Les esprits non prévenus
ne peuvent deviner pourquoi ce sujet,dont l'attitudeest d'ap-
parence à peu près normale, a besoin d'un appui presque
constant. L'accentuation brusque des troubles, lorsque cet
appui manque, ou en face d'une traversée jugée dangereuse
(à bon droit, cependant;, achève derendre la situation incom-
préhensible. Ce n'est pourtant que l'exagération d'un phéno-
mène normal ! Toute personne, placée tout à coup dans un
passage où la conservation de son équilibre lui paraîtra diffi-
ficileou dangereuse, peut, si elle est un peu nerveuse, perdre
une partie de ses moyens.
L'examen clinique, en révélant l'étendue des anesthésies et
dss incoordinatious du tronc inaperçues, donne la clef de
tes accidents. Il en indiqueaussi le traitement. Par des exer-
cices méthodiques des muscles du tronc, par l'entraîne-
ment journalier de la sensibilité, du sens des attitudes, on
arrive à corriger les troubles du tronc, comme on corrige les
troubles moteurs des jambes et des bras, depuis 10 ans. pour
les exercices compensatoires indiqués par Frenkel. Dans le
cas d'incoordination du tronc, le réapprentissage de la mar-
che, de l'équilibre, de l'ascension, de la descente, est égale-
ment nécessaire, suivant les techniques que nous avons ré-
glées dans ce but; mais la cure des troubles moteurs du tronc
dans le tabès est plus longue et plus difficultueuse que la
rééducation des membres inférieurs et supérieurs par les
moyens ordinaires.
En dehors de l'intérêt propre à ces faits considérés en eux-
mêmes, on en peut tirer les deux enseignements que voici :
1° Trop souvent, on a tendance à considérer la réédu-
cation motrice de l'ataxique comme un exercice de sugges-
tion, dontl'autorité morale du médecin et la bonne volonté
du malade feront à peu près tous les frais. Ce sont, certaine-
ment, les cas auxquels nous venons de faire allusion qui ont
contribué, pour la plus grande part, à faire naître et à déve-
lopper cette opinion : le malade étant considéré comme un
névropathe, un phobique,et n'ayant pas de troubles moteurs
apparents, la iééducation n'a semblé être, en ce cas, qu'un
moyen d'encourager le patient, de le rassurer, de vaincre son
appréhension, etc.
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROI.OGIS1CS. 201
Sans nier que, dans la plupart des cas, le tabétique ne soit
un névropathe sur lequel l'influence morale d'un médecin
sérieux s'exerce heureusement, il nous semble certain que
cette influence bienfaisante est loin d'être suffisante et qu'el-
le n'aboutira qu'à des résultats bien incomplets, si elle n'est
secondée par une technique rigoureuse et d'une application
constante. -
Notre deuxième réflexion sera celle-ci :
Trop souvent aussi, on a tendance à considérer les exercices
de Rééducation comme une sorte de code de gymnastique,
plus ou moins complètement réglé, dont il suffit de conseil-
ler l'application, et qu'un médecin, un masseur, un gym-
naste dirigeront ensuite sans difficultés, pour peu qu'ils aient t
eu quelquefois l'occasion de voir faire des exercices gymnas-
tiques plus ou moins analogues.
Or, quel résultat pourrait bien donner aux malades que
nous venons de viser, l'application, fût-elle minutieuse et in-
définiment prolongée, d'exercices desmembres inférieurs,ou
d'exercice de marche (tels que ceux indiqués par Frenkel.
par exemple, dans d'autres cas) et qui n'ont guère pour objet
que dérégler la position des pieds et des membres inférieurs ?
Ce sera beaucoup de temps perdu pour un très petit résultat
puisque nos malades n'ont que peu ou point de troubles mo
teurs des membres inférieurs, et que leur instabilité vient
seulement de l'anesthésie et de l'incordination des muscles
du tronc. Et quel labeur pour ces malades, s'ils son sou-
mis à des exercices de marche, d'ascension, d'équilibre, sans
point d'appui, avant que leurs muscles du tronc aient été
entraînés méthodiquement, individuellement pour ainsi di-
re, à reprendre leur fonction ! L'effort dépensé ici sera cer-
tainement beaucoup trop grand; il risquera d'augmenter les
accidents ; -en tout cas, il fatiguera les malades et les dé-
couragera, avant qu'ils aient pu obtenir des bénéfices intéres-
sants. A chaque trouble moteur doit correspondre un
exercice spécial (ruine vise que ce trouble moteur, ne convient
qu'à celui-là et reste sans efficacité contre tous les autres. Une
technique unique, banale, répétée indifféremment pour tous
et par tous, ne peut être que faiblement utile, généralement
inefficace, et quelquefois dangereuse. -Et c'est par ce que,
dans le large champ d'études qui est sous nos yeux, nous
avons vu', trop souvent. des tabétiques épuisés par des ma-
noeuvres maladroites, découragés par la répétition d'exerci-
ces inutiles, aggravés par des fautes de technique, que nous
avons cru devoirinsister en passant sur ce point.
202 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.
Formes prodromiques dépressives de la démence précoce.
]\Ille le Dr PASCAL. - Les formes prodromiques de la
démence précoce sont, dans la majorité des cas, des formes
dépressives : neurasthéniques et mélancoliques. La fausse
neurasthénie prédémentielle a des caractères propres :
Y indifférence émotionnelle est très précoce et elle constitue la
base de tous les troubles psychiques. Les troubles de 1 atten-
tion, l'apathie, l'aboulie,sont différents des mêmes symptômes
de la neurasthénie vraie. Il faut remonter à leur source pour
trouver les caractères distinctifs. Les lugues sans motif, les
grimaces, les troubles de la conduite, les tics, les gestes, les
attitudes bizarres, les impulsions subites, l'entêtement opi-
niâtre, les troubles psychographiques complètent les tableaux \
cliniques.
Les crises d'inertie avec leur aspect clinique spécial et les
rires morbides, explosifs, incoercibles avec tendance à la
stéreotypie sont pathognomoniques de la démence précoce.
La forme mélancolique se distingue par l'état mental parli-
culier : douleur morale mal justifiée par l'asystématisalion
des conceptions délirantes et par les réactions morbides qui
portent déjà un cachet démentiel.
M. Régis. Au point de vue pratique, s'il est très difficile
de dépister la paralysie générale à la période dite pré-paraty-
tique, il est bien plus difficile encore de prévoir et de dépister
une future démence précoce. Il s'agit à ce moment de
phénomènes qui se trouvent dans toute névrose et dans
toute psycohse et ne sont nullement spéciaux à la démence
précoce. Devant ces manifestations névropathiques des
adolescents je me déclare encore dans l'impossibilité absolue
d'établir -un diagnostic pour l'avenir. Le signe le plus impor-
tant est peut-être le «rire» de ces malades, rire qui existe
fréquemment, et avec des caractères spéciaux. Le rire n'est
pas toujours le « fou rire » et mérite une étude beaucoup
plus approfondie. Ce symptôme avant-coureur est très
important et j'ai réuni à ce sujet un certain nombre d'obser-
vations qui seront très prochainement publiées. Sur 150 cas
de démence précoce, ce rire n'a manqué que trois ou quatre
fois.
Rapport du traumatisme et de la paralysie générale.
M.IiItISSAl117 (de Paris). J'ai observé plusieurs malades chez
lesquels des symptômes de paralysie générale ont été notés
peu après une chute ou un traumatismecranien grave. Quels
sont dans ces conditions les rapports réciproques de la pa-
ralysie générale et du traumatisme Celui-ci a-t-il été réel-
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 203
lomenl la cause effective, unique de la maladie, a-t-il créé de
toutes pièces la paralysie générale ? ou bien, ce que je serais
plus tenté d'admettre, n'a-t-il pas simplement actionné et
orienté vers les centres nerveux une syphilis en évolution
qui sans lui les aurait peut-être respectés ? P
M. Briand. - M. Brissaud vient de soulever une question
bien intéressante et bien délicate. Il est très] difficile d'éluci-
der une question aussi grave par des faits négatifs ; cepen-
dant. si chacun venait ici dire qu'il n'a jamais rencontré de
paralysie générale traumatique, la vérité serait bien près
d'être établie. Il y a des années que je recherche des cas de
paralysie générale traumatique, je n'en ai jamais trouvé. Si
l'on remonte un peu loin dans l'examen du malade, on
trouve que toujours la paralysie générale avait débuté avant
le traumatisme incriminé.
M. R.H110ND. - Je suis très heureux d'entendre exprimer
des conclusions que je partage complètement. Quand une
paralysie générale est certaine, j'affirme que toujours la sy-
philis est le point de départ et que le traumatisme n'a été
qu'un épisode.
M. Ballet (de Paris). - Dans 2 cas qu'il m'a été donné
d'observer et qui tous deux se présentaient comme des types
de paralysie générale traumatique, une enquête attentive a
montré que dans l'un, lessymptômesdeméningo-encéphalite
chronique étaient antérieurs au traumatisme, et que dans
l'autre il existait une syphilis conjugale ; ici encore, par con-
séquent, le traumatisme, s'il était pour quelque chose dans
l'apparition de la maladie, n'avait pu jouer que le rôle de
cause occasionnelle. Je ne crois donc pas à l'existence de la
paralysie générale exclusivement traumatique. Mais ne faut
pas conclure de là à l'innocuité complète d'un traumatisme
en matière de paralysie générale. Il est très possible, en effet,
que tel syphilitique qui serait resté toute sa vie un simple
syphilitique devienne paralytique général à l'occasion d'un
traumatisme.
M. Régis. -Je n'ai observé, pour ma part, que des cas où
le traumatisme était consécutil à une paralysie géné : ale pré-
existante, .léserais donc assez disposé à me ranger à lu vis de
MM. Brissaud, Raymond et Ballet. Il résulte cependantd'une
série de travaux allemands et anglais sur ce sujet, qu'il y a
présomption de relation de cause àeffetentre le traumatisme
et la paralysie,d'abord quand il n'y a pas de cause connue an-
térieure susceptible de créer la paralysie générale, ensuite lors-
que le traumatisme a déterminé un ébranlement sérieux et
enfin lorsque le temps écoulé entre les deux faits n'a été ni trop
long, ni trop court. Dans l'une ou l'autre de ces alternatives,
20 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
il appartient encore à l'expert de déterminer pour chaque
cas particulier dans quelle mesure le traumatisme a dû favo
riser ou hâter l'éclosion de la paralysie générale.
M. Giraud rapporte un cas qu'il a eu l'occasion d'observer
récemment avec M. Lallemand et pour lequel les experts
conclurent que la paralysie générale devait être déjà en évo-
lution lorsque survint le traumatisme.
M. DuRE-r. Comment faut-il considérer la paralysie gé-
nérale ? Est-ce un syndrome ou une maladie spécifique ? ' !
Toute la question est là, et.si la paralysie générale est consi-
dérée comme un syndrome, il est logique d'admettre que le
traumatisme puisse jouer un rôle dans son étiologie.
M. BRISSAUD constate qu'aucun des membres du Congrès
n'a vu le traumatisme créerde toutes pièces la paralysie géné-
rale. Désormais la question lui paraît résolue. Au point de
vue médico-légal, le traumatisme n'en a pas moins créé un
dommage qui doit être réparé.
M. Vallon (de Paris). Que la syphilis joue un rôle dans
le développement de la paralysie générale, je ne le consteste
pas, mais, qu'elle en soit la condition suffisante.je ne le crois
pas. Toujours ou presque toujours la paralysie généraleest
le résultat de l'association de la syphilis avec un autre fac-
teur étiologique. Le plus souvent c'est l'alcoolisme qui inter-
vient, mais il est possible que dans un certain nombre de cas
ce soit un traumatisme qui s'ajoute à la syphilis.
M. CHRISTIAN insiste sur le rôle du surmenage dans l'étiolo-
gie de la paralysie générale.
M. Pailhas rappelle un cas qu'il a communiqué à un Con-
grès précédent.
Deux cas de tumeurs du corps calleux avec autopsie.
M. Raymond Je désire vous communiquer les observa-
tions de deux malades ayant succombé à des tumeurs du corps
calleux.
Le premier, un homme de cinquante-huit ans, avait pré-
senté, à la suite d'un ictus survenu trois mois avant sa mort,
une hémiplégie motrice droite progressive avec hémitremble-
ment, et plus tard une hypoesthésie du même côté.
Dès l'ictus, l'intelligence s'était montrée affaiblie : on cons-
tatait avant tout une obnubilation intellectuelle générale. Il
existait quelques signes de compression cérébrale : céphalée,
vomissements, stase papillaire légère,mais aucun phénomène
du côté des nerfs craniens. A l'autopsie, on trouva une
vaste tumeur, un gliome très vasculaire avec foyers hémor-
rhagiques détruisant les deux tiers antérieurs du corps cal-
leux, se prolongeant en avant dans le lobe frontal, et latéra-
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 205
lement dans le centre ovale du côté gauche. Il existait, en
outre, un noyau secondaire au niveau des circonvolutions pa-
riétales ascendante et deuxième pariétale gauches. L'examen
histologique des coupes de l'hémisphère gauche permit de
constater une atrophie considérable des fibres tangentielles
d'Exner, la destruction des faisceaux longitudinal supérieur
et occipito-frontal et du cingulum. A noter des altérations
très prononcées des vaisseaux de l'écorce.
Le deuxième malade, un homme âgé de quarante ans, n'a
eu, pendant huit mois, comme unique symptôme, que des
troubles mentaux spéciaux, puis, deux mois et demi avant sa
mort, se sont montrés de nombreux signes : avant tout une
hémiparésie gauche progressive avec hémiataxieet hémianes-
thésie du même côté, ensuite une hémianopsie temporale
gauche homonyme.
Il n'y avait pas de phénomènes de compression des nerfs de
la base et ceux de compression générale étaient modérés.
Une obnubilation intellectuelle progressive avait obscurci le
syndrome mental au début, lorsque le malade vint consulter
à la Salpêtrière ; néanmoins, on put le reconstituer et porter
le diagnostic de tumeur localisée primitivement au corps
calleux, ayant envahi la couche optique droite. L'autopsie
confirma l'exactitude du diagnostic ; on trouva un sarcome à
cellules polymorphes, très vasculaire, ayant infiltré le tiers
postérieur du corps calleux et s'étant développé du côté
droit, où il a détruit les deux tiers postérieurs de la couche
optique, le tiers postérieur de la capsule interne, les radia-
tions thalamiques et le faisceau longitudinal inférieur. Les
cellules pyramidales de l'écorce, étudiées par la méthode de
Nissl, présentent des altérations assez considérables (chroma-
tolyse, déplacement et vacuolisation du noyau, etc.).
11 résulte de ces constatations que les divers symptômes
observés chez ces deux malades ont presque tous pour origine
des lésions situées en dehors du corps calleux et qu'en som-
me il n'y âge les troubles mentaux qu'on puisse considérer
comme un symptôme à proprement parler d'origine calleuse.
Et encore parmi ces troubles mentaux, il y a un départ à
faire. L'obnubilation intellectuelle, les troubles démentiels
que certains auteurs ont décrits, dans les tumeurs du corps
calleux, sont des symptômes tardifs dus à la propagation de
la tumeur à des régions voisines ou à des altérations céré-
brales diffuses (compression,intoxication, lésions vasculaires).
Il reste, comme caractéristique, un syndrome mental spé-
cial : il consiste en des troubles du caractère, de la bizarrerie
dans les manières et dans les actes, des lacunes dans la mé-
moire, un manque de liaison dans les idées, tout cela avec
200 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.
une conservation apparente de l'intelligence qui peut faire
illusion à l'entourage. A part ces troubles mentaux spéciaux
pour soupçonner la localisation d'une tumeur dans le corps
calleux, peut-être y a-t-il à tenir quelque compte du siège de
la céphalée, mais de la céphalée précoce seulement. Les au-
tres symptômes donnés par les auteurs sont des symptômes
d'emprunt, la tumeur étant bien rarement limitée au corps
calleux. C'est donc ce syndrome mental particulier qui est le
signe caractéristique d'une localisation dans le corps calleux,
et c'est son existence précoce et longtemps isolée qui a permis,
dans le deuxième cas, de porter un diagnostic de localisation
calleuse primitive.
De cette étude anatomo-clinique, je ne veux tirer aucune
conclusion ferme au sujet de la physiologie du corps calleux.
Le iaisceau occipito-frontal était détruit dans les deux cas ;
il n'est donc pas sûr que le syndrome psychique décrit plus
haut soit uniquement d'origine calleuse. C'est l'étude des lé-
sions limitées au corps calleux (hémorrhagie, ramollisse-
ments) qui pourrait permettre de résoudre ce problème.
Myxoedème et Mongolisme.
M. Bourneville rappelle que, l'an dernier. an Congrès' de
Rennes, il a montré une série de photographies concernant
deux groupes bien distincts d'idiotie, les myxoedématcu.t et
les mongoliens. S'appuyant sur ces documents, il a essayé de
tracer un parallèle entre le myxoedème infantile et le mon-
golisme, que chacun a pu lire dans les procès-verbaux du
Congrès. Ce parallèle a été reproduit, perfectionné, dans le
dernier numéro de la Revue d'hygiène et de pathologie infan-
tiles du Dr II.de Rothschild, comme conclusion d'une nouvelle
observation de myxoedème (Bon ? ) et d'une nouvelle observa-
tion de mongolisme (Burga ? ) M. Bourneville complète ce pa-
rallèle par des renseignements comparatifs : 1° des calottes crâ-
niennes des deux groupes (avec le Dr Paul-Boncour) ; 2° de
la dentition (avec M. le Dr Frey et M. Royer), 3° sur l'absence
de la glande thyroïde, constante chez les myxoedémateux in-
fantiles, et l'existence de lésions dans les glandes thyroïdes,
existantes, des mongoliens.
1° Examen des calottes crâniennes. 11 existe 7 calottes
de mongoliens, et 9 de myxoedémateux. Parmi ces calottes, il
y en a, G de chaque nature qui sont absolument comparables-
car les âges sont absolument correspondants. Cependant, les
calottes d'un mongolien de 17 mois et de 3 myxoedématcux
au-dessus de go ans permetl,entde contrôler les constatations
qu'on peut faire sur les douze crânes en question.
Poids. Il est impossible de rien affirmer sur le poids des
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 207
calottes, car les coupes n'ont pas toujours été pratiquées au
même niveau. Néanmoins, on peut affirmer que les crânes de
myxoedémateux ont une transparence qui paraît en relation
avec une moindre densité.
Suture rnétopiquc, Elle existe 5 fois chez des mongoliens
âgés de 17 ans, 12 ans, 11 ans, 4 ans et 17 mois. Elle est cons-
tatée 5 fois chez les nyxcedcmate2cx de 6 ans, 3, 24, 5,'21 ans,on
remarquera que parmi les mongoliens figure un crâne de
17 mois tandis que dans les myxoedémateux figurent des crânes
de 24 21, 36 ans. Pour être affirmatif, il faudrait donc savoir
si la suture métopique s'observe sur les mongoliens âgés : cela
n'est guère possible car la très grande majorité des mon-
goliens meurt avant 25 ans, tandis que des myxoedémateux
dépassent la cinquantaine.
Fontanelle bi-e17 ? icitiqiie. - Elle est constatée 3 fois chez les
mongoliens de 4 ans, 3 ans. 17 mois ; fois chez des myxoedé-
mateux de 3, 5, 6, 21, 2'i. Si l'on remarque qu'il y a parmi les
premiers un cas de 17 mois et parmi les seconds des cas au-
dessus de 20 ans on peut conclure à sa fréquence plus grande
chez les myxoedémateux, d'autant plus que chez ces derniers,
la largeur des fontanelles est manifestement plus grande.
Sutures corol1ales,- Chez les myxoedémateux au-dessous de
5 ans les os sont à peu près libres, de plus on constate des
dentelures nombreuses,des os wormiens en abondance,autant t
de signes qui démontrent la difficulté que les membranes
ont eu à s'ossifier. Comme aucune cause intra-cranienne ne
s'opposait à cette fermeture, il faut donc conclure à un retard
d'ossification inhérent au myxoedème. Les mongoliens pré-
sentent tous (sauf le crâne de 17 mois) une 'synostose plus
avancée que chez les malades précédents.
Suture sagittale. Bien que ces sutures présentent un état
plus avancé d'ossification que les précédentes, les myxoedé-
mateux ont encore de l'infériorité. 11 y a des os wormiens
nombreux sur les crânes de 3, 5, 6, 21 ans.
Suture lambdoide. Chez tous les myxoedémateux les
sutures sont compliquées, remplies d'os" a l'miens , Il existe
aussi chez la plupart un groupe d'os wormiens au niveau de
l'angle supérieur de l'occipital et absolument isolé. Ceci est
en rapport avec la persistance tardive de la fontanelle lamb-
doïde. Sur un crâne de 17ans et un autre de 3 ans 112 il existe
un os triangulaire enclavé dans l'écartement des pariétaux et
complètement isolé du reste de l'occipital. Il rappelle abso-
lument ce qu'on a appelé l'os cpacfaL. et dans le cas présent sa
formation est due au retard de développement du point d'ossi-
fication supérieur, non encore soudé au reste de l'os.
208 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.
Chez les mongoliens, on ne trouve ce retard et encore très
peu marqué, que sur les crânes de 5 et 12 ans.
jË'o<.T) : e. L'ossification des sutures à la partie interne
est beaucoup plus avancée chez les mongoliens. A ce niveau
la transparence est plus marquée chez les myxoedémateux.
Les trous de la voûte sont très larges chez 3 myxoedémateux
ce qui est à rapprocher des sillons faits par les vaisseaux en
rapport avec l'endocrfine. Ces vaisseaux ont absolument
sculpté la table interne et dans certains cas il ne reste qu'une
lamelle mince de tissu osseux. Les myxoedémateux ont
donc une mollesse très grande du tissu osseux. D'ailleurs
les parois sont plus épaisses chez les mongoliens, à âge égal :
naturellement les myxoedémateux âgés font exception.
En résumé, chez les myxoedémaleux, le retard d'ossification
est plus marqué : persistance des sutures métopiques,absence
de synostose chez les jeunes, os wormiens nombreux : he/
les vieux, persistance de fontanelles, traces manifestes de fon-
tanelles ayant persisté outre mesure, disposition rappelant
l'os épactal, transparence du crâne et sa faible densité, incrus-
tation des vaisseaux endocraniens.
Nota. Le crâne 219 est absolument typique : les parties
constituantes de la voûte n'ayant pu se réunir il en est résulté
un écartement des os et des fontanelles qui ont fini par se
combler grâce à l'ossification lentedes membranes-on peut
voir encore la largeur des membranes fontanellaires par-
semées d'os wormiens imbriqués et inégaux, ce qui simule un
véritable jeu de patience.
2° DENTITION, - Pas de différences permettant d'établir un
système. Chez la plupart des malades examinées tant mongo-
liennes que myxoedémateuses les mâchoires sont normales
quelques-unes offrent du prognathisme inférieur par glisse-
ment. Les caries sont extrêmement fréquentes, les érosions
multiples, la 2° dentition en retard.
3° ANATOMIE PATHOLOG1QUE.-I,a glande thyroïde est toujours
absente dans le m ? oedeme infantile. Dans le mongolisme la
glande thyroïde est présente, mais elle est atteinte de lésions
inflammatoires chroniques et quelquefois présente des tu-
meurs tuberculeuses.
La puberté est plutôt précoce chez les mongoliennes. Elle
ne se développe généralement pas chez les myxoedéma-
teuses ou incomplète et tardive, sauf chez celles qui sont sou-
mises longtemps au traitement thyroïdien. ,
Enfin M. B. montre les photographies d'un groupe de myxoe-
démate2tses et d'un groupe de mongoliennes, vues nues de
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 209
face, de profil, de dos. Ces belles photographies, dues à M.
Infroit, directeur du service photographique de la Salpê-
trière, mettent bien en relief les différences symptomatiques
signalées par l'auteur.
M. BOURNEVILLE résume comme complément de son paral-
lèle, et fait voir les photographies d'un nouveau cas de mon-
golisme (Cotto ? ) morte récemment, dans son service, de
tuberculose généralisée.
Microcéphalie familiale.
Le même auteur fait passer les photographies de deux frè-
res atteints de microcéphalie à un degré très prononcé (micro-
céphalie familÍj1le), ainsi que les photographies du cerveau
de l'un d'eux. Les observations, rédigées en collaboration avec
son interne, Mlle R. Maugeret, seront publiées dans le recueil
des travaux du Congrès.
Hydrocéphalie congénitale.
La dernière communication de 51. Bourneville (avec M. le
Dr Julien Noir) a trait à un cas d'hydrocéphalie communi-
qué au Congrès de la Rochelle ( 1S93t parce que le traitement
produit une amélioration considérable. L'enfant avait
alors près de 4 ans. En terminant, il dit : « Si Valen-
tine Esc ? malgré une hydrocéphalie congénitale considéra-
ble,est devenue une enfant intelligente, presque normale,
c'est non seulement à la compression du crâne par des cape-
lines de bandelettes de Vigo, à la révulsion, au calomel, aux
bains salés. etc., qu'il faut l'attribuer, mais encore à l'éduca-
tion bien dirigée et aux soins minutieux que nous avons pu
faire mettre en pratique par sa mère et sa soeur, avec intelli-
gence et avec beaucoup de suite.
De 1893 à 1903, l'enfant a continué à s'améliorer sous
tous les rapports, ainsi que le prouve sa photographie collec-
tive, lorsque, à la suite d'une chute sur la tête, il s'est pro-
duit une énorme bosse sanguine et sont survenues des convul-
ions. Tous les progrès réalisés ont été rapidement perdus :
démence et paralysie progressive. Nous avons raconté la pé-
riode de progrès, nous avons pensé utile de vous faire con-
naître la période de déchéance.
Permettez-nous une remarque à propos des photographies
collectives, c'est-à dire représentant tous les malades dont
nous venons de parler, tous les deux ans. avec l'indication de
leur poids et de leur taille. Ce procédé devrait être appliqué
à tous les enfants normaux, tous les ans si possible. Ces do-
cuments, avec les cahiers sco'aires, devront compléter le Li-
vrcl de famille qu'ils illustreraient et sur lesquels ondoitmar-
Arciiives 2° série, )9(M, t. XXII. 14
210 CONGRÈS DES MEDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES,
quer toutes les maladies de l'enfant. Cela viendra peut-être
un jour ! 1 .
Sur quelques caractères de certaines formes de nymphomanie.
M. Gilbert Ballet. 11 existe de nombreux cas cliniques
denymphomanie tout à fait différents de la descriptionclas.
sique, et l'auteur en rapporte trois observations des plus in-
téressantes. Tout en présentant les trois caractères les plus
importants peut-êtreclecc syndrome, l'exagération du désir,
la frigidité et l'absence de satisfaction sexuelle, ces observa-
tions se distinguent entre elles par le mobile auquel obéit la
nymphomane. La première des trois nymphomanes dont l'ob-
servation est rapportée est ce que l'auteur appelle une nym-
phomane par curiosité ; la seconde, cherchant par ce moyen
à faire disparaître les symptômes morbides qu'elle ressent, est
dite nymphomane thérapeute ; la troisième, plus complexe
encore, se comporte comme obsédée et voit à son désir exa-
géré succéder, dès le premier contact, une répulsion plus
violente encore.
M. Régis. A côté du symptôme nymphomanie, se trouve
toujours un substratum morbide. La nymphomanie se ratta-
che à un état constitutionnel, hystérique ou dégénératif ; il y
a même souvent à noter une altération de la moralité qui fait
que, dans ce syndrome, il faut souvent considérer autant
l'amoralité que la nymphomanie proprement dite.
M. Gilbert Ballet est d'accord avec M. Régis sur ce fait que
la nymphomanie constitue une manifestation de la tare ner-
veuse ou héréditaire. Il ne croit pas qu'on puisse faire de
l'amoralité un caractère constant de la nymphomanie. Si,
dans la première observation, il s'agit bien d'une amorale,
le fait est bien improbable pour la seconde, et la troisième
malade était d'une moralité parfaite et luttait autant qu'elle
le pouvait contre cette obsession morbide.
Deux cas de confusion mentale liés ci la fièvre typhoïde el à la
. scarlatine. Séro-dia{]l1ostic et élude bactériologique.
MM. T1TY et Chaumier (Lyon) présentent au Congrès les
observations de deux cas de confusion mentale d'origine in-
fectieuse ayant évolué chez deux jeunes filles de vingt-six ans.
Dans le premier cas, la période fébrile a duré environ un
mois. La maladie s'est montrée chez une prédisposée à ca-
ractère hypocondriaque ; elle s'est accompagnée d'agitation
et desitiophobie. Le séro-diagnostic typhique fait à la conva-
lescence a été positif. La malade est sortie guérie. Chez la
deuxième malade, fille d'alccolique, le début été brusque.
La période fébrile observée a duré deux mois. Les princi-
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES. 211
paux symptômes notés ont été la confusion mentale allant
jusqu'à la stupeur, la sitiophohie, l'albuminurie, des accès
parotidiens et de l'hématurie. La convalescence, accompa-
gnée d'amélioration mentale, a été troublée par des poussées
fébriles concomitantes des abcès. Séro-diagnostic typhique
négatif; streptocoques dans l'urine ; staphylocoques dans le
pus des abcès. Inoculation de sang à l'oreille d'un lapin; pas
de réaction locale, mais paraplégie du train postérieur de
l'animal. La malade a eu une desquamation généralisée. La
scarlatine paraît seule expliquer l'évolution morbide.
La tuberculose chez les épileptiques hospitalisés.
M. CLAUDE (de Paris). En comparant, avec M. Schoeffer,
la statistique de la mortalité par tuberculose chez les épilep-
tiques admises à la Salpêtrière avec la même statistique con-
cernant les aliénés de cet hospice, nous avons constaté que
chez ces derniers la tuberculose faisait des ravages beaucoup
plus considérables. Dans ces quinze dernières années, sur
644 décès de sujets aliénés, 9.78 % ont succombé à la tuber-
culose, tandis que dans les services d'épileptiques. sur 122
décès, 4,8 % seulement étaient attribuables à la tuberculose.
Ces constatations concordent avec ce que nous savons de la
fréquence de la tuberculose dans les asiles d'aliénés. Ceux-ci
vivant à la Salpêtrière dans les mêmes conditions d'hygiène
générale que les épileptiques, on pouvait se demander si ces
derniers ne présentaient pas une résistance particulière à la
tuberculose. Mais les statistiques fondées sur la mortalité ne
renseignent qu'imparfaitement sur la fréquence d'une mala-
die souvent latente comme la tuberculose, d'autant plus que
les épileptiques meurent le plus souvent au cours d un état
de mal et que les diagnostics n'indiquent pas si les sujets
sont tuberculeux. Nous avons donc examiné très complète-
ment, au point de vue delà tuberculose, tous les sujets épi-
leptiques des deux services de la Salpêtrière. Sur 319 femmes
admises dans cet hospice, la plupart depuis de nombreuses
années, nous n'avons trouvé que 20 malades (6.26 Y chez
lesquelles un examen approfondi permit de mettre en cause
la tuberculose el. sur ce nombre, 2 seulement sont des phti-
siques atteintes de lésions pulmonaires tuberculeuses ouver-
tes. Or, dans les services d'aliénés, la morbidité tuberculeuse
est infiniment plus élevée, puisqu'on a trouvé jusqu'à 12
% d'aliénés tuberculeux dans certains asiles. Les épilepti-
ques présentent donc une résistance plus grande à la tuber-
culose que les aliénés. Cependant, les recherches que nous
avons entreprise : : sur les qualités du sang des épileptiques
212 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.
nous ontmontréquele bacille de Koch poussait sur le sang
gélosé de ces malades avec la même facilité que sur le sang
gélosé du lapin.
[En 1898, l'un de nos élèves, M. Ballard, sur nos conseils,
a pris pour sujet de sa thèse inaugurale : Comment meurent
les épileptiques ? Elle comprend : de 1880 à 1886 inclusivement.
des épileptiques adultes et des enfants (garçons), de 1887 à
1889, des enfants seulement (garçons) ; de 1890 à 1905, des
garçons et des filles. Sur les 255 décès, il y en a eu 41 occa-
sionnés par la tuberculose. Nous avons continué cette statis-
tique jusqu'à la fin de 1905. En voici les résultats :
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 213
M. Brissaud. Les faits que nous présente M. Lévy vien-
nent à l'appui des idées que j'ai toujours soutenues soit avec
M. Meige, soit seul. Le spasme facial peut reconnaître com-
me point de départ une irritation quelconque placée sur le
trajet de l'arc réflexe : voie centripète trigémellaire, noyau
central,voies et fibres centrifuges de la 7e paire.
Sur la présence de la choline dans le sang au cours des maladies
du système nerveux.
M. Clause. - Des recherches récentes ont attribué une
grande importance, au point de vue séméiologique. à la pré-
sence, dansle sang elle liquide céphalo-rachidien des mala-
des atteints de lésions du système nerveux, d'un corps qui a
été regardé comme de la choline. Or, des recherches de con-
trôle que j'ai faites avec M. Blanchetière, il résulte que ce
corps n'est pas de la choline, et, de plus, qu'il ne préexiste
pas dans le sérum sanguin, mais paraît naître sous l'action
des réactifs et par un processus d'hydratation.
Un cas de démence précoce post-conr2csionnelle avec autopsie et
examen histologique.
MM. Anglade et JACQUIN. Il s'agit d'une confusion men-
tale survenue au cours de la puerpéralité : l'intoxication
gravidique lui a fourni son appoint et les attaques d'éclamp-
sie, la présence d'albnmine en quantité importante dans les
urines en sont la preuve. En cinq ans, chez une femme de
vingt sept ans, la démence s'est trouvée réalisée et la mort
survint ensuite, comme cela est fréquent, par tuberculose
pulmonaire.
L'examen histologique montra, outre les lésions des cellu-
les nerveuses, une extraordinaire activité de la prolifération
névroglique. Les lésions du cerveau et du bulbe frappentpar
leur ressemblance avec les lésions de la démence épileptique,
deladémence organique et de la démence sénile. Les seules
différences résident dans le défaut d'épaississement des vais-
seaux, habituel tout au moins chez les séniles et chez les or-
ganiques,et dans le plus grand nombre des cellules en voie de
chromatoylse. Ce sont les mêmes plaques avec les mêmes
localisations, la même tendance à la formation lacunaire, etc.
Syndrome de Landry. Valeur pronostique de la lympho-polynu-
cléose rachidienne. Inoculations du bulbe.
MM. Brissaud, SICARD et T.1NON (de Paris) rapportent l'ob-
servation d'une malade âgée de vingt-sept ans, atteinte de syn-
drome de Landry et qui succomba au quinzième jour. Le li-
214 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES
quide céphalo-rachidien retiré au cours de quatre ponctions
successives se montra toujours très riche en lymphocytes et
polynucléaires. Les auteursinsistent sur l'importance pronos-
tique de cette formule leucocytaire. Tandis que le type péri-
phérique du syndrome de Landry, souvent curable, ne pro-
voque, en effet, que très peu ou même pas de réaction ménin-
gée lymphocytaire, la symbiose lympho-polynucléaire rachi-
dienne permet, au contraire, d'affirmer le type central myéli-
tique avec une évolution brutale aiguë qui ne saurait par-
donner.
Les auteurs attirent également l'attention sur l'origine rabi-
que toujours possible du syndrome d(; Landry, même en l'ab-
sence d'antécédents évidents de morsures, de plaies léchées,
etc. Cette possibilité les a engagés à faire pratiquer par l'ins-
titut Pasteur (M. Chaillou) des inoculations du bulbe de la
malade. Or, les premières expériences ont paru donner des
résultats positifs.Les lapins sont morts avec des signes de rage.
Ce n'est que, par suite, grâce aux inoculations en série, que
le diagnostic bactériologique rabique a pu être infirmé. Il ne
s'agissait pas de virus rabique, mais d'un microbe pathogène
pour le système nerveux. On comprend donc la nécessité des
inoculations en série qui seules permettront des conclusions
fermes dans ces recherches d'étiologie spéciale.
Un cas d'éruption syphilitique secondaire tardive chez un
. diabétique.
MM. Brissaud et ORRRTHUR (de Paris)apportent un nouveau
cas de coexistence d'accidents cutanés spécifiques etde tabès
franc qu'ils ont observé avec M. Emery. La notion d'une
éruption syphilitique secondaire tardive constitue l'originalité
de cette observation.
Syndrome associé de paralysie faciale gauche et du spasme facial
droit d'origine intra-cranienne.
MM. Brissaud, Sicard etTANON présentent les photographies
d'un malade atteint de paralysie faciale totale (facial supé-
rieur et facial inférieur) du côté gauche s'associant un spas-
me facial du côté droit, au cours d'une lésion méningo-mé-
socéphalique.Le siègeintra-craniendela lésion s'affirme par
de la céphalée, de la diplopie, une ébauche de clonus droit
et de la lymphocytose rachidienne. Ce double syndrome, jus-
qu'ici non signalé, montre que le spasme facial est dans ce
cas d'origine intra-cranienne, et surtout qu'une même lésion
causale peut, suivant ses effets irritatifs ou destructifs au ni-
veau du trajet intra-cranien de la 7" paire, provoquer soit du
spasme soit de la paralysie.
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 215
Traitement de certains cas de neurasthénie par le fer.
M. LEMOINE (de Lille). - Le fer joue un rôle considérable
dans la transformation de l'hémoglobine en oxyhémoglobine,
alors capable d'amener l'oxygénation des cellules dans l'inti-
mité des tissus. Le système nerveux est l'élément noble de
l'organisme, car c'est lui le régulateur de toutes les fonc-
tions importantes : sécrétoire, glandulaire, trophique, etc. Il
est actuellement démontré que les organes qui fonctionnent
le plus sont ceux qui ont besoin d'une vie plus active et par-
tant d'une oxygénation plus intense. 1
Lorsqu'il se produit une altération de l'hémoglobine et
particulièrement un appauvrissement de sa teneur en fer,
les éléments intimes des tissus sont en souffrance et les pre-
miers à en subir les conséquences sont les éléments les plus
sensibles, c'est-à-dire les cellules nerveuses.
Que le système nerveux vienne à souffrir, la machine hu-
maine sera « détraquée » ; il s'établira aussitôt dans l'orga-
nisme un état pathologique qui ne cessera que lorsque l'or-
gane noble aura repris normalement ses fonctions.
Que ce défaut d'oxydation dû à une insuffisante quantité
de fer dans le sang et les viscères vienne à se prolonger, les
troubles légers et intermittents qui se manifestent dès le
principe ne feront qu'augmenter de plus en plus.
L'action du fer sur le système nerveux est rendue plus ma-
nifeste par l'etude de l'histoire clinique de certains états pa-
thologiques. Elle est éminemment congestive, c'est ce qui
explique que les préparations martiales amènent une aggra-
vation des symptômes d'excitation chez certains nerveux
déjà surexcités, par exemple, les hysteriques, les paralyti-
ques généraux.
Les travaux de Féré sont assez probants pour qu'on ne
puisse mettre en doute l'action bienfaisante du fer comme
traitement des épileptiques à constitution générale affaiblie.
Bien des cas de goutte ou de rhumatisme chronique asthé-
nique ont été guéris par les ferrugineux, ce qui pourrait pa-
raître paradoxal puisque les manifestations viscérales ou ar-
ticulaires de ces mêmes maladies ont été peu influencées
par ce mode de traitement. On peut dire que la médication
martiale semble efficace toutes les fois que, le système ner-
veux étant atteint, le sujet est devenu asthénique.
G. Sée n'est guère partisan de la médication martiale dans
les différents genres d'épuisement nerveux : « Il n'y a, dit-
il, de règle absolue que pour les indications thérapeutiques
qui excluent formellement de la médication ferrugineuse
toutes les pseudo-anémies, il savoir : 1° Les inanitions atmos-
21C REVUE D'ANATOMIE ET DE, PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
phériquesou alimentaires ; 2» Tous les genres d'épuisement
musculaire, nerveux, secrétaire ».
Axenfeld et Huchard recommandent au contraire les fer-
rugineux chez les neurasthéniques anémiques ·< Mais il im-
porte, disent-ils, de ne pas oublier que dans les cas où l'irri-
tation spinale est sous la dépendance d'un état anémique, le
traitement hydrothérapique devra être dirigé principalement
contre l'anémie, cause principale de la maladie ; on trouve
en outre souvent l'indication d'associer, à ces différents moyens,
les ferrugineux et les toniques. »
Dans le Traité des maladies nerveuses de Kraft-Ebing, je
lis : « Vu que nous ne connaissons que très peu les change-
ments chimiques les plus subtils qui se passent dans notre
système nerveux et qui sont peut-être la cause de la neuras-
thénie, ou que nous ne savons seulement que d'une façon
imparfaite quel est l'effet de nos médicamments journelle-
ment prescrits, nous devons nous contenter de l'empirisme.
Les toniques les plus usuels sont : le fer, l'arsenic, le quin-
quina, le phosphore, le zinc. 11 serait très difficile de donner
leurs indications spéciales. » Les premiers cas que j'ai obser-
vés l'ont été également au point de vue empirique, mais j'ai
eu ensuite l'occasion de rencontrer en ville et à l'hôpital
toute une série de neurasthéniques où le fer a donné d'excel-
lents résultats ce qui m'a permis de me faire une opinion
rationnelle sur ce sujet.
Parmi les observations que j'ai eu l'honneur de publier, il
en est qui ont trait à des neurasthéniques anémiques : il en
est d'autres où l'anémie ne pouvait être en cause ; du reste
dans les observations de neurasthénie s'accompagnant d'ané-
mie, traitées et guéries par les ferrugineux, l'état anémique
n'a jamais été bien accentué, incapable par lui-même d'a-
mener un état sérieux de dépression physique ou psychique.
Les préparations ferrugineuses que j'ai employées sont le
protoxalate de fer et le ferroplasma, je n'ai eu qu'à m'en
louer. Mais en même temps que je prescrivais les ferrugi-
neux, j'avais bien soin d'ordonner l'acide chlorhydrique pour
favoriser l'assimilation du fer et activer la digestion de ces
malades, presque toujours hypochlorhydriques.
Ce traitement était complété par l'usage d'eaux minérales
ferrugineuses comme celles d'Orezza, de Bussang, de Spa.
Les eaux minérales qui conviennent le mieux à ces états
neurasthéniques sont sans conteste celles de Saint- Parue
(source des Vertus), car elles contiennent, en même temps
que le fer, des sels de chaux et de manganèse qui les ren-
dent laxatives, ce qui fait qu'elles ne constipent pas, mais au
contraire facilitent la régularité des selles.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 217
Nouvelle méthode de 1'ééducation de la marche chez les ataxi-
qtles, par LEWÈVRE.
Hémorragie méningée au cours d'une méningite cérébro-spinale,
par GAUSSEL.
Les ponctions lombaires en série au cours de la paralysie géné-
rale, par A. Marie.
Appréciation des troubles nerveux au moyen d'un appareil
nouveau, le sténomètre, par Joire.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
Vit Les micromélies congénitales. Achondroplasie vraie
et dystrophie périostale ; par Pop/.K el DURANTE. (Nouv.
Icou. Salpêtrière, 1905, ne 5.)
Après avoir confondu les dystrophies osseuses congénitales avec
le rachitisme, on les assimile trop aisément aujourd'hui à l'achon-
clroplasie, réunissant ainsi sous ce terme des affections disparates
dont le seul symptôme commun est la brièveté relative des mem-
bres. Il y a lieu de distinguer deux variétés de micromélies con-
génitales : l'achondroplasie vraie el la dystrophie périostale.
L'achondroplasie vraie est un trouble de développement du
squelette intéressant particulièrement les épiphyses des os longs
des membres, le bassin et la base du crâne : micromélie le plus
souvent rlizomélique, bracbycépbalie, synostose prématurée des
os de la base du crâne, hypertrophie des épiphyses et des sail-
lies osseuses, coudures juxta-épiphysaires, absence de fractures,
développement normal du thorax, des organes génitaux et de
l'intelligence. Elle est caractérisée histologiquement par la sclé-
rose du cartilage de conjugaison ; l'ossification périostale est nor-
male.
La dysplasie périostale intéresse surtout les diaphyscs des os
longs, les côtes et la voûte du crâne. Elle diffère totalement de la
première par l'intégrité de l'ossification chondrale et le défaut
d'ossification périostale. Au point de vue clinique, on note le
moindre volume de la tète, l'absence d'enfoncement de la racine
du nez, l'absence de synostose précoce des os de la base, l'ossi-
ficalion imparfaite de la voûte crânienne, la faible consistance et
la fragilité des diaphyses, d'où la fréquence des fractures et des
déformations.
Il ne faut pas confondre ces affections avec le nanisme Loi-in-
fecfieux, le nanisme mvxoedémateux, le rachitisme. L'infection
21S REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
et l'intoxication sont des causes également plausibles de ces trou-
bles du développement. F. 1·ISSOT.
VIT. - Sur deux cas d'achondroplasie ; par PARHON, SmMOA
et XALPLACHTA. (Nouv. Icon. Salpêtrière, 1905, n° 5.)
Apropos de ces deux cas, les auteurs passent en revue lasymp-
tomatologie de l'achondroplasie : micromélie en général rhizo-
mélique (inversion des rapports entre les dimensions respectives
des segments rhizomélique et mesomelique des membres), ma-
cro-cephalie avec enfoncement et aplatissement delà racine du
nez,aspect noueux des memhres par épaississement des épiphyses
et des surfaces articulaires, mains en trident, dimensions nor-
males du tronc et de la colonne, ensellure lomhaire, déviations
diverses du rachis, état normal des organes génitaux, exagéra-
tion du sens génésique, intelligence réduite, infantile, tels sont
les principaux caractères de cette affection. Les auteurs en discu-
tent ensuite l'éliologie et la pathogénie : comparant l'achondro-
plasie avec le gigantisme, ils émettent l'hypothèse du défaut de
la fonction hypophysaire et de l'hyperfonction des glandes
sexuelles, associés à des troubles des autres glandes sécrétion
interne. 1. T.
VIII. - Sclérose en plaques ; atrophie cérébelleuse et sclé-
rose pseudo-systématique de la moelle épinière ; par
Cajola. (Nouv. Jean. Salpêtrière, 1905, n° 5.)
Observation intéressante par l'étiologie (les signes de sclérose
ont débuté à la suite du choléra) et par l'association de multiples
lésions. F. 'f.
IX. L'analyse mathématique des courbes de fatigue
comme pureté de diagnostic dans les maladies nerveu-
ses ; par Mlle YOTEYKO. (Jou1'n, de Neurologie, 1906, no 1.)
L'auleur montre dans ce travail que la courbe ergographique
est soumise àl'influence de trois constantes ou paramètres, l'une
positive(tendant à élever la courhe),les deux autres négalives.
Laconstante positive est due à l'action des centres nerveux ;
les deux constantes négatives sont le résultat de l'affaiblisse-
mentde la force musculaire par usuro des albuminoïdes ci dimi-
nution des réserves d'hydrates de carbone.
11 résulte de ces données qu'on peut modifier une courbe ergo-
graphique en changant les conditions expérimentales. C'est ainsi
qu'il suffit de donner de petites doses d'alcool au sujet pour re-
lever la constante positive qui traduit l'action excitante de cette
substance sur les centres nerveux. L'ingestion de sucre, qui est
un aliment de premier ordre, a montré une diminution des deux
constantes négatives et partant une augmentation de la force mus-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 219
culaire. Sous l'influence de la caféine, tous les paramètres aug-
mentent d'où l'on peut inférer que cette substance n'est pas un
aliment, mais un excitant du système nerveux qui permet une
meilleure utilisation des réserves de 1=ot;ganisme.
L'étude de ces paramètres pourra donc être utilisée à l'avenir en
clinique nerveuse pour reconnaître l'origine et le siège des ma-
ladies. G. D.
X. Paraplégie infantile, début insidieux, état station-
naire, puis aggravation; par le Dr BoucnAUD. (Joul'n. de
Neurologie, 1906, n° 1).
Il s'agit d'une fillette de 8 ans, qui fut atteinte à 22 mois d'une
pneumonie grave suivie d'un affaiblissement progressif des mem-
bres inférieurs. Pendant 4 ans cette paraplégie resta stationnaire
puis elle s'aggrava subitement au point de rendre la station de-
bout impossible. En même temps, on constata une abolition des
réflexes tendineux et une perte de la contractilité électrique des
muscles paralysés. Cette paralysie semble devoir rester station-
naire et ne manifeste aucune tendance à se transformer en une
atrophie musculaire progressive. Une infection et une vulnérabi-
lité particulière des cornes antérieures de la moelle sont les deux
facteurs invoqués par l'orateur pour expliquer cette double at-
teinte de paralysie infantile. G. DFNY.
XI. Sur un cas de paralysie de la 3° paire ; par M. Jos-
SFRAND. (Société des sciences médicales de Lyon, 10 janvier
1906.) .
La malade présente les caractères ordinaires d'une paralysie de
la 3o paire du côté droit : strabisme externe, ptosis, un peu de
mydriase, paralysie du photo-réflexe et de l'accommodation. Sy-
philis probable. A un examen plus attentif, on trouve des signes
d'hystérie : crises nerveuses anciennes ; actuellement, large pla-
que d'anesthésie sur le flanc droit, hyperesthésie péri-orbitaire,
diplopie monoculaire, mégalopsie.
L'auteur pense qu'on est en présence de phénomènes hystéri-
ques qui se sont surajoutés à une paralysie organique de la 3°
paire. Dans cette hypothèse, il n'en est pas moins intéressant de
voir comment une lésion localisée peut fixer chez une hystéri-
que, les symptômes névropathiquessur la zone intéressée. G. C.
\Il. Paralysio du moteur oculaire externe, d'origine
otique; par MM. LANNOIS et PERRETIÈRE. (Lyon méd., 4 mars
1906, p. 444.)
Les paralysies de la 1% I° paire constituent une des complications
les plus fréquentes des suppurations aiguës ou chroniques de l'o-
reille. Leur étude date d'une époque récente ; leur intérêt clini-
220 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
que et pathogénique est bien établi par les recherches de ces der-
nières années, surtout celles de Gradenigo en Italie,en France, de
Laurens dans sa thèse et de Pionnier. Les auteurs en rapportent
une observation nouvelle.
Observation : Otite moyenne suppurée droite datant de l'en-
fance ; otorrhée à rechutes et polypes de la caisse.
Mastoïdite aiguë datant de 4 jours.
Paralysie du moteur oculaire externe du même côté depuis 24
heures. Intervention d'urgence : évidement pétro-mastotdien.
Abcès périsinusal. Sédation immédiate des phénomènes géné-
raux. Apparition d'une paralysie faciale au deuxième jour.
Amélioration de la paralysie de l'abducteur deux mois après
l'intervention.
Cette observation montre bien l'évolution parallèle des symp-
tômes du côté de l'oreille et du trouble moteur oculaire.
Des recherches auxquelles se sont livrés les auteurs, il résulte
que, dans fous les cas, la paralysie de l'abducteur ne semble pas
avoir un mécanisme pathogénique univoque, et cela a une grande
importance pratique.
Dans certains cas, elle est fonction d'une complication de l'otite
dans sa marche envahissante. Il s'agit de lésions simplement os-
seuses, carie de la pointe de la pyramide; d'autres fois d'abcès ex-
tra-duraux, de foyers méningitiques localisés ou d'arachnitis
séreuse ; enfin de thromboses des sinus ou d'abcès encéphaliques
suivant l'étape du processus infectieux.
La paralysie de l'abducteur peut aussi être la conséquence de
phénomènes névritiques d'ordre inflammatoire ou toxique. Les
auteurs sont tentés de rattacher leur cas à cette catégorie en rai-
son de la persistance de la paralysie et de sa rétrocession après
deux mois.
Il est une série d'observations pour lesquelles on doit invoquer
un réflexe partant de l'oreille et agissant sur les noyaux des nerfs
oculaires par l'intermédiaire du noyau de Deiers. De ces consi-
dérations pathogéniquos, les auteurs tirent une conclusion prati-
que, c'est qu'en présence d'une paralysie de l'abducteur au cours
d'une otite, il ne faut pas d'emblée trouver dans l'apparition des
troubles oculaires l'indication d'une intervention immédiate. 11
faut savoir attendre l'apparition de symptômes plus caractéristi-
ques, d'une extension mastoïdienne, d'une labyrinthite suppurée
ou de complications intra-craniennes. G. Carrier.
XIII. Névralgies graves; par M. GRANDCI.ÉMENT. (Soc.
nat, de méd. de Lyon, 12 mars 1906, Lyon méd" ler avril 1906.)
Des faits qu'il a observés, l'auteur conclut qu'en présence
d'une névralgie grave, telle que le véritable tic douloureux de la
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 221
face, il est indiqué aujourd'hui de procéder en suivant la ligne de
conduite suivante :
1» Essayer d'abordle traitement électrique par les courants con-
tinus de haute intensité ; 2° si le résultat n'est pas suffisant, re-
courir aux injections, soit d'antipyrine,soit d'alcool, soit d'air; et
cela sans crainte, ni lassitude, car il faut, en faire un très grand
nombre afin de détruire la plupart des filets nerveux du triju-
meau et surtout agir par choc en retour sur les centres nerveux
toujours malades dans ces cas ; au ne recourir à la méthode chi-
rurgicale qu'en dernier ressort, étant donné que les opérations
sur les nerfs, en particulier l'arrachement du ganglion de Casser
sont souvent suivies de la perte de la vue et de la perte de l'oeil
et qu'en outre elles sont souvent suivies elles- mêmes d'insuc-
cès ou de récidives. G. C.
XIV. Eclampsie puerpérale ; par P..1. de Bruine Plocs
\'AN AMSTEL. (Rev. de méd., janvier et février 1906.) 1
Nous ne pouvons donner ici un résumé complet de ce long arti-
cle plein de notions intéressantes, mais qui relèvent beaucoup
plus de l'obstétrique que de la neuro-pathologie. L'auteur insiste
surtout sur le rôle du foie dans l'éclosion des accidents éclampti-
ques qui seraient de véritables accidents d'intoxication. Il ratta-
che les vomissements incoercibles à l'éclampsie et se demande
quel est, dans cette maladie, le rôle de l'insuflisance thyroïdienne.
La théoriebactérienne, mise en avant dès 1886 parDelore, ne sau-
rait, dans l'état actuel de la science, ni être acceptée ni être reje-
tée en l'absence de démonstration péremptoire ; cependant on n'a
jamais signalé la coïncidence chez un même sujet de l'éclampsie
et de la fièvre puerpérale ; - ce qui est plus certain, c'est l'insul-
fiance de la concentration moléculaire de l'urine des éclampti-
quesavecou sans albuminurie. Comme traitement, l'auteur pré-
conise l'accouchement provoqué, le régime lacté, la saignée-injec-
tion de Claisse, la morphine à la dose de 1 : milli·r., le chloro-
forme, la compresse de Priessnitz, les bains chauds, le chloral et
l'iodure de potassium. L. WAHL.
XV. Affection spastique bulbo-spinale familiale ; par
l3nt ? r.T et Bosev. (nous, leoib. de la Salpêtrière, 1905, ne /1.)
11 n'existe pas entre les maladies nerveuses familiales des li-
mites bien tranchées, on rencontre entre les différents types des
formes intermédiaires qui conduisent insensiblement de l'un à
l'autre. Lés auteurs rapportent le tableau clinique d'une affection
familiale spasmodique qui tient à la fois de la maladie de frite.
dreich, de la sclérose en plaques, de l'ataxie cérébelleuse, de la
paraplégie spastique familiale. C'est en raison de la ressemblance
de leur cas avec ce dernier syndrome qu'ils le désignent sous le
222 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
nom, plus général cependant, d'affection spastique familiale, quoi-
qu'il en diffère par le développement inaccoutumé des phéno-
mènes bulbo-protubérantiels. En failles maladies familiales sem-
blent être des entités morbides beaucoup moins délimitées que les
maladies non familiales, et dans la plupart la symptomatologie
peut être diffuse. Si certains cas répondent à des types isolés, on
en trouve d'autres qui font supposer des lésions ou des insuffi-
sances fonctionnelles multiples. Aussi, au lieu de multiplier les
types dans la description des maladies familiales, il vaudrait peut-
être mieux y distinguer des formes spinale, bulbo-spinale, bulbo-
cérébello-spinale. F. T.
XVI. Hémispasme facial périphérique ; par Babinski.
(Nouv. Jean, de la Salpêtrière, 1\)05, 11- 4.)
Considération ? à propos d'un cas, sur l'origine périphérique
probable de l'hémispasme facial. F. T.
XVII. Contractions « synergiques paradoxales » ob-
servées à la suite de la paralysie faciale périphérique;
parLAMY. (Nouv. Icon. de la Salpêtrière, 1905, n" 4.)
S'observent dans les muscles où la contraction volontaire est
abolie ; elles seraient dues à la prédominance fonctionnelle de
certains filets nerveux voisins, dans les efforts spontanés de sup-
pléance. F. T.
XVM1. Deux frères atteints de myopathie primitive pro-
gressive ; par ? oi ? \. (Nouv. Jean. de la Salp., 1905, n" 4.)
Cette observation présente quelques particularités intéressantes :
début brusque, aigu, douloureux, - rapidité d'apparition de
l'impotence fonctionnelle, invasion simultanée delà paralysie
aux quatre membres chez l'un, en deux fois distante de trois
ans chez l'autre, atrophie musculaire sans hypertrophie préa-
lable, - lordose considérable. F. T.
XIX. Attitudes vicieuses par contracture hystérique
chez les enfants; par 13ROCA el IIERBINET. (Nouv. Icorx.de la
Salpêtrière, 1905, no 4.)
L'hystérie infantile est de notion classique actuellement, mais
elle est moins facile à diagnostiquer que celle de l'adulte à cause
de l'absence habituelle, ou tout au moins de la fragilité des stig-
mates chez l'enfant; l'hystérie infantile est leplus souvent mono-
s` mptomaticlue : c'est ainsi qu'elle se présente dans les observa-
tions de torticolis et de scoliose rapportées par les auteurs de ce
travail. A défaut d'expression clinique précise, il faut dépister la
névrose en étudiant l'hérédité de l'enfant, son caractère (le carac-
tère hystérique n'est pas un vain mot), l'allure spéciale de l'acci-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 223
dent qui l'amène. D'après L3abinsl : i, les caractères de l'accident
hystérique sont : la reproduction par suggestion et la disparition
sous l'influence exclusive de la persuasion. En outre de ces deux
qualités générales, la contracture hystérique en possède d'assez
spéciales pour être facilement reconnue : brusquerie avec maxi-
mum immédiat de la déformation,-disproportion entre l'impor-
tance de la cause occasionnelle et le résultat produit : il n'existe
pas de relation entre l'intensité du traumatisme et l'apparition
ou la gravité de la contracture ; le trauma lui-même n'est pas
nécessaire, agissant simplement commecause psychique d'excita-
lion sur un terrain « d'opportunité de contracture » (la diathèse
de contracture, rare déjà chez l'adulte, est exceptionnelle chez
feulant) ; la contracture hystérique, quelquefois douloureuse (et
dans ce cas on note l'absence de point douloureux), est le plus
souvent indolore : c'est là un bon élément de diagnostic, car dans
une lésion osléo-articulaire la contracture est le résultat de la
douleur, et celle-ci est bien spéciale ; ;-exagération de la contrac-
ture sous l'influence de /d'attention, disparition pendant le som-
meil artiliciel,quelquefois même dans le sommeil naturel ; bizar-
rerie, incohérence possible dans les associations des muscles at-
teints, celles-ci n'obéissant à aucun type fonctionnel déter-
miné.
Tous ces signes, bien entendu, doivent être corroborés par l'ab-
sence constatée de toute lésion osseuse, articulaire ou synoviale.
Mais il ne faut point oublier que la contracture hystérique peut
être provoquée par un point d'ostéite tuberculeuse : dans ces cas
difficiles il faut faire la part de ce qui revient à la lésion organi-
que provocatrice étala constitution névrosique. F. Tissot.
XX. Crises épileptiformes d'origine pleurale ; par nOCH.
(Rev. de méd., décembre 1905.)
Mémoire très intéressant dont les conclusions sont appuyées à
la fois pardes considérations cliniques et par des faits expérimen-
taux ; ils ouvrent un horizon nouveau sur la question si com-
plexe des crises épileptiformes, delà palhogénie du mal comitial
et des affections qui le simulent. D'après l'auteur la pleurésie
peut être un agent productif de phénomènes épileptiformes d'une
autre origine et en provoquer directement par saprésence même
sans intervention probablement par voie réflexe : l'intervention
peut d'ailleurs être pour son compte, dans un certain nombre de
cas, la cause efficiente des phénomènes convulsifs : on sait d'ail-
leurs combien est riche la symptomatologie des troubles réflexes
dans le décours des pleurésies (par exemple la toux et la mort
subite,etc.).11 faut donc,dit tlocli,fairefigurer l'irritation pleurale
inflammatoire à côté de l'irritation pleurale traumatique dans la
liste des causes convulsives épileptiformes. L. Wahl.
224 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
- Le syndrome myoclinique ; Iiucx,aD et N.Fiessinger.
zou. de méd., octobre 1905.) ,
Les auteurs définissent, avec Vantait', la myoclonie : une con-
traction forcée, brusque, incoordonnée il répétition rapide ryth-
mique ou arythmique, avortée ou suivie d'un déplacement ef-
fectif occupant toujours les mêmes parties et résultant d'une al-
ternance entre l'action et le relâchement de certains muscles.
Ainsi défini, le syndrome myoclonique comprend les affections
suivantes :
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 225
considérer ni comme étant simplement des lésions du muscle, ni
comme relevant de névrites : il semble (Friedreich) qu'il y ait
soit un trouble fonctionnel des cornes antérieures de la moelle,
soit peut être du cortex (Raymond). Le diagnostic en est relati-
vement facile soit avec les lésions médullaires soit avec la chorée
vulgaire de Syndenham. Le pronostic varie évidemment suivant
les formes. La thérapeutique doit s'attacher aux causes lors-
qu'on peut les mettre en évidence, mais elle est en général im-
puissante. On préconise l'électricité, les nervins : la suggestion
n'a aucune action, sauf dans la forme de Carrière. Au cours de
leur travail, Iluchard et Fiessinger rapportent une observation
très intéressante. L, W AH ?
XXII. Atrophie musculaire du type Aran-Duchenne
d'origine syphilitique; par Lannois. (Nouv, Icon. Salpêtrière,
1905, no 5.)
L'auteur rapporte cette observation pour démontrer une fois de
plus le rôle indiscutable de la syphilis dans le développement de
certaines amyotrophies où le traitement spécifique produit du
reste les plus heureux effets. F. T.
XXIII. Exostoses multiples. Contribution à l'étude des
dystrophies du cartilage de conjugaison; par Launois et
Trémolières. (Nouv. Acon. Salpêtrière, 190..i, ne 6.)
Apparition dans les premières années de la v ie, indolence, sy-
métrie des lésions, siège électif des exostoses au voisinage des épi-
physes et en particulier des plus fertiles, tels sont les principaux
caractères de la maladie exostosique. Celle-ci est fréquemment
héréditaire, et la tuberculose semble jouer un rôle important
dans sa production. F. T.
XXII - Contribution à. la casuistique des exostoses ostéo-
géniques ou de développement ; par StMOUtNt. (Nouv. Icon.
Salpêtrière, n° 6, 1905.)
Huit observations originales à propos desquelles l'auteur éta-
blit la nature héréditaire de la maladie exostosique et passant en
revue les diverses théories pathogéniques. conclue à l'incertitude
de nos connaissances à ce sujet. Il y a lieu de tenir pour notable
l'influence de la tuberculose. F. T.
XXV. Ophtalmoplégie externe bilatérale congénitale et
héréditaire ; par CHAILLOUS et PAGNIFZ. (Nouv. Icon. Sal-
pêtrière, 1905, n" 6.)
Histoire clinique d'une famille frappée à trois générations
d'ophtalmoplégie, chez les différents membres de laquelle on
trouve des stigmates de dégénérescence physique et d'infériorité
Archives, 2, série, 100G, t. XXII. 15
220 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
psychique. Absence de syphilis dans l'ascendance, rendue plus
probable encore par l'évolution d'une syphilis acquise chez le
malade de la troisième génération. Les symptômes paralytiques
vont s'atténuant de la première génération à la troisième. L'inté-
grité absolue de la musculature intense de l'oeil est un argument
sérieux en faveur de l'origine nucléaire de l'ophtalmoplégie.
1". T.
XXVL Une variété nouvelle de myoclonie congénitale
pouvant être héréditaire et familiale à nystagmus
constant (nystagmus-myoclonie ; par Lenoble et AUBUREAU
(de Brest).
Depuis 1898, les auteurs ont fréquemment, observé en Bretagne
où la population contient un nombre énorme de dégénérés une
affection caractérisée par un nystagmus qui paraît être congéni-
tal, ou du moins que se manifeste dès les premiers jours de la vic,
qui est fréquemment héréditaire ou familial, qui persiste toute la
vie et sur lequel la thérapeutique n'a aucune action, ce nystagmus
est constitué par un mouvement de va-et-vient à amplitude tou-
jours égale etqui est -ariahlecomme intensité. Il s'accompagne le
plus souvent de tremblement ou de secousses musculaires dont
le malade a conscience, d'exagération des réflexes patellaires et
d'autres réflexes musculaires et parfois de trépidation épiloploidc.
Souvent il y a des troubles vasomoteurs qui peuvent allerjusqu'à
l'existence du syndrome de Weir-Mitchell. Généralement, les su-
jets sont des débiles intellectuels, des dégénérés psychiques avec
de nombreux stigmates physiques. Ce sont fréquemment
des infantiles, parfois ilsontun myxoedème fruste, des tics. On ren-
contre trois types cliniques. Dans le premier le nystagmus estle seul
symptôme ; dans le second, il y a quelques symptômes légers
surajoutés, le troisième est la forme grave avec signe de Calins.11 Il
existe des formes complexes avec des complications de tou-
tes sortes; souvent, la maladie est familiale. C'est une myoclonie
caries secousses, quand elles existent, sont incoordonnées, non
rythmées ; mais c'est une myoclonie atténuée.
La littérature a le plus souvent méconnu cette affection et
à parties observations de Lenoble et Aubineau on n'en peut ci-
ter que de rares exemples. Toutes les causes ordinaires de ladégé-
nérescence prédisposent à cette affection ; et semble aux auteurs
que la race bretonne y soit tout particulièrement sujette. On en
ignore encore actuellement l'anatomie pathologique. (Revue de
méd., juin-1900.) . L. Wahl.
XXVII. Les réflexes dans l'épilepsie (Ibidem).
Les auteurs donnent les opinions des maîtres sur ce sujet :
Les réflexes sont augmentés passagèrement après l'attaque (L.
' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 227
Ilirtl. Après l'attaque, réflexes quelquefois absents, plus souvent
exagérés et il y a trépidation épileptoide (Osier).
Réflexe pat. absent pendant quelques minutes, exagéré au re-
tour, exagération plus durable du côté paralysé ou parésie, c'est-
à-dire du côté vers lequel était tournée la tête pendant l'accès
(Gowers).
Réflexes cutanés absents immédiatement après l'attaque, ré-
flexes tendineux un peu exagérés, quelquefois diminués ou ab-
sents (Strumpell).
Les auteurs ont toujours observé et le réflexe pat. et le ré-
flexe plant. Entre les accès ils sont normaux ; immédiatement
après la crise, ils sont exagérés, le plus souvent absents. Dans
ce dernier cas, les réflexes réapparaissent rapidement. Dans l'état
de mal les réflexes sont souvent très actifs. Dans le post-ictus,
suivant la profondeur du coma,les réflexes sont affaiblis ou même
absents. Cette variation des réflexes s'explique par une irrita-
tion initiale de l'arc réflexe primaire ou secondaire avec parésie
de l'appareil inhibitoire. A mesure que les cellules motrices
corticales et médullaires se fatiguent, le tonus musculaire néces-
saire au réflexe s'affaiblit. Puis petit à petit, ce tonus revient et
avec lui le réflexe
Valeur pronostique : L'absence des réflexes indique un épuise-
ment très prononcé et le pronostic est plus défavorable.
FRIEDEL.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE
XIII. - Des anesthésiques et enparticulier de la scopola-
mine envisagés comme adjuvants à la suggestion hyp-
notique. (.Tozcrz. de Neurologie, 1906, n° 1.)
L'auteur établit dans cette note que l'emploi prudent de la
scopolamine (3 à 4 dixièmes de milligr. en injection sous-cuta-
néc) permet de vaincre très facilement les résistances, conscien-
tes ou inconscientes qui, chez certains malades exo ou auto-into-
tiqués s'opposent à la production de l'hypnotisme. G. D.
XIV. Prophylaxie et traitement des criminels récidi-
vistes ; par le Dr Morel (de Mons). (Joum. de neurologie,
1906, n- 12.) .
Le Dr Morel donne, dans ce travail, sous forme de tableau, les
résultats de l'examen au point de vue mental de 68 récidivistes
âgés de 18 à 30 ans.
II répartit ces 68 récidivistes en trois catégories suivant que leur
instruction est nulle, rudimentaire ou primaire. Chacune de ces
228 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
catégories comprend elle-même quatre groupes : celui des alcoo-
liques qui sont en môme temps fils d'alcooliques, celui des
alcooliques issus de parents non alcooliques, celui des récidi-
vistes non alcooliques, et enfin celui des récidivistes qui ne sont
ni alcooliques, ni fils d'alcooliques.
Les données contenues dans ces tableaux confirment la nécessité
tant de fois exprimée, d'organiser sérieusement un service de
médecine mentale ou plutôt d'attacher un médecin aliéniste à
toute prison de quelque importance, à toute école de réforme, à
tout refuge pour mendiants et vagabonds.
En excluant les psychoses proprement dites pouvant prédis-
poser à la criminalité, on peut affirmer que les affections dénom-
mées : insuffisance mentale, imbécillité, idiotie morale, etc.,sont
celles qui fournissent le plus fort contingent aux établissements
pénitentiaires.
Il y a lieu,en outre,au point de vue de la prophylaxie de la cri-
minalité,de combattre par tous les moyens les progrès croissants
de l'alcoolisme, de surveiller étroitement et de soumettre à un
traitement spécial tous les enfants issus de parents aliénés, dégé-
nérés, alcooliques, criminels, névrosés, etc. Les établissements
médico-pédagogiques, encore insuffisamment connus du public,
sont appelés à rendre à ce point de vue les plus grands services :
leur développement s'impose si on veut réduire dans de notables
proportions la population des écoles de réforme ainsi que des dé-
pôts de mendicité et de vagabondage dont l'organisation devrait,
du reste,être radicalement modifiée.
Il ne resterait plus alors qu'à songer à l'hospitalisation des
délinquants adultes et particulièrement des récidivistes. Pour
cela il n'y aurait qu'à fonder une école de réforme, genre Lis-
mira, à la tête de laquelle deI l'Qi t être placé unmédecin-aliénistc
qui seul aurait la compétence nécessaire pour apprécier les résul-
tats obtenus par le personnel éducateur et se prononcer sur
l'opportunité d'une libération provisoire ou définitive.
G. 1)c v.
XV. Un cas de tics de la face guéri par la suggestion ;
par Mlle Y OTEYKO (Joum. de Neurologie, 1906, n° 1).
Il s'agit d'une jeune fille de 22 ans, infantile au point de vue
mental, mais non hystérique, qui était atteinte depuis S ans de
tics localisés au principaux muscles de la face et du cou : cli-
gnement des paupières, tension de la bouche, renversement de
la tète en arrière, etc. Ces tics tous cliniques, sauf les renverse-
ment dota tète en arrière, se produisaicl1Ltantôt simultanément
tantôt isolément, tantôt sous forme d'accès, tantôt d'une façon
continue. Quelques séancesde suggestion à l'état de veille firent
disparaître très rapidement ces tics, en même temps que les bi-
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 229 (,)
zarreries de caractère de cette jeune fille. La guérison s'est main- n -
tenue depuis 2 ans. G. D.
XVI. Propriétés thérapeutiques spécifiques du sérum
du sang d'animaux immunisés avec le sérum d'animaux
- thyroïdectomisés ; ;par Cero et RESTA. (In Rivista sfJe1'imen-
tale di Freniatria, 1904. Vol. XXX. fasc. 11-111.)
Les expériences ont porté sur douze chiens auxquels on prati-
qua l'ablation partielle, ou totale de la glande thyroïde, avec in-
jection consécutive de sérum de sang de lapin ou de chèvre im-
munisés. De ces expériences, il résulte avec évidence que -d'une
façon manifeste et presque constante, les phénomènes aigus de la
cachexie strul1liprivc chez le chien (dyspnée, contracture mus-
culaire, etc.) cessent rapidement et d'une façon pour ainsi dire ins-
tantanée à la suite de l'injection de sérum du sang de lapin ou de
chèvre immunisés contre le sérum des chiens thyroidcctomisés
et saignés pendant les manifestations des phénomènes aigus de
la cachexie slrumiprive. J. Séglas.
\ \' I I . - Les propriétés toxiques de l'aspergillus fumigatus
en rapport avec les saisons de l'année ; par CARLO Ceni.
f In Rivista sperimentale di freniatria. Vol. XXX. fasc. 1.)
Pour cet auteur, l'aspergillus fumigatus aurait la propriété
d'élaborer ensemble deux principes toxiques, ayant des caractères
convulsivants et tétanisants, extractibles par l'alcool, et en rap-
port avec les saisons de l'année ; les autres principes, qui ne sont
ni convulsivants, ni tétanisants et ne sont pas extractibles par
l'alcool sont liés à la slructute intime du parasite. J. S.
XV111. Contribution au traitement de l'épilepsie par la
méthode de Ceni ; par GIOYANNI TIEUGO, (In Rivista speri-
mentale di ],'¡'e¡¡iatria, \'ol. III. fasc. II. 111.)
Les injections de sérum do Ceni ont été essayées dans six cas
d'épilepsie, cas très graves, soit par la fréquence des accès, par
leur intensité, soit par la longue persistance des phénomènes psy-
chiques.
Il y a eu des avantages tant pour la condition générale des ma-
lades quc pour les phénomènes épileptiques ; l'amélioration des
conditions générales s'est surtout révélée par une augmentation
de poids.; de plus, les injections do sérum ont diminué le nombre
des accès et des vertiges épileptiques.
J. Si roI ?
REVUE DE MÉDECINE LEGALE
1. Réforme pénale au point de vue anthropologique
et psychiatrique;par le 1) 'an Hamel (d'Amstel-dam).(Journ.
de neurologie, 1906, no 8.)
Le point capital de la réforme pénale proposée par l'auteur
consiste dans l'institution d'une consultation de médecins-psy-
chologues à la base de toute procédure criminelle ou adminis-
trative. Cette consultation sera motivée : 1° par la nature de
l'acte ou la nature de l'individu telles qu'elles se révèlent dansle
cours des informations ; 2° par la nature de la mesure sur l'ap-
plication de laquelle le juge ou les autorités administratives déli-
bèrent. En outre, lorsqu'il s'agit de mesures de santé, de mesures
de guérison et même de discipline sévère -au-dessus d'une cer-
taine durée (par exemple un emprisonnement de plus de G mois),
cette consultation serait obligatoire.
G. ILNY.
II. Le cas Olivo. Meurtre d'une femme sans motifs.
Dissection et dispersion des fragments du cadavre.
S'agit-il d'unépileptique ; par Tamburini. (In Rivista péri-
mentali di F1"eniat ? 'Ïa, 1904. Vol. XXX.fase. 11-itl.)
Discussion d'un crime ayant intéressé les habitants de la
région, à la suite duquel le criminel fut interné et soumis a l'exa-
men médical de plusieurs aliénistes. J. Séglas.
III. Le cas d'Angelo. Mort en prison à la suite d'une
détention très courte.Suspicion de violence.Délire aigu ;
par Amante, BIGNAMI, Borri, IMPALLOMENI, OTTOLENGHI. (In
Rivista sperimentale di freniatria, 1904. Vol. XXX, lascicule 1.)
Les auteurs publient cette observation, d'abord parce qu'elle
peut avoir un intérêt tout particulier au point de vue de la mé-
decine légale de l'aliénation mentale ; ensuite parce que les cir-
constances obscures dans lesquelles s'était produit ce décès
avaient eu un grand retentissement dans toute la région.
J. S¡' : GLAS,
IV. - Apoplexie tardive traumatique, son importance au
point de vue médico-légal; par Pierre Marie etCROUZON.(ReV.
de méd., n° de mai 1905.)
On doit désigner sous ce nom les accidents cérébraux apoplec-
liformes survenant plus ou moins tardivement après un trauma-
tisme crânien. L'étude en est récente : on ne la trouve guère dé-
crite que depuis la promulgation des lois relatives aux accidents
BIBLIOGRAPHIE. 231
du travail : Bollinger, Michel, Kol, Brums, Stadelmann, Kraun
Bernliard et enfin un cas personnel a l'auteur. Un cocher de 50
ans,tamponné par un tramway à vapeur fut frappé d'hémiplégie
droite avec aphasie et albuminurie six jours après l'accident.Plus
tard il eut des crises d'épilepsie urémique et une hémorragie ré-
tinienne à droite et même du myosis double. La lésion anatomi-
que est une hémorrhagie cérébrale due probablement à un throm-
bus. L. WAHL.
BIBLIOGRAPHIE
Il[. Contribution à l'étude des psychoses d'insolation ; par
Meignié. (Thèse de Bordeaux, 1905-1906, U" 94.)
Les psychoses d'insolation existent réellement et revêtent la
forme de confusion mentale sous l'une quelconque de ses variétés,
délire onirique, délire hallucinatoire aigu, délire aigu, syndrome
paralytique. Elles se présentent donc cliniquement comme des
psychoses d'intoxication, ce qui confirme la pathogénie toxique
de l'insolation, aujourd'hui généralement admise. L'amnésie
(lacunaire, rétrograde et de fixation) y est souvent profonde et
prédominante, comme dans la psychose de la polynévrite et de
l'éclampsie.
Les cas de psychoses consécutives à l'insolation peuvent être di-
visées en deux catégories : - a) ceux dans lesquels l'insolation est
le facteur unique ou essentiel : ce sont les vraies psychoses d'inso-
lation ; b) ceux dans lesquels l'insolation est cause occasion-
nelle avec, en particulier, l'alcoolisme, le paludisme, la syphilis :
ce sont les psychoses à l'occasion d'une insolation.
Dans nos pays, les psychoses d'insolation pures sont rares : on
y constate surtout les psychoses mixtes d'insolation et d'alcoo-
lisme. Aux colonies, on rencontre assez fréquemment soit les
psychoses d'insolation pure, soit les psychoses d'insolation et de
paludisme combinés. J. ABADIE.
232 BIBLIOGRAPHIE.
asiles d'aliénés. 233
rison de la dothiénentérie : d'autre part une mélancolique an-
Meuse tira de sa fièvre typhoïde un tel profit qu'elle put sortir
deux mois après en avoir été atteinte, en parfait étal, tant physi-
que que moral. va sans dire qu'il s'agissait dans les deux cas
de malades dont l'affection mentale était récente et il est à peine
besoin d'ajouter qu'aucun de nos vieux chroniques n'a retiré pa-
reil bénéfice del'intection.
« Suivant la règle, nous avons toujours vu la lièvre typhoïde
suspendre, pendant toute sa durée, les attaques convulsives des
épileptiques ; leur réapparition marquait en général le début de
la convalescence et elles se reproduisaient ensuite comme par le
passé. Nous avons cru remarquer cependant que, dans quelques
cas tout au moins, l'épilepsie se montrait plus sévère après une
atteinte de dothiénentérie ; nous faisons allusion à 3 observa-
tions qu'il nous a été donné de recueillir d'épileptiques succombant
en état de mal peu de temps après leur lièvre typhoïde, alors
qu'ils n'avaient jamais présenté antérieurement d'attaques sub-
intrantes ou qu'ils y avaient résisté victorieusement. Si cette
vue était par la suite reconnue exacte, il nous semble qu'elle ne
serait pas sans intérêt. Remarquons enfin que, sur plus de 120
cas de lièvre typhoïde dont nous possédons actuellement les ob-
servations, aucun ne se rapporte à des paralytiques généraux :
c'est la seule catégorie de malades que nous ayons vue ainsi to-
talement épargnée. »
Nous remarquons avec plaisir que le rapport médical est fait en
collaboration avec le médecin-adjoint, M. le Dr Vernet.
ASILES D'ALIENES
1. Recrutement des médecins des asiles.
Le recrutement des médecins des asiles publics d'aliénés vient
d'être réglé,par un décret présidentiel du le, août 1906, dont voici
la teneur :
Art. 1er. Les médecins adjoints des asiles publics d'aliénés
sont recrutés parle concours annuel, ayant lieu à Paris dans le
premier trimestre de chaque année.
Art. 2. Les candidats devront êtres Français et docteurs en
médecine d'une des facultés de 1 Etat, avoir satisfait à la loi sur
le recrutement de l'armée et ne pas avoir trente-trois ans révolus
le 1er janvier qui précède le concours.
Ils devront justifier d'un stage de deux années au moins, soit
comme internes dons un asile public ou privé consacré au traite-
234 asiles d'aliénés.
ment de l'aliénation mentale, soit comme chefs de cliniques ou
internes des hôpitaux nommés au concours.
Leur demande devra être adressée au ministre de l'intérieur,qui
leur fera connaître si elle est agréée et s'ils sont admis à prendre
part au concours. Celle demande sera accompagnée de l'acte
de naissance du postulant, de ses états de services, d'un exposé
de ses titres, d'un résumé restreint de ses travaux, du dépôt de
ses publications, ainsi que des pièces faisant la preuve de son
stage et de l'accomplissement de ses obligations militaires.
Art. 3.- Le jury chargé de juger le résultat du concours sera
composé comme suit :
1° Un inspecteur général des services administratifs au minis-
tère de l'inférieur, désigné parle ministre, président;
2° Un professeur ou agrégé choisi par le ministre de l'intérieur
sur une liste de trois noms présentés par la faculté de médecine
de Paris ;
3° Deux professeurs titulairesde facultés de médecine de l'Etat, t,
ou, à défaut, désagrégés ou chargés de cours des maladies menta-
les en exercice dans les mêmes facultés ;
4° Trois directeurs-médecins ou médecins en chef d'asiles pu-
blics d'aliénés ou de la maison nationale de Charenton, exerçant
ces fonctions depuis au moins trois ans ;
5° Enfin un juré suppléant pris parmi les directeurs-médecins
ou médecins en chef des mêmes établissements.
Tous les jurés seront désignés par le ministre de l'intéricursur
la proposition du comité des inspecteurs généraux ; les profes-
seurs, les agrégés ou les chargés de cours seront choisis dans des
facultés diflérentes.
Les directeurs-médecins et les médecins en chef devront eux-
mêmes être pris dans des établissements différents et, en outre,
appartenir à des asiles situés hors du ressort des académies qui
auront fourni les professeurs, les agrégés ou les chargés de cours.
Cependant pour l'application de cette dernière règle, il ne sera
, pas fait état du juré visé au paragraphe 2 du présent article. En
cas d'absence parmi les autres membres du jury, il serait fait ap-
pel au juré suppléant pour remplacer le premier juré absent et
les épreuves continueraient de plein droit avec les membres
restants.
Art. 4.- Les épreuves seront toutes subies sous le contrôle
de l'inspecteur général président. Elles seront au nombre de six,
savoir : .
1° Une question écrite portant sur l'anatomie et la physiologie
du système nerveux, pour laquelle il sera accordé trois heures
aux candidats ; le maximum des points est de 30.
2° Une question écrite portant surl'organisation des asiles pu-
blics d'aliénés et sur la législation des aliénés, pour laquelle il
asiles d'aliénés. 235
sera accordé deux heures. Le maximum des points sera de 10. Les
copies devront être écrites lisiblement et porter une devise. Cette
devise sera reproduite avec le nom du candidat, et mise par celui-
ci sous enveloppe cachetée.
3° Une épreuve sur titres : le maximum des points sera de 10
pour cette épreuve etles points devront être donnés lors de la
correction des épreuves écrites. 11 sera tenu compte de ces points
en vue de l'admissibilité des candidats aux épreuves orales et cli-
niques. Ces épreuves sont éliminatoires. .
4° Une question orale portant sur la médecine et la chirurgie
en général, pour laquelle il sera accordé vingt minutes de ré-
flexion et quinze minutes d'exposition. Le maximum des points
sera de 20.
5° Une épreuve clinique orale. Celte épreuve portera sur un
seul malade. 11 sera accordé au candidat quinze minutes pour
l'examen de l'aliéné, y compris le temps de réflexion et vingt
minutes d'exposition. Le maximum des points sera de 20.
6° Une épreuve clinique écrite. Cette épreuve portera sur un
seul malade, qui sera examiné au point de vue médical et au
point de vue médico-légal. Il sera accordé au candidat vingt mi-
nutes pour l'examen du malade et une heure pour la rédaction
d'une consultation écrite. Le maximum des points sera de 20.
La police générale du concours est confiée au jury qui déter-
mine notamment les règles à appliquer à la lecture et à la remise
des copies, désigne les services où seront subies les épreuves cli-
niques, fixe le choix des malades et prend toutes dispositions uti-
les pour assurer la régularité et la sincérité du concours.
Art. 5. Le nombre des places mises au concours est annuel-
lement fixé par l'arrêté indiquant la date du concours. Le jury
est constitué avant l'ouverture des inscriptions de candidatures.
