ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
REVUE MENSUELLE
DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES
FONDÉE par J.-M. CHARCOT & BOURNEVILLE
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE Vlf.
A.JOFFROY
Professeur de clinique
des
maladies mentales
à la Faculté* de médecine
de Paris.
V. MAGNAN
Membre de l'Académie
de médecine
Médecindel'Asile clinique ;
| (Ste-Anne).
COLLABORATEURS PRINCIPAUX :
F. RAYMOND
Professeur de clinique
des maladies
du système nerveux
à la Faculté de médecine
de Paris.
MM. ADADIE(J.), ARNAUD, ARSIMOLES, AUDR1', llAnINSKI, DALLET, BARBÉ (A.),
ISI,ANCFIAR17(lt.l, DLIN, 13OISSIER (I'.), 170NCOUIt (P ? DOURDIN, DItlAND (M.),
DRISSAUD (E.), 13ROUAItDEL (P.), camus (P.), caiuuer (G.), CAUDRON,
CESTAN, CIIAIIDON, CHATTON, CHARPENTIER, CHRISTIAN. COLOLIAN, COULONJOU,
CULLERRE, DEBYE (M.), DENY, DEVAIS', I» t0\LlltD, FKRÉ (CH.), FENAYROU,
FERMER, FRANCOTTE, GARNIET. (S.), GRASSET. KOUINDJY,
KOVALESKY (11.), LAOAME, LAGRIFFE, LANDOUZY, LEGRAIN, LEROY, LEVASSORT,
LIPINSKA, LUCIEN, MAXILLE, MARANDON DE MONTYEL, MARIE (A.),
Mil. REINE AIAUGERB'I', 11ÉUS, IJIERZEJEWSKI, JIIIS\I,LIÉ, NOURA'l'OPF (\V. A.),
MUFGItAVE-CLAY, PABIS (A.), PELLETIER ()[.), PEl\I11l'i, P1CQU1 : , PIERI313'l',
PITRES, RAVIAIIT. RAYNEAU, RUGIS, REGNAR17 (P.), ItEONIE11 (P.), BIC31ER (P.),
110-l'Il (\\'.), SIMON, SÉGLAS, SERIEUX, SOLLIER, SOUKIANUFF, SOUQUES,
TC111R1EW, '1'IIUI,IÉ (il.), TISSOT, URIIIOLA, VALLON, VIGOUROUX, VILLABD,
VOISIN (J.), YVON (P.).
Rédacteur en chef : BOURNEVILLE
Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT et J. NOIR
Deuxième série, tome XXI. - 1906.
Avec G·1 figures dans le lexle.
PARIS
BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL
14, rue des Carmes
1906
Vol. XXI Janvier 1906 NI- 121
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE NERVEUSE
Deux cas de méningo-encéphalite chronique avec
cécité ;
Par ItOUIt\G\'ILI.1; et P71ltitl\.
On sait que sous le nom d'idiotie on englobe un
grand nombre d'états pathologiques congénitaux ou
acquis, paraissant offrir un tableau clinique sembla-
ble, mais se traduisant par des lésions très diverses.
Cette confusion regrettable cessera quand on pourra
réunir des groupes d'observations complètes avec
autopsies montrant des lésions identiques. C'est parce
qu'il en est ainsi dans les deux observations suivantes
que nous avons cru intéressant de les rapprocher.
Observation I.
Sommaire. - Père : excès de boisson (absinthe, vin). F'mièvres
intermittentes en Afrique. Grand-père paternel : nombreux
excès de boisson, paralysie complète avec aphasie. Rensei-
17187ne12tS 2t271f/'tSa12lS sLlt' sa famille. Mère : quelques
excès de boisson ( ? ). - Cousin germain : torticolis, convul-
sions de l'enfance. Cousine : convulsions de l'enfance.
Renseignements insuffisants sur sa famille.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 11 ans. - Frère
mort de méningite.
Première dent il 14 mois. Dentition complète à (/). Début de
la parole à 14 mois. Début de la marche à 18 mois. Propre
il 3 ans. Pas de convulsions. Irritabilité et tristesse. Bave
intermittente. Vomissements fréquents. Constipation
habituelle. Strabisme interne de l'oeil gauche depuis les
premiers jours de la naissance.
Archives, 2° série, 1906, L. XXI. 1
2 CLINIQUE NERVEUSE.
A partir de décembre 1897, marche progressivement difficile
avec chutes, affaiblissement de la vue. Etourdissements ,
krouomanie. Tremblement des mains. Cauchemars. Cris.
Février 1898 : torticolis et troubles de la parole; perte de la
vision à droite en 3 jours; céphalalgies. Entrée à Saint-
Antoine en avril 1898; parole lente; moitié gauche de la
face moins mobile que la droite; réflexes rotuliens légère-
ment exagérés à droite; vomissements; augmentation de
la paralysie de la jambe droite. Trépanée à Saint-Antoine
le 24 mai 1898.
État de l'enfant à l'entrée (juillet 1899). Le IG août 1899 :
chute sur la tête étant assise ; affaiblissement progressif.
Mort au bout de 5 jours avec une température rectale peu
élevée.
Autopsie : congestion pulmonaire, persistance du thymus.
Méningite chronique surtout à la base et au niveau du
chiasma optique. Tubercules crétacés du poumon gauche.
Dani ? (Louise), née le 14 juillet 1885, à Paris, entrée
le 17 juillet 1899 à la fondation Vallée, morte le 21 août 1899.
Antécédents. (Renseignements fournis par le père et la mère
en juillet et en octobre 1899. ) Père : 55 ans ; tourneur sur
bois. Pasde convulsions dans l'enfance, pas de fièvre typhoïde,
pas de rhumatisme, pas de dartres; rien ne permettant de
soupçonnerla syphilis; boit le samedi, rentre ivre au moins une
fois tous les quinze jours ; boit du vin rouge ; ne boirait jamais
d'alcool. Resté soldat 5 ans en Afrique ; il y buvait beaucoup
d'absinthe ; on ne peut en préciser le quantité ; n'en boit plus
depuis son retour. A eu les fièvres paludéennes en Afrique ;
n'en a pas eu d'accès depuis qu'il est revenu en France. Ne
fume pas, mais chique. Pas de traumatismes ccphaliclucs; pas de
migraines; bon caractère. Marié à 34 ans. [Son père, mort
it 68 ans, buvait « comme un trou » du vin, de l'absinthe, un
peu de tout. Deux mois avant sa mort paralysie complète des
2 côtés' début brusque, avec aphasie. - Sa mère a 83 ans,
clic est sobre, n'a jamais été malade. - Grands-parenls pater-
tel morts; pas de renseignements. De môme pour les grands
parents maternels. On ne sait s'il y avait des oncles paternels
ou maternels. N'a ni frère ni soeur. Dans le reste de la
famille du père, on ne connait ni idiots, ni aliénés, ni épilep-
tiques, ni paralytiques ; pas de difformes, pas de sourds-muets,
pas de criminels, etc., etc., pas de tuberculeux ]
MÈRE, 44 ans. ménagère, est de la liesse. Pas de convul-
sions, pas de fièvre typhoïde, pas de choréc; rhumatisme
dans les genoux à 18 ans, de quelques jours de durée seule-
ANTECEDENTS PERSONNELS. 3
ment. Rien ne permet de soupçonner la syphilis. Alcoolisme
peu marqué : cependant, cauchemars la nuit, crampes dans
les jambes. Pas de traumatismes céphaliques. Caractère
nerveux; se met en colère facilement, mais sa colère ne dure
pas; point de migraines. [Père mort on ne sait de quoi. -
Mère morte à 63 ans, de la rupture d'un anévrysme ( ? ).-N'a
pas connu ses grands parents paternels ni maternels.
Pas d'oncles ou tantes paternels ou maternels. - Une soeur,
a"'éo de 40 ans, non mariée officiellement; elle aurait eu des
convulsions dans l'enfance; elle est myope : elle a un garçon
de 19 ans, qui a eu des convulsions dans l'enfance, ainsi
qu'un torticolis, et qui tousse un peu ; elle a perdu un enfant de
diarrhée infantile; il n'aurait pas eu de convulsions. Un
frère, 42 ans, non marié officiellement ; il a deux filles ; la
plus jeune a eu des convulsions étant petite ; elles se portent
bien, sont intelligentes; il a perdu un garçon de la coquelu-
che. Dans le reste de la famille de la mère, on ne connaît
aucune tare : pas d'aliénés, pas d'épileptiqucs, pas de crimi-
nels, pas de tuberculeux, etc., etc.] ] .
Pas de consanguinité; le père est de 11 ans plus âgé que
la mère de notre malade.
Onze enfants : 1° garçon, mort de méningite à 13 mois,
sans convulsions : - 2° garçon mort de coqueluche à 21
mois;-3° fille, 24 ans, bien portante, intelligente; -4° gar-
çon, 21 ans, soldat, pas de convulsions; 5° garçon, 19 ans,
pas de maladie nerveuse, intelligent; 6° fille, 15 ans, bien
portante; - 7° fille, notre malade, 14 ans; - 8" garçon. 12
ans, pas de convulsions, intelligent; - 9° fille, 9 ans, 90°
fille, 7 ans, 11° fille, 5 ans, bien portantes. - Pas de fausses-
couches.
Notre malade. Au moment de la conception, rien de
particulier à signaler. Grossesse, pas de coups, de peurs,
d'envies, pas d'intoxication par l'alcool ou l'opium, etc. La
mère prenait 5 verres de café par jour. Pas d'idées noires.
Accouchement à terme, normal, par le sommet, en une demi-
heure ; beaucoup d'eau s'échappe après la rupture des mem-
branes; pas de circulaires du cordon. - A la naissance pas
d'asphyxie. Nourrie au sein par sa mère. Sevrée à 21 mois.
Première dent à 14 mois. Impossible de savoir à quel âge la
dentition, fut complète. D ? commence à dire quelques mots
à 14 mois, parle tout à fait bien à 2 ans, sans défauts de pro-
nonciation. A marché à 18 mois, normalement, sans qu'il y
ait un côté plus faible. Propre à 3 ans. Va à l'école à Lige
de 6 ans, jusqu'en décembre 1897; elle apprend assez bien.
4 CLINIQUE NERVEUSE.
La malade n'a jamais fait de maladie grave; clic n'a pas eu
de convulsions. Elle a eu de la blépharite ciliaire, des
adénites cervicales non suppurées et de l'impétigo du cuir
chevelu. Elle a toujours été chétive et difficile il élever. Elle
était d'un caractère méchant, et se mettait facilement en
colère. Elle était habituellement triste, ne voulait jouer auec
personne, restait assise « a penser je ne sais à quoi, » dit la
mère. Elle courait après les animaux et prenait plaisir iL les
battre. Elle n'était ni voleuse, ni gourmande. Elle ne présen-
tait pas de pyromanic, pas d'onanisme; elle n'a jamais eu de
fugues, mais était turbulente.
Les fonctions digestives étaient iL peu près naturelles : clic
mangeait seule, proprement, bavait de temps en temps cepen-
dant : elle ne ruminait pas, n'ingérait pas de corps étrangers ;
elle était fréquemment constipée, restant parfois 4 ou 5 jours
sans aller à la selle ; elle n'a jamais rendu de vers intestinaux.
Signalons encore le strabisme interne de l'oeil gauche
qu'elle présentait depuis sa naissance, d'après la mère. Mal-
gré cela, elle voyait aussi bien que les autres enfants. L'au-
dition était normale. Le sommeil était entrecoupé de cauche-
mars, de sauts dans le lit. Elle a bonne mémoire, raisonne et
parle bien, elle sait lire et écrire. Les sentiments affectifs sont
assez développés.
Au dire de la mère, l'enfant ressemble il son père au point
de vue du caractère, à sa mère au point vue physique. Telle
était la malade jusqu'à l'âge de 12 ans.
C'est vers la fin de l'année 1897 que l'histoire pathologique
de la malade se caractérise. Certains symptômes se précisent,
d'autres apparaissent. L'enfant trébuche fréquemment, tombe
facilement, ses jambes fléchissent, elle marche mas, aussi
bien le jour que la nuit. En même temps, elle éprouve des
étourdissements. Le sommeil devient irrégulier; elle se
réveille facilement en poussant rlrs cris, elle se lève. saute
de son lit. La mère va consulter à ce moment il la Polyclini-
que Rothschild. Au mois de février 1898, la fillette éprouve
des envies fréquentes de vomir, et des douleurs dans le cou.
Elle est soignée pendant 8 jours il l'hôpital Trousseau où on
aurait porté le diagnostic « torticolis. »
Quinze jours après sa sortie de l'hôpital, c'est-à-dire en
mars 1808, la marche devient encore plus difficile, la parole
un peu embarrassée ; en trois jours s'établit une cécité de l'oeil
droit, en même temps qu'apparaît une céphalée très intense,
vomissements alimentaires et bilieux, revenant : 1 ou 4 fois
par semaine, aussitôt après le repas. C'est dans ces conditions
que la fillette entre a l'hôpital St-lntoine, le 18 avril 1898,
dans le service de M. le Dr Brissaud qui a bien voulu nous
CUANJECTOMIE. 5
transmettre les notes prises sur cette malade pendant son
séjour dans son service, ainsi que la courbe de la tempéra-
ture. (Voir aux réflexions).
Examen le 18 avril 1898 par M. le Dr Brissaud : On trouve cette
malade abattue, la tête cachée dans les couvertures, cons-
tammentsomnotente; son front se plisse lorsqu'on l'inter-
roge ; elle répond aux questions posées, mais la parole est
lente, difficile, et elle fait des efforts pour articuler ; l'intelli-
gence est normale. La malade se plaint de maux de tête et de
douleurs dans les membres inférieurs. La moitié gauche de
la face est moins mobile que la -moitié droite; le pli na-
solabial est moins marqué iL gauche. Pas de troubles
de la sensibilité cutanée. Pouls régulier, à 80. Température
normale. Le réflexe rolulien est un peu exagéré à droite. Pas
de clonus du pied. Urines normales. L'appétit est très
diminué. Il existe un peu de constipation. Facics strumeux,
lèvres épaisses et proéminentes. La racine du nez est large et
aplatie.
Examen DES yeux par M. LE Dr PÉCHix : Vision : oeil droit-
simple perception lumineuse ; la malade distingue le .our de
la nuit; oeil gauche : diminution de l'acuité visuelle.
N = 1/0 à 1 mètre.
3folilité. 0. D. moteur oculaire externe paralysé; mot.
ocul. co., parésié ; - pathétique intact ; - réflexes lumineux,
et à l'accommodation abolis; pupille dilatée; - nystag-
mus. 0. G. le droit supér. est parésié. Réflexes à la
lumière et à l'accommodation abolis; pupille dilatée;
fond de l'oeil, stase papillaire bilatérale.
2G avril. La malade a eu des vomissements à type
cérébral, qui sont survenus sans efforts, au moment où elle
voulait se retourner dans son lit. La céphalalgie a beaucoup
diminué. La constipation a cédé à l'administration du calo-
mel.
ter mai. - La faiblesse de la jambe droite augmente lors-
que l'on fait marcher la malade, sa jambe droite se dérobe
sous elle; elle tomberait iL droite si on ne la soutenait ; réflexe
rotulien exagéré de ce côté. Pas d'irrégularité du pouls.
8 mai. - Depuis 2 jours diarrhée; elle a eu un vomisse-
ment.
10 mari. : Douleurs sourdes dans la région occipitale
gauche ; l'état des yeux n'est pas modifié ; toujours stase
papillaire bilatérale.
20 mai. La malade est passée en chirurgie dans le ser-
6 CLINIQUE NERVEUSE.
vice de M. le Dr MONOD, où on décide de l'opérer. a Elle a
été opérée, nous dit .Il. le 1) Monod dans une lettre, sans
diagnostic précis, et pour essayer d'obtenir une décompres-
sion cérébrale. L'excès de pression intraC1'dnienne semblait
indiquée par la stase papillaire bilatérale et par la céphalée
intense. »
24 mai, - Opération. Voici la note dont nous a fait part
M. le Dr Monod : « Craniectomie à droite ; brèche de 6 à 7
centimètres sur 4 à 5 cent. Pas d'incision de la dure-mère
dont l'ouverture est remise, s'il y a lieu à plus tard, sur la
demande du Dr Brissaud, qui avait conseillé l'intervention et
qui y assistait. Aucune suite locale fâcheuse, guérison de la
plaie par première intention. On ne croit pas devoir ultérieu-
rement rouvrir cette dernière pour inciser la dure-mère,
l'impression de M. Monod étant qu'il s'agissait là probable-
ment de lésions tuberculeuses. Le seul bénéfice tiré de l'in-
tervention a été une très notable diminution de la céphalée
mais la pa)'{ll ! Jsie faciale gauche et la parait/sic du membre
inférieur droit persistent. u
La mère et la tante de la malade sont également d'avis que
l'opération n'a amené aucune amélioration. «Elle était tou-
jours la même, disent-elles. »
Août. La petite malade rentre en médecine dans le
service du Dr Brissaud où elle reste jusqu'en novembre de la
même année.
4 nocembre. - Examen des yeux par le Dr Péchin : 0. G.
perception lumineuse, atrophie blanche. 0. D. pas de percep-
tion lumineuse. Atrophie blanche. Des deux côtés, les
vaisseaux sont rétrécis.
Il y a depuis plusieurs jours liydarthrose du genou droit,
peu douloureuse, on admet l'hypothèse d'une arthropathie
tuberculeuse, on élimine celle d'arthropathie nerveuse.
16 novembre. - L'enfant, dans le même état, est rendue it
sa famille.
1899. 17 juillet. Entre dans notre service, à la Fondation
Vallée, avec un certificat de la préfecture de police, signé
du Dr Legras, et comportant : « est atteinte d'imbécillité,
myopie, paraplégie, malpropreté. Père alcoolique, opéra-
tion très récente sur le crâne, dans le but d'améliorer la
vue » et un certificat de l'Asile clinique, du Dr Dagonet,
comportant : « est atteinte de débilité mentale, cécité, parésie
des membres inférieurs, gâtisme, abolition des réflexes
rotuliens. »
État actuel pris à l'entrée à la Fondation Vallée. L'enfant est
pâle, plutôt grasse. La physionomie est sans expression ;
ÉTAT DE LA MALADE A 14 ANS. 7
l'enfant voyant à peine. Cheveux blonds, bien implantés.
Petit ganglion sous-maxillaire à gauche. Petits ganglions de
la chaîne carotidienne à droite et à gauche.
Tète. Le crâne est asymétrique, à cause de la crâniec-
tomie (enfoncement de la région pariétale droite). Brachycé-
phalie. Fontanelles fermées, front haut présentant une petite
cicatrice à 4 cent. au-dessus de la tête du sourcil droit. La
cicatrice qui résulte de la trépanation ala forme d'une ligne
parabolique, aboutissant en avant, àl'angle supéro-externe du
frontal droit, répondant en arrière à une verticale rasant le
bord postérieur de la mastoïde, à 8 cm., au-dessus du bord
supérieur du pavillon. La corde de cette parabole mesure
il cm., sa flèche G cm., la longueur de l'axe 1G cm. Dans
l'espace circonscrit par cette ligne la paroi crânienne est
déprimée. A la pression, le doigt enfonce très légèrement,
mais ne tarde pas à percevoir une sensation de résistance
dure, qui diffère cependant de la sensation de résistance que
donne le tissu osseux.
Visage ovale, joues légèrement pendantes. Les arcades
sourcilières sont nettement dessinées, recouvertes de sour-
cils blonds assez abondants, ne se rejoignant pas à la racine
du nez. Cils plus foncés que les sourcils; pas de blépharite.
Orbites normales. (Les yeux n'ont pas été examinés en -
détail). Nez droit camus, assez volumineux. Odorat troublé ; -,
ne reconnait pas les odeurs, ne distingue même pas les bon-
nes odeurs des mauvaises, ainsi elle trouve que la solution
d'assa foetida sent le vinaigre.
Pommettes normales; bouche un peu entr'ouverte; lèvres
épaisses. légèrement éversées en dehors : lalèvre inférieure est
plus épaisse. Palais en ogive. Langue normale ; pas de végéta-
tions adénoïdes ; amygdales normales. Mastication et déglu-
tition régulières. Menton avec une petite fossette sur la ligne
médiane. Pas de prognathisme. Oreille externe : pavillon
aminci à la partie supérieure, non ourlé; ouïe affaiblie. Grin-
cements de dents.
Cou : circonférence, 2S cm. Corps thyroïde perceptible.
Membres supérieurs : attitude, sensibilité et motricité
normales. Pas d'onychophagie.
Membres inférieurs : la malade ne peut demeurer plus de
quelques secondes dans la station debout; dès qu'on l'aban-
donne, elle tombe. Si, dans la station verticale, elle estsoute-
nue sous les aisselles, elle marche, mais cette marche est
incertaine, vacillantte ; l'enfant avance, les genoux fléchis
légèrement, elle semble courir après son centre de gravité
et pose le talon d'abord sur le sol. Etant assise, elle exécute
8 CLINIQUE NERVEUSE.
assez bien avec ses jambes les mouvements commandés. Elle
n'éprouve pas de douleurs dans les membres inférieurs,
Réflexe rotulien plus fort à droite. Pas de réflexe cutané
plantaire. - La sensibilité est conservée dans tous ses modes.
Pas de malformations pathologiques ou congénitales.
. Thorax régulièrement conformé. Rien de caractéristique à
l'examen des poumons, ni iL l'examen du coeur.
Ventre légèrement proéminent, paroi grasse, épaisse, mais
souple. L'examen de l'abdomen ne révèle rien de particulier.
L'intelligence est peu éveillée. L'enfant parle assez bien.
1899. - Puberté. Aisselles, thorax, ventre, fesses, pénil,
glabres. Grandes lèvres assez épaisses. Les petites lèvres
ne dépassent pas les grandes lèvres. Clitoris, normal.
- Hymen annulaire. - Seins, diamètre transversal 13 cent.,
vertical 11 cent.. Aréole rose.
. 1er août. L'enfant est tombée hier, étant assise, la face
contre terre, on ne sait pourquoi. Elle a crié après, s'est
débattue, remuait bien les bras et les jambes ; a la suite,
écoulement de sang par la bouche et par le nez. L'enfant,
examinée ce matin, présente du gonflement du nez et des
paupières, l'empêchant d'ouvrir les yeux; la pression est
douloureuse au niveau du nez, non au niveau de l'orbite.
Pas d'écoulement par les oreilles. L'écoulement de sang par
le nez ayant été abondant, on pense à une. fracture des os du
nez, que la palpation ne révèle pas cependant. Pas de paralysie
des membres inférieurs ni supérieurs.
17 août. - Ecchymose des paupières; gonflement de la face
moins marqué. Cette ecchymose envahit les régions où il n'y
a pas eu contact avec le sol, ce qui fait toujours penser à
une fracture qui siégerait à la racine du nez, et que la palpa-
tion pourtant ne révèle pas. La rhinoscopie n'est pas
pratiquée, n'ayant pas ce qu'il faut. On prescrit des applica-
tions de compresses humides sur le visage. L'enfant a bien
dormi hier, elle boit bien son lait. m
20 août. - Même état. L'ecchymose est un peu plus étendue
au niveau des paupières; l'oedème n'est pas plus considérable.
21 août. L'enfant, qui était très abattue cette nuit et
causait peu, est morte à 11 heures du matin, sans spasme,
sans crises, avec une température rectale de 3 il,5.
. Température après décès.
1/f d'heure après la mort ? 37°
1/2 heure après la mort 30" si
1 heure après la mort 3> S
2 heures après la mort o. 33°
8 heures après la mort 22.
, , Température de la salle ?
MÉNINGITE CHRONIQUE. 9
Autopsie faite le 22 août à 3 heures de l'après-midi, soit 27
heures après décès.
TnïH. Crâne : il a une forme ovoïde à peu près tout à fait
régulière, il est très mince. Au niveau de la partie antérieure
du pariétal droit, empiétant d'un centimètre sur le frontal, à
un centimètre ou deux de la suture fronto-pariétale, existe
la brèche de la cI'3nieclomie. obturée par une membrane, qui
se confond d'une part avec le péricrâno et adhère, d'autre
part, intimement à la dure-mère. Les os du crâne au pourtour
de la membrane sont épaissis et forment comme une sorte
de bourrelet (1). La membrane, qui ferme maintenant la
brèche, a été déchirée à son centre quand on a enlevé la
dure-mère. Cette membrane est très mince jusqu'à 5 ou G "/»
du pourtour osseux où la transformation en os la rend un
peu plus épaisse. (Fig. 1.)
La perte de substance osseuse a une forme ovalaire et
environ 5 cent, de longueur sur 3 cent. de largeur. Les
sutures sont fines et sans aucune trace de synostose. Les
différentes fosses de la base du crâne sont symétriques. La
glande pituitairc parait normale. Les différentes parties delà
base de l'encéphale, nerfs, artères, etc., sont symétriques. La
glande pinéale n'offrc rien de particulier.
C'crweaza. - Il présente des lésions de méningite chroni-
que. A la base du cerveau, on observe une Í11 {ilt1'ation puru-
lenle, blanchâtre, résultant de l'épaississement de la pie-mère
qui prédomine au niveau du chiasma optique, englobant les
bandelettes optiques, le chiasma, les nerfs optiques, les nerfs
olfactifs, ceux-ci et ceux-là sont comprimés et manifestement
atrophiés, surtout les neifs optiques. Les vaisseaux également
sont compris dans cette sorte de fausse membrane, qui s'étend
en arrière sur le cervelet et les pédoncules cérébraux,
qui rayonne encore vers les vallées de Sylvius, etla convexité
du cerveau. {Fig. 2.)
Sur la face convexe des hémisphères, en effet, la pie-mère
est aussi épaissie, d'aspect blanchâtre laiteux ; elle adhère à
l'écorce cérébrale qu'elle entraîne quand on veut l'enlever. Ces
lésions de méningo-encéphalite sont surtout marquées dans
les régions rolandique et sylvienne. Il n'y a pas d'hydrocé-
phalie.
Hémisphère droit (600 gr.). Les scissures deRolando et de
Sylvius sont bien visibles, quoique comblées par l'exsudat.
Le lobe frontal est très développé. La circonvolution de Broca
(1) Dans certains cas le bourrelet qui existe autour de la brèche
est bien plus saillant,
10 CLINIQUE NERVEUSE.
ne se continue pas avec la frontale ascendante qui est bien
visible. Les circonvolutions du lobe temporal ne sont dis-
tinctes qu'en avant. Le lobe occipital est petit.
Hémisphère gauche (.')50 s't'.). La scissure de Sylvius est
1%ir. 1G.- Crâne de 1>an ? (Réduction en largeur de It cent. à
85 mm., en longueur de 16 cent, à 10 c ? 5.)
courte. Les circonvolutions frontales sont peu distinctes,
la circonvolution de Broca peu plissée.- Il n'existe pas de
pli de jonction entre la partie inférieure des circonvolutions
frontale et pariétale ascendantes qui sont irrégulières. La 4 ?
: 11ÉNINGO-HNC)JI'HALITIs. 11
circonvolution temporale est petite. C'est surtout sur cet
hémisphère ga uche que prédominent les lésions de ménin gite
et même sur sa face interne.
Fig. 2. - Base du cerveau de Dan ? (Réduction en largeur de
17 cent. à 11; en longueur de 13 cent. 5 à 9). Cette figure montre
nettement les lésions décrites.
Ceruelel.- Surface congestionnée, recouverte d'une pic-
mère, ayant l'aspect d'une fausse membrane vitreuse.
Les coupes pratiquées sur les hémisphères cèrébr3.ux et
cérébelleux n'ont fait découvrir aucune tumeur.
12 CLINIQUE NERVEUSE.
Cou et Titoi@ax. - Persistance du thymus qui forme une
lame mince, très nette. Corps thyroïde normal. Ccic1' : coeur
droit un peu dilaté ; les parois du ventricule gauche sont min-
ces. Pas de persistance du trou de Dotal, pas de lésions val-
vulaires. Plèvres : adhérences récentes de toute la plèvre
gauche. Adhérences assez nombreuses de la plèvre droite,
mais plus anciennes. Poumon gauche : congestion intense de
ce poumon ; on constate dans les lobcs d'assez nombreux
tubercules ayant tous subi une évolution sclé"euse ou C1'l;-
tacée. Poumon droit : congestion très intense du lobe supé-
rieur qui est volumineux. Le lobe moyen est moins conges-
tionné, tandis que le lobe inférieur est encore le siège d'une
congestion intense. Ce poumon ne présente pas de turbercu-
les.- Les ganglions du médiastin sont un peu tuméfiés.
Abdomen. Foie assez volumineux; léger degré de depé-
nérescence graisseuse. Pas de calculs dans la vésicule biliaire.
Rate diffluente. Pancréas, capsules surrénales, reins, aucune
lésion apparente. Estomac, intestins, rien de particulier.
Colon très dilaté. Cæcum, appendice, normaux. Péritoine
sain. Vessie rien de particulier. Organes génitaux parfai-
tement développés. - Les ovaires, de la grosseur d'une
amande, sont comme ceux d'une femme pubère ; il en est de
même de l'utérus.
Causes de la mort : Congestion pulmonaire, méninge.
encéphalite chronique de la base.
MÉNINGITE CHRONIQUE ; CRANIECTOMIE. 13
la mère ; convulsions de l'enfance chez une tante
maternelle qui est myope, et chez son fils, qui a un
torticolis; convulsions chez un autre cousin;
méningite mortelle chez un frère, voilà pour l'héré-
dité (1).
II. A l'époque de la conception, le père était alcoo-
lique depuis longtemps, mais elle n'aurait pas eu lieu
en état d'ébriété. Durant la grossesse, la mère
prenait une quantité exagérée de café. - Le strabisme
à la naissance, aflirme-t-on, la propreté tardive (2),
le caractère triste, irritable, semblent indiquer un
état congénital. Jamais de convulsions. Ecolage
convenable. En somme, l'enfant, jusqu'à 12 ans,
aurait été peu près normale.
III. La maladie aurait débuté à 12 ans : marche
trébuchante, étourdissements, sommeil mauvais,
réveils avec cris, envies de vomir, constipation pro-
noncée, douleurs dans le cou, autant d'accidents qui
pouvaient faire craindre une méningite.
A 13 ans, marche de plus en plus difficile, embarras
de la parole, cécité de l'oeil droit en trois jours (' ? ),
parésie faciale gauche ( ? ), céphalées intenses, vomis-
sements alimentaires et bilieux, parésie de la jambe
droite et réflexe rotulien exagéré de ce côté ; enfin
cécité à gauche et douleurs dans le cou.
IV. Telle était la situation de Dan ? quand elle est
entrée à l'hôpital St-Antoine, dans le service de notre
ami le professeur Brissaud. Un mois après, bien qu'il
y ait eu hésitation sur le diagnostic et en vue de
décomprimer le cerveau, M. Moxoo a pratiqué (20
mai 1898) la craniectomie sur le côté droit..(Fi ?
1.) Cette opération n'a déterminé qu'une très médio-
cre atténuation des symptômes. En novembre, l'enfant
(1) Il n'y aurait jamais eu de tuberculeux dans les Ceux familles.
(2) Nous mentionnons toujours 1'.i,c de propreté bien qu'il n'ait
qu'une importance secondaire parce qu'il peut être retardé par
l'insouciance des parents.
14 CLINIQUE NERVEUSE.
sort de l'hôpital pour entrer quelques mois plus tard
dans notre service à la Fondation Vallée (juillet 1899).
V. L'état de la malade restait alors le même. Le
111 aoÛ(, étant assise, elle tomba la face contre terre,
se faisant une forte contusion avec épis taxis abondante,
sans qu'on ait pu constater de fracture (1) et le 21 août
elle succomba.
VI. La température été prise dans le service de
M. Ch. Monos, le 24 mai, jour de l'opération : elle
était de 38°, 2, puis, delà jusqu'au 30 mai, elle a baissé
progressivement (36°, 8). Du 31 mai au 5 juin, elle est
remontée peu à peu (39°, 3), pour osciller ensuite du
6 au 14 juin entre 37°, 3 et 38°, 6. Enfin, du 15 juin au
12 juillet elle s'est maintenue entre 37° et 3 7°,G. Une
seule fois, elle atteignit 37°, 8.
Durant les cinq premiers jours de son entrée elle a
été de :
MÉNING0-ENCÉPHAL1TE CHRONIQUE. 15
Cette dernière au moment de la mort.
Tous ces chiffres montrent que, d'une façon géné-
rale, la température ne serait pas élevée dans la
méningite chronique. -Le poids l'entrée était de
3' hilor., à la mort de 33 k. 100.
VII. Les détails dans lesquels nous sommes entrés
dans la relation de l'autopsie, en particulier sur le
crâne et sur le cerveau, nous dispensent d'insister de
nouveau. La fig. 2 met bien en évidence, la prédo-
minance des lésions dans la région du chiasma, des
nerfs optiques et olfactifs. Rappelons que l'hémis-
phère cérébral gauche pesait 50 gr. de moins que le
droit, différence que l'on peut attribuer à la prédomi-
nance des lésions de ce côté et partant à une compres-
sion et une atrophie plus intenses de cet hémisphère.
Observation Il.
Somr.unE.- Père, a quitté sa femme depuis 12 ans; carac-
tèr2 très emporté. - Deux tantes paternelles myopes.
Mère migraines. G1'and'1Íure maternelle, morte d'une
tumeur abdominale. - Pas de consanguinité. - Inégalitè
d'âge de ans. (Père plus âgé.)
Misère au moment de la conception et de la grossesse. -A
la naissance, enfant chétif, asphyxié. - Première dent à
10 mois. Dentition complète à 2 ans. Propreté et mar-
che à 10 mois. Parole a 15 mois. - Convulsions de 7
à15 mois, intéressant surtout les yeux. - Affaiblissement t
progressif de la rue. - Cécité au bout de 2 ans. - Trem-
blement des mains iL partir de l'âge de 15 ans. - Tumeur
blanche du f/enougauctte. ? atbt ! ssc)nent des membres
inférieurs à l'âge de 15 ans, puis du b1 as clroit. -Rougeole,
racliitisnie. Cachexie; escarres. - Mort de tuberculose.
Autopsie. ? ën : ntte; rubercutcs mt'ares du poumon.
Spuisme ? (Marcel), né à Paris en ISS9, entré à Bicè1rc,
le In mars 1905, y est décédé le 30 mars.
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par sa
mère.) Plue, Il.-) ans, marchand ambulant; ne à Varsovie :
israélite. Se marie à Paris. Excès vénériens; était coureur;
ne «'accordait pas avec sa femme; l'a quittée il y a 12 aus
16 CLINIQUE NERVEUSE.
et, depuis, on ne sait ce qu'il est devenu, s'il est mort ou
vivant; pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde, nul indice
de maladies vénériennes. Ne buvait pas. N'était pas tubercu-
leux. [Son père est mort de vieillesse. - Sa mère est bien por-
tante. Sur ses grands-parents, pas de renseignements.
Une tante paternelle est morte aveugle; sa cécité ne datait
pas de l'enfancc. Cinq soeurs toutes très myopes; l'une
particulièrement voyait à peine ; on ne sait si elles ont eu
des enfants. Dans le reste de la famille on ne connaît rien
de particulier.]
Mère, 42 ans, née en Russie, est à Paris depuis l'âge de 8
ans; mariée à 18 ans. Marchande de fleurs. Réglée il l'âge de
12 ans. Fièvre typhoïde à 12 ans, bénigne, pas de délire, ni de
perte de la mémoire à la suite. Pas de convulsions dans
l'enfance, pas de chorée, pas de rhumatismes, pas de syphilis,
pas d'alcoolisme. Caractère plutôt calme. Elle a souvent la
migraine depuis l'âge de 30 ans; les migraines reviennent
au moment des règles, tantôt avant, tantôt après, accompa-
gnées de douleurs à la tempe gauche ou à l'occiput; pendant
ses migraines, elle a parfois un petit point noir devant les
yeux, pas de nausée. Elle assure que durant ses grossesses
pendant lesquelles les règles cessaient, elle n'avait plus ses
douleurs de tête, ni pendant l'allaitement; elles reparais-
saient au retour des règles. Cette suspension semblerait
indiquer le caractère migraineux de ces accidents.
Son père a 73 ans, bien portant. Sa mère est morte il 70
ans d'une tumeur dans le ventre.-Grands parents maternels
morts âgés également. Oncles et tantes nombreux et bien
portants, ils habitent la Pologne; on ne sait si leurs enfants
sont atteints d'affections nerveuses. 4 soetti,,q : 1 45 ans,
7 enfants vivants et en bonne santé, aucun n'a eu de convul-
sions ; pas de morts; 2e a 3 enfants vivants, pas de convul-
sions, un autre est mort de diarrhée infantile;- 3 a 2 enfants
bien portants; 4c n'a pas d'enfants.
La mère du malade est la deuxième des enfants. - Dans
le reste de sa famille, nous n'avons rien à signaler, en parti-
culier pas d'aliénés, pas d'épileptiques, pas de difformes, pas
de tuberculeux. II n'y a pas eu non plus de méningite.
Pas de consanguinité. In égalité d'âge de 3 ans. (Père pi us âgé).
Deux enfants (pas de fausse couche) : 1° notre malade ;
2° un garçon âgé de 12 ans, né à terme, n'a pas de convulsions,
expression intelligente.
Notre malade. Conception : misère, discussions entre le
père et la mère. Grossesse, beaucoup de misère à cause du
mari, la mère n'avait pas toujours de quoi manger; elle a eu
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS. 17
des frayeuts plusieurs fois ; pas d'envie, elle était ennuyée
de se voir enceinte, à cause du caractère de son mari, pas de
tentative d'avortement, pas de maladie infectieuse, ni d'into-
xication dans le cours de la grossesse, pas d'albuminurie. Elle
a senti remuera 5 mois, mais, dit-elle, les mouvements étaient
moins forts qu'a ma seconde grossesse. Accouchement il
terme, normal, par le sommet, en 3 heures. A la naissance.
l'enfant était chétif, violacé, et la cyanose persista pendant 3
ou 4 jours. Premier cri accompagné de stridor. Allaitement
mixte, en partie par le lait de la mère, en partie par le lait de
vache, sevré à 11 mois. Pendant 3 mois, il aurait eu des accès
de cris plaintifs. Première dent à 10 mois, a souffert beau-
coup à ce moment, mais n'a pas eu de convulsions; dentition
complète à 2 ans. Propre à 10 mois. Parole à 15 mois. Vers
l'âge de 2 ans, c'était un très bel enfant, dit la mère.
De rage de 7 mois à l'âge de 15 mois, l'enfant eut des mou-
vements convulsifs des globes oculaires, par accès « ses
yeux dansaient ». Il s'agit probablement de nystagmus, et
non de convulsions, comme le dit la mère. Ces accès reve-
naient 2 à 3 fois par jour; les globes oculaires se portaient en
haut, laissant à découvert la sclérotique.
Il était d'un caractère plutôt gai. Il n'avait pas de mauvais
instincts, n'était ni voleur, ni gourmand; pas de pyromanic,
pas de salacité, pas d'onanisme. Il mangeait proprement, les
fonctions digestives se faisaient normalement, ainsi que les
fonctions respiratoires et circulatoires. Il n'a pas eu d'affec-
tion de ces appareils. Les sens de l'ouïe, de l'odorat et du
goût étaient normaux, ainsi que celui de la vue jusqu'à l'âge
de 11 ans. Ses sentiments affectifs étaient développés. Au
point de vue intellectuel, c'était un enfant normal jusqu'à
l'âge de 14 ans. Ilest allé à l'école de G à 10 ans, était intel-
ligent, avait appris à lire, à écrire, à compter. Le sommeil
était normal, sans cauchemars, en somme, il était semblable,
intellectuellement, aux enfants normaux de son âge.
Il n'eut comme maladie infectieuse que la rougeole à l'âge
de 3 ans : il était nettement rachitique dans l'enfance; il
n'existe plus de traces du rachitisme antérieur. Pas d'acci-
dents scrofuleux, pas de traumatisme céphalique. L'enfant
ressemble plutôt à sa mère physiquement.
A l'âge de six ans,il commence à traîner la jambe gauche,
puis une tumeur blanche du genou gauche apparaît. 11 est soigné
2 ans à Paris. Le membre inférieur droit et les membres supé-
rieurs étaient normaux. A l'âge de 11 ans, il a été envoyé àBerh-
où il resta pendant 2 ans ( ? ) à l'hôpital Rothschild :
c'est au moment de son entrée 1 Berck que la vue commence
à baisser (12 ans) et il devient complètement aveugle en
Archives, 2" série, 1906, I. XXI. 2
18 CLINIQUE NERVEUSE.
l'espace de deux ans, pendant son séjour à Berck. Au moment
où la vue s'affaiblissait, il aurait eu de la fièvre et du délire
mais pas de vomissements, pas de grincements de dents. Il
n'a jamais ou de fistules au genou gauche.
A l'âge de 15 ans, c'est-à-dire en 190'f, la jambe droite
s'affaiblit, ellc plie sous le poids du corps de l'enfant ; ou
même temps, le bras droit s'affaiblit aussi, et devient de
plus en plus maladroit, jusqu'à l'impotence. On assiste alors
à une déchéance complète de toutes les fonctions. Il ne peut
manger tout seul et devient gâteux. Il est triste ; les senti-
ments affectifs disparaissent, il reconnaît iL peine ses parents;
l'intelligence baisse progressivement, il pleure sans cesse ;
le sommeil est entrecoupé de cauchemars ; la parole devient
nasonnée, et impossible au début de 1905.
Du côté droit, c'est-à-dire du côté paralysé, apparaît du
tremblement continuel; puis les jambes et les bras des deux
côtés sont animés par intervalles de secousses convulsives
sans prédominance du côté paralysé.
En février 1905, les membres deviennent de plus en plus
rigides. En mars 1905, il est admis à l'hôpital Lariboisiùrc,
dans le service de M. le Dr Landiueux.
Le 14 mars 1905, il entre dans notre service à Bicêtre, avec
un certificat de M. le Dr Landrieuxcomportant : « est atteint
d'idiotie avec cécité et crises convulsives depuis de longues
années», et un certificat de M. le Dr lllagmn, de l'Asile clinique
Sainte-Anne), mentionnant : « est atteint d'idiotie avec para-
lysie et contracture, atrophie papillaire ».
DESCRIPTION DU MALADE. 19
Face. Visage très allongé, arcades sourcilières peu saillan-
tes ; sourcils noirs, épais, se rejoignant sur la ligne médiane; cils
longs, noirs; orbites profondes. Yeux enfoncés, mobiles dans
tous les sens; pas de strabisme; pas de paralysies muscu-
laires ; nystagmus à peu près constant. Iris très gris. Pupilles
dilatées, inégales, la droite plus grande quela gauche. Réac-
tion à l'accommodation impossible à rechercher. Les pupilles
sont insensibles à la lumière, mais une lumière approchée
fait fermer les yeux. Cécité complète. - Nez long, droit,
lobule épais. Odorat impossible à explorer. Pommettes très
saillantes; joues creuses. Bouche constamment ouverte. Lèvre
supérieure recouverte d'un léger duvet, assez épaisse; lèvre
inférieure glabre, plus mince. - Langue très sale,trémulante.
Palais normal. Dentition : quelques caries dentaires;
nanisme des incisives, articulation mal établie; gingivite
tartrique ; maxillaires suffisamment développés. Menton
carré, très saillant par rapport au maxillaire supérieur.
Oreilles longues, collées au crâne; hélix et anthélix assez sail-
lants, tragus petit, laissant largement à découvert le conduit
auditif externe; antitragus peu saillant, conque profonde,
étroite. Lobule épais et adhérent. Petit tubercule de Darwin.
Audition normale, paraissant égale des deux côtés. Cou :
circonférence 27 cent.. Il est très mince et d'une longueur
exagérée. Le cartilage thyroïde fait une saillie très appré-
ciable. Corps thyroïde normal.
Membres supérieurs animés d'un tremblement intermit-
tent, plus marqué, semble-t-il, à gauche. Les membres supé-
rieurs, comme les inférieurs, sont très amaigris et remar-
quables par leur longueur; rallongement porte sur tous les
segments, bras, avant-bras, mains, doigts. Il y a un léger
degré de contracture plus marqué à droite, mais on arrive
facilement à la vaincre. Les mouvements des jointures sont
limités; on ne peut arriver à mettre l'avant-bras en exten-
sion complète sur le bras, bien que la flexion soit normale.
Masses musculaires atrophiées partout; réflexes normaux.
Pas d'onychophagie.
Membres inférieurs. Marche impossible; l'enfant debout
appuie seulement la pointe du pied sur le sol ; ne fait aucun
effort pour se tenir debout, et tomberait si on ne le mainte-
nait pas. Lorsqu'il est couché, ses membres inférieurs sont
fléchis dans tous les segments, la jambe sur la cuisse, la
cuisse sur le bassin. Le membre droit est plus fléchi que
le gaucho. Les mouvements spontanés sont possibles, mais
lents. Réflexes aclrillccns et rotuliens faibles à gauche, abo-
lis à droite. Pas de signe de Babinski : l'enfant cric quand on
20 CLINIQUE NERVEUSE.
excite la plante du pied, mais ne fait aucun mouvement des
orteils en flexion ou en extension. Contracture plus marquée
adroite ; au genou gauche, pointes de feu cicatrisées qui témoi-
gnent de la tumeur blanche ancienne ; extension limitée. Les
mensurations des membres indiquent qu'il n'y a aucune dif-
férence entre les deux côtés du corps.
L'enfant porte des .escarres. A gauche, escarre au niveau
de l'ischion, de 3 cm. 1[2 sur 2 cm., 11", il bords-épais, décollés,
à fond creux, rouge, jaunâtre par places. De chaque côté, on
voit des plaques noirâtres qui vont se détacher à leur tour.
Du côté droit, large bande nécrotique au niveau du grand
trochanter, de 8 cm. sur 3 cm. 112. S ? présente encore une
escarre sacrée, de 7 sur 4 cm., très profonde surtout à la
partie supérieure, mais n'atteignant pas le sacrum. En bas,
elle se prolonge à droite. Le pied droit présente des troubles
trophiques, est violacé, très froid, et à peu près insensible.
Thorax très allongé, chapelet costal. En avant, de chaque
côte du sternum, il présente un méplat très marqué. Respira-
tion normale. Percussion des poumons : en avant submatité
à gauche. Auscultation : respiration rude, expiration prolon-
gée en arrière des 2 côtés. Coeur normal l' ? ).-C;olot2tu; te),-
t¿brale rigide : les apophyses épineuses sont saillantes, à cause
de l'amaigrissement des masses musculaires.
Abdomen excavé, en bateau. Foie, rate, normaux. Région
anale, poils longs et noirs.
Puberté. Poils aux aisselles et sur la face postérieure du
thorax, sur le ventre et les fesses, sur le pénil. Verge longue
de 7 cent. ; 7 cent. 1/2 de circonférence. Testicules gros
comme un oeuf de pigeon, descendus dans les bourses. Cir-
concision (Israélite).
Fonctions digestives, déglutition difficile. Fonction res-
giratoire, respiration superficielle. La sensibilité au
contact, il la température, il la douleur, parait normale.
Intelligence très affaiblie ; l'enfant prononce quelques mots
inintelligibles.
16 mars.- Maigreur squelettique. Sommeil très agité, cris
perçants et plaintifs. L'enfant se calme vers le matin et est
tranquille dans la journée. Chloral; Todd, poudre de Lucas-
Championnière.
20-23 mars. Appétit médiocre, mastication à peu près
nulle, pas de vomissements, selle quotidienne.- L'enfant
parle presque à voix basse ; fait des phrases : « moi, j'ai soif,
moi je veux du lait.» Il dit des grossièretés à quiconque s'ap-
proche de son lit : « vache, cochon, putain. » Il a constamment
les mains sous la couverture pour se livrer à l'onanisme et
MJ' NINGU-E\'CÉPH2.LITE tuberculose pulmonaire. 21
gratter ses plaies. Le chloral a calmé l'agitation.- Aucun
trouble vaso-moteur de la face, qui est d'une pâleur cadavé-
rique.
24-30 mars. S.. a la manie de porter ses doigts à ses
lèvres et de s'arracher la muqueuse. Sauf la vue, qui est nulle,
les autres sens paraissent normaux.
L'enfant s'affaiblit de plus en plus, les escarres se creusent
et s'étendent. Il meurt le 30 mars 1905.
Nous avons transcrit plus haut (p. 109) la température des
cinq premiers jours de l'admission. Comme elle était élevée,
on a continué de la prendre chaque jour. Voici sa marche : .'
22 pathologie nerveuse.
un peu plus petite que la droite. La séparation des hémis-
phères cérébelleux montre la coupe de l'arbre de vie un peu
indurée. Quatrième ventricule : rien de particulier. Les nerfs
de la base de l'encéphale sont symétriques. Les nerfs optiques
sont très atrophiés, gris, vitreux, durs; ils paraissent égaux.
Les bandelettes optiques sont encore plus atrophiées que les
nerfs. Les tubercules mamillaircs sont égaux.
Hémisphère droit. Sur la face convexe, la pie-mère est
opaque, très épaissie, blanchâtre, avec des traînées puru-
lentes; l'épaississement est général. Sur la l'ace interne, il
existe aussi de la înëTnngo-encephaHte intéressant la partie
antérieure de la première frontale et do la circonvolution du
corps calleux. Le lobule paracentral et le lobe occipital
sont indemnes sur la face interne, la meningo-e11cép/wlile
occupe surtout le lobe frontal, le pied de F3, Pa, Fa, le pli
pariétal inférieur, le pli courbe, et, par places, les trois cir-
convolutions temporales, c'est-à-dire les circonvolutions
avoisinantle sillon de Holando et la scissure de Sylvius.
Hémisphère gauche. Les lésions de la pie-mère sont les
mêmes, et sont prédominantes sur la région scusitivo-mo-
trice, gagnant la région basilaire. Le ventricule latéral
gauche est notablement plus dilaté que le droit. Pas de
granulations miliaires.
Cou et thorax. - Thymus. Se présente sous la forme de
deux lobes allongés. sur 5 cm. de long sur un centimètre et
demi de largeur. Corps thyroïde peu volumineux. Coeur.
On est frappé tout d'abord par l'augmentation de volume du
coeur gauche dont les parois sont manifestement hypertro-
phiées. Les orifices ne présentent pas de lésions. Le coeur droit
a des parois minces, tapissées par des caillots fibrineux. Pou-
mons. La plèvre du côté droit présente au sommet des adhé-
rences assez résistantes, et non du côté gauche. Le poumon
gauche est noir, congestionné au sommet; on n'y trouve pas
de noyaux tuberculeux. 11 existe de nombreux tubercules
miliaires, mais il n'y a pas de foyer de tuberculose circons-
crite, les granulations sont généralisées il tout le poumon.
Le poumon droit est moins congestionné que le gauche.
.AMomot. Le Foie présente il sa surface desmarbruroç
jaunâtres qui témoignent de la dégénérescence graisseuse. -
Capsules surrénales normales. Reins, gauche : conges-
tionné, se décortique difficilement. De nombreuses étoiles
vasculaires existent iL sa surface; droit : moins congestionné,
se décortique plus facilement.7-'anc ! 'ëas normale estomac
dilaté.- Coecum distendu par les gaz. L'appendice a 5 cent.
méningite CHRONIQUE. 23
de 101lgueUl ? Intestins. vessie normaux. Quelques ganglions
sous le mésentère.
Causes de la mort. Méningite chronique; tuberculose
pulmonaire; congestion pulmonaire terminale.
24 clinique nerveuse.
V.La sein ])le avoir débuté vers
11-12 ans : fièvre, délire passagers ; affaiblissement
de la vue qui est perdue au bout de deux ans. - A 15
ans, parésie de la jambe, puis du bras, du côté droit.
Diminution progressive des facultés intellectuel-
les, des sentiments affectifs, du sommeil agité par des
cauchemars, gâtisme.
La déchéance physique marche de pair avec la
déchéance intellectuelle. La préhension devient nulle,
du tremblement s'ajoute à l'hémiplégie du côté droit,
des secousses convulsives se montrent dans les qua-
tre membres qui, en 1905, sont pris de contractures.
C'est dans cet état que l'enfant est arrivé dans le
service, offrant une cachexie prononcée et de nom-
breuses escarres.
VI. Le tableau do la température à l'entrée, la
mort quinze jours plus tard prouvent combien nous
avions raison de demander qu'un examen minutieux
soit fait avant l'envoi des malades d'un hôpital au
bureau d'admission de l'Asile clinique, puis de l'envoi
de cet asile dans un autre établissement.
Si la température avait été prise la veille du départ
pour l'Asile clinique, on n'aurait pas transféré cet
enfant, on lui aurait épargné des souffrances inutiles
- sans compter les dépenses on l'aurait laissé
mourir tranquillement à l'hôpital.
VII. Les symptômes cliniques prédominaient il
droite, les lésions à gauche : os du crâne plus épais
de ce côté, dilatation du ventricule latéral, corres-
pondant, artère communicante postérieure plus petite,
étc. La méningo-encéphalite était plus étendue que
dans l'OiiS. I, mais, comme dans celle-ci, les lésions
avaient leur maximum à la base, au niveau et au pour-
tour du chiasma et des nerfs optiques, atrophiés et
scléreux à un degré très prononcé.
EXAMEN HISTOLOGIQUE. 25
L'un de nos anciens internes,D2. le D Crouzon, a bien
voulu faire l'examen histologique du cerveau de ces deux
malades. Voici les résultats de ses recherches.
Examens histologiques ; par le Dr Crouzon.
1 Dani.. - Il a été prélevé sur le cerveau, au niveau de
la 3c circonvolution temporale de l'hémisphère gauche et
sur la protubérance un cube de substance nerveuse non
décortiquée : la pie-mère était adhérente. L'examen par les
colorations simples sans fixation, ni durcissement au bi-
chromate de potasse, a montré dans les deux régions, et
parliculièreimnt au niveau de la région protubérantielle,
l'existence d'une méningite chronique et d'un processus 'ac-
tuel en évolution : il existait un épaississement. delà pie-mère
avec symphyse méningo-corticale et méningo-protubéran-
tielle, infiltration des cellules rondes dans lapartie profonde
de la méninge molle, cellules qui envahissent la substance
nerveuse dans sa superficie ; mais en aucun point, il n'a
été constaté de néoformations tuberculeuses. il ne s'agit donc
pas d'une méningite tuberculeuse, mais d'une méningite chroni-
que avec poussée SltbaÍgllë.
2° Spuis ? Les méninges molles ont été prélevées au ni-
veau de la 3 temporale du côté gauche. Elles n'étaient
adhérentes à la substance nerveuse que par quelques points.
L'examen pratiqué par les colorations simples a montré
l'existence d'une infiltration cellulaire chronique dans l'é-
paisseur de la pie-mère, une péri-artérite légère, un pro-
cessus fibreux dans les diverses couches de la méninge,
mais il n'y a pas, comme dans le cas étudié comparative-
vement(Dani ? ), d'infiltration abondante. Il n'y a pas de
poussée subaiguë. D'autre part, la recherche des lésions ba-
cillaires a été absolument négative. Il s'agit donc d'une mé-
ningite chronique sans tuberculose.
Les conclusions de M. Crouzon sont formelles. Nos
deux malades étaient atteintes de méningo-encéphalite
chronique simple, avec prédominance de la méningite,
bien que tous les deux présentassent des lésions tuber-
culeuses des poumons.
CLINIQUE MENTALE
Dégénérescence mentale et maladie
de Basedow ;
Par les J)" (i. DHOMAHU et J. LrwsJr.
La fréquence des troubles mentaux chez les bascdo-
wiens a frappé de longue date les neurologistes, et l'on
peut affirmer, sans trop d'exagération, qu'il n'y a pas de
goitre exophtalmique sans troubles psychiques conco-
mitants. Mais il n'est pas exceptionnel de voir les ma-
nifestations psychopathiques évoluer même pour leur
propre compte et dominer le tableau clinique chez de pa-
reils malades. Ces manifestations sont des plus variées et
ne se rattachent en vérité à aucun type clinique défini.
Ce sont des syndromes psychiques tantôt éphémères, tan-
tôt durables, qui très souvent paraissent n'être liés à l'af-
fection goitreuse que par des rapports éloignés et par
conséquent discutables. Les commentaires ,qui complè-
tent les observations étudiées par Hirschl, Mackensie,
llobertson, Joffroy, Raymond, Ballet, Devay, Sérieux,
etc.. nous présentent les faits' sous différents jours et
l'on peut y rencontrer au total deux groupes d'interpré-
tations.
Pour les uns, la folie dépend uniquement de l'affection
goitreuse ; il y a entre l'une et l'autre une relation de cause
à effet, et comme l'on s'accorde généralement il ad-
mettre que la seconde est sous la dépendance d'un trou-
ble de la fonction thyroïdienne, on fait de la première
une véritable psychose d'auto-intoxication. Pour les au-
tres, la maladie de Basedow ne peut créer de toute pièce
un état vésanidue. Les troubles mentaux qui l'accompa-
gnent sont sous la dépendance d'une névrose concomi-
tante ou d'une psychose indépendante de son évolu-
tion.
La première interprétation, pour être entièrement fon-
dée, doit admettre sans restriction le principe de la dys-
thyroïdationllans la genèse du syndrome basedowien.
DÉGÉNÉRESCENCE MENTALE ET MALADIE DE 13ASI ! DO'% ? 27
Or ce principe, en admettant qu'il soit rigoureusement
établi n'est guère applicable aux observations dans les
quelles les troubles psychiques précèdent l'affection goi-
lreuse.La seconde implique la coexistence de l'épilepsie,
de l'hystérie, de la neurasthénie ou de toute autre névrose
Or cette coexistence est loin d'être toujours vérifiée, quel-
que attention qu'on puisse apporter à l'examen minu-
tieux des malades.
C'est dire que nous nous trouvons en présence de don-
nées tantôt incertaines, tantôt inconstantes, dès quenous
cherchons à nous rattacher d'une manière exclusive à
l'une ou l'autre de ces deux théories. Ici plus que partout
ailleurs l'exclusivisme est certainement téméraire et il
est évident que les circonstances pathogéniques sont en-
veloppées dans une complexité dont il est difficile de dis-
socier tous les éléments.
Quoiqu'il en soit, il y a place, entre les interprétations
précédentes pour une conception intermédiaire qui con-
siste à faire du syndrome basedowien d'une part et de la
psychose para-basedowienne d'autre part deux manifes-
tations filles, écloses à la faveur d'une circonstance occa-
sionnelle, sur le même terrain maternel de la dégénéres-
cence. L'état constitutionnel du système encéphalique,
depuis ses éléments inférieurs protubérantiels jusqu'à
ses éléments supérieurs cérébraux, devient ainsi l'origine
commune des manifestations somato-psychiques auxquel-
les on assiste. L'observation suivante milite en faveur de
cette interprétation déjà soutenue par certains auteurs,
Observation. Mme z ? 51 ans, est fille de père buveur et de
mère nerveuse. Une tante maternelle étaitaliénée et (ut internée
pendant 10 ans (folie circulaire).
j'i)t'Cf'e ? Dans son enfance, la malade était sujette à
des terreurs nocturnes. Elle urina au lit jusqu'à 7 ans.
De bonne heure, on constata chez elle un état mental maléqui-
]ibré. Outre qu'elle présentait différentes manifestations phobi-
ques, elle était fantasque, d'humeur inégale et d'un commerce
peu agréable pour son entourage. Son émotivité s'exaltait pour
les motifs les .plus futiles et se traduisait par des réactions exces-
sives.
De 18S4 à 1895 : névralgies faciales à répétition, survenant de
préférence l'époque des règles et intéressant une moitié de la
28 CLINIQUE MENTALE.
face 1)liéiioiiii-ii(s %asi)-iiiol eu rs très intenses du côté de l'oeil
correspondant. La malade n'a jamais eu de crises convulsives,
elle a toujours été sobre et il n'y a rien dans ses antécédents per-
sonnels qui puisse faire songer à l'hystérie ou à l'alcoolisme.
Historique. - C'est au mois de novembre 1897 que remon-
tent les accidents dont elle souffre al1joUl'd'hui. Les troubles men-
taux paraissent les' premiers en date et seraient survenus à l'oc-
casion d'une peur.
D'abord la malade devint sujette à un énervement mal délini.
Elle avait comme le sentiment d'un état anormal qu'elle ne
pouvait rattacher à aucune cause déterminée. Elle éprouvait de
temps en temps des bouffées congestives, Son sommeil était irré-
gulicr, entrecoupé de cauchemars. En même temps, son carac-
tère s'altéra et ses idées prirent une orientation bizarre. Elle
devenait irritable, changeante, d'une inégalité d'humeur qui
aboutissait parfois à une insociabilité complète. Tantôt elle était
inquiète et surexcitée, tantôt triste et abattue. Souvent elle était 1,
entraînée par un besoin impérieux à des actes déraisonnables. Au
lieu de s'occuper des soins du ménage, elle entreprit de vendre des
huîtres à sa porte ; mais elle donnait la plus grande parlie de sa
marchandise et perdait de l'argent. Puis elle se livra à des achats
inconsidérés et quand elle manquait de ressources, elle portail au
.Mont-de-Piété les onjcts de son mari. Le taximètre exerçait sur
elle un attrait tout parliculier ; mais il lui arrivait fréquemment
de refuser de payer la voilure, sous prétexte qu'elle avait épousé
un cocher. A différentes reprises elle se querella avec les voisins,
etellefut mise en demeurcde quitter le logement. Alors l'excita-
tionlit place à une dépression profonde.
Elle ne parla plus et resta au lit pendant deux mois. Cet état
persista jusqu'il la lin de juin 1900. Puis il y eut une rémission
de deux années, avec quelques poussées toutefois à l'occasion
d'une émotion ou des menstrues. En novembre 1902, elle fut re-
prise d'excitation. Puis, chassée de son nouveau domicile en avril
1903, elle retomba dans une nouvelle phase de mélancolie qui se
prolongea jusqu'en novembre 1905. L'année 1'JOf semble répon-
dre au début de la ménopause : cette époque fut marquée par des
crises d'excitation très violentes qui ne firent que s'exagérer jus-
qu'en 1905.
En 1898, c'est-à-dire six à huit mois après le début des troubles
mentaux, survinrent des manifestations canlio-vasculaires. La
malade eut des crises de palpitations intermittentes au cours
desquelles elles se plaignait de sentir son coeur battre avec force
dans sa poitrine. Ces perturbations cardiaques lui donnaient une
sorte d'anxiété permanente; la moindre émotion, lepluspelif ell'orl,
téveillaienl ou exagéraient les palpilalions. Le soir, elle ne pouvait
DÉGÉNÉRESCENCE MENTALE ET MALADIE DE BASEDOW. 29
s'endormir, inquiétée par le battement de ses artères temporales.
Elle signalait parfois de véritables douleurs précordiales. Quelque
temps après le début des accidents cardio-vasculaires, le corps
thyroïde augmentait de volume.
L'hypertrophie fut lente à s'établir, procédant par poussées suc-
cessives. D'abord, elle fut si peu prononcée que la malade n'en
eut pas connaissance ; puis petit à petit le cou grossit d'une ma-
nière sensible et devin t le siège de battements qui attirèrent son
attention. De plus, elle éprouvait dans celte région des sensations
de constriction ; la respiration paraissait gênée et la phonation
modifiée. De même que les accidents cardiaques, l'hypertrophie
thyroïdienne s'exagérait sous l'influence des émotions morales. des
efforts physiques et de la menstruation.
Au total, symptômes cardio-vasculaires et symptômes thyroï-
diens marchèrent parallèlement et d'une manière progressive,
sans concorder avec l'allure plutôt intermittente des troubles cé-
rébraux. En particulier, la rémission de l'état mental en 1901 ne e
répondit à aucune amélioration du syndrome basedowien.
Toutefois, la ménopause donna une forte poussée à ce dernier
comme aux troubles mentaux, qui prirent comme nous l'avons
dit un caractère inquiétant à dater de cette époque. La malade,
depuis quelques semaines, chante, crie, insulte son entourage et
brise les objets. C'est à la suite d'une scène violente et non mo-
tivée qu'elle esteonduite à l'infirmerie spéciale du dépôt.
Examen. A) État mental. Excitation intellectuelle : la
malade ne cesse de parler avec volubilité, en s'agitant d'une fa-
çon désordonnée. Elle pleure et rit sans transition. L'instabilité
mentale avec impossibilité absolue de fixer l'attention constitue
le fond de son état psychique.
Idées de grandeur : la malade s'imagineî;lre riche; il doit lui
revenir 30U.000 fu. d'un héritage, elle est apparentée à tous les
directeurs de théâtre et doit composer une pièce dont elle tiendra
le premier rôle, etc.
Idées de persécution : elle récrimine contre son mari et sa fille
âgée de 15 ans, qui veulent sa perte l'un et l'autre. Elle accuse sa
lille de « faire la P ? » et son mari d'être un voleur. Tous deux-
la (lénigrenlauprès des voisins. etc ? lluclques idées erotiques, se
traduisant surtout par des gestes obscènes.
B) Syndrome B.1SED01'IFN. - ai A l'inspection de la région
cervicale, on constate un élargissement de la base du cou avec
légère saillie latérale droite détruisantia symétrie des formesnor-
males. A la palpation, la glande thyroïde paraît beaucoup plus
développée à droite ; elle donne de ce côté la sensation d'une
masse rénitenLe,susoelLille de diminuer lé; : èl·e111cUL sous un taxis
3U CLINIQUE MENTALE.
doux.On perçoit à son niveau un frémissement léger(lui coïncide
avec la systole cardiaque.
b) L'examen du coeur dénote une légère hypertrophie cardia-
que avec souffle pust-systoliflue à la pointe. Les contractions
cardiaques sont précipitées, fortes, régulières, entrecoupées de
pulsations irrégulières, iaibles, à peine perceptibles à la radiale.
Le pouls radial est à 140 pulsations. Les carotides sont animées
de battements excessifs.
a) Il existe un tremblement très net des mains, menu, rapide,
perceptible au repos et s'exagérant légèrement par les mouve-
ments volontaires.
d) Pas d'exophtalmie appréciable. Les signes de Stclhvag, de
yon gracie et de Modiius font défaut. Pas de paralysie de la mus-
culature externe. Dilatation pupillaire égale deslluw côtés. Con-
tractilite irienne conservée. Pas de rétrécissement du champ vi-
suel. Accommodation normale.
La motilité et la sensibilité sont normales, ni sucre ni albu-
mine. Le visage est asymétrique, et la voûte palatine manifeste-
ment ogivale.
L'observation précédente nous fournit un exemple as-
sez net de psychose polymorphe évoluant il côté d'un
syndrome basedowien chez un même sujet. Son histoire
ne nous parait compatible, ni avec la théorie des rap-
ports directs, ni avec la théorie de simple coïncidence. Le
grand principe de la dégénérescence nous semble prési-
der à l'éclosion des phénomènes somato-psychiques sns-
énumérés, pour des raisons que nous empruntons aux
antécédents de la malade, au mode de début de la mala-
die, à son évolution et à ses symptômes, a) Le début de
l'affection est exclusivement psychique : les troubles psy-
v chopatiques apparaissent à une époque où ne se mani-
feste aucune perturbation somatique d'origine thyroï-
dienne. b) L'évolution de l'affection ne présente aucune
synergie ontre le syndrome basedowien qui demeure
constant et la psychose para-basedowienne qui est in-
termittente. Pour cette raison, et pour la précédente,
il parait difficile de rattacher cette psychose à une
auto-intoxication par trouble de la fonction glandulaire.
Par contre, syndrome basedowien et psychose para-
basetlowienne, subissent des recrudescences sous l'in-
fluence des mômes causes, ictus émotionnels, troubles
DÉGÉNÉRESCENCE MENTALE ET MALADIE DE BASEDOW. 31
de la ménopause, etc., autant de circonstances qui ré-
veillent le plus généralement l'état de déséquilibre latent
des dégénérés, c) Les symptômes psychiques ne peuven t
entrer raisonnablement dans aucun cadre précis de la
nosographie des névroses non plus que des vésanies éti-
quetées. d; Les symptômes somatiques ne sont pas plus
édifiants. On ne retrouve en particulier ni vertiges, ni
pertes de connaissance, ni crises convulsives ; on ne re-
trouve ni zones hystérogènes, ni anesthésies cutanées, ni
rétrécissements des champs sensoriels ; on ne retrouve
pas davantage les signes physiques de l'alcoolisme. Pour
cette raison, et pour la précédente, il serait abusif d'in-
voquer l'intervention d'une affection parasite. Par contre,
un examen attentif révèle des stigmates physiques de
dégénérescence, e) Les antécédents personnels nous révè-
lent chez notre malade un tempérament paranoïaque re-
montant à l'enfance. y) Les antécédents héréditaires té-
moignent d'une double tare familiale.
Notre observation peut donc prendre place à coté
d'autres analogues qui tendent à restreindre l'expres-
sion trop significative de « psychose basedowienne »,
sans refouler néanmoins les troubles mentaux qui nous
intéressent dans tel ou tel cadre autonome de la neuro-
logie ou de la psychiatrie. Sans doute, l'affection goi-
treuse, comme source toxique.doit être capable d'influer
d'une façon secondaire sur la physiononie des troubles
mentaux en les exagérant ou les modifiant ; sans doute
aussi l'intervention d'une névrose associée peut apporter
sa note dans le concert clinique, il titre épisodique ou
accidentel. Ces restrictions faites, un examen minutieux
de la plupart des cas montrerait très probablement qu'il
n'y a pas un rapport direct de cause il effet entre le syn-
drome basedowien et la psychose para-basedowienne,
mais qu'entre eux il y a plus qu'une simple coïncidence
et même plus qu'une association. L'union des deux pro-
cessus morbides trouve son explication légitime dans le
terrain commun de dégénérescence.
ASILE D'ALIENES
Le projet de concours spécial pour les médecins des
asiles de la Seine.
Summum Jus, summa Injuria.
Par le D' E. COULONJOU
Ex-chef de clinique il la Faculté, médecin des asiles publies d'aliénés.
Il est probable qu'il existe plusieurs définitions du mot :
Justice, car nous voyons parfois se commettre, en son
nom, des actes dont le sens est tout à fait exclusif de celui
que le vulgaire attribue à ce terme. Ainsi, il semble qu'on
ne saurait qualifier de juste, l'action de manquer sans mo-
tif à une promesse, de ne pas tenir un engagement : car la
personne à qui l'on manque de parole est lésée dans un de
ses droits, la parole donnée équivalant à la concession
d'un droit ; et l'on enseignait jusqu'à aujourd'hui, dans
toutes les langues, que la privation des droits constituait
une injustice. De même, lorsque, dans une corporation d'in-
dividus essentiellement semblables, pareillement recrutés
et égaux en titres, soumis jusqu'alors aux mêmes lois, un
certain nombre cherchent à se séparer de la masse, en s'at-
tribuant tous les avantages et interdisant aux autres les
moyens d'accès qu'ils employèrent eux-mêmes, on ne se
croit pas autorisé à les appeler justes ; car ils cherchent à
priver leurs camarades de ce que ceux-ci considéraient
qomme des droits, eux-mêmes se les étant arrogés ; ils
agissent à peu près comme des concurrents à une même
course, qui, après s'être servis du chemin de frr pour arri-
ver plus vite, couperaient la ligne, et obligeraient ainsi
leurs camarades à aller à pied, puis bâtiraient un mur en
n'ouvrant qu'une toute petite porte, afin de ne laisser arri-
ver que ceux qu'eux mêmes passeraient au crible de leurs
préférences personnelles. Il ne viendrait iL l'idée de per-
sonne de dénommer cela un acte de justice.
Or, dans notre corporation des médecins d'asiles, compo-
sée plus que jamais d'éléments essentiellement semblables,
puisque recrutés de la même façon par un concours unique,
il vient d'arriver qu'un certain nombre de confrères. ont
cherché à se séparer do la masse, en interdisant aux au-
tres les moyens d'accès aux situations de choix qu'ils
employèrent eux-mêmes. Et cependant, les promoteurs de
CONCOURS SPÉCIAL POUR LiiS MEDECINS DES ASILES. 33
ce projet soutiennent qu'ils l'ont conçu dans l'intérêt de la
justice. Alors, comme je suis trop respectueux de mes émi-
nents confrères aînés, les aliénistes de la Seine, pour pen-
ser qu'ils ont élargi, distendu, le sens du mot : Justice, je
préfère m'accuser d'ignorance et me dire que ce terme a
des acceptions que je ne soupçonnais pas ; il pourrait, par
exemple, signifier : Coup d'Etat.
Je n'aurais pas voulu revenir sur les objections et les
critiques de fond que l'on peut faire au projet de concours
spécial pour les médecins des asiles de la Seine ; ces choses
ont été dites excellemment par mes distingués collègues
Masselon, Levet, Lagriffe ? ; elles ont fait l'objet d'une
communication au congrès de Rennes et d'un voeu présenté
par Dide. Je ne saurais y ajouter d'arguments bien neufs ;
mais comme la question est extrêmement grave, et notre
cher maître Bourneville l'a bien compris, puisqu'il nous
ouvre toutes grandes les colonnes de ses journaux ; comme
il est impossible d'admettre qu'on puisse nous déposséder
et nous avilir, sans que nous fassions entendre un cri de
révolte ; j'estime que chacun de nous (les disgraciés) a le
devoir de pousser ce cri à sa façon. Or, depuis l'apparition
de ce fameux projet fratricide et la publication des pre-
mières critiques, c'est-à-dire depuis juillet, il m'a été donné
de voir quelques collègues, ou chefs, de correspondre avec
un certain nombre d'autres; et je puis dire que tous con-
damnent cet acte, et dans son fond, et surtout dans sa
foi me. '
Comment pourrait-il en être autrement ? Est-ce que tout
le monde n'est pas gravement lésé Est-ce que tous, du plus
jeune au plus vieux, nous ne sommes pas transformés en
dupes ? De telle sorte que si, un jour, se faisait sentir le
besoin d'une action commune pour empêcher d'aboutir ce
projet, je suis convaincu que les aliénistes .(de province)
seraient unanimes à se dresser et n'hésiteraient pas à accep-
ter la lutte à laquelle leurs collègues de la Seine semblent
vouloir les pousser. Car l'adoption du projet de concours
spécial, survenant à cette heure, nous apparaîtrait, à nous,
non comme une oeuvre de droit, mais bien comme une sou-
veraine injustice. L'isolement définitivement imposé aux
aliénistes de province, succédant à une centralisation péni-
blement obtenue ; la création d'une chapelle, au moment où
l'assistance des aliénés réclame la plus parfaite unité ; la
diminution du nombre de postes accessibles au temps où les
promotions semblent arrêtées ; enfin, une foule de consé-
quences néfastes, faciles à prévoir, provoqueraient, dans
le personnel, le découragement et le dégoût.
Archives, 2' série, 1906, I. XXI. 3
34 ASILES DALIl.NI : S.
J'ai lu et relu, comme chacun, l'exposé des motifs du
projet, que les promoteurs ont jugé utile de dresser ; je le
trouve beaucoup trop long, ou beaucoup trop court. Il est
trop long, pour la débilité des arguments qu'il invoque ;
comme dans tout plaidoyer éloquent d'une mauvaise cause,
on y insiste démesurément sur des motifs puérils ; on s'étenct
sur des preuves insuffisantes afin de les grossir ; on y abuse
de comparaisons conventionnelles ; et, lorsque le lecteur
cherche il, résumer, il s'aperçoit que tous les considérants
peuvent s'appliquer à telle autre région de la France un
peu importante. Il est trop court, parce qu'il ne parle nul-
lement de la situation que l'adoption du projet créerait aux
collègues, parce qu'il fait table rase de tous les écueils, qu'il
ne veut prévoir aucune objection de la part de ceux qu'il
déshérite. Comment Messieurs les aliénistes de la Seine
ont-ils pu espérer que les collègues dépossédés et aussi légè-
rement passés sous silence allaient se taire et ne pas relever
les erreurs et les abus dont il est fait'état dans leur exposé ? '1
Par abus, j'entends ce perpétuel besoin d'assimiler l'ad-
ministration des asiles de la Seine à celle de l'Assistance
publique. En vérité, c'est facile, et par voie d'assimilation
on peut aller très loin ; mais, lorsqu'on possède un tout
petit morceau d'esprit critique (il est bien médical, 1 rit
critique) on ne se paye pas de mots. Or, examinez un peu
les raisons de cette assimilation ; elle est basée sur : 1° le
chiffre de malades ; 2° la centralisation du service admi-
nistratdf ; 3° les améliorations apportées au régime des
aliénés de la Seine ; 4° la création de l'enseignement à
l'Asile clinique ; 5° la création, il y a 25 ans, du concours
d'internat ; 6° l'existence d'un concours spécial pour les
médecins de Bicêtre et de la Salpêtrière (glissons sur Cha-
renton ? ). N'est-ce pas, que l'analogie est frappante ? 'l
Puisque les deux institutions (asiles publics et A. P.) sont
si semblables, « nous voudrions, disent les promoteurs, dans
l'intérêt des malades et de la science, voir appliquer aux
asiles le même système de recrutement. » Mais, comme ce
désir ne serait peut-être pas suffisant, ils parlent d'argu-
ments innombrables à l'appui de leur thèse, et ils en citent ?
deux : 1° la séparation des fonctions du Directeur de celles
du médecin, permettant à celui-ci de rester homme de
science, en relation intime avec les sociétés savantes qui
ont leur siège exclusif à Paris ; 2° les voeux unanimes des
corps élus, et la campagne de M. Bourneville, tendant à l'or-
ganisation d'un concours spécial.
Je crois, dis-je, avoir bien lu l'exposé des motifs, je n'ai
pas trouvé autre chose : et voilà pourquoi votre fille est
CONCOURS SPÉCIAL POUR LES MÉDECINS DES ASILtt- 3 el
muette ! Si, après cela, vous n'êtes pas convaincus de la
nécessité de l'assimilation, c'est que vous êtes difficiles. Je
sais bien que certains diront que les six raisons alléguées
plus haut sont applicables à Lille, Lyon, Bordeaux, Tou-
louse, etc. (on l'a déjà dit et publié) et que le chiffre des
malades n'est point extraordinaire, puisque dans les asiles
de province, ainsi que je le rappelle plus loin, il est sou-
vent très supérieur. On dira aussi que l'enseignement existe
dans toutes les facultés ; que, partout on a amélioré, ainsi
qu'à Paris, le régime des aliénés, on a créé des concours d'in-
ternat ; qu'enfin si, pour des raisons administratives, il y a
un concours spécial pour Bicêtre et la Salpêtrière et un
autre, tout différent, pour Oharenton, c'est précisément par-
ce qu'on n'a jamais voulu assimiler les asiles aux hôpitaux,
parce qu'on les a rattachés à la préfecture en 1873, et que,
relevant de la préfecture de la Seine comme l'asile d'Alcn-
çon relève de la préfecture de l'Orne, ils sont justiciables du
ministère de l'Intérieur ; or, le ministère ayant organisé
un concours pour ses asiles, en vertu de quel droit nouveau
les titulaires de -ceux de la Seine voudraient-ils aujourd'hui
faire « bande à part » et repousser du pied leurs collègues
nommés comme eux ? Je parie que c'est justement cette rai-
son-là qu'on invoquera pour démontrer l'inanité d'un pa-
reil projet et, vraiment, elle est bonne ; car, si ses auteurs
essaient de tourner au profit de leur voeu les paroles- de
Bournciville en 1888, lorsqu'il défendait le concours régio-
nal, c'est encore un abus ; ils ne font pas remarquer que
Bourneville parlait ainsi avant la création de tout concours,
à une époque ou ce projet ne lésait personne (1). Comment peut-
on appliquer ces paroles à notre situation actuelle ? Est-ce
que nous ne sommes point là, aujourd'hui, nous tous, avec
nos droits acquis, tout comme les aliénistes de la Seine ? Et
puisque j'y songe bien indiscrètement, ne trouvera-t-on pas
étonnant que les aliénistes de la Seine, désireux d'être as-
similés aux médecins des hôpitaux, n'aient point admis,
dans leur société nouvelle, les aliénistes des hôpitaux (2) ;
Voilà les gros arguments abusifs que les promoteurs me
paraissent destinés à se voir reprocher ; il y en a d'autres
qui seront moins unanimement critiqués. Ainsi, pour ma
part, je ne fais aucune difficulté pour reconnaître le haut
intérêt qu'ils attachent à leur projet pour les malades et
pour la science ? ; car, ainsi qu'ils le rappellent, les alié-
(1) Celle inleiprélalioncsl. parfaitement exacte. 13.
(2) Voir : Arch. de oct. 1905, p. 33C.)
36 asiles d'aliénés.
nistes de la Seine constituent bien un corps d'élite ; il ne
faut pas l'exposer à se voir inoculer des non-valeurs, ce qui
se produirait peut-être si on continuait à nommer à l'ancien-
neté ou au choix ; cela n'est encore jamais arrivé, mais il
vaut mieux prendre- des précautions. Il ne faut mémo pas
songer à nommer au choix sur titres, car un aliéniste de
province ne possède pas de titres. J'ai bien entendu dire à
Masselon et à Lagriffe qu'il y a eu des aliénistes en province ;
mais c'est une erreur, il n'y en a qu'à Paris. Et vous ne
savez pas pourquoi ? Mais, tout simplement parce qu'ils
soignent des Parisiens ! C'est bien là, je crois la seule raison
de supériorité qui ressort des allégations des auteurs du
projet, car, en ce qui concerne les relations intimes avec
les sociétés savantes, je citerais 15 aliénistes de province
qui en ont autant qu'eux. Nous autres, quand nous soignons
des Parisiens, ce ne sont que des Parisiens de pacotille, de
rebut, ceux qu'ils n'ont pas voulu ou pu garder (8.000 sur
18.000) ; mais cela ne compte pas. Et puis, ils en reçoivent
beaucoup : 3.600 pour 5 asiles et 23 médecins, ce qui fait en
moyenne 156 malades par médecin ! Ils en font sortir beau-
coup : 1.500 par an, ce qui fait 65 par médecin ! Ne voilà-t-il
pas bien ce « mouvement de population intense, sans ana-
logue dans les départements ? » (sic). Mais je ne saisis
pas la portée de ces chiffres, car beaucoup d'asiles de pro-
vince offrent un mouvement plus considérable. Ainsi je
trouve, pour 1904 :
CONCOURS SPÉCIAL POUR LES MÉDECINS DE LA SEINE. 37
analogue. En vérité, je vous le dis, il n'y a que les Pari''
siens qui sont des malades intéressants et difficiles. Eh ! ne
savons-nous pas que Paris est le centre de tout ce qui est
beau, bien et vrai ? A quoi voulez-vous comparer la mode
de Paris, le langage de Paris, les plaisirs de Paris, l'es-
prit de Paris ? Vous voyez bien que les fous de Paris sont
des fous d'élite. « On ne peut nier, comme le dit l'un des
promoteurs du projet, qu'il y ait là un état de choses bien
particulier, dont l'influence 's'est exercée et s'exercera plur,
fortement tous les jours sur le personnel médical de ces
asiles, qui tend à devenir une corporation spéciale, dont
les fonctions sont appropriées aux besoins de ce départe-
ment tout spécial ? » Hélas ! je crains bien que pour tout
le monde, cette tendance à devenir une corporation spé-
ciale ne soit point du tout prouvée, mais qu'elle apparaisse
comme un simple désir des auteurs du projet ! Etaient-ils
donc, de naissance, « aliénistes de la Seine » eux-mêmes, lors-
qu'ils faisaient leur stage en province ?
Ce ne sont là, il est vrai, que les raisons officielles, à
faire valoir auprès des pouvoirs extra-médicaux. Il y en a
d'autres, plus intimes, plus profondes, si j'ose dire, à l'usage
de ceux qui ne trouveraient pas les premières suffisantes : il
faut créer un concours spécial pour « certains internes des
asiles de la Seine, non des moins distingués, qui s'abstien-
nent de se présenter au concours actuel, afin de ne pas
s'éloigner de Paris ? » On ne peut pas dire que ceci n'est pas
franc, ni surtout humain. C'est bien cela ; les auteurs sont
guidés par un sentiment de commisération pour ces pauvres
internes de valeur, qui ne peuvent décemment aller en pro-
vince. Est-ce que les gens de valeur vont en province ? C'est
bon pour les meurt-de-faim de la corporation ? Du moment
que quelques internes distingués désirent rester à Paris, il
est indispensable de leur en donner le moyen immédiat.
Alors, c'est admirable ! Voici ce qui se passera : dans une
promotion de dix internes «.de la Seine » neuf passeront le
concours des asiles de France (Seine comprise) ; huit d'en-
tre eux accepteront une place en province, en attendant leur
nomination dans la Seine, à laquelle évidemment leur
donne droit leur titre ; le neuvième refusera la provinco
pour ne pas s'éloigner de Paris ; le dixième ne passera pas
le concours pour ne pas être exposé à s'éloigner de Paris.
Eh bien ! pour faire plaisir à ces deux distingués internes
qui n'ont point voulu déserter la capitale, on dira aux huit
qui sont à la peine : « Vous ne serez pas nommés à Paris ;
il y a Messieurs un tel et un tel, qui ne nous ont pas quit-
38 asiles d'aliénés
tés ; leur fidélité doit avoir sa récompense ; votre concours
ne signifie plus rien ; pour avoir Paris, vous devriez pas-
ser un nouveau concours, réglementé de telle façon que,
comme au Bureau Central, nos favoris fidèles ne peuvent
y être battus. Alors, voyez, réfléchissez ? » .
Je ne crois pas exagérer, tel est bien l'esprit du projet.
Et la preuve, c'est le souci des auteurs d'assimiler le nou-
veau concours à celui de l'A. P., et d'en composer le jury de
membres parisiens. Quand on crée une telle oeuvre, on ne
peut vraiment pas venir dire aux gens : « Le concours est
ouvert à tous ceux que la médecine mentale intéresse (sic). »
Est-ce que les concours de l'A. P. sont ouverts à tous les
médecins ? Et puis, il ne fallait pas nous montrer ce souci de
caser certains internes distingués qui ne veulent pas s'éloi-
gner de Paris. Nous non plus, nous ne voulions pas rester
en province, puisque nous avons passé le concours de Pa-
ris ; mais nous avons, en province, acquis des droits que
nous n'abandonnerons pas : où sont les services de ces in-
ternes distingués ? Si la nécessité d'un nouveau concours
pour Paris se faisait vraiment sentir, c'est nous qui de-
vrions être favorisés, puisque nous avons été à la peine ; et
Messieurs les aliénistes de la Seine le savent bien, eux qui,
presque tous, ont comme nous, gagné leurs galons en pro-
vince. Au lieu de cela, que verrait-on avec leur projet ? On
verrait une lutte sur le même pied entre des chefs ayant
peut-être 30 ans de services et des internes de cinquième an-
née ; ces derniers jugés par leurs professeurs actuels, leurs
amis journaliers. Or, on aurait beau être certain de leur ab-
solue impartialité, pourrait-on ne pas se souvenir que ces
juges avaient créé le concours pour ces internes distingués ?
Je n'insiste pas sur un dernier argument, qui consiste à
rappeler le décret ministériel de 1840, où le ministre décide
que la création du concours n'est qu'une application de son
droit de nomination. Car, les auteurs du projet savent bien
qu'il s'agissait encore là d'une création, et que cela ne lé-
sait personne ; aujourd'hui, le concours a eu lieu, nul mi-
nistre ne serait fondé à venir .dire ce que disait celui de
1840 ; son choix a déjà été éclairé, et, dans nos décrets de
nomination, est contenue la possibilité d'être nommés à
Paris comme dans toute la France. De même, il ne pour-
rait, en bonne justice, supprimer pour l'avancement le tiers
des places, en faisant entrer tous les jours par d'autres
portes des éléments étrangors. Non, un ministre no se prê-
tera pas à l'application de cette mesure souverainement in-
juste ; il ne voudra pas favoriser ceux qui ne lui ont en-
CONCOURS SPÉCIAL POUR LES MÉDECINS DES ASILES. 39
core prêté aucun concours ou ceux qui lui refusèrent le leur
lorsqu'il les nomma, au détriment de ceux qui se dévouè-
rent, croyant gagner leurs grades en travaillant à son ser-
vice, fût-ce en province.
La question est simple : la lecture du projet laisse l'im-
pression que la province n'existe scientifiquement pas, et
qu'il est nécessaire de créer une oligarchie aliéniste au mé-
pris de tous nos droits. Le procédé est aussi peu confra-
ternel que possible ; il est méprisant et tendancieux, il est
injuste. Nous ne nous laisserons pas traiter avec ce sans-
gêne ; nous avons confiance dans l'équité de notre chef, le
ministre de l'Intérieur, ancien aliéniste de province, con-
vaincus qu'il nous suffira d'aller lui démontrer ces choses,
pour qu'il s'oppose à toute diminution de nos droits ac-
quis.
E. COULONJOU.
Bien qu'un peu vif dans la forme nous avons cru de-
voir publier le travail de M. Coulonjou, car il ne ren-
ferme pas de personnalités. Du reste la note ministérielle
ci-après, nous paraît devoir trancher la question au
moins pour le moment.
Nos lecteurs n'ont pas oublié la discussion dont ce projet a
été l'objet au Congrès des aliénistes et neurologistes de Ren-
nes en août dernier. Ils se rappellent certainement que le
projet a été combattu vivement et par l'inspecteur général, le
Dr Drouineau, délégué du ministère de l'intérieur et par un
grand nombre de congressistes. A la séance de décembre
delà Commission de surveillance des asiles de la Seine, M.
Pelletier, chef du service des aliénés a donné communication
de la dépêche suivante, que M. le Préfet a reçue de M. le Mi-
nistre de l'Intérieur.
Paris, le 30 novembre 1905.
Le Ministre de l'Inférieur Monsieur le Préfet de la Seine,
Le service central de l'inspection générale, à l'occasion du ré-
cent Congrès qui s'est tenu à Rennes par les médecins aliénistes
et neurologistes, a appelé mon attention sur un projet de con-
cours spécial proposé récemment pour les médecins des asiles de
la Seine, qui aurait pour résultat la séparation de ces médecins
du corps médical de ces asiles tel qu'il est constitué actuelle-
ment. -
Cette proposition ayant t j u4eiiieii t éiiiii les médecins des asiles,
je crois devoir vous faire connaître que, me ralliant absolument
40. REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
au voeu émis, à ce sujet, par le Congrès de, Rennes, je suis dé-
cidé à maintenir le concours tel qu'il est organisé actuellement L
et à ne pas sanctionner le projet dont il a été question.
J'ajoute que cette mesure s'impose d'autant plus qu'après
l'expérience du recrutement des médecins des asile» par les con-
cours d'abord régionaux, puis centraux, après les résultats vrai-
ment remarquables de ces derniers concours, mon administra-
tion ne saurait abandonner une pratique que l'expérience a con-
sacrée et qui a déjà renouvelé, de façon la plus heureuse, le per-
sonnel médical eny introduisant de jeunes médecins travailleurs,
entraînés aux recherches de laboratoire et rompus aux diffi-
cultés de la pratique des affections mentales. -Le Ministre de
l'Inférieur, signé : I)UBIEF.
Nous pensons que cette communication officielle est déna-
ture à faire disparaître les craintes de nos confrères des asiles.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
l. - Les cellules plasmatiques de la paralysie généra-
le ; par le Dr de GUCK (Journal de Neurologie, 1905, n° 6.)
Se basant sur l'étude histologique de 18 cas de paralysie
générale, M. de Buck se rallie d'une façon catégorique il la
théorie de l'origine fibroplastique des cellules plasmati-
ques. L'examen attentif de celles de ces cellules que l'on
rencontre à l'intérieur des capillaires montre en effet
qu'elles dérivent de l'endothélium et que ce n'est que se-
condairement qu'elles envahissent l'intérieur du capillaire.
De même lorsqu'on examine les divers types cellulaires
rencontrés dans la paroi, aussi bien que dans la lumière du
vaisseau et dans l'espace péricapillaire, on trouve toutes les
formes de passage entre la cellule endothéliale normale, des
éléments plus jeunes et enfin des cellules plasmatiques mûres
du type Marschalko.
Les éléments de nouvelle formation qu'on rencontre dans
la paroi des capillaires et autour d'elle ne restent pas can-
tonnés au lieu de leur production, ils acquièrent une cer-
taine mobilité qui leur permet d'envahir le tissu nerveux
ambiant.
M. de Buck attribue aux cellules plasmatiques un rôle
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 41
secrétoire fermentitiel. Elles participent probablement à la
formation des anticorps et sans aucun doute à la néofor-
mation vasculaire qui caractérise la paralysie générale.
Mais si l'infiltration périvasculaire, si les cellules plas-
matiques du processus paralytique sont d'origine histio-
gène, fibroplastique, on ne peut plus continuer à soutenir
que ce processus est de nature diapédétique, lymphocytaire
et il faut donner raison il. Nissl et à Havet, quand ils pré-
tendent que le globule blanc joue un rôle effacé dans l'infil-
tration périvasculaire de la paralysie générale. Le proces-
sus paralytique, au lieu d'être une diapédèse, devient ainsi
une granulose'fibroplastique, mésenchymatcuse, un processus
de néoformation interstitielle, correspondant à une sorte
d'artério-sclérose rapide.
S'appuyant sur ces considérations, M. de Buck se rallie à
la théorie de l'origine vasculaire primitive de la paralysie
générale qui lui paraît rendre mieux compte de la marche.
du pronostic et des ictus apoplectiques, épileptiqucs de cette
affection. G. DENY.
Il. Sur la présence d'un réseau spécial dans la région
pigmentée des cellules nerveuses; par G. Marinesco.
{Journal de Neurologie, 1905, Ho5/).
Ce réseau est très visible, quoique d'aspect un peu dif-
férent, dans les cellules sticchochromes, telles que les cel-
lules radiculaires, cellules des noyaux crâniens, cellules de
Betz,, etc. Il est constitué par une trame fibrille, à mailles
plus ou moins larges, ayant des travées épaisses, assez
souvent colorées en noir et parfois en brun. Les mailles do
cette trame contiennent une substance fondamentale brune,
renfermant des granulations pigmentaires. Les neuro-fibrilles
situées à la périphérie de ce réseau, sont parfois épaisses
et d'une coloration brun foncée.
D'après M. Marinesco, ce réseau dérive par voie de trans-
formation chimique du réseau préexistant dans la cellule
nerveuse : sa présence est intimement liée à celle du pig-
ment, aussi s'observe-t-il de préférence chez les sujets adultes
ou déjà âgés.
Les travées de ce réseau étant plus épaisses que celles
de la région non pigmentée, on peut admettre qu'elles op-
posent une certaine résistance au passage du courant ner-
veux. L'épaississemcnt des neuro-fibrilles correspondantes à
vraisemblablement le même résultat. On comprend, de cette
façon, que l'énergio nerveuse soit réduite d'une façon con-
42 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
sidérable chez les personnes âgées, puisque chez elles, le pig-
ment occupe la plus grande partie de la cellule, G. D"rY.
111. - Clonus du droit abdominal dans un cas de mal de
Pott ; par PARHON et P.1YINIAN. (Journ. de Neurologie, 190j,
no 3.)
Il s'agit d'un jeune homme de 22 ans chez lequel se déve-
loppa vers l'âge de 4 ans à la suite d'un traumatisme, un
mal de Pott lombaire suivi quelque temps après de paraplé-
gie spasmodique avec exagération des réflexes rotulien et
achilléen, clonus du pied et de la rotule, signe de Babinski
bilatéral, etc.
A la suite de l'excitation de la face interne de la cuisse,
il se produit une contraction homolatérale du couturier,
d'un côté comme de l'autre ; mais le fait le plus intéressant
de cette observation est la constatation d'une trépidation
épileptoïde des muscles droits abdominaux en traçant avec
le doigt appuyé fortement une ligne transversale au niveau
de la région ombilicale. G. D.
] ? - Lésions de5 neuro-fibrilles dans certains états pa-
thologiques ; par le Pr Marinesco. (Journ. de Neurologie,
1905, il» 12.)
L'auteur décrit dans ce travail les principales lésions des
neurofibrilles, qu'il a constatées grâce à l'emploi de la
méthode de Cajal, dans les myélites, les méningites, les
ramollissements du cerveau, ainsi que les lésions des cellules
géantes rencontrées au cours des hémiplégies et des para-
plégies.
Dans ces différents états pathologiques les lésions des neu-
rofibrilles sont le plus souvent associées à des altérations
de la substance chromatophile j mais il s'agit là de deux
processus indépendants qui évoluent simultanément et pa-
rallèlement sans que l'un soit la conséquence de l'autre.
En ce qui concerne l'état des neuro-fibrilles dans la para-
lysie générale, M. Marinesco maintient l'existence, contes-
tée récemment par M. Dagonet, de leurs altérations et cela,
en s'appuyant non seulement sur ses propres recherches
mais sur celles de Ballet et Laignel-Lavastine, de Mar-
chand et plus récemment de Bielchowsky et Brodmann.
G. DENY..
Vu Recherches sur la localisation spinale des muscles
du périnée et du rectum (chez l'homme), par MM. tRIMES-
co et Parhon. (Journ. dr Neurologie, 1905, n" 4.)
Les auteurs ont étudié Ifistologiqucmcut la moelle de
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 43
deux sujets qui ont succombé à la suite de suppurations
périnéo-anales. Dans ces deux cas les lésions étaient les
mêmes ; elles commençaient à la partie inférieure du
deuxième myeilotome sacré et étaient localisées au groupe-
ment cellulaire situé en arrière du groupe X de Onuf et
au groupement intermedio-latéral qui commence vers la par-
tie inférieure du troisième myelotome sacré et se continue
dans les deux derniers ainsi qu'à un petit groupe voisin
de celui-ci situé entre la corne antérieure et la corne posté-
rieure.
De ces constatations MM. Irimesco et Parhon concluent
que le noyau des muscles du périnée occupe un groupe
place en arrière et plus ou moins en dedans du groupe X
de Onuf et constitué par des cellules intermédiaires, quant
à leur volume, entre les cellules de ce dernier et les cellules
motrices ordinaires. Au groupe intermedio-latéral corres-
pondrait le noyau des muscles lisses du rectum et peut-être
de la vessie.
Enfin le groupe plus différencié, placé entre la corne anté-
rieure et la corne postérieure, à côté du groupe intermedio-
latéral, représenterait le centre du sphincter de l'anus.
G. D.
VI. Sur les rapports qui existent entre la topographie
des paralysies et celles des altérations des centres mo-
teurs dans la poliomyélite antérieure aiguë de l'enfance
par PARHON et P.\PINrAN. (Journ. de Neurologie. 1904, nO 2 : 1.)
De l'étude anatomo-clinique d'un cas de^poliomyélite anté-
rieure aiguë datant de l'enfance les auteurs se croient en
droit de conclure que la topographie des paralysies et des
atrophies dans les maladies de la moelle est beaucoup plus
souvent spinale que radiculaire. Dans la plupart des cas, en
effet, l'atrophie ainsi que la paralysie n'intéressent pas
tous les muscles innervés par une racine donnée et empiè-
tent plus ou moins sur les territoires radiculaires voisins.
Au point de vue des localisations motrices de la moelle
ce cas offre également un certain intérêt : à l'atrophie de
tous les muscles de la jambe et du pied droits correspondait
en effet une disparition complète du groupe postero-laté-
ral et post-postero-latéral des cornes antérieures droites au
niveau des derniers segments lombaires et des premiers
segments sacrés. Il wmble donc légitime de localiser dans
le premier de ces groupes le centre des muscles de la jambe
et dans le second celui des muscles du pied avec les restric-
tions que Parhon et Goldstein et plus récemment Mari-
nesco ont faites pour le muscle pédieux. G. DENY.
44 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
VU. - Un cas d'atrophie abarticulaire ; par le Dr Deroubaix
[Journ. de Neurologie, 1905, n° 13.)
Observation d'un homme de 72 ans qui avait été atteint
à 12 ans d'une arthrite du genou droit suivie d'ankylose et
d'atrophie du membre correspondant. A l'autopsie on ne
trouva pas d'altérations des cellules des cornes antérieures ;
par contre les cellules de la corne postérieure droite et de
la zone intermédiaire du même côté présentaient des lésions
chromatolytiques très accentuées. Au niveau de la moelle
dorsale la colonne de Clarke était le siège des mêmes lésions.
S'appuyant sur ces constatations d'une part, et d'autre
part, sur l'absence de lésions dégénératives des nerfs et des
muscles et aussi sur l'existence de quelques lésions irrita-
tives au niveau du ganglion spinal, l'auteur estime que ce
fait vient à l'appui de la théorie ncuro-irritative par voie
de l'arc réflexe sympathique des atrophies abarticulaires.
G. D.
`-fil.- Les phénomènes morbides d'habitude; par .1. Crocq.
(Jo : n-K c Neurologie. 1905, 11- 8.)
Les deux phénomènes morbides d'habitude, sur lesquels
attire l'attention dans cette note M. Crocq, sont l'insomnie
et les crises convulsives. Il relate les observations de
plusieurs malades chez lesquels la suppression de la cause
de l'insomnie n'a pas suffi à rétablir le sommeil normal.
Il a fallu pour cela administrer pendant quelques jours un
hypnotique; d'où la conclusion qu'il s'agissait là d'une in-
somnie d'habitude) manifestation de même nature que la dou-
leur d'habitude, décrite par Brissaud. Un certain nombre
d'autres observations démontrent que des phénomènes con-
vulsifs peuvent persister après la disparition de la cause qui
les a engendrés et cesser au contraire à la suite de l'ingestion
de quelques grammes de bromure de potassium.
Il faut savoir toutefois que les attaques d'habitude, comme
les tics qui sont également des phénomènes d'habitude pré-
sentent quelquefois une résistance invincible au traitement.
G. D.
IX. Abcès du cerveau à, symptomatologie fruste; par le
D .T. PALLARD. (jeu. mérl. de la Suisse Romande, 1905, n 3.
Il s'agit d'un garçon de 21 ans qui, à part quelques jours
de fièvre au début, a présenté pendant plus de deux mois,
une céphalée intense, accompagnée de vomissements et de
stase de la papille, le mal ayant évolué sans fièvre, avec
un amaigrissement progressif. L'évolution de la maladie a
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 45
été interrompue par une rémission de dix jours pendant la
quelle tous les symptômes ont disparu.
En présence de ce tableau clinique on avait songé à une
méningite anormale à marcha lente ou à une tumeur céré-
brale (la ponction lombaire avait révélé la présence d'un
grand nombre de polynucléaires dans le liquide céphalo-ra-
chidien) ; en réalité il s'agissait d'un volumineux abcès du
lobe frontal droit, communiquant avec le ventricule laté-
ral correspondant. L'autopsie n'ayant pas été complète,
l'origine de cet abcès n'a pu être élucidée.
L'absence complète de signes de localisation (la céphalée
était bilatérale et à la fois frontale et occipitale), n'a pas
permis d'intervenir par une opération. G. DENY.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
1. - Nature du Tabès ; par S. \ ? GOWERS (British Médical
Journal, page 61, juillet 1905.)
L'effet neurotoxique de la cause principale du tabes peut
dépendre des suites de la syphilis mieux que d'un agent
co-opérant. En quoi consiste ce rapport ? c'est ce que nous
devons rechercher. La principale valeur d'une hypothèse est
de diriger nos investigations. Même lorsque les hypothèses
sont erronées, leur inanité même ajoute toujours à nos con-
naissances. Mais pour obtenir une preuve certaine en ce
qui concerne la cause initiale, la lumière doit être répan-
due dans les endroits obscurs ; c'est ce que la thérapeu-
tique s'efforce de faire en déterminant d'une façon certaine
la marche de la syphilis. Quand cela sera connu avec cer-
titude, lorsque la nature de ses toxines sera découverte et
les antitoxines obtenues, les effets du mal pourront être
prévenus. Notre espoir ne disparaîtra jamais ; mais nous at-
tendons encore une démonstration probante. Nous nous ar-
mons de patience et nous ne perdons pas courage; cepen-
dant nous sommes étonné de devoir attendre aussi longtemps.
(Les recherches de Metchnikoff et Roux sur le spirochaete
pallida de Schaudinn annoncées depuis l'impression de cette
étude, donnent des promesses plus fermes.) A. M.
II. Sur la syringomyélie, par 13RADSOW; (British médical
Journal, page 62, juillet 1 ! J05.)
Les progrès de la maladie sont ordinairement (comme
4G REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
dans le cas cité), extrêmement longs. Ils peuvent intéresser
la moelle allongée et devenir fatals ; mais d'ordinaire ils ne
tendent pas à abréger l'existence. Le traitement doit être
symptomatique et palliatif, puisque nous ne possédons au-
cun moyen d'influencer la marche du mal à travers la
moelle épinière. Il en Va de même que pour le traitement des
dégénérescences communes de la moelle. L'absence de dou-
leur appelle la vigilance du praticien, car le malade, n'éprou-
vant aucun malaise, peut ne pas prendre garde à des lé-
sions plus ou moins sérieuses ; de plus quelque ulcération
peut survenir et être la source de formes variées d'infection
septique. A. M.
111. - Névrite optique ; par Jameson EVANS. [British médical
Journal, p. 63, juillet 8, 1905.;
Généralement parlant, on. peut espérer un changement
considérable dans la vision centrale dans les cas où il y a
une vision centrale conservée immédiatement après l'acci-
dent, mais peu ou point de modification en mieux ou en
pis dans le champ de la vision.
Ces cas seront traités d'après la méthode adoptée dans
les cas de blessure du cerveau, laquelle consiste dans le repos
et la tranquillité en une chambre obscure, privation de lu-
mière et bandeau durant une semaine ou deux ; puis pen-
dant une période de deux ou trois semaines supplémen-
taire, enfin dans la suppression du travail mental et de toute
excitation. A. ;\1.
IV. Un cas de maladie de Thomsen ; par le Dr Meus.
(Journ. de Neurologie, 1905, ne14.)
Relation exclusivement clinique d'un cas de maladie de
Thomsen chez un jeune homme de 19 ans. Les particularités
sur lesquelles insiste surtout l'auteur sont l'alcoolisme du
père coïncidant avec une hérédité névro-psychopathique du
côté maternel (3 tantes atteintes de psychoses périodiques)
et l'absence du reste inexpliquée des principaux réflexes
cutanés et tendineux. G. D.
V. - Tremblement intentionnel limité du membre supé-
rieur gauche, par le Dr 110UCHAUD (de Lille). [Journ. de Neu-
rologie, 1905, n° 8.)
Observation d'un homme de 62 ans, qui à la suite de deux
ictus, fut atteint sans phénomènes paralytiques, d'un tré-
blcmcnt intentionnel limité au bras gauche.
A l'autopsie, on trouva une lésion limitée tel la partie pos-
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. il Î
térieure de la capsule interne, et l'auteur admet, que l'irri-
tation à ce niveau des fibres do projection conduisant les in-
citations motrices au membre supérieur du côte opposé, a été
la cause du tremblement qui prenait naissance à l'occasion
des mouvements du bras gauche. G. D.
VI. - Lesvertiges par symphyes salpingo-pharyngiennes
Notions nouvelles pour le diagnostic et le traitement des
vertiges ; par le Dr ROUET. (Journ. de Neurologie, 1905, n° J.
La conclusion qui se dégage de ce travail est que le ver-
tige est presque toujours d'origine otique. Le vertige d'oreille
peut être dû à des lésions d'un point quelconque de l'appareil
auditif. En pratique celui se trouve intéressé dans le plus grand
nombre des cas est le pavillon de la trompe d'Eustache
dont la position et les mouvements sont modifiés et par suite
les fonctions compromises par la soudure de sa partie pos-
térieure à la paroi du cavum (symphyses salpingo-pha-
ryngiennes).
Par la destruction de ces symphyses on obtient, dans la
plupart des cas, la guérison rapide, sinon immédiate, des
vertiges qui en dépendent, c'est-à-dire du plus grand nom-
bre de ceux qu'on a l'occasion d'observer.
L'existence de symptômes paraissant indiquer une lésion
centrale ou cérébelleuse ne doit pas faire rejeter d'emblée
giennes car, en dehors d'une simple association accidentelle
l'hypothèse de vertige par symphyses salpingo-pharyn-
il peut y avoir action favorisante d'une maladie sur l'autre,
en raison de leur tendance commune à se manifester par des
troubles de l'équilibre. G. DENY.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
1. Discussion sur les rapports de la paralysie géné-
rale et de la syphilis. [Académie de médecine ; séance des 21
et 28 février, 14 et 28 mars, 11 et 18 avril 1905.)
M. le Prof. Fournier a eu l'honneur de provoquer à
l'Académie une de ces discussions pleines de grandeur où les
plus illustres de nos savants viennent apporter le fruit, de
leur expérience et les trésors de leur érudition ; nous n'avons
eu qu'un regret, c'est de n'avoir point eu le plaisir de voir
cette importante question de psychiatrie amener à la tri-
48 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
bune. M. le Dr Magnan. Tour à tour les syphiligra-
phes les plus éminents, MM. Fournier et Hallopeau, les
anatomo-pathologistes les plus connus, MM. Lancereaux et
Cornil, les neurologistes les plus en vue, MM. Joffroy, Ray-
mond et Motet ont étudié le problème sous ses différents
aspects.
Le professeur Fournier ne considérait dans la communi-
cation qui a été la cause de ces longs débats que la para-
lysie générale syphilitique; laissant de côté la question de
savoir s'il en existait d'autres, et concluait que c'est un ac-
cident très rare jusqu'à la sixième année de l'infection spé-
cifique, qu'elle augmentait de fréquence jusqu'à la dixième et
diminuait ensuite jusqu'à devenir infiniment rare aux alen-
tours de la vingtième année : c'est donc un accident du ter-
tiarisme moyen dans 81 0/0 des cas ; tandis qu'au contraire
la syphilis cérébrale, à début hémiplégique se rencontrait
dès l'année même du chancre et avait son maximum de
fréquence dans la troisième année de l'infection. Le méningo-
encéphalite diffuse est d'ailleurs moitié moins fréquente que
la syphilis à forme hémiplégique. La cause occasionnelle
de l'apparition de la paralysie générale fut, assez rare-
ment il est 'vrai, le surmenage nerveux, l'alcoolisme, les
excès vénériens et l'hérédité nerveuse, seulement, 18 fois
chez 112 malades de la ville, tandis que la syphilis avait été
insuffisamment traitée 79 fois sur 112; elle avait été d'allures
bénignes jusqu'alors chez 82 de ces sujets : d'où la nécessité
d'un traitement spécifique énergique dans le but d'empêcher le
développement de la maladie de Bayle. Fournier préconise
la méthode qu'il appelle méthode des cures mercu-
rielles à termes tardifs et qui consiste d'une façon schéma-
tique à suivre pendant deux ans un traitement rigoureux ;
puis de recommencer à se traiter pendant un an, vers» la cin-
quième année de l'infection, et une autre fois vers la sep-
tième ou la huitième. D'ailleurs, le syphilitique doit me-
ner une vie régulière et observer attentivement les règles
d'une hygiène sévère, et particulièrement celles relatives au
bon fonctionnement du système nerveux. Le professeur Four-
nier insiste d'ailleurs sur la fréquence de la syphilis, dans
les antécédents, des paralytiques généraux jusqu'à 96 0/0;
la rareté de cette maladie dans les milieux où la syphilis
est rare : chez les femmes d'un certain monde, dans les cam-
pagnes, chez les religieux et chez les quakers. Il remarque
la fréquence de l'association de la paralysie générale et du
tabes, insiste sur les paralysies conjugales, sur celles qui s'ac-
compagnent d'accidents spécifiques en voie d'évolution et
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 49
surtout sur la fréquence du signe d'Argyll-Robertson, que
M. Babinski considère comme une marque certaine de syphi-
lis.
M. Lancereaux qui, dès 1861, croyait à la fréquence de la
syphilis chez les paralytiques généraux a changé d'opinion,
car rien dans l'anatomie pathologique de la maladie de
Baillarger ne rappelle les modalités connues de la syphilis
tertiaire qui, loin d'être diffuse et progressive, est circons-
crite et dégénérative. D'ailleurs le traitement spécifique n'a
aucune action certaine sur la méningo-encéphalite diffuse.
M. Cornil, insiste lui aussi, sur les différences anato-
miques entre les gommes et les lésions spécifiques vascu-
laires d'une part, et celles de la paralysie générale d'autre
part, et il admet comme cause de cette dernière maladie :
les émotions, le surmenage, l'alcoolisme, l'hérédité.
M. Motet, au contraire, insiste sur le rôle de la syphi-
lis, non pas que la paralysie générale soit de nature spé-
cifique, mais parce que les lésions vasculaires syphilitiques
sont l'épine autour de laquelle évolue la méningo-encépha-
lite. Dans sa clientèle, M. Motet a trouvé, parmi les pa-
ralytiques généraux, 30 à 40 0/0 de syphilitiques.
M. Hallopeau : la paralysie générale est une deutéropa-
thie syphilitique, c'est-à-dire une affection provoquée chez un
sujet prédisposé par des néoplasmes spécifiques, des mé-
ninges ou de la surface cérébrale; elle peut se développer
également sous l'influence d'autres causes. Le traitement
spécifique ne peut avoir de raison d'être qu'avant ou pen-
dant le développement de la lésion spécifique qui alors
existe seule ; il n'est plus justifié, lors de la paralysie con-
firmée.
M. Raymond signale la fréquence relative des lésions
syphilitiques chez les paralytiques, signalées soit pendant la
vie, soit après les recherches nécroscopiques, particulière-
ment au niveau du fond des. sillons qui séparent certaines
circonvolutions ; pour lui, le tabes qui est toujours syphi-
litique est fréquemment associé à la maladie de Bayle et
partage avec elle, son étiologie. La non-spécificité des lé-
sions de la paralysie générale n'est pas un argument va-
lable, car on sait aujourd'hui, que la tuberculose peut
engendrer des lésions qui ne rappellent en rien les mani-
festations spécifiques de la maladie, en effet, rien ne distin-
gue la sclérose du testicule due à la syphilis héréditaire
de celle qui est d'origine banale.
M. Joffroy reconnaît bien que la syphilis est une bonne
« fumure » pour la paralysie sur un organisme déjà prédia-
Atscmvr ? 2^ série, 1900, l. XXI. 4
50 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
posé, de même que l'alcoolisme cc fait le lit » à la tuberculose;
mais il ne saurait admettre que tous les paralytiques gé-
néraux juvéniles soient des spécifiques héréditaires ; ils peu-
vent aussi bien être des intoxiqués héréditaires. La fré-
quence des lésions syphilitiques en voie d'évolution chez des
paralytiques n'est pas aussi grande qu'on l'a prétendu. Les
inoculations négatives de virus syphilitiques chez des pa-
ralytiques généraux ne sauraient rien prouver, car on a
vu des sujets atteints de maladie de Bayle, devenir syphi-
litiques. Quant à la rareté de l'affection en Afrique ou en
Asie, l'absence de la civilisation peut l'expliquer, car la sy-
philis est loin d'être rare dans ces régions.
M. Pinard insiste sur l'utilité de la « cure de l'hérédité »,
chez le syphilitique qui veut procréer quel que soit l'ancien-
neté de son affection, car un enfant bien portant n'est pas
un signe de guérison certaine. L. WAHL.
Il. - Quelques réflexions sur le développement de l'étio-
logie de la paralysie générale dans le département de
l'Orne ; par le Dr UOULONJOU. [Journal de Neurologie, 1 ! J03,
Il'' 2.)
Sur une population de 580 malades l'asile du département
de l'Orne ne compte que 11 paralytiques généraux soit envi-
ron 2 0/0. Et pourtant la syphilis est aussi fréquente dans
cette contrée que dans les autres régions de la France et l'al-
coolisme y est plus répandu qu'ailleurs ; par contre la
population rurale y est en général peu cultivée. De cette
triple constatation l'auteur conclut que l'absence du sur-
menage intellectuel est la seule et unique cause de la rareté
de la paralysie générale dans le département de l'Orne.
G. D.
il[. Essai sur la psychologie de l'impulsion sexuellle i
par MM. Vaschiije et VURPAS. [Journal de Vcurologie, 1905,
no 3.) )
Les auteurs s'attachent à démontrer dans ce travail qu'il
existe un rapport étroit entre la tendance à l'impulsion et
le désir génital. La plupart des impulsives qu'ils ont obser-
vées manifestaient constamment dans leurs paroles, leurs
propos, leurs gestes, etc., un penchant marqué à l'érotisme.
Pour démontrer le rôle de l'image motrice dans l'acte sexuel
ils invoquent encore l'influence de la musique sur les rap-
ports génitaux, la direction convergente des axes oculaires
pendant leur accomplissement, l'état de lassitude qui les
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 51
suit et enfin l'élévation brusque de la pression artérielle
sous l'influence des excitations du même ordre.
En s'appuyant sur ces données MM. Vaschide et Vurpas
croient pouvoir admettre que le mécanisme fonctionnel psy-
cho-dynamique de l'acte sexuel consiste dans une tension de
plus en plus accentuée de l'état moteur qui, arrivé à son
maximum, présente une phase tonique assez courte à la-
quelle fait suite une phase clonique, et qui se termine par
une période d'adynamie et de repos.
Dans la production de cet état et de ses différentes phases
l'image motrice joue le rôle primordial. L'érotomanie qui
est le propre de sujets présentant des troubles de l'image
motrice proprement dite, semble confirmer et affirmer par
une autre voie le rôle et l'importance de l'image motrice
dans la vie sexuelle. G. Der.
IV. Note sur une anomalie de l'instinct sexuel : géronto-
philie ; par Ch. FÉRÉ.(Journ. de neurologie, 1905, n° 10.)
On sait que certains sujets de l'un ou de l'autre sexe
n'éprouvent d'excitations sexuelles qu'en présence d'un sujet
d'un sexe opposé, mais d'un âge tout à fait dispropor-
tionné au leur. C'est un exemple de cette anomalie de l'ins-
tinct sexuel que rapporte le docteur Féré.
Il s'agit d'un jeune homme de 27 ans, dont les premières
tendances sexuelles s'éveillèrent vers l'âge de 4 ans, au con-
tact d'une femme d'une cinquantaine d'années, sans que
celle-ci ait du reste rien fait pour provoquer la moindre
excitation génésique.
Malgré une séparation qui fut définitive, l'impression cau-
sée par cette femme fut si vivo et tellement obsédante, que
durant toute sa jeunesse cet enfant ne fut plus préoccupé
en dehors de ses heures de travail, que des moyens de se
rapprocher des femmes mûres ou âgées, mais alertes, ayant
des cheveux blancs et des sourcils noirs, etc. Devenu jeune
homme, il n'eut pour maîtresses que des femmes réalisant
ces conditions et n'éprouvait que répugnance et répulsion
pour les jeunes femmes et les jeunes filles. Ajoutons que,
même avec ces maîtresses mûres ou déjà vieilles femmes,
il n'accomplissait guère l'acte sexuel, sans s'y être préparé
par des excitations supplémentaires d'une nature spé-
ciale. .
Il s'agit là. d'après M. Féré, d'une anomalie congénitale
de l'instinct sexuel qui serait suffisante à elle seule, en
l'absence de toute autre taro physique ou morale, à classer
52 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
l'individu qui en est atteint, dans la famille des dégéné-
rés. G. DENY.
V. Hypothermie chez un paralytique général ; par MM.
Marchand et OLIVIER. [Journ. de Neurologie, 1\)05, n° 10.)
L'observation qui fait l'objet de ce travail a trait à un
paralytique général tabétique, qui présenta une diminution
progressive de la température (jusqu'à 30°), pendant les
quelques; jours qui précédèrent la mort. Cette hypothermie
était exclusivement d'origine nerveuse, car il n'existait ni
sucre, ni albumine dans ies urines et on ne constata aucune
lésion des organes thoraciques ou abdominaux. G. D.
VI. Réflexions à propos de cinq cas de psychose aiguë
étudiés histologiquement ; par le I)'' 1)EROUB.\IY. (Journal
de Neurologie, 1904, n° 23.) .
De l'étude histologique de cinq cas de psychose aiguë
(délire aigu, paralysie générale, mélancolie anxieuse), l'au-
teur tire la conclusion que Nissl a raison de soutenir, qu'on
a trop abusé jusqu'ici de l'intervention des globules blancs
dans les altérations des centres nerveux et que, en matière
de psychoses, le tableau anatomo-pathologique se réduit
ou à des lésions parenchymateuses avec réaction neuroglique
sans participation du mésoderme, ou à des lésions intersti-
tielles où le processus porte probablement d'une façon pri-
mitive sur le mésoderme (vaisseaux) ou simultanément sur
le mésordermo et l'élément parench'ymateux. Dans ces der-
niers cas, le mésoderme réagit soit exclusivement, par de
la prolifération et de la dégénérescence fibro-plastique (psy-
choses séniles, cérébro-sclérose lacunaire progressive d'ori-
gine artérielle), soit à la fois fibro-plastique et poly-
blastique (manchons périvasculaires, polyblastes, cellules
que, (manchores perivasculaires, polyblastes, cellules plasma-
tiques, mastzcllen).
En se fondant sur ces données, on pourrait déjà distinguer
deux formes nettement tranchées de psychose aiguë : une
forme paralytique ou interstitielle et une forme non para-
lytique ou parenchymateuse ; et il est probable que cette der-
nière forme est susceptible de modalités cliniques corres-
pondant aux psychoses chroniques.
Il est même probable qu'une certaine unité pathogénique
plane sur toutes ces variétés cliniques de psychose aiguë
en ce sens que la marche aiguë et l'issue mortelle d'une
psychose, tout comme celles des affections somatiques,
dépendent à la fois de l'intensité d'action de l'agent-morbi-
gène, et du défaut de résistance, de la faiblesse naturelle
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 53
ou acquise des centres nerveux : de telle sorte que, finale-
ment, il n'y aurait pas de différence tranchée entre le ta-
bleau anatomique de la psychose aiguë et celui de la psy-
chose chronique. G. D.
N'il. - Délire alcoolique continu ou hallucinose continue
dans l'alcoolisme chronique; par le 1> Serge SOUKHANOFF.
(Journ. de Neurologie, 1905, n° 14.) .
Sous ce nom l'auteur décrit une variété de psychose alcoo-
lique continue caractérisée surtout par des hallucinations
de l'ouïe qui persistent durant des années et par des idées
délirantes de persécution, sans évolution, ni systématisa-
tion ce qui la distingue de la paranoïa alcoolique chroni-
que. La prédominance des hallucinations visuelles sur les
hallucinations auditives rend en général le diagnostic facile
entre le delirium tremens et l'hallucinose alcoolique. Cette
affection s'observe habituellement chez des sujets qui ont fait
pendant longtemps des excès de boissons ; mais, à côté de
l'hallucinose auditive alcoolique. il existe une hallucinose.
auditive chronique qui s'observe à la suite de lésions soit
de l'organe de l'ouïe, soit des centres corticaux de l'audi-
tion, par exemple chez les artério-scléreux.
A l'appui de ces considérations l'auteur relate l'auto-
observation d'un sujet atteint d'otite suppurée, qui com-
mença très jeune à commettre des excès de boissons et dont
les trois frères étaient dipsomanes. G. D.
VIII. - Relations cliniques de la cécité avec la paralysie
générale et le tabès ; parA. LÉRI. (Journ. de Neurologie, 1905,
n" 7.)
On admet généralement que la cécité est très fréquente
dans le tabes et très rare dans la paralysie générale. Il
résulte au contraire des recherches de l'auteur, que la cécité
affecte avec la paralysie générale les mêmes rapports qu'avec
le tabes, qu'elle complique rarement aussi bien la para-
lysie générale que le tabes confirmé, mais qu'elle précède
assez souvent les symptômes de l'une comme de l'autre af-
fection, ou que plus exactement, elle s'accompagne ordi-
nairement de petits symptômes de l'une et de l'autre maladie,
et qui plus tard, pourront l'une ou l'autre, ou toutes les
deux se développer. '
D'ailleurs, d'ordinaire ni l'une ni l'autre des deux'affec-
tions ne se développent, et quand elles s'accentuent, elles le
font avec une irrégularité et avec un intervalle tel qu'il est
véritablement impossible de mettre l'nrtaurose antérieure
54 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
sous la dépendance de l'affection, dont les principaux symp-
tômes apparaissent plus tard.
En réalité, l'amaurose dite « tabétique », évolue comme
une localisation spéciale, au niveau des voies optiques, d'un
processus dont, il semble, deux autres localisations, spi-
nale pour le tabes, céréhrocorticale pour la paralysie géné-
rale pourront ou non se développer plus tard.
G. DENY..
six. Sur un cas de myxoedèma infantile avec quelques
considérations sur sa pathogénie ; par MM. IBRBGIA, Pa-
RHON et FLORIAN. (Journ. de Neurologie, 1905, n° 16.)
Il s'agit d'une fillette de 12 ans atteinte de mynoedème,
chez laquelle le traitement thyroïdien amena rapidement la
disparition de tous les accidents. La taille de l'enfant qui
ne dépassait pas 1 m. 07 avant le traitement était un an
après de 1 m. 185. Les auteurs insistent à ce propos sur
un fait déjà signalé par Moraczewski, l'augmentation de
la rétention du calcium à la suite de l'opothérapie thyroï-
dienne. Ils en concluent que le corps thyroïde joue un rôle
important dans l'assimilation du calcium et que c'est dans
l'insuffisance de cette assimilation qu'il faut chercher la
raison des troubles de l'ossification et par suite de l'ar-
rêt de la croissance dans le myxoedème. L'amélioration de
la croissance à la suite du traitement thyroïdien serait
donc la conséquence de la rétention du calcium provoquée
par ce traitement.
Les troubles de l'assimilation du calcium, élément qui
entre pour une bonne partie dans la composition chimique
des cheveux et des poils, expliqueraient encore le déve-
loppement défectueux du système pileux chez les myxoedéma-
teux. G. DERNY.
X. - Aïchmophohie fraternelle. Phobie des, objets poin-
tus chez deux frères non jumeaux ; par le Dr Reçu. (I;ev.
méd. de la Suisse Romande, 1904, no 12).
Il s'agit de deux frères qui présentaient tous deux comme
phénomène morbide unique et très caractérisé, une phobie
des objets pointus (plumes, aiguilles, compas, ciseaux, etc.)
et cela à l'insu l'un de l'autre pendant près de trois ans.
Toute idée de contagion, psychique pouvant être ici écar-
tée, l'auteur incline à croire que ce qui a été transmis
dans ce cas par l'hérédité, n'est pas comme on l'admet gé-
néralement, un simple état de moindre résistance du sys-
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 55
tème nerveux, mais une forme particulière de maladie ner.
veuse. G. D.
IX. - Evolution des états hypochondriaques, par \lll. 'l'aTv
et CHAUflER, (Journ. de Neurologie, 1905, n° 23.)
Les dix observations d'états hypochondriaques relatés
dans ce travail plaident en faveur de la présence d'un élé-
ment somatique à la base de ces délires. Quant un examen
attentif ne révèle pas de maladie proprement dite, tuber-
culose, etc., on doit penser à la possibilité de lésions vascu-
laires d'origine sénile, goutteuse, syphilitique, etc. Il est
des cas où les désordres somatiques siègent dans le cer-
veau et se révèlent à l'autcpsie par des lésions en foyer.
Enfin les hypochondriaques sont très souvent des constipés,
et c'est là quelquefois l'unique origine des idées morbides.
La conclusion pratique a tirer de ces considérations c'est
qu'il faut s'efforcer de traiter les hypochondriaques médi-
calement et non pas seulement psychiquement. Le pronostic
des états hypochondriaques n'en reste pas moins très grave.
Non seulement les rechutes sont fréquentes, non seulement
les améliorations ne se maintiennent pas longtemps et l'état
des malades reste stationnaire jusqu'à la mort, mais il faut
encore se souvenir que tout hypochondriaque est sous le
coup d'une éventualité redoutable, le suicide. G. ENY.
REVUE DE THERAPEUTIQUE
1. L'alcool en thérapeutique, par James l3aaa. (British
Médical Journal, n° du 1° ,juille 190, page 7.)
L'alcool exerce une action spéciale sur le système ner-
veux. Il produit non seulement des effets toxiques aigus,
dans le cerveau, la moelle épinière et les nerfs. Son emploi,
tels que coma ou delirium tremens, mais son usage habi-
tuel amène des modifications chroniques* de dégénérescence
par conséquent, dans les maladies chroniques du système
nerveux sera interdit. Exceptionnellement ; il peut être uti-
lisé avec profit comme soporifique, et, dans les troubles
fonctionnels du système nerveux il donnf parfois de bons
résultats. Dans les cas de névrll161e et dans la forme spas-
modique de la migraine un verre de stout apporte souvent
un immense soulagement, et souvent son usage régulier est
beaucoup moins pernicieux que celui de l'antipyrine, de la
5G REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
phénacétine, de l'antikamnia, etc. Dans l'angine de poitrine,
le whisky chaud ou le brandy produisent de bons effets, mais
dans ce cas il y a des remèdes beaucoup plus efficaces.
Dans le cas de colique-intestinale, le brandy est le meilleur
remède. Récemment une personne sobre dit à l'auteur, sous
l'empire d'un bon souvenir, qu'une affection spasmodique
de cette nature, et dont elle souffrait depuis longtemps avait
été immédiatement guérie par un verre de brandy qu'elle
avait bu à la sollicitation d'un ami. Cet homme paraissait
trouver que par suite du long sacrifice qu'il s'était imposé,
pour donner l'exemple, il avait été privé d'un immense
bonheur ( ? ! ) A. M.
II. - Accusions froides dans le délirium tremens ; par \Y.
13roaùheul. (British Médical Journal, 1er juillet, p. 8, juillet
1905.) .
Le traitement fut conduit par le Dr Heath, après avoir
obtenu comme résultat anticipé, un repos réparateur et
bienfaisant. L'albumine disparut progressivement. On a
employé les affusions froides dans ce but, même dans le cas
de pneumonie grave associée au delirium tremens. Après
l'opération, lorsque la réaction a lieu, la peau est chaude et
sèche et le pouls d'abord faible reprend de la force et du ton.
Dans le rhumatisme et l'hyperpyrexie entérique l'effet du
bain froid n'est pasdû uniquement à l'atténuation de la cha-
leur. Le bain gradué est bien moins efficace que l'immer-
sion dans l'eau froide et peut être de nul effet, à moins que
l'affusion froide soit appliquée sur la tête. Il n'est pas fa-
cile dans la pratique courante de donner un bain froid en
ces cas, cela peut être même impossible. L'affusion au moyen
d'une éponge de bain peut cependant suffire parfois à pro-
voquer une réaction. A. Mare.
111. - Pathogénie de la déviation conjuguée dos yeux et
de la tête; par le ])1" Debray. [Journal de Neurologie, 1905.)
L'auteur ayant observé plusieurs cas d'hémianopsie sans
déviation concomitante de la tête et des yeux, ou de per-
sistance de cette déviation après la disparition de l'hémi-
anopsie, combat la théorie de l'origine sensorielles de ce phé-
nomène, récemment soutenue par le Professeur Bard. Avec
MM. Déjérine et Roussy, M. Debray pense que l'hémianopsie
n'est pas nécessairement la cause de la déviation conjuguée,
que celle-ci et la rotation de la tête ne sont pas toujours
d'ordre paralytique lorsque le malade regarde sa lésion et
enfin que le centre cervical d'innervation pour les mou-
vements de la tête et des yeux ne saurait être unique, puis-
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 57 -i
qu'on peut observer la dissociation du syndrome. M. Debray
estime en outre que les altérations du centre postérieur seul
suffisent à l'expliquer les deux modes de déviation conjuguée.
S'il est détruit, le malade tourne la tête et les yeux du côté
de sa lésion ; s'il est excité ou si ses voies de communication
sont tiraillées, le malade tourne la tête et les yeux du côté
opposé. Quant à la dissociation du syndrome, la déviation
des yeux sans rotation de la tête, elle peut aussi s'expli-
quer par la localisation de la lésion au centre visuel ou
aux fibres qui l'unissent à la zone calcarine, le centre
auditif ou ses voies d'accès étant respectées. 1). G.
YL -La psychothérapie; par le P1' Grasset. (Revue des Deux-
Mondes, 15 septembre 1905).
On connaît la théorie des deux psychismes auxquels cor-
respondraient, pour M. le Prof. Grasset, deux ordres
de centres corticaux : des centres psychiques supérieurs
(centre O) et des centres psychiques inférieurs (polygone)
qui peuvent fonctionner séparément ou au contraire agir
de concert. -
Si on admet cette distinction, on comprend qu'il y ait
aussi deux psychothérapies suivant qu'on s'adresse au seul
psychisme inférieur du sujet ou au seul psychisme supé-
rieur ou mieux à l'ensemhle des deux psychismes restés
unis. La première, psychothérapie inférieure, agissant sur
le polygone aide plutôt à la disjonction des deux psychismes,
tandis que la psychothérapie supérieure fortifie l'unité des
psychismes, développe la volonté et accroît l'action et l'in-
fluence du moi supérieur.
On peut donc avec la psychothérapie obtenir des effets
contradictoires et en apparence inconciliables à condition
de distinguer deux thérapeutiques psychiques absolument
différentes dans leur point de départ, leur mode d'applica-
tion et leurs effets sur l'organisme.
Telle est la thèse que démontre l'auteur en étudiant sépa-
rément chacune de ces deux psychothérapies.
Pour pouvoir faiie de la psychothérapie inférieure, il faut t
d'abord dissocier les deux psychismes. Cette dissociation
est réalisée par 1' ! 1YIJ7UJtisme qui annihile le centre O et
libère le polygone.
Cette émancipation du polygone est nécessaire pour que
par la suggestion on puisse le débarrasser de l'idée morbide
de la douleur, de la paralysie, de la convulsion, etc., qui
l'a envahi en lui substituant l'idée contraire de la guérison,
de la santé. Mais il ne faut pas se faire d'illusions ; cette
;)8 , REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
thérapeutique suggestive n'est efficace que contre le symp-
tôme de la maladie et elle n'a aucune prise sur le fond et
l'essence même de cette maladie.
La psychothérapie inférieure ou la thérapeutique sug-
gestive avec laquelle elle se confond, a en outre l'inconvé-
nient de ne pas fortifier la volonté supérieure, l'unité et
la personnalité du moi, de faciliter et d'accroître la désa-
grégation sus-polygonale, d'aggraver la séparation des deux
psychismes. Ces brèves considérations permettent de pré-
voir les nombreuses contre-indications de l'hypnotisme thé-
rapeutique.
Les localisations précises, étroites et tenaces, des névroses
et spécialement de l'hystérie en constituent la seule et uni-
que indication.
La psychothérapie supérieure loin de séparer les psy-
chismes pour modifier J'un deux, s'adresse à l'ensemble des
psychismes, fortifier leur union et leur collaboration, cher-
che à connaître la force de O et son influence sur l'entière
vie du sujet.
Encore faut-il pour qu'elle puisse donner des résultats
que les centres supérieurs ne soient pas trop altérés. D'où
cette conclusion que la psychothérapie supérieure n'est pas
le traitement des psychoses vraies, mais seulement celui des
psycho-névroses dans lesquelles prédominent la débilité et
l'instabilité mentale, la facilité de désagrégation sus-poly-
gonale, etc.
Les procédés à mettre en oeuvre en matière de psychothé-
rapie supérieure varient forcément suivant qu'il s'agit u,'
combattre une impotence fonctionnelle, un tic. etc., ou bien
au contraire un acte psychique, une idée, une sensation ou
une émotion morbides.
Dans le premier cas on peut s'adresser directement au
centre O et l'obliger par des exercices méthodiques à réta-
blir la fonction compromise ou pervertie ; il est plus ma-
laisé d'agir sur les actes psychiques morbides et on ne peut
y parvenir qu'indirectement en s'efforçant de leur substituer
des états psychiques normaux, et cela, au moyen de l'iso-
lement, d'un changement de milieu, de distractions et d'oc-
cupations soigneusement déterminées, en un mot, d'un
programme de vie précis, suggéré par le médecin, mais
accepté et suivi aveuglément par le malade.
En l'ésumée,[les deux vsyehothérapics ont l'une, et l'autre
une action curative psychique incontestable, mais avant de
les utiliser le médecin ne devra jamais oublier qu'elles dif-
fèrent profondément l'une de l'autre en ce que la supé-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 59
Heure fortifie et l'inférieure affaiblit Punit et la force' du
moi supérieur, conscient et libre. G. DENY.
SOCIETES SAVANTES
SOCIÉTÉ D'IIYPNOLUGIE ET PSYCHOLOGIE
Séance du 'Il novembre 1901). - Présidence de lI. Jules Voisin.
Vomissements incoercibles datant de 3 ans. guéris par V hypnotisme.
M. Paul.locRE (de Lille).- M. T., âgé de 61 ans, non hystéri-
que, surmené, a eu, il y a 3 ans, de grands chagrins. Depuis lors
tous les aliments solides et même demi solides sont rejetés, il no
vit depuis 3 ans que d'eau, de lait et d'oeufs crus. Assez accessihle
à la suggestion, surtout à la suggestion armée, il a pu après la
première séance manger quelques biscuits, puis après la seconde
des pommes de terre etdes légumes. Réhabitué progressivement
iL l'alimentation commune, il reprend des forces et le sthénomè-
tre confirme la solidité de la guérison.
M..Iules Voisin. La suggestion peut ainsi guérir un très grand
nombre de troubles relatifs à l'alimentation ou à la digestion.J'ai
hypnotisé et complètement guéri une femme qui, atteinte de dys-
phagie ne pouvait manger en présence d'une autre personne, et
cela depuis 5 ans.
M. Lionel DAURInC. - Pendant mon séjour à l'Ecole normale
supérieure, on nous servit un jour du veau accommodé à une
sauce d'un goût répugnant. Il en est résulté pour moi un souvenir
désagréable. J'ai gardé une aversion invincible pour cette Mande,
môme quand elle est très bien accommodée. Evidemment je suis
victime d'une auto-suggestion.
1 M. Paul : \IAGNIN, - La plupart do nos dégoûts iennent en ef-
fet d'une circonstance fortuite et s'installent définitivement par
auto-suggestion. Un grand fumeur est appelé dans son bureau au
moment où il fume sa pipe ; il dépose cette dernière sur une
cheminée ; quand il revient est veut la rallumer, il lui trouve une
odeur nauséabonde. Depuis cette époque, malgré son très vif dé-
sirde reprendre une habitude qui lui fut chère, il ne peut sur-
monter l'aversion qu'il éprouve pour le tabac et même pour la
fumée.
M. Paul Fartez. Une de mes malades a soigné jadis une pa-
rente atteinte d'un cancer du sein. Celte tumeur bourgeonnante
ressemblait objectivement à un chou-llcur. Depuis lors, elle
60 SOCIÉTÉS SAVANTES.
avait (les nausées, souvent même elle vomissait dès quelle voyait
un chou-fleur ou que seulement elle en entendait parler. Grâce à
la suggestion hypnotique, je l'ai rendue capable de manger du
fhou-fleur avec plaisir.
M. f3H : m ? oN. - L'anorexie hystérique a été souvent guérie
par des moyens empiriques. Dcsguérisonsde ce trouble nerveux
ont été également obtenues à la grotte de Lourdes. J'ai été té-
moin du faitsuivant : une religieuse qui déclarait ne pouvoir
supporter aucun aliment solide fut à plusieurs reprises immer-
gée dans la piscine. Un jour, en sortant, elle se rendit à son hôtel
et séance tenante absorba un énorme beessteak aux pommes. On
l'amena triomphalement au cabinet des consultations médicales.
Mais le médecin de ce cabinet ne parut pas partager l'enthousias-
me des pèlerins. Il fit sagement observer que le choix de ce pre-
mier aliment était plutôt contestable. Il lui parut en particulier
que des pommes frites en cette occasion ne correspondaient pas
aux dispositions d'un estomac ayant perdu l'habitude de tels re-
pas. Il engagea la religieuse faire choix d'aliments d'une diges-
tibilité plus certaine, ajoutant que cela n'enlèverait rien à la va-
leur du « miracle»; il lui affirma qu'elle resteraitguéric, surtout
si elle avait soin de consolider la guérison miraculeuse par l'em-
ploi du quelques pilules laxatif es et de cachets de bicarbonate de
soude.
La dormeuse de Ran Semo.
M. Paul I''AREz. Argenlina est née en 1889. Lors de ses pre-
mières règles, elle présenta l'état mental hystérique. A propos des
moindres reproches, elle fait une fugue, Une de ces iugues eut lieu
dans l'état second. En août 1904, elle présente des troubles dy-
sesthésiques, de l'oedème ains i que la gangrène hystérique. Quel-
ques jours après, elle s'endort pour trois jours. Dès lors, tout
reproche provoque, non plus une fugue, mais une attaque de
sommeil qui dure de 3 à 8 jours. L'attaque de sommeil comporte
quelques phénomènes prémonitoires, crampes, anesthésies loca-
les, même des hallucinations. Pendant le sommeil, Arbentina est
dansla résolution musculaire complète, avec de temps à autre des
contractions partielles, celle de la langue surtout. La sensibilité
générale, ainsi que les diverses sensibilités spéciales sont totale-
ment suspendues. Tantôt elle se réveille toutes les 24heul'es pOUl' i,
la satisfaction de ses divers besoins ; tantôt elle reste, pendant
toute la durée de son sommeil, sans manger ni boire, comme
sans uriner, ni déféquer. Ce sommeil ne se termine pas brusque-,
ment, on assiste à des réveils partiels et à la restauration pro-
gressive des diverses sensibilités. Dans la période qui précède le
réveil, elle est accessible à la suggestion elle fait même des révé-
lations graphiques qui dévoilent des idées fixes subconscientes,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 61
origine de la plupart de ses fugues et de ses sommeils. L'hypo-
thèse de la simulation doit être écartée. Il s'agit d'un cas qui ré-
pond au type classique de l'attaque de sommeil hystérique.
Les timidités. Indications de la suggestion hypnotique.
M. r ! KR ! L ! ,oK. L'étude des phénomènes observés dans l'état
d'intimidation permet de les assimiler à ceux que provoque le
sentiment de la peur. Dans un cas comme dans l'autre, ce qui
domine, c'est la sensation de diminution de puissance que celui
qui est intimidé ou effrayé constate sur lui-même. L'intimida-
tion agit comme si elle paralysait momentanément les organes
producteurs de l'énergie excito-motrice. Il en résulte une rup-
ture d'équilibre dans le fonctionnement des centres de l'écorce
cérébrale. Lorsque l'intimidation est portée à son degré le plus
élevé, celui qui en est atteint peut se trouver dans l'incapacité
absolue de se mouvoir, de parler et de penser.
Un peut donc comparer cet état à la paralysie psychique qu'il
est facile de produire par suggestion dans certains états de l'hyp-
notisme. Pour nous l'état d'intimidation est analogne à l'état
d'hypnose. Seulement dans ce cas il s'agit d'hypnotisme fortuit.
Ce qui justifie cette manière de voir, c'est qu'une suggestibilité
excessive est la condition essentielle de la production de l'inti-
midation et c'est ce qui explique que le plus grand nombre de
ceux qui présentent un degré de timidité aussi accentué sont
extrêmement suggestibles et par conséquent très hypnotisables.
Dans ces cas-là, l'exagération des phénomènes d'émotivité peut
être rattachée à une éducation défectueuse par laquellela dispo-
sition à la vénération de certaines personnes a été trop cultivée.
L'admiration met l'esprit dans un état d'attente favorable à la
production de l'hypnose. Si les timides sonten général très sug-
gestifs, par contre, il en est chez lesquels la suggestibilité semble
diminuée et qui se montrent réfractairesà toute tentative d'hyp-
notisation ; quand on étudie leur état mental habituel, on ap-
prend qu'ils sont des originaux, des impulsifs et qu'ils sont peu
sociables.
Chez les premiers, le caractère fondamental de leur timidité,
c'est qu'elle ne se manifeste que dans des circonstances capables
de la légitimer (examens, présentation àdes personnes auxquelles
on accorde un caractère de supériorité, événements inattendus,
etc.) Elle témoigne d'un manque de présence d'esprit, d'un carac-
tère faible et d'une -volonté peu exercée; mais elle ne constitue
pas en soi une tare névropathiquc. Cette timidité occasionnelle,
heureusement de beaucoup la plus fréquente, est capable de gué-
rir par un traitement éducatif approprié dans lequel la suggestion
hypnotique jouera le rôle le plus eflicace, chez les sujets chez les-
62 SOCIÉTÉS SAVANTES.
quels l'intimidation est réalisée par l'influence ou parla présence
d'autrui, la timidité comporte donc un pronostic favorable.
Dans la seconde catégorie, on observe au contraire des sujets
chez lesquels l'état d'intimidation existe pour ainsi dire iL l'état
permanent. Cette timidité qui s'accompagne le plus souvent d'an-
xiété, de phénomènes somaficuics accentués, tels que des trou-
bles vaso-moteurs, de l'arythmie, des sensations suhjectives,pho-
bies obsédantes et surtout de la rougeur constitue un véritable
trouble mental. Un est autorisé à la considérer comme une des
nombreuses manifestations de la dégénérescence mentale héré-
dataire. Par ce fait, le pronostic acquiert un caractère assez dé-
favorable. Néanmoins il ne faut pas les considérer comme incu-
rables. Un traitement moral méthodique dans lequel la sugges-
tionhypnotique a manifesté souvent son efficacité est nettement
indiqué. Il conviendra de le poursuivre pendant un temps assez
long. Il faut reconnaître que les malades qui appartiennent à
cette seconde catégorie sont souvent hypnotisables. L'entraîne-
ment hypno-suggestif est long et difficile.
Le traitement, par ses résultats, permet seul de tracer les limi-
tes de ce qu'il faut attribuer à l'éducation et ce qui est sous la
dépendance de l'hérédité. Parla, l'emploi du la suggestion hyp-
notique facilite le diagnostic et constitue un procédé très prati-
que pour arriver à formuler un pronostic assez précis.
L'hypersuggestibilité.
1111. P.lhtAftT etBÉRtLLOff présentent 3 malades hypersugges-
tibles, intéressants iL divers titres :
1. Un enfant de 13 ans, atteint de la manie de vagabondage,
s'endort en quelques secondes ; dans l'utatsecoml, il lutte contre
le réveil, se plaint, parle et répond aux questions posées.
II. Un jeune homme de 17 ans, qui a commis des délits par imi-
tation ; soumis au traitement hypno-pédagogique, il sera peu à
peu immunisé contre les influences mauvaises auxquelles jadis il 1
cédait sans défense.
III. Un étudiant dont l'hypel'3ug'gestibilité se complique d'une
extraordinaire timidité. Il n'ose sortir seul, le soir, dans Paris ;
il n'ose parler à haute voix devant une personne éti-aiigère.11 j)-
notisé, il fait, devant l'assistance, à haute et intelligible voix,
avec beaucoup d'assurance, le récit de ses misères morales. N'im-
porte qui pouvait l'endormir; son hypcrsuggestibilitéa été inhi-
béeparla psychothérapie. Loin de diminuer la volonté, ainsi que
le répètent des esprits peu observateurs on animés d'idées pré-
conçues, la suggestion hypnotique reconstitue le pouvoir de vo-
lition et rend à l'individu la maîtrise de soi.
Intelligence elles les mainaau.v. : 11. Minette, médecin vétérinaire à Compiègne, rapporte des
SOCIÉTÉS SAVANTES. 63
traits d'intelligence qu'il a observés chez le chien, le chat et la
chèvre. Une chèvre était capable de tourner avec une corne la clé
d'une porte de jardin laissée sur la serrure, allait marauder dans
le jardin, puis, son méfait accompli, sortait du jardin après en
avoir fermé la porte.
Séance du mardi 19 décembre 1905.
Présidence de M. le Dr Jules Voisin.
Aliénés ou demi-aliénés vénérés comme marabouts.
M. BouHAGEB (de Tunis). Des âmes, pieuses et igno-
rantes ont noyé la simplicité du Coran dans une infinité
de prescriptions secondaires nouvelles ; et l'accaparement
de tout l'être par l'idée religieuse a rendu l'âme musulmane
accessible au « mystérisme », ainsi qu'à l'existence d'un
esprit occulte qui préside à tous les événements. Cet esprit
ne se révèle qu'aux élus de Dieu. Ceux-ci sont dans une
soite d'extase ; indifférents à tout ce qui les entoure, ab-
sorbés par le monde invisible, ils prononcent des paroles
embrouillées, apparemment dépourvues de sens, parce qu'ils
s'adressent non aux mortels mais aux puissances surnatu-
relles. Or, les aliénés réalisent souvent un état psycholo-
gique analogue ; s'ils sont servis par des circonstances pro-
pices, ils passent pour inspirés et prennent le caractère
de marabouts, aux yeux de la foule ignorante. En Tunisie,
le fanatisme populaire vénère comme saints nombre de fous.
M. BERILLON. - Il est même des musulmans tr"-s malins
qui, pour s'attirer la vénération populaire, simulent l'alié-
nation mentale. Dans un récent voyage que je fis en Tuni-
sie, on m'a montré quelques-uns de ces simulateurs.
La psychologie de la médecine hindoue.
M. VALENTINO. - Pour l'Hindou, tout se ramène à la
religion : les maladies sont envoyées par les dieux ; les livres
de médecine sont les livres sacrés ; la thérapeutique aussi
est sacrée. Sans doute, aux traditions médicales d'ordre
religieux, il s'en est ajouté d'autres, ethniques ou familiales
écrites par des savants médecins, pour compléter les livres
saciés, mais ces dernières sont ce qu'est la jurisprudence
à la doctrine. Or, la doctrine est immuable et sacrée ; les
maladies sont d'essence divine et relèvent de dieux particu-
liers. Dès lors, les influences susceptibles de rendre malade
participent aussi de l'essence divine, tels le serpent et le
tigre qu'on ne tue pas, parce- qu'ils sont divins. Les mala'
dies durent au gré des dieux et donnent la mort ou non,
suivant le livre de Amen, lequel représente le destin. La
thérapeutique est pathogénique, c'est-à-dire religieuse ;
64 SOCIÉTÉS SAVANTES.
elle ne peut qu'obtenir ou accélérer le bon vouloir des dieux ;
les agents thérapeutiques sont : 1° les voeux, lucratifs pour
les prêtres, puisqu'ils consistent en fruits, animaux, etc. ;
2° les mantras ou formules magiques, supplicatives, impé-
ratives ou suggestives, suivant les cas ; 3° les- médicaments,
réputés agréables aux dieux, soit par eux-mêmes, tels le
ficus religiosa, soit à cause des rites qui ont accompagné
leur culture. Quant aux résultats, on constate une morta-
lité élevée, faute d'hygiène et de soins éclairés. Toutefois,
on cite de nombreuses guérisons, par exemple de cas qui
auraient guéri spontanément ou de pseudo-maladies gué-
ries par suggestion, car l'Hindou est éminemment sugges-
tionnable. Si le malade meurt, on explique la mort par un
arrêt du destin ou, par l'impureté soit du médecin, soit
du malade (ivrognerie ou vénération insuffisante pour le
brahme).
M. BERILLON. - Jadis en France les animaux ont été
considérés non pas comme sacrés, mais cités en justice et
frappés de pénalités, à l'égal de l'homme. Ainsi, dans les
cas de bestialité, des truies ont été exposées publiquement,
puis mises à mort, tout comme l'homme qui les avait souil-
lées. Pour ce qui concerne l'Inde, je constate que l'Hindou
respecte la vie d'animaux féroces et pratique les sacrifice
humains (incinération des veuves, etc.), tandis que le
conquérant anglais, grand chasseur de bêtes féroces est
respectueux de la vie humaine ; d'où il semble résulter que
la douceur envers les animaux entraîne la cruauté envers
les hommes, et la cruauté envers les animaux la douceur
envers les hommes.
' M. VALENTINO. - Les Hindous sont très logiques ; ils
respectent le tigre et le serpent parce que ces animaux sont
sacrés ; ils font bon marché de la vie humaine, parce que
l'homme est impur et souillé.
M. DAURIAC. - Ces considérations de M. Valentino m'ont
rappelé la haine d'Auguste Comte contre l'état métaphy-
sique et sa sympathie pour l'état fétichiste. D'ailleurs,
Comte, lui aussi, a versé dans le Fétichisme, avec le Grand
Etre, le Grand Fétiche et le Grand Milieu. Pour lui, ces
entités verbales sont des illusions dont il est bon que l'hu-
manité se repaisse ; il y voit la nécessité de présenter les
idées abstraites sous des formes concrètes, pour les rendre
contagieuses. Les peuples mythologiques peuvent facile-
ment recevoir une éducation sérieuse ; il suffit de leur trans-
former le concret en abstrait, sans rien changer au contenu
fondamental de la doctrine.
SdCiliTÉS SAVANTES. 65
Définition de la suggestion
M. Félix REGNAULT. - C'est à tort et au grand détriment
de la clarté que les auteurs identifient tour à tour la sug-
gestion avec une insinuation mauvaise, avec toute l'idée
acceptée par le cerveau, avec la seule influence hypnotique,
avec la persuasion, l'imitation, la contagion mentale, etc.
Le sens de chacune de ces expressions doit être restreint et
précisé. Une définition doit être analytique et s'appliquer à
une série nettement limitée de faits. Ce qu'on- désigne sous
le nom général de suggestion n'est tantôt que de l'imita-
tion, tantôt que de l'affirmation, ou que de la persuasion,
ou que du raisonnement, etc. Il importe de toujours dis-
tinguer explicitement ces diverses variétés.
Les timidités. Les localisations fonctionnelles de l'émotivité.
Dr BEPILLON. - Dans une précédente communication
nous avons mis en relief les points principaux suivants.
1° La timidité est la manifestation d'états psychologiques
constitués par de l'inhibition des centres nerveux;
2° Les phénomènes d'inhibition observés dans les états
d'intimidation sont analogues à ceux qu'on réalise dans les
états d'hypnotisme. ,
3° La suggestibilité est la condition essentielle de la pro-
vocation des états d'intimidation, comme de ceux de l'état
d'hypnotisme.