Silo ministre de l'intérieur estime qu'étant données les vacan-
ces déclarées et les vacances à prévoir, il n'aura pas à pourvoir
à plus de deux postes au cours de l'année, il peut, par dérogation
àl'art. 1-1 du présent décret, décidé, par arrêté publié au Jour-
nal Officiel avimllo 1 ? iaiivier, qu'il n'y a pas lieu d'instituer un
concours pour l'année considérée.
Art. G. -- Aucun délai n'est garanti pour la nomination des
candidats reçus aux concours. Au sur et à mesure des vacances
d'emploi qui se produiront dans les asiles d'aliénés, les candidats
déclarés admis seront nommés suvantl'ordre de classement par
mérite établi par le jury.
Le médecin adjoint reçu au concours doit occuper sans retard
le poste qu'il lui est désigné par le ministre de l'intérieur, s'il
refuse l'emploi qui lui est offert, il est mis en disponibilité et il
esl fail appel aux médecins adjoints reçusbaprùs lui ; lorsque la
liste du concours de est complètement épuisée, il est in-
236 asiles d'aliénés.
vite de nouveau prendre possession du poste qui se trouve % va-
cant : s'il refuse, il ne pourra être replacé qu'après les médecins-
adjoints reçus au concours de l'année suivante.
Sera déclaré démissionnaire tout candidat reçu qui, dans le
délai de cinq ans après la proclamation des résultats du concours,
n'aurait pris possession d'aucun des postes qui lui auraient été
offerts à son tour de nomination. C'est à partir du jour de l'ins-
tallation effective du médecin adjoint que commenceront à cou.
rir ses services.
En conformité des décrets des 19 octobre 15894 et 14 avril 1905,
les cadres et traitements des directeurs médecins, médecins en
chefs et médecinsadjoints des asiles publics d'aliénés sont établis
ainsi qu'il suit :
VARIA. 237
médecin directeur sur l'organisation intérieure de l'asile ; uni-
formité des règlements dans les divers asiles.
On trouve ensuite le détail de la discussion de cette, loi, et la
relation parlementaire du professeur Bianchi. J. Séglas.
11. - La réforme des asiles d'aliénés en Belgique ; par
le Dr Morel (Bull, de la Soc. de met. ment, de Belgique, fé-
uier 190a.)
Les principaux éléments de ce travail sont empruntés au re-
marquable rapport de 1. Sérieux sur> l'assistance des aliénés en
France, en Allemagne, enltalie eten Suisse, que tous nos lecteurs
connaissent et sur lesquels il est par conséquent inutile de reve-
nir. L'auteur adopte complètement les idées de notre collègue et
les renforce par une série de notes relatives à l'organisation des
asiles hollandais, anglais, écossais, etc.. et conclut en deman-
dant : 1" la réorganisation du service médical des asiles d'aliénés
belges au point de vue du recrutement et des attributions des
divers éléments du personnel médical ; 2° le perfectionnement
de l'outillage matériel et moi al des asiles, par l'assimilation des
progrès réalisés en dehors de nos frontières; 3° l'institution de
délégations analogues à celles créées par le Conseil généra^ de la
Seine, qui iront étudier sur place les progrès et les perfection-
nements réalisés dans les pays étrangers. G. 1)erro.
VARIA
Etablissements de sourds-muets ET DE jeunes aveugles.
Paris, le 31 juillet 1906.
Le Ministre de l'Intérieur à MM. les Préfets,
Dans de récentes circulaires, je vous ai entretenu de la situation
des enfants anormaux en France. Parmi eux, les sourds-muets
et les jeunes aveugles, qui dépendent entièrement de mon
administration, doivent attirer votre attention d'une manière
toute spéciale. Il résulte des dernières statistiques que les établis-
sements actuellement existants sur le territoire de la République
peuvent admettre tous ceux de ces enfants qui sont âgés de 9 à
13 ans, cet accotant celui où ils sont reconnus le plus aptes à
profiter de l'enseignement spécial qu'ils sont appelés à recevoir.
Il appartient, en conséquence, aux familles qui ont les ressour-
ces nécessaires do contribuer au paiement du prix de la pension,
aux départements, aux communes et aux associations charita-
hles,ll'accorder des bourses ou des fractions de bourses pour assu-
rer le placement de lous ces enfants, autant que possible dans
23S varia.
les établisements delà région à laquelle ils appartiennent. Beau-
coup de parents, qui pourraient participer à cette dépense, béné-
ficient de la gratuité complète. Or, il est de toute nécessité
- qu'ils contribuent, dans la mesure de leurs moyens, au paie-
ment du prix de la pension. '
De son côté, l'Etat, qui s'impose pour ces enfants de gros sacri-
fices, est en mesure' d'en recevoir un grand nombre dans les
institutions nationales et, à ce sujet, je vous rappelle que mon
administration continuera, comme par le passé, à accorder des
fractions de bourse aux familles réellement nécessiteuses, la la
condition que la fraction complémentaire et le prix du trousseau
soient garantis par la famille, par le département, par la com-
mune ou par une oeuvre charitable.
La somme la plus réduite, qui devra être votée par les collec-
tivités qui s'associeront dans ce but, pour assurer le placement
d'un enfant aveugle ou sourd-muet, devra être : à Paris (jeunes
aveugles des deux sexes) de 600 à 300 fr. par an au minimum ;
à Paris (sourds-muets), de 700 à 350 fr. par an ; à Bordeaux
(sourdes-muettes;, de 500 à 250 fr. par an ; à Chambéry (sourds-
muets des deux sexes) de 500 à 250 fr. par an.
Les frais de trousseau qui sont :
De 400 fr. à l'Institution des sourds-muets de Paris,
De 320 fr. à l'Institution dos jeunes aveugles de Paris,
De 300 fr. aux' Institutions de sourds-muets de Bordeaux et de
Chambéry,
seront à la charge de la famille lorsqu'ils ne seront pas garantis
par l'autorité administrative qui a concédé la fraction de bourse
départementale ou communale.
Le prix de la pension entière est de : 1400 fr. à l'Institution
des sourds-muets de Paris. 1200 fr. à l'Institution des jeunes
aveugles de Paris. 1000 fr. à l'Institution des sourdes-muettes
de Bordeaux. 800 fr. à l'Institution des sourds-muets de
Chambéry. Ce prix pourra être réduit il la demande des familles
intéressées et en tenant compte de leur situation.
Dans les quatre institutions nationales, la durée des éludes est
de 8 ans ; dans celles de Paris et de Bordeaux, il existe, en outre.
une section enfantine où les jeunes sourds-muets ou sourdes-
muettes peuvent être admis de (i à 9 ans.
Les pièces à produire pour les établissements nationaux d'aveu-
gles et de sourds-muets sont : 1° un extrait de l'acte de nais-
sance ; 2° un certificat médical délivré par un médecin délé-
gué par le Préfet ou le Sous-Préfet et conslatant que la cécité
ou la surdi-mutité est complète et ne paraît pas curable; que
l'enfant a été vacciné avec succès ou qu'il a eu la petite vérole;
qu'il n'est point épileptique ; qu'il n'est affecté d'aucune maladie
contagieuse ou de scrofules au 2e degré ; qu'il jouit de la hloni-
faits DIVERS. 239
tude de ses facultés intellectuelles et qu'il est apte à tous les
travaux dont les jeunes aveugles ou les jeunes sourds-muets sont
capables ; 3° Un certificat du maire constatant que les parents
ne peuvent subvenir aux frais d'éducation de leur enfant ;
4" Un extrait du rôle des contributions directes délivré par le
percepteur en ce qui concerne le postulant.
D'autre part, vous me trouverez disposé à accorder dans les
autres établissements réservés à l'éducation spéciale et à l'ensei-
gnement professionnel des enfants sourds-muets ou aveugles, des
tractions de bourse dans la limite des crédits qui seront votés à
cet effet par le Parlement.
.le vous recommande l'insertion de cette circulaire au Bulle-
tin des actes administratifs de votre département, et je vous prie
d'en entretenir le conseil général lors de sa prochaine session.
Pour le Ministre de l'Intérieur : le Directeur de l'Assistance et de
l'hygiène publiques, III2zvtAN.
CELLULES DE l'hospice de SAINT-0¡"11>R.
Il est un certain quartier de la ville de St-Ome ? dit le Petit
Nord du 8 août, où, certes, le repos est bien difficile à goûter.
Nous avons cherché et voici ce que nous avons pu entendre. A
l'Hôpital Saint-Louis, un lecal est affecté aux malheureux atteints
d'aliénation mentale en attendant que l'on statue sur leur cas.
Or, ce local, par deux petits grillages, donne sur la rue des Jardins.
Un malheureux qui est enfermé depuis quelques jours dans ce
bâtiment empêche par ses cris perçants de dormir les infortunés
voisins. Ceux-ci ne cessent de se lamenter. On le conçoit sans
peine. N'y aurait-il pas, dans l'intérieur de rétablissement, un
autre local où pourrait être enfermé ce malheureux ? Cela dure
depuis une dizaine de jours. Nous en avisons l'administration
qui, nous n'en doutons pas, fera le nécessaire dans l'intérêt de
ce paisible quartier ouvrier.
FAITS DIVERS
Suicide (< tôt alcoolique. On a découvert dans l'étang du
Désert, longeant le chemin de grande communication d'Erme-
nonvillc à Senlis, le cadavre du nommé Armand Maison, âgé de
jj ans, manouvrier à Ermenonville qui, ayant reçu des repro-
ches de sa femme, d'il : « Je ne m'enivrerai plus et vous ne me
verrez plus ». L'alcoolique avait tenu parole en se noyant dans le
dit étang. (Semeur de l'Oise, 13 juillet.)
Alcoolisme. Suicide. Charles Mansard, 61 ans, manou-
vrierà Balagny-sur-Tbérain, qui avait déjà tenté de se suicider
240 bulletin bibliographique.
trois fois, ne s'est pas raté la quatrième en se pendant dans sa
grange. C'était un alcoolique incurable.
Suicide. Intrigué de ne pas voir sa voisine la veuve florin,
65 ans, ménagère, qui depuis quelque temps avait des dérange-
ments cérébraux, M. Dam ille, marchand de vins, fit pari de son
étonnement à M. Delille, conseiller municipal. Tous deux déci-
dèrent aussitôt de pénétrer dans l'habitation. Dans les bâtiments
de la cour et dans les pièces composant le logement, ils ne trou-
vèrent personne, mais en montant au grenier ils aperçurent la
veuve Ilévin pendue par une petite ficelle à un chevron de la toi-
ture. La mort remontait déjà à plusieurs heures. Le suicide n'a
étonné personne, car Mme llévin avait déjà voulu se suicider en
se jetant dans la rivière, mais elle ne put réussir. De plus elle
s'adonnait un peu à la boisson (Semeur de l'Oice, 10 juillet.)
Un meurtrier de onze A1;S. Au cours d'une querelle, le
jeune André Gourson (d'Amiens) âgé de onze ans, a tué d'un
coup de couteau dans l'aine son camarade Albert Bodin, âgé de
quinze ans. Après avoir soutenu que son camarade s'était enferré
lui-même sur son couteau, André Gourson a avoué ; le Parquet
l'a fait écrouer. (Petit Var, 2 septembre.;
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
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Vo'. XXII. Octobre 1306. ? 130
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
PATHOLOGIE MENTALE
La Folie Gémellaire;
Par le D' E. IARAN1)ON DE MONTYEL
Médecin en chef de \'ille-Evrard.
Il faut entendre par folie gémellaire une folie qui éclate
exclusivement chez quelques-uns et quelques-unes seule-
ment parmi les jumeaux et les jumelles et se manifeste
dans des conditions particulières qui font d'elle une es-
pèce spéciale, absolument distincte de la folie qui frappe
les autres jumeaux et les autres jumelles. Malheureu-
sement,depuis ces derniers temps, les psychiatres de tous
les pays manifestent la tendance fâcheuse, que rien ne
saurait ni justifier ni expliquer, de réunir sous le même
nom, la même désignation, des phénomènes psychiques
qui sont absolument différents les uns des autres et, qui
plus est, de les assimiler. Ils sont en train maintenant de
poursuivre leur oeuvre néfaste en réalisant, pour la con-
tagion mentale et la folie gémellaire, la confusion très
regrettable qu'ils ont réussi à créer pour la démence pré-
coce.
1. -;\I, Kraepelin commença par englober et décrire
sous le nom de « démence précoce » toutes les folies dégé-
1/éra/ives qui, si elles sont très sujettes à rechute, sont
aussi précisément parmi les plus curables, se montrent à
tout âge et offrent cette particularité, quand par exception
elles ne guérissent pas, de ne jamais aboutir à la dé-
chéance intellectuelle, de telle sorte que ces malades qui
sont déments, d'après cette théorie, c'est-à-dire atteints
d'un affaiblissement mental lié à la destruction des cel-
lules cérébrales intellectuelles, guérissent, au dire de M.
Archives, 2' série, 1())G, t. XXII. 16
242 pathologie mentale.
Kraepelin lui-même, dans la proportion de plus d'un
tiers et dans celle de plus des deux tiers au dire de : \1.
Masselon, se rétablissent assez pour rentrer dans le
monde et reprendre la lutte pour la vie. En outre, le mal
est appelé précoce. il l'est tant, en effet, que mon éminent
collègue de Ville-Evrard, M. Sérieux, qui est un de ses
plus distingués et de ses plus ardents défenseurs, déclare
l'avoir rencontré, comme beaucoup d'autres de ses par-
tisans, surtout chez la femme, au moment de la méno-
pause, à la cinquantaine. Or la folie gémellaire, elle
aussi, éclate à tout âge et relève presque toujours non
seulement d'une prédisposition héréditaire commune aux
deux jumeaux, mais d'une hérédité très lourde, lies
chargée, transmise très souvent tant par le père que par
la mère ; il en résulte que les vésanies des deux jumeaux
sont des folies dégénératives et que, par conséquent, la
folie gémellaire rentre de plein droit, d'après l'école alle-
mande, dans la démence précoce, bien qu'elle soit très
curable et qu'elle arrive parfois assez tard. Or rien de
plus faux, verrons-nous.
Il n'est pas douteux que nos vieux maîtres du siècle
passé n'auraient pas pris la chose au sérieux et en au-
raient ri de bon coeur : mais étant donné la tendance fâ-
cheuse que nous avons signalée, le succès au contraire
fut, non pas en Allemagne seule, mais partout, si consi-
dérable que M. Kraepelin estima qu'il avait bien tort de
s'arrêter en si beau chemin et il s'est empressé d'ajouter
aux folies dégénératives toutes les folies simples ; toutes
les manies avec toutes les lypémanies furent appelées,
elles aussi, démence précoce. Dès lors,que la folie gémel-
laire fùtounondégénérative,elle en devenait encore une.
En réalité, il n'y a qu'une seule vraie démence précoce
c'est la nôtre, la démence précoce française qui, ainsi que
nous l'avons établi dans notre récent article du Journal
de Neurologie, éclate toujours àl'adolescence, de 1 : ) à 25
ans au plus tard, soit d'emblée, soit survenant en quel-
ques mois ou même en quelques semaines comme l'a éta-
bli M. Christian dans son remarquable mémoire de 190C,
à la suite d'une vésanie quelconque n'offrant rien de par-
ticuler que cette arrivée foudroyante de la déchéance
mentale due à la faible résistance du cerveau qui n'a en-
LA FOLIE GÉMELLAIRE. 243
core acquis ni tout son développement, ni toute sa force de
résistance. Cette démence précoce qui est la seule vraie,
la seule à conserver, est celle qui se rencontre parfois
dans la folie gémellaire, laquelle peut revêtir, en effet,
toutes les formes mentales et dont les caractères spéciaux,
dont nous parlerons dans un instant,ne proviennent pas
du délire.
Si la folie gémellaire est absolument en dehors de la
démence précoce de M. Kraepelin, elle n'a non plus au-
cun rapport avec la contagion mentale de laquelle cer-
tains voudraient la faire dériver. Il est expliqué dans le
dernier ouvrage paru sur la question ! volume signé de
deux aliénistes forts distingués : M. Vigouroux et M. Ju-
quelier,et qui se lit non seulement avec vif plaisir, car il
est bien rédigé, mais encore avec grand profit, car il
est très richement documenté, les auteurs déclarent en
toute franchise dès les premières pages que sous le titre
de « contagion mentale », ils se proposent d'étudier la
contagion des actes réflexes, des états émotifs, des per-
ceptions,des sentiments,des mouvements volontaires,des
idées, des croyances, c'est-à dire de toutes les manifes-
tations de l'activité de l'axe cérébro-spinal et ils en four-
nissent comme raison que les plus hautes fonctions de
l'écorce, celles que nous qualifions proprement de men-
tales se relient par une dégradation insensible aux plus
humbles fonctions de la moelle ; physiologiquement, ils
estiment qu'il n'y a pas entre elles de lignes de démar-
cation bien tranchée et puis qu'elles sont en réalité in-
séparables, ils ne doivent pas les séparer.
On peut tout rattacher à la contagion mentale avec la
vaste définition de nos deux éminents collègues, qui est
bien l'expression complète de la fâcheuse tendance que
nous signalons et contre laquelle nous protestons.Il n'est
donc pas étonnant qu'ils y rattachent la folie gémellaire;
ceux qui, comme nous, restent fidèles à la vieille défini-
tion du terme ne sauraient les approuver et nous espé-
rons établir que la seule, la vraie contagion mentale, ne
joue aucun rôle dans la folie gémellaire.
II. Au professeur Bail revient le mérite d'avoir
nettement établi que parmi les vésanies qui frappent les
2.H PATHOLOGIE MENTALE.
jumeaux et les jumelles il en est une très r-are, qui, par
exception éclate dans des conditions spéciales, condi-
tions qu'on ne constate jamais chez les frères, et les
soeurs qui deviennent fous et folles quand ils ne sont ni
jumeaux, nijumelles. Ce ne sont donc pas tous les ju-
meaux ni toutes les jumelles qui sont dans ce cas, lequel,
au contraire, nous le répétons, est exceptionnel ; dans sa
leçon,ce professeur n'a rapporté qu'un cas, et nous aussi,
en trente ans de pratique,nous n'en avons observé qu'un,
que nous décrivons plus loin. Par conséquent dans la
presque totalité des cas,quand les jumeaux et les jumelles
perdent la raison, ils ou elles, la perdent comme la per-
dent les frères et les soeurs qui ne sont pas de la même
gestation, mais proviennent du même lit, quand tou-
tefois par hasard on rencontre au contraire le type isolé
par Ball,on n'a pas besoin d'aller aux renseignements, car
on peut avoir la certitude absolue que les deux malades
sont des jumeaux et des jumelles. C'est seulement à ces
cas exceptionnels, pour les bien isoler et distinguer, qu'il
faut réserver le nom de folie gémellaire, les autres cas,
qui se présentent chez des frères ou des soeurs, qui soient
ou ne soient pas jumeaux et jumelles, rentrent sim-
plement dansle groupe général des folies familialespuis-
qu'ils n'ont rien de particulier, ni les tins ni les autres :
groupe trop négligé des psychiatres et sur lequel M.
Trenel a appelé dernièrement l'attention par une très in-
téressante et très belle communication à la Société médi-
co-psychologique. C'est donc bien à tort qu'on englobe
sous le nom de folie gémellaire toutes les psychoses des
jumeaux et des jumelles.
Le distingué aliéniste se plaint,et ilaraison de seplain-
dre, que la notion d hérédité familiale, qui actuellement a
une si grande importance en neurologie, parait être moins
bien définie en pathologie mentale ; que le terme même
y est peu employé. Et c'est très fâcheux, car si la ques-
tion avait été mieux étudiée on n'aurait pas donné indif-
féremment le nom de folie gémellaire à toutes les vésanies
qui frappent les jumeaux et les jumelles puisque nous ve-
nons de voir que, clans la presque totalité des cas, ces vés
sanies ne diffèrent en rien de celles qui éclatent chez les
frères et les soeurs nés de couches successives ; or, par
LA FOLIE G'MELLHIŒ. 2,15
suite de cette négligence de l'étude des maladies mentales
familiales, nombreux sont encore les aliénistes qui, mal-
gré le mémoire si probant de Bail, continuent la confu-
sion. Aussi M. Trenel est-il encore dans le vrai quand il
ajoute que la folie gémellaire depuis longtemps signalée
n'est en somme qu'une forme spéciale de psychose fami-
liale, la manifestation la plus simple à la fois et la plus
parfaite de ce mode d'hérédité, mais il trouve qu'elle sem-
ble n'avoir attiré l'attention qu'en raison de sa singula-
rité même et de sa rareté et qu'elle a été décrite à part
comme un fait bizarre et curieux, plutôt que comme une
forme morbide particulière. Or la vraie folie gémellaire,
la seule à laquelle il faudrait conserver ce nom, devient
une forme particulière, sinon par les troubles intellectuels
qui la constituent et qui peuvent être n'importe quelle
vésanie,du moins par les trois conditions signalées par le
Professeur Ball. Quelles sont donc ces trois conditions ? z
Ces trois conditions sont : 1° spontanéité du délire
chez les deux sujets qui deviennent aliénés tout d'un coup
sans aucune cause perturbatrice expliquant cette explo-
sion délirante ; 2° simultanéité de l'explosion des acci-
dents en dehors de toute action de contact, car les sujets
vivent non seulement séparés, mais encore très éloignés
l'un de l'autre et ne se voient même pas ; 3° parallélisme
non seulement des hallucinations et des conceptions dé-
lirantes, mais encore de l'évolution de la psychose, avec,
malgré l'éloignement considérable des deux malades,
coïncident de toutes les manifestations de cette évolu-
tion, des crises de rémission et d'exacerbation, d'agita-
tion et dépression, des actes merbides tels que violence,
tentative de suicide, refus d'alimentation ; etc.
La première condition réalise une véritable exception
en pathologie mentale. En effet, dans nos deux mémoires,
publiés l'un par le Journal de Neurologie sur la « Prédis-
position en Eüologie rtentale »,1'autre,parlaRevue de ? sy-
chiatrie sur les « Rapports de la prédisposition et des'cau-
ses directes», nous avons établi que celles-ci sont aussi
importantes et aussi nécessaires que celle-là,car pour en-
gendrer une psychose, il est indispensable qu'elles coo-
pèrent et que la prédisposition soit fécondée et mise en
travail par un élément occasionnel.
246 pathologie mentale.
Et à cette occasion nous avons rappelé l'appréciation
très exacte de 1\1, Toulouse qui, dans son beau volume
Sur les causes de la folie, a traité avec un grand talent et
une grande exactitude cette délicate question. La prédis-
position qu'est-elle ? se demande l'éminent aliéniste de
Villejuif, sinon une aptitude, une tendance qui sollicite
de se réaliser et qui ne peut le faire que si d'autres con-
ditions tout aussi nécessaires sont données. Elle n'est,
à son avis, que nous partageons, qu'une force vague,indé-
finie, qu'il faut actionner pour mettre en valeur. Or dans
la vraie folie gémellaire, il n'est pas possible de trouver
cette cause directe ou occasionnelle nécessaire à la mise
en branle de l'aptitude délirante. Pas de misère, pas de
chagrin, pas d'inquiétude, pas de traumatisme, pas d'in-
fection. Sans doute,on constate des troubles intellectuels
chez des jumeaux et des jumelles qui sont très malheu-
reux, qui souffrent de misères et de chagrins ou qui re-
çoivent un choc moral brusque et douloureux, comme la
perte d'un être chéri, mère, père,ou encore d'une fortune
qui les faisait vivre heureux et tranquilles, mais alors la
folie qu'ils ou qu'elles présentent n'est pas la vraie folie
gémellaire,c'est une folie familiale quelconque,le plus sou-
vent très différente à tous les points de vue chez les deux.
Nous avons donc raison de dire que la folie gémellaire
réalise une exception ; toutefois s'il n'est pas possible de
lui trouver une cause directe perturbatrice, il semble ré-
sulter, des quelques observations publiées qui la concer-
nent véritablement, qu'elle a des rapports avec le fonc-
tionnement des organes génitaux.
Plus fréquente chez la femme que chez l'homme, elle
n'est pas rare chez celle-là au moment des règles, à la
ménopause, ou durant la grossesse, comme dans notre
unique cas rapporté plus loin ; dans les deux sexes, elle
semble avoir une tendance à se montrer au moment de
la puberté, vers 14 ou 15 ans. Mais les observations sont
encore trop rares pour permettre d'asseoir une convic-
tion, et puis ce ne serait jamais là que des éléments phy-
siologiques qui ne porteraient aucune atteinte à la for-
mule de spontanéité de Bail et la psychose résulterait
toujours du seul fonctionnement régulier de l'organisme.
Dans la seconde condition est spécifiée la nécessité de
LA POLIE GÉMELLAIRE. 247
l'éloignement des sujets ; il faut même qu'ils ne se voient
pas du tout, car l'éclosion au même moment ne serait
plus de la folie gémellaire, mais une folie familiale à deux,
forme simultanée de Régis. Dans la vraie gémellaire, la
seule à laquelle doit être conservé ce nom, la psychose
éclate le même jour, alors même que l'un des sujets est à
Gibaltrar et l'autre à Saint-Pétersbourg. Le savant alié-
niste de Bordeaux a démontré, en effet, depuis 1879, que
des frères et des soeurs, sans même être jumeaux ni ju-
melles, à plus forte raison, dirons-nous,s'ils le sont, sous
l'influence de causes subies en commun perdent la rai-
son ensemble et au même moment, puisant dans cette
communauté des mêmes impressions la même vésanie.
Si les deux sujets, sans vivre ensemble, se voient assez
souvent et à fortiori vivent ensemble, il peut encore ar-
river que l'un d'eux devienne aliéné, tandis que l'autre
reste sain d'esprit, alors celui-là agit sur celui-ci et par
une contagion mentale qui ici existe arrive à lui trans-
mettre ses conceptions délirantes et ses hallucinations.
C'est notre groupe de la folie communiquée, que M. Régis
a mis autant d'empressement à repousser que nous en
avons mis à accepter le sien. C'est un grand accapareur
qui veut faire entrer toutes les folies à deux dans sa folie
simultanée. Que mon éminent collègue de Bordeaux, à
qui la psychiatrie doit, en outre de cette folie simultanée,
d'autres travaux remarquables, telles, par exemple, ses
deux superbes descriptions restées classiques de la pseu-
do-paralysie générale alcoolique et de la pseudo-satur-
nine me permette de lui rappeler que nous ne sommes
plus seul aujourd'hui à avoir publié des observations de
folie communiquée ; beaucoup d'aliénistes éminents l'ont
observée, eux aussi, tant chez nous qu'à l'étranger. Quoi
qu'il en soit, certains auteurs ont donc tort d'employer
ces cas dans la folie gémellaire puisqu'on les observe
chez frères et soeurs qui ne sont pas du même lit, bien
plus entre mère ou père et enfants, et même entre époux
et épouse. Nous avons ainsi dans notre service, en ce mo-
ment, un malade, tout jeune encore, qui a contaminé son
père, sa mère, sa soeur et ses deux frères. La seconde
condition formulée par Bail est donc indispensable pour
la vraie folie gémellaire.
248 PATHOLOGIE MENTALE.
La troisième et dernière condition est sans conteste la
plus bizarre et la plus curieuse. Passe encore pour le parai
lélisme des hallucinations et des conceptions délirantes,
mais le parallélisme à distance de l'évolution tout entière
jusque dans ses moindres variations est pour bien éton-
ner. Néanmoins, on aurait tort de le nier; pour notre part
nous l'avons constaté dans notre cas comme on verra ;
mais nous comprenons que notre autorité est trop faible
pour imposer ce phénomène étrange à la croyance des
savants ; aussi qu'on nous permette de rappeler deux
observations dues à deux aliénistes éminents en qui on
est contraint d'avoir toute confiance.
Déjà en 1859 Moreau de Tours avait été frappé de cet
étrange parallélisme des variations de l'évolution. Il ra-
conte que deux frères jumeaux, très ressemblants au phy-
que et au psychique,qui vivaient séparés, devinrent alié-
nés en même temps. Le tableau du trouble mental chez
l'un et l'autre présentait la plus grande ressemblance,
bien que les deux sujets n'eurent aucun rapport et furent
isolés, l'un à Sainte-Anne, et l'autre à Bicêtre. Tous les
deux étaient atteints d'un délire de persécution avec hal-
lucinations auditives ; ils avaient l'un et l'autre un air
très morose et répondaient peu aux questions qu'on leui,
adressait. Parfois un changement s'opérait chez les deux
malades ; de temps en temps, ils sortaient de l'état de
stupeur qui leur était habituel et insistaient pour qu'on
les laissât revenir à la maison. L'illustre aliéniste insiste
sur ce détail, qu'il trouve très intéressant et très curieux,
que cet état de ranimation coïncidait toujours chez l'un
et chez l'autre, malgré l'énorme distance (lui sépare les
deux asiles où ils étaient enfermés et par conséquent l'ab-
sence certaine de toute espèce de contact et d'influence
réciproque. -irons est du à
Le second, sur lequel nous nous appuierons, est dû à
Cliford Gill, qui l'observa et le publia en 1889 comme un
fait merveilleux, digne de toute l'attention et de toutes
les études des aliénistes. Deux soeurs jumelles, âgées de
20 ans, devinrent simultanément folles bien que demeu-
rant dans des endroits très éloignés et ne se voyant pas.
La maladie mentale fut la suivante chez toutes les deux ;
un état maniaque qui,après une certaine amélioration, se
LA FOLIE GÉMELLAIRE. 249
compliqua d'une très violente agitation avec hallucina-
tions. Après quoi, une période proche de la normale à
laquelle succéda un état de dépression avec refus déman-
ger. Cette phase de dépression fut de nouveau rempla-
cée par un état maniaque ; et deux fois les mêmes alter-
natives se produisirent. L'auteur est émerveillé que celle
de la soeur fût identique en tous points : les améliorations
les rechutes, les alternatives d'excitation et de dépression
avec refus d'alimentation furent non seulement les mê-
mes, mais commencèrent en même temps, eurent la mû, z
me durée et se terminèrentle même jour. Toutes les deux
guérirent simultanément.
Nous pourrions ajouter d'autres faits il ceux là, mais
ces deux, provenant, à trente ans de distance, de deux
célébrités de nationalité différente, l'une françaiseet l'au-
tre anglaise, sont assez nets pour établir à eux seuls la
réalité des singuliers phénomènes de la troisième con-
dition formulée parle Professeur Bail, et que nous a éga-
lement offerte le cas que nous rapportons plus loin.
III. La description si belle et si nette de ces profes-
seurs, bien que confirmée par des faits dus à des aliénis-
tes éminents dans le passé et à d'autres tous aussi émi-
nents dans le présent a encore de nos jours des contra-
dicteurs. M. Vigouroux et M. Juquelier croient que la
spontanéité signalée par l'auteur n'est qu'apparente, et
que tous les cas de folie gémellaire rentrent dans le groupe
de la folie simultanée. Malgré l'intensité des influences
prédisposantes, le contact intime et perpétuel permet
seul, à leur avis, d'expliquer l'identité et la simultanéité
d'apparition du délire chez deux jumeaux. En dehors
de la vie commune, disent-ils, on peut voir survenir
chez deux sujets issus d'une grossesse gémellaire, des
accidents psychiques analogues et presque contempo-
rains, mais l'identité absolue dans la forme et dans le
temps suppose, il leur semble, l'intervention à quelque
degré d'une communication psychique de l'un à l'autre,
c'est-à-dire delà contagion mentale.
Nos deux jeunes et distingués collègues me permettront
de leur faire remarquer que la question n'est pas de sa-
voir si la folie gémellaire décrite par Bail comme la seule
méritant ce nom est ou n'est pas explicable, mais bien
250 PATHOLOGIE MENTALE.
si elle existe ou non avec les trois conditions qu'il a in-
diquées. C'estdonc, ici comme partout en psychiatrie, la
clinique, c'est-à-dire la constatation des faits qui doit
fournir la réponse. Or la clinique a répondu que la folie
gémellaire de Bail existait par l'intermédiaire d'observa-
teurs éminents, tant étrangers que français, dont la saga-
cité n'est pas à contester et dont la bonne foi n'est pas il
suspecter. Il nous semble qu'émettre dès lors des doutes
sur l'existence même du phénomène, c'est manquer de
convenance vis-à-vis de ces maîtres. Que de choses en ce
monde dont l'existence est incontestable et qui sont
inexplicables ! La contagion mentale, si elle était indis-
pensable, comme le croient M. Vigouroux et M. Juque-
lier, serait donc susceptible de se produire à grande dis-
tance, puisque les faits sont là incontestables, ce qui
nous ramènerait forcément au miasme ou microbe psy-
chique de joyeuse mémoire, de Bouchut, qui soutenaitle
transport au loin de cet élément morbide par un zéphir
favorable. Quand le professeur Bail a mis en doute la
folie induite ou folie transformée que venaient de décrire
des aliénistes américains, et après eux des aliénistes alle-
mands, curieuse transmission de ses hallucinations et de
ses conceptions délirantes par un aliéné, non plus à un
sain d'esprit, mais à un autre aliéné comme lui avec le-
quel il vit, car le phénomène lui paraissait bien étrange
et contraire à ses observations, attendu qu'il avait tou-
jours vu les malades témoigner le plus profond mépris
pour les propos délirants deleurs voisins qu'ils jugeaient
archi-fous et que jamais il n'avait réussi à leur inculquer
lui-même une nouvelle absurdité, il s'empressa d'ajouter
tout de suite qu'il ne contestait pas par là les faits que
d'autres plus heureux que lui rapportaient avoir obser-
vés et que,par conséquent,il ne niait pas la découverte de
Kierman. Peut-être aurait-il été plus prudent,de la part
de nos deux collègues, d'imiter laréserve du vieux maître,
d'autant plus qu'ils sont encore tout jeunes et qu'il n'est
pas étonnant qu'ils n'aient pas eu encore l'occasion de
rencontrer la vraie folie gémellaire, qui est si rare que
des aliénistes qui ont vieilli et blanchi au milieu des alié-
nés,ne l'ont observée que par exception.Dans la leçon de
Bail,il n'y a qu'une observation personnelle et également
LA FOLIE GÉMELLAIRE. 251
il n'y en a qu'une dans ce mémoire. Qui sait ce que leur
réserve l'avenir et si la clinique ne les comblera pas ?
L'auteur, à ma connaissance du moins, du dernier tra-
vail d'ensemble sur la folie gémellaire est M. Serge Sou-
khanoff, privat-docent,et médecin assistant à la clinique
psychiatrique de Moscou ; son mémoire a paru en 1900.
Il est partisan convaincu et enthousiaste de l'ancienne
conception du terme. Il déclare en débutant que, sous le
nom de folie gémellaire, il comprend toutes les lésions
psychiques qui peuvent se développer chez les jumeaux.
En conséquence, parmi les observations qu'il cite, il y a
des cas où la maladie du second jumeau n'a pas com-
mencé en même temps, mais bientôt après ; dans d'autres,
elle n'a apparu que bien plus tard ; il y a même un cas où
le second jumeau est devenu aliéné doule ans après le
premier. L'auteur n'a presque jamais relevé non plus de
pleine identité des psychoses chez l'un et l'autre ; enfin
dans bien des cas les jumeaux vivaient ensemble. A son
avis,on ne peut être d'accord avec Bail, qui dit que la folie
gémellaire, dans la véritable signification de ce mot, est
celle qui se caractérisse, entr'autres, par un développe-
ment simultané de la maladie chez les deux jumeaux. Il
trouve que c'est assez pour cela de la ressemblance du
tableau de la maladie et du développement indépendant
de cette dernière chez l'un et l'autre jumeaux. A l'appui
de son dire, il suppose que deux soeurs jumelles,d'abord
vivant ensemble dans des conditions identiques, puis
l'une d'elles se marie plus tôt, l'autre plus tard. Une a des
enfants, l'autre n'en a pas ; l'une est heureuse dans sa
vie conjugale, la seconde ne l'est pas. Malgré la ressem-
blance de l'organisation et malgré une prédisposition
morbide identique, la même maladie peut se développer
chez les deux soeurs, mais dans un temps différent, ce
qui peut dépendre de diverses circonstances de leur vie ;
tout de même le savant professeur déclare que dans des
cas semblables, il faut envisager la psychose comme fo-
lie-gémellaire vraie.
Nous croyons inutile de revenir sur ce que nous avons
déjà établi. Il est évident, par ces citations, que le distin-
gué aliéniste russe englobe les cas les plus disparates,
ceux qui appartiennent exclusivement aux jumeaux et
2G2 PATHOLOGIE MENTALE.
aux jumelles et ceux qui se retrouvent chez tous les
frères et toutes les soeurs, alors même qu'ils ne provien-
nent pas d'un même lit. Nous avons donc là une preuve
manifeste de la déplorable tendance que nous avons si-
gnalée et qui ne permettra plus d'utiliser ni les statis-
tiques. ni les déductions des divers auteurs. En effet, il
n'a pas été difficile à l'aliéniste de Moscou, dans ces con-
ditions, de rassembler 29 cas de ce qu'il appelle folie gé-
mellaire ; mais toutes les statistiques qu'il en donne et
toutes les déductions qui en découlent sont inutilisables
puisqu'elles comprennent les cas les plus disparates, ce
qui explique qu'il ait pu arriver à rassembler un nombre
aussi élevé d'observations, vu, je le répète, que la vraie
folie gémellaire, la seule qui doit être désignée sous ce
nom, est exceptionnelle. On voit tous les inconvénients
du système et combien il importe,en psychiatrie, comme
en toute science d'ailleurs, de laisser aux mots leur si-
gnification parfaitement définie et limitée, si on désire
se comprendre et utiliser les recherches les uns des
autres.
IV. - Disons enfin que, pour comprendre la folie gé-
mellaire avec les trois conditions, une quatrième, qui ne
lui est pas spéciale, mais commune à toute vésanie iden-
tique des jumeaux est à ajouter,à savoir : la nécessité non
pas seulement d'une prédisposition vésanique, mais d'une
prédisposition congénitale, c'est-à-dire qui s'est déve-
loppée durant la grossesse et dont par conséquent les
deux jumeaux étaient atteints au même degré à la nais-
sance. La nécessité d'une prédisposition vésanique n'est
pas contestable, elle est indispensable pour l'éclosion de
n'importe quelle psychose, chez n'importe qui, enfant,
adolescent, homme mûr ou vieillard.La formule est donc
générale : pas de prédisposition, pas de folie ; seulement
en ce qui concerne la folie gémellaire, elle est toujours
congénitale, jamais acquise après la naissance et nous
en verrons les raisons.
Une prédisposition vésanique, disons-nous, est néces-
saire. En effet, n'est pas fou qui veut, a dit Morel,et cette
boutade du célèbre aliénistc est encore plus vraie que
spirituelle.11 a eu le mérite de démontrer que les aliénés
étaient des êtres à part,doués d'une organisation spéciale
LA FOLIE GÉMELLAIRE. 253
et que ceux-là seuls qui possédaient cette organisation
spéciale pouvaient devenir aliénés. La folie,en e1l'et,choi-
sit ses victimes ; parmi les jumeaux et les jumelles, il y
en a qu'elle frappe d'un coup double,créant, soit la vraie
folie gémellaire, soit la folie gémellaire simplement fami-
liale, et d'autres, au contraire, qu'elle épargne. La folie
ne tient donc pas à la double gestation et il faut que ceux
qui pâtissent de son choix diffèrent de ceux qui n'en pâ-
tissent pas. Et cela est surtout exact pour la vraie folie
gémellaire qui, avons-nous vu,éclate souvent au moment
de la puberté, par conséquent à un âge où n'a pas encore
commencé la lutte pénible pour la vie avec tous ses dé -
boires et toutes ses souffrances morales et physiques ;
d'un autre côté nous savons également que la vraie folie
gémellaire survient spontanément, sans l'intervention
d'aucune cause directe l'expliquant, forcément il faut
que les deux jumeaux portent en eux une tendance ex-
cessive à la maladie.
En second lieu, cette prédisposition incontestable, ve-
nons-nous d'établir, est congénitale, car les trois condi-
tions formulées par Bail : l'éclosion simultanée du mal et
surtout l'identité absolue non seulement des hallucina-
tions et des conceptions délirantes, mais encore de l'évo-
lution jusque dans ses variations, sont bien la preuve
d'une organisation absolument identique.qui n'a pu s'ac-
quérir qu'au moment du développement du cerveau dans
le sein de la mère. Si les deux jumeaux étaient venus au
monde avec des cerveaux normaux et n'avaient acquis
leur prédisposition qu'après la naissance, alors même
que la cause d'acquisition serait la même, les résultats
de son action présenteraient toujours des différences
chez l'un et l'autre jumeaux. Donc, dans la vraie folie
gémellaire,nécessité absolue d'une prédisposition et d'une
prédisposition congénitale.
La cause de celle-ci,est dans la presque totalité des cas,
1 hérédité. Il est facile de constater que dans les faits
rapportés par les auteurs et qui sont bien relatifs à la
vraie folie gémellaire, quand des renseignements exacts
ont pu être obtenus, les observateurs ont relevé la folie
ou tout au moins un nervosisme très marqué, soit dans
la ligne maternelle, soit dans la ligne paternelle, et très
254 PATHOLOGIE MENTALE.
souvent dans les deux lignes, surtout quand il n'y a que
du nervosisme.
Néanmoins, nous ne nions pas que parfois la prédispo-
sition des jumeaux est acquise, par exception, durant la
grossesse alors que les deux ascendants sont purs de
tout nervosisme.Dans notre mémoire du Journal de neu-
rologie, nous avons démontré en détails cette action né-
faste de certaines causes. Par conséquent on n'a qu'à
bien chercher et à bien se renseigner, et on arrivera tou-
jours à établir que les jumeaux, ou les jumelles, atteints
de la vraie folie gémellaire, étaient dans tous les cas por-
teurs d'uneprédisposition vésanique congénitale prove-
nant dans la presque totalité des cas de l'hérédité et dans
quelques-uns seulement, par exception, acquise durant
la grossesse à la suite d'une des causes que nous avons
établies dans notre mémoire et que par conséquent il
est indispensable de bien avoir présentes à la mémoire,
si on ne veut pas errer par dénombrement imparfait, et
nier une prédisposition qui, à défaut d'être héréditaire, ¡
est par exception d'acquisition de grossesse.
M. Serge Soukhanoff, dans son intéressant mémoire,
accepte comme nous, la nécessité de la prédisposition
congénitale presque toujours d'origine héréditaire. Il
dit que si l'existence en général de celle-ci aux maladies
mentales dans une famille donnée fait faire dans beau-
coup de cas une conclusion nécessaire concernant l'or-
ganisation pathologique congénitale du système nerveux,
les cas de folie gémellaire soulignent et font ressortir
encore davantage le rôle et la signification de l'hérédité ;
les cas de ce genre démontrent d'une façon plus visible
que l'organisation physique semblable du système ner-
veux donne des troubles pathologiques identiques el
qu'il existe une dépendance réciproque et intime entre
nos facultés mentales et la structure physique de notre
organisation. C'est ainsi que le savant aliéniste russe
comprend et explique comment, non seulement les hal-
lucinations et les conceptions délirantes dans la folie gé-
mellaire, mais encore l'évolution avec tous ses détails
et même ses diverses alternatives sont identiques chez
les deux malades. Et cela est très vrai : en somme, il n'y
a que l'éclosion simultanée, et la simultanéité des symp-
LA FOLIE GÉMELLAIRE 255
tûmes et de l'évolution qu'il n'a pas eu occasion d'ob-
server qui l'ont décidé à repousser la forme spéciale dé-
crite par Bail et à faire, avons-nous vu, un seul groupe
de toutes les psychoses survenant chez les jumeaux,mê-
me quand ils habitent ensemble, ce qui jette, comme
nous l'avons montré, la plus grande confusion dans la
question.
Il est à désirer que les hasards de la clinique favori-
sent M. Serge Soukhanoff et lui fournissent quelques cas
qui lui démontrent l'existence de la variété spéciale iso-
lée par Bail et à laquelle il faut réserver le nom de folie
gémellaire, afin de la distinguer des psychoses qui se
montrent indistinctement chez tous les frères et toutes
les soeurs. Je suis certain qu'il lui suffira d'un cas pour
le convaincre, car son mémoire prouve qu'il est un ob-
servateur très sagace et très consciencieux. Il est en
même temps doué d'une érudition considérable,il connait
à fond tous les travaux parus non seulement dans son
pays, mais encore àl'étranger. Ainsi,dans son mémoire,
il contribue à détruire l'erreur jusqu'alors répandue par-
tout que Moreau de Tours était celui qui, en 15 ? avait
publié le premier cas de folie gémellaire.Non seulement
chez nous, mais encore de tous les côtés à l'étranger, cet
aliéniste figurait en tête de tous les historiques de la
question.
Or le savant aliéniste russe rapporte que M. Antonio
Marro,dans son travail de 1893, établit que bien longtemps
avant Moreau de Tours, 47 ans auparavant, M. Rush a
rapporté, en 1sol ? , une observation de folie gémellaire.
Elle n passé complètement inaperçue ou plutôt nous in-
clinons à penser qu'à cette époque éloignée, les collègues
de ce médecin n'ont pas eu confiance dans un fait si bi-
zarre et si curieux et ont dû se méfier d'une mystification.
Quoi qu'il en soit, le silence a été absolu. Dans sa leçon,
qui était appelée à avoir un si grand retentissement,
Bail rendant hommage àses devanciers, débute bien en-
tendu par Moreau de Tours, puis il parle du cas très in-
téressant de Baume, des deux de Clifford Gill et de quel-
ques autres, mais il ne souffle pas mot de Rush et il est
certain que nous ignorerions encore la découverte du fait
de cet aliéniste par M. Antonio Marro, sans la publica-
Z5G PATHOLOGIE MENTALE.
tion,dans un journal français,du mémoire du Professeur
de \loscou.
. Pourtantle cas de Rush est très net et très probant. Il
concerne deux frères jumeaux, eux aussi, héréditaires
vésaniques par la mère, atteinte de mélancolie avec im-
pulsions au suicide comme nous venons de le soutenir.
Bien qu'habitant deux villes très éloignées, et Rush in-
siste sur ce détail qu'il estime très curieux et très inté-
ressant, ils eurent simultanément la même vésanie que
leur mère, les mêmes conceptions délirantes qu'elle, et les
mêmes impulsions au suicide, si bien qu'ils se tuèrent
par le même procédé à un jour d'intervalle.Il est difficile,
nous croyons, de mieux demander et c'est toute justice
de rendre à Rush ce qui lui appartient ; mieux vaut
tard que jamais.
Dans cette observation il y a, comme on voit, héré-
dité vésanique par la ligne maternelle. Dans l'unique cas
de Bail, l'hérédité existait aussi et, après l'avoir signa-
lée également dans celle de Moreau, de Tours, il ajoute :
« on verra plus loin toute l'importance de la question a.
Mais dans ses développements on trouve une étrange
contradiction. En effet, cet aliéniste remarque tout d'a-
bord que si la ressemblance chez les jumeaux est par-
fois absolument nulle et que si, dans beaucoup de cas,elle
ne dépasse pas ces analogies familiales qui, chez la plu-
part des frères et soeurs, rapprochent le caractère et l'or-
ganisation, il est, par contre, certains jumeaux qui mon-
trent soit, au point de vue intellectuel, soit au point de
vue de la physionomie et de l'expression du visage, soit
au point de vue de la maladie et de la santé, une res-
semblance tellement parfaite qu'elle semblerait condui-
re à l'identité. Et ce n'est pas seulement, ajoute-til, au
point de vue extérieur que ces rcssemblances s'accusent
c'est aussi, c'est surtout au point de vue de l'organisa-
tion intime et des conséquences physiologiques qui en
découlent. Et avec raison, il dit que la folie gémellaire,
dans ces cas, n'est, en pathologie mentale, que l'analo
gue de ce qui est connu et accepté de tous en pathologie
physique. Il rappelle qu'on voit parfois, en effet, chez
les jumeaux la même maladie éclater avec les mêmes ca-
ractères, presque au même instant. C'est là, remarque-
LA FOLIE GEMELLAIRE. 257
t-il, une preuve manifeste de la parenté intime qui unit
les deux natures; rien donc d'extraordinaire qu'il en soit
de même de l'aliénation mentale,alors la preuve acquiert
une force supérieure et conduit tout naturellement à
cette conclusion que de même que dans les cas physiques
1 organisation du corps était identique, de même ici l'or-
ganisation cérébrale doit offrir de profondes analogies.
La conclusion qui devrait découler de ces considéra-
tions et de ces rapprochements très justes est la nécessité,
dans la presque totalité des cas, d'une hérédité vésani-
que, cause sinon la seule du moins la plus puissante d'u-
ne pareille identité d'organisation cérébrale. Or, pour
le professeur Bail, c'est seulement, et il l'affirme, cher,
quelques-uns des jumeaux à vraie folie gémellaire qu'on
constate des antécédents héréditaires, tandis que chez
les autres, la généalogie paraît absolument irréprocha-
ble au point de vue de l'aliénation mentale. Dans ces cas
il s'agit, à son avis, d'une affinité intellectuelle et mo-
rale qui dépasseles limites ordinairesde la consanguinité.
Cet aliéniste insiste et soutient que sans doute rien n'est
plus commun que de voir le même genre de folie se dé-
velopper chez plusieurs des frères et soeurs des mêmes
parents et constituant une même famille, mais qu'alors
presque toujours l'hérédité se retrouve à la racine de
ces manifestations maladives et que dès lors l'on ne sau-
rait s'étonner de voir les mêmes fruits portés par les
branches diverses issues du même tronc, mais qu'en ce
qui concerne la vraie folie gémellaire, il n'en estplus de
même, l'hérédité n'a pas besoin d'intervenir, Pourquoi ?
Parce que les jumeaux, répond-il, sont des frères plus
étroitement unis que les autres, car nés à la même date,
conçus dans des conditions identiques, ils ont subi les
mêmes influences pendant toute la durée de la gestation
et il en résulte dans certains cas, ceux qui aboutissent à
la folie gémellaire, sinon dans tous, une profonde analo-
gie de l'organisation cérébrale, qui est, affirme-t-il, la
seule origine pathologiqueadmissible de ces accidents de
la vraie folie gémellaire, accidents qui se manifestent au
même instant, suivent chez l'un et l'autre sujet une
marche absolument identique et sont caractérisés par le
même délire et par les mêmes phases de ce délire.
Archives, 2' série, 1906, t. XXII 17
258 PATHOLOGIE MENTALE.
Le Professeur Ball exigeait donc comme nousuneprc-
disposion congénitale ; sur ce point, l'accord est parfait
entre nous ; mais tandis que nous la croyons, dans l'im-
mense majorité des cas, dans presque tous, due à l'héré-
dité, il estime, au contraire, que presque toujours elle
est indépendante de toute tare familiale et due à une ac-
quisition fatale. C'est là une question de faits, que seule
une grande réunion de cas tranchera définitivement ; or
nous savons la vraie folie gémellaire très rare, il faudra
donc du temps pour entasser des observations. Quoi qu'il
en soit, à en juger par les faits recueillis depuis sa leçon,
le Professeur Bail s'est trompé ; ces faits tendent à nous
donner raison contre lui, car ils établissent presque
tous la prédisposition héréditaire.
D'ailleurs, sans revenir sur les considérations émises
plus haut qui justifient la fréquence plus grande de la
prédisposition héréditaire que celle acquise dans la vraie
folie gémellaire, nous dirons que si les idées théoriques
émises par ce professeur expliquent parfaitement la si-
multanéité et l'identité des troubles psychiques, elles
n'expliquent pas du tout le fait essentiel, capital, à savoir :
la folie. Tous les jumeaux se trouvent dans la situation
décrite par lui : ils sont nés à la même date, ils ont été
conçus dans des conditions identiques, ils ont subi les
mêmes influences durant toute la durée de la gestation.
Aucune différence à cet égard entre deux jumeaux qui
sont atteints de vraie folie gémellaire et deux autres qui
ne deviennent jamais aliénés. Le fait de la gestation, s'il
explique, répéterons-nous,la simultanéité et l'identité de
la vésanie, avec son évolution, n'explique donc pas du
tout la vésanie elle-même, car tous les jumeaux, puisqu ils
sont les produits d'une double gestation, devraient tous
être atteints de la folie gémellaire.
Mais le Professeur Bail rattache la folie gémellaire à la
consanguinité. En effet, il dit qu'il s'agit d'une affinité
intellectuelle et morale qui dépasse les limites ordinai-
res de la consanguinité. Que vient faire ici la consan-
guinité ? Les jumeaux ne sont pas plus des produits de
celle-ci que ne le sont les frères nés séparément les uns
des autres. Jusqu'à ces temps derniers, le mot consangui-
nité avait une signification nettement déterminée ets'ap-
LA FOLIE GÉMELLAIRE. po
pliquait au. produit de la fécondation entre père et mère
unis par des liens plus ou moins étroits de parenté. Alors
on se comprenait. Mais si, par suite de cette tendance
actuelle contre laquelle nous avons protesté, et contre
laquelle nous protestons encore, car ici l'exemple est de
toute évidence, on étend la signification du mot « con-
sanguinité » comme on a étendu celle des mots « précoce
démence », et confusion mentale », au point d'englober
dans elle' la double gestation, pour peu que ce gâchis
s'accentue, quand on écrira, non pas un volume, mais
un simple article, il sera indispensable, si on désire
être compris du lecteur, d'avoir soin de mettre à la der-
nière page un index explicatif de la signification qu'on
donne aux mots qu'on emploie.
D'ailleurs, alors même qu'on accepte cette absurdité de
la consanguinité, on n'explique pas du tout pour cela la
folie gémellaire. Tout d'abord, parla raison donnée tout
à l'heure pour la prétendue action productive de la dou-
ble-gestation, tous les jumeaux seraient produits de la
consanguinité et nous retombons dès lors dans la ques-
tion : pour quoi alors les uns sont-ils atteints de folie
gémellaire, tandis que les autres restent sains d'esprit ?
Et puis, d'un autre côté, depuis assez longtemps déjà,
PaulBert a démontré que la consanguinité ne crée rien,
elle ne saurait donc pas plus engendrer la folie gémellaire
que n'importe quelle autre maladie mentale ou physique.
Le célèbre physiologiste a prouvé, en effet, que le seul
pouvoir de la consanguinité est de porter chez l'enfant
consanguin l'hérédité des aptitudes bonnes et mauvaises
au carré. C'est très exact ; le seul tort de Paul Bert est
d'avoir fixé ce pouvoir au carré, c'est au cube pour le
moins qu'il aurait dû dire. Donc là où il n'y a rien, la con-
sanguinité, au point de vuepathologique, est absolument
inoffensive : mais, malheureusement, il n'en est jamais
ainsi ; et c'est là le grand danger des unions entre pa-
rents, car dans la très grande majorité des familles les
aptitudes mauvaises sont plus nombreuses que les bon-
nes, et d'un autre côté l'expérience a démontré que ce
pouvoir fortifiant de la consanguinité sur l'hérédité a
plus de prise sur le mauvais que sur le bon, et s'exerce
de préférence dans cette direction fâcheuse. Il en résulte
200 PATHOLOGIE MENTALE.
que si deux cousins germains, atteints simplement de
nervosisme, engendrent deux jumeaux ce simple ncrvo-
sisme, par la consanguinité des ascendants, se transfor-
mera en prédisposition vésanique et les deux jumeaux
pourront être atteints de folie gémellaire. Mais encore
une fois, là où il n'y a même pas tare purement nerveuse,
les jumeaux issus des parents les plus proches ne sont
exposés à aucune vésanie, pas plus à la gémellaire qu'à à
une autre. Et encore une fois la double gestation n'est
pas, par elle-même, de la consanguinité.
On voit donc que l'argumentation de Bail ne repose sur
rien de fondé et ne résiste pas à l'examen, mais il impor-
tait de la discuter dans ses détails et la réfuter tout d'a-
bord à cause de l'autorité de son auteur qui fut profes-
seur de Clinique mentale à la Faculté de Médecine de Pa-
ris, et ensuite à cause du très grand retentissement qu'a
eu et qu'a encore sa leçon sur la folie gémellaire. 11 n'est
pas plus permis dans tout l'étranger que chez nous de
traiter la question sans accorder à notre compatriote une
large place.
Mais il semble que le Professeur Bail ait senti toute la
faiblesse des développements dans lesquels il est entré,
car il termine sa leçon par cette phrase, à laquelle on ne
s'attend guère, qui relègue à l'arrière-plan la prédisposi-
tion acquise et ramène tout à l'héréditaire. « Pour résu-
mer en un seul mot nos conclusions, nous dirons que
l'hérédité domine la question tout entière et que la folie
cher. les jumeaux n'est que la manifestation la plus éle-
vée etla plus éclatante de cette force qui pétrit à son gré
la nature vivante et qui domine dans son ensemble toute
la série des êtres organisés ·. Mais alors, à quoi bon in-
voquer l'action de la double gestation et celle d'une con-
sanguinité qui n'existe même pas ?
Y. -Nous arrivons à la très belle thèse de M. Sorcl
soutenue en 1903 à la Faculté de Bordeaux et dans la-
quelle notre jeune confrère propose une explication très
ingénieuse et très séduisant-; de la folie gémellaire tou-
jours si obscure et même encore contestée par certains
praticiens éminents. Voici son intéressante interpréta-
tion :
Si on admet dans la folie gémellaire une question d'lié-
LA FOLIE GÉMELLAIRE. 201
rédité, pour M. Sorel comme pour nous d'ailleurs, elle
est incontestable, et si avec M. Chantemesse on entend
par hérédité la transmission des propriétés et qualités
naturelles ou acquises des ascendants, il est peut-être
possible, croit-il, de se faire une idée de la folie gémel-
laire. En effet, d'après les travaux les plus récents, on
peut avancer que le pouvoir de développement d'un
individu est renfermé dans la structure du protoplasma
primitif qu'il a reçu en héritage, protoplasma qui con-
tient en soi, par un mécanisme encore inconnu, les pro-
priétés aucestrales de toutes les générations. La nutri-
tion dès lors, d'après M. Le Dantcc. puisque le prota-
plasma renferme le dernier mot de l'hérédité, la nutri-
tion aura une action puissante sur ses échanges chimi-
ques et par suite sur la perfection future de l'être. Or,dans
les cas de grossesse gémellaire il est très probable, même
certain, que deux ovules de la femme sont fécondés à une
même époque par les spermatozoïdes de l'homme et que
par conséquent ceux-ci sont sous le coup de sensations
qui retentissent d'une façon absolument identique sur
eux. Dès lors,les deux ovules ainsi identiquement fécon-
dés vont subir pendant neuf mois les mêmes échanges
organiques, et c'est le cas pour deux jumeaux ; ils auront
parla, en venant au monde, les mêmes puissances vir-
tuelles, les mêmes forces latentes,et à un moment donné
sans qu'ils aient à cet instant précis d'influence l'un sur
l'autre, grâce peut être à la dystrophie communiquée du
cerveau paternel, leurs mêmes tendances à la vésanie
vont se manifester simultanément, semblables si on veut
lui permettre,demande l\I.Sorel,cette comparaison gros-
sière, semblables à deux réveils parfaitement réglés et
qui, une fois remontés, sonneraient dans des apparte-
ments complètement séparés, à la même heure exacte-
ment. N'avons-nous pas raison de trouver ingénieuse et
séduisante cette application de la théorie du protoplas-
ma de M. Le Dantec à l'explication de l'éclosion simulta-
née il distance de la folie chez les deux jumeaux et de
l'identité du délire ainsi que de l'évolution de celui-ci
juslluc dans ses moindres variations ?
Nous terminerons par la relation détaillée et très exac-
te de notre unique observation, recueillie en trente ans
2G : ? PATHOLOGIE MENTALE. ,
et qui est un souvenir de jeunesse, car elle a été prise il
y a vingt-six ans à Toulouse, à l'asile de Bracqueville,
sur les bords fleuris de la Garonne, où nous faisions nos
premières armes en psychiatrie sous la direction de ce
vieux maître, le père Marchant, comme nous l'appelions,
qui, deux ans après, à G8 ans, après 45 ans consacrés aux
aliénés, car il fut à 23 ans le dernier interne d'Esquirol
à Charenton, devait mourir de la mort glorieuse du sol-
dat sur le champ de bataille, mortellement frappé par un
de ses malades à sa visite du matin. Qu'il nous soit per-
mis de rendre un pieux hommage à sa mémoire et de
nous souvenir avec émotion et reconnaissance de tout
ce que nous lui devons.
L'observation qui suit, recueillie à cet âge et sous une
telle direction, il une époque encore où la folie gémellaire
non seulement ne soulevait aucune polémique, mais était,
peut-on dire, à peu près inconnue, a donc toute chance
d'avoir été prise en toute sincérité. Nous ne l'avons pas
publiée plus tût, espérant toujours que les hasards de la
clinique nous en fourniraient d'autres; mais notre espoir
a été déçu; ou donc la folie gémellaire est d'une rareté
excessive, ou nous avons été bien mal favorisé. Quoi qu'il
en soit, nous devons , croyons-nous, nous résigner,à moins
de vouloir jouer ce personnage légendaire de Molière qui
espérait toujours alors qu'il désespérait, et désespérait
alors qu'il espérait encore. Nous nous décidons donc à
publier ce cas aujourd'hui, profitant de ce que le beau
volume de RI. Vigouroux et de M. Juquelier, l'intéres-
sant mémoire de M.Serge Soukhanoffet la très remar-
quable thèse de M. Sorel, viennent de nouveau d'appe-
ler l'attention sur la folie gémellaire. Le voici :
Soeurs jumelles, héréditaires vésaniques par la double ligne
paternelle et maternelle, identité en tout et de tout temps chez
elles au point d'être invraisemblable. Apparition simultanée des
dents; elles sont toutes venues et se sont développées parallèle-
ment chez les deux ; de même pour la parole, la marche, la pro-
preté au lit durant le sommeil : également début de la mens-
truation le même jour à 13 ans et deux mois, avec retour men-
suel très régulier chez les deux en même temps et pendant qua-
tre jours. Jamais l'une ne lut malade sans que l'autre ne le fut
aussi ; ensemble elles contractèrent un rhume ou un dérange-
ment d'entrailles; elles curent simultanément la rougeole, les
LA FOLIE GÉMELLAIRE. 203
oreillons et une vanoloide très légère. La mère qui a fourni ces
renseignements affirmait que tout avait été identique et simul-
tané.
Ayant eu les deux jumelles en môme temps dans noire service,
nous avons été à môme d'apprécier par nous-môme la res-
semblance physique qui stupéfiait tout le monde à l'asile ; elle
atteignait, croyons-nous, les dernières limites du possible ; elle
ne portait pas seulement sur le visage,mais sur tout le corps, des
cheveux aux orteils. La mère nous a certifié qu'il arrivait souvent,
môme à des personnes qui a valent l'habitude de les voir, de les
prendre l'une pour l'autre. Par plaisanterie, elle les avait sur-
nommées Girofle et Girofla comme dans l'opérette de Lecoq
et s'amusait à les vêtir de bleu et de rouge pour les distinguer,
comme les deux héroïnes du maestro.
Toujours d'après les renseignements de la mère, elles étaient,
au psychique comme au physique, absolument identiques. Très
intelligentes, elles avaient obtenu toujours dès la première épreu-
ve tous leurs brevets. Il est certain, car nous avons pu nous
en assurer, qu'elles étaient aussi instruites et aussi excellentes
musiciennes l'une que l'autre. De tout temps leur cal'actère,'éga-
lement semblable, avait été très bon, mais aussi liés vif et sur-
tout très expansif; elles bavardaient du matin au soir. Quand
elles eurent seize ans, la mère litcoup double et les maria très
convenablement et très avantageusement le même jour. Elles
avaient vécu jusqu'alors dans la plus étroite et la plus charmante
intimité, sans secret l'une pour l'autre, partageant la même
chambre et jusqu'au même lit, ne sortant jamais seules, mais tou-
jours enlacées.
Le mariage les sépara pour la première fois de leur vie : l'une,
dont le mari habitait la ville, resta et garda la mère avec elle;
l'autre suivit son mari dans un département voisin, mais dans
une localité assez éloignée de celle qu'elle quittait. Elles seul-
frirent beaucoup de cette séparation, mais durent se résigner.
Sans doute, elles, s'écrivirent souvent, mais elles n'eurent pas
l'occasion de se revoir. Elles étaient mariées depuis vingt mois
quand elles devinrent simultanément grosses.
Elevées dans un couvent très sérieux et très sévère, elles étaient
très croyantes toutes les deux et très pratiquantes ; mais dès
la puberté, s'était révélée en elles une tendance il s'intéresser il
des choses déplacées pour des jeunes filles. puis petit à petit, el-
les prenaient un plaisir de plus en plus vif dans la société des
hommes, tout en restant honnêtes et pieuses bien entendu, c'était
chez elles un curieux mélange de tendances religieuses eL éroti-
quels ; quand elles ne jacassaient pas, car elles n'étaient guère
capables de garder longtemps le silence, elles lisaient tour à tour
les livres pieux et les romans les plus inconvenants qu'elles
264 PATHOLOGIE MENTALE.
trouvaient moyen de se procurer en cachette, malgré l'étroite
surveillance exercée par la mère : aussi celle-ci s'était empres-
sée de les marier le plus tôt possible. Cet assemblage dedisposi-
tions psychiques contraires, comme leur vivacité, leurs violences,
leur besoin exagéré d'expansion et de bavardage, tenait, sans
aucun doute, aux lourdes tares vésaniques, dont elles étaient
frappées. La mère paraissait absolument normale, bien douée en
tous les points de vue, mais elle nous avoua franchement, parti-
cularité intéressante et bizarre que nous avons eu ocrasionde cons-
tater quelquefois, qu'elle était une exception dans la famille,
car tous les membres étaient plus ou moins excentriques et cer-
tains avaient été réellement fous. Le père appartenait aussi a
une famille d'aliénés ; s'il n'avait jamais poussé jusqu'au délire,
il lut toute sa vie un mélancolique hypochondriaquo ; il était
mort d'une pneumonie double quelques années auparavant.
Au commencement du quatrième mois de la grossesse, les
deux jumelles, qui ne s'étaient plus revues depuis le mariage,
qui avaient tout pour être heureuses, grand bien-être physique
et moral, maris passionnément amoureux et empressés à satis-
faire leurs moindres caprices, furent prises lout d'un coup, le
môme jour, près qu'à la même heure, sans aucune cause occa-
sionnelle, d'une crise de manie aiguë qui en vingt-quatre heures
acquit de part et d'autre une intensité telle que le placement
d'urgence dans un asile s'imposa. L'une nous fut confiée, l'autre
fut placée par son mari dans une maison desanté particulière du
département qu'ils habitaient. Mais un mois après, celui-ci, à
tort ou à raison crut avoir à se plaindre des soins donnés à sa fem-
me, et comme sa belle-mère avait, au contraire, l'amabilité de
lui vanter ceux prodigués à la soeur, il nous confia, lui aussi, son
épouse.
Nous eûmes ainsi les deux jumelles que nous pûmes suivre et
comparer séparément car, bien entendu, nous les isolâmes
l'une de l'autre et nous les laissâmes dans l'ignorance la plus
complète de leurdouble présence dans le service. La vésanie était
absolument identique ; c'était chez les deux une manie érotico-
religieuse qui ne fut, en somme, que l'exagération morbide du
caractère décrit plus haut, avec les mêmes hallucinations et les
mêmes conceptions délirantes. Les deux jumelles, hallucinées
de tous les sens, vue, ouïe, odorat, sensibilité générale et sens gé-
nital voyaient et entendaient la Vierge et le diable. Celui-ci était
tel qu'il est décrit dans les livres pieux et représenté dans les
vieux tableaux des anciennes églises : la face hideuse et grima-
çante deux cornes noires au front, de longs cheveux rouges hé-
rissés sur la tête, une longue queue dénudée, sans cesse en mou-
vement,tandis que reste du corps étai L couvert (le longs poils noirs
il avait les yeux flamboyants et la main droite armée d'un tri-
LA FOLIE GÉMELLAIRE. 205 -)
dent. La Vierge, elle, avait le costume de Notre-Dame de la Sa-
lette; robe blanche et ceinture bleue avec des fleurs dans les
cheveux el les pieds nus.
Le Diable les excitait aux propos et aux actes les plus obscènes;
alors elles débitaient des horreurs et relevaient robe et chemise
pour étaler leurs parties sexuelles aux yeux de tous, des hommes
en particulier qui venaient au pensionnat pour leur service. El-
lesracontaient qu'il venait la nuit partager leur lit et les acca-
blait de volupté, mais que son corps dégageait une épouvantable
odeur de soufre. C'était, comme on voit, la fidèle reproduction à
notre époque des folies diaboliques du Moyen-Age dont elles a-
varient lu les descriptions et qui avaient frappé fortement leur
imagination. Se sachant grosses, elles étaient convaincues que
le diable qui les avait engrossées et qu'elles accoucheraient
d'un petit démon.
Toutefois, elles écoutaient avec plus de satisfaction la voix du
ciel qui les aidait à lutter contre le diable auquel elles ne sem-
blaientcéderque malgré elles. Quand elles élaientsous l'influence
divine elle chantaient sans accroc les cantiques et récitaient
également sans rien omettre les prières apprises jadis au cou-
vent; ce phénomène étai t d'autant plus intéressant àconstaterque
quand elles improvisaient des sermons sur des sujets religieux,
l'incohérence maniaque reparaissait complète. Elles passaient
ainsi alternativement par le double état diabolique et
céleste ou les deux se combinaient, et alors le désordre des
idées et des actes était à son apogée. Sans doute, l'inco-
hérence marquée en dehors des souvenirs des choses apprises
jadis et l'agitation violente étaient l'état habituel ; néanmoins,
il y avait, comme chez foutes les maniaques, des périodes de
demi-rémission d'une durée peu longue, amenéespar l'épuisement
nerveux dû à l'énorme dépense d'influx. Eh bien ! chez nos deux
jumelles, tout a été si identique et a si bien coïncidé, hallucina-
tions,conceltions délirantes. périodes d'incohérence complète et de
vive agitation. prédominance alternative de l'enfer et du ciel, que
quand nous en avions vu une, nous n'avions pas besoin de nous in-
former de l'étal de l'autre; nous pouvions être certain d'avance qu'il
était rigoureusement semblable.
Celte manie des deux jumelles suivit un cours régulier , elles
accouchèrent à quarante-huit heures d'intervalle d'un garçon
chacune, [tandis que la crise maniaque battait toujours son plein ;
mais i m médialomcnt après la déliv rance une grande amélioration
se produisit et en moins d'un mois la guérison lut complète
chez les deux. Toutefois, nous jugeâmes plus prudent de les
laisser partir sans les mettre en présence. Les maris, sur nos
conseils, vinrent les chercher séparément et les amener chez
eux ; et ce n'estquepetitet petit qu'elles apprirent que le dérau-
26G ÉTUDE CRITIQUE.
germent mental, comme tout le reste depuis leur naissance, avait
été double.Quand nous avons quitté l'Asile de Toulouse, un an
après, nous avons su par la mère que tout s'était bien passé et que
les deux jumelles se maintenaient dans un état très satisfaisant.
Ici est notre unique cas, petite pierre apportée un édifice qui
sera, croyons-nous, curieux et de toute beauté quand son édilica-
tion sera complète.
ETUDE CRITIQUE
Les poisons de l'intelligence.
Les coefficients psychiques du brome ;
Par N. YASCMIDE.
Les recherches de Loewald (1) ont eu pour but de faire
pour le brome des recherches analogues à celles qui ont
déjà été faites pour l'alcool, le thé, par l'école de Kroepe-
lin, c'est-à-dire préciser, dans les limites du possible, les
e11'ets que cette substance entraîne dans les manifestations
de la vie psychique humaine. Voici l'analyse de cet inté-
ressant travail.
Méthode : Les recherches ont été faites pendant un
long intervalle de temps, la plupart du mois de mars
au mois de septembre 1t;\H, les autres pendant les mois
de mars, mai et juin 1895. Les conditions extérieures au
moins ont été les mêmes autant que possible. On a tou-
jours commencé les séries par une épreuve normale sui-
vie par une alternance d'épreuves normales et avec du
brome. On a employé seulement du Natrium bromatum,
dissous dans 60 ce. d'eau. On a dépassé rarement 4
grammes. Tout autre excitant qui aurait pu altérer ou
influencer les données : café, thé, alcool, a été évité.
Ces recherches devaient être orientées dans deux direc-
tions différentes : dans le domaine des simples excita-
tions sensitives périphériques et dans le domaine des
(1) ARNOLD Ll& : 1\'ALD. Ucber die psychischen Virkungen des
Broms. Psychologische : 1 rbeiteu, 489(i, I, pp. -189-560.
LES POISONS DE l'intelligence. 267
perceptions centrales, et plus spécialement de la vitesse du
déchaînement central des volitions (efforts volontaires).
Les recherches faites dans la première direction ne
pourraient que se révéler inutiles à cause de l'imperfec-
tion de la technique. Pour le côté central des états psy-
chiques, les expériences faites ont porté sur les réactions
avec choix (\Vahl reactionen) sur les réactions verbales
(Worler reactionen), sur les réactions avec choix alter-
nant avec les réactions verbales ; surl'addition, etc ? En
total il y a eu 115 épreuves, 57 normales et 58 avec du
brome, la plupart conduites personnellement par l'expé-
rimentateur. Les sujets de ces expériences ont été des
médecins et des étudiants en médecine.
I. Recherches sur les réactions.
RÉACTIONS AVEC CHOIX.
On a eu, pour chaque recherche, 500 réactions avec
choix, ou verbales. Les épreuves avec du brome diffé-
raient entre elles en ce que, dans le second groupe,la dose
du brome était 4 gr., c'est-à-dire le double de celle du
premier : 2 gr. Ensuite on a eu deux épreuves mixtes,
c'est-à-dire une épreuve normale et une épreuve avec du
brome, dont les séries de 100 réactions avec choix alter-
naient avec des séries de 100 réactions verbales.
La méthode pour obtenir ces réactions est celle-ci : on
lisait avec la même rapidité possible les chiffres depuis 21
jusqu'à 100, mais cette rapidité ne devait pas altérer la
clarté de la prononciation. Les chiffres 3U-40 ? étaient
prononcés deux fois, les autres une seule fois étant de 4
et 5 syllabes en allemand.
De cette manière on a une série de SOmots à 4 syllabes
chacune. A chaque intervalle de 5 minutes, on notait le
nombre des chiffres lus. La vitesse de la prononciation,
indépendante des signaux extérieurs, dépend cependant
de la facilité avec laquelle les mouvements particuliers
sont déchaînés, et de la rapidité avec laquelle les mus-
cles se mettent en activité. Toute altération de l'opéra-
tion, dans les deux séries des phénomènes, peut conduire
à des conclusions sur l'influence que le brome produit
dans le déchaînement central des mouvements.
268 ÉTUDE CRITIQUE.
Les 500 réactions avec choix n'ont pris que 40 minutes
donc en moyenne 125 réactions chaque 10 minutes.
Le sujet n° 1 présente des temps de réactions plus lon-
gues parce qu'elle est la première épreuve de ce genre ;
mais les autres recherches prouvent que les limites de
l'habitude sont très vite atteintes. L'analogie notoire
des deux recherches normales consiste surtout en ce que
toutes les deux montrent, dans la première moitié du
temps, une abréviation, dans la seconde moitié une aug-
mentation du temps, ce qui doit être attribué dans le
premier cas à l'habitude, dans le second cas à la fatigue.
Cela est conforme au nombre des fautes commises dans
les deux recherches et qui dans les dernières sections est
plus grand que dans les premières, ce qui tend à prouver
la modification de l'opération par la fatigue.
Il en est autrement pour les deux recherches avec du
brome. Les chiffres normaux manquent ici parce que le
médicament a été pris immédiatement au commence-
ment des épreuves, cependant les premiers chiffres de
ces épreuves mêmes peuvent être considérés comme nor-
maux. D'autant plus qu'on y constate une très petite
différence entre les premiers chiffres des deux épreuves
et encore leur analogie avec les premiers chiffres de la
seconde épreuve normale. L'auteur pense que l'influence
du brome ne peut être admise dès le commencement même
de l'expérience.
Plus tard, les données de ces deux épreuves sont très
différentes, même opposées. Dans un cas les réactions
diminuent jusqu'à la 3'' section ; le maximum d'abrévia-
tion est de 35 rs. Dans le second cas on voit au contraire un
ralentissement des réactions qui, à la fin de la première
moitié, est de 33 Q; dans la suite ce ralentissement continue
encore jusqu'à 16 de sorte que le ralentissement total est
de 49 c. Examinant les réactions mauvaises, on voit que les
temps de réaction diminuent dans la même mesure que le
nombre des réactions mauvaises devient plus gros. Ce qui
commence expliquer la contradiction dont il s'agit, car
l'abréviation du temps se fait sur le compte de la qualité.
Le ralentissement dans le second cas signifie déjà par lui-
même une diminution de l'opération, et cela est confirmé
encore parle grand nombre des réactions mauvaises.
LES POISONS DE l'intelligence. 269
Mais ce qui parait du plus haut intérêt, c'est le chiffre
trop gros des réactions mauvaises dans le premier cas,
qui ne font d'ailleurs que confirmer les résultats de Bett-
main, et dont l'explication ne peut être que celle que ce
dernier en a donnée, à savoir : que la prise des deux
grammes de brome produit une augmentation de l'irrita-
bilité motrice centrale et peut être une altération de la
perception. Le déchaînement des impulsions extérieures
volontaires est facilité, de là l'abréviation des temps de
réaction et les réactions mauvaises. Dans le second cas,
au contraire, les doses plus grosses de brome paraissent t
avoir une influence modératrice sur la perception des
excitations externes autant que sur le déchaînement des
mouvements volontaires.
Réactions verbales.
Ces recherches diffèrent des recherches antérieures
par cela que les deux épreuves avec du brome ont été
précédées par une série normale préliminaire, de sorte
qu'il y a ici seulement 400 réactions après la prise de l'al-
cool. Cependant la durée de l'influence observée est ap-
proximativement la même que pour les réactions avec
choix Les 400 réactions ont occupé un peu plus de 38 mi-
nutes. En ce qui concerne la valeur initiale de toutes les
épreuves, l'influence de l'exercice joue un rôle beaucoup
plus grand ici que dans les réactions avec choix. L'abré-
viation des temps monte ici rapidement d'une épreuve à
une autre : 2.3. 10S, 3G. c'est à-dire totalement de 167 a
Les deux recherches normales offrent peu d'analogie
entre elles. Dans un premier cas,on voit d'abord une ra-
pide augmentation des temps, qui disparaît à la fin, de
sorte que la moyenne finale est de 1 < fois moindre que
la moyenne initiale. Le second sujet, au contraire, mon-
tre la tendance à une lente abréviation des temps, qui se
maintient jusque dans la 3e section et qui à la fin est
remplacée par un relentisscment qui dépasse presque
cette abréviation. Plusieurs raisons peuvent expliquer
cette différence, entre autres le fait que les conditions
des deux recherches ont été telles que seule cette expé-
rience doit être considérée comme normale. L'examen
des mauvaises réactions a peu d'importance ici, car on
270 étude critique.
ne sait pas combien on doit en attribuer aux sujets, et
combien aux défauts de la méthode.
Les deux recherches avec du brome ont donné des ré-
sultats exactement contraires à ceux des recherches cor-
respondantes sur les réactions avec choix. Un premier
sujet montre une réduction des temps de réaction pro-
portionnelle avec la durée de l'influence du médicament,
jusqu'à un maximum de 69s ; le second sujet au contraire,
une augmentation progressive jusqu'à i'ia . Cette frap-
pante analogie entre les deux séries de recherches doit
légitimer ici les mêmes conclusions sur les rapports entre
le temps de réaction et les mauvaises réactions, que dans
les réactions avec choix. Quant aux mauvaises réactions,
elles ne sont pas spécialement très significatives dans ce
cas quoique le nombre des mots suivis par des mots sans
aucun sens, fût plus gros ici qu'ailleurs. Tout au plus
avec ce fait pourrait-on confirmer encore la conclusion
que l'abréviation des temps sous l'influence de 2 gr. de
brome est l'expression d'une certaine augmentation de
l'irritabilité centrale.
RECHERCHES mixtes.
Les deux recherches mixtes ont été limitées aux réac-
tions verbales seules. Il y a eu 7 paires de groupes, dont
chacun contenait 100 réactions avec choix, et 100 réac-
tions verbales. Toutes les recherches ont occupé avec
les intervalles et pauses - deux heures. On a com-
mencé avec une série de réactions avec choix. La dose de
4 gr. de brome a été prise après l'exécution d'une série
de réactions verbales et avec choix.
Dans cet ordre de recherches se vérifie encore l'obser-
vation que l'augmentation de l'exercice ne peut se cons-
tater que pour les réactions verbales,et presque pas pour
les réactions avec choix. Le cas d'un sujet de Lcemald
montre qu'il y a une tendance à l'abréviation des chiffres,
dans les réactions avec choix, qui, bien que peu accen-
tuée, se maintient assez remarquable jusqu'à la fin. Plus
éloquente est la réduction des temps dans les réactions
verbales, quoiqu'il y ait ici même des oscillations. La
moyenne finale est la plus forte, elle est encore de 71a sous
la moyenne initiale. On n'y observe aucune influence de
LES POISONS DE l'intelligence. 271
la fatigue. Contre une dégradation de l'exécution s'élève
aussi le nombre des mauvaises réactions qui, dans la
seconde moitié de la recherche, est encore plus petit que
dans la première. Il paraît donc que la fatigue, imminente
après 20-30 minutes dans les autres recherches, est abso-
lument absente dans les recherches mixtes. D'où l'on
peut tirer la conclusion que le changement de la forme
de l'activité a une influence favorable sur le travail.
Dans les recherches avec du brome. les moyennes ini-
tiales, quoique dans les mêmes conditions que les re-
cherches normales, sont un peu moindres, que celles des
jours nouveaux. Après l'assimilation du brome, la
moyenne des réactions suivantes avec choix est de 21 cr,
tandis qu'en même temps le nombre des réactions mau-
vaises monte. Mais cette augmentation des fautes doit
être attribuée plutôt à l'interruption de l'opération cau-
sée par la prise du médicament.
Dans des prochaines séries de réactions verbales et
avec choix, l'influence du brome est très évidente, car
l'augmentation des temps y est rapide et s'élève jusqu'à
25s et 3Ss . Ensuite, plus la recherche dure et plus efficace
est l'influence favorable du changement d'activité contre
l'influence du brome. C'est ce qui produit des oscillations
en haut et en bas, ce qui n'exclut pas complètement l'in-
fluence du brome car elle s'y révèle encore au moyen des
mauvaises réactions. Si l'on considère aussi le nombre
des mots sans signification, on le voit plus gros dans les
épreuves avec du brome que dans les épreuves nor-
males. Dans les premiers il est de 11, dans les derniers
de 5. Ce phénomène est, lui aussi, l'effet de l'irritabilité
motrice centrale augmentée. Comme précédemment,l'in-
fluence des 4 gr. de brome est tout d'abord modératrice,
mais elle disparaît ensuite et est remplacée par une irri-
tabilité facile.
II. - Epreuves sur l'addition.
Des difficultés imprévues ont rendu ces recherches très
contestables. Les 21 épreuves, réparties entre 5 sujets,
ont été accomplies par cette méthode qui consiste à écrire
dans des cahiers les chiffres qu'on compte deux par deux
272 étude critique.
et la somme on l'écrit à côté sans tenir compte des di-
zaines. Cette méthode a cela de propre qu'elle fait appel
à des états psychiques encore plus simples, puisqu'on
emploie seulement des petits chiffres et la quantité de
l'exécution peut aussi servir comme une preuve complé-
mentaire.
Quoique le nombre des sujets et le temps de l'expé-
rience ont été insuffisants, on a procédé de cette
manière : les sujets copient simplement des chiffres pen-
dant une heure, avec toute la rapidité possible et l'on
compare l'étendue de l'opération avec le maximum de
l'action d'additionner, que les différents sujets ont atteint
dans le cours de quatre jours, pendant la durée des
épreuves. Les résultats ont montré que l'on a copié plus
que l'on n'a pas additionné. Dans les dernières épreuves
avec du brome, on a additionné presque aussi rapide-
ment qu'on a copié, et cela probablement parce que la
fatigue des muscles à fait paraître plus petite l'opération
de l'addition qu'elle n'était pas en réalité.
Le tableau IV du travail de Lcwald contient les don-
nées des épreuves du sujet L.On y trouve tout d'abord le
nombre des paires de chiffres additionnés pendant 15 mi-
nutes dans les 5 épreuves d'une heure et demie, par le
sujet L, 3 normales et 2 avec du brome. Quant à l'in-
fluence exercée parle brome, elle ne peut pas être établie
d'une manière très sûre. Dans la Il, recherche nor-
male, l'opération augmente rapidement et atteint son
maximum à la fin de la première moitié, ensuite elle des-
cend. Il en est de même dans la IIIm° recherche normale,
car les résultats de la IIe recherche ont été viciés par
une indisposition momentanée. D'après les résultats de
N. I et N. III, il paraît que, pour Je sujet L, la fatigue
pour les additions n'est pas très grande. Dans les épreu-
ves avec du brome, l'opération monte tout d'abord après
la prise du médicament, mais dans le second quart d'heure
le travail diminue de presque 100 chiffres, pour s'élever
de nouveau un peu et pour redescendre encore. Cela dure
dans la première expérience avec du brome jusqu'à la fin
et la seconde, suit une augmentation à peine susceptible.
On pourrait conclure d'après ces résultats à une des-
cente de la rapidité de l'addition, sous l'influence de gr.
LES poisons DE l'intelligence. '.73
de brome ; mais les autres recherches ne confirment pas
trop évidemment cette conclusion.