4° L'intensité des états d'intimidation est en rapport avec
le degré de suggestibilité, aussi les sujets hypersuggestibles
sont également les plus faciles à intimider.
Envisagée dans son sens le plus général, la timidité don
être considérée comme un phénomène normal. Elle est la
manifestation d'un esprit de subordination s'inclinant de-
vant l'autorité légitime de parents, de maîtres, de supé-
rieurs ou de personnes douées d'autorité ou de prestige.
Tout être jeune ou inexpérimenté doit, jusqu'à un certain
degré, présenter de la timidité. C'est une qualité de la jeu-
nesse. Elle tempère utilement les dispositions à la présomp-
tion, à la trop grande confiance en soi et même à l'impul-
sion. Elle se concilie avec le désir de se perfectionner et de
s'instruire et constitue une sorte de discrétion, de retenue
naturelle dont une éducation raisonnable est appelée à tirer
les meilleurs résultats.
Tous les hommes bien élevés reconnaissent que dans leur
enfance, dans leur adolescence et également au début de
l'âge mûr, ils avaient des dispositions iL la timidité. Ils
hésitaient à faire une démarche, à rendre une visite, à
adresser une requête, à demander un service, à imposer
Archives, 2* série 1906, t. XXI.
66 SOCIÉTÉS savantes.
leur présence à quelqu'un et ils se laissaient facilement
intimider par la présence d'inconnus. Cette timidité natu-
relle il, l'égard des personnes avec lesquelles ils n'étaient pas
familiarisés disparaissait quand on les mettait à leur aise
et qu'on les accueillait avec bienveillance.
L'homme qui évolue normalement, à partir d'un certain
âge doit cesser d'être timide. Il prend do l'assurance, ac-
quiert du sang-froid et prend possession de lui-même. Il
arrive à se rendre un compte assez exact de sa valeur per-
sonnelle, de ses aptitudes, de ses compétences et de son
autorité.
La disparition de la timidité peut s'opérer graduelle-
ment. Dans un grand nombre de cas elle s'opère d'une façon
soudaine, sous l'influence en quelque sorte, d'une influence
suggestive, à l'occasion d'un événement, d'une circonstance
fortuite, imposant à l'homme la manifestation de sa valeur
personnelle.
Il peut arriver qu'après avoir disparu pendant assez long-
temps, la timidité réapparaisse de nouveau. Ces récidives
s'observent à la suite d'affections diverses, au cours de la
neurasthénie, à la suite de chocs physiques et moraux.
Quand la timidité persiste, malgré l'âge ou l'expérience,
quand elle réapparaît par paroxysmes, elle doit être consi-
dérée comme ayant un caractère pathologique. Il est rare
que ces timidités pathologiques ne s'accompagnent pas de
tioubles fonctionnels localisés dans tel ou tel organe.
Tous les systèmes peuvent être atteints. L'organe do la
parole est le siège fréquent de localisation de cette émotivité.
Elle se traduit par du bégaiement, de l'aphonie, du mutisme
et des troubles divers de l'articulation de la parole. D'au-
tres localisations s'observent dans le système circulatoire,
dans l'appareil génito-urinaire, dans le système cutané,
dans les divers organes des sens, dans les fonctions mo-
trices. Récemment je viens d'observer une localisation assez
singulière de l'émotivité : une dame, lorsqu'elle est en vi-
site, éprouve, sous l'influence de l'émotivité, un véritable
ballonnement abdominal. Ses intestins se remplissent de
gaz et elle éprouve un malaise très pénible qui ne se dissipe
qu'après sa sortie, lorsqu'elle a pu se livrer à l'émission de
flatuosités, d'ailleurs complètement dépourvues d'odeur.
Le traitement par la suggestion hypnotique a amené la
guérison complète de cette incommodité, en amenant paral-
lèlement la disparition des divers états d'intimidation et
d'émotivité morbide.
sociétés savantes. 67 I
Les prophètes juifs.
M. BINET-SANGLE. - La psychologie religieuse a des rela-
tions très étroites avec la psychologie des dégénérés mys-
tiques. On en trouve la preuve dans l'histoire de l'exégèse
rationaliste depuis ses origines jusqu'à nos jours.
En étudiant successivement, avec leur physionomie réelle
et leur couleur orientale, les vagabonds anonymes du livre
des Juges, l'irascible et sanglant Samuel qui permet de
donner une théorie nouvelle de l'hallucination verbale, les
prophètes de cour Gad et Nathan, les convulsionnaires As-
saph, Eman et Iedouthoun, les conspirateurs Schemaya et
Ahiya le Schilonite, les thaumaturges de Bethel, Iddo le
voyant, les jeteurs d'anathèmes Iehou ben-Hanani et Aza-
riahou ben-Oded, Myriam, la musicienne, soeur de Moïse,
Debora, la vierge guerrière, Houlda, Noadya et Hanna qui
vit Jésus, on arrive à se faire une opinion précise sur la
psychologie de ces prophètes. La méthode à employer con-
siste à 'étudier le type d.u prophète juif, son lieu de nais-
sance, son domicile, son hérédité, sa constitution, sa sug-
gestibilité, ses images et ses idées, ses hallucinations, sa
théomanie, son intelligence, son orgueil, ses tristesses, ses
haines, son activité et son pouvoir suggestif.
M. René PAMART. La jeune fille que je présente à la
Société est âgée de 24 ans, elle est depuis 7 ans atteinte
d'une aphonie nerveuse complète ayant résisté à tous les
traitements mis en oeuvre. Elle ne présente aucun stigmate
d'hystérie et ce serait une erreur de considérer cette apho-
nie comme hystérique, alors qu'elle est une simple localisa-
tion fonctionnelle de l'émotivité. Tout d'abord réfractaire
à l'hypnose, cette jeune fille a pu être endormie pour la
première fois à la fin de novembre. Aujourd'hui elle parle
à haute voix et peut même commencer à chanter ;- chaque
séance amène de nouveaux progrès dans le fonctionnement
de son larynx, et leur constatation ramène tout naturelle-
ment la gaieté et la confiance. Les aphonies hystériques
sont fréquentes, les aphonies purement émotives sont plus
rares ; c'est ce qui donne à ce cas son intérêt.
Un épileptique incendiaire interné. - 31. Césaire Mansirc,
32 ans, vacher sans domicile, arrêté en août dernier, pour avoir
incendié deux meules de blé appartenant à un cultivateur d'Ivry-
le-Temple, a été reconnu après un long examen médical,
atteint de folie épileptique et interné à. l'asile d'aliénés de Cler-
mont. (Semeur de l'Oise, 10 janvier). D'où la nécessité d'hos-
pitaliser le plus possible les épileptiques.
BIBLIOGRAPHIE
1. - Precis de. psychiatrie, par E. Régis, Professeur adjoint
à l'Université de Bordeaux, chargé de cours de Clinique psy-
chiatrique. (Ouvrage couronné par la Faculté de médecine de
Paris 1887 et par l'Académie de médecine 1895.) Troisième édi-
tion entièrement refondue avec 82 figures et 6 tracés dans le
texte. Collection Testut, volume in-18, colombier, cartonné de
1100 pages. Paris, 0. Doin, 1906 : 10 francs.
Tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la médecine
mentale en France déplorent les préjugés régnant encore
chez nous - et dans le public et parmi les médecins -
relativement aux questions psychiatriques ; aussi sauront-
ils gré à M. le Professeur Régis de l'oeuvre considérable et
à tous égards remarquable qu'il a su mener à bonne fin.
Depuis la deuxième édition du Manuel bien connu de M. Ré-
gis, paru en 1892, il s'est produit, en psychiatrie, dans tous
les pays, un tel effort scientifique, un tel mouvement d'idées
et d'opinions, que cette spécialité médicale s'est trouvée, en
10 années, modifiée pour ainsi dire de fond en comble. Aussi
le Précis de Psychiatrie de 1906 est-il, à proprement par-
ler, non pas une troisième édition du Manuel pratique des
maladies mentales paru pour la première fois en 1884,
mais un livre entièrement nouveau, par son contenu, ses
planches et figures, son caractère typographique, son for-
mat, son aspect extérieur et enfin les proportions plus con-
sidérables qu'il a prises. Certains chapitres sont entièrement
neufs ou complètement remaniés, tels ceux consacrés à la
symptomatologie générale, à la confusion mentale, à la dé-
mence précoce, aux dégénérescences et aux psychoses des dé-
générés, aux psychoses d'intoxications et d'infections, à la pa-
ralysie générale, à la pratique psychiatrique.
Le Précis de Psychiatrie est divisé en trois livres. Le
premier, que précède une introduction historique, est
consacré à la pathologie générale. La première partie traite
des généralités relatives aux ]Jsychopathies : étiologie, évo-
lution, anatomie pathologique. Dans la seconde partie est
étudiée la symptomatologie générale, ou séméiologie. Cette
revue des symptômes et syndromes constitutifs des psycho-
pathies occupe dans cetto édition une place beaucoup plus
considérable que dans les précédentes ; son importance de
premier ordre le justifie. Plus de cent pages sont consacrées
à l'exposé des éléments morbides psychiques qui constituent
bibliographie. 69
les diverses maladies mentales. Signalons entre autres les
troubles de l'idéation (idées délirantes, troubles de la mé-
moire et de l'attention), les troubles de la perception (hallu-
cinations), les troubles de l'affectivité (émotions patholo-
giques, anxiété, obsessions, phobies) les troubles de la
conscience et de la personnalité, ceux de l'activité (troubles
de l'activité générale, troubles du langage, troubles des
actes : impulsions). Vient ensuite l'étude des troubles du
système nerveux, suivie de celle des troubles des fonctions
organiques. Enfin, M. Régis expose la question des stigmates
de dégénérescence ou infirmités psychiques d'évolution et
donne un tableau des stigmates de déchéance caractérisant
les Infirmités psychiques d'involution ou démences.
Dans la troisième partie du livre premier, M. Régis ex-
pose sa classification. Il distingue deux grands groupes de
psychopathies : les maladies psychiques et les infirmités
psychiques. Les psychopathies-maladies comprennent : A. Les
psychoses générales (dans lesquelles les troubles psychiques
s'accompagnent de troubles de l'activité générale et des di-
verses fonctions de l'organisme) : manie, mélancolie, folie
à double forme, confusion mentale. B. Les psychoses essen-
tielles dans lesquelles les troubles du psychisme existent
seuls ou à peu près : délire de persécution, délire ambi-
tieux, érotique, etc. Ces formes ne sont qu'autant de va-
riétés d'une seule psychose : la psychose systématisée pro-
gressive.
Les psychopathies-infirmités comprennent : A. les infirmi-
tés psychiques d'évolution ou dégénérescences psychiques,
avec les délires greffés sur ces états, et B. les infirmités
psychiques d'involution ou déchéances psychiques, démen-
ces.
Le classement méthodique de M. Régis est clair, ingénieux,
commode, et ce sont là certes des qualités très appréciables.
Le livre II comporte 600 pages consacrées à la Pathologie
spéciale, c'est-à-dire à l'étude : 1° des états psychopathiques
primitifs; 2° des états psychopathiques secondaires ou asso-
ciés. Parmi les chapitres les plus intéressants citons ceux
consacrés à la confusion mentale typique (délire onirique),
à la démence précoce que M. Régis envisage comme une
confusion mentale chronique. L'auteur ne se fait pas illu-
sion sur la surprise que pourra causer la place attribuée à
la démence précoce dans le groupe des confusions. Il nous
paraît inutile d'insister sur les critiques qu'il serait aisé
de faire à cette conception. Espérons que M. Régis,
dans la prochaine edition de son Précis, donnera à la
démence précoce la place qui lui revient. D'ailleurs, ce qui
70 bibliographie.
importe davantage, la description clinique que l'auteur en
donne est excellente, et contribuera à faire mieux connaître
en France une affection dont l'intérêt est capital au point
de vue du diagnostic et du pronostic.
Citons encore comme particulièrement intéressantes les
descriptions de la psychose systématisée progressive, des ob-
sessions et impulsions, des psychoses délirantes des dégé-
nérés avec leurs nombreuses variétés : délire d'auto-accusa-
tion, délire hypocondriaque, délire systématisé d'interpré-
tation, etc.
M. Régis a volontairement fait une place importante
aux psychoses d'auto-intoxications et d'infections, et cela,
d'abord en raison du rôle considérable çle ces facteurs en
psychiatrie, ensuite parce que ces maladies représentent la
presque totalité des innombrables psychoses symptomati-
ques auxquelles le praticien a particulièrement'affaire. Nul
mieux que l'auteur n'était préparé à écrire l'histoire de ces
délires des hôpitaux dont l'étude est en général un peu
négligée au profit des délires plus graves observés dans les
asiles. M. Régis passe en revue les principales' d'entre ces
psychoses toxiques : psychoses des auto-intoxications gastro-
intestinale, hépatique, rénale, cutanée, génito-urinaire, thy-
roïdienne, diathésique, inanitionnelle, traumatique, post-
opératoire, héliosique ; psychoses des infections typhique,
grippale, pneumonique, polynévritiqye, variolique, rubéo-
lique, scarlatineuse, diphtérique, érysipélateuse, syphili-
tique, tuberculeuse, cancéreuse.
Mentionnons encore parmi les meilleurs chapitres de la
Pathologie spéciale celui qui traite de la Paralysie géné-
rale.
Le livre troisième comporte plus de 200 pages consacrées
à la Pratique Psychiatrique. Cette partie si importante a
été traitée par M. Régis de la façon la plus complète et la
plus intéressante ; le lecteur y trouve à chaque page des
indications pratiques précises. Des chapitres distincts trai-
tent de la pratique médicale (diagnostic, traitement, assis-
tance), de la pratique médico-légale (droit criminel et res-
ponsabilité, droit civil et capacité). Il faut citer comme
particulièrement utiles les conseils sur la façon d'examiner
les malades, les pages consacrées au traitement tant pré-
ventif que curatif (isolement, traitement moral, alitement,
balnéothérapie, etc.), à l'expertise psychiatrique en général
et à l'expertise psychiatrique dans l'armée, aux aliénés cri-
minels, à l'enseignement de la Psychiatrie en France et à
l'étranger. Le livre se termine par un certain nombre do
rapports médico-légaux afférents à quelques-unes des prin-
bibliographie. 71
cipales situations qui se rencontrent dans la pratique psy-
chiatrique.
Le Précis de Psychiatrie de M. Régis vient à une heure
favorable. Le goût des études de pathologie mentale, jus-
qu'alors limité à un cercle des plus restreints, se diffuse peu
à peu dans le public tant médical qu'extra-médical. Simul-
tanément des foyers psychiatriques se créent dans nos l3ni-
versités provinciales. Le livre de M. Régis est éminemment
propre à favoriser ce réveil et cette extension des études
de médecine mentale. De plus il a le mérite de faire entrer
tléfinitiveTI1rSnt la psychiatrie dans la médecine ordinaire par
la voie des grandes doctrines de la pathologie générale
actuelle (auto-intoxications, infections). Par sa documen-
tation copieuse mais toujours judicieusement interprétée,
par son érudition de première main, son caractère à la fois
scientifique et pratique, cet ouvrage est appelé à rendre des
services considérables à de nombreuses catégories de lec-
teurs. Aux médecins praticiens il donne des descriptions
claires des divers types de vésanies et surtout il enseigne ce
qu'ils ont besoin de connaître, les psychoses d'auto-intoxica-
tions et d'infections qui sont au premier chef de leur do-
maine professionnel, car c'est eux qui doivent les observer
et les traiter. Pour les débutants en médecine mentale, les
médecins des prisons, les médecins des armées de terre et
de mer, les magistrats et avocats, les psychologues, le Précis
de M. Régis sera un guide des plus sûrs rempli d'indications
utiles, de documents intéressants, de conseils indispensables.
Enfin neurologistes et aliénistes auront grand profit à le
consulter : ils y trouveront une mise au point des questions
actuellement à l'ordre du jour, un inventaire complet de
l'état présent de la psychiatrie, en France et à l'étranger,
qui se recommande autant par la solidité du fond que par
l'élégance de la forme.
M. Régis, appréciant le rôle historique de la Psychiatrie
française, se plaît il, en louer « les incomparables qualités
de fine observation, d'ordre, de méthode et de clarté ». Nous
souscrivons d'autant plus volontiers à cet éloge que l'oeu-
vre scientifique du Professeur de l'Université de Bordeaux
et son Précis de Psychiatrie nous sont des témoignages que
ces qualités maîtresses du clinicien restent toujours la ca-
ractéristique de la psychiatrie française. P. Sérieux.
11. -- Des accidents psychiques liés an.).' maladies de l'oreille et de
ses annexes, par F. Jacques. (Thèse de Bordeaux, 1904-1905,
ne 67.
L'auteur a réuni 70 observations publiées ou inédites qui
72 bibliographie.
démontrent l'influence exercée par les maladies de l'oreille
sur l'éclosion des hallucinations auditives et de la folie. Ces
affections auriculaires sont des lésions banales de l'oreille
externe (bouchons de cérumen, tumeurs, corps étrangers,
otite externe), de l'oreille moyenne (otites simples, puru-
lentes ou sèches, affections de la trompe, de la caisse, de
l'apophyse mastoïde) ou du labyrinthe. On retrouve chez ces
malades des causes indispensables, telles que hérédité vésa,
nique, névropathique, alcoolique, intoxications personnelles,
infections, grossesses répétées, lactations multiples, trauma-
tismes, chocs moraux, créant une prédisposition spéciale
héréditaire ou acquise ; un grand nombre de ces malades
étaient atteints de dégénérescence physique ou mentale ;
mais ces accidents psychiques peuvent survenir chez un oto-
pathique sans la moindre prédisposition héréditaire. On
rencontre avec une égale fréquence des hommes et des fem-
mes : l'âge le plus fréquemment signalé varie de 21 à
50 ans. Les altérations de l'ouïe ont un retentissement fâ-
cheux sur l'intelligence et le caractère et engendrent lente-
ment un état mental caractérisé par un amoindrissement
des facultés intellectuelles, une diminution de l'affectivité
et de la volonté, un certain degré d'hypochondrie, une pro-
pension très marquée à la tristesse. Sur ce terrain vont
apparaître des phénomènes psychiques d'ordre hallucina-
toire et même délirant. Les hallucinations auditives peuvent
rester toujours conscientes (14 fois sur 70), parcourir une
phase consciente plus ou moins longue pour devenir incons-
cientes ou se montrer inconscientes d'emblée. Quand une
seule oreille est atteinte, les erreurs sensorielles ne se mon-
trent que du côté lésé : elles sont bilatérales quand les deux
oreilles sont malades. Dans les cas où la maladie causale a
été traitée et guérie, les hallucinations auditives ont dis-
paru ; elles se sont atténuées quand la maladie a diminué
d'intensité ; elles sont passées à l'état chronique quand elle
a persisté. Ces hallucinations ont consisté en monosyllabes,
simples mots, phrases très courtes, le plus souvent de na-
ture désagréable, fréquemment indépendants des idées ou
des sentiments actuels du malade ; elles surviennent de pré-
férence, le soir, la nuit, dans les états d'assoupissement.
Leur caractéristique est de succéder la plupart du temps
aux bruits pathologiques auriculaires ou d'alterner avec
eux.
Les malades peuvent aussi présenter des manifestations
vésaniques diverses en rapport avec les caractères de leurs
hallucinations : ce sont surtout des délires mélancoliques
analogues aux formes banales mais dont la caractéristique
bibliographie. 73
est d'être amorcés, commandés et dirigés par les halluci-
nations auditives aux caractères desquelles elles empruntent
leur contenu (2 observations personnelles) ; quand l'affec-
tion auriculaire est unilatérale, les hallucinations restent
unilatérales. Enfin on peut observer de véritables délires
systématisés de persécution qui prennent leur point de dé-
part dans l'interprétation délirante des bruits subjectifs
de l'ouïe et des hallucinations verbales inconscientes : les
idées de persécution s'organisent, se précisent et se systé-
matisent de plus en plus, mais quelle qu'ait été la durée
de la psychose l'existence des idées de grandeur et la trans-
formation de la personnalité n'ont jamais été notées chez
ces persécutés. ,
Les états de folie ah u2cre Icesa ne reconnaissent pas tou-
jours une seule et même pathogénie. Ils dérivent tantôt
d'une complication inflammatoire des méninges ou de l'en-
céphale, tantôt des bruits subjectifs de l'ouïe, qui se trans-
forment en voix et provoquent alors des conceptions déli-
rantes variées, tantôt enfin et le plus souvent peut-être, de
l'action combinée de ces deux mécanismes.
Ils empruntent à l'affection génératrice un certain nom-
bre de caractères qui permettent de les distinguer assez
facilement des états psychopathiques analogues. La nature
de l'otopathie, la forme des troubles mentaux, la prédispo-
sition cérébrale, l'âge des malades sont les principaux fac-
teurs du pronostic. Le traitement devra s'adresser à la
cause et user cependant des moyens d'action sur le moral.
Les chances de succès augmenteront avec la rapidité de l'in-
tervention.
Il importe donc d'examiner l'oreille des individus qui se
plaignent d'hallucinations auditives, surtout quand ces hal-
lucinations affectent un caractère d'unilatéralité.
Jean ABADIE.
111. -Le rire hystérique, par Mlle Elisabeth DESCHaMPS. Thèse
de Bordeaux, 1 ! J(4- [905.. '
Etude du rire dans l'hystérie apparaissant à l'état de
rire soit spontané, soit provoqué. Le rire immodéré spontané
peut être considéré comme un signe précurseur d'hystérie.
Le rire peut précéder ou suivre l'attaque banale d'hystérie.
Il peut apparaître comme réaction émotive inverse. Il peut
constituer à lui seul un équivalent convulsif de la grande
attaque : c'est l'attaque convulsive de fou-rire. Le rire peut
être provoqué d'autre part par l'excitation directe des mus-
cles du rire, par suggestion de l'acte lui-même, par sugges-
tion d'un état psychique gai, par excitation des zones idéo-
74 VARIA.
gènes modifiant l'état mental dans le sens du rire, enfin par
excitation de zones spasmogènes spéciales à l'attaque con-
vulsive de fou-rire. Jean ABADIE.
11 ? Complicatioxsncaicgitiquesclelaéarctplto'icleclae V enfant,
par le Dr J. GIRAUDET, (Thèse de Bordeaux, J ! JU4-1 ! JU3, no 2.ï.)
L'auteur a réuni 57 observations de complications ménin-
gitiques dans la dothiénentérie infantile, auxquelles il a
ajouté 4 observations inédites : ces accidents sont donc rela-
tivemcnt rares. Ils se traduisent cliniquement par des symp-
tômes qui rappellent, le plus souvent, ceux des méningites
aiguës ; parfois ceux de la méningite tuberculeuse ; plus
souvent les convulsions éclamptiques. Les formes subaiguë
et éclamptique sont surtout difficiles à diagnostiquer : la
séro-réaction, la diazo-réaction, la fibrino-réaction et sur-
tout la ponction lombaire facilitent beaucoup le diagnostic.
A l'autopsie des enfants morts au milieu d'accidents ménin-
gitiques compliquant une dothiénentérie, on a constaté soit
une méningite purulente généralisée ou localisée, soit une
simple congestion des méninges. Dans d'autres cas, aucune
lésion apparente ne se présentait à l'oeil de l'observateur.
On a retrouvé dans le pus des méninges le bacille d'Eberth
pur ou associé au staphylocoque ; on a constaté aussi la
présence du bacille d'Eberth à l'état de pureté dans le li-
quide céphalo-rachidien extrait par ponction lombaire ; les
accidents méningitiques peuvent être causés aussi par des
microbes autres que le bacille d'Eberth (bacille de Koch, et
même par les toxines typhiques). Le pronostic est très
grave, la mortalité dépasse 50 00, quand surviennent des
complications méningitiques : la forme pseudo-tuberculeuse
paraît la plus bénigne. La ponction lombaire, les bains
chauds ou tièdes, sont les deux moyens thérapeutiques les
plus efficaces contre les accidents méningitiques de la do-
thiénentérie infantile. Jean ABADIE.
VARIA
Concours pour l'emploi de médecin adjoint DES asiles
PUBLICS d'aliénés
Le ministre de l'intérieur. Sur la proposition du directeur
.(le, l'assistance et de l'hygiène publiques, - Vu la loi du JO
juin 1838. l'ordonnance du 18 décembre 1839 ; les décrets des 6
juin 18G3, 19 octobre 1894 et li août 1905 ; vu lus arrêté" mi-
varia. 75
nistériels de 18 juillet et 24 octobre 1888, des 12 juin 1899,7 mars
1900, 6 mai 1902 et 6 avril 1 ! J01 j vu l'avis du comité des ins-
pecteurs généraux en date du 28 novembre 1905. arrête :
Art. loi- - Un concourspour l'admission aux emplois de mé-
decins adjoints des asiles publics d'aliénés s'ouvrira à Paris, le
lundi 19 mars 1906.
Art. 2. Les candidats devront être Français et docteurs en
médecine d'une des facultés de l'Etat, avoir satisfait à la loi sur
lerecrutementdel'arméeetnepas avoir trente-trois ans révolusle
1 CI' janvier qui précède le concours ; ils devront justifier d'un stage
d'une année, au moins, soit comme internes dans un asile pu-
hlic ou privé consacré au traitement de l'aliénation mentale, soit
comme chefs de clinique ou internes des hôpitaux nommés au
concours. Leur demande devra être adressée au ministre de l'in-
térieur qui leur fera connaître si elle est agréée et s'ils sont admis à
prendre part au concours. Elle deua parvenir le lundi 19 février
1906 au plus tard,au ministère de riIllél'ieuï'(l CI' bUl'eau de l'assis-
tance et de l'hygiène publiques, 7, rue Cambacérès) qui est exclu-
sivement chargé de l'organisation du concours. Cette demande
sera accompagnée de l'acte de naissance du postulant, de ses états
de services, d'un exposé de ses titres, d'un résumé restreint de
ses travaux, dudépôtde ses publications, ainsi que des pièces fai-
sant la preuve de son stage et de l'accomplissement de ses obli-
gations militaires.
Art. 3. Le jury chargé déjuger le résultat du concours sera
composé comme suit : Il Un inspecteur général des services ad-
ministratifs au ministère de l'intérieur désigné parle ministre,
président ; 2° Trois professeurs, titulaires de facultés de mé-
decine, ou, des agrégés on chargés de cours des maladies menta-
les, en exercice dans les facultés de l'Etat ; 3°Trois directeurs-
médecins ou médecins en chef d'asiles publics d'aliénés ou de la
maison nationale de Charenton ; - 40 Enfin, un juré suppléant
pris parmi les directeurs médecins ou médecins en chef des mê-
mes établissements.
Tous les jurés seront désignés par le ministre de l'intérieur, sur
la proposition du comité des inspecteurs généraux. Les profes-
seurs, les agrégés ou les chargés de cours seront choisis dans des
facultés différentes. Les directeurs-médecins elles médecins en
chef devront eux-mêmes être pris dans des établissements diffé-
rents et, en outre, appartenir à des asiles situés hors du- ressort
des académies qui auront fourni les professeurs, les agrégés ou
les chargés de cours. En cas d'absence, le président est remplacé
par un autre inspecteur général des services administratifs, dési-
gné par le ministre do l'intérieur. En cas d'absence parmi les au-
tres membres du jury, il serait fait appel au juré suppléant pour
76 varia.
remplacer le premier juré absent et les épreuves continueraient
de plein droit avec les membres restants.
Art. 4. - Les épreuves seront toutes subies à Paris, sous le
contrôle de l'inspecteur général président. Elles seront au nom-
bre de six. savoir : 1° Une question écrite portant sur l'anatomie
et la physiologie du système nerveux, pour laquelle sera accordé
trois heures aux candidats : le maximum des points sera de
30. - 2° Une question écrite portant sur l'organisation des asiles
publics d'aliénés et sur la législation des aliénés, pour laquelle il
sera accordé deux heures, le maximum des points sera de 10. -
Les copies devront être écrites lisiblement et porter une devise.
Cette devise sera reproduite avec le nom du candidat, et mise par
celui-ci sous enveloppe cachetée.
3- Une épreuve sur titres ; le maximum des points sera de 10
pour cette épreuve et les points devront être donnés lors de la
correction des épreuves écrites. Il sera tenu compte de ces points
en vue de l'admissibilité des candidats aux épreuves orales et
cliniques. Ces épreuves sont éliminatoires.
4° Une question orale portant sur la médecine et la chirurgie
en général, pour laquelle il sera accordé vingt minutes de ré-
flexion et quinze minutes d'exposition ; le maximum des points
sera de 20.
5° Une épreuve clinique orale. Cette épreuve portera sur un
seul malade. Il sera accordé au candidat quinze minutes pour
l'examen de l'aliéné, y compris le temps de réflexion, et vingt mi-
nutes d'exposition. Le maximum des points sera de 20.
6- Une épreuve clinique écrite. Cette épreuve portera sur un
seul malade,qui sera examiné au point de vue médical et au point
de vue médico-légal. Il sera accordé au candidat vingt minutes
pour l'examen du malade et une heure pour la rédaction d'une
consultation écrite. Le maximum des points sera de 20.
La police générale du concours est confiée au jury qui détermi-
ne notamment les règles à appliquer à la lecture et à la remise
des copies, désigne lesservices où seront subies les épreuves clini-
ques, fixe le choix des malades et prend toutes dispositions utiles
pour assurer la régularité et la sincérité du concours.
Art. 5. Le nombre des places mises au concours est fixé à
dix : il ne pourra, dans aucun cas, être dépassé. Aucun délai n'est
garanti pour la nomination des candidats reçus au concours. Au
sur et à mesure des vacances d'emploi qui se produiront dans les
asiles d'aliénés, les candidats déclarés admis seront nommés sui-
vantl'ortlre de classement par mérite établi par le jury. Sera dé-
claré démissionnaire tout candidat reçu qui, dans le délai decinq
ans après la proclamation des résultats du concours,n'aurait pris
possession d'aucun des postes qui lui auraient été offerts à son
tour dénomination. C'est à partir du jour de l'installation efl'ec-
VARIA. 77'
Live du médecin adjoint que commenceront à courir ses services.
Les avancements de classe pourront être accordés par le ministre
savoir : aux directeurs médecins et médecins en chefs, après trois
ans de stage,au minimum dans la classe inférieure ; aux médecins
adjoints après deux ans au minimum, dans la classe précédente.
Art. 6. - Le prochain concours aura lieu dans un délai maxi-
mum de trois ans. Art. 7. Le directeur de l'assistance etde l'hy-
giène publiques est chargé de l'exécution du' présent arrêté.
Fait à Paris, le 23 janvier 1906. 1)oBIEr-.
Annexe DE l'arrêté DU 23 janvier 1906.
En vertu] des décrets des 19 octobre 1894 et 14 août 1905, les
cadres et traitements des directeurs médecins, médecins en chef
et médecins adjoints des asiles l,ublics d'aliénés ont été établis
ainsi qu'il suit :
78
VARIA.
ne dit pas, c'est que cet aliéné, avant d'être mis dans la rue,
on ne sait pourquoi, avait lait un long séjour dans ce mêmehos-
pice, en cabanon, fort mal installé, alors que ses vociférations
ne laissaient aucun doute sur son état mental et sur l'urgence de
son admission dans un asile. Cependant une circulaire ministé-
rielle de 1887, rédigée à la suite des articles de M. Bourneville
sur les cabanons des hospices, circulaire signée de')1. Faîtières,
recommande que le séjour des aliénés dans un hospice soit limité
au temps indispensable pour constater leur étal. Dès que l'alié-
nation est reconnue, le malade doit être transféré dans un éta-
blissement spécial.
N'est-il pas regrettable d'avoir à signaler encore de pareils faits,
sur lesquels M. Bourneville a si souvent appelé l'attention et qui
ont été l'objet d'une communication de M. Monod, directeur de
l'Assistance publique, au Congrès de 1880. Espérons que le fou
de l'hospice de L3ézicrs sera sans retard nouveau transféré à l'asile
de l'Hérault. Il.
Congrès DES aliénistes ET neurologistes.
Ayant eu l'occasion d'assister à la session de Rennes du Con-
grès des aliénistes et neurologistes, présidé par M. le Dr Giraud,
le distingué médecin-directeur de l'asile Saint-Yun,l'idécnous est
venue de donner l'énumération des villes où ce Congrès, né du
Congrès international de médecine mentale de 1889,a siégé avec les
noms des présidents et des secrétaires généraux :
faits DIVERS. 79
La prochaine session aura lieu en 1906à'Lille. M. le professeur
Grasset (tic Montpellier) et M. le Dr CHOCRFAUX ont été désignés,
le premier comme président, le secondcomme secrétaire général,
Marcel L1,
LE D1' Védie candidat A la présidence DE la République.
Au dernier moment, une candidature nouvelle s'est produite,
celle deM. Henri Védie, néà Rouen-ce qui n'est pas très éloigné
du Havre - fils d'un médecin aliéniste (1), aliéniste lui-même,
« auteur de solutions nouvelles et très importantes en psycho-
physiologie. » Voici la très philosophique profession de foi de
notre homme :
Citoyens, députés et sénateurs, électeurs présidentiels,
« ,le brigue la présidence pour quatre ans au plus. Arbitre at-
tentif entre fous les républicains, je les aiderai à transformer l'ins-
tinct révolutionnaire en évolution scientifique; à cet effet, je vous
soumettrai des réformes fiscales, administratives et sociales, qui
mériteront toute votre attention, sans oublier un seul instant la
défense nationale et la sécurité publique. Des études variées et
profondes m'ont préparé au rôle que je sollicite de votre clair-
voyance et de votre patriotisme. Je vous restituerai le pouvoir
exécutif le 16, janvier 1910 et bien avant, peut-être, pour raison
de santé. - Salut et fraternité. Henri Védie. »
Quatre ans seulement de présidence ! Ça, c'est une habileté au
moins. Les électeurs pourraient bien être sensibles à cette pro-
messe de retraite avant l'heure constitutionnelle. (L'Aurore, 17 i
janvier.)
FAITS DIVERS
Asiles d'aliénés. - Nominations et promotions. Mouve-
ment de décembre IUO.j. M. JIaBILLE, ancien receveur des
finances, est nommé directeur de l'Asile d'aliénés de Clermont
(Oise), en remplacement de M. Lesvier, nommé directeur hono-
raire. M. le Dr Marchand, médecin adjoint à Blois, est nom-
mé à la classe exceptionnelle du cadre. M. le Dr \IONESTIER,
médecin en chef à Aix (Rouches-du-Rhône), est nommé, en la
même qualité, à Marseille, en remplacement de M. r)oul)ila,
retraité. M. le Dr FENAYROU, médecin-adjoint à Jaugeât (Haute-
Vienne, est nommé médecin un chef à Aix (Bouches-du-Rhône).
M. Sigismond L\croix est nommé directeur de l'Asile d'aliénés de
Ville-Evrard en remplacement de M. Balet, admis à faire valoir
ses droits à la retraite et nommé Directeur honoraire.
(1) Le Il' Véilie père a .été le premier médecin-directeur de l'a-
Site d'Uvreux ; le 1>^ ""dit' fil ? candidat, a élé longtemps, croyons-
nuus, médecin de l'asile Saint-Luc, il l'au.' 1.
80 bulletin bibliographique.
Distinction honorifique. - Nous apprenons avec plaisir la
nomination de notre excellent collaborateur, M. le DrMarandon
de Montyel, médecin en chef de Ville-Evrard, au grade deche-
valierde la Légion d'honneur.
AVIS A NOS ABONNÉS, - Nous leurs rappe-
lons que les abonnements combinés aux Archives de
Neurologie et au Progrès médical, sont de 28 fr.
pour la France et 30 fr. pour l'Etranger et que par
conséquent en ajoutant 8 fr. à leur abonnement des
Archives ils peuvent recevoir les deux journaux.
Nous nous adressons plus spécialement aux méde-
cins des asiles dont les deux journaux ont soutenu
régulièrement leurs intérêts professionnels.
Nous sommes à leur disposition pour compléter
dans de bonnes conditions les années qui manquent à
leur collection. - La collection complète : 1880 à
1905 inclusivement, prise dans nos bureaux, est de
150 fr. ; la 2< série de 1896 à 1905 est de 100 (l'.
(Voir les annonces après le sommaire.)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
HounxEviLLE. Traitement médico-pédagogique des idioties les
plus graves, In-16 de 32 pages avec 22 fig. Prix : 1 franc. Pour nos
abonnés. Prix : 0 fr. 75. Aux bureaux du Progrès Médical.
Bourneville. Les enfants anormaux au point de vue intellec-
tuel et moral. In-16 de 24 pages. Prix : Pour nos abonnés (franco) :
0 fr. 50.
BouRXEViLLE. Rapports présentés la Commission de surveil-
lance des asiles d'aliénés de la Seine en 1901 : Admission dans les
quartiers d'aliénés de Bicêlre ct de la Salpêtrière des malades re-
connus aliénés dans les hôpitaux de l'assistance publique ; - RaI"
port il l'occasion du XIII'Congres des médecins aliénistes de France;
- Visite de la section des enfants de Bicêlre et de la Fondation
Vallée ; - Rapport sur les budgets de l'asile de Villejuif ; Rap-
port au sujet de la réforme de 1 Ecole départementale d'infirmiers et
iiifii-mièj es, documents, statistiques, sur les écoles municipales et
discussions. Programmes. Règlements. In-4" de 150 pages avec de
nombreux tableaux.
IIAMEL. - Rapport médical de l'asile d'aliénés à Auxerre pour
1904. In-8° de 24 pages. Lanicr, Imp. à Auxerre.
(11.). - Rapport administratif et médical de l'asile public
d'aliénés de La/ond pour 1901. In 8° de 114 pages. Martin. Imp. La
Rochelle.
Le rédacteur-gérant : Bourkeville.
Clermoul (usez Imprimerie Daix frères.
Vol. XXI Février 1909 No 122
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE NERVEUSE
Pachyméningite interne post-traumatique.
1',\1\ [<'ÉLI.\ BOSE,
Chef de clinique adjoint à la Faculté.
[Travail de la cliniq lie des112alad ¡es nerveuses Salpêtrière.)
L'histoire clinique des fractures de la colonne verté-
brale, leur évolution rapidement progressive ou régres-
sive, sont bien connues, et l'on sait qu'il n'existe, au dé-
but, aucun signe permettant d'affirmer le pronostic, dans
un sens ou dans l'autre. En particulier, on discute encore
aujourd'hui sur la valeur pronostique de l'abolition ou de
la présence des réflexes. Nous-même (1) avons soutenu
que. si l'état des réflexes ne pouvait nous donner de
renseignements absolument sûrs, l'abolition permanente
des réflexes, l'influence du shock étant éliminée, était un
signe de pronostic plutôt mauvais, contre-indiquant l'in-
tervention.
Bien moins connue est l'évolution tardive des compres-
sions par fracture qui s'améliorent.
Nous en rapportons ici un cas, que nous avons eu l'oc-
casion d'observer dans le service de notre maitre, le
professeur Raymond, et dont l'intérêt réside dans son
évolution particulière, durant une période de 4 ans après
l'accident.
Observation, BDUd ? âgée de 30 ans; cuire le 5 juillet U)().-)
à taSa)})(''h'ic ! 'c dans le service de M. le professeur Raymond pour
une paralysie complète, survenue, il y a ans, à la suite d'un
violent traumatisme dans la région dO'50-10mhail'e.
(1) F. Rosi : . Thèse de Paris, 1905. '
Archives, 2. série, 100(3, t, XXI. li
82 CLINIQUE NERVEUSE.
La malade, dont les antécédents tant héréditaires que person-
nels n'olfrent rien doypathologique, était employée à la Comlta-
gnie de l'Urbaine où elle travaillait à la sellerie.
Il y a environ 4 ans, un monte-charge, destiné à monter les
voitures il l'étage supérieur, manoeuvré par quelqu'un d'itlexi-
péri monté, a surpris la malade, l'a frappée dans la région lom-
baire et l'aplatit sur le sol ; on put intervenir à temps pour em-
pêcher qu'elle ne lût écrasée. Aussitôt après l'accident elle fut
transportée il J'hùpitall3eaujon.
A ce moment, elle élail totalement paralysée, ut il exislail une
anesthésie totale et absolue des membres inférieurs, qu'elle croyait
coupés.
D'abord on fut obligé de la sonder; mais bientôt elle perdit
matières et urines sans être avertie en rien du passage de l'urine
et des fèces.
La malade resta 3 semaines dans une gouttière de Bonnet puis
fut couchée sur un matelas d'eau. Au hout de mois elle eut une
escarre qu'elle attribua à un manque du soins et elle quitta l'It0-
pital. Cette escarre dura 8 mois. Peu à peu les troubles aIle5111l;-
aitlues diminuèrent on intensité et en étendue. La motilité s'amé-
liora également d'une façon progressive. La malade fut d'abord
capable d'exécuter quelques mouvements de plus en plus éten-
dus, déplus en plus énergiques dans sonlil, enfin elle put se lever
et vaquer, quoique péniblement, à ses occupations.
Les troubles sphincteriens persistèrent : la malade sentait le
besoin, mais ne pouvait lui remisier, les muqueuses uréthralo et
anale restèrent anesthésiques.
Aucun changement ne survint dans son état jusqu son en-
trée à la Salpétriére, si ce n'est qu'une nouvelle escarre iessierc
autrement localisée que la première, apparut il y a un mois; en
même temps elle fut prise d'une lièvre violente surtout le soir.
Etat de la malade le G juillet 1905. La malade est paie et
amaigrie, son état général est des plus défectueux. Elle présente
une fièvre élevéee, oscillant entre 39° et 40°, a type intermittent
hectique. Elle tousse moyennement et rend des crachais mu-
queux assez abondants. L'auscultation tles poumons révèle quel-
ques râles congestifs la base ; mais on ne trouve aucun lover
pneumonique et les sommets sont normaux.
Motilité. Les mouvements spontanés des cui,.c·, et des jam-
bes sont possibles et se font dans une étendue suffisante. ,
La malade ne peut remuer du fout les pieds elles orteils,
Alors que la force musculaire est nulle aux pieds, la répartition
de cette force dans les autres segments varie beaucoup avec le
mouvement considéré. Ainsi la flexion de la jambe sur la cuisse
est 1res faible, l'extension, au contraire, est absolument normale.
PACHIpII : NING11' INTERNE POST-TRAUMATIQUE. 83
A la cuisse la flexion ut l'abduction sont très bien conservés, tan-
dis que les mouvemuntsopposés peuvent être empêchés par la ré-
sistance passive la plus légère.
Au tronc, au cou et aux membres supérieure, la motilité est
normale en tous points. La malade ne peut marcher qu'avec des
béquilles, alors qu'auparavant celles-ci n'avaient plus été abso-
lument nécessaires.
Le pied est ballant et traîné sur le sol, et la malade est obli-
gée de marcher uniquement avec les secours des fléchisseurs de
la cuisse et des extenseurs de la jambe.
Les réflexes des membres inférieurs, tant tendineux (rotulien
achilléen) que cutanés (plantaire) sont abolis. Le réflexe cutané
abdominal est conservé. Il existe une atrophie musculaire dif-
fuse des membres inférieurs, qui, au dire delà malade, auraient
beaucoup augmenté dans les derniers lemp ?
Sensibilité au contact. Le pied est totalement insensible, aussi
bien sur la lace plantaire que sur le dos.Cet te aire anesthésiquese
prolonge en haut par une bande prenant toute la moitié externe
de la jambe, tant en avant qu'en arrière et s'arrêtant au-des-
sous du genou.
Au niveau des fesses, il existe uneanesthésie en garniture large
d'une paume du main de chaque côté, et descendant un peu au-
dessous du pli fessier. La vulve et son pourtour sontanestltésiques.
Seule la région chtoridienne a gardé quelque sensibilité. Sur la
face interne des cuisses, la sensibilité reparaît presque immédia-
tement. A la piqûre, les limites de l'ane"lhésie sont les mêmes
qu'au loucher. Pour les sensations thermiques on observe des er-
reurs d'interpretation/tans les mêmes régions. La sensibilité pro-
fonde n'a pas été examinée.
Les sphincters sont toujours insuffisants et le passage des ma-
tières et de. l'urine n'est pas senti.
Au niveau de la région lombaire, environ il 2 cm. au-dessus
d'une ligne passant par les crêtes iliaques, il existe une dépres-
sion assez accentuée de la colonne vertébrale, vestige du trau-
matisme ancien. La fracture semble avoir porté sur les 3e et 4'1
vertèbres lombaires.
Un peu au-dessous, dans la région anesthésique fussière. se
voient deux escarres profondes et suintantes datant d'environ
1 mois 1 ? .
L'état de la malade au point du vue des troubles nerveux ne
s'est pas modifié. La malade, minée par une lièvre hectique il
S ! 1'alllles oscillations, est morte des progrès de la cachexie, sans
aucun accident inflammatoire terminal, le 3 août 1905, c'est-à-
dire un mois après >on entrée.
4 CLINIQUE NERVEUSE.
Autopsie. - Raclas : La partie postérieure des arcs lombaires
montre que renfoncement osseux était relativement éloigné de
la moelle, qui était peu comprimée.
Moelle : Fover de méninge-myélite chronique caractérisée par
des adhérences des méninges à la face postérieure de la moelle,
qui est élargie transversalement du double de son diamètre nor-
mal et renferme une cavité centrale irrégulière. Le foyer de myé-
lite assez bien localisé commence environ entre le 2° et le 3"
segment lombaire pour se terminer au niveau du 4e ou je segment
sacré.
Le canal épendymaire est normal partout, sauf dans la région
dorsale moyenne, où, sur une longueur de plusieurs segments, il
offre une lumière qui admet une Une aiguille.
Alaface postérieure du hulhe, au niveau de la toile choruidien-
nedu IVe ventricule et sur la face postérieure des 2 premiers seg-
ments cervicaux siègent 3 petites masses gris-rose, molles, qui,
disons-le tout de suite, à l'examen microscopique se sont mon-
trées être constituées par du tissu muqueux un peu particulier.
Dans les centres nerveux supérieurs ainsi que dans les viscè-
res, rien à signalcr.
E,¡,( ? l1en microscopique. L'endroit du la compression a été
fixé partie au suhlimé-iodé-formol, partie au hichrumate-Marchi
et coloré à 1'liCiiiatéiiie-éosine et au Van Gieboii.
Les lésions sont surtout nulles à la partie supérieure du la
compression : l'endroit de la compression maxima se trouvait
être fort difficile à couper.
La face externe de la dure-mère est normale, il n'existe pas la
moindre trace de péri-pachyméningtte. Tout l'épaississement,qui
est suffisant pour tripler l'épaisseur habituelle de la membrane,
s'est constitué au dépens de la face interne. Cette pacltyménin-
gite existe surtout en arrière et surles côtés ; en arrière on trouve e
une symphyse totale des méninges et de la moelle, tandis que
sur les côtés, la dure-mère est nettement limitée du côté de l'a-
raclmoiae ; la pie-mère y est également libre.
La pachyméningite est constituée par du tissu conjonctif fibreux
disposé un lames parallèles, entre lesquelles se trouvent de nom-
breux noyaux du type conjonctif, soit allongés et recourbés, soit
arrondis, tous en train de proliférer.Par endroits, ces noyaux sont
réunis en amas, par dizaines au plus. Un les trouve soit autoul
des vaisseaux, soit en dehors d'eux sans prédominance pour les
amaspéri-vasculaire.sNulle part,on ne rencontre de cellules géan-
tes.
Les vaisseaux de la dure-mère sont normaux, et si on trouve
quelques vaisseaux sous-pie-mériens épaissis, l'épaississement
PACHn[ININGITr. INTERNE POST-TR.W f\I1TIQU1;. 85
ne porte que sur la tunique moyenne et surtout sur l'adventice.
L'endartère reste toujours normal.
Sauf au niveau de la symphyse méningo-médullairc l'espace
sous-aracbnoi'dien est libre ; il ne contient pas (le lymphocytes.
Il n'y a donc pas à regretter qu'on n'ait pas fait de ponction
lombaire pendant la vie.- Quanta la pie-mère, elle e>t nor-
male et ne présente aucune trace d'inflammation.
La moelle ne confient presque plus de fibres nerveuses normales,
on en rencontre encore quelques paquets dans les parties anté-
rieures de la coupe. Il existe encore quelques cellules nerveuses
arrondies, ayant gardé leur noyau et un ou deux prolonge-
ments.
Partout ailleurs, ce ne sont que des mailles vides formées par
une névroglie à lions ramilles, contenant du nombreux noyaux.
Ajoutons qu'on ne trouve ni corps granuleux, ni infiltration leu-
cocytaire.
A l'endroit de la compression maxima, on retrouve les mêmes
lésions; dansla moelle dont nous n'avons pu obtenir que des cou-
pes incomplètes, aucune libre normale ne persiste. On en voit (lui,
assez bien colorées par la fuchsine, s'entrecroisent dans tous les
sens, formant des espèces du nids. On ne rencontre pas de libre'
nerveuses fines pouvant faire supposer un processus de régéné-
ration. La paroi postérieure de la cavité médullaire qui existait
à ce niveau est irrégulière, non limitée par un processus né, ro-
glique, pseudo-gliomatuux comme on le rencontre dans certaines
cavités post-hématomyéliques. Les lésions dure-mériennes sont
les mêmes que plus haut, l'infiltration embryonnaire est encore
plus accentuée, mais sans constituer des amas pouvant faire
penser à des tubercules.
Les racines rachidiennes, sans être enserrées par le processus
méningitique, ne contiennent presque plus de fibres nerveuses ;
et celles qui subsistent se colorent mal. La trame névroglique
n'est pas épaissie.
Au-dessus de la compression on trouve une dégénérescence
ascendante des cordons de Goll jusque dans le bulbe. Cette dégé-
nérescence est pour la plus grande partie ancienne, seule, dans
la région dorsale inférieure, la région limitée des libres normales
montre des granulations noires au llarchi.La dégénérescence des
cordons postérieurs n'est pas systématisée. Les libres endogènes
sont également prises. La dilatation du canal épenclymaire signa-
lée plus haut est une dilatation simple, sans lésions de l'épithé-
lium.
En résumé, nous nous trouvons en face d'une femme
qui, ans avant son entrée, subit un traumatisme, in-
Su CLINIQUE NERVEUSE.
tense en apparence, de la colonne lombaire. Paraplégie
et anesthésie absolues des membres inférieurs consécu-
tives ; escarre qui guérit. Au bout de 5-7 mois l'anesthésie
d'abord, la motilité ensuite, s'améliorent au point qu'un
an après l'accident, la malade peut vaquer, quoique
difficilement, à ses occupations. Quatre ans après, elle
vient mourir à l'hôpital d'une infection partie de nouvel-
les escarres ; elle présente à ce moment une paraparésie
flasque qui semble s'être accentuée de nouveau, de l'a-
nesthésie limitée aux dernières racines sacrées et de l'in-
continence de l'urine et des matières. Ces troubles sphinc-
tériens n'avaient d'ailleurs subi aucune modification de-
puis le trauma initial. A l'autopsie, pachyméningite in-
terne et myélite traumatique de la moelle sacro-lom-
baire.
Cette observationprésente plusieurs côtés intéressants
au point de vue de son évolution clinique et des constata-
tions anatomiques.
Auparavant, faisons observer que la limitation de la
lésion correspond exactement aux troubles moteurs ob-
servés, tandis que les troubles sensitifs sont beaucoup
moins étendus que ceux auxquels on aurait pu s'attendre
avec une myélite transverse, même incomplète.
Quoique les fractures de la colonne lombaire soient
celles dont le pronostic est le moins grave, on admet
d'une façon générale que si, au bout de quelques jours ou
semaines,la guérison ou l'amélioration ne sont pas un fait
accompli, on ne doit plus compter sur elles. Dans notre
observation, ce n'est qu'au bout de n mois environ que
la motilité a commencé à s'améliorer et qu'assez rapi-
dement la malade a pu marcher suffisamment pour s'oc-
cuper de son ménage. Ce n'est que plus tard, peut-être
sous l'influence débilitante de l'escarre, que les troubles
moteurs se sont de nouveau accentués.
Le plus souvent les troubles des sphincters ont plus
de tendance à la rétrocession que les troubles moteurs.
Ici, ce fut juste le contraire; et les troubles sphinctériens
ont persisté sans changement, malgré l'amélioration
motrice. L'assertion de Gurlt, à savoir : que. l'on ne doit
plus compter sur une amélioration alors que la paraly-
sie du rectum et de la vessie n'ont pas rétrocédé au bout
PACHYIÉNINGITE INTERNE POST-TRAUMATIQUE. 87
de S-J semaines, est donc mise en défaut par notre cas.
Il est à regretter qu'il ait été impossible d'avoir des
renseignements sur l'état et l'évolution des réflexes ten-
dineux. Nous savons qu'au début, immédiatement après
l'accident et pendant son séjour à la Salpêtrière, la para-
plégie fut flasque ; il aurait été du plus haut intérêt, au
point de vue de la théorie, de savoir comment se sont
comportés les réflexes pendant la période d'amélioration
motrice. S'ils étaient restés abolis d'une façonpersistante,
ce fait infirmerait la théorie que nous avons soutenue
dans notre thèse, à savoir : que l'abolition permanente
des réllexes au cours d'une section de compression in-
complète indiquait un système nerveux incapable de
réagir. Car c'est à une réaction de la moelle qu'il faut at-
tribuer la spasmodicité habituelle de la paraplégie dans
ces cas.
C'est surtout l'évolution en deux temps des accidents
médullaires chez notre malade qui frappe : c'est-à-dire
dès le traumatisme il y eut paraplégie absolue, puis amé-
lioration et enfin reprise des accidents. Voyons si les
constatations anatomiques peuvent nous expliquer ces
particularités.
Faisons remarquer, d'abord, que le traumatisme a été
peut-être moins violent qu'il ne pourrait sembler à pre-
mière vue. En effet, à l'autopsie, on ne trouve qu'un en-
foncement des arcs vertébraux postérieurs, qui restent
aune certaine distance de la moelle. Cette constatation
n'a pas de valeur absolue d'ailleurs. Nombreuses sont les
observations de fracture grave où, à l'autopsie, on ne
trouva aucun rétrécissement du canal rachidien ; on
admet qu'il y a réduction spontanée dans ces cas. Jollr
en a publié encore un en 1933, dans lequel la moelle
n'était plus qu'un cordon fibreux confondu avec les mé-
ninges sans qu'il y eut le moindre déplacement vertébral,
mais chez notre malade il ne semble pas y avoir eu de
compression très forte de la moelle par la fracture, car
celle-ci ne porta pas sur le corps vertébral et ne s'accom-
pagna donc pas d'un déplacement très accentué.
Il est donc probable que l'aplatissement transversal
de la moelle est moins le résultat du traumatisme que
celui de la pachyméningite consécutive. Le shock, que
88 ' CLINIQUE NERVEUSE.
l'on voit, dans certains cas, durer jusqu'à 4 et 6 mois, ne
suffit pas pour expliquer tous les accidents initiaux, car
on ne comprendrait pas dans ce cas pourquoi seuls les
sphincters soient restés totalement paralysés.
La cavité centrale qui existait dans le renflement pa-
thologique de la moelle fait penser à la possibilité d'une
hématomyélie traumatique. L'examen anatomique ne
nous permet pas de nous prononcer en faveur de cette
hypothèse qui, nous l'avouons, est tentante. Telle que
la cavité se présente sur les coupes, elle ne tranche pas
plus en laveur de l'hématomyélie que de la myélomala-
cie.
Quoi qu'il en soit de la lésion initiale, il n'en est pas
moins vrai qu'il faut rendre la pachyméningite interne
responsable des accidents postérieurs.
Cette espèce de méningite post-traumatique est assez
rare. Le plus souvent un a affaire à une péri-pachymé-
ningite,soit simple, soit tuberculeuse. L'origine trauma-
tique du mal de Pott a été très discutée et Renard, dans
son traité, tout en admettant le traumatisme vertébral
comme cause éventuelle de la tuberculose des vertèbres,
le croit extrêmement rare. Il en rapporte cependant un
cas lui-même, d'autres cas probants ont été publiés par
Sayre Bradford, Lovett, Taylor, Marinesco, etc. Un
cas dans lequel il n'y avait pas de déformations verté-
brales a été communiqué précédemment par Touche,
Thomas et Lortat-Jacoù. L évolution clinique de cette
pachyméningite tuberculeuse post-traumatique est tout
autre d'ordinaire.
Il ne s'agit, en général, que d'un traumatisme simple
de la colonne vertébrale, non suivi de phénomènes ner-
veux immédiats. Ce n'est que plusieurs mois, souvent
davantage (un mois seulement dans l'observation de
Touche) que se développent les troubles sensitivo-mo-
teurs. Nous ne connaissons pas d'observations où une
fracture ait entraîné une pachyméningite bacillaire, ce
qui serait d'ailleurs possible.
Cliniquement, on ne peut pas, du reste, faire le diagnos-
tic entre cette pachyméningite tuberculeuse et une
pachyméningite simple, même avec le secours de la
ponction lombaire. Dans les lésions tuberculeuses, la
I>I13GCILLITI ? ET ÉPILEPSIE CONSÉCUTIVES A UN 1;1'SI'li. 83
symphyse des méninges fait, comme on le sait, que le
liquide cérébro-spinal ne contient pas de traces de l'in-
flammation méningée sous la forme de lymphocytes. Dans
notre cas, la ponction lombaire aurait également donné
un résultat négatif, vu l'absence de tout élément figuré
dans l'espace sous-arachnoïdien. En tout cas, il s'agissait
de pachyméningite interne chronique simple, vu l'ab-
sence de toute lésion tuberculeuse ou syphilitique.
Un autre point digne de remarque est l'intensité de la
réaction dure-mérienne à un traumatisme relativement
faible. Des cas analogues sont rapportés par Oustaniol
et par Mac Emen.
Pour nous résumer, nous croyons donc que le trau-
matisme médullaire assez léger a produit une première
lésion peut-être de nature hémorrhagique, ayant détruit
totalement les centres sphinctériens, n'ayant fait qu'a-
brutir les -fibres sensitivo-motrices des membres infé-
rieurs.
La lésion de ces dernières a rétrocédé en partie, et c'est
alors que s'est installée une pachyméningite interne qui,
à son tour, a produit une compression médullaire. Nous
croyons ainsi expliquer d'une manière satisfaisante l'é-;
volution clinique un peu particulière de ces cas. \
Pour terminer, nous insisterons encore une fois sur
l'enseignement qu'il nous donne au point de vuedu pro-
nostic des fractures de la colonne lombaire. Il nous mon-
tre, en effet, que même au bout de quelques mois on peut
espérer une amélioration des mouvements, malgré une
paralysie sphinctérienne totale; au point de vue de la
vie du malade, cette constatation n'a d'ailleurs qu'un in-
térêt relatif, puisqu'il finira par mourir des progrès de
laméningo -myélite, d'une escarre, comme notre malade,
ou d'infection urinaire.
Imbécillité et épilepsie consécutives à un kyste
hydatique de la dure-mère à parois ossifiées ;
P 11\ de l'Asile de Maréville,
et LUCIEN, interne des Hôpitaux de Nancy.
Les observations d'imbécillité consécutive à des tu-
meurs endocraniennes en général sont assez rares. C'est
90
CLINIQUE NERVEUSE.
à ce titre, et en raison de particularités spéciales dignes
d'intérêt, que nous rapportons le cas suivant.
OBSERVATION. - C ? b8 ans. Imbécillité et épilepsie, hémiplégie
spasmodiquc, nystagmus, troubles de la parole, accès répétés et
escharres.
Antécédents héréditaires. - Nous manquons de renseignements
sur la famille de la malade, nous savons seulement que le père,
voyageur de commerce, breton d'origine, après avoir vécu à Metz,
s'est retiré à Paris; il est actuellement décédé, de cause inconnue.
La mère était d'origine lorraine, gérait un petit commerce de
corsets ; elle a également disparu sans que nous sachions ce
qu'elle est devenue. Il n'existait pas de consanguinité ni de dif-
férence d'âge très accentuée entre les époux, qui étaient âgés
l'un de 45 ans, l'autre de 33 au moment de la conception delà
malade.
Antécédents personnels. - C ? Marie, est née à Mutez le 5 mai
1867. Nous ignorons également dans quelles conditions se fil sa
naissance, et son développement jusqu'à l'âge de 7 ans. A cet âge.
l'enfant, jusque-là intelligente et d'apparence normale, fut « prise
de convulsions à V occasion d'une rougeole ». Elle présenta alors des
crises à caractère épileptique très fréquentes et rebelles ci tout trai-
lement. A ce moment aussi se manifesta un véritable arrêt de dé-
veloppement intellectuel et physique avec hémiplégie gauche. Malgré
une fréquentation relative de l'école, l'enfant ne put apprendre
ni àlire ni à écrire, son caractère se modifia, et foule tentative
d'éducation ou d'instruction demeura impossible.
Les accès épileptiques, très fréquents après les convulsions, de
la 7 année, devinrent peu à peu moins nombreux, puis s'accru-
rent de nouveau de façon irrégulière,jusqu'à"l'âge de 18 ans. Alors,
les parents, qui avaient jusque-là gardé assez facilement leur en-
fant, furent contraints en raison de leurs occupations de la placer
à l'asile (le llaréville le 4 mai 1885.
A son entrée, la malade était chétive, d'une très petite taille
(1 m. 45) ; elle portait de nombreuses traces de suppuration os-
seuse du côté gauche, en particulier, et présentait une hémiplégie
avec contracture.
Lorsque nous voyons C ? 18 ans après son entrée, son état ne
s'est pas modifié sensiblement. Elle a pris cependant beaucoup
(l'embonpoint malgré la persistance de fistules osseuses au Lro-
chanter et à la face externe du calcanéum gauche. La taille ne
s'est pas accrue. La face est fortement asymétrique, le front s'é-
largit à droite, et fait saillie en avant, la bosse frontale gauche
semble en retrait. Le faciès est masculin avec barbe et mousta-
ches très développées, les oreilles sont plates et asymétriques. Le
IMBÉCILLITÉ et épilepsie consécutives A UN IIS-1-L. 91
globe oculaire droit est plus saillant, sa pupille est constam-
ment très dilatée, et ne réagit pas ; de ce côté la -vision est faible
et à peine accusée. Le globe oculaire gauche est dévié en dehors.
Nystaginus à oscillations rapides plus accusé à droite. Hémiplégie
spasmodique complète à gauche. La tête est inclinée du côté gau-
elleetse redresse difficilement, les traits de la face sontfortemenl
déviés. Au membre supérieur, la contracture estcomplète, le bras,
légèrement écarté du corps, l'avant-bras fléchi sur le bras ; la
main est rabattue et déviée vers le cubitus, les doigts sont en
flexion, les mouvements ne peuvent être provoqués, les masses
musculaires sont atrophiées, molles et s'écrasent sous le doigt.
Le membre inférieur est contracté en flexion, la cuisse repliée
il angle obtus sur le bassin, la jambe fléchie sur la cuisse, le pied
est tlh ié en varus équin. La contracture est moindre qu'au mem-
bre supérieur, il existe quelques mouvements dans les articula-
tions du genou et de la hanche, et la marche est possible sur le
bord externedu pied avec une claudication très prononcée. Avec
les parties molles, il existe une différence de longueur do 1 cm. 8
entre les deux bras, les membres sont atrophiés dans tous leurs
segments, et sont le siège d'un oedème dur avec baisse sensible
de la température cutanée. La sensibilité objective est très dimi-
nuée, mais l'état mental de la malade ne permet pas de l'exami-
neravec soin.- Les organes des sensparaissent suffisamment dé-
veloppés à l'exception des globes oculaires.
La malade est clouée d'une bonne santé habituelle, et réglée
régulièrement. Elle soutire d'une céphalée plus accentuée après
les crises épileptiqucs, qu'elle indique par son attitude, la main
sur le front, ou quelquefois par des plaintes très précises. La pa-
role est embarrassée, traînante, scandée ; ces troubles sont égale-
ment plus sensibles aprèsles accès.
Niveau intellectuel très faible ; le langage est cependant assez
bien développé, la malade connait le nom des objets usuels, et.
s'exprime en des termes suffisamment compréhensibles. Elle n'a
cependant aucune instruction même rudimentaire, ne sait lire ni
écrire et ne connait aucune des lettres de l'alphabet. Elle s'habille
seule, mais sans soins, et se couche tout habillée, ne se gâte pas,
mais ne prend aucune précaution, et se souille avec ses déjec-
tions.
Les sentiments affectifs sont peu apparents, et ses préoccupa-
tions consistent à manger sans cesse. Elle reste d'habitude assise
dans un coin, repliée sur elle-même, l'air satisfait, souriant sans
motif ; ramasse tout ce qui se trouve à sa portée, croûtes de pain
et chiffons, dont elle forme un paquet qu'elle porte constamment
dans son tablier ; elle dérobe aussi du linge, des chaussures qu'elle
cache, dans ses vêlements.
En dehors des moments où elle se trouve sous l'influence de
92 CLINIQUE NERVEUSE.
troubles épileptiques, elle reste calme, mais irascible, ne supporte
le contact de personne, toujours prête à frapper ou à proférer des
paroles grossières, si on veut changer ses habitudes ou lui don-
ner des soins de propreté. Si une de ses compagnes passe dans
son voisinage, elle l'insulte ou lance des coups de pied ; conduite
à table ou au dortoir, elle pousse brutalement les personnes qu'elle
rencontre. Elle mange goulûment et malproprement, suce toute
la journée une croûte de pain. Parle peu et rarement spontané-
ment, répète de temps à autre quand on lui donne des soins : «.le
suis grasse comme un boeuf » et rit aux éclats ; dans ses accès de
colère et de violence, ses insultes sont stéréotypées : « Infirmière
de m ? saeur de ? », et répète ces mots sans varier pendant un
temps très long.
Sujette à de petites et à de grandes crises épileptiques, à ca-
ractère jacksonien : les petites sont bien plus fréquentes que les
grandes dans la proportion de 3 environ pour une grande crise.
Alors C ? devient subitement pâle, chancelle sans tomber, fait
quelques pas, paraît absolument étrangère à cequi l'entoure, puis
s'assied, se relève etse met à courir devant elle en cercle, s.alTt1.
fantpour repartir ensuite, criant d'une voix forte, la ligure gri-
maçante, le bras gauche levé et écarté du corps. Elle bouleverse
tout, s'accrochant de sa main droite aux personnes ou aux objets
qu'elle rencontre.
Les grandes crises sont accompagnées de chute avec urines in-
volontaires et convulsions très violente* ; elles sont très longues,
plus longues sensiblement que les crises épileptiques ordinaires
de ses compagnes. En raison de la contracture permanente, il est
difficile de comparer l'intensité des convulsions des deux côtés du
corps, cependant on remarque que, tout au début de la crise
après une chute, toujours à gauche, la tète se fléchit plus forte-
ment de ce côté, etyue le membre supérieur gauche s'écarte alors
de la poitrine avant toute convulsion à droite. Ces accidents co-
mitiaux sont suivis d'un sommeil prolongé qui s'accompagne, au
réveil, de confusion mentale accentuée avec idées de préjudice, et
réclamations formulées dans un langage enfantin et monotone.
La malade semble être alors sous l'influence d'illusions sensoriel-
les qu'il n'est pas aisé de préciser en raison de la difficulté de
l'examen.
Après les accès, la céphalée estaugmentée, la malade se plaint,
noue un mouchoir autour de sa tète, porte la main au front : le
nysLagmus est accéléré, le strabisme est plus accentué. Ces accès
convulsifs d'abord fréquents au début de la maladie et atteignant
alors le nombre de 5 à 6 par jour diminuèrent peu à peu. En
mai 1886, premier mois de séjour à l'Asile, on note un accès quo-
tidien avec une série de 6 le jour de l'apparition des règles ; puis
ils deviennent moins fréquents, et ze maintiennent il[] nombre
IMBÉCILLITÉ ET ÉPILEPSIE CONSÉCUTIVES A UN KYSTE. 93
variant de 17 à 21 par mois sans série et à des espacesassez régu-
liers jusqu'au mois de septembre 1885.
De mai 1887, à décembre 1891, les accès redeviennent plus
nombreux avec quelques séries de 4 à 5 crises quotidiennes.
91 CLINIQUE NERVEUSE.
de la malade s'aggrave tous les jours, elle est dans un état de dé-
chéance physique extrême, l'escharre a pris des proportions très
étendues en surface et en profondeur, dénudant le sacrum et les
dernières côtes.
L'état mental a peu varié, mais les troubles de la parole se
sont accrus, les mots sont bredouilles, scandés irrégulièrement
et it peine compréhensibles. Décès le 16 avril 1905 à Lige de
38 ans par suite d'infection et de broncho-pneumonie, dans un
état de misère physiologique extrême.
Autopsie. - Kyste delà dure-mère à parois ossifiées. Atrophie
par compression de l'hémisphère droit. Atrophie croisée du cer-
v clet.
Cadavre émacié il l'extrême, incliné surlecôté gauche, qui est
le siège d'une contracture invincible, plus accentuée au membre
supérieur. -
Hscharea très étendue», à gauche en particulier, perte de sub-
stance remontant jusqu'à la pointe de l'omoplate dénudant les
régions lombaires utfessières, le sacrum, et descendant jusqu'à
l'ischion. Cette escharre dépasse légèrement la ligne médiane,
elle s'étale un peu sur la fesse droite, mais avec une profondeur
moindre. A gauche, les trous sacrés sont nu, ainsi que les lames
des dernières vertèbres lombaires. Les trois dernières côtes sont
dénudées sur une longueur de 8 cm. le périoste a disparu, le tissu
osseux est noir et résistant. Fistules sur le trochanter et le cal-
canéum gauche, excavations profonde, : le long de la crête du
tibia du même côté.
Tête. - Le crâne est recouvert d'une ullicràne mince, il est
éburné, et malgré l'épaisseur normale il est doué d'une résis-
tance telle qu'il nécessite des efforts très grands pourètre rompu
par le marteau. Cette résistance est plus marquée vers les
frontaux; à ce niveau, l'os, blanc et sec, a l'aspect de l'ivoire. La
calotte crânienne est légèrement adhérente à la dure-mère sous-
jacente, au niveau de la ligne médiane et du pôle frontal droit,
elle est asymétrique, moins épaisse et aplatie du côté droit. Une
coupe frontale pratiquée au niveau des pariétaux mesure en des
points symétriques, G mm. 2à gauche et 4 mm. 9 ;t droite ; à la
région moyenne de l'écaillé pariétale, ces épaisseurs respectives
sont du 5111111. A l'ouverture du crâne, la dure-mère est épaissie,
blanche, ses vaisseaux sont très apparents. Elle donne à la palpa-
lion l'impression d'une toile résistante semi-rigide, dure à la
coupe.
La calotte du raie est traversée par un sillon sagittal très mar-
qué. La moitié droite do cette calotte est plus étendue en hau-
teur et en largeur que la moitié gauche. Cette partie droite ré-
sonne sous le doigt, et recouvre une tumeur dure, développée
IMBÉCILLITÉ ET ÉPILEPSIE CONSECUTIVES A UN KYSTE. 95
parallèlement à la faux du cerveau. La surface externe de la
dure-mère est lisse, mais cette méninge présente, à droite des
fovers d'ossification situés le long de la faux du cerveau, et des-
cendant sur la région rolandique. Ces foyers ont déterminé des
nodules osseux au nombre de cinq, faisant saillie sur la face in-
terne. Le plus volumineux de ces nodules présente une épaisseur
de Gill III ; sa surface est tomenteuse, les autres font une saillie
moindre, leur aspect est plus régulier.
La face interne du la dure-mère est marbrée de zones colorées
en ocre clair, dues à des c.r()'ttua.s'a'o)t sanguines assez récentes.
Fie.. 3. Tumeur, aspect intérieur après section longitudinale.
1). m.. Lltire-inére. F., Fond du cerveau. C, Coque osseuse.
Celte coloration est beaucoup plus intense au niveau des foyers
situés à la région occipitale, et à la face supérieure de la tente du
cervelet, elle envahit également l'étage moyen delà hase du
crâne et délimite de chaque côté une aire à contours régulière
plus étendue à droite et dans laquelle la dure-mère est demi-
décollée du tissu osseux.
A droite, l'r1 ? Jphale est recouvert par une tumeur dure, entière-
ment comprise dans l'épaisseur du tissu durai et s'ètendant depuis
l insertion ethmoïdale de la faux du cerveau jusqu'à son insertion
postérieure.
96 CLINIQUE NERVEUSE.
Cette tumeur affecte la forme d'un secteur de sphère, et pré-
sente une surface extérieure convexe, et deux surfaces internes
à peu près planes. Son poids total est de 320 grammes environ.
Les deux pôles de la tumeur sont distants de 17 cm. 5, sa plus
grande longueur esl de 7 cm. 5, sa hauteur maxima, de 5 cm. La
face convexe est lisse, et s'applique contre la voûte crânienne,
elle est limitée par deux bords : l'un est supérieur correspondant
à la faux du cerveau, l'autre représente une ligne courbe, par-
tant de l'extrémité antérieure de la faux, suivant ensuite un tra-
jet horizontal, et s'infléchissanl enfin pour rejoindre par un trajet
descendant l'insertion sur la tente du cervelet.
Les deux laces inférieures sont séparées l'une de l'autre par
une crête saillante, déprimant profondément les circonvolutions
de l'hémisphère droit. Ces faces, légèrement lomonteuses, sont
sillonnées de trajets vasculaires, et présentent plusieurs orifices
donnant passage à des vaisseaux.
A la coupe, on constate que cette tumeur est développée
dans l'intérieur du tissu durai, qui l'enveloppe entièrement d'une
gangue fibreuse à laquelle elle adhère par de nombreux trac tu.»
assez lâches cependanssur la face convexe. Elle est formée d'une
coque dure, d'aspect osseux d'une épaisseur inégale variant de 1
à 2 mm. Celle coque est tapissée intérieurement d'un feuillet gé-
latineux adhérent. De ce feuillet parlent des cloisons qui décom-
posent la tumeur en de nombreuses loges secondaires : ces loges
contiennent des corps de formes irrégulières, [d'aspect blanc jau-
nâtre, d'un volume variable, étroitement entassés les uns contre
les autres et limités par des faces tantôt planes, tantôt arrondies
et plongeant alors dans les cavités anfraclueuses remplies par un
liquide citron limpide. Ces corps sont de consistance molle, très
friables, s'écrasant sous le doigt en montrant du nombreux cris-
taux très réfringents ; quelques-uns présentent des parties pig-
mentées do coloration rouille. L'encéphale à l'état frais, 10 minu-
tes après l'extraction, pèse 1080 gr., les méninges, transparentes
et d'aspect normal surles croies des circonvolutions, sont au con-
traire blanches, épaissies, légèrement adhérentes au niveau des
scissures, cetétatest plus accentué le long de la scissure inlcrhé-
misphérique.
Les deux hémisphères sont très différents d'aspect en raison de
la compression exercée par la tumeur. L'hémisphère droit est
aplati, déprimé, beaucoup plus étalé ({u'a l'état normal : l'hémis-
phère gauche, au contraire, est écarté de la ligne médiane et son
diamètre transversal est très diminué au niveau de Fa. L'aspect
du ce dernier hémisphère paraît, du reste, peu modifié quant à la
formegénératedescircotivolutions. '
L'hémisphère droit est notablement altéré, le développement
du kyste a converti la face supérieure en une surface plane, "i.
1\IBGCILLITI : 1 : T I : PILL;I'SII. CONSECUTIVES A UN KYSTE. VÎ I
tuée à 2 cm. au-dessous du bord supérieur de l'hémisphère
opposé ; celte surface plane, modelée sur la face intérieure de la
tumeur esl creusée d'une rigole oblique se dirigeant eu dehors
('(en avant et aboutissant par son origine postérieure, à la scissure
inlerhémisphériquc.
Accniveau.le pôle postérieur de l'hémisphère, très écarté de la
ligne médiane et déprimé surtout dans la région du cunéus décou-
vre largement le lobe, droit du cervelet.
FIl;. 4. - Encéphale, l'ace supérieure.
La face convexe de cet hémisphère est donc divisée en 2 surfa-
ces, l'une supérieure plane, l'autre externe, séparées par un bord
saillant. Il en résulte ainsi une modification profonde de la topo-
graphie dos circonvolutions.
La face externe est formée il sa partie, antérieure pal' F3 forte-
ment divisée par des plis de passage profonds qui ou modifient
1-a : pect. Au-dessous de la scissure de Sylvius, entièrement appa-
rente sur celle 1 ace, T,L>T;i ont conservé leur aspect habituel. 0,(L
Oa sont également peu altérées.
2 ? (*i-ii. 1906. t. XXI. 7
98
CLINIQUE NERVEUSE.
La face plane déprimée comprend F2Ft et toute la partie pos-
térieure de la frontale interne. La scissure de Rolando vient se
terminer à 1 en). 1/2 du bord interne, il en résulte que le lobule
paracentral en entier est apparent sur cette face supérieure. Fa,
Pa, Pl, P2, le lobule quadrilatère, en fonl<"'gall'l1wI1L partie.
La face interne de l'hémisphère rabattue vers l'extérieur se
trouve ainsi considérablement réduite a à la partie anté-
rieure de Fa. il la circonvolution du corps calleux et au cun(·ns;
toutes ces dernières circonvolutions sont peu développées, le cu-
111\US en particulier a subi une régression très sensible.
'1\ la base du cerveau l'espace intcl'pédollCulail'1' est profondé-
ment situé en contre-bas (les circonvolutions olfactives : le pôle
1,'ii;. -. - Encéphale, vue postérieure.
temporal droit est plus saillant, la légion olfactive droite (si
élargie, suscirconvolulions sont aplaties. La protubérance cl le
bulbe sont écartés delà ligne médiane et déjetés il droite.
La face supérieure du cervelet est recouverte à droite par des
méninges blanc-bus épaissies. Lus deux lobes sont très inégaux;
ils sont le siège d'une atrophie croisée avec celle des hémisphère»
cérébraux et portant sur le luhc gauche, en particulier au niveau
des amygdales. Apres durcissement dans le formol, il existe une
(le 1 (,i(ls de 22 gr. ; le lobe gauche pesant 'il l;r. et le
lobe droit 69 gr.
Le nerf optique droit est atrophié et réduit dun tractus mince d'as-
pect transparent ; les autres nerfs crâniens ne diffèrent pas mimis-
IMBÉCILLITÉ ET ÉPILI ? PSIE CONSÉCUTIVES A UN KYSTE. 99
copiquemcnt les uns des autres. La pituitaire est peu dévelop-
pée.
On trouve sur la base du crâne des déformations correspondan-
tes à celles de l'encéphale. La fosse temporale droite augmentée
dans toutes ses dimensions, en particulier en profondeur et en
largeur, a dévié les petites ailes du sphénoïde, le rocher, et a re-
jeté en dedans les apophyses clinoïdes et la selle turcique ; elle
mesure (i cm. 20 de largeur ; la fosse gauche mesurant seulement
5cm. 3u. La gouttière hasilail'e a également une direction ollli-
que. Cette asymétrie se retrouve au niveau des trous de la base
qui sont déformés et déplacés à droite.
Des coupes frontales montrent que le corps calleux est très
atrophié, la partie moyenne est réduite à une mince lamelle, le
bourrelet et le genou sont plus accusés, tout en n'ayant qu'un
bien faihle développement.
Les ventricules latéraux ont sulli une modification analogue
à celle des hémisphères. La voûte est aplatie et déjetée en de-
hors, à droite; au contraire, la cavité vunlriculairu est resserrée
et réduite à gauche. Par suite de l'abaissement de la voûte et du
corps calleux, le snlltum lucidum est replié sur lui-même. La a
substance blanche est également moins volumineuse à droite, les
noyaux gris sont moins développés.
La coupe delà protubérance montre que la région pyramidale
a subi une atrophie très accusée ; à droite, celte atrophie se tra-
duit l'extérieur par une différence de l'orme très sensible, el
peut être nettement suivie sur les coupes, jusqu'à la partie infé-
rieure des pyramides bulbaires(l).
Au niveau des membres gauches, la contracture a persisté après
la mort. Du côté-hémiplégie, la peau est sans résistance, infiltrée,
les masses musculaires sont moins distinctes, leur tissu a subi la
dégénérescence graisseuse ; elles se présentent sous une forme
jaunâtrecircusc, striée d'ocre, ayant tout à fait perdu l'apparence
du tissu normal, et se laissant difficilement diviser en faisceaux
de libres.
Les aponévroses sontmincesut sans reflet. - Les articulations
après la section des parties molles restent peu mobiles; leurs
ligaments sont serrés, inextensibles, surtout au membre supé-
rieur ; cependant les surfaces articulaires sont intactes ; le ten-
don du biceps est ossifié. - Les os sont atrophiés, ainsi que le
montre le tableau ci-joint ; ils portent la trace de lésions suppu-
ratives nombreuses (2). L'examen radiographique décèle une dif-
(le structure, les diaphyses des membres gauches con-
(1) Voir figure 4.
(2) Voir les figures.
IMBÉCILLITÉ LT ÉPILEPSIE CONSÉCUTIVES A UN KYSTE. 101
tiennent moins de tissu compact que les diaphyses droites (difte-
rence de moitié pour les humérus). A gauche également les tra-
vées osseuses du tissu spongieux sont plus écartées et circunscri-
vent des mailles plus larges.
L'examen histologique de la tumeur a montré que ses parois
molles possédaient une structure lamellaire bien caractéristique.
Des coupes pratiquécssur la dure-mère au point où cette méninge
se dédoublait pour englober la tumeur ont lait voir que le feuillet
dure-mérien proprement dit était très épaissi et composé d'élé-
ments conjonctifs el de faisceaux fibreux, se groupant de façon à
constituer deux couches d'inégale importance : une plut; externe,
formée du libres dirigées d'avant en arrière, et une autre plus
Fx..6.Calque d'une coupe passant par le lobule paraecnlraL
profonde, plusépaissectplus dense, à fibres perpendiculaires aux
premières. Dans ces deux couches cheminent des vaisseaux san-
guins. La tumeur est entièrement comprise dans un dédouble-
ment du ce feuillet profond auquel elle adhère plus ou moins in-
timemcnl dans son étendue.
Une portion de la coque osseuse de la tumeur a été décalcifiée ;
ses coupes traitées par l'hélllatoxyline-éosinc suivant la mé-
thode de Van Gieson se sont montrées constituées par du tissu
conjonctif fibreux, dense et pauvre en éléments cellulaires, mais
au milieu de ce tissu fibreux, on trouve des portions complètement
ossifiées avec cellules osseuses typiques et système de llavurs.
102
PATHOLOGIE ^NERVEUSE.
Les masses Galeuses contiennent un très grand nombre de cris-
taux de cholestérine.
Cette structure, la division du kyste pardes cloisons membra-
neur;o; en alvéoles remplies de masses caséeuses, nousontpermis
de conclure à l'existence d'un kyste hydafique pluriloculaire,
avant subi la dégénérescence spécialctléjà décrite pour ces kystes
de l'encéphale, bien que nous n'ayons trouvé ni crochets ni cou-
Fin. 7. R. g., Radius auuhc.R.d.,Hadiosdt-oit.C.g., Cuhi-
tus gauche. C. d., Cubitus droit. II. go" Humérus gauche.
II. d.. Humérus droit.
che germinale. ce qui s'explique étant donné l'état d'involulion
de la fumeur. La coque osseuse répond à la membrane, perikys-
fique, formée primitivemuntaux dépens de la couche profonde de
la dure-mère, qui s'est peu il peu imprégnée de sels calcaires et a
enfin partiellement subi la transformation osseuse : la tumeur
évoluant vers la dégénérescence. Les transformations osseuses de
ce genre se produisent suivant le mode habituel du l'ossification
emlo-conjouctive. Nous ne pensons pas que, dans le cas présent, il
IMBÉCILLITÉ ET EPILEPSIE CONSÉCUTIVES A UN KYSTE. 103
soif besoin de faire intervenir la propriété osteogenique de la dure-
mère. (;'est, en effet, la couche la plus externe de la dure-mère
qui joue vis-à-vis du crâne, le rôle de périoste interne et encore
cette propriété va-t-elle eu s'atténuant il mesure (lue le sujet,
avance en âge. Dans notre observation, l'ossification s'est produite
dans la couche durale la plus profonde, il en est du reste ainsi
dans la plupart des ossifications de cette nature (ossifications de
la faux du cerveau, de la tente du cervelet, etc.), si frequem-
ment rencontrées, chez les aliénés en particulier.
11 ne pouvait, de plus, être question de k)stesdern)0)des. D'une
étude du Lannelongne, consacrée aux kystes dennoïdes assez fré-
quents dans la région du cervelet, il résulte que, leur ('un tenu est
en elfet composé de masses caséeuses, grumeleuses, d'un blanc
jaunâtre, disposées en couches stratifiées contre la paroi avec, au
centre, un liquide séreux d'aspect variable ; mais au microscope
ces éléments sont des cellules sébacées et des cellules épithélia-
les plaies; de plus, tous les faits ontconstaté sans aucune excep-
lion la présence de cheveux ou de poils, et en outre les kystes der-
modes, de par leur origine, présentent des connexions, canal ou
pédicule, avec les on du crùne ou le légumentexlernc, toutes cho-
ses qui ne concordent pas avec la description de notre tumeur.
(leste la possibilité d'une tumeur inflammatoire liée à de la
tuberculose ou à de la syphilis. 1. Jofi'rov (1) cite en efl'et un
ky<te(lu cervelet gros comme un oeuf de pigeon, et dont la des-
cription macroscopique concorde parfaitement avec la nôtre :
paroisossiliées, masse caseeuse consistante, liquide citrin (histoire
clinique du malade avant même certaine ressemblance avec
la nôtre). Cependant l'examen histologique a montré des vais-
seaux et des cellules géantes qui ont fait repousser le kyste hyda-
fi(|ue, et fait admettre l'hypothèse d'une lésion inllammatoire. 11
ne peut en être de même dans notre cas où un examen sérieux
n'a pu déceler aucune formation de ce genre et montré au con-
traire des membranes ayantla plus grande analogie de structure
avec les formations l,clatitfucs..\ous trouvons du reste une
observation de M. Vigoureux, ayant trait à une tumeur du lobe
l'rnntal en tout point semblable, mais d'une grosseur moindre, et
contenant des crochets de l') sticer(llIe, ayant permis d'aflirmer
nettement l'origine de colle production, malgré la présence d'élé-
ments cellulaires nombreux et de vaisseaux (2).
Les kystes hydatiques eudocraniens, ne sont du reste
pas très rares, ils sont connus et décrits depuis une épo-
que très ancienne. Dans une étude récente, Sato en ras-
(1) .IOIFItoY. Congrès international de Neurologie de 1900.
( : 1) Ami. Méd. pysclrol., 1902, n" 2.
104 CLINIQUE NERVEUSE.
semble 128 cas, et, dans six mois de pratique hospita-
lière, dit en avoir rencontré quatre (1). Cette fréquence
relative, au moins dans certains pays, permet de croire
que le parasitisme du cerveau, si fréquent chez l'animal,
est souvent méconnu et qu'on doit lui faire une certaine
part dans le diagnostic des tumeurs cérébrales. Les
kystes des méninges molles sont d'après certains auteurs
plus fréquents encore, mais la dure-mère est moins sou-
vent atteinte ; les hydatides de cette membrane sont peu
signalées et comme dans notre cas se sont développées
aux dépens d'un repli durai : faux et tente du cervelet
de préférence. Déplus il est rare que ces formations pa-
rasitaires aient une évolution aussi longu,e ; en général
le dénouement en est rapide.
Dans le cas que nous rapportons, le kyste a existé pen-
dant plus de trente ans : il est logique de penser que la
tumeur a été annoncée par les premières crises de la
septième année ; cependant étant donné la tolér : 'lilce du
cerveau pour certains corps étrangers, il s e peut que ces
symptômes ne se soient manifestés qu'après que le kyste
ait pris un certain volume. Il s'est développé ensuite de
façon considérable causant l'atrophie de l'hémisphère
droit et occupant près d'un cinquième de la cavité crâ-
nienne. Il est impossible de prévoir quand ce développe-
ment cessant il a subi la dégénérescence avec transfor-
mation caséeuse. Cette dégénérescence était certainement
très ancienne au moment de l'autopsie. L'examen de la
pièce le prouve, etle volume du kyste enserré dans sa co-
que osseuse, moulée contre la voûte cranienne, n'avait
pas dû se modifier pendant de longues années. Cette tu-
meur, arrêtée dans son évolution, est restée longtemps
sans causer de nouveaux troubles créant seulement quel-
quespoints d'irritation méningée, puis une pachyménin-
gite ayant subi une accélération brusque hémorrhagi-
que traduite au dehors par des accès répétés d'épilep-
sie. Signalons aussi la production d'escharresprécoccset
graves, et aussi l'existence de lésions osseuses suppura-
tives du côté hémiplégie coïncidant avec des troubles
trophiques et vaso-moteurs. Le diagnostic exact de la
(1) SA'm. f/&frcy6 ? cer ? e)tf : Gehinll des .Vec/to;. (Deustche
Zeitschriflf. Nernenkeil. 13d. 27, ici. 1-2, p. 24).
UN CAS DE GASTRITE HYSTERIQUE. 105
cause eut été bien difficile à poser en raison du manque
de symptômes spéciaux, et cependant il aurait permis
une intervention chirurgicale efficace.
Le symptôme idiotie-épilepsie est assez rarement se-
condaire à des tumeurs endocraniennes développées dans
le jeune âge. Nous n'en connaissons pas de cas liés à la
cause que nous rapportons, et d'une aussi longue évolu-
tion. Le plus souvent il s'agit de tumeurs inflammatoires,
de kystes dermoïdes, de sarcomes et il est rare que le
malade atteigne un âge aussi avancé (1).
THÉRAPEUTIQUE
Un cas de gastrite hystérique traité par la
psychothérapie (2) ;
Par Mme la doctoresse L1P1 : \'KA,
Le but de la psychothérapie est de ramener à l'état nor-
mall'individudontl'équilibrc intellectuel et physique est
ébranlé. La perte d'équilibre peut se manifester par une
excitation démesurée, une exagération des réflexes et de
tous les mouvements, ou bien par une diminution de la
sensibilité, laquelle devient rebelle à tous les excitants
et va jusqu'à une anesthésie complète.
Le manque d'équilibre apparaitle plus clairement dans
l'hystérie, c'est pourquoi les savants d'un grand mérite,
tel Charcot, se mirent à étudier les phénomènes produits
par l'hypnotisme sur les hystériques. Mais l'esprit hu-
main, avide de résoudre les problèmes qui l'environnent,
est disposé parfois à tirer de trop rapides conclusions
de ses observations ; cette faute a été commise par Char-
cot. En 1S89-1890 des expériences furent pratiquées à la
Salpètrière, sur des hystériques. Charcot, entouré d'audi-
teurs tels que Fournier, Babinski, Robin, Cornil, Marie.
prétendait que les phénomènes hystériques et hypnoti-
ques sont identiques et que ces derniers apparaissent
(1) 13ouwew ? >;. -Reclrerches cliniques. 1881, 1885, 1SS11, ]8\1 : 3, 18(1.
(2) Communication au premier ( : on ? rès 1>clgc de neurologie* !
dv psychiatrie, Liège, 20 septembre 1905.
106 THÉRAPEUTIQUE.
seulement chez les hystériques. Le monde scientifique
accueillit les paroles du maître avec enthousiasme. Tous
les médecins se mirent à hypnotiser les malades ; néan-
moins les idées saines ne reparurent pas chez les hysté-
riques, lesquelles étaient les sujets de ces expériences.
Pendant que l'Ecole de la Salpêtrière expérimentait
sur les hystériques, l'Ecole de Nancy, avec Bernheim en
tête, étudiait le sommeil hypnotique chez les sujets bien
portants ; elle aboutit à la conclusion que le sommeil hy-
pnotique est la continuation du sommeil normal et que
si les phénomènes hypnotiques apparaissent plus nette-
ment chez les hystériques, c'est parce que toutes les ma-
nifestations sont plus vives chez elles.
Charcot, avant sa mort, écrivit à Dumontpallier qu'on
ne peut pas déduire des expériences faites sur les hysté-
riques des faits positifs quant à l'hypnotisme thérapeuti-
que, ou le petit liyhnostisme,lequel a pour but de calmer
les nerfs. Il donna donc raison à l'Ecole de Nancy.
Ainsi, de la lutte des deux écoles a surgi la vérité : l'hy-
pnotisme thérapeutique occupe actuellement dans le
monde la position qui lui est due.
On sait aujourd'hui que le traitement doit être appro-
prié à l'individu, les médecins n'ignorent plus que le som-
meil hypnotique ne peut nuire, pourvu qu'il soit la con-
tinuation du sommeil naturel ; les anciens préjugés sont
tombés à ce sujet et la conclusion de l'Ecole de Nancy
subsiste seule. Peu importe comment le sommeil est ob-
tenu, soit en fixant un objet brillant, soit par l'apposition
des mains sur le front, soit par la parole. Peu importe
aussi combien de phases existent dans le sommeil hy-
pnotique, quatre ou sept, pourvu que l'hypnotisme thé-
rapeutique calme les nerfs et ramène l'équilibre perdu.
Parfois le sommeil hypnotique n'est pas indispensable;
la suggestion verbale suffit : il ne faut pas, en effet, que
les malades fassent des efforts pour s'endormir; le calme
et la tranquillité sont parfois salutaires. C'est un fait
connu maintenant que le sommeil, chez les hystériques,
s'.obtient difficilement, leur attention étant trop disper-
sée pour qu'elle puise être concentrée. Cependant le som-
meil hypnotique donne, dans l'hystérie, des résultats
bienfaisants.
UN CAS DE GASTRITE HYSTERIQUE. 107
En parlant de l'Ecole de Nancy, on ne peut pas passer
sous silence le nom de son fondateur, le Dr Liebault. Mé-
decin inconnu, il acquit une position indépendante et
se sacrifia totalement à l'hypnotisme. 11 parvint à gué-
rir une foule de malades par l'hypnotisme, et ce génial
observateur prouva que le sommeil prolongé suffit pour
ramener l'organisme à la fonction normale.
En Lithuanic, un des amis du célèbre poète polonais
Adam Micidewicz, le Der Joseph Siemaxzko, guérissait
les paysans au moyen de pilules de pain ou de poudres
insignifiantes, en insistant surtout auprès des malades
pour qu'ils prissent ces pilules au moment du coucher du
soleil, en regardant vers l'est. Aujourd'hui encore, les
vieilles gens racontent, en Lithuanic, que le Dr Joseph
Siemaxzko fut un célèbre médecin. Après avoir émis ces
quelques idées générales, je tiens à présenter l'observa-
tion faite sur une malade :
Cette femme, servante il tout faire, étaitpâle, maigrie,
avec un teint terreux ; elle attirait l'attention par son
aspect décharné.
Agée de 42 ans, misérable, grincheuse, elle pleurait et se plai-
gnait qu'elle ne pouvait rien tenir dans ses mains, tant celles-ci
tremblaient toujours. Elle ajoutait que quelque chose l'oppressait
au creux de l'estomac et remontait ensuite vers la gorge. Elle
soutirait de maux de tète dans l'occiput, d'insomnie, d'une ano-
rexie complète, avait de la constipation; ses règles était doulou-
reuses et se produisaient toutes les 2 semaines. Son état durait
depuisun an et dans les derniers temps il s'était aggravé.
L'état général était bon,mais la nutrition s'était ralentie ; tem-
pérature normale ; le pouls 76, plein, régulier ; la respiration
norniale, pas d'oppression. L'état des poumons était normal éga-
lement sur toute leur étendue, on percevait le murmure vésicu-
laire normal, les bruits du coeur normaux, la forme du ventre ha-
rituelle ; il valait hyperesthésie des ovaires et du creux de l'esto-
mac.
Système nerveux. Les réflexes lendineux augmentés : trem-
blement des mains il chaque mouvement ; les réflexes pharyn-
giens et oculaires étaient abolis, tremblement des paupières; les
pupilles réagissaient normalement. Pas de troubles senbitifs.
L'analyse des urines ne donnait rien de particulier .
Le 15 août 1902, on donne à la malade : Menthol 0.10 centigr.
Teint, de valériane 20 gr. XX gouttes par jour. Le 16 août, la
108 RECUEIL DE FAITS.
malade pleure toujours, l'anorexie dure encore, et elle ne peut
même penser à la nourriture ; l'insomnie est complète et l'amai-
grissement continue.
Le 17 août, on fait l'analyse du suc gastrique et on trouve une
quantité exagérée d'acide chlorliydrique..l'eus recours à la sug-
gestion. La durée de celle-ci est de 10 à la minutes, ensuite la
malade sommeille une demi-heure. Je lui suggère qu'elle allait
se sentir mieux : la malade se calme et promit du manger un pe-
tit pain.
Le 18 août, la malade se sent mieux, elle a dormi, elle a mangé
le polit pain, elle a pris une tasse de thé. Le 19 août : elle
dort mieux, elle dit qu'elle se sent en meilleur état : le dégoût de
la nourriture diminue, elle promet de manger du potage. Le 20
août 1902, la sensation de contraction dans le creux des'estomac
et dans la gorge persiste. On la suggestionne encore pendant 20 à
25 minutes, et elle dort trois quarts d'heure, se calmant et ne se
plaignant plus.
Le 21 août : la malade mange et dort bien, elle s'intéresse il
son entourage, ses traits s'ont reposés.
Ce qui est particulier dans ce cas. c'est que la malade
n'a jamais entendu parler de l'hypnotisme, ni de la sug-
gestion. Après avoir essayé beaucoup de médicaments
(fer, bromure, vin de quinquina, etc.) elle en était arrivée
à une indifférence complète : après quelques jours de sug-
gestion elle en revient à son état normal. Dans les pre-
mières séances, la suggestion fut lie fort courte durée et
très simple. Depuis, je ri ai pas eu de nouvelles de la ma-
lade et à mon grand regret.il m'est impossible de dire si
le résultat obtenu a été de longue durée. '
RECUEIL DE FAITS
Un cas de myotonie congénitale ;
Par le lo Fi'. IEEl ?
Médecin de la colonie de Ghl'I'I.
Jas eu l'occasion d'examiner récemment un malade
atteint de la maladie de Thomsen : comme cette affection
est assez rare, j'ai cru utile de présenter ici l'histoire
UN CAS DE f1'OTUN11 : CONGENITALE. 109
de ce malade qui était venu consulter le médecin, unique-
ment pour avoir un certificat d'exemption du service
militaire.
1 Ilisloire rle lce F'mxilLe. Coté paternel. Le malade est un
enfant naturel . Toutefois, tout fait présumer que l'homme qui a
épousé plus tard la mère, est aussi le père réel ( ! ). Du côté du
père présumé donc, la famille se compose de gens tous solides et
bien portants. Côté maternel. Ici la famille se compose de neu-
rnpathes et d'aliénés. Une de ses gl'alld'tantes fut atteinte de
folie périodique. Une tante, soeur de la mère du malade, traversa
deux crises de mélancolie, l'une il y a 7 il 8 ans durant une gros-
sesse, l'autre l'an dernier, durant l'évolution d'un pyo-salpir1.\.
Une autre tante, également soeur de sa mère, traversa aussi deux-
crises de mélancolie, l'une il y 10 à 12 ans,l'autre il y a deux ans
lors delà mort d'un enfant. Pas de suicides dans la famille.
Pasde consanguinité. Le père est un solide gaillard, mais
aussi un buveur enragé. La mère est bien portante à tous les
points de vue. Ils ont eu quatre enfants : un fils, le malade en
question, et trois filles dont l'une est morte à ! 'age de cinq ans
elles deuxautresse portent bien.
2° Antécédents personnels du malw7e. - L ? St ? est un jeune
homme de 1 ! ) ans, conscrit de cette année, bien constitué, taille
moyenne ; pas de signes notables de dégénérescence.
N'a jamais fait de maladie sérieuse ; célibataire, menuisier de
profession, mène une vie régulière el active, et ne fait aucun
excès.
Le mal dont il souffre est congénital : le malade affirme nette-
ment avoir toujours été raide dans les mouvements, mais celte
raideur s'est encore accentuée vers l'âge de 14 ans (puberté) et est
restée stationnaire depuis.
3° État actuel. D'après les renseignements du malade, il existe
chez lui une raideur au début de tous les mouvements volon-
taires tant aux brasqu'au tronc et aux jambes. Une fois les mus -
des bien misen mouvement, cette raideur disparaît. Le malade
sent parfaitement cette raideur envahir ses membres, mais elle
n'a rien de douloureux et constitue, une simple gêne des mouve-
ments.
La somme de travail qu'il fourni test aussi bonne que celle de ses
compagnons, hienqu'au travail son mal peut lui jouer des vilains
Lnurs.lluand il veut, par exemple, soulever une lourde planche, la
gêne qui caractérise le début du mouvement rend lesoulevemcnt
dillicile et quand il y est parvenu, la raideur générale que cet ef-
il) Des renseignements sur la famille m'ont été fournis par le
médecin de la commune où demeure le malade.
110 RECUEIL DE FAITS.
- fort semble avoir stimulée, est portée à son summum, et lui em-
pêche de déposer la planche sur sa table de travail. Il maintient
soulevée dans ses bras raidis et doit attendre quelques secondes
pour que la tension se relâche etqu'il puisse déposer la planche à
l'endroit voulu.
Il peut marcher très vite et longtemps : ainsi pendant de longs
mois il a fait plusieurs fois par semaine, à pied, la route d'aller et
retour de Sch ? à Anvers, soit environ 2 h. 30, pour suivre en
ville des cours de perfectionnement professionnel. Mais, il doit
s'y prendre prudemment, d'abord faire des petits pas, puis accé-
lérer progressivement la marche. S'il veut accélérer brusquement
le pas, ses jambes se raidissent, et il tomberait s'il voulait conti-
nuer. Pendant la marche aussi, alors que la première raideur
s'est dissipée et qu'il marche d'un pas alerte, une émotion sou-
daine, un appel, une simple bousculade peu vent provoquer l'appa-
rition instantanée de la crampe indolore : tout son corps se rai-
dit comme un hâton elle malheureux tombe si on ne le soutient.
E.·anzen dumalade. -- La physionomie du malade est placide
comme un masque, la bouche petite, et quand il parle, c'est sur-
tout la langue qui se meut, les lèvres restant presque immobiles
comme le reste delà face. .
Quand on le fait lever et marcher, il y a ordinairement, mai,
pas toujours, une gêne visible des mouvements, puis, après avoir
fait deux en [rois pas,il écarte les jambes, fauche légèrement, s'ar-
rête une dizaine de secondes puis continue la marche, sans gène
apparente. Se maintient parfaitement debout les jamles rappro-
chées et les yeux fermés ; marchesans aucune difficulté sur une
ligne.
Quand il a voulu remettre ses bas que nous avions fait enle-
ver pour l'examen, il a d'abord paru très mal habile et les doigts
étaient raides ; après quelques tâtonnements il a pu mettre ses
bas et ses bottines aussi aisément qu'une personne normale.
Examen du système nerveux. - Sensibilité normale tant pour la
finesse que pour la localisation ; aucune zone d'anesthésie, ni
d'hyperesthésie ; aucune douleur ni spontanée, ni provoquée.
Motilité. Sauf la gêne spéciale décrite plus haut, il n'y a aucun
trouble des mouvements volontaires, la force est normale ; la
pression exercée quand le malade nous serre la main se fait sans
saccades. L'écriture est courante. Le malade présente aux mouve-
ments passifs une résistance variable : tantôt plus forte que la
normale. Les principaux mouvements réflexes sont absents :
nous n'avons pu obtenir la manifestation des réflexes du genou,
ni du bras, ni du réflexe cutané plantaire, ni le réflexe pharyn-
gien. Le réflexe cornéen est faible ; les différentes formes dus
réflexes papillaires sont, normales. Les circonstances ne nous
ont pas permis de rechercher les réactions électriques.
UN CAS DE MY0T0NIE CONGENITALE. 111
Intelligence : moyenne. Comme le malade a fréquenté jusque
maintenant des cours de perfectionnement professionnel, on
peut même affirmer que ce n'est pas un ouvrier ordinaire. Il
paraît timide ; n'a jamais de maux de fête ; ne se plaint de rien.
N'a aucune phobie. Commeje lui demandais si ce n'est peut-être
lias la peur de ne pouvoir marcher ou de tomber qui lui joue ces
méchants tours, il me répond qu'il n'ajamais eu dépareille idée;
que d'ailleurs la crampe indolore le saisit si brusquement qu'il
n'a pas même le temps d'y songer. Au surplus, lu malade vit avez
»on mal, ne s'en soucie guère, et si ce n'était le désir, d'ailleurs
très légitime, d'avoir un certificat d'exemption du service mili-
taire, il n'aurait jamais consulté un médecin.
Système musculaire. Les muscles sont bien développés, mais
pas outre mesure ; proportionnellement, toutefois, la musculature
des mollets est plus forte que celle des bras.
La contraction ideo-musculaire provoquée par le pincement et
la percussion, est quasi nulle aux bras, nettement accentu; aux
mollets.
Fonctions digestives respiratoires : rien de spécial. Circulation.
Pouls toujours aux environs de 100 ; ir'I'I"gulil'l'. Coeur excilé ;
pas de bruit'» anormaux. Pas de varices.
Peau, nutrition générale : eu lion état de nutrition;.graisse
11111'1 lia 11'1111'11 abondante, parait être excellente.
Urines. La recherche de la créalinine signalée dans les urines
detnyotoniques (l3PrhIPI'I'I\, I\.al'pink ? 1\'fr : iloll) n'a pu être
l'aile, le malade n'étant venu qu'une fois en consultation.
Dans l'histoire du malade nous trouvons, en dehors
des symptômes caractéristiques de la raideur musculaire,
comme choses plus spéciales à noter :
1° L'absence d'hérédité homologue : aucun membre de
la famille n'a jamais rien présenté de semblable.
Il y a donc eu une transformation d'hérédité : car il
côté de l'alcoolisme invétéré chez le père, il y a une hé-
rédité nerveuse et surtout mentale du côté de la mère.
2° L'absence des principaux réflexes. Dans l'état actuel
delà question des myotonies congénitales, on n'en sau-
rait donner une explication plausible, pas plus d'ailleurs
que des autres symptômes neuropalhologiques et même
psychiques que divers auteurs ont observé concurrem-
ment avec l'affection fondamentale.
3° Dans le cas actuel, la myotonie constitue une infir-
112 CLINIQUE MENTALE.
mité gênante mais qui n'empêche pas notre malade de
vaquer à sa besogne journalière. Quant il son aptitude
pour le service militaire, il faut faire les réserves les plus
formelles. (1). Il pourrait lui arriver ce qui arriva à un
malade de Seeligmuller qui faisait, le désespoir de l'ins-
tructeur militaire parce qu il ne parvenait pas à manier
le fusil avec la rapidité et la dextérité nécessaires. Dans
les exercices d'ensemble, la parades, le mal serait encore
plus grand.
CLINIQUE MENTALE
Mal perforant et paralysie générale :
Parle Dr MARIE, médecin en chef il el 1(- 1)\I.ollin
PELLETIER, interne du service.
Nous avons pu étudier dans notre service trois paraly-
tiques généraux qui présentaient, au niveau de la plante
du pied, des maux perforants symétriques.
«
Obs. I. Le premier de ces malades, Aub ? est entré à
l'Asile le 1er décembre ly0' avec le certificat suivant du Dr
Legras :
« Paralysie générale. affaiblissement intellectuel. Projets
extravagants. Insomnie. Idées délirantes de richesse. Inéga-
lité pupillaire. Troubles de la parole. Mal perforant du pied
gauche. »
C'est un malade de 43 ans, célibataire, ne présentant pas
d'antécédents héréditaires au point de vue nerveux. Le père
serait mQrt à 24 ans d'une affection cardiaque.
Le malade nie la syphilis. Comme signes physiques, il pré-
sente de l'inégalité pupillaire, le signe d'Argyll-Robertson. La
parole est traînante avec des accrocs aux mots d'épreuve.
A son entrée, le malade présentait des idées délirantes de
grandeur caractéristiques. Il devait, disait-il, épouser pro-
chainement une jeu ne fille très riche ; un ami de son beau-
(1) « Ils ni ! conviennent généralement pas p our le service militai-
re » (II. 01)1)enli(-im, Leiii-biii-cit der .Verrenkrankheiten. l3urlin, 1902.
Verlag- S. Karger, p. ? d0.)
MAL Perforant Et paralysie générale. 113
frère devait mettre à sa disposition des voitures, des domes-
tiques, etc.. Depuis son entrée, le malade a présenté des pé-
riodes alternatives d'amélioration et d'aggravation ; actuelle-
ment, quoique toujours affaibli au point de vue mental, il est
en rémission quant à ses idées délirantes et il aide assez bien
les infirmiers dans leur besogne journalière. Le point inté-
ressant à signaler, c'est que, en même temps que s'opérait la
rémission mentale, les maux perforants s'amélioraient aussi ;
la suppuration tarissait et la plaie était en bonne voie de
gnérison. Actuellement, les idées délirantes sont disparues.
« Je croyais en effet avoir des millions, mais parce j'étais fou.»
L'aspect est déprimé et l'affaiblissement de la mémoire et
des facultés intellectuelles est très net.
Obs. II. Notre second malade, Cou ? est décédé. Chez
luiégalement, on a pu constater, à son entrée dans notre ser-
vice, les symptômes évidents de la paralysie générale. Après
une période d'excitation intellectuelle et physique, il est en-
tré en rémission. Malheureusement, l'amélioration a été de
courtedurée ; bientôt le malade s'est excité à nouveau et il a
été emporté très rapidement.
Comme le précédent sujet, Bon ? présentait au niveau de
la plante du pied, à droite et à gauche, plusieurs maux per-
forants. Avec la rémission psychique, les deux lésions du
pied se sont amendées elles aussi. Enfin, lorsqu'est survenue
la période d'excitation terminale, on a vu les maux perforants
se rallumer tout comme la maladie ; les ulcérations se sont
creusées à nouveau et ont donné lieu à une suppuration
abondante. Le malade a présenté des traces de sucre dans
les urines à l'entrée. Dans la dernière période qui précéda la
mort, il a eu de l'oedème des membres inférieurs et de l'al-
buminurie finale. Il était syphilitique depuis l'âge de 28 ans
idécédé à 42 ans). Sa mère était morte d'affection du coeur.
Il avait 4 enfants bien portants (de 5, 7, 8 et 18 ans). Non bu-
veur. Traité par 11-et Ki à Broca, 18 mois avant l'entrée. Les
maux perforants avaient débuté 3 ans avant l'internement
avec les symptômes tabétiformes (incoordination motrice et
abolition des réflexes).
Obs. III. Malade B ? Jean, 48 ans.Entré dans le service
le 15 septembre 1905.
Antécédents héréditaires. - Père mort de pleurésie. Mère
goitreuse, morte quelques années après ? Fils unique, marié ;
deux enfants bien portants.
Antécédents pcrsonnels. - Nie la syphilis ; mais a eu une
suppuration il l'aine et a été traité à l'iodure de potassium par
Archives, 2' série 1900; t. XXI. 8
114 CLINIQUE MENTALE.
M. Ileurteloup (t) au Midi. Depuis 15 ans ? Tabès ; douleurs
fulgurantes, troubles de la marche. Alcoolisme ; 2 litres de
vin au moins, absinthe, marc ; employé depuis 24 ans sur les
trains én marche au P. L. M., comme conducteur.
' Examen mental. Ne sait pas très bien où il est. Se croit
près de Sainte-Anne, une maison où on soigne toutes sortes
de maladies. Pas d'idées délirantes de grandeur bien nettes :
mais malade content de lui-même et des autres. Attention dif-
ficile à maintenir.
' Signes physiques. Légers accrocs aux mots d'épreuve,
mais ils disparaissent si on les fait répéter plusieurs fois.
Tremblement de la langue, propulsions et rétractions. Iné-
galité pupillaire, pas de réflexes. Abolition des réflexes rotu-
liens. Démarche peu nette comme tabès ; ne fauche pas. Signe
de Romberg. Les maux plantaires perforants et symétriques
sont actuellement en voie de guérison depuis qu'il a pu cire
maintenu couché. Autour des ulcérations, la sensibilité
reste très atténuée. Phosphaturie simple. Aurait eu, à Saint-
Antoine, l'oedème des jambes avec albuminurie passagère.
Les premiers auteurs qui se sont occupés du mal per-
forant (Leplat, 1855) lui atlribuaient une cause toute
mécanique. Ils pensaient qu'il était dû à la pression du
pied sur le sol, ainsi qu'au port de chaussures mal
laites. Comme preuve, ils alléguaient que le mal per-
forant était plus rare chez la femme ainsi que dans les
classes aisées. Gosselin et Velpeâu partagèrent égale-
ment cette manière de voir ;-pour eux, la pression dé-
veloppait une inflammation des bourses séreuses à la
suite de laquelle se creusait l'ulcération. Plus tard, on
tenta de remplacer la théorie mécanique parune théo -
rie vasculaire. On avait remarqué que les maux perfo-
rants sont rares dans la jeunesse et que très souvent ils
coexistent avec l'artério-sclérosc. Cependant, si ce
dernier fait est exact, il ne prouve pas que l'état des
vaisseaux soit en cause, attendu que nombre d'ar-
tério-scléreux ne présentent pas de maux perforants.
C'est à Duplay et More que nous devons l'explication
(1) \l. Iluurleloup lui aurait dit : « Le quart des parisiens m'est
passé aittsi par les mains. » ,
MAL PERFORANT ET PARALYSIE GÉNÉRALE. 115
actuelle du mal perforant : la théorie nerveuse, d'après
laquelle lemal perforantestun trouble trophique lié
assez souvent à de graves lésions du système nerveux
central. Bali et Thibierge ont signalé le mal perforant
dans l'e tabès ; parfois il précède l'ataxie et est contem-
porain des douleurs fulgurantes de la période du début.
On l'arencontré également dans le spina bifida et no-
tamment dans le spina bifida latens.
Dans nos observations, les maux perforants ont pré-
cédé la paralysie générale ; leur amélioration a cepen-
dant été suivie dans deux cas d'un état de rémission des
signes physiques et mentaux. Dans l'autre, l'aggrava-
tion finale, prémonitoire de la mort, a coïncidé avec la
reprise du processus ulcératif perforant, malgré le sé-
jour au lit fréquent et le repos prolongé du malade a
l'infirmerie.
Voici, d'après la thèse de Gasoul, la proportion des
diverses affections nerveuses compliquées de mal per-
forant : Nombre des cas observés : 91 ; ataxie 32 ; pa-
ralysie générale 17 ; Alcoolisme 8 ; traumatisme4. Les
autres coïncident avec des affections diverses (diabètes
.surtout.) C'est M. Christian (1) qui l'un des premiers a
signalé le mal perforant dans , la paralysie générale.
Marandon de Montyel l'y a signalé également ; mais
d'après lui, il se rencontre surtout quand la paralysie
générale se complique d'alcoolisme. D'après lui égale-
ment, l'existence du mal perforant favoriserait les ré-
missions de la maladie. ,
Outre l'action de l'affection elle-même, le rôle des
indications dans la genèse des maux perforants chez
les paralytiques généraux semble également confirmé
par l'observation de notre malade Bau ? Chez lui, en
effet, le mal perforant serait survenu à la suite d'une
intoxication grave provoquée par l'ingestion de viandes
avariées. Pour certains auteurs, d'ailleurs, il ne fau-
(1) Ciiristiax. - « Le mal perforant uans la paralysie générale ».
{Union médicale, 1882.) - '
110 . CLINIQUE MENTALE.
drait pas adopter, en ce qui concerne l'étiologie des
maux perforants, la théorie nerveuse d'une façon trop
exclusive et la compression aurait aussi une certaine
part.
Si l'on observe, en eifet, que presque toujours (quoi-
qu'on ait signalé un mal perforant palmaire) le mal
perforant siège à la plante du pied et précisément au
niveau du gros orteil, point sur lequel porte en partie
le poids du corps, on se rendra tomple que la cause
mécanique doit avoir sa valeur. Certes elle n'est pas la
seule, clil faut y joindre les troubles résultant de lé-
sions du système nerveux, soit périphérique, soit cen-
tral ; néanmoins la pression reste quand même un fac-
. teur.
Au reste, il est logique, à ce point de vue, de rap-
procher du mal perforant les eschares du coude ou des
talons et celles du (sacrum) si fréquentes, elles aussi,
dans la paralysie générale. Or, comme cette dernière
se rencontre surtout chez les malades couchés, il est
probable que la pression qui s'exerce alors au niveau
du sacrum y soit un facteur d'une certaine importance.
C'estdouc la théorie mixte, mécanique et nerveuse qui
semble devoir fournir au mal perforant l'explication
la plus satisfaisante. Ainsi que le rappelait, à propos
des eschares des paralytiques, M. le Dr Vigoureux dans
une récente communication à la Société médico-psy-
éthologique, on peut opposer au décubitus omniosus de
Charcot et aux eschares médianes du sacrum (générale-
ment progressives et graves), les eschares unilatérales
fessières, généralement curables et en rapport avec un
élément périphérique, local (pressions et troubles tro-
phiques des tissus comprimés) ; les eschares talonnières
ou plantaires, compris les maux perforants qui nous
occupent, seraient de même ordre que. certaines eschares
latérales ; auraient-elles aussi une action sur la marche c
de la maladie, et leur évolution serait-elle en rapport
parfois avec les phases critiques prémonitoires des ré-
MAL PERFORANT ET PARALYSIE GÉNÉRALE. 117
missions ? On sait les théories analomo-pathologi-
ques variées invoquées par les auteurs pour expliquer
les maux perforants et les eschares en général de la
démence pŒ ? Mg : elles se ramènent à trois. Les
uns invoquent une lésion locale, la névrite terminale
etl'hypé¡'émienew'o-paralytique {Charcot), la lésion
vasculaire sous-cutanée (Dt'a), ? M9ar)'t0-
scléreux [embolie ou thrombose), ou foyers miliaires
i)aso-paîal ! jtique (I%711pl)el), ou bien le foyer septique
sous-cutané au point contus [malpropreté des lite-
ries et négligences du personnel). D'autres invoquent
une lésion centrale des centres corticaux vaso-trophi-
ques (.}olf'¡-oy), des ganglions tnop7ziqzces spinaux (Dé-
jeriné),ou des racines nerteU'les en émanant (ném'i-
tes de Pitres). Enfin, certains ont invoqué une dys-
crasie générale sanguine (A. Voisin), ou infection sep-
tique dont la détermination en foyer ne serait qu'un
abcès de fixation. Dans cette catégorie rentreraient les
intoxications exogènes (alcool, plomb, etc.), ou endo-
gènes (syphilis, diabète) ; nos observations s'en rappro-
chent par les antécédents spécifiques, le diabète tran-
sitoire et l'empoisonnement alimentaire relevé. @
L'un de nos malades, éthylique, a aussi des aboli-
tions de réflexes relevant des scléroses médullaires com-
binées probables, tabétiformes. '
M. Décoré, comme M. Déguise, prétend que, chez les
paralytiques généraux, les plaies prennent rapidement
un mauvais caractère. Une simple excoration peut, dit-
il, devenir le point de départ d'un phlegmon diffus très
étendu. Pour lechirurgien de Charcnton, il existe chez
les paralytiques généraux une véritable diathèse pu-
rulente. Il y a plus de quarante am que M. Baillar-
ger a signalé cette tendance de suppuration chez les
paralytiques. C'est cette prédisposition, suivant l'émi-
nent aliéniste, qui fait que les eschares se développent
en dehors des points exposés aux compressions. - 11, a
observé lui-même un de ces cas de' suppuration pro-
US CLINIQUE MENTALE.
longée et apporté des observations de phlegmons dé-
veloppés sous l'influence de causes très minimes. Il y
aurait donc, dans la paralysie générale, déviation du
travail curatif, formation du pus. Cette tendance à la
gangrène qui existe incontestablement dans un grand
nombre de cas n'est cependant pas constante. M. Da-
gonnet croit qu'elle ne se montre qu'à une période avan-
cée de la maladie. Pour lui, dans les premières pério-
des de la paralysie générale, les plaies guérissent rapi-
dement.
En résumé chez les paralytiques généraux, les plaies
ont une tendance à la suppuration qu'elles ne présen-
tent pas chez d'autres. Peut-être les différences obser-
vées tiennent-elles, indépendamment de la période la-
quelle la maladie est arrivée, à la participation plus
ou moins grande de la moelle aux lésions du cerveau.
Tendance àla suppuration, tel est donc le caractère que
la paralysie générale imprime aux blessures (Deoorce),
, Nous avons vu également que l'amélioration des
maux perforants apparus chez nos malades a coexisté
avec des rémissions notables dans la marche de la pa-
ralysie générale. Si l'on s'en rapporte aux travaux de
nombreux aliénistes, il n'y aurait pas là seulement une
coexistence, mais une véritable liaison de cause à effet.
L'un de nous (1) a signalé l'influence bienfaisante des
suppurations et de leur cure pour la marche de la ma-
ladie, nombre d'observations ont été publiées de paraly-
tiques généraux, même à la troisième période, ayant
présenté des améliorations d'assez longue durée à la
suite de la cure de suppurations prolongées, dues à
des causes diverses,telles que maux perforants, eschares,
pleurésies purulentes, phlegmons, etc..(Baillarger,
Vallon, Doutrebente, Christian, Joffroy, etc.).De laà pro-
voquer artificiellement des suppurations dans l'espoir
d'obtenir après leur cure les bons effets des suppura--
(1) D" A. Marie et Viollet. Suppuration et rémission dans il
paralysie générale.
MAL PERFORANT ET PARALYSIE GENERALE.
119
lions spontanées, il n'y avait qu'un pas que naturelle-
ment on a franchi. '
Malheureusement les résultats de .cette thérapeuti-
que n'ont pas été encourageantes et on n'a eu guère a
enregistrer que des échecs.
Tableau.
120 CLINIQUE MENTALE.
Les premiers succès obtenus dans les intoxications
à effets somatiques ont, poussé les cliniciens et notam-
ment un Anglais, Lews C. Bruce, à appliquer les abcès
de fixation au traitement des maladies mentales.
Si les suppurations provoquées semblent donner
quelques résultats dans les psychoses, dans la para-
lysie générale on n'en a pu obtenir aucun effet; et il
.ne faut pas oublier que nombre de cas de psychoses
guérissent sans traitement et que, par suite, le rôle
des abcès de fixation dans leur issue favorable n'est
pas certain.
Il ressort de tout ceci que sur les processus intimes
de la maladie en général et sur l'influence et le méca-
nisme des ulcérations suppuratives en particulier, nous
ne savons encore rien. Evidemment, certaines suppu-
rations doivent être considérées comme liées à un' pro-
cessus de défense de l'organisme se produisant dans le
but' d'éliminer quelque chose, nous ne savons quoi,
mais enfin quelque chose qui est en un rapport étroit
avec la maladie. Dans les suppurations provoquées ar-
tificiellement, au contraire, on a affaire à des organis-
mes qui ne veulent pas se défendre et le quelque chose
qui devrait s'éliminer avec elles ne s'élimine pas.
Aussi bien, pour le moment, ne pouvons-nous faire au-
tre. chose que constater les faits, à savoir que la cure de
certaines suppurations'en général, et celle des maux
perforants en particulier, peuvent coïncider avec des
rémissions consécutives; quant à l'explication vérita-
ble, nous la laissons à une pathologie mentale plus
avancée que la nôtre.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
X. Du déplacement des fibres des pyramides dans les
cordons postérieurs chez l'homme ; par Cuhtsr.. (Neurolog.
l.'entcclbl., \l ? 190.)
Obs. 1. - Ramollissements dans la capsule interne ; hémiplégie
pattt'/te.Immédiatement au-dessus de l'entrecroisement du ruban
cle l'ceil, un fort tractus de fibres se détache de la pyramide et se
recourbe dans le plan horizontal pour s'en aller le long du raphé
en arrière et s'entrecroiser en avant du noyau de la Xlte paire.
En avant de la racine spinale du glossopharyngien, ces libres
se dirigent en bas et se divisent en plusieurs petits trousseaux
qui plus tard se réaccolent aux libres pyramidales entrées dans
le cordon latéral. Ces fibres dispersées sont-elles totalement mé-
langées celles du reste de la pyramide ! Nescio. Il se peut
qu'une partie d'entre elles qui, au moment de l'entrecroisement,
passent par le col de la corne postérieure (figure) soient identiques
à celles du faisceau anormal sus-décrit : on aurait alors une
disposition semblable à celle qu'a trouvée Kosaka chez le chien.
Peut-être aussi s'agit-il de deux anomalies indépendantes l'une
de l'autre ; peut-être ne sont-ce pas les libres prématurément
entrecroisées qui apparaissent inopinément dans la portion anté-
rolatérale du faisceau cunéiforme (figure).
Le petit faisceau dispersé dans le cordon postérieur se divise
en descendant, tout en se portant en arrière et en dehors derrière
la tète delà corne postérieure. Ses fibres qui immédiatement au-
dessous de l'entrecroisement des pyramides sont concentrées en
trousseaux nettement limités commencent, à la hauteur de la
première racine cervicale, à s'éparpiller le long de la corne pos-
térieure dans laquelle elles pénètrent peu à peu ; en la traver-
sant elles viennent toutes au faisceau latéral des pyramides au-
quel elles appartiennent, si bien qu'au niveau du second' seg-
ment cervical elles l'ont sans exception rejoint.
Obs. Il. - Foyers anciens de ramollissement ayant produit dans
les deux hémisphères déchéance de nombreuses fibres des deux py-
peu de temps avant la mort, hémorragie de la capsule
interne droite ayant par compression lésé les fibres de la capsule
interne gauche. Les fibres des pyramides qui ont échappé à la
destruction sont en voie de décadence des deux côtés.
Au niveau de l'entrecroisement, un faisceau anormalement
rirronscrit occupe la portion antérieure du canal central : il se
122 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
divise en deux trousseaux plus .bas. Ceux-ci errent autour du
canal central : au* niveau de l'immergence de l'accessoire, ils
sont immédiatement en avant de la commissure postérieure.
Constamment séparés des cordons postérieurs par un pont ténu
de substance grise, mais toujours accolés à eux, ils se disjoi.
gnent des deux côtés, pour, finalement, traversant des deux
côtés la corne postérieure, entrer dans le cordon latéral des py-
ramides. " 1'. -KERAVAI..
1.- Des mouvements de compensation ou de remplacement
dans les affections cérébrales, par W. M. de BECHTEREW,
(0&o : )'eMtt ! psichiatrii. 1'lll.)
Les malades hémiparétiques à la suite d'ictus cérébraux n'exé-
cutent jamais les mouvements qu'on leur demande de faire du
côté parésié. bien qu'ils sachent être en état de les exécuter. Ils
en ont bien la volonté, mais le stimulus qui part de l'hémisphe-
re cérébral atteint se transmet, en raison de l'altération des con+
ducteurs, d'abord à l'hémisphère opposé. Voilà pourquoi ce sont
les muscles du côté libre qui entrent en fonctions à la place de
ceux du côté hémiparétique. Normalement, .en effet, toute excita-
tion d'un hémisphère (centres moteurs) augmente l'excitabilité
des centres correspondants de l'autre.Les fibres qui descendent
de l'écorce envoient dans celle de l'autre hémisphère des branches
latérales qui composent le corps calleux (Cajal). D'où, quand l'ex-
citation des centres d'un côté ne se peut transmettre tout à laitli-
brement par les conducteurs correspondants en descendant, clic,
provoque l'activité de l'autre côté. P. Keraval,
\Il.- Des processus compensateurs dans la moelle hu-
maine, par A. Click. (Neurolog. Centralbl. XXIII.)
Pièces anatomiques de paralysie infantile cérébrale. llémiatro-
phie du cerveau. Asymétrie de la moelle ; substance blanche el
corne antérieure gauches plus petites que celles du côté droit. La
portion postérieure des cordons latéraux, l'aire du cordon latéral
des pyramides particulièrement affectée contient moins de tissu
nerveux et une très notable exagération de la névroglie. Par con-
tre, la corne postérieure gauche est hypertrophiée, surtout dans
les régions cervicales et lombaires et à diverses hauteurs de la ré-
gion dorsale ; cette hypertrophie porte sur tous les éléments de
la corne. Elle est autochtone et semble en rapport avec l'hypopla-
sie des cordons latéraux des pyramides. L'ensemble du processus
a dû se produire à l'époque oùles phénomènes de développement,
voire de formation de la corne postérieure, n'étaient pas encore
achevés (figures).. P. Keraval ?
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 123
XIII. - Deux nouveaux réflexes cutanés sur les membres
inférieurs, par E. Redlich. Exagération des réflexes
cutanés sur le côté parétique dans les hémiparésies
organiques, par E."REDLICH. (Neurolog. Centralbl., XX111 et
XXIV, 1904-1905.)
Placez des individus jeunes ou des enfants dans le décubitus la-
Léral, la jambe en flexion, ou sur le ventre, en relâchant les mus-
cles, les pieds dépassant la table ou le bord du lit; rayez avec
le manche du marteau ou avec une aiguille la peau de la partie
postérieure et moyenne de la cuisse de haut en bas, vous obtenez
une contraction du biceps à laquelle prennent quelquefois part le
semi-membraneux elle semi-tendineux ; parfois même la jambe
se fléchit sur la cuisse. Plus rarement, les abducteurs de la jambe
entrent en jeu. Souvent les mouvements sont très lents. Il se peut
aussi que la zone réflexogène monte jusqu'au pli fessier et descende
jusqu'au creux poplité, voire jusqu'à la partie supérieure du mol-
let. Caresse-t-on ensuite avec l'aiguille la ligne médiane du creux
poplité en descendant le long de la face postérieure de la jambe,
on obtient la flexion plantaire du pied et des orteils ; la zone ré-
flexogène peut en ce cas partir de la cuisse même et aussi de la
région fessière. 11 n'est pas rare que ces réflexes se propagent de
l'autre côté et s'accompagnent de sensations désagréables. ,
Dans sept observations de lésions cérébrales organiques, carac-
térisées par l'exagération des réflexes tendineux du côté parodique
avec phénomène de Babinski et de Struempell, les réflexes cuta-
nés étaient bien plus vifs que du côté sain, ou bien certains réfle-
xes cutanés étaient diminués, tandis que d'autres étaient exagé-
rés. Le réflexe cutané de la cuisse, qui d'ordinaire est diminué
du côté hémiplégique, était assez généralement augmenté. Cette
exagération anormale doit tenir à ce que dans l'espèce les lésions
génératrices de l'hémiparésie cérébrale excitaient simultanément
et peut-être aussi les voies centripètes et centrifuges. En
effet chez les sujets porteurs do l'exagération des réllexes cutanés
du côté parésié, les accidents paralytiques étaient peu accusés ; 5
malades sur 7 avaient de l'épilepsie Iaclïsonienne,; l'exagération
des réflexes cutanés se constatait etimmédiatemontct assez long-
temps après les attaques. P. Keraval.
XIV. De l'innervation corticale de la vessie urinaire, par
L. de FRANKL-HOCHWART et A. )''12JEHLICH. (Neurolog. Cens
tralbl., XXIll, 1904). - Physiologie de l'innervation de la
vessie, par E. A. HoTMANN. (Oboréni.é psichiatrii. X. 1905.)
Des expériences des auteurs allemands, il résulte que le pre-
micp temps de l'urjnation doit, comme le montre l'observation
clinique, être le relâchement du sphincter et nop pas seulement
124 REVI'E D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,
le forcement de cette bai rière. En effet quand, en réséquant les
nersshypogastriques et honteux, on a empêché les fibres muscu-
lait'es longitudinales de la vessie de presser sur ce réservoir, on
obtient alors en agissant sur le cerveau, le., relâchement évident
du sphincter vésical interne.
De son côté, RuTUANN résume sa revue en ces ternies : La con-
traction des fibres qui pressent sur la vessie urinaire peut être
provoquée : a) parles émotions psychiques ; b) par l'irritation de
parties définies de l'écorce du cerveau ; c) par l'irritation de quel-
ques ganglions centraux et du pédoncule cérébral ; d) par l'irrita-
tion de certaines régions de la moelle lombo-sacréu ou même
de toute la moelle ; e) par l'action réflexe de grands nerfs sensitif
(sciatique, splanchnique, médian, crural) et, en général, de toute
la périphérie sensible du corps ; f) par l'irritation du nerf erec-
teur appelé aussi sacré, érecteur sacré, hypogastrique sacré ou
médullaire, nerf pelvien ; g) à un moindres degré, par l'action di-
recte et réflexe due à l'action de l'hypogastrique lombaire ou sym-
pathique ; h) par l'action directe et réflexe due à l'irritation du
nei-fya,,ue- ? ). L'inhtbitioîi des contractions vésico-urinaires esl
peu connue : on sait seulement que quelques centres cél'éhro.spi,
naux et ganglions périphériques, en s'épuisant, cessent de réagir
à l'irritation ; on conclut à l'existence hypothétique de centres
d'arrêt particuliers. A cela se rapporte la loi physiologique (le
Hasch sur l'innervation double des muscles antagonistes.
P. KERAVAL.
XV. Pseudomélie paresthésique symptomatique d'une
affection cérébrale dans le territoire du noyau lenticu-
laire ; part. de 13ECHTEr..EW. [Neurolog. Ceiitralbl., XXIV,
1905.) Répétition de l'article russe de l'0&p<;reMt'ë psichialrii
'IX, 1904. Analysé in Archives de neurologie, 2e série,p. 43,1905.)
P. 11ERA'AL.
i'1.- Contribution à l'étude du trajet de quelques cordons
de la moelle, par L. de Dydynski. [Neurolog. Centralbl., XXII.)
Observation de myélite transverse au niveau de la partie supé-
rieure de la moelle dorsale. On a pu suivre par la méthode de
Marchi presque toute la moelle et la base du cerveau (ligures).
A. Examen des dégénérescences ascendantes. Il est admis que la
plupart des fibres qui forment les cordons postérieurs sont le pro-
longement des racines postérieures et. naissent des cellules des
ganglions intervertébraux. Chaque fibre des racines postérieures,
dès qu'elle est arrivée la moelle se divise en deux branches : une
ascendante,une descendante. Les branches ascendantes occupent
d'abord le territoire des faisceaux de IIl11'darh ; puis, graduelle-
ment, poussées par les nouvelles racines qui entrent dans la
REVUE D'ANATOMIE ET DE P,lYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 123
moelle vers la commissure postérieure, elles se collent aux fais-
ceaux de Goll. Toutefois les racines postérieures de la partie su-
périeure du la moelle dorsale ainsi que toutes les racines cervi-
cales, après avoir pénétré dans la moelle, sont enclavées dans les
l'aisceaulleBurlla<;lt in toto.Ce cas montre que les libres émanées
des 4 premières racines dorsales et de toutes les racines cervicales
passent exclusivement dans le faisceau de Burdach. C'est au
milieu des cellules des noyaux de Goll et de Curllach que se ter-
minent les libres des cordons postérieurs en ramuscules arbori-
l'ormes. Mais toutes les libres de ces deux faisceaux ne vont pas
aux noyaux correspondants ; une partie assez considérable d'en-
tre elles [tasse directement dans les corps restiformes et de la au
cervelet. ,
Les faisceaux latèro-cèrèbelleux et les faisceaux de Gozovrs sont L
si voisins, si étroitement unis, que leur délimitation exacte est im-
possible. Us viennent des cellules de la moelle, les premiers nais-
sant surtout des cellules des colonnes de Clarke. Au-dessus du
lover de myélite, à peu près au niveau de la 3e paire cervicale,
les faisceaux en question se groupent en longs trousseau prés du
bord des cordons latéraux : la partie postérieure, la plus étroite et
la plus compacte, forme le faisceau latéro-cérébelleux, la partie
antérieure, plus large, c'est le faisceau de Gowers. En montant,
ces deux faisceaux se serrent l'un contre l'autre et pénètrent da-
vantage dans la substance blanche. En même temps la portion
postérieure, du faisceau latéro-cérébellcux émet un étroit fascicule
de libres presque uniquement constitué par une catégorie de
libres situées sur la marge de la moelle en dehors de la substance
gélatineuse. Au moment où la moelle passe clans le bulbe, ce las-
cicule s'allonge,s'étend dans la direction des cordons postérieurs
et finalement les atteint : il se peut qu'il s'agisse de libres issues
des racines postérieures qui, occupant d'abord les faisceaux latéro-
cérébelleux, avoisinenl, dans les régions supérieures de la moelle
les cordons postérieurs, pour se terminer avec ces derniers dans
les noyaux des faisceaux de Goll et de Burdaclt. Une partie des
libres du laisceau du Go\vers s'entrecroise dans la valvule de
ficusens ; quelques-unes se terminent probablement dans les
tubercules quadrijumeaux postérieurs : pour le reste de la des-
cription, c'est à peu près celle de Solder.
Faisceau olivaire. - Petit faisceau des cordons antérieurs par-
lant du foyer el longeant la moelle jusqu'au bulbe (Beehlurevv,
il il a dégénéré, donc il provient d'une région inférieure
a la moelle dorsale supérieure.
B. Examen des dégénérescences descendantes. Celle des cordons
postérieurs s'est manifestée ici sous les 3 formes décrites : 1° en
virgule de Schullze ; 2" ovale de Fleehsig ; 3° En triangle du la
- 126 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,
moelle sacrée. Si l'on admet que les cordons postérieurs renfer-
ment deux espèces de libres descendantes, des libres courtes (zone
de dégénérescence en virgule) et des fibres longues (zone de dégé-
nérescence ovale), d'où viennent ces libres ? Des racines posté-
rieures ou des cellules des faisceaux ? L'interruption transversale
et totale de la moelle par un foyer détruit simultanément racines
postérieures et cellules de substance grise, y compris celles qui
émettent des libres descendantes. D'après Zapperl, Schairer,
Déjerine et Thomas, Xageotte, les rameaux descendants des raci-
nes postérieures sont atteints dans la dégénérescence en virgule
de Schultze. Les longues fibres descendantes sont probablement
des fibres endogènes, c'est-à-dire des libres nées dans les cellules
de la substance grise ; il se pourrait toutefois que quelques-unes
de ces fibres.pénètrent dans la zone en virgule, mais ce n'a pas
encore été démontré. La dégénérescence descendante des cordons
antérieurs et latéraux des pyramides était particulièrement nette
en l'espèce. Celle des premiers ne dépassait pas le niveau de la
partie inférieure de la moelle dorsale ; celle des seconds allai l
jusqu'au cône médullaire.
C. Les dégénérescences descendantes et ascendantes trahissent
enfin l'atteinte des courtes fibres de la moelle au-dessous et au-
dessus du foyer. P. Keraval.
X1'lC. - Contribution à la question du réflexe cornéo-man-
dibulaire ; par. 11APLAN. Réponse aux objections de liaplan,
par de SOLDER. [Neurolog. Ccntmlbl., XXII, XXIII, 1904.)
Critique par Kaplan du réflexe de de Soeldet'(\ oy, .l ? 'chi¡;es de
Neurologie, 2. série, t. XVI, p. 430). Il s'agirait pour lui, non d'un
simple réflexe, mais de processus complexes d'une autre nature.
A cela répond de Soelder : « Le déplacement transversal du
maxillaire inférieur du côté opposé à celui de la cornée excitée
succède immédiatement à l'excitation sensible bien localisée ;
c'est un phénomène de réaction motrice extrêmement simple, in-
variable, indépendant de la volonté, qui se produit même souvent
dans le coma profond. Ce sont bien là les caractères de ce qu'on
appelle un réflexe, en physiologie comme en clinique ».
P. Keraval.
XVlll. Des courants magnéto-électriques et sinusoïdaux
. au point de vue de l'électro-diagnostic,par \l. LiERNHAI2UT.
[Neurolog. Centr·alblatt,, XXIll. 1904'.)
Après une description minutieuse des appareils producteurs de
d'Arsonval, Saxton et Sfoelucr, fieiniger, des courants sinusoï-
daux alternatifs et ondulatoires, l'auteur présente onze observa-
lions-de paralysie faciale, de maladie de Thomsen, d'atrophie
avancée du l'éminence thénar droite, dans lesquelles on a pro-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 127
cédé à l'excitation directe (musculaire) ou indirecte (par les troncs
nerveux ou leurs branches) des régions affectées, alors que les
courants faradiques et galvaniques indiquaient une réaction dé-
"énérativo grave ou moyenne. Voici ses conclusions.
Les courants électro-magnétiques et les courants sinusoïdaux
des Français sont de nature identique. L'installation neiniger pro-
duit des courants sinusoïdaux ondulatoires plus vigoureux que les
autres combinaisons.
Courants électromagnétiques et sinusoïdaux quelconques agis-
sent sur les muscles atteints comme les courants galvaniques ou
constants. Ils agissent dans la dégénérescence partielle ou com-
plète chaque fois que l'excitation galvanique directe se traduit
par une contraction paresseuse, lente ; peu importe que, comme
dans la dégénérescence moyenne, le nerf et le muscle réagissent
au courant faradique et galvanique, ou que, comme dans- les pa-
ralysies graves, l'excitation directe à l'égard du courant galvani-
que subsiste seule. Tandis que le muscle complètement dégénéré
ne réagit souvent pas à l'ouverture isolée du courant faradique
et qu'en tout cas cette réaction s'épuise bientôt (ce qui a lieu
également pour les étincelles de la machine statique) ; l'excitation
par les courants magnéto-électriques ou sinusoïdaux détermine
une convulsion paresseuse du muscle dégénéré dans tous les cas
où cette paresse de la contraction se manifeste par l'excitation
galvanique directe (musculaire)..
(Juand le muscle n'a pas dépassé le stade (1«1) I)et,exci tal)ilito ?
de faibles courants sinusoïdaux suffisent à produire la contrac-
tion lente ; plus lard, quand la paralysie périphérique est com-
plète, il faut, pour qu'elle apparaisse, d'assez forts courants, etla
télanisation coutumière du début de la maladie fait défaut même
sous l'inlluence de courants intenses. Une seule fois il a été cons-
taté que le courant ondulatoire avait une action excitante, sur
le muscle dégénéré plus vive au pôle positif qu'au pôle négatif.
A quoi bon par conséquent ces appareils incommodes à manier
ou trop chers En appareil du Bois-Reymond et une batterie gal-
vanique suffisent pour l'électro-diagnostic. Il semble en revanche
que. d'après les travaux publiés, les courants sinusoïdaux on-
dulatoires exercent des effets non seulement stimulants niais
éleclrolyliques capables d'agir favorablement sur les muscles et
nerfs paralysés. C'est une thérapeutique a examiner. : P. Keraval. <
1 ? Recherches cliniques sur l'auscultation du muscle,
par B. Lcvl : . (1\Teicrolog. Centralbl., XXIV, 1905.)
Emploi à cet usage du stéthoscope ou mieux du phonendos-'
l'ilpe Ltazci-Ci;.nclti. Le son que l'on entend en plaçant cet instru-
ment sur un muscle qui se contracte volontairement et.de façon
128 REVUE D'ANA1'OMlt Et DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
soutenue (tétanisations courtes) présente une hauteur toujours
égale et grave ; il correspond iL 2 ? ou 24 vibrations à la seconde.
La tension musculaire, est-elle plus forte, il est plus intense ; il
en est de même sur les muscles épais. Ce son n'a rien à faire
avec le glissement des fibres musculaires sur leurs enveloppes ; il
est indépendant du mouvement du sang.
Dans les paralysies fiasques complètes, on n'entend, au niveau
des muscles atteints, absolument rien quand on invite les malades
à faire des mouvements. Dans les paralysies flasques incomplè-
tes, le son musculaire est simplement un peu plus faible que du
côté sain ou chez un individu bien portant. Dans les lièvres, l'a-
némie, la chlorose, rien de spécial, sauf parfois un son assez 1(-
gel' à cause de la faible énergie de la contraction.
On entend le son musculaire dans la paralysie agitante (un
cas), dans l'athétose (2 cas), au niveau des muscles qui se con-
tractent, ainsi que dans les tremblements sénile, hystérique, el
alcoolique. Dans le tétanos traumatique, l'hypertension du gas-
trocnémien s'est traduite par un son intense.
Les muscles affectés de réaction dégénérative partielle fourni'-
sent un son pourvu qu'un mouvement musculaire soit possible.
L'excitation faradique directe ou indirecte du muscle à réaction
électrique normale engendre un son très intense dont la bailleur
varie selon le nombre des interruptions de l'appareil. Dans KaS
Te venue du nerf, il y a un son musculaire comme dans la tétani-
sation du mouvement volontaire, pourvu que le L·Lanos soitsuf-
fisamment fort : le muscle, à une excitation galvanique forte,
non oscillante, répond par le son ordinaire, tandis que le son'
musculaire est plus élevé dans l'excitation faradique iL raisondtf
nombre des interruptions de l'appareil. La convulsion lente
consécutive à l'excitation galvanique d'un muscle qui présente
la réaction dégénérative reste silencieuse. - L'excitation fa-
radique du muscle qui ne réagit point ne fournit pas de son
non plus. Il doit s'agir, en ces espèces, de phénomènes intra-
musculaires intimes.
On n'entend rien à l'occasion des réflexes profonds tels que
le réflexe patellaire, même quand ces réflexes sont exagérés ; il
est douteux qu'on entende un son léger dans les réflexes cutanés :
cela doit tenir à la brièveté de la convulsion musculaire.
Les muscles raccourcis par suite d'un trouble nutritif ne don-
nent pas de son, parce qu'il n'y a évidemment pas d'innervation
volontaire. Un cas de contracture hystérique toute récente du
bras et de la j'amhe a fourni un son musculaire très net.
La contracture tardive des muscles hémiplégies ou en état de
paralysie infantile cérébrale n'a pas fourni de son ; celui-ci est
instantanément apparu quand les patients ont réussi à exécuter
un mouvement volontaire. Le mécanisme de l'innervation volon-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 129
taire d'origine cérébrale et oscillant se distinguerait-il de celui
de l'innervation volontaire émané des centres inférieurs ou cor-
nes antérieures de la moelle en état d'excitation ? Le silence au
niveau des muscles contractures serait en faveur d'une diffé-
rence entre les deux espèces d'innervation : rapprochons-en
l'absence de son dans Les cas de réflexes profonds, la genèse des
contractures étant en somme un processus réflexe.
P. Keraval.
XX. Réflexe patellaire supérieur et sa signification ;
par L. STEMBO,(Neul'olo7. Cextrcclbl., \X11.)
Laportion du tendon du tl'ieeps Olt quadl'icepsfél1lural qni s'in-
sèrealahase delà rotule mérite le nom de ligament patellaire
supérieur. Frappez il l'aide d'un marteau assez fort et rapide-
ment l'extrémité inférieure de ce ligament, vous obtenez un lé-
ner mouvement de projection de la jambe, ou au moins la main
appliquée sur le triceps y sent des contractions fort nettes. Pour
cela il faut asseoir le patient sur une chaise large et élevée de fa- ! ;on que la jambe appuie, sur le bord antérieur du siège et fasse
avec la cuisse un angle d'environ 1 : ? Oo. Ce réflexe, conservé chez
50 à 60 % des adultes, est exagéré chez 15 à 20 d'entre eux ; son
exagération indiqué l'exagération de tous les réflexes profonds.
Il existait, chez 40 % des enfants. Lorsqu'il est augmenté, on en
peul conclure à l'augmentation des réflexes tendineux ; si on ne
l'obtient pas facilement, d'ordinaire les réflexes profonds sont
normaux. Sa disparition précède, chez le tabétique, celle du ré-
flexe patellaire inférieur : il est exagéré toutes les fois que les
voies pyramidales sont atteintes. On pourrait tout simplement lu
nommer 1"e/le,ce duitfndoniricipital ou quad1"ieipital. P. Keraval.
XXI. L'inéquivalence biologique de la racine posté-
rieure et du nerf sensitif périphérique ; par G. KOESTER,
(Xcurolog. Centralbl., XXII.)
A. Section chez chats, chiens. lapins, du sciatique immé-
diatement après sa sortie du canal vertébral; ablation d'une
partie du bout périphérique. Résection chez le lapin du nerf va-
gue au-dessous du ganglion jugulaire. Du 9° au 284e jour, les
cellules des ganglions spinal et jugulaire subissent le processus
atrophique compris le déplacement du noyau et la chromato-
lyse. Cependant dès le 80° jour, la plupart des cellules tendent il
se régénérer.
IL- Section chez chats, chiens, lapins, des racines postérieu-
res ou du nerf vague au-dessus du ganglion jugulaire. L'atrophie
des cellules des ganglions spinaux ne commence qu'au début du
3e mois. Du ? au 4" mois, le nombre des cellules altérées dans
lel1r1(\tUl'e commence il augmenter ; ces altérations de texture
Ancii[vi;s,3-st : -rie,I90G,t..\ : XI. 9
130 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
ne sont nettes qu'à partir du 120°.jour pour croître continuelle-
ment jusqu'au z. A celle époque, le ganglion devenu plus pe-
tit renferme encore un très grand nombre de cellules, et,, parmi
celles-ci, ilen est, en assez grande quantité, qui, en dehors d'un
ratatinementatrophique. ne trahissent point du grossière altéra-
lion de texture. Entre le-, cellules restantes, groupées, existe un
tissu intermédiaire tantôt remarquablement riche en noyaux,
tantôt d'une pâleur anormale ; ça et là tractus de tissu conjonc-
lit ancien. On peut suivre la dégénérescence rétrograde de la
racine postérieure jusque dans le ganglion spinal. On note aussi
des troubles trophiques tels que chute des poils, ulcérations,
canitic en touffes.
Indéniable est l'influence du prolongement central intact des
cellules des ganglions spinaux sur leur structure et sur leur fonc-
tion. La racine postérieure, séparée du centre, est, contrairement
à ce qui a lieu pour le nerf sensitif périphérique, incapable de 1'(0-
cupérer sa fonction ; la régénération des cellules altérées ne peut
avoir lieu, tandis qu'elle s'observe sur de nombreuses cellules
après laséparation du nerf périphérique. P. Keraval.
XXII. - Hypotonie et hypertonie chez un même, malade ;
parZ. Bychowski. (Neurolog. Centralbl., XXIII, 1'JOi.)
Observation d'une femme de 65 ans, chez laquelle le tabès a
débuté il y a plus de 30 ans par des douleurs lancinantes. Il s'est
ensuite manifesté de l'ataxie, une hypotonie très marquée des
membres inférieurs rendant la marche presque impossible : mem-
bres supérieurs épargnés. Il y a très peu de temps que ces der-
niers sont devenus impotents, et, celte fois, il raison d'une rigi-
dité musculaire typique relevant de la maladie de Parkinson.
On constate maintenant : I. des douleurs lancinantes ; des trou-
de coordination ; des anomalies de la sensibilité ; l'absence
des réflexes tendineux; de l'hypotonie ; et d'autre part : II. de
la rigidité musculaire ; l'immobilité du masque ; le tremblement
caractéristique ; des paresthésies (sensation du brûlure;. Celte si-
multanéité d'états du système musculaire diamétralement oppo-
sés (ligures) est inexplicable. On est simplement en droit de pen-
ser que l'hypotonie dans le tabès n'englobe pas forcément tout le
système musculaire, et que, sans naturellement nier lu rapport
intime qui rattache, le nerf au muscle, faut reconnaître au mus-
de même une certaine autonomie dans sa fonction contractile.
P. Keraval.
XXIII. Contribution à l'étude anatomo-pathologique du
sympathique abdominal dans les infections; par Laignel-
Lavastine, juin 1905.)
On peut, dans les cas d'infection, trouver au niveau du plexus
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 131
solaire : a) soit dus organes sains (rougeole, pneumonie franche,
certaines formes de tuberculose aiguë ou chronique) ; b) d'autres
fois des lésions spécifiques tuberculose, cancer); c) des lésions secon-
daires à d'autres lésions du système nerveux (moelle) ; d) des
lésions banales d'infection. Ce dernier cas est le seul que l'auteur
en\ isane actuellement et il considère deux groupes : lésions à type
interstitiel et lésions à type parenchymateux.Le 1er groupe com-
prend 3 degrés : 1° congestion avec vascularité active ou passive;
2° infiltration de cellules rondes plus ou moins groupées en no-
dules infectieux, présence des cellules endothéliales et de neuro-
nophages ; 3° sclérose soit il l'étaL de début soit à la' période adulte
ou sénile. Celles du 2° groupe offrent à considérer dans les cel-
lules nerveuses des phénomènes de chromatolyse,de haryokinèse
et de neuronophagie et finalement on voit la disparition de la
cellule elle-même. Peut-être ces lésions encore peu connues ex-
pliqueront-elles les psychoses dites sympathiques. L. WAHL.
XXIV. Les nerfs articulo-moteurs 'des membres, leur
triple action sur les muscles : contraction, raccourcis-
sement, relâchement, allongement, fixation. Contraction
stérile de stabilisation. Les nerfs physiologiques défi-
nis par leur unité fonctionnelle et leur centre cortical
substitués aux nerfs anatomiques définis par leur si-
tuation topographique à la périphérie ; par Grasset.
(Revue de médecine, n° du 10 février 1903.)
L'enseignement de M. le prof. Grasset se caractérise par la
clarté de l'exposition et par sa richesse en aperçus originaux.
L'éminent clinicien de Montpellier remarque que la notion des
nerfs articulé-moteurs est presque déjà classique lorsqu'il s'agit
des oculo-moteurs : elle n'est pas moins exacte lorsqu'elle a trait
aux muscles des membres. Un sait depuis longtemps qu'une ac-
tion musculaire n'est possible que si les muscles antagonistes en-
trent en jeu : il y a donc une sorte d'unité physiologique entre
ces deux groupes musculaires et leurs nerfs. Mais il y a plus,
l'exercice de certains mouvements nécessite une action motrice
'le stabilisation, par exemple fixation du tronc dans l'action (le
fléchir la cuisse sur le bassin ; en l'absence de cette fixation la
flexion des membres devient impossible. (narthex désignait cette
particularité sous le nom de force du situation fixe). « Pour étu-
diCl' ces phénomènes complexes, il faut considérer : a) chaque arti-
culation en particulier ; b) chaque mouvement simple ; c) la force
de la contraction ;d) la force de résistance et de stabilisation. Or
celte unité physiologique du nerf, qui n'est jamais réalisée à la
périphérie, existe dans la zone corticale du cerveau et l'auteur
dresse des tableaux que nous nu pouvons reproduire des nerfs ar-
(le la hanche, du genou, du la cheville, de l'épaule,
13 REVUE DANATOM1E ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
du coude et du poignet. La distribution musculaire des paralysies
cérébrales incomplètes se fait. par groupes musculaires périurlicu-
laires individualisés et unifiés par action physiologique de son ar-
ticulation.CeLte opinion, qui n'est pas adoptée par le pr'of. Déjel'ine,
est celte de beaucoup de neurologistes français et étrangers et non
des moindres. Chaque nerf articulo-rnoteur a une origine encépha-
lique en relation avec un groupe de neurones des relais médul-
laires et avec les neurones d'émission de la distribution radicu-
lairc. L'action de stabilisation serait en relation avec le centre
encéphalique par la voie frouto-cérébclleusc. C'est donc jusqu'à a
l'écorce cérébrale elle-même qu'il faut reculer le centre neuroni-
que d'individualisation : c'esL là seulement que le nerf du segment
sensitif aussi bien que le nerf articulo-moteur ont leur véritable
centre d'action. 11 faut donc substituer la notion du nerf physio-
logique cortical à celle du nerf anatomique périphérique cl con-
sidérer successivement l'appareil nerveux du psychisme supérieur
et inférieur,celui des nerfs articulo-moteurs et segmcnto-sensitifs
des membres el de la face, l'appareil de l'orientation et, de l'équi-
libre, celui du langage, ceux des divers sens et des diverses fonc-
tions de l'organisme. Ce changement ne tend rien moins qu'à
placer il la base même des sciences médicales non plus l'anatomie
comme on le fait depuis des siècles mais la physiologie.
L. Wahl.
XXV. Etude clinique et anatomo-pathologique sur les
lacunes de désintégration cérébrale ; parl : ATOL.1. (llevucde
Médecine, nu d'octobre 1904.)
Cette affection, isolée pal')1. Pierre Marie en 1901, a été étudiée
depuis par MM. Dupré cl Desvaux, par M..). Ferrant. C'est à un
perfectionnement de la technique histologique sur le durcisse-
ment du cerveau qu'on a dû de pouvoir la distinguer des étais
voisins : il faut injecter dans la cavité crânienne, plusieurs heures
avant l'autopsie, une certaine quantité du iormol puis ensuite
après la nécropsie recourir à un mélange de formol et de Millier.
La nouvelle enUté morbide avait été entrevue par d'anciens cli-
niciens, notamment par Abercromhie/l`S''1) et Amiral; clic a été
désignée tourà tour sousiesnomsd'oedémcdu cerveau, de conges-
tion cérébrale ou d'hémiplégie due à la dégénérescence primaire
des voies pyramidales, etc. Le sujet est atteint d'une hémiplégie
incomplète sans perle de connaissance, à début brusque ou pré-
cédé de prodromes : céphalée, sensation de fatigue, somnolence,
vomissement ou par quelquesétourdissements passagers : souvent
pendant la nuit. Parfois on observe une véritable atrophie de la
langue : la sensibilité reste normale ; dans la station debout, les
orteils sont en grille, la démarche est spéciale, petits pas : le*
réflexes tendineux qui ont disparu au début reparaissent et s'exa-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 133
rirent. On n'observe pas d'aphasie mais une certaine dysarthrie.
en somme comme une sorte de paralysie pseuclo-1>ulllaire
qui peut disparaître en quelques jours ou persister. Dans ce der-
nier cas, la dysphagie apparaît, l'intelligence est atteinte, le ,à-
tisme survient : on constate du rire et surtout du pleurer spas-
modique, mais la maladie procède par accès, suivie d'améliora-
tions partielles. Etudiée sur le cadavre, on trouve dans ces cas
quelquefois des adhérences de la dure-mère, particulièrement
dans la région postérieure de l'encéphale, la pic-mère est parfois
épaissie, mais elle n'adhère pas aux parties voisines ; mais ce qui
est plus caractéristique, des atrophies du cortex cérébral et en par-
ticulier de la 3" frontale (état vermoulu, dilatation ventricu-
laire (hydrocéphalie sénile) ; ces cavités présentent des vides
plus ou moins analogues il ceux du palais des jeunes chiens et
des kystes dans les plexus choroïdes. Le pied du pédoncule est
atrophié et en moignon. La moelle prend à la coupe un aspect
d'artério-sclérose et d'atltéromasie.
Si on pratique les coupes de Flechsig, on observe de, l'atrophie
des noyaux gris centraux avec des saillies anormales des aisseaux
de ces noyaux : c'est l'état prélacunaire : les lacunes miliaires
prennent un aspect déchiqueté, creusé de replis plus ou moins
profonds qui sont la caractéristique macroscopique de la lésion.
Autour des artères au voisinage desquelles on rencontre fré-
quemment du petits foyers ocreux ou grisâtres qui quelquefois se
cicatrisent ou deviennent kystiques. Au microscope, autour d'un
vaisseau, on voit que le tissu nerveux est raréfié et peu coloré :
la névroglie plus abondante : la gaine lymphatique adhère au
vaisseau ; d'autres fois. elle est remplie de leucocytes.
Donc 2 types : 1° glyose périvasculaire; 2° vaginalile subaiguë.
Nous avons ici une lésion de périartérite qui n'est point l'endar-
térite vulgaire de l'a 1-Lé 1-i O-sclé l'ose.
Cet état se distingue : a) de la porose de M. P. Marie, sorte
d'emphysème qui peut être d'origine microbienne, déterminant
des cavités régulières parois lisses dans le cerveau ; b) de l'état
criblé de DlIl'and-Ful'del qui paraît dû surtout à une rétraction
-en masse du parenchyme nerveux. L. ? AHL.
XXVL- Pathogénie et ontogénie du système commissural
du cerveau élémentaire, par E. M. KASTANAIANN, (0o : re'H ! <'
]Jsichiatrii, YII 1.)
Détails fort précis sur le développement de la commissure an-
térieure, de la commissure de l'hippocampe ou psaltéiium, du
corps calleux. L'auteur montre, par exemple, que le développe-
ment de la portion olfactive de la commissure antérieure et de la
commissure del'hippocampeesl, dansla série des vertébrés, direc-
Pl()I)()"[ iol, ]]el au degré du développement de l'appareil
134 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
nerveux central de l'olfaction. Chez tous les vertébrés mahrosmi-
ques (poissons, ampltihies, reptiles, la plupart des mammifères),
leur développement est complet. Chez les vertébrés mihrosmiques
ou anosmiqucs (oiseaux et mammifères aquatiques, le développe-
ment en est faible ou nul. Le développement des parties posté-
rieures et supérieures de la commissure antérieure et aussi du
corps calleux est directement proportionnel au degré du dévelop-
pement du manteau. Mais il existe quelque antagonisme entre le
développement de la partie delà commissure antérieure qui va
au manteau et celui du corps calleux ; le degré de développement
de la première est inversement proportionnel au degré de déve-
loppement du second. La partie de la commissure antérieure qui
va au manteau représente la commissure hâtive de l'écorce ; aussi
est-elle le plus développée chez les mammifères inférieurs. Le
corps calleux représente la commissure tardive du manteau ; il
est donc le plusdévelohp6 chez les mammifères supérieurs.
P. KERAVAL.
XXVll.' Hémorrhagie méningée sous-arachnoïdienne bila-
térale chez un alcoolique brightique mort à la suite
de crises épileptiformes; par Toi.oT. (Revue de Mrd., n d'oc-
tohre 1905.)
Fait clinique et anatomo-patholoâirlue provenant de la clini-
que du prof. Lépine. L. WAHL,
1 \ \'ll l. - Nouveau réflexe émané du dos du pied, par K.
MENDE ? Nouveau réflexe spécial de flexion desorteils,
par W. de DECHTEREW. Remarques sur la communica-
tionprécédente ; par K. MENUEL. (Neul"olog, Centralbl., XXIII,
191J4.¡
Frappe-t-on la partie externe du dos du pied, dans l'endroit
qui correspond à la base ou au milieu des 3° et 40 métatarsien«.
au cuboïde et au 30 cunéiforme, on voit chez les individus bien
portants les orteils 2 à 5, surtout les 2° et 3°, se fléchir sur le dos
du pied ; culte flexion dorsale des orteils est d'autant plus accl'l1-
tuée que l'excitabilité réflexe générale est plus grande : elle relève p
des affections nerveuses fonctionnelles.
Dans certaines affections organiques, le heurt du la même ré-
gion dorsale du pied produit non une flexion dorsale, mais une
flexion plantaire du 4o orteil ; alors le réflexe de 13ahinski existe
(hémiplégies organiques, affections protubérantielles, myélites,
sclérose en plaques, paralysies spinalesspasmodiqucs).
Ce réflexe peut servir il distinguer une paralysie organique d'u-
ne paralysie hystérique. La flexion plantaire des orteils décèle
sûrement une affection organique : par contre, la flexion dorsale
n'élimine pas l'idée d'une paralysie organique. Le même réflexe
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 135
peut chez un malade dans le coma dépister l'apoplexie et, en
ce (l11) le côté du la paralysie : le côté duquel le heurt du dos
du pied détermine la flexion plantaire des orteils esl II côté pa-
ralysé
Dans la plupart des cas de polynévrite et dans tous ceux de po-
liomyélite antérieure, il ne se produisit, parle heurt du dos du
pied, ni flexion dorsale, ni flexion plantaire des orteils.
M. Bechterew rappelle son travail sur le réflexe tarsophalan-
gieil (1901). - Il pense que la flexion réflexe des orteils peut, avec
le réflexe de Babinski, conslituerun signe diagnostique important
pour les affections organiques des voies pyramidales ; elle peut,
aussi servir à constater des lésions organiques des conducteurs
moteurs, dans les cas où le réflexe de Cabinski manque ou est
il peine marqué. A cela AI. K. Mendel réplique qu'il y a bien
plus de cas où le réflexe de Babinski existe, alors que le réflexe en
flexion manque. Quant à la flexion dorsale (extension) des or-
teils constatée parfois seulement chez les sujets sains par M. de
hechterew, il l'a sans exception rencontrée chez tout individu
bien portant et dans les cas de névropathic fonctionnelle. Elle est
l'analogue du réflexe plantaire normal des orteils, tandis que la
flexion plantaire est l'analogue du réflexe de Babinski. Enfin il y
a toute une catégorie de cas d'affection organique (avec ou sans
le réflenede Babinski), dans lesquels, en frappant sur le milieu
du dos du pied, on obtient la flexion dorsale des orteils, tandis
qu'en frappant sur son bord anléro-externc, les orteils se fléchis-
sent du côté de la plante. P. KERAVAL.
XXIX, Contribution à la biologie de la dégénérescence
des nerfs ; résultats d'expériences de transplantation ;
part. IIïRZIi.\CHi3R, {Neurolog. Centralbl., XXIV, 190.)
Expériences sur chiens, lapins, cobayes, souris, chauves-souris,
à«ang chaud ou hibernantes, grenouilles. On résèque iL un ani-
nnl un morceau de sciatique de à a 10 millim. ; on l'insère en lo-
tallté dans les muscles de la cuisse ; quelques jours plus fard on
en prend une parcelle que l'on traite par l'acide osmique : le reste
est hissé dans l'animal ou transplanté sur un autre. Or la dégé-
nérescence du morceau de nerf ainsi isolé est presque la règle
dans Us 4 jours chez les animaux il. sang chaud quand le morceau
descialique ainsi isolé est transplanté : soit dans le même animal
[auto-transplantation), soit dans un autre animal de la même es-
pèce Ihomotraasplaatcction). Chez les animaux il. sang froid, le
froid -les tissus ambiants arrête la dégénérescence, de sorte que,
plusieurs jours après leur transplantation, les morceaux de nerfs
ne présentent d'altération degeneratho ni des gaines myélini-
qlles, niTles fibrilles. L'auteur a fait aussi des /i(f)'oh-aMxpM<ft-
136 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
dons, c'est-à-dire des transplantations du morceaux de nerfs d'un
animal à un autre d'une autre espèce.
Conclusions. Dans l'auto el rhoino-lraiisplaiilation, le ? nerfs
peuvent en quelque sorte survivre il l'isolement en ce sens que la
dégénérescence, le processus de régression qu'on y trouve est
celui d'un nerf vivant. C'est au contraire un processus de necrn-
ltiose qui atteint les nerfs soumis il l'hetero-transptantation. Il
semble que dans le premier cas le contact du tissu vivant, pré-
servant le morceau de nerf, le rende apte a la dégénérescence,
tandis que dans le second le contact d'un tissu qui diffère du sien
lc lue et le rend inaplu à dégénérer comme s'il était inséré dans
un tissu mort. On a essayé de modifier les effets de l'auto el de
riionio-transplantttlion d'une pari, de l'Itdl'I'o-It'ansplanLaLion
d'autre pari : on a plongé avant transplantation les morceaux de
nerfs clans une solution salée il la température du corps ; ils ne
s'en sontpas moins nécrosés. On a revêtu d'une mince couche de
collocliomlepetifo morceaux de nerfs avant l'auto-transplantation :
ils n'ont pas dégénéré, ils ont subi la nécroltiose. p, Keraval.
XXX, - Du réflexe cochléo-facial, par A. G. 1\'AOUMANN. Un
réflexe spécial de l'ouïe ou réflexe acoustico-palpébral ;
par \Y. M. Bechterevv. (Obo;rJnié psichiatrii IX, et X, ;901-
19U5.)
Un prie le sujet du regarder au loin et l'on bai, des mains (mit
près d'une oreille; ses paupières su ferment. La première expé-
rience se traduit par l'occlusion des 4 paupières ; puis la ferme-
ture des yeux est incomplète des deux côtés ; à une troisième, re-
prise, les paupières du côté opposé demeurent immobiles ; aune
quatrième, celles du côté de l'oreille excitée ne réagissent plus
non plus.
Celte contraction réflexe de l'orbiculaire palpébral exigu le ?
conditions suivantes : le patient ne doit point voir le mouvemem
des mains de l'expérimentateur ; il doit être assis sur une chais ?
la tête rejelée en aurüru cLe faun 11 mnarclur lc plafoml ; le iun
decin frappe dans les mains derrière lui tout un examinant les
paupières de son sujet.
C'est un réflexe permanent acoustico ou cochléo-facial, au piel,
comme à tout réflexe, peut résister la volonté ou l'atteutio ! );
mais, comme le sujet ne peut prévoir l'intensité delà sensation
auditive à laquelle il va être soumis, il ne peut guère invariable-
ment commander aux mouvements réflexes de ses paupières,
ou tout au moins il lui faut une tension rapide delà volonté. Ce
réflexe se produit par l'intermédiaire des libres du corpi Irapé-
zoïde qui relient le nerf cocbléaire au facial (Bechlerevvl
. Utilisation clinique (I1e(.lllel'e\\'). Il manque cOll1pli'LplUl'nl dans
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 137
la surdité d'origitielabyrintinque et dans lus cas de lésion interne
des conducteurs centraux. Il est affaibli dans les lésions périphé-
riques du facial, du côté do la lésion tandis qu'il est d'ordinaire
conservé dans la paralysie faciale d'origine centrale. Il est aug-
menté dans Dtyperestttésie du nerf auditif qui parfois succède à
une atfectioftcatarriiaie de eu nerf. Il est également exagéré quanti
les autres réflexes du la face sont exagérés, notamment le réflexe
oculaire, chez les paralytiques généraux en particulier; quelques
cas isolés de paralysie générale trahissent une différence du ré-
tioxe acoustique d'un côté à l'autre. Ce réflexe est aussi plus ou
moins augmenté dans quelques maladies fonctionnelles, notam-
ment dans l'hystérie.
Afin d'éviter de mettre l'air en mouvement par le claquement t
des mains, on peut frapper avec le manche du marteau sur une
boite fermée ; un marteau à ressort permettrait du régulariser la
force du bruit ainsi produit. P. KERAYAI,
XXXI. Le locus minoris resistentise de la moelle épiniè-
re ; par M. 1..\STWA TZATOUROW. (Obo;;¡'{iniè psichiatrii, X, 1905.1
Elude clinique et anatomique du tabès, de l'atrophie muscu-
laire progressive spinale, de la sy ringomyélie, de la sclérose la-
luraluamyotrophidue, de l'atrophie musculaire atypique Duchenne-
Aran. de la poliomyélite antérieure aiguë, des traumatismes mé-
dnllaires, clonl l'auleur tire ce qui suit :
A. -La région comprise entre le He segment cervical et le 1er
segment dorsal est le premier locus minoris 1'esistentioe. Pour deux
raisons. D'abord la septième vertèbre cervicale, la plus saillante
de toutes lus vertèbres, donne insertion un somme par son apo-
physe épineuse au ligament de la nuque ainsi qu'au ligament
destiné lacrète sacrée moyenne. Il en résulte une l'aligne mé-
eanique qui rend ce segment de moelle particulièrement suscep-
tible. Puis, le premier segment dorsal est insuffisamment irrigué
parles artères radiculaire ; les artères radiculaires antérieures
y manquent ; les radiculaires postérieures y sont, très rares. Et
les artères centrales ne viennent pas compenser pareille insuffi-
sance ; elles y sont plus rares que dans les autres serments
(Kadyi 1889).
\1, Le second locus minoris ,.esistèntioe aux agents nocisssem- ! de être le segment inférieur de la région lombaire. présente
les mêmes conditions propres aux influences traumatiques que
l'autre, el n'est pas mieux irrigué. Si lus recherches de Kadyi sur
les artères radiculaires antérieures s'arrêtent au troisième seg-
ment lombaire, et, sur les artères radiculaires postérieures, au
quatrième, son tableau montre une chute marquée des courbes a
mesure que l'on s'approche du troisième segment lombaire. -
P. Keraval,
138 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,
XXXII. L'action électromotrice des doigts; par Sommer.
(Neurolog. Centralbl., XXIV, L1)0.)
.1. -I roLLez avec du papier de soie le disque en verre d'un volt-
mètre à l'échelle de 1 il volts, voici que l'aiguille fait de grands
mouvements, pour se fixera l'index de 3 volts environ quand on
cesse de frotter. L'électricité statique ainsi développée peut être
enlevée par le contact de la surface du verre avec les doigts ;
mais si l'on se contente de faire le tour du la région la dé-
charge n'a pas lieu; il faut toucher l'endroit même avec le doigt,
La décharge est prompte quand on souffle sur le couvercle de
verre ; l'aiguille revient graduellement au zéro si l'on parle de-
vant la plaque de verre à la distance de 40 cent.
Si, de l'instrument ainsi chargé par friction de 3 volts, on ap-
proche sans toucher le verre les extrémités digitales, ou d'autres
parties de la main, on voit l'aiguille faire un mouvement vers le
zéro : il semble qu'une partie de la charge ait disparu. Eloigne-t-
on maintenant ses doigts, l'aiguille reprend sa position première.
Les doigts posséderaient-ils une force électromotrice ? Il importe
peu qu'ils soient secs ou humides dans ces expériences.
B. Prenons l'électroscope à feuilles d'or de Bennct. Chargeons-
le d'électricité : ses feuilles divergent et demeurent écartées. Ap-
prochons alors les doigts du vase de verre : ils attirent la feuille
correspondante. Parfois c'est l'inverse ; la feuille recule devant
la main qui s'approche, pour revenir sa situation première
quand la main s'éloigne. Rien de semblable ne se produit sur
l'èlectroscope non préalablement chargé, ou complètement de-
chargé par plusieurs contacts du plateau et du vase de verre.
Pour le charger, on approche du plateau le bâton de résine ou
du verre convenablement frotté; les feuilles s'écartent : elles s'a-
baissent quand on éloigne le bâton. Pour qu'elles restent diver-
gentes, il faut toucher le plateau (théorie facile à comprendre).
Or, si de cet instrument convenablement chargé on approche la-
le doigt, celui-ci attire à lui la feuille d'or déjà écar-
tée de l'autre. Il est probable que la pointe du doigt influence la
charge de l'électroscope et que, se chargeant d'électricité con-
traire, elle attire ainsi la feuille ; le phénomène a lieu, que l'opé-
rateur soit isolé ou non. Ce n'est donc pas une force électromotrice
permanente inhérente au doigt ; c'est une action par influence sur
l'électricité qui occupe l'électroscope.
Pourquoi, en certains cas, le doigt, en s'approchant de l'ins-
Lrumenl, chargé, l'eponssc-t-it la feuille d'or ? (Test quand il y a
accidentellement ou exprès eu un frottement du vase de verre ;
l'instrument contient alors deux charges : une sur les fouilles,
l'autre sur la paroi de verre. La première étant supposée néga-
tive, la seconde positive, les feuilles d'or divergent. Le doigt, lait,-
REVUE D'ANAT9MIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 139
lalement approché du verre, influence l'électricité de celui-ci, se,
charge d'électricité négative, c'est-à-dire d'électricité du même C
nom que celle des feuilles. L'électricité négative du doigt annihile
l'éleclricité positive du vase de verre qui n'est plus en étal d'attirer
l'électricité négative des feuilles d'or.(;'est pourquoi celles-ci vont
l'une vers l'autre quand on approche le doigt ; elles paraissent
l'('poussées parle doigt. Même chose a lieu quand, après décharge
totale de l'électroscope, on électrise par le frottement l'enveloppe
(h'verre et, qu'on en approche ensuite le doigt latéralement.
.Chargeons maintenant l'enveloppe de verre et les feuilles de
]'¡"Iccll'oscope d'électricité positive. Les feuilles restent en repos
parce que les électricités du même nom se repoussent ; l'électros-
cope ne paraît pas chargé. Place-t-on alors les doigts sur le pla-
teau, les feuilles s'écartent, Il semble que les doigts chargent du
Il'ul' ('lrcLrieitú naLUI'elle 1'{olecLr'oscope, Point du Loul. Ils influen-
cent l'électricité des feuilles : il en résulte que l'électricité de
l'enveloppe de verre l'emporte rt attire les feuilles qui dhcr-
gent.
Les doigts ne sont donc pas une source d'électricité.
P. KERAVAL.
XXXIII. Nouvelles méthodes de coloration des cellules
nerveuses ; appoint a la question des canalicules sé-
reux ; par \V. Passer. (Neurolog. Centralbl., XXIV, 190.)
Répétition en allemand de l'article russe publié dans l'Oboz-
rènic psichiatrii, IX ; déjà analysé. P. Keraval.
XXXIV. Contribution à l'anatomie comparée et à la phy-
siologie de la corne d'Ammon (hippocampe) ; par E. M.
1\ASTANAI1NN. (Obo;;¡'éniè 2Jsichiatrii, VIII),
La corne, d'Ammon représente, bien comme le reste du cerveau
une partie du pallium ; mais entant qu'hippocampe, elle trahit en
analumie comparée un plan évolutif autonome, indépendant du
reste de l'écorce .Ce développement correspond absolument à ce-
lui du rhinencéphale et de l'organe olfactif. Cette région se (IiJ1'é-
rencie pour la 1"0 fois chez les reptiles avant la différenciation du
reste de l'écorce. Union la plus intime de l'hippocampe avec le
rhinencéphale par les libres terminales de la bandelette olfac-
tive ou faisceau conduc'cur centripète rhinencéphalo-hippocam-
pique ; son évolution m relie de pair avec celle de la région ol-
t'acli 1 e. '
L'expérimentateur les ! , habituellement en même temps que la
corne d'Ammon le cenll'i cortical de l'odorat ou l'un des centres
sous-corticaux. Dans les xperiences de Luciani et Seppilli et cer-
taines de Gorschkow, cite a été seule atteinte, mais le trouble
fonctionnel s'est montré moindre que dans les autres, parce que,
140 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
chez l'animal, le centre sous-cortical de l'odorat a dans la récep-
tion directe des impressions olfactives un rôle bien supérieur à
celui du centre cortical moins actif du reste que chez l'homme
Les faits anatomo-cliniques enseignent que l'altération du renie-
ment et de la bandelette olfactifs entraîne l'auosmie : celle d'un
des centres sous-corticaux et même du centre cortical engendre
des phénomènes d'excitation, des hallucinations de l'odorat. Quant
à la fréquence des lésions de la corne d'Ammon dans l'épilepsie,
Féré, Catigne et, Ouvryont prouvé que 60 % de ces malades ont
une diminution de l'odorat. 1'. KI.RAVAI,.
XXXV. Nouveau réflexe sur la plante du pied ; par V.
\'1T1 : 1;. (,'Veu'olog. Ce)2t)-ctibl., XXIV, 1905.)
Toute percussion au niveau des 1er et 2e métatarsiens provo-
que une légère flexion plantaire du pied. C'est un réflexe normal.
Chez les sujets à réflexes palellaires et achilléens exagérés,
la flexion plantaire s'accentue ; exemple : paralysie spinale spas-
modique, sclérose en plaques. Ce réflexe esl, très intense dans la
neurasthénie, l'hystérie, la sciatique bilatérale radiculaire
P. Keraval,
- Des réflexes aponévrotiques des extrémités infé-
rieures ; par \\'. M. CECHTERE\·'. (Obo : ;l'enie psichiatrii, VIII).
I. - Le réflexe tibial obtenu par le heurt léger unique ou ryth-
mique delà face antérieure du tibia se traduit par l'extension de
la jambe. Il se manifeste dans les paralysies organiques.
2° Le réflexe du grand trochanter consiste en une contraction
des adducteurs de la cuisse quand le malade est couchésur le dos,
les jambes fléchies ; une extension de la jambesouvent accompa-
gnée de la contraction fessière quand le malade est couché sur le
côté ; l'extension de la cuisse quand le patient est déboutées jam-
bes légèrement fléchies.
3° Si, la jambe étant croisée sur l'autre et pendant librement,
on frappe l 'extrémité supérieure du péroné, on provoque rotation
et adduction en dedans de la cuisse avec mouvement en dehors do
la jambe.
4° Le heurt de la malléole externe peut avoir le même résullal,
ou, en certains cas d'hémiplégie, tourn ;r la plante du pied en
dedans.
5° Le réflexe de la malléole interne e manifeste souvent par
l'extension du la jambe, en certains cas par la rotation du pied
en dehors. Parfois, dans des condition analogues on provoque
aussi des réflexes en agissant sur la face externe des extrémités in-
fériea,rrcs des premier et cinquième métatarsiens.
6° Fi'appe-t-on sur la ligne médiane lu sacrum, le sujet élanl
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 141
couché sur le ventre, on fait contracter les fessiers. Tous ces ré-
flexes indiquenl l'hypurexeilabililé réflexe.
7° Bien plus rarement se produit, le réflexe émanant de l'eoelre-
mité supérieure et antérieure de l'os iliaque ; il ne se voit (lue
dans les cas pathologiques. P. 1W aw ? L.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
I. Hygiène du baiser ; par Féré. ll ? Cb. de mc·cl, juin Hi01.)
Le baiser, inconnu de beaucoup du samages, est dans nos pays
considéré comme une manifestation d'amour ou de respect, il
n'est point exempt de dangers ; il peut être la source du la sy-
philis, on n'en voit que de trop fréquents exemples ; de la diph-
térie, des lièvres éruptives, de certaines dermatoses et d'après
Paullini, du scorbut. Certains détraqués éprouvent un véritable
besoin d'embrasser ; le baiser peut aussi, et Féré en rapporte
deux exemples, être la source d'accidents comiliaux chez les pré-
disposés que l'on oblige à donner ou à recevoir des caresses du
personnes qui leur sont antipathiques. L. \'AHL.
Il. - Note sur la courbature comme équivalent épilep-
tique ; par Féré. (Revue de médecine, mai 1903.)
La courbature, état pénible de lassitude qu'on rencontre tantôt
chez des névropathes hystériques ou neurasthéniques tantôt au
début ou dans le cours de certaines maladies aiguës ou chroni-
quels : lahi.s, paralysie générale, peuvent être aussi des équiva-
lents de crises comitiales comme l'auteur en a rencontré trois
exemples. L. \\'AHL.
III. -- Coup de fleuret dans l'orbite droit. Syndrome de
Weber.hystéro-traumatisme probable ; parUtCHELOMME et
IiOUCAI2UT.
Un sergent du 22 ans fut blessé à la partie antéru-internc de
la paupière inférieure droite, au voisinage du pli palpbru-·jual;
il tomba en arrière et pel'lliLconnaissancc. Il présenta dès lors le
syndrome de Weber dans toute sa pureté avec, en plus, de la cé-
phalalgie qui disparut bientôt et surtout un rétrécissement du
champ visuel des plus accusés. La franl : linisation et la galvanisa-
lion amenèrent un excellent résultat et la maladie rétrocéda peu
àpeu.'Etait-on en présence : 1° d'une lésion du pédoncule cérébral ;
2° d'une fracture du crâne amenée par la chute ; 3° ou d'une hé-
morrhagie intra ou extra capsulaire '1 Après une discussion très
112 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
bien faite de eus div crses hypothèses, les auteurs en adoptent une
quatrième, celle d'hystérie traumatique. qu'ils appuient sur le
rétrécissement du champ visuel ella démarche héliopodu. Celle
observation est intéressante un raison des difficultés de diagnos-
tic qu'elle a soulevées. L. WAHL,
IV. - Observation d'un cas de basophobie à type myoto-
nique ; par le D1' Roger ){¡GNOT, (Rec. cle mcl., n° d'avril 1905.)
Il s'agit d'un héréditaire de 25 ans que j'ai actuellement sous
les yeux et qui à la suite d'une frayeur survenue à l'âge de 5 ans,
a présenté dans son étal des alternatives d'amélioration ut d'ag-
gravation au cours desquels il a été d'abord hospitalisé à Sens, à
l'Age du 14 ans et qui depuis l'âge de 15 ans, à la suite d'excès
de boissons et de scènes de violence, a été interné à l'asile. Si on
lui demande de marcher, il y a un assez long temps d'arrêt avant
qu'il obéisse oubien il est pris d'une contraction tonique d3bu-
tant parles talons et quile fait choir en avant. Lorsqu'il s'arrête,
le même phénomène se produit. C'est d'ailleurs un vicieux,
voleur, indiscipliné, masturbatuur, mais il n'a pas de signe d'hys-
Lérie : cet état ne rappelle ni la maladie de Thomsen, ni l'astasie-
almsio de Bloccl; il doit être rapproché des cas de basophobie déjà
décrits par di\ CI'S autel1l's, mais c'est la première j'ois qu'on si-
gnale dans ces états de la myotonie. L. Wahl.
Auréoles névropathiques ; par Féré. (Revue de médecine,
il" d'avril 1905.)
Chez de très rares sujets névropathes, l'auteur a constaté un
moment de paroxysmes de migraine ou d'anxiété avec acropares-
thésiu des lueurs orangées autour de la tête et des mains. Sont-
ce des phénomènes de radioactivité ou des illusions.' Peut-on les
comparer l'audition colorée ? L.\\ALH.
VI. Contribution à. l'étude de la polymyosite ; par
PRÉOBAjENSKi Margoulés. (7cu. de médecine, numéro d'oc-
et novembre 1904.)
Celte affection a été décrite en 1887 par Wagner, qui la considé-
rait comme une forme d'atrophie musculaire progressive; elle a
été étudiée de rares fois, soit à l'aide de biopsies, soit il l'autopsie.
Dans le cas (tue les auteurs ont observé, il s'agit d'une jeune,
Il,'1171111 : qui se plaignait de refroidissement des membres infé-
rieurs avec raideur accompagnée d'oedème qui disparut incom-
plètementdans la suite. Plus tard,les membres supérieurs furent
attcints,les mouvements actils ont peu d'amplitude mais les mou-
vements passifs sont tous possibles. Abolition ou diminution des
réflexes musculaires. Peu à peu les douleurs se calmèrent, mais
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 113
la laiblesse augmenta. Cet état n'a ni la marche de la lrichi-
nose, ni celle du rhumatisme musculaire. La biopsie pratiquée
après fixation il la formaline et inclusion à. la celloidine, coloration
par l'éosine 11émaLox lique, montra la Yarularisation des fibres,
leur inégalité de gonflement et l'augmentation des éléments jeu-
nes du tissu conjonctif. Peu à peu il s'établit une élévation de
température d'un degré le soir, puis de la dyspnée, de la dyspha-
gie, des lymphangites multipliées, enfin la mort. A l'autopsie, ou-
le ? lésions de tuberculose miliaire des plèvres et des reins et
de phtisie subaiguë du poumon, les muscles étaient pâles, le
volume et la forme étant conservés, llistologiquement, la plupart
des muscles que les auteurs étudièrent présentaient de l'atro-
phie et de la dégénérescence a ec disparition de la striation trans-
versable, augmentation des noyaux, hypertrophie du tissu con-
jonctif. Pas de lésions importantes du système nerveux. Cet état
probablement infectieux (Cnwerricht) serait dû, pour les uns au
streptocoque; pour les autres, il seraiten relation avec la tuber-
culose. Quoi qu'il en soit, la terminaison ordinaire est la mort.
L. Wahl.
\'11. -Note sur les rêves précurseurs de la migraine
ophthalmique ; par Féré. (Revue de méd., numéro de février
1903.)
Etant donné ce fait physiologique, aujourd'hui classique, qu'à
une irritation très légère pendant le sommeil peut succéder un
rêve, on est porté à admettre et la clinique montre que cette in-
duction est fondée, que des troubles fonctionnels très légers qui
préludent à une crise de migraine ophtalmique donnent nais-
aance à un rêve toujours le même pour le même sujet et qui
l'avertit de l'imminence de l'attaque de la né rose.
VIII. Epilepsie cardiaque et phénomènes de rappel ; par ! tUE FI'. (Revue de médecine, numéros de février et mars 1903.)
Travail important de la clinique médicale du prof. Bernheim,
de Xancy. Sous l'influence d'une affection cardiaque parvenue il
sa période ultime, une malade eut un rappel de crises épilepti-
formes. L'épilepsie peut être provoquée par des troubles cardia-
ques de même que des troubles cardiaques peuvent déterminer
l'épilepsie : ce sont ces derniers qu'envisage seuls l'auteur. Ces
manifestations peuvent être modifiées et même guéries par la di-
fiitalc.Plusieurs observations out été puhliées pat' LeIl1oine, Li lll'é,
Delasiame, Uow ers, Lépine, Henaut, dont quelques-unes ne sem-
hlent pas très démonstratives. Cette apparition de troubles épi-
1('Pli(tues signalés par beaucoup d'auteurs ne sont pas faciles il ex-
pli'tuer. Peut-être sont-ils dus il des foyers de ramollisseinenljus-
144 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
qu'alors méconnus qui donnent lieu à des symptômes apparents
iL cause de l'albuminurie, fonction du mauvais état des reins et
du foie. Des laits expérimentaux de Tripier, du Raymond etArtaud,
de Iiossoliulo, de Pierrot semblent donner raison à celle théorie
du rappel : il semble que l'intoxication exo ou endogène ait dans
ces cas un rôle prépondérant analogue à ce qui se'passe dans les
phénomènes de rappel auto-suggestifs. On a à considérer plusieurs
cas : 1° ceux dans lesquels il y a des phénomènes typiques de rap-
pel : 2" ceux où une lésion jusqu'alors latente devient évidente
sous l'influence d'un état général mauvais : les plus intéressants
de ces faits sont ceux dans lesquels des hémiplégies ou des épi-
lepsies depuis longtemps disparues réapparaissent sous l'influence
d'un mauvais état général.
Conclusions : une lésion des centres nerveux, compensée ou
latente, s'étant ou non manifestée par des symptômes antérieurs,
peut, à l'occasion d'un trouble de la nutrition cellulaire locale liée
il une cause générale quelconque, loxi-inlection auto-inloxica-
tio ; : , intoxication exogène, se manifester al, soitanouveau et en
retraçant avec une fidélité minutieuse les détails d'un lahleaudi-
nique antérieur; b),uil pour la première fois avec toupies symp-
tômes organiques ou dynamiques auxquels ladite lésion a donné
ou était susceptible de donner lieu : c), soif encore avec lesdéf'o ?
mations ou particularités spéciales qui permettent de considérer
les phénomènes comme dus iL la réalisation extérieure d'une idée
ou d'une image psychique née, à l'occasion, de la première mani-
festation de la lésion conservée depuis par le cerveau et qui, réa-
lisée objectivement par lui, sous l'influence d'une des, causes sus-
énoncées, devient par là même génératrice d'une nouvelle série
morbide. L. Wahl.
XI. La myoclonie familiale d'Unverricht est-elle une
entité clinique justifiée en nosologie ? par Il. LU¡';DBORG
{Neurolog. Centralbl., \\III, l90't.)
Il est indubitable, que toute excitation sensible, certainesimpres-
sions sensorielles et divers phénomènes psychiques sont capables,
chez ces malades affectés d'une In perexcitabililé spéciale, des neu-
rones du système nerveux central, de produire des convulsions
l1lyocloni(IUeS pendant fespériodesdagitatiun. Lamyoclonie fa-
milialc se ll'aduiL cn elrd par' une périodicité dans les symplo-
mes. Ces malades ont leurs hons ut leurs mauvais jours, ce qui
distingue l'affection delà chorée chronique. 3 observations à l'ap-
pui. P. Keraval i,
X. Raideur juvénile ; par Mme : \AGIWTT8 W[LBOUCHE\I'ITCII,
(heu. de méd., numéro de mai 1905.)
Un rencontre parfois dans lajeunesse, chez des sujets du souche
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 140
neura-arthritidue, une raideur plus ou moins accusée apparaissant
vers l'Age de 6 à 7 ans souvent à la suite d'affections fébriles, qui
augmente pendant un certain temps puis semble peu à peu dispa-
raître à l'approche de l'âge adulte, du moins dans les rares cas
dont l'auteur a pu suivre l'évolution complète. Le sujet a l'air
« rouillé » et souvent il existe une respiration costale impercep-
tible. On observe souvent la maladie chez plusieurs enfants de la
même famille et elle est parfois héréditaire. Les réflexes tendi-
neux sont normaux. On ignore encore l'anatomie pathologique
de cette lésion que l'on rencontre plutôt chez les malades aisés,
on ne sait s'il y a raccourcissement des muscles par hypertonie
musculaire ou si ce raccourcissement est dû à la brièveté de la
libre musculaire elle-même. L'état intellectuel de ralentissement
disparaît de même que les troubles physiques par l'influence d'un
traitement mécanique actif et passif. L. V.1HL.
\1. - Quelques modalités de la sclérose en plaques à évo-
lution peu connue ; par E. MUFLIER. (I\'eurolo. Centralbl.,
XXIV. 1905.)
I. Sclérose en plaques s'annonçantsouvent longtemps avant
le développement complet delà maladie, par des attaques d'am-
blyopie voire d'amaurose l'assageres qui sévissenlsur les deux yeux
l'un après l'autre : elles s'installent rapidement, disparaissent de
même après avoir été extrêmes. Le diagnostic s'appuie sur la
décoloration temporale des deux papilles; le contraste entre l'état
de l'acuité visuelle et celui du champ visuel (intégrité relative des
cyhndraxes et de leurs fibrilles ; destruction étendue des man-
chons de myéline) ; l'absence des réflexes cutanés abdominaux ;
l'existence du signe du Babinski ; un léger vacillement du bras à
l'occasion des fins travaux.
Il. - Sclérose en plaques débutant par une fatigue anormale
localisée. Celle sensation siège de préférence aux jambes ; elle s'y
montre du très bonne heure et à un degré très prononcé. Obser-
ration à l'appui.
111. - Sclél'Ose en plaques commençant par douleurs névralgi-
larmes violentes. Forme très rare. Observation à l'appui.
P. KERAVAL.
XII. Quelques considérations sur certains symptômes
de la maladie deParkinson; par Catola.(Rcu. de Médecine,
ne de juin 1905.)
Il s'agit de la sialorrhée qui a été remarquée dans cette maladie
par divers auteurs. Pour les uns, cette particularité sérail due iL
une action mécanique (Vulpian) : pour les autres, aune llypersé-
crétion salivaire prinfitive d'origine bulbaire. Bruns aurait olr
AncuivE ! ? , 2' série, 1906, t. XXI. 10
14G REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
serve, paraît-il,un cas où à la sialorrbée étaient associés tles phé-
nomènes bulbaires. Catola, dans 13 cas qu'il a étudiésjdans le ser-
vice de M. Pierre Marie, a vu 8 fois la sialorrheo coïncider avec,
un tremblement plus ou moins accentué des terres, 7 fois avec
de la raideur des muscles, G fois avec de la dysarthric, 4 fois elle
ne se manifestait que lorsque le sujet était debout et penché en
avant. D'ailleurs, l'anatomie pathologique n'a révélé aucune lé-
sion hulhaÍl'f' capable d'expliquer cette hypersécrétion. Pou ? \1.
Catola, la véritable cause en serait : 1° le tremblement du mou-
ton, des lèvres et de la langue ; ? " la rigidité de ces organes et
des muscles du pharynx entravant plus ou moins la déglutition
delà salive; ;)0 l'attitude même du malade qui favorise l'écoule-
mcnlde la salive vers les parties les plus déclives. La maladie de
Parkinson serait due 2 fois à des émotions ou à des ennuis de
famille, 3 fois à des accidents du travail, fois la cause est. restée
inconnue. Le début aurait été (j fois localisé la main gauche,
5 lois à la main droite, 1 fois aux membres inférieurs. Dans un
cas on n'a pu déterminer le début. Calola rejette dans l'état ac-
tuel de la science l'opinion des auteurs qui ne veulent voir dans
la maladie de Parkinson qu'un syndrome, cette manière de voir
n'étant élayée, dans l'état actuel de nos connaissances, ni sur la
palhogénie, ni sur l'anatomie pathologique. L. Wahl.
XIII. - Contribution à l'étude des névrites périphériques
blennorrhéiques ; par S. IARoscHEwsKI.1 /Obo ? enié psicleiatrü,
VI1Ï.)
Homme do 1 ans, successivement atteint de douleurs périphé-
riques et de douleurs articulaires affectant surtout les petites ar-
ticulations, l'articulation lemporn-maxillaire, les vertèbres dor-
sales et lombaires, le genou droit. Il y a 4 ans déjà, il a eu une
arthropathie semblable quoique moins étendue, à la suite d'une
uréthrite hlennorrltagirlue.Lc pyramidon associé à la phénacéline
calme les douleurs en 10 minutes. La galvanisation calme, tout
en arrêtant l'atrophie musculaire, seulement le malade ne sup-
porte pas plus d'un milliampère. P. Keraval.
XI\', Recherches neurologiques sur les vélocipédistes;
parS.AuHRBACH. (Neurolog. Centralbl., XXIV, lU05.)
Plus de ? j % d'entre eux (10 sur 31t) 1H ? sentaienl une dimi¡¡¡¡,
tion considérable ou, l'absence des réflexes patellaircs. C'est le de-
gré et l'intensité de la fatigue qu'il convient d'incriminer ; il y a
dans l'unité de temps, dans un temps très court, une énorme
consommation d'énergie, qui croît graduellement de plus en plus
même quand la sensation de fatigue n'est que faible ou il peine
marquée. 11 est il penser que, comme dans les expériences d'E-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 147
,linner sur lus rats, il se produit des troubles nutritifs dans les
racines postérieures, une grande partie des cordons postérieurs,
les fibres radiculaires irradiées dans la substance grise des cornes
postérieures, avec atteinte particulièrement prononcée des ban-
delettes externes de la moelle lombaire. Si l'exercice ne dure pas
trop longtemps, l'organe peut faire les frais de la réparation ;
c'est alors qu'on constate une diminution ou une disparition
temporaire de la fonction. Un effort trop prolongé déterminerait
infailliblement la destruction des libres des organes.
Noté également des paresthésies des mains d'ailleurs générale-
ment rapidement passagères. Une dame du 27 ans qui, en pleine
menstruation, avait fourni une longue course en compagnie de
plusieurs messieurs, présenta de l'insomnie - Ile l'hypel'excitabi-
lifé, une sensation insupportable d'engourdissement qui pendant
près d'un mois occupa foule la paume des deux mains et la plante
entière des deux pieds, ainsi que la plus grande partie de la face
interne des deux articulations fémorolihiales ; en ces régions il y
avait hypu-esthésie marquée de fous les modes delà sensibilité.
Rien qu'elle lui bien entraînée, il est probable que la perle san-
guine favorisa la genèse de ces accidents qui n'avaient jamais eu
lieu. Elle avait du reste jusque-là toujours évité de montera
bicyclette pendant ses règles.
Les 3/4 des sujets étaient affectés d'un fort tremblement dans
les doigts explicable par le travail des bras. Les réflexes acliilléens
ont toujours persisté. Très rares ont été le signe (le Romberg,
l'alaxie, celle-ci d'ailleurs fort légère. Point de trouble du senti-
ment de position et de mouvement des membres, probablement
à raison de la stabilité du centre du gravité du corps entier : mê-
me explication à l'égard de l'intégrité du réflexe pupillaire trou-
blé en un seul cas.
L'auteur invoque ces recherches en faveur de la pathogénie de
1a NEURASTHÉNIE CONSTITUTIONNELLE OU ACQUISE PAR ÉPUISE-
MENT ou compensation et des rapports (le cette affection avec
les maladies organiques du cerveau et de la moelle. P. KERAVAL
\\ ? D'une forme d'affection nerveuse présentant les si-
gnes extérieurs de la myotonie ; par W. M. GECHTEREW.
(O&osTottt'' psichiatrii, IX, ll01.j
Un jeune artilleur de ? ans, raconte il voix basse, indistincte-
ment, agrand'peine, la lin d'octobre 1901, un beau soir
qu'il était couché à la caserne, il se sentit tout à coup comme per-
clus de la langue. Depuis, graduellement se sont développés des
signes d'impotence motrice à l'occasion de certains mouvements
volontaires. Ainsi s'il peut cligner des paupières, il ne peut les
ouvrir après qu'on l'a 1)i-iéilu les fermer ; il lui faut, pour y arri-
1\)1', oule\el' clwcune d'elles aH'C les doigts l'une après l'autre.
148 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Du même pour la bouche ; d'ordinaire il la ferme comme tout le
monde, maissi on lui ordonne de l'ouvrir, il n'y peut réussir
spontanément, il est obligé d'introduire entre les lèvres et ont ! ')'
les dents l'index de la main droite, écartant les mâchoires com-
me avec un levier. Cette opération exécutée, il ne peut, plus fermer
la bouche; a l'aide des doigts il pèse de bas en haut sur la lèvre el
sur le maxillaire inférieurs jusqu'à ce que la bouche soit com-
plètement fermée. Particularités semblables en ce qui concerne
la fermeture et l'ouverture des poings (figures). Absence de
réaction myotonique ; les muscles ne se contractent point
en forme de caniveau sous l'influence des excitations mécani-
ques. C'est donc un trouble acquis de l'innervation volontaire
de certains groupes de muscles différant de la myotonie pure,
d'autant que la difficulté du mouvement, loin de n'exister qu'au
début delà mise en train, ne s'améliore pas par la répétition des
exercices. P. KERAVAL,
\\'1.-Contribution a l'étude de l'atrophie musculaire pro-
gressive ; par P.A PREOBRAJENSK[.(0&f);r<.'ittC ysicltiatrü.,\'lll,)
Type d'atrophie musculaire progressive chez un homme de 3lî
ans, évoluant en 3 ans.Mort soudaine. Les cellules des cornes an-
térieures de la moelle el du bulbe trahissent toutes les phases de
l'atrophie. L'auteur croit cependant qu'il s'agit d'une forme inter-
médiaire à l'atrophie musculaire progressive et à la sclérose laté-
rale amyotrophique. P. Keraval.
\1'll .- Contribution à l'étiologic et à la symptomatologie
de la boiterie intermittente ; par S. GOLDFLAM, (Neurolog.,
Centralbl., XXII.)
Il n'existe pas chez ces malades de pulsations artérielles au ni-
veau des [duels. La boiterie ne se manifeste qu'au dehors. En re-
vanche, on constate, mémeaulit, douleurs et paresthésies.Quant
à l'apohamnose ou lassitude anormale, ellese montre aussi bien
dans le décubitus dorsal : l'effort du sujet se trahit par 1 accéléra-
lion du pouls et de la respiration, voire du la sudation ; les mus-
cles contractés, parfois tétaniquement,contrastent avec le faible
résultat qu'ils produisent; parfois aussi le malade ressent alors des
douleurs dans les jambes, mais, il a beau être las, il arrive, par un
effort de volonté, à lever la jambe encore assez haut. Ceci indique
j ustemenL un rétrécissement ou une oblitération des artères affè-
rentes des jambes, un trouble fonctionnel des vasomoteurs et une
ischémie relative pendant que les muscles se contractent. Le
siège des douleursetparesthésics est la jambe, généralement le
pied, le mollet, plus rarement la cuisse. En certains cas, la pares-
thésie douloureuse de la marche monte à la région inguinale et
SOCIÉTÉS SAVANTES. 141
il la région fessière ; un du ces malheureux ressentait au sacrum
et dans les fesses comme le frottement de deux boules, et il gâtait
sous lui. P.KXAVAL.
SOCIETES SAVANTES
SOCIÉTÉ MËDICO-PSYCI10LOG1QUE.
Séance du 27 novembre 1905 : Présidence DE M. Vallon.
M. DENV fait observer, à propos du procès-verbal, que les deux
cas de démence précoce communiqués par M. Doutrebentene lui
paraissent pas devoir entrer dans le même cadre.
L'un lui semhle appartenir à la variété hébéphrénique et l'autre
au type des démences paranoïaques. Ces deux déments sont
donc dissemblables, puisque l'un est un dément complet, tandis
que chez l'autre l'intelligence présente des lacunes assez peu ac-
cusées pour que l'état démentiel aitpu être méconnu.
M. I)ouraESENTE estime que si ses deux malades sont déments
à des degrés divers, ce n'en sont pas moins des déments précoces.
Enfants martyrs d'une mère atteinte dit délire des persécutions .
MM. Dromard et LEVASSORT communiquent l'observation sui-
vante.
La femme P ? passe, auprès de ses voisins, pour maltraiter
l'aîné et même le plusjeune de ses cnfantsagé de quelques mois
seulement. Effectivement, l'aspect du premier ne laisse aucune
hésitation sur l'existence et sur la nature des traumatismes cons-
tatés sur son corps. L'étal du plus jeune est moins démonstra-
tif ; c'est néanmoins un enfant malingre et qui paraît souffrir.
Chose étrange, la mère se préoccupe beaucoup de leur état.
Elle les embrasse, pleure à l'idée de s'en séparer, supplie qu'on
les lui rende, déclare qu'elle ne veut pas les laisser entre les
mains de leur père.[« Ils ont encore besoin des caresses et des sol-
licitudes d'une mère, dit-elle, et, leur mère disparue, ils seront
sans défense contre les méchants qui pénètrent dans la maison et
se livrent sur eux à des actes de violence. »
Ainsi, dans l'attitude générale de la femme P ? tout semble
indiquer des sentiments de maternité très sincères. Quant aux
explications qu'elle fournit pour justifier les traces de coups rele-
vées chez l'enfant, elles peuvent prêter à une double interpréta-
lion : ou bien la prévenue cherche|à invoquer toutes sortes de mo.
150 SOCIÉTÉS SAVANTES.
tifs pour se disculper, ou bien, elle a été le jouet d'une illusion,
peut-être même d'un trouble plus profond, d'un étal morbide en
un mot.
Un examen plus approfondi ne tarde pas à résoudre la ques-
tion.
Au dire de l'homme qui vit avec elle, la malade, poussée, à boni
par ses persécuteurs imaginaires, entre parfois dans des colères
violentes. Au cours de ces crise'sil'excilation, elle injurie les loca-
taires et invective son amant qu'elle accuse de complicité. 11 lui
est arrivé maintes fois de lui jeter à la face des assiettes, des cou-
teaux ou tout autre objet qu'elle rencontrait sous sa main. La
réaction terminée, la femme P ? ne paraît plus se souvenir des
injures qu'elle a proférées et des coups qu'elle a distribués.
L'amant estime qu'en son absence, dans le'courant delà jour-
née, elle doit frapper ses enfants dans des circonstances analo-
gues, ce qui ne l'empêche pas de les aimer beaucoup.
Dans cette observation, nous voyons un véritable cercle vicieux
s'établir entre les idées délirantes et les réactions de la malade.
Cette femme croit que ses enfants sont en bulle à des mauvais
traitements, du la part de ses persécuteurs. File s'en irrite, elle
s'excite, frappe ses enfants elle-même dans l'égarement de son
excitation ;puis, la crise passée, elle oublie, et elle trouve, dans
la trace des coups qu'elle vient de porter inconsciemment de sa
propre main, le témoignage flagrant d'une intervention malveil-
lante sur sa progéniture. Ce témoignage entretient de nouvelles
idées délirantes qui produisent encore des réactions analogues, el
ainsi de suite.
La perle du souvenir des sévices exercés par elle-même, chez
celle femme qui n'est ni une alcoolique, ni une hystérique, ni
une épileptique, doit, certes, nous intriguer. Cependant, si l'on
prend en considération que cette amnésie suit toujours une crise
d'excitation survenant elle-même en tant que réaction émotive,
il n'est peut-être pas impossible de l'assimiler jusqu'à un certain
point aux ictus amnésiques d'origine émotionnelle chez une dé-
générée.
M. IIOUBIN(N'rTCH entre les mains six mille dossiers d'enfants
martyrs, il n'y a jamais relevé l'aliénation des parents. Sur un
millier d'observations directes, if n'a trouvé que 1 enfants Inar-
tyrisés par des parents aliénés (un épileptique ut 3 alcooliques;.
M. 1'rcooaooa n'a pas encore eu l'occasion d'observer des en-
fants victimes de parents persécutés, mais il a vu des mères mé-
lanculiques ayant tué leurs enfants
M. f3arANp n'a pas du statistique sur les parents aliénés marty-
risant leurs enfants, mais il estime que, contrairement à l'opinion
de M. Roubinowitch, ces cas sont malheureusement assez fré-
quents. Il y a lieu do s'entendre sur ceux que l'on nomme en-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 151
ftuitb martyrs avant de pousser plus loin la discussion. Si Tonne
considère comme enfants martyrs que ceux pour lesquels l'auto-
rité judiciaire a été mise en mouvement, ces cas sont peut-être
assez rares, eu qui n'enlève rien il l'opinion de M. Vigoureux, car
nous savons tous qu'un mélancolique tue volontiers ses enfants
avant de se suicider. Si, au contraire, on considère comme en-
fants martyrs ces petits êtres souffreteux qui sont tourmentés,
malmenés du diverses manières, frappés sans raison, etc., par un
père ou une mère aliénés, les cas sont assez nombreux. Qui de
nous ne se souvient de ce père, qui, interrogé sur les débuts de la
folie de sa femme, répond que celle-ci a changé de caractère au
point de ne pouvoir supporter ses enfants et les violentait pour le
moindre motif, alors qu'autrefois elle se montrait bonne mère.
Rajoute que beaucoup plus souvent qu'on ne pense peut-être les
enfants martyrs dont parlent les journaux sont des arriérés, des
débiles indisciplinés ou des vicieux dont les parents violenlsmé-
connaissent l'état d'infériorité intellectuelle.
Al. Vallon se montre aussi très étonné du peLit nombre d'on-
fants ictiales de parents aliénés dont les dossiers ont été entre
les mains de M. ilouhinowitclt. Peut-être cela tient-il à la façon
dont sont constitués les dossiers. Peut-être les renseignements
qui y figurent sont-ils fournis par des personnes étrangères à la
médecine mentale ou même à la médecine.
.M. Roubinovvitch. Les renseignements proviennent d'inspec-
teurs non médecins, mais cependant susceptibles de voir si les
parents sont ou non aliénés. La proportion serait, sans doute,
changée si l'on y1'ait entrer les parents simplement déséquilibrés.
M. Vallon persiste il croire que, même en éliminant les parents
prédisposés a la folie, les aliénés délirants qui martyrisent leurs
enfants sont beaucoup plus nombreux que ne l'indiquerait la sta-
tistique du M. Rouhinowitch.
M. 1'tcouooux. - Les paralytiques au début sont souvent
violents pour leur entourage, maltraitent souvent leurs enfants.
M. Doutrebente. Dans le groupe d'enfants observés par
M, llouhinowi tch ne figurent pas tous les malheureux qui ont
succombé à la suite des mauvais traitements de leurs parents.
M. B..
Séance dit 18 décembre 1 UO : ; : Présidence DE M. Vallon.
Elections : Après élections, le Bureau est ainsi composé, pour
l'année 190G : Président : M. J1.112CLL BMANn; Vice- président :
M. Deny ; Secrétaire général ; M. Ritti ; .Trésorier : M. AN ?
Tnrvuetr ; Secrétaires annuels : 1\DI. DUPAIN CLVIGOUROUS.
Un cas de délire par intoxication sul/'o-carGonée.
MM. 1'couttoux et Collet communiquent un cas de sulfo-car-
152 SOCIÉTÉS SAVANTES.
bonisme chronique avec accès suh-aigu de délire. Il s'agit d'un
homme de 34 ans. à hérédité chargée, travaillant depuis 4 mois
et demi dans une atmosphère chargée de vapeurs de carbone.
Il présentasuc;cessivemenL delà céphalalgie, de l'irritabilité, de
l'insomnie, des troubles dyspeptiques, de la constipation ; puis il
eut un délire de couleur mélancolique avec interprétations dé-
lirantes, illusions ut hallucinations. Ce malade présentait des si-
gnes physiques et de la glycosurie alimentaire, Iln'était pas al.
coolique et n'avait aucun stigmate hystérique. Ce délire guérit
rapidement après avoir suivi le régime lacté.
Les auteurs concluent qu'à côLé des délires par intoxication ai-
guë, des démences par intoxication chronique, y a, comme dans
l'alcoolisme chronique, des délires subaigus vraisemblablement
en rapport avec les aulo-inloxicalions organiques.
M. GRI1ND. -On pourrait objecter, celte observation, que le
malade qui en fait l'objet est tout simplement alcoolique, .le ne
m'arrêterai pas à cette objection parce que j'ai déjà observé des
phénomènes semblables chez des personnes très certainement
sobres, notamment chez une ouvrière en petits ballons de caout-
chouc et qui avait, été précédemment considérée comme une al-
coolique banale, bien qu'elle fût une buveuse d'eau avérée. ,
Je n'affirmerai pas que l'hystérie soit sans effet sur les mani-
festations de l'ordre décrites par M. Vigoureux.
J'ai en elfe vu une femme ne présentant que de légers stigma-
tes d'hystérie à l'état fruste, et qui fut prise très rapidement de
paralysies partielles, à la suite d'une intoxication sulfo-carllonée
survenue peu de temps après son entrée en apprentissage.
M. DupA)N a aussi observé une malade analogue au dernier cas
signalé par"1. Briand.
M. Vallon fait remarquer que si l'intoxication sulfu-carbunée
ressemble tellement à l'intoxication alcoolique, c'est parce que
tous les délires toxiquesprésententbeaucoup de symptômes com-
muns.
Troubles du langage musical chez les hystériques.
1. iNGÉGNiKREs lit une note sur le langage musical chez les
hystériques. Marcel URIAND.
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE
Séance du 7 décembre 1()Oj.
Théorie sensorielle de la déviation conjuguée de la tête et des yeux.
M. DuFoUR rapporte le cas d'une femme ayant présenté un étal
comateux suivi d'aphasie, d'hémiplégie incomplète, de déviation
conjuguée de la tête et des yeux vers la gauche et d'hémianopsie
SOCIÉTÉS SAVANTES. 153
droite. A l'autopsie, large ramollissement intéressant en arrière
les radiations optiques de Gratiolct. Ce cas viendrait à l'appui du
la théorie du Bard, qui fait dépendre la déviation conjuguée de
l'hémianopsie, du moins dans les cas avec demi-coma.
MM. Brissaud et Marie exceptent du cette théorie les cas avec
coma complet et ceux avec conservation de la conscience.
Maladie été Dercum sans troubles psydtiques.
M. LE l'LAV,à propos d'un cas survenu àla ménopause, rappro-
che la maladie de Dercum des adiposes consécutives à l'ucario-
tomie.
M. Ballet a vu quatre cas de maladie de Dercum sans trou-
bles psychiques.
Syringomyélie avec SC/C)'0tC<t'C.
MM. Klippel et Maillard montrent un malade cher qui la pré-
cocité de la sclérodacty lie rendit le diagnostic difficile au début.
Maladie de 7cc ? NMM)t. avec dystrophies .
MM. Klippel et IAII.1,ARr) montrent un malade dont la neuru-
fibromatose s'accompagne de dystrophie des appareils l'il)
tiques, d'où : luxation spontanée de l'épaule, hernie pulmonaire
sus-claviculaire dans la toux, abaissement du foie, atrophie du
testicule, hypertrophie mammaire, large repli du peau au bras
droit. t.
Lésions cadavériques des fibrilles colorées par la méthode de Cajal.
M. 13ALLET,- Dans les conditions ordinaires des autopsies,les lé-
sions cadavériques n'allèrent pas les fibrilles primaires ; les se-
condaires au contraire sont très altérées et il ne faudrait pas at-
tribuer une valeur pathologique à leurs divers aspects.
Hémiplégie traumatique tardive.
M. Souques montre une malade prise d'hémiplégie quinze jours
' après avoir reçu des coups de bâton sur la tète.
Dans de tels cas il s'agit vraisemblablement d'hémorrhagies
centrales. Il faudrait, au point de vue médico-légal, faire la part
du traumatisme et de la prédisposition vasculaire.
MM. Ballet, LiABINSKI, Marie, Dupré et Brissaud rappellent,
à ce propos, des cas d'hémiplégie survenue tard après un trau-
matisme et la difficulté médico-légale de tumeurs cérébrales et
de paralysies générales survenues après des traumatismes.
Hémiplégie et hemianestliesie d'origine centrale.
JDL CLAUDE et Lejonne montrent une malade dontl'anesthé-
sie unilatérale est tellement prononcée qu'elle fut d'abord prise
pour une hystérique, mais l'hémiplégie est bien organique.
. L'absence d'aphasie indique une lésion non corticale ; il s'agit
154 SOCIÉTÉS savantes.
probablement d'un ramollissement du noyau externe de la cou-
che optique,
IIJl111spasme facial chez un vieillard.
MM. Dupré et LEMAIRE présentent ce cas qui dure depuis
trente ans chez un homme de quatre-vingt-dix ans.
Cholestèatome du cerveau.
M. Roussy montre la pièce, dont la structure l'appelle celle des
k \ tes (lerII1oïùes.
M. LAMY rapporte un cas du polynévrite antibrachiale au cours
d'un cancer intestinal , et, des cas de troubles graphologiques che·
desparkiazsonazierzs. M. Meige a vu ces mêmes troubles chez des
gens normaux. )1. Dupré n'y voit qu'un signe du fatigue chez
des spasliques.
M. Crouzon présente un cas de noevus ostéohypertrophique ci
disparition radiculaire, et un moulage de mal perforant coceggien.
M. Déjerine et LEI : NH1RDT montrent un malade atteint de
Tabès avec atrophie des muscles abdominaux et des gouttières ver-
tèb1"illcs gauches.
Etat vermoulu de l'êcorce.
)1. )IARI1 : . il l'aide d'une pièce, montre en quoi cet. élat diffère
du ramollissement. F. Boissier.
Séance du i I janvier 190G.
Polynévrite succédant ci V empoisonnement arsenical aigu.
MM. RAYMOND et LEJONNE déterminent les caractères qui dis-
tinguent cette polynévrite arsenicale des autres polynévrites to-
xiques : choléra toxique au début, puis démangeaisons, douleurs
articulaires; paralysie commençant par les extrémités et, portant
d'abord sur les petits muscles des mains et tles pieds, avant ut plu-
profondément que sur les muscles de l'a\anL-Ij['llsl'lde la jambe.
)1. Marie confirme et. montre l'importance médico-légale de
cette constatation.
Paralysie faciale et hémiatrophie linguale.
MM. Muet et LEJONNE montrent une jeune fille dequinzeans
atteinte de cette paralysie à l'âge de trois ans, au milieu de phé-
nomènes fébriles et de convulsions déterminées par une ménin-
gite ou une poly-oncéphalile I paralysie flasque, secousses mus-
culaires fasciculaires, diminution de la,contractilité électrique).
Un cas de syringobulbie. SY¡¡¡{I.0nW d'Acellis.
MM. Raymond et(UILLAIN Illlrlttl't.'1lLUItSV'l'llt;;rrfll'LIIlIIIeSI)aS-
modique présentanlunu hérniatl'Ol'hie du voile du palais droite
et une paralysie complète de la corde vocale do ce côté. Cet en-
BIBLIOGRAPHIE. 155
semble constituant le syndl'ome sYl'lIlgobulhique d'A \ eUis est rare
au cours de la syringomyélie. Le facial étant intact chez le ma-
lade, les auteurs infèrent quu Je yagu-spinal est bien le muteul'
principal du voile du palais.
M. THOMAS rapporte un cas de sclérose en plaques uniquement
médullaire.
Euphorie délirante et onirisme chez un phtisique .
MM. Dupré et Camus rapportent le cas d'un ¡Ùtisique qui,
après avoir présenté tout le syndrome méningitique, entra pro-
gl'eSi\ellleI1L dans un état d'euphorie continue avec inconscience
de sa silualion, et dans un délire onirique avec illusions utfahu-
lations fantastiques qui persistèrent pendant deux mois, jusqu'à
la mort. A l'aulopsiu : double et symétrique tubercule cortical
aux pieds des F2 ; altérations nécroticlues diffuses des cellules de
l'écorcu frontale.
Un nouceaucas de soi-disant hétérolopie du cervelet.
M. Roussy. Il s'agit encore d'un cervelet enl'onc¡" pt ft'ag-
mcntudans le canal rachidien par un rorllloLagr trop brusque el
le transport tlu;carlavre. [Ectopie cérébelleuse post mortcm).
Lésions de la moelle dans la démence précoce.
JDI. KLiPPELet LnERMiTTE.A l'atrophie avec élat granuleux,
et, pigmenlaire des cullules ganglionnaires les autours ajoutent la
possibilité de lésions systématisées des cordons postérieurs asso-
cilies ou non à celles des cordons latéraux.
Syndrome 21seudo-bltlbairc d'origine nèvritique.
M. Comte rapporte deux cas typiques dans lesquels seuls les
nerfs bulbaires présentèrent des lésions du névrite ancienne avec
gaines vides. Ces cas se diuerencient, du la maladie de Duchenne
par la paralysie du facial supérieur, les (roubles de la sensibilité
cl l'évolution différente.. P.HotssŒR.
BIBLIOGRAPHIE
V. itf.s' lleirena Leben. Erinnerungen und Erol'te¡./lYlgel1. von
\)1' Iul'Íz Benedikt, professor an der Wiener Universitiil.
Vel'iaghuchhandlung Cal' ! Kone¡wn. \Virn. I\1Qfi.
Le prof. Benedikt est un des derniers encyclopédistes :
savant, artiste, linguiste, homme politique, voyageur, il a
laissé partout des traces de son activité. Il a publié des tra-
150 BIBLIOGRAPHIE.
vaux remarqués de neuropathologie, de craniométrie, d'an-
thropologie, de psychologie, de sociologie, d'électrothérapie,
de de biologie générale. Ses derniers travaux
sur la biomécanique et la morphologie ont eu un immense
retentissement, en raison de l'indépendance d'esprit et de
la manière nouvelle dont il traite le problème de l'origine
et de la nature de la vie. Ses mémoires, qu'il vient de pu-
blier sous le titre indiqué plus haut, permettent de le suivre
pendant son active existence, et de connaître les hommes
avec lesquels il a été en rapport. Les portraits qu'il peint
''ont sincères, sans flatterie, sans réticence. Ce livre char-
mera et instruira le médecin.
Skoda et surtout' Oppolzer semblent avoir exercé une
influence marquée sur la mentalité, pourtant si personnelle,
du prof. Benedikt : '
« La Clinique d'Oppolzer, dit-il, était pour nous le séjour
de prédilection; il restait souvent trois heures, et venait,
même les dimanches ot fêtes ; il ne fut point appelé à
Vienne par la Faculté : Valdhernyeb Léo Thun considéraient
que Skoda éi a1L apte a former des médecins penseurs plutôt
que des praticiens, c'est pourquoi ils appelèrent Oppolzer
à Vienne sans consulter la Faculté. On lui créa des difficul-
tés, le ministre les aplanit. Il avait une tête olympique, des
cheveux ondulants. Ses sens avaient une grande acuité, son
toucher une grande finesse de perception. C'était un impres-
sionniste qui, d'un coup d'oeil, percevait toutes les caracté-
ristiques d'un malade, et faisait un bon diagnostic. Tous
les symptômes, tous les signes, étaient instantanément per-
çus, coordonnés dans son cerveau, examinés, critiqués, et
le diagnostic le plus exact possible était établi. Son ensei-
gnement était très profitable aux élèves. Il avait une richesse
énorme de moyens thérapeutiques, son attitude et le timbre
de sa voix exprimaient toujours sa participation à l'état de
ses malades. Tout l'arsenal médicamenteux ne contenait pas
un calmant comparable à la seule présence d'Oppolzer au lit
d'un malade. »
Le prof. Benedikt fait ensuite le récit des cures merveil-
leuses effectuées par la seule influence d'Oppolzer et dont il
fut témoin.
Une caricature tragique de la Faculté de Vienne, dit
M. Benedikt, était le prof. d'accouchement, il avait au plus
trois élèves à ses leçons : « Si vous êtes appelé dans une
famille, leur disait-il, et si vous soupçonnez que la demoi-
selle est sur le chemin de l'espérance, ne dites rien, courez
immédiatement interroger la voisine, elle sait tout. » l'en-
dant toute la durée de sa direction la fièvre puerpérale
BIBLIOGRAPHIE. 157
ravagea la clinique, seules les femmes qui accouchaient
dans la rue avaient des chances de survivre. Mais les pires
choses contiennent du bon. Cet accoucheur avait pour assis-
tant Semmelweis qui, frappé de la malpropreté des mani-
pulations, et de leurs conséquences, découvrit la contagio-
sité de la fièvre puerpérale, sa conviction, basée sur une
observation scientifique, était et demeura inébranlable ; il
ne put la faire partager à personne ; il savait les avantages
que l'humanité devait retirer de sa découve .'te ; il mourut
sans avoir pu se faire compiendre ; après sa mort on lui
éleva des statues.
Le prof. Benedikt conduit le lecteur, avec la même li-
berté de critique dans le monde médical français. « Duchenne
de Botilogne, dit-il, est peut-être, parmi les maîtres français
le plus grand clinicien portraitiste, pour façonner, avec tout
son relief, la description d'une maladie. 11 n'était pas seu-
lement un peintre délicat, mais un pionnier, un créateur.
On ne lui a pas donné, en France, le rang auquel, par son
mérite, il avait droit. Charcot le premier enseigna aux
Français comment ils devaient apprécier Duchenne de Bou-
logne ». · Jaccouû, dit M. Beuedikt, fut le créateur du congrès
international de médecine de 1867 ; très littéraire, il con-
naissait et citait tous mes travaux; il fut un des premiers
Français qui connut et répandit en France la littérature
allemande; comme Stcllw ng il était un lecteur virtuose, et
comme lui un mondain. Je me rappelle son agitation extra-
ordinaire, pendant le Congrès de Vienne en 1873, par la
crainte d'arriver quelques minutes en retard au déjeuner.» »
On apprend ainsi, avec M. Benedikt, à connaître tous
les maîtres de la médecine, en France, en Autriche, en
Allemagne, en Russie, en Angleterre, en Italie, en Belgi-
que, etc. On assiste aux différents congrès, on prend part
à la lutte des idées, on revit en un mot toute la vie médicale
européenne pendant la seconde moitié du dernier siècle, et
cette revue des idées, des hommes et des choses, est aussi
instructive qu'agréable. Stéphane LEDUC.
\ - La démence précoce dans l'armée (étude clinique el médi-
co-1(galc) ; par K KAGt. (Thèse de Bordeaux, 1904-1905, n" 50.)
La démence précoce trouve clans la vie militaire un -ter-
rain d'éclosion et de développement favorable. Absente des
nomenclatures militaires, la clémence précoce n'en existe pas
moins dans l'armée, sous des appellations diverses. Cette
psychose, polymorphe dans .ses manifestations, mérite d'at-
tner l'attention des médecins militaires au double point de
vue, de la difficulté du diagnostic clinique et de sa ressem-
158 VARIA.
hlancc avec des états simulés. A mesure que l'intensité de la
vie militaire croît en proportion inverse do sa durée,, les
non-valeurs mentales doivent être plus rigoureusement ex-
clues de l'armée. La sélection plus minutieuse des conseils
de revision devra être éclairée par les connaissances psy-
chiatriques des médecins militaires, connaissances qui au-
ront leur maximum d'importance et d'utilité on cas de con-
seils do guerre. Jean Abadie.
VARIA
Asiles d'aliénés.
Mouvement de janvier 190G.- )1. le I)1' Leroy, médecin adjoint
il Evruux, nommé médecin adjoint du l'asile des aliénés de Ville-
1 ? -rarcl(Seine-et-Uise, poste crue. M.le D1' Wahl, médecin adjoint
à Auxerre, promu à la classe exceptionnelle.
IDIOTIE AMAUROTIQUE familiale.
A différentes reprises, nous avons donné l'analyse d'articles
sur l'idiotie anucuootique et, dans le n° 11J des Archives (1,)Op,
p. 389) à propos d'un nouveau cas nous avons signalé les travaux
parvenus à notre connaissance. En terminant, nous disions qu'il
y avait là matière à une thèse ou à une analyse intéressante. Ce
trav ail v ient d'être fait dans le numéro de février de la Revue des
maladies de l'enfance ( ll.)06, p. 70), par 11. P. Savornat.
Traitement DES idiots et DES imbéciles.
Un cours de Physiologie médicale relative au traitement et à
l'éducation des idiots et imbéciles aura lieu du 2 au 7 avril 190G,
à l'Université de Giesseii,dans la clinique des maladies mentales et
nerveuses, sous la direction du D'' H. Sommer, professeur de
Psychiatrie à Giessen.
Les matières suivantes seront traitées : 1° Les formes d ifférentes
de l'idiotie, au point de vue clinique et anatomique. 2° Les
causes, la prophylaxie, et la thérapeutique de l'idiotie. - 3°
Etude des anomalies morphologiques, accompagnée d'exercices
pratiques. - lIa Psychologie médicale concernant le traitement et
l'éducation des idiots : étude accompagnée d'exercices pratiques.
- 4° La didactique expérimentale relative aux idiots. - G° Les
écoles adjuvantes pour imbéciles. z7" L'éducation forcée. - 8°
La situation des imbéciles devant le droit pénal.- 9 La criminalité
FAITS DIVERS. 159
infantile. 10° L'imbécillité dans le service militaire. - 11° Les
asiles pour idiots et imbéciles ; visite de ces instituts.
Les conférences seront faites par les docteurs Sommer et Dan-
nemann, de l'Université de Giessen, le Dr Weygandt, professeur
de Psychiatrie à l'Université de Wtirzburg, et le Dr Lay,du sémi-
naire de Karlsruhe, auteur de la « Didactique expérimentale ». '-
Le montant de la souscription s'élèvera,suivant les frais éventuels,
de 1 ? ,do à 25 frs. par personne. Le programme définitif sera
remis aux intéressés en février 1906. Toutes les personnes qui por-
tent un sérieux intérêt au traitement et à l'éducation des idiots et
des imbéciles, particulièrement les médecins et les instituteurs,
sont invitées à participer au cours.
Les cours de ce genre sont d'une utilité incontestable. Malheu-
reusement, ils ne sont pas nombreux. Citons nos visites du sa-
medi où nous montrons un certain nombre de types cliniques, de
cerveaux, etc ; quelques leçons du cours de notre ami, le D.1. Voi-
sin, à la Salpêtrière, et des conférences en province, par exemple
à Bordeaux (Jacquin), à Auxerre (Wahl).
FAITS DIVERS
Distinctions honorifiques. Chevaliers de la Légion d'hon-
neur. : \1. le Dr Marandon du Montyel, médecin en chef du l'asile
d'aliénés de le nI' Hitti, médecin du quartier des
dames de la'maison Nationale de, Charcnlon.
Officier d'Académie. - 31. Guichet, directeur de. l'asile d'aliénés
,l'Aix ,l1nIH. : hes-du-BhÙnl'.)
Mérite agricole. 31. lui)'' Damaliv, chirurgien du la Maison
.Nationale de Cltarenlun.
Concours pour l'eviploi de médecin-adjoint des asii.-s pu-
BLICS d'aliénés. - Un concours pour l'admission aux emplois
de médecins-adjoints des asiles publics Il'aliénéss"tH1\Tim il Paris,
le 19 mars 1 ! lUli. Voir les conditions du concours dans l'arrêté du
23 janvier 1\.J06, publié au Journal officiel du 25 janvier eLrepro-
duit dans les Archives de Neurologie (janvier 190(;.)
Asiles belges. - Par arrêté ministériel du 23 décembre 1905, : \1. Le ? ), doclctiren médecineà Anvers, est nommé médecin de
l'asile pour femmes aliénées indigentes et pensionnaires au «For
il il Ul'i'le. Pal' arrêté ministériel du '28 décembre 1903, 1\1. le
laiLro I(;h.) docteur en médecine à LI'I1ze, est nommé médecin
de l'asile pour hommes aliénés, pensionnaires érigé un ladite lo-
caleté.
160 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'alcoolisme. Calvayrac, 31 ans, cultivateur l'radulles
(Au(le),dans un accès d'alcoolisme, a tué sa mère à coups de huche.
Dans un accès de folie alcoolique, Jean Debec, 20 ans, demeurant
à SainL-Lérier (Loire-Inférieurel, a tenté d'assommer son père à
coups de barre de fer. Il est allé ensuite se jeter sous un train
qui l'a écrasé.
AVIS A NOS ABONNES. - Nous leur rappe-
lons que les abonnements combinés aux Archives de
Neurologie et au Progrès médical sont de 28 fi'.
pour la France et 30 (1', pour l'Etranger et que par
conséquent en ajoutant 8 (r. à leur abonnement des
Archives ils peuvent recevoir les deux journaux.
Nous nous adressons plus spécialement aux méde-
cins des asiles dont les deux journaux ont soutenu
régulièrement leurs intérêts professionnels.
Nous sommes ci leur disposition pour compléter
dans de bonnes conditions les années qui manquent à
leur collection. - La collection complète : 1880 à
1905 inclusivement, prise dans nos bureaux, est de
150 fn. ; la 2° série de 1 S'J6 à 1905 est de 100 fr.
[Voir les annonces après le Sommaire.)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Vient de paraître :
L'Encéphale (Journal de psychiatrie), publié et dirigé par An-
lheaume lA,) et, Klippel DL) ; secrétaire do la rédaction : (;, : llail-
lard ; paraissant tous les deuxtnois. Prix de t'abonnemcnt : France.
21 fr. Union postale. 23 l'l',
1.'W cF : ntt.n.c esL cou : yléL par deux autre- ! pu)))icatio)nsp6eia-
les : la Revue de médecine /e'a/eyc/t/<7/) ? <eef ? <A'opo/o;fcrf-
minelle parais,anL si foi l : tr : m i·L l'Inrnmateur des aliénistes et
neurologistes paraissant tous les mois L'abonnement à ces deux
publications esl de : France. 10 fr. ; Union postale. ]2f'['. Le prix
d'abonnement des trois puhlienlions est de : France. 30 fr. ; Union
postale, 33 fr. Librairie II. 1)claruc. 5. rnc des Grands-Augustins,
f'r) : )ujE ! t ? udcc)i ! )ifjuesm')fh-ait.e))))'iiUoca)()cia tuber-
culosc par un extrait «le l'oie de morue. 111-8° de 110 pages. Librai-
rie A. Michaton, 26. rue Monsieur-le-Princc.
L.w.wtE. Le régime des aliénés en Suisse avec annexe. Oncl-
ques données statistiques sur les sociétés suisses de secours aux
alonés. 1 vol. In-8° de 7G lt : rç,·e5.
Le rédacteur-gérant : Bourneville.
merntuut (Uise). Imprimerie Daix trèreb et Thiron.
Vol. XXI Mars 1906 N° 123
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENTALE
Hospice DE Bicêtre. Service du Dr S1GL.1
Le refus d'Alimentation
dans la démence catatonique ;
Par André BARRE, interne des hôpitaux.
La plupart des auteurs qui ont étudié le refus d'ali-
ments dans la démence précoce ont généralement consi-
déré ce symptôme soit comme une manifestation, soit
comme une forme, soit comme une conséquence du néga-
tivisme. M. Dromard s'est élevé récemment, avec raison,
contre cette conception par trop simpliste. Il s'est atta-
ché à établir au contraire que l'origine de la sitiophobie
pouvait être variable, et il ce propos il a rapporté un
certain nombre d'observations dans lesquelles il nous
montre ces manifestations comme résultant successive-
ment d'idées délirantes, d'une attitude stéréotypée, de
l'opposition automatique (négativisme) ou volontaire
mais irraisonnée (nolitionisme), de l'arrêt plus ou moins
complet de l'activité mentale (stupeur ou stupidité).
Dans son article. M. Dromard dit qu'il ne faut pas
prendre comme argent comptant les explications des
malades, et qu'il ne faut accepter qu'avec une extrême
prudence les explications rétrospectives que ces malades
peuvent donner au sujet des manifestations de leur dé-
lire. Ceci est parfaitement exact, mais déjà Falret, en
1854, avait dit qu'il ne fallait pas réduire son « devoir
d'observateur au rôle passif de secrétaire des malades ».
De plus, il est une autre objection que la lecture de l'in-
téressant article deM. Dromard vient suggérer à l'esprit.
Il dit, en effet et avec raison, que la sitiophobic dans la
Archives, 2, série, 1906, t. XXI. 11
162 clinique mentale.
démence précoce résulte d'une quantité de causes ; mais
on peut lui objecter qu'il étudie en somme toutes les
causes de la sitiophobie, car il paraîldonner illallémencc
précoce une telle extension qu'il fait en réalité la séméio-
logie du refus d'aliments en général.
Comme l'indique le titre de cet article, nous avons
simplement ici en vue le refus d'aliments dans la dé-
mence catatonique. La démence précoce est, en effet, mal 1
connue ; il faut donc savoir se limiter, et se limiter à un
groupe pouvant constituer une variété. Nous prendrons
la variété qui est il la fois la plus fréquente et la plus
nette, c'est-à-dire la catatonie.il semblerait que, chez un
dément précoce, même chez un catatonique, le refus
d'aliments viendrait de l'un des symptômes, et que ce
serait la prédominance de l'un de ceux-ci qui occasion-
nerait la sitiophobie. Il nous a plutôt paru que tous ces
symptômes pouvaient se trouver réunis et agir simul-
tanément, formant ainsi une pathogénie complexe, sans
que l'on puisse attribuer le refus d'aliments à l'un d'en-
tre eux. Ce n'est pas parce qu'un malade a du négativis-
me, ou de la stupeur, ou delà suggestibilité, ou de la stc-
réotypie qu'il ne mange pas, mais c'est tout simplement
parce que c'est un catatonique ; la sitiophobie est la
conséquence d'un état et non pas d'un symptôme. Nous
allons maintenant rapporter deux observations qui,
nous l'espérons du moins, convaincront le lecteur de
l'impossibilité d'attribuer la sitiophobie du dément pré-
coce à un symptôme bien déterminé.
Observation i (1). P ? Eugène, entre à l'hospice de Licètrc
le 8 février 1899, à (le 30 ans (service du Dr ? \1\gl(5), Pré-
sente d'abord des idées de persécution, et fait une tentative de
suicide par empoisonnement avec de la liqueur de van S" ieten.
Interné pour la première fois à Cicèlre ;15,1( ? on note des idées
de persécution et de suicide, du refus d'aliments. Il s'améliore
et peut sortir.
En novembre 1898, les accidents reparaissent et il est interné
pour la seconde fois à Bicêtre en février 1899. Voici maintenu !
(1) L'observation de ce malade ayant déjà été publiée dans la
Nouvelle Iconographie de la Salpétrière (Juillet- Août 1902) nous
ne rappellerons ici que brièvement les principaux symptômes
présentés par le malade pendant ses périodes de refus d'aliments.
REFUS D'ALIMEN CATION DANS LA DÉMENCE CAT1'1 ONIQUE. 163
un état parallèle clos principaux symptômes et du l'alimentation.
Novembre IS9S,- Symptômes : Idées de persécution, croit que
son frère veut l'empoisonner. - Alimentation; - Refuse par-
fois les mels qu'on lui serf.
Février 1899. S. : Négativisme (mutisme), stéréotypie d'atti-
tuUe. -11. : Refus d'aliments pendant quelques jours sans raison
connue.
Mars 1899. S. : Persistances par intervalles des stereotypies
d'altitude. - A. : mange avec difficulté.
Mars 1899 à 5 décembre 1899.- S. : Même étal. A. : se nour-
rit irrégulièrement et par lubies. Une semaine mange comme ,
les autres malades ; la semaine suivante, ne mange que des
légumes, où bien ne prend que du vin et, du pain ; plusieurs fois
enfin, pendant trois à quatre jours, il a refusé tout aliment.
5 décembre 1899 au 12 mai 1900.- S. : Négativisme très accen-
tué. Stéréotypic (oublie le chemin de la garde-robe et fait ses
besoins sur un drap près de son lit.) A. : Refuse complètement
toute nourriture. A partir de ce jour, il est nourri à la sonde
oesophagienne. (300 gr. de poudre de viande, deux oeufs et deux
litres de lait).
12 mai 1900. S. : Période de négativisme intense (attitude en
chien de lusil, yeux obstinément fermés, raideur des membres,
mutisme). -.1 : Continuation de l'alimentation par la sonde oeso-
phagienne. Le matin, avec la sonde : deux oeufs, quatre cuillerées
de poudre de viande, un litre détail. Le soir : avec un lavement :
deux jaunes d'oeuf, peptone 15 gr., lait 200 grammes,
limai 1900. S. : Même élat. Stupeur négativistique. Pouls
faible (64), cyanose et refroidissement des extrémités. A perdu
8jO gl'. en 10 jours. Injection de 0 ? 0 centi[;. decafefne.A. :
Même, alimentation.
3 juin 1900. S. : Amélioration de l'état précédent. Ouvre les
yeux, va seul il la garde-robe, va dans la cour, répond aux
questions. -.\. : Demande de la tisane, se plaignant d'une soif
intense.
4 juin 1900. S. : Même étal. A. : Prend un demi-litre de
lait, et environ 50 grammes de pain.
5 juin 1900. S, : Demande à recevoir le journal, lit. A. :
Deux bols de soupe ; un litre de lait avec pain.
G juin 1900 à 10 août 1900. S. : Se lève tous les jours lit, des-
cend un peu dans la cour. A. : Se nourrit tl'icteI1lcat avec des
soupes, du lait, du pain, souvent des légumes, surtout des
pommes de terre.
10 août 1900. -- A. : Retour du négativisme, reste au lie : de-
mande à nu plus recevoir le' journal qu'il semblait lire avec
plaisir depuis deux mois, se dit courbature.Ne prend rien de la
journée.
164 CLINIQUE MENTALE.
11 août 1900. S. : Même état : reste couché. A. : A refusé
la soupe le matin ; ne prend rien de la journée.
12 août 1900. S. : Même état : reste couché. A. : N'a rien
mangé.
13 août 1900. S. : Même état, le matin, reste couché. A. :
Cave le matin. Au repas du soir, s'est levé, a demandé à se
mettre il. table comme les autres malades, a mangé deux soupes,
de la viande (première fois depuis 8 mois) des légumes.
14 août 1900 au 30 août 1900. S. : Se lève dans la journée.
A. : Ne prend rien que du pain, du lait et des légumes.
1<" sept. 1900 il. 27 novembre 1909. - S. : SLéréoL'piescl'attitude,
(reste de nouveau au lit).Négativisme(taidcur,mutisme).A : Ue-
fuse tout aliment sans en donner le motif, nourri à la sonde
comme précédemment.
27 novembre. 1900 il. mai 1901. - S. : Parle, se lève en se bornant
au strict nécessaire.-A. : Mange.
Dès qu'il se sent observé modifie sa manière d'être dans le sens
iié-ativistique : s'il mangeait, il s'arrête dans l'altitude du mo-
ment, la cuiller il. la main, la bouche ouverte, fixe et raide.
Mai 1901 à 20 juillet 1901. S : Ecrit une lettre dans laquelle il
dit que si on ne l'avait pas fait vivre malgré lui à la sonde pen-
dant des mois, il se serait laissé mourir et qu'il ne serait pas en
train du souffrir à (11cêLl'e, A. : Mange.
20 juillet 1901.-5. : llccl7ute un stupeur catatonique, négutiv is-
me-mutisme, stéréotypies d'altitudes et de mouvements (assis
dans la salle, se couvre la tête de ses vêtements). A. : ltefusd'ali-
ments, gavage de la même manière que précédemment.
21 juillet 1901, - Négativisme, conservation des altitudes
provoquées, raideur, rire explosif, nudisme, Schnauskrampf.
continuation de l'alimentation par la sonde oesophagienne.
23 juillet 1901. - S. : Stéréotypies d'attitude, négativisme avec
raideurs musculaires, mutisme, grimaces, attitudes catalepti-
formes provoquées. Refus d'aliments : quand on le gave, est tou-
jours assis, la têtu dans sou veston, change automatiquement de
position afin d'être placé toujours de la même façon pour cire
gavé, puis, l'opération terminée, il se lève comme une méca-
nique, fait deux pas en avant, traverse la largeur de la salle, et
vase figer debout devant le lit en face du sien, restant immobile,
la tête baissée, contractée.
28 juillet 1901. S : : Lit le journal, ce qu'il avait cessé (le l'ai J'e
depuis le 22 juin, écrit. A : Demande s'il ne pourrait pas prendre
son gavage sans la sonde, et le boit. Une heure après, demande
du pain et en mange environ 250 grammes.
29 juillet 1901. Même état, mange cinq bols de soupe qu'il
a demandés.
A partir de cette époque, le malade s'alimenta d'une laçon
REFUS D'ALIMENTATION DANS LA DÉMENCE CATATONIQUE. 165
a<sez irrguliùre, mais prenant cependant quoique chose chaque
jour. En mai 1902, il avait considérablement engraissé. Depuis
cette époque jusqu'à maintenant (février It01>f, il a toujours
mangé régulièrement du pain, des oeufs, des légumes, mais ja-
mais de viande ni de vin. Comme symptômes principaux, il pré-
sente surtout des phénomènes légers d'excitation catatonique,
avec stéréotypies v erbales.
Voilà donc un malade qui a présenté tous les symp-
tômes les plus nets et les plus caractéristiques de la dé-
mence catatonique : mutisme, stupeur, négativisme,
suggestibilité, stéréotypies. Or, il n'est pas un seul de
ces états qui, soit isolé, soit associé il plusieurs autres,
n'ait été accompagné de sitiophobie. Il semble donc que
l'on doive chez ce sujet ne point considérer le refus
d'aliments comme la conséquence d'un symptôme bien
déterminé, mais simplement comme la conséquence
même de son état catatonique. De plus, nous ferons ob-
server ici que s'il était possible d'attribuer le refus d'a-
liments au négativisme ou n'importe quel autre symp-
tôme, il serait plus difficile d'expliquer quel est le symp-
tôme qui occasionne chez un malade le refus de certains
aliments, à l'exclusion des autres.
Nous allons maintenant donner l'observation d'une
malade atteinte de démence catatonique, et chez laquelle
il serait à coup sûr difficile d'attribuer la sitiophobie au
négativisme ou à tout autre symptôme bien déterminé.
Observation Il. Cette observation que j'ai recueillie en
ville, dans la cliente le particulière de M. Séglas, concerne une
dame âgée de 31 ans. Le début de son affection remonte à son
premier accouchement qui eut lieu en septembre 1902. Six semai-
nes après, elle eut du délire, des cauchemars zoopsiques, de la
désorientation, et. déjà à cette époque, elle fut difficile à alimen-
ter, car elle croyait voir des vers dans ses aliments. A cette phase
d'excitation succéda une phase de dépression.
Eu avril 1903, elle eut une perte de sang, avec issue d'un cail-
lot, que l'on pensa être une fausse couche.
A partir du mois de décembre 1903, jusqu'au mois de mai 1904,
le développement du la sitiophobie fut progressif et dû à difTé-
rentes causes. La malade était craintive, paraissant toujours
avoir peur de ce qu'on voulait lui faire ; elle avait des attitudes
cataleptiques, s'immobilisant au milieu d'un mouvement. Elle
étaiten état de demi-stupeur, avec confusion des idées, et faisait t
166 CLINIQUE MENTALE.
tout a\cclcnlcmcxtl'pme. A chaquc instant, on était obligé de
la stimuler pour la faire manger, elle décomposait en quelque
sorte tous les mouvements nécessaires pour prendre de la viande
dans son assiette, la porter a la bouche, la mastiquer el l'avaler
Son repas durait ainsi queiquetbisdeuxheures.
En mai 1904, elle accoucha pour la deuxième fois ; cet accou-
chement fut normal, mais deux jours après, le malade présenta
du négativisme, de la raideur, delà catalepsie avec exagération
des réflexes, faciès terrifié, égaré. En juilleL 1901, elle s'améliora
un peu.
Deux mois après, elle euLuue phase dn ;.tupeul' plu,; aeCCl1tlH"e,
avec faciès bouffi, sans expression. Elle eut du mutisme, du
« Sclmausl;ramhf o, elles symptômes que l'on avait observés au
mois de mai s'accentuèrent. Elle avait un peu de négativisme, et,
nu faisait pas un mouvement spontané. On était obligé de lui
donner sa nourriture bouchée par bouchée, cl elle gardait les
aliments en chique dans sa bouche pendant un temps indéfini :
cependant elle avalait encore assexconvenabiement tes liquides.
En janvier 1905, elle ne prit plus rien du foui, mais à ce mo-
ment intervinrent des phénomènes de négativisme et d'opposi-
tion (surtout de négativisme il litre du réaction de défense). La
malade restait continuellcmcnt couchée sur le côté gauche, en
chien de fttsil, la tête llencltée sur la poitrine, et complètement
recouverte parses draps, dans une position et une altitlille qui
ne changeaient jamais. Toujours enfermée dans son mutisme, elle
serrait les dents, détournait la tête dC\tll1tla cuillel' pl (,'l ? t en
présence de la persistance de cet état que l'on fut obligé d'avoir
recours la sonde oesophagienne, Dès le premier gavage, elle se
laisse faire assez facilement et ne se début pas. Cependant, au début,
quand on passe la sonde par la narine droite, la malade contrarie
fortement ses muscles constricteurs du pharynx, et ramène ainsi
le bec de la sonde dans sa bouche, l'empêchant de pénétrer dans
l'oesophage. I ln fut donc obligé au début de passer la sonde par la
bouche, et huit jours après, on put recommencerle gavage parla
narine droite. La malade était assez docile et s'habituait rapide-
ment ; elle se laissait lever, asseoir surune chaise, et lorsque le
gavage était terminé, elle se laissait recoucher. Donc après une
légère phase du résistance, le gavage accepté se transforme chez
celte malade en stéréolypie. ,
Cependant celle nouveauté parut avoir lait sur Madame D ?
une grande impression : car celle malade, qui n'avait pas dit un
seul mot ni prononcé un seul son depuis plusieurs mois, dit
spontanément, le troisième jour de son gavage, au momentoùnn
vient delà lever et où on l'approche du la chaise : « .le voulais
dormir il à la grande stupéfaction de tout son entourage.Elle ne le
tlit qu'une fois ou deux et ce sont les seules paroles qu'clic 111'0-
REFUS D'ALIMENTATION DANS LA DÉMENCE CATATONIQUE. 1n7 %
nonce pendant la première semaine du gavage. En dehors de cela
elle reste la bouche, ouverte, béante, laissant s'écouler un mince
filet de salive ; du nez coule également en grande abondance un
liquide jaune verdâtre. '
A ce moment et pourla commndilé(les gavages, la malade est,
ramenée de la campagne à Paris, mais elle oppose à ce retour
une résistance à laquelle on n'aurait pas cru devoir s'attendre.
Puis, une fois installée il Paris, dans sa chambre habituelle, elle
cesse de se lamenter et prend immédiatement dans le lit où on la
couche une attitude absolument semblable à celle qu'elle avait
adoptée à la campagne.
Ce reloue s'effectua le 30 janvier 1 \J05, et, à partir de ce jour,
la malade prit de nouvelles habitudes ou stéréotypies. Elle se lais-
sait docilement gaver deux fois par joui- par la narine droite.
Mais, pour que ce gavage fût accepté facilement, il fallait ne rien
changer à aucune de ses habitudes ; pour en donner une idée,
nous allons décrire un de ces gavages.
La malade, continuellement couchée sur le côté gauche, dans
la même altitude en chien de fusil, la tête cachée sous les couver-
tures et ne laissant dépasser que l'extrémité du chignon, paraît
somnoler et rester indifférente. Quand on ouvre la porte, elle sort
latrie des couvertures et, ayant reconnu le médecin habituel,
elle se cache immédiatement a nouveau la tete.Quandon va pour
la lever, elle se laisse faire assez facilement, mais c'est à ce mo-
ment que commence chez elle une série de stéréotypies qu'il faut
éviter de contrarier, sous peine de rencontrer des difficultés pour
le gavage. File exige qu'on lui mette les mêmes chaussons à cha-
que fois qu'on la lève, il faut lui placer sur le dos le même pei-
gnoir, de la même façon, et attaché exactement comme les fois
précédentes. Le chemin qu'elle suit pour aller s'asseoir sur sa
chaise est le même à quelques centimetrespres, elle refuse abso-
lument de s'asseoir sur une chaise autre que sur celle dont on
s'est serv pour la première fois, et il faut, pour qu'elle s'asseye
dessus, que cette chaise soit placée de la même façon et au même
endroit. Tout en venant vers sa chaise, elle répète plusieurs fois
de suite, lui ton monotone et nasillard : « Toujours lameme
chose ! » « Toujours pareil ». Parfois elle dit encore : «Je. voulais
dormir », « J'avais sommeil ».
Une fois assise, et bien entendu dans la même position, elle ne
bouge plus ; elle est affaissée sur les bras et les jam-
bes serrées le long du corps, dans une attitude de crainte et de
somnolence. Quand on approche la sonde desanarine droite, elle
vérifie si c'est bien comme à l'ordinaire, si la sonde
est la même, et si elle est huilée à son extrémité comme à l'ha-
httudc. Cela est si vrai nue si l'on fait exprès de changer la forme
delà sonde, ousi on oublie sciemment de la huiler, la malade se
16S CLINIQUE MENTALE
débat et pousse des cris plaintifs, puis aussitôt qu'on a satisfait
à sou attente du « 'toujours la même chose », elle ne bouge plus
et se laisse gaver avec docilité. Une lois le gavage terminé, elle se
laisse reconduire iL son lit et y reprend immédiatement son alli-
tude accoutumée. Mais cependant, bien que sa tête soit sous ses
couvertures et qu'elle paraisse dormir, elle n'eslaucunemenl in-
différente à ce qui se passe autour d'elle et si on change de place
soit ses chaussons, soit sa descente délit, elle sort la tête vive-
ment et gémi 0 jusqu'à ce qu'on ait réparé le désordre. D'ailleurs,
de même que la malade exige que tout soit comme à l'ordinaire,
de même elle s'oppose à toute sollicitation nouvelle, et son négaLi-
visme la fait alors se contracter et se raidir avec une force que l'on
n'aurait jamais supposée chez une malade aussi peu musclée.
Celte situation ne se modifie en aucune façon pendant toute la
durée du mois de février 1905. Quel que soit le changement
qu'on veuille apporter, qu'il s'agisse du détail le plus minime ou
d'un moyen essayé pour amener un changement dans la sléréo-
typie, on peut être sur d'avance que l'on n'obtiendra aucun résul-
tat. C'est ainsi que, cherchant à solliciter la malade pour la faire
manger, on la menace de la gaver par la narine gaucho. Elle se
débat et cependant quand on a réussi il la gaver par ce côté, on
arrive, simplement à ce résultai de la rendre plus méfiante et de
lui faire prononcer avant le gavage ces mots : « Toujours du
même côté ! » File résiste, bien entendu, à toutes les tentatives
que l'on l'ail pour l'alimenter d'une autre manière que par le ga-
vage. En dehors des gavages, la malade reste couchée dans la
même attitude, indifférente en apparence iL ce qui se passe : mais
si l'on vient à changer quoique ce soit dans sa chambre, elle s'op-
pose à toute nouveauté, répétant sur un ton monotone et plaintif
son : «'toujours la même chose )),jusqu'ilce que tout soit rentré
dans l'ordre'.
Pendant le mois de mars 1905, elle paraît s'améliorer un peu.
Ace moment elle refuse toujours la nourriture, mais on peut l'ha-
bituer lentement à une très légère initiative personnelle. C'est
ainsi que, à condition de tout laisser en place comme à l'habitude
on arrive à la faire se lever d'elle-même, prendre son peignoir, se
le mettre sur les épaules et venir s'asseoir sur la.chaise pour le
gavage. Tous ces mouvements spontanés et nouveaux sont, ilest
vrai, extrêmement lents et comme empruntés : ils contrastent,
comme toujours dans ce cas, avec les mouvements stéréotypes,
lesquels s'accomplissent sans effort; cependant, leur répétition
journalière amène une plus grande facilité dans leur accomplis-
sement.
On ne la fait sortir de son apparente indifférence qu'en la me-
naçant de changer quelque chose à ses habitudes.
Cette situation persiste pendant tout le mois de mars, sans que
REFUS D'ALIMENTATION DANS LA DÉMENCE CATATONIQUE. 169
l'on puisse apporter un changement quelconque. Elle refuse obs-
tinément tout autre mode d'alimentation que par la sonde, serre
fortement les mâchoires quand on veut tenter de lui introduire
dans la bouche une cuiller ou tout autre instrument semblable.
Pendant le II1nisd'a\ l'il, ou commença à essayer d'utiliser ses
tendances à la stéréotypie pour lui réapprendre à manger, et ar-
river ainsi à substituer une stéréotypie à une autre. Comme elle
paraissait à ce moment plus éveillée etmoins négativiste, on put
l'habituerainsi progressivement avoir une cuiller et un bol sur
la commode à côté de laquelle elle s'asseyait pour le gavage. Puis
on lui lit prendre cette cuiller et on l'exerça lentement à faire le
geste de la porter à sa bouche. Dès que l'on a pu arriver à ce ré-
sultat, et que la malade accepte volontiers de laire ce geste, on
met un peu de bouillon dans le bol, et on l'exerce il en prendre
une faible quantité dans la cuiller, puis de porter cette dernière à
ses lèvres. Cherchant toujours à perfectionner ce geste, et à y
ajouter un peu de nouveau d'une façon lente et progressive, on
lui fait mettre la cuiller dans la bouche et y renverser le liquide
qu'elle a pris. Au début, et pendant près de dix jours, ce mouve-
ment se perfectionne de plus en plus, s'accomplit de plus en plus
facilement, mais la malade ne fait aucun mouvement de dégluti-
lion et laisse couler hors de sa bouche tout le liquide qu'elle y avait
introduit. Quelques jours après, elle commence à faire un léger
mouvement de déglutition, puis le fait de mieux en mieux jus-
qu'à ce qu'elle arrive il avaler convenablement sa cuillerée de li-
quide. Pendant tout ce temps, elle n'accepte d'ailleurs de faire
ces quelques essaisqu'à la condition d'être gavée ensuite, et que
ce soit : « Toujours la même chose ».
Vers la fin du mois d'avril, Mme D ? arrivait donc à pren-
dre plusieurs cuillerées de, potage ; à ce moment, on lui lit pren-
dre l'habitude de saisir directement la tasse dans ses mains et de
boire à même. Elle commença par de petites quantités, puis on
put augmenter les doses qu'elle prenait, en même temps que l'on
diminuaitparallementlesgavagcs. On putainsine lui faire qu'un
seul gavage par jour. Puis, la quantité de ce gavage journalier
fut encore diminuée, et l'on arriva finalement, dans les premiers
jours du mois de mai, à la faire s'alimenter seule d'une façon à
peu près convenable en lui faisant ingérer par jour deux litres et
demi de lait, quatre oeufs et quatre cuillerées à soupe de poudre
deviande.
Sa famille n'ayant à ce moment aucune raison de la laisser
plus longtemps à Paris, on décida de l'emmener de nouveau à la
campagne. Mais ce transport ne se fit pas sans une grande dé-
fense de sa part ; elle supplia de nouveau qu'on la laissât tran-
quille, demandant à rester et à ne rien changer à ses habitudes.
On put néanmoins la transporter à la campagne*; elle y reprit
170 CLINIQUE MENTALE.
immédiatement ses habitudes anciennes, la même altitude en
chien de fusil, se créa de nouvelles stéréotypies à propos de tous
les petits détails de la vie journalière, mais continua d'accepter
à s'alimenter plusieurs fois par jour en buvant dans la même
lasse et aux mêmes heures la même quantité df liquide. Ainsi
donc, de même que le refus, ou plus exactement, l'impossibilité
du s'alimenter, étaient apparus lentement et progressivement
chez cette malade, de même ce ne fut que d'une façon progres-
sive et lente que l'on put lui faire accepter à nouveau une ali-
mentation rationnelle.
Pendant les mois qui suivirent, Mme D ? ne s'alimenta
guère que d'une façon irrégulière et insuffisante ; celte alimen-
tation défectueuse amena chez elle un amaigrissement considé-
rable, et l'on fut obligé d'avoir recours de nouveau au gavage
journalier; tandis qu'elle prenait seule un potage de somatise. A
cette époque (novembre 190;), elle élait redevenue légèrement
excitée, iié,,a[iN isle, capricieuse, se laissant tomber à terre quand
on lalcvail, parlant, sur un Ion enfantin, avec des rires et des gri-
maces. Elle cherchait à ennuyer son entourage, demandant du
vin blanc et du raisin pour le manger seule : quand on lui de-
manda la raison de eu désir, elle répondit que c'était pour uriner
davantage et faire ses besoins dans son lit. Cette période d'exci-
tation légère avec négativisme fut d'ailleurs très courte : La ma-
lade retomba bien vite dans son étal du stupeur habituel : ù ce
moment, elle consentit il s'alimenter d'elle-même avec des
potages et des oeufs.
Il nous semble que ces deux observations paraîtront
au lecteur suffisamment probantes pour entraîner sa
conviction. Prenons, en effet, la première observation :
on y voit que le début du refus d'alimentation com-
mence avec des idées de persécution ; puis l'alimenta-
tion se rétablit, mais d'une façon irrégulière ; enfin, la
sitiophobie s'installe en même temps qu'apparaissent
des symptômes plus nets de démence catatonique. A ce
moment, y a-t-il simplement du négativisme ? Non, car
on le trouve associé à la stéréotypie, à la stupeur ou à
du mutisme. Plus tard, on observe de la suggestibilité,
des stéréotypies d'attitude, et cependant le gavage est
toujours nécessaire, sans que l'on puisse vraiment dire
lequel de ces symptômes entraîne le refus d'aliments,
puisque ces symptômes sont étroitemement associés. La
seconde observation nous paraît tout aussi nette : la
sitiophobie s'installe chez cette malade d'une façon
GROSSESSE ET PT'I;RPLRALITt, CHEZ UNE ÉPILEPTIQUE. 171
extrêmement lente : c'est pendant sa période de stu-
peur catatonique qu'elle mange de moins en moins, de
même qu'elle réagit de plus en plus mal à toute sollici-
tation extérieure ; elle met deux heures pour faire un
repas, comme elle met autant de temps à s'habiller,
mais est-ce à dire qu'elle refuse les aliments ' ?
Non, elle ne les prend pas, mais quand on lui facilite
la besogne, elle accepte le gavage. Pendant la période
des gavages, elle a de la stupeur, de la stéréotypie, du
négativisme, et toujours ces symptômes sont si étroite-
ment liés qu'on ne peut attribuer la sitiophobie à aucun
d'eux. On rétablit l'alimentation normale en utilisant la
stéréotypie, et la malade recommence à manger. Mais
ce résultat ne s'obtient que lentement, de même que la
non alimentation s'était installée d'une façon progres-
sive. On ne peut donc raisonnablement, dans aucun de
de ces deux cas, incriminer un seul symptôme donné
le mieux nous ] tarait être de considérer la non-alimen-
tation des malades commela conséquence du syndrome
catatonique dans son ensemble.
Un terminant, qu'il nous soit permis de nous excuser
de l'apparente contradiction qui existe entre le titre
même de cet article et l'opinion qui s'y trouve émise :
le terme de refus d'aliments ou encore de sitiophobie ne
se trouve employé ici que parce qu'il n'y en a point
d'autre en usage courant dans la pathologie mentale.
Mais si, comme nous l'espérons, le lecteur se rend à nos
raisons, il conviendra facilement que le terme de non-
alimentation employé un peu plus haut serait plus
exact et conviendrait bien mieux à ce genre d'état.
CLINIQUE NERVEUSE
Grossesse et puerpéralité chez
une épileptique atteinte de chorée ancienne;
Parle 1)' AIt51111OL)J, médecin-adjoint de l'asile de Leyae (Lot).
Par quelques recherches bibliographiques, nous avons
pu nous convaincre que, si l'attention s'est portée depuis
172 CLINIQUE NERVEUSE.
quelques années sur l'existence de troubles choréiques
chez les femmes enceintes, les cas publiés se rapportent
en général à ce que l'on appelle classiquement la chorée
des femmes enceintes, ou chorée gravidique, dont le prin-
cipal caractère est d'apparaître au cours de la grossesse et
sous l'influence provocatrice de celle-ci.
Nous n'avons pas trouvé dans la littérature médicale
de cas analogues à celui que nous présentons dans ce tra-
vail, et que nous avons observé à la clinique obstétricale
de la Faculté de médecine de Toulouse : notre malade
était atteinte depuis longtemps de chorée électrique, que
le travail a fait disparaître momentanément, et d'épilep-
sie qui n'a subi aucune modification du fait de la gros-
sesse, si ce n'est au moment du travail. En outre, chorée
et épilepsie s'influençaient réciproquement, comme va
nous le montrer l'observation.
Germaine S ? 35 ans, primipare, entrée à la Clinique d'accou-
chements, le 8 février H)Q5. Elle présente des antécédents héré-
ditaires presque nuls : père asthmalique, mort à G7 ans. Mère
morte de pneumonie il 45 ans ; trois soeurs en bonne santé. Pas
d'all'ections nerveuses, ni de maladies mentales déclarées dans
la famille; nous n'avons pas de renseignements plus complets sur
la parenté. Dans lesantécédents personnels,on ne relève qu'une
rougeole à l'âge de six ans, pas d'autre maladie jusqu'à douze
ans. Pendant sa jeunesse, cauchemars nocturnes terrifiants. De
bonne santé habituelle, S ? qui habitait la campagne, fut de
bonne heure placée comme domestique de ferme.
Réglée entre douze et treize ans, elle fut prise, à la suite d'une
vive frayeur, survenue au moment de sa première menstruation,
d'une attaque convulsive intense dont elle ne peut retracer avec
précision les circonstances. Peu de temps après cette première
crise, apparurent des mouvements cloniques involontaires, cho-
réiformes, installés d'une façon définitive dès leur apparition,
avec les caractères qu'ils présentent aujourd'hui. Leur intensité
était telle, même dans les moments de repos relatif de l'appareil
moteur, que notre malade devint rapidement inapte à exécuter
aucun travail régulier exigeant quelque précision dans les mou-
vements ; sa famille fut obligée de la reprendre et l'employa
comme bergère.
A la première attaque succédèrent, avec une périodicité régu-
lière, d'autres crises convulsives, qui se reproduisaient environ
tous les quinze jours. L'attaque était annoncée par une exagéra-
tion très marquée des mouvements choréiformes durant deux
GROSSESSE ET PUEI21'R.1LIT CHEZ UNE ÉPILEPTIQUE. 173
ou trois jours. Quelques instants avant l'attaque, céphalée lé-
gère, lassitude profonde ; d'après ses parents, elle perd connais-
sance, pousse un cri rauque soit en tombant, soit au moment des
premières convulsions, puis se relève au bout de quinze à trente
minutes, sans passer par la phase du stertor. Pas de morsure de
la langue, pas d'émission involontaire d'urine ou de matières
fécales. Après l'attaque, diminution des mouvements choréifor-
mes en intensité et fréquence pendant quatre ou cinq jours. Les
règles n'exercent aucune influence sur la fréquence ou la moda-
lité des crises convulsives.
Notons que celles-ci, d'après la malade, ne s'accompagnaient
pas nécessairement de perte de connaissance ; parfois S ? se ren-
dait compte de ce qui se passait autour d'elle sans pouvoir réagir.
C'est ainsi qu'elle serait devenue enceinte : Un pâtre abusa d'selle
en mai 1904 alors qu'il la vit incapable de lui résister ('').
Pendant les premiers mois de sa grossesse, les crises connut-
hhes seraient devenues un peu plus fréquentes sans nulle modi-
fication dans leur caractère ou leur durée. L'interrogatoire ne
fournit pas d'autres indications. La malade arrive à la Clinique
avec le diagnostic d'épilcpsie. Pas d'alcoolisme.
Etat actuels S ? est de taille moyenne et de constitution ro-
buste ; pas de traces de rachitisme ; les attaches des membres
sont folles. Squelette bien conformé. Le front est très bombé,
saillant ; le crâne présente de l'asymétrie par aplatissement du
pariétal droit à sa partie antérieure. A la racine des cheveux,
existe du côté droit une cicatrice qui n'intéresse que le cuir che-
velu. Légère asymétrie faciale par déviation légère de la bouche
vers la gauche ; le pli naso-génien gauche est plus marqué, pas
de déviation de la langue. Un n'observe néanmoins aucun signe
ni vestige de paralysie faciale. Pas d'asymétrie osseuse de la
face. Voûte du palais ogivale, dents mal implantées, adhérence du
lobule de l'oreille. Pas de strabisme. La langue ne présente
pas decicatricesde morsures. -1)ucùt Iles téguments; on constate
sur le genou droit une longue cicatrice parcheminée, causée par
une brûlure remontant à la première enfance (chute dans le feu).
Le système musculaire est fortement développé au sens anato-
mique. Mailla force musculaire est notablement affaiblie par
l'agitation motrice. La force de pression est bien inférieure à la
moyenne, sans que nous puissions en fournir la valeur dynamo-
métrique (les secousses choréiformes, impossibilité de
l'aire comprendre à la malade ce que l'on attend d'elle). Pas d'hé-
miplégie, ni d'hémiparésie. 1.'alfail>lissement plus marqué à gau-
che est en rapport avec la prédominance habituelle et normale du
côté droit chez la plupart des'individus. A l'examen électrique,
les réactions musculaires sont normales; la faradisation, bien to-
lérée, n'amène pas la moindre, exaspérai ion motrice.
174 CLINIQUE NERVEUSE.
La sensibilité est conservée ; pas d'analgésie ; au contraire un
certain degré il la piqûre ; la Llternloeslhcsiu
est normale : des objets froids et chauds ne sont pas confondus.
La sensibilité tactile n'est point exagérée, les perceptions sont
assez nullement localisées.
Nous n'avons pu délimiter aucune zone cutanée (l'anesthésie
ou d'hyperesthésie : pas de, zones Itystérogèncs. La sensibilité con-
jonctivale est diminuée ; la sensibilité cornéenne est normale (réac-
tion énergique et immédiate de l'orbiculairo palpébral.) Il existe
seulement de l'anesthésie pharyngée. L'examen des fondions
sensorielles ne révèle aucun trouble. L'audition est normale.
L'acuité visuelle est bonne ; à l'ophtalmoscope aucune lésion
du fond de l'oeil. Le champ visuel uslun peu rétréci, surfont pour
l'oeil gauche, mais sans irrégularité ; il ne présente en aucun point
ni chevauchement, ni inversion des couleurs, qui sont foules
perçues. Les fonctions de l'odorat et dugoût s'effectuent normale-
ment.
Tels sont les résultats des divers examens auxquels nous nous
sommes livré (l'examen des réflexes suivra l'étude des (roubles
moteurs). Ces examens ont été rendus particulièrement difficiles
par la nécessité de courtes séances, pour éviter de fatiguer la ma-
lade. et par l'étal mental de celle-ci. S ? estime débile intellec-
tuelle congénitale ; les troubles choréiformes, installés depuis
plusieurs années, ont encore augmenté son affaiblissement intel-
lectuel, qui l'expose aux railleries de ses compagnes de dortoir. La
compréhension eLla conception des idées sont lentes; d'autre
part, elle a constamment besoin d'être dirigée dans les actes de
la vie courante et se montre complètement passive. Au moment
de l'apparition des paroxysmes convulsifs, elle devient irritable,
el soutire de ne pouvoir exécuter aucun mouvement volontaire.
Son affectivité est très affaiblie : la suite de l'observation nous ap-
prend qu'après la mort de son enfant, elle n'a manifesté aucun
chagrin. En revanche, son émotivité est grande, et se manifeste
par de l'inquiétude anxieuse, dont l'intensité se mesure il celle
des troubles choréiques. La malade n'a jamais été atteinte d'au-
cune psychose.
Les fonctions organiques s'accomplissent d'une façon physiolo-
gique (fonctions <1 igesti \ cs, respiratoires, circulatoires). Pouls ré-
gulier à 80 pulsations. Pas de lésions cardiaques. La malade ne
présente ni stigmates, ni lésions de syphilis anciennes ou ré-
centes.
Les troubles choréiques, par leur intensité et leui fréquence,
sont le premier symptôme qui s'impose à l'observation. Ils unt
pour caractères essentiels d'être absolument involontaires, brus-
ques et semblables à des secousses électriques, généralisés. Si la
malade cherche par un ellorl volontaire, énergique, à se rendre
GROSSESSE ET PUERPÉRAUTE CHEZ UNE ÉPILEPTIQUE. 175
maîtresse de ses secousses, elle n'y réussit point ; elles s'exai-'è-
rent au contraire quand l'effort est épuisé. Elles sont, dans leurs
moments de plus grande atténuation, séparées par des inter-
valles de repos pouvant atteindre une minute de durée. Puis se
produisent coup sur coup trois ou quatre secousses plus fortes,
rapides et rapprochées, comme s'il se produisait une décharge
d'énergie accumulée, après laquelle la détente se produit, tou-
jours très courte. Les intervalles entre les mouvements convul-
cifs onf une durée des plus variables, qui atteint rarement ce
maximum d'une minute, et qui est d'autant plus courte que les
mouvements choréiques sont plus violents. La succession de ces
mouvements est irrégulière, grâce il l'apparition fréquente d'caa-
cerbalions paroxystiques. Dans les moments où l'agitation mo-
trice est la plus violente, les mouvements se succèdent avec une
grande rapidité, coup sur coup. Si par moments les intervalles
sont supprimés, ils existent il d'autres, très courts et toujours de
durée inégale.
Les mouvements convulsifs apparaissent brusquement, saisis-
sant la malade dans la position où elle se trouve et présentant
d'emblée toute leur intensité, et disparaissent avec la même sou-
daineté. Elles ressemblent à des secousses électriques par la brus-
querie de leur apparition et de leur disparition, par leur instan-
lanéité, et par un certain lonisme : on n'observe pas la gesticu-
lation caractéristique de la chorée de Sydenham. Les mouve-
ments sont généralisés. Quand la malade est allongée sur son lit,
en résolution musculaire, elle est surprise par un mouvement
involontaire, qui, dans un soubresaut généralisé, élève le corps
au-dessus du plan du lit, par contraction des muscles dans la
région dorso-lombairc. Les membres inférieurs tantôt sont soule-
vés en masse au-dessus du lit, avec flexion légère des cuisses sur
le bassin, tantôt sont allongés en extension. La contraction toni-
que semble atteindre les divers groupes musculaires du membre
inférieur avec une intensité variable, d'autant plus grande qu'ils
sont plus voisins de la racine du membre. Le pied se place en ex-
tension sur la jambe; lesorteils restent immobiles. Les membres
supérieurs sont plus atteints dans leur ensemble par les mouve-
ments : si la malade a les mains croisées sur l'abdomen au mo-
ment de la contraction (altitude habituelle), elles sont violemment
disjointes par un mouvement de projection en avant de tout le
membre ; en même temps, l'épaule est élevée (haussement
d'épaules). L'avant-bras exagère sa flexion, les doigts sont épar-
gnés par la contraction : s'ils étaient allongés, ils restent dans
celle position, sans raideur ; on n'observe jamais ni mouvements
alhélosiques, ni culte attitude 'de contracture en extension exagé-
rée que présentent les athétusiques. Si les doigts étaient fléchis,
ils se crispent en exagérantleur flexion. Si les bras étaient allon-
176 CLINIQUE NERVEUSE.
gés le long du corps, ils sont soulevés de dix centimètres environ
au-dessus du plan du lit avec flexion légère de l'avant-bras.
Lesmuscles abdominaux se contractent violemment, énergique-
ment, pour tendre la paroi. 11 a été impossible de savoir par un
examen direct, en raison de la contraction de ces muscles abdomi-
naux, s'il y a durcissement du muscle utérin.
Interrogée, la malade déclare que son ventre est douloureux
pendant les contractions. Le cou se durcit et se gonfle, par con-
traction de tous ses muscles qui provoque la turgescence mani-
feste des veines jugulaires, saillantes sous la peau. La nuque se
raidit en fixant la tête en extension et la projetant en arrière
sur l'oreiller, en même temps que les muscles rotateurs la dé-
vient parfois latéralement. - Les muscles respiratoires sont con-
tractés, et la respiration suspendue soit en inspiration, soit en
expiration, pendant la durée de la contraction.
C'est la face qui est la plus atteinte par les mouvements cho-
réiformes : tous ses appareils musculaires sont intéressés. Le
masque facial est constamment modifié par la contraction invo-
lontaire des divers muscles de l'expression, qui lui donne un as-
pect grimaçant. Les sourcils sont attirés en haut des deux côtés
par une action musculaire synergique. En même temps se creu-
sent, entre l'extrémité interne des sourcils et la racine du nez,
les rides verticales profondes qui expriment d'habitude la souf-
france. Le spasme de l'orbiculaire des paupières provoque un
clignement d'yeux douloureux. Les lèvres se serrent convulsive-
ment, et la contraction de l'orbiculaire des lèvres détermine un
rictus grimaçant par son association avec le relèvement des com-
1111Sa111'eS labiales, attirées en haut. L'aile du nez est écartée, re-
levée en haut, et la narine dilatée des deux côtés, avec prédomi-
nance du côté droit, par suite de l'adjonction, aux mouvements
choréiques que nous décrivons, d'un tic convulsif unilatéral. -
Déviation conjuguée des yeux, qui se portent tantôt en haut, tan-
tôt en bas. - Les mâchoires se contractent.
La langue est projetée en avant entre les dents, entre les-
quelles sa pointe est souvent mordue légèrement, ou bien elle est
projetée en arrière et en haut et accolée contre la voûle du pa-
lais, tandis que sa base, durcie, abaisse l'épiglotte sur le larynx.
Cependant on n'observe jamais de cyanose, soit que la durée de
la contracture soit trop courte, soit que l'occlusion du larynx soit
incomplète.
Au moment où se produit une secousse convulsivu, la parole
est inten ompue. La malade éprouve une sensation de boule au
niveau du larynx; quelquefois un son rauque est émis, par suite
de la contraction des muscles de la glotte qui se produit brusque-
ment au moment de l'émission des sons.
Si la malade est assise sur son lit, le buste et la tète sont pro-
GROSSESSE ET PUERPÉRALITÉ CHEZ' UNE ÉPILEPTIQUE. 177
jetés en arrière en masse, et la tête retombe sur l'oreiller. -
Quand le-, mouvements involontaires saisissent la malade, pen-
liant son repas ou pendant l'accomplissement d'un mouvement
volontaire, celui-ci est brusquement interrompu, mais la con-
traction n'immobilise pas le membre dans son altitude du mo-
ment; ladirection primitivement- voulue est. totalement modifiée
par exagération du mouvement : si la malade portait la main sur
sa tête. la main est projetée latéralement et dépasse le but.
Quand les mouvements musculaires la surprennent debout,
elle est obligée de chercher un appui pour ne pas tomber. Pen-
dantia marche, ses jambes se dérobent sous elle, el elle tombe
fréquemment quand elle n'est pas soutenue. Les chutes sont
d'autant plus fréquentes que les membres inlérieurs sonl souvent
le siège, même dans l'intervalle des mouvements convulsifs, de
tremblements qui déterminent la chule, Quand les mouvements
choréiques sont trop intenses et rapprochés, la malade ne peut
prendre ses repas sans cire aidée : il lui est impossible de tenir
.on assiette et de porter les aliments à sa bouche.
Les contractions choréiques varient d'un jour à l'autre, et quel-
quefois d'un moment il l'autre de la journée, en intensité et sur-
tout en fréquence. Parfois assez espacées pour permettre un calme
relatif, elles sont d'autres fois si rapprochées que l'une se produit
avant la cessation de la précédente : lorsque plusieurs secousses
'1' produisent sans intervalle, il se produit une sorte de tétanisa-
lion musculaire généralisée très pénible pour la malade. La
cause la plus (utile exagère ces phénomènes : la fatigue produite
par notre examen, l'insomnie même légère, etc. z
D'après les renseignements que nous avons pu recueillir, la
grossesse aurait un peu exagéré cet élat choréique, mais seule-
ment au point de vue de sa fréquence. Cet état rend la malade
impropre à toute occupation suivie : dans sa famille, on l'em-
ployait surtout autrefois à garder des bestiaux, quelquefois à de
menus travaux d'intérieur, quand elle était moins agitée.
At'examen; on observe parfois des tremblements fibrillaires
sur la face interne des cuisses : mais ce signe est inconstant. On
observe également un tremblement (ihrillaire limité à la pointe
de la langue, tremblement très menu, qui n'intéresse pas la masse
de l'organe et, ne produit pas de trouble de la parole.
Les mains présentent un tremblement également, inconstant, a
petites oscillations rapides, visibles seulement à l'extrémité des
doigts, et de faible amplitude, variable aux divers doigts. Ce
tremblement, n'a aucun des caractères du tremblement alcooli-
que, auquel les anamnesliques ne permettent pas de songer, pas
plus qu'aux tremblements l1ydml'g l'i(IUpS de la sclérose en pla-
ques, de.
Le réflexe patellaire seul est un -peu exagéré ; les autres ré-
.RCmvr.s. ? ".éri. 1906, i. \t. 12
178 8 CLINIQUE NERVEUSE.
flexes tendineux sont normaux. Les réflexes du llosenbach et cu-
tané plantaire sont également normaux. Pas de signe de Ba-
binski. -
L'incoordination motrice dans la marche, qui pourrait faire son-
ger au tabès, n'est accompagnée d'aucun des signes essentiels à
cette affection.
(le la malade dans le service, l'agitation motrice est
extrême. Repos au lit, potion de chloral. Pendant la première se-
maine, elle présente, la nuit, des crises fréquentes, mais courtes
et incomplètes. Etant donné l'heure, elles n'ont pas été conve-
noblement observées. Mais ce que l'on pouvait déjà noter, c'est :
la Pas d'évacuations; 2- Pas de morsure de la langue; 3" Pas
d'ecchymoses sous-conjonctivales ; 40 Répétition de petites crises
successives toutes semblables, séparées par de courts intervalles.
Le 14 lévrier, dans l'après-midi, la malade éprouve un peu de
contrariété, car ses compagnes se moquaient d'elle. Elle a une
crise qui a pu être observée par l'aide de clinique. Début par une
douleur assez vive dans les membres inférieurs ; contraction des
orteils en flexion, douleur épigastrique, et sensation violente
d'étouffement. Chute. Convulsions toniques. Les convulsions clo-
niques sont intenses, mais courtes. Stentor peu profond. Trois
minutes après environ, nouvelle crise : tous les muscles du corps
sont contractures, la tête se renverse en arrière, les membres se
placent en extension, les globes oculaires se convulsent en haut;
la malade bave. Cet état dure peu, et les convulsions cloniques
succèdent rapidement à la phase tonique. Les membres sont le
siège de convulsions généralisées et violentes, et le tableau cli-
nique précédemment observé se renouvelle.
Il se produit ainsi cinq crises successives séparées par de courts
intervalles et incomplètes : absence d'émission involontaire
d'urine et de matières fécales, de morsure de la langue. La pé-
riode comateuse est de courte durée. Pendant les crises, perte de
connaissance complète : faciès pâle, pupilles dilatées, pouls fré-
quent et fort, hypertension artérielle dans la temporale supcrli-
cielle ; la respiration, courte, haletante et irrégulière, n'est point
suspendue. C'est la seule crise qui ait été observée par un témoin
compétent, la seule aussi de pareille intensité qui soit survenue
au dortoir pendant la. journée. On a signalé des crises nocturnes,
plus courtes. Une seule fois (' ! ), la malade a été atteinte d'un ver-
tige. Eu somme, les crises auraient augmenté du nombre depuis le
début de la grossesse.
Le 24 lévrier, la malade est isolée dans une chambre, et l'on
institue un traitement : repos au lit, chloral en lavements quo-
tidiens. Ceux-ci sont bien tolérés, mais restent sans effet sédatif
bien marqué soit sur les mouvements choréiformes, soit sur les
crises. Régime lacté mitigé (un litre de lait), pour maintenir la
GRUSSESSE I;t' PUERPÉRALITÉ CHEZ UNE ÉPILEP rIQL8, 179
diurit ? lullu'au 15 mars le : ; anal ses (L"tll'ine ne décèlent aucune
trace d'albumine. A celte époque, apparaît un léger nuage 1)ei-sit-
tant. Voici le résultat de l'analyse pratiquée au Laboraloirc des
cliniques, le t8 mars :
180 CLINIQUE NERVEUSE.
chôment annonce la fin de la crise qui est suiv ie d'une période de
coma d'une durée de 10 minutes environ, pendant laquelle la
malade reste immobile, les yeux fermés dans une inconscience
absolue. Ensuite, les yeux s'ouvrent : mais, encore hébétée, la
malade ne peut comprendre ce qu'on lui dit et ne sait ce qui s'est
passé; la conscience ne redevient complète qu'au bout de quel-
ques minutes. S ? se plaint alors d'une douleur à la nuque.
Pendant la phase de contracture, les membres supérieurs sont
allongés le long du corps, la main'ouverte, et le pouce un peu
replié vers la paume de la main.
L'analyse des urines, l'aile aussitôt après la crise, ne décèle
pas la moindre trace d'albumine. Les urines sont claires et abon-
dantes. A la suite de celle crise, régime lacté absolu (2 litres de
lait en 24 heures), et théobromine (1 gr. par jour). Le régime
lacté esl maintenu pendant 2 jours après la crise.
Dans la nuit du 2 au 3 avril, vers J heures du matin, rupture
spontanée et prématurée des membranes, qui laissent écouler un
liquide amniotique de couleur blanchâtre et de quantité normale,
mélangé de quelques stries sanguinolentes. Les premières con-
tractions utérines douloureuses apparaissent quelques instants
après, espacées, mais assez durables, encore peu douloureuses.
L'examen obstétrical pratiqué le 30 mars, avait révélé une pré-
sentation du sommet (la tête du la'tus élanl retenue encore au-
dessus du détroit supérieur), et une dilatation du col de 2 cm.
environ, avec perméabilité de l'orifice externe seul.
Le 3 avril, à 7 heures du matin, le palper montre la tête foetale
légèrement fixée, défléchie ; la région occipitale est très nette-
ment perçue à droite et un peu en arrière ; le dos, difficilement
accessible -IL droite, est situé au fond de l'uLe us; les petits mem-
bres sont perçus en avant, à la fois des 2 côtés de la ligne mé-
diane. Les bruits du coeur foelal, transmis par le plan antérieur
du foetus, sont nuls, bien frappés ; on en compte 1 'lU par minute.
.\u loucher, lu col, presque complètement effacé, à bords épais,
mesure peine 1 2 centimètre ; souple, il est dilatable jusqu'à
un maximum du 2 cm. environ. Le doigt arrive à travers le col
sur la fontanelle antérieure et la suture mélopillue, (illi est pa-
l'allèle au diamètre oblique gauche. A gauche et en avant, on
touche les yeux et le nez.
La dilatation s'effectue très lentement par suite d'un certain
degré d'inertie utérine (contractions utérines très espacées, tris
courtes et à peine douloureuses) : les contractions son ! faibles
pendant toute la journée du 3 avril ; à 11 heures du soir, dilata-
tion de 3 cm. Le 4 avril, à 4 heures du malin, dilatation de
5 cm., qui ne progresse point jusqu'au soir vers Il 1 heures. Pen-
dant ces deux jours, la malade présente un calme absolu, et n'est
agitée par aucun mouvement choréique involontaire. Pas de crise
GROSSESSE ET PUERPKRAL;TE CHEZ UNE ÉPILEPTIQUE. 181
d'épilepsie. Aucun l rouble nerveux ne vient entraver ni modifie)
la marche du travail, qui est régulière et simplement ralentie par
finertie utérine. Notons que pendant cette durée aucun lave-
ment de chloral n'a été administré. Il n'existe d'autre phénomène
pathologique qu'une très légère albuminurie, décelée par des
analyses répétées pendant toute la durée du travail.
Malgré l'arrêt de la dilatation, la tête se défléchit dans la soirée
du 4 avril : à 8 heures du soir, on peut arriver sur les narines du
fmtus. Le coeur foetal bat 148. A minuit, la dilatation a progressé
18 cm.), et l'engagement s'accomplit. La dilatation est complète à
I heure du matin, le 5 avril. A partir de ce moment, tout se ter-
mine rapidement : l'expulsion du foetus est achevée à 3 heures
du matin. La face se dégage la première : on aperçoit d'abord
la bouche et la langue de l'enfant, qui exercent des mouvements
de succion ; peu à peu se dégagent le nez, puis les paupières, et
en dernier lieu le front, violacés, ecchymotiques. Après fléchisse-
ment manuel de la tète, celle-ci se dégage aussitôt et l'expulsion
s'achève rapidement. Ce n'est que dans les dernières phases du
dégagement que les bruits du coeur, réguliers et bien frappés
jusque-là, s'assourdissent et cessent bientôt. L'enfant naît en état
de mort apparente, qui ne peut être attribué qu'à l'existence
d'une latérocidonce du cordon qui passait en sautoir sur l'épaule
postérieure du f,etus,eL s'est trouvé comprimé pendant le déga-
gement. Echec complet des diverses manoeuvres usitées contre
l'asphyxie blanche : la mort est définitive. Nous avons insisté
sur le détail de l'évolution du travail, pour montrer que les trou-
bles nerveux n'ont exercé aucune influence sur lui, et pour éta-
blir que la mort du foetus est accidentelle. La délivrance est phy-
siologique. Le placenta présente quelques particularités patholo-
giques : c'est l'existence d'un foyer hémorrhagique ancien et de
nodosités disséminées dans les cotylédons.
Suites de couches : physiologiques au point de vue obstétrical.
Pendant les quatre premiers jours après l'accouchement, le calme
du système nerveux est presqueahsolu. De loin en loin, quelques
rares convulsions musculaires de faible intensité. L'agitation mo-
trice a cessé, et ne se trahit guère que par de légères contractions
localisées de la face, qui ressemblent plutôt à des tics, el par des
hoquet* convulsifs espacés. Le tremblement des mains persiste,
très affaibli dans son amplitude, et intermittent.
Dans la soirée du cinquième jour après l'accouchement (9 avril),
l'agitation choréique reparaît, progressivement croissante pen-
dant toute la nuit ; c'est, le prodrome d'une attaque d'épilepsie,
qui survient dans la matinée du 10 avril, avec les caractères habi-
tuels : la crise se compose d'une phase de convulsions Ioniques
soudaine avec perte de connaissance, écume aux commissures
182 CLINIQUE NERVEUSE.
labiales, mais sans cyanose du visage, et d'une courte période co-
mateuse. Les urines ne contiennent pas trace d'albumine. Traite-
ment : 1 litre de lait par jour, 50 cgr. de théobromine, un lave-
ment quotidien de chloral (ce dernier est supprimé dès que le
calme est revenu). Cette crise est suivie d'une nouvelle période,
de calme, qui dure jusqu'au 12" jour après l'accouchement (10
avril). Le l avril, nouvelle crise convulsive, moins intense que
la précédente. Nouvelle rémission des secousses involontaires jus-
qu'au 18e jour. A partir de ce moment (22 avril), les mouvements
choréiques reprennent leur intensité et leur Iréquence première.
Une vive contrariété provoque, dans la nuit du 20e au -¿le jour
(24-25 avril),une violenté crise convulsive, dans laquelle on relève
un symptôme inexistant dans les précédentes : émission d'urine
et de fèces. Les mouvements choréiques persistent après l'at-
laque avec une légère atténuation. Le 25 avril, S ? reçoit 2 lave-
ments de chloral. Elle quitte la clinique le lendemain, dans un
état de calme relatif : l'affection nerveuse a repris les caractères
et la marche qu'elle présentait avant l'accouchement.
La température a été prise matin et soir du 5 au 22 avril, elle a
oscillé entre 36°7 et 37", restant le plus souvent au-dessous de
7°. -Leponls avarié de 60 103, restant le plus souvententre
CI. 80.
Cette observation s'éloigne totalement de la chorée
des femmes enceintes, tant par sa forme clinique que par
son évolution. Chez notre malade, les mouvements sont
du type choréique, semblables aux secousses provoquées
par le choc électrique, non systématisés, généralisés et
étendus, et se répètent sans rythme à des intervalles va-
riables. Deux caractères importants empêchent de son-
ger à la chorée vulgaire de Sydenham, malgré le début
de l'affection dans le jeune Age de la malade : c'est, d'une
part, l'analogie du mouvement avec la secousse électri-
que ; d'autre part, l'absence de gesticulation choréique
permanente. Il existe des intervalles entre les mouve-
ments généralisés; en outre, ceux-ci ne sont pas contra-
dictoires comme dans la chorée vulgaire. Ici chaque
membre-exécute un mouvement dans sa totalité, et l'on
ne voit pas de gestes inégaux effectués par les divers
segments d'un môme membre. Il existe enfin une certaine
symétrie dans les mouvements de deux membres ho-
monymes, qui sont simultanés s'ils n'ont pas la même
étendue ; s'il y a de l'ataxie dans la marche, elle doit être
attribuée à la maladresse du système musculaire acquise
GROSSESSE ET PL'13R1'1 : RALIT1 : CHEZ UNE ÉPILEPTIQUE. 183
à la faveur de la longue durée de la maladie. Les mouve-
ments conjugués des globes oculaires plaident en faveur
de notre manière de voir.
C'est dans une autre catégorie du groupe des chorées
que doit se ranger notre observation. Malgré l'affaiblis-
sement moteur que nous avons constaté, il ne s'agit pas
de chorée molle : cette hyposthénie musculaire se re-
trouve dans toutes les chorées, et l'examen électrique, en
révélant des réactions électriques normales, a tranché
la question.
Le caractère des secousses électriques des mouvements
choréiformes, rapides, instantanés, de notre malade, im-
pose le diagnostic de chorée électrique. Cette catégorie
de chorée, étudiée par Triboulet avec les myoclonies
sous le titre général de «fausses chorées», est ainsi définie
par P. Blocq : « Des contractions musculaires cloniques.
semblables aux secousses provoquées par le choc élec-
trique, contractions involontaires non systématisées, lo-
calisées ou disséminées, se répétant sans rythme à des
intervalles variables, tels sont les caractères principaux
et communs des chorées électriques ». Ce sont bien les
caractères des mouvements choréiformes de notre ma-
lade.
Dans notre cas. les mouvements involontaires sont
généralisés, sans la localisation nette qu'affectent sou-
vent certaines formes de chorée électrique. Néanmoins,
il y a prédominance de ces mouvements sur la face, où
ils sont plus fréquents que dans le reste du corps.
La forme clinique affectée par l'affection choréique de
notre malade diffère absolument de la chorée gravidi-
que, qui reproduit la symptomatologie de la chorée de
Sydenham vulgaire. Celle-ci apparaît à l'occasion d'une
première grossesse, et n'est bien souvent qu'un rappel
d'une chorée antérieure ayant évolué dans l'enfance.
Dans noire observation, et c'est ce qui en fait l'intérêt
tout particulier, -nous nous sommes trouvé en présence
d'une chorée déjà ancienne, remontant au jeune âge. avec
association d'épilepsie, chez une femme présentant quel-
ques stigmates physiques- de dégénérescence, et un affai-
blissement intellectuel en partie congénital et en partie
lié àla double névrose. C'est sur cetcrrain que nousavons
184 CLINIQUE NERVEUSE.
vu évoluer une grossesse : il était intéressant de voir com-
ment évoluerait celle-ci et quelles modifications elle était
capable d'imprimer aux affections préexistantes. De l'ob-
servation on peut déduire les conclusions suivantes, qui
intéressent de façon égale le neurologiste et l'accou-
cheur :
D'après les renseignements fournis par la malade, les
troubles moteurs auraient subi une certaine exaspéra-
tion du fait de la grossesse ; hâtons-nous de faire des ré-
serves sur ce que nous n'avons pas constaté nous-
même.
Les crises d'épilepsie sont devenues un peu plus fré-
quentes. Quoiqu'il en soit, cette exagération nous parait
trop légère pour qu'il soit permis de lui accorder quel-
que importance. L'influence de la grossesse sur l'épilep-
sie est classiquement considérée comme très variable.
L'opinion de Pinard, d'après laquelle la grossesse exer-
cerait plutôt une influence favorable sur l'épilepsie, n'est
pas confirmée par notre cas. Les crises d'épilepsie se-
raient même devenues plus fréquentes au cours du
9e mois : la plus forte que l'on ait observée à la clinique
s'est produite un jour avant le début du travail ; c'est en
même temps la plus complète. Notons que cette crise in-
tense est restée unique. Auparavant, les attaques se re-
produisaient par séries de deux il cinq, plus courtes et
incomplètes.
La chorée, sur laquelle la grossesse n'avait exercé au-
cune influence favorable, s'est atténuée d'elle-même, sans
aucun adjuvant thérapeutique, pendant le travail : celui-
ci, quia duré ^ jours entiers, ne s'est accompagné que de
très rares mouvements involontaires, localisés unique-
ment il la face. Il en a été de même pendant les 3 ou 4 pre-
miers jours après l'accouchement. Ce n'est qu'à l'appro-
che d'une nouvelle attaque d'épilepsie et la veille seule-
ment, que l'agitation motrice a reparu avec son inten-
sité habituelle, et cela malgré les lavements de chloral.
Cet arrêt spontané et momentané pendant le travail ne
- <e rencontre pas dans la chorée gravidique qui s'exagère
au contraire lors du travail, chaque contraction utérine
augmentant le désordre des mouvements. Le travail, il
défaut de la grossesse, a donc exercé, dans notre cas,
GROSSESSE ET l'UI : RP1 : RALIT1 : CHEZ UNE 1 : 1'ILLI'CIQIrI·;. 185
une influence évidente sur les mouvements choréiques.
Comment expliquer cette action ? Là commence la diffi-
culté. Pouvons-nous invoquer une pathogénie analogue
à celle de la chorée gravidique ') Certains auteurs expli-
quent celle-ci par une action réflexe, dont l'origine se-
rait une excitation partie de l'utérus et transmise aux
zones motrices de l'écorce cérébrale. Le rôle de' la gros-
sesse est certainement plus complexe : chez la femme en-
ceinte se produit une modification humorale qui modifie
la nutrition des divers organes et change les conditions
de leur fonctionnement; le cerveau, et le système nerveux
tout entier, est atteint par ces modifications. Qu'une pré-
disposition nerveuse individuelle favorise la prédomi-
nance des troubles fonctionnels du système nerveux sur
ceux des autres organes, ce système réagit cliniquement
soit par une psychose aiguë, soit par une folie motrice,
soit quelquefois par ces syndromes associés (Triboulet).
- Une autre théorie pathogénique est née de l'étude
systématique des auto-intoxications de la grossesse :
les travaux de Bouffe de Saint-Biaise ont bien établi
l'influence de la grossesse sur la nutrition de l'orga-
nisme. Il ne s'agit plus d'une simple modification hu-
morale, mais d'un déversement dans le sang de pro-
duits toxiques qui imprègnent les tissus. Le foie altéré ne
remplit plus sa fonction anti-toxique, et il y a rétention
dans l'organisme de toxines, qui normalement sont éli-
minées : l'auto-intoxication gravidique est une hépato-
toxhémie. Tantôt celle-ci reste latente, ne se manifestant
que par de l'albuminurie, quelquefois des oedèmes plus
ou moins considérables, des foyers hémorrhagiques
et des infarctus placentaires, et demande à être recher-
chée ; tantôt elle se traduit cliniquement par des syndro-
mes bien définis : vomissements incoercibles de la gros-
sesse, crises éclamptiqùes.
Laquelle de ces théories devons-nous appeler à résou-
dre le problème pathogénique posé par le cas que nous
avons observé ? Notre malade présentait, il est vrai, des
symptômes d'auto-intoxication, gravidique : c'est le ptya-
tisme abondant, dont Bouffe de Saint-Biaise a montré la
signification ; c'est la présence de foyers hémorrhagi-
ques dans le placenta ; c'estenfin l'albuminurie légère
186 CLINIQUE NERVEUSE,
apparue dans le dernier mois de la grossesse. Mais les
lésions n'étaient pas assez prononcées sans doute. pour
constituer le syndrome éclamptique. A aucun moment,
les urines n'ont contenu ces quantités abondantes d'al-
bumine que l'on observe dans l'éclampsie convulsive.
L'intoxication était légère : le syndrome convulsif habi-
tuel chez notre malade \épilepsie) n'a pas subi une exa-
gération très sensible; à l'hypcrexcitabilité corticale des
accès épileptiques ne s'est pas ajoutée l'hyperexcitabilité
nécessaire pour provoquer la convulsion éclamptique.
L'on ne peut admettre ici que la cliorée résulte d'une
toxi-infection : aucune maladie infectieuse n'a été relevée
chez notre malade avant le début de la chorée. Si, d'autre
part, l'on suppose que des agents toxiques ont imprégné
les centres nerveux pour provoquer un mouvement con-
vulsif spécial, on ne s'expliquerait pas que cet état con-
vulsif dure depuis plus d'une vingtaine d'années sans
aucune rémission, à moins de supposer que, réagissant
à une toxi-infection passagère par la convulsion choréi-
que, les centres nerveux, affaiblis déjà auparavant parla
prédisposition héréditaire, ont été frappés de déchéance
définitive par cette toxi-infection initiale, et ont conti-
nué à réagir par le mode convulsif : l'agent toxique n au-
rait joué qu'un rôle étiologique. Mais alors, nous reve-
nons à la théorie nerveuse à laquelle nous donnons la pré-
férence ; que la cause initiale soit ou non d'ordre toxi-
infectieux, elle a touché un cerveau débile, prédisposé
au déséquilibre : l'équilibre préexistant était essentielle-
ment instable et l'élément nerveux très vulnérable. Loin-
fluence extérieure a dévié un fonctionnement déjà diffi-
cile ou retardé, puisque les acquisitions psychiques, au
début de la maladie, étaient restées très restreintes.
Deux modes de fonctionnement morbide étaient possi-
bles : d un côté, la psychose; de l'autre, le type convul-
sif. C'est ce dernier qui a prévalu. De là, l'association,
chez notre malade, de deux affections essentiellement
convulsives : épilepsie et chorée électrique.
La prédisposition toute puissante, puisque c'est elle
qui crée la faiblesse anatomique des centres nerveux on
le suppose du moins, en l'absence des preuves histologi-
ques encore à produire), et l'équilibre fonctionnel ins-
GROSSESSE ET PUERPÉRALITÉ CHEZ UNE ÉPILEPTIQUE. 187
table du système nerveux tout entier rendent il peu près
inévitable le déséquilibre psychique, et ne laissent libre
que le choix du mode réactionnel ; si d'un point de vue
général on distingue des catégories d'anormaux opposa-
bles l'une à l'autre : les convulsifs qui se rapprochent de
l'enfant et des animaux, et les cérébraux, bien supérieurs
aux précédents dans leur dégénérescence, parce que,
ayant acquis une organisation mentale relativemeut dé-
veloppée, ils sont capables de la perdre et de réagir par
des troubles psychiques, - on déduit forcément de cette
conception que notre malade, minus habens, dégénérée
inférieure, ne pouvait réagir que par un état convulsif à
la plus minime cause provocatrice.
La théorie nerveuse explique facilement pourquoi le
travail a atténué les mouvements choréiques, au lieu que
l'auto-intoxication les exagère dans la chorée gravidique.
Le travail a fourni une dérivation : quel qu'en soit le mé-
canisme (réflexe d'inhibition ou autre), l'attention du
système nerveux, si l'on peut s'exprimer ainsi, s'est por-
tée sur les voies génitales pour favoriser les opérations
successives de l'accouchement, et l'hyperexcitabilité des
centres supérieurs s'est trouvée diminuée de ce chef.
Cette hyperexcitabilité permanente nous parait proba-
ble : c'est elle qui rend le mieux compte de l'exacerba-
tion des troubles moteurs, prodromiques de l'attaque
d'épilepsie avec une telle netteté, qu'ils permettent de
l'annoncer Ainsi, le problème pathogénique nous sem-
ble résolu aussi complètement que possible par la théo-
rie nerveuse, malgré les signes certains o'auto-intoxica-
tion gravidique que présentait notre malade.
Enfin, les troubles nerveux n'ont exercé chez notre
malade aucune influence sur la grossesse et le travail,
qui ont évolué d'une façon à peu près normale. Je sais
bien que, d'après une théorie originale du Dr Larger, les
présentations anormales relèveraient de la dégénéres-
cence dont elles seraient même un stigmate ; mais cette
opinion estrestée trop personnelle à son auteur pour due
nous puissions y insister. La présentation était normale
jusqu'au moment du travail, et le défléchissement trop
prématuré de la tête foetale qui a déterminé une présen-
tation du la face, nous parait dû à une canse purement
188 RECUEIL DE FAITS.
obstétricale, tout comme la mort du foetus. Cette évolu-
tion normale de la grossesse est un fait intéressant pour
les accoucheurs, en ce sens qu'elle poserait un pronos-
tic favorable dans les cas de ce genre, à l'encontre du
pronostic sombre de la chorée gravidique, s'il pouvait
être déduit d'une seule observation. Il serait désirable
que d'autres cas semblables au nôtre fussent publiés pour
constituer les éléments d'un nouveau chapitre de cette
question : chorée et grossesse. Quoi qu'il en soit, la plus
minutieuse surveillance doit être recommandée dans
toute grossesse survenant chez les choréiques : c'est un
principe d'obstétrique qu'il faut tout prévoir dans les cas
complexes, et ne pas se laisser acculer à des situations
graves du dernier moment, qu'une intervention oppor.
tune aurait permis d'éviter; la conduite à tenir dans les
cas graves sera la môme que pour la chorée gravidique.
Voulant faire ici plutôt une étude de neuropathologie
que d'obstétrique, nous nous bornons à cette simple in-
dication.
RECUEIL DE FAITS
Folie et choc moral ;
Par le. Il° Madeleine PELLETIER
Pour les gens du monde, l'influence des émotions dans
le déterminisme de la folie ne fait pas de doute. Cou-
ramment, on signale des cas dans lesquels l'amour mal-
heureux, la perte de personnes aimées, les revers de for-
tune, une injustice flagrante et irréparée, ont amené la
perte de la raison. Mais pour les aliénistes, il en est tout
autrement et l'opinion qui prévaut chez eux est que les
vicissitudes de l'existence ne sont, quant à la folie, que
des causes occasionnelles, des réactifs révélateurs. Si
on a une bonne hérédité, un cerveau sain et exempt de
toute tare, c'est impunément que l'on pourrait essuyer
les pires revers; la fatalité aurait beau s'abattre sur l'es-
prit vigoureux, jamais elle ne parviendrait il le faire
FOLIE ET CHOC MORAL. 189
sombrer. Inversement, si on a affaire il un produit d'an-
cêtres tarés, dans la descendance duquel on rencontre
l'alcoolisme, la syphilis, l'hystérie, la folie ; si, de plus,
l'enfance et la jeunesse de l'individu ont révélé un esprit
faible, une volonté sans ressort, une intellectualité dé-
bile ; alors tout sera prétexte au développement de trou-
bles mentaux. Point ne sera même besoin d'émotions
violentes ; les moindres changements qui font époque
dans une vie banale ; l'incorporation dans l'armée, le.
mariage, la maternité, une faillite seront plus que suffi-
sants pour faire, de ces faibles, des aliénés.
Entre ces deux opinions extrêmes, il y a cependant un
moyen terme. Il est des individus qui, favorisés par le
sort, eussent continué à être suffisamment normaux pour
paraître tels il leur ambiance ; mais qui. sous l'influence
de soucis trop pesants pour leurs forces, n-'ont pu résis-
ter et ont versé dans la maladie. En ce qui concerne ces
cas spéciaux, ce sont alors les gens du monde qui ont
raison, et par rapport à la folie, les émotions cessent
d'être des contingences pour devenir de véritables cau-
ses. La curieuse observation que nous allons rapporter
servira de preuve à cette dernière assertion :
Le malade M ? est entré dans le service du Dr Marie, à l'asile de
'ille,juif, le 15, janvier 190.'); il est âgé de 46 ans. Les antécédents
héréditaires n'offrent rien de bien particulier, si ce n'est que le
111\l'cétai[ aveugle depuis ! 'age de huit ans et que le grand-père
aurait été, croit-on, alcoolique. Dans son enfance, M ? était ner-
veux, cependant il n'a jamais présenté de crises nerveuses d'au-
cune sorte. Son intelligence ne s'élevait que peu ou pas au-des-
sus de la 11111) l'line : il n'aimait pas le Li-aN ail intellectuel et n'y
réussissait pas ; du plus, il bégayait, mais maintenant il n'y a
plus de traces de celte infirmité. Il apprend le métier d'horloger
et devient un ouvrier très habile ; il était, nous dit sa soeur, beau-
coup plus apte aux travaux mécaniques qu'au travail intellectuel.