Dans les épreuves avec du brome, l'opération aug-
mente dans la première moitié, ensuite elle descend,
dans B I, plus fortement que dans B II. On pourrait
conclure à une influence réelle du brome, cependant
4 gr. n'ont pas eu une influence plus grosse que celle
des 2 gr.
Les épreuves des sujets G. et R. sont semblables dans
leurs résultats avec ces deux premières. -
Dans une preuve faite sur le sujet L. avec G gr. de
brome, l'opération perdait en intensité de plus en plus,
en effet, mais non pas proportionnellement avec la quan-
tité.
46 gr. brom. 20. III 04. 1188 12071100 1121 1092 1077.
Plus exactement le résultat de cette expérience doit
être interprété ainsi : l'influence sûre et régulière du
brome sur la marche de l'opération ne peut pas être éta-
blie, cependant un bon nombres d'épreuves ont
laissé voir quelque petit ralentissement de l'opéra-
tion.
III. Epreuves sur le sens du temps.
Avec des petites différences, la méthode suivie dans
cette recherche a été celle de Krcepelin. L'expérience
consiste dans la reproduction du temps initial,sans inter-
ruption, pendant 45 minutes; seulement, dans les jours
de brome intervient, 10 minutes après le commencement,
une interruption de quelques secondes, pour que le
sujet prenne le médicament, mais on n'en tient pas
compte. Selon la méthode de Ejner,on a calculé la quan-
tité des fautes constantes faites pendant "> minutes. Ainsi,
on a obtenu pour chaque épreuve 9 valeurs, faisant abs-
traction de combien ces 5 minutes moyennes diffé-
rent-elles du temps initial, qu'on appelle le « temps nor-
mal n.
Les épreuves normales en général montrent une sures-
timation plus ou moins grande du temps normal, qu'il
soit choisi en haut comme chez Kraepelin,ou en bas.Une
explication de ce fait n'est pas facile.
Les deux épreuves normales du sujet lIo. et la seconde
Archives, 2' série 1006 t. XXII. 18
274 , étude CRI-] IQUE.
épreuve normale de L. ont cela de commun que la sures-
timation du temps normal augmente continuellement
avec des oscillations insignifiantes, à peine les dernières
5 ou 10 minutes trouve-t-on une diminution des fautes
constantes. Cette descente doit être connue comme
l'effet de la fatigue. L'épreuve N. III de Ho. diffère es-
sentiellement de celles-ci; on y. trouve, dès le com-
mencement, une forte et croissante surestimation, suivie
d'une descente rapide pour monter de nouveau jusque
la fin avec des oscillations de peu d'importance. niais
ici encore une interprétation exacte des faits est diffi-
cile, il n'y a lieu que pour des conjectures. -- Il en est
tout autrement des épreuves avec du brome.
Les deux épreuves du sujet Ho. ainsi que celle de I.
sont très semblables entre elles. Leur analogie consiste
en ce que l'élévation des fautes constantes est suivie subi-
tement 15 ou 20 minutes après l'assimilation du brome,
par une diminution importante, approximative de
la même force, et finit par une élévation durable mais
insignifiante. Mais la forte surestimation du temps nor-
mal après la prise du médicament est à peine attribuablc
à l'influence de celui-ci, car il ne peut pas être si vite
complètement assimilé, d'autant plus qu'il y a une vraie
tendance à estimer les temps plus longs,et de valeurs si
grandes on n'en trouve plus dans les autres épreuves,
avec du brome.
La plus haute valeur des fautes constantes est la 41 de
l'épreuve sans que les valeurs suivantes en soient
influencées, et cependant l'effet du poison, aurait dû
apparaître à peine dans la 7" valeur.
Dans toutes les épreuves avec du brome, apparaît
après 15 jusqu'à 20 minutes après la prise du brome,
une très visible diminution de la valeur-estimation et
cette descente doit être considérée comme une modifica-
tion notoire de l'opération.
îV. Epreuves sur la mémoire.
Il était généralement connu que les sels de brome
affaiblissent la mémoire. Cette fois, on a voulu voir si des
petites doses de brome peuvent avoir une influence
aiguë sur la mémoire, comparable aux influences chro-
LES poisons DE l'intelligence. 275
niques. L'expérience a consisté dans la mémorisation de
12 série de chiffres et syllabes sans signification, d'après
la méthode de Ohm.
A. Mémoire des chiffres.
Il y a eu 7 paires d'épreuves dis tribuées sur 3 person-
nes. Les résultats les plus nets sont ceux qu'on a obtenus
du sujet Ru. La durée de chaque épreuve était d'une
heure. Le tableau VI du travail de l'auteur contient le
nombre des chiffres appris pendant un quart d'heure, et
une rubrique spéciale contient le pourcentage du rapport
entre les derniers quarts d'heure avec les premiers. Les
deux courbes normales sont concordantes; les chiffres
deN. II se placent, à cause de l'exercice, plus haut que
ceux de N. I, cependant les deux courbes se couvrent
presque entièrement. L'opération initiale et l'opération
maxima sont aussi concordantes. Le travail descend,
sans oscillation jusqu'à la fin, à un tel degré qu'il n'at-
teint plus ni même la moitié de la hauteur initiale. La
descente subite du second quart d'heure est marquée
dans les deux épreuves par une élévation exceptionnelle
de l'opération pendant les premières 5 minutes, ce qui
est une preuve de la forte tension de l'attention au com-
mencement. Dans N II la même observation a été faite.
Après ces épreuves, il n'y a plus de doute que la fixation
et la remémoration des chiffres est rendue difficile,
d'une manière sûre, par la dose de 2 gr.
Cette même netteté pour la rapidité verbale (de pro-
nonciation) n'existe pas en ce qui concerne l'influence
du brome. Entre les épreuves normales et celles avec du
brome, la différence, si elle existe, est très petite. Dans
les premières, la rapidité de la prononciation augmente
presque jusqu'à la fin, dans les dernières, elle reste la
même ou diminue un peu. Ce fait doit être attribué,pro-
bablement, à l'altération de la mémoire sous l'influence
du brome, et non pas à celle de l'innervation des mus-
cles.
La disproportion entre la, descente de la rapidité ver-
bale et le ralentissement exceptionnel de l'action d'ap-
prendre se relève sensiblement si l'on détermine des
rapports entre les chiffres appris dans une section par-
276 ÉTUDE CRITIQUE.
ticulière et le nombre des répétitions, la valeur de la
mémorisation de chaque répétition. Il est à s'attendre à
une réduction sensible de celle-ci sous 1 influence du
brome, et les chiffres des épreuves avec du brome par-
lent d'eux-mêmes.
En ce qui concerne le temps qui s'écoule entre l'assi-
milation du brome et l'apparition de ses effets, on a
trouvé que dans la première expérience avec du brome
les effets apparaissent subitement ou après J minutes,
dans B. II, ils apparaissent pendant le dernier tiers du
quart d'heure.
Les épreuves faites sur Sch. et L. ont donné en gros
et en total des résultats analogues alors même qu'ils
n'ont été si clairs et réguliers que ceux de Ru. Bref, des
7 épreuves réalisées, on peut conclure que la mémori-
sation des chiffres souffre sûrement une influence dél'a-
vorable et évidente de la part du brome, et cependant la
rapidité verbale en reste inaltérée.
B Mémorisation DES Syllabes.
Les épreuves ont été faites sur une seule personne (L ).
Les 5 épreuves obtenues se divisent en 2 groupes
séparés par un intervalle de deux mois. Les conditions
externes de l'expérience ont été, autant que possible, les
mêmes. La durée des épreuves a été d'une demi-heure,
le moment de la prise du brome était une demi-heure
après le commencement.
Le nombre des syllabes apprises était relativement
très petit. Un moyenne pendant 5 minutes on a appris
13 syllabes à peu près, moins que les sujets de Qibrn.
Au commencement on a travaillé avec un grand effort
d'attention, aussi le maximum de l'opération tombe-t-il
immédiatement dans le premier quart d'heure, poil,'
descendre ensuite. Le tiers normal du jour avec du
brome concorde exactement avec les épreuves normales.
Plus tard, interviennent des valeurs plus grosses. La
différence entre les premiers quarts d'heure et les
derniers est de 1.'2, 1 0/0. Dans les épreuves normales la
fatigue continue à augmenter et atteint, pendant le
troisième quart d'heure, son plus haut point ; le nombre
des syllabes apprises est de 61,9 0/0 plus petit ici qu'au
LES POISONS DE L'INTELLIGENCE.
277
commencement. Avec des oscillations notables, la courbe
descend jusqu'à la fin qui diffère du commencement de
3G,S.> 0/0. La courbe des jours avec du brome présente
une marche analogue, seulement l'opération est ici plus
régulière. L'influence du brome apparaît ici en cela que
la mémorisation est facilitée au commencement, et en-
suite elle est rendue plus difficile, car elle descend
au-dessous de celle qu'on pourrait attendre normale-
ment Tandis que les premières demi-heures l'élévation
de l'opération trahit d'une manière très sensible l'in-
fluence du brome, dans la dernière demi-heure l'opéra-
tion est la même dans les deux séries : normale et avec
du brome.
278 ÉTUDE CRITIQUE.
la somme des' syllabes prononcées pendant un quart
d'heure.
LES POISONS DE L'ITELT,IGr\CC. 279
mentation de la rapidité. Aussi, au lieu de conclure que
le brome ralentit la prononciation, doit-on conclure
plutôt que l'influence du brome sur la rapidité de la
prononciation n'apparaît pas assez évidente, ce que d'ail-
leurs ne fait que confirmer la conclusion des expériences
sur la mémorisation des chiffres.
VI. Recherches ergographiques.
Ces recherches devaient établir si le travail des mus-
cles souffre quelque influence de la part du brome.
On Il employé continuellement un poids de 5 kilog. dans
l'opération et on a marqué toutes les dix minutes par des
courbes, jusqu'à l'épuisement de l'activité des muscles.
Les jours normaux alternaient avec les jours de brome.
Les doses étaient de 1 gr. ; dans un cas seul on a employé é
8 gr. On a pris, selon la disposition momentanée, une
seule courbe, les 4 premières épreuves, et 2 courbes, les
5 dernières. Le temps de l'opération a été le même pour
toutes les épreuves.
, Des résultats obtenus et interprétés dans un tableau
général, on a pu voir que toutes les épreuves sont d'ac-
cord à montrer que l'opération finale ne dépasse pas
l'opération initiale, mais qu'elle reste tantôt au-dessous,
et que tantôt elle s'élève au-dessus de celle-ci. En ce qui
est de l'influence de l'exercice elle n'est pas visible.
En général, ici, les chiffres ne laissent pas voir une
influence de la part du brome sur les exercices ergogra-
phiques, ni dans le sens positif, ni dans le sens négatif.
Cette même conclusion est confirmée aussi par l'épreuve
avec 8 gr. de brome.
VII. Recherches sur la marche.
Pour pousser plus loin encore les recherches dans
cette direction, on a voulu profiter du fait connu que
certaines conditions excitatrices sont influencées favo-
rablement par le brome. On s'est arrêté cette fois sur
les mouvements du corps, qui, d'ailleurs, avaient été
examinés par Bettmann aussi, qui avait conclu que ces
mouvements ont une action paralysante, qui consiste,
dans le prolongement des temps des actes de connaître,
choisir et associer, dans l'affaiblissement de la mémoire,
230 ÉTUDE CRITIQUE.
etc., abstraction faite de l'augmentation des fautes dans
les épreuves avec choix. On doit s'attendre que les
influences excitantes des mouvements corporels soient
essentiellement réduits sous l'influence du brome. En
conséquence, les épreuves ont été arrangées de manière
qu'on a examiné les excitations motrices naissantes
après une promenade longu : et rapide, tantôt avec
brome, tantôt sans brome, et pendant certain temps au
moyen des épreuves avec certain temps au moyen des
épreuves avec choix.
On a réalisé D épreuves d'après cette méthode, i nor-
males et 5 avec du brome, les dernières avec une dose
de 4 gr.;et deux paires d'épreuves ont eu lieu un an plus
tard. Ces dernières diffèrent des premières, en cela que
l'enregistrement en a été fait par une autre personne,
ce qui n'est pas sans avoir quelque influence sur le
résultat obtenu, car les deux personnes différaient entre
elles, dans la précision avec laquelle elles pouvaient
enregistrer les données. Dans les épreuves N. I, B. I,
B. II du premier groupe, on a marché pendant deux
heures, et une heure seulement dans N. II et B. III.
Pour être plus sûr que la marche coïncide avec les
quarts d'heure de l'influence du brome, il a été laissé
passer dans B. 1 et II, 30 et 20 minutes avant le retour
au laboratoire, et dans B. III, on a essayé de voir si le
brome influence le choix, en le faisant. assimiler immé-
diatement après les 200 réactions. Plusieurs raisons ont
rendu cette expérience vicieuse : les épreuves sont peu
comparables entre elles, et le temps d'observation trop
court.
Dans le 2e groupe on a l'ait une marche d'une heure tous
les quatre jours d'expérience, et on a pris 100 réactions,
pendant 13 minutes, avant la marche, et 300 réactions,
42 minutes après. Tous les deux jours de brome, celui-ci
a été pris immédiatement après le retour au laboratoire,
de sorte que l'effet en commence plus tard, de 40 minu-
tes. Dans le premier groupe on a employé un pédomètre
pour pouvoir fixer le rapport entre la quantité du travail
et l'influence du temps de réaction.
Le tableau X contient les données moyennes vraisem-
blables de la totalité des réactions ainsi que le chiffre du
LES POISONS DE l'intelligence. 281
pourcentage des fausses réactions pour chaque épreuve
préliminaire, dans la' première colonne, et dans la
seconde colonne pour les épreuves principales. La
réduction des temps est très différente, la plus petite
(Ils) en B. IV ; et la plus grosse (172°) en B. II ; à Il t
môme oscillation est soumise le chiffre des fausses
réactions, qui vacillent entre ut,25 0/0 (B.I') et l4l,l : p 0/O
(N. II . Cela confirme l'interprétation que Bettmann en
a donnée. Les deux points les plus saillants du tableau
sont : tout d'abord le nombre des fausses réactions est
plus gros pendant la marche que d'ordinaire, et puis le
nombre augmente précisément les jours de brome plus
sensiblement que les jours normaux intermédiaires.
On pourrait supposer ici le peu de compatibilité de la
manche avec cette activité, nuis il y a plusieurs faits qui
rendent la supposition douteuse : c'est que le fait ne se
présente pas dans toutes les épreuves normales, et
d'autre p.tet, qu il atteint son maximum les jours de
brome. On pourrait supposer ici plutôt l'effet d'une
sorte J'auto-sugge3tioYl, mais à cela, il y a d'autres dit'fi-
cultés. Une explication plus plausible serait à chercher
dans le fait que le sentiment d'effort et d'attente qui
interviennent dans cette sorte d'expériences, exercent
une influence favorable aux réactions fausses. Quoi qu'il
en soit, l'explication n'a pas une valeur définitive, de
même qu'on ne peut pas décider s'il y a une différence
entre les jours normaux et ceux avec du brome dans les
réactions obtenues après la marche.
En un mot, les résultats donnés par les épreuves préli-
minaires moatrentplus ou moins la tendance à un prolonge-
ment continu des temps, et les chiffres finaux, sont, à une
seule exception près, plus hauts que les chiffres initiaux.
Dans les recherches (définitives) principales, N. 1. et II
ainsi que B II et III sont essentiellement analogues.
L'abréviation présente déjà dès le commencement, conti-
nue généralement presque jusqu'à la fin. L'abréviation
totale, telle qu'elle résulte des derniers chiffres moyens
des épreuves préliminaires et des derniers des épreuves
principales, est pour les épreuves de 2 heures démarche
N I et B IL lOG et 172 s, dans celle avec une heure de
marche, N Il et B III 180 et 220 a. D'après ce résultat, il
282 Í 1 UDE CRITIQUE.
paraîtquele brome aurait plutôt facilité l'excitabilité mo-
trice au lieu de l'empêcher. D'autant que les derniers
chiffres moyens. exceptionnellement petits, témoignent
pour une augmentation de cette excitabilité, d'où il faut
induire qu'un choix réel est à peine il imaginer car on o
a réagi à l'imprévu et selon la disposition des muscles ;
l'excitation attendrie n'est que par hasard d'accord avec
l'excitation réelle.
Dans l'expérience avec du brome (B. I), l'abréviation
initiale est à peine de quelqu'importance (7ü a); plus
tard reviennent encore de gros chiffres, mais cela est
difficilement attribuable à l'influence du brome ; on doit
l'attribuer plutôt à la fatigue corporelle.
Dans le groupe Il, l'épreuve B. \' prend une position
exceptionnelle, tandis que les autres trois se ressemblent
entre elles. Leur analogie consiste surtout dans leurs os-
cillations concordantes entre l'abréviation et le prolonge-
ment de temps de réaction. Les données finales ne sont
cependant pas semblables partout. L'épreuve B. IV est la
seule où l'on peut penser il l'affaiblissement de l'excita-
bilité provenant du brome, mais cela n'est pas non plus
très probable car le chiffre des réactions fausses n'est
pas diminué. Les trois épreuves dont il s'agitooncordent,
surtout dans le pourcentage des fausses réactions qui
est presque le même (17, 0 0/(), 1G, 0/0, 15 3. 0/p). Une
différence significative n'existe pas entre les épreu-
ves normales et les épreuves avec du brome. Il en est
autrement avec B ? dans laquelle les chiffres montrent,
immédiatement après la marche, un prolongement des
taux et non pas une abréviation. ; mais ici mpmo inter-
vient ensuite une abréviation qui est représentée à la lin
dans des chiffres très petits.
Enfin, dans la généralité de l'expérience, on peut dire
avec beaucoup de probabilités que l'influence du brome
sur l'excitabilité motrice n'est pas remarquable. Une
diminution de l'excitabilité motrice centrale ne se fuit
pas non plus voir.
VII. Recherches sur les troubles apportés par une
distraction.
On a voulu expérimenter sur des états psychiques
les poisons de l'intelligence. 283
qui se rapprochent le plus possible des états pathologi-
ques bien connus à cause de l'influence qu'ils subissent
de la partdu brome. Comme onle savait, l'influence du
brome s'exerce de la manière la plus sensible sur les
efforts intérieurs et sur l'irritabilité émotionnelle exa-
gérée. On devait expérimenter sur des états psychiques
comparables : artificiellement provoqués. Or telle a
paru être, de l'avis de Krmpelin, la mémorisation des
syllabes, qui exige de la patience et de la maîtrise de soi-
même de la part du sujet. Pour augmenter les difficultés,
on doit détourner encore l'attention des sujets par des
lectures à haute voix.
Les épreuves ont été arrangées de manière que tout
d'abord on devait apprendre pendant une demi-heure
des syllabes sans signification et qu'en même temps l'at-
tention soit troublée par la lecture mentionnée
Ensuite, la lecture continue et on continue aussi à ap-
prendre encore pendant une demi-heure, alternative-
ment un jour normal et un jour avec du brome. De la
comparaison des jours normaux avec les jours de brome
on pourrait déduire l'influence du brome sur les états
psychiques correspondants.
As Mémorisation DES syllabes avec TROUBLE.
Un tableau \ : SI) du travail de LŒWALI> représente les
syllabes apprises, dans la section I, celles qu'on a
apprises pendant un quart d'heure de trouble (désordre)
et un quart d'heure après. Il est intéressant, parce qu'il
fait voir que, malgré l'effet de l'exercice intervenu
dans le second groupe, le plus de travail est donné dans
le premier groupe, mais cela doit être attribué à une
mauvaise disposition des sujets. Il résulte aussi de
l'examen des chiffres une habitude progressive avec le
trouble dans la première série, plus rapide et moins évi-
dente dans la seconde série, de sorte que le travail aug-
mente pendant, ainsi qu'après l'épreuve troublée.
Le fait confirme aussi l'interprétation de Krmpelin qui
considère l'habitude comme une propriété personnelle.
Que le trouble ait influencé réellement l'opération, il
en résulte de l'élévation du travail pendant la seconde
demi-heure et cela d'autant plus que, après l'omission
2S4 ÉTUDE CRITIQUE.
des troubles, l'opération augmente de plus en plus. On
a supposé qu'il s'agit ici d'une sorte d'influence du con.
traste, qui, immédiatement après l'omission des excita-
tions troublantes, augmente l'opération et, par contre-
coup, produit une diminution sensible de celle-ci dans le
quart suivant.
Quant aux rapports des jours normaux et avec du bro-
me, on a dû noter que l'opération d'aucun jour avec du
brome n'est inférieure à celle des jours normaux, après
l'omission des troubles, donc le brome n'a produit aucune
diminution de l'opération. Au contraire, la disposi-
tion psychique des sujets a été spécialement plus favo-
rable, les B I et B II, qu'elle ne l'a été les N. I, N. Il et
N. III. Dans les épreuves avec du brome, le travail opéré
pendant le second quart d'heure est, à l'exception
de B. I, plus gros que dans le premier, après la cessation
des excitations troublantes. Aussi l'influence favorable
du brome sur le travail est claire comme le jour.
Cependant il est à voir si cette influence n'est pas
attribuable aussi a la cessation des troubles,ce qui néces-
sitait des nouvelles recherches sur l'influence du brome
sur la mémorisation des chiffres, qui est, comme on l'avait
pu voir, plutôt paralysante que facilitante.
B. Mémoire DES chiffres avec trouble.
Après l'interruption des troubles on a continué à ap-
prendre encore pendant une heure et on a tenu compte
du travail fait par quart d'heure.
Chaque jour pris séparément, l'opération augmente,
pendant les troubles, apparemment à cause de l'habitude;
mais les premiers chiffres, après la cessation du trouble,
montrent une si notable augmentation de l'opération,
car celle ci s'est élevée à un chiffre 5 fois plus gros que
les chiffres intérieurs. Dans les premières deux épreuves,
une diminution se fait voir de nouveau dans le quart
d'heure suivant, qui ne s'améliore que plus tard. D'où
l'on peut conclure que, dans ces deux épreuves, la cessa-
tion du trouble montre tout d'abord une influence nette-
ment favorable sur l'opération, mais que plus tard elle
laisse voir, avec beaucoup de probabilité, une influence
défavorable sur celle-ci. Au fond, tout cela est 1res ana-
LES POISONS DE L'INTELLIGENCE. 285
loguc avec ce qu'on avait observé et expliqué par l'in-
fluence du contrat dans la mémorisation des syllabes.
Ce même contraste ne laisse plus voir aucune influence
dans les dernières épreuves, car ici l'habitude s'est éten-
due si loin que le contraste n'a plus aucune force.
La marche ultérieure des recherches normales a été
un peu différente. Dans une première expérience normale,
après l'influence du contraste il est intervenu une des-
cente notable et progressive de l'opération. Il devait y
avoir ici une raison nuisible qui influençait la mémori-
sation. Dans la seconde expérience normale, l'opération
montre après la cessation des troubles pour redescendre
un peu seulement vers la fin.
Dans les épreuves avec du brome, on a vu, après quel-
ques valeurs initiales, naturellement petites, dans le 4e
quart d'heure, la somme du travail augmentant au-des-
sus du maximum des jours normaux, dans les jours sui-
vants.
Le résultat de B. II est absolument surprenant car l'o-
pération atteint une hauteur extraordinaire après la ces-
sation du trouble,etmonte au double de l'opération obte-
nue à la fin de la recherche normale.
Ici l'influence du brome sur la mémorisation des chif-
fres contredit celle de la mémorisation plus simple des
chiffres ; car on a trouvé une augmentation de l'opéra-
tion tandis que l'on avait constaté une descente évidente.
On peut donc conclure que la simple mémorisation des
chiffres est influencée d'une manière défavorable, tandis
que la mémorisation des chiffres après la cessation des
troubles l'est favorablement pour le brome.
De cette manière se clarifie aussi l'expérience de la
mémorisation des syllabes, car là aussi 1 influence favo-
rable doit être attribuée à la cessation des influences
troublantes. On est allé plus loin dans l'explication de
celle contradiction constatée dans le fait que la mémori-
sation des chiffres est rendue difficile, tandis que la mé-
morisation des syllabes est facilitée par le brome, ce qui
parait inintelligible tout d'abord. Mais on doit penser
que, tout autre est l'attitude du sujet devant la mémo-
risation de chiffres que celle devant la mémorisation des
syllabes qu'il s'imagine extraordinairement difficile, tout
286 ÉTUDE CRITIQUE.
comme il s'imaginetrès facile la mémorisation des chiffres
Et alors il arrive le fait suivant,qui est très intelligible,
le travail qui rencontre de grosses difficultés intérieures,
est facilité par le brome, tandis que le travail qui s'ac-
complit avec facilité n'est influencé favorablement que
seulement alors quand l'essai relève des empêchements
intérieurs.
Le trait commun qui distingue l'influence du brome
dans les différentes recherches c'est que par ce moyen
certaines difficultés intérieures du travail sont combat-
tues. Cela explique aussi l'accélération de la vitesse ver
baie dans les recherches sur les syllabes autant que sur
les chiffres,sous l'influence du brome. Mais les empêche-
ments intérieurs que l'influence du brome éloigne dans la
mémorisation des syllabes influencent défavorablement,
entre autres, la vitesse de la prononciation,arrêtant ainsi
le déchaînement des mouvements verbaux. Mais l'in-
fluence du brome, dans les mêmes conditions dans les-
quelles il facilite l'activité, devrait influencer favorable-
ment aussi la rapidité de la prononciation. Cependant
cette dernière influence est, comme on le sait, beauconp
plus insignifiante, moins sûre.
Conclusions.
On peut résumer comme il suit les idées principales
qu'on peut tirer de ces recherches :
1° Le brome possède, dans une large mesure, la pro-
priété de produire des effets très spécifiques; il laisse en
état normal toute unesérie de phénomènes expérimentés
et influence d'une manière très frappante une autre sé-
rie.
2' Le brome n'a laissé voir aucune influence sur les
associations mécaniques des additions, sur le déchaîne-
ment central des mouvements et sur la marche des mou-
vements musculaires, et de même sur les excitations mo-
trices centrales d'après les efforts corporels ;
3° La conception en est peut-être rendue difficile ;
4° La mémorisation des séries de chiffres est évidem-
ment rendue plus difficile sous l'influence du brome ;
5° La mémorisation des syllabes est facilitée par le
brome :
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 28' ? '
60 Dès que le travail est rendu difficile par des troubles
distractifs, l'action d'apprendre des chiffres et syllabes
est facilitée par le brome ;
7° La rapidité de la prononciation n'est pas, en géné-
ral, influencée par le brome, mais elle est accélérée dans
la mémorisation des syllabes avec ou sans des troubles
distractifs ;
8° Tout cela peut se résumer ainsi : le brome peut évi-
ter et diminuer certaines difficultés liées à des sentiments
désagréables qui sont le produit des influences distrac-
tives, ou même des opérations par elles-mêmes. ! )° Les résultats des recherches psychologiques restent
en parfait accord avec les expériences cliniques des in-
fluences psychiques du brome.
PATHOLOGIE INTERNE
La tuberculose dans les asiles d'aliénés ;
Pnn 11f1f.
Dr MARIE,
Médecin en Chef
Dr J. ROLET,
Interne
à l'.lsilc dc 'illc,juif.
Lb;S STATISTIQUES EN FRANCE ET A L'ÉTRAKGHH.
Si la lutte antituberculeuse esta l'ordre du jour de
toutes les Sociétés savantes depuis la découverte du
bacille de Koch, c'esl-b.-dire depuis un peu plus de
vingt ans, il y a déjà plus de quarante ans que Clous-
ton (1) parlait aux aliénistes des ravages de cette affec-
tion dans les asiles de l'Ecosse, au moment même où
l'Académie de médecine entendait Villemin la démon-
trer maladie infectieuse, transmissilJle et inoculable.
(1\ Clous-ton. La litherciilisation et l'aliénation mcnlnlc. mai
1864.
288 PATHOLOGIE INTERNE.
Mais jusqu'à la fin du siècle dernier, les tentatives
des médecins aliénistes pour attirer l'attention sur les
sévices de la tuberculose dans les asiles furent rares et
isolées.
Depuis une quinzaine d'années seulement nous voyons
la question prendre corps et venir à l'ordre du jour des
discussions dans les Congrès spéciaux, etnous trouvons
les premières communications au Congrès des aliénis-
tes allemands de Weimar en 1891, et au Congrès de
Hanovre en 1892.
Elle devint internationale aux Congrès de Naples
(avril 1900), d'Anvers (1902), de Bruxelles et Casscl
(1903). En 1899, l'Association médico-psychologique
de Grande-Bretagne et d'Irlande instituait un comité
spécialement chargé d'étudierla fréquence, les causes
et la prophylaxie de la tuberculosechez les aliénés,pen-
dantquela même année se réunissait à Berlin nn Con-
grès de la tuberculose pourles asiles.
En France, où le mouvement se dessine d'une façon
plus lente et moins officielle, nous trouvons dans un
rapport au Conseil supérieur de l'Assistance publique
quelques lignes de Napias ayant indirectement traita à
la question. Il s'accentue toutefois avec le treizième
Congrès de médecine de Paris (août 1900) qui, sur la
proposition des Dr Marie et Toulouse, accepla un vusu
demandant l'assistance réglementée aux aliénés tuber-
culeux. Récemment, au Congrès international de la tu-
berculose qui s'est tenu à Paris on octobre 1905, les
D ? Briand et Marie vinrent insister sur la nécessité et
l'urgence des mesures à prendre dans ce sens.
Les rapports et les voeux de ces différents Congrès ne
sont d'ailleurs que la résultante et la consécration ofli-
cielle de nombreux travaux individuels sur un sujet de-
venu d'actualité et dont nous citerons les plus récents.
En Angleterre, après les travaux du prof. Clouston,
ce sont les études et les observations publiées principa-
lementdans les périodiques de psychiatrie parles D'"
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 289
Crookshank, France, Drapes, Blair, ? leasberly, Men-
zies et autres ; en Allemagneles publications deNoetel,
Snell, Ilagen et surtout le travail récent de Geist sur
la tuberculose dans les asiles ;les communications du
Dl Luigi-Scabia enltalie,de Haviland et Harrington aux
Etats-Unis ; en Russie, l'article de ToporlcotF qui donne
delà question une revue générale si documentée. En
France, enfin, citons les rappels du Dr Briand dans les
Rapports annuels sur le service des aliénés, les articles
et les communications du Dr Marie, celle de Chardon et
Raviart au Congrès de Bruxelles et les travaux scien-
tifiques du D' Anglade qui s'est attaché particulière-
ment au point de vue étiologique, pour en déduire les
mesures prophylactiques à observer.
C'est à la suite de ce mouvement, dont ils étaient les
auteurs, que les médecins des asiles eurent en France
la satisfaction de voir instituer en 1901, par le Ministère
de l'Intérieur, une Commission de la tuberculose ; ses
enquêtes et ses observations se traduisirent par une cir-
culaire ministérielle marquant le grand progrès fait dans
la question d'assistance aux tuberculeux dans les asiles.
Actualité de cette question, urgence de cette assis-
tance spéciale, voilà ce que nous voulons établir par
la revue méthodique des travaux dont nous venons de
faire le rappel historique.
Pour être édifié sur les ravages de la tuberculose
dans la population des aliénés internés, il est utile de
faire appel aux chiffres, malgré l'aridité d'un pareil ex-
posé, et de consulter les statistiques établies dans ces
dernières années en France et à l'étranger, et dont
quelques-unes ont un caractère officiel.
Historique. Si les statistiques de la mortalité tuber-
culeuse ont été établies d'abord et seulement pour les mi-
lieux hospitaliers ordinaires, il y a bien longtemps qu'on
avait remarqué les rapports existant entre les affections
pulmonaires et les troubles mentaux. Esquirol (1) et
(1) Esquirol. Des maladies mentales, vol. II.
Archives, 2° série, 1906, t. XXII. I. 10
200 PATHOLOGIE INTERNE ?
Georget (1) en France, 13urrows et Ellis (2) aux Etals-
Unis, signalent les premiers la fréquence de la phtisie
pulmonaire chez les insensés; elle déterminait la mort,
disent les observations de Georget, de plus delà moitié
des aliénés qui finissaient leurs jours àla Salpêtrière;
dans le même établissement, Louis signalait une pro-
portion de trois décès par phtisie pour deux qu'il rele-
vait à la Charité ; en Angleterre, Clouston avait une
proportion de douze autopsies à l'asile royal d'Edim-
bourg pour cinq àl'lrcîpital Saint-Georges.
Mais ce n'est que récemment qu'on a pu, chiffres en
main, établir que, d'une part, la tuberculisation pulmo-
naire est beaucoup plus fréquente comme cause de
mortalité parmi les aliénés que parmi la population gé-
nérale, que d'autre part, la comparaison du taux de la
mortalité tuberculeuse pour les différentes villes attri-
bue les chiffres les plus élevés à celles qui possèdent des
asiles d'aliénés.
Asiles de France. - C'estcequi ressort d'abord des
renseignements établis par la direction de l'Assistance
publique au Ministère de l'intérieur sur la population
des asiles de France pendant cinq années (1S9-1-IScJS);
c'est ce que mettent en lumière les statistiques dres-
sées à ce propos en 1900 par le professeur Brouardel,
dontnous voulons rappeler les principaux chiffres.
Pour la totalité des asiles de France, la population
moyenne annuelle étant de 57.424 aliénés, la popula-
tion moyenne des décès par tuberculose est de 672.0, soit
117.1 décès par 10.000 malades; si l'on se rappelle que
la mortalité annuelle par tuberculose est chez nous de
43.8 pour 10.000 en moyenne, on en déduit que les alié-
nés payent un tribut 3 fois plus considérable que le
reste de la population .
Mais si l'on cesse de considérer la totalité pour entrer
dans les comptes rendus détaillés, on est frappé de la
(1) Georoet. De la folie.
(2) l3onnowe et ELUS. Gominenl.ii-ies ol' insanity.
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 291
disproportion qui existe dans la répartition entre les
différents asiles de France. Brouardel établit les résul-
tats suivants pour une moyenne de cinq ans :
232 PATHOLOGIE INTERNE.
tion pulmonaire, parmi lesquels 45 cas de phtisie pro-
prement dite, 33 bronchites chroniques et 11 hémop-
tysies. En 1903, pour 1325 décès, on en relève 156 par
affection pulmonaire, parmi lesquels 50 cas de tubercu-
lose et 20 bronchites chroniques.
Mais, avec le Dr Marie, nous tirons de cette statistique
une déduction intéressante par comparaison entre les
tableaux des décès classés selon le temps d'internement
antérieur et ceux des causes de mortalité; on trouve de
cette mortalité deux maxima : l'un de 20,90 °/„ dans
le premier mois de l'entrée, l'autre de 12.22 % dans la
période allant de 20 à 50 mois d'internement.
On peut en déduire qu'une première catégorie de dé-
biles, dont les aliénés tuberculeux avantl'internemcnt,
s'élimine peu après l'entrée ; au contraire, le deuxième
maximum de décès de la deuxième à la cinquième an-
née de confinement dans l'asile, doit correspondre à un
deuxièmetaux proportionnelmaximum d'individustu-
berculisés après leur entrée. Nous aurons l'occasion de
revenir sur cette considération.
.Mpe'es.Terminons cette revue des statisti-
ques françaises par la comparaison avec la mortalité ba-
cillaire dans les asiles privés.De 1893 à 1899, pour quinze
maisons de santé, le nombre des décès annuels a été en
moyenne de 17.6 pour une population de 4.261 aliénés ;
nous retrouvons là la moyenne de la mortalité tubercu-
leuse en France, soit environ 39,9 pour 10.000.
Statistique générale. - A ces statistiques déjà pu-
bliées et dont nous n'avons fait que nous inspirer, nous
avons la grande satisfaction d'en ajouter une autre,
due à l'obligeance du Dr Bourneville, médecin en chef
à Bicêtre. Chargé par le Ministère de l'Intérieur, pour
le conseil supérieur de l'Assistance publique, d'un rap-
port sur le personnel des asiles, il a fait porter son
enquête sur tous les asiles de France; nous en avons
dégage avec lui les chiffres delà mortalité tuberculeuse
mis en regard de ceux de la population, et c'est cette
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 293
statistique inédite, établie pour l'année 1903, que
M. Bourneville nous autorise à publier dans cette étude.
294 PATHOLOGIE INTERNE.
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS 2P5
293 PATHOLOGIE INTERNE.
rectifiés par lui en 187G. Rappelons d'abord que de 18SG
a 1889 la mortalité tuberculeuse y était de 13 ?
En septembre 1891 le Dr Boetel communiqua à la réu-
nion des médecins allemands des statistiques d'où il
résultait que, sur l'ensemble des décès dans 34 asiles,
on en relevait de 5.2 à40 °/0 par la tuberculose, et dans
ce nombre cinq fois seulement la mortalilé était au
dessous de 10 ? ; huit fois elle atteignait et dépassait
25%. ·
Le D'' Oswald (1) a fait porter son enquête sur la po-
pulation des asiles de Ilofheim et Hoppenheim dans le
Grand-Duché de Hesse : il a constaté d'abord que sur
137 aliénés morts tuberculeux dans ces asiles, 92,060/.
présentaient une forme démentielle de la folie. Ses chif-
fres qui portent sur les années 1877 à 1900 donnent
pour 100 décès une moyenne de 25,12 par tuberculose,
à l'Asile de IIofheim et de 22,4 à l'asile de llopprn-
heim.
En Prusse, alors que pour la population générale le
taux de la léthalité tuberculeuse n'est que de 0,3'.) ?
il est, dit le D'' Wûlff, dont les recherches ont porlé sur
les asile d'idiots, de 2,6 pour ceux-ci et de 1,3 pour les
autres aliénés.
Une étude statistique a été faite pour l'asile de Hil-
desheim parle D'' Snell (2) qui, sur 1240 décès survenus
de 180riL 1887, relève 322 fois des lésions tuberculeuses
à l'autopsie, soit 25,9 %. Il donne le détail suivantdes
formes de folie :
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ADHNKS. 297
298 PATHOLOGIE INTERNE.
assignait la phtisie comme cause dans 315 cas, à pou
près le tiers. Plus récemment Clouston, en ayant re-
cours seulement à l'examen, clinique, évaluait a27 °/„
la proportion moyenne des tuberculeux dans les Asiles
d'aliénés d'Ecosse.
De même un relevé de 1897 nous montre, sur 7298
décès dans les asiles d'Angleterre et du pays de Galles,
1064 attribués à la phtisie. Maisles autopsies systémati-
quement pratiquées augmentent notablement la propor-
tion ; c'est ainsi qu'il résulte des autopsies pratiquées
en 1898 dans les Asiles de Claibury, de Colney Ilatch et
de Cane-IIill que 127 cas de tuberculose furent constatés
alors que l'examen clinique n'en avait dépisté que 67.
Un relevé statistique pour les Asiles d'Angleterre et
du pays de Galles donne les chiffres suivants :
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 299 9
réelle de la mortalité dans la population libre du Ro-
yaume-Uni qu'il évalue à 30 ? de 1871 à 1880, cons-
tate que la mortalité dans les asiles, après avoir fléchi
pendant les dix-sept premières années, a, depuis cetle
époque, une nouvelle tendance à l'accroissement, celte
recrudescence est marquée surtout dans les asiles ir-
landais où la mortalité dépasse de 50 % celle des asi-
les d'Angleterre tandis qu'au contraire elle lui est de
20 7» inférieure dans les asiles d'Ecosse.
C'est surtout Thomas Drapes (1) qui insiste sur la
mortalité tuberculeuse en Irlande, pays de misère où
la consomption pulmonaire est commune ; en 1899, sur
une proportion de 10.000 décès pour toutes maladies,
il en compte 728 par tuberculose en Angleterre et 1198
en Irlande, soit une différence de 4.61 quant à la
mortalité par la phtisie dans les Asiles, elle atteint204,
69 pour 10.000 en Irlande au lieu de 141,41 en Angle-
terre. Bref il conclut que d'abord la mortalité des asiles
est quatre fois en Angleterre et cinq fois et demie en
Irlande plus forte que dans la population générale et
que la phtisie est dix fois plus meurtrière chez les
aliénés que chez les gens sains d'esprit.
De ces nombreuses statistiques anglaises nous déga-
gerons, pour résunier, la considération suivante : pour
une population moyenne de 1000 malades, le chiffre
moyen de décès par tuberculose dans les Asiles est de
14,7 en Grande Bretagne, de 10,4 en Ecosse et de 23,9
en Irlande. Voilà bien dépassée notre moyenne de 11,7
que nous trouvons si éloquente en France.
Aictic7te-Iloogre. Le^ documents statistiques
manquent pour les asiles d'Autriche-IIongrie où la
question a pourtant été abordée il y a longtemps par
LeidesdorF (2) qui signalait la fréquence de la phtisie
parmi les aliénés de Vienne et par le Professeur En-
(1) Drapes. Phtisis and in-anilv. (Journal of. me/lt.1l sciell : c, ocl.
1001, 1.6Gg.) .
( ? 11.s1maDORr.- Pathologie nml )hft'apiect'))sychi<chen Kran-
klieitcn. '
300 PATHOLOGIE INTERNE.
gel (1) qui, sur314 autopsies faites à l'asile de Prague,
rencontra dans la moitié des cas environ des lésions
tuberculeuses ; Le D'' Pandy Calman a repris la ques-
tion dans son dernier rapport général de 1905.
Aux Etals-Unis les premières enquêtes furentfailes
par Workmann qui, dès le milieu du siècle dernier,
établissait une proportion de 27 % de mortalité par
consomption, proportion augmentée pour l'asile de New-
York par les renseignements donnés a l'autopsie.
Actuellement, on trouve dans certains asiles d'Amé-
rique soixante pour cent des aliénés atteints de tuber-
culose (2). Toutefois, en IS96, le D'' Georges Allen (3)
affirmait que, pour les asiles de l'Etat de New-York, la
proportion était bien différente et ne dépassait pas dou-
ze pour cent. «Dans l'Asile de Middieton en particulier,
dit-il, elle est encore moindre et dans les vingt der-
nières années elle a été d'environ o . » Cette amélio-
ration tient, pour le D'Allen, à la situation de l'asile
et aux mesures hygiéniques qu'il y fait prendre.
En Hollande Schroeder van der Ioll; a indiqué la
fréquence de la phtisie parmi les individus frappés
d'aliénation mentale et le rapport qui existe entre
ces deux maladies.
Pour ce pays, nous avons une statistique générale
assez récente (4).
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES M'ALIENES. 301
est prouvé que dans les asiles hollandais elle est nota-
blement supérieure.
);nZ3elr/ique, où la Société Anversoise contre la tu-
berculose s'est occupée de la question sous la direction
du Dr Terwagne, des statistiques publiées par le Dr Pee-
ters l'amenèrent à conclure que dans les asiles belges
« la tuberculose exerce de grands ravages et que les
« chiffres officiels des décès sont loin de concorder avec
« la fréquence réelle de l'affection ».
« D'après Désirée et Gallemaërs dit-il, 1.400.000
« habitants des grandes communes fournissent par an
« 5177 décès parsuitedetuberculose; quatre millionset
« demi d'habitants des petites villes et des campagnes
« donneraient par an 11Q93 décès par la même cause,
« soit pour la Belgique entière, sur une population de
« 5.909.975 habitants recensés au 31 décembre .886,
« environ 16.270 décès ou 2.94 par 1000 habitants,
« (soit 149 décès par tuberculose pour 1000) ». 11 ajoute
toutefois que le chiffre attribué aux petites villes et
aux campagnes est exagéré.
Nous trouvons encore, dans \c Treizième rapport sur
la situation des asiles d'aliénés du royaume, l'état de
la mortalité générale et spéciale pendant les années
1887-1892.
302 PAIHOLOGIE INTERNE.
régulièrement faites, on trouverait fréquemment, des
tubercules chez des sujets décèdes sous une autre éti-
quette dans la proportion de deux tuberculoses mécon-
nues sur une reconnue par la clinique, ce qui infirme
singulièrement les déclarations officielles.
Dans le même ordre d'idées, l'examen de ces statisti-
ques de décès dans les asiles belges confirme l'opinion
de Peeters au sujet de la probabilité des tuberculoses
méconnues.
CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 303
Pour les colonies, en particulier en Belgique, où le
Patronage familial est bien organisé, les statistiques
montrent au point de vue de la tuberculose un bien meil-
leur état sanitaire. Celles de la colonie de Gheel sontpar-
culièrement intéressantes. Les comptes rendus des ten-
tatives faites dans le même sens en Ecosse, depuis long-
temps, en France depuis 1891 par le Dr Marie, prêtent à
des considérations intéressantes au point de vue prophy-
lactique ; nous les exposerons quand, après avoir indi-
qué le mal, nous étudierons ses causes et nous cherche-
rons ses remèdes. (4 suivre,)
Xlc CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE
DES ALIÉNÉS.
(Milan, 2G-30 septembre 1906.)
Le 11 Congrès international de l'assistance des aliénés, qui
vient de tenir ses assises à Milan, a eu une importance excep-
tionnelle due à la qualité de ses membres et à la valeur des
rapports lus aux séances.
Le Congrès avait été organisé d'une façon parfaite par le
bureau ainsi composé : Prof. AUGUSTO TAMBURINI(S, Maurizio,
ReggioEmilia), Président ; Dr Prof. )Jooaauo GoNZALES (Mila-
no), vkc-1'risidenl ; Dr Prof. G. CESARE 1 Ena,m (Bertalia,
Bologna). Secrétaire Général ; D Prof. EUGENIO IIIEDEA (llila-
no), vice- Secrétaire Général ; Dr PIERO UONZALES, vice-Secré-
taire Général et Trésorier.
Nous ne saurions trop rendre hommage à tout le tact dont
l'éminent professeur Tamburini a fait preuve durant sa pré-
sidence. Le secrétaire général, le très dévoué professeur
Ferrari, mérite plus que des éloges : il a droit encore à toute
notre reconnaissance. Il s'est multiplié pour satisfaire aux
désirs de chacun et pour organiser d'une façon réellement
parfaite son Congrès et il a d'autant plus de mérite que nous
étions ici' en pleine Exposition internationale. Des discours
ont été prononcés à la séance d'ouverture et aux fêtes qui
eurent lieu pendant le Congrès. Mais la place nous est mesu-
rée et nous ne pouvons déjà étudier suffisamment les
rapports lus aux séances. Qu'il nous soit permis cependant
304 congrès international de l'assistance DES aliénés.
de citer ceux du professeur Tamburini, de Lombroso, dont
l'arrivée à la salle des séances provoqua des tonnerres d'ap-
plaudissements et du professeur Bianchi, l'ancien ministre
de l'Instruction publique. Beaucoup de nations s'étaient fait
représenter au Congrès.
Les délégués officiels des Gouvernements étaient : pour le
gouvernement italien : l\L\1. MERLO (doct. comm. ILDEBRANDOI,
chef de la division de la bienfaisance et de l'Assistance publi-
que au Ministère de l'Intérieur. Roma, et SANTOLIQUIDO (prof.
comm. Rocco), directeur général de la Santé publique, Roma;
pour le gouvernement allemand : M. BONHOEFFER (doct.
Kart), professeur de psychiatrie et de neuro-pathologie à
l'Université de Breslau ; -pourle gouvernementautrichien :
M. PILOZ (doct. prof. ALEXANDER), de l'Université de sien ;
pour le gouvernement belge : M. PETE125 (doct. J. ALES.),
directeur de la colonie de Gheel ; pour le gouvernement
français : MM. Marie (doct. A.), médecin en chef à l'asile de
Villejuif, secrétaire au Conseil supérieur de l'Assistance,
Paris, Graux 'doct. LucilzN), Paris : M. Décante, juge à Pon-
toise ; M. le D1' Voisin, de la Salpêtrière, Dr LEGRAIN ; pour le
gouvernement de la Grèce : M. CATSARAS (doct. AlICHEI.j, pro-
fesseur de neuropathologie et depsychiatrie à l'Université de
Athènes ; pour le gouvernement hollandais : M. Van De-
VENTER, prof. (doct. J ? rn.); Inspecteur de l'Etat pour les
Asiles des aliénés, Amsterdam ; pour le gouvernement
hongrois : M. De RAISZ (doct. GuIUO), Conseiller de Section au
Ministère de l'Intérieur, Budapest ; pour le gouvernement
du Luxembourg : i\1.BUFFET, Médecin Directeur delà Maison
de Santé de Ettelbrûck ; pour le gouvernement du Portu-
gal : LAbIBEliTINI PINTO J. M., chargé d'affaires du Portugal à
Milan ; pour le gouvernement de Roumanie : M. OBR> : GIA
(doct. Alexander), professeur d'histologie à l'Université de Bu-
karest ; pour le gouvernement suédois : M. 111NBEILG (doct.
OLAF), Upsala.
Le premier thème général était celui-ci : Progrès de l'assis-
tance des aliénés et surtout de leur assistance familiale dans les
différents pays depuis 1002 (date du Congrès d'Anvers) jusqu'à
nos jours. Toute une série de rapports formant autant de
monographies consciencieuses ont été envoyés sur cette
question, par MM. Antonini, Bonnet, Konrad, Macdonald,
Menzies, Mongeri, Moreira, Nerander et Vos. Il résulte de
cette vaste enquête que les bienfaits de l'assistance familiale
sont de plus en plus appréciés et que son champ d'action
s'étend chaque jour.
congrès international DE l'assistance des aliénés. 305
Trois rapports ont été déposés sur le deuxième thème
général : De l'organisation des compartiments d'observation, de
surveillance et d'isolement dans les asiles et dans les colonies,
par MM. Bond, Brauchli et Deventer.
Suivant ce dernier auteur, les meilleurs moyens de traite-
ment pour les états d'agitation sont : 1° un complexus de
salles, grandes et petites, faciles à surveiller ; 2° la séparation
des malades d'une manière telle qu'ils ne se troublent pas
l'un l'autre; 3° un état-major suffisant d'infirmiers profes-
sionnellement instruits : et surtout; 4° un traitement physi-
que, l'influence suggestive du médecin traitant, la psycho-
thérapie.
Le professeur Brauchli (de Zurich) montre dans son rap-
port qu'il faut avoir soin de traiter individuellement les
malades dans les stations d'observation, autrement le traite-
ment au lit pourrait être nuisible; c'est pourquoi on doit
éviter de le faire durer trop longtemps et le remplacer à
temps par la thérapeutique du travail. Il est nécessaire
d'organiser des stations d'observation pour les tranquilles,
les agités, les gâteux et les infirmes.
Au point de vue psychiatrique.il serait recommandable de
placer les stations d'observation pour les tranquilles et celles
pour les gâteux et infirmes dans des bâtiments spéciaux à un
étage, tandis qu'on fera mieux de combiner celles pour les
agités avec les quartiers de cellules.
Une station d'observation doit contenir : une salle d'obser-
vation, une salle de réunion, des bains avec toilette, une ou
plusieurs chambres à un lit ; celles pourles agités devant être
plus fortement construites; enfin un parloir, une chambre
d'examen, une chambre de garde, un office et des closets. Avec
la salle d'observation doivent toujours communiquer direc-
tement les chambres à un lit. une chambre de garde et un
closet ; chez les tranquilles et les gâteux, la salle de réunion
fera aussi partie du nombre de ces pièces adjacentes, et chez
les agités et les gâteux, il en sera de même pour les bains.
Quant à la disposition des autres annexes elle sera conforme
aux circonstances locales.
Le Dr Lactame a fait un rapport très documenté sur les
Sociétés suisses de secours aux aliénés très florissantes, et ayant
à leur disposition des fonds très élevés.
Madame Marie, la charmante compagne du médecin en
chef de l'asile deVuillejuif, a traité d'une façon particulière-
ment remarquable la question des convalescents sortant des
asiles. Le patronage familial des aliénés guéris doit s'occuper
Archives, 2° série, 1006, l. XXII. 20
300 CONGRÈS INTER A1T0NVL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS.
des familles des malades internés, pour leur conserver un
foyer en cas de sortie et renouveler les rapports entre les ma-
lades et ce foyer en cas de guérison. Le patronage des conva-
lescents permettant les sorties précoces de l'asile et consti-
tuant la meilleure prophylaxie des rechutes, doit être encou-
ragé par les pouvoirs publics, qui, en le subventionnant,
'évitent des internements multiples et prolongés.
Le patronage, en cas de rechute, doitpourvoirauxpremiers
soins à domicile et aplanir les formalités de réinternement,
les placements tardifs étant les moins curables. Le patronage
doit vulgariser les notions relatives à l'aliéné et détruire les
préjugés qui tendent à le faire considérer comme un malade
différent des autres et constamment dangereux. La propa-
gande dans ce sens et l'activité en faveur des appuis moraux
aux aliénés sortis et à leur famille sont aussi essentiels que
les secours en argent et les appuis matériels. Les oeuvres de
patronage doivent assurer l'un et l'autre.
Le comm. Merlo, chef de Indivision de la Bienfaisance pu-
blique au Ministère de l'Intérieur, a écrit un rapport du plus
haut intérêt sur le patronage des aliénés pauvres. Les conclu-
sions doivent en être citées tout entières :
« A la suite de l'initiative privée devront surgir en grand
nombre, en chaque Etat, des Sociétés de Patronage pour alié-
nés pauvre», avec le concours de spécialistes, de médecins,
decitoyens de toute classe capables de contribuer, même
par leur oeuvre personnelle seulement, - à la propagande de
l'idée du patronage, et à un exercice profitable de sa fonction.
Ces Sociétés surgies dans chaque Etat pourraient compléter
et intégrer leurs forces par la formation d'une grande fédéra-
tion nationale, qui pourrait prendre des accords convenables
avec les fédérations analogues des autres pays, pour l'échange
d'informations et d'études, et éventuellement pour s'entr'ai-
der par la mutualité de leurs prestations.
Là où une coopération si large ou 1 initiative privée fe-
raient défaut, l'Etat (fonctionnant comme stimulateur pour
arriver au même but) devrasepréocuper,au moins, partout où
un asile d'aliénés existe, de faire surgir, avec le concours de
la Direction de l'Asile, un noyau d'association capable d'éten-
dre son action dans le territoire circonstant, au moyen,
soitde Comités locaux, soit de personnes chargées delà chose,
soit encore par le concours des associations autonomes, qui
pourraient se constituer éventuellement dans quelque « Com-
mune ».
L'action des Sociétés de patronage doit s'exercer en faveur de
l'aliéné déj au commencement de sa maladie, et pendant son
traitement et sa convalescence, comme un moyen d'intégra-
CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 307
tion, dans le système de l'assistance familiale ; dans tous les
cas comme agent moral d'une guérison plus rapide,et comme
moyen de préparation du patronage qui devra s'exercer sitôt
la guérison complète.
Cette action s'étendra, si possible, d'une façon préventive
aux personnes prédisposées aux maladies menlales ; et,
comme surveillance et comme assistance, elle continuera son
action alors que l'aliéné aurait trouvé une occupation régu-
lière et rémunérée.
Le patronage doit se proposer, en ligne principale, d'ôter
du chemin de l'aliéné guéri les obstacles, qui, dans le milieu
social s'opposent à la tranquillité de son esprit et à sa produc-
tivité, en lui fournissant les moyens avec lesquels, par son
propre travail, il puisse pourvoir à sa subsistance, et ne lui
accordant des subventions qu'en voie tout à fait exception-
nelle et temporairement.
L'argent gagné par l'aliéné à l'asile, pendant son traitement, t,
devra être administré, pendant un certain temps, par un
membre de la Société de patronage, qui en surveillera et ré-
glera l'usage.
Le patronage doit être étendu aux familles des aliénés afin
d'exercer une influence favorable sur l'esprit du malade, et
pour que le milieu où il devra revenir sitôt guéri soit le plus
adapté à le recevoir. Pour arriver à cela il faudra :
Dans l'ordre moral : travailler à maintenir vivaces les af-
fections familiales et, s'il y avait des dissenssions, tâcher de
les faire disparaître, empêcher ou vaincre toutes les causes
de chagrin ou de préoccupation de la part de l'aliéné à son
etour dans sa famille ;
Dans l'ordre économique : éviter la dispersion des biens de
aliénéen procurant aux membres de sa famille les moyens
de vivre par leur travail.
a) Etant donnéque les subventions matériellesont d'autant
plus de valeur lorsqu'elles sont accompagnées de l'oeuvre in-
telligente et consciente de son but de celui qui donne, il fau-
drait confier aux Sociétés de patronage la tâche de la distri-
bution des secours fixés par les statuts des institutions de
bienfaisance et d'assistance publique en faveur des aliénés et
de leurs familles, lorsqu'ils sont pauvres.
b) On devrait aussi coordonner l'action des Sociétés de pa-
tronage, de bienfaisance publique, en tous les cas où il y au-
rait lieu à un échange dans les prestations, ou bien à une ac-
tion commune (fondation d'Instituts, de maisons de travail,
de bureaux d'information et de placement) qui pourrait leur
308 CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIENES,
permettre d'arriver au même but avec une dépense plus pe-
tite et un profit plus grand.
L'Etat, tout en laissant à l'initiative privée le soin de la
constitution des Sociétés de patronage, et en respectant l'au-
tonomie, doit stimuler et favoriser leur formation, leur fédé-
ration et les rapports qu'elles peuvent avoir avec celles des
autres Nations; il doit sollicite ? leur coordination avec les
Institutions existantes, pour assurer, par la force des lois et
par des accommodements d'ordre administratif, une aide
matérielle et morale; il doit concourir aux dépenses par des
élargitions en vue de l'utilité publique qui peut dériver
d'elles; mais plus encore à cela doivent contribuer, et en
mesure plus large (à cause de la valeur que le Patronage a
pour prévenir les maladies, pour éviter les rechutes, et pour
hâter les guérisons) les Corps publics auxquels revient
l'obligation de l'assistance des aliénés (I). »
Le quatrième thème général était le suivant : De l'assis-
tance des anormaux (faibles d'esprit, alcoolisés, épileptiques,
fous moraux, criminels, etc. Le premier rapport était celui
du Dr Courjon. Il a rendu hommage aux travaux de NI. Bour-
neville dans des termes trop justes pour que nous ne les
rappellions pas ici.
« Bourneville, disciple de Séguin, mieux servi peut être par
les circonstances, mais fort surtout d'une inlassable activité,
d'une persévérance que rien ne rebute, est en France l'apôtre
de la cause des anormaux. Le Maître de Bicêtre, comme nous,
ses élèves, aimons à le nommer, ne s'est pas borné à prêcher
la bonne parole, il a prêché d'action ; apôtre, il a non seule-
ment fondé une église, il a bâti un temple. Il a, comme nous,
le disions tout à l'heure, modernisé, complété et perfectionné
la méthode de Séguin, et il l'a vulgarisée grâce à un labeur
incessant de trente années ; d'autre part, il a organisé son
service de Bicêtre, arrachant sou à sou aux pouvoirs publics
les crédits nécessaires, discutant avec les architectes les plans
des bâtiments à édifier, formant ses professeurs, ses chefs d'a-
telier, ses infirmiers Depuis le mois de janvierdernier, atteint
(1) Sur la question des Sociétés de patronage, voir : 110UttrcE
ville, Notes diverses dans le Progrès médical et les Archives de
Neurologie ; - Rapport et remarques il la Commission de siirveil -
lance des asiles de la Seine ; - Rapport au Conseil stil)i-i-i4-tii, de
l'assistance publique sur la Création de Sociétés de patronage
pour les aliénés sortants des asiles, 1889; Bulletin delà Société de
patronage des asiles de la Seine, 1893-1905, cle.
CONGRÈS INTRENÀTIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 309
par l'impitoyable limite d'âge, il a dû résigner ses fonctions
de médecin-chef à Bicêtre ; mais il conserve la direction de
la Fondation Vallée, qui est également son oeuvre, et pen-
dant longtemps encore, nous l'espérons, notre cher doyen
continuera ses recherches et nous fera profiter du fruit de
ses observations patientes et minutieuses, exposées dans des
publications si substantielles et si attachantes.
Mais nous aurions mauvaise grâce à insister, tous ici con-
naissent Bourneville et apprécient son cenvre.
L'arbre qu'il a planté est en pleine végétation, et la florai-
son fait bien augurer de la récolte. Les disciples du Maitre, à
leur tour, vont partout porter la bonne parole,et à son exem-
ple, prêchent d'action (1) ».
Les conclusions du Dr Courjon sont celles-ci :
1° Les enfants anormaux ont droit à l'assistance; il convient
de leur assurer (en dehors du vivre et du couvert s'il y a lieu
le traitement médico-pédagogique et l'éducation profession-
nelle qui leur permettront de devenir des citoyens utiles.
2° Dans chaque pays, les amis des anormaux, philanthro-
pes, médecins et éducateurs doivent se grouper et s'unir en
Comités nationaux à l'effet de provoquer, de seconder et de
compléter l'action des pouvoirs publics en faveur des enfants
anormaux.
M. Beach étudie les mesures priles en faveur des enfants
anormaux mentalement et physiquement et des enfants épilepti-
ques en Angleterre et au pays de Galles, Le Du- Jules Voisin
a consacré son très remarquable rapport à la classification et il,
l'assistance des enfants dits : anormaux intellectuels.
Un très important rapport du Dr Marie, médecin en chef de
Villejuif traitait de la colonisation agricole au point de vue ds
l'assistance des aliénés, des épileptiques et des arriérés adultes.
Le principe de la colonisation du travail pourles aliénés chro-
niques paraît clairement adopté par la majorité desaliénis-
tes compétents ; cette colonisation ne semble pouvoir être
indépendante, mais doit être annex éeà un asile. C'est le parti
auquel le département de la Seine s'est rallié dans son projet
de colonisation agricole pour débiles et imbéciles adultes et
pour épileptiques valides.
AChezal-Benoit, l'ancienne abbaye constituera un asile-in-
firmerie fermé, autour duquel se disséminerontde multiples
pavillons de travailleurs groupés par catégories au nombre de
50 environ sur une superficie culturale de 300 hectares.
(1) Nous remercions vivement M. le D' COtH'jOIl de son anprc-
cialion si bienveillante de ce que nous avons fait en faveur des
anormaux (B.)
310 C0 : GRL : S international de l'assistance des aliénés.
C'est d'ailleurs là une application nouvelle du principe
mis en oeuvre à Altscherbilz, dans les asiles-fermes améri-
cains (asile Willard, de Kuiamakoset du -'Iassachusset), Ita-
liens, Anglais, Russes, Allemands et en Autriche-Ilongrie.
Les cinquième et sixième thèmes généraux avaient pour
sujets les ambulatoires et les sanatoriums populaires pour
nerveux. Citons un rapport 'de M. Ellero sur les asiles urbains
et un autre du Dr Gommés sur les Dispensaires neurologiques.
Nous avons fait nous-même un long rapport sur l'hospitali-
sation des nerveux, où nous avons montré l'intérêt qu'il y au-
rait à organiser des sanatoriums populaires pour les nerveux,
que l'on devrait édifier dans des endroits propices (stations
climatiques, etc.) et qui seraient ouverts à tous sans déclara-
tion préalable. Signalons également les intéressants rapports
de MM. Pini et Epstein.
M. Cristiani a étudié dans son rapport les résultats économi-
ques et sociaux des progrès de l'assistance des aliénés et spécial.
lement de leur assistance familiale et M. le professeur D'even-
ter, le progrès dans le traitement des aliénés au point de vue
social et économique.
Voeux émis par le Congres. Que partout où l'assistance
familiale des aliénés n'est pas encore pratiquée, une com-
mission gouvernementale d'aliénistes compose un ensemble
d'instructions claires, détaillées, par lesquelles on décrive et
explique nettement l'essence et le but de l'assistance fami-
liale,et que ces instructions soient adressées à tous les méde-
cins de campagne sans exception en les sollicitant de bien vou-
loir en répandre la connaissance parmi les populations ru ra-
les,en prêcher l'adoptioneten assurer l'exécution. (MuuAM.)
[.Que les Sociétés de patronage s'occupent aussi « des
personnes prédisposées à l'aliénation mentale; qu'elles se cons-
tituent dans tous les pays et se multiplient partout. Qu'elles
poursuivent surtout le but de travailler à l'adoption de l'assis-
tance familiale, de la contrôler de concert avec la direction
médicale des asile', de faciliter le placement du malade
après sa guérison et son retour à un travail normal, de
s'occuper enfin des conditions morales et économiques de sa
famille. IL Que les oeuvres de bienfaisance, d'assistance
publique et de patronage coordonnent leurs efforts afin de
mieux atteindre leur but commun. (Mme Marie, MM. MERLO
et Ladame.)
Le Congrès, prenant en considération les connexions exis-
CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ASSISTANCE DES ALIÉNÉS. 311 L
tantes entre les aliénés, les enfants arriérés, les alcooliques et
les criminels, témoigne le désir d'une fusion entre les diffé-
rentes Sociétés de patronage afin de pouvoir pratiquer le
patronage d'une manière plus rationnelle, avec plus de
succès. (moral, \'AN éventer.)
Le Congrès émet le voeu de voir organiser des sanatoriums
populaires pour nerveux, édifiés dans des endroits propices,
ouverts à tous sans déclaration préalable, ainsi qu'il est
pratiqué en Allemagne. (LucIEN Graux.)
Le Congrès émet le voeu qu'il soit procédé à des mesures
prophylactiques et spéciales ainsi qu'à la cure et à l'isole-
ment à l'égard des aliénés tuberculeux, tant dans la colonie
,que dans les asiles fermés, publics ou privés. (I \RIE et Ro-
LEr.)
1° Les enfants anormaux ont droit à l'assistance ; il convient
de leui assurer (en dehors du vivre et du couvert s'il ya lieu)
le traitement médico-pédagogique et l'éducation profession-
nelle qui leur permettront de devenir des citoyens utiles.
2" Dans chaque pays, les amis des anormaux, philanthro-
pes, médecins et éducateurs, doivent se grouper et s'unir en
comités nationaux à l'effet de provoquer, de seconder et de
compléter l'action des pouvoirs publics en faveur des enfants
anormaux. (COURJON.)
Que l'assistance des arriérés phrénasthéniques soit sous-
traite à la spéculation privée et confiée à des institutions
publiques qui présentent les garanties nécessaires. Signé :
MEDEA, PiNi, 1 ERRARI, GONZAI.ES, MONTESANO, F\GGIANI.
Considérant que,bien que le nombre de connaissances assu-
rées à propos des causes des maladies nerveuses et mentales
et en général de la dégénération humaine soit assez grande,
elles ne sont pas encore suffisamment ni complètement
coordonnées ;
Considérant que la vie moderne, usant le système nerveux,
a augmenté énormément et menace d'agrandir encore et beau-
coup plus le chiffre des affaiblis et des aliénés;
Considérant la nécessité de pourvoir par tous les moyens
que l'on croit opportuns à la prophylaxie des maladies ner-
veuses et mentales ; le Congrès approuve la proposition de
fonder un Institut international pour l'élude étiologique et
pour l'action prophylactique des maladies nommées et de la
dégénération en général et institue un Comité international
afin d'organiser l'Institut en tâchant d'obtenir la coopération
312 asiles d'aliénés
des divers gouvernements pour compléter et coordonner
l'examen des causes dégénératives en général et en particulier.
chez les différents pays, pour arriver à formuler les proposi-
tions qui conviendront le mieux.
Charge la présidence du Congrès de nommer les membres
du Comité international. (D'après la proposition Frank).
ASILES D'ALIÉNÉS
1. La surveillance dans les asiles.
Lorsqu'un étranger visite un asile, bien souvent il est sur-
pris du calme des pensionnaires, de l'aspect riant des jardins
de l'allure proprette de la salle à manger, et, lorsqu'il sort, il
déclare que vraiment ce n'est pas un lieu de supplices et de
tortures, et que malades et infirmiers doivent vivre heureux.
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Certes,les infirmiers ne sont pas aussi malheureux que jadis,
mais qu'est leur situation par rapport il celle de leurs collè-
gues d'Amérique ou d'Allemagne ; certes, les malades ne sont
pas absolument à plaindre ; leur sort a beaucoup changé,
mais bien peu par rapport à ce qui reste à faire.
La salle à manger lui a paru jolie, le parc superbe, oui,
mais sait-il que, derrière un mur près duquel on l'a fait
passer rapidement, il y a d'ignobles taudis, sales, s'effritant,
ne prenant l'air que sur une cour brûlante l'été, glaciale l'hi-
ver, sait-il que,dans cette cour,s'agitent des malades terribles,
prêts à tuer leurs gardiens comme ils ont déjà tué leuis pa-
rents ? P
Va ! étranger, les malades sont calmes et heureux, l'asile est
superbe, le personnel satisfait ! Infirmiers et infirmières sont
couverts d'or, leur métier est un idéal,et leur vie un paradis.
Jamais ils ne risquent rien, non. Cependant tu lis bien quel-
quefois dans les journaux un fait divers dans ce genre :
Hier, le nommé X., interné à l'asile de Y., a tué le gardien N ?
en lui enfonçant un couteau dans la poitrine. Les autorités ont
ouvert une enquête.
Pour 25 ou 30francs par mois, tous les gardiens d'asiles en
risquent autant.
Eh bien, ô étranger ! sais-tu la cause de ces accidents ? sais- lu
que si les pensionnaires étaient surveillés plus activement cela
asiles d'aliénés. 313
ne se produirait, certes, pas aussi souvent. Et c'est encore
faute de surveillance que tu peux encore lire ceci :
Privas, le 10 août 1900.
Vendredi, le nommé Gaston Saut, originaire de Saint-Paul-le-
Jeune (Ardèche), interné depuis le 16 juillet dernier à l'asile d'alié-
nés de Privas, a été trouvé asphyxié dans sa cellule, ses fournitu-
res de literie entièrement brûlées. L'administration, effarée et sans
doutefautive, ignore comment ce malade a mis le feu. Les auto-
rités préfectorales et judiciaires ont immédiatement ouvert une
enquête.
Si le malade n'avait pas eu un couteau, si on l'avait empê-
ché d'aiguiser unclou, si on luiavait retiré sesallumeltes,tout
cela ne serait pas arrivé.
On ne prête pas assez d'attention à ces accidents ; à peine
le quotidien glisse cette phrase : « l'administration sans doute
fautive », sans insister davantage, sans se préoccuper des ré-
formes à réaliser. MM. Valon, Charpentier, et bien d'autres
médecins ont été blessés et nombre de gardiens ont trouvé la
mort. Ils surveillent pourtant de leur mieux les pensionnaires
qui leur sont confiés, mais comment crois-tu, ô étranger,
qu'un pauvre cultivateur qui sort du régiment, qui n'a
jamais vu un aliéné de sa vie, surveille efficacement les trop
nombreux malades qui lui sont confiés ? P
Pas plus tard qu'hier, nous visitions l'asile de X ? près de
Paris. En ouvrant une porte nous voyons un malade accroupi,
occupé à aiguiser un long clou. ( Le surveillant qui m'ac-
compagnait le lui prit aussitôt. « Mais que voulez-vous, me
dit-il, avec un personnel comme il yen a ici,gagnant 25 francs
par mois et ne restant que six mois au plus,comment voulez-
vous que la surveillance soit bien faite ? Si encore nous étions
en nombre ? a
Tu vois,ô étranger, que derrière les beaux arbres, les grands
bâtiments réguliers, les belles statistiques que l'on t'a mon-
trés, il se passe de terribles histoires, tu le sauras maintenant,
mais tu ne changeras rien à ta vie et tu ne te croiras pas obligé,
même si lu es membre d'une commission de surveillance, à
essayer de voir de plus près, de faire appliquer le règlement,
d'améliorer la situation de ceux qui te sont confiés.
Marcel B.
(1) Règlemelltdll service intérieur des asiles du 2 0 mars 8.i.
Ars. 181. Toute introduclion de instruments tranchants on
piquants et généralement d'objets susceptibles d'un emploi
dangereux ou nuisible dans un établissement d'aliénés est rigou-
reusement interdit, etc. ;
11 1 asiles d'aliénés.
II. - Martyrologe du personnel secondaire des asiles.
Le nommé Madec, interné à l'asile de Quatre-Mares depuis le
2 juin 1906 et venant de la prison d'Y,etot, a tué, dans la nuit du
12 au 13 juin, un de ses compagnons et a blessé très grièvement
un gardien. Voici dans quelles circonstances, lisons-nous dans le
rapport qu'a bien voulu nous communiquer notre ami, M. le D'
Lallemand : -
Madec était couché dans un dortoir du quartier d'observation,
occupé par huit malades sous la surveillance d'un gardien, le
nommé Coignel. Son lit était contigu à celui du gardien de ce
dortoir. Madec se serait levé vers onze heures du soir, se sérail
accroupi sur son vase de nuit, comme pour uriner, et dans celle
position aurait fouillé dans la poche du pantalon du gardien qui
se trouvait à sa portée et se sérail emparé ainsi du couteau du
gardien ; il frappa celui-ci de deux coups à la poitrine ; puis,
peut-être voyant se lever sur son séant Lardenois, le malade qui
occupait le lit voisin du sien, Madec le frappa d'un unique coup
de couteau dans la région du coeur ; Lardenois a dû succomber
presque immédiatement, l'aorte descendante ayant dû être
coupée.
Sur ces entrefaites, le gardien Coignet s'était levé malgré ses
blessures et avait rejoint Jladec près de la porte du dortoir et
cherchait à le maîtriser ; Coignet, après avoir reçu encore un coup
de couteau à la région temporale droite, était parvenu à renver-
ser Madec et à le tenir sous ses genoux.
C'est à ce moment que le chef de quartier Cuzon,averli par le
veilleur de nuit Vendanger qu'on entendait un bruit de lutte
dans le dortoir, accourut et passa la camisole de force à Madec ;
celui ci avait déjà à ce moment refermé le couteau et l'avait jeté
sous un lit.
Rien ne pouvait faire prévoir ce triste 3'énement,)faclec,delmis
son entrée, s'était montré très calme ; il avait même dit à maintes
reprises au chef de, quartier Cuzon qu'il avait simulé la folie, alors
qu'il était à la prison d'Yvelot,de façon à échapper à ses gardiens
qui voulaient le faire crever, disait-il, à force de mauvais trai-
tements.
Hier Madec m'avait demandé de le remettre en liberté et
j'avais décidé de lui faire subir ce matin un interrogatoire minu-
tieux pour m'édifier aussi complètement que possible sur son
état mental et contrôler ses allégations en ce qui concernait la
simulation de la folie.
Son crime commis, JIadec s'est montré calme, disant qu'il ne
se souvenait de rien, mais qu'il se sentait malade ; qu'on avait
mis du poison dans ses aliments. Ur, hier, dans la journée et
dans la soirée, on n'a rien remarqué d'anormal chez Madec qui
ASILES D ALIÉNÉS J15
s'est constamment montré très calme, bien que très réticent et
très sournois depuis son entrée à l'Asile.
Après l'accident, dans un interrogatoire -ultérieur, Madec a
linit par avouer que, depuis quelques jours, il croyait que les gar-
diens en voulaient à sa vie et lui avaient mis du poison dans ses
aliments. Cette nuit, il a senti, dit-il, une chaleur intolérable
dans l'estomac, il se sentait étouffer, c'est alors qu'il a été pris
tout à coup de l'idée de tuer ; quant à son autre victime, le
malade Lardenois, depuis quelques jours, ajoute )lades : il il ne
cessait de se moquer de moi et de me dire des injures. »
Le gardien Coignet, auquel j'ai donné immédiatement mes
soins et dont le courage mérite tous les éloges, est très griève-
ment blessé, il porto à la région précordiale deux blessures,
dont l'une seulement est pénétrante et a intéressé le poumon ;
c'est cette blessure qui rend le pronostic très grave. La blessure
qui a intéressé le visage est sérieuse.
III. Instructions concernant l'organisa.tion *du ser-
vice médical de la Maison de Santé de Ville-Evrard, par
MM. Sérieux et Mignet IBLIII. de la Soc. de mid, mentale
de Belgique, 1905, noq 1 ? -2 et 1-23.)
Les auteurs en rédigeant ces instructions se sont proposé sur-
tout de compléter l'interrogatoire des malades, tâche réservée
aux médecins, par l'observation continue pratiquée par le per-
sonnel et d'obtenir de ce dernier, dans ses rapports écrits et
périodiques, substitués aux renseignements oraux et irréguliers,
promis généralement, un exposé précis de leurs réactions, ce
qu'aucun interrogatoire ne peut révéler.
Ces instructions tendent, en outre, à donner au personnel des
indications détaillées louchant la clinique psychiatrique et les
soins spéciaux que réclament les sujets atteints de maladies men-
tales. Elles ont enfin l'avantage d'assurer d'une manière pour
ainsi dire forcée et automatique la périodicité des interrogatoires
médicaux et la mise à jour des observations.
On ne saurait trop louer la clarté, la précision et la simplicité
qui ont présidé à la rédaction de ces instructions et nous n'hési-
tons pas à en recommander la diffusion dans tous les services
d'aliénés. G. D.
IV. - Du choix des malades à placer dans les colonies :
par J. A. C. Peeters,, (l3ull. de la Société de med. ment, de
Belgique, juin 1905. j
On trouvera dans ce travail un modèle de rapport médical
dressé sous l'orme de questionnaire parles inspecteurs hollandais,
rapport dans lequel sont passées en rev ue toutes les circonstances
qui peuvent avoir de l'influence sur le choix du régime à appli-
316 bibliographie.
quel' aux aliénés. La formule remplie par le médecin officiel de
la commune est transmise à la direction de la colonie, qui fait
savoir aux autorités que, d'après les renseignements fournis, le
malade est ou n'est pas propre à bénéficier de l'assistance fami-
liale. G. D.
V. Des médecins adjoints dans les établissements
d'aliénés, par le))1 Meeus.(Z ? uZ/. de la Soc. de màl. ment, de
Belgique, 11°» 120, 121 et 122).
Etude très documentée sur le fonctionnement de l'adjuvat des
asiles d'aliénés dans les différents pays et les rapports de dépen-
dance qui existent actuellement entre les médecins en chef et
leurs aides et la recherche du meilleur emploi de toutes les forces
médicales. L'idée dominante de cette étude est que chaque
médecin doit avoir un service individuel et une autorité et une
responsabilité nettement établies. L'auteur propose de nommer
un médecin adjoint pour 300 malades et d'exiger pour cette
nomination un certificat constatant des études psychiatriques
faites à l'étranger, un stage dans un asile ou mieux, un examen
spécial.
M. Meeus demande, en outre, avec M. Claus, que dorénavant
les médecins d'asile soient obligés à la résidence et qu'il leur soit
interdit de faire de la clientèle. Enfin, les médecins en chef
devront être, à l'avenir, exclusivement recrutés parmi les méde-
cins adjoints. C. 1).
BIBLIOGRAPHIE
V. Rapport médical sur l'Asile d'aliénés de la Roche sur-
l'on pour 1\)03 ; par 11. le I)1' Cullerre, médecin directeur.
Servand-Mahaud, imprimeur à La Roclte-sur-1·on, 1906.
Existants au 1 cr janvier 1905 : IL °Si ; F. 311 ; total 598. -
Admissions : IL 61 ; F. 73 ; total 134. Sorties pendant l'an-
née : II. 26 ; F. : 1 ; total 57, dont 35 par guérison (II. 17 ; F. 18;
par amélioration, Il. 4 ; F. 8, total : 12. - Décès : IL 30 ; F. 25 ;
total 55. Existants au 31 décembre 1905 : Il. 392 F. 328 ; total
lui ? 0.
« .1' appelle l'attention de nouveau, dit M. Cullerre sur la pro-
portion considérable des infirmités cérébrales incurables dans le
nombre des admissions, dont elles forment presque le quart (folie
compliquée d'épilepsie, démence sénile et organique, idiotie).
C'est en grande partie à cette cause qu'il faut attribuer l'accrois-
bibliographie. 317 -1
sèment continu si considérable de la population de l'Asile. Faute
d'hospices d'incurables dans le département et aussi par mesure
d'économie, les communes ont une tendance de plus en plus pro-
noncée à poursuivre l'admission à l'Asile de leurs infirmes de
l'intelligence qui, s'ils participent au chiffre des extinctions par
décès, n'entrent pour rien dans le chiffre des sorties.
« Les admissions, depuis quelques années, nous offrent un
phénomène paradoxal dont je ne puis donner l'explication : le
nomhre des femmes admises l'emporte presque régulièrement t
d'une dizaine d'unités sur celui des hommes, contrairement à la
règle générale et contrairement aussi à ce qui se passait autre-
fois à l'Asile. Il en résulte que la population féminine, très infé-
rieure jadis à la population masculine, la dépasse maintenant de
30 il '10 unités, sui, a¡1l1es années. »
« Enfants arriérés idiots et épileptiques. - Nos pavillons d'en-
fants contenaientau lerjanvier 1905, 32 malades de moins de 18
ans (18 garçons et 14 filles). Il y a eu dans le cours de l'année 9
admissions (5 garçons, et 4 filles) ; il y a eu 2 sorties (filles) et 4
(2 garçons, 2 filles) sont passés aux adultes, soit 6 extinctions : 'il
restait donc au 31 décembre 33 enfants (21 garçons, 14 filles).
Pour tous ceux de ces enfants qui présentent quelque lueur d'in-
telligence, le personnel continue ses efforts en vue d'obtenir de
l'amélioration. ,
« Sept garçons suivent une classe faite par un de no» pension-
naires, ancien instituteur ; deux ont appris à lire couramment,
font des dictées du certificat d'études, et les quatre règles de
deux, trois et quatre chiffres, Ils ont une certai.ne aptitude pour
le dessin et y ont fait des progrès. Trois autres ont appris à écrire
et à lire couramment. Deux autres commencent à écrire seule-
ment. Plusieurs de ces enfants manifestent un goût singulier pour
le chant et la récitation. Un infirmier continue à leur donner des
leçons de gymnastique ; une infirmière s'occupe de leur éduca-
tion, non sans succès.
« Huit filles ontsuivi une classe faite par la religieuse du quar-
tier. Deux se sont montrées à peu près réfl'aelaÏt'esil toute cul-
ture intellectuelle. Une fait des progrès, mais oublie tout ce
qu'elle a appris à chaque crise d'excitation maniaque qu'elle
éprouve (psychose intermittente). Chez deux, les progrès ont été
très bons pour la lecture, l'écriture et le calcul ; chez deux
autres il yaeu progrès pour la lecture ; pour la dernière enfin,
on a constate une véritable inaptitude pour la lecture, alors
qu'elle a appris à écrire d'une façon remarquable et qu'elle ex-
celle dans les exercices de mémoire. Nous devons faire remar-
quer (pièces essais de culture ont surtout une importance théra-
peutique. Ils ont pour but d'éviter le naufrage définitif de cer-
318 BIUL10GRAI HIE.
laines intelligences partiellement atteintes qui, abandonnées à
elles-mêmes ne tarderaient pas à s'éteindre tout à fait,. » Un ne
saurait trop insister sur le travail manuel et les exercices physi-
ques et les leçons de choses.
Mois des admissions les plus élevées : janvier, juin, juillet,
novembre et décembre. « Ces chiffres sont purement fortuits, car
la règle est que les admissions prédominent légèrement pendant
les mois de printemps et d'été. »
Sorties à titre d'essai. - A la suite d'un rapport adressé par
moi à l'administration le 16 juin 1905 sur l'opportunité des sorties
d'essai pour les malades convalescents et améliorés, M. le Préfet
voulut bien m'autoriser à appliquer celte mesure, .l'ai délivré
dans le second semestre de 1905, des congés d'un mois à 14 ma-
lades dont 4 seulement ont été réintégrés, les 10 autres ayant pu
être maintenus dans leurs familles, à l'expiration du mois de
congé, 7 devant être considérés comme guéris et 3 comme amé-
liorés seulement. Cette expérience sera continuée, les résultats en
ayant été jusqu'ici satisfaisants, comme il était à prévoir. La fa-
cilité de ramener les malades à l'Asile sans formalités, en cas de
rechute, encourage les familles à tenter l'épreuve de la sortie pro-
posée à titre provisoire par le médecin. D'autre pari, la convales-
cence de certains aliénés est singulièrement facilitée et abrégée
par le retour à la vie normale. Enfin, la pension cessant de cou-
rir pendant la durée de ces congés, il en résulte pour les charges
du département et des communes un allégement qui, tout mo-
deste qu'il soit, n'est cependant pas à dédaigner. Cette pratique
des congés et sorties d'essai est recommandée depuis quelques an-
nées par le Ministère de l'inférieur et le Conseil supérieurde l'As-
sistance publique (1). Voici les termes du règlement d'après le-
quel les sorties d'essai sont accordées :
«1° Le Directeur-Médecin de l'Asile d'aliénés de La Moche-sur-
Yon est autorisé à confler,à titre d'essai, à leurs familles, parents
ou amis qui y consentiront, les malades convalescents ou amélio-
rés qui lui paraîtront susceptibles de bénéficier de celte mesure.
« 2° Les congés, ou sorties d'essai ne pourront dépasser un
mois. Ils seront renouvelables. Le Préfet en sera immédiate-
ment informé et mention en sera faite sur le registre de la loi. »
« 3° Pendant la durée du congé d'essai ou il son expiration,
l'aliéné pourra, si son état l'exige, être réintégré à l'Etablisse-
ment sans formalités. Avis de la réintégration et des motifs qui
l'auront nécessitée sera aussitôt donné au Préfet parle Directeur-
Médecin.
(l)Nous les accordons depuis 1878. Nous publierons la lettre de
M. Camescasse, préfet de police qui a consenti à les tolérer
bibliographie. 31J
a 4° Qtiaiiil l'épreuve se sera montrée favorable au bénéficiaire
du congé, il sera, en cas de placement d'office, maintenu en
liberté par arrêté préfectoral, sur la proposition du Directeur-
Médecin. .
5° Pendant toute la durée des congés dont ils pourront lonéli-
cier, la pension des aliénés placés au compte du département sera
suspendue etne recommencera à courir que du jour de leur réin-
tégration à l'Etablissement si elle a lieu. »
A propos de l'alitement, )1. le 1), Cullerre s'exprime ainsi :
«.Nous ne dirons pas que l'alitement abroge la durée des mala-
dies mentales, ce serait contraire à notre observation ; mais nous
pouvons affirmer qu'elle on atténue largement la symptomato-
logie. Nous ne dirons pas davantage qu'elle en modifie le pronos-
tic et qu'elle augmente le nombre des guérisons; ce serait faux
en principe ; mais en fait elle permuta quelques malades de gué-
rir qui seraient morts s'ils n'avaient pas été soumis à cette prati-
que.
Les aliénés à qui convient le mieux l'alitement sont, d'après
mon observation, les alcooliques, les maniaques agiles, les mé-
lancoliques, ceux qui sont atteints de confusion mentale aiguë.
stupide ou délirante : enfin les périodiques. Pour tous ces aliénés
il y a rarement des contre-indications à l'alitement. Il n'en est
pas de même des épileptiques délirants et des paralytiques géné-
raux : certains de ces malades ne peuvent sans inconvénients y
être astreintset pour eux il y faut renoncer. Je dois en dire au-
tant des persécutés systématiques et des déments précoces. Quel-
ques chroniques cependant sent justiciables de la méthode, au
grand bénéfice de la discipline et de la propreté, parmi ceux qui,
livrés à eux-mêmes, déchirent leur linge, se barbouillent d'ordure
et commettent des actes multiples de destruction. »
v Un seul cas rentre entièrement dans la catégorie des guéri-
sons tardives : il s'agit d'un homme de 5G ans, qui, pendant qua-
tre mois et demi, sans aucune rémission, demeura dans un état
de profonde dépression avec mélancolie de l'orme classique, (d qui,
en quelque» jours revint à une lucidité parfaite qui se maintint et
put être légitimement considérée comme une guérison qui per-
siste encore à l'heure actuelle. » Ce fait montre une l'ois de plus
qu'il faut être très prudent pour déclarer l'incurabilité absolue des
malades aliénés. Parmi les maladie» incidentes, relevons 19 cas
de tuberculose pulmonaire.
La Situation financière de l'Asile est la suivante :
320 bibliographie.
bibliographie. 321
fatigués et mêmes infirmes, manquant presque entièrement des
aptitudes qu'exigent le rude et parfois dangereux métier d'infir-
mier d'aliénés.
« Ainsi que je le disais dans mon rapport de l'année dernière,
ce n'est qu'en améliorant la situation de ce personnel que nous
pouvons espérer d'en améliorer le recrutement. Une augmenta-
lion de salaire s'impose. Pour les infirmiers divisés actuellement
en trois classes répondant respectivement à un salaire de 22, 25
et 30 frcs par mois, nous proposerons au budget 25, 30 et 35 frcs.
Pour lesinfirmières, réparties également en trois classes, à raison
de 18, 20 et 22 frcs nous proposerons ? 0, 22 et 25 frcs. Ces prix
su rapprochent dos salaires que gagnent les gens du pays, peut-
être môme leur sont-ils inférieurs, aussi sera-t-il nécessaire de
réserver exceptionnellement et dans les limites du crédit prévu u
annuellement au budget une prime d'augmentation à ceux de
nos sujets les plus méritants qu'il y aurait un intérêt majeur à
retenir au service de l'Etablissement. C'est dans la catégorie des
hommes mariés que nous trouvons nos infirmiers les plus stables
elles plus consciencieux ; à ceux d'entre eux qui ont leur ménage
hors de l'Etablissement, nous tâcherons d'accorder un peu plus
de liberté que n'en a comporlé jusqu'ici le chiffre restreint du
personnel.
Avant de clore ce paragraphe, je croi< devoir faire la remar.
que qu'à population égale, l'Asile de la Roche-sur-Yon, après
ces augmentai ions de salaire, comptera encore parmi les établis-
sements qui dépensent le moins pour la solde de leurs préposés et
servants. Pour la plupart des asiles de G à 700 malades, cette dé-
penauoscille entre 25 et 30.000 francs. »
Un tableau du personnel avec indications du traitement et des
avantages en nature est annexée à ce rapport qui se termine par
la situation de l'Asile en fin d'exercice. -
322 bibliographie.
nous adresser deux exemplaires de leur dernier rapport.
Si nous demandons deux exemplaires c'est afin d'abréger
notre tâche en pouvant découper les passages que nous
croyons devoir reproduire.
'1. - Des anesthésies psychiques dites nerveuses ou hystériques;
Par le Dr Paul GLU ? (U. Doin, édit.)
L'auteur considère que l'anesthésie dite hystérique n'est ja-
mais spontanée, qu'elle est toujours d'origine auto-suggestive.
L'anesthésie psychique se produirait de la façon suivante. Un
sujet a une diminution de la sensibilité, dans un membre par
exemple, de cause organique ou dynamique ; l'imagination du
sujet, actionnée par celle sensation d'engourdissement, peul
l'exagérer et la transformer en anesthésie complète ; ou bien en-
core la cause organique qui a créé l'anesthésie ou l'hypo-esthé-
sie a pu disparaître, mais le psychisme du sujet, qui en aconservé
l'image, le maintient. Dansées doux cas, ils'agit doncd'anestbé-
sie par auto-suggestion. Dans le premier cas, c'est une anesthé-
sie complétée ; dans le deuxième une anesthésie maintenue.
Ce sont des anesthésies psychiques, des illusions négatives. Le
sujet perçoit la sensation ; elle entre dans le champ de la cons-
cience et l'imagination du sujet l'efface. Dès lors, la sensation
n'exista plus pour lui.Le travail est divisé en quatre chapitres.
Dans le premier chapitre, consacré à l'historique, le Ruz' Blum
étudie l'anesthésie psychique surtout dans sa forme analgésique.
Il passe en revue l'histoire des martyrs, des possédés, des som-
nambules, des hypnotisés. Il soutient que l'hypnotisme n'est pas
une névrose et que toutes les phases classiques décrites par Char-
cotne sont que l'effet d'une suggestion ou d'une imitation incons-
ciente des malades. Il définit ensuite l'hystérie en montrant
qu'elle n'est non plus une entité morbide nette ; qu'elle est une
réaction psycho-dynamique et queles stigmates qu'on lui attri-
bue existent chez un grand nombre de sujets non hystériques et
manquent très souvent chez les sujets hystérisables.
Dans le deuxième chapitre, il étudie les caractères cliniques
de l'anesthésie suggérée et il donne le résultai d'un grand nom-
bre d'expériences. D'après lui, on peut créer l'anesthésie psychi-
que sur 63 pour 100 de sujets non hystériques. Après avoir net-
bementdélini les caractères de l'anesthésie suggérée et expéii-
mentale, il rapporte longuement plusieurs observations clini-
ques d'anesthésies nerveuses et iladmel que cette anesthésie ner-
veuse est absolument identique comme forme à l'anestbétie
suggérée. '
Le but du troisième chapitre est de montrer que dans toutes les
anesthésies dites hystériques, en apparence spontanées, on peut.
bibliographie 323
dans la plupart devras, retrouver l'origine, le point de départ de
celle auto-suggestion.
L'auteur meL en lumière l'inlluence delà bugggestion médicale
et. inconsciente et il trace un tableau de toutes les causes organi-
ques qui peuventètre l'occasion d'une anesthésie psychique. L'a-
iiestliésie spontanée n'existerait donc pas.
Le mécanisme par lequel l'auto-suggestion réalise l'anesthésie
fil il l'objet d'un quatrième chapitre. M. Ii1t1111 passe en revue tou-
tes les théories émises sur l'hystérie parles différents auteurs, en
fait la critique et se rallie à la théorie de Bernheim.
L'anesthésie psychique noterait qu'une illusion de l'esprit, la
sensation pénètre dans le champ delà conscience ; l'imagination
du sujet, actionnée par l'idée (L'anesthésie, efface le phénomène
(inconscient. Le sujet s'en fait accroire avec les yeux de l'esprit.
Il, LER0Y,
1 II. Rapport médical sur l'asile d'aliénés de Rennes, pour
l'année 1905 ; par le Dr Sizaret, médecin en chef.
Population de l'asile au 1er janvier 1903 : Il. 420 ; F. 570 ; total ? 0. Entrées : Il. 129 ; F. 122; total 251, dont 22 cas d'alcoo-
lisme (15 IL. 7 I.). - Sortis par guérison : Il. 32; F. 18, total,
all. Par amélioration, 45 11. ; 30 F., total 75. Par autres cau-
ses 2'J ; total, 154. Décès : 11. 43 ; F. 33 ; total, 76.
Suivent deux tableaux schématiques, dont l'un concerne la
population totale de 1895 à 1905. Ce tableau montre l'extension
rapide du chiffre des aliénés du département d'HIe-et-Vilaine
depuis quelques années. La population au ici, 1895 était
de 886 aliénés et au 1 cr janvier 1905, elle élait de 1015.
« La mesure des congés accordés à titre d'essai, nous a donné
les mêmes résultais favorables que l'année précédente et presque
Unîtes ces sorties sont également demeurées définitives f.
«Nous considérons que le travail agricole entre pour une part
« importante dans la proportion plus grande de guérisons chez
« le» hommes n. 80 % de malades quittent l'asile pendant la
1 Il année de leur séjour. Parmi les maladies incidentes, rele-
vons la tuberculose (S IL, 2 l'.L" La rareté de Vothématome, com-
parée à sa fréquence dans les vieux services, semble être une
preuve de plus de son origine Iraumatitlue ; plus nous allons et
plus nous sommes persuadés qu'une giflle inavouée était à l'ori-
gine de cotte affection locale de l'oreille. »
« On remarquera la rareté relative de la mortalité par tullercu-
1()se pulmonaire. L'un de nos internes, M. Durocber, consacrera
sa thèse à l'étude de la tuberculose dans le» asiles ; il montrera
l'extrême fréquence de celle maladie infectieuse chez des malades
qui ont présenté des périodes de stupeur et que, dan» les nouv el-
ses classifications, on étudie sous le nom de déments précoces. »
324 bibliographie.
a \uu awns fait remamluc·r précédemment l'absence des pa-
villons d'isolement pour les tuberculeux, ou d'un lazaret en cas
d'épidémie.L'intirmerieclcslunnmesn'adueLroisohamltresséltarce,
du dortoir, dont les parquets en sapin sont certainement imbibés
de toutes espèces d'éléments contagieux, malgré les lavages an-
tiseptiques eti'extreme souci que nous avons réussi à inspirer il
notre personnel. Les gùteu.x el épileptiques hommes sont par-
ques dans des salles exiguës, basses de plafond, il été nécessaire
de faire récemment de grands travaux pour dégager la fosse d'ai-
sance commune aux agités et aux gâteux; elle regorgeait les
jours de pluie et c'était dans les cours une inondation horrible-
ment fétide. Il est de toutinteret de tirer définitivement parti du
principe du « tout a l'égout ", puisqu'une canalisation est à por-
tée de ces cours ».
Le service des bains fonctionne régulièrement chez les femmes,
où il y a une salle pour les pensionnaires et une autre pour les
indigentes. Cependant, la trop faible élévation du château d'eau
et sa contenance insuffisante nous privent souvent d'eau, sur-
tout le lendemain des jours fériés. Il ne peut également y avoir
ces jours-là de chasse d'eau dans les cabinets d'aisance, notam-
ment dans les sièges placé» dans les salles, ce qui est absolument
malsain. B.
VIII. Rapport médical sur l'asile d'aliénés de la Sarthe pour
l'année 190.p, par le Dr V. Bourdin, médecin en chef. Impri-
merie Douin, Le Mans.
Existants au 31 décembre t90t : '78t( ? J.S ! L et 41'i I.) ; ad-
missions : 15 ! ) 172 IL et U6 F.) restants au ;il décembre 1903 : 7\11
(,] : 13 Il. et 458 ? ). Augmentation de 7, l'accroissement de la po-
pulation se poursuit avec régularité : 734 fin 1S1(Il ; 791 lin P.IOJ.
L'encombrement va bientôt se faire sentir du cote des femme».
« Les admissions pour première entrée ont été de beaucoup les
plus nombreuses, ce qui est la règle. Le nombre des admis par re-
chute est de : 26, comme en 190 L Je ne puis que répéter que ce
nombre, bien que normal, est encore trop élevé, car il est la
preuve que les malades sont retirés trop souvent avant guérison
et ordinairement contre l'avis du médecin. Beaucoup de familles
ont même la tendance fâcheuse à faire intervenir diverses in-
fluences pour essayer de forcer la main en quelque sorte au mé-
decin, ne comprenant pas qu'elles sont les premières victimes de
leur imprudence.
La folie alcoolique entre pour 18 unilés : (10 H. el 2 F.). L'idiotie
est rare, car le Conseil général de la Sarthe a décidé depuis long-
temps déjà de n'admettre à l'Asile que. les idiots dangereux.
Comme le contingentcommunal est plus élevé pour ces malades
que pour ceux des autres catégories, il est il craindre que les pla-
bibliographie. 325
céments ne soienL trop souvent différés : des faits regrettables
qui se sont passés dans le département semblent le prouver.
« Les recltutesse produisent surtout chez les alcooliques ; aussi
persiste-je à croire que l'on ne saurait retenir trop longtemps à
l'asile les alcooliques, même lorsqu'ils paraissent guéris. C'est
qu'en effet la guérison n'est qu'apparente, et le cerveau de ces
malades est encore imprégné d'alcool alors que le délire a disparu.
Si l'on met ces individus en liberté, la moindre absorption de li-
qucur alcoolique, quelques verres de vin même, suffisent à ré-
veiller les accidents cérébraux. J'ai même vu, au cours de l'an-
née, un alcoolique chronique ne présentant plus de délire, mani-
fester brusquement de nouveaux troubles psychiques sous l'in-
lluence de l'inhalation de chloroforme au cours d'une anesthésie
opératoire. Et l'ivresse chloroformique avait réveillé exactement
les mêmes conceptions délirantes que l'ivresse éthylique et aussi
rapidement. Le délire subsista plusieurs jours. Ce malade en est
d'ailleurs à son quatorzième internement ». Suivent des considé-
rations intéressantes sur la psychose maniaco-dépressive, le dé-
lire chronique systématique, la folie périodique, la confusion
mentale, enfin la démence précoce, sur laquelle l'accord est loin
d'être fait encore parmi les aliénistes des divers pays. Il est en
ell'et contestable qu'il s'agisse, chez des jeunes sujets de 15 à j
ans, de démence d'emblée : il est plus probable qu'il y a seule-
ment un haut degré de confusion mentale tendant à devenir chro-
nique, mais il est difficile d'admettre qu'il y ait réellement dé-
mence, c'est-à-dire incapacité du cerveau à acquérir de nou-
velles notions ou à récupérer les notions anciennes. La preuve
en est que certains de ces malades guérissent. Il n'esL pas dit
qu'un jour nos moyens thérapeutiques ne nous permettront pas
de les guérir tous, tandis qu'il est bien certain qu'on ne guérira
jamais la démence confirmée, qui est une lésion anatomique irré-
médiable. »
Viennent ensuite la dégénérescence mentale, les vices de déve-
loppement, les folios toxiques, la folie morale et impulsive, les
folies névrotiques.
Les placements volontaires sont les plus nombreux. « Pour
les placements d'office, applicables aux maladesJugés dangereux,
ils sont généralement faits trop tardivement pour des raisons
financières faciles à comprendre. En réalité, à ce point de vue
spécial, j'estime que le raisonnement que -se tiennent les muni-
cipalités est erroné, car un aliéné traité longtemps après le début
deson affection sera devenu incurable ; et ce ne sera pas une ou
deux années de séjour à l'asile qui suffiront à le guérir, il faudra
l'y tenir enfermé toute sa vie, et l'économie espérée ne sera pas
réalisée ».
« Les divorcés ou séparés restent rares ; ce n'est souvent t
320 bibliographie.
qu'après l'internement que la demande en séparation ou en di-
vorce est introduite, et il me semble que ces demandes tendent
à devenir assez fréquentes, notamment de la part des épjuses
qui, craignant les représailles du mari, attendent son interne-
ment pour introduire l'instance. On sait que le divorce pour
cause d'aliénation n'est point admis par la loi française : maison
tourne la difficulté en invoquant les sévices ou injures graves
auxquels a pu se laisser aller le malade. D'ailleurs, j'avoue que,
dans un grand nombre de cas, la séparation estime mesure pru-
dente : encore faudrait-il qu'un certificat médical motivé soit
exigé dans chaque cas particulier.
Un tableau intitulé : Mouvement des aliénés dont l'affection
peut être attribuée à l'alcoolisme révèle l'influence sans cesse
croissante de l'alcoolisme dans l'éclosion de la folie et son déve-
loppement dans le département de la Sacthe. La proportion des
buveurs par l'apport au nombre total des admis en 1905 (déduc-
tion faite des transférés, sur lesquels manquent les renseigne-
ments) est de piu "f", supérieure encore à celle déjà formidable ('e e
l'an passe. Je le répète, je ne prétends pas que 70 "/„ de nos ma-
lades du sexe masculin sont devenus fous uniquement parce
qu'ils avaient fait des excès de boissons, mais seulement que dit y.
eux les abus ont précipité tout au moins l'apparition de la mal,-
die mentale. L'alcobla joué le rôle d'appoint : ce rôle reste encore
très important, et dans un département où abondent les bouil-
leurs de cru, il est permis de craindre une recrudescence d'ad-
missions à l'asile au lendemain du rétablissement du privilège. n.
Les sorties ont été au nombre de 73 (40 IL, 33 F.) « Comme
toujours, les aliénés curables guérissent vite, et la promptitude
môme de la guérison est une des meilleures garanties de l'avenir.
Une autre vérité, qui a la valeur d'un axiome en pathologie
mentale, est que,plus la maladie est récente, plus elle a de chances
de guérir; on ne saurait trop le répéter, car les maires, les fa-
milles, voire même les médecins praticiens,ont une lâcheuse ten-
dance à différer le plus possible le placement des aliénés. »
L'expérience prouve que l'on ne saurait être trop rigoureux sur la
durée de la convalescence à l'asile même.
Les malades sortis pour cause (le guérison sont au nombre de
30 contre 18 en 1904, Les sortis améliorés sont au nombre de 21.
Les décès ont été de '9 137 Il. et 42 F.). Il y a eu un suicide ;
c'était Un homme, alcoolique avéré, qui avait dos visions nocturnes
terrifiantes, au point de ne pas vouloir se coucher, car il s'imagi-
nait que des ennemis le guettaient : un matin, on le trouvait
pendu du pied du lit.
« La veille l'ayant trouvé plus anxieux, je le lis passer au quar-
tier d'observation, pour qu'il couche au dortoir ; le surveillant de
ce quartier commit la faute de le placer dans une chambre, sans
bibliographie. 327
en référer à personne, sous prétexte qu'il n'avait pas d'autre
place disponible. 11 est donc démontré une fois deplus quelesalié-
nés à idées de suicide ne doivent jamais être laissés dans les cham-
bres.
La majeure partie des décédés avaient plus de cinq ans de
séjour, 16 étaient à l'asile depuis moins d'un mois et, parmi eux,
quatre (3 il.et 1 f.) sont morts avant la fin de la première semaine
de leur internement. Ce fait se reproduit chaque année ? et dans
la plupart des asiles.
Le mois le plus meurtrier a été janvier (15), puis juin (9) : Tu-
berculose pulmonaire, 13 ; entérite tuberculeuse 1. - Sur les 79
décès, il a pu être fait 35 autopsie.s.C'est là une indication qui de-
\rait être consignée dans tous les Rapports.
« Deux opérations ont été faites au cours de l'année, par M. le
U Delagénière, chirurgien de l'asile : 1° une ablation d'un fibro-
meutérin très volumineux ; la malade, très délirante, qui croyait
avoir le ventre rongé parles esprits malins, n'a nullement été
améliorée par l'opération, pourtant parfaitement réussie ; 2° une
ablation d'un petit fibrome sous-cutané et cure radicale d'une
petite hernie paraomhilicalc chez un alcoolique chronique chez
qui l'anesthésie chloroformique réveilla le délire toxique.
M. Bourdin consacre à l'exposé du traitement plusieurs pages
très intéressantes. Il insiste notamment sur l'alcoolisme et la sy-
philis.
a Pour mettre simplement au point la question, je dirai, que
la lutte contre l'alcoolisme semble avoir fait un pas en arrière
avec le rétablissement du privilège des bouilleurs de cru, qui
avait été sinon supprimé du moins régularisé par une loi anté-
rieure. Je dis « semble », car n'est pas prouvé que le rétablisse-
ment qui date des premiers mois de 1906,exagérera, sensihlement
la proportion déjà formidable des aliénés buveurs telle qu'elle
ressort du tableau n 1(ï de ce rapport. Et puisque la Sarthe est
précisément un pays de bouilleurs de cru, il sera intéressant de
comparer les tableaux des années ultérieures avec ceux que j'ai
établis pour 1904 et 1905 lesquels sont très sensiblement concor-
dants. C'est alors qu'on pourra se faire une idée desconséquen-
cesdu rétablissement du privilège.
« Pour ce qui est de ]11. syphilis,qucsLion décidément d'acLualibé,
la commission extra-parlementaire, dite du régime des moeurs, a
examiné dès février I ! )0, s'il y avait eu lieu de supprimer ou de
maintenir les maisons de tolérance, )1. le sénateur Bérenger pro-
posait de substituer au régime de l'autorisation, le régime de la
déclaration. C'était toujours le maintien et je suis heureux,
étant donné l'opinion nullement antiréglementaristo que j'ai
formulée dans mon rapport de l'an dernier, de constater que la
commission a condamné aussi hien l'un que l'autre systèmes et a
328 VARIA.
adopté une proposition faisant tomber (oui tenancier d'une mai-
son de tolérance sous le coup de l'article 33 du code pénal, qui
punit d'un emprisonnement de 3 mois à 2 ans quiconque aura
favorisé ou excité la prostitution. Ce vote, dans l'esprit de la com-
mission, est la condamnation définitive du régime de la police
des moeurs.
« La commission dans ses séances ultérieures, encore volé l'ad-
mission des vénériens dans les hôpitaux aux mêmes comblions
que les malades ordinaires. La commune d'origine, en cas d'indi-
gence, paiera les frais d'hospitalisation sans connaître la nature
delà maladie. De plus les hôpitaux spéciaux sont supprimés.» n
Nous ne pouvons qu'approuver reculées qui sont les noires depuis
tant d'années (Voir Progrès merl., 1870-1906). z
M. Bourd in donne des détails sur les divers modes de traitement
employés et termine en disant que le traitement hydrothérapi-
que (bains et douches) est largement employé à l'asile du Mans. Il
serait à souhaitcrqu'il en fût de même partout.
Bourneville.
VARIA
Enfance anormale.
La Société protectrice de l'enfance anormale de Belgique a con-
sacré sa 4° conférence annuelle ù l'étude des problèmes relatifs
aux infirmes et aux sourds-muets. MM. les 1)" Dccl'oly et 110u-
lenger ont examiné la question des enfants infirmes et estropiés.
Nous en extrayons le passage suivant :
L'organisation des écoles pour infirmes doit présenter des
caractères spéciaux. A Londres, on prend les enfants infirmes à
domicile, en voiture ; on les garde à midi à l'école et on les \'
nourrit. Le rez-de-chaussée forme foute l'école ; on évite de cons-
truire des escaliers et des marches. Les portes ont un système
spécial d'ouverture et de fermeture, afin que les infirmes puissent
les maineuvrer facilement. On y fait beaucoup de travail manuel
(pliage, tressage, etc.), on n'y lait malheureusement ni orlbopé-
dic, ni gymnastique spéciale.
L'absence d'escaliers pour les infirmes, les épileptiques, que
nous avons fait prévaloir dans notre ancienne section des Enfants
de Bicêtre où, sauf un, tous les pavillons n'ont qu'un rez-de-
chaussée, devrait prévaloir partout est à signaler. Notons encore
' que les enfants sont conduits en voilure de lenr domicile à l'école,
qu'ils sont nourris et ramenés le soir chez eux. C'est ce qui
VARIA. 329
existe à l'Institut des rachitiques il Milan, c'est ce que nous voit-
drions voir imiter pour les enfants des futures classes spéciales
pour lesquelles nous luttons depuis de si longues années ? ce que
oublient (1). Il.
l\l YXŒDÈME ET Mongolisme.
A l'époque ou nous avons publié les premiers cas de m1/xce-
dème infantile, on s'imaginait qu'il s'agissait d'une affection rare.
Peu iL peu, devenue mieux connue, les cas publiés ont augmenté.
C'est ce qui arrive pour le mongolisme. Au cours du Congrès de
11 ? II,r : elles, nous avons vu un cas au Sirop de Gand ; l'an der-
nier, un à l'asile de Saint-Méen ; nous en avons découvert un
nuire, cette année, à] l'asile de Bailleul, sans compter un myoe-
démateux rencontré sur la grande place de Lille.
Laïcisation DE l'asile d'aliénés DE la Charité.
Au nom de la commission de surveillance de l'asile d'aliénés
de la Charité, M. Laurent donne lecture au Conseil général de
la \ièv re (séance du 24 août) d'un rapport concluant à la laïci-
sation des services de cet établissement. L'augmentation des
frais de traitement du personnel féminin ne serait pas supé-
rieure il. 10.0001'1'. -Adopté.
Une semblable mesure pourrait être facilement prise pour
lous les asiles publics d aliénés et, en profiler pour augmenter le
salaire du personnel. Des conférences devraient être faites au per-
sonnel comme l'ont fait M. le 1), Charron à Dury-lcs ? miens,
et le Dr Levet à Bassens - cela en attendant qu'on ait un p21'-
ollnel diplûI1ll'.
A PROPOS DU DISCOURS DE M. LE PROF, GRASSET AU CONGRES
de Lille.
Nombre d'aliénistes et de neurologistes. dont nous étions, ont t
toujours pensé que l'étude des maladies du système nerveux
élait du ressort des uns et des autres. M. Solfier a traduit cette
pensée au Congrès des aliénistes de Houen en 1890. Voici le pas-
sage du procès-verbal de la 4° séance : '
« M. Sollikr demande {'annexion de la neurologie et de la
psychiatrie M.tilLL, président, repondqu'i) faut rester soi-même
et la proposition est rejetée. » .
La LOI SUR les aliénés.
La 1 ? chambre a rendu son jugement dans l'affaire de cet in-
terne de 1'ille-lvrard qui, après s'être évadé, intentait un pro-
(1) C'est à M. T. Jonckoere nue nous devons l'envoi de celle con-
férence, qui a d'abord paru dans les Archives de Psychologie de
MM. Flournon et E,t. Claparidc.
aa0 varia.
ces en donlillages-inLén'ls à l'administration et aux médecins
(le l'établissement. L.
Le tribunal n'a pas admis la lin de non recevoir opposée pal' l'.\<1-
ministration à la requête de l'interné et tirée de ce que la qua-
lité d'interné lui interdisait d'osier en justice sans l'assistance
d'un curateur spécial..Mais il a rejeté sa demande au fond. Tou-
tefois le tribunal estime que l'administration n'ayant pas fait re-
chercher l'interné depuis trois mois qu'il s'est évadé, l'interné
doit être considéré comme n'étantpas dangereux, et ne peut plus
être enfermé. (L'ALt2-o)-e, 23 juin 1 ! JOO.)
LES aliénés étrangers internés dans LES asiles.
M. Clémenceau, ministre de l'Intérieur, vient d'adresser aux
préfets une circulaire leur demandant de faire procédera une en-
quête sur le nombre des sujets ou protégés russes hospitalisés
gratuitement pour cause d'aliénation mentale, ou autre mala-
die incurable dans les établissements.
La même, circulaire prescrit d'étendre cette enquête aux res-
sortissants (les aulres pays étrangers.
Hospitalisation des épileptiques.
Une pauvre fille èpileptique, Nille C;hanar(1 (-lugustine), àgée (le
22 ans, demeurant chez ses parents, à Mariais, était assise sous
un saule, au bord d'une mare lorsque, par suite d'une crise, elle
tomba dans l'eau. Sa mère s'aperçut de l'accident dix minutes
après et un voisin retira la malheureuse fille, mais les soins qu'on
lui prodigua ne purent la rappeler a la vie. (Petit Berrichon, 10
juin.)
SUICIDE D'UNE neurasthénique.
Ce matin, à six heures et demie, Mme Gallou, née Fontanes.
âgée de trente et un ans, institutrice à Nimes, s'est suicidée en se
tirant un coup de revolver, après avoir tué ses deux enfants,
qu'elle avait couchés avec elle, un garçon de neuf ans et une fil-
lette de six ans. On attribue cet acte à l'état neurasthénique (le
Jlme Gallou.
Terrible drame DE famille.
Camhridge (111minois) 1 cr odobre,
Hier, dans un accès de folie, Mme Mariiham tua à coups de
hache ses sept enfants, dont l'aîné était âgé de neul ans : puis
elle coucha les cadavres sur un lit, les arrosa d'huile et y miL le
feu. Elle se coupa ensuite la gorge et se précipita dans les flam-
mes. Des voisins arrivèrent à son secours, mais elle succomba à
ses blessures. Son mari s'est suicidé d'un coup de feu dans la
soirée. (Petite Gironde, 2 octobre 1905.)
FAITS DIVERS
.\sn.FS ' \LJ : NES. Mouvements d'août et de septembre 1906. -.\1'-
rêaéportantdisjonction des fondions de directeur médecin dans
les asiles autonomes de Bassens (Savoie) et, d'Armentières (Nord).
M. le D Luarrr, conseiller général du Var, est nommé directeur
de l'asile de Bassens (Savoie). M. GasP.a, maire de la Nouvelle
(Aude) est nommé directeur de l'asile d'Armentières (Nord).
M. le))' Dumaz, est nommé médecin en chef de l'asile de Bas z
sens (1,;aNoie). - NI. le Dr Chardon est nommé médecin en chef
de l'asile d'Armentières (Nord). Nous ne pouvons que regretter
la disjonction des fonctions de directeur et de médecin.
Distinctions honorifiques. - Médailles d'honneur pour actes de e
courage ou de dévouements. DI. les D" CHEI'ALJER-L.wAUX, di-
recteur-médecin de l'Asile d'aliénés d'Auch (Gers) ; l'HIVET, mé-
decin en chef iL I"asile d'aliénés de Clermonl (Oise) et CoigneL.
gardien à l'asile d aliénés de Quatre-Mares (Seine-Inférieure).
Lettres de félicitât ion. HtZEL\tRE, surveillant à l'asile d'aliu-
nés de Clermont (Oise). ILOIS, infirmier dans le même établisse-
ment ont été blessés dans leur service par des aliénés.
Le morphinomane ESCROC. - Il y a un an, l'e.x-élève pharma-
cien Routier, arrêté pour escroqueries diverses, commandes
laites indûment au nom de ses patrons, offres de prêts pour les-
quels il réclamait des commissions, était déclaré irresponsable
parle 1)' Dubuisson. Routier ayant continué ses escroqueries, un
nouvel examen mental fuL ordonné, et le D1' Ilouhinovitcli ayant
cette fois conclu à la responsabilité, l'ex-élève pharmacien été
condamné à quatre mois de prison.
Suicide D'UN jeune homme. -.\1. Cochepin, cultivateur à )le-
nuvillers, avait à son service, depuis deux mois environ, un jeune
domestique de 17 ans. nommé Xephir Lefèvre, qui passait pour
avoir un caractère assez violent. Dimanche, comme il se refusait t
à traire les vaches, M. Cochepin lui fit une simple observation,
est ordonna à un autre domestique de faire ce travail. Lefèvre s'en
alla en maugréant et passa la soirée dans les cabarets. Le len-
demain, il était trouvé pendu dans l'étable, et .\1. le 1)' Dulin,
appelé d'urgence, ne put que constater le décès. On ne sait pas
les motifs exacts qui ontentrainéle jeune vacher à cette fâcheuse
détermination. (Semeur de l'Oise, 10 août.)
Victime DE soi-mèvib. ? ) : t-C<ottf ! . Un pauvre fou, nommé
Anatole Bruma, âgé de quarante-quatre ans, que les surveillants
avaient toujours considéré comme dangereux, vient de justifier
d'une façon misérable leurs appréhensions. Détenu provisoire-
332 BIBLIOGRAPHIE DE LA MÉNINGITE C¡ £ RIBRO-SPI : -¡ALE
ment il l'hùpilal de 5ainl-(IomU, il a mis le l'eu au cabanon qu'il
habitait. Le personnel, avec le concours d'un agent et d'un capo-
ral de pompiers, a pu étouffer l'incendie. Mais le malheureux
déséquilibré avait succombé à l'asphyxie.
Hospice de Bicêtre (Fondation Vallée). - M. Bourneville.
Visite du service (gymnastique, travail manuel, écoles et, présen-
tation de malades) le samedi à 10li. 1res précises. Consultations
111édico-J,edagogiques, gratuites pour les enfants indigents atteints
de maladies du système le jeudi à 9 h. 112. - On peul
se rendre à la Fondation par le tramway de pai- le
tramway delà PolLe tl'Orléans à Vincennes (Métropolitain);
arrêt route de l'llay. La Fondai ion est il ;¡OO mètres de cet Arrêt.
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, Le rédacteur-gérant ; lIOUflNEVILLE.
Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères et Thiron.
vol. xjai
Novembre 1906. N 131
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENTALE
Mutisme, aphonie, amnésie, aphasie aphasie
motrice, amusie, surdité musicale, surdité
verbale, cécité verbale, cécité psychique, agra-
phie chez un hystérique récemment guéri
d'une moncplégie brachiale droite, remontant
à huit ans;
PAR MM.
G. RAVIART
111 ? lee,-adj, de l' Aile ,l'Armentières,
Chargé du cours de mcdee. ment,
à lu Faculté de Lille.
et
L. DCiBAIt,
(d'Armentières),
Ancien interne
des Quinze- Vingts.
La rareté relative des cas d'aphasie hystérique nous
autorise à rapporter aujourd'hui l'observation suivante
qui diffère de nombre d'autres par la multiplicité des
phénomènes observés.
Charles D ? menuisier, marié, père de quatre enfants, est
né à Armentières en novembre 1865, il avait 39 ans lors
des faits que nous allons relater.
A H. Ses grands-parents sont morts à un âge avancé, ils
n'étaient pas atteints de maladies nerveuses. Son père
est mort à 77 ans ; alcoolique, il était nerveux, irritable,
sujet à de fréquentes colères, vite passées du reste. Mère
morte à 74 ans, non alcoolique, pas nerveuse. Pas d'antécé-
dents nerveux signalés dans la famille, tant du côté paternel
que maternel. D ? avait 2 frères et 3 soeurs. Une soeur
est morte à 27 ans, elle toussait, n'était pas nerveuse.
Les survivants sont bien et pas plus que leurs enfants ne
présentent d'affections méritant d'être signalées.
A P. Bien portant étant jeune, il a bien appris en classe,
a eu son certificat d'études ; il reste à l'école jusque 14 ans et
demi, puis apprend l'ébénisterie. Bon ouvrier, estimé de ses
Archives 2- série 190G 1. XXII. 22
338 CLINIQUE MENTALE.
patrons, il ne buvait pas, se conduisait bien. Il part au régi-
ment, fait un an de service (soutien de famille), s'y conduit
bien. Pas de maladies vénériennes. D ? nous déclare du reste
qu'il n'était pas porté vers les femmes.
Il revient à Arm entières et, un an après, se marie. Il fut heu-
reux en ménage, eut 5 enfants ; le premier mourut du croup ;
les quatre autres sont bien portants, l'aîné a 14 ans, le second
11 et demi, le troisième 8 ans, le dernier 3 ans. Sa femme
est morte il y a environ 2 ans, d'une pleurésie.
D ? n'eut, en somme jamais rien jusqu'au 6 janvier 1896.
Ce jour là, étant à son travail, en train de charger des corni-
ches en bois, il fit un faux pas tandis qu'il en avait une sur
l'épaule droite il était au bord d'une cave, et partit la
tête en avant, dans la cave,profonde d'environ 2 m. 50. Le
traumatisme porta sur l'épaule droite et c'est à peine s'il
eut quelques égratignures 'de là face ; traumatisme si peu
important que le malade se relève aussitôt, remonte immé-
diatement, et retourne à son établi pour se remettre au tra-
vail. Il frictionnait de temps en temps l'épaule droite siège
d'une douleur assez vive.
Très saisi au moment de l'accident, D ? devint tout pâle;
il se demandait s'il n'avait rien de cassé : « Il ne manquerait
plus que ça, se disait-il, que je ne pourrais plus travailler, je
suis si bien ici » .
Il se remit de suite au travail, mais en poussant sa varlope
(long rabot), il s'aperçut que lorsqu'elle rencontrait dans le
bois une partie plus dure, au lieu de l'enlever, elle restait
immobile, son bras droit n'ayant plus la force de la pousser.
Inquiet, il va trouver le contremaître, et lui demande un billet
d'assurance, pour aller le lendemain consulter le médecin.
Rentré chez lui le soir de l'accident, il constata qu'il ne
pouvait retirer seul son veston, et sa femme dut le lui enlever.
De « voir qu'il était arrangé comme ça )'. D ? se mit à pleurer,
il ne sut pas souper. « Pourvu que ça ne traîne pas trop long-
temps, c'est toujours autant de perdu, » disait-il en larmoyant.
Il pleura une partie de la nuit et sa femme également; la
souffrance qu'il éprouvait au niveau de l'épaule l'empêcha
de dormir. Le lendemain il ne put s'habiller lui-même, son
bras faiblissait, cependant il pouvait encore le lever. Il alla
voir le médecin qui lui ordonna de se frictionner avec de l'alcool
camphré ; mais ce médecin, souffrant, reste trois jours sans le
voir, et D ? qui allait en vain réclamer sessoins en était tout
chagrin, se demandait ce que cela allait devenir, son bras
faiblissant de plus en plus. A peine pouvait-il encore de sa
main droite rouler une cigarette et porter les aliments à la
bouche. Il mangeait du reste fort peu tant il avait de chagrin.
Les nuits suivantes, il put cependant dormir :
Pendant huit jours on lui ordonne des frictions puis on lui
met des pointes de feu, on l'électrise chaque jour,on lui donne
des bains.
Peu à peu le bras s'affaiblissait, D ? ne pouvant plus le
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 339
lever, ni rien saisir ; en même temps, la sensibilité s'abolissait
progressivement dans tous ses modes, et dans toute l'étendue
du bras : « Les pointes de feu qu'on faisait alors étaient
comme si on les avait faites sur la table, nous dit D ? de
même que l'électricité «.
Environ trois semaines après l'accident, le bras droit
présentait une abolition totale de la motilité et de la sensi-
bilité, il pendait absolument inerte. L'insensibilité était telle
que le malade pouvait sans éprouver aucune sensation, poser
la main sur un poêle brûlant, comme il le fit un jour qu'un
camarade le traitait de paresseux. La zone insensible était
limitée à la racine du membre par une ligne circulaire passant
par le sommet du creux axillaire en bas, enhaut, par un point
distant de trois travers de doigt de l'extrémité de l'acromion.
Avant que la sensibilité ne fût totalement abolie au niveau
du bras, D ? ressentait en avant et en arrière de ce membre
des douleurs analogues à des brûlures, des torsions ; elles
étaient surtout localisées au niveau de l'épaule. Quand le
membre fut devenu tout à fait insensible objectivement, il
ne fut plus jamais le siège de douleur. Il était froid comme
du marbre.
Entre temps, D ? fut examiné par les docteurs Folet,
Guermonprez,Baudry, de Lille, qui rédigèrent le 12 mars 1896
le certificat suivant : Contusion légère de l'épaule droite,
qui n'a pas laissé de traces, et qui fut suivie, à quelques
semaines de distance, d'une paralysie flasque de tout le
membre, paraissant d'origine hystérique, l'éveil de l'hystérie
ayant eu pour cause occasionnelle le léger traumatisme. Cette
paralysie disparaîtra certainement dans un temps difficile
à préciser.
Sept mois après l'accident, on ne fit plus rien; le bras fut
considéré comme perdu, et D ? reçut 500 francs de la com-
pagnie d'assurance. Il chercha une place, vendit des journaux,
puis diverses denrées promenées sur une petite voiture qu'il
poussait du bras gauche. Le bras droit toujours inerte,
s'amaigrissait peu à peu, il était froid « comme du marbre » ,
avait une teinte jaunâtre, ne présentait pas d'oedème. Sa
piqûre, même très profonde, donnait à peine une toute petite
gouttelette de sang. Il était porté en écharpe.
Huit ans plus tard, un samedi du mois de décembre 1903,
- D ? était très bien ce jour là, n'avait pas bu, ne paraissait
pas drôle, après avoir passé la journée comme de coutume,
à vendre ses journaux, il se coucha vers huit heures sans rien
présenter d'anormal. Vers minuit et demi, il s'éveille en
sursaut. Assis sur le bord du lit, il voyait, dit-il, comme une
lueur rouge. Il resta dans cette position pendant environ un
quart d'heure se demandant où il était; ouvrant alors les
yeux quelle ne fut pas sa stupéfaction en constatant qu'il
tenait le matelas de ses deux mains ! Il se mit à pleurer. Il
alla alors éveiller ses enfants, et, leur prenant la tête : « Re-
gardez,mon bras est revenu, leur dit-il, nous allons descendre
34b CLINIQUE MENTALE.
et prier » . Il allume la lampe et descend, la tenant de la
main droite, mais il dut bientôt l'abandonner à ses enfants
car sa tête tournait. La sensibilité était revenue également,
et, sitôt arrivé en bas, D ? qui voulait s'en assurer, laissa
tomber sur sa main une goutte d'eau qu'il sentit parfaitement,
le membre tout entier avait du reste recouvré sa sensibilité.
La motililé n'était revenue qu'incomplètement et ce fu-
rent d'abord des mouvements limités que D ? pût exécuter;
peu à peu, leur amplitude augmenta, et à l'heure actuelle
elle est a peu près normale.
Au mois de janvier 1904, nous le fîmes entrera l'hôpital
d'Armentières, où, après l'avoir endormi, nous brisâmes les
rétractions fibro - tendineuses qui maintenaient en semi
flexion tous les doigts de la main droite et qui s'opposaient
à la liberté des mouvements.
D'une très grande maigreur, le bras de D ? grossit petit à
petit, mais comme le montre la photographie reproduite plus
loin, il n'a pas encore atteint le volume de l'autre.
Tout eût probablement été pour le mieux si des ennuis
n'étaient venus déterminer l'apparition de nouveaux acci-
dents. On lui reprit sa place de porteur de journaux au
commencement de 1904 ; cela lui fit beaucoup de peine, il
demeura inoccupé pendant deux mois, puis il obtint du
travail chez son ancien patron et recommença son métier
d'ébéniste. Il était content; malheureusement au bout de
15 jours, le travail faisant défaut, il fut momentanément
remercié. Inactif, il se désespérait, fumait beaucoup.
Environ huit jours avant Pâques, il s'enivra; c'est la pre-
mière fois que pareille chose lui arrivait; tout au plus com-
mettait-il parfois quelques excès depuis qu'il avait perdu
l'usage de son bras. Il rentra chez lui en titubant, cria sur
ses enfants leur disant qu'ils n'avaient rien fait dans la
maison, alors que cependant ils avaient travaillé. Le len-
demain, il ne présenta rien d'anormal, mais il retourna au
cabaret. Rien à noter pendant quelques jours, sinon que
D ? sans ressources, s'alimentait peu.
Le dimanche de Pâques, vers dix heures du matin, il fait
monter de l'eau pour boire, il suait; il n'avait pas l'air drôle
disent ses enfants, était bien la veille et n'avait pas bu; il
se rendormit. Vers 11 heures 1 ? il se lève, s'habille, cric
après ses enfants et leur dit : «Je deviens tout drôle, j'ai mal
à la tête. Puis il se met à dire des bêtises, fait un cimetière
sur le plancher avec des croix de paille il avait, huit jours
avant, été travailler au cimetière et s'était enivré ensuite
tient des propos macabres. Pâle, tremblant, les yeux grands
ouverts, hagards, il ne semblait reconnaître personne, se
croyait fossoyeur, devait se hâter d'enterrer des morts que
« Camille « n'apportait pas assez vite. Il ne parlait pas à
ses enfants.
Le médecin vint alors, lui parla, mais il ne lui répondit
point, continuant son délire « Perman a dit que je devais
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 341
faire des petites croix, des petits trous, et que Camille (une
amie) devait apporter les morts pour que je les mette
dedans. C'est tout, c'est fini, les affaires sont finies, ils
vont venir » disait-il. Et, comme ses enfants dérangeaient le
petit cimetière qu'il avait fait, il les repousse.
Vers 2 heures 1/.=, on l'amena à l'hôpital, il avait l'air égaré
se tenait la tête. Durant environ trois heures, il tint sans
cesse des propos délirants, ne répondant pas quand on lui
adressait la parole. Il répétai t con,tamment les mêmes mots :
« C'est tout, c'est fini, les affaires sont finies, ils vont venir. »
Il était relativement calme.
Le lundi de Pâques, il était un peu mieux, mais les yeux
hagards, il ne semblait pas reconnaître les personnes de
l'entourage, non plus que ses enfants venus le visiter. Ceux-
ci lui disaient bonjour,mais il ne leur répondait pas.Le 5 avril,
c'est-à-dire deux jours après son entrée il l'hôpital, il cessa
de parler. Le jeudi 7, il commence à comprendre, mais répond
par des gestes. Détail extrêmement intéressant, durant la nuit
du 7 au 8, par trois fois, tandis que rêvant, les yeux bien
fermés, il gesticulait quelque peu, on l'entendit parler :
« Dépêchons-nous, disait-il, nous allons aller boire ? »
Nous le voyons le 7 avril, il était tranquille dans la salle
des malades. A notre arrivée, il ne semble pas nous recon-
naître, dit également ne pas reconnaître la soeur de la salle,
qu'il voit cependant depuis de longues années. Il fait mine
de chercher et de ne pas se souvenir. Il fait signe qu'il ne
sait où il est ; il comprend ce que nous lui disons, mais il ne peut
parler, cependant il sort la langue, la meut en tous sens; par
une mimique difficile à comprendre, il explique qu'il voudrait
bien parler et qu'il est comme lié à la gorge, qu'il éprouve
une sensation de constriction au niveau du creux sus-sternal;
de fait, il lui est impossible d'émettre le moindre son. Il fait
signe qu'il peut écrire, demande qu'on lui donne de quoi
le faire. Nous fiant à cette affirmation, pressé de partir, nous
ne l'avons malheureusement pas fait écrire ce jour-là, si bien
que nous ne pouvons savoir s'il présentait l'agraphie que
nous avons pu constater chez lui les jours suivants.
Il nous fait encore comprendre qu'il a mal à la tête, et il
désigne de la main la région répondant au pied des circonvo-
lutions frontales gauches; il fait en outre signe qu'il est attiré
en avant.
L'examen sommaire auquel nous nous livrons, nous per-
met de constater : un hémispasme facial gauche, une légère
trépidation de tout le corps. Il n'y a ni anesthésies ni hyper-
esthésies.
Pendant la journée du 8, l'état reste stationnaire, le ma-
lade ne parle pas.
Nous le revoyons le 9 avril, il vient de finir de souper,
il a bien mangé, il est calme. A voix basse, il nous dit,
portant la main au niveau de la région temporo-pariétale
gauche : « J'ai toujours mal là ».
342 CLINIQUE MENTALE.
D. Depuis quand ? - R. Je ne sais pas. '
D. Depuis quand parlez-vous ? R. Hier après-midi, je
crois. Il parle très bas, répond parfois par gestes, il ne
peut parler plus haut. « On dirait que ça me Lient là», dit-il,
en montrant le creux sus-sternal.
D. Où êtes-vous ? R. Maintenant je sais depuis hier que je
suis à l'hôpital, mais comment j'y suis venu, je ne sais pas.
Je ne me rappelle de rien, je ne sais pas depuis quand je suis
ici. - Il ne se souvient pas de ce qu'il a dit les jours précé-
dents, ne nous reconnaît pas.
D. Qui suis-je ? R. Je ne sais pas,je vous ai vu avec un
autre Monsieur ? dire où, je ne sais pas.
Il ne se souvient pas qu'il ne pouvait parler avant-hier.
D. En quelle année sommes-nous ? - R. Nous sommes en
94, 95 en 1895, en avril.
D. Il y a eu une exposition il y a quelques années. En quelle
année était-ce ? R. Je ne me rappelle pas de tout ça.
Lundi 11 avril. La mémoire est toujours très affaiblie,
il nous reconnaît bien, sait qu'il nous a vu samedi, mais ne
se souvient plus de nous avoir vu le jeudi précédent. Ses
enfants sont venus le voir hier, il les a reconnus, mais ne se
souvient pas de ce qui s'est passé. Il souffre toujours au
niveau de la région temporale gauche. Il parle à voix moins
basse qu'avant hier, cherche moins ses phrases (toutefois
l'entourage déclare qu'il répond encore fréquemment par
gestes), il déclare bien se souvenir du nom de chaque chose.
Outre l'aphonie et l'amnésie que nous venons de signaler,
nous constatons chez D ? l'existence de toute une série de
troubles aphasiques plus ou moins accentués : aphasie
motrice légère, surdité verbale, amusie, cécité verbale, cécité
psychique.
Comme il s'agissait d'un sujet intelligent, lisant, écrivant
couramment, habitué à lire les journaux, et comprenant bien
la signification des mots même peu usuels il nous était pos-
sible de rechercher assez minutieusement chez lui, l'état des
diverses fonctions du langage. Pour plus de clarté, au lieu de
laisser dispersés au cours de l'observation, les points intéres-
sant chacune d'elles, nous les avons groupés, si bien qu'on
trouvera successivement ci-après l'étude de la parole spon-
tanée, répétée, du chant, de la lecture du texte manuscrit et
imprimé, des chiffres, des nombres, de l'écriture spontanée,
sous dictée, de la copie du manuscrit, de l'imprimé, etc.
Nous avons fait précéder l'étude do ces troubles divers de
celle de l'amnésie rétro-antérograde, du mutisme et de
l'aphonie ; nous l'avons fait suivre d'un court aperçu du
langage intérieur, puis de l'état mental provoqué chez le
sujet par l'apparition de l'amnésie et de l'aphonie. On trou-
vera enfin rémunération des signes physiques présentés par
lo malade. ,
Cette étude porte sur une période de plus d'un an, D ?
entré à l'hôpital d'Armentières le 7 avril 1904, présenta, sous
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 343
l'influence de la suggestion à l'état de veille une amé-
lioration progressive des phénomènes amnésiques, et apha-
siques, il en sortit presque guéri au mois d'août, mais
nous avons pu l'observer pendant de longs mois encore et
assister au retour des souvenirs perdus.
Actuellement (octobre 1906), ce sujet ne présente plus
aucun des symptômes que l'on trouvera signalés au cours de
cette observation, il travaille à nouveau de son métier' de
menuisier que pendant de si longues années il avait dû
abandonner.
AMNÉSIE. - TROUBLES DU langage.
Amnésie rétro-antérograde.
Les troubles de la mémoire dominent l'histoire de notre
malade. Dès son entrée à l'hôpital, il ne sait où il est, ne
reconnaît personne.
Le 9 avril. Il ne souvient pas de ce qui s'est passé, ne
sait plus que l'avant-veille il ne pouvait parler; bien plus,
l'amnésie rétrograde embrasse une période de plusieurs mois ,
il ne sait plus qu'il est venu à l'hôpital en janvier et qu'il nous
y a vu. Il ne peut dire en quelle année nous sommes, 94, 95,
en 1895. Pour le guider, nous lui rappelons qu'il y a eu une
exposition il y a quelques années.
R. Je ne me rappelle pas de tout çà.
Il savait de nombreuses chansons, et ne se souvient plus
de rien, non seulement il présente de l'amusie, mais il ne
peut réciter les paroles des chansons populaires, même lorsque
l'on en dit le commencement.
Il met une minute pour dire les douze mois de l'année,
quinze secondes pour dire les jours de la semaine,met quelque
temps pour trouver son âge, pour se souvenir de la date de la
mort de sa femme, etc. Nous lui demandons de compter jus-
que 14, il y parvient difficilement, lentement, en mettant
un intervalle entre chaque nombre.
Nous lui faisons faire quelques petites opérations ,
2 X 2 = 4 (après 5"), 5 + 4 = 10 (après 10") ; mais il n'est
pas sûr, et après avoir compté sur ses doigts, 40" après il
trouve le résultat exact; 10 4 = 6 (après 30").
13 avril.- J'ai le coeur tout triste, dit-il, cette mémoire
qui ne revient pas, je ne sais plus en quel endroit je travaillais
en dernier lieu, mes outils seront perdus.
L'amnésie antérograde est très marquée.
Il oublie au sur et à mesure tout ce qu'il fait ; oublie immit.
diatement la phrase qu'il vient d'écrire, le mot qu'il vient
de prononcer et sur lequel son attention a été attirée/cherche
pendant cinq minutes et ne retrouve pas.
314 . CLINIQUE MENTAL ?
3 3 mai. Trois minutes après lui avoir fait lire et copier la
phrase imprimée : Un ami nous fait cette très intéressante com-
munication nous lui demandons de répéter cette phrase, il
retrouve d'abord communication, puis intéressante communi-
cation en une minute et demie ; au bout de quatre minutes,
il ne retrouve plus rien. '
3 mai. Il ne peut suivre la prière dite en commun, l'am-
nésie antérograde est si prononcée qu'il oublie au sur et à
mesure, les mots qu'il vient d'entendre.
« La soeur de la salle, nous dit-il, est obligée de répéter
plusieurs fois la même chose quand elle me donne une com-
mission, et je suis obligé de le répéter en route pour ne pas
le perdre ».
8 mai. Même état, il ne se souvenait pas ce matin du
rendez-vous que nous lui avions donné.
11 se perd en ville en venant chez nous.
II s'arrête au milieu des phrases, ne sachant plus de quoi
il est en train de parler.
Nous lui offrons un cigare, il le place auprès de son assiette,
et l'instant d'après, se met à rouler une cigarette. Comme
nous lui demandons s'il ne fume pas son cigare, il répond
qu'on ne lui en a pas donné, que sans cela, il l'aurait à la
bouche ; voyant alors le cigare qu'il a placé tout à l'heure
devant lui, il demande si ce n'est à personne. '
18 mai. Les souvenirs reparaissent peu à peu, et sont
conservés : « Je garde tout », dit-il ; mais un grand nombre
manquent encore, c'est ainsi qu'il ne se représente pas les
différentes rues de la ville. L'amnésie antérograde existe
encore : « Ce qu'on me dit aujourd'hui,je m'en souviens le
lendemain, aussi je prends courage ; mais de trois à quatre
jours, je ne sais plus rien. »
Il peut nous dire immédiatement le mois et l'année.
7 juin. Il ne se souvient plus du tout d'être venu chez
nous le 8 mai ; les faits antérieurs à deux ou trois jours sont
oubliés.
Les paroles des chansons, de la Marseillaise, ne sont pas
retrouvées.
27 juin. D ? retient mieux, mais oublie encore d'une
semaine à l'autre. Il ne se souvient pas encore de ce qui s'est
passé.
15 juillet. Amélioration progressive.
20 septembre. - Il se souvient un peu de ses chansons,mais
sa mémoire présente encore de nombreuses lacunes; toutefois,
les souvenirs reviennent, ceux des faits les plus récents
d'abord, puis les autres,il peut nous dire ce qui s'est passé
durant les premiers temps de son séjour à l'hôpital.
5 octobre. Un grand nombre de souvenirs ont réapparu
aujourd'hui à la suite d'une émotion. Hier, un inspecteur de
police lui annonça qu'à présent qu'il était rétabli et
allait pouvoir s'occuper, la ville allait cesser de nourrir ses
quatre enfants qu'elle avait pris à sa charge. D ? en fut
,\11'[IS,Ml,, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE.
z in
très affecté, la céphalée, qui avait cessé depuis quelque
temps survint à nouveau, il ne dormit pas de la nuit il se
voyait dans la misère, tout travaillait dans sa tête.
Ce matin, la céphalée avait disparu et il était tout étonné
de retrouver tant de souvenirs qu'il croyait à jamais disparus,
Les moindres détails lui reviennent à l'esprit, il se souvient
à présent de ce qui s'est passé le jour où les troubles débu-
tèrent : il disait à ses enfants qu'il avait mal à la tête, il
voulait les conduire au cimetière; il se revoit des brins de
paille dans les mains, figurant des tombes sur le sol de sa
maison, puis on l'a conduit à l'hôpital, en voiture, avec deux
agents; il se souvient de ce qu'il disait alors. Le lendemain
ses enfants lui furent amenés, et la soeur lui disait : « D.. voyez
vos enfants. « Le troisième jour,il se souvient bien qu'il ne
put nous répondre : « On aurait dit que j'avais un bouchon
à la gorge, qu'on me serrait, et je voulais parler pourtant, je
faisais les mouvements, mais je ne pouvais pas. »
Il nous a vu le lendemain et se souvient de ce que nous
lui avons dit.
17 mai 1905. D ? se souvient toujours de tout, et n'a
plus rien présenté d'anormal.
Mutisme. Aphonie
5 avril. D ? est muet et aphone, il est incapable de pous-
ser le moindre cri, d'émettre le moindre son, de chuchoter.
8 avril. Il est toujours muet, cependant la nuit dernière,
il a parlé à trois reprises, tandis qu'il rêvait.
12 avril. Parle un peu plus haut mais est incapable de
crier
13 avril. Ne sait pas encore crier; montrant le creux
sus-sternal : « On dirait qu'il y a un bouchon là» dit-il.
8 mai. Est plus ému, et plus aphone que les jours pré-
cédents.
18 mai. Est toujours aphone.
17 juillet. A encore un peu d'aphonie, mais surtout le
matin et il a constaté que le soir il causait beaucoup plus
haut.
20 septembre. L'aphonie diminue, Ce matin au réveil,
il a constaté que sa voix était revenue, il attribue ce fait à
ce que cette nuit il a éprouvé des douleurs au niveau du cou.
5 octobre. D ? se souvient bien qu'il ne put répondre à
nos questions le 5 avril dernier : « On auraitdit que j'avais
un bouchon à la gorge, qu'on me serrait, et je voulais parler
pourtant, je faisais les mouvements, mais je ne pouvais pas ».
. Aphasie d'intonation .
L'aphonie prolongée présentée par le malade fait
que nous n'avons que fort peu de choses à signaler
sur les modifications de l'intonation.
346 CLINIQUE MENTALE.
Lorsque D ? reparla à voix haute on put noter du-
rant assez longtemps la monotonie de ses propos.
Aphasie motrice.
Les premiers jours, D ? présentait du mutisme, cessant
la nuit pendant le rêve, puis de l'aphonie étudiée ail-
leurs, et dès qu'il s'est remis à parler, le 8 avril, on n'a
pu constater chez lui qu'une aphasie motrice légère, no
portant que sur quelques mots.
12 avril. D ? parle plus facilement qu'hier, ilne cherche
plus ses mots, les mots usuels tout au moins, mais quand il
doit employer un mot peu usité il éprouve quelque embarras,
c'est ainsi qu'il a cherché cinq minutes après le mot civilité.
Il nous fait spontanément remarquer qu'il dit plus facilement
son prénom que celui de son fils.
Certains mots cependant lui font encore défaut; nous lui
montrons la cornette d'une religieuse, une seringue de Pravaz,
il a bien une image auditive de ces deux mots et il peut en
compter les syllabes, il cherche a avoir sur le mur une repré-
sentation visuelle de ces mots, il n'y parvient pas, cherche plu-
sieurs minutes et finalement doit y renoncer.
Quand nous lui faisons voir les aiguilles d'une montre, il
cherche 40 " après le mot « aiguille » dont il a cependant la
représentation auditive.
13 avril. Le lendemain, même difficulté : nous lui
montrons l'aiguille, et lui demandons de nommer l'objet.
Il cherche et ne peut. Nous lui demandons s'il sait ce que
c'est : il répond affirmativement.
D. Combien le mot a-t-il de syllabes ? R. Deux.
Il dit très bien entendre le mot comme si on le lui disait
mais il n'en a pas la représentation visuelle. Enfin, il trouve,
dit brusquement : aiguille.
Nous lui faisons épeler le mot, il le fait assez facilement,
puis sur notre demande il en compte les syllabes.
R. Trois.
D. Comment se fait-il que vous nous disiez tout à l'heure
qu'il n'y en avait que deux ?
R. C'est que je n'en entendais que doux.
15 avril. Il entend siffler la Marseillaise; après quelques
minutes il en reconnaît l'air, mais ne retrouve pas le nom, il
en a cependant l'image auditive et peut nous en donner le
nombre de syllabes. Il finit enfin par pouvoir prononcer le
mot Marseillaise.
3 mai. On siffle l'air du roi Dagobert, il le reconnaît,
peut le répéter mentalement, mais de même qu'il ne peut
répéter l'air, il ne peut nous dire le titre de la chanson : a J'ai
le nom dans la tête, nous dit-il ? c'est un air connu, un air
MUTISME, APHONIE, AMNESIE, APHASIE. 347
simple ? je ne le vois pas écrit ? Pour la Marseillaise éga-
lement, il reconnaît l'air, dit que c'est une chanson patrio-
tique, mais ne peut dire le mot, bien qu'il en ait l'image audi-
tive sitôt qu'il le cherche ; il en a ensuite une image visuella
que nous l'invitons à lire et il l'épelle lentement, mettant
quelques secondes entre chaque lettre, qu'il prononce d'une
façon explosive; ensuite viennent les deux premières syllabes,
puis le mot tout entier.
7 mai. Il ne trouve pas également bien tous les mots,
c'est ainsi que, pour certains de ses outils de charpentier, il
les voit devant les yeux, sait à quoi ils servent, doit réfléchir
un moment pour entendre leur nom, mais il ne peut parvenir
à le prononcer, ni en retrouver non plus l'image visuelle.
Il nous indique le nombre de syllabes des mots, rien de plus.
8 mai. Les noms propres sont parmi ceux qui lui don-
nent le plus de mal. Nous lui disons notre nom et lui deman-
dons de le répéter, il ne peut le faire qu'en en lisant menta-
lement l'image visuelle. Nous essayons de le lui faire dire
sans l'usage de cette image, il l'estropie : Raviac; nous l'in-
vitons à se servir de l'image visuelle, il se corrige alors.
11 mai. Nous lui redemandons de dire notre nom ; il se
déclare incapable de le faire, toutefois il en a aussitôt une
image auditive et peut nous donner le nombre des syllabes
qui le composent, puis l'image visuelle lui apparaît, il en
compte les lettres, nous le lui faisons alors prononcer en l'in-
vitant à lire cette image.
18 mai. Il met encore 20" pour prononcer notre nom, il
utilise toujours le procédé précédent.
7 juin. - D ? en nous voyant entend notre nom, puis le voit
mais il ne peut le dire qu'après quelques secondes.
27 juin. Il parle maintenant couramment.
17 juillet. Le malade est encore obligé de chercher le
nom de ses outils.
20 août. Les mots reviennent peu à peu, D ? évoque
l'image d'un outil, cherche après son nom, et ne le retrouve
pas toujours le jour même,
Amusie . Surdité musicale.
Le 12 avril, D ? nous déclare spontanément, « Je savais des
chansons plein des sacs ; je ne m'en rappelle pas du tout. De
fait il ne peut arriver à chanter « Au Clair de la Lune » , n'en
peut fredonner l'air, ne le reconnaît pas. Il ne peut le répéter
après l'avoir entendu, et n'a pas plus conservé le souvenir
des paroles qu'il ne peut continuer à dire même alors que nous
en avons prononcé les premières.
Même incapacité pour la Marseillaise, etc.
13 avril. Amusie absolue, D ? ne reconnaît rien, ne
peut ni siffler, ni chanter, ni fredonner, et il s'en affecte. « Je
vois que la voix revient, mais, c'est le reste qui m'ennuie 1 »
15 avril. L'amusie est un peu moins absolue ; lorsque
31S CLINIQUE MENTALE.
l'on siffle la Marseillaise, le malade en reconnaît l'air après
quelques minutes mais il est incapable de le répéter.
20 avril-Lorsqu'on siffle Au Clair de la Lune le malade
dit qu'il entend bien siffler mais qu'il ne sait pas du tout
ce que c'est.
Siffle- t-on la Marseillaise, il dit fout de suite qu'il l'a
entendue l'autre jour, et au bout de quelques secondes il
retrouve le nom. « C'est la Marseillaise ; ce que j'ai entendu
plusieurs fois, maintenant je m'en souviens. u
3 tuai. Il ne se souvient d'aucune chanson et s'en
plaint, mais il reconnaît l'air du« Roi Dagobert » qu'il ne
peut répéter. Cependant il déclare pouvoir le répéter men-
talement. Il reconnaît aussi la Marseillaise il peut en a penser
l'air tout entier dans sa tête » mais non le répéter.
7 mai. L'amusie est plus marquée que les jours pré-
cédents. On siffle la Marseillaise auprès de lui ; « il me sem-
ble, dit-il, avoir déjà entendu ça quelque part, mais je ne
pourrais pas dire ce que c'est. Comme on siffle ensuite : : «Au
clair de la Lune il demande si ce n'est pas le même air
que celui qu'on vient de siffler, il croit que si. Même ré-
flexion à propos d'un troisième.
18 mai. L'amusie est toujours très marquée.
7 juin. L'amusie diminue, si l'on siffle un air : «Au clair
de la Lune » par exemple, au bout de quelques secondes il a eu
le souvenir visuel du titre, l'a lu mentalement et au bout
d'environ 20 secondes nous l'a dit. Il essaie alors de siffler
mais il ne parvient à émettre que des sons à peu près sem-
blables les uns aux autres. Même chose pour la Marseillaise, il
la reconnaît, peut avoir une image auditive de l'air entier
mais ne peut arriver à en répéter les notes. Il parvient cepen-
dant péniblement à répéter en sifflant les premières notes de la
gamme.
27 juin. L'amusie est un peu moindre et il reconnaît
de suite les airs que l'on siffle; toutefois, il est encore incapa-
ble de siffler et de chanter.
17 juillet. Il siffle maintenant, arrive même, péniblement
du reste, à siffler la gamme, il reconnaît les airs qu'il entend
mais il ne peut les répéter.
15 août. Après un très grand nombre d'exercices chaque
jour répétés, l'amusie a presque disparu, le malade reconnaît
immédiatement les airs les plus variés et il peut les siffler ;
mais en vertu de l'amnésie encore existante, il ne se souvient
qu'imparfaitement de ses chansons.
Surdité verbale.
13 avril. - Tandis que nous lui parlons, D ? regarde nos
lèvres, afin dit-il de mieux comprendre. Nous lisons le journal
à haute voix; des mots qu'il comprenait très bien auparavant
ne lui semblent selon son expression qu'un bourdonnement :
Ex. : Dispersion, harangue, équivoque.
MUTISME, APHONIE, AMNESIE, APHASIE. 349
Ces mois n'éveillent aucune image, puis après explication,
toutes les images correspondantes reparaissent.
Lors de l'exercice de la parole répétée, la difficulté de com-
préhension rapide des mots se traduit par un retard. Il doit,
dit-il, réfléchir un court instant avant de répéter chaque mot
pour trouver sa signification. Et cet exercice le fatigue
rapidement.
3 mai. D ? se plaint de ne pas toujours comprendre ce
qu'on lui dit, surtout lorsqu'on parle un peu vite, il répond
quelquefois non quand il faudrait dire oui.
7 mai. « Quand les malades parlent à plusieurs dans le
fumoir, il faut que je regarde leur bouche et que je tende
l'oreille pour comprendre la moitié de ce qu'ils disent. Quand
je ne regarde pas leur bouche je ne comprends presque plus
rien; c'est pour ça que je les regarde quelquefois avec un air
si hébété. Quand j'écoute une conversation, j'entends comme
un bourdonnement dans mon oreille gauche, je ne saisis un
mot que de temps en temps et s'ils disent une bêtise,je ris de
les voir rire et je n'ai pas compris.
«L'autre jour, on me disait un mot fort simple, et je le
répétais n'arrivant pas à comprendre ce qu'il voulait dire.
Quelqu'un au fumoir me parlait de céder et je ne me suis
souvenu de la signification de ce mot que lorsque j'ai entendu
parler de vendre. »
8 mai. Nous lui parlons de prestige, il répète le mot, ne le
comprend pas; il se met alors à faire des mouvements de son
bras gauche : « Je l'écris dit-il, pour tâcher de m'en rappeler
la signification » et il emploie par deux fois le même procédé
(Notons ici que, consécutivement à sa monoplègie brachiale
droite, D ? avait dû apprendre à écrire de la main gauche).
Comme nous lui demandons alors d'écrire le mot de la main
droite, il ne peut plus le prononcer, mais en ayant conservé
l'image visuelle il la déchiffre et retrouve le mot dont il ne
parvient pas à se souvenir de la signification.
Nous la lui indiquons, et il est alors facile de constater
qu'il l'avait oubliée, ouvrier assez intelligent il nous montra
qu'il savait ce qu'était le prestige.
18 mai. D ? déclare qu'il comprend mieux ce qu'on lui
dit, mais il doit encore faire répéter des mots, et il ne les com-
prend pas tous. -
27 juin. Il comprend maintenant couramment.
Cécité littérale. - Cécité verbale.
9 avril. Nous écrivons lisiblement :
Vous ne savez plus écrire ? Il met plus d'une minute à
lire cette question.
Ecris ton nom. Après une minute 1/2 d'efforts, il lit :
Crire crire.Au.. lu mon.-Nous lui montrons imprimés les
mots équilibre, surveillance. Il met une minute pour épeler
en scandant chacun de ces mots. Nous lui montrons le chiffre
350 CLINIQUE MENTALE
2. il le dit aussitôt; puis le chiffre 14, un, quatre, puis après
une demi-minute de réflexion : quatorze. Il n'est arrivé à ce
résultat qu'en comptant jusque 14 sur ses doigts. Il lit
facilement l'heure.
11 avril. La lecture est toujours difficile, le mot manus-
crit maison est lu en 10 "; la lettre l est toujours pour lui un
obstacle difficilement surmonté et il met 30 " pour la trouver
dans le mot manuscrit civil. La lecture de cette phrase impri-
mée :
« Un ami nous fait celle intéressante communication «
demande 1 minute i/2.
Il met 65 " pour déchiffrer le mot ancien dans un journal.
Il met près d'une minute pour lire la lettre t, lit très vite u,
moins vite s (10 "), é (20 "). Il met 45 " à chercher dans le
journal la lettre a.
Lç nombre manuscrit 3.450 est lu en 10 " le nombre im-
primé 4.913 est lu en 30 ". Il doit pour y parvenir lire d'abord
chiffre par chiffre.
12 avril. Il se plaint de lire moins bien qu'hier, il recon-
naît les lettres, les épelle,et ne peut arriver à lire le mot. Il a
m,s dix minutes ce matin pour lire le mot imprimé citoyenne.
Il prend le mot imprimé congrès, épelle les lettres, au bout de
trois minutes, déchiffre la première syllabe, puis une minute
après le mot entier.
13 avril. La difficulté est toujours très grande. La phrase
manuscrite : Vous pouvez fumer une cigarette, nécessite 65 "
d'efforts, il a lu lettre par lettre, puis a cherché les syllabes.
Il a compris le sens de la phrase. Pour lire la phrase imprimée ;
La session ordinaire des conseils généraux, il met 70 ".
Il lui faut 45 secondes pour lire le mot imprimé oiseaux, ce
temps se décompose de la façon suivante :
o (4 ") i (4 ") s ! 7")e(5")a(5")u(10")Y(10").
7 mai. La lecture est toujours des plus pénible, nous
cherchons à voir si le malade lit plus rapidement son nom
que d'autres et pour cela nous le plaçons en trois endroits
d'une liste que nous lui faisons lire. Or, tandis qu'il ne met
que 10 ", 10 " puis 6 " enfin pour lire son nom il met de 30 à
45 " pour déchiffrer les autres.
17 Juillet. - Le malade s'est beaucoup exercé, aussi
est-il fier des progrès qu'il a faits. Il devait au début lire
lettre par lettre, puis syllabepar syllabe, depuis huit jours,
il lit à peu près couramment.
Cécité psychique.
Dès le premier jour, D ? présentait une cécité psy-
chique très accusée, ne reconnaissait ni l'hôpital, ni les
médecins, ni les soeurs, et on a pu voir au cours de l'ob-
servation que ce n'est que peu à peu que ces troubles al-
lèrent en diminuant.
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 351
12 avril. Il peut arriver à se représenter la gare, l'hôtel
de ville d'Armentières, mais ne revoit pas telle ou telle rue,
il se représente la maison du docteur X., mais ne peut se
souvenir de la physionomie de ce dernier. Il a écrit à sa soeur
aujourd'hui, mais il ne se souvient plus de ses traits.
13 avril. « J'ai le coeur tout triste aujourd'hui, nous
dit-il, je ne sais pas pourquoi, cette mémoire qui ne revient
pas; tout à l'heure est venu un ouvrier avec qui je travaillais,
je ne l'ai pas reconnu, et je suis encore à me demander qui
c'est, son nom ne m'a rien dit. »
20 avril. -« J'ai hâte, nous dit-il, que ma soeur vienne,
pour voir si je la reconnaîtrai. »
29 Avril. En causant aujourd'hui de ses frères et soeurs
avec un de ses amis, il constata tout à coup qu'il pouvait
mentalement en évoquer l'image sans qu'il ait pour cela
aucun effort à faire.
7 mai. Il se souvient maintenant de la figure de certai-
nes personnes, de celle du médecin qui le soignait en ville,
après laquelle il « cherchait » depuis un mois. Par contre,
il n'a pas encore pu se souvenir de l'usage que l'on fait de
tel ou tel outil de menuisier dont il a la représentation
visuelle et auditive.
8 mai. D ? venant nous voir aujourd'hui s'est perdu
en route, alors qu'il connaît particulièrement bien la ville,
il a dû demander son chemin !
18 mai. Il ne se représente pas encore la ville, n'en revoit
pas les différentes rues.
20 septembre. Il peut à présent évoquer l'image de ses
parents. Toutefois il présente encore un peu de cécité psy-
chique, et il doit parfois demander leur nom à des personnes
qu'il connaît cependant très bien.
Agraphie.
9 avril. C'est en vain que nous demandons au malade
d'écrire son nom. Il y renonce. « Je ne sais pas comment
commencer, ça ne revient pas, il n'y a pas d'avance, dans
trois ou qualre jours je ne dis pas, je tremble trop. Notons
cependant que le tremblement lent, à oscillations très petites
qu'il présente est insuffisant pour l'empêcher d'écrire.
D ? finit par écrire quelques chiffres sous notre dictée, après
beaucoup d'efforts.
11 avril. Depuis avant hier D ? a fait de nombreux
efforts pour parvenir à écrire; nous lui demandons alors
d'écrire quelque chose; très lentement, avec des arrêts, il
écrit son nom et Armentières. Après Armenfiè, il arrête
quelques secondes pour réfléchir. « je ne savais plus comment
finir, pourtant je l'ai fait ce matin cinquante fois ! «. Il écrit
ensuite spontanément : Recevez je vous prie mes sincères sa-
lutations. Il a mis sept minutes pour écrire cette courte
phrase, avec des arrêts fréquents, après sa, il arrête plusieurs
352 CLINIQUE MENTALE,
secondes il savait bien nous dit-il, qu'il devait écrire la lettre
mais il ne se souvenait plus de sa forme. Il écrit sous notre
dictée :
Nous sommes aujourd'hui lundi.
chaque lettre étant épelée, il a mis 8 minutes pour le faire;
l'l de lundi lui a demandé beaucoup de recherches, on vient
de voir que même difficulté se présenta pour 1' de salutations,
au reste en relisant ce mot il n'en reconnaissait pas l'I, et ce
n'est qu'en épelant le mot qu'il la retrouva.
Nous le prions ensuite de recopier la phrase que nous
venons de lui dicter, il le fait en une minute .
La copie de la phrase imprimée : Un ami nous fait celle
très intéressante communication, est effectuée en 8 minutes,
le malade a surtout beaucoup de peine à retrouver la manière
d'écrire la lettre f.
12 avril. D ? met plus d'une minute pour écrire le mot
civilité, il ne savait plus comment faire un c.
13 avril. Il met 40 " pour écrire le mot dispersion, il
l'épelle cependant très bien, et la difficulté consiste simple-
ment pour lui à retrouver les mouvements nécessaires pour
former les lettres. 70 " lui sont nécessaires pour écrire sous
dictée, de la main gauche à l'aide de laquelle il avait l'habi-
tude d'écrire ces quatre mots : je sais bien écrire.
7 mai. Le malade écrit un peu plus facilement, cepen-
dant il met encore 20 " pour écrire son nom,et 1 minute pour
écrire le nom d'une autre personne, Dubar par exemple,
il doit alors s'arrêter après le b « il ne savait plus former l'a
et l'r qu'il voyait pourtant devant lui. « Pour mon nom,
dit-il, je l'ai écrit tout de suite, pour écrire Dubar j'ai cherché
à le voir quelque part inscrit pour trouver la première lettre,
je l'ai vu devant les yeux j'ai écrit Du puis j'ai dû- fixer
pour voir le b et regarder les dernières lettres.
Pour son nom au contraire, il nous fait remarquer qu'il l'a
« écrit tout de suite « c'est à dire sans chercher à avoir une
représentation visuelle du mot.
17 juillet. Les progrès sont lents, il met encore une
minute et demie pour écrire spontanément : ,le voudrais être
content un jour, il est toujours obligé de fixer devant lui afin
d'avoir la représentai ion visuelle des mots.
20 septembre. D ? écrit presque couramment il présent.
Langage intérieur.
Cliez D ? comme c'est du reste la règle, les images auditives
apparaissent au premier plan.
20 avril. Toutes les fois que je cherche quelque chose,
dit-il, c'est d'abord un son que j'entends mais il n'en est pas
toujours ainsi.
7 mai. Pensant à un outil : « je le vois devant les yeux,
dit-il, je sais à quoi il sert, après quelques instants, j'entends
MUTISME, APHONIE, AMNESIE, APHASIE. 3S3 J
le nom de l'outil, il est composé de deux syllabes, mais je ne
puis le prononcer ni le voir écrit.
Nous lui demandons de penser à quelque chose. Il pense à
une civière. Tout d'abord il l'a vue, ensuite il en a entendu
le mot sans qu'il puisse le prononcer sans qu'il puisse non
plus en avoir l'image visuelle et contrairement à ce qu'il
fait pour certains mots qu'il parvient à prononcer en déchif-
frant leur image visuelle, ici c'est en utilisant exclusivement
l'image auditive qu'il a pu le faire.
D'autres fois, c'est l'image auditive qui fait défaut alors
que l'image visuelle peut être évoquée.
Parfois enfin s'il pense à un objet il en a la représentation
visuelle et ne trouve pas l'image visuelle du mot ou inver-
scmenL.
Etat mental.
13 avril.- Dès le moment où D ? recommença à parler,
son unique préoccupation fut de se demander ce qu'il allait
devenir. Ecoutons-le : « Je pense toujours à mon travail, si
les patrons voudront encore de moi, ça me casse la tête de
savoir qu'on dit en ville que je suis fou; mes enfants sont là,
je dois encore gagner du pain pour eux. Chaque fois que
j'essaie de lire le journal, j'ai du chagrin, l'idée de ne plus
savoir lire, l'idée de n'avoir plus de mémoire, je ne saurai
plus travailler, on me mettra à la porte) ' La nuit il ne dort
pas. Il n'existe chez lui aucune idée délirante, pas d'hallu-
cinations, pas d'illusions.
7 mai. D ? est toujours très affecté de son état : « il y a
des moments, je suis comme saisi, j'ai l'estomac serré comme
si j'avais commis un crime, on dirait qu'il va m'arriver
toutes sortes,de maux. je ne suis bien nulle part, il faut que
je sois avec quelqu'un, qu'on me parle, ou bien je me demande
ce que je vais devenir, je me dis : que je suis simple, puisque
le docteur m'a dit que ça allait se passer, mais je n'ai pas fait
cent mètres que ça recommence, je me vois jeter la pierre
par tout le monde, pour le travail, pour tout, et alors j'ai
beaucoup de mal dans la tête.
Quand je ne regarde pas les lèvres des malades qui parlent
dans le fumoir, je ne comprends presque plus rien, aussi
quand deux personnes parlent entre elles à côté de moi. je
crois toujours qu'on dit du mal; je me dis bien que ça n'est
pas vrai, mais il n'y a pas d'avance,j'ai toujours cette idée-là.
8 mai. D ? nous dit qu'il devient de plus en plus défiant.
Il est triste, verse des larmes, soupire : « je voudrais savoir
la maladie que j'ai, je me dis que je suis abandonné, que je
ne vais jamais guérir. » .
18 mai. L'amnésie diminuant, D ? reprend courage, il
s'occupe régulièrement à l'hôpital.
15 juillet. Toute dépression a disparu.
, le octobre 1906. Actuellement D ? est complètement
guéri, mais il présente toujours les troubles du caractère si
dncnlvss, 2' série 1906, t. XXII. ·'3
354 CLINIQUE MENTALE.
fréquents chez les hystériques, peu attentif, sans grande
volonté il se laisse facilement entraîner par ses camarades.
, Sensibilité.
Troubles objectifs.
Durant toute la durée de son séjour il l'hôpital, D ?
présenta parfois avec de grandes variations des troubles
multiples de la sensibilité. C'est ainsi que le 4 juin, il y
avait hémianesthésie totale du côté gauche à ligne
de démarcation à peu près rigoureusement médiane. La
différence entre les deux côtés étant surtout très accusée
pour les sensations thermiques et douloureuses; les pi-
qûres étant perçues à gauche comme de simples frotte
ments, tandis que quinze jours auparavant les zones
d'anesthésie étaient irrégulièrement distribuées, le froid
par exemple était mieux senti au membre inférieur gau-
che en avant et au membre inférieur droit en arrière.
La sensibilité musculaire paraissait également altérée,
aussi D ? ne percevait-il pas des différences de poids
très accusées. Du côté de la main droite, si à une pièce
de 5 centimes placée dans la main, on ajoute une pièce
de 5 francs en argent, il ne saisit guère de différence,
alors qu'à gauche la même expérience donne des résul-
tats normaux. Dans la main droite, ces deux pièces
successivement placées ne paraissent pas de diamètre
différent au malade, mais il reconnaît que ce sont des
pièces de monnaie.
D ? trouve même que la pièce de 5 centimes pèse plus
lourd que celle de 5 francs en argent; pour moi dit-il
ça doit être la pièce de 5 francs qui est la plus lourde,
c'est pourtant l'autre qui me parait peser le plus ! Rien
de pareil à gauche. Nous devons remarquer que ce jour-
là, l'anesthésie cutanée était plus marquée à droite.
Troubles subjectifs.
7 août. Dès notre premier examen, D ? nous fait com-
prendre = il présentait alors du mutisme qu'il a mal à la
tête, et il désigne avec la main la région répondant au pied des
circonvolutions frontales gauches.
3 mai. La céphalée est toujours la même, localisée à
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 355
gauche, elle était plus marquée la veille car il était sorti le
jour précédent et s'était en rentrant querellé avec un autre
malade. -
18 mai. Même céphalée, gênante toujours localisée.
Les efforts intellectuels nécessités par les exercices que nous
lui proposons et par ceux auxquels il se livre durant la jour-
née : lecture, écriture, par exemple, augmentent la douleur,
cela, dit-il, lui bouleverse la tête.
7 juin.-D ? se plaint toujours de la tête, il souffre dès le
réveil jusqu'au coucher. La céphalée est toujours localisée à
gauche, elle s'accroît lorsqu'il est inactif, ou réfléchit, aussi
il demande à s'occuper.
17 juillet.- La céphalée persiste avec les mêmes caractères.
« On dirait que j'ai reçu un coup de marteau sur la tête et
que je conserve le mal ».
A noter que la région superficielle correspondante est
moins sensible que celle du côté opposé.
20 septembre. Depuis quelques jours, la céphalée a dis-
paru.
5 octobre. Elle réapparut passagèrement celte nuit
tandis qu'à la suite d'une émotion les derniers souvenirs
réapparaissaient.
Signalons pour terminer l'absence de troubles du côté de la
sphère génitale. D ? ne présentait aucune excitation géné-
tique, il nous déclara du reste qu'il avait toujours été plutôt t
frigide.
Troubles sensoriels.
Goût. La sensibilité au tact et à la douleur est diminuée
à gauche, normale à droite au niveau de la langue et de
la face interne des joues. La perception des sensations
gustatives parait retardée à gauche.
Odoral. - La face interne des narines est plus sensible
à droite qu'à gauche. Les sensations olfactives sont tantôt
mieux percues à droite qu'à gauche, d'autres fois, c'est
le contraire ; ainsi le 27 juin.les odeurs sont mieux perçues
du côté gauche
Ou'ie. -- La paroi interne du conduit auditif externe
est plus sensible à gauche qu'à droite. Les deux pavillons
ayant une sensibilité à peu près égale, le droit étant cepen-
dant parfois plus sensible.
L'exploration de la sensibilité tympanique montre qu'à
gauche il est possible de toucher le tympan avec un crin de
Florence sans déterminer de sensation désagréable, tandis
qu'à droite cet attouchement est douloureux.