A 31 ans, il se marie avec, une femme mal équilibrée, dépensière
et qui ne lui porté que peu d'affection. A la fête d'un commerce
d'horlogerie à Rodez, il se surmène beaucoup, passe les nuits et
pouduttel' contl'e le sommeil, prend des excitants : café, kola :
en même temps il peu.
Jamais dit sa soeur, il lie pouvait envisager les situations avec
sang-froid. Si un succès lui arrivait, il « s'emballait » de suite.
voyait grand et prenait volontiers des désirs pour des réalités.
190 RECUEIL DE FAITS
Survenait-il au contraire, un déboire, qu'il en était profondément
abattu.
La ville de Rodez n'a que dix-sept mille habitants, mais l'ani-
mation y est assez grande, grâce à la lutte très vive que s'y li-
vrent le parti de la libre-pensée et le parti clérical, conslam-
ment les passions y sont en effervescence ; cléricaux et libre-
penseurs s'insultent dans la rue ; chacun, penché sur les faits et
gestes de son voisin, s'unquiurl du journal qu'il ruçoilul dans les
feuilles locales, le direcleur du séminaire et lu vénérable de la
'Loge échangent du violentes polémiques.
Au milieu de ces lulte ? 31 ? ne prend pas parti ; la politique
111) l'intél'esse pas PL le seul hutl]e sa \ il' est dl' l'pus : "il' dan l)n
commerce. Aimable avec tnuL le monde, il vend indifféremment
ses produits aux prêtres et aux francs-maçons, et dans ses con-
versationsil il fait tousses efforts pour paraître simplement eu qu'il
est un brave homme de commerçant qui ne désire que la paix el
ne veut intervenir dans quoi que ce soit ayant rapport à la poli-
tique.
Mais en voulant rester neutre, il se trouva que : 11 ? avait mal
calculé et qu'au lieu de se faire des amis, il mécontenta tout le
monde. Les libres-penseurs l'accusèrent d'être clérical, et les clé-
ricaux d'être libre-penseur ; sous culte inimitié formidable le
pauvre homme fut écrasé.
A la veille des élections municipales du Rodez, le 2 mai 1900.
noire malade recul la visite de l'abbé IL ? prêtre de Saint-Sutpicc,
supérieur du grand séminaire de Rodez, vicaire général du dio-
cèse, qui lui tint ce langage : « On m'a dit et je suis sur que vous
n'êtes pas des nôtres ; vous partagez les opinions de votre beau-
père qui nous fait beaucoup de mal. puis vous avez un employé
qui est radical et franc-maçon, car il est un des amis de M. L ?
correspondant de La Dépêche. Eh bien ! à partir de ce jour,
vous perdrez noire confiance et notre clientèle, ainsi que celle de
tout le clergé du département ; tous les gens « bien pensants Il
vont vous quitter, vous allez être un homme ruiné ».
\1 ? se récria, affirma qu'il ne s'occupait pas de politique, et
s'en tenait exclusivement il ses affaires. *
« Je ne vous crois pas, répliqua le supérieur, on vous a aperçu
aux réunions électorales, vous recevez le « Courrier de 1'.\\l')-
ron », on voit entrer chez vous des gens de toutes les opinions :
donc vous mangez à tous les râteliers, donc vous servez deux
maîtres, donc vous êtes un traître».
M ? protesta qu'il ne trahissait personne, le supérieur reprit :
Prouvez-le en vous soumettant à l'épreuve suivante : Vous vole-
rez le 6 mai avec un « bulletin spécial « qui vous sera remis par
mon domestique, bulletin qui sera reconnu au dépouillement du
FOLIE ET CHOC MORAL. 191
scrutin ; du plus, vous ferez défense à voire employé du voter ?
sinon ? »
M ? ému par la menace de boycottage, promit de voler selon
les ordres du son puissant client ; mais en ce qui concernait son
employé il refusa par respect, disait-il, pour la liberté individuelle.
Au jour des élections, il tint sa promesse, vota avec le « bulletin
spécial », dont on avait, parait-il, distribué ainsi une centaine,
mais il laissa voler son employé.
Le lendemain du vote, le supérieur lit venir M ? chez lui et
lui dit : « C'est fini entre nous, je ne sais pas encore si vous avez
« bien voté », mais je sais déjà que vous avez laissé voter votre
employé ? vous serez un homme ruiné ! et il ajouta : mon gar-
ron, c'est une épreuve, acceptez-la chrétiennement ! »
Et le supérieur üt comme il avait dit ; il avait sous sa direction
quatre cents séminaristes, douze cents prêtres, plus tout le monde
« bien pensant » de l'Aveyron ; avec cela homme actif etautori-
il il faisait trembler l'evëque lui-même.
On boycotta l'horlogerie de )1 ? et les affaires périclitèrent peu
à peu ; M ? voulait faire interpeller au Sénat pour obtenir jus-
tice, mais sa femme l'en dissuada, ainsi que plusieurs prêtres
qu'il fréquentait. 11 ne faut jamais toucher aux prêtres, lui disait-
on, quels que soient les griefs que l'on croit avoir contre eux, car ce
serait faire du mal à la religion. L'époque de Rodez lui-même se
dérangea pour venir détourner noire malade de son projet ; y
donner suite, constituerait, lui dit-il, un véritable cas de cons-
cience.
M.. se soumit; mais il était écrit que cette paix pour laquelle
il consentait à de tels sacrifices, ne lui serait pas accordée. Son
beau-père, l'anti-clérical qui étailintéressé dansla maison de com-
merce, voyant les affaires diminuer, ne cessait de faire des re-
proches à M ? Il avait, lui disait-il, donné trop de gages aux cléri-
caux et s'était aliéné les libre-penseurs, si sa conduite avait été
plus franche la maison serait restée prospère, etc. Enfin, celui-ci
aussi lui reprochait de servir deux maîtres et d'être un lraitre.
A tous ces tiraillements s ajoutaient des querelles de ménage.
La femme du malade lui reprochait de conduire la famille à sa
ruine ; elle alla elle-même jusqu'à le pousser au suicide : « Tu
devrais bien, lui dit-elle un jour, te « flanquer» une balle dans
la tète ».
M ? perdit tout goût à la vie, passa son temps à errer de côté
et d'autre, sans plus s'intéresser à rien; il ne mangeait pas et se
"lit à s'alcooliser. A la lin, n'y tenant plus, il suivit le conseil du
- s : ), femme et se tira quatre balles. Il se fractura le rocher droit,
mais actuellement, il est il peu près rétabli ; il se plaint seulement
d'éprouver lies douleurs hémilatérales au niveau du côté gauche de
la tête, avec engourdissement dans tout le côté similaire du corps.
192 RECUEIL DE FAITS.
Au point de vue mental, il ne présente pas d'idées
délirantes ; il est seulement très déprimé et se plaint
d'avoir de temps à autre comme l'esprit vide et de ne
pouvoir penser à rien.
Dans ce cas évidemment, on doit invoquer beaucoup
moins la prédisposition que les causes extérieures ; car,
pour faire sombrer les prédisposés, il faut bien moins
que ce qui est arrivé à ce malade .
, Il est vrai, d'ailleurs, que la capacité de résistance des
individus, comme aussi la force des causes extérieures,
varient en des nuances infinies. Nombre de gens en ont,
selon l'expression familière, « vu bien d'autres », dans le
cours de leur existence et ne sont cependant pas devenus
aliénés. La vie des hommes qui sortent de l'ordinaire par
une forme quelconque d'activité n'est souvent qu'un per-
pétuel va-et-vient entre le Capitole et la roche Tar-
péienne, et malgré les échecs, les déboires de toutes sor-
tes, les calomnies des rivaux et des envieux, ils conti-
nuent quand même à penser. Une vie calme et paisible
est le lot des seuls médiocres. a ditNietzche,le surhomme
a beaucoup de soucis, cependant sa résistance est
telle qu'il les porte allègrement. Mais il ne faut pas ou-
blier non plus que le grand Auguste Comte, qui pouvait
certes revendiquer le titre de «Surhomme», eut un ac-
cès de manie qui dura deux ans à la suite de soucis mul-
tiples de carrière et de famille.
Un homme mieux trempé que notre malade aurait ré-
sisté et vaincu : au besoin il serait allé monter ailleurs
une autre maison de commerce et au bout d'un temps plus
ou moins long, aurait oublié la fâcheuse traverse. Mais
il était faible, il s'est laissé abattre et, vaincu, n'a pu sup-
porter la défaite.
Dans tout cela, il n'est, à mon avis, nullement néces-
saire de faire intervenir une prédisposition spéciale aux
troubles mentaux ; il n'y a qu'un choc moral trop fort
pour une énergie trop faible.
ASILES D'ALIENES
La nouvelle loi militaire dite loi de deux ans et
le personnel secondaire des asiles d'aliénés ;
Par le D' Lucien LAGRIFFE,
Médecin des asiles publics d'aliénés.
La nouvelle loi militaire intéresse les asiles d'aliénés
dans un sens qui nous apparaît comme étant tout parti-
culièrement fâcheux ; et comme, jusqu'ici du moins,per-
sonne n'a encore pris la parole pour faire remarquer
quelles peuvent en être les conséquences, nous avons
pensé qu'il était urgent d'en entretenir les lecteurs des
Archives de Neurologie qui appartiennent à la spécialité
ou qui s'y intéressent.
L'article 69 de la loi du 21 mars 1905 réserve, en effet,
certains emplois, désignés aux tableaux annexés E et G.
aux anciens sous-officiers ayant accompli dix années de
service au moins, aux sous-officiers, brigadiers et capo-
raux comptant au moins quatre ans de service et aux £ -
simples soldats ayant également passé quatre années sous
les drapeaux. Le tableau E comprend les emplois de
commis aux écritures, de concierges, de surveillants,
sous-surveillants et de mécaniciens. Le tableau G com-
prend le personnel subalterne permanent : préposés de
toute catégorie : infirmiers, cochers, etc., etc.
Sous l'empire des dispositions anciennes, le recrute-
mentdes surveillants,sous-surveillants et infirmiers était
déjà entouré de difficultés. Ce recrutement était régle-
menté par l'ordonnance du 18 décembre 1839, dont l'arti-
cle ô dit :
« Le directeur ? nomme les préposés de tous les services de
«l'établissement ; il les révoque s'il y a lieu. Toutefois, les sur-
« veillants, les infirmiers et les gardiens devront être agréés par
« le médecin en chef : celui-ci pourra demander leur révocation
« au directeur. En ces de dissentiment, le. Préfet prononcera. »
Ces dispositions ! sont l'expression d une nécessité ab-
Arciiives, 2° séria, 1000, t. XXI. 3 '3
104. il asiles d'aliénés.
solue parce qu'il est de toute évidence que le directeur,
responsable, doit pouvoir choisir le personnel chargé
d'assurer, sous ses ordres, la bonne marche des services
de l'établissement. Le directeur et le médecin ne pou-
vant être partout au même instant doivent avoir la fa-
culté de se reposer sur un personnel de confiance : et il
est évident que s'ils sont responsables, ils ne peuvent
l'être qu'à l'égard de ce qu'ils ont décidé après un libre
choix. Et cela est plus vrai encore pour les asiles d'alié-
nés que pour toute autre institution, parce qu'il est tou-
jours difficile, souvent impossible il l'aliéné de se plain-
dre, parce que l'aliéné est un individu en minorité au-
près duquel on ne doit placer que des personnes sûres,
capables, lorsqu'il faut prendre ex abrupto une détermi-
nation, delà prendre toujours dans le sens qui est le plus
avantageux pour le malade. Mais combien de fois la pers-
picacité des directeurs et des médecins n'a-t-elle pas été
et n'est-elle pas surprise, malgré toutes les précautions
dont ils entourent le recrutement de leurs agents subal-
ternes. Dans la grosse majorité des cas, l'erreur commise
dans le choix est aperçue avant que des fautes irréparables
n'aient été commises ; mais malgré que les cas dans les-
quels un scandale éclate, comme à l'occasion de la regret-
table affaire du quartier d'hospice de Tours, soient rares.
le public, toujours disposé à généraliser à la légère, ne
manque pas, au lieu de se féliciter de leur rareté, d'en
prendre thème pour se lancer dans des insinuations mal-
veillantes dont le personnel médical et administratif des
asiles fait tous les frais.
La situation modeste du personnel secondaire accroît
dans de très larges mesures les difficultés de ce recrute-
ment dans certaines régions : aussi la plupart des asiles
ont-ils tenté dans ces dernières années, de rendre ce per-
sonnel secondaire plus stable en améliorant sa condition,
en lui fournissant la possibilité de se constituer une re-
traite. Et c'est au moment où l'adoption presque géné-
rale de ces mesures va permettre d'atteindre au but pour-
suivi que la situation, déjà très heureusement améliorée,
va être rendue pire par les dispositions secondaires de
la loi dix 21 mars 1905. '
Le choix était auparavant difficile, désormais il va être
LA NOUVELLE LOI MILITAIRE DITE DE DEUX ANS. 195
rendu impossible : en effet, ce choix nous paraît d'abord
enlevé désormais aux directeurs et aux médecins respbri-
sables,lesquels ne pourrontmême plus qu'avec beaucoup
de difficultés épurer en cas de besoin leur personnel.
Mais même il semble que ce choix ne puisse pas non
plus être réservé aux Préfets, sous l'autorité désquels
sont placés les asiles, parce que la réservation indiquée
par la loi est formelle. Le Préfet à qui seront transmises
les candidatures militaires ne pourra que signer des no-
minations, sans plus.Or il ne suffit pas d'avoir un casier
judiciaire vierge ni même d'avoir été un bon soldat pour
faire un bon infirmier d'asile ; ce n'est pas sur ces points
seulement que portent les investigations des directeurs
lorsqu'ils opèrent un choix; il ne faut pas oublier,que no-
tre personnel de malades est très spécial, qu'il exige du
tact, de la patience, de la résignation, de la douceur ; nos
infirmiers doivent être vigilants, ils doivent surtout être
sobres, absolument sobres.
A ces places qui exigent tant de qualités difficiles il
trouver réunies aujourd'hui malgré un choix très large,
presque illimité, on va être contraint de nommer désor-
mais n'importe qui; le premier venu sera pourvu sans
phrase dès la plus prochaine vacance ; nous disons le
premier venu parce quela loi ne metencoreune fois aux
promesses qu'elle fait aucune autre condition que celle
d'avoir accompli quatre ou dix années de service mili-
laire, et que cette condition n'est ni nécessaire ni suffi-
sante pour constituer d'emblée de bons auxiliaires du
service médical.
Il y a plus : quel sort va être fait désormais à cette con-
quête qu'est l'instruction professionnelle de l'infirmier ?
Beaucoup d'asilçs, et particulièrement tous ceux de la
circonscription de la Seine, ont organisé des écoles d'in-
firmiers dont la sanction est un diplôme; dans ces asiles,
ce diplôme n'est pas encore exigé pour tous, mais les
temps s'annoncent prochains où il le sera; pourra-t-bn
exiger ce diplôme de ces anciens soldats qui pourront
même ne savoir ni lire, ni écrire ? Ou bien va-t-on créer
encore une exception eri faveur des aliénés de la Seine ?
Dans certains asiles comme ceux de là Bretagne, la
majorité des malades ne parle pas français'; aussi le re-
196 asiles d'aliénés.
crutement des infirmiers y est-il autant que possible ré-
gional ; d'abordparce que le personnel médical ignore e
bien souvent le breton ; ensuite parce que les infirmiers s
versés dans cette langue constituent alors des auxiliaires
précieux qui,vivant constamment au milieu des malades,
sont seuls capables de tenir le praticien exactement au cou-
rant des pensées et de la manière d'être des malades. Les
anciens soldats venant de n'importe où ne pourront sans
doute pas nous rendre le même service auquel nous re-
courons journellement à l'occasion des interrogatoires,
pour la plupart impossibles sans interprète.
Il est enfin un dernier point sur lequel il est bon,
croyons-nous, d'attirer l'attention. La répartition des di-
vers emplois dans les tableaux E et G tendrait à faire
croire que les situations de surveillants et sous-surveil-
lants et celles d'infirmiers sont complètement indépen-
dantes, et qu'il soit possible de devenir sous-surveillant
et surveillant sans avoir été infirmier. Ces fonctions sont
au contraire indissolublement liées les unes aux autres.
Le sous-surveillant et le surveillant sont les chefs directs
de l'infirmier ; comment pourraient-ils contrôler le ser-
vice de ce dernier si eux-mêmes ne connaissent pas son
métier, ses obligations, les aptitudes qu'on exige de lui ;
comment pourront-ils le conseiller, l'enseigner ? Je sais
que,danscertainsasiles,on a pris comme surveillants des
retraités, des anciens gendarmes, comme s'il s'agissait là
d'une surveillance militaire ou quasi-militaire ; mais cette
manière de faire est considérée par tous comme étant
foncièrement mauvaise ; de plus en plus, on y renonce et
c'est avec raison. Mais presque toujours, et ce devrait
être toujours, ces fonctions de sous-surveillant et de sur-
veillant constituent la meilleure des récompenses à ac-
corder aux bons infirmiers ; elles forment pour eux un
moyen d'avancement normal : elles sont la perspective
qui les engage à demeurer dans l'établissement, à s'y
montrer dévoués. Si maintenant ces fonctions sont at-
tribuées d'emblée à d'anciens militaires sans aptitudes
professionnelles spéciales, la surveillance ne pourra être
que mal faite et surtout mal comprise et quel ne sera pas le
découragement des infirmiers de première classe aux-
quels ce seul moyen d'avancement sera désormais enlevé ?
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 197
En somme, les dispositions de la nouvelle loi militaire,
en ce qui a trait aux asiles publics d'aliénés, nous parais-
sent profondément regrettables : elles désorganiseront
notre personnel secondaire et si elles sont de nature à
diminuerla responsabilité parfois si lourde des direc-
teurs d'asiles, elles seront très préjudiciables à nos pau-
vres malades et c'est là uniquement ce qui importe.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
XXXVL De quelques altérations du tissu cérébral dues
à la présence de tumeurs; par WEBER et Papadaki. (Nouv.
Ieo7aog>. de la Salpêtrière, 1905, n° 2.)
Les troubles cliniques déterminés par les fumeurs cérébrales
paraissent liés non a leur volume, mais bien au degré de gêne ap-
portée par elles à la circulation lymphatique, laquelle semble
orientée de la circonférence du cerveau vers les ventricules et de
là vers les espaces médullaires, à travers l'aqueduc de Sylvius.
Il résulté de la présence d'une tumeur une augmentation de la
pression intracérébrale qui a son maximum aux abords de la tu-
meur et, lorsque les ventricules sont dilatés, dans le voisinage de
ceux-ci ; le tissu cérébral, grâce à la résistance qu'il y oppose,
en diminue progressivement l'intensité.
Sous l'influence de celle hypertension intracranienne, les cir-
convolutions se rapprochent d'abord, fermant les scissures, puis
les tissus deviennent plus denses, leur dessin s'efface : c'est le
premier stade. Plus tard le liquide céphalo-rachidien, incom-
pressible, se fait place en réduisant les fibres nerveuses à l'a-
trophie : c'est le second stade. Les lésions portent davantage sur
la substance blanche que sur l'écorce, et les faisceaux d'associa-
tion paraissent souffrir plus que ceux de projection. Au cas
de tumeur unilatérale obstruant la circulation ventriculaire, le
ventricule opposé est plus dilaté, fait qui rétablit l'équilibre dans
la compression des tissus. Dans leurs observations, les auteurs
n'ont pas trouvé les nécroses par inflammation ou par arrêt de
circulation dont parlent d'autres auteurs : c'est que la stase
lymphatique n'est pas simplement la conséquencede la compres-
sion des veines, ils pensent qu'intervient un mécanisme de nutri-
lion spécial au cerveau, encore inconnu. - Pour expliquer la pa-
193 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
titogénie des phénomènes constatés, ailleurs, repoussant l'opi-
nion deBrissamlet Souques, d'après laquelle les tumeurs produi-
raient des poisons, penchent plutôt à admettre l'aulo-inloxiea-
tiondueà des produits résiduels de la nutrition cérébrale ou de la
dégénérescence des fibres que la circulation lymphatique n'arrive
plus à éliminer. F. Tissot. ? 1'll.-Syndromede la calotte pédonculaire; par GRUNER
et BERTOLOTTI, [Nour. Iconogr. de la Salpêtrière, 1905, n 2.)
Sous ce nom les auteurs décrivent un syndrome particulier,
analogue au syndrome protubérantiel supérieur de Raymond et
Cestan, et caractérisé par une hémiplégie alterne 4ensitivo-
motrice, une paralysie bilatérale et symétrique des muscles in-
nervis par les 3e et 4° paires (périodes mouvements associés d'é-
lévation, d'abaissement, de convergence des globes oculaires)
avec atteinte de la musculature interne et conservation parfaite
des seuls mouvements conjugués de latéralité. Dans les deux cas
qu'ils publient, le diagnostic fut porté de localisation centrale
dans la calotte pédonculaire, au' niveau des tubercules quadri-
jumeaux antérieurs; un de ces deux cas fut suivi d'autopsie : il
s'agissait d'un tubercule siégeant en effet dans la calotte sur
les noyaux de la 3e paire et côtoyé à sa gauche par une zone de
ramollissement qui, dépassant le ruban de Ittil, détruisait en
totalité le tubercule quadrijumeau antérieur ; en même temps il
y avait destruction complète de toute la colonne grise des noyaux
moteurs de l'aqueduc depuis le plancher du 3° ventricule jus-
que dans la protubérance au niveau du pathétique. - D'une part
la conservation, cliniquement constatée, des mouvements asso-
ciés de latéralité des yeux, d'autre part la destruction complète,
histologiquementcontrôlée, du noyau oculo-moteur commun, et
l'intégrité du faisceau longitudinal postérieur ainsi que de quel-
ques libres radiculaires du 111, paraissent aux auteurs pu argu-
ment probant en faveur de l'existence du faisceau anftSL0111(11111U1'
décrit par lluval et Labordo lu noyau de l'abducens et les
faisceaux radiculaires du moteur commun. 1 ? l'ISSOT.
1X\'lll. -Un cas d'acromégalie avec lésions hyperpla-
siques du corps pituitaire, du corps thyroïde et des
capsules sur rénales ; par GILB> : aT BALLET et LAIGNt : I.-
1.A1'ASTINR. (Nouv. ICC)201J)'. de la ICLt7ét ! 't')'C, DOS, il,, 2.)
Dans un cas d'acromégalie tardive compliquée d'hémiplégie, les
auteurs ont trouvé il. l'autopsie une hyperplasie parenchymalf'sr
de l'hypophyse et du corps thyroïde, une cirrhose surrénale hj-
pertrophique, de nombreuses granulations calcaires dans les pif
\tIS(;I1UI'llï(185. Le squelette présente les lésions classiques de l'a-
rromégalie, et,, malgré l'hypertrophie osseuse, il n'y 11 pas de
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 190
reviviscence médullaire. Le rôle de l'hypophyse est désormais
indiscutable dans la pathogénie du l'acromégalie, mais de quelle
nature est-il au juste, et quelle est la lésion productrice du syn-
drome ' ? D'abord on a rapporté des faits de lésions pituitaires sans
acromégalie : il s'agissait presque toujours alors de tumeurs ma-
lignes, donc destructives de la glande ; or n'est, une chose acquise,
parla clinique et l'expérimentation que les lésions destructives
de lapituitaire ne donnent pas l'acromégalie. Et la présence assez
frét[uemntent constatée itl'autopsie du tumeurs malignes du l'hy-
pophyse chez des acromégaiiques n'infirme point culte opinion,
car toutes les byperplasies glandulaires peuv eut aboutir au can-
cer, et en ce qui concerne ! apiLuitai ! 'c, le stade d'hypertrophie
peut seul créer l'acromégalie qui cesse elle-même d'évoluer
quand l'organe est aux prises avec l'élément destructeur malin.
D'autre part, on a publié des cas d'acromégalie sans lésions pi-
tuilaires ; il est probable que ces faits n'ont rien il voir avec la
maladie de Marie qui comporte par définition l'byperbypophy-
sie parmi ses symptômes..
L'opinion des deux auteurs est que t'bypertropbiepitui taire est
un facteur nécessaire mais non toujours suffisant d'acromégalie ;
crttelésion aurait pour eU'et d'exalter les fonctions hypophysaires
et par là de produire le syndrome. Mais un rôle important paraît
dévolu à certaines glandes (thyroïdes, surrénales, plexus choroï-
des; qui sont très fréquemment le siège d'une hyperplasie de
1111l1le spns qne la pituitail'e. Quoi qu'il en soit, la nature des rela-
tions réciproques de ces glandes nous échappe. F. 'Pis sot.
XXXIX. De la cyanose des rétines dans le rétrécissement
de l'artère pulmonaire ; par Rabinski et Toufesco. (Nouv.
Tconagr, de ! <S't[ ! pe<;')<'')'6. 1 \10 ? n" 2.)
Revue historique avec denx observations personnelles, faisant
ressortir l'intérêt de ce signe comme révélateur de pcl'lul'1m ! i ons
dans la circulation du système nerveux central. F. T.
XL. Les oedèmes circonscrits aigus et chroniques sous
la dépendance du système nerveux (rôle de la sécrétion
lymphatique dans leur pathogénie) ; par Valobra. (Nouv.
Iconogr. de la Salpctrière. i ! )On. no' 2 et : 3. 1
L'auteur établit la parenté clinique très étroite qui existe entre
1'111'licail'c, l'oedème de Quinke elle 1 ? )phO'Ilt''me de Meige, trois
formes d'oedème qui peuvent être c i-idérées comme des degrés
d'une même affection, car elles surviennent chez les individus de
même constitution, sous l'influence de conditions étiologiques
semblables eL peu \'ont se IJI'ésen 1 el' si mulLan{'mont ou se succéder l'
chez le même sujet. (Quoique distincts par leur évolution, leur
durée, leurs complications, ces n'dèmes ne comportent aucun ca-
200 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
ractère qui les différencie essentiellement : le phénomène commun
et constant, c'est l'oedème, qui est passager dans l'urticaire et
l'oedème de Quinke, persistant dans le trophoedème ; mais ici un
élément nouveau vient s'ajouter : l'hypertrophie du tissu con-
jonctif. L'auteur rapporte d'ailleurs toute une série d'observa-
tions qui montrent le passage d'une forme l'autre, et le tropho : -
dème n'est ainsi que la forme chronique de l'oedème de Quinke.
(Meige). Les oedèmes circonscrits dont il est question ici sont in-
dépendants des fonctions du coeur et des reins, ne s'accompagnent
jamais de lésions des vaisseaux ; ils sont nettement sous la dépen-
dance du système nerveux qui agit en provoquant des troubles
de la sécrétion el de la circulation lymphatique. Celte affirmation
n'est plus discutée pour l'urticaire ; de même, c'est un fait d'ob-
servation courante que la production d'oedèmes circonscrits, pas-
sagers ou persistants, dans les affections de l'axe cérébro-spinal. Et
à ce propos, l'auteur aborde dans des détails très documentés la
pathogénie des oedèmes circonscrits, qui sont bien dus à un phé-
nomène d'excito-sécrétion localisée de la lymphe. Pour ce qui
concerne en particulière trophoedème chronique, il nous montre,
à la suite de Meige, les analogies morphologiques de ce syndrome
avec l'éléphantiasis, mais, allant plus loin, il admet une analogie
parfaite dans la pathogénie. « Un élément commun aux trois
formes est précisément l'excito-sécrétion lymphatique, laquelle,
associée ou non à la vasodilatation artérielle, forme la base anato-
mique et physio-pathologique de l'élevure de l'urticaire et de la
turgescence de l'oedème de Quinke. Tandis que dans ces formes il
s'agit d'une altération passagère, car la lymphe produite est ab-
sorbée rapidement, dans le trophoedème de même que dans l'élé-
phantiasis, l'altération de la circulation lymphatique due à la sé-
crétion de la lymphe, exagérée d'une façon permanente, et sa
stase produisent une hyperplasie du conjonctif, c'est-à-dire une
déformation persistante n . F. Tissot.
XLI. - Un cas de déformation thoracique précoce consé-
cutive à une pleurésie aiguë ; par Matignon. (1\'ouv. Icol1ogr,
de la Salpêtrière, 1905, n" 2.1
Observation de scoliose survenue deux mois après le début
d'une pleurésie aiguë ; cette incurvation sur le côté fut d'abord
une altitude de défense contre la douleur et se trouva fixée dans
la suite par la consolidation des adhérences. F. T.
XL11. Contribution anatomo-pathologique et clinique à
l'étude des rapports de la syphilis et de la paralysie
générale ; par IIODOLFO TANZIALIi.Il1 Annali di Nevrologia.
Naples, 1904. Fascicule IV.)
L'auteur commence son travail par un rapide résumé histori-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 201
que de la question des rapports de la syphilis et de la paralysie
générale ; il insiste surtout sur les recherches cliniques de Four-
nier, recherches qui ont amené cet auteur à considérer la para-
lysie générale comme une affection parasyphilitique.
Puis il rapporte un certain nombre d'observations, dans les-
quelles il montre le peu d'influence du mercure, soit comme agent
curatif, soit même comme simple calmant des divers symptômes
de la paralysie générale. Finalement, ses travaux l'ont amené aux
conclusions suivantes :
1° Sur cent cas de paralysie générale, la syphilis a pu être re-
trouvée 87 fois dans les antécédents du malade : sur ces 87 fois, il
y en eut 70 où elle fut certaine, et 17 où elle fut douteuse.
2o Sur un total de 70 observations avec infection antérieure
syphilitique certaine, on retrouve 32 fois cette infection comme
fadeur étiologique unique, et 38 fois la syphilis associée à une
autre cause.
3° La syphilis peut constituer à elle seule l'affection causale de
la paralysie générale, mais elle peut également agir communé-
ment avec un autre facteur étiologique héréditaire ou acquis.
40 Dans les cas de paralysie générale développée sur les indi-
vidus ayant eu la syphilis, le système artériel cérébral montre
des lésions histologiques qui paraissent être le point de départ du
processus anatomique.
5" Le traitement mercuriel intensif ne modifie en aucune façon
l'évolution de la paralysie générale.
En terminant, l'auteur donne la reproduction de préparations
histologiques de vaisseaux chez des paralytiques généraux. Les
coupes ont été traitées par la méthode de Weigert, le carmin ou
l'hémaLoxyline. ,1. SEGLAS.
XLH1. Recherches sur l'origine des prolongements pro-
toplasmiques de la cellule nerveuse; par 1 RAGNITO. (In
.ln,nali di Nevrologia. Naples 1904, fac. IV.)
Après avoir examiné les différentes hypothèses émises jusqu'à
présent au sujet de l'origine, des prolongements protoplasmiques de
la cellule nerveuse, l'auteur conclut que le seul fait démontrable
est l'origine complexe, avec participation des nombreux éléments
embryonnaires, des prolongements protoplasmiques. La théorie
de l'excroissance, formulée par llis, défendue par Cajal et Leu-
nossek, ne résisté pas aux (ails. Celle théorie est encore reprise
par Hethe, qui soutient que les (lentilles naissent par conden-
sation et différenciation dans le plasma général des centres ner-
veux.
Pour Bethe, comme pour l'auteur, le protoplasma des neuro-
blastes s'accroît quand apparaissent les dendrites. Bethe, pour
donner une explication plausible, a recours à la doctrine de
202 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
Sedgwik. doctrine de la condensation et de la différenciation d"
plasme. L'auteur ne conteste pas, et même il accepte cetto théorie,
admettant que la chaîne cellulaire est formée par le corps neuro-
blastique, destiné à devenir le centre de la cellule nerveuse, et à
augmenter son proloplasma. En terminant, l'auteur s'occupe
d'une théorie émise par Olmer, en IR\)9; suivant lui, cette hypo-
thèse, dans laquelle les prolongements protoplasmiques seraient
produits par la rupture de la vésicule occupant la périphérie de la
cellule embryonnaire, est fondée sur des observations incomplètes
et mal interprétées. J. S.
XL1V. Recherches histologi ques sur l'écorce cérébrale
du dauphin ; par Vincenzo 11L-\.NCHI. (Annali di Nerrologia.
' tapies, 1 ! 10 i, fasc. VI.)
Dans ce travail consciencieux et documenté, l'auteur montre
tout d'abord le rapport évident qui existe entre la disposition
macroscopique des hémisphères du cerveau de cet animal, la
structure intime du l'écorce, et les manifestations psychiques du
dauphin.
La contradiction que l'on observe entre la richesse des ci l'CO 11\ 11-
lutions de cet animal et sa stupidité relative est bien plus appa-
rente que réelle ; car si les deux hémisphères cérébraux du dau-
phin conservent le type de la disposition macroscopique des hémis-
phères des carnivores, il faut signaler le développement minime
des lobes frontaux, et par conséquent l'encéphale du dauphin
se rapproche de celui des microcéphales.
La structure de l'écorce cérébrale se distingue de celle des
mammifères, plus intciligents, en ce que l'on y constate une cer-
taine uniformité des éléments, la rareté des grandes cellules pyra-
midales, et la pauvreté des prolongements de celles-ci. Dans
l'écorce cérébrale, du dauphin, on yoitc1ail'emenl les rapports qui
existent entre la névroglie et la cellule nerveuse, rapports qui
montrent les dispositions avec réseau puricellulaire, intracellu-
laire et intraprotoplasmique.
Ces résultats peu\entetre tmsen rapport avec lus connaissances
que l'on possède aujourd'hui, grâce aux recherches expérimen-
tales sur les animaux et aux observations cliniques sur l'homme,
recherches contrôlées par les analyses histo-palhologiques.
Ces résultats sont relativement très utiles, car ils autorisent il
dire que le delphinus delphis présente peu d'activité psychique à
cause du minime développement des lobes frontaux ; ceux-ci
sont, en effet, les sièges principaux des centres d'association, cl si
l'on rapproche do leur peu de volume l'uniformité des éléments
constitutifs de l'écorce cérébrale, la rareté des cellules pyrami-
dales géantes, on comprend facilement la stupidité de cet animal.
En terminant, l'auteur donne treize ligures tant macroscopiques
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 203
que microscopiques, et qui viennent à l'appui de ses dires, mon-
trant facilement ce qui a été exposé plus haut. ,1. 5>JGLAS.
- Les marques vasculaires de la douleur physique,-
au point de vue de la psychologie expérimentale, et de
la séméiotique de la simulation) ; par CESARE CoLUCCI.
Annali di Nevrologia. Naples, 1905. Fasc. IV-V.)
L'auteur commence par rappeler les noms des auteurs qui ont
déjà publié des travaux sur cette question, et il cite en particu-
lier les recherches de Claude llernard, de Meynerl, de François-
Franck, et de Marey. Puis il donne vingt-cinq observations dé-
taillées, accompagnées de tracés. De toutes ces études, l'auteur
tire un certain nombre de conclusions dont voici les principales :
La douleur physique produite par une piqûre d'épingle sur la
peau, ou la douleur par excitation électro-faradique plus ou moins
rapide et plus ou moins intense, ont une influence évidente sur le
tracé sphygmographique.
La rapidité et l'accentuation de la réaction n'ont aucun rapport
avec l'intensité de la douleur, et cependant maintiennent un rap-
port proportionnel avec chaque individu. En général, toutes les
modifications vaso-motrices se vérifient dans une série de diverses
pulsations; il n'y a pas de réaction caractéristique de la douleur,
mais celle douleur varie essentiellement avec les individus.
FI'. Franck, étudiant les effets d'une brusque excitation, a oh-
servé clue ces effets sont variables suivant la région que l'on
excite.
A la piqûre, on peut observer d'abord une vaso-dilatation ini-
tiale, puis ensuite une vaso-constriction.
Aune vaso-constriction très intense, prolongée, faitsuite d'ordi-
naire une vaso-dilatation plus ou moins marquée et plus ou
moins lente. La phase de réintégration est précédée d'une série
de pulsations variables de forme et de volume.
Ep dehors des modifications du pouls, on peut noter le dicrotis-
me comme conséquence de la douleur physique. Outre le dicro-
tisme, la région du pouls qui présente fréquemment des modili
cations un rapport avec la douleur est le segment supérieur ou
plateau du sphygmogramme ; la réaction vasculaire à la douleur
physique est presque toujours lente. Les diverses émotions péni-
])les (peur, crainte, doute, suspicion) n'ont pas montré de diffé-
(le réaction qualitative appréciable. La vaso-constriction de
la douleur physique persistante est presque toujours continuelle,
plus uniforme, plus durable que celle qui est consécutive il un
élat émotif. -
Le tracú pléhymogl'aphiqne est un utile complément de celte
recherche
En somme, l'auteur conclut d'une façon générale que ces ré-
204 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
sultats sont une confirmation des recherches précédentes faites
par d'autres expérimentateurs ; il espère que ces travaux pour-
ront contribuer à servir pour un but scientifique et pratique.
SELLAS.
XLVI. Note sur les calices de Held dans le noyau
du corps trapézoïde, par Arrs.vLONE; (A nnali di Nevrologia,
Naples, 1905, fasc. 1V-V.)
Ayant appliqué les récentes méthodes embryonnaire de Cajal à
l'étude du la moelle allongée de lapins et de chats nouveau-nés,
l'auteur trouve que la terminaison delà libre afférente sous forme
de fibrilles indépendantes entre elles et le système fibrillaire de la
cellule avoisinante est simplement apparenté.
Toute grosse libre afférente de lleld abandonne à l'élément
cellulaire de soutien des faisceaux de, fibrilles qui s'anastomosent
entre elles et les fibrilles endocellullaires de l'élément. Le nombre
de ces fibrilles vraiment terminales est relativement très restreint,
eu égard à celles qui semblent avoir des rapports intimes avec la
cellule ; elles ne s'y terminent pas, mais vont contribuer à for-
mer les réseaux endocellulaires des éléments voisins.
Les recherches des auteurs précédents sur les calices de Held,
recherches pratiquées avec les méthodes de Golgi et d'Ehrlich au
bleu de méthylène, ont mis en évidence ce fait que la grosse libre
afférente en se bifurquant, peut concourir à la formation de plu-
sieurs calices. Chaque fois que, dans des travaux précédents, on
trouvait que, parmi les nombreux faisceaux de fibrilles d'un calice,
une partie seulement se terminait dans la cellule et que le reste,
en nombre beaucoup plus considérable, venait se terminer dans
les éléments avoisinants, on devrait arriver à cette conclusion
que l'excitation nerveuse, arrivant par une grosse fibre afférente,
venait se transmettre à un nombre considérable d'éléments ner-
veux.
Il n'existe aucune différence fondamentale entre les deux formes
classiques de terminaisons décrites dans le noyau du corps trallé-
zoïde et dans l'acoustique] antérieur ; ce sont toutes les deux des
terminaisons de Held, formées par une seule grosse -libre et des
terminaisons sous forme de plexus péricellulaires délicats, mon-
trant un réseau défibres provenant de diverses directions. Si l'on
applique les procédés actuels de Ramon y Cajal pour l'élude des
terminaisons dans les calices, on voit que la grosse fibre de Held
se termine en fibrilles ; celles-ci vont former le réseau de plu-
sieurs éléments voisins ; à cause de cela, il n'existe, en somme,
qu'un type unique d'appareils afférents, lesquels ne peuvent être
considérés comme terminaux, mais offrent des rapports de conti-
nuité avec le système fibrillaire des cellules avoisinantes.
.1. S.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 205
\LVII. - Le réflexe de l'extenseur commun des doigts;
par ARTURO Morselli- (In Rivista depathologia nervosa e men-
tale, Florence, avril 1905, vol. X. fasc. 4).
De ses recherches personnelles, l'auteur conclut que ce réflexe
se produit surtout quand on frappe sur la masse des muscles
épicondyliens. Il n'est pas dû à un point de départ central, mais
à un phénomène de réaction musculaire, dépendant du tonus et
des conditions toniques et trophiques des centres nerveux.
Le mouvement est prompt, ample, de brève durée, et cesse
brusquement. Dans certains cas pathologiques, il peut être mo-
difié : exagéré, diminué ou aboli.
Dans certaines affections nerveuses, le réflexe peut être un
signe différentiel, comme par exemple dans le tabes et le
pseudo-tabes alcoolique, les névrites alcooliques, traumatiques ou
rhumatismales. Au cours des psychopathies dues à la morphine
ouàl'alcool (morphinomanie, folies etpseudo-paralysies générales
des alcooliques) le réflexe est faible. Au contraire,il peut être exa-
géré dans la démenée précoce (héhéphrénie et catatonie), dans la
paralysie générale et dans la manie. ,1. SEGLAS.
- Recherches histo-pathologiques sur le paramyo-
clonus multiplex ; par EDVARD(> POGGIO. (In Rivista di patho-
logia nervosa e mentale. Florence, avril 190, t. X., fas. 4.)
Dans un cas de celle affection, l'auteur utilisa sur les pièces
nécropsiques les méthodes de Nissl, Marchi et Weigerl-Pal. Il
trouva dans la substance corticale des altérations avec atrophie
légère plus ou moins'accenluée dans un petit nombre de cellules
distribuées presque uniformément à toute la partie de l'encéphale
examinée. Dans la moelle, il décrit des altérations des cellules
radiculaires de la colonne de Clarke, surtout dans la région lom-
baire. Les autres cellules médullaires présentaient les mêmes
altérations que celles de l'encéphale. On observait également des
altérations vasculaires légères et limitées à un petit nombre de
vaisseaux du névraxe et de la pie-mère. En terminant, l'auteur
attribue les symptômes cliniques de cette affection aux lésions
diffuses que l'on trouve disséminées sur toute la hauteur de l'axe
cérébro-spinal. J. S.
XL1X. Contribution critique et expérimentale à l'étude
des phénomènes subjectifs de la fatigue dans le travail
volontaire; par Trêves. (In Rivista di pathologia nervosa e
mentale, Florence, mai 1905, vol. X, fasc. 5.)
L'auteur commence par établir que la courbe maxima du mus-
cle stimulé artificiellement, mais conservé dans ses rapports de
circulation et d'insertion avec le reste du corps, montre une di-
206 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
minutiun accentuée dans une première période relativement
courte ; puis succède une période où le muscle travaille d'une fa-
non régulière et constante, et enfin, très tard, la circulation devient
insuffisante et alors apparaissent les altérations physiques, chimi-
ques et fonctionnelles caractéristiques de la fatigue. Finalement,
il résume les travaux de Kroepelin sur celle question, et, termine
par des considérations sur l'influence de la fatigue, de l'entratne-
ment et des excitations psychiques..1. S.
L. La structure de la rétine ; par Renato l1EBlzzI, (lii-
visttt (li pathologia nervosa e mentale, Florence, mai 1905, vol.
X, fasc. 5.)
L'auteur appliqua dans ses recherches la méthode à l'argent
colloïdal pour la coloration des neuro-fibrilles. Voici comment il
procède : Fixation des pièces dans une solution d'acide nitrique
formol et eau distillée. Lavage, immersion dans une solution de
cacodylate d'ammoniaque à 5 p. 100. Lavage, déshydratation et
inclusion à la paraffine. Coloration des coupes par une solution
d'argent colloïdal, et virage dans une solution aqueuse de chlo-
rure d'or et de sulfo-cyanure d'ammonium.
Finalement, on passe dans unesolulion d'hyposulutede soude,
oirdéshydrateet on monte au Baume.
Cette méthode, qui n'avait pas encore été appliquée jusqu'ici à
l'étude de la rétine, donna des résultats nouveaux en ce sens que
l'auteur ne trouva pas les connexions décrites jusqu'ici ; mais ce-
pendant, il ne et oit, pas pouvoir infirmer la doctrine du neurone.
La cellule à court cylindraxe que fort rencontre aussi bien dans
la rétine que dans le cervelet, le pont de Varole, le bulbe ulfactif,
le cerveau, serait un neurone intercalé entre la voie afférente et la
voie efférente principale. On peut donc en conclure que les cel-
lules de la rétine, tout en étant des anastomoses, n'infirment pas
la théorie du neurone. Ce serait ainsi un noyau spécial non encore
décrit dont. la fonction serait un générateur d'énergie. Quoi qu'il
en soit, les anastomoses ne sont pas démontrées anatomiquement.
.J. Séglas.
LI . Contribution à l'étude pathogénique de la paraly-
siepneumococcique expérimentale ; par LUIGO PANICHI. (In
Rivista di pathologia nervosa e mentale. Florence, juillet 1905,
vol. X, fasc. 7.)
M. Panichi rappelle d'abord que Guider, ayant déclaré en 1809,
à la Société médicale des hôpitaux, que l'on pouvait observer des
paralysies consécutives à la pneumonie, ne rencontra il cetteépo-
que que de l'incrédulité. Depuis, cette opinion a fait son chemin
et est admise aujourd'hui sans conteste.
L'auteur, se plaçant au point de ne expérimental, a fait ses re-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 207
cherches sur le lapin, la brebis elle cheval, complétant l'observa-
Lion clinique par des études microscopiques de la moelle au niveau
des régions cervicale, dorsale et lombaire. Fixation des pièces par
le sublimé acétique, le liquide de Millier, la solution chromo-os-
mique de Marchi, et l'alcool à 9ti°. Inclusion il la paraffine étala
cclloirlinn. Traitement des coupes par les méthodes de \1'oir·rE-
Pal, du llarclri, du Nissl au bleu de l Ilinuine, et au Van Oiesuu.
Au point du vuu clinique, on observe surtout des troubles mo-
teurs et trophiqucs. Quant aux lésions histologiques que l'on ob-
serve dans la paralysie 'expérimentale consécutive il l'influence
du virus pneumocu('('i(ll1C, l'auteur a trouvé des altérations hie-
gea ! 1L surtout au niveau des cornus antérieures de la moelle. De
plus, les Doubles moteurs seraient également dus surtout à une
hémorrliariie spinale : cette hémorrhagie dépendrait des vais-
seaux sanguin*, artériels et veineux, qui seraient al[e ! 'esa\eep ! 'o-
lifération considérable..1. Séglas.
HLRecherches histologiques sur la structure fibrillaire
de lacellule nerveuse il. l'état normal et il. la suite des lé-
sions des nerfs ; par PARIAN ! . (Rivista di pathologia nervosa e
mentale. Florence, juillet 1905, vol. X, lasc. 7.)
Dans ses recherches histologiquos, l'auteur a commencé par
utiliser les méthodes anciennes, surtout celle de Nissl, et celle
d'Apathy (chlorure d'or et hematéine). Il a ensuite essayé la mé-
thode de Donaggio, basée sur l'action de la piridine, et relie du
Lug-arll qui substitue l'argent colloïdal a l'or colloïdal employé
par Joris.
L'élude de la celluleuurveusu normale et pathologique l'a con-
duit à considérer que l'emploi des récentes méthodes de coloration
fibrillaire peut mettre en évidence des faits nouveaux, surtout en
ce qui Concerne la partie essentielle du cyLoplasma, Ces métho-
des peuvent également fournir de bons renseignements sur la
structure intime du la cellule normale et pathologique. Cepen-
dant, on ne doi t accepte ces résultai* histologiques qu'avec beau-
coup de réserve, étant données la grande fragilité et la deiica-
tesse de la substance fibrillaire ; culte (lumière, en effet, peut fort
bien être altérée par les agents chimiques employés dans les ru-,
cherches histologiques . ,1. 1 : GL.s.
LUI. Une altération spéciale nucléaire dans la rage ; par
51CILL1N0. (In Rivista di pathologia nervosa e mentale. Florence,
juillet 1905, vol. X, fasc. 7.)
De ses études cliniques et expérimentales, l'auteur conclut
que, dans le cerveau, la corne d'Ammon présente des lésions très
nettes et très caractéristiques. On observerait dans les cellules
une tendance du noyau il se rétracter avec augmentation des gra-
208 revue D'ANA10AIIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
nulations vertes contenues à l'intérieur. Il faudra faire des re-
cherches ultérieures pour savoir si ces altérations sont spéciales
à la rage ou bien si elles constituent un mode spécial de réaction
des cellules de la corne d'Ammon..1. S.
LIV. -L'importance du voltage initial dans l'examen élec-
trique des nerfs sensitifs ; par Gramegna et Segrk. (Rivista
di pathologia nervosa e mentale. Florence, août 1905,- vol. X,
fasc. 8.)
Les auteurs aboutissent aux conclusions suivantes :
1° A égalité d'intensité, les nerfs sensitifs sont diversement
excités suivant la variation du voltage initial, mais non en pro-
portion graduelle entre l'augmentation de la face électrbmblrice
de la force excitante d'une intensité donnée. 2" La variation de
la force excitante n'est pas grande, niais acquiert une importance
spéciale, maintenant que les stations d'électricité médicale em-
ploient des forces électromotrices diverses. 3° Pour avoir des
résultats exacts et comparables, dans l'examen galvanique de
l'excitabilité des nerfs sensitifs, il esl nécessaire de noter le voltage
du courant. 4° Il faut néanmoins tenir compte du voilage ini-
tial dans les applications thérapeutiques des courants galvani-
ques aux lésions de la sensibilité. 5° Il faudrait établir con-
ventionnellement la force électromolrice utilisée dans les sta-
tions d'électricité..1. S.
LV. Le réticulum neuroflbrillaire des cellules motrices
dans la moelle épinière des animaux tétanisés ; par 'ft-
BERTI. (Rivista di pathologia nervosa e mentale. Florence, août
1905, vol. X, fasc. 8.
Par ses observations, l'auteur se dit en mesure de pouvoir affir-
mer en toute sécurité que le réticulum 11b ! 'jllail'e des cellules mo-
trices de la moelle épinière des lapins tétanisés ne présente pas de
lésions appréciables. En certains cas seulement, la neurolibrillc
se présente légèrement contracté, ce qui ne constitue nullement
une lésion spécifique due au tétanos, puisqu'un état analogue
peut se vérifier tout aussi accentué dans certaines conditions
morbides et physiologiques. J. SÉGI.AS.
LVI. Note d'histologie pathologique (par biopsie) sur la
fibre musculaire striée dans la maladie de Parkinson;
par SONNA SALARIS. (Rivista di pathologia nervosa e mentale.
Florence, août lu03, vol. X, fasc. 8.)
Dans cette étude, l'autcura employé la fixation par l'alcool,
l'inclusion'-a la paraffine, etla coloration à l'hématoxvline de De-
lafield ? L'examen microscopique a révélé que la fibre musculairc
est en général un peu atrophiée. La slriation transversale nappa-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 209
rail plus où moins clairement et non dans toute la libre, mais les
lésions sont partielles et mal définies. La btriatidn longitudinale
présente des vacuoles en forme du losange ; les libres longitudi-
nales sont intriquées et se dirigent en tous sens. Le tissupérifas-
ciculaire n'oll'ro rien de spécial. Les noyaux de sarcolemmu sont
normaux comme nombre, forme, siège et dimensions.
Les vaisseaux sanguins avoisinant les tendons rencontrent une
augmentation des noyaux, la tunique moyenne a un aspect hya-
lin.
Quelques rares faisceaux lien eu.\. visibles ne montrent- aucune
altération du cylindraxu..1. S.
L\'lL- Réflexes dans l'Hystérie. Valeur séméiologique de
la dissociation des réflexes plantaires et rotuliens ; par
M. le Prof..1. Teissier. (son. Mèd. des llcîp. du Lyun, 51 mars
l911 : 1.) , ,
M. le Prof. Teissier appelle l'attention stirim phénomène clini-
que qui n'est pas sans intérêt au point de vue pratique.
Ce phénomène est la dissociation de la réflectivité plantaire et
rutulienne qui se manifeste le plus souvent par l'exagération du
réflexe rotulien et l'abolition du réflexe plantaire (la sensibilité
de la plante du pied étant ou non conservée).
Depuis 1889. M. Teissier considère eu symptôme comme un des
bons signes de la névrose, un véritable stigmate méritant de
prendre place ù côté de l'abolition du rélluxu pharyngien, de l'he-
mianeslhésie sunsilivo-sunsoriulle, ulc. Sans fournir un pour-
centage exact, comme l'a fait M. Crocq dans son dernier arti-
cle, qui signale l'exagération des réflexe-' patellaires 79 fois %
et l'abolition des réflexes plantaires (15 %', M. Teissier, SI}. basant
sur ses observation* pCl'sonlll'llL's, penseI1Ull : I'Ue dissocialion des
réilexes dans l'hystérie doit être infiniment fréquente. Ce phéno-
mène peut se montrer indépendamment de la présence de tout
autre stigmate, il peut, dans certains cas, avoir une indication ré-
vélatrice très sérieuse, par exemple dans des cas de chorée ou
d'hysléro-épilebsie d'interprétation très délicate.
Tout en reconnaissant la grosse valeur diagnostique de eu si-
gne, l'auteur n'en fait pas cependant un phénomène pouvant
trancher d'une façon absolue le diagnostic entre l'hystérie et une
)c ! -ion organique toujours possible. G.' Carrier.
Archives, 2' série, t906, t. XXI. 14
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
.\\'111. -- De la méningite tuberculeuse à forme délirante
chez l'enfant ; par MM. \Vr : ILL et PPHU, (Lyon Médical, n 4a,
5 novembre 1905.) ..
Dans l'évolution clinique delà méningite tuberculeuse de l'en-
fant le délire n'occupe en général, dansla Iliérarchiedessymptû-
mes qu'un rang fort effacé ; il est en général diffus. MM. Weill et
Péhu rapportent trois cas qu'ils ont vus évoluer et où les symptô-
mes délirants ont paru imprimer il. la maladie une allure parti-
culière, au point de justifier la dénomination déforme délirante
de la. méningite tuberculeuse.
Observation I. Méningite tuberculeuse en deux étapes chez
une enfant de 8 ans 1/2. 1° Vomissements et malaise du 12 au 16
mai. Du 1G au 22 se lève sans présenter du graves symptômes ; 2°
Du 22 au 2G mai, état hallucinatoire terrifiant continuel avec
hyperesthésie généralisée.
Trépidation plantaire. L'aspect est celui de la rage. Morte le
2G mai avec température de 42°. Granulie pulmonaire, rénale.
Granulations méningées surtoutau nivcau du lobe optique.
Observation IL - Méningite ayant évolué en un mois chez
enfant de 10 ans 1/2. Prodromes : 10 jours. Injection d'air au 21°
jour. Retour de la connaissance, mais délire. Au 26o jour, hypo-
thermie,-coma, résolution musculaire avec accès de raideur.
Ponction de Quincke au 26e jour sans résultai. Injection d'air.
Morte au 28c jour. Adénopathie trachéo-bronchirlue caséeuse.
Pas de granulie. Infiltration fibrineuse du la hase de l'encéphale.
Observation [Il. Syndrome méningé chez enfant de 9 ans.
Délire à type religieux et hallucinatoire très marqué. Evolution
lente d'abord, puis rapide de la maladie.
Lésions très accentuées de la pie-mère cérébrale, sans altéra-
tions particulièrement accentuées de la corticalité. Granulie gé-
néralisée, ganglions trachéo-broncluques caséeux. Ce que les au-
teurs ont voulu mettre en relief dans ces trois cas de méningite
tuberculeuse, c'est que les phénomènes délirants ont revêtu l'as-
pect d'un type délirant nettement caractérisé, fait excessivement
rare dans la méningite tuberculeuse de l'enfant. Type de délire
hallucinatoire dans le premier cas, de délire religieux dans le
deuxième, de délire hallucinatoire dans le troisième. Ils consta-
tent seulement le fait clinique, sans tirer des conclusions fermes
sur le déterminisme de ces formes délirantes. (. Carrier.
revue DE pathologie nerveuse. 211
\)X. Hémiatrophie faciale droite; sclérodermie probable;
par M. Lannois. (Soc. nationale de 'f)1/ : d. de Lyon, 20 novembre
190 ? )
Jeune fille du 21 ans dans. les antécédents du laquelle on rc-
lève de l'alcoolisme paternel et de la nervosité chez la mère.
Otorrhée dans l'enfance. Conjonctivites, ganglions cervicaux
suppures. Crise de rhumatisme articulaire aigu il y a trois ans.
Pas de syphilis acquise.
L'affection actuelle a débuté il y six uns ;ulle esL'swlionilail'p
depuis deux ans. File présente une héinialrophio faciale droite :
il va un énorme creux dans la joue un avant des masséters; dans
la fosse temporale il ne paraît plus exister de tissu cellulaire ni
du muscle. Le mass(Ler existé eneure, mais na atrophié.
Le reste du la face est, respecte.
La peau, au niveau de l'atrophie jtigale et des deux tiers anté-
rieurs de la fosse temporale est mince, sans pannicule adipeux
liers postérieur de la fosse temporale, large plaque d'atrophie
cutanée, montant dans les cheveux. La peau, à eu niveau, est.
mince, atrophiée, décolorée, collée contre 1'0 ? sou ? jacenl. Lus
cheveux onl disparu, sauf en quelques points. Certains points pa-
raissent plus atrophiés et sont recouverts d'une petite plaque noi-
ràlre se délachantfacilenleul sans laisser d'ulcération.
A gauche, plaque large comme une pièce de 5 francs, à centre
décoloré, à périphérie rosée, à bords épaissis. Elle est située au-
dessous du zygoma, en arrière de l'os malaire.
Du côté des mains, aspect de la sclero-dactylie à sa phase ini-
tiale.
Sensibilité intacte à tous les modes.
M. Lannois tend à rattacher l'aspect de la peau à la scleroder-
mie, celle-ci devant être considérée dans ce cas comme un trou-
Mtitrophique d'origine nerveuse. Il fait remarquer que l'atrophie
des tissus profonds se fait en même temps que le trouble trophi-
'lue (Il' la peau, mais sans lui être superposée.
Ce cas est intéressant en montrant, à côté d'une hémiatrophie
faciale peu banale, des lésions cutanées trophiques qu'on peu
l'approcher de la sclérodermie. G. Carrier.
. -Le crétinisme sporadique ; par O. LUG.1R0; (Wvista di
pathologia nervosa e mentale, Florence, janvier 1005, jvul. X,
rase ? ) .
L'auteur commence par exposer les difficultés pratiques où l'on
sc trouve habiluelleinunl pour étudier celle affection. Puis il ap-
porte un certain nombre de cas, qui peuvent enrichir la litL·m-
212 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
ture de cette maladie, dont l'origine thyroïdienne paraît admise
aujourd'hui sans conteste. Il rapporte six observations :
Observation 1. - Femme de 4G ans. présentant tous les
symptômes de l'idiotie myxoedémateuse ; traitée par les tablettes
de corps thyroïde. Notable et rapide amélioration, sauf pour le
squelette, dont l'ossification est terminée. En plus des symptômes
principaux qui sont amendés, il faut noter la disparition de quel-
ques phénomènes tels que nystagmus, déviation de la langue,
exagération des réflexes tendineux.
Observation Il. - Garçon de l5ana. I)évelulrpcment physique
nul, type infantile. Assez bien développé au point de vue psychi-
que. Tablettes de corps thyroïde. Disparition en moins de deux ans
des signes de myxoedème, amélioration des fondions respiratoires
et circulatoires. Cette observation est intéressante en ce sens
qu'elle réalise un type intermédiaire entre l'idiotie myxoedémateuse
de Bourneville et l'infantilisme III)xoedémateux de Brissaud.
Observation III. - Garçon âgé de 7 ans. Connue dans les dew
précédentes observations, il naît à terme, et ne présente à sa
naissance rien d'anormal; ce n'est que vers le septième mois
qu'il s'arrête dans son développement, et n'acquiert jusqu'à
7 ans (date à laquelle il est amené) qu'une taille minime
(0 m, 77 cm.), et myxoedème peu accentué. Intelligence nulle.
Traitement par les tablettes de corps thyroïde. Augmentation ra-
pide, régulière et progressive du poids et de la taille. Des radio-
graphies faites avant et après montrent que l'ossification du sque-
lette s'est considérablement améliorée. A signaler également
l'éveil de l'intelligence et la disparition de l'hypothermie.
Observation IV. -Garçon âgé de 18 ans. Naissance et premier»
mois normaux. Vers l'âge de li mois, arrêt du développement
pyschique et somatique. Traitement par la médication thyroï-
dienne. Reprise active du développement du squelette et des fonc-
tions intellectuelles.
Observation V. Fillette de lù ans, ayant tous les caractère-
de l'infantilisme et du myxoedèmu. Amélioration rapide et notable
parles tablettes du corps thyroïde.
Observation VI. -- Fillette de 7 ans, sans lare héréditaire, née
¡'¡ terme, se développe mal et finalement s'arrête dans sa crois-
sance. Degré modéré de myxoedème, mais taille extrêmement
petite(0 m. 92 clin, à 10 ans). Troubles circulatoires ; intelligence
endormie, paresseuse. Traitement par les tablettes de lliy"f)i(lille.
Accroissement rapide des différentes parités du squelette, dispa-
rition des troubles circulatoires, et réveil des fonctions psyclil-
flues, Culte malade présente la « main en trident » que M. Marie
considère comme caractéristique du l'achondroplasie.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 213
Les caractères du crétinisme sporadique peuvent donc, au dire
de M. Lugaro, se réduire à deux symptômes : infantilisme et
myxoedème. 11 semble que ces deux premiers soient intimement
liés et résultent en général d'une maladie infectieuse qui, en
lésant la thyroïde, amènerait une insuffisance fonctionnelle de
cette glande. Cette manière de voir serait corroborée par ce fait
que l'administration de la thyroïdine, en suppléant aux fonctions
thyroïdiennes, amènerait une indiscutable et rapide améliora-
lion..1. S;GI.AS.
XXI. - La maladie de Westphall-Strümpell, à type West-
phall, c'est-à-dire due à la pseudosclérose, et à type
Strumpell, due à la sclérose diffuse; par Renato lE131ZZI.
(in Rivista de pathologia nervosa e mentale. Florence, février
1 ! ! Oa, -ol. \, fasc. ` ? )..I. S.
\\ll.-Note sur deux cas familiaux d'ataxie cérébro-spi-
nale (type Friedreich 2) ne présentant aucune particu-
larité rare ; par CERLITTI el PFRUSINI. (Rivista di pathologia
nervosa e mentale. Florence, août 190b, vol. X, fase. 8.)
Les auteurs rapportent deux cas de cette affection, et donnent
l'examen anthropologique, physiologique, nerveux, avec l'état des
réflexes, delà sensibilité, des organes des sens, et l'état mental.
Ils discutent certains signes spéciaux, tels que : nystagmus,pa-
mUysies des munies oculaires, lésions cardiaques, et concilient (
que le diagnostic, différentiel d'avec un grand nombre d'autres
affections nerveuses est pour ainsi dire impossible et qu'il faudra
attendre 1 évolution pour affirmer quoi que ce soit..1. S.
\XIII. - La chorée chronique progressive ; par Daudi. (In
Rivista di pathologia nervosa r mentale. Florence, avril 190.').
vols, fasc. 4.)
L'auteur rapporte deux cas, surtout intéressants en ce sens
que l'examen clinique put être complété par l'étude analomo-
pathologique, sur laquelle il insiste surtout.. ? cas : Syndrome habituel de la chorée de tluntington. - A
l'examen histologique, on trouve au niveau du cerveau une dif-
férence marquée entre les cellules superficielles et les cellules
profondes de la substance corticale. Les cellules présentent la
forme et le volume ordinaires, mais quelques-unes ont le proto-
plasme homogène avec fragmentation de la substance chroma-
tique de Nissl. Toutes sont abondamment fournies de pigment
jaune-brun. '
Moelle épinière : Abondance extraordinaire du pigment jaune-
brun dans la cellule nerveuse.
214 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
2c cas ; Surtout marqué par des troubles psychiques. Fixa-
tion du système nerveux par des méthodes variées, (solution de
sublimé saturé suivant la formule de Heidenhaiu, liquide de
Flemming, de Zeuhel' ; osmio-bichromique.deGolgi; solution de
bichromate de potasse il doux et demi pour cent). Un trouve une
diminution numérique des éléments nerveux de la couche corti-
cale cérébrale, siégeant surtout au niveau de la région frontale
ou psychomotrice, avec modification de la structure cellulaire,
augmentation du la névroglie, et lésions vasculaires..1. SEnt.As.
XXIV. Cécité corticale ; par MM. COLLET et Gruher. (Lyon
mc ? ? 1 décembre 11)Oi.)
Homme du. G8 uns, ayant présenté une hémiplégie droite avec
aphasie, après plusieurs ictus une cécité complète, une perle ra-
pide de l'odorat. La tête a une tendance invincible à tomber du
côté droit cl reprend celle position après qu'on a essayé du la re-
lever.
Le cerveau présentait plusieurs foyers de ramollissement expli-
quant les symptômes observés. Un foyer occupait la ;1" circonvo-
lution frontale gauche : Aphasie. Des foyers de ramollissement
des lobes occipitaux expliquaient la récitée, Enfin le pied delà
première circonvolution frontale gauche était intéressé par un
ramollissement s'étendantsur sa partie interne. L'altitude vicieuse
de la tête pourrait être expliquée d'après les auteurs par ce ra-
mollissement, certaines observations localisant un ce point le
centre des muscles du tronc et du cou. C. C.
XXV. Sur un cas de tétanie à forme de rhumatisme
musculaire ; lar ll. PrrRV. (Soc. des sciences mctl. de Lyon, Il î
mai 1905.)
Homme de 5G ans rhumatisant d'habitude, frappé brusque-
mont en pleine santé d'une paralysie spasmodique douloureuse,
précédée depuis un mois par des douleurs articulaires. Cet état
répond, croit l'auteur, à une forme particulière de tétanie, carac-
térisée par un élat permanent de crampe musculaire très dou-
loureuse (forme de rhumatisme musculaire) à localisation exclu-
sive au niveau des membres inférieurs (terme de paraplégie
spasmodique).
M. Piéry s'appuie pour faire le diagnostic de tétanie, sur l'exis-
tence de crises fréquentes de crampes douloureuses depuis dix
ans chez le malade ; ces crampes localisées aux avant-bras et aux
mains réalisaient le type de la « main de l'accoucheur »'.
La contracture actuelle prédomine au niveau des membres in-
férieurs et y affecte le type signalé par les auteurs : hyperexlcn-
sion des pieds un varus équin, les muscles jumeaux et le tendon
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 215
d'Achille sont fortement tendus. Le signe de Trousseau existe,
le signe de Weiss existe également.
Ce cas de tétanie réalise une forme de rhumatisme muscu-
laire. La cause à invoquer dans ce cas échappe à l'auteur, mais il
tend à invoquer sans l'affirmer l'origine rhumatismale de la téta-
nie. G. C.
- Maladie d'Addison avec troubles sympathiques ;
par M. CHAYIGNY. (Soc. Méd. desllôp. de Lyo'n, 11 avril 1905.)
Jlaladie d'Addison bien caractérisée avec troubles de la con-
traction irienne et instabilité cardiaque, paresse de la pupille, le
réflexe lumineux est presque aboli, le réflexe d'accommodation
est très diminué. Instabilité cardiaque avec ralentissement ha-
bituel du pouls, 40 pulsations à la minute. L'auteur rattache ces
deux symptômes à des troubles du sympathique. C. C.
- Un cas de maladie d'Addison avec troubles sym-
pathiques ; par IIDI..1. COURMONT, LESIEUR et Thevenot.
(Soc. lléd. des Hôn. de Lyon, 11 avril 1905.)
Sujet de 25 ans, atteint de maladie d'Addison, avec pigmen-
tation un peu spéciale et quelques troublessympathiques. La pig-
mentation a une localisation un peu spéciale se rapprochant
beaucoup de la mélanodermie arsenicale ; elle est localisée aux
mamelons, aux organes génitaux, à l'abdomen, au dos, respec-
lant la face, les mains, les jambes et les pieds.
Les troubles nerveux étaient caractérisés par de l'exophtalmie
et quelques secousses nystagmiformes, un tremblement des
doigts menu et inconstant ; crise de salivation ; sensation fré-
quentes de vapeurs à la face et même au tronc sans troubles
vaso-moteurs appréciables. Les réflexes rotuliens sont très exa-
gérés, la parole est lente, traînante, sans troubles intellectuels.
Tremblement de la langue et mouvements brusques de la tête et
des muscles sourciliers. (. C.
XXVIII. Épilepsie et rétrécissement mitral ; par M. R.
Paulv. (Soc. Jlèd. desllôp., 1G mai 1905.) ,
Femme de 32 ans, sans antécédents héréditaires de nature épi-
leptique. A 12 ans, elle reçut un coup de balançoire sur la tête
dans la région occipitale. Depuis lors elle eut souvent des crises
qui progressivement devinrent plus rares, actuellement, c'est à
peine s'il s'en produit une par an. La crise survient lorsqu'elle
marche un peu vite ou qu'il y a un vent violent ou lorsqu'elle
travaille la machine. Elle, sent alors battre son coeur, a des
bourdonnements d'oreilles, une sorte d'étourdissement ; elle
tombe à lerre et perd connaissance. Elle n'a pas du convulsions
des membres, pas d'incontinence d'urine, seulement des sueurs
2Hi REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
abondantes. La crise dure environ une iluini-huuru. Pas du stig-
mates d'hystérie. Au coeur, signe d'un rétrécissement mitral.
Il s'agit d'une epilepsie traumatiqueet d'un rétrécissement mi-
. Irai congénital. Quels rapports existe-t-il entre les crises d'épi-
lepsie etla lésion mitrale ' ?
Les crises n'apparaissent qu'après un exercice. Il semble donc
que l'insuffisance du son coeur se traduit chez elle par la crise
d'épilepsie.
Il s'agit très probablement, dit l'autour, d'un phénomène de
rappel sous la dépendance d'un trouble circulatoire de l'encé-
phale. Pour l'auteur, ou doit admettre que le rétrécissement mi-
tral peut rappeler des crises d'épilepsie chez des malades porteurs
de lésions cérébrales plus ou moins déterminées. G. 1.
XXtX. Hystérie et fièvre typhoïde ; par MM. Roques el
(.ORNELOUI'. (Soc. de J[hl des H,jp. de Lyon, 21 mars 1905.)
Les auteurs rapportent deux cas d'hystérie influencés par une
tièvretvphode intercurrente d'une façon absolument dissemhh
ble. '
Observation 1.- Il\'pt"l'0-l;pllCl)sl(' datant de IIL11tI1701S, il.l
crises par jour, troubles psychiques, rétention d'urine, anorexie
hystérique. Fièvre typhoïde contractée le 1 ? décembre, suspen-
sion des crises pendant toute la durée. Mastoïdite typhique,
Dans cette observation, la lièvre typhoïde, a amené lacessaLion
de crises convulsives qui duraient depuis huit mois. L'effet snla-
tif du bacille d'Ebelthne lleutllasêtrc plus démonstratif.
Observation IL Cldoro-anémie probablement syptomati-
que d'une hacillose du sommet droit au début. Fièvre typhoïde
avec sero-diagnostic positif, symptômes méningés, étal comateux,
paraplégie spasmodique, puis grandes crises convulsives hystéri-
ques, fièvre hystérique bizarre du la convalescence.
Dans cette observation, la lièvre typhoïde développe du toute
pièce une grande hystérie avec phénomènes convulsifs et para-
plégie spasmodique.
Les toxines ont eu dans ce cas une action nettement excitante.
Comme conclusion de ces faits, les auteurs pensent que si les
infections, les septicémies, ont une action incontestable sur l'évo-
lution et la marche des névroses, action très probablement d'or-
dre toxique, suivant les travaux du Lannoiset Teissier et les idées
émises par Pierrot. Faut-il, pour expliquer les effets disparates
observés, recourir des toxines dissemblables, convu lsivantes et
paralysantes.
Ils ne le croient pas. Ils pensent plutôt que sous l'action de
l'affection intercurrente, de la lièvre qui l'accompagne, il y a chez
ces névrosés, à système nerveux en équilibre instable, des modi-
fications dynamiques fonctionnelles qui se produisent. C'est sous
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 217
celle influence qu'il y a tantôt sédation, tantôt excitation du sys-
Li-IIII' nerveux et que les crises convulsives cessent on apparais-
sent sans être l'(¡'LIHC dil'ected'une toxine différenciée. G. C.
XXX, - Névrite inflammatoire tuberculeuse des nerfs
optiques ; par M. L. ! )oR. (Soc. de med. de Lyon, 4 décembre
1905.)
Malade âgé de : 30 ans présentant une névrite inflammatoire
des nuits optiques durant depuis trois ans, sans diminution du
l'acuité visuelle^ Douleur rétro-oculaire avec photophohie, photo-
psie et mouches volantes. Celle association des gaines rétro-
oculaires avec ces symptômes constitue un type clinique que M.
L. Dor dit avoir rencontré fréquemment et ceci toujours chez
des tuberculeux. 'G, C.
XXXI. Hystérie et rétrécissement mitral ; par MM. Roque
et Corneloup. (Soc. Méd. des 7Aip. de byon, 21 mars 1905.)
Des différents travaux publiés sur ce sujet il résulte que le ré-
trécissement mitral pur, le rétrécissement congénital prédispose
spécialement à l'éclosion de l'hystérie.
Parmi les faits cités, il y en a où la lésion cardiaque agit sur un
système nerveux héréditairement troublé dans son fonctionne-
mentou rendu plus vulnérable par des antécédents personnels.
Il en est d'autres, au contraire, où elle paraît, par l'absence de
toute lare nerveuse héréditaire ou personnelle, créer entière-
ment la névrose. Ce sont ces derniers cas qui ont surtout attiré
l'attention des auteurs. Parmi ces cas ils distinguent particulière-
ment ceux dans lesquels les manifestations hystériques sontsur-
venuesau cours de la maladie du roelll'. sans qu'il soit possible
d'incriminer une circonstance occasionnelle quelconque qui ail.
pu la provoquer.
L'hypothèse qu'ils tendent il admettre pour expliquer le déve-
loppement de l'hystérie est que la lésion cardiaque crée l'hysté-
rie par un trouble circulatoire cérébral.
C'cstia pathogénie de l'épilupsie de Lemoine.
S'agif-il d'une lésion aortique ! 1;'est l'anémie cérébrale qui
intervient. S'agit-il d'une lésion rnilrale ! C'est la congestion des
contres encéphaliques.
Les auteurs apportent deux observations à l'appui de cette hy-
pothèse. Dans le premier cas, c'est une jeune fille de21 ans, por-
teuse d'un rétrécissement mitral datant de la première enfance.
Pas d'antécédents nerveux héréditaires ni personnels. Réglée à
lu ans, les règles étaient toujours accompagnées de phénomè-
nes vaso-moteurs et de troubles congestifs internes du côté de la
face. A 21 ans, les périodes menstruelles se mirent à retarder, les
phénomènes vaso-moteurs et congestifs s'accentuèrent et au bout
218 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
de 48 heures la première crise d'hystérie éclata ; les règles arri-
vèrent ensuite. Depuis quatre mois il en fut ainsi à chaque pé-
j'iode prémenstruelle. 11 semble bien, dans ce cas, que c'est sous la
seule influence congestive prémenstruelle que les phénomènes
d'hystérie sont apparus. -
Dans la deuxième observation, ils'agit d'un jeune homme de
22 ans, porteur d'un rétrécissement mitral datant de la première
enfance. Peut iL 21 ans une nouvelle poussée d'endocardite, don-
nant l'hypertrophie du l'n'm'et un souffle systolillue perçu dans
la région xiphoïdienne. Les crises de grande hystérie apparurent
au moment de la poussée d'endocardite mitrale.
()n a noté en outre divers phénomènes d'ordre congestif : cra-
chements de sang (hémosialémèses) ; râles fins d'oedème et de
congestion pulmonaire aux deux 1)ases, persistant sans fièvre ; en-
fin, une congestion de la papille très intense, semblant augmen-
ter immédiatement après les crises. Cette observation semble,
d'après les auteurs, probante de l'origine cardiaque de certaines
hystéries au point de vue des phénomènes de congestion encé-
phalique qui président il Réclusion des accès. (i. C.
XXXU.Névrite alcoolique avec gangrène symétrique
des extrémités ; par MM. Lépine et Porot. (Soc. Afcd. drs
Hûp. de Lyon, 21 mars 1905.)
Un cas du névrite alcoolique ayant donné lieu à des manifesta-
lions gangreneuses symétriques. L'examen des mains du malade
montre :
. droite : Index tuméfié, rouge, très douloureux avec sillon de
séparation au niveau de la dernière phalange entourant une
eschare noire du volume d'une pièce d'un franc. Le médius pré-
sente un état parcheminé spécial delà peau qui est comme mo-
mifiée.
A gauche : extrémité du médius, raccourcie par chute de la der-
nièrQ phalange, présente un tégument lisse durci où s'implante
un petit moignon angulaire.
Griffe cubitale typique à gauche avec hyperextension de la
première phalange des deux derniers doigts el. flexion des deux
dernières phalanges.
Autres symptômes : Douleurs violentes, lancinantes, paroxysti-
ques, localisées dans le doigt gangreneux et s'irradiant dans le
reste des membres supérieurs, quelquefois dans les membres in-
Itrieurs, ont le caractère des douleurs névriliques.
Etat particulier de la peau, présentant un oedème dur, mar-
qué surtout aux extrémités, doigts boudinés. Masque spécial, an
niveau du visage, coloration rouge presque érythromélalgique,
s'arrêtant au niveau du front et se limitant par une ligne qui suit
à 1 centim. la racine des cheveux. Varices du membre inférieur.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 210
Les auteurs font de ce cas une gangrène névritique. La notion élio-
logique de l'alcoolisme, les douleurs du type névritique tendant à
se généraliser, la présence, d'une grille cubitale à la main gauche
confirment leur manière de voir. G. L.
REVUE DE THERAPEUTIQUE
\'Il. Infantilisme dysthyroïdien ; thyroïdo-éréthisme
chirurgical ; par I. Cotte. (Soc. des sciences médicales de
Lyon, 7 juin 1905.)
Observation d'une jeune fille de 1G ans recueillie dans le ser-
vice de M. le prof. Poncet. La petite malade, qui a toujours été
arriérée, présentait des signesd'infantilisme d'origine thyroïdienne
qui furent améliorés par l'opération que M. Poncet a décrite
huis le nom de Ihyroïdo-ûréUïisme (Rave, tlr. tle Lyon 1891).
Lessignes d'infantili ! 'me étaient surtout, psycttiques et, corporels.
Les symptômes psychiques consistaient en une apathie avec be-
soin de sommeil. Le sommeil était parfois si profond qu'il élail
souvent impossible du réveiller la malade. Croître diffus. Pas du
lIlxll'lli'me ni de : -igrlt's de bat'(ln\\'i : -lI1e, '
Celle malade, d'après l'auteur, est un type d'infantile dysthyroï-
(tien il symptômes pathologiques frustes, type bien mis en W i-
dence par les travaux du Brissaud et Hertoghe.
Comme traitement, on a eu recours chez cette malade à une
méthode préconisée par jM. Poncet, qui consiste raviverlesfonc-
tions()e la glande thyroïde par une stimulation mécanique per-
manente. Cette opération, décrite sous le nom de thyroïdo-uré-
lhi"I ! 1 £ ', consiste dans la mise à nu, sur une certaine étendue, des
lobes thyroïdiens atrophiés et, d'enclaver en plein parenchyme
glandulaire des corps étrangers aseptiques. Ces véritables épines
'1'lIlhlenl susceptibles de déterminer l'accroissement de l'organe
et de réveiller une fonction qui sommeille. G. C.
\ Ul. Le traitement des tics parla rééducation; par M.
]>OKOT, (Lyon 11lt : clicai, 2 juillet 190.)
L'auteur rappelle que l'élément fondamental dans le tic est. le
trouble mental, le désordre de la volonté, facteur mental de la
production. Grâce à la mise en valeur de cet élément, Brissaud a
pu donner au ticsa vfritahle .signification, en montrant qu'il s'a-
gissait bien plus d'un Iroublo fonctionnel d'origine corticale que
d'un désordre périphérique. En s'appuyant sur cette manière de
voir, Meige el Feindel ont pu instituer contre lui un traitement ra-
221 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
tionnel par la psychothérapie et la rééducation. M. 1\11'0t rapporté
quatre observations de tics traités par la rééducation.
- « OBS. I. Tic du battementdes paupières associé à un tic de
déglutition rapide qu'accompagnait une secousse affirmative de
la tète.
OBs. Il. Tic de la commissure gauche et de l'aile du nez à
secousses isolées. Tic frontal unilatéral avec clignement du l'mil.
Tic de toux.
obus. Ill. Secousses violentes d'occlusion des paupières snu-
vent accompagnées de secousses du mouton et, dus commissures.
Instabilité légère du côté des membres.
Cas. IV. - Torticolis spasmodique organique.
Dans les trois premiers cas, qui sont des tics vrais, il y eut
deux cas de guérison et une amélioration.
Dans lecas de spasme organique. il veut une amélioration suf-
fisante pour que le malade puisse reprendre son travail abandonné
depuis plusieurs années. L'auteur insiste sur une série de con-
sidérations d'un intérêt pratique, qu'il est bon de connaître pour
mener à bien le traitement.
Ces considérations s'appliquent :
I. - Au tic lui-même. - 1° Il faut s'assurer de la nature
exacte du tic, reconnaître que l'on a bien affaire à un Ci(- vrai
psycho-mental et non à un spasme.
2° Il faut prendre en considération l'ancienneté du tic. ? Rechercher la cause occasionnelle qui existe le plus souvent
à l'origine du tic. Le traitement de ces causes occasionnelles fa-
cilite beaucoup la rééducation.
II. Au tiqueur et à son entourage. On doit s'enquérir de la
question de 1 âge, de la condition sociale du malade, de son mé-
tier 011 (le sa' profession. Laquestion de l'entourage a une impor-
tance énorme surtout chez les enfants et doit être prise en très
grande considération comme le montre très bien l'auteur. Chez
les adultes, l'éloignement du milieu et même le véritable tinte-
ment favorisent la rééducation.
Il[. Aux séances de ré.·'lucation,qui doivent être quotidiennes
ou répétées plusieurs fois par jour. Chaque séance doit comporter :
l'immobilisation des mouvements puis les mouvements d'immo-
bilisation. Leur durée doit être variablu suivant ,1'àgu et le degré
d'attention du malade. On doit éviter le surmenage et intercaler
des périodes de repos dans le traitement.
Le médecin doit réunir certaines qualités nécessaires qui lui
sont même indispensables pour arriver au résultat. M. Porot re-
prend la formule deMeigeet Feindel qui ne peut être meilleure :
fermeté, patience, bonté et bon sens. G. ( ? RRlr : k.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
221
IX. - La psychologie à l'usage d'une pédagogie correc-
tionnelle ; par Cesare COLUCCI. (li1l11ali di Nev1"ologia. Naples
1905. Fasc. lY-\'.) t
L'auteur étudie tout d'abord dans quelles conditions se fait ac-
tuellement, le traitement médico-pédagogique ; il montre l'incon-
vénient qui résulte de la réunion dans un même service d'enfants
de plusieurs types différents (idiots, épileptiques, pervers, etc.),
et il demande la séparation de ces différents types. Chacun d'eux
serait justiciable démesures et de procédés différents, el l'on ré-
serverait les moyens de coercition pour les enfants méchants et
dangereux. .
Il montre ensuite l'importance professionnelle et pédagogique
de l'éducation physique et du travail, l'influence du l'instruction
et de l'éducation à l'école et résume son article dans la formule :
Du pain et du travail..1. S.
X. Epileptique sympathitectomisée pour névralgie de
la face et guérie depuis deux mois ; par M. PINATELLE.
(.S'oc. des sciences met, de Lyon, 6 décembre 19 ? 5.)
Femme de 54 ans, épileptique sympathitectomisée par M. le
]J['of..Iahoulay pour une névralgie trifaciale. Depuis l'opération
(deux mois), la malade n'a plus eu une seule crise quoiqu'elle
n'ait point absorbé de bromure ; de plus il y a eu une disparition
complète des douleurs.
La sympalhiteclomie dans les névralgies faciales donne des ré-
sultats importants à connaître. Elle a été pratiquée une trentaine
de fois depuis la première opération de M. Jaboulay. Cette inter-
vention n'aurait eu que chez deux malades, après amélioration
transitoire, un résultat nul. Dans tous les autres cas les dernières
nouvelles signalent une amélioration grande ou la guérison com-
plète (9 fois après un délai de moins d'un an ; 5 fois de 1 à 3
ans ; 3 fois de 5 ans et demi ; I fois de G ans et 9 mois),La gasse-
reclomie doit rester la dernière cartouche du chirurgien.
G. C.
XLLaminectonie des 3° et 4° vertèbres lombaires pour
lésion de la queue de cheval ; par LIOBCRTO ALFXANDRI ;
(7) ! . Rivista di pathologia nervosa e mentale. Florence. Février
1\J03, Vol X. Fasc. 2).
Il s'agit d'un malade ne présentant rien de particulier à noter
dans ses antécédents. Ce malade eul dans son enfance des acci-
dents tuberculeux, et contracta plus lard la syphilis. A de 36
ans, il eut des troubles qui débutèrent lentement, et qui se carac-
térisèrent principalement par de l'anesthésie cutanée s'étendant
au périnée, à la verge, au scrotum, à la fesse, à la partie externe
222 SOCIÉTÉS SAVANTES.
de la cuisse, de la jambe et du pied. Plus tard apparurent des
troubles urinaires, rectaux et génitaux, qui nécessitèrent son ad-
mission. On notait à eu moment des troubles des réflexes, des
douleurs, du l'hypocsthésie, avec insensibilité complète delà
verge, du scrotum, de l'anus et des muqueuses uréLhoale et 1'1'('-
tale. 11 avait également tles troubles de la sensibilité au chaud el
au froid par régions.
On diagnostiqua une légion de la queue de cheval, siégeant au
niveau des 3c, 4e et 5e paires sacrées, mais on fut dans l'impossi-
hilité de faire le diagnostic de la nature de la lésion, et la ponc-
tion lombaire donna des résultats négatifs. On pratiqua une la-
mincctomie, qui montra les racines sacrées unies par des adhé-
rences, au milieu d'un liquide gommeux. Les adhérences furent
détruites, les racines dissociées les unes des autres, et séparées de
la dure-mère. Les suites opératoires furent normales, la réunion
se fil par première intention, et les troubles signalés plus haut
guérirent rapidement..1. S.
SOCIETES SAVANTES
SOCIÉTÉ 111 : UIC(I-l'S1'(,IlllLUl;1(IL;1 : .
Séance du 29 janvier 190G. - Présidence de .MM. Vallon
et MARCEL Briand.
M. Vallon, avant du procéder à l'installation du nouveau
bureau, adresse les félicitations de la Société à son secrétaire
général et à M. Marandon du Jlontyel qui viennent d'être pro-
mus dans la Légion d'honneur.
M. MARCEL BRIAND, en prenant possession du fauteuil du la
présidence, renouvelle ses félicitations aux deux nouveaux Chic-
valiers qui doivent, dit-il, s'enorgueillir d'avoir été décorés par un
confrère (lui, avant d'être Ministre, avait été si bien placé pour
apprécier leur mérite.
Commissions des prix.
Prix Aubanel : 1111. AR1\AUI), LWOFF, Pactet, Sérieux el
SoLLIER sont désignés pour examiner les mémoires des candi-
dats au prix Auhanel.
Prix Esquirol : La commission du Prix Esquirol est composée
de MM. BLIN, Colin, 11ERAVAL, Moreau (DE Tours), ROI;BI-
novvitch.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 223
Malformation congénitale unilatérale de la face chez un idiot
épileptique.
M. HAM EL communique, en son nom personnel et au nom de
M. Wahl, l'observation d'un jeune idiot, atteint d'épilepsie et
présentantunemalformation hypertrophique congénitale de tout
un côté de la face. 11 s'agit surtout d'une hyperplasie de zones
mésodermiques avec participation de diverses portions de l'ecto-
derme et de l'endoderme (peau, tissu cellulo-graisseux, mu-
queuse linguale).
Aphasie par tuberculose.
LE Secrétaire général lit au nom (le M. L. Pron l'observa-
tion d'une jeune tuberculeuse devenue subitement aphasique.
IARcEL 111211NU.
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
Séance du 1er février 1906.
Syri,igomyélie à disposition radiculaire.
MM. LEENHARDTet Noréro présentent une syringomyélique à
troubles prédominants au membre supérieur droit dans les ré-
lions des racines Cs et Duc, éminences thénar et hypothénar, flé-
chisseurs, interosseux.
Exophtalmie par épaississement des muscles de l'oeil.
M. iiocaoN-1)ovICNAUU montre les pièces d'une exophtalmie
avec chémosis chez un vieillard cardiaque et artérioscléreux,
due à une augmentation extraordinaire de volume des muscles
extrinsèques de l'oeil, de nature scléreuse.
Syndrome de compression cérébrale et radiculo-ganglionnaire.
MM. Raymond et LEJONNE montrent un enfant atteint de néo-
plasme cérébelleux, avec hydrocéphalie consécutive et énorme
hypertension du liquide céphalo-rachidien caractérisée par les
signes vulgaires de compression cérébrale avec augmentation pro-
gressive de la tète et bruit de pot télé, par des signes de com-
pression radicule-ganglionnaire se traduisant par un syndrome
tahetiforme, indice d'une lésion des racines et des cordons posté-
rieurs.
Sclérose en plaques.
M. LEJONNE montre les préparations de lésions des cellules des
cornes antérieures dans la sclérose en plaques.
Phénomènes spasmodiques chez une hystérique.
M. Déjerine présente une femme de 35 ans, ayant eu du stra-
bisme intermittent de l'oeil droit, puis une hémiplégie gauche
hystérique guérie un deux mois. Actuellement : à gauche, exagé-
224 SOCIÉTÉS SAVANTES.
ration des réflexes avec clonus indéfini du la rotule et trépida-
tion du pied sans signe du Babinski, origine fonctionnelle pro-
bable. -
M. Babinski croit à une lésion si petite soit-elle.
, Dyslalie chez un aphasique rééduqué.
11. Lwv montre un ancien aphasique qui réapprit il parler
mais qui présente encore certains troubles : parole hachée, lente,
exigeant tout un travail cérébral quoique le malade possède tout
son vocabulaire et l'entière motilité du la langue et des lèvres.
Achondroplasie atypique.
)1. DUFOUR, montre une achondroplasiquu de quatorze ans
dont les bras sont d'une longueur inusitée en pareil cas, le périnée
remonte haut et atteint les plateaux du tibia.
Affection familiale congénitale.
MM. Ballet et L'AGUET. -Il s'agit du frère el de la soeur al-
teints de symptômes tenant à la fois de la maladie de Friedreich
et de l'hél'édo-ataxie cérébelleuse. Un peutdinicilementdissocier
ces deux syndromes expression d'une même lésion : vice de dé-
veloppement de l'organe de l'équilibre avec prédominance tantôt
sur le cervelet tantôt sur la moelle.
Syndrome myopathique guéri chez un enfant.
MM. ARMAND DEt.u.LE et Albert WRfL présentent un enfant,
ancien myopathique progressif du type Le5·Uen-Jluhius, guéri
par les bains hydroélectriques à courants triphasés.
Syndrome de Landry avec lymphocytose.
MM. ARMAND DELILLE et Dénécheau présentent une fillette
ayant subi après infection des symptômes (le paralysie ascendante
aiguë avec troubles sphinctériensft menace d'accidents bulbai-
res. Lymphocytose positive. D. IL amyoll'ophic, pas du troubles
de la sensibilité. Guérison par l'électrisation.
Hémiplégie et rhumatisme déformant.
M. ACHARD. - Le rhumatisme déformanta complètement res-
pecté le côté paralysé.
Hémispasme facial gauche.
MM. ABADIE et 1)UPUS'-I)UTriJll'S présentent une malade guérie
par la méthode de Schlosser, injection d'alcool au niveau du trou
stylo-mastoïdien ; l'hémispasme durait depuis seize ans.
Trouble du langage musical.
M. i\Al HAN. - 11 s'agit d'un pianiste qui a perdu la mémoire
musicale, nu reconnaît pas et ne peut reproduire les airs même
SOCIÉTÉS SAVANTES. 225
de ."a composition, mais qui continue il déchiffrer, il composer ct
à transcrire en notation musicale ce qu'il entend.
Sanoe clzc lr nan ? 1 ! IU(i.
Quelques symptômes nouveaux dans la sclérose en plaques.
VI11. CLAUDE et Egger considèrent comme luis la réaction
111¡"lalIlI;lIique, l"épui;;(>IIIl'nl.l'al'idl' de la force musculaire, l'hy-
p("))it',1cs[ ! '<)u)'l)'s()ula.cm'it)ilitt ? t).'usudunc)'t'acousti<)m'.
Cet épuisement moteur et sunsilif surail dû la destruction du la
gaine de myéline nourricière du cylindre-axe conservé.
M. Marie. Dans la sclérose en plaques syphilitique, le cylin-
dre-axe est détruit ; il reste indemne dans la sclérose en plaques
infectieuse.
Syringomyélie ù symptomatologie sensitive.
MM. Raymond Pl FIU1'ço[S montrent unsyringomyéliquu 1'1'1 ?
que /'xdui\ l'II Il'111. : 'l'II ? il il' dontll' truuble" ? 0111. il distribution
- [rid('lIlclI t mdiculai 1'(>.
MM. Lejonne et, EGGER un mollirent un autre dont la di(ri-
bution des trunlrle cnitil' w clc la 1; à la S1 laissant libre la
queue de cheval.
Poliomyélite antérieure aiguë.
MM. li \VD11ND el Lejonne montrent une jeune fille atteinte du
paraplégie (lasquu totale droite. incomplète tranche.suite de po-
liomyélite, mais où les douleurs persistantes des mussus muscu- ! ! )ire--accusent la participation d'un élément 1. lIIélIing-o-radicu-
laire.
]J1'111 i pl, : g i,' (II ? (¡¡Í(fl ! <' e Ii met ionl/dZt',
,\ 111'0(10-; 11"1111 Inaladl' (10111' 1l''1lll'llu ? ik .'1. I.\IY, r. H \BI1'SKI
montre que 101'SI[I\'1111 ? uje ! . simule le signe de l'orteil, ce dernier
que la tension du tascialatanese produit pas la contraction
du tenseur su produisant toujours dans Il' signe vrai de Babinski.
Névrite ascendante .
1l)I. Ilr : r : iatNF et \um : ao lrncnlcntunalmnolirtuectui porte
une névrite ascendante ayant débuté la suite d'un traumatisme
suis suppuration. M. Sicard croit aune'-impie 1lt"\l'ilealcooli'JlIl'
occasionnée par le traumatisme.
Dylztalrnoplcyies systématisées.
M. Rallet démontre, à l'aide de deux malades, la fausseté du
critérium autrefois admis pour distinguer les ophtalmoplégies
fonctionnelles des ophtalmoplégies organiques par la conserva-
lion des mouvements automatiques et réflexes. Celte dissociation
archives, 2- série 1006, t. XXI. la
22G SOCIÉTÉS SAVANTES.
entre mouvements volontaires ut réflexes se rencontre aussi dans
les paralysies organiques.
Clonus du pied.
M. Babinski provoque le clonus du pied chez des sujets sain*
en leur recommandant d'étendre légèrement le pied sur la jambe,
ce qui explique lu clonus chez les hystériques en crise, ou en
contracture. Le clonus à l'état de relâchement musculaire reste
un signe très probant.
Syndrome de 1lorsalwlr che; un lépreux.
)D1. De Reurmann, liOUBR\O\'1TCH et, Gougerot rapportent
le cas d'un lépreux chez qui les troubles psychiques délirants hal-
lucinaloircsel amnésiquus antérogrades on'apparu avec la pé-
riode cathodique. Sur la lin, s'y esl ajoutée une cléaorienlalion
complété dans le lumps et, dans l'espace. L'élément ('oenesthéiqul'
triste habituel de ? lépreux a imposé sou caractère à la psychose.
L'autopsie a montré des lésions du foie en sus des lésions hansé-
niennes.
Tics ,'ol/wlsi(s du cou.
M. Cruciilt iiiontru deux cas du tics convulsifs du cou persis-
tant pendant le sommeil pcul-ètre par l'influence des rêves.
M. Meige ajouté que culte persistance est spéciale aux lies du
cou.
MM. Marie, Thomas et Iluussy présentent diverses pièce ?
F. ) ! oissiE)<.
SOCIÉTÉ 1J'IlYP : \ULUGIE ET DE PSYCHOLOGIE
Séances du mardi 16 janvier et du 20 février lOUG.
Présidence DE \I, ,Im.FS Voisin.
Crises de sommeil hystérique.
M. Barbier. Une femme du 47 ans, cuisinière1, esl [rouvre
endormie sur la voie publique ; des agents essayent en vain du
la réveiller : elle ne sort de son sommeil, qu'au bout de trois jouis.
C'est la septième fois en deux ans qu'elle tombe ainsi, subite-
ment, sans connaissance dans la rue. Chaque crise survient pru-
dant la période cafatueuiate : la première a eu pour cause une
grande frayeur. Pendanl ces crises. la menstruation n'est nulll'-
ment troublée ; les fonctions dénutrition sont notablement ra-
lenties, l'alimentation nulle pendant plusieurs jours, les inicliim-
très rares. Les sensibilités spéciales ont conservé toulu leur inté-
grité ; par contre, l'anesthésie cutanée est presque complète, il
part deux zones d'hyperesthésie (oculaire et ovarienne). Le blé-
pharohpasme constitue le seul phénomène nettement hystérique;
tous les muscles, sauf ceux des paupières, sont en résolution
SOCIÉTÉS SAVANTES. 227
cumplèlo. Ces crises de sommeil ne durent que quelques jours ;
elles représentent l'équivalent d'une attaque d'hystérie L'Ionique
et rentrent dans la variété .apoplectique.
M. Paul FAREZ. L'aneslhésiu généralisée, l'immobilité abso-
lue, les contractures musculaires, la suspension de l'alimentation
et des excrétions sont des caractères que l'on attribue aux cas
types de sommeil hystérique. Leur coexistence, loin d'être géné-
rale, esl plutôt rare. Eu clinique courante, on constate tantôt la
présence, tantôt l'absence de quelques-uns de ces grands signes
classiques, (iliaque cas comporte ses variations individuelles.
Ainsi, chez Gésine, l'ouïe est totalement suspendue, la "Je et le
tact sont obtus, lu goût usl normal ul l'odorat considérablement
hyperesthésié. Quant au réveil, il peut avoir lieu, non pas brus-
quement, mais par une restauration progressive des diverses^
sensibilités inhibées, cotumechex Argunlina. Parfois aussi l'on
constate, pendant les sommeils, une indigence il peu près com-
plète de signes somatiques : ainsi 11r entina etait dans un étal
permanent du résolution musculaire aussi bien que Gésine :
d'ailleurs, de loin un loin. Argunlina présentait seulement une
contracture passagère de la langue Du même, luin de ne mani-
t'('"tel' eL de ne satisfaire aucun besoin, Gesine s'agite et, par des
mouvements appropriés, manifeste sa faim, sa soif, ainsi quu sus
besoins d'iirinur et de déféquer ; elle manifeste aussi parfois son
mécontentement : quand on lui donne il manger, elle mastique
ul déglutit ; elle rejette même les aliments qui lui déplaisent. De
même que toute autre manifestation de la grande névrose, le
' sommeil hystérique ne saurait comporter une symplomalologic
univoquu. L
M. Jacques ;KTn.LO : <. - Un peut su demander dans quelle,
mesure des actions suggestives sont intervenues dans la création
1'I.l'l'lllrcli('nllt' ces étals pathologiques. Quand on se trouve en
présence d'hystériques très suggestibles, il faut ce défier du la
suggestion. La moindre parole inconsidérée leur trace une ligne
de conduite el elles «'y conforment automatiquement.
Dr 11¡ : IULI.nN. L'observation de M. Rertillon entres juste.
Tous ceux jus<ju'ala connaissance de l'influence du la suggestion,
Ijuiont observé des bv-tériques les ont influencées san" s'en dou-
Il'1',
La qualité delà voix dans la pratique de la suggestion.
M. l v.t.iA. La qualité indiquée esl le timbre clair, mordant,
incisif, qui, un plus du choc vibratoire produit, grave fortement
le mot de l'idée. Mais ce timbre, qui résulte du renforcement des
vibrations laryngées par la résonance thoracique, dépendant de
dispositions physiologiques assez rares, il est possible d'y sup-
pléer par la diction claire. Cette diction s'obtient spontanément
2 : 2S SOClÉïÉS SAVANTES.
dans lu» voix couvertes un alléiiuanl le timbre, el un augmentant
l'intensité de l'expiration. On dispose ainsi d'unu sorte du voix
- confidentielle très précise par le coloris exact des voyelles et la la
vibration forte des consonnes, qui est susceptible du donnerai !
mot et, à l'idée le IIHnilllllmlL"al111'llJalioll eLtI'éncl'gie,
I. Ii7 : Rlr.i.OM. -L;t cullurn Ir; la wix est tt«c de. yueslim les
plus importantes qui se posent dans la pratique du la psychothé-
rapie. On nu conçoit pas un bègue, un homme à la parole hési-
tante ou embarrassée, faisant de la suggestion. Pour hypnotiser,
pour convaincre, pour suggérer, il faut s'exprimer avec clarté,
avec précision, avec alllorité. 1 ? Iuelqllc peu d'éloquence naturelle
n'est pas inutile; aussi la question de la culture utile l'adaptation
de la parole il la pratique du la psychothérapie doit rester à l'or-
.» dre du jour du la Société.
Mutisme hystérique guéri en une séance de suggestion hypnotique.
M. Damoglou (du Caire). - }ll1le F.. âgée du 29 ans, a de fru-
quentes crises convulsives, causées pardesplcurs,des discussions,
des émotions quelconques. Déjà, il va 4 ans, au sortir d'une
crisu convulsive. elle pl'l'tI it cUlllplètelill'lIt 1"uagl' tic la pa l'ole : au
bouldu 15 jours, grâce à l'hypnotisme, elle put, du nouveau, par-
ler comme par 1e passé. Il y a quelques mois, après une crise
convulsive causée par une discussion, elle esl, une fois encore,
incapable d'articuler une parole, .lu 1Ï1 pnotise. Pendant son ",UIl1-
meil, je lui fais prendre un médicament psychiquu auquul ma
suggestion confère une grande puissance Ihérapuuliquuel, au ré-
veil, culte femme esl totalement guérie de son mutisme.
Examens de convulsioiinaires au XVII Ie siècle.
1. m : l;ow.uu communique el commenté les procès-verbaux
médicaux sur lesquels s'appuient l'ordonnance royale du 173
pour prescrire la 1'1'1'1111'1111'1' du ei ! lll'Iii'n' dl' Sainl-r ? d¡¡I'CI.Lr 1111"-
decins et, chirurgiens commis par le roi pour examiner les préten-
dus convu lsionnairus concluent unanimement que leurs mouve-
ment* cl contorsions n'ont l'il'n dl' ('011\ nl;;if IIi dl' "'lIl'n : 1ll1ll'l,
mais sont absolument volontaires.
7'citt-o provoquer l'accouchement par la suggestion hypnotique ' !
1l. Iloxartltz frle Lauamu·I. - l certain nombre d'observa-
tions et, d'expériences m'ont permis de formuler lus deiiv conclu-
sions suivantes : )°dans Il' cas oll 1"011 puni multru la 1'1'1111111' 1'[1
somnambulisme, elle accouchera lu jour suggéré, à la condition
du lai ru tomber eu jour, un plus loi, huit jours avant la (la lu
fournie par le calcul ut l'examen. Lu médecin nu devra passé-
loigner du l'accouchée avant que la dilatation ail commencé !
2" Si l'on n'a pas en té temps d'obtenir, ou si l'on nu peut obtenu
une hypnose S'mmamhiiliquu, on pourra cependant, sans être
SOCIÉTÉS SAVANTES. 220
sûr du provoquer l'accouchement au jour suggéré, faire qu'il
commence pendant la nuit et que la période de dilatation et d'ex-
pulsion n'ait lieu que le lendemain, pendant le jour.
7r&nr ! /f/M ! MMer ? par la suggestion hypnotique.
M. le Menant des Chesnais. Une jeune bonne souffrait, de-
puis plusieurs mois, du ))0 ! 'bor\ ! rmes Irllcnlrnl intenses qu'on les
entendait d'une pièce voisine. Ils persistent 11Pndallt le ? ommcil
nocturne. Pendant la journée ils rendent cette jeune lille pres-
que incapable du faire son service, surtout celui delà table. Ils
ne sont nullement douloureux. part une timidité et une émo-
tivite excessives. on ne constaté aucun stigmate d'hystérie. Cette
jeune bonne est hypnotisée : les borborygmos continuent, pour
diminuer bientôt sous l'influence de la suggestion verbale et de
la suggestion armée ; au bout du quelques séances, ils ont dis-
paru pendant la journée, mais persistent lanuit ; finalement. ils
disparaissent tout il fait. Depuis lors, toute émotion violente les
fait réapparaître, mais ils ne durent pas plus que l'émotion elle-
même.
11 propos de la dé finition de la suggestion.
,\1. Louis FAVRE. - La. définition de chose doit être provisoire-
ment laissée «le côté ; elle ne peut être donnée que lorsque la
science est assez avancée. C'est la définition du mot qui pont ai-
tll'l' au développement de la science. La suggestion pourrait être
définie : l'action du provoquer un état du conscience (sensation,
idée, sentiment, volition), que ce) état du conscience soit accom-
pagné ou non d'un acte extérieur qui lui corresponde. Ce sens
très général est, en quelque sorte, un genre dans lequel il con-
vient de faire rentrer toutes les formes connues du la suggestion;
celles-ci doivent être considérecscomme des espèces et désignées,
ainsi qu'on le fait en sciences naturelles, par deux mots, par
exemple, suggestion hypnotique, etc.
M. fié rii.lon. Un des mots qui apportent dans nos éludes le
plus de confusion est celui de suggestion. Un l'emploie il. tort et à
travers. Tantôt il est envisagé comme cause ettantotcommeenet.
La suggestion est la parole qui sort de la bouche du l'hypnotiseur,
c'est aussi le phénomène qui se réalise dans lu cerveau de l'hypno-
li·n. C'est absolument comme si on su servait du même mot pour
désigner le fusil, le projectile et la blessure qu'ils déterminent.
Autant le mot hypnotisme caractérise un mot nettement défini,
celui du sommeil provoqué (à des degrés plus ou moins profonds,
comme dans le sommeil ordinaire dont la profondeur varie éga-
tement), autant celui de suggestion est obscur. H conviendrait de
remontrer un peu plus révolutionnaire ut du recourir il. des mois
nouveaux', plutôt que de subir, par routine, des mots qui n'onl
aucune signification précise.
230 bibliographie.
La Société décide de réunir bientôt la Commission de la tfrnn-
nologie.
Le repos et le travail intellectuel.
M. Lionel DAURIAC. Quand on cherche une solution, qu'on
s'endort do qu'on la possède au réveil, on a l'habitude de dire
qu'on l'a trouvée pendant son sommeil. Ce n'est là qu'une expli-
ration purement verbale. Quand je fais un effort pour retrouver
un souvenir, il n'aboutit jamais, lanl que dure la lension inlrl-
lucluullu : quand l'effort a cessé, lu souvenir nu larde pas à sur-
¡ : il' spontanément. Du même, je serais porté à croire que les sur-
ces obtenus au réveil résulteraient d'une sorte du déclancitout'nt
automatique, grâce à la détente ut au repos qu'apporte le som-
meil et non en vertu d'un travail intellectuel continué pendant
le sommeil. '
BIBLIOGRAPHIE
nI. - Revue des thèses de Nancy, hal ? l'nRr'.
1,-Di,s troubles oculaires surtout fonctionnels causés par la foudre :
Par lc 1) P. 1'%OSFNTHAL (novembre 1904), 4ti pages.
Après une courte revue historique, l'auteur décrit, un quelques
chapitres Iuslésions du globe oculaire causées par la fulguration,
lésions consécutives ou à l'action d'unu chaleur rayonnante in-
tense, ou aune action plrrll'o-chill11qur, 111¡"('alliqll ? ou à l'nl'-
lion (les ultra-violets. Il étudie ensuite spécialement les
troubles fonctionnels intérussanls pour lu nel1l'ologisll', ri dont
1'inlcrprélalion reste assez délicate. Ces troubles ne tlillt'l'rnl IH ! "
du ceux déjà décrits à la suite d'un Il'aUl11ulisllw, d'une émotion,
d'unu illumination intense, et que l'on rattache communément 1
à Yhystèro- traumatisme. 111. Iluscnll ! al en rassemble un certain
nombre; variables, par leur aspect (hémianopsie, scotoll1e, cécité.
troubles delà vision des couleurs) eLpar leur étiologie ; il cite les
interprétations physiologiques de le cécité hystérique et termine
par unoobservation personnelle, recueillie dans le service de M.
le professeur Rohmcr et analysée lrar : 11. l1ernheilll qui rejetant le
diagnostic tl'hysL{I'o-lr'aumal¡sl11e attribue lus troubles présentes,
à une psycho-névrose oculaire d'origine lI'a\1maliqw>.
Il. Des exxcép7zalocÈlrs de l'angle interne de l'orbite (vaiïelu
faciale) ;
Parle Dr C. Clair (novembre 1904), 61 pages.
Dix observations d'encéphalocèle, dont une personnelle, avec
BIBLIOGRAPHIE. 2 : n
photographie et examen histologique, a été recueillie dans le ser-
vice du M. Boumer. L'auteur se livre aune étude d'ensemble sur
l'encéphalocèle, dont la variété faciale se produisant à l'angle in-
terne de l'oeil est très rare. Il rappelle les théories foetales ou
embryonnaires, qui cherchent à expliquer l'étiologie de la hernie
du cerveau, l'anatomie pathologique de cette malformation, les
difficultés du diagnostic que la ponction exploratrice seule peul
confirmer dans certains cas, lauravite du pronostic, et enfin lus
moyens do traitement.
III. Contribution à l'ètudeile la main bote congénitale ;
par le Dr P. C'RANDJEAK (décembre 1904), 73 pages.
Thèse surtoutclururgicale, dans laquelle cette malformation
très rare est l'objet d'une description avec considérations patho-
logiques et thérapeutiques. Une trentaine d'observations, dont
'i nouvelles, complètent ce travail.
1 . - Contriblltion à l'étude de la myélite syphilitique ;
Par le Dr LAJOUE (mai 1 ! )0;1, 85 pagus.
Elude d'ensemble inspirée par 1. lu professeur Spillmann.
L'auteur, dans unesériu du chapitres, décrit l'étiologie, puis les
formes cliniques du la myélite syphilitique, adoptant pour cela
laclassilication de Gilles du la'J'ou relie ; ilaborde ensuite la symp-
lomatologie des myélites aiguës et chroniques, l'anatomiepatho-
logique, puis la question diagnostic et traitement. Il insiste sur
l'importance du traitement mercuriel, que l'on doit toujours ins-
tituer même dans les cas douteux ; donnant la préférence aux in-
jections intra-musculaires soluhles ou insolubles, suivant les in-
tlications. Il apporte, l'appui,des observations,les unes nouvelles,
lus autres extraites de travaux antérieurs. Cette thèse, qui est un
résumé des connaissances actuelles sur celte question, contient
un index bibliographique utile iL consulter.
V. De Viril chez le vieillard;
Par le 11 .1. Rosment (juillet, 1905) 105 pages.
L'oeil chez te vieillard, comme tous les organes de l'économie,
subit la loi du régression, l'involuliou sénile ; l'altération anato-
mique la plus fréquente et aussi la plus facile aconstafer.estcelle
qui porte sur la -vascularisation du globe, et qui donne lieu à du
rangio-sclerose surtout au niveau des vaisseaux rétiniens. Tou-
tps les membranes qui composent l'oeil participent, chacune à sa
façon, al'imolution sénile ; chacune, aussi, étant donnée sa fonc-
tion, réagit d'une manière qui lui est particulière. L'examen oph-
lalmnscopiquo montre d'une la( : on fréquenté des altérations du
tondde l'oeil indiquant une sclérose vasculaire très avancée, ut pro-
bablement aussi une sclérose de la rétine elle-même, qui permet.
232 BIBLIOGRAPHIE.
le diagnostic précoce de l'arttrin-·cli·rnse crt·boalc. Le nerf yo-
tique subit aussi parfois l'atropine consécutive à l.al'lél'io-scll'I'o,1'
de l'artercopthalmique, comprimant le nerf en dedans du canal
optique. Les altérations subies par la rétine et le nerf optique
se traduisent par une diminution du l'acuité visuelle, du champ
visuel, du sens des couleurs, sans compter que les centres ner-
veux subissant parallèlement les atteintes du la sénilité sont
moins aptes percevoir le< excitations visuelles, et par consé-
quent doivent coutriifuer aussi il diminuer te fonctionnement du
l 'OI ? 11 lie oculaire.
VI. De la psychose aiguë post -infectieuse avec troubles du ltm-
gage chez l'enfant ;
Par le IPE. R. Daiche, (mai 1905), 95 pages.
Ce travail, exécuté à la Clinique infantile, a en vue l'étude des
troubles mentaux posttebriles chez l'enfant au-dessous de 15 ans.
troubles décrits habituellement sous le nom du délire du ron\a-
tescence, délire du cottapsus (\1't·lur) délire d'inanition (Traube)
etque hrn·1»lin englobait sous la dénomination du psychose
asthénique. Ces I roubles, fréquents chez l'adullu, sont actuelle-
ment bien connus en France depuis tes travaux de Régis sur la
confusion mentale ; ils sont rares chez l'enfant , et une introduc-
tion historique détaillée très intéressante nous donne des indica-
tions bibliographiques nombreuses sur lus cas décrits jusqu'ici de
psychoses infantiles post-infectieuses, lesquelles peuvent succéder
à toutes les maladies de l'enfance, mais qui, du préférence, se'ren-
contrent après une lièvre typhoïde ou une pneumonie, ut assez
rarement après la méningite. Ces psychoses s'accompagnent par-
fois de perte des fonctions d'un sens déterminé, mais ce sont les
(roubles de la parole qui, relativement, sont les plus fréquents.
Nous ne croyons pas (et c'est l'avis de l'auteur, malgré le titre du
sa thèse) que l'association de troubles du langage avec la confu-
sion post-infectieuse constitue une psychose spéciale : la lecture
des observations, montre que l'aspecljcliiiique. est assez variable,
s'accompagne ou non du manifestations délirantes, de troubles
physiques, mais rentre bien dans le cadre du la confusion avec
ses symptômes, desorientation, aulnmalimne,lonLcurtles concep-
liona, obnulrilation. (luoi qu'il un soit, ces troubles du langage et
du l'écriture sont bien décrits par )1. Daichp, qui conclut un tes
rattachant à la confusion. Culte forme clinique de la confusion
est-elle spéciale à l'enfance ? « Celle question n'est pas élucidée
« mais s'ilétait vrai que celle forme de psychose fut spéciale iL
'< l'enfance, nous pourrions expliquer ce fait par ce que le 11111-
« gage est la dernière acquisition du l'enfant, la plus récente et la
« plus délicate, et il n'y aurait ainsi rien d'étonnant à ce querelle
. bibliographie. 2 : 13
«fonction lui plus particulièrement atteinte chez l'enfant ; que
« chez l'adulte. »
Il ne semble pas que cette confusion, des plus bénignes du
reste comme pronostic, soit un relation avec des antécédents hé-
rnlitaires; il faut cependantadmejtre une prédisposition spéciale,
une idiosyncrasie, particulièrement sensible aux toxines infec-
tieuses, causes probables des I roubles d'après un processus encore
mal défini.
Lu traitement sera celui de toute convalescence et l'alitement
esl indiqué spécialement avec, l'appui d'un traitement moral ap-
111'011l'i(;. L'aull'lIl'l'on ! 'l'ille dans ('cl'lains cas II' ehlol'al, I"hyo('ilH'.
laduloi·ine, ou l'nltiutn : c'est là peut-être une médication qui
n'est pas sans damier pour un organisme déjà affaibli et souvent
infecté.
n. - ne ln rigidité spasmodique infantile ^Syndrome du LitDe) :
har le I)'l.I : .mr..t, (fW rier 1 ! 10), llil pages.
Monographie nouvelle du syndrome du Lilllp avec examen du
nombreuses observai ions dont plusieurs originales 1res détaillées,
cl critique scientifique des diverses hypothèses auxquelles la rigi-
zidilé spasmodique infantile peut donner lieu. Ce travail expose
clairement la situation de nos connaissances sur une afl'I'cliofl
ayant encore plusieurs points mystérieux; il apporte du nouveaux
matériaux d'éludé, et a été composé sous l'inspiration du }I. te
professeur llaushallur. Le nom de syndrome do Littte a été li-
mité par l'auteur « aux cas du diplégie cérébrale spasmodique
« très souvent congénitaux, ou datant des premiers mois du la
« naissance, la rigidité musculaire étant le symptôme essentiel
« de toute diplégie spasmodique..\. la 1>ilatéraliluet il la symétrie,
« la rigidité musculaire joint un autre caractère, la prédominance
« aux membres inférieurs n. Tel qu'il est ainsi compris, le syn-
drome comprend encore bien des types, depuis la forme classi-
que ancienne de Litllu jusqu'aux formes complexes ou trustés
se confondant à la limile avec des affections voisines comme as-
lu : cl. Dus observations précisent ces types : forme paraplégique,
l'orme généralisée, formes du transition, variétés l'lLOI'{'O-H 1 hllo-
siques. Si ces types cliniques sont variés, les causes sont, égale-
ment nombruusus mais malgré la fréquence relative de certains
facteurs, comme l'accouchement avant terme, ou l'accouchement
laborieux avec asphyxie, l'étiologie ne permet pas de différen-
cier tes affections spasmo-paraly tiques un des espèces morbides
distinctes. Il n'y a cinn rl'alL,olu, l'oncluDI. Cancl,dans le rapport
entre l'étiologie et l'expression clinique, pas plus qu'il n'y a de
lésion anatomique particulière au syndrome de Little, et l'ana-
lonllc pathologiqup ne permet pas plus que l'étiologie, de considé-
: 234 NÉCROLOGIE.
ver certaines formes comme des entités morbides il. part. Les lu
sions rencontrées sont très diverses, et siègent au cerveau d'une
façon presque constante, et il la moelle. Un tableau d'ensemble
montre la variété extrême de ces lésions. En présence de cette
variété des lésions, et de la difficulté d'expliquer certains faits,
l'auteur admet, avec Cestan, contre l'opinion de Van Gehuchfen,
qu'il ne peut exister, d'une façon habituelle, de rigidité d'origine
purement spinale, et que les altérations du faisceau moteur vn-
lontaire sont la conséquence des lésions cérébrales (1).
K. ÀUBRY.
NÉCROLOGIE
Dr VERNET
Le l> Constant Vernet, médecin en chef du service des hom-
mes de l'asile de Maréville, le sympathique secrétaire général du
Congrès des médecins aliénistes et. neurologistes tenu il Nancy
un 18%, usl décédé le 22 février 1900, âgé de 55 ans, à la suite
d'une courte maladie (grippe avec complications cardiaques et,
pulmonaires). L'inhumation a eu lieu à Nancy te 25 février. Des
discours ont été prononcés sur la tombe du ))'' C. Vernet par
MM. Gruhier, directeur de, l'asile du lllaréville, le Dr Stoehrl',
secrétaire général de l'Association des médecins de Meurthe-et-
Moselle, enfin le 11'' Paris a adressé ainsi les derniers adieux il
son collègue :
« J'accomplis un devoir que rendent bien douloureux des liens
d'amitié et de fraternelle affection qui n'ont fait que se resserrer
de jour en jour depuis près de (rente ans, en venant adresser un
dernier adieu à mon vieil ami Vernet el résumer l'histoire de son
existence aux étapes malheureusement trop vite franchies.
« Né à Metz, où il lit de très bonnes études classiques qui lui
permirent d'obtenir facilement ses deux baccalauréats, Vernet se
disposait à commencer ses études médicales lorsqu'érlala la
guerre néfastequi devait l'atteindre si brutalement dans ses affec-
lions. Il avait alors dix-huit ans, mais, entraîné par son naturel
et par les exemples de solidarité sociale que ne cessaient de don-
ner ses excellents parents, il ne tarda pas à mettre son dévoue-
ment au service des malheureux : accueilli d'abord à l'hôpital
militaire de Jletz comme infirmier, il y rendit bientôt des servi-
ces qui lui valurent le grade du sous-aide major. On aurait pu
penser que ce début le ferait incliner plus lard vers la médecine
militaire, ; il donna la préférence à la médecine civile, avec le
(1) Voir : Bourneville, Comptes-rendus de Bicl1tl.C, 1880-1904.
NÉCROLOGIE. 235
secret espoir, probablement, de pouvoir la pratiquer près de ses
vieux parents. '
« C'est lorsque les premières illusions furent passées, lorsqu'il
se sentit arraché pour longtemps au pays natal, qu'il songea à
notre spécialité. Il faisait ses études médicales à Nancy, un poste
d'interne devint vacant ;i l'asile de Maréville, il l'obtint,. Je me
rappelle encore avec quelle satisfaction nous l'avons accueilli,
certains de compter bientôt en lui un fidèle ami, un collaborateur
excellent. Aucun de ses anciens collègues n'a eu il revenir sur
celle première impression et bientôt Vernet devint aussi l'ami de
ses chefs de service qui trouvèrent en toute circonstance un aide
altenlifel attentionné, une sollicitude constante pour les malades
ou pour le personnel du surveillance.
((Successivement interne l'asile du Maréville, à l'asile de
Chàlol1s-sur-)(arlH', médecin-adjoint l'asile de Pau, médecin-
directeur de l'asile d'Aucli, médecin en chef à l'asilu de )(¡U'I\-
ville, mon collègue dans deux du ces établissements, il a laissé
partout le souvenir du praticien éclairé, aimant la profession qui
luipermef tait de répondre aux aspirations de son coeur, de prote-
ger et de secourir ; il s'est, montré partout fonctionnaire exem-
et d'une probité parfaite ; il a mérité et gagné partout l'af-
fiction de ses collègues, du ses collaborateurs de tous grades et.
de ses malades.
" Ses travaux, publiés ou manuscrits, notamment sa thèse
inaugurale et. ses rapports annuels, font, ressortir mieux que je
ne saurais le faire moi-même les qualités qui faisaient de Vernet
un aliéniste, un chef du service hors pair et un excellent mède-
cin légiste. Vernet fut, en effet, souvent choisi comme expert par
les tribunaux des départements de l'Est ; il s'attacha toujours à
n'apporter à la justice que des avis basés il la lois sur son expé-
rience, sur celle de maîtres incontestés, et dictés parle double
souci des intérêts des inculpés et de la société.' Une discussion
méthodique, claire et. sans phraséologie technique, le conduisait 1.
toujours à des conclusions assez précises et il témoignait ainsi,
par la simplicité du, son raisonnement cependant serré. qu'il n'ou-
bliait, pas non plus ceux qui, n'ayant pas fait d'éludés médicales,
devaient le lire ou l'entendre ; aussi a-t-il toujours donné pleine
satisfaction aux Parquets qui l'ont chargé de tant de missions dé-
licates. Enfin, il est tombé victime de son dévouement, ayant
certainement contracté dans ses infirmeries la maladie qui l'a si
promptement terrassé. Il est mort au champ d'honneur, ayant
conquis l'estime de tous ceux qui l'ont connu, entouré par tous
ses anciens camarades d'une affection fraternelle qui ne s'étein-
dra pas au bord de cette fosse.
« Voilà donc une existence bien remplie, faisant honneur à la
profession médicale, à notre spécialité et dont le souvenir doit
236 varia.
atténuer la douleur de tous ceux, parents, amis et collaborateurs
a tous les degrés, qui pleurent l'homme de bien auquel je dis ce
dernier adieu. A.PARIS.
M. le Dr GILBERT PETIT.
Nous avons le vif regrel d'apprendre h nos lecteurs la mort du
D1' Gilbert Petit, il ! irses éludes médicales à Nantes, commença
sus éludes spéciales dans le quartier d'hospice du Saint -Jacques,
consacré aux aliénés, dont son père était, médecin un chef. Après
avoir été externe de Charcot, il fut nommé, au concours, interne
des asiles de la Seine. C'est dans le service 'de Boucheruau qu'il
rassembla le, : éléments du sa thèse : Des rapports de la paralysie
générale chez la femme avec certains troubla de la menstruation,
« qui contient un historique très minutieusement fouillé et, chose
devenue rare, rend pleine et entière justice aux travaux anté-
l'ieur 1D'' Pichonl. » .
Gilbert Petit fut successivement médecin-directeur de l'asile
de rél'ot'me ll"Iseurr, médecin en chef de l'asile du Mans (ISw;
Illt(IPClt1-<Ill'('CLelll'd l'asilo Ue Moulins ; médecin en chef du l'asile
Saint-Pierre à Marseille où il vient du mourir.
C'était un médecin habile ut très dévoué à sus malades, cher-
chant, même après luur nrlio, v lurron(Irn scrvic. \u· ml
avons eu la preuve r iL propos d'un du nos anciens malades 11;1n :
1 ? ail .'lans, qui, sc)('Li et soldai, avait été l'occasion d'une
peine grave. Grâce à son intervention et à la noire, qu'il avail
provoquée, le malheureux fut dispensé de sa peine, c'est-à-dire
l'envoi aux compagnies de discipline, et. finalement réformé.
Nous avons raconté le fait dans lu Progrès médical. 1902. p. 271.
VARIA
, Asiles d'aliénés. Mouvement de février.
Nominations et promotions I. le 1) Masselon, médecin-ad-
joint à Clermont. (()i"I'), nommé à la 1re classe du l'a(II'(" I. lu
1) : llembnrt,(oet, médecin en chef non installé à saint-llin,
pst nommé médecin en chef à Marseille, en remplacement du
D" ,Iol/miae,maintenu ;r. ain6-Ylie (Jura). I. le Dr Jlarnadier, di-
recteur-médecin à Rodez, est nommé directeur-médecin h itinis,
un remplacement du Dr Doi[r( ! I)ente, rnlraitv.ll.lel)l>mvartc·,
médecin-adjoint à la Rochu-Gandon (Jlayennu), nommé méde-
cin-adjoint il 1,"vieux un remplacement du IJr Lerov,
VARIA. 237
11011 Il lié ml;decill-adjuillt ¡'l \ïlll'-E\ l'al'd Ieille-el-()isl'), .\1. lu
D' Pallll'l'i. l11édet'ÏlI-adjuinl à Saint-Dizier (Haute-.\Ial'lle), 110111-
mé adjoint à Nauguat Hall te- Yiel1lw) en relliplacement du 1),
Ferravrou, nommé médecin en chut à lia (BolIl'hrs-dll-Hhollei.
)l. 1LY I) Illin, nnnleciu cn chv·l' Ile l'a : il(· d'aliénés de 1'aul;lu·u
(Seille-el-()ise), porté à la classe exceptionnelle du cadre. .\f. le
Dr Vmouroux, médecin en chef à l'asile d'aliénés de Vauclusu,
porté la 1re classe du cadre.
Mouvement de mars 1000. - NI. le 1)" Jolrniac médecin un
chef l'asile du Saiii4 (.lui-a).. ust nommé médecin en chef
à l'asile du llarscille, en remplacement du ])r Gilbert Petit,
décédé (voir page 3fj). le 1) S\ : >;TE1\O ! SE. médecin adjoint Il
il Dijoll ¡CÙte-ll'()l'l, e1 nommé médecin eu chef à Saint-Ylie
¡.IUI'al t'1l1'em]Jlaoement du 1)' .louruiac,nomné à lai-seille. -.\1.
le 1) Castin, médecin-adjoint à Montdevurgnus (\aucluc), (··t
nommé, en la même qualité, à Dijon, un l'emplacement de.\1. le
Dr Saii[eiioi>(-, promu médecin un chef à Sainl- Ylit., - Il- Il'
t : HAI\UEI., dil'l'cleul'-m{.tlecin à .lennou, cL nommé niéducin un
chef à llarévillullleurllu;-cL-Jloelle) en l'elllplaoemclIl du 1),
Vernet,. décédé. .\1. II' D" ]JIRUK, IIlédecin,adjoint à Sainl-
I;emmu ? ur-Luire (Muinu-ut-Loiru), est. nommé diruetcur-médu-
ciu n Ak'nro)). M. le 1)1' .\1.1. U ! lN, médecin-adjoint à Marseille.
ust nomnié médecin en chef du l'asile d'aliénés de Sainl-Roburl
Ilai·re nn rcmplacelllent du NI. le 1),- Uuhuurlliem. nommé direc-
teur-médecin de Sain t-(;elllll1cs-sm-Loi l'e (Maine-et-Loire).
11. le I) FEN IYIWU,II11.dCCilI en chef à Aix (Boudll ? du-Hh"'IH).
est nommé directeur-médecin à Rodez (.\I\ ! I'I)II) eu remplace-
ment de .\1. le D1' Halliadil ? IIOII111l{' iL à Bloi.
M. lu D1' LEVET, médecin-adjoint à Bassons (Savoie), est nOI11 Il HO,
médecin en chef à : \iv /Ilurwlu·-rlo-Illtfm) nn l'I'll1plal'l'lI1l'nL dll
11 Fl'na 1'011. - le D1' Privât de Fortunié, médecin-adjoint : 1 BaillClI1 ( : \'01'\11. ('I nommé médecin adjoint ;'1 Al'I11Cnlii'I'I ?
(Nord), poste ccéé. .\1. h. ! Jr IJunoURDIF.UX. médecin un chef a
Siiinl-Roburl (Isère), est nommé llil'cc ! cut'-Il1t".dl't'in à Sainl-Gt'll1-
mca-ur-Ioire (\laiu( : -cL-Luiru) un (le .\1. le Il'' Pu-
Ll'llcci, t'el l'ai té,
(IRG\ ? IS1T10\ DES L\ROR.1TOIR1 : S rT TI ? ( : IINIQLII : HtSTOLO<.IQU1 :
J : lIPI.OY1 : : A I.'I ? It\ : vGISR YWUIt L'ÉTUDE DU SYSTEME NERVEUX
P\TIIOI.OGIQ,U : , (.111' : 111(11/1 ? llItriche, ! ta/il') : (Rapport rédigé : 1 la suile d.lIlL IlI\ae ol'lit : icl d't.h ? l't'\alioll. pal' : \1. lIenl'i C.\I\'
111ER. (Lyon Médical, novembre 1905, na 16-iî). 1. '
De l'ensemble des observations quel l'auteur a pu relever, il
ressort les conclusions suivantes :
L L'organisation des laboratoires étrangers pour l'étude bis-
? 38 varia.
(.«logique du système nerveux pathologique est caractérisée :
d'une part, parla spécialisation de plus un plus établie des tra-
vailleurs dans eu genre de recherches : d'autre part, par les pur-
fectionnements incessants qui sont apportés soit au matériel d'é-
tude, soit aux procédés de technique.
Dans certaines universités, on trouve des laboratoires et mêllle
des Instituts entiers affectés il. ce genre d'études.
Dans la plupart des Instituts d'anatomie pathologique, il existe
un service spécial chargé de Vexamen des pièces nerveuses. En ou-
tre, les manipulations étant toujours longues dans ce genre du
recherches et exigeant une présence de fous les instants, il ! la U11
personnel spécialement eduquè. chargé de la grosse technique.
Les crédits élevés dont disposent nes Instituts leur permettent
de posséder les nucrototnesmecaniquesou à congélation les plus
perfectionnés. Cet outillage leurpennet d'obtenir très rapide-
ment un nombre considérable de coupes très fines et très l'égll-
lières. Elles sont classées en du nombreuses collections et exa-
minées soit au microscope, dans les travaux pratiques, soit, pro-
jetées sur écran dans les cours didactiques avec différents appareils,
il projection permettant les plus forts grossissements. Enfin cha-
que institut a une installation complété du microphotographie.
Les démO/Isl1'ulions des lésions sur lus pièces pathologiques oc-
cupant une grande place dans l'uiisuignuinunt iL l'étranger,
chaque université et mêmes les moins importantes possèdent des
r.zuséesolFranL un grand intérêt.
Le mode de conservation des pièces anulurnitlues actuellement
le plus répandu est la méthode de Kai>er)ingqui permet de con-
server indéfiniment les pièces avec leur l'orme el leur couleur. Elle
permet aussi de projeté ! 'ces pièces anatomiquessurécran au moyen
d'épidiascopes que possèdent la plupart des instituts allemand».
II. Au sujet de la technique histologiquc employée il l 'étranger
dans l'J/ude du système nerveux pathologique, le mode du fixation
et de durcissement le plus employé est le formol en solution à
10 010 qui permet ultérieurement la plupart des méthodes lle colo-
loration. Pour l'élude détaillée et approfondie de-, lésions ner-
veuses, on fait u5age des inclusions il. la culloïdinu et il la paraf-
fine.
Pour le diagnostic rapide et pratique des ail éral ions du système
nerveux, on se s'ert de préférence de la méthode Ù l'OI1('la-
lion par )'éther ou du la simple fixation suivant le procédé du
Nissl. sans inclusion et sans congélation. Les méthodes décolora-
tion sont variables suivant chaque laboratoire et suivant l'tiahi-
tude de chaque chercheur.
A côté des méthodes applicables à tous les tissus, il existe des
méthodes véritablement électives, que l'auteur a résumées dans
son rapport et qui mettent en relief chacun des élément), ner-
FAITS DIVERS. 239
veux pris en particulier : cellules nerveuses. ueurolibrilles, cylin-
draxes, gaines du, 11l)'line, dégénérescences récentes granulo-
graisseusus des cellules et des fibres, név roglie, nerfs périphériques.
On conçoit le temps considérable que demande l'examen com-
plet delà plupart des cas de pathologie nerveuse. Mais grâce a
la spécialisation des travailleurs, les procédés d'examen devien-
nent plus pratiques et plus rapides. Parla combinaison des diffé-
rentes méthodes entre elles, le système d'examen de Rcnda (l ! er-
lin), par exemple, permet, lorsqu'on est habitué à lire et il in-
terpréter les lésions nerveuses. une étude d'ensemble rapide de
tous les éléments du tissu nerveux. On peut ainsi, presque de
suite, avec ces procédés, répondre aux demandes des cliniciens.
Les aliénés en liberté.
Un fou sur la coit ? Un homme dune trentaine d'années,
proprement vêtu, se livrait, hier, à la gare de Saint-Mandé, à des
gestes excentriques : à plusieurs reprises il tenta de traverser la
voie au moment du passage des trains. Il un fut heureusement
empêché par les employés, qui le remirent entre les mains des
agents, lesquels le conduisirent au commissariat de police de 1'iu-
rontes. (l'est un nommé Auguste S ? demeurant Grandu-Ruc-
dc-la- République. Le malheureux est atteint de la folie de la
persécution. (Le Journal, tu février 190G.)
Folie homicide. 1'uttloll.- Un second-maître vétéran retraité,
nommé Antoine Leventl, âge de soixante-cinq ans, a tué sa fem-
me, âgée de cinquante-cinq ans, il coups de hache, la mutilant af-
Ircusemcnt. Le vieillard a ensuite arrosé son lit de 1>étrole eL y a
mis le l'eu, puis il s'est pendu il une fenêtre. L'incendie n'a pas
lardé il atteindre tout le mobilier et l'appartement fut vile un
flammes.
Les localairesde l'immeuble où s'élail déroulée celle tragédie
ut qui est situé au faubourg des Maisons-Neuves, étaient endor-
mis.Ilétait une heure du matin, et comme le feu avait fait de ra-
pides progrès, ils faillirent être asphyxiés. Les pompiers durent il
plusieurs reprises exposer leur vie pour lus sauver. Ce n'est que
lorsque l'incendie fut éteint que l'on retrouva les deux cadavres.
Antoine Levenq était un neurasthénique atteint du la manie du la
persécution. Il prétendait qne sa femme voulait l'empoisonner.
[L'Aurore, '2,-) février.)
FAITS DIVERS
Distinctions honorifiques. Mérite agricole : Chevalier, M.
Gex, directeur de l'asile d'aliénés de Saint-Rohert (Isère).
240 BULLE ! IN BIBLIOGRAPHIQUE.
Imposition ITGIiN.ITIO\ \LE DE Liège. (1905) : .Ministère de
1 Intérieur, diplômé du Grand Prix.
En participation : maison Nationale de Charunton, asilu d' : ))i6-
né; Ile Itailleul \ord), .\r)nenlii·r ? (\nr)1 ), vaiul-lnnl et I,lualre-
Ial'e" (Cha \'1'11 le-I 11 fél'ielll'p),.\ I ! 1'1'1'1' (Y 011 11t').
Asile d'aliénés de Clermont. Par arrêté pl'éft'doral du 15
janvier, M. Férut Arthur, ("ludian[ t'II 1111;(ll'rÍlll', dOllli('ilil' il ,\11-
awiller., I·t nmnmé inlernc ;I l'.\sile 11'.\lü·nna ile I;iermm(.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
11artemhf.ro . La migraine tlesarllrrilirlncs; palhog'l'nie elll'ai-
temenl. ln-8' de S yal;ea. (Lilwairic I : rsson, 120, boni. Si-Germain, i
l'e·rwr.m ,'1 (OSM;;TTATOS. <Juc)qucs considérations sur lcsanrn-
céphaliens. In-S° de 2S pages. (Librairie Kleinheil, 2, rue Casimir-
1 )playi¡,nH'.
lievrrc philn.vuE·Itiqnc. - `mmnairc ilu n^ rlr mar. l'JIN t31° : mnci· :
F. J'Al ? ]j,\;\', Le 1Jl,'uouge du IlIOUd(', - l'ILLO : \', tjUI' la pldlosophi,'
rlc Itenouvi·t. - Itnsr : : nt. l.e u : rraclcrr· s·1 lo lerryhrat«enl. - 1'Ie ! I[\E : '>II : IIIn, IO : 'i'J'\IUII.\\n, 11v,,1,"I'il' eL 1v ? IÏt'jII'" (Le "a" : dl' ainh'
Thél'è"e). - E"U : 'iII. Le l11orali"l11e de .I\ : anl ci l'amcliol'aliou ('OB-
lemporiiine. Analyses el comptes rendu ? Revue dus périodiques
''Lrang'o's.Livres nouveaux. Abonnement du l"r janvier : 1 an.
30 fr.; dépal"lel11enl ? ell'II'an¡.rCI ? ¡ : : rI ? la livraison : 3lï. (Librairie
h'olix Alcan, éditeur, 108. boul. Si-Germain. Paris).
Cf' nUIl/I"ru 1 ? 1 a"l'eoll/pa¡ ! n,' de la troisième table générale (lus
matières contenues dans ]csan ! )<'<'s]89(;aI905.EHt't'st.d ! vi ? < ? ))
table alphabéliquede ? pom8 d'aiileursel table analytique des matières.
Ellf' a l'II" ùres"él' par I. ,1. Chl\ ii'l'l'.
Nouvelle iconographie de la Salpétrière de l'. HICII ER et IL l\h : II ?
Sommaire du numéro l de 1900. Ai.orir.n. Lus principales formes
«les I roubles nerveux dans le mal de l'oit sans gibbusilê (4 pland,l ? ! ln[ ? \I;U ,'L IOl"I'IEn. CyphOf;1' III'onone ? ,'hez \111 t 111"'1"'111"11\ '2
planches). l'rr : rrm : \I nttF cl A. l.é«r. La spon,I\ los ! ' rhizoIl1l'Iil)lIp :
anatomie pathologique et na)))() ? ni<.'(r)p)anch('s.'7<[cssins1.
M. 1. r : \IO'; , Infantilisme cl dégénérescence psychique (3 planches).
Pei,. Acroinégalie partiv·llr· : tw·c inf : mlilisna· (2 Irlanclu·s). -
TukI'Sat. OKdème dus pieds chez deux imbéciles (l planche), -
1. S\[.LE A<;)[\Mt ! ! )\rr.T. Le faisceau longitudinal inférieur elle
faisceau optique central. 1 t : nF. Contribution expérimentale à la
fai"l'eall opli'IUl' eenLI'al.- rlr. ConldhuLion expedlllcn(al £ ' à ln
ps\(;h()phvsif)i«j ? i<'df't'nsa.ircd<'s)nn('Hes((ig'.) ? \ ? isU ?
l«c; oLscrv : rlinnx m·uli.lilue. rl : ru l'arl il : rlicn (2 pl : rnrln·l.
1 : 1.\1'"\ : 0.'1', revue mensuelle illustrée consacrée à l'élude du
huiles questions relatives à la protection de l'enfance. Directeurs-
rrtl : tclr·ura r·n cln·l'. ;11J1. llenri ItOi i ? r cl .laeyur·· 'l'r : nrst.n, l;i,
rur· rlc, l'.lnci<·mu : -l : u«térlic. lr : rnet·, un : m, 51r.; élraut : cr, l fr.
Nous appelons vivement l'attention de nos lecteurs sur celte 1res
intéressante publication.
- ' Le rédacteur-gérant : Bourneville.
Cturmout (Oise). Imprimerie hatx IrèreS el 1'lirou.
Vol. XXI. Avril 1906 Nui- 124
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
THERAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE
Traitement médico-pédagogique des idioties les
plus graves (1) ;
Par LE D' BOURNEVILLE.
Chargé l'an dernier par le Conseil supérieur de l'As-
sistance publique d'un Rapport sur la fixation des mé-
decins dans les asiles publics d'aliénés, nous avons cru
devoir,. pour formuler des conclusions sérieuses, con-
sulter les' intéressés, c'est-à-dire nos collègues des
asiles. Au lieu de borner notre Questionnaire au sujet
il examiner, nous l'avons étendu à quelques autres
questions, notamment : 1° à la situation du personnel
secondaire des asiles publics et privés (1); 2° à la sta-
tistique des enfants idiots et épileptiques internés dans
les asiles et au traitement auquel ils étaient soumis,
documents utilisés à la Commission ministérielle des
anormaux. Tous nos collègues ont bien voulu répondre
à nos questions. Nous profitons de l'occasion qui nous
est offerte par cette communication, pour les en remer-
cier publiquement.
Ce dernier groupe de renseignements montre qu'il
y avait, à la fin de 1903, 1206 enfants ou adolescents de
(1) Communication au Congrès des aliénistes et neurologistes de
Rennes, août 1905, complétée par de nouvelles observations.
(2) Nombre, salaires, instruction professionnelle, pensions de re-
traite, etc. Nous avons utilisé ces documents dans un Rapport à la
Commission de surveillance des asiles d'aliénés de la Seine, sur les
1nOdijicatious à introduire dans les écoles dépai tementales d.l11jinniè-
et d'infirmiers de la Seine.
Archives, 2- série, 1906, t XXI. 1G
242 THÉRAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE.
2 à 18 ans dans les asiles de province; -que leur nom-
bre est très restreint dans la plupart des établisse-
ments ; - qu'il est relativement important dans quel-
ques autres : : lrnlellticres, 18G; Blois, 24, etc.
Un enseignement sérieux n'existe qu'à Saint-l'on, La
Roche-sur-Yon, Clermont de l'Oise, Sainte-Gemmes,
près Angers. L'organisation d'un établissement spécial.
d'un asile-école, est en cours à Auxerre. Des projets,
quelques-uns tout à fait arrêtés, existent pour les asiles
de Bron (Rhûne), Dury-lès-Amicns, Lal'ond près la Ro-
chelle, Nantes.
Le département de la Seine hospitalise, traite et édu-
que à des degrés divers plus d'un millier d'enfants (Bi-
cûtre ? 0); - colonie de Vaucluse (250), pour les (fa1'-
çons ; - la Salpètrière (145) et la Fondation Vallée (210)
pour les filles.
Depuis plus d'un siècle, les médecins se sont de plus
en plus intéressés à ces malades : h'A 1\ u, 13L11Owur.,
Esquirol, 1'lJRnUS, FALHET père, S);GUIN, Félix Voisin,
Delasiauve, etc., ont mis hors de doute la possibilité
de les améliorer et organisé pour eux des écoles, avec
plus ou moins de difficultés.
Depuis bientôt trente ans, des efforts de plus en plus
considérables ont été faits en faveur de ces malheureux
déshérités : création de la colonie de Vaucluse, de l'asile-
école de Bicêtre, de la Fondation Vallée pour ne
parler que du département de la Seine.
En qualité de rapporteur, en 1889, du projet de loi
portant revision de la loi du 30 juin 1838, sur les alié-
nés, nous avons fait inscrire l'obligation, pour les dé-
partements, de la création d'asiles ou de sections dépar-
tementales pour les enfants idiots de toutes catégories,
les paralytiques et les épileptiques. Cet article a élé
adopté par t.outes les commissions, et reproduit, de-
puis, par les rapporteurs de ce projet.
Marchant dans la voie indiquée par nos énlinents
prédécesseurs, nous avons fait campagne pour l'assis-
tance, le traitement, l'éducation des enfants idiots de
tous les degrés, depuis j'idiot complet, être végétatif,
jusqu'aux enfants simplement arriérés, confinant il
l'enfant normal moyen. Pour les plus malades, nous
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 243
avons réclamé des asiles-écoles; pour les moins mala-
des, qui peuvent et doivent rester dans leur famille,
des classes ou des écoles spéciales ou, si l'on préfère,
des classes ou écoles d'enseignement spécial.
Afin de prouver que la réforme dont nous nous fai-
sions le champion n'était pas une utopie, nous nous
sommes efforce de montrer que les idiots complets, les
idiots profonds, étaient améliorables et que, à plus
forte raison, les imbéciles et les arriérés étaient per-
fectibles et pouvaient être rendus utiles à la société. De
là les visites de notre service, le samedi à Bicêtre; de
là des thèses, des publications dans la presse et des
communications nombreuses aux congrès et, en parti-
culier, au Congrès des aliénistes et neurologistes. A
l'appui, nous avons apporté des faits de plus en plus
nombreux, et nous avons convaincu beaucoup de nos
collègues, qui ont obtenu des réalisations; d'autres
sont demeurés sceptiques ou ont conservé des préjugés
dommageables aux enfants. C'est pourquoi nous nous
sommes décidé à faire ici une nouvelle communication
reposant sur une plus grande quantité de faits.
Nous n'entrerons pas dans les détails au sujet de
notre méthode de traitement médico-pédagogique, des
procédés qui la composent, nous ne parlerons que des
résultats.
Ce préambule était nécessaire. Arrivons maintenant
aux faits. Sur chaque malade une courte notice le mon-
trant tel qu'il était à l'entrée et tel qu'il est aujourd'hui.
A l'appui : 1° des photographies prises de 2 ans en 2 ans;
- 2e des cahiers scolaires mensuels enregistrant les
progrès. Photographies et cahiers ne nous paraissent
devoir laisser subsister aucun doute, même dans les es-
prits les plus prévenus, sur la possibilité d'améliorer
sérieusement la catégorie des enfants anormaux qui
nous occupe.
[Notre communication a été faite au mois d'août 1905.
Nous complétons les notices de Rennes jusqu'à la date
du 31 décembre et nous y joignons des Notices nou-
t'elles non moins démonstratives et s'appliquant à
toutes les formes d'idiotie ou si l'on préfère à toutes les
244 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
idioties depuis les plus complètes jusqu'à l'imbécillité
ot l'arriération intellectuelles.]
I. BAUDIE ? (Louis)^ Entré le 23 juillet 1892 à l'âge de
4 ans. Il était atteint d'idiotie ; la marche était très défec-
tueuse, la parole et l'attention nulles. Il était triste, avait l'air
malheureux, ce qui lui valait de la part de ses camarades le
nom de « petite misère ».
1893. La marche devient normale; l'attention s'éveille
et la gaîté s'observe.
1894. -- La parole, nulle à l'entrée, semble naître. Quel-
ques mots, papa, maman, pain et soupe, sont articulés nette-
ment. - La marche est assez bonne pour lui permettre de
suivre les autres enfants à la promenade. Il commence aussi
à s'approprier.
1895. Les progrès à la classe sont notables : B ? com-
mence à nouer, lacer et boutonner. Il connaît les différentes
parties de son corps et de ses vêtements, et exécute à la gym-
nastique des échelles de corde les trois premiers mouvements.
1896. - Passe à l'écriture, fait des barres et des r sur
l'ardoise. Compte jusqu'à 10. Le caractère s'éveille, il devient
gai et joueur.
1897. - L'enfant, tout à fait propre, est mis en pantalon.
1898. - Le vocabulaire augmente, l'enfant construit quel-
ques petites phrases. Il s'éveille de plus en plus et s'occupe
aux travaux du ména
1899. - La mémoire se développe. B ? comprend bien
tout ce qu'on lui dit, reconnaît, sait nommer tout ce qu'il
voit dans les promenades.
1900. Actuellement B ? est âgé de 11 ans et demi. A
son entrée (23 juillet 1892), l'enfant ne marchait pas, la
parole était nulle, le gâtisme complet. L'attention était si
difficile à fixer que rien de ce qui se passait autour de lui
ne l'intéressait. Il ne souriait jamais, restait immobile dans
un coin.
Actuellement, le petit malade mange seul, marche et court
librement. Il exécute bien les trois premiers mouvements de
la gymnastique des échelles. La parole s'est sensiblement
développée, mais en conservant une prononciation défec-
tueuse. Il est tout à fait propre, s'habille seul, lave lui-même
ses mains et son visage. Son caractère est gai. B ? est pré-
venant, actif, et il s'occupe continuellement. Il connaît un
grand nombre d'objets qui l'entourent ; il commence sur le
cahier à tracer des o et des barres.
Actuellement, l'amélioration continue. B ? connaît le nom
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 245
des personnes qui sont avec lui, les reconnaît même quand
elles quittent le service et qu'elles y reviennent.
1902. Progrès concernant la toilette, l'habillement et la
compréhension. Il devient courageux, s'occupe, est prévenant
et donne l'éveil quand un enfant s'est blessé ou tombe. Les
progrès en écriture et en lecture sont lents. La parole reste
toujours défectueuse au point de vue de la prononciation,
mais aujourd'hui il dit tout et sait interroger; il est parfois
un peu grossier (i).
1903. Un peu d'entêtement s'observe chez l'enfant. Il a
été taquin et a refusé plusieurs fois de travailler. Il ne veut
même plus écrire et la lecture reste limitée aux lettres a, e.
i, 0, u.
1904. - L'état de l'enfant Beau ? est resté stationnaire II
ne veut plus absolument écrire. Il tient mal son crayon dans
la main, sourit, comme s'il disait : « Je n'écrirai pas », et
tient la main raide quand on veut le faire écrire.
1905. - S'est montré plus indocile, plus capricieux ; les
progrès en lecture et en écriture ont été peu sensibles. Il
aurait tendance à être violent, plus taquin, surtout quand on
le gronde, mais il reste aussi prévenant, s'occupe à faire les
commissions, à travailler au réfectoire et à balayer.
II. Hour ? (Charles), 5 ans, à l'entrée le 6 juin 1899.
Alors il était atteint d'idiotie complète, avec épilepsie et gâ-
tisme. La parole était nulle ; l'enfant était turbulent et mé-
chant.
1900. - Aucune modification notable dans l'état de l'en-
fant.
1901. - Légère amélioration. A l'entrée, était gâteux et
sujet à de fréquents vertiges, ce qui lui rendait presque im-
possible la marche, et le faisait tomber à tout instant. Il était
dans une situation telle qu'on ne croyait pas obtenir de
résultats. - A la suite des exercices de gymnastique, de toi-
lette, et de parole, l'enfant s'est amélioré. Il a débuté par
une prononciation défectueuse accompagnée d'écholalie pro-
noncée, puis peu à peu l'écholalie tend à disparaître et l'en-
fant commence à répondre plus exactement quand on lui
parle. Il devient gai, chante et commence à s'approprier en
ce qui concerne le gâtisme.
(D Remarque : ce fait n'est pas rare. Des enfants, dont la parole
est limitée à quelques mots, prononcent parfois sans difficulté,
nettement, des mots grossiers. Cela tient. croyons-nous, à ce que
leur attention, quelque fugace qu'elle soit, n été appelée par l'éner-
gie mise à les prononcer par les domestiques, les charretiers, etc.,
et aux reproches que leur valent ces mots.
2M3 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
1902. L'enfant parle, fait des phrases, il rapporte
même sur les autres enfants, et bien qu'il ait lui-même un
langage un peu ordurier, il se trouve blessé quand un autre
enfant prononce un mot grossier. Il dit tous les mots,
chante bien et juste. Il est devenu propre, va seul sur le
siège et a été fier d'être mis en pantalon. Quelques progrès
sont à noter concernant la toilette, la gymnastique, les exer-
cices d'habillement (nouer, lacer, boutonner) et sur les cou-
leurs. Les accès sont moins fréquents.
L'amélioration continue, tant au point de vue de la parole
que des exercices classiques. La tenue est meilleure encore,
et les exercices de gymnastique sont exécutés avec beaucoup
d'attention. Il se lave mieux et se tient plus propre.
1904. - Il continue de s'améliorer, il parle très bien, tient
bien une conversation et, malgré sa grande turbulence, il suit
avec assez d'idée les exercices de la classe. Sait se laver seul,
s'habille un peu mieux, mais a gardé ses habitudes de mal-
propreté.
igo5. - Les progrès sont sensibles. Il parle, raconte et in.
terroge. Il n'est plus gâteux. Il s'occupe mieux à la classe, sait
dire son nom et celui des personnes qui sont avec lui. Il
nomme les objets usuels et les différentes parties de son corps
et de ses vêtements, ainsi que le nombre et le nom de ses
mains. Il reste malgré cela turbulent et voleur de friandises.
Décembre. - Sa tenue devient meilleure et malgré sa
grande instabilité l'enfant suit tout les exercices qui lui sont
démontrés. Les progrès sont satisfaisants à la gymnastique.