A gauche, l'acuité auditive paraît généralement bonne,
le tic-tac d'une montre est entendu à des distances variant
selon le moment de l'examen; un jour il n'est plus entendu
à 15 centimètres, un autre il est perçu jusqu'à 25 centimètres.
356 CLINIQUE MENTALE.
Lorsqu'il est plus troublé, le malade accuse une diminution
d'acuité plus grande encore et à 3 centimètres il n'entend
plus le tic-tac. ce qui d'ailleurs ne l'empêche pas d'entendre
ce qu'on lui dit.
A droite, la montre doit être appliquée contre le pavillon
pour que son tic-tac soit perçu, d'autres fois il est entendu
encore à 10 centimètres.
Fw, 14. - IIémi81HIIlW facial à gauche.
A l'épreuve de Rinne, nous constatons qu'à gauchc
le Rinne est positif, tandis qu'à droite il est négatif. Dans
l'épreuve de Weber, le bruit du diapason est plus nettement
perçu à gauche, alors que d'après l'épreuve précédente,
c'est le contraire qui devrait être constaté. Le tympan est
d'apparence normale tant d'un côté que de l'autre.
Rappelons ici que le malade nous fit signe le jour du
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. SG7
premier examen qu'il présentait des phénomènes vertigineux,
et se sentait entraîné en avant. Il existe quelques troubles
subjectifs. On dirait, dit-il, que j'entends par moments
une machine qui passe à grande vitesse.
Vue. Nous avons signalé ailleurs le blépharospasme
gauche présenLé par le malade.
On ne constatait pas d'autres troubles de la musculature
ocul-iire. Cependant les examens prolongés amènent lorsque
les globes oculaires sont portés dans les points extrêmes
des secousses nystagmiformes.
Le reflexe à la lumière est conservé. L'accommodation
est gênée, et lorsque le malade fixant au loin est prié de
regarder un point rapproché, il a quelque peine à le faire.
Le sujet est hypermétrope.
La cornée est à droite et à gauche plus sensible en bas
qu'en haut.
La conjonctive bulbaire est peu sensible à gauche, elle
l'est un peu plus à droite, de même que la conjonctive
palpébrale. Le reflexe cornéen est aboli pour la partie supé-
rieure, conservé pour la partie inférieure.
L'acuité visuelle est bonne, mais le malade se fatigue
extrêmement vite, surtout à gauche.
Le champ visuel tant à droite qu'à gauche, est rétréci
concentriquement. surtout pour le blanc, le jaune et le
vert pour lesquels il ne dépasse pas dix degrés; pour le
rouge il atteint 37" du côté externe, 30 du côté interne,
20 en haut, 30 en bas. Nous devons du reste constater que
les résultats de l'examen campimétrique, variaient au sur
et à mesure que l'examen se prolongeait, le malade se e
fatigant extrêmement vite.
Il existe de la dyschromatopsie, le vert est vu normalement
à gauche, il paraît gris à droite; le jaune paraît plus pâle
à droite, le rouge également, cette dernière couleur semble
au malade mélangée de noir.
Pas de polyopie monoculaire. Pas de scotome central.
Le fond de l'oeil est normal.
TROUBLES MOTEURS.
On a trouvé au début de cette observation l'histoire
de la paralysie flasque du bras droit qui dura près de dix
ans. Lors de son arrivée à l'Hôpital, D.. pouvait mouvoir
ce membre, 'mais il ne pouvait le lever au-dessus de l'hori-
zontale ; quand il tentait de le faire, il éprouvait une douleur
au niveau de 'l'articulation gléno-humérale dont les mouve-
ments paraissaient limités. Tous les autres mouvements
de l'avant-bras sur le bras et de la main s'effectuaient
librement, la force était peu diminuée de ce côté.
On ne constatait aucun autre phénomène parétique.
Par contre il existait un hémispasme facial gauche que la
photographie reproduite ici permet de constater.
3JS CLINIQUE MENTALE.
Le muscle frontal gauche se contractait parfois spas-
rcc. 15.- Atrol : Lic du brus droit, secondaire à une paralysie l1as-
que hystérique, guérie subitement après une durée de huit ans.
Photographie prise trois mois après le retour des mouvements.
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE. APHASIE. 350
modiquement et le sourcil gauche était alors plus élevé que
le droit, mais normalement il était abaissé secondairement
. au spasme de l'orbiculaire des paupières. On peut voir
sur la photographie que la fente palpébrale gauche, est
notablement plus petite que la droite; à remarquer aussi
les plis verticaux du front.
Les muscles de la joue gauche étaient également dans un
état spasmodique plus accusé encore lorsque le malade
parlait ou souriait. Le pli naso-génien était plus marqué de
ce côté.
Il n'existait pas de spasme de la langue.
Du côté du larynx, l'examen pratiqué le 21 avril, alors
que le sujet présentait une aphonie très marquée, permit
de constater l'intégrité des fonctions des cordes vocales
et des mouvements des arytenoïdes.
Réflexes. Tous les reflexes tendineux et cutanés
étaient normaux, le reflexe pharyngé également.
TROUBLES TROPHIQUES
Bien que le retour de la sensibilité et du mouvement
dans le bras droit remontât à près de trois mois, l'atrophie
du membre était encore bien marquée au mois d'avril 1904,
et elle se voit fort bien sur la photographie prise à cette
époque et reproduite ici.
Voici quelques mensurations effectuées en des points
symétriques des bras droit et gauche :
Circonférence partie moyenne du bras 21 centimètres
il droite, 25 centimètres à gauche.
Circonférence au niveau de l'olécrâne 22 centimètres
à droite, 23 centimètres à gauche.
Circonférence de la partie supérieure de l'avant-bras
21 c. à droite, 23 centimètres à gauche.
Circonférence de la partie inférieure de l'avant-bras
15 centimètres à droite, 16 centimètres à gauche.
Circonférence au niveau de la paume de la main 18 centi-
mètres à droite, 19 c. 5 à gauche.
Circonférence de l'index à sa racine 6 centimètres à
droite, 6 c. 5 à gauche.
Circonférence du pouce à sa partie moyenne 6 centimètres
à droite, 6 c. 5 à gauche.
RÉSUMÉ.
Un. homme de 39 ans, menuisier, ne présentant pas
d'autres antécédents héréditaires que l'alcoolisme et le
nervosisme paternel, n'ayant jamais présenté de symp-
tômes hystériques manifestes, subit en janvier 189G un
léger traumatisme de l'épaule droite à la suite duquel une
360 CLINIQUE MENTALE.
paralysie flasque du bras droit s'installa progressive-
ment, accompagnée d'anesthésie absolue du membre.
Jusqu'au mois de décembre 1903, c'est à dire durant
huit ans, l'état du bras reste stationnaire, lorsqu'une
nuit, à la suite d'un rêve, le sujet s'éveille et constate que
son bras peut se mouvoir et qu'il est redevenu sensible.
Quelques mois après, à la suite de chagrins, de la perle
de sa place, peut-être aussi consécutivement à quelques
excès alcooliques, le malade présente des troubles men-
taux passagers, que nous croyons être de l'onirisme
hallucinatoire. Ces troubles ne durent que quatre jours;
il présente ensuite un mutisme absolu, cessant la nuit
pendant le rêve; deux jours après le sujet, peut parler,
mais il est aphone et amnésique. Amnésie très marquée,
rétro-antérograde, accompagnée d'aphasie motrice légère,
d'amusie et de surdité musicale complètes, de surdité
verbale légère, de cécité verbale et de cécité psychique
très accentuées, d'agraphie. Céphalée localisée au niveau
de la région temporo pariétale gauche.
Non délirant, il présente simplement un état de dépres-
sion mélancolique en rapport avec le chagrin que lui
cause son amnésie et avec la crainte de ne plus pouvoir
travailler.
Les signes physiques constatés sont un hémispasme
facial gauche, une atrophie du bras droit des adhé-
rences fibro-tendineuses limitant les mouvements des
doigts de la main droite avaient été antérieurement
brisées par nous -, et des troubles sensitivo-sensoriels
multiples, variant fréquemment, se groupant parfois
sous la forme d'hémianesthésie sensitivo-sensorielle.
Rien à l'examen laryngoscopique.
L'amnésie, l'aphonie, et l'aphasie présentées par le
malade disparurent progressivement sous l'influence
de la suggestion à l'état de veille et de l'isolement.
Sept mois après le début des accidents, ceux des sou-
venirs qui étaient restés encore absents réapparaissaient
à la suite d'une émotion, l'aphonie cessait en même
temps. L'aphasie motrice peu marquée du reste, avait
disparu depuis un mois; l'amnésie également. La sur-
dité verbale n'avait duré que 3 mois, la cécité verbale 4.
Après 7 mois il existait encore un peu de cécité psy-
MUTISME, APHONIE, AMNÉSIE, APHASIE. 361
chique et d'agraphie. Un an après le début, le malade
pouvait être considéré comme guéri complètement. Il
travaille à présent de son métier de menuisier.
Il n'est point besoin de s'attarder ici à discuter un
diagnostic qui s'impose.La monoplégie brachiale si carac-
téristique, sa guérison subite à la suite d'un rêve, avaient
classé le malade parmi les hystériques.
Le mutisme cessant pendant le rêve, l'aphonie coexis-
tant avec l'intégrité de l'appareil vocal, l'amnésie retro-
antérograde, l'aphasie irrégulière, survenus après des
troubles mentaux que nous considérons comme des
équivalents de l'attaque, les troubles si variés et si mo-
biles de la sensibilité, tous les symptômes enfin, cons-
tatés chez D ? étaient des manifestations de l'hystérie.
Notre intention n'est pas d'insister sur les diverses
particularités de cette observation; nous ne voudrions
cependant pas manquer de faire ressortir le rapproche-
ment que l'on peut faire entre la monoplégie droite,
les phénomènes aphasiques et la céphalée localisée de
façon persistante au niveau de l'hémisphère gauche.
Ce n'est du reste pas là un fait isolé, Raymond et Janet
ont déjà insisté sur ce point. Peut-être existait-il chez
D ? au niveau de l'écorce cérébrale gauche l'épine orga-
nique qui, selon l'expression de Dupré, provoque l'appa-
rition et détermine le siège des accidents hystériques.
Le nombre, la variété des phénomènes observés, nous
ont invité à publier cette observation qui montre bien
que l'hystérie peut réaliser les troubles les plus divers
do la fonction du langage.
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demande de surveillante :
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D1' CHAPON.
PATHOLOGIE INTERNE
La tuberculose dans les asiles d'aliénés [Suite) ;
PAR MM.
D' MARIE D' J. ROLLET
Médecin en chef Interne
à l'asile de `'illc,juif.
REMÈDES ET PROPHYLAXIE
2° Sélection. - Diagnostic précoce par les moyens de cli-
nique et de laboratoire. -Echanges respiratoires. Re-
cherche du bacille. -Epreuve de la tuberculine. -Séro-
diagnostic de Arloing et Courmont.
2° Isolement. - Désinfection et hygiène. - Circulaire mi.
nistérielle du 15 juin 1901. -- Les mesures dans les
asiles actuels. - Création de sanatoria; tentatives en
France et exécution à l'étranger.-L'assistance familiale.
Isoler les aliénés tuberculeux, employer toutes les res-
sources de l'art et de la nature à leur guérison, préserver
de la contagion les sujets indemnes, telles sont les
mesures actuellement à l'étude dans la plupart des con-
grès spéciaux et des commissions officielles, et qui
reçoivent en France et à l'étranger un commencement
d'exécution.
Depuis quelques années s'étend aux asiles le grand
mouvement international de la lutte antituberculeuse,
à la tête duquel nous voyons chez nous les Prof. Grancher
et Landouzy, auquel s'étaient consacrés Strauss et
Brouardel et que mènent Koch et Behring en Allemagne,
Maragliano en Italie.
1° Les moyens de sélection
On comprend tout d'abord la nécessité d'une sélection
préalable concernant les aliénés tuberculeux avant
l'entrée ; l'examen somatique au point de vue de la
tuberculose doit être aussi rigoureux chez eux qu'il l'est
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES n'ALIÉNÉS. 363
pour l'admission au service militaire et à la plupart des
services publics chez les sujets normaux.
Mais, alors que chez ces derniers la recherche d'une
phtisie latente ou au début est parfois extrêmement déli-
cate, cette difficulté s'augmente, chez les aliénés, de la
superposition des deux états physique et psychique et de
leur retentissement l'un sur l'autre. Rappelons la ques-
tion difficile, que nous avons esquissée, des psychoses
prétuberculeuses.
Il est inutile de discuter les signes physiques des cas
avancés et le traitement médical qu'ils réclament ; notre
tâche est de passer en revue les moyens de diagnostic
précoce à l'admission dont peut disposer l'aliéniste,
moyens cliniques qui s'augmentent chaque jour de nou-
velles méthodes de laboratoire.
Température. C'est d'abord la température qui,
normale chez les tuberculeux sains d'esprit pendant un
laps de temps prolongé, est élevée au moins au moment
de l'admission chez les déments vrais en particulier,
soit que la décision prise à leur égard ait été causée par
un acte insensé tendant à allumer la fièvre, soit que
l'excitation mentale due au changement de milieu pro-
duise le même effet.
Il est donc utile de faire prendre pendant la première
semaine la température des malades entrants le, matin
et le soir vers six heures, et de les soumettre à une sur-
veillance spéciale en cas de résultat positif. Cette
méthode est appliquée dans notre service à l'Agile de
Villejuif.
Poids. Nous faisons également pratiquer la pesée
systématique des malades et nous tenons pour suspects
les cas de diminution de poids se maintenant pendant
les premiers mois de l'internement, surtout s'ils s'accom-
pagnent de dépression et d'anorexie ; on élimine facile-
ment les cas d'excitation et de paralysie générale.
Les signes basés sur les antécédents du sujet, son
facies et son habitus extérieur, l'examen séméiotique
du poumon avec les modifications du rythme, du timbre
et de l'intensité respiratoire, pratiqué selon la méthode
infiniment délicate du Prof. Grancher, sont les meilleurs
304 PATHOLOGIE INTERNE.
moyens de diagnostic précoce. Toutefois en l'absence de
signes généraux marqués, faute de renseignements
fournis par l'examen physique au doigt qui percute et à
l'oreille qui ausculte, on a fait appel à des moyens d'inves-
tigation accessoires, empruntés moins à la clinique qu'au
laboratoire, et que nous trouvons résumés par Achard
(Congrès international de la tuberculose de 1905) de la
façon suivante :
1° Signes de probabilité ; ce sont : l'instabilité ther-
mique et le cytodiagnostic, l'épreuve leucocytaire par le
vésicatoire, l'albuminurie prétuberculeuse, l'étude du
tracé respiratoire, du chimisme respiratoire (dont la
valeur est contestée), la diazoréaction d'Ehrlich qui ne
donne de résultats que dans les formes aiguës ou avancées,
enfin la radiographie qui n'est qu'un moyen tardif.
2° Il considère comme signes de certitude l'existence
du bacille, la réaction à la tuberculine et la séroagglu-
tination.
Si ces moyens de diagnostic ne valent pas les anciennes
méthodes d'investigation, il convient toutefois d'insister
sur ceux qui ont le plus de valeur.
Les échanges respiratoires. Au même Congrès de
1905, le Prof. Robin a signalé l'importance, au point de
vue du diagnostic précoce de la phtisie, de l'examen
spirométrique et des altérations du rythme respiratoire
comparé au rythme circulatoire ; cette rupture des
concordances fonctionnelles pulmonaire et cardiaque,
qui serait un signe prémonitoire caractéristique d'état
de moindre résistance, a précisément été signalé depuis
quelque temps par les aliénistes chez les délirants
déprimés qui sont des candidats indiqués pour la tuber-
culose.
D'après Robin et Binet, les échanges respiratoires
sont augmentés chez les phtisiques à toutes les périodes
de la maladie; cette aptitude à fixer trop d'oxygène et à
fabriquer trop d'acide carbonique, jointe à l'existence
d'une déminéralisation excessive, est commune aux
états de déchéance qui précèdent la tuberculisation
pulmonaire.
C'est donc en s'arthritisant, c'est-à-dire en ralentis-
LA TUBERCULOSE DANS L ? S ASILES D'ALIÉNÉS. 365.
sant leur nutrition que les tuberculeux au début peuvent
lutter contre le bacille de Koch.
Nous devons toutefois, sur ce thème, observer la plus
grande réserve, car la savante théorie du Prof. Robin
est encore discutée; d'après le DI' Charrin les combus-
tions intra-organiques, mesurées par les échanges res-
piratoires, conservent leur valeur normale aussi bien
au début que dans l'état de tuberculose confirmée, et la
nature de ces combustions ne peut en aucun cas servir
au diagnostic précoce de la tuberculose pulmonaire.
Mais ce sont là des investigations délicates et difficiles
à mettre en pratique courante ; le laboratoire et le mi-
croscope fournissent d'autres moyens d'enquête.
Recherche du bacille. La recherche du bacille de
Koch dans les expectorations est classique ; elle a l'in-
convénient d'être tardive. Mais en décrivant les travaux
d'Anglade sur la propagation de la tuberculose par les
selles bacillifères, nous avons mis en valeur cette
étiologie assez spéciale aux aliénés ; aussi l'examen
bactériologique des selles est-il un moyen de recherche
dont il est utile de connaître la technique et qu'on vou-
drait voir entrer davantage dans la clinique.
Après dessiccation à l'air et fixation, par le chloroforme, d'une
parcelle de liquide diarrhéique, il traite la préparation par la
méthode de double coloration (liquide de Ziehl, décoloration
par l'alcool chlorhydrique, bleu de méthylène, etc.)
Pourtant ce procédé de diagnostic, qu'Anglade consi-
dère comme aisé, semble présenter des difficultés, de
l'avis de Dieulafoy, qui considère sa réussite comme un
fait exceptionnel (1), et de Le Gendre pour qui « la pré-
sence du bacille de Koch dans les selles des tuberculeux
n'est pas toujours facile à mettre en évidence (2) ».
La technique de cette recherche a du moins le mérite
de déceler la nature tuberculeuse d'une entérite primi-
tive chez des sujets sains au point de vue pulmonaire.
Par un procédé indirect, Anglade obtient des résultats
positifs' en inoculant à des cobayes un demi-centimètre
cube d'eau mise au contact avec des selles bacillifères
(1) L)ILULAI-0Y. -Path. int., t. III, p. 368.
(2) 13oucil,111) et Itocrn. - l'uth. gén., t. IV. p. 602.
336 6 pathologie interne.
fraîches, ou d'eau souillée par des poussières fécales
infectées, desséchées sur des linges depuis trois semaines.
Le Dl' de Nabias a présenté au Congrès de 1905 une
autre technique qu'il donne comme plus rapide et plus
certaine que le procédé par frottis direct.
Après avoir délayé les matières suspectes avec de l'alcool
étendu, on reprend la masse par l'éther qui surnage et on voit
un mouvement ascensionnel de l'alcool qui entraîne les particules
les plus légères, parmi lesquelles les microbes ; à la surface se
forme un voile dont on rait un frottis, qu'on fixe et qu'on traite
par le Ziehl.
Mais la recherche du bacille de Koch dans les selles
n'est pas un moyen de diagnostic précoce et n'est facile
que s'il pullule dans l'intestin, c'est-à-dire à une époque
où les lésions sont avancées et où le malade est depuis
longtemps un foyer d'infection et un point de départ de
dissémination microbienne.
Parmi les nombreux moyens proposés au Congrès de
la tuberculose de 1905 pour dépister le plus tôt possible
une bacillose latente, nous en retenons un basé sur de
sérieuses expériences et qui a la mérite d'une extrême
simplicité (1) :
Alors que les urines d'un individu sain, recueillies et
conservées aseptiquement, ne gardent leur acidité que
pendant un laps de trois à sept jours, celles des tubercu-
leux restent acides pendant une quinzaine de jours pour
une tuberculose au premier degré, et la réaction paraît
se conserver d'autant plus longtemps que les lésions
sont plus avancées.
On élabore à l'heure actuelle diverses tuberculines
dans un but thérapeutique qui reste à atteindre ; mais
la réaction thermique qui suit leur administration a
fourni un moyen de diagnostic précoce qu'on emploie
avec succès, semble-t-il, surtout à l'étranger.
Pour le Der Eric France, de l'Asile de Northumberland,
les injections de tuberculine de Koch constituent un
moyen de recherche précieux et inoffensif ; il a rendu
compte de sa façon de procéder (2).
(1) 1.lLAfJAC. - Comm. au Congrès de la tuberculose, 1905.
(2) Journal of ment, science, oclobre 1897.
la tuberculose dans LES asiles d'aliénés. 367
Les malades qu'un amaigrissement graduel a rendus
suspects reçoivent sous la peau un centimètre cube d'une
solution à 1 /100 de tuberculine de Koch ; la température,
notée avant l'injection, est prise toutes les trois heures ;
si, dans les douze heures qui suivent, l'élévation ther-
mique dépasse 2 degrés, le diagnostic est acquis.
La statistique porte sur 40 malades ; 18 non suspects
servaient de contrôle et n'ont pas réagi ; sur 22 malades
suspects injectés, 7 n'ont pas réagi et n'ont présenté par
la suite aucun signe d'évolution bacillaire. Sur les 15 cas
qui ont eu l'élévation thermique attendue, il y avait
5 tuberculoses pulmonaires reconnues cliniquement,
quatre tuberculoses locales (tumeurs ganglionnaires) et
six cas simplement douteux et qui ont évolué vers la
tuberculose confirmée.
Aux Etats-Unis, le Dr Neff (1) emploie la tuberculine
de Koch en solution au millième dont il injecte deux
milligrammes et note l'élévation de température dans
un délai de 8 à 15 heures après l'injection ; il la considère
comme un bon moyen de révéler l'infection chez les
aliénés qui se prêtent malaisément à l'auscultation, bien
que l'absence de réaction ne permette pas d'affirmer
un terrain indemne de tout germe bacillaire.
En Italie, à l'Asile de Quarto-al-Mare, le Dr Luigi
Scabia fait également le diagnostic préalable des aliénés
à isoler par la tuberculine (2).
Il ne semble pas qu'en France l'emploi de cette réac-
tion donne la même satisfaction qu'à l'étranger et nous
ne connaissons pas d'établissement où elle soit entrée
dans la pratique courante du diagnostic. On a bien fait des
tentatives analogues avec le sérum salin physiologique
isotonique du sérum sanguin, qui a le mérite d'être inof-
fensif, et on a obtenu des réactions thermiques instruc-
tives ; mais c'est un sujet à l'étude que nous ne pouvons
que signaler. '
Sérodiagnostic d'Arloing et Courmont. En France,
on applique depuis peu au diagnostic qui nous occupe
la séro-agglutination découverte par Widal pour la fièvre
(1) American Journal of insauitY,,janvier 1S99.
(2) Annale di frenatria. IX, 1899.
338 pathologie interne.
typhoïde. Le principe est absolument le même : si on
met en présence d'une culture homogène de bacilles de
Koch, du sérum de tuberculeux, on voit au bout d'un
certain temps les bacilles s'agglutiner en amas et on dit
que le séro-diagnostic est positif.
Ce qui rend cette affirmative plus délicate que pour la
fièvre typhoïde, c'est que les cultures en bouillon de
bacilles d'Eberth sont uniformes et homogènes, et que
celles de bacilles de Koch sont en écailles ou en voile où
les microbes sont d'eux mêmes agglomérés.
La première culture de tuberculose homogène d'ori-
gine humaine fut obtenue par Arloing et, remarque
intéressante, c'est cette même culture qui, conservée et
entretenue au laboratoire de Pathologie expérimentale
de Lyon, a été transmise à tous les laboratoires qui
s'occupent actuellement de ces recherches.
Jousset propose de remplacer les cultures vivantes,
difficiles à obtenir et à entretenir, par des émulsions
artificielles de bacilles morts, additionnées d'antisepti-
ques (méthode de Wright), formant un réactif toujours
prêt à servir et favorable à 1 /20 (Société de biologie,
24 juin 1905).
La méthode d'Arloing et Courmont a donné des résul-
tats probants, d'abord à ses auteurs, qui en 1900, l'ont
appliquée à 130 sujets et ont eu des résultats positifs
dans une proportion de 35 %. C'est à peu près la pro-
portion obtenue par MM. Grisez et Job (40 %) qui pré-
conisent l'emploi de la séroagglutination pour le dia-
gnostic précoce de la tuberculose dans l'armée (1). Saba-
réanu et Salomon ont obtenu jusqu'à 59 %.
Nous avons commencé à employer le sérodiagnostic
pour dépister les cas de tuberculose latente ou au début
chez nos malades ; mais nos recherches, poursuivies au
laboratoire de l'asile de Villejuif, ne donneront de
résultats d'ensemble qu'ultérieurement.
2° L'isolement et la prophylaxie.
Une fois la sélection faite, le médecin doit s'imposer
(1) GHISEY. et JOB, - Dingn. précoce de la tuberculose par la séro-
réac61on. Revue de médecine, sept. 1906.
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 360
la double tâche de soigner les tuberculeux aliénés et
d'autre part d'éviter la tuberculisation consécutive des
aliénés jusque-là indemnes.
Elle est passée, l'époque où la société, aussi bien que
les médecins, considéraient l'évolution de la maladie
comme inévitablement fatale. Sans remonter à Hippo-
crate où nous trouvons déjà la notion de sa curabilité,
on sait que Laënnec et, vers la même époque, Carswell
(de Londres) trouvaient dans les recherches anatomo-
pathologiques des preuves décisives de la guérison de la
phtisie pulmonaire. La phtisie est curable, répète l'au-
torité de Jaccoud et de Bouchard, à toutes les périodes
et surtout au début. Grancher la considère comme
« la plus curable des maladies chroniques, car au lieu
« d'être un néoplasme misérable et sans organisation,
« le tubercule tend naturellement à l'organisation fi-
« breuse. »
Mais dans la majorité des cas l'organisme se suffit
mal à lui-même pour la lutte et il faut lui venir en aide.
« Mais comme dit Duclaux, on est d'autant plus sûr du
succès qu'on intervient plus tôt. »
Or, dans un asile public, l'aliéné n'a p'us pour pro-
tecteurs que les fonctionnaires de l'Etat; c'est à ceux-ci
de faire pour ces déshérités tout ce qui est en leur pou-
voir, de prendre pour tous des mesures de prophylaxie
générale et, pour chacun de ces inconscients, et pour
ainsi dire à sa place, des règles de traitement et d'hy-
giène personnelle.
Avant tout, l'aliéné tuberculeux doit être isolé; c'est
une règle classique, le premier axiome de la lutte anti-
tuberculeuse ; nous le trouvons en tête de toutes les con-
clusions de travaux des spécialistes, des rapports des
commissions et des voeux des Congrès d'Assistance; en
particulier il a été formulé par MM. Landouzy et Mosny
au Congrès de Naples, dans leur Rapport sur la propaga-
tion et la1prophylaxie de la tuberculose (1) et nous le trou-
vons dans le projet de loi de Dubief (Art. 29) pour l'amé-
nagement des locaux spéciaux dans les établissements
d'aliénés.
Les mesures à prendre pour cet isolement sont varia-
(1) XI Congrès d'hygiène et de démographie, août 1900.
Archives, 2' série, 1506, t. XXII. 24
37Q PATHOLOGIE INTERNE
bles suivant les moyens dont on dispose; mais indépen-
damment de tout point de vue budgétaire et immobilier,
cette question, comme le fait remarquer M. merlin (1),
est complexe : l'isolement complet peut avoir pour cer-
tains tuberculeux de fâcheux résultats au point de vue
de leur état mental. Il est peut-être difficile d'isoler en-
tièrement des autres pendant toute une journée, non pas
les malades alités, mais ceux qui se lèvent et vont à l'air
libre, et à peu près suffisant de les placer la nuit dans un
dortoir spécial; il ne faut en tout cas jamais les admettre
dans les locaux qui renferment une grande proportion
de malades curables au point de vue psychique ou telle-
ment affaiblis qu'ils sont les plus exposés à la contagion.
Pour éviter que les locaux d'isolement ne deviennent
des foyers de contamination, les mesures d'antiseptie et
de désinfection doivent y être rigoureuses; les expecto-
rations, si on peut obtenir leur localisation dans des cra-
choirs hygiéniques, les selles surtout, dont nous avons vu
avec Anglade, le rôle extrêmement nocif, doivent être
soigneusement recueillies et désinfectées avant l'éva-
cuation ; il serait préférable de les détruire, soit par inci-
nération, comme on le fait pour la paille des alités gâteux
ou les objets de pansements usagés, soit par des procédés
chimiques. Ces mesures doivent s'étendre à tout ce qui
est souillé par leur contact, linge, vêtements, literie. Des
instructions spéciales doivent être données aux infir-
miers de salles et aux employés de buanderie qui mani-
pulent ces linges, pour les préserver de ce mode très
grave de contagion. Landouzy a montré (Académie de
médecine, 30 mars 1906) que, dans l'industrie du blan-
chissage, la mortalité dépasse 50 % et que la tubercu-
lose tue 75 % des malades atteints.
Etant donné le danger de contagion par l'inhalation
et surtout la déglutition des poussières, on essayera d'ob-
tenir l'hygiène de la bouche chez les malades; pn emploie-
ra pour le nettoyage des locaux le lavage et le balayage
humide; d'abord c'est le seul mode de nettoyage qui
recueille efficacement les poussières; un autre avantage
est l'innocuité reconnue du bacille en milieu humide; on
a signalé, dans des analyses d'air prélevé dans les égouts,
(1) Allg. Geitsch. f. Psych., 1. LII, p. 4.
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 371
au fond de la mer et sur des grands fleuves, le nombre
peu considérable de micro-organismes en suspension
dans l'air humide.
Il ne suffit pas de s'attaquer aux germes, c'est-à-dire
aux bacilles, il faut amender le terrain, c'est-à-dire l'alié-
né qui doit avoir une alimentation et une hygiène suffi-
santes, et vivre le plus possible au grand air ; à l'asile
de Maison-Blanche, l'un des mieux aménagés au point
de vne de l'aérothérapie, nous pourrions citer l'exemple
d'une paralytique générale en rémission guérie de lésions
pulmonaires indiscutables (service du Dl' Boudrie) et
une infirmière, dont l'état général, après une pleurésie
bacillaire, a été reconstitué par la cure de repos à l'air
libre.
Mais ce sont là des mesures de prophylaxie générale
de la tuberculose qui n'ont rien de nouveau, ni surtout
de spécial aux asiles.
Au point de vue qui nous occupe, un mouvement offi-
ciel s'accentue de jour en jour, en France comme à
l'étranger, montrant que les pouvoirs publics considè-
rent enfin les aliénés comme des malades et non comme
des parias de la société; on reconnaît le caractère d'ur-
gence et la portée d'intérêt général des mesures à
prendre dans les asiles.
En France, le Congrès de médecine de Paris, en 1900,
adopta un voeu formulé par les docteurs Marie et Tou-
louse, et présenté par ce dernier qui venait d'insister
sur la nécessité d'isoler les tuberculeux dans les Asiles,
voeu qu'il soit procédé partout à des mesures méthodiques
de prophylaxie à l'égard de la tuberculose dans les hôpi-
taux d'aliénés et à l'isolement curatif des aliénés reconnus
tuberculeux dans les divers établissements.
A la suite des recherches de la Commission de la tuber-
culose « sur la propagation de cette maladie dans les
« asiles d'aliénés et sur les moyens de s'y opposer » .
une circulaire adressée par le Ministre de l'Intérieur
aux Préfets marque le point de départ officiel des
mesures édictées pour répondre aux voeux du Congrès.
Nous reproduisons les principales considérations de
cette Circulaire ministérielle du 15 juin 1901.
« Les ravages exercés par le fléau ne sont, pour l'on-
372 ' PATHOLOGIE INTERNE.
semble des établissements, que trop considé râbles
puisqu'au cours des années 1894 à 1898 et pour une
populat'on annuelle moyenne de 61.685 aliénés, la pro-
port'on des décès attribués annuellement à la tuberculose
s'est élevée à 689, so't 111 pour 10.000 malades hos-
pitalisés.
« Mais, ce qui ressort avant tout de l'enquête pour-
suivie, c'est l'étrange disproportion qui s'observe entre
un asile et un autre, quant à l'étendue du mal et au
nombre de ses victimes. Alors que dans une vingtaine
d'asiles publics ou privés 'a mortalité est tantôt nul'c,
tantôt peu élevée, et ne dépasse jamais 30 décès pour
10 000 malades, on la voit,dans les autres,s'élever rapi-
dement au chiffre moyen de 111, dépasser celui de 200
dans 4 Asiles, celui de 300 dans deux autres, pour at-
teindre jusqu'aux chiffres extrêmes de 540 à 556 dans
les deux Asiles les plus éprouvés.
« Il faut reconnaître, dans les asiles eux-mêmes à
ce point contaminés, de véritables foyers d'infection
tuberculeuse.
« Des mesures prophylactiques s'imposent, que la
Commission n'a pas perdues de vue. Il en est d'ordre
général qui peuvent trouver dans les Asiles une facile
exécution.
« Les crachats desséchés étant reconnus par la science
comme les plus actifs agents de propagation bacillaire,
je vous invite à prescrire aux établissements publics
ou privés d'aliénés l'adoption des dispositions sui-
vantes, qui pourront obvier à une cause fréquente entre
toutes de la contamination tuberculeuse.
1° Affichage dans tous les locaux occupés par le per-
sonnel ou les malades de la « défense de cracher à terre I>.
2° Installation dans ces locaux et en nombre suffi-
sant de crachoirs hygiéniques à un mètre du sol, bien
en vue et au voisinage des dites affiches.
3° Balayage humide de toutes les salles et lavage
des parois.
« Cet ensemble de mesures préventives dès main-
tenant réalisables ne sera pas par lui-même entière-
ment suffisant, en raison de la faiblesse d'esprit des
aliénés, auxquels il sera particulièrement difficile, dans
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 373
bien des cas, d'inculquer avec la crainte du fléau les
notions d'hygiène propres à lui faire sa part. Aussi est-
ce au dévouement et à l'intelligence du personnel de
tout ordre que je vous prie de faire appel avant tout.
« Dans cet ordre d'idées, je vous invite à veiller avec
soin à ce que le personnel des Asiles, et particuliè-
rement celui des agents préposés à la garde et au trai-
tement des aliénés tuberculeux, reçoive une instruc-
tion suffisante touchant les dangers de la tuberculose
et la prophylaxie à y opposer. Ceux des agents à qui
incombera le soin des tuberculeux devront être obligés
au port de la blouse hygiénique dans les salles, au lavage
soigné des mains et de la bouche avant le repas, à la
toilette scrupuleuse du corps.
« Une instruction technique détaillée devra être
aussi donnée aux blanchisseuses pour la désinfection du
linge contaminé. Enfin pour mettre obstacle à une cause
particulière aux asiles d'aliénés, celle provenant de la
promiscuité des malades contaminés et de ceux qui ne
le sont pas, je vous invite à prescrire dans les asiles,
autant que les locaux le permettront, l'établissement
d'un quartier spécial destiné à l'isolement des aliénés
tuberculisés.
« Les Directeurs-Médecins en chef des asiles devront
dans leurs rapports médicaux annuels, fournir des indi-
cations détaillées sur les ravages exercés par la tuber-
culose dans leurs asiles et les remèdes opposés par eux
au mal. »
En Allemagne, nous avons été devancés par une cir-
culaire du 5 février 1892 invitant les Directeurs d'asiles
d'aliénés à prendre des mesures contre la contagion
tuberculeuse et à examiner tous les malades à ce point
de vue au moins une fois par an.
Une note sur les mesures prophylactiques à prendre
a été adressée aux établissements privés par le Préfet
de police de Berlin.
Le Congrès de Weimar (1891), d'après le rapport de
Bôtel, le Congrès de Hanovre (1892) d'après celui de
Wulff, celui de Berlin (1899) ont aussi posé en principe
la nécessité de l'isolement des tuberculeux bacillaires.
En Italie, sous le ministère Pelloux, une circulaire
374 PATHOLOGIE INTERNE.
du Président du Conseil a rendu obligatoire l'isolement
des tuberculeux aussi bien dans les asiles d'aliénés que
dans les hôpitaux.
En Angleterre, la Commission spéciale instituée par
l'Association médico-psychologique a élaboré un rapport
documenté dont nous avons déjà parlé; il se termine,
au point de vue des moyens préventifs, par les conclu-
sions suivantes (1) :
1° Précocité du diagnostic de la tuberculose.
2° Isolement de tous les malades atteints de phtisie.
3° Construction, à l'avenir, d'asiles moins grands.
4° Mesures propres à empêcher l'encombrement.
5 Augmentation du cube d'air de jour et de nuit.
6° Diminution du nombre de lits dans les dortoirs.
7° Organisation d'une ventilation plus complète et
plus efficace (2).
8° Adoption de mesures très fermes pour empêcher
la propagation de la maladie par les produits d'expec-
toration.
9° Surveillance rigoureuse du régime alimentaire.
100 Construction d'hôpitaux spéciaux et de sana-
toria entourés de terrains suffisamment étendus et
propres à l'isolement des malades, à leur traitement
selon les règles de la thérapeutique moderne.
11° A défaut de ces hôpitaux et de ces sanatoria,
toutes autres mesures pratiques et efficaces d'isolement.
Comme on le voit, de cet énoncé de mesures à prendre,
se dégagent deux points de vue distincts : la création
d'établissements spéciaux, desideratum idéal dont l'exé-
cution se heurte à de grosses difficultés financières,
d'autre part l'utilisation des asiles déjà existants et leur
aménagement à peu de frais pour les rapprocher autant
que possible du sanatorium théorique.
A la Commission de la tuberculose de 1897, le Pro-
fesseur Debove avait en effet posé cette question, dont
la solution avait l'avantage pratique de permettre la
(1) Journal of med. Se, juillet 1902.
(2) Il esl nécessaire pour réaliser ce desideratum de combiner la
ventilation artificielle au chauffage par calorifère ou mieux eau
chaude.
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIENES. 375
mise en vigueur immédiate des principes d'hygiène
antituberculeuse et que nous pouvons appliquer aux
Asiles : comment, sans création nouvelle, peut-on utiliser,
pour le plus grand bien des phtisiques, le matériel existant ?
Les moyens varient avec les pays, avec les asilos;
mais l'initiative locale des médecins doit être prépon-
dérante et soutenue par une réglementation générale
et une collaboration administrative.
Sélection et isolement, désencombrement et assai=
nissement par la désinfection et la ventilation, amélio-
ration du régime alimentaire, du mode de travail au
graml air et des promenades, destruction des rats et
des mouches, agents propagateurs de la bacillose dont
le rôle est nettement établi, interdiction pour la mente
raison des animaux domestiques dans les quartiers,
nombreuses sont les mesures prophylactiques qui sont
partout applicables et presque partout appliquées.
Il nous reste à examiner les efforts individuels des
médecins dans leurs services, ainsi que les créations
nouvelles que des pays voisins, comme l'Angleterre et
l'Allemagne, peuvent proposer en modèle à ceux qui
dirigent en Europe le mouvement de l'Assistance aux
aliénés.
En France, il faut bien l'avouer, si les médecins n'ont
pu faire que des tentatives isolées, les pouvoirs publics
ont fait moins encore.
C'est à l'asile de Villejuif que les premiers essais
d'isolement et d'aérothérapie ont été faits, dès 1888,
par M. Briand, certainement le premier en France,
avec le Dr Marie, qui ait pratiqué l'isolement systéma-
tique et persévérant de ses malades. (Fig. z6.)
C'est un petit sanatorium de cinq lits, simple abri
dans une galerie couverte, ouvert à l'est et au sud,
dans lequel les malades séjournent jour et nuit, été
comme hiver, soumises au traitement approprié à leur
état physique et entourées de tous les soins désirables
d'hygiène. Des infirmières contaminées assurent le
service tout en profitant des bienfaits de cette cure.
Les aliénées tuberculeuses, agitées et dangereuses,
celles dont les lésions sont trop avancées sont exclues
de ce régime, mais au moins rendues inoffensives au
376
PATHOLOGIE INTERNE.
point de vue de la contagion par le maintien dans des
chambres et des cours d'isolement.
L, TUBERCULOSE DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 377
Le Dr Marie a suivi cet exemple et a pu obtenir le
petit crédit d'un millier et demi de francs nécessaire
et suffisant; il existe dans notre service un dispositif
analogue de panneaux-abris sous préau, avec toiles
de tente, où sont installés six lits avec open-windou
continu.
Remarquons à ce propos que nos malades ne se plai-
gnent jamais de cette vie continue en plein air, et que
les atteintes du froid sont évitées par l'emploi de che-
mises et couvertures de laine et de bouillottes d'eau
chaude. ,
Ce minimum bien précaire et bien insuffisant pour
le nombre de tuberculeux des deux services a été dif-
ficile à obtenir, et c'est à l'insuffisance des crédits mis
à la disposition des médecins qu'il faut attribuer leur
impuissance à assurer l'assistance efficacdà leurs malades;
pourtant des constructions simples comme les nôtres,
suffisantes à la rigueur pour la prophylaxie et la cure,
à condition d'être édifiées dans des proportions plus
considérables, pourraient le plus souvent être effectuées
sans grands frais par la main-d'oeuvre de l'asile (Briand .
Dans les asiles départementaux on se préoccupe aussi
de la prophylaxie de la tuberculose et quelques méde-
cins ont pu, conformément à la circulaire ministérielle
de 1901, ménager des quartiers spéciaux. C'est ainsi
qu'à l'asile d'Armentières, MM. Chardon et Raviart
ont aménagé à cette fin un pavillon où sont isolés
une cinquantaine de malades ; les soins sont confiés à
des gardiens contaminés, les résultats qu'ils obtiennent
sont encourageants et ils comptent ne pas s'arrêter
au minimum nécessaire qu'ils ont obtenu. Il est à sou-
haitpr toutefois que cette installation devienne obliga-
toire, et surtout que les pouvoirs publics entreprennent
systématiquement cette oeuvre d'assistance spéciale
qui est si avancée dans certains pays étrangers.
L'aérothérapie reçoit sa forme la plus complète dans
la vie. sous la tente, préconisée avec succès aux Etats-
Unis et organisée depuis 1901 par le Dr Mac-Donald,
directeur del'asile de Manhattan ; de même à Long-Island
on a installé de véritables campements où vivent les
malades, même sous la neige, et qui auraient un réel
378 PATHOLOGIE INTERNE.
succès ; cet exemple est suivi depuis peu à l'hôpital
d'Edimbourg.
A l'asile de 1\'Iiddletown, depuis qu'on pratique métho-
diquement l'isolement des suspects et qu'on repeint sou-
vent les salles, le Dr Allen y a vu diminuer la mortalité
par phtisie.
En Angleterre, les grands asiles d'aliénés ont une situa-
tion privilégiée qui se prête à l'organisation de la lutte
antituberculeuse; bonne orientation, air salubre, sol
sablonneux et sec, éloignement des centres de popula-
tion, extension du travail agricole.
On n'y semble pas partisan du pavillon-hôpital pour.
phtisiques dans chaque Asile ; s'il permet l'isolement,
d'après Crookshank; il ne permet pas le traitement des
malades entrants; il deviendrait vite une simple infir-
merie pour les tuberculeux alités et tranquilles.
Les Dr Drapes et Browne ont proposé de loger les
tuberouleux dans des constructions en bois qui, tous les
dix ans, seraient détruites par le feu.
Mais en Grande-Bretagne le mouvement a abouti à
des créations plus importantes, telles que l'asile-sanato-
rium de Dumfries et le remarquable sanatorium spécial
que possède depuis la fin de 1902, l'asile de Gartloch,
à Edimbourg. (fin. 17 et 18.)
Entièrement construit en bois et en fer, il est orienté
au sud, vers des pelouses de cricket; les dortoirs, divisés
en chambres ouvertes pour faciliter la surveillance, con-
tiennent chacun 26 lits et sont augmentés de quatre
chambres d'isolement, soit en tout 60 lits; les vérandas
sont percées de larges fenêtres qui se fixent automati-
quement dans l'angle voulu pour régler la ventilation;
l'eau chaude y circule, l'éclairage est électrique; huit
infirmiers, dont trois pour le service de veille, forment le
personnel. Un système de désinfection pour le linge et la
literie est annexé à ce bâtiment modèle qui n'est revenu
tout compris, qu'à 3582 fr. par lit.(Fi.g. 19, 20 et41.)
On peut comparer ces dispositions avec celles de l'a-
sile sanatorium établi par le Dt Siemens à l'Asile de Lau-
enbourg, bâti en 1896 et dont le prix de revient a été de
41.000 marks.
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES DAHHNHS. 37') q
Ce sont deux baraquements, établis à 50 mètres à
droite et à gauche du pavillon des malades ordinaires;
celui des hommes est dans un jardin, celui des femmes
dans un bois de pins; tous deux sont construits entière-
ment en tuiles, sur un sol sec dont ils sont séparés par des
FIC. 18. - Asilc de Ga1"lloch (Vue générale).
LA TUBERCULOSE DANS LES ASILES d'aLIÉNÉS. 381
espaces isolants aérés; le fer, le ciment poli, la peinture
vernissée permettent la plus rigoureuse propreté. Cha-
que baraquement contient une salle de douze lits, une
chambre d'isolement, une salle commune et une salle
de bains. Le chauffage à la vapeur, la ventilation arti-
ficielle, la distribution d'eau chaude et d'eau froide,
l'éclairage électrique, les procédés de désinfection chi-
mique des matières et des eaux usées, font de ce sa-
natorium, un modèle du genre qui, s'il mérite notre
admiration, devrait provoquer l'émulation en France.
Fin. 19. Agite-Sanatorium de Garlloch.
Signalons encore le pavillon d'isolement de l'asile
de Dziekanka, celui que possédera bientôt le nouvel
asile de Konradstein (1) et celui qui estprojeté à l'asile
égyptien du Caire.
L'Assistance familiale.- N'y a-t-il pas d'autre part
un moyen plus simple de faire vivre isolés à l'air libre les
Aliénés tuberculeux, nous voulons dire de leur appliquer
le principe de l'Assistance familiale ?
(1) 8Í : nII : ¡;X, - Rapport sur les asiles allemands.
FIG, 20. Vue intérieure d'une véranda.
Nous voulons
attirer l'attention
sur ce mode d'as-
sistance en étu-
diant ses résultats
dans un pays où
il est parfaite-
ment organisé, la
Belgique.
On sait quels
sont, pour les
aliénés, les avan-
tages de ce régi-
me : « Ils sont iso-
lés, dit le Dr Pee..
ters, à qui nous
« empruntons les
« documents de
« cette étude (1),
« confiés à des
« familles épar-
« pillées sur une
« grande étendue
« de terrain : l'en-
« combrement est
« absolument im-
« possible.
« Les malades
« peuvent respirer
« un air abon-
« dant, constam-
« ment renouvelé,
« pur et ils peu-
« vent se prome-
« ner, travailler à
« l'air, le patro-
« nage donnant
(1) Peeters,. - La
tuberculose t1111 les
établissements d'alié-
nés, Anvers, 1000.
38 4 pathologie Interne.
« une grande liberté et toutes les facultés pour le travail
« des champs. »
Aussi peut-on discuter les avantages qui résulteraient
du placement des malades darts les maisons privées,
s'non pour les cas très avancés, vu les difficultés de
pareils placements, du moins polir les cas suspects ou
reconnus de très bonne heure ? Selon Peeters, ce mode
d'assistance peut rendre de grands services, et il en ren-
dra de plus grands encore à mesure que l'influence du
médecin sur les malades et sur les personnes appelées
à les soigner se fera plus efficacement sentir.
Voyons, en effet, les chiffres de décès par tuberculose
à la colonie de Gheel :
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 385
la totalité des aliénés sont placés dans des maisons pri-
vées, les malades sont éparpillés sur une grande partie
du territoire, dans des villages ou même dans des villes.
Nous lisons dans les rapports de MM. Sutherland et
Macpherson, inspecteurs du service des aliénés, 20 décès
par phtisie de 1898 à 1900 sur une population de 2700
malades, soit 2,5 décès par 1000 malades.
En France, le Dr Marie a également cherché la fré-
quence des décès par tuberculose dans les Colonies
familiales qu'il a créées (1) et l'a trouvé fort au-dessous
de la normale, de 4 pour 300. Mais, ajoute-t-il, « on peut
« expliquer ce faible taux par ce fait que les désigna-
« tions pour l'Assistance familiale écartent systémati-
« quement et avec raison les aliénés chroniques soup-
« çonnés de tuberculose. »
Quoi qu'il en soit, nous avons cru devoir insister sur
ce mode possible d'assistance aux aliénés tuberculeux
qui est peul-être appelé à un certain avenir.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
\\\1'l.- Sur une forme spéciale du globule rouge dans la
démence précoce ; par PIGHNI et PAOLI. (Rivista sperimentale
di Freniatria. 1905, l\eggio Emilia. \'ol. XXXI. fasc. IL)
On commence par traiter le sang par une nouvelle méthode,
laquelle consiste principalement à fixer par une solution de su-
hlimé et de l1lolyhdate d'ammoniaque, puis à colorer par la Ll1Ío-
nine phéniquée.
Parcelle méthode, on voit que les globules rouges des déments
précoces se présentent avec une structure caractéristique généra-
lement sous forme d'une imago ombiliquoe et d'un volume plus
grand ([lie normalement.
Celte structure ne se rencontre pa dans la plupaL'ldes maladies
morales et générales. On la trouve parfois cependant chez les
épileptiques et les chlol'otiques ; aussi peul-on conclure pour l'ins-
(1) Rappelons que. dès le second empire, le baron liiiissiiiiiiii
avait adopte un projet de des Asiles-Hospices
parla création d'As'ilcs-Villages..
Archives, 2- série, 1906, t. XXI. 25
386 REVUE D'ANA10MIE ET DE physiologie pathologiques.
tant que cette forme spéciale n'est pas pathognomonique de la
démence précoce, mais bien un indice des altérations profondes
qui existent dans cette maladie..1. S.
XXXVII. Sclérose en plaques expérimentale par les toxi-
nes aspergillaires ; par CENT et BECTA. (Rivista sperimentale
di 1,'i-eniati-ia. neggio I : milia. 1 \)Oj. Vol. XXXI. fasc. 11).
Un chien de 7 kilos ayant reçu une injection de toxine d'as-
pergillus fumigatus fut sacrilié trois mois plus tard.
L'examen microscopique fut pratiqué avce les méthodes de
Marchi, Weigcrt, Van Gieson, Mallary. On a trouvé dans la
moelle une lésion à foyer caractérisé essentiellement par : altéra-
tion inflammatoire intense des vaisseaux, avec inliltralion cellu-
laire des parois, surtout de l'adventice et du tissu avoisinanl. Les
lésions ont une intensité variée, allant du gonflement à la désa-
grégation des gaines myéliniques : tuméfaction el altération des
cylindraaes sans lésions de continuité, et sans dégénération secon-
daire des fibres ; gonflement notable de la taille né\ l'ogli'luc
avec aspect hydropique du tissu.
La genèse vasculaire du processus morbide est donc iniliseitla- ·
ble dans ce cas ; la névroglie, par la précocité de ses lésions,
montre seulement une hvperplasie initiale. 11 faut rapprocher de
ces résultats les lésions I)aLliogétiiques expérimentales obtenues
par Clialrin et Babinski, Gilbert et Lyon, Thoinotet lloycelin,
Vincent, rloëcr, \\'iclal et l3esan, : on, lIallio et EI11'iqucz, Ballet et
Lel>on..f. SÉGLAS.
XXXVIII. Etude par laméthode de Donaggio des lésions
du réticulum neuro-fibrillaire de la cellule nerveuse dans
l'inanition expérimentale ; par Riva. (Rivista sperimentale
di 1%reniatria. Heggio en Emilie. 190.). XXXI. fasc. II.)
Les recherches ayant porté sur le chien et sur le lapin, ont
montré des altérations siégeant au niveau des cornes postéricu-
ree de la moelle épinière. On y voit un réticulum dévié dans les
régions longitudinale et transversale ; la formation de vacuoles
est évidente, on observe dans la cellule de gros rubans prenant
leur origine dans les nombreuses fibrilles : on fait aussi observer
de gros cordons en rosace. Dans de rares éléments, on peut uh- ? CI'\'CI' une altération profonde dureliculum, il tel point qu'on
peut ne rencontrer dans la cellule que. peu de granulations licite-
ment colorées..1. S.
XXXIX. -- Un cas de chorée de Huntingtonavec résultat
anatomo-pathologique; par Resta. (Revista di Treniatria.
Reggio Emilia. Vol. XXXI. l'nsc. II.
La chorée de Iluntinglon e·L une maladie sui ge1 ! eris, au ca-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 387
ractère surtout héréditaire, et n'ayant aucun rapport avec les
autres formes de chorée, spécialement avec la chorée de Syden-
ham.
Le processus anatomo-pathologique est dans la majorité des
cas limité en principe aux vaisseaux du système nerveux cen-
tral. Par sa diffusion sur la pie-mère, il occasionne de la leplo-
méningile el consécutivement l'altération des éléments nerveux.
Les lésions anatomo-pathologiques rencontrées expliquent la
démence progressive propre de la maladie; mais elles ne suffisent
pas à expliquer complètement le désordre moteur. ,1. S.
XL.-Le pouvoir pathogène de l' « Aspergillus ochra-
ceus » et son rapport avec l'étiologie et la pathogénie
de la Pellagre ; par Carlo Ceni. (Rivista sperimentale d 7'Yc-
niatria. Heggio Emilia. Vol. XXXI. fasc. IL)
L'Aspergillus Ochraceus fut isolé en quantité considérable et en
culture presque pure chez un malade de l'Apennin, qui habitait
dans une famille atteinte de pellagre chronique.Cet agent patho-
gène est capable d'élaborer des toxiques à caractères surtout dé-
primants, analogues à ceux de l'Aspergillus niger et des variétés
Ue Penicillum glaucum. Le degré de toxicité de l'ochraceus est
assez notablement supérieur à celui du \iger et des variétés de
Penicillum Glaucum.
Les propriétés pathogènes se révèlent avec des symptômes
identiques d'intoxication à caractères dépressifs, soit en introdui-
sant directement le germe dans l'organisme animal par injec-
tion endopéritonéale ou par voie digestive, soit en introduisant
les toxiques spécifiques il l'état isolé.
Les toxiques sont extraits par l'eau ou l'alcool pendant l'ébul-
lition.
L'activité toxique du parasite est variable suivant les saisons
de l'année ; elle est à son maximum au printemps, en été et en
automne, il son minimum en hiver, et secultive surtoutàun de-
gré de température qui correspond à l'optimum de son dévelop-
pement..l. S.
XL1. - Sur la présence des corpuscules à l'intérieur des
cellules nerveuses spinales dans l'inanition expérimen-
tale ; par Riva. (Rivista sperimentale di 1%·eniat·ia. lleggio
Emilia. 1905. Vol. XXXI. fasc. 11.)
Par l'emploi de la' méthode de Donaggio, on peut observer
dans les cellules de la moelle épinière des formations de couleur
violel-rougeàfre, de tonalité brune, réunies en bloc ou disper-
sées dans le cytoplasma. Ces corpuscules ne se rencontrent ja-
mais dans le noyau ; ils sont localisés exclusivement dans le
388 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES
cytoplasma et quelquefois, mais beaucoup moins fréquemment
dans les premiers troncs des prolongements proloplasniiques.
,I. S.
XXII. La maladie des scaphandriers ; par BOI,,ET (de
\larseille).
L'autour a observé une trentaine d'accidents dus à une décom-
pression Iropbrusque, dont une douzaine se sont terminés parla
mort. L'imprudence joue un grand rôle dans l'étiologie de ces ac-
cidents.
Dans les cas non mortels, on a observé tantôt des troubles per-
manents, tantôt des troubles passagers : les uns comme les autres
ont consisté en des paraplégies, des hémiplégies, des monoplégies,
descluadraplégies parfois accompagnées d'aphasie. L'autopsie des
malades qui ont succombé ont permis de constater des hémato-
myélies (Boinet, J. Lépine dont la cause est, comme l'a montré
PauLBert, la formation d'embolies gazeuses dans les vaisseaux
sanguins. D'ailleurs, les règlements actuels ordonnent de faire
très lentement la décompression, et les scaphandriers connais-
sent bien comme remède de leurs accidents légers la recompres-
sion préconisée par Catsaras ; un des malades de Boinet l'a em-
ployée avec succès. Les autres causes prédisposantes sont : l'âge
avancé, les affections pulmonaires, la fatigue, l'alcoolisme, les re-
pas avant l'immersion, les excès de travail, la trop grande prc-
fondeur des plongées. Des douleurs spéciales ot des paralysies tem-
poraires sont, fréquemment les signes avant-coureurs des ,fats
graves. L'appareil lui-même doit être de bonne qualité et trop
souvent les plongeurs achètent à bas prix des appareils de rebut
qu'ils réparent tant bien que mal. La lenteur de la décompres-
sion, dit Boinet, est la base de la prophylaxie de la maladie de
l'air comprimé. (Acad. de mèd, séance du 26 janvier.) L. \\'.\HL.
XL11L Considérations anatomo-pathologiques sur la dé-
mence précoce; par MAI. De lJCfi et DEROUBAlX, (Journal de
Neurologie, 1906, n° 2.)
Se basant sur l'examen histologique des cerveaux de huit ma-
lades atteints de démence précoce, cerveau où prédominaient des
altérations des neurones et des fibrilles inlra-ccllulaircs, les au-
teurs divisent les démences en interstitielles et llarencllymateu-
ses. A la première variété appartiennent la démence sénile, la
paralysie générale et les démences conséculivesaux tumeurs cé-
rébrales, et à la seconde la démence aiguë (ancienne contusion
mentale), la démence précoce, et les démences alcoolique, épi-
leptique, etc. Il faut reconnaître toutefois que, jusqu'à présent,
seul le tableau anatomo-paLltuloâüluc de la paralysie générale
est patl;ognomonique, et qu'il est encore impossible de différencier
ris vue U'.1^1T0\ilE ET DE PH1'SIOLOGII : PATHOLOGIQUES. 389
au microscope les diverses variétés de démence parenchymateuse.
Les auteurs croient cependant avoir remarqué que, dans la forme
cafalonique do la démence précoce, les lésions prédominaient dans
la couche des grandes cellules pyramidaleset, au contraire, que
ces lésions portaient sur la couche des cellules polymorphes dans
le type paranoide.il y aurait lieu, par conséquent, de joindre
désormais à l'étude anatomo-pathologique de l'écorce en surface,
l'élude topographique de cette même écorce en profondeur.
G. Deny.
XLIV. Sur la nucléole de la cellule nerveuse ; par .Ion.
G. Lâche (de CucaresL). (Journal de Neurologie, 1905, n° : 2'2,)
Ou trouvera dans ce travail d'intéressants détails sur la mor-
phologie et la structure du nucléole des cellules nerveuses.
D'après l'auteur, deux substances, au moins, entrent dans la
constitution de ce nucléole : l'une achromatique et l'autre chro-
matique. C'est dans la première que se trouvent les vacuoles ou
corpuscules réfringents, et dans la seconde les points hyperchro-
matiques ou petites formations rondes, situées hahituellementau
pourtour des précédents, lin ce qui concerne son origine, le nu-
cléole est le produit de la transformation d'un grain de chroma-
line nucléaire. G. D.
XLV. Nouvelles recherches sur le liquide céphalo-
rachidien ; par les 1)" de Buck et ])EROUB.\lX (Bull. delà Soc.
de méd. mentale de l3e'yiyuc, juin 1905).
Voici les principales conclusions de ce travail : la densité du
liquide céphalo-rachidien se maintient relativement constante
dans les diverses psychoses; sa pression osmotique varie dans des
limites plus larges, mais reste relativement élevée dans les
psychopathies organiques graves. L'alcalinité moyenne du liquide
céphalo-rachidien est de 1.` ? 0 ? Ve \a OII..lamais ce liquide
ne renferme d'ammoniaque, d'acétone, ni de substances capables
de donner la diazoccaction. Sa toxicité enfin est toujours très
faible. G. D.
XLVI. - La nature et les caractères des principes toxi-
ques et antitoxiques naturels du serum du sang des épi-
leptiques ; par;\1. le D1' Carlo Ceni (Rivista tale di
l'reniatria, Reggio Emili 1905, Vol. XXXI, fasc. lll.
L'auteur étudie d'abord les principes toxiques et antitoxiques.
L'élude des principes toxiques l'amène à considérer que : 10 le
sérum du sang des épileptiques, au point de vue de son degré
de toxicité spécifique peut se distinguer en hypotoxique et hyper-
toxique. Il est hypotoxique quand, injecté à un épileptique à la
dose de 10 centimètres cubes, il n'amène aucun trouble immé-
390 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
dial, d'ordre local ou général. Il est hypertoaitlue, au contraire
quand une injection de 10 centimètres cuhes ou même moins, est
capable d'amener chez l'épileptique des phénomènes presque
immédiats d'intoxication aigué spécifique, phénomènes qui at-
teignent graduellement leur maximum 24 heures après l'in,jec-
tion. '
2° Les phénomènes de réaction toxique spécifique aussi bien de
l'antisérum que du sérum hypertoxique naturel, peuvent varier
notablement d'intensité d un épileptique l'autre, par des cau-
ses individuelles inconnues. Un sait seulement que l'epilcpti-
que, très sensible à l'action de l'antisérum réagit à l'injection de
sérum hypertoxique naturel avec des phénomènes d'intoxication
plus intense ; 3° si on injecte à un épileptique son propre sérum
hypertoxique pendant la phase de recrudescence de la maladie,
on n'observe aucun phénomène d'intoxication immédiate.
4° Les individus non épileptiques réagissent aux injections de
ce sérum hypertoxique avec des phénomènes d'intoxication ana-
logues à ceux que présentent les épileptiques, mais moins inten-
ses, et sans être accompagnés des troubles psychiques et des cri-
ses épileptiques. 5° L'apparition de l'hyperloxicité du sérum du
sang chez un épileptique peut précéder de quelques jours l'explo-
sion des symptômes cliniques caractéristiques d'un état de mal
grave.
6° Les principes toxiques épileptogènes possèdent un notable
degré de spécificité pour l'homme puisque le sérum hypotoxique
aussi bien que l'hypertosidue sont également tolérés, même il do-
ses élevées, chez les diverses espèces d'animaux.
'7" La substance toxique spécifique contenue dans le sérum du
sang des épileptiques résiste à la chaleur ; on doit admettre que
l'hypertoxicité de ce sérum est due à un excès de la substance
sensibilisatrice ; 8° cette propriété hypertoxique du sérum du
sang, propriété très étendue etneltementspéciuque pour l'homme,
semble constituer un phénomène caractéristique de l'épilepsie,
puisqu'elle manque dans la plus grande partie des autres formes
mentales.
Au sujet des principes antitoxiques, l'auteur conclut que : 9° le
pouvoir antitoxique du sérum du sang des épileptiques repré-
sente probablement une force protectrice naturelle de l'organis-
me, et peut varier notablement d'un individu à un aulre et chez
un môme individu pendant les diverses périodes de la maladie,
2° si l'on fait chez des épileptiques des injections répétées d'an-
tisérum humain, on a constamment une aggravation des condi-
tions générales et spéciales des malades.
3e Si l'on soumet les épileptiques aux injections répétées du
sérum hypertoxique naturel des épileptiques, on a les mêmes ré-
sultats que ceux que l'on obtient avec Fantiserum, e'est-à-dire
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 391
une aggravation transitoire des conditions générales des malades.
A la suite de ces conclusions, l'auteur pose les corollaires sui-
vants sur la nature des principes toxiques du sang des épilepti-
nues : 10 De l'intime analogie qui existe entre les propriétés toxi-
ques du sérum du sang des épileptiques, en particulier du sérum
hypertoxique, et celles du sérum humain, spécialement celui
qu'on prépare en immunisant un animal avec le sérum des épi-
leptiques, résulte évidemment la nature semblable des principes
épileplogènes avec les principes hémotoxiques naturels.
2° Pour cette raison il résulte de nos recherches que les
principes antitoxiques rencontrés dans le sérum des épileptiques
doivent être considérés comme de nature semblable aux principes
antitoxiques naturels qui représentent une énergie protectrice de
l'organisme.
3° En somme, depuis surtout que l'on a vu la propriété du sé-
rum hypertoxique du sang des épileptiques, il faut admettre que
le principe actif que l'on rencontre dans le sérum est intime-
ment lié aux corpuscules du sang, et que la plus grande partie
de ce principe circule dans le plasma vivant à l'état latent.
.1. SÉGLAS.
XLVII. Quelques détails sur les cerveaux de Mommsen,
Bunzen et Menze ; (,IIitteilu22gen Kiber der Géhirne von
Mommsen, Bunsen und -Ilei2,zel par von IIANSEFIANN. (Soc. de
physiologie, de Berlin, 22 juin 1906). Deutsche med. 1Vochens-
ch., 190ti, n° 32 et Bacll, de la Soc. de nxéd, ment, de Belgique,
1906, n° 128).
Le cerveau de Mommsen pesait 1.425 grammes, malgré l'atro-
phie sénile. Les sphères d'association, principalement les anté-
rieures, et l'avant-coin sont fortement développés. Celui de
Bunzen, également atrophique pesait 1.295 gr. et montre,lui aussi,
un développement considérable des sphères d'association, mais ici
principalement des postérieures. Le cerveau de Menzel ne montre
pas de trace d'atropliie et pèse 1.298 gr. L'hémisphère droit est plus
développé dans toutes les parties que le gauche, ceci sans aucun
doute parce que Menzel était gaucher. Ces observations prouvent
que l'atrophie sénile n'est pas synonyme de démence sénile.
Le grand développement des annexions des sphères d'associa-
tion, n'a, en soi, non plus aucune importance : c'est ce que dé-
montre v. II. à l'aide du cerveau d'un homme qui n'était pas
précisément intelligent et chez qui ces entrées étaient également
fortement développées.
XL1X. Difformité congénitale des membres ; par VALOBRA.
(Nouv. Icon. Salpéti'ière, 1S05, no 5.)
Observation d'un homme qui présente les altérations squelet-
392 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
tiques les plus bizarres des membres, et à l'occasion de laquelle
l'auteur présente et discute les deux principales théories patho-
géniques invoquées pour tenter d'expliquer les malformations
congénitales : celle de l'atavisme ou du retour au type encestral,
qu'il abandonne ; celle qu'il admet, des altérations de l'amnios.
F, T.
XLIX. Hématomyélie ethémiplégie spinale à topographie
radiculaire, par l. Raymond et Georges GUILLAIN. (Revue
neurologique, juillet 1905.)
MM. Ilaymond et Guilain, publient l'observation d'un malade
atteint d'hémalomyélie, ayant déterminé une hémiplégie spinale
à topographie radiculaire. dans le membre supérieur, avec thermo-
anesthésie croisée. Ils rapprochent cette observation de celle de
MM. Déjerine et Gauckler, sur un cas semblable et acceptent
comme très vraisemblable l'hypothèse formulée par ces auteurs,
à savoir que le faisceau pyramidal se termine dans la moelle, sui-
vant une distribution radiculaire. E. C.
L. Pseudo-tumeur cérébrale par empyème ventricu-
laire ; par MOCQUIN. (Nouv. Jeon. Salpêtrière, Il- (i.)
Développement chez un alcoolique dune méningite purulente,
de nature particulière, ne pénétrant pas profondément dans les
tissus, se propageant dans les méninges, qui pénétra dans le 4e
ventricule et, à la façon d'un érysipèle, envahit la zone sous-épen-
dymaire, déterminant par l'obstruction de l'aqueduc de Sylvius
une pression intracranienne exagérée avec des phénomènes en
tout analogues à ceux d'une tumeur. F. T.
Ll. Ueber Fibrillenbilder der progressiven Paralysen
(Sur l'état des neurofibrilles dans la paralysie générale) ;
par KARL SCHAr.FFR, de Budapest. (Neurol. Ctrbl., vol. XXV,
fasc. 1, p. 2 à 14, 12 fig. 2 janvier 1906.
S. a examiné au moyen de la méthode de Cielchowvlky le cer-
veau et la moelle de trois paralytiques arrivés à la dernière pé-
riode. Celle méthode est très compliquée, et d'après Cajal, assez
capricieuse : l'imprégnation est toujours moins riche qu'avec la
méthode de Cajal et il est quelquefois difficile de distinguer les
formations réticulées, qu'elle met en évidence dans l'intérieur des
cellules, des simples coagulations d'albumine qu'elle y l'orme en
mî : meLemps. Les résultats obtenus par S. ne doivent donc être
acceptés qu'avec réserve au point de vue des lésions cellulaires
fines : augmentation de volume des points nodaux du réseau
fibrillaire intra-cellulaire, puis disparition des filaments qui les
unissent, d'où formation d'un amas de granulations qui rappelle
tout d'abord la disposition réticulée puis forme « une masse put-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES 393
vérulente diffuse » : on pourrait en outre constater au début «un
léger gonflement de la substance interlibrillaire ». Les rélicu-
lums ligures par S. dans les cellules les moins altérées trahissent
évidemment une imprégnation incomplète et ne ressemblent
guère à ceux que décèle la méthode de Cajal ; celle-ci montre
d'ailleurs, dans les dendrites, et notamment dans l'apex, des neu-
rnfillrilles beaucoup plus nombreuses.
Les résultats obtenus parS. sont plus intéressants au point de
vue de la topographie en surface des lésions, quoique l'A. ait né-
gligé de donner, même approximativement, la proportion des
cellules saines et des cellules altérées. 11 faut noter en outre que
la méthode employée est plus sujette aux altérations artificielles
que d'autres destinées au même objet. (Quoiqu'il en soit, S. fait re-
marquer que, chez les trois sujets examinés, les lésions étaient à
la période de début dans les deux circonvolutions centrales et
dans le lobule paracentral. tandis que partout ailleurs la plupart
des cellules étaient déjà fortement altérées, notamment dans 1'(', -
corce de la calcarine et dans le subiculum de la corne d'Ammon.
Dans la convexité du lobe frontal, le réseau inlercellulaire était
« notablement éclairci. » Les lésions de l'opercule (rolandique)
étaient plus avancées que celles du reste des deux circonvolu-
tions centrales. Enfin, partout, les différentes couches de l'écorce
étaient à peu près également atteintes.
S. décrit des lésions analogues dans les grandes cellules
de la moelle, notamment dans celles des renflements cervical et
lombaire.
D'après les figures (1 1 et 12) qu'il donne,la part des altérations
artificielles parait difficile faire. Aucun doses malades n'avait
présenté de symptômes spinaux. Ch. Bonne.
LII. Zur Kenntnis des assozüerten Nystagmus ; par
hRVIN STRANSKY, devienne. (Xeurol. Ctrbl. XX\', f.l, p. 15à 18).
Le « nystagmus associé » été décrit par S. en 1900 (1\ïener
mes. Presse, 1900 et Neurol. Ctrbl. 1901, p. ¡ ! : il;) : l'observateur
prie le malade de fermer un oeil, tout en s'opposant à 1 occlusion
en maintenant les paupières écartées ; il constate alors de légers
mouvements de nystagmus horizontal synchrones aux secous-
ses de l'orhiculaire. Ce symptôme serait différent du « nastag-
mus réflexe » de Dernheimer (Klin. llonatsbl. ? Augenheilhun-
de, 1901) qui se produit par exemple après une lecture prolongée
ou lorsqu'on écarte les paupières du bulbe oculaire, et qui sérail
(fn à une irritation du trijumeau (dessèchement de la cornée). Le
nystagmus de S., nullement influencé par l'anesthésie cocaini-
quede la cornée et, de la conjonctive, serait au contraire, un mou-
vemenl associé, dû une communication établie par la bande-
.394 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
lette longitudinale postérieure entre le facial et les noyaux ocu-
lo-moteurs. CH. 130NNH,
Llll-- Ein Fall von Fractura baseos cranii mit selteneren
Nervenlaehmungen. Beitraege zur Physiologie des 9,
10 und 11 Gehirnnerven. (Un cas de fracture, avec para-
lysies nerveuses rares. Contribution à la physiologie
des 9e paires craniennes) ; par R. IiALINT, de Budapest.
(Neural, Ctrbl., XXV, fas.3, p. 99 à 107, 1 février 1906.;
Observation tout àfail remarquable de lésion des trois nerls
mixtes, à leur passage dans le trou déchiré postérieur, par frac-
ture de la base du crâne due à une chutesur le vertex, chez un
homme de 53 ans, lequel survécut à l'accident. B. fait justement
remarquer que si la lésion des nerfs crâniens est assez fréquente
dans ces circonstances, elle porte le plus souvent sur les nerfs
facial, acoustique, abducens, plus rarement sur un de ceux des
trois premières paires ; qu'il existe un cas de lésion du spinal,
mais qu'on ne connaît nul autre cas de lésion des trois nerfs
mixtes. Il discute longuement les symptômes qui relèvent de la
participation de chacun de ceux-ci et dont voici les plus caracté-
ristiques.
Glossopharyngien. Diminution du goût dans la moitié posté-
rieure du côté gauche de la langue. L'acide et le salé sont bien
perçus dans la moitié antérieure ; le doux et l'amer ne le sont
nulle part. Le goût est normal à droite. L'A. passe en revue à ce
propos les diverses théories sur le trajet des fibres gustatives et
conclut que, chez son malade, les fibres gustatives de la moitié
postérieure de la langue passent seules par le IX, celles de la moi-
tié antérieure passent parle V ou le VII.
Vague. Hyperesthesie très accusée des parois postérieure et
latérale du pharynx nasal : anesthésie de la moitiégauchc des pa-
rois antérieure et postérieure des arcs palatoglosse et palato-pha-
ryngien, de la portion molle du voile du palais, de l'amygdale
gauche, des deux faces, linguale et laryngée, de la moitié gauche de
l'épi-lotte,de la muqueuse du sinus pi ri forme, de la moitié gauche
de la paroi postérieure du larynx, de la corde vocale gauche, de
la trachée jusqu'au troisième anneau. Pas de réflexe pharyngé à
gauche, ni de réflexe par contact même prolongé des parties
anesthésiques du larynx.
La saillie de la trompe V'GusLuclte esl un peu abaissée; le
voile du palais parait plus long à gauche. La luette est légèrement
déviée à droite ; l'arc palatopharyngicn est plus éloigné de la
paroi postérieure du pharynx àgauche qu'à droite. Gène delà
déglutition : reflux des liquides parle nez. Corde vocale gaucho
en position cadavérique, immobile dans la respiration et dans
la phonation.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 395
Pouls plein et tendu, varie entre 78 et 90. Paroi abdominale
flasque. Accès de météorisme au cours desquels on voit se des-
siner les contours de l'estomac ou de segments étendus de l'in-
testin. Ces accès, douloureux, durent plusieurs heures; on per-
çoit alors du clapotement. La limite de l'estomac est à trois tra-
vers de doigt au-dessous de l'ombilic. Eructations après les repas
Constipation opiniâtre. Motricité de l'estomac normale à l'exa-
men par le repas d'épreuve. Acidité totale q= 47.5 ; teneur en
HC1 = 2 ? Parle cathétérisme des uretères, on constate que le
rein droit sécrète 5 ce. en 3 heures et le rein gauche 5 cc. dans
le môme temps.
Spinal. La tête estoblique ; le menton est plus élevé àgau-
che. Dece côté le cou est aplati,'ainsi que la portion acromiale
du trapèze et la portion du dos qui est comprise entre l'omoplate
et la colonne; le rhomboïde et l'angulaire paraissent sous-cuta-
nés ; atrophie du stemo- mastoidien. La posi tion des deux omopla-
tes est la même au repos. Les mouvements de l'épaule et de l'o-
moplate, élévation de celle-ci et son adduction, s'effectuent nor-
malement. 11 en est de même de la rotation de la tête.
Le stei-no-mastoidien droit réagit à un courant faradique in-
suffisant pour provoquer la contraction du gauche ; par le cou-
rant galvanique, le droit a une secousse avec un milliampère, le
gauche avec un minimum de 13 m A. La portion claviculaire du
trapèze se contracte normalement : les portions acromiale et
postéro inférieure ne réagissent ni au courant faradique, ni au
courant galvanique. CH. Bonne.
LIV. Uebereldie materi len Veraenderungen bei der Asso-
ziationsbildung. (Sur les modifications mat. dans la for-
mation de l'ass.) ; par GOLDSCHEIDGI2, de Berlin. (Neurol.
Ctrbl., XXV, las. 4, p. 146 à 167, 2 fig. schématiques, 15
fév rier 1906.)
Vues très ingénieuses sur l'histophysiologie du tissu nerveux,
de l'écorce cérébrale en particulier, appuyées sur les hypothèses
d'ordre plus général émises par Ehrlich, llering et Vervoorn sur
les processus chimiques qui accompagnent le fonctionnement de
tout élément.
La conduction nerveuse serait accompagnée d'une sorte de
désintégration moléculaire (Désassimilation) suivie Ile-même d'as-
similation. Dans l'intrication )par continuité ou par configuré)
des prolongements de plusieurs cellules voisines, il est vraisem-
blable que les excitations diffusées par ces cellules se perdent
sans effet physiologique particulier. Mais si deux de ces cellules ou
un plus grand nombre sont elles-mêmes excitées simultanément,
la désintégration sera plus forte dans les segments de leur rami-
lication qui se trouvent en contact réciproque ; la désassimila-
393 REVUE d'aNATOMIU ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
lion commandée par une cellule dans les ramifications d'une
autre étant d'autant plus rapide et facile que celle autre cel-
lule aura commencé pour elle même le processus de désassimi-
lation dû à sa propre excitation. Consécutivement, d'après G.,
l'assimilation consécutive serait aussi plus rapide elles molécules
reconstituées seraient plus aptes à une nouvelle décomposition.
Sans envisager le sens de la conduction dans les prolongements
qui mettent les cellules en rapport réciproque, G. considère les
segments de l'intrication où l'excitation passe de préférence,
comme des « lignes de points nodaux » qui seraient schemati-
quement également distantes de chacune des cellules partici-
pantes, mais dont la situation varie naturellement avec l'impor-
tance physiologique de chaque élément coopérateur : ces lignes
de points nodaux, oit les processus de désassimilation et de re-
constitution seraient plus faciles qu'ailleurs, rendraient plus inti-
me l'union des cellules d'un même groupe et, par là. l'association
des excitations parvenues à ces cellules. De telles excitations sont
plus vite reconnues, c'esL-à-dire identifiées aux excitations antr-
rieures semblables, que des excitations nouvelles ou, en d'au-
tres termes, intéressant des groupements cellulaires n'ayant pas
les mômes lignes de points nodaux.
C.applique ensuite sa théorie aux différentes modalités de la
reconnaissance et de la mémoire. Ch. Bonne.
LV. - Ueber eigenartige Veraenderungen der Ganglien-
zellen und ihrer Fortsaetze im Centralnervensystem
eines Falles von koaganitaler Kleinhirnatrophie (Sur
des modifi. particulières des cell. nerv. et de leurs pro-
longements dans le S.N.C., dans un cas d'atrophie cong.
du cervelet) ; par ERNST ? TRAUSSLrR, de Prague. (Neurol.
Ctrbl., XXV, fas. a, p. t9l il. à 205. 15 ligures, 1-1 mars1906.)
Homme de 36 ans, « qui, outre une psychose caractérisée par
des états d'excitation el de la faiblesse intellectuelle présenta cer-
tains symptômes d'alfection cérébelleuse » dont S. remet la des-
cription à plus tard : il publie seulement le compte rendu anato-
mique à cause de l'analogie des lésions et de celles décrites par
Seharrer. (Neurol, Ctrbl., XXIV, fas, ',) et 10, 1905) dans l'idiotie
amaurotique de Tay- Sachs.
Atrophie considérable de toute l'écorce du cervelet, sauf du no-
dule et des flocculus ; atrophie de la protubérance, du bulbe et de
la moelle (cordons postérieurs). Dans foutes ces parties, les fais-
ceauxet plexus de fibres myéliniques sont « exLraorlinairement
denses. »
La lésion, généralisée atout le névraxe, sur laquelle S. attire
l'al lenlion, consiste essentiellement en un fonte granuleuse des
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 397
corps de Nissl,suivie de l'apparition d'un état vésiculeux du corps
de lacellule. r1u Marchi, les grains les plus volumineuxsc colo- Io -
rent en noir par l'acide osmique. Souvent, en outre, les prolon-
gements (axones et, dendrites) présentent (au Nissl) des renfle-
ments successifs irrégulièrement espacés.
Dans l'écorce cérébrale, la lésion atteint surtout les grandes
cellules de la ? )- couche de la région motrice. Dans le cervelet, les
cellules de Purkinje sont en outre très raréfiées ; la couche des
grains manque totalement. Dans le bulbe, la lésion prédomine
dansles olives et dans les noyaux moteurs des V, N'Il, X, XI, NI[
paires, respecte les noyaux oculomoteurs.Dans Il moelle, notam-
ment au niveau des renflements cervical et lombaire, les cellules
des colonnes de Clarke et des cornes postérieules sont les plus
altérées.
S. ne donne que peu de détails sur la technique (Nissl, thioni-
ne et éosiné) qu'il est pourtant si utile de connaître dans ce c.i·;
l'énorme extension des lésions porte à se demander, en l'absence
de toute donnée, si le mode d'inclusion était bien adapté au but
poursuivi. S. pense qu il s'agil de lésions d'usure (Edinger) com-
binées il un dév-eloppcmenLinsuflisanL comme dans d'autres mala-
dies héréditaires systématiques du név t'axe (, maladie de Frie-
drich, idiotie de Sachs, etc.) CH. Bonne.
L\1. - Gibtes eine autogene Régénération der Nervenfa-
sern ? Y a-t-il une rég. aut. des fibres nerv. ? ) ; par E.
niunzEa et 0. 11SCHER, de Prague. (Neurol. CtrLl. 1\\', fas, 6,
1. 2G0, 2Jig" 16 mars 1906.)
LVII. Kritisehe Bermerkungen zu einzelnen Versuchen
Bethek's (Remarques sur quelques expériences deB.) ;
par E. 31uNZER. (Ibid.; p. 260 à 263.)
1. - Quoique la théorie de Bethe sur la conduction nerveuse et
l'indépendance relative des fibrilles et des cellules nei euses ait t
été complètement ruinée par des recherches ultérieures accom-
plies, soit au moyen de la méthode môme de cet autour, soit par
d'autres méthodes, et notamment celle de Cajal, on cite encore
quelquefois la régénération autogène cumme une preuve de l'in-
dépendance embryogéniquo des libres nerveuses périphériques par
rapport aux cellules nerveuses. Il existe cependant de nombreux
résultats contraires, en particulier ceux de van Gehuchten et de
M. et 1 ? Mais ces deux derniers auteurs avaient tout d'abord ex-
périmenté sur le lapin, et Cellie, ayant déclaré que l'espèce avait
été mal choisie, ,\1. et 1 ? refirent leurs expériences sur des chiens.
Chez 12 individus, âgés de 14 à 36 jours au moment de l'opéra-
tion, ils extirpèrent un segment du sciatique long de 10 à 15 mm.
el eurent soin de glisser l'extrémité périphérique du hout cen
398 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
tral à travers le biceps et de la fixera la face profonde de la pa-
roi externe de la loge aponév rotique de ce muscle.
Chez quatre chiens examinés du 18° au 104° jour après l'opé-
ration, le résultat fut complètement négatif : pas de névrome
du bout central, pas défibres régénérées, dégénération totale du
bout périphérique devenu complètement inexci table par l'électri-
cité.
Chez trois chiens tués les 39°, 10 î^, 17 Ie jours, des fibres nerveuses
nées du névrome du bout central traversaient la cicatriceet péné-
traient dans le bout périphérique demeuré pourtant inexcitable.
Enfin sur quatre chiens, tués du 67e au 1130 JOUI', le bout périphé-
rique conlenait des libres régénérées venues par le tissu cicatri-
ciel et était excitable par l'électricité.
Comme il fut possible dans tous les cas de constater la conti-
nuité des fibres régénérées du segment périphérique avec celle du
bout central, les auteurs, après avoir soigneusement décrit les
parlicularitéscliniques et anatomiques de chaque expérience et
envisagé toutes les causes qui peuvent agir sur la rapidité de la
régénération et du retour de l'excitabilité, concluent qu'il n'y ri
vas de régénération autogène des nerfs coupés.
Il. Sans apporter d'expériences nouvelles et en s'en tenant au
texte même de Cethe (.l11gemeine .1nat. und Pliez. des Nervensys-
tems, 1903), M. démontre que les expériences rapportées par cet
auteur ne sont pas en faveur de la régénération dite autogène.
Il insiste particulièrement sur l'expérience de 1' « anneau ner-
veux') (libération presque complète d'un segment nerveux etmise
en contact définitif des deux extrémités, proximale et distale.de ce
segment) ; puis il montre que les résultats rapportés par Bethe
sur la régénération des libres nerveuses des centres sont insuffi-
samment explicites et d'ailleurs contradictoires entre eux. 11 est
a noter qu'à propos delà section des racines postérieures entre
la moelle et leganglion, M. ne tient pas compte des fibres mé-
liullifuges lie ces racines. CH. Bonne.
LY111. Beitrag zur Diagnose des Cysticercus ventriculi
quarti (Contribution au diagnostic du cysticercus du
4° ventricule); par 11ARL USTER1'ALD, de I lanov re. (Neural.
Ctrbl., XXV, fasc.G, p. 265 à : *70.)
La symptomatologie est des plus variables : quelquefois la mort
suit de très près les premiers symptômes ; d'autres lois le cyli-
cirque est constaté à l'autopsie sans que rien ait fait soupçonner
sa présence. Pourtant, en 190 : 2, Bruns a décrit un syndrome qui
porte actuellement son nom et qui permit deux fois de faire
un diagnostic contrôlé par l'autopsie : longues périodes au cours
desquelles on observe la symptomatologie générale des tumeurs
cérébrales, stades intermédiaires également prolongés ; verli-
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3G')
gcs causés par les déplacements rapides de la tête ; absence ou
manque de précision de tout autre symptôme objectif ; mort
subite.
S. apporte deux nouveaux cas : 1° Femme de 37 ans; depuis
deux ans, céphalée, faiblesse et même impotence des membres
inférieurs ; puisataxie cérébelleuse, céphalée occipitale surve-
nant par accès et souvent accompagnée de vomissements, nys-
tagmus ; helminthiase intestinale (l'A. ne spécifie pas l'espèce re-
jetée). Les mouvements étendus du tronc et de la tète étaient
pénibles, réveillaient la céphalalgie et causaient du vertige. Dans
le décubitus, la malade maintenait au moyen des deux mains la
colonne cervicale fortement fléchie en avant. Pendant les accès
douloureux, le pouls devenait quelquefois plus rapide et il y
avaitdel'hyperthémie.Le diagnostic hésita entre sclérose en pla-
que et tumeur du cervelet jusqu'à ce que la mort subite mit sur
la voie de la réalité. A l'autopsie, hydropisie des ventricules, no-
tamment du quatrième, lequel contenait un cysticerque libre, cal-
cilié, du volume d'un pois.
2" Femme « jeune», céphalée tenace depuis un an, vomisse-
ments, puis rémission complète de longue durée. Ultérieurement,
céphalée plus intense entraînant la position du cou décrite dans
lelremiercas : démarche chancelante ; nystagmus. Les mouve-
ments rapides de la tôle ne s'accompagnaient pas de symptôme
spécial. Mort subite sans autre aggravation. Le diagnostic de
vraisemblancefutposé pendanl la vie.
L'épendyme du 4* venlriculcfut trouvé uniformément épaissi.
Dans l'épaisseur du bulbe, au milieu d'une masse gélatineuse
sous-jacente à l'épendyme, on trouva un cysticerque jaunâtre,
du volume d'un pois, caractérisé par la présence d'une couronne
de crochets.
Malgré l'absence du symptôme de Bruns (vertiges par les mou-
vements brusques de la tôle) dans le deuxième cas, l'auteur ne
considère pas comme démontré que ce signe caractérise les cys-
ticerques libres dans la cavité du 4" ventricule. CH, Bonne.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
X\'II.- Démence précoce paranoïde. (Diagnostic différen-
tiel de la Paranoïa) ; par JI. le Dr Ferrai ! ni. (Rivista sperinxen-
tale di Prenlatl'Ía, Hl'ggio Emilia, 1 aOj, '01. XXXI, fasc. Il.)
L'auteur commence par relaler plusieurs éiii-
blissent bien à son avis la différence qui existe outre la démence
400 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
paranoide et la paranoïa. La conception clinique de Kraepelin de
la démence paranoide simple et de la parauotco-fanlastidue )où ici
mieux démence paranoide pseudo-systématique) qui fait rentrer
ces deux formes dans la démence précoce, est sans doute une des
plus importantes acquisitions cliniques de] ces derniers temps,
mais il a, selon l'auteur,une trop grande tendance à vouloir élcr-
gir le cadre clinique de la démence précoce ; et cette tendance l'a
amené à l'aire un tout de la démence précoce el de la paranoïa.
Pour la paranoïa et la démence paranoide sont des
individualités nosologiques bien distinctes et bien séparables,
par ce fait que la seconde a ceci (le contraire à la première qu'elle
porto toujours dans son ensemble symptomatique l'empreinte
spécifique de la démence précose. Le concept )\roepolinien de la
paranoïa est mauvais par ce fait qu'il considère seulement comme
rentrant dans la paranoïa un délire systématique à début lent, il
évolution chronique et sans passage à la démence. 11 est préféra-
ble et plus juste d'admettre la conception de Tanzi qui retire de
la paranoïa beaucoup de délires systématisés, et qui admet l'exis-
tence de la paranoïa sans délire systématique. Tanzi comprend
la paranoïa comme une anomalie de développement, comme un
mode anormal de formation de la personnalité (Parafrenia de
Morselli) se limitant à une simple constitution psychique pa-
ranoiquc (Paranoïa sans délire) ou se rapprochant d'un délire
systématisé parannique. Ce délire dépend donc de l'état mental
plus ou moins élevé, plus ou moins restreint du sujet. Donc,en-
tre les cadres de la démence paranoide et ceux de la paranoïa a
typique, le diagnostic différentiel est en général possible.
,1. Si';GLAS.
XV111. Recherches statistiques et cliniques sur le suicide
chez les alcooliques ; par LORRNZY. (Rivista sperimentale di
Frenatria. Heggio Emilia, 1905, Vol. XXXI, fasc. II.)
Les stastistiques portant sur la ville de Pavie donnent un to-
tal de 81 suicides pendant la période 151)-ltJOa. Sur ces SI suici-
des, il y en a eu JU dus à la noyade, 17 aux armes à feu, S à la
pondaison, 7 aux armes blanches, 6 au poison, 6 à l'asphyxie,
4 à l'écrasement, 3 à une chute.
Dans cette statistique, ne sont pas comprises les tentatives de
suicide, que l'on observe si fréquemment chez les alcooliques.
J. S.
XIX. Altérations particulières du langage dans un cas
de démence primitive ;par LINGUERRI. (Rivista sperimentale
di Fi-e,tiat7,ia. Hcggio Emilia, 1905. \'01. XXXI, fasc. iL)
On peut observer, dans certains cas de démence primitive, des
troubles du langage.parlé comme du langage écrit. Un ne peut
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 401 1
prétendre décrire un mode d'altération du langage particulier à la
démence précoce, mais on peut observer fréquemment des trou-
bles de ce genre. Les troubles de la parole et des écrits dans la dé-
mence primitive ne sont pas décrits par les auteurs ; ils peuvent
cependant présenter des caractères variés complètement diflé-
rents de l'uniformité séméiotique que l'on observe dans le lan-
gage des paralytiques généraux. La cause en est facile à com-
prendre, puisque l'on ignore pour la démence primitive la base
anatomique qui existe dans la paralysie générale ; ces symptô-
mes ont la variabilité d'aspect et l'inconstance des signes l'on ?
lionnels ; mais tandis qu'il serait illogique de conclure du parti -
ailier au général, l'observation de cas analogues pourra peut-
être justifier la fréquence de ces troubles. J. S.
XX. Un cas de paralysie générale juvénile ; par le dur
DsROUBAIx (Bull, de 1(1 Soc..le Méd, mentale de Belgique, 1905,
n" lu0).
Il s'agit d'un jeune homme, débile congénital, ayant une lour-
de hérédité neuro-psychopatique et hérédo-syphilitique, qui pré-
senta à 20 ans les premiers symptômes d'une paralysie générale
a laquelle il succomba au bout de six années.
A l'autopsie, on ne constata macroscopiquement aucune lésion
notable du cerveau, mais l'examen histologique décela une dégé-
nérescence scléreuso ou pigmentaire des cellules ganglionnaires
et des altérations très accentuées des vaisseaux, dont les parois
étaient épaissies et renfermaient un plus grand nombre de
noyaux qu'à l'état normal. Autour des vaisseaux il existait en
outre une grande quantité de cellules plasmatiques et des plasma-
zellen. C'est à cette dernière lésion que l'auteur fait jouer le prin-
cipal rôle dans la production de la paralysie générale ; les altéra-
tions cellulaires seraient t secollllai l'es et consécuLi \'es. i\1, Deroubaix x
se rallie donc à la théorie de M. de Buck. d'après lequel le proces-
bus parai tique, f au lieu d'être une diapédèse. serait une gra-
nulnse libroplastique, mésenchymateuse, un processus de néol'or-
mation interstitielle ». G. DENY.
X\'l. La classification des enfants anormaux ; par le
D" Deckoly (l3tclf. de la Soc. de méd. mentale de Belgique,
n ? 1' et 1 ? 3).
L'auteur passe en revue, dans ce travail, tous les essais de clas-
silication (lui ont été tentés au cours des dernières années pour
grouper méthodiquement les enlants présentant une anoma-
lie quelconque (et non pas seulement intellectuelle) susceptible
d'entraver leur adaptation au milieu dans lequel ils sont destinés
à vivre. Après avoir fait ressortir les inconvénients qui résultent
du grand nombre de nomenclatures existantes, de la grande
Aucun LS, 2, série, 1906, t. XXII. 2û
402 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
variété des termes et de leurs multiples acceptions, de la confu-
sion totale qui en est la conséquence et de. l'urgence 'qu'il y a à
provoquer un accord sur les bases d'un classement qui puisse se
généraliser et dont la souplesse soit telle qu'il englobe tous les
cas possibles, M. Decroly propose de répartir les anormaux en
deux grands groupes : les anormaux ou les irréguliers par causes
intrinsèques et les irréguliers par causes extrinsèques (influence
du milieu familial, scolaire, social, etc.). Parmi les premiers, il
distingue : les irréguliers des fonctions végétatives (difformités
et anomalies physiques, affections chroniques des organes de la
vie végétative,) et les irréguliers des fonctions de relations irré-
gulières des sens, des mouvements, de l'intelligence, des senti-
ments affectifs, etc.). \.
On voit par ce simple aperçu que l'auteur étend considérable-
ment les limites de l'irrégularité et que les irréguliers mentaux,
idiots, imbéciles, débiles, etc.), ne constituent plus comme dans
les classifications habituelles, les seuls êtres anormaux. G. D.
XXII. Contribution au diagnostic des irrégularités men-
tales. Les frontières anthropométriques des anormaux,
d'après M. 131neG, par M. DECROLY. (.101ti' ? I. de Neurologie, 1900,
n° 4.)
Les mesures anthropométriques faites par l'auteur sur 33 en-
fants atteints de troubles divers (infirmités physiques, troubles
du caractère, insuffisance mentale) confirment nettement les
observations de Binet. Sur les 22 enfants atteints d'insuffisance
intellectuelle à divers degrés, il en est 12 qui sont inférieurs à la
frontière pour la somme des mesures céphaliques ; 3 cas en sont
voisins, 1 cas est à la limite supérieure. Pour la taille, 5 de
ces enfants sont inférieurs à la limite de BinEt. Chez les 11 en-
fants sans insuffisance, aucun n'était inférieur à la limite
pour la somme des diamètres céphaliques et il y en axait un seul
pour la taille.
Les troubles qui retentissent sur le volume du cerveau et par
suite sur la forme du crâne peuventne pas influencer la taille. Eu
tous cas les dimensions restreintes du crâne ne peuvent pas être
mises ici sur le compte d'une taille trop petite, puisqu'il n'y a que
G enfants qui ont une taille à la frontière ou inférieure à celle-ci,
tandis qu'il y en a 12 qui ont la somme des diamètres inférieurs
et de ces 12 il n'y en a que 4 qui ont une taille à la frontière ou
sous la frontière. G. D.
tYlll.-Rapport de M. Motet sur un mémoire de M. Marie
(deVillejuif) intitulé : « Paralysie générale et syphilis
chez les Arabes.
Chargé d'une mission en Egypte, Marie a étudié cette question
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 403
si controversée dans le service du Dr Warnork à l'asile d'Abas-
siet près du Caire ; 12 % des malades traités dans cet établisse-
ment sont syphilitiques (soit 79 sur 561 admis en 1901) parmi
lesquels 22sur 25 paralytiques généraux. En 1904 on y a admis 35
paralytiques sur lesquels 23 avaient eu la syphilis.
La méningo-encéphalite diffuse est donc fréquente en Egypte
et la syphilis est notablement plus commune chez les les aliénés
de cette catégorie que chez les autres Arabes amenés à l'asile
pour des causes quelconques. Ce qui rend difficile le diagnostic
de la P. G., surtout au début, chez les Arabes : c'est, d'une part, la
difficulté de constater les troubles de la parole à cause de la pro-
nonciation gutturale de leur langue et, d'autre part, la difficulté de
constater les troubles oculo-pupillaires à cause de la pigmenta-
tion foncée de leur oeil. L'alcool, malgré la défense du Coran, ne
semble pas étranger au développement delà maladie; il en est de
même du haschis. La pellagre donne lieu à un syndrome pseudo-
paralytique dont les accidents cachectiques de la fin sont en tous
points analogues à ceux de la paralysie générale vraie. Il n'a pas
été possible à Marie de déterminer l'âge de la syphilis au mo-
ment du début de la P. G. ni l'âge delà P. G. au moment de
l'internementni même lafréqucnce de cette redoutable affection
dans une période relativement ancienne; les statistiques n'exis-
tant, sur les bords du \il, que depuis l'occupation anglaise. C'e-t
donc un appoint de plus à la théorie syphilitique de la maladie
de Dayle (Acad, de mèd, 29 mai 1900.)L. WAHL.
XXIV. Association des idéeschezles idiots et les imbé-
ciles ; parles 1) ? Boulanger et Hermant. (Bull, de la Société de
méd. mentale de Belgique, 1905. nos 123 et 124.)
Travail enrichi de nombreuses observations et d'expériences,
qui toutes tendent à démontrer que les sensations et les repré-
sentations ne peuvent s'associer dans la mentalité de l'idiot qu'à
la condition d'apparaître avec un minimum d'intensité, d'où un
manque d'unité de la personnalité et une prépondérance presque
exclusive des réactions automatiques. Au total la mentalité de
l'idiot pèche seulement par insuffisance ou pauvreté, elle n'esl ni
erronée, ni viciée. En un mot. l'idiot a l'aspect juste mais borné,
l'imbécile, au contraire est essentiellement perverti. L'idiot est
un être qui s'est figé en quelque sorte au début de son dévelop-
pement ; c'est un enfant qui n'a pas eu lui-même de puissance
d'évolution ou qui l'a perdue soit à un stade embryonnaire, soit à
un moment très voisin de la naissance.
D'une façon générale,on peut dire que l'idiotie se caractérise
par une absence de plasticité cellulaire et par une incomplétude
des liquides baignant les cellules. Les deux phénomènes sont du
reste absolument liés l'un à l'autre, car ces liquides ne sont ja-
404 Í SOCIÉTÉS SAVANTES.
mais que des sécrétions cellulaires : ceci semble se vérifier parti-
culièrement chez les idiots myxoedëmateux chez lesquels l'insuf-
fisance thyroïdienne a pour conséquence une diminution de la
plasticité cellulaire et en particulier de la plasticité cérébrale.
G. DENI'.
XXV. L'accommodateur dans la paralysie générale ; 0r
MARANUON deMoNTYEL. (Jolt1'n. de Neurologie 1906, n3J.
De ses laborieuses et consciencieuses investigations faites sur
140 paralytiques généraux, observés aux différents stades de leur
affection et suil i s jusqu'à leur mort, l'auteur se croit en droit
d'affirmer que le réflexe accommodateur est altéré dans tous les
cas de paralysie générale sans exception, à un moment ou à un
autre de la maladie quand elle suit tout son cours.
Dans la presque totalitédcscas les réflexes accommodateurs des
deux yeux sont simultanément atteints d'un trouble identique,
l'exagération de ces réflexes étant d'ailleurs tout à fait excep-
tionnelle.A la première phase de la paralysie générale,l'accommo-
da leur est déjà altéré dans la moitié des cas; à la seconde dans les
deux tiers et il est exceptionnel qu'il soit normal à la troisième,
contrairement à une opinion très répandue.
L'exagération de l'accommodateur ne s'observe qu'à la première
période, et les états différents à un oeil et l'autre, qu'aux phases
initiales et intermédiaires, de telle sorte qu'à l'ultime, c'est tou-
jours une altération en moins qu'offrent les deux yeux.
L'aholition de l'accommodateur, selon toutes probabilités, ne se
produit jamais d'emblée ; elle est précédée d'un affaiblissement
dont la durée est d'autant plus courte que la paralysie générale
est à une période plus avancée. G. Deny.
SOCIETES SAVANTES
SOCIÉTÉ D'HYPXOLUCiE ET DE PSYCHOLOGIE
Séance du mardi 16 octobre 7.90C. Présidence de ¡)J, ,IULES
Voisin.
Les enfants anornuutic intellectuels.
M..Iules Voisin. Depuis quelque temps on a trop tendance
il renvoyer des écoles et à qualifier d'anormaux des enfants qui
sonl simplement espiègles, turbulents, inattcntifs, qui troublent
laclasse eldcnnenl du mal leur professeur Ce sont de faux anor-
maux. Les vrais anormaux ont Lous des Lares : 1° pal' déficit intel-
lectuel et moral, par arrêt de développement (idiots, imbéciles
SOCIÉTÉS SAVANTES. 405
débiles), 2° par altérations intellectuelles (psychose dégénérative
et 1),;ychoné% roses : épilepsie, hystérie, neurasthénie, chorée).
3° par perle de l'intelligence (démence précoce, paralysie générale,
démence épileptique, spasmodique). Il faut examiner de très
près au point de vue intellectuel, les enfants dits anormaux et.
discerner si ce sont devrais ou de faux anormaux.Au point devue
pratique, il est indispensable de les classer (tins la catégorie qui
leur convient, afin d'éviter les fâcheux effets de l'exemple ou de
la contagion, car, par exemple, un dégénéré, au contact d'un
vicieux, deviendra vicieux, lui aussi.
M. Bérillon. -Dans les classes, l'existence d'un seul anor-
mal suffit parfois pourépuiser la bonne volonté et l'énergie du pro-
fesseur. Toutefois à côlé des enfants profondément tarés, confiés
à M.Jules Voisin, à son Ecole de réforme de la Salpêtrière, il existe
toute une catégorie d'enfants intraitables, indociles, indisciplinés
qui ont besoin de beaucoup de mouvement au grand air. C'est
pour ceux-là qu'a été fondée la maison de Créteil, véritable colo-
nie champêtre où les enfants sont soumis aune surveillance étroite,
quoique discrète, à une direction pédagogique spéciale et à un
traitement psychologique approprié à leur cas. Elle est, en ou-
tre,un champ d'étude et d'observation pour les pédagogues et les
psychologues.
La Société décide de faire prochainement une visite scientifique
à l'Institution familiale de Créteil pour enfants anormaux afin
d apprécier les méthodes pédagogiques et thérapeutiques qui y
sont employées
Quelques nouveaux cas de trac chez des exécutants.
M. Paul FAREZ rapporte trois cas de trac guéris par suggestion,
deux intéressant des concurrents du dernier concours duConser-
valoiro. Les nombreux cas de trac qu'il a guéris jusqu'ici compor-
taient tous, en outre de la phobie, quelque trouble somatique con-
comitant : spasmes respiratoires, hypertrophie du coeUl',ér'éthisme
cardiaque, bradycardie, hypertension artérielle, aso-constriction
périphérique. Ces troubles conditionnent le trac ; ils lui servent, en
quelque sorte, de support, l'entretiennent, l'exaspèrent et le per-
pétuent ; même ils sont souvent un obstacle à la pleine et rapide
réussite de la suggestion. Sans doute, la suggestion est le véri-
table agent curateurdutrac; mais en opposant aces troubles une
médication physiologique appropriée, soit avant, soit pendant le
traitement psychologique, on prépare et précipite la guérison.
Celle double action convergente psycho-somatique permet des
succès rapides, faciles et durables.
Le mal de mer vrai et le mal de mer imaginaire.
M. Félix 11EGNAULT. -Désirew d'étudier, de près, le mal de
nos SOCIÉTÉS SAVANTES.
mer je me suis embarqué pendant toute la durée des vacances.
Très souvent j'ai guéri le mal de mer, non par suggestion directe,
mais par suggestion indirecte en faisant absorber quelques
centigrammes d'une substance inerte ou anodine, dont je pro-
clamais la grande efficacité. Mais aucun médicament psychique,
aucune spécialité réputée ne peut guérir le mal de mer qui sur-
vient par les gros temps, .l'en suis arrivé à distinguer, d'une
part, le mal de mer vrai, contre lequel rien ne fait,(iL moins que
l'on ait affaire à une personne hystérique), et d'autre pari le
mal de mer imaginaire (produit par l'auto-suggestion, l'imita-
tion, la crainte, etc.) dont triomphe assez facilement la médica-
tion psychique. Les médecins de marine se privent de nombreux
succès en négligeant de traiter par suggestion indirecte des maux
de mer imaginaires, dont j'estime la proportion à cinqsur sept.
M. Rerillon. Sans aucun doute l'auto-suggestion occupe
une large place dans l'étiologie du mal de mer; aussi bien d'ail-
leurs que la contagion. Un jour des passagers racontaient auprès
de moi des histoires de mal de mer ; je sentais que j'allais en
41re atteint si je ne leur avais imposé silence. Pour m'en pré-
munir, ou bien je m'endors, oubien je concentre ma pensée sur
la préparation de quelque article ou communication;je fais de la
dérivation. Par le dressage et l'éducation, on s'entraîne, sinon à
l'éviter,au moins à le supporter, grâce à l'influence des représen-
tations mentales.
M. PaulMAGNiN. Mon expérience personnelle confirme l'ac-
tion de l'auto-suggestion et de l'hétél'o-suggestion dans l'étiologie
elle traitement d'un certain nombre de cas de mal de mer.
M. Paul Farez. i\I.IlegnauIt dit que la suggestion ne saurait
guérir un mal de mer vrai que chez les hystériques.Cependant,pre-
nons, par exemple, le cas suivant : la mer est très mauvaise, tout
le monde souffre du mal de mer; survient le danger d'incendie,
d'échouement, de voie d'eau : l'émotion est si intense que le mal
de mer est supprimé chez tous. On ne saurait soutenir que tous
étaient des hystériques ou que tous n'avaient qu'un mal de mer
imaginaire. Cette dérivation de l'attention a donc suspendu un
certain nombre de maux de mer vrais; la suggestion est donc lé-
gitime, même contre ces derniers.
M. 13ÉRILI-ON. - M. Paul Farez et moi-même avons immunisé
contre le mal de mer des gens qui n'étaient pas le moins du monde
hystériques, qui avaient une volonté vaillante et savaient se dé-
fendre de l'auto-suggestion. La suggestion thérapeutique guérit
le mal de mer non seulement d'origine psychique, mais aussi
d'origine viscérale.
M. LINET-SANGL74. D'après M. Itegnault, si la suggestion
guérit le mal de mer,c'est qu'il est imaginaire ; si elle ne le guérit
pas, c'est qu'il est vrai. Mais la suggestion de l'un échoue là où la
BIBLIOGRAPHIE. 407
suggestion de l'autre réussit. L'efficacité d'une suggestion varie
suivant l'opérateur et suivant le procédé employé ; elle ne sau-
rait dans ce cas, servir de pierre de touche infaillible.
M. Valentino. En effet, on ne nous apporte aucun élément
de diagnostic entre le mal de mer vrai et le mal de mer ima-
ginaire ; on devrait nous dire en quoi ils se distinguent l'un de
l'autre.
M. Le Menant des C.HESNA15. - Si le mal de mer imaginaire
est seul justiciable de la suggestion, notre pratique médicale nous
expose à de nombreux déboires ; avant d'instituer le traitement
suggestif, nous aurions besoin de savoir si le cas est imaginaire'
ou vrai, c'est-à-dire s'il est justiciable ou non de la suggestion.
M. Félix Regnaun. Sans doute je ne peux pas vous fournir
de moyen de diagnostic. Mais, dans votre pratique nerveuse, il
vous arrive, à chaque instant, d'instituer le traitement suggestif
pour savoir si tel symptôme est d'origine organique ou d'origine
fonctionnelle; la suggestion vous sert de pierre de touche ; grâce
à elle, vous faites un diagnostic. Quant à la distinction entre le
mal de mer vrai elle mal de mer imaginaire, elle m'est apparue
comme une vérité d'expérience.
PAU de ST MARTIN et COMY rapportent des cas person-
nels ; ni l'auto-suggestion, ni l'approche d'un danger n'ont mo-
difié l'intensité de leur mal de mer.
MM. LEPIN.1Y ET POTTIER expose les modalités du mal de mer
chez les animaux, lesquels subissent aussi l'influence de la con-
tagion.
Celte question est maintenue à l'ordre du jour de la Société et
la suite delà discussion est renvoyée à la séance de novembre.
BIBLIOGRAPHIE
IX. - Rapport médical et compte rendu administratif de l'asile
de Dury-Les-dmiens, par le D Ciiaron, médecin directeur. IIe-
donnet, imprimeur à Amiens.
Population au 1 cr janvier 1905 : 539 (270 II ; 269 F). Entrées :
147 (71 II ; 76 F). Sorties : 93. Décès : 60 (32 II ; 28 li. Restants
au 31 décembre 1905 : 533 (265 Il. ; 268 F.). Pendant la dernière
période décennale la population s'est élevée de 580 en 1896 à 686
en 1905 : au point de vue clinique les admissions sont rangées
sous trois grandes classes : démences congénitales, démences ac-
quises, psychoses.
« Aux âges extrêmes de la vie, l'assistance collective présente
408 BIBLIOGRAPHIE.
des indications et réclame des moyens très différents, selon qu'il
s'agit de l'enfance et de la vieillesse.
« Le traitement des jeunes arriérés de toutes classes, ainsi que e
l'a démontré la belle expérience de Bourneville, peut conduire à
des résultats importants au point de vue non seulement de
l'amélioration, non seulement de l'individu, mais encore de la
morale et de la santé publiques.
« Avec les méthodes spéciales et les conditions restrictives
qu'il comporte, ce traitement doit être assuré à l'asile et soumis
au régime général des aliénés, comme l'a admis le Conseil géné-
ral de la Somme en décidant généreusement la construction d'un
quartier d'enfants à l'Asile de Dury.
« Il n'en est pas de même pour la vieillesse. La sénilité, qu'elle
se traduise par de l'affaiblissement physique et intellectuel, sim-
ple, ou compliqué transiloirement ll'exci tation ou de turbulence,
paraît devoir rester dans le domaine particulier de l'Assistance des
vieillards et ne devoir prendre place que d'une façon tout à fait
exceptionnelle à l'Asile d'aliénés.
« Que la plus grande part des résultats curatifs porte sur les
formes les plus fréquentes et les plus simples de la manie et de
la mélancolie ; que ces résultats curatifs se produisent générale-
ment dès les premiers temps de l'admission à l'asile et d'autant
plus rapidement que le début des troubles intellectuels est plus
récent : ce sont aujourd'hui des vérités banales et qu'il serait
inutile de redire, si l'on ne voyait encore aussi souvent des
malheureux traîner leur délire, dans les familles, dans les hôpi-
taux, dans les maisons de spécialistes équivoques, ou même
dans les rues, pendant des semaines et des mois, pendant assez
longtemps parfois pour verser dans l'incurabilité, le crime ou le
suicide, avantde venir échouer définitivement à l'asile.
C'est en janvier et en août que les décès ont été les plus nom-
breux. Sur 60 décès. 4 par tuberculose et un par péritonite tuber-
culeuse.
« 50 % des décès se sont produits pendant les six premiers
mois de séjour à l'asile, dont plus de la moitié pendant les deux
premiers mois. 11 suffit de voir l'état de misère. d'affaiblissement,
de malpropreté, dans lesquels nous recevons un grand nombre
de nos entrants déjà épuisés par la maladie, pour s'expliquer la
cause de la mortalité énorme qui les frappe. Cotte année comme
les précédentes, il faut continuer à regretter que la coalition des
préjugés étroits, des petits calculs et des habitudes administra-
tives s'oppose trop souvent au traitement hâtif des maladies cé-
rébrales et compromette gravement la raison et l'existence d'un
trop grand nombre d'aliénés.
Dans le chapitre consacré au traitement, M. le D' Charon,après
avoir dit quelques mots de l'alitement, insiste sur la médication
BIBLIOGRAPHIE. /,ou
hydrothérapique qui forme un élément de traitement important
mais qui doit être administré dans des conditions d'organisa-
tion parfaite. Avec notre nouvelle installation nous pourrons
sans doute étendre son application, sans avoir à tenir compte de
la température extérieure. Dans l'état actuel, nous avons dû li-
miter à la durée de la belle saison, les douches et bains prolon-
gés qui s)IIt un des moyens les plus eflicaces cinti-e les troubles
de l'activité générale.
« 1.100 douches en jet ont été appliquées à des malades dé-
primes,ralentis.cristallises ou catatoniques, à tous ceux qui man-
quaient de réactions périphériques. Dans ces cas le jet d'eau agis-
sant mécaniquement, à l'instar d un massage excitant, il nous a
paru indiqué de renoncer à la douche froide généralement mal
acceptée, et de lui substituer la douche tiède ou chaude, qui nous
a donné de meilleurs résultats.
« Contre les états d'agitation à forme maniaque, nous avons
usé des bains de durée, variant de 1 heure à 4 heures, 3.30 bains
de durée ont été donnés représentant un total de 781 heures,
que se sont partagés àdose inégales. une quarantaine de malades.
L'asile possède un laboratoire de recherches aussi nécessaire
dans un asile bien organisé que dans tout autre établissement
hospitalier.
" L'installation, que nous avons inaugurée en 1905, dit M. le Dr
Charon et qui est alimentée par nos constatations nécropsiques,
sera complétée au furet à mesure des besoins. Sa jeunesse ne
nous a permis, jusqu'à ce jour, que les examens courants de mi-
crobiologie, de diagnostics d'exsudats, et quelques éludes cyto-
logiques mais la compétence et le zèle de nos collaborateurs, le
11'fissoL, médecin-adjoint, et le Dr Jlézie, médecin-interne, nous
sont un sur garant des résultats intéressants auxquels nous con-
duira son amélioration progressive.
M. Charon termine son rapport par des considérations très in-
téressantes sur l'enseignement du personnel secondaire.
« L'insuffisance du personnel secondaire des asiles, dit-il, a fait
depuis longtemps et surtout depuis quelques années, à l'occasion
d'accidents particulièrement graves, 1 objet des préoccupations
unanimes des aliénistes, des pouvoirs administratifs et de l'opi-
nion publique. L'augmentation numérique, l'amélioration des
(1) Une première série de conférences a été faite par M. Charon
stii-1-s devoirs professionnels des infirmiers : l'sur les conditions ma-
tértelles et mowales des infirmiers ; 2° sur les rapports des infirmiers
avec leur* camarades et avec leurs chefs ; 3' sur les rapports des in-
firmiers avec les malades ; 4" sur les rapports des infirmiers avec les
familles dis n : alaAes et sur leurs relations hors de l'asile.-A rap-
procher des conférences de 11t le Der LeveL.Nous aurions été heureux
d'incorporer leurs brochures dans la Bibliothèque de l'infirmière.
410 BIBLIOGRAPHIE.
comblions matérielles et morales de ce personnel, permettant
une sélection plus rigoureuse dans le choix (les candidats et dans
la distribution des emplois, avec l'organisation d'un enseigne-
ment professionnel et moral dans les milieux d'hospitalisation
mêmes, sont sans aucun doute, les moyens les plus simples et les
plus efficaces de remédier progressivement à cette insuffisance.
Nous en avons déjà entrepris l'application,dans la limite do nos res-
sources, en augmentant les avantages, les salaires et les libertés
de nos infirmiers, en assurant à tous le bénéfice d'un service de
retraite pour la vieillesse et aussi en organisant un service régu-
lier de conférences, destiné non seulement à élever et à maintenir,
au niveau qu'elle doit avoir leur conscience morale, dont dépend
le bien-être des malheureux dont nous avons la charge et le bon
renom de noire régime d'assistance. »
Le compte-rendu administratif se termine par un passage qui
mérite d'être cité : « La réalisation du projet d'agrandissement
voté par le Conseil général à sa session d'août 1905, approuvé
par le ministère de l'intérieur et dont les travaux vont commencer
incessamment, comblera prochainement les deux grandes lacunes
qui existaient encore à l'asile de Dury, et assurera dans des con-
ditions satisfaisantes le traitement des maladies incidentes, des
psychoses aiguës, et l'hospitalisation des enfants arriérés. » Labo-
ratoii-e, enseignement du personnel secondaire, hospitalisations et
nous l'espérons bien, traitement médico-pédagogique des arriérés,
voilà des réformes qui font honneur au Conseil général de la
Somme età notre collaborateur : \1. Charon. Nous les enregistrons
avec la plus grande satisfaction et les signalons à nos collègues
des asiles.
X. Rapport sur le service médical de l'asile pour
l'année 190.5; par M. le D' Chardon, médecin directeur.
La population traitée va en augmentant d'année en année. De
1174 en 1901, elle est remontée à 1315 en 1905. Existants au le-'
janvier 1905,991') (Il. 900; F. 46). Entrées 339 (24 placements
volontaires, chiffre bien bas par rapport aux placements d'office
(315), qui indique la difficulté déplacements. C'est en mai qu'ils
ont été le plus nombreux (38), 65 par excès alcooliques. Sorties;
114, dont 46 par guérison et 23 par amélioration ; décès 217 ;
restants au 31 décembre 1905,984 (937 IL,47 le.). - «La paralysie
générale, comme toujours, est la maladie la plus fréquemment
constatée (88 malades en 1905).
« Le laboratoire continue à rendre les services multiples que
nous signalions l'an dernier et c'est aux méthodes qui y sont pra-
tiquées que nous demandons chaque jour les renseignements les
plus importants. Examens cytologiques des épanchements pleu-
raux. séro-diagnostic de la lièvre typhoïde, nous permettent de
BIBLIOGRAPHIE. 411
diagnostiquer avec précision les états morbides constatés chez nos
malades et de mettre rapidement en oeuvre, pour leur plus grand
bénéfice, les moyens thérapeutiques dont nous disposons.C'est au
laboratoire que nous pratiquons les examens histologiques des
organes recueillis aux autopsies ; grâce à cet examen nous pou-
vons chaque année nous livrer à des études diverses ayant pour
objet les maladies mentales et les lésions qui les déterminent.Les
résultats de ces recherches sont communiqués à la Société de
médecine du département du Nord et publiés dans diverses re-
vues spéciales. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de ces
publications,cependant signalons l'étude que nous avons laite des
rémissions qui surviennent de la paralysie générale, celle de
l'influence des maladies intercurrentes sur l'évolution de l'épi-
lepsie et enfin 1 étude de 21 cas d'idiotie avec autopsie, dans la-
quelle nous avons étudié les lésions si variées que nous avons pu
rencontrer. Ce travail, fait en collaboration avec Al. le Dr Raviart,
médecin-adjoint, abondamment illustré,a paru dans l'Echo médi-
cal du Nord du 17 décembre 1905. » C'est un document impor-
tant pour l'étude des différentes idioties.
La statistique ci-après montre que l'hydrothérapie est d'un
usage courant.
VARIA
Les aliénés EN liberté
Sous ce titre : Une pauvre folle, l'Union Libérale, de Dinan, du
30 septembre, raconte le l'ait suivant : « Depuis longtemps, une
pauvre folle, de Plévonon, atteinte de la manie de la propriété,
prétend que la moitié de la commune lui appartient. Elle se rend
fréquemment chez le maire et chez le notaire elles importune
de ses réclamations. Cette déséquilibrée, la nommée Chrétien,
possède quelques ressources qui lui permettraient de payer sa
pension dans un asile d'aliénés. On est unanime dans le pays
pour réclamer son internement. . Si elle ne possédait rien, on
ne parlerait pas probablement de son internement et cependant
l'urgence n'en existerait pas moins.
Les aliénés EN LIBERTÉ
La folie. - Un charretier, i\1. Charles Batours, âgé de quarante-
neuf ans, demeurant rue des Haies, présentait depuis quelques
mois des signes évidents de dérangement cérébral. Il prétendait
que safemme avait une « mine d'or dans le ventre ». Obsédé
par cette idée fixe, s'en allait, annonçant àses amis etaux com-
merçants du quartier la bonne nouvelle ; il allait être riche,quelle
joie ' ? '
Hier, pendant le déjeuner, il tracassa son épouse, puis après
s'être montré plus aimable que d'habitude, il saisit un couteau
sur la table et s'écria : Je vais t'ouvriiie ventre ? cette opération
est indispensable ? Sa femme poussa des cris qui attirèrent
les voisins, mais le charretier les regarda étrangement et dit :
Je trouve cela naturel.
Ce ne fut pas l'avis des locataires qui prévinrent : \1. Deslandes,
commissaire de police du quartier de Charonne. Le magistral a
fait conduire le fou à l'infirmerie spéciale du Dépôt.
Folie mystique. - Après un songe, un tailleur hindou se coupe
la langue devant l'image d'une divinité. Un télégraphie de Cawn-
pore (Bengale) : « Un tailleur hindou a payé un lourd tribut à sa
foi en les rêves. « Dans un songe, la déesse Papjshurri Davi lui
apparutet lui demanda sa langue. Lorsqu'il s'éveilla, il alla dans
le temple et, devant l'image de la divinité, il lira énormément sa
langue et la coupa. Les médecins de l'hôpital, où il a été trans-
porté, ne répondent pas de sa vie. » (Le Journal », 3 sept. 190ti.)
Après avoir blessé trois personnes il coups (le couteau, un foie
est tué par l'une d'elks, PERPIGNAN, 2 septembre. (Par dépê-
VARIA 413
clic de notre correspondant particulier.) -A Elne,près de Perpi-
gnan, un chemineau nommé Frances Auguste, trente-cinq ans,
pris d'un accès de folie, pénétrait dans le domicile d'un journa-
lier, Jean Malis, blessait de trois coups de couteau la femme de ce
dernier, et frappaiL d'un coup de la même arme un voisin, Dadies,
Pierre, qui venait au secours de la victime. Un conseiller muni-
cipal, II.Craul>y, Victor, charpentier, qui passait, voulut désarmer r-
le fou, mais ce dernier le blessa d'un coup de couteau. M.
(;rauby prit alors une longue vrille et en porta un coup au sein n
droit de Frances, (lui fut tué instantanément. L'état des trois bles-
sésest grave. (« l.eJournal » ? sept. 1906.) /
Une Descente de Justice.
A la Ronce, en notre commune, habitaient les époux Chény, le
mari, âgé de 48 ans, et la femme, né Guédet, Clémentine, âgée
de 60 ans. Celle-ci était faible d'esprit mais elle avait possédé
quelques milliers de francs, et, sans hésiler,Chény l'avait épousée
malgré leur différence d'âge. Ils s'étaient ensuite installés dans
un petit bordage, mais en peu de temps, le pécule apporté par la
femme avait disparu, et Chény avait dû reprendre son métier de
journalier. Il ne revenait plus que de temps à autre chez sa fem-
me. et parfois, disait-il, il lui administrait des corrections ? pater-
nelles.
La femme Chény d'ailleurs, que sa faiblesse d'esprit avait, de-
puis longtemps, rendu le jouet des gamins et des mauvais plai-
sants, s'étaitaigrieet étaildevenue insupportable. Un jour du mois
de septembre, comme elle allait à la Ctoix-Marcé pour y faire une
commission, elle passa sur un chemin en construction où travail-
lait six ou sept ouvriers. Elle fut interpellée parla femme de l'un
d'eux,le sieur Richard. Des mots on en vint aux mains et la fem-
me Richard qui est jeune et agile sauta sur la femme Chény, lui
releva sesjupes etlui mit toutle bas du corps à découvert, puis
elle lui donna le fouet en présence de tous les ouvriers.
La femme Chény, s'étant relevée après celle scène, alla à la
Croix-Marcé faire ses achats puis elle revint par le même che-
min. Richard était là. La femme Chény s'attaqua à lui disant
que sa fille allait avoir un enfant. Richard lui envoya aussitôt un
coup de pied dans le bas du dos avec une violence telle que les
ouvriers crurent qu'il avait frappé avec un marteau. La femme
Chény tomba à terre, puis elle se releva difficilement et rentra
chez elle.
Quatre ou cinq jours après, comme elle se traînait chez sa voi-
sine, Mme Chauvin, elle lui lit voir 1 endroit où le coup avait
porté, Mme Chauvin remarqua au-dessus des fesses du côté
droit, une contusion large de vingt centimètres, noire comme du
charbon. La femme Chény pouvait à peine se redresser. Ses voi-
414 VARIA.
sins firent prévenir son mari, qui revint à la maison et le 26 oc-
tobre, sa femme lui raconta dans quelles circonstances elle avait
été frappée par Richard. Chény manda immédiatement M.le doc-
teur Rocheron, de Vibraye, qui purgea la blessée et lui ordonna
une potion. Mais la maladie empira et la femme Chény rendit le
dernier soupir. C'est le 3 nov. que la gendarmerie de Vibraye fut
prévenue par Chény que sa femme était décédée à la suite des
coups qu'elle avait reçus desépoux Richard. Le 5 novembre, les
gendarmes se rendaient à Lavaré et entendaient les témoins de
la scène décrite plus haut. Lelendemain, ils prévenaient le Par-
quet de Saint- Calais. ,
Le 7 novembre, en conséquence, arrivaient à Lavaré M. Lecoulie
procureur de la République, M. Jamin, juge (l'instruction et son
greffier, lI. Larrier. Un médecin légiste, lI. Guitton, procédai ! à
l'autopsie de la femme Chény dont le corps avait été déposé dans
un hangar, près du cimetière. Toute la population de Lavaré se
pressait aux environs, et bientôt le bruit se répandait quo le mé-
decin avait déclaré que la femme Chény était réellement morte
des coups qui lui avait portés Richard. Le juge d'instruction, pen-
(tant ce temps, en tendait des témoins. Il avait interrogé Richard et
sa femme et, finalement, il a mis le premier en état d'arrestation
laissant en liberté la seconde qui estmère de trois enfants. Richard
est âgé de 40 ans, sa femme, Morencé. Ursule, en a 36. Au mo-
ment où les magistrats quittaient Lavaré, celle-ci parlant de l'ar-
restation de son mari disait : « )Ion mari ne peut-être puni, car
« elle emm ? tout le monde, et c'est sonhomme qui lui f ? le
« plus de coups» »
La descendance D'UN alcoolique.
On annonce de Londres que la commission des asiles d'aliénés
du Lancashire ayant constaté l'accroissement constant dn nom-
bre des laibles d'esprit et l'hérédité de leur mal, a émis hier un
voeu en faveur d'une intervention de la loi pour empêcher les fils
de fous de se marier et de propager ainsi leur folie.
La commission a rappelé à l'appui de son voeu les résultats
d'une enquête faite aux Etats-Unis,qui établit que, d'un dégénéré
alcoolique né là-bas en 1720, il est issu douze cents descendants
dont la plupart ont dû être internés dans des asiles d'aliénés ou
emprisonnés comme criminels et dont l'entretien a coûté à l'Etat
un million et demi de dollars, soit sept millions cinq cent mille
francs. (Le l'élit Var, 6 septembre ! \JOli),
Aliéné incendiaire.
Dans la nuit du 4 au 5 septembre, vers deux heures et demie
du matin, l'alarme était donnée dans la commune de lireuil-le-
ver (Oise). Le feu venait de se déclarer à deux meules l'une de
FAITS DIVERS. 415
gerbes, l'autre de paille. Elles furent toutes les deux détruites. 11
a été facile de connaître les causes de ce sinistre. Au pied d'une
meule et avant qu'elle ne soit complètement enflammée on a
trouvé une enveloppe à l'adresse d'un nommé Caudry(Auguste),
dit Minadoux, interné à l'asile d'aliénés.
Au dos était écrite au crayon une prose incohérente. L'auteur
écrivait que plusieurs personnages, plus ou moins imaginaires,
le forçaient à mettre le feu pour venger ses enfants victimes de
nous ne savons qu'elle persécution. Il terminait en demandant
pardon au propriétaire des meules. Le papier était signé Baudry.
L'incendiaire s'était évadé mardi matin de l'asile. Dans l'après-
midi il était monté au sommet d'une de ces meules, y avait fait
un trou où il s'était couché aprèss'êlredéshabillé. Un domestique
de M. Feutry l'avait surpris dans celle position mais s'était borné
aie chasser. (Semeur de l'Oise, S septembre 1906.)
Terrible scène DE FOLIE.
Il s'est déroulé à la gare centrale du chemin de fer de Milan
une scène terrible. Un jeune homme des Romagnes, âgé de 27
ans, nommé Rossi, voulait partir par le train de 1 h. 40 ; on lui
lit remarquer que son billet il venait de Chiasso ne lui en
donnait pas le droit. Pris tout à coup de folie furieuse, il tira de
sa poche un grand couteau et se mit à frapper au hasard autour
de lui. Six personnes furent ainsi frappées : un inspecteur des
chemins de fer, un médecin militaire, un colonel d'artillerie, un
cordonnier, un manoeuvre et un brigadier de gendarmerie. L'ins-
pecteur des chemins de fer a eu le coeur traversé et est mort sur
le coup.
FAITS DIVERS
Asiles D'ALIIi : N8S.- Jlouvement d'octobre. M. le Dr 1)ester-
TE, médecin-adjoint à Evreux, nommé directeur médecin de \au-
eat (Ilaute-Viennel, en remplacement de M. le Dr Brocquère,
mis en disponibilité.. M. le Dr GossA, médecin-adjoint promu au
grade de médecin enclef et maintenu dans les fonctions de mé-
decin inspecteur du service des aliénés des Alpes-Maritimes. M.
le U ? TIELINE, médecin- adjoint à la colonie familiale de Dun-
sur-Auron, Cher, promu à la classe exceptionnelle du cadre.
Distinction honorifique. Lettre de félicitations pour acte de
courage et de dévouement : M. Fortias, employé à l'asile d'aliénés
de Montdeveergnes (Vaucluse.)
Découverte d'un cadavre. Saint-Denis. - On a découvert
dans les cabinets d'aisances de l'hospice de Saint-Denis, le ca-
davre d'un vieillard àgé de 73 uns, Antoine Colomb, mort depuis
416 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
plusieurs jours. On le croyait disparu de l'hospice. On suppose
que le vieillard, qui ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales,
se sera enfermé par mégarde et sera mort d'inanition. (L'Aurore,
25 juin 1906.)
Triste accident. - L'autre soir, à .'IIanlilly, Louis Lelandais,
30 ans, qui a l'esprit faible, disparaissait de chez son père avec
son fusil. On se mit à sa recherche, mais en vain. Vers minuit,
on entendit une détonation et aussitôt Louis Lelandais rentra, 11
avait le visage mutilé ; la partie inférieure de la mâchoire, la
bouche et le nez étaient enlevés ; les chairs et la peau déchique-
tées pendaienten lambeauxjusque sur la poitrine ; les yeux seuls
étaient intacts. Il est peu probable que ce malheureux puisse
survivre à ses blessures On ignore comment ce malheur est
arrivé (Bonhomme normand, 22 juin).
La moralité DE l'enfant. Un petit garçon de dix ans attein t
d'orchite blennorrhagique, dans le Maine-et-Loire, une petite
tille de douze et demi qui vient d'accoucher à Dlarscille, voilà les
occupations qui ont retenu deux écoliers pendant les vacances
(Joum. des Sciences médic. de Lille). La surveillance des en-
fants n'est, certes, pas commode pour certaines familles où le
père et la mère sont retenus loin du logis pendant toute la jour-
née, et il n'est pas rare de voir des enfants abandonnés à eux-
mêmes depuis le réveil jusqu'à une heure avancée de la soirée,
libres dans la maison et dans la rue, sous le contrôle et la sur-
veillance peu efficace des voisins ou des commerçants. Il serait
à souhaiter que les colonies de vacances puissent recueillir du-
rant ces moisde véritable vagabondage les enfanlsrestéssanssur-
veillance. Bien nourris et soumis au contrôle régulier du méde-
cin, ils ne pourraient que gagner à ce slage en campagne. On
éviterait ainsi les liaisons entre garçons et tilles vicieuses, les in-
fections vénériennes et les puerpéralités précoces. B. il.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
BniTO Bllfouii Roxo (IL). Moleslias Menées e Nervosas.
1 vol. grand in-8. de 310 pages. Rio de Janeiro.
FOllEt, (A). L'aine et le système nerveux. 1 vol. in-8" de 340
pages. Steinheil, éditeur, 2, rue Casimir-Delavigne.. Prix : 5 fr.
G.\I1.¡>;II : I1.. - Rapport médical sur l'asile départemental des alié-
nés de Dijon. Brochure de 70 pages. Sirodot à Dijon.
Goweus (R Bordeland ot Epilepsy : vertigo. Brochure de
22 liages. London
Goweus. A Lecture on Dendri61s and disease. Brochure de 13
Itages. London.
Le rédacteur-gérant : Bourneville.
Clcrmont (Oise). - Imprimerie Daix trères et T luron.
Vol. XXII. Décembre 1906. No 13;2
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
PHYSIOLOGIE
4;ânâlysénathématique des courbes de fatigue
comme procédé de diagnostic dans les
maladies nerveuses ;
Par Mlle le D' I. IOTEYKO
Chef des travaux au laboratoire de psycho-physiologie
de l'Université do Bruxelles,
Présidente du premier Congrès belge de Neurologie el de
Psychiatrie,
Présidente de la Société belge de Neurologie.
L'étude des courbes orographiques n'a révélé,jusqu à
présent, rien de bien particulier sur les maladies nerveu-
ses et mentales, à part quelques caractéristiques telles
que tremblements, irrégularités, arrêts, etc. On peut
dire que l'ergographe n'a servi jusqu'à ce jour que comme
mensurateur de la force. C était donc une espèce de dy-
namomètre, plus perfectionné que le dynamomètre ellip-
tique, mais en revanche d'un maniement plus difficile.
Cela explique, me semble-t il, pourquoi, en clinique, on
a si rarement recours à l'ergographe, et, quand il s'agit
de la mesure de la force, on revient toujours à l'ancien
dynamomètre.
Pour que l'usage de l'ergographe puisse se répandre
en neuro-pathologie, il faudrait que cet instrument
nous renseignât non seulement sur l'état de la force,
mais aussi sur le siège de la lésion ; en un mol, il fau-
drait qu'il puisse nous fournir quelques éléments de dia-
gnostic. Or, quand il s'agit de diagnostic, la clinique ne
rcculepas devant un examen minutieux et délicat,comme
le prouvent les différentes explorations médicales, telles
Ancutm : 2' séria, IOC6, t. XXII. 27
41S PSYCHOLOGIE.
que l'électro-diagnostic, la ponction lombaire, l'examen
histologique des fibres musculaires sur le vivant, l'cxa-
men du sang, etc., etc., et finalement l'examen microsco-
pique des pièces anatomiques.
Dans cette communication, mon intention est de vous
parler de l'ergographie appliquée au diagnostic des ma-
ladies nerveuses ; autrement dit, j'ai à vous entretenir
des révélations que peut nous fournir l'ergographe, non
seulement quant à la source de travail mécanique, mais
aussi quant à la nature de cette force.
/ La réponse à cette question parait tout d'abord très
difficile, car on est encore dans le doute quant à l'inter-
prétation de la courbe ergographiquo normale. Quels en
sont les facteurs ? Quels sont les phénomènes physiolo-
giques, multiples et compliqués, qui se combinent entre
eux pour produire l'état de fatigue ? La fatigue physio-
logique est-elle d'origine centrale ou périphérique ? 2
J Ce sont là des questions que j'ai abordées expérimen-
talement depuis bientôt dix ans. et le résumé s'en trouve
dans mon article Fatigue du dictionnaire de physiologie
de Ch. Richet.
Mais ce qui ne se trouve pas dans cet article, ce sont
mes dernières recherches entreprises depuis trois ans et
relatives à l'analyse mathématique des courbes de fati-
gue et aux conséquences physiologiques d'une telle étude.
Ces recherches se trouvent exposées dans un volume :
Les lois de l'ergographie (1l10, 172 p., chez Lamertin à
Bruxelles, chez Maloine à Paris).
Actuellement.,je désire pousser la question encore plus
loin et vous dire quelles peuvent être les applications de
cette étude au diagnostic des maladies. Cette communi-
cation n'est que préliminaire, c'est à-dire que la partie
physiologique du travail étant étudiée à fond, la partie
pathologique n'en est qu'une esquisse, dont le but est
d'initier les médecins a ces méthodes de recherches et de
les encourager à faire quelques essais dans cette nouvelle
direction.
Il est clair que, seules, les méthodes mathématiques z
peuvent fournir l'interprétation des courbes ergographi-
ques, en nous donnant la clé de toute l'ergographie,aussi
bien normale que pathologique.
L'ANALLSE MATHÉMATIQUE 1·L : S COURBES DE FATIGUE. 419
Disons tout de suite que les méthodes mathématiques
peuvent être appliquées aux sciences expérimentales
dans deux cas bien distincts. Si nous avions une connais-
sance approfondie de tous les éléments qui déterminent
le mouvement en fonction du temps, nous pourrions éta-
blir une loi mathématique théorique de l'effort et de la
fatigue. Mais nos connaissances actuelles ne nous per-
mettent pas encore de poser une équation théorique de
l'effort. Or, à défaut d'une équation théorique, on peut
poser une équation empirique, qui est l'expression la plus
rigoureuse des faits trouvés expérimentalement. Onpcut
demander aux mathématiques leur aide afin de débrouil-
ler les éléments qui apparaissent confus dans une courbe.
Autrement dit, l'interprétation physiologique des para-
mètres (ou constantes) d'une courbe permet de la décom-
poser en ses facteurs constituants. Grâce à la collabora-
tion mathématique de M. Ch. Henry, de la Sorbonne,
l'équation empirique de la courbe de fatigue a pu être
trouvée (1).
La courbe ergographique (Fi;. 221 est une parabole de
3° degré dont l'équation estrj 缭 H - at 3 ? but2- et.
7) étant la hauteur de n'importe quelle contraction,
H, l'effort maximum initial (en millimètres), t, temps
(unité de temps = 2 secondes, les contractions se faisant
d'habitude à ce rythme), a, b, c, des constantes ou para-
mètres. Cette loi mathématique peut être exprimée de la
façon suivante en langage physiologique : la courbe er-
gographique se trouve à chaque instant sous l'influence
de trois facteurs (les constantes ou paramètres) agissant
pour leur propre compte. Parmi les constantes, b est
positive, c'est-à-dire qu'elle élèverait la courbe ergogra-
phique suivant le carré du temps (-(- but2) si elle agissait
seule. Les deux autres constantes sont négatives ; la
constante c, dans le cas où elle agirait seule, tendrait à
faire abaisser la courbe proportionnellement au temps
et) : et la constante a agissant seule, tendrait à faire
abaisser la courbe suivant le cube du temps ( at : IL
(1) Dans toutes ces expériences j ni employé constamment l'er-
gographe de Mosso. qui. malgré ses imperfections, est bien snpe-
rieur aux autres modèles d'ergograpneh qu'on a proposés dans ces
derniers temps.
1 ? ps\'cHotOG1E.
Comme elles agissent toutes à la fois, et d'une façon cons-
tante d'un bout à l'autre de la courbe, celle-ci est le ré-
sultat de l'action combinée de ces trois facteurs (para-
mètres ou constantes).
Les constantes ou paramètres peuvent être reliés à des
caractéristiques physiologiques. Dans mon volume déjà
cité, j'ai accumulé de nombreuses preuves qui montrent
FIG.22,
avec toute certitude que le paramètre positif b est dû à
l'action des centres nerveux, dont l'effort grandit au
cours du travail ergographique pour lutter contre la pa-
ralysie du muscle. La constante négative a est attribuée
à l'usure des albuminoïdes et à l'intoxication du muscle
par les toxines musculaires issues de la décomposition
des matières albuminoïdes.
Les paramètres ont respectivement la même valeur
L ? unLYSE MATHÉMATIQUE DES COURBES DE FATIGUE. 121
dans des courbes identiques graphiquement. Mais la va-
leur des paramètres (exprimables par des nombres)
change avec toute modification dansla forme de la courbe.
Il en résulte qu'en changeant les conditions expérimen-
tales, on change la forme de la courbe et,en même temps,
la valeur des paramètres.Voici le résumé très succinct des *
expériences que j'ai instituées à ce sujet, expériences qui
avaient pour but de vérifier la signification attribuée aux
paramètres. Les données recueillies ont pu être utilisées
après comme méthode nouvelle de recherches.
Les expériences avec l'alcool ont été instituées princi-
palement dans le but de vérifier la signification attribuée
à la constante positive b, car l'on sait que l'alcool à peti-
tes doses exerce une action excitante sur les centres ner-
veux. Sous l'influence de petites doses d'alcool (20 à 30
gr. d'alcool à 50°), le travail mécanique est considéra-
blement accru. La courbe alcoolique change de forme,en
s'allongeant considérablement. Le calcul des paramètres
des courbes modifiées par l'alcool a montré une aug-
mentation du paramètre b et une diminution du para-
mètres.
L'augmentation de b sous l'influence de l'alcool con-
firme la signification physiologique attribuée à ce para-
mètre, qui traduit l'action excitante des centres nerveux
à l'égard du muscle.
La diminution de a montre que 1 intoxication produite
par le travail musculaire est beaucoup moins forte quand
le sujet a pris de l'alcool en petite quantité que quand il
n'en a pas pris. Comment expliquer la diminution de
toxines dans le muscle légèrement alcoolisé ? Une seule
explication me paraît possible, et elle est conforme aux
données physiologiques récemment établies quant à l'ac-
tion de l'alcool. A côté des effets excitants qu'il produit
sur le système nerveux et qui le font ranger parmi les
poisons redoutables quand il est pris en excès, l'alcool
est un aliment. Si l'alcool est un aliment, il fournit au
muscle qui travailler cle nouveaux matériaux ternaires,
facilement assimilables, ce qui permet au muscle de con- - - ~
tinuer encore le travail sans la nécessité d'attaquer les -
matériaux albuminoïdes contenus en lui. Or, si la dé-
pense d'albuminoïdes est diminuée grâce à l'alcool, les
1 ? 2 PSYCHOLOGIE.
toxines doivent nécessairement diminuer dans la même
mesure. C'est ainsi qu'on arriverait à s'expliquer le rôle
d'élément d'épargne, d'antiJéperc11teur accordé souvent
à l'alcool : il épargnerait les matériaux albuminoïdes en
fournissant aux~muscles un produit ternaire rapidement
combustible et pouvant être utilisé instantanément.
Comment se comporte le sucre, qui est un aliment par
excellence, mais qui n'est pas un excitant Ici se place le
travail de Mlle Kipiani qui a fait dans mon laboratoire
une étude complète de l'ergographie du sucre.(1;.
Le calcul des paramètres des courbes modifiées par
l'ingestion de sucre a montré une diminution des para-
mètres a, b et c, et une augmentation de //par rapport
à l'état d'inanition,dans lequel ont été prises les courbes
témoins. La diminution de c montre que la perte de
puissance due à la consommation des hydrates de car-
bone est diminuée, ce qui est en rapport avec avec l'ac-
tion alimentaire du sucre. La diminution de a montre
que les toxines sont en quantité moindre. Enfin, le
paramètre b non seulement n'augmente pas comme avec
l'alcool, mais il diminue dans la courbe-glucose compa-
rativement l'état d'inanition,ce dernier s'accompagnant
d'excitation cérébrale. Le travail mécanique est consi-
dérablement augmenté apiws I îpgcstion de sucre. Le ré-
sultat est donc absolument tel que le raisonnement
l'avait prévu.
Les expérience faites avec l'anémie du bras ont montré , i
une diminution très notable du travail mécanique avec di-
minution de la hauteur moyenne. Quant aux paramètres,
a (toxines) est considérablement augmenté, les substan-
ces toxiques produites par le travail restant sur place ;
b (action des centres) est augmenté, ce qui s'explique
par la nécessité, pour les centres nerveux, d'envoyer des
excitations plus fortes quand l'inertie dans les muscles
anémiés augmente ; c est considérablement augmenté, ce
qui indique que la quantité disponible d'hydrate de car-
bone est vite épuisée ; H ou hauteur de la contraction
maximale diminue.
.
(I) ? Ktpnxi. Krgographic du sucre, Bruxelles, 1905. 38
pages.
L'ANALYSE MATHÉMATIQUE DES COURBES 1) ? FATIGUE. 423
Sous l'influence delà caféine, nous voyons augmenter
tous les paramètres. L'augmentation de c et de a montre
que la caféine produit une décomposition plus considéra-
ble de la matière. L'explication du mécanisme de cette
action est donnée par l'augmentation de b. On est con-
duit à admettre une action excitante de la caféine sur les
centres nerveux, et c'est par l'intermédiaire des centres
nerveux que se produit l'action excitante sur le muscle.
Il paraît donc certain que la caféine ne peut être considé-
rée comme un aliment ; elle n'épargne pas les albumi-
noïdes, comme le font le sucre et l'alcool, qui diminuent
les toxines. J'arrive ainsi à confirmer l'opinion de Pari-
sot, qui considère la caféine non comme un aliment,mais
comme un excitant drl sy st1mTë~nëï vëlrxTlpèrrnettant rû>
tilisation des réserves de l'organisme.
En dernier lieu,j'ai utilisé les données recueillies grâce
aux paramètres pour l'étude de l'accumulation de fa-
tigue ou fatigue rémanente .Ces recherches avaient pour
but de vérifier ma théorie du siège périphérique de la fa-
tigue. Le sujet en expérience fournit une série de cour-
bes ergographiqucs avec un intervalle de temps insuf-
fisant pour obtenir la réparation complète. Nous avons
donc des effets d'accumulation de fatigue d'une courbe à
l'autre. Le travail mécanique diminue progressivement.
L'examen des paramètres a montré que, dans l'accumu-
lation de fatigue, H diminue, a augmente et b augmente ;
c augmente chez certaines personnes et diminue chez
d'autres.
L'accumulation de fatigue chez les personnes normales
csrdônc musculaire et tièntprincipalement à l'intoaica
11Õn-parIëS déchets de la nutrition. Quant aux centres
"nerveux ""non seulement ils ne présentent aucune fatigue,
mais leur excitabilité augmente pour lutter plus effica-
cacement entre l'inertie grandissante du muscle.
Après cet exposé, qui peut-être paraîtra bien long, j'ai
peu de chose à dire relativement à l'exploration patho-
logique. Elle découle toute entière des données recueil-
lies sur les courbes normales. Nous venons de voir que
le calcul des paramètres permet de dire si une action est
périphérique ou centrale, il permet donc de diagnosti-
quer le siège des modifications produites.
421 1 PSYCHOLOGIE.
Un vaste champ d'études s'ouvre donc en clinique.
L'examen des paramètres des courbes des neurasthéni-
ques décidera définitivement si leur affection a son ori-
gine dans le système nerveux ou dans les muscles. Dans
les différentes paralysies, médullaires, cérébrales ou pé-
riphériques, l'examen des paramètres des courbes (sur-
tout si le côté sain pourra être comparé au côté malade)
permettra de diagnostiquer le siège de la maladie. Lier-
- godiagnostic pourra être appliqué au même titre due l'c.
lectrodiagnostic ..
Cette étude promet d'être d'autant plus intéressante
que Patrizi a décrit un ergographe crural, destiné au
membre inférieur et imaginé spécialement pour les ex-
plorations de neuro-pathologie. Le même auteur a décrit
aussi un ergographe pour les muscles respiratoires. Il
est à prévoir que la nature des affections telles que la tu-
berculose, l'asthme, et beaucoup d'autres névroses res-
piratoires,pourra être élucidée par l'analyse mathémati-
que des courbes respectives.
En terminant je tiens à remarquer que l'emploi de ces
procédés mathématiques n exige nullement des méde-
cins les qualités de mathématiciens. Un calcul relati-
vement très simple, accompli par un spécialiste, suffit
pleinement pour résoudre le problème. Le rôle du méde-
cin est de recueillir les courbes dans les meilleures con-
ditions possibles. La grande difficulté mathématique
consistait à trouver l'équation ; mais ce problème une
fois résolu, il n'y a qu'à suivre une formule très simple
pour calculer les paramètres. J'engage chaleureusement
mes confrères à l'aire quelques essais dans cette voie. Ils
trouveront tous les détails de la méthode dans le volume
déjà cité (1). D'ailleurs je me mets pleinement à leur dis-
position pour leur envoyer tous les renseignements né-
cessaires.
(1) I. IoteykO. Les luis de l'ergographie,172 p. avec nombreuses
figures, 190d.A Bruxelles chez Lamertin, Paris chez Ialoiiie.
CLI : \IQUE MENTALE
Imbécillité prononcée congénitale
(Type mongolien)
TrtAITI : \I7 : T TH1 R011111 : N
Par nOU"1"XE\'[LLE el Maurice ROYKIÎ.
Au Congrès de Rennes (1905), nous avons tracé un paral-
lèle entre le myxoedème et le mongolisme, que nous avons
complété, il propos de la publication d'une observat'on de
mongolisme (1). Aujourd'hui (') nous avons encore signalé
quelques différences entre les deux maladies et pour parfaire
notre oeuvre, nous allons vous communiquer une nouvelle
observation de mongolisme illustrée, commes les précédeii -
tes (3), accompagnée d'une autopsie complète, de planches
représentant l'un des hémisphères cérébraux et enfin d'un
examen histologiste dû à M. le Dr ITALO Rossi. L'une des
particularités de cette observation consiste en ce que nous
avons pu instituer ici le traitement thyroïdien à sept reprises
différentes.
Sommaire : Père, rien de particulier.- Tante paternelle, zé-
zaiement. Mère, céphalalgies. Grand-père maternel,
quelques excès de boisson.- Grand-oncle maternel, aliéné.-
Tante, morte de méningite. Soeur, morte de tuberculose.
Pas de consanguinité. -- Inégalité d'âge de 6 ans (père
plus âgé).
La malade : conception, rien. -Grossesse : violente émo-
tion au se mois, suivie d'accouchement (à 8 mois et une se-
maine ? 9sphyxie à la naissance, avec persistance de trois
semaines. - Petites convulsions de six mois à un an, puis
strabisme. -Préhension à 3 ans seulement. - Propre à 7
ans. - Rougeole à 5 ans. - Mongolisme. - Traitement thy-
roidien : bons résultats. Tuberculose généralisée : mort.
Autopsie : tumeur cérébrale ; - tuberculose généralisée.
Cotl ? (Augustine-Emilie), née à Saint-Christophe du Jam-
(1) Revue d'hygiène et de médecine infantile, 190d, no G.
(2) Celle observation note communiquée au Congrès de Lille im-
Iu ? li"tell1elll après l'exposé du Parallèle en queslion.
426 CLINIQUE MENTALE
bel (Sarthe), le 22 mai 1889 ; entrée à la Fondation Vallée
le 4 janvier 1899 ; décodée le 8 juillet 1906.
Histoire de la famille et de la malade.
(Renseignements fournis par la mère le 20 janvier 1899, el
le 25 juin 1902).
Antécédents héréditaires. - Père : mort à 33 ans,
tué dans un accident de chemin de fer. On ne relève aucune
trace de maladie dans son enfance, ni dans l'adolescence ;
pas de fièvres éruptives, pas de rhumatismes, pas de mi-
graines, pas de syphilis. C'était un homme très sobre, de
caractère très doux, de conduite irréprochable ; était ori-
ginaire de l'arrondissement de MonLfort (Ille-eL-Vilaine).
S'était marié à 25 ans.
Son père, mort à 73 ans de vieillesse, s'était toujours
très bien porté. Sa mère est morte lorsqu'il avait 7, ans,
après une courte maladie. Aucun renseignement sur les
grands-parents, les oncles et tantes.
Une soeur mariée qui a cc 3 ou 4 » enfants, sur la santé des-
quels on a pas de renseignements. Cette soeur est atteinte
de zézaiement. Le reste de la famille est absolument in-
connu.
Mère : 32 ans, garde-barrière, s'est toujours bien portée.
N'a pas eu de convulsions dans l'enfance ; pas de rhuma-
tismes, pas de fièvres éruptives, pas de syphilis ; quelques
maux de tête assez fréquents, sans pourtant présenter de
caractère migraineux. Tempérament calme.
[Père : 56 ans, cordonnier, toujours bien portant, « boit
un peu, mais ne s'enivre pas souvent ». - Mère : 56 ans, en
bonne santé. Pas de renseignements sur les grands-
parents paternels et le grand-père maternel ; la grand-mère
maternelle est morte « d'usure », à 87 ans. Un oncle pa-
ternel aurait pris un médicament pour ne pas faire de ser-
vice militaire; à la suite de cette médication il serait devenu
fou et fut enfermé à l'asile de Saint-lIcen,où il est mort. Un
second oncle paternel, âgé de 58 ans, bien portant ; marié,
un seul enfant (garçon) de 23 ans. Pas de renseignements
sur les tantes paternelles, ni sur les oncles et tantes mater-
nels, si ce n'est qu'une tante maternelle est morte à 13 ans
« on ne sait de quoi ». Trois frères : l'un mort en nais-
sant ; un autre, mort à 13 mois, avait la gourme ; le troi-
sième mort de fièvre typhoïde à 7 ans. Trois soeurs : l'aî-
née, 31 ans, mariée, a deux enfants bien portants, qui n'ont
pas eu de convulsions ; la seconde 21 ans, se porte bien, n'a
IMBHOLH1K PRONONCÉE CONGÉNITALE. 427
pas eu de convulsions dans l'enfance mais est cependant
très nerveuse ; la troisième morte à 7 ans de méningite,
n'avait pas eu de convulsions.-Dans le reste de la famille,
on ne note aucune anomalie congénitale physique, intel-
lectuelle et pas de maladies nerveuses]. J.
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge : 6 ans (père plus
âgé.
Cinq enfants : pas de fausses couches. Le premier est
un garcon de 12 ans, en bonne santé, n'a pas eu de convul-
sions ; le deuxième mort en naissant ; la troisième notre ma-
lade ; la quatrième, fille de 8 ans, bien portante, pas de con-
vulsions ; la cinquième morte d'une pneumonie tubercu-
leuse à l'âge de 4 ans 1/2.
La malade. Conception, rien de particulier. Gros-
sesse : Les règles se seraient montrées 3 fois, au cours de la
grossesse de telle sorte que la mère ne se croyait pas en-
ceinte. Celle-ci ne peut founir aucun renseignement sur les
mouvements du foetus. Quelques vomissements peu abon-
dants. Au neuvième mois, trois semaines avant le terme,
la mère, qui fermait une barrière a eu une peur atroce ; elle
fut surprise par un train dont elle n'était pas avertie, elle
crut qu'un de ses enfants était sur la voie et eut « une peur
bleue ». Aussitôt elle ressentit dans le ventre « une forte
commotion comme une déchirure », et dans la nuit elle ac-
coucha.
Accouchement naturel.- A la naissance l'enfant cria tout
de suite, cependant elle était bleue et serait devenue
encore plus bleue deux heures après l'accouchement, elle
resta ainsi pendant trois semaines, puis la cyanose passa.
L'enfant était beaucoup plus petite que ses frères et seeuis
et pesait 3 à 4 livres.
Allaitement : nourrie au sein pendant 4 mois, prise régu-
lière, puis nourrie au biberon avec du lait de vache, la mère
élan ! devenue de nouveau enceinte. Le retour des -règles
s'était effectué un mois après la naissance, ce qui avait déjà
eu lieu pour les accouchements antérieurs ; et les règles n'ont
point cessé pendant l'allaitement. Durant ces premiers
mois l'enfant a toujours été très constipée ; jusqu'à l'âge de
5 à 6 mois, elle dormait presque toujours, et cela depuis la
naissance, à un tel point qu'on était obligé de la réveiller pour
l'allaiter. Jamais l'enfant ne pleurait.
A 6 mois, elle fut prise de petites crises quotidiennes, dans
lesquelles elle se raidissait et devenait foute bleue, mais elle
revenait vite, à la suite de quelques claques sur le siège, ou
de balancement en l'air,moyens préconisés par le médecin.
- i'28 CLI 1\ 1 QI"I : ME1-o'I ALE
A cette époque l'enfant commença à présenter du sira-
bisme ; « ses yeux tournaient tout le temps ». Le strabisme
est resté sensiblement stationnaire de l'âge de six mois à
un an. « Elle n'a jamais été, dit la mère, comme les autres
enfants ». Elle s'est développée assez régulièrement jus-
qu'à l'âge de 3 ans, mais de 3 à 9 ans. elle a à peine grandi ;
EST RESTÉE 3 ANS « SANS GRANDIR D'UN POUCE ».
Pas de renseignements sur la première dent, ni sur la den- ? on complète ; Début de la marche vers la troisième
année, en même temps que l'enfant commence à se servir
de cuiller et de fourchette. Prononce alors quelques mots
d'une façon assez défectueuse. Ne devient propre qu'à l'âge
de 7 ans. Vers la cinquième année on l'envoie à l'école mais
elle n'a rien pu y apprendre, et on la renvoie parce qu'elle
était sale. A cette époque, l'enfant n'a aucune espèce de
notion du danger, un jour la mère la trouve dans un ba-
quet rempli d'eau ; un autre jour elle tombe dans le feu, se
fait une brûlure superficielle qui ne laisse pas de cicatrice.
Elle n'a pas eu la coqueluche, ni le croup, ni la fièvre
typhoïde. Pas de croûtes dans les cheveux, pas d'otite, pas
d'angine ; rougeole à 5 ans. De plus, ses yeux étaient tou.
jours rouges il fallait les « décoller chaque matin u. Etait
très sujette aux rhumes.
Caractère : l'enfant est caressante avec sa mère, ses frères
et soeurs,elle aime à être caressée. Elle n'aime pas à faire du
mal.
Instincts non pervertis ; pas d'onanisme ; aurait été un peu
gourmande.
État actuel (Janvier 1895). Physionomie : Expres-
sion d'hébétude complète encore accrue par ses tics et son
regard. L'enfant est très myope et chaque fois qu'elle fixe un
objet, son sourciller et ses orbiculaires se contractent éner-
giquement ; de plus, des contractures de l'orbicul<tire des
lèvres et des muscles de la joue contribuent à donner à sa
physionomie un air de profonde hébétude.
Tête arrondie ; taches de vitiligo sur le cuir chevelu ; bos-
ses frontales symétriques, peu proéminentes ; fontanelles
fermées. Face allongée, racine du nez un peu enfoncée d'où
une courbe marquée à concavité antérieure du dos du nez ;
arcades sourcilières normales ; pas de blépharite ciliaire
actuelle. Dès qu'il fait froid elle a encore le bord des pau-
pières rouges.
Orbites bien développés, symétriques. Yeux mo-
biles, iris vert, pupilles largement dilatées réagissant
IMBÉCILLITÉ PRONONCEE CONGÉ¡.;¡ 1 ALE, .20
peu à la lumière et à la convergence. Myopie prononcée.
Nystagmus et léger strabisme. Ne distingue pas les cou-
leurs, et n'a aucune notion précise sur la forme des objets
environnants. - Pommelles peu saillantes ; régulières,
symétriques. Nez : lobules volumineux ; coryza chro-
nique muco-séreux ; pas de fétidité. Bouche large, trans-
versale ; lèvre supérieure relevée formant ainsi une conca-
vité antérieure ; voûte palatine profonde ; rien à noter au
pharynx, déglutition normale. Volt un peu nasonnée ;
voile du palais mobile ; luette petite ; amygdales peu sail-
lantes ; pas de tissu adénoïde dans l'arrière-cavité des fosses
nasales. Dentition : atrésie du maxillaire supérieur ; ma-
xillaire inférieur à diamètre rétréci. L'évolution des dents
permanentes est en cours. Les incisives supérieures pré-
sentent une rotation interne sur leur axe. Les dents appa-
rues sont normalement constituées. Les prémolaires ne mon-
trent hors de la gencive que le sommet de leur couronne.
Menton aplati, large et bas.
L'oreille externe présente des stigmates nets de dégéné-
rescence, elle est écartée de la base du crâne et présente dans
sa totalité une incurvation en cornet d'oublie ; l'hélix est
ourlé, rubanné, rabattu ; pas de tubercule de Darwin ; an-
thélix normal ; conque profonde ; lobule adhérent dans
toute sa hauteur ; pas de cérumen ; ouïe normale ; pas de pré-
férence pour les d.fférents sons.
Cou : impossibilité de palper le corps thyroïde (qui
existe à l'autopsie) ; larynx normal.
Membres supérieurs. - L'enfant est gauche dans ses
mouvements, mais il n'y a aucun trouble moteur ; pas de
tremblement, ni de mouvements athétosiques ; pas de trou-
bles sensitifs ni trophiques. Mêmes remarquas pour les mem-
bres inférieurs ; pas d'ataxie ; réflexes rotulien et plantaire
peu marqués.
Thorax symétrique ; aucune remarque à faire à l'examen
des viscères thoraciques.
Abdomen. Pannicule adipeux assez développé ; pas de
hernies, ni crurale, ni inguinale, ni ombilicale. Rien à noter
à la palpation de la fosse iliaque ; foie petit ; rate inacces-
sible à la palpation.
Organes génitaux et puberté. Aisselles, thorax glabres ;
aucun développement mammaire ; petites lèvres dépassant
un peu les grandes ; pas de vulvite.
Intelligence. L'enfant est idiote ; la parole est limitée à
IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CONGÉNITALE 1131
des mots sans suite eL sans sens. Elle se tient presque cons-
tamment accroupie, la tête sur les genoux.
Marche. Elle avance au hasard, sans regarder devant
elle, les pieds très écartés, et fait parfois de brusques en-
jambées, cependant ne court pas, ni ne saute pas ; monte et
descend péniblement les degrés de l'escalier.
Au réfectoire, elle ne sait pas se tenir à table et ne se sert
d'aucun des 1 rois objets usuels : cuiller, couteau ou fourchette;
mange avec ses mains ; ses mouvements sont maladroits,
elle renverse son assiette, ou ce qui se trouve autour d'elle,
n'a aucune préférence pour les aliments, ne distingue pas les
saveurs ; mange gloutonnement. La mastication et la di-
gestion sont normales. Elle a fréquemment la diarrhée ; elle
gâte la nuit et parfois le jour.
Son caractère est indifférent,elle est atteinte parfois de mou-
vements brusques, mais elle est inoffensive. Elle ne pleure
pas, ne crie pas ; elle sourit en grimaçant. - Elle n'a ni ver-
tiges, ni accès d'épilepsie.
Ecolage : l'enfant est d'une nullité complète.
432 CLINIQUE MENTALE.
les mouvements : assis, debout, en avant, en arrière et saute
trois marches. En récréation, elle n'est ni bruyante, ni
turbulente, elle reste constamment assise par terre, les jam-
bes croisées dans l'attitude des tailleurs, elle ne s'assied jamais
autrement. (Ftg. 24.)
1902. Au mois de janvier 1902, l'enfant mesure 1 m. 15
au lieu de 1 m. 32, d'où une différence en moins de 17 cm. En
conséquence le nanisme étant évident, on adjoint au trai-
tement hydrothérapique, tonique, et pédagogique, la médi-
cation par la glande thyroïde.
Médication parla glande thyroïde.
1. Le traitement est commencé le 4 janvier 1902, à la dose
de 0 gr. 25 cg. de glande fraîche du mouton, chaque jour peu.
dant la lrc semaine. L'enfant pèse 26 kilogs. Au onzième jour
l'enfant a pris neuf fois la dose de 0,25 cg. La température
s'est dès le troisième jour élevée de quelques dixièmes pour
se maintenir entre 37° et 38' avec une moyenne générale
de 37 5. L'enfant est alors pesée et l'on constate qu'elle a
perdu déjà 400 gr.
La dose est portée de 0,25 cg. à 0,50 cg. pendant quatre
jours seulement,l'enfant ayant contracté de la bronchite, on
est obligé de suspendre la glande thyroïde, pendant la période
de température qui dure une dizaine de jours.
Le 28 janvier le poids est descendu à 25 kilogs ; on reprend
le traitement le 1er février à la dose de 0 gr. 50 cg. de glande.
L'enfant est pesée le 4,elle a perdu 100 gr., mais la taille s'est
élevée d'un centimètre, elle mesure actuellement 1 ion.16.
Le 9 février,on donne 0,75 cg. de glande fraîche ; le 11 le poids
est descendu à 24 k. 500, elle perd encore 400 gr. jusqu'au
18, quoique n'ayant absorbé que 3 gr. de glande en quatre
fois. Le 21, on porte la dose à 1 gramme et jusqu'au 24 avril,
jour où l'on suspend le traitement, l'enfant prend 46 doses
de 1 gramme de glande thyroïde (en 62 jours).
Pendant ce temps, la température se maintient très régu-
lièrement entre 37' et 38' donnant une moyenne générale de
37',5.
Le poids subit une diminution progressive et perd en tola-
lité 4 kilogs 700 gr., cependant que la taille gagne encore 1 2
centimètre, ce qui porte le gain total à un centimètre et demi
en trois mois el demi de traitement.
Nous donnons ci-dessous un tableau comparatif du poids et
de la taille pendant la première partie du traitement thyroï-
dien.
Imbécillité prononcée congénitale. 433
Tableau comparatif du poids et de la taille. ,
434
CLINIQUE MENIALE.
cg. ; puis à partir du 4 juin la dose est portée à 1.gramme
pendant tout le mois ; à partir du mois de juillet, l'ad-
ministration de la glande est moins régulière (1) et jus-
qu'au 20 août, c'est-à-dire en plus d'un mois 1/2 l'enfant ne
Fie. 23. - Goll ? il 9 ans el demi (1899).
(1) Au début des essais de traitement par la glande thyroïde
fraîche, M. le Der nOUIlNE' ILLC eût beaucoup de peine il obtenir
d'un boucher de Gentilly qu'il consente à livrer pour le service de
la glande thyroïde journellement. Il fallut aussi se rendre chez le
boucher pour lui apprendre Ú disséquer la glande vulgairement
appelée « glande du cornet » et pour éviter la confusion avec des
ganglions pr<Jtraehéo-llI'onl'hi'IUCS,
Nous apprenons ainsi qu'un habitant de Gcntill,y se rendait
1RAITEMENT THYROÏDIEN.
435
put prendre que 18 doses de glande.PcndanL ce nouveau tri-
mestre de traitement, le poids avait subi de faibles oscilla-
tions et la taille qui le premier mois avait déjà gagné 1/2 cen-
timètre reste stationnaire.
Fto. 24. - Col L ? cn 'JOl, u 11 an. el dcmi.
journellement chez le boucher pour prendre de la glande thyroïde.
Le boucher ne connaissanl pas lui même la glande, lui délivrait des
ganglions. L'n an s'élail presque écoulé sans qu'aucune améliora-
tion n'aiL été constatée. Ce n'est que lorsque la Fondation Vallée a
pris des glandes si ficnmty, chez ce même bouclier, qu'on a pu
constater qu'il délivrait des ganglions. L'interne du service se
rendit alors chez le boucher pour lui montrer les rapports anato-
ntiqucsdelag)ande.
6
CLINIQUL MENTAL ! 1..
' Tableau du poids et de la taille pendant le second traitement
thyroïdien.
IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CU ? GI(N IT \1.1'. 437
- Voici la description des deux oreilles et les différences
considérables relevées sur chacune d'elles :
Oreille droite : hauteur 5 cm., largeur 3 cm, L'oreille est
très écartée du crâne ; la partie supérieure du pavillon
s'incline horizontalement et en avant. L'hélix n'est ourlé et
rubanné qu'il sa partie supérieure, sa cavité profonde en
FiG. 25. CoLt ? en 1903, à 13 ans el demi.
haut est à peine marquée à la partie moyenne. fnthélix plat,
branche supérieure effacée, fossette à peine visible. Conque
de forme quadrangulaire et peu profonde ; conduit auditif
petit-et étroit ; tragus petit , antifragus saillant légèrement ;
lobule petit, mince, horizontal et complètement adhérent.
Entre l'extrémité antérieure de l'hélix et la branche infé-
438
CLINIQUE MENTALE.
rieure de l'anthélix, existe dans cette portion de la conque
une petite crête arrondie qui la divise en deux cavités se-
condaires. Au-dessous du lobule existe sur la joue un sillon
oblique dirigé d'arrière en avant et de haut en bas. (Fig. 29.)
Oreille gauche : La partie supérieure du pavillon de l'oreille
FIG. 26. - CoU ? en 1905, il ]5 nns cI demi.
est complètement replié sur lui-même ; il résulte de cette mal-
formation que l'hélix semble excessivement large en haut ;
par contre l'hélix n'est pas ourlé ni il sa partie moyenne, ni à
sa partie inférieure. La cavité de l'hélix semble formée à sa
partie supérieure par le repli du pavillon de l'oreille ; elle est
à peine marquée à la partie moyenne et inférieure. Fossette
de l'anfhélix plate et peu profonde. Anlhélix il peine formé.
IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CONGÉNITALE. 439
Conduit auditif étroit. Conque triangulaire et peu profonde.
Tragus et antiiragus à peine marqué. Lobule petit, mince et
adhérent. (Fig. 27 el 28.)
De même que sur le côté droit, on relève une petite sail-
lie à la partie supérieure de la conque, mais moins prononcée.
Le sillon de la joue qui part du lobule existe également.
Mains froides, extrémités violacées, surtout les ongles ; la
Fie. 27. - Oreille gauche mongolienne (1903).
main est courte, les doigts disproportionnés, plutôt cylin-
driques ; le pouce et le petit doigt sont courts, celui-ci dévié,
sinueux, en vars, Peu habile des mains, cependant s'habil-
lait et aidait à habiller les autres enfants, mais maladroite-
ment et lentement. Pas d'onychophagie. (Fig. 30.)
III. Au premier avril, on reprend pour la troisième
fois le traitement par la glande thyroïde. Cott ? pèse alors 24 k.
4 ! 40 - CLINIQUE. MENTALE.