III. JUL ? (Albert), 4 ans. - A l'entrée, le 18 août 1902,
il était atteint d'idiotie avec gâtisme et mutisme. Il était inca-
pable de prccéder à aucun soin de toilette (Fig. g).
igo3. - La compréhension semble se développer. Il pro-
nonce quelques mots, comme papa, popo, pipi, etc. Il reste
toujours gâteux, bien qu'il aille cependant seul au siège,
chose qu'on ne pouvait obtenir à l'entrée.
1904. En 1902, il était obstiné, et, à chacun des exer-
cices qu'on lui faisait faire, se cachait le visage avec les
mains, puis, si on le forçait un peu vivement, il se relevait
et frappait l'enfant qui se trouvait à côté de lui. A présent,
l'enfant, exercé aux projections, est devenu plus causeur, il
répond mieux quand on lui demande quelque chose. Il n'est
plus gâteux, se tient propre et sait comment il faut s'y prendre
pour se laver. Les progrès sont satisfaisants à la gymnastique
ainsi qu'à l'école (Fig, 10).
igo5. L'amélioration devient notable; l'enfant n'est plus
TRAITEMENT nIÉDICO-I'1 : DAGOGIQUE DES IDIOTIES. 247
n-âteux depuis un an. La parole, limitée à quelques mots seu-
lement, est aujourd'hui existante; l'enfant répond de mieux
en mieux quand on lui parle. Il s'intéresse à tout ce qui se
lait autour de lui, est devenu plus attentif aux projections,
à l'école et à la gymnastique. Sa tenue est devenue meilleure;
248
THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
l'enfant commence à se vêtir et à se débarbouiller seul F.7/).
Décembre. - Il n'est plus' timide, devient espiègle, raconte
Fig. Il. - .lui., il ; ans (1905.)
et observe tout ce qui se passe autour de lui, est devenu cares-
sant et gai.
IV. Mal ? (Henri). Entré le 2 décembre 1887 à l'âge de
3 ans 1/2. Idiotie complète avec 11licrocéPltalie TRÈS PRONON-
CÉE. La parole, la marche, la préhension, la propreté, l'at-
tention étaient nulles. Il S3 tenait continuellement affaissé,
ne pouvait même pas tenir sa tête pour prendre la nourriture
et à chaque repas il fallait le tenir couché sur le bras, pour
lui introduire les aliments dans la bouche en les laissant glisser
lentement de la cuiller. Il ne pouvait manger que des bouil-
lies (Fig. 12).
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 249
1888. L'enfant n'a subi presque aucun changement
(Fig. 13).. -
1889. La parole semble vouloir venir, et il prononce :
« Oh ! papa, maman, du pain, ça y est; nous voilà »; et
il joue avec les autres enfants. Il grossit et ses jambes pren-
nent de la force.
250
THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
iggo. - Le vocabulaire a augmenté; l'enfant prononce
presque tous les mots, sait son nom et celui des personnes qui
le soignent. Il commence à pouvoir se tenir à table et à saisir
la cuiller; il peut même manger du pain et de la viande. Il
71' est plus gâteux, ni le jour, ni la nuit. Il cherche à se
déshabiller seul, et y arrive. Ses jambes se sont fortifiées et
aujourd'hui il marche (Fig. 14). ,
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 251
1891. - Est envoyé à la petite école le matin seulement.
Connaît généralement les objets usuels qu'il voit chaque
jour, mais ne sait pas distinguer les couleurs. Gymnastique
nulle. A la fin de l'année l'enfant commence à nouer, à lacer
et à boutonner ; il peut placer les lettres, les chiffres et les
couleurs sur le tableau, et sans se tromper. Il fait à la gym-
252
THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
nastique les deux premiers mouvements (assis, debout) et
commence à sauter.
1892. - Est devenu bavard, gai, un peu turbulent même;
il est propre et soigneux, serait plutôt coquet, s'habille, cire
ses souliers et se nettoie seul. Les progrès scolaires sont sta-
tionnaires (Fig, 15).
° 1893. Les progrès sont satisfaisants. Il commence à
reproduire quelques lettres sur l'ardoise et connaît toutes les
lettres de l'alphabet, ainsi que quelques surfaces, telles que
l'ovale, le cercle et le carré.
1894. - L'enfant est capable de soutenir une conversation
avec quelqu'un. 11 entend bien la plaisanterie, mais réfléchit
avant d'agir; c'est-à-dire que si on lui commande quelque
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 253
chose, et qu'il s'aperçoive que c'est une plaisanterie, après
réflexion, il se met à rire et dit : « Oh ! non, tu . veux me
tromper ! Il » , - -
1895. Compte jusqu'à ioo, connaît tout le contenu des
boîtes aux leçons de choses (légumes frais ou secs, graisses,
sucre, sel, etc.), toutes les couleurs et les surfaces,et fait
très bien tous les mouvements à la gymnastique (Fig, 6 et 1 )
1896. - Commence à syllaber, à mieux écrire, est envoyé
à la grande gymnastique.
Fig. 1.1. Maz. à 13 ans (1S9J;.
1897. Le caractère s'améliore; le travail à la classe est
lion; l'enfant est envoyé 1/2 heure à l'atelier de couture.
1898. - L'enfant est dans un état satisfaisant, au point de
vue de la tenue, du raisonnement et de l'intelligence.
1899. Etat stationnaire (Fig. rg et 20).
254
THERAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE.
19oo. - Devient timide, et n'arrive pas à l'école à pou-
voir lire. Tous-les autres exercices sont bien faits.
igoi. Ralentissement au point de vue des exercices clas-
siques en raison d'une conjonctivite granuleuse, compliquée
de kératite qui l'empêche même de se guider.
r«;. 20. - ar ? : '1 19 ans om y
igo2. - Etat stationnaire toujours pour le même motif.
1903. - La vue reste mauvaise, ce qui l'empêche de pou-
voir écrire convenablement, et de travailler à l'atelier. Il s'cc-
cupe d'une autre manière en faisant les commissions, en allant
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 255
à la cuisine et en frottant son pavillon; il est nommé par les
autres enfants le « premier frotteur ».
1904. L'enfant s'améliore toujours, en-ce qui concerne
la compréhension, le caractère et la conduite; malgré son âge,
il est toujours très facile à manier. Mais,- maintenant, il ne
FiG. 21. - Xi il la ans (1901).
faut plus lui parler de l'école, et, en dépit de tous les essais,
il a été impossible de lui apprendre à lire couramment, entravé
non seulement par une faiblesse de l'audition, ce qui l'ennuie
quand il ne peut pas bien comprendre ce qui se dit autour
de lui, mais encore par son affection chronique des yeux. Il
25G THÉRAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE.
. s'est occupé plus sérieusement et avec plus de goût aux
travaux du ménage.. La conduite est bonne, et il se plaît
à rendre service aux employés (Fig. 20 et 21).
igo5. - La vue- reste toujours assez défectueuse. Après
avoir présenté un arrêt de développement physique (nanisme
relatif) pour lequel il a été soumis à la glande thyroïde, sa
taille est devenue normale. Il est habile à tous les travaux
du ménage et à la gymnastique. Maz ? travaille de nouveau,
depuis six mois, à la couture, ses yeux allant mieux. Il est
caporal à la grande gymnastique, participe aux chants qui
accompagnent les exercices, fait les commissions dans la mai-
son, continue à frotter le pavillon où il couche.
Déc. - Maz ? reste le même, toujours docile, ayant une
bonne tenue, et rendant des services au point de vue du mé-
nage, des commissions. Au point de vue de l'écolage, la per-
sistance de la kérato-conjollctivite l'empêche de progresser à
l'école ( i ).
V. GŒRG ? (Fernand), 5 ans 1/2, à l'entrée le 7 décembre
1897. - Imbécillité prononcée avec colères fréquentes et obsti-
nation. Ecolage nul. Manie de ronger ses vêtements. Très
peu de notions usuelles.
1898. - A noter une légère amélioration, au point de vue
des colères et de l'obstination.
1899. - Progrès sensibles à l'école.
1900. - 8 ans et demi : l'enfant est propre, la marche est
normale. La physionomie réfléchie, froide et dure. Bien qu'il
sache parler, il faut le contraindre de répondre quand on lui
parle (ce qui parfois suscite une colère, l'enfant y étant sujet).
Il n'affectionne personne, et il se passerait volontiers de la
visite de ses parents qu'il dit ne pas aimer, surtout sa mère.
Il lui arrive aussi fréquemment d'uriner au .lit par taquinera
ou paresse ( ? ). Cette habitude lui est passée (l'enfant a di
être mis en robe de gâteux pour cette raison, il n'a plus
recommencé). Il ne possédait aucune notion des exercices
classiques.
Aujourd'hui, il lit couramment; l'écriture est lisible, et il
peut écrire sous la dictée quelques mots usuels, faire des
problèmes simples sur l'addition et la soustraction. Une amé-
lioration notable est survenue, concernant le caractère. Il est
plus affectueux, et il se réjouit à présent de voir sa famille
et de passer quelques jours avec elle.
1901. 9 ans 1/2.' Son état s'est bien amélioré : les
colères sont moins fréquentes, et la manie de ronger a dis-
(1 L'obs. deMaz ? depuis son entrée jusqu'en 1879, a etc publiée
en détail dans THULIÉ : Le Dressage des Dégénérés (p. 658 à 676).
Traitement \IÉDICO-l'1 ? D.1GOGIQL'E des idioties. 2j7
paru. De notables progrès sont à signaler à la classe, et, au-
iourd'hui, il lit couramment en sa rendant bien compte de ce
qu'il lit; écrit lisiblement, fait la dictée avec les grands, et
commence à faire des problèmes sur l'addition et la sojstrac-
tion. Il reproduit aussi quelques traits de dessin et y apporte
un certain goût. -- En résumé, l'enfant se rapprocha de plus
en plus de l'état normal.
1902. Gccrg ? continue à donner de la satisfaction à
l'école et à l'atelier de couture.
1903. Les colères sont devenues moins fréquentes; l'en-
fant est aujourdhui raisonnable.
1904. - L'amélioration persiste au point de vue de l'éco-
lage; du travail à l'atelier, du dessin et du solfège.
1905. L'enfant, en raison du caractère et du travail,
peut être classé aujourd'hui parmi les enfants normaux.
L'obstination, les colères, très fréquentes autrefois, n'existent
plus. Actuellement, l'enfant lit couramment, écrit lisiblement,
fait des devoirs et des dictées, sans trop de fautes, peut écrire
lui-même à sa famille et sans le concours de personne. Il fait
les trois premières opérations en arithmétique, a quelques
notions élémentaires de grammaire et de géographie et connaît
très exactement la division du temps. Il continue d'être bon
élève, et le caractère s'est aussi bien modifié. 11 est en résumé
le meilleur élève de la petite école. En résumé, cet enfant
est arrivé à un degré presque normal. - Appicnli tailleur,
il travaille bien et fait partie de la fanfare. Il est heureux
d'y être et connaît les notes.
VI. RE ? (Henri-Paul), né le 6 janvier 1895, 4 ans à
l'entrée le 3 juin 1899. - Idiotie, gâtisme, absence de lan-
gage. - Enfant grand gâteux, privé de compréhension et
doué d'une grande indifférence, mis dans les premiers temps
de son entrée au milieu des enfants de la fanfare afin de se
rendre compte s'il enter.dait le bruit; le résultat a été nul et
aucun mouvement de sa part n'a prouvé qu'il entendait. L'en-
fart avait l'air hébété, ne souriait jamais et ne répondait pas
à l'appel de son nom.
Tous les exerc : ces qu'on voulait lui faire faire provoquaient
chez lui des cris perçants. Il avait 1 habitude de se cogner
la tête, et chaque fois qu'on lui parlait, il la cognait davan-
tage. Il était enclin à de nombieux tics existant encore au-
jourd'hui mais moins fréquents.
Actuellement (igo2). l'enfant commence à comprendre, sou-
rit, chantonne, est devenu caressant et affectueux. Il reste à
présent sur le siège, se baisse lorsqu'il a besoin, n'est cepen-
dant pas encore propre et quand il s'adonne à un tic quel-
conque et qu'on le gronde il s'arrête.
Archives, 2' série, 1006, I. XXI. 17
258 . THÉRAPEC 1 IQUE PEDAGOGIQUE.
L'enfant qui, à l'entrée, ne mangeait pas seul et refusait
tous les aliments, voire même les friandises, mange mieux,
tient lui-même la cuiller. Remarque curieuse à noter, l'enfant
ne boit jamais ou presque jamais, ni vin, ni eau, et quand il
a soif il boit un peu de lait. Il reste quelquefois un mois
sans prendre de liquide; il ne mange même la soupe que si
elle est très épaisse et la refuse si elle est claire. Compte
rendu de 1902, p. VIII).
1903. L'amélioration continue. Aujourd'hui il mange
seul. Il prononce quelques mots : Maman, pain, non.
Oh lala, quand on veut le faire travailler, et que cela ne lui
plaît pas; - Suis cotent, cotent, quand il est gai.
Les tics disparaissent de plus en plus. L'attention devient
plus fixable, il peut maintenant exécuter les deux premiers
mouvements à la gymnastique des échelles, sauter à l'esca-
beau, monter et descendre l'escalier, exercices qui, il y a quel-
que temps, lui faisaient jeter les hauts cris et qui aujourd'hui
l'amusent. Il laisse guider ses mains pour les exercices des
barres, du nouer, lacer et boutonner. - Il est devenu gai,
joueur, aime à entendre chanter, et cherche à fredonner.
(Compte rendu 1903, p. XIV.)
1905. - L'état de l'enfant est stationnaire, il n'a rien ac-
quis de nouveau, et apporte beaucoup d'obstination pour faire
tout ce qu'on lui commande. Il ne veut rien dire et ne veut
pas travailler en classe. Le caractère seul reste gai, caressant,
remuant, mais il est paresseux. Toujours gâteux, cependant
il sait aller seul se mettre sur le siège.
VII. CuR ? (Lucien), né le 5 déc. 1893. Atteint à l'entra,
le 24 septembre 1902, d'idiotie, avec parole défectueuse. Phy-
sionomie niaise, air craintif, attitude lourde et mouvements
embarrassés pour tout faire. Manie de sucer les index. Exer-
cices de toilette et lavage, nuls. Tout à fait nul au point de
vue de l'écolage. Le caractère de l'enfant est très défectueux,
il est jaloux, sournois, a des impulsions violentes même vis-à-
vis du personnel; prieur. Manie de se sauver et de se ronger
les ongles.
1903. -- Légère amélioration pour la parole, la toilette,
le lavage et la gymnastique. Toujours assez coléreux, un peu
moins jaloux.
1904. - L'amélioration continue. Le caractère surtout est
meilleur, un peu moins jaloux, et les impulsions notées, à
l'entrée, ne se sont pas renouvelées. Il supporte bien mieux
les taquineries des autres enfants et il joue avec eux sans
se fâcher, ou s'il se fâche, c'est avec plus d'à-propos.
r9o5. - L'enfant donne actuellement encore plus de salis-
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 259
faction. Il commence à bien se laver seul; s'habille aujour-
d'hui lui-même assez convenablement, aide dans le dortoir au
flottage, et à l'office, nettoie très bien la vaisselle. Il devient
gai, joueur et moins méchant. Il travaille bien à la classe,
connaît quelques lettres 0, I, U, A, et commence à faire les
barres et les o sur le cahier.
VIII. GUDEF ? (Alcide-Charles), né le 9 octobre 1894,
entré le 14 décembre 1896. A l'entrée, est atteint d'idiotie
complète. Parole et marche nulles. Gâtisme. L'enfant est inca-
pable de manger seul.
1897. - L'état de l'enfant s'améliore, il marche aujour-
d'hui sans presque être soutenu. Le vocabulaire s'augmente, les
mots acquis sont : gâteau, viens, tiens, prends, là-haut. Il com-
\ prend bien mieux tout ce qu'on lui dit.
1898. - Il marche aujourd'hui seul. A appris à boire seul.
Le gâtisme est moins fréquent. La compréhension devient meil-
leure, et l'enfant peut aujourd'hui discerner ce qui est bien
d'avec ce qui est mal. Il commence à s'habiller et à se désha-
biller.
1899. - L'amélioration s'accentue de plus en plus. L'en-
fant est tout à fait propre. Il prononce tous les mots, en ayant
encore toutefois une prononciation défectueuse. IL' se rend
utile en aidant à chausser les enfants, s'habille et se déshabille
lui-même. Au point de vue du caractère, l'enfant reste gour-
mand, voleur et coléreux.
1900. L'état de l'enfant reste stationnaire.
1901. Les progrès continuent. La parole est libre et
compréhensible, il emploie le verbe. Travaille, aide au mé-
nage, mais il est à surveiller, parce qu'il a la manie du vol et
du mensonge.
1902. - L'amélioration continue, l'enfant connaît le nom
et l'usage de tous les objets qui l'entourent. Il reste coléreux,
emporté, voleur, et tout lui est bon, l'argent et les friandises.
;9°3. - L'enfant vient à la petite école, a appris à con-
naître les couleurs, les lettres et les surfaces. Il exécute bien
tous les mouvements à la gymnastique. La parole est libre,
l'enfant commence à écrire. Sa tenue est meilleure, mais le
caractère ne se modifie pas.
1904. Pas de changement notable.
1905. L'enfant est aujourd'hui bien développé. II ,e
rend compte de tout ce qui se passe autour de lui, et travaille
avec goût aux travaux du ménage. Il suit les exercices de la
grande gymnastique. A la classe, il commence à syllaber, et
son écriture devient lisible. Est un peu moins voleur et men-
teur, est toujours coléreux.
260 THÉRAPEUIIQUE PÉDAGOGIQUE.
X. IZAMB ? (René), 7 ans, né le 4 mai 18g8.-A son entrée
le 26 septembre 1902, il était atteint d'idiotie complète. Pa-
role nulle. Grand gâteux. Est à mentionner comme idiot à
physionomie éveillée. L'enfant est incapable de faire nuoi que
ce soit, il a seulement une manie prononcée pour ouvrir les
portes et les refermer en les frappant fortement. La compré-
hensioa est pour ainsi dire nulle. Il paraît être affectueux,
mais il est méchant pour les autres enfants, en est surtout ja-
loux.
19°3. Une légère amélioration s'observe au point de vue
du gâtisme et de la compréhension. L'enfant perd aussi la
manie d'ouvrir les portes. Est moins méchant. Il commence à
pouvoir lui-même diriger l'éponge sur son visage, et à laver ses
mains.
1904. - L'amélioration continue, l'enfant est presque pro-
pre. Il commence à lacer, à nouer et boutonner. Exécute les
deux premiers mouvements à la gymnastique, saute 2 degrés
de l'escabeau, monte et descend seul l'escabeau escalier.
igo5. - Izamb ? est devenu tout à fait propre, le jour,
mais pas encore complètement la nuit. La parole reste défec-
tueuse, il n'est arrivé encore qu'à prononcer les mots papa et
maman. Il est toujours de moins en moins méchant, mais reste
toujours aussi jaloux.
La compréhension devient meilleure, et si on le repousse un
peu, il devient sensible et cherche des caresses, auprès de la
personne qui l'a repoussé. Il cherche aujourd'hui à se rendre
utile, en portant le linge, ou bien en allant chercher tel ou tel
idiot appelé par une infirmière. Au réfectoire, il ramasse- après
le repas les cuillers et les gobelets, qu'il remet dans le panier
de la table où il mange. En résumé amélioration notable.
XI. DENOYE ? (André), 7 ans 1/2, né le 29 novembre
1894. A l'entrée (26 juin 1901), est atteint d'imbécillité pro-
noncée,. Actes impulsifs, manie du feu (pyromanie), onanisme,
mensonge, vol.
Au point de vue de l'écolage, l'enfant est nul, il sait à peine
syllaber et faire une addition.
1902. Aucune amélioration. L'enfant reste brutal. Sa
tenue est mauvaise, son travail à la classe est aussi mauvais,
l'enfant n'y fait absolument rien, et se moque de tout ce qu'on
lui dit. L'onanisme persiste malgré le manchon. Il cherche à
mettre le feu, à fumer, et un de ses amusements favoris, est
de prendre les enfants et leur plonger la tête dans l'eau, ou
bien encore à les brûler en chauffant fortement un fer de tou-
pie, sur le sol, et leur appliquant ainsi chauffé sur le visage,
le cou ou les mains. Tous ces faits, vus et empêchés, sont niés
par l'enfant avec beaucoup d'aplomb.
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 261
Igo3. - Une légère amélioration est à relever chez l'enfant
au point de vue des exercices classiques et du caractère. Il lit
presque couramment, l'écriture devient plus lisible. Il fait au-
jourd'hui la soustraction. Quelques progrès à noter à la gym-
nastique.
1904. - Amélioration plus notable en classe. La lecture est
courante. Il écrit sous la dictée, quelques mots usuels sans
faire par trop de fautes. Il a appris la multiplication, est bon
élève au dessin, au chant et au solfège. Les mauvais instincts
se manifestent moins souvent, mais il est un peu répondeur
avec le personnel qui cherche à le corriger de sa mauvaise
tenue.
1905. - L'enfant change sensiblement. Sa tenue est meil-
leure. Son travail à la classe plus soigné. Est moins enclin
aux mauvais penchants. Sait mieux s'occuper aujourd'hui et il
fait les quatre premières opérations en arithmétique. Com-
mence à faire les problèmes sur les trois premières règles. Tra-
vaille bien à l'atelier de menuiserie et apporte beaucoup d'at-
tention et de goût. De même à la fanfare, au solfège et au
dessin. Le caractère est un peu plus souple, et la disparition
des mauvais instincts est presque complète.
XII. DIETCHMA ? (Georges), 2 ans 1/2, né le lor juillet
1890,- A l'entrée (20 novembre 1903), il était atteint d'idiotie
profonde, gâtisme, privation de langage, et incapacité de
comprendre tout ce qu'on voulait lui faire faire. Il n'était pas
affectueux et tout jeune qu'il était, il se plaisait à frapper les
enfants.
1904. Un changement notable s'est produit dans l'état
de l'enfant. Il s'intéresse à tout ce qui se fait autour de lui,
observe bien, et cherche à faire ce qu'il voit faire aux autres
aussi bien en mal qu'en bien. Il devient affectueux. A la
classe, tous les exercices sont pour lui un jeu, et il s'y prend
bien pour travailler. Il ne souffre pas qu'on s'occupe des
autres, il les repuusse et crie.
IgoS. - L'amélioration s'observe encore davantage, l'en-
fant est devenu propre. Il sait bien laver ses mains, commence
à endosser lui-même ses vêtements. Il comprend bien aujour-
dhui ce qu'on lui demande et va de lui-même au devant des
choses. A la classe, il noue, lace et boutonne bien, aime se
rendre utile en ramassant le linge et les effets, a pris l'habi-
tude de ranger, est coquet, et quand il se salit, il s'appelle
cochon, puis va chercher une brosse, pour se brosser et laver
ses mains. Après quoi, il est fier, et va montrer à tout le
monde qu'il est propre. La parole aussi se développe, il pro-
nonce papa, maman, pipi, chat, un chien, puis cherche à ra-
2G2 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
conter ce qu'il voit faire aux autres enfants. Il devient affec-
tueux, chantonne et joue bien, mais il reste toujours jaloux.
XIII. Rovi ? (Paul-Pierre), 10 ans 1/2, né le 7 nov. 1895
(Paris). A l'entrée (16 août 1902), l'enfant est atteint
d'idiotie avec gâtisme et parole presque nulle. La turbulence
est grande; l'enfant se met facilement en colère. Il crie, a la
manie de casser les carreaux et de se déchausser.
La physionomie seule est trompeuse, car elle indique plus
d'intelligence qu'il n'y en a. L'enfant est plutôt gai, et a des
aptitudes musicales assez prononcées. La voix est même jolie.
Tout est nul au point de vue de l'écolage et de la gymnastique.
1903. - Une légère amélioration au point de vue du gâ-
tisme, un peu aussi au point de vue de la parole limitée seu-
lement aux mots papa et maman et actuellement augmentée
des mots pain, sou, pipi, quaqua.
Aux séances de projection, bien qu'il apporte un peu d'obsti-
nation à répéter les syllabes, car le plus souvent, il rit aux
éclats pendant la leçon, il lui arrive malgré tout d'en répéter
quelques-unes avec assez de facilité et sans prononciation dé-
fectueuse. Quelques progrès à noter à la gymnastique, au
saut ainsi qu'aux barres d'entraînement.
1904. - L'enfant est aujourd'hui tout à fait propre. A la
classe, il donne plus de satisfaction, commence à nouer, lacer
et boutonner. A la gymnastique, il exécute aujourd'hui les
trois premiers mouvements et saute trois degrés de l'escabeau.
A la projection, l'attention est plus fixable. Le caractère reste
toujours turbulent.
1905. - Une grande amélioration concernant le caractère
de l'enfant, plus calme aujourd'hui, se tenant mieux chaussé
et cassant moins de carreaux. La parole se développe, l'en-
fant cherche à faire des phrases, mais il est toujours assez
obstiné pour répondre quand on veut le faire parler, et ne
perd pas l'habitude de rire. -- Son attention à la classe est
plus fixable et il ne repousse plus les objets comme autrefois
quand on veut le faire travailler.
XIV. Jouât ? (René), né en 1900, Entré le 24 mai 1004-
1905. Commence à s'habiller et à se déshabiller, sait bou-
tonner, mais n'arrive pas encore à lacer et nouer ses souliers,
il connaît et nomme les parties de son corps, les couleurs, les
chiffres et quelques lettres.
XV. LE Bin ? (Cyrille), idiotie profonde; surdi-mutité. -
A son entrée, en mars igo3, cet enfant gâtait nuit et jour, ne
parlait pas, indifférent à ce qui se passait autour de lui, il
TRAITEMENT DI1 : DIC0-PI : DAGOGIQUE DES IDIOTIES. 263
semblait ne rien comprendre, ne savait pas se servir de la a
cuiller ni porter le gobelet à ses lèvres. Actuellement, il ne
souille plus ses vêtements dans le jour que par exception et
lorsque pareil accident se produit il se montre très confus,
très vexé. Il a beaucoup gagné pour la parole, il fait effort
pour répéter les mots, commence à en assembler quelques-uns.
Il appelle par leur nom les personnes qui l'entourent. Cares-
sant, démonstratif, il est très heureux qu'on s'occupe de lui
et imite volontiers. Il mange et boit seul sans commettre trop
de maladresses. Très remuant, il est difficile de le tenir long-
temps assis, cependant il ébauche nos premiers exercices,
essaie de boutonner, lacer. Il place les couleurs par compa-
raison, montre les images, désigne les animaux et connaît les
principales parties de son corps et de ses vêtements.
1904. Cet enfant ne gâte plus le jour, la parole est de
moins en moins défectueuse, il s'habille et se déshabille pres-
que seul, il sait lacer, nouer, boutonner, distingue les couleurs
et reconnaît quelques lettres et quelques chiffres.
1905. - Le Biha ? est rendu propre la nuit, il a continué
à se développer intellectuellement, mais l'attention est encore
des plus fugitives, il commenc à syllaber un peu et trace
quelques bâtons et quelques o assez régulièrement; cet enfant
est d'un naturel flatteur et peu docile.
XVI. FAlTO ? (Emile). Imbécillité et instabilité mentale.
Cet enfant indiscipliné, turbulent, tout à fait instable, entré
en 1904, était pour nous un véritable trouble-classe; aussi in-
différent aux punitions qu'aux récompenses, nous ne savions
quels moyens employer pour captiver son attention. Dès qu'il
échappait à notre surveillance immédiate, il se livrait à la mas-
turbation sur lui et ses camarades. Peu à peu nous avons pris
de l'autorité sur lui et obtenu un calme relatif; les premiers
exercices scolaires ont paru l'intéresser et il s'est mis à tra-
vailler avec plaisir. Assez rapidement, il a appris à connaître
les lettres, les chiffres et à les reproduire; actuellement, il
syllabe, trace des mots, sait même écrire de mémoire son nom,
son âge, ses vêtements, les jours de la semaine, les nombres
jusqu'à 20, établissant une relation entre le chiffre et la quan-
tité, il écoute les relations orales et en profite. Il est moins
indiscipliné, mais a besoin d'être tenu avec beaucoup de fer-
meté et très surveillé pour éviter les retours de l'onanisme qui
amenait la surexcitation constatée à son entrée.
1905. Pendant l'année 1905, malgré un séjour de quel-
ques mois à l'isolement il est arrivé à la lecture courante,
l'écriture est lisible et chaque jour -il copie et écrit ensuite
de mémoire sa leçon de lecture, sait écrire les nombre.% jusqu'à
261 i THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
ioo, fait l'addition et la soustraction simples, l'instabilité men-
tale est encore très prononcée et notre malade est toujours tiès
indocile et dissipé en classe, mais d'un naturel affectueux.
XVII. DEvA ? (Lucien), n ans. Imbécillité, hémiplégie
gauche. Ne le ICI' juillet IiSy3, entre k 17 ! eV/ICI' 19oa. -
1934. Physionomie peu expressive, rictus ccntinuel, parole
affectée dun chuintement prononcé. Lucien, beaucoup plus
dépourvu qu'il ne le paraît, ne possédait aucune notion sco-
]dlre à son entrée-, en zou, maigre cela, d'un esprit
vaniteux, très satisfait de lui-même, il était toujours prêt à se
moquer de ses camarades. Si on lui posait une question, il
s'empressait de dire : Oh moi, je sais et lorsqu'on s'adressait
à lui, il était incapable de répondre Le naturel vaniteux sub,
siste encore quoique atténué, mais 1 intellect de notre malade
s'est beaucoup développé au prix de grands efforts, car il
est très mal doué. Avec difficulté il est parvenu à tracer tou-
tes les lettres et les chiffres, établit une relation entre eux
et la quantité, ébauche l'addition, mais c'est surtout pour la
lecture qu'il a beaucoup gagné, il est en très bonne voie et
a un grand désir de lire couramment. Nous remarquons une
disposition naturelle pour l'orthographe des mots.
1905. - Deva ? a continué de bien travailler, aussi ses
progrès sont-ils notables; il lit couramment, ma's lentement
et nous avons été surprises de la rapidité avec laquelle nous
y sommes parvenues. L'écriture a marché de pair ainsi que
l'orthographe des mots, chaque jour il copie et écrit ensuite
de mémoire sa leçon de lecture, il sait lire et écrire les nombres
jusqu'à 70, fait seul l'addition et la soustraction sans retenues,
le raisonnement a aussi gagné, il tient conversation et saisit
bien ce qu'on lui dit. Le caractère est meilleur, il tient compte
des observations qu'on lui fait, l'amour-propre est éveillé, il
est très sensible aux reproches et aux compliments.
XVIII. BOUVIGN ? (G.). Imbécillité, hémiplégie droite.
8 ans; né le 28 mai 1896, entré le 7 mai 1903. Cet enfant,
d'une physionomie expressive toutà fait trompeuse, était à son
arrivée d'une instabilité absolue. Il était impossible de fixer
son attention un instant; aussi, au dire de ses parents, avait-il
toujours été renvoyé des écoles comme trouble-classe et inca-
pable de rien apprendre; son bagage scolaire était des plus
minces : il ne connaissait rien. Lorsque nous avons essayé au
début de le faire tenir assis et d'ébaucher les premiers
exercices, cela a été des scènes de pleurs, de rages, notre
élève déchirait ses vêtements, se mor.dait les mains et ne vou-
lait rien faire. D'une grande indocilité,il lassait la patience de
tous.
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 65
Pendant plusieurs mois, nous n'avons rien obtenu que l'im-
mobilité assise; sans nous décourager cependant, nous avons
persisté et nous sommes arrivées à vaincre la volonté négative
de Georges.
Actuellement (1904), il est transformé et rempli de zèle
pour apprendre; dès que j'entre dans la classe, ses yeux et
ses mains me demandent instamment de le prendre près de
moi. Il est en bonne voie pour la lecture, établit une relation
entre le chiffre et la quantité; fait l'addition simple. Il y-a
de grands efforts à faire pour écrire, la main droite étant pa-
ralysée et la gauche très maladroite; il trace plus ou moins
bien toutes les lettres. L'instabilité mentale, quoique amoin-
drie, existe encore. Pour la vaincre, il faut que notre malade
sente peser sur lui une volonté et un regard qui ne le quittent
pas.
1905. - L'amélioration constatée l'année dernière n'a fait
que s'accentuer. Bouvign ? estbeaucoupplus attentif et a tout
à fait pris goût à la classe. Il lit couramment, sait écrire
les nombres jusqu'à 100, établit une relation entre le chiffre
et la quantité, fait l'addition et ébauche la soustraction, l'écri-
ture est un peu plus régulière, il commence à faire de mé-
moire de petites dictées.
XIX. BENOIT ? (André). Imbécillité, entré le 8 janvier 1904
âgé de 7 ans 1/2. Cet enfant, à son arrivée, ne connais-
sait que les lettres et les chiffres; d'une instabilité et d'une
inattention absolues, il était impossible de le tenir en classe;
toujours en mouvement, il. n'avait qu'une pensée, taquiner ses
camarades, se sauver dans les jardins et commettre quelques
méfaits. Cet enfant absolument impulsif n'a aucune méchan-
ceté préméditée. A force de patience, nous sommes arrivés
à lui faire prendre goût à la classe. Il lit couramment, fait
quelques dictées de mémoire et les 3 premières opérations,
caractère toujours difficile, grossier, indiscipliné et un esprit
de contradiction très prononcé.
XX. ITZIKOW ? (Félix). Idiotie, mutité. Air maladif, teint
pâle grands yeux noirs fixes, mornes, sans aucune expression,
bouche toujours entr'ouverte ébauchant un sourire perpétuel,
parole complètement nulle, tel était cet enfant lorsqu'il nous
fut confié.
Anjourd'hui, il est presque transformé, la santé s'est amé-
liorée, l'appétit qui lui faisait défaut est régulier, le teint s'est
légèrement coloré, la bouche se ferme et n'a plus ce rictus
mais qui donnait un air d'hébétude à sa physionomie, son
regard est moins lourd et a une certaine expression. Au con.
266 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
traire de ses camarades, Félix, par esprit d'imitation, a fait
effort pour parler et prononce quelque mots dont il ne com-
prenait pas le sens et répétait comme en écho. Les défauts
d'articulation étaient nombreux; tous les organes de la parole
se mouvaient avec peine, les consonnes étaient impossibles à
obtenir, les lèvres surtout n'avaient aucune énergie dans leur
jeu; elles restaient molles, entr'ouvertes, de sorte qu'il ne fai-
sait guère entendre que des sons.
Notre élève s'est prêté volontiers aux exercices de la gym-
nastique de la parole, peu à peu l'articulation s'est modifiée.
L'écholalie très prononcée au début, a diminué progressive-
ment pour faire place à une certaine spontanéité. Actuelle-
ment Félix assemble quelques mots que l'on comprend facile-
ment, ces mots ne sont pas dits machinalement, ils sont
l'expression d'un désir ou d'une pensée, ce qui nous prouve un
grand développement dans l'intellect.
Il ne gâte plus, s'habille et se lave presque seul, sait lacer,
boutonner et nouer. Il connaît et nomme les couleurs, les sur-
faces, les lettres et les chiffres qu'il arrive à reproduire sur
l'ardoise. Il commence même à former et à assembler quelques
lettres au crayon sur le cahier. Les colères assez fréquentes au
début sont devenues plus rares.
1904. - Itzikowi ? continue à s'améliorer pour la parole,
1 les progrès ont marché de pair pour l'écriture et la lecture,
il établit une relation entre le chiffre et la quantité.
1905. - Cet enfant a subi une véritable transformation
dans l'espace de deux ans 1/2. Il est devenu complètement
propre nuit et jour, comprend tout ce qu'on lui dit, parle
encore avec difficulté mais d'une façon assez intelligible. Il
travaille avec ardeur en classe, il est en bonne voie pour la
lecture courante, écrit de mémoire un grand nombre de mots
ainsi que les chiffres jusqu'à 100.
Ce malade qui à son entrée portait le diagnostic « d'idiotie »
pourrait être classé parmi les arriérés.
XXI. Chai ? (Louis), entré le 28 janvier 1898, âgé de
7 ans 1/2. 11/ écrocépltale à un degré très prononcé, atteint
d'idiotie et d'instabilité mentale. A son arrivée l'enfant ne sa-
vêtements. Il était aussi turbulent, très indocile d'une atten-
vait pas exprimer ses besoins et souillait journellement ses
tion presque impossible à fixer, éprouvant un besoin incessant
de locomotion. On est parvenu à le faire rester assis en classe,
l'attention sans être encore de longue durée est assez soutenue
pour permettre de lui donner quelques notions classiques. Il a
appris à s'habiller et à se déshabiller seul, sait lacer, bou-
tonner, noue encore imparfaitement. Il est parvenu à tracer
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 207
des « 0 » assez régulièrement, enfin il manifeste aujourd'hui
ses besoins et ne se salit plus jamais.
,899. Chai ? est en bonne voie d'amélioration.
1900. L'instabilité est un peu moins grande qu'à l'arrivée;
il apporte un peu plus d'attention aux exercices classiques;
il vient maintenant en classe avec plaisir et travaille volon-
tiers si l'on s'occupe exclusivement de lui, mais, dès que l'on
passe à un autre enfant, il cesse de travailler, regarde à droite
et à gauche et, finalement, se dérange de sa place pour aller
taquiner ou frapper ses petits camarades. Et cependant Chai ?
n'est pas foncièrement méchant mais il a le goût du comman-
dement et lui, qui est l'indiscipline en personne, morigène et
corrige continuellement les autres enfants.
Apportant néanmoins une attention un peu plus soutenue,
il a réalisé de notables progrès. 11 trace régulièrement les
principales lignes, quelques surfaces d'une façon très élémen-
taire, mais donnant parfaitement l'idée de la figure que l'en-
fant a voulu représenter, enfin il forme presque toutes les
lettres et commence à les assembler.
Cet enfant qui, ayant quelques dispositions pour l'écriture,
reproduit assez fidèlement un modèle donné, est incapable do
suivre un tracé. (Nous avons plusieurs enfants dans ce cas).
- La mémoire, des plus fugitives, fait oublier à Chai ? ce
qu'il a appris assez vite la veille, aussi constatons-nous peu de
progrès pour la lecture au syllabaire. Nous obtenons davan-
tage à l'aide des letties mobiles. La parole, chez cet enfant,
continue à s'améliorer.
igoi. Les progrès continuent, Chai ? commence à repro-
duire un modèle et à suivre les lignes ce que nous n'avions
pu obtenir jusqu'à présent, il établit une relation, entre le
chiffre et la quantité correspondante.
1902. L'instabilité mentale a diminué sensiblement, il
écoute avec attention les leçons orales mais la mémoire est
toujours très fugitive et empêche ses progrès pour la lecture.
19o3. La parole s'est beaucoup améliorée, notre élève
ronstruit des phrases, emploie les verbes et les pronoms et fait
quelquefois des réflexions sur des faits qui se sont passés les
jours précédents.
1904. - Chai ? a fait beaucoup de progrès pour l'écriture,
il reproduit tous les modèles, la lecture ne marche pas de pair,
cependant nous constatons plus d'attention, il fait l'addition
avec retenues.
19o5 Chai ? se développe un peu intellectuellement dans
1 ensemble, la lucidité s'accentue et se constate aux réflexions
qu'il nous fait. Sa conversation est suivie, la parole est encore
affectée d'un chuintement très prononcé. Il est travailleur et
268 THÉRAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE.
préfère de beaucoup l'activité à l'immobilité de la classe. Il
est en tonne vo : e pour la lecture. Chai ? fait de mémoire de
petites dictées, sait écrire les nombres jusqu'à ioo, se rend
compte des quantités, fait l'addition et la soustraction.
XXII. PARD ? (Marcel), 4 ans 1/2, atteint d'idiotie du
second degré compliquée d'hémiplégie. -- A son arrivée
(mars 1899), il serait resté des journées entières sans bouger
de place, se balançant continuellement d'avant en arrière en
poussant une sorte de plainte ininterrompue. Il ne parlait pas
ou du moins ne disait que papa et pain avec beaucoup de peine
et très rarement. -- Il marchait lorsqu'on lui donnait la main
mais, le quittait-on un instant, il restait immobile ne faisant
plus un seul pas; nous faisions mine alors de nous éloigner
et l'appelions; il pleurait, ne bougeait pas davantage et serait
resté ainsi indéfiniment.
Aujourd'hui (1900), Pard ? marche seul et court souvent;
monte et descend les escaliers sans aide. Très en progrès éga-
lement pour la parole, il répète et comprend maintenant tout
ce qu'on lui dit, commence à parler un peu de lui-même. La
voix est basse, caverneuse et l'articulation laisse beaucoup à
désirer, mais enfin il parle avec à-propos, nous comprenons ce
qu'il veut dire. '
Le caractère devient plus enjoué et plus affectueux. Pard ?
commence à jouer avec ses petits camarades.
1901. - Cet enfant qui pleurait sans cesse, ne mangeait pas
seul, gâtait nuit et jour est devenu tout à fait propre, il mange
seul convenablement, joue avec ses petits camarades, il con-
naît et nomme les différentes parties de son corps. Comme
exercices scolaires, nous n'avons encore rien obtenu.
1902. -- Cet enfant est à l'isolement po-jr la teigne.
1903. - Pard ? connaît maintenant les couleurs. La parole
est moins défectueuse.
1904. -- Notre malade s'habille.et se déshabille seul, i !
sait lacer, boutonner, mais ne parvient pas à nouer, l'inat-
tention est encore très grande.
19o5 ? Pard ? connaît toutes les lettres, les chiffres, com-
mence à tracer quelques bâtons très irréguliers. La parole
continue à s'améliorer et nous obtenons un peu plus d'attention
en classe.
XXIII. CHARM ? (Victor), atteint d'idiotie complète, est en-
tré le 27 juin 1892, âgé de 2 ans 112 (Fig. 22).A son arrivée,
il gâtait nuit et. jour; la parole et la marche étaient nulles. Ne
mangeant pas seul, restant toute la journée dans un état som-
nolent, cet enfant semblait n'être doué que de la vie végéta-
TRAITEMENT MllJ1CO-PÉDAGO(jtQUE DÈS IDIOTIES. 269
tive. Peu à peu, lentement, les ténèbres qui enveloppaient son
intelligence se sont dissipées, et enfin nous sommes arrivés à
ce résultat inespéré de la lecture courante. En voyant la phy-
sionomie, encore si minable, de notre malade, on peut se rendre
compte des difficultés que nous avons rencontrées. Malgré la
difformité de ses mains idiotes, Çharm ? est parvenu à former
, FIG, 22. - C : Iarm.. , à 2 ans ]/2 (18\12),
une écriture assez lisible cette année (1901), ce que nous
n'avions pu obtenir jusqu'à présent. (Fig. a.5 el 24)-
Il est vrai que, grâce au traitement persévérant des douches
en pluie sur ses mains malades et toujours gonflées (1), elles
ne se sont pas ulcérées comme les années précédentes; ses
doigts se sont allongés et lui ont permis de tenir la plume.
Il fait l'addition et la. soustraction sans retenues, mais n'en
(1) C'est 11 une des nombreuses applications de l'hydrothérapie
que nous avons faites, dans notre service de Bicètre, depuis 20 ans,
et à l'Institut, médico-pédagogique de Vitry-sur-Seine. '
270
THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
comprend pas encore l'application. La parole est très amélio-
rée, l'articulation est nette, il fait des phrases assez correctes,
emploie à propos verbes et pronoms, mais ne converse pas
volontiers. Ce n'est qu'au prix d'un effort qu'il répond aux
questions qui lui sont posées. Il a de la mémoire et retient les
leçons orales.
1902. - Ch ? lit et comprend ce qu'il écrit, reproduit de
mémoire, sur son cahier, un certain nombre de mots connus
TRAITEMENT D11DIC0-PCD1GOGIQUr DES IDIOTIES. -271
de lui, tels que les jours de la semaine, les mois de l'an-
née, etc ?
19°3. - Les progrès scolaires continuent; il distingue le
masculin du féminin, le singulier du pluriel, fait l'addition
avec retenues et la soustraction simple, assiste avec plaisir aux
leçons de choses(Fi ? 2 5).
272 THERAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE;
1904. - La parole est presque normale; il lui arrive très
souvent de causer avec-les infirmières et raconte ce qu'il voit,
principalement les méfaits de ses camarades. La manie de col-
lectionner les chiffons et les papiers existe encore. '
1905. - Les progrès bunt très Unis, mais continus.
(Fig. 26).
1905, décembre. - Cet enfant a progressé pour loitho-
graphe, mais l'amélioration serait beaucoup plus accentuée s'il
ne se livrait pas à l'onanisme dès qu'il croit ne pas être vu.
XXIV. COTT ? (Henri), né le 18 mars 1890, âgé de 7 ans
à son entrée, le 24 avril 1897. Idiotie complète : gâteux,-
marchant avec difficulté, bredouillant d'une façon inintelli-
gible, restant presque toute la journée plongé dans une sorte
de demi-sommeil, indifférent à tout ce qui l'entourait : parole,
jeux; nous ne parvenions pas à secouer sa torpeur. Une sorte
de bave sanguinolente s'échappait presque continuellement des
commissures des lèvres. Les mucosités du nez coulaient sans
qu'il songeât à les essuyer. - - Les sentiments affectifs ne
semblaient pas exister, l'enfant voyait ses parents au parloir,
les quittait sans que rien ne trahît le plus petit élan. - Nous
avons avec lui, dans notre service, son frère aîné également
très dépourvu, on n'aurait jamais soupçonné leur lien de
parenté, tellement ils étaient indifférents l'un à l'autre.
Peu à peu, avec une extrême lenteur, nous avons vu l'en-
gourdissement qui enveloppait notre malade se dissiper; la vie
végétative a fait place à un peu d'animation. Il a commencé à
s'habiller, à parler, à s'attacher à nous, à son frère. Devenu
moins maladroit de ses mains, il nous a rendu quelques ser-
vices dans les dortoirs; mais il restait encore absolument réfrac-
taire à tous les exercices scolaires; la somnolence le prenait
dès qu'il était en face d'un livre ou d'un cahier.
Ce n'est guère qu'en 1901, c'est-à-dire après 4 ans de trai-
tement, qu'il a commencé à prendre goût, d'abord aux leçons
orales, puis à l'écriture et au calcul et surtout à la lecture des
mots imprimés. En 1902, il lit presque couramment, copie ce
qu'il lit et écrit même de mémoire un certain nombre de mots
imprimés. Il établit bien la relation entre le chiffre et la quan-
tité, sait écrire les nombres jusqu'à 100, commence à se fami-
liariser avec la monnaie. Il fait l'addition et la soustraction.
Il tient conversation, sa parole a encore quelques légères défec-
tuosités. Il joue et se montre assez docile.
19°3- Cot ? est arrivé à la lecture courante.
1904. Il continue à progresser lentement; il aime à
rendre des services ménagers. Sa parole s'est beaucoup amé-
liorée.
TRAITEMENT D11 : DIC0-PI : DAGOGIQU); DES IDIOTIES. 273
1905 - Cot ? évolue avec lenteur, mais sans arrêt; l'amé-
lioration est longue à obtenir, mais ce qu'il sait, il ne l'oublie
pas; il a gagné pour l'orthographe et commence à avoir quel-
ques notions de calcul et à compter un peu mentalement.
Décembre. -- Les progrès continuent.
XXV. DESSERT ? (Gabriel), né à Argenteuil le 5 septem-
bre 1885, entré le 21 mai 1894.
Imbécillité avec myopie, très prononcées. Parole et marche
singulières, gâte quelquefois le jour, toujours la nuit. Physio-
nomie tout à fait ingrate, notions classiques presque nulles,
ne connaît que ses lettres et un peu les chiffres; c'est ainsi
qu'il confond le 6 avec le 10. Pendant le courant de l'année
1894, il a appris à lacer, nouer, boutonner, connaît toutes les
couleurs et même le nom de ' quelques étoffes ainsi que les
chiffres. Caractère un peu batailleur et criard, mais docile.
1895. Dessert ? a réalisé quelques^ progrès pour la
classe; il commence à lire, mais l'écriture est à peine lisible.
1896. - Notre élève lit couramment, il fait l'addition avec
retenues, il éprouve une grande difficulté pour tout ce qui
est calcul. L'écriture semble s'être améliorée, mais est toujours
défectueuse.
1897. - Cet enfant continue à apporter beaucoup de bonne
volonté; ses progrès sont sensibles en orthographe; il fait
avec intelligence de petits devoirs de grammaire, verbes et
analyses. -, , .
1898. Notre élève est arrivé à faire assez bien les deux
premières opérations, l'écriture s'améliore de plus en plus; il
assiste avec plaisir aux leçons orales et en profite.
1899. - Progrès lents mais continus. Son esprit, fermé
jusqu'alors pour le calcul, semble s'ouvrir : il fait la multi-
plication. Plusieurs fois il a été surpris se livrant à des attou-
chements. '
1900 et igoi. - Cet élève a assez bien travaillé pendant
ces deux années; d'un naturel calme et studieux, il s'applique
à tous les devoirs. Il a gagné pour l'orthographe et l'écriture,
très peu pour le calcul. Il aime à rendre service et oblige
volontiers ses camarades.
1902. - Les progrès continuent; Dessert ? fait mainte-
nant l'application de l'addition; l'esprit d'observation se
forme, et en causant avec lui on est tout surpris du dévelop-
pement de l'intellect. Caractère peu démonstratif.
1903. - Nous sommes satisfaits de cet élève qui' apporte
toujours de la bonne volonté pour tous les exercice scolaires.
L'écriture qui était illisible est meilleuie; il fait aussi moins
Archives, 2. série, 100G, t. XXI. 18
274 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
de fautes dans les dictées, il ébauche la rédaction, mais est
toujours réfractaire au calcul.
1904. - Progrès peu marqués, cet enfant, opéré d'une lier-
nie, ayant passé plusieurs mois à l'infirmerie.
1905. Travailleur et obligeant, nous sommes toujours
contents de lui. Il a une prédisposition naturelle pour l'or-
thographe ; avec beaucoup de peine, il est arrivé à faire les
opérations, ne sait encore faire que l'application de l'addition
et de la soustraction.
Décembre. Cet élève travaille toujours avec goût en
classe.
XXVI. \ULr ? (Emile) est entré le 10 août 1895, âgé
de 9 ans. A son arrivée il était atteint d'idiotie complète,
gâtait, ne savait pas s'habiller, mangeait à pleine main; il
était d'une nature extrêmement paresseuse, somnolente et
n'avait aucune notion classique. En 1896, il est rendu propre,
mange plus convenablement, commence à s'habiller. - En
1897, il a appris à lacer, nouer, boutonner, à se laver les mains
seul, à reconnaître les couleurs, les principales parties de son
corps, presque tout le contenu des boîtes aux leçons de choses.
- En 1898, il reconnaît et nomme les lettres, chiffres, sur-
faces : place bien les bâtonnets dans le casier, exécute bien
les mouvements de la petite gymnastique. Dans le courant
de 1899, il commence seulement à prendre goût à la lecture
et à l'écriture, lit un certain nombre de nos mots imprimés et
s'intéresse davantage à tous les exercices classiques.
En 1900, les progrès ont été très sensibles pour la lecture,
l'écriture et le calcul. Cet enfant, dont l'amour-propre s'est
éveillé, est heureux des progrès réalisés et travaille avec plai-
sir. Il lit et écrit un grand nombre de mots imprimés isolé-
ment ; syllabe assez facilement; fait l'addition, la soustraction,
commence la multiplication. L'écriture, très améliorée, est très
lisible. Cet enfant est en bonne voie pour la lecture courante.
19°1. - Mill ? passe à la lecture courante. Il fait de petits
exercices de grammaire, distingue le genre et le nombre, sait
faire l'addition, la soustraction, la multiplication, commence
à calculer mentalement, aime beaucoup à rendre service et
s'en acquitte bien. Il a de l'amour-propre, est très sensible au\
reproches et aux compliments.
1902. Les progrès sont très marqués; il a surtout gagné
pour l'orthographe, fait de petites dictées, verbes et analyses.
Il a beaucoup de goût pour le calcul. 1.
1903 et 1904. - Notre malade continue à progresser pour
tous les exercices scolaires.
19°5, - Progrès notables, surtout en calcul, il fait main-
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 275
tenant la division et l'application des deux premières opéra-
tions, commence la rédaction. Il va à l'atelier de brosserie; son
patron est satisfait de son travail. Caractère toujours indisci-
pliné et impoli avec le personnel.
Décembre. Mill ? a pris un goût réel à la classe, aussi
les progrès sont-ils satisfaisants.
XXVII. Reniait ? (Georges) est entré en avril 1890, à
l'âge de 13 ans et demi. A son arrivée, cet enfant, atteint
d'idiotie profonde, se trouvait presque au dernier degré de
l'échelle de l'idiotie, ayant tous les tics et manies des idiots :
parole nulle, poussant des cris sauvages, mordant ceux qui
l'entouraient, gâtant jour et nuit.
Signalé déjà dans le Compte rendu du service de 1899,
comme très amélioré, est enfin arrivé à lire couramment grâce
à l'emploi simultané du syllabaire et des mots imprimés iso-
lément.
L'écriture ayant marché de front, il copie chaque jour la
leçon de lecture et écrit de mémoire un certain nombre de
mots, tels que ceux qui concernent les couleurs, nombres,
jours de la semaine, vêtements, famille. Lemaît ? éprouve une
grande difficulté pour le calcul; il commence cependant à
faire seul l'addition.
La parole est encore défectueuse. Néanmoins notre malade
a réalisé de sensibles progrès; il a acquis pendant cette année
1900 ch, g, v, z, ill, gn, il; mais tous ces sons, bien articulés
au commencement ou dans le corps des mots, sont nuls lors-
qu'ils forment la syllabe finale muette. Ainsi Lemaît ? qui
dit très bien : blanc, bleu, tableau, dira : « ta » pour table,
« por » pour porte; de même il dira « pa » pour paille;
Il vi » pour vigne, alors qu'il dit facilement bouillon, gagné.
igoi. Progrès satisfaisants pour la classe, il est arrivé
à lire couramment; l'écriture devient plus lisible.
1902. - Cet enfant a fait des progrès .pour les exercices
classiques. Il a une mémoire extraordinaire pour l'ortho-
graphe des mots qu'il a lus. Il fait l'addition, la soustraction,
ébauche la multiplication. Il fait quelques exercices élémen-
taires de grammaire. Il devient de plus en plus maniaque.
Il ne faut jamais que rien vienne intervertir l'ordre des choses
établi, sinon il est furieux. Si, pour une cause ou une autre,
une des infirmières change son jour de sortie, il l'invective et
bougonne toute la journée à ce sujet. Dans une promenade,
si l'on ne revient pas par le même chemin que l'on a pris en
allant, il se met en colère et récrimine pendant le trajet. Si
le jour cù l'on a l'habitude de faire une leçon orale de gram-
maire, on fait une leçon de choses, il est fâché, ne veut rien
27G THÉRAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE,
écouter, ne répond que des bêtises aux questions qu'on lui pose
et fait en sorte de troubler l'ordre.
Ses camarades, qui- s'aperçoivent de sa bizarrerie de carac-
tère, le taquinent souvent : alors ce sont des rages, il crie,
trépigne, tape à droite,-à gauche, tout ce qui l'environne (meu-
bles et gens) et ne se calme que lorsque l'on fait signe de le
conduire en cellule. A l'entrée idiotie complète; aujourd'hui
on poserait le diagnostic : imbécillité.
1903- - Les progrès sont lents, mais d'un semestre à
l'autre, nous en constatons toujours quelques-uns. Il a appris à
connaître l'heure, la monnaie, les poids et les mesures.
1904. - Rien de 'particulier à signaler sur Lemaît ? si ce
n'est que son esprit rageur et original s'accentue de plus en
plus. '
igo5. - Lemaît ? a beaucoup gagné pour l'orthographe; il
fait beaucoup moins de fautes et comprend mieux ce qu'il lit
et ce qu'il écrit. - Caractère de plus en plus rageur et original.
XXVIII. RoB ? (Maurice), né à Gentilly, le 29 mars 1887;
est entré le 26 janvier 1893, parlant à peine, ne sachant pas
s'habiller et n'ayant aucune notion classique : Imbécillité, rémiz
plégie gauche. [Figures 27, 28 et 2g).
1894. - Il sait s'habiller, lacer, nouer, boutonner, connaît
ses chiffres, ses lettres, il commence à lire; nous espérons qu'il
passera d'ici peu à la lecture courante.
1896. - Rob ? lit couramment, fait de petits exercices de
grammaire, dictées, analyses, verbes; il paraît toutefois réfrac-
taire au calcul; l'écriture laisse à désirer.
1897. - Cet élève a beaucoup progressé pour l'orthographe
et la rédaction; il fait les quatre opérations, mais ne saurait
les appliquer. (Fig. 3o.)
1898. - Les progrès continuent; ils sont surtout assez sen-
sibles pour le calcul; jusqu'à présent il éprouvait une grande
difficulté pour comprendre les plus petits problèmes, aujour-
d'hui, il y a pris goût et fait l'application de l'addition et de
la soustraction.
1899. - Notre élève ayant apporté un peu de nonchalarce,
nous n'avons pas réalisé les progrès que nous espérions. Ca-
ractère assez facile quoiqu'un peu rageur et bizarre : lorsqu'on
lui adresse des reproches, il est pris d'une envie de rire qu'il
a peine à contenir. (Fig. 3 1 et 32).
igoo. - 11 reprend goût à la classe; aussi les résultats sont-
ils satisfaisants; il a de l'amour-propre et aime à rendre
service; il va à l'atelier du tailleur.
1901 et in02. z Les progrès s'accentuent. (Fig. 33 et 3 A
1903. Cet élève continue à bien travailler pour tous les
Fic. 27. - Rob ? à 5 ans 112 (1833),
I co. 28. - Rob ? à 5 ans 1/2 (1893).
FiG. 29. Rob ? à 5 ans 1/2 (1893).
FiG. 30. -Rob ? à 10 ans 1/2 (1897).
IP IG. 31. - Rob ? à 12 ans 1/2 (1899).
FiG. 32. Rob ? à 12 ans 1/2 (1899).
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES.
281 L
exercices classiques; ses devoirs se rapprochent assez de ceux
des enfants normaux; nous espérons pouvoir le présenter
l'année prochaine au certificat d'études. (Fig. 35, 36 et 3).
194 Il a. passé avec succès l'examen du certificat
d'études et suit en ce moment les cours professionnels de
l'école d'infirmiers et infirmières de Bicêtre,
FiG. 35. Rob ? à 16 ans 1/2 (1903).
Fig. Rob ? à 16 ans 1/2 (1903).
Fic. 37. - Rob ? à 16 ans 1/2 (1903).
Fin. 38.- Tins à 18 ans 1/2 (1905;.
Fio. 39. Rot) ? à 18 ans 1/2 (1905).
r, io. 40. Rob ? à 18 ans 1/2 (1905).
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 287
19°5. Il a obtenu le diplôme d'infirmier (fin juillet) ;
il a même remporté quelques prix ainsi que le livret Gallois.
20 août. - Rob ? passe à la grande école. A l'atelier de
couture, il fait complètement le pantalon et le gilet. (F ig.3c,
39 et 40).
XXIX. POIRS ? (Marcel), idiotie; hémiplégie droite, entré
le 27 juin 1893 à l'âge de cinq ans, gâtant nuit et jour, mar-
chant péniblement, ne sachant pas s'habiller et n'ayant aucune
notion scolaire.
1894. Dans le courant de l'année cet enfant a été rendu
propre, a appris à s'habiller, reconnaît toutes les lettres et
les chiffres.
,895. - L'amélioration continue en tous points; notre élève
est en bonne voie pour la lecture, écrit de la main gauche.
1896. Poirs ? lit couramment, mais ne comprend pas
très bien ce qu'il lit, l'écriture est très régulière.
1897. P ? fait de réels progrès en toutes choses, sauf
en calcul.
1898. - L'amélioration continue lentement, mais sûrement,
la mémoire est lente, mais fidèle.
1899. Notre élève a beaucoup gagné pour l'orthographe
et semble moins réfractaire au calcul.
1900. Le travail de cet enfant est régulier et il est
très ponctuel pour ses devoirs, ses cahiers sont bien tenus, et
bien que se servant de la main gauche, son écriture est très
lisible.
1901. Les progrès sont lents et ne sont obtenus qu'avec
effort et continuité, il saisit difficilement ce qu'on lui explique,
mais comme il apporte de l'attention et de la persévérance il
arrive à un résultat satisfaisant. Caractère calme, docile, ré-
gulier, mais personnel.
1902. - Poirs ? a beaucoup gagné pour l'orthographe, il
fait aussi de petites rédactions et a acquis quelques notions
d'histoire et de géographie.
r9o3. Progrès très sensibles pour l'arithmétique, il
résout assez vite et avec justesse un calcul mental, connaît
bien toutes les mesures métriques et fait sans erreur les 4 opé-
rations. Cet élève a en toute chose la conception lente, mais
ce qu'il al une fois saisi, il le garde et ne l'oublie pas.
1904. Poirs ? étant très raisonnable, nous avons essayé
à deux reprises de le placer au dehors, mais il n'a pu y rester
à cause du tremblement -dont est affectée sa main droite. De-
puis le icr décembre, il est, comme aide, chez un pharmacien
du Kremlin.
1905. ? Toute l'année, Poirs ? est resté chez le patron où
288 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
nous l'avons placé, il est content de ses services. Il est entré
chez lui à raison de 15 francs par mois, il l'a augmenté pro-
gressivement. Actuellement, il gagne 40 francs.
XXX. COUR ? (Georges), 10 ans, atteint d'imbécillité.
Pris à son arrivée en novembre 1896. Cet enfant, d'une inat-
tention absolue, nous faisait souvent douter de sa lucidité par
ses extravagances. D'une paresse excessive, il pleurait à san-
glots lorsqu'il fallait travailler et dès qu'on ne s'occupait plus
de lui il se couchait sur son cahier ou sur son livre et dormait.
En juin 1897, nous commençons seulement à constater un
peu plus d'attention et de bonne volonté. A partir de cette
époque, l'amélioration a continué, très lentement il est vrai,
mais sûrement; le caractère est devenu plus gai, plus com-
niunicatif et notre - élève a commencé à prendre goût à la
lecture. Enfin, connaissant maintenant tous les sons, il passe
à la lecture courante, mais il sera long, croyons-nous, à lire
tout à fait couramment. Il ne s'habitue pas à lire du regard
un mot entier pour le prononcer ensuite à haute voix. Il dé-
tache chaque syllabe, qu'il lit lentement, en laissant un trop
long temps d'arrêt avant de lire la suivante.
.Couri ? ne lit bien couramment que les papiers imprimés,
qui sont pour lui un véritable amusement et sur lesquels nous
comptons beaucoup pour graver dans sa mémoire la forme
graphique d'un grand nombre de mots.
L'écriture, moins empâtée, a beaucoup gagné pendant ces
derniers mois; toutefois, cet enfant commence seulement à
pouvoir copier la leçon de lecture. A l'inverse de la majorité
de nos élèves, l'écriture, chez celui-ci, est toujours restée très
au-dessous de la lecture. Ii a toujours une grande difficulté
pour le calcul et n'arrive pas encore à faire complètement
seul l'addition.
igoo. Il est en bonne voie pour la lecture courante,
l'écriture a beaucoup gagné; avec beaucoup de difficultés
nous arrivons à lui faire faire l'addition.
igoi. La lecture est devenue courante. Cet enfant d'une
paresse extrême au début, travaille maintenant avec goût en
classe.
1902. - Il fait de petites dictées, quelques exercices de
grammaire qu'il comprend, ainsi que l'addition et la soustrac-
tion. Caractère toujours turbulent, indocile et menteur.
1903. - Les progrès continuent pour tous les exercices,
sauf pour le calcul.
1904. Couria ? continue à faire des progrès scolaires,
mais les extravagances de caractère s'accentuent; il semble
prendre plaisir à dire des choses dépourvues de lucidité, ce
qui le fait renvoyer de plusieurs ateliers.
TRAITEMENT MEDICO-PfiDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 289
,905. - Notre élève travaille avec goût en classe, il a moins
de fautes dans ses dictées, fait les trois premières opérations,
et ébauche la division, mais ne sait encore faire que l'appli-
cation de l'addition. Caractère un peu moins extravagant de-
puis trois mois il va à l'atelier du tailleur.
XXXI. JES. (Edouard), né le 16 janv. 1886, âgé de
9 ans à son entrée, le 14 juin 1894, qui n'avait rien appris
jusqu'en juin 1895, est arrivé à la lecture courante à la fin
de l'année 1896, a acquis quelques notions de grammaire et
de géographie, mais l'esprit reste absolument fermé pour le
calcul. Cet enfant a toujours besoin d'être encouragé, au
moindre signe d'impatience, à la plus légère remontrance, il
se trouble et ne sait plus rien faire.
1897. - L'amélioration continue lentement.
1898. - Jes ? passe à l'isolement pour la teigne et nous
revient à la fin de l'année 1899.
igoo. - -J ? travaille avec beaucoup d'ardeur en classe
et les progrès s'accentuent.
igoi. - Grâce à sa bonne volonté ininterrompue, malgré
un esprit lourd et s'ouvrant difficilement, notre malade fait
des progrès notables pour l'orthographe et les leçons orales
qu'il écoute avec beaucoup d'attention. Toujours réfractaire
au calcul, il ne parvient encore qu'à faire l'addilion. Carac-
tère docile, sujet à des accès de pleurs et de rires sans cause
bien déterminée. '
r9oz.- Jes ? est languissant, a maigri d'ure façon inquié-
tante et l'amélioration est stationnaire.
1903. Progrès lents mais continus. Nous l'envoyons
dans divers ateliers où on refuse de le garder le jugeant beau-
coup plus nul qu'il ne l'est.
1904. - La santé étant meilleure, Je ? reprend goût à la
classe, il a surtout gagné pour l'orthographe pour laquelle il
a une aptitude particulière, il en est de même pour le calcul
mental, il compte de tête avec une exactitude et une rapidité
surprenantes.
1905. -- J ? tiavaille toujours avec goût et docilité en
classe, il fait maintenant les 3 premières opérations et ébauche
la division à un chiffre, la rédaction est très difficile à obtenir
car il n'a pas d'imagination; sa conversation est nulle, il ne
fait jamais de réflexions et ne répond qu'avec effort aux ques-
tions qui lui sont posées, la timidité et l'impressionnabilité sont
excessives, presque maladives.
XX : X : 11. GAVA ? (Emile), né le 31 janvier 1890, âgé de
9 ans, idiotie, nanisme, s'est beaucoup amélioré intellectuelle-
ment et moralement.
Archives, 2° série, 1906, t. XXI 19
290 THERAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
A son entrée (26 mai 1899), il avait beaucoup de mauvais
instincts, tels que le vol, le mensonge, la méchanceté envers
ses camarades, la grossièreté et même l'obscénité dans ses pu-
rcles et dans ses chants.
Actuellement (déc. 1902), il est doux, poli, docile, affec-
tueux. L'inclination au vol semble avoir disparu, il est encore
taquin avec ses camarades, parfois une grossièreté lui échappe,
mais ce qui était une habitude est devenu une exception. 11
est studieux, fait avec goût tous les exercices scolaires; aussi
ses progrès sont- ils notables. Il lit presque couramment, fait
l'addition et la soustraction, écrit de mémoire sous forme de
dictée un certain nombre de nos mots imprimés.
L'attention, qui semblait infixable au début, est maintenant
assez soutenue pour lui permettre de profiter des leçons orales.
L'onanisme qui était fréquent n'est plus que très raremeit
constaté. Le zézaiement, signalé à son arrivée, subsiste encore
aujourd'hui.
19o3. - Gavar ? est ami'é à lire couramment il a pro-
gressé en tout, l'écriture est plus lisible, fait un peu de d : c-
tées quelques exercices sur le genre et le nombre, cet enfant
a une obéissance immédiate mais sans durée.
1904. -- Notre élève a beaucoup gagné pour le calcul, fait
l'addition et la soustraction avec retenues et prend goût au
jeu du marchand.
1905. - Le ! ' progrès chez cet enfant sont lents mais régu-
liers, il n'y a pas d'intermittence, il en est de même pour son
caractère qui est toujours égal, il écoute bien les leçons orales
et a acquis quelques notions d'histoire et de géographie. Il
connaît l'heure et la monnaie. Très obligeant et travailleur,
il rend beaucoup de services ménagers.
XXXIX. RicQu ? (Emile), 7 ans, né le 9 décembre 1893,
atteint d'idiotie profonde et d'hémiplégie gauche. A son arrivée
le 27 mai 1899,il gâtait jour et nuit. Parole limitée à papa,
maman, pa pour pain. Aujourd'hui (Igoo), il ne gâte plus;
il exprime ses besoins. La parole à fait de grands progrès; il
dit tous les jours des mots nouveaux mais avec une articulation
encore très défectueuse. - - Il s'habille et se déshabille seul
sans pouvoir cependant lacer, nouer, boutonner. Cet enfant,
atteint à son arrivée de daC1l011lallie (ou manie de moidre),
sans colère, sans cause aucune, pour le seul plaisir de mordre
est enfin guéri de ce penchant.
1901. - Ricqu ? signalé comme propie le jour, l'année
précédente, est rendu propre la nuit.
1902. -- R ? a appris à lacer, boutonner, mais ne parvient
pas encore à nouer.
'l 11 : 11'l l JILN'l' \(LD1C0-l'>· : l)AGOGIQI E DES ))))0'HES. 201
1903. - Il place et nomme les couleurs, mais les progrès
sont presque nuls, car il nous est impossible d'obtenir quelques
minutes d'attention de suite, notre élève éprouvant un besoin
de locomotion incessant.
1904. Malgré la paralysie dont est affectée sa main
gauche Ricqu ? est arrivé à faire le noeud à rosette très habil-
lement. Le caractère s'est un peu amélioré, il est moins pleu-
reur.
1905. - Nous avons obtenu un peu plus d'attention : lorsque
R ? est bien disposé, il montre et nomme les principales par-
ties de son corps et de ses vêtements. Il distingue un plus
grand d'un plus petit, un objet lourd d'un léger.
XXXIV. FÉL ? (Léon), 13 ans 1/2, né le 2 juillet 1887,
entré en mai 18go. Il était d'idiotie prononcée, compliquée
d'épilepsie et d'hémiplégie droite.
A son arrivée (1899), Fél ? se tenait à peine debout et
gâtait jour et nuit. La parole, très défectueuse, était presqu'in-
compréhensible. Cet enfant a été rendu propre en 1893 et
sa parole, très améliorée, commence, à cette époque, à être bien
distincte, il forme de petites phrases. - En 1894, il s'habille
et se déshabille seul, place les lettres, les surfaces, les cou-
leurs. Il commence à former quelques lettres et chiffres en
1895. Toujours en mouvement, Fél ? se balançait d'avant en
arrière dès qu'on l'obligeait à rester assis.
En 1898, notre élève commence à prendre goût à la lecture.
- - En 1899, sous l'influence du traitement, les accès d'épi-
lepsie se raréfient et nous constatons en même temps une
sensible amélioration dans l'intellect de cet enfant. A partir
de cette époque, la mémoire a paru se développer et les pro-
grès en toutes choses s'en sont ressentis, principalement pour-
la lecture qui semblait être pour Fél ? d'une difficulté insur-
montable, car nous avancions d'une page pour retourner de
deux en arrière le lendemain. Enfin cette année il a fini par
passer à la lecture courante. Il comprend ce qu'il lit mais pas
toujours ce qu'il écrit. Il commence cependant à faire de petits
exercices de grammaire. L'écriture est bonne et très lisible
bien que l'enfant écrive de la main gauche, le côté droit étant
paralysé. Pour le calcul, il fait l'addition avec retenues et
commence la soustraction, mais nous éprouvons la plus grande
difficulté à lui faire saisir le plus simple calcul mental. Tout
ce qu'on est parvenu à apprendre à cet enfant n'a été obtenu
qu'avec une grande dépense de peine et de temps, car il est
beaucoup plus dépourvu qu'il ne le paraît de prime-abord.
1901. La lecture devient plus courante, l'amour-propre
nnb1e sOé\'eiller.
292 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
1902. - Fél ? commence à acquérir quelques notions de
grammaire mais jusqu'à présent, il nous a été impossible de
lui faire écrire de mémoire la plus petite dictée, même celle
des mots qu'il écrit journellement.
1903. ' Les progrès sont toujours extrêmement lents, tout
exercice nouveau, si simple soit-il, semble une montagne à apla-
nir. Chez presque tous nos enfants les débuts sont arides et
pénibles, mais une fois les premiers résultats obtenus, il se
produit généralement une sorte de détente et nous éprouvons
des difficultés moindres; chez Fél ? les années se succèdent
et l'amélioration est aussi difficile à obtenir qu'au commen-
cement ; aussi notre élève se décourage-t-il souvent et a besoin
d'être remonté pour lui faire reprendre confiance en lui-même.
Il arrive à faire l'addition avec emprunt et la soustraction
simple, mais ne saurait en faire l'application, il connaît
l'heure, la monnaie et prend goût aux exercices ménagers.
1905. - Les progrès scolaires sont peu sensibles, mais il
apporte beaucoup de goût au travail manuel et s'y prend très
adroitement. Dans l'état général nous constatons une amélio-
ration assez sensible, il y a plus de lucidité dans le raisonne
ment, plus de calme, il a mis sou à sou ce qu'il gagnait de
côté pour s'acheter une montre « objectif de ses désirs depuis
plusieurs années ». Il aime à faire le moniteur et à s'occuper
de ses camarades.
XXXV. Marfil ? (André), né le 13 octobre 1893, entré
le 20 décembre 1903. Arriération mentale, chorée, strabisme,
affaiblissement du bras gauche. L'état nerveux de cet enfant
s'est modifié favorablement : la chorée n'existe pour ainsi dire
plus. Très en retard pour son âge, André a bien travaillé pen-
dant l'année, il lit couramment et pour tous les exercices sco-
laires a fait des progrès notables; il fait les trois premières
opérations et commence à en faire l'application. Il calcule assez
vite mentalement et est un de nos plus habiles dans le jeu du
marchand.
1905. Notre élève fait des progrès pour l'orthographe.
L'écriture s'est améliorée. Il fait les 4 opérations et l'applica-
tion de l'addition. Il apporte beaucoup de bonne volonté pour
tous les exercices scolaires et est assez docile, commence à
rendre quelques services ménagers.
XXXVI. PEL ? (Léon), né le 9 mars I Sg I . Idiotie du
second degré, sclérose en plaques. A son entrée (c8g6) ne se
tenait debout que soutenu sous les bras, ne mangeant pas seul,
gâtait nuit et jour et parlait avec difficulté. Cet enfant à
commencé en 1897 à se tenir debout dans un chariot et à se
servir de la cuiller. En 1898, la marche est devenue plus assu-
TRAITEMENT MI·.D1C0-Pi'sn.lGOGIQ1;I : DES IDIOTIES. 293
rée, les mains moins maladroites. En 1899, il est parvenu à
se déshabiller seul et à parler plus intelligiblement. Il gâtait
encore très souvent jour et nuit.
Actuellement (1901), il a plus d'équilibre dans la marche,
il est tout à fait propre le jour; s'habille complètement seul,
tient conversation, emploie les verbes, les pronoms, fait des
réflexions sensées. Il a pris goût à la classe, connaît et nomme
toutes les lettres de l'alphabet ainsi que les chiffres, les cou-
leurs et les surfaces.
Il s'intéresse aux leçons de choses et distingue un certain
nombres d'objets. Il sait lacer, boutonner, compter les objets
jusqu'à 10. Pour l'écriture nous n'avons encore rien pu obtenir
en raison du tremblement dont il est affecté. Cet enfant a été
notablement amélioré pour la parole.
1902. - Il commence à syllaber et à compter; l'intellect se
développe, il parle, raisonne et fait part de ses réflexions, il
a beaucoup d'amour-propre.
1903. - L'amélioration continue lentement mais sans arrêt.
La parole est plus nette.
1904. Il est rendu propre. Les progrès réalisés en classe
sont plus satisfaisants. Il prend goût à la lecture, lit quelques
papiers, commence à établir une relation entre le chiffre et la
quantité. Caractère sournois très difficile, mauvais et gros-
sier. L'écriture très défectueuse est due à son tremblement (sclé-
rose en plaques).
1905. - Pell ? prend de plus en plus goût à la classe. II
désire vivement apprendre à lire et fait tous ses efforts pour
cela. Il est plus docile et ne cherche plus, comme autrefois,
à troubler l'ordre et à détourner l'attention des autres élèves,
aussi les progrès sont assez sensibles mais, malheureusement,
l'impossibilité de le faire écrire empêche tous les exercices
d'aller de pair. La marche semble être plus assurée.
XXXVII. BrAUTI ? (H. Ch.), né le 29 janvier 1893.
Imbécillité. Entré le 15 février 1902, à l'âge de 9 ans, com-
mençait à lire par monosyllabe, recopiait assez difficilement
un modèle, savait faire l'addition simple.
1903. - Un peu de progrès en toutes choses, il ébauche la
dictée et quelques exercices de grammaire, fait les deux pre-
mières opérations, mais ne saurait en faire l'application..
1904. - L'amélioration très lente, notre élève est languis-
sant et passe une partie de son temps à l'infirmerie.
19°5. - La santé 'de Beaut ? est plus satisfaisante, aussi
ses progrès s'en ressentaient. Il a beaucoup gagné pour l'écri-
ture, l'orthographe et surtout le calcul, il sait faire l'applica-
tion des quatre opérations, il compte vite mentalement et est
294 THÉRAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE.
un des plus habiles au jeu du marchand. Il va à l'atelier de
brosserie et rend habilement quelques services ménagers.
XXXVIII. 111CH ? (Victor), Il : ans, né le ils sept. 1894,
entré le 2 mars 1904. llJdrocéPhalie, nanisme, idiotie simple.
A son arrivée, gâtait toutes les nuits et souvent le jour, mar-
chait avec peine, parlait avec volubilité, comme un perroquet,
répétant des phrases toutes faites dont il ne comprenait pas le
sms.
Actuellement, il est propre le jour et la nuit, est moins
loquace, parle avec plus de lucidité; la somnolence que nous
avons eu à vaincre au début a presque disparu. Victor tra-
vaille avec plaisir en classe, est en bonne voie pour la lecture,
trace toutes les lettres et les chiffres et ébauche même l'addi-
tion. z ' -v
Notre malade apporte de l'attention et ferait des progrès
beaucoup plus rapides si sa mémoire était plus fidèle; mais
ce qu'il sait parfaitement un jour est oublié le lendemain, ce
qui nous oblige à revenir souvent en arrière.
1905. - Progrès assez sensibles pour la lecture, l'écriture a
gagné, il reproduit assez facilement un modèle, il sait écrire
les nombres jusqu'à 70, établit une relation entre le chiffre et
la quantité correspondante, la mémoire est toujours fugitive.
XXX IX. SOMER ? (Marcelle), née le 16 mars 1897, est
entrée en octobre 1904, à l'Age de 7 ans 1/2. Cette enfant était
atteinte d'imbécillité avec perversions instinctives, onanisme,
incontinence nocturne d'urine, accompagnée souvent de ga
fisme complet. La physionomie paraissait beaucoup plus
expressive que ne le comportait la réalité, car, en somme,
l'enfant était très arriérée. Elle avait des moments d'excita-
tion nerveuse, pendant lesquels elle se livrait à des jeux désor-
donnés, à des actes de cruauté envers ses compagnes et à toutes
sortes d'excentricités. Elle était sournoise et menteuse, n'avait
aucun sentiment d'affectivité. - Au point de vue classique, elle
connaissait ses lettres et ne faisait que commencer à syllaber.
Elle ne savait pas compter; n'écrivait que d'après un modèle,
son écriture était à peine lisible. Son indifférence en toutes
choses, son entêtement, son manque complet d'attention, son
insensibilité aux réprimandes, tout en elle faisait présumer
de nombreuses difficultés pour obtenir quelques résultats, soit
au point de vue classique, soit au point de vue moral.
1905. - Sous l'influence du traitement, des résultats
sérieux ont été obtenus. Peu à peu ses mauvais instincts se
sont dissipés. Plus d'onanisme. Plus d'excitation nerveuse,
comme au début. Elle ne cherche plus à faire du mal à ses
TRAITEMENT \l1 : 1)ICO-I'l : U.GOGIQUG DES IDIOTIES. 295
compagnes. Elle est devenue affectueuse et reconnaissante.
En même temps que ses perversions disparaissent, son intelli-
gence se développe; elle fixe son attention sur tout ce qui lui
est enseigné. Elle lit couramment, écrit très lisiblement, fait
l'addition et la soustraction, des devoirs de grammaire et com-
mence à faire de petites dictées. Elle s'intéresse beaucoup aux
leçons de choses. Elle aime à se rendre utile. Elle va à la «ou-
ture et fait bien la gymnastique. Elle a encore de l'incontinence
nocturne d'urine, mais ne gâte plus. L'enfant est donc, sous tous
les rapports, en bonne voie d'amélioration.
XI., WOL ? (Jeanne), née le 18 août 1891. Entrée
en janvier 1904, à l'âge de 12 ans. Cette enfant était atteinte
^imbécillité à un degré très prononcé. Inertie et mutité pres-
que complète. Incontinence nocturne d'urine. Elle était triste,
ne se donnait aucun exercice, tous ses mouvements étaient
lents. Elle n'était capable d'aucun travail manuel. Aucune
aptitude pour l'étude; ne connaissait pas une seule lettre et
ne savait même pas tenir un porte-plume. La physionomie
était sans expression, d'un aspect mélancolique, les yeux sans
vivacité.
1905. Depuis quelque temps, il se produit chez cette
enfant un certain développement. Elle se donne de l'exercice,
joue, saute et court avec ses compagnes; ses mouvements sont
moins lents. Elle est devenue plus gaie. Elle s'occupe principa-
lement des soins du ménage; elle fait son lit seule, enlève la
poussière des portes, des chaises, des lits de son dortoir et le
fait très minutieusement. Elle va à l'ouvroir et aime à coudre.
Elle sait faire des ourlets, des boutonnières et poser des bou-
tons. Mais elle se sert de la main gauche, ce qui rend le tra-
vail plus lent et plus difficile; l'enfant s'obstine à ne pas se
servir de la main droite, bien qu'elle ne soit point paralysée.
Elle aime la gymnastique et essaie de faire tous les mouve-
ments. Ce qui laisse le plus à désirer, c'est la classe. La parole
étant très défectueuse, il lui est très difficile d'articuler les
lettres franchement et d'émettre les sons. Sa voix est nasil-
larde, ce qui contribue encore à rendre l'enseignement de la
lecture très difficile. Tous ces obstacles découragent l'enfant,
elle manquerait de goût pour l'étude. Enfin, elle connaît toutes
les lettres, commence à écrire. Elle distingue bien toutes les
couleurs, reconnaît les légumes secs et verts, et les différentes
variétés de pâtes alimentaires, en un mot tout ce qui est con-
tenu dans les tiroirs des leçons de choses.
L'enfant n'urine plus au lit. La physionomie est moins
triste, les veux sont beaucoup plus vifs. Amélioration notable
296 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
au point de vue du caractère, des travaux manuels et de l'in-
continence d'urine.
XLI. GORFÉGtJ ? (Désirée), née le 25 novembre 1897,
entrée à la Fondation Vallée en juillet 1904, à l'âge de
6 ans 1/2. - Idiotie avec troubles du langage et turbulence
par intervalles, avec absence complète de mémoire. Le
caractère était extrêmement timide et craintif, ce qui donnait
à la physionomie un air hébété et sournois; elle ne se livrait
à aucune expansion, n'était nullement affectueuse. Les soins
concernant sa toilette lui étaient complètement inconnus; en
un mot elle laissait à désirer principalement au point de vue
intellectuel. En classe il était très difficile, sinon impossible
de fixer l'attention de l'enfant, la moindre observation la fai-
sait rougir et pâlir tour à tour et l'on aurait pu croire à la
voir ainsi qu'elle avait été l'objet de mauvais traitements;
avait-on la moindre observation à lui faire, aussitôt les
membres étaient pris d'un tremblement convulsif. Il fallait
employer les paroles les plus douces pour la consoler et la
rassurer. On renonçait presque à obtenir chez l'enfant le plus
petit développement intellectuel.
1905. -- Un grand changement s'est cependant opéré, la
crainte a disparu et son excessive timidité tend également à
disparaître. Le caractère est devenu doux, serviable et affec-
tueux, le regard a perdu cet air sombre et sournois qui la
caractérisait au début, l'attention se fixe facilement aujour-
d'hui. Désirée prend goût aux différents exercices classiques,
a une certaine mémoire et l'on remarque une certaine émula-
tion ; elle a le désir d'arriver rapidement et plus vite que
les compagnes de sa division. Elle qui, au début, ne connais-
sait aucune lettre alphabétique, sait aujourd'hui syllaber, tout
porte à croire que sa lecture sera courante d'ici peu; elle forme
bien les lettres, elle copie très lisiblement, connaît tous les
chiffres et cherche à comprendre l'addition. Elle est devenue
vive et alerte et les progrès ne se sont pas bornés aux études
classiques; la gymnastique marche de pair, elle exécute avec
agilité et souplesse, les différents mouvements. Elle procède
fort bien aux soins de sa toilette; elle a de l'ordre et sa tenue
ne laisse rien à désirer. Les résultats déjà obtenus sont de
bons présages pour l'avenir. - Amélioration.
XL 1 r. DÉL ? (Augustine), née le 28 août 1899, placée à la
Fondation Vallée, en juillet 1904, à l'âge de 5 ans, atteinte
d'imbécillité avec turbulence. Sans être complètement dépour-
vue d'intelligence, l'enfant laissait beaucoup à désirer tant
.au point de vue intellectuel que physique. Le caractère hardi
TRAITEMENT MI1DICO-PÉIJAGOGIQt : E DES IDIOTIES. 297
et enjoué vis-à-vis de ses compagnes devenait subitement
timide à l'égard du personnel. Ses réponses aux questions
posées devenaient embrouillées, presque inintelligibles, alors
.que quelques heures auparavant, ne se sachant pas observée,
elle bavardait et riait sans crainte; il était en un mot bien
difficile de se rendre compte de ce caractère bizarre. Elle
s'habillait et se déshabillait seule, mais le faisait maladroite-
ment. En classe, Augustine n'avait aucune stabilité, ne pou-
vait tenir en place et l'on n'obtenait aucune attention.
igo5. - Dix-huit mois se sont écoulés; durant ce temps
l'enfant a fait des progrès qui méritent d'être signalés parti-
culièrement. Le caractère timide est devenu affectueux, gai,
expansif. Elle se donne elle-même et avec plaisir les soins
concernant sa toilette, ce qu'elle ne faisait pas au début;
elle s'habille et se déshabille seule, fait son lit, cire ses chaus-
sures. -- En classe elle est devenue obéissante, la turbulence
s'est modérée doucement et l'enfant s'est intéressée aux objets
classiques, puis l'intelligence se développant petit à petit,
Augustine a pris goût à l'étude, elle qui ne connaissait pas
la première lettre de l'alphabet sait aujourdhui syllaber par-
faitement, lit presque couramment, l'écriture est lisible; l'en-
fant commence à copier, prend plaisir à tous les exercices
classiques, voudrait même dépasser ses petites compagnes qui
sont à peu près de la même force. Elle a également beau-
coup d'aptitudes pour la gymnastique, exécute les différents
mouvements avec une agilité et une souplesse étonnantes. Elle
a beaucoup de goût pour la couture et, quoique bien jeune,
elle tient convenablement son aiguille et s'y prend fort bien.
En somme amélioration notable.
LI. NIÉD ? (Henriette), née le 4 novembre 1895, entrée à
la Fondation Vallée le 26 novembre )Qo3, à l'âge de
8 ans, atteinte d'imbécillité avec nombreuses perversions des
instincts (mensonges, vols, vagabondage), renvoyée de l'école.
Emission inconsciente d'urine. D'après ce diagnostic, il était
permis de douter d'une grande amélioration chez cette enfant.
Elle n'était pas patiente avec ses compagnes, parlait fort peu
avec le personnel, n'aimait pas le jeu et restait plutôt inerte
et pensive, elle était surtout triste et taciturne; en un mot,
Henriette n'avait pas le caractère d'une enfant de son âge.
Elle s'habillait avec peu de goût, procédait tant bien que
mal à ses ablutions; les soins du ménage, de même que les
travaux manuels, tout était inconnu pour elle. Elle urinait
quelquefois au lit. Ajoutons surtout qu'elle était tout à fait
nulle en classe, connaissait à peine les lettres et les chiffres.
1905. L'enfant mise en traitement a réalisé des progrès
208 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
surprenants. Elle est devenue douce et affectueuse, serviable
dans la mesure du possible. Elle s'accorde fort bien avec ses
compagnes, ses jeux n'ont rien d'anormal; elle raisonne
comme un petit personnage et ses réflexions sont assez justes;
on remarque même qu'elle a un certain discernement. Elle
n'est pas un brin méchante, une certaine activité et un enjoue-
ment ont remplacé cette inertie et cette tristesse. Elle s'habille
avec attention, procède comme une grande personne à toute
sa toilette, sa tenue est irréprochable. Enfin, ses progrès en
classe méritent surtout d'être particulièrement mentionnés.
Nied ? lit couramment, écrit lisiblement, connaît les trois
premières opérations de l'arithmétique et fait des petites dic-
tées. Ses progrès ont donc été rapides en toutes choses. La
gymnastique ne le cède en rien à la classe, N ? exécute tous
les mouvements avec beaucoup d'agilité. Elle s'y prend fort
hien pour- la couture, repasse avec goût et lave avec soin.
Cette enfant qui présentait à son entrée de nombreux désor-
dres pathologiques peut entrer aujourd'hui dans la catégorie
des semples arriérées intellectuelles.
LI1. Naisse ? (Louise), née le 30 mars 1890, entrée à
l'Asile en décembre 1902, à l'âge de 12 ans, atteinte d'épilep-
sie. imbécillité légère, avec incontinence nocturne d'urine. Le
caractère était assez doux, sérieux, souvent triste et maus-
sade et par-dessus tout dissimulé. Elle ne °avait rien faire
comme soins de ménage, l'idée ne lui venait même pas d'aider
à balayer, à essuyer, etc., comme font beaucoup de nos petites
malades. Elle se donnait les soins de toilette nécessaires, mais
s'arrangeait sans goût. Les ouvrages manuels allaient lente-
ment, elle ne manquait pas d'adresse pour l'uuvroir, repas
sait assez bien, mais ne savait pas laver. Elle avait des
souvenirs historiques et géographiques peu précis, faisait des
problèmes sur les quatre règles, l'orthographe laissait à dési-
rer, elle rédigeait- médiocrement un simple devoir de style.
Aucune notion de gymnastique.
L'enfant mise au traitement médico-pédagogique s'est mudi-
fiée sous bien des rapports. Les accès épileptiques ont complè-
tement disparu; plie n'a plus d'incontinence d'urine depuis
six mois.
Le caractère présente encore quelques irrégularités, elle
est susceptible, nonchalante, c'est une enfant qui a besoin
d'être stimulée en tout et pour tout; il. faut surtout employer
la voix de la persuasion pour obtenir quelques résultats au
point de vue moral. Il faut faire appel à sa raison et réveiller
les heureuses dispositions qui paraissent être à l'état latent
dans son coeur; enfin comme toujours éviter toute contrainte.
1 TRAITEMENT UDICO-PI : I).aGOGIQL'1 : DES IDIOTIES. 200
Louise devient plus ouverte et surtout plus gaie, plus alerte.
Elle s'intéresse aux soins donnés aux enfants, aime beaucoup
le.; plus petites, de même qu'elle s'occupe aux soins du
ménage. Elle est adroite pour la couture, travaille très bien
quand elle veut s'en donner la peine. Elle repasse soigneu-
sement et lave de même. - Elle est la première en gymnas-
liaue. elle qui au début n'avait aucune notion. Elle commande
tous les exercices, tous les mouvements et au besoin remplace
le Professeur quand il est absent.
Elle a également fait des progrès en calcul, style et sur-
tout en orthographe et a obtenu le Certificat d'études pri
maires devant la Commission cantonale.
Elle suit les cours professionnels d'infirmières et on espère
qu'elle obtiendra le Diplôme à la fin de l'année scolaire.
LUI. PICHEL ? (Marguerite), née le 4 janvier 1891, entrée
dans notre service en juin 1904. à l'âge de 13 ans, atteinte
d'arriération intellectuelle, avec perversions instinctives, inven-
tivité et mensonges. Cette enfant avait une absence pres-
que complète de sensibilité; elle était très dissimulée; c'était
es vain qu'on cherchait à savoir quelle était sa conduite avant
son arrivée parmi nous. Elle se tenait sur la réserve et détour-
nait aussitôt la conversation. Elle causait de sa mère en termes
peu favorables et disait des choses invraisemblables, elle avait
l'esprit d'inventivité à un degré prononcé. Elle était atteinte
de kleptomanie. Très turbulente et très bruyante en récréa-
tion, très bavarde en classe, elle exigeait une surveillance de
tous les instants. Elle savait les quatre règles, commençait à
peine à faire des problèmes de récapitulation, son écriture
était très défectueuse. l'orthographe très faible et la rédac-
tion fort médiocre; ses souvenirs en histoire et géographie
n'étaient pas très nets; la gymnastique allait lentement. Elle
causait assez bien. Elle ne savait ni repasser ni laver. Enfin,
l'enfant présentait de nombreuses anomalies au point de vue
du caractère. De réels obstacles se dressaient donc devant
nous pour amener une amélioration morale. Marguerite s'est
cependant amendée, peu à peu, elle a pris goût au ménage.
s est intéressée aux soins à donner aux plus jeunes; on lui
a donné quelques emplois concernant le travail corporel sur-
tout; de sorte que notre malade a moins songé à dire de ces
paroles plus ou moins désobligeantes à l'égard de sa famille,
on lui a fait sentir surtout le respect dû à ses parents. Mar-
fiuerite en a été émue et plusieurs fois nous avons vu ses
larmes couler en songeant à la peine qu'elle avait fait à sa
mère. La corde sensible était touchée, cette pensée l'a beau-
coup retenue. .-
300 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
Elle a travaillé avec goût, elle a appris à bien faire un
ménage, elle sait laver et repasser. Elle coud assez bien, mais
la couture n'est pas son occupation préférée; il faut à cette
enfant des travaux qui exigent du mouvement. Elle fait bien
la gymnastique, elle a réalisé de réels progrès en classe, puis-
qu'elle a obtenu le Certificat d'études en mars igo5. Elle suit
avec assiduité les cours de l'Ecole d'infirmières et nous espé-
rcns qu'elle obtiendra son diplôme à la fin de l'année sco-
laire. Marguerite paraît très satisfaite de J;es succès, elle
espère à juste titre pouvoir rentrer dans sa famille d'ici peu
et occuper son rang dans la société.
LIV. DEVAU ? (Ida), née le 16 janvier 1890, entrée en
octobre 1899, à l'âge de 9 ans, atteinte d'idiotie profonde
avec surdi-mutité, parole et marche nulles, gâtisme complet.
- Cette enfant ne comprenait absolument rien, elle pleurait
sans motif, de même qu'elle riait aux éclats sans savoir pour-
quoi ; elle était incapable de s'habiller et de se déshabiller, ne
savait ni lacer, ni boutonner, elle gâtait nuit et jour. Elle ne
pouvait faire un pas, ni se tenir debout sans l'aide d'une per-
sonne. Rien ne pouvait faire présager la moindre améliora-
tion chez elle.
L'enfant mise en observation dès le début et traitée immé-
diatement pour le gâtisme qui consiste à placer les enfants
régulièrement sur les sièges avant et après les repas, puis à des
heures fixées dans ces intervalles, est devenue tout à fait
propre; peu à peu le gâtisme a complètement disparu' le jour,
puis la nuit; depuis deux ans le gâtisme a pu être supprimé.
Elle a également suivi les exercices de la marche : barres
parallèles, chariots, balançoire, tremplin, etc., de sorte que
l'enfant marche seule, suit les enfants au préau et dans les
divers exercices sans aucune difficulté. Enfin, elle s'habille
et se déshabille seule, s'arrange avec soin, aide même les
petites qui ne peuvent le faire, procède entièrement à sa toi-
lette. Le caractère est doux et affectueux, l'enfant a toujours
un bon sourire pour témoigner sa reconnaissance. Malheureu-
sement la classe est restée en arrière, l'enfant ne possédant
qu'un faible degré d'intelligence et étant sourde-muette, l'école -
est très difficile; elle s'intéresse cependant aux leçons de
choses, place les lettres et les chiffres sans trop les connaître.
Elle commence à faire quelques ourlets.
Avec cette malade, mus n'avons pu réaliser, hélas ! les
progrès que nous aurions désirés, mais nous pouvons dire,
malgré tout, qu'elle est notablement améliorée au point de vue
de la marche, du gâtisme et de l'habillement (Dec. 1905).
LV. LÉouT ? (Jeanne), née le 14 novembre 1887, entrée
'1 ¡Un EME;\T MÉDICO-PlJ>,\GOGIQUE DES Il>10 liES, 301
à la Fondation Vallée en décembre 1901, à l'âge de 14 ans,
atteinte d'imbécillité, incapacité de se diriger, incontinence
nocturne d'urine. - Cette enfant était nulle en instruction,
connaissait à peine ses lettres, ne savait pas écrire. Elle était
incapable de se livrer à quelques ouvrages manuels, pas plus
qu'aux soins du ménage. Gymnastique, couture, tout était nul
chez elle. Le caractère présentait des bizarreries sans pareilles,
h moindre chose provoquait des éclats de rire sans fin, la
plus légère contrariété amenait des larmes abondantes, des
moments de colère et de vivacité. Elle était incapable de pro-
céder à sa toilette, s'habillait avec fort peu de goût. Elle
n'avait aucune mémoire, il lui était impossible de dire le nom
de sa rue; l'enfant avait un accent provincial assez prononcé,
mais elle ne savait pas dire le lieu où elle avait été élevée,
tout était donc confus dans son cerveau. Vu son âge avancé,
on n'espérait aucun résultat. Peu à peu, l'enfant prit goût au
travail, à la classe. Elle lit aujourd'hui très couramment,
donne à sa lecture une bonne intonation; elle sait copier, fait
quelques devoirs, connaît l'addition. Elle s'est améliorée au
pu'nt de vue classique au delà de nos espérances. Cette enfant
aime la lecture par-dessus tout, elle ramasse tous les papiers,
les journaux principalement et en fait la lecture à haute voix.
Comme ouvrage manuel, elle travaille principalement à la
Luanderie, aime cette occupation, s'y rend parfois de bonne
grâce, quelquefois de fort mauvaise humeur; car indépendam-
ment de son travail, l'enfant a conservé ses bizarreries, nous
dirions même ses originalités. Il faut laisser passer ce moment,
l'enfant travaille ensuite de plus belle et répare vite le temps
perdu. - Sa tenue est irréprochable, elle est même coquette,
prend un soin tout particulier de sa personne. Elle n'a plus
d'incontinence d'urine. - Amélioration notable au point de
vue classique, des travaux manuels et du gâtisme.
LVI. 1LANCHA ? (Marcelle), née le 22 mars 1896, entrée à
l'Asile, à l'âge de 7 ans : imbécillité, perversions instinctives,
onanisme, incontinence nocturne d'urine. - Son caractère était
bruyant, turbulent au possible. Elle était très taquine, très ins-
table, courait de tous côtés, bavardait à l'école, faisait aller ses
jambes, ses pieds, ses mains, on aurait dit qu'elle était mue
par un ressort. Elle savait s'habiller mais ne pouvait procéder
a sa toilette. Elle ne savait rien faire comme ouvrage manuel,
ne savait même pas tenir une aiguille, on ne pouvait l'utiliser
a quoi que ce soit. Comme classe elle savait lire à peu près
couramment, ne connaissait que l'addition, faisait une copie.
Vu son manque d'attention l'enfant ne laissait espérer que de
bien faibles résultats. Nous constatons malgré tout aujour-
302 T ! lltIt.\l'l : : U 1 (QUE 1'1tU,\GOvIQI E.
d'hui (Déc. 1905) un changement merveilleux. Sous l'in-
fluence du traitement médico-pédagogique, l'incontinence
d'urine a disparu, de même que l'onanisme. Le caractère s'est
également modifié, l'enfant est moins turbulente, elle est deve-
nue affectueuse et par là même plus obéissante, elle s'accorde
très bien avec les compagnes de son âge; en un mot elle est
plus calme et plus tranquille. Elle procède elle-même à tous
ses soins de toilette, fait son lit, cire sa chaussure, se tient
proprement. Marcelle n'est pas paresseuse, aucun travail ne
la décourage, elle aime les soins du ménage : balaye, essuie,
lave par terre, essaie même de frottr; enfin notre petite malade
peut devenir une ménagère soigneuse si elle continue. Elle a
pris goût à la couture et au repassage, s'y prend adroitement;
la buanderie ne le cède en rien aux autres ateliers. - Elle
fait très bien la gymnastique, elle est d'une souplesse et d'une
agilité étonnantes, elle qui, au début, n'en avait aucune
notion. En classe, elle connaît les quatre règles suit une
dictée du cours moyen, donne à sa lecture une bonne intona-
tion. Si elle continue ainsi elle pourra certainement être
rendue un jour â la société et gagner honorablement sa vie.
LVII. Ache ? (Germaine), née le 9 mars 1892, entrée à
l'âge de 8 ans, atteinte d'imbécillité morale, perversions irrs-
tinctives, tics, renvoyée de pension à cause de sa turbulence.
A son arrivée, elle offrait toutes les difficultés pour obte-
nir un résultat heureux. Elle était d'une turbulence et d'une
instabilité sans pareilles. Elle était méchante et cruelle, aimait
à faire du mal à ses compagnes. Pour se rendre un compte
exact de ses actes de cruauté nous citons ces quelques exem
pies : Germaine s'amuse à cour : r dans le préau. Elle passe à
côté de ses compagnes sans défense, elle donne un coup de
pied à une idiote, pousse une petite, mal équilibrée sur ses
jambes; en gifle une autre sans aucune raison, elle marche
parfois sur les petites qui -om sur son passage. Loin d'érrou-
vfci un regret de ces actes brutaux, elle paraît en ressentir du
contentement;' elle rit aux éclats si ces enfants pleurent; ce
(lui démontre nettement la nature méchante de noire jeune
malade. Elle avait en outre le tic de tourner sa tête de droite
et de gauche, le soir avant de s'endormir : c'était tout à fait
la balancement de l'enfant au berceau.
Comme ouvrage manuel, elle était complètement nulle, on
ne pouvait lui donner aucun emploi, n'étant pas du tout stable
en quoi que ce soit. Elle ne savait rien faire en couture, pas
plus qu'au repassage; elle n'avait aucune notion de gymnas-
tique. En un mot elle pouvait compter parmi les plus indiscipli-
nées. Vu ses désordres pathologiques, rien ne faisait prévoir
TRAITEMENT Dllil)ICO-I>ll) : 1GAGIQU)î DES IDIOTIES. 303
une grande amélioration, nous constatons cependant quel-
nues progrès sur différents points (Dec. 1905). Le caractère
laisse encore beaucoup à désirer. Elle est devenue moins
méchante et moins brutale, mais elle est taquine, légère et
étourdie, se souciant fort peu des observations qui lui sont
faites; elle exige encore une certaine surveillance.
Comme soins de ménage, Germaine s'y est mise, elle tra-
vaille bien, pourvu qu'elle soit dirigée dans son travail. Elle
a beaucoup de facilité pour les ouvrages manuels; elle coud
très régulièrement; lave et repasse de même, mais il faut
varier souvent ses occupations. Elle passe ses heures de récréa-
tion à faire du crochet, ce qui la maintient plus calme et
plus tranquille.
En classe elle a fait de notables progrès, bien que l'atten-
tion soit fugitive. Elle donne à sa lecture une bonne intona-
tion, elle a une assez bonne orthographe, connaît ' et fait des
problèmes sur les quatre règles. - Elle est très agile en gym-
nastique et les progrès pour cet exercice sont remarquables.
A son entrée Germaine ne connaissait que les deux premières
opérations de l'arithmétique; son écriture était très défec-
tueuse ; elle ne faisait que des devoirs de grammaire très élé-
mentaires. Elle s'est donc améliorée au point de vue clas-
sique.
En résumé la nature de cette enfant est très impétueuse et
difficile à diriger, mais elle est malgré tout améliorable intel-
lectuellement, ses progrès en classe et ses aptitudes pour les
ouvrages manuels le démontrent. Germaine peut être rendue
un jour à sa famille et vivre du fruit de son travail.
LVIII. PEULL.. (Elise), née le n' janvier 1891, entrée
dans notre service en 1896, à l'âge de 6 ans : idiote avec surdi-
mutilé, gâtisme intermittent. - L'enfant, à son admission, ne
savait ni s'habiller, ni se déshabiller, gâtait quelquefois. Elle
ne se servait que de la cuiller; elle avait été très longue à
connaître sa place au dortoir, au réfectoire et en classe. Son
attention était d'autant plus difficile que l'enfant était sonrdc-
muette. En réalité, cette enfant ne laissait espérer que de trè3
faibles résultats.
1905. ? Elle s'est cependant développée sous bien des rap-
ports; sa physionomie est devenue peu à peu expressive, son
regard vif et chercheur; elle s'est intéressée petit à petit à
ce qui se passait autour d'elle. Elle est devenue propre au
bout d'un an, a appris à s'habiller et à se donner les soins
de toilette deux ans après- l'admission. Les travaux du ménage e
attiraient particulièrement son attention. Elle a commencé par
cirer ses chaussures, faire son lit; puis balayer, essuyer, laver
304 4 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
par terre et, aujourd'hui, étant tant soit peu surveillée, l'enfant
serait capable de faire un dortoir elle-même. Physiquement
elle est très forte et se porte à merveille.
Pour les autres ouvrages manuels, elle a beaucoup de goût,
elle aime la couture et se rend à l'ouvroir avec plaisir; elle
repasse aussi bien qu'elle coud. Elle lave le linge avec pié-
caution et se rend utile partout.
Comme parole nous n'avons pu obtenir les résultats que
nous désirions, tout en suivant la méthode indiquée du traite-
ment médico-pédagogique et celle des sourds et muets. Nous
sommes cependant parvenues à lui faire dire quelques mots
usuels. Elle reconnaît bon nombre de mots; elle écrit b : en et
tait des copies, connaît les trois premières opérations de
l'arithmétique. En résumé cette enfant peut se rendre
utile dans diverses occupations et nous constatons une amélio-
ration notable. (La fin au ET nc J¡ai/1111111 : é1 o.)
Emploi DU TEMPS DE (.HARLES V.
Près de sa bastille, il avait construit, étendu, aménagé, avec
le luxe d'un roi et les recherches d'un malade, le vaste hôtel
Saint-Paul. La magnificence de cette demeure, la splendide hos-
pilalilé qu'y trouvaient les princes et les seigneurs étrangers, fai-
saient illusion sur l'état du royaume. Le sire de la Hivièrc, ai-
mable et subtil conseiller de Chartes V, le gentilhomme accom-
pli de ce temps, en faisait les honneurs.
Il leur montrait la noble demeure de son maître, ces galeries,
ces bibliothèques, ces buffets chargés d'or,et ils l'appelaient le ri-
cllc roi.
« L'eure de son desjouchier du malin esloit comme six à sept
heures. Donnoit audience mcsmes aux mendres, de hardiemcnt
deviser à luy.
Après luy pigné, veslu el ordonné on lui apportait son
bréviaire ; environ huit heures du jour, hloit a la messe ; à l'is-
sue de sa chapelle, toutes manières de genspovoient huilier leurs
requêtes. Après ce, aux jours députez à ce, aloit au conseil, le-
quel ? environ dix heures asseoil à table A
l'exemple de David, instrumens bas oyait volontiers à la fin de
ses mangiers.
« Luy levé de table, à la colacion vers lui povoyent aler lou-
tes manières d'estrangier ? . Là luy cstoient apportées nouvelles
de toutes manières de pays ou desavenluresde ses guerres ?
pendant l'espace de deux heures ; après aloit se reposer une
heure.
FOLIES traumatiques ET accidents DU travail. 305
Après son dormir estoit un espace avec ses plus privés en es-
batement, visitant joyauls et autres richeces. Puis aloit à ves-
pres. Après entroiten été en ses jardins, où marchands venoient
apporter velours, draps d'or, etc
Enhyver s'occupoit. souvent à oyr lire de diverses belles ystoi-
res de la Sainte Escriptuie, ou de faits des romans ou moralitez
de phylosophes et d'autres sciences,j usques à heures de soupper,
auquel s'asseoiet d'assez bonne heure, après lequel une pièce
s'esl)atoit,puis se relrayoi t.,
Pour obvier à vaines et vagues parolles et pensées, avoit (au
dîner de la reine) un prud'homme en estant au bout de la table,
qui sans cesser, gestes disoit de moeurs virtueux d'aucuns bons
treppassez. »
Les philosophes avec lesquels le roi aimait à s'entretenir étaient t
ses astrologues . Son astrologue en titre, un Italien, Thomas de
Pisan, avait été appelé tout exprès de Bologne ; le roi lui donna
cent livres par mois. Ces gens, quels que fussent leurs moyens de
prévoir, ne se trompaient pas trop. Ils étaient pleins de finesse et
de sagacité. Charles V donna un astrologue à Dugesclin en lui re-
mettant l'épée de connétable. (Histoire de France par J. Miche-
lel. V. pages 43, 44, 45.)
CLINIQUE MENTALE
Folies traumatiques et accidents du travail ;
Par le D' MARIE, médecin en chef des Asiles.
Ayant réuni avec mes collaborateurs, MM. Viollet (1) et
Chopart un certain nombre d'observations de psychoses
chez d'anciens traumatisés accidentels nous avons cru
pouvoir en tirer quelques considérations générales sur
les troubles mentaux en rapport avec ces traumatis-
mes crâniens et sur les responsabilités qui en découlent,
en particulier par rapport à la législation spéciale nou-
velle en matière d'accidents du travail.
(1) Les principales observations détaillées servant de base à ce
travail constituent le fonds de la thèse de M. le D' Mollet sur les
traumatismes crâniens, 1905.
Archives, 2" série, 1903, t. XXI. ? 0
306 clinique mentale.
La question du diagnostic des psychoses traumatiques
implique tout d'abord une question préalable : « Y-a-t-il
lieu d'admettre cette dénomination dans le cadre noso-
graphique, ou bien le traumatisme n'est-il pas un frac-
teur étiologique accessoire commun, comme tant d'autres,
à toute la série des psychoses diverses ? »
La vérité semble dans une troisième hypothèse qui
concilierait les deux précédentes, en apparence exclusi-
ves, et les admettrait toutes deux selon les cas.
Beaucoup d'auteurs, notamment Schlager Skae K.
Ebing, ont fait une place à part à une folie spéciale en
rapport avec le traumatisme dont ils ont tenté de dé-
terminer les caractères distinctifs. 1\1, Christian, à qui
on doit une synthèse des travaux parus sur la question,
repousse cependant l'étiquette nosographique de folie
traumatique, mais il ajoute : « Il est une série de cas où
il semble que le traumatisme imprime à la maladie men-
tale un cachet spécial C'est « quand il a été la cause
directe et immédiate de la folie », et il en cite des exem-
ples typiques.
Nous croyons aussi que voir, à priori, en toute psy-
chose consécutive au traumatisme le réveil d'une tare la-
tente dont letrauma ne serait que le réactif révélateur
serait une façon trop exclusive et simpliste de résoudre
le problème. Ce serait un oreiller commode lorsque se
poserait la question des revendications vis-à-vis des res -
ponsables de l'accident et la victime aurait toujours tort.
Une question analogue s'est posée sur un terrain tout
autre à propos de diathèses latentes, tuberculeuses, spé-
cifiques, etc. M. Maucluir en a étudié des espèces par-
ticulièrement délicates. Sur le terrain de la folie associée
au traumatisme, la difficulté n'est pas moindre.
Ces questions de responsabilité encourue dans le cas
des traumatismes crâniens ont pris, on le conçoit, une
importance considérable depuis la loi de 1898 sur les ac-
cidents du travail. Le médecin est, en général, appelé
clans les circonstances suivantes : on lui demande si,
étant donnés des traumatismes plus ou moins anciens,
une affection cérébrale déterminée quelconque (folie, dé-
mence, paralysie générale) peut être survenue un an,
deux ans, dix ans après, et si elle peut légitimement ètre
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 307
attribuée à ce traumatisme. Or cotte question exige que
le médecin connaisse la pathogénie et le pronostic des
troubles mentaux consécutifs au traumatisme.
Au point de vue pathogénique, il faut naturellement
envisager deux variétés de troubles mentaux : ceux qui
surviennent chez les sujets qui présentent une tare la-
tente du cerveau et dont le traumatisme ne serait que le
réactif révélateur, et ceux chez lesquels la psychose est
produite de toutes pièces par le traumatisme (psychose
traumatique vraie). On a, pour les distinguer, divers
éléments que nous passerons brièvement en revue :
l°Lanature même du traumatisme etses conditions de
réalisation : 2Q Les caractères de la psychose surajoutée; : 1° La date d'apparition par rapport à l'accident trauma-
tique spécial ; 4° l'examen du sujet au point de vue des
stigmates dégénératifs préexistants ; 5° L'étude de ses
antécédents personnels et surtout héréditaires.
1° Nature du traumatisme. -En ce qui concerne la na-
ture du traumatisme et ses conditions de réalisation, on
peut distinguer les plaies siégeant en tel ou tel point de
de la tête ou de la face et les commotions générales ou
tout ou partie de l'organisme a subi un schock physique
dont les centres nerveux ont pu subir le contrecoup en
masse. Les lésions globales oulocales peuvent d'ailleurs
se trouver combinées, autant de points que l'examen so-
matique et la recherche des conditions contemporaines
de l'événement devront préciser.
La plaie localisée en un point de l'extrémité céphali-
que peut être pénétrante ou non ; sans être pénétrante,
elle peut par les éclats de la table interne réaliser les mê-
mes dégâts intérieurs qu'une plaie pénétrante.
Les radiographies ici pourront parfois apporter quel-
ques éclaircissements. bien que nous ayons cherché, dans
un cas, avec M. le Dr Picqué, à l'utiliser sans succès sur
un aliéné vertigineux depuis un coup de revolver à la
tempe sans pénétration de projectile.
La plaie localisée non pénétrante aura, en principe,
des conséquences variables selon le point. Ici,les notions
modernes sur la topographie cranio-cérébrale pourront
(avec le correctif précité d'éclats possibles delà table
interne) éclairer le terrain ; l'adjonction du chirurgien
30S CLINIQUE MENTALE.
au psychiatre paraît ici indispensable pour résoudre ces
premiers points du problème.
Mais au point de vue psychopathique pur, la topogra-
phie cranio-cérébrale reste à faire, si tant est qu'elle soit
jamais possible, aujourd'hui que la théorie des neurones
a complété et modifié la théorie primitive des localisa-
tions en surfaces corticales par la considération des sys-
tèmes d'aires axono-dendriliques dont les cellules corti-
cales ne sont qu'un élément.
Si la plaie est pénétrante, elle l'est plus ou moins, et
sa direction plus ou moins oblique dans tel ou tel sens.
Une tige ou une lame peuvent par un même point d'en-
trée produire des désordres très divers tout comme un
éclat ou projectile dont les directions peuvent être très
variées.
Observation I. C'est ainsi qu'un de nos malades a reçu une
lame de Om.40 perpendiculairement à la surface du pariétal gau-
che qui fut perforé. 11 en résulta la section de la zone motrice de
la capsule interne gauche avec hémiplégie correspondante et fo-
lie épileptique par dégénérescence secondaire cortico-spinale. C'est
une véritable expérience de vivisection cérébrale. Le trépan pa-
rut tout d'abord produire une amélioration des crises et de l'irri-
tabilité ; mais cinq ans après, démence agitée ayant entraînél'in-
ternement puis décès, et autopsie confirmative des lésions pré-
citées.
Observation 11. Un autre malade, dont l'observation nous
a été communiquée parle Dr Levet, de Cassens, est tombé dans
un incendie en participant au sauvetage; il buta delà tête sur
une charpente d'où il sortait un long clou, qui pénétra au niveau
du lambda. Epilepsie et trépan consécutif, dépression, suicide et
dypsomanie paroxystique ultérieure. Pas d'hérédité, persistance
de l'épilepsie avec troubles mentaux associés, mais pas de trou-
bles moteurs, à la différence de l'observation précédente.
D'autres de nos malades ont reçu des ohjets lourds (registres à
coin de cuivre dans un cas, tamis métallique dans l'autre). Il y a
eu contusion avec fracture de la voûte ayant entraîné le trépan
dans les deux cas. Epilepsie et troubles mentaux associés (trépa-
nation sans disparition des troubles physiques ni mentaux).
Dans le deuxième de ces cas, il y eut un élément qu'il faut éga-
lement faire entrer en ligne de compte, bien que plus rare, aujour-
d'hui que l'antisepsie s'applique partout ; je veux parler de l'infec-
tion de la plaie, qui fut le siège d'un érysipèle dont les consé-
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 309
quences profondes au point de vue de l'altération microbienne de
l'encéphale sont venues compliquer encore les dégâts du trauma-
tisme initial. Ce malade est en etret mort dément.
Les conditions de l'opération du trépan ou seulement des soins
chirurgicaux ordinaires de la plaie de la tête sont donc à considé-
rer encore avec leurs suites pour la prévision des conséquences
psychiques éventuelles.
Observation III. Gu ? sans profession. Alcoolique, fils
d'alcoolique et de mère apoplectique, devient épileptique à l'âge
de cinquante et un ans, par suite d'un traumatisme de la région
frontale (chute d'un tamis métallique sur la tête, dans la rue).
La plaie frontale avec enfoncement de l'os fut compliquée d'éré-
sypèle. Trépan quelque temps après, par le Dr Broca. Trois mois
après le traumatisme étaient apparus les accidents convulsifs ty-
piques qui, s'accuentuant progressivement, motivèrent l'inter-
vention faite en 1894, sans succès d'ailleurs au point de vue de
l'épilepsie, ni des troubles mentaux, puisqu'il passa à l'asile.
La hromuration diminua la fréquence des crises, sans empê-
cher la démence commençante, et le malade mourut dans le
coma qui suivit une série de crises avec agitation intercalaire, le
23 novembre 1904, âgé de cinquante-neuf ans.
Observation IV. - math ? quarante-deux ans. Epilepti-
que depuis novembre 1880. Douze à quatorze crises par mois en-
viron. Première crise après un accident de voiture : chevaux
d'omnibus emportés. Coup de pied de cheval à la nuque et bras
gauche brisé. Dans sa crise, appelle souvent au secours et dit
« arrêtez-les. »
Jeune, avait eu des convulsions. La première crise se serait pro-
duite au lieu de l'accident (on dut couper les brides qu'il tenait
convulsivement pour arrêter les chevaux,. Saillie osseuse à l'oc-
ciput, au niveau du coup. Varices, jambe gauche. Varicocèle. Pas
de hernie. Hémoptysies autrefois.
Série de vertiges le 18 janvier et crises fortes nocturnes suivies
d'automatisme ambulatoire. Nouvelle série et coma suivi de mort
en mai (1901, le 19). Père mort de rupture d'anévrisme. Plu-
sieurs frères sans troubles nerveux ou mentaux.
Observation V. - Cerf ? quarante-neuf ans, comptable.
Attaques épileptiques depuis une douzaine d'années. Les pre-
miers accidents se sont manifestés à la suite d'un traumatisme
cranien (chute sur la tête d'un grand livre à coins de cuivre).
Renseignements personnels : jeune, jamais malade,- sobre.
Etait nerveux, soubresauts dans les tendons, quand il s'endor-
mait le soir. Deux mois après, sa figure se contractait par instant,
310 CLINIQUE MENTALE. ,
surtout à droite. Puis, peu à peu, les attaques deviennent géné-
rales, plus fortes et fréquentes. 11 en avait jusqu'à trois la nuit.
Fut opéré quatorze ans après l'accident (os du crâne très épais).
On ne trouva rien (trépan le 29 mars 1 ! JO1, par M. le 1), Il y-
nier). Syncope pendant le sommeil chloroformique. Au début
tombait toujours du côté droit. Ça a commencé par le bras droit
puis la jambe droite, puis les quatre membres. Ne se souvenait
de rien. Mémoire affaiblie. Délire violent consécutif aux crises.
(Dr Cestan).
A. Il.- Le père aurait eu des accidents convulsifs. Un oncle se-
rait mort épileptique à Maréville. En présence de tels antécédents,
on peut se demander si le traumatisme crânien n'a pas été seu-
lement une cause adjuvante.
Malgré la complexité des faits précités, on peut dire
que la nature même des traumatismes et leurs condi-
tions de réalisation attestent bien nettement qu'ils sont
en rapport direct avec les troubles mentaux, indépen-
damment et sans préjudice des prédispositions particu-
lières des sujets.
2° Caractère de la psychose. Elle peut être immé-
diatement consécutive ou tardive.
Dans le premier cas, elle est généralement transitoire :
Observation VI. M. le D Sizaret a bien voulu nous com-
muniquer le cas d'un mécanicien de trente-cinq ans, qui a fait
une chute terrible en tricycle à pétrole. On le trouva étendu sans
connaissance ; petite plaie contuse à la région occipitale gauche.
Ramené chez lui, il est pris d'un délire aigu,, furieux, extrava-
gant, qui nécessite son transport à l'asile de Pontorson quelques
jours après, le 4 mai 1900. L'excitation générale diminue rapide-
ment ; on constate alors chez le malade de l'embarras manifeste
de la parole, un air de satisfaction et des idées mégalomaniques.
Il est inventeur, va faire construire un ballon monstre avec le-
quel on lancera des obus sur la flotte anglaise qui sera détruite ;
les Boërs seront délivrés; il en aura la gloire.
Avant la fin de juin, tout délire a disparu, le calme est complet.
B ? sort sans signes physiques persistants, le 9 juillet 1900, sur
la demande de sa femme. Il s'agit là de troubles mentaux transi-
toires immédiats ; reste' savoir ce que l'avenir réserve à de tels
traumatisés.
Observation VII. .l'ai observé un autre mécanicien qui, à
dix-sept ans, est tombé de bicyclette dans une course à Vil-
liers-le-Bel. Six jours de coma coupé d'automatisme inconscient.
Le choc traumatique a produit une érection réflexe qui le
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 311
poussait, à la maison, à rechercher les femmes qui s'appro-
chaient, sans même distinguer sa mère. L'érection, au paroxysme,
s'accompagnait d'une sorte d'état de mal avec impulsion au coït
pour ainsi dire inconsciente ; sommeil lourd consécutif, avec
érection persistante très marquée. Au septième jour, disparition
de ce phénomène, délire exubérant, cris, déclamations, rires et
pleurs explosifs, bouffée délirante, confuse et polymorphe. Il
raconte qu'il va être artiste dramatique et qu'il jouera les pre-
miers rôles (Dr P. Garuier). Alternatives de dépression et d'exci-
tation. Insommic (Dr Magnan).
Se calme progressivement et sort en juillet, dix jours après,
guéri. Conserve seulement un certain degré d'émotivité pleurs
faciles. Père atteint de cyrrhose du foie, attribuée à un séjour
aux tropiques.
3° Date d'apparition. Pour transitoires que parais z
sent les troubles mentaux immédiatement consécutifs,
ils n'en sont parfois pas moins suivis d'accidents tardifs,
lointains, tenaces.
Parfois, cependant, les accidents se montrent tardive-
ment, sans avoir été précédés d'accidents transitoires
nets post-traumatiques. C'est alors que leur rattachement
au traumatisme ancien, devient surtout délicat, d'autant
plus que les troubles mentaux crui se montrent plusieurs
mois ou plusieurs années après le trauma n'ont, en
principe, rien de spécial, dans leur symptomalogie. Elle
peut en effet se rattacher, aux affections organiques dé-
mence par lésions diffuses (P. G.) ou localisées avec ou
sans épilepsie, ou aux affections psychiques autres (déli-
res plus ou moins systématisés ou généralisés avec excita
tion, dépression, intermittence ou alternance dans 20
p. 100 des cas suivant B. Lewis.)
Les blessés des quelques observations précédentes
peuvent être rangés dans cette seconde catégorie. Dans ce
cas,on conçoit qu'après l'accident,l'individu a pu rentrer
dans les conditions de la vie commune ; il a pu avoir,
comme si rien n'était survenu, sa part de chagrins, de
fatigues, de préoccupations, d'excès. On devra, dès lors,
démêler la part exacte qui revient à chacun de ces élé-
ments étiologiques, si, à côté de ces causes accidentelles,
il n'en existe pas d'autres constitutionnelles (hérédité,
etc.). '
Que si on objectait que, chez plusieurs, l'affaiblisse-
312 CLINIQUE MENTALE.
ment démentiel fùt plutôt fonction d'épilepsie traumati-
que ou de dégénérescence héréditaire que de traumatis-
me, on peut répondre qu'ils n'en sont pas moins devenus
déments, que leur épilepsie provient du traumatisme et
apparemment la démence secondaire aussi, en partie du
moins; que, pour leur prédisposition, latente jusqu'au
traumatisme, ce dernier a fait plus qu'agir comme réactif
révélateur, mais a, bien certainement, marqué leur état
morbide consécutif, d'un sceau traumatique tangible
et irréfutable.
Pour éclairer la question de l'influence de tels trauma-
tismes sur la folie, il faudrait des statistiques de trauma-
tisés du crâne et du cerveau récupérant l'intégrité com-
plète de leurs facultés, grâce à l'absence d'hérédité. De
telles statistiques devraient être établies, non pas avec
les résultats immédiats des traumatismes et des inter-
ventions chirurgicales prochaines en apparence curati-
ves, mais avec des cas suivis durant un certain nombre
d'années consécutives, comme certains des nôtres.
« Tout problème médico-légal, dit Christian, est une
question d'espèce ; il demande à être étudié en lui-mê-
me. Il n'est pas possible de tracer une règle générale ap-
plicable à tous les cas. »
Si l'on peut citer nombre de cas authentiques où il n'y
eut aucune suite fâcheuse après des traumatismes crâ-
niens, inversement on peut citer des exemples nombreux
où l'on a vu les lésions les plus insignifiantes en appa-
rence suivies d'accidents formidables. On ne saurait po-
ser en principe que tout traumatisme crânien entraîne
nécessairement de graves conséquences, au point de vue
mental, pas plus qu'on ne saurait prétendre que le pro-
nostic soit en général bénin et favorable dans ces cas.
Nous avons relevé plusieurs exemples de démence finale
après une apparente guérison. Le suivant présente un
type de psychose caractéristique, sorte de démence pré-
coce traumatiquc.
Observations VIII. Gerv ? employé de commerce, qua-
rante-quatre ans. Attaqué dans la rue et frappé à la tête avec
une barre de fer : enfoncement du crâne, perte de connaissance.
Conduit à Lariboisière, il fut trépané d'urgence par le
D1' Berger (1893). Sorti en apparence guéri, partit en Amérique.
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. '313
d'où il revint deux ans après pour se soigner chez sa soeur. Atti-
tude mélancolique, ne sortait pas, ne savait plus s'orienter dans
Paris. Refus fréquents de nourriture ; disait que les aliments res-
taient dans sa gOl'ge et recrachait dans une cuvette pendant toute
la journée, croyant détacher les aliments arrêtés dans le larynx.
Sitiophobie pendant huit jours, au moment de son internement.
A été nourri à la sonde; a toujours été d'un caractère doux
et paisible ; n'a jamais hu, était d'un tempérament délicat, n'é-
tait pas un gros mangeur.
Pris à l'entrée pour un paralytique général à cause de l'obtusion
intellectuelle, de la difficulté de parler et de l'inégalité pupillaire.
En janvier l90 ? , démence très accusée; l'affaiblissement intel-
lectuel est très notable, la mémoire presque nulle ; l'absence
d'orientation est frappante. Idées puériles de satisfaction : sa
santé est excellente ; il se trouve très bien à l'asile et compte y
rester toute sa vie. Pupilles égales, réflexes normaux, strabisme
de l'oeil gauche. Embarras de la parole, état démentiel simple.
Troubles sphinctériens notables. La ponction lombaire est
négative. (La soeur aune mentalité bizarre.)
La cicatrice de la plaie siège à la région pariétale droite. Sur
une ligne partant de la racine du nez, il faut compter 14 centimè-
tres et en ce point abaisser une perpendiculaire de 6 centimè-
tres pour trouver l'extrémité antérieure de la cicatrice. C'est en
ce point qu'a été appliquée la couronne du trépan. L'extrémité
postérieure est sur une perpendiculaire de G centimètres et de-
mie, abaissée à 21 centimètres sur la ligne médiane à partir de la
racine du nez.
Au point de vue de la responsabilité pénale et civile, il
y a lieu de remarquer l'apparence fréquente de cure ra-
pide, puis l'incurabilité définitive par démence tardive
consécutive.
Le plus souvent quelques petits signes existent dès le
trauma : céphalée intense et fréquente, changement d'lm-
meur, irritabilité, etc. Puis se développe un délire plus
ou moins systématisé, de l'excitation maniaque, de la
démence progressive ou même de la paralysie.
Mais, côté de ces accidents, positifs pourrait-on dire,
au point de vue de la réalité du rapport de la folie avec le
trauma, il convient de dire qu'il est des cas où ce rapport
n'est qu'apparent ou douteux, voire même négatif en der-
nière analyse.
C'est ainsi que nous avons observé- un jockey de
courses, atteint de paralysie générale considérée comme
314 ' CLINIQUE MENTALE.
consécutive à une série de chutes professionnelles
sur la tête : des fractures variées des quatre membres,
des fractures multiples des clavicules, des cicatrices va-
riées de l'épicrâne en témoignaient; mais, dates et anté-
cédents vérifiés, il parut que les premières chutes rele-
vaient d'excès alcooliques anciens et les dernières de
l'incordination motrice d'une encéphalite commençante,
enlevant au jockey sa stabilité équestre habituelle.
Observation IX. Aucun antécédent héréditaire connu. La
spyhilis, avouée à certains moments, niée à d'autres par le ma-
lade ; on a pu obtenir d'autre part aucun renseignement per-
mettant de l'affirmer. L'alcoolisme, par contre, est certain :
vin, apéritifs, boissons distillées et surtout gin et wisky.
Les traumatismes ont été fréquents durant sa carrière de jo-
key. Il est tombé souvent sur la tète, mais ne paraît pas
avoir eu de fracture du crâne ; il ne présente aucune cicatrice cu-
tanée, ni aucun enfoncement de la boîte crânienne.
Par contre, il s'est fracturé : deux fois la clavicule gauche; une
fois la clavicule droite : une fois le genou droit ; une fois il a eu
des enfoncements multiples de côtes, à droite et à gauche.
Il n'a, dit-il, jamais été malade. 11 est marié depuis deux ans.
Sa femme s'est aperçue qu'il « était drôle >, perdait la mémoire,
avait des idées ambitieuses au-dessus de sa position. Mais elle n'a
aucun renseignement sur la vie antérieure du malade, hormis ce
qu'il lui en a dit.
Le début de la maladie paraît remonter à quatre ans : à la
suite d'ennuis ( ? ) avec un patron, il s'est mis boire et ne put
trouver de place suffisante pour gagner sa vie. 11 menait dans son
ménage une vie fort décousue.
Arrêté à cause de sa turbulence dans la rue, il entre au dépôt;
le Dr Garnicr signe le certificat suivant :
« Affaiblissement des facultés intellectuelles, peut-être symp-
tomatique d'une paralysie générale au début. Perte de la mé-
moire. Embarras de la parole. Inégalité pupillaire ». Absence
de renseignements.
Entré à l'asile, il présente un affaiblissement intellectuel nota-
ble, des idées de grandeur absurdes : « Il a acheté tout Chantilly
et tout Mont-de-Marsan ». Il est le gendre du baron de Forest,
pour qui il court comme jokey. » Il veut sortir, et réclamera
500.00U francs de dommages-intérêts l'asile, si on ne le met pas
en liberté. /
Très grand affaiblissement de la mémoire : ne sait pas où il
demeure. Inconscience de sa situation. Embarras marqué de la
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 315
parole. Trouble paralytique de l'écriture. Inégalité pupillaire :
la pupille gauche est plus grande.
Après avoir présenté une. rémission de quelques mois, pendant
laquelle il était calme et travaillait, mais avait conservé la teinte
mégalomaniaque de son délire, il meurt galeux, paralysé, avec
une escharre. L'autopsie n'a pu être faite.
Ce malade, assuré, toucha cependant des indemnités
d'une compagnie pour ses incapacités de travail, consé-
cutives à la plupart de ses accidents, sauf toutefois pour
l'incapacité mentale ultime.
Observation X. - Un autre malade, toucheur de bestiaux, a
subi, durant son existence, une série de rhumatismes graves en
rapport avec sa profession.
Père mort d'une affection médullaire ; mère démente ayant
été internée ; quatre soeurs nerveuses. Syphilis il y a dix-huit ans
(soigné au Midi). Traumatisme depuis : l°est tombé du haut des
fortifications et s'estbrisé la jambe droite ; 2° coup de corne d'un
taureau lui ayant ouvert les téguments, du périnée au pli de l'aine,
retombé sur la tête, a perdu l'oeil gauche (V = 0) et s'est brisé
l'arcade sourcilière correspondante, ainsi que la paroi orbitaire
externe, cicatrice cutanée et exostoses.
La paume droite de la main a été déchirée aussi par un trau-
matisme (aurait été accidentellement pendu par cette main à un
croc d'étal) ; petit doigt désarticulé et annulaire brisé (cal volu-
mineux).
Entré à Sainte-Anne, il est examiné par le Dr Dagonot, qui si-
gne le certificat suivant : Débilité mentale avec alcoolisme; cau-
chemars, hallucinations terrifiantes, tremblements des doigts.
Entré à l'asile, on note l'inégalité pupillaire, attribuable d'ail-
leurs à la cécité de l'oeil gauche, des hallucinations terrifiantes :
vues d'animaux, spécialement de lions et de taureaux, du trem-
blement musculaire. Bientôt s'établit une euphorie à tendance
mégalo maniaque. Il inange cinquante portions par jour ; il se
porte comme un charme ; il travaille depuis cent ans aux abat-
loirs et ne trouve pas de contradiction entre ce fait et celui d'être
âgé de trente-six ans. Le mot : paralysie générale, est missur un
des certificats de situation. Toutefois les idées délirantes disparais-
sent et le malade est rendu à sa famille en 1901.
En juin de la même année, il est ramené à l'asile, où on lui
trouve des signes de paralysie générale, euphorie, idées de gran-
deur. Il est transféré à Tournai, avec le certificat : Pseudo-P.G.
alcoolique. 11 meurt dans cet asile peu de temps après son entrée,
24 août 1903. Le Dr Lenz a l'amabilité de nous adresser les notes
suivantes à son sujet.
316 CLINIQUE MENTALE.
« Peu après son admission à Tournay, Cord ? est tombé dans
un état de démence paralysiforme simple, qui a marché rapide-
ment eLa abouti en assez peu de temps à un marasme complet. Il
est décédé à l'établissement, le 24 août 1903. »
Ici, commepour le jockey, il y a succession de trauma-
tismes d'un mécanisme différent. Les plus récents relè-
vent plus ou moins de la paralysie générale; les plus an-
ciens relèvent' de causes variables ou douteuses, alcool
probable comme pour le jockey, maladresse préparaly-
tiquepeut être pour l'ancien chauffeur dont l'observation
suit :
Observation XI. - Valent ? quarante-neuf ans, stucateur.
Entré paralytique générale, le ? si décembre 1901. Affection confir-
mée par l'autopsie du 28 janvier 1902.
Sept années auparavant, victime d'une explosion de chaudière
qui lui fracassa la mâchoire et le fit demeurer cinq mois à l'hôpi-
tal avec une commotion cérébrale dont il resta durant trois mois
comme hébété. Sobre, est tombé sans connaissance pour la pre-
mière fois avec tremblement de tous ses membres, le 18 novembre
1902, cinq ans après son accident.
4° L'examen du sujet. Nous avons parlé de l'examen
local,- concernant le point d'application du traumatisme
même et des dégâts produits en surface et profondeur.
Il reste l'examen physique et psychique général au
point de vue de tares latentes antérieures, dégénératives
et autres. (Stigmates physiques et psychiques, diathèses,
etc.)
Par application des vues émises par quelques méde-
cins et chirurgiens sur les diathèses, on pourrait soute-
tenir que la paralysie générale traumatique, si on l'ad-
met, peut être invoquée même chez un syphilitique dont
la diathèse n'a pu altérer l'encéphale que parce que le
traumatisme a préparé le terrain propice,le lieu de moin-
dre résistance nécessaire. Malgré les données histologi-
ques actuelles surlaparalysie générale, qui pourrait dire
jusqu'à quel point tel cerveau eût pu succomber à l'en-
céphalite chronique s'il n'eût pas préalablement subi
telle intluence prédisposante, (en l'espèce particulière un
schok traumatique) que. le facteur étiologique associé, sy-
philis par exemple, soit intervenu avant ou après letrau-
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 317
matisme le problème reste le même, et il est permis de
penser que leur association, quel qu'en soit l'ordre de
succession chez un même individu, a pu déterminer la
paralysie générale que l'un ou l'autre facteur isolé n'eût t
pu produire ?
La question d'époque a cependant la plus haute impor-
tance en ce qui concerne la première manifestation pa-
ralytique ou préparalytique ; un ictus fugace précocepar
exemple, peut avoir précédé de longtemps les signes de
méninge-encéphalite comprimée, mais servir de jalon
sur pour dater le début de la paralysie générale. Le trau-
matisme dans ce cas, postérieur à l'ictus, devientnon plus
un facteur étiologique de la paralysie générale ultérieure,
mais déjà une des conséquences des désordres initiaux
préparalytiques (inhabileté transitoire ayant entraîné
imprudence, inconscience ou maladresse, cause vraie de -
l'accident).
Le point culminant du problème paraîtrait donc sur-
tout résider dans l'examen des dates comparées de l'acci-
dent et du ou des premiers signes physiques constatés de la
paralysie générale; si aucun signe ne l'a décelée antérieu-
rement et si le traumatisme remonte assez loin pour que
la période préparalytique l'ait pu suivre, le doute paraît
permis.
Dans la pratique, en revanche, le post hoc ergo prop-
ter hoc pourrait conduire un observateur superficiel à
rapporter de loin ou de près au traumatisme des paraly-
sies générales qui n'en sont pas l'effet mais bien la cause.
Je n'en veux pour preuve que quelques paralytiques
généraux précités ; ils ne furent apparemment les vic-
times de traumatismes accidentels violents que parce
que l'insouciance ou l'imprudence tenant à leur paraly-
sie générale commençante même les y exposèrent.
5° Antécédents : A. Toxiques. En dehors de la dia-
tlièse syphilitique ou hérédo-syphilitique, une intoxica-
tion chronique (alcool,plomb) restée latente jusqu'au trau-
matisme peut, à son occasion, transparaître et éclore cli-
niquementsous forme, de délire toxique plus ou moins vio-
lent. Pour le cas particulier du plomb, un ancien traumatisé
peut présenter les signes de la paralysie générale satur-
nine. Le paragraphe II des articles 1 et 20 de la circulaire
sis CLINIQUE MENTALE.
du Ministre de la Justice, en date du lOjuin l8cJ'J, dit que
« l'accident, tel qu'il faut l'entendre consistant dans une
lésion corporelle provenant de l'action soudaine d'une
cause extérieure ? », la loi ne s'applique pas aux mala-
dies professionnelles provenant d'une cause lente et du-
rable (vices de locaux, manipulations de substances vé.
néneuses, absorption de poussières nuisibles à.la santé)
l'étiologie possible, àla fois saturnine et traumatique de-
vra donc être dissociée et non additionnée en faveur du
traumatisé (1).
L'intoxication éthylique constitue le cas le plus fré-
quent ; Dupuytren décrivait un délirium tremens trau,
matique. Mais il ne faudrait pas imputer trop facile-
ment à Dupuytren une erreur pareille, et la thèse de Bor-
deaux soutenue par M. Maigren, élève de M. Régis, avec
des observations tirées du service de ce maître, donno à
réfléchir.
On ne saurait, en effet, imputer à M. Régis laconfu-
sion d'un délire alcoolique avec des troubles mentaux
autres, consécutifs aux traumatismes. Or, il note la fré-
quence d'un délire onirique très semblable à celui de l'é-
thylisme dans ces cas sans intoxication exogène parti-
culière.
Dans les cas de mort consécutive à un accident trau-
matique, on a pu, s'appuyant sur des autopsies minu-
tieuses et complètes, rapporter à l'éthylisme le méca-
nisme de la mort et éclaircir ainsi le problème des res-
ponsabilités. (V. Obs. de Thébault. Etudes médico-
légales sur les accidents du travail. Progrès Médical. Dé-
cembre 1903, p. -.9-50). Mais lorsqu'au lieu du décès sur-
vient la folie, l'examen somatique sur le vivant joint aux
caractères dudélire sont loin de pouvoir toujours résou-
dre à coup sûr le problème.
On a, dans ces derniers temps, réagi contre la ten-
dance à voir l'alcool en tout délire onirique à hallucina-
(1) 11 est juste d'ajouter que des textes correctifs de la loi sur
ces points particuliers ont été étudiés et proposés par Mr. Breton
et Duhie ! ' aux chambres françaises. ;Voir documenta parlemen-
taires, décembre ]00 ! -]i<03, mai 1905, n° 2.4J7. Assimilation aux
accidents du travail de maladies causées par le plomb, le mercure,
l'arsenic, le sulfure de carbone, les hydrocarbures, virus, pous-
sières, air comprimé, ankylostomiase et affections contagieuses.)
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 310
tiens visuelles multiples grouillantes et muettes. On a
montré la possibilité d'un tel tableau clinique avec une
insuffisance rénale sans éthylisme proprement dit, (cas
deVigouroux.)
Onpeut penser que là, comme chez certains trauma-
tismes de Dupuytren et Régis, l'influence de l'alcool est
à peine intervenue pour colorer le délire dont la cause
principale serait bien rénale ou traumatique. Dans ce
dernier cas, les conséquences d'un tel point de vue se-
raient de nature à modifier singulièrement les conclu-
sions d'une expertise en matière de responsabilité ac-
cidentelle, même lors d'un délire consécutif semblable
à celui de l'alcoolique classique (1).
D'autre part, il faut distinguer l'état du blessé anté-
rieurement à l'accident et postérieurement. Lorsqu'il s'a-
git, en effet, d'un délirant tardif pour lequel se pose la
question de responsabilité accident par rapport à l'étio-
logie de la folie, il se peut que, depuis, le malade ait bu.
De par son accident même, depar l'affaiblissement cé-
rébral consécutif, il a pu résulter une inclination mala-
dive à boire. comme l'Obs. II nous le montre chez un an-
cien garde-forestier blessé dans le sauvetage d'un incen-
die. C'est aussi ce que montre l'observation si intéres-
sante de 1\1.Vallon concernant un officier brillant et irré-
prochable, devenu dypsomane après une grave chute de
cheval; et cela au point d'être cassé, chassé de l'armée et
même de la Légion étrangère, où il a essayé de se réha-
biliter. Ici encore on peut se demander jusqu'à quel point
un malheureux qu'un traumatisme rend dypsomane,
comme ceux des observations précitées, ne l'est pas du
fait de son traumatisme autant et plus que du fait de
son hérédité. '
B. Hérédité. La grande question de la nature cons-
tamment dégénérative des syndromes épisodiques et de
ce qu'on a appelé les stigmates psychiques de la dégé-
nérescencc se pose là sous un de ses aspects les plus
troublants. Si le traumatisé n'a pas d'hérédité positive
(1) Ce point de vue esl battu en brèche par le D, Folly, qui
dans le Caducée 1905 défend la nature constamment élbylique des
délires lraumaliqucs de ce genre.
320 . CLINIQUE MENTALE.
malgré les recherches attentives et n'a auparavant pré-
senté aucun stigmate physique ni psychique, et ces cas
se rencontrent, comment admettre la dégénérescence
quand même, sans hésitation ?
Mais en dehors des poisons latents endogènes (diathè-
ses), exogènes (alcoolisme, plomb) ou mixtes (insuffisan-
ces rénales hépatiques diverses, etc.), le traumatisme
peut mettre à jour une tendance dégénérative indubi-
table, que des stigmates physiques ou psychiques préala-
bles joints à des antécédents héréditaires positifs dé-
montrent nettement.
On peut ainsi dire que c'est là le groupe des folies déve-
loppées consécutivement au traumatisme que l'on ren-
contre le plus fréquemment, mais il n'en offre pas moins
pour cela des difficultés multiples quoique moindres.
Dans ces cas, ainsi que le remarque Richardson, on
constate souvent une disproportion flagrante entre la
cause traumatique apparente et ses effets psychi-
ques. On le voit, la question de savoir si la folie qui
suit les traumatismes craniens se traduit par une symp-
tomatologie spéciale (hallucinations, idées fixes, amné-
sie, etc.) peut être résolue très différemment suivant les
auteurs.
Le plus important groupe de folies traumatiques com-
prend cependant incontestablement des cas où l'on re-
marque une disproportion évidente entre le traumatisme,
leschok, physique ou mental,et les troubles consécutifs.
Cette forme s'observe surtout chez les déséquilibrés no-
toires, parfois chez des hystériques avérés Les symptô-
mes suivant Richardson, en sont caractéristiques : d'a-
bord shok modéré, puis attention concentrée sur l'acci-
dent et crainte de ses suites ; insomnie, introspection
mentale, hypertrophie du moi, dépression mélancolique
à forme hypochondriaque. Beaucoup de ces symptômes
appartiennent aux névroses autant qu'aux psychoses
dégénératives, les deux étant associées dans beaucoup
de ces cas.
(A suivre.)
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
LV1ll. -Recherches de la localisation motrice du membre
inférieur dans la moelle de l'homme ; par C. PARHON et M.
GOLDSTEIN. (Neurolog. Centralbl. XXIV. 1905.)
I. Chez un premier sujet ayant, pour cause de gangrène sénile
successivement subi une amputation de cuisse à la partie moyen-
ne, et, unan plus tard,unc désarticulation de l'autre genou (mort
4 semaines après), on constate ce qui suit : l'amputation a enlevé
la moitié inférieure du triceps fémoral, du couturier, du droit
intense, une partie du grand adducteur ; les autres muscles ont
été respectés. Etudes microscopiques (figures).
a) On ne trouve de lésions cellulaires qu'à partir du 3c segment
lombaire. Les cellules motrices y sont réparties en 4groupes : anté
ro-interne; antéro-externe;externe proprement dit;central. Par-ci
par-là, 2 à 3 cellules ont réagi, surtout dans le groupe externe,
moins dans les groupes antéro-exteme et central. De concert avec
les expérimentateurs, y a lieu de croire que le groupe antéro-ex-
terne est le centre du couturier, et le groupe externe proprement
dit, celui du triceps fémoral. Le groupe central, bien délimité plus
bas, dansleï0 segment lombaire, correspond au grand adducteur.
Le droit interne, premier et second adducteur, doivent tirer leur
origine principalement du 3 segment.
b) A mesure qu'on descend des altérations s'accusent. Le groupe
antéro-externe (centre du couturier, diminue et disparaît ; il est
remplacé par un autre groupe en relation avec les muscles de la
hanche. Dans la partie inférieure de ce 4c segment lombaire, le
groupe postéro-intermédiaire diminue également. Il en est de
même pour le centre du triceps ; nombre de cellules réagissent
immédiatement en arrière de son extrémité inférieure ; ce sont les
cellules qui représentent le début de la région motrice de la jambe
dans la moelle : un peu plus bas, le centre du triceps a disparu.
Le groupe antéro-externe est formée d'au moins 2 groupes secon-
ilaires, lescellules altérées qui correspondent à la jambe forment t
un groupe assez étendu, bien circonscrit.
Le groupe antéro-externe représente donc maintenant les
muscles de la hanche et le groupe central le sel1li-membranellx,Où
cesse le centre du grand adducteur, où commence celui du semi-
membraneux ? Probablement au niveau de la partie la plus infé-
rieure de ce A' segment. Quant au groupe postérieur, il innerve le
Archives, 2° série 1906, t. XXI. 21
322 REVUE d'anatomie ET de PHYSIOLOGIE pathologiques
jambier antérieur; le centre de ce muscle occupe le niveau le pins
élevé parmi les centres des muscles de la jambe parce que, des
fibres lombo-sacrées formées par la réunion des 4c et 5 racines
lombaires, seul le jambier antérieur reçoit des fibres de la 4c racine
lombaire.
c) Dans le 5e segment lombaire, on retrouve le groupe antéro ex-
terne encore décomposàble en groupes secondaires; le groupe cen-
tral en dedans. Un peu en arrière apparaît un autre groupe qui se
développe et devient assez fort dans le ! <='' segment sacré. En de-
dans et en arrière du centre du jambier antérieur apparaissent
d'autres pelils groupes qui sont en relation avec les autres muscles
de la jambe. Ce sont, on dedans de ce centre et sur le même plan,
le centre desgaslro-enémiens ; en arrière, les centres des fléchis-
seurs des orteils ou du jambier postérieur et du plantaire grêle.
Le centre de ce dernier muscle doit être en dedans de celui des
fléchisseurs des orteils.
d) Dans le premier segment sacré, on trouve deux groupes cen-
traux, l'un postero-interne pour le semi-tendineux ; l'autre an-
téro-externe pour le biceps fémoral. Mais ces deux groupes pour-
raient bien innerver chacun une partie du biceps, le semi-tendi.
neux naissant alors dans la partie inférieure du groupe central,
Une partie des centres des muscles de la jambe est d'ailleurs
ici restée indemne, tandis que ceux du jambier antérieur et des
extenseurs ont totalement disparu ; à leur place on trouve les cen-
tres des péroniers. Impossible de préciser la localisation du po-
plité, du soléaire, du jambier postérieur, des fléchisseurs tihialet
péronier : ils doivent occuper les mêmes groupes en arrière du
centre des astro-cnémiens,
. e) A la partie inférieure de ce segment apparaît un nouveau
groupe de cellules, en arrières de celui des muscles de la jambe ;
c'est le groupe post-postéro-laLral d'Onuf ; il est lésé et comman-
de aux muscles plantaires. 11 est en plein développement dansle
2e segment sacré. A ce niveau il ne reste qu'un seul groupe de ceux
qui innervent les muscles de la jambe ; c'est le centre des gasll'o-
cnémiens. Le groupe antéro-externe a fortement, diminué. Les
groupes du biceps et du semi-tendineux ont disparu. On voit, par
contre, à l'inlérieur du groupe antéro-externe el, dans le centre
des gastru-cnémiens, surgir deux groupes de cellules plus grosses
que les cellules motrices ordinaires, en rapport avec les péro-
niers. Le groupe post-poLél'o-lalL'l'a1 esl formé de deux groupes
secondaires, en relations avec les divers muscles plantaires.
/) Dans le 4° segment sacré, il n'y a plus de groupes susceptibles
d'être en rapport avec l'innervation motrice du membre infé-
rieur.
IL Un homme de 2'J ttns atteint d'ostéomyélite a subi, quatre
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 323
ans auparavant, l'amputation de la cuisse à la partie moyenne.
Il est mort de phtisie pulmonaire.
Les lésions débutent aussi, en l'espèce, dans le 3° segment lom-
baire (atrophie commençante d es cellules-) Le 4c segment lom-
baire contient peu de cellules en chromatolyse ; elles occupent le
groupe externe et postéro-intermédiaire. Chromatolyse et mor-
pllisme du groupe postérieur. Atteinte aussi du 5- segment
lombaire et des 3 premiers sacrés. '
On trouve dans ces préparations (figures à l'appui) la confirma-
tion des indications précédentes sur la localisation des muscles du
pied et de la jambe. Ici encore peu de cellules lésées dans leurs
rapports avec les muscles de la cuisse.
Dans les deux observations, vacuolisation dans les cellules des
groupes postéro et post-postéro-latéraux. P. KERAVAL..
LIX. Des groupes de cellules motrices du renflement cer-
vical chez l'homme déterminés chez un amputé ; par L.
Bloumenaou et E. XIILSEN (Nelu'olog, Centralbl.. XXIV, 1905.)
Un soldat subit pour carie de l'humérus une amputation au
tiers supérieur du bras gauche. Il meurt 4 mois après de tuber-
culose pulmonaire.
Les branches supérieures du plexus brachial n'ont pas été cou-
pées. Figures à l'appui.
a) Les altérations ne commencent qu'à la partie supérieure du
5e segment cervical ; elles portent sur les groupes cellulaires si-
tués dans l'angle postéro-externe de la corne antérieure, et cor-
respondent au centre de Marinesco pour les muscles antérieurs du
bras et le nerf IllU5Culo-cut,ané.
bl Lp : : i altérations sont plus étendues au niveau du 6e segment;
intégrité du groupe latéral ou intermédiaire qui, d'après Marinesco
commande, dans le5° segment, aux sus et sous-épineux, et dans
le 6°, au deltoïde. Intégrité également du groupe central, situé en
dedans de ce dernier, qui innerve le grand pectoral.
c) A la partie supérieure du 7c segment, dégénérescence du'
groupe posléro-latéral qui innerve le triceps.
Plus bas, apparaît, en arrière de ce groupe, un autre groupe
composé de deux ou plusieurs pat-Lies,(Iuisci-aienL en relation avec
lesmuscles postérieurs de l'avant-bras ; ces cellules sont atteintes
de chromatolyse.