500 et mesure 1 mètre 17. L'administration de la glande est
cette fois bcaucoup plus régulière, la dose de début, gr.50 cg.
est portée à 0,75 cg. la seconde semaine, 1 gr. la troisième et
lgr. 25 ensuite, jusqu'au 30 juin. Il n'y a eu aucune inter-
ruption pendant les 2 premiers mois et neuf doses seulement
ont pu être données dans le courant de juin. La tempéra-
FIG. 28.- Coït ? en 1\IO ! , 1 : ¡ ans ; oreille gauche.
turc s'est constamment maintenue entre 36° et 37'8 avec
- une moyenne de 37'. Les résultais au point de vue de la
taille sont cette fois très appréciables, comme le démontre
le tableau ci-contre.
Cott ? a donc gagné en 3 mois : deux centimètres; on remar-
quera de plus' que le poids qui a subi dès la première semaine
'une perte de £ 00 grammes, s'est ensuite maintenu constant-
IMBÉCILLITÉ P.IONO=-CI : E CONGÉNITALE. 441
ment au chiffre de 2-1 kilogs. Pendant toute la durée du trai-
tement on ne relève aucun malaise, pas de sueurs, pas de
diarrhée ni de tremblements. Pas de manifestations cuta-
nées, pas de desquamation. L'enfant a bon appétit, elle
boit comme à l'ordinaire, sans qu'on ait remarqué chez elle,
l'altération que présentent généralement les enfants qui sui-
vent le même traitement.
Tableau du poids et de la taille pendant le troisième tl ait ! 11/el, t
thyroïdien.
ii2
CLINIQUE MENTALE.
surtout avec ses compagnes. Elle a fait aussi quelques pro-
grès en gymnastique; cet exercice semble l'intéresser, mais
elle est encore lourde et manifeste une certaine crainte
pour monter aux échelles. Elle est propre le jour et urine
encore au lit quelquefois la nuit. Quand cet accident lui
arrive, elle dit en riant : « Pas moi ? pas vrai ? c'est le
FiG. 29. - Col6 ? en 1902, à 13 ans. Oreille droilo e6 piqueté de
naevi-verruqueux.
chat. » Somme toute, il y a chez CoU ? une amélioration
notable.
Au point de vue de la puberté : glabreté totale ; pas de
seins ; les grandes et les petites lèvres sont peu développées,
toute la région vulvaire est rouge ; le clitoris petit,
entièrement découvert, pas de capuchon ; l'hymen montre
TRAITEMENT TH\ n OÏD1EN. 443
un orifice circulaire très large qui admettrait facilement un
crayon ; le méat urinaire présente une lèvre inférieure très
saillante ; de chaque côté on aperçoit les orifices larges des
canaux de Skene s'ouvrant au fond de petites fossettes.
Pas de fourchette, une crête saillante antéro-postérieure
entre l'hymen et l'anus, celui-ci normal.
IV. Le 10 septembre,on reprend pour la quatrième fois le
traitement thyroïdien en suivant toujours le même mode
d'administration, c'est-à-dire en augmentant de 0 gr. 25 cg.
chaque semaine la dose première ( 0 gr. 25 cg.), jusqu'à
1 gramme. Comme l'enfant supportait admirablement la
glande on a, pendant le troisième mois, donné 1 gr. 25 pen-
dant la première quinzaine et 1 gr. 50 pendant la seconde.
On n'a noté aucun trouble, ni du côté de la circulation,
de la respiration, des sécrétions, peut-être aurait-elle eu
un peu de diarrhée parfois. Les notes relevées tant par
l'institutrice que par les infirmières sont identiques à celles
du semestre précédent.
Pendant ce semestre, l'enfant a encore gagné un cenli-
mètre.
11111, '¡ CLINIQUE MENTALE.
de septembre. On suspend alors le traitement à la suite
d'une poussée de bronchite aiguë.
Pendant ces quatre mois, l'enfant a gagné encore trois
centimètres ; et la température s'est maintenue pendant les
3 premiers mois, avec régularité entre 37" et 37' 6. En sep-
tembre, on relève une différence vespérale d'un degré en
plus, jusqu'au 25, puis la courbe suit une marche ascen-
sionnelle jusqu'à atteindre, le 28 septembre, 40 2.
Imbécillité prononcée congénitale. ' 1115
'VI. Pour la sixième fois on reprend le traitement thyroï-
dien le 1er janvier. L'enfant avait déjà. gagné 1 cenlimèlre,
lorsque, le 18 février, elle fut de nouveau reprise de bron-
chite avec une forte élévation de température, et l'on dut
cesser la glande thyroïde.
Après avoir présenté pendant deux jours de la tem-
pérature à grandes oscillations, entre 38° et 40 ', la malade
FIL;. 30.- Main de Colt. , en 1903, à 13 ans eL demi.
atteint 40 ? Elle a de la dyspnée et de la diarrhée. A la
percussion on note de la matité dans toute la hauteur des
deux poumons en arrière. A l'auscultation, en arrière, à
gauche, souffle iude aux deux temps ; au 1,3 supérieur
râles de broncho-pneumonie, on trouve toutes les variétés,
les râles sont plus fins en bas. A droite la respiration est
soufflante en haut ; vers le 1/3 moyen, foyers de congestion
avec râles très fins.
z in
CLINIQUE MENTALE.
La respiration est superficielle, rapide. L'expiration
accompagnée de plaintes brèves, les ailes du nez trem-
blantes, les lèvres sont bleues, les extrémités cyanosées.
L'enfant est couchée sur le dos, les jambes repliées, les
extrémités des talons touchant les fesses.
Vers le mois de mai, l'enfant qui était assez difficile à soi-
gner et très exigeante, s'améliore. La température s'élève
toujours le soir, mais l'enfant augmente un peu de poids.
TUBERCULOSE. 447
mus et du slrabisme convergent plus prononcés qu'à l'en-
trée. Le 1er février, Cott.. mesure 1 m. 25 et pèse 26 k. 500,
la taille ordinaire des enfants de son âge (17 ans) étant de
1 m. 52, notre malad.e mesure en moins 0,27 cent. Le
nanisme est donc évident.
VII. Pour la septième fois, on reprend la glande, en aug-
mentant progressivement la dose jusqu'à 1 gr. 25, mais on
est obligé de suspendre le 15 avril,- l'enfant étant à nouveau
reprise de phénomènes pulmonaires. Cette fois, la taille de
l'enfant n'a pas changé, elle pèse seulement 25 kil. le 15
août.
A partir de ce moment l'état de l'enfant s'aggrave rapi-
dement ; elle maigrit progressivement. La température
à grandes oscillations donne des différences de 2 degrés et
varie de 38° à 40 '. L'enfant tousse beaucoup, elle ne crache
pas, avale les sécrétions bronchiques. Elle a de la diarrhée
persistante, de couleur jaunâtre et d'odeur fétide. On sura-
limente l'enfant, lait, oeufs, côtelettes, et viande crue.
111ai. L'état de Cott.. est sensiblement stationnaire ; elle a
perdu 1 kilog. pendant le mois, et pèse actuellement 25 kg.
La diarrhée persiste malgré les différents traitements em-
ployés : acide lactique, sous-nitrate de bismuth, élixir pa-
régorique,eLc, La fièvre ne tombe pas ; malgré tout, l'enfant
s'alimente assez bien, et mange tout ce qu'on lui présente.
Elle se fient assise sur son lit des heures entières. Le visage
est pâle, le teint terreux. Elle est oppressée et tousse Loti-
jours beaucoup, mais ne crache jamais.
Juin. L'état de l'enfant ne s'améliore pas; elle a encore
perdu 1 kilogr.; fièvre et diarrhée.
Juillet. Cott.. s'affaiblit de plus en plus, elle n'a plus
d'appétit et mange fort peu; par contre, elle réclame inces-
samment à boire. Les nuits sont agitées, l'enfant ne dort
plus. Toujours fièvre à grandes oscillations, diarrhée et
toux. La petite malade est de plus en plus exigeante; elle
refuse le lait qu'elle avait toujours accepté et ne veut plus
prendre que de la limonade vineuse.
7 juillet. l'auscultation on entend du gargouillement aux
deux sommets et des râles humides dans toute l'étendue
de la poitrine, l'enfant respire d'ailleurs très mal. Son
teint est de plus en plus pâle ; les lèvres se décolorent ; la
voix est à peine perceptible ; elle se tient de préférence
assise sur son lit ; la respiration est de plus en plus courte,
l'oppression augmente, en même temps la température
baisse un peu.
8 juillet. Aggravation, soif intense, Cott.. demande à
ii8
CLINIQUE MENTALE.
boire 1/4 d'heure encore avant sa mort. Elle s'cLcinL à 8
heures du soir, sans secousses, ni cris, ni râles.
IMBÉCILLITÉ MONGOLIENNE. 449
ci. Les méninges une fois enlevées laissent voir une tumeur
pédiculée et développée à leurs dépens.
Celte tumeur, du volume d'une petite noix, est de colo-
ration blanchâtre et de consistance ferme.
Sur la face inférieure du cerveau, on remarque une dé-
pression cupuliforme, dans laquelle repose la moitié infé-
rieure du néoplasme. Cette dépression correspond à la par-
tie orbitaire de la troisième circonvolution frontale et plus
exactement au niveau du sillon en H. La tumeur ne con-
tracte aucune adhérence avec la pie-mère cérébrale qui
tapisse le fond de la dépression ci-dessus décrite. A ce ni-
veau la substance cérébrale présente une consistance plu-
tôt molle.
A la coupe, le néoplasme a l'aspect d'un tissu blanchâtre,
ferme, lardacé, mais on ne peut à l'examen macroscopique
déceler en aucun point la présence de grains calcaires ou an-
giolilhes. L'examen microscopique permet de constater qu'il
s'agit d'une tumeur mixte formée de tissu fibreux et de
nombreux éléments cellulaires arrondis, de dimensions iné-
gales qui permettent de porter le diagnostic de fibro-sar-
côme (Fig. 31, T, tumeur) ; (Fig. 32 : T, 1 urneur ; C, cavité).
On note sur l'Irémisphère gauche une tumeur symé-
trique un peu plus petite. Hauteur du cerveau : 10 cm. 5 ;
longueur 16 cm. 5. ~
Epaississement de la pie-mère au niveau du chiasma. Les
pédoncules cérébraux, les scissures de Sylvius, les nerfs, les
artères de la base de l'encéphale paraissent symétriques.
La protubérance est petite, ainsi que le bulbe dont les
pyramides et les olives sont symétriques ; pas de tubercules
miliaires. Cervelet et isthme : 100 grs. Sur toute la surface,
la pie-mère adhère à la substance nerveuse à des degrés
variables. Moelle épinière : 35 gr.
Thorax. A l'ouverture de la cavité thoracique on ne
trouve pas de liquide dans les plèvres. Les poumons sont
entièrement adhérents du sommet jusqu'à la base ; il faut
littéralement les sculpter pour les extraire. A l'ouverture du
sommet gauche, on trouve une quantité de petites cavernes
de la grosseur d'une bille, le reste du poumon est farci de
nodules de broncho-pneumonie bacillaire ; à droite, mêmes
lésions, un peu moins développées. On ne trouve plus trace
de thymus. Le sac péricardique contient une très faible
quantité de liquide citrin. Coeur : pèse 180 gr.; les cavitésne
contiennent pas de caillots, on ne note rien de particulier.
La Glande thyroïde présente une vascularisation in-
tense, tout à fait remarquable. Les vaisseaux courent à
Archives, 2* série, 1900, t. XXII. 2 .)
- 100 clinique Mentale.
sa surface et semblent l'envelopper d'un véritable réseau ;
l'organe est bien développé, pèse 5 gr. ; la moitié gauche un
IMBÉCILLITÉ PRONONCÉE CONGENITALE. 451
peu moins grande et un peu moins lourde que la droite. Pyra-
initie de LaloucLLe aLLcignamL presque le sommet des lobes.
452 CLINIQUE MENTALE.
Abdomen. Pas de liquide à l'ouverture de la cavité
péritonéale ; pas d'adhérences. L'estomac, dont la mu-
queuse est normale, contient un peu de liquide alimentaire.
Le pancréas pèse 35 gr., paraît normal ; la rate, assez consis-
tante, ne présente rien de particulier à la coupe (60 gr.). Foie :
1.000 gr. ; d'un aspect rappelant légèrement le joie muscade.
Sur de nombreuses coupes parallèles, on rencontre, dissé-
minés dans tout le parenchyme hépatique, des tubercules
variant de la grosseur d'un grain de chènevis à celle d'une
petite noix ; les plus grosses de ces tumeurs, à parois épais-
sies, contiennent une bile jaune verdâtre qui s'échappe à la
coupe. La vésicule biliaire, à parois très pâles, contient une
très faible quantité de bile jaunâtre. Capsules surrénales :
voir plus loin l'examen histologique. Reins, le gauche pèse
80 gr. il se décortique facilement, présente à son ouverture
un tubercule de la grosseur d'une noisette et quelques autres
plus petits disséminés dans tout l'organe ; le reste de la
substance corticale paraît normale ; le rein droit pèse 85 gr.,
il présente, comme à gauche, quelques tubercules de même
nature, mais un peu plus petits et en moins grand nombre.
L'intestin ne contient aucun parasite ; de place en place,
sur une longueur d'environ 1 m. 50 à partir du coecum, on
remarque sur l'intestin grêle un véritable ëlimis de petits
tubercule^, de la grosseur d'un grain de chénevis'T
d'une lentille. Les organes génitaux (utérus, trompes et
ovaires) sont infantiles.
. Examen histologique.
Préparation el description de M. le Dr Boss ! .
FoiE.-illacroscopiqiieii2ciit, sur des coupes répétées, on
remarque que le tissu hépatique présente une coloration
jaunâtre, il est friable et à l'aspect d'un foie graisseux. En
de nombreux endroits, on trouve des cavités variant du vo-
lume d'un grain de chènevis à celui d'une noisette, tapis-
sées intérieurement d'une membrane lisse, verdâtre, et con-
tenant de la bile. Ces cavités représentent certainement
des kystes développés aux dépens des canaux biliaires.
11 istobgiquemenl, sur la coupe pratiquée au niveau de ces
cavités et comprenant également une portion de tissu hépa-
tique on voit que l'organe est nettement atteint de e4é
nérescence aT<7nu/o-<z/'a;xseuse et en quelques endroits il existe
une infiltration cellulaire tantôt diffuse, tantôt circons-
crite, entre les travées hépatiques. Cette infiltration est
constituée par des cellules embryonnaires et épithélioïdes,
et par quelques rares cellules géantes. Le tissu conjonctif
IMJ : ÉCILLI 1 PRONONCÉE COGI ? i 1 \LE. 4 : 5 : 1
ne paraît pas épaissi ; en outre, la coupe intéresse dans sa
partie inférieure la paroi d'une de ces formations kystiques
décrites plus haut. Cette paroi est formée par de fines fi-
brilles conjonctives ; la conservation de la pièce ne per-
met pas de retrouver l'épithélium de revêtement.
Glande thyroïde (lobe moyen). - Sur la coupe histolo-
gique, l'architecture normale du tissu est fortement boule-
versée ; on retrouve cependant en divers points des vési-
cules thyroïdiennes renfermant de la substance colloïde. Ce
qui frappe au premier examen, c'est l'abondance énorme
de ollicules tuberculeux typiques, composés chacun d'une
ou de~plusieurs ce1lu]e ean es, d'\111 grand nombre de cel-
lules épithélioïdes et de cellules embryonnaires. Dans le
tissu qui sépare les follicules, l'infiltration embryonnaire
est également très nette. La trame conjonctive est repré-
sentée par des faisceaux de tissu conjonctif adulte, soit nor-
maux, soit avec tendance à la prolifération évoluant vers
la sclérose. Les vaisseaux sont en partie perméables, à parois
non épaissies et sans prolifération périvasculaire ou parié-
tale ; dans d'autres, au contraire, on note un épaississement
notable des parois, avec infiltration.
Capsule surrénale. Sur une coupe transversale, le
tissu de la capsule n'offre pas macroscopiquement, l'aspect
normal mais il se présente comme un tissu blanc, nacré,
lardacé, plus résistant qu'à l'état sain, et cela, d'une façon
uniforme sur toutes les coupes pratiquées dans l'organe.
Nulle part on ne trouve de points évidents de ramollisse-
ment ou de caséification. Risiologiqiiement, on ne trouve
plus en aucun point la structure normale des différentes
couches de la capsule surrénale ; il domine un tissu
amorphe se colorant fortement et régulièrement par l'éo-
sine et représentant soit du tissu caséifié, soit plus vrai-
semblablement, étant donné l'examen microscopique, du
tissu putréfié (autopsie en juillet).Entre les différentes tra-
vées de ce tissu, on remarque une infiltration embryon-
naire considérable et en divers endroits des follicules tuber-
culeux plus ou moins schématiques.
FL14 ? XIONS. I. Les antécédents sont peu chargés,
mais les renseignements sur la famille laissent un peu
1 désirer. Signalons un grand oncle maternel mort
fou, une tante morte de méningite, une soeur de
tuberculose.
4 : J't CLINIQUE MENTALE.
II. Vers la fin de la grossesse, au début du neuvième
mois, la mère éprouve une peur violente avec une forte
commotion et une sensation de déchirement dans le
ventre suivie de l'accouchement prématuré.
III. L'enfant présente des la naissance, quoiqu'elle
ait crié aussitôt, une cyanose qui aurait persisté trois
semaines et une torpeur telle qu'on devait la réveiller
pour l'allaiter (G mois). Alors, petites crises convul-
sives, quotidiennes, qui déterminent du strabisme
(un an). De 3 à 9 ans, arrêt de développement phy-
sique.
L'état anormal de l'enfant a été relevé par la mère
dès les premiers temps de la vie. L'idiotie se carac-
térise peu à peu : marche, préhension, propreté tar-
dives, inattention, inconscience, etc. A son entrée, elle
s'était un peu améliorée et le diagnostic porté fut celui
d'imbécillité prononcée.
IV. Des symptômes spéciaux permirent de préciser
la variété particulière de l'imbécillité. Il s'agit d'un
cas de mongolisme : nanisme (1 m. 09 au lieu de
1 m. 24 à l'admission); physionomie mongolienne :
paupières obliques, coloration rose des joues, de l'ex-
trémité du nez et du menton ; déformation spécialo
des mains et des oreilles bien mise en relief parla
description détaillée de la maladie, par lesfigu2-es qui
accompagnent l'observation ; attitude en tailleur, etc.
V. Le traitement lh ! jJ'oïdien a eu sur la taille
d'incontestables résultats. Notre malade a, en trois
ans et demi (de janvier 1902 il juillet 1905), gagné
dix centimètres sous l'influence de la glande thyroïde.
On ne peut d'ailleurs attribuer il la croissance normale
celte augmenlation de la taille qui élait arrêtée et
n'était observée que pendant les périodes de trai-
lemenl. A chacune des périodes thérapeutiques, le
poids a baissé, quelquefois d'une façon assez considé-
rable, pour revenir assez vite à sa normale après la
cessation de la glande, l'appelons l'éveil intellectuel,
la modification heureuse du caractère, l'enjouement,
la moquerie, lés réflexions originales, l'activité phy-
IMBÉCILLITÉ MONGOLIENNE. 455
sique qui se manifestent sous l'action de la glande
(p. 434, 435, etc.).
Souvent dans les premiers jours de chaque médica-
tion, on observe une élévation en général assez légère
de la le ? 2îpéî-att2-e 1) rectale (celle qu'on doit cons-
tamment prendre). Nous employons toujours la glande
thyroïde fraîche du mouton examinée avec soin, car
il nous est arrivé de trouver des lésions, dernièrement
un abcès volumineux (2).
Nous commençons la première fois par 0 gr. 25,
puis nous montons successivement iL 0 gr. 75, 1 gr.,
1 gr. 25, 1 gr. 50, rarement au-delà, La seconde
fois nous débutons par () gr. 50. - Le traitement dure
trois mois (sauf s'il y a un amaigrissement rapide), et
recommence après une suspension de 3 mois.
Dans tous les cas d'idiotie ou d'imbécillité mongo-
lienne, la glande thyroïde nous a donné de bons résul.,
tats.
VI. L'idiotie mongolienne ou mongolismes^ termine
souvent par la mort, occasionnée par la tuberculose :
tel est le cas de Cott ? Ici, la tuberculose a été à peu près
généralisée : poumons, foie, glande thyroïde, capsules
surrénales, reins, intestin grêle. Notons enfin deux
tumeurs fibt°o-sareoomateuses des hémisphères géré-
braux, qui ne se sont traduites par aucun symptôme
significatif durant la vie.
Vil. Ce cas s'ajoute à la plupart des précédents en
montrant que la mort survient souvent avant 20 ans ;
- qu'elle s'accompagne de lésions profondes de la
glande thyroïde (chez Cott ? de tuberculose). Ce n'est
qu'exceptionnellement que la vie se prolonge au-delà.
. (1) Dans les premiers essais faits dans le service, l'élévation était
plus prononcée parce que la dose, dès le début, était plus éle-
vée. - L'expèrienee nousamontré qu'il é-iit 1)1u ? prudentdecom
mencer par une dose plus faible (B).
1 (2) Les spécialités ne nous on) pas été fournies d ordinaire par
l'administration. Nous les avons employées fréquemment dans
notre clientèle (B).
4GG RLVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Cependant à l'asile de llailleul nous avons eu une
mongolienne, l3fa ? (llenriclle), âgée de 38 ans (1).
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
. Ueber Narkoselaehmung des N. cruralis und
obturatorius (Sur la paralysie par narcose des nerf*
cr. et obt.) par SIEGFRIED Klevipner, de Berlin. (Neurol.
Centralbl., \ o\. X.\. \ , fas. ;3, p. lOi il 111,) .)
D'après K., il n'existerait que trois cas de paralysie du crural
par anesthésie, l'lia paralysie de ce nerf combinée avec celle
de l'obturateur n'aurait pas encore été décrite.
Une femme de 1"2 ans, Vipare, atteinte do prolapsus de l'utérus,
futanesthesieeau chloroforme pendant trois Iteures et demie
pour une extirpation totale de l'utérus et. du vagin, les membres
inférieurs etantmainienuspar les aides. Après quelques jours
d'alitement, elle constata que la jambe gauche était « raide '' et
que la marche était imposable. Quelque li'nip^ après, K. constate
(1) Voici la liste de nos publications personnelles : Bourneville.
Art. dans Traité de médecine de Bronardel et Gilbert, t. IX, pape
5S (1001-190 ? ).- Idiotie du type mongolien (Compte-rendu de Bi ? lre
de 1901, p. 1 : 37-117 ; Idiotie da type mongolien ( Compte rendu de
1902, 1. : 3-l ; Bourneville et J. 130)'1'1', Imbécillité congénitale.
Type mongolien. (Ibidem., p. 2 ! -33) 13ourneville.Cortrré.s des nlié-
nistes et neurologistes de Bruxelles, 1901, t. III, p. 2S ; Bourne-
ville el Reine Maugeret, Nanisme mongolien, (Compte rendu, 190.1,
p. 140); - Congrès des aliénistes et neurologistes de Bennes, août
1\10;. Tous les samedis, depuis bien des années, nous faisions
voir aux visiteurs de noire service, par comparaison, un groupe de
mijxoedèmaleux et un groupe de mongoliens . (Voir aussi Progrès
Médical 190 : î, il' 34, p. 120 el Archives de Neurologie, 1903, l, 2" série,
l. xn, p. 2,i2.) ; C'est, avec les cerveaux et les glandes thyroïdes
que nous leur avions donnés que MM. Philippe et Oberthur oui,
faiLleurséludesltislologi : SucsICowplerendutlcl31cùlre,ltJO ? , p. 19 ;
Ilrid., 1903, p. 16 ! 1) (Ihi ? 1903, p. 17 S-17 : r). Citons enfin la thèse de
noire élève, le Il' Ue-eorges, Contribution à l'idiotie mongolienne.
Paris, 19 mai 1975.-Si;;nalonc aussi les cas récents de M. Comby,
Mongolisme infantile (l3ull. de la Soc. ntétl. des 11ôpil" avril 19(15,
p. 935, et Archives de médec. infant., avril 190j) ; Cbarlier, Idiotie
mongolienne (Archives de méd. des enfants, 190ti, p. 99 el 3; ! 1).Seris
(Jean), Le mongolisme infantile, 1906. Dans nos autres publica-
tions nou" avons ci le les travaux étrangers.
REVUE nE PATHOLOGIE NERVEUSE. 4*)7
les symptômes suivants : lebasin s'incline fortement à gauche
quand la jambe gauche est portée en avant. Dans le décubitus,
la malade est incapable d'élever la jambe gauche, d'étendre le ge-
nou et de faire des mouvements d'adduction. La rotation de la
jambe en dehors et en dedans est imparfaite. La sensibilité au
contact et à la piqûre est légèrement diminuée, ; les troncs du
crural et (le l'obtura leur sont particulièrement sensibles à la pres-
sion. Abolition du réflexe hatcllaire. Atrophie considérable du
quadriceps et des adducteurs, l'orle diminution de l'excitabilité
directe et indirecte, galvanique et faradique, de ces muscles.
Quelques semaines plus tard, l'état s'était beaucoup amélioré. les
réactions électriques étaient presque normales, mais le réflexe
patellaire était toujours aboli.
K. passe en revue les diverses causes possible de paralysie et éli-
mine successivement : la lésion des troncs nerveux pendant l'opé-
ration (rapidité de l'amélioration) ; - l'inflammation des troncs
nerveux par une paramétrite (examen négatif pendant l'opéra-
Lion) ; - la compression mécanique au cours de l'opération ; il
admet l'influence combinée de la flexion forcée avec abduction de
la cuisse et de l'intoxication chloroformique aiguë. CH.BONNF.
XXIX.- Kleine motorische Epilepsie (petite ép. motrice) ;
par \'nc.nv PI.AVEC, de Prague. (Veurol. Cearral6l, vol. XX\',
l'as. 3, p. 111 à 1 Il,) ; fas. 4, p. lù4 à 173 ; fas. 5, p. 207 à 211.
Un garçon de huit ans, à lourde hérédité épileptique reçut une
poutre sur la tète. Il y eut perte de connaissance. Trois ans plus
lard, apparurent des secousses convulsives de la moitié gauche de
la face et de la langue. Quelques années après, il y eut en outre
de véritables attaques d'épilepsie. L'A. passe longuement en re-
vue, à propos des secousses localisées qui pendant plusieurs an-
nées furent les seuls symptômes, les opinions émises sur la va-
leur diagnostique de ces phénomènes et sur les rapports clini-
ques et pathogéniques du « petit mal moteur » avec les tics)
certaine- ! myoclonies. Il discute en outre chacune des particula-
rités qui peuvent permettre d'affirmer la nature épileptique des
convulsions localisées survenant sans autre symptôme (évolution,
hérédité, survenance ou cessation pendant le sommeil, paralysie
ou parésie consécutives à l'accès, influence du bromure, etc.)
CH. Bonnt.
XX\ Ueber Arsenikneuritis Sur la névrite arsenicale ;
par llIZA,-4Z Uoszrs, de Leipzig. (Xeul'ol. Cenlmlbl" '01..\.\Y.
fas. 1, p. 18 à 20, 1 fig.)
La malade ( ? foi ans) maniait depuis huit semaines une solution
arsenicale quand apparurent les premiers symptômes : engour-
dissement, (roubles trophiques cutanés et unguéaux des mains.
458 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE,
L'action locale du poison est d'autant plus évidente que les sytiil),
tomes prédominaient dans les 2, 3' et 4° doigts, plus exposés
quo los pouces et les auriculaires à l'absorption cutanéo de la so-
lutin. Cil, Bonne.
XXXI, Le coeur dans la maladie de Friedreich ; par
Launois et hOROT. (Revue de médecine, nov. 1905.
Observation d'une jeune malade de 15 ans atteinte de maladie
de Friedreich, morte de congestion pulmonaire el qui présentait
en outre des troubles cardiaques. L'autopsie révéla une myocar.
dite intense avec sclérose interstitielle. Ce cas peut être rapproché
de cas déjà observés d'affection de Friedreich avec lésions cardia-
ques, lésions de myocardite notamment, lésions valvulaires, allé-
rationsdes centres cardiaques bulbaires, L'évolution de ces symp-
tômes est lente et suit parallèlement les accidents nerveux. Il est
possible qu'ils soient une conséquence des éléments tovi-infec-
tieux de l'enfance qu'on retrouve presque toujours dans l'étiolo-
gie du syndrome de Friedreich. M. Hamel.
XXII. - Un cas de myasthania gravis (asthénie bulbo-
spinale) terminé par la mort brusque et suivi d'autop-
sie. (Dans l'état actuel de n.osconnaissances, quelle place doit-
on donner en nosographie à la maladie d'Erh-Goldllam ? par
LECLERC et AR1'ONAT. (Reurre de Médecine, nov. 1905).
Observation d'une malade de 23 ans atteinte depuis quelques
mois du syndrome rl'Erh et qui mourut brusquement au cours de
l'affection dans un accès de dyspnée.
Passant ensuite en revue les divers cas observés de myastbenia
gravis, les auteurs croient de voir conclure que le syndrome rl'I : clt-
C'otdflam doit plutôt être envisagé comme un syndrome dont
l'étiologie et lesaltérations anatomiques sont variables.
M. 1 ! .\IE 1 .
\\\I11.-Un cas d'acromégalie sans hypertrophie du
corps pituitaire avec formation kystique dans la glan-
de ; par ,\IDr\L, Hov et FROIN, (eue rl Médecine^ avril, 190fi,)
Dans le cas dont il s'agit, le corps pituitaire était très altéré
dans ses éléments; en outre de deux petits kystes, il y avait une
atrophie notable avec sclérose du lobe glandulaire. Les auteurs
font remarquer que dans l'acromégalie, on ne trouve pas toujours
des tumeurs avec hypertrophie de l'hypophyse et qu'il faut plu-
tbt v voir des troubles de fonctionnement. Il est à remarquer
d'ailleurs que, d'après cerlains autours (Mendei),Ia théorie hypo-
physüirn rlo l'acromégalie n'est pas encore définitivement prou-
vée. 11. II.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 453
XXXIV. Aphasie hystérique avec agraphie, cécité et
surdité verbales ; distinction du mutisme et de l'apha-
sie hystériques ; par M. Paul Courmont. (Soc. méd. des
hôpitaux de Lyon. 16 mai 1905.) 1
L'observation rapportée par l'auteur est remarquable par la
complexité des modalités de l'aphasie do réception et de trans-
mission. Elle vient s'ajouter à celles de Lépine, Ballet et Solfier
tiaymondet Janct, Antony.. pour prouver l'existence d'une
aphasie hystérique avec toutes les modalités de l'aphasie organi-
que. C'est, avec celle le seul fait avec cécité verbale.
Observation : Alcoolisme. Hystérie chez une femme de ? 2 ans
Aphasie hystérique avec aphémie, agraphie. Surdité et cécité ver-
bales sans cécité psychique avec quelques troubles d'amnésie.
Hémiplégie et hémianesthéaie droites. Dissociation des troubles
d'aphasie pour les langues française et allemande.
Guérison de l'aphasie totalement pour le français, incomplète-
ment pour l'allemand.
De l'étude de l'aphasie et du mutisme hystériques l'auteur tire
les conclusions suivantes : 10 Le mutisme hystérique décrit par
Charcot n'est autre chose qu'une aphasie de transmission (aphe-
mie) sans agraphie, ni surdité ou cécité verbales. Le mutisme hys-
térique rentre donc dans le cadre plus vaste de l'aphasie hysté-
rique ; 2" Il va lieu de décrire chez les hystériques un mutisme
auquel devrait être réservé le nom de « mutisme volontaire des
hystériques » qui est à séparer des aphasies et à rapprocher des
autres mutismes. Son caractère principal est d'être causé par un
trouble de la volonté, si hien que le sujet, non seulement ne peul
pas parler ni écrire, mais ne veut traduire par aucune manifes-
tation ses pensées et ses sentiments. Ce mutisme d'origine psy-
chique est a rapprocher des autres mutismes des états dépressifs;
3" Le diagnostic de ce mutisme volontaire des hystériques est fa-
cile avec le type Charcot (aphémie hystérique) où le malade ex-
prime sa pensée de toutes les autres façons ; plus difficile avec le
type d'aphasie hystérique complète de réception et de transmis-
sion.
Les différences entre l'aphasie hystérique type Charcot et type
complet) elle mulisme des hystériques peuvent se résumer par
celle formule :
' Dans l'aphasie hystérique, le sujet ne peut pas parler, dans lo
mutisme hystérique vrai il ne veut pas parler.
L'auteur propose, an point de vue de la claailicalion et de la
l1lonenrlature nosolo¡6qne : a) d'appeler « aphémie hystérique »
de Charcot le type décrit par Charcot sous le nom de mutisme
hystérique, ce qui le faill'cnll'cl'dan< II) cadre plus vaste de »l'ar
no
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
phasie hystérique » ; 6) th distinguer de as, deux types ce qu'on
pourrait appeler le mutisme volontaire des hystériques. »
Essai de classification de ces divers étals :
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 401
"2" Le phénomène du pied, apparaît de quatre à sept minutes
après l'anesthésie cutanée et demande une anesthésie générale
très complète. Dans une demi-anesthésie le phénomène ne peut
pas s'établir. La trépidation épileploide est plus courte à s'ins-
taller qu'à s'en aller, elle survient peu de lemps après la dis-
parition du réflexe oculaire et persiste encore lorsque celui-ci est
redevenu normal et alors que le malade est réveillé.
3° La trépidation l'pileptohle du pied qui se produit sous l'a-
nc"thésie est indépendante de la tonicité musculaire puisqu'elle
existe pendant la phase d'atonie et de placidité complète.
lis Si la trépidation épileploide apparaît sous l'anesthésie et va
s'exagérant de plus en plus, le phénomène du genou qui luisem-
ble lié fréquemment en clinique,ne se manifeste pas ; il convient
donc de les distinguer.
5" Les réflexes tendineux de la trépidation épileploide ne sui-
vent pas les mêmes lois etpartant doivent être dillérents comme
lieu d'origine. Le centre du clonus du pied est donc différent du
centre des réflexes rotuliens;il est vraisembablement intermédiai-
re entre celui-ci et les centres des réflexes organiques de la cir-
culation et de la respiration ; d'où l'importance qu'il y a à sur-
veiller la trépidation épileptoide au cours des anesthésies.
G. Carrier.
XXXVII. Considérations à propos d'un cas d'hyppus ob-
servé au cours d'un abcèi cérébral; par NI. Ch. DouRRET.
(Lyon médical, '21 juin 1906, p. 1270.)
Observation d'un enfant de 13 ans qui présenta à la suite d'une
otorrhée avec troubles du côté de la mastoide, un abcès cérébral.
Il présenta avec des phénomènes cérébraux inquiétants, le phé-
nomène d'hippus à gauche ; la pupille gauche dilatée présentait
des mouvements spontanés et rythmiques etde conslriction et de
dilatation. Pas d'hémianopsie. La paupière droite semblait se
1 i-oncet- moins énergiquement que la gauche. Pas de paralysie de
la musculature externe de l'oeil. Pas de nystagmus. Légère di-
minution ,le la force musculaire du membre supérieur gauche.
L'intervention d'urgence donna issue à un abcès du '01UIll3d'UIl
oeuf de pigeon, contenu à l'intérieur de la substance cérébrale et
paraissant siéger au niveau de la partie moyenne de la 2° circon-
volution temporale droite.
Après l'opération, l'hippus persiste encore sept huit jours
avec une prédominance assez marquée du côté gauche, puis il di-
minua beaucoup d'intensité et finit par disparaître.
Trois semaines après,le phénomène d'hippus redevint très évi-
dent, avec prédominance encore du cù(3 gaucho. Les symptômes
cérébraux reparurent, une ponction lombaire donna issue à un
liquide louche et l'enfant mourut de méningite.
462 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Au point de vue du phénomène d'hippus les faits sont inté-
ressants : d'abord la prédominance du (rouble du côté opposé
à la lésion, puis sa disparition après l'intervention et sa réappa-
rition au moment de nouvelles perturbations méningées.
La signification et la valeur séméiologique réelle du phéno-
mène, semblent à l'autour difficile établir exactement. G. C.
\X\1'lll.-Scléroseet hystérie ; par M. Faisant. (Société de
niédecine de Lyon in Lyon médical, 1er juillet 190G.)
Homme de 44 ans, éthylique présentant une association h\s-
léro-labéliquc. Nie la syphilis. Les symptômes relevant du (abcs
sont les plus nombreux : signe de liomberg, signe d'Argyll, perle
du sens musculaire, incoordination motrice, crises gastriques,
douleurs fulgurantes, ébauche de troubles sphinctériens. D'au-
tres symptômes prouvent l'existence de lésions siégeant sur le
névraxe ailleurs qu'aux cordons postérieurs ; exagération des
réflexes rotuliens, nystagmus.
L'hystérie est enfin affirmée grâce au rétrécissement concen-
trique des champs visuels et aux zones hysterogenes.
Celte observation estun cas<t'in'stero-tahes combinés, rentrant
dans ce que Crouzon appelle sclérose combinée avec association
do symptômes spasmodiques et de troubles labéliques. G. C.
.\\.\1.\, - Tie douloureux de la face guéri par les injec-
tions d'antipyrine; par \I- (iRANDCt.t : AiGNT./S'oc. des sciences
méd. de Lyon. J mai 1J0 ? in Lyon méd. 8 juillet t906.)
Observation d'une malade guérie parles injections d'antip;-
rine en quinze jours, d'un tic douloureux de la face,de la vérita-
ble névralgie épileptiforme de Trousseau.
Cette névralgie avait résisté pendant 1 ans a tous les traite-
ments, y compris l'élcelrisalion par les courants continus de
haute intensité, et l'opération de la névrotomie pratiquée il a a
quatre ans sur les trois branches du trijumeau.
C'est iedouxieniC cas de tics douloureux de la face, sur I cas
traités, que l'auteur a guéri par celle méthode qu'il a conseillée il
y u plus de vingt ans. G. C.
1L. - Méningite tuberculeuse sans réaction leucocytaire
du liquide céphalo-rachidien ; par M. l'nm.Y. (Société de
mdd.deLyon, 5jllin 1905, in Lyor. mdd, 13 juillet 1900.)
Dans un cas do méningite tuberculeuse que M. Pauly vient
d'observer, la ponction lombaire' pratiquée l'avant-voille delà
mort donnaun liquide un pou trouble avec léger rellel rougoùlre,
contenant hcaucoup d'albumine, L'exal1len t tologique n'a IIIOII-
tré que des globules rouges et quelques rares polynucléaires,
sans aucun autre élément. A l'autopsie, on trouva de la tubercu-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 463
lose viscérale et sur le cerveau un exsudât fibrineux à la surface
des circonvolutions, avec des extravasations sanguines au niveau
du lobe frontal; le long des syriennes quelques granulations
comme des grains de semoules.
Les premiers symptômes méningés dataient de trois semaines.
Ce fait montre que la formule cy tuluridue de Widal e t Sicard
n'est pas constante dans la méningite tuberculeuse. G. C.
XL1. Rapports du syndrome neurasthénique et du syn-
drome labyrinthique, par M. HOYET. (Société de médecine de
Lyon, 25 juin f906. in Lyon méd. 15 juillet 1906.)
Des recherches auxquelles s'est livrée M. Hnyel, en constatant L
la grande fréquence de la neurasthénie chez les vertigineux et du
vertige chez les neurasthéniques, découle que les deux syndro-
mes ont entre eux des analogies pouvant faire penser à une
identité. Tous les symptômes cardinaux do la neurasthénie, ses
stigmates, peuvent être réalisées par des excitations anormales
des organes labyrinlhiques.
L'asthénie neuro-musculaire qui est la traduction d'un état
d'hypotonus musculaire se rencontre chez les vertigineux et dans
diverses maladies de l'oreille.
L'asthénie digestive sous la dépendance de l'hypotonus des
libres musculaires se rencontre souvent dans les états vertigineux
et dans les maladies du cavum. C
La céphalée neurasthénique est l'image fidèle de la céphalée des
rhino-pharyngites inflammatoires aigues ou chroniques.
Les différentes sensations douloureuses, nacltialie,scapttlalie,
douleurs interscoscales sont souvent observées dans les rhino-
pharyngites latérales.
Les troubles circulatoires et respiratoires d'origine otiquo ou
nasale s'ohsencntsomenl en clinique.
L'angoisse est parfois la conséquence des (roubles circulatoires
ou respiratoires, souvent les précède et les détermine aussi bien
chez les layrinthiques que chez les neurasthéniques.
Un doit donc étudier avec soin l'oreille et rechercher les lé-
sions rhino-pharyngiennes de façon à pouvoir faire un point de
départ exact au syndrome observé. Cette recherche a un très
grand intérêt pratique puisque un grand nombre de vertiges s
comme beaucoup d'autres symptômes voisins sont curables par
un traitement du rhino-pharynx. G. C.
XLII. Deux cas de galéanthropie hystérique accom-
pagnés l'un d'aphonie, l'autre d'aphasie, d'agraphie et
de varices jugulo-faciales, par M..1. de TI : YSlh : l2, (Lyon
méd., 15 juiliet 1906 nu 28.)
Dans la première observation, il s'agit d'une jeune fille de 25
40 i REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
ans présentant des crises nerveuses depuis ans. Une de ses
soeurs est une névropathe avérée présentant des crises de dys-
pepsie. A l'examen peu de stigmates hystériques : insensibilité
cornéenne, anesthésie pharyngée, réflexes rotuliens exagérés.
File présente de grandes crises ou les phases de tonisme et de
clonisme ont perdu de leur importance pour céder le pas à des
phénomènes délirants. A la suite d'une de ses crises, elle eut un
délire hallucinatoire à forme lycanLlhropique. Elledit être un chat,
" un chai très méchant qui mord tout le monde ». Cette crise de
galéanthropie dura cinq heures. La malade présenta en outre, à
plusieurs reprises de l'aphonie, phénomène qui sans être rare,
mérite d'être signalé.
Celle observation est celle d'une hystérie bien caractérisée et
bien classique.
Chez cette malade cette forme de délire ne se présenta qu'une
s-,ule fois et fut motivée par le récit fait deux jours auparavant
de l'histoire d'un chat enragé, qui dans une famille, avait mordu
huit personnes.
La seconde observation est celle d'un enfant de 9 ans né d'une
mère variqueuse et ne présentant aucun antécédent pathologi-
que héréditaire ou personnel. Brusquement, sans que rien n'ait
pu motiver l'explosion subite de la névrose, il fut pris d'unaccès
d'agitation violente.
Lascène avait débuté par des mouvements désordonnés des
quatre membres, puis l'enfant était resté la proie d'un violent
délire, délire de paroles et d'action, il ne reconnaissait personne,
était brutal, frappait, injuriait. Au bout de quelques heures le
calme renaissait ; l'enfant très abattu conservait les symptômes
suivants ; impotence fonctionnelle des quatre membres, hyppres-
thésie généralisée enfin des phénomènes très nets d'aphasie.
aphasie motrice avecalevie complète et agraphie. Pendant que
les phénomènes d'aphasie persistaient on nota des acci,lenls va-
riés qui s'entremêlaient el se reproduisaient avec une grande
fréquence.
Crises syncopales, crises d'étoulfeement, vertiges passagers,
grincements de dents. Il manifesta des instincts d'anthropopha-
gie. Les hallucinations allaient souvent jusqu'au dédoublement
de la personnalité ou jusqu'à la lycanthropie. Il faisait à la fée
miraculeuse « le coq » ; il lui arriva de s'identifier à un chien et
plusieurs fois à un chat. Dans un accès de galéanthropie. il cou-
rait à quatre pattes, miaulait, griffait. 1.
Dans l'intervalle des crises, l'enfant était bien ; il présentaitun
esprit éveillé. 11 était porteur de varices nombreuses et particu-
lièrement au niveau des jugulaires, surtout à gauche. La jugu-
laire antérieure se dessine sous les téguments, de même la
jugulaire externe et la temporale superficielle. Le territoire de la
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 465
jugulaire interne est intéressée : la voie faciale et ses affluents
forment un paquet variqueux qui lors des efforts forme i ce ni-
veau une masse du volume d'une grosse noix. La moitié gauche
de la lèvre inférieure et l'extrémité antérieure gauche de la lan-
gue présentent un petit paquet variqueux. La moilié gauche
de la voûte palatine et de la face interne de la gencive supérieure,
l'amygdale gauche, sont transformées en surfaces érectiles, au
niveau desquelles on voit se dessiner un abondant lacis vascu-
lairc violacé. Dans le fond de l'oeil on retrouve les mêmes dilata-
tions vasculaires violacées. Pas de trouble moteur, sensitif, ré-
flexe, ni trophique. Pas de stigmates hystériques.
L'enfant était doncun hystérique porteur de varices congéni-
tales. Pour l'auteur il n'est pas impossible que ces varices aient
joué quelque rôle dans l'éclosion de la névrose. Elles ont une
souche commune : l'arthritisme.
Cette seconde observation est intéressantes par les deux affec-
lions nerveuse et veineuse réunies chez le même malade.
Elle l'est aussi par les phénomènes nerveux présentés par le
petitmala'le comme ceux de l'aphasie hystérique, qui sont chose
rare etles accès galéanthropiques qui revinrent à plusieurs re-
prises et alternaient avec d'autres variétés du délire xoanthropi-
que. G. C.
X LIlI. Une épingle rouillée dans le bulbe ; par MM. DEVic
et XopDMANN. (Lyon médical, 22 juillet 1906, n° 29.)
Observation d'une femme de 48 ans, ayant présenté les symp-
tômes suivants : grand alcoolisme; un accès de delirium tremens
il y a un an, parésie douloureuse des membres inférieurs depuis
deux ans ; pituites matinales, tremblement etc. Délire très net
il y a huit ans, gros foie sans ascile, épistaxis fréquentes, grosse
rate. Pleurésie droite il y a douze ans, toux fréquente et bron-
chites répétées depuis cette époque, pleurésie droite récente, tu-
berculose pulmonaire. Albuminurie légère, état fébrile, délire.
A l'autopsie ; on ne trouve rien aux vertèbres, la pie-mère est
un peu plus vasculaire que de coutume. Rien au cerveau, pas
d'hydrocéphalie \ entl'iculaire ni méningite. On sectionne sans dif-
ficulté les pédoncules cérébraux. Au momcntoù on veut séparer le
cervelet du bulbe et de la protubérance, on sent un corps solide
et piquant sous le doigt. On voit qu'il s'agit d'un corps métalli-
que, aiguille ou épingle recouverte partout d'une couche uni-
forme et épaisse do rouille, une portion est libre, l'autre est fixée
daus l'épaisseur du bulbe. Le point de pénétration dans le bulbe
est situé tout près de la ligne médiane, un peu à gauche de celle-
ci et à 2 ou al millimètres au-dessus du bec du calamus. Le trajet
intra-bulbaire de ce corps est oblique de gauche à droite, de bas
en haut et un peu d'arrière en avant ; partant de l'aile blanche
Archives, 2' série 1906, t. XXI 30
4GG REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
interne gauche, il traverse la ligne médiane, l'aile blanche inter-
ne droite et l'aile grise, sans atteindre en hauteur le sillon bulbo-
protubérantiel, ni faire saillie à la partie antéro-extcrne droite
du bulbe. La portion intra-bulbaire mesure de 11 à 13. millimè-
tres de longueur. La portion extra-bulbaire a 24 à 25 millimètres
de longueur. Tout autour du trajet intra-bulbaire sur une éten-
duede 7 millimètres environ, le tissu nerveux est légèrement ra-
molli et de même coloration ocreuse que la surface du corps mé-
tallique. Sur le plancher du 4 ventricule, n'y a ni hémorra-
gie, ni exsudai.
D'après les renseignements recueillis, les auteurs croient que
l'épingle .1 séjourné neuf jours dans le bulbe, sans que la malade
ait présenté aucun trouble fonctionnel apparent.
Cette observation montre qu'il faut de plus en plus renoncer
aux localisations simplistes de Logallois et Flourens, car il est
bien certain que pour produire des troubles graves il faut des
lésions très étendues au niveau du 4e ventricule.
La lésion dans ce cas été fixe et assez limitée et n'a donné
que des troubles passagers et passés inaperçus, pour rester en-
suite complètement latente. (. Carrier.
L11'. -De la méningite otogène et de sa curabilité ; par
1,ANNois et PFRRETIkRr. (Lyon médical, 1 aoùt 1906, n° 32.)
La méningite ologène est une complication relativement fré-
quente des suppurations de l'oreille. Les auteurs ne veulent par-
ler ici que de la lepto-méninnite aiguë d'origine otique.
La question de sa curabilité a provoqué depuis dix ans de
nombreuses publications qui ont modifié dans une certaine me-
sure la conception ancienne de la non curabilité de la méningite.
Comme contribution à cette étude les auteurs rapportent un
cas qu'ils ont observé é el uù l'intervention leur a permis d'obte-
nir une amélioration manifeste des accidents méningés.
Observation. Résumée ; olorrhée bilatérale datant de l'en-
fance. Recrudescence depuis un mois. Jeune homme de 16 ans,
signes de réaction mastoïdienne avec symptômes cérébraux de-
puis huit jours.
A l'entrée. Leptoméningite aiguë suppurée diffuse, prouvée
parle tableau clinique et la ponction lombaire (liquide séro-pu-
rulent Itolynucléosc abondante.)
Intervention : Trépanation large de l'apophyse, carie du toit de
l'antre, ouverture de la fosse cérébrale moyenne, incision cru-
rale de la dure-mère, ponctions de la substance cérébrale : li-
quide céphalo-rachidien louche s'écoulant en jet du ventricule.
Amélioration immédiate et très manifeste après l'intervention,
mais persistance du ralentissement du pouls. Reprise des phéno-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 4C7
mènes cérébraux douze jours après l'intervention. Deuxième
ponction lombaire : liquide clair, lymphocytose prédominante,
pas de microorganismes.
Diagnostic posé : Abcès encéphalique masqué antérieurement
parle syndrome méningitique aigu. Mort au 15° jour.
Autopsie : abcès de l'hémisphère droit cérébelleux.
L'examen du rocher fait ultérieurement montra qu'il existait
deux lésions très distinctes. D'abord les lésions d'antrite et de ca-
rie osseuse du toit sur lesquelles avait porté l'intervention. En
second lieu, une labyrinthite suppurée chronique ; toutes les ca-
vités de l'oreille interne étaient remplies par un magma purulent
d'aspect caséeux qui les obturait complètement.
Les auteurs pensent que leslésions d'antrite fongueuse avaient
déterminé au niveau de la carie du toit un petit abcès extra-du-
ral avec fongosités et déterminé les phénomènes de méningite.
La labyrinthite suppurée était responsable de l'abcès cérébel-
leux comme le prouvait la propagation du pus dans le conduit
auditif interne. C'est du reste une des voies les plus fréquemment
suivies par le pus pour la production des abcès cérébelleux otogè-
nes.
Au point de vue clinique cette observation est un cas d'amélio-
ration manifeste ou plutôt d'enraiement transitoire d'une lepto-
méningite aiguë suppurée d'origine otique.
A l'occasion de ce fait les auteurs ont recherché dans la littéra-
ture les principaux travaux auxquels a pu donner lieu la ques-
tion de la curabilité des méningites d'origine otique.
Ils rappellent les dé Laits essentiels que présente au triple point
de vue pathogénique, anatomique el clinique la méningite oto-
gène en ce qui concerne surtout la cure chirurgicale.
De cette revue générale sur la curabilité des méningites ologè-
nes il leur paraît légitime de tirer cette conclusion que l'interven-
tion s'impose dans presque tous les cas. '
L'intervention doit comporter les temps suivants :
1° Opération primitive sur l'oreille malade et suppression ra-
dicale du foyer infectieux auriculaire. - 2" Ouverture de la fosse
cérébrale ou cérébelleuse et mise à nu de la dure-mère crânienne.
3° Incision de la méninge dure et drainage de la cavité arach-
noïdienne cérébro-cérébelleuse. - 4° Ponction lombaire qu'on
renouvellera au besoin. G. Carrier.
.XLV. - Méningite tuberculeuse ; tubercules cérébro et
cérébelleux ; caverne pulmonaire chez un enfant de 8
mois ; par MM. Rabot et LARL.1TIER. (Lyon met ! . 26 août 1906
34.)
L'intérêt de l'observation publiée par les auteurs réside dans
la coexistence sur le même sujet de deux lésions extrêmement
4C8 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
rares dans le premier âge ; l'existence d'une caverne pulmonaire
tuberculeuse et d'une méningite tuberculeuse.
La lésion pulmonaire chez le petit malade, caverne du volume
d'une très grosse noix dans les deux tiers supérieurs du lobe in-
férieur du poumon gauche, a passé cliniquement totalementina-
perçue. Elle a été une constatation d'autopsie. De ce fait l'ob-
servation ressemble exactement à celles précédemment publiées.
Elle n'apporte aucun élément nouveau de diagnostic de la tuber-
culose ulcéreuse du nourrisson.
La méningite tuberculeuse est aussi assez rare chez le toutjeu-
ne enfant. L'observation ne diffère par ses symptômes des cas
classiques que par l'hypothermie qui a précédé la mort de 24 heu-
res, alors que plus habituellement la température s'élève il la
période finale.
L'étude des cas publiés montre que l'évolution des tubercules
de l'encéphale chez le toutjeune enfant diffère sensiblement de
ce qu'elle est chez l'adulte.
Leur symptomatologie est toujours vague par l'absence de
signes de localisation. Le diagnostic, précis est fait exceptionnel-
lement. Seule la méningite tuberculeuse qui ordinairement ter-
mine l'évolution, est reconnue.
Analomiquement ce sont des tubercules multiples, alors que
fréquemment ils sont solitaires chez l'adulte. Souvent ils coexis-
tent sur le cerveau et le cervelet. Dans le cas des auteurs le foyer
initial a été les lésions del'appareil pulmonaire et des ganglions
tractieo-hronchiques. G. Carrier.
XL \'1.- Méningite spinale et syndromes radiculaires dans
le rhumatisme chronique; par M, Jean Lépine. (Lyon i)7é(li-
cal, 2G août 1905, n' 38.)
D'après M. Jean Lépine la méningite spinale peut se manifes-
ter déjà dans les formes relativement bénignes du rhumatisme
chronique. De plus il montre que les rhumatismes chroniques
déformants, considérés par certains auteurs et en particulier par
M. Teissier, comme différents par leur évolution et leur nature
des rhumatismes chroniques d'infection et des rhumatismes dys-
cramiques ou goutteux, n'ont pas le privilège exclusif de ces lé-
sions méningées. On peut les rencontrer même dans le rhuma-
tisme dyscrasique ou goutteux.
La pathogénie de ces lésions méningées est la même, elles ne
sont en effet que les résultats de l'envahissement du liquide cé-
phalo-rachidien par des poisons.
Qu'il s'agisse de toxines microbiennes ou de poisons issus de la
nutrition viciée de l'organisme, le processus est le même. 11 sem-
ble se laire en. deux temps. Aune irritation première correspond
l'augmentationdu liouide céphalo-rachidien. Cette hypertension
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 4G9
suffit il expliquer certains symptômes douloureux. La pie-mère
devient le siège d'une inflammation lente, si l'intoxication per-
siste alors la méningite se constitue.
L'auteur rapporte deux observations de méningite spinale
avec syndromes raidiculaires chez dessujets atteints de rhumatis-
me chronique dyscrasique.
Dans la première le malade a été amélioré par une ponction
lombaire qui permit de constater l'hypertension du liquide cé-
phalo-rachidien et par un traitement général surtout hygiénique..
Dans la seconde le sujet fut amélioré et progressivement guéri
en quelques mois par un traitement général diathésique. G. C.
XLV1L Tachycardie paroxystique et pouls lent perma-
nent chez le même sujet ; par M. JOSSea.vNn. (Soc. des scien-
ces méd. de Lyon, in Lyon mu, 9 septembre 1906, n° 36.) .)
Un homme d'une trentaine d'années, buveur, fumeur et chi-
queur, présentant des accès de tachycardie paroxystique essen-
tielle, 200 pulsations à la minute avec un pouls lent permanent,
40 pulsations à la minute. Au coeur pas d'arythmie, pas d'hyper-
trophie cardiaque, ni souffle, ni galop.
L'alcool et le tabac ont vraisemblablement réalisé une inloai-
cation bulbaire ou des lésions de vago-n6mite se traduisant par
une excitation habituelle du pneumogastrique cardiaque avec
des épisodes de dépression. Pas de syphilis.
Il s'agit d'un pouls lent permanent ou plutôt, comme c'est la
règle, d'un rythme couplé fruste, traversé par un incident de ta-
chycardie paroxystique. G. C.
XLVIII. - Mal perforant buccal; par M. PALLIASSE. (Lyon
médical, 7 octobre 1906, n° 40.)
Observation d'un homme (le )6 ans, syphilitique, présentant
un tabès caractérisé par des douleurs fulgurantes, le signe d'Ar-
gyll, un Westphall incomplet, une insuffisance aortique.
Arthropathies caractéristiques du genou droit et du pied droit.
Chute des dents de la mâchoire supérieure, résorption du re-
bord alvéolaire, mal perforant buccal. Les perforations sont pla-'
cées exactement au niveau du bord alvéolaire et présentent bien
les caractères cliniques de cette lésion. Sur le côté gauche et à
peu près au milieu il existe deux perforations ovalaires situées au
niveau du milieu de la rigole et séparées par un mince pont mu-
queux. A droite, en un point symétrique, existe une petite perfo-
ration plus petite, disposée de façon identique.
La thèse de Ilenry reproduit toutes les observations du mal
perforant buccal, ce qui porte actuellement à dix-neufle nombre
des ras connus. G. C.
470 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
\lut. - Quelques manifestations cérébrales du rhuma-
tisme chronique ; par M. LÉPIivE. (Lyon médical, 7 octobre
1906, no 40.)
La pathologie cérébrale comme la pathologie médullaire ou
périphérique, peut offrir des exemples manifestes de l'action du
rhumatisme chronique.
L'auteur laisse de côté les faits de paralysie générale arthritique
et les divers accidents lacunaires des vieux rhumatisants et s'oc-
cupe seulement des névroses, des psychoses et des syndromes en-
céphaliques d'ordre vaso-moteur ou trophiques. Parmi les né-
vroses, laparalysie agitante est celle qui doit le plus aux rhuma-
lismes. Cette opinion s'appuie sur les travaux de MM. Pierrot,
Brissaud, Spiher, sur les recherches anatomo pathologiques de : \D1. Pierret, Teissier, ,IofTroy, Ilaymond. Ces faits donnent à pen-
ser que le syndrome parkinsonnien. sans doute en rapport avec
une irritation des noyaux sous-thalamiques, pourrait bien être
provoqué avec prédilection par des lésions de leploméningite dif-
fuse.
Certaines particularités cliniques montrent l'influence du rhu-
matisme dans l'origine de la paralysie agitante ; ainsi l'influence
curieuse des surmenages locaux. La véritable analogie clinique
entre le rhumatisme chronique et la paralysie agitante est dans
ce même état de rigidité, de soudure, d'immobilité relative et
d'apathie, se manifestant au point de vue physique et mental.
Cette interprétation du syndrome parkinsonnien ne .s'applique
qu'à un certain nombre de cas,carilpeut relever de bien d'autres
causes.
Dans la neurasthénie, les liens avec l'arthritisme semblent de-
venir de plus en plus étroits.
Pour l'auteur, l'état neurasthénique fait partie de la symptoma-
lologie normale du rhumatisme chronique. Il ajoute avec raison
qu'il faut lo chercher ; mais on le trouve représenté, dit-il, par
une inaptitude particulière et inexplicable au travail physique ou
mental.
Parmi les psychoses, c'est à la mélancolie que l'état neurasthé-
nique des rhumatisants a le plus de chance d'aboutir.La mélan-
colie d'involution sénile ou pré-sénile est la forme sur laquelle se
manifeste le plus l'influence du rhumatisme chronique. Rien ne
ressemble à la sénilité comme le rhumatisme chronique. M. lié-
gis a insisté sur l'importance de l'arthritisme dans la genèse du
délire hypochondriaque de négation. Pour l'auteur enfin, un état
arthritique peut parfois être seul responsable d'obsessions.
L'auteur admet que l'influence de l'arthritisme sur l'équilibre
de l'esprit peut être plus puissante, même chez un prédisposé
héréditaire, que les causes morales ou psychiques. ,
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 471
Parmi les syndromes encéphaliques d'ordre vaso-moteur ou
trophique, la migraine, l'acromégalie, les ostéopathies du type
de l'ostéite déformante de Pajet peuvent figurer sur la liste des'
accidents nerveux du rhumatisme chronique. G. C.
L. Considérations pathogéniques sur les accidents
nerveux du rhumatisme chronique; par \I..1. Lépine. (Lyon
médical, 28 octobre 1 \1ùiJ, n° 43.)
L'auteur a la conviction profonde que dans toutes les variétés
de rhumatismes aigus, subaigus ou chroniques, c'est l'état géné-
ral de la nutrition qui est l'élément primitif et majeur. Le vrai
problème pathogénique n'est pas dans la poursuite d'une spéci-
ficité microbienne plus ou moins partagée entre divers agents in-
fectieux. Leur action ne doit pas être séparée de l'étude du ter-
rain. L'arthritisme ou mieux le neuro-artliritisme n'est pas une
idée morte ; pour M..1. Lépine, il se retrouve dans les diverses
variétés de rhumatisme et non point seulement dans la variété
goutteuse.
A l'origine de tout rhumatisme, même du plus spécifique, celui
de la blennorragie, on retrouve un terrain arthritique caractérisé
par des troubles de la nutrition générale.
Ces troubles de la nutrition ont une conséquence, parmi bien
d'autres ; le liquide céphalo-rachidien se charge de poisons, qui
viennent soit de l'organisme, soit des centres nerveux. Les mé-
ninges peu perméables de dedans en dehors conservent ainsi
longtemps certaines substances nocives qui baignent le système
nerveux.
Les réactions de défense qui en découlent, comme l'hyperten-
sion du liquide céphalo-rachidien contribuent à exagérer l'exci-
tabilité anormale du système nerveux. Plus les causes toxi-infec-
tieuses s'ajoutent, plus l'irritabilité du système nerveux s'accroît.
Le système nerveux des rhumatisants chroniques est donc le
siège d'une irritation quasi-permanente. Dès lors, quoi d'étonnant
à ce que la présence de ces substances anormales et toxiques
dans le liquide céphalo-rachidien aboutisse à des lésions maté-
rielles des méninges spinales.
Cette participation du système nerveux explique que, suivant
les prédispositions individuelles, le rhumatisme chronique loca-
lise à telle ou telle partie du système nerveux les manifestations,
qu'elles soient articulaires, abarticulaires ou nerveuses ; para-
plégiques ou atrophiques chez les manouvriers, idées délirantes
mélancoliques et obsessions chez les prédisposés cérébraux. Elle
explique l'importance des phénomènes dus à l'irritation du sym-
pathique (migraine, entéro-colite muco-membraneuse.EMc ex-
plique la persistance indéfinie du rhumatisme chronique,dès que
les phénomènes nerveux durables sont apparus.
472 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Une double thérapeutique est nécessaire pour échapper il. celle
évolution progressive : d'une part, réduire au minimum les in-
' toxications et auto-intoxications par un régime sévère, afin de
ramener la nutrition à ses données normales.
D'autre part en évitant les circonstances susceptibles d'augmen-
ter l'excitation nerveuse centrale ou périphérique. G. C.
LI. Rapports du rhumatisme chronique avec quel-
ques maladies de la moelle; par M. Jean LAPINE. (Lyon mé-
dical, 1G septembre 1906, n° 37.)
Dans une nouvelle communication faite à la Société nationale
de médecine de Lyon, M. Jean Lépine montre que les rhumati-
sants chroniques peuvent réaliser de véritables maladies de la
moelle.
Dans une précédente communication, il avait apporté des ob-
servations de rhumatisants affectés d'épisodes nerveux d'impor-
tance secondaire. Les nouveaux faits qu'il publie correspondent à
un degré de plus dans l'atteinte du système nerveux.
Quatre observations ont trait à des sujets atteints d'accidenls
médullaires au cours d'un rhumatisme chronique secondaire à un
rhumatisme aigu.
Dans trois autres observations il s'agit de malades présentant
des accidents médullaires au cours d'un rhumatisme chronique
en particulier du type dyscrasique ou goutteux.
Les laits publiés semblent indiquer que le rhumatisme chro-
nique, soit sous la forme d'attaques aiguës récidivantes, soit sous
la forme dyscrasique, occupe une place importante dans l'étiolo-
gie de certains syndromes médullaires. Il ne s'agit pas, dans les
observations,de grands rhumatisants chroniques à ankyloses mul-
tiples et irréductibles, mais de malades à signes articulaires mo-
dérés. Les accidents médullaires ne sont donc pas liés aux formes
les plus graves du rhumatisme chronique.
Deux types anatomo-cliniques se dégagent : pacliyméninâite et
méningo-myélilo.
Dans la première série d'observations, les accidents nerveux
sont à localisation radiculaire, ce sont des signes de compres-
sion des racines que présentent les malades. On peut les confon-
dre avec des malades atteints de pachyméninaite hypertrophiquo
tuberculeuse ou syphilitique.
Les malades du deuxième groupe ont de la méningo-myélite,
leur cerveau n'est pas toujours indemne.
A côté des signes médullaires on trouve parfois chez ces ma-
lades de la rigidité généralisée et du tremblement ce qui en fait
des parkinsonniens frustes.
Sans entrer dans des considérations pathogéniques, l'auteur
pense qu'on doit tenir grand compte du rôle de la méningite spi-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 473
nale chronique dans la production de ces myélites plus ou moins
diffuses qui ne sont qu'à moitié systématisées.
Cette méningite peut être le point de départ d'affections en ap-
parence systématiques comme la sclérose latérale amyolrophi-
que. Elle réalise probablement à elle seule certains cas de sclé-
rose combinée ou de scléroses en plaques.
Cette méningite peut résulter d'une infection ou d'une intoxica-
tion quelconque due à la présence longtemps prolongée de poi-
sons dans le liquide céphalo-rachidien.
De même que le traitement mercuriel intensif a permis dans
ces dernières années de guérir des méningo-myélites syphilitiques,
de même les divers traitements du rhumatisme chronique per-
mettront,pense l'auteur,de voir s'arrêter et rétrocéder dès le dé-
but ces différents accidents médullaires. G. C.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ D'Il1'P\OLOG11 : ET DE PSYCHOLOGIE
Séance du mardi 20 novembre 1906. - Présidence de M..Jules
Voisin.
Le rote de la timidité dans la pathogénie des psycho-névroses.
M. PRII.1 on. - La timidité est un état psychologique quo
l'on retrouve toujours il la base de toutes les psycho-névroses
et il est étonnant qu'un fait aussi évident ait été jusqu'à ce jour
méconnu par les cliniciens. On ne peut l'expliquer que par le
dédain trop général professé à l'égard de la séméiologie psycho-
logique.
L'étude de la timidité jette cependant une vive lumière sur le
mécanisme par lequel s'effectue la désagrégation des fonctions
intellectuelles. Un sujet est en pleine possession de ses facultés,
tout à coup s'il se trouve en présence d'une autre personne, ce
seul incident suffit pour que sa valeur personnelle en présente
une diminution appréciable. 11 est comme paralysé pendant
quelques secondes, quelques minutes ou quelques heures. Or,
celte influence iutermentale résultant de l'intervention d'une
autre personne ne peut s'expliquer que par la connaissance des
effets de l'hypnotisme. L'être intimidé se trouve dans un état
psychologique analogue à celui de l'être hypnotisé.
Parmi les manifestations objectives de l'intimidation,' il faut
placer au premier rang l'apparition de la rougeur ou de la pâ-
leur. Ces modifications vaso-motrices indiquent que le sujet a
474 SOCIÉTÉS SAVANTES.
subi une perturbation profonde dane sa circulation générale.
La brusquerie de leur apparition permet de les assimiler à un
véritable choc. Or on sait l'action déséquilibrante que les chocs
peuvent exercer sur le système nerveux central et on s'explique
que des troubles névropathiques puissent résulter de la r('púli-
tion de ces actions déprimantes.
La plupart des timides ont la sensation du trouble apporté
dans leur organisme parle choc émotionnel de l'intimidation.
Ils se rendent compte de la difficulté qu'ils ()prouvent recou-
vrer l'empire sur eux-mêmes. Ils sont affectés de leur impuis-
sance à se soustraire aux effets de l'intimidation. Ils en sont
humiliés et perdent assez rapidement toute conliance en eux-
mêmes. A la crainte des soullrances qu'ils sont exposés à ressen-
tir se joint celle d'être constamment en état d'infériorité dans
leurs entreprises.aussi progressivement se créent en eux l'indéci-
sion, l'irrésolution, le doute et enfin l'état d'aboulie confirmé.
Une enquête minutieuse, poursuivie depuis quelques années et
portant sur un grand nombre de malades m'a appris que pres-
que tous les sujets atteints de troubles hystériques et neuras-
théniques, bien avant le début de leur affection étaient des timi-
des. La timidité était la manifestation la plus frappante de leur
personnalité et il n'est pas douteux qu'elle a joué un rôle im-
portant dansl'apparition de leur psycho-névrose. Dans un assez
grand nombre de cas même, l'apparition des accidents névro-
pathiquesest liée d'une façon étroite avec un fait d'intimidation
dont le sujet a été la victime. C'est à cet évènement qu'ils rat-
tachent l'apparition de leur maladie. Dans ces conditions, l'hys-
térie etla neurasthénie qui résultent des chocs émotionnels de
l'intimidation pourraient être rattachées au point de vue du
pronostic et de la durée aux névroses traumatiques avec lesquel-
les elles présentent beaucoup d'autres points de ressemblance.
L'éducation et le milieu social sont les facteurs principaux
du développement de la timidité. Chez les peuples où la pratique
de l'égalité entre les citoyens est poussée à un degré assez avan-
cé, la timidité est moins fréquente. C'est ce qui se passe dans
l'Amérique du Nord et en Suisse où les hiérarchies gouverne-
mentales et autres ne comprennent pas de personnages très inti-
midants.Chez les peuples où le respect des hiérarchies est poussé
très loin, comme en France, les timides sont extrêmement
nombreux, Chez certains la disposition à l'intimidation est
même si développée que cet état psychologique peut être con-
sidéré comme la manifestation initiale d'une 1>syclro-név rose.
Dans mes cours de psychothérapie et dans ma technique de la
rééducation de la volonté je fais toujours une part au traite-
ment de la timidité. Par des exercices spéciaux j'entraîne le
sujet à réagir contre les effets de l'intimidation. Les timides étant
SOCIÉTÉS SAVANTES. 475
facilement hypnotisables, ils sont par ce fait susceptibles d'être
hypnotisés à leur insu. Je leur suggère qu'à l'avenir ils ne pour-
ront plus l'être que quand ils y consentiront, quand leur santé
l'exigera et quand ils auront affaire à un médecin expérimenté.
C'est dans les casde timidité que la suggestion m'a toujours
donné les résultats les plus marqués et les plus durables.
M.Demonchy. Il faut distinguer entre les Américains autoch-
tones et les Américains d'origine anglaise. Les premiers ne con-
naissent,pour ainsi dire,pas la timidité ; les seconds,au contraire,
sont très timides, parce qu'ils proviennent d'une nation très
fortement hiérarchisée.
M. Bérillon. En effet, il n'y a peut être pas de peuple où
l'intimidation soit plus développée que chez les Anglais. Un
exemple, le fait d'avoir été présenté à la reine ou d'avoir espéré
l'être et ne l'avoir pas été entraîne une fierté ou une humi-
liation qui durent toute une vie. C'est, d'ailleurs, en Angleterre
qu'on rencontre le plus grand nombre de cas de phobie de la
rougeur.
M. Paul MAGNiN. Je partage complètement l'opinion de Bé-
rillon sur le rôle que joue la timidité dans l'étiologie des psycho-
névroses. Dans la famille et à l'école,à force de faire aux enfants
des remontrances exagérées on injustes, on fait d'eux des timi-
des ; puis consécutivement des névrosés, des timides, des dou-
teux. L'intérêt que présente la communication qui vient d'être
faite est considérable. Elle confirme mon opinion que la psycho-
logie est capable d'apporter d'importantes contributions à l'étu-
de des maladies nerveuses.
La timidité en Orient.
M. ])AMOGLOU (du Caire). En Turquie et en Egypte la timi-
dité constitue un état mental endémique et héréditaire. Elle a
pour cause un système général d'éducation résultant du despo-
tisme qui règne en maître absolu et irresponsable depuis des
siècles dans toutes les classes delà société . sans distinction de
race, de nationalité ou de religion. Les enfants doivent garder
le silence absolu devant leurs parents,les hommes jeunes devant
les vieux, les apprentis devant leur patron, etc. Sans cesse à la
merci du despotisme et de l'arbitraire, les Orientaux vivent sous
l'empire de la peur. Sans volonté, sans opinion, sans personna-
lité, êtres passifs, véritables malades, la timidité les réduit trop
souvent au mensonge, à la ruse et à l'hypocrisie.
Le traitement psychologique du mal de mer.
MM. Félix REGNAULT, Paul Farez, Pamart, Bérillon, Magnin,
Demonchy échangent des vues au sujet de la distinction du mal
476 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.
de mer vrai et du mal de mer imaginaire, ainsi que sur l'effica-
cité de la suggestion contre certaines formes du mal de mer. -
Cette discussion ne peut être épuisée, à cause de l'heure avancée
elle est renvoyée à la séance de décembre.
LEGISLATION ET ASSISTANCE
Circulaires
relatives à l'application de la loi du 30 juin 1838
sur les aliénés
Monsieur le Premier Président
- le Procureur général,
Paris, ? 7 juin 1906.
Les critiques dont la loi du 30 juin 1838 est l'objet sont ancien-
nes, et une circulaire de la Chancellerie du 17 janvier 18GG en
témoigne déjà. Cependant, tout en écartant la pensée que cette
loi soit l'expression dernière de la législation en la matière, il
semble dès à présent possible d'en tirer un meilleur parti en l'ap-
pliquant avec un soin toujours plus attentif, d'éviter les en eurs
et d'assurer plus sûrement le respect de la liberté individuelle.
Les magistrats peuvent beaucoup à cet égard. Non seulement en
effet il est de principe général que la liberté individuelle des ci-
toyens est essentiellement placée sous la sauvegarde de l'autorité
judiciaire, mais encore, relativement aux personnes séquestrées
dans les asiles d'aliénés, l'article 29 de la loi du 30 juin 1838
donne aux cours et tribunaux les droits les plus étendus, si bien
qu'ils dérogent même aux règles delà séparation des pouvoirs. Il
importe donc au plus haut point que les magistrats, qui peuvent
puiser dans la législation actuelle la possibilité de parer à bien
des abus, ne négligent rien pour accomplir cette partie si impor-
tante de leur mission. Toute séquestration qui ne serait pas en-
tièrement justifiée par l'état mental de l'interné qui en est l'ob-
jet, constitue une atteinte intolérable à la liberté de l'individu
aussi bien qu'à la conscience publique, et aucune lâche n'est plus
pressante que celle qui consiste à veiller à ce que nul acte de ce
genre ne puisse se produire ou se perpétuer.
L'article 4 de la loi du 30 juin 1838 désigne les personnes aux-
quelles appartient la faculté de visiter les établissements publics
ou privés consacrés aux aliénés,et,parmi celles-ci, il place le Pré-
sident du tribunal civil, le Procureur de la République et le juge
de paix. Ces magistrats recevront, ajoute le même texte, les ré-
clamations des personnes qui y seront placées et prendront à
APPLICATION DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 477
leur égard tous renseignements propres à faire connaître leur po-
sition.
Le contrôle facultatif organisé par l'article 4 de la loi du 30
juin 18 ? 8 pourrait produire les plus sérieux résultats s'il était
plus fréquemment et plus effectivement exercé ; mais il n'appa-
raît pas que les asiles soient très souvent visités et contrôlés par
les Présidents des tribunaux civils et par les juges de paix.
En dehors de ces visites facultatives, les Procureurs delà Ré-
publique seuls sont astreints à des visites obligatoires qui, aux
tcrmesdu dernier paragraphe de l'article de la loi de 1838 doivent
être effectuées chaque semestre dans les établissements publics et
chaque trimestre dans les établissements privés. Les instructions
de la Chancellerie 1866 prescrivent à tous les magistrats, Prési-
dents des tribunaux civils, procureurs de la République et juges de
paix, de constater leur inspection par un visa apposé sur les re-
gistres de la maison.- Enfin, à la suite de chacune de ses visites,
le Procureur de la République doit adresser un rapport au Pro-
cureur général, qui dans le courant de janvier en envoie le résumé
à la Chancellerie.
Telles sont actuellement les mesures de contrôle permises ou
prescrites à l'autorité judiciaire en la matière. J'estime qu'il y a
lieu, pour rendre ces mesures plus efficaces, de leur donner d'a-
bord plus d'unité en imposant au Président du tribunal civil et au
juge de paix du canton dans lequel est situé l'asile,les mêmes obli-
gations de surveillance qu'au Procureur de la République. En
conséquence, M. le Premier Président et M. le Procureur général
vous voudrez bien inviter le Président du tribunal civil et le ju-
ge de paix à visiter les établissements privés d'aliénés une fois
chaque trimestre et les établissements publics une lois chaque
semestre.
Les Présidents, Procureurs et juges de paix se concerteront en-
tre eux pour que leur contrôle s'exerce alternativement à des es-
paces réguliers de façon que les établissements publics soient vi-
sités tous les deux mois par un magistrat, et que les établissements
prives le soient tous les mois. Ces visites ne sauraient évidemment t
être de simples formalités, car, ainsi comprises, elles seraient
indignes du caractère des magistrats qui les accompliraient. Rien
au contraire, rien ne devra être négligé pour que leur objet soit
efficace et pour qu'elles procurent des résultats sérieux : ce but se-
ra aisément atteint, quelque pénible que soit un pareil contrôle,
si celui-ci s'exerce avec la haute conscience de l'importance qui
s'y attache. Les rapports qui doivent être dressés après chaque vi- i-
site mentionneront la date à laquelle le magistrat a apposé son
visa sur les registres de la maison. Ces pièces seront transmises
de suite, à savoir : par les Présidents des tribunaux civils aux
478 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.
Premiers présidents, et par les Procureurs de la République et les
juges de paix aux Procureurs généraux.
Après avoir étudié ces documents, vous aurez soin,chacun en ce
qui vous concerne, démêles faire parvenir immédiatement avec
vos observations et votre avis. En outre, chacun de vous voudra
bien me faire tenir dans le courant du mois de janvier le rapport
général que les instructions du 18 janvier 1866 se bornaient à
prescrire aux Procureurs généraux, et qui devra être aussi établi
parles Premiers Présidents, relativement aux visites et aux opé-
rations de contrôle des Présidents des tribunaux civils.
Les établissements d'aliénés sont généralement situés dans le
lieu où résident les magistrats chargés de l'inspection. Au cas
contraire.il suffira de rappeler la circulaire du 28 mai 184, qui, à
la vérité, vise seulement les transports du Procureur de la Répu-
blique, mais qu'il sera juste d'étendre à ceux que devront effec-
tuer à l'avenir le Président du tribunal civil et le juge de paix.
Aussi bien, si l'établissement est situé à plus de 5 kilomètres du
chef-lieu -de l'arrondissement ou du canton. tous ces magistrats
auront droit à l'indemnité fixée par l'article 88 du décret du 8juin
1811.
Le respect et la protection dus à la liberté indiv iduelle ont ins-
piré les dispositions de l'article 29 de la loi du 30 juin 1838 qui
confère à un certain nombre de -personnes dans des cas détermi - z
nés, et au Procureur de la République ou à l'intéressé en toute
hypothèse, le droit de saisir le tribunal à l'effet de faire statuer
sur la cessation de la séquestration. La faculté concédée au Par-
quet est si étendue qu'il peut en user même pour faire sortir des
asiles d'aliénés des individus qui y ont été internés en vertu des
ordres de l'autorité administrative. Sans doute,les conditions par-
ticulières dans lesquelles sont prescrits les placements ordonnés
par l'autorité publique, les soins méticuleux avec lesquels ces me-
sures sont prises, offrent des garanties spéciales qui font, qu'en
fait, les magistrats du ministère public n'auront pas à intervenir
en pareilcas. Mais il n'est pas sans intérêt de constater que le
principe de la séparation des pouvoirs fléchit devant le devoir
impérieux et supérieur qu'imposent la protection et la défense
de la liberté. Rien en effet, ne saurait mieux démontrer la nature
exceptionnellement rigoureuse des obligations de surveillance qui
incombent aux magistrats.
En conséquence, dès qu'un Président de tribunal civil ou un
juge de paix aura acquis quelques doutes, au cours d'une des vi-
sites qu'il devra faire à l'avenir,sur la légitimité de l'internement
d'un aliéné, il devra en faire part, sans différer, au Procureur de
la République qui, de son côté, ne devra rien négliger pour se
renseigner à ce sujet par les moyens ordinaires dont il dispose. Il
est clair que la mesure qui s'imposera tout d'abord au magistrat
AI'PL1C411ON DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 479
du ministère public devra consister dans un interrogatoire qu'il
fera subir à l'interné. Mais il suffira que l'opportunité de la sé-
questration paraisse douteuse pour que le Parquet n'hésite pas à
présenter requête au tribunal à qui il appartiendra d'ordonner,s'il
lejuge àpropos, telles mesures d'instruction que de droit. Celle qui
sera le plus ordinarement prescrite sera évidemment l'expertise,
c'e,L-à-dire l'examen de l'interné par un médecin commis à cet
effet. Or il convient à ce propos de signaler que l'étude des mala-
dies mentales forme une branche particulière etspéciale des scien-
ces médicales. En conséquence. lorsque les cours et les tribu-
naux auront à choisir l'expert qu'ils nommeront, ils ne devront
pas perdre de vue cette considération et, dans la mesure du pos-
sigle. faire porter de préférence leur désignation sur un médecin
aliéniste, spécialisé dans l'étude des maladies mentales et offrant
ainsi une compétence de nature à donner toutes les garanties
souhaitaibles.
Je v ous rappelle que lorsqu'une demande de cessation de séques-
tratlon a échoué devant la juridiction saisie, elle peut être repro-
duite. Il peut se faire en effet que le malade ait obtenu sa guéri -
son pendant le délai qui s'est écoulé entre la décision de rejet et
sa nouvelle demande.
Enfin, et bien que l'article 29 dela loi du 30 juin 1838 soit muet
il ce sujet, il n'est pas douteux que le jugement intervenu en
v ertu de ce texte est susceptible d'appel, et que le Procureur de
la liépubliqueaqualité pourlo déférer àla juridiction supérieure.
J'attache le plus grand prix à ce que les magistrats qui ont qua-
lité pour contrôler les asiles d'aliénés exercent scrupuleusement
leur droit de surveillance et je suis assuré qu'ils s'y appliqueront
avec le plus absolu dévouement, il n'est pas de mission plus no-
bile que celle qui a pour objet, sinon de déjouer l'injustice, du
moins de réparer l'erreur etde rendre à la liberté des malheureux
dont l'état ne comporte pas la nécessité d'un internement : il n'est
pas non plus de tâche qui soit plus digne d'arrêter et de retenir
l'attention des magistrats, et il suffira assurément de la leur si-
gnaler pour qu'ils s'efforcent de l'accomplir avec un zèle qui ne se
démentira point.
Si cependant, à rencontre de mes prévisions, il se produisait
à cet égard quelque défaillance, vous aurez soin de la porter sans
retard il la connaissance de ma Chancellerie.
Je vous prie de vouloir bien m'accuser réception de cette circu-
laire dont je vous adresse un nombre suffisant d'exemplaires pour
que l'envoi en soit fait aux Présidents, Procureurs et juges de paix
des arrondissements et cantons de votre ressort où se trouvent
établis des asiles d'aliénés. Le Président du Conseil, Garde des
Sceaux, Ministre de la jvslice;1. SARRIEN.
480 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.
Le 10 novembre 1906, M. Clémenceau a adressé aux prélets
une nouveile circulaire dont voici le texte :
Instructions relatives au SERVICE des Aliénés. Le
président du conseil de l'intérieur à Messieurs les Préfets. La
présente circulaire a pour but de vous demander certains rensei-
gnements et de vous donner diverses instructions relatives au ser-
vice des aliénés.
I. - Résultats de la circulaire du 18 juin 1906.- Je tiens à
connaître, dans le plus bref délai, les premiers résultats produits
par ma circulaire du 18 juin 19011.- Veuille/, à ce sujet :
10 M'exposer sommairement les travaux de la commission spé-
ciale que ma circulaire vous prescrivait de constituer : à quelles
dates elle s'est rendue à l'asile de son ressort, à quels modes d'in-
vestigations elle a eu recours, quelles constatations elle a faites
et aussi, s'il y alieu, quelles recherches elle compte encore pour-
suivre ; -.
2° Relever et m'indiquer, pour chaque asile public ou privé, si-
tué dans votre département, le nombre exact de personnes sorties
à lasuite de guérison, ou en raison d'améliorations survenues dans
leur état, ou à titre d'essai) depuis le 1er novembre 1905 jusqu'au
1L' novembre 1906, avec, pour chacune de ces sorties, la date à
laquelle elle s'est effectuée et une double mention me faisant con-
naître, d'une part, s'il s'agit d'une personne soumise ou non au ré-
gime commun, d'autre part, si ladite personne avait été l'objet d'un
internement d'office ou d'un placement volontaire.
IL- Rapport semestriel. - Les aliénés sontdes malades : un
grand nombre peuvent guérir, s'ils sont l'objet de soins médicaux
convenables ; les autres, incurables, ont droit à une assistance
compatissante et éclairée. A ce double point de vue, plus d'un
asile, surtout parmi les asiles privés et quartiers d'hospices faisant
fonctions d'asiles publics, laisse encore beaucoup à désirer. Sans
préjuger des réformes futures, qu'il appartient au Parlemeut de
réaliser, nous avons le devoir de faire tous nos efforts pour amé-
liorer, avec lesmoyens en notre pouvoir, la situation actuelle. Or,
les éléments d'informations dont je dispose sont insuffisants ; ils
ne me permettent pas de suivre et de contrôler en quelque sorte
au jour le jour l'évolution de ces services ; ce n'est que de temps
à autre, à intervalles trop éloignés, que je suis en mesure de les
soumettre à des enquêtes administratives.
C'est donc à vous, Monsieur le l'réfet, qu'il appartient d'instituer
sur chaque asile public ou privé, et quartier d'hospice de votre
ressort une enquête permanente ; et je tiens, essentiellement, à
être mis au courant des constatations qui, lors de visites fréquen-
tes et inopinées, auront été faites ou par vous-même ou par vos
représentants. En conséquence, je vous invite à m'adresser désor-
mais deux fois l'an, savoir du 15 octobre au 1er novembre, puis
dn,15 avril au 1er mai, un rapport sommaire mais précis sur chaque
asile de votre département. Vous me marquerez dans ce rapport :
APPLICATION DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 481
1° Le mouvement de la population de l'asile dans le dernier se-
mestre, savoir : le nombre des entrées, décès, transferts, évasions,
les sorties avec leurs causes diverses; le tout en distinguant tou-
jours les placements volontaires et d'office;
2° Les améliorations apportées au fonctionnement de l'asile,no -
tamment au point de vue : -des conditions dans lesquelles s'effec-
tue l'observation des nouveaux arrivants, - de l'organisation du
service médical, du classement des aliénés dans les divers
quartiers , des conditions hygiéniques (isolement des malades
contagieux, chauffage des quartiers et cellules, désencombrement
des dortoirs, régime alimentaire, bains, lavabos, water-closets),-
de la diminution des moyens de contrainte , des conditions de
recrutement et de salaire du personnel, de la préparation des
moyens de défense en cas d'incendie ( sur ce point, des enquêtes
récentes ont établi la nécessité de charger d'une inspection régu-
lière et spéciale un délégué du corps des pompiers de la ville la
plus raprochée : vous y veillerez. A cet exposé des améliorations
réalisées vous ajouterez l'indication de celles qui vous parais-
sent plus urgentes et dont vous comptez signaler la nécessité au
Conseil général. ? Les visites faites à l'asile par les diverses personnes à qui la
loi impose ce devoir, et par celles que vous aurez déléguées à cet
effet, avec le relevé des observations apposées par ces visiteurs
sur le registre delà loi.
4° A ce rapport vous joindrez, sur feuilles spéciales, votre ap-
préciation motivée sur chacun des directeurs, directeurs-médecins,
médecins en chef et adjoints. En ce qui concerne les médecins,
chaque intéressé vous remettra,en outre, à cette occasion, et vous
me transmettrez la liste de ses travaux scientifiques personnels.
Rapprochées de celles que me fournit l'inspection générale des
services administratifs, ces notes me permettront de prendre une
idée plus exacte de la façon dont chacun de ces praticiens est en
mesure de s'acquitter et s'acquitte, en effet de la tache si délicate
qui lui incombe.
Vous ne laisserez pas en dehors de ces appréciations les méde-
cins et directeurs des asiles privés, faisant ou non fondions d'a-
siles publics, car vous n'oubliez pas que la loi de 1838 et l'ordon-
nance de 1839 me donnent pouvoir de révoquer les médecins de
ces asiles et, à l'égard des directeurs, d'ouvrir devant le Conseil
d'Etat une instance en retrait d'autorisation; la récente révocation
d'un médecin en chef d'asile privé atteste ma volonté de ne pas
laisser tomber en désuétude ces dispositons tutélaires de la loi.
J'ajoute à ce sujet que chaque fois qu'il y aura lieu, pour vous,
d'agréer un médecin d'asile privé, conformément à l'article 19 de
l'ordonnace de 1839. vous devrez me faire connaître, au préalable.
les praticiens présentés à votre agrément et, dès à présent, vous s
pouvez tenir pour acquis que je n'autoriserai les directeurs à exer-
cer leur choix que sur les médecins ayant subi avec succès les
épreuves du concours d'adjuvat..Te vous invite ne me faire au-
cune proposition contraire à cette règle; il est indispensable de
s'y conformer strictement si l'on veut transformer certains asiles,
Aiieiii\Ls,2- 2' série, 1SOG, l. XXII. 31
132 LÉGISLATION ET ASSISTANCE.
qui ne sont aujourd hui que de simples garderies d'aliénés et en
faire ce qu'ils doivent être : des établissements médicaux et hos-
1Jilllliers,
Toutes les prescriptions de cette circulaire s'appliquent. bien en-
tendu aux quartiers d'hospice;en ce qui concerne ces derniers, dont
trop souvent l'administration se désintéresse, la responsabilité du
Préfet est, ne l'oubliez pas, directement engagée, puisque la com-
mission administrative se compose, en majorité, de membres nom-
més par vous. Certains de ces quartiers ont pris un développement
considérable et sont plus étendus que des asiles proprement dils ;
le recrutement d'un personnel médical aliéniste spécialement com-
pétent est une première garantie dont il faut que vous fassiez com-
prendre aux commissions administratives la nécessité. Vous me
tiendrez en toute circonstance aussi soigneusement au courant du
personnel médical de ces quartiers d'hospice que de celui des asi-
les proprement dits.
IIL- Désencombrement des asiles. La plupart des asiles de
province sont scandaleusement encombrés : les malades y sont en-
tassés : par contre, les infirmiers et gardiens sont, en genéral,mal
rétribués et en nombre insuffisant, et bien que la récente loi sur le
repos hebdomadaire, dont la stricte application n'est nulle part plus
nécessaire que dans les asiles, leur ait accordé une satisfaction lé-
gitime, les conditions qui leur sont faites ne permettent pas d'assu-
rer le recrutement d'un personnel compétent et stable. Le médecin,
surtout lorsqu'il cumule ses fonctions médicales avec celles, si
absorbantes, de directeur, plie sous le poids d'une charge trop
lourde. 0
Vous avez le devoir, Monsieur le Préfet, d'appeler de façon pres-
sante et avec une inlassable persévérance, l'attention du Conseil
général sur cette situation réellement grave. Mais avant d'engager
de ce chef des dépenses nouvelles, il convient d'abord et d'ur-
gence, de faire sortir des asiles tous ceux qui pourraient ou qui
devraient n'y être pas maintenus.
1° Ceux qui pourraient sortir, sont les aliénés non complètement
guéris,mais n'ayant plus besoin de soins spéciaux, et que le méde-
cin en chef estime pouvoir être placés, non seulement sans au-
cun danger mais encore utilement, auprès d'une famille de braves
gens ou ils trouveraient une surveillance suffisante en même temps
que des conditions d'existence matérielle et morale moins péni-
bles. A ces placements familiaux judicieusement organisés et at-
tentivement contrôlés, le département et les malades trouveront
leur compte : ceux-ci seront mieux, et le département paiera sou-
vent moins cher. Il vous appartiendra de saisir le Conseil général
de cette question assurément délicate, dont il est indispensable de
se préoccuper sans retard ;
2° Ceux qui devraient sortir sont de deux sortes : les aliénés
guéris et relativement jeunes encore, que l'on se déclare aujour-
d'hui prêt à libérer « si l'on savait ce qu'ils deviendraient le lende-
main», qu'on garde préventivement pour leur éviter le dépôt de
mendicité, et dont le plus grand nombre acceptent, d'ailleurs, cette
situation sans se plaindre ; à ceux-là une assistance à domicile
APIILICAIION DE LA LOI DU 30 JUIN 1838. 483
provisoire assurant d'abord le gite et la nourriture, puis permet-
tant et facilitant la recherche du travail, constituerait pour le dé-
partement une dépense moins lourde, plus socialement utile et en
même temps plus conforme à l'humanité.
Les médecins en chef de nos asiles publics vous indiqueront
sans peine les personnes de cette catégorie : la recherche en sera
plus difficile dans les asiles privés où il est vraisemblable que plus
d'un de ces malades guéris est maintenu, sous prétexte de philan-
throphie, en réalité à cause des services domestiques qu'il rend à
l'asile ou dans ses dépendances ; vous ferez effort pour discerner
sur ce point délicat toute la vérité.
D'autres, qui devraient sortir et que prochainement il n'y aura
plus aucun prétexte pour maintenir dans les asiles d'aliénés, sont
les vieillards, hommes ou femmes, dont l'activité intellectuelle est
très affaiblie, qui ne sont point, à proprement parler, des aliénés,
dont l'état ne réclame pas de soins médicaux particuliers, et dont
la place est à l'hospice, au milieu de vieillards indigents et inof-
fensifs comme eux. Laisser ces malheureux dans un asile, souvent
au milieu d'agités et sous un régime spécial, serait manquer de
respect à la vieillesse indigente, c'est-à-dire déserter l'un des de-
voirs les plus sacrés de l'humanité, et constituerait en même temps
une violation certaine de l'esprit et de la lettre de la loi du 14 juil-
let 1905 sur l'assistance obligatoire aux vieillards infirmes et in-
curables. Je vous invite donc à faire dresser, avec un soin particu-
lier, la liste des vieillards rentrant dans cette dernière catégorie,
afin de les faire bénéficier du droit nouveau qui leur est reconnu
par la loi de 1905. Vous m'accuserez réception de cette circulaire,
et vous me ferez connaître, successivement, les mesures prises
pour assurer l'exécution des prescriptions diverses qu'elle for-
mule.
N'oubliez pas, Monsieur le Préfet, que, pour améliorer le sort
des aliénés dans votre département, vous pouvez et vous devez
beaucoup. Nul plus que ces malades spéciaux n'a besoin de pro-
tection : s'ils reçoivent des soins médicaux insuffisants, si leur
crise psychique passagère et qui aurait pu souvent être guérie, se
transforme, faute de soins appropriés, en une infirmité incurable,
s'ils sont, parfois, maintenus en des conditions hygiéniques déplo-
râblés, s'ilssont victimes de violences, comment se plaindront-ils'l
Toute négligence commise dans un hôpital serait connue le len-
demain du public ; il en va autrement des asiles dont les portes
sont closes, où la vie et la critique du dehors ne pénètrent pas. Les
récriminations des intéressés portent d'ailleurs, le plus souvent, la
trace de leur psychose, sont mêlées d'extravagances ; il est diffi-
cile d'y discerner la vérité de l'erreur.
Ajoutons qu'en notre pays de France, patrie cependant de Pinel,
trop de personnes dans le public et même trop de Conseils géné-
raux ne se sont pas haussés encore la juste conception des devoirs
d'assistance sociale envers les aliénés. Il faut donc que sur ces fai-
bles, inhabiles à se défendre eux-mêmes et auxquels vont si peu de
sympathies, vous étendiez votre protection attentive et compatis-
sante ; la loi morale vous en impose l'obligation et, parmi vos nom
4S4 BIBLIOGRAPHIE.
breuscs tâches administratives, je vous marque celle-là comme une
des plus essentielles. Je compte que vous y travaillerez ; je vous
saurai un gré particulier des efforts personnels que vous aurez
consacrés. Lc Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur, G.
CLETIENCE.1U.
BIBLIOGRAPHIE
\L- Mysticisme et folie ; par le Dr A.Marie. Préface du Dr
IL TnULIÉ, (Giard et l3rrère, éditeurs Paris.)
Les explications adoptées par les hallucinés pour rendre
compte des phénomènes qu'ils étaient quelquefois les premiers
à constater sur eux-mêmes, ont varié selon les époques.
Aux temps du polythéisme antique, où on reconnaissait aux
dieux le pouvoir de descendre sur la terre, c'étaient Zeus et
Mercure, Diane et Aphrodite que voyaient apparaître les désé-
quilibrés mentaux; les femmes avaient commerce avec le dieu
Pan et les faunes, avec des divinités métamorphosées en cygne
ou en taureau; les mélancoliques se voyaient poursuivis par le
fouet des Furies et les aboiements de la triple gueule de Cerbère.
Au moyen-âge, les anges et les démonsont remplacé les dieux
dans ces conceptions et la singularité des délires dont cloîtres
et sabbats furent le théâtre prouve que la richesse d'imagination
des poètes n'atteint pas la puissance d'invention des mono-
maniaques.
Meynert considère ces conceptions morbides, dont il a étudié
la genèse, comme innées chez l'homme normal,mais immanentes;
elles viennent au premier plan sous l'action perturbatrice d'une
maladie qui annihile les fonctions supérieures et leur rôle modé-
rateur ou rectificateur. La superstition existerait donc à l'état
d'élément inconscient dans le cerveau normal et c'est le dévelop-
pement complet des facultés intellectuelles qui en effacerait
toute trace dans la conscience de l'homme sain d'esprit.
Aussi l'école italienne ne voit-elle dans les divers phénomènes
du mysticisme que des manifestations d'atavisme; les arabesques,
figures allégoriques, gestes et attitudes cabalistiques, interpré-
tations fantastiques des faits naturels, néologismes et idiomes
particuliers qui pullulent dans la Paranoïa et en colorent le délire
d'une façon vive et imprévue, nous font ainsi revivre les phases
les plus éloignées de l'évolution mentale dans l'histoire : expres-
sion matérielle et figuration des conceptions abstraites par les
dessins hiéroglyphiques et cunéiformes, conservation des amu-
lettes symbolisant les âmes des morts, mots de l'alchimie médié-
BIBLIOGRAPHIE. 483
vale et de la magie arabe, incantations et cérémonies hiératiques
importées chez nous par dérivation du mysticisme oriental,
lous ces phénomènes sont, aussi bien chez les primitifs que chez
les paranolaques, l'expression d'une même condition psycho-
logique.
De même l'ylozoisme des astrologues, la mantique des thauma-
turges, l'alchimie et la nécromancie, les croyances à l'envoû-
tement et aux charmes se rencontrent dans le délire des aliénés
superstitieux contemporains; la démonolâtrie même est une
religion abandonnée : Belzébuth et Belphégor avaient leurs
temples et n'étaient autres que Baal-Tzebuth et Baal de Pégor.
Bref,pour Tanzi, le fétichisme est de provenance atavique,
de même que l'allégorisme des psychologues allemands. L'affec-
tion mentale interrompt les associations normales qui prennent
« d'autant plus d'intensité qu'elles ne peuvent se répandre sur
« les autres territoires inhibés pour y être contrôlées. En d'autres
« termes, ces tendances mystiques, qui restent inconscientes
« dans le cerveau sain, prendront, par le seul fait de l'isolement,
« l'intensité et la prépondérance que prennent les fonctions
« spinales quand les fonctions corticales sont suspendues. »
Et Meynert rapproche par comparaison le développement
de l'idée délirante de la prédominance de certains muscles en
cas de paralysie de leurs antagonistes; de même c'est l'absence
de notion correctrice qui favorise dans le champ de la conscience
le développement des conceptions erronées. Dès lors ces inter-
prétations délirantes sont la conséquence d'un état d'esprit
inné, identique à celui qui a constitué et constitue encore le
fond mental de certains peuples; elles répondent au besoin
d'expliquer la genèse des phénomènes naturels.
Par rapport à l'évolution de l'espèce, nous naissons avec
une somme de stratifications mentales (Sergi); que la couche
la plus récente s'altère, et l'homme ainsi diminué devient l'ana-
logue de son ancêtre, le sauvage confiant dans son fétiche pro-
tecteur.
On peut ainsi définir ces délires, la réapparition d'une supers-
tition subconsciente dans le cerveau développé (Meynert) ce
qui revient à dire que « l'éréthisme psychomoteur est objectivé
lorsque la synthèse mentale incomplète amène l'automatisme
involontaire et le défaut de subjectivité. »
Tels sont les points de vue originaux qu'a envisagés M. le Dr
-Marie dans cette étude de psychologie normale et pathologique
comparées; il y met en parallèle les mentalités des primitifs, des
sauvages, des enfants et des malades; il compare en outre les
épidémies psychopathiques d'antan aux psychoses collectives
et autres de l'époque moderne. Ce livre intéresse [les anthro-
pologistes comme les psychitâres, les sociologues et les légistes :
48G bibliographie.
il est inspiré de la philosophie d'Auguste-Comte. Une préface
d'actualité le précède, due à la plume de M. le Dr Tiiiiiié,dii,ec-
teur de l'Ecole d'anthropologie de Paris; d'intéressantes planches
le terminent, représentations anciennes de rêves délirants de
démonolatres. tirées de la Bilbiothèque diabolique publiée par
M. le Dr Bourneville. Dr J. ROLET,
XII. La question sexuelle exposée aux adultes cultivés ; par
A. Forel, ancien prof, de psychiatrie à l'Université de Zurich,
190G, 2° édit. avec lig. et, 2 planches.
Etudier la question sexuelle sous tous ses aspects, scientifique,
ethnologique, pathologique et social ; chercher la meilleure so-
lution pratique aux problèmes qui s'y rapportent, tel est le but
poursuivi par le prof. Forel. Pour qu'une oeuvre semblable ait
une valeur réelle, et qu'elle ne manque pas son but, il faut qu'elle
soit sincère, faute de quoi, l'auteur est simplement suspect de
pornographisme mercantile. Le nom du célèbre psychiatre de
Xurichnousétait déjà une garantie ; la lecture de son gros tra-
vail nous a convaincu de sa haute valeur éducative et de sa par-
faite honnêteté : ilpeut, il doit être mis dansles mains, non seu-
lement de l'adulte qui pense, mais aussi de tout adolescent nor-
malement éduqué.
Une analyse sommaire de ce traité de 600 pages est impossible ;
nous allons essayer seulement d'en dégager les idées principales.
Les sept premiers chapitres traitent l'histoire naturelle et la psy-
chologie de la v ie sexuelle ; le 8 ? sa pathologie ; les chap. li à
18, son rôle social.
Chez tous les animaux supérieurs, on trouve la reproduction
sexuelle ou conjugaison par les cellules des glandes sexuelles.
Ces cellules continuent la vie de leurs parents, de sorte que l'in-
dividu ne meurt pas en entier, il continue à vivre dans ses descen-
dants ; la chromatine de nos cellules germinatives est le porteur
de toutes les qualités héréditaires des énergies de l'espèce (mnéme
héréditaire). Les lois mnémiques de Ilering et de Semon (théorie
des irritations) jettent un jour nouveau sur l'hérédité. Il peut y
avoir hérédité de certains caractères acquis, s'expliquant par les
phénomènes d'engraphie mnémique (Semon) ; et Forel appelle,
blastophorie, la détérioration du germe par intoxicalion.
Le chapitre 111 décriLle mécanisme du coït ; c'est un peu sca-
breux ; mais c'est si bien exposé, si scientifique, si adapté au but
moral du livre, que nulne saurait y voir de tendances porno-
graphiques. A côté des différences sexuelles, il y a les différen-
ces psychologiques entre l'homme et la femme ; la femme n'est
pas physiologiquement imbécile, comme l'a dit Moebius ; l'intel-
ligence est appréciée par Forci par le rapport du lobe lrontal avec
le reste du grand cerveau : 42/100 chez l'homme, et 41,3/100 chez
BIBLIOGRAPHIE. -ii-)7
la femme ; la 1)e Li Le en revanche, la femme est
supérieure au point de vue delà volonté. L'appétit sexuel ap-
partient à l'activité du grand cerveau ; l'amour y est produit par
l'irradiation de l'appétit sexuel et travaillé par l'attention ; chez
l'homme, l'appétit est plus fort, mais très variable (fine analyse
des causes de ces variations). La sexualité a été dénaturée par la
civilisation (haute école de la débauche) ; son exploitation, avec
celle de l'alcool, constitue un brigandage social : dans le cerveau
de la femme la sexualité joue un rôle immense. Sous le nom de
flirt, il nous semble, à ce sujet, que Forel comprend des formes
d'excitation sexuelle beaucoup trop sensuelles ; il le condamne
d'ailleurs sous cette forme. Toutes les irradiations de l'amour sont
passées en revue et l'auteur conclut que le sentiment de l'attrac-
tion des sexes est la source de tous les sentiments de sympathie
et de devoir, jusqu'à l'idée de pafrie ; nous ne pouvons nous em-
pêcher de citer sa définition de l'amour : « C'est l'attrait sexuel
joint à l'harmonie des caractères, entraînant une union, dans la-
quelle les conjoints s'incitent au travail social, en commençant par-
leur éducation mutuelle et celle de leurs enfants. » N'est-ce poinl
parfait, et d'une haute envolée sociale '' C'est la régénération du
monde par l'amour, que les religions chrétiennes rendent hon-
teux ! De la longue analyse des phénomènes psychiques en rap-
port avec l'amour, nous retiendrons la conclusion, que l'amour
normal repose sur une symphonie de sentiments et de sensations
harmoniques combinés. L'histoire du mariage est retracée d'après
Westermark ; les unions consanguines ne sont préjudiciables que
lorsqu'elles ont pour résultat d'accumuler des tares; le mariage
par achat se retrouve dans la dot ; nous vivons, dit Forel, sous
l'empire de Mammon. Au sujet de sa forme, il a été d'abord mo-
nogame, puis polygame, puis monogame ; dans l'avenir sera mo-
nogame libre. Le chapitre sur l'évolution sexuelle est un des plus
captivants : dans l'ontogénie, l'amour, de sexuel, devient hu-
manitaire, altruiste : l'enfant est égoïste ; l'adulte fait de l'égoïs-
me à deux; le vieillard, n'ayant plus de but reproducteur, dirige
sa vie en vue du bien social. De même, danslaphylogénie, notre
ancêtre unicellulaire ne vivait que pour lui-même ; puis s'établit
la reproduction sexuée sans amour, puis l'amour conjugal, fami-
lial ; enfin, l'amour social. Cela confirme la loi de Iloeckel : l'on-
togénie est une répétition raccourcie de la phylogénie.
La pathologie sexuelle est ensuite étudiée, d'après Krafft-Ebing.
Foret attribue à l'alcoolisme la plupart des perversions. La sug-
gestion joue aussi un grand rôle dans l'amour et ses anomalies ;
la civilisation est néfaste ; ses effets sont : le mariage d'argent, la
prostitution, et le concubinage vénal. La prostitution est longue-
ment critiquée ; l'Etat ne devrait pas la réglementer (critique des
bordels, «sic»), 11 faudrait pOl1r'<l11nc le ]ll'oxl'nl'lisme et permet [l'C
1SS BIBLIOGRAPHIE.
des actions en dommages-intérêts dans le cas d'infection ; puis
surtout enseigner l'hygiène et détruire la fausse pudeur qui s'at-
tache aux rapports sexuels. Les excès, comme l'ascétisme, condui-
sent auxaberrations. D'ailleurs, les religions, surtout le catholi-
cisme, ne sont-elles pas néfastes' ? Elles ont attaclté une idée de
honte aux rapports sexuels, quoique certains rites ne soient que
des habitudes de la vie sexuelle. Et la confession ! Foret en stig-
matise l'immoralité, en citant (en latin, heureusement) les ques-
tionsà poser par les confesseurs, d'après les P.P. Dens, Lignori,
1)el>reyne, Chiniqui. C'est à frémir ! En vérité, si nos confesseurs
posent de telles questions aux femmes, on peut dire qn'il vau-
drait mieux envoyer celles-ci au lupanar ; ce serait moins igno-
ble ! Le mysticisme, l'extase religieuse et la volupté sexuelle se
combinent souvent en une trinité fort réelle; il y a les religieux
par habitude, et les religieux vrais, qui sont des érotiques.
Dans l'examen des questions de droit, Forel demande : l'éga-
lité des sexes, le divorce facile, la légitimité des unions libres,
même homosexuelles (puisqu'elles ne nuisent à personne), le ma-
triarcat, avec le nom de la mère aux enfants, etc.; la castration
peut être autorisée pour éviter la reproduction des individus
dangereux. Au point de vue du droit pénal : étant donné que le
lihre arbitre n'est fondé que sur une illusion, suppression des no-
tions de culpabilité et d'expiation ; l'homme libre est celui qui est
adaptable; le non-libre est celui qui est dominé par ses passions;
intervention de la justiceseuloment si la société est lésée ou peut
l'être ; droit de supprimer les idiots, monstres, etc. (puisqu'on
fait la guerre, qui tue les valides) ; droit à l'avortement, en cas
de viol de la mère. Dans un chapitre d'hygiène, l'auteur préconise
ensuite les moyens anticonceptionnels, qui, àson avis, assureront
la sélection, et parmi eux, les préservatifs dits « capotes anglaises »
en membranes animales. 11 faut éduquer la jeune fille, de façon
que les fiancés puissent débattre la question sexuelle, leurs pen-
chants, leurs besoins, avant le mariage ; pourquoi même n'y au-
rait-il pas des mariages à l'essai ? Le médecin a, enfin, awnt l'o-
bligation du secret médical, un devoir d'honnête homme à rem-
plir, en dénonçant les tarés qui lui demandent son avis pour le
mariage, et qui voudraient passer outre. La vraie morale consis-
te à ne pas nuire et à être utile ; la vie sexuelle s'élèvera quand
elle sera débarrassée des liens du mysticisme. En économie po-
litique, la question sexuelle joue un grand rôle : une sélection
rationnelle imposera un néo-malthusianisme aux malades, aux
êtres inférieurs, tarés, et poussera les loris, les bons, à la repro-
duction intense.
La pédagogie surtout doit s'intéresser à la question sexuelle; il
ne faut pas entourer de mystère les fonctionssexuelles, mais les
enseigner : une lemme docteur, Mme llilliker, a même proposé
BIBLIOGRAPHIE, 489
de remplacer, chez la femme, le service militaire de l'homme par
un an de service dans les hôpitaux, à 18 ans. L'école de l'avenir
devra être organisée comme les Landerziehungsheime (V. Foret,
L'âme et le syst. nerveux). Enfin, l'art ne doit pas être pornogra-
phique ; il doit être sain. Dans un dernier chapitre, Forel résu-
me tous ces préceptes ; ils ne sont pas une utopie, mais consti-
tuent des réformes rationnelles; ils se divisent en devoirs négatifs
et positifs. Gràce à leur mise en pratique, les époux de l'avenir se
connaîtront profondément, les mariages seront heureux ; s'ils
sont stériles, l'adoption d'orphelins, le concubinat accepté, le di-
vorce facile, seront les remèdes possibles. Sans doute, dit-il en
terminant, ces transformations n'amèneront pas le paradis sur
terre : mais elles seront un grand progrès et non une utopie, un
remède contre les menaces toujours plus grandes de déchéance.
. E. COUI.ONJOU.
XIII. La tuberculose dans les asiles d'aliénés. (Revue statistique,
étiol. et j-,rophyl.) ; par le Dr J. Rolet, interne des asiles
de la Seine, 1906 ; hroch. in-8° de 104 pages.
Les principaux passages de ce travail ont été publiés par les
Archiv. de Neurol., sous les noms de MM. Marie et Rolet (190G,
nos 130 et 131). M. Rolet rappelle les statistiques de mortalité par
tuberculose dans les asiles : 117 décès p. 10.000 malades en
France (en moyenne), et publie celle que dressa M. Bourneville
pour son rapport en 1904 ; à l'étranger, elles donnent un pour-
centage encore supérieur. Puis, de l'examen des travaux sur les
relations entre la tuberculose et l'aliénation mentale, il conclut
à une influence réciproque : observation de Dupré - cérébro-
scléroses l'rnolade, rôle de la tuberculose dans l'idiotie,
l'épilepsie (Courneville-Anglade) et la P. G. (Klippel-Anglade) ;
d'autre part, il ne faut pas oublier la réceptivité spéciale des alié-
nés à l'égard du bacille,- Les conditions d'existence actuelle des
aliénés montrent que la contagion joue un rôle capital (voies
respiratoires et digestives) ; l'hygiène des asiles est très précaire.
Les aliénistes doivent lutter : insuffisance des prescriptions de la
circulaire du 15 juin 1901. Le principe de l'isolement des phtisi-
ques devrait être partout observé; à Villejuif, MM. Briand et Ma-
rie ont déjà fait un heureux essai. A l'étranger, on s'engage avec
ardeur dans cette voie (3 exemples avec figures) ; la France ne
saurait rester en arrière ! Si la prophylaxie de la tuberculose dans
les asiles n'a point encore été mise en pratique chez nous, c'est,
dit M. Rolet, parceque les asiles n'ont pas d'argent. Et cela est
bien vrai ! Si l'on pouvait se douter des difficultés budgétaires
contre lesquelles se débattent les aliénistes, on ne s'étonnerait
plus des différences qui séparent encore les malades mentaux des
autres au point de vue de l'assistance ; tant que les conseils gé-
490 BIBLIOGRAPHIE.
néraux octroieront généreusement 0 fr. 75 comme prix de journée,
i 1 ne faudra pas songer à bâtir des pavillons d'isolement et des
galeries de cure : primum vivere ! (v. p. 483). E. COULONJOU.
XIV. Eléments de médecine mentale appliqués à l'étude du
droit ; par le Dr LÈGRAIN, (Rousseau, éditeur, 1906.)
11. Legrain vient de publier sous ce titre lo cours professé par
lui on 1905 à la Faculté de droit. Ce cours qui comprend quatorze
leçons essaie de dégager, à l'aide de la pathologie, le mécanisme si
compliqué du crime. Il montre que le juriste doit puiser dans la
psychiatrie s'il veut constituer le droit pénal sur des bases scien-
tifiques.
L'auteur passe d'abord en revue les différentes écolesdedroitpé-
nal et fait la critique de l'Ecole classique qui repose sur la loi
morale et de l'Ecole de Lombroso, exagération d'une idée juste.
« Ce n'est pas obligatoirement, fatalement qu'on trouvera chez le
criminel la source de son acte anti-social; il ne sera pas un cri-
minel-né, il ne sera qu'un individu pouvant, suivant l'interven-
1 ion de telles ou telles circonstances contingentes, devenir ce qu'on
appelle un criminel. »
La plus grande partie du livre est consacrée à la personnalité ;
comment elle se constitue, comment elle se transforme dans le
cours des années et comment elle régresse et disparaît. Ce sont
les trois faits qui sont mis en évidence à la lumière de la patho-
logie mentale par l'observation d'un grand nombre de malades.
1° La personnalité se constitue par dos apports héréditaires rela-
tivement durables et des efforts sensoriels contingents et varia-
bles, s'emmagasinant et s'associant dans le sub-conscient. On
peut oublier ces notions, mais elle revivent dans le rêve, dans les
étals maniaques où l'on voit comme une vague de fond amener à
la surface et placer sous les yeux de la conscience des dépôts in-
connus.
2° La personnalité se transforme par suite de contingences, de
relations sociales de milieu extérieur. C'est ainsi qu'on peut de-
venir criminel sous l'influence de mauvais exemples, de camara-
deries fâcheuses. Ilien ne montre mieux cette transformation que
la pathologie (différentes périodes du délire chronique).
On doit considérer la personnalité comme une résultante ; elle
naît, se développe, se complique pour s'épanouir de plus en plus
sans jamais cesser de se transformer, subissant dans le même
temps le poids des contingences extérieures. Une idée recouvre
l'autre sansl'effacer,de làla constitution du M&-consc ! 'ent.(ia(rne
être sent qu'il a en lui un être inconnu ou mal connu avec lequel
il voisine. Ainsi s'expliquent nos réminiscences, nos refrains, nos'
états passionnels : le fils du mélancolique devient mélancolique,
BIBLIOGRAPHIE. 491
le déséquilibré voie, l'épileptique jaloux tue, chacun ayant réagi
avec son sub-conscient.
L'auteur montre encore la réalité du sub-conscient par les dé-
lires appelés par lui délires à éclipse « formations délirantes à
réapparitions périodiques non fatales reproduisant toujours les
mêmes traits qui dorment dans le sub-conscient pendant les épo-
ques intercalaires ». Les malades sortent gl1él'Ïs;l'eprennentleur
occupations et reviennent un beau jour avec un aspect délirant
identique, pour guérir de nouveau et retomber ensuite. Tel est le
cas de l'homme à l'échelle qui, chaque fois qu'il tombe malade,
s'arrête sur un pont, jette à l'eau son échelle, son seau et lui-
même.
Dans l'ivresse qui obscurcit la conscience et supprime le con-
trôle de la raison, on voit apparaître brutalement le sub-cons-
cient avec ses instincts souvent criminels.
)1, Legrain étudie avec soin la médecine légale de l'alcoolisme,
de l'absinthisme. Il s'étend sur les récidivistes, les parasites, les
aliénés criminels et fait remarquer cette anomalie qui consiste à
envoyer le même individu tantôt dans les asiles, tantôt dans les
prisons, selon qu'on le considère comme alors irresponsable ou
comme vicieux responsable.
3° La personnalité se disloque, la conscience n'est pas une. Celte
dislocation se montre dans les états d'obsessions et d'impulsions,
l'automatisme, la suggestion, la fascination des masses par une
poignée de gens.
Après avoir ainsi étudié la personnalité à toutes les phases de
son histoire et prouvé qu'elle n'est pas une unité théorique mais
tout un monde où le sub-conscient ne tient pas la moindre place,
l'auteur en arrive à la notion -le responsabilité et fait le procès de
la responsabilité atténuée. 11 pose en principe que les individus à
responsabilité dite atténuée étant des anormaux, des irréguliers,
des malades, on ne doit pas les punir mais les traiter. « .le suis
d'avis que la responsabilité atténuée n'est pas une conception ri-
goureusement scientifique. Elle est inutile à la recherche de la
vérité ; elle ne sert point les intérêts de la justice ; elle est enfin
un mol oreiller qui a permis à bien des consciences de se repo-
suis : c'est une de ces solutions bâtardes qui fut une façon com-
mode de déguiser notre ignorance et de concilier les exigences de
la défense de certains anormaux avec celles du Code. »
. Le livre de M. Legrain est des plus intéressants pour le méde-
cin comme pour le juriste. Nul doute qu'il n'obtienne un grand
succès. « L'auteur a ouvert de nouveaux horizons à nos élèves »,
dit M. Garçon, professeur à la Faculté de droit, dans la préface.
C'est le plus bel éloge qu'on en puisse faire. la. LEtzov.
.492 BIBLIOGRAPHIE.
XV. La démence ; par M. le 1)" Auguste Marie. (Collection
de la Bibliogrophie internationale de psychologie expérimentale.
Directeur : Dr Toulouse.) 0. Doin, éditeur.
L'ouvrage de M. A. Marie est une étude d'ensemble de la dé-
mence, riche en documents de toutes sortes, savamment inter-
prètes.
Dans le premier chapitre, l'auteur adopte pour la définition et
la classification des diverses démences les données anatomiques
de il ! . Klippel et distingue nettement les démences dont la lésion
est purement neuro-épithéliale de celles dont la lésion est encore
et surtout vasculo-conjonctive. La démence dans l'une et l'autre
variété esl. due à l'abrasion, la section et la rétraction des den-
drites qui aboutissent, en fin de compte, à l'autonomie cellulaire.
Le second chapitie résume la psycho-physiologie des dé-
ments. On trouve dans ce long chapitre les renseignements les
plus utiles sur l'examen des sujets, les tests qu'on peut em-
ployer, les réactions démentielles aux excitations diverses.
L'historique de la démence est traité ensuite avec des considé-
rations philosophiques fort suggestives. Les diverses opinions des
auteurs français et étrangersysont exposées clairement et discu-
tées chacune en quelques lignes.
Ces préliminaires conduisent à l'exposé des divers types de dé-
mence. Pour l'auteur, les démences précoces sont primitives ou
secondaires. Parmi celles-ci sont les démences maniaques, mélan-
coliques, névrosiques et celles du délire chronique. Les démences
paralytiques, les démences séniles, les démences par lésions or-
ganiques sont ensuite exposées avec une grande richesse de dé-
tails.
Le dernier chapitre est consacré aux problèmes sociaux, fami-
liaux et légaux. Ce qui encombre les asiles français ce sont les
déments, les incurables et cet encombrement a des conséquences
fâcheusesà tous les points de vue.
La création de fermes-hospices de deux cents malades au maxi-
mum dans les départements de la Seine, Seine-et-Oise et limi-
trophes ou la création de colonies familiales, comme celle de Dun-
sur-Auron,placeraient les déments dans les meilleures conditions
possibles, les sauveraient de l'Asylum dementia et désencombre-
raient les asiles qui, au lieu d'être des maisons de traitement, sont
quelquefois des fabriques d'incurables.
Le livre de M. A. Marie contient un grand nombre de ligures,
schémas et reproductions de dessins et d'écrits de déments. La
bibliographie est très étendue. Une table analytique fort complète
facilite la recherche de renseignements précis. Il. Leroy.
VARIA
Etablissements DE sourds-muets ET d'aveugles.
Paris, le 23 décembre 1906.
Le Président du Conseil, ministre de l'Intérieur, à Messieurs
les Préfets. Pour me permette d'achever un travail en prépa-
ration sur les établissements de sourds-muets et d'aveugles, je
vous prie de vouloir bien me faire connaître :
1 Dans quel établissement votre département envoie les
sourds-muets et les aveugles, de l'un et de l'autre sexe, âgés de
G à 12 ans ; 2° le nombre de ces enfants, garçons et filles ; 3" le
prix débourse payé pour chacun d'eux ; 40 le montant des cré-
dits affectés lent- entretien et inscrits dans le budget départe-
mental de 1906.
Ces renseignements devront m'être fournis dans le plus href
délai, en deux étals distincts, un pour les sourds-muets, un
autre pour les aBCt( ? et me parvenir sous le couvert du premier
bureau de la Direction de l'assistance et de l'hygiène publiques.
G. GLÉfENCEAU.
]le Congrès international DE l'assistance des aliénés (1).
(Milan, 26-30 septembre 1906).
(Suite et fin.)
La proposition du 1), Frank (de Zurich), demandant la fonda-
tion d'un Institut international pour l'étude etiologique, et pour
l'action prophylactique des maladies nerveuses et menlales.
avait été adoptée par le Congrès sans objections.
Le U Ladame (de Genève) avait cependant montré que le
vaste programme du D'' Frank était présentement irréalisable pour
la Commission internationale ; l'orateur expose qu'il y a des
questions pratiques d'assistance internationale des aliénés, qui
sont bien plus urgentes. 11 conclut en déposant la proposition
suivante :
« Le Congrès, considérant que les mesures internationales de
rapatriement des aliénés étrangers dans leur pays d'origine,
sont les plus urgentes à prendre pour l'assistance et la protection
de ces malades.
«Emet le \oeu : Que les gouvernements s'entendent pour
(1) ,"oil' Arcliivesdc Neurologie, 1)
lé)1 1 VARIA.
l'adoption des mesures communes de patronage, d'assistance, de
protection et de rapatriement des aliénés étrangers dans leur
pays d'origine, afin d'assurer l'exécution rapide et réciproque de
ces mesures, qui seront concertées avec l'aide des Sociétés de
secours ou de patronage des pays intéressés.
«Le Congrès charge le Comité international pour l'assistance et
la protection des aliénés, de faire sans retard, auprès des gouver-
nements, les démarches nécessaires à la réalisation de ce vueu ».
Cette proposition avait été immédiatement contresignée par
MM. les professeurs Lombroso, (de Turin), et Marie (de Paris),
et adoptée sans opposition par le Congrès.
Ala fin du Congrès, de nombreuses récompenses furent attri-
buées aux participants d'une remarquable exposition de plans
d'asiles et d'oeuvres d'assistance familiale. Puis, les Congressis-
tes firent deux charmantes excursions aux asiles de Montebello
et de Mendrisio. Le 11" Congrès d'assistance des aliénés a eu un
plein succès. On peut affirmer qu'il aura certainement dans l'ave-
nir des résultats heureux. 1)" Lucien Graux.
DÉPOTS DE MENDICITÉ
Paris, le 30 octobre 1906.
Le Président du Conseil àl\Iessieurs les Préfets.
L'application prochaine de la loi de 1905, sur l'assistance obli-
gatoire, ayant soulevé au sujet des dépôts de mendicité un cer-
tain nombre de questions délicates, j'ai l'honneur de vous inviter a
me fournir d'urgence les renseignements suivants :
1° Y a-t-il un dépôt de mendicité dans votre département et
quel est-il ? A quelle date et par quel acte fut-il institué ? Contient
il des reclus et quel en est le nombre ? S'il ne contient pas de
reclus, quel en est le moti f ' ?
2° A-t-il été annexé au dépôt de mendicité un asile de vieillard»,
d'infirmes, d'incurables ou d'aliénés ? Si oui, en vertu de quelle
décision ? Quelles mesures sont prises pour distinguer les hospi-
talisés des reclus au point de vue moral, au point de vue maté-
riel ? Le dépôt de mendicité et l'asile annexe ont-ils leurs bud-
gets et comptes communs ou distincts ' !
3° Un quartier d'hospice, d'asile de vieillards, d'asile d'aliénés
ou d'incurables remplit-il en fait l'office de dépôt de mendicité ? ' ?
Si oui, en vertu de quel acte cette situation de fait s'est-elle pro-
duite ? Y
4o Si votre département ne possède pas de dépôt de mendicité,
a-t-il, et depuis quand, un traité avec un département voisin pour
l'internement de ses reclus ? Quel est le nombre de ces' derniers ' ?
Je vous serai obligé de joindre à votre rapport un exemplaire de
ce traité oubien une copie du règlement intérieur du dépôt exis-
tant dans votre déi)ai-lei-noii,. 1'ijoiiie que je tiens à ce que vous
VARIA. 105
m'envoyiez régulièrement, chaque année, le compte administratif
de cet établissement.-Le Directeur de l'Assistance el de l'hygiène
publiques, n11R11tAN. '
ECOLE DE PSYCHOLOGIE
49, rue Saint-André-des-Arts, 49
Cours de 1907 (7<= année)
Hypnotisme thérapeutique.- M. le 1)., L3ÉRILLON, professeur.
Objet du cours : 10 Psychothérapie générale : La thérapeutique
des maladies de la volonté et l'éducation du caractère. Les lun-
dis à cinq heures, à partir du lundi 14 janvier. 2° L'hypnotisme
et l'orthopédie mentale : Les enfants et les adolescents anor-
maux : Retardataires, instables, timides, indociles pervers et ner-
veux. Les jeudis à cinq heures, à partir du jeudi 10 janvier.
Hypnotisme expérimental. M. le D1' Paul JIAGNIN, profes-
seur. Objet du cours : L'hypnotisme et la psychothérapie chez
les hystériques. Les lundis et les jeudis à cinq heures et demie,
à partir du jeudi 10 janvier.
Psychologie générale. M. Lionel Dauriac, prof. lion. de
l'Université de Montpellier, professeur. Objet du cours : Elude
des sentiments. Les vendredis à cinq heures et demie, à partir
du vendredi 11 janvier.
Psychologie pathologique. M. le 1)'' Paul FAREZ, professeur.
Objet du cours : Les états de mort apparente. Les samedis à cinq
heures à partir du samedi 12 janvier.
Psycho-physiologie de l'Art. M. Félix HÉGAMEY, professeur. z
Objet du cours : Les princes du dessin. Influence des procédés
routiniers sur la décadence de l'art de la peinture. Les mardis à
cinq heures et demie, à partir du mardi 15 janvier.
Psychologie des dégénérés et des atypiques. M. le Dr Pl-
net-Sanglé, professeur. Objet du cours : Jésus de Nazareth.
Les samedis à cinq heures et demie, à partir du samedi 12 jan-
vier.
Anatomie el psychologie comparées. M. E. 0 ? us,riER, agrégé
de l'Université, professeur. Objet du cours : La vie sociale des
plantes et des bêtes. - La loi de l'entraide, facteur de l'évolution.
Les 111crCI'edis cinq heures, à partir du mercredi 17 janvier.
Psychologie des anintaux.- \I. LÉPINA Y, professeur. Objet
du cours : Les méthodes de dressage ; utilisation de l'intelligence
et de l'instinct. Les mercredis à cinq heures et demie, à partir
du mercredi 17 janvier.
Psychologie musicale.-)I. le U 11. Pamart. professeur. Objet
du cours : La psychologie des grands maîlres et le caractère de
leurs oeuvres. Les vendredis à cinq heures, à partir du vendredi
17 janvier.
Psychologie el morale sexuelles. M. le ))'' MAYOUX, pro-
496 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
fesscur. Objet du cours : L'éducation clesseacs. Les mardis à cinq
heures, à partir du mardi 15 janvier.
FAITS DIVERS
AS1LEU'ALIh : Nh : S.-tllouveW eztL d'octobre. - 1\I.le Dr Delvvar-
Tl : , médecin adjoint àLvreux,nomm direcleur médecin de l'asile
de Naugeat (Hte-Vienne), en remplacement de M. le Dr Bro-
quère, mis en disponibilité. M. le Dr Cossa, médecin adjoint,
promu au grade de médecin en chef,et maintenu dans les fonctions
de médecin inspecteur du service des aliénés des Alpes-Maritimes.
M. le Dr Armeline, médecin adjoint à la colonie familiale de Dun-
snr-Auron (Cher),promu à la classe exceptionnelle du cadre.
Distinction honorifique. Lettre de félicitations pour acte de
courage et de dévouement : M. Fortias, employé à l'asile d'aliénés
de Montdevergnes (Vaucluse).
Mouvementde novembre.-1\I.le Dr Sizaret, médecin en chef de
l'asile des aliénés de Rennes, est promu à la classe exceptionnelle
du cadre. ! l2.le Dr Cornu, médecin adjoint à l'asile de Pau,promu
à la le classe du cadre.
AVIS A NOS ABONNÉS. L'échéance du le
JANVIER étant l'une les plus importantes de Tannée,
nous prions instamment nos souscripteurs, dont l'abonne-
ment cesse à cette date, de nous envoyer leplus tôt possible
le montant de leur renouvellement. Ils pourront nous
adresser ce montant par l'intermédiaire du bureau de
poste de leur localité, qui leur remettra un reçu de la
somme versée. Nous prenons à notre charge les frais de
3 0/0 prélevés par la poste, et nos abonnes n'ont rien à
payer en sus du prix de leur renouvellement.
Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la
quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-
mentée des frais de recouvrement, à partir du 15
janvier. Nous les engageons donc à nous envoyer de
suite leur renouvellement par un mandat poste.
Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos
abonnésde joindre à leur lettre de réabonnement et à toutes
leurs réclamations la BANDE de leur journal.
Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement col-
lectif des Archives de Neurologie et du Progrès
Médical est réduit à 28 francs pour la France et 30
francs pour T étranger.
Le rédacteur-gérant : BOURNEY ? LI;,
LLERJION7 (OISE). - IMP. DAIX 1-RLRLS ET THIRON.
TABLE DES MATIERES
Achondroplasie. Sur deux cas
d' -; par Parhon, Shimda et
Zalplachta, p. 218. -; Voir
Micromélies.
Acromégalie. Voir Moelle. Un
cas ci'- sans hypertrophie du
corps pituitaire avec forma-
tion kystique dans la glande,
par Widal Boy et Froin, p.
- 158.
Affection SPASTIQUE bulbo-spi-
nale familiale; par Ballet et
Rosev.
Agraphie. Voir Hystérique.
Alcooliques. Voir Suicide.
Alcoolisation locale des troncs
nerveux, par Brissaud, Picard
et Talion, p. 48.
Alcoolisme. Recherches expé-
rimentales sur l'influence de
l'- sur le pouvoir de procréer
et sur les descendants,par Ceni,
p. 149. -; p. 239.
Aliénés. Voir Condamnés.
Voir Sang. Voir Scorbut.
Voir Température. en
liberté, p. 157, 413. Les -
étrangers internés dans les
asiles, p. 330.
Amnésie. Voir Hystérique.
Amusie. - Voir Hystérique.
Amyotrophie Aran-Duchesne;
par Raymond et Lejonne, p. 48
Recherches expérimentales sur
la pathogénie de 1' d'origine
cérébrale, par Caracciolo, p.
1 o.
Anesthésies. Des psychiques
dites nerveuses ou hystériques
par Blum, p. 322.
ANESTHÉSIQUES, - Des et en
particulier de la scopolamine
envisagés comme adjuvants à
la suggestion hypnotique, p.
227.
ANGELO. Le cas d' . Mort en
prison à la suite d'une détention
très courte. Suspicion de vio-
lence. Délire aigu. Par Amante,
Bignanni. Borri, lmpallomeni,
Ottolenght, p. 230.
Anormaux. Contribution au dia-
gnostic des irrégularités men-
tales. Les frontières anthro-
pométriques des -, d'après
Binet, par Decroly, p. 402.
Antitoxiques. Voir Sang.
Aphasie. Voir Hystérique.
Aphonie. Voir Hystérieque. '
Apoplexie tardive traumatique
son importance au point de vue
médico-légal; par Pierre Marie
et Crouzon, p. 230.
Arabes. Voir Maladies nerveuses.
ARaN-DUCHESNE. Voir A myotro-
phie. -- Voir Alrcphie mus-
ciliaire.
Asiles d'aliénés; mouvement de
juin-juillet, p. 64 ; août-sep-
tembre, p. 330. La loi sur les
- -, par Tamburini, p. 236.
La réforme des en Bel-
gique, par Morel, p. 237. La
surveillance dans les ? par
\larcel B ? p. 312. de
Dury-les-Amiens : demande
de surveillante, p. 36r. - -
Voir Tuberculose. - -, mou-
vement, octobre, p. 415. 5.
Aspergillus FUMIGATUS. Les
propriétés toxiques de l'- -
en rapport avec les saisons de
l'annee, par C. Ceni, p. 229.
Le pouvoir pathogène de l'
ochraceus et son rapport avec
l'étiologie et la pathogénie de
la Pellagre, par Ceni, p. 387.
Assistance. Nécessité de 1' -
des idiots, p. 158.
Ataxiques. Les -, considérés
comme atteints de pliobie ou
d'astasie-abasie, sont, en par-
tie, des cas d'incoordination
ou d'anesthésie du tronc mé-
connus, par Faure, p. 198.
Voir Marche.
Athétose double. Mort au cours
de variole. Autopsie, syphilis
héréditaire probable, par Cres-
pin, p. 191. 1.
Atrophie cérébrale expérimen-
tale et crânienne concomi-
.lncumes, 2° séric, 190G, t. 1XII.
32
mi
TABLE DURS MATIERES.
tante, par d' lLundo, p. 144.
Sur un cas d' -- musculaire
progressive, par de Buck et
Deroubaix, p. 155. Nosogra-
phie et pathogénie de 1'
musculaire progressive, par
Valobra, p. 156. - mus-
culaire du type Aran-Duchesne
d'origine syphilitique, par Lan-
nois.
Bestialité et inceste, p. 159.
Brome. Voir Poisons.
BRO : I1URAT10N. Voir Epilepsie.
Bulbe. Critiques et observations
anatomiques sur la région sous-
épendymaire du bulbe et du
pont cher l'homme, par Agenzi,
p. 153. Voir Landry. Une
épingle rouillé dans le par
Devic et Nordrnann, p. 465.
Bunzen. Voir J\{01H11lSCl1.
Calcium. Action du -- sur l'é-
corce cérébrale, par Rouco-
roni, p. 140.
Causes morbides. Voir Patio-
logic mentale.
Cécité. Voir Hystérique.
Cellule nerveuse. Recherches
Iiistologiques sur l'origine et
le mode de formation de la -
- dans la moelle épmière et
dans la protubérance du pou-
let, par Besta, p. 139. Le mode
de formation de la dans
les ganglions spinaux du pou-
let, par Besta, p. 140. spi-
nales, voir Neuro-Fibrilles. -
nerveuse, voir Réticulum fibril-
laire. nerveuse, voir Inani-
tion expérimentale. Sur la nu-
cléole de la - nerveuse, par
Lâche, p. 3R9. Sur des modtti-
cations particulières des
nerveuses et de leurs prolon-
gements dans le S. IvT. C., dans
un cas d'atrophie cong. du
cervelet, par Straussler, p. 393.
Cellules de l'hospice de Saint-
Omer, 1. 239.
CENI. Voir 1-'pilepsie.
Cépiiai o-R,tcmmLV. Nouvelles
recherches sur le liquide -
par de Buck et Deroubaix,
P- 389-
Cerveau. Le sénile, par Léri,
p. ni. I.
Cervelet. Fonctions du -, par
Babinski, p. 48. - Voir Cel-
lules nerveuses.
Choline. Sur la présence de la
dans le sang au cours des ma-
ladies du système nerveux, par
Claude, p. 213.
Chorée. Voir Huntingtou. Un
cas de - de Huntmgton avec
résultat anatomo-pathologique
par Besta, p. 386.
Condamnés atteints d'aliénation
mentale et d'épilepsie placés
dans les établissements d'alié-
nés (circulaire ministérielle).
p. 58.
Confusion hallucinatoire aiguë et
insuffisance hépatique, par De-
ny et Renaud, p. 40. Deux cas
de - mentale liés à la fièvre
typhoïde et à la scarlatine.
Séro-diagnostic et étude bac-
tériologique, par Taty et Chau-
mier, p. 210.
Congrès international pour l'as-
sistance des aliénés, p. 59.
Second belge de Neurologie
et de Psychiatrie, p. 64. - des
médecins aliénistes et neuro-
logistes. Session de Lille, ler-7
août 1906, p, mu, 197. XI-
international de 1 assistance
des aliénés, p. 303.
Contractions « synergiques pa-
radoxales » observées à la suite
de paralysie faciale périphé-
rique, par Lamy, p. 222.
Contracture. Attitudes vicieu-
ses par - hystérique chez les
enfants, par Broca et Herbi-
net, P. 222,
CONVULSiVANTS. Les - dans l'é-
]1l1epSle, par Devay, p. 24.
Corps calleux. Voir Tumeurs.
Courbes. - L'analyse mathé-
matique des - de fatigue
comme procédé de diagnostic
dans les maladies nerveuses,
par Mlle Ioteyko, p. 417.
Crampe des écrivains guérie par
la ligature élastique, par Har-
tcmberg, p. 19. La profes-
sionnelle et son traitement par
le massage méthodique et la
rééducation, par Kouindjy.
p. 28.
Criminels. Prophylaxie et trai-
tement des - récidivistes, par
Morel, 1). 227.
Crises gastriques tabétiques;
'1111Lli DES MATIERES.
139
élongation du plexus solaire, 1
par Vallas et Cotte, p. 34. -
laryngées, voir Tabéliques,
épileptiformes d'origine pleu-
rale, par Roch, p. 223.
CYSTICERCUS. Contribution au
diagnostic du - du 4c ventri-
cule, par Osterwald, p. 398.
Déchloruration. Voir Epilepsie.
Dégénérations secondaires ex-
périmentales par arrachement
du sciatique étudiées avec la
méthode de Donaggio pour les
- , par Lugiato, p. 141. 1 -
Délire. Les symptômes du
d'interprétation, par Sérieux
et Capgras, p. 40. Un cas de
systématisé avec artérite céré-
brale hypertrophique progres-
sive par Klippel et Antheaume.
p. 41 - de persécution à base
de fausse interprétation et -
alcoolique, par Rémond et La-
griffe, p. 176.
Délirium TREM73NS. Le
chloralique et son traitement
(délirium tremens et syndrome
paralytique fugace), par An-
theaume et Parrot, p. 42.
Démence précoce. Voir Moelle.
Les formes frustes de la -
précoce ; par Crocq, p 39. La
- est un syndrome men-
tal toxi-mfectieux subaigu ou
chronique, par Dide, p. 43. Sur
la forme stationnaire de la
paralytique, par Serge Soukha-
noff, p : 44. précoce. Voir
Ictus. Formes prodosmique
dépressives de la précoce,
par Pascal, p. 202. Un cas de
précoce post-coufusionnelle
avec autopsie et examen his-
tologique, par Anglade et Jac-
qum, p. z r 3. - -. Voir Glo-
bule rouge. Considérations ana-
tomo-pathologiques sur la
précoce, par de Buck et Derou-
baix, p. 388. précoce para-
noide (Diagnostic différentiel
de la Paranoïa), par Ferrarini,
. p. 399. Altérations particulières
du langage dans un cas de -
primitive, par Linguerri, p. 400
La par A. Marie, p 492.
Il : \IONOPITIiIE. Autour d'une
épidémie de -, par \Iorgam,
p. 40.
Difformité congénitale des
membres, par Valobra, p. 391.
Discours. A propos du de 5t.
le Professeur Grasset au Con-
grès de Lille, p. 329.
Distinctions HONORIFIQUES, p.
33 r. 41 S.
DONAGGIO. Voir Dégénérations.
- . Voir Réticulum.
Dystrophie d'origine pulmo-
naire, par Lejonne et Chartier,
P. 47.
Eclampsie puerpérale, par de
Bruine Plocs Van lmstel, p.
221. I.
Ecorce cérébrale. Voir Cal-
CiUH1.
Empyème. Voir 7-fMO-7'tt))M)<)'.
Enfance anormale, p. 328.
Enfants anormaux. La classifi-
cation des - -, par Decroly,
p. 401. Les anormaux intel-
lectuels, par jutes Voisin, 1)
404.
Epilepsie. Voir Convulsivants.
Traitement de 1' -, par Mor-
gan, p. 26. -. Voir Traitement.
Nouvelles recherches sur le
traitement de 1' par la bro-
muration avec ou sans déchlo-
ruratlon, par J. Voisin, R. Voi-
sin et Rendu, p. 161. -. Voir
Réflexes. Contribution au trai-
tement de 1' -, par la méthode
de Ceni, par Tiengo, p. 229.
Petite épilepsie motrice par
Vacla3--PlaN-ec, p. 457.
Epileptiques. Voir Tuberculose.
Hospitalisation des -, p. 330.
- . Voir Sang.
ERB-GOLDFLA ? 11. Voir Myasthenia
gravis.
Eruption syphilitique. Un cas
d' -- secondaire tardive chez
un diabétique, par Brissaud et
Oberthur, p. 214. f.
Exostoses multiples. Contribu-
tion à l'étude des dvstrophies
du cartilage de conjugaison,
par Launois et Trémolières,
p. 225. Contribution à la ca-
suistique des - ostéogéniques
ou de développement, par Si-
monini, p. 225.
Fatigue. Contribution nouvelle
à l'étude de la - mentale chez
ruo
TABLE Dl.S MATIERES.
les enfants, par Giuseppe Bel-
lei, p. 153. -. Voir Courbes.
FER. Voir Neurasthénie.
Fibres nerveuses. Le développe-
ment des nerveuses péri-
phériques et centrales dans les
ganglions épinaux et dans les
ganglions céphaliques de l'em-
bryon du poulet, par Pighini,
p. 142. Recherches sur la colo-
ration des nerveuses à la
phase initiale de dégénération
[ primaire et secondaire, systé-
matique ou diffuse du système
nerveux central, par Donaggio,
. p. r43. 1' a-t-il une rég. ant.
des nerveuses' par Munzer
et Fischer, p. 397.
Fièvre typhoïde. Voir C071/1l-
sion mentale.
Folie. De la maniaque dépres-
sive, par G. Deny, p. 1. La
gémellaire, par \larandon de
Montyel, p. 241.
Fracture. Un cas de avec
paralysies nel veuses rares. Con-
tribution à la physiologie des
9c paires crâniennes, par Ba-
hut, p. 394.
Glande thyroïde. Voir Greffe
thyroïdienne. pituitaire. -
Voir Sommeil.
GLlO'ENDOTHÉLlOME kystique.
Observation de - - - du
lobe occipital droit, par Raven-
na, p. 139.
Globule ROUGE. Sur une forme
spéciale du dans la
démence précoce, par Pighni
et J'aoli, p. 385.
Greffe thyroïdienne. Note sur
les bons effets de la (mé-
thode Cristiaiii) chez un enfant
arriéré par défaut de dévelop-
pement de la glande thyroïde,
par Gautier et Kummel. p. 25.
Gymnastique médicale associée
au bain, Bechterew, p. 29.
111 : 1n1TOAlY ? : LIE et hémiplégie
spinale à topographie radicu-
laire, par Raymond et GUIl-
lain, p. 392.
IlEMiAGËNÊsiE cérébelleuse, agé-
nésie partielle du corps calleux
et du lobe hmbique, anomalies
des circonvolutions cérébrales,
par Bonne, p. 65.
Hémianopsie, Deux cas d' - bi-
temporale, par Galezowski,
p. 47. - double corticale, par
Raymond et Galezowski, p. 49.
Hémiplégie avec paralysie du
moteur oculaire commun du
même côté et troubles splunc-
ténes, par Cantonnet, p. 47.
Hémispasme facial périphérique,
par Babinski, p. 222.
Hémorragie méningée au cours
d'une ménigite cérébro-spinale,
par Gaussel, p. 217.
Hétérotopie. Voir Leptocrryé-
lite.
HUNTINGTON. Contribution cli-
nique et anatomique à l'étude
de la chorée de ,par Rossi,
p. t 5G. -. Voir Chorée.
Hydrocéphalie congénitale,
par Bourneville, p. 209.
Hypnotisme. Voir S0111111formc,
Hystériques. La lesponsabll1té
des -, par Leroy, p. 124. De
l'état mental des -, par Joire,
p 133. Mutisme, aphonie,
aphasie, aphasie motrice, amu-
sle, surdité musicale, surdité
veibale, cécité verbale, cécité
psychique, agraphie chez un
récemment guéri d'une mo-
noplégie brachiale droite, re-
montant à huit ans, par Ra-
viart et Dubar, p. ;37.- l Iys-
tériquc avec agraphie cécité et
surdité verbales, distinction du
mutisme et de l'aphasie 11Yb'
tériques, par Courmont, p..1 : J\).
llYSTÉRO-tPILEP11QUE, .\ttaque
- - après un embarras gas-
trique, par Lefas, p. 195.
Ictus. Les dans la démence
préocce, par Pasca, p. 1 14,
Idiots. Voir l111crocépll £ llic, .h-
sociation des idées chez les
et les imbéciles, par Boulanger
et Hermant, p. 403.
Images. Voir Paroles.
Imbécillité prononcée congéni-
tale (type mongolien), par
Bourneville et Royer, p. 425. ç.
Inanition expérimentale. Voir
Réticulum. Sur la présence des
corpuscules à l'intérieur des
cellules nerveuses spinales dans
1' - -, par Riva, p. 387.
Institut. Appel en faveur de la
fondation d'un - Internatio-
TABLE DES M\TIRCS,
501 L
nal ayant le but d'établir et
de combattre les causes des
maladies mentales, par Franck,
P. ;9.
i Instructions concernant l'orga-
nisation du service médical de
la Maison de santé de Ville-
Evrard, par Sérieux et Mignet,
1. 315. ;.
Insuffisance hépatique. Voir
Confusion.
Irrégularités mentales. Voir
Anormaux.
Ivresses. Les délirantes tran-
sitoires d'origine alcoolique,
par Dupré et Charpentier, p. 42
Kleptomanie. La - et son
traitement par la suggestion
hypnotique, par Brtlloa, p . 52 2
Laïcisation de l'asile d'aliénés
de la Charité, p. 329.
Landry.. Syndrome de -. Va-
leur pronostique de la lympho-
polynucléose rachidienne. Ino-
culations du bulbe, par Bris-
saud, Sicard et Tanon, p. 2 13.
Lkoklvtiox et : l.mrw.n. Cir-
culaire Sarriett sur la loi sur
les aliénés, p. 476. - Circu-
laire Clémenceau sur la même
loi, p. 480.
LEPTO\1YÉ¡ ITE à forme tabétique
Hétérotopie de la moelle épi-
mère, par Guido-Garbini, p.
147.
Lésions cérébrales. oit Psy-
choses.
Lobe OCCIPIT.\L. Voir Glio-endo-
Localisations motrices médul-
lames, par Mme Déjerine. p. 48.
Loi. La sur les aliénés, p. 329.
Mal de mer. Le vrai et
le - - - imaginaire, par Ré-
gnault, p. 4oS. : \1 If, perforant buccal, par Pal-
lasse, p. 4û9.
\1 ALAnLS. Du choix des - à pla-
cer dans les colonies, par Pee-
ters, P. 31 5.
Maladies nerveuses. Fréquence
des nerveuses chez les
Arabes, par Dumollard, p. 49.
L'analyse mathématique des
courbes de fatigue comme pu-
reté de diagnostic dans les -
nerveuses, par Mlle Yoteyko,
p. zIE,¢I7.
1\IRCHS. Nouvelle méthode de
rééducation de la chez les
ataxiques, par Lewèvre, p. 2 17.
Massage. Voir Crampe.
Médecins. Recrutement des
des asiles, p. 233. Des - acl-
joints dans les établissements
d'aliénés, par 1\Ieens,, p. 316.
Mi-decine mentale. Éléments
de - appliqués à l'étude du
droit, par Legrain, p. 490.
Mélancolie. La -, étude médi-
cale et psychologique, par Mas-
selon, p. 53.
Mémoire. L'association médiate
dans la - émotive, par Pa-
tini, p. 14\,
Méningite. Spinale et syndrome
articulaires dans le rhumatis-
me chronique, par Lépine, p.
468.
Méningite CÉRÉBRO-SPINALE.
Bibliographie de la - - . : l1'-NINGI'I'r. runEncoLEUsn. -
Sans réation leucocytaire du
liquide céphalo rachidien, par
Fauly, p. 1b2. - Tubercules
cérébro et cérébelleux. caverne
pulmonaire chez un enfant de
8 mois par Rabot et Barla-
tier, p. 467.
\IÉNINGO-r.-NC€rIInLITE, voir Pa-
ralysie générale.
mente. Voir 1110 ? sen.
Méthode HYPNO-PÉDAGOG1QUE,
chez les enfants du patronage
Rocher, par Pamart, p. 51.
1\[ICROCÉPHALIF. Deux idiots mi-
crocéphales, contribution à l'é-
tude de la pure, par Besta,
p. 151. familiale, par Bour
neville, p. 209.
Micromélies. Les -- congéni-
tales. Achondroplasie vraie et
dystrophie périostale, par Po-
rak et Durante, p. 217.
Moelle. Des lésions de la
dans la démence précoce, par
Klippel et Thermite. p. 34. -
Voir Cellule nerveuse. Les alté-
rations de la épinière dans
un cas d'acromégalie, par Gio-
vannl-Cagnetto, p. 146. -
Voir Leptomyéllte, Un cas de
compression de la -- avec des
phénomènes de tétraplégie
502
TABLE DES MAI 1 ERES.
spasmodique, par Noica, p. 171 1
- . Voir Sclérose.
Mommsen. Quelques détails sur
les cerveaux de -, Bunzen et
Menze, par von Hansemann,
P, 391.
Mongolisme. Voir Myxoedème.
Voir Imbécillité.
Monoplégie. Voir Hystérique.
Morphinomane. Le escroc,
P. 331.
Mutisme. Voir Hystérique. : \[YAS1HENIA gravis. Anasthé11le
bulbo-spinale terminée par la
mort brusque et suivie d'au-
topsie. Dans l'état actuel de
nos connaissances, quelle place
doit-on donner, en nosographie
à la maladie d'Erb-Golclflaut ?
par Leclerc et Sarvonat, p. 38,
368. : \[YOC1.0 : -lIEs. Voir r Syndrome
, myociomque, Une variété nou-
velle de congénitale pou-
vant être héréditaire et fami-
liale àmystagmus constant, par
Lenoble et Aubureau, p. 226.
Myopathie. Deux frères atteints
de primitive progressive,
par Noica, p. 222,
Mysticisme et polie, par A.
Marie, p. 484 (an. Rolet).
MyxŒDÈME et Mongolisme, par
Bourneville, p. 206, p. 329.
Nerfs. Nouvelle contribution à
l'étude des. localisations dans
les noyaux des - crâniens
chez l'homme et chez le chien,
par Parhon et Nadyle, p. 30.
Neurasthénie. Traitement de
certains cas de par le fer,
par Lemoine, p. 215.
NEURO-FIJ3R1LLES. La première
apparition des dans les cel-
lules spinales des vertébrés,
par Fragnito, p. 146. Sur l'état
des dans la paralysie
générale, par Schaffer, p. 392.
Névralgies graves, par Gran-
delément, p. 220.
Névraxe. Le . par Van
Gehuchten, 156.
Névrite ascendante, par Lejon-
ne, et Chartier, p. 47. Arse
nicale, par René h.1'.Conzène,
p. 45^,.
Nucléole. Voir Cellule tirer-
vluse.
Nymphomanie. Sur quelques ca-
ractères de certaines formes de
- , par Ballet, p. 2 : 0.
Nystagmus associé, par Strans-
ky. P. 393-
Olivo. Le cas -. Meurtre d'une
femme sans motifs. Dissection
et dispersion des fragments
du cadavre. S'agit-il d'un épi-
leptique ? par Tambunni, p.
230.
Ophtalmoplégie externe bila-
térale congénitale et hérédi-
taire, par Chaillous et Pagniez,
p. 225.
Paralysie. Formes atypiques
de la générale (hémiplé-
gique et aphasique). Prédomi-
nances régionales des lésions
dans les méninge-encéphalites
par épuisement post-épilepti-
quc (exhaustion paralysis dans
l'épilepsie, par Pierze, p. 41.
générale tuberculeuse, par
Klrphel, p. 43. Les symptômes
oculaires de la générale, par
Rodiet.Dubos et Pansier, p. 90
Rapport du traumatisme et de
la générale, par Brissaud, p.
202. Syndrome associé de
faciale gauche et du spasme
facial droit l'origine mtra-crâ-
men ne, par Brissaud, Sicard et
Tanon, p. 214. Sur un cas de
- de la 3e paire, par Josse-
rand, p. 219. du moteur
oculaire externe d'origine op-
tique, par Lannois et Perre-
tière, p. 219. -- générale, voir
VeM)'o ? &)' : 7/M. nerveuses,
voir Fracture. Un cas de
générale juvénile, par Derou-
baix, p. 401. Rapport de M.
Motet sur un mémoire de M. A,
Marie, intitulé : générale et
syphilis chez les Arabes, p. 403.
L'accommodateur dans la
générale, par Marandon de
1\101'tel, p. 404. Sur la par
narcose des nerfs cr. et obl.par
Klemlner, p. 45G.
Paraplégies. Nouvelles mé-
thodes de traitement des
spasmodiques par les exercices.
Résultat de 40 cas, par Faure,
p. 29. infantile, début insi-
TABLE DES MATIERES.
503
dieux, état stationnaire, puis
aggravation, par Bouchaud,
Il. 219.
Parole. Etudes et recherches
expérimentales sur la mémoire
des images acoustiques ct
usuelles de la -, par Grasst,
p. 141.
Pathologie mentale. Les cau-
ses morbides prédisposantes
en - , par Marandon de
\Iontyel, p. 45.
Pellagre. Nouvelles recherches
sur la des poules, par Ceni,
p. I;3. - , Voir Aspergillus.
Personnel secondaire. Mar-
tyrologe du des asiles,
p. 3'4-
Photothérapie. Application de
la z au torticolis d'origine
fonctionnelle, par Jourowskt,
p. 29.
Piridine. Voir Réticulum fibril-
laire. j 1
Pizzoli. Table psychoscopique
de -, par Pizzoh, p. 152.
Pleurer. Voir Rire.
Poisons. Les de l'intelligence.
Les coefficients psychiques
du brome, par Vaschide. p. 266.
Ponction lombaire. La en
médecine mentale, par Derou-
baix, p. 23. dans l'état de
mal, par Friedel. p. 158. Les
- - en série au cours de la
paralysie générale, par A. Ma-
rie, p. 217.
Pouls. Voir Température.
PSEUDO-PARAL l'SIE générale
progressive, par Ingegiiieros,
p. 24
Pseudo-tumeur cérébrale par
empyème ventriculaire, par
loc4ulli, p. 392.
Psychométrie. Les méthodes de
pédagogique en rapport
avec la crainte du surmenage
mental à l'école, par Patini,
p. 146.
Psychoses. Les lésions cérébra-
les dans les d'origine toxi-
que, par Ballet et Laignel-La-
vastiue, p. 31. de l'état
puerpéral, par Carrier, p. 46.
Contribution à l'étude des -
d'insolation, par Meigmé, p.
23 J.
Question sexuelle. La ex-
posée aux adultes cultivés,
par A. Foui, an. Coulonjou, p.
¢8G.
Rapport médico-légal sur l'exer-
cice illégal de la médecine par
une voyante, par Paul Ma-
gmn, p. 49. médical sur
l'asile départemental d'aliénés
de Ste-Cathertne à lzeuré, par
Monestier, p. 231. - médical
sur l'asile d'aliénésde la Roche-
sur- Yon pour 1905, par Cul-
lerre, p. 316. - médical sur
l'asile d'aliénés de Rennes,
pour l'année 19°5, par Sizaret,
p 323. - médical sur l'asile
d'aliénés de la Sarthe pour
l'année 1905. par Bourclu7,
p. 324. médical et compte-
rendu administratif de Dury-
les-.\miens, par Cliaron, p. 407.
- sur le service médical de
l'asile d'Armentières pour l'an-
née 1905, par Chardon, p. 410,
Reconnaissance. Deuxième
note sur la fausse -, par Féré,
p. 155.
Réflexes. Le, - dans l'épilepsie,
parLenobleetAunqreau p. 226.
Réforme pénale au point de
vue anthropologique et psy-
chiatrique, par Hamel, p. 230.
Respiration. Voir Température.
RÉTICULUM FIBRILLAIRE. RC;
cherches sur le - - endo-cel-
lulaire et sur le cylindraxe de
la cellule nerveuse des verté-
hré,; les différentes méthodes
de coloration élective du en-
do-cellulaire et du périphé-
rique basées sur l'action de
la piridine sur le tissu nerveux,
par Donaggio, p. 148. Recher-
ches histologiques sur la ma-
nière dont s établissent les
rapports réciproques entre les
éléments nerveux embryonnaires
et sur la formation du - in-
terne de la cellule nerveuse,
par Besta. Etude par la mé-
thode de Donaggio des lésions
du - neuro-fibrillaire de la
cellule nerveuse dans l'inani-
tion expérimentale, par Riva,
p. 386.
H. 1111 \1\ 1"[<\1[', Quelques manife;-
talions cérébrales du chro -
nique par Lépine. p. 470.
5U1 Il
1.lBLls DES M\111'.Rt : S,
Rire. Le - et le pleurer spa>-
modique, par Deroubaix, p. 3o.
H.ŒNTGEN. Sur les conditions
légales de l'emploi des rayons
de -, par Chauffard, p. 26.
Rotation centrifuge. Contri-
bution à la question de l'utt-
lisation de la au diagnos-
tic et à la thérapeutique, par
lline, l', 29,
Sang. Le - chez les aliénés, par
Dide, p. 105. La toxicité du
chez les aliénés, par Dragotti,
p. 145. -. Voir Choline. La
nature et les caractères des
principaux toxiques et anti-
toxiques naturels du sérum du
des épileptiques, par Cent,
P. 389.
Scaphandriers. La maladie des
- ,par Boinet, p. 388.
Scarlatine. Voir Confusion men-
tale.
Sclérose latérale amyotrophi-
que, par Kojesvmhoff, p. 48.
en plaques, atrophie céré-
belleuse et pseudo-systéma-
tique de la moelle épinière,
par Catola, p. 218. - en pla-
ques expérimentale par les
toxines aspergillaires, par Cem
et Besta, p. 3 6. - et hysté-
rie, par Faisans, p. 162.
Scopolamine. Voir Ancsthési-
quels,
Scorbut. Du - chez les aliénés,
par Toulouse et Damaye, p.
J 32.
Sérum. Propirétés thérapeuti-
ques spécifiques du du sang
d'animaux immunisés avec le
- d'animaux thyroidectomi-
sés, par Ceni et Besta, p. 229.
- . Voir Sang.
Sommeil. L'origine du -. Sur
les relations entre le et le
fonctionnement de la glande
pituitaire, par Alberto Salmon,
p. 36. Un nouveau cas de
hystérique, par \\'Itry, p. 52.
Somniforme. Application du
à la pratique de l'hypnotisme,
par Viasemski, p. 29.
Sourds-muets. Etablissements
de et de jeunes aveugles
(circulaire ministérielle, p. 237)
Spasme facial. Origine périphé-
rique du -, par I.évy, p. 212.
SPINA bifida occulta ; inter-
vention, par Voilas, p. 24.
Sthénomètre. De l'emploi d'un
nouvel appareil, -, pour le
diagnostic, le pronostic et le
traitement de certaines mala-
dies du système nerveux, par
Joire, p. 134, 217.
Suicide. Tentative de d'une
adolescente, p. 159. d'un
alcoolique, p. 239. -, p. 240.
d'un jeune homme, p. 331.
Recherches statistiques et cli-
niques sur le chez les alcoo-
liques, par Lorenzy, p. 400.
SURDITÉ verbale pure, par Lamy,
p. 48. -. Voir Hystérique.
Suggestion. La technique de la
hypnotique à échéance, par
Joire, p. 5 r. hypnotique,
voir Kleptomanie. -. Voir Tic.
Syndrome myoclonique, par Hu-
chard et Fiessinger, p. 224.
Rapports du neurasthénique
et du - labyrinthique, par
Royet, p. 463.
Tabétiques. Physiologie des cri-
ses laryngées des -, par Mau-
rice Faure, p. 135.
T\f : nyc\nnŒ paroxystique et
pouls lents permanent chez le
même sujet, par Josserand,
p. 469.
Température. Les oscillation
périodiques mensuelles de le
- , du pouls et de la respiration
chez les aliénées menstruées et
aménorrhéiques, par Salerni.
p. 147.
Tki'vno-. Un cas de - céphali-
que avec opthalmoplégie. par
Lépine et Sei\ 011-IL, p. 460.
Tic hystérique, par Pitres et
Cruchet, p. I 5¢. Un cas de
de la face guéri par la sugges-
tion, par\Ille1'orr : vxo, p. 22S.
Douloureux de In face guéri
par les injections d'antipyrine,
par Grandclément p. -1G2.
Torticolis. Voir PhotothéraPie,
Trac. Quelques nouveaux cas de
chez les exécutants, par
Farez, p. 405.
Traitement de l'épilepsie par
déchloruration, p. 158.
Traumatismes. Voir Troubles.
- . Voir Paralysie générale.
TABLE DES MATIERES.
505
TuÉi'i dat ion. Epileptoide du
pied pendant l'anesthésie, par
Lannois et Clément, p. 460.
Troubles. Contribution à l'é-
tude des - physiques dans
l'état de stupeur, par Souka-
noff et Pétroff, p. 39. Sur la
manière de faire un examen
objectif des nerveux dans
les traumatismes, par Rossi,
p. t5o. Appréciation des -
nerveux au moyen d'un appa-
reil nouveau, le sténomètre,
par J oire, p. 217.
Tube nerveux. Les transforma-
tions du - , par Durante,
P. 49.
Tuberculose. La chez les
épileptiques hospitalisés par
Claude, p. 211. La dans les
asiles d'aliénés, par A. Marie
et Rolet, p. 287, 362.
Tumeur cérébrale. Sur un cas
de à forme psychique, asthé-
nie générale sans paralysie;
pas d' oedème de la papille, par
Mouisset et Beutter, p. 35.
comprimant la région psy-
chomotrice, par Babinski, p.
48. Deux cas de - du corps
calleux avec autopsie, par Ray-
mond, p. 204.
VERGA. Un cas de persistance du
ventricule de rencontré chez
un individu à développement
général retardé, par Massimo,
Cherie-Lignière, p. i 50.
Vomissement. La psychopatho-
logiedu -,par Paul Farez,1·. 3.
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS
Chaumier, 210.
Ch{'ne-Ljgl11ère, t 50.
Claude, 211, 213.
Conzen, 457.
Courmont. 459.
Cotte, 34.
Coulonjou, 486.
C'respin, 191.
('rOc(l, 39.
Crouzon, 3°'
Cruchet, 154.
Cullerre, 31 G.
Damage. 132.
Daiiiiglou, 475.
Decroly, 401. 1.
Déjerine (Ume(, 48.
Derny.1,40.
Deroubaix, 23, 30,
155. 388, 389, 01.
Devay, 24.
D'e, 465.
Dicte, 43, 1°5,
Donaggio, 143, 148.
Dragotti, 14;.
Dubar, 337.
Dubos, 90.
Dumollard, .19.
Dupré, 42.
Durante, 49, 217.
Fabre, 49.
Faisans, 462.
Farez, 49, 2, 53,
405. 5.
Faure, 29, 135, 198.
Féré, 155.
Fcrrarini, 399.
Fischer, 397.
Fragmto, 146.
Franck, 59.
Fressinger, 224.
Galezowski, 47, 49.
Gaussel, 217.
Gautier, 25.
i Gtovanni - Cagnetto,
1 146.
Gitiseppe-Bellei. 153.
Goldscheider, 395.
Grand-Clément, 220,
462. -
Grassi, 141.
Guido-Garbm, 147.
Gmllain, 392.
Hansemann, 391.
Ilartenberg, 19,
Herbinet, 222.
Ilermant, 403.
Hodskins, 26.
Huchard, 224.
Line, 29.
Impallomeni, 230.
J ngegniéros, 44.
jacqiiiii, 213. -
joire, 51, 132, 134,
217.
Josserand, 219, 469.
Joukowski, 29.
Klempner, 456.
Klippel, 34,41,43.
](o]esvnjkoff, 418.
J(OUllld jy, 28.
Iiummer, 25.
Lâche, 389.
Lagriffe, 176.
Laignel - Lavastine ,
31.
Lady, 48, 222.
Lannois, 2 19,225,460.
Launois. 458, 466.
Lerclerc, 38.
Lefas, 195.
Lejonne.47,48.
Lemoine, 215. ;.
Lenoble, 226.
Lépine, 460, 468,
470, 471, 472.
Lc>rri, 111. i.
Leroy, t=4.
Lévy, 212.
1-e%èVl-e, 217. ,
J.herrl1lte, -,4.
Abundo, 144. 1
Agenzi, 152.
Alcardo-Salerni, 147.
Amante, 230.
Anglade, 213. 1
Antheaume, 41, 42. 1
Aubureau, 226.
Babinski, 48, 222.
Ballet, 31, 210, 221. I.
Balint, 394.
Barlatier, 46.
Bechterew, 29.
Bérilloii, 50, 51, 52,
z
Bertillon, SI.
Besta, 139, 140, 151, l,
152, 229, 386.
Beutter. 35.
Bignami, 23°,
Blum. 322.
Boinet, 388.
Bonne, 65.
Barri, 230.
Bouchaud, 2t9.
Boulanger, 403.
Bourdin, 324.
Bourneville, 2o6,425.
Bourret, 461.
Brissaud, 48, 202,
213, 214.
Broca, 222.
Brume (De), 221
Buck (1)), 155, 388,
389-
Cautonnet, 47.
Capgras, 40.
Caracciolo, t 50.
Carrier, 46.
Catola, 218. *"
Ceni, 149, 153, 229,
386, 387. 389.
('haillons, 225.
Chardon, 410.
Charon, 407.
Charpentier, 42.
Charger, 47.
Chaumard.26
TABLE DES AUTEURS El DES COLL.I3URA1GURS.
507
Lmgllcln, 400.
Lorenzi. 400.
Lugiato-Lingi, 141. T.
Magnin, 49.
\Iarandon de Mon-
tyel, 45, 241, 404.
Margain, 40.
Marie (A.), 217, 287,
362.
Marie (P.), 230.
imasselon, S3.
Massimo, i 50.
l\1ef'us, 316.
l\1 elgnié, 231.
Mignet, 315.
Mocquin, 392.
Morel, 227, 237.
Morgan, 26.
Motet, 402. : l1oUlsset, 35.
Plunzer, 391.
Nadyle, 30.
Koica, 170, 222.
Oberthur, 214.
Osterwald, 398.
Ottolenghi, 230.
Pagniez, 225.
Pallasse, 469.
Pamart, 51.
Pansier, 90.
Paoli, 385.
Parhon, 30, 218.
Parrot, 42.
Pascal (Mlle), 134,
202.
Pascal. 41.
Pattim, 145, 146.
Pauly, 462.
Peeters, 315.
Perretière, z I g.
1 Pétroff, 39.
Picard, 48.
Pierce, 41.
1 Plghmi, 142, 35.
Pitres, 1 54.
Plzzoli, 152.
Porak, 217.
Rabot, 467.
Ravenna, 119.
Raviart, 337.
Raymond, 48, 49,
204, 392.
Rcgnault,5o,40,475.
Rémoud. 176.
Renaud. 1 JO,
Rendu, 161.
1 Rendu, 161.
Riva, 386, 387.
Roch, 223.
Rocher, 49, 51.
Rocher, 90.
Rolet, 287, 362.
Rosey, 221.
Rossi, 150, 155. .
Roucoroni, 1 50.
Roy, 458.
Rover, 425.
Royet, 463.
Salmon, 36.
Sarvonat, 38. 460.
Schaffer, 392.
Sérieux, 40, 315.
Shimda, 218.
Smicard.213,214.
Slmonini, 225.
Sizaret, 323.
Soukhanoff, 39, 44.
Stranslcy, 393.
Straussler, 396.
Tahon, 48,
Tambunni, 230, 236.
Tanon, 213, 214.
Taty, 210.
Tyssier, 463.
Tiento, 229.
Toulouse, 132.
Tn : 'n10hères, 22
Vacly-Plavec, 457.
'%'allas, 24, 34.
Valobra, 156, 391. t.
Van-Gehuchten, 156.
Van-Hamcl, 230.
Vaschide, 266.
Viasemsky, 29.
Voisin (Jules), 5 o, 5 l,
161. 404.
Voisin (Roger), 161.
Widal, 458.
\\'itry-, 52.
Yoteyko (Mlle), 218,
228, 417.
Zalplachta, 218
Cterniout (Oise). Imprimerie Daix [l'ères et Thiron.