(l) Dans le 8e segment, l'étendue de la dégénérescence atteint
son plus grand volume. Toute laparlie externe de la corne anté-
rieure gauche est peuplée de cellules dégénérées qui forment
deux gros groupes, dans lesquels on distingue de petits îlots plus
on moins séparés. A. la partie supérieure de ce segment, le groupe
iiiilérn-laléral présente un périmètre bien supérieur ,4 .celui du
324 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,
groupe postérieur ; mais, plus bas, le premier diminue tandis que
le groupe postérieur augmente. Ce qui prouve que le groupe an-
léro-latéral est le centre des muscles antérieurs de l'avant-bras,
tandis que le groupe postérieur est celui de la main.
e) On retrouve le centrede la main dans toute V étendue du, l" seg-
ment dorsal ; à sa partie inférieure, il n'y a plus que quelques cel-
lules dégénérées. Plus bas, a la partie supérieure du 20 segment
dorsal, le groupe disparaît, et avec lui, les altérations de la corne
antérieure gauche.
Lescentres du membre supérieur occupent donc, en somme,
dans le renflement cervical de l'homme, la même position que
chez le» animaux (Parhon). P. KERAVAL.
LX. Nouvelles contributions à la nature du réflexe or-
bitaire ; par C. IIUDOVERNIG. (Neurolog. Centralbl., XXIV,
1905.)
Quatre nouvelles observations dont il résulte ce qui suit. On
provoque le phénomène en question en frappant le muscle frontal
dans toute son étendue, ou la région comprise entre la racine du
nez et l'angle interne de l'oeil, ou encore la moitié interne de
l'arcade zygomatique. Jamais on ne l'obtient en frappant d'autres
parties de la face,notamment le maxillaire inférieur.
Le choc du marteau produit une contraction régulière de l'or-
biculaire palpébral, exclusivement limitée il ce muscle, ou,quand
l'excitabilité est faible, des tremblements librillaires, peu importe
du reste à cet égard l'endroit heurté.
Les lésions du trijumeau n'exercent aucune influence sur le
phénomène. L'ablation du ganglion de Casser qui supprime toute
conductibilité de ce nerf laisse subsister la contraction de l'orbi-
culaire par ce moyen. Ce n'est donc pas un réflexe. Il se produit
par l'excitation mécanique non seulement du frontal, mais du
périoste, des ligaments, d'une propagation directe.
Malgré cela, il peut servir de moyen de diagnostic entre les pa-
ralysies générales centrales et les paralysies générales périphé-
riques. Cessons de l'appeler : réflexe frontal, réflexe sus-orhitairc
réflexe trigemino-facial, réflexe oculaire. Le nom de phénomène
oculaire iCechtercw) ou phénomène de l'orbiculaire convient
mieux. P. 11ERAVAL.
LX1. - La microgyrie ; par le 1)1' M. 01.CONObIAKIS, chef delà
clinique neurologique de l'Université d'Athènes.
Résume : Exposé synoptique des diverses observations se rap-
portant à la microgyrie. Division de la microgyrie en deux clas-
ses principales : 1") la microgyrie primitive (protopathique). et
- 2o) la secondaire, la division en microgyrie congénitale et ac-
quise étant de moindre importance.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 325
Sous la rubrique de la m. secondaire, je classe toutes les micro-
gyries, du ci l'influence des divers processus pathologiques, tels que
les encéphalites, méningo-encéphalite, sclérose, etc., etc., chez les-
quels l'examen histologique peut facilement relever des restes
inflammatoires caractéristiques.
La m. primitive représente.par contre, un tableau anatomique
particulier, qui se distingue surtout par : 1°) l'hyperplasie (pseu-
dohypel'tl'ophie) de la corticale, et 2") la présence de Vhétérotopie
de la substance grise. L'examen histologique ne relève ici aucun
reste inflammatoire et si l'on y trouve quelquefois, ils doivent
être considérés comme de nature secondaire.
La m. primitive doit son origine àdes troubles de circulation
dus à un processus morbide artériel, qui attaque le plus sou-
vent l'artère de Sylvius, sur le terrain de laquelle cette micro-
gyrie par prédilection se présente. l0economakis : Ueber ums-
chriebene mikrogyrie und ihre Beziehung zur Porencephalie.
Arclciv. sur Psychiatrie, Bd. 39, 2). Ainsi cette forme de micro-
gyrie a des rapports pathogéniques très intimes avec la porencé-
phalie, puisqu'elle peut, comme cette dernière, être le résultat
d'un processus artériel, et elle représente probablement un stade
primaire dans le développement de la porencéphalie. Ce fait est
également démontré par une expérience peu connue de J. v. Wa-
gner, cilée par Anton, d'après laquelle le résultat de la ligature
de deux carotides chez un chat nouveau-né fut l'apparition de
porencephalie et microgyrie en même temps.
L\l1. Atrophie lamellaire des cellules de Purkinje ; par
André Thomas. (Travail du laboratoire du professeur Déje-
rine, à la. Salpêtrière).
Chez la malade dont l'auteur publie l'observation est survenue
progressivement à 40 ans une titubation ébrieuse de la marche.
Quatorze ans après (janvier 1898) l'examen clinique décèle un
ensemble de signes très complexe ; titubation, nystagmus,
tremblement intentionnel des membres inférieurs, hypotonie,
signe de Romberg, signe de Babinski, réflexes patellaires exa-
gérés. La malade meurt de bronchite chronique en juillet 1903.
A l'autopsie, rien de particulier à l'examen macroscopique.
L'examen histologique ne révèle rien au niveau du bulbe et de
la protubérance. Seul l'examen histologique du cervelet permet
de constater des lésions caractérisées par l'atrophie et la dispa-
rition d'un certain nombre de cellules de Purkinje auxquelles s
s'étaient substitués des amas de noyaux ou des réseaux névro-
gliques plus ou moins épais.
Au niveau de la moelle, les lésions sont limitées à la région
lombosacrée et n'occupent que sa corne antérieure droite, qui
32G REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,
est plus petite que la corne antérieure gauche et présente un
nombre plus restreint de grandes cellules.
L'interprétation des troubles de l'équilibre et du nystagmus
est facile ; ils sont dus aux lésions cérébelleuses. Les autres
signes cliniques devaient faire penser- il une sclérose en plaque,
mais l'examen histologique n'a pas confirmé ce diagnostic.
L'atrophie de la corne antérieure a joué sans doute un Tôle im-
portant dans la production de l'hypotonie ; la lésion médullaire
et la lésion Cérébelleuse ont contribué vraisemblablement toutes
les deux, pour des parts inégales, l'apparition du tremblement.
Quant au signe de Babinski il est indépendant d'une dégénéra-
lion quelconque du faisceau pyramidal,; d'ailleurs, l'atrophie de
la corne antérieure ne s'est pas faite exclusivement aux dépens
des cellules, et les arborisations terminales des libres pyrami-
dales à ce niveau ont certainement dégénéré ; d'autre part, la
parésie et la déformation des pieds sont peut-être susceptibles
d'expliquer dans une certaine mesure l'apparition du phénomène.
La contradiction avec la loi de Babinski n'est donc qu'apparente
et non réelle. (Renie neurologique, sept. IVU3,) E. BLIN.
LX11L De l'inversion unilatérale du phénomène des or-
teils ; par L. Bard.
Le phénomène des orteils, décrit par Babinski, apparaît d'em-
blée ou en quelques heures et doit être attribué iL une perturba-
tion fonctionnelle, indépendante de tout effet de dégénérescence.
M. Bard publie l'observation d'un malade qui peut apporter une
contribution d'une certaine importance à l'étude du mécanisme
physiologique de ce signe. Il s'agit d'Un cas de paraplégie pot-
tique, dans lequel le régime des réflexes du gros orteil était
exactement inverse aux deux pieds, sans qu'il existât aucune
autre différence entre les deux membres inférieurs, ni dans
l'état de la paralysie ni dans celui des autres phénomènes ner-
veux etsans que les lésions vertébrales et méningées constatées
à l'autopsie aient présenté de différence appréciable entre les
deux côtés.Par contre, le pied gauche sur lequel faisait défaut le
signe de Babinski différait de son congénère par une déforma-
tion assez accusée, d'origine traumatique ancienne, à laquelle,
faute de toute autre cause, force était bien d'attribuer la diffé-
rence sympfomatique observée. S'agissait-il à gauche d'une
simple absence du signe de Babinski ou d'une véritable inver-
sion du phénomène habituel ? L'auteur admet l'inversion parce
que l'isolement et la lenteur du réflexe par rapport aux autres
orteils le séparaient du réflexe normal de flexion et parce que
l'existence d'une lésion médullaire identique des doux côtés était
peu compatible avec la conservation unilatérale d'un état nor-
mal des réflexes, Voici l'interprétation qu'il propose. Le régime
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 3`Î
normal esl tel que la perturbation pathologique se révèle par un
réflexe inverse de ce régime ; si ce régime préexistant à la lésion
pouvait être, dans certains cas, inverse de ce qu'il est d'ordinaire,
- et la.défol'n1ation aurait pu amener ce résultat il arriverait
par voie de conséquence naturelle que - sa perturbation patholo-
gique se révélerait à son tourpar un réflexe pathologique inverse
du réflexe habituel, c'est-à-dire par un réflexe de flexion.
En tous les cas, cette observation permet de penser qu'il y a
lieu de faire place à des conditions périphériques dans le méca-
nisme de production des phénomènes des orteils. (Revue neuro-
logique, mai 1905.) E. B.
LXIV. L'urhydrie céphalo-rachidienne etlabyrinthique;
par Pierre Bonnier.
Sous le nom d'urhydrie, M. Bonnier désigne la présence de
produits d'élimination tels que l'urée dans les divers liquides de
l'organisme. L'urémie n'est plus ainsi qu'un des cas d'urhydrie,
terme plus général et plus compréhensif.
La ponction lombaire, devenue un procédé d'examen courant,
a permis d'étudier l'urhydrie céphalo-rachidienne, et Widal et
Javalont pu constater ainsila présence de quantités notables d'urée
dans le liquide céphalo-rachidien de certaines brightiques au cours
d'accidents graves.
11 n'existe pas de moyen clinique analogue pour l'examen du
liquide labyrinthique, mais ce liquide communiquant librement
avec le liquide céphalo-rachidien, il est rationnel de penser qu'il
participe aux mômes changements de pression et de composition
clinique. De plus, au point de vue de la sécrétion de l'urée, on
peut considérer comme appareils organiques de même formule
analomo-physiologique, l'artère glomérulairesineuuse et dilatée du
rein, l'artère glomémlairc sinueuse, dilatée et anastomo tique du
labyrinthe et l'artère sinueuse et terminale de la pie-mère. Les
.variations qui se produisirent dans la teneur en urée, existeront
de même pour la teneur en chlorures, en sucre et en pigments bi-
liaires. [Reçue neurologique, janvier 1905.) E. B.
L`V. - Recherches sur l'origine et les rapports récipro-
ques des éléments nerveux dans la moelle épinière du
poulet ; par IUGENIO La PFGNA. (Annali di NeV1'ologia. Na-
ples, 1110 , fasc. X.i i
Après avoir rappelé tous les travaux qui ont été déjà publiés sur
celle question, l'auteur conclut doses recherches personnelles que :
1° la cellule ganglionnaire no prend aucune part à la formation do
la libre nerveuse ; 2" la libre nerveuse au début de son dévelop-
pement ne présente aucune connexion avec la cellule ganglion-
naire; - 30 la fibre nerveuse périphérique et centrale se déve-
328 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
loppe aux dépens des chaînes cellulaires ; - 4° les chaînes cellu-
laires forment seulement le cylindraxe de la libre, mais ne parti-
cipent aucunement à la fonction des autres parties constitutives
de cette fibre. - 5° Les prolongements protoplasmiques de la
cellule nerveuse se développent aux dépens des chaînes cellu-
laires ; - G" les neurofibrilles de la cellule nerveuse sont un pro-
duit tardif de différenciation el, comme tels ne se développent
chez le poulet que vers le dixième jour d'inoculation. ,1. S.
ŒVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
111111. -Retour du phénomène du genou dans le tabes dor-
sal sans complication d'hémiplégie; par J. DOKATH.(Nelwo-
log. Centralbl. XXIV. 1905.)
Il s'agit d'un homme de 33 ans présentant le complexus symp-
tomatique suivant : douleurs lancinantes vives ; hypoalgésie
des membres inférieurs; lente évacuation de l'urine ; diminution
de la virilité ; ophtalmoplégie intérieure de l'oeil gauche avec
hlépharoptose, irrégularité de la pupille droite avec affaiblisse-
ment du réflexe lumineux de ce côté. Cinq mois plus tard, signe
de Weslphal, de nouveau constaté trois mois après; absence, à ce
moment, des réflexes achilléens.Traitement àl'iodure de mercure
à l'électricité, à l'hydrothérapie, aux fortifiants. Vingt-deux mois
après la première constatation de l'abolition des réflexes palel-
laires et achilléens, ces réflexes ont reparu, mais ils sont faibles.
Cinq mois après ces réflexes patellaires ont récupéré leur ac-
tivité.
L'allure des pupilles est analogue. Dix mois après l'apparition
de l'ophtalmologie de l'ceil gauche, cette pupille devient irrégu-
lière et réagit à nouveau quoique faiblement à l'accommodation
et à la convergence. Pendant ce temps,la pupille droite est deve-
nue totalement immobile à la lumière,sa réaction à l'accommoda-
tion et à la convergence était conservée. Deux ans plus tard, la
pupille gauche est circulaire mais complètement inerte à la lu-
mière, à l'accommodation, à la convergence alors la pupille
droite irrégulière trahit le signe l'Argyll llobertson.
Il va de soi que lorsqu'il s'agit de la réapparition d'un réflexe,
on puisse penser que l'arc rellexe ou le centre réflexe n'a pas été
détruit ou au moins que les altérations anatomiques dont il a
été le siège étaient susceptibles de réparation ; tel est le cas de
l'inertie pupillaire intermittente et du réflexe patellaire res-
titué par une hémiplégie. Mais quand, comme ici, on se trouve
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 329
en présence de retour graduel ou du renforcement de phénomène
du âenou qui, chez un tabétique. sans complication d'hémiplé-
gie s'est produit parallèlemenlà l'amélioration générale des phé-
nomènes morbides, il y a lieu de croire qu'il s'est agi d'une lé-
sion réparable du centre spinal réflexe. P. KERAVAL.
XXXIV. Troubles congénitaux des mouvements des
yeux; par AtENFELD. {Centralbl. ? Nervenheilk, XXVIII, 1905.)
Quatre observations d'inertie congénitale du droit externe, du
droit supérieur et du grand oblique, de tous les muscles innervés
parl'oculomoteur commun.
En ce qui concerne le droit externe, l'auteur fait remarquer
qu'en pareil cas le muscle est remplacé par un ligament élastique
qui le supplée complètement, ou bien qu'il existe une adhérence
conjonctive rigide qui, si elle empêche le strabisme, restreinte
mouvement du globe. S'il n'existe ni fixation élastique, ni fixa-
tion rigide, le strabisme existe, pourvu qu'il y ait un antagoniste
capable de fonctionner. En outre, les muscles atteints d'inertie
congénitale ne s'atrophient pas forcément (Kunn, Lenowa,Jamin).
La paralysie congénitale du droit externe sans strabisme peut
aussi se faire remarquer par une restriction de l'adduction du
globe, à cause d'un excès de raideur du ligament qui remplace le
muscle. Souvent aussi dans ce mouvement d'abduction, on voit
se produire une rétraction du globe de l'oeil ; ceci peut tenir à
l'existence d'un rétracteur du côté interne et à la fixation rigide
de l'aeil sur le côté externe ; le droit interne, et peut-être aussi le
droit supérieur qui participent à la rotation en dedans attirent le
globe occulaire, quand le malade essaie de l'adduction, non en
dedans mais en arrière.
La paralysie congénitale de l'oculomoteur commun porte en
l'espèce sur toutes les branches du nerf du côté gauche ; il y a pa-
ralysie totale du sphincter vrai et de l'accommodation ; immobi-
lité des muscles extrinsèques. Par contre toutes les trois ou toutes
les cinq minutes, la jeune fille en question, actuellement âgée de
12 ans, présente depuis l'âge de 4 semaines une élévation sac-
cadée, spasmodique de la paupière supérieure ; à ce moment le
globe oculaire quitte la position d'adduction pour se fixer sur la
ligne médiane, sans que le droit externe puisse l'en déloger, et la
pupille se contracte au maximum maintenant l'accommodation
à son. punctum Ceci persiste une demi-minute, au bout
de laquelle la paupière supérieure s'abaisse par saccades, et les
autres muscles reviennent à leur état de paralysie absolue. Le
sommeil le plus profond'ne change rien à la chose ; aussi la ma-
la(le se coucbe-t-elle de préférence sur le côté droit. Un jet de lu-
mière pendant le stade paralytique accélère un peu le spasme,
ainsi que l'excitation de la peau du voisinage. Sauf cela la jeune
330 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. -
personne est normale et intelligente. C'est une affection cyclique
congénitale de l'oculomoteur, ou, si l'on préfère, athétose de l'ocu-
lorhoteur comme en état de paralysie infantile. La cause la plus
admissible, c'est une action vasomotrice exercée sur les noyaux
puisque les muscles sont contractiles, et les filets nerveux exci-
tables ? z P. ILERAVAL,
XXXV. Trouilles de la sensibilité musculaire dans le
tabes et autres états pathologiques : myosthésiométre ;
par W. M. Beghterew (Obo : ;1f3niepsichiatrii, XXI, 1904 190o el
Neurolog. Ceutralbl, XXIV, 100). Valeur des recherches re-
latives à l'excitabilité mécanique des muscles ou aux
soi-disant réflexes musculaires dans les maladies ner-
veuses. (Id., Ibid).
t. - L'insensibilité à la pression des masses musculaires est un
des symptômes constants du tabès ; elle peut s'observer dans les
muscles de la jambe (gastrocnémiens), de la hanche, des mem-
bres supérieurs, et s'accompagne de l'insensibilité des troncs ner-
veux bien qu'à cet égard il n'y ait pas parallélisme complet. Mais
presque toujours elle hante d'abord et plus vivement les mem-
bres inférieurs de sorte qu'il n'est pas rare que les extrémités su-
périeures paraissent à cet égard indemnes. Dans la névrite- mulLi-
ple, les troncs nerveux et les muscles présentent une sensibilité
exagérée. L'insensibilité musculaire s'observe aussi dans les allée
lions ou les conducteurs sensibles sont interrompu ? telles les lé-
sions traumatiques des nerfs, les myélites, les affections en foyer
de la moelle et du cerveau. L'exagération de la sensibilité mus-
culaire s'observe parfois quand les conducteurs sensibles sont le
siège d'une irritabilité anormale.
Les modifications de la sensibilité musculaire dans leurs rap-
ports avec celle de la sensibilité cutanée doivent être étudiées
avec un soin d'autant plus grandque d'ordinaire il n'y a pas paral-
lélisme entre la diminution de la première et le sens musculaire.
L'auteur a inventé un instrument qui permet de mesurer la
compression à laquelle sont respectivement soumis le muscle,
la peau, le tissu cellulaire sous-cutané. C'est un compas de Bau-
delocque à pointes recourbées, l'une des pointes est munie d'une
mouche en gutta. ; l'autre possède une coiffe Semblable, mais elle
est assujettie aune tige mobile à ressort dont la pression est indi-
quée sur une échelle. On se rend compte ainsi delà pression en
rapport avec la sensibilité cutanée et avec celle du muscle.
IL - L'excitation mécanique du muscle ou, réflexe musculaire,
qui se traduit par la contraction de tout le ventre du muscle ou
d'un de Ces faisceaux Sur toute sa longueur, diffère de la contrac-
tion idiomusculaire (bourrelet ou onde musculaire) qui se traduit L
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 331
par le gonflement local limité iL l'endroit percuté. Ce dernier phé-
nomène résulte d'une compression vive, rapide d'un muscle ap-
parent comme les biceps entre le pouce et l'index. Quant au ré-
flexe musculaire, contraction générale du muscle entier, sans
bourrelet visible à l'oeil, il dérive de la percussion opérée par
l'inlermédiaire du plessimètre placé au travers de l'organe.
Le réflexe musculaire, distinct du réflexe lendineùxou musCUlo-
lendineux, Se produit, dans les cas où cedcrnier est tout àfaitab-
sent, et il est tout à fait indépendant du degré de tension du mus-
cle, le réflexe tendineux n'ayant lieu qu'à la condition d'une cer-
taine tension musculaire. Le réflexe musculaire a peu de relations
avec le réflexe tendineux, d'autant que la contraction générale du
musCle se produit même quand on frappe sur un muscle sectionné.
Mais les conditions de provocation de la contraction à l'excita-
tion mécanique du muscle sectionné et demeuré au sein de l'or-
ganisme vivant sont différents ; on ne peut alors séparer la con-
traction due à l'excitation mécanique directe du muscle de la con-
traction réflexe due à son extension mécanique. Cela tient à ce
que les réflexes musculaires ne sont point du tout le résultat de la
simple excitation mécanique du tissu musculaire propre. Les mus-
cles, en effet, contiennent deux tissus excitables, le tissu muscu-
aire et le tissu nerveux. Il faut donc que l'état du système ner-
veux se réfléchisse sur les réflexes musculaires.
Déjà, k l'état normal, les réflexes musculaires ne sont pas iden-
tiques ; les personnes musclées fortement, comme les manoeuvres,
présentent souvent des réflexes musculaires moins accusés
que celles à système musculaire moins développé. L'aug-
menLation de la tonicité musculaire correspond donc à la dimi-
nution des réflexes musculaires, la diminution de la tonicité
musculaire correspond à quelque exagération des réflexes mus-
culaires.
Quand le neurome périphérique a 'souffert. on observe d'ordi-
naire, avecla diminution ou l'absence de réflexes tendineux, dans
les cas récents, une exagération plus ou moins marquée des ré-
flexes musculaires. Ainsi dans les cas où il y a lésion du plexus
cervical ou de nombreux nerfs du membre supérieur qui frappe
tous le biceps, le triceps et les muscles, de l'avant-bras,on observe
presque constamment l'augmention des réflexes musculaires. La
contraction est paresseuse ci lente ; ces deux caractères sont ali-
solument analogues à la réaction de dégénérescence par le courant
galvanique.
Quand la lésion du neurone périphérique est plus ancienne,
avec, l'atrophie musculaire, avec la disparition de l'excitabilité
électrique, les réflexes musculaires s'affaiblissent, la lenteur de la
contraction apparaît dans le muscle franchement atrophié avant
que l'on constate la réaction de dégénérescence électrique.
332 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Les lésions du neurone central se traduisent d'habitude par une
augmentation plus ou moins nette des réflexes musculaires, mais
la lenteur de la contraction n'existe pas, et l'exagération du ré-
flexe est parallèle à celle des réflexes tendineux constatés en l'es-
pèce.
Dans la dystrophie musculaire progressive, les réflexes muscu-
laires diminuèrent, tandis que dans l'atrophie musculaire spinale,
il existe ordinairement non de la diminution,mais quelque aug-
mentation de ces réflexes dès le début.
Dans le tabes dorsal, malgré l'absence des réflexes tendineux, les
réflexes musculaires existent dans les extrémités inférieures et
aussi dans les muscles de la face antérieure de la hanche.
Dans la démence paralytique en certains cas, il y a exagération
des réflexes musculaires de la face et en partie des extrémités ;
en d'autres, ces réflexes demeurent sans changements.
Dans quelques affections convulsives, les réflexes musculaires
sont augmentés ainsi que des réflexes tendineux.
Dans la tétanie il y a exagération des réflexes musculaires. As-
sez souvent quelques groupes de muscles, exemple : la face, les
mains, l'avant-bras, l'épaule, traduisent un accroissement graduel
de la force des contractions si l'on répète les chocs sur telle ou
telle région. La réaction d'excitation apparaît quand la tétanie
s'exaspère ; elle s'affaiblit et disparaît quand les accidents téta-
niques diminuent. P. KERAVAL.
XXXVI. - Crampe des écrivains et torticolis d'origine men-
tale ; par CONNUS. (Nouv. Icon. de la Salpètrière, 1905, n° 3.)
Ces deux accidents survenus chez une femme non hystérique.
mais émotive à l'excès, et sous l'effort de l'idée fixe, ont parfai-
tement guéri à l'aide de la psychothérapie, de la rééducation et
de l'hydrothérapie. F. T.
XXXVII. - Maladie osseuse de Paget, trois cas observés
dans une même famille, hypothèse nouvelle sur la pa-
thogénie de cette affection ; par ŒTTINGEH et AGASSE-LA-
font. (Nouv. Icon. de la Salpêtrière, 1'.)f), n° 3.)
Les malades dont il s'agit, le père et ses deux fils, étaient blan-
chisseurs, donc exposés aux vapeurs acides dégagées par l'eau de
Javel. Recherchant tous les cas publiés en France l4 ? ), les au-
teurs trouvent que sur 31 malades dont le métier est indiqué, il
yen a 16 qui sont professionnellement intoxiqués, d'une façon
chronique, par les acides, dont 7 blanchisseurs. Relevant, d'autre
part les analogies étranges qu'il y entre le rachitisme et la ma-
ladie de Paget, « ce rachitisme des vieillards», ils ne sont pas
éloignés d'admettre que l'intoxication professionnelle par les
acides minéraux puisse jouer un rôle dans la pathogénie de l'o ?
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 333
Léite déformante, comme on admet l'hypothèse de la dyscrasie
acide dans celle du rachitisme infantile. F. Tissot.
XXXVI IL - Maladie de Thomsen et sarcoplasma ; par
Léopold Lévi.
M. Lévi, étudiant la pathogénie de la maladie de Thomsen,
montreque, s'il existe des différences dans les états myotoniques,
une théorie générale permet néanmoins dégrouper l'ensemble
des faits. Voici les conclusions de cet article dont la biographie
est indiquée d'une façon très complète :
« Le syndrome myotonique est fonction : soit d'hypergénèse
sarcoplasinique ; il en est ainsi pour les cas de maladie de Thom-
sen congénitale avec lésions musculaires telles que les a décrites
Erb, et telles que les ont retrouvées, à l'exclusion de toute lésion
du système nerveux, -MM. Déjerine et Sottas.
Soit d'exaltation de la fonction sarcoplasmique : (a) cette hy-
pcrexcitabilité peut être liée à l'action de poisons physiologiques
(contracture de fatigue de Mlle .loleyl : o, contracture de Tiegel) ;
(b) Elle peut encore dépendre d'une lésion cicatrisée, portant
sur l'appareil du tonus. Il s'agit alors de myotonie acquise avec
lésions variables du système nerveux. Le sarcoplasma représente
la partie tout à fait terminale de la voie centrifuge de cet appa-
reil de tonus. L'appareil cérébelleux en fait partie.
On voit, par l'étude pathogénique de la maladie de Thomsen,
comment la physiologie se rattache à la pathologie. On peut no-
ter, en effet, tous les intermédiaires entre le muscle rouge de
Ranvier, le muscle du nouveau-né, le muscle vératrinisé, la cour-
bature de fatigue, la courbature de Tiegel, la myotonie intermit-
tente de \lartius et Hansemann, la maladie de Thomsen, Le bien
commun à tous ces cas, est soit, la richesse des muscles en sarco-
plasma, soit l'hyperfonctionnement sarcoplasmiclue. (Revue Neu-
rologique, août 1905.) E. B.
\\\I \. -Dix-huitcas de sclérose latérale amyotrophique
avec autopsie ; par F. 1LAYJ10ND et Il. CESTAN.
J111. fle5'mond et Cestan ont fait de 1896 à 1903, dix-huit au-
lopsies de sclérose latérale amyotrophique, après avoir suivi i
l'évolution de l'affection à la clinique de la Salpètrière. Ils in-
diquent les renseignements étiologiques,cliniques et anatomiques
qui se dégagent d'une statistique aussi importante.
Au point de vue étiologique,c'est l'absence absolue d'une cause
efficiente. Il n'existait pas d'hérédité directe ou familiale ; la
profession des malades était tout à fait variable. Une fois on a
relevé comme antécédent la fièvre typhoïde et deux fois la syphi-
lis, mais le microscope n'a pas montré de différence entre ces cas
et ceux exempts de tout passé infectieux. Au point de vue de
334 . REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
l'âge, la maladie est survenue de 45 60 ans avec une proportion
de 66 p, 100. ,
Au point de vue symptomatologique on peut décrire quatre
formes bien distinctes de la maladie de Charcot : 1° type ordi-
naire médullaire (trois cas) '; 2° type paralysie labio-glosso-
laryngée (cinq cas) ; 3D type amyotrophique (neuf cas) ; 4° type
spasmodique (un cas).
L'intensité de la spasmodicité a été fort variable allant depuis
la simple exagération des réflexes tendineux et osseux (type
amyotrophique) jusqu'à la paraplégie à spasmodicité intense au
point de simuler une myélite transverse (type spasmodique). Le
réflexe de Babinski n'a été trouvé qu'une seule fois. Il n'y a
jamais eu de troubles intellectuels même dans les types paralysie
labio-glosso-laryngée.
Enfin, au point de vue anatomo-pathologique, les cordons pos-
térieurs ont toujours été trouvés sains. La sclérose des cordons
antéro-latéraux a toujours affecté la topographie classique; c'est-
à-dire étendue à tout le cordon antéro-latéral, épargnant, d'une
part, une zone marginale latérale correspondant aux faisceaux
cérébelleux, devenant plus intense, d'autre part, au niveau des
faisceaux pyramidaires directs et croisés. Les lésions des cellules
des cornes antérieures ont montré les altérations classiques des
amyotrophies spinales : absence de chromatolyse, atrophie pro-
gressive de tous les éléments de la cellule, surcharge pigmen-
taire.
Dans le type spasmodique la lésion des cordons prédominait ;
dans le type amyotrophique c'était la lésion des cellules qui pré-
dominait ; mais dans tous les cas les lésions coexistaient toujours.
(Revue neurologique, mai 19Q5.) E. 13.
XL. Etude sur la pandiculation automatique des hé-
miplégiques ; par llario Bertolotti.
Les mouvements d'extension des membres associés au bâille-
ment chez les hémiplégiques sont désignés sous le nom de pandi-
culation. Cette pandiculation a été étudiée par l'auteur chez un
certain nombre d'hémiplégiques et la conclusion de ses recher-
ches peut se résumer dans les considérations suivantes :
« L'automatisme moteur dépendant d'une lésion des voie»
pyramidales offre des analogies évidentes avec l'automatisme des
nourrissons qui ne sont pas encore soumis à l'influence directe
des voies motrices volontaires. Les mouvements automatiques
associés au bâillement, au prurit, sont d'autant plus prononcés
que la lésion du faisceau pyramidal est cliniquement plus évi-
dente et plus grave. Les mouvements associés automatiques sont
absents dans les cas où les mouvements associés d'ordre ration-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 335
,,et et les paraliin6sies statiques et cinétiques au contraire sont
bien manifestes.
La-constatation d'un syndrome Lhalamique irritatif associé à
l'hémiplégie motrice chez tous les malades présentant le phéno-
mène de la « ltamliculaLio spasmodica », tend à faire admettre
pour la couche optique une fonction active automatique dans
l'innervation motrice des différents groupes musculaires. (Revue
neurologique, oct. 1905.) E. B.
XL1. Scoliose alternante avec lombo-sciatique droite;
parllt;iGE. (Nouo. Icon. de la Salpêtrière, 1905, n° 2.)
Les déviations du tronc sont fréquentes dans les affections né-
vralgiques du plexus lomho-sacré; il en existe deux types clini-
ques bien connus : la scoliose croisée dans laquelle le tronc s'in-
cLine du côté sain, la scoliose homologue où l'inclinaison a lieu
ducôtô sciatique ; il yen a un troisième, moins connu, c'est la
scoliose alternante dont l'auteur rapporte un exemple avec pho-
tographie du sujet pris dans ses deux positions sur le même cli-
ché. Ici l'incurvation latérale a lieu tantôt du côté sain, tantôt du
côté malade. Ces déformations constatées dans la sciatique sont
en somme des attitudes de défense, volontaires au début, devenues
définitives par habitude. F. Tissot.
XL11. - Les scléroses combinées médullaires des paraly-
tiques généraux ; par ViGoupoux et L.mcnEr,-L.1V.STINE.
{Nouv. Icon. de la Salpêtrière, 1905, n° 3.)
Tout le monde s'ontendsur la fréquence des scléroses combi-
nées des cordons postérieurs et latéraux dans la paralysie géné-
rale, mais nullement sur leur interprétation. Dans les douze ohser-
vations qu'ils rapportent, les auteurs ont constaté toute une série
de localisations et de combinaisons de sclérose répondant à des
formes décrites et qui établissent la liaison entre ces deux affec-
tions en apparence si différentes quesont le tabès et la paralysie
générale : : - simple raréfaction des faisceaux pyramidaux consé-
cutive aux lésions d'encéphalite diffuse ; dégénérescence mas-
sive de ces faisceaux secondaire à une lésion encéphalique en
foyer ou à une pachyméningite hémorragique; - scléroses laté-
mIes secondaires soit à des foyers de leuco-myélite ou de mé-
ningo-myélite, soit ir, des altérations des cellules nerveuses de la
moelle; - scléroses postérieures tabétiques, substratum anato-
mique des associations tabéto-paralytiques admises par tous ;
lésions simultanées de tabès jeune et de paralysie générale jeune
réalisant une maladie unique de tout le névraxe (conception de
Ilaynond et Nageotte). Il semble donc que les deux syndromes,
taht's et paralysie générale, apparaissant simultanément ou suc-
(-liez un même malade, ne soient que deux mo-
336 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
monts différents, simultanés ou successifs, d'un même processus
morbide. F. 1'ssoT.
XL111. Méningo-encéphalite diffuse et hémiatrophie céré-
belleuse chez un chien ; par Marchand, PETIT et CoQUOT;
[Nouv. Icon. de la Salpêtrière, 1905, n° 3.)
Observation d'un chien qui ayant eu la « maladie du jeune
âge » présenta dans la suite le tableaucliniqueet les lésions de
la paralysie générale (démence progressive, abolition des sens
spéciaux, parésie des membres, mouvements de manège de gau-
che à droite, atrophie du lobe cérébelleux gauche, méningo-en-
céphalile diffuse subaiguë). Des constatations de ce cas, les au-
teurs tirent d'intéressantes conclusions aux points de vue physio-
logique, psychologique et-clinique comparés : l'atrophie. très loca-
lisée du lobule pneumogastrique gauche et des circonvolutions
voisines, avec dégénérescence consécutive des fibres antérieures
de la protubérance du même côté, entraîna un mouvement de
manège de gauche à droite.
Chez le chien, le jeu de l'intelligence est surtout fonction des
perceptions, chez l'homme le souvenir y a un rôle tout aussi im-
portant que les sensations. Aussi la méningo-encéphalite qui
chez l'homme,provoque des troubles prédominants dans la sphère
de la mémoire et du jugement produit chez le chien l'abolition
des perceptions et secondairement le trouble intellectuel.
Les lésions observées chez le chien qui fait l'objet de ce tra-
vail sont celles de la paralysie générale humaine : il est intéres-
sant de constater, pour en induire peut-être des analogies dans la
pathoiréncse de la paralysie générale, l'apparition chez un ani-
mal d'une méningo-encéphalite, consécutivement à une maladie
infectieuse. F. .'l'ISSOT.
ŸLL\ ? Contractures précoces et permanentes dans un cas
d'hémiplégie de l'adulte ; par GAUSSEL. (.i\7ouv. Icon. de la
Scclpétnaére, 1905, n° 3.)
Observation d'une femme de G3 ans chez qui les contractures
des membres ont apparu dès un ictus apoplectique et n'ont ja-
mais cédé depuis lors. L'attitude athétosique figée delà main
rappelle celle de l'hémiplégie cérébrale infantile, de même le
pied creux avecéquinisme exagéré. Les contractures précoces
traduisent habituellement la participation des méninges au pro-
cessus hémorrhagique. F. T ï
XLV. - Myasthénie hypotonique mortelle; par 1J¡¡1'RÍ : et
hAGNIEZ. (VoMU. Icon. de la SalpÎ't1-ière, 1905, no 3.)
Malgré le grand nombre des cas déjà publiés, la nature de la
paralysie bulbaire asthénique et les causes de sa gravité restent
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 337
inconnues. L'observation de Dupré et Pagniez se rapproche des
autres par l'absence de toute étiologie saisissahle, par l'ensemble
de ses caractères cliniques et évolutifs, par sa terminaison mor-
telle, par le néant de toute lésion anatomique. Elle en diffère par
l'existence d'une hypotonie vraiment remarquable et par le con-
trasteentre le caractère spinal diffus de l'évolution clinique et la
survenance rapide d'accidents bulbaires mortels. P. T.
XLVLHippus monolatéral dans une paralysie du moteur
oculaire commun ; par M. AURAND. (Soc. des Sciences méd.
(e Lyon, 15 novembre 1905.)
Petite fille âgée de 8 ans atteinte d'une paralysie du moteur
oculaire commun de l'oeil droit affectant seulement la muscula-
ture externe.
L'étiologie de cette paralysie est obscure ; comme il n'y a pas tra-
ce de névrite optique ancienne, l'auteur pense à une paralysie
d'origine nucléaire, par conséquent à une paralysie congénitale.
La. malade est intéressante par ce fait que les réactions pupil-
laires sont dissemhlahles dans les deux yeux. Sur l'n'il gauche
sain, les réactions pupillaires sontnormales. Sur l'oeil droit para-
lysé, la pupille neréagit directement ni à lalumière, ni à l'accom-
modation. La réaction consensuelle à la lumière n'existe pas.
Enfin la pupille droite est le siège de mouvements alternatifs
de dilatationet de resserrement durant chacun quinze secondes ;
ces mouvements sont indépendants des excitations de la lumière
et de l'accommodation. 11 s'agit bien ici d'un J21ppuspatholocique.
L'accommodation de l'oeil malade est affaibli. Au point de vue
de la pathogénie de cet hippus pathologique, l'auteur pense que
la paralysie nucléaire de l'auto-moteur a d'abord été complète
au début, mais que les lésions sans doute légères des deux noyaux
antérieurs de l'iris et de l'accommodation ont peu à peu régressé,
au point de permettre quelques mouvements pupillaires.
On pourrait assimiler cet hippus pathologique, commele pense
lleddaens, aux oscillations nY5tagniformes qui se produisent dans
les paralysies en voie de guérison, lorsque la contractilité n'est
pas encore complète. 0 G. Carrier.
Asiles n'ALiÉNÉs. C'est avec plaisir que nous apprenons que,
parat'rûLc de M. le ministre de l'Intérieur, M. le docteur Bou-
hila a été nommé médecin en chef honoraire des asiles publics
d'aliénés. Toutes nos félicitations. (Petit Provençal, 27 mars
1906.) .
Archives, 2" série, 1906, t. XXI. 22
SOCIETES SAVANTES
SOCIÉTÉ D'UYPNULUUIH ET DE PSYCHOLOGIE
Séance du mardi 20 mars 1906.
Présidence de M. Jules Voisin.
Troubles fonctionnels causés par un kyste hydatique de l'estomac
intervention de la suggestion hypnotique.
M. PAMAIT. Une hystérique présente une intolérance ali-
mentaire presque absolue ; un quart d'heure après chaque re-
pas, un hoquet violent provoque l'expulsion de la presque tota-
lité du contenu stomacal. Ce vomissement résiste à toutes les
médications. Par l'hypnotisme, je suis parvenu à le suspendre,
d'abord pendant 24 heures, puis pendant 48 heures ; encore fal-
lait-il, dans ce dernier cas, que la malade s'endormit quelques
instants au bout des premières 24 heures. Contrairement à ce
qui arrive pour les vomissements hystériques, je n'ai pu suppri-
mer complètement ce vomissement, lequel a nécessité mon inter-
vention pendant 22 mois. Au bout de ce temps, cette malade
vomit un jour un Ilot d'hydatides accompagnées de fragments de
membrane-mère. A partir de ce jour, les vomissements cessent
spontanément; il est intéressant de noter l'influence de l'hypno-
tisme dans une affection cura nxateria ; on comprend que cette
lésion ait été l'obstacle à la guérison définitive du vomissement
par la simple suggestion.
;\1. Paul FAREZ. - Qu'il y ait simple trouble fonctionnel ou
lésion organique, la sollicitation nauséeuse devient le vomisse-
ment habituel, périodique ou incoercible, lorsque le sujet se
laisse monoïdéiser par la sensation présente; il réalise alors,
conformément aux lois du vertige mental, ce qui lui est repré-
senté fortement, en l'absence de tout état de conscience réduc-
teur. La suggestion hypnotique est le traitement do choix de
ces sortes de vomissements, de même que des vomissements
hystériques, naupatliiclues, gravidiques, etc. ; en effet, elle déve-
loppe le contrôle et la maîtrise de soi. elle éduque la volonté,
elle crée ou exalte le pouvoir d'arrêt ; ainsi, elle inhibe le réflexe
du vomissement, tont comme, en orthopédie mentale et morale,
elle réfrène les mauvaises habitudes, les désirs impérieux, les
impulsions automatiques.
Psychologie de la voix.
M. 1)ChfONCHY. - La voix comporte à la fois un appareil de
sociétés savantes. 339
.phonation, de résonance et de vocalisation. Elle exprime diffé-
remment les émotions, suivant qu'elle est parlée, chantée, criée
ou chuchotée. La voix chaude est captivante, entraînante, 1)1'0-
ductive d'émotion; la voix froide est plate, productive d'ennui.
Cotte distinction des voix chaudes et des voix froides est fondée
non seulement au point de vue psychologique, mais aussi au
point de vue thcrmométrique. Des expériences de calorimétrie
respiratoire donnent les résultais suivants : l'air expiré avec la
bouche largement ouverte donne 29° et, avec la bouche presque
fermée, 210 ; long donne 2,o, < : bref 24° ; la voix de poitrine,28°,
la voix de tète 25°. Pour transformer les voix froides en voix
chaudes, il faut émettre le son avec la bouche largement ouverte;
une voix chaude ou froide, au point de vue thermométrique, sera
parallèlement chaude ou froide, au point de vue psychologique.
La philosophie de Tarde.
M. Lionel Dauriac expose les grandes lignes de la philosophie
de Tarde. En particulier, par ses lois de l'imitation, par son inter-
psychologie, et son intrapsychologie, Tarde,quoique adversaire du
darwinisme, a pu paraître sauvegarder les lois de l'évolution ; en
outre, il a précisé et justifié les idées d'Auguste Comte, touchant
les rapports de la psychologie et de la sociologie.
Deux cas de neurasthénie grave guéris par la suggestion
hypnotique.
M. Damoglou (du Caire). - Ces guérisons intéressent, l'une,
un journaliste surmené, tabagique, devenu incapahle d'écrire
une seule ligne ; l'autre, un employé d'administration qui avait
été mis à la retraite d'office pour cause de « neurasthénie incu-
rable ».
Valeur propre du sommeil provoqué en psychothérapie.
M. Bérillon. La valeur propre du sommeil provoqué est à.
la fois trop négligée et trop méconnue en psychothérapie. Dans
bien des cas la production de l'hypnose, en dehors de toute sug-
gestion, peut suffire à ramener le calme, à équilibrer l'état
mental.
Un vieil adage enseigne que « la nuit porte conseil » ; en réa-
lité, ce n'est pas la nuit qui rend ce service : ce sont, certains
états intermédiaires entre la veille et le sommeil profond. Quand
nous sommes déjà plongés dans un état passif assez accentué,
nous acquérons le pouvoir de monoïdéiser, c'est-à-dire de con-
centrer notre attention avec plus de force sur telle ou telle idée
déterminée. Il en résulte que nous y pensons avec, plus de force.
\ou· utilisons à son maximum notre pouvoir de réflexion de
340 bibliographie.
sorte que nous arrivons à des notions plus exactes et plus préci-
ses que lorsque notre pensée est contrariée par les influences
extérieures qui viennent la distraire. A d'autres points de vue 1
la sédation qui résulte du sommeil provoqué constitue un état
favorable pour l'accomplissement des fonctions de la ie organi-
que. Ainsi, il m'arrive fréquemment de limiter le traitement
psychothérapique à des séances de sommeil provoqué. Ces séan-
ces constituent des sortes de haltes venant interrompre la dé-
pense exagérée de l'activité nerveuse. Malgré leur durée limitée,
elles permettent à l'énergie de s'accumuler. On peut les compa-
rer aux résistances qui,placées sur le trajet de courants électriques,
permettent d'en doser le débit et d'en limiter la dépense.
BIBLIOGRAPHIE
Revue des Thèses de Nancy, par Auany (Voir p. 230).
VIL Microbisme /a<t : )t<ct<(Mtn<0.t'i'tM/t;<;<tt)K, leur rôle dans la
pathogénie des neurasthénies, 11syc ! ¿onè')J'oses et maladies orpa-
niques du système nerveux, particulièrement celles dues à un
choc physique ou moral ; par le D1' Longpretz. (Nancy, janvier
2 ,l( ? )
A la Clinique de son maître Bernheim,i)l. Longpretz a cherché,
sous l'impulsion de celui-ci, à élucider l'étiologie et la pathogé-
nie des affections du système nerveux consécutives à un trauma-
tisme, ou à un choc moral, sans lésion traumatique proprement
dite. Il a été frappé par certains points spéciaux, état nerveux
particulier, longue durée de ces affections, marche progressive
dans certains cas, avec signes indéniahles d'une lésion maté-
rielle organique du système nerveux. Ce sont là des faits qu'un
simple ébranlement du système nerveux ne peut expliquer et
que l'auteur compare à l'ensemble des symptômes généraux,
rencontrés dans un organisme infecté ou intoxiqué. Dans l'im-
possibilité de trouver dans la plupart des cas la pénétration d'un
agent pathogène, ne faut-il pas chercher plus près et dans la cel-
lule même composant l'organisme, la cause de ces altérations.
C'est là une hypothèse récente rendue acceptable par l'examen
clinique et à laquelle un chapitre biologique apporte les don-
nées de la physiologie et de la pathologie moderne. Ces autoto-
xiinfecfions ne sont pas suffisantes, il faut aussi tenir un grand
compte de la prédisposition héréditaire ou acquise offerte par le
BIBLIOGRAPHIE. 341
système nerveux, et de l'extrême sensibilité de celui-ci à l'action
des agents toxiques. Cet ensemble de causes capables d'agir à un
moment donné (poisons cellulaires, toxines microbiennes) est
réuni sous le nom de « microbisme latent ». Cette thèse intéres-
sante et originale conclut en interprétant de nombreuses obser-
vations cliniques, et distingue quatre variétés de névroses dites
Iraumatiques : névroses ou psychonévroses dynamiques auto-
suggestives, sans lésion dues à la conservation d'impression dans
le cerveau des sujets ; névroses ou psychonév roses à évolution
organique revêtant un caractère toxiinfectieux et curable ; né-
vrosesou psychonévroses toaiinfectieuses à évolution organique
les unes à évolution progressive et incurable, les autres à évolu-
tion curable mais laissant une lésion organique, avec infirmité
incurable.
VU ! . - Pensées inconscientes et vision de la pensée, essai d'une
explication physiologique du processus de la pensée et de quel-
ques phénomènes « surnaturels » et psychopatiques. par le
prof. A. ADAMKIFWICZ, traduit de l'allemand par Mme la ha-
ronne Henri de ROTHSCHILD. (Paris, Jules Rousset. éditeur,
1 ! JO/j).
La pensée esl, suiv ant la conception dominante, un produit de
la conscience, et la conscience, une propriété exclusive et spé-
cilicluede l'âme humaine, ne fait pas partie des choses percepti-
Ides par les sens ; elle se soustrait dès lors à toute investigation ;
telle est la doctrine enseignée.
Il faudrait, par conséquent, que la conscience, en tant que pro-
priété spécifique de l'urne, et que la pensée, en tant que produit
delà conscience, fussent également situées en dehors des limi-
tes drs phénomènes que l'esprit humain peut saisir, analyser et
expliquer.
Si, cependant, on réussissait à résoudre par l'affirmative la
question de savoir, d'une part, si l'on peutpenser sans le secours
de la conscience et, d'autre pari, si l'on peut voir ce qu'on pense
(les pensées ! , on n'aurait pas seulement réfuté par là cette idée
régnante que la pensée, la conscience et l'àme sont choses im-
possibles à analyser, à approfondir, on aurait encore démontré
parla, d'une manière exacte, que le processus de la pensée est
un processus perceptible par les sens et que ses sources média-
tes ou immédiates, la conscience et l'âme, font partie du monde
sensible. C'est cette démonstration, que nous avons essayé de
fournir dans les pages qui suivent.
folle est la Préface placée en tête de la traduction que Mme
la baronne Il. de, Rothschild a eu la bonne idée de faire pour
les lecteurs français qui dédaignent trop la connaissance de l'at
lemanl.
3'42 BIBLIOGRAPHIE.
IX. Lorsque nous avons entrepris la Bibliothèque d'Edu-
cation spéciale, en 1889, nous 'avions le dessein de réunir
successivement, dans l'ordre chronologique, les travaux les plus
importants relatifs à l'idiotie, ou mieux, aux différentes formes
de l'idiotie, disséminés dans les Traités, les Dictionnaires, les
Journaux spéciaux.
Le premier volume : Recueil de mémoires, notes et observations
sur l'idiotie, contient la plupart des travaux de 1773 il 1836. lia a
été complété, pour cette période, par un second volume intitulé :
Rapports et mémoires sur le Sauvage de l'Lt ve1l1'on, l'idiotie et la
surdi-mutité, par ILard (1).
Le troisième volume, paru en 1895, intitulé : Rapport et
mémoires de Béguin sur l'éducation des enfants normaux et anor-
maux, comprenait son rapport sur l'éducation, à l'Exposition
internationale de Vienne, en 1877, où Séguin avait été délégué
par le gouvernement des Etats-Unis, et deux mémoires spéciaux :
Education psycho -physiologique d'une main idiote, éducation
pspcho-physiologique d'un ceil idiot. Ce volume est épuisé. En
attendant que nous puissions le faire réimprimer, nous faisons
prendre sa place Ivolume III.), par les Mémoires de Séguin, anté-
rieurs à son Traité de 1846 et à ce Traité lui-même (volume III
bis). En tête du Traité, dont la première édition (18li6) est épui-
sée depuis longtemps, et que nous avons réimprimé avec l'auto-
risation de Mme Séguin et du prof. Séguin, femme et fils de l'au-
teur, nous avons placé le portrait de Séguin, emprunté à la pla-
quette « In memory of Ellouanl Ségzcin », publiée à New- Y 01'1; : par
les soins de son fils et de ses amis, en 1880. Elle nous a servi, avec
nos notes personnelles, à faire un essai biographique, inséré dans
l'ancien volume lit et que nous reproduirons dans le volume X,
en le complétant et en le faisant suivre d'une appréciation de
l'oeuvre de Séguin que nous persistons à considérer comme un
des premiers éducateurs du XtX" siècle.
Outre les volumes dont, nous venons de parler, la Bibliothèque
d'Education spéciale comprend ou comprendra :
Volume IV : Assistance, traitement et éducation des enfant*
idiots et dégénérés, rapport fait par nous, au Congrès interna-
tional d'assistance publique de Lyon (1894), suivi de Considéra-
tions sommaires sur le traitement medico-pedagogique de l'idiotie.
Volume Z' : Manuel pratique des méthodes d'enseignement spé-
ciales aux enfants anormaux (sourds-muets, aveugles, idiots,
bègues, etc.) par les 1)w lianion du Fougeray et L. Couetom,
préface du Dr Bourneville. 1896. '
Volume Vf : Assistance et traitement des idiots, imbéciles,
- (1) Avec une appréciation de ces rapports \1[11' Delasianvc, l'éloge
oflard, par Beasctue6 et une préface par nous. 1894
asiles d'aliénés. 343
débiles, dégénérés, anormaux, crétins, épileptiques (adultes et
enfants), etc., par le nI' Pornain, avec préface du 1)'' Magnan, 1900.
Volume VU : Le dressage des dégénérés, ou orthophrén01JÙlic,
par le Dr H. Thulie, avec 35 figures dans le texte, 1900.
Volume \'ils : Nouvelle méthode pour l'enseignement de la lec-
ture à l'usage des enfants arriérés ou présentant dos troubles de
la parole, par Joseph Boyer. Edition illustrée de 150 ligures par
Jacquin fils.
Volume IX : Alphabet du dessin, méthode d'enseignement pour
les jeunes enfants, en particulier pour les enfants arriérés, par
Mme Paul Bru-Thiellay, avec 19 planches et 127 ligures, 1896.
Préface du Dr Bourneville.
Ensuite viendront : Volume X : Rapports et mémoires de
Séguin, de 1846 à sa mort (1880), y compris son rapport à l'Expo-
sition de Vienne et les mémoires sur l'éducation de la main et de
l'oeil qui formaient autrefois le volume 111. (En réimpression).
Volume XI ; Idiocy and its Treatment by the Physiological
Method, by E. Seguin (Traduction en course
- Volume XII : Mémoires et discours de Delasiauve (en prépara-
lion). Bourneville.
ASILES D'ALIENES
Concours d'adjuvatdes Asiles publicsd'aliénés
de 1906.
Le concours, commencé le 19 mars 1906, a fini le 31 mars 1906.
Le jury était ainsi composé : M. le Dr Drouineau, inspecteur
général des services administratifs, président.
Membres : MM. le Dr Joffroy, professeur à la faculté de mé-
decine de Paris ; le 1) \Iairet, professeur à la faculté de méde-
cine de Montpellier ; le Der Régis, professeur à la faculté de mé-
decine de Bordeaux ; le Dr Giraud, directeur médecin à l'asile de
Saint-Yon ; le \)1' Dubuisson, directeur médecin à l'asile de
Rracqueville (Haute-Garonne) ; le Dr Sizaret, médecin en chef
à l'asile de Saint-Méen. - Membre suppléant : le Dr An-
theaume, médecin de la Maison nationale de Charenton.
Questions choisies par le - ira Question écrite : Nerf' fa-
cial (Anatomie et physiologie). - Les questions restées dans
l'urne étaient : 1° Circulation sanguine du cerveau (anatomie et
physiologie) ; ` ? Les espaces sous-arachnoidiens cérébro-spinaux ;
Liquide céphato-rachidien (anatomie et physiologie).
344' asiles d'aliénés : -
2e Question écrite : Quelles sont, dans la loi du 00 juin 1838,
les dispositions prévues pour éviter les séquestrations arbitraires <
Questions restées dans l'urne : 1° De la correspondance de l'aliéné
placé dans un asile et de la responsabilité médicale ou adminis-
trative. Droits de l'aliéné, de la famille, du service médical et du
service administratif ; zou Aliénés non interdits. Administration
de leursbiens.
Questions orales. - lie Séance : 1" Insuffisance cortique (Symp-
tômes et diagnostic). Tétanos (Symptômes et diagnostic). Questions
restées dans l'urne : 1° Complication de la scarlatine. Luxation
de l'épaule ; 2° HéLenliond.l11'ine, Complications de la rougeole.
2" Séance : 1" Diagnostic delà tuberculose pulmonaire au dé-
but. Fistules anales (symptômes, diagnostic'et traitement). Ques-
tions restées dans l'urne : 1" Complications delà scarlatine, luxa-
tion de l'épaule ; 2° Varioloïde (causes, signes et marche de la
maladie) - Signes et diagnostic de la hernie étranglée.
z Séance : 10 Symptômes et diagnostic de la pleurésie franche
aiguë. Symptômes, diagnostic et traitement des fractures de côtes.
Questions restées dans l'urne : 1" Symptômes et diagnostic des
anévrismos de l'aorte, tumeur blanche du genou ; 2° Appen-
dicite (médecine et chirurgie).
4" Séance : I Diagnostic de l'anévrisme de la crosse de l'aorte.
Diagnostic' et traitement de la tumeur blanche du genou. Questions
restées dans l'urne : 1" Appendicites (médecine et chirurgie) ; 2°
symptômes, diagnostic et terminaison delaphelgmatiaalbadolens,
Diagnostic et traitement des hernies étranglées.
Nombre de places mises au concours 10. - Candidats reçus, 10,
dont les noms suivent par ordre de classement : 1°M. Vurpas (de
Sainte-Anne) ; 2° M.Dromard(du Dépôt) ; 3° M. Ducos (de Château-
Piconl ; 4" M. Charpentier(de Sainte-Anne) ; o ,\1. llalhcl'schladl
(de Villejuil) ; 6" M. Levassort, (du Dépôt) ; 7" jM. Renon Ide
Ville-Evrard) ; 8° M. Daday (de l'asile privé de Privas) ; 9° M. Da-
maye (de Villejuif) ; 10° M. Viollet (de Sainte-Anne). 24
candidats s'étaient fait inscrire.- 18 seulement ont pris pari aux
épreuves.
Sixième asile de la SEINE.
Un arrêté préfectoral du 13 février dit qu'il seraprocédé il r'a-
ris à une enquête administrative sur l'avant-projet d'acquisition
de terrains sis sur les communes de nondv et des Pavillons-sous-
Bois, en vue de la création iln sixième asile d'aliénés, et nomme
une commission qui sera présidée par M. Defrance, directeur des
affaires départementales. Les asiles existants sont : l'asile Clini-
que (Saint-Anne), les asiles de Maison-Blanche, Vaucluse, Ville-
lvrarcl, Villejuif, llJiss['II( ? udmini-drés par le département ('l
asiles d'aliénés. 345
les asiles lie llicêtl'e et de la Salpêtrière administrés par l'Assis-
t ance publique.
Asiles d'aliénés
Mouvement d'avril. - M. le Dr Thivet, médecin en chef il
r.lel'l1lOnt (Oise), nommé à la 1 rc classe du cadre. - 11. le D"
1)ANEAN, médecin-adjoint a Lafond (Charente-Inférieure), nommé
médecin-adjoint à l'asile de Montdevergnes (Vaucluse) en rem-
placement du Dr Caprin, nommé à l'asile de Dijon. - M. le 1)''
OHHARUEL, médecin en chef à l'asile de Maréville, promu à la 2e
classe du cadre.
En conformité du décret du 14 août 1905 : Les traitements des
médecins-adjoints dont les noms suivent ont été par voie de
régularisation élevés : Iode 3.000 fr. à 3.500 : : \1 : \1. VERNET
(Moulins) ; GiNs]3AI. (Prémontré) ; ADIELINE (Dun-sur-Auron) ;
Gapgras (Dun-sur-Al'oit) ; Mercier (Pierrefeu) ; Masselon,
jCtermont-Uise) ? 2° de 5.500 fr. à 3.000 fr. : MM. Léetr;E (Bron) ;
Tissot (Dury).
A la suite du concours du mois de mars 1906, ont été nommés
médecins-adjoints : MM. VuRPAs;(chef de clinique à Sainte-Anne) :
Dromard (nommé médecin-adjoint àlai,seille) ; Ducos (nommé
médecin-adjoint à Lafond) : Charpentier (nommé médecin-
adjoint à SainL-Gemmes-sur-Loire); IIalberchtadt (nommé mé-
decin-adjoint à Saint-Dixier) ; LEVASSORT (nommé médecin-ad-
joint à 13ailleul) ; BERNOU (mis en disponibilité sur sa demande) :
I)ADAY (médecin-adjoint à Privas); 1laRNAY (médecin-adjoint à
iiassens) ; \'lOLLET (encore non placé).
Un asile de fous au CAIRE en 1839.
« ? Une cour de quarante pieds carrés, cm il'onnée de murailles
prodigieuses de hauteur, qui laissent à peine entrer le jour; dans
l'angle, une petite porte de trois pieds de haut, barricadée de
chaînes à travers lesquelles on passe avec peine. Chaque côté des
murs, sont percées de petites niches de quatre pieds carrés, gar-
nies d'énormes grilles de fer, et là dedans, sans vêtements, assis
sur la pierre, sans autre paillasse que leurs ordures et une épaisse
couche de poussière, sont les malheureux privés de leur raison,
une double et lourde chaîne au cou, dont les extrémités viennent
s'attacher : \ de gros anneaux extérieurs, et dont le frottement t
perpétuel sur la pierre l'a détruite et creusée à plus de deux
pieds ? n Illorace VERNET in Nouveaux Lundis de Wainte-I3euve,
l. \', p. 93).
VARIA
Prix DE l'Académie DE médecine.
L'Académiede médecine a tenu sa séance publique annuelle,
le mardi 12 décembre 1\JOj, sous la' présidence de M. Léon Co-
lin. Des prix décernés nous relevons les suivants relatifs à des
travaux de pathologie mentale et nerveuse . ..
Prit : Alvanettqa de Piauhy « Brésil » 800 francs.- Une men-
tion très honorable est accordée à M. le D A. Gaussel, de Mont-
pellier. Contribution à l'étude pathogénique de la paraplégie du
mal de Pott.
Prix Civrietcx. 800 francs. Question : Des délires chez
les épileptiques. Deux mémoires ont été présentés. Le prix est
décerné à M. le Dr Gimbal, médecin-adjoint à l'asile de Prémon-
tré. Une mention très honorable est accordée à M. le 1) Jacque-
mart, de Paris.
Prix Clareus. - 400 francs. - Quatorze mémoires ont été
présentés. L'Académie accorde une mention très honorable à MM.
les D'" Il. 'l'riboulet, Félix llathieu, de Paris, et ]loger Mignot, de
Ville-Evrard. Traité de l'alcoolisme.
Prix Desporl.es. 1.300 francs. Dix-sept mémoires ont été
présentés. L'Académie accorde une mention honorable à M. le
Dr Toulouse, médecin en chef de l'asile de Villejuif : Ensemble
des mémoires concernant la thérapeutique générale et le traite-
ment de l'épilepsie.
Prix Thrfodore IIerpin (de Genève). 3.000 francs.- IIuit mé-
moires ont été présentés. Le prix est décerné à M. le Dr 0. Crou-
zon, de Paris : Des scléroses combinées de la moelle. Des men-
tions honorables sont accordées à : 1° MM. les Dl'. Jean Camus,
et P. Plagniez, de Paris. Isolement et psychothérapie. Traite-
ment de l'hystérie et de la neurasthénie. Pratique de la réédu-
cation ; 2° M. le D Maxime Laignel-Lavastine, de Paris. Re-
cherches sur le plexus solaire ; 3° le Dr Millian. de Paris : Le li-
quide céphalo-rachidien.
Prix Lefèvre. - - 1.800 francs. Question : De la mélancolie.
Trois manuscrits ont été présentes. Le prix est décerné à M. le
D1' A. Masselon, médecin-adjoint à l'asile de Clermont(Oise).
Prix Henri l.o1't]uet.- 300 francs. - Sept mémoires ont été pré-
sentes. Le prix est décerné à M. Emile Lauvriere, professeur agrégé
au lycée Charlemagne, Paris : Edgar Poe, sa vie et sun oeu-
vre, étude de psychologie pathologique. L'Académie accorde en
outre des mentions honorables à : 1° M. le Dr nager Dupouy. de
varia. 347
Paris, ancien interne des asiles de la Seine. Les psychoses puer-
pérales et le processus d'auto-intoxication ; 2° à M. le Dr Wahl,
médecin-adjoint de l'asile d'Auxerre : assistance des enfants
anormaux.
Dans la même séance, l'Académie a fait connaître les prix pro-
posés pour les années 190G, 1907 et 1908.
Prix Baillarger . - ? 000 francs. - Ce prix sera décerné à
l'auteur du meilleur travail sur la thérapeutique des maladies
mentales et sur l'organisation des asiles publics et privés con-
sacrés aux aliénés.
Prix Charles BOlllta1'd, 1.200 francs. Ce prix sera décer-
né au médecin qui aura fait le meilleur ouvrage ou obtenu les
meilleurs résultats de guérison sur les maladies mentales en en
arrêtant, ou en en atténuant la marche terrible.
Prix CitJ1'ieu,c, -800 francs. Question de l'homicide en pa-
thologie mentale.
Prix Théodore lier pin (de Genève). 3.000 francs. - Ce prix
sera décerné à l'auteur du meilleur ouvrage sur l'épilepsie et les
maladies nerveuses. ,
Prix Gelièure. -1.S00 francs. - Question : De la mélancolie.
Prix Henri Lorqucl. 300 francs. Ce prix sera décerné il
à l'auteur du meilleur travail sur les maladies mentales.
Nota. Les concours de l'Académie sont clos, tous les ans, fin
février. Les ouvrages adressés pour ces concours devront être
écrits lisiblement,en français ou en latin ; ils seront accompa-
gnés d'un pli cacheté avec devise indiquant les noms et adresses
des auteurs. Les prix seuls donnent droit au titre de lauréat de
l'Académie de médecine ; les encouragements, récompenses et
mentions honorables n'y donnent pas droit. Le même ouvrage,
ne pourra pas être présenté la même année à deux concours de
l'Académie de médecine.
Hommage au 1)1' Magnan.
Le D,MAGNAN. médecin de l'Asile Clinique (Sainte-Anne),
membre de l'Académie de Médecine, consacré plus de quarante
années à l'étude des maladies mentales el, à l'amélioration
du sort des aliénés. Ses amis, ses collègues et ses élèves ont l'in-
tention de lui offrir une médaille à l'occasion de son jubilé. Ils
ont constitué un Comité de Patronage qui fait appel à tous ceux
qui sont attachés au Docteur Magnan par les liens de l'amitié, de
l'estime ou de la reconnaissance. L'exécution de la médaille est
confiée iL M. le docteur Paul nicher, professeur à l'Ecole des
Beaux-Arts. Le chiffre' de la cotisation n'est pas limité. Toute
souscription de 25 francs donne droit à une médaille en bronze
qui sera expédiée avant la fin de l'année 1906. La souscription
est ouverte jusqu'au 15 juin 1906. Les cotisations sont reçues
348 varia.
par M. Pierre Masson, éditeur, 120, boulevard Saint-Germain, à
Paris. Les Secrétaires du Comité : Docteurs S. Lwoff et P.
Sérieux, médecins des Asiles d'aliénés de la Seine, Neuilly-sur-
Marne (Seine-et-Oise).
Comité national français POUR l'étude ET la protection
DE l'enfance anormale.
Le Comité, dans son assemblée générale du 5 avril, a procédé à
l'élection de son conseil d'administration et ce conseil est com-
posé de : )D1. BAGUER, directeur de l'institut départemental de
sourds-muets d'Asnière; le Dr BÀuMEI., professeur à la faculté de
médecine de 111ontpellier; le D1' IZEAUVISAGE, professeur à la fa-
culté de médecine de Lyon, adjoint au maire ; \Ille BESNARD,
économe au Lycée Edgar-Quinet à Lyon ; 1)1,)I. CHAII.LET, insti-
tuteur à Lyon ; le Dr COURJON, directeur général de l'établisse-
ment médical de Meyzieu ; COUI2JON (A.), externe des hôpitaux de
Lyon ; le Dr DEVAY, médecin en chef de Saint-Jean-de-Dieu, Lyon ;
])'UPO-4'T, professeur à l'institution nationale des sourds-muets de
Paris; Mlle DE FASSION, directrice d'école municipale à Lyon ;
MM. GRANDVILLIEnS, directeur de l'enseignement à l'établisse-
ment médico-pédagogique deMeyxicu; Goujon, entrepreneur à
Lyon ; IIUGENItOBLER, directeur de l'institution des sourds-muets
de Villeurbanne; le Dr L,\RRIVI, médecin-directeur de la maison
de santé de lleyzieu ; le Dr LEGRAIN, médecin en chef des asiles
de la Seine, membre du Conseil supérieur de l'assistance publi-
que ; l\10RT,\MRT, architecte à Lyon' ; PAUFIQUE, membre de la
Chambre de Commerce de Lyon ; Mme Roche, directrice d'école
maternelle à Lyon. M. le Dr Bourneville a été acclamé membre
d'honneur ; Mme Lucie F";LIX-FAUlŒ (rOYAU eSt nommée prési-
dente d'honneur.
Le Conseil d'administration s'est réuni le jeudi 12 avril, à 3 je.
après-midi, au Palais des Arts. Ordre du jour : 1° Election du
bureau; 2° Elaboration d'un programme d'action.
Enfants anormaux. Aveugles ET sourds-muets.
Paris, le 31 janvier 1906.
Le .Ministre de l'Intérieur il Messieurs les Préfets.
La situation des enfants anormaux préoccupe très vivementles
pouvoirs publics,et mon administration, dont dépendent tous les
établissements réservés aux aveugles et aux sourds-muets, qui
ont, d'ailleurs, un caractère primordial d'assistance, tient à as-
surer à ces déshérités, en dehors de l'enseignement primaire, les
moyens d'apprendre un métier, indispensable il leur existence.
Cet enseignement professionnel spécial qui, pour les sourds-
muets, notamment, doit être dirigé vers les professions manuel-
. FAITS DIVERS. 349
les et de préférence vers celles de l'agriculture et de l'horticul-
ture, ne peut être donné que dans des internats ; il est donc très
important, pour me permettre de répondre aux voeux formulés
par le Parlement au sujet de ces deux catégories d'anormaux,
que je connaisse, exactement le nombre des places disponibles
dans chacun des établissements de sourds-muets et d'aveugles
existant dans votre département.
,le vous prie, en conséquence, de me fournir des renseigne-
ments très précis à ce sujet en les complétant par des indications
sur l'organisation de l'établissement existant et sur les garanties
qu'il offre pour l'éducation, l'enseignement primaire et profes-
sionnel de ces infirmes, en même temps que sur l'assistance
qu'il leur donne dans le but de leur procurer des emplois et de
lesmettreà même de suffire à leurs besoins : ces renseignements
seront complétés par le prix de pension intégral payé pour cha-
que hospitalisé, et par l'indication des sacrifices que s'imposent
les départements, les communes et les oeuvres de bienfaisance
en faveur de ces jeunes aveugles et de ces jeunes sourds-muets.
Lors de la discussion du budget du Ministère del'Intérieur à la
Chambre des Députés, la création d'établissements régionaux
pour les sourds-muets et les aveuglesayant été soulevée, je vous
invite à me faire savoirs ! , parmi les établissements spéciaux dont
il s'agit existant dans voire département, il vous paraîtrait possi-
lile d'opérer la transformation en institution régionale de l'un
d'eux dans de bonnes conditions et sans trop de dépenses.
Il est bien entendu que les premières créations d'établisse-
ments régionaux devraient avoir lieu dans les parties de la France
éloignées du centre du recrutement « des Institutions Nationales
« de Paris. Bordeaux, etChambéry, qui disposent actuellement
« d'un certain nombre de places vacantes. » Vous voudrez bien
faire connaître cette situation particulière au Conseil Général de
votre département.
Le Ministre de l'Intérieur. Pour le Ministre : Le Directeur de
l'Assistance et de l'Hygiène Publique, Mirman.
FAITS DIVERS
Nouveau JOURNAL. - L'Education moderne : Hygiène scolaire,
éducation physique, biologie et pédagogie, enfants anormaux.
Directeurs : Dr Jean PHIL1PPE et D" Paul BoNcoup. Programme
de la revue par les 'directeurs. Hygiène du livre iL l'école, par
A, Marie. Les enfants menteurs, par Pierreson. Education
plivbique au Japon, par J. Tillier. - Le ? illettrés dans l'armée,
350 faits divers.
par G. l'aul-Cuncour. Editeur, Paulin, 21, rue llauteléuiile. Prix
de l'abonnement : Paris et départements, 10 si ? Etrangers :
12 l'r. Prix du numéro 1 fr. Nous félicitons les fondateurs de
ce journal de leur heureuse idée et faisons les voeux les plus sin-
cères pour leur succès.
Les DÉSESPÉRÉS. - Le sieur Alfred Bollard, 49 ans, employé
(le chemin de fer, à 8t-.Iacques de Lisieux, a été trouvé pendu
dans sa cave. Boulanl s'adonnait et, la boisson et avait manifesté
plusieurs fois l'intention de se suicider. 11 était père de 5 enfants.
- On a trouvé, pendu dans sa chambre, le sieur Jean Jamet, 50
ans, tailleur de pierres à Vire. On croit que IaiiieL, qui s'enivrait
souvent, s'est suicidé dans un accès d'alcoolisme. (Le Bonhomme
Normand, 26janv\, 1 cr février 190G.)
Ecole DE psychologie, 49, rue Saint-André-des-Arts (au siège
de l'Institut psycho-physiolo;iquel, -Cours de psychologie ap-
pliquéeet de psychothérapie. )).leD Périllon, professeur à
l'Ecole de physiologie, commencera ce cours le mardi 8 mai, à
cinq heures (Salle des Conférences de l'Ecole, 49. rue Saint-An-
dré-des-Arls) et le continuera les mardis et jeudis, à cinq heures.
Sujet du cours : Application de l'hypnotisme à la psychologie, à
la thérapeutique, à la pédagogie des enfants vicieux ou anor-
maux. La leçon d'ouverture aura lieu sous la présidence de
M. le DrIluchard, membre de l'Académie de médecine.
Suicides d'adolescents. - Un élève de l'Ecole des Arts-et-
Métiers, Léon M ? âgé de dix-sept ans, s'est suicidé au domicile
de ses parents, 13, rue de Chabrol, en absorbantdu cyanure de
potassium. A aucun moment l'infortuné jeune homme n'avait
manifesté l'intention de mettre fin à ses jours et ses parents ne
savent à quelle cause attribuer sa funeste détermination.(L'.lu-
rore, 23 avril 1900.)
Une TRISTE HÉRÉDIT1¡. - Un mari et sa femme, issus d'une la-
mille de criminels et de fous, sont condamnés à mort, puis graciés.
Saint-Gall, 1° av i il. Par dépêche de notre correspondant par-
ticulier.) - Le Journal a rendu compte en son temps, de la dou-
hie condamnation à mort du ménage Schubinger, dans le can-
ton de Saint-Gall, à la suite debrigandage et d'assassinat. Le grand
conseil saint-gallois avait commué la peine de mort en celle de
la détention perpétuelle, alléguant l'hérédité. On ne se doutait
guère des conditions spécialement anormales et des lares affreu-
ses qui sont à la charge de cette famille.
Le père de la femme Schuhinger était fou par intermittence et
avait des accès de fureur ; sa grand'mère était anormale ; une
sieur de celle dernière mourut dans une maison d'aliénés ; une
autre se jeta à l'eau ; une troisième se frappa volontairement d'un
13L9LLC'l'1N BIBLIOGRAPHIQUE. a3JL
coup de hache sur la tète; une fillette de cette. dernière fui, des
années durant, atteinte de mélancolie très prononcée ; un fils
s'est tué avec Son fusil d'ordonnance ; une autre fille se jeta à
l'eau.
La série n'est pas finie. Deux tantes de la i'emme Schuhinger
étaient atteintes d'hypocliondrie : l'une des deux s'est coupé la
main gaucho d'un coup de cognée. Un frère de la condamnée se
trouve en ce moment au pénitencier pour crime d'incendie.
Il serait assurément difficile de réunir,dans une même famille,
un tel amoncellement de lares ! [Le Journal, 2 avril 1906).
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
En vente aux Bureaux du « Progrès Médical »
14, rue des Carmes.
l3oowcvtt.r.>;. - 7Ya;'t6) ! fme : CO-pe'<g'Og ? ieM ? Of ! e.S les
plus graves. In-16 de 32 pages avec 22 fi·.1'ria : 1 franc. Pour nos
abonnés. Prix : 0 fr. 73.
l3ounNt : vtt.t,F. - Les enfants anormaux au point de vue intellec-
tuel et moral. In-l(3 de 24 pages. Prix : Pour nos abonnés (franco) :
0 fr. 50.
Bourneville. Rapports présentés à la Commission de surveil-
lance des asiles d'aliénés de la Seine en 1904 : Admission dans les
quartiers d'aliénés de Bicètre et de la Salpètrière des malades re-
connus aliénés dans les hôpitaux de l'assistance publique ;
Rapport à l'occasion du XIII" Congrès des médecins aliénistes de
franco ; Visite de la section des enfants de l31cèLre et. de la Fon-
dation Vallée ; Rapport sur les budgets de l'asile de Villejuif ;
Hnpport. au sujet do la réforme de l'Ecole départementale d'il/fil'-
miers et d'infirmières, documents, statistiques, sur les écoles muni-
cipales et discussions. Programmes. Règlements. Iu-1° de 150 pa-
tres avec de nombreux tableaux.
l'AimAS (B). Ballléatioli et hydrothérapie dans le traitement des
maladies nre·ztales.ItaltporL présenté au Congrès des médecins alié-
llisles et, neurologistes tenu à Rennes du 1" au 7 août 19c5. suivi de
la discussion complète. 1 vol. In-S° de 154 pages. Prix : Pour nos
abonnés (franco) : 1 fr. 50.
Sécuin (Edouard). Traitement moral, hygiène et éducation des
idiots et des autres enfants arriérés ou retardés dans leur dévelop-
pement, agités de mouvements involontaires, débiles muets, non
sourds, bègues, etc. Préface par Bourneville, I vol. In-8°de 533 pa-
ges avec un portrait de l'auteur. Prix 10 fr. Pour nos abonnes.
S francs.
AuAMKtEwicz (A.). Pensée inconsciente et vision de la pensée.
Traduit de l'allemand par la baronne Henri de Rothschild, 1 vol.
in-S" de 08 pages. Prix : -2 fr. Librairie Jules Housse ! , 1, rue Casi-
III Il'-Dl'l a \'1 "'ne ! ! tu'EL (A.). Traitement des chorées et des tics de l'en lance, l'n
vol. z1-8. de 104 pages. Thèse de Paris. Librairie Sleinheil, 2, rue
l.allInl'-1 lelangne,
352 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Br.r·tn : Tnt7n et En. Mliiciku. L'affaire Ardison. ] vol. In-8* due
123 pages. I.ibrairie G. SLeintteil, 1, rue Casimir-Delavigne,
Petit (E. P ? Para)ysies faciales récidivantes et paralysies fa-
ciales à bascule. 1 vol. in-8" de 120 pages. Thèse de Paris. Librai-
rie Jules Roussel. l, rue Casimir-Delavigne,
Zimmern (A.). Eléments d'éleclrolhérapie clinique. 1 vol. in-8" de
293 pages. Prix : 8 fr. Librairie Masson, 120, Bd Sainl-Gel'main,
BOl"GIITON (Th. M.). The increase in Llte number and size of Ute
medullaled fibers in lhe ocnlo-moleur nerve of lhe cal al différent
âges. ln-8" de 16 pages.
'F,\nHl7.I (gaz. el FOItll (V.), C : onlribnlo allô sLudio dellc defor-
m'la congenile familiari delle exh'emita. 1n-S° de 24 pages. Itoma.
FiiANKL-IIociivvART. Der meniCl.esche syniploinenkoniplex.
1 vol. in-8" de 102 pages. Holder il Wien.
HuoGARn (W. R.). A handbook of cliniatic lrealmenl. 1 vol.
in-S' de 530 pages. Macmillan il Londres.
Lakeville, CONN. - Biennal report ul' Connedieul school for
imbéciles. In-S" de 18 liages.
1li,DRm ? llonENO. Las lerminaciones ncrviosas en las ventosas
de algunos cefalohodos. In-8° de 1G hayc. Gaceta à Madrid.
Riva (G.). Annuario del nianicoinio provinciale di Ancona.
1 vol. in-8" de 126 pages. Marchelti à Anconn.
Marie (A.). La démence. 1 vol. in-18 de 500 pages avec fig.
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lig. Prix : 4 fr. Librairie 0. Doin, 8, place de l'Odéon.
AVIS A NOS ABONNES. - Nous leur 1'alJpe-
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cins des asiles, dont les deux journaux ont soutenu
régulièrement leurs intérêts professionnels et grâce
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rielles,ont été réalisées.
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1905 inclusivement, prise dans nos bureaux, est de
150 fr. ; la 2° série de 1896 à 1905 est de 100 Ir,
[Voir les annonces après le Sommaire.)
Le rédacteur-gérant : Bourneville.
Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères et'l'hiron.
Vol. XXI. Mai 1906 Nu 125
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENTALE
Folies traumatiques et accidents du travail ;
Par le D'A. MARIE, médecin en chef des Asiles (1).
Deux cas observés dans le service nous ont paru/cor-
respondre à des troubles mentaux développés à assez^n-
gue échéance (3 ou 4 années après le traumatisme crâ-
nien accidentel), et cependant assez étroitement liés à lui-
bien que d'une interprétation médico-légale délicate.
Chez ces deux malades les suites de l'accident et les ap-
préhensions d'amoindrissement définitif au point de vue
professionnel se traduisaient par une dépression psy-
chasthénique accompagnée de troubles somatiques tels
que ceux de la mélancolie atténuée, mais cependant très
réelle.
Le sentiment net de déséquilibre vaso -moteur et d'im-
potence psychique aboutissait à une véritable hypo-
chondrie morale avec phobie de la lutte pour l'existence
et terreur du lendemain et de la détresse finale lors de
la vieillesse imminente.
Il résultait un véritable shock à la fois physique et
moral de l'accident et des préoccupations inhérentes à
ses suites et aux difficultés de procès et litige pendants
relatifs aux dédommagements attendus. .
Uns, XII. - CH ? c. (C. médical, 6 oct. 990.) - A la suite
d'une fracture du crâne et du tiers antérieur de la branche gau-
che du maxillaire inférieur iL la date du 22 septembre 1901, le
sieur Ci) ? présenté de l'amnésie, des idées sombres, des pho-
(1) Voir n.12-1, page 305.
Archives, 2' série, 1906, l. XXI. 23
354 CLINIQUE MENTALE.
hies, des idées fixes et de persécution du dérobemcnt des jambes
de la taihlesse musculaire. 11 devient parfois violent sans rai-
son ; état physique très amoindri à la suite de neurasthénie trau-
malique.
C. quinzaine : Est atteint de dépression avec état neurasthéni-
que consistant on douleurs erratiques, apathie et indifférence,
préoccupations hypochondriaques, monoirléisme relatif à un
accident antérieur auquel il rapporte tout ce qu'il éprouve.
Affirme une lacune d'environ 2 mois contemporaine du trauma-
tisme et de ses suites chirurgicales (quand il en parle avec détail,
c'est par ouï-dire afliI"ITIc-t-il " ? ) L'accident a consisté dans la chute
du haut d'un échatl'awlagc écroulé en réparant une écluse de
canal; 3 mois à l'hôpital, cerclage de l'angle du maxillaire infé-
rieur. '
Céphalalgie, irritabilité nerveuse, insomnie, se croit épié pour
surprendre une simulation supposée.
A observer. (L'internement est survenu 4 ans après le trauma-
tisme accidentel.)
CES. Bill. - CHAP ? (C. imniédiat, 20 novembre 1905.)- Est
atteint de dépression avec apathie, incapacité de s'occuper et de
fixer son attention à un travail suivi, douleurs vagues erratiques,
insomnie, craquements à la nuque, plaques d'anesthésie sacrée.
HÉbfIDYSESTHÉSIE gauche, affaiblissement musculaire et tremble-
ments fibrillaires. - Pas de cauchemars ni de pituite, pas d'an-
técédents éthyliques, mais traumatisme datant du 13 novembre
1902. (certificat de 11. le ))1' Hicard) et anosmie persistante con-
sécutive à une fracture de la base du crùne (certificat du Dr
Castex).
Raptus impulsifs violents, colère subite, ne supporte pas les
siens ; rougeurs de la face par accès et dermographisme, réflexes
exagérés.
C. quinzaine : Dépression mélancolique avec préoccupations hy-
pochondriaques, céphalée neurasthénique et douleurs erratiques
variées (rougeurs et dermographisme), troubles vasomoteurs.
Préoccupations monotones relatives à un accident du travail à
dater duquel il n'aurait plus pu travailler comme avant. Ecoule
tous les craquements de sa machine et par cette introspection
maladive rattache tout aux suites d'un traumatisme réel dont il
est difficile d'établir le rapport effectif avec les troubles nerveux
et mentaux actuels;une partie semble toutefois s'y t'éfél'el', l'al1o-
mie en particulier. A observer.
Dans d'autres cas, une prédisposition préalable nette, voue
même un état psycliopatlii(lue antérieur à l'accident peut se
combiner à des accidents cérébraux traumatiqucsnon moins réels.
l'OLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 355
Ues. XIV. - Bous ? A. [Certificat médical, 13 juin 1903.) -
Hospitalisé dans le service depuis plus d'un mois, trouble actuel-
lement le repos des malades, dangereux pour lui-même et pour
les' autres, diriger sur Sainte-Anne. (Diagnostic hésitant entre
simulation et état délirant vrai.) Un procès en dommages et inté-
rêts est engagé.
slblll; : 1)'' SICARD.
;C. de situation, 20 juin 1904.) Affaiblissement des facultés
intellectuelles et de la mémoire, confusion mentale, consécutives à
un traumatisme accidentel datant de deux ans environ.
L'amnésie paraît persistante et définitive ; dilatation pupil-
laire el tremblement des muscles. (Le malade nie l'alcoo-
lisme.)
A maintenir, hors d'état de se diriger (idées de grandeur nais-
santes.)
Conclusions d'expertise : Intellectuellement, le malade Rous ?
a toujours été un débile, ainsi qu'en témoignent d'ailleurs son
allure et ses conceptions antérieures et leur caractère à la fois
enfantin et ambitieux. Ses intentions sont naïves et s'il n'a peut-
être pas, avant son accident, manifesté d'idées proprement par-
ler délirantes, il dul toujours donner la preuve d'une certaine
puérilité.
Actuellement, ses dires sont incohérents et niais. Un y relève
des idées incohérentes de grandeur à côté de quelques idées de
persécution.
L'amnésie que nous observons chez lui ne rentre dans aucun
cadre clinique. Son caractère d'intermittence lui donne un
cachet fantaisiste, paraissant lié à la simulation. Celle amnésie
ne ressemble pas a celle que l'on observe à la suite de troubles
épileptiques, de lésions circonscrites du cerveau, de la paralysie
générale, pas plus quia celle des névroses traumatiques. Il y a
lieu cependant de réserver le diagnostic au sujet des vertiges
épileptiques, bien que, depuis son entrée à l'Asile. Il.; n'ait pré-
senté aucun accidenl rappelant un trouble comitial.
Il convient d'observer encore que la dissimulation même der-
rièic laquelle il se retranche est niaise et indique la débilité de
son état mental. Le traumatisme, qui a pu donner un coup de
fouet à un état mental antérieur déjà déséquilibré, n'a joué qu'un
rôle occasionnel accessoire dans révolution du trouble intellec-
tuel dont est atteint [tous ? Ce malade exagère ses troubles
intellectuels en ce qui concerne ceux de la mémoire quant à
savoir s'il existe des présomptions graves, précises, concordantes,
permettant d'affirmer que l'accident du 22 décembre 1901 a con-
tribune à produire l'étal dans lequel se trouve Rous ? ; voici tout
ce que l'observation clinique nous permet d'affirmer.
356 CLINIQUE MENTALE.
Oas. XV. M. Tissot a présenté, le 28 décembre 1903
à la Société médico-psychologique l'observation d'une
malade qui, à la suite d'un traumatisme léger, fit de la
neurasthénie hypochondriaque. Cet état, loin de rétro-
céder, tourna à la chronicité et sept ans après il se com-
pliqua d'un délire de persécution. Y a-t-il lieu de consi-
dérer cette psychonévrose et cette folie systématique
comme des complications prochaines et éloignées de
l'accident ? A ce titre l'auteur du dommage semble-t-il
devoir être rendu responsable ? Certains arrêts repous-
sent cette interprétation :
Ex : // ne saurait être tenu compte de phénomènes pure-
ment subjectifs, conséquence de l'état mental de l'ouvrier,
la volonté de celui-ci de plus ou moins réagir étant sus-
éeptible d'aggraver les troubles dont il se plaint.
(Tribunal civil de Valenciennes, audience du 20 no-
vembre 1905.)
L'histoire clinique de la malade montre chez elle une
prédisposition aux troubles mentaux qui se révèlent pal'
quelques tares et dans diverses circonstances de sa vie.
Pour l'auteur précité, cette constitution psychique com-
mandait la nature des complications constatées bien plus
que le trauma lui-même ; il en faut tenir grand compte
dans l'appréciation des responsabilités, qui doivent de
ce chef être atténuées dans une large mesuresans toute-
fois être niées.
La prédisposition joue, en effet, ici un rôle considéra-
ble, tout comme pour les psychoses d'origine non trau-
matique. Et, bien que la folie traumatique ne soit pas
très rare, on doit reconnaître, avec Richardson, que l'en-
tourage est porté à exagérer l'influence du trauma com-
me cause de folie.
Néanmoins, des arrêts nombreux ont tranché la ques-
tion des responsabilités en faveur des accidentés « sans
vouloir tenir compte de la constitution antérieure du ma-
lade n, et alors même que des attestations médicales rap-
portaient à cet.te' constitution même l'étiologie morbide.
(Arrêts d'Orléans, 8 août 1900 : Nancy, 19 juillet 1901 ;
Saint-Quentin, 9 juillet 1903 ; et Paris).
Cette thèse générale peut s'appliquer aux hypothèses
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 357
spéciales de psychoses post-traumatiques qui nous occu-
pent.
Mais il y a plus, avons-nous dit, et de même qu'on ad-
met que les névroses traumatiques peuvent naître sans
hérédité, du fait même de certaines conditions particu-
lières du traumatisme (railway spine, etc.), de même on
pourrait admettre des accidents cérébraux traumatiques
réalisant des troubles mentaux analogues à ceux des dé-
générés, sorte de dégénérescence acquise individuelle-
ment en dehors de tares ancestrales particulières.
Il y a donc deux questions bien distinctes à poser : A.
Le blessé était-il ou non un taré ? B. La folie est-elle la
conséquence de son accident ou de sa tare ?
Encore l'absolu de cette seconde question devrait-il
être mitigé pratiquement par les atténuations possibles
delà résistance psychique, toujours particulièrement dé-
licate à poser ici, comme en matière de responsabilité
criminelle.
Les antécédents héréditaires, d'autre part, peuvent
exister très évidents et très lourds sans que pour cela ils
influent forcément sur l'état mental morbide dû à l'ac-
cident. Celui de nos malades qui reçut une lame péné-
nétrante dans l'occipital et devint hémiplégique et épi-
eptique par section de la capsule interne gauch a,était en
outre fils et petit fils d'aliénés, neveu d'alcoolique et al-
coolique lui-même.
La gravité et la netteté du traumatisme, accidentel peu-
vent rejeter néanmoins au second plan les éléments
morbides héréditaires et personnels, en même temps que ,
la nature des troubles moteurs et psychiques relèvent
manifestement d'une hémisection de la capsule par pé-
nétration de la lame ; tout au plus pourrait-on discuter
si l'hémiplégie et l'épilepsie post-traumatique aurait en-
traîné l'impulsivité post-comitiale et la démence in-
tercalaire précoce aussi rapidementsansprédispositions.
La démence moindre d'un tel hémiplégique, à crises
épileptiques graves et fréquentes bien que sans dégéné-
rescence. n'en auraitpas moins nécessité les mêmes me-
sures d'internement. ,
Observation \'1 111azill ? trente-quatre ans, célibataire
358 CLINIQUE MENTALE.
maréchal ferrant, interné pour paralysie générale, le 30 janvier
1901, (non-lieu de vagabondage). L'année d'avant, traumatisme
grave par tamponnement d'un train. Coup de pied de cheval à la
région pariétale droite, il y a plusieurs années. Cicatrices adhé-
rentes et dépression osseuse. Attaques épileptiformes à l'asile; par-
le de son accident durant la crise. Embarras de la parole, obtu-
sion intellectuelle.
Oscillations pupillaires et réflexes très exagérés. Mouvements
automatiques au lit la nuit (croit travailler à la forge, comme au
temps de son coup de pied de cheval). Parle seul avec un interlo-
cuteur imaginaire. Il se pourrait quele tamponnement fût déjà
dû à l'inconscience du paralytique au début.
1;'tatstationnaire en juillet 1902. Mort en janvier 1905, au cours
d'une attaque épileptiforme.
Observation XVII. - welter, CI ans, démolisseur reçoit une
charpente sur la tête. A l'hôpital présente de l'excitation mania-
que, turbulence nocturne, cris, divagation, incohérente. Halluci-
nations nocturnes. Amnésie totale de l'accident. Obtusion intel-
lectuelle persistante après cessation de l'excitation maniaque,
mais permettant la sortie réclamée par la famille.
C. de situation 6 mai 1901 : Est atteint d'obtusion intellectuelle
stigmates physiques de dégénérescence ; il se plaint toujours
d'impotence et de douleurs au niveau de la portion cervico-dor-
sale de la colonne vertébrale ; mais il est difficile de rattacher
nettement ce malaise à un accident sur lequel nous ne possédons
aucun renseignement (le malade nese souvient de rien de ce qui
se serait passé au moment du dit accident). S'il y a eu accident,
il est probable que le schok ressenti est la cause de l'obnubila-
tion et de l'agitation confuses observées à l'entrée à l'asile, mais
le malade était un débile congénital et sort de cette épreuve plus
débile encore ; il semble difficile qu'il puisse sortir et subvenir à
ses besoins seul.
Observation lVlll. - Ily a 27mois,a étéjeté au bas d'un esca-
lier de 37 marches, en faisant son service de nuit au chemin de
fer de ceinture. N'a pas perdu entièrement connaissance; avaitla
cheville brisée au pieddroit, et l'astragale fracturé. On adû en faire
l'ablation comme le montre la déformation du pied et comme le
confirment à la fois la radiographie et la nécropsie. Ne buvait pas.
Au moment de l'internement, il avait ? 0 ans de bons services
dans l'administration des cheminsdefer, et n'avait plus que quel-
ques mois àfaire pour obtenir sa retraite, reversible en partie
.sur sa veuve ; aurait eu un écoulement de sang et de liquide sé-
reux par l'oreille durant plusieurs jours à l'hôpital après son
accident. En dernier lieu, il urinait au lit, divaguait. Cauche-
mars. Voyait des voleurs la nuit.
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 359
C. lléclical. - 2(i mars 1904. Est atteint de paralysie générale.
Démence. Embarras considérable de laparole. Actes inconscients
Gâtisme. Incapacité absolue de se diriger. La maladie est attri-
buée à un traumatisme remontant à deux ans. (chemin de foi,).
Dr P. Garnier.
C Immédiat. 7 mars 190'i. Est atteint de paralysie géné-
rale, ne peut donner aucun renseignement. Gâtisme, Fracture
bi-malléolaire du côté droit ; avril 1904. Est atteint de paralysie
générale, inconscient par démence. Gâtisme et faiblesse muscu-
laire (contractions spasmodiques). Déformation du coup de pied
droit. Traumatisme ancien. A maintenir. Dr Marie.
Est décédé à l'asile de Villejuif, le 3 août 1904, par suite demé-
ningo-encéphalite ; cette affection était consécutive à un trauma-
tisme remontant à deux ans (si la chute accidentelle, cause de
ce traumatisme, n'a pas été la cause unique de la méningo-en-
céphalite, elle en a pu être une cause déterminante active, si l'on
en juge par les dégâts osseux constatés à l'autopsie et à la radio-
graphie du membre infirme, consécutivement au traumatisme).
La question du droit d'indemnité de la veuve était ici des plus
délicate à trancher.
« Où commencera la difficulté, dit encore Christian,
c'est dans les cas, et ce sont les plus fréquents, où, après
les symptômes immédiats plus ou moins graves, le blessé
paraîtra revenu et définitivement revenu à son état nor-
mal. Pourra-t-on affirmer que tout se bornera aux trou-
bles passagers de quelques jours ou de quelques heures,
que la guérison sera certaine et durable Bien téméraire
serait le médecin qui se montrerait affirmatif. Quelle que
soit l'apparente insignifiance des accidents du début,
l'expert devra toujours montrer la plus grande réserve
pour l'avenir ; c'est une règle dont il ne faut jamais se
départir. Cette réserve et cette prudence sont plus que
jamais de mise avec la législation nouvelle votée depuis
que ces lignes furent écrites, en ce qui concerne les ac-
cidents du travail.
La loi du 9 avril 1898 ne vise, en principe, que les éta-
blissements industriels, mais, comme l'a fait remarquer
Lucas-Championnière, le public s'est chargé d'opérer
l'extension de fait.
« Nous voyons tous les jours, dit-il (Leçons cliniques
de l'IIôtel-Dieu, 1903), des gens, domestiques ou em-
360 CLINIQUE- MENTALE.
ployés, qui se croient des droits acquis par la loi et qui
consultent pour demander des indemnités.
« Comme, cependant, la loi nouvelle ne fait rien pour
eux, ils sont tout disposés à recourir à la justice pour
faire des réclamations de droit commun qu'ils n'auraient
jamais fait autrefois. Certainement, ces réclamations se
multiplieront à cause de l'exemple donné par la loi sur
les accidents,, et il sera difficile aux tribunaux de les
rejeter. Il s'ensuit que les questions relatives à la gravité
des accidents, à leurs relations avec le traumatisme ou
plutôt avec le travail, et leur pronostic, forment désor-
mais un groupe de questions capitales pour l'exercice de
la médecine. -
« L'appréciation des dommages éprouvés est déjà
difficile, mais la difficulté se complique étrangement de
l'état psychologique des intéressés. Cet état psychologi-
que mériterait d'être étudié par un spécialiste. »
Sur le terrain des troubles cérébraux ou mentaux as-
sociés au traumatisme, la simulation ou du moins l'exa-
gération voulue de certains signes n'est pas, en principe,
impossible, bien que rare ; cela s'explique par la rareté
des cas où une demi-conscience du malade pourrait
lui permettre d'exagérer certains troubles nerveux ou
cérébraux réels, et par difficulté de simulation au cas où
aucun phénomène psychopathique n'existerait.
Si le malade seul peut difficilement user de ruse, la fa-
mille complice peut parfois tramer, avec ou sans lui, un
complot vis-à-vis duquel l'expert doit être en garde.
Dans une observation de Dubuisson, entourée d'ailleurs
d'obscurités, un ouvrier blessé à la tête par une voiture
aurait éprouvé ensuite certains troubles des facultés.
Une demande d'indemnité ayant été mal accueillie, cet
ouvrier fut placé volontairement dans un asile et retiré
au bout de quelques jours par sa famille, qui vint récla-
mer peu après un certificat d'aliénation mentale.
L'entrée à l'asile parut être un moyen d'obtenir une
pièce importante pour entamer un procès ; le certificat
,fut refusé.Le malade, d'ailleurs, pendant la courte période
d'observation, n'avait présenté aucun signe bien net de
la folie.
L'opportunité d'un spécialiste psychologue s'impose
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS' DU TRAVAIL. 3G1
donc en raison des questions de psychopathologie suscep-
tibles de se poser à l'occasion des traumatismes acciden-
tels. Si l'on en croit M. Lucas-Championnière, elle ne se-
rait pas de trop dans l'hypothèse de la simulation ordi-
naire et des névroses traumatiques hystériformes (/. c.).
A ce seul point de vue, sur le terrain psychologique et
surtout psycho pathologique, les quatre jours d'incapa-
cité de travail sur lesquels il s'agirait de se baser pour
apprécier le dommage présent et à venir, sont un délai
d'appréciation et d'observation bien succinct,même avec
la révisabilité de l'indemnité durant trois ans, pour ré-
soudre les difficultés morales et matérielles en face des-
quelles l'expert se trouve placé lorsque l'éventualité de
troubles psychiques est à prévoir (traumatisme du crâne
ou durachis, commotions cérébrales concomitantes,etc.)
Au moment des premiers soins, dans les quarante-huit
heures, la loi demande plusieurs réponses distinctes :
1° L'état de la victime ;
2° Les suites probables de l'accident ;
,3° La date à laquelle il sera possible d'en connaître le
résultat définitif; 1
« Le médecin auquel on pose des questions d'une sem-
blable précision, dit Lucas-Championnière, immédiate-
ment après le traumatisme même le plus simple, a d'a-
bordla pensée que toute réponse est impossible. »
Cependant il faut répondre. Le rôle d'un bon médecin
consistera à trouver pour réponse tout ce que sa science
lui permettra de constater et de prévoir sans toutefois
compromettre l'avenir, pour lui-même etpour son client,
en faisant la lésion plus bénigne ou plus grave qu'elle
n'est. b ZD
La première question : « Etat de la victime », dans le
cas particulier d'un traumatisme cranien accidentel, ne
se devra pas borner à- l'état physique ; il devra s'éten-
dre à l'état mental, en raison de ce fait que l'argument
principal de cause à efl'et entre la psychose éventuelle et
le traumatisme s'appuiera sur la constatation de symptô-
mes cérébraux, au moment même de l'accident et leur
persistance plus ou moins nette dans l'intervalle qui sé-
pare la chute ou le coup, de l'aliénation confirmée.
Il faut qu'il y ait eu quelque modification dans l'état
362 CLINIQUE MENTALE. \
mental du malade, ou tout au moins un sympôme phy-
sique, tel que céphalée, troubles moteurs ou sensitivo-
sensoriels. Il faut, en outre, qu'il n'existe pas d'autre
cause morbide préalable pouvant produire à elle seule
l'aliénation.De là,nécessité d'un examen physique double
touchant l'état local du point traumatisé et touchant
l'existence des stigmates physiques généraux et variés
de la dégénérescence héréditaire. L'examen psychologi-
que comportera de même ces deux points de vue, celui
des troubles mentaux spéciaux en rapport avec le shock
récent et celui se référant aux syndromes psychiques
divers préalables possibles et aux indices d'une tare hé-
réditaire latente qu'il importe de rechercher tant par
l'anamnèse personnelle que par celle des antécédents.
11 faut donc que le certificat présente deux parts bien
distinctes, celle de deux ordres de signes objectifs faci-
les à constater, puis celle également de deux ordres des
sensations accusées par le sujet dont l'intensité ou même
la réalité sont si difficiles à vérifier.
Sans compter les perturbations psychiques possibles
dont le malade peut être inconscient et qui exigent une
compétence psychiatrique de l'expert, il arrivera peut-
être que la minutie dans la description aidera le sujet à
passer de la catégorie non indemnisée dans la catégorie
des malades de plus de quatre jours, durée de temps né-
cessaire pour l'indemnité ; dans l'état actuel des choses,
M. Lucas-Championnière reconnaît qu'il n'est pas pos-
sible, sauf des tromperies absolument grossières, faciles
à découvrir, d'empêcher ici le subterfuge qui transforme
une lésion insignifiante en lésion àindemnité, c'est-à-dire
d'empêcher un sujet de se plaindre quatre jours durant.
La minutie des termes techniques aura l'inconvénient
d'être peu déchiffrable par les personnes non médicales
chargées de l'enquête. Mais cet inconvénient môme
n'est pas à éviter, ici moins qu'ailleurs. Il fera bientôt
sentir l'inconséquence qu'il y a à charger de l'enquête
des personnes étrangères à la médecine. Il montrera la
ncessité de commissionner des médecins qualifiés et des
psychiatres dans l'espèce. [V. docteur Wagner : K Pre-
mière pratique médicale de la loi sur les accidents du
travail» (Thèse de Paris, 1901).]
FOLIES TRAUMATIQUES ET ACCIDENTS DU TRAVAIL. 363
Il importe ensuite de déterminer les suites probables
do l'accident, suites immédiates et autres, et la date il
laquelle il sera possible de connaître le résultat définitif
de la blessure. Au point de vue des suites, il faut distin-
guer ici des incapacités physiques et mentales (mutilés
cérébraux). Pour chacune d'elles, il 3· a lieu de bien exa-
miner et analyser les points suivants, au double point de
vue physique et psychique :
1° L'infirmité dépend-elle de l'accident invoqué ?
2° Peut-elle résulter d'une cause antérieure à l'acci-
dent ?
3° Quelle est la marche de la blessure au point de vue
de l'avenir des fonctions ? (A quelle époque le traitement
a-t-il cessé ; à quelle époque s'est produit ce qu'on ap-
pelle improprement consolidation de la blessure ? )
4° Le blessé qui a repris du travail depuis l'accident a-
t-il néanmoins subi une perte importante et appréciable
de sa valeur.
5° Quelles sont les conséquences de la blessure au point
de vue organique et psychique ? P
La folie par traumatisme accidentel peut réaliser les
trois sortes d'incapités prévues par la loi, soit dans des
cas divers, soit dans un même cas où ces incapacités
peuvent se succéder :
1° Il peut y avoir incapacité temporaire par troubles
mentaux passagers immédiatement consécutifs à l'acci-
dent, troubles susceptibles de guérir ;
2° Après sortie de l'asile, il peut y avoir incapacité
partielle du convalescent, diminué dans sa capacité men-
tale et inapte à reprendre les occupations antérieures
sans pour cela être incapable de reprendre un travail cé-
rébral moins complexe.
Enfin, en dehors de la mort, il peut y avoir incapacité
permanente et absolue, soit immédiate, par psychose ou
démence incurable aussitôt après l'accident,ou médiate,
par psychose ou démence tardive, après une apparente
guérison et des accidents précoces suivis de reprise du
travail avec ou sans incapacité partielle intermédiaire.
Nous savons que les troubles psychiques tardifs sont
particulièrement graves et incurables; la bénignité ap-
parente des conséquences psychiques immédiates recou-
364 CLINIQUE MENTALE.
vre souvent une altération lente mais ultérieurement
progressive de la mentalité du malade frappé de trauma-
tisme grave du crâne, et par suite de l'encéphale ; c'est
ainsi qu'on a décrit une apoplexie tardive trauma-
tique (1) et une artério-sclérosepost-traumatique engen-
drant des neurasthénies secondaires chez certains ar-
thritiques (2; . Ces questions ne se sont pas encore posées
souvent du fait de la revendication de la victime, parce
que l'état de folie l'empêche par définition de les faire
valoir le plus ordinairement. Ses ayants-droit, femmes et
enfants, ou ascendants et descendants autres, mieuxins-
truits de leurs droits et aussi des relations de causes à
effets possibles entre la folie et le trouble accidentel, ne
manqueront, pas, dans un avenir prochain, de poser la
question aux experts qui doivent, dès à présent, étudier
ce point de vue médico-légal spécial.
Enfin, un dernier point de vue que les médecins prati-
ciens et les administrations hospitalières, d'autre part,
ont récemment soulevé et éclairé est celui de l'attribution
des frais médicaux et d'assistance.
Ceux-ci. dans les cas d'accidents ordinaires, sont payés
aux médecins comme aux établissements d'assistance par
les chefs d'industrie responsables : mais je ne sache pas
que la question ait encore été posée en ce qui a trait aux
frais de séjour dans les asiles d'aliénés. .
La répétition n'en serait-elle pas possible de la part des
administrations départementales vis à-vis des compa-
gnies et, patrons responsables, etc. ? (Je ne parle pas des
honoraires médicaux, pour lesquels ici la question ne se
pose pas comme dans les hôpitaux ordinaires).
(1) Apoplexie tardive traumatique, P. Marie et Crouzon R, me-
decine, 1905.
(2) Neurasthénie traumatique des arLério-scléreux, par Régis.
Congres de Bordeaux, 1895, et Fauré, Thèse de Bordeaux, 1896.
Hospice de ftcH ? rar [Fondation Vallée). Rue Benscrade, 7, à
Gentilly-. -11. Bourneville. Visite du service (gymnastique, tra-
vail manuel, écoles, et présentation de malades) le samedi à 10 h.
très précises. Consultations médico-pédagogiques, gratuites pour
les enfants indigents atteints de maladies du système nerveux, le
jeudi à 9 h. 1/2.
REVUE CRITIQUE
L'épilepsie et la migraine;
Par le professeur P. KOVALESKY
Nous sommes partisan de la théorie qui admet l'exis-
tence d'un lieu génétique entre l'épilepsie et la migraine.
Et voici comme nous formulons nos arguments dans
notre monographie de la migraine (1) (dernière édition) :
1° La migraine et l'épilepsie sont toutes les deux des
maladies héréditaires, les parents des migraineux et des
épileptiques sont très souvent migraineux et épilepti-
ques. La migraine donne naissance à l'épilepsie et à la
migraine. l'épilepsie engendre la migraine et l'épi-
lepsie. Toutefois, nous sommes obligé d'avouer que la
migraine dérive plus souvent de la migraine que de
l'épilepsie et que l'épilepsie à son tour dérive plus fré-
quemment de la migraine, que de l'épilepsie. 2° Les
frères et les soeurs des migraineux sont très souvent
migraineux ; ils sont épileptiques aussi, mais cette combi-
naison est plus rare que les précédentes. 3° Il n'est pas
rare de voir les migraineux avoir des attaques d'épilepsie,
les épileptiques sont encore plus fréquemment sujets à
des accès de migraine, quant à l'épilepsie sensorielle,
elle ne fait souvent que masquer la vraie migraine.
4° La migraine et l'épilepsie débutent dans l'enfance ;
elles sont enclines à la périodicité et se manifestent toutes
deux par des accès dont l'apparition tient souvent à
quelque hasard imprévu. 5° Ces deux maladies sont
également précédées de signes précurseurs et d'une aura.
- 60 Un épuisement et une lassitude profonde consécutifs
sont également propres aux deux maladies dont il est
question. 7° Différentes autointoxications et diathèscs
1. Professeur P. KovALEVSKY. La migraine et son traitement'
1808; p. 98. a
366 - revue critique.
la diathèse urémique surtout sont souvent conco-
mitantes à ces deux maladies. 8° Comme conséquence
d'un excès d'épuisement, l'on observe dans les deux cas
des paralysies aux régions atteintes (monoplégies, oph-
talmoplégies dans la migraine). - 90 Les deux maladies
ont été considérées comme incurables. -10° Dans les
deux cas, il y a espoir de la possibilité d'une guérison ;
quant à l'épilepsie, dont l'étude scrupuleuse est beaucoup
plus ancienne que celle de la migraine, elle fournit des
preuves réelles, basées sur des faits, qui justifient l'as-
surance de la possibilité de guérir un groupe assez con-
sidérable de cas de cette maladie.
Malgré le court espace de temps qui nous sépare de
cette époque, la science a su apporter de nouvelles preu-
ves à l'appui de la parenté réelle qui existe entre la mi-
graine et l'épilepsie. C'est ainsi que Rochford (1) dé-
montre que la migraine est une maladie toxique, à action
réflexe et excitante sur les centres nerveux. Il s'est con-
vaincu que pendant l'accès de migraine l'urine contient
toujours un excès de paraxanthine ; or, la paraxanthine
est le plus toxique des leucomaïnes du groupe de l'acide
urique. Les mêmes recherches faites sur des épileptiques
ont montré que les urines de quelques-uns d'entre eux
contiennent un excès de paraxanthine pendant l'attaque,
mais comme ce phénomène n'est pas la règle et qu'il ne
s'observe que dans quelques cas, l'auteur estime qu'il doit
exister au même rang que l'épilepsie essentielle,
une épilepsie toxique due à un accès' de paraxanthine.
C'est à l'âge mûr que l'épilepsie toxique apparaît dans
la majorité des cas et chez des personnes qui ont généra-
lement eu des accès de migraine dans l'enfance.
Lambranzi (2) décrit le cas d'un sujet affligé d'un faible
degré de migraine depuis l'enfance, jusqu'à l'âge de 27 ans;
(1) Itocstc0tt. - The Averican journal of 11 ! cd, science, 1898, L. 1.
p.436.
(2) Lambranzi. - Stati di emicnania in epilettica. (Riforma medica
1900).
l'épilepsie ET la migraine. 307
le mal éclatait à des époques déterminées. Depuis 27 ans
c'est l'épilepsie qui se déclara, précédée quelquefois de
migraine sous l'orme d'aura avant l'attaque ; dans le se-
cond cas la migraine éclatait avant ou après la crise épi-
leptique.
Haig (3) estime que l'épilepsie et la migraine sont des
affections absolument identiques, dans lesquelles on peut
également bien observer l'albuminurie et l'urémie, ce
qui fait que leur traitement à toutes les deux doit être dié-
tétique de préférence.
Strohmayer (1) pense que la migraine et l'épilepsie
prennent naissance toutes deux sur le terrain psychopa-
thique général de la dégénérescence, mais que leur rap-
port est tel que l'une de ces maladies se joint à l'autre.
La syphilis, l'alcoolisme et d'autres intoxications sont
leurs causes étiologiques habituelles.
Dans un autre ouvrage (2), le même auteur relate cinq
cas d'existence simultanée de la migraine et de l'épilepsie.
Le premier cas est celui d'un migraineux dont la cessa-
tion de la migraine coïncidait avec l'apparition d'attaques
épileptiques ; dans le second cas,des attaques d'épilepsie
petit mal sont venues remplacer des accès de mi-
graine qui avaient disparu ; dans le troisième cas, des
attaques purement convulsives se sont modifiées comme
suit : la conscience était intacte, mais le malade voyait
des éclats de lumière et il avait des vomissements. Dans
le quatrième cas, l'on observait des accès atypiques d'épi-
lepsie et de migraine. La co-existence de l'épilepsie et de
la migraine n'est pas rare et dans la majorité des cas
l'épilepsie vient après la migraine. La migraine semble
être le symptôme de la maladie fondamentale de l'épi-
lepsie.
(1) Iintc. - Galette -hebdomadaire de médecine, 1599.
(2) S'DtOtIMAYER. Vel'saml. Institut deutsch. Psychiater in Drcsd.
1902. -
(3) Stroiimaver, Milnchener met, lVocheuschrift. 1903.
368 REVUE CRITIQUE.
Mais c'est Cornu (1) qui a le mieux éclairci cette ques-
tion dans sa monographie. La déduction générale est que
la migraine est l'une des manifestations de l'épilepsie,
sa forme latente ou l'équivalent du mal comitial. La
communauté des phénomènes propres à ces deux mala-
dies est manifeste depuis le commencement jusqu'àla fin
de la marche de leurs attaques. Toutes les deux sont
presque toujours précédées de signes précurseurs qui
leur sont communs tels que : sensation de fourmillement
par tout le corps, sensibilité générale exagérée, tremble-
ment douloureux des membres, sensation de frisson,
tiraillements, parésies, blépharospasme, convulsions
locales et générales, paralysie passagère, obscurcissement
de l'intellect, confusion des idées, etc. Tantôt les phéno-
mènes désignés précèdent l'attaque, tantôt ils lui sont
concomitants, tantôt ils se déclarent tout seuls indépen-
damment des phénomènes ultérieurs de l'attaque. Tou-
tefois ils constituent une partie de l'attaque et si celle-ci
n'est pas toujours complète, ils peuvent lui tenir lieu
d'accès abortif. Il arrive que le symptôme complexe d'un
seul et même malade se termine tantôt par un accès de
migraine, tantôt par une crise convulsive. Mais c'est
l'aura qui établit un lien encore plus étroit entre la mi-
graine et l'épilepsie. L'aura visuelle est la plus fréquente.
Les épileptiques ont des visions de feu, de sang, de
lueur rouge, de soleil, etc. - Les migraineux voient des
soleils, des étoiles, des étincelles, des boules de feu ; ils
sont affectés du scotoma et même de tout le tableau de
la migraine ophtalmique. C'est un obstacle infranchis-
sable que celui d'établir un diagnostic différentiel entre
l'épilepsie visuelle sensitive et la migraine ophtalmique.
De même les hallucinations auditives sont communes
aux deux maladies, fait indiqué par Robiolis (migraine
auditive), Airy, Tissot, Liveing, Tamin, Pitres, Maurice
de Fleury, Pierret, etc. Les mêmes anomalies ont été
(1) Edmond Cornu. Contribution à l'étude des migraines et de
leurs rapports avec les états épileptiques et délirants, 190» ? .
. L'ÉPILEPSIE ET LA MIGRAINE. 369
observées dans le domaine de l'olfaction, du goût
(Pierret) et du toucher sous forme de picotements à la
face et aux mains, de sensation de froid aux mains, etc.
En faisant l'examen des principaux phénomènes de ces
deux maladies à crises, Cornu dit que le « symptôme
principal de la migraine n'est pas uniquement l'hémi-
cranie ; la convulsion n'est pas davantage le seul fait
clinique de l'épilepsie. Dans le domaine moteur, il faut
avant tout relever les cas d'attaques épileptiques non
convulsives, et d'autre part, les cas de migraine accom-
pagnée de phénomènes convulsifs, tels que : blépharos-
pasme, spasme facial (Calmeil et d'autres' , spasme du cou,
de la nuque, l'engourdissement des mains, du tronc,
convulsions de certaines parties du corps ou même con-
vulsions générales. Si l'on met en ligne de compte les
cas d'épilepsie où la migraine joue le rôle d'aura et si
l'on considère ce fait que les attaques épileptiques se
bornent quelquefois à l'aura seule, il est presqu'impos-
siblede tracer une ligne de démarcation entre l'épilepsie
avec migraine, la migraine toute seule et la migraine
avec convulsions. Les choses se compliquent encore da-
vantage, si l'on considère les cas de migraine où la dou-
leur fait défaut et où l'accès se borne aux signes précur-
seurs et aux spasmes. Toute distinction essentielle accu-
sée semble donc disparaître, parfois entre ces deux états
pathologiques en effaçant la ligne de démarcation qui les
sépare. Les phénomènes paralytiques qui se développent
après la migraine sous forme de migraine ophtalmoplé-
gique par exemple, ou après l'épilepsie, rapprochent ces
deux états encore davantage ; les phénomènes paralyti-
ques en question sont partiels et passagers.
L'on observe une communauté de phénomènes non
moins grande dans le domaine mental de l'épilepsie et
de la migraine. L'obtusion réceptive, la dépression men-
tale, l'obscurcissement de la conscience, la confusion
des idées, ce sont là des caractères communs à l'épilep-
sie et à la migraine. Communes aussi sous bien des rap-
.\Itf,lll\'I ? sif'ÎC, 1906, L. XXI. 24
370 REVUE CRITIQUE.
ports sont les psychoses de la migraine et de l'épilepsie.
Il en est de même des troubles vasomoteurs, sécrétoires,
trophiques, ainsi que de l'étiologie de ces deux affec-
tions. Toutes les deux frappent les mêmes familles et les
mêmes sujets, toutes les deux peuvent être l'équivalent
l'une de l'autre. C'est pourquoi Cornu déclare catégori-
quement que la migraine et l'épilepsie constituent le
même groupe de lésions, savoir l'épilepsie. Voici un
cas de migraine observé récemment qui, tout en illus-
trant la corrélation existante entre la migraine et l'épi-
lepsie mérite notre attention à d'autres égards encore.
A. 0 ? une mahométane de 37 ans, mariée, issue d'une
famille de nobles, originaire des montagnes du Caucase, n'a pas
d'enfants el présente une hérédité pathologique grave. Son
grand- père maternel était un épileptique mort aliéné; sa grand'-
mère maternelle a souffert de violents maux de tête ; c'était une
femme bornée au point de vue de l'intelligence, même par rap-
port au niveau intellectuel des montagnardes ; les frères de la
mère étaient ; l'un alcoolique dipsomane ; le second idiot;
le trcisième s'est suicidé sans aucune raison. L'une des soeurs de
la mère est frappée d'aliénation mentale ; la seconde seule est
bien portante- au point de vue physique et psychique. Lb grand-
père paternel de la cliente était un mahométan de moeurs aus-
tères, compagnon d'exploits de Schamyl, un véritable coupe-
jarret. Les frères du père sont morts jeunes en combattant contre
les Russes. Le père a été aussi maintes fois blessé dans les com-
bats, mais il est resté vivant ; il a fait du service dans l'armée
russe et s'est distingué dans la campagne de Turquie. Sa vie est
d'une grande moralité, mais il a souffert de violents maux de (été,
de douleurs, des blessures aux jambes et d'accès d'angoisse. Les
soeurs du père n'ont rien de particulier. A l'exception de notre
malade, sa mère a eu trois avortements et, six enfants vivants, tous
morts en convulsions en bas âge. Les enfants des deux autrcsfem-
mes du père sont aussi morts en bas âge ; ceux qui sont restés en
vie sont tous malades nerveux ou bien ont des attaques. A l'épo-
que de la dentition, notre malade fut prise de convulsions
(éclampsie). Celles-ci apparaissaient encore en cas de diarrhée,
de fièvre. etc. (dans l'enfance).
Depuis l'âge de 8 ans, A. devint sujette à des migraines qui
occupaient presque toujours le côté gauche de la tôle ; elles
commençaient toujours le matin, devenaient plus intenses une
heure après, atteignaient leur apogée au bout de 3 à i heures
L'ÉPILEPSIE ET LA MIGRAINE. 371
pour se terminer par des vomissements. Elles éclataient 3 ou 4
fois par an, et leur apparition tenait aux causes suivantes : une
soirée passée en société ou au. théâtre, une vive émotion éprouvée
la veille au soir, un repas copieux avant la nuit, etc. L'apparition
des menstrues n'exerça aucune influence sur le cours de la mi-
°raine qui continua à se déclarer sous le même aspect. A l'âge de
10 ans. A. fut admise à l'école supérieure de jeunes filles et devint
une très bonne élève. Elje avait un caractère replié surlui-mème,
plie ne recherchait l'intimité de personne, vivait isolée, souffrait
d'un mal du pays des plus intenses et pleurait souvent. Elle ne
taquinait personne, mais si d'autres petites filles l'agaçaient, elle
épurait tout de suite enrage, s'élançait sur la taquine et la frap-
pait d'une façon tout à fait disproportionnée avec l'injure. La
querelle passée, elle conservait contre son ennemie une rancunp
quelle n'oubliait pas. Elle avait beau reconnaître la vHenie de ce 'e
sentiment ; .elle ne parvenait pas à s'en défaire. L'apparition du
flux menstruel détermina des rêves érotiques pendant lesquelles
notre malade éprouvait une vive jouissance, mais à l'état de
veille de semblables sensations faisaient défaut et elle ne s'adon-
nait pas à la masturbation. Elle aimait passionnément les livres ;
elle les lisait sans aucun choix et se livrait après la lecture à de
profondes méditations et à de longs rêves. C'est son pays natal
qui l'intéressait le plus, ainsi que sa nouvelle patrie, la liussie,
qu'elle tâchait d'étudier, d'observer et qu'elle aimait au fond
pomme ses chères montagnes. Elle faisait souvent le rêve joyeux
de vê.lir un habit d'homme, de s'élancer sur un cheval, épée au
poing et poignard au côté, pour se porter à la défense de sa nou-
velle patrie etdu tsar blanc, - comme elle continuait et comme
elle continue encore par une habitude familière à appeler l'Em-
pereur de Hussie et pour défendre aussi ses chères montagnes
qu'aucun, danger, du reste, ne menace actuellement. Elle acheva
ses études avec distinction pour épouser bientôt par inclination
un officier de son pays. Malheureusement elle n'a jamais eu
d'enfants bien qu'elle soit mariée depuis 17 ans. Après 5 ans de
mariage, elle commença à prendre de l'embonpoint et à l'heure
qu'il est elle est beaucoup plus forte qu'il ne convient. Malgré sa
beauté ; et de nombreuses tentatives de lui faire la cour, elle y
mettait toujours rapidement lin en restant iidèle à son 11wrj
même en pensée, pas tant par amour car il le méritait peu
que par une tendance particulière à la solitude. Jusqu'à ce jour
ellc p'a eu ni ami, ni amie; vis-à-vis de son mari même sa fran-
chise était loin d'être complète. A la lin de notre entretien, notre
malade fut très étonnée de nous en avoir tant dit et d'avoir pour
la première fois, mis son âme à nu. Du reste, il lui était bien
difficile de se lier d'amitié avec quelqu'un. Les femmes russes ne
1 attiraient guère, bien que ses relations avec elles fussent des
372 REVUE CRITIQUE.
plus courtoises ; quant aux mahométanes, elles lui étaient toutes
bien inférieures par leur développement.
Sous le rapport sexuel, A. était très passionnée ; elle aimait
beaucoup cet acte, s'y livrait quelque peu avec immodération et
éprouvait vers la fin une jouissance excessive qui se terminait
par des convulsions accusées dans tout le corps.
La migraine continuait comme auparavant, sous le même as-
pect, à se déclarer 4 à 6 fois par an. Depuis l'âge de 30 ans, la
malade fut affectée d'accès de colère non motivée. Ce n'était ni
de l'irascibilité, ni de la mélancolie, elle le comprenait fort bien
elle-même, puisqu'elle réussissait à raisonner avec clarté en de
pareils moments, et à distinguer avec finesse ces différents états.
De grands efforts de volonté lui permettaient de réprimer cette
manifestation dont la colère avait indifféremment pour objet son
mari, ses parents, ses proches, ses connaissances, des étrangers,
l'humanité entière, le monde entier jusqu'à sa propre personne.
Malheur à celui qui la froissait à l'un de ces moments- là. Domi-
née par la violence de sa fureur, elle tombait sur son mari, le
frappait, le mordait, l'égratignait jusqu'à complet épuisementde
ses forces, pour pleurer après, demander pardon et manifester un
vif repentir. De semblables accès de fureur et de colère sans
cause ni bornes, se déclaraient une ou deux fois par mois pour
cesserau bout de 15 à 20 secondes. Parfois la fureur allaitjusqu'à
obscurcir sa conscience ; la malade frappait alors une pierre, un
mur ou d'autres objets sur lesquels elle déchargeait sa colère.
Elle comprenait parfaitement bien l'horreur de son état sans
réussir à le combattre.
Voici ce qui eut lieu pendant un coït lorsque la malade attei-
gnit l'âge de 32 ans : à l'approche de la sensation voluptueuse, elle
se sentit subitement éclairée par une lueur d'un rouge sanglant
qui se répandait partout, la pénétrait partout elle-même, sa
été, sa conscience, ses yeux, en inondant tous les objets et la
chambre entière. Cet état dura peut-être une demi à une seconde,
pour se terminer par un état d'inconscience accompagné au
dire de son mari par un accès complet d'épilepsie convulsive.
Ce n'est que 20 à 25 minutes plus tard que la malade se réveilla
et se sentit terrifiée de cette sensation de lueur rouge dont elle
avait conservé le souvenir. Elle éprouvait une grande lassitude.
Trois jours après, nouveau coït et nouvel accèsd'épilepsie accom-
pagné de lueur rouge et d'amnésie de l'attaque, sauf celle de
l'aura. La malade se rend compte de ce fait que, toutes les deux
fois, la lueur rouge se répandait au moment de l'approche de la
sensation voluptueuse qu'elle n'accompagnait pas, mais qu'elle
remplaçait. Depuis cette époque,et pendant les 5 dernières années,
la malade a eu encore 5 fois des rapports sexuels qui se sont tou-
jours terminés par des crises épileptiques avec l'ancienne aura, la
L'ÉPILEPSIE, ET LA MIGRAINE. 373
perte de conscience et l'amnésie. Du reste, depuis 2 ans, elle n'a
pas eu de coït, sa frayeur des attaques l'empêchant même d'y
penser. '
A34 ans, un nouveau phénomène vint se déclarer : la migraine
devint plus fréquente, elle éclatait chaque mois, indépendamment t
de l'époque des menstrues, qui continuaient à venir avec régula-
rité. Les accès duraient 6 à 8 heures et se terminaient par des
vomissements précédés de léger vertige. Au moment de cette nau-
sée avec vertige, la 'malade voyait une lumière rouge sanglante
comme au moment de la fin du coït. Cette lueur persistait pendant
3 à 4 secondes, et le tout se terminait par une attaque convulsive
avec perte de conscience et amnésie. L'accès convulsif ne durait
que 5 à 7 secondes pour aboutir à un profond sommeil, dont la ma-
lade se réveillait guérie de sa migraine.Pendant les trois dernières
années, les accès de fureur sont devenus plus rares ; ils se décla-
raient 1 ou 2 fois par an ; par contre, un nouveau phénomène est
venu s'y joindre ; la lueur rouge venait éclater maintenant sans
aucune raison, elle persistait pendant 2 ou 3 minutes et se termi-
nait par un complet accès d'épilepsie. Au moment où cette lueur se
répandait, la malade pouvait se mouvoir, parler, raisonner même.
Dans le cours de la première année, de semblables accès, sans mi-
graine ni coït, apparaissaient une fois par mois. Les deux der-
nières années vinrent apporter un certain changement à cet
état : tantôt tout l'accès se bornaita l'apparition d'une lueur rouge,
tantôt la lueur était suivie d'une crise convulsive. La volonté joue
un rôle considérable dans l'accès; la malade fait un grandeffort,
l'attaque ne se produit pas (toutefois la malade ne saurait expliquer
en quoi cet effort consiste, car elle ne s'en rend nullement
compte). Si au contraire, elle n'y fait pas attention et ne tend pas
sa volonté, l'accès se déclare.
Nous avons eu l'occasion d'observer un semblable accès cons-
titué par l'aura seule, à la première visite que nous fit notre
cliente. Elle pénétra dans notre cabinet la figure toute pâle, les
yeux saillants, les pupilles dilatées, sans aucune expression, ni
jeu des muscles mimiques, comme une somnambule. Elle se
laissa aller dans un fauteuil, et sa première question fut celle-ci :
« Professeur, tout est rouge ici. En est-il toujours ainsi ? » Ayant
obtenu une réponse quelconque et gardé le silence pendant 2 mi-
nutes, elle soupira profondément et se mit à nous exposer sa
maladie.
Un examen scrupuleux nous donna les résultats suivants : lé-
gère obésité de tout l'organisme, légère asymétrie faciale en fa-
veur du côté droit, léger affaiblissement de l'activité du coeur,
fonctions ralenties de l'intestin, quantité considérable d'urates et
d'oxalates dans les urines; absence de toute anomalie sexuelle
(l'examen a été fait par un spécialiste), mollesse et nonchalance
374 REVUE CRITIQUE.
des mouvements, irritabilité exagérée des vasomoteurs avec lé-
gère tendance au dermographisme, résultat négatif de l'examen
de l'organe visuel fait par un spécialiste. Bon sommeil. La malade
se nourrit surtout de viandes. En sa qualité de mahométane con-
vaincue, elle ne prend jamais ni vin, ni bière, ni eau-de-vie.
Etat d'esprit pénible, voisin du désespoir. Les derniers temps, la
malade s'aperçoit que son intelligence s'émousse : elle n'a plus
son intérêt d'autrefois pour la lecture et l'existence. Tout lui
semble privé de but et de sens; son état est désespéré ; on le lui
a dit et elle y croit.
Placée à Piatigorsk sous notre surveillance, la malade y est
restée deux mois; elle y prit des bains sulfureux, suivit un régime
lacté et végétal; à l'intérieur, nous lui prescrivîmes des bromures
après lesquels elle buvait les eaux alcalines d'Essentouki n° 4. En
ce laps de temps elle maigrit, l'urine devint presque normale. La
malade reprit de la vigueur physique et devint plus calme au
point de vue mental. Elle n'eut ni migraine, ni attaques d'épi-
lepsie convulsive, mais l'aura seule se déclara cinq fois.
Le cas mentionné présente de l'intérêt sous quatre
rapports :
1° Parla combinaison d'accès de migraine avec des
crises épileptiques ; - 2° par la combinaison d'accès
épileptiques avec les sensations voluptueuses à la fin de
l'acte sexuel ; 3° par l'apparition d'accès épileptiques
isolés, tantôt complets, tantôt incomplets sous forme
d'aura seule ; et 4° par la manifestation d'accès de fureur
non motivée.
1° Il serait impossible de considérer l'apparition des
attaques épileptiques à la fin des accès de migraine
comme un pur hasard. Depuis une certaine époque, cha-
que accès de migraine se terminait par un accès d'épilep-
sie. Ce n'était pas une simple coïncidence ni une compi-
lation, mais une coexistence plus intime et plus étroite.
Chaque fois que la nausée allait se déclarer avant le vo-
missement, l'aura apparaissait sous forme de lueur rouge
et à chaque approche de vomissements il se déclarait une
attaque générale d'épilepsie convulsive qui comprenait
le vomissement. Il ne s'agissait pas môme de la substitu-
tion d'un état par un autre, mais de l'extension d'un phé,
L'ÉPILEPSIE ET LA MIGRAINE. 375
nomène partiel en un phénomène plus général et plus
vaste. Une convulsion locale de l'estomac et de l'oeso-
phage était remplacée par une convulsion générale de
tout l'organisme qui comprenait les vomissements comme
la partie d'un tout. Le lien clinique de ces deux phéno -
mènes pathologiques ne saurait donc être mis en doute.
Il en est de même naturellement du lien génésique -
La malade a une hérédité nerveuse très accusée. Elle
avait souvent des convulsions dans l'enfance. Par consé-
quent, la convulsivité est propre à cet organisme depuis
la naissance, c'est elle qui a constitué un terrain naturel
au développement de la migraine et de l'épilepsie. L'avenir
a parfaitement confirmé les craintes que l'on doit tou-
jours avoir lorsque des convulsions se déclarent chez les
enfants.
2. L'on a remarqué depuis longtemps qu'une corréla-
tion existait entre les rapports sexuels et l'épilepsie. On
avait commencé par trouver que le coït lui-même rap-
pelle beaucoup une attaque d'épilepsie. Les anciens au-
teurs, tels que Democritus, Coelius Aurelianus (1), Zen-
nert, Etmuller et d'autres, ont donné au coït le nom
d'epilepsiaparva, epilepsia brevis, et Democritus est allé
même jusqu'à établir un parallèle entre le coït et l'accès
convulsif de l'épilepsie. Faustanus dit : Turpis est morbi
species horrenda caduco, Boerhave le surpasse encore en
déclarant que : COitU11Z esse veram epilepsiam. Nous lais-
sons à chacun le soin de juger, selon ses propres consi-
dérations et son propre goût, s'il existe ou s'il n'existe
pas d'analogie entre une manifestation d'attaque épilep-
tique et celle des rapports sexuels. Ce qui nous importe,
c'est que les anciens auteurs avaient déjà porté leur at-
tention sur la corrélation qui existe entre ces deux états
et qu'ils attribuaient aux fonctions génitales les uns
une influence défavorable, les autres une action favorable
sur l'épilepsie. C'est ainsi que Platenus Mercatus, Heur-
(1) CLIUS Aurelianus. -- Morbi chronici, lih . I.
376 REVUE CRITIQUE ,
nius (1), Ccelius Aurelianus et Jean Taxil (2) attribuaient
aux rapports sexuels une action si pernicieuse sur l'épi-
lepsie qu'ils recommandaient de châtrer les épileptiques,
afin de les délivrer de leur mal, attendu que celui-ci serait
dû à une rétention de la liqueur séminale dans les testicu-
les. Hector Boethius va jusqu"à recommander la castration
des épileptiques, non seulement pour les délivrer de lcur
maladie, mais encore dans le hut de délivrer la société
d'une postérité ayant hérité cet horrible mal. Aretheus (3),
Asclepiadus et Scribonius Largus étaient toutefois d'un
autre avis. Selon eux, les rapports sexuels contribueraient
à faire cesser les attaques épileptiques. Quant à Galien,
il déclare que la cause de l'épilepsie peut aussi bien tenir
aux excès sexuels qu'à la continence absolue.
Actuellement plus de déclarations faites en faveur
de l'action défavorable que les rapports sexuels exercent
sur la marche de l'épilepsie ; tous les neuropathologistes
repoussent et blâment les conseils qui tendent à marier
les jeunes filles épileptiques, c'est-à-dire l'opinion qui
consiste à voir dans le mariage un moyen curatif contre
l'épilepsie. S'il arrive un cas sur 100 d'amélioration réelle
ou même de guérison par le mariage, les 99 autres récla-
ment contre les abus de la destinée et protestent au nom
du mari destiné, en ce cas, à jouer le rôle d'un médica-
ment contre l'épilepsie.
En revanche, nous trouvons dans la littérature con-
temporaine beaucoup de cas qui signalent l'action défa-
vorable des rapports sexuels -sur l'épilepsie. Esquirol dit
que les organes de la reproduction sont le domaine sur
lequel la cause de l'épilepsie agit en premier lieu et dont
les phénomènes initiaux de l'accès semblent jaillir com-
me par voie de rayonnement. Ces cas-là formeraient
une variété particulière que l'on peut appeler génitale
et que l'on observe plus fréquemment chez la femme. Le
, (1) Heurnius. -Opera omnia, 1058, epilcpsia.
(2) '1 AXII" - Traité de l'épilepsie, 1602.
(3) Aretheus. Opéra omnia. Morbi chronici. I.
l'épilepsie ET la migraine. 377
même auteur indique ce fait que le rapport sexuel est
parfois accompagné d'épilepsie. Sauvager signale le cas
d'une personne chez laquelle le coït était toujours accom-
pagné d'une crise épileptique. G. Cole raconte l'histoire
d'une -femme dont l'épilepsie se déclara trois jours après
son mariage. Zimmerman connut un jeune homme qui
avait des attaques épileptiques chaque fois qu'il s'adon-
nait à l'onanisme. Tout récemment, Hamilton (1) citait un
cas d'épilepsie nocturne qui se manifestait par une sécré-
tion rétroéjaculatoire du sperme. Voici les paroles de
LW wenfeld (2) : : à l'appui des faits démontrés par la
science, nous trouvons que le premier coït des sujets hé-
réditairement prédisposés à l'épilepsie a souvent déter-
miné des attaques et que chez d'autres sujets, chaque coït
ou sa tentative déterminait une attaque épileptique qui
obligeait à interrompre l'acte sexuel. Les excès sexuels
peuvent aggraver l'épilepsie existante, provoquer ses re-
tours si son état est devenu latent, et devenir quelquefois
même la cause de sa première manifestation ; mais il n'est
pas prouvé que les excès sexuels puissent déterminer
l'épilepsie chez des sujets qui n'y sont pas prédiposés.
Dans notre ouvrage sur l'épilepsie (3), nous avons suf-
samment insisté sur ce fait qu'il existe entre l'épilepsie
et les organes sexuels une connexité beaucoup plus in-
time qu'avec les autres organes.
Nous nous, permettrons seulement de nous arrêter ici à
l'exhibitionnisme comme à l'une des manifestations de
l'épilepsie. On entend par exhibitionnisme le fait d'expo-
ser en public ses parties génitales, soit à l'état d'automa-
tisme épileptique, soit sous l'influence d'un état impulsif
ou d'une perversion sexuelle avec trouble du domaine
mental. C'est le premier groupe de cas qui nous intéresse
actuellement. Voici un cas signalé par Max Simon (4) :
une femme très instruite, atteinte d'épilepsie, avait par-
(1) Hamiltox. - The New York médical Journal, 1898.
(2) L0\VENFELU. - Neurasthénie sexuelle, p. 32.
(3) Professeur P. KovAt.EYSKY. L'épilepsie et son traitement,
éd. 3. p. 93.
(4) ! IIAX Simon. - Crimes et délits dans la folie, 220.
378 REVUE CRITIQUE.
fois des accès qui consistaient en ceci : après avoir pro-
noncé plusieurs mots à sens voluptueux, toujours les
mêmes, elle se troussait en faisant des gestes obscènes et
en tâchant de déchirer ses dessous ; après avoir repris ses
sens, elle ne se souvenait plus de rien. Nous avons cité
suffisamment de cas semblables dans l'un de nos ouvrages,
Ce qu'il nous importe de savoir, c'est qu'il existe
dans certains cas du moins un lien incontestable entre
le domaine sexuel et l'épilepsie, fait confirmé par le cas
que nous avons exposé dans cet article.
3. Dans la première édition de notre monographie, nous
avons déjà signalé ce fait que les attaques épileptiques
d'un seul et même sujet pouvaient ne pas toujours être
identiques ; tantôt elles sont complètes, tantôt elles
sont incomplètes. Tout récemment encore, Féré (1) vient
d'appeler l'attention sur ce point. Selon ses observations,
les accès épileptiques incomplets peuvent consister en
les manifestations initiales, moyennes ou terminales de
l'attaque. Néanmoins, etbien qu'elles soient partielles, ce
sont tout de même des attaques épileptiques. Nous avons
vu que les accès de notre malade comprenaient aussi
tantôt l'aura et l'attaque, tantôt l'aura seule. L'aura elle-
même est très variable d'aspect et mérite toute notre at-
tention. Bernhardt (2) vient d'exposer le cas d'un malade
atteint de phénomènes spectraux qui constituaient tantôt
l'aura de l'accès épileptique, tantôt une manifestation
abortive de la migraine.
Le Dr Gorchholl' (3) signale un cas de dégénérescence
épileptique. Il s'agit d'un soldat malade, fils d'un père
alcoolique, dont les hallucinations prenaient l'aspect
d'une attaque : croyant voir un homme tout vêtu de
fouge qui l'injuriait par la croisée, il s'élança par la fe-
nêtre, courut vers la rivière toujours sur les traces du
fantôme lui fit la chasse sur l'eau et faillit se noyer. La
(1) Féré. Journal de neurologie 1894, n" 22.
(2) Bernhardt. -Deutsclre artel. Zeitung 1900.
(3). P. GûRCHK.OFF. Journal hebdomadaire de 1111 ! decille pratl-
que, 1899.
l'épilepsie et la migraine. 379
même hallucination se répéta dans une église : le malade
crut voir un moine vêtu de rouge s'élancer sur lui ; il se
sauva au clocher poursuivi par le moine qui voulait le
frapper et sauta par une fenêtre située à une hauteur de
plus de cinq toises dti sol pour venir, heureusement.
tomber sur un tas de neige. Les cas mentionnés par Ul-
rich (1) ont beaucoup de ressemblance avec celui-ci.
4. Notre malade manifestait des accès de colère, de fu-
reur et de rage non motivées. Or, ce sont là des phéno-
mènes que l'on observe dans l'épilepsie et qui sont con-
nus de longue date. Tantôt une semblable fureur peut
être la manifestation du caractère épileptique, tantôt elle
peut être l'équivalent de l'épilepsie ; tantôt encore le vio-
lent courroux de l'épileptique peut déterminer l'appari-
tion d'attaques épileptiques isolées. Enfin, une colère non
motivée peut être encore le signe avant-coureur d'une
attaque épileptique convulsive qui est proche. Fanier (2)
vient justement de publier un fait semblable. En ce qui
concerne notre observation à nous, c'est de l'équivalent
épileptique qu'elle se rapproche le plus.
Nos déductions générales peuvent s'exprimer comme
suit : 1° Dans certains cas,la migraine et l'épilepsie peu-
vent se combiner et se substituer l'une à l'autre. 2°
Cette combinaison même démontre leur homogénité et
leur proche parenté. 3° Dans certains cas l'attaque
épileptique est en connexité étroite avec l'acte sexuel et
peut se déclarer à la fin du coït en remplaçant la sensa-
tion voluptueuse. - 4° Les attaques épileptiques incom-
plètes peuvent se manifester quelquefoispar l'aura seule,
habituelle aux accès du malade donné. 5° Les accès de
colère, de fureur et de rage qui se déclarent parfois sans
la moindre cause peuvent être la manifestation d'un
équivalent épileptique.
1 Ulrich. Dreizenter Bericht d. schweirerischen Anstalt f.
E ieptilrern 1899.
f2l) 1'ANIER. - Introduction à l'étude de la colère chel les aliénés.
1899.
THERAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE
Traitement médico-pédagogique des idioties les
plus graves (1) ;
Par LE D' BOURNEVILLE.
Aux cas déjà nombreux que nous avons relatés dans le
dernier n° des Archives, nous croyons en ajouter en-
core quelques autres, appartenant à toutes les catégories
d'idiotie afin de rendre indiscutable la démonstration
que nous poursuivons depuis tant d'années, à savoir
qu'il est possible d'améliorer les enfants, idiots, imbé-
ciles et arriérés. .
LIX. Wathi ? (Augustine), née le 7 décembre 1885,
entrée dans le service en juin igoo à l'âge de 15 ans; atteinte
d'idiotie myxcedémateuse : La physionomie de la malade était
repoussante, le teint cireux, les yeux boursouflés, une humeur
visqueuse collait souvent ses paupières, les lèvres épaisses et
violacées, sa bouche presque toujours entr'ouverte, le nez petit
et aplati, le mucus nasal était sécrété abondamment et exha-
lait une odeur nauséabonde, les cheveux clairsemés et raides,
les mains courtes, épaisses et cyanosées, le ventre volumineux
et proéminent, sa taille mesurait 84 centimètres, son poids
était de 22 kilos. Elle parlait, mais ses réponses étaient très
lentes, ne tenait pas conversation, sa démarche était lourde,
ses mouvements pachy dermiques. Elle n'était capable ni de
s'habiller, ni de se déshabiller; elle exigeait les soins d'une
enfant de 3 ou 4 ans. Elle craignait le froid à l'excès, recher-
chait les rayons du soleil et pendant l'hiver elle séjournait
continuellement à l'infirmerie, se tenait assise sur une chaise
près du feu, qu'elle ne quittait que pour aller se coucher. Tel
était en résumé l'état de la malade à son entrée à la Fondation.
1901-1905. - Augustine a été soumise au traitement thy-
roïdien en mai 1895. Sous son influence, une vraie métamor-
phose s'est opérée en elle. Peu à peu la physionomie a pris
une expression qu'on ne lui connaissait pas; un air éveillé et
réjoui a succédé à cette apparence sombre et triste qui lui
était habituelle; son regard est devenu vif et très mobile. Le
teint est devenu plus clair, la blépharite a disparu; ses lèvres
sont devenues de moins en moins épaisses et cyanosées; la
chevelure s'est épaissie, ses cheveux sont doux au toucher; le
(1) Voir le n° d'avril.
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 381
mucus nasal est devenu moins abondant et l'odeur fétide qui
se dégageait de cette matière s'est amoindrie; ses mains et ses
pieds n'ont plus cette teinte violacée; enfin les mouvements
et la démarche sont devenus vifs et empressés. L'inertie qui
la caractérisait si bien s'est changée en une grande activité,
Augustine éprouve un réel besoin d'agir. Elle a commencé par
s'habiller elle-même, attacher sa chaussure, se débarbouiller;
aujourd'hui elle fait son lit, elle aime se rendre utile, balaie
son dortoir, enlève la poussière, etc., aide même à habiller
les plus petites, les débarbouille au besoin; elle impose silence
aux enfants quand elles font trop de bruit. Elle ne reste jamais
inactive, va à la couture, à la buanderie : elle aime beaucoup
laver.
Sous le rapport de la -parole, elle a fait des progrès nota-
bles. Elle s'exprime avec facilité, répond spontanément aux
questions qui lui sont posées, tient conversation. Pour la
classe, son savoir reste borné à quelques petites copies, à faire
les chiffres et assembler ses lettres. Il faut ajouter qu'Augus-
tine est toujours très propre, soigneuse et minutieuse dans tout
ce qu'elle fait. Elle n'est pas et ne sera jamais une enfant
normale, mais si on compare ce qu'elle était au début et ce
qu'elle est aujourd'hui, nous voyons une amélioration consi-
dérable. (Planches I à VI.)
LX. HARB ? (Blanche), née le 18 octobre 1897, âgée de
4 ans et demi, est entrée à la Fondation Vallée le 2 mai 1902.
atteinte d'idiotie III )'xoedé11lateuse, Elle ne disait pas un mot,
elle poussait seulement un son rauque. Elle ne marchait pas.
se tenait à peine debout; gâtait nuit et jour; ne mangeait pas
seule et ne prenait que des aliments peu consistants, car la
mastication était lente et difficile. Elle ne s'aidait en rien, il
fallait procéder à son habillement et à sa toilette comme à
une enfant de quelques mois. La physionomie était sans
expression, le regard était indifférent, les sentiments affec-
tueux n'étaient pas plus développés que son intelligence, l'en-
fant n'était pas méchante, mais elle était indifférente avec
tout le monde. Le teint était cireux, les mouvements très
embarrassés, très lourd.s. Harb ? résumait en elle tous les
symptômes qui caractérisent l'idiodie 11Z )'xoedématell se. (Fig.
41,'¡'2 et 43.)
Elle a été mise en traitement par la glande thyroïde dès
le début; de même qu'elle a suivi aussitôt les premiers exer-
cices de notre enseignement : exercices de la parole, de la mar-
che,' traitement du gâtisme, etc. -
Peu à peu la physionomie s'est éveillée, le teint s'est éclairci,
382 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
les mouvements de l'enfant sont devenus plus vifs. A mesure
qu'elle se développait physiquement, elle devenait attentive
à tout ce qui se passait autour d'elle, cherchait à répéter
quelques mots tels que : maman, papa, tata, attends, etc.;
essayait également de tenir seule sa cuiller pour manger.
drujourd'hui, un changement merveilleux s'opère de jour en
jour chez cette enfant : la physionomie devient expressive : le
regard vif et brillant indique un certain degré d'intelligence;
elle s'intéresse à tout, comprend tout ce qu'on lui dit. Elle est
très affectueuse et caressante et sait se faire aimer des per-
sonnes qui l'entourent. Son gracieux sourire, sa bonne figure
réjouie, ses mille gentillesses, attirent l'attention de tout le
monde. Elle mange seule, se sert facilement de la cuiller, la
mastication est beaucoup moins lente qu'au début. La parole
se développe en essayant de répéter tout ce qu'elle entend;
construit même de petites, phrases, en disant principalement
la fin des mots; ainsi, par exemple, le matin lorsqu'elle apei-
çoit son infirmière, elle accourt au devant d'elle et lui dit :
« you maman, brasse ? » ce disant, elle tend ses petits bras
pour qu'on la prenne et sa joue pour être embrassée. Elle imite
également ce qu'elle voit faire; aide à s'habiller et à se désha-
biller. L'enfant est devenue tout à fait propre; le jour elle
demande : « papa, pipi, ou popo, caca, » selon le besoin qu'elle
éprouve.
L'enfant marche maintenant toute seule, elle trottine par-
tout avec aisance; monte et descend les escaliers en se tenant
des deux mains à la rampe et paraît fière de pouvoir faire cet
exercice sans l'aide de personne. Elle va en classe et s'inté-
resse aux principaux exercices : les livres et les cahiers qu'elle
feuillette, l'amusent; les gravures attirent son attention :
Blanche rit aux éclats et pousse des exclamations quand elles
sont grotesques. En un mot, l'enfant est très améliorée sous
tous les rapports et les progrès réalisés jusqu'à ce jour peu.
vent faire espérer un bon développement physique et iptel-
lectuel lent, mais sûr.
igo5. Les progrès qu'on était en droit d'espérer chez cette
enfant se réalisent chaque jour, le caractère doux et cares-
sant est le même qu'au début. Sa gentillesse, ses manières
affables lui attirait l'affection de tous ceux qui l'entourent Au
point de vue intellectuel les progrès sont remarquables. Blan-
che se rend en classe avec plaisir, elle agrafe, lace, boutonne
avec adresse, commence à faire la différence des légumes et
céréales. Elle suit les exercices de gymnastique avec plaisir et
cherche à bien imiter tous les mouvements. L'enfant aime tous
les soins de toilette, essaie même de se les donner elle-même.
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 383
Blanche s'habille et se déshabille seule, la parole est meil-
Fm, 41.- Harb ? il l'âge de 4 ans 1/2 (1902).
leure, elle construit des phrases et cherche même à tenir con-
TRAITEMENT^ MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 385
versation. Elle s'améliore de jour en jour sous tous rapports et
Fie. 42. Ilarb ? à l'Age de 4 ans 1/2 (1902).
les progrès réalisés chez l'enfant nous donnent beaucoup d'es-
poir et font prévoir des résultats encore meilleurs.
Archives 2° série, 1906, t. XXI. 25
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 387
1 : tc. 43. - IIarh ? ü l'ye de 4 ans 1/2 (IJ02'.
L11. L.R ? (Marcelle) : idiotie myxoedémateuse, née le
3 octobre 1892, âgée de 8 ans, lors de son entrée à la Fon-
' dation Vallée, le 16 mars 1901.La physionomie peu expres-
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 389
sive n'annonçait aucune intelligence; elle marchait seule, mais
sa démarche était lourde; elle se dandinait de droite à gau-
Fig- 44. Lar ? à 8 ans (1y01).
che, ne courait, ni ne sautait. L'enfant parlait, mais elle
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 391
zozotait à chaque mot et il fallait être habitué à son langage
pour saisir ce .qu'elle disait, la voix était nasillarde et voilée.
Fin 45. Lnr .. il 8 ans (1901).
Pille mangeait seule et ne se servait que de la cuiller; elle ne
gâtait pas, mais était incapable de se donner le moindre soin
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE'DES IDIOTIES. 393
de propreté, ne savait ni s'habiller, ni se déshabiller. (Fig.
4+,45 et 46.)
Fig. 40. - Lar ? à;8 ans (1901).
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 395
Au point de vue intellectuel, l'enfant n'était pas plus avan-
Fig.47.-L ? à 13 ails (1905).
cée, cela va sans dire, elle ne connaissait que les différentes
' TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 397
parties de son corps, de ses vêtements et les principaux objets
usuels. Nulle notion scolaire.
FIG. 48. - L ? à 13 ans \1905,)
Fie 49, - L ? à 13 ans (1905.)
TRAITEMENT MsDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 401
Les premiers jours de son entrée, l'enfant a été mise en
traitement par la glande thyroïde, de même qu'elle a suivi dès
le début tous les exercices classiques, voire même le chant et
la gymnastique, l'eu à peu, une vraie métamorphose s'est opé-
rée en elle. Aujourd'hui, Marcelle est en très bonne voie d'amé-
lioration et ses progrès sont même assez rapides. Le regard,
vif et éveillé, indique l'intelligence; le sourire, doux et gra-
cieux, rend la physionomie agréable et expressive.
En classe, elle commence à écrire, forme à peu près toutes
les lettres, les distingue les unes des autres, ainsi que les
chiffres; elle apprend par coeur des petites fables. Elle est
vive, alerte dans ses mouvements; marche, court, saute avec
agilité; parle facilement, s'exprime avec volubilité, soutient
bien une conversation, fredonne des chansons, ne zézaie plus,
la voix est plus claire.
Marcelle s'habille et se déshabille seule, se lace, se boutonne
elle-même, aide même quelques-unes de ses compagnes qui ne
peuvent le faire; se débarbouille, prend plaisir à barboter
dans l'eau. Elle suit tous les exercices des grandes : va à l'ou-
vroir, au chant, à la danse; fait également la gymnastique, à
laquelle elle se montre très agile; elle prend un petit air d'im-
portance quand elle se rend à ces différents exercices. Actuelle-
ment, elle est comme une enfant normale de 6 à 7 ans. Amélio-
ration très notable.
190J. Marc. continue à s'améliorer sous tous les rapports. Elle
suit à des époques fixes et régulières le traitement thyroïdien;
. nous obtenons toujours un heureux résultat. Elle s'exprime
avec facilité, tient des conversations assez intéressantes, une
activité constante a remplacé l'inertie d'autrefois. Elle s'amuse
beaucoup aux heures de récréation, ses jeux sont ceux d'une
enfant normale d'une dizaine d'années. Elle commence à s'in-
téresser aux soins du ménage, se tient elle-même très propre-
ment. En classe, ses progrès sont sensibles, elle aime beau-
coup lire; sa lecture est très courante et donne même l'iuto-
nation nécessaire. Elle fait des dictées élémentaires, son écri-
ture est lisible et bien formée. Elle connaît les trois pre-
mières opérations de l'arithmétique. Elle apprend la gram-
maire, les principales notions de géographie, en somme ses
progrès sont notables en classe.
Elle a du goût pour la couture, ne manque jamais d'aller
à la buanderie, comme toujours Marcelle aime bien toucher
a l'eau. Les progrès en gymnastique ne sont pas moins rapides,
elle suit tous les exercices et tous les nouveaux mouvements
avec une très grande facilité. (Fig ? 1 j, 48 et 49.)
LXII. KRAm ? (Aline), 8 ans, atteinte d'idiotie tlz11ct;dé-
.\RCIIIVES,2. série, 1906. t. XXI. 20
402 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
matmse, née le 15 juillet 1891. A son entrée, elle était
gâteuse, la parole et la marche étaient nulles, elle ne savait
ni s'habiller ni se déshabiller. (Planches vu A X11,)
Aujourd'hui (1899), elle a appris à parler, elle sait soute-
nir une petite conversation, la parole est encore un peu défec-
tueuse, principalement pour les syllabes on et en qu'elle
prononce fortement au nez.
La marche est bonne; Kr ? sait courir, monter et descen-
dre les escaliers. Le gâtisme a disparu. Elle s'habille et se
déshabille seule, se lace et se boutonne. Pour le ménage, elle
ne le fait encore qu'imparfaitement.
En classe, elle reconnaît les couleurs, sait nommer à peu
près tout ce qui est contenu dans les boîtes aux leçons de
choses, nomme les différentes parties de son corps et de ses
vêtements, désigne par leur nom les doigts de la main, elle
compte seule jusqu'à vingt. Au point de vue de la lecture,
l'enfant ne reconnaît pas encore ses lettres, elle les nomme
mais au hasard. Pour l'écriture, elle sait tenir son crayon et
commence à faire quelques bâtons sur l'ardoise. -
1905. L'enfant continue à s'améliorer au point de vue
physique surtout. La physionomie est expressive, le regard
vif, l'air éveillé. Aline, qui était presque toujours inerte, triste
et maussade, est devenue d'une activité voisine de la tur-
bulence ; elle est très gaie et aime par-dessus tout amuser ses
compagnes, en disant quelques bêtises ou en faisant des gri-
maces et des excentricités pour les faire rire, elle paraît alors
très satisfaite d'elle-même. Le caractère de l'enfant a subi'
quelques heureuses modifications, elle n'est plus aussi bou-
deuse qu'autrefois, ses accès de colère sont de courte durée
et moins fréquents. Elle est devenue affectueuse et aime qu'on
s'occupe d'elle. La parole est un peu lente, ce qui ne l'empêche
pas d'être bavarde. A la classe, ses progrès sont très lents;
c'est avec bien des difficultés qu'on est parvenu à lui faire
- écrire quelques mots, ne fait que de petites copies, elle con-
naît ses lettres et commence à les assembler. Pour ce travail,
elle manque de bonne volonté. Par contre, les leçons de choses
l'intéressent vivement, c'est un plaisir pour elle de faire des
promenades dans les jardins et dans les champs, durant les-
quelles elle fait des réflexions sur ce qu'elle voit. Elle
aime la gymnastique et a fait beaucoup de progrès pour cet
exercice. (Fig. 5o.)
Aline se tient proprement et procède elle-même à sa toi-
lette. Elle commence à coudre et aime bien laver à la buan-
derie. Elle s'initie peu à peu aux soins du ménage, fait son
lit, essuie la poussière, essaie de balayer, etc. En réalité,
TRAITEMENT IIDjCO-Pi;DAGOGIQU DES IDIOTIES. 403
cette ettfant s'est développée éyonzértlefrf au fouit de vite
physique et au point- de vue intellectuel.
t.XIII. Le Pellet ? pu çqP ! 1oo. (Amélie), entrée le
4 décembre 1899, est née le 2 octobre 8$g, entrée à la Fon-
dation, à l'âge de 10 ans, en décembre i§gg, atteinte Q'j1l1bé-
cillité prononcée, avec perversions instinctives et turbulence.
Elle avait des périodes d'excitation et de colère trè§ fré-
quentes, était très méchante envers se§ compagnes, se plai-
gnait sans cesse de ces dernières et arrivait auprès de nous,
toujours battue ou battant. Elle était complètement nul}§ pour
la classe, ne paraissait rien comprendre .de ce qu'on ensei-
gnait, rien chez elle n'indiquait) qu1une amélioration loour,
rait se produire, Nous ayons cependant à noter aujour-
d'hui (igo2), de bons résultats. Elle lit par syllabes, a appris,
il écrire, fait bien une copie, commence à faire quelques, devoirs
de grammaire et sait faire l'addition. Son caractère, quoique;
susceptible et irritable, .s'est beaucoup amélioré; elle n'est
plus aussi méchante avec ses cpmpagnes. Sa tenue est dpve;
nue meilleure, elle suit avec facilité les exercices de la gym-
nastique des échelles et des ressorts et commence à faire des
ourlets. En somme, cette enfant s'est améliorée au déjà de ce
qu'on pouvait espérer. zip ça
1905. - Nous constatons chez notre malade des progrès
toujours croissants. De cette enfant qui était d'une irritabilité
indescriptible, d'une méchanceté sans égale, d'une tenue déplo-
rable puisqu'elle déchirait continuellement ses effets, nous
avons aujourd'hui une enfant douce, .docile, affectueuse même,
elle n'est plus méchante avec ses compagnes, s'amuse à jouer
à la corde, fait des rondes, mais sans bruit, ni tapage. Elle
se tient très proprement, prend un soin tout particulier de sa
personne, de sa chevelure dont elle est si fière ! Elle tira-
vaille bien dans tous les ateliers, mais principalement à la
buanderie. En classe elle lit couramment, écrit lisiblement,
fait des dictées, connaît l'addition et la soustraction. Nous ne
craignons pas d'affirmer que cette enfant s'est réellement
transformée depuis son séjour à la Fondation.
LXIV. VEILLA ? (Henriette), née le 9 août T885, entrée
à la Fondation en août 1893, à l'âge de 8 ans, atteinte d'imbé-
cillité prononcée, avec épilepsie (vertiges et accès nombreux).
Cette enfant, à son entrée, ne sayait ni lire, ni compter, ne
faisait que quelques copies, sans se rendre compte de ce
qu'elle écrivait. Elle possédait une certaine mémoire pour les
choses usuelles et les lieux, avait beaucoup de difficulté pour
retenir les leçons les plus élémentaires, ell.e semblait n'avoir
404 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
aucune aptitude pour l'instruction. Son caractère laissait beau-
coup à désirer; elle était très susceptible, turbulente, extra-
vagante, taquine et contrariante au suprême degré; elle était
toujours portée à faire ce qui était défendu, ne tenait aucun
compte des observations qui lui étaient faites. Elle était
propre, mais elle avait une tendance très prononcée pour
l'onanisme; en somme on n'attendait de cette enfant qu'une
amélioration fort médiocre. Cette prévision a été fort heureu-
sement déçue : nous avons, en effet, obtenu, chez elle, des
résultats surprenants. Hâtons-nous de dire aussi qu'elle n'a
eu ni accès ni vertiges depuis juin 1898. C'est à partir de cette
époque qu'a commencé son développement physique et intel-
lectuel.
1901. - Elle a appris à lire couramment, donne à la lec-
ture une bonne intonation, son écriture quoique peu régulière,
est néanmoins très lisible. Ve ? suit des dictées du cours
moyen, son orthographe est encore défectueuse mais elle peut
rédiger une lettre; connaît les trois premières opérations de
l'arithmétique et en comprend l'application, fait quelques
petits problèmes. Elle a quelques notions sur l'histoire et la
géographie, elle travaille bien au dessin. Ce n'est qu'à force
de travail que l'enfant a pu réaliser ces progrès, car elle a
toujours peu de facilité pour la classe. 11 n'en est pas d(
même pour les soins du ménage et pour les ouvrages manuels
elle se plaît à ces différents travaux et on voit que l'enfant
est tout à fait dans son élément.
Aujourd'hui elle .fait le ménage comme une grande per-
sonne avec beaucoup d'adresse et d'agilité. Elle est une des
plus avancées pour la couture et le repassage; elle qui au
début ne savait même pas tenir une aiguille, elle a appris à
faire la dentelle et la tapisserie, elle est même très vive dans
tout ce qu'elle fait. Elle travaille très bien à la gymnastique;
elle ne possédait aucune notion à son entrée. Le caractère s'est
légalement transformé; elle est beaucoup plus calme, très
travailleuse de son naturel, aime à se rendre utile en tout et
pour tout. Toute mauvaise habitude a disparu. En résumé,
amélioration notable.
1905. Vella ? a quitté la Fondation depuis bientôt
trois ans. Elle a été placée comme petite bonne chez Mme Guil-
lodon. rue de l'Hay pendant une année, elle a quitté cette
place depuis bientôt un an, parce qu'elle ne gagnait pas
assez et que sa patronne ne pouvait l'augmenter. Elle reste
actuellement à Gentilly; elle occupe sa nouvelle place depuis
qu'elle a quitté Mme Guillodon; elle gagne 30 francs par
mois, elle est dans une petite épicerie, marchand de vins et
restaurant. Ses patrons sont très convenables et veillent sur
TRAITEMENT bIÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 405
elle. Ils sont très satisfaits de son travail; elle est vive, tra-
vailleuse et propre; elle a d'excellentes qualités comme ména-
gère ; on ne nous a jamais fait aucun reproche ni sur sa con-
duite, ni sur son travail.
Cette malade qui était gravement atteinte à son entrée est
rtrrdue à la société et vit aujourd'hui du fruit de son travail.
LXV. Imbécillité, perversions instinctives, fugues, klepto-
manie. MARZORA ? (Georgette), 14 ans, née le 21 mai 1889.
A l'entrée à la Fondation (mars 1902), la physionomie indiquait
une certaine intelligence, mais peu de franchise, le regard
était sournois, elle était peu affectueuse, peu expansive. Le
caractère était irritable à l'excès; elle s'emportait à la moindre
contrariété, ne pouvait pas supporter le voisinage de ses
compagnes. De plus, elle était très bizarre : elle s'actionnait
des heures entières à s'amuser avec un rien, par exemple à
attraper les mouches, à les enfiler dans une aiguillée de fil
et les compter par centaines; d'autrefois, elle recherchait la
société de certaines de ses compagnes plus jeunes et bien
inférieures à elle comme intelligence, les amusait d'abord,
puis finissait toujours par les taquiner et les faire pleurer et
paraissait satisfaite quand elle arrivait à son but. Elle possé-
dait certaines notions au point de vue scolaire, mais un rien
la distrayait et la portait à rire, elle empêchait souvent ses
compagnes de travailler. Elle était à surveiller pour le vol, elle
s'appropriait facilement les affaires de ses compagnes.
Aujourd'hui (i9o3), l'enfant s'est améliorée, elle se rap-
proche beaucoup d'une enfant à peu près normale. Le carac-
tère laisse encore à désirer, mais elle est cependant moins
coléreuse et moins répondeuse qu'autrefois. Ses idées et son
langage sont moins bizarres. Elle rechercherait encore la
société des plus petites plutôt pour s'amuser que pour les
taquiner. Nous n'avons aucune fugue. Il y a chez elle de l'en-
fantillage dans ses paroles, dans ses jeux, dans ses habitudes,
mais on ne remarque ni vice, ni perversions instinctives, elle
n'a pas de mauvaises habitudes. Sa tendance pour la klepto-
manie a disparu. L'enfant a fait de réels progrès en classe,
puisqu'elle a pu obtenir le certificat d'études.
Elle a également fait beaucoup de progrès pour l'ouvroir,
elle est même très adroite et peut devenir une bonne coutu-
rière. Elle est également habile pour certains travaux manuels
qu'elle confectionne avec goût. Elle repasse bien, fait la gym-
nastique avec beaucoup de souplesse et d'agilité et là, comme
ailleurs, ses progrès sont sensibles.
19°5. Marzora ? (Georgette), sortie en congé en juil-
let 1904, avait beaucoup de disposition pour la couture et
406 ' THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
toutes sortes d'ouvrages manuels. Sa mère pour encourager ses
aptitudes la place-dans la couture. Elle tra.vaille actuellement
rite Keller. c'est sa seconde maison depuis dix-huit mois. On
l'a déplacée pour gagner davantage. Comme caractère, elle est
insouciante, et un peu négligente, mais il y a, malgré tout,
un grand changement. Sa mère nous, dit qu'elle est corrigée
de bien des défauts et que sa conduite est bonne. Elle pourra
certainement faire dé la couture son métier et gagner hoiio-
rablement sa vie.
LXVI. Rouss ? (Elisabeth), née le 3 mars 1885, entrée en
juin 1898, à l'âge de 13 ans, atteinte d'imbécillité et de rachi-
tisme, avec perversions instinctives.
Cette enfant parlait, causait, marchait, ne gâtait pas, mais
elle était nulle en instruction, connaissait à peine les lettres.
Le caractère était méchant, querelleur; elle se faisait détester
de toutes ses compagnes. La mémoire paraissait très faible
pour les leçons classiques, l'enfant disait elle-même qu'elle
était allée en classé chez les soeurs, mais qu'elle n'avait rien
appris. Vu son raisonnement Insouciant et son âge avancé, on
n'attendait que des résultats fort médiocres.
Malgré toutes ces difficultés, l'enfant a réalisé aujour-
d'hui (1899) de réels progrès. Elle lit lentement, mais cou-
ramment ; son écriture est lisible et même très régulière; elle
fait des devoirs variés de grammaire et de géographie, ainsi
que les trois premières opérations de l'arithmétique.
Le caractère est également bien changé, elle raisonne bien,
se rend compte de tout; elle est devenue plus calme et plus
affectueuse; elle a même une certaine délicatesse de senti-
ments. Elle aime à rendre service et s'entend très bien pour
les soins du ménage. Elle était nulle pour tous les ouvrages
manuels, aujourd'hui elle coud très bien, repasse de même, a
appris à faire de la dentelle. Elle exécute facilement tous les
mouvements de la gymnastique, elle qui n'avait aucune notion
à son entrée.
igo5. - Rousse ? a quitté la Fondation en l04, après
avoir réalisé de réels progrès. Elle lisait très couramment, con-
naissait les trois premières règles de l'arithmétique, commen-
çait la division et savait rédiger une lettre; en un mot l'enfant
pouvait se tirer de peine. Elle savait faire un ménage, de
même qu'elle savait coudre, mais surtout laver et repasser.
En quittant la Fondation, elle a d'abord été placée comme
bonne pendant un an; puis elle a appris le métier de blan-
chisseuse.
1905. - Aujourd'hui, notre ancienne malade travaille
comme blanchisseuse, rtië Lacépèile, elle gagne 3 fr. 50 par
TRAITEMENT M/5D1CO-PÉDAGAGIQUE DES IDIOTIES. 407
jchr et habite avec sa soeur, Mme Leclair, 2 bis, rue des Ecoles.
Encore une malade qui a appris un métier et qui aujour-
1'Icrri se suffit à elle-même.
LXVII. Imbécillité, excitation /MM ! 6' ? ML'/0/< ? ej ? Lésa ?
(Marguerite), née le 12 mars 1888, âgé de 15 ans, entrée
à la Fondation en avril igoi. A son arrivée, la physionomie
de l'enfant était dure, le caractère laissait beaucoup à désirer
scus tous les rapports, elle était susceptible et irritable à
l'excès. Elle se mettait dans des rages épouvantables pour le
motif le plus futile. Elle criait à gorge déployée, jetait des
cris, poussait des rugissements comme une bête fauve, tapait
des pieds, s'arrachait la chevelure des deux côtés de la tête
à un tel poiht que ses cheveux étaient tout à fait clairsemés et
tiès courts.
En outre, sa tenue était déplorable, elle se déshabillait
continuellement, ne gardait ni jupon ni pantalon, changeait
ses effets avec ses compagnes ou bien elle les déchirait : elle
agissait en un mot comme une enfant qui n'a pas un brin de
raison. Elle était répondeuse et. malhonnête, ne supportait pas
la moindre observation.
Elle avait une certaine mémoire pour les leçons scolaires,
mais n'y mettait aucune bonhe volonté. Elle s'amusait à rire
et à bavarder avec ses compagnes. L'enfant avait aussi de
réelles difficultés pour la gymnastique et n'y apportait aucune
bonne volonté, prétendait qu'elle avait une hernie et qu'elle
ne pouvait se livrer à cet exercice. En somme, l'enfant pré-
sentait des bizarreries de caractère et était très difficile à
diriger. t
1903. - Peu à peu son caractère s'est modifié, ses accès de
colère sont devenus moins fréquents, ses. moments d'excita-
tion ont fait place à un calme régulier. Elle est devenue plus
polie et plus complaisante à l'égard du personnel, son rai-
sonnement est devenu meilleur, l'enfant a même aujourd'hui
un certain jugement. Elle est devenue très propre et très soi-
gneuse de sa personne, minutieuse dans sa toilette. Au point
de vue scolaire ses progrès n'ont pas été moins rapides) elle
y a mis de l'application, de la bonne volonté et a pu obtenir le
certificat d'études. Elle suivait également bien tous les exer-
cices delà gymnastique. Sous le rapport de la couture, l'en-
fant a bien appris à coudre; elle y met d'autant plus d'ardeur
quelle veut en faire son métier. Vu cette amélioration nota-
ble, elle a été Tendue à sa famille dahs le courant de l'année.
1965. - Lesàg ? a quitté la Fondation, après avoir fait dès
progrès sous tous les rapports. Notre ancienne malade tra-
vaille dans là couture. Elle commence gagner quelque peu,
408 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
ses parents font tout ce qu'ils peuvent pour l'encourager. Il
y a encore bien des choses qui laissent à désirer au point
de vue du caractère, car elle est nerveuse et irritable, mais
ces moments-là sont de courte durée. Elle se tient bien à son
travail, est avancée dans son apprentissage et se conduit
bien. Espérons qu'elle pourra être habile couturière un jour
et qu'elle parviendra à gagner honorablement sa vie. Sa sortie
a été cependant prématurée.
Sortie prématurée à cause de son irritabilité ne)'-
veuse qui nécessiterait encore durant un certain temps
un traitement bal21éo-théî-al)ique qu'elle ne peut
suivre deliors et aussi parce que son apprentissage
était incomplet. Des sorties de ce genre sont malheu-
reusement trop fréquentes.
LXVIII. FoR ? (Louise), idiotie complète, née le 15 octo-
bre 1896, 8 ans,, entrée le ior décembre 1899, cécité. Cette
enfant était très chétive, sa physionomie était insignifiante
et inspirait la pitié, à cause de son mauvais état général. Elle
ne mangeait, ni ne buvait seule, ne pouvait pas se tenir sur
les jambes, la parole était nulle. Elle gâtait nuit et jour. Rien
ne pouvait faire présager la moindre amélioration chez cette
enfant; cependant elle est parvenue à marcher seule, à s'ali-
menter elle-même assez proprement. Elle parle franchement
et sans le moindre défaut de prononciation. Elle est propre
le jour, va elle-même sur le siège ou bien elle se dirige de ce
côté, la nuit il suffit de la faire lever une ou deux fois pour
qu'elle soit tout à fait propre. Amélioration.
19°5. - For ? n'a pas fait des progrès très rapides, mais
elle se maintient. Elle s'alimente bien toute seule et mange
proprement, marche avec facilité, monte et descend seule les
escaliers, en s'appuyant a la rampe. Elle reconnaît au son de
la voix, toutes les personnes attachées au service.. Elle parle
bien, sans défaut de prononciation, demande tout ce qui lui
e,-t nécessaire. Comme presque tous les aveugles, l'enfant aime
la chant et la musique, fredonne les chansons qu'elle entend
répéter. Elle est douce et très affectueuse. Amélioration au
point de vue de la marche, de la parole et de l'alimentation.
LXIX. BuL ? (Marguerite), 4 ans 1/2, née le 28 août 1899.
Idiotie complète. - A Ventrée, le 19 septembre 1902, parole
et marche nulles, gâtisme absolu; malgré cela, elle avait la
physionomie assez expressive et, de prime abord, paraissait
TRAITEMENT DiI : DICO-P1 : DAGOGIQI : li DES IDIOTIES. 409
plus intelligente qu'elle ne l'était réellement. Elle était
turbulente au possible, il aurait fallu la tenir constamment
dans ses bras pour éviter une rage. Quand on refusait de la
porter, elle pleurait, criait à gorge déployée pendant des
heures entières, à tel point qu'on aurait pu croire qu'elle était
maltraitée. Elle ne marchait pas et ne disait aucun mot, elle
gâtait nuit et jour.
1903. - Cette enfant mise en traitement dès le début a
déià fait des progrès. Elle est devenue affectueuse et cares-
sante pour les personnes qui la soignent, elle marche seule et
court de tous côtés comme un vrai furet. Elle aime beaucoup
entendre le chant et la musique, fredonne certains airs mais ne
dit que ces deux mots : maman, bobo. Elle boit et mange seule,
ce qu'elle ne faisait pas à son entrée. Elle gâte rarement la
nuit, quand on a soin de la faire lever, il en est de même
dans la journée quand on la met souvent sur le siège. Amélio-
ration.
1905. - Marguerite continue de s'améliorer; elle s'habille
et se déshabille presque seule, mange très proprement, se
sert de la cuiller et de la fourchette et se tient bien à table.
Malheureusement ses progrès sont toujours lents pour la parole
qui est limitée à quelques mots les plus usuels; elle dit fran-
chement : papa, maman, pipi, bobo, lolo, pin, pin. Elle se fait
bien comprendre et désigne bien les objets qu'elle désire. Elle
est toujours très douce, très caressante, se faufile partout et
sait se faire aimer de tout le monde. Cette enfant qui, au
début, était gâteuse, qui ne marchait pas et qui faisait des
cris de rage est devenue aujourd'hui tout à fait propre, mar-
che très bien. Son caractère est surtout beaucoup plus calme;
d'où nous concluons qu'il y a chez elle une certaine amélio-
ration.
LXX. Mugi ? (Marie-Louise), 2 ans; née le 17 avril 1898,
à son entrée à la fondation en octobre igoo, atteinte d'idiotie
complète, avec gâtisme, marche et parole à peu près nulles.
Les progrès faits par l'enfant sont à signaler d'une façon
toute particulière. Elle ne prononçait aucun mot, ne faisait
entendre qu'un gazouillement tout à fait incompréhensible;
aucun signe, aucun geste ne suppléait à la parole, l'enfant
essayait les premiers pas en chancelant et le moindre obstacle
suffisait pour l'effrayer < et la faire tomber. Elle était gâteuse
et malpropre au suprême degré, n'aimait guère à être nettoyée
et les soins nécessaires concernant sa toilette lui étaient extrê-
mement désagréables.
Deux années se sont écoulées depuis son arrivée et un
grand changement sous tous les rapports s'est opéré en elle.
410 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
Elle s'habille et se déshabille seule; elle est d'une propreté
méticuleuse sur ses Vêtements. L'enfant était autrefois gro-
gnon, un rien provoquait Une crise de larmes, actuellement,
elle est caressante, affectueuse, aime a se rendre utile dans la
mesure de ses petites forces. Elle commence à connaître l'al-
phabet, sait compter jusqu'à 20 sans hésitation et place les
chiffres d'une façon remarquable. - Elle, qui à l'entrée,
savait à peine marcher, trotte maintenant comme un petit
furet, elle éprouve un vif plaisir à faire la gymnastique, exé-
ci-te parfaitement les quatre premiers mouvements, sait de
même lacer, boutonner, agrafer, se prête volontiers à tous ces
exercices-. Progrès notables sous tbus les. rapports. (1902.)
19°5, -- Signalée en 1902, comme améliorée notablement,
M ? a fait depuis cette époque de sensibles progrès qui méri-
tent une mention particulière. Le caractère se modifie et
devient de jour en jour plus affectueux et plus doux. L'intel-
ligence se développant graduellement, la physionomie prend
un aspect plus éveillé, le regard a pris de la vivacité et l'en-
fant ,se prête de bonne grâce aux différents exercices que
comporte le règlement. L'é'tude semble avoir pour elle un
certain attrait, aussi fixe-t-bn son attention, les progrès pour
là lecture sont assez rapides, actuellement l'enfant syllabe
très bien, commence même à assembler, cherchant à compren-
dre le sens des mots; elle commence également à copier, forme
bien les lettres et les chiffres.
La atole est plus facile, le défaut de prononciation moins
accusé. Elle est devenue vive, agile et exécute les mouvements
de gymnastique sans difficulté. Tout porte à croire que si 1 cc'
ture sera Courante d'ici peu et laissé espérer de bons résultats
sous tous les autres rapports.
LXXI. ORIGL ? (Angèle), née le 5 février 1892, est entrée
à la Fondation Vallée, le 28 décembre 1894, à l'âge de
3 anis. atteinte d'idiotie à un degré très prononcé. Elle ne par-
lait pas, le regard était assez mobile, mais sa physionomie
exprimait là tristesse, la souffrance, on aurait dit Une personne
âgée connaissant déjà les ennuis et le malheur. Elle se servait
fort maladroitement de la cuiller. La mastication était très lente,
aussi ne pouvait-on lui donner que des aliments liquides ou
peu consistants. Elle ne marchait pas : c'est à peine si elle
faisait quelques pas tout en la soutenant et lui donnant la
main. L'enfant a eu, en outre, une coxalgie qui a nécessité
son séjour à l'infirmerie pendant des années entières. Elle
gâtait nuit et jour.
Ce n'est qu'en 1898 que l'enfant a pu suivre régulièrement
le traitement médico-pédagogique. Très timide 7tt début, elle
TRAITEMENT MliDICO-PIsDAGIOGIQUE DES IDIOTIES. 411
paraissait toujours triste et préoccupée, répondait à peine
quand on lui adressait la parole. Rien ne nous faisait présager
les grands changements et les résultats étonnants que nous
avons obtenus.
Peu à peu, l'enfant s'est habituée au personnel; elle a com-
mencé par dire quelques mots, puis des phrases; aujour-
d'hui (1900), elle parle bien, sa voix est claire, sans défaut de
prononciation. Elle écrit lisiblement, commence à faire tles
petits devoirs de grammaire, connaît les deux premières opéra-
tions de l'arithmétique, elle lit lentement niais Sa lecture ést
courante. L'enfant est devenue très propre, le gâtisme a Com-
plètement disparu. Elle se donné elle-même les t3oins dé toi-
lette qui lui sont nécessaires. Elle a fait beaucoup de progrès
en couture, elle travaille aux robes, aux tabliers, etc. Amc.
liotrttiorz notable.
1905- - Cette enfant s'est beaucoup améliorée au point de
vue intellectuel. Elle lit bien; donne à sa lecture une bpnne
intonation, connaît les trois premières opérations de l'arithmé-
tique, suit une petite dictée; ses progrès seraient même tapi'
des, mais l'enfant est obligée de séjourner à l'infirmerie, ayant
des abcès à Si jambe malade. C'est grand dommage, car l'en-
fant est désireuse d'apprendre en classe, de même quelle
voudrait se rendre utile aux soins du ménagé et suivre le.1
divers ateliers. Elle coud bien et repasse de même. Dès qu'elle
l'ot mieux, elle s'occupe à différents travaux', prend soin
des plus jeunes comme une grande personnel. Elle se tient
très proprement. - En résumé cette enfant qui a été
prise très bas, s'est beaucoup améliorée au point de vue intel-
lectuel.
LXXII. TROUIL ? (Georgette), née le 24 octobre 1887,
12 dni. Cette enfant, atteinte d'imbécillité et d'hémiplégie
droite, n'avait à son entrée le 1 si juin ! 8o5 aucune notion,
sur tout ce qui concerne les exercices classiques. Elle parle
bien, répond directement aux questions qui lui sont posées,
mais ne sait tenir une conversation. L'attention est facile à
fixer, l'enfant se tient bien à la classe et a pris goût aux exer-
cices de ses compagnes. Elle lit par syllabes, fait les deux
premières opérations de l'arithmétique, écrit lisiblement, quoi-
qu'écrivant de la main gauche.
A son entrée, l'enfant re pouvait ni s'habiller, ni se désha-
biller, ni lacer, ni .boutonner. Après avoir fait ces derniers
exercices sur le mannequin à l'école, elle est parvenue à s'ha-
biller entièrement elle-même.
19°5. - Trouil ? a continué de s'améliorer, elle lit cou-
ramment, fait des devoirs de grammaire, des dictées élétnen-
L
412 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
taires, connaît les trois premières règles de l'arithmétique. Elle
a un bon raisonnement, aime à rendre service dans la mesure
du possible. Elle travaille à la couture, ne perd jamais
de temps. Elle est gentille et raisonnable. Cette enfant qui ne
savait rien au début, a fait de notables progrès au noint de
vue classique. -
LXXIII. Merl.. (Louise), âgée de 12 ans, née le 21 août
iggo, entrée à l'Asile à l'âge de 9 ans, atteinte d'imbécillité
très prononcée, avec turbulence et instabilité. La prononcia-
tion. était mauvaise, elle zézayait beaucoup, prononçait les
lettres j et g comme z; elle disait zuze pour juge, touzou pour
toujours; il en était de même pour la syllabe che : elle disait
marcer pour marcher. Elle avait en outre une certaine diffi-
culté pour prononcer l'r; elle disait coude pour coudre, ouvoi
pour ouvroir.
Aujourd'hui (1902), il y a une grande modification dans son
langage. Elle ne zézaie plus et sa prononciation est normale.
Elle était nulle, en instruction primaire, ne connaissait ni let-
tres, ni chiffres, ne savait même pas tracer des bâtons sur l'ar-
doise. Ajoutons encore que cette enfant ne paraissait avoii
aucune aptitude pour ce qui était enseignement.
Malgré toutes ces difficultés, nous enregistrons aujourd'hui
des progrès très notables. Elle est parvenue à écrire très lisi-
blement, fait une copie, connaît et sait faire les chiffres et lit
par syllabes. Tout donne lieu d'espérer que sa lecture sera
tout à fait courante d'ici quelques mois. -- La couture va bien,
ainsi que le repassage, l'enfant a fait de réels progrès en gym-
nastique.
19°5, - Les progrès au point de vue du travail manuel ont
augmenté graduellement. Mer ? a de réelles aptitudes pour le
ménage et se rend utile. Elle coud assez bien, repasse conve.
nablement, mais à ces deux occupations elle préfère la buan-
derie. Elle lave avec soin et avec goût. Le caractère est ser-
viable, quoique un peu turbulent. Elle n'est pas méchante avec
ses compagnes. Mais nous ne pouvons constater de grands pro-
grès pour la classe; sa lecture n'est pas encore courante, elle
écrit lisiblement, fait des copies, connaît l'addition. Elle s'ex-
prime avec facilité, tient bien conversation. En réalité ses pro-
grès sont peu marqués cour la classe, tandis qu'ils sont très
notables au point de vue des travaux manuels.
LXXIV. BIDA ? (Jeanne), âgée de 16 ans, née le 15 fé-
vrier 1888, entrée à la Fondation le 13 octobre 1902, atteinte
d'imbécillité avec périodes d'excitation.
A son entrée, la physionomie de l'enfant n'indiquait aucune
TRAITEMENT DiliDlCO-PI : D : 1GOGIQUE DES IDIOTIES. 413
intelligence, le regard était sournois, elle savait parler, mais
était incapable de tenir conversation, l'attitude était embar-
rassée. Le caractère était triste, maussade; les premiers jours
de son arrivée, l'enfant avait eu, sans motif déterminé, une
période de mélancolie plus prononcée que d'habitude. Il s'en
était suivi des idées de suicide : certain soir au préau, on l'a
surprise cherchant à s'étrangler avec le cordon de sa chemise.
Elle procédait mal à ses soins de toilette, s'habillait et se
déshabillait avec lenteur. Elle n'avait aucun goût pour les
travaux de couture, ni aucune notion de la gymnastique,
paraissait même avoir pour ce dernier exercice des difficultés
insurmontables. Elle était également très en retard au point
de vue scolaire, ne connaissait ni lettres, ni chiffres, ne savait
pas écrire; vu son âge avancé, elle ne donnait pas à espérer
de grands résultats.
Aujourd'hui f Igo3), un changement notable est survenu,
malgré tout. La physionomie est plus franche et plus expres-
sive, elle est beaucoup plus affectueuse et expansive, tient
facilement conversation avec ses compagnes, elle est serviable
avec le personnel, n'a plus les idées noires qui la portaient à
attenter à ses jours; ni période d'excitation, ni de mélancolie.
Le caractère est devenu réellement calme et tranquille. Elle
piocède minutieusement aux soins de propreté, sa tenue est
correcte.
En classe, elle a également fait des progrès, commence à
lire par syllabes, l'écriture est lisible, fait bien une copie,
commence à faire de petites additions. Elle commence à cou-
dre, se rend sans peine à la couture et au repassage. Elle suit
avec facilité les exercices de gymnastique, elle est beaucoup
plus souple et plus agile dans ses mouvements. - En résumé
les progrès de cette enfant sont très sérieux.
1905. -- Les progrès sont lents, mais d'une année à l'autre
nous en constatons quelques-uns. Le caractère est gai. B ?
s'amuse bien aux heures de récréation, reste tranquille en
classe, les périodes mélancoliques n'ont plus reparu.
Sa tenue ne laisse rien à désirer; elle aime à s'occuper des
plus jeunes et en prend grand soin. Elle travaille dans tous
les ateliers : couture, repassage, buanderie; elle met de la
bonne volonté partout. Mais elle a de réelles difficultés pour la
classe, sa lecture n'est pas très courante, écrit lisiblement, ne
crnnaît que l'addition. Elle fait bien la gymnastique. Amé-
lioration sous bien des rapports.
LXXV. Imbécillité avec mouvements choréiques. - Lasso ?
(Gabrielle), 13 ans, née le 15 mai 1889. - tl l'entrée (22 jan-
vier T903), le visage de l'enfant était pâle, la physionomie
414 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE,
avait une empreinte de tristesse et de mélancolie, comme si
elle s'était rendue compte de son état. Elle causait peu, la
voix était tremblotante, la parole lente et saccadée. Les senti-
ments affectifs n'étaient nullement développés, elle recher-
chait plutôt la solitude, son regard était timide et indifférent
avec tout le monde. Les mouvements brusques des bras et des
jambes ne lui permettaient pas de se donner les soins de
toilette nécessaires,; au réfectoire elle avait de la peine à
porter les aliments à sa bouche et en répandait fort souvent
sur la table. Sa démarche était chancelante et ,son allure
désordonnée. Son intelligence était tout à fait réfractaire à
l'étude et sa mère déclare qu'on n'avait jamais pu lui rien
apprendre en classe, elle faisait le désespoir de ses maîtresses
d'école. Quand elle est arrivée parmi nous, elle connaissait à
peine les lettres, les nommait avec peu d'assurance, l'écriture
était à peu près nulle, comme l'indiquent du reste ses cahiers
pendant sa période choréique; elle connaissait et savait faire
les chiffres. Tout son savoir consistait en ces quelques notions.
L'enfant a été mise en traitement dès le début (douches,
capsules de bromure de camphre, gymnastique, exercices, etc.).
En quelques mois une grande amélioration s'est manifestée
- sous tous les rapports. La physionomie a pris, peu à. peu, une
expression toute réjouie, l'air maussade et mélancolique a fait
place petit à petit à une gaîté et un enjouement continuels;
elle est devenue affectueuse et serviable avec le personnel,
tiès complaisante avec ses compagnes, principalement avec les
plus petites, elle .s'intéresse à elles, les place sous sa protec :
tion et leur donne gentiment les soins qu'elles réclament.
Au point de vue scolaire, elle a également fait des progrès,
l'écriture est devenue très lisible, la copie est bonne, elle com-
mence à faire quelques devoirs de grammaire, connaît l ? ddi-
tion. Elle lit par syllabes et tout donne à espérer que d'ici
quelques jours la lecture de l'enfant sera courante.
Elle aime la gymnastique, sait faire tous les mouvements,
y est devenue très agile. Elle se livre avec plaisir aux travaux
de couture, s'y prend bien et n'est pas. maladroite. Inutile
d'ajouter que l'enfant ne pouvait suivre aucun de ces exercices
à soil entrée. - En somme, elle a fnit, en tout, des progrès
sensibles (1903).
1905. - Lasco ? continue à s'améliorer à tous les points
de vue; les accidents nerveux {chorée) ont disparu, fille se
porte admirablement bien au point de vue physique. Au point
de vue intellectuel ses progrès sont à signaler : Gabrielle lit
couramment, son écriture est bien formée et même régulière.
Elle fait des petites dictées, connaît l'addition, la soustrac-
tion et la. multiplication. La mère se montre très satisfaite
TRAITEMENT TII : DIGOPLD : 1GOGIQUG DES IDIOTIES. 415
des progrès classiques de son enfant, car elle n'avait jamais
rien appris dans les écoles primaires.
Le caractère n'est ni méchant, ni taquin, mais il est obser-
vateur, elle remarque tout. Le travail manuel est lent, mais
constant; elle se rend de bonne grâce dans tous les ateliers.
Elle se tient toujours, très proprement. Elle fait bien la
gymnastique et là comme ailleurs, elle a fait de notables
progrès.
Chez Lase ? comme chez beaucoup d'autres cho-
réiques que nous avons eu à traiter le bromure de
camphre, sous forme de capsules du D' Clin (1) nous
a procuré d'excellents résultats. Selon notre habitude
nous avons pris des spécimens de l'écriture (Fig. 50,
Fig. 5/ . Chorée.
(1) C'est grâce Il 1. le D' Clin qui a fait. fabriquer dans le feuils
du bromure de camphre gratuitement, que nous avons pu faire nos
expériences physiologiques el. thérapeutiques.
416 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
Fig. 52. Chorée; amélioration.
. Fig. 53. - Chorée ; guérison.
51, 52 et 53), (date, nom) et l'ait tracer une ligne
horizontale, ce qui permet de se rendre un compte
assez exact du degré de tremblement.
(A suivre.)
L'absinthe à l'école.
Dans une école communale de la ville de Paris, un instituteur
remarquait avec surprise que, chaque jour, à partir de dix heures
du matin, l'un de ses élèves, un bambin de sept ans, avait de é-
ritables accès de folie. Sans raison, l'enfant rouait de coups ses
petits camarades et, lorsque le maître lui adressait de justes re-
montrances, il se roulait sur le parquet en poussant de tels cris
que les passants, étonnés, se groupaient devant la classe. L'insli-
tuteur s'étant aperçu que son encombrant élève demandait fré-
quemment la permission de sortir, le lit suivre et ne tarda pas à
apprendre qu'il s'enfermait dans les water-closets ? pour boire
de l'absinthe ! Ce gamin de sept ans avait toujours sur lui un fla-
con empli de ce liquide etc'était sa mère, qui tous les matins.gl's-
sait le poison dans l'une de ses poches. Ne pouvant- le corriger,
le directeur de l'écoie dut. se résoudre à le renvoyer dans sa fa-
mille. [Semeur de l'Oise, 27 mai).
Fier r. -\ ? à 11 ; ni 1,9 HÊRT V
Fit, 2. - \ ? il le¡ i 11 , 1 12 (18 q.)
Fig. 3. - V ? il 13 ans 1/2 (1889).
Fig. ? - w ? à 19 ans 1/2 (1895.)
Fig. 5. - W ? il 19 ans 1/2 (1895.'
Fig. 6. \V ? à 21 ans (1897.)
1 Fig. 7. V ? à 24 ans (1900).
Fig. 8. W, .. à 25 ans (1901).
Fig. 9 ? ZV ? à 26 ans (1902).
Fig, - jo. Y ? à 27 ans (1903).
Fig. 11.- W.. à 29 ans (1905).
Fig. s. W.. 130 ans (1906).
1 Fig. r 3. -. W ? à 30' ans (190G).
Fig. 14 - W ? a 30 ans (1906).
Fig. r 5. - W. il 30 ans (1906).
Fit 1. Kram ? il 4 ans .1895).
Fig. 2. - Kram ? à 4 ans (1895).
Fig 3. - Kram .. à 4 ans (18 ? 5).
Fig. 4. Kram ? à 5 ans (18 ? 6.)
Fig. 5. Kram ? 15 ans (1896.)
Fig. 6. Kram ? à 5 ans 1/;2(1896.)
Fig. 7. Kram ? à 5 ans 1/2 (1896.)
Fig. 8. - Kram ? à 6 ans 1/2 (1898.)
Fzg. g. - Kram ? à 8 ans 1/2 (1900.)
Fig. io. - Kram ? à 9 ans 1/2 (1901.)
1· ig. r r . - lirani ? à J ans 1/2 (1901. )
Flg. 1;). - Kram ? à 12 ans 1/2 (1904.)
Fig. 13. Kram.. à 12 ans 1/2 (1904.)
Fig. 14, Kram ? à 14 ans 1/2 (1906.)
Fig. 15 - Kram ? à 14 ans 1/2 1906.)
F ig. r 6. - Kram ? à 14 ans 1 /2 (1906).
Fig. r. - Kram ? à 14 ans 1/2 (19C6.)
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
Xl.VII. Nouveau cas de de pellagre accompagnée de
rétraction de l'aponévrose palmaire ; par PARHON et
Goi.dstein. (Revue de médecine, 1905, p. 620.)
Un cas semblable a déjà été publié par lesauteurs dans la Revue
de Neurologie de lui)02. Ils rapportent aujourd'hui l'observation
d'un nouveau cas chez un sujet pellagreux atteint de double ré-
traction de l'aponévrose palmaire. Ce syndrome paraît être lié à
la pellagre et être un trouble trophique du système nerveux
comme les syndromes du même ordre qu'on rencontre au cours
de certaines maladies générales, rhumatisme chronique, diabète
ou même des maladies du système nerveux comme la syringo-
myélie. M. Il.
XLYIII. Les rémissions prolongées de la méningite chez
l'enfant; par Carrière et LHOTE. (Revue de médecine, juillet ! 90j.)
Il y a dans la méningite tuberculeuse une rémission survenant
à la; ! c période et qui laisse quelquefois à l'entourage une illusion
sur une amélioration (le l'affection; cette rémission est passa-
gère et dure quelques jours ; elle est d'une observation courante
dansla méningite tuberculeuse, mais il existe, plus rarement il
est vrai, une forme de rémission beaucoup plus prolongée et pou-
vant durer des mois. Les auteurs en rapportent un certain nom-
lire d'observations, les rémissionsayant été, dans ces divers cas, de
4 mois 1/2, 5 et même mois. Cette rémission est rare ; elle
ne comporte pas d'ailleurs la disparition complète des phénomè-
nes méningitiques ; on y rencontre certains signes qui ne trom-
pent pas un médecin exercé, troubles digestifs, arythmie du pouls,
hypothermie, troubles persistantsdu caractère. Les rémissions ont
toujours été suivies de rechute et finalement le dernier cycle de
la maladie accomplitson évolutioncomme dans les cas ordinaires.
Au point de vue étiologique, on peut trouver une explication de
ces l'émissions par ce fait que la méningite tuberculeuse suit la
loi des autres syndromes tuberculeux. Affection presque toujours
mortelle, elle peut être entrecoupée de périodes d'accalmie, les
résultats donnés il l'autopsie indiquant dans ces cas, à côté de lé-
sions récentes de granulations tuberculeuses, des lésions ancien-
nes circonscrites avec épaississement des méninges (masse jaune
sclérosée). 11 y aurait donc, au début, une poussée tuberculeuse
Archives, 2- série 1906, t. XXI. 23
418 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
locale qui aurait rétrocédé mais n'aurait pas empêché des symp-
tômes méningitiques de se manifester plus tard. ,
Un peut conclure de ces faits, malgré le peu d'espoir que peu-
vent présenter ces rémissions, que la méningite tuberculeuse
n'est pas une maladie nécessairement mortelle. Il peut y avoit-
des lésions circonscrites qui peuvent s'atlénuer et même guérir et
le médecin doit,dès ledébut,installer une hygiène rigoureuse des
méningitiques, afin d'éviter un réveil delà diathèse.
M. 1 IArIEL.
XLlX.-Le bégaiement épileptique ; par M. Ch. Féré. (Reçue
de médeeine, février 190G )
Observation de plusieurs épileptiques chez, qui des crises de bé-
gaiement constituaient des équivalents de crises vraies. Dans un
cas.le bégaiement annonçait l'accès et constituait une sorte (l'aura.
Il se reproduisait à intervalles rapprochés jusqu'à ce que sur-
vienne une grande crise. ,,1. II.
L. Note sur les rêves épileptiques ; par Ch. Féré. (Revue
de médecine, septembre 1905.)
Certains épileptiques peuvent présenter des rêves noctunes
ou diurnes stéréotypés et ayant l'allure d'une crise fruste.
Sans qu'on puisse affirmer l'épilepsie quand on rencontre ces
rêves chez des sujets n'ayant point d'autres signes comitiaux,
néanmoins ils paraissent constituer dans certains cas des équi-
valents de crise. Suivent deux observations-. IL il.
LI. - Contribution à l'étude de la neurasthénie sexuelle;
par Ch. Féré. {Revue de médecine, mars 1905.)
Deux observations, l'une d'un sujet prédisposé de 42 ans, avec
anomalie de développement de la sexualité et qui pendant l'épo-
que delà v ie sexuelle présentait chaque mois du gonflement des
mamelons, suivi, mais à cette époque seulement, d'appétence gé-
nésique. Vers l'âge du déclin, disparition de ces phénomènes
ainsi que de l'appétence sexuelle,mais le sujet manifesta des phé-
nomènes syncopaux à la suite d'un coït avec troubles neurasthé-
niques graves qui ont persisté longtemps après. L'autre observa-
lion est celle d'une dame de 50 ans, ayant présenté des phéno-
mènes semblables à la suite d'un traumatisme. 11. Il.
LU, - L'hypophyse et la pathogénie de la maladie de Ba-
sedow ; par SALMON. (Revue de médecine, mars 1905.)
L'auteur émet l'hypothèse que la maladie de Basedow parait
devoir son origine à une intoxication primitive des centres lier-
veuxproduisant la suracliv ité thyroïdienne, et due à un trouble
de fonctionnement de l'hypophyse. )1. IL
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 410
LUI. Paralysie des deux hémioculomoteurs, par Grasset
et GAUSSE ?
les D" Grasset et Gaussel communiquent l'observation
d'une malade, chez qui ils ont relevé, en plus des signes d'une
tumeur de la base, de nature tuberculeuse, un syr : drome oculo-
moteur consistant en une paralysie de l'oculogyrie latérale des
deux côtés avec conservation des mouvements de convergence,
d'élévation et d'abaissement des yeux.
A l'autopsie, on trouva deux tubercules du lobe gauche du cer-
velet et un tubercule de la protubérance, qui intéressait à la lois
les noyaux du facial gauche, de l'acoustique et des deux ocula-
moteurs externes. ZD
Les auteurs insistent sur l'existence du syndrome oculo-moteur
et en tirentunnouvelargumenten faveur de l'hypothèse de deux
hémioculomoteurs oculogyres, des troxgyre et lévogyre. S'ap-
puyant sur des observations de Parinaud, Foville, Prévost, Ray-
mond, etc., etc., ils décrivent le trajet des hémioculomoteurs, de-
puis l'écorce jusqu'à leur entrecroisement et leurs noyaux de di-
vision inférieure. Ils concluent ainsi : «Loin de dire que la con-
ception des oculogyres ne peut pas être soutenue, on peut préten-
dre que la clinique confirme déplus en plus cette proposition
déjà émise par l'un de nous, et qui résume à la fois la conception
des hémioptiducs et des hémioculomoteurs : chaque hémisphère
voit et regarde, avec les deux yeux, du côté opposé. » (Revue
neurologique, janvier 1905.) E. B.
Lit. Le noyau mésocéphalique des oculogyres,
par A. GAUSSEL.
Dans cette étude, lI. Gaussel entreprend de démontrer que le
noyau mésocéphalique des oculogyres doit être placé dans le
groupement des cellules grises de la région protubérantielle, que
les anatomistes considèrent comme le noyau, l'origine du mo-
leur oculaire externe. Il s'appuie pour cela sur les faits suivants :
10 Toute lésion qui porte sur le nerf moteur oculaire externe
depuis son orgine réelle jusqu'à sa terminaison, détermine un
strabisme convergent ; toute lésion qui porte sur le noyau dit de
la1'1 paire détermine une déviation conjuguée.
2°L'anatomie normale (Duval et Lahol'de1, l'anatomie patholo-
gique (Bruce) ont montré que des fibres quittent le noyau de la
\'le paire, pour aller se 'mettre en relation avec le nerf du droit in-
terne du côté opposé :
3e Griinet- et l3ertolotti ont rapporté les observations de deux
. malades qui présentaient une paralysie des mouvements asso-
ciés des yeux pour l'élévation, l'abaissement et la convergence
420 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
des deux globes oculaires avec conservation parfaite des mouve-
ments associés de hilatéralité. L'autopsieapermis,dans un cas, de
constater que la lésion avait détruit les noyaux de la lit, et IVe
paires de chaque côté en laissant intact le noyau de la VIe paire.
Le noyau mésocéphalique de l'oculogyrie ainsi démontré,
remplit le rôle de centre d'association que l'on a voulu faire jouer
aux centres supra-nucléaires (Parinaud, Raymond), dont l'exis-
tence, nullement démontrée, est dès lors inutile pour l'explica-
tion des faits. {Revue neurologique, octobre l05.) E. 13Ln" ,
L ? - Etude critique sur le tabes infantile juvénile;
par ? ID1. Edgard Hirtz, médecin de l'hôpital Necker, et Henri
LED1AIRE, interne du service.
\I\l.Ilirtz etLemaire rapportent une observation de tabès ju-
vénile. A cette occasion, ils font la critique de toutes les observa-
tions déjà publiées, en s'appuyant sur l'existence des trois signes
essentiels : Argyll, Romberg et Westphall. (La ponction lombaire
est de pratique trop récente pour entrer en ligne de compte, et
les constatations nécropsiques font défaut.) Mais le signe d'Argyll
ne saurait,être patllognomoniyue et n'est qu'une manifestation de
syphilis nerveuse ; de môme le signe de Romberg ne peut être
exigé au début. C'est donc le signe de Westphall qui doit avoirla
plus grande importance ; c'est l'abolition du réflexe patellaire et
celle du réflexe achilléenqui est la manifestation la plus certaine
des lésions des cordons postérieurs. Les auteurs, rejetant les cas
douteux, ont ainsi dressé le tableau de quaranle-six observations,
où le diagnostic de labes paraît certain.
Ils ajoutent une observation personnelle concernant un jeune
homme de 23 ans, sur lequel ils ont constaté la disparition des
réflexes achilléens, l'existence du signe d'AI'gyll el d'une lympho-
cytose très accentuée du liquide céphalo-rachidien. En outre, le
malade présente une fracture spontanée du calcanéum et des
crises gastriques, qui ontdébuté alors qu'il avait six ans.
De l'élude de ces observations, les auteurs concluent qu'engé-
néral, le labes des jeunes sujets est discret, peu ataxique, rare-
ment ou tardivementdoulourew. Ceux qui en sont atteints se-
raient des « labélisants » plutôt que de vrais tahetiques. Ce qua-
lificalil appliqué au tabes infantile semble d'autant plus exact que
la forme amaurotique, forme de tabès fruste, est fréquemment
réalisée dans les observations qu'ils ont compulsées. (Revue ne ?
roloqique, 1O,i.) E. fiLIN,
LVI. Névralgie faciale et tumeur du ganglion de Gas-
ser ; par Henri Verger et IL GRENIER de CARDENAC.
Les compressions du ganglion de Gasser ou des racines de la
cinquième paire par une tumeur du voisinage sont assez fré-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 421
queutes. Il est plus rare de constater l'envahissement du ganglion
lui-même par un néoplasme. C'est un cas de ce genre que publient
les auteurs. De ce cas et de ceux qui ont déjà été publiés, il leur
semble résulter que la névralgie faciale symptomatique des néo-
plasmes du ganglion de Casser révèle une physionomie spéciale
qui se traduit par :
1° Le caractère continu des phénomènes névralgiques, le ma-
lade souffrant toujours dans l'intervalle des paroxysmes ; 2° l'exa-
cerbation des douleurs par les excitations d'ordre périphérique ; : o l'extension de la névralgie dans les trois branches des triju-
meaux ; 4° l'hypoesthésie très marquée de toute la moitié cor-
respondante de la face ; 5°. accessoirement la paralysie des mus-
cles masticateurs.
L'existence de ce type crée une contre-indication pour l'inter-
vention chirurgicale, dont les malades ne retirent aucun béné-
lice. Il est vraisemblable, au contraire, qu'un certain nombre de
ces malades voient les phénomènes névralgiques disparaître à une
certaine époque, quand la destruction du ganglion ou de la ra-
cine est complète. (Revue neurologique, juillet 1905.) E. BLIN.
LYI1. Contribution à l'étude du tétanos dit médical ou
spontané, influence de la chaleur. (Rapport de 1. KELSCH
sur un travail de AI. le prof. VINCENT (du Val, Ite-Gl'âce), Séan-
ce du 2 janvier 1906.) (Bull. acad. de méd.)
Vaillard et Vincent ont démontré en 1891 que souvent pour
qu'un microbe inapte par lui-même, puisse végéter dans l'orga-
nisme vivant, il faut et il suffit qu'il soit secondé par des in-
fluences favorisantes (associations bactériennes, poisons chimi-
ques ou microbiens, altération mécanique des tissus, hémorrha-
gies, etc.).
Dans le travail actuellement soumis à l'Académie, M. Vincent
a mnnfré que, chez un cobaye soumis à une température atmos-
phérique élevée, avant, pendant ou peu après l'inoculation du
bacille de Nicolaïer, la maladie apparaîtra plus facilement que
chez un témoin inoculé de la même façon, mais laissé à une tem-
pérature modérée. L'examen du sang montre que, chez l'animal
en expérience, il se produit, dès que la température du sang s'é-
lève un peu, une leucolyse abondante portant surtout sur les
grands polynucléaires qui paralyse la phagocytose et livre l'or-
ganisme sans défense au bacille et à ses toxines. La géographie
médicale avait montré depuis longtemps que plus le climat est
chaud plus sont fréquents et graves les cas de tétanos. Il en est
d'ailleurs de même pour l'a malaria et la dysenterie (Arnould-
Kelsch). Le passage du chaud au froid est surtout dangereux et
facilite l'apparition du tétanos (Larrey, 1809). Signalons enfin que
lorsque l'animal a été placé àl'étuve un temps assez long après
422 SOCIÉTÉS SAVANTES.
l'injection du bacille, l'apparition de la maladie peut ett'eretantëe
de beaucoup. Est-ce à quelque chose d'analogue qu'est due l'in-
culmtion prolongée si fréquemment constatée dans la rougeole ?
L. Wahl.
SOCIETES SAVANTES
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
Séance du o avril 1006.
Un cas d'aphasie tactile.
MM. RAYMOND et EGGER.- Une vieille femmeprésenteunemo-
noplégie de la main droite en voie de guérison ; intégrité de tou-
tes les sensibilités et du sens stéréognostique, mais impossibilité
de nommer les objets louches et palpés dont toutes les qualités
physiques sont cependant reconnues.
Syringomyélie spasmodique acec attitude particulière.
MM. Raymond et Français montrent une syringomyélique spas-
modique avec main de prédicateur, thorax en bateau etcypho-
scoliose dont les membres supérieurs sont en hyperextension et
en supination forcée.
Otosclérose avec troubles labyrinthiques.
M. BONN 1ER présente une malade otoscléreuse dont l'aflection
s'accompagne, en outre des bourdonnements d'oreille, de sensi-
bilité à la trépidation, de variabilité de la pression artérielle et du
rythme du pouls, de vertiges et d'abaissement du globe oculaire
lorsqu'elle veut fermer les yeux.
Névralgie du trijumeau et injection d'alcool.
MM. LHVY et BAUDOIN montrent une série de malades atteints
de névralgies faciales graves, dont quelques-uns opérés sans ré-
sultal et guéris par lesinjections d'alcool à la base du crâne.
l'Il. Déjerine trouve les guérisons encore trop récentes pour
être certaines, mais, ajoute M. Marie, la simplicité du procédé
permet d'y revenir en cas de récidive.
1 Paralysie du tibial antérieur.
M. (3RUE présente une paralysie du tihial antérieur due à une
hyperextension du pied d'une demi-heure de durée et ayant cause
une élongation du nerf.
Compression radiculaire par projectile.
MM. RAYMOND et DREYFUS montrent un malade chez qui une
SOCIÉTÉS SAVANTES. 423
balle de revolver logée dans l'espace sous-arachnoïdien compri-
mait d'abord les deux premières sacrées puis les 3° et 4e ; la balle
fut enlevée et le malade guérit.
Tabès chez un hémiplégique.
MM. Déjerine ET LEENHARDT présentent un malade syphiliti-
que atteint il y a un an d'une hémiplégie droite en voie de régres-
sion et de phénomènes tabétiques occupant seulement le côté
hémiplégie.
.F6[ ! '6[h/6'tspMMO-&K&Ni'rce/tM' un enfant.
ll)1. llAYbiON1) et LEJONNE montrent un enfant de onze ans
atteint du syndrome paralytique pseudo-bulbaire par arrêt pro-
bable de développement des centres corticaux au niveau de l'o-
percule rolandique.
Deux cas de myasthénie bulbo-spinale.
MM. Raymond, et LEJONNE présentent deux malades, dont l'un
en voie de guérison,accusant la mobilité et la fugacité des troubles
parétiqueset leur accroissement par la fatigue. Quelques groupes
musculaires sont plus atteints. L'examen du sang montre de
l'lypoleucocytose.
Syndrome de Landry.
MM.Sicard et BAUER, chez un sujet mort au bout dehuitjours,
ont trouvé des lésions diffuses delà moelle surtout à la région
dorso-lombaire, diminuant vers les régions supérieures. La ponc-
tion lombaire avait accusé une forte polynucléose.
Sclérose latérale amyotrophique.
MM. Rossi et Roussy ont, chez le sujet, suivi au Marchi la dé-
génération pyramidale de la moelle au cortex à travers le bulbe,
la protubérance, le pédoncule et la capsule. Au cortex, lésions
limitées à la partie supérieure du Fa.
Zona.
M. Souques rapporte un cas de zona vrai intéressant les le, 2e
et 3e racines lombaires en apparence, mais en réalité la 1 seule-
ment car la fosse ovale est intacte ; il n'y arien sur le trajet du
génilo-crural et dufémoro-cutané.
Tubercule protubérantiel.
M. AI.QUIER montre un gros tubercule'ayant détruit la calotte
de la protubérance sauf son quart postérieur.
Origine syphilitique du tabès et de la paralysie générale.
M. Marinesco n'a pas pu découvrir le parasite de Schaudinn
dans les lésions de ces maladies qui seraient dues à l'action des
toxines et non à celle du micro-organisme lui-même.
424 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Sclérose latérale amyotrophique anormale.
MM. Lejonne et LuRRMiTTE ont noté chez un malade la limi-
tation des symptômes il. un seul côté pendant deux ans et de vio-
lentes douleurs musculaires exagérées par la pression ; douleurs
qui passèrent au côté sain quand celui-ci commença à se pren-
dre à son tour. '
Séance du mai 190¡;.
Epithélioma primitif du cerceau.
11. CRSTAN rapportedeux cas d'épithéliomas développés près de
la selle turcique, et d'origine épendymaire.
Lésions cellulaires par sérum név¡'olooeique,
I. ARMAND DELILLE montre des préparations de cortex de
chiens tués en quelques heures (3 il. 2.1) par nn sérum né\'1'otmi-
que. Le Nissl accuse une chromatolyse intense.
Tic convulsif et injections d'alcool.
MM. Levy et BAUIJOIN montrent un sujet guéri depuis un mois
d'un hémispasme facial parla méthode de Schloesser.
Chaque injection fut suivie d'une paralysie faciale fugace.
Deux cas de poliomyélite antérieure aiguë.
M. HUET et LEJONNE présentent deux adultes atteints de para-
lysie flasque avec atrophie reliquat de poliomyélite antérieure
aiguë récente, et rappellent qu'ils ont vu quatre cas de cette af-
fection chez des adultes dans le service de )1. Raymond.
Les courants continus dans la névralgie du trijumeau.
Mil. B.1BINSICI ET DELHERI,tE chez un malade, que quatre
traumatismes chirurgicaux extrêmes n'avaient pas guéri et
avaient rendu inapte il. recevoir des injections d'alcool, ont obtenu
la guérison par l'application de courants continus de : 30 à 60 mil-
liamperes.
Atrophie musculaire et osseuse chez des nègres.
M. J3RUMPT a observé chez des nègres, en outre de l'atrophie
musculaire progressive, l'atrophie des phalanges.
M. EGGER relate un cas de troubles des mouvements conjugués
de la tète et des yeux dans une fracture du crâne.
Régénération des nerfs.
M. Médéa (de Milan), dans ses expériences sur la régénération
après destruction parl'éther, n'a jamais vu d'aulo-régénération
du nerf, mais pénétration de la cicatrice par fibrille venant du
bout central.
F. 1301SSIER.
BIBLIOGRAPHIE
Y, - Enquête scolaire sur les troubles de la parole chez les éco-
liers belges : par Romna. (Extrait de Archiv, fÚ1'. Schaelhygicne
t30R. Leipzig, Wilhelm Engelmann.)
IL ltomna s'est livré à une enquête très sérieuse sur les trou-
])les delà parole chez les écoliers normaux ou anormaux : 16.000
enfants ayant été examinés, la statistique qu'il fournit a donc
une valeur capitale en ce que concerne le bégaiement et la blé-
salé. La façon dont elle a été établie donne toutes les garanties
possibles : les enfants avaient à prononcer de nombreux mots
destinés à dépister les défauts de prononciation dans toutes leurs
modalités. A la suite de cette enquête, l'auteur a fait les ré-
flexions suivantes. Les écoliers de première année présentent des
troubles de la parole : mais, au cours des études, les blésités dis-
paraissent on partie, de telle sorte qu'il ne reste que 6.8 % des
garçons et 1.5 "0 des filles qui ne soient pas débarrassés de leur
trouble après six ans.
lln'en est pas de même du bégaiement, qui croît progressive-
ment de la première année à la sixième : ce qui lait dire à IL
Bomna que le bégaiement s'aggrave pendant le cours de la fré-
quentation scolaire et ce qui lui fait réclamer l'établissement de
moyens propres à réprimer cette lare. L'auteur, dans ses conclu-
sions, affirme que le bégaiement et la blésité sont une cause d'ar-
riération ; c'est évidemment une fausse interprétation de la
coexistence bien explicable des tares. En tout cas, cette constata-
lion prouve d'une façon péremptoire que fréquemment le bégaie-
ment comme la blésité sont des stigmates d'une lare névropathe-
que.plus ou moins accentuée.
Pour atténuer et guérir les inconvénients du bégaiement, : 'IL
Romna émet le voeu que les cours d'orthophonie se multiplient
et s'organisent dans tous les pays et qu'un institut central
soit né dans chaque région pour corriger les troubles graves et
servir d'école d'application aux futurs instituteurs. L'auteur, en
terminant, insiste sur le rôle capital que peuvent jouer dans l'hy-
giène du langage les écoles d'adultes, les cours supérieurs d'édu-
cation, les universités populaires et aussi les mères qui sont les
premières éducatrices de l'enfant et peuvent surveiller les pre-
mières manifestations d'un langage vicieux.
Dans cet extrait, on trouvera, en outre de quelques graphiques
indiquant clairement la progression des troubles de la parole sui-
vant l'âge, l'état intellectuel et le séjour il l'école, tous les tableaux
426 varia.
complets et classe par classe de cette enquête scolaire. Par consé-
quent, M. Homna n'a pas seulement obtenu des conclusions in-
téressantes, il a en plus accumulé des documents de première
importance que tous les chercheurs pourront utiliser !
PAUL BONCOUR,
VARIA
Asiles d'aliénés.
Nominations etp2,oniotions. - Mouvement de mai 1906. - lI.
L'IÉRY, directeur de l'asile d'aliénés de Saint- Ylie, est promu à la
2e classe du cadre ; M. le D.JOURNI.4C, médecin en chef cle l'a-
sile des aliénés de Marseille, est promu à la classe exceptionnelle
du cadre ; M. le Dr Hamel, médecin il Auxerre, promu à la 2"
classe du cadre. - En conformité du décret du 14 août 1905 (1),
le traitement de M. le Dr Cornu, médecin-adjoint à l'asile de
Pau, a été élevé par voie de régularisation de 2.500 à 3.UOU fr. à
dater du 1 ? avril 1900.
Hommage au Dr Brouardel .
' A la suite de la démission de M. IROUARDEL comme professeur
de médecine légale à la Faculté de médecine de Paris, l'Associa-
tion des Médecins Légistes de l'Université de Paris, du 18 mai
1906, a décidé d'ouvrir une souscription à laquelle pourront
prendre part les médecins légistes et les médecins experts de
France et de l'étranger et tous ceux qui s'occupent de médecine
légale. Cette souscription est destinée à offrir un souvenir au
Maître de la Médecine Légale Française sous la forme d'une
médaille rappelant ses traits et d'un album relatant les noms
des souscripteurs. Le montant de la cotisation est laissé à l'ini-
tiative de chacun et devra être adressé avant le 30 juin à M. le
D1' Logez-Duc, secrétaire de la souscription, 81, rue de Mau-
beuge, à Paris (Xe Arr.) Le président : Dr Pierreson ; Le secré-
crétaire Général, Drue. Dabout.
Banquet en L'HONNEUR DU Dr Bérillon.
L'Ecole de psychologie, la Société d'hypnologie et psychologie,
la Société de pathologie comparée et le Syndicat de la presse
scientifique ont résolu d'offrir au I)r Bérillon, directeur de la
(1) Pris à la suite du vote du Conseil supérieur do l'A. P., sur la
proposition de M. Bourneville, rapporteur.
VARIA. 427
Revue de l'Hypnotisme, etc., un banquet amical à l'occasion
de sa nomination dans la Légion d'honneur, le mardi 19 juin
1906, à sept heures et demie, au palais d'Orsay, sous la prési-
dence de M. Bienvenu-Martin, sénateur. Adresser les adhésions
avant le 15 juin, au D1- Paul Farez, 154, boulevard Haussemann,
ou leur souscription pour le souvenir.
DÉSENSORCELLEMENT ET MKTALLOTHÉRAPIK au lXc siècle d'après
IIUON de VII.LENEUVE; Les quatre ftls Armon.
Maudits, fait prisonnier 5, son tour, exécute des pratiques de
magie, endort Charlemagne et réussit à s'évader, emportant aux
douze pairs leurs épées, à l'empereur sa couronne et son sceptre.
, Maudis l'enc7calzteur eizdort Cttarlemagne et le transporte
dans Montalban à l'aide d'un sortilège de sa façon. ? Comme le vieux cavalier parlait ainsi, le convoi de Pina-
hel, qu'on .ro5-aitmo°t et qu'on portait au tombeau, passa, Mau-
gis s'approcha du vieux soldat et lui demanda quel était ce che-
valier. « C'est, lui dit-il, un favori du roi, un méchant homme
que Dieu a puni de ses crimes, et qu'on a trouvé mort subitement.
Il n'est pas mort, reprit l'ermite, il n'est qu'enchanté, comme ces
deux autres qu'on porte sans doute au tombeau, ils dorment.
Voulez-vous que je les réveille -.le serais assez curieux de voir
undésanchantement. reprit lie soldat, mais je voudrais que ce fût
sur tout autre que sur ces méchantes gens. Comment connaissez-
vous qu'ils ne sont qu'enchantés ' ? Et comment avez-vous le pou-
voir de les désanchanter" ? Le charme est aisé à connaître, reprit
Maugis, à la couleur de leurs traits ; quant au pouvoir de les dé-
senchanter, il consiste, comme vous l'avez très bien observé,d(t11s ces
médailles. Mangis. qui savaitle moment où le charme devaittinir
donne une médaille au cavalier. « Vous pouvez, si vous en vouez
lez laire l'essai, accompagner le convoi, et dans deux heures
d'ici, quand on sera prêt à les mettre dans le tombeau, dites qu'on
suspende la cérémonie : appliques seulement un demi-quart d'heure
la médaille sur le front des ensorcelés, et vous les verrez revenir
peu à peu. » Le cavalier remercia l'ermite, et ne se vanta pas du
présent qu'il lui avait, fait pour se ménager le plaisir de surprendre
ses camarades.
L'IDIOT ou l'innocent.
« Nous avons remarqué, au commencement de cette his-
toire (1), en parlant des rois fainéants, combien le peuple, était
naturellement porté à respecter ces muettes et innocentes figu-
res, qui passaient deux fois par an devant lui sur leur char
attelé de boeufs. Les musulmans regardent les idiots comme mar-
qués du sceau de Dieu et souvent comme personnes saintes. Dans
. (1) MICHELET. - Histoi,.e de France, Folie de Charles VI.
428 varia.
certains cantons de la Savoie, c'est un touchant préjugé que le
crétin porte bonheur a sa famille. La brute qui ne suit que l'ins-
tinct, en qui la raison individuelle est nulle, semble, par cela
même, rester plus près de la raison divine. Elle est tout au moins
innocente ».
LES aliénés EN liberté.
Crime de fou. Cette nuit, écrit-on d'Avignon, vers trois heu-
rendu matin, entre Mondragon et Piolenc, un llommelu nom de
Rodier, trente-cinq ans, venant de Lyon acheter un cheval, fut
frappé de folie en présence d'un officier de chasseurs qu'il ren-
contra dans un compartiment de 1 rc classe. Il lui a tiré deux coups
de revolver, sans l'atteindre. Au bruit des détonations, IL Bastin,
entrepreneur des travaux de construction de la ligne d'Orange
au Buis et maire d'Annemasse (Haute-Savoie), a quitté le compar-
timent qu'il occupait à côté et s'est élancé, armé d'un revolver
sur Rodier. Ce dernier tiré quatre coups sur M. Gastin, qui a
été atteint mortellement par deux balles dans le ventre.
Rodier a été arrêté par l'officier, qui a continué sa route sans
se faire connaître. IL a été transféré à la prison d'Orange. L'assas-
sin avait déjà proféré des menaces, à la station de L3ollène, devant
un gendarme avec qui il se trouvait dans un compartiment de 3'
classe. Ce sont les employés du chemin «le fer qui avaient fait
prendre place à Rodier en 1 rc classe, croyant ainsi éviter un mal-
heur. (L'Aurore, 11 avril 1906.)
Suicide. Une habitante de Fitz-.Iames, Mlle Lucie Bruyet,
âgée de 41 ans, s'est suicidée lundi matin, en se tirant un coup
de fusil en pleine poitrine. En entendant la détonation, M. Vic-
tor ( : oppin,son neveu, chez qui elle habitait, se précipita dans sa
chambre et villa malheureuse inanimée. Elle élail assise sur une
chaise et tenait encore le fusil qu'elle avait fait partir à l'aide
d'un tisonnier. La mort avait été instantanée. La désespérée était
sortie de l'asile d'aliénés il y a six mois. Elle avait, plusieurs fois
déjà, tenté de se suicider. Son acte doit donc être attribué au dé-
rangement cérébral dont elle était atteinte. (Semeur de l'Oise, 2'i
mai.)
L'alcoolisme.
Eugène Bardois, 33 ans, débardeur, habitait, avec sa femme,
Louise, 42 ans, et son fils René, 8 ans, rue Monjol. Il y a deux
mois, Bardois abandonna sa famille et alla loger en garni, rue de
la Chapelle, avec une plumassière, Henriette G ? Mais Bardois
étaitun alcoolique invétéré, si bien qu'un beau jour la plumas-
sière le chassa de chez elle.
Le débardeur décida alors de revenir chez sa femme. Celle-ci,
VARIA. 12cJ
ayant manifesté l'intention de ne le plus recevoir, Bardois déclara
que, s'il en était ainsi, il lui brûlerait la cervelle. Or, hier soir,
les deux époux parlementaient, dans un débit, rue Saint-Maur.
Mme Bardois, ne voulant pas se laisser convaincre, signifia à son
mari - qui était en état d'ivresse - qu'il ne rentreraitpas dans
cet état au domicile conjugal. Furieux, le débardeur sort alors
un revolver de sa poche et le décharge par deux fois sur sa femme,
qui fut atteinte dans le dos.
Puis, en rentrant rue Monjol, l'ivrogne tira trois coups de son
arme sur une jeune fille qui, en l'absence de la mère, gardait
l'enfant. Les balles heureusement, n'atteignirent par leur but.
Désarmé par un voisin, le meurtrier fut livré à M. Cuviller, com-
missaire de police du quartier du Combat, qui l'a envoyé au dé-
pôt. (Le Journal, 29 février 1\J06. '¡
La paysanne, LE lézard ET LE crémier
Mme Estelle L ? brave villageoise normande, était convain-
cue qu'elle détenait caché en son estomac un lézard dont elle dé-
taillait avec complaisance la grosseur, la forme, la couleur, la
gloutonnerie; car le lézard était effroyablement gourmand. Elle
craignit de mourir de faim : elle vint à Paris où les grands mé-
decins sauraient bien le faire mourir. Un de ses parents, crémier,
la conduisit à l'hôpital Cochin, où le docteur Richelot diagnosti-
qua aisément une maladie nerveuse. 11 fit mine de croire,lui aussi,
à l'existence du lézard, et pria Mme L ? de lui en faire la des-
cription détaillée. Mme L ? le documenta avec la plus grande
précision : l'animal mesurait 30 centimètres delà tète il la queue
et était large comme la main d'un homme ; il avait la tète et le
corps d'une salamandre des marais, la queue d'un crocodile et
les pattes armées'd'ongles acérés. - Nous allons l'extirper ! dé-
clara le docteur.
Et il fut décide que l'expulsion aurait lieu dans le délai de
vingt-quatre heures. Le lendemain, MmeL.. fut endormie. Peu.
liant son sommeil, on lui fit une opération chirurgicale superfi-
cielle, et sur la blessure on appliqua un pansement énorme.
Uuand Mme L ? se réveilla, on lui présenta l'animal qui avait
habité pendant quarante années son estomac ; c'était un lézard
des palmiers que le docteur Richelot était allé acheter sur le bou-
levard Saint-Michel. Mme L ? ne tarit pas d'éloges sur le savant
professeur et le crémier exulte.
Montaigne a cité le cas suivant :
« Une femme, pensant avoir avalé une espingle avec son pain,
crioit et se tourmentait comme ayant une douleur insupportable
au gosier, où elle persoit la sentir arrestée. Mais, parce qu'il n'y
avoit ny enfleure ny altération par le dehors, un habile homme
avant jugé que ce n'estoit que fantaisie et opinion, prinse de
430 varia.
quelque morceau de pain qui l'avoit picclucc en passant, la feit
vomir et jecta, à la dérobée, dans ce qu'elle rendit, une espingle
tortue. Celle femme cuidant l'avoir rendue se sentit soubdain
clescharbée de sa douleur ».
Un trouve des cas analogues assez nombreux dans les traités
et les journaux spéciaux.
Présentation d'un microcéphale, par M. GI : rÉNIOT.
Pendant le travail, l'enfant présenta des mouvements convul-
sils qui firent croire à un cas d'anencéphalie. Il y a synostose îles os
du crâne, comme le fait s'observe habituellement en pareil cas.
(Gaz. des malad. infantiles et d'obstétrique, du 5 février.)
La synostose des os du crâne ne serait pas la règle chez les
microcéphales, mais au contraire l'exception, si nous en jugeons
par les autopsies que nous avons pratiquées. Les crânes conser-
vés au musée de Bicêtre en fournissent la démonstration. B.
Seizième congrès DES médecins aliénistes ET neurologistes
DE France ET DES pays DE langue française.
Ce Congrès doit se tenir il Lille du 1er au 7 août 1906, sous la
présidence de M. le professeur Grasset, de Montpellier.
Rapports et discussions surles questions choisies par le Congrès
de Bennes : 1° Psychiatrie. - Elude cytologique, bactériologique
et expérimentale du sang chez les aliénés. Rapporteur : M. le Dr
M. 1)IDE, de Rennes ; 2° Neurologie. Le cerveau sénile.
Rapporteur : M. le 1)., A. Lt : ar, de Paris ; 3" Médecine légale.
- La responsabilité des hystériques. Rapporteur : le I)r 11,
LEROY, d'Evreux.
Communications originales sur des sujets de psychiatrie et de
neurologie. - Présentation de malades, de pièces anatomiques,
de préparations microscopiques. Visite des asiles d'aliénés de :
Bailleul, Armentières, Lommelet, Saint-Venant. Réceptions
officielles et banquets. -- Visite de l'exposition internationale de
Tourcoing. Visite des principaux édifices et monuments de la
Flandre française. Excursions sur les côtes de la Manche etde
la Mer du Nord (ports, plages, sanatoria).-Voyage en Angleterre.
Avantages et conditions. Une réduction sur le tarif des voya-
ges sera demandée aux Compagnies de chemins de fer. Des dé-
marches seront faites auprès des principaux hôteliers et restau-
rateurs en vue d'obtenir une réduction sur leurs prix habituels.
Le Congrès comprend : 1° des membres adhérents ; 2° des
membres associés (sur la présentation d'un membre adhérent).
Les Asiles d'Aliénés inscrits au Congrès seront considérés comme
membres adhérents.
Le prix de la cotisation est de 20 francs pour les membresadllé-
rents ct de 10 francs pour les membres associés. Les membres
faits divers. 431
adhérents recevront : avant le Congrès, les trois rapports dési-
gnés ; après le Congrès, le compte rendu des séances.
Pour tout ce qui concerne les adhésions, cotisations, communi-
cations et renseignements, prière de s'adresser au Secrétaire géné-
ral, Dr C. CHOClŒAUX, médecin en chef de l'asile public d'alié-
nées de Lailleul (Nord).
FAITS DIVERS
Hôpital de la Pitié. Leçons cliniques sur les maladies du
système nerveux. - M, le Dr Babinski reprendra ses conférences
sur les maladies du système nerveux le samedi 5 mai 1906.
Hospice de la SALPÊTRIÈRE. - Le D1- DENY : conférences clini-
ques sur les maladies mentales, le dimanche à 10 heures, section
Rambuteau.
Hospice DE BICÊTRE (Fondation Vallée). Itue Benseracle, 7, à
Gentilly. - M, Bourneville. Visite du service (gymnastique,
travail manuel, écoles, et présentation de malades) le samedi à
joli. très précices. Consultations mJdieo-pedagogiques, gratuites
pour les enfants indigents atteints de maladies du système nerveux,
le jeudi à 9 h. 1/2. .
Cours DE PHYCHIATRIE infantile. M. le Dr lIGI-131NOVITCII,
à l'Amphithéâtre Cruveilhier, le jeudi à 5 heures.
Suicide d'un enfant. Mardi dernier, Mme Andiieux, culti-
vatrice à Cuigy, en revenant a ec sa honne et sa femme de jour-
née de laver à la lontaine, a constaté que son petit vacher, Jlar-
cel Nicol, âgé de 14 ans, n'avait pas fait le travail qu'elle lui
avait commandé. Elle se mit à sa recherche et le trouva pendu
dans une (''table. On ne sait à quelle cause attribuer ce suicide.
(Le Semeur de l'Oisc, 29 avril.)
Suicide D'ENFANTS,-Nicc : Deuxjeunes filles, }Illes Césarine To-
selli,quinze ans et demi, couturière, 22, quai de l'Abattoir, et Lucie
Bossa, même âge, vermicellière, rue Sorgentino, se sont suicidées
en se jetant sur la voie ferrée du P.-L.-1L, àla sortie du tunnel de
Fiquier. Le corps de la jeune Bossa a été décapité ; Mlle Toselli
eut les deux jambes broyées, le poignet gauche et le pied droit
sectionnés. Les fillettes avaient manifesté leur tragique inten-
tion dépuis quelques jours. Cependant.en raison de leur humeur
gaie, on n'attacha pas d'importance à leurs propos. La veille du
drame, elles se rendirent même au bal. C'est après une joyeuse
soirée qu'elles mirent leur projet à exécution. Césarine Toselli
432 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
avait laissé à ses parents une lettre d'adieu. C'est ainsi qu'on a
pu vérifier que sa mort n'était pas due, comme on l'avait cru
à un crime. (L'Aurore, 25 avril 1906.)
Nouveau Journal. Nous venons de recevoir le premier n°
de : The Journal of,4brormal Psychology. Editer Horion Prince,
,)I. 1) ? rufts Collège Médical School. The old Corner Book Store.
Inc. 27-29, Cromfield Street, Boston, (}Iass. ! -- l31mensuel à partir
du lez avril. Ce journal, bien qu'imprimé en anglais, a un ca-
ractère international.
Les articles peuvent être imprimés en français ou en allemand,
si les auteurs en expriment ledésir.Lus communications doivent
être adressées au Dr Horion-Prince, 458, Beacon Streel, à Boston.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
AUS'1'REGESILO (A.). JUimetlsl1lo nos imbecis e Idiotas. In-8' de 16
pages. Rio-de-Janeiro.
Uourm;ville. Traitemerrt médico-pédagogique des idioties les
plus graves. In-16 de 32 pages avec 22 li3=. l'riv : 1 franc. Pour nos
abonnés. Prix : 0 fr. 75.
l3utlxnrvtt.r.t : . - Les enfants anormaux au point de vue intellcc-
tuel et moral. In-16 de 24 pages. Prix : Pour nos abonnés (franco) :
0 fr. 50.
13plJtt\EVrr.r.t : . Rapports présentés à la Comnt15sion tle survcil-
lance des asiles d'aliénés -de la Seine en 1994 : Admission dans les
quartiers d'aliénés de l31cLrc cL de la Salpêlrière des malades re-
connus aliénés dans les hôpitaux de l'assistance publique
Rapport il l'occasion du XIII' Congrès des médecins aliénistes de-
France ; Visite de la section des enfants de Bicètre et de la Fon-
dation Vallée ; Rapport sur les budgets de l'asile de ViHejuif ;
Rapport au sujet de la réforme de l'Ecole départementale d'infir-
miers et d'infirmières, documents, slalisliques, sur les écoles muni-
cipales cl discussions. Programmes. Règlements. In-1" de 150 pa-
ges avec de nombreux tableaux.
Marie (A.). La démence, 1 vol. in-18 de 500 pages avec tia.
Prix 4 fr. Librairie O. Doin, 8, place de l'Odéon.
Mo ! tt'ONPtUKH. Tttedissociut.ion of pcrsonality. 1 vol. de 5' ?
pages chez Longmans, Green and C" 91, Finh avenue. New-York.
SÉouix (Edouard). Traitement moral, hygiène et éducation des
idiots et des autres enfants arriérés ou retardés dans leur dévelop-
pement, agités de mouvements involontaires, débiles, nmets, non
sourds, bègues, etc. Préface par Liourncvitte, l vol. In-S* de 535 pa-
ges avec un portrait de l'auteur. Prix 10 fr. Pour nos abonnes.
8 francs.
Le rédacteur-gérant : Bourneville.
Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères et Thiron.
Vol. XXI. Juin 1906 No 126
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENTALE
Troubles mentaux dans la sclérose latérale #
amyotrophique ; .
Par le Dl A. CULLERRE
Directeur-Médecin de l'Asile d'aliénés de la Roche sur-l'on.
L'existence de troubles mentaux dans la maladie de
Charcot n'est pas admise sans conteste. Dans ses leçons
sur les maladies de la moelle (1892), M. P. Marie les si-
gnale comme très fréquents et comme formant, en quel-
que sorte, partie du tableau clinique de cette affection :
ce seraient surtout des phénomènes démentiels peu bru-
yants : propension à rire ou à pleurer sans motifs, émo-
tivité exagérée, modalité enfantine de l'humeur et de l'in-
telligence, crédulité, niaiserie. Le Professeur Raymond,
dans ses Cliniques, considère ces phénomènes comme
exceptionnels.
Dansun mémoire récent concernant dix-huit cas de
sclérose latérale amyotrophique appartenant aux formes
cliniques les plus diverses, MM. Raymond et Cestan dé-
clarent n'avoir trouvé chez leurs malades aucun trouble
intellectuel, ni perte de la mémoire, ni idées délirantes,
ni affaiblissement mental. « Les malheureux se rendaient
parfaitement compte de leur état; chez deux d'entre eux,
existait bien du rire et du pleurer spasmodiques, mais
ces phénomènes ne coïncidaient pas avec un affaiblisse-
ment intellectuel et devaient vraisemblablement relevei
de l'éréthisme des 'noyaux moteurs bulbaires» (1).
(1 IhYlo1J eL It. Cestan. Diw-Inrit cas de sclérose latérale
amyotrophique avec autopsie. (Revue ncurolobique,30 mai 1905.)
Archives, 2° série, 1906, l. XXI. 30
434 CLINIQUE MENTALE.
Des ouvrages de psychiatrie les plus récents, un seul
consacre un paragraphe aux troubles mentaux de la sclé-
rose latérale amyotrophique. Dans le traité de médecine
mentale de G. Ballet, M. Dupré, après avoir rappelé l'o-
pinion de M. P. Marie, émet l'avis que la diminution des
facultés psychiques est certainement un fait constant
dans cette affection, mais variable suivant les cas et, le
plus souvent, latent dans son expression et passant d'au-
tant plus facilement inaperçu. Et il étaye fort judicieuse-
ment son opinion des constatations anatomo-pathologi-
ques faites par un certain nombre d'auteurs, d'après les-
quels l'examen microscopique a montré que les lésions
dégénératives ne se bornent pas à l'axe bulbo-spinal dans
la sclérose latérale amyotrophique, mais s'étendent sou-
vent aux fibres centrovalaires du faisceau pyramidal et
jusque dans l'écorce grise (1). ,
' Dans cette question encore à l'étude, je me hasarde,
avec toutes les réserves que comporte le côté neurologi-
que du sujet, à apporter quelques faits intéressants qu'il
m'a été donné de recueillir dans ces dernières années.
Ces observations tendent à démontrer que, dans la
sclérose latérale amyctrophique, les troubles mentaux
peuvent exister, non seulement sous la forme démentielle
discrète ou fruste, signalée par MM. P. Marie et Dupré,
mais encore sous forme de véritable syndrome psycho-
pathique plus ou moins bruyant, tantôt passager, tan-
tôt durable et ne prenant fin qu'avec la vie des malades.
C'est donc, en quelque . sorte, un nouveau chapitre de
clinique mentale que j'entreprends d'amorcer dans les
pages qui vont suivre.
OBS. I . M ? Pierre, 47 ans, employé de chemin do fer, est
entré le 24 août 1903 avec le certificat suivant : « Est atteint de
délire aigu caractérisé par une agitation continue et une surexci-
tation qui le pousse à crier, à frapper les personnes qui rentes
rent ; gesticule en proie à la plus vive frayeur, menace de se jeter
dans un puits, etc. Ce délire est la complication d'une myélite
chronique qui a déjà produit la paralysie incomplète des iiieni-
bres inférieurs. 11 est dangereux pour lui-même et pour les person-
nes qui l'entourent et doitètre interné. » 1)' B ? Certificat (le
24 heures : « Est atteint de démence organique (sclérose latérale
(1) Gilbert 13nLLr - Traité [de pathologie mentale. Paris, 1903.
LA SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 435
amyotrophique) avec hallucinations, délire de persécution et
crises d'agitation impulsive. »
Nous avons recueilli sur le malade les renseignements sui-
vants : Père mort épileptique. Mère morte à 74 ans d'une affec-
tion indéterminée Jusqu'à l'âge de 35 ans environ, M ? a eu une
santé normale. Marié, il a eu trois enfants ; un garçon vivant,
bien portant, une fille morte subitement à 11 ans, une autre
morte de méningite à 11 mois. Sa femme est morte il y a une
douzaine d'années, probablement de tuberculose.
A 35 ans, il a contracté une blennorrhagic qui se compliqua de
rhumatisme articulaire, puis d'iritis double. Le médecin oculiste
qui l'a soigné alors affirme qu'il s'agissait bien uniquement de
blennorrhagie et que la syphilis n'était pas en cause.L'iritis fut sé-
vère, mais guérit à la longue. Quelques années après, nouvelle
blennorragie et nouvelle poussée d'irifisplus grave avecadhéren-
ces, qui altéra profondémentla vision ; on dut lui faire subir une
double iridectomie malgré laquelle il ne put reprendre son em-
ploi d'aiguilleur. De là soucis moraux, difficultés nombreuses
avec l'administration pour le règlement de sa pension de retraite.
C'est à ces ennuis que sa soeur attribue l'éclosion de la maladie
actuelle qui a toujours été en progressant depuis trois ans envi-
ron.
Paralysé des jambes, puis de la langue,puis à un moindre degré
des bras, son humeur s'altéra profondément ; il prit en aversion
sa soeur qui le soignait, s'imagina qu'elle voulait se débarrasser de
lui et s'emparer de ce qu'il possédait ; l'accablait d'injures,éprou-
vait<les crises incoercibles d'excitation puérile avec pleurs spas-
modiques irrésistibles; avait des hallucinations et chercha plu-
sieurs fois à se. suicider en se jetant par la fenêtre ou dans le puits
de la maison.
Examen direct. Membres inférieurs : 11 peut encore se tenir
debout et marcher en se servant d'un bâton ; il marche à tout
petits pas sans, pour ainsi dire, détacher les pieds du sol ; la
jambe gauche est plus paralysée que la droite. Le réflexe rotu-
lien existe v droite seulement; il n'y a ni trépidation, ni signes
de Babinski. La jambe et la cuisse gauches surtout sont très amai-
gries.
Membres supérieurs : La ceinture scapulo-humérale est atro-
phiée, surtout à gauche où le deltoïde et les pectoraux sontcomme
fondus. L'atrophie des deux membres est diffuse, plus considéra-
bile du côté gauche, qui donne 0 au dynamomètre, la main droite
donnant encore 18. Les muscles des mains sont très atrophiés ; la
gauche est réduite à une impotence à peu près complète, les
doigts en grille.
Du côté de la face, il y a une hémiatrophie de la langue très
43G Clinique mentale.
marquée à gauche ;la pointe est déviée de ce côté. La parole est
extrêmement embarrassée et presque incompréhensible, d'une
tonalité de fausset qui indique une atteinte du larynx et des cor-
des vocales.
L'atrophie n'a pas épargné les muscles thoraciques et il existe
normalement une dyspnée notable. Rien de particulier du coté
du coeur. Sensibilité absolument normale. Prolapsus rectal dès
fréquent, engendrant des troubles dans lamiction et desbesoins
fréquents. Pas de gâtisme, pas d'incontinence. Un constate le rire
et surtout le pleurer spasmodiques. Le malade ne peut essayer
de parler sans se mettre aussitôt à sangloter et a pleurer comme
un enfant sans pouvoir s'arrêter.
Dès son entrée à l'Asile, il manifeste une émotivité constante,
des exigences puériles et une grande irritabilité. Il se plaint de
tout le monde, de la nourriture qu'il refuse, ne consentanlà à
prendre que ce qui vient de chez lui, des infirmiers qu'il accuse
do brutalités etqu'il accable d'injures et de menaces de vengeance.
La nuit, il se livre à des scènes de désespoir, cherche à se préci-
piter par les fenêtres, se jette a bas de son lit à plusieurs repri-
ses. Un jour on trouve sous son traversin un couteau qu'il cher-
chait à dissimuler. La mémoire est obtuse, la notion du temps
conservée cependant. Il a des périodes de calme et de lucidité re-
lative, puis des crises d'excitation avec délire et hallucinations
probables de la vue. 11 veut être toujours armé de sa canne, pour
pouvoir se défendre contre sa soeur qu'il voit constamment de-
vant ses yeux, prétendant qu'elle veut s'emparer de son argent
pour entretenir un amant. Il l'accable des plus grossières inju-
res : « sale p ? sans le sou, tu es bien contente de m'avoir trouvé é
pour vivre nies dépens, etc. »
Quand elle vient le voir, au contraire, il manifeste une satisfac-
tion bruyante, la comble de caresses et de témoignages d'amitié,
puis dès qu'elle a tourné le dos, il recommence ses litanies d'inju-
res, surtout lorsqu'il a épuisé la provision de friandises qu'elle ne
manque pas de lui apporter.
A certains moments, il est pris sans motifs de crises de colère,
de désespoir et de larmes dont il ne peut dire la cause. A diver-
ses reprises, on a constaté chez lui des idées de satisfaction et de
richesses : il disait posséder des caves pleines de vin de Cham-
pagne et autres crus célèbres et promettait vingt mille francs à
qui guérirait sa maladie.
Octobre 1903. - Le malade est tout à fait impotent, on cons-
tate une rigidité des membres inférieurs qui s'est peu à peu
développée. Les pieds sont en adduction forcée ; la contracture
est telle que quand l'infirmier le porte sur la chaise, les deux
jambes restent horizontales. La rigidité est moins accentuée aux
membres supérieurs, mais il faut le faire manger comme un
LA SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 437
enfant. De plus en plus capricieux irritable et violent. Crises de
pleurs spasmodiques presque continuelles. Délire de persécution
plus intense que jamais.
Mars 1904. Les crises d'asphyxie deviennent de plus en plus-
fréquentes. il ne peut plus se nourrir qu'avec les plus grandes
difficultés, s'engouant à chaque bouchée. Il succombe le 14 avril
aux progrès de l'asphyxie. L'autopsie a été refusée.
Outre l'amyotrophic, la paralysie spasmodique et les
phénomènes bulbaires de la sclérose latérale amyotro-
phique, ce malade présente un ensemble de troubles
mentaux qui constituent une véritable psychose dont le
début semble, sinon contemporain de celui de l'affection-
médullaire, tout au moins l'avoir suivi de près. C'est
d'abord, une modification importante de la sensibilité
morale; le malade devient irritable, égoïste, injuste,
hargneux. Il prend en aversion la personne qui se dé-
voue pour le soigner et l'accable d'injures et de suspi-
cions puériles. Et ici, nous ne pouvons nous dispenser
de faire remarquer que ces modifications affectives d'une
modalité enfantine n'ont pu se développer que sur un
fond d'affaiblissement intellectuel, de démence en un
mot; démence partielle, puisqu'elle a respecté certaines
fonctions intellectuelles comme la notion du temps mais
néanmoins progressive et de plus en plus accusée.
A ces troubles démentiels et affectifs s'ajoutent des
raptus mélancoliques transitoires avec crises de déses-
poir et impulsions soudaines au suicide qui se sont pro-
duits plus ou moins fréquemment durant tout le cours
de la maladie.
Il faut enregistrer encore des hallucinations de la vue
qui, dans les paroxysmes d'excitation, viennent concou-
rir à la désorientation du malade, hallucinations favori-
sées sans doute par les lésions oculaires dont il est por-
teur. Puis le malade est séquestré ; ses perversions affec-
tives trouvent un nouvel aliment dans ses rapports
tendus avec les infirmiers chargés de le soigner. Alors s
s'épanouit un véritable délire de persécution que nous
serions tenté de qualifier de sénile, n'était son âge, tant
ce délire ressemble à celui que l'on observe couramment
chez les vieillards porteurs de lésions corticales.
A mesure que l'affection progresse, de nouveaux signes
438 CLINIQUE MENTALE.
psychopathiques se font jour; c'est une instabilité de
plus en plus grande de la tonalité psychique, qui passe
incessamment et d'une manière injustifiée d'une dépres-
sion profonde à une excitation expansive pouvant aller
jusqu'à la manifestation éphémère d'idées de satisfaction
et de richesses. Bref, nous nous trouvons en présence
du tableau, presque au complet, des psychopathies dites
organiques avec leur faisceau de symptômes de diminu-
tion et de perturbation psychiques.
Comme dans toutes les psychopathies organiques,
deux parts doivent être faites dans les manifestations
psycho-pathologiques observées chez ce malade : d'un
côté les symptômes démentiels, troubles de déficit dus à
la participation précoce du cortex aux lésions qui relè-
vent de la sclérose latérale amyotrophique ; de l'autre
les symptômes psychiques qui ne sont que la manifesta-
tion d'une prédisposition particulière du sujet. Les ren-
seignements assez incomplets que nous possédons sur
l'hérédité de M ? nous apprennent cependant qu'il n'est
pas sans antécédents névropathiques puisque son père
a succombé à une affection épileptique.
OBS. lI. - M ? Marie, femme B ? 48 ans, est entrée le 19
octobre 1903. Père mort à G5 ans de paralysie. C'était un alcooli-
que, le plus grand buveur delà contrée, absorbant jusqu'à douze
litres de vin par jour sans compter l'alcool. Mère morte à 64
ans, d'une tumeur. Un frère, idiot, mort dans un asile.
La malade n'a jamais eu de maladies graves, elle n'a jamais
fait d'excès alcooliques. Elle est au moment de la ménopause.
Elle a eu cinq enfants dont les deux premiers sont morts de
tuberculose et le dernier est obtus et sourd. Il y a sept ans, trois
mois après ses dernières couches elle fut prise d'une sorte de
parésie de tout le côté droit sans ictus. L'engourdissement se
dissipa pour reparaître douze jours plus tard et depuis, elle a
conservé une faiblesse croissante de ce côté avec une difficulté
progressive de parler et de se faire comprendre.
Il y a trois ans environ que parurent les troubles mentaux à la
suite d'une accusation de vol portée mensongèrement contre
elle. Les gendarmes vinrent faire une perquisition chez elle;
elle en éprouva un tel saisissement qu'elle ne savait plus ce
qu'elle faisait, qu'elle fut prise d'un tremblement de tous les
membres qui dura un certain temps, et qu'elle laissait tomber
tous les objets qu'elle tenait à la main. Peu à peu son humeur
LA SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 430
s'altéra, elle devint d'une irritabilité extrême et d'une grande
violence. Elle se mit à battre ses enfants, les frappant brutale-
ment avec une barre de fer au point qu'elle leur fit des blessures
sérieuses et que son mari fut obligé de s'interposer plusieurs fois
pour l'empêcher de faire un malheur. Un rien la met en colère ;
à la moindre observation elle lance à la ligure des gens ce qu'elle
lient dans les mains puis entre dans une crise de rire incoercible
et idiot. Peu à peu elle s'est mise à manifester des idées de per-
sécution et de suicide, se plaignant de tout le monde, au gré de
son humeur et de son irritation ; elle a tenté de s'empoisonner
avec une décoction de graines de pavot ; une autre fois a cherché
à se jeter dans un puits ; à deux reprises, elle s'est couchée en
travers de la voie au moment du passage d'un train pour se faire
écraser. Depuis quelque temps elle est surtout obsédée par l'idée
de mettre le feu et de tout brûler.
A son entrée,cette femme ne présente pas un aspect démentiel
caractérisé, la partie supérieure de son visage offre encore une
certaine expression ; elle se tient un peu ratatinée, la tête incli-
née sur la poitrine, les bras collés au corps, marchant difficile-
ment à tout petits pas en traînant la jambe droite. Sa parole est
incompréhensible, aucune syllabe ne pouvant être articulée cor-
rectement. Elle a le rire et le pleurer spasmodiqucs, le dernier
étant beaucoup plus fréquent, en raison de ses dispositions mué-
lancoliques.
La musculature du côté droit du corps est profondément atro-
phiée, surtout à la jambe et au pied qui, au lit, se met en équin
varus ; à la ceinture scapulaire, à Pavant-bras et à la main, qui
est légèrement déformée en griffe. L'atrophie est moins pronon-
cée à gauche. Tendance à la rigidité des membres, exagération
des réflexes patellaires. La langue a en partie conservé les mou-
vements et il n'y a pas non plus de signes de paralysie du voile
du palais.
L'impossibilité de la comprendre rend l'examen mental assez
difficile, surtout en ce qui concerne l'état des facultés intellec-
tuelles ; toutefois la mémoire n'est pas abolie et elle a conscience
du cours du temps. On comprend qu'elle était malheureuse, oue
tout le monde lui en voulait et qu'elle voulait en finir d'une façon
ou de l'autre. Pendant son séjour à l'asile, qui dura un peu plus
de trois mois, on constata les signes habituels du délire de persé-
cution sénile, des récriminations contre les gens chargés de la
' soigner, des accusations contre les infirmières, des crises de dé-
sespoir avec pleurer spasmodique indéfini, dss exigences insup-
portables et une agitation parfois bruyante.
En janvier 1904, elle commence à avoir des crises bulbaires,'
des perturbations de l'innervation cardiaque CL pulmoniu-e, des
crises de dyspnée énorme et passagère ; en ? é ! l\C temps on cons-
440 CLINIQUE MENTALE.
tate de l'albumine dans les urines. Elle succomba le '30 janvier
dès les premières atteintes d'une entéro-colite grippale assez
sévère. - L'autopsie n'a pu être faite.
Dans cette seconde observation, l'élément démentiel
est tout à fait au second plan. Les troubles vésaniques,
bien que rappelant encorela psychose sénile, constituent
un syndrome parfaitement cohérent de forme mélanco-
lique avec délire de persécution, impulsions persistantes
au suicide, impulsions à la violence, à la destruction et à
l'incendie. Les antécédents héréditaires de la malade sont
très remarquables : elle est fille d'un alcoolique aliéné et
soeur d'un idiot.
Comme chez le malade de l'observation précédente,
nous trouvons, à l'origine de sa psychose, une cause mo-
rale dont l'importance ne saurait être méconnue. ( : 'est à
la suite d'une émotion violente et perturbatrice que cette
femme, malade depuis quatre ans déjà de sclérose laté-
rale à évolution lente, se met à accuser des troubles men-
taux d'une gravité menaçante et nécessitant sa séques-
tration.
OBs. 111. Il ? Arsène, 44 ans, charpentier, marié, sans ren-
seignements, est admis le 30 juin 1897 avec un certificat ainsi
conçu : « Est atteint d'idiotie liée à un ramollissement cérébral.
Cette affection, absolument incurable, exige une surveillance de
tous lesinstants. La véritable place dece malade est dans un asile
d'aliénés ». 1)'' B ?
Le certificat de 24 heures est ainsi rédigé : « Est atteint de dé-
mence mélancolique consécutive à une affection organique des
centres nerveux : perte de la mémoire, sensiblerie, automatisme,
embarras extrême de la parole avec parésie spasmodique des
membresinférieurs. » Certificat de quinzaine : « Est atteint de sclé-
rose latérale amyotrophique compliquée de démence avec hypo-
condrie, sensiblerie extrême, dépression profonde, incapacité
de se conduire. »
A l'entrée, on fait les constatations suivantes : Physionomie hé-
bétée. Aussitôt qu'on lui adresse la parole et qu'il veut répondre,
une émotivité énorme se développe, et il se met a sangloter avec
un bruit laryngé tout particulier, larmes abondantes et écoule-
ment involontaire de salive (pleurer spasmodique;. Chaque fois
qu Il veut parler, le même syndrome se développe et se prolonge
indéfiniment ; s'il arrive à se calmer, l'embarras de la parole est
tel que ses réponses sont peu près incompréhensibles. L'articu-
LA SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 4H
lation de la plupart des lettres est impossible ; la prononciation
du p ressemble a un éternuement, celle du k a la voyelle a, celle
dub, à.l'm, etc. Il ne peut se servir utilement de ses mains, surtout
de la gauche ; les membres inférieurs, surtout le gquche, égale-
ment sont presque paralysés.
A l'examen, on constate une raideur avec tendance à la con-
tracture des muscles des quatre membres, plus accentuée aux
membres inférieurs. La moindre excitation périphérique piovo-
que des contractions fibrillaires des différents muscles. Exagéra-
tion considérable des réflexes patellaires ; pas de trépidation,
mais une fois le pied fléchi,il conserve un moment cette attitude
en contracture. Démarche difficile, spasmodique, à petits pas. La
plante du pied se détache difficilement du sol, laissant traîner la
pointe.
Le réflexe masséttrin est augmenté. Le côté droit de la face pa-
raît légèrement parésié. La langue est tirée facilement, mais la
pointe est d'abord déviée à gauche et ce n'est qu'à la suite d'une
série d'ondulations partielles qu'elle revient dans l'axe ; elle est
le sujet de petites contractions fibrillaires. Le voile du palais pa-
raît à peu près normal, la luette est déviée à gauche. 11 avale
assez bien et n'a pas l'habitude de s'engouer. '
On constate de l'atrophie musculaire en différentes régions,
principalement sur la partie gauche du corps; il existe une diffé-
rence en moins de deux centimètres à la cuisse et d'un centi-
mètre à la jambe gauche. Aux membres supérieurs, l'atrophie,
surtout prononcée à gauche, atteint la ceinture scapulo-humé-
rale, les éminences thénar et hypothénar. A droite le grand pec-
toral n'existe pour ainsi dire plus. A gauche les régions lombai-
res sont atteintes ; les interosseux des deux mains ont à peu près
disparu. Les sphincters fonctionnent bien, à part un certain re-
tard dans le jet urinaire. La sensibilité tégumentaire est absolu-
ment normale.
Le malade, en dehors deson émotivité, qui contribue à luidon-
ner l'aspect démentiel, offre un affaiblissement marqué de l'in-
telligence. Nous obtenons cependant les renseignements suivants :
Il y a trois ans, sa femme lui aurait communiqué une blennor-
rhagie qui a duré trois mois. Il y a deux ans,il serait tombé d'une
hauteurde deux mètres etdemi sur la tête, sans se faire de bles-
sure apparente. C'est à peu près à ce moment que sa maladie se
serait développée. n'a pas connaissance du cours du temps, ne
s'intéresse à rien, articule souvent des idées d'hypochondrie et des
plaintes non justifiées contre les gens qui le soignent. Son atti-
tude constante est celle d'un sénile pleurard et inquiet qui
se croit l'objet de la malveillance et des mauvais traitements de
tous ceux qui l'entourent. Devenu tout à fait impotent, il suc-
442 CLINIQUE MENTALE.
comba le 19 août 1896 à des accidents bulbaires progressifs du
côté du coeur et de la respiration.
Ici, l'aspect général de la psychopathie est à peu près
le môme que dans les deux observations précédentes,
mais avec prédominance marquée de l'affaiblissement
psychique. On dirait d'un vieillard ramolli, que la cons-
cience obscure de ses infirmités et de sa faiblesse réduit
à un état permanent de défiance et de crainte et à des ré-
criminations puériles, ébauche très incomplète du vrai
délire de persécution des sénilcs et des porteurs de le-'
sions cérébrales en foyer.
Les renseignements font complètement défaut sur les
antécédents héréditaires du malade, mais, particularité
curieuse, nous retrouvons, comme chez le malade del'ob-
servation première, la blennorrhagie parmi les anam-
nestiques deR ? L'étiologie delà sclérose latérale amyo-
trophique est trop peu connue pour qu'il n'y ait pas lieu
d'enregistrer ces coïncidences. Quant au traumatisme
cranien que le malade a dit avoir subi un an avant sa
maladie,il paraît avoir été bien léger etdetrop peu d'im-
portance pour avoir joué un rôle dans la genèse de la
maladie.
J'ai vu dans mon cabinet, en mai 1905, un malade qui
m'a paru être atteint de sclérose latérale amyotrophique
et sur lequel j'ai conservé quelques notes dont voici la
transcription.
OBs. IV. P ? 50 ans, maçon, marié, trois enfants. Comme
antécédents personnels, il accuse une fièvre typhoïde il y a une
douzaine d'années et, il y a cinq ans environ, un traumatisme crâ-
nien : il reçut sur le crâne un moellon qui détermina une vaste
plaie contuse, sans lésion osseuse et sans perte de connaissance,
Pas de renseignements sur ses antécédents héréditaires.
Malade depuis quatre ans. Le mal aurait débuté par des névral-
gies tenaces dans le domaine du maxillaire supérieur gauche.
Puis gêne de la marche, ensuite des mains en troisième lieu,
gêne de la parole ; entre temps, névralgies lombaires et sacrées,
crises douloureuses fugitives mais tenaces dans le domaine du
crural ; crises de ténesme rectal. Perte du sens génital ; fonctions
vésicales normales.
Réflexes oculaires normaux, pupilles normales, vision intacte,
sensibilité cutanée partoutintacte et très développée, exagération.
LA SCLÉROSE LATERALE AMYOTROPHIQUE. 443
des réflexes du genou, surtout à gauche ; clonus du pied et de la
jambe du même côté. Démarche non spasmodique. mais gênée,
maladroite,avec raideur prédominant dans la jambe gauche.
Pas d'atrophie musculaire apparente aux membres inférieurs.
Le bras gauche est légèrement atrophié en masse ; il mesure un
centimètre de moins en circonférence que le bras droit. Les
muscles périscapulaires du même côté sont nettement touchés;
l'atrophie est aussi très nette à l'éminencethénar,moindre à l'hy-
pothénar ; visible aux interosseux. Les deux mains ne donnent
que 20° au dynamomètre. Pas de tremblement fibrillaire à la lan-
gue qui n'accuse pas nettement un processus atrophique malgré
une difficulté de prononciation récente et encore peu accusée.
Légère dyspnée intermittente, surtout quand il fait froid. Pas
d'autres signes bulbaires ; fourmillements fréquents dans les
membres, fatigue constante.
Ce qui amène le malade, ce ne sont pas tous ces symptômes
médullaires, quelque pénibles qu'ils soient, c'est un état men-
tal déplus en plus inquiétant pour sa famille et qui consiste en
de la dépression, des tristesses inexplicables ; une propension à
voir tout en noir; le dégoût de vivre et des idées obsédantes de
suicide. Il a recommandé à sa femme de cacher ses rasoirs. Il
manifeste depuis quelque temps une grande sensiblerie et une
tendance croissante au pleurer spasmodique.
La présence simultanée des deux grands symptômes
cardinaux : paralysie spasmodique et amyotrophie, nous
a conduit, malgré quelques symptômes aberrants d'al-
lure tabétique, au diagnostic de sclérose latérale amyo-
trophique que nous donnons sous réserves, n'ayant pu le
contrôler par l'évolution du syndrome. Ce qu'il y a de
tout à fait remarquable dans ce cas, au point de vue men-
tal, c'est l'absence de tout symptôme démentiel et le dé-
veloppement insensible d'un processus psychasthénique
déforme mélancolique avec obsession du suicide. La sen-
siblerie et le pleurer spasmodique, qui ont cependant
laitieur apparition, permettent de prévoir pour une épo-
que plus ou moins éloignée, l'aggravation de l'état men-
tul dans le sens de l'affaiblissement des facultés psychi-
ques.
Ces. V. - G ? 28 ans, domestique, célibataire, est admis le 15
février 1904 avecle certificat suivant : « G ? est atteint depuis six
mois de paralysie générale avec accès délirants et troubles men-
taux qui nécessitent son internement ». Dr C ?
Les renseignements de ,police délivrés, sur son compte font
Les renseignements de .police délivrés, sur son compte font
444 CLINIQUE MENTALE.
connaître ce qui suit : « 11 y a quelques mois il a été soupçonné à
deux reprises différentes d'avoir mis le feu dans un pailler de la
ferme où était en service; d'un autre côté, son absence totale
d'idées le rend dangereux pour son entourage ».
Le certificat de vingt-quatre heures est ainsi conçu : « Est atteint
d'une affection organique des centres nerveux (sclérose latérale
amyotrophique) compliquée de troubles mentaux de nature dé-
mentielle et d'excitation passagère ».
Les renseignements que nous avons pu recueillir sur le malade
sont très incomplets. Le père est mort jeune, on ne sait de quoi.
La mère est entièrement paralysée. Une soeur bien portante. Il
n'aurait jamais eu de maladies graves et a fait son service mili-
taire à La Roche ; pas d'excès alcooliques.
Le début de la maladie actuelle remonte à un an environ et
s'est fait insidieusement. Il s'aperçut d'abord qu'il faiblissait sur
ses jambes, il avait des vertiges, était gêné dans l'usage de ses
membres. 11 a commencé, il y a quatre mois, à manifester quel-
ques idées délirantes, mais sans objet fixe. (Les quelques éclair-
cissements fournis sur cet état mental, permettent de supposer
qu'il s'agissait d'une sorte d'hébétude démentielle avec confu-
sion mentale passagère). Il avait aussi des hallucinations de
l'ouïe. En ce moment, il ne paraît plus délirer.
A l'examen physique. G ? est un individu d'aspect robuste,
bien développé, sans infirmités apparentes. Tous les organes
paraissent normaux, à part le coeur, où l'on constate les signes
d'une légère lésion ou malformation de l'origine de l'artère pul-,
monaire (souffle systolique à la base, à droite, un peu rude;
phénomènes d'anoxémie; toutes les parties delà peau décou-
vertes ne tardent pas à se marbrer de plaques bleuâtres de plus
en plus confluentes et qui disparaissent aussitôt qu'elles sont
soustraites au refroidissement).
Les réflexes rotuliens sont énormément exagérés ; le clonus du
pied existe des deux côtés, plus marqué à gauche. Les sphincters
ionctionnent d'une façon normale. Tous les modes delà sensibi-
lité sont intacts; notamment, pas de troubles de la sensibilité
thermique. Aucun phénomène oculaire à, noter, à part une ten-
dance très fugitive à l'inégalité pupillaire. Les réflexes irions sont
normaux.
Des symptômes d'atrophie musculaire existent en de nombreux
points, surtout du côté droit du corps. Il y a un centimètre à un
centimètre et demi de différence entre les circonférences des
divers segments des membres droits et gauches, au détriment
des premiers. Les éminences thénar et,iL un moindre degré,hypo-
thénar, sont aplaties, les espaces interosseux amaigris, la main
droite étant plus touchée; les mains sont creuses, le pouce s'op-
pose difficilement aux autres doigts, avec beaucoup d'efforts et
LA SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE. 445
de maladresse. 11 y a tendance à la contracture des fléchisseurs
et à la main en griffe à droite. Atrophie de la ceinture scapulaire
très marquée à droite, surtout au niveau du grand pectoral. Dé-
marche spasmodique, il marche en écartant les jambes, déta-
chant à peine les pieds du sol, et en traînant le droit. La langue
est très atrophiée, animée de mouvements vermiculaires cons-
tants ; le malade a la plus grande peine à la mouvoir. La déglu-
tition se fait bien, mais il reste toujours des parcelles d'aliments
dans la bouche. Quant il boit, le liquide se répand parfois en
partie des deux côtés du verre. L'orbiculaire des lèvres est paré-
sié à droite ; la luette est déviée à gauche.
La parole est extrêmement difficile et on ne comprend que
quelques mots de son langage, encore faut-il étudier attentive-
ment sa mimique quand il parle. Pas de pleurer spasmodique;
c'est un malade gai et de bonne humeur, inconscient et indiffé-
rent. En revanche, il a à chaque instant le rire spasmodique par
crises accompagnées d'un bruit laryngé rauque et sonore. La
bouche est presque constamment béante. Pas de troubles de la
respiration ni delà circulation.
Pendant les mois qui suivent, on note la progression insensi-
ble des phénomènes médullaires et bulbaires. L'état mental reste
celui de la démence pure et simple avec humeur uniformément
indifférente, sans jamais de pleurer spasmodique. Pas d'idées
délirantes appréciables.
En décembre 1905, il y a une poussée de confusion partielle
avec hébétude profonde et désorientation. La marche devient de
plus en plus difficile et il lui faut garder le lit. Au bout de quel-
quesjours, le malade sort de son hébétude pour reprendre son
aspect ordinaire. Il ne peut plus prononcer que la syllabe « si ».
La plupart du temps il ne paraît pas comprendre les questions
qu'on lui pose et répond comme au hasard par des signes de déné-
gation ou d'affirmation. L'humeur continue à être celle d'un
malade gai et optimiste.
Pas de gâtisme, pas de signes de paralysie générale. Pas de
signes oculaires, à part une tendance de la pupille gauche à se
dilater un peu plus que la droite dans la pénombre. Tel est l'état
du malade en mars 1906, deux ans après son entrée, trois ans
après le début de la maladie.
Dans cette observation, nous voyons évoluer à la fois
l'affection médullaire et un trouble mental dont la physio-
nomie est vraiment remarquable : il s'agit d'un affaiblis-
sement démentiel sur lequel viennent à un moment donné
se greffer des accès d'hébétude avec confusion délirante
et actes instinctifs de nature impulsive. Le soupçon qui
440 . CLINIQUE MENTALE
a pesé sur le malade, d'avoir à deux reprises différentes
mis le feu dans le pailler de la ferme où il était domesti-
que, est tout à fait plausible. C'est bien là un acte de
dément confus et amnésique comme en commettent au
cours de ce que l'on appelle l'attaque congestive, les
vieillards en enfance, les paralytiques généraux et les
porteurs de lésions cérébrales circQnscrites. Il y a encore
d'autres catégories de déments qui peuvent commettre
des actes semi-automatiques de cette nature comme, par
exemple, les individus atteints de myopathie primitive
pseudo-hypertrophique à une période avancée de leur
maladie, ainsi que j'en ai observé tout récemment un cas
remarquable. Sclérose latérale et myopathie primitives
ne sont-elles pas deux modes de la dégénérescence voi-
sins, qui rentrent dans le groupe des maladies d'origine
conceptionnelle ou héréditaire décrit par le professeur
Joffroy sous le nom de myopsychies (1) ?
. Il convient de remarquer qu'en dehors.des crises pas-
sagères d'hébétude confusionnelle,crises dues sans doute
à quelque état passager d'auto-intoxication où ;'t'une sim-
ple rétention fécale, la démence de ce malade n'est pas
tout à fait celle du vieillard, ni celle du paralytique géné-
ral. Elle est moins massive que la seconde et plus mono-
tone que la première; elle rappelle plutôt l'imbécillité pure
et simple. Et tout bien pesé, malgré les efforts vains cpie
nous avons faits pour nous procurer des renseignements
sur son passé, nous pensons que G ? est un débile dont
l'intelligence a toujours été au-dessous de la moyenne.
C'est en cela que nous croyons trouver l'explication de
cette indifférence qu'il montre pour sa misérable situa-
tion, indifférence si peu dans les habitudes des victi-
mes de la sclérose latérale, et de cette jovialité d'humeur
qui en fait comme un vivant paradoxe. G ? dégénéré
de par sa moelle, l'est encore par son cerveau ; de là la
complexité des lésions anatomiques progressives et des
symptômes à la fois somatiques et psychiques qui en
sont la conséquence. Et l'origine de cette infériorité vi-
tale du système nerveux de ce malade peut être soupçon-
née, si la lésion cardiaquecluenous avons constatée chez
(1) A..lolvrltor. Des myopsycllier. {Rente neurologique t 1902.)
LA SCLÉROSE LATERALE AMYOTROPHIQUE. 447
lui est, comme nous le supposons, congénitale. La ' vie
embryonnaire aurait été traversée par un épisode patho-
logique ayant influencé non seulement le développement
du coeur, mais aussi celui de l'axe cérébro-spinal tout
entier.
013S ? i. - .1 ? 49 ans, marin, est admis le 15 mars 1906, venant
de l'hospice des Sables-d'Olonne avec le certificat suivant : « Est
atteint d'aliénation mentale caractérisée par une diminution de
toutes les facultés (paralysie générale). 11 est sujet à des crises d'a-
gitation pendant lesquelles il apporte le plus grand trouble dans
la salle ».
L'enquête révèle les faits suivants : de temps en temps il a des
accès de folie ; il se lève la nuit en criant et cherche à se sauver ;
il renverse tout sur son passage ; il a brisé les becs de gaz de la
salle ; il n'a plus conscience de ce qu'il fait, mélange des ordures
à ses aliments, fait ses nécessités sur le parquet. (Accès passagers
de confusion mentale démentielle.)
Madame ,1 ? a fait la déposition suivante : « Depuis trois ans,
mon mari ne jouit plus de ses facultés mentales ; plusieurs fois il
a voulu me tuer ; il prend tout ce qu'il trouve surson passage et
l'apporte à la maison, linge, tables, chaises ; il mange tout ce
qu'il trouvedans les tas d'ordures et lorsqu'on veut lui retirer ce
qu'il dans les mains, il devient méchant.»
Le certificat de vingt-quatre heures esl ainsi conçu : « J ? est
atteint de démence organique avec phénomènes spasmo-paraly-
tiques des membres inférieurs, embarras de la parole, inégalité
pupillaire, mouvements fibrillaires multiples, exagération énor-'
me des réflexes tendineux ».
25 mars. «1 ? est un homme de grande taille, corpulent, un peu
obèse. Ha fait son service militaire dans la flotte ; il n'aurait pas
contracté de maladie vénérienne. Il s'est ensuite fixé aux Sables
en qualité de pêcheur et s'est marié ; il aeu quatre enfants, deux
filles qui sont mariées, et deux autres enfants plus jeunes. 11 est
incapable de fournir des renseignements sur ses antécédents hé-
réditaires. La mémoire est, d'ailleurs, chez lui, à peu près oblité-
rée. '
.1 ? présente à la fois de la paralysie spasmodique et cle l'amyo-
trophie. Les réflexes rotuliens sont très exagérés, surtout celui
de gauche ; pas de signe de Babinski ; conservation des réflexes
cutanés ; clonus du pied provoqué par le simple chatouillement t
des surfaces plantaires ; démarche hésitante, spasmodique ; le
pied gauche a de la peine à se détacher du sol. L'embonpoint mas-
que en partie l'atrophie musculaire, cependant elle est très nette
aux membres gauches. La circonférence du bras droit est de 34
448 CLINIQUE MENTALE.
cm. ; celle du gauche de 32 cm. la circonférence de l'avant.
bras droit est de 29 cm. : celle du gauche de 23. Celle de la jambe
droite est de 3G ; celle de la gauche de 3 1/2. Les cuisses sont
égales. En somme, l'atrophie atteint surtout le bras et la jambe
gauches. Aux mains, les éminences thénar et hypothénar ne pa-
raissent pas avoir subi d'atrophie; toutefois, l'opposition dupouce
aux autres doigts ne se fait que péniblement et imparfaitement,
à'gauche plus encore qu'à droite; les interosseux sont évidem-
ment touchés.
Le crâne est petit, un peu oxycéphale. le front bas et très>
fuyant, la face très large, asymétrique. Les muscles du menton
sont animés de contractions fibrillaires fréquentes, la langue pré-
sente une liémiatrophie gauche très marquée, elle est animée de
mouvements à la fois fibrillaires et ataxiques (mouvement de
trombone) la parole .est très embarrassée, par suite de la para-
lysie de la langue et des lèvres. Ces dernières sont encore peu tou-
chées ; il peut faire la moue et même siffler un peu. Pas de para-
lysie du voile du palais.
Il y a de l'inégalité pupillaire, la droite étant plus dilatée. Les
pupilles réagissent bien à la lumière; pas de paralysies oculaires.
ni denyslagmus. Tous les modes de sensibilité sont intacts. Les
sphincters fonctionnent normalement. Le malade, depuis qu'il est
observé, s'est toujours levé régulièrement pour satisfaire ses be-
soins. L'expression de la face est. celle d'un abrutissement profond,
les traits sont inertes, dansle relâchement ; pas de rire ni de pleu-
rer spasmodiques, pas d'autre signe bulbaire que la difficulté à
parler.
Il comprend bien les questions qu'on lui pose et y répond dans
la mesure de son intelligence très oblitérée en raison «'une perle
à peu près complète de la mémoire. Il ne se rappelle aucune
date, et ne peut situer dans le temps aucun fait de sa v ie passée;
il ignore l'année, le mois, le quantième, le jour de la semaine. Il
ignore où il est. Son état mental est caractérisé par l'indifférence,
l'hébétude et la seule survivance des appétits. C'est ainsi que la
vue du tabac le sort de sa torpeur habituelle et qu'à fumer il pa-
raît éprouver une vive jouissance.
Il s'agit encore, dans cette observation, d'un dégénéré
porteur de stigmates. Sa conformation crânienne rap-
pelle celle de certains dégénérés inférieurs. La lésion
anatomique a envahi à la fois le cerveau et la moelle.mais
il semble que l'encéphale ait été d'abord particulière-
ment touché, contrairement à ce que l'on observe habi-
tuellement dans les formes médullaires de la paralysie
générale. L'affaiblissement psychique est dès l'abord
LA SCLÉROSE LATERALE AMYOTROPHIQUE. 449
massif, comme dans certaines paralysies générales de
forme démentielle pure. Dans les périodes où le malade
est excité, il est en proie à un véritable délire des actes
de nature instinctive, commet des vols absurdes, cher-
che sa nourriture dans les tas d'ordures, se soulage par-
tout où il se trouve, se perd et ne connaît plus personne.
S'agit-il de paralysie générale légitime ? Nous n'avons
guère,comme symptômes somatiques à l'appui de ce dia-
gnostic,que deux signes : l'inégalité pupillaire et l'ataxie
linguale ; encore faut-il remarquer que la gêne de la pa-
role est beaucoup plus celle du scléreux latéral que du
paralytique. D'un autre côté, cet individu, à peu près im-
potent, malade depuis plus de trois ans, arrivé à un de-
gré avancé de démence, n'en est pas encore à la phase
du gâtisme ; tout au contraire, il a pleine conscience de
ses besoins et gouverne ses sphincters. Notons enfin la
multiplicité des signes bulbo -médullaires, qui sont ceux,
presque au complet, de la maladie de Charcot. Si donc
nous devons malgré tout porter le diagnostic de paraly-
sie générale associée, nous ne pouvons pas ne pas cons-
tater en même temps que, dans l'association, la sclérose
latérale amyotrophique, au point de vue somatique,tient
véritablement la place prépondérante.
En résumé, il résulte de nos observations que la sclé-
rose latérale amyotrophique peut être accompagnée de
troubles mentaux d'un caractère plus ou moins grave,
depuis la démence la plus légère, comme dans les cas or-
dinaires visés par M. P. Marie, jusqu'à la démence glo-
bale de la paralysie générale ; depuis la psychasthénie
simple jusqu'aux formes complexes des psychoses,la mé-
lancolie suicide et les délires systématisés. Dans les cas
où elles existent, ces complications délirantes revêtent
une physionomie un peu spéciale : celle des psychoses de
la vieillesse.
Comme pour les autres psychopathies organiques, il
faut voir, dans les complications démentielles de la sclé-
rose latérale amyotrophique une conséquence de la lé-
sion organique et dans les manifestations délirantes une
conséquence de la prédisposition. On sait,en effet, d'une
part, que la dégénération des cordons latéraux, dans la
Archives, 2. série, 1906, t. XXI. 31
450 CLINIQUE MENTALE.
maladie de Charcot, se poursuit au-delà de la capsule in.
terne et jusque dans l'écorce grise, et qu'elle peut s'éten-
dre aux fibres constituantes du corps calleux et aux fi-
bres commissurales reliant entre eux les deux hémisphè-
res ; de l'autre, nous avons constaté, chez nos deux pre-
miers malades, les plus délirants, des antécédents héré-
ditaires cérébraux et psychiques.
Chez les deux derniers, nous avons surtout relevé des
stigmates de dégénérescence et des indices nous ayant
conduit à les considérer mentalement comme des débi-
les. Cette induction s'accorde bien avec la nature des
troubles mentaux observés, qui sont ceux de la démence
globalc, sorte d'idiotie acquise. Le fait que le dernier ma-
lade paraît être atteint de paralysie générale ne saurait
être considéré comme contredisant cette opinion, si la
paralysie générale n'est elle-même qu'un mode de réac-
tion d'un système nerveux anormalement développé,
frappé en un mot de dégénérescence, comme le veulent
de bons observateurs.
Si comme nous le pensons avec d'éminents neurolo-
gistes, les affections du système nerveux ne sont pas des
maladies ; si ce ne sont que des syndromes, des associa-
tions -de symptômes, expression clinique de quelque état
général d'infection ou d intoxication et évolution d'un
état tératologique congénital ou héréditaire (1), il est fa-
cile de comprendre que les causes morbifques puissent
s'attaquer simultanément ou successivement à plusieurs
territoires du névraxe en état d'infériorité structurale et
fonctionnelle pour engendrer, comme dans nos observa-
tions, une association de symptômes médullaires, bul-
baires et cérébro-psychiques.
(1) F. Raymond. Clinique des maladies du système nerveux, pre.
mière série, Paris, 1896.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Note sur l'histologie pathologique de la paroi
dé l'abcès cérébral.
Par Ch.1111RALLI1 : .
Nour possédons encore peu de renseignements sur
l'histologie pathologique de l'abcès cérébral, et les tra-
vaux consacrés à ce sujet sont encore peu nombreux.
C'est à peine si les auteurs classiques étudient en quel-
ques lignes la structure microscopique de l'abcès cé-
rébral et Klippel s'est étonné à juste titre du petit nom-
bre de recherches faites sur ce sujet. Oppenheim (1) rap-
porte les idées de Rindfleisch et de Ziegler.
Pour les rapports histologiques de la capsule-enveloppe, Bincl-
fleisch dit : la couche superficielle, la plus interne est lisse et re-
couverte par une couche de cellules en dégénérescence grais-
seuse qui lui donnent un aspect opaque, jaunâtre.En dehors suit
une couche de tissu embryonnaire, d'épaisseur variable ; en de-
hors elle aboutit à un tissu lâche de cellules fusiformes, enfin
vient la couche propre des faisceaux de la capsule. A l'extérieur,
une zone en dégénérescence graisseuse se montre qui forme la li-
mite entre la membrane de l'abcès et le tissu nerveux.- Ziegler
parle simplement d'un (issu de granulations qui se transforme
plus loin en tissu conjonctif fascicule. Le tissu cérébral autour de
l'abcès est d'ordinaire, et souvent sur une large étendue, en état
de renouvellement et d'infiltration oedémateuse. Le ramollisse-
ment peut pénétrer dans le ventricule et produire une .ménin-
gite ventriculaire suppurée sans qu'il y ait de perforation. On
peut aussi voir des foyers hémorragiques dans le voisinage.
Klippel (2) reconnaît à l'abcès cérébral' 4 couches :
(1) Oppenheim. - Speciele Pathologie u. Thérapie 1'011 Nothnagel,
IX Ils., I,Th., III Abtli. ; III Lief 1597. Article. Abcès du cerveau, ? .
126.
(2) Klippel. - Traité de médecine, Brouardel. Gilbert, L. VIII,
p. 839.
452 . . ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Au niveau de la membrane en contact avec le pus, on
trouve une couche irrégulière, granuleuse, formée de
cellules rondes en dégénérescence. Plus en dedans, les
lésions sont caractérisées par une inflammation avec
diapédèse, mais surtout par d'énormes lacs sanguins,
qui à l'oeil nu semblent être des foyers d'hémorrha-
gie, mais qui sont en réalité des veinules enflammées et
considérablement dilatées. Dans une troisième zone,
l'inflammation se poursuit, caractérisée surtout par la
diapédèse autour des artérioles gorgées de sang. Dans
quelques vaisseaux, dont les parois sont remplies de glo-
bules blancs, on trouve des thromboses, contenant à
leur centre des amas de leucocytes. Enfin, une der-
nière zone nous montre des éléments nerveux plus ou
moins altérés, au milieu desquels on trouve des cellules
fusiformes en voie de formation. Celles-ci, disséminées
entre les tubes nerveux, sont assez régulièrement dis-
posées et parallèles les unes aux autres suivant leurs
axes longitudinaux. »
Barbacci (1) a publié un très intéressant travail sur
l'abcès cérébral expérimental, par inoculation directe
dans la substance nerveuse d'une culture récente de sta-
phylocoque doré. Il a pu étudier heure par heure l'évolu-
tion de l'abcès, et étudier les altérations progressives des
divers éléments du tissu nerveux. Il a pu noter progres-
sivement les altérations de la cellule nerveuse, la dégé-
nérescence de son protoplasma, la destruction progres-
sive du noyau et du nucléole ; l'infiltration leucocytaire
accompagnant la réplétion vasculaire sanguine énorme et
les phénomènes dekaryokynèse des éléments cellulaires.
Westphall (2) étudie minutieusement les diverses va-
riétés des cellules observées dans 3 cas d'abcès du cer-
veau ; il montre leur origine variée et fait jouer le plus
grand rôle dans la formation de la paroi de l'abcès aux
(1)B.W nacCL-Rivista di p ithologia nervosa n : eutale,l897,p.385.
(2) Westphall. - Arch. f. Psychiatrie, l. XXXIII, 1900, h. 206.
HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DE L'ABCES CÉRÉBRAL. 453
cellules conjonctives. Bien que dans son cas II, l'abcès,
de date récente.fût d'abord limité en dedans par une cou-
che pauvre en noyaux,colorée en jaune rouge par le Van
Gieson, couche de tissu névroglique nettement dilféren-
ciéedela couche externe conjonctive, il n'ose se pronon-
cer sur la part que prennent les éléments névrogliques à
la formation de cette paroi. Il la considère comme essen-
tiellement formée de tissu conjonctif, venu de la pie-
mère en suivant les vaisseaux.
Friedmann (1) décrit à la paroi de l'abcès 3 couches :
La couche interne, mal différenciée de la cavité de l'ab-
cès, est constituée par des cellules rondes, fortement
pressées l'une contre l'autre, et unies par une substance
intercellulaire. Elle contient en outre des vaisseaux capil-
laires grêles et peunombreux, des cellules nucléées et des
éléments morts. La couche moyenne nettement limi-
tée est la plus large. Elle présente un stroma de cellules
fusiformes, irrégulièrement entrecroisées ou disposées
en couches plus ou moins parallèles, ébauche d'une pre-
mière organisation rapide ; le protoplasma de ces cellu-
les se montre sous l'aspect d'un fin réseau chromatique,
tandis que le noyau est volumineux et ovale. En outre,
il existe de nombreux vaisseaux, à parois épaissies et un
certain nombre de cellules rondes disséminées, rassem-
blées en plus grand nombre autour des vaisseaux. La
zone externe, zone d'irritation,large, mais mal délimitée.
est parsemée de nombreuses cellules rondes ; elle est ri-
che en vaisseaux ; elle présente en outre des cellules né-
vrogliques, de différentes dimensions, allongées, fusifor-
formes, homogènes. Elle contient en outre des éléments
fusiformes analogues à ceux de la couche précédente.Des
éléments nerveux préexistants, il reste des traces plus
manifestes que dans la deuxième zone : des fibres myéli-
niques abondantes en voie d'atrophie, des cylindraxes
(1; Handbuch der Pathulogisc5ert Anatomie des Nervensystems pu-
hlié sous la iliroclion de 1· lalau, .1teol)soiiii, Minor, Lihr. Karger
Berlin, 1903,p, 504. '
454 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
fortement gonflés et fragmentés.Enfin Friedmann ajoute
(page 511) une 4e zone, plus extérieure où le tissu fonda-
mental névroglique semble conservé, où prédominent
des éléments volumineux, homogènes, pour la plupart
nucléés, de forme ronde un peu irrégulière. Ce sont évi-
demment des éléments épithélioïdes déjà décrits par
Westphal, présentant tous les types de transition avec
les cellules fusiformes de la couche précédente et ayant
par suite la même origine. A la périphérie de l'abcès,
la substance cérébrale présente des phénomènes de réac.
tion secondaire fortement accentués. Pour Friedmann,
les éléments névrogliques ne participent pas à la for-
mation des couches d'organisation fasciculaire ; celles-ci
sont constituées par les éléments fusiformes allongés et
très vraisemblablement aussi par les nombreuses cellu-
les épithélioïdes des couches externes.
Enfin Kelpin (1), à propos d'un cas personnel, a fait
une étude approfondie de l'histologie de la paroi de l'ab-
cès. Il lui reconnaît 3 zones : 1° l'abcès, composé de leu-
cocytes polynucléaires fortement tassés; 2° la zone de la
capsule formée de deux couches : l'une interne, composée
de tissu lâche très riche en vaisseaux, avec parfois des
hémorrhagies ; dans les mailles de ce tissu, sont placés
des éléments cellulaires très nombreux, de forme très
variable ; la plupart sont d'origine conjonctive, quel-
ques-uns représentent des cellules névrogliques gon-
flées, enfin des lymphocytes et des plasmazellen ; la
couche externe est constituée par des fibroblastes ensé-
ries parallèles, fortement tassées et pauvre en vais-
seaux; - 3° enfin une zone d'irritation, où le processus
irritatif frappé les éléments nerveux, la myéline, et
surtout les vaisseaux et la névroglie. En résumé, pour
Kôlpin, à la formation de l'abcès prennent part exclusi-
vement les éléments qui sont en connexion avec les vais-
seaux ou avec le tissu conjonctif qui les accompagne.
(1) Koelpin. Deutsch' Zeitsch. f. Nervenli.) l. XXV, p. ·165, 1803,
HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DE L'ABCÈS CÉRÉBRAL. 455
La névroglie n'entre pas en considération en général.
Si nous rapprochons les uns des autres ces différents
travaux, nous voyons que dans la paroi de l'abcès céré-
bral les auteurs différencient plusieurs couches : La
couche la plus interne, caractérisée surtoutpar la pré-
sence des cellules granuleuses ; les couches les plus ex-
ternes où s'organise progressivement la réaction défen-
sive du tissu nerveux. -
Nous devons à l'obligeance de notre excellent ami le
Dr Texier d'avoir pu examiner la paroi d'un abcès céré-
bral otitique développé dans le lobe occipital du cer-
veau.
Les détails histologiques sont variables suivant les
points examinés, suivant que l'abcès atteint la couche
grise du cerveau ou qu'il ne dépasse pas la substance blan-
che,suivant qu'il a poussé ou non des anfractuosités plus
ou moins irrégulières, circonscrivant des blocs cérébraux
qu'elles isolent. Cependant, de la comparaison des très
nombreuses coupes pratiquées, on peut reconnaître un
certain nombre de caractères généraux qui peuvent
servir une description d'ensemble de l'histologie patho-
logique de la paroi de l'abcès cérébral, et confirment
dans leurs grandes lignes les travaux des auteurs que
nous avons cités. On peut avec Kôlpin, reconnaître à la
paroi de l'abcès cérébral trois zones principales : une
zone interne granuleuse, une zone moyenne d'organisa-
tion défensive, une zone externe d'irritation.
I. La couche interne, grisaille et claire sur les coupes
colorées au Weigert et à l'Azoulay, est essentiellement\
granuleuse et formée de leucocytes. Les cellules son
toutes sensiblement de même dimension ; leur proto-
plasma est extrêmement réduit et lenoyau les constitue
presque en entier. Celui ci est très variable d'aspect,par-
fois unique et régulier, le plus souvent multiple, multi-
lobé. Par places, on observe des foyers de dégénéres-
cence, surtout abondants au voisinage de l'abcès, petits
abcès eux-mêmes enclavés dans la paroi de l'abcès.
450 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Prenant mal les colorants, ils contiennent à peine de-ci
de-là quelques rares noyaux épars. Cette couche ne con-
tient pas de vaisseaux ou seulement quelques vaisseaux
capillaires dilatés et seulement dans la partie la plus
externe.
Dans les points où cette zone interne occupe une ré-
gion normalement riche en cellules nerveuses, on voit
sur les pièces colorées par les méthodes de Nissl ou de
Held, entre les cellules granuleuses, des blocs protoplas-
miques amorphes, plus volumineux que les lymphocy-
tes, à protoplasma mal coloré ; souvent il n'y a pas de
noyau, parfois un noyau mal coloré. Ce sont des cellules
nerveuses en nécrose de coagulation. Par places on trouve
des cellules nerveuses parfaitement reconnaissables,
mais prenant moins bien les colorants qu'à l'état nor-
mal ; à leur périphérie elles sont attaquées par les lym-
phocytes qui déterminent de véritables encoches. Ici la
neuronophagie est évidente. Sur aucune coupe nous n'a-
vons pu trouver de cellule en chromatolyse franche, seu-
lement quelques cellules en chromatolyse périphérique
peu accentuée et localisée ; la neuronophagie et la né-
crose de coagulation nous ont semblé les deux modes de
disparition de la cellule nerveuse.
II. A cette première zone, granuleuse, en succède une
seconde moyenne, caractérisée particulièrement par des
processus d'organisation défensive et par la richesse
vasculaire. Avec Kôlpin on peut lui distinguer deux
couches.
La couche interne, placée au voisinage même de l'ab-
cès, ne se différencie que progressivement de la cavité
même de l'abcès. La paroi est infiltrée de cellules poly-
nucléaires, analogues à celles de la couche précédente,
mais de moins en moins nombreuses à mesure que l'on
s'éloigne de la cavité de l'abcès.Elle est constituée par des
cellules nombreuses, très variables d'aspect et de direc-
tion, formant un feutrage lâche à travers lequel rampent
de très nombreux vaisseaux. On y voit d'abord des cel-
HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DE L'ABCÈS CEREBRAL. 457
Iules fusiformes, allongées, avec un noyau assez volumi-
neux, ovalaire ou allongé, cellules conjonctives, isolées
ou réunies par amas ; des cellules névrogliques gonflées
et déformées; enfin des leucocytes.Dans cette couche,les
vaisseaux sont très nombreux, largement dilatés ; ils
sont entourés d'un manchon decellules migratrices, leur
tunique adventice est épaissie et proliférée. A côté se
voient de très nombreux vaisseaux embryonnaires, creu-
sés pour ainsi dire sans paroi propre au milieu des cel-
lules lymphatiques. Autour de ces capillaires dilatés et
gorgés de sang,la diapédèse est très active.Ces vaisseaux
sont extrêmement nombreux. A un faible grossissement
la coupe semble criblée de trous dont chacun représente
la coupe d'un vaisseau. Ceux-ci sont surtout des capillai-
res et des veinules à la partie interne ; à la partie externe
on reconnaît les artérioles. Autour de celles-ci, on voit
par places, ainsi que l'ont indiqué Friedmann et West-
phal, des blocs hyalins, prenant malles colorants, extrê-
mement pauvres en noyau.
La seconde couche de cette zone est caractérisée,com-
me l'a bien indiqué Kôlpin, par une orientation nouvelle
des cellules conjonctives. Ala place des mailles irrégu-
lières de la couche précédente, progressivement, les cel-
lules s'orientent en couches parallèles entre elles et con-
centriques àla cavitéde l'abcès : tassées, pressées les unes
contre les autres, elles donnent l'impression d'un tissu
compact, fortement organisé et résistant.Les cellules mi-
gratrices sont moins abondantes ; elles sont, par contre,
plus volumineuses ; leur noyau unique est plus volumi-
neux,. régulier, et entouré d'une couche relativement
abondante et nettement appréciable de protoplasma.
Cette couche contient des vaisseaux en abondance, très
variables suivant les points, rares ici, abondants là, tou-
jours dilatés, gorgés de sang. et entourés d'un manchon
diapédétique. Dans toute cette zone, sur les coupes favo-
rables, on peut reconnaître des cellules nerveuses plus
ou moins modifiées. Les cellules normales sont assez
45S ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
nombreuses ; la plupart sont frappées de nécrose decoa-
gulationou attaquées par la neuronophagie : la chroma-
tolyse est plus fréquente que dans la zone précédente.
L'étendue de cette zone moyenne, véritable paroide l'ab-
cès est assez considérable, variable du reste suivant les
points, mais toujours bien nette et facile à retrouver,
mal limitée sur sa face interne, mais différenciée sur sa
face externe, avec ses deux zones, nettement et par-
tout reconnaissables. Elle circonscrit de toutes parts
l'abcès.
III A la limite de cette zone externe, il existe une
zone de transition,zone d'irritation de Iioeplin, caractéri-
sée surtout par son extrême richesse en vaisseaux plutôt
que par ses caractères irritatifs et qui ne se distingue du
tissu nerveux voisin normal que par cette extrême abon-
dance de vaisseaux. Ceux-ci sont volumineux et extrême-
ment nombreux. Autour de chacun d'eux est un épais
manchon leucocytique diapédétique. Mais il n'y apas l'in-
filtration embryonnaire des zones précédentes. Les cellu-
les nerveuses sont normales. Leur noyau reste central,
fortement coloré et pourvu de son nucléole, leurs granu-
lations chromatophiles conservent toute leur affinité
pour les colorants ;la chromatolyse nous a semblé beau-
coup plus rare que ne le dit Kolpin.Cependant les cellules
placées au voisinage des vaisseaux dilatés présentent
assez souvent les caractères de la chromatolyse. C'est
encore autour des vaisseaux que l'on observe des cellules
névrogliques gonflées, et des altérations des faisceaux
myéliniques. Mais tous ces processus irritatifs ne nous
ont jamais semblé être très accentués. Ils s'observent
surtout au voisinage des vaisseaux, pour s'atténuer et
disparaître rapidement dès que l'on s'éloigne [de ceux-
ci.
Nos recherches confirment donc complètement dans
leurs grandes lignes les descriptions des auteurs et en
particulier celle de Kolpin ; la division en trois couches
nous a semblé nettement correspondre à la réalité des
HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DE L'ABCÈS CÉRÉBRAL. 459
faits. Nous ne saurions toutefois accepter complètement
l'opinion des auteurs allemands sur le rôle de la névro-
glie. Pour eux, la barrière défensive est essentiellement
formée par le tissu conjonctif, venu avec les vaisseaux
de la pie-mère ;la névroglie ne jouerait aucun rôle ou tout
au moins qu'un rôle très secondaire dans la constitution
de la paroi de l'abcès.
Cependant Westphal, dans son observation II, décrit
une zone névroglique ; mais pour lui, elle ne prend pas
part directement à la formation de la capsule : il s'agit
d'un tractus névroglique de la substance cérébrale non
encore envahie par le processus de dégénérescence.
Tout en admettant avec tous les auteurs que c'est à l'é-
lément conjonctif que revient le rôle capital, essentiel,
dans le processus de défense, nous serions tenté de faire
jouer un rôle secondaire mais cependant non négli-
geable, à la névroglie. Tous les auteurs ont signalé le
gonflement et la multiplication des cellules névrogliques.
Sur les coupes traitées par la méthode de Weigert pour
la coloration de la névroglie, on distingue des fibrilles
névrogliques, entremêlées aux éléments conjonctifs et
qui présentent la même architecture générale que ceux-
ci. Dans la zone moyenne, les fibrilles névrogliques sont
d'abord irrégulièrement disposées en réseau lâche et ténu
à la partie interne de cette zone, puis- se tassent en
couches parallèles à mesure que l'on se rapproche de la
zone externe, suivant exactement la disposition que nous
avons décrite pour les fibres conjonctives. Il ne nous
semble pas qu'il s'agisse, comme le veut Westphall, d'un
tissu normal non encore détruit par la purulence : l'orien-
tation différente des fibrilles névrogliques dans les deux
couches de la zone moyenne, son parallélisme avec la
disposition des cellules conjonctives nous feraient bien
plutôt admettre un processus d'organisation défensive.
Mais, et avec cette réserve, nous acceptons, avec tous
les auteurs, qu'il n'y a là qu'un processus d'importance
secondaire mais réel cependant,et que c'est aux éléments
460 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
conjonctifs que revient la part capitale, essentielle, dans
l'organisation de la membrane de la paroi de l'abcès cé-
rébral.
THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE
Traitement médico-pédagogique des idioties les
plus graves (1) ;
Par LE D' BOURNEVILLE.
Tous les ans, dans le compte-rendu de notre service
nous publions quelques notices sur les enfants les plus
gravement atteints qui avaient été considérablement
améliorés par le traitement médico-pédagogiqtce. Cer-
tains en ont conclu que c'était là tout notre actif. Pour
dissiper leur erreur nous avons cru devoir multiplier
les faits. En raison du but pratique que nous poursui-
vons, nous espérons que nos lecteurs excuserons la
longueur de notre article.
LXXVI. ROBIL ? (Isabelle), née le 2 décembre 1894,
âgée de 9 ans, entrée à la Fondation Vallée, le 15 novem-
bre 1902, atteinte d'imbécillité, à un degré très prononcé, avec
strabisme très accusé, nystagmus intermittent et mouvements
choréiformes.
D'après ce diagnostic, il est facile de comprendre que l'état
général de l'enfant laissait beaucoup à désirer. La physiono-
mie avait une expression gauche et embarrassée, son regard
n'avait aucune fixité, elle possédait l'usage de la parole, mais
son air timide, l'empêchait de répondre directement aux
questions. Elle parvenait avec beaucoup de difficultés à s'ha-
biller et à se déshabiller, les mouvements choréiques se renou-
velant très souvent y mettaient un grand obstacle. Vu cette
incapacité, l'enfant était triste, tout était pour elle un sujet
d'ennui, aussi la voyait-on très souvent se mettre dans un coin
et pleurer à chaudes larmes.
Au point de vue scolaire, elle était nulle. A cause de son
état elle n'avait pas fréquenté l'école; sa vue aussi bien que
ses mouvements opposaient de grandes difficultés à son avan-
(1) Voir les n" d'avril et mai.
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 461 1
cement; rien ne faisait présager une sérieuse modification.
Après six mois de traitement, un changement assez marqué
s'est opéré dans toute sa personne, sous le rapport physique
comme intellectuel. Les mouvements choréiques et désordon-
nés ont disparu petit à petit, la physionomie n'avait plus cet
air inquiet et peiné, un grand calme et une réelle sérénité
remplaçaient la mélancolie et la tristesse.
Aujourd'hui (1903), elle s'amuse bien en récréation et prend
part à tous les jeux de ses compagnes, sa conversation est
intéressante, l'enfant raisonne comme un petit personnage.
Ainsi qu'à son entrée, elle s'habille et se déshabille seule, mais
le fait avec beaucoup plus d'adresse, se débarbouille elle-
même, en un mot procède entièrement seule aux soins con-
cernant sa toilette.
En classe, l'enfant montre une application soutenue, mais
la vue est toujours mauvaise, elle a du strabisme convergent
double, l'oeil gauche est fortement dévié en dedans ce qui
l'empêche de distinguer les lettres à première vue. Malgré tous
ces inconvénients, elle a appris à écrire, les lettres et les chif-
fres sont bien formés, elle commence à copier, assemble les
lettres. Tout porte à croire que l'enfant lira couramment dans
le courant de l'année. La mémoire n'est pas mauvaise, l'en-
fant récite des fables et fredonne des chansonnettes.
Elle s'applique bien à l'ouvroir, aime les travaux à l'ai-
guille, on la voit confectionner des effets pour sa poupée.
Elle travaille bien à la gymnastique et y met beaucoup de
bonne volonté. L'attitude de cette enfant s'est améliorée et ses
progrès sont notables.
1905. ? Les progrès de notre jeune malade méritent d'être
de nouveau mentionnés. Elle va bien sous le rapport physi-
que, ses mouvements choréiformes ont disparu, mais sa vue
est toujours faible (nystagmus et strabisme assez accusés);
malgré ce grand obstacle, notre élève lit très couramment, fait
des dictées, connaît l'addition, la soustraction et la multipli-
cation, s'intéresse aux leçons de choses, apprend les premiers
éléments de la grammaire, quelques notions de géographie,
l'enfant a beaucoup de goût pour la classe. '
Comme caractère l'enfant est gaie, joueuse, ses jeux n'ont
rien d'anormal; elle est par-dessus tout très affectueuse, elle
aime ses maîtresses de classe, ne voudrait pas leur causer le
moindre ennui, aussi on a plutôt des éloges à lui faire, que
des reproches à lui adresser. Elle se tient tiès proprement,
elle est très soigneuse pour sa toilette. Elle fait bien la gym-
nastiqne, s'applique à la couture, au repassage, fait tout ce
qu'elle peut à la buanderie. Notre malade est très obéissante
et tout plein gentillette. Cette enfant atteinte d'imbécillité
462 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
à son entrée, avec chorée et nulle en instruction peut être
classée aujourd'hui dans la catégorie des simples arriérées,
LXXVII. Idiotie et épilepsie. - CouL ? (Marie), née le
26 janvier 1894, 10 ans. A l'entrée à la Fondation, le
ier juin 1901, la physionomie de l'enfant manquait d'expres-
sion, son air était hébété, le regard vague et sans but, rien
chez cette enfant n'annonçait l'intelligence. Elle parlait, mais
avait un défaut de prononciation pour la lettre r; ainsi pour
dire travaille, elle prononçait tavaille; elle disait bonjox.
pour bonjour; ouvoi, pour ouvroir; en somme le langage était
tout à fait enfantin. Le caractère était triste, maussade. Elle
ne prenait part à aucun jeu. Elle n'était pas du tout expan-
sive et restait inerte une partie de la journée. Toutes les bran-
ches de l'enseignement lui étaient totalement inconnues.
Sous l'influence du traitement, une vraie métamorphose s'est
opérée. Elle n'a eu qu'un seul accès d'épilepsie depuis son
entrée; aussi l'enfant s'est développée sous tous les rapports.
La physionomie s'est éveillée, le regard est devenu vif et
pétillant, elle a aujourd'hui un air fûté et malin qui dénote
un'e certaine intelligence. Tout défaut de prononciation a
disparu, elle s'exprime avec facilité et soutient une conversa-
tion. Une grande activité a remplacé l'inertie d'autrefois;
l'humeur maussade, qui lui était habituelle, a fait place à la
joie et à la gaîté. Elle met beaucoup d'entrain dans tout ce
qu'elle fait; elle s'habille et se donne les soins de toilette
nécessaires, elle aide au ménage, aime à se rendre utile. En
classe, ses progrès n'ont pas été moins rapides, elle sait faire
une copie, commence à syllaber et connaît l'addition. Elle a
réalisé de réels progrès en couture, l'enfant travaille aux
tabliers, aux robes; elle commence à repasser, autant de choses
qui lui étaient inconnues à son entrée. Elle fait bien la
gymnastique, cette occupation rentre dans son élément parce
qu'elle est vive et agile et aime tout ce qui demande du mou-
vement. En somme, cette enfant a fait beaucoup de progrès
et est en très bonne voie d'amélioration (1903).
1905. - Cette enfant citée déjà dans le Compte Rendu 1903.
mérite également d'être de nouveau mentionnée. Ses pro-
grès ont toujours été croissants au point de vue des exercices
classiques. Sa lecture est aujourd'hui très courante; elle fait
des dictées, ainsi que des devoirs variés, connaît les trois pre-
mières opérations de l'arithmétique, s'intéresse aux leçons de
choses, elle est attentive en classe. Ses accès épileptiques ne
sont pas très fréquents, de sorte que l'enfant progresse jus-
qu'ici sous tous les rapports. Elle est toujours vive, alerte,
gaie et joueuse, fûtée même; elle prend part à tous les jeux
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 463
de ses compagnes. Elle a bonne mémoire pour les choses
usuelles, soutient une conversation, a même un bon raison-
nement. Elle est toujours très propre. Elle travaille assez bien
dans tous les ateliers; mais aurait peu d'aptitudes pour les
soins du ménage. Elle fait la gymnastique avec beaucoup de
facilité, elle possède une grande souplesse.
Cette enfant bien qu'atteinte d'épilepsie s'est notablement
améliorée sous tous les rapports.
LXXVIII. Uri ? (Georgette), née le 30 juin 1898, 8 ans,
entrée à la Fondation en juin 1901, atteinte d'idiotie avec
gâtisme, marche et parole nulles.
Les progrès faits par cette enfant sont sensibles et méritent
une mention particulière. La physionomie est expressive, le
sourire est doux et jovial. -
A son entrée, elle ne prononçait que des mots sans suite,
incompréhensibles même pour les personnes de son entourage,
la marche était mauvaise, à peine pouvait-elle faire quelques
pas. Au réfectoire, l'enfant se tenait affreusement mal, aimait
à se salir et à se barbouiller avec les aliments déposés devant
elle, il était impossible de la tenir propre, elle ne savait se
donner et ne voulait recevoir aucun soin concernant sa toi-
lette, le caractère était méchant, jaloux. Elle repoussait ses
petites compagnes, ne voulant pas leur voir faire la moindre
caresse, l'égoïsme était son défaut dominant : Tout pour elle.
L'enfant, capricieuse, ne voulait pas rester assise, les progrès
en classe étaient nuls. la gymnastique de même. Elle gâtait
du matin au soir, ne demandait par aucun signe à aller aux
cabinets.
Un grand changement s'est fait en elle : Gâtisme, colères,
caprices tout a disparu. Elle parle et marche très bien. En
classe les progrès sont notables, elle connaît ses lettres, com-
mence à compter, aime la gymnastique et le corps prend de
la souplesse. Elle connaît les couleurs, en sait faire la dif-
férence, sait lacer les souliers, agrafer et boutonner, autant
de choses inconnues pour elle à son arrivée. Elle ne gâte plus
jamais ni jour, ni nuit, s'habille et se déshabille seule et
cherche à se donner les soins élémentaires concernant sa toi-
lette, met en tout et pour tout beaucoup de bonne volonté.
Grande amélioration.
19°5- Rien de particulier à signaler. Cette enfant est
propre, marche et parle bien, ses progrès sont lents en classe;
elle faisait cependant espérer. de meilleurs résultats dès le
début.
LXXIX. ESPoN ? (Yvonne), née le 26 juillet 1896, 10 ans,
464 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
entrée à la fondation en juin 1901, atteinte d'idiotie avec
hémiplégie, marche nulle, parole limitée à ces deux mots; papa,
maman. A son entrée, elle laissait à désirer sur bien des points;
les premières notions sur toutes choses lui étaient inconnues.
Les progrès faits par l'enfant sont de plus en plus satisfai-
sants.
Aujourd'hui (1902), elle a pris des forces et bien que ne
marchant pas encore seule, se tient le long des tables et des
bancs sans fatigue aucune. La propreté est une de ses quali-
tés ; sa tenue à table est fort bonne. Autrefois, l'enfant était
souvent maussade et grognon, pleurait sans motif, à cause de
son état maladif sans doute. Maintenant le caractère est gai,
aimable avec ses petites compagnes, serviable dans la mesure
de ses moyens, caressante envers les personnes qui l'entourent.
Elle commence à rassembler ses lettres, connaît également
les chiffres, sait les placer exactement, s'intéresse à tout ce qui
se passe et demande mille explications. Elle a quelques dif-
ficultés pour les exercices de gymnastique en raison de ses
jambes qui sont encore faibles. Malgré toutes ces difficultés,
les progrès de l'enfant sont notables.
1905. -- Les progrès sont lents, mais ils continuent sous
tous les rapports. L'enfant s'exprime bien, répond directe-
ment aux questions qui lui sont posées, tient bien conversa-
tion. Elle a un sourire aimable, un air gracieux, elle est très
douce et sait se faire aimer de toutes ses compagnes.
Ses jambes se fortifient peu peu, enfin, l'enfant est par-
venue à suivre les exercices des grandes, en donnant le bras
à une infirmière et quelquefois même à une autre enfant,
Yvonne marche assez bien; se rend ainsi en classe, au préau,
au réfectoire, dortoir, etc. Elle est heureuse et fière pour ainsi
dire de pouvoir faire ces quelques promenades. Elle est tou-
jours très propre et ne se salit pas. Elle met beaucoup de
bonne volonté pour la gymnastique. Elle commence à sylla-
ber et à écrire, sait faire l'addition sans retenue. Tout porte
à croire que l'enfant s'améliorera notablement au point de
vue classique.
LXXX. DESES ? (Emilie), née le 3 mars 1887, entrée à In
Fondation, en mai 1897, à l'âge de 10 ans, atteinte d'i11lbécil.
lité -prononcée, avec luxation congénitale des hanches.
La parole était libre chez cette enfant qui répondait aux
questions posées, mais elle marchait très difficilement et uri-
nait parfois au lit. L'expression de la physionomie était peu
mobile, le regard vague, rien chez cette enfant n'indiquait
l'intelligence. Elle ne savait pas lire, mais formait les lettres
et les chiffres; elle ne savait pas compter, ne possédait pas les
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 465
notions les plus rudimentaires. L'enfant avait beaucoup de
difficultés pour tout' ce qui concerne l'enseignement, malgré
cela nous constatons aujourd'hui des progrès réels. Elle lit
assez couramment, son écriture est régulière. Elle connaît les
trois premières opérations de l'arithmétique sans toutefois en
comprendre très exactement l'application.
Le caractère s'est également modifié. L'enfant parlait mal
au début, était maussade, restait inerte; aujourd'hui (1900)
elle est devenue très active, s'occupe à faire de la dentelle
aux heures de récréation. Elle aime les soins du ménage. A
l'ouvroir elle est parvenue à faire entièrement robes, tabliers,
pantalons. Elle fait bien la gymnastique et n'avait cependant
aucune notion à son entrée. Elle est, en outre, devenue très
propre; sa tenue ne laisse rien à désirer.
19°5. - Notre élève a continué de faire quelques progrès;
si lecture est très courante, elle fait des petites dictées, connaît
les trois premières opérations de l'arithmétique, rédige une
lettre, son écriture est lisible et bien formée; en un mot l'en-
fant peut se tirer de peine pour les usages les plus importants
de la vie.
Comme soins du ménage, elle s'y entend bien, fait ell,-
même un dortoir si peu qu'elle soit dirigée, elle est propre
dans tout ce qu'elle fait; elle emploie les heures de récréa-
tion à faire de la dentelle, ne reste jamais inactive. Elle rai-
sonne assez bien, tient conversation, elle est serviable et pas
un brin méchante. Elle travaille bien dans tous les ateliers,
a appris à coudre, à repasser et lave bien. Elle n'est pas très
agile en gymnastique. Cette enfant, atteinte d'imbécillité pro-
Ill'ncée à son entrée, nulle en instruction, s'est notablement
améliorée.
LXXXI. FucH.. (Marguerite), imbécillité prononcée, rachi-
tisme, née le zig novembre 1887, 16 ans. Lors de son entrée
en 1894, la physionomie annonçait peu d'intelligence; la
parole était bonne mais tout à fait enfantine; elle mangeait
seule, mais ne se servait que de la cuiller. Sa démarche était
déhanchée, le pied gauche un peu en dehors mais elle suivait
assez facilement ses compagnes. Elle ne gâtait pas, était inca-
pable de procéder à son habillement et avait de mauvaises
habitudes. Le caractère était gai, turbulent, elle aimait les jeux
bruyants; rôdait un peu partout et, malgré son insuffisance,
elle savait s'y prendre pour venir en classe le moins possible :
elle n'aimait pas l'école. Lettres, chiffres, écriture, tout lui
était inconnu; sa faible intelligence paraissait tout à fait
impropre à l'étude.
Actuellement (1904), nous constatons chez cette enfant une
Archives, 2' série, 1906, t. XXI. 32
466 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
amélioration notable. La physionomie est plus éveillée. Fuch ?
s'exprime avec facilité, soutient bien une conversation; on
remarque même chez cette enfant un certain jugement et des
attentions délicates pour les personnes attachées au service.
.- Elle se tient à table comme une personne ordinaire; non seu-
lement elle procède à sa toilette, mais elle aide les plus jeunes
avec un soin minutieux et en prend toujours quelques-unes sous
sa « haute protection ». Elle est très travailleuse de son
naturel, a un goût tout particulier pour les soins du ménage,
balaie, essuie et lave très bien. - Elle a fait également quel-
ques progrès en classe : elle a appris à lire des mots, à les
écrire lisiblement, à compter (addition), à faire le change de
la monnaie. L'enfant a de réelles difficultés pour la lecture,
nous espérons cependant qu'elle lira couramment à la fin de
l'année scolaire. - En résumé, progrès notables sous tous les
rapports. -
1905. Les progrès que nous étions en droit d'attendre se
sont enfin réalisés. Marguerite lit aujourd'hui couramment,
suit une dictée du cours élémentaire, connaît l'addition, la
soustraction et la multiplication; les leçons de choses attirent
particulièrement son attention; elle aime beaucoup' faire le
change de la monnaie, les différentes commissions des em-
ployés, etc. Fuch1 ? jouit de la confiance de tout le monde;
elle est très délicate. Elle a toujours beaucoup d'aptitudes
pour les soins du ménage et malgré sa petite taille (i m. 31),
l'enfant ne reste jamais inactive. Elle n'aime pas beaucoup la
couture, mais elle repasse bien et lave encore mieux.
Cette enfant qui était à son entrée, atteinte d'imbécillité
avec rachitisme très accusé, et nulle en tout, s'est aujourd'hui
notablement améliorée.
LXXXII. Idiotie avec gâtisme. HAFLIG ? (Marie), née
la 22 août 1900. - A son entrée (septembre 1903), la
physionomie était sans expression, le regard sans but, l'as-
pect était débile et maladif. L'enfant ne prononçait que quel-
ques mots : papa, maman, caca, mais n'avait pas consciencede
ce qu'elle disait, ne les répétait pas en temps opportun. Elle
ne mangeait pas seule, cherchait à mettre les mains dans son
assiette, ainsi que dans celles de ses voisines; la mastication
était difficile; elle se tenait seule, mais tombait à chaque
instant, car elle n'était pas solide sur ses jambes. Elle gâtait
nuit et jour, pleurait à chaudes larmes, quand il s'agissait de
lui donner les soins de propreté.
Aujourd'hui, l'enfant s'est notablement améliorée; la
physionomie est plus expressive, le regard doux et vif à la
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 467
fois a remplacé son regard vague, un teint frais et clair a
succédé progressivement à son aspect débile et souffreteux.
Les sentiments affectifs se sont considérablement développés,
elle aime beaucoup toutes les personnes attachées au service'.
Elle est amusante dans ses jeux, elle aime les poupées par-
dessus tout, ne cesse de les habiller et de les déshabiller, se
dit leur petite maman. Elle essaie de répéter tout ce qu'elle
entend, elle parle à propos. Elle mange seule, mastique très
bien. Elle est devenue tout à fait propre le jour, elle demande
ei ces termes : « maman j'ai envie », et va sur les cabinets;
la nuit il lui arrive rarement d'uriner au lit. - L'enfant mar-
che maintenant seule, elle trottine partout, monte et descend
les escaliers sans l'aide de personne. Amélioration ^notable
sous tous les rapports.
1905. - L'enfant suit toujours la même marche vers une
amélioration notable. La parole s'est encore modifiée depuis
l'année dernière et elle est devenue tout à fait propre.
LXXXIII. Imbécillité avec myopie très prononcée. ?
CRESPL.. (Marguerite), née le 12 octobre 189o, 14 ans. z
A l'entrée (juin 1900), la physionomie manquait d'expression,
n'annonçait qu'une médiocre intelligence. C ? lisait par syl-
labes, son écriture était lisible, mais mal formée; elle ne fai-
sait que des copies, connaissait à peine l'addition. Elle ne
savait rien faire comme ouvrage manuel : couture, repassage,
soins du ménage, tout était inconnu pour elle. La mémoire lui
faisait souvent défaut. Comme caractère, elle était aussi tur-
bulente que bavarde, se chargeait de distraire ses compagnes
pendant les heures de classe. Elle avait aussi de l'incontinence
nocturne d'urine.
L'enfant, soumise au traitement dès le début, s'est amélio-
rée insensiblement. Ses progrès n'ont pas été très rapides,
mais sûrs et constants. Elle lit très bien aujourd'hui, donne
à sa lecture une bonne intonation; son écriture est régulière
et méthodique; elle apprend la grammaire, la géographie,
suit des dictées du cours moyen, connaît les quatre opérations
et fait des problèmes de récapitulation sur les quatre règles.
Elle fait bien une rédaction, les leçons de choses l'intéressent
vivement. Il y a chez elle un. certain sentiment d'émulation.
Elle est très orgueilleuse et fait tout son possible pour arri-
ver la première. Elle s'entend bien dans les soins du ménage,
ainsi que pour les ouvrages manuels, travaillé bien à l'ouvroir,
repasse et lave avec goût et soin, comme du reste tout oe
quelle fait. Elle a appris à faire la tapisserie, la dentelle, et
fait cette dernière admirablement bien.
468 THÉRAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE.
Comme caractère, elle est devenue serviable, complaisante
et surtout beaucoup plus tranquille en classe. Elle n'a plus
d'incontinence d'urine. La gymnastique va bien, elle s'efforce
même de surpasser ses compagnes.
1905. -- Elle continue à progresser soit à l'école, soit dans
les divers ateliers. Elle a appris à laver, son ouvrage est tou-
jours soigné. - En classe ses progrès sont satisfaisants. La
myopie dont elle est atteinte apporte un réel obstacle à cer-
tains exercices. Malgré cela, l'enfant a fait d'incontestables
progrès sous tous les rapports, et peut être classée aujourd'hui
dans la catégorie des arriérées intellectuelles.
LXXXIV. Idiotie. GÉHA ? (Suzanne), née le 19 août
1898, 7 ans. - Entrée en octobre 1903. Quand cette enfant
est venue parmi nous, elle ne marchait pas, ne disait que
quelques mots tels que : papa, maman, oui, non. Elle était
très lente dans ses mouvements mettait un temps infini pour
manger sa soupe. Elle était propre le jour, mais il lui arri-
vait de gâter la nuit. Le caractère était sombre et taciturne,
on aurait dit que l'enfant avait continuellement de gros cha-
grins. Ne connaissait rien comme classe. -
Nous constatons aujourd'hui (1904) chez cette enfant des
progrès sous bien des rapports. D'abord la parole : elle com-
mença par dire bien des mots, construisit ensuite quelques
phrases; de sorte qu'elle tient à présent des conversations avec
ses compagnes. Elle marche bien, monte et descend facilement
les escaliers, elle qui, au début, avait beaucoup de peine à
faire quelques pas. Elle déploie une certaine activité en tout
et pour tout. Le caractère est devenu gai et joueur, comme
celui d'une enfant ordinaire. Elle est tout à fait propre. C'est
surtout sous le rapport de la propreté, de la parole et de la
marche que les progrès de cette enfant sont sensibles.
1905. - Les progrès continuent, l'enfant s'intéresse princi-
palement à la classe, elle connaît les chiffres et les lettres et
commence à les assembler. Elle marche et parle de mieux en
mieux. Amélioration notable. -
LXXXV. Imbécillité et instabilité mentale. CHOQU ?
(Marie), née le 17 juillet 1892, 12 ans. A son entrée
(10 août 1902), l'expression de la physionomie était dure et
effrontée, .le regard malicieux, elle parlait bien, mais rien
n'était suivi dans son langage; en un mot elle était tout à fait
incohérente. Le caractère était irritable à l'excès; taquine au
possible, elle était aussi très méchante, prenant plaisir à faire
pleurer les enfants inoffensives. Elle exigeait une surveillance
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 469
de tous les instants. Elle était aussi très menteuse et soutenait
le mensonge avec impudence. Elle était nulle pour la classe,
ne connaissait ni lettres, ni chiffres, ne traçait pas une lettre;
on avait toute la peine du monde à la maintenir en place.
Malgré toutes ces difficultés un changement notable s'est opéré
en elle. 1
Aujourd'hui (1904), le regard est plus doux, malgré l'ex-
pression de la physionomie qui conserve encore un air hardi;
le caractère est irritable, mais elle n'est plus aussi turbulente,
ni aussi méchante, s'accorde bien avec ses compagnes. Elle est
très serviable, les sentiments affectifs se sont énormément
développés, de là beaucoup plus d'obéissance et de soumission.
Nous ajoutons ici que c'est un des sentiments les plus impor-
tants à conquérir chez nos malades, pour obtenir un réel résul-
tat au point de vue pédagogique; c'est la pierre de touche du
développement intellectuel. - Elle aime faire le ménage, se
rend utile dans les différents travaux de la maison; elle est
très propre et très minutieuse dans tout ce qu'elle fait.
En classe, ses progrès ont été lents parce qu'elle a séjourné
plusieurs années à l'infirmerie (teigne), mais l'enfant se
voyant en retard a redoublé de courage et de bonne volonté.
Elle lit couramment, fait des copies, connaît l'addition et la
soustraction. - Elle travaille bien dans les ateliers; coud
assez bien; lave et repasse comme une grande personne. Il fal-
lait à cette nature qui paraissait indomptable, de l'affection
et beaucoup d'exercices corporels.
1905. -- Les progrès sont lents, mais continus. En classe
elle a appris à faire des dictées, à rédiger une lettre pour sa
famille et enfin la multiplication qu'elle ne faisait pas l'année
dernière. Comme caractère, elle est tour à tour bruyante et
tapageuse, calme et tranquille. Si elle se trouve avec une per-
sonne qu'elle affectionne beaucoup, elle est sage, soumise et
polie, de même qu'elle devient dissipée, indocile et rnalhon-
nête avec une personne qui ne lui manifeste aucune amitié.
Elle a toujours beaucoup d'aptitudes pour les ouvrages ména-
gers et travaille bien dans tous les ateliers. Elle fait admira-
blement bien la gymnastique. Nous ne pouvons qu'ajouter
que cette enfant, malgré son instabilité, s'est améliorée nota-
blement scus tous les rapports.
LXXXVI. Motte ? (Andrée), née le 18 février 1891,
13 ans. A son entrée (26 août 1899), la physionomie manquait
d'expression, son air était hébété; elle parlait très peu, sa
voix était nasillarde; elle mangeait seule, mais ne se servait
que de la cuiller; elle ne gâtait pas, mais ne savait se donner
470 thérapeutique pédagogique.
aucun soin de propreté; il fallait l'aider à s'habiller et à se
déshabiller; rien chez cette enfant n'annonçait l'intelligence,
Toutes les branches de l'enseignement lui étaient totalement
inconnues.
Aujourd'hui (1904), l'enfant s'est notablement améliorée,
La physionomie s'est éveillée, le regard est devenu vif, elle
s'exprime avec facilité, sa voix est beaucoup plus claire, elle
aime à fredonner quelques chansons. Elle met beaucoup d'en-
train dans tout ce qu'elle fait; elle se donne les soins de toi-
lette nécesssaires, aide au ménage, aime à se rendre utile;
c'est un plaisir pour elle d'aider à habiller et à déshabiller les
petites gâteuses.
L'enfant a eu beaucoup de retard pour la classe, à caus ?
des longs séjours qu'elle a faits à l'infirmerie pour des brou-
chiites, mais, depuis quelque temps, sa santé est meilleure, elle
suit régulièrement la classe et y met toute -son attention; elle
écrit lisiblement, assemble les lettres, commence à compter
et récite quelques fables. A l'ouvroir ses progrès ne sont pas
moins rapides, elle commence à faire des ourlets; on la voit
souvent aux récréations confectionner des effets pour sa pou-
pée. - Elle participe à tous les exercices de la grande gym-
nastique.
En somme l'enfant est en bonne voie d'amélioration et ses
progrès méritent d'être mentionnés.
19o5. - Les progrès chez cette enfant sont lents en toutes
choses. Elle met beaucoup de bonne volonté pour tout, mais
elle a peu de facilité; néanmoins nous espérons que sa lecture
sera courante à la fin de l'année. Amélioration.
LXXXV11. Idiotie complète, hydrocéphalie, cécité.
DuR ? (Marthe), née le 20 octobre 1899, 5 ans. - Entrée
en 1903. La physionomie n'annonçait pas d'intelligence, elle
ne parlait pas, ne marchait pas, ne mangeait pas seule, ne savait
pas tenir sa cuiller et barbotait dans les assiettes voisines.
Elle gâtait nuit et jour, poussait des cris perçants aussitôt
qu'on la nettoyait, caractère capricieux et volontaire.
Aujourd'hui (1904), l'ensemble de la physionomie est beau-
coup plus éveillé; elle parle très bien et sans aucun défaut de
prononciation. Comme beaucoup d'enfants aveugles, elle
retient les airs de chansons avec une facilité étonnante. Elle
marche très bien seule, monte et descend les escaliers tout en
s'appuyant à la rampe; se déshabille et s'habille seule. Elle
se sert de la cuiller et mange proprement. Elle est très propre
le jour, va d'elle-même aux cabinets; il lui arrive rarement
de gâter la nuit. Elle joue avec ses petites compagnes, recon-
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 471
naît les personnes au parler, à la marcha La sensibilité tactile
est aussi très développée. Elle est affectueuse, aime à être
caressée. - Amélioration notable.
19°5. - Notre jeune malade continue à s'améliorer, la
sensibilité tactile est toujours très développée. Elle marche et
parle de mieux en mieux, le gâtisme a complètement disparu.
- - Nous pouvons dire hautement que cette enfant s'est nota-
blement améliorée sous le rapport de la parole, de la marche,
de l'alimentation et du gâtisme.
LXXXVIII. Idiotie, épilepsie, gâtisme. - Land ? (Hen-
riette), 4 ans, née le 4 juin 1898. - A son entrée (septem-
bre 1903), la physionomie était agréable, mais sansi expression,
le regard vague et sans but. Elle ne prononçait que quelques
syllabes : pipi, bobo, lolo. Elle se tenait seule et faisait quel-
ques pas, mais ses vertiges et ses secousses qui étaient en très
giand nombre la faisaient tomber maintes et maintes fois;
de sorte que l'enfant hésitait pour faire quelques pas. Néan-
moins elle était d'une turbulence dont rien n'approche, elle
sautait par-dessus les barres de son lit, grimpait partout, on
était obligé de l'attacher presque continuellement pour éviter
des accidents. Elle était si brouillon qu'elle ne prenait même
pas le temps de s'alimenter, mangeait seule, mais renversait
ses aliments partout. Elle gâtait nuit et jour. Rien ne faisait
présager chez elle de grands résultats.
Sous l'influence du traitement, un changement merveilleux
pour ainsi dire s'est opéré chez cette enfant (1904). Ses ver-
tiges ont totalement disparu, grâce aux capsules de bromure
de camphre (Dr Clin); de là, un grand développement phy-
sique et intellectuel. L'expression de la physionomie est très
mobile, elle a toujours un air futé et malicieux, répète tout ce
qu'elle entend, connaît les enfants et les personnes de son
entourage. Elle marche très bien, court partout. Elle est gaie
e : joueuse, aime beaucoup la balançoire-tremplin, ne voudrait,
jamais céder la place à ses compagnes. Elle s'habille et se
déshabille seule, aime à être débarbouillée, essaie même de
le faire, conserve bien ses effets, l'enfant a toujours un air
propret. Elle mange sans jamais se salir. Elle est très propre
le jour, la nuit il lui arrive quelquefois d'uriner au lit. - Elle
commence à s'habituer en classe, essaie même de faire quelques
bâtons sur l'ardoise. - Amélioration notable.
19°5. - Progrès peu marqués depuis un an; l'enfant est
fort distraite en classe, songe plutôt à s'amuser et bavarde
beaucoup avec ses voisines. Elle connaît les légumes contenus
dans les tiroirs des leçons de choses, ainsi que les principales
céréales; connaît quelques lettres et quelques chiffres. Elle
472 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
aime beaucoup la gymnastique, cet exercice l'amuse et l'inté-
resse. Légère amélioration depuis l'année dernière.
LXXXIX. DAW ? (Louise), née le 30 juin 1893, 10 ans,
entrée à la Fondation, en juin 1900, atteinte d'imbécillité
prononcée, avec perversions instinctives, avec gâtisme et ona-
tisme, L'enfant n'avait aucune stabilité, elle était nulle en
classe, rien ne l'intéressait. On ne pouvait attendre d'elle que
des résultats fort médiocres. Nous constatons cependant
aujourd'hui (1902) une amélioration très notable, sous tous les
rapports.
D'abord l'enfant est devenue tout à fait propre, procède
minutieusement aux soins de sa toilette; il n'existe plus aucune
mauvaise habitude chez elle. Elle est actuellement très douce
et très affectueuse, elle se rend utile dans les soins, du ménage
et n'est pas du tout maladroite. Elle s'occupe même des plus
jeunes, prend plaisir à leur donner les soins de toilette; si
l'enfant continue ainsi, on. pourra faire d'elle une bonne ména-
gère.
Les progrès pour la classe n'ont pas été moins rapides. En
moins de trois ans, cette enfant a appris à écrire, à faire quel-
ques devoirs de grammaire, elle connaît les deux premières
' opérations de l'arithmétique et lit presque .couramment. Elle
suit avec facilité tous les exercices de gymnastique et com-
mence bien à coudre, ainsi qu'à repasser. »
1905. - Cette enfant dont les progrès n'ont pas été men-
tionnés depuis 1902, mérite actuellement d'être de nouveau
signalée. Aujourd'hui elle lit couramment, suit les dictées ordi-
, naires, a appris la multiplication et ébauche imparfaitement
la division; apprend les premières notions de géographie et de
grammaire. Elle a donc fait des progrès notables au point de
vue scolaire.
Le caractère de l'enfant est agréable; elle est serviable dans
la mesure du possible, pas méchante avec ses compagnes, ne
s'emporte jamais, elle est toujours polie avec tout le monde.
Elle joue et s'amuse comme une enfant ordinaire, n'aime pas
les jeux bruyants. Elle se rend utile dans les différents travaux
du ménage. Elle a fait des progrès notables en couture, elle
repasse soigneusement et lave avec beaucoup de goût. Elle
fait bien la gymnastique et là comme ailleurs, elle a fait beau-
coup de progrès. En résumé cette enfant pourrait être
classée aujourd'hui dans la catégorie des simples arriérées
intellectuelles.
Nous terminons ces notes en y ajoutant des notices sur des
enfants qui se sont particulièrement améliorées et qui, pour
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 473
cette raison, ont été présentées au Congrès de Rennes
(août 1905).
XC. GUILLAU ? (Laure), née le 12 avril 1891, entrée en
avril 1891, atteinte d'imbécillité prononcée avec perversions
instinctives. -- Cette enfant causait, mais ne pouvait répondre
exactement aux questions qui lui étaient posées. Elle était très
craintive, restait inerte, sa mémoire paraissait très faible; elle
était nulle pour la classe. Elle était très gâteuse la nuit et
avait une tendance très prononcée pour l'onanisme.
Malgré tous ces obstacles, nous constatons une amélioration
notable chez cette enfant. Actuellement, elle lit par syllabes,
écrit très lisiblement, fait une copie, ainsi que l'addition et
la soustraction.
Le caractère est totalement changé^, l'enfant est devenue plus
enjouée, affectueuse, parle même beaucoup, tient conversation,
s'amuse aux récréations comme le ferait une enfant ordinaire.
Ajoutons aussi <Que l'enfant est devenue tout à fait propre;
elle se tient bien, se suffit à elle-même et ses mauvaises habi-
tudes ont complètement disparu (1901).
1005. - Cette enfant, dont les progrès n'ont pas été signa-
lés depuis 1901, mérite actuellement d'être de nouveau men-
tionnée.
Aujorrrd'7aui, elle lit couramment, donne à sa lecture une
bonne intonation, elle suit une petite dictée, fait des devoirs
variés, apprend la géographie, la grammaire, quelques fables,
connaît enfin les quatre opérations de l'arithmétique. Elle a
donc fait des progrès sensibles au point de vue scolaire.
Pour ce qui concerne les soins du ménage, l'enfant a beau-
coup d'aptitudes : elle balaie, lave, met la table et fait la vais-
selle comme une grande personne et sans perdre un moment,
pourvu qu'elle soit bien dirigée dans son travail. Elle est très
attachée au personnel et aime bien rendre service.
Sa conversation est assez intéressante, elle est gaie et très
ouverte, elle qui autrefois parlait à peine. Elle n'est pas mala-
droite pour les ouvrages manuels : couture, repassage, buan-
derie, elle met .de la bonne volonté partout où elle travaille.
Elle fait bien la gymnastique.
En résumé, nous pouvons classer aujourd'hui notre élève
dans la catégorie des simples arriérées.
XCI. DELOM ? (Andrée), née le 4 juillet 1892, 8 ans, est
entrée à la Fondation en septembre 1899, atteinte d'imbécil-
lité prononcée. Elle causait bien, l'expression de sa physionomie
était mobile. Del ? n'avait aucune notion pour tout ce qui
concerne l'enseignement. Elle ne prêtait aucune attention à ce
474 . THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
qui lui était enseigné, le jeu lui tenait lieu de toute autre occu-
pation.
Nous constatons aujourd'hui (1900) de réels progrès, sous
le rapport classique. Elle lit presque couramment, son écriture
est très lisible et bien formée; elle connaît les deux premières
opérations de l'arithmétique. Elle s'exprime très facilement,
elle raisonne bien, prend un air futé et malin quand elle tient
conversation.
Le caractère s'améliore également, elle n'est pas méchante,
aime à rendre service, elle est très empressée quand on lui
donne un emploi quelconque. Elle a beaucoup de dispositions
pour la couture; l'enfant quoique bien petite et bien jeune
coud admirablement bien pour son âge. Elle travaille aux
robes, aux tabliers; elle cherche toujours à dépasser ses com-
pagnes ; il est à remarquer que cette enfant ne savait même
pas tenir une aiguille, à son entrée. Elle suit la gymnastique
des grandes avec facilité et exécute bien tous les mouvements.
' 190. - Sa lecture est maintenant très courante; elle y
donne une bonne intonation. Elle suit une dictée du cours
moyen, rédige une rédaction, connaît les quatre opérations de
l'arithmétique. La classe ne rentrerait pas tout à fait dans ses
aptitudes; cependant elle y met de la bonne volonté. Andrée
a beaucoup d'amour-propre et ne voudrait pas être en retard
sur ses compagnes. Comme caractère, elle ne laisse rien à
désirer; elle tient bien compte des observations qui lui sont
faites, elle est obéissante, polie avec le personnel, bonne avec
ses compagnes. C'est en un mot une enfant calme et tranquille,
franche, ouverte et affectueuse à la fois. Elle a beaucoup de
dispositions pour les soins du ménage et les ouvrages manuels,
est très propre et très soigneuse dans tout ce qu'elle fait. Elle
est habile à la couture, c'est une des meilleures ouvrières de
l'ouvroir. Elle repasse avec goût et lave. - La gymnastique
ne le cède en rien aux ouvrages manuels, elle exécute les mou-
vements avec .une facilité étonnante» Elle est première en
gymnastique. Cette enfant atteinte d'imbécillité prononcée
à son entrée, rentre aujourd'hui dans la catégorie des simples
arriérées. .
XCII. GAUEH ? (Germaine, née le 25 avril 1890, 9 ans,
est entrée en décembre 1892, atteinte d'idiotie : A son arrivée,
elle ne marchait -pas, ne parlait pas, gâtait nuit et jour. Aiijour-
d'hui (1899), l'enfant parle et sait soutenir une conversation
comme les enfants de son âge. Elle a appris à marcher seule,
la marche est bonne, elle court, saute à la corde, monte et
descend facilement les escaliers : elle exécute même très bien
tous les mouvements de la gymnastique des échelles et des
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 475
ressorts. En classe, elle lit presque couramment, fait de petites
copies assez lisibles, reconnaît les différentes parties de son
corps et de ses vêtements et sait les désigner par leur nom,
elle reconnaît tout ce qui est contenu dans les boîtes aux leçons
de choses, distingue très bien les couleurs, elle compte assez
bien et commence à faire de petites additions orales. Sa tenue
est bonne, l'enfant s'habille et se déshabille seule.
igoo. Germaine, dont nous signalions les progrès l'an-
née dernière, continue à s'améliorer.
Parole, marche, nulles au début; gâtisme complet, cette
enfant avance très rapidement en toutes choses, mais surtout
au point de vue classique. Elle écrit lisiblement, ses lettres
sont bien formées; elle suit une dictée du cours élémentaire.
Elle connaît les trois premières opérations de l'arithmétique;
lit couramment et donne à sa lecture une bonne intonation.
Son caractère a subi la même transformation, cette enfant
raisonne bien, se rend compte de tout et paraît avoir un cer-
tain jugement. On prend plaisir à entendre ses conversations,
elle aime bien qu'on l'écoute et qu'on s'occupe d'elle. Elle
est du reste caressante, affectueuse, polie et prévenante
envers le personnel. Elle possède même une certaine délica-
tesse de sentiment, ce qui se voit assez rarement chez nos
enfants.
Elle a fait des progrès en couture, elle tient bien son aiguille,
fait des ourlets. Elle suit la grande gymnastique et y apporte
une attention soutenue. Le sentiment d'émulation est très déve-
loppé chez elle.
1905. - Nous faisons d'abord remarquer que cette enfant,
atteinte en plus d'épilepsie, a été traitée aux capsules de bro-
mure de camphre pendant plusieurs années. Depuis 1900, elle
n'a eu ni vertiges, ni accès. En outre, cette enfant a eu de la
conjonctivite et de la blépharite pendant plusieurs années, ce
qui l'a retardée au point de vue scolaire principalement. Mal-
gré cet état maladif, l'enfant s'est énormément développée, soit
au point de vue physique, soit au point de vue intellectuel. Sa
lecture est aujourd'hui très bonne, elle connaît les quatre opé-
rations de l'arithmétique, suit une dictée du cours moyen, s'in-
téresse beaucoup aux leçons de choses, fait des devoirs variés de
grammaire et de géographie, son écriture est lisible, mais peu
régulière. Comme; caractère l'enfant ne laisse rien à désirer,
elle est toujours polie et convenable, s'entend bien avec toutes
ses compagnes, s'attache beaucoup aux plus jeunes et les net-
toie .comme une grande personne. Elle aime beaucoup les
soins du ménage.
En résumé, cette enfant, autrefois idiote, gâteuse et épi-
476 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
leptïque rentre aujourd'hui dans la catégorie des simples
arriérées.
1905 5 (déco), - Germaine, partie en congé d'essai depuis le
mois d'octobre, se comporte admirablement bien. Elle est rai-
sonnable, sérieuse et réfléchie pour son âge; apprend le métier
de brodeuse; sa maman nous dit elle-même que Germaine
possède des aptitudes qu'elle ne lui soupçonnait pas. Elle a
beaucoup de goût pour son travail et pourra devenir une bonne
ouvrière. Cette enfant est donc rendue à la société et à sa
famille et pourra gagner honorablement sa vie d'ici peu.
XCIII. Imbécillité prononcée et épilepsie. - Travail ?
(Georgette), née le 3 août 1896, 5 ans, en 1901. - A son
entrée le 18 mars 1901, elle présentait un aspect chétif, sa
physionomie était empreinte d'un air triste et maussade, le
regard sans vivacité, le teint jaunâtre. La parole était lente,
la voix faible, son caractère était maussade et acariâtre. Elle
ne pouvait supporter le voisinage de ses compagnes et pleu-
rait souvent sans motif. Elle ne fixait son attention sur aucune
chose usuelle; un seul point l'intéressait, c'était sa toilette.
Elle était lente dans sa marche et dans ses mouvements. En
classe, elle ne connaissait aucune lettre et paraissait insou-
ciante de s'instruire.
Mise aussitôt en traitement, elle commençait à s'améliorer,
devenait plus gaie, parlait avec moins de lenteur et s'expri-
mait avec facilité, répondait à ce qu'on lui demandait, com-
mençait à s'habiller et à se déshabiller seule, s'intéressait
beaucoup à la gymnastique. Telle était l'enfant au mois de
septembre 1901 (la même année de son entrée), quand une
maladie lui survint, maladie qui nécessita un long séjour à
l'infirmerie. Ce n'est qu'en juin 1903 que l'enfant revint en
classe. A partir de cette époque elle se remit aux différents
exercices, ses forces revinrent peu à peu ainsi que la gaieté.
Elle prit goût à l'étude. L'enfant qui ne connaissait pas ses
lettres est parvenue à lire couramment, elle écrit très lisible-
ment, fait des copies, apprend la grammaire, récite des fables
et sait faire des additions et des soustractions. Elle est fière
d'avoir acquis toutes ces connaissances et apporte à tout beau-
coup d'attention, les leçons de choses l'intéressent également.
Ses progrès en classe sont satisfaisants.
Elle n'est plus ni triste, ni maussade, elle est devenue gaie
et vive. Elle prend part à tous les jeux de ses compagnes. Elle
est affectueuse, a fait de grands progrès en gymnastique, com-
mence à coudre, habille ses poupées, s'habille et se déshabille
elle-même, procède entièrement à ses soins de toilette. La
parole, autrefois lente, est maintenant très vive. Elle parle
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 477
beaucoup, raisonne bien et s'exprime de même. La physio-
nomie est éveillée et intelligente, le regard vif et futé. Le
teint est rosé. Amélioration notable au point de vue physique
et au point de vue intellectuel.
1905 (juillet). - Travail ? continue à se développer sous
tous les rapports. Elle raisonne bien, s'exprime de mieux en
mieux et sait s'attirer l'affection de tout le monde. Elle s'inté-
resse beaucoup à tous les exercices classiques : très orgueil-
leuse de son naturel, elle tâche de dépasser ses compagnes. Le
sentiment d'émulation est très développé chez cette enfant.
Aujourd'hui, elle suit une dictée élémentaire, fait quelques
devoirs de grammaire et de géographie, commence la multi-
plication. Elle commence à coudre et suit avec facilité tous
les exercices de la gymnastique. - Amélioration notable.
Décembre. - Les progrès de cette enfant sont toujours
satisfaisants.
XCIV. Mans ? (Alphonsine), née le 7 décembre 1897,
7 ans 1/2, entrée en juillet 1903. Imbécillité prononcée, avec
turbulence, violences, onanisme, perversion des instincts.
1904. - Pour toutes ces causes, elle avait été renvoyée de
plusieurs écoles. La physionomie était peu expressive, le
regard sournois, les yeux cernés et le visage pâle. En outre,
elle présentait de nombreuses anomalies, telles que balance-
ments de son corps et de sa tête de droite et de gauche. Pour
satisfaire cette manie, elle s'asseyait par terre ou sur un banc,
le dos appuyé contre un mur et tâchait de ne pas être vue.
Parfois elle avait des moments d'excitation nerveuse et se
livrait à des jeux désordonnés et excentriques, elle battait et
taquinait ses compagnes, touchait à tout, aimait à détruire.
Aucun sentiment d'affectivité. Elle parlait peu, son vocabulaire
ne s'étendait guère qu'en mensonges ou paroles grossières.
Indifférente à tout, ni réprimandes, ni paroles affectueuses,
rien ne la touchait. Aucun goût, ni aucune aptitude pour
l'étude; en plus, elle avait encore de l'incontinence nocturne
d'urine.
Sous l'influence du traitement, une véritable transformation
s'est opérée chez cette enfant. Elle commença à prendre du
goût à l'étude; son attention, qui paraissait nulle, s'éveilla,
et elle ne tarda pas à connaître ses lettres, puis à syllaber et
parvint à lire couramment à la fin de l'année scolaire 1904.
Actuellement (1904), elle essaie de donner à sa lecture une
bonne intonation. Voit-elle un livre, un papier écrit ou imprimé,
vite elle s'empresse d'en faire la lecture. Lecture et écriture
ont marché de pair. Elle fait de petites dictées, apprend la
grammaire, récite des fables et s'intéresse beaucoup aux leçons
478 THÉRAPEUTIQUE PEDAGOGIQUE.
de choses. Quant au calcul, elle a plus de difficultés. Elle ne
sait faire que des additions sans retenue; mais c'est là un petit
obstacle que l'enfant surmontera sans doute, car elle y met
toute sa bonne volonté; elle est d'ailleurs très studieuse. En
somme, ses progrès en classe ont été rapides.
Cette enfant, qui paraissait si indifférente, s'intéresse à tout
maintenant, cherche à comprendre. Au retour de ses prome-
nades, elle raconte ce qu'elle a vu, et ses réflexions sont celles
d'une enfant de son âge. En même temps qu'elle se dévelop-
pait intellectuellement, ses mauvais instincts et ses manies ont
disparu, elle ne dit plus de grossièretés. Son caractère, autre-
fois sombre et sournois, est devenu gai. Elle paraît très affec-
tée si on lui fait une réprimande et très joyeuse si on lui fait
un compliment. Elle ne bat plus ses compagnes, est très affec-
tueuse pour elles, pour le personnel et pour ses parents. Ses
désordres pathologiques ont disparu; elle n'a plus de périodes
d'excitation, plus de balancements, plus d'incontinence noc-
turne et plus d'onanisme.
Sa physionomie est maintenant timide et intelligente, le
regard vif et doux, le teint légèrement coloré. L'enfant est
donc en très bonne voie d'amélioration.
1905 (juillet). L'amélioration constatée chez cette ma-
lade en 1904 continue. Mais elle a besoin d'une surveillance
continuelle, ses désordres pathologiques, décrits dans la note
précédente, reprendraient vite le dessus, si l'on n'y prêtait
attention. Elle est encore très turbulente, mais très sensible
aux réprimandes et très joyeuse si on lui dit une parole d'en-
couragement. Les sentiments affectifs s'étant développés, l'en-
fant est devenue plus obéissante et beaucoup plus douce. Répé-
tons en passant que l'affection est un sentiment qu'il faut
chercher à conquérir chez nos malades pour obtenir un réel
développement intellectuel. Elle s'intéresse toujours en classe,
suit une petite dictée, malgré ses difficultés pour le calcul,
elle a appris l'addition et la soustraction. Elle commence à
coudre et -fait bien la gymnastique. Amélioration.
Décembre. - Les progrès scolaires continuent, Mani ? a
une prédisposition naturelle pour l'orthographe, tandis qu'elle
a de réelles difficultés pour le calcul, commence à faire la
multiplication, s'intéresse beaucoup aux leçons de choses.
Encore une malade qui peut actuellement être classée dans
la catégorie des simples arriérées intellectuelles.
XCV. WEL.. (Suzanne), née le 2 décembre 1893, entrée à
la Fondation en mai 1897, à l'âge de 4 ans, atteinte d'idiotie
profonde, compliquée de rachitisme. Cette enfant était gâteuse
nuit et jour, ne marchait pas, parlait à peine, ne pouvait ni
TRAITEMENT MEDICO-PEDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 479
s'habiller, ni se déshabiller; -en un mot, elle était incapable
de se donner le moindre soin.
Le caractère de l'enfant était détestable, toujours grognon,
de mauvaise humeur, indifférente à tout. Rien ne faisait pré-
sager de grands résultats, lorsqu'une vraie métamorphose s'est
opérée en elle. Un développement autant physique qu'intellec-
tuel s'est produit en peu de temps. La marche et la parole ont
été très rapides; le gâtisme a complètement disparu; l'enfant
se donne elle-même tous les soins de toilette nécessaires, se
suffit à elle-même. - Le caractère s'est également très amé-
lioré ; elle est devenue gaie, joueuse, et apporte beaucoup d'ac-
tivité en tout et partout.
Pour la classe, l'enfant n'est pas avancée. Ceci provient
de ce qu'elle a séjourné un certain laps de temps à l'isolement
(teigne). Mais à l'heure actuelle, elle est en bonne voie d'amé-
lioration. Elle aime l'école, connaît les lettres, les chiffres et
commence à "écrire. Ses progrès n'ont pas été moins rapides,
pour la couture et pour la gymnastique. Aujourd'hui (19°1),
l'enfant commence à travailler ayx robes et aux tabliers et
suit avec facilité la grande gymnastique.
1905 (juillet). Cette enfant a fait des progrès très nota-
bles surtout au point de vue classique. Elle lit couramment,
commence à faire des' dictées, connaît l'addition et la soustrac-
tion, s'intéresse beaucoup aux leçons de choses et à tout ce
qui est enseigné. - Le caractère de notre malade serait peu
patient, mais elle est gaie au possible toujours très joueuse;
elle met beaucoup d'entrain dans ses jeux. Elle est très agile
pour courir avec ses compagnes, fait de grandes promenades
sans fatigue, elle qui, à l'âge de 4 ans, ne pouvait même pas
se tenir debout.
Un changement merveilleux s'est opéré chez elle sous tous
les rapports. Elle s'exprime avec une grande facilité, tient bien
une conversation, a un bon raisonnement, elle a même des
réparties spirituelles, relativement à son âge. Elle s'entend
bien dans les soins du ménage, ainsi que pour les ouvrages
manuels. Elle travaille dans tous les ateliers, mais préférerait
la buanderie. Cette occupation rentre tout à fait dans son élé-
ment : l'enfant aime tout travail qui exige un certain dévelop-
pement de force. Elle est très leste et très agile pour la gym-
nastique. Cette enfant, au début idiote, gâteuse et rachitique,
peut être classée aujourd'hui dans la catégorie des arriérées
intellectuelles.
Décembre. Les progrès continuent, ils sont sensibles au
point de vue classique, l'orthographe se modifie. Elle com-
mence à faire des rédactions, écrit et rédige elle-même ses
lettres. Le caractère est brusque mais non méchant.
480 ? / THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
Elle prend un soin tout particulier de sa personne. En résumé
les progrès s'accentuent partout..
. XCVI. Rober ? (Marcelle), née le 24 décembre 1895,
5 ans. Idiotie profonde, paralysie, onanisme, incontinence
d'urine. A son entrée (27 janvier 1901), à l'âge de 5 ans, elle
offrait un aspect maladif. La physionomie était sans expres-
sion et n'inspirait que la pitié, le regard était triste et morne,
le teint pâle. La parole était défectueuse, elle avait un défaut
de prononciation (bégaiement), elle parlait peu, ne se ser-
vait que de mots pour désigner un objet quelconque, n'em-
ployait pas le verbe, ainsi au lieu de dire : « Donne-moi mes
souliers », elle les désignait d'un geste en disant : mes sou-
liers. Il en était ainsi pour tout ce qu'elle demandait Vu sa
paralysie, la marche était nulle, elle ne se tenait debout que
sur le pied gauche tout en la maintenant assez fortement, ne
pouvait rester longtemps dans cette position. Elle était triste,
pleurait pendant des heures entières sans motif déterminé;
très entêtée, elle ne cédait jamais. En classe elle n'avait aucune
connaissance, voire même aucune aptitude.
. 1 903-1 904. L'enfant a fait de réels progrès au point de
vue physique et intellectuel. (Fig. 54, 55, 56. J 7, 58 et 9.)
La physionomie est maintenant éveillée, le regard expres-
sif. Elle n'a plus de défaut de prononciation, ni de bégaie-
ment. Elle construit des phrases et sait tenir une petite con-
versation ; répond directement à ce qu'on lui demande. Elle
marche bien, tout en traînant sa jambe malade, ce qui ne l'em-
pêche pas de courir, de sauter, de monter et de descendre les
escaliers. Elle aime beaucoup jouer à la corde; elle est vive
et gaie.
En classe, ce n'est que dans le courant de cette année 1904
qu'elle a commencé à fixer son attention sur ce qui lui était
enseigné. Elle a appris à connaître ses lettres, à syllaber et
maintenant lit presque couramment. Elle sait écrire et faire
des copies, elle commence à compter. Elle se prête volontiers
aux exercices de la gymnastique. Elle est propre nuit et jour
et n'a plus d'onanisme. Cette enfant qui, à son entrée, était
atteinte d'idiotie peut compter maintenant parmi les enfants
simplement arriérées, par rapport à son âge naturellement.
1905. - Nous n'ajoutons à la note de cette enfant e7lt'e
quelques mots. Elle est toujours en bonne voie d'améliora-
tion, soit au point de vue. physique, soit au point de vue intel-
lectuel, comme l'indiquent du reste ses photographies et son
cahier mensuel. *
L'enfant a bon caractère; pas un brin méchante, elle a tou-
jours le sourire sur les lèvres; elle est très affectueuse pour les
Fig. 54.- Rohe ? à 5 ans (1901.)
Fig. 55. - Robe ? il 5 ans (1901.)
Fig. 5G. - Robe ? à 8 ans (1903 )
Fig. 57. - Robe ? à 10 ans (1905.)
Fig. 58. - Robe ? a 10 ans (i905.
Fig. 59. - Robe ? il 10 ans (1905).
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 485
personnes qui l'entourent. Elle est très propre, sa tenue ne
laisse rien à désirer. Elle est très attentive en classe, s'inté-
resse à tout; on voit qu'elle est désireuse d'apprendre. Elle lit
très couramment, fait des copies, connaît l'addition et com-
mence la soustraction. Amélioration notable.
Décembre. - Cet enfant continue de s'améliorer sous tous
les rapports. En classe, elle porte beaucoup d'attention sur
tout ce qui est enseigné. Elle lit couramment, connaît l'addi-
tion, la soustraction et la multiplication. Elle apprend la
grammaire et fait de petites dictées. Elle est heureuse lors-
qu'après lui avoir donné une explication quelconque elle a pu
Il comprendre; son visage devient alors tout souriant, dans
le cas contraire, elle se met à pleurer. Elle a une certaine dif-
ficulté pour apprendre relativement à son âge, mais elle a
aussi une réelle bonne volonté. Elle est très affectueuse et
reconnaissante, douée d'une extrême douceur; très sensible et
craintive. Elle cherche à se rendre utile, fait son lit, ainsi
que ceux de ses compagnes qui ne peuvent le faire et sait
se donner les soins de toilette. - Elle aime la gymnastique
et malgré son infirmité, elle aime se donner de l'exercice.
Amélioration.
XCVII. LEFEBV ? (Marguerite), née le 3 septembre 1893,
3 ans à son entrée à la Fondation en 1896, atteinte d'idiotie
et d'épilepsie. Elle parlait peu, mais n'avait pas de défaut de
prononciation. Elle gâtait nuit et jour, ne s'aidait en rien,
restait immobile quand il s'agissait de l'habiller et de la désha-
biller. Elle était presque toujours grognon, un rien la faisait
pleurer, elle restait indifférente à tout. Ses accès et vertiges
survenaient par séries et étaient assez nombreux. L'enfant, trai-
tée par le bromure de camphre, s'est beaucoup améliorée. Elle
tombe de plus en plus rarement; il en résulte un développement
très sensible. Son caractère s'est beaucoup modifié, elle n'est
plus susceptible et maussade comme au début. Elle est devenue
gaie, joueuse, active (i). Elle est propre nuit et jour, se donne
tous les soins nécessaires.
Les progrès au point de vue scolaire n'ont pas été moins rapi-
des ; elle lit par syllabes, son écriture est lisible et bien for-
mée. Elle fait des devoirs de grammaire, connaît l'addition,
commence à coudre et suit la gymnastique avec facilité.
1904 (Il ans). - Lefebv ? continue à s'améliorer à tous
les points de vue. Elle travaille bien en classe, y met beau-
coup de bonne volonté, de sorte que sa lecture est très cou-
rante, son écriture lisible et méthodique. Elle apprend [la.
grammaire, les premiers éléments de la géographie, suit les dic-
48G THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
tées du cours moyen, connaît les quatre opérations de l'arith-
métique ; en somme, elle est en bonne voie d'amélioration.
Au point de vue du caractère, l'enfant est tout à fait gentil-
lette, pas un brin méchante. D'abord elle est toujours polie,
très affectueuse et très attachée au personnel; elle est très
complaisante et serviable, fait tout pour faire plaisir. Elle sait
aussi se faire aimer de toutes ses compagnes, qui la récla-
ment dans leurs diverses occupations. Elle sait mettre la paix
quand il y a une dispute, de même que c'est elle qui organise
les jeux. Avec un certain nombre de ses compagnes, aux heures
de récréation, elle forme un petit groupe : c'est pour confec-
tionner les effets de leurs poupées. Marguerite s'y entend très
bien, c'est elle qui taille les robes, les jupons, les corsages
et les fait passer, tour à tour à ses compagnes : toutes sont
heureuses de travailler sous sa direction.
D'après ces quelques détails, il est facile de voir que l'en-
fant a fait de notables progrès. En couture, elle travaille
aux robes et aux tabliers. Elle repasse bien pour son âge; la
buanderie ne le cède en rien aux autres ateliers. Marguerite
est à la fois bonne élève et sérieuse apprentie. Elle fait très
bien la gymnastique et est très souple dans ses mouvements.
Elle n'a pas eu d'accidents épileptiques depuis juillet 1902;
de là le développement physique et intellectuel que nous cons- s'
tatons. -- A son entrée elle était atteinte d'idiotie avec gâtisme
et épilepsie/ aujourd'hui nous pouvons la placer au nombre
des enfants atteintes simplement d'arriération intellectuelle.
Fig. Go. Prov ? à à ans (1894.)
Fig, 61. - Prov. il 7 ans (1805 )
Fig. 62. - Prov ? il 13 ans (1901.)
Fig. 63 - Prov ? il 17 ans (1895.)
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 491
1905. - Notre élève continue à faire des progrès sous tous
les rapports : classe, ateliers, soins du ménage, tout marche
de pair. Aucun accident nerveux à signaler, très grande amé-
lioration : on pourrait dire guérison, si en fait d'épilepsie, il
ne fallait pas être toujours réservé.
Décembre - Les progrès continuent sous tous les rap-
ports. Marguerite sait s'attirer l'affection de ses compagnes
et organise les jeux. Elle est gaie et tout plein gentillette.
Elle se rend de bonne grâce dans tous les ateliers et prête
attention à son travail. Si elle continue ainsi elle pourra plus
tard être rendue à la société et vivre du fruit de son travail.
XCVIII. Provo ? (Edm,.), né en mars 1891, entré le
6 juin 1894 : Idiotie complète. - Est arrivé gâteux, ne mar-
chant et ne parlant pas (Fig. 60). Il ne s'aidait en quoi que
ce soit pour l'alimentation, la toilette et l'habillement.
Actuellement (1903), sa tenue est propre et soignée et il
se donne à lui-même tous les soins qui lui sont nécessaires.
Très borné, obstiné surtout, il ne voulait rien apprendre. A
présent il lit couramment, écrit lisiblement, fait les quatre
opérations de l'arithmétique, dessine et possède d'assez bonnes
notions sur la musique. Est apprenti tailleur et son travail,
à l'atelier comme à la classe, est satisfaisant.
1895. - Est devenu propre et a appris à marcher (Fig. 61).
1897. - Amélioration notable. P ? parle bien et très fran-
chement, sa tenue est bonne. Il commence à s'habiller, à se
déshabiller, à reconnaître les lettres, à écrire. Sait monter les
escaliers, sauter.
1898. - Assemble les syllabes, forme bien les lettres et les
chiffres, s'habille seul et convenablement, se lave.
1901. - Progrès un peu en tout. Parfois paresseux, gros-
sier, répondeur. Est devenu enclin à fréquenter les enfants
qui ne se conduisent pas bien, ce qui ne lui arrivait pas
auparavant (Fig. 62).
1905. - P ? est passé à la grande école en août 1904.
Depuis, ses progrès ont été lents parce que le maître de sa
classe ne s'en est que médiocrement occupé. Il n'a pas veillé
à ce qu'il suive régulièrement lesi leçons de chant et de des-
sin. P ? a continué à bien faire la gymnastique et à bien
travailler à l'atelier du tailleur où il est l'un des meilleurs
apprentis. Conduite générale bonne. Caractère gai et enjoué.
Assez bon camarade, 'un peu taquin, non batailleur. En classe,
les progrès ont été limités, mais la faute en est moins à lui
ou au maître qui ne s'attache que médiocrement à ses élèves
(Fig. 63.)
492 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
Les notices qui précèdent se rapportent à des enfants
encore présents dans notre service et dont il est loisi-
ble, par conséquent, de vérifier l'exactitude (1 ). Tous
les malades sortis, garçons et filles, qui auraient pu
nous fournir un très fort contingent, ont été écartés.
Ils seront le substratum d'un mémoire spécial : Ce que
deviennent les enfants anormaux sortis de f31cêtre et
de Vallée.
Des faits que nous venons d'exposer sommairement,
et qui confirment ceux que nous avons relatés dans nos
Comptes rendus annuels,nous ne tirerons que de brè-
ves considérations générales et quelques indications
pratiques.
Commencer le traitement médico-pédagogique dès
que les premiers signes de l'idiotie sont constatés. En-
registrer sur un cahier spécial toutes les manifesta-
tions intellectuelles qui se produisent et les nouveaux
accidents pathologiques. Prendre le poids et la taille
tous les six mois, la photographie tous les ans (2). Con-
seiller aux familles, comme le font malheureusement
trop de médecins, d'attendre ? ans, puis 12 ou 13 ans
avant de commencer le traitement, est une faute
grossière, préjudiciable aux malades, car on diminue
les chances d'amélioration.
Occuper les malades du matin au soir, varier leurs
occupations. S'appuyer sur ce que l'enfant possède pour
aller en avant, arrêter les lésions en évolution, s'il y a
lieu, développer ce qui reste de sain dans le cerveau.
L'application rigoureuse, persistante, prolongée du
traitement médico-pédagogique permet, comme on'l'a
vu par les faits, d'obtenir des résultats incontestables.
(1) Nous sommes il la disposition des médecins, des éducateurs,
tous les samedis à 9 1. 1/2 à la Fondation Vallée, 7, rue Benscrade
il Gentilly,
(2) C'esL ce que nous avons conseillé de faire bien des l'ois pour
tous les enfants.
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE DES IDIOTIES. 493
Si nous insistons sur la nécessité d'une persévérance
soutenue, c'est qu'il arrive quelquefois que ce n'est
qu'au bout de 2 ans, 3 ans, que l'on observe les premiers
éveils de l'intelligence. Il faut donc être réservé sur la
déclaration de l'incurabilité, Le cas de Maz ? (p. 248),
microcéphale à un degré très prononcé, et dont nous
n'osions rien espérer, en est une preuve, éclatante.
Notons : 1° la guérison du gâtisme, qui relève le
malade, rend moins dégoûtante la besogne du person-
nel, et réalise des économies de linge pour l'adminis-
tration;- 20 J'éducation delà marche, de l'habillement,
dela toilette, de la préhension des aliments qui fait que
les enfants, suffisant à leurs besoins physiques, n'exi-
gent plus un personnel aussi nombreux. Grâce à ces
changements heureux, ils entrent en relation avec le
monde, ne sont plus un chagrin, une humiliation pour
les familles et la Société, et sont mis en mesure de sui-
vre l'enseignement médico-pédagogique.
Signalons la création de la parole, la correction
des vices de prononciation, des impulsions violentes,
de l'irritabilité nerveuse (1), des perversions des ins-
tintes, de l'onanisme, du mensonge, de la coprolalie,
de la coprophagie, des tics, des manies, de la chorée,
de l'épilepsie, l'amendement du caractère, la guérison
des accès de colère, le développement de l'affectivité,
de la sociabilité, etc. A toutes ces améliorations, ajou-
tons pour un certain nombre, la guérison ou l'atténua-
tion du nanisme et de l'obésité [Traitement thyroï-
£ lien),
Parallèlement, mentionnons les acquisitions scolai-
res, allant parlois jusqu'à l'obtention du certificat
il) Les cnfanls chez lesquels l'irritabilité nerveuse constitue le
3'llll)tô : lle le plus important, sonLle l1eau des familles, l'appoint
des maisons de correction. Leur place est dans les asiles-écoles où,
souvent en quelques mois, il sérail possible de les guérir. L'isole-
ment est la base du traitement encore plus pour celle catégorie de
malades que pour les aulres.
494 THÉRAPEUTIQUE PÉDAGOGIQUE.
d'études; l'aptitude aux travaux manuels : menuiserie
serrurerie, imprimerie, couture, cordonnerie, vannerie,
cannage et paillage des chaises, pour les garçons;
travaux du ménage, blanchissage, repassage du linge,
couture, tapisserie, broderie, etc., pour les filles.
Ou nous a demandé ce que nous entendions parles
mots améliorés, très améliorés : nos observations
fournissent la réponse. Qu'on nous donne des expressions
plus précises et nous nous empresserons de les em-
ployer. Si nous ne mettons que rarement dans nos sta-
tistiques le mot guérison, c'est parce que, s'il survient
quelque accident après la sortie, nous pouvons plus
facilement intervenir pour en atténuer les conséquences
judiciaires; c'est aussi parce que nous ne pouvons pas
revoir régulièrement nos anciens malades, nous as-
surer que le mieux se maintient et augmente : ainsi
le veut la méthode scientifique dont on parle lant,
mais qu'on ne suit guère.
Nous terminerons ce plaidoyer en faveur des enfants
anormaux en reproduisant les conclusions de notre
communication au Congrès des aliénistes et neurolo-
gistes de Rennes (août 1905).
L'éducation collective est préférable à l'éducation
individuelle. Les femmes sont les meilleures éducatrices.
Les institutrices et instituteurs, les infirmiers et in-
firmières doivent être de premier ordre, au physique
et au moral, doués d'un degré encore plus élevé
de bienveillance, de patience, d'amour des enfants que
les agents de même ordre des classes ou des hôpitaux £
ordinaires. Les efforts de tous, y compris les médecins,
doivent viser à établir la sympathie entre eux et leurs
malades. Le degré de l'intelligence, les aptitudes
propres, doivent servir de base au groupement des
malades plutôt que l'âge.
Il découle encore des faits que nous vous avons com-
TRAI1EMENT \1L1)ICO-P1 : 1)AGOG1QUE DES IDIOTIES. 495
mimiques que les idiotslès2lalsmaladesétalatamélio-
rables, il en est de même, à plus forte raison, à un plus
grand degré et dans une proportion plus considérable,
des imbéciles et des simples arriérés. Les résultats
obtenus justifient donc les sacrifices consentis par la
société. Sous quelles formes doivent ils l'être ? Les
voici, selon nous :
1° L'assistance etl'éducation dans les ASILES-ÈCOLES
comme Bicêtre, la Fondation Vallée, la Salpêtrière,
l'Institut médico-pédagogique (1), etc. , pour les enfants
atteints d'idiotie au premier et au second degrés, les
enfants atteints d'imbécillité intellectuelle, d'imbécil-
lité morale, d'irritabilité nerveuse avec impulsions
violentes et d'épilepsie. ,
2° L'éducation et l'assistance dans les classes SPÉCIA-
les ou écoles d'enseignement spécial pour les enfants
atteints : 1° d'imbécillité légère, d'arriération intel-
lectuelle,. 2° d'instabilité mentale et physique (sans
perversion des instincts) ; 3° et aussi pour les enfants
idiots et imbéciles qui auront été améliorés dans les
asiles-écoles et successivement d'idiots auront été
transformés en imbéciles et en arriérés.
Nous serons récompensé de notre peine si nous som-
mes parvenu à dissiper les préjugés trop répandus au
sujet de ces anormaux et à convaincre nos lecteurs de
la possibilité du relèvement physique, moral et intel-
lectuel de ces malheureux enfants (2).
(1) Noire communication au Congrès de Rennes, renfermanLseu-
lement 19 observations, a élé reproduite in extenso dans les Aii ? z.2les
de médecine et de chirurgie infantiles, du D' Périer, el dans les Ta-
blettes médicales mobiles du D' Courlaul ! . Nous les remercions vive-
Illcnt du concours qu'ils ont apporté à la réforme que nous
poursuivons : l'assistance, le traitement et l'éducation des enfants
anormaux. - Consullcr sur les procédés qui constituent le traite-
ment médico-pédagogique, la première partie de nos Comptes-rendus
et noire brochure intitulée : Les enfants anormaux au point de vue
intellectuel et moral, 1905
(2) Cet, établissement est. situé à Yilry-sui-Seine, 22, rue Saint-
Aubin, prés Paris.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
LXVL Pathogénie de la pseudencéphalie et del'anencé
phalie [Méningite foetale); par ) ! .\BAUD. (1\7'OttV. Icon. de la
Salpét1'ière, 1905, ne4, 5, 6.)
Important mémoire de 92 pages, illustré de nombreuses figu-
res, où l'auteur résume l'évolution clés idées sur la question, élu
die ensuite : la morphologie externe et la constitution s'meletti-
que des pseudencéphaliens ; les particularités anatomiques et
histologiques du système nerveux et du tissu pseudencéphalo-
médullaire ; la répercussion de la méningite sur le développe-
ment du l'ictus; les causes de la méningite t'wtale ; dans un der-
nier chapitre, expose les conséquences et, les conclusions de son
travail. I .
La pseudencéphalie et l'anencéphalie sont le résultat, à des de
grès divers, d'une même maladie inflammatoire destructrice de
l'axe cérébro-spinal, la méningite fiefale, dont l'invasion sem-
ble avoir lieu entre le 3" et le 6 mois de la v ie inll'a-utél'ine- Ces
1>roducliousconoénitales, qui ont une prédilection marquée pour
le sexe féminin, ne sauraient donc être considérées connue des
arrêts ou des anomalies de ,lé\-eloppemcnl,ce sont des produits pa-
thologiques. A l'origine de tout il y a la méningite cérébro-spinale,
de nature infectieuse variable et souvent indéterminée mais
certaine, et n'ayant rien à voir avec les faits tl'aclhcrencea[lacen-
taires ou amniotiques ; celles-ci, quand elles existent, en sont le
résultat et non la cause. La méningite foetale ne se distingue pas
anatomiquement de celle de l'enfant etde l'adulte, mais elle en
diffère parla durée, beaucoup plus longue chez le foetus en rai-
son de la vie parasitaire de celui-ci et de sa résistance à la mort,
ce qui permet au processus inflammatoire d'évoluer beaucoup
plus loin, ,1'allcl' .iusr¡u"ida sclérose et il la destruction plus ou
moins complète du On retrouve ici tous les caractères
d'une méningite : épaississement (le la pie-mère, néoformation
et dilatation des capillaires, infiltration leucocytaire ; la prolifé-
ration vasculo-conjonctive gagne des méninges vers le iiéNi,a.\C
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 497
et concuremment avec des hémorrhagies détruit le tissu nerveux
en se substituant à lui.
C'est la méningite qu'expriment les signes fonctionnels consta-
tés : respiration de Chcynes-Stokes, crises convulsives intra et
eatra-utérines, contractures, attitude et type morphologique
cette morphologie, assez constante et très caractéristique chez
les pseudencéphaliens, est le produit direct des convulsions d'o-
rigine méningitique et des destructions anatomiques résultant de
l'inflammation, sur des organismes en voie d'évolution ; ce sont
les contractions musculaires, en effet,qui,répétées, fixent la tête et
le coudans l'attitude engoncée bien connue, et par traction sur
les lames vertébrales opèrent la déhiscence du rachis ; c'est aussi
de l'action mécanique et du processus destructif que le crâne
tientses dispositions particulières, lesquelles vont depuis l'exis-
tence d'une voûte plus ou moins incomplète jusqu'à l'hémicra-
nie totale (1). F. 1'ISSOT.
L\111.-Physio-psychologie des religienses de Port-Royal ;
par Ch. BINET-SANGLÉ. (Journ. de Neurologie, 1905, n° 4.)
Des cinq religieuses étudiées dans ce travail, l'une appar-
tenait à une famille présentant des signes de dégénérescence
avancée (stérilité, mort précoce).
Chez deux, on relève divers signes de dégénérescence, chez
une la, surémotivité et la propension à la tristesse; chez
toutes l'hypersuggestibilité.
Des deux dont la cause de la mort a pu être déterminée,
l'une mourut d'une affection pulmonaire, probablement d'une
pneumonie, une autre d'un cancer.
Des quatre dont l'âge de la mort est connu, la première
succomba à 61 ans, la seconde à 66 ans et 11 mois, la troi-
sième à 66 ans, 11 mois et 27 jours et la quatrième à 76 ans.
La moyenno de la durée de la vie de ces quatre religieuses
est de 67 ans. G. D.
L\'LLI. Anatomie pathologique d'un cas de démence
précoce : par G. Doutrebente et L. MARCHAND, - Les auteurs
rapportent l'observation d'un cas de démence précoce avec exa-
men nécropsique. Les lésions consistentsurtout en une méningite
chronique, avec néoformation vasculaire et quelques amas de cel-
lules embryonnaires. Rapprochant ces cas des documents déjà
publiés, les auteurs concluent que le syndrome démence précoce
peut relever de deux ordres de lésions bien distinctes :
1° De lésions portant sur les méninges et les différents tissus
du cortex ; ` ? ° délestons exclusives des cellules pyramidales.
(1) Voir Bourneville.
Archives, 2- série 1906 t. XXI. 34
z198 REVUE D'ANATOMIE et de PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
- Dans le premier cas, c'est une affection accidentelle d'origine
inflammatoire ou toxique ; dans le second cas, c'est une psychose
constitutionnelle survenant chez des jeunes sujets débiles ou
avant de lourdes tares héréditaires. [Revue neurologique avril
1905.) ' E. B.
LX1X. Rôle des excitations centripètes et centrifuges
dans le fonctionnement et la nutrition des cellules ner-
veuses ; par G. Marinesco. D'après Walter, lorsqu'on sectionne
un cordon nerveux, de manière à empêcher la réparation, le bout
périphérique séparé de son centre trophique dégénère, tandis que
le bout central, resté en rapport avec ce centre, demeure normal.
Après section de la moelle et du nerf sciatique chez des lapins
et des chiens, et l'étude des cellules radiculaires ainsi isolées,
l'auteur a été amené à nier cette intégrité du bout central. Les
modifications qu'il a constatées dans ces cellules consistent dans
la multiplication ou l'hypertrophie des granulations nucléolaires
conduisant à l'émission de granulations nucléolaires et même
à la formation de nucléoles.
L'inconstance de ces lésions a conduit l'auteur à admettre qu'il
doit intervenir un autre facteur dans la genèse de ces modilica-
tions, par exemple (le l'animal. Ces données expérimentales
peuvent trouver leur application dans la pathologie nerveuse.
« J'ai eu l'occasion, écrit M. Marinesco, d'observer au cours des
paraplégies flasques par compression de la moelle, des décubi-
tus avec destruction des muscles fessiers. Or, dans ce cas, j'ai
constaté une disparition presque complète des cellules consti-
tuant les centres des muscles détruits. Il m'est également arrivé
d'étudier la moelle dans un cas de paralysie infantile et de mala-
die de Friedreich. Il ne restait pas la moindre trace de cellules
dans le foyerde paralysie infantile. C'est probablement de la mê-
me manièrequ'on devrait interpréter la marche rapide de certains
cas de sclérose latérale amyotrophique et la durée relativement
longue des polyomyélites chroniques chez l'adulte en rapport
avec la durée plus courte de la sclérose latérale amyotruphi-
que » [Revue neurologique, juillet 1904.) E. fiLIN,
- Influence exercée par la section transverse de la
moelle sur les lésions secondaires des cellules motrices
sous-jacentes et sur leur réparation ; par C. PARHON et M.
GOLUSTE1N. - Les auteurs ont recherché quel est le sort d'une
cellule qui, mise en état de réaction à distance par la section du
nerf périphérique, est en même temps soustraite aux incitations
venues des centres supérieurs par la section transversale de la
moelle au-dessus de l'origine du nerf sur lequel on a opéré. Leurs
expériences ont été faites sur des chiens, des chats et des lapins.
.REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 499
Elles leur ont montré que la section de la moelle a une influence
certaine sur les phénomènes de réaction de la cellule nerveuse à
la suite dp la section de son cylindraxe et que la suspension de
l'influx nerveux venu des centres supérieurs favorise l'intensité
des altérations. De plus, la section de la moelle empêche la répa,
ration des cellules en réaction placées au-dessous de la section et
les condamne à une atrophie probablement définitive suivje de-
leur disparition. Ramon y Cajal considère ces lésions comme
résultant de l'état de repos des cellules. Les auteurs pensent au
contraire, avec Marinesco, qu'elles doivent être attribuées aux
troubles nutritifs cellulaires qui suivent la suppression de l'influx
cérébral. [Revue neurologique, février 1905.) E. B.
LXXI. - Vitiligo et tumeur centrale de la moelle ; par L.
FERRIO. De nombreuses observations cliniques ont démontré
l'existence de relations importantes entre le vitiligo et les mala-
dies nerveuses. L'auteur a eu l'occasion de faire l'autopsie d'un
malade atteint de vitiligo qui ne présentait à l'examen clinique
aucun signe d'affection du système nerveux. Mais l'examen histo-
logique de la moelle permit de découvrir un processus néoplasi-
que, ayant envahi le canal central de la moelle dans toute sa
longueur. A l'aide d'un fort grossissement, on voit que la tumeur
est constituée par des cellules névrogliques, plongées dans une
substance librillaire, qui se colore faiblement par le carmin,
mais dont les noyaux volumineux se colorent intensivement par
le carmin et l'hématoxvline.
Sans oser affirmer qu'il existe une relation directe entre la
gliose centrale de la moelle et le vitiligo, l'auteur pense qu'il est
intéressant de faire connaître ce nouveau cas de coïncidence en-
tre un vitiligo et une lésion nerveuse. (Revue neurologique, 1905.)
ZD E. D.
LXXI1, -. Cas d'angiosarcome des méninges de la moelle
chez un sujet porteur d'angiomes multiples ; par Demi
et To(7)'eu. de méd., mars 1U0G.)
Quelle place convient-il d'assigner, dans la nomenclature des
tumeurs, à cette néoformation sous-dure-mérienne des méninges
de la moelle" ? Quels rapports uiiisseiiurette néoformalion aux an-
giomes multiples présentés par la malade ? Telles sont les ques-
tions complexes qui se présentent à propos d'une femme de 37
ans, amputée du liras gauche en S9Sa, pour une lésion probable-
ment congénitale caractérisée par une augmentation progres-
sive et considérable du volume du membre, un aspect éléphant
tiasique, des douleurs violentes et un développement très mar-
qué des veines superficielles. Tumeur du sein gauche apparue
500 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES
en 1900 et dont l'accroissement s'est fait par poussées successi-
ves, toujours accompagnées de douleurs spontanées très vives. En
1903, installation progressive en G semaines d'une paraplégie
spasmodique précédée et accompagnée de douleurs spontanées et
croissantes d'intensité sans modifications appréciables objectives
de sensibilité, troubles des réservoirs, grosse rate, pas d'adéno-
pathie, pas de leucémie. 1
Transformation de la paralysie spasmodique en paralysie flas-
que pendant la dernière semaine de la vie, coïncidant avec l'ap-
parition des troubles de la sensibilité, à type syringomyélique.
Hyperthermie terminale.
Résumé de l'autopsie. --Angiomes multiples du foie,de la rate
et de la trompe gauche, angiomes développés dans le tissu cel-
lulaire des régions ( voisines de cet organe et confinant en de-
hors à des lipomes du dos. Masses anâiomaLeuses du médiastin
et de l'atmosphère cellulo-adipeuse du rein gauche. Hypertrophie
notable de la rate due à des angiomes multiples de cet organe.
Tumeur du canal mchiclien à la bailleur de la région dorsale
supérieure ; l'une située entre le canal rachidien et la dure-mère,
à laquelle elle adhère, est constituée par un tissu angiomateux pur,
l'autre, située entre la dure-mère et la moelle dont la sépare la
pie-mère ; cette dernière tumeur comprime la moelle, sans lui
adhérer et est constituée par un tissu d'apparence sarcomateux :
sans formation angiomateuse ; elle se rapproche des endothélio-
mes d'après la nomenclature de Cornil et Ramier. Il n'existe pas
dans l'état actuel de la science d'observation probante de dégé-
nérescence d'un angiome en tumeur cancéreuse ; cependant Cor-
nil et Ranvier considèrent le fait comme possible, il est permis
de supposer, que dans le cas présent, l'angiosarcome ait pu déri-
ver d'un angiome primitif,mais rien ne le prouve.
L. \\'aHC..
LXXIlI. -Recherches histologiques sur l'écorce cérébrale
des tuberculeux; par L.-iiGNEi.-LAVASTINE. (li ! eu. de méd, mars
1906.)
L'auteur commence par éliminer la méningo-encéphalite dif-
fuse d'origine tuberculeuse, et les méningites bacillaires en pla-
ques. ,
Il considère ensuite un premier groupe de lésions avec mani-
festations macroscopiques : a) tubercules solitaires cle l'écorce ;b)
méningites. Un second groupe est formé de lésions qui ne sont ap-
préciablesqu'au microscope : a) lésions cellulaires aiguës; b) lé-
sions dégénératives chroniques avec toutes les transitions jus-
qu'à l'étal dit normal. Dans une deuxième partie. il étudie les
diverses interprétations pathogéniques des lésions corticales
cales : a) dans le tubercule solitaire ; b) dans les méningites ; c) dans
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 501
les processus toxiques aigus ; d) dans la cachexie phtisique.il rap-
porte des observations cliniques et anatomo-pathologiques de ces
différents cas et remarque qu'autour du tubercule solitaire il y
aune réaction névroglique strictement limitée. Dans les ménin-
gites,onpeut constater : 1° des cellules grossièrement et entière-
ment altérées ; 2° des lésions légères ; 3° des lésions très légè-
res, l'affection clinique est d'autant plus rapidement mortelle
que les lésions sont plus étendues et moins profondes.
Pans le groupe des lésions dégénératives ligure en première li-
gne l'abondance du pigment noir qui est normal à un certain âge
et qui indique ici une sénilité précoce de l'élément chez les ca-
chectiques tuberculeux. Dans les processus toxiques aigus, la lé-
sion n'a rien de spécifique et il y a généralement dégénérescence
concomitante des cellules hépatiques, ce qui indique une action
du foie dans la pathogénie de certains troubles délirants, ce qui
nous ramènerait à la vieille théorie de la folie hépatique de Ga-
lien ( : .d. : t; y.oÀ7]).
En résumé, quelles que soient les circonstances de la vie des
tuberculeux, les lésions cellulaires de son écorce cérébrale sont
toujours sous la dépendance d'un empoisonnement hétéro ou au-
totoaidue localisé ou généralisé, aigu, subaigu ou chronique.
L. 1 ? x ?
LXX1V. Recherches expérimentales sur l'influence du sel
sur le travail ; par Féré. (Rev. de méd., février 1906.)
C'est un excitant éphémère de l'activité qui, lui aussi, précipite
la fatigue ; il n'est pas nécessaire à l'alimentation et peut même
être nuisible, mais l'ingestion du sel donne une sorte de sensa-
tion de bien-être qui permet d'avoir l'illusion d'une augmentation
detravail.On doit craindre la dépression consécutive ; le travail
sans fatigue, la disparition de la fatigue grâce à un aliment quel-
conque sont des rêves. L. WAHL.
LXXV. - Des altérations cytologiques du sang dans les
maladies mentales ; par Klippel et LEF : 1S. (L'Encéphale, 1906
n° 1.)
Les auteurs rappellent et précisent la technique de l'hématolo-
gie clinique,puis ils passent en revue les résultats des recherches
faites dans diverses formes mentales et dans certaines mala-
dies nerveuses à complications psychopatiques. Ils concluent en-
fin que les modifications du sang sont en rapport avec la marche
et le caractère spécial de la maladie causale. Il y a prédominance
des polynucléaires dans les maladies infectieuses et toxiques ai-
guës, des mononucléaires et des lymphocytes dans les affections
subaiguës ou chroniques ; l'éosinophilie est particulière aux ma-
ladies constitutionnelles, aux infections et intoxications chroni-
u02 SOCIÉTÉS SAVANTES.
ques. Avec ces données il est souvent possible de confirmer la
nature d'une maladie, soupçonnée pour d'autres raisons comme
étant à l'origine des troubles mentaux : c'est ainsi que les déli-
res des alcooliques, à part celui qui résulte de l'ivresse aiguë
soûl le résultat direct non pas de l'alcool lui-même, mais d'une
maladie surajoutée aux lésions préalablement provoquées par
l'alcoolisme. F. Tissot.
Lux\11. - Recherches expérimentales sur l'influence du
sucre sur le travail ; par M. Féré. (licu. de méd, de janvier
1906.)
Le sucre est « le charbon du muscle », il a comme avantage de
céder très facilement son énergie aux réactions vitales; certains
auteurs en font un agent de suralimentation (Toulouse), d'aulres
un stimulant de l'activité musculaire. Féré s'est livré (les e\-
périences très précises sur lui-même il l'aide de l'ergographe
de Mosso et avec des solutions titrées, il a constaté que le sucre
produit une excitation éphémère peu de temps après son inges-
tion, qui fait bientôt place à une exagération de la fatigue ;
c'est en somme l'analogue de ce que nous savons sur les autres
« excitants dill'usibles » tlté, maté, alcool, café, etc. L. Wahl.
1 1
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIETE DE NEUROLOGIE
Séance du, 7 juin 1906. Présidence DE M. Cu.r.r..r.
Agénésie des deux radius.
MM. Egger et Français montrent un sujet sans radius accu-
SanL les liens qui unissent le radius, le trapèze, le scaphoïde et
le pouce.
7/c/'<''Jo-a<ax' : ec)'c ? )f.<'.
MM. Raymond et DREYFUS montrent une soeur et deux frères,
qui, en outre des symptômes habituels, présentent des signes d'al-
teinte du cordon postérieur. L'hérédité vient du côté maternel
seulement.
Troubles vaso-moteurs hystériques.
M. CLAUDE montre un homme ayant ou de la fausse angine de
poitrine puis des crises cardiaques et enlin de l'mlènte de la
main avec cyanose. Il s'y ajoute de la cyanose de la langue.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 503
Tabès fruste avec ai-ili i-opathie ltyperli-ophiq2te.
III. CLAUDE et TOUCHARD. - L'al'lhl'opathie est fortement
hypertrophique, chose rare dans un tabès aussi ancien (18 ans).
Il s'y ajoute, à droite, de l'exagération du réflexe rotulien et le
signe de Babinski, reliquats d'une hémiplégie, ancienne.
Syringomyélie atypique.
11,11. Ballet et MAILLARD montrent un homme qui, après
des sensations d'engourdissement, présenta une parésié totale
avec exagération des réflexes, clonus et phénomène des orteils,
dissociation des sensibilités, abolition du sens musculaire et
stéréognostique, mais conservation du sens des altitudes segmen-
fait-es. Surdité, -anosmie et perte de la vision du vert à dloite.
Syringomyélie avec hystérie.
Astasie-abasie associée il des troubles organiques.
MM. Raymond et LEJONNI : . Jeune tille abasique ayant en
plus une parésie dans le domaine des 5 et 1re sacrées et une
abondante lymphocytose. Importance pronostique. Les mêmes
auteurs, avec MM. Egger, montrent un malade atteint d'hémia
nesthésie probablement due à une lésion corticale.
Syndrome thalamiquc.
ml. DéjeriNe et llbussy en précisent les caractères cliniques :
la Une lésion intéressant le noyau externe du thalamus dans sa
partie postéro-externe, les noyaux interne et médian, et le frag-
ment correspondant de la capsule interne produit toujours le
syndrome thalamique ;
2° Ce syndrome est caractérisé par la dissociation des phéno-
mènes moteurs et sensitifs. Ce sont tles hémiplégies avec un
minimum de troubles moteurs et un maximum de troubles sen-
sitifs, avec hemi-ataxic, astéréognosie, et souvent clioréo-atlié-
tose. '
Astéréognosie avec intégrité des sensations élémentaires.
JI. Déjerine montre ce cas chez une'ancienne hémiplégique
sensitive liyperestliésique avec hémianopsie. Le mot aphasie tac-
tile donné à ce phénomène est inexact.
Hémiplégie spinale avec monoplégie radiculaire.
11JI. Déjerine et Camus montrent ce malade dont les cinq
premières racines cervicales gauches sont en outre anesthésiées
(pach)'lI1éningite pottique).
Névrite hyperlrophique.
JI. MARiM présente deux malades, l'ainéeL le cadet de 7 enfants
atteints ainsi que le père de névrite interstitielle hyperlrophique
avec tremblement intentionnel et troubles de la parole. ,
504 asiles d'aliénés.
Clonus du pied.
CLAUDE et DREYFUS ont essayé de différencier par la mé-
thode graphique le clonus organique de celui des névroses. Le
clonus organique est régulier et lent, celui des hystériques
rapide et irrégulier.
Hémorragie prolubéranlielle.
MM. Marie et Moutier. Deux vieillards hémiplégiques
gauches avec déviation conjuguée, agnosie, raideur, myosis,
morts en hyperthermie avaient une hémorrhagie au tiers moyen de
l'hémipont droit, intéressant la moitié interne du ruban de Reil
et repoussant les laisceaux moteurs.
Arlhropathies labéticlues.
MM. MouTiER et DEROIDE. - Arthropathie atfophique à la
hanche et hyperthropique au genou avec capsule articulaire
descendant au-dessous de la tête du péroné.
Tabès et paralysie générale conjugale.
)1. Charpentier montre un mari et une femme consanguins
et syphilitiques atteints l'un de tabes fruste et l'autre de para-
lysie générale.
Myélomalacie incomplète avec ostéite raréfiante.
1\DI. RAnlOND et ALQUIER. - Douleurs articulaires, paralysie
flasque des bras, puis paraplégie spastique bilatérale avec hémia-
nesthésie gauche, dissociation syringomyélique, oedème, incon-
tinence.
Méningite biliaire. Syndrome de Manière.
MM. Raymond et BAUR. - Plaque de méningite chronique
devant le bulbe et le pont englobant toutes les paires y compris
la 8e. Aucune lésion de l'oreille interne.
Malformation du cervelet.
M. Rossi présente un cervelet de diplégie cérébrale infantile.
Absence de l'échancrure marsupiale et de la scissure longitudi-
nale médiane inférieure. F. BOISSIER.
ASILES D'ALIENES
111. - Circulaire du ministre de l'intérieur aux préfets,
relative à l'internement des aliénés (page 4153).
L'idée que l'un de nos semblables peut être indûment retenu
dans un établissement d'aliénés est intolérable à la conscience
asiles d'aliénés. 505
humaine : il n'en est point qui soulève dans l'esprit public de plus
vive et de plus juste émotion.
Sans aucun doute, les appréhensions de l'opinion publique sont
le plus souvent mal fondées et, si de telles séquestrations se sont
produites, leur nombre ne peut être que très minime ; mais n'y
eût-il, dans tous les établissements privés et publics de France,
qu'une personne saine et, par abus ou erreur, soumise à ce ré-
gime, que le devoir s'imposerait à nous impérieusement de faire
cesser, d'urgence, un tel scandale.
On a, sur plus d'un point, et non sans raison, critiqué la loi de
1838; en dehors même des garanties judiciaires définies par l'ar-
ticle 29, et en vertu desquelles, sur le pourvoi de l'intéressé ou
de tout parent ou ami, le tribunal peut, après vérification, or-
donner la sortie immédiate, les garanties administratives qu'elle
offre, au point de vue du respect de la liberté individuelle, ne se-
raient cependant point négligeables, si les articles qui les formu-
lent étaient sérieusement appliqués ; il faut qu'ils le soient.
Les placements peuvent être, d'après le titre II de la loi de
18J8, ou ordonnés par l'autorité publique, ou volontaires. Des
premiers, vous êtes seul directement et personnellement respon-
sable. C'est vous qui, d'office, ordonnez le placement dans le cas
où vous estimez que « l'état d'aliénation de l'intéressé compro-
mettrait l'ordre public ou la sûreté des personnes », vos ordres
doivent être motivés et énoncer les circonstances qui les ont ren-
dus nécessaires; ils sont inscrits sur un registre spécial. De plus,
dans le premier mois de chaque semestre, vous devez recevoir du
médecin de l'établissement, sur chaque personne ainsi placée par
votre ordre, un rapport indiquant l'état du malade, la nature de
sa maladie, les résultats du traitement; en suite de quoi, vous
avez le devoir de vous prononcer sur chaque cas individuellement,
d'ordonner le maintien dans l'établissement ou la sortie.
Tous les ordres de ce genre que vous formulez doivent être
transmis au procureur de la République, au maire du domicile
des personnes soumises au placement, et celui-ci en avise, sans
délai, les familles; vous devez, en outre, m'en rendre compte.
.le me plais à penser que, sur tous ces points, les dispositions
légales sont strictement observées.
Mais notre attention doit se porter, spécialement, sur les place-
ments dits « volontaires ». D'après l'article 8 de la loi de 1838,
tout directeur d'établissement privé ou public peut recevoir une
personne atteinte d'aliénation mentale si une demande d'admis-
sion lui est présentée, il cet effet, par un tiers, et si à cette de-
mande est joint. « un certificat de médecin consLatant l'état men-
tal de la personne à placer et indiquant les particularités de la
maladie et la nécessité de faire traiter la personne désignée dans
un établissement d'aliénés et de l'y tenir renfermée » ; à la vérité,
506 ASILES D'ALIÉNÉS.
ce médecin ne peut être parent ou allié, au second degré inclu-
sivement, du chef ou propriétaire de l'établissement ou de la per-
sonne qui fera effectuer le placement; mais cette réserve peut
paraître une faible garantie contre certains ahus possibles.
L'honorabilité du corps médical n'est pas en cause : elle est à
mes yeux au-dessus de tout soupçon, mais dans toute collectivité
humaine nombreuse, des indignes peuvent se glisser et la compli-
cité directe ou indirecte, par intérêt ou par faiblesse, d'un méde-
cin spécialement choisi à cet effet, suffit pour qu'un crime soit
tenté. Certes, le directeur de rétablissement peut, quel que soit
le prix de la pension qu'on s'offre il payer, ne pas recevoir le pré-
tendu aliéné qu'on lui présente, et l'immense majorité d'entre
eux repousserait rudement une telle source de profils. Mais la loi
doit prévoir, surtout en si grave matière, les exceptions : aussi a-
t-elle disposé, dans ses articles 8 et cl, d'une part, que le préfet doit
recevoir, dans les vingt-quatre heures, avis de l'admission et co-
pie du certificat médical qui a motivé celle-ci, en même temps
qu'un certificat du médecin même de l'établissement ; d'autre
part, que si le placement est fait dans un établissement privé, le
préfet doit, dans les trois jours, charger un ou plusieurs hommes
de l'art de visiter la personne désignée, de constater son état men-
tal et d'en faire rapport sur-le-champ : il peut leur adjoindre telle
autre personne qu'il désignera.
Vous assumeriez une bien lourde responsabilité, si en toute
circonstance vous ne veilliez pas au respect absolu de toutes ces
dispositions.
Ce n'est pas tout. Après l'admission, la loi do 1838 donne en-
core au préfet un pouvoir très étendu. Ce pouvoir est défini par
l'article pli, et les moyens de l'exercer le sont par l'article 4.
L'article l(j prescrit que « le préfet pourra toujours ordonner
la sortie immédiate des personnes placées volontairement dans
les établissements d'aliénés ». C'est là un pouvoir absolu, discré-
Liannaire, et c'est une contre-partie nécessaire de la facilité avec
laquelle l'admission a pu être prononcée. Cette décision est indé-
pendante de celle du médecin de l'établissement, prévue- à l'arti-
cle 13, c'est-à-dire que, alors même que ce praticien aurait dé-
claré que la guérison n'est pas obtenue, le préfet peut, de sa
propre autorité, s'il juge la décision de ce médecin contraire au
droit humain, ordonner la sortie immédiate.
Comment, pour prendre une telle décision, le préfet s'infor-
mCl'a-t-il' ! L'article li y pourvoit. « Le préfet, y ('st-il il dit, elles
personnes spécialement désignées à cet effet, sont chargés de vi-
siter les établissements publics ou privés consacrés aux aliénés.
Ils recevront les réclamations des personnes qui y seront placées
et prendront, à leur égard, tous renseignements propres à faire
connaître leur position. »
asiles d'aliénés. 507
On en doit conclure que, s'agissant surtout de placements dits
volontaires, dès que vous êtes saisi ou par la rumeur publique, ou
par quelque tiers honorable, de réclamations ou simplement de
doutes au sujet de la réelle aliénation d'une personne enfermée,
et, a fortiori, quand vous êtes en présence de protestations main-
tenues avec persévérance par des personnes dignes de foi et pa-
raissant désintéressées, vous avez le devoir, par application de
l'article 4. de vous rendre dans l'établissement d'aliénés, seul ou
accompagné de tiers dont vous jugerez la présence utile à la ma-
nifestation complète de la vérité ; vous avez le devoir de vous
faire présenter l'intéressé, de l'interroger ou de le faire examiner,
de comparer les observations ainsi soigneusement recueillies avec
les déclarations antérieurement produites par le médecin ou le
directeur médecin de l'établissement, et, selon votre conscience,
de prendre une décision.
L'accomplissement de cette lâche ne laisse point d'être chose
délicate; mais, puisque nous trouvons ici la plus précieuse garan-
tie administrative prescrite par la loi de 1838 contre les abus ou
erreurs dont la liberté individuelle peut être victime, ce serait
pour vous une inexcusable faute de ne pas donner à ces disposi-
tions tutélaires leur plein effet.
.le vous invite expressément à faire de ces instructions votre
règle de conduite dans l'avenir. '
Pour aujourd'hui, je juge indispensable de dissiper, d'urgence,
toute appréhension et de procéder à une sorte de bilan moral des
Établissements d'aliénés. Vous aurez, en conséquence; faisant une
large et exceptionnelle application de l'article 4, a nommer
immédiatement une commission composée d'un petit nombre
d'hommes, dont l'honorabilité, l'impartialité, lasùreté de juge-
aient et la compétence seront hautenient reconnues, d'hommes
inaccessibles au désir ou à la peur de soulever des polémiques
et sachant faire le bien avec simplicité.
Vous lui confierez la mission de recueillir, par les divers moyens
que vous estimerez les plus efficaces, tous renseignements sur les
aliénés placés volontairement dans des établissements privés et
même publics, et spécialement sur ceux dont l'aliénation a été
contestée, d'examiner, avec le plus grand soin, les protestations
formulées à leur sujet, et, attachant une particulière importance
aux informations présentées par le médecin de l'établissement,
mais sans les tenir pour décisives, de procéder à une enquête ap-
profondie sur les cas qui paraîtront douteux.
Aucun médecin ne Se plaindra d'une telle enquête; elle n'est
et ne peut être. redoutée par ceux qui ont conscience de leurs de-
voirs : elle les délivrera même de suspicions qui;en se généralisant
à la suite de quelques incidents particuliers, deviennent grave-
ment injustes et leur pèsent.
508 asiles d'aliénés.
Si cette enquête, discrètement, mais minutieusement conduite
ainsi qu'il convient, ne révèle le maintien dans un établissement
public ou privé d'aucune personne indûment retenue, il faudra
se réjouir, hautement, d'une telle constatation. Si d'aventure, au
contraire, elle aboutissait à la libération, ne serait-ce que d'une
seule personne saine, et dont le maintien dans un établissement
d'aliénés ne fût point justifié, chaque homme de coeur devra se
féliciter d'avoir collaboré à une telle oeuvre de justice.
Vous voudrez bien, monsieur le préfet, m'accuser réception de
la présente circulaire (qui devra être publiée dans le Recueil des
actes administratifs de votre département), me tenir au courant
de toutes les dispositions que vous aurez prises pour en assurer'
la stricte application, me signaler les incidents qui pourraient se
produire, m'informer notamment, et sans retard, des difficultés
par lesquelles certains directeurs d'établissements privés pour-
raient avoir la fâcheuse idée d'essayer d'entraver son exécution,
et porter à ma connaissance, dès quecela vous sera possible,d'une
part le nombre des placements volontaires d'hommes ou de fem-
mes existant, à l'heure actuelle, dans les divers établissements
privés ou publics de voire département; d'autre part, la liste des
personnes que vous aurez désignées comme devant faire partie de
la commission.
Le ministre de l'intérieur,
G. CLEMENCEAU.
VII 1. L'organisation sanitaire de l'asile provincial d'alié-
nés de Naples ; par i' RAGNITO ; (Annali di iVeurologia. Na-
ples, 1904. Fasc. VI.) J. S.
IX. - Notes sur l'asile départemental de Pau ; par le Dr
CRocQ. [Bull, de la Société de Médecine mentale de Belgique,
loin, no 11').)
Le Dr Crocq montre au cours de ces notes que la création
et les développements successifs de l'asile de Pau ont occa-
sionné une dépense totale de 2.659.860 fr. à laquelle le dé-
partement propriétaire n'a participé que pour 300.000 fr.,
le surplus 2.369.860 francs ayant été supporté par l'asile
et soldé avec ses seules ressources provenant du pensionnat
et de la main-d'oeuvre que lui fournissent les indigents.
L'auteur attribue la prospérité de cet établissement aux
efforts convergents de l'administration départementale et
de l'administration économique et médicale de l'asile qui
possède à sa tête un médecin-directeur actif et dévoué. Il
proclame hautement la nécessité de réunir les fonctions de
directeur et celles de médecin dans tous les asiles d'aliénés
et exprime le voeu que les asiles publics belges soient placés
BIBLIOGRAPHIE. 509
sous l'autorité immédiate de la province dans laquelle ils
sont situés. G. D.
BIBLIOGRAPHIE
Revue des thèses de Bordeaux.
Il - Parapliasie, jargonaphasie et démence ; par Henri Dumora.
[Thèse de Bordeaux, 1905-1906, n° 16.)
Ce travail est basé sur l'étude de dix observations de parapha-
siques, toutes inédites, six avec autopsie ; et parmi ces dernières
quatre contiennent les résultats de l'examen microscopique. A la
parapliasie et à la jargonaphasie correspondent habituellement L
des lésions du tiers postérieur des deux premières circonvolu-
tions temporo-sphénoïdales. L'étendue de ces lésions ne peut
être mesurée que par le microscope; la lésion microscopique s'é-
tendant parfois loin du loyer macroscopique. Les lésions peuvent t
n'être que microscopiques sans cesser d'être destructives folie-
tionnellement.
La démence complique presque toujours la paraphasie et la
jargonaphasie Elle s'explique moins par l'atteinte d'un territoire
cérébral de première nécessité que par l'association d'un proces-
sus d'encéphalite corticale diffuse aux lésions destructives des
circonvolutions teinpoi,o--pliénoïdales. La démence avec jargo-
naphasie par lésion scléreuse localisée est le terme cle transition
qui unit la démence organique à la clémence sénile par encépha-
lite scléreuse diffuse. Jean Abadie.
XII. L'altruisme morbide dans la paralysie générale ; par
Maurice llulN. [Thèse de Bordeaux 1905-190G.) ,
On observe, chez les paralytiques généraux, un trouble parti-
culier du caractère, communément désigné sous le nom de bien-
veillance. On peut substituer au mot bienveillance celui d'al-
truisme morbide qui paraît mieux désigner les dispositions habi-
tuelles de ces malades. L'altruisme morbide se rencontre fré-
quemment dans la paralysie générale, à toutes les périodes de
la maladie, dans les formes soit démentielle, soit délirante ; il se
retrouve dans l'es idées, dans les sentiments et dans les actes des
malades atteints de cette affection. Plus souvent noté en clini-
que que l'éaoisiiie et l'indifférence , avec lesquels il s'associe par-
fois, l'altruismc s'accompagne la plupart du temps d'un état
510 bibliographie.
d'euphorie bienveillante, d'optimisme, (Le contentement niais, de
satisfaction béate. Il est un élément précieux de diagnostic entre
divers états psychopathiques et différencie en particulier la para-
lysie générale expansive au début de la période d'excitation ma-
niaque, de la folie à double forme. Exceptionnellement, les para-
lytiques généraux sont dangereux, se livrent des attentais con-
tre les personnes, commettent des meurtres : ces faits n'infirment
pas cette vérité que ces malades sont au nombre des aliénés les
plus inoffensifs pour la ,ie d'autmi.1l est permis de se demander
si chez les paralytiques généraux violents et meurtriers, d'autres
facteurs tels que l'hérédité vésanirlue et surtout l'alcoolisme,qu'on
y rencontre d'habitude, ne sont- pas venus modifier de façon
fâcheuse les dispositions du sujet. Celle thèse, inspirée par Régis,
est une réponse li thèse de Bonhomme (Paris, l`JQ ? n 4(JS.;
sur la prétendue bienveillance des paralytiques généraux.
J. Abadie.
1111. ' L'âge du discernement. Considérations juridiques et
médico-légales sur la responsabilité de l'Enfance coupable; par
Sibenaler. [Thèse de Bordeaux, 1905-1900, n" S ? .)
Les conclusions de l'auteur de ce travail sont les suivantes :
Le problème du discernement, tel qu'il est compris dans la légis-
lation française, ne permet pas de donner une solution à tous les
cas qui peuvent se présenter. Si un enfant âgé de plus de seize
ans n'a pas la faculté de discerner, elle no prévoit aucune mesure
do correction pour cet enfant, ni de protection pour la Société.
La fixation d'une limite à l'âge du discernement est arbitraire,
mais malgré cela il y a lieu d'approuver : 1° le projet de réforme
du Code pénal, établissant une période d'irresponsabilité absolue
de l'enfonce jusqu'à dix ans ; 2° le projet de loi Cruppi retardant
à dix-huit ans la limite de l'âge du discernement, en formant le
voeu que l'on ajoute au projet une clause permettant au juge de
retarder celle limite lorsqu'une expertise médico-légale en aura
établi la nécessité. Il parait indiqué de supprimer toute peine pour
un adolescent de moins de dix-huit ans, mais de le placer dans
une maison de correction et de l'y maintenir jusqu'à vingt et un
ans dans tous les cas où la chose serait nécessaire.
Il y a lieu de former le voeu que l'on institue en France, comme
dans certains pays étrangers, des juridictions spéciales pour les
enfants, ou tout au moins que l'on juge les mineurs sans publie-
cité, en présence seulement des témoins, des parents, des défen-
seurs. Les maisons de correction, telles qu'elles existent actuelle-
ment, ont une organisation insuffisante. L'éducation de l'enfance
coupable demande la création de classesspécialespouronfants dé"
générés ou retardés, l'augmentation du nombre d'établissements
. VARIA. 511
d'amendement et de réforme, médico-pétlagogiques, tels qu'il en
existe à l'étranger. J. A$ : 1DIT.
VARIA
Seizième congrès DES médecins aliénistes DE France
ET DES pays DE langue française.
Ce Congrès doit se tenir à Lille, du 1er au 7 août 1906, sous la
présidence de JI. le professeur Grasset, de Montpellier. Pour
tout ce- qui concerne les adhésions, cotisations, communications
et renseignements, prière de s'adresser au Secrétaire général : U'
G. CHOCREAux, médecin en chef de l'Asile public d'aliénés de Bail-
leul (Nord). Nous prions les auteurs de communications à ce Con-
grès de bien vouloir nous en envoyer le résumé avant le 5 août.
CONGRÈS international pour l'assistance aux aliénés
Le Comité organisateur central de ce Congrès, qui aura lieu a
Milan du 26 au 30 septembre prochain, a délibéré de joindre au
Congrès une exposition de plans et de documents illustratifs de
tout genre des principaux asiles d'aliénés, .t'ai donc l'honneur de
vous inviter au nom du comité à vouloir bien déclarer si
vous vous proposez de prendre part 3, laclite exposition et de nous
renseigner sur le genre de documents que vous avez l'intention
d'exposer et sur leurs dimensions approximatives. Le Comité,
après avoir reçu votre réponse - du'il souhaite favorable -
s'empressera de vous faire connaître les conditions les plus con-
venables pour l'expédition des objets et les possibles réductions
des prix du transport. Le Président : A. TAN113URINI.
Second congrès BELGE de NEUROLOGIE ET de psychiatrie
(Bruxelles, 29 au 31 août 1906.)
Présidents : l'III" le Dr STEFANOWSKA, présidente de la Société
de Neurologie, M. le I) CROCQ, président de la Société de Méde-
cine mentale; Vice-Présidents : 11. le Dr Bienfait, vice-président
de la Société de Neurologie; 1[, le Or J1abii.de, vice-président de
la Société de Médecine mentale ; Secrétaire général : M. le Dr
)IASS4UT, secrétaire de la Société de Médecine mentale; Secré-
taires des Séances : MM. les D'9 110ULENGER, DERODE; P. 11soin
et S.\NO, secrétaires et bibliothécaire des Sociétés de Neurologie
et de Médecine mentale.
1" Rapports, Ces rapports, au nombre de trois, seront dis-
tribués au moins trois semaines avant la réunion du Congrès, de
manière à pouvoir être attentivement étudiés par ceux qui dési-
rent prendre part à la discussion. Les questions choisies pour a
session de 1906 sont : '
512 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
a) Psychiatrie : Les aliénés dissimulateurs. - Rapporteurs
11. le Dr De lloor, médecin en chef de l'hospice Guislain, à Gand
et M. le D'1)ucliateau, médecin de la Maison de santé pour
femmes, à Cane.
b) Neurologie : La théorie du neurone. Rapporteur : Mlle le
Dr Stefanowska, assistante au laboratoire de psychologie de
l'Université de brucelles.
c) Psychologie : Les tests mentaux chez les enfants. Rapnor-
)1. le Dr Decroly. directeur de l'Ecole d'enseignement spécial de
Bruxelles, et M, le 1)" Boulenger, médecin adjoint de l'Asile
d'aliénés, au Fort .laco, il Uccle.
2" Communications diverses. Une place importante est
réservée aux communications originales sur un sujet quelconque
de neurologie ou de psychiatrie, avec présentation de malades,
de pièces anatomiques et microscopiques. Les membres qui dési-
rent faire une communication au Congrès sont priés d'en envoyer
le titre et le résumé au secrétaire général avant le 30 juin 1906.
Les séances du Congrès seront combinées avec la visite d'Insti-
tuts scientifiques et hospitaliers. Des réductions de prix seront
demandées sur les chemins de fer français.
Le prix de la cotisation est de 10 francs. Envoyer les adhésions
à )1. le 1)'' llassaut, secrétaire général, médecin directeur de la
colonie d'aliénés de Lierneu. Les praticiens de toutes nationali-
tés peuvent faire partie de ce Congrès ; la seule restriction impo-
sée est l'usage d'une des langues usitées en Belgique.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
St11 : 1'FICIiD Ivonv Franz. The effects of exercise trpon the rctar-
dation III cot ? t : o;)q/'J)-MS ! 0)). In-8" de l8pages. Americart Journ.
of insanity.
SitEpnnRn Ivonv FIt,\N7.. - The time of mental processus in the-
retardations and excitement of insauity. Iu-8° de 12 pages (Me Lean
lIospilal, Vaverley, liass.)
Rapport médical et cnmcte-l'endu administratif de l'asile de Ditry-
lès-A miens, par le D' Ciiaron, médecin en chef directeur. In-8" de
ti3 pages. Librairie G. Hedonnet fils, à Amiens.
Revue philosophique. Sommaire dun" de mai 1006 (31* année).
Na ville (Adrien). La sociologie abstraite et, ses divisions.-1'It.Itt-
dot. Qu'est-ce qu'une passion ? Mauxion. L'intellectualisme et
la théorie physiologique des émotions. Prolrsl l3tttnnLY. Conlri-
bution a l'étude du mysticisme universel. 13. ! JOURDON. Sur le
rôle de la tête dans' la perception de l'espace. -- Analyses et
comptes rendus. Revue des périodiques étrangers. LI-
vres nouveaux. Abonnement, du 1" janvier : Un an. Paris, 30 fr. ; ,;
départements el étranger, 33 fr. 1 a livraison : 3 fr. Félix Alcan, édi-
leur, 108, boulevard SainL-Germain, Paris (6").
. Le rédacteur-gérant : 13ounNEvIL
Clernioiit (Oise). Imprimerie Daix frères et Thiron.
TABLE DES MATIÈRES
Abcès. Voir Cerveau. - Note sur
l'histologie pathologique de la
paroi dc l'- cérébral, par Miral-
lié, 451.
Absinthe. L' à l'école, lui.16.
Accidents psychiques. V. Oreille.
- du travail. Voir Folie.
Accouchement. Peut-on provoquer
l'- par la suggestion hypnoti-
que, par Bonjour, 228.
Achôndroplasie atypique, par Du-
four, 224. ,
Acromégalie. Un cas d' avec lé-
sions ltypcrplasiqucs du corps
pituitaire, du corps thyroïde et
des capsules surrénales, par
Gilbert Ballet et Laignel-Lavas-
line, 198.
Addison. Maladie d'- avec trou-
bles sympathiques, par Chavi-
gny, 215. - Un cas de maladie
d'- avec troubles sympnthi-
ques, par Courmont, Lesieur et
'l'hevenot, 215.
Affections cérébrales. Voir Mou-
vements de compensation. -
- nerveuse. Voir Myotonie. -
familiale congénitale, par
Ballet et Faguet, 221.
Age. L'- de discernement. Con-
sidérations juridiques et médico-
légales sur la responsabilité de
l'Enfonce coupable, par Sibcna-
ler, 510.
Agénésie des deux radius, par Eg-
Her et Français. 502.
Aïchmophobie" fraternelle. Phobie
des objets pointus chez deux
frères non jumeaux, par Roch,
5 f.
Alcool. L'- en thérapeutique, par
Barr, 55.
Alcoolisme. Voir Délire. L ?
160. 41G, 428. '
Alcoolique. Voir IlémorrhaCTic,
Aliénés ou demi-aliénés vénérés
comme marabouts, par Bouha-
Keb, GJ. - Les - dans les hos-
pices, 77. Les - en liberté,
239, 428. - - Voir circulaire.
Aliénistes. Voir Congrès.
Alimentation. Le refus d'- dans
la démence catatonique, par
Barbé, 161.
Altérations. Voir Tissu cérébral.
Altruisme morbide. L'- - dans
la paralysie générale, par Blain,
509.
Amencéphalie. Voir Pseudencé-
phalie.
Angiosarcome. Cas d'- des mé-
ninges de la moelle chez un
sujet porteur d'angiomes mul-
tiples, par Devic et Tolot, 499.
Aphasie, par tuberculose, par
Pron, 223. - Un cas d'- tactile,
par Raymond et Egger, 422.
Aphasique. Voir Dyslalie.
Artère pulmonaire. Voir Rétines.
Arthropathie. Voir Tabès.
tabétiques, par Moutier et De-
roide, 501.
Asiles d'aliénés. Nominations et
promotions, 79, 236. - - Mou-
vement de janvier, 158. - -
de mars, 237. - - promo-
tion, 337, 426. Avril, 305, 426.
- Sixième de la Seine,
345. - Un au Caire en
1539, 345. - L'organisation sa-
nitaire de l'- provincial d'alié-
nés de Naples, par Fragnito,
50S. Note sur l'- départemen-
tal de Pau, par Crocq, 50S. -
A. belges, 159. -
Astasie-abasie associée à des trou-
bles organiques, par Raymond
et Lejonne, 503.
Astéréognosie avec intégrité des
sensations élémentaires, par
Déjerine, 503.
Ataxie. Note sur deux cas fami-
liaux d' cérébro-spinale (type
Friedreich 2) ne présentant au-
cune particularité rare, par Cer-
litti et Perusini, 213.
Atrophie abarticulaire. Un cas
d' par Deroubaix, 4f¡.
Archives, 2. série, l'JUG, l. XX. 35
514
TABLE DES MATIERES.
Contribution -le l'étude de l'-
musculaire progressive, par
Préol) ! 'ujenski, 148. - - ltul1el-
laire des cellules de Purkinje,
par Tliomas, 325. - ^ muscu-
laire et osseuse chez des nègres,
par Brumpt, 424.
Auréoles névropathiques, par
Féré, 142.
Auscultation. Voir Muscle.
Avellis. Syndrome d ? Voir sy-
ringobulbic.
Baiser. Hygiène du , par Féré,
141.
Basedow. L'hypophyse et la pa-
tliogénie de la maladie de -,
par Salmon, 418. Voir Dégé-
nérescence mentale.
Basophobie. Observation d'un cas
de - il type myotonique, par
Roger Mignon, 142.
Bégaiement. Le - épileptique,
par Cli. Féré, 18.
Bénédik. Ses mémoires, par Le-
duc, 157.
Bérillon. 13aiiqieL en l'honneur du
Docteur -, 426.
Boiterie intermittente. Contribu-
tion à l'étiologie étala symp-
tomatologie cle la -, par
Goldflam, 148.
Borborygmes guéris par la sug-
gestion hypnotique, par Le Me-
nant des Chesnais, 229.
Brouardel. Hommage au Docteur
, 42G.
Cajal. Voir Fibrilles colorées.
Calices. Note sur les - de Held
dans le noyau du corps trapc-
zoïde, par Ansalon, 204.
Calotte pédonculaire. Syndrome
de la - -, par Gruner et Ber-
tolotti, 198.
Canalicules. Voir Cellules.
Cécité. Relations cliniques de la
la paralysie générale et
le labes, par Léri, 53. - - col,
ticale, par Collet et Gruber, 214.
- - Voir Méuino-encf;phalile.
Cellules. Les plasmatiques de
la paralysie générale, pnr de
Ruck, 40. - Sur la présence
d'un réseau spécial dans la ré-
gion pigmentée des - nerveu-
ses. par Marinesco, 41. - Nou-
velles méthodes de coloration
des nerveuses, appoint à la
question des canalicules sé-
reux, par Passek, 139. - Re-
cherches sur l'origine des pro-
longements protoplasmiques de
la nerveuse, par Fragnilo,
201. - Structure fibrillaire de
la - nerveuse à l'état normal
et il la suite des lésions des
nerfs, par Pariant, 207. Des
groupes de - motrices du ren-
ilement cervical chez l'homme
déterminés chez un amputé, par
Bloumcnaou et \iclsen, 323. -
Rôle des excitations centripètes
et centrifuges dans le fonction-
nement et la nutrition des
nerveuses, par Marinesco, 4 ! jus,
Influence exercée par la sec-
tion transverse de 1a1, moelle sur
les lésions secondaires des -
motrices sous-jaoentes et sur
leur réparation, par Parhon et
Goldstein, 498.
Centres moteurs. Voir poliomyé-
lite.
Cerveau. Abcès du à sympto-
matologie fruste, par Pallurd,
44. - Palhogénie et o'nlogénie
du système comniissural du -
élémentaire, par Kastamuann,
133. Voir Cholestéalome.
Cervelet. Voir IIétérotopie. -
Malformation du -, par Rossi.
Charles V. Emploi du temps de
- , 30 t.
Choc moral. Voir Folie.
Cholestéatome du cerveau, par
lionssy, 151.
Chorée. Voir Grossesse. - La
chronique progressive, par
Daddi, 213.
Circulaire du ministre de l'inté-
rieur aux préfets, relative à l'in-
ternement des aliénés, 504.
Clonus du droit abdominal dans
'un cas de mal de Pott. par
Portion et Papininn, 2. du
pied, par Babinski, 220. -- du
pied, par Claude et Dreyfus, 50'r.
Coloration. Voir Cellules.
Comité pour l'étude et la nrolec-
lion de l'Enfance anormale, 318.
Commission des prix, 223. .
Compression. S'yndrome de - cé-
rcbrale et radiculo-ganglion-
naire, par Raymond et Lejonne,
223. - radiculaire par projec-
tile, par Raymond et Dreyfus,
422.
TABLE DES MATIERES.
515
Concours. Le projet de spé-
cial pour les médecins des asi-
les de la Seine, par Coulon-
jou, 32. - - pour l'emploi de
médecin-adjoint des asiles pu-
blics d'aliénés, par Dubief, 75,
J59. - - d'adjnvat des asiles
publics d'aliénés, de 1906, 343.
Congrès des aliénistes et neuro-
logistes, 78, 430. Second
belge de neurologie et de psy-
chiatrie (Bruxelles, 29 au 31
août 1906), 511.
Contractures précoces et perma-
nentes dans un cas d'hémiplé-
gie de l'adulte, par Gaussel, 336.
Convulsionnaires. Examens des
- au xviii0 siècle, par de Coy-
nard, 228.
Cordons. Voir Moelle.
Corne d'Ammon. Anatomie com-
parée et physiologie de la - -
(hippocampe), par Kastanaiann,
139.
Courants. Des - magncto-élec-
iriclues et sinusoïdaux au point
de vue de l'éleclro-diagnoslic,
par Bernhardt, 12G. - - con-
tinus. Voir Névralgie.
Courbature. Note sur la - comme
équivalent épileptique, par Féré,
141.
Crampe des écrivains et torticolis
d'origine mentale, par Bonnus,
332.
Crétinisme. Le sporadique, pnr
Lugaro, 211.
Cyanose. Voir Rétines.
Déformation. Un cas de thora-
cique précoce consécutive v une
pleurésie aiguë, 200.
Dégénérescence mentale et mala-
die de Basedow, -par Dromard
et Levassort, 26.
Délire alcoolique continu ou hal-
lucinose continue dans l'alcoo-
lisme chronique, par Soukha-
noff, 53. Enfants martyrs
d'une mère atteinte' du - de
persécutions, par Dromard et
Levassort, 149. Un cas de
par intoxication - suifo-cwbo-
née, par Vigouroux et Collet,
J1. a e
Delirium tremens. Allusions froi-
des dans le - - par Broad-
bcut, 56. '
Démence précoce. Voir moelle.
La - précoce dans l'armée, par
Kagi, 157. - - catatonique.
Voir Alimentation. Anatomie
pathologique d'un cas de pré-
coce, par Doutrebente et Mar-
chand, 497.
Dercum. Maladie de - sans trou-
bles psychiques, par Le Play,
153.
Désensorcellement et métallothé-
rapie au ixe siècle d'après Iluon
de Villeneuve, 427.
Désintégration cérébrale. Etude
clinique et anatomo-palhologi-
que sur les lacunes de -,
par Catola, 132.
Déviation conjuguée. Théorie sen-
sorielle de la de la tête et
des yeux, par Dufour, 152.
Distinctions honorifiques, 80, 159,
239.
Doigts. L'action électromotrice
des , par Sommer, 138. '
Dormeuse. La de Ran Semo,
par Farcz, 60.
Douleur. Les marques vasculaires
de la - physique au point de
vue de la psychologie expéri-
mentale, et de la séméiotique
de la simultalion, par Cesare
Colucci, 203. .
Dyslalie chez un aphasique réédu-
qué, par Lamy, 224.
Ecole de psychologie. Cours, 350.
Ecorce. Etat vermoulu de 1 ? par
Marie, 154. - Recherches his-
tologiques sur l'- cérébrale du
dauphin, par Vincenzo 131anchi,
200. - Recherches histologiques
sur l'- cérébrale des tubercu-
leux, par Laignel-Lavastine, 500.
Electro-diagnostic. Voir Courants.
Emotivité. Voir Timidités.
Empoisonnement. Voir Polyné-
vrite.
Encéphalocèles. Des de l'angle
interne de l'orbite, par Clair,
230.
Enfance. Voir Age.
Enfants anormaux. Aveugles et
sourds-muets, 349. '
Epilepsie. Voir Kyste. car- .
diaque et phénomènes de rap-
pel, par Rueff, 143. et ré-
trécissement mitral, par Pauly,
215. - L '- et la migraine, par
1\ovalesky, 365.
Epileptique. Un incendiaire in-
5 IÛ
TABLE DES MATIERES.
terne, G7, Voir Grossesse.
sympathitcctomisce pour
névralgie de la face eL guérie
depuis deux mois, par Pinatelle,
221.
Epithélioma primitif du cerveau,
par Cestan, rut.
Euphorie délirante et onirisme
chez un phtisique.
Excitabilité. Valeur des recher-
ches relatives iL l'- mécanique
des muscles ou aux soi-disant
réflexes musculaires dans les
maladies nerveuses, par Bcchte-
rew, 3.10.
Excitations centripètes. Voir Cel-
lules nerveuses. '
Exophtalmie par épaississement
des muscles de 1*oeil, par Ro-
C11011-I)tl\'iIleatl(l, 223.
Exposition internationale de
Liège, 240.
Fatigue. Des phénomènes subjec-
tifs de la dans le travail vo-
lontaire, par Trêves, 205.
Fibres. Du déplacement des -
des pyramides dans les cordons
postérieurs chez l'homme, par
Bumke, 121.
Fibrilles colorées. Lésions cada-
vériques des - - par la mé-
thode de Cajal, par Bille[, 153.
Fièvre typhoïde. Complications
méningitiques de la - - chez
l'enfant, par Giraudet, 74.
- Voir Hystérie.
Folie et choc moral, par Pelle-
tier, 188. - traumatique et ac-
cidents du travail, par A. Ma-
rie, 305, 353.
Foudre. Voir Troubles oculaires.
Gangrène. Voir Névrite.
Gasser. Voir Névralgie.
Gastrite hystérique. Un cas de
- traite par la psychothérapie,
par \Ime Lipinslm, 105.
Gérontophilie. Voir Instinct sexuel.
Grossesse et puerpéralilé chez une
épileptique atteinte de chorée
ancienne, par Arsinole, 171.
Habitude. Les phénomènes morbi-
des cI ? par Crocq, 44.
Held. Voir Calices.
Hémianesthésie. Voir Hémiplégie.
Hémiatrophie linguale. Voir para-
lysie faciale. - faciale droite.
sclérodermie probable, par Lan-
nais, 211. - - Voir Méningo-
cncéphalile.
Hémioculomoteurs. Voir Paral.
sic.
Hémiparésies. Voir Réflexes.
Hémiplégie traumatique tardive,
par Souques, J53. - - et hé-
mianesthésie d'origine centrale,
par Claude et Lejonne, 153. -
- et rhumatisme déformant,
par Vachard, 221. - - organi-
que et fonctionnelle, parla-
binski, 225. - - \'oir Con trac-
tures. - - spinale avec mo-
noplégie radiculaire, par Déje-
rine et Camus, 503.
Hémiplégiques. Voir Pandicula-
tion.
Hémorrhagie méningée sous-
arachnoïdienne bilatérale chez
un alcoolique brightique, crises
épileluiformes, par Tolot, 134.
- - 1)J'o[uhl'l'anticlle par Mûrie
et Moutier, 504.
Hérédité. Une triste -, 350.
Hérédo-ataxie cérébelleuse, par
Raymond et Dreyfus, 502.
Hémispasme facial chez un vieil-
lard, par Dupré et Lemaire. loi.
- - fecial gaucho, par Abadie
et Dnpuy-Bii temps, 224.
Hétérotopie. Nouveau cas de soi-
disant t h0lI'l'otopie du cervelet,
par 130llSSY, 155.
Hippus monolatéral dans une pa-
ralysie du moteur oculaire com-
mun, 1)ii, 337.
Hypertonie. Voir Hypotonie.
Hypersuggestibilité. L ? par Pa-
mart et Bérillon, G2.
Hypnotisme. Voir Vomissements.
Hypochondriaques. Evolution des
étals , par Taty et Chaumicr,
55.
Hypothermie chez un paralytique
général, par Marchand et Oli-
vier, 52.
Hypotonie et hypertonie chez un
même malade, par Bychowslçi,
130.
Hystérie et fièvre typhoïde, par
Roques et Corneloup, 216. - -
et rétrécissement mitral, par
Roque et Corneloup, 217.
Hystériques. Voir Troubles, -
(Phénomènes spasmodiques).
Idiotie amaurotinnc familiale, 1jS.
TABLE DES MATIERES.
517
Idiots. Traitement des et des
imbéciles, 158. - - Voir Mal-
formation^. - L'- ou l'innocent,
427.
Imbécillité. \'oir Kyste.
Impulsion sexuelle. Essai sur la
psychologie de l'- -, par Vas-
chié et Vurpas, 50.
Infantilisme dysthyroïçlien, thy-
roïdo-ércthisme chirurgical, par
Cotte, 219.
infections. Voir Sympathique ab-
dominal.
Innervation corticale de la vessie
urinaire, pal' de Franckl-Hoch-
wart et Frochlich, 123. Phy-
siologie de 1'- de la vessie, par
llolmam, 123.
Instinct sexuel. Note sur une ano-
malie de l'- , gérontophilie,
par CI). Féré. 51.
Intelligence chez les animaux, par
Minette, 62.
Intoxication. \'oir Délire.
Journal. Nouveau : Education
moderne, 319.
Korsakoff. Syndrome de - chez
un lépreux, par de Beurmann,
Houbinovvitch et Gougerot, 226.
Kyste. Imbécillité et épilepsie con-
sccnties il 1111 - hydatique de
la dure-mère il parois ossifiées,
par Aubry et Lucien. SJ. -
Voir Troubles fonctionnels.
Laboratoires. Organisation des
et technique histologique em-
ployée à l'étranger pour l'étude
du système nerveux pathologi-
que, par Carrier, 237.
Laminectonie des 3° et 4e vcrlè-
bres lombaires pour lésion de
la queue de cheval, par Roberto
Alexandri, 221.
Landry. Syndrome de avec
lymphocytose, par Armand De-
lille et Denécheau, 22. - Syn-
drome de ? par Sicard et
131111ci,, 423.
Langage l11usbal. Voir Troubles.
Lépreux. Vnir Korsakoff.
Lésions cellulaires par sérum né-
vroloxique, par Armand Delille,
t2'E.
Lézard. Voir Paysanne.
Localisation spinale. Recherches
sur la - - des muscles du pc-
rinée et du rectum (chez-
l'homme), par Irimesco et
Parhon, 42. - Recherches de la
- motrice du membre inférieur
dans la moelle de l'homme, par
Parhon et Goldstein, 321.
Locus minoris. Le resisten-
tio/3 do la moelle épinière, par
Astvvalzatourovv, 137.
Loi militaire. La nouvelle - -
dite - de deux ans et le per-
sonnel secondaire des asiles
d'aliénés, par Lagriffe, 19.3.
Lombo sciatique. Voir Scoliose.
Lymphocytose. \'oir Landry.
Magnan. IIommage au D1' -, 317.
Main bote. De la congéni-
tale, par Grandjean, 231.
Mal perforant et paralysie géné-
rale, par Marie et M. Pelletier,
112.
Malformation congénitale uni-
latérale de la face chez un idiot
épileptique, par Ilamel, 22 ?
Marabouts. Voir Aliénés.
Médecins des asiles. Voir Con-
cours.
Médecine. La psychologie de la
- hindoue, par Valentino, 63.
Ménière. Voir Méningite.
Méningite. De la - tuberculeuse
à forme délirante chez 'l'en-
fant, par Weill et Péhu. 2t1.
- Les rémissions prolongées de
la - chez l'enfant, par Carrière
et Lhote, 417. -- biliaire, syn-
drome de Ménière, par Ray-
mond et Baur, 504.
Méningo-encéphalite. Deux cas de
chronique avec cécité, par
Bourneville et Perrin, 1. - -
diffuse et liémiatrophie céré-
belleuse chez un chien, nar
Marchand, Petit et Coquat, 336.
Métallothérapie. Voir Désensor-
cellement.
Microbisme latent et autotoxi-
infection, leur rôle dans la pa-
thogénie dles neurasthénies; psy-
cho-nëvroses et maladies orga-
niques du système nerveux, par-
ticulièrement celles dues ù un
choc physique ou moral, par
Longpretz, 340.
Microcéphale. Présentation d'un
- , par Guéniot, 430.
51.S
TABLE DES MATIERES.
Microgyrie. La -, par Oecono-
makis, 324.
Migraine. Voir Rêves, épilepsie.
Moelle. Voir Processus. - Con-
tribution à l'étude du trajet de
quelques cordons de la , par
Dydynski, 124. Lésions de la
dans la démence précoce, par
Klippel et LhermiLte, 155.
Voir locus minoris, Reticulum
neurofibrillaire, localisation mo-
trice, angiosarcome, cellules
motrices. - Recherche sur l'ori-
gine nt les rapports réciproques
des éléments nerveux dans la
épinière du poulet, par La
Pegna, 327. Vitiligo et tumeur
centrale de la -, par Ferrio,
499.
Mouvements de compensation.
Des - - ou de remplacement,
dans les affections cérébrales,
par de Bechterew, 122.
Muscle. Auscultation du -, par
Link, 127. Voir Localisation spi-
nale.
Mutisme hystérique guéri en une
sénnco de suggestion hypnoti-
que, par 1)antoglou, 228.
Myasthénie hypotonique mortelle,
. par Dupré et Pagniez, 336. -
Deux cas de bulbo-spinale,
pnr Raymond et 1x·jonne, 423.
Myélite syphilitique, par Lajoue,
231.
Myélomalacie incomplète avec
ostéite raréfiante, par Raymond
et Alquier, 504.
Myoclonie. La familiale d'Un-
verricht est-elle une entité clini-
que justifiée en nosologie, par
Lundborg, ]44.
Myosthésiomètre. Voir Troubles.
Myotonie congénitale, par \feens,
108. p'tne forme d'affection
nerveuse présentant les signes
extérieurs de la , par Rechte-
revv, 147.
Myxoedème. Sur un cas de in-
fantile avec .quelques considéra-
tions sur sa pathogénie, par
Ohregia, Parhon et rlorian, 54.
Nécrologie, 234, 235, 236.
Nerf. L'inéquivalence biologique
de la racine postérieure et du
- sensitif périphérique, par
Koester, 129. Les - articulo-
moteurs des membres, leur tri-
ple action sur les muscles : con-
traction, raccourcissement, re-
lâchement, allongement, fixa-
tion. Contraction stérile de sta-
bilisation. Les - physiologiques
définis par leur unité fonction-
nelle et leur centre cortical
substitués aux anatomiques
définis par leur situation topo-
graphique à la périphérie, par
Grasset, 131. - Contribution à
la biologie de la dégénérescence
des -, résultats d'expériences
de transplantation, par Merzba-
cher, 135. sensitifs. \'oir
Voltage. Régénération des
- , par Médéa, 424.
Neurasthénie. Deux cas de
grave guéris par la suggestion
hypnotique, par Damoglou. 339.
Contribution il l'élude dla la
sexuelle, par Ch. Féré, 418.
Neuro-fibrilles. Lésions des - -
dans certains états pathologi-
ques, par Marinesco, 42.
Névralgie. Voir Epileptique. - -
faciale et tumeur du ganglion
de Casser, 420. Les courants
continus dans la - du triju-
meau, par 13ab1nshi et Delherme,
424.
Névrite optique, par Jameson
Eynns¡ zig. Des périphéri-
ques hicnnorrheiques, par Ia-
roschewski, 146. ' inflam-
matoire tuberculeusb des nerfs
optiques, par Dor, 217.
alcoolique avec gangrène symé-
trique des extrémités, par Lé-
pine et Porot, 218. - ^ ascen-
dante, par Déjerine et Norrro,
225. hypertrophique, pnr
Marie. 503.
Noyau mésocéphalique. Le
des oculogyres, pnr Causse),
41fi.
Oculogyres. Voir Noyau mésocé-
phalique.,
Œdèmes. Les circonscrits ai-
gus et chroniques sous la dé-
pendance du système nerveux
(rôle de la sécrétion ]ymp))nti-
que dans leur pathogénie), par
l';ilnhrn, 1 ! )(),
Œil. De Il- chez le vieillard, par
l3osment, 231.
Onirisme. Voir Euphorie.
TABLE DES MATIERES.
519
Ophtalmoplégiëg systématisées,
par Ballet, 225.
Otosclérose avec troubles labyrin-
thiques, par Bonnier, u22.
Oreille. Des accidents psychiques
liés aux maladies de 1' et de
ses annexes, par Jacques, 71.
Orne (département de l'-). Voir
Paralysie générale.
Orteils. Voir Réflexes. De l'in-
version unilatérale du phéno-
mène des -. par Bard, 326.
Pachyméningite interne post-trau-
malique. par Rose, 81.
Paget. Maladie osseuse de ,
trois cas observés dans une
même famille, par Œltinger et
Agasse-Lafont, 333.
Pandiculation. Etude sur la
automatique des hémiplégiques,
par Mario Bertolotti. 334.
Paralysie générale. Voir Cellules
plasmatiques. - -, poliomyé-
lite. - Discussion sur les rap-
ports de la - générale et de
la syphilis, par Wahl, 50. -
Quelques réflexions sur le déve-
loppement de l'étiologie de la
- générale dans le départe-
ment de l'Orne, par Cpulanjou,
50. - - générale. Voir Cécité,
- -, mal perforant. - - fa-
ciale et hémiatrophie linguale,
par IIneL et Lejonne. ,154. -
Contribution anatomo-patholo-
gique et clinique il l'élude des
rapports de la syphilis et de la
- générale, par Rodolfo Stan-
zinle, 200. - Etude palhog
nique de ln pnenmococciquc
expérimentale, par Lnigo Pani-
chi, 20fi. Des deux hcmiocu-
1),ii Grasset et Gaus-
sel, 419. du tibial anté-
rieur, pnr Bruel, h22, t
pseudo-bulbaire chez un enfant,
423. 3.
Paralytique général Voir hypo-
thermie. Voir lippus,
Sclérose.
Paramyoclonus multiplex. Re-
cherches histn-pathniogiqucs sur
205. Je -, pnr Edvardo-Poggio, '
Paraphasie, jargonaphasie et dé-
mence, pnr Dumora, 509.
Parkinson. Considérations sur
certains symptômes de la mala-
die de -, par Catola, 145. -
Note d'histologie pathologique
(par biopsie) sur la fibre muscu-
laire striée dans la maladie de
, par Sanna Salaris, 208.
Paysanne. La -, le lézard et le
crémier, 429.
Pédagogie. La psychologie il
l'usage d'une- correctionnelle,
par Césare Collucci, 221.
Pellagre. Nouveau cas de - ac-
compagnée de rétraction de
l'aponévrose palmaire, par Par-
chon et Goldstein, 417.
Pensées inconscientes et vision de
la pensée, par Adamkiewicz,
341.
Périnée. Voir Localisation spinale.
Personnel secondaire. Voir Loi
militaire.
Phénomènes. Voir Habitude.
Phénomènes spasmodiques chez
une hystérique, par Déjerine,
223. - - Voir Ortils, Tabes.
du genou. Voir Tabes.
Phtisique. Voir Euphorie.
Physio-psychologie des religieu-
ses de Port-Royal, par Binet-
S'anglé, 497.
Pied. Voir Réflexe.
Pleurésie. Voir Déformation.
Poliomyélite. Rapports qui exis-
tent entre la topographie des
paralysies et celles des altéra-
tions des centres moteurs dans
la - antérieure aiguë de l'en-
fance, par Parhon et Papinian,
13. - -. antérieure aiguë, par
Raymond et Lejonne. 225. -
Deux cas de - antérieure aiguë,
par Huet et Lejonne, 424.
Polynévrite succédant à l'empoi-
sonnement arsenical aigu, par
Raymond et Lejonne, 154.
Polymyosite. Etude de la -. par
Margoulès. 142.
Pott (Mal de -). Voir 'Clénus.
Processus. Des - compensateurs
dans la moelle humaine, par
Pick, 122.
Prix de l'Académie de médecine,
36.
Prophètes. Les - juifs, par Binet-
Sangle, G7.
Pseudencéphalie. Pathogénie de la
- et de l'anencéphalie, par Ra-
baud, 496.
Pseudomélie paresthésique sym-
520
TABLE DES MATIERES.
ptomatique d'une affection cé-
rébrale dans le territoire du
noyau lenticulaire, par de Bech-
terew, 124.
Pseudo-bulbaire. Syndrome
- d'origine névritique, par
Comte, 155.
Pseudosclérose. La maladie de
Westphall -Strumpell, à type
Westphall, c'est-à-dire due ù la
, et à type Strümpell, due à
la sclérose diffuse, pur Renato
Rebizzi, 213.
Psychiatrie. Précis de -, par Ré-
gis, 68.
Psychose. Réflexions à propos de
cinq cas de - aiguë étudiés hies-
tologiqaement, par Deroulrtix,
52. De la - aiguë post-infec-
tieuse avec troubles du langage
chez l'enfant, par Daiche. 232.
Elude des - d'insolation, par
Meignié, 510.
Psychothérapie. La , par Gras-
set, 57. - Voir Gastrite hysté-
rique, Sommeil.
Puerpéralité. Voir Grossesse.
Purkinje. Voir Atrophie lamel-
laire.
Queue de cheval. oir Laminec-
tonie.
Racine postérieure Voir Nerf.
Rage. Altération spéciale nucléaire
dans la -, par Siciliano, 207.
Raideur juvénile, par Mme Na-
g2olte-\Vilbouchemitch, 144.
Rectum. Voir Localisation spinale.
ReckIingausen.@ Maladie de. -
avec dystrophies, par Klippel et
Maillard, 153.
Réflexes. Deux nouveaux - cuta-
nés sur les membres inférieurs,
par Redlich, 123. - Exagération
des cutanés sur le côté pa-
rétique dans les hémiparésies
organiques, par Iledlich, 123.
Contribution à la question du
cornéo-mandibulaire, par J. Ka-
plan, 126. - - palellaire supé-
rieur et sa signification, par
S'tembo, 129. -- Nouveau
émané du dos du pied, par Men-
del, 13. - Nouveau spécial
de flexion des orteils, par 13ecli-
iewv, J35, par Mentlel, 134. -
Du cochléo-faciul, par Naou-
mann, J3G. - Un spécial de
l'ouïe ou acoustico-palpébral
par Bechterew, J30. - Nouveau
sur la plante du pied, 140.-
Des - aponévrotiques des ex-
trémités inférieures, pnr Bech,
ierew, 140. Le - de l'exten-
seur commun des doigts, 1)tir
Arluro Morse)) ! , 205. - dans
l'hystérie. Valeur sémiéiologique
de la dissociation des - plan-
taires et par Teissier,
200. - Contributions iL la na-
ture du - orbitaire, par Iluclo-
vernig, 324. - - musculaire,
Voir Excitabilité.
Repos. Le - et le travail intel-
lectuel, par Dallrlac, 230.
Réticulum neurofibrillaire. Le
- des cellules motrices dans la
moelle épinière des animaux té-
tanisés, par Tiberli. 208.
Rétines. De la cyanose des -
dans le rétrécissement de l'ar-
tère pulmonaire, par Babinski
et Toufesco, J J9. - La structure
de la , par Renato liebizzi,
206.
Rétrécissement mitral. Voir Epi-
lepsie. - - Voir Hystérie.
Rêves. Note sur les - précur-
seurs de la migraine oplitliiliiii-
que, par Ci). Fore, 142. Note
sur les - épileptiques, par Ch.
Féré,- 418.
Rhumatisme. Voir Hémiplégie.
Rigidité. De la - spasmodique in-
fantile, par Canel, 233.
Rire. Le hystérique, par Mlle
Deschamps, 73.
Sang. Des altérations ytoiogi-
ques du - dans les maladies
mentales, pnr Klippel et Lefas,
501. L
Sarcoplasma. Voir Thomsen
Sclérodactylie. Voir Syringomy
lie.
Sclérodermie. Voir Hémiatrophie.
Sclérose. Quelques modalités de
la - en plaques iL évolution
peu connue, par Mueller, 14 ?
- Voir Pseudosclcrose. -
en plaques, par Lejonne, 223. -
Quelques symptômes nouveaux
dans la en plaques, par
Claude et Egger, 225. - Dix.
huit cas de latérale amyotro-
phi([ue avec autopsie, par Htiv-
mond et Cestan, 333. - Les -
TABLE DES MATIERES.
521
combinées médullaires des pa- 1
ralytiques généraux, par Vi-
gourous et Lnigne-Luvasline,
333. - - latérale amyolrophi-
que, par Rossi et Roussy, 423.
- latérale amyotrophique anor-
male, par Lejonne et 1-hermitte,
- - latérale. Voir Trou-
1)les mentaux.
Scoliose alternante avec lombo-
sciatique droite, pnr Meige, 335.
Sel. Influence du - sur le tra'
voit, par Féré, 501.
Sommeil. Crises de - hystérique,
par Barbier, 226. Valeur pro-
pre du - provoque en psycho-
thérapie, par Bérillon, 339.
Striunpell. Voir Pseudo-sclérose.
Sucre. Recherches expérimentales
sur l'influence du - sur le tra-
vail, par Féré, 502.
Suggestion hypnotique. Définition
de la -, par Félix liégnault,
65. La qualité de la voix dans
la pratique de la -, par Gal-
lia, 227. - - Voir Mutisme,
Timidité. Accouchements, Bor-
borygmes, - A propos de la dé-
finition de la -, par Favre, 229.
- - Voir Troubles fonctionnels,
Neurasthénie.
Suicide d'adolescents et d'enfants,
350. 431.
Sympathique. Contribution il
l'étude analomo-pathologique du
- abdominal dans les infec-
tiens, par Lnigne-Lavastine, 130.
Sympathitectomie. Voir Epilepti-
que.
Syndrome myopathique guéri
chez un enfant, par Armand De-
lille et \Ibert Weill. 224. - -
Voir Landry, Korsakoff.
thainmique. par Déjerine et
Roussy, 503.
Syphilis. Voir Paralysie générale.
Syringobulbie. Un cas de Syn-
drome d'.\vellis, par Raymond
et Ciiillaiii, 15L
Syringomyélie. Sur la - par
131 ? I(isow, 15. - - avec scléro-
dnclylic, par Klippel et Maillard,
153. - - il disposition rndicu-
)aire. par Leenhard tet Norcro,
223. - - it symptomatologie
sensitive, par Raymond et Fran-
çois, 225. - - spasmodique
avec attitude particulière, par
Raymond et François, 422.
atypique, par Ballet et Mail-
lard, 503.
Système connnissural. Voir Cer-
veau. - - nerveux. Voir Oedè-
mes, Laboratoires.
Tabès. Nature du -, par Gowers,
45. Voir Cécité. - Retour du
phénomène du genou dans le -
. dorsal, sans complication d'hé-
miplégie, par Donath, 329. Voir «
Troubles. - Etude critique sur
le - infantile juvénile, par
Ilirtz et ternaire, 420. - chez
un hémiplégique, par. Déjerine
et Leenhardt, 423. - Origine sy-
philitique du - et de la pa-
ralysie générale, par Marinesco,
423. - - fruste avec arthropa-
thie hypertrophique, par Claude
et Touchard, 503. - - el para-
lysie générale conjugale, par
Charpentier, 504.
Tarde. La philosophie de -, par
Lionel Dauriac, 339.
Tétanie. Sur un cas de - à forme
de rhumatisme musculaire, par
Piery, 214.
Tétanos. Etude du - dit médical
ou spontané, influence de la cha-
leur, par Kelsch, 421.
Tête. Voir Yeux, Déviation.
Thomsen. Un cas de maladie de
, par Meeus, 4G. Maladie de
- et Sarcoplasma, par l.e,i.
Thyroïdo-éréthisme. Voir Infan-
tilisme
Tics. Le traitement des par la
rééducation, par Porot, z
convulsif du cou, par Cru-
chet, 220. convulsif et in-
jections d'alcool, par r.évy et
Baudoin, d24. *
Timidités. Les Indications de
la suggestion hypnotique, par
Bérillon, 01. Lès - Les lo-
calisations fonctionnelles de
l'émotivité, par Périllon, 65.
Tissu crérébral. De quelques allé-
rations du - - dues il la pré-
sence de tumeurs, par nu'weber
et 107.
Torticolis. Voir Crampe.
Tubercule protubérantiel, par Al-
quier, 123.
Tuberculeux. Voir Ecorce céré-
brale.
Traitement mcdicopcdagosique
522
TABLE DES MATIERES.
des idioties les plus graves, par
Bourneville, 241, 380, 460.
Transplantation. Voir Nerf.
Tremblement intentionnel limité
du membre supérieur gauche,
par Bouchaud, 46.
Troubles du langage musical chez
les hystériques, par Ingégnières,
152. du langage musical,
par Nathan, 224. Des ocu-
laires surtout fonctionnels cau-
sés par la foudre, par Rosen-
thal, 230. - congénitaux des
mouvements des yeux, par
Axenfeld, 329. de la sen-
sibilité musculaire dans le ta-
bès et autres états pathologi-
ques myosthésiomèlre, par Bech-
lerew, : 330. - - fonctionnels
causés par un kyste hydatique
de l'estomac, intervention de la
suggestion hypnotique, par Pa-
marl, 330. - Enquête scolaire
sur les de la parole chez les
écoliers belges, par Romna, 425.
- - mentaux dans la sclérose
latérale amyotrophique, par Cul-
lerre, 433. - - vaso-moteurs
hystériques, par Claude, 502.
Unverricht. Voir Myoclonie.
Urhydrie. L'- céphalo-rachi-
dienne et labyrinthique, par
Bonnier, 327.
Védie. Le Docteur candidat à la
présidence de la République, 79. *
Vélocipédistes. Recherches neuro-
logiques sur les , par Ruer-
bàcli, LIÉ6.
Vertiges. Les - par symphyses
salpingo - pharyngiennes. No-
tions nouvelles pour le diagnos-
tic et le traitement des -, par
Hoyel, 47.
Vessie. Voir Innervation.
Vitiligo. Voir Moelle.
Voix. Voir Suggestion. Psycho-
logie de la , par Del1lOnchy,
Voltage. L'importance du ini-
tial dans l'examen électrique
des. nerfs sensitifs, par Grarne-
gna et Segre, 268.
Vomissements incoercibles datant
de 3 ans, guéris par l'hypno-
tisme, par Joire, 59.
s.
Weber. Coup de fleuret- dans l'or-
bile droit. Syndrome de -, hys-
téro-traumatisme probable, par
Richelomme et Boucarut, 141.
Westphall. Voir Pseudosclérose.
Yeux. Pathogcnic de la dévialion
conjuguée des - et de la tête,
par Debray, 56. Voir Dévia-
tion.
Zona, par Souques.
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS
Abadie, 224.
Aclinrd, 224.
.lassc-1.a1'ont, 332.
Alexandri, 221.
Alquier, 423, 504.
Ansalone, 204.
.\rsi ! \loles, 171,
AstwaLzaluUl'ow,137
Aubr·, S9, 340.
Aurand,337.
Auerbach, 146.
.lseml'eld, 329.
Babinski, 153, 199,
225,220,424.
Ballet, 153, 198, 224,
225, 503.
Barbé, 101.
Barbier, 320.
Bard, 326.
Unir, 55.
Bamloin, 422, 421.
Bauer, 423.
Baur, 504.
BccLtcrew (de), 122,
124, 134, 136, 140,
147, : no,
Bénclikt, 1ô5.
Bérillon, 01, 62, 65,
339.
Bernhardt, 126.
Bcrtololti, 195, 334.
Beurniann (de), 226.
lllanc)lI, 2;)2.
Binet-Sanete, 67,
497.
Blain, 509.
Bloumcnaou, 3.
Bonjour, 228.
Bonnier, 327.
Bonnus, 332.
Bosmcnt, 231.
Boucarut, 141.
BUlIchand, 46.
Bouhageb, 63.
Bourneville, l, 241,
342, 380, 461.
llollssy 155
1lI'adsoY, 45,
Briand, 222.
Brissaud, 153.
131-0t(Ibetif, 56.
Urne),422.
131-tiiiij)L, 424.
Buck (de). 40.
Billillze, 121.
B5·chowski, 130.
Camus, 155, 503.
Cancl, 233.
Cardcnac, 420.
Carrière, 417.
Calola, 132, 145.
Ccrlilti, 213.
Cestan, 3 : 3, 424.
CbarpenLier, 504.
Chaumier, 55.
Chavigny, 215.
Clair. 230.
Claude, 153, 225, 502,
503, 504.
Collet, 151, 214.
Colucci, 203, 221.
Comte, 155.
CoquoL, 336.
Corneloup, 210, 217.
Colle, 219.
Coulanjou, 32. 50.
Courmont, 215.
Coynard (de), 228.
Crocq, 44, 508.
Crouzon, 154.
Crucbet, 226.
Cullerre, 433.
Daddi, 213.
Daiche. 232.
Damoglou, 228, 338.
Dauriac, 230, 33S.
Debray, 56.
Déjerine, 154, 223,
225, 423, 503.
Delherme, 424.
Delille, 224. 424.
Demonchy, 338.
Denécbeau, 224.
Derny, 149.
Deroide, 50L
Deroubaix, 44, 52.
Mlle Desclamps, 73.
Devic, 499.
Donath, 328.
Dor, 217.
Doutrebenle, 497.
Dreyfus, 422, 502,501.
Dromard, 26, 149.
Dufour, 152, 224.
Dumora. 508.
Dupré, 153, 154, 155,
336.
Dupuy-Dut,emps,224.
Dydynski, 124.
Egger, 22 ? , 422, 424,
5U2.
Evans, 46.
F : 1gucl, 224.
I arez, 60.
Favre, 229.
Féré, 51, 141, 142,
143, 41S, 501, 502.
rerrio, 494.
Florian, 54.
Fournier, 47.
Fragnilo, 201, 508.
Français, 225, 422,
502.
Frankl-IIoehw : 1rl
(de), 123.
Froelilich, 123.
Galiia, 227.
Gaussel, 336, 419.
Giraudel, 74.
Goldllam, 143.
Goldstein, 321, 417,
498.
Gourerot, 226.
Gowers, 45.
Gramegna, 208.
Grand,jean, 231.
Grasset, 57, 131.
Grenier, 420.
gruger, 214.
Gruner, 198.
Guillain, 154.
M4
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.
Ilirlz, 920.
Hudovcrnig, 324.
IIucL, 151, 421.
Iaroseliewski, 146.
Ingégnièrcs, 152.
Irimesco, 153.
Joire, 59.
Kngi, 157.
Ivaplan, 125.
Kaslanaiann,133,139.
Kelsch, 421.
Klippel, 153, 155, 501.
Koesler, 1`CU.
Kovalesky, 3,,5.
Lagriffe, 19Z.
Lail,rucl-L;tvasLinc,
130, 198, 335, 500.
Lajoue, z : 31.
Lamy, 154, 21, 225.
Lannois. 211.
1.e Pcgna, 327.
LCCIlI1.11·clt, 151, 2 ? 3,
423.
Lefas, 501.
Lejonne, 153, 154,
223, 225, 423, 421,
53.
l,cmairc, : 5-I.
Le Menant des Ches-
nais, 229.
Lépine, 218.
Le 15 : 3.
Léri, 53.
Lesieur, 215.
Levassort, 26, 149.
Lévi, 333.
Lévy, 422, 424.
LlccrmiLLc·, 155, 424.
Lliote, 417.
Link, 127.
Liltinska, 10â.
Lucien, 89.
Lugaro, 211.
Lundhorg, 144.
Maillard, 15 ? , ;;03.
Marchand, 5 ? , 330,
MarB'°n ! ès, 142.
Marie lA.), 112, 305,
33, 5Ua, 504.
Marie (P.), 153,151.
Marinesco, 41, 42,
423, 498.
lllaLigwon, 200.
Médea, 424.
Mceus, 46, 103.
111cigc : 2'7, 335.
Meignié, 510.
Mendel, 134.
llerzhacher, 13,ï.
l\li : rnol, 142.
Mirallié, 451.
Morselli, 205.
MOl/lier, 501.
Muellcr, 145.
Nagcolle - Wilbou-
cbevvilch (M ? ). ),
].t4.
Nathan, 224.
Nielsen, 323.
u'crcro, 223, 225.
Olirégia, 51.
UIaLingcr, : 3 ? d.
Ul ? conom : lkis, 324.
Olivier, 52.
Paginez, 336.
Pallard,- 44.
Pamarl, 62, 338.
Panichi 206.
Pnpadacki, 197.
l'apinian, 42, 43.
l'arllon, 42, 51, 321,
417, i'J8.
Pariant, 207. ,
Passez, 139. i
Pal.)', 215.
Péhu. 210.
Pelletier (DL°··), 112.
Perron, 1.
Perusini, 213.
Petit, : 36.
Pinalelle, 221.
Click, 122.
Picry, 214.
Poggio, 205.
1>01"0 l, 218, 219.
Preobrajenski, 148.
l'rou, 2x3.
Rabaud, 496.
Raymond, 154, 223,
z2.5, 33 i, 4v, 43,
JO ? , JO,i, 5D I.
1 Hchizzi, 206, 213.
I Recllicll, 123.
Régis. OS,
1 Hichelolllmc, 141.
Boch, 54.
Rochon - Duvigneaud
223.
Romma, 4 5.
Roques, 216, 217.
Rose, 1 : : l.
Rossi, 423, 501.
Bosent h.11. 230.
Rothschild de),
311.
Itotmann. 123.
1101,I)illo ? iteli 226.
Roussy, 154, 2.'G, 42J,
503.
Royet, 47.
Salr11'is, 20,
Salmon, 415.
S. gre, 208.
1 henalcl; 510.
Sicnrd. -123.
Sieiliano, 207.
Soelder, 126.
Sommer. 138.
Soukanoff, 53.
SouIues.l3 423.
(anzialc, V00.
Slembo, 129.
Taly, 5').
Teissier, 209.
Thévenol, 215.
Thomas, 220, 325
Tiberli, J : l0.
Tolol, 134, 409.
Tonchard, 503.
Toufesco, 19J.
Trêves, 205.
Valentino, 63.
Vallon, 222.
\"alohra, Hia.
Vaschide, 50.
Vigouroux, 151, 335.
Vitek, 140.
Vurpas, 50.
Weher, 197.
Weill, 2/(1, 224.
Clermont (Oise). Imprimerie D.ux frères et. Thiron